Tome II- 1826. ( 3o® de la collection. ) LIVIlArSON. REVUE ENCYCLOPEDIQU ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA. UTTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. r" Pour les Sciences physiques ct matheiiiatiques et les Arts indiistriels: MM. Ampere, Ch.Dupin, Fourier, Girard, Navier, de riiistitut;CoQUEREL, Ferh-x.Francoeur. Ad. GowntNET, Le Normanu, professeur de techuologie,- A. MiCBEI.OT, DE MOKTGERV, MoREAa DE JoNMES, PoCILI.ET,WaRDEN , etc. 2° Pour leo Sciences natarelles: MM. Geoffroy-Saiwt-Hilaire, de I'lnstitut; BoR-K DE SArnT-ViNCENT, correspoudaut de I'lnstitut, V. AuDoniN, Mathieo BoKAFors, de Turin; Bronghiart £1s, Desmares't, Flourews, D.-M. } Gailloh , de Dieppe; V. Jacquemokt, etc. 3* Pour les Sciences medicitles : MM . Adelon, Ballt, Damiron , G.-T. Doilf , Ameoee Dcpau, F.sQUtROL, Fossati,Gasc, a. GRiMATJD,d' Augers; Georget; KiRCKHOFF, d'Anvers; Orpii-a; RiGoi.r.ox fils, d' Amicus. 4° VouT les Sciences plulosnp/iigires et morales, politiques , geograp)iiques el hisioi iij lies : 'M.M. hi. A. Jci.LZEN^ de Paris, Foiuuiteur Directeur de ia Revue Eucjchpeilique; Barbie en Bocage fi!s; Ales, de t.a Borde, Jomard, LAHJniJSAis , de I'ln-stiiut; Agoub, ARTAnn, M. Avpeei., Benjamin-Cons- ta:nt, Deppihg , Adolphe Garttier, Gnioif iatjt , A. Jatjbert, Lafon DE Ladebat, Ai,e3.. Lametu , Lakjuirais Cls, p. LAiir, Lesueur-Meri.in, Massias, a. Metrai. ; Mever , d'Ainstfrdam ; de NoRVi:;f.s, Parfnt-Keai,, KrsEBF Salterte, J.-B. Say, Sismonde de Sisjiokdi, de Geneve, etc, DupiK a!oe,BERVii.LE , A. Beugnot, Bouchewe-Lefer, Crivelli , Docblet- DE -BOISTHIEACLT, DcFAU , DoPRAYER , DuVERGIER , GdADET , Cb. Ee- NODARD, Taillandier, avocats, etc. • 5" Pour la Litteralure/rancaise at etrangere, ^ Bihiiographie , \' Archeologie etUs Beaux- Arts .-MM. Ahdriecx, Amadry-Duvat., Bertos, J. Droz, Ejieric David, Lemercier , Nabdet, de SEGCR.de riostitut; MmeI,.-.Sw. Belloc; MM. Bariseau, BtANCHi;M. Bbrr , J.-P. Bres , Felix Bodin, BcRsovpfils, CuADVET, Chekedolle, de Liege; P.-A. CoupiM, Fr. D£G£orge,Dumersan, Ed. Gadttier , Pa. Golbery, Heiberg, Hesrichs, K. Bereau, Auguste JcLLiEN.fils; Adrien-Lafasge , J.-V. Leclerc, Lo^ve-Veimabs, a. Mabdl, Mauviel, Mazois, At.bekt-Montemont, Momward, de Lausanne; Nicolo- PoDLo, C. Pagakel, H. Pat IN, Pongerville , Qoetelet, deEeiffenberg, dcBriixeiles; Koi.LE, bibiiotlitcaire do la vjlle de Paris; de Stassart, de Bruxelles ; Fr. Sai-fi, M. .Schikas , Schtteigh/eivseb , de Strasbourg; Leon Tbiesse , P. F. Tlssot, Verseuil, Villenave , S. Viscokti, etc. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPJ^DIQUE, Rue d'Enfer-Saint-Michel, n° r8; ARTHTJS BEE.TRAKD , rue Ilautefeuille, n" aS; Au MustEEKCYCLOPEoiQUE, CHEZ BossAWGB p^rCjiue Richelieu n" 60^ Renouard, rue de Toui-jjOE , n° 6; LONDRES. — Treuttei. et WiJRTz; Bo«;sakge; Dvlw etcomp.; Grua et RicoRui, 11° a , Albemarle-street, Piccadilly. AVRIL 1826. AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LES SOtlSCHIPTEURS dont I'aBONNEMENT EST EXPIRE LE 3i DECEMBRE DERNIER, sont invitcs a le faire renoc- VELER incessamment, poup que le service des envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le moisdejanvler 1819, il parait, par ann^e, douze caliieis de ce Recueil ; chaque cahier , public le 3o du mois, se compose d'en- viron i4 feuilles d'inipression , et plus souvent de 16 ou 18. On souscrit a Paris, au Bureau central d'abannement et d'expedition indique sur le titre. Prix de la Sotucriptioii. A Paris 4^ fr. pour un an ; 26 fr. pour six mois. Dans les d^partemens. 53 So A I'etranger 60 34 La difference entre le prix d'abonneraent, h Paris , dans les diparte- mens et dans I'etranger, devant dtre proporlionnelle aux frais d'expe- dition par la poste, a servi de base a la fixation portee ci-dessus. A ce sujet, la Direction de la Revue Encyclop^digue croit devoir faire observer que , cette base ayant ete caloulee d'aprfes le nombre de qua- torze feuilles promises mensuellement aux abonues, les frais deport occasiones par I'augmentation successive des cahiers sont rest^s enti6- rement a sa charge. Le montantde la souscription, envoye par la poste, doit dtre adresse d'avance, FRANC deport, ainsi que la correspondauce, au Directenr de la Revue F.ncyclopedique , rue d'Enfer-Saint.Michel, n" 18. C'est S la mdme adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tous genres et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on d^sirera I'insertion. On pent aussi souscrire chez les Directenrs des postes et chea les principaux Libraires, k Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est termini par une Table des maliferes alphabetique et analytique, qui 4claircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au I*' cahier du volume suivant, a I'exception de la dernifere Table de lann^e, qui est exp^dlee isolement a tous ceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seulement i partir de deux ^poques , du t" Janvier ou du i"/uillet de chaque annee , pour six mois , ou pour un an. On trouve, au bureau centrai., les collections des annees i8ig, i8ao, 1821', 1822, 1823, 1824 et 1825, au prixde 5o francs chacuue. REVUE ENCYCLOPEDIQUE /5^ /(^tro VARIS. UF. L imprimkhik dk hicnoux, rae des Franes-Boiirgrois-S.-MioiicI, t.o 8. r, h. IIEIITHOLLET /jtA iff Snye/m REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LES SCIENCES, LES ARTS INDOSTRIELS, LA LITTER ATCRE ET LES BEAUX-ARTS ; PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET D'AUTRES HOMMES DR LETTRES. TOME XXX. PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE, RUE n'p.NFER- SAINT-MICHEL, N° l8. AVRIL J 826. <■ Toutes Ics sciences sont Ics r.imcaux d'uiie memc tigc. » Bacon. " L'art a' est r.iilrc cliose que le contr^lc et le registrc ties mellleures prodno* tions. .. A controlcr Ics productions (ct Ics actions) d'ua cliaciia, i! s'eugcudrc euvic dcs bonucs, et mcjiris des inativaiscs. » MOKTAICKE. « Lcs belles-lettres et les sciences, bleu I'tudiees et bien coinprlses, sont drs insfrnmeus nuivcrsels dc raisou, de vcrtii, dc bonbciir. » ' REVUE ENGYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PaODUCTlONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTKRATURE, LES SCIEKCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. SUR LES NOUVELLES TRADUCTIONS DE L'IMITATION DE JESUS-CHRIST (i). Lorsque je publiai, en 1812, ma Dissertation sur soixctnte traductions francaises de rimitatioti de J. C, suivie de considerations sur Vauteur de V Imitation , par (r) Cette Notice, qui nous a ete remise depuls plus d'une annee par notre savant collaborateur, feu M. Barrier , et dont il etait venu nous reconimander la prochaioe insertion, peu de tems avant sa niort , est le dernier tribut que son erudition profonde et son zele eclaire auront depose dans ce recueil, ou nous aurons plus d'une fois a regretter sa precieuse cooperiition. En attendant qu'une notice ^tendue sur sa vie et ses ouvrages acquitte !a delte de tous les amis des lettres et notre detle d'amitie en vers sa memoire, nous saisissons I'occasion de faire uiie chose a laquelle il attachait beaucoup de prix e NOUVELLES TRADUCTIONS M. J,-B.-M. Gbnce.(i), nu)n hut etait de ramener I'al- tentioii ties savans sur Ic nioilesle aiileur tl'un ouvrage universellcnient achnire et luiiverselleiuciit In, et en nifinie tenis de prouver. que, iiialf-re la multitude des traductions de eel ouviaresfntail accouipaj^iice de celles di- I'azote comme base essentielle des substances animales; de la cause de I'epaississement et de la decoloration des biiiles com- binees avcc I'oxigenc : de nouvelles recheiches snr la nature des substances animales firent connaitre les analogies qui Ics rapprochcnt des matieres vegetales, et les differences qui les en distingiient. Parmi les services que BerthoUet a rendus a I'art de la tein- ture et ieme volume de cette pre- cieuse collection, avant qu'il nous eut ete possible de rendre compte du vingt-huitieme. Jaloux de satisfaire aux obliga- tions que nous impose le titre de notre Revue , nous devons parcourir successivement toutes les divisions des connais- sances humaines, et observer leurs progres dans tons les lieux ofi elles sont cultivees. Nous avons done ete contraints de ceder a d'autres insertions la seule place qui convint aux me- moires de I'une des premieres Academies de I'Europe , aux- quels nous voulions consacrer une analyse etendue, propor- tionnee a leur importance. Plus nous avancons dans notre carriere , plus elle nous parait vaste , illimitee : la pensee a pris un mouvement si accelere, les progres intellectuels sont si rapides et si universels , qu'il serait impossible d'en saisir I'ensemble , si Ton ne se tenait a une certaine distance. En re- culant ainsi le point de vue, on cesse d'apercevoir queiques details interessans dont I'expression eut donne plus de char- mes au tableau; mais noire premier soin doit etre dene rien omettre de ce qu'il fallait representer ; etcependant, nous ne pouvons nous etendre au dela des dimensions executables : (t) Turin , 1824 et iSaS. in-4», 8i5 pag. et 4 planches; 686 pag. et 38 planches. Iniprlmerie royale. T. XXX. — Avril 1826. 3 3/, SCIENCES PinSIQUES. nous siiliiions clone la loi de lanoccssilr. Mais, en nous boiiiant a saisir los traits saillans ct caractt"iisti(]iies ilc clia(|iu; objel , nous nous atUiclieions d'aiitant plus soii^nonscinont 5 iVxacli tudc , qu'cllo sera It; principal nu'rite de nos esquisses. L'histoire dcs travatix de la claxse des sciences physiques ct mathematiques occupe une place assez considerable dans chaqiie volume public par rAcadcmic de Tuv\v\:\a. classe .s chutes d'eau sont dcja dis- posees par la nature, et quelques travaux suffiraient pour les metlre en etat de servir aux recherches des geometres, a la verification des theories, a la confection dc tables de resultats qui pourraient s'etendre assez loin pour que touslescas de la pratique ordinaire y fussent compris. Ainsi,les besoins del'ar- chitecture hydraulique seralent satisfaits , meme avant que la science fut achevee ; car la theorie est beaucoup plus exi- geante. Elle dcmandera que Ton introduise dans les forniules I'expression des proprietes reelles des corps , au lieu des abs- tractions par lesquelles il a fallu debater; que le geomifre {iftende, pour terminer son travail, que le physicien u'ait plus de donnees a lui fournir; que I'analyse des forcca qui 38 SCIENCES PHYSIQUES. produiscat on niodifient le mouvenicnt des liijuidcs soit com- plete, ct que la loi dc chacune de ces forces soit connue. En attendant, les formules de M. Bidone seront, pour les applica- tions hydranliqucs, le guide le plus surdont la science Icur ait procure lesccoiirs. On doit an laborieux M. Avogadro deux memoires surl'af- finite des corps pour le calorique , et sur les rapports A'afjinite qui en resullent eiUre eux. Le savant physicieii commence par un resume de la theorie de Yoxigenicite , exposeedans un me- moire qu'il fit insercr, en 1809, dans le Journal de physique redige par Lnmethrie. Le mot noiiveaa oxigenicite avait ete introduit par I'auleur pour designer la maniere d'etre des corps qui se comportent corntne acides dans les combinaisons chi- miques , et il proposait de nomn^er hasicite la tendance a servir de base dans ces rneines combinaisons. Suivant lui, tous les corps , simples ou composes, forment une serie continue dont les oxigeniques , ranges suivant I'ordre d'energie de cetle pro- priete, occupent une extremite , et les ^rt^f/f^we*, classes sui- vant la meme loi, occupent les dcrniers rangs ; les neutres sunt places cntre ces deux extremes : dans une partie quelconque de cette serie, les deux extrerailes sont. Tunc oxigenique et I'aulre basique, et le milieu est neutre, en sorte qii'a I'excep- tion des substances inconnues qui termineraient de part et d'autre la serie complete, il n'en est aucune qui soit absolu- ment basique ou oxigenique. M. Avogadro donne a ces idees de nouveaux developpemens, et rapporte les applications qu'il en a fiiites dans un memoire sur les chaleurs specijiques des gaz, public dans la Dibliotheca italiana , et dans scs Recherches sur les masses des molecules, etc. inserees dans le Journal de physi- que (i). Soupconnant que les corps les plus oxigeniques oules plus basiques sont ceux qui ont le moins ou le plus d'aflinite pour le calorique, il en vint a pcnscr que le calorique pourrait (i) Comme ces memoires pourraieiit iie pas ^tre a la portee d'un grand nombre de lecleurs, M. Avogadro en a mis un extrait, en forme de note ndditionelle , a la fin de ce memoire. SCIENCES PHYSIQUES. ^ etre Xa substance ojcigetiiqiie par excellence , et que rordie dos affinites dcs corps pour ce principe etait aiissi celiii de Taction oses, en eniployant la mesure de Icur * chaleur specifique et de leur pouvoir refringent, a I'etat ga- zeux : ii fait ensuite I'application de ces nombres affinitaires au calcul des poiivoirs neutralisans, acides et alcalins (oxige- niques et basiques ), et verifie de rette maniere les hypotheses qu'il avait faites , hypotheses qui, si clles ne pcuvent etre considerees comme des theories, ont au nioins le merite de fournir des methodes de calcul pour determiner avec une ap- proximation suffisante la place que chaque corps occupe dans la serie des aflinites. Le second memoire, insere dans le t. xxix, est une appli- cation des methodes etablies dans le premier. L'auteur com- mence par un essai de determination du poui'oir neutralisant de plusieurs radicaux acidifiables , par la coinbinaison avec Vamnioniaque, II a choisi les radicaux sur lesquels la chimie a recueilli le plus de faits; cependant, il ne considere que comme provisoires les resultats de ce premier calcul. Pour les verifier, il procede a la recherche du/jowco/r ncutralisant de la potasseet du potassium. En determinant les proportions de cette base combinee avec les acides , il etablit entre ceux- ci de nouveaux rapports, et Ics compare a ceux qu'il a obte- uus. Celte maniere de procedcr merite certainement beauconp d'altention, et meme quelque confiance, quoiqu'on ne puisse en attendre la deeouverte d'une theorie. Comme elle repose sur la doctrine des proportions definies , clle est sujctte aux 4o SCIENCES PHYSIQUES, mcmes difiicultes et provoquera les mrmes doiites, jusqu'a co que Ton ait pu decouvrir quelle part il faut accorder au frotte- meut dans Xequilibre chimique que Ton nommc saturation, dans les faits de cohesion, de ductilite, etc. M. Avogadro ter- minc son memoiie par des observations sur la methode qu'il vient d'employer, et il expose les motifs qui I'ont empeche d'en etendrc {'application aux autres alcali& , afin de mul- tiplier les resultats analogues, de les grouper et" de les com- parer. D'apres !e tableau des nombres afjinitaires et des /?om- voirs neutrnlisans des substances simples dont il a parle dans ses deux memoires , \eJluorium serait celle dont I'affinite pour le calorique serait la plus petite, tandis que celle de I'hydro- gene serait la plus grande, et le rapport entre ces deux ex- tremes serait a pen pres de cinquante a I'unife. Trois memoires d'anatoraie occupcnt ime place considerable dans ces deux volumes. Dans le premier, ecrit en latin, M.Bel- LiNGERi expose des observations anatomiques et physiolo- giques sur la moelle epiniere , et sur les nerfs qui en tirent leur origine. II decrit successivcment la disposition de la matiere cendree dans la moelle de I'liomme, du boeuf , du bouc et des oiseaux,et compare entre elles ces differentes structures.il passe a la description de la moelle epiniere depouillee de la pie-mere et de la racinc des nerfs, et au procede pour obtenir cette separation. Un troisieaie chapitre est consacre a la pie- mere, etle suivant, a 1 'origine des nerfs. L'auteur revient a la structure de la moelle epiniere , consideree dans I'ensemble de son organisation , et passe aux observations physiolpgiques. Cette partie du memoire, ecrite avec sagesse , est digne de I'attention de tons les hommes instruits , quand meme ils ne s'occuperaient point d'anatomie. L'auteur a cru decouvrir le nerf de Xhumilite et de Xa patience ; il soup^onne que le prin- cipe des sensations n'est pas celui dumouvement, et il assigne I un et I'aulre d'apres des faits nombreux et des raisonnemens plausibles. A I'aide de fravaux , tels que ceux de MM. Gall , Spurzheim , Bellingcri et Magendic, nous iiuirons par savoir quelque chose. SCIENCES PHYSIQUES. 4« C'est a M. Rolando que I'on doit les denx autres niemoires d'anatoniie. Le premier est intitule : Recherckes sur la moclle allongee, et I'autre , Observations sur le cervelet. Dans le pre- mier, I'auteur a joint a ses descriptions neuf planches de des- sins fails avec soin ; dans le second, aprcs avoir rendu compte de ses recherches sur le developpement du cervelet dans les poulets durant I'incubation, il compare ses differens etats a celui du meme organe dans quelques poissons. Il a vu que le cervelet du squale glauque , lorsque ce poissson est parvenu a unc certaine grandeur, presente la structure des premiers ludimens du cervelet d'un poussin, au moment oil il devient possible d'observer les changemens qu't-prouve eel organe , jusqu'a ce que le jeune animal sorte de I'oeuf : c'etait, sur une tres-grande echelle, et en faisant abstraction de quelques chan- gemens de proportions, le cervelet d'un poussin apies dix a douze jours d'incubation. L'auteur etend ses observations aux quadrupedes, et les rattache a cellcs qu'il a inserees dans le nienioire sur la moelle allongee. Le tome xxix conticnt trois memoires de chimie medicale. Les deux premiers sont de M. Cantu, professeur adjoint de chimie appliquee, a I'Universite de Turin. Dans I'un , le pro- fesseur expose Ja methode d'analyse chimique et les series d'experiences par lesquelles il a constate I'existence de I'iode dans les eaux minerales sulfureuses, et particidieremenl dans celles de Castelnuovo d'Asti : dans I'autre, qui est ecrit en la- tin, il prouve que les urines des syphiliiiques contiennent du mercure sous la forme saline ^ qu'il y est tenu en dissolution par les acides libres de Turiue; que ce metal peut etre divise en molecules assez tenues pour qu'elles entrent dans la circu- lation , et parcourent tons les vaisseaux du corps humain ; que, dans cet etat de division, il subit une prompte oxida- tion dans certaines circonst?nces; mais que cette combinaison qui change ses proprietes peut etre lente et incomplete; que I'incertitude du mode et de la nature de son action sur I'eco- nomie doit engager les medecins a ne I'employer que dans un etat oil ses proprietes soient conslantes et connucs; il termine 42 SCIENCES PHYSIQUES. soil memoiie, cu expriinaiit le voeu que Ton soiimette a tip iiouvelles et scrupuleuses observations tons les rcmedcs tires «ips substances minerales. M. Canobio est aiiteur dti troisieme inemoire, tlont I'objel est i'analysc d'liii fliiidc lacte tire des voies minaircs d'une jeime feininc, meic dc deux enfaris, et qui nounissait le troi- $ieme, lorsque recoiilement de I'ttrange matiere dont il s'agit se manifesta , sans que le riouirissonen souffrit, ni que la mere en fut notablcmcnt incommodee. Un. quatrienic allaitcment ramcna Ics memos phenomcnes. Loiu que le quatrienie eufant parut souffrir de I'ctat dc sante de sa mere, il etait , au cou- traire, dune force remarquablc. Une circonstance imprevue a}'aiit force cette fenune de se separer de son nourrisson, I'e- coulemcot extraordinaire ne cessa point conime auparavant ; il devint meme si copicux, que la malade fut dans la neces- site de consulter un niedeciu. Suivant Tanalyse dn liquids , il ne dilferait dii lait que par luie plus grnnde abondance de serosite : M. Canobio n'y troiiva point d'uree, ui d'acide urique. I-e tome XXVIII u'offie qu'un seal memoire d'histoire natu- relle. M. le professeur Carena ajoute a la monographic du genre hirudo une especenouvelle qu'ila trouvee dans lescaux stagnantes des environs de Turin, et qu'il r\omme hirudo palii- dosa. Dans le tome suivant, la science est onrichie des tra- vanx de M. Losaiva , sur les animaux microscopiqiics , de la description dun hippopotame que posi^ede le musee d'histoire natiuelle de Turin, et sur lequel M. le professeur Bonelli a fait beaucoup d'observations, tendautes a expliquer les mou- vemens de cct animal pour venir rcspirer ji la surface de I'eau, tandis que son vaste corps y est entierement plonge; enfin , M. le professeur Borson donne la suite de \ Oryctographie piemoTitaise, sur laquelle il a deja public deux memoirrs, I'un dans le tome xxv, et I'autre dans le lome xxvi. I.e memoire de M. Losanaiwr/e.r a/iirnaux tnicrosrof>ique.i f<,\. une monographic des genres /jro> Le roi, les grands et les Eels pillent et ravagent I'empire. Ceux-ci , espece d'Arabes, parcourent les provinces par bandes plus ou moins nombreu- ses, volant et depouillant les voyag^urs. Les nobles rancon- nent les pays soumis a leur juridiction, et les rois depouillent a la fois les paysans et les grands seigneurs, les citoyens des vilies et les Turcomans du desert. Mizza Abdoul Rezak, un des guides denotre voyageur, luiraconta « que, pendant un sejour qu'il fit dans une certaine ville de la Perse, il fut sou- vent reveil'ic par les gemissemens d'une personne qui semblait etre violemment maltraitee, et qui s'ecriait d'une voix sup- pliunte : grace! grace ! je n'en ai pas! je n'ai rien! le ciel m'en est tcmoin, je n'ai rien! qu'ayaut voulu savoir la cause de ce bruit, il decouvrit qu'il etait occasione par un richc mar- chand, qui, pour resister aux tortures dont le menacait le gou- verneur de la ville, se faisait donner journellemenS la basfon- nade, Ce malheureux avoua qu'il pouvait supporter mille coups de baton, et qu'il esperait par ce moyen echapper L'Tavidite du prince. Accoutume mainteuant aux tortures, ^-^jouJait-il , il me sera facile d'endurer les plus cruels traitemens , sans crainte que la souffrance me fasse avouer mes richesses et me force k les partager avcc nos tyrans. ( page 172 note. ) » Le droit de la force est le seul code reconnu dans toule I'etendue dc la Perse ; et, s'il y existe des lois, elles sont egale- ment impuissantes pour arreter le prince dans ses exces, sou- tenir le gouvernenient dans sa faiblesse, ou proteger les parti- culiers dans leurs besoins. Ainsi, c'etait aux applaudissemens 6G SCIENCES MORALES a demander ice grand publioiste, conimeiit il a pii st'parcr deux choses qui semblent devoir etre inseparables de k-ur nature; comment la vertii pourralt n'etrc pas honorable; et enfin comment on pourrait placer I'lionneur dans des actions conlraires a la vertu ? II s'ensiiit que je ne sanrais ctre d'accord avec cenx qui, comnie dit I'auteur ( vol. i, pag. in) , trouvent tantot la verlu dans ihonneiii- , tanlot I'honneur dans la vertu. Ces deux mots, bien entendus, soul, a mon avis, synonymes , et, selon Montesquieu lui-meme, le veritable honueur ne pent jamais etre un prejuge. J'arrive au dernier chapitre du premier volume, qui traite de certains caracteres de la loi Tout ce que dit I'auteur a ce sujet, est digne d'altention ; mais j'aurais desire (pi'a celle occasion, il eut consacrc quclques pages a lexamen du prin- cipe de Jean-Jacques Rousseau, qui veut que la loi soit C ex- pression de la volonte generate; principe que M. d'Eyraud admet lui-raeme (vol. , pag. Sg ). Cet examen aurait ete d'au- tant plus intcressant que, dans ces derniers terns, Rousseau a trouve, sur ce point, comme snr plusieurs autres , un anta- goniste d'uu talent tres-rcmarquable. Je veux parier de M. To- rombert, avocat a Lyon, clje ne m'arrete ici qu'a un seul de ses ouvrages , public a Paris, en 1821 , sous ce litre : Exposi- tion des principes , et classification des sciences dans L'ordrc des etudes ou de la synthese. Voici comment il s'exprime passion pour tout ce qui pent flatter ropinion , caresser mcnie les prejug^s de nos concitoyens, surtout ceux de la cour et du naonar- que. De la aussi , sans doute, rambitioii des honneurs , mais noii comme but, et seulement comrae moyen d'arriver a cette conside- ration tant souhaitee. Ce mobile peut, ainsi que le remarque avec raison Montesquieu, inspirer quelquefois les plus belles actions et faire pratiquer le bien, mais non pas par amour pour le bien lui- m^me. Ce que Ton rechercbe surtout, ce n'est point le vrai merite, mais le bruit d'une action qui passe pour honorable. — Qu'on relise ces trois chapitres de I'Esprit des Lois, etje pense que Ton demeurera convaincu de la juslesse de notre interpretation. N. D. R. ET POLITIQUES. 67 (paj;. 53 ) (i). « La loi, (lit Rousseau , est Vexpression de la volonte generate. C'est la I'idee mere de son Contrat social. Mon but n'est pas d'examiner la nature des consequences qu'on en tire. Quelles que fussent ces consequences, si elles decoulaient d'un principe vrai, je dirais qu'on doit les recon- naitre, et y i-amencr les hommes; mais j'ose croire que cette definition, ou cette maxime, renferme un sens faux. Par vo- lonte generate , on entend la volonte du plus grand nombre. Mais, qiioi ! lorsque le plus grand nombre eleve des auto-da- fe, fait-il done des loisPQuand il porte la devastation chez ses voisins, est-ce done en vertu des lois veritables ? Les Alge- riens, qui ont une -volonte unaniinc de piller tout Ic monde, font-ils aussi ce metier, conformcment a des lois? Non, sans doute; car,dit Ciceron , dont I'autorite ici en vaut bien une autre : La loi est ce qui est Juste. » Je demande pardon a I'auleur de I'ouvrage cite; maisje crois que le philosophe de Geneve n'a pas avance une maxime contraire acelle de Ciceron. Ou M. de Torombert n'a pas bien compris le sens de la phrase de Rousseau, ou bien, ce qui est plus probable, ce dernier n'a point donne a son idee le deve- loppement necessaire. Quant ;» moi, j'ai toujours compris la maxime de Rousseau, comme je crois qu'elle doit I'etre; et pour la jiistifier a cet egard , je n'ai qu'ii m'emparer des exem- ples de M. Torombert lui-mcme. Je lui demanderai done , si Ton a jamais vu des auto-da-fe etablis dans unpaysou la vo- lonte generale est comptee pour quelque chose? Je repondrai au second exemple de I'auteur que je combats, que , lorsqu'uu conquerant ou un despote porte la devastation dans un pays voisin, c'est en vertu du poiivoir absolu qu'il a usurpe; c'est en vertu d'une loi individuelle , et nullement en consequence d'une loi sanctionnee par la volonte generale. Enfin, largu- (i) M. Torombert a depuis reproduit et d^veloppe les m^mes pens^es, dans un autre ouvrage intitule: " Principcs de politique mit en opposition avec ceux du Contrat social, o Nous en avons rendu compte. (Voy. fle.'. £nc., t. xxYi.p. 56.) N. D. R. 68 SCIENCES MORALES ment tire i\c la tlisposition gcnerale iles Barbarosqiies pour Ic pillage, me semble nial chnisi; car, il iiefaut pas deiiuinder aux voleurs, s'il est bon tie s'emparer des proprietus d'aiilrui par la ruse on par la violence; mais, relournez la question, demandez - leur s'ils veulent elre pilles? s'ils croient qu'un pareil acle soit juste ?. etsoycz persuades que ces brigauds ex- primeront leur volonte unanime el constante par la negation laplusenergique, C'est ainsi que les medians cux-memes sont forces de reconnaitre la justice en matiere de legislation ; c'est ainsi que Rousseau n'a fait que rcproduire le principe ex- prime par Ciceron ; enfin, c'est ainsi que se verifie de nou- veau I'aucien ])roverbe: la voix du peitple est la voix de Dieu. Si les lois sontce qu'elles doivent etre, si elles sont vrainient Vexpression d'une volonte generale bien entendue , il est , a mon avis, absolunient impossible qu'une minorite quelconque puisse justement les accuser d'arbitraire ou d'injustice. Pour justiGer cette assertion , jc ue choisirai que deux exemples parmi beaucoup d'autres qui se presentent a mon esprit. Supposons, dans le cas ou la pesle ravagerait un pays etranger, que la loiinterrompit toute communication commer- ciale des provinces limitrophes avec le pays infecte ; qu'elle ordonnat de detruire les marcbandiscs suspectes ; nul doute, que ceux qui anraient a se plaindre de la stagnation de leur commerce et de la destruction de leurs proprietes, se plain- draient de I'injustice de ia legislation; mais, changez leur position, deplacez leur domicile , de maniere a cc que , n'ayant plus aucune liaison d'interet avec les contrees ravagees, ils aurftient plutot a craindre que la contagion ne se repande ; alors, ils n'accuseraient plus d'arbitraire une loi destinee a proteger leur vie; ils se rangeraient du cote de la majorite pour benir la sagesse et la justice d'une telle mesure legale. Supposons encore la circonstance d'une disette generale , d'une annee ou la recolte aurait tie mauvaise, et au-dessous desbesoins de la population; si, pour eviter les horrcurs de U famine, une loi defendait I'exportation du ble et en per- ET POLITIQUES. C9 mettait rimporlation, on ne deviait pas s'etoiiner cVentendre crier contre ime pareille loi le petit nombre de cnltivateurs , fjui, ayant fait iine bonne recolfe, aiiraiteu le bonlieur, non- seulement d'echapper au desastre commun , liiais encore d'en lirer profit ; 011 quelques negociaiis, qui, ayant leurs greniers remplis, speculeraient sur la hausse du prix des denrees de premiere necessite. Chanij;oz encore ia position de ces indivi- dus; transportez-les dans la categoric generaie, et vous les entendrez faire Teloge de celte loi qu'aujourd'hiii i!s condam- nent comme aibitraire et injuste. Revenons a M. D'Eyrand , dont nous ne nous soinmes se- pares qu'en apparence ct pour un moment, afin de remplirun devoir rigoureux, cohii de jnstifier un ecrivain celebre, que tout le monde revere, et dont un homme d'un talent superieur a eu le malheur de mecotinaitre les intentions. Certes, jene ferai pas a M. D'Eyraud le reproche d'avoir omis un autre caractere essentiel de laloi,celui de n'etre ni ri- dicule dans ses dispositions, ni absurde dans son application.il est probable que I'auteur decet ouvrage n'a pas suppose qu'il put y avoir, dans lecode d'un peuple civilise, des dispositions de cette nature. Cepcudant , il en existe dans le Code de Chris- tian V , encore en vigueur en Danemarh. L'article 11 du i3*^ chapilre du titre vt de ce codes'exprime en ces termes : Qui- conque , oppartenant a lamaison du roi , et ayant prete ser- inent en cetie qualite , aura eu , dans le palais , commerce avec line J'einme ou une fille , aura deux doigts de la main coupes. On peut hardiment supposer, et meme assurer que, depuis i683 , date de la publication du code, cetaitentat a ote cora- mis plus de mille fois, sans qu'il ait donne lieu a une seule mutilation. Et qu'on ne me disc pas . que ma traduction est infidele; que la loi a voulu pavler du cas ou il y aurait eu violence ; je puiserai ma preuve dans le seizieme article du meme chapitre, qui prononce la peine de mort dans ce der- nier cas, sans distinction du lieu oil le ci ime a etc commis. Le second volume, qui traite de la legislation criminelle et civile , s'ouvre par un chapitre sur rinterprelation des lois 70 SCIENCES MORALES L'auteur ilil, a ce siijet ( page 5 ), que '< les pays ou les jugcs n'ont qu'a appliquer les iois , et dans Icsquels ils ont rarement a interpreter, sont ceuxqui possedent la meillenre legislation. » Je crois qu'il iie devrait jamais ctre pernils aux jiigcs d'inter- preter (i), et cette opinion scmble co'incider avec celle de l'auteur lui-raeme, lorsqu'il dit ( page i6 ) : « En France, on ne saurait niieux pareracette necessite, en I'etat deschoses, que par iin travail prolimiuaire, ou de discussion , qui eniane- rait de la cour supreme, et serait soumis a I'assentimentou a la rectilication des chambres legislatives. » — S'il est vrai que celui qui a parle, soil le seul qui ait le droit de fixer le veri- table sens de ses paroles, il s'ensuit que les differentes auto- rites qui ont concouru a la formation des Iois, doivent etre considerecs comme les interpretes uniques et naturols de toutes les dispositions legislatives qu'elles auront creees et sanc- tionnces. Mais, me demandera-t-on , si dans le cas d'une grande ur- gence, et pendant I'intervalle qui separe deux sessions de la legislature , il arrivait qu'un tribunal eut besoin d'une inter- pretation aulhentique du texte d'une loi; quelle voie eroploic- rait-il pour I'obtenir? La possibility d'un pareil evcnement fait sentir le besoin d'avoir toujours en permanence un comite des deux chambres, charge de soumettrea la sanction du chef de I'etat toutes les decisions de cette nature, valides seulement pour le cas present, mais sujettes a ctre approuvecsou refor- mees dans la session suivante, avant de pouvoir etreconside- rees comme authentiqueset obligatoires poi;r I'avenir (a). (i) Par voie d'autorite sans doute, car I'intei prelation de doctrine est inevitable. N. D. \\. (a) Dans un ouvrage dont nous avons dernicrement rendu compte, (Voy. Rev. Enc, t. xxviii, p. 712.) on a erais, non sans quelque apparence de raison , I'opinion que I'interpretalion , di(e d'antoriic, n'appartenait a personne, pas meme au legislateur, et qu'elle devait ^tre enliferement bannie. La loi doit ^tre appliquee, telle qu'elle a ete faite. La redaction en est-elle fautive.'' II n'y a qu'a la refaire pouy I'avenir. Telle est I'opinion de M. Fritot. N. D. R. ET POLITIQUES. 7' Je supprime ce que (lit ici raulenr sui les lots d'excqition, pour aniver au treizienie cliapitie qui trake des peines ; au qiiatorzieme, qui a pour objel la peine demort; et au quin- zieuie qui parle des supplices. On a tant ecrit sur Ics peines, et notamment sur la peine de mort, qu'on pourrait croire cette matiere tout-^-fait epuisee. Cependaiit , elle ne Test pas; mais oe n'est point ici le lieu d'entrer dans de nouvcaux developpemens. « Ce qu'il y a de repoussant, dit I'auteur (page i45), dans les lois criminelles de I'Angleterre c'est la frequence de la peine de morl. » II aurait pu ajouter que M. de Pastoret, dans sou ouvrage sur les lois pennies deja cite, donne la nomenclature de plus de cent crimes , quitous, d'apres la legislation francaise de cette cpoque ( 1790 ) , etaient punis de la peine capitalc. On aurait du remarquer encore que ie code penal actuel n'a pas non plus diminue Ic nombre des crimes punissables de la peine capitale, autant que I'humanite et lasaine philosophic pourraientle de- sirer. Parmi plusieurs crimes conipris dans cette categorie , je n'en citerai qu'un seul, celui \\\\fau.r-monnayeur. Certes, il y a de tres-bons arguniens en faveur de la conservation desjours de ces malfaiteurs , sans parler meme des avantages que I'etat pourrait tirer du travail de cette espece de prisonniers a vie , qui souvent possedent de tres-grands talens. J'observerai , de plus, que je suis parfaitcment d'accordavec I'auteur, lorsqu'il desire que parlout on imile I'usage de I'An- gleterre (il aurait pu ajouter plusieurs auU'es pays ) oil, dit - il (page 40)) chaque sentence dc mort est raise sous les jeux du tnonarque , et oil I'execution na lieu qu'alors que la bouche royale ne fait pas entendre le mot de grace. Cependant , c'est peut-etre de ma part una presomption que d'oser souleiiir ce principe contre de graves autorites, an nombre desquellesje compte celle d'nn pair de France, M. de Pastoret, qui, dans I'ouvrage dout nous vcuons de parler ( tome i , part, i , page 35 "), ne veut pas que ce droit soit attribue au monarque. Quoi qu'il en soit, j'ajouterai que la grace, ou la commuta- tion de peine ne devrait jamais etre accordee, que sur la de- • 72 SCIENCES MORALES manile expresse de Thommq condamnc , qui seul a competence pour jnger s'll est pour /«f plus durde subir la grace, que de se soumettre a I'execution dc la sentence (i). Un principe eon- trairc entrainerait des consequences tres-graves, si le chefde I'etat t'lait aninie d'un esprit devengcanceou de tyrannic. Alois, et de propos delibere, il pourrait aggraver les rigueurs de la justice, au lieu de les adoucir; il pourrait, sous pretexte de clemence , infliger ini veritable supplice prolongs, s'il suivait Ic coDseil AeLycuSy dans V Hercule furieux deSeneque : Qui morte cimctos lucre stippUcium jnbet Nescit tyrnnniis esse. Diversa irroga : Miserum veta perire , felicem jube. Celui qui condamne toujours a mort, sans distinction des per- sonnes, ignore I'art de la tyrannic. Celle-ci doit savoir varier les supplices : ordonner aux heureux de niourir ; aux inalheureux de "vivre. Le meme chapitre ( page CiQ ) contient quelques reflexions sur ce qu'en Anglelerre on appelle hcncfice clit clerge, qui consiste dans I'excmption de la peine de mort en faveur des ecclesiastiques, condamnes pour des crimes (2). Les reflexions de I'auteur sont ici tres-justes, comrae dans le reste de I'ou- vrage. J'observerai seulenient qu'il y a des cas, ou ce privilege, ce benefice du clerge ne pent point sauver la vie a un cri- minel revetu des habits sacerdotaux; eta I'appui de cette as- sertion je ne cilerai qu'un exeniple, celui du docteur Dodd , qui fnt pendu, il y a pres de cinquante ans , pour crime de faux (3). (i) Ainsi le veut I'article 20 de la Constitution du royaume de Norvfege. (2) Voy. la note suivante. (3) Le henejice du clerge ne fiit pas introduit d'abord en faveur des ecclesiastiques , mais en faveur des personnes iettrees, c'esl-a-dire , qui savaient lire, genre de connaissance alors, il est vrai, tres«rare parmi les laics. Plus tard , ce privilege ayantrecu par la diffusion des lumi^res une trop grande extension , il fut limite a I'espece de contraventions ET POLITIQUES. 7 '3 Dans le quinzieme chapilre ( page loi ) rauteur parle tie la mise au secret, comnie d'lin siipplice, laiidis que cette peine, qui precede toujours la condamuation, est en effet une veri- table torture, et non pas un suppllce, quoique I'auteur etablisse une distinction entre ces deux especes (\e peine forte et dure. C'est done une erreur desoutenir que , dans tous les pays civi- lises, la torture est aujourd'liui abolie. Elle subsiste tonjoiirs en realite; seulement, on a change la maniere de I'appliquer. Dans ce sieole de lumieres, la niiso au secret est employee , ainsi que I'etait autrefois la torture, avant la condamuation , comme un moyen de forcer le prevenu a se declarer cou- pable, eta denoncer ses complices; cependaut , il n'est au- cnne obligation morale qui puisse forcer un homme a se de- noncer lui-meme. On a ecrit des volumes contre la torture; elle a ete com- pletement abolie en Toscane ; et dans un ouvrage intitule : Governo delta Toscana sottu il regno de S. M. il Re Leopoldo , imprime a Florence en 1790, je lis ( page i4 ) le passage siii- vant : La pena della tortura , die tormenta I'imputato prima eke il giudicc abhia deciso della sua reita ; che espone I'inno- cente aipiu crudeli lormenti, che assolve non di rado il reo ro- busto , et condenna ildebole innocente,fu proscriita in qualsisia procedura criminale , j>er grave chesia il delitto , di cui si ccr- chi indagare I'aulore. n La peine de la torture, applicjuce au prevenu, avantque le juge ait prononce sur sa culpabilile, qui livre I'innocent aux plus cruelies souffrances, qui fait absoudre le coupable ro- buste et fait condamner le faible innocent , fut abolie dans toute espece de procedure criminelle, quelque grave que fut le delit dont on cherchait I'auteur. » appelees/eVonie^, et les crimes, meme comtnis par les gens d'eglise, ne furent plus admis a jouir de ce benijice. Voila ce qui explique le fait ci-dessus cite. — Voy. I'ouvrage de M. Cottu, »Z)e V administration de la justice criminelle en Angleterre , « et celui de M. Taiixandieb , - Reflexions srir les Lois pennies , etc. » N. U. R. 74 SCIENCES MORALES Mais aucun cciiv.iiii, jc crois , n'a su renfcrmer tonics les injustices ct les atrocites de la torture en aussi peu dc paroles , (]ue I'a fa\tSaif/t-Jiif^iisUn, dont je rci;rctte de nepouvoir ciler les paroles ( voy. de civitate Dei, lib. 19, cap. 6 ). Je me range volonliers, Jl I'a vis de I'auteur, dans tout ce qu'il dit ( page 104 ) contre le systeine du celebre juriscon- sulte anglais, Jeremie Bentham, qui veut que \ on paric aux yeux par I'appareil des supplices. Pour ne pas multiplier les citations, je renvoie le Icctenr an passage indique, ainsi qii'a ce que j'ai dit ailleurs {Yoj.Rey. Enc, t. x,p. 33i, mai 1821) sur rinutilite dc la publicite des supplices; et niome sur le danger de donner au peuple des spectacles dc cette nature. Les principes de I'auteur sur le Jury[cha\>. 16) sont con- formes aux plus saincs doctrines. Ce chapilre merite d'etre lu d'un bout i I'autre. Je n'cn citerai que co court passage : « On ne pent s'cmpochcr , dit-il , ( page ii5 ) de sourire ( et dans cette expression il y a de la pitie pour I'liomme, et de I'indi- gnation contre les paroles j lo>-squ'on rencontre im magistrat, qui demande du se/eet dela .f<'('(?W?(? aujury. Qu'est-ce qu'une parei'ile demande, dans I'ordre de la justice? Le jury est un etre passif , a qui le zele sierait fort mal ; ce u'est pas a lui qu'il faut s'adresser; il est sourd a toute impulsion etraugere au fait qui lui est soumis. » Puis il ajonle : « que les juges d'ius- truction, que les procureurs du roi, tout en sachant respecter leur pouvoir, mettent du zelc et de la severite dans les re- cherches du crime, cela se concoil, c'est leur affaire ; celledu jury est de ne recevoir aucune admonition de ce genre, de s'eclairer par toutes les voies de I'instruclion en public, et de prononger. « L'autcur termine scs reflexions sur la legislation crirainelle par trois chapitres cgalement remarquablos, dont les deux premiers ( chap. 17 et 18 ) traiteut de Injustice criininelle, et le ig* de la simple police. Je n'en citerai que I'anecdote sui- vante, destineeapeindre I'ancienne justice criniinellc. '^'L'abbe Morellet, dit I'auteur (p. i44), presenta a M. de Malhcsherbes son manuscrit du Manuel des inquisiteurs , qui n'est qu'im ex- ET POLITIQUES. 7 5 trait du yrand in-folio , intitule : Directorhim inquishorum. II le qiialifia en meme teins dc legislation absurdc et baibare. ie respectable magistrat lui dit , en le lui rmdant : Vous croyez avoir- reciieilli pcut-etre des fails extraordinaires ,des precedes inouis. Sachez que cette jurisprudence de C inquisition est, a tres-peu de cliose pres, notre jurisprudence crimineUe tout en- tiere. » Arrive a la derniere moitie du second volume, qui traitc de la legislation c/c/Ze, j'adopte enliercment I'opinion de I'auteur , lorsqu'il combat ( cliap. 20, pag. 288, ) celle de M. Dumont ( traducteur de Bentham ), qui pretend que la seule epoque oil ton puisse entreprendre avec succes de grandes reformes de legislation est celle oit les passions publiques sont calines , et oil le gouvernementjouit de la stabilite la plus grande. M. D'Ey- raud repond que , « lorsque les passions publiques sont calmes, ii y a , ou despotisrae, ou dc bonnes lois ( j'aurais dit, des lois supportables ). Dans le premier cas, il est inutile de parler de reformes ; toutes les idees sont comprimees ou servent a com- primer; dans le second, les reformes sont inutiles, on pent s'occuper tout au plus de quelques legeres modificalions. » Et plus bas (pag. 240) il oppose a M. Dumont Bentham lui- meme , dont il cite ce passage : « II faut que le legislatcur cede a la violence d'un courant, qui emporterait tout cc qu'on lui oppose; ct s'il ne doit pas obeir a de simples caprices popu- laires, il doit au moins ptevoir et prevenir les maux que pour- rait amencr I'inquietude de Topinion. « J'ajoute que, I'esprit des gouvernemens etant presque toujours routinier et opinia- trement attache a tout ce qui favorise le pouvoir, il s'cnsuit que les grandes reformes , cellos qui ont uue influence marquee et bienfaisante sur le bonhcur des masses, no sont gnere pos- sibles que dans un terns d'oragespolitiques. Et n'en est-il pas ainsi dans I'ordre de la nature? L'experience a prouve que, dans les colonies des Indes occidenl-iles, un ouragan, qui a cause les plus grands ravages dans un pays , est generalement suivi de plusieurs annees d'une fertilite extraordinaire. Je pourrais me joindre a M. D'Eyraud , pourfaire I'eloge de 76 SCIEINCKS MORALES la sagesse tie la loi fiatioaise actuelle, qui repousse le manage entie bcau-fit-te ct belle-soeur />«r dps motifs tires de la mo- rale doincstique{\>. 25o), sije n'avaisaluiopposer un fait, qui sembie pronvor que le danger de ces unions pour la morale n'est pas aussi grand qu'on se I'imagine. Cos mariages ont ete prohibes en Danemark par le code de Christian V; mais, sous le regne dn dernier roi, il y a environ cinquante ans, une nouvelie loi les aiitorisa , raoyennant une dispense du gou- vernement. Cette loi est encore en vigueiir, et la faculte qu'elle accordc ne parait pas avoir occasions le moindre scandale. C'est, an reste, une particularile assez remarquable, que le premier qui profita de cette nouvelie disposition legislative fut precisement le ministre qui I'avait provoquee, par des motifs tkns lesquels il entrait sans doute quelque chose de per- sonnel. En traitant du divorce, dans son 21""^ chapitre, I'auteur ne se moiitre pas tres-favorablcaux principes qui motiverent, en j8i5, son abolition en Fiance; etje crois qu'il a raison; mais, il aurait pu ajouter une consideration de plus aux excellentes raisons qu'il donne. Ne pourrait-on pas, me suis-je dit plus d'une fois , attribuer a I'impossibilite actuelle d'obtenir le di- vorce les attentats d'un mari contre les jours de sa femme , et d'une femme contre ceux de son mari , attentats qui occupent malhciireusement trop sou vent les cours d'assises? Lorsqu'une situation forcee est devenue insupportable, I'homme a bien rarementla force d'ame necessaire pour ne pass'en affranchir par un crime. J'observerai, a cette occasion , que I'auteur n'a pas puise k une bonne source, lorsqu'il dit (p. 261) quen Danemarf, tadullere doit etre reciproque , pour que le divorce soit autorise. Au contraire, d'apres le code de Christian V, I'adultere d'un des epoux autorise la partie innocenfe a dcman- der la dissolution du mariage, taudis que I'adultere recipro- que est un obstacle insurmontable au divorce; et j'ai de la peine a croire qu'une legislation recente ait pu changer cetetat de choscs et sanctionner une disposition si emincniment im- morale. ET POLITIQUES. 77 Apres avoir parle, dans le meme chapicre, nous engageons M. Isambert , qui par de savantes dissertations s'occupe de donner un travail complet sur la legislation de la premiere race, a revenir sur ce point, et a nous dire quelle a etc dans les Gaules I'influeuce de cette publication. Les fragmens que les auteurs ont donnes de la loi des Visigoths, de celle des (i) II est surprenant que, dans sa maguifique coupole de Sainte- Genevieve, le celebre peintre M. Gros, qui a place aupres de Charlemagne le mot Capiculaires ; pres de Saint-Louis , ses Ecablis- semens; a c6te de Louis XVIII, le mot Charte, n'ait pas marque I'epoque de Clovis par la Loi salique , donl il fut le premier editeur, el qui est la premlfere loi de la monarchic. Et POLITIQUES. 85 Boufgiiignons, delaioi saliqnc,et des aiitreslois de la premiere race, nous paraissent insuffisans; ce ne sont soiivent que de simples sommaires. Les auteurs out craint d'ctciidre tropleur cadre; et eneffet, ces trois codes feraient seuls un volume. lis n'ont pas voulu effrayer les souscripteurs. Mais, ce sont des lois nationales qu'ils feront Lien de donner dans un supple- ment, d'autantplus qu'on ne les trouve pas dans Baluze. M. Isambert a deja reconnu I'insuffisance de simples litres, lorsqu'il a examine les monumens Icgislatifs du regne de Cle- vis, etilen a public plusieurs en leur entier. Nous I'invitons a completer cet indispensable travail. II y a d'ailleurs un si grand nombre de loisperdues, parmi celles qui sont emances des rois de la premiere race, qu'il faut recueiilir de toutes parts dans les historiens et les chroniqueurs tons les fragmens qui nous restent. Les N°* 16, 17 et 18 de la serie merovingienne, tires de Baluze, font double eniploi avec lesN°'8, 10 et n puises dans le recueil d€S historiens. M. Isambert parait s'en ctre apercu. Le W i5 semble etre une piece apocryphe; elle est attribuee par Goldast a Gontran ; mais la collection de Goldast est depuis long-temps discreditee : il ne fallait s'en servir qu'avec une defiance extreme. Ne serait-il pas possible aussi de faire connaitre la serie des rois Merovingiens par les diplomes, comnie on I'a fait pour l.i seconde race. Le travail de la deuxieme dynastie est moins incomplet que cclui de la premiere; mais nous regrettons toujours que les auteurs se soient bornes a une simple notice des monumens de cette epoque, et qu'ils n'aient pas donne les textes entiers : ce qui obligera encore de recourir a d'autres collections. Le recueil de Baluze pour les capitulaires est sans doute precieux; on le trouve dans toutes les bibliotlieques. Mais il pouvait etre sou- rais a une revision. On a justement conteste I'authenticite de plusieurs pieces qu'il renferme , notamment du recit du sacre de Pepin , et de la charte de confirmation d«s donations pretendues faites au Saint-Siege par Louis-le-Debonnaire, en 817. On a 8A SCIENCES MORALES fait de fausses decretales: peiise-t-on qu'on sc soil fait faulc de fairede fausses ordonnances? Plusieurs fois les auteurs ont rectifie les savans compilatcurs de la collection du Louvre, el aulres recueils academiques. Une nouvelle discussion des pi(ices anicncra peut-ctre des resultats utiles. Quant aux monumens de la troisiemc race, les auteurs de la collection ont donne a peu pres tout ce qui etait digne d'etre public ; on regrette, il est vrai, de n'y pas trouver les Assises de Jerusalem en leur entier; nnais ce code de la feodalite , redige a I'epoque de sa plus grande splendeur, n'a pas re9U de publication en France ; ct , a moins de considerer les con- quetes en Orient comme une possession francaise, il n'y avail pas pour eux obligation de le donner. Cependant, on aimerait u le trouver daus leur recueil. Ce code est en lui-meme aussi interessant que les Etablissemens de Saint-Louis. Nous ne connaissions les Assises de Jerusalem que ^ar I'edition de La Thauniassiere ; BI. le president Agier en avail annonce une edition qu'il a ensuite abandonnee; maison assure quele labo- rieux et docte M. Buchon va en publier les textes, d'apres de nouveaux nianuscrils. On desirerait aussi trouver dans cette collection le texte des reglemens du prevot Boileau de Tan 1260. Les auteurs ont donue leurs raisons sur cclte exclusion , el sans doute elles ont beaucoup de poids; ils ont craint qu'on ne leur reprochat de depasser les bornes qu'ils s'etaient prescrites, el de multi- plier les volumes. Quand leur entrcprise aura pris plus de force, et sera generalement appreciee , ils pourront publier ces recueils dans des supplemens. Le lexte des institutions de St-Louis parait dans leur recueil avec une traduction en re- gard; celte traduction etait necessaire, parce que le francais du lems de St-Louis est encore si mauvais que peu de personnes pourraient le comprendre. 11 est arrive aux auteurs deciter quelquefois des pieces, sans indiquer oii elles se trouvent ; c'est un inconvenient : mais cette negligence n'a ete remarquee par nous que sur le premier vo- lume et rarement; depuis, ils n'ont jamais manque de citer ET POLITIQUES. 85 leurs autorites. Je leur conseille de suppleer aiix prccedentes omissions par un addenda. Chaqiie livraison de deux volumes est accompagnee de tables des matieres qui ne sout sans doiite que provisoires, mais qui nous out paru remplir les conditions d'une bonne analyse. L'execution typographique des livraisons 2,3, 4 et 5 est bien superieure a la premiere. Les auteurs ont indique avec un soin remarquable les revo- lutions qui ont eu lieu dans le gouvernement par les minorites, les regences, les gouvernemens provisoires, et les lieutenances generales du royaume pendant I'absence ou la demence des monarques. A partir du regne de Louis X, dit le Hutin , ou le Mutin,ils ont donne la lisle des chanceliers ou gardes-des-sceaux. Ce n'est pas chose indifferente ; car ces ministres etaienl alors les redacteurs des lois , et, pour ainsi dire, les seuls legislatenrs de la France , au moins jusqu'a ce que la necessite d'un enre- gistrement au parlemeut ait cte reconnue et mise au rang des maximes de notre droit public. Les notes de concordance nous ont paru faites en general avec beaucoup de soin. On regrette qu'elles ne soient pas pins nombreuses. Dan^ la preface de la 2" livraison , M. Isambert a examine tous les monumens legislatifs, relatifs a I'elat des Gaules avant la domination romaine de I'an 600, a I'au 5o de I'ere vulgaire. Ony voit que les Celtes ou Gaulois etaient reunisen corps de nation, aussi anciennement que les Roraains. On y trouve uije notice sur I'etablissement des Gaulois en Asieou Galates et sur la republique de Marseille. Sous la domination romaine, les Gaules avaient un regime municipal a part , et des coutumes natiouales auxquelles le conqueraut ne se permit pas de toucher. On y lit aussi un abrege de I'histoire do la religion chretienne. On a donne Ic texte d'un edit d'Honorius de 4i8 , portant convocation d'uuc assemblee des Gaules dans la ville d'Arles. C'est une piece tres-remarquable. 86 SCIENCES MORALES Celte dissertation se terminepar I'histoire de I'etablisseraent des Francs , des Bourguiguons, des Visigoths et d'autres bar- bares dans les Gaules. A la tetc de la 3e livraison , M. Isambert a place le commen- cement d'une dissertation, iutitulee : Essai sur I't'tnbUssement monarchique des Merovingiens ^ et specialement sur les insti- tutions de Clevis. II examine separement la loi des Francs, et propose sur I'origino de la noblesse , sur le systemejudiciaire, sur la prerogative royale, sur la succession a la couronne , sur les Francs ripuaires, des apercus tout-a-fait nouveaux. La dissertation qui sert d'introduction a la 4' livraison, con- tient la suite de I'examea de la constitution francaise sous Clovis. Elle traite de la loi des Romains-Gaulois, de la loi du clerge , et I'auteur en conclut que la constitution etait une mo- narchic elective et hereditaire tout a la fois, modifiee par le pouvoir des eveques. II n'existe qu'une loi generale de I'lpoque de Clovis, et cette loi est leconcile d'Orleans assemble par les ordres du roi , deliberant sur ses propositions , et presentant a sa sanction ses deliberations. La 5® livraison aurait du nous donner la suite de ceC impor- tant travail : ou le donnera peut -etre en tete des livraisons subsequentes. Dans cette livraison, les auteurs ont donne tousles nionu- mens du regne de Louis XL Ainsi, cette collection depasse deja la collection academique du Louvre , commencee il y a un siecle; et, quoiqu'elle ne soil qu'un abrege, on y trouve beao- coup de pieces, telles que les actes des Etats-Generaux , des traites, des conciles, des arrets de \A Cour des pairs qu'on chercherait vainement dans la collection officif lie. Cette col- lection d'ailleurs estpresque immobile ; elle n'avance phis. Car, quel que soitleprofond merite du noble pair qui est charge dela continuer, son age deja fort avance, et la multiplicite des nom- breuses et eminentes fonctions dont il est revetu, ne lui per- mettent pas d'y travailler avec I'assiduite d'un benedictin. Les auteurs doivent s'occuper incessamment de la recherche et de la publication des monumens legislatifs du regne de 1 ET POLITIQUES. 87 Charles VIII et de Louis XII. Ces monumenssontprcsqiie en- tierement inedits. Leur ouvrage va done acqutrir un nouveau degre d'interet. Nous les exhortons vivcmcnt k redoublcr de zele et de courage. lis elevent un beau monument a la science de la legislation. Les auteurs paraissent s'etre partagc le travail pour marcher plus rapidement. La 5* livraison parait sous la gaiantie de MM. Jourdan et Decruzy seuls. M. Jourdan, dont onne pent trop louer le talent etl'application laborieuse, a ras- semble les monumens du regne de Louis XVI, et public en ce moment les deux premiers volumes de son travail. Les mouu- mens de ce regne si rapproche de nous sont peut-etremoins connus que ceux de Louis XIV et de Louis XV. En effet , comme ils n'ont ete recueillis dans aucune collection parlicu- liere.ils sont en general ignores des jurisconsultes. Cependant, rlen de plus noble et de plus genereux que cetfe legislation d'un vertueux prince, qui eut pour ministres Turgot, Necker et Malesherbes, et dont tout le regne a ete marque par les lois les plus utiles, depuis 1774 jusqu'en 1789. DuPiN , avocat. AnNUAIRE HISTORIQUE UNIVERSEL POtJR 1 824, Ui^eC Ull Appendice contenant les actes publics , traites , notes diplomatiques , papier s d'etats et tableaux statistigues , financiers , administratifs et necrologiques ; — une Chroniqce off rant les eveneniens les plus piquans , les causes les plus celebres , etc. ; — et une Revue des pro- ductions les plus remarquables de Vannee^ dans les sciences^ dans les lettres et dans les arts; par C.-L. Lescr (i). La Revue Encyclopddiqne donne, chaque annee, une atten- tion speciale a \ Annuaire histoiique; oulre I'incontestable uti- (i) Paris, 1825 ; Thoisnier Desplaccs, rue de Seine , n. ag. In-8° de VIII et 882 pag. : prix Vja fr. 88 SCIKNCES MORALES lite de cet ouvrage, il nous offre I'occasion de presenter a nos lectcurs una esquissc rapide de I'annee qui a precede; et cette taclie s'accorde parfaitement avec I'idee premiere qui preside a la composition de notre rccueil, dont I'objet princi- pal est de suivrc , au moyen des faits, la marche progressive ou retrograde de I'esprit humain. Malheureusement, rabondance des materiaux et la necessitc de les mettre en ordrc, no per- meltent pas ;\ I'aufcur de XAnnuaire une promptc publication , de sorte que ce tableau de I'annee 1824 , n'a paru qu'a la fm de 1825. Ce retard , que Ton pourrait pevit-etre abreger, con- tribue cependant a I'amclioration de I'ouvrage, aussi, cette observation est bien moins un reproche pour I'auteur, qu'une excuse pour nous, qui n'en pouvons rendre compte qu'en 1826. L'annee iSa/j tiendra une place importante dans I'histoirc de ce siecle; elle offre plusieurs evenemens docisifs pour I'ame- lioralion sociale des hommes, et les progres de la civilisation; il faut mettre en tete de ces evenemens I'organisation federa- tive d'une grande partie de I'univers ci-devant colonial ; mais n'anticipons point sur les faits, et suivons X Annuaire dans I'ordre qu'il a lui-meme etabli. 1 Selon son usage, M. Lesur consacre la premiere partie de son iivrca I'histoire de France; ct, dans cette histoire, ccllede la session legislative tient toujours le premier rang. Elle offrait, cetle annee, un interet plus vif encore que do coutume; on savait que le projet d'attaquer et de modifier la charte, com- mence par I'introduction du privilegedans lesysteme electoral, allait etre continue par I'etablissement de la septennalile; et cette mesure qui , dans tons les terns , eut alarme les amis de la paix publique ct de la stabilite de nos institutions, puisqu'ellc \)olait manifestement un article de la loi fondamentale, devait causer encore de bien plus vivcs inquietudes, lorsqu'on la voyait coincider avec des elections sur lesquelles le ministere avait exerce une influence illegal^, avouee conirae un droit par un ministre, dans la Chambre des deputes ; et signalee comme un scandalc) dans la Cbambr^ des pairs, par un mem- ET POLITIQUES. 8y Lre ( le comte de Montalembert) , qui ne vole pas avec i'op- position. Les manoeuvres ministt'iielles, employees pour donatnrer les listes electorales, et otcr toute sincerite aux votes, furent pleinement divulguees dans la discussion ouverte sur la veri- fication des pouvoirs; discussion qui, du reste, comme on pouvait bien s'y attendre, n'eut pas d'aulre resultat. «Malgre les reproches elcves sur la formation des lisles electorales et sur la tenue des assemblees, dit M. Lesur, le nombre des tlecteurs ne fut pas de beaucoup inferieur a celui des elections precedentcs. » Celte espece d'excuse, fcurnie au rainistere par I'auteur de X Annuaire , est parfaitement derisoire; car on ne reprochait pas seulement a radmiuistration d'avoir prive a dessein un assez grand nombre d'electeurs conslitutionnels de leur droit de voter : on lui reprochait encore d'avoir introduit dans les colleges un certain nombre d'electeurs ministeriels qui n'avaient d'autre titrc que leur penchant a voter selon le mot d'ordre; de sorte que cette tgalite dans le nombre des elec* teurs a deux epoques differentes, alleguee par M. Lesur centre les reproches de I'opposition, est une nouvelle preuve en leur faveur. A la verification des pouvoirs succeda la discussion sur la reduction de I'interet des rentes; cette loi, admise dans la Chambre des deputes, rejelee ensuite par la Chambre des pairs, a ete rcproduite, I'annee suivante, avec diverses modifi- cations. On connait aujourd'hui une partie des resultats de cette mesure financiere , et Ton sait si nous devons nous ftliciter de I'obstination du ministore, et du changement qui semble s'etre opere dans I'opinion de celui des pouvoirs legislatifs qui I'avait d'abord repoussee. Quant a I'analyse presentee par M. Lesur, nous ne ferons qu'une observation ; elle offre dix-neuf a vingt pages, en petit texte, d'exposes ou d'opinions favorables a la mesure ministerielle , et six a sept seulement pour la part de I'opposition ; un peu plus d'impartialite n'aurait fait de mal ni au projet de loi , ni a X Annuaire. Les chapitres iv et viii presentent la discussion , dans les 90 SCIENCES MORALES «leux Cliambres , du renouvellcment integral et de la septcn- iialite. L'admiiiistiatioii etait lassee depiiis long-terns des efforts aiixqiicls ellc se condanmait, cliaquc annoe, pour eloigner de la Chambre elective une opposition iiationale qui n'allait pas tarder a deveriir niajorite. Au changemcnt de la loi d'election etait joint le projet d'une autre modification fondamentale; c'etait la destruction du renouvellementlegislalif parcinquienie. Ce projet, deja annonce sous le ininistere de M. Decazes, mais qui n'etait pas mur encore, trouvait enfin une occasion favorable de se uiontrer au grand jour. II faut lire cette dou- ble discussion , bien instructive et bien affligcanle a la fois ; car die prouve qu'avec des sophismes on pourrait renverser de fond en conible tout un ordre social. II suffirait pourcela qu'un pouvoir quelconque s'arrogeat lui-memele droit de reviser, de modifier, d'ameliorerle pactefondamental; que, sans un niandat special, sans une mission precise, il proclamat sa propre omni- potence ct fit flechir, sous sa voloute, la volonte de la loi. Il est bien evident quun pacte ainsi profane n'offriraitpliis qu'unc garanlie precaire, ct dont on pourraildetruiredemaincc qu'on a bien voulu respecter aujourd'hui. C'est sous ce rapport sur- tout qu'il faut envisager toute I'etcndue du mal qu'a fait, a nos institutions, une mesure qui, par elle-mcme, etait deja une calamite. Cette session semblait destinee a detruire piece k piece Ics premiers travaux de la restauration. On avait risque de porter une atteinte au credit dans la loi de reduction des rentes; on avait acheve de bouleverser I'element electoral par la loi de septennalite; il fallait encore renverser une des bases princi- pales du systeme militaire; c'est a quoi I'ons'occupa, en atta- quant la loi de recrutement dans son ensemble, et particulie- rement dans le litre des veterans , qui fut supprime. M. Lesur aflirme que le gouvernement ai'ait eprouve lepeu cCa^'antages de cette institution ; il faut avouer que Cepreuve avait ete faite un peu legerement, et I'habile marechal, auquel la France devail cette idee veritablemenl feconde, de I'organisation d'une veterance , a fort bien montre que ce n'est pas a finstitution, ET POLITIQUES. 91 mais a ceux qui devaient s'en seivir, qu'il faut s'en prendre du peu de secours qu'on en lira. JN'est-il pas d'ailleurs de la derniere eloiirdcrie, dans un homme d'elat, de condamner une mesure de cette imporlance, des le premier essai, et sans qn'une experience repette ait pu donner les moyens de la bien connaitre ? Une loi penale contre les profanations, adoptee dans la Chambre des pairs, vint moiirir, avant de naitre, au sein d'une commission de la Chambre des deputes. Le mot de sacrilege n'etait pas prononce dans le projet ; un exces de zele voulait I'y introduire, le minislere ne I'osait pas encore, et sembla oublier son projet de loi. II s'en souviendra , I'annee prochaine, et le reproduira augmente du mot sacramentel ; alors la loi sera adoptee, ainsi que celle de la reduction des rentes, et une autre loi sur les communautesreligieuses, aussi rejetee dans cette meme session. La marche que nous suivons est rapide ; et 1826 nous a deja revele des secrets auxquels 1824 etait loin de songer. Quelques lois d'un interet secondaire, le reglement des comptes pour 182a, les supplemens de credits pour iSaS, et le budget de iSaS , toujours porte a un ttiux exorbitant, occu- perent le reste de la session , plus importante encore par ce qu'elle avait prepare que par ce qu'elie avail accompli. Dans un dernier chapitre, consacrc a I'histoire de France, se trouvent le recit de la mort de Louis XVIII, et celui de I'avenement de Charles X; Ic relablissement et I'abolition de la censure; enfin, I'ouverture de la session de iSaS. Dans ce chapitre, M. Lesur fait mention des manoeuvres di- rigees contre la presse periodique, et il parle de t achat reel ou suppose de quelques journaux. C'est une singuliere facon de preparer des materiaux a I'histoire, que de presenter comme douleux des fails dont la verite a ete prouvee en jus- lice; mais celte verite n'elait pas du gout de tout le monde ; et, pour s'adresser bien franchement a la poslerite, il ne faut pas avoir trop de menageniens a garder avec les contem- poraius; nous craignous que M. Lesur ne soit pas tout-a-fait 92 SCIENCES MORALES dans cetfe heiireiise position. Nous I'avons vii avec qiiclqiic regret parlcr des mesures d'vconomie tres-remarquables dc M. de Villele dans son dcpartemenl; il faut que la dcmangeai- son de loner soil bien irresistible, pour choisir preciscment poiir I'objet d'lm pareil eloge I'un des ministres les plus pro- digues de la forluuo publiqiic. Mais, ce n'est pas seulement M. dc Villelc qui est dans les bonnes graces de I'auteur de \ Annuaire ; c'estle ministere tout cntier. II nous le represente comme une reunion de sages conservant luse impassible tran- quillite au milieu des clameurs et des reproches du peuple. « Les ministres, et surtout le president du conseil, dit-il a I'occasion de la session nouvelle, en preparaient les travaux avec une imperturbable sectirite... Malgre les cris et les plaintes, le ministere n'en soutint pas nioins son ouvi-age, et se presenta ainsi avec assurance aux Chambres.» Ce n'est pas le tout de louer, il faudrait encore taclier de louer a propos; et n'est-il pas un peu risible de nous parler de la securite et de I'assurance du ministere, au moment de la session, a nous qui savons I'influence exercoe par le ministere sur la composition de la Chambre. M. Lesur semble aussi avoir bien a coeur de nous faire croire que c'esc a tort que le ministere « est journel- lement accuse, dans, les feuilles du parti liberal, de favoriser le jesuitisme et de vouloir retablir les jesuites. » Car il y revient a deux fois, pages 4 et 297. Tout le raQnde sait a quoi s'en tenir sur ce point, et ce n'est pas a \' Annuaire qu'on ira de- mander ce qu'il en faut croire. Il y a un petit inconvenient pour RI. Lesur a faire paraitre son livie si long-tems apres I'epoque dont il fait I'bistoire ; c'est qu'il peut arriver que I'evenement donne un dementi fachcux a des suppositions offi- cieuses, ou officielles. Il faut le dire cependant, et nous nous plaisons a le recon- naitrc, I'auteur de \' Annuaire nous semble ceder moins sou- vent, cette annee, au desir d'etre agreable. Ses pelites com- plaisances d'ailleurs ne le suivent point horsde France , et Ton dirait qu'il respire plus a I'aise a mesure qu'il s'eloigne de I'at- mosphere ministerielle. La fa.veur generale avec laquelle ce ET POLTTIQUES. g3 livre est accueilli; les eloges, sans restriction, qu'il recoil de confiance dans les feuilles les plus independantes (dontles redacteurs n'ont pas le terns de lire un volume dc 8 a 900 p. }, nous ont prescrit un examen plus consciencieux, un jugenient plus severe ; nous nous y sommes constamment devoues , et nous avons tache d'offrir au public ce que lui doit tout cri- tique , la vcrite. Ce soin ne nous a pas rendus injustes envers I'auteur ; et , en lui desirant plus d'independance , nous n'avons jamais meconnu le nieiite reel de son ouvrage, ni I'utilite de ses travaux. La seconde partie de X Annuaire , consacree a I'histoire etrangere, nous offre d'abord un tableau de la confederation geimanique, et des puissances d'Allemagne. Les conferences de Johannisberg, chateau du prince de Metternich, prepa- raient dans le secret diplomatique les resolutions quidevaient bientot se devoiler a la diete de Francfort; les mesures provi- soires , prises en 1819, conformenient aux principes poses a Carlsbad, etaient sur le point de cesser; il s'agissait de leur donner une uouvelle existence. II n'y a rien de vivace comme la tyrannie, elle rend permanent ce qui n'etait que tenipo- raire, et elle eternise dans sa main les armes que vous lui avez laissees pour un jour. Nous allons voir la diete , comple- lement soumise a I'influence autrichienne, proroger indefini^ ment la commission inquisitoriale de Mayence, et la censure; contraindre les divers etats qui s'etaient crus obliges de rem- plir leurs promesses de 181 4, a letirer peu a peu ce qn'ils avaient accorde aux voeux et aux besoins de leurs peuples; soil en etouffanl la publiciteparlementaire, soit en detruisant le principe democralique dans les lois fondamentales , soit en assujetissant les Universites allemandes \\ un joug uniforme , capable de faconner a une future servitude la jeunesse stu- dieuse dc ces vastes contrees. Quand on veut faire durer le despotisme, c'est en effet par les generations naissantes qu'il faut le commencer; de la, ces accusations niullipliees de me- nees demagogiques, intcntees aux professeurs, et de conspira- tions universitaires, portees conlre les etudians. « En general. 94 SCIENCES MORALES ditM. Lesur, il ne lesulta de ces tentatives, de ces recherches inquisitoriales , et de ces decouvertes si fastueusementannon- cees par la commission dc Mayence, aiicune preuve cvidentc de la conspiration materielle ot pcrmanente dcs Universites. Quelques jiigemens rendiis rannee suivante ont fait tomber I'echafaudage eleve a desi grands fiais. » Oui ; mais, en atten- dant, le pretexte a prodnit son effet. En secoiiantla puissance de Napoleon , rAlIemagne n'a guere fait qne changer de mai- tre ; sans donte , le despotisme de M. de Metternich n'est pas si durqiie celul de riionnnecelebrequi s'intitulaity^ro^ec/cHr de la confederation ; mais, peiit-etre , cst-il pins honlcux. Tons les ctals alleniands ne le supportent pas avec une cgale resigna- tion; la Baviere , le Wiirtemberg, la Saxe , la Hesse grand- ducale resistent mollement , mais rcsistent aux pretentions de rAutriche , et c'est encore quelque chose dans cet abandon general de toute independance politique. II est impossible que les princes d'Allemagne ne finissent pas par s'apercevoir que leur condition de souverain est pire aujourd'hui qu'elle n'etait sous I'aucienne confederation en electorats; mais, du moins , la situation actuelle offre cette perspective consolante, que les princes, asservis comme les peuples , sentiront mieux le be- soin de s'unir a leurs peuples pour s'affranchir ensemble. Le chapitre qui renferme I'hisloire des puissances du nord nous niontre les Pays-Bas marchant incessamment vers une sage libcrte; le 5ages; prix 12 sh. On ]ioiirrait croire, d'apres le litre de oet oiivrage, que I'Ameriqne a rempli enfin le vide que Ton remarquait dans sa lilterature, et qu'un monument, eleve par le savoir et I'impar- lialit^, va faire connaitre les annales de ces colonies lointai- nes, qui, fondees par des proscrits, et d'abord pnuvres et de- pendantes, sont devenues , par I'iudustrie, le patriofisme et )e courage de leurs habitans , les plus libres et les plus heureu~ ses contrees de la terre. Malheureuseraent i'ouvrage ne repond ]jas a cetle esperance des lecteurs , qui , apres Tavoir parcouru , n'cn desirent pas nioius encore qu'un ecrivain philosophe en- trcpienne I'liistoirede ce peuple americain , dont le travail fit la force, et (jui, en moins de cinqnante ans, couvrit les mers de ses vaisseaux, sut conquerir a la culture plus de sept cents lieues de terres en friclie, vitsa population s'accroi'tre de qua- tiea dix millions d'habitans, et offrit au monde le spectacle iniposant d'un gouverneraent democratique sans anarchic, d'uue administration forte et protectrice sans monstrueux budijel , et du bonheur avcc la liberie. L'histoire americaine n'enibrasse qu'une j)eriode d'environ deux sieclcs; inais, dans ces deux siecles sont renfermes la riaissanoe, renfance , la jeunesse et 1 age nmr de I'Anu'rique. Jl faudrait plus dun volume pour indiquer et snivre les pro- gr es qu'a fails ce peuple, depuis sa naissance jusfju'a sa virilite. (i) Nous iudiqiions par uu asterisque (*) , place a cote ilu titrede chaquc oiivrage, ceux des livres etrangcis ou francais qui paraitrout digues d' line atter.- liou particulicie , et ujus en reudrons quelquefois compte daa^ la seotion des Analyses. LIVRES ETRANGEllS.— ETATS-UNLS. 109 M. Hale auleiir de I'ouvrage que nous annoncons, s'est res- treint dans des limites Irop clroites , et il n'a fait qu'esquissor le tableau qn'il aurait dii peindre. Sonhistoiie est intercssa.-iie, mais tropabregee;elleest iinpartiale, mais sans vues profondes. Apres avoir exlrait presque litteralement de Robertson toute la parlie relative a la decouvcrle de I'Anicrique , il ])asse Irop legerement sur I'epoque qui a precede la guerre enire I'An- glelerre et la France , et puise trop sonvent et avec trop de con- fiance dans les journaux de son parti, les details de la guerre de I'independance. Son style est rapide, ses idces sont justes, ses princij)es repitblicains; mais, coinme quelques-uns des au- teurs des nonibreux resume's historiques publics a Paris , il accorde parfois beaucoup d'espace a des recits de combats et de batailles, et semble oublier les institutions (|ui, plus que les victoires , ont assure aux Elats-Unis leur grandeur actuelle. Frederic Degeorge. 2. — * y4 Grammar of the ^reeh language ^ etc. — Gram- maire delalangne giecque traduite du francais A^J.-L. Bur - nouf; ])ar ^c/. Damphoux. Baltimore, iSiS; F. Lucas. In - 12 de 36o pages. Nous n'avons pas dessein de discuter ici le merite de la me- lliode de M. Burnouf , que M. Daniphoiix a reproduite avec une tidelile scrupuleuse sans etre servile. Le succes qu'a ob- tenu cet ouvrage en F'rance , succes qu'altestent quatorze editions successives, pi'ouve qu'il repond a un besoin vivement senti de nos jours, celui de la clai le et de la precision dans les mcthodes d'enseignement. Tout en faisant reniarquer ce qu'il y a d'honorable pour I'autcur francais dans cette preference accordee a son travail, qu'il nous soit permis de constatcr , chaque fois que nous en avons I'oceasion , les efforts que lente I'Amerique , dans toutes les branches des connaissances hu- maines, pour se degager du joug de TA-ngleterre. La comtnu- naute delangage expliquetres-biencommentellen'apujusqu'ici echapper completement a I'influcnce de la litteraturc anglaise. Mais denombreusestentatives,dejacouronneesde succes, prou- vent, que I'epoque n'est peut-etre pas eloignee, ou les Etats- Unis auront aussi leurs ecrivains uationaux. C'est tonjours , selon nous , un heureux jjresage , que, sur un objet aussi in- teressant que I'enseignement des langues anciennes , il y ait, en Amerique, des hommes asscz independans de leurs souve- nirs et de leurs habitudes , pour s'adresser quelijuefois a \a France, quaiid on pense surtout a I'avantage que donnent a I'Anglelcrre les admirablesresultals de son enseignementlibre. v.. no LIVRES ETRA.NGERS. 3. — * Literary Gazette, etc. — Gazette litteraire des Ktats- Unis; Boston, 1824 et iSaS. Cummings, Hilliard et comp. Ce petit journal, qui s'annonce sans pretention, est t'crit avec autant de gout que de talent. Les articles y sont reparlis sous qualre 6\\W\ou&: analyses critiques, melanges, poesies et nouvelles lilteraires. Les analyses sont, en genera), faites avec discerneinent. On y desirerait seulcnient un plus grand nom- bre de inateriaux lires du fond de la litterature americaine. , Sous le litre de melanges^ on public divers essais sur des sujets plus ou moins plquans en morale et en litterature; des examens rapides et judicieux de questions philosopliiques; et quelquefois des contes ou se trouvent reunis I'interet et la concision. Le principal attrait de ce journal nous parait etre dans la beautc etlc fini des morceaux dus i la plume elegante de Wil- liam Cullen Bryant , et que Ton trouve dans la section de la poesie. Les histolres et les traditions populaires et locales, en se perdant de plus en plus dans les tenebres des teins passes, semblent acqnerir plus de faveur et se preter davantage aux tournures poetiques. Le barde de la Riviere verte , qui ajoute I'appui de sa poesie a I'influence des siecles , a rendu un veri- table service aux leltres, en etendant la domination des Muses sur les scenes et les evenemens de I'histoire nationale des Etats-Unis. II importait de detruire I'erreur trop accreditee , que les traits physiques et nioraux du nouveau monde sont trop froids et trop severes pour devenir la source de poeti((ues inspirations. On serait encore moins fonde a pretendre que I'amelioration graduellc de la societe et un exercice plus fre- quent et plus general des facultes physiques sont contraires au developperaent des facultes intellectuelies. A. B. ami<:rique meridionale. 4. — * Miscelanea polilica, etc. — Melanges politiques. N°* I et 2. Bolivar, 22 et 29 septembre iSaS. Saavedra. In- 4° de 8 pages; prix 1 reaux ( 5o renlimes ). II existe chez certains homines une forte propension a de- precler les tcnis presens au profit des siecles passes. Pleins de ia lecture d'Herodote et de Plularque, iis se rappellent les opoqucs glorieuses d'Athenes et de Rome ; ils oublient les vices de ces anciennes republiques , et ils ne voient chez les nations modernes, qu'ingratitude, corruption , egoisme. Si Ton exami- nait pourtant quelles furenl ces republiques tant vantees, ou AMERIQUE MERIDIONALE.— ASIE. iii lour a tour servile ou faclieuse , une multitude, qui passail ra- pidement de la fureur a lapitie, du decourageinent a I'inso- lence , de I'injustice au repentir , de la folic a la raison , exei- cait ou subissaitle despolisme; oii Socrate buvait la cigiie; ou le vainqueur de Marathon ctait recompense de ses services par I'exil ; ou rexaltation patriotique desdeux Gracchus etait pu- nie de mort; ou Rome ingrate laissait proscrire et assassiner Ciceron qu'elle avait reconnu et proclame le sauveur de la patrie, on reconnaitrait bientot que le siecle quihonore, par des temoignages solennels de reconnaissance nationale dans les Etals-Unis d'Amerique, le noble devoueraent de Lafayette; dans rAiiieriqiie du Sud, rheroisrae de Bolivar ; dans la France constitutionneile, le pa Iriotisme , le courage civil et I'eloquence du general Foy , I'emporte evidemment, sous le rapport de la morale publique, sur ces terns et sur ces peuples anciens , ob- jets d'une admiration peu reflechie. Ces observations nous sont suggerees par les Melanges po- litiques, et par divers journaux que Ton public dans les differens etats de I'Amerique du Sud , et que nous ferons successive- ment connailre a nos lecteurs. lis ont tous un caractere com- mun , et sont unanimes dans I'expression de I'amour de la palrie et de I'independance, et de la reconnaissance pour le liberateur. lis annoncent des hommes peu verses dans les sciences, dans les arts indiistriels, dans la politique, dans la liiterature, dans les beaux-arls , raais qui sont penetres du sen- timent de leurs droits, et fortement imbus de cet esprit de liberte qui enfante des merveilles. Les redacteurs de ces diffe- rens journaus ct ceux des Melanges politiques, en particulier, sententle besoin d'instruire le peuple. L'ouvrage de Vatlel est, pour ces derniers, une source precieuse ou ils puisent les prin- cipes du droit des gens; et le Trnite , devenu classique , de noire savant collaboratcur , M. J. B. Say, leur soumet de nom- breuses et utiles directions en economic politi((ue. lis tradiii- sent dans leur journal hebdomadaire des chapitres entiersde ces deux ouvragos; ils joignent a ces extraits divers articles de politique; soutenuspar la generosite de pliisieurs particu- liers, ils repandent des flots de lumiere sur tous les points de la nouvelle republique. Frederic Degeorge. ASIE. 5. — * Bydragen , etc. — Fragmens pour la composition de la Flore de I'lnde neetlandaise ; par M. le D"' Blume, commis- sairedes affaires medicales a Batavia, etc. 4'' el 5' cahiers. Ba- tavia, iSaS. In- 8". Impriinerie du gouvernenient. iia LIVRES liTRANGERS. Nous avons deja parl^ du but de ce recneil botanique ( Vov. Rer. Enc, t. xxviii, p. 791). En annoncant ces deux nouveniix cahiers, que nous venons de recevoir, il nous suffit de diie qu'ils contienneni; la description de pres de deux cents noii- velles plantes de I'ile de Java. * 6. — * Vcrhandelingen , etc. — Memoires de I'Academie des sciences et arts de Balavia. 10°'" volume. Batavia, iSaS; impri- mcrie du gouvernement. In -8°. La Societe scientifique de Batavia comple maintenant qua- ranle-liuit annexes d'existence. Les encouragemens qu'elle n'a cesse de recevoir de M. le baron Van der Cappellen , gouver- neur-geueral des possessions asialiques des Pays-Bas, ami ^claire des sciences et de ceux qui lescuUivent, onl exerce une beureuse influence sur cetre savante coinpagnie; elle n'a ja- mais ete aussi florisjante. Elle se compose maintenant de 109 membres otdinaires, de 41 correspondans et de i5 associes lionoraires. Nous avons rendu compte (■voy.Rev. Enc, t. xxv, j». 11 5) du neuvieme volume de Memoires de cette compagnie. I.e jii- gement favorable que nous en avons porle, a ete confirme par les principaux journaux lilterairesdes Pays-Bas. Le dixieme volume que nous venons de recevoir, off're cgalement un grr. nd inter^t, et il est imprime en beaux caracteres : il conlient les rapports des seances generales de la Societe, du 24 avril i8a4 . et du c< fevrier iSaS; le compte rendu de ses travaux pendant les deux dernieres annees; nn apercu sur son etat actiiel ; la iistede ses membres; ses staluts et plusieurs Memoires. Le premier de ces Memoires a pour objet de donner une idee de I'ouvrage malais : llhihnjat Isina Jntiem. — Histoire d'Isma Jatlem, par Ismael ; revue, corrigee et commentee par par M. RooRPA van Eysinga. Le second, compose par M. le docteur Blume, offre des renseignemcns precieux sur la montagne de Gede. Celte mon- lai;ne fut visitee, en 1811, par M. le lieutenant -gouverneur Raffles , qui, pour y monter, se fit frayer un chemin par la pente du sud -est; MM. Horsfield et Reiuwardt , qui ont cgalement visite ce volcan, suivirent la meme route; mais M. Blume, pour parvenir jusqu'au cratere, a choisi une autre lus a meme que Ini de composer un travail complet sur cette Hialadie: il I'a vue et observee, pendant plusieurs annees, au Bengale , oil e!le a fait de si cruets ravages. Le dobut de la nia- ladie , ses progres , ses symptomes et son traiteinent I'occupent tour a tour. Sa dissertation est fondee , non-seuiement sur ses propres observations, mais encore sur cellesd'autres meilecins liabiies. II affirme que la maladie, depuis 1817, se montrait avee le caractere contagieux, et qu'avant cette epoque elie attaiiiiait rarement les Europeens. Nous devons avouer qu'il ne nous parait pas s'etre explique assez clairement sur ce sujel. Lf's fiiits qu'il rapporte pour prouver la contagion, nous sem- hlent fort peu concluans, et nous conlirnient u^ieine davantage dans I'opiniou oil nous sommes que Le chnU-ra n'cst jxis cun- tagieux. T. \\x. — .-/l7-// l8iG- 8 II', I-IVRKS ETUAiNGERS. '< JiB maliidie s«; inanif'cslait smlont , (lit M. Voj , dans ]eS lieu^ has et inarocagcux, el sc ()(;vclo|)p.'iit avec le plus de furoTir, a la fin de I'autoinne, lorsque I'atinosilierc , cliaif^de d'hurniHife, eproiivait des variations fn'-(]in'nles I't hrusqu?'':; mais, aiissitot rjue le froid sutvenait, Hccompagtie d'un lems clair et serein, elie devenait nioins vioiente, plus rare, tt disparaissait nicuu! enlierement. Elle atteignait sui tout les iii- dividus de la elasse la inoins lieiinnise, cenx cpi etaient ma I nourris , malveUis, fatigues par de rudestravauxsous un soleil ardent , puis, cxjjost'sa I'liiimidite froide de la nuit. »Ces detaih \iennent a I'appui de noire opinion , que le cJiolern ne tire sou origine que de causes locales, et ([u'il nait essenliellenient flo la reunion d'utie irritaiion gastricpie avec un spasmede la peaii. De ce spasme, produit par un refroiiiisseme/it , il resulte une concentration des forces a I'inlcrieur, et un rcfoulenient de I'exhalaison cutanee vers Testomac et les intestins, irriles par des substances acres ou indigestcs. Dans la description des symptomes de la maladie et d'S plienouicnes qu'a presentes I'aulopsie cadavcrique, M. Vos >« monl re oljservateur habile, et medecin instruit. I'arini les pin- nomenes qu'il a reniarques sui' les niorts et a I'ouveiture (les cadavres, nous citerons les suivans : « Dans beaucouj) de cas, I'abdonien et la poitrine conservaient nne chaleur extraordi- naire, duranl phisieurs heures, alors nu'-rae que les extri'mik'S t'taient deja froidrs j jiales et roides; ce ({ui ])rouve la foile nccumulalion du sang dans les visceres abde-niiDaux et pu!- nionaires. Cliez les jjersonnes qui mouraient suhilement ou di'-s le comntenceincnt de la maladie, on tronvait prestjue toujours les visceres dans leur (5tat normal , si ce n'est que , le canal intestinal etait flasqiic et ])liiS jiale; mais il paralt f[ue cIict. les autres malades, les vaisseaux de ce canal etaient fortement in- jectc^s et d'nne cou'enr rouge fonct'e. L'estoniac se trouvait le plus souvent resserie et d'nne substance (^paisse et dure. Quel- quefois , on y reniarqnail des ulcf-rations , la membrane irt;- qneuse en ])artie dt'lruite, et des points gangreneux. On obsii- ■vait que rinflammation avail j)Iult)t envahi les inteslins gr(''les que les gros inteslins; la membrane niuqueuse des premicis etait dans un (3tat d'ulctiraiiou. Lorsque la maladie avail dure long-tems, on remarqunif de fortes congestions dans le foie et la rate; les gros vaisseaux de I'abdojTien ('largis d'nne manieie remarqnable; le ponmon noir et jiesant, et la membrane niu- queuse de Toesophage souvent enflanimi^e et ulct'rf^e. Le cer- veau elait ordiuairement dans son (?lat normal, surlout chez les pcrsonnes que la maladie avail prompteuicnl enlevt!'e> ; ASIE. 1 1 5 tnais, datis (juelques cas , il exislait des signes de congestion et (!'inflammation. >< Quant au traitement, M. Vos dit que I'lin pronait comme le jnincipai remede la saignce; I'autre, ie calomel ou inercme doux ; un troisiemc, I'opiuni et des mcdicamens excitans. La saififnee paraissalt efficace sur les Eiiropeens d'une constitution forle et inalades depuis peu de tents. L'application des sina- pisnies ou vesicatoircs sur le bas-ventre , loin de produire dn bien, empirait sou-vent la nialadic : et Ton concoit, en cffet, que ces moyens, employes si pres du siege de I'irritalion , de- vaicnt riatureilement I'augmcnter. Dans quclques cas , on appli- quait des fomentations sur I'abdomen; mais sans plus de succes. Le bain cliaud jiroduisait un effel heureux , tant que le malade y restait; mais a peine en etail-il sorti que lous les symptomcs renaissaient, et (jue rabattemcnt geneJ'ai se mani- festait da vantage. Des frictions spiritueuses, des fomenlalions, I'applicalion de couvertures chaudes et d'un sac de sable cliauffe, eiaient les nieilieurs moyens de ramener la ohaleur. On employail le plus scuvent et avec avantage , dit M. Vos, comme remedes internes, I'opium ei le calomel, tout deux ;i une tres-forte dose ; c'etait d'abord i'ojjium, combine avec des spiritueux on d'autres stimulans; ct aussilot que le spasrne commencait a diminuer, on admliiistrait le calomel. Lorsque le malade etait parvenu au Iroisieme on qualrieme jour, on lui fnisait prendre des pui'gatifs, en nieme lems qu'on soutenait ses forces par un peu de vin , par le bouillon , le sagou, elc. Ce traitement ne nous parait pas elre a I'abri de la censure ; en suivant I'opinion que nous avons exprimce phis liaut sur le cholera, nous pensons que le truileuicnt de cede raaladie doit etre fonde sur deux indications ])rinripales : comballre le spasrne de la peau, et cliercliera detruirel'irrilation gastrique. Pour rempiir la jiremicrc indication, nous conseilions, outre I'usage des bains chauds aromatises ou meme sinapises, et des frictions spiritueuses a la surface du corps, specialement aux extremites, d'envelopper le malade dans des couvertures de iaine tres- ch.'uides, et de !c tcnir dans un endroit oil regiie constamment la chaieur, elc. Pour rempiir la seconde, nous conseilions l'application des sangsues, et de cataplasmes emol- liens sur I'abdomen; I'usage interne de mutilagineux, tels qu'une potion gommeuse, e!c. Enfin, les vesicans sur les par- ties les ])lus eloignees du siege de I'irritation , etc. Des que le premier degre de la maladie est posse , nous croyons f|ue rojiium, j-(?Lini aux mucilagineux, est le remede que Ton pent employer avec le plus de succes. ii6 LIVRES ETRA-NGEtlS. Pour ce t]iii concerne les piiigalils et le calomel, tlont on fait aiijourd'hui tin si grand abus, nous pennons t]iie,dai;s !•; traitenient du cholera, I'emploi de ces rcmedes est plus inn- sible qii'ulile. Le fllcmoiie de M. Vos, au(|uel r.ous avoiis consacie un examen que reclaraait I'imjjorlance de la nialiere, est. sui\i d'une notice sur plusieurs questions relatives a I'art dei accou- cliemens, lesolues par M. Mimazunzo, niedecin a INagasuki. Cette notice a ete presentee a la Sociele par M. le docleur de SiEBOLDT. On trouve ensuite unc esquissc sur UffiZ-oeicn , (situii sur la cote occideniale de Snuiatra ), jiar M. Nahuis. C'est une descriplion succincte de Benhoclcn ."la situation du pays, son climat, qui est tres-nialsain, les nioeurs et la nianiere de vivre des habitans, les productions rurales, la population evaluee a 80,000 ames; tons ces objets paraissent avoir ete observes avec une attention scrnpuleuse ])ar I'auteur, et le tableau qu'il en a trace est tres-altachant. Le dernier Memoire se cornjiose de quelqnes remarques critiques de M, Overbeek sur I'liistoire de Java, intitulee : Sadjnra Radja Dlawa. L'auteur pretend que cet ouvrage est fabuleux , tin nioins pour ce qui regarde la premiere periode de cette histoire. De Kirckhoef. EUROPE. GRANDE-BRET AGNE. ■7.. — Report of the debate, etc. — Debafs qui ont eu lieu dans la chambre. des communes en juin iSaS, sur la motion du D''.LusHiNGTON , concernant la deportation de MM. Leccsue et Escoffery de la Jamaique , I'un et I'autre hommes de couleur. Londres, i8'25. In-8° de i9pages. Dans les details dc cette discussion , 11 est parle d'un francais, nomme Villegraine, qui fut convaincu de faux temoignage contre les deux accuses. 8. — To the ladies, etc. — Aux dames des Royaumes-Unis- Londres, 1826. In-/i, 3 pages. Cette lettre a pour objet d'eclairer et de stimuler leur zele pour seconder les efforts des amis des noirs contre I'esclavage. q. — To the clergy , etc. — Au clerge de I'eglise etablie et aux minislresde toutesles socieles cliretiennes. Londres, iSafi. In-fol. 4 jKtges. Cette lettre a le mcme objet que la precedente. Ces deux pieces sont du mois de Janvier 1826. 10. — Report of the speeches , etc. — Rapport de la seance G R AN DE - BPcETAG^'E. 1 1 7 tcniiCjle 20 Janvier 1826, an diuleau de Leicester, jiar I'as- semblce rles socielaiies an stijel de J'esclayage colonial. Leices- ter, i8a6.In-i2 de 52 pages. II, — Third Report, of ihe committee, etc. Troisieme rap- ])ort dn comile de la Socic'lo pour ia niiliijation et Tabolition i;raf!uelle de I'esclaMipe d;ins les j)nys do la dominalion Jjiitaii- nique. Londres , 1826. In-8" de ?>5 p;tges. J^e red.itteiir est rcstimable 31. Zacliarie Macaulay, qni , iiinsi que son frere !e general, est occnpe sans relache des moycns d'ameliorer le sort des Africains. I 2. — West-India .slavery. — Esclavage des Indes occiden- lales. Aberdeen, iSaS. In-12 de 24 pages. C'esl nn coniple rendu do Touvrage de M. James Sleplien sur cet esclavage considere d'ajjres les Inis et les faits et com- pare avec I'esclavage ancien et nioderne des antres pays. L'an- li'i:r est le fiis aine de M. Zacliarie Macaulay qui suit les traces honorables de son pcre. I 3. — England esclaved , etc. — L'Angleterre rcndne esclave par ses propres colonies: par James Stephen. Londies , 1826. In-8° de 92 pages. Le zcle et le talent que dt'])loient sans relache les aboUiio- w«f7^.f anglais coiitre la traile et I'esclavage , conlraste avec la ili'dcnr deplorable et cnnpable des aulres nations sur lesnie- mes ohjets. En France , ils on! a la vcriie qnelques imilaleurs; mais la Iraite continue, et les infames ncgriers de Nantes, se- condes par lenrs coin])lices des autres ports et de Paiis, exer- ccnl I onjoursleur metier d'antropopliages el von tjournel lemon t aiTaclier a I'Africiue des victimes pour les vendre a des colons de la Guadeloupe, de la Mai'liniqne , de la Havane et d'auhos colonies, qni n'ont point lionle d'eire des niarcliands de chair huniaine el desbouireanx do leiirs semblables, G. I 4- — *Farliaineiilary History and Review, etc. — • Hisloire et Revne parlementaire, contenant les debats et les acles des de'ix Chambrcs du jiarlement pendant la session de 1825 ; avpc des rcmarqnes critiques snr Jes principaux obj.^ls qn'on y a Irailes. Londres, 1826. i vol. in 8° de 808 pages a deux co- lonnos. Longman; ])rix, 1 1. 10 sh. st. L'jnflneiice que I'Angletcrre cxerce sur le monde j-end les jiclcs de son parlement d'nn inleret nniversel : mais rien n'est ])!ns ])(;nible que d'en lire les dehals dans les enormes papiers ])iil)!ics qui Ins conliennent , ou mtme dans les proces - ver- b^nx officipls qn'on en public. C'esf done avec plaisir rpie nous les avons vns reliiits a ce cpj'ils ont d'essenliel ;Ians I'onvrage tju'on nous a envoyo do Londres, el qne nous annoncons ici. "» LIVRES KTRANGERS. Ce n'est pas ua abr^-ge desdisconrs prononces : c'est seuleiiient la parde interessante , mais elle est complete; elie fait con- nailre et la inarclic ties discussions et le talent des orateurs. Un seniblable volume sera public tons les ans; mais il est difficile que les annees (pii suivront prcsentent un ensemble de ma- tieres aussi inferessantes et aussi hai)ilement traitees (pie le volume de iSaS. C'est, en efl'et, dans cette memorable session, qiie s'cst developpe cc nouveau systemc du ministere anf;lais actuelqui, plus edaire que ses predecesseurs , a coinpris que la vrale puissance des gouvernemens nait de la pi'oteclion des inlerels nalionaux , et qui , en suivant ce sysleme , est parvenu a faire taire I'opposition elle-ujenie. Les ameliorations succes- sives qu'il a comniencees dans les depenses pnbliques, la re- connaissance des nouvellcs republiques d'Atnerique , I'aboli- tion graduelle tlu systeme des prohibitions, les projels rclatifs a ['emancipation des catholiques qui n'ont mantpie qn'en raison des craintes occasionees par les pretentions de la pa]5aute , et I'envahissement de la France ])ar les jesuites, la guerre cpii s'est allumee aux grandcs Indes, les lois sur les ligues d'ouvriers, sur I'exportaiion des machines, sur le privilege de la cliasse , stir les uanaux et les Iravaux publics , les finances , les colonies, I'instructjon publi(]ue , et iine foule d'aulres (juesiions plus on moins importantes , ont donne lieu a des enqueles , a des reve- lations, a des rappoits, a des discussions du plus liaut interet. Les auteurs ont eu I'heureuse idee de faire preceder !eur Histoire jxirlemcntaire, d'lin abrege , en forme de preface , de i'excellent ouvrage de Bentlunn sur \es soj)/uM)ies politiques ; c'est-a-dirc , sur les moyens journeliement employes pour in- fluer sur les determinations desassemblees deliberaiiles dans le sens des intercts jjrives et en opposition avec I'interet public. Cet abrege est par lui-mtme un pelit ouvrage extrcniement turieux , et qui signale aux lecleurs les moyens qu'ils voient ensuile employes dans le cours des dcbats a I'appui des abus et du mauvais sens. La derniere parlie de I'ouvrage justifie !e mot de Revue qui se trouvc dans son litre; car cc lertne en anglais jiorte avec lui I'idee de remarques critiques, et en effot, elle contient des eclaircissemens , des vues , des jugemens sui' les sujcts des de- Dats, et Ton s'apercoit aisement (pie ces critiques son t I'oiivrage de publicistes dun tres-grand merite : elles jettenl beaucoup de jour sur les sujels traites. Les auteurs se proposent de donner, chaque annce, les priii- cipales pieces officielles mises sous les yeux des clia!nbres,telles que pr.oces-verbaux d'enqu^les , correspondances diploraq- GRA.NDE-BRETAGJNE. iig liques, tableaux (leilouaiies, etc. Uesoitequ'on jjouira , dans iin ciivrage cie bibliolhefim- , posseder la subslance de \ingt ^olunles in-folio que le pailenient fait iiiipiimer lous les ans jioiir I'usage de ses inembies, et qu'il est Ires- difficile dese ]>iocuier , ratine avec une depense considerable. — On Irouve cet ouvrage a Paris, die?. Trouttel el AVurtz. J.-B. S. 1 5. — * Historical outline of the greek rei'olutioii , etc. — Coup-d'ceii sur la rcvoluiion grecque, suivi de reniarques sur I'otat present des affaires en Grece , par Pf^ Martin Leake , aricien lieutenant-colonel d'artillerie. Londres , 1826. Murray. I vol. in-12 de 2-54 ])ages avjc unc carte de la Grece; prix , 7 sh. 6 d. La cause dcsGrecs inspire iin si vif inleret , que, uialgrele iiombre infini d'ouvrages deja publics sur ce sujet, le colonel Leake peut encore compter sur beaucoup de lecteurs. II leur offre un apercu rapide des evenemens dont celtc conlrte a ete le tlieatre, depuis 1820 jusqu'a la fin de ]8a5, dans lequel les bommes , les lieux et les cboses nous ont paiu drpelnts avec franchise et fidelile , par un ecrivain qui les a bien etudies. Dans une note placee a la fin du volume, I'auteur reproche a AI. Pouquevillede manquer d'exactitnde dans le iccit des faits qu'il rapporte et dans la description des lieux dont il parle. Nous ignororis jusqu'a quel ])oint celle critique peut eire fon- dee , et si clle doit s'appliquer a lanouvelle edition que M. Pou- queville a publice depuis jieu de son imj)ortant ouvrage. (Voy. ci-dessus , Rev. Enc. , t. xxvi, p. 38i a 398 el p. 703 a 716 et t. XXVII , J). 61 les trois articles de M. de Siimondi sur les historiens de ia Grece modernc. ] 16. — Greece vindicated , etc. — La Grece vengee , suivie de reinarques critiques sur plusieurs ouvrages recemroent ])U- blics , relalifs a cette contree , par le comte Alerino Palma. Londres , 1826. Rldg-vvay. 1 vol. in-8° de 2(}3 pages; i)rix,8 sh. En rendant compte des cinq ouvrages publics sur la Giece par MM. Bttlwer , Emerson, Pecchio, Humphreys et Bla- (juieres (Voy. Rev. Enc, X. xxix,p. 1 38) , nous avons fait re- inarqucr la difference des o])inlons cmises pai' ces voyageurs, et signale les attaques par trop hostiles de M. Humphreys contre les principaux chefs de rinsurrection grecque. M. le comte Palma avait fait lesn;emes reniartjues. Aprcs avoir servi comme volontaiie , sons relendard de !a Grece , apres avoir etc acteur et temoin sur le lliealre des evenemtns, ayant connu personnellement les ecrivains auxcjuels on })rodigue sans mesurc k's critiques ou les eloges , il a voulu faire entendre la voix I -20 LivREs Strangers. iii'paitialc i'euilles par inois; prix, 5 sh. (tie journal, desline a bien i'aire connaitre les affaires de I'lnde , .sera incessamnieiit, dans Tintre recueil, le snjet d'une analyse elendue qui condiiira nos Iceteurs dans cclle vasle contrce de I'Asie, ou nous laclieron.s d'obscrver I'etat actuel de la dominalion anglaise et la fiuiation moi-ale etsociale des liabilans. ) 20. — * T/ie astatic JourunI etc.- — Le ,'ouri;aI aslal ique. JN*^ 124 iia LIVRES ETR ANGERS. Londres, avtil 1826. Kiiisbury. I11-8" de 5 a 6 leudlc's p;ii' iiiois; prix, 3 sh. 2r. — The amcrican Monitor , etc. — Eo Mniiileur ameri- cain. N''6, Londres, mars 1826. Richardson. I11-8" de 8 fcuiilcs jiar inois; prix , 4 sh . L'intoret jmissant <|u'iiispirent aiix Anql.-iis Iturs vastos pos- sessions des Indps et I'iiiipoitance toujourscioissamedcsjeunos ropiibliques transallan'.icjues iciidaienl necessaire la pnblica- lion de jouinau.x exclusivenienl consacres aiix affaires de I'A- siK et de rAMKKiQUE. Le Heraut oriental ci Xa Journal nsin- tique slion de Lei, capitale de la jirovince de Eadack. 6. De I'arbitrage chez les iiindous. 7. Des f'euilks publiques, en Chine. 8. Edu- cation des cadets. 9. ]i,tat acluel de Malaca. 10. Esciiiissea. II. Poosle. 12. Analyse de IVmvrage de Stewart sur le gou- vernemenl de I'lnde. i3. Varietes. i4- Guerre contre les Bir- inans. 1 5. Travaux de la Socicle asiatique. 16. Debats de la Comiiagnic des Indes, etc., etc. Le Heraut oriental \\'i\ guere plus de rleux annees et demie d'existence. Ses cahiers sont mollis fournis que ceux du Jour- nal asiatique ; mah on ])ourra juger, par la seuie lecture des tilres des isrliclos conlenus daus son numero d'avril, qu'il GRANDE-BRETAGNE. ^■i^ tiaile des iiialities i)Ius iiiij)or!antes que soti rivai , et qn'il lie craint j)oint, coinme celui ci, de signaler les abus qui exii- tent dans le gouvcrneraeiit , les vices des iiislitulions et I'op- pression des gouveines. II commence son dernier caliier par des reflexions sur le commerce de la soie, et prouve crisnbien le monopole de la Conijjagnie des Indes est nuisible aux ma- nut'actuies anghiises. II donne ensnile des renseignetiiens pre- cieux sur la puissance des Anglais dans I'Inde; de la, il j)asse a uiie peinture ciirieiise des homnies de loi de Calcutta ; ii prc- senle ailleurs one description animce de I'etat dela socictedans les Indes; il trace le tableau de Bagciad , peint la cour de I'em- jiereur de la Chine, mele a ces graves suje(sque'qi;ps niorceaux de poesie; puis, s'elancant hois drs frontieres de I'Asie, il de- montre que les Mexicains orit eu pour aieux des aventuriers chinois. Ces deux recueils sontdignes de lafuveur publique ; ilscon- tiennent les renseignemens les plus authentiques, les plus inle- ressans, les plus iioiiveaux sur ies affaires de i'Asie; ils ont rempli les engagemens cnonces dans Icurs prospectus, ce ([ue n'a point fait le Mo/iiteur nmcrlcain. Ce recueil , fjui devail paraitre lous les mois, n'a encore public , depuis jires de deux ans , (pie six numeros. On regrelle que, desliiie a satisfaire a I'un des besoins de notre ejioque , il s'acquilfe si'innl de sa mission. La jioiitique auiericaine e^t assez importante , jiour qu'un journal lui soil si)cciaieinent consacre. Si le Mo/iiteur ntnericain avail tenu Irs pvomesscs de son prospectus , il jiouvait oblenir une brillante deslinee ; mais , lei qu''il s'est montre jusqu'ici, c'est une entreprise presque manquce , et i'on doit desirer que des redacteurs , plus soigneux des intcrets du public , travaillent a la rclever. Le sixieme cahier (]uc nous avons sous les yeux , et qui s'est fait altendre cincj mois, ne remplit qu'imparfaitement I'objet d'une seniblable ijub'ication. On y rtmarque, il est vrai, [)li;- sieurs articles cxccllens; mais on regrelle que les materiaux soierit mal distribiies , cjue I'ordre des nouvelles soil inter- verti , et surtout (|ue I'auleur se conslilue le champion de I'em- pereur absolu du Bresil contre les citoyens libres de Rio de la Plata. Pourquoi publier, en 1826 , ])armi ies docu- mens officiels, la lettre de M. Canning au ministre espagnol , rolalivement a la reconnaissance de I'independance de I'Anie- rique du? Sud II y a plus d'uii an que cetle independaiice est proclamee; il y a })lus de six mois que la note en question a I'te mise sous les yeux du public. Le redacteur s'excuse ehsuiie de ne faire aucune mention du discours d'oiiverluie du president ,2/, LIVRES ETRANGERS. Adams QuixcY, parce que ce discours lui est j^arvenu Irop (nrd. Ce sixieme cahier ii'a cepeiulant paru qne vers le milieu <](• marSjCt. le discours du president des Elats-Unis est connu de toute I'Eiirope , depnis Ics premiers jours do fevrier. Un jiiois ne siifl)sait-il pas au redncleiir ? Une pareille negligence est d'mi faclieux augure j)Our I'avenir. Nous reproclierons en- core au ?iIouileur americain de n'avoir pas insere , dans son caliicr de niais, la suite de I'intercssante notice siir Bolivar, fornirienct'e dans le numero de novemhre; et de renipHr ses pao-es de morceaux cxtraits d'aulres journaux , el en parlie de jiotre Revue , sons indiquer les sources auxquelles il a puise. F. D. s>.2. — * Ocio.f de espaJioles einigrndos , etc. — ■ Loisiis d'cmi- grt's es{)agno!s, recueil mensuel. Londres, 1826. Tienllel et Wiii'lz , Soho-squiuc. D. V. Salva, 12/, Regent- street. Cliaquc volume est compose de fjuatre caliiers, de six feuilles d'im- jjrcsslon cliacun ; prix 2 sli. i)ar cahier, ou 8 sli. par vo- lume. Cet ouvrage periodique commence sa troisieme annee, et durera long-tcms, s'il ne finit qn'avec les circonslances qui i'oiitfait entreprendre ; les malbeurs de I'Espagne sont bien loin de lenr terme. Qiiand memc lliisloire contemporaine ne trotiveralt pas dans ce recueil des maleriaux qu'elle put era- ])loycr avec confiance; si les lellrcs ne pouvaient en tirer aucun ])arli, s"il etait sans utilite pour la propagalion des sciences , il ne le serait pas pour I'inslrnctioii des i)euples et de ceux qui les gouvernent. On y voit, d'un bout a I'aiilre, la ])urel(': de rime, la noblesse de ja pensee qiii dicta toules ces ])ages, la- nioiir de la justice, de la verite, et surtout de la patrie. Pour bien connaiire les persecutions et Ics proscriptions poliliques, qu'oii jclte ies yeux sur Icurs victimes : c'est loujours le nieiile, Ics vcr'ius, le devouement le plus genereux. Les emigres espa- gnols sont repousses de cclle immense ))ortion de la lerre que ia nalion espagnole occnpe ; ef presque loule I'Enrope civilisee sc montre inhospitaliere ponr eiix. Une police ombrageuse les pouisuit parlout; leurs ccrils sont exiles, comme Icurs person- nesrmais, snr une terre elrangere, loin de tout ce qui peul adoucir I'infortune, ils ne s'occupent que des Espagnols, en (pielque lieu qu'ils soient dans les deux mondes, et sans en excopler le parti qui les a jiroscrils. Si ce parti suit les inspira- tions de quelques membres du liaul clcrge de I'Espagne, il faut s'attcndre au retablissement de Finquisition. II serait difficile decomposer a desscin une declamation plus furieuse qne celle que I'eveqTiC de Santander, don Rapliael Tlioniss Meiicnder GRANDE -CRETAGNE. i^S de Lnarca fnlmiiia, en 1816, centre les cortes de Cadix , );< philosopliie, la vente ties biens du clerge et la prcti'iuion de les soumettre a rimpot, elc. L'eloquence de I'lnjure iie pent },'uere aller plus loin, et iiotre langue n'admet pas loutes les ricliesses que lui fournit en ce genre I'idioiiie caslillan. Nous tiirions bien des diables renforcen ; mais non pas des diablcs endiables , et plus qu'endiable.i : nous n'osetions point, suitoiit dans line letlre pasiorale, parier iS.e:fant6ines Jtpresentes par des diablolins de dcab/cs (^fantasmns presentados por aquellos diabllllos diablos ). Cct!e produclion etranj^e, dont ce recueil conlient des extraits assez etendus, devrait etre conserveo conimc monument histori(|ue, d'aulant plus que les emigres redacteurs nous apiirer.iient que cet eveque si zele avait pie- che la souveiaiiiele du peuple , en 1808 , et ensuile les rnaxiiiies de Na])oleon , pour se concilier ce nouveau niaitre, en sorle qu'il u'eut plus a changer de nouveau pour lancer ses foudres contre les cortes de Cadix. II y a peu de vers dans ce recueil : cependant la situation des redacteurs a souvent inspire les poetes. On voit, par les an- nonces d'ouvrages espagnols publics a Londres, (ju'une bonne partiedes honimes de letlres de I'Espagne a etc I'orcee de quitter ses foyers. M. Canga-Arguelli:s fait un dictionnaire des finan- ces ; don Estevan Pastor continue son Catechistiie d' agricul- ture; M. Pable Wknuibil met en ordre Y Anclen theatre espagnol, etc. Voila les conspirations de ces liojiinics dan.<^e- reux dont jineLaute sagesse a preserve I'Esjjagne. Y. a3. — O popular, elc. — Au jieuple. Londres, fevrieriSaS; Thompson. In-8° de 4 feuilies; jjiix a liv. 10 shel. par au. 5shellings, par cahier. il\. — O padre amaro , etc. — Aux ]ieres et meres. N" G2. Londres, fevrier 1826! ; Greenlaw. In-S" de 4 feuilies; prix, 6 shellings. 25. — O correjo interceptado , etc. — Le courrier intercept e. Londres, fevrier iSaS. Calero. Iu-32 d'un quart de feuilie. Ces Irois recueiis sont rediges en Portugais. lis sont ])iu> politiques que litteraires. Les principes du premier sont le liberalisme constitutionnel.Paye [)ar le gouvernement du Bre- sil, le second soutienl la cause et les interetsdu chef dece vaste empire; le troisieme, espece de petit nain jaune, destine a etre rcnferme dans une lettre, est ccrit clans j'intenlion de coiii- battre le fanalisme avcc les amies du ridicule, et de pcrter aux habitans de Lisboniie des idJes de liberte. II y a peu de variete dai/s ces trois recueiis. Voici le titre des jnalieres contenues dans lo second : i" maiiifeste de ia cour du P)ie=i! el ir.Giiis iair> UVRES ETRA.NGERS. instificaiifs tie sa declarntion ilc j;iieiTC .n la republifjue dc la riala. a" Dociinicus. '^" Empire du Br('si!. V l)cs lianques. 5" Ddcunient rclallt'arincorpoiaiion (!c Montevideo a l'<;in))ii'e du Bn'sil. fi" el 7*^ Proclaniatioiis de rcmpcreiir du Brtsil. 8° et 9"^ Discours d'oiiverluie dcs cliaiiihres])ar les rois d'Angtelerre otde France. (Cetfe Revue ties joitr/idux anglais ser^conUinicc.) RUSSIE. 26. — * Istoiia Kiestovikh pohhodof , etc. — Histolrc des Croisades, ])ar MicnAun , de I'Acadeinie francaise; trnduiiedii francais en russe par Jean Boutovsry. Saint-Pctersbourg , 1822; imprinieiie iriilitaire de rElal-n)ajoj-generaI de S. M. T. 1*'', conleiianl VHistoire de lapremiere croisade. i vol. iii-S"- do xxxix, 1 5 et 780 pages. Cet ouvrage appartient a ia classe des productions les plus remarquables de la litlerature (rancaise du Mxe siecle. « Au- cun ouvrage, dit le Sjniituel Erniitc de la Chaussee-d' Antin , ne s'etait annoncc sons de plus heureux a'lsjtices : la beaule , rextieme inlcret. du sujet, dorii Tanliiiuite n'offre aucun iiio- dele , Ics grands souvenirs tpi'll eveilie , les grands noms qu'il. consncre, et donl les priricipaux apparliennent a nos annales ; un plan bien concu, un coup-d'oeil que n'egare pas Fesprit de sysleme, (]ve re limitc pas I'esprit de jiarli; un style ferme, elegant et correct : telles sont les qualites qui me paraissent , ) , est dediee an gene- lal Tcrmolof. Ellc morile d"auliint plus d'allirer rallenlion du public quejusqu'a present la litterature rus>re ne possedail au- cun ouvrage reiatif a I'liistoire de cette e[)0(pie , qui est celle du rcveil des nations de I'Europe. Pi. E. 27. — Voienno - Meditsinsho'i Journal, etc. — Journal (ie medecine nulilaire, redige au departemcnt medical du uiinis- lere de la guerre. Premiere anncc ( iSiS ); T. I'''" , compose de Irois nmncros, d'environ liuit a neuf feuilles chacun. Saint- Petersboiirg. In-8^ de /,62 pages, avec deux planches lilliogra- phiecs. Prix de rabonnement, ou de 6 livraisons, foimant deux voiuines, 10 roubles. Tandis que les autres pays de l'Euroj)C abondont en reciicils peiiodi(pies c! en ouvjages relatif? a ia uiedecine, la Russie , RUSSIE. depnis plusieurs aniiccs, iie posseJnit pai v.n seul journal, en lan£;nc russe, qui ent rapport a cette science, dont les progres onf ete si rapules cliez Ics moderncs. C'est pour remplir cettf lacuiie, qui se faisait viveinent sentir chez nous , et pour of'frir surtout nn bon {^uide aux niodecins de nos arinees, que le de- pa rlemciit medical du minislerc dc la guerre a entrepris ce journal cpie nous avons compris dans notre Revue des jour- naux russcs. ( Voy. Rev. Erie, t. xxviii, ]i. 947-9^19)- Ce recueil est desliric a conlenirdes arllcles, soil otiginaux, soil traduits des langues etrangercs , sur toutes les parlies de I'art de guerif auxquelles I'expcrience a fait faire (jnehjues procures de iios jours. Nous aliens donner une rapide enume- ration de ceux (pji compo'sent ses trois premieres Jivraisons, e'est-a-dire, le premier seineslre de iSa'i. 1° Un Aveftisse- menl, 011 Ton expose cti dix pages le plan et le but du jour- nal ; 2" Observalions de BI. Heiroth, sur la /?<=(•/•.ir Zourof. '28 LIVRF.S ETRANGEUS. DOS arraccs; enfin, par l';uiiioin;e de (]iifl(|ues ouvraf;es russffi relalifs aiix sciences dont les reducleiirs de ce recueil font I'ob- jct special de leurs travanx. K. E. SUEDE. a8. — * Fd/soA at upfysa publihca oinhes/ioffcn/ieten of ti'i.s- ten, etc. — Essais pour eclairer le public sur I'objetde la dis- pute qui, depuis onze ans, divise nos beaux-esprlts ; par M. AVai.lmark.. Stockliolip, 1829,. In-S" de 160 jiages. Qiioi(]ue cet ouvrage soit publie depuis quatre ans, nous avons cru qu'il poiirraif. p.iraitre encme nouveau, dans I'etal actuel de la dispute toujoars aiissi vive enSre I'ancienne et la iiouvelle ix'dle litteiaire, que J'on designe en Suede, coinnie dansfe resie de TEurope, sous les noias de class iq ue e.t de ro- inuntique. La question, ro(iia de cette occasion ponr exposer au public, dans rouvrage qui- nous annoncoiis aujourd'hui, I'etal cii se trouvait la question. D'apres i'aveu public d'un de ses propres membres, la nou- velle ecole n'avait jamais articule d'une maniere positive ses griefs contre rtnciennc; elle s'etait bornee a en contlanujer getii'ralement les productions; aii milieu de ses declamations CDiirnses et passionnees contre les classiques , on ne pouvait demeler un seid reproclie qui meritat un exaiucn serieux. M. Waliuiai'k s'est impose la tiiciie d'en cbercher quelques-uiis, et d'y repondre. Plein de zele pour la verite, trop indulgciit pent-etre pour sos adversaires, il est parvenu enfin a saisir I'objet precis de leurs criiitpies et de leurs plainles. lis se plaignent , 1° !e a ne jouir te.s-.e at la sagaciic dcs observations, les agrcniens d'un style taniot severe, tantot petillant d'esprit, niais toiijours convenablc an sujet , lout couiribue a reconimander cut ouvrage aux amis de la lilteratuie, (|uelles (pie soient leurs opinions sur le fond de la question qui s'y irouve traitee. G — c. DAWEMARK. 29. — *Det Skandinai'lsJiC L'ilteraturselska-bsS/;rifier. — Me- moires de la Societv itttcraire scancUnave. xx" volume. Clo- penhague, 182/4. Iii-8° de l^il^ pages. La Socivte litternire scandinave , formee an commencement de ce siecle, poursuit avec succcs son lionorable carriere. EUe compte au nombre de ses mcmbrcs Teiite des liomraes distin- gues par leurs talens que j)ossede le Danemark. Tous les arti- cles inser(^s dans le \inglieme volume ( 1824 ) des memoires de cette Societc, nous ont paru meriter egalement I'attention du philosoplie, de I'liistorien, ou de I'autiquaire. Mais comme il serait troj) long de les passer lous en revue, nous nous bor- nons a indi(]uer rapidement qaelques-uns d'lin interet plus general que les aulres. Nous signalerons, par e.xeinple, la con- tinuation d'uri memoirc commence dans le volume precedent, dput I'aiiieur est !e savant M. Nykhui', el qui renfcrrae des details tres-curieux sur les proces criminels intentcs ancienne- uient aux ])retendus sorciers dans le royaume de Daneniark. M. le doctcurBivEusnoRrr a essaye d'expliquer les notices con- cernant les pays liyperboreens , conlenues dans la geographic de Plolomee. Les explications de I'aufeur prouvent une erudi- tiou solide. Un autre memoire de 1\L le docteur Estrup sur la cote orieutale dii Groenland, rcnferme des observations fort inleressantes. Mais le j)lus curieiix de tous est celui de M. le ])r()fessenr Ramus, dans lequel il raconle qu'en 1822, uu paysan de I'ile de Selande , en labonrant son champ, a deterre plus de i3oo monnaies d'argent, tant danoises qu'anglaiscs el allemaudes, toutes du dixieme et du onzierae siecle. Dans ce nombre , on Irouve 90 pieces anglaises du terns du roi Ethel- red 11 [<^')'*>-\o\V), de Harald-Pied-de-lievre ( io35-io4o ), et A' Edouard-le-Confesseur , qui rcgna eulre 104 1 el 1 0G6. Les monnaies allemandes , au nombre de 35o , sont du tems des trois empereurs Olhon (936-1002), deHenrill, 77/et//^', et de Con- rad II , qui regnerent depuis 1002 jusqu'eu 1 106. Les aulres DANEMARCK. — ALLEMAGNE. 1 3 1 nionnaiesallemaTides avaienl ele frappees pardifferens ev^ques du iiieme lems. Eiifin, il y a 85o inonnaies danoises, fraj)pees sous les regnes de Canut-le-Grand, de Hardi-Canut, de Aiag- nus-le-Bon et de Svend-Estrithson , et par consequent, ante- rieiiresa I'an 1076. M. Ramus promet une description detaillee de toutes ces pieces , reunies aujourd'hui dans le cabinet du roi. Heiberg. ALLEMAGNE. 30. — * Elernentar Lehrbuc/i der Mechanic. — Traite elenien- taire de mecanique, par L.-B. Francoeur. Traduit sur la qua- trieme edition de I'ouvrage publieen France. Dresde, 1825. Cetle traduction, faiie en iSa/, par M. Opelt.et imprimoe a Dresde, I'annee suivante, est destinee a repandre en Saxe I'etude de la mecanique tlieorique et des metliodes qui ont si puissamment contribue , en France, a perfectionner I'ensei- gneuient des haute* inathematiques. II est seulement facheux que M. Opelt n'ait pas pu connaitre rexistence d'une cin- quieme edition de I'ouvrage qu'il voulait tradulre, afin de t'aire jouir sa palrie des ameliorations que M. Francoeur avait apportces a son onvrage. D. 3 1. — *Staedtewesen des Mittelalters. — Du systeme et de I'etat des villes au moven Age; par Charles Hullmann. Bonn, 1826. I vol. in-S" Les objets dont traite cet ouvrage sont d'un grand interet pour I'bistoire ijenerale. Les villes, leur commerce, lenrs pri- vileges , la physionomie particuliere et iiidependante qu'elles ont conservce depuis la naissance de leurs imniunites jusque dans les dernieres guerres, entln leur attitude noble et forte durant les troubles de la feodalile; voiia , ccrtcs , nn beaii sujet dont M. Hullmann nous parait avoir compris toute rimpor- tance. Ce premier volume est consacre au commerce. L'auleur examine, d'abord, les causes qui ont amene peu a peul'orga- nisation des villes, et 11 les trouve dans 1 administration des domaines ruraux, dans I'etat de I'agricnllure, enfin, dans les institutions militaires et ecclesiastiques du moyen age. La pre- miere de ces causes le conduit a des recherclies utiles sur la propriele et sur rorigine des fiefs. Conrad IIj mit iin terme au retrait arbitraire des terres concedees. Elles I'etaient ordinaire- nient pour prix de services militaires. Deja , depuis long-tems, les jiossessenrs de ces biens transmettaient a leurs fils cequ'ils avaient ainsi oblenu; maiscet empcreurest le premier qni ait consacre leurs prelenliuiis ])ar mi litre formel. L'ove.ifttc de Jix LIVRES itTR ANGERS. Milan venait deconpfotlier iin de ses vassjiiix et (le liii i eiirersrS terrt's ; cettc inesure excita line telle ferinentalion que Conrad passa lui-mcme rn Italie. Ce ne fut. qii'oiiviron cerit cinqnaiilo niisapres, fine Henri VI, ctendit ce bienfait a rAllcrnannt'. On pent sulvre, dans I'otivragc meine , les di'-velojineinens df- 'influence qu'exerca cet elat do clioses sur I'etablissemenf des villes. Mais ce n'est la qn'une des causes signalees par I'auteur: I'elat de I'agriculture, I'orgaiiisalion ecclesiasliqiie, civile et niililaire coniplclent cette premiere pnrtic. La seconde offre nn tableau tres-interessant de I'indiistrie, du commerce et de la navif;ation an moyen age. I, a Iroisieme est consacrec a des reclierchcs siir les catises locales de la formation et de la cons- lilnlion des \i!Ies. Eufin , les quatrieme et cincpiienie nc pre- sentent pas nioins d'interet. Les villes ysont divisees en Irois sections, savoir : a Test, Ratisbonnc, Vicnne, Hreslau , Pra- gue; an cenire, Angsbonrg , Nuremberg , Cologne, Franc- fort; eta I'ouest, Troves, Geneve, Lyon, Beaucairo. Les opt-- rations de change tenniiient, ce volume. Nous regrelfons de ne pouvoir, dans nn si court article, donner niie idi'e plus eotn- 7)lete de ce livre, sur lequcl nous reviendrons qtiand les volu- mes suivans auront paru. P/i. Golbkry. 32. — *Di(' Ost-Gothen in Itnlic/i. — Les Ostrogoths en Ita- lic, on Hisloiro de I'empire di^s Ostrogoths en Italic, par J.-C.-F. Manso. Breslau, 1824. Joseph Max et comji.Gr. in-8" de XIV el /|()0 pages. M. Manso, dej.i avaiitngeusenient connu par son liistoire de Constantln-Ie-Grand, offre, aux amatrurs des recherches hi>- toriques , un ouvrage non moitis important. L'antenr n'a pas seulement fait nn usage consciencieux des documens princi- paux; mais il a reuni el coordoiuie avcc un zole eclaire des dates et des faits encore epars dans divers auteurs , dont sa mo- dTestie,bicn rare sans dont e, ascnipideuscnicnt rajipele lesnoms, dans le cours de son travail, tontes les fois qu'il lenr a fait quelqueemprnnt. Voicile plan de son onvrage. II trace d'abord line esquisse rapide et concise de la domination des Ostrogoths en Italic jusqu'a la mort de Thcodoric-le-Grand, de ^gS a 525; recil auquel il a joint des retnarques tres-intcressantfs et riches de faits. Mais, comme plus de la moilie I'e rette divi- sion tralte d'evcnemens anterieiirs a I'annee /i(j3 , Tindication de la periode de /jg^ a SaS ne doit pas ctrc prise a la let Ire. La seconde divisicm commence par nn tableau de I'etat de ritalie, depiils Auguste , dans Icqucl I'anteur passe en revue les diverses branches administralives du gouvernement de ces pcuples. La troisieme est intilulee : Des successeurs iinmcdiats ALLEMAGNE. i33- dc Tli^odoric, dc 5-z6 a 536. L'auttur y trace un j>ar;illcif enire le teins anterieur a I'iiivasion de ces peiiples, iiomjiies Larbares, et celui de leur dominalion. La quad ieniecomprcnd lerec'it des mallieurs des Gollis, de 537 a 5/(1 ; el la cinqiiienie , riiistoire des derniers leins de leur t-nipiie, sous leurs rois Totilas, Tc'jas et les tliel's dcs Francs, de 5/|.i a 555. On ne ))eut pai'courir sans le plus grand inliiret celte periode si aila- iLante, d:ms laquclle ies eveneinens se snccedent a\cc rapiditc ot ameneni des resnltats dccisif's. Dans la quatrieme division , I'anteur offre, tomme ri'sullal de ses pro])rcs reflexions, (jnel- (jties considerations generoles sur riiistoire des derniers tenis des Ostrof;ollis, ou de leur lulte de 20 ans centre Byzance. Sans contredit,rauteur a , dans tout ce morceau, nionlie beau- coup de jugcment; niais il serait a desirer qu'il ciit clierche a approfondir davantage les causes du denounient traglqne de cetle histoire. Cet ouvi'age remarqnablc est leiinine jiar le panegyrique de Theodoric, onvrage d'Ennodius, avec un coin- menlaire et des varianles lirees du nianuscrit de Municli, n" ex de feu M. Selilichtgroll; travail dont les savans saiiront cer- tainenient gre a I'auteur. f/i. de Lucenay. '33. — *Die Aescl^ylische Trilogie Prometheus unci die Kahi- renweihe zu Lemnos. — La irilcigie d'Escliyle : Promelhee et les Cabires a Lemnos, suixie d'un Es.sai sur la trilof;ie d'Es- chyie vn general, par Fred. Theop. Welrer, professenr et jjremier bibliotLeeaire a Bonn , etc Damrstadt, 1824. Grand in-8° de 6i5 pages, avec une [)lanclie. Cetouvrage, d'une erudition profonde, a pour objet prin- cipal les trols tragedies d'Eschyle relatives a Pronie:hee, j)er- sonnage symbolique,. qni joue un grand role dans la mytlio- logic des Grees. (Voy. TJec Enc. t. vi, p. /1/I2, la Dissertation de M. An DRiEvx sur le Proinethee enckat/ie, d'Eschjle.') On salt qu'il ne nons resle de cetle celebre triiogie que le Protne- thee enchaine , qui en forniait la seconde partie; on n'a pu sauver (jue des fragmens ])eu considerables des deux autres pieces. Une triiogie etait ordinairement ^n\\\e d'un pocirne sa- tirique, sorte d'ajipendice qui ne contribuait en rien au deve- loppement de Taction, dont la troisieine piece avail offerl deja !e denouincnt : nous connaissonsun pareil poenie intitule rProwe- thee 0 Trvfx.uivg \\t ravisseurdu feu);mais il ne parail avoir aucuu rapport avec la triiogie qui nous occnpe. M. Wclker , helleniste ires-distingue , s'appli(jue avec une rare sagacite a reslituer I'en- senible de la triiogie des Promelliee, a indiquer !a marthe dc raction dans chacun des trois grands jicles, et a dcvelopj)ep le sens qu'Escliyle , selon lui, avait renferme dans cet ouvrage* 1 34 LITRES £TR ANGERS. II caraclerise tons les jiersonnages que le poete atlienien a mis en scene , et reclierclie I'origine du iiom de la fable de Prouie- iliee, nom qui a ete cxpli(iu(i par Plutarqne (f/t?ybrtw«rt)coinine signifiant le jui:;cment. II troave , dans la tradition qui ron- cerne le fils de J;q)et , des restes du culte antique ties Grecs qa'Eschylc, d'apres M. Wclker, avait voidu retablir, et pre- tend que roiynipe, avec ions ses Dieux, n'cst qu'nno iiiventioti d'lloniere , tl'Ilesiode et di's poetes postcrieurs , qui ont pris a taclie d'enibellir de toules les couleurs brillantes que leuf pro- lait une imagination ft'-conde, le culte austere que les ancieiis Grccs a\aient voue a la nature, aux eieniens, aux phenoinenes physiques. 3Iais, si Touviage que nous anuoricons est d'une liaute utilite pour i'intelligence de la ])iece d'Escliyle cpie les lavages du lenis ont re'>p<'Ctee ; il n'est pas moins important sous d'aulros rapports. BI. Welker y caraclerise le poete lui- lueme et s'elend sur toutes ses productions dranintiques, qu'il classe en vingt trilogies inylhologiques ou historiques. II fait voir (pie la trilogie et;iit nn genre particulier a Eschyle , et soutient que les deux autres grands tragiques n'avaient pas choisi cetle forme; qu'Eschyle, dans la |>lupart de ses pieces, laisse percer des iniiMitions religieuses; qu'il s'est mis en op|)o- sition manifeste avec la religion vulgaire de son tenis et a voidu s'criger, jiour ainsi dire, en reforniateur des abus dela reli- gion poetiqiie, en professant des doctrines qu'il avail pnisees a rtjcoie de Pythagore; que ciiez lui, le chneur est I'elemenl principal de la piece, landis qu'il est subordonne aux intcrlo- cuteurs dans Sopliocie, et presque oiseux dans Euripide ; (|u'i! se rapproclie plus »)ue les autres de la forme eplque, et que ce qui le distingue ])articullereiuent de ses illuslres succesieurs, c'est le profond sentiment religieux et moral qui I'animc. Nous n'examinerons pas jusqu'a quel point on pourrait contredire les opinions de I'auteur, ni si quelt|ues-iines de ses liypotheses lie sont pas troj) hardies, ou si la nianiere dont ii envisage le caractere, I'espece de talent et les vnes d'Eschyle est rigoti- reusemenl juste ; inais nous pouvons assurer que Ton tronvera dans son ouvrage beaucoup d'apercus ingenicux el de le- llexions interessantes, et surtout beaucoup d'inslruction. Ce livre sera desormais indispensable a ceux qui font une e(ude serieusc de la litterature dramati(|ne des Grecs; d leiir foin- nira des donnces nouvelles tres-curieuses. Ii ne sera pas ninins utile an theologien et an y.liilosojdie, en repandant une vive luuiicre sur la religion et la dogniatique des Grecs, sur les ideCS dece peuple concernant la creation, la nature des Dieu'c el leur influence sur les hommes. M. Welker s'occupe j)i('fora- ALLEMAGNE. i35 Lli'incnt du culte le plus ancien , celui de la nature, qui avail son ii('-ge ])riricipal a Lemnos ct cii Saoiollirace, et (]ui etait origin.'iire de I'Asie mineure ; il lui (loriuc le nom dcdardani- que. Un e.xamen approfomll de ce que rautcur ne fait qu'imli- i|uer niontrorak pent eire sous tin nouveau jour ranll(|uite grecqne loiitc enlicre , inal comprise, selon nou-t, el qui attend nn irjlerpre'e , decide a se drgagei' des liens de la routine et a jjrofuer d'lJiie instruction solide, pour se transporter enlie- rcinent dans ces tenis recules ou 'out semble se confondre. La fable Je PromelliL-e se ratlache a I'ile dc Lemnos, siege antique de la religioo primitive des Grecs. Notre auteur entre, eji consequence, dans des developpcmens detailles sur ia nature de cette religion et sur les genies ou demons, lels que Ips Ca- bires, les Telchincs, les Dactjlcs , les Curetcs , et les Coiyb'intes, qui y jouaient un grand role; nous engageons ceux qui s'inte- re->senl a ces siijets d'une haute importance historique a lire ce que M. Wclker en ilit, pag. iSo-So/j. Voici , d'ailleurs, la division des matieres, dans sou ouvrage : la trilogie de Prome- liiee , pag. i - 1 S/J. Les mysteres de Lemnos el le role que Pro- inetliee y joue, ])ag. i55-3o4. Sur la trilogie d'Escliyle en gt'Mcral, pag. 3o/i-585; le dernier cliapitrc de cetle division traite des pieces d'Eschyle qtie nous ne pouvons faire enlrer dans aucune trilogie, et un api)endice, qui orcupe le resle du volume , traile du nieurlre des lioinmes de Lemnos. Un index d'une parfaite exactitude facilite I'usage de cet excellent livre. S.— K. 34 — * Rellanici fraginenta, — Eragmens d'llellanicus. Edi- tion publioe par /^.-G. Sturtz. Leipzig, 1826. In 8". L'antiijuite fait mention de ])lusieurs HelUmicus. L":in de Syracuse, est cite dans Pliitartpie; E]>liese en cut deux ; Elee, nn quatrienie ; enfm , .Suidas, outre celui qui nonsoccupe, en comple un autre de Milct. Quol qu"il en soil de ces differens jiersoiinages du meme nom, ccliii dont on rcprntlnit aujour- d'liui les fVagmens, vecut chez. Amynfas, roi iXc Maccdoine, an terns d'Euripide et de Soplioele, et moui'u' a Perperene, vis-a-vis fie Lesbos, laissant heaucoup d'ouvragesen vers et en )>rose. Telles sont , du moins, Its indications de Suidas , que l\'dile\ir discute dans une dissertation iinpriuu'e en tete du volume , el (|u'd trouve pen vraisemblables. Nous no le suivrons ])oint dans les savantes reihcrclies aux(|ue'!es i) s'est llvr!-, et qid n'auront d'irileret que ])our un petit nombrc d'erudits. Cette t'djlion est ia !>eco:iile; la jiremiere dale de 1787. De- ])uis, le travail de M. Stuitz a ete I'objet de deux plagials; il ies signale sans aigreur, et indique ensuile avoc exactitude a 1-^6 LivREs Strangers. (luelles sources il a relrouvu les fraginens d'Heilanicus. 11 a insere, a la fin de son livre, nne disserlaiion de Canter siir la maniere d'epurer les anieurs grecs, cl dcconigerles textcs alteres. Co inorceau rcmarquable , public' a Anvers en 1571 , a etc soumis jiar M. Sturfz a una uiile revision. 35. ■ — * /Irchivestle pliilologie ct de pedagogie , publiees ])ar Seebode, en societc avecMM. Friedkman, Hess, Rudiger et ZuMPT. Helnistedt , 1825. 2 On peut fanatiser pour un moment un peuple ignoiant ; mais on ne .eaurait lui inspirer un enthousiasme durable. L'homme inculte, tout comaie I'aninial sauvage , n'a point de pairie ; il ne connait que sa tanniere. Si on I'excite, II sejetera m^me sur son maitre. C'est ce que lant de maitresrelusenl de comprendre. » « On ne se rend maitre de I'esprit du peuple , (|u'en gou- vernant selon I'esprit du peuple. » « Se raillerde la liberie, estle dernier degre de I'esclavagc et de l'esj)rit servile. » Les deux tiers du T. XIV sout rem()]is ])ar le Village des Jaiseurs d'or, roman populaire sur Famelioralion de I'econo- mie publique etdomestique dans les villages, et sur les moyens de raaintenirles bonnes ma*urs dans le ])eu|)le , tels que I'ac- livite, I'ordre et I'esprit d'industrie. L'intciet du roman , I'ex- cellence des iecons qu'il renferme et I'habilele avec laijuelU- dies sont presentees raellenl cet ouvrage sur la ineme ligiicque Simon de Nantua , etc. Tres -icpandu dans toiite la Suissi;, il no le serait pas moins en France, si une plume exercee en fai- SUISSE. \lc) salt line traduction plus soignee que celle que nous posso- dons (i). LesT. XV-XVIII renfernient de petlls remans et des nou- vclles, dont la plnpart sunt tres-altachantes. Nons iions bor- nirons a (loiiner les litres de ces compositions, nioins impoi- lautes que celieh dont nous venons de rendre comj)te. T. XV. yllainontade. Histoire d'nn forcal , deslim'-e araffer- niir la confiance en Dieu, et a faire voir qu'avec ce sentiment religienx riiomnie peut Irouver le bonli.ur dans toute.s les si- I nations. Ce roman, ])iiblie pour la premiere fois en 1802 , eut dans sa nouveaute quatre editions consccutives , quoiqu'il fut inferieur a ce qu'il est inaintenant. Fragmens du Journal du pausTC vicaire de fViltshire. Tr.i- diiction d'une liistoiie fort toncliante , que I'on dit veritable , inserre lians le Brilisk Magazine de 1766. Elle a probablc- nient donne naissance a I'ouvrage anglais : Vicar of fVaheficld, publie en I'j'ji- La Feve , petite nouvelle qui ne gagne jias a se trouver rap- prochee du morceau precedent. T. XVI. La Princcsse de fVolfenbuttcl. Roman fonde sur une aventure ])resqne incroy.'dile , qnoi(iue rcelle, racontce dans deux Guvrages francais, dans les Pieces inleressanles et peu connues pour servir a I'Jnstoire, et dans les Nouveatix voyages de V Amerique septenlrionale , par le chevalier Le Bossu. Le Blondin de Narnur est egalemerit une imitation d'un nu- vrage fiancais, publie ;\ Bruxelles en nn volume petit in -8" , sous ce titre : Histoire de M. Le Blond, on As'entures secretes et plaisante.i de la cour de la Princesse de *'*. T. XVII. Jgathocle, tyran de Syracuse. JJn sculpteur, qui consacre , dans la retraile , sa vie au culte des arts , rencontre un jour inopinemcnt un guerrier , vieillard conmie lui; lis se I'econnaisscnt ; dans leur jeunesse , ils ont travaille ensemble chez nn potier de Syracuse. Le scul]>teur raconleses a ventures et les phases de sa prosperilc croissante; il rccoit an sein de sa fainille son ancien camarade , et so plait a etaler a ses yeux , mais sans orgueil, son aisance et sa felicite. Sollicite de racon- ter a son tour I'liistoire de sa "vie , le guerrier s'y refuse ; mais il invite son ami a venir le Irouver. I^e sculpienr arrive a Sy- (>) Outre la tradaclion pnkliee en Suisse , dont il e.st ici question , il exlste une iniilation franchise .6 pages. i4o LIVllES ETRVNGEIIS. raciise; il estcomluit dans Ic |)alais du prince, il voil paraitre son camarade, c'est Agathoclo. On coniprend ce (ju'iiii pareil siijet I'ournit a iiii c'ctivain doiit le lalenl dratnatique s'appnie sur I'etude liabiluelle du coeiir Imniain. Les Tnin>i/ii^iiratio/i.s- offreiit un plaidoycr interessant en fa- veur dii magiielisme animal ; le lecteui" qui coiiscivera des doulcs, convicndra du nioiiis que I'aulcur a su captiver son attention. le Pacha dc Dude, nouvellc en grande parlie liistorique , iinitc-e d'un oiivrage francais quia paru sous le mome litre , en i7()5, ct dtiveioppee d'apres des traditions populaires. Florette , ou le premier amour de Henri IF. T. XVIII. Harmonius ; petit roman sur la inetenipsycose ; si la iiction rnancjue de vralsemblance, les details ne inanquent j)as d'un certain interet ])sycliologique. Le Rei'enant etrartger, I Avenlure de la Sainl-Silvestre ; deux pctits remans, dont le premier se raltache a une tradition su- pei'stitieuse ; dans I'un et I'autre, la curiosite est excilt^e au plus haut point, el la peinture des caracteres et des j)assions s'unil a I'inleret des situations et des eveneruens. II doit [laraitre encore six volumes de celle collection , et de jjliis trois volumes de romans suisses, dans le genre de ceux de WaIter-Sco!t , que I'editeur fVra reimpriuier dans le meuie format que la Collection des OEuvrcs choisies. C. MONNARU. ITALIE. 37. — * Idrologia minerale. — Hydrologie minerale, ou Histoire de toules les sources d'eaux minerales connues jus- tju'ici dans les etals du roi de Sardaignc; jjar Bentardin Ber- TiNi, D. M. accom])agnce de ])lnsieMrs notions generaies sur les uieines eaux, et d'un manuel pratique a I'usage lies mede- cins et des rnaiades. Turin, 1822. Chailcs Bocca, libraire. i vol. in-8°. L'efficacite salutaire des eaux mincrales n'a eU; contostee par aucune des nombreuses sectes medlcales qui ont exisle de- ])uis les Grecs jusqu'a nous, et tons les peuples ont continue d'en faire usage avec succes dans diderentes maladies, tandis que les medecins n'ont jamais crsse de se dispute;' sur toutes les drogues employees coniine n)edicamens. Dans la premiere jiar- tie de son ouvrage, M. Berlini elablit les regies a siiivre dans I'emploi des eaux minerales; il parle des i)rincipes constituans de ces eaux, de ieur temperature, des divers usages que Ton pent en faire , soit iutcricureiueiil , soil en forme de bains, dc ITALIE. i4i douclies ou d'injcctions; enfin, il expose loiitcc qui a rapporra son siijet,cnnsiderc- medicalement. D;ins les deux autres parlies, il dccrit los (iiffeienti'S sources d'eaux niineraies du Piemont, dts diithcs de Savoic et dc Genes, et doniie des nolices siii- cciles de In Sardaigne. Le nombre des sources decrites par I'auleur nnonle a j)res de cent, qui sont, pour la plupart , re- connues utiles contre les affections dela peau, les rhumalisines, les obstructions des visccres et beaucoup d'aulres maladies. Les eaiix d'Acqiii, de Courmajeiir, dc Vaudier et d'Aix jouissent d'unc r.ncicnnc rc'putalion, que rexj)crience confirine chaque jour. 38. — * If^ea de' hagni ^ etc. Hygie des bains, et parlicuiiere- ment de ceux de Lucques; par J acque.i Fraivceschi , directeur de ces bains, medecin consultant de la cour, ])rofcs3cur, etc. •i.^ edition, revue et corrigee. Lucques, 1820. Imprirnerie de Berlini. i vol. in-8°. L'auleur fait preuve, en. coinmencani, d'une erudition pen commune, dans les notices curieuses qu'il offre a ses lectenrs sur les bains des ])enplcs anciens, et sur ceux des modernes. II sc montre eniuite praticien habile, en expliquant la maniere speciaie d'agirdes dilferenlessoi tes de bains, employes comme nioyens thera[)eiitiques. Sans le suivre dans les lecherclies me- dicales fjue renfermc cette interessanle jiartie de sonouvrage, nous nous arrelcrons a ce (ju'il dit des bains de Lucques en particulier. La position de ces bains est agreable et tres-pitto- resfjue; I'air pur qu'on y respire doit contribuer beaucoup a la guerison de plusienrs maladies. Les eaux de Lucques sont tliermales; on divise leur temperature en trois classes diffo- rentes, de 24 jusqu'a 43 degres , R. On a reconnu par I'anaiyse qu'elles sont purcnient salines; elles ne contiennent done ni gaz carboniquc, ni sonfre, ni fcr, si ce n'cst sous la forme saline en combinaison avec des terres. Enfin , I'auteur indique, d'apres sa propre experience, dans quelles maladies les eaux de Lucques sont efficaces ou inutiles. 39. — * Ricerche mediche su i bagni , etc. Reclicrclies mcdi- cales sur les bains a vapeur, et stir les fumigations des subs- tances ammoniacales et balsanilques , de soufre, de mercure ; par PrtJ// AssALiNi , etc. Naples, 1820.1 vol.in-4°. Le sol de Naples, cnlierement volcanIc|ue, est le jilus riclie de toule ritalie, en sources minerales; mais il arrive souvent que Ton neglige les biens dont on abonde; ainsi, les environs de Naples n'onl pas encore d'etablisseinens jiour les bains min(TauK , que Ton puisse comparer, sous le rapport de rele- gance et de la propret.'-, a ceux qu'on Irouve en d'autrespays i/|« LIVRES ET RANGERS. iiioias favorises de la nature. On i\ seulement deblayo, il.ms Ics tlernieis teins, le sol du temple de Jupiter Seraj)is a Poz - zuoli , pour so servir des niemes cellules oii les anclens se bai- gnaieiit sous les auspices de ce dieu. M. Assalini a tcnte d'inge- iiieuses experiences siiria Snlfalara , cra'erc d'un ancien volcan qui n'est pas encore refroidi, et qui exhale continuellcment des vapeurs dcsonfreel d'aminoniaque , etc. Cel habile profes- seur a applique, an sol et aux eridroits oil cette evaporation naturelle a lieu , les machines de Galles qu'il avait au])aravnnl iiiodiliees. Son ouvrage coiitient des observations Ires-exactes sur I'ulilite dcces vapours. Nous ref;rettons de ne pouvolr don- ner une analyse eiendue de ccs observations. Mais nous airaons a falre connaitre que les savans et le gou- vernenieiit de Naples ont fait a I'autour un accueil fort liono- rable. L'esprit de jalousie, les petites rivalites de ])rovince s'l'"- teigiient cnfin dans la tlassc jiensante des Iialiens, pour faiie place a dessenlimens plus nobles, a I'aniour de lagloire natio- iiale et dubien public. Presquetousse regardenl, sousle rapport des sciences et de la liiletature, comme les enfans d'une mere commune, et les citoyens d'une seule patrie. /. Fossati , D. M. 4o. — * Disco/si intorno ad alcune parti della scienza delta legislazionc , etc. — Discoiirs du conile J .-V. Barbacovi snr quelques parties de la science de la legislation. Milan, 1824 ; Silvestri. 2 vol. In-ia. Suivant I'auteur, et nous sommesheureux de I'apprendre et de le repeter, « les gouvernemens eclaires qui sont aujourd'I'ui a la lete des societes, loin de mettre obstacle aux recherflies dont le but est de signaler les erreurs connnises jus(ju'.t cejour ])ar les legislaleurs, encouragent el reconipensent ces recherclies parleur approbation. » La publication de cet ouvrage honore le gouvernemenl sous lequel il a ele public. L'autenr deniontre, dans le premier discours, que le legislateur doit toujours res- pecter les droits naturels des citoyens , ainsl que I'opinion pu- bliciue. II se declare contre la loi oula coutume geaerale qui se contente d'une simple majorite, meme d'une seule voix , soit qu'il s'agisse de la peine de niort, ou de toule autre peine moins grave. II voudralt une gradation dans la ])elnc, propor- lionnee au nombre des voix. M. Barbacovi loue aussi rinstifii- t on bienfaisante des juges de paix. II nous parait mettre un ])eu de reserve dans I'attaepie de quelques prejuges que Ton regarde communement comrae utiles a la socicte. Quelquefois, en effet, il semble dangereux d'abolir brusquement certaines erreurs que le tems a cousacrees; mais il est un moyen d'eviter le danger et de faire Iriompher la verile; c'est cclui qu'eniploie i ITALIE. 143 I'auteur liii - meme , en echiirant ses conlemporains par scs t'crits. La libeile de la presse pent seule preparer aux legisla- teurs ot aux fjouvenieinens des epoques plus favorablcs pour corriger les abus ct pour developper les eliiruens de la prosj^e- rile piiblique. 4 1. — Dizionnrio ortolof^ico delta lingua italiana , etc. — Dictionnaire orthologique de la langue italienne; ^at Laurent Nesi. Milan, iSaS. Giegler. In-8°. Ce dictionnaire sera siirtout utile aux etrangers. On y ap- prend en nieme lems a ecrire et a jirononcer conecleinent la langue italienne. L'auleiir a commence jiar une exj)osition des regies de Vorthologie, dont le dictinnnaire presenle ensuite rapplicjition. Qnoiqtie le siicces de celle etude depende surtout ince ou cbaciue ville a produils : les foircs et les niarclios : ESPAGNE. — PAYS -B AS. i/,5 les postos aux lettres et aux chevaux : le montant des contri- butions de chaque endroit : enfiii , le tableau coraparalif des monnaies , des poids et des mesures de tout le royaurae et une belle carte geograpliique generale de la peninsule. Quelque vaste que cetle entreprise puisse paraitre , I'activite de M. Minano, les savanles rechercbes auxquelles il s'est livre avec perseverance, depuis quclques annees, les facilites de toute espece qui lui ont ete accordees par le gouvernemcnt et par lesautoritcs inferieures pour I'exactitude et le perfection- nement de son travail, tout fait esperer que son Dictionnaire geograp/iique merhem I'at-tention des hoinmes eclaires. M. Minano est connu par plusieurs ecrits politiques, publics a Madrid en 1820 et ibai , remaniuables surtout par les idees saines qu'iis renfermaient. II fut aussi I'un des redacteurs du Censor, recueil periodique, qui pariit , dans la meme capitale, sous le gouverncinent des Cortes. On lui attribue egalement plusieurs autres ecrits qui ne portent pas son nom. 'L'Jcademie royale d'histoire de Madrid, fondee par Phi- lippe V, s'est occupee plus d'une fois du projet d'un Diction- naive geographique general. En 1772, on redigea une instruc- tion pour ce travail, qui fut distribuee aux membres de celte Acaderaie. Des obstacles de plus d'un genre ont einpechejus- qu'ici raccomplissementde ses vues. En attendant qu'elies puis- scnt etre realisees, I'ouvrage de M. Blinano remplit en grande partie les intentions de cetie corporation savante : il est meme probable qu'elle a fourni a I'auteur tons les renseignemens dont il avait besoin pour son travail. M — el. PAYS-BAS. 46. — Rederoeringi etc. — Discours sur la bienfaisanle in-^ fluence de I'insiruclion publique sur le perfeciionnenient des differentes parties de I'art de guerir; par M. Van Bemme- LEN , D. M. Harlem, iSaS ; Imprimcrie de la veuve Loosjes. 32 pages in-8°. Ce discours, prononce le 5 avril 1825, a Tinstallalion dc Tecole de medecine etablie a Harlem pour foj-mer des chirur- giens, des accoucheurs, des pliarraaciens et des sages-femmes, presente une suite de raisonnemens dont le but est de prouver I'heureuse influence de la propagation des lumieres sur I'art de guerir, et dedtmonlrcrles avantages que Ton pent attendre de la formation d'une ecole de medecine dans la vilie de Harlem. DE KlRCRHOFF. /(7. — * Notices necrologiques sur M. Rainoux et le baron de T. XXX. — Ayril 1826. 10 i46 LIVRKS ETRANGERS. VUlenfagne d'InglhouL, pai- M. ChkNkdoii,^. Lii'ge, i8.aG. Desoer. In-8". M. Chencdolle, fils d'uncies pocles dont la France s'honore, a eu pour but en eciivant ces notices necrolof^iques , de joier quelques (leuis sur la tombe d'un respectable ecdeslaslique et sur celle d'un savant tlont la longue carriere a etc coiisacrce ;i eclaircir riiisloire de son pays. Independammcnt des diffcrenles recherchcs iiiserees dans les Meinoires de rAcailemie de Bruxelles, plusieiirs aulres ouvrages reconimandaient M. de Villenfagne a I'estime des gens de lettrcs. Ses principaux eciils sonl: des Melanges de lUlcrature el d'hi.stoire ; Melanges pour sen'ira I'histoire civile , politique et liiteraire dupays de Liege ; VHistoire de Spa, 7, vol. in-8" ; Essais critiques sur dijferens points (fhistoire civile et litteraire de la principaute de Lirge. De semblables notices necrologiques , quand elles out pour butde faire connaitre rhomme vertueux ou le savant modesie et laborieux , ne peuvent qu'honorer ceux qui les ecrivent. A. Q. ^8. — BUK.EL1NGI genio. — 'Aux manes de Beuchelins, poe'ine latin, par J. - B. - G. Camberlyn. Gand , 1826. In -8° de 8 pages. M. Camberlyn, dont la muse parait se faire un devoir de celd^brer les hommes utiles, consacre aujoiird'hui ses chants a I'nn de ses compatriotes dont le noui , peu connu en France , jouit en Belgique d'une ancienne cclebritp. II ne s'aglt pas ici d'un prince , d'lin conqucrant, ni meme d'un philosophe, mais d'une gloire toute populaire. Le heros chante par le poete , Guillaume Beuckelins, de Biervllet, prcs do I'embouchure de I'Escaut, inventa , en 1416, 1'art d'encacjuer les harengs : c'est ce bienfait qui Inspire , apres quatre siecles , la verve de M. Camberlyn, et Ini fait exprimer, en six pages de vers liexa- metres, son admiration et sa reconnaissance. La poesie aiirait tort d'etre dedaigneiise .• son plus beau privilege n'cst- il pas d'immortaliser, dans tous les rangs , dans tons les genres, ceux ([III ont rendu des services a rimmanite. II nons semble sculement qu'elle alteindrait mienx son but, si elle parlail pour tout le monde, et si les pccheurs hollandais , par exemple, apres avoir encaque les harengs , pouvaient ropeter en clujeur cet liommage patriotique a la memoire de Beuckelins. II est vraiment facheux qii'une renommee qui les inlcresse ait ete celebree dans une langue qu'iis n'entendent pas. Cc latin , sans doule, n'est pas tout-a-fait celui de Yirgile; mais il ne se rap- proche pas encore assez du hollandais, qui ccrtainement vau- drait mieux. J.-V.f,. PAYS-BAS. i,'i7 ^g. — Terentinnus MauruSf de litteris, syUabi.i , pedibus et mctris , e recensione ct cum nods Lamentii Santenii , etc. ed. D. J. Van Lennep. Utrecht, iSaS. In - 4° de xxxii , 1^9 et /,7i pages. Terentianus, un des premiers graitimairiens latins, sons Nerva et Trajan , a taclie d'exposer en vers les principales regies relatives a Yalphabet , aux syllabes , aux mesures et aux metres. Le surnom de Maurus semble indiquer qu'ii etait ne en Afriqiie. M. Van Sanfen de Leyde,homme de iettres distingue, tres- ptofond surtout dans la connalssance de la poesie latine, avait. commence a publier une nouvelle edition de Terentianus, vers la fin dii siecle dernier. On etait deja parvenu a I'impres- sion de la page 281 des annotations, quand M. Van Santen niourut, en 1798. Le maniiscrit de la partie encore incdite tdmba dans les mains de M. Van Lennep, professeur de plii- lologie et d'histoire ^ Amsterdam. Mais ce manuscrit n'etait pas complet. Ce n'est qu'en 1820 que la partie qui raanqiiait a 6te retrouvee par M. Wassenbergh , et, apres Tavoir recue, M. Van Lennep a fait acliever Timpiession de I'onvrage. On sail combien de peines les erudits allemands se sont donnees pour fixer le systeme metrique des poetes anciens. En con- sultant les notes de M. Van Santen, on verra qu'il a en le bonheur de devancer, en plusieurs points, les conjectures et les opinions de ces savans. Une preface et des notes de M. Van Lennep ajoutent un nouveau prix a cette edition. X. 5o. — * Poesies de Ch. Froment. Brnxelles, 1826. Galand et Lejenne fils, rue Neuve , n. 280. 2 vol. in-i8;prix, 6 fr. M. Charles Froment s'est fait une reputation en Belgique par des epigrammes, des satires et des elegies. Les deux vo- lumes qui vienuent de paraitre, forment le recueil des diffe- rentes composltionsqu'ila successivement publiees ; aussi Ton v trouve une agreablevarietequi annonce uneflexibilite heureuse de talent. On doit fdliclter le poete d'avoir presque toujours pris pour sujets de ses chants les malheurs de la Grece et les grands evenemens qui ont agite TEurope; les desastres A'Jpsara lui ont inspire une elcgie, dont nous regrettons de ne pouvoir donner ici que le commencement : Oui, je crois a la liberie; Je crois a ses bienfaits, je crois a ses prodiges; De tant d'illusions j'ai vu fair les prestiges! Et c'est le seul qui m'est reste. Mal$ tou9 ne sont pas fairs ponr elle ; II fant an pur enccns; il faut de nobles coenrs; ,/,8 LivRES Strangers. Ce ue sont pas ties voeux, ce ne sont pas des pleurs Qui font airlvpr I'miraortelle : Insensible an oil des douleurs, C'est le glaive a la main qn'elle vent qu'on Tappellc. Le frivoie habitant des cainpagncs d'Kana, Qui inurmure et sourit, qui s'indigue ct se cache, Qui s'iucllne en rebelle et se rcvolle en lache, Crut I'aimer, et la profana. Mais d'autres, griice aus dieux, Font almee et servie Et d'nn culle idolaire et d'uu pieux amour; Enfans d'une terra asservie, lis ont su ramcner le jour Ou Ics enfans de Sparle aux tyrans de I'Asie Vendaicnt, au prix du sang, I'acccs de la patrie, Et, d'uu noble sonrire accueillant Ic Irepas, Aux banquets des Enfers suivaient Leonidas. Les hommes les plus Lonorables dc ces dcrnicrs tciiis ont ega- lement inspire la muse du poete : on relroiive avec plaisir les noms de Byron , de Lafayette, du general Foy dans des pages consacrees a celebrer le talent et I'herojisuie. Quoi! ce fardeau sacre , qn'une foule pieuse A son dernier sejour conduit silencieuse, C'est la depouille d'un mortel! Saint, uoble touibeau, que des laui'iers couronnent! Sans les larmes qui renvirounent , Je I'aurais pris pour un antel. O Francais! 6 patrie! 6 sinistre journee ! Foy n'est plus! Sa grande aiue aux cieux est refournee. Vous, compagnons de ses exploits, Vons qu'il abandonna dans une autre esperance, Yoilez vos etendards! Magistrals de la France, Yoilez I'arche sainte des lois ! Parmi les morceaux poliliques, les Avantages de la reunion de la Bclgique et de la HoUnnde , JFalerloo et le Retour du prisonnier , ont surtout fixe notre altenlion. 11 nous a paru aussi que M. Froment avait (res-lieureusemeut rendu les sujets de trois tableaux de MM. Vernet, Paelinck et Navez. Nous avons regrette seuleraent de trouver ces vers dans celui de la Jeune veuve, qui esl d'aillcurs une composition fort gracieuse : Le jour oil la ne expirante Decroit comrae un pale flambeau. Quelques elegies et les romances d'Edwin et Emma et des Ruinei de Domartia respirent une poesie douce et raelanco- PAYS-BAS. • 14 lique, qui rappelle souvent I'elegante simplicity de Millevoie. II y a loin de la teinte sombre qui regne dans ces compositions a la gaite satirique qu'on trouve dans plusieurs chansons de I'auteur, telles que Voila pourquoi j'ai deserte , et On nentrc plus. Parmi les fragmens que donne M. Froment, se trouvent plu- sieurs passages de I'Art poetique d'Horace. Nous engageons I'auteur a terminer ce travail que nous placons a cote de ce qu'il a fait de mieux. On lui saura gre du soin qu'il a eu d'e- carter de ce recueil les satires et les cpigrammes qu'il avail composees dans des acces de gaite que n'ont pas toujours par- lages ceux qui croyaient s'y reconnaitre. Si les Cpigrammes qui restent encore ne prouvent pas un grand fond de charite dans I'auteur, elles supposent au moins beaucoup d'esprit. Peut-etre aurait-on pu , sans nuire au recueil, supprimer celle-ci sur I'ordrc de la jarretiere donnee a un grand personnage : Ornenient preclenx qui lui ceins le genou, Poisses-tu quelque jour remonter a son con! 11 est a reraarquer que M. Fpomcnt n'etait bien connu en Bel- gique que par ses satires et ses epigrammes, tandis que ses poesies elevees nous paraissent inconteslablement superieures : on reconnait dans ces dernieres une foule d'idees neuves heu- reusement exprimees; une noblesse de style et une harmonic, qui annoncent que I'auteur est appele a prendre place parmi les jeunes poetes dont la France s'honore le plus. A. Q. Outrages periodiques. 5i. — '* Correspondancc mathematique et physique , publiee par M. Garnier, profcsseur de mathemaliques et d'astrono- raie a I'universite de Gand , et Quetelet , professeur de ma- ihomatiques, de physique et d'aslronomie a rAtiu'nec de Bruxelles, etc. 2™<= volume. Gand, 1826. Irnprimerie de Van- dekerckhove. Nous avons annonce I'apparition de ce nouveau recueil periodique ( Voy. iit't'. Z;'/?f., tome xsvii , ])age 481 ), ctnous voyoiis avec salisfaclion qu'il repond aux voeux des amis des sciences. Malheureusement, il prouve que les sciences mathe- matiques sont a peu pres stolionnaires ; car on ne pent regar- der comme progrcs, comme acquisition pour une science, ce qui , dans la rcalile, n'ajoutc rien ni a ce que Ton sait, ni aux moyens d'apprendre; En off'rant aux matbematiqucs une nou- )5o LivREs Strangers. velle demonstration du principe des vitesses virtuellps , apres tnnt de gros volumes t-crils sur cette seule tiuestion , on ne lui fait point iin don profitable. Les autres tjuestions traitees dans ]e caliier que nous avons sous les yeux n'ont pas vieilli , roinme ceile des vitesses virtuelles : niais, quoiqu'elles soienC. line exercice fort utile pour ceux qui cultivent les matliemall- ijues, on ne pent considerer- leurs solutions coiiime nne acqui- sition pour la science qui ne consiste que dans un ensemble es. Le premier comprend six especes, a la description desquelles esl consa- cree la 3^ livraison, savoir : \c mojie , la diane , \e hochcitr , Vascagrie, le moustac et le talapoin. Des ce moment, je crois pouvoir predire un ires -grand succes a ce bel ouvrage, dont I'cdileur , IM. Belin, est connu depuis long-terns })ar le soin et rexactitude avec lesquels il dirige ses importanles entreprises en librjffiie. A. MiCHELOT. 54. — * Atlas des oiseauxiV Europe , pour servir de com- plement au manuel d'ornithologie de M. Temmincr. , par /. C. Werner, peintre d'histoire nalurelle. Premiere livraison. Pa- ris, 1826. A. Belin, impriraeur-libraire, rue des Matliurins St-Jacques, r\° 14. L'ouvrage entier aura 55 livraisons de 10 planches chacune ; il en paraitra une ])ar mois. Prix de chaque livraison de dix figures en noir sur papier'vclin , 3 fr. ; figures coloriees et retouchees avec soin, 6 fr. Pour avoir le teste de M. Temminck, il suffira d'ajouter 5o c. par livraison. Un de nos zoologisles les plus distingues, M. Desmcrcst , a paye dans \a Revue , ( f . IX, p. 459. ) un juste Iribut d'elogcs au Manuel d'ornithologie que M. Temminck a public ,en octo- bre 1820, et dans lecjuel ce savant natur.iliste a donne une classification complete, ainsi qu'une description exacte et dc- taillee des oiseaux d'Europe. Nous renvoyons nos lecteurs a cct article oil les recherches neuves et interessanles de M. Tem- minck sont apprcciees par un juge competent, et ou Ton trouve un tableau des i5 ordres et des 88 genres qui compren- nent les 4o3 especes obscrvees par I'auteur du manuel. M. Be- lin a pense avec raison qu'il donnerait a cet ouvrage son plus haut degre d'utilite , en publiant un ailas f[ui renfermat non- seulement toutes les especes, mais encore les varieles de sexe et d'age les plus uliles a representer. II a confie ce travail a M. Werner, dont les beaux dessins de V/iistoire da mainmi- Jeres suffiraient pour clablir la reputation, et qui a execute d'apres nature les 55o figures dont se composera I'allas. L'cdi- teur annonce que M. le baron Cuvier revcrra tons les dessins; ce qui est la plus forte garantie que Ton puisse donner aux souscripteurs. La premiere livraison contient dix planches, representant chacune une espece du premier ordre, celui des rapaces. La premiere jilanche represente le squelette du vau- tour griffon. I-'editeur jiromet de donner ainsi en lete de clia- i '54 LIVRES FRANCAIS. <|ue ordie uii sqiieletle, et de plus iine oii ileux planches de ciracleres pour les divisions. Les phitiches nesont pas nninero- tcps et lie conliennent chacune qu'iin indlvidu, afin que les niluralistes puissent les classer suivant le systeiue que cbacun tl'eux aura prefere. Les fij^iuTs que nous avoiis sous les yeux soul lithoiMapliiees et coloriees avec beaucoup de soin et d e\actilude; nous avons parliculierement rcmaique \es /au- co/ii- , donl le plumage estd'une verite parfaite. A. MiCHELOT. 55. — * Essai cTune classification des aniinaux inicrosco- piqucs , par M. Bory de Saint-Vincent, correspondant de rinsfitut ( Acadil'mie des sciences). Paris, 1826. In-8". " C'est a la Hollande, dit I'auteur, que le inonde savant doit la decouverle du microscope, qui a servi de moyen a la clas- sidcation provisoiie donl nous allons nous occuper. Hartzoe- ker et Leuwenhoeck se disjuilerent I'invention de ce merveil- leux instrument. Nous ne diiciderons pas quel fiit enire eiix le Colomb ou rAmeric Vespuce ; ces liomuies liabiies n'en ouvri- rent |)as moins la route d'un nouveau raonde, ou les merveilles soni innouibrables et rendues plus grandes encore par leur ]>elilesse meme. « En effet, il est pen de spectacle plus capable de confondre I'esprit , f]ue celiii (jue presentent ces niilliers d'animalcules invisibles a I'oeil nu , qu'un grossisseinent de plu- sieurs centalnes de fois rendeut perceptibles, etqui, dans leur extreme petltesse , ofirent non-seulement des formes parfaite- iiient lielerminees, mais jusqu'a des moeurs particulicres qu'il «'sl fort curieux d'etudier. Selon M. Bory de Saint-Vincent, les premiers microscopes qui furent employes ctant imparf'aits , plusieurs des erreurs auxquelles de tels instrumens donnerent lieu , et la nouveaute des clioses qu'on y voyait , discredile- rent d'abord les observations microscopi(|ues. Voltaire s'en etant iiioqiie , tout le monde criU devoir s'en moqucr apres lui. Ce- jiendant, des observaleurs laboiieux , que ne rebutaient ni les mauvaises plaisanleries du philosoplie litterateur, ni la diffi- culle des recherclies , s'appliquerent a explorer ce que Tiiuteur iippelle les confins de Vinfini^ les limiles du iteant et de I'^ire. I,a inicrographie devint des lors une science cerlaine a la- quelle cependant M. Bory de Saint-Vincent ne donne pas un ])om special, mais que, sous le titre modeste A' Essai, i! a portce an plus haul ])oint de perfection , et dout on pourra le regar- dei- comme le createur parmi nous. En vain queiques /tntura- hstcs hautaiiis , pour nous servir de ses expressions ordlnaire- lU'Mit si lieureuses parce qu'ellessoni caractcrisliques, n'accor- daul d'importance auxauimauxqu'aulant (^u'lls sont de la taille SCIENCES PHYSIQUES. i55 d'un elephant fossile on d'un mollusqiie, nient encore I'aninialile er jusqu'a I'existence des etres merveilleux que classe avec tant dc jirecisionM. BorydeSaiiU-Vincenl. « Achetez,dit celiii-ciauxsa- A-iinsrontiniersqiii clierchent a deprecier sesiin[)ortans travaiix, aciietez iin bon microscope; donnez-vous la peine d'yre£;arder;ne « ro yez p;ts tout savoir, et n'imagincz pas surlout (|ue les bornes <1<; la nature soient dans celles de votre science. Imitez M. De la Marck , le premier des naturalistes de France el le Linne de Tepoque. Ce,.grand homme n'a pas, comme vous, donne un tiementiaux Mailer, aux Roesel, aux Gleichen, ainsi qu'a tant • I'aulres naliiralistesnon moins habiles et plus scrupuleuxdans leurs recherches que vous-memes. II s'est donne la jielne d'e- tudier les animalcules raicroscopi(jues, avant d'en discourir. 11 ne s'est point borne a les voir dans les gravures qu'on a don- jiees de plusieurs ; il les a vus dans la nature inenie: aussi a-t-il .•irquls sur I'animalite et surlesessais par Icsquels semble com- niencer I'organisation , des idces beaucoup plus justes que n'en eurenl jamais ceux qui ne rendirent pas a notre iliustre pro- I'esseur toute la justice que meritent ses importans et classiciues oavrages, son vaste savoir, les idees nouvelles et focondes qu'il publia le premier, et qui furent le veliiciile le ])lus puis- s.Tnt qn'aient eu en France les sciences naturelles, depuisle com- mencement decesiecle." M. Bory de Saint-Vincent est un ar- dent admirateur de M. De la Marck; il lui dedie son ouvrage; etsonepitre, fort curieuse, honore egalement le savant a qui elleest adressee et celui qui I'adresse. Nous en rccommandons la lecture, non-seulement aux naturalistes, mais aux littera- teurs; ils y verront « combien les livres consclencieuseuient composes, quelque modeste que puisse eire leur format, I'em- ])ortent sur ces fastuenses et interminables publications, en- tiej)rises sans plan arretc, pompensemenl jjroduites dans le nionde par d'liabiles speculaleurs en librairie, qui se rcscrvent d'y faire ajouter volumes sur volumes, seion ia cclebrite que sera parvenu a se faire rauteur,et redigees bien plus comnae un moyen d'avancement pour celui-ci , que pour aider a I'avance- ment des connaissances liumaines. En effeS, en histoiie nalu- relie coinmc dans les autres sciences , ce n'est point sur la qnantite et sur le luxe des volumes, mais sur leurconlenu, que se fondent les reputations solides. » Apres de judicieuses considerations sur I'histoire des ani- inaux microscopiqties , I'auteur donne les motif's qui I'ont deter- mine a jjreferer cette designation a celle X/uuorphes, A'ogas- trnires , A'nniinalcules , ci surtout A'infusoires ; les microsco- jiiqucs ne vivaiil pas tous, comme le feiail supjioscr ce dernier i56 LIVRES FRANCAIS. iioin, dans les infusions. Passant dans leur dassification du simple ail compose, il commence par les moins compliquds,c'est-a-dire, par le lermc inft5jieur de I'animaliK'-. Ce sent \cs gyinnodes , parmi lesquels se Irouvent les monades, points vivans, dont line espece est si petite qu'un grossissement de mille fois ne la fait pas voir plus grosse que ne le serail la piqVire de I'aiguille la plus fine dans une feiiille de papier serpente. Dansce nieme ordre sont les amibes , c'est-a-dire , des elres priv^s de formes, et qui, realisant la fable de Prolce, ctonnent I'ohservafeur en changeanld'aspect de la maniere la plus etrange sous ses yeux . On y voit aussi des petits ^tres doues de volontc , aljant , ve- nant , gnerroyant dans une goutte d'eau qui parait etre iin ocean pour eux , se rompre et produire par leur division autant d'animaux , en tout pareils a chacun des fragmens de ceux qui leur ont donne la vie. Les microscopiques se compliqnent par I'addition de cirres, c'est-a-dire, de petits ])oils seniblables a des cils, mais que I'animal peut faire vibrer avec une rapidite plus ou raoins considerable; ils finissent, de complication en complication, au inoyen de I'addition d'organes ebauclies a d'auires ebauclies d'organes, par s'elcver vers les classes d'ani- maux parfaits. Au milieu de ccs transitions presque insensibles, on remar(iue I'etrange famille des rotifeies , si mal observee jusqu'a ce que M. Bory de Saint-Vincent en cut debrouille le chaos. Ces petits efres ne reviennent point a la vie , ainsi que ravaiica Spallanzani et que tout le monde I'a repete d^apres lui, quand on Icsmouille; leur histoire est assez merveiileuse, sans que I'ouy ajoute des fables. Le beau travail de M. Bory se termine par des considerations siir la pliospliorescence de la mer , ecrites avec cette clarle et celte vivacite de style ])itto- resque , mais tant soit ])eu caustique, qui caracterise les produc- tions d'un auteurqui plus que personne possede aujourd'liui le secret de se meltre a la portce de tout le monde, en rendant les sciences exacles lisibles et meme amusantes, sans neanmoins deroger a leur dignile. L'essai sur les microscopitjues dolt etre considere comme un genera, (\ne Tauleur doit faire suivre d'nn species arAemment desire dans lemonde savanl;on aregrelteque M. Bory de Saint- Vincent n'ait fait lirer son excellent traile qu'aunombred'une centaine d'e.^eniplaircs , qui ont etc distri- bues officieusement, sansqu'on en ait misun seul en vente. R. 56. — '* Manuel complet de botaniqiic , dedie auxetudians, en la personne deM. Charles Boitard. Paris, 1826. Roret. 1 vol. in-18; prix, 3 fr. 5o c. Ce livre est indispensable aux professeurs de la cajiitale , parce qu'il renferme en un petit volume lout ce qu'il y a d'es- SCIENCES PHYSIQUES. ity? senliel dans la mauiere acluelle d'enseigner la botanicjue. On y trouve I'explication d'une foule dc leiines scienlifiques avec lesquels , depuis douze ans qu'un bolaniste celebre les a inven- tes, i'i faut que les elcves achevent de se familiariser, avant d'arriver a la connaissance noniinale des plantes. A riraitation du tableau des anciens systemes public par M. Mouton de Fon- tenilles ea 1798, M. Boilard en a expose uu certain nombre des plus modernes, paimi lesquels on conipte deux variantes de la mclhode dc M. de Jussieu, dont la derniere, qui distri- bue les plantes en i4i families, Ji'est pas encore definitive. A ce double expose succcde celui d'un autre systeme de classi- fication , a regard duquel M. Boitard s'exprirae ainsi : M. de Candolle, dans sa thcorie elemenlaire de botanique, excellent ouvrage que Ton ne saurait trop recommander a ceux qui veu- lent ctudier la science sous ses rapports les plus philosophi- ques, a interverti I'ordre de M. de Jussieu eta propose de nouvelles families arrangees dans une serie differente et arliti- cielle. Nous ne voulons point nous charger d'expliquer com- ment un arrangement de families arlificiclles , qui intervertit I'ordre d'une metliode constamment qualifiee de naturelle par les bolanistes de Paris , peut rendre plus phiiosophique I'etude de la science, et nous continuous de citer M. Boitard, qui n'accompagne point d'un note aussi laudative I'expose d'un autre systeme cgalement destine a modifier celui du chef de I'ecole parisienne. « Deux jeunes gens, dit-il, MM. Briere et Potliier, ont public un ouvrage sur la botanique : ils ont donne tout au long ce systeme, en ne citant pour son auteur que M. Marquis. Si ces messieurs nesavaient pas que M. Loiseleur de Longchamps y a coopere, ils ne sont coupables que d'igno- rance ; mais, s'ils le savaient, ils sont inexcusabies. Debater dans la carriere des sciences ])ar un tel oubli ou une injustice, est fort maladroit, surtout quand le merile du livre qu'on public n'est pas assez saillant pour racheter un tel tort. « En avouant nos regrets sur ce que tant de rectifications ap- portees depuis quarante ans a la methode de I'ecole, par nos savans modernes etpar son auteur lui-menie, n'aient pula ren- dre encore usuelle et veritablement pratique, nous ne parta- geonspointl'opinion dcM. Boitardsurl'ouviage deMM. Briere et Pothier qui fait parlie de la hibliotheque du dix-neuvictne siecle ( Voy. Rev. Enc, t. xxvi, p. Soi ). Ce livre, comme celui de M. Boitard el comme tons les abreges et les comraentaires qui ont eu pour objet d'eclaircir le systeme fonde sur les cotyle- dons, renferme beaucoup de bonnes observations, de faits cu- rieuxjde notions utiles,qui, sans faireavancer la science, fontseu* i58 LIVRES FRANCAIS. tir (111 moins la necessiie de reformer son mode d'ensei<;nomenf. Car il ii'e^t pins possible de se le dissiinuler, il manque toujojii » aux ainatems, ainsi qu'aux eleves, celle luvilhode eloiucnlairc dont J. J. Rousseau sentail Ic besoin, qu'il exprimait en res tertnes a luadame la ducliesse de Portland.... « Les livrcs dos botanistes mtnlernes n'instrnisent ((ue les botanistes , ils sonl iniitiles aux ignorans; il nous niancpic un llvre vraiincnt elc- rnentairc n\ec lequel un hoamie qui n'aura it jamais vude])lanle, put parvenir h les eludier seal. » Or, ce livre ne pent eire fourni par une ecole ou I'on commence par faire etudier la nature , en evilant de suivre les routes tracecs par Tournefort et Linue, les seuls maitres qui aient reellement penelre ses profonds mysteres , quant au regne vegetal. L. 57. — * Mcmoires sur la famillc des legumineuses , pnr M. Aug. Pyr. (IeCandolle, 3«, /(•' et 5<= livraisons. Paris, iSaX et 182G, Reliii , rue des Mathurins Saint- Jacques, n" i4; '^ cahiers. Prix de la livraison sur papier fin , 9 fr., grand-raisin, 20 fr. Nous avons likchede faire apprecier I'nliliteque la botanique pt les arts , qui en font de si nombreiises etde si utiles applica- tions, peuvent relirer de ces Memoires. ( Voy. Rev. Enc. , f. XXVIII, p. 5o6 ). En continuant a reiidre compte de cet ouvraj>e , dont nous avons annonce avec soin les deux premieres livral- sonx , nous fcliciterons I'editeur de la celerite avec laquelle i( poursuit sa laboriense entreprise. Dans le 3"^ Memoire , M. de Candolle compare lex legumi- neuses aver, les Jamilles qui ont quelquc analogic avec elks. Adoptant la classification de M. de .lussieu, qui a place cctte famille enire les terebinlhacces et les rosacees , il examine toutes les modifications que les divers organes des plantes ijrusentent dans ces trois ordres naturels, et il cherche a determiner les differences qui les separent. Ces points de doctrine sont discu- tes avec une clarte et une raethode qui previennent les objec- tions. L'auteur a su augmeuter I'interet de son sujet, en ajon- tant des observations nouvclles qtii se rapportent a la botanique proprement dite et a la physiologic vegetale. Le 4* Memoire a pour objet la division de la famille des le- gumineuses en sous-ordres et en tribus. L'auteur expose I'etat de la science a cet egard; il examine les classifications propo- sees par Adanson, Linne , Jussieu, Gcertner, R. Brown, Kuiithy G. H. Bronn et Ebermayer. Tous ces auleurs ont concouru a etablir une classification rationnelle , en donnant plus ou moins d'importance a la consideration de tels organes en particulier, de sorte que la classification de M. Bronn , considerablenient luodifiee par M. de Candolle, est le fruit des observations de SCIENCES PHYSIQUES. iSg pliisieiirs bolanistes. C'est ainsi que , dans les sciences d'ob- seivation , les travaux importans qui donnent de la fixite aux doctrines, ne peu-vent etre piodiiits entierement par un seni homme, quel que soit son genie. A la veritc, la gloire da travail reste a celuiquia coordonne et dispose les maleriaux ; mais on doit aussien accorderune portion a ceux qtiilesont deconvcrls. M. de Candolle examine les relations que ces subdivisions naturelles, exposeesdans son ouvrage, ontles unes ])ar rapport aux autres , et il donne un tableau qui permet d'aperccvoir d'un seul coup d'oeil les differences les plus sensibles de tons les groupes qu'ii a disliiigues. II s'occupe ensuite beancoup d'une' consideration qui, jusqu'a ce jour, n'a C|ue fort peu frappc les botanistes : c'est cclle des analogies ou parallelisraes qui exis- tent entre des families de la m^rae dasse, ou des tribus de la meme famille, ou des genres de diverses tribus d'une mtme famille, mais qui, ctant fondees sur des caracteres d'ordre inferieur. ne peuvent motiver lenr rapprochement. Ces ana- logies, qui se distinguent des affinites naturelles, avaient etc indiquees par M. De la Marck et developpees d'une maiiiere plus detaillee par M. de Candolle, dans un Memoire sur les cruciferes; cependant , il convient franchement que les idees iheoriques les plus curieuses a ce snjet sont dues a M. Fries, (jui les a appliquees aux champignons, et a M. Macleay, qui a consider^ de la mome maniere plusleurs groupes d'insectes. M. de Candolle reduit a sa juste valeur I'importance qu'il convient d'attacher a ces analogies, et il fait connaitre celles qui existent entre les divers groupes de legumineuses, et que Ton pourrait confondre avec les affinites reelles. Le 5^ Memoire est intitule : Revue de la tribii des sophorees. Cette tribu se compose de tontes les papilionacees a etamines Hbres , a fruit non arlicule, a embryon crochu et a cotyledons folia ces. L'objet du 6^ Memoire est Vexamen de la tribu des lotees: Elle renferrae toutes les papilionacees a cotyledons foliaces, a etamines raonadelphes ou diadelphes , et a un fruit continu a une loge ou a deux loges longitudinales formees par le repli de I'une des sutures, mais toujours depourvues d'articulations transversales. Dans le 7^ Memoire , notre savant auteur fait la revue de la tribu des hcdysarees. Elles appartiennent aux vrales papiliona- cees , mais elies se distinguent des autres tribus : 1° par leurs cotyledons minces, qui se changent en feuilles vertes a la ger- mination ; 2° par leur fruit divise en articles monospermes , coupes ou par des fissures transversales, ou tout au moins par I Go LIVRES i'RANCAIS. des ctrangleniens tres-piononces. Ces caracteres ne souffrent que des exceptions apparentes dans les genres ou le fruit est leduit a un seal article. Tels sont les genres o/iobfjchcs , ies- pcdeza, etc. Nous n'entrcprendrons pas I'analj'se de ces divers M(5inoires, quoique nous rcgrettions de ne ])ouvoir indlquer les innova- tions proposees par M. de Candolie : ce travail depisserait les . bornes qui nous sont prescrites. Mais nous engageons nos lec- teurs a consulter I'ouvrage menie, telleuient riche de fails et de raisonneniens , qu'il doit, nous n'en doutons pas, beaucoup contribuer a I'avanceaient de la science. G. 58. — * Traite de lapomme de ten-e , sa culture, ses divers emplois dans les preparations alimentaires, les arts econo- niiqucs, la fabrication du sirop, de I'eau de vie, de la po- tasse, etc; dedie a M. Ternaux, ])ar MM. Payen et Chevai.- LiER. Paris, 1826; Thomine, rue de la Karpe, n. 78. 1 vol. in-8" de 160 pages, avec Irois planches gravees en taille douce; prix , 3 fr. La poinme de terre est d'une si grande utilite pour la nour- rilure des homines et des bestiaux, et pour ses usages econo- miques dans les arts, quelle a fait le sujet d'un grand nombre d'ecrits destines a enseigner I'art de la cultiver et de Teraploycr a nos besoins. M. Francois de Neufchateau a uieme propose de nomraer ce prdcieux tubercule, \3i parmentiere , par recon- naissance pour les services rendus a Tagriculture par le savant modeste qui en a si puissarament repandu I'usage, et ce nom a etc adopte par beaucoup d'auteurs; mais aucun de ces Iralles n'avait envisage le sujet sous les nombreux rapports qui ren- dent la pomme de terre d'un si utile secours dans une foule de circonstances. II fallait, conirae MM. Payen et Chevallier, etre a la fois bons agriculteurs, habiles chimistes , verses dans la pratique des arts et de saianufaclures, pour pouvoir embrasser des questions si diverses , et les trailer franchement et a fond. Apres avoir indique les procedes de culture, de recolte et de conservation, raoutre I'usage des fanes comme fourrage ou pour en lirer la potasse, les auteuis passent en revue les di- verses preparations alimentaires, telles que pates, fecules, gruau, polenta, etc., el en indicjuent la fabrication , ainsique celie du verniicelle et du riz. Vient ensulte I'einploi du tubercule, comme aliment des chevaux et des bestiaux, et dans quelques arts, tels que la maconnerie, la peinture, le blanchiinent, I'en- collage, le cirage des chaussures, etc. Mais le sujet qui raainte- nant offre le plus d'inleret est la theorie de la saccharification de la fecule, et de la fermentation du moiit de pommes de SCIENCES PHYSIQUES. 16 1 terre, pour en extraire I'eau de vie et I'llcohol. On s'attcnd a Ironver celte partie de I'ouvrage exposee avec clarte par deux hommes aussi exerces aux precedes de la chimie, et qui ont en oulre Thabitude des grandes entreprises manufacturicres. Cet ouvrage ajoutera a leur celebrite et a la reconnaissance qui est due a leurs utiles travaux : le noin de M. Ternaux, qui en accepte la dedicace , est une recommandation de plus pour les auleurs; le public connait le zele qu'anime ce digne philan- trope pour tout ce qui se rapporte au bien general, et ses efforts pour propager Temploi de la pomme de terre corame aliment. Francoeur. 5g. — Manuel complet de la maitresse de maison , et dela parfaite meHagere , ou Guide pratique pour la gestion d'une maison a la villa et a la campagne ; contenant les moyens d'y niaintenir le bon ordre et d'y etablir I'abondance , de soigner les enfans, de conserver les substances alimentaires, etc.; par jVjme Gacon-Dcfour. Paris, 1826. Roret. In-i8de 281 pages j prix, 2 fr. 5o c. On trouve, dans cet ouvrage, ce que le titre promet: des instructions siinples et claires sur tous les objets qui sont du ressort d'une maitresse de maison. "Vingt huit chapilres trai- tent successivement de I'cducation physique et morale des en- fans, de I'ordre qui doit regner dans le menage, des domes- tiques, des achats, des provisions de tout genre, du service de la table, etc. Les dernieres pages contiennent des recedes usuelles de toute espece. U. 60. — * Resume complet de medecine ou de pathologic interne, presentant la doctrine gener ale des maladies; precede d'une introduction historique, et termine par la Biographic des medecins les plus celebres, une Bibliographic et un vocabu- laire ; par Felix Vacqcie, D. M. Paris, 1826; au bureau de VEncyclopedie portative, rue du Jardinet St-Andre des arts, n° 8 ; et au bureau central de souscription , rue Taiibout, 11° 6. 1 vol. in-i8 de 275 pages; prix, 3fr., et 3 fr. 5o c. par la poste. Les editeurs de VEncyclopedie portati^'C n'ont point le pro- jet de publier des traites complets, mais seulement des resumes qui puissent donner aux personnes de toutes les classes des idees precises sur les sciences, et detruire ainsi une foule d'er- reurs accreditees mcrne chez les personnes dont I'education parait ne rien laisser a desirer. Le resume de pathologic in- terne, quoique peu etendu, atteint le but que les editeurs se sont propose. L'auteur, dans une introduction historique, fait connaitre succinctement I'histoire de la medecine, depuis I'antiquite jns- T. XXX- — Avril 1826. 1 1 1 6a LIVRES FRANC AIS. qu'a nos jours. II cxplique, dans Ics notions preliminalres , la signiGcation ciu langat^fe medical , et partagc les maladies en Irois divisions gesicrales : i° stheniqites , ou par irrilation; 2° astheniques , ou par faiblesse; 3° enfin, celles qu'il propose de nonimer organiques , comme les maladies lieredilaires et auxquelles il rattaclie assez gratuitemenl les maladies endeinl- ques, epidemiques et contagieiises. Cette classification , qui est a peu pres celle de Brown, parait n'avoir ele niodifiee par I'au- teur que par esprit de conciliation. Aussi, nous no nous y ar- reterons pas. Apres ces especes de prolegomenes , M. Vacquie, entrant en inatiere, passe successivemeiit en revue toutes les maladies dont il ne peut naturellement donner que des idces tres-gene- raies. Cependant, cet ouvrage , termine par une biographic des medecins anciens et modernes, par une bibllographie, ou catalogue raisonne des meilleurs ouvragesecrits sur la medecine, et par un vocabulaire pathologique, suffit pour donner aux gens du monde les connaissances necessaires pour ne pas etre tout-a-fait etrangers aux couversations medicales. 6i. — * De la theorie medicale elite pathologique, ou Ju- gement de I'ouvrage de M. Prus, intitule : De I'irrilation et de la phlegraasie; par F. J. /^. Broussais, Paris, 1S26; M"« De- launay, libraire, rue Saint-Jacques, n. 71. i vol. in- 8° de 174 pages; prix , 3 fr. Le fondateur de la medecine pbysiologlque a sape les bases de Tanclennc medecine avec tant de violence , qu'il a du natu- rellement rencontrer de nombreux obstacles. Plusleurs ou- vrages assez remarquables out ete publies i)onr le combattre; et, parmi les adversaires qui voulaient modifier sa doctrine, on compte plusleurs de ses eleves. Maintenant, ce n'est plus une modification dont il s'agtt, c'est un renversement coraplet, et c'est M. Prus qui I'entrcprend dans un ouvrage, couronne par la soclete de medecine du departement du Gard. M. Brous- sais a analyse le travail de M. Prus dans plusietirs articles qui ont ete successivement inseres dans les Annales de la me- decine physiologiqiie. Ce sont ces articles reunis qui forment la brochure que nous annoncons et que nous recommandons a nos lecteurs , parce qu'elle nous semble plelne d'interet et que I'analyse n'en donnerait qu'une idee tres-iraparfalte. 62 — * Precis de I'art des accouchemens , a I'usage des etudians en medecine et des eleves sages-femmes; par M. Che- VREUL, D. M., directeur de I'ecole secondalre de medecine d'Angers. Paris, 1826. Crevot, rue de I'Ecole de medecine, n" 3. I vol. ir.-i2 de 3oo pages; prix, 3 fr. 5o c. , et 4 fr- ^5 c. par la poste. SCIENCES PHYSIQUES. i63 L'ouvrage de M. Chevreul est divise en cinq parties. Dans la i^^, il fait connattre I'etat naturel des organes de la femme qui concoiirent a Ja generation et a I'expulsion du foetus, Ics vices de conformation qu'ils offrent quelqnefois, les clian- gemens qui s'operent d.ins ces parties pendant la grossesse, et les moyens de les reconnailre par le toucher. Dans la 2" partie, il decritles signes de I'accouchement naturel; indique les diffe- rentes positions que presente I'enfant, et les precautions a prendre, pendant et apres raccouchement; la 3'' partie est consacree aux accouchemens laborieux; la .1", aux accouche- mens contre nature, et la 5® traite de ravortement, des fausses grossesses, des monstruosites du foetus, etc. Le Precis de I'art des accouchemens est ecrit avec methode et clarte; et, quoiqu'il ne renferme point d'idees nouvelles, il sera cependant fort utile aux personnes pour lesquelles il a ete ecrit. 63. — * Recherches experimentales sur les causes du inouve- ment du sang dans les veines : Meraoire lu a I'Academie des sciences, le 8 juin 1826, jjar ZJrttvV/ Barry, D. M., membra du college royal des medecins de Londres, elc. Avec le rap- port de M. le baron Cuvier et de M. le professeur Dumeril, commissaires de I'lnstitut de France. Paris, i8i5; I'Auteur, rue de la Paix, n° 12 bis ; Crevot. In-8° de 74 pages; prix, 1 fr. 5o c. Depuis la decouverte de la circulation du sang, faile par Harvey, au commencement du iS""*^ siecle, les physiologistes ont etudie avec le plus grand soin cette importante fonction. lis pensent en general que la progression du sang dans les veines est due principalement a Taction impulsive du coeur et des arteres qui se continuerait par la pression qu'elle est cen- see exercer sur les radicules des veines. Bichat croyait que la puissance absorbante du systeme capillaire veineux sulfisait pour faire commencer cette progression qnicontinuait ensulte par Taction des parois des veines elles-memes. Cependant, il a dit, dans son Anatomie genei-ale , que cette question offrait encore nne obscurite qui ne pourraltse dissiper (lue par b^au- coup de recherches. M. le docteur Barrv croit avoir trouve le vrai mecanisme de la circulation, et le meraoire que nous an- noncons contient le detail des experiences ingenieuses sur les- quelles il appuie son opinion. L'auteur, en etudiant lepheno- niene de la circulation veinense, a reconnu que, par Tacte de rinspiration , il se fait un vide dans la cavite de la poilrine, laquelle tend a se dilater, et que tout le liquide en communi- cation avec Tinterieur du thorax devail y etre attire comme 1 64 LITRES FRANC. MS. force par la pression atmospherinue. Nous rapportcrons sen- lenicnt une expt'rience qui nousparail asscz concluante. Ayant ajusto sur )a jugulalre d'un clieval vivant le bout d'un lube de verre en spirale , garni d'un robinet, et ayant place I'autre extremite libra de ce tube dans une liqueur coloree en bleu, il a reconnu, aprcs avoir ouvert le robinet, (jue, toutes les fois que I'animal faisait une inspiration , le liquide etail vive- inentabsorbe et que, dansl'expiration , aucontrairc, il restait slationnaire, s'il ne reiluait pas. Apres plusieurs autres expe- riences que nous engageons a lire dans le memoire de M. Bar- ry, il parait tellement convaincu de raction de I'atmosphere sur I'absorptioa veineuse , qu'il regarde comme un moyen assure d'emp^cher I'absorption d'une inatiere veneneuse I'ap- plication d'une ventouse sur une plaie recemment empoison- nee. II a meme lua I'Academie royale de medecine un memoire sur ce sujet, et ses experiences ont etc repetees avec succes par la commission nommeeacel effet. D. 64. — Observnlion clinique , precedee et suivie de quel- ques reflexions sur la veritable situation de la medecine , ou nouvel examen des doctrines medicales, par Francois Galle, medecin de I'etat civil et du bureau de charite du onzieme arrondissement. Paris, 1826. Chez I'auteur, rue de Savoie , n° 3. In-8°; prix, i fr. Une observation clinique extremement curieuse, contenue dans cet ecrit , s'y trouve liee a une suite de raisonnemens qui font avec elle un corps de dissertation dans lequel I'auteur s'e- leve avec force contre ce qu'il appelle le but nmbitieux el chime- rique des experiences pliysiologiques tjui sont actuellement le plus en vogue. Plus loin, il parle des oiiverfures de cadavres dentil discutel'utilite qu'on a, dit-il, beauconp esagereej « ce qui ne rempeche pas de reconnaitre que ces ouverlures peu- vent, cependant,etre Ires-profitables, et que, dans la medecine legale, il est absolument impossible de s'en passer. » Vient ensuite un examen comparatif de la situation passee et de la situation presente de la medecine. M. Galle ne parait pas plus satisfait de I'une que de I'autre. II pense (|u'aucune des revo- lutions medicales qui ont amene successivement tant de doc- trines differentes n'a ete que le passage d'une erreur a une autre, d'un exces a I'exces oppose, qu'on s'est toujours en- gage dans de fausses routes et qu'aujourd'hul, la marche de la medecine est aussi incertaine qu'clle I'ait jamais ete. II insiste , dans la conclusion, sur la necessite de fixer enfin la marche d'un art qu'il est si important de pouvoir definitivement, et a bon droit , appeler salutaire. Le moyen qu'il propose, comme SCIENCES PHYSIQUES. i65 le seulpropre iremplir cetobjet, est une phllosophie medlcale qu'il indique, et a laquelle il donnera, lorsqu'il en sera terns, les developpemens dont elle a besoin, pour devenir I'utile siijet d'un cours qui serait le complement des coursusites dans I'enseignement ordinaire de la medecine. — Cet ouvrage inle- resse essentiellement les medecins, et les gens du mondc qui le liront avec altenlion, y trouveront de quoi satisfaire leur curiosite. X. 65. — Expose succinct des mojens mecaniques oscilla- toires, imagines et employes pour remedier aux deviations de la colonne vertebrale et aux autres vices de conformation, par M. Jalade-Lafond, docleur en cliirurgie; suivi d'un rapport fait a Tacademie de medecine, par MM. Breschet , HussoN , Maingault, Marc , Peligot, Ribes et Thillaye, membres d'une commission formee dans cetle academic, pour lui faire connaitre les avantages que la mcdecine-pratique doit retirer des mecaniques oscillatoires orthopediques de M. Jalade- Lafond. Paris, iSaS.L'auieur, rue de Richelieu, n. 46; Boiste fils; Delaunay. In-8° de 35 pages. Nous ne pouvons faire connaitre a nos lecteurs les moyens mecaniques employes par M. Jalade-Lafond pour remedier aux courbures de la colonne vertebrale et a d'autres diffor- mites. Celte description serait faslidieuse et longue; nous nous contenterons de citer un passage du rapport de la commission qui a ete chargee d'examiner non-seulement les lits de M. Ja- lade-Lafond, mais ceux de M. Maisonabe. « Parmi les ma- chines qui ont ete inventees pour le redressement de la co- lonne vertebrale, on remarque particulierement celles de M. Jalade-Lafond et de M. Maisonabe; et, quoiqu'elles diffe- rent essentiellement dans le mecanisme , elles arrivent cepen- dant au meme but. Ces machines employees par des mains habiles ne peuvent faire redouler aucun accident. Aussi, vos commissaires vous proposent-ils d'accorder des eloges aux inventions de MM. Jalade-Lafond et Maisonabe, et de les in- vitcr a vous communiquer les resultats qu'ils obliendront ulterieurement.j> 66. — Memoire sur la topographic medicale de tHotel-Dieu de Caen, lu a I'Academie le 9 decembre 1825, par BI. Trouve, raedecin en chef de la maison des alienes du Bon-Sauvcur de Caen , etc. Caen , 1 826 ; T. Chalopin , imprimeur de I'Academie. Brochure in- 8" de kl pages. Le choix de remplacement des villes, des hopitaux, des prisons, et en general de tous les elablissemens destines a re- cevoir unc grande reunion d'individus a clc regarde par les 1 66 LIVRES FRANC AIS. medecins de tous les terns comme une chose fort importanlr. Aussi, les societes savantcs ont toujours accueilli avec em- pressement les topographies faites avec soin. Le memoire de M. Trouve est aussi complet qu'il pent I'etre. L'aufeur, apres avoir jete un coup d'ocil sur la sanic ct la constitution gene- rales des habitans, nous apprcnd que I'Hotel-Dieu de Caen, etabli par I'Abbaye de la Trinite, fut fondc en 1066, par Malhilde de Flandre, femine de Guillamne II, due de Nor- mandie. Le local est tres-sain, isole de la ville , sans en etre eloignc. Le sol sur lequel les batimens sont construils, repose sur un banc calcaire tres-^pais , reconvert par une couche de lerre rouge argileuse et par une couche epaisse de terre vege- tale. Les murs de cet edifice ne sont jamais salpetres, ce qui est fort rare dans les autres constructions du pays. Les sallcs sont si)acieuses et chauffees par des caloriferes. Chacune d'elles est isolee, et Ton pent facilement empecher la communication entre les malades qui doivcnt etre separes. A chaque salle principale, sont annexees de petites salles d'isolement poui- recevoir les individus atteinis de maladies contagieuses , ou ceux qui, ayant subi de grandes operations, ont besoin d'un calrae parfait. On recoit dans des chambres particulieres, et pour une modique retribution, les malades qui ne sont pas depourvus de ressources. Les lits sont blen fails, les latrines sont inodores : en un mot il y a peu d'etablissemens ou I'ou ait reuni plus de raoyens d'cpargner aux malades des souf- frances inutiles, et de les rendre a la sante. La mortalite, qui dans cet hopilal n'est que de i sur 19, prouve que les mede- cins, comrae I'administration, rempllssent leurs devoirs avec zele et avec succes. 67. — Noiwelle nomenclature pharmaceutique , avec ta- bleaux , synonymic ancienne et nouvelle, et vocabulaire abrege pour I'intelligence de la melhode, suivis du rapport fait a I'Aca- demie royale de medecine; par A. Chereau , pharmacien. Paris, 1825. Crevot. i vol. in-8° de 116 pages; pris, 2 fr. 5o c. et 3 fr. 26 c. par la poste. L'auteur de ce memoire cherche a demontrer la necessite d'une reforme dans la nomenclature pharmaceutique ; mais jl ne se fait pas illusion sur la difficulte de la reussite. II pro- pose de diviser les medicamens en deux classes : les chronizoi- ques et les achronizoiqaes. Les premiers sont les medicamens que I'on nomnie officiiiaux, el les autres sont ceux qui portent le nom de niagistraux. Ceite nomenclature, que nous engageons a lire dans le ta- bleau joint au memoire , est sans doule supcrleurea I'ancienne; SCIENCES PHYSIQUES. 167 inais elle nous parait encore susceplible de modifications, et nous pensons qu'elle ne sera pas de long-tems encore gene- ralement adoptee. U- 68. — Experiences publiques sur le magnetisme animal , faites i I'Hotel - Dieu de Paris , par /. Dupotet. Troisierne edition. Paris , 1826 ; Becliet, place de I'Ecole - de-Medecine. In-8° de 170 pages; piis, 3 fr. Nous avons annonce, ( t. xxix , p. 5q2-5o3 — -fevrier i8a6 ) la seconde edition de celte brochure. La troisierne , qui a paru en mars, est augmentee de nouveaux details sur la personne qui avait ete I'objet de ces experiences; et d'un precis des nouvelles observations sur le magnetisme faites dans plusieurs hopitaux de Paris; et suivie des dernieres deliberations de I'Academie de medecinesiir la question du magnetisme. U. 69. — * Elemens de calcul dijferentiel el decalcul integral ; par G.-L. Boucharlat, membre de plusieurs Societes savantes et litleraires. Troisierne edition, revue et augmentee. Paris, 1826. Bachelier, quai des Augustins, n" 55. In-8° de 4io pages, avec 4 planches; prix , 6 fr. Les additions que M. Boucharlat a faites aux deux pre- mieres editions de cet ouvrage consistent principalement en notes que les etudians n'ont pas besoin de consulter pour ache- ver une premiere etude , et acquerir une connaissance des cal- culs differcntiel et integral sufiisante pour les applications les plus usuelles. C'est pour une seconde lecture et une etude plus approfondie que ces notes doivent etre reservees. Dans la se- conde, I'auleur s'attache a prouver que les principes de la differenciation reposent sur la formule du binorae : il pense que celte consideration donne le dernier degre de rigueur a ces principes. Mais, en fait de sciences exactes, et dans toutes les sciences, en fait de principes, ce qui n'est pas absolument rigoureux n'est pas vrai , n'est pas un principe. Les aspects diveis sous lesquels on presente la theorie de la differenciation sont cgalement, etaussi rigoureusement deduits des verites fondamentales des mathematiques, des notions de grandeur, de conlinuite, de mesure. La science ne gagne rien a cette muliiplicitc de demonstrations : ce sont>. les melhodes de calcul et leurs applications, qui I'enrichissent , qui agran- dissent son domaine. Au reste, ces observations peuvent etre faites sur presque tous les traitcs modernes da calcul iuCnite- simal : ce que Ton doit rechcrcher avant tout, et ce qui place un traite elemenlaiie au nombre des bons ouvrages, c'est rbrdre qui rend I'etude facile, et qui est une partle du raisonneraent analytique; et dans des elemens de calcul infini- i68 LITRES FRANC AIS. tesireial, ce sonl lesmetliodes generales exposees avec clarte et precision. Le livre de M. Boucharlat iiieritc, a cet 6gard , les succes qu'il a obtenus. Si Ton pensait que I'auteur doit etre nioins bon gdomctre, parce qu'il cultive la poesie, on oublie- rait que d'Alembert et Condorcet firent de bons vers : que Descartes voulut aussi versifier, quoiqu'il n'y reussit pas tres- bien. Refuser aux poetes i'aptitude pour les sciences exactes et les etudes abstraites , c'est leur refuser la justesse d'esprit, la force de raison qui generalise les notions et saisit des rapports nouveaux; c'est les reduire a I'une des facultes de I'intelli- gence liumaine; ils n'acceptcront certainement pas un partage aussi desavantngeux. F. 70. — * Description des machines et procedes specifics dans les brevets d' invention, de perfectionnement et d' importation , dont la duree est expiree , publiee d'apres les ordres de S. Exc. le minisire de I'interieur, par M. Christian, directeur du Conservatoire royal des arts et metiers. T. X. Paris, i8a6. M"" Huzard. In-4° de 896 pages, avec 29 planches au trait ; prix, 25 fr. et 29 fr. par la poste. Ce volume, qui contient i35 brevets , depuis le W 826, jus- ques et inclus le N° 959 , est remarquable par plusieurs brevets dontlesujet est important. LeN° 832 fait connaitre en detail la charrue de M. Guillaurae, qui n'avait pas encore ete exacte- ment decrite. N° 833, tour ovale applicable au moUetage et au guillochage de toute espece de pate ou lerre a porcelaine et a poterie; N° 834, fabrication des percales ajoureta noeuds ; N 836, divers moyens de construire les horloges et les ma- chines mues par des poids ou des ressorls , en en diminuant le volume et les frottemens ; N° 848 , machine propre a fabri- quer entieremeut les rubans des cardes , au moyen d'un seul ouvrler applique a une manivefle, faisant tourner un arbre a cames qui produit tous les mouvemens ; N° 85i , fabrication de tous les ouvrages de tuilerie et de briqueterie ; N" 853 , ma- chine propre a imprimer sur une toile etaulres etoffes trois couleurs diff^rentes, et m^me un plus grand nombre , par une seule operation, et avec des caracteres mobiles; N°863, in- crustation dans le cristal , des camees et des bas-reliefs de grande dimension; W 881, nouveau procede de mazage et d'affinage du fer, destine aux petites forges ; N° S82, machi- nes propres a peigner la laine, le lin, la soie, etc. ; N" 884 , procede de fabrication du fer, par le seul seconrs du calorique, sans le contact du chnrbon debois; N" 887, nouveau systeme de machines ^ carder, fder et retordre la laine, le colon, et aulres maticres filamcnteuses; N° 888, machine a fabrlquer le SCIENCES PHYSIQUES. 169 papier, qui epargne la main-d'oeuvre du plongeur , du cou- cbeur, A\i leveiir eX. du vZ/CKr ; N" 917 , presse typograpliique de M. Durand. Nous cilerons encore divers brevets pour des appareilsde distillation , et plusieurs autres pour de nouveaax fusils a percussion. C'est le seul volume qui, jusqu'ici, ait presente une serie anssi considerable de brevets un peu importans. On voit que , plusl'industrie se perfectionne, et plus les inventeurs mellent de soin a n'arreter leurs idees que sur des objets qui , en ten- dant veritablement a la perfeclibilile, nieiitent de faire epoque dans le siecle 011 ils ont ete imagines. Mais, a travers tous ces avantages, on nc peut se dcfendre d'un sentiment penible, quand on parcourt cet ouvrage. On y trouve a lout instant des brevets dont on n'a donne que le litre, sans aucune description. Cependant, la loi est formelle, el personne n'a le droit de s'y soustraire, taut qu'elle n'est pas abrogee par une loi nouvelle. Voici comment elle s'ex- prime : « Art. i5. A I'expiration de chaque patente, la deconverte ou invention devant appartenir a la societe , la description en sera rendue publique, et I'lisage en deviendra permis dans loutle royaume, alin que tout citoyen puisse libremeiil I'cxer- cer et en jouir, a moins qu'une loi n'ait proroge I'esercice de la patente. ( Loi du 7 Janvier 1791 ). » Peut-on se faire illusion jusqti'au point de dire qu'on a pu- blic des brevets dont on n'a donne que le litre? Peut - on se permettre de supprimer la description d'un brevet en se con- tentant d'annoncer, comme on I'a fait pour le IV*^ 867, que I'auteiir a publie un ouvrage, qui est aujourd'liui en deux forts volumes , et qui en comprend la description ? ou bien , comme on I'a fait pour le N° 864, sous pretexle que, dans le tome II de \ Architecture hjdraulique de Belldor, on trouve une ma- chine qu'on dit semblahle ? ou bien , comme on I'a fait pour le N" 927 , sous pretexle qu'on trouve un precede analogue dans le Journal des mines N° 3 , page 46 , (nivose an 3). Mais, ce qu'il y a de plus singulier encore, c'est que les douze derniers brevets supprimes, sont ccux qui ont ele de- clares dechus par I'ordonnance royale du i!\ novembre 1824 ; comme si cette ordonnance avait annulc la loi qui veut que tous les brevets soient publics sans aucune exception. — 'Art. 16, de la loi du 7 Janvier 1791. II faudrait done conclure , de I'ordre adopte par M. le di- recteur du Conservatoire, pour )a publication des brevets, qu'apres avoir paye fort cher un ouvrage qui devrait contcnir 170 LIVRES FRANCAIS. tout ce que la loi a prescrit,on sera oblige, pour n'avoir en- core que des h pen pres, de se j)rocurer des ouvrages fort chers, et d'autres qu'on aura de la peine a trouver, afin de completer ce qu'il elait si facile de rcunir dans ces memes yo- lumes, dont le nonibre n'est pas determine. On a beau dire que ces brevets sont deposes au Conserva- toire et qu'ou peut les aller consulter, meme les copier, si Ton veut. Est-ce que M. le directeur croit qtie toute la France est dans Paris? II n'y en a cependant que la quarantieme partie. II faudra doncque les niecaniciens ou les autres artistes des de- parteniens se deplacent et fassent de nouvelles depenses pour ■venir a Paris conipulser au Conservatoire les brevets qu'il n'a pas plu a M. le directeur de donner : car nous ne pouvons ac- cuser que lui seul de cette lacune, puisque afin qu'on ne s'y meprit pas , par I'avertissement qu'il a mis en tete du second volume de cette collection, volume qui est le premier qu'il a public depuis son entree au Conservatoire , il a prevenu ses lecteurs r « qu'il ne fait qu'indiquer les litres des brevets dont I'objet est une conception chimerique, que I'experience a ju- gee , ou une chose que tout le monde connait , ou que personne aujourd'liui n'aurait envie de connaitre.» On voit ici que M. le directeur, non-seulement met sa volonte a la place de la loi, mais meme sa volonte a la place de la volonte de tout le monde. C'est ainsi qu'il sent I'induslrie! II est done impossible de le convaincre que I'industrie a besoin de tout connaitre, et qu'on ne peut jamais mettre sous lesyeux des artistes un assez grand nombre de materiaux. Conibien de fois serons-nous done obli- ges de lui repeter que la plus raauvaise machine renferme tou- jours des elemens qui peuvent etre applicables dans un grand nombre de circonstances, et que le genie des artistes salt le plus souveut perfectionner des objels qu'il voit sous ses yeux, auxquels il n'aurait pas songe, si ses devanciers , par des travaux infrtictueux, nelui en eussent fournil'idce. L'industrie ne peut jamais recevoir un trop grand nombre d'alimens. L. Seb. Le 'Nov.MA.jiD ,prqfesseurde tecknologie. 71. — * Manuel du chamoiseur, du mnroquinier , du ine- gissier et du parcheminier; par M. Dessables. Paris, 1826. Roret. I vol. in-i8 de 282 pages, avec 3 planches; prix, 3 fr. L'auleur de ce manuel rend compte, dans sa preface, des nioyens qu'il a pris pour que son ouvrage fut complet, metho- dique, au conrant de tout ce qu'ont acquis jusqu'a present les arts dont il s'agissait de decrire les procedes. 11 a consulte les principaux fabricans de la capitale , afin de bien connaitre leurs procedes, il en a recu des documens, et les a consul tes de nou- SCIENCES PHYSIQUES. 171 veau sur I'eniploi qu'il avail fait de leurs instructions. Ce n'est done pas unc simple compilation qu'ii offre au public; c'est dans les manufactures, et non dans les livres, qu'il est alle chercherses materiaux. Cependant , il a fait usage de ce que le recueil de rAcademie des sciences lui fournissait : il a profile du travail de Delalande sur les arts qu'il avail a decrire. Ainsi, rien n'a ele omis de ce qui pouvait donner pi js de prix a son travail. On regrettera cependant que les connaissances chimi- ques n'eclairent point les preceptes de ces arts. Cet ouvrage atleste quenos fabricansdepeauxn'ont pas pris la peine des'in- struire en chimie , science dont on ne connait pas encore assez , en France, toutes les applications. II ne fallait pas reproduire , dans ce manuel, la vieille chimie du terns ou Delalande decri- vait I'art du megissier, et que meme I'auteur aslronome ne savait qu'imparfaitement. On pouvailse dispenser de rappeler des ordonnances tombees en desuetude, ou forniellement abro- gees, etc. Ces observations sont lesseules(jue nous ferons sur cet ouvrage , oil nous nous plaisons a reconnaitre que la somme des choses utiles I'emporte beauconp sur celles qui pourraienl etre inieux exposees ou supprimees. Les planches sont faites avec soin , par un dessinateur intelligent: elles peuvent servir de modele pour les arls analogues a ceux que M. Dessables a de- crits. F. 72. — Manuel du cuisinier et de la cuisiniere y a I' usage de laville et de la campat^ne ; confenant toutes les recetles les plus simples pour faire bonne there avec econoraie , ainsi que les meilleurs procedes pour la patisserie el I'office ; precede d'un Traite sur la dissection des viandes ; suivi de la Maniere de conserver les substances alimentaires , et d'un Traite sur les vins ; par f. Cardelli. Quatrieme edition. Paris, 1826; Ro- ret. 1 vol. in-i8 de xvii-'337 pages; prix, 2 fr. 5o c. ( Voyez Rev. Enc, t. xxv, p. 1^6"^, I'annonce de la troisieme edition). 73. • — * Traite de la Typographic , par H. Fournier, im- primeur. Paris, 1826. Saulelet. 1 vol. in-8° dexiij et 323 pag. ; prix, 7 fr. L'imprimerie, qui, depuis quelques annces , reproduit avec une si grande activite tons les eci its que virent naiire les siecles precedens et qui met en Inmiere tant d'ecrils nouveaux, n'a- vait pas encore de nos jours fait servir ses presses a nous de- voiler les niysteres de son origine et a nous initler aux secrets de son mecanisuie. M. H. Fournier, jeune impriraeur, eleve des Didot, et qui s'esl deja raontre leur emule , vient de rem- l)lir cetle lacune. Son Traite de Typographie se divise en deux parties. Dans ia premiere, qui se fait remarquer par ua 172 LIVRES FRANCAIS. slyle d'une elegance soutenue, il a su peser avec la plus jusfc appreciation les diverscs reclamations des quinze ou seize cites qui prctendent a I'hcnneur d'avoir ete le berceau de I'impri- merie , comme autrefois sept villes de la Grece se proclamaient chacune de ieiir cote la patrie d'Homere. Dans la seconde, il expose avec clarte et ])r(5cision les operations successives que demandent la confection d'un livre, sa composition, sa cor- rection et son tirage. Le soin qu'il a pris de donner la des- cription de chatjue instrument et la definition de chaque mot technique met a la portee des gens du monde ce manuel que les ouvriers devront eux-memes consulter a chaque instant. V. J. 74- — * Bihliomappe ou I'wre- cartes ; lecons methodiques de geographic et de chronologic, rcdigees d'apres les plans de M. B. [J.-Ch.), par unesocietede gens de lettres etdesavansgeo- graphes. %^ et 3^ parties; 2® — 7^ cahiers. Paris, 1825-1826; Renard. Prix du cahier, 3 fr. et 3 fr. 5o c. par la poste. L'ou- vrage entier compose de 17 cahiers coutera 56 fr. INous avons expose, dansun premier article ( voy. Rev.Enc. , t. xxiii, p. 679), la marche que se proposaient de suivre les auteurs du Bibliomappe. Un long intervalle dans la publica- tion des livraisons successives, ne nous a point permis de ra- mener plus tot I'attention de nos lecteurs sur cet important ouvrage. Aujourd'liui, nous avons sous les yeux tout i'ensei- gnement dudeuxieme degre, et ic commencement du troisieme et dernier degre. La division politique de chaque partie du monde forme le second degre : les cartes deviennent plus compliquces, et pre- sentent deja ceux des accidens naturels qui sont conimuns a plusieurs pays, ou qui leur servent de limites. Le troisieme degre conduit a la connaissance des divisions adminislratives, ou des provinces : chaque etat, considere precedemment comme formant une section d'un grand ensemble de pays, parait a son tour comme un tout independant : sa carte indique sa division en provinces, en comtes , en departeniens, et signale enfin lesmers, les golfes , les montagnes, les fleuves qui sont particuliers a celte contree. Ainsi, le lecleur ou I'eleve n'arrive a I'etude des details, que lorsqu'il a bien concu les rapports qui existent dans I'ensemble : sa mcmoire n'est pas surchargee prematurement d'un grand nombre de noms, et le soin de les retenir ne detourne pas son attention , que reclament des objels plus importans. Les cartes, d'accord avec le texte , n'offrent, en premier lieu, que les grandes lignes et les grands accidens naturels; lorscpie releve I SCIENCES PHYSIQUES. 173 s'est familiarise avec leur position relative, alors seiilement elles se couvrent de nouvelles lignes, dent il lui devient facile de saisir les directions. Les cahiers du deuxieme degre sent publics : ils contiennent hiiit divisions , quoique Ton ne compte ordinairenient que cinq parties du monde. Ainsi, X Amerique est presentee sur deux cartes distlnctes; elVOceariie a trois cartes, I'une pour Je grand Archipel d'Asie, ( les ilesdela Sonde, les Philij)pines, les Molluques); la seconde , pour V Australasie , (les terres.de la Nouvelle-Hollande, de la Nouvelle-Guinee, de la Nouvelle- Zelande), et la troisieme pour la Polynesie. II a deja paru Irois cahiers du troisieme degre. lis compren- nent i" les lies briianniques ; 2° !a Suede et la Russie ; 3" le Danemarh ^ VAllemagne, XAutriche et la Prusse. I. 75. — * Atlas geograpkique , chronologique , statistique , historique et politique de V Amerique , continentale et insulaire, dresse par /. M. Dakmet. Paris, iSaS. L'auteur, rue du Battoir, n" 3. 25 feuilles ou cartes. Prix, 65 fr. pour les sous- cripteurs; 80 fr. pour les non souscripteurs. Chaque feuille se- parement , 3 fr. 5o c. a 4fr. 5o. c. Trois des cartes qui doivent faire partie de cet atlas ont paru; ce sont celles de la Colombie , AgV Amerique meridio- nale et du Bresil. M. Darmet, qui en est tout a la fois l'auteur, le graveur et I'editeur , se propose de publier successivement les 25 feuilles ou cartes dont sera composee cette collection qui doit etre redigee d'apres le plan des atlas de Le Sage et dc M. Carey de Philadelphie. L'ouvrage sera divise en trois atlas particuliers : 1° atlas de I'Amerique du nord en 11 cartes; 2° atlas de 1' Amerique du sud en 7 cartes; 3° atlas des iles de la mer des Antilles en 7 cartes. Chaque feuille de deux pieds deux pouces sur vingt pouces , en beau papier, se compose de deux parties: Tune purement geographique ou la carte est plaoee au milieu ; I'autre descrip- tive , ou texte explicatif, est imprimee avec soin, en deux co- lonnes sur chaque cote et au bas de la carte. Ce teste contient des notions sur la situation, les limites, I'etendue, I'aspect du pays, les raontagnes, fleuves, lacs, le climat, le sol , les pro- ductions; la division civile, la population , le gouvernement, les revenus publics, I'ctat militaire, la marine, la religion, I'instruction publique; les communications interieures, I'agri- culture, I'industrie, le commerce; il est termine par des esquis- ses historiques. L'edition , en espagnol , du meme ouvrage coutera 100 fr. 174 LIVRES FRANCAIS. et 80 fr. pour les souscriptcurs. Nous aurons occasion de I'exa- miner plus attentivement, lors des prochaines livraisons. L. S. M. 76. — * Voyage dans le Timnnni, le Kouranl avec nne carte et 8 planches ; prix, 9 fr. et 10 fr. 5o c. par la poste. Ce voyage sera lu avec intdret par le geographe et par le moraliste. 11 ne sera pas consulle sans fruit par I'homme d'etat. Bien que les conlrees que le major Laing a parcourues soient situees a peu de distance des cotes, aucun voyagcur europeen ne les avait encore visiices. Les notions qu'il a recueiliies sur le gouvernement, les mceurs et le degre de civilisation des ha- bitans de ces contrees, meritent sous plus d'un rapport I'at- tention des amis de I'humanite. Nous reviendrons sur ce voyage, en offrant a nos lecleurs les resultats de plusieurs en- treprises de meme nature, dont les relations ont ete recemment publiees. C. 77. — Lettres sur le Bengale, ecrites des bords du Gange, par M. F. Deville, capitaine de marine. Paris, 1826. Briere, rue St-Andre-des-Arcs , n° 68. i vol. in-12 de xxxvi et 878 pages, avec deux jolies gravures ; prix, 6 fr. Un livre utile et necessaire,a mon avis, serait celui qui nous donnerait la description et I'liistoire de ces belles regions de rOrient , ou la nature dcploie ses tresors , que le Gange arrose , et que le soleil vivifie. Quel sujet plus inleressant pour I'histo- rien philosophe que I'histolre de ces peuples qui les premiers ont cuitive les arts et les sciences, et qui sont plonges dans les tenebrcs de I'ignorance et de la superstition ; de cespeupies doux et simples par caractere, et que le fanatisme porte aux plus borribles exces de la cruautc. Contrasles bizarres, mais faciles a expliquer, si Ton considere que, chez eux, les prelres sont lesrois, que la religion n'est qu'un instrument de leur auto- rite , et que Ton doit trouver desparias, partout ou seront des brames ! M. Deville a envisage sa matiere sous un rapport tout diff<5- rent. II a fait des lettres, qu'il adresse a une dame. II n'a sans doute pas eu la pretention de faire un livre instructif , inais amusant. II estecrit en prose et en vers. Quant a ces deruiers, SCIENCEvS PHYSIQUES. 175 I'editeur, dans sa preface, demande grace pour eux , en disant que M. Deville en a deja relranche un grand nombre et qu'il en reste peu. Je pense qu'i! fcra bien de les supprimer tous dans uneseconde edition. Du reste, cet ouvrage contient des chapltres interessans sur les coutumes des Indiens , leurs bazars, leurs bayaderes, leurs jongleurs, etc... L'histoire du brame, qui teriiiine, est tres-attachante. Le style en general est correct et elegant, quoiqu'on puisse luL reproclier d'etre quelquefois sans coiileur. Les Considerations gencrales sur I'Indc , qui precedent ces lettres , sont dues a la plume deM. Edouctrd S^T^ykii. C'est un morceau sagement concu, profondement pense , ecrit avec eloquence. Un bon ouvrage sur I'lnde, telque je le concois, est encore a faire. Nous pouvons appeler celui de I'abbe Raynal,/?/^i7o- sophique ; maison est d'accord aujourd'hui qu'on ne pent lui donner le litre d'histoire, et que de son cabinet il \oyait ces lieux eloigncs a travers le prisir.e de I'imagination ; aprescela, qn'avons-nous, si ce n'est quelc|ues recits de voyages dont le livre de M. Deville vient augmenter la liste? esperons qu'il suf- fira d'avoir indique cette lacune dans notre litterature, pour donner a quelqu'un des historiens dislingues de notre epoque I'idee de la remplir; mais il faut du courage pour entrepren- dre une tache aussi difficile et un genie superieur pour s'en acquitter avec succes. Louis Crivelli, 78. — Notes d'un voyage fait dans le Levant, en 1816 et 1817. Paris, Firmin Didot. i vol. in-S" ; (ne se vend pas.) Ce voyageur dcdie son ouvrage au docteur Coray, qui nous presenle ici le modele des sages de I'ancienne Grece, tandis qu'un grand nombre de ses compatriotes iinitent i'heroiqiie devoueraent des soldats de Leonidas. Cet hommage est inspire par la reconnaissance : ce fut M. Coray qui rait notre voya- geur en possesion des tresors de la litterature grecque , qui lui apprit tout ce qu'il faut savoir pour visiter avec fruit I'an- cienne patrie des lettres, des sciences , des arts et de la liberie, pour interroger ses monumens et coinprendre leurs reponses. La narration de I'auteur est rapide : on desire quelquefois, en le lisant, un pen plus de details, et plus de diversite. On demande aujourd'hui que I'antiquaire sache observer la na- ture moderne , qu'il decrive avec exactitude ce qui merite d'etre connu; qu'au lieu de s'en tenir exclusivement a ce qui fut, il dlrige de tems en tems ses regards et les notres vers ce qui est aujourd'hui. Ainsi , par exeiople, lorsqu'il se trouve dans les parages de Cerigo , on lui sait gre d'avoir fait contraster I'etat present de celte ile avec I'image seduisante de I'antique Cy- 176 LIVRES FRANCAIS. there. Asscz frcqucmmcnt, ses notes presentent iin ensembte d'objets dont tous les genres de curiosite peuvent etre satis- fails, et c'est alors que Ton suit ses narrations avoc I'interet le plus soutenu. Apres toutes les descriptions de Constantinople qui remplissent nos bibliolheques , on fera bien de lire encore celle de notrevoyageur : mais c'est I'Asie mineure sur laquelle il donne le plus d'instruction. On regrette qu'il ait tarde aussi long-tems a publier cet ouvrage : mais ce retard ne cliangera rien aux dispositions bienveillantes du public; I'ouvrage est juge, et recevra partout le bon accueil qu'il merile. R. 79. — Le Havre ancien et moderne, et ses environs , etc. Le Havre, 1826; Chapelle. Paris, Pillet. a vol. in - i2,avec una carte etplusieurs dessins; prix , 8 fr. L'auteur de cet ouvrage, M. Morlent, a deja public, en 1819, un Precis historique , stalistique et mincralogiqiie sur Guerande, le Croisic et leurs environs. Son travail sur le Havre comprend aussi I'histoire et la statistique de cette ville, ainsi que des notices sur la min«5ralogie de son territoire ; il y a joint des Esquisses morales et des descriptions pittoresques. Le voyageur y trouvera I'indication de ce qui est digne de ses observations; I'erudit, un precis d'un grand nombre d'ou- vrages qu'il aurait eu a consulter pour arriver a la connais- sance d'un seal fait : I'historien et I'homme de lettres en tire- ront aussi d'uliles maleriaux. On sait que les historiens des petites villes sontdans I'usage d'ecrire desin-folio sur un point inapercu dans I'histoire generale du pays auquel ces villes appartiennent : en observant cette proportion, siiivant I'ini- portance des villes, I'histoire du Havre formerait une collection si volumineuse qu'il serait imjjossible d'en achever la lecture. Graces a M. Morlent, deux petits volumes nous apprendront, apeudefrais, eten peu detems, tout ce qu'il estnecessaire de savoir sur cette importante cite, son commerce, ses construc- tions, ses environs, ses habitans , ses ecrivains, etc. C'est ainsi qu'il convient de lediger I'histoire , lorsqu'elle n'embrasse qu'un espace limite et un petit nombre d'objets. F. Sciences religieuses , morales , politiques et historiques. 80. — * Comptes rendus des constitutions des Jesuites , par Louis-Rene de Cakadeuc de La Chalotais, procureur-gene- ral au Parlenient de Bretagne; avec des notes, etc. Paris, 1826; Langlois fils. i vol. in-8° de xii el 4^6 pages d'impres- sion; prix , 6 fr, et 7 fr. 5oc. par la posle. L'existence de la compagniede Jesus; sa formation en i54o, sous le pontifical de Paul III, son accroisseraent successif, sa SCIENCES MORALES. 177 decadence, sa cliute complete, a la fin du dernier siecle, et eiifin sa reorganisation due a Pie YII , en i8i/|, sonl I'un des phenomenes les plus iinportans de I'hisloire nioderne. Cettc celebre socicte, en effet, perdit bientot de \ue le but, appa- rent du inoins, qu'elle declarait s'eire propose, lorsde son ins- tiiution. Son f'ondateur, Ignace de Loyola, eiait un inilitaire espagnol, rempli desidees de chevaleriealorsregnantes dans sa nation. II fut frajjpe de I'ignorance des peiipics et des progres croissans de la roforme. Aussitot, il se dcvoua a Jesus-Chiist €t a la Vierge, en qualite de leur chevalier ; et apres avoir pra- tique des auslerites et des mortifications effrayantes, il fonda unesociete qui embrassa bientot toull'univers dans son zele de proselylisme et de conversions. Le Saint Siege ne tarda pas a s'apercevoir de tout le parti qu'il pouvait tirer de cette milice active et audacieuse. Le pouvoir des papes etait sape par les doctrines de Luther et de Calvin; la moitie du rnonde chrelien avait secoue le joug de la cour de Rome; il failait, pour oppo- ser un frein aux nouvelles opinions, on plulot au retdiur qui se faisait vers les doctrines et la discipline de I'cglise primitive, une association vigoureuse qui sacrifiat les interets huniains au Iriomjdie de la cause cntholique. Les jesuites servirent d'a- bord niervcilleusemeiit. le parti auqnel ils s'etaienl attaches; niais I'anibition s'empara bientot de la societe: elle voulut tout dominer, ct d 'aux iliaire qu'elle elaitd'abord pourle I rone ponti- fical , elie ne tarda pas a le subjuguer lui-meme. Des lors la lutte commenca entre les jesuites et les autres grands corps religieux et politiques. En France , I'Universite, la Sorbonne et les Par- lemens voulurent opposer une digue puissante a i'envahisse- ment des doctrines ultiamontaincs. Apres une multitude de Ticissitudes diverses, les constitutions des jesuites ayant com- mence a etre soupconnees, on desira les connaitre. La guerre fut ouvertement declaree entre cette sociele et les Parlemens. M. de La Chalotais, alors piocureur-genetal au parlement de Bretagiie, apporta dans cette affaire la male franchise cjui ca • racterisait les habilans de sa province. Le voile fut dechirc, ct le monde put se convaincre du macliiavelisrae de la constitution anti-sociale des jesuites. Ces religieux, en effet, ne reconnais- sent pour sou verain que lePapeet ])Our moteur que leur general qui doit toujours habiter Rome. L'existence d'une scmblable association tsl de nature a conipromettre la suretc de I'Etat; et malheur au pays qui se livre a I'arabition de la compagnie de Jesus ! Rien ne peut resister a ses efforts ; elle regne par les confesseurs qu'elle impose aux rois; elle administre, en affiliant a son institut les laics dans les mains desquels sont T. XXX. — Jcnl 1816. 12 178 LIVRES FRANC AIS. deposees les reues du gouvernemenl ; eiifin, elle dispose ties generations futures, en s'emparaut exclusivejnent de i'educa- tion publique. Et qu'on ne croie point (jue c'esl a I'Europe seule qu'ils bornent leur ambition. Sous ie pretexte de con- verlir les saiivages , lis traversent les mers et vont porter leurs pernicieusei doctrines dans les forcts de I'Anicrique, dans I'an- lique Abie el sur le sol brulant de I'Afrique. Commerce, scien- ces, Industrie, lout devient moyen et instrument pour eette trop fameuse societe : le pouvoir illimite du pape, le triomplie absolu du catholicisnie ultramontain, tel est I'unique but de tant de ti'avaux et de perils. La socieie des jesuites est-elle ap- ]>elee a reprendre aujourd'hui I'iiifluence c|u'el!e exerca autre- fois? Malgre des efforts iuouis , nialgre une apparence de reussile et de pulssantes protections, nous n'hesitons j)as a croire que jamais cet institut celebre ne parviendra a recon- querir son ancienne s[>lendeur. Les nations eclairees se revol- tenta I'idee du joug liumiiiunt que Ton voiidrait leur imposer de nouveau. La lulte est recoramencee avec plus de courage qu'en aucun terns; pour la seconder, la rcimpression des an- ciens livres de controverse devient un utile et indispensable secours; et parmi ceux qui out plus particulierement trait aux jesuites, nous n'en connaissons pas de plus propre a rendre roanifeste leur desir de domination universelle que les Cow/^?e^ rendus de leur constitution par Lachalotais. 8 1 . — * Meinoires de [^ achalotais , procureur-general au Par- lement de Bretagne,pri'cedes d'une introduction par M.Gilbert DE VoisiNS , et suivis de documens extraits des registres du Parlement. Paris, 1826; Moutardier. i vol. in-i8, de xxxv et 249 pages d'iinpression ; prix ,2 fr. 5o c. Les tristes dissensions religicuses et politiques au milieu desquelles nous vivons, la d^nonciation courageuse de M. de Montlosier (voy. /Jet', enc, t.xxix, p. 817), enfin, les grossieres diatribes de I'Etoile coritrc I'illustre procureur-general au Parlement de Brctagne, Lachalotais, onl donne un nouvel in- ttret a cesmemoires, et les ont tires de la poussiere des biblio- theques : car, il existe d;>s rapports frap])ans enlre le moment acluel et les terns ou i!s virent le jour pour la premiere fois. On connait les eveneniens qui eurent lieu en Bretagne, a la fin du dernier slecle , sous le gouvernement du dac d'Aiguiilon , dont les reglemeiis vexatoires souleverent coutre lui toule la pro- vince, et motiverenl les remontrancesadressees par Lachalotais a la Cour de Versailles. Les partisans des jc'suites n'oubiierent pas alors que ce courageux procureur-general avail mis a nu les printipes de la Societe dans ses fameux Comptes rendiis, et ils associercnl leur haine a celle du due d'Aiguiilon pour tramer SCIENCES MORALES. 179 les plus odieuses intrigues contre Lachalotais. Ce grand citoyen fut arrete avec son lils au milieu de la nuit et conduit dans les prisons de Saint-Malo et de Morlaix, ou ils furent retonus pendant piusieurs annecs. C'est dans ce triste sejour, et prive de tout moyen de defense, que Lachalotais, reduit a se servir pour j)luine d'un cure-dent, traca sur c;es lainbeaux de j)apier ses mcmoiresjustitlcalifs, qui ont acquis urie si grande cele- britc. Voltaire a dit que le cure-dent de Lachalotais gj-avait pour rimmortalite ; sans doute il y a quelque exagtralion dans ce magnifique eloge. Toutefois, les memoircs de Lachalotais sont extremenient remarquables par une grande energie de style et par la vertueuse indignation qui s'y manifeste a chaque ligne. C'est ce courage inebranlable au milieu des circonslances les plus critiques qui a valu au procureur-general du Parlement de Bretagne cette continuite d'injures dont les jesuites n'ont ccsse de poursuivre sa memoire. II est vrai que Lachalotais a ete dignement vengd depuis peu par un de ses compatriotes, et les nicies accens de M. Bernard, avocat de Rennes, venu a Paris pour plaider au nom de la fami«lle de M. de Lachalo- tais, cor\\Tt TEtoile, out franchi les limites etroites d'un tri- bunal de police correctionnelle, et ont rappele a la generation presente les services, les infor tunes et la rehabilitation d'un magistrat cher a la patrie et digne du respect et de I'admiration de tous les gens de bien. A. T. 82. — * Etrennes aux Jesuites, pour I'edification des per- sonnespieuses affectionnees a la socitie; par M. Thomas. Paris, 1826 ; Carpentier et C'" , rue des Fosses-Saint-Germain-l'Auxer- rois, n. it\. 1 vol. in-18 de xi et 198 pages; prix, 2 fr. 5o c. et 3 fr. 5o c. par la poste. Ce petit ouvrage, aussi gai que spirituel el malin , est divise en sept parties. La quatrieme, et la plus iraportante do toutes, est redigee sous la forme dun Almanack , a I'usage des reve- rends peres jesuites, dans lequel on mentionne jour par jour lessucces ou lesrevers de la socicle, les doctrines de ses prin- cipaux membres, les opinions de ses adversaires ; et, comme dans les calendriers liturgiques, i'auteur recoinmande a la so- ciety et a ses adherens des prieres, des jeunes , ou des rejouis- sances, en commemoration des fairs qui ont eu quelque rapport a la societe.Ainsi: «24 inai. — Dieu inspire a In saintecompagnie de mettre le feu a une petite maison qu'on lui avait donnee. Le feu s'etant communique aux maisons voisines forme une grande ])lace vide : les jesuites la demandent, i'obtlennent, et v font batir une de leurs plus supcrbes maisons de France. — Sermon sur les lalens infinis de la sainte societe.» — «. wjuillet. Lepere Coiumolet, un des predicateurs les plus courageux de i«o LIVRES FRANCAIS. la socict(5, annonce eii cliaiie, a|)rcs la conversioi) ile Henri IV, qu'Ufallait un Aod , fi'U-'U ttioine , Jiit-il soldat, filt-il goujnt , fiit-il berger • Pancgyrique des hienlieureux , » tic. Les parlies qui suivent ce calendrier sont i° uii Eapose dr la doctrine lies Jesuitcs , qui fait senlir vivenient le besoin d'uii cxtraildes Jsserlions iireesdes livtcs dcs Jesuiles , et iinpriim'-es par ordre du Parlemcnt, i gros vol. iii-4° (i); 2° une His- toire (ibregec des Jesuites, qui donnera I'eiivie de lire cclle que nous avons annoncee dans notrc cahier de mars (voy Rev. Enc, t. xxi.v, p. 8o5. ); 3" iles Pieces justificatifes. Lo calendrier est precede d'une introduction et de deux extraits, I'un d'un ouvragc ayant pour titre : Image du premier siecle de la cotnpagnie de Jesus , et le second, des principaux statuls de I'ordre. M. — B. 83. — * Discours inaugural prononce par M, H. Brougham , nierobre du parleinent d'Angleterre , lors de son installation comme lord-recteur de Tuniversite de Glasgow, le G avril iSaS; traduit de I'anglais par M. Constantin, aneien professeur d'eloquence, et avocat a la conr royale de Paris. Paris, 1826, impriui. de Pochard. In-8° dc 34 pages; prix, i fr. aS c. La Revue Encyclopedique a deja enlretenu ses lecteurs de ce discours remarquable (Voy. t. xxvi, p. 760), loi'squ'il pariit en Angleterre, et nous avons quelques raisons de croire que c'est aux justes cloges qu'elle Ini a donnes que nous en devons la traduction francaise. Quoi qu'il en soit, cet excellent raor- ceau de critique litlcraire merite d'etre recherche par tons les amis de I'eioqnence. Rien n'est j)lus interessant que de voir un aussi grand oratenr que M. Brougham nous indiquer lui- meme les sources oil il a puise le principe de son admirable talent. M. Brougham ne cesse de repeter aux jennes gens : Vos exemplaria grceca; il veut que I'on etndie sans cesse les auteurs de I'antiquitc, et c'est, selon lui, I'unique moyen d'acquerir une veritable instruction. Ce precejilc est d'au- t.-^nt ])lus remarquable dans la bouche de M. Brougham qii'il prouve que les hommes de lettrcs les plus illustres de I'Angleterre, coinnie ceux de la P'rance, sont penetres de la nierae opinion, que les anciens out atteint, dans les arts et dans la litterature , le plus haul degre oil I'esprit huinain puisse parvenir. Le discours de M. Brougham annonce de vasles connaissances litteraires et une grande purete de goiit. II fournit une nouvclle preuve de I'incroyable facilite de cet avocat, qni, au milieu des occupalions sans nombre de sa (i) Nous soinmes iufonnes que cet ouvrage existe, et qn'il est sur lo point d't'trc livrc d I'impression. SCIENCES MORALES. 18 1 ])luf^^•^sioll, et tout cii se devouant avec un zele iiifatigable , dans la charnbre des coinniunes, a la defense des principes de I'ojiposilion, trouve encore des momens ])Our cultiver les leltres, ecrire dans la Revue d'Edirnbourg el composer d'ex- cellens ouvrages sur ['education populaire. Nous ne termine- rons pas cette annonce sans remercier M. Constantin qui^ par sa tiaduclion aussi elegante (jue fidele, a mis les lecleurs fran- cais a porlee de prendre connaissance de ce discours. A. T. 84. — * Traite du mariage , de la puissance inaritale, et de la puissance paternelle ; par M. F. A. Vazeilles, avocat a la conr royale de Paris. Paris, iBaS. L'auleur, rue Haute-Feuille, 11^ 22; Bavoux,rue Git-le-Coeur, n° 4- 2 voI.in-S"; prix, 12 fr. et i5 fr. j)ar la poste. Les matiercs qui font le sujet de cetle nouvelle jsroduclion de M. Vazeilles, sonl d'un interet general. Elles se raltaclient a I'acte le plus important de la vie civile. S'il est necessalrede bien connaitre les conditions essentielles a la forraalion du lien du mariage, il n'est pas moins indispensable d'etre ins- truit de tout ce qui concerne le gouvernenient de la famille. M. Vazeilles n'est point reste, dans cetouvrage, au-dessous de la reputation qu'il s'est acquise coinnie jurisconsultc, et comme ecrivain , dans Texcellent traile des prescriptions. ( Voy. Rev. Enc, t. xxi , p. 664. ) H fait connaitre , dans tin discours preliminaire ecrit d'un style rapide et correct , ce qu'etait le mariage chez les Romains , ses effefs relati- vement au mari, a la femme et aux enfans; ce qui avait etc conserve chez nous de leur legislation a cet egard , et les modifications que notre propre legislation, anterieure a la jiublication du code civil, avait subies sous ce rapport. Cette esquisse historique forme I'introduction a son traite , dans le- quel nous avons remarque un grand esprit d'ordre, une bonne methode. Apres avoir donne la definition du mariage , I'auteur expose quelies sont les qualiies et les conditions requiscs pour I'union des epoux. II enumere avec details les causes qui peu- vent y metlre empechemeut; les forroalites qui doivent y etre observees pour en assurer la validite; les motifs (jui donnent lieu a leur annullation, etc. II traite des proraesses de ma- riage , sur lesquelles notre code civil ne conticnt aucune dis- position speclale; des droits et des devoirs respect ifs des ej)oux, relativement a leur personne et a leurs biens; des actes oil la femme a besoin d'etre autorisee; de la forme dans laquelle I'autorisalion doit lul eire donnec, et des nullites resultant du defaut d'autorisalion; de la puissance paternelle relativement aux enfans legitimes et aux enfans naturels ; de ses effets, quant a I'usufruit b'gal accorde au pere el a !a mere sur leurs i8a LIVRES FRANCA.I.S. blens, et ties mcyens d'en reprimer Tabus; de la tutellc legale; de I'obligatlon imposee aux parens et aux enfansde se lournir reciproquement des alimens, lorsqu'ils sont dans le besoin ; de la separation de corps des epoux, des causes qui perivent y donner lieu , des formes judiciaires qui doivent y etre obser- vees, de ses cffets, quant aux epoux, quant aux enfans, et quant aux biens, et de la maniere dont on peut la faire cesser; enfin, de la dissolution du mariage. II rend facile I'intelligence des principes generaux, par des exemples bien choisis auxquels il en fait I'application. Mais nous croyons ponvoir lui reprocher de n'avoir pas toujours assez elabore sa doctrine, qu'il presente avec des formes ora- toires qui plaisent ordinairement a I'esprit, maisdont le juge- ment n'est pas assez satisfait. Qnelque penible que soil a remplir la taclie de la critique, surtout a I'egard d'un auteur pour qui nous professons une estime particuliere, nous devons pourtant nous resoudre a blamer le sentiment qu'il emet sur un point important qui in- teresse I'ordre ])ublic. M. Vazeilles consacre quehjues pages de son livre a I'examen de la question de savoir, s'il convien- drait d'accueillir le vceu indiscrel de ceux quirevendiquent le* fonctions de I'etat civil en faveur des ministres du culte. II est duue d'un trop bon esprit pour approuver un pareil change- raent dont rien ne fait sentir la necessite, et qui aurait le fu- neste resultat de confier a des mains inhabiles la lenue des re- gistres, destines a conteuir les docu-mens legaux sur Tetat des families. Mais il fait une concession trop large aux dangereux uovateurs qui osent proposer ce changement, lorsqu'il admet 1 qu'il pourrait entrer dans des vues d'ordre public, d'exiger pour le complement du mariage qu'il fut beni par le minislre du culte que professent les personnes qui le conlraetent. » Cette espece de transaction avec des exigences reiroaclives, suscitees par I'ambilion d'hommes dont I'autorite doit res-ler etrangere aux choses de ce monde , aurait, a notre avis, des consequences dangereuses: en premier lieu , celle de faire de- pendre la validite d'un lien qui interesse essentiellement la prosperite de I'etat, de I'accomplissement d'un devoir religieux qui ne depend pas seulement de la voionle de ceux qui aspi- rent a devenir (^poux, et qui peut rencontrer des obstacles de la part des ministres charges parl'Eglise de benir leur union. Nous avons des exemples trop reiieres de refus do sepulture, pour des motifs qu'il ne nous appartient pas d'apprccier ; et il nous est permis de craindre que de pareils refus n'eussent lieu a foccasion des mariages. Dans ce cas, les parties seraient-elles SCIENCES MORALES. i8:i obligees tie plaider avec leur cur<5 pour fairc cesser sa rcsis- laiicc?.. le lien qu'ellcs auraient forme devant I'officier de I'elat civil, demeurerail-il en suspens, en altendanl una d(5ci- sion ; el leur cohabitation, si ellc avail lieu, ne serait-clle iju'un concubinage fletri i)ar la loi , ou par ro])inioii ?.. ne se- rait-ce pas faire naitre I'occasion d'unelutte enire la puissance civile et la puissance religieuse?... En second lieu , I'esprit de I'evangile rcpngne a la conlrainte, el les fidclrs n'ont, sans doute, pas besoin qu'une loi civile leur coniinande de satis- f'aire a leurs obligations religieuses. Une pareilie loi n'ajoute- rait pas a la dignile du sacreinent; elie tendrait plulol a la coinpromettre par les debats scuvent scandaleux qii'elle pour- rail faire nailre. D'ailleurs, I'autorite civile doit rester ^Irangere a ce qui interessc les consciences. Ne pouvant pas elablir ici une discussion de pure doctrine siu- certains points, sur lesquels nous differons d'opinion avec M. Vazeilles , nous preferons faire apprecier le merite de son travail. Nous avons reniarque dans le deuxieme volume, cha- pitre 8 , un apercu lapide et substantiel de ce que fut la puis- sance paternelle chez les Remains dans I'elaf primitif de leur legislation, et jusqu'a leur decadence, des dispositions que nos lois emprunterent a celles du peuple conquerant des Gaules , et des changemens qui y furent inlroduits par leur melange avec les coutumes de la Germanic que ies Francs importerent Jivec eux. M. Vazeilles y fait preuve d'une sage erudition ; il arrive bientot a I'epoque ou nos lois nouvelles, bien mieux en harmonic avec celles de la nature el de la raison , sont ve- nues regler d'une nianiere plus conforme a nos moeurs cette puissance touie d'amour el de tendre soliicilude. Ce deuxieme volume nous a paru plus riche de doctrines que le premier, el plus rem])li de questions imporlanles. II offre, en general, j)lus d'attraits et plus d'interet, L'auteur y parle, a notreavis, un langage tres-nioral , lorsqu'il dil que la condaranalion de I'un des epoux a une peine eniporlanl la niort civile ne devrail point entrainer la dissolution du lien du mariage, niais etre seulement une cause de separation de corps. Les lois ne sont bonnes que lorsqu'eiles sont adaplees aux ma'urs du peuple pour lequel elies sonl failes; et les nolres repugnent a ce que I'epoux, malhcurcux ineme par sa faufe, puisse etre re- pousse legalt'raent par I'epouse qui, en s'unissant a lui, s'est soumise a parlager loute sa destinee ( eruntduo in ca^ne una ) ; de qui il doit esperer de douces consolations, des secours empresses au milieu des vicissitudes de la vie : elles repugnent a ce que les enfans qui nattraient d'eux aprej la niort civile i84 LIVKES FRANC A.LS. cncourue, piiissenl clre assiiniles aiix fruits de la debauche, et itre reputes illegitimes. Nous nous permettions de rccoin- mander ce cliapllie a nos lei^islateurs ; ils y trouveroiit de puis- sans mo'iih d'apporter de ramelioralion dans ceile parlie de notre droit. Crivem.i , avocnt. 85. — Manuel ties justices de paix , par M. Levasseuu , aucieii jurisconsulle. Sixieme edition. Paris, 1826 ; Roret. 1 vol. in-i8 ; prix , 7 fr. Tous ceux qui se livrent a I'elude des lois conn.iissent I'ex- cellent ouvrage de M. Henrion de Pansey sur la coinj)ctence des jugcs de paix. Une seule critique peut ctre adressce a ce livre vraiment rcmarquable, c'est qu'il est trop savant pour les magistrals populaircs auxquels il semble destine. M. Levas- seur n'a jias a craindre un seinblable reproche. Son Manuel ne conlient aucnne doctrine; il offre seulenient une serie de dis- positions legislatives dont rapplication peut elre faite par les juges dc l>aix, avec des formulcs et des modelcs de tons les acles qui dependent de leur ministere. Neanmoins, rulilite pratique de ce livre ne sauraitetre contestec, et les nonibreuses editions qu'il obtient prouvent assez que les jnges de paix , lei grelfiers et les Imissiers , attaches a leurs tribunaux, sen- tent le besoin de s'appuyer d'un guide sur qui puisse les con- duire an milieu du dedale des lois. A. T. 86. — Guide du solliciteur et du plaideur, contenant un expose sommaiie de I'organisation des maisons des princes et princesses, dc celles des ministres, des administrations , des cours, tribunaux, etc. par un avocat. Paris, 1826; Eynicry. 1 vol. in-12 de xj et 3/^2 pages ; prix , 2 fr. 5o c. et 3 fr. Ce volume qui peut avoir son utilite pratique, ne I'enferme pas tout ce que ])romet son tiire. Outre queiques renseigne- mens que presenlent certains almanachs oxxagcnda, il contient des formules de petition pour tous les cas possibles ou du moins iniaginables, et des indications sur le mode de leur envoi. On Y trouve aussi, a cote de la Cliatte, la loi sur I'indemnite des emigres ; mais rien qui puisse diriger les parties interessees a son execution. B. L. 87. — • Petition sur la legislation des brevets d'invention , de perfectionneinent et d' importation , presentee a MM. les de- putes ; par M. le chevalier Blanc-Saint-Bonket , avocat a Lyon. Lyon, 1826; Perrin. In- 8° de 23 pages. La legislation francaise sur les brevets d'invenlion est sus- ceptible d'ameliorations partielles , mais nie parait elablie sur des bases conformes aux principcs du droit naturel, et a I'uti- Ute reciproque des inventeurs et du public. Faut-il, pour ju- SCIENCES MORALES. i85 ger cetle partie de la legislalion, ainsi que tonfeslrs aistres , ne s'en tenir qu'a I'elude dcs fails, et dedaigiier , comme un vain jeu d'esprit, rcxamen des princijies du droit natiirel ? L'affiimative, siir cetle queslion, a cte soutemie avec talent dans la Rev. Enc. ( t. xxix , p. 679 cl suiv.), par M. C. Comte , I'un de nos mcillcTirs publicistes. Cette opinion me ])arait beau- coup trop exclusive. II serait impossible , sans doute, d'etablir une bonne legislation sur les inventions induslrielles, coinme sur tout autre matiere, sans avoir pris connaissance d'un grand nombre de fails; niais, pour que cette etude ne demcure pas sterile, il faut la rattacher a des principps goneraux. Parmi ces princijies, quelques-uns ne peuvenl eire saisis et consla- tes qu'apresune longue observation des fails ; d'autres porlent en eux-menies assez d' evidence et de clarte jiour pouvoirelrc posCs a priori. Les caracteres de I'eviclence s'attachent stirtout aux [irincipes universels et necessaires que toute jegislalioa doit respectci-, quelles que soient les circoiistanres au milieu descjuelles elie pourrait inlervenir. Si Ton dil , paresemple , que, dans une societe bien reglee , tout homme doit potivoir vivre de son travail ; si Ton soulient que rinventeur d'un ]iro- code d'indusfrie, lorsqu'il enrichit le public ])arson invention, doit ctre {laye de son invention par le public, i'on I'noncc des verites que la justice naturelle ne pent manquer d'avoucr, dans (juelque ordre de fails que Ton se place. M. Comte altri- bue a I'auteur de cet article la pensee qu'nn droit eternel ap- paitienta I'invetiteur [)our empeclier qu'on iniite son procede ; voici,au conlrairc, I'analyse de la doctrine exposee dans le traile, qui a ete I'objet de I'examen de M. Comle : « Lorsqu'une invention d'induslrie est mise en pratique, le droit de la co- pier appartienl a tout le luonde; mais, pour qu'elle soil copiee sans injustice, il faut que I'inventeur, qui enrichit le public par sa decouverte, recoive un paiement en echange. Or , quel est, d'apres I'observalion pratique des fails, le meilleur mode de paiement? L'experience demontre I'inconvenient des lecom- penses publiques , des schats ])ar le gouverncment , ct de divers aulres modes. L'elablissement d'un monopole temporaire , distinct de ces monopoles odieux qui se fondent sur I'asservis- sement dune partie de la jjopulation , est , de tons les paie- mens , le plus commode et le plus judicieux. « L'etude des fails historiques est fort Importante pour I'appreciation de celte partie de la legislation , qui, chez les principaux peuples nio- dernes, 3'appuie sur les memes bases. M. Comte a commis une erteur, au sujet du statut de la aieannee du regtie de Jacques P"" ( p. 687 et 688 ). Co sfalut a eu pour objet , noa 1 86 LIVRES FRANCAIS. pas (I't'lablir des iiionopolcs; raais, au conlniiie, tit; rt'tiuire considerablcir.cnt le nombre de ceiix qui s'tftaienl inlrodnits , et d'otcr an gouveinement le droit, d'en crtJcr de nouveaux , sauf dans Ics cas tie dticouvertes utiles. ( "est une erreur aussi tl'avoir suppost- que Ics lois de 1791 ont cret'-, en France, des monopoles iiouveaux , tandis qu'elles n'ont fait que deplaccr , en en letliiisant le nombre, une partic de ceux qui existaient deja , et i\ue substituer, au profit des inventeurs , des privi- Itjges temporaires et fondes sur ia loi , a ecux <[ue le gouverne- ment accordait arbitrairement, et a ceux qui, par I'etablisse- nient des corporations, des jurandes et des maitrises , avaieut envalii lontes les branches de I'industrie. La haule importance de I'article de M. Comte, el le desir d'etre bien <;ompris ni'ont dicteces observations. M. Comte a expose avec une grande puissance de raison la necessiltj d'e- tudier les faits ; sa projiosition rn'a sembltJ incomplete, parce que ks faits ne me paraissent pas seuls rtl-clamer I'attention, et solliciter notre etude. En mthne terns qu'eux , et au dessus d'eux , il existe des principes de justice natiirelle , qui se reve- lent par I'obscrvation, et que rexperience dtjmonlre, mais ne crtjc pas. C'est en vertu de ces principes, et sous leur influence, que M. Comie lui-meme, dans son article, a si energiquement coinbattu les iniquiies du monopole. II me resfe peu d'espace pour m'occu])er de la petition de M. Blanc -Saint -Bonnet , d(>ja connu par un Code des brevets d' invention , publitj en iSaS. Les propositions contenues dans cette ptitition sont au nombre de trois : i" Suppression des brevets d'importation ; sur ce point , je partage I'ojjinion de rauteur.a°Suppression ties brevctsde perfeclionnement; ce c|ui nieparaitne pouvoir pas etre adoptt\ .I'ai traile ces questions avec t?tcndue dans I'ouvrage qui a etc le sujet du commence- ment de cet article. La troisierae proposition de M. Blanc-St- Bonnet tend a priver les juges de paix de la counaissance des aclionsen contrefacons, pour transporter cette attribution aux tribunaux de commerce. II serait trop long d'exposer ici lous les motifs qui me dtHerminent a rejeter cette innovation. Tant que notre organisation judiciaire conservera ses formes ac- tuelles, la juridiclion des juges de paix offrira, en celte ma- tiere, quelque avanlage, parce que les experts dont ces juges peuvent s'entourer, plus faciiement que tout autre tribunal , forment une sorle de jury sptjcial, tres-apte a statuer sur de pareilles contestations. C. Rekouard , avocnt. 88. — * Catvchisme d' econouiie politique , ou instruction familiere qui montrede quelle facon les richesses sontproduitcs. SCIENCES MORALES. 187 dislribuees el consommees dajis la societe. — Trohleme edi- tion, revue par I'auteur et enrichie de nouveaux dcveloppe- inens, par /.-5. Say, auleur dii Iraile d'cconomie politique. Paris, 1826. Aime Andre, libraire, quai des Augustins, n° Sg. 1 vol. in-i'2; prix , 1 iv. 5o c. A aiicune epoque, Ics livres nc se sont multiplies en Fraffce avec autant de rapidite que depnis six on sept ans. L'activife des ecrivains, des imjjrimeurs, des libraires a mis en circula- tion tant de nouvelles editions des anciens livres, tant de com- pilations ou tant d'ouvrages nouveaux , que I'imagination en est effrayee. La meme activity s'est manifestee en meme tems dans presque toutes les autres branches d'industrie : chacun est devenii avare de son tems, du moment qu'il a pul'employer a accroitre son aisance ou sa forlune. 11 est resulte de ce mouvement un phenomene qui merite d'etre observe; c'est que Ja meme cause qui a multiplie les livres jusqu'a I'exces, et qui a donne a un ytlus grand nom- bre de personnes le moyen de former des bibliotheques, a re- duit a presque rien le tems qu'il a ete permis de consacrer a la lecture : plus on a eu de livres, moins il y a eu de lecteurs. Cette position nouvelie a donne naissance a des livres d'une nouvelle espece : elle a fait eclore une multitude de r&siimes it d'abreges. Lorsque les ecrits dans tons Ins genres se sont telle - menf multiplies, qu'il est a peine possible ile lire ceux qui sont relatifs a la profession qu'on a embrassee, on est heureiix de trouver des livres qui renferment, dans le plus petit espaco possible, les principes des connaissances auxquclles on ne veut pas Tester completement etranger. Nous ne pouvons done qn'applaudir aux tentatives qui sont faites pour rcduire, dans un petit nombre de feuilles, les grandes verites qui sont de- montrees dans de volumineux ouvrages. Mais parmi ces teniatives, il en est peu qui rcussissent, et il est aise d'en voir la raison. II faudrait , pour reduire un grand ouvrage a de petites dimensions, eire en quelque sorte supe- rieur a I'auteur hii-meme : il faudrait saisir I'ensemble de ses idees ; distinguer celles qui sont les plus imporlaiites el les plus fecondes; les exprimer dans des termes qui n'en alterent pas le sens , et les placer dans I'ordre dans lequel elles s'enchainent le mieux. Tout cela est fort difficile , et il n'y a guere qu'un auteiir parfaitement maitre de sonsujet, qui puisse parvenir a se reduire ainsi lui-menie ; encore faut-il que par de nouvelles etudes il se soil en quelque sorle cleve au-dessus de ce qu'il etait lorsqn'il a compose son ouvrage. Le Caterhisme d' economic politique de M. Say, dont nous 1 88 LIVRES IRAN CMS. annoncons la troisieine eiUtion, est la suhslancedii Traitr (Vcco- noinie politique du ineme auleur; et il rtuiiit les conditions qu'ori desire trouvcr d^ns tous les ()uvr;it;es de celte nature. Le traile dont il est Textrait a dcja eu (luatre editions tiiees a un iiombie considerable d'cxeinjilaires, dent la derniere est epuisee , el il n'cil aucune langue en Europe dans laqueile il n'ait etc iradiiit. Ce serait done fort iniililcnient c|ue nous cn- trcprendrians d'cn f'aire I'eloge ; aussi , nous bornerons-nous a dire quelqucs mots sur la troisieuae edition de I'abrege que Tauleur en presentc au public. L'autcur, en reduisant dans unpclit iiombre de feuilles les principes gcneraux repandus dans son Traite , n'a pu y faire entrer les disseitations par Icsquelles il combat une foule d'an- ciens prcjiiges sur I'economie polilique. Mais aussi les per- soniies pourlesqnellcs cesdissertalions sont le moins nccessaires, sonl cellcs qui n'ayant fait aucune elude de celte science, Ji'ont pas eu le jugement faussepor la lecture de systemes crrones. Lesjeunes gens dont I'esjirlt est naturelleinent droit, toutes les fois que de mauvaises etudes ne I'ont pas gate, Irouveront dans le Cqtechisme d'economie politique autant de verites cpi'ils out besoin d'en connaiire sur celte science, a moins qu'iis ne se destinent a une carrieie, ou il leur serait necessaire de I'avoir approfondie. C'est parlieulierement a ceux qui se iivrcnt a Tetude des lois ou qui se destinent au commerce, que nous en recommanderons la lecture. Au leste, M. Say a pris liii-ineme le soln d'indiquer les classes de lecteurs pour les- quelles il a compose son livre, et nous ne pouvons raieux faire que de le copier. « 1^ 'opinion publique, en tous pays, dit-il , a fait des pas inmienscs : les inlerets nationaux, presque partout, ont etc niieux entcndus et plus generalement reclames. Les nouvclles republiqucs americaines ont clierche a connaitre les seules bases solides de redifice social. Le ministere britannique est enfin sorll des routines de la vieille diplomatic et du syslemc exclusif qui a ralenti pendant un siecle les progres du genre humain. Des capltaux considerables ont cesse d'etre devorcs par la guerre, et ont refluc vers des emplois uiiles. Les routes d'une ambition devnstatrice ferinces a la jeunesse, clle s'etait jeteeavec ardeur dans la carriere de I'industrie. Mais lesjeunes gens, au sortir de leurs etudes, se sont apei-ctis. que reconomie polilique aurait dii en faire ])artie; elle sup])lee a I'experience, et quand on est sur le point d'occuper une place dans la societe , on sent la necessitc de connaiti'e I'ensemble de ce vaste et curieiixmecanisme. Parmi les honimes d'etat, les jurisconsulles, SCIENCES MORALES. 189 les ecri^ains, les commercans, ceux qui occnpent le premier rang n'ont ])as voulii demeurer elrangers aux premiers ])rin- cipes d'une science oii une analyse rigoureuse a conduit a la certitude sur tons Ics points essentiels ; malheureuscment au milieii du lourbillon du inonde et des affaires, on n'a jilus assez. de loisir pour se livrer a une etude de longue lialeitie; ils ont cherche un resume qu'ils piissent lire sans fatigue, et ([ui cependant offrit des bases sures pour resoudre les plus importantes questions. « C. 89. — - * Discours de M. Lloyd du Massachussets , enfaveur de r abolition des droits d' importation ctde tonnage sur la na- vif;ation etra//s;ere, traduit de I'anglais par J. C. Deuxierne edition. Paris, 1826 ; Snutelet et C'*^-. Prix , i fr. La question du maintien ou de I'abolition des droits com- meiciaux d'iin[)ortation et d'exportation a ete llvree , celte annee, en Arnerique comnie en Angletcrre et en France, a la medilalioii des hoinmes d'etat et des econoraistes. On a |)U voir, par la lecture des discussions publiques qui ont eu lieu a cet egard en Angleteire et surtout en France, que les mesures proposees par les deux gouverneinens le plus eclaires de I'Eu- rope se sentaient encore de I'influcnce des prejugcs d'exclu- sion ; (|u'elles n'etaient pas en harmonie avec les progres que les econonaistes des deiix pays ont fait faire a la science. En Arnerique, il n'en a ])as ete ainsi. Legouvernemenfs'est cfforce de generaliser I'application de theories auxquelles ses piin- cipes de liberte sont eminemment favorables. Lediscours par lequel M. Lloyd du Massachussets a soutenu dans le congres la pioposilion du gouvernement, est fait pour donner une haute idee des lumieres de I'assemblee americaine. Des prin- cipes,juges encore chez nous comme des hardiesses specuia- tives,ysont presenles comnie des verites devenues vulgaires. Le disco II rs de M. Lloyd n'est pas seulement remarquable, en ce qu'il donne les meilleures ralsons economit-ues en faveur de labolition des droits ; il fouriiit sur le commerce des Etats- Unis, sur I'elat de ses manufactures, sur son systeme de cana- lisation, sur ses ressources inlerieures, et sur sa navigation comparee a celie des grandes nations europeennes des rensei- gnemens neufs et curieux. Les faits par lescjuels il constate le develojipement de puissance et de prosperite auquel sont par- venus les Etals-Unis , seraiont presque revoquus eu doule , si , en dehors de celte stagnation socialc dans laquelle on s'efforce de nous relenir, il ne se trouvait en France une classe d'hom- mes nombreuse, assez eclairee pour apprecier ce que peuvent produire des InslitutionEserablables a celles des Elats-Unis. L. V. i()(' LIVRES FRANCAIS. 90. — * Discours du general Foy, precedes d'line Notice biographique par M. P.-F. Tissot, d'un £'/og-eparM.ETiENNE, et d'un Essai sitr V eloquence politique en France, depuis 1789, par M. .4. Jay. Deiixiemc edition. Paris, 1826. Moutardier , libraire, nie Git-le-Cceur, n° 4 ; 2 vol. in-8" de cxxvi et ^23, XXXIX et 5x6 p. avec uii portrait et nn facsimile ; prix, 12 fr. 91. — * Discours de Camille Jordan , ])rec^de de ^oa£loge par M. Ballanche, et d'line Lettre de M. le baron Degerando,' sur sa vie privce ; suivis dcftaginemi inedils et des Z^wcowrs (|ui ont ete jirononccs sur sa tombe par MM. Royer-Collard et de Saint-Aulaire. Paris, 1826. Jules Renouard; i vol. in-8° tie Lx et 368 pag. , avec un portrait et uxx/ac - simile; prix, 6fr. 92. • — * Discours contre le pro jet de retablir et d'aggraver les privileges d'ainesse , de masculinite , de substitution , par M. le coitite Lanjujnais. Paris, 1826; Baudouin freres. I11-8" de /|6 pages. Prix, 75 c. Ce discours devait etre prononce dans la Chambre des pairs. L'honorable aiiteur I'a public, parce qu'il a craint de ne pas avoir la parole en ordre utile, vu qu'il n'elait inscritque le on- zieme contre le projct, et qu'il n'yavait que troisorateurs qui se fussent presenles pour le defcndre. Voici le plan qu'a suivi M. Lanjuinais dans ce Discours plein d'idees sages, auxquelles on n'eut pu repondre que par des sophismes; il prouve, 1° que le projet en discussion vient d'un grand mal , c'est-a-dire , qu'il n'est qu'un acces violent et periodiquc de la grande ma- ladie anii -constitutionnelle, qui sans cesse nous travaille, et qui ne peut se guerir qu'en renoncant d'abord aux conlre-lois ; 1° que ce })rojet en lui-meme nous menace de grandes cala- mites publiques et privees, et n'est ai)puye que sur des motifs errones et trompeurs; 3" qu'il araene et prepare des desordres, des dangers politiques , dont les resultals seraient incalcula- bles. Apres une demonstration rigoureuse de la verite trop njelle de ces irois assertions , il vote le rejet da bout de loi et de tous amendemens compatibles avec quelcjues disposilions de ce projet. « C'est , dit-il, en modifiant ainsi, dans quelques ])oints, des dispositions en elles-memes perverses, qu'on nous a impose des contre-lois violatrices de la Charte. Ces amende- mens sont de mauvaises transactions avec le mai ; ce sont les artifices par lesquels les auteurs du mal parviennent a le faire admetire d'abord en principe , et puis dans les consequences les plus deplorables. « B. N. B. Nous regretions de ne pouvolr que signaler ici les discours tres-remarquables prouonces a la Chambre despairs SCIENCES MORALES. ,y, siir la Illume question, surtuut par M3I. Mole, tie Segur, Daru , de Broglie , Pasquier et de Barante; niais, romrae les discussions legislatives et les discours aiixquels elles don- nent lieu ne peuvent appaitenir a noire plan , nous n'avons cte autorises a faire une exception, dans cette circonstance , (ju'en raison de riiiipoilance du sujet qui interesse toute's les families , et du mode de publication adopte par M. Lanjuinais, diT G.-A. Crapelet, imprimeur. Paris, 1826; J. Renouard, rue de Tournon , n" 6. Iu-8° de 24 pages. Prix , 5o c. au profit des pauvres. M. de Bonald , gentilhonime de province , iheoricien poli- tique et homme d'etat , a du les deux dernieres parties de son role, qui en sont les plus brillantes, a la j)ub]icite de la pensee et au gouvernement represeniatif ; ce (|ui n'empeche pas le noble pair de se montrer fort pen favorable a cette forme de gouvernement, et de s'elever souvent conlie la li- berte de la presse. Typograplie celebre , M. Crapelet a toujours occupe la meme position sociale, dans laquelle il a merite I'estimepublique. Modeste aulant qn'instruit, il n'a mis d'autre prix a divers essais sortis de sa plnme qi^e la satisfaction d'avoir expose ou defendu queiques verites essentielles. II se plaint aujourd'hui que M. de Bonald veuille rendre les imprimeurs responsaWes des dtilits de la j)resse, et il ])rouve tres-bien qu'une telle mesure serait destructive du droit en lui-meroe et de lasecurite due aux citoyens qui s'occupent de I'art lypogra- ])hique.Ausysteme hostile que M. de Bonald soulient avec per- severance, M. Crapelet oppose les termes expres d'un roi de France que I'histoire a swmomme le Juste et \e pere du peuple. Louis XII pensait et disait que « Van et la science de I'impres- sion, advenue en son royaume, ctait un grand bien ; il appe- lait cette invention divine, il trouvait meme que la sainlefoi catholique en etait corroborce , justice mleux entendueet admi- nislree , bonnes et salutaires doctrines manifestecs , cominuni~ quees et publiees ii tout chacun , et qu'il en procedait autres innumerables bie/n. » D — c. 94- — * Classiques de I'Histoire, contenant : Discours sur I'kistoire universelle , ])ar Bosstiet ; Histoire des revolutions ro- maines , de Suede , de Portugal, parYERTor; Considerations sur les causes de la grandeur et de la decadence des Romains, par Montesquieu; Conjuration des Espagnols contre Venise, iga LIVRES FRANCAIS. par Saint-R^al; ■S/ccies de Louis XIF el de Louis XF, His- toire de Picrn'-le-Grantl et de Charles XII, par Voi.tatrk, en nil seul vol. in-8"; I"' livraison. Paris, iS'iG. Aiiselin et Po- chard. Le volume se composcra de vingt-deiix livraisoiis, de huit demi-feuilles cliacune, (|in se succedcroiit de vingt jours en vingt jo'iis; prix de la livraison, 2 fr. Les poc'les , les mor.Tlistes , les oraleurs , les romanciers du siccle de Louis XIV et du xviii'' siecle, aprcs avoir .ibiindonne Tin- 1 a pour adopter le format nioderne de I'in-S", sont res- serrcs depuis peu dans les editions compacies. Les libraires ont fourni pour bien des annees toutes les bibliotheqiies d'OEuvres completes iraprimces avecluxe; ne trouvant ])lus de debouches pour les reimpressions en vingt, trsnte et meme cent volumes, leur activite a tourne au profit des ))ersonnes obligees par leur profession ct leurs occupations d'avoir une bibliotheque , pour ainsi dire, portative, et par consequent peu conside- rable, lis ont offert aux inililaires, aux diplomates, aux voya- geursde loutes les conditions, des volumes (pii renferment on quelqucs cenlairics de pages loutes les ])roduclions du genie des Racine, des Moliere , des La Fontaine, des Voltaire, des Rousseau ct des Montesquieu. Les Clcissiqiies de thistoire pren- dront naturelleinent leur j)lace a la suite des belles editions du meme genre que Ton doit deja a ia tyjjographie francaise, et celte utile entreprise merite d'etre encouiagee. 0. 95. — Precis philosophique de I'Histoire de I'Eglise, depuis J.-C. Jusqu'h nos jours, etc.; par ^w. Lavigne. Paris, 1826, Ponthieu. i vol. in-8° de 368 pages; prix,5 fr. 5o c. M. Em. Lavigne s"estfait CDiinaitre, cette annee, par deux ouvrages, I'Histoire du Jubile et ce Precis, qualifie pliiloso- pliique, sans beaucoup de raison. II tiavaille avec trop de precipitation , et donne ses extraits Irop maigres et trop inexacts. II ne choisit pas toujours bien ses faits; il se permet des reticences etonnanles, et ses assertions, en fait comine en droit, sont fretjueinment erronees , ou induiseiit en etreur. Sur le Jubile, on voit qu'il a connu ou consulte les lettres du iiiinisire Chaix, 3 vol. in-8'', Lahaye, lySi; il les a du moins citces. Cependant, il n'a donne qu'un livre peu substantiel, et il se croit fort, ou exempt de leproches, parce qu'il a, dlt-il , suivi les pas de celebres jesuites. Dans son discoiirs imprime sur le dernier budget du royaunie des l^ays-Bas , M. Dolrenge, depute, soutenait qu'il y eut dans la calholieite iin jubile universel, en action ilc graces de la Saint-Barlhelemi. (Voy. /Jee.iirtf., t.xxix.j). 778.)Voilaun fait (pie M. de Lavigne anrait dii eclalrtir. II est vrai que les celebres jesuites probable- SCIENCES MORALES. 193 mentnerauront pas consignc dans leurs Ilvrc?. Dansson abrt-gt-, M. Lavigne se vanted'avoir fait beasicouj) d'emprtjnlsa deuxau- auteurs proteslans, et al'imdeiiosconteniporains , (jui ne parait ni prolestant ni catholique, mais qui a public beancoup de scan- dales relatifs a la religion chretienne, et qui sembic borner la sa philosopbie. La bonne /?/i//oiO/^/i<>s'atfache a considerer la ve- rile it favorise tout ce qui rend les honimes meilleurs. Quand on parle de I'Eglise, il faul avoir liien etudic les theories et les faits siir cesujel. J'ai lu le Precis de I'auteur , et je ne sais pas ce qu'il enlend \)ntl'Eglise. Comment pent-il ccrire I'bistoire de ce qu'il ne fait pas connaitre? Voici quelques exeniples des errciirs oil il entrainerait de lecteurs trop confians. Son ouvrage est divisepar siecles; et, vers la fin de son recil sur le second siecle, II dit : /« cene et le haptenie elaient encore les seitles ceremonies de rEglise. Le contraire est prouveparles ecrits des aputres. — (i>-2.) LesEssoniensetaient des novateurs, qui ojoutaient aux idees recites V iinmortaUte de [dine. Mais V. Bergier, Dictionnaire de Theologie , au mot Ame, §. 2. — (p. 10), Ij'' intolerance religieuse n'a desole que les peuples mo- dernes. L'auteur ne sait-i! done rien de I'ancienne bistoire de rindc? — (p. 10 et II.) II s'cff'orce en vain d'attenuer les jier- seculions trop reelles contre les premiers Chretiens. Nous le renvoyons au proteslant et tres-savant Mosheirn, I'un de ses trois guides. — ( p. i A), H donne une fausse idee des canons , en supposant qu'ils devaient regir le corps entier de I'Eglise. Presque tons n'ont du regir que des eglises particulieres. — (p. 292.) II accuse de massacre des prelres insermentcs, en septembre 1792, Arras, Bordeaux, Chalons, Rernes, Lyon, etc. C'est une erreur de fait, erreur bien grave! — (p. 3x8.), On rencontre cette \t\\rase : f Eglise , autrement, le clerge re' prend ses droits sur le central de mariage. Le clerge ne peut sans bouleversenient des premiers principes pretendre des droits sur les contrats. — .(p. 820.), On lit :« la Societe (des jesuites ) , a I'aide d'une bulle du pape s'est retablie sans bruit, en Suisse et en Erance, oil elle se croit trcs-pres d' avoir ressaisi son premier ascendant. » Lanjuinais, de I'Institut. 96. — * Histoire de la revolution d' AngletciTe , depuis I'ave- nenient de Charles I" jusqu'a la chute de Jacques II, par M. GuizoT. Premiere paitie. T.F"". Paris, 1826; A. Lerouxet C. Chantpie , editeurs ; Bechet aine, libraire , Palais-Royal , galerie de bois, n"' 16'i et 264. i vol. in-S" de xxvj et 4 j 1 p. ; prix, 7 fr. et 8 fr. 5o c. par la poste. 97. — * Dictionnaire hislorique , ou Biographie universelle cldssique , ouvrage entieremcnt neuf; par M. le general Bkau- T. sxx. — Avril 1826. I 3 194 LIVRES FRANCAIS. vAis, autcur des Victoires et Conqu^tes, etc., et par une So- cietc de gens de leltres, revu et augmente, pour la partie bibliographique, par M. Barrier, ancien adminislrateur dcs bibliothequcs du roi, etc. Paris, 1826; Ch. Gossclin. i vol. in-8° en six livriiisons. Prix de la livraison, papier fin, 5 fr. 5o c. ; papier vclin , 7 fr. 5o c. L'objet principal que seproposentles anteurs de ce nouvcau dictionnaire liistorique, est de rassembler dans un seal vo- lume, et sous un format portalifct commode, les notions les plus importantes, ou , pour parlor plus exactement, les plus indispensables a se procurer sur les hommes et sur les evene- mens liistoriqnes, depuis I'origine du monde. On trouvera done, dans cet ouvrage, I'hlstoire abregce des personnages cclebres de tous les pays et de tous les terns, il contiendra egalement des articles consacres a I'histoire generale des peuples , a I'his- toire des ordres religieux et des sectes religieuses, aux ba- taillcs memorables, aux grands evenemens politiques; et par- ticulicrement I'histoire des litterateurs celebres, I'indication de lenrs principaux ouvrages, des dlfferentes editions et des traductions qui en ont etc faites , le lieu et I'cpocjue de leur publication, etc. Certes , rutilitc d'un pareil llvre est incontes- table, et les noms des principaux coliaborateurs ne permet- tent pas le nioindre doute sur la bonle de I'exccution. Nous esperons que la perte, si vivement sentie , de ]M. Barbier ne privera point le public des precieux materiaux qu'il avait sans doute prepares a I'avance pour cette importante entreprise. Le plan des auteurs nous parait completement rempli dans les deux premieres livraisons que nous avons sous les yeux. Nous donnons une courte liste des principaux articles qu'elles ren- ierm^inl : Abailard , Afrique y AU-Pacha, Allernagne , Aine- rique , Anacreon, Anf;leterre , Asie , Autriche , Bailly ,Beau- harnais ( Eugene ) , Berry ( le due de ) , Bichat , Boerhaave , Bolzaris , Bonaparte ( Napoleon ), Bninchaut , Byron , Caba- nis, Calvin, Carnot, Caroline { reine d'Anglelerre), Castel- reagh , Cesar [ Jules), etc. B — u. 98. — * Memo ires de la margrave d' Anspach , ecrits par elle-meme, contenant les observations recueillies par cette princesse dans les diverses cours de I'Europe, ainsi que des anecdotes sur la plupart des princes et autres personnages celebres de la fin du xviu« siecle; tradults de I'anglais par J. T. Parisot, traducteur des Lettres de Junius, des Memoires de Sheridan, etc. Paris, 1826; Artlius Eertrand , rue Haute- feuille, n" 23. 2 vol. in-8", ornes de portraits; prix, \l\ fr. En ouvrant les Memoires de la femme d'un pair d'Angle- terre, devenue plus tard I'epouse d'un prince souverain d'Al- SCIENCES MORAXES. igS lemagne, on pouirait s'attendre a y Irouver quelque chose de rinterct d'unehistoire ou d'un roman. On se tromperait. Mais la piincesse a laquellc nous dcvons cet ouviage, a visitc les priricipales cours de I'Europe ; elle a connu une foule de per- sonnages qui tous etaient repandus dans le grand mond?; et, en joignant aux anecdotes qui ont rapport a ses amis les anec- dotes qu'ils lui ont contees sur les hommes de leur connais- sance, elle a pu nous en offrir sur presque tous les souverains, les ministres, et les ecrivains fameux qui ont vecu de son tems. Nous n'oserions nous rendre gaians de la veracite de toutes les personnes qui lui en ont fourni. Co que nous pouvons affirmer, c'est que plusieurs de ces hisloriettes sont curieuses et bien racontees. La margrave les accompagne souvcnt de reflexions que lui ont inspirees les evenemens qu'elle a vus, les divers pays qu'elle a visites. Ces reflexions ne sont pas toujours justes; mais on ne peut refuser a la plupart ni de la finesse, ni de I'originalite : quelques-unes annoncent meme de la por- tee dans les vues. Reflexions, anecdotes, portraits, disserta- tions, tout est jete pele-mele et sans liaison, comme dans un cahier de souvenirs. Cependant, ce melange plait au lecteur. On crolt entendre une conversation elegante, oil une femme aimabie passe legerement d'un sujet a un autre sujet, ou uu nom suffit pour aniener une blstoire, qui, a son tour, amene un conte, une discussion pLilosophique, ou la peinture d'un bal. Quand on a fini la lecture, on n'est pas surprls des eloges que I'heroine recevait partout et sur lesquels on trouvait d'a- bord qu'elle aimait un peu trop a s'arreter : ses Menioires sont certainement I'ouvrage d'une femme de beaucoup d'esprit. On doit savoir gre au traducteur des notes ou il releve quelques erreurs de I'original. Nous pourrlons lui reprocher des expressions impropres, et meme des incorreclions. Mais, ces fautes sont peu nornbreuses; son style est presque toujours pur et quelqiiefois elegant. II est probable que son livre aura dii succes. Z. D. 9g. — * Memoires, om. Souvenirs et Anecdotes, par M. le comte de Skgur; tome II. Paris, 1826. A. Eymery, llbraire-editeur. In - 8° de 43f> p., orne du portrait detimpcratrice Catherine IJ. (V. Re:'.enr., t. xxv, p.69o.);prix, 7fr. 5oc. et 9 fr. parlaposte. Ce volume est consacre presque tout entier aux souvenirs"^ du sejour de M. de Segur en Russie. II offre aiissi un grand nombre danecdotes sur la fin du xvme siecle, et notamment une relation impartiale de I'affaire de Lachalotais. Nous croyons devoir ciler quelques lignes de ce morceau : « Dans ce tems, la luttecontre les jesuitescommencait; lacour soutenait, 196 LIVRES FRANCAIS. et les parlemens accusaicnt cet ordre lro[) cclcbre , cetlc niilice iiltramontaine qui, toiijours combaltant poar rautoritc^ temporellc du Saint Sirgc contre cellc de la royaule , sni toiijours, en flattant, en menacant, en effiayant, en pnnissant meme les rots , les interesser a sa cause; ordre redoutable qui s'est constamment releve de tous ses revers , que les philo- soplies, los ministros, les parlemens, Ic clergo , Rome meme, ont era tuer, et qui, Iriomphant du monde enlier, pourrait, ])ar sa resurrection inconcevable, affirmer sans folic qu'il a le don des miracles. » Nous reviendrons, dans un article plus etendu , sur ces interessans Memoires, quand le dernier volume aura paru. B — u. 100. — Notice historique sur la vie et les ouvrages de Fran- cois Doublet, docteur regent de I'ancienne Faculte de me- decine de Paris et professeur de la faculte actuelle, sous ins - pecteur-geneial des hopltaux ci\ils du royaume, etc.; par /.Doublet de Boisthibault, son neveu. Paris, 1826; Ver- diere. Broch. in 8°de 34 pages. Cette notice est un hommage paye a la memoire d'un homnie de bien, d'lin savant distingue : eile sera lue avec interdt. Le docteur Doublet etait le compatriole, I'ami et le medecin de Collin d'Harleville. C'est pour son portrait que M. Andrieux , attache comine lui par I'amilie la plus tendre a I'auteur du Vicux Celibataire , fit le quatrain suivant : A son aspect, deja I'on renait a demi; Son visage riant console , persuade : II gnerit en nn mot, et son heurenx malade A son tour le visite , et teste son ami. Le docteur Doublet, ne a Chartres le 3o juillet I75i, est mort le 5 juin ivgS. 101. — XJne visite a Byron a Genes , suivie d'une lettre du noble lord sur I'essai sur sa vie et ses ouvrages , de M. A. P. ; par /.-/. CouLMANN. Paris, 1826. Imprimerie deTastu. Broch. in-S" de 2/1 pages. Des journaux ont manifeste quelques doutes sur I'authen- licite de cette relation : uii magasin anglais a meme plaisante assez grossierement ace sujet, en I'attribuant au\ amis des honimes de lettres francais, auxquels I'auteur de Childe Ha- rold se pint, dans sa conversation avec M. Coulmann, h decer- iier (|uelqucs eloges. Nous croyons que MM. Benjamin-Cons- tant, Arnault, Raynouard, Casimir Delavigne, Joiiy, n'ont pas besoin d'avoir recours a un semblable charlatanisme pour faire parler d'eux : leur ouvrages ont assez fait pour leur LITTER A.TURE. 1^7 renomniee, sans le secours des jtarnjmlels npocry plies. Dii reste, la brochure de M. Coulmaun sera recherchee, cnmnie lout ce qui rappelle le grand poete dont In Grece et TEiirope ont jjleure la niort si premaluree. Qu'elle soil en effet une 6clion, ou une relation veritable, elle sera lue toujours-avee plaisir. J. Litlerature. 102. — ' * Lycee , ou Cours de litterature ancitnne et mo- ilerne, par J -F. La Harpe, complete et conduit jusqu'a nos jours, etc., en un seal volume in-8". 3*' li\raison. Paris, 1826 ; I'ediieur , rue du Dragon, n*^ 29. II y aura 25 iivraisons; prix de cliacune, 2 fr. et 2 fr. 26 c.( Voy. Rei>. Enc, t. xxm, p. 252 ). Cette trolsienie livraison du Lyccede La Harpe s'ouvre par un D'tscours sur le style des prophetes et I'espritdes livres saints, que I'auteur avail place en lete de sa traduction des Psaumes. L'editeiir a su Irouver ainsi le nioyen de faire remplir par La Harpe lui-merae une lacune que ce critique celebre avail laiss<'e dans son esamen des productions de I'antiquile. « Les livressacres, comme il I'observe fort bicn, abstraction faile du caraclere divin qui les distingue , peuvent etre consideres comme des ouvrages de I'esprit humain ; ilsont ete inspires par I'esprit saint, et lis contienncnt la parole de Dieu nieine : quant au fond, ils sont au-dessusde toute critique. Mais ils sont ecrits dans une langue que les horames ont parlee; ils sont la source ou les ecrivains de lous les terns ef de tousles pays ont j)uise leurs plus sublimes inspirations : sous ce rapport , ils rentrentdans le domaine de la litlerature. « Voici done une addition utile dont ilfatit savoir gre aThomme de lettres qui dirige cette edition , et qui doit servir a la distln- guer de celles qui ont precede, en meme terns qu'elle se trou- vera completee par le choix qu'ilpromet de faire dans les ecrits de ccux qui ont tenu le sceptre de la critique depiiis La Harpe jusqu'a nos jours. E. H. lo'j. — * Cours de litterature dramatique, ou Recueil , par ordre de i.iatieres , des feuilletons de Geoffroy , precede d'une Notice historique sur sa vie et ses ouvrages. Seconde edition , considerablement augmentee, et oruee d'unjac- simile de I'e- criture de I'auteur. T. VL Paris, i825; Blanchard, galerie Montesquieu, n° i . i vol. iti-8°; I'ouvrage entier se comj)osc de 6 vol.; prix du volume, 6 fr. Nous avons rendu compte de cet ouvrage , en annoncant les cinq premiers volumes ( Voy. Rev. Enc. , t. xxix, p. 253 ). Le vi^, quiaparu depuis, conlienl un choix des feuilletons sur les igS LIVRES FRANCAIS. theatres du Vaudeville, des Farietcs, de la Gaite , de 1 'Ambi^u comique, des Jeunes artistes, et de la Porte Saint- Martin. Tout ce qui ten.iit de pres ou de loin a Tart tlieatral etait du domaine de GeofCroy; ainsi , les pantomimes, les exercices de Iranconi, et jusqu'anx danseurs de corde occupent nne place dans ce volume, ou Ton trouve meme quelques lignes sur le spec- /cc/ewe'tv7/?//jr«(?deM. Pwre.Desnoticcsliistoriauessurquelques comt'diens celebres , des jugemens sur les piincipaux acteurs du Tlicatre-Francais, et sur les debutans qui paraissalent avec quelque eclat, des articles sur les querelles litteraires ou cri- tiques, sur le commentaire joint al'edition de Racine, publiee par Geoffrey; enfln, sur I'inslruclion publique, completent cette collection des meiiieurs articles d'un journaliste dont la reputation un peu dechue, survit neanmoins en partie aux feuillcs legeres dont il se servit pour I'etablir. M. A. lo/j. — Bes maladies de la litlerature francaise ; consulta- tion sur son etat acluel , par un Docteur , avec cette epi- graphe : In vitiuin ducit culpcv fiiga, si caret arte. Paris, decembre i825. Pontbieu j brochure de 40 pages; prix, I fr. 5o c. Deux maladies, suivant I'auteur, affligent notre litterature : \e.% convulsions , ou spasmes nerveux , c'est-a-dire, le roman- tisme, dont il fait la pcinture la plus effrayante; et la lan- gueur ou atrophic , nom sous lequel il designe le genre clas- sique, qu'il regarde comme frappe desormais de sferililc. Notre docteur se livre a la recherche dutraitemeut qu'il conviendrait d'appliquer a ces deux maladies ; il croit I'avoir trouve dans la fusion des deux genres; mais convaincu de I'indocilile de scs maladcs, il conclut que cot etat de crise subsistera « jusqu'a ce qu'une tete puissante, faisant eclore un oeuvre etincelant de beautes , entraine par admiration dans sa sphere tous les csprits maintenant si dlvises... Voila, dit-il, la vraie route. Auteurs, le genie, comme la verite et la vertii, ou la sante en tou't genre, est toujours au milieu : travaillez. » Lc conseil de produire un chef-d'oeuvre est sans dou'e excellent. Mais, ' pour le rendrc fruclueux, n'aurait-il pas fallu tracer d'une maniere un peu moins vague la route a sulvre et les ecueils a eviter ? C'est ce dont Tauteur iie s'cst pas mis en peine. A dti- faut dc ces developpemens, quel sera I'effet de sa brochure? J'ai bien peur qu'elle ne soil repudiee en meme tems par les partisans de I'ancienne et de la nouvelle ccole. Ceux-ci, vu I'abscnce de toute idee neuve, la rcputerontclassique ; ceux-la, LITTER ATURE. 199 tl'apr^s le neologisme et I'incorrection du style , \oudront qu'elle soit roinantique , et tons s'etonneront de trouver lant de longueurs dans un ouvrage aussi court. C. io5. — ■* Bibliotheqite latine-francaise , ou Collection des classiqnes latins avec la traduction en regard , publiee par Jules Pierrot , professeur de rhetorique au college royal de Louis- le-Grand, et professeur suppleant d'eloquence francalse a la Faculte des lettres de 1' Academic de Paris, et par une societe de professeurs. — Premiere Hvraison. Satires de Jui'cnal , tra- dnites par J. Dusaulx, nou\elle edition revue et corrigee par /. Pierrot. Tom. i. — Deuxieme livraison. Histoirc romaine de Caius Velleius Patercuius, Iraduite par M. Despres, ancien conseiller de I'Unlversite. Paris, i825. C.-L.-F. Panckoucke, editeur, rue des Poltevins, n° 14. 2 \'ol. in-8°. La collection formera de cent \ingt a cent trente volumes in-8°. A partir du premier avril , elle se public par livraisons de deux vo- lumes , qui parailrontde six semaines en six semaines. Prix de chaque volume, 7 fr. , et de cliaque Hvraison de deux volumes, 14 fr, Une traduction des classiques latins, confiee aux soins d'une societe de professeurs distingucs , meritait d'etre accueil- lie avec reconnaissance par la jeunesse studicuse, et avec es- time par tous les bons esprils qui preferent encore la modeste simplicite de la littcrature antique, aux ecarts pretentieux d'une littcrature que Ton proclame neuve , quand elle n'est que bizarre. L'editeur aura sans doute hesite un instant, a I'as- pect de ce mauvais gout trop rcpandu de nos jours; mais le succes des premieres livraisons a du le rassurer, et le deter- miner apoursuivre avec ardeur son entreprise, dontun rajjide examen des deux volumes que nous annoncons, suffira pour demontrer toute I'utilite. Plus de la moiti^ de la traduction de Juvenal par Dusaulx, reputee la' meilleure jusqu'a ce jour , a ete refaite par M. Pier- rot , dans le double but de la conformer au sens du texte , et de donner au style une plus grande precision. Ace premier travail, fort liabilement execute, le nouveau Iraducteur a joint des notes, pleines de gout etd'crudition , danslesquelies, en prou- vant la necessite des changemens qu'il s'cst permis de faire, il eclaircit partout les difficultes du texte , soil par des details sur I'bistoire et sur les niosurs, soit par des explications philologi- ques. Quant a la revision complete de ce texte, il a jjris pour base I'edition de Ruperli, jmbliee a Leipzig, en i8ig, et s'est en meme terns aide d'autres textes estimes, specialement de I'excellcnte edition critique de M. AcLaintre. Une introduction aoo LIMIES FRANCA IS. daire ctsiinpk, el une notice ou sont apprecies, avec une sage impartialilc, la vie et les onvrages dc J. Dusatilx , sont placues aupres du celebie discours de ce dernier sur les satiri- ques latins. Ce volume contient les six premieres satires. JI.Desprcs, qui a dcja doniic,avecIVI. Caiupenon, une excel- lente traduction d'Horace, vieut d'acquerirdenouvcaux droits auxiloges des humanisles, en leur offrant celle deVelleius Pa- terculus. lis y reniarqueront, entre autres qualiles, I'aisance et la rapiiiitc de la diction. Parmi les morceaux qui precedent la traduction, ils liront avec inlcret une notice sur Veileius, ou M. Despics raconte d'abord la trisle destinee du livre de son auteur, lequel nous est parvenu plus defigure , par les negli- gences des copistes, qu'aucnn autre ouvrage de Tantiquite ; puis, il examine et discnteles divers jugemens qu'on a portes sur le caraclere et sur le talent de Paterculus. II a insere, a cote de sa notice, un inorceau sur le meme sujet , extrait de i'Histoire abregee de la Ultcrature romaine, par F. Sclioell, et reconimandable egalement, par le savoir et par la justesse de la criiique. M. Pierrot a enrichi cet ouvrage de notes non moins prt'cieuses que cclles de son Jiu'enal, et s'est livre prin- cipaienient a de scrnpuleuses reclierches pour reparer le texte original, qui, rorarce nous I'avons dit plushaut, a beaucoup souffert. 106. — * La Chrlstiade , poeme ejiique de M.~J. Vida, ov^- que d'Albe. Premiere traduction francaise, precedce d'une preface sur la vie et les ouvrages de V auteur ; par le desservant d'une succursale de Paris. Paris, 1826; Colnet. i vol. in-S" de Lx - 49-5 pages ; prix , 9 fr. et 1 1 fr. par la poste. Sans protendre ra'etablir juge de cette question tant de fois discutce entre de graves autoriles : « lesmodernes peuvent-ils ecrire en laiin ? » j'avoue que les j)oesics de Vida me semblent dignes d'etre lues, et je pense que, si Tentbousiasme de ses conten)porains a porte trop haut sa gloire en le placanl a cole de Virgiie , il est juste aussi de reconnaiire en lui plusieurs des (lualitt's qui font le poefe : sinon le genie, du moins une riche iniaginalion, une versification savante, et le vif senti- ment de riiarmonie. Je part.Tge done I'opinion de son tradnc- teur, qui le declare un des meilleurs poetes latins du nioyen age. Toutefois, la Christiade n'est point son premier titre a une telle rejjutalion ; il la doit principalcment a deux autres pocme;;, le jcu des echecs el \ art poetique , plus eonnus que cette epopre, a laquelle ceprndant Ic Tasse n'a pas dedaigtic d'emprunlcr des images el nieme des tableaux enliers, I'af- fieuse jteintiire, j'ar cxeraplc , cie I'asserablee des demons qui LITTERATURE. 201 ou'.re le cinquieme chant de la Jerusalem delivree. Cettc com- position, a la fois poelique tt toute x'elip[ieuse , se divise en six cbanis, qui offrent sous des couleurs fortes et touchnntes la vie , la niort , la resuricciion et le tricmplie de rHonime-Dieu. Le traducteur, qui n'a point livre son nom au public, afOnrie, dans une preface, ( (jue I'onpcut, apres en avoir supprime quelqiies exagerations, louer comme un excellent morceaii d'histoire et de critique ) que sa version est le fruit d'un long travail, dontil a etc souveut detourne, raaigre lui, par le sou- venir de certains vers de Boileau. Nous I'avons lue avee at- tention ,.et nous le felicitons de sa jjerseverance , qui sera, nous n'en doutons point, justement appreciee par les lecteurs in- struits a (jui sa niodestie se reconni.ande. B — u. X07. — * Classiques francais , ou Bibliotheque portative de I'amateur , coniposee des chefs-d'ceuvre, en prose et en vers, des meilleurs auteurs, en cent vol. in-Zi, etc. 24^ et aS^ livrai- sons, comprenant la NouvelleHeloise de J.-J. Rousseau, en 6 v. ; prix i5 fr. et i6 fr. 5o c. — Les Oeuvres de Gresset, en 3 vol. ; prix 7 fr. 5o c. — Les poemes de la Religion et de la Grace , en UD vol. ; prix 3 fr. Paris, 1826; L. Debure, libraire-edi- teur, rue de Bussy, n° 20. Voici la jolie collection de M. Debure angmentee de trois nouveaiix auteurs, d'un prosateur et de deux poetes. Plusieurs personnes avaient temoigne avee raison leur etonnement de ce cfue le nom de J.-J. Rousseau ne se trouvait point sur la iiste des ecrivains que les cditeurs promeltaient de comprendre dans leur cboix. Cette laeune est niaintenant remplie par la publication de la Nouvelle Heloise. Je n'exr.minerai point s41 n'eul pas mieux convenu de ranger au nombre des produc- tions classicjiues de la France le Contrat social ou VEinile ; les editeurs n'ont prefere la Nouvelle Heloise , que dans I'intention de plaire a un plus grand nombre de lecteurs. Les six volumes que remplil eel ouvrage ne sonl precedes d'aucune notice et d'aucun avertissement de la j>art des editeuis, et nous pensons qu'ils ont donne par la une nouvelle prcuve de leur tact et de leur gout; quel morceau de critique eut-on i,u placer avee avantage a cote de cette seconde preface de Piousseau, oil lui-meme s'esl montre si juste appreciateur des qualites et des defauts de son livre favori ? — N'oiiblions jias (?e dire que cette edition comprend aussi les Amours de mdord Edouard , et Texplication , faite par Rousseau, des sujcls d'estnmpes pour la Nouvelle Heloise , executees depuis par Coiudet. La Notice tres courte que Ton a niise en tete du volume con- 202 LIVRES FRANflAIS. sacrc a Z^ouw Racine donne quelques details obr^g^ssurla vie de ce poete ; mais on n'y trouve point de jugemens sur ses nenvres, que La Harpc a du reste fort bieii appreciees dans son Cours de Utterature. Le poiime de la Religion , comme il I'a observe avec tant de justesse, est im ouvrage dii second ordre , ou brillent dcs beau- tes du premier. Le poerne de la Grace, par letjucl I'auteur de- buta dans la carriere des lettres , lui est de beaucoup inferieur, pour Ic plan et pour les details ; cependant, le talent que Ton y reniarquait di'ja , aide de la protection de d'Agucsseau, fit cuvrir a Louis Racine les portes de I'Academie des inscrip- tions et belles-lettres , landis que celiii dont nous venons de parler ne put le porter a I'Acadcniie francaise, d'ou I'eloigne- rent les intrigues du cardinal de Fleury, ennemi des doctrines jansenistes que professait son auteur. Les choses n"ont point change depuis ; et, de nos jours encore, les opinions, plus que le talent, donnent des droits aiix honneurs litl(';raires, qui devraient etre exclusivement reserves au genie. Les Irois volumes, accordes a Gkesset, comprennent pres- que tout ce qu'a laissc ce poete aimable, dont la grace et I'ori- ginalite furent les caracteres distinclifs. L'oniission dc deux poemes , peu dignes de sa plume, le Gazctin , qui d'ailleurs n'a jamais etc imprimc , et le Pariain magnifique , dont il n'a paru que des fragmens, ont empeche les editeurs de donner a ccs trois volumes le titre d'OEui'res completes ; mais il nous sem- ble qu'ils auraient pu reslreindre davantage leur choix et se borner a un seul volume, en n'y coraprenant que les verltables titres de Gresset a la couronne poeiique : tcls sont la comedie du Mediant, qui ouvrit a son auteur les portes de I'Academie francaise, le pocmc de Vcrt-vert, la Chartreuse, I'epitre a sa soeur sur sa convalescence et quelques autres poesies, a cote desquelles les gens de goiJt se garderont de mettre sa traduc- tion des Eglogues de Virgile, paraphrase froide et languissante qui ressemble trop a I'ouvrage d'nn ecolier. 108. — * OEmres completes dehx Fontaine , en un volume in-8°, orne d'un portrait cl de vignettes , dessineespar Deve- ria , et gravees par Thompson et John Martin. Paris, 1826; Urbain Canelet Baudouin freres. 5" et 6" livraisons ; prix 2 fr. chacune(Voy. Rev. Enc. , t. xxviii,p. 566-5G7, I'annoucedes quatre premieres livraisons ). Ces deux nouveJIcs livraisons des OEuvres completes de La Fontaine comprennent la fin de ses Contes, la traduction en vers de Y Eunuque , de Terence, Clymene et le prologue de I'opera de Daphne. On a suivi pour cette edition le meine LITT£RATURE. 2o3 ordre qui a 6t6 adoptc par les editeurs de la collection des Clas- siques de M. L. Debure , et Ton a remis au nornbre des Conies Philemon et Baucis , les Filles de Minee , la Matrone d' Ephese et Belphegor^ que Ton avalt ajoutes jusqu'ici mal a propos aux fables dc La Fontaine; mais je ne sais sur quel fondem^nt on nous donne cgalement pour un conte \e Portrait d' Iris : cene imitation d'Anacrcon devrait trouver sa place dans les poesies melees qui feront sans doute partie des deux dernieres livrai- sons. Le nom de comedie re convient guere non plus an petit poeine dialogue de Cljmene ; c'est plutot une cantale, dont I'idee est ingenieuse et les pensees delicates, mais dont le style est un peu neglige. Quant a VEunuque, il me semble que La Harpe s'est montre trop severe , en \oulant proscrire celte co- medie des oeuvres de notre fabuliste; il s'en faut de beaucoup que cet ouvrage, ou le traducteur devait etre infailliblement soulenu par le genie de Terence , soit i-ndigne de La Fontaine ; mais il est vrai de dire qu'il s'est montre tellement superieur dans la plupart de ses fables, que I'admiralion qu'elles font naltre doit rendre le lecteur difficile a son egard. Quoi qu'il en soil , cet ouvrage devait trouver place dans les OEuvres co/w- /j^efci- de La Fontaine; et,s'il s'agissait de fairc un clioix , je ne balancerais pas a I'y admeltre , de preference a plusieurs de ses contes qui sont reellement indignes dc sa plume, et pour la forme etpour le fond. F^. Hereau. log. — * Oeuvres de J.-F. Ducis, T. I. Paris, 1826 ; Nepven. I vol. in-S° de xij et /j33 pages, avec un portrait. 1 10. — * Oeui'resposthumes dc J.-F. Ducis, precedees d'une Notice sur sa vie et ses ecrits, par M. Campenon, de I'Aca- demie francaise. Paris, 1826; Nepveu. i vol. in-8" de xcviij et 4^3 pages. On compte jusqu'a present qualre editions des oeuvres de Ducis. La nouvelle edition que nous annoncons, revue et cor- rigee sur les manuscrits originaux, comprendra, outre les ou- vrages qui avaient deja ete imprimes, un volume d' oeuvres posthumes, contenynt: deux tragedies, des odes, des epitres en vers et des pieces fugitives ; des lettres adressecs a MM. Bitaube, Talma , Lemercier, etc. File formera en tout 4 volumes; prix du volum.e , 5 fr. ; sur cavalier velin , lo fr. Trois autres editions paraitront en meme terns chez le nieme libraire. L'une de deux volumes, qui pourront eire reunis en un seul , format grand in-8° a deux colonnes , coutera 20 francs ; une seconde, format in-i8, aura six volumes, et se vendra 24 francs; la troisieme enfin, format in-32, aura sept volumes ,. dont le prix est fixe a 20 fr. Z. 20i LIVRES FRANCAIS. 1 1 1 . — Les Grecs , tribut funebre aux mines de lord Byron, par AVrtmYtf BouLAY - Paty. Paris, iSaS; Renouard et Pon- ihieu. Brochure in-8" de 5i pages; prix, a fr. Encore des vers ! Encore un hommage sterile aux Grecs ! Et Missolongbiapeut-ctrecessed'exister ! Et lesarig d'lincpopula ■ tioii entiere, verse par la main des Barbares, crie vengeance a toute la chretiente! C'est ici, plus que jamais, i'occasion de repeter ceque nous disions, il ya trois ans, en annoncantles premieres strophes inspircks par celte cause sacree du malheur et de la religion : ce n'est point la lyre , c'est I'epi'e que doit saisir celui qui sent battre son coeur pour une aiissi noble cause. Cet appel , M. Boulay-Paty semble I'avoir conipris. « Ainsi , dit-il , a la fin de son dernier dilhyrambe , Aiosi, fougneuse, temeraire, Ma muse insultait aux tyrans; Ainsi, mon aine ardente et fiere S'exhalait eH libres elans ! Je disais : « Les peaples soniineillent... » Et soudain les penples s'eveillent, Soudain j'entends ce cri valnqnenr : Que I'hydre des tyrans expire!,., » Et mpi, j'avais quitte la lyre, Un glaive armait mon bras vengear! » Ce n'est peut-etre ici qu'une fiction poelique. Tout le uionde n'est pas libre , par sa position, d'obeir a cette impulsion d'un courage genereux. Mais les vers aussi peuvent scrvir utilement la cause des Grecs, en augmentaut le nombre de ses partisans par lenthouiiasme qu'lls font partager aux lecteurs. S'lKsuffit d'etre poete pour communiquer aux autres cet enthousiasme et si I'inspiration suftit pour etre poete, M. Boulay-Paty doit compter sur le plus noble succes que pulsse ambitionner sa Muse. E. Hereau. 112. — Mucius Sccevola ( Mutius Sccvola ) , tragedie en cinqactes, par/.-C-7. Roentgen. Paris, 1826; Barba. Bro- chure de 67 pages; prix, 3 fr, L'auteur de cette tragedie ignore le genie de la langue dans laquelleil ecrit et n'en respecte pas toujoiirs la synlaxe. Quel- ques vers dounerout a nos lecteurs une idee de son style : Ta fierte, ton courage, apprendront au tyran A trembler ties Romains an milieu de son camp. Vous savez, senatenrs, corabien le roi mon raatlrc Prend inlerdt an sort , comme au saint roinain. LITTtRATURE. ao5 Plus grande que la sienne est des Romains la gloire. TLAUDIA. Ne vols que Rome; I'as , alfronte le trepas. MCCIUS. Je sanve la patrie , on jc ue reviens pas. Citons maintenant une tirade qui fasse connaitre le tissu de sa diction. C'est Porsenna qui parle ases generaux : Tarchon, nioti digne fiis, et vons dont le conrage Soutient ines etendards sur Vetratiger rivage, Avant A'offrir ati.v Dieiix , d'implorer lenr favenr, Vons connailrez, amis, les desseins de mon cceur. S'allumais malgre luol le flambeau de la guerre, Et portant a regret sur la 'voisine terre Le fer d'liri ennemi , mes soldats belliqueiix, Je rempUs de justice un devoir rigoureux. En \oila plus qu'il n'en faut pour juger du talent poelique de M. Pioenlgen. Un pareil style n'est concevable que sous la plume d'un etranger; il suffirait pour etouffer les plus haules conceptions dramatiques. Heureusement, nous n'avons ici au- cun reproche a lui faire. M. Roentgen a public precedemment des Recherches sur les sources de la prosperite publique. Sans connailre cet ouvrage, nous engageons I'auteur a retourner a I'economie politique. C. 1 1 3. — * Recueil de fadaises , compose sur la montagne h V usage des habilans de la plaine , par M. Jerome , ( en son vi- vant ) , litterateur distingue et consomujatcur accr^dite dans le faubourg St-Marceau. Paris, 1826. Bossange freres. avol. in-S" de 298, 291 pages; prix , 10 fr. Les editeurs du manuscrit Aeien M. Jerome, ( voy. Rev. Enc. , t. XXVI, p. 873) encourages par le succes de cette premiere pu- blication, ont fait de nouvelles recherches dans le faubourg St-Marceau pour decouvrir encore quelques precieuses reli- ques de ce singulicr homme de lettres. Leur demarche n'a pas ete vaine; ils ont rencontre, a leur grande satisfaction, une dame Guillaume, ancienne amie du defunt , jadis altach^e a la lingerie imperiale delaMalraaison,maintenant grosse lapissiere dans la rue du Petit- Moine. En arrivant chez elle , ils y ont ob- serve, disent-iis dans leur allocution preliminaire, 'is et dispo^es avec goiil ; il y J'cgne surlout une grande variete , et Ton y rencontre avec plaisir plusieurs portraits liistoriques , tels que ccmx dc VoUaire ^ Henri IV^ Louis XIV, Pierre-leGrand, Frederic, Charles XI I^ Louis XF a seize ans, et Catherine II. Les tragedies , les co- medies, lis ])oeines, les contes, les ouvrages plus clendus et plus surieux dc none grand (xrivain, tour a tour poete, liis- torien , pliilosoplie , el toujouis profond ou ingenieux , onl fourni au crayon et an burin de denx de nos bous artistes les plus lieureuses ins])irations. Tons ceux qui ont deja les OEuvres de Voltaire dans leurs bibliollioques , voudronl y joindre cetle rollcclion dc gravures, qui en devient le comple- ment nccessaire. N. » 121. — L' Harmonie en di.x lerons , a I'usage des personnes .S qui veulent apj)rcnd:e a faire un aceompagnement de j)iano, de Inirpe, dc trio, qualuor, etc., sans faire une etude apjiro- fondie de la science; par yrf/i xa/i^Vt' Lkymerie. Paris, 1826. Audio. In /i" de 16 pages ct 6 planches gravccsj prix , a fr. BEAUX- ARTS. 21 3 Le titre de cet onvrage indique SDffi^amment le but de I'au- teur. II n'a point eu I'intention de faire un Iraite complet, il n'a prnse qii'a offiir CjUelques notions iiidispcnsables : il a done cstrail des divers traiics de composiiion un certain nonibre de prcceptes qu'il a distribues en dix bcons. H ];enso fjue celte elude snfiira pour metire les am;itcui^s a menie d'ecrire des accoiTij)agnemens pour des romances, des airs varies, eic. A la verite, les accomjjagtieniens troiivcs par la metlicde de I'auteur ne pourront etre tres-riclus; cependant ils seront qneiquefois toierables. Du reslc, les parties de ce livre sont iraitecs si sommaircment que les plus giandes dilficulies de- jneurent presque sans solu;ion : c'esl ainsi (jue I'ecueil ordi- naire des eleves, la preparation ct la rosolulion de la quaite, est a peine effleure. Toutefois, cet ouviage n'est pas sans nii- Ihe; car s'il dome a certains amateurs qui I'auront ctudie la pretention de passer jjour harroonistes, il en deterniinera quelques autres a consullcr des aiiteurs qui, ayant adopte un autre plan que celui de M. LcYtnerie , auront pu trailer letir sujet d'une maniere plus approfondie. 122 — ChotJrde cantiques a I'usagedes colleges royaiix et de toutes les communaules religieuses, composes a trois voix avec accompagneinent de piano ou orgue, ])ar Hippolyle Monpou, accompagnatenr de f Institution j'oyale de niiisique relii^ifiisr. Premiere livraison. Paris, 1826 , Druere editeiir , rue Haiiie- feuille, n° 10. In-8° , papier Jesus ( format de guitare ) de 22 planches ; prix, 3 fr. Ce recueil sera compose de quaire livraisons, dont chaciu:e contiendra dix cantiques. Les paroles de tons ecus que rcii- ferme la premiere sont tirees du recueil des IMissions oti de ce- lui de Saint-Sulpice : ce n'est pas assurement en faire I'eloge; mais, puisque ces cantiques sont adoptes dans toutes les riu- nions pieuses, et que d'ailleurs il n'en existe pas en France de meilleurs , il faut bien s'en contenter. La ransique , en general bien adaptee aux paroles, est ecrite pour deux dessus , et basse ou baryton ; 11 eut peut-elre mieux valu comjioser a voix egales; I'lisage du recueil en serait devenu ]>liis commtin ; ncan- moins , comme ces canliques ont tons une melodie jirc'domi- nante, la troisieme pariie pcut eire supprimce lors(;ne Ton a un accompagnemenl ; ils peuvent mcme, dans ce c.is, etre chantes il une seule pariie, sans cesser de produiro i\c reffcl. On sent que la forme de composiiion ac^optte y::r M. Monpoii ne lui a pas permis dejeter ur.e tres-grande vrrli-t('' dans les chutes liarmoniques; cependant, on doit lui rei;rocl;er d'enj- ployer beaucoup troj) sou-vent I'accord de sixle quarie sulvi 'i4 LIVRES FRANCAIS. de I'accord parfait : cette formule a vieilli, et Ton ne dolt par consequent s'en servir que rarement. II se trouve aussi dans ces cantiques ([uelques fautes de prosodie qui doivent etrc evitees dans les morceaux de ce genre plus srrupuleusement encore qu'ailleurs, puisque les cnfans les apprennent par cceur et retiennent les fautes comme le reste. Ainsi , jamais on n'a fait soutenir une note sur I'e; tnuet final d'un vers, a nioins que re ne fut pour faire une rentree; M. Monpou a conimis celtc faute dans le cantiquen° i; et,dans plusieurs autres numeros, il a pbce aux tenis forts des syllabes qui devaient etre aux terns faibles, et reciproquement. J'insisle sur ces erreurs, qu'il est on ne peut plus facile de faire disparaitre, et qui disparai- tront sans doute au second tirage. Un recueil irreprocliable i cet egard est celui des Chants composes pour les ecoles (Tensei- gnement mutuel , par M. JS. Wilhem. C'est assez critiquer M. Monpou; disons que la premiere livraison de son Choix de cantiques renferme plusieurs jolis chants, et que, prive par son plan des ressources d'une liarmonie savante, il y a sup- plee par la grace et la clarte. Ajoutons que ces cantiques me- ritent d'etre cliantes, non-seulemcnt dans les institutions, mais aussi dans les societes oil la musique est placee en premiere ligne. M. Monpou s'annonce fort heureusement dans le raonde musical : on ne peut en etre etonne , puisqu'il est I'un des prin- cipaux eleves de I'institutlon dirigee par M. Alex. Choron , d'abord sous le litre d'Ecole speciale de chant , puis sous ce- lui A' Institution royale de musique religieuse; nul doute que ce jeune compositeur ne fasse honneur a son savant et illustre maitre. J. Adrien-Lafasge. Livres et objels d'etrennes. 123. — La petite poste ^ passe-tems de soirees. Recueil de leltres contenues dans une boite, format in-4°. Paris, 1826. Gidefils, editeur, rue Saint-Marc, n" 20 ; prix, 7 fr. 5o c. Vers le milieu du dernier siecle, M. Chamousset, philan- trope connu par la fondation du Mont-de-piete, et de plusieurs etabiissemens de bienfaisance et d'utilile publique, etablit a Paris la petite poste aux lettres : plusieurs poetes a la mode, entr'autres Dorat,luiadresserent des vers pour le remercierde leur avoir procure un moyen plus facile de communications et de correspondance. Aujourd'hui, Xa petite poste devient un passe-teras de soi- rees, et un jeu de socicte. Une boite , portant un guichet , est posee sur une table ou sur la cheminee. On presente a chaque personnedu papier et un crayon. On ecrit alors a telle ou telle M^MOIRES ET RAPPORTS. 21J personne de la societe ; I'adresse mise , on jelle la missive dans la boite. Une personne est delegude,;! titre de Jactetir ou de factnce, pour proceder a la /ei'ce eta la distribution dcs let- tres. Alors, il se fait quelquef'ois une petite guerre de plume, oil les vaincus finissent par rire de leurs blessurcs. Afin de ren- dre ce jeu plus facile, on a recucilli qiielques lellres eti vers, choisies dans des levees failcs durant les soirees ou I'ou s'est amuse de la petite paste. Ces lettres nous out paru ecrites avec esprit : elles forment un petit recueil assez piquant, oil Ton trouve quelques epigrammes d'un tour original. II est jiroba- ble que \a petite poste sera, bientotunjeu a la mode, parmi les personnes qui ont assez de bon sens pour ne pas s'offenser d'une innocente epigramme, et asscz d'esprit pour y re- poudre. ^• Meinoires et Rapports de Societes savanles , littcraires et d'utilite publique. 124. — * Memoires de la Societe Linneenne da Calvados. T. II. Caen, 1826. Un vol, in- 8" avec un caliier de planches, iif- 4°. De toutes les reunions qui, sous le litre de Societes Linneennes, se sont formees en France, dejiuis quelques annees, il en est peu qui se soient rendues aussi dignes de I'attention du monde savant que celle dont nous annoncons le second volume. Dcs I'appariiion du premier, on reniarqna que les memoires dont: il se composait, n'avaient point pour objet la reputation per- sonnelle des membres de ce cori)s. On n'y trouva auciiu lieu comniTin scientifique, iii aucun de ces discours de secretaires perpetuels on Ton ne saurait rencontrer une ligne qui ne fiit une vieillerie repctee a saliele sous toutes les formes, depuis qu'il est devenu a la mode parmi certains ecrivains d'ajouler une foule de titreslltteraires a la suite deleur signature. La So- ciete Linneenne de Caen a senti que le bavardage n'est point de la science : die ])arait, dans ses actes, avoir proscrit les cboscs inutiles et frivoles. Aussi, sa correspondance est soUicitee par les premiers naturalistes de notre epoque; il est bonorable de lui appartenir; ses memoires seront reclierches, pour peu que la societe, perseverant dans la route qu'elle a jusqu'ici paz*- courne, n'ouvre pas tropfacilement ses portes aux pretcndans. Le volume qu'elle vient de publier, fait beaucoup d'hoiinenr a M. de Caumont, secretaire, pour le soin avec lequel il a ele redige. Le rapport snr les Iravaux de la Societe, durant I'an- nee qui vient de s'ccouier , par Icquel M. de Caumont entre eu 2i6 LIVRES FRANCAIS. maliere, est parfailemenl fair, et prouveavec quel zclect quel succes on s'occupc en Normandie d'auire chose que de proces. Dans la partie zoolon;ique, MM. Bouiicnne et Fancon , de Caen; Cliesnon, de Bayeux; Beancondroy, de Granville; Brebisson, deFalaisc; Blot, de Colleville; Gucrville, de Valo- gne , et snrlout M. Deslongcliamps, professeur a I'Univeisite, ont fourni des inemoires fort Lien fails ct non moins bien ana- lyses. MM. Suriiay, du Havre; llardouin , Brebisson , De Larue, et surtout, Chauvin, de Caen; Delise, de Virc el Le Provost , de Rouen , onl enricbi la botanique. Ce sonl MM. Du- vau de Paris, de Caumont, secri'taire de la Socieie, E. Des- longcliamps, president, qui se sont occupes de geologic cl dc fossiles. Aucune panic de la science n'a cle negligee, ("enx des travaux des membres de la Socicte qui ont merite I'inscrlion dans le volume par leur importance, sont i° I'hlsloircdes slides de M. Delise, qui, vu son etenduc, a ete liree a part ; 2" le cata- logue meihodiqiie des cruslaces terrestrcsfluviatiles elmarlns, recueillis dans le departement du Calvados, par M. Brebisson, 3° mcmoire sur un fossile qu'on presume avoir eU- la di'fense caudate d'une raie du sous-genre mourine , el Irois autres me- moires de M. Deslongcliamps, sur qiielquPsmolliisquesniarJns observes vivans , sur les corps organises fossiles du gres inter- mediaire du Calvados; et sur I'animal du calyptroea sinensis, travauxexcellens, avec de bonnes ligures; 4° enfin un f res-beau memoire geologique de M. de Caumont sur quelques terrains dela Normandie occidentale, etc. B. de S. V. laS. — * Bulletin de la Societe (T encouragement pour I' In- dustrie nationnle , public avec I'approbalion de S. Ex. le mi- nistre de I'interieur. aS^ annee. (1826). Paris, 1826; iniprirae- rie de Mme Huzard , rue de I'Eperon , n° 7. II faudrait presque tout extraire de eel excellent recuell, qui atteste les importans services rendus par la Socicte au nom de laquelle il est public ; car cliacun de ses articles contient des fails , des observations , des doctimens qui meriteraicnt d'oc- cuper une |>lace dans la Reiocae. i3o. — *Journal grammatical et didactique de la langue Jrancaise, redige par M. Marle , membre de YAthcnee , de la Societe grammaticale , etc., etc., et par jilusieurs autrcs gram- mairiens^ N" I*"^. Paris, 1826. Jn-S" de 54 pages; prix, pour I'annee, 20 fr., et 22 fr. franc de port. Le premier numero de ce journal mensuel renfermc une introduction dans laquelle les redacteurs exposcnt lenr plan. L'ouvrage sera divise en qualre parties. La premiere offrira ia solution de diverses difficultes que Ton chercherait vaine- luent dans les grammaires et dans les dictionnaires, ouvrages dans lesquels une foule de questions se trouvent tanlot effleu- rees, tanlot dc'daignees, souvent obscurcies , quelquefois en^ lierenient oublices. La seconde partie presenlera un cours regulier de langue francaise , et sera redigee enlierement par M. Boniface; cet habile instituteur exposera, avec toute la brievete el la clarle possibles, les principes de grammaire dont il fait rapplication depuis vingtansavec un grand succes, (dans son ecole elementairc , rue de Tournon , n° 33 ). Dans la troisieme partie sera Irailee la didactique ou llieorie de I'enseignement ; cette section pourra etre fort utile aux jeunes instiluteurs. Endn , on trouvera, dans la qualriemc partie,un examen approfondi des nouveaux traitcs de langues, et une critique grammaticale, principalement dirigi'e conlre les ecarts du romantisme. LIVRES liTRANGERS PUBLIES EN FRANCE. 22^^ Le ])l;in dont on A'icnt de donner une idee a etc mis a cxecii- lion dans la premiere livraison du Journal grammatical. Celte livraison contient : \° les regies pour connailie quels mots termlties par ion prennent avant I'i un r, un j, un t ou un .v; d'autres regies qui inJiquent comment ou pent reconnaitre que Jes mots en air, oire doivent prendre ou ne pas prendre Ve muet; a" la premiere lecon du cours de M. Boniface, consa- cree a des notions mi'taphysiques j)reparatoires, niiscs a la porlee de I'enfance; 3" des formules pour distinguer I'une de I'autre les parties du discours : ce morceaii de M. Marie nous a semble fort ingenieux ; 4" une critique peut-etre un peu •velilleuse du />/-o.f/jfc/«^ d'un nouvel ouvrage public par M. Constant Letcllier fils. J. A — L. Livres en langues etrangeres , imprimcs en France, i3 1. — Documenta philosophicn , etc. — Lecons de philoso- plue, approprieesa lajeunesse studieuse ;par M. /. F. A. Caro, professeur de philosophie au college royal de Poitiers. Poitiers , 1826. Iinprimerie dc Catineau. Paris, Lecointe et Durey. i vol. in-i2 dc 345 pages. Prix, 4 fr. Nous pourrions faire surcet ouvrage uu assez grand nom- bre d'observalions critiques. Des le litre meme, nous pour- rions deniander ce que signifient ces mots, Documenta philo- .wphica, cjui, dans la vraie langue latine, n'ont jamais eu le sens qu'on est oblige de leur donner. Dans la preface , tout en reconnaissant les intentions purcs etlcs senlimens niodestes de i'auteur, nous pourrions nous etonner de ses lamentations sur notre pauvre siecle, ou Ton ne rencontre, dlt-il , que sophis- mes, tenebres, imposture, corruption. Nous voudrlons bien aiissi, en parlant du style general de I'ouvrage, ne pas lais- ser echapper I'occaslon de nous clever contre ce latin barbare que Ton persiste a. croire cminemment ])hilosopliique, comme si des mots qui n'ont jamais etc d'aucune langue avaient quel- que chose de philosoplilque et meme de raisonnable; comme si des phrases telles que traniitus a dido secundiim quid ,piQ- positio inccptii'a aut desiniliva , contribuaient beaucoup a la justesse du langage et a la clarte des doctrines. Mais, sans ac- cuser M. Caro d'un miserable jargon dont il n'est certainement. pas I'auteur , et qui remonte a sept ou huitsiecles avant Ini, ha- tons-nous de rendre justice aux nombreux avantages qui lu'i apparliennent, a la brievete de ses lecons, a la simplicile de ses idees, a I'ordrc mclhodique et lumineux ([u'il a su repandre au milieu de tant de divisions et de subdivisions, et surtout aux excellentes citations francaises , qui viennent de tems en terns corriger I'apre'.o de I'argumentation , et faire oublier les 224 LIVRES FRANC A.IS. baib;u ismes de rccole. Get ouvrage est utile, cf jjar consequent honorable : rauteur qui parait en aNoir siirveille attcntivement la seconile cdiiion , saura le ])erfec!ionncr eicorc. J. V .L. i32. — * Obra-'i ilramiiV.cas r liiicas de don Leandro Fer- nandez MoRvTiiv , entre los ^rcndes de liorna Itiano Celcnio. — OEmres drainuUqnes ct lyiiques de don Lrandie Fcrnandaz MoRATiN, etc. Paris, j8.i5; Th. Barrois fils , rue Riclielicii, n® 1 5. H vol. in-S" ; prix , 27 f'r. Lcs coiiu'dies do Moratin ont ete tradiiites dans presque toutes lcs lancjues de rEnrojie. D. Pedic N;!poIi Signoreili, litteraleiir italien tres-connu , en publin line veision complete a Naples et a Venise. II parut a Dresde, f-n 1800, urie tra- duction allcniaiidc de la Coincdia nucva. Quant a la France, outre la tradticliou de cetie coniedic, en i8o3, inscree a la (in de I'ouvrage '\\\\.\\\i\i : Elemcntos de la com'crsacion espnnola y franresa, et celle que fit en 1804 M. Dumani;int, ])our ctre rc])resenteo au th('alre de la Porle-Saint-Mat tin , le libraire Ladvocat a compris, dans sa collection de Pieces c/ioisies des Theatres etrangeis, la plus grande parlie des couiedies de Moratin. I! ne jiarail jias (jue la traduction puisse satisf'aire lcs litterateurs ex«rc('s; car nous iisons, dans la preface de I'edi- tion espagnole que nous annoncons, quonj a inal rendu les passages rneines dont on avail compris le sens, et Ton est fonde a penser que I'auteur de cciie preface est le juge le plus com- petent dans ocltc matiere. Au resle, il eat Ires-difficile de faire passer les beautes d'uiic langue dans unc autre. 11 en est de quelcpies productions litleruires, el surlout des productions poeliques, comnie de cerlaincs plasites; elles ne penvcr.t etre transplanlees dans un autre climat, sans perir, on sans i)erdre du moins leur fVaicheur , leur eclat ct leur parfuni. Or, les - comedies de Moratin sont lellenienl espagnolcs , el ecriles dans un langage si emineuinient national, qu'nne grande partie de leur merile doit nccessairement disparaitre dans une tra- duclion. Qiiant aux editions espagnnles du menie ouvrage, on en con)])lc [ilusieurs , e! spccialenient celles qui ont cte faites a I'insu de i'auteur a Alcala de Henarcs, a Valence et a Barcelone, qui fourmillcnl de fautes graves el d'inexaclitudcs. Lcs senlcs a pen pros coirecles ctaicnl celles de Madrid, que I'antcnr avail pu preserver au moins de epielques imperfections. La collection cjue nous annoncons, est, sans contredit, la ineilleuf e de tuutes celles qui ont paru jtisqu'ici. I'.lle a ete forniee et iiubliee sous la surveillance de M. Moralin; on lui envoyait a Bordeaux, ou il demeure, les epreuves d'impres- sion qu'ilcorrigeait lui-meiue. La jjartie typographi(|ue corres- pond au meritc d'un ouvrage aussigeneraleraentestime. M — l. IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTETVTRIONALE. Etats-Ukis. — Administration publique. — Finances. — Le la- bleau desreceltes etdes depenses, en i824-i8a5,a presenteles re- sultals suivans. La totalite des receltes s'eleve a peu pres a i44 millions de fiancs, el la depense n'atteint ])as ii8 millions , en sorte que I'excedant e.st dc plus de 26 millions. L'armee, les places fortes , rarmement de la milice , les pensions mili- taires , etc. n'ont pas coute 25 millions, et la marine de I'etat, qui a recu de notables augmentations , n'a impose qu'une de- pense de 1 1 millions. Le service civil et les relations exterieures se reduisent a peu pres a 10 millions. F. Mextque. — Message du president des Etats-Unis du Mexi- que , adresse aux Chambres du congres gent-ral , a I'ouverture de leurs sessions , le premier Janvier 1826. — L'etendue de ce monument historique ne nous permet pas de I'lnserer en ea- tier. On le consultera souvent, comme I'une des preuves les plus remarquables de Tinfluence salutaire des institutions libe- rales sur la prosperito des nations, el des maximes de justice appliquees au droit des gens. Nous ne nous arreterons pas a ce qui est relatif aux evenemens politiques, jusqu'a ce qu'ils soienl entierernent accomplis, et tombes dans le domaine de I'his- toire : mais les fails de statislique sont dans nos attributions, et ce message en fournit beaucoup, et d'importan^s; en voici le sommaire : « Le sysieme Refinances adopte par le pouvoir legislatif est mis a execution. Nous avons la satisfaction d'annoncer aux Chambres que les produits naturels de notre sol suffiront aux hesoins de cette unnee : qu'ils se rassurent done, ceux qui mon- traient une sigrande defiance , et qui nous croyaient sans res- sources, sans Industrie etdepourvns du genie (\m cree les arts et multiplie les moyens de prosperity publique et privee. aUarmee est aniinee d'un excellent esprit, bien disciplinee et de la plus belle tenue. On a recu d'Europe plus de la moitie de cequi est necessaire pour Tarmement de toutes lesmilices, et le resle arrive peu a peu. Nos places fortes sont pourvues T. XXX. — .4ml 1816. i5 226 AJVIERIQUE 8EPTENTRI0NALE. d'artillerio. Quclqties soulevemens de nations indiennes out 6te la seule cause qui nous ait obliges a tirer I'epee dans I'in- terieui'; ils sont apaiscs. Sur iios frontiores, depuis la reddi- tion du fort d'Ulioa, notre armee n'a jjIus d'autre occu- pation que d'cloigner de nos cotes les pirates et les contre- bandiers. « \ .'administration de la justice eprouve encore des embarras (jui disparaitront avec le tenis. Coinme nos lois ne sont plus en harmonic avec notre etat politique, et comine le lien federal ([ui nous unit ne doit pas gener I'exercice du pouvoir de cha- que ctat dans les limites de ses attributions et de son territoire, il a fallu un travail d'organisation que la douceur naturelleet les heureuses qualites des Mexicains permettront de terminer assez promptement. « L' instruction se repand dans toutes les classes de la societe. Le gouvernement s'allaclie a jierfectionner et a multiplier les etablisseniens et les nioyens d'enscignemcnt : il veut que les lumieres poneireni partoiit avec une telle abondance que le relonr des tenebres soit absolumerit impossible. U Acadciniede St-Charles aurasoin de conserver le bon gout dans les arts cpii contribuent si puissamment aux agrcmens de la vie; le Musce national presentera ce que notre sol renfcrme de y\MS pre- cieux : nous csperons pouvoir I'offrir un jour a I'admiration des voYfgeurs. Des ccoles prirnaires lancasteriennes pour- voient deja aux besoins du premier age , et le gouvernement aime a reconnailre ce qu'il doit aux secours que lui procure la Conipagnie mexicaine pour leur etablissement. Des Socieles acadeiniques , formees eii beaucoupde lieux , fnvorisent le moii- ■vement general des esprits vers les cormaissances utiles; le gouvernement prepare uu plan general d'education - Guadalupe Y1CTQB.IA , President des Etats-lJnis mexicains. HAITI. Proclamation du president. — Ameliorations interieures. — Enadressant au directeur de la Revue Encyclopediquewn exeni- plaire de la proclamation du president d'Haiti, relative a quel- (jnes dlfficultes survenues entre les gouvernemeiis francaiset liaitien, le secretaire particulier du president donne une idee sommaire de la situation du nouvel etat. « Le pcupie haitien , dit-il, se rendra de plus en plus digne de figiuer dans votre galeriedes nations comparees. L'agriculture va prendre peu a peu tout le dcveloppement dont elle est susceptible dans nos heureux climats. Un code rural, muri par I'experience , va fixer sur des bases equitables les droits et les devoirs du culti- vateur et du proprietaire. Le commerce va recevoir une ex- tension nouvelle : I'industrie appellera les ricliesses, et la nation, qui s'est impose avec tant de magnanimite une charge de cent cinquante millions de francs, trouvera, dans les ressources que lui preparent la sagesse du gouverneinent et I'activitc des ci- toyens , les moyens de s'acquitter avec honneur. Tels seront les heureux fruits de cetle reconnaissance; mais il en est d'autres, non nioins precieux , qui se hiiteront aussi d'eclore. Une education liberale repandra les lumieres dans la nation; les sciences et les arts fleuriront; Haiti aura aussi ses poetes , ses orateurs, ses hisloriens, ses philosophes, ses savanset ses artistes. « La proclamation qui a suivi de tres-pres la promulgation de I'atte (le reconnaissance, et que presque tons les journaux quotidiciii ont publice , est redigee avec une snge ferniele. '^28 A'^II'.RIOL'K ftlJi:ilU>IONALF,. S'il arrivait que Jes engagemens conlracles fijsseiU roiiipus, rt que les anciens colons fiissent prives do J'indemnite qui Icur est yiromise, ce neserait pas la faule du gonverneiiicnt liaitien. Voici la declaration solentielle du president : « Libre et inde- pendanle de fait depuis vingt deux antiees, Haiti n'a vu dans cette ordoniiance ( I'acte dH emancipation ) que I'aijplication a son egard d'une formalite pour legitiiner auxyeux des autres nations le gouverneinent d'un peuplequi s'est constilue en etat souverain. Cest cette formalite d'oii resulte la renouciation du roide France, pour lui, ses successeurs et ayant-cause, a toutc souvcrainetc sur le territoire de la republique , que nous avons obtenue , en conij»ensation d'une indemnite dont le premier paiement a etc cft'ectue , coinme les aulres le seront religieuse- inent, aux termes convenes. La presente legislature , en decla- rant cette indemnite dette nntionnle , vient de donner une nou- velle preuve de la garanlie offerte par la republique de la bonne foi de son gouvernemeqt. Ainsi , il ne pent exister , ilaiis ropinioii du monde, le moindre doute que ce ne soit la la seule interpretation raisonnable de I'ordonnanee recon- iiaissant I'indcpendance d'Haiti: interpretation qui, d'ailleurs, s'accorde naturellement avee les precedens manifestes du gou- vernenient. » F. AMERIQUE MERIDIONALE. CoLOMBiE. — '&oGOTk.—~Societe philantropique. — Lebut de cetle Societeest « de contribuer,suivant la fortune et les forces morales de ses membres , a I'encouragement et aux progres de I'agricalture, de Tinstruction publique, des arts, des travaux utiles , du commerce. » Le reglement qu'elle s'est donne pro- visoireinent, est imite de ceux des Societes analogues , qui existent en F.urope el dans I'Amerique du nord. On y distingue les societaires ordinaires et residens ( nunierarios ), les hono- raires ( nutnerarios de merito ), et les correspondans ( corrcs- ponsales). La denomination quiequivauta celle dihonoraires doit etre remarquee, jjurce qu'elle est plus convenable, et offre UTie sarantie qu'elle ne sera decernee qu'au merite. « Pour le moment, et durant les epreuves necessaires pour former un ctablissement solide et qui merite I'intervenlion diicongres, la Soclele se met sons la protection deslois et du gouvernemeul: son direcleur la sollicitera en son nom , en presentant une co- pie du reglement provisoire. » Le terns d'epreuves sera bienlot passe, et nous verrons sans doute bienlot le debut de la nou. velle institution, ('.'est avec autani de confi.Tiice que d'inleret A.M1.RIQUE MERIDIONALE. 229 (jue nous observtrons ses travaiix , ses nobles efforls , les hutces ciu'elle ne pent manquer d'obtenir. Son plan est plus vaste que »elui de la plupart de nos Socleles. La siluafiop actuelle des n-publiques de I'Amc^rique du snd n'admet pas ei^core de nom- breuses divisions du tia-vail entre les amis de la palrie et de riiOmanife, dans cluicun de ces 6tats. II etail done necessain; de former des reunions capables d'embrasser la tolalite du bien a fa ire ; et puisque ce besoin a etc senii, on a lout lieu d'esperer qii'il sera satisfait. F- BRtsiL. — Populnlion, ecoles , etablisscrnens publics cV instruc- tion etdebienfaisancc, agriculture , commerce, industrie. — Le BRisit est diviseen igprovinces, 16 eveeh^s, et un archeT^cbe, a Babia. La population est d'environ 5 millions, dont un million ei dcmi de blancs. Dans toutes les capitales de provinces et dans les grandes villes, il y a des ecoles primaires, des ecoles de langues latine €t grecqne, de philosopbie, de rbetorique , de geometrie, de dessin et de musique , payees par le gou- vernement. Dans presque toutes les \illes , les Ecoles primaires ont adopte la methode d'enseignement mutuel. Baliia et Rio- Janeiro possedent des ecoles de chlrurgieet de noedecine, etdes ecoles de genie, d'artillerie et de marine. II esiste, a Rio-Ja- neiro et a Bahia , une ccole de droit , el une ocole de com- merce; les capitales de provinces ont, de plus, des colleges d'orpbelins et des s«'minaires pour le clerge , on tout particu- lier est admis. On enseigne aussi dans les couvens la morale 6t la theologie. Enfin,les cajiitales ont desjardins botaniques, et Bahia el Rio, des laboratoires de cbimie ; Rio-Janeiro a, de plus, une Academic militnire, une Academic de marine, un observatoire. II existe a Rio, ainsi qu'a Bahia, une Academic des beaux-arts, un tres-beau mus^Jim et unebibliotheque pu- blique. La capitale renferme , en outre, nn conservatoire des arts. A Minas, montagne de Caras, il existe nn college Ou I'instruction publique est Ires soignee. La plus grandc par- lie des instrumens d'agriciilture connus en Europe est en usage au Bresil ; il en est de nieme des machines a vapcur. La tertilite prodigieuse du sol et les esclaves sont les plus grands obstacles aux progies de I'ygriculture et de I'industrie, dans le pays. Les fabriques les plus considerables sont ccllcs de sucre , d'eau-de- vie de Sucre, de tannerie, de tabac, de cordes- Quaat aux fabriques de draps el de toilcs, qui existenta Minas, elles sont encore dans leur enfance, de mcme que celles iJc chapea»i»; ily aaussi uneverreriea Bahia. On exploite lor, ('argent, I'e- lain, le fer, le diamant, et des pierresprecieuse«. L'exploitafian. a3o AMl^^RIQUE M£RIDI0NALE. des mines de soufrc, desalpotre, dc mercure et autres, n'csit pas encore en grandc aclivite. On cullive principalenient le siicre , le tabac, le rafc, Je co- ton etl'indigo. A ces objets d'industrieagricole on doit ajouler le bois duBrt'sil, Ics cuirs, lescornes, la coclienillc, le roucou, le cacao, la vanille, la salseparcille, Ics bnnmes et les resines, I'huile de baleine et de licin. L'art du teinturier et la phar- macic ont, dans ce pays, un champ vasle a exploiter; les epi- ces, tellcs que le girofflc, la canelle,le poivre, forment une branche du commerce. — Les fromages de Minasetde Rio- Grande rivallsent avecle bon gruyere. Toute I'escadre portu- gaise, et celie du Bresil qui est aujourd'hui de 98 vaisseaux , ainsl que la marine mnrcliande, sont sorties des chantiers de Baliia, de Rio, deVera, etc. La broderie, les dentelles egalent les ouvrages les pins parfaits en ce genre (i). Lcsfleurs arti- ficielles, parlicnlicrement en plumes, sont admirables; les ouvrages en coquillages sont aussi d'une grande beante. La marqueterie, I'ebenisterie et I'orfevrerie font dc grands pro- gres dans le pays. Toules les grandes villes ont deshopitaux et des maisons de charite, et des asiles pour les enfans trouvcs. D'autres hos- pices de charite sont soutenus par differeutes confreries. La ferlilite du sol, rencouragement (pie le gouvernement offre aux colons etrangers , en leur donnant des portions de terrain en toute propriete, et quelques moyens auxiliaires en argent , sont des motifs puissans pour les altirer. — I/armee et la marine leur offrent egalement des carricres brillantes. Le capilaliste et I'homme ((ui exerce une iudiislrie quelconquc peuvent obtenir une honorable independance. — On public dans les capitales des journaux de differentes opinions, comme dans les aiilres pays. L'opinion consiitutionnellc et liberale est eviderament dominante: elle exprimc le vceu de la masse de la nation; car elle a pour objet I'avantage du plus grand nombre. Partout eclate le dcsir de s'inslruire dans les sciences et dans (i) Ces objets ne sont point le produi't Je mannfactures, mais bien I'oavrage des dames bresillennes.Du reste, leur travail, loin defournir a la consommation generale da pays, ne suffit pas toujours a lenrseul usage. Aassi le commerce peut-il esperer des profits, en introdnisant dans ce pays des denlelles et des broderies franoaises , mais en ne negligeant pas de choisir les premieres qualites. Car, c'est surtout aa mauvais choix dc leors marchandises que nos negocians doivent altribuer leur inferiorite relativement aox Anglais, dans le commerce da Bresil. AMfiRIQUE MlllRlDIONALE. — ASIE. aii lesarls , comme I'attestele grand noiiibre He jeunes Brcsiliens qui viennent frequenter les meilleures ecolespubliques d'Eu- rope. En France seulement, il se trouve, en ce moment , 3oo jeunes gens du Bresil qui etiidient a leursfrais , et legouver- nement entretient dans ce royaume 21 pensionnaircs inilitaires. Sous le beau ciel du Bresil, on ne connait aucune maladie propre au pays. Le climat est doux et sain ; I'habitant bien- veillant et hospitaiier. B— s. ASIE. Exploration du golje Persique. — Cette Mediterranee , qui serable I'une des premieres mers du globe qu'ait parcourues I'espece bumaine, avait cte presque abandonnee par le com- merce, depuis plus d'un siecle; et les communications mariti- mes qu'elle ouvre avec la Perse et la Mesopotaraie , etaient en grande partie interceplees, par les escadrilles des pirates eta- blis sur ses rivages dans plusieurs -villes fortifiees. Lorsque i'Angleterre voulut raninier le commerce de Bombay, qu'avait affaibli la concurrence deccluide Calcutta, elle resolutd'abord, pour assurer ses transactions avec le golfe Persique , de chas- >er de cette mer les pirates qui s'en etaient rendus maitres; mais ce projet etait d'une execution plus difficile qu'on ne I'avait imagine. La resistance fut opiniatre et ne cessa que par la destruction des repaires de ces brigands et par I'exterminalion de leurs liordes principales. A peine la navigation fut-elle libre, que, pour la rendre plus facile et ])lus siire , I'amiraute lesolut de faire explorer le golfe dans toute son etendue, re- connaitre ses cotes sinueuses, ses ecueils redontables et les iles dont il est parseme. En i8a5, les deux batimens charges, sous les ordres du capitaine Maude, de ces operations geo- graphiques, avaient deja releve !^5o lieues de cotes, depuis Ras Mousendrem , a I'entree du detroit d'Ormus , jusqu'au- dela des iles de Bahrein; et au commencement de cette annee, lis sont parvenus dans la partie la plus reculee du golfe, et ont visite les embouchures de I'Euphrate. Dans le pourtour du haut promontoire, designe par les anciens, sous le nom de montagnes noire s , ils ont decouvert deux havres profonds, qui peuvent offrir nn refuge aux navires poursulvis par la tera- pete. L'un a recu le nom A'Elphinslon, et I'autre celui de Col- ville. L'examen des reliefs cpxi forment les iles du golfe et ses ecueils a montre de nombreuses formations volcaniques, dans une partie du globe ou Ton ignorait qu'il en existat aucune. On a meme trouve des terres nouvelles dans ceite Mediterrauee a32 ASIE. qui ne promettait aucune decouverte aux navigateurs; et le capitaine Maude, commandant la Favorite, a rcoonmi et de- termine la position de plusieurs iles dont aucune carte ne Semble avoir, avant Ini, indique la position ; savoir : -Dauj*. Latit. aS" lo'N. Long. 52" 45' E. Elle est d'une ele- vation mediocre; on y voit quelques terres; le sol a un aspect rndtallique; il est prive d'arbres, rcxircmite mcridionale est resserree par une peninsule basse , sablonneuse , de 6 a 7 milles d'etendue. On trouve un fond de sable grossier,a i3 ou 18 brasses , a la distance de 4 a 5 lieues, devant cette ile. Jarnain. Latit. 25° 8'N. Long. Sa" 55'. On y remarque trois collines clevees, deux vers rextremit^ nord et une au sud; elles sont depoiiillces de Tcgctation et semblent etre d'origine Tolcanique. Arzenie. Lailt. 24" 56'. Long. 52° 33'. Cette ile est la plus haute, et celle dont la surface offre le plus d'inegalites. Un re- cif de rochers et de coraux s'etend au nord jusqu'a un mille de la cote. La Favorite mouilla sous la terre ayani le centre de I'lle au sud a 5 milles, par 12 brasses et demie, fond de sable fin , de corail et de coquilles. II n'y a point d'arbres, raais on y trouve quelques plantes, et Ton imagine qn'on pourrait s'y procurer de I'eau , en y creusant des puits. Les ravins indi- quent que de grandes pluies les ont excav^s. La partie meri- dionale est extrcmeraent bachee, el les rochers en sont basal- tiques. On evalue a 7 milles la longueur de cette ile et sa largeur a 3. Dalmy. Lath. 24" 56'. Long. 52° 24'. Cette ile est plus ele- vce encore que la precedente. Elle est d'une coulenr plus som- bre. On y voit , dans la partie du sud, une colline arrondie; dans ie sud-est , trois tertres et plusieurs saillants sablonneux , etendns de 2 a 6 rallies. Le chenal entre elle et le continent a 20 milles de large; il est herissede dangers et de petites iles; raais le passage entre Arzenie el Dalmy est parfaitement libre; il y a des chutes de sonde deiSaaiefde 12317 brasses ; fond de sable de corail. Seerbeni Yass. Latit. 24° 34'. Long. 52° 40'. Elle est Ires- ha\ile au centre et hachee au nord; elle se termine au N. O. par un cap sablonneux tres-bas, saillant de 7 a 8 milles. Le canal entre Tile et la terre-ferme n'offre de passage qu'aux ba- teaux des pecheurs de perles. Danie. Latit. 25° 1'. Long. 52" 20'. C'est une espccede banc de sable , long de 2 milles, tres-etroit , et qui, se confondant avecl'horizon, est dangeteux pour les navires. Sherarou. Latit. 25° i3'. Long. 32° 18'. Elle a 4 milles dc ASIE. — EUROPE. ILES BRITANNIQUES. 23!'. long et laisse voir deux tertres a ses extremites, cl'iin aspect rembruni et conrime metallique. Hawlool. Latit. 25*^ 4i'. Long. 62° 23'. On n'y apercoit point de traces de vegetation. La mer est profonde aupied de la cole. Ces lies ont la memc constitution mineralogique quecelles de Polior, des Tombeaux, etc. sur la cole persique du golfe. II ne nous parait pas douleux qu'clles n'aient ete projet^es par des volcans souterrains, a une epoque peu reculee. On ne pour- rait Jes soumettre a la culture qu'avec beaucoup de travail et de soins, et en y creusant des puits et des citernes; mais elles peuvent devenir importantes, par leur position, au centre d'une pecherie de perles ires-elendue , qui a lieu depuis avril jusqu'en septembre. Le banc suO lequel les pecbeurs s'etablis- sent a 200 inilles de longueur de Test a I'ouest , et 70 du nord au sud. Le terns brumeux qui regne as^ez souvent dans la partie d(i golfe ou se troiivent ces iles , rend lenr connaissance particu- lierement utile aux navigateurs; et le capitaine Maude s'est acquis des droits a leur reconnaissance, en publiant, a son retour de I'lnde les relevemensqu'il a fails de ce groupe , qui parait avoir echappe jusqu'a present aux investigations des Eui'opeens. En 1825, ces lies ont ete visilees par les batiinens anglais la Decouverte tlla Psyche. On y a reconnu des traces nianifestes d'origine volcanique ; le soufi e et ses combinaisons S€ trou- vent dans chacune d'elles, ainsi que des scories , des obsidianes et des trapps. A. Moreau de Jonwes. EUROPE. ILES BRIT ANTIQUES. LoNDRES. — Expediiion maritime. — On assure que le capi- taine King , dernierement arrive d'un voyage auiour de la Nouvclle-Hollande, est sur le point de mettre a la voile pour une autre expediiion , dont la duree sera de cinq ans. II sagira d'abord de seconnailre les cotes de TAmerique meri- dionale, depuis Rio de la Plata jusqu'au cap Horn, et de tacher d'ouvrir des communications avec les naturels de celte vaste peninsule, qui jusqu'ici est restee si peu connue. Le recent voyage du capilaine Weddell semble avoir attire I'at- teniion de uotre gouvernement sur les pays situes vers le pole antarclique, et I'avoir engage a ordonner cetle nouvelle expe- dition, qui parait faire parlie d'un systeme general d'enquete que Ton doit bicntot mcltre a execution , et qui aura pour ^^4 EUROPE. objet (le reconnaitre la partie mc'-ridlonale dc notre },'lobe, si peu explorce et si pen conime jusqu'A ce jour. On dit que It' voyage du capiMine Byron est fait dans le ni6me but. Nous desirerions aussi voir I'habile capitaine AVeddell employe dans cette grande entreprise. IN'avait-on pas lieu de s'^tonner qu'un si grand nombre d'expcditions eussent ete dirigees vers le pole nord, tandis que, depuis Cook, on n'avait tente presqne aucune decouverte dans les regions du pole sud. Cependant la science ne possede que des notions fort incompletes stir ces parages: tout en enrichissanl la geographie d'nne quantite de faits nou- veaux, les voyages entrepris dans cette direction rendront encore d'importans services au commerce. [London- Literary-Gazette ). — Reform e par tie lie de la Legislation anglaise. — Nons a vons donne , dans notre cahier du mois d'aoiit dernier (t. xxvii, p. 579), I'exlrait d'une lettre adressee a Tun de nos collabora- teurs, par un avocat a la cour de la chancelierie , sur les rcformes qui ont eu lieu. Van passe, dans la legislation anglaise. Le meme correspondant vient d'adresser de Londres, a la date du 23 mars, a la meme personne uneleltre qui contient aussi d'interessans details sur les travaux legislatifs de la presente session. Nous allons offrir un extrait de cette lettre a nos lecteurs. « Les hommes eclaires de ce pays ont tout lieu d'etre satis- faits ; car le gouvernement secorde tous leurs voeux. 11 est impossible de montrer plus de libcralite dans les vues pour tout ce qui concerne la legislation et le commerce, que le ministere actuel. Tandis que MM. Huskinson et Robinson agissent de concert pour detruire les restrictions du commerce, et poor donner aux operations de ce genre I'appui qu'elles doivent trouver dans les principes d'une sage liberte, M. Peel emploie tout son pouvoir a la reformation des lois et des insti- tutions judiciaires. Dans un pays comme celui-ci, ou il existe tant d'institutions locales et municipales, ou le i)eu])le est si energiquement attache aux vieilles lois et aux anciens usages, il serait impossible de proceder iinmediatement a nne reforine, surtont lorsqu'on songe que le gotivernement doitetre seconde par une chambre des communes, composee de proprictaires fonciers, que nous appelons gentilshomnies de camjiagne, [Country-Gentlemen) et qui sonl Ires en arriere s^ir les objets de cette nature. On ])eut done dire qu'en raison de celte con- sideration, 31. Peel et le gouvernement ont procede aussi vite qu'ils ont pu, el qu'ils sont beaucoup plus avances que le plus grand nombre de leurs conciloyens. Voiis etes informe des progres qui ont ete faits I'annce passee dans I'ceuvre de lu refor- ILES BRITANNIQUES. 3.35 mation des lois, dont le principal est I'acte du jury, qui est peut-etre la inesure la plus salutaire qui se soit operee eii Angleterredepuis des siecles. M. Peel vieui de presenler un-bill sur le vol ; ce bill a pour but de slmplifier les anciennes lois et de les amender comme 11 est necessaire, surtoul en diminuant le nombre de crimes punis de mort. II a presente un autre acte pour remedier aux defauts de la procedure criminelle. Ce mi- nistre phllantrope a donne a entendre qu'il proposerait inces- sammenl d'introduire dans noire legislation un mlnlstere public, qui serait charge de poursuivre les delits. Ces reformes snntles plus grandes et les plus desirables qui puissent avoir heu dans notre instruction criminelle. Enfin, il a aussi appuye Ic bdl de lord Althorp, ayant pour but de faire etablir dans chaque corate des tribunaux de localitesponr le recouvrement des petites dettes. — La conimission qui a etc choisie pour faire une enqu^te sur la procedure de la cour de chancellerie , la grandecour civile d'Angleterre, vient de terminer son rap- port. Je ne I'ai cependant pas encore vu ; il n'est imprime que depu.s peu de jours, et consiste dans quelques centaines de pages in-foho. Lorsque je I'aurai lu, je pourrai vous en rendre compte. » Y — Prix venal des ouvrages de lord Byron. — Voici un etat authentiqae des sommes payees a ce poete illustre , par le hbraire Murray, pour prix des manuscrits de ses onvrgaes : Childe Harold. Chant i et 11. 14,400 fr. j — Chnnlui 3^800 102,600 fr. — Chant IV 5o,4oo ) L^ Giaour 12,480 La Fiancee d'Abydos 12,480 LeCorsaire r2,48s ^^^^a i5^8oo Le Siege de Corinthe 12,480 P^^sina j2,4So Les PlaintesduTasse 7,56o Manfred. 7,56o ^VV<> 12,480 Don Juan. Chant I et It 36,6oo ( — Chant III, IV et V 36,6oo I 73,200 fr. Le Doge de Venise 2^,400 Sardanapale, Cain et Foscari. 26,400 ^fazeppa 12,480 <^'""o" 12,480 Poesies diverses 10,800 371,160 fr. 2 3(i EUROPE. Si, il'Mpres (l<\s iloiitu'os, bieii coi'.iiue.s aiix auleuis nioilciius, le libraire de lord Byron a gagn^ seulenient 200 pour ceni sur ses ocuvres, le genie de ce grand poele n crec, pendant sa courte carriere, une valcur conimercialc de pins d'un million. II est presque ^galement singnlier que tc soit un grarfd sei- gneur qui ait tire de sa plume un pareii lucre, ct qu'il nitvendu pour j)rcs de /,oo,ooo francs de vers dans un pays que lout le midi de I'Europe regarde couime fort peu jioetiqiic. On pent croire aisemcnt que tons les vers faits en Italic, pendant une generation , n'obtiennent ])as une semblable recompense. La seule ressemblancc qu'il y ait cnire nos occurrences litleraires et le sort des ecrits de lord Byron, c'est la diversite des juge- mens portcs par son libraire et le public. Le Corsaire et le Giaour n'ont pas valu davantage a I'auteur que Parisina et Beppo. II a obtenu trois fois plus du Doge de Venise que de Manfred, ct chaque cbanl de Don Juan a etc evalue aulanl que Padmirable poeme de Lara. On voit qu'en Angletene, comme ailleurs, le prix d'un ouvrage differe beaucoup de sa valeur, et que les jugemens des libraires ne resserablent gucce a ceux du public. M, de J. Necrologie. — L. Murray, mort le 16 Janvier dernier, a Page de 81 ans. — No dans la Pensylvanie, il fut «';leve a New-York, et vint, en 1784 , par raison de sante, se lixer en Angleterre, II y pnblia plusieurs ouvrages sur I'education et la morale. C'est a lui qu'est due la meilleure grammaire an- glaise de notre epoque ; 2 vol. in-8°. M. Murray appartenait a la Societe des Quakers : sa bonte et sa bienfaisance lui avaient acquis I'eslime et I'attacheraent de ses concitoyens. — Le Docteur Noehden, secretaire du Cabinet des antiques au Musee britajinique, traducleur de don Carlos, dramede Schiller, auteurdeplusicursouvrageselcmenlairessurlalangueallemande etdequelquesecrilssur la botanique, est mort le 14 mars 1826. — Robert Louis Willoughby, I'un des correspondans de la Revue Encjclopedique, est mort le 3 de ce mois, apres une maladie de quelques jours. II avail fait ses etudes a Paris , au, Lycee Napoleon, Aussi parlait-il et ecrivait-il avec une egale facilite les langues francaise et angiaise. line trop grande ap- plication a I'elude et peul-etre aussi des chagrins domestiques I'ont fait descendre dans la tombe au printems de la vie. II s'oc- cupait, dans ses derniers momen5, d'un ouvrage sur I'econo- mie politique et d'un pocrne ejiique , dont le sujet etait puise dans I'histoire du regne de I'empereur Jullen. M. Willoughby ne laisse aucune de ces brillanles productions capables de faire passer son nouj a la posterile : il avait plus de belles qualiles que de grands falcns. Le piiblic oubliera ic petit nombre d'e- ILES BRlTANNtQllES— RL'SvSIi:. a^v nits qu'il a publics; mais ses aiiiisse rappeileroiit. ct«rnellemeiit In bonte de son ca-ur. la droililce de son caractere et la since- riie de son amitie. F. D. - RUSSIE. Moscoc. — Societe d'economie ruiale. — Cette Soclete , dont les statuts ont ete confuines par I'enipeieur Alexandre, an commeacement de rannee 1819, et qui n'avait tenu sa pre- niiere seance ordinaire, que deux annees apres, c'esl-a-dire, le !"■ janv. 1821 (style lusse : 20 dec. 1820), a tenu, ie 1'''^ mai 1824, une assemblee generale, sous la presidence du prince Z)/rtrince Gagarine, invite par la Societe de Paris a lui faire connaitre les principaux objets dont traitaient ces ouvrages, a cr\i devoir principalement ap- peler son attention sur une machine propre a haltrele ble, de rinvention d'un marchand russe, nonime Sherbakof. La tra- duction de cet article, pour iequel M. le prince Gagarine s'etail aide des lumleres de M. Moiard , meiabre du Conservatoire des arts et metiers de Paris, apres avoir ete inseree dans les ^n- iiales d' agriculture , a ete tiree a part au nonibre de 5oo exem- plaires, destines a eire distribues, d'abordaux inembres de la Societe de Paris, puis aux prefets des departemens et a toutes les Socletes livrees en France a I'etude de I'agriculture et de reconomie rurale.- — Apres la lecture de cette lettre, on a en- tendu les rapports annuels sur les travaux de la Societe de Moscou, sur VEcole d' agriculture et sur la Ferme experi- nientale. UEcole d'ag ricM.lt ure , fondee par la Societe, au mois d'aout 1822, et ouverte au mois de septenabre de la meme annee , est destinee a former des eleves, dont le nombre s'ele- vait a 66, en avril iSa/i- La terre que la Societe possede aux environs de Moscou, el sur laquelle on a etabli unt ferme expcrimentale , a ete enlieiement defrichee, et une rotation reguliere a ete com- niencee en i824' Les champs ont etc partages en trois j)arties: Economic de trois champs, Economic de changemens de se- mences et Econoinie dc pdture , afin qu'en faisant labourer la lerre j^ar des moyeus semblables , d'apres ces trois sys'.emes a38 EUROPE. principaux de I'ciconomie rurale, la Socielo puisse comparer lears avantages respectifs, et determiner celui de ces trdis sys- temes qui paraitra preferable. Le nombre dcs eleves recus dans cette ferine, dans le courant des deux annees 1822 et i8'23, a etc de ai. La Societe continue la publication de son Journal d'agri- cultttre, entrepris au commencement de 1821! C'e journal, dont il parait trois numeros par an, est divise en quatre sections, savoir : 1° AgricaUure ; 2" Essais et observations ; 3° Extrails dejoiirnuux ; 4° Correspondance. La Revue Encyclopedique est au nombre des ouvrages periodiques etrangers auxquels la Societe a juge utile de s'a- bonner. II resulte des rapports presentes dans cette seance que la Societe d'econotnie rurale de Moscou marche avec perseverance et avec succes vers le but qu'elle s'est propose, celui de con- tribuer a la propagation de I'agriculture dans les differens gouvernemens de la Russie, et detablir des relations avec les principales Societes etrangeres qui s'occupent d'agricullure. — Le coiiseil de la Societe, en recompense du zele et de la direc- tion eclairee de son fondateur, le ])rince Dmitri Galitzine , et de la part active qu'a prise a ses travaux le colonel Bro- NEvsitY, dont les soins ont efficacement contribue aux progrcs de I'agriculture dans les Colonies des Cosaques de Sibcric, a decerne une raedaille d'or au premier, et une medaille d'ar- gent au second. — La seance a ^te terininee par la nomination de trois menibres honoraires et de vingt-six membres actifs. (Voy. t. XXVI, p. 585, le compte rendu de la seance generale, tenue le 17 fevrier 1825 (x). R. E. — Notivelles eaux mincrales. — On vient de dccouvrir pres la ville de Lisianka , gouvernement de Kiow, dis- trict de Zwinogrodka , une source d'eaus minerales qui parait devoir bientot rivaliser [)Our I'efficacite avec les eaux dcja ciilebres du Caucase. Mais les eaux de Lisianka auront sur ces dernieres I'avantage inij)ortant d'elre plus pres du centre de la Russie, dans un climat beaucoup plus agreable, et a proximite de plusieurs villes considerables. On a construit sur I'ensplacement ou cette source se trouve sitiiee , des bains (i) Si U0U3 couseutous u revenir sur nos p.is en leudant un coiuple de Id seauce de 1824 > apres avoir anuonce celie de I 8 ay, cVst que les details coiisiijnes ici lout beaucoup mieu^ couuaitre la Societe ritra/e de IMoscou (|uc lout ce (jui avail etc dit piecedemmeut. N. d. K. RUSSIE. — SUi;DE. — DANEMARK. a Sg el^gans et foil bien tenus, ou Ton n'a rien neglig<5 de ce qui peut contribuer a la commodity des personnes qui auraient riutention de s'y rendre. Ces eaux paraissent devoir cdnvenii" particulierement dans les nombreuses maladies du systeme nerveux. Nous ne doutons pas que ces bains, connus sous le nom de Josephine-Bains , du noni du proprietaire ( M'"<' la princesse Josephine Jablonowska), n'acquierent bientot une celebrite europeenne. U. su£;de. Stockholm. — Mines de cobalt, de plomb et de plombagine. — Le nonibre des associations qui se sont I'ormees ici pour I'exploi- tatioii desdiverses mines decoZ<«/f s'accroitbeaucoup. Aussijl'ex- porlatioude cettesubstance metaliiquea-t-ellecte considerable, en iSaS; mais, on doit s'etonner que I'Angleterreait ete la seulc nation del'Europe qui sesoitavisee d'en profiler, pour en reven- dre aux nations f[ui negligent de s'en fournir directement. Des rapporlsolficielsannoncent la decouverte denouvelles mines de plomb dans le Jemtland (pro\it)ce de la Suede septentrionale). Ces mines n'ont cependant pas encore ete I'objet des recher- clies scienlifiques neces^aires pour leur exploitation. Au reste , le plomb et la plombagine ne paraissent pas obtcnir une grande vogue dans le commerce, aucune association ne s'etant encore formee pour exploiter avec une aclivite soutenue les riches mines de Glassax , en Scanie , pres de la mer, qui sont encore a peu pres dans le memeetat que I'anuee derniere. — Invention d' une nouvelle presse. — M. Owen, construc- teur de machines et fondeur, vient d'obtenir un brevet pour la fabrication d'une nouvelle presse, qui peut etre mise en ac- livite, solt par la vapeur ou la force de I'eau, soit par tout autre moleur. Elle imprime deux feuilles a la fois , et peut etre servie par deux enfans (i). G — c. DANEMARK. Publication prochaine. — On prepare une traduction on langue danoise de VHistoire de la revolution francaise , depuis i']8gjusqu'en 1814 ; par itf. F. A. Mignet. Ce travail ne pou- vait ^Ire entrepris par un ecrivain plus capable de I'executer (i) Cetle presse est probablement conforme a celle qui est conaue de- [)uis 'jUftlque terns en Aiigleteire et en f lauce. N. d. K. a4o EUROPE. avec succes, sous tons les rapports, que M. le professeur Rahrer, Tun ties homines de lettres les plus hjllie. Ces poly- piers ctaient deja connus; mais les aniniaux de quatre d'entre eux n'avaient jamais etc decrits ni figures, et ceux de deux I'avaient ele incompletement. Les commissaires pensent que les deux voyageurs ont bien merite de la science par leurs observations , et qu'ils sont dans le cas de recevoir les remer- cimens de TAcademie. (Adopte.) — M. Du Petit-Thouars fait un rapport sur la lettre de M. Granier, relative a I'huile des graines du cornouiller sanguin. Les conclusions sont adoptees par I'Academie. — Seance du i3; — Le ministre de rinlerieur transmet a I'Academie un memoire de la Societc d'agriculture du depar- tcment du Rhone sur I'invention des paragreles, et invile I'AcadeiTiie a lui faire connaitre son opinion sur les succes probables des nouveaux precedes. (Renvoye aux membres de la section de physique generale.) — M. Ramond lit un me- moire sur la meleorologie du Pic du Midi. — Une commission, composee de MM. Bouvaru et Mathiec, fait son rapport sur PARIS. 25 1 des recherches relatives aux syslemes du monde, par M. le comte de Zuylen ue Nievelt. L'auteur rejelte les lois de Kepler et la doctrine de I'atlraction, pour y substituer des lois et un systeme qu'il regnrde conime la vraie mecanique celeste. « Nous ne pousserons pas plus loin, dit en terminant le rapporteur, I'examen d'un oqvrage qui, sous tous les rap- ports, nous parait si peu digne de I'attention de I'Academie. Nous regrettons a notre tour que les instances de l'auteur nous aient mis dans la necessite de lui fournir une nouvelle preuve de cet eioignenient que Ton a si justenient montre pour son pretendu systeme." (Adopte.) — M. Becquerel lit un raemoire intitule : Recherches sur les ejfets electriques de contact pro- duits dans les changemens de temperature, et application qu'on pent en faire a la determination des hautes temperatures. (MM. Dulong et Fresnel, coramissaires. ) — MM. Fournier Ampere et Caucht font un rapport sur un memoire de M. Guillaume Libri, de Florence, relatif a la theorie des nombres. Les commissaires pensent que ce memoire fournit de nouvelles preuves de I'esprit d'invention qui distingue les premiers travaux de M. Libri, qu'il merlte d'etre approuve et insere dans le recueil des savans etrangers. (Adopte.) — M. Paul Gaujtier lit un memoire sur un nouvel echappe- ment librc a remontoir et sur une nouvelle compensation. (MM. Arago et Mathieu, commissaires.) — On lit un memoire de M. de Beaujeu, intitule : Quelques observations sur la fabri- cation du Sucre de betteraves. (MM. Tessier, Silvestre, Morel de Vinde et Thenard , commissaires.) Du 20. — M. Malmenaide adresse un memoire intitule : Table des surfaces planes. (M. Mathieu, commissaire.) — M. le docteur Barry lit un memoire sur I'absorption exterieure , faisant suite a celui qu'il a hi precedemment sur le mouvement du sang dans les veines. — On litun memoire de M. Masuyer, de Strasbourg, sur I'emploi du clilore pour la desinfection. (MM. I'orlal, Vauquelin etBoyer, commissaires.) — On lit un memoire de M. Paul Laurent, peintre, sur une nouvelle ina- niere de dessiner au Irait sur la pierre. (MM. Tlienard et de Blainville, commissaires. ) — M. Cauchy depose un memoire sur la resnltante et les projections de plusieurs forces appli- quees a un mtme point. — La section de chiraie presente pour candidats a la place de professeur adjoint de I'Ecole de pbar- macie de Paris, MM. Bussy , Guibourt et Chevalier. Elle expose les titres des candidats. L'election aura lieu dans la seance prochaine. Du 27. — M. Vicenzo Prestlra adresse de Monteleonc un a&% FRANCK mcmoire, dans lequel il propose des moyens de d^truire les reptiles connusa la Martinique sous le nom de trigono-cephale, on de serpent jftitne. (M. de Blainviile, commissaire.) — M.le. general Brisbane transmet a rAcademie des observations astronomiques, faites en iSaS a Paramatta, dans la nouvelle Galles ineridionale. (MM. Bouvard, Malhieu et Damoiseau, commissaires. ) Ce rapport sera envoye au general Brisbane. — L'Academie procede par voie de scrutin a I'eleclion d'un candidal pour la place de professeur adjoint a I'Eeole de phar- macle de Paris. M. Bussy reunit 87 suffrages; il est proclame candidal. — M. Dcpetit-Thouaus lil un memoire intitule: Exanien de deux raemoires rdcens snr la physiologic vt'gelale. — M. de RossEL presente, au nom de la section de geographic €t de navigation, les candidats qu'elle propose pour remplir la place de correspondant , vacante dans cette section. Ce sont : MM. Scoresbf, Tf^arden, Parry, Beaufort, Smith, Horshurg. M. le rapporteur rappelle les ouvrages et les divers travaux des candidats. II s'etablit nne discussion sur ce sujel. Les travaux de M. Gauthier ayant ele cites dans la discussion, on propose de le comprendre dans le nombrc des candidats, ce qui est arrete par TAcademie. L'eleclion aura lieu dans la seance prochaine. (M. Warden a etc nomme a una grande Hiajorite. ) A. Michelot. — Academic francaise. — Dans sa seance du i3 de ce mois, I'Acadeinie a nomme a la place vacante dans son sein par la morl de M. le marquis d'Aguesseau. Sur 82 membres presens , apres trois tours de scrutin, M. Brifaut a oblenu 17 voix; M. de Pongerville , 14 , et M. de Barante i. En consequence , M. Brifaut a ete proclame membre de I'Academie francaise ; et M. de Pongerville, auteur d'une traduction de Lucrece , que Ton pent regarder comme un des monumens les plus durables de noire c pocjue litferaire , s'est facilement console de cette mesaventure academique, en se livrant avec une nouvelle ar- deur a une traduction des Metamorphoses d'Ovide, qui, de I'avis de tous ceux a qui il en a comreuniquc quelques mor- ceaux , Iiii promei un succes non moins brillant. C. — Seance publique des quatre Academies , le 24 avrd 1826. — II est au moins inulile de conserver le nom , quand la chose n'est plus. Depuis long-lems I'lnslitut a termine sa courie existence : les branches de cetle lige commune, plan- tees et cullivees a part, out forme les qualre Academies, et prosperent ou vegeteut en raison de leur vigueur native, des soins qu'on lenr donne et de la direction qu'on leur fait prendre. La seance anuuelle , dile de I'lnstitul, n'est I PARIS. 25^ plus qn'un hommnge d'^tiquetie rendu a ia meinoire de ce corps savant et litteraire , qui n'eut pas le terns de prouver, par des services reels, ni I'excellence de son organisation, ni la sagesse des \ues de ses fondateurs. II ne s'agit done point d'examiner ce que pourraient etre ces seances sans but et sans motif plausible : pour se livrer fructueusement a ces recher- ches , il faudrait rendre a I'lnstitut une existence quelconque, dont la duree ne s'etendrait pas au dela de quelques lieures par ann(5e. Le parti le plus convenable serait de supprimer ces inutiles reunions , et de revenir franchement k I'ancien etat des Academics. Ce vceu sincere des amis des sciences et des letlres ne sera j)oint exauce ; mais il sera renouvele periodi- quement , a chacune des seances, telle que celle du 24 avril. Le public louerait celte reforme , parce qu'elle ne relranche- rait rien de ses plaisirs , ni de son instruction , et qu'elle serait d'accord avec les convenances; les Academies seraient dechargees d'une contribution qu'elles acquittent a regret , quoiqu'elle se reduise a un Memoire pour chacune d'elles. Le contingent de V Academie des sciences a <5te fourni par M. CcviER : il consistait dans Textrait d'un Ropport sur les changemens eprouves par les theories chirniques , et sur quel- ques nouvelles applications de la chirnie aux besoins de la socicle. — M. QuAxr.EMERE de Quivcy a presente, au nom de Y Academic des beaux-arts , un Extrait d'un ensemble de re- cherches historiques et philosophiques sur la cause principale du develojipement et de la perfection des beaux-arts. — TJA- cademie des inscriptions et belles-lettres avail charge M. DtJ- REAu i)E LA Malle d'offflr un troisieme Extrait, non d'un Memoire ou d'un Rapport , mais d'un ouvrage sur la popu- lation et les produits de I'llalie sous la domination romaine. — EnGn, M. Soumet a paye la dette de \ Academic Jrancaise, en lisant, non pas un extrait, mais nn fragment d'un poeme de Jeanne d'Arc. — II est done bien avere que \a seance an- nuelle de I'lnstitut est en dehors des occupations des quatre Academies, et que Ton y pourvoit, comme aux besoins im- prevus , par ce que Ton reservait pour une autre destination. II n'en est pas ainsi des seances solennelles de cliaque Acade- mic ; ce sont des fetes de famille ; on s'en occupe long-tems d'avance; les ornemens qu'on leur destine sont prepares avec soin , et appropries a I'objet special de la seance. Comme le public n'assiste point reellement a ces ceremonies lilteraires, il ne peut les connaitre et les juger qu'apres I'impression des discours : les academiciens ne doivent pas oubiicr que les lecteurs sont plus severes qu'un auditoirc. Quant a la seance 254 FRANCE. du 24 avrll, il serait inutile d'imprimcr les extraits qui I'onl occupee tout entlore ; on les cherchera clans les ouvrages ou dans les memoires d'ou lis ctaient sorlis pour ne faire qn'une apparition momentanee. La commemoration de I'lnstitut a eu lieu; chatjue academic a repris ce qu'elle avait fourni pour cctte ceremonie , dont ii ne restera point de vestiges, si ce n'cst quelques articles de journaux. — Nous attendrons .done la publication du Rapport de M. Cuvier, des Recherches de M. Quatremere de Quincy, de Youvrage de M. Bureau de la Malleet dupoi'rne de M. Soumet pour en presenter I'analyse k nos lecteurs , sans rappeler le role que ces productions ont rempli dans la seance du 24 avrll. Le prix fonde par Volney devait ^tre adjug^ dans cette seance ; mais les memoires envoyes au concours ne repondaient pas assez aux vuesdufondateur, exprimees dans le programme. Le concours est continue jusqu'au 24 avril 1828. I^es concur- rens devront « examiner si I'absence de toule ecritiirc ou I'u- sage, soit de I'ecrilure hieroglyphique ou ideograpliique, soit de lecriture alpliabotique ou phonographique, ont eu quelque influence sur la formation du langage chez les nations qui ont fait usage de I'un ou de I'autre genre d'ecriture, ou qui ont existe long-lems sans avoir aucune connaissance de I'art d'e- crire; et, dans le cas ou cette question paraitrait devoir etre decidee affirmatlvement , determiner en quoi a consiste cette influence. » F. Societe de la morale chredenne. — Seance generate annuelle. ( Jeudi i3 avril 1825, rue de Clery , n° 21. ) — M. le due de Broglie, president, a ouvert la seance par quelques mots d'une elegante simplicite , dans lesquels ii a exprime sa juste satisfaction de ce que les clameurs aveugles ou passionn6es qui s'etaient fait entendre autour du berceaudela Societe, parais- saient apaisees, et de ce que rien ne semblait plus s'opposer desorraais aux accroissemens de ses succes. II a raconte I'his- toire toucliante d'un artisan de Geneve, entre les mains diiquel sont tombes les cahiers du journal de la Societe. Anime par leur lecture d'une sainte emulation, cet homme estimable re- solut de prolonger chaque jour, d'une heure, la duree ordi- naire de son travail, et d'en consacrer le produit a quelque bonne oeuvre. Cette resolution courageuse , executee avec per- severance durant 35o jours, a produit une somme de 35o fr. que le pieux artisan, cache sous le voile de I'anonyme, a de- posee entre les mains de la Societe de la morale chretienne, pour en faire I'usage qu'elle croira le pins utile. La Societe a decide que ce don accru de i5o fr. pris sur ses fonds generaux, PARIS. 255 ct formant alnsi un total de 5oofr. , seraif consacre a ouvrir un concours sur les meilleurs moyens de rendre la bienfaisance facdement praticable par les classes laborieuses. Un pro- gramme, qui sera public plus card, fera coiiiiaitre I'epoque et lescondilionsde ce concours. Dans la meme seance , M. Guizot, I'uu des vice-presidens de la Sociele,a annoncc que plusieurs ano- iiymes avaient fait un fonds de i5oo fr. pour ouvrir un con- cours sur les efjets desastreux des haines nationales et sur les ineUleurs moyens deles extirper. Si Ton se souvient que la So- ciete a propose, en i825, pour etre decerne en 1827, un prix de 1 5oo fr, sur la question de la peine de mort , et un autre de 5oo fr. sur la question da courage cudl , il sera facile de re- connaitre que pea d'acadeinles officielles seraient dans le cas d'ouvrir des concours aussi nombreux el aussi bien dotes. Mais cetle circonslance est la moindre de celles qui assurent a I'association de la morale chretienne une preeininence incon- testable sur des institutions usees par le terns et corrompues par I'intrigue. Au lieu de ces dissertations pesamment ou pre- lentieusement ecrites, glacees par la cerenionie et decolorees par la censure que Ton est trop certain d'essuver aiix seances publiquesde la plupart des academies, la Societe de la morale chretienne a offert, dans sa reunion publique annuelle, le ta- bleau vlvanl et pittoresque d'une suite d'improvisations echauf- fees par la conviction, sanctifiees par ie zele, ornees par les graces naturelles d'une franchise pleine d'esprit. Le premier oraleur, M. Partarieu Lafosse , I'une des jeunes esperances du_barreau civil de la capitale, a seul paru ambitionner des cloges d'une nature un peu differente. En qualite de secretaire rapporteur , 11 a trace d'aboridance un resume des travaux ha- bituels de la Societe et des pensees qui les dominent. L'elegance de sa diction, de son geste, de son debit, auraitpu dcsesperer I'academicien le plus rompu aux solennites littei-aires; mais, pent- etre, par defaut de nalurel et d'abandon, elles rappe- laient precisement un peu trop cette eloquence batarde qu'ou nonume academique , et dont I'orateur s'est permis une cen- sure bien fondee. M. Bourgeois, niembre du conseil de la Societe, a demande I'irapression et la distribution du rapport de M. le secretaire, en developpant cette pensee, qu'il appar- tenait a la Societe de la morale chretienne d'adopter la pre- miere toutes les idees grandes et morales , et de preparer ou ineme d'avancer I'epoque ou elies deviendront populaires et nationales. La cause des Grecs, celle de I'abolition de la traite sont arrivees a ce second periode, apres avoir traverse le pre- mier dans lesein de la Societe de la morale chretienne. L'abo- ft56 FRANCE. lition de la peine de mort, celle de I'esclavage, celledes maisonn de jeuv et des loteries , etc. , sont au nombre des questions sur lesquelles la Societc travaiilc a former la conviction publique , et dans lesquelles on peut se flatter qn'elle fera triompher de nouveau la morale. — M. Jules Alisse , au nom du co- mite des fonds, a present^ I'etat des recettcs et des depenses de la Societc, qui conlinuent d'etre dans une situation satis- faisante. — M. Guizot a fait le rapport sur le concourx ottvert en faveur de la liberie des culte.f. On n'a pas oublie que feu M. Lambrechts laissa un fond de 2,000 fr. ])our cet objet, qu'il avait cru devoir confier aux soins de I'lnstitut. Le minis- trede I'interieur ayant refuse a ce corps, place soiis sa tutelle, I'aulorisation d'accepter ce legs, et la condition sous laquelle il ctaitfalt, M. Charles d'Ovtr^povt , Icgataire universel de M. Lambrechts, a cru remplir ses intentions en deieguant la tache pieuse dont I'lnstitut nc pouvait se charger, a la Societ<5 de la morale chretienne. M. le Rapporteur annonce que le con- cours a rempli toutes les esperances qu'il avait fait concevoir. Trente memoires ont ete envoycs; sur ce nombre, il en est plusieurs qui sont fort remarquables. Cclui qui a obtenu le prix, est, a ce qu'on assure, particulierement reconimanda- ble par la justesse et la nouveautc des vues , la chaleur du sentiment , la force de conviction religieuse dont il est anime. li'auteur est M. Jlexandre Vinet, du canton de Vaud , ])ro- fesseur a I'universite de B41e. Une circonslance delicate se pre- sentait. M. Vinet a pense et il I'a dit,que la religion catliolique est essenliellement inlolerante par ses doctrines. Cette opi- nion presentee , d'ailleurs, dans les termes convenables, devait cependant blesser la conscience de plusieurs membres de la Societe. Avec raoins de respect pour la liberte d'opinions, on aurait facilenient trouve dans cette assertion un motif de refuser la palme a I'auteur d'nn memoire dont la supcriorile n'^tait point contestee. A cet egard les precedens n'auraient pas man- que. Tel n'a pas etc le parti adopte par la Societe. Elle a res- pecte dans I'ecrivain une liberte que chacun de ses membres reclame pour soi-merae; elle s'est bornce a declarer authenti- quement, par la bouche de son rapporteur, qu'elle ne partage point les preventions de M. Vinet contre la doctrine catholi- que; elle avait meme charge M. Guizot de combattre les argu- mens de I'ouvrage couronne. M. Guizot, bien que protestani , s'est acquitte de cette tache avec la supcriorite ordinaire de son esprit et avec une imparlialite qu'on remarquerait beau- coup chez un autre , mais qui a paru en lui la consequence simple et naturelle des doctrines qu'on lui a loujours vu pro- PARIS. a57 fesser, a la tribune , dans la cliaire, et dans ses ouvrages. Une mcdaille d'or, de la valeur de 25o fr., a cte deccrnee a titre d'accessit au raemoire envoye {.ar M. Delpon, de LU'ernon , magistral a Fisjeac ( Lot ). — Au noin du comite pour I'aboli- tion de la traite des noirs , M. Auguste pe Stael a racontii les details du voyage (ju'il a fait a Nantes, dans le but special d'acquerir des preuves inconteslables de la continuation de la traite dans ce port au racpris des lois. Des barres et des chaines en fer dont la pesanleur et la forme particuliere ont attire I'attention de I'assemblee , sont les Iristes trophees de celte expedition philantro])ique. Des lithogra])hies, afficliees dans la salle, rendaient presentes a tons les yeux, lesbarbares pra- tiques des liommcs fjui font I'infanie commerce de la tiaite. L'orateur a vivemenl emu Tassemblce par la touchantc simpli- cite de son recit dont Teloquence «'tait tont entiere dans les faits. On sait que M. de Stael a eu le bonlieur d'inleresser a cette cause sacrce I'heritier du ironc, et qu'il a oblenu du ministre de la marine des promesses positives d'une repression cfficace de la traite des noirs. La societe avait ])ropose un prix de mille francs pour le ineilleitr outrage sur V abolition de In traite. Aucun des memoires envoyes ne lui ayant paru meriler !e prix, elle a proroge le concours a I'annee prochaine, en ajou- tant la question de \ abolition de V esclnvtige a cclle de V aboli- tion de la traite, et en ])ortant la valenr du prix a i5oo fr. Ce- pendant, I'un des concurrens de cette annee, M. Nachez , avocat, a Paris, a obtenu une medaille d'or de aSo fr. , a titre d'encouragement. Le reverend Mar/; Wilks, membie de la Societe, a presentc erisuite des sacs a ouvrage , ])our les fem- mes , dont I'etoffe offrc la peinfure imprimee des ('pisodcs rela- lifsa la traite et dont les chaines et les garnitures sont fabri- qtiees avec du fer provenant d'instruiuens de I'odicuse traite. II a dit (]ue I'usage de ces ustensiles de mi'nage avail etc intro- diiit avec siicces, en Angleterre , afin de populariser I'liorreur de la traite. Aiissitot phisieurs dames de I'assemblee ont re- clame de ces sacs, et les ont payes beancoiip au-dessus de leur valeur, sachant que le prodiiit devait etre verse dans la caisse du comito pour I'abolition de la traite. — La seance s'est ter- minee par I'eleclion du bureau. La pluparl des membres sor- lans ont ete continues dans leurs fonctions. On a remarque, parmi les nouvcaux clus, M. Benjamin Constant (i). X. (l) Nons rappclons aux pevsonnes qui s'intcressent anx cenvres phi- lantropiqnea dont s'occupe la Societe de la morale cbretlenne, et qui sont T. XXX. — Ai'ril 1826. 17 •58 FRANCE. Socielv pour I'in.struclion clementairc. — Seance publique unnuelle, lenue le 5 avril iH.i6, sous la prvsidence cte M. Ti.r- HAUx. — Cot honorable ciloyen a d'abord refulu un hommage a la inemoire de M. le niareclial Suchet, due d ALbufera , dernier president do la Socicte {^oy. ci-apres, ]). 2831. II a insisto particnliercment sur le zele avec lequel Tillustre niart'- ichal a liivorlse retablisseinent dV'Coles d'cnseignenient iniituel dans les prisons niiliiaires t:t dans les rrgimens. Aujonrd'hui, CCS ecolcs sont presque entierenient siipprimees. M. Jomard, Fun des secretairos, a donne ensnite loclnre de la corresnon- dance. On y disiiiif^ue pariicnlieremer.t iine leiire de M. Uur- TAUo, ininislic de la Colombie , a Loiidres, ct »me leitre de la SocU'te lies ccoles hritanniques ct eCm/iSi^eres , qui se terinine ainsi:« Soyeii assjires que notre coniite voit avec ntie joie sinceie la ])etspeeUve d'etre aide ct assisle ]iar votre zele ad- mirable poiir la formation des Socictes iiouvclles el renconra- genitnt de cellcs qui sont deja forniees. Le inoiide est assez grand j)our tous nos e.'lorts. Lebulounons tendons est le plus ini)ioi'laMt qui j)uisse etre offcrt a I'esprit liumain; car le su- preme re{;ulateur de la lerre est la luniiere menie, et il n'a point vouhi que Tespeee huniaine f'ut retenue dans les cliaines de robscurite. « M. Degerando, secretaire pjeneral, a In un rapport fort etendu sur les Iravaux du conseil d'aibninistralion, apres lequel M.C/j. Renouard a faitunrapport snr les prix don- nespar la Snciete pour les ouvragesde loo pages d'impression, destines a etre donnes en lecture aux enfans des classes pauvres tjui savent lire, ecrire et compter, et qui penvent ne pas savoir autre chose. Trente-huit niemoiresont eleenvoyessur differens iujets, et six prix ont etc accordes aux ouvrages suivans -.La vaccine justifiee, par M. Dudon, docteur en n^eAecme; Minera- logie populoire, ])ar M. Brard; Principes generaux d'econnmie publique et industriclle , par M.Suzanne, professeur au college royal de Charlemagne; Cours dc morale pratique , par M. Abel Dufresne; T'ues de la creation, oiivrage traduit de I'anglais par M. CoNSTANTiN, avocat; Notions elementaires du droit , par M. Bei.let fils. — M. Renouard a donne ensuite lecture d'uu nouveau programme ])Our un second concours, dans le dfsposecB a y prendre part, qn'il snflit, ponr endevenir membre, et pour s'associer a ses travanx, d'etre presenle par deux sooielaires , et de verser .iiinnellement la somnie de i5 fr. , en echauge de laquelle on rccoit le Joiiriuil et les diveises piiblicalions de la Sociele. On pent s'adresser, franc de port, a M. Cassin , age/il i^eneral dc la Societe de la morale shretUniie , me Taia,nne , «» la , «i Paris, PARIS. a5f> tn^me but que les precedens, ouvert jusqu'au premier decem- bre 1826; nous insererons, dans I'un de nos premiers cahiers, le texte meme de ce programme. — M. Degcrando a lu mxi eloge fnnebre de M. Mathieu de Montmorency, I'un des pre- sidenshonoraires de la Societe (Voy. /?ec. Enc, t. xxix,p. Enc. , t. xxviii, p. 976) — Cette societe, presidee par M. Chabuol nE Volvic, prcfet du departement de la Seine, a tenu, le 3i mars dernier, sa pre- miere assemblee genera le de i8a6. l.a si'ance etait ])articulio- rement destinee a la distribution des prix ])ro[)o t-s par la so- ciete, et au renouvellenieiit de son bureau. Pour la premiere fois, la societe avait a couronner I'auleur d'nn voyage, et il s'agissait d'une conlree en quekjue surle vierge; car,; il elait peu de points de ce pays, oii des Europeens eussenl en- core penctre. Habiiue a vivre an milieu des ])euplades de I'ancienne Lybie, M. Pacho, qui parcourait I'Afrique depnis 1819, n'a ]»as craint de \isiter une terre sur lafjuelie il a dii affronter plus d'une fois de grands dangers. Avide de con<|ue- rir la palme glorieuse promise par la Societe a celui quiferait un voyage dans I'ancienne Cyrenaique, ot qui en eclaircirait la geograplile et les anliquites, il alia visiter cette contree, au- trefois si florissante, et il en rapporta une foule de renseigne- inens d'une haute importance. Dans un rapport plein d'interet, M. Maltebrun, inlerprete de la commission centrale, a de- montre tout le nierite des travaux de M. Pacho; il a conclu a ce que le prix de 3ooo fr. , propose par la societe en 1824, lui flit adjuge. Ce prix lui a ete remis par M. le President , aux applaudissemens unanimes de I'assemblt^e. A ce rapport a suc- cede celui de M. Ferussac sur le prix relatif aux cotes des hau- teurs des montagnes de I'Europe ; le travail de M. Brucuiere , sous-intendant mililaire a Angouleme, ayant rempli les vues i6o FRAISCK. de la societii , son memoire tres-eteiulii, pleiii de clioscs el de fails, concu d'ajires un plan bien combine , a art'aiteiDent vertueuse, qu'une conduite un peu legere a ex- posee aux medisances de la cour et de la ville, etque la faveur gratuite dont elle est comblee n'empeche pas d'etre la meilleure comme la j)liis estimable des fenimes. On voit que tout ce qu'il y avail d'original et dehardi dans la compositionde Schil- ler a disparu dans la timide copie de I'auleur fran^ais. La pen- see premiere du poeie, cetle opposition de la corruption des cours et de I'honnete simplicile des moeurs bourgeoises est meme entierement effucce; et le drame nouveau n'offre plus qu'une action sans couleur , et des jiersonnages sans physiono- mie, comme on en volt trop souvent sur notrc theatre. Nous ajoulerons neanmoins qu'en adoplant lesdonnees tie M. De la Ville , on Irouvera dans sa piece des scenes fort bien f'aites , et particnlierement celle ou la comlesse vieiit chez le musicien pour avoir une cxjilication avec Louise. M. de Wailly avait heureusemenl modifie le denoument de Schiller ; M. De la Yille I'a entierement change; mais nous prcferons encore la maniere de M. de Wailly. lei , Fernand ne concoit plus le des- sein de s'einpoisonner avec celle dont il se croit Iralii; c'est Louise qui prend du poison jiour se degager du serment qui I'empeche de decouvrir a son amant le l)icge qu'on leur a dresse, et elle expire, an moment ou la comtesse vient annon- cer qu'elle a tout revele au prince, et que les deux amans seront unis. Ce cincpiieine arte est touchant et offre plusieurs mouve- jnens Ires - j)athetiques , que M"=IMari rend avec un naturel exquis et une admirable profondeur de sentiment. IMais on ne saurail se dissimulerque notre auteur ajoute ici une invraisem- blance a celles qui se trouvent deja dans la piece allemande. Si, a la fin du 4« acte, la comtesse, au lieu de parler a Louise d'une maniere ambigue, iiii disait ( ce qu'elle fait entendre au spectateur ) qu'elle va trouver le prince, et s'etforcer de re- parer une infortune dont elle est touchee, Louise ne pourrait 268 FRANCE. prendre la resolulion desesperoe qui fait lie denoument du drame. Ce que M. De la Villa a retranclie do la piece de Schil- ler, aussi bien que ce qu'il y a ajoutc, nous semble confirmer un sou|icon que nous avail dcja fait concevoir Charles VI; nous craignons que ccs deux ouvrages, (jui cependant ne sont pas sans nicrite , ne decelent chez notre poele un esprit trop scrupuleux , un gout trop elfraye d'une originalili5 liasar- deuse. Ce drame n'a point reussi sans opposition; niais nous devoKS dire que le ])ublic n'a pas toujours ete juste, et qu'il a condanine des pensees qui ne lui plalsaient pas, sans faire attention qu'elles s'accordaient fori bien avec le tarac- tere des personnages dans la bouche desquels I'auteur les a ])lacees. — rermiere represenlation du Si('ge de Paris, tragedie en cinq actes par M. \e vicomte d'Ari,incourt (saniedi 8 avril.) — Le siege de Paris ])ar les Norinands , sous Ic regne de I'un des derniers Curioviugieus, est un fait raconte dans nos an- nales, el voila tout ce qu'i! y a d'historique dans la tragedie nouvelle; les incidcns et la plupait des personnages sont de pure invention. Les Normands out pour chef un certain Or- damant , aussi redoutable par sa cruaute que par ses vic- toires; son noni seul fait trembler tout Paris, et il epouvante surtout la reine Uerthe , mere du jeune roi Thierry, dont la saute debile annonce la fin prochaine (ce personnage ne parait pas dans la piece.) On voit, autour de la reine, Odon , comte de Paris, le plus proche herilier du tronc ; Osvin, jeune liomme (jui sort a peine de I'enfance, dont la nalssance est ignorce, mais qui s'est dcja rendu fameux, en combattanl sous les ordres d'Odon, qui I'ainie et le protege ; Theobald, second herilier du trone, et qui hail Odon, rival dont ia renonimce et les droits i'imporlunent. Ce Tht'obald a une fille (autre personnage qu'on ne voit ])as), dont Osviu est amoureux. Nous n'entreprendrons point de faire une analyse detaillee de Taction imaginee par I'auteur; nous allons en iridiquer seulement les principales circonstances. Avant d'etre reine , Berihe avail etc unie secretement a un preux, nomme Robert, qui depuis fut banni et assassine; elle en avail cu un fils dont elle a cache la naissance; ce Ills, qui s'ignore lui-meme , est Osvin; et Robert , eehappe aux coups de I'assassin , et devenu chef des Norraands, est ce farouche Ordauiant que la fureur el la vengeance onl guide jnsque sous les niurs de Paris. Ce secret n'est conuu (jue de Robei't et de Berthe , qui, pour eviter un parricide, ordoujte a Os\in de ne point combattre les assiegcans , et lui confie la garde du pulais de Thierry. Ce PARIS. 269 prince moribond est assassine, sans qii'on piiisse devincr quels sont Ics coupables; inais Odon et Osvin sont accuses par Theo- bald , et Osvin est condamne a mort. Dclivre de sa prison par des gens devoues a Ordamant, il va combattre les Normands, et les repousse au moment ou lis se sont deja emiiares d'unc partie de la vilie; mais il est blesse a mort, et vient expirer sur la scene dans les bras de son jiere et de sa mere qu'il re- connait enfm. Ordamant, qui a abandonne son armee , se frappe et se punit lui-meme ; quant a Theobald, la cheviile ouvriere de presque toute celtc intrigue, on ne sait ce qu'il devient. On voit (jiie M. d'Arlincourt a fait cetle tragedie d'a- pres les princi]yes qui ont preside a la composition de ses ro- raans. Des incidens fpii s'umbarrassent dans uiie complication inextricable, des personnages mysterieux, des crimes enve- loppes d'une dissimulation si profonde que le poete lui-meme ne parait pas en savoir le secret; voila quels sont les elemens de cette nouvelle tragedie. On ne s'interesse reellement a aucun des personnages, parce qu'on u'aper^oit pas le moyen de les lirer de la triste situation oil I'auteur les a places; on n'y re- connait nulle verite locale, nulle peinture de mceurs, nulle originalite de carac^ere; (|uant au style, il n'offre que rare- ment quelques-unes de ces singularites auxquelles le nom de I'auteur, connu d'avaiice, avait ]irepare les spectateurs ; il est plus simple que la ])iece, mais il n'est pas plus poetique : en uumot, c'est une tragedie bizarie(et Ton s'y attendait), ecrite en style a peu jires raisonnable ; ce <\m a trompe tout le inonde. La malice , qui epiait chaque hemistiche pour y trouver une inversion ou quelque expression hasardeuse, a etc desappointee, et le desappointeinent I'a rendue injiiste. La piece, ([ui pouvait tomber Iranquillcment, a ete sifflee ou ap- plaudie, a tort et a travers, pendant toule la derniere moitie; deux cabales semblaient se partnger la salle, ou les veritables juges n'ont point fait acle de presence. M. A. Odeon. — Premiere representation de Marguerite cC Anjou, opera en trois actes, paroles de M. Sauvage, musique de M. Mayer- Beer , arraugee par M. Cremont ( samedi 11 mars iSaS ). Nos lecleurs connaissenl I'lilstoire de Marguerite, femme de Henri VI; ses malheurs etson courage !a rendaient digne de figurer sur la scene; aussi,n'a-t-elle puechapper a la plume melodramatique de M. Guilbertde Pixerecourt. Leslta- liens, qui depuis quelque terns ontemprunte a nos theatres le sujetde leurs libretti, ont imite le melodrame francais, sous letitre de Margarita d'Angio ; c'est cette traduction qui vient d'etre reproduite et parodiee sur la rausique de Mayer - Beer. »70 FRANCE. L'actlon n'est point compliquee : ati premier acfe, les troupes de Marj^ueriie et les volontaires franonissont campus et alien- dent qn'nn sig;n!il leur annonce I'aiTivee dcs troupes dn due de Soinmerset. Uenx jeunes },'ens se presentent : I'un ( c'est le niais de la piece ) est nn medecin gascon ; I'autre, I'epoiise de Lavarenne, qui s'est doguisee en soldal, pour jiarvenir anpres de son niari ol savoir si les bruits de son niariageavec Mar- guerite sont fondes. Elle ne larde pas a s'en convaincie, et c'est elle-nieme qui est cliargee de I'emettrc a la reine uneleltre ou Lavarenne exprime d'une uianiere un peu obscure ses sen- limens et les obstacles qui s'opposont a ce qu'il leur dome un libre essor. Au ineme instant, le signal du combat se fait en- tendre, et le ])remier acte est terminc'. — Au second, I'armee de Marguerite a etc vaincue; elle-in^me est fugitive dans une foret de Tficossc. Le due de Glocester declare qu'il veut que la reine lui soit ilvree. Cependant , elle est prise par les inon- Tagnards el remise cntre les mains de Norcester, leur chef. Celui-ci a jadis etc condamne par Margueiile quoique inno- cent ; niais il oublie son ressentiment et promet de tout faire pour sauver la reine et son fils. ■ — Au Iroisieme acte , Glocesler vient cbez le chef des montagnards, et,soupconnant que la reine est cachee danscetle niaison, il la reconnatt, malgre son de- guisement, en voulant la forcer a boire a la mort de Henri VI. Celle-ci ne pent contcnir son indignation, et Glocester, me- nace par les montagnards, tire son poignard pour en percer le fils de Marguerite ; niais le fer meurlrier lui est arrathe, et il pcrit, \iclinie de I'incendie rite ; on a reproche avcc raison a I'auteur d'avoir un peu charge le role de la belle- mere, et nous ajoulerons qu'il a justlfie par de trop forles ap- parences peut-etre les reproches qu'elle se croit en droit d'a- dresser a son gendre; maiscene sont-la que des taches legeres. Ce coup d'essai d'un acteur dont le public aime le jeu spirituel, lui fait deja prendre rang parmi nos poetes comiques; des caracteres fort bien traces, surtout celui de Ducbemin qui nous a paru excellent , des mueurs peinles avec nattirel et gaite , un style fort piquant et seme de plaisanteries de bon goiit, voila des qualites qui assurent un long succes a cette jolie comedie. M. A. Improvisation de M. Sgricci. [^GViA'\ i3 avril.) — Depuis long-tems , le talent du celebre improvisaleur florentin est connu et apprecie en 1" ranee ; mais , s'il a trouve beaucoup PARIS. 273 d'admirateurs , il avail rencontre aussi quelques incrcdules. Cetle derniere seance est venue lever tous les doutes. Un nom- breux auditoire reinplissait la salle , et chacun a pu depostr dans I'urne son bulletin portant I'indication d'un sujet ; Ics billets ont etc lus ensuite a haute voix; les uns adniis par Ic public , les autres rejetes. Mais un grand nombre , portant Mis- solongki, ont etc accueillis avec des transports unaniraes. Le sort a amcne , la premiere fois Francoise de Rimini; la secomie fois, le cotnte Vgolin; le public n'a pas ete satisfail; Misso- iong/ti etant sorti a la troisienie , lesapplaudisseiuensont eciate dans toutes les parties de la salle. Les personnages clioisis par M. Sgricci sent : Nod Botzaris, commandant de la place; Costa, general grec ; I'atcheveque Joseph; Ibrahim; Selves, renegat ir awc'dii ; Helene , epouse de Costa; et Sophie ,\cnne vierge, niece de Joseph; un chceur de femmes et d'enfans grecs , un chtieur de soldats grecs, un chceur de soldats turcs. Le theatre represente les lagunes; on apercoit le tombeau de Lord Byron, celui de Marcos Botzaris, et une totir deMissolonghi, devant laquelle est une espece de chapelle pour les soldats. La scene s'ouvre au jour tombant; les fils des Grecs sont a la bataille , ct Joseph adresse au ciel scs vojux pour la vicioire. Les borues ae cet article ne nous permeltent pas d'analysei- cette brillanle composition: des stenographes I'ont recneillie, et elle va etre livree a I'impression. Nous dirons seuleuient qua la verite, parmi les personnages annonces, il en est qui n'ont point paru( Ibrahim et le chceur des Turcs), qu'elle offre peu d'action , n'est que le developpement des details d'une grande catastrophe; maisM. Sgricci est parvenu a trouverdans ces details des scenes d'un haut interet el de belles inspirations. Par.'ni les passages qui ont le plus excite les applaudissemeos de I'assemblee, nous citerons la vision proph<5tique de Sophie , qui raconte qu'enlevce vers le ciel elle voyait les Grecs cou- ronnes des palmesdu raartyre, et qu'eusuite elle redescendait donceraent vers la terre. Les choeurs nous ont paru d'une grande beaulc. RIais la scene dans laquelle M. Sgricci a deploye le plus de verve est celle on .SpIv es vienl faire a Botzaris des propositions depaix, de la part (VJhnihim. II lui represente qu'ils n'ont plus aucun secours a esperor, que cette tour qui leur reste ne suffirait i)as nieme pour les ensevclir tous. Botzaris lui repond, avec tonte I'indi- gnation que lui inspirent la proposition qui lui Cit faite et le caractere de celui qui en est charge; il jelte un coup d'ceil sur les places fortes qui restent a la Grece, Atene e injorza attcor, T. XXX. — A^-'il 1S26. 18 i»74 FRANCE. etc.; siir I'Earopc (|ui n'aura peut-dlrc pas toiijoiirs incate/uiiii la rnano, et fiiiit sa belle tirade en disant : Ed a cui lesta aim tomlia noa e vinto. Toute la piece a produil sur les;iiiditeurs une vivc imj)ros- sion , et M. Sgricci a profile habilcineiit de toutes les emotions que son sujet faisait naitre. Aujouid'hui , nous conservons des e-pirances fondees sur le salut de Missolonghi. Ali ! s'il est vrai que ses rcmparts soient encore debout, que ses gen(5reux dc- fenseurs ii'ont point succombe, I'elicitons-nous de ce que nous n'avous applaud! qu'une tragedie d'invention, sans avoir a gc- inir bUr les ruines de la ville heroique! Louis Crivelli. Concert eti faveur des Grecs ( 28 avrii X826. ) — De toulei parts, rintcret general qu'excite hi cause des Grecs se mani- feste par de nobles et touchans temoignages. Depuis quclque teins, lasociele de Paris, protestanlcontre I'abandon desgou- vememens et Todieuse partialite de la diplomatie, a donne uii exemple, imite aussitot par toute la France. La detresse lies hero'iques dufenseurs de Missolonghi et Icur resistance mira- euleuse out communique uu nouvel elan a la syinpatliie ])u- bliqiie, et les t'emmes se sont mises a la tete de ce mouve- ment de generosite nationalc. Dans tons les salons, un apj)el a ei(5 fait aiix amis des Hellenes. Les leinmcs dc quelques pairi de France , et des plus honorables ciloyens, ont fait des ■ quetes dans les divers quarlicrs de la capitale , ou elles o.nt recueilli d'abondantes offrandes. En meme terns, leur bienfai- sance ingenieusea voulu stimuler le zele par I'attrait d'un spec- tacle nouveau. line reunion de personnes, pour qui le gout des arts et de la niusique est un noble delassement, ont consent! a produire, hors de I'enceinte doinestique, des talens jusqu'a- iors uniquemcnt consacres aii charme de leur famiile et do leursamis. Tout ce que Paris renferme de plus distingue, par le rang, la beaute et les talens, a voulu concourir a cette oeuvre pieuse. Un concert fut done prepare, et tons les billets, avidi-- nient recherches, fiirent enleves en peu de jours. D'apres le nombrc des places, la recette a du monter a 2-2,000 fr. Mais les dons partlculiers , et le prix eleve nuquel ont ele payes plu- sicurs billets, I'ont portee a jues de 3o,ooo fr. — Le vendredi 28 avril, des six heures du soir, nne loiigiie file de voitures assiegeait les avenues du Wauxhall, qui ne tarda ]>as ii se rem- piir de la plus brillante coaipagnie. La salle presentait un coup d'(Eil magnifiquc; tout le parterre de ceile vasle rotonde bril- lait de ])arures i^legantes qui reliaussaient Teciat de la beaute et de la jennesse : a la cordialitL^ bicuveillaote, aux senlimens PARIS. 275 fiffectuenx qui presidaient a cette reunion , I'on eiit dit unefcte de famille. Le bruit de I'heureTise delivrance de Missolonglii, qui circulait deja, contribuait encore a accroitre I'espece d'in- ttmite fraternelle qui regnait entre tous les spectateurs. M. le due d'Orleans etait dans une loge avec sa famille. Parmi les Philhellenes presens , on remarquait M. le due de Choiseul , M. et M™e de Broglie , le general Lafayette et sa famille, M. Alexandre Lameth et M. de Lasteyrie, avec le fils de Canaris et d'autres jeunes Grecs , Mme la du- chesse de Dino , M. le due de Fitz - James, M. Destutt de Tracy, M. Sostkene de la Rochefoucauld, etc. Le concert cora- menca par la priere de Mo'ise, executee avec un ensemble qu'on n'attcndait peut - etre pas d'une reunion d'amateurs. Dans les choeurs , on distinguait Mmes Je Tracy, de Marmicr, de la Rochette , Joseph Perrier , Can'alho , Norvins , etc. MM. Montehello, Ney, Thayer, Saint-Aignan, etc. Mu^e de Bal- herg , qui s'etait inscrite la premiere pour chanter ti;ins les choeurs, avail etc retenue cliez elle par un malheur domes- tique. Les solos ont ete cliantes par MM Brack , Zuchelli , et Mme 5e««/iV«. Mme /'tfe/-///2, qui souffralt encore d'ane grave indisposition, n'avait pas voulu retarder le concert; et, nial- gre son emotion visible, I'enthousiasme excite par les ac- cens de sa voix expressive et brillante serait difficile a decrire. Des applaudissemens prolonges I'ont accueillie, apres un duo du Voyage h Reims et le grand air de la Zelmire. Elle s'est fait entendre ensuite dans le trio de Zora'ide avec M^ie Dubignon, et M. Fortin. M™e Dubignon, la voix de contralto la plus belle et la phis pure que Ton connaisse a Paris, a chante avec une me- thode parfaite et un gout exquis le grand air de Vltaliana in Alge.ri : Pensa alia Patria, et un air de Niccolini. — Le concert a eletermine par un Chant des Grecs, hyrane guerrier, paroles de M. Chasles , musique de M. Chelard. Ce morceau a ete redemande. Les artistes qui ont concouru a I'agrement de cette soiree sont MM. Donzelli^ Zuchelli, Bordogni, Galli, Levasseur et Ad. Nourrit. L'orchestre etait conduit par M. Grasset. M. Rossini avait dirige les repetitions avec un zele et une com- plaisance extremes. Le proprietaire de la salle avait refuse de rien recevoir pour le prix de la location. Nous ne devons pas oublier de rendre graces an zele de M, Auguste de Stael, qui avait preside i I'ordonnance de cette fete. La reconnaissance des Hellenes, deja devancee par I'admiration publique, sera la plus douce recompense des personnes qui ont consacre leurs soins et leurs talens au succes de cette ceuvrc bienfaisante. A. Beadx-arts. — Grat'ure. — Raphael est reste sans egal, 276 FRANCE. comme il a\ait ^l^ sans modele. Plus houreux que tant d'autrcs hommes celebres , il n'a pas seuleinent cte honore par la pos- ter ite ; mais il a joui , de son vLvant meme , de tous les avantapjes que peul procurer un talenl prodigieux. Sn vie fut , pour ainsi dire , un triomphe conlinuel ; les femnies , qu'il ainiait eperdnement, plus sensibles, en general, anx dons de I'esprit qu'a ceux de la fortune et m^me qu'a ia beaute , le payercnt de retour. Dans le nombre de scs maitresses, il eu est une , La Fornarinn , qui occupe une grande place dans I'histoire de sa vie. Les portraits qu'il en a laisscs,chefs-d'a;uvre de son pinceaii, sont , en meme terns, on temoignage de son amour pour clle, et la preuve de ce que pent le talent inspire par une passion ardenJe. Mort a la ileur de son age pour s'eire abandonne, avec un cntier onbli de lui-meme, a tout I'enivrement des caresses d'une mniiresse adoree , il est impos- sible de se defendre d'une vive emotion en le voyant pres d'elle : on sent que ces momens d'une fugitive ivresse anie- neront le plus grand sacrifice, celui de la vie. Beaucoup de peintres out represent^ Raphael occupe lout a la fois de son art et de sa inailresse; car, dans son coenr, ces deux passions n'en faisaient r]u'nne. M. Ingres est du nombre de ceux qui ont iralle ce sujel. Rajihael est dans son atelier; il transporte sur la toiie les traits de La Fornarina ; pour un moment il a quitte ses jnnceaux, et il eSt venii pres d'elle; pendant qu'il la lient encore dans ses bras, il se retourne pour regarder son ouvrage : inouvemcni lieureux qwi iiidique bie/i la "double passion dont Raphael ctaif anime. Ce tableau, dans lequel on retrouve toiiles les qualiles qui distingucnt le talent de M. Ingres, vient d'etre grave par Bf . PaAniER. Cette estampe a oblenu un succes non contestt^ ; seulement ,.je trouve que le graveur n'a pas aussi bien reussi a rendre la tele de Raphael que celle de La Fornarina. Au reste, I'ensemble est tros-sa- tisfaisant, et je considcre cette plaiiche comme la meilleure qui soit sortie des mains de M. Pradier. Elle coute 48 fr. avant la letlre, et 24 fr. avec la letlre. Lithographic. — C'est dans les montagnes que la nature se inonlre sous les asi)ects les plus varies, les plus ii:i{!Osans et iiieme les plus terribles. Dans ics plaines, dans les pays lege- rement montueux , anx bords d'une riviere, rien ne rappelle a I'homme sa faiblesse ; au coiiSraire, i! rcgne en souverain dans ces regions sonmises a sa domination; mais , lors(|u'd est au pied d'un rocher dont la cime , couverle de neiges efer- nelles, sc perd dans les nnages ; on pres d'un torrent qui scj precipile avec fracas dans ic lit (pi'll s'cst frayc en dechirant le PARIS. 2^7 flaiic des moniagnes; alois le seiilimer.t de sa faiblesse s'cm- pare de lui, 1! eprouve ineine nne sorte d'etonneinent et de teireur. La Suisse offre une muliitiide infinie de ccs Uibleaux doiit riijipression est d'autaiit plus vive qjie les vallees fonr- iiissent des oppositions heureuses. Le Siuiplcn et )e Saint- Gotliard , entre autres, sont des mnntagnes justemeiit ce- lebres et depuis loug-tenis visitoes par tons ceux qui aimeut I'effet que piodiat la -vue d'une nature grande et sauvage ; elles ont fourni a M. Villenedve le sujet de deux vues qui nifrent beaucou]) d'interet. L'une vepresciiie le Porit-du-Diable sur la Reuss : I'autre , la jjiemiere galerie du Simplon, pres Crevola. Un rocher, seinblable a un immense arc-boutant destine a soutenir la raoiitagne, venait inlercepter la route; il a fallu le percer : c'est ce passage souterrain qu'on nomme une galerie. M. Villeneuve est peut - eire le plus habile de lous nos lithographes paysagistes : il s'est adjoint M. Adam j)our les figures, et tes planches, executees dans une tres- grande dimension, et imprimees avec beaucoup d'habileto par M. Engelmann , ont ole proippteiiient recherchees. Elles content, chacune , sur papier de Chine lo fr. , et sur papier bianc 8 fr. — Le meme imprimeur dont je viens de parler, M. Engel- mann, a public recemment deux planches d'une autre nature, qui officnt cgalement de I'interet : un paysage historique de Gi- RonET , lithographic par M. Gudin , et une vue cC Ediinbourg. L'imaginalion riche et gracieuse de Girodel embellissait tout ce qu'il voyait. En passant dans le Padouan, ses regards furent orretes par un lieu pittoresque; il prit ses -ivayons ; pnis , quand il cut fait ce qu'il avail sous les yeux, il voulut animer son paysage , et il Tenrichit d'un episode qui rappelle les compositions de Poussin, pour leijuel il professait une haute admiration. Une jeunefille etaitoccupdeacueillirdesfleurs; deja sacorbeilIeetaitremplie,ellea'laitemporlersabrillanter^coIte: tout a coup , elle a percoil un serpent, recule d'effrol et tombe a la renverse dans un precipice; une ferame et sa fille ([ui s'appro- cliaient du lieu ou se passe cette scene, s'arretent remplies de crainle , tandis que, dans une autre partie du paysage, un jeune hoinme couclie, a I'cntree d'une grotte, goute le repos que procure la fraicheur du!ieu.~On sait que la ville d'Edim- bourg offre un aspect extremement pittoresque; elle s'elend <:i\ amphitheatre, depuis la vallee jusqu'au spmmet d'un mon- licuie lie, par un aqiicduc, a une montagne voisinc; pres dc la est le chateau d'Holy-Rood, sejour de J'infortune Marie Stuart. MM. Pernot , Bicuebois et Adam ont uni leurs talens 278 FRANCE. pour faire la j)lanche qui rcpresenle cette ville. Ces deux lithographies coiitent, chacnne , 3 ft. sui' papier de Chine, et 2 fr. STir papier blanc. — Les troubles de rAmcrique espagnole, comme toutes les commotions poUtiqucs, ont fait surgir des hommes qui sem- blaient destines a mourir ignores, et qui ont acquis une c^lebrile bien m^ritee ; dans le nombre, i! en est un , dont le caracleie est d'aulnnt plus remarquable et honorable, qu'tl ne s'est servi du jiouvoir dont il a ete investi et qu'il a conquis par ses services, que pour etablir et affennir la liberie de ses concitoyens; Ton pourrait meme dire, d'un monde entier. Bolivar, dont le nom est depuis long-terns dans toutes les bouchcs, ne nous avail encore ele represente que d'une ma- niere infidele ou incomplete. M. Maurin vient de publier un nouveau portrait de cet illustre guerrier; il est execute d'une maniere large et hardie , et il nous le montre sous des traits heureux. Ce portrait, sorti des presses de M. Engehnann , coute 5 fr. sur papier de Chine, et 3 fr. sur papier blanc. — Depuis la mort de David, on a public deux portraits de ce grand peinlre. L'un a ete grave a I'aquatinla par M. Jazet, d'apres M. Odevaere ; I'autre est une lilhographie faile par M. Weber, d'apres I'original peint par M. Langlois, et que Ton a vu a I'exposilion des ouvrages de David. La gravure de M. Jazet est loin de me satisfaire , et je n'hesitc pas a donner la preference a la litbographle de M. Weber. Nous nous proposons de consacrer une notice n^crologique an fondateur de I'EcoIe francaise actuelle; les circonstances au milieu desij»uelles il a vecu, les nombreux et importans ouvrages qu'il a laisscs, exigent une attention particuliere; celtenotice ne paraitra done que dans noire cahier de juillet: nous avons pense qu'ici I'essentiel etait plutot de faire bien que de faire vite. Nous yjoindrons probablement un portrait, auquel nous donnerons tons nos soins. P. A. Musique instrumentale. — Guimbnrdes de M. Eiilenstein. — 1/origine de la guimbarde se perd dans la nuit des terns. Ce petit instrument est fort cominun dans toule I'Europe, et par- ticulierement dans les Pays-Bas etie Tyrol oii il fait le charme des paysans et de leurs families : la guimbarde est aussi connue dansl'Asie, et les Grecs de Smyrne I'appellcnt, par onomato- pee biambo. Elle se compose de deux parties, le corps et I'ame. Le corps a la forme du manche de certains tire-bouchons ; I'ame consiste dans une petite branched'acier, scellee alapartie superieure du corps et recourbee a son extremite, de maniere que les doigts puissent aisement I'accrocher. .Tusqu'a ce jour, PiVRlS. 279 on n'avait en general cherche a en tirer que de pelils airs, ilepourvus de moduialions et loiijours a une partie. Un seiil liomme s'etait acquis une reptitation sur ce singulier instru- ment, eton ne le connaissail point en France ou il n'avait pas voyage (il florissait a Tcpoque de la revolution), iorsque les Mcmoires de madaine de Genlis sent venus nous le reveler (i). (]o inusicien d'un genre iiouveau etait au service de Frederic, i\h le grand : se trouvant une nult de faction sons les fenelres (111 roi , il joua de la guimbarde, et avec une telle habllele que Frederic, grand amateur de musique, s'imagina entendre le bruit d'lin orchestre eloigne. Surpris de reconnailre qu'un effet si agreable n'etait produit quejjar un seal homine, armc de delix guimbardes, il lui ordonna de monler; le soldat refusa, disant qn'il ne pouvail etre releve qne par son colonel, et que, s'il obeissait, le roi le punirait , le Icndeniain , pour avoir man- que a la discipline. Prcsente le jour suivanl a Frederic, il fut entendu avec admiration, recut son conge et cinquante frede- rics d'or. Get artiste dont madanie de Genlis ne donne pas le nom , s'appelle Koch; il ne possede aucune notion musicale et doit son talent a des dispositions naturelles. II a fait fortune en voyageant et en jouant dans lessocictes; il vit retire a Vienne, ct age de plus de 80 ans. II se servait a la fois de deux guim- i)ardes, ainsi que le font (|(ielques paysans du Tyrol, et de tems en terns il produisait sans doule des accords a deux notes ; ce qui, dans le silence de la nuit , devait faire une certaine illusion, surtout si Ton considerel'idee que Ton se fait d'avance d'un instrument aussi borne que la guimbarde : aussi , exigeait- il que Ton eteignit toutes les lumieres pour I'entendre. Quoi (ju'il en soit, il etait assurement bien loin de tirer de la guim- barde tout le parti qu'en tire M. Eu'enstein. C'est apres dix ans d'eludes reflechies et opinialrcs que ce jeune artiste a at- teint le but qu'il se proposait , en sorte qu'en donnant I'analyse de la guimbarde, considcree comme corps sonore, je ne ferai que presenter le resultat de ses decouvertes, Une guimbarde prise isolement donne un son grave quel- conque, portant tierce, quinte, octave, etc. Si la tonique grave ne s'entend pas dans les guimbardes basses, il fant s'en j)rendre, non a rinstrninent , raais au defaut de moyens de I'inslrumentiste. F.n exaniinanl: ce resultat, on ne pent s'enipe- clier de remarquer Tordre et I'unite elablis par la nature dans les corps harmoniques, et qui place la musiqup au rangdes scien- (i) Voyez. HJemoirei, toin. v , p. 8. 28o FRANCE. ces exactes. Les sons de la guiinbarde out, trois limbres diffe- rens. Les sons graves de la preiniere oclave ont du rappnit. avec les sons de chalniiiean de la clarinelte, ceux du medium el du haiit, avcc la voix liuniainc de certaines orgucs; enCin, lessons harraoniques sont en tout semblables a ceux del'har- monico. On concoit que cette diversile de timbres jettc dcja une grande variotc dans nne execution que Ton regarde tou- jours comme devant etre faible et mcsqiiine en raison <]e I'exi- guilc de I'instrument. Neanmoins, on ne pouvait encore en tirer grand parti, puisque, (ians I'etendue de trois octaves, se tronvait une foule de lacunes qui ne pouvaient loutes clre remplies par le talent de I'executant : d'aillenrs, la plus simjilo modulation devenait impossible. M. Eulenstein a remedic a eet inconvenient , en faisant confectionner seize guimbardes qu'il accorde au moyen de cire a cacheter placee en quant ite dIus on moins grande a I'extremlte de I'ame. Chaqae guim- barde donne alors ponr tonicjue une des notes de la gamme diatonique ou clironiatique , et I'exceutant pent remjilir tons !es intervalles et i)asser dans tons les tons en changeani de giiimbarde. Pour que ces Tnutalions n'interrompent pas la mesure , on doit lenir toujours une gtiimbarde en avance, do ineme qti'un bon lecteur a lesyeux, non sur les notes qu'il execute, mais sur cellcs qui les suivent. Les sons de la guim- birdes'obiiennentpar I'attraction etla repression del'airdorit la colonne est inlcrceptee jiar I'Ame de rinslrumenf ; la pression (les levres sert avec le souffle a determiner la gravile et racuilc. On concoit des lors que ce bizarre instrument est tres-fatigant pour la poitrine , et qu'il est pernicienx aux dents, son oppo- sition lorsque I'ame est mise en mouvenient, produisant a peu pres I'effet des vibrations d'un diapason. C'est par un cxercice contitiuel que M. Eulenstein est par- venu a surmonterune foule de difficultes et non-seulement a elonner, mais a saiisfaire touteslcs i)ersonnes qui I'ont enlendti. II a souvent employe les ressotirces de I'art pour enchanter les oreilles des aiulileurs , et les plus prevenus ont etc forces de rendre justice a son talent. Les amateurs se sont accordes avcc les compositeurs pour applaudir les airs charmans dc M. Eu- lenstein. Ses variations sur I'air Di tanti palpitl f.on\ on ne peut plus agreables. Jo lui ai entendu executer un duo de harpe et guimbarde avec M. Slockhausen ; ce!ui-ci a eu le soin , dans les solos de giumbarde, de n'accompagner que pianissimo , el, ]>our ainsi dire, en caressant les cordes; de f'acou que la partic de M. Eulenstein s'est entendue parfaitement. II est des pcr- sonnes qui, tout en accordant a ce jeune artiste le5 cloges qu'il PARIS. 281 nierite, regreltcnt pour lul le tems qu'il a employe si Libo- rienseiiient a perfeclionner le plus ingrat des instruinens : ccs observations seraient jusles, si M. Euienstein etait nmsicicn a i:\ maniere de Ivoch qui ne inerite ce litre que In giiimbarde a labouche; mais M. Eulenslein est bon violonisteet habile gui- lariste ; il s'adoiine en ce moment a Telude de la composition, et il a I'intention de se fixer a Paris a son retour d'Angleterre, ou il est alle passer quelques mois. Ses amis ne sauraient trop I'engager a prendre ce parti. Avec le talent qu'il possede et la patience dont il a fait preuve, il ne pent manquer de faire faire de grands progres a la giiitare et de conlinuer honorablement les travaux de MM. Sor, Carulli et Carcassi. /. Adrien-Lafasge. Nkcrologie. — Saint-Simoa' (Claude Henri , coratc de), ne a Paris, en octobre 1760, mort dans la meme \ille le 19 mai i8a5. — Saint-Simon etait le plus proche parent du due de Saint-Simon, auteur des Mrrnoires. En 1777, il entra an service , et partit , en 1779, pour I'Amcriqiie, ou il se dis- lingua sous les ordres de Bouiile et de Washington. De retour en France en 1783, il fut nomnie colonel du regiment d'Aqui- taine. II quitta tout-a-fait la caniere militairc, en 1789, et fit des operations considerables sur les domainos nationaux , en asso- ciation avec le comle de R***, dont il avait fait la connaissancc a Madrid ; du reste, il ne prit aucune part au mouvemcnt re- volutionnaire. Un mandat d'arrel fut lance contre lui, par suite d'uiie ressemblance de noni : il al'a lui-meme se consti- tuer prisonnier, pour delivrer I'hote chez lequel i! logeait", et qu'on voulait rendre responsable de son absence. Saint-Simon dut son salut au 9 thermidor; il elait reste onzc mois en prison. En 1797, il liquida f.es operations financieres, et employa I'argent qui lui restait a voyager et a s'instruire : c'est de cctte epoque (jue dale son elan philosopluque. II consacra dix an- nces a des etudes preliminaires, et a refaire son education , comme il le disait lui-meme. En 1807, il publia I'Jntroducdon aux travaux scicntifiques du XIX' siccle , 0. vol. in-4". Get ouviage, ou Ton Irouve le germe de to ;ics les pensees de I'auteur, ne produisit cepen- dant qu'une faible sensation. A cette publication se rattachent (juelques brocliures , telles que les Lettrci au Bureau dex Lon- gitudes et a I'lnstitut , et un Projei d'encycloprdie qui parul en 1810. En i8i2 ct i8i3, ii ecrivit d'iaiportons Mi'moircs sur /« aSa FRANCE. scirnce lie V horn me , dont il cominunifiua plusieurs copies, inais qui ne furent pas livrcs a rimpression. En iSiiJ, il cominenna a s'occuper direcleineiil de politique. II avail reuni autour de lui plusienrs jcunes gens , parmi les- quels on distinguait M. Jui^u.itin Tuierv, qui contribua a la publication de la Reorganisation dc In socicte europeennc, el de qnelques antres brochures nioins importantes, publiees en i8i5 et 1816. Sous le litre dc I'Industrie, ou Discussions politiqiics , mo- rales et phdosophiques clans I'inleret de tons les homines livrcs a des travaux utiles et independans , Saint-Simon fit paraitre plusienrs volumes, dont Ic dernier est de 1818. A cette cpoqnc il etait parvenu a interesser un tres-grand nombre de per- sonnes a la propagation des idecs industrielles ; cependant , la publication du 3*^ volume de VIndustrie , dans lequel I'auleur exposait des idees assez bardies sur le gouvernemcnt represen- talif et sur la morale, ei'farouclia un petit nombre de ses sous- crij)tcurs , qui, !e 3o octobre 1817, crurent devoir supplier le ministre de la police generale de vouloir hien ordonner que leur dcsaveu formel flit consigne dans lesjournaux. Saint-Simon ne se rebula point : en 1819, pariit le Politi- que, ouvrage periodique , qui fut suivi de rOrganisateur, dont la premiere livraison fit tant de bruit et donna lieu a un proces dont Saint-Simon sorlit vicloricux. En 1820, Tanteur, dans une brocliure .?«/• /« loi des elec- tions, engage Ics electeurs a ne donner leurs suffrages qu'a des industriels , comme etant les hommes qui jjosscdent la ve- ritable capacite administrative. Saint-Simon, poursuivant la serie de ses Iravaux, publia , en 1821 , deux volumes sur le systeme industriel , ou sa doc- trine commence a paraitre au grand jour. Deux brochures sur les Bourbons et les Stuart, et des lettres aux deputes, sur les interets politiques de I'industrie, parurenl en 1822. En 1823, Sainl-Simon publia le Catechisme des industriels, donlle 3" cahier a ete compose par M. Juguste Comte, ancien eleve de I'Ecole poly technique, qui, depuis 1817, travaillait avec Saint-Simon. Ce troisieme cahier est une introduction a une serie de Iravaux entrepris par M. Comle,sous le litre de Systeme dc politique positive. De nouveatix collaborateursse reunirent, en 1824,3 Saint- Simon , el publjereut , de concert'avec lui et sous sa direction , Touvrage intitule: Opinions litternircs , phdosophiques et in- PARIS. -28 :i (lustriclles. Cet oiivrage agrandit le cercle des ])arlis;ins de la doctrine de ce pliilosophe. Une annce s'est a peine ecoulee depuis le jour oii SaintSi- mon flit altaque de la inaladie qui devait le condiiire au tom- beau. Luttant conlie des souffrances qui ne diminuaieiit en lien son cnergie, il dictait a son lit de mort le Nouveau chris- tianisme. Cet ouvrage devait completer rexposilion d'une doc- trine qu'il avait d'abord adressee aux savans dans ses premiers travaux pliilosophiques, qu'il enseignait plus tard aux indus- triels, en la rattachant a leur interet politique, et qu'il cher- cliait enfin a faire gouler aux moralistes, en la leur presentant sous I'egide du sentiment religieux. En reflechissant a la serie systematique des ouvragcs de Saint-Simon, ouvrages qui, au premier apercu , paraissent souvent , par la bizarrerie des formes, etre I'effet de quelques circonslances parliculieres, et non I'expression et le develop- pement de principes rigoureusement enchaines. On ne peut se defendre de donncr a cette chaleur philantropique, a cette jiassion conslante du bien-eire de lliumanite, le tribut d'eloges et dc reconnaissance que la Rei'ue Encyclopcdique s'est tou- jours empressee d'accorder a tons les homraes dont les Iravaux ont agrandi le champ des connaissances liumaines. Les bornes de cet article ne nous ont permis que de rap- ])eler sommairement les jjiincipaux ouvrages publics par Saint- Simon ; nous pensons que le Producteur [\) , dont la naissance se ratlache aux derniers Iravaux du fondateur de I'ccole in- duslrielle , consacrera une serie d'articles a donner une analyse complete des nombreux ecrits dans lesquels sont exposes les elemens de la doctrine de celte nouvelle ecole. *** — SucHET ( Louis-Gahricl), due d'Ai.BUFERA , marcchal de France, ne a Lyon , le 3 mars 1770, mort a Marseille, le 3 Jan- vier 1 826. — La Revue Encyclopcdique, bien qu'elle soit speciale- ment consacree aux sciences et aux lettres, c'est-a-dire, aux pro- gres dela civilisation universelle, n'en est pas moins empressee d'accueilliret de publier tout ce qui peut interesser la j^loire na- tionale, Les services rendus a la France par les militaires raerile- ront toujours la reconnaissance de la patrie ; mais si , parmi les chefs illustres que pleure I'arrace, il s'en trouve un plus particu- (i) Le Prodticteur, journal philosophique de I'indiistiie , des sciences et des beaux - arts , paiait loos les raois par cahlers de 10 a 12 feuilles d'j'niprcssion. On s'aboane cbez Sanlelet , libraire, place de la Bourse. a8/, TRANCE. Uereinent recommandublc par ses verlus;qui,a do nombieiix et brillans exploits, aitajoiteune renommce, en quelque sorle populairc, de justice et de bonle; el qui , n)orl prematurement, soil a la veille de revivre dans de!^ ifu'/noircs , nionunicnt prr- tieux de ses belles actions comine de son esprit distingue, nos lecteurs nous snuront g,ve de le designer a lenr admiration, ou ii leur esfime. Ancun d'eux nc demenlira ces reflexions, en lisant le nom dn marcchal Suchet. La capiiale et la France entiere ont ete cmues d'un sentiment doidoureux, quand la triste nouvelle de sa mort a ete connue. Tous !cs journaux sans distinction , toutes les opinions, tous les partis ont rendu liora- mage a sa memoire. Nous croyons ne pouvoir mieux ])aYer notre Iribut, qu'en reproduisant ici une courte Notice sur ce capitaine celebre , ccrite par un de ses compagnons d'armes , et insoree dans \e journal de la Mtditerranee , du 7 Janvier 1826. « Marseille, 7 Janvier 1826. • — La raort vient de frapper ici uno illustrc victime. Le niarrciia! Sutliet, encore dans la force de I'agc, au milieu d'une carriere de gloiie, a succombe a une longue et donloureuse maladie, contre laquelle son courage accoulume a vaincre a lutte avec perseverance jus(]u'a la fin, De lant dVxploiis qui ont rempli sa vie, il ne restera bientot plus qu'un souvenir; reais ce souvenir sera durable, jiarce qu'il se liera a celui des vcrlus qui ont honore son ca- lactere. « L'lilsSoire chargee de le rrcueillir dira, qu'il a du son elevation a sonmcrite, et que toute son illustration lui appar- tient; qu'entraine inopinenient dans la carriere militaire, a IVpoque oil toute la jeunesse francaise fut appelee a la defense du terriioirc, il apporta au metier des armes cette aptitude naturelle qui en tout ])resage les grands talens ; que deja chef de bataillon dans la cam|)agne d'ltallc, il etait colonel a a5 ans, chef d'etat-major general a 26, lieutenant-general a 28 ; qu'il inscrivit glorieusement son nom, fjuelquefois avec son piopre sang, sur les rives du Var et du Mincio, anx chamj)s d'A.us- terlitz et d'lena ; sur les murs de Lerida, de Tarragone et de Sagonte; que, loujours Labile et heureux, vainqueur dans les batnilles et dans les sieges, il arriva ]>ar une suite d'adions briiiantes'au premier grade de i'aimee. « Mais, en racontanl ces actions, I'hisloire ajoutera, pour en rehausser I'eclat, ou pour le Icgitimer aux yeux de la pbiloso- pliieet de rinimanito, que , partout oil il porta ses armes, il vouiut et il sut jidoucir les niaux de la guerre. Personne ne onuaissait raieux que Jui Ic soldat fiancais, el ne sut aussi bien le faire valoir tout ce ([u'il vaul. Apres le soin de ie con- PARIS. a85 ^uire a !a victoire, il faisait passer avant lout celui de le faire subsister, ce qui souvent est plus difficile, et de pourvoir a lous ses besoins; mais, a ce prix , il exigeait de lui la disci- pline, et en niainlenant I'ordre dans son arniee, il etablissait facilenient la justice parmi les peuples. C'etait ie noble but c]u'il voulait alteiiidre, et le succcs couronna ses gonereux efforts. Obeir ou coinmander, voila toute la vie d'un mililaire. Dans la premiere parlie de la sienne, le marechal Suchet fut souniis et di;voue, toujours bon et huniain, aiitant qu'il lui fut donne de I'etre, dans les ordres qu'il recovait et qu'il exe- catait . Quand il fut appele a commander en chef, il nianifesla la JTislesse de son esprit et la grandeur de son ame par la mauiere donl il sut gouverner. Sa mission ctait de vaincre et de conqucrir ; on le chargeait de noiirrir la guerre par la guerre : il se douna celle d'augmenter sa force par la sagesse, et de diininucr les resistances par la justice. Les Espagnols les plus eclaires furent choisis pour administrer leurs provinces: dos deputes des chapitres, dcs proprielaires, des nogoiians, des hommcs de loi, etaient rassembles pour voter ct reparlir avec ('quite les charges que la guerre inijjosait; el I'annee sui- vanle, en redemandant de nouvelles charges, on leur prescn- tait dans un conipte fidele I'einploi dcs precedentes, emploi toujours fait avec loyauie, prudence, economic, sous la sur- veillance ferme et cclairee du general en chef. Par ces moyens , in conviction penetrait da)is les esjn-iJs, et la souinission s 246 pJiAJfCE. — Charlies, Industrie; Moulins a vent economiques et perfectionnes. ^ Societes savantes et etablisseniens d'uti- lite publi(jue : Enseignemeut de I'agriculture; Propagation du miirier et de Teducatioa des veis a soie; Perfectionne- ment des laines 247 Pakis. — Institut : Academic des sciences , seances du mois de mars; Academie frar.caise; Seance publique des quatre Academies. — Societe de la morale cliretienne. — Societe pour I'instruclion eli'mentaire. — Societe de geographic. — Societe asiat!(|ue. — Societe philotechnique. — Ghiciere de Saint-Ouen. — Maison de correspondance et de commission a Paris et a Londres. — Theatres : TMdtre francais ; Pre- mieies representations: I'lntrigueet I'Amour, drame; le Siege de Paris, tragedie. — Odton : Premieres representations : Marguerite d'Anjou , opera ; Ics Preventions , comedie ; la Belle-Mere et le Gendre , comedie. — Improvisation de M. Sgricci. — Concert en faveur des Grecs. — Ucanx-Arts : Gravure ; Lithographic ; Musique instrumentak' , Guimbar- dcs de M. Eulenstein. — Necrologie : Saint-Simuu ; Suchet , due d'Albufera 249 REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMABQUABLES DANS LA LITTEUATURE , LES SCIEiVCES ET LES ARTS. REVLE ENCYCLOPEDIQUE, ov ANALYSES ET ANNONCES RAISOININEES DES FRODUCTIO.NS LES PLUS REMARQIABLES DANS !.\ LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. SUPPLEMENT AU 88™' CAHIER. {Avril 1820.) I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. ENCYCLOPEDIE. Des Encyclcpedies ccnsiderees ccmme mcyen de civilisalicn. Article par M. Guizot, servant d'introduction a un nouvel ouvrage intitule : ENCYCLOPEDIE PRO- GRESSIVE, ou Collection de traites sur I'kistcire, I'etat nctuel et les prceres des ccnnaissances huviames (i). Observation prehminaire. Le plan tres etendu de la Revue Encyclcpedique , ren- Ibrme dans un cadre Irop etroit, et soumis a la condition de la periodicite, et de publications mensuelles, non (i) Suivie d'uu MANUEL ENCYCLOPEDIQUE ou Dialonnairc nbrege des sciences et des arts, contenant I'explication de tous les mots de iiiterronipuos depuis hiiit annecs, iie liii pcrmeUail pas tie prescnlci' imo suite (k Irailes methcdiqucs siir les dijf'e- renlc.s parties dcs ccnnaissanccs humaines. C'etait done unc idee bonne et utile, et qui vient salisfaire a un besoin ge- ncralement senli, que dereunir, dans un meme ouvrage, des talhnux rapprcches ct compares de tcutes Ics sciences el de tcus les arts, dans lesquels leur histoire, leur clatactuel et leurs progres sent exposes par des savans, des publi- cistes, des erudits, des artistes, dont les noms seuls of- Jrent une garantie suffisanle du mcrite de leurs articles. Tel est le but que s'est propose et que parait devoir atteindre avec succes I'editeur de I'Eincyclopedie pro- gressive , dont le PROSPECTUS est joint a notrc cahier de ce niois (avril). Puisque cette nouvelle cntreprise devient un comple- ment necessaire de la Revue Encyclcpedique , et vu I'analogie et les rapports intimes qui existent entre les deux ou- vrages , rediges en partie par les memcs auteurs , nous la languefrancaise. Tous les deux niois environ, un volume de 5oo pages au moins, Prix des 3 volumes , a4 f""- |>our les souscripteurs. Pour souscrire , on peul s'adresser cliez les memes libraires fjue pour la Revue encyclopcdique , et au Ijureau de V Encyclopedie progres- iiVe ,"rue Chantereine, n° lo. ^ Pour mieux faire counailre le plan el la nature de cat ouvrage, I'edi- leur de V jLncycIopedie progressh'e a publie d'abord un dcmi-volume , qui sevend separement : prix , 4 'r- Ce demi-volume contienl, avec un specimen du Majiuel Enctclopedk^ue , les cinq traitcs suivans : EN CYCLOP EDI E. Des Encyclopedies considerees coiume moycn de cwlisation GUIZOT . ECONOMIE POLITIQUE. Esquisse de re'conomie politique moderne, de sa nomenclature, de son histoire et de sa bibliographic J. B. SAY. IRRITATION consideree sous ie rapport physiolo- gique et pathologique BROUSSAIS. LAW et de son systfeme des finances A. THIERS. RELIGION. Du developperaent progressif des idees religieuses BENJAMIN -CONSTANT ( Voir, pour plus dc details ^ la prospectus reltc in'cc ce cahier. J , ENCYCLOPKDIE. 1 aimons a publier ici , comme supplement de notre cahier d'avril, rarticle Encyclopedie, du a la plume feconde de I'un de nos ecrivains penseurs et philosophes le plus justement eslimes, M. Guizot, et qui sert, pour ainsi dire, de peristyle au grand et beau monument consa- cre, suivant I'expression de Bacon, a ravancement, a la dignite et a I'utilite des sciences, que nous faisons con- naitre a nos lecteurs. M.-A. JULLIEN, de Paris. Paris, 30avril 1826. ENCYCLOPEDIE. Emcyclopedie (jv, en ; y.(i/.xc;, cercle; Trai^eca, instruction, enseignement, connaissance ), enseignement ency clique , c'est-a-dire universel , depot de toutes les connaissances humaines (i). Le litre seul prouve que , rigo-ureusement parlant , I'ouvrage est impossible. Le genre humain ne sait pas tout, et nul homme , nulle reunion d'honnnes n'est ca- pable de recueillir et d'enfermer dans un livre tout ce que sait le genre humain. Le mot Encyclcpedie , dans son sens lilteral et philosophique , n'est done qu'un men- songe de I'ambition et de I'orgueil d'esprit. (i) Ealete de I'article Encjclopedie , Diderot defiuit ce mot : « en- « chaineinent de conuaissances » , et rAcade'mie f rancaise a adoptecelte definition : elle n'est point exacte ni conforme au sens etjmologique : e-^xuxXio? signifie circulaire et au figure complet , imwersel. Les Grecs appelaient e-^xu/iXio; Tra'iJcio', , s-yxuxXta [AaGr.aaTa, une education com- plete , I'ensemble des connaissances que tout Grec libre devait acquerir. On lit dans Sliabon (1. i , p. 34, edit. d'Amsterd. 1707), tv); iy/.UA.'/J.oii xal ouv»i6(vu; a-j-u-^^; toi; eXeuBepoi; ^Braayjyrix, , les chases qui font partiede I'education complete et ordinaire des homnies libres : dans De'mosthfene, TO, i-^v,'y/.'t.'.cL Sty-aXa. , les droits qui appartiennent a tous les citofcns , etc. I. i 2 ENCYCLOPEDIE. h Cepentlant, depuis le milieu du si^cle dernier, on persiste a tenter des Eucyclopedies, et le public ne cesse pas de les bien accueillir. Dans les pays les plus divers d'institutions, de croyances, de moeurs, de idles entre- prises ont etc formees et acconiplies. Et, loin de se ra- lentir, ce mouvement se propage et s'accelere de nos jours; en France, en AUemagne, en Angleterre, en Ame- rique, nialgrc tant d'Encyclopedies deja publiees , d'au- tres paraissent ou se preparent : sous des litres difTerens, des ouvrages de meme nature se niultiplient par tout, et piesque tous sont deja en possession du succes (i). N'est-ce la qu'un de ces caprices, un de ces acces d'entbousiasme, auxquels se livre quelquefois I'esprit humain? ou serai t-ce que I'inipossibilile d'une telle oeu- vre n'a pas meme ele soupconnee , et que les ecrivains etle public seflattent encore, les uns de resserrer, I'autre de posseder dans un seul livre tout ce qu'on pent savoir? II n'en est rien ; des caprices intellectuels n'ont pas tant d'etendue et de duree; la naissance de la mode en- cyclopedique est deja loin de nous : une violente reac- tion a meme eu lieu contre I'esprit qui , dans le siecle dernier, enfanta chez nous la premiere Encyclopedic; elle n'a point de defauts, point de lacunes, qui n'aient ete mis au jour ; on s'est eleve, meme avec colere et injus- tice, contre I'arrogante vanite d'un pareil dessein : au- cune illusion , aucune esperance chimerique ne peut subsister maintenant a cet egard. CependanllesEncyclopediesconlinuentjCtleshommes meme qui s'en plaignent en font a leur tour pour guerir le mal qu'ils les accusent d'avoir produit (2). (i) Voir la Bibliographie placce a la fin de cot article. (2) Plusieurs ouvi'ages de ce genre , notamment V EncyclopceiUa hri- tannica, publie'e par M. George Cleig (Edimbourg, 1814, S^^ edit., ao vol. ia-4°), sont rt'dige's dans des principes direclement opposes a ceux de la prcmitre Encyclope'die fraucaise. Ill EINCYCLOPEDIE. 3 11 y a evideminenl, a cette invincible et uiiiverselle perseverance, une cause plus puissante que les preten- tions de quelques philosophes. A coup sur les Encyclo- pedies sont tout autre chose qu'une CEuvre litteraire et savante; la popularite leur vient d'ailleurs. Consultons I'epoque ou elles sont nees. On a beaucoup parle de la philosophic du 18'' siecle, de la nouveaute de ses idees , des immenses progres qu'elle a fail i'aire a I'es- prit humain. Sans doute il y a eu alors des idees nou- velles, d'habiles philosophes, des progres inlellectuels ; mais ce n'est point la le grand cote du siecle ni son ca- ractere dominant. Les theories de la sensation et de la souverainete du peuplesontaussianciennesquelemonde; Descartes est un plus puissant metaphysicien que Con- dillac ; Rousseau lui-meme est plus original par son ta- lent que par ses opinions. A. parties sciences naturelles, le 18<= siecle n'est pas celui qui a fait, dans le champ de la connaissance humaine, lesplus importantes decouverles et les plus glorieux travaux. Ce qui le distingue et fera sa gloire, c'est d'avoir re- cherche et accepte les consequences pratiques de ses idees , d'avoir mis la science en contact avec la societe. Dans I'etude de la verite consideree en elle-meme et sous un point de vue purement intellectuel , d'aulres siecles ont porte plus d'originalite et de profondeur ; le premier, celui-ci a proclame que la verite avait droit de gouverner le monde. C'est un siecle d'application bien plus que de theorie , de civilisation bien plus que de science. Pen de chose restera de ses doctrines ; il a change sans retour la condition de I'humanite. Veut-on de ceci une preuve irrecusable? qu'on re- garde sous quel aspect la science s'est pi^esenlee alors a I'esprit des hommes et dans quelles dispositions ils I'ont ctudiee. Les siecles precedens, le 17« surtout, portaient dans cette etude un desinteressement naif et sincere ; les esprils marchaient a la recherche du vrai sans pre- 4 ENCYCLOPEDIE. ,v meditation, sans arriere-pensee, pour le seul plaisir dc ie connailre, sans en rien allendre ni lui rien demander de plus. Mais leurs connaissances et leurs idees n'a- vaient nul cd'et reel et pratique ; ils ne songeaient point a s'en prevaloir pour influer sur le moiide exte- rieur, pas meme pour le juger; et, dans leurs rapports avee I'etat social , les doctrines etaient sans conse- quence et la verite sans pouvoir. Le 18«= siecle au con- traire n'a point cultive les sciences morales pour elles- memes et d'une la^on desinteressee ; une intention etrangere a la science y preoccupe evidemment les es- prils ; en philosophic, en histoire, c'est uu but deter- mine d'avance qu'ils poursuivent; ils ont besoin de certains resultats; la verite est pour eux un moyen ; ils la cherchent comnie un argument au profit d'une cause, comme une arme pour un combat. En revanche la science est devenue pratique, la verite puissante; elles ne se tiennent plus a I'ecart du monde reel ; elles I'examinent et le jugent, et le somment de se regler selon leurs lois : le droit I'eclame I'empire sur le fait; les doctrines sont des eveneniens. Filles du 18^ siecle, les Encyclopedies portent le mcnie caractere; elles ont pour objet le progres de la societe plutot que de la science; comme oeuvre philosophique, leur valeur ne saurait etre grande ; comme moyen de civilisation, leur merite est immense : c'est la leur vraie nature et la vraie cause de leur succes. Comment une Encyclopedie serait-elle une oeuvre philosophique? I'unite y manque nccessairement. Que des hommes, lies par la similitude de leurs opinions et de leurs voeux , mettent en commun leurs travaux pour agir ensemble et dans le meme sens sur leurs contempo- rains, de la nait sans doute unesorte d'unile pratique , suffisante pour imprimer a cette oeuvre collective une direction bien determinee , et produire au dehors de grands resultats. Celle-la pent se rencontrer dans une V ENCYCLOPEDIE. 5 Encvclopedie. Mais il y a bien loin de cette unite impar- faite et grossiere , bonne seulement pour Taction , a I'u- nite pure et veritable qui domine clans I'esprit du poete, de Tartiste ou du philosophe, qui coordonne, penetre, vivifie toutes les parties d'une grande composition, et en fait, pourainsi dire, un corps harmonique etanime. Celle-ci ne pent naitre que de la pensee d'un homme; au- -cune coalition , aucune combinaison factice ne saurait la produire ; une societe de philosophes ne pent pas plus enfanterun grand ouvrage pbilosophique qu'une societe de poetes une epopee ou une tragedie. Nos encyclopedistes refuserent d'accepter cette impos- sibilitc; leur temps etait celui de I'ambition et de I'es- perance ; ils se flattaient de reduire en systeme tout le savoir de I'homme , et voulaient faire , de leur ouvrage, non seulement un moyen d'influence , mais un monu- ment, lis imaginerent de commenccr par une classifica- tion systematique des connaissances humaines, et un tableau imite de celui de Bacon fut charge d'imprimer a I'Encyclopedie un grand caractere d'ensemble et d'unite. C'etait unesinguliere idee que de placer un tel tableau en tete d'un dictionnaire ou les articles sont jetes pele mele, selon les hasards de I'alphabet , et d'inscrire ainsi un systeme au dessus du chaos. On essaya, par des ren- vois indiques a chaque article, de remedier a cet in- convenient et d'elablir, enlre I'arbre encyclopedique et I'Encyclopedie elle-meme, quelque relation. Mais I'unite ne pent etre le resultat de tels artifices mecaniques ; on aurait beau numeroter, selon leur ordre legitime, des membres epars, executes par des artistes differens et confusement entasses, nul n'y verrait une statue. En depit des renvois, I'arbre encyclopedique et I'Encyclo- pedie sont demeures ctrangers I'un a I'autre; I'unite a ete affichee sur le trontispice ; elle n'a point penetre dans le monument. 6 ENCYCLOPEDIE. vi Ellc y aurait penetre en vain : quand , au lieu de suivre siniplement I'ordre alphabctique, on aurait savamment distribue les malieres et les articles selon la classification etablie par Bacon ou d'Alembert, I'Encyclopcdie n'en serait pas dovenuc une ccuvre plus philosophique; I'u- nite veritable n'y aurait pas moins manque. Une classification ne suffit point pour la produire. Les classifications n'ont communement pour objet que d'e- tablir entre les faits un certain ordre a I'aide duqucl I'esprit les puisse voir, comprendre et retenir facilement. L'unite qui en resulte, purement exterieure et pratique, est presque toujours artificielle, arbilraire, et pourrait etre obtenue par mille procedes difFerens. Qui ne sail que, dans toutes les sciences, naturelles , historiques, morales meme , on a imagine et employe une multitude de classifications diverses qui toutes, une fois etablies et acceptees, ont eu Ic meme merite, savoir de servir a I'intelligence de guide, a la memoire de soutien? Les faits peuvent etre consideres sous plusieurs aspects et selient les uns aux autres par des rapports divers ; selon qu'on adoptera tel ou tel de ces rapports pour principe de la classification , elle variera sans cesser d'atteindre son but. L'arbre encyclopedique de Bacon et de d'Alembert n'est qu'une classification de ce genre. lis en ont cherche le principe dans la diversite des facultes humaines; ils ont distingue la memoire, la raison et I'imagination, et classe les sciences et les arts selon leur rapport avec I'une ou I'autre de ces facultes. Sans examiner ici le merite du principe meme de cette classification , sans rechercher si de telles distinctions entre les facultes humaines sont autre chose qu'un moyen d'observation et d'etude, qui ne voit qu'on pourrait classer les sciences et les arts d'a- pres un grand nombre de principes differens? On pour- rait, par exemple, chercher le moyen de classification dans le monde exterieur, non dans I'esprit humain , et VII ENCYCLOPEDIE. 7 dislribuer les sciences etles arts selon leur objel; la dis- tinction commune des trois regnes , c'est-a-dire de la nature inorganique , organisee et animee , deviendrait ainsi la base d'un arbre encyclopedique aussi complet , aussi regulier que celui qu'ont eleve Bacon etd'Alerabert sur la distinction, plus arbitraire et plus vaine peut-elre, de nos facultes. On pourrait trouver dans Topposition de I'homme et du raonde, du spectacle et duspectateur, du moi et du ncn moi, un principe de classification pris, comme le leur, au dedans de nous-memes et pour tan t fort different. On pourrait aussi distribuer les sciences et les arts selon leur genealogie el dans I'ordre de leur naissance et de leur developpement. Considereessous un point de vue vraiment philosophique, toutes ces classi- fications encourraient de graves reproches; mais pra- tiquement elles auraient toutes a peu pres les memes avantages et produiraient le menie resultat. D'Alembert lui-meme I'a fort bien senti et s'est em- presse die le declarer : « Comme dans les cartes generales « du globe que nous habitons, dit-il, lesobjets sontplus « ou moins rapproches et presentent un coup d'ceil dif- « ferent, selon le point de vue ou I'oeil est place par legeo- « graphe qui construit la carte, de meme la forme de « I'arbre encyclopedique dependra du point de vue ou « Ton se mettra pour envisager I'univers litteraire. On « pent imaginer autant de systemes differens de la con- « naissance humaine que de mappemondes de differentes « projections Nous sommes trop convaincus de I'ar- « bitraire qui regnera toujoiirs dans une pareille division « pour croire que notre systeme soit I'unique ou le meil- " leur II ne faut done pas attribuer a noire arbre « encyclopedique plus d'importanceque nousnepreten- « dons lui en donner ; c'est une espece de denombre- « ment des connaissanccs qu'on peul acquerir, denom- « brcmonl frivoic ponr qui voudrail s'en contenler, 8 ENCYCLOPEDIE. via « utile pour qui desire d'aller plus loin (i). » Dans I'article Evcyclcpcdic, Diderot a exprinie la inenie Idee (2) : esprits bien snperieursa leurs propres ouvrages, I'unet I'autre ne voulaient pas qu'on putlcs accuser do se me- prendre sur Ic vrai caractcrc d'un travail dont I'Ency- clopedie, comma 03uvrc philosophique du moins, atteu- dait pourtant toute son unite. Les classifications n'ont de valeur reelle et scientifi- quc qu'autant qu'elles sont I'expression d'une idee, le resultat d'un systeme sur le fond meme des questions que la science a pour objet; et leur merite depend alors de celui de I'idee qu'elles exprimcnt, du systeme qui les produit. Qu'un physiologisle, par exemple, decouvrant la loi generale des phenomenes de la vie et de leurs rap- ports avec I'organisation , en deduise une classification des etres animes, ccUe-ci ne sera plus une cEuvre arbi- traire et d'ordre purement exterieur, car elle mettra au jour, sous ses diverses formes et dans toutes ses ramifi- cations, le fait simple etprimitif qui regit cette portion de la nature. Mais des classifications de ce genre et vrai- nient pliilosophiques sont necessaireraent d'une porlee restreinte ; c'est seulement dans des sciences speciales qu'on pent se flatter d'y parvenir. Une telle classification encyclopedique est impossible, car elle aurait pour objet la totalite des fails et des etres; elle exigerait que I'homme put comprendrc le systeme general de I'univers et en demeler le principe, qu'il se iutpose au sein de I'unite supreme et infinie pour contempler de la toutes choses et saisir le lien qui les unit. Les limites de sa puissance el de sa science sont inconnues, mais elles ne vonl point j usque la. (i) Discours preliminaire de V Ency-clopedie , p. 1 5 , 19, edit, in-fol. de 1751. (p.) Encydopedie , t. 5 , p. 64" i au verso. IX ENCYCLOPEDIE. '^ Une Encyclopedie ne saurait done etre un systemere- gulier el eomplet, une oeuvre vraiment philosophique ; on ne parviendrait jamais a lul donnerqu'une unite im- parfaite, arbitraire, apparente : I'unite veritable qu'elle exigerait surpasse les forces de I'humanite. Est-ce du moins un moyen direct de faire faire aux sciences de grands el rapides progres ? U estpermis d'en douter, nar deux raisonssurtout qui, malgre leur opposition apparente, concourent au meme resultat. On ne sail pas quel degre de desinleressenient , quel eloignement de toule vue etrangere au travail meme, aninie les hommes qui se vouent a la science, quel que soil son objet. lis I'aiment et la cullivent pour elle seule , pour le seul plaisir de decouvrir la verite , par cetle noble soif de connailre, privilege sublime de noire naiure , sans aucune idee , je ne dis pas d'interet personnel , mais d'application quelconque , sans songer que leurs iravaux pourront avoir quelque autre re- sultat. II semble que I'homme, pour atteindre a la verite, ait besoin de concentrer vers ce but toutes ses forces, el qu'aucune intention, aucune penseeullerieure ne le vienne distraire d'un si grand dessein. En revan- che ce n'est qu'a un tel desinleressenient, a ce eomplet oubli du monde exterieur el de soi-meme , qu'il a ele donne de faire faire aux sciences leurs plus glorieux progres. Qu'on cite un exemple de grandes decouvertes scienlifiques, de grandes veriles obtenues par un autre mobile que le seul amour de la science el de la verite: dans les sciences morales, exactes et naturelles, dans les temps anciens et modernes, Platon et Archimede, New- ton el Descartes, Lagrange et Haiiy, tous les hommes dont le nom rappelle les conqueles de I'esprit humain , peuvenlctre apportes en preuve que , par une dispensa- tion admirable , la Providence attache en ceci le iriom- phe a la purete de la passion. 10 ENCYCLOPEDIE. s Or une Kncyclopedie est toujours, jusqu'a un certain point, une oeuvre pratique, concue dans un dessein ap- plicable au monde exterieur, et dont la science n' est pas le but unique , ni meme dominant. Ge n'est point de la que peut venir rimpulsion qui fait decouvrir le systeme du monde, ou sonder les mysteres de la destinee hu- maine. 11 faut, a de tels travaux, une plus entiere abne- gation de tout projet, et toj^te la liberte de la pensee af- franchie du fardeau des choses d'ici-bas. II y faut aussi la perspective d'unegloire personnelle, claire , sans partage. On ne fait point de grandes decou- vertes scientifiquespar voie d'association et en commun; elles sont le fruit de meditations solitaires , et celui qui s'y livre a besoin , pour recompense, que sur lui seul aussi tombenl et s'arretent les regards. Or une Encyclo- pedic est une ceuvre immense et qui n appartient a per- sonne; chaque science s'y perd danslafoule des sciences, chaque homme dans la foule des hommes; chacun y peut apprendre quelle petite place il occupe , lui et son savoir, dans I'ocean de la connaissance humaine : vue excellente pour rabattre I'orgueil d'Alcibiade, mais peu propre a echauffer les savans de ce zele passionne qui leur fait oublier I'importance relative de leurs travaux pour ne songer qu'a leur noble but, la conquete de la verite. Enfin , les hommes qui font faire aux sciences de grands pas ne peuvent s'adresser et ne s'adressentguere en effet a ce vaste public auquel les Encyclopedies sont destinies ; partant du point ou la science est arrivee parmi les savans , c'est pour les sfivans seuls qu'ils ecri- vent, et leurs ouvrages sont speciaux comme le public capable de les juger. Une Encyclopedic traite de loutes choses , et pour toutes sortes de lecteurs; ce n'est point la le lieu que I'auteur d'une decouverte vraimentscien- tifique choisira pour la mettre au jour. Mais si la lumicre se concentre dans uu fovcr , c'est XI ENCYCLOPEDIE. 1 1 pour se repandre sur le monde; la science a un autre but que de satisfaire une noble curiosite ; la verite est aussi feconde que belle ; il est donne a peu d'hommesde la decouvrir, mais il appartient a tous de la reconnaitre et de recueillir ses bienfaits ; aux progres de I'esprit hu- main doivent correspondre ceux de I'espece humaine; considere dans son existence terrestre, c'est pour la ci- vilisation , pour le developpement et I'amelioration de I'etat social, que I'homme vit et travaille. Ici commence la vraie tache des Encyclopedies et se deploie toute leur utilite. Et d'abord, pour ne parler que de leur effet le plus general , elles ont un noble merite : par la grandeur seule du spectacle scientifique qu'elles exposent aux yeux du public, elles eveillent, propagent, fortifient ce respect et ce gout de la science qui est peut-etre le premier moyen, et, a coup sur, I'indispensable condition de la civilisation et de ses progres. Comme de grands et hardis monumens donnent , du peuple qui les entreprit, une haute idee,et le fontadniirer de siecle en siccle , de memc ce monument des travaux de I'esprit humain fait naitre, dans Fame de ceux qui le contem- plent, un profond sentiment de sa puissance et de ses droits. En y regardant de pres, on reconnaitra les de- fauts de I'edifice, le manque de proportions, les lacunes, peut-etre meme I'instabilite des fondemens; il n'en est pas moins vrai que 1' impression commune qu'il suscite est morale, utile, et , si jepuis ainsi parler, civilisante; c'est une impression d'estime pour le savoir, d'affection pour la verite, de respect pour I'ordre intellectuel , de zele pour le service de I'humanile. Elle a ses perils comme toute chose; elle peut devenir orgueil, folle con- fiance; elle peut contribuer a jeter les hommes dans de funestes erreurs ; mais , a tout prendre , le bien do- mine dans sa nature comme dans ses efFets; elle appar- tient a des temps de progres et de gloire; etle siecle qui 12 ENCYCLOPEDIE. x,, n'en serait pas susceptible serait bien pros de la plus triste, de la scule vraic decadence; la vie inlellectuelle lui manquerait. Les Encyclopedies rentreliennent, la fomentent, la devcloppciit, meme dans des esprils qui ne I'auralent jamais connue, qui peut-etre n'en auraient jamais congu le desir. Un theologien philosophe, aujourd'hui I'hon- neur de I'Ecosse , M. Chalmers, a fait cettc judicieuse remarque, qu'il n'en est pas des besoins inlellectuels comme des besoins physiques d'autant plus prcssans qu'on tarde davantage a les satisfaire; la laim, la soif, ne cessent de croitre si on ne les apaise pas, et devien- nent enfin des lourmens intolerables : la nature morale de I'hommcn'a point cette exigence invincible ct spon- tanee ; elle s'engourdit si rien ne la provoque , et , plus I'aliment qui lui convient lui manque, plus elle se re- signe a s'en passer. C'est le fatal effet de I'ignorance comme de la servitude, que I'liomme finit par y per- dre le sentiment de sa misere et le desir d'y echapper. Que son intelligence au contraire ait approche de la verite, elle en deviendra chaque jour plus avide ; si notre nature morale a besoin d'etre excitee, elle pos- sede en revanche ce privilege qu'elle ne pent connaitre ni epuisement, ni satiete, ni fatigue mcme , et que I'exercice redouble ses forces et la jouissanoe ses desirs. Or les Encyclopedies, placant une foule d'idees et de faitsa laportee d'une foule d'hommes quin'y songeaient point, qui sans cela peut-etre n'en auraient jamais en- tendu parler , font penetrer partout et arriver, pour ainsi dire , de loutes parts , celte provocation dont notre intelligence a besoin. Les ouvrages speciaux ne parvicn- nent qu'aux hommes qui les demandent et ont. forme d'avance le dessein de s'en servir. Par la voie des Ency- clopedies, les connaissances de tout genre vont au de- vant dc tous les lecteurs; les regards de celui qui s'occupe d'histoire y tomberont sur un article dc philosophic ; y xui ENCYCLOPEDIE. 13 cherchez-vous le sens de quelque terme? rexplication pratique d'unartappellera voire altenlion. Cast comme un vasle bazar inlellectuel oil les resultats Je tous les travaux de I'esprit humain s'offrent en commun a qui- conque s'y arrete un moment, et soUicitent a I'envi sa curiosite. .Te sais, et me suis hale de le dire , qu'ainsi ne naitra point une instruction profonde , et qu'a celui qui voudra faire , de telle ou telle science, I'objet de son etude, les traites speciaus. seront toujours necessaires. Mais, dans I'ordre moral comme dans la societe civile, le temps du privilege exclusif est pas§e sans retour; en fait de science comme de gouvernement , une classe nombreuse s'est formee qui, sans y consacrer sa vie, ne doit etne veutplus y demeurer etrangere, empressee de cultiver son intelligence, capable de prendre plaisir, ne fut-ce qu'en passant, a la contemplation de la verite. C'est a cette bourgeoisie du monde intellecluel que les Encyclopedies sont surtout destinees; elle y trouve reu- nies , resumees, laillees, pour ainsi dire, a sa mesure , des connaissances qu'elle n'aurait pas le loisir d'etendre plus loin ni de chercher ailleurs. On a beaucoup parle , et avec raison , de ses conquetes et de son influence dans I'ordre politique; chaque jour , dans nos manufactures, les produils de tout genre s'adaptent de plus en plus a ses besoins et a ses moyens : par quelle absurde excep- tion n'aurait-elle pas aussi, dans I'ordre intellectuel, ses droits et son empire? Parce que la science n'est pas sa- vocation speciale el dominanle, faut-il que ses conve- nances et ses goiits en fait d'elude ne soient pas consul- leset satisfaits? Que raristocratie savante ne s'y Irompe point; il y aurait pour elle, a s'isoler avec dedain , la meme erreur, lememe peril, quiont perdu tant d'autres aristocraties; la prosperite des hautes sciences memes est etroitement liee aux progres scientifiques de la classe moyenne ; la ne reside point, il est vrai , le public spe- 14 ENCYCLOPEDIE. xiv cial auquel les savans s'adressent et donl le suffrage fait leur recompense; ma is la se forme ce public general dont I'activite inlellecluelle alimenle et soutient celle de tous iesautres, quine decide point des renommees, mais qui les accepte et les propage ; public veritable pour qui se font en definilif toutes cboses , et qui ne pcut languir dans I'ignorance ou I'apathie sans que la langueur attci- gne bientot ces regions superieures du savoir, oil un im- prudent orgueil se permet quelquefois de le dedaigner. La meme du reste les Encyclopedies exercent directe- ment une influence salutaire ; elles font tomber les bar- rieres qui separeni les sciences diverses , ct les contrai- gnent a ne pas s'ignorer reciproquement. Le regime des castes a long-temps prevalu dans le monde savant; de meme qu'il n'y avail presque aucune relation entre les savans et le peuple , de meme les savans demeuraient presque absolumentetrangers les uns aux autres ; mede- cins, jurisconsultes, theologians, erudits, artistes, cha- cun vivait renfernie dans son etude corame un moine dans son ordre ; les sciences meme les plus etroitement liees par leur objet et leurs moyens , la medecine et la chirurgie par exemple, etaient rigoureusement sepa- rees ; aussi , a I'exccption deshommes de genie , comme Descartes, Gassendi, Leibnitz, I'esprit des savans man- quait en general d'etendue et de liberie; et plus on pene- trait dans les professions qui appliquent la science aux besoins de la vie commune, plus les inconveniens de cette classification monacale devenaient choquans et facheux. Les Encyclopedies la font disparaitre ; elles etablissent entre les sciences une sorte de communaute , y intro- duisent I'esprit d'association , rapprochent les artistes deslettres, les praliciens des philosophes, mettent enfin chaque savant en mesure de s'instruire, sans-de trop longs efforts , de ce qui n'est point I'objet special de son etude, assez du moins pour que I'etendue nouvelle de son instruction et de ses idees tourne ensuite au profit XV ENCYCLOPEDIE. 15 de ses travaux. C'est le principal avatilage des Univer- sites et des Academies que tous les savans y vivent en- semble , communiquent , s'interrogent , discuteni , et s'animent et s'eclairent toui* a lour. Autant qu'un livrc peut suppleer a la sociele vivante, les Encyclopediesont cetle vertu ; dies entourent, pour ainsi dire, le savant solitaire de doctes et bienveillans collegues qu'il peut consulter a toute heure , et empechent ainsi que I'iso- lement de sa vie et la specialite de ses etudes ne I'cs- serrent dans d'etroites limites ses idees et son savoir. Parlerai-je enfin de leur utilite commune et pratique, de I'abondante instruction, des innombrables renseignc- niens qu'elles fournissent et qui s'appliquent a tant de circonstances , a tant de besoins de la vie? Dans les grandes villes, au milieu de toutes les facilites,de toutes les richesses de la societe humaine, on oublie trop qu'une multitude de families independantes, aisees, dont le tra- vail n'absorbe point le temps ni les facultes , vivent dans une situation toute differente , celles-ci a la campagne, celles-la dans de petites villes, eloignees de toutes ces res- sources de la science et de I'industrie qui se pressent au- tour de nous. C'est la qu'on apprend a connaitre le prix de cette science domestique qui se transporte en quel- ques volumes dans la solitude la plus profonde. Sans doute elle est incomplete et fdutive; on se trompe sou- vent dans I'applicalion qu'on en fait; niais, a tout pren- dre, elle eclaire et dirige plus souvent encore; elle dimi- nue les embarras, les ennuis de I'isolement; elle rassure les imaginations; elle etablit enfin, entre des milliers d'individus disperses et les grands foyers de la science, une sorte de lien intellectuel dont Timporlance et les effets se laissent difficilement apprecier. Qu'esl-ce que tout cela, sinon autapt d'actes de civilisa- tion, sinon la civilisation elle-meme? Les Encyclopedies sont au nombre des innombrables procedes qu'emploie, pour aceomplir son oeuvre, cettepuissanee de perfection- ir. ENCYCLOPEDIE. xvi neincnletdc progres, qui esll'apanagc du genre humain; elle les a fail invcnler coinnie cilc a I'ait inventer recri- ture, rimprimerie, les journaux , la navigation, les ca- naiix, tousles moyens de communication , matcrielle ou intellectucUe , entre les hommes ; et e'est ainsi qu'elle poursuitincessammcnt son but, qui est de dcvclopper de plus en plus la nature humaiiie, d'appeler chaque jour un plus grand nombre d'individus a I'aclivite de I'intel- ligence, a la jouissance des biens de I'ctat social. Veut-on s'assurer, par une derniere voie, que telles sonten effel I'utilite des Encyclopedies et leur vraie des- tination? Qu'on examine les divers reproches qu'elies ont encourus : les uns tombent sur les Encyclopedies considerees comrae oeuvre pliilosophique, et ils sont presque tous fondes; les autres s'adressent aux Encyclo- pedies considerees comme nioyen de civilisation , et ils sont tous illegitimes, car on pourrait aussi bien les adresser a la civilisation elle-mcnie. Sous le premier point de vue,on a reproche aux Encyclopedies Timpossibilite de tenir ce que promet leur nom, le manque d'unite qui y regne dans les doctrines, meme lorsqu'elles ont une tendance pratique bien determinee , la dispro- portion des parties, celles-ci maigres et mulilees , celles-la portees a un excessil" developpement, etc., etc. Tout cela est vrai , et on ne m'accusera pas d'avoir cherche a le dissimuler. Sous le second point de vue , les Encyclopedies , dit-on , repandent une science in- complete, et la repandent au hasard , sans savoir si les esprits sont prepares a la recevoir, quel usage ils en feront , si meme ils en ont envie et la de- mandent; elles provoquent par la, ou du moins elles favorisent une activite intellectuelle inlcmpestive et mal repartie ; elles propagent trop vite, dans la societe tout entiere, les idees qui naissent dans la region supe- rieure , et ne devraient pas en sortir avant d'avoir subi I'epreuve du temps ; elles font ainsi beaucoup de demi- XVII ENCYCLOPEDIE. 17 savans, enfantent la presomption , la legerele des opi- nions, cles etudes, et lous les defauts qui en rcsultent pour les individus, et tous les dangers qui en peuvent nallre pour les peuples. Je ne disculerai point ici tant de graves accusations ; je me bornerai a demaiider s'il. en est une seulc qu'on ne puisse intenter egalement contre I'imprimerie , la liberte de la presse , les jour- naux , I'aclive circulation des idees et des capitaux, en un mot contre la civilisation elle-meme. 11 est vrai , elle ne purge point I'homme de tout vice et n'affranchit point la societe de tout peril; elle developpe, au con- traire , toutes les dispositions de sa nature, toutes les chances de sa destinee. Mais cela convenu , il n'en reste pas moins evident que la civilisation est la vie meme de I'espece humaine, la loi, le but, la gloire de son activite sur la lerre ; que les peuples chez qui elle prospere sur- montent les plus dures epreuves, survivent aux plus grands revers ; que ceux chez qui elle s'arrete deperis- sent et meurent, meme au sein de la paix, sans accidens et sans ennemis. Qui osera dire qu'il faut I'eloufFer? Qui repoussera les moyens de seconder son developpement? Puisque c'est la le merite des Encyclopedies, de la aussi doivent deriver les lois de leur composition; et c'est comme moyen de civilisation, non comme ouvrage philosophique, qu'elles doivent etre concues et exe- cutees. Dans ce dessein, deux conditions fondamentales leur sont imposees: il faut qu'elles soient 1° a la portee du public auquel elles s'adressent; 2" au niveau des con- naissances et des idees qu'elles veulent lui communiquer. Le simple enonce de ces deux conditions laisse voir que les premieres Encyclopedies, entre autres I'Encyclo- pedie francaise , n'y ont point satisfail, on du moins n'y satisfont plus aujourd'hui. D'une part, en effet , elles sont si considerables et si J. 2 18 ENCYCLOPEDIE. xvni chores qu'elles ne sauraient penetrcr partout ou Ic bc- soin s'en fait senlir ; d'autre part, ellcs sont slationnaires au milieu d'une civilisation progressive, pareilles en quelque sorte a ce travail du cadastre , si vaste et si lent qu'a peine terminc, il nc lepresente deja plus I'elat de la proprietc territoriale, et a perdu, en partie du moins, son merite et son utilite. Au premier aspect, il semble que ce double vice soit inherent au.v Encyclopedies, et qu'on ne puisse se flatter de les rendre jamais accessibles a un tres grand nombre d'homnies, et susceptibles, comme la science et la civili- sation elles-memes, de perfectionnement et de progres. 11 n'en est rien; si elles n'ont pu encore suffire pleine- ment a leur vraie destination, c'est qu'on a meconnu leur vraie nature ; c'est qu'oii a pretendu en faire a la fois une ceuvre philosophique et un moyen de civilisa- tion , un monument et un instrument. Pour qu'une Encyclopedic fut en effet une ceuvre phi- losophique, pour qu'elle en oflrit du moins I'apparence, il fallait non seulement que I'universalite des connais- sances humaines y parutdeposee, e'est-a-dire que chaque motde la langue y fut I'objet d'un article, mais encore que tons les articles, presque tons du moins, eussent une certaine etendue , une certaine valeur philosophi- que. Sous le point de vue purement pratique, et dans I'interet de la civilisation commune, la plupart des ar- ticles n'auraient du contenir qu'un resume fort elemen- taire des idees et des faits les plus imporlans sur la ma- tiere en question; c'etait deja une assez vaste entreprise que de donner, sur toutes choses, quelques notions a tons les lecteurs. Mais les premiers encyclopedistes, preoccupes de la grandeur systemati(|ue de leur concep- tion , ne se seraient point resignes a n'ecrire ainsi que pour le public proprement dit; ils voulaient ecrire pour les savans, pour le mqnde lettre. L'intention pratique et eivilisanle (pour me servir encore de cette expression XIX ENCYCLOPEDIE. 10 qui rend seule toute ma pensee ), dominait au fond dans I'idec primitive et generale de I'ouvrage ; mais , dans I'execulion de chaque article en particulier, I'inten- tion philosophique et litteraire prevalait; et, que le sujet le meritat ou non , chaque auteur voulait etre lu pour son compte, et que ce qu'il ecrivait le mlt en re- putation d'esprit ou de savoir. De la tant d'articles, d'un interet mediocre ou tres special, portes a une longueur demesuree; tandis qu'en revanche, et par un effet con- traire de la meme cause, des matieres graves, el d'un in- teret vraiment public, ne furent point traitees avec les developpemens qu'elles exigeaient. L'elendue relative des articles fut done, pour ainsi dirp, en raison inverse de leur importance, et I'Encyclopedie eut le double in- convenient d'etre a la fois incomplete et excessive , trop elementaire et trop savanle. Au premier moment, les effets de ce double tlefaut furent peu remarques, et meme assez peu reels. L'oeuvre etait nouvelle et hardie; elle imprimait aux esprits un mouvement prodigieux; elle jetait, pour ainsi dire, a pleines mains , sur la place publique , des idees et des faits jusquela renfermes dans une etroite sphere. On fit, pour se procurer I'Encyclopedie, des efforts inouis; elle eleva rapidement le taux moyen des connaissances com- munes. L'ardeur elait si vive et le progres deja si grand que tons les besoins purent se croire satisfails. Aujourd'hui les dispositions ne sont plus les memes : d'une part, le mouvement s'est ralenti , parce qu'il a, en France du moins , atteint en partie son but; de I'autre , les esprits sont devenus plus exigeans ; les difficultes des questions sont mieux connues; on veut des meditations plus fortes , une science plus exacte et plus complete; le temps de I'ambition demesuree et de la confiance passionnee n'est plus. Les defauts des premieres Encyclopedies sont beaucoup plus sentis et plus reels en effet qu'ils ne le furent au moment de leur publication. 20 ENCYCLOFEDIE. xx Ce n'esl pas tout, Ic public lui-meme a change de na- ture. Avant 1789, les principcs el les besoins nouveaux prevalaienl, mais les fails etaieut anciens, ct nulle por- tion de la societe n'avail eehappe a Icur empire. A. la ville comme a la couv, dans I'ordrc civil aussi bien que dans les institutions poliliques, parmi les bourgeois comme 'entre les bourgeois et les genlilshommes , sous les noms d'heredite des charges, de jurandes, de corpo- rations comme sous ceux de droits feodaux , seigneu- riaux, etc., le privilege avail toujours regno; et parlout il avail eu ses consequences accoutumees, une inegalile factice dans la repartition des avantagcs soeiaux , une concentration excessive de la richesse , de I'influence, du savoir. La classe moyenne elle-meme etait ainsi Ires arislocratiquemenl consliluee; et quel que ful son elan vers un autre avenir, elle portait I'empreinte du passe, car elle avail grandi sous ses lois. Ces lois sont tombees , et a leur suite les resullats qu'elles avaienl enfantes; une nouvelle classe moyenne s'est formee, bien plus nombreuse, bien plus rlche dans son ensemble qu'elle n'etait jadis, mais ou la richesse individuelle est plus rare. Dans I'ordre moral, une revo- lution de meme nature s'est operee : le gout et la neces- site de rinslruction se font sentir dans une sphere beau- coup plus etendue; mais on rencontre moins d'hommes a qui de longs et commodes loisirs aient deja permis de se livrer a la meditation , a I'elude, sans autre but que de cultiver leur intelligence el de se dislinguer par le savoir. II y a done beaucoup plus de families qui onl besoin d'une Encyclopedic elemenlaire ; il y en a moins peut-etre qui soienl disposees a accueillir avec empresse- ment, el tout entiere, une grande Encyclopedie comme celle du siecle dernier. Les m^mes phenomenes se laissent observer dans la pluparl des pays de l' Europe, soil qu'ils aient subi des secousses pareilles a la revolution frangaise, soil que le XXI ENCYCLOPEDIE. 21 cours nalurel de la civilisation ait suffi pour y amener des elTcts analogues bien que moins marques. Nulle part on ne les a clairement demeles; mais par- tout I'instinct des besoins sociavix s'est fait jour ; partoul on a senti , sans en bien expliquer les raisoiis, que les premieres Encyclopedies avaient cesse d'y repondre, el qu'il fallait agir sur un plan nouveau. Deux tentatives, contraires en apparence et pourlaot emanees des memes causes, ont eu lieu depuis trente ans en France, en Angleterre, en Mlemagne ; partout ont p'aru a la fois des Encyclopedies plus populaires et des Encyclopedies plus savantes. En France, pendant que les editeurs de VEncyclc- peJie methcdiqiic entreprenaient de dormer, pour cbaque science, un dictionnaire aussi elendu, aussi complet que si elle eut ete la seule dont ils se fussent occupes, on publiait sous les noms d'Espril de V Encyclopedic , Dic- tionnaire pcrlatif, Encyclcpedie porlalivc, Manuel lexique, Diclicnnaire des Sciences et des Arts, etc., un grand nombre d'ouvrages destines a devenir des Encyclopedies ele- mentaires, a la portee de la plupart des lecteurs. En Angleterrc,onrencontred'une part wneEncyclopedie des Families, un Diclicnnaire abrecre des Sciences et des Arts, xine Encyclcpedie Iritannique ,en 6 vol. in-8°, des Elhnens de Icutes les sciences , etc. ; de I'auti-e, troisvastes Encyclope- dies, dont la derniere , celle d'Edimbourg, cohtient, sur les principales questions de la science huraaine et de I'etat social, des articles qui sontde grands ouvrages. En AUemagne , h cote de \ Encyclcpedie cenerale des Sciences et des Arts, publiee par IMM. Ersch et Gruber, et encore bien eloignee de son terme, ont paru un Manuel encyclopedique , une Encyclcpedie eccnomieiuc , un Alrege de I' Encyclcpedie economicpie, un Lexique ou Dictionnaire de la Ccnversaticn , etc. , etc (i). m) Voyez la Bihliograptiie placee a la (in de eel article. 22 ENCYCLOPEDIE. xxii Partout, comme on voit, les travaux encyclopediques ont eu la meme tendance, la reforme du double vice que j'ai signalc dans les premieres Encyclopedles, trop sa- vantes pour le public en general , trop abregees dans les grandes questions. Do CCS diverses tcntatives, deux surtout, le Diclicn- nalrc de la Ccnvcrsalicn en Allemagne, V Encyclcpedie d'E- dimhcurcr en Ecosse, ont obtenu un immense succes: par quelles raisons? Le Diclicnnaire de la Ccnversalicn , public a Leipzig par le libraire Brockliaus, est la plus complete des encyclo- pedles populaires. L'edileur ne s'est rendu compte bien nettement ni de son dessein , ni des besoins auxquels il s'adressait; son ouvrage n'est point execute d'apres une idee simple et suivie avec perseverance dans toutes ses applications : beaucoup d'articles y manquent ; cer- taines parties, la Biographic des hommes vivans par exemple, y occupent une fort grande place, tandis que d'autres, comme les arts et metiers, y sont tres incom- pletes. Cependant le livre est concu dans une vue vrai- ment pratique , I'instructjon generale des classes qui n'ont pas le temps de devenir savantcs ; I'editeur ne s'est laisse detourner de ce but par aucune pretention scientifique ou litteraire; il s'est applique a recueillir, sur une infinite de sujets , les explications, les faits, les connaissances de I'usage le plus etendu et le plus jour- nalier; il a resserre dans un etroit espace cette masse enorme de notions elementaires ; et malgre les defauts . de son travail , bien qu'il put elre beaucoup plus com- plet, beaucoup plus constamment fidele a I'idee pre- miere dontilemane, ilenest dejaasa sixieme edition (i), se trouve presque dans toutes les families un peu aisees, et a puissamment contribue a cette civilisation com- (i) Douze volumes, fort ia-S". — Leipzig, 1824. xxiii ENCYCLOPEDIE. n mune, a celle inslruclioii doinestique, plus repandues en AUemagne que parlout ailleurs. Lesauteurs de Y Encyclcpedie cT Edimlcurg, publiec sous la direction de M. Brewster, ont travaille sur un plan et dans un but directement contraires : que sert, ont-ils pense, cette multitude de pelits articles doiit lesgrandes Encyclopedies sont surchargees? ils se rapportent en general a des mots insignifians ou d'un emploi rare, qu'on trouve e\pliques partout, ou dont on n'est pres- que jamais conduit a chercher I'explication ; et cepen- dant ils occupent un espace immense, et ne permettent pas, meme dans les plus volumineuses Encyclopedies, de traiter les matieres importantes avec I'etendue et le soin qu'elles exigeraient. II faut ecarter ce remplis- sage, sans utilite comnie sans merite , qu'on n'insere dans les Encyclopedies que pour leur donner la trom- peuse apparence d'une exposition complete de la science humaine; il faut clioisir les sujets d'un interct vraiment general, auxquels se rattachenl beaucoup de faits ou d'idees, et les traiter de maniere a donner satisfaction meme aux hommes instruits et d'un esprit exigeant. Ce plan a ete execute. Sur toutes les grandes ques- tions des sciences morales, politiques, historiques, na- tui'elles, exactes, sur tous les sujets de quelque impor- tance philosophique ou pratique, I'Encyclopedie d'E- dimbourg contient de vrais traites ou les hommes les plus dislingues ont depose le fruit de leurs meditations et de leurs travaux. Et le succes a couronne I'entreprise : comme le Dicticnnaire de la Ccnversaticn a penetre, en Al- lemagne, jusque dans la plus peti te bourgeoisie, de meme X Encyclcpedie d Edimlcurff est devenue, en Ecosse, le manuel des hommes eclaires ; et parlout ou se forme une bibliotheque commune, une societe de lecture, c'est I'un des premiers ouvrages qu'on a soin d'y placer. Quel est le caractere commun de ces deux Encyclope- dies si diverses d'origine, d'intention, de but, de me- 2i ENCYCLOPEDIE. xxiv rile? Tune et I'autre ont ete concues dans un dessein purement pratique, sans vue syslematique, uniquement pour satisfaire a certains besoins sociaux, pour propager rinstruclion et hater la marche de la civilisation, Tune parmi les hommes deja instruits ou qui peuvent consa- crer asscz de temps a s'instruire, I'autre dans cetle classe si nombreuse qui ne veut pas rester ignorante , quoi- qu'elle ait, pour eltudier, peu de loisir. En ceci done, comme il arrive presque toujours, le fait a precede la theoric et resolu la question de la vraie nature des Encyclopedies avanl qu'on eut songe a la poser. II faut croire aux faits, surtout quand ils se develop- pent spontanement et avec liberte, comme le resultat du cours naturel dcs choses, non comme I'oeuvre de la pre- meditation humaine, toujours etroite et arbitraire. Les vices qu'ils ont mis au jour dans le plan des premieres Encyclopedies n'ont rien qui doive surprendre, car ce sont les vices du 18" siecle tout en tier, et dans tous ses travaux. Ce fut I'erreur generale de cette epoque de se croire en possession d'une science complete, capable de suffire a tout, et a laquelle tout devait s'assujettir. Par une contradiction qui n'est etrange qu'en apparence, ja- mais les esprits n'avaient ete si preoccupes d'intentions pratiques et du besoin d'appliquer les idees aux faits, et en meme temps jamais ils n'avaient ressenti pour les faits tant de dedain ; jamais ils n'avaient tenu si peu de compte des exemples, des souvenirs, des diversites, des obstacles, de toutes les circonstances reelles et exte- rieures. Au milieu d'esperances et de projets fort etran- gers a la science, un desir passionne de rigueur et d'u- nite scientifique prevalaitpartout; et, de tousles grands siecles, celui qui peut-etre a le moins cultive la theorie pure est precisement celui ou les theories ont obtenu la loi la plus aveugle et la plus fanatique soumission. L'ex- perience a promptement fait voir combien de mecomptes XXV ENCYCLOPEDIE. 25 trainait a sa suite celte unite factice el preniatur.ee; les I'aits nieconnus se sont venges en demenlant les doc- trines, et I'esprit humain a ete force de s'avouer que les choses n'etaient pas si simples, ni sa science aussi com- plete, ni sa puissance aussi irresistible qu'il s'en etait flatte. Ce qui s'est passe a I'egard des Encyclopedies n'est qu'une petite scene de ce vaste spectacle, un corol- laire de cette grande erreur. La, comme en matiere de gouvernement, on n'a point songe a la diversile des si- tuations, des dispositions, des besoins, a I'inegalite des lumieres, des fortunes ; on a voulu croire que le public auquel on s'adressait etait un et homogene, et qu'un seul et meme ouvrage devait convenir et suffire cgalement a tous les lecteurs. La meprise etait profonde. Sous ces noms Ae public, peuplc, scciete, se cachent une multitude de societes, de publics, de peuples prodigieusement di- vers, dont les besoins et les moyens intellectuels dif- ferent peut-etre davantage que leurs costumes et leurs manicres. Le poete, I'arliste, le philosopbe meme, s'in- quietent peu de ces differences : librement abandonnes a leur imagination ou a leur pensee, leur travail seul les preoccupe : les uns recherchent la verite pure ; les autres s'adressent aux dispositions universelles et permanentes de la nature humaine, a des sentimens toujours sembla- bles des qu'ils existent, a des facultes qui , pareilles aux dieux d'Homere , touchent a leur but des qu'elles se mettenten mouvement. Mais quand on descend de cette haute region oil il ne s'agit que d'emotions ou d'idees , quand on veut exercer sur le monde reel une influence directe et pratique , quand il faut gouverner, civiliser, instruire, alors la condition sociale j le degre de civili- sation, de loisir, de lumieres sont des faits imperieux qu'il faut bien prendre en consideration ; etla meme En- cyclopedie ne convient pas plus que les memes ecoles a toutes les classes de citoyens. Le temps est venu de comprendre cette infinie varietc 2Q' ENCYCLOrEDIE, x.vvi des. fails cl de lui rendre hommage : les esprils y soul enclins; ils sentenl. que la liberie est a ce prix, que toute unite lactice n'est que vanite ou tyraniiie ; ils re- connaltront sans peine que la publication d'Encyclope- dies diverscs, de science et d'etendue fort inegales, est une consequence dcs fails mcmes, une loi imposee par la necessile de salisfaire a des besoins ti'cs differens et ega- lement reels. Mais noire siecle a bien plus a faire que de constater les erreurs du 18* et de les fuir: ce travail de critique termine, il faut qu'a son tour il sc porte en avant, entre en possession de verites nouvelles, et les manifeste par ses ceuvres. Si nous nous bornions a reconnaitre les di- versites sociales et le devoir d'en tenir compte, nous ne ferions que repeter ce que disaient aux philosophes leurs adversaires; il y a long-temps que leur erreur en ceci a ete signalee; mais elle I'a ete presque toujours a mau- vaise intention, dans le seul dessein de rendre la societe stationnaire, en lui imposant le respect de toules les di- versites, de toules les inegalites, de tons les fails sans exception ni exanien. II est reserve a noire temps de de- jouer ce perfide emploi de la verite, de mettre le respect des fails en accord avec les progres de I'etat social, de faire servir la revelation des meprises de la philosophie au triomphe de la raison. II est vrai : dans toute societe, grande surtout et an- cienne comme la notre, se rencontrent une multitude de situations diverses, de developpemens inegaux de la nature humaine, qu'on peul considerer comme autant de degres de I'echelle de la civilisation. Cependant un certain lien subsiste entre toutes ces classes, car elles forment un seul peuple, et, quelque inegales qu'elles puissent etre, elles ne sont point etrangcres I'une a I'autre; une menie deslinee les domine ; elles ^^euvenl se craindre ou se respecter, se servir ou se nuire, mais non s'isoler. XXVII ENCYCLOPEDIE. 27 Or qu'arrive-t-il, sans secousse, sans dessein, par le simple cours ties choses, parLoul ou la societe grandit et prospcre? les relations des diverses classes se multiplienl; des croyarrces, des sentimens, des interels communs les rapproehent et les unissent de plus en plus; on passe plus aisement, plus frequemment de I'une dans I'aulre ; un mouvemcnt general et ascendant regne sur toute I'e- chelle; les rangs superieurs deviennent plus presses, el pesent cependant moins durement sur les rangs infe- rieurs. Qu'on interroge I'histoire; qu'on jette les yeux sur I'age de croissance, de force, de gloire de tous les peuples; e'est la ce qui s'eat'toujours passe dans leur seln. Le rapprochement progressif de toutes les classes, la tendance a I'unite par le libre developpement des diver- sites, telle est done la loi ou plutot le fait meme de la civilisation ; tel est le cours naturel de la vie dont il a plu a la Providence d'animer ces etres coUectifs qu'on appelle des societes. Toute organisation sociale qui, apres avoir reconnu les differences de situation , de civilisation , de lumieres , par oiisedistinguentles diverses classes deci toy ens, tendrait d'une part a isoler ces classes I'une de I'autre, parce qu'elles sont diverses, d'autre part a les rendre station- naires dans leui's diversites, serait done radicalement vicieuse et en contradiction avec la marche spontanee, la force vitale du genre humain. Le probleme de I'organisation sociale consiste done en ceci : respecter les diversites, lesinegalilesdefait,en tenir corapte en toute occasion; et, en meme temps, etablir, entre les classes qu'elles separent, des liens necessaires, des rapports tels qu'elles ne puissent s'ignorer recipro- quement, que la circulation demeure toujours libre et ouverte de I'une a I'autre , qu'elles se sentent enfin cons- tamment sollicitees et meme contraintes I'une par I'autre a marcher ensemble dansla carriere duperfectionnement. C'est, je crois, la mission speciale, et ce sera le merite 28 ENCYCLOPEDIE. xxviii nouvcau de noire siecle, de bien comprendre ci de poser iiettenient ce grand probleine, d'en accepter franche- ment loutes les conditions, de ne sacrifier ni la tendance a la realite, ni la realite a la tendance, d'assnrer enfin les liberies en repoussant toute unite factice, niais sans cesser de croire el d'aspirer a cetle unite "veritable et pure vers In.quelle rhumanite s'avance constaniincnl, quoiqu'il ne lui soil pas donne de I'atteindre. Je redescends de rorganisation des socieles a la com- position des Encyclopedies, et je reconnais que, des qn'on veut agir sur le public entier et servir la civilisa- tion en general, quelque moj«n qu'on emploie, qu'on precede par des loisou par des livres, le meme probleme se rencontre et reclame la meme solution. De meme qu'il est indispensable de publier des Ency- clopedies divcrses et inegales, en rapport avec les be- soins divers et les moyens inegaux des diverses classes de lecteurs, de meme il convient de les rapprocher, de les lier, d'etablir entre elles une correspondance telle qu'elles se soutiennentetse completentreciproquement, que I'une mene a I'aulre, et qu'a cote des sources d'une instruction moyenne coulent parallelement les sources d'une science plus profonde, toujours voisines bien que separees , toujours accessibles a quiconque y voudra puiser. Je suppose I'existence d'une bonne Encyclopedie ele- mentaire, contenant sur tons les mots de la langue, tant usuelle que scientifique, les notions et les renseignemens les plus utiles au plus grand nombre des lecteurs. Elle est, dans une multitude d'occasions, prodigieusement incomplete ; mais, loin de cacher son insulfisance, elle la proclame hautement; car, dans tons les ai-ticles dont Timportance surpasse evidemment I'etendue, elle prend soin de I'indiquer, et renvoie le lecteur a une autre En- cyclopedic, fort incomplete a son tour quant au nombre des mols, mais qui en revanche traile avec detail tons XXIX ENCYCLOPEDIE. 30 les sujets qu'elle admet dans son enceinte, s'adresse a quiconque veul faire des grandes questions une etude plus attentive, el peut meme, si la convenance s'enfait sentir, livrer scparement au public les petits traites qu'elle rassemble sous un meme lien. Les richesses de la connaissance humainesontainsi classees de telle sorte que chacun les trouve a sa portee, est llbre d'en prendre ce qu'il en peut employer; et cependant les parts n'en sont point faites, mcsurees, distribuees a chacun d'une fa^on definitive, comme s'il n'avait droit a rien de plus. iDes dilFerences sont reconnues et prises en conside- ration ; aucune barriere n'esl elevee ; vine intime et continuelle correspondance s'etablit au contraire entrc les divers degres de science et do developpement intel- lectuel : dans I'ouvrage meme ou une instruction ele- menlaire s'offre a ceux dont la position ne semble pas demander davantage, ils sont a chaque instant avertis que la science mise ainsi sous leur main est bornee, incomplete, propre seulement a dissiper I'ignorance , que , sur tous les sujets un peu importans, il faut aller chercher la vraie science ailleurs. Et celte instruction plus etendue, plus precise, lour est rendue aisement ac- cessible ; ils la peuvent puiser dans un second ouvrage dont la mission est, pour ainsi dire, de repondre aux questions que le premier lui adresse, qui meme, s'ils veulent pousser plus loin leurs etudes, leur indiquera a son tour les grands traites spcciaux ou chaque matiere est approfondie. Par la est prevenue la presomption dans la science legere , vice qui nait aisement de I'em- ploi des Encvclopedies ; et en meme temps la perspec- tive d'une science plus haule, toujours ouverte devant ceux qui ne recherchent qu'une instruction moyenne, etend I'horizon de leurs idees, suscite en eux de nou- veaux besoins intellectuels, peut meme provoquer le de- veloppement de ces dispositions, de ces facultes natu- relles auxquelles il ne manque peut-etre, pour prendre 30 ENCYCLOPEDIE. xxx leiir essor, qu'une circonslance qui les revele a elles- memes, et les inelle une premiere Ibis en mouvement. Toutes les conditions du probleme ne sont-elles pas remplies? Ainsi adaptees au\ fails, modelccs en quelque sorle, dans leiir diversite comnie dans leurs rapports, sur le plan de la bonne et legitime organisation de la soeiete meme, n'a-t-on pas droit d'esperer que les Ency- clopedies atteindront pleincment leur but veritable, qu'elles deploieront, au profit de la civilisation, toute la puissance qui peut leur oppartenir? EUes y reussiront en effet si elles demeurent constam- ment fideles a I'idee premiere dont elles emauent, si dans tons les details de leur execution se retrouve et domine la pensee du public auquel elles s'adressent et des services qu'il en attend. Quant a I'Encyclopedie elementaire, il est clair que toute apparence de pretention scientifique ou litteraire en doit elre bannie. Ce n'est point a fournir une lecture suivie, ni a donner, sur tel ou tel genre de fails ou d'idees plutot que sur tel autre, des moyens d'instrue- tion, qu'un tel ouvrage est destine. II s'adresse a un pu- blic dont la vie est pleine et occupce, qui n'a que peu de loisirs a consacrer a I'etude, qui meme, a proprement parler, n'etudie rien en particulier, mais qui, ne vou- lant pas rester dans I'ignorance, desire un livre ou il trouve promptement, sur tous les sujets qui se peuvent presenter dans le cours de la conversation ou de la vie, des renseignemens, des notions suffisantes poiir dissiper en quelque sorte devant lui le gros des tenebres et satis- faire sa curiosite. Ce public ne demande ni qu'on expose el debatte longuement sous ses yeux les opinions diver- ses , ni qu'on mette sa pensee en mouvement par des idees neuves et hardies , ni qu'on lui procure le plaisir trompeur de se croire savant sans travail; il veut une reponse positive aux questions peu ambitieuses , peu XXXI ENCYCLOPEDIE. 31 cQTiipliquees, mais innombrables, qu'il peut avoir a faire sur I'hisloire , la geographic , les sciences morales , exactes, naturelles, medicalcs, les arts, les metiers, etc. Dans une telle Encyclopedic, aucun article ne peut done pretendre a se faire specialement remarquer; au- cune science ne doit se promettre, se proposer meme d'exciter un interet parliculier; mais en revanche loutes les sciences y doivent prendre place, et des explications s'y doivent rencontrer sur un aussi grand nombre de motsqu'elleenpourra contenir en demeurant accessible a un grand nombre de lecteurs. On ne lui adressera point de questions savantes, mais on peut I'interroger sur toutes choses, et il faut qu'elle soit toujours prete a repondre, qu'elle offre, pour ainsi dire, le resume populaire de tons les dictionnaii-es speciaux dont les connaissances hu- maines ont ete I'objet. Moins, dans chaque article, elle pretend a la science, plus elle doit aspirer, dans son en- semble , a I'universalite. Le vrai merile d'une Encyclo- pedic elementaire , c'est d'etre aussi complete , aussi encyclopedique qu'il est permis de i'esperer. C'est assez dire que les articles seront necessairement fort courts ; leur nombre iniporte beaucoup plus que leur etendue : ils ne pourronl guere contenir que 1" la definition du mot; 2° I'expose de ses diverses acceptions, s'il en admet plusieurs ; 3° I'indication sommaire des principaux faits et des principales idees qui s'y rappor- tent. Dans la Biographic, par exemple, on se contentera d'indiqucr le lieu et I'epoque de la naissance et de la mort des individus, I'emploi qu'ils ont fait de leur vie, et leurs actions ou leurs ouvrages jes plus notables : en Geographic, ou assignera la position des villes, leur po- pulation, les grands etablissemens qu'elles peuvent con- tenir. S'il s'agit d'une plante, d'un animal, on fera con- naitre le genre auquel il appartient dans les classifications de la science, sa patrie, son utilite pratique, s'il en est susceptible, etc. On evitera soigneusement toute prefe- 32 ENCYCLOPEDIE. xxxn rence pour telle ou telle science, tout developpement partial cle lels ou tels articles aux depens de lels autres ; on ne perdra jamais de vue que I'ouvrage n'a ricii de special ni dans son public iii dans son objet, ct que, des- tine a etrc consullc plulot que lu, c'est surlout par des faits, par des resullats clairs el precis qu'il doit repondre aux questions. Naturelle et commode dans les sciences qui traitent des phenomenes de I'ordre materiel, cette methode s'ap- plique moins aisement aux sciences morales qui s'occu- pent de faits plus difficiles a demeler, plus contestes, et a I'occasion desquels se sont eleves tant de systemes di- vers. Quand on raconte la vie d'un homme, quand on decril une contree, quand on expose les resultats de I'observation de la nature physique ou les procedes d'un art, il n'y a communement point de choix a faire, point de discussion a etablir; on dit ce qui est, ce qu'on pent regarder du moins comme generalement adopte. Mais dans les matieresphilosophiques, s'il s'agit, par exeraple, du mot dmc ou du mot scuverainele, il n'y a pas moyen d'echapper a la necessite de choisir entre les opinions diverses; le role d'historien des idees liumaines, le seul qui put en dispenser, n'est point admissible dans une Encyclopedic elementaire, car il donnerait aux articles beaucoup trop d'etendue; il faut prendre un parti, et rediger tous les articles de ce genre d'apres une opinion et dans une direction determinees. C'est au succes seul qu'il appartienl alors de justifier le choix. Du reste ce n'est pas sur les matieres philosophiques qu'une Encyclopcdie elementaire sera le plus souvent consultee ; elle ne doit omettre aucun des mots qui s'y rapportenl; mais, placee entre la necessite d'adopter a ce sujet des opinions systematiques et I'impossibilite de les prouver, il lui convient de se renfermer, sur ces graves questions, dans les termesles plus simples, etd'enreferer chaque fois a rKncyclopedie savante qui lui correspond. xxxiii ENCYCLOPEDIE. 38 Cclle-ci sera un ouvrage non seulement dc dimensions fort differentcs , mais d'une autre nature; ce n'est plus un besoin d' instruction generale ct moyenne , ce sonl des besoins de connaissances speciales ct plus precises qu'il s'agit de satisfaire. On cherche dans unc Encyclopedic clementaire des renseignemens, des explications sur ce qu'on ignore ; on attend d'une Encyclopedic savanle qu'elle traite avec exactitude et detail des questions donl on s'est deja occupe. Le principal merite dc la premiere est I'universalite ; chaque article, pris a part, a necessai- rement peu de valeur; dans la seconde ce n'est pas de I'ensemble de I'ouvrage, mais du merite de chaque arti- cle en particulier qu'il faut s'inquieter; elle ne pretend point a traiter de loutes choses, car elle meconnaitrait les limites de sa puissance et retomberait dans les vices dont les premieres Encyclopedies sont entachees; mais elle s' engage a donner, sur les matieres dont elle s'occupe, des notions exactes et assez etendues. Sans doute il est a dcsirerque toutes les questions importantes y prennent place; sans doute il convient de determiner d'avance, dans chaque lettre de I'alphabet, quels sont les mots qui exigent ou comportent d'asscz longs dereloppemens pour qu'elle soit tenue de les accueillir ; mais il faut sur- toutque chacun de ces mots devienne ensuilc, entre les mains d'un homme verse dans la science a laquelle i! appartient, le sujet d'un petit traite qui rcsimc et livrc en substance au public les ouvrages speciaux des savans de profession. Publics ensemble et sous un litre com- mun , ces traites feront partie , il est vi'ai , d'une memc collection ; mais ils n'auront point ete fails I'un pour I'aulre, ni dans unc vue systematiqne et sous la loi d'.une pretendue unite. II faut meme qu'ils se detachent au besoin de la collection, et que tout homme, qui vou- dra acqucrir, sur telle ou telle matiere, des notions uu peu precises, Ic puisse faire en sc procurant Farlicle seul qui s'y rapporlc, sans elre contraint d'acheter TEn- I. 3 34 ENCYCLOPEDIE. xxxiv cyclopedie tout entiere. 11 faut aussi qu'au moment ou telle ou telle etude , telle ou telle question occupera spe- cialement Taltenlion du public, elle devienne aussilot le but vers lequel les publications periodiques de I'En- cyclopedie se dirigent de preference ; non seulemeuton satisfera ainsi aux besoins sociaux des qu'ils so decla- reront , mais Tinstruction penetrera bien plus aisemcnt et se fixera plus surement dans les esprits, car elle se rattachera a des fails actuels , et se presenlera an nom de la uecessile. II faut enfin que, lorsque le progres des etudes, des decouvertes, des idees, aurarepandu, sur tel ou tel sujet, denouvelles lumieres et fait vieillir I'article qui y avail ele consacre , on puisse le remplacer par un article nouveau, el que la Collection demeure loujours perfectible et progressive comme la science el la sociele. A ces conditions seulement, une Encyclopedie savantc sera vi-aiment utile ct pourra deployer, au profit de la civilisation, une grande influence, Elle en suivra, pour ainsi dire, le cours, distribuanl la science selon le be- soin et la demande , porlant la lumiere du cole ou se dirigeronl les regai'ds , servant d'intermediaire et de lien enlre les hommes qui vouent a des etudes speciales leur vie entiere et ceux qui veulenl en appliquer , ou du moins en connaitre les resullals. Beaucoup d'hommes aussi qui , par gout ou par necessile , se sent occupes avec soin de tel ou tel sujet, mais n'en auraient jamais fait lamaliere dun ouvrage, deposeront volonliers dans une collection pareille le fruit de leurs meditations ou de leur experience; et des idees, des recherclies, qui peul-elre auraient ele perdues, ou utiles seulement dans une clroite sphere, enlreront dans la circulation generate. Ainsi, sur I'indicalion des besoins de la sociele, et a mesure que se presenteront les moyens d'y satisfaire, les trailes s'ajouteront auxtraites; les mots marques d'a- vance , dans I'Encyclopedie elementairc , comme exigeant des developpemens plus elendus,s'epuiserontpeu iipeu; XXXV ENCYCLOPEDIE. 35 et I'Encyclopedie savante se fera natiirellement , pro- gressivement, toujours en rapport avecles fails, toujours conlenue clans leslimites de la possibillte et de sa mission. II est difficile d'indiquer par avail ce et d'une maniere generale sur quel plan doivent etre composes les traites qu'elle est destinee a reunir ; quand il s'agit d'articles courts eJt. simples , comme dans une Encyclopedie ele- nientaire, on pent, jusqu'a un certain point, lesjeter dans un meme moule, et donnerquelques regies partout applicables ; mals , avec les developpemens , les diver- sites se prononcent, comme les enfans, dont les traits sont si pareils au berceau , cessent de se ressembler en grandissant. Comment les memes procedes de compo- sition conviendraient-ils a une biographic, a une ques- tion d'economie politique et a un traite sur quelque point des sciences naturelles , par exemple , aux articles Aristcte , analcviie, capital, maviviijcres , machine d va- peur P H&ns certains cas , c'est surtout sous son aspect pratique , dans les applications de la science a la so- ciete, que le sujet veut etre considere; dans d'autres, au contraire, les idecs generales doivent dominer, et le champ appartient a la theorie. S'il s'agit de la biogra- phic d'un grand homme, de Platon, de Descartes, de Cromwell, de Luther, de Sully, de Bossuet, quelle valeur auraient, dans un ouvrage qui ne pourrait les recueillir completement , des details anecdoti- ques sur sa personne et sa vie? C'est a raison de I'in- fluence qu'il a exercee sur la destinee des peuples ou le developpement de I'esprit humain, parce que son his- toire fait panic de I'histoire de I'humanite, qu'il prend place dans I'Encyclopedie savante ; c'est sous ce point de vue et dans ses rapports avec son siecle qu'il faut le peindre et le juger. Dans les sciences morales, comme la psychologic, la philosophic politique, etc. , les principes generaux peuvent seuls etre exposes, et il importe bien davantage de donner des modeles de methode , ou de 36 ENCYCLOPEDIE. xxxvi Jeter, s'il sc peut, sur les grands problemes de la science, quelques vues nouvelles qui mettent les csprils en mou- veinent, quo de s'appesantir sur des questions particu- liores qui no sauraicnt ctre resolues qu'cu presence des fails, et dont le nombre surpassera toujours de bcaucoup I'espace qu'on pourra leur accorder. Traite-t-on, au con- traire, de quclque sujct qui appartienne aux •sciences exacles ou naturelles, a la mecanique, a la physique, a la chimie, a la botanique? c'est probablement aux appli- cations , aux consequences usuelles de la science qu'il faudra preferablement s'attacher, car c'est la surlout ce qu'on cherchera dans 1" Encyclopedic ; les savans de profession, ou les hommes qui voudraient faire, de la science pure, une elude approfondie, auraient re- cours aux grands trailes speciaux. Les articles auront ainsi, selon la nature des sujets et des besoins auxquels I'Encyclopedie s'adresse, un caractere tantot philoso- phique, tantot pratique, et la theorie ou I'application y dominera tour a tour. Cependant, s'il fallait absolument donner, sur la nie- ihode a suivre dans la composition de ces petits trailes, quelques preceptes generaux, je dirais qu'il me parait desirable qu'ils contiennent : 1° I'hisloire du sujet, c'est- a-dire un precis historique des fails ou des idees qui s'y rapportent, afin que le lecteur sache bien comment la question s'est progressivemenf demelee, et la science formee avant d'arriver a lui ; 2° une exposition de I'etat actuel des connaissances et des principes generalement adoptes sur le point dont il s'agit, et des idees propres de I'auteur; 3" I'indication des lacunes qui subsistent encore, des difficultes qui restent a resoudre et des pro- gres desirables ou possibles qui se laissent entrevoir; 4" enfin I'enumeration des principaux ouvrages ou la matiere a etc traitce dans les divers pays, avec une ap- preciation sommaire de leur merile. Des articles executes d'apr^s ce plan repondraient, ce me semble, a tons les XXXVII ENCYCLOPEDIE. 37 bcsolns qu'une Eiicyclopedio savante se propose de sa- tisfaire. Du reste, de tels preceptes ne sont, jo le repete, que de vagues indications: la manie reglementaire ne s'ap- pliquerait pas plus heureusement a la composition d'une Encyclopedie que partout ailleurs; la aussi elle ferait sans cesse violence a la nature des choses et a la liberie des esprits, seules puissances respectables et fecondes. C'est a la raison de chaque ecrivain a regler, dans chaque occasion, la methode selon le sujet. La determination des matieres qui, a raison de leur importance ou du voeu public, doivent etre traitees dans I'Encyclopedie progressive, et le choix des hommes capables de les trailer, de la depend le succes. II n'y a point de pre- ceptes a donner a cet egard. J'ai essaye de raesurer la puissance des Encyclopedies, de definir leur vraie nature, d'en deduire les lois de leur composition, de poursuivre dans I'application les consequences de ces lois jusqu'a ce point ou la pre- voyance legislative de I'esprit s'arrele devant I'infinie variele des fails, et ne peut plus pretendre a les regler a priori ni en general. Si je ne m' abuse, il suffit de jeter les yeux sur I'etat actuel de la societe en France pour se convaincre que, bien loin d'etre une entreprise concue arbitrairement et au hasard, une invention de cette activite qui cherche en tous sens de quoi s'exercer et se repandre, les deux ouvrages dont je viens de tracer le plan sont naturellement appeles par les fails, impe- rieusement provoques par la necessite. lis ne prennent pas seulement leur source dans ce desir d'instruction et de science qui anime tous les siecles un peu actifs, toutes les societes en progres ; ils repondent a des be- soins encore plus pressans, plus directs, a des besoins qui naissent de la situation sociale des hommes aussi bien que de leur disposition morale. L'organisatioa 38 ENCYCLOPEDIE. xxxviii actuelle de la societe parmi nous est bonne, raisonnable, legitime ; la plupart des hommes ont lieu d'etre contens de la -justice des relations qu'elle etablit entre eux, de la liberte des carrieres qu'elle leur ouvre , de I'ensemble des faits au milieu dcsquels s'ecoule leur vie. Mais il manque a cet etat social quelque chose dont I'absence se fait parlout sentir, que tout le mondc cherche , souvent mcme sans le savoir : c'est un etat intellectuel qui lui corresponde et le complete, Les revolutions ne changent pas le monde interieur et moral aussi promp- tement que le monde exterieur et materiel; on s'enri- chit plus vite qu'on ne s'eclaire; on monte sans grandir a proportion. II y a main tenant un nombre immense de citoyens honnetes, influens, importans par leur fortune, leur activite, leur clientele, et dont I'instruction n'wt pas au niveau de leur situation, qui n'ont pas les lu- mieres de leur influence, ni les principes de leur con- duite, ni les croyances deleurssentimens; la civilisation intellectuelle, en un mot, est moins avancee que la civi- lisation sociale. C'est done de la civilisation intellec- tuelle qu'il faut seconder les progres; il faut se hater de repandre des connaissances, des principes qui retablis- sent entre les pensees et les situations, les esprits et les existences, cet equilibrc, celte harmonic qui fait I'eclat et assure le repos de la societe. C'est la le premier et le plus noble besoin de notre epoque. II y a un etrange aveu'glement a lui en contester la. satisfaction. Le desir de rinstruction, la soif du developpement intellectuel, peuvent elre, dans certains temps , des besoins revolu- tionnaires; ils peuvent provenir d'un contraste malheu- reux entre le droit et le fait, les conditions legales et les capacites reelles , et ils provoquent alors des boule- versemens. Tel etait, il y a quarante ans, le sort de la France : une foule d'hommes , des classes entieres de citoyens, ne possedaient pas en fait ce dont ils etaient moralement capables; les lumieres etaient pour eux un XXXIX ENCYCLOPEDIE. 39 moyen de renverser les obstacles qui les tenaicnt ecarles de la place a laquelle ils avaient droit, et c'etait surtout dans ce dessein qu'ils recherchaient avec passion les nioyens d'en acquerir. Aujourd'hui tout est change ; le phenomene contraire se presente; les classes diverses se trouvent dans la situation qui leur convient ; le fait est bon, invinciblement bon; rien ne le prouve mieux que sa resistance paisible a des passions ^ennemies et qui semblent souveraines. G'est I'etat moral qui aspire a se developper, a se perfectionner pour se mettre en accord avec I'etat reel ; ce ne sont point des pauvres qui veulent s'instruire pour s'enrichir, ce sont des riches qui recherchent aussi la richesse intellectuelle. Bien loin done que I'instruction, la propagation des connais- sances positives, le developpement complet et libre des esprits, soient maintenant une source de revolutions, c'est au contraire un element d'ordre, de stabilite, un moyen d'affermir, de completer ce qui est, d'assurer I'exercice regulier des forces qui possedent I'empire. Ceci est encore un exemple de cet eternel anachronisme des passions et des prejuges, (jui pousse tant d'hommes a s'effrayer de perils depuis long-temps evanouis avec I'ordre de choses qu'ils menaoaient. C'eut ete, il y a cent ans, une grande injustice, et probablement une in- justice vaine, que de vouloir enipecher, par crainte des revolutions, le progres de I'instruction publique : au- jourd'hui c'est une sottise. Les changemens dans I'etat social, auxquels la France aspirait depuis plusieurs sie- cles, que I'administration de Louis XIV a favorises et muris plus efficacement peut-etre que toute autre cause, sont accomplis et irrevocables ; le public est en posses- sion de la liberte et de I'influence; il ne s'agit plus que de savoir si, libre et influent, il doit etre condamne a I'ignorance qui convient a la servitude. Un tel etat se- rait, a coup sur, le pire de tous, et personne n'a rien a y gagner. La propagation des lumieres de tout genre et 40 ENGYCLOPEDIE. xi. tous lesmoyensd'y concourir, Encyclopedics on autrcs, sont done maintcnant au nombrc dc ccs besoins pacKi- qiics, rcgulicrs, qui s'elcvcnt au dcssus des qucrellcs dc parti, qu'ou no saurait sans absurdile refuser de salis- faire, et. dont nul hommc dc sens ne peut raisonnablc- mcnt s'alarmcr. Mai 1826. GUIZOT. (Suit dans I'ouvragc la Bihliographic dcs Encyclopcdics puhJu'cs en France , en Anglctcnr. , cii Allcmagnc , en Italic , elc.) N'^S. — Av!ill826. ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES ET PROSPECTUS o'OBVRAGES NOrVEAUX ET DE PUBLICATIONS PR0CHAINE8 , Pour la France et les Pays Etrangers ; rULLETIN SUPPLEMENTAIRE annexe a la revue r.KovcxorKniQUE (i). AVIS ESSENTIEL. A Messieurs les Auteurs, Libraires, et Edlteursd' outrages, a Paris, clans les departemens et dans les pays etrangers. Depuis plusieurs annees, la grande abondance des livros qu'on publie, rend plus que jamais necessaires des annonces multipliees et distribuees avec discernement et avec profu- sion , pour les ouvrages que Ton veut faire connaitre etdont on desire assurer le debit. Mais ces annonces , contenues dans des prospectus detaches, et qui sont, pour ainsi dire, lances ail hasard, ne peiivent pas produire le meme effet que des annonces annexees aux cahiers mensuels d'un ouvrage pe- riodique tres-repandu, imprimees dans le meme format, mais surdeux colonnes, pour etre plus facilement distinguees du corps de I'ouvrage , broch^es avec chaque cahier, et envoyees dans le plus court delai sous les yeux d'un grand nombre d'hommes eclaires, occupes d'etudes scientifjques , philoso- phiques ou litteraires, et disposes i recueillir avec soin , pour les lire ou les consalter, tous les ouvrages nouveaux relatifs aux branches des connaissances dont ils s'occupent le plus. La Revue ENCTCLOPEDiQTiE,ayantdonne une grande exten- sion a ses relations, pendant sept annees d'un succes continu et loujours croissant, se trouve maintenant en circulation dans toutes les parlies du monde civilise, ou elle est hie (i) Ce IBuUetin Supplemenlahe csl compose d'annonces fournics par MM. In librnires , auteurs et editcurs , et qui ne iloivciit pas ^tre confondues avec les iiigemcns portes sur les ouvrages , dans les deux sections (les Analyses el du Piiltetin Bibliographique ^ qui font p.irtic dc cliacuu des caliicrs lie la He\nie. par tons ceiix qui veulcnt se tenir au courarit dos progi*' ^ (Ic la liUcratiirc et dc-s sciences, et qui clierchent, dans Ics livres, do rinstriiotion et du plaisir. Elle croit servir les in- terets dcs ccrivains et des Iibraires,on leur oftVant , dans un Bulletin Stpplemkntaire, joint a chacun de ses cahiers , iin mode de publication et de circulation rapide , econo- niique et universel, pour les Annonces et les Prospectus des ouvrages qu'ils publient. Ces annonces pourront com - prendre egalemcnt les publications procliaines dcs oavrui'es sous presse , ct les ourrages waHMwnV* que leurs autcurs, on CGiix qui en sont depositaires,Youdrdient laire connaitre d'a- vance aux libraires et an public. L'inscrtion dcs Annonces et dcs Prospectus est fixce a 35 c. par ligne; ellc est re'diiite a ao c. par lignc, pour los libraires qui ont fait prendre au moins douze abonuemens a la Revile Encyclope'dique . MM. Ics libraires, editeurs ct autems, de Paris, des de'- pavtemensct des paysc'trangcrs, auxquels il conviendra de fairc usage du moycn que nous niettons a leur disposition pour imprimer et repandre des Prospectus et des Annonces d' CUV rages , devront les cn\ n\ cv , francs de port, au Bu- reau CENTRAL DE LA ReVUE ENqVCLOPJiDIQUE , RUE d'eNFER- SAINT-MICHEL. On souscrit, a la meme adresse, pour ce Recueil, dent il parait un cahier de quatorze feuilles d'impression tous les mois. Chaqvie cahier sc compose de qiiatre sections: I. Notices eiMe'nioires s\i\Ac% objets d'uu interet general; 1!. Analyses d'ouviages choisis : i° Sciences physic/iies ct natiirclles ; i° Sciences morales et politiqiies ; S' Litteratiire et Beaux-Arts ; III. Annonces bibliographiqiies d'ouvrages uouveaux , classes par pays, ct, dans cbaquc pays, par sciences; IV- Noiivelles scicntifiques et littcraires. — Prix: a Paris , 46 fr. pour rannec ; dans les dcparteniens, 53 fr. ; dans les pays ctrangcrs , Go fr. OUVRAGES FRANCAIS. Pour paraUre. incemammcnt die: i Roi , sur la corvcllc ia CoquilU , AnxHus Bkrtrai\d, lihrairc, rue pcndanl les annecs 1825, iSjj, Hfiiitcfeuiite , en six volumes in-4. , 'accompasjjnes de qimlre Alias, fonnant en tout 552 pbn- < Ijts , doot i<)6 seiont coloriecs : G. VOYAGE AUJOUIJ :DU M O JN D E , cxufulc par ordre du 1824 et 1825, par M. L. I. l)r PEBRKY, capllalne de IVef^alc, com- rnandant de I'expt'dition. — Ce vojaf,e iTKJrite, scion les conclu- sions du rapport del'Acadeniie des sciences, d'occiiper un ranj; distin- gue parini Ics plus briilantcs e%jie- ( 3 ) )]|lioii!> sricnlifiiniOR, oxccutefs , suit par la marine fran9aise, soit j>ai' cclledesauties nalions. — Voici It's lahlcaux ties divisions dc cc gr.ind Iravail : Hisloirc du voyage. — llydrografhie et Navigation. — Physique. — Zootogie. — Botnni- quc. La premiere livraison paraiira Ic i''"' juillci 1826. Le prix de cha- qne livraison, teste et planehcs sa- lines, avec couverlure imprlmee , sera, pOur les personnes qui sons- criront a I'ouvrage enticr , avec ou sans la parlie hydrographique , naulique ct fhysiquc , de 12 f'r. 7. VOYAGE DANS LA CYRF- NAIQUE. Les journaux ont deja ))lusieurs fois enlretcnu Ic public dc i'inleressant voyage dcM. Pacho danslaCyrenaiquejilsontegalenxent annonce rencouragement que son ouvragea obtenu dela pari de S. E. le ininistre dc I'interieur, qui a bicn voulu y souscrire, pour 00 exem- plaires , et fait menlion du prix dc- ccrne a M. Pacho, par la Societe de geographic, dans son assemblce gii- ntrale du lii mars. Cetle reunion de suffra^jes liono- rablesdisposerasansdoute Ic public A accueillir, avec cmpressement , 1 ouvragc que M. Pacho va piiblier jnccssammcnt. L'n Prospectus of- I'rica I'apergu sommaire de ne voyage , execute avec autant d'lia- bilcle que de perseverance. II fera cnnnaiire les divers sujcts des des- seins , les principaux elemens du 1 ex tc et les conditions de la soivscrip- tion. Nous nous bornerons , mainlc- nant , i annoncer que le voyage en Marmarique et en Cyrenaique, sera compose il'un Atiasdecent planches environ, I'omiat petit in-folio, et de 2 vol. iu-S" de texte , auxqi.els il sera joint deux Carles geograplii- qu( s. On pourra se procuier Je texte teparemeol. Si I'on veut se faire nne idee cxacle de I'imporlance el de I'inte- ji't que jirescnlcra I'ouvrage de M. Pacho , on pourra con.suller les deux rapports fails sur Ic? rcsullals de son voyage, J'un , par RI. Ar- tronnc, au noin del'Acadeniif des inscriplions ct bcUes-letlrcs , et I'autre , par M. Matte-Brun , an noin de la ronimission ccntrale de la Societe de geograpLie. Ces rap- porls sont actucllementsous presse, et paraitront incessamment dans le Plonileur, le Journal des savans, le Bulletin univcrsel de.» sciences , le Bullelinde h Socielede geographic, les Nouvelles annales des voyages , la Revue encyclopcdique et dans d'autres Recueils scienlifiques. Pour farallre incessamment , chcz RoDssEi.oN, Liiraire, rued'An- jou-DaupMne. 8. VOYAGE PITTORRSQUE DAKS la PAHTIE OCCIDENTAL!! DE l'Ame- EiQUK,parM. A. de BK4troiL-S*iMT- AULAIBE. A unc epoque oil tous les regards sont tournes yersce noiiveau monde, dont riiisloire ol'fre deja d'impor- lantes legons philosopliiqucs , I'on doit savoir gre aux ecrivaias qui s'occupent dc rassembler des ren- ijeignemcns sur les contrecs les moins connues de ce continent. M. Saint-Aulaire a voulci parler a I'esprii et Bux yeux; il a trace d'un crayon savant les vues les plus pjtto- resques; et, lout en ajoutant par des notes a la description lerriloriale, il consignc des observations pre- cieuses sur les moeurs et I'induslrie dc ce peuple, son commerce et son ppids dans la balance politique. A peine de retour , ses observations ont le merite de la nouveaute, et le caractfere rccornmandable de I'au- teur en garantit I'aullienlicite. Di'ja honore des souscriptions de plusieurs princes et princesses de la Maison royale,cet ouvragc Test en- core du suffrage bien (lalteur de deux illustres savans MM. de Hum- boldt et Arago , qui en ont donne le lemoignage a I'auleur en se I'ai- sant insciire les premiers surla liste de sousrription. Ce voyage sera public en dix li- viaisons; chaquc livraison., conijia ( o nee d'linc a tlcux Icuilles de teste ct hilosophie au college de Sainte-Barbe. Ce diclionnaire, formant deux vol. in-S" d'environ i,5oo pag., sur deux colonnes , et en caraclerc dit miqnonne , sc vend 18 fr. broche. Paris , a la lUirairic ctassique eie- mcnlairc, rue du Paon-Saint-An- dre , n" 8 , prfes I'Ecolc de Mede- cine. tie Conseil royal de Vinstruo- tion pubtiquc a declare , par uii arrete du 18 mars 1826, que eet ouvrsge serait mis entre les mains des eleves dans les colleges of autres etablissemens de l'Universil<5. N. B, Cc Bulletin surPLEMENTAip.E ne sera pvibli(5, cbaquemois, avec la Rtv/ze encyclopediquc, qu'autant que les aknonces et les pros- pectus qu'il doit renfcrmcr seront envoycs, avast le aS dc mois , ct sufliront pour rcniplir au moins «n quart dc fcuLllc, on ((uatro pages d'imprcssion. IMPniMFKIE D HIPPOLVTi; TIT.LIARD , rue de la Harpe, 11° 78. ENCYCLOPEDIE PROGRESSIVE, OtI COLLECTION DE TRAITES SUR l'histoire, l'etat actuel et les progres DES CONNAISSANGES HUMAINES , SUIVIE D UN MANUEL ENGYGLOPEDIQUE , ou DICTIO^iTNAIRE ABREGE DES SCIENCES ET DES ARTS , Contenaiit I'explication de tons les mots de la langue francaise. Tous les deux mois environ , un volume de 500 pages au molns. On n'esttenu de souscrire que pour trots volumes, sans rien payer davance. . Prix des 3 volumes : 24 fr. pour les Souscripleurs. PARIS , Au bureau de V Encyclopedic progressive, rue Chantereine , n° i o ; Bechet aine, quai des Augustins , n" 47 5 MorxARDiER , rue Git-le-Coeur , n" 4 ; p 1 PiNaRD , rue d' Anjou-Dauphine , n° 8 ; PoNTHiEu et C"! , Palais-Royal , galerie deBois , n" aSa ; Sautelet et C''^ , place de la Bourse 5 Treuttel et Wi!RTz , rue de Bourbon , n^ 1 7 5 Et chez tous les principaux libraires et directeurs de postes. 1826. AVIS AUX SOUSCRIPTEIIRS. Pour mieiix faire connahrc le ])lan el la nature dc cet ouvi-a£;c, I'e- ililcur dc V Encyclopedie progressive a public d'abord un denii-volume, qui sc vend soparement : prix , -4 f'r. Ce demi-volume conlienl , avec un speeimen du Manuel Encvclopedique , les cinq Iraites suivans : ENCYCLOPEDIE. Des Encyclope'dies conside're'es comme moyen dc civ'ilisatx m GUI ZOT . liCONOMlE POLITIQUE. Esquisse do I'cconomie politique modorne , dc sa nomenclalure , dc son hisloire ct dc sa bibliof^rapliie J. B. SAY. IRRITATION considcrce sous Ic rapport pbysiolo- pique el. palhologique ; BROUSSAIS. LAW, ot de son systcnie dc finances A. THIERS. RELIGION. Du developpenienl prof;ressif des idees religicuscs BENJAMIN -CONSTANT. L'arllele ENCYCLOPEDIE par M. GUIZOT , servant de discours prcllminaire , sc dislribue gratis au bureau et chez les libraires dc V Encyclopedic progressive. Pour rassurer les souscrlpleurs contrc I'abus si frequent des nou- velles editions , ilssont prevenus qu'il n'y en aura jamais qu'unc seulc de chacun des traites compris dans V Encyclopedic progi'cssive. Les additions qui pourront ctre faites plus tard , s'il y a lieu, seronl lou)ours tiriics a part, de maniere apouvolr elre acquises separemeni, et elre ajoutecs ainsi a la suite des cxeniplaires du premier tirage. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Pour recevoir \ Encyclope'die prop-essive,'A faut souscrirc au moins pour trois volumes. Prix: 24 fr. , franc de port. Les souscriptcurs sent libres de ne ricn payer d'avance, en faisanl parvenir a Tedileur, rue Cbantereine, n" 10, I'cngagement cl-apres : Jc declare souscrirc a /'Encyclopedic progressive pour trois volumes, que je m engage a payer, d raison de huit francs le volume,aufuret d tne- sure qu ils sci-ont publics , et quits me seront retnis a [ adresse suivante : ( Indiquer avec soin le nom et t adresse a Paris. ) \J Encyclopedic progressive sera impriniee sur Ires beau papier, caractere et jusllHcation semblables a ce Prospectus. II paraitra tous les deux mois environ, un volume de 500 pages au moins. Le Manuel encyclopedique sera imprime sur deux colonnes, format in-8°, caractere Petit-Texte , interligne. Prix : 9 fr. chaque volume de 500 pages au moins, et 8 fr. pour les souscripteurs a V Encyclo- pedic progi'cssive. Pour facillter aux souscripteurs I'cnvoi des fonds, ils n'ont qu'a faire parvenir au Bureau, rue Cbantereine, n" 10, un mandat sur Paris, a I'ordre de I'editeur dc V Encyclopedie progressive . L'ouvrage sera de suite envoye franc de port. ENCYCLOPEDIE PROGRESSIVE, ov COLLECTION DE TRAITES SUR l'hISTOIRE , l'eTAT ACTUEL, ET LES I'ROGRES DES CONNAISSANCES HUMAINES. PROSPECTUS. On a fait aux diverses Encyclopedies, surtoul a I'En- cvelopedie francaise du siecle dernier, de nombreux reproches; on a soutenu que la bonne execution d'un tel ouvrage etait impossible, que I'idee seule en etait chimerique. Cependant les Encyclopedies se sont mul- tipliees en France, en Angleterre, en Allemagne, en Amerique meme; partout on a persiste a les croire utiles et a les accueillir. C'est qu'il en est aujourd'hui des richesses intellec- luelles coniinede toutes les autres; leur distribution plus etendue, plus egale, et leur rapide circulation sont un besoin impericux pour la societe. De la vient le succes invincible des Encyclopedies;. c'est I'etat actuel de la civilisation qui les rend indispensables, et les fait triom- pher de toutes les objections. Ce qui importe done aujourd'hui, ce n'est pas de dis- cuter la convenance ou la possibilite des Encyclopedies, question resolue par le fait, mais de leur donner tout le merite et toute I'utilite dont elles sont susceptibles. ( 4 ) Ti'ois objections principalcs out etc adressees aiix En- cyclopcJies : 1" par leur etcnduc et leur clicrte, elles sont hors de la portee du plus grand nombre des lec- teurs; 2° cependant Ics matieres iniportantcs n'y sont jamais traitees avec les devcloppemcns qu'clles exige- raient: 3° enfin, les sciences et les idccs sont continuel- lement en progres, en sorte qu'une Encyclopedic vicillit tresproniptement, ct qu'au niomentmenieou I'entreprise atteint son tcrme, elle a dcja perdu, en partic du moins, son mej'ite et son utilite. Dans le plan que nous avons concu, ces objections sont resolues, ct tons les besoins du public satisfaits. Nouspublierons, sousle titre Ae Manuel encijclopedique, et en douze vohunes in-S", une Encyclopedic abregee et pourtant tres complete, caraucundcs mots comprisdans les diverses Encyclopedies publiees jusqu'a ce jour n'y sera omis, et sous cbaque mot sera place un court precis des principaux faits ou des principalcs idees qui s'y rapportent. Ce Manuel sera ainsi une Encyclopedie vraiment usuelle et a la portee du plus grand nombre des lecteurs; le nom (}i Encyclopedie dcmcslique lui conviendrait parl'ai- tement, car on y trouvera, sur cbaque mot, les rensei- gnemens et les explications dont la necessile peut se presenter dans le cours ordinaire de la conversation et de la vie. C'est un ouvrage de ce genre qui, sous le titre de Lexique ou Dictionnaire de la Conversation , a obtenu, en Allemagne, vin succes tel qu'en peu d'annees plus de 70,000 exemplaires ont ete vendus. Mais pour quiconque veut acquerir, sur tel ou tel sujet particulier, des connaissanccs plus precises, un semblable Manuel ne saurait suffire; il faut enbeaucoup d'occasions, du moins sur les matieres importantes, des traites de quelque etendue ou la science sois resumee avec soin et appropriee aux affaires et aux interets qui attirent specialement I'attention du public. ( 5 ) C'est Ik le but que s'est propose X Encyclcpedie ctEdim- bcurff ; les auteurs de ce bel ouvrage ont renonce a don- ner, comme dans les autres Eneyclopedies, un article sur chaque mot : mais ils ont public, en revanche, sur tons les sujets importans, de longs articles, pleins de faits et d'idees, et qui sont de petits traites scientifiques, oil les plus grands ouvrages se trouvcnt resumes. Sous lenom d' Encyclcpedie pro ffressive , nous publicrons un Recueil de meme nature; nous n'y admettrons que des articles d'une importance incontestable et qui repon- dent a quelque besoin reel du public. Chaque article, portant Ic nom de I'auteur et la date de sa composition, contiendra en resume : 1" I'histoire du sujet; 2° I'expose des principes et de I'etat actuel de la science sur le point en question; 3° I'indication des lacunes non encore rem- plies, des difficultes non encore resolues, ou les desiderata; 4° une bibliographic indiquant les principaux ouvrages ou le sujet a ete traite dans les divers temps et les divers pays; 5° au besoin enfin, des tables chronologiques et des tableaux synoptiques. Nous donnerons la biographic raisonnee des hommes les plus celebres, mais seulement de ceux qui ont puis- samment influe sur la destinee des peuples, ou sur les progres de I'esprit humain. Chaque article aura une pagination particuliere. En tete de chaque page sera le titre du sujet traite. Les ar- ticles pouri'ont ainsi etre classes a volonte, 1° par ordre de publication, 2° par ordre alphabetique, 3° par ordre d'auteurs, 4" par ordre de matieres. Quand un article aura vieilli, il pourra etre remplace par un article nouveau, sans que I'ensemble de I'ouyrage en soit derange; et notre Encyclopedic meritera vraiment le nom de Progressive, puisqu'elle demeurera toujours ouverte a tons les progres, et se reformera ou s'enrichira successivement comme la science meme. Le Manuel encyclopedique et Y Encyclcpedie prcgressive ( 6 ) seront dans une intime relation. Dans le Manuel, a cha- que mot qui exigera des developpemens que les limites de I'ouvragc nc permeltront pas de donner, un renvoi annoncera que ce mot doit etre, dans V Encyclcpedie pro- eressive, I'objet d'un article etendu. Ainsi quiconque possedera le Manuel et aura besoin sur tel ou tel sujet de renseignemens plus detailles,pourra se les procurer en achetant le traite particulier qui y aura ete consacre dans \ Encyclcpedie prceressive, dont les articles seront, au besoin, vendus separement. Le triple probleme des Encyclopedies sera ainsi resolu; on aura d'une part, une Encyclopedic vraiment elemen- taire; de I'autre, une Encyclopedic vraiment savante, qui dispensera meme les hommes instruits de recourir aux ouvrages speciaux, etqui, en meme temps, sera toujours au niveau de la science, dont elle suivra les progres. Le devoir de I'editeur d'un pareil ouvrage est de s' as- surer de I'appui et des conseils de tons les hommes su- perieurs, et de s'adresser toujours aux ecrivains les plus distingues dans chaque partie. Quant aux collaborateurs, I'ouvrage ne comportant aucune unite de redaction ou de doctrine, ilest evident que chaque auteur nepeut re- pondre que de I'article signe de lui, et n'encourt d'autre examen que celui du public. Du reste, les noms des col- laborateurs de \ Encyclcpedie progressive nous sont un sur garant du succes. Nous ne nous aslreindrons point a I'ordre alphabctiqtie pour la publication des articles de V Encyclopedic progressii'c ; les sou- scripteurs le rotabliront aise'meiit, s'ils le jugent convenable, en faisant relicr I'ouvraj^c : il nous senible preferable que chaque volume oiTre , en pnraissant , une grandc varie'te' ; ct nous voulons pouvoir toujoius y Iraiter, surtout en fait de sciences morales et politiques, les questions qui, au moment de sa publication, nie'ri- teront I'inte'ret ou occuperont spe'cialement I'altenlion du public. Ainsi, une premiere livraison, destine'e a fairc micux connailre le plan et la nature de cet ouvrage , contient, avec un specimen du Manuel Encyclopediqle, les cinq Iraites snivans : ( 7 ) Tar mm. ENCYCLOPEDIE. Des Ennjclope'iUes conside're'es comme moyende civilisation Gnizox. EcoNOMiE POLITIQUE. EL/qulssc clc rcconomie politique moilerne , Je sa nomenclature , de son histoire et de sa bihliograpliie J. B. Say. Irritation consideree sous lerapporl physiologique et palhologique Broussais. Law, et de son systeme de finances A. Thiers. Religion. Du developpement progressif des idees religieuses Benjamin-Constant . Les livraiscns suivantes ccndendront enlr'autres articles : Physiologie. Hlsloirc des decouvcrles en physiologic Adelon . LuMiEP.E. De la polarisation de la lumiere JouiiNAux Bert. Effets publics et de la necessite d'en legaliser les negociations a terme EsTASE. De I'etat d'extase considere comnie une des causes des effets attribues au magnetisme animal Bertrand. Juips. De I'etat des Juifs dans les temps modernes... Arth. Beugnot. Administration. Histoire de I'Administration en France Opposition. De I'opposilion dans le systeme representatif.... Mineralooie Musique. De la musique dramatique en France F^. Bodin. Froissart , et de son epoque J. A. Buchon. Substitutions. Des substitutions M'^. de Catellan. Population Freret , et du progres de la critique liislorique en France dans le 18™^siecle CHAMPOLLtON-FiGEAC. HiEROGLYPHEs etdcs ccrilurcs egyptiennes CnAMPOLLioNlejeune. Mecanique. De I'etat actuel de la Mecanique industrieile... Christian. Legislation. Des elemens de cette science et des causes propres a en favoriser les dcveloppemens Ch. Comte. Philosopiiie. De la maniere dont on devrait ecrire I'histoire de la philosophic Zoologie. De la mclhodc en Zoologie F. Cuvier. Industrie, et de I'etat social qui en derive Dunoter. Arts et Metiers dans leurs rapports avec les sciences Ch. Dopin. Chirurgie. Des progres recens de la chirui'gie FoLiE , dans ses rapports avec I'etat actuel de la civilisation... Esquirol. Voyages Eyries. Cataclisme, et des grandes revolutions du globe.... B°°. de Ferussac. Lois. De linfliience des lois Fievee. Probabilites B"" . Fourier. Crane , sous le rapport de ranatoroie et de la phy- siologie du cerveau '. Gall. Commerce maritime, et des developpemens qu'i! faudrait lui donner G autieu . Bl>^'lM\ GuiGMAUT. Fer. De la fabrication dii fer, des cncouragemcns a donncr au developpemcnl dc cellc Industrie , ct de I'application d'un larifdc douanes derroissant Hi'mann. Pestalozzi et de sa methods d'education comparee avec les autres meiliodes...., M. A. Jullien. PSTCHOLOGIE CiRCL'LATiON. Do la circulation et du credit public J. Lafjtte. Jansenius C'' Lanji;inais. AsiE Systeme NEuvcix , Ct de ses fonctions Magendie. Prisons. Histoire , legislation, regime, abus el reformc des prisons A. Maiiul. Solly , el du commencement de la monarchic ad- ministrative en France Mignet. Geocrafhie Malte-BVi'n. Tresorerie , ou des receltes et depenses du gou- vernement, au moyen d'une caissc generale Millerct. Ph YSIOLOGIE VEGET ALE MiRDEL . Tr AVACX PCBLICS Lavater , et de la Physiognomonie Peisse. HYroTiiEQUE. Du prct hypolhccalre considerc comme transaction commerciale , et de I'insufifi- sance des lois qui y sont relatives Casimir-Perier. Specialite Physique. Des decouverles recentes en physique Pouillet. Concordat ; De Pradt. Jury. Du principe et des applications de la proce- dure par jures Ch. dc Remusat. Brevets d'Invention Ch. Renouard. Crronologie St. Martin. Politique N. A. Salvandy. BiBLIOGRAFBIE De ScIIONEN. Diplomatie Sebastiam. ExEGESE. Des progres successifs, et de I'etat actuel de la critique deslivres sacrcs Staffer. Laines. De r amelioration des laines en France Ternaux. Esclavage , et de la traite des negres Histoire. Du progres des Etudes historiques , et des dlverses manieres d'ecnre I'Histoire Villemain. Pr.oHiBiTioN. Du systeme prohibitif. E. Vinxens. Recrutement Ymbert . etc. , etc. , etc. Les observations , avis el renseignemens devront etre adresses , franc de port, al'editeur de VE-ncyclopedie progressive, rue Chantereine, n° 10. IMPRIMERIE ET FONDERIE DE J. PINARD, BDE D^HlOD-DALPniNE, n° 8, A PARIS. oto^uyn/itwn CHEZ BAUDRY,LIBRAIRE POUR LES LANGUES ETRANGERES^ RUE DU COQ-SAINT-HONORE, N° 9, A PARIS. HISTORY OF ENGLAND. A HISTORY OF ENGLAiVD, HISTOIRE D'ANGLETERRE , from the first invasion by depuis la premiere in- the Romans , by J. Lin- vasion des Remains , par CARD, D. D. J. LiNGARD {^en anglais). A reimpression from the third London Reimpression d'apres la Iroisieme edition edition. de Londres. Whether it be the result of Quece soitundesresultatsdenos our new political institutions or nouvelles institutions politiques ou the effect of our national taste I'effet denotre gout national devenu having become less exclusive and moins exclusif, et molns dedaigneux less disdainful of foreign litera- pour les litteratures etrangeres , il tuie, certain it is that the en- est certain que la langue anglaise est glish language is every day more chaque jour plus cultivee parnii atid more cultivated among us; nous ;mais plus I'etudedecette lan- but the more the study of that gue ser^pand dans les diverses clas- language is applied to by the dif- ses de la sociele , plus on reconnait ferent classes of society, the more combienle prix, souvent exorbitant, wo ppiceive how difficultmustbe des livres imprimes en Angletcne, ( ^ ) the attainment ofagoncral know- s'oppose h une connaissance grnr- ledge of the enylisli -writers, on rale des i^crivains anglais, account of tlie exorbitant price of books printed in England. There can be therefore no n „'est done aucune speculation booksellingspeculationmoread- de librairie plus avantageuse , en vantageous both to commercial m6me temps, aux intdr^ts da com- intcrests and those of literature, merce eta ceux de la litterature than those reimpressions which que ces reimpressions qui tendent tend to deliver us from that spe- a nous affranchir de I'espece de cies of tax which is annually le- t"but leve anuuellement sur nous vied on us by the presses of Lon- P'T 'es presses de Londres et d'E- don and Edinburgh. In this res- dimbourg. Ace titre, nous pouvons pectwe may without vanity here '^'''^•' '''"''' l^^^'l"^ °'S"eil 1* l^^lle take notice of that beautiful ^'''''O" ^^* OEuvres completes de edition of lord Byron's complete L*""^ ^y°"' ^« 7 volumes in-8C)', „r } ■ 1 ■ o »i- comme I'entreprise la plus remar- Works, in 7 vol. m-o. , as the ^ / , ,, ■ c 1 quable en ce genre, puisque les Au- mostremarkable enterprise ot the ^ . " ' r i - _ ,. , . glais eux-mdmes I'ont vantee com- kmd, since the English them- ° , ^ ,, me unchet-d oeuvre de typographie selves extol it as a chet-d oeuvre , ,. . , . t et une edition econonuque. J usquc- of tvpoirraphy and an extremely ,, , , ■''=''■'. -^ la , les romans en vogue et quelques cheap edition. Till then , the ro- ,, , . ui • . ^ ouvrages elementaires semblaient mances which were the most in ^^^j^ ^,^^^^5^ j^ ^^.^.^,^^ ^.^^^ ^ ._ vogue and a few elementary impression en France. La direction works seemed alone to have ob- p,„^ g^^^.^^ ^^^^^^ 3„^ ^j^,j^^ ^^_ taincd the privilege of being re- dernes, doit encouragercbaque jour printed in France. The graver davantage les ^diteurs francais a turn now given to modern studies ^tendre a des ouvrages plus serieux ought to encourage every day et plus utiles ces veritablesconqu^tes more and more french editors denotre typographic sur les presses to extend to more serious and de la Grande-Bretagne. useful studies these ( if I may be allowed the expression ) real conquests of our presses over those of Great Britain. Among the english writers that Parmi les ecrivains anglais qui deserve to be universally known, (») Sur papier yilu^T^^MeT^. it is but just to place histO- trait, saline, prix 70 fr. (5) rians in the first rank , and among the number of recent produc- tions , there is none that has obtained a greater share of ce- lebrity than the History of Eng- land by J. Lingard, D. D. This entirely new and original •work , has produced among the author's countrymen a complete revolution with respect to histo- rical compositions , as the ro- mances of Sir Walter Scott have done in romantic compositions. From the first appearance of this work it was honorably dis- tinguished by all superior minds , and even before its termination three successive editions attest that the last volumes are worthy of the first. It must be allowed that not- withstanding the just reputation enjoyed by the historian Hume , as chief of the philosophical school , that part of the history of England relating to the an- nals of the middle age was far from being complete. A great number of charts and manu- scripts have lately come to light since the death of the scotch philosopher, who moreover af- fecting too much disdain for that barbarous period , contented himself with lending the powers of his pen to the cold compila- tions of his predecessors. In meritent d'etre universellement con- nus , ilest juste de placer an premier rang les historiens , et dans le nom- bre des productions recentes , il n'en est aucune qui alt obtenu plus de celebrite que I'Histoire d'An- gleterre par ie D"' Lingard. Cetouvrage, entierementneuf et original, a produit cbez les compa- triotes de I'auteur une revolution reelle dans les compositions histo- riques , comma les romans de Sir Walter Scott en ont produit une dans les compositions romanesque.s. D6s son apparition , 11 fut bonorable- ment signale par tous les esprlts su- perleurs, et, meme avant qu'il soil termine , trois editions successlves attestent que les derniers volumes sent- di'gnes des premiers. II faut convenir que , malgre la juste reputation dont rhlstorleii Hume jouit encore , comma chef de I'ecole pliilosophique , I'histolre d'Angleterre etait a refalre dans la partle des annales du moyen age. Un grand nombre de chartes et de manuscrlts sont sortls de la poudre des bibllotheques depuls la mort du pbilosophe ecossais, qui d'all- leurs, affectant trop de dedaln pour cette periode de barbaric , s'etait contente de preter le cliarma de son style aux froldes compilations de ses predecesseurs. Dans les epoques d'une civilisation plus avancee , on pent encore dire que Hume , Cards, amount to the astounding and almost incredible number of «20>44S,40 1,733,239,439,360,000. Price U. 4s. in an elegant box. OPINIONS OF THE WORK. We noticed the first of these prodactions, imported and improved from the Continent, with high commendations ; and this second attempt only teaches us to sti-engthen our terms of praise. The design forms in every respect a very elegant and extremely pleasing entertainment — if that may be styled enter- tainment, from its endless variety, which combines the most fanciful associations and much that is admirable in art- We may repeat, for the information of such of our readers at a distance from the metropolis as the Myriorama has not yet reached, that it consists of a series of (in the present case 24) slips, painted in land- scape, and susceptible of being arranged in millions of forms — two, six, or twenty, mak- ing but one landscape. The immense diver- sity thus produced, the endless displays of subjects full of taste, the curious as well as beautiful groupings and associations — in short, the whole scope of the invention is so excel- lent, that we can truly say we are not ac- qaainted with a more refined or improving pastime, especially for youthful females, than it offers. We could give a myriad of good words to the Myriorama. — Literary Gazette. We have lately seen a most beautiful pre- sent for a young Lady on her return home for the ensuing Midsummer Vacation. We can safely recommend it to such as wish to promote the amusement of their children of either sex. — Morning Herald. We have been much pleased with the Myriorama, (Second Series) which consists entirely of Italian Scenery, and by a pe- cuUar art and ingenuity is made to embrace fae-similes of almost all the monuments of antiquity, besides the wild and romantic views in that lovely country. It is impossible to speak too Irighly of this curious discovery, which by merely changing the position of a card, produces interminable variety, and i« an inexhaustible source of entertainment. —Morning Chronicle. We have been highly pleased with the Se- cond Series of the Myriorama, just published. It consists of twenty-fonr cards, on which are painted fragments of landscapes, so con- trived, that on two or more sections being placed together, a pleasing view is pro- duced. The variations of scenery (which is chiefly Italian, and of great beauty) are almost endless j aud the javention may be safely recommended as one afierding admi" rable subjects for drawing, and supplying a fund of rational amusement. — British Press. The Myriorama. A Second Series of this elegant publication has made its appear- ance. This might have been expected, from its being go well calculated to amuse juvenile amateurs of the Fine Arts. Indeed it is not easy to conceive any contrivance that can for an indefinite time furnish such a fund of en- tertainment to young folks. It consists, as we stated on the appearance of the First Series, of sections of landscapes on cards neatly coloured, and so contrived that any two or three or greater number of them, placed in any order whatever, produce an agreeable picture. To ring all the changes (as we might call it) on these cards, 24 in number, of which they are susceptible would require millions of millions of years. It is tlierefore well named The Myriorama. — Star. A Second Series of this interesting little work has just been published by Mr. Leigh of the Strand, fully equal if not superior to the first in point of execution. It consists entirely of Italian scenery, and preserves that almost endless variety of land»cape wliich constituted one of the principal fea- tines of the former Series. The transposition of any one of the cards effects a complete change in the picture, and the views may thus be multiplied ad infinitum. It is de- signed with considerable taste, and altogether does great credit to the Artist, Mr. Clark. The leading features of Italian Scenery are very well introduced, and the romantic beau- ties peculiar to the delightful regions of Italy form a constant and pleasing variety. The idea is not, however, altogether new; the French have, we believe, long been amused by similar changes of heads, and in a still more remote quarter, tlie Chinese have foe the amusement of their children a toy com- posed of moveable boards, which, by being reversed, present-to the eye a constant as- semblage of sprawling dragons, and other monsters of the Chinese school. The My- riorama has, however, the merit of being an improvement upon tlie original idea, and from the beauty of the design and execu- tion, is calculated not only for the amusement of children, but will also afford a seasonable gratification to persons of a more advanced age, and more matured intellect,— 6'««. AN ELEGANT PRESENT FOR THE FAMILIES OF THE NOBILITY AND GENTRY. Just published. Jilted up ia an elegant Box, price 3l. S«. THE PORTABLE DIORAMA; CONSISTING OF a^omantCc, (S^tantr, anti a^ictutt^iqtte Sbttntm With tlie neceiiary Apparatus for producing the various Effects of SUNRISE, SUNSET, MOONLIGHT, THE APPEARANCE AND DISAPPEARANCE OF CLOUDS, THE RAINBOW, &c. ON THE PRINCIPLE OF THE DIORAMA IN REOENT'S-PARK. ACCOMPANIBD AVITH AN ENTIRELY NEW WORK, ILLUSTRATED WITH PLATES, ENTITLED, THE AMATEUR'S ASSISTANT; OR, A SERIES OF INSTRUCTIONS IN SKETCHING FROM NATURE, THE APPLICATION OF PERSPECTIVE, TINTING OF SKETCHES. DRAWING IN WATER-COLOURS, TRANSPARENT PAINTING, &e. The whole intended as a stimulus to young persons in tlie pursnit of « delightful art, by enabling them to delineate varions scenes for the Diorama, as their taitc may direct; thus furnishing au Inexhaustible source of rational enjoyment, by blending instruction with amusement. By JOHN CLARK, The Box will form an elegant ornament of the Drawing Room. The following are its dimen- gions: length, 13f in. ; breadth, lOi in. ; deptli, 8 in. It ha» frequently fallen upon us (in the merely plain pieces of silk, coloured ciiinson, course of our travel to promote the success yellow, &c., any of which being placed of the Fine Arts), to notice ingenious and behind the first-mentioned views, (and oc- beaiitifnl inventions for their illustration, and casionally combined with a moveable gauze the consequent ditfusion of a taste for their curtain,) impart to them all the changes of enjoyment. Among others, the Myrioramas morning, evening, dawn, sun-set, moon- of Mr. Clark claimed our just panegyrics, light, &c., &c., and gratify the spectator and the Urania's Mirror, published also by with the most picturesque and charming Mr. Leigh, obtained a well deserved cele- changes. Olyects seem to take novel pnsi- brity. But without undervaluing these ad- tions, and the entire scenes have all their inirable designs, we confess that we aie relations varied from tempest to profoinid better pleased with the portable Diorama repose. It is really difficult to imagine, than with any thing of the kind that has without seeing them, how materials, so un- preceded it. In the" form of a fine toy, it is imposing in the form, should be made to con- really a most instructive and delightful pro- vey so nnich gratification to the mind, diiction of art, capable of affording endless A thin volume, entitled the Amateur's As- and refined amusement to all ranks and ages. sistant, is not only a valuable appendage to A neat box contains a series of transparent this invention, but a clever code of instrnc- views, abbey rtiius, sea-pieces, various land- tions (with tinted examples), for sketching scapes, &c., which fit into a light work- from nature, drawing in water-colours, and frame. There are also a number of at- transparent painting. The whole, we are mospheric and other effects produced by certam, will be very popular, as it well having similar transparencies painted in merits to be. — Literary Gazette. clouds, with a rainbow, with a moon, or LONDON: Printed for Samuel Leigh, IS, Strand; and Baldwin, Cradock, and Joy. Paternoster-row. Sold also by R. Millikin, Dublin ; C. Smith and Co., Edinburgh; Carey and Lea, Philadelphia; and all Booksellers. Avis ADX AMATEURS DE LA LITTERATURE ^TRAKCiRE. Gn peut s'adresser 4 Paris, par rentremise du Buhkau cestbal de lA Revue Ehctclopedique , k MM. Trkuttei. et WiiRTz, rue de Bourbon , n» 17, qui ont aussi deux maisons de librairie, I'une a Stras- bourg, pour 1 Allemague, et I'autre a Londres ; — a MM. Arthus Bertrawd, rueHautefeuille, n" a3; — Rekouard, rue deTournon,n'' 6; — Levhauxt, rue des Foss^s-M.-le-Prince,n'' 3 i,et 4 Strasbourg; — Bos- s ANGB pere, rue Richelieu, 11° 60; et a Londres, pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, Italiens, russes, polo- nais, hollandais, etc., ainsi que les autres productions de lalitterature ^trangfere. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays etrangers ou ils se publient, augment^ de 10 pour 100, pour frais de port, droit d'importation et de commission, etc. — La Direction de la Revue Encyclopediqiie n'a d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui resultent de ses publications mensuelles, les communications scientifiques et litteraires entre la France et les pays etrangers. Aux academies et aux soci^Tis savantes de tous les pays. Les Academies et les Societes savantes et D'aiirixE pubi.iquh, fran^aises et 6trang6res, sont invitees a faire parvenir exactement,/ra«c de port , au Directeur de la Revue Encyclopediqiie , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs. Aux £diteurs d'ohvrages et aux libraires. MM. lesedlteurs d'ouvrages p^riodiques, franqais et etrangers, qui desireraient ecb anger leurs recueils avec le n6tre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions dYchanges , et sur una prompte annonce dans la Revue , des publications de ce genre et des autres ouvrages, nouvellemeut publics, qu'ils jious auront adresses, Aux editeubj des hecueils p^eiodiques eh angletbreb. MM. les l^diteurs des Recueils p^riodlques publics eu Angleterre sont pries de faire remettre leurs numeros a M. Degeorge, correspondantde la Revue Encyclopedique a Londres, H«> a , Albemarle-street, Piccadilly, chez MM. Griia, Rlcordi et C", importers and publishers of fqreign music; M. Degeorge leur transmettra, chaque mois , en ^change, les cahiers de la ifci-ua Encyclopedique, pourlaquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soil pour I'annee courante, soit pour se procurer le« collections des annees ant^rieures, de 1819 a x8a5 inclusivement. LtBRAiREs chez lesquels on souscrit dans les pays etrargers. Aix-la- Chap die , Laruelie Ills. Amsterdam , G, Dufour; — Dela- chaiid. Anvers , Ancelle. Aran (Suisse) , Sauerlander. Berlin, Schlesinger. Berne , Cllas , au cabinet litle- raire ; — Bourgdoifer. Breslau, Th. Kuril. Bruxelles, Lecharlier; — Demat. Hriiges , Bogaert ; — Duraortier. Florence, Pialti. F.-ibourg (Suisse) , Aloise Eggen- doifer. Francfort-sur-Mein , Schaeffer; — Bronner. Gand, Vandenkerckoven fils. Geneve, J. -J. Pasclioud ; — Bar- bezatetDelarue. La Uaye, les frircs Langenliuysen. Lausanne , Fischer. Lcipsigy Grieshammer; — G.Zirges. Liege, Jalheau pere. Londres, Dulau et Compagnie; — Treuttel et Wiirtz;— Bossauge. Madrid , Dennee; — Per^s. Milan, Giegler; — Vismara; Bocca. MoscoH, Gautier; — Riss pfere et iils. Naples , Borel ; — Marotta et Wanspandock. iW«c/i«/f/ (Suisse), Greater. New-York ( Etats-Unis ), B^rard et MoutJoii. Noiivelle - Orleans , Jourdan ; — Roche , fr^res. Palerme (Sicile), Pedonne et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch.). Petersbouig, Saint - Florent ; — Graeff; — Weyher; — Pluchart. Stuttgart et Tubingen , Gotta. Utrecht, Van Schoonhovcn. Todi, B. Scaiabrini. Turin, Bocca. Varsovie , Glucksberg ; — Za- "vadsky. yienne (Aiitriche), Gerold ; — .Schaumbourg ; — Schalbacher. Lisbonne , Paul Martin. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitre), Piolet aine. Ile-de-France (Port-Louis), E. Eurdet. Martinique, Tliounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Atr Bureau db kedactioj*, hue d'Ekfer-Saint-Michel , n" i8, oil doivent dtre envoyes , francs de port , les livres* dessius et gra- vures , dont on desire I'annonce, et les Lettres, Memoires , Notices ou Extraits destines a 6tre inseres dans ce Hecueil. Chez Treuttel et WiJRTZ, rue-de Bourbon , n" 17; Rut bt Gratiek, quai des Augusiins, n" 55; Charles Bechkt, libraire-comni'"-' , quai des Augustins, n° 67; DoNDEY-DuPKE, rue Saint-Louis, n" 46, au ftlarais; et rue Richelieu, n° 67; ^^ MoNGiEaine, boulevard Poisi(viiii^re, n" 18; Eymery, rue Mazarine, n" 3o ; RoREx , rue Hautefeuille , n" 1 2 ; Bachei-iek, quai des Augustins, n" 54; ~ ■ Levhault, ruedesFosses-M.-le-*rince, n° 3i , et a SJfasboitfg; A. Baudouin , rue de Vaugirard, n" 17 ; ' Delacway, Pelicier, Pohthieu, Su Palais-Vloyal; Urbatn Cakejl, rue Saint-»GermaJn-des-Pres , u^y. A LA Tente, Cabiket LiTTERAtRiE, tenu par M.' Gautiek, anciea militaire, Galerie de Bois , n"* 197, aii Palais-Royafr Nnta. Les ouvrages annonces daiis la Revue sc trouvent aussi chczRoRET, rue Hautefeuille, u" 12. PARIS. DK r. ISirRIMKRIE DE RIGNOIIX, rue lies Fr.incs-Courircois-S.-SlJilnl , n" S. loaiE II- 1 826. ( 3o^ de la collection LIVIlArSON. WM REVUE r. ENCYCLOPEDIQU ou ANALYSE RAISONNJ^E DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA UTTEIIATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1° Pour Ico Sccences physiques ct mathematiques et les Arts inUustriets : MM. Ampere, Cb. UupiN, Fourier, GiRAnD,NAviEB,de l'lDstitut;CoQCEREr,, Ff.rry,Fr,\n<-oe«r, Ad. Gondiwet, Lf. IVormamu, professeur detechuologie; A. MrCBEI.OT, WE MOWTGERY, MoRRAtI HE JOWWE S, PpDJI.tKT,WA8DEN , etC. a" Pour lei Sciences natarcUes: MM. Geoffroy-Saint-HilaiRE, de J'Institut; Bop.Y i>r Saiwt-Vinoent, corrcspond.Tut de I'lostitut, V. AuDOniif, Mathieo BoNAFOUs, de Turin; Brongniart Cls, Desmarest, Fi,ourehs, D.-M. ; GA11.1.OS , de Dipppe; V. JACQnKMONT, etc. 3" Pour Ics Sciences meAicules : MM. ADEtow, Bally, Damiron , G.-T. Doiw, Amebke UcrAU, Ksquirol, Fossati,Gasc, A.GRiMAtiD,d'ADgers; Georcet; KiBOKnOFF, d'Anvers; Ohfii.a; KiGOLT.OT fils, d'Amieiis. /(" I'oiir les Sciences pliihsophitjius et morales , poUticfues , geographiques et /lisiorii/ues : M.M. M. A. Juli.xen, de Paris, Fondateor-Directeur de la Revue Encjrclopediqite; Ai.EX. DE r.A BoRDB, Jomard , Lawjdinais, de I'lnstitBt ; Agoud, Artdd ; M. AvENET,, Barbie du BocAOEfils, DECEaANDO, Bewjamih- <:OM»rANT, Ch,VRI,ES CoMTE, DErj'IKG, AuoLniE GaRNIER, GoiGKtAUT, GuiZOT, A. JaOUF.UT, LafONDE LADEBAT, Ai.EX. LamETH, LaS.IUINAIS Cli!, p. Lajii, LEsuEUR-MERt.m, Massias, a. MixBAt; Meyer, d'Ainiterdam ; DE KoRviNS, Parent-Read, F.usKBE Sat.verte, J.-B. Say, Sissionde de Slstiiomdi, de Geneve, etc. DuPiH aine, Bervilie, A. Beugnot, Bouchene- LeFER, CBtVEr.r.r,D0T7BLET-DE-B0XSTatBAtir.T, DlIFAU .DWFRAYER, DOVER- gier , GoADET , Ch. Kesodard, 'J'Aiti.ANDiER, avocats, etc. 3" Pour la LitteratiiTe francaise et etrangire, la Bibliograpliie , \' Archeologie erXtii Beaux- Arts ilAVl. Asdrieux, Amacry-Duvai., Bektow, J. r)Roz,EwERic David, Lemercier, Naudet, »e Segur , de I'luiitilut; MmeL.-Sw. Bklt.oc; MM. Bari.sf.au, CjANCHt,M. Berr , J. -P. Brks, Fir-tx Bodin, BurnolfCIs, CuaUVET, Cll#.NEDOI.I.E, de Liege; P.-A. COUPIW, Fn. UtGEORGE,DwMEBSAN, Kd. Gauttier, Ph. Goi.bery, Heirerg, IIenkichs, F. Hereau, Augdste JDi.tiEN,fils AuarES-LAFAsGE , J.-V. Leclero, Lokve-Veimar.s, a. MAUur., MAtvitr. , Mazois, Ai.BERi-MoNTtMOKT, Mo«NA!iD, de LaiisaDuc; Nrcoto- PODI.O, C. PaGANEL.H. PATIT*, Po»GERVIl.I.E , QoETEI.ET, DeBeCFFENBKRO, da Bruxelles ; Kolle , bibliothecaire de la ville de Paris; de Stassart, Fr.Salfi, M. Sciujtas, Sc:awEiCH«nsER , de Strasbourg; hi.ov Thiesse, P. F. TissoT, VERNEcir,, VintENAVE , S. ViscosTi, etc. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOP^DIQUE, i Rue d'Euf'er-Saiiit-Michel, n° 18; ARTHUS BERTRANU , rue Haulefeuille , n" 23 ; Au Mu.sEsr.NCYci-oi'EDiQUE, CHEZ RossAKGE p^re,rue Richelieu, f n° (io; ^ Rekouari), rue de Toiuiioii, n° 6; • I.ONDRES- — Tbeuttki. et WiiKiu; Boss.vnge; Dux-au etcomp.; Grua et Ricounx, n" a, Albemarre-street, Piccadilly. MAI 1826. AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LES SOUSCBIHTEURS cloilt 1'aBONNEMENT EST EXPIHE ru 3 1 DECEMBRE DERNIER, soDt invites a le faire rbnou- vELER INCESSAMMENT , pour que Ic scrvice des envois ii'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Uepuis le moisde Janvier 1819, il pantit, par ann^e, douse cnlners EDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PEODOCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA. LITTERATURE, LKS SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MI^LANGES. VOYAGE EN GYRENAIQUE. RAPPORT de la Commission nommee pah l'Academik DES Inscriptions et Belles-Lettres, pour examiner les resultats du Voyage en Marmariqde et en Gyre- NAiQUE par M. Pacho , fait sur la demande de S. Exc. le Minislre de I'lnterieur, dans la seance du vendredi I'i Janvier 1826. De tons les pays celebres par les souvenirs classiques qui s'y rattachent , la Ctrenaique etait peut-etre celui sur lequel on possedait le moins de renseijjjneniens. Excepte le medecin Della-Cella qni I'a parcourue en 1817, et qui a public la re- lation de son excursion rapide, aucun voyageiir inoderne n'a- vait explore celte contree fameuse. Cette relation, bien loin de salisfaire la curiosite des savans, n'avait fait que I'exciter encore par les indications nombreuses que donnait le voycgeur sur des mines antiques. On pent en dire autanl d'une relation snccincte de la Cyrcnaique, imprimee par les soins de la So- T. XXX. — Mai 1826. 19* ago VOYAGE cietede Geo^ro/j/iit: , dans ie second volume non encore piiblie de son Recueil. Kile est I'oiivraijse de M. A. Cervelli, do Pise , qui avail acconipai^ne, en 1822, I'expedition dii bey de Tii- poli contre les Arabes de Test; et quclrjnes inscriptions assez insignifianles qu'il avail copiees, en jKissant, faisaieii!. espercr qu'un voyageur qui aiitait plus de loisir Iroiiverait a fairc une riche nioisson de ces fragmens si precieux pour I'histoire. M. Pacho, qui avait deja fait plusieurs voyages en Egyple et dans les Oasis, dont il a dessine tons les monnmens, cn- treprit d'explorer d'dtie maniere com[)lete tout le pays cnni- pris entre Alexandrie el les coles de la grande Syite: el dans le cours de I'aunee j825, il a execute cc; projet avec unzele, un courage et une perseverance au-dessus de tout eloge(i). Dire que ce perilleuxet faliganl v(>yage a realise toules les esperaiices que la celebrite de Cyrene et la relation de celte contree avaient fait concevoir , el prodiiit lous les resullats que (i) Voici les conclusions dn rapport adopt qui sont au nord-est de Syouah : d'autres enfin prcsentent des ornemens qui appartientient au style egyptien. Le voyageur qui en a fait fouiller quelques-unes, y a trouve huit peintures qui offrent ii I'antiquaire des sujets interessans et q.uelques parliculaiites entier ement neuves. L'une de ccs pointures doit etre mise par son sujet au nombre des plus curieuses que Ton connaisse. 2" En tombeaux d'une architecture simple et elegante qui out la plus grande analogic, de meme que les grottes sepul- crales, avec les monumens de ce genre qui existent en Lycie et surla cote de la Caramanie. 3° En sarcophages de marbre, les uns en tiers, les autres par fragmens, dont le voyageur a dessine tons les details avec le plus grand soin , ainsi que quelques debris precieux de bas-i reliefs et de statues antiques. Nous devons ajouter que les dessins de tons ces njouumens sont accompagnes de plans et de coupes , mesures et cotes. Independamment des restes de I'antiquite , M. Pacho a dessine encore toutos les mines d'architecture moresque ou arabe qu'il a trouvees sur sa route , et plusieurs sujels de moeurs et de costumes. Les dessins de M. Pacho, sans avoir toute la perfection de ceux d'un artiste consomme, ont cepen- dant ce caractere de ntttete el de precision qui annonce une main sure et suffisamment exercee, pour rendrc les monumens avec toute la iidelite desirable. Ces dessins d'une grande di- mension portent le cachet de I'exactitude la plus scrupulei'se. Apres les dessins , ce qui a du attirer notre attention , ce sont les inscriptions que le voyageur a recueillies en grand nombre. II en est quelques-unes de cufiques ou arabes. Quel- ques autres sont latines ; mais la plupart sont grecques. L'un de nous qui les a examinees a loisir, s'est assure qu'il fautleur appliquer malheureusement encore ce qiu a ete dit plus haut des monumens de I'art. Une seule, peut-etre, appartient a Cyrene Autonome, et ne contient que des noms indifferens : EN CYRlfcNAIQUE. agS deux sont du terns des Ptolemecs ; ce sont des dcd'icaces a deux personnages de la dynastie des Lagides. Toutes les autres ap- partieniient au tems des Remains. Deux d'entre elles, qui ne sont que des fragmens, ont rapport a des monumens et a des travaux publics. Une autre fort longue a trois colonnes conlient un rescript d'Anastase P"" , relatif a divers sujets d'administration publique, et notamment au service militaire. Cest, sans aiicun doute ,1a pins importante; mais clle est lel- lement fruste , que la restitution complete en est, sinon im- possible, du moins extremement difficile. Excepte ces inscrip- tions et quelques-unes qui nedonnentque desnomsinsignifians, les autres sont purement funeraires, et n'offrent que des for- mules plus ou moins connues par les monumens du meme genre trouves dans les diverses parties del'empire romain. Nous devons dire que rien n'egale la iidelite et menie le scrupule que M. Pacho a mis a copier ces inscriptions. Ses copies sont des portraits exacts des originaux oCi les formes des caracteres et jusqu'aux defauts de la pierre sontreproduits avec nn soin infini : elles seules suffiraientpour attester la mi- nutieuse exactitude du voyageur et la sincerite parfaite de tous ses dessins. Les seules fautes que I'on remarque dans ces co- pies, tiennent a I'etat fruste des originaux qui ne permet pas, k moins de connaitre les mots et d'entendre le sens , de discer- ner .'es lettres de meme forme. Quoique les objets rclatifs a i'art et a I'antiquite aient spe- cialenientoccupe M. Pacho, son attention ne s'en est pas moins portee avec succes sur d'autres branches interessantes. A.insi , Thistoire naturelle recueillera quelques fruits de son voyage. M. Pacho a recueilli un herbier de cent plantes envi- ron qui lui ont paru offrir un caractere nouveau : il a pris le dessin botanique des plus importantes. II s'est occupe aussi de la recherche du silphium (i); et , quand ses observations (i) Le silphium, au rapport de Pline, fut produit spontanement par une pluie de poix; Catulle lui donne la mdme origine. Cette ■}<).\ VOYAGE 111' lesoiulraient pas coiiipletenu'iit le problume, clii nioins oi- fiiiout- ollcs ties rapproclienicns miles aux botanistes. l.\- voyageura ra|)porIe dcs Oasis six bouteillos d'oaii mineral*', ct unasscz grand nombie d'echanlillonstle iiiineraux reciieillis dans le desert de Lybie et dans la Cyrenaiique. Tons appar- lienuent anx terrains secondaires. La geograpliie de la Cyrenaii|ue tirera sintout beaucoiip d'eclaircissemcns des observations de notre voyagc.iir. An inoyen d'un octant avec horizon artificiel , il a determine la latitude approchee de plus de 60 points differens , tant sur le littoral, que dans I'iuterieur des terres cntre Alexandrie et la Grande Syrtc. Prive de garde-tems, il n'a pu determiner la position de ces lieux en longitude que par estime , et en sup- plante produisait un sue, nomine laser, que I'oii tirait de la tige et lie la racine. II etait tr^s-estim6, tant pour composer des medica- mens, que pour servir a d'autres usages; on le vendait au poids de I'argent. L'histoire nous rapporte que Jules Cesar, au commence- ment de la guerre civile, lira du tresor public i,5oo livres de celte plaute. Les anciens doniiaienl a sa racine le nom de thizias , de ma- ^ydaris au collet, de caidias a la tige, et de maspeton aux feuilles. Le silphium , appele derias par les habitaus actuels de la Cyre- naiique, ne croit que dans la partie septentrionale de cette contree; cette localite est diametialenieut opposee a celle que lui assignent ])li!sieurs auteurs anciens; on est porte a douter de leur t^moignage , jjuisqu'on ne trouve, dans la region qu'ils nomment sylphio/era, au- cune plante qui offre le moindre rapprochement avec I'jmage du silphium que Ton voit fr^quemment reproduite sur les medailles de Cyr^ne. On pent ajouter a cette observation que la nature du sol sablonneux ou sale du sud de la Cyrenaique est tout-a-fait contraire a la vegetation d'une ombellifere qui doit atteindre plus d'une coudee de hauteur, et qui a besoin du terrain gras et liumide du nord dela Pentapole. L'analysedu silphium que nous a laissee Theophraste, It les proprielcs que Pline et d'autres auteurs altribuent a celle plante, s'adaptent pafaitenicnt au dejias des Aral.'cs ou lascrjutiuin fcrulacetim de Wild.) ( A'(Ue de HI. Pacho.) EN CYRENAIQUE. agS piitaulles hemes de marche, coniparees aux variations dela boussole. C'esta I'aide de tous ces renseignemeiis qu'il a dresse imo carte detaiilee de toiite la Pentapole cyienaiqiie; et il s'oc- eiipe en ce moment d'en doiiuer une autre, sur une plus petite echelle, qui comprendra nou-seulement la Cyrenai'que , mais encore la Marmarique et les Oasis qui sent au midi de cos eon trees. Nous citerons encore uu giand plan topographique de Cy- lene el de sa Necropolis , morceau entierement neuf ct d'un grand inleret. M. Pacho a redige des notes detaillees sur tout son voyage; il y a decritavec soin tous les monumens, I'aspect et I'etat de tous les Heux. 11 y a recueilli beaucoup de details sur les pro- ductions et les ressources du pays, les procedes de la culture , les moeurs et les usages des habitans, et sur I'hisioire moderne de la Cyrenaique sous les differens beys qui I'ont gouvernee. Le voyageur a forme des vocabulaires des idionies des habi- tans de Syouah et d'Aiigelah. Ce journal, apres sa redaction definitive, pourrait former deux volumes in- 8", Tel est I'aper^u des raateriaux que M. Pacho a recueiUis dans son voyage ; il suffit pour montrer que leur reunion offrira im ensemble tres- important , puisqu'il embrassera principalement, sous le rapport de I'art et de I'antiquite , tout ce qui existe en- core au-dessus du sol dans la Pentapole cyrenaiqu*^ Apres la grande expedition d'Egypte qui nous a fait con- naitre la vallee du Nil, apres les excursions de notre compa- iriote Cailliaud et de plusieurs autres voyageurs qui out ex- j)lore les Oasis voisines de I'Egypte, il restait encore une grande lacune dans la geographic du nord-est de I'Afrique. Tout le littoral entre Alexandrie et la Grande Syrte etait en- coie presque inconua : et c'est cette lacune que vient de rem- plir un simple particulier, au prix des plus grands sacrifices , sans autre soutien qu'un courage a toutc epreme rt qn'un d»^- voument sans bornes. D'apres I'importanee d'un tel voyage , iitiiis croyons que sa publication, aussi prompte que possible, %9t VOYAGE EN CYRSnAIQUE. est vivemenl a desirer, et que, si le gouvernement par sa protection et ses secours fournit a raiiteiir les moyens de I'exe- cuter, il rendra un veritable service aux sciences (i). Signc, Jiex. De la Borde, Abei, - Remusat , Raoul- RocHETTE, Walckenaer, Jomard ; Letronne, rapporteur. ECONOMIE POLITIQUE.— SYSTEME COLONIAL. Consequences que la Revue d'Edimbourg a tirees, dans son cahier du mois «J'Aout 1825, des Discours pro~ nonces a la Chambre des Communes, les 21 e^ 25 mars 1825, par M. W. HusKissoN, sur les colonies de la Grande-Bretagne. Nous n'examinons point ce que I'auteur de I'article dont il s'agit dit des colonies des autres nations anciennes et mo- dernes, pour arriver a ce qui est I'objet essentiel de ses re- flexions. « On a pretendu, dit-il, qu'en etablissant des colonies en Araerique, I'Angleterre avail eu pour but de s'assurer, dans ces nouveaux territoires, un debouche exclusif des pro- duits de ses manufactures, et de recevoir en echange , exclu- sivement aussi, les productions non elaborees que les colons recueilleraient. Cette assertion parait inexacte ; il est certain du moins que, lorsfjue la colonic de la Virginie eut etc fondee (i) S. Exc. le Ministre de I'luterieur a repondu au desir manifeste par VAcademie des inscriptions et belles-lettres, en souscrivant pour trente exemplaires de I'ouvrage que publiera incessamment M. Paclio- Ce voyageur a obtenu une recompense non moins flatteuse de son zele et de ses utiles travaux; la Societi de Geographic, dans son assem- blee generale du 3i mars (Voy. Rev. Enc, cl-dessus, p. aSg), a de- cerne a M. Pacho le prix d'encouragenient qu'elle avail propose pour le meilleur Voyage dans la Cyrenaique. N. d. R. SUR LES COLONIES DE LA GRANDE-BRETAGNE. 29^ (vers 1607), la premiere charte qui iiii fnt octroyee portait que les colons pourraient trqfiquer directcment avec les pays elratigers; aussi , dcs I'annee 1620 , avaient-ils etabli des ma- gasins pour la vente de leurs tabacs a Middeibourg et a Fles- singue. La mere-patrie s'etait contentee de stipuler, a I'inslar du gouvernement espagnol , qu'il lui serait livre la cinquieme partie des metaux precieux extraits dans la colonic. Les pre- mieres restrictions raises a la liberie du commerce des colons datent de I'annee i65o. Elles se bornerent aiors a reserver au pavilion anglais toute la navigation entre I'Anglcterre et les colonies ; mais on alia plus loin par le celebre acte de naviga- tion de I'annee 1660. En verfu de cet acte, aucune marchan- dise eoioniale de quelque importance ne put etre exportee directemcnt a I'etranger. Le genie du monopole ne s'arreta point 1;"!; et, en i663, il fut defend u aux colonies de recevoir aucunes marchandises provenant du sol ou des manufactures de I'Europe, si ce n'est de I'Angleterre, et par des balimens anglais; afin, porte le preambule de cet acte, de reserver ex- clusivcment a la mere-patrie tout le commerce de ses colonies , ainsi qu'eu uscnt les autres nations. Un autre principe qui fai- sait partie du meme systeme, en Angleterie aussi bien que dans les autres etats de I'Europe, etait de mettre tout en ceuvre pour empecher qui! ne s'etablit dans les colonies aucune ma- nufacture qui leur permit de se suffire a elies-meraes. Lord Chatham ne craignit point de declarer en plein parlement que les colonies de I'Amerique du nord n'avaieut pas le droit de fabriquer quoi que ce fut, pas meme un clou pour le fer d'un cheval; et, d'apres le meme principe, lord Sheffield soutint que les colonies n'etaient bonnes que sous deux rapports, sa- voir: pour consommer exclusivement les productions de I'An- gleterre et pour alimenter son commerce maritime. Un tel etat de choses ne pouvait manquer d'indisposer les colons : il les aurait determines ineviiablement a secouer le joug, quand meme I'explosion de ce mecoritentement n'aurait pas ele pro- Toquee plus direclement et plus tot, Iprsque le parlement v.lus lieu. / DE LA. GRANDE-BRETAGNE. ayy L'auteiif oppose encore a ee systeme I'exemple des resultats (jiie I'emancipatioii ties Etats-Unis tie I'AnKirique a cus pom- la Grande-Brclague. Lorsque la question tie leur indepen- (lance fiit agitee pour la premiere fois dans le parlenient cl'Aiigleterre, il ne nninqua pas de politiques qui declarerent aflirmativement que ce serait le coup le plus fatal que la puis- sance ani^laise put recevolr. Cette prediction a etc amplemeut dementie par revtuiemcnt. L'Anglelerre, depuis qu'elle a re- oounu I'iudependance de ces colonies, n'a perdu aucun des avantages que leur commerce lul procurait, ctelle a eledis- jjcusee depuis lors des frais t:nornies ([u'exigeait la defense de possessions aussi loiulaines et aussi etenducs. 11 y a plus; a uiesure que la prosperite et la population de I'Amerique se sout accrues sous im nouveau mode de gouvernement, le de- bouche qu'elle offreaux niarchandises anglaises s'estaugnientti a lei point que la valeur annuelle en est aujourd'hui sept fois plus considerable qu'elle n'etait sous le regime du monopole colonial. Ce n'est plus uu commerce artificiel et prc-caire, tjlaye par les niiserables expediens des primes et des prohibi- tions; niais un debouche constant , uniforme et assure, parce qu'il a pour garanties les besoins et lesgontsde toutela popu- lation americaine. Dans ce qui vient d'etre dit, on a su|)pose le cas le plus favorable au systeme des defenseurs du systeme d'exchision , c'est-k-dire, lapossibilile de garder efficacenient des cotes aussi vastes (pie celles dont il s'agit. Mais, lorsque les achetcurs it les vcndeurs trouvent im grand inleret a trailer directe- meut, la plus stricte vigilance, les lois les plus severes sont insuffisantes pour triompher de leurs efforts reunis. L'auteur du resimii; examine ensuite quelle est pour la mere - palrie la consequence de la preference que les produits ties colonies obtiennent dans ses marches, non par leiu- mtj rile inlrinseque, niais en verlu ties reglemeus de douanes. II n'a pas de peine ;i jirouver, par exemple, qu'en excluant les sueres du Brtisii , de Cuba tt des Indes oiientales, que Ton jiuurrait avoir ;'i 4'i eentinies la livrc largent de FranctO, pour 3oo SUR LES COLONIES favoriser cenx des Antilles qui coutent 6 pence on 60 centimes, on impose sur les consommateurs anglais une taxe tr^s-forte. La consommation du siicre dans la Grande-Brctagne est, annee moyenne, de trois cent quatre -vingt millions de livres pesant. Ainsi , ]a necessite de payer i5 centimes de plus par livre de Sucre, cquivautii un surcroit d'invpot de pres de soixante mil- lions de notre •monnaie. L'auteur applique le meme raisonne- ment aux colonies que I'Angleterre possede encore dans le nord de TAmurique ; il s'etonne qu'outre ce que ces possessions coutent annuellement au dela de ce qu'elles rapportent, on fasse jouir le bois qui en provient d'une faveur immoderee, en I'imposant 3 ou 4 fois moins que celui du nord de I'Europe. Quelle est lutilitc de ce sacrifice national ; demande-t-il, si ce n'est de faire beneficier des possessions qui tot ou tard ne sau- raient nianquer d'echapper au gouvernement anglais pour se reunir a la confederation americaine ? Le parlement d'Angleterre a deji deroge au systeme colo- nial sur un point important, en accordant a toutes les colonies anglaises la liberte de commercer avec les pays etrangers, sous tel pavilion que bon leur semblera, pourvu que I'importation sous pavilion etranger soit limitee aux productions du sol 011 de I'industrie des pays auxquels les navires appartiendront. Le pas qui reste h. faire , apres avoir satisfait le voeu des co- lons a cet «gard, c'est de satisfaire aussi celui des consomma- teurs de la mctropole, en faisant cesser le monopole cree par le fait en faveur des colonies anglaises, et en laissant enfrer en concurrence avec leurs prodnits ceux de tousles autres pays. IVousne suivrons point raiitcur de ce resume dans ce qu'il dit incidemment au sujet de la presse et sur les moyens de la remplacer en entretenant en terns de paix un beaucoup plus grand nombre de matelots au service de I'etat qn'on ne le fail a present. Cette idee, a pen pres etrangere au buf de Tarlicl^, meriterait d'etre exposee et discutee scparement. II doit suffire d'avoir fait voir, par ce court extrait, quelles consequences on tire, dans la Grande-Bretagne, des opinions inanifestecs par un des membres influens du minislere de ce DE LA. GRANDE - BRETAGNE. Jor pays, et quels lesultats on s'ea promet encore pour I'avenir. La pUipart ties laisonnemens que nous venons de reprodiiire ne s'appliquent pas seulement a. la Grande-Brefagne, mais a plusieurs autres pays, et nous les soumettons avec confiance aux hommes qui prennent part a radministration des affaires publiqucs. C Des Dragons et des Serpens monstrueux, quijigurent dam un grantji nomhre de recks fahideux ou histo- riques. Dans I'euipire du merveilleux, il n'est peut-etre pas de re- cits plus frequemment reproduits que ceux qui nous montrent un dragon aile , un serpent d'une dimension nionstrueuse , de- vorant les hommes et les animaux , jusqu'a ce qu une valeur heroique ou un pouvoir miraculeux en delivre la contree en proie a ses ravages. Dupuis (i) et M. Alex. Lenoir (2) ont re- connu, dans ces recits , I'expression figuree des themes asti-o- nomiques de Persee , liberateur d'Andromede menacee par une baleine, d'Orion vainqucur du serpent, emblemes eux- memes de la victoire que remporte la vertu sur le vice, le principe bienfaisant sur le principe du mal ; et en laissaut tomber tous les voiles allegoriques, de la victoire du soleil du printems sur I'hiver, et de la lumiere sur les tenebres. C'est sous un autre point de vue que nous nous proposons de tiaiter le meme sujet : nous rechercherons comment I'em- bleme astronomique a ete si frequemment converti en histoire positive; quelles causes ont, en divers lieux , introduit, dansla legende, des variations reraarquables; pourquoi, enfin , on a reuni ou ramene a cette legende d'autres mythes ou d'autres faits qui , originairement , lui etaient etrangers. § I. Sens natural. — A-t-il jamais existe des reptiles d'une (i) DuPUlS. Origine de tous les cttltes. (a) Al. Lenoik. Du Dragon de Metz , appele Graouilly, etc., lUi- moires de I! Academic celtique , tome 11 , p. i-ao. '^o% DES DRAGONS proportion asscz exiraordinaiic , des animanx d'une form<' assea monstiueusc pour doiincr line oiigine naturelle ait\ recits que nous discutons ? Le serpent que Regulus combattit en Afrique avec des ma- chines de guerre etait peut-etre un 6oa parvenu a son dernier degre de eroissance. En accordant queiquc chose h I'exagera- tion, langage naturel de la surprise et de lacraintc, ildevient facile de reconcilicr ici I'histoire avec la verite et la ressem- blance. On a tue, pres de Calcutta, en i8i5, un crocodile de 17 a 18 pieds anglais de longueur, arme de griffes enormes. « A I'endroit ou la tete est jointe au corps, on voyait un renflcmont d'oil sortaient quatre saillies osseuses ; sur le dos etaient trois autres rangs de saillies semblables; et quatre s'approchaient de la queue, dont le bout formait une sorte de scie, etanl la continuation de ces rangs de saillies » (i). Ces renfleinens , ces saillies osseuses, regardees avec raison comme une arme defen- sive, on les retrouve sur la fameuse Tarasque de Tarascon et sur plusieurs dragons ou serpens, representes dans les tableaux de diverses legendes. Ici encore, la fiction a pucommencer par la peinture et I'exageration d'un fait reellement observe. Le bruit se repandit, il y a quelques annees , que Ton avait tue, au pied du mont Saleve, un reptile nionstrueux. Deja Ton commencait a lui attribuer des ravages proportionnes a sa taille. Sa depouille fut examinee a Geneve et ensuite a Paris , par des naturalistes : ce n'etait qu'une conleuvre qui avait pris un accroissement remarquable , raais nullement prodigieux. Dans un siecle moins eclaire , en aurait-il fallu davantage , pour fournir a la credulite des montagnards de Savoie un recit merveilleux, que la tradition aurait consacre et peut-etre augmente d'age en age ? § II. Sens figure.— II n'existe point de serpens ailcs, de veritables dragons : I'union de deux natures si diverses a oU- originairement un hieroglyphe , un embleme. Mais, la poesie . (i) Bibliothique universelle (Geneve). Sciences, tome iv , p. 322-37.3. ET DES SERPENS MONSTRUEUX. 3o.i qui vit de figures, n'a poiut hesite a s'eniparer tlerimagc et de I'expression. Les reptiles qui dechircreut les fils de Laocoon , sont appeles dragons par Q. Calaber (i); Virgile leur donne tour a tour le nom de dragons et celui de serpens (.a). Les deux noms paraissent avoir etc synouynies dans le langaije poetique; et les ailes dont on dotait les dragons u'etaient que rembleme de la promptitude avec laquelle le serpent s'elance sur sa proie ou s'eleve, pour la saisir, jusqii'a la cime des arbres. lei, comme dans beaucoup d'autres circonstances, les expressions figurees ont pris aisemeiit de la realile dans la croyance d'un vulgaire non moins ignoraut qu'avide de merveilleux. Le Grec iiioderne donne le nora energique de serpens ailes aux sauterelles dont les essaiins, apportes par les vents, vien- nentdevaster ses moissons (3). Celte aietaphore est probable- inent ancienne; elle pent avoir cree plusieurs recits sur I'exis- tence des serpens aile's. Mais ces explications, et celles qui sc rattachent ii d<'s fails physiques, sont vagues , et d'ailleurs purement locales. Ellcs ne peuvent s'appllquer a un fait precis, que Ton retrouve dans tous les pays et dans tous les tenis, avoc le meme fond , et des variations legeres daus les circonstances principales. § III. Serpens mon\trueux , consideres comme Vernbleme des ravages produits par le d<:bordement des eaux. — Saint-Romain, en 620 ( ou G28), delivra la ville de Rouen d'un dragon nionstrueux. « Ce miracle, ( est-il dit dans une Dissertation sur le miracle de Sainl-Romain et sur la Gar- gouille ) « n'est que I'emblemc d'un autre miracle de Saiut-Ro- main, qui fit rentrer dans son lit la Seine qui etait debordce et qui allait inonder la ville. Le nom donne par ic peuple a ce (1) Q. Cal\bek. Dehello trojano , lib. xiii. (2) Virgil. JEneid. , lib. 11. . linmcnsis orbibus , angue.i, v. 204. « Serpens amplexiis uterque, v. 214. i< Deliibraad siiinnin dracones , v. 2a5. " (3) PouQURViLi.E. rojagc dan; In Grece , tomu III , p. S6i.-563. 3o4 DES DRAGONS serpent fabuleiix en est liii-ineine iiue preuve : gargouille vient dc gurges, elc.» (i) A I'iippiii de son opinion, I'auteur cite cette strophe d'un hymnc de Santeuii : Tangit exundans aqua civitatem; Voce Romaniis jubet efficaci ; Atidiunt fluctus, docilisque cedit Uiida jubenti. II observe enfin qu'a Orleans , ville frequemment exposee aiix ravages des eaiix qui baignent et fecondent son territoire, on celebrait une ceremonie scniblablc a ccUe qui rappelait, a Bouen, le miracle de Saint -Roraain. II aiirait pu citer encore iin grand nombre de traditions propres a etaycr sa conjecture. L'lle de Batz, pres Saint-Pol de Leon, etait desolee par un dragon epouvantable. Saint- Pol ( mort en 694) precipita le raonstre dans la mer, par la vcrtu de son etole et de son ba- ton. Cambry (2) qui rapporte cette tradition, nous apprend que la seule Fontaine qui existe dans I'lle de Batz , est alternative- ment couverte et decouverte par le flux et le reflux de la mer. II racontc ensuite que « pres du chateau de la Roche-Mau- rice, pres de I'ancienne r/('^V/-> (41. La comparaison des sinuosites d'un fleuve aux replis d'un serpent se retrouve en effet dans le langage popu- laire et dans les noms qui en sont emanes, autant que dans les melaphores des poiiles. Pres d'Heleno-Pole, ville de Bithynie, coulait le flouve Draco , Dragon : ce nom, dit Procope (5), lui avait ete donne a cause de ses nombreux detours qui obligeaient souvent les voyageurs h le traverser vingt fois de suite. Malgre la vraissemblance que presentent plusieurs de ces (i) D. CvLBlET. Journal de Verdun , juin ijSi , p. 43o. (2) Du Cange. Glossar. -verbo Draco, a. . . tome 11, p. t645. (3) Tableau de I'elat actuel du Peroii , extiait du IfJercurio Perui-iano. — Aiinales des Voyages, par M. Malte-Bhun, tome i,p. ga. (4) DlsserCncion siirun monument souterrain exislant a Grenoble. Gre- noble , in-4° , an xii. — Magasin encyclopedique , ix' annee, lome y, p. 442-443. (5) Procop. De Mdif. Justin. , lib. v , cap. a. ET DES SERPENS MONSTRUEUX. 3o7 rapprochemens , deux objections graves repoussentle systeme qu'ils sont destines a etablir. i" S'il est anssi facile a un pouvoir surnaturel d'arreter les debordemens de la mer on d'un fleuve que de mettre a mort un serpent monstrucux, la parite n'existe pas pour les forces bor- nees d'un homme ordinaire. Or, nous verrons figurer , dans les legendes, des chevaliers, des soldats, des bannis, d'obscurs malfaiteurs qu'ancune grace celeste n'appclait a operer des mi- racles. A quipersuadera-t-on qn'un seul homme, quel que fut son zele ou son pouvoir , soil parvenu a faire rentrer dansleur lit la Loire ou la Garonne couvrant an loin la plaine sous leurs eaux debordees ? 1° La multiplicite des legendes ne permet pas de croihe qu'en des lieux et en des terns si divers , on se soil accorde a figurer par le meme emblemc, des evenemens semi)lables, mais parti- culicrs a cliaque pays et a cliaque epoque. Un embleme cons- tamment identiqiie suppose nn fait , ou pliilot une allegoric recue dans tons les terns et dans tous les lieux. Telle est celle du triomphe que remporte le vainqueur celeste , le principe du bien et de la lumiere, sur le principe des tenebres et dn mal , figure par le serpent. § IV. Legende astronomtque. — Nous ne retracerons point ici, dans ses details, le tableau astronotnique de ce triomphe eternellement renouvele : observous seiilement que trois objets accessoircs s'y groupent, Hans presque toutes les legendes, avec Ic sujet principal; une vierge , une jeune Jille , ou une femme ; un abinie , une caverne ou une grotte ; ct la mer^ une rii'iere , \\x\e fontaine ou xxnpuits ( i). La mythologie grecque est trop connue pour que nous ayons besoin de rappclcr Apolion percant de ses fleches le serpent Python, a I'enlree de la grotte ou la vierge Themis rendait ses oracles; Jason que, sur les bords An fleuve de la Colchide, le se- cours de Medee, vierge encore, rend vainqueur du dragon qui (l) AjL. Lbkoir. Du Dragon de Metz , etc. , Memoires deTAcadimie eeltiqiie , tome ri , ly. 5-6. 3o8 DES DRAGONS gardait la toisoii tl'or; ou Hercule et Persee, delivrant Hesionc et Andromede , pretes i devenir la proie d'lin monstre sorti du la mtr. Suivant une legendc que la foi chretienne ne consacrc que dans le sens figure, niais que les peiiUies et la foule des croyans out adoptee dans le sens proprc, saint Michel terrassa et perca dc sa lance un dragon vomi par \'abime infernal. A une demi-heure de chemin deBaruth (I'ancienne Bcrythe ), on voit la caverneoix se retirait un dragon tue par saint Georges, i» I'instant ou il allait devorer \afille d'un roi du pays (i). Sainte Maiguerite appartient, ainsi que saint Georges, a une epoque que la chronologic n'a pas la pretention de Cxer. Elie triomphe d'un dragon; et de la tete du monstre, cette vie/ge, elevee depuis au sejour celeste, tire une escarboucie, un rubis, embleme de I'etoile brillante de la Couronne boreaie {Margarita) placec, dans le ciel, pres dela tete du Serpent. Dans I'histoire de Dieudonne de Gozon , figure aussi « la pierre sortie de la tete du dragon tue a Rhodes par ce heros, et conservee, dit-on, dans sa fainille. EUe etait de la grosseur d'une olive, et de plusieurs couleurs eclatanles (2). Elle remonte a une haute antiquite, I'erreur qui, transfor- mant en fait physique une allegoric astronomique, decore d'une pierre brillante la tete des serpens. « Quoiqu'un serpent ait un rubis sur la tete, neannioins il sera donmiageable, >< dit un philosophe Hindon qui avait recneilli dans ses proverbes les enseignemeas des siecles les plus recules (3). Nee de I'expression figuree de la position relative qu'occu- pent dans les cieuX les constellations de Persee , de la Baleine, (i) Thevenot. Relation d'un voyage fait au Levant, etc. , 111-4° , Paris, i565 , p. 442- (2) Dictionnaire de Moberi , aiticle Gozon (Dieudonne). Gozon inourut eu i353. (3) Prmeibesde liarlltovherri , etc., iiiseres dans I'ouvrage d'Abia- Lam RoGEB. Le Theatre delldolatrie , ou la Porte ouverie, etc., tra- duction fran^aise , I vol. in-4", Amsterdam , 1670, p. 828. ET D£S SERPENS MONSTRUEUX. 3o9 de la Couronne, dn Serpent, cic. , lalegciide, nous I'avons vu, a (it'c ensuite rapportee a la victoire clii solei! dii printenis sur I'hiver et de la lumiere sur les tenebrps. L'escarboucle ou ru- bis quiy tieiit sa place, et dont Ovide (i) decore le palais du soleil , etait en effet consacre a cet astre, a cause de sa couleur d'un rouge flamboyant (2). Presque toutes les mytliologies reprodiiisent, avec quelques varietes, la meme legeude. Sur ui) monument decouvert a Thebes, Anubis est repre- scnte comme le sont, dans les peinttires chretiennes , saint Michel et saint Georges : il est arme d'une cuirasse; dans sa main est une lance dont il perce un monstre qui a la tete et la (]ueue d'un serpent (3). Dans une suite de narrations, dont les compilateurs ont evi- demment cmprunte a I'antique mythologie de rHindoustan la plupart de leurs recits merveilleux, on voit figurer jusqu'a trois f'ois des monstres, qui tantot prennent la forme d'un enorme serpent (4) , tantot , dragons gigantesques , battent de leur queue, leurs flancs converts d'ecailles (5) : cliaque annee , de jeunes vierges ont assouvi leur voracite; c'est a I'instant ou la fille d'un roi doiten devenir la viclime, qu'ils succombent sous les coups dun guerrier aide par des puissances surnaturelles. (i) « ... Flammasque imUante pjropo. — Ovid. Bletam., lib. 11 , v. 2. (2) «Le cardinal Dailly et Albert-le-Graud, evc^que de Ratisbonne, ont, dit Carxaud de Vh. Villattf, , distribue les planetes aux re- ligions, le soleil est echu a la religion chretienne; c'est pour cela que nous avons le dimanche ea singuliere veneration , que la ville de Rome est ville solaire , ville sainte, et que les cardinaux qui y resident sont liabilles de rouge qui est la couleur {hi soleil. » Peuseet critiques sur les Mathematiqiies. i vol. in-12 , Paris, I753 , p. 38 , avec approbation et privilege. (3) Al. Lenoir. Du Dragon de Metz , etc. , Memoires de V Academie ceUique, tome 11 , p. 11 - 12. (4) £es Mille et une Nuits , traduction d'Ed. Gautier.... 7 vol, in-8", Paris, 1S22-1823, tome v , p. 435-426. (5) Ibid. , tome vi , p. 3o3-3o5 , et t^me v , p. 423-424. 3io DES DRAGONS Chederles, heios revere chez les Turcs, « tua, disent-ils , iiu dragon nionstrueiix et s.iuva la vie a iiaejeunejille, exposee a sa furcur. Apres avoir bu les caux d'un flein'e qui I'ont ren- du immortel, il court le monde sur im clieval immortel comme lui(i).» Le commencement dii recit rappelle les mythes Iiindous et les fables d'Hercule et do Persec ; la fm offre rembleme du solcil , voyageur immortel , qui ne cesse de faire le tour du monde. Les Caribes croient que I'Etre supreme fit descendre son fils duciel pour tuer lui serpent horrible qui desolait, parses ra- vages, les nations de la Guianne (a). Le monstre succomba: les Caribes naquirent des vers que produisitson cadavre; aussi, regardent-ils comme ennemics, les nations a qui jadis il avait fait unc guerre cruelle. Voila bien d'abord le niythe du serpent Python. Mais, que penser de I'origine bizarre que s'altribuent Jes Caribes? On pent soupconner qu'ils re^urent jadis cette tradition d'un peuple superieur en forces , qui voulait les hu- milier et les degrader; ils I'ont conservee par habitude, et parce qu'elle justifiait leurs haines nationales et leur soif de conquotes. § V. La Icgende du serpent vaincii par un etre celeste s'intro- duit dans le christianisme , et surtout chez les peuples d' Occi- dent. — Aussi long-tcms que le christianisme opprime Uitta obscurement contre le polytheisme, son culte, non moins austere que les dogmes de sa morale, n'admit, dans ses cere- monies couvertcs encore du voile du myslere , que des rites simples, dcgages de toute representation. Les recherches des persecuteurs ne pouvaient arracher aux fideles que les livres saints, les vases consacres, et pen ou point d'images (3). Mais le culte public se passe diflicilement de signes visibles et remarqiiables ; par eux, au milieu d'un lassemblement tel (jue la parole arriverait a peine aux oreilles de quelques hom- (i)NoBL. Dictionii aire de la fable. Article Chederles. (•2) Noel. Diciionnaire de la fable. Art. Cosmogonie Amehicainb. (3) E,icYcU>i>edie Mefhoil^iie. TUologie. Art. Images. ET DES SERPENS MONSTRUEUX. 3ii iiies, il parle aux yeiix de tous; il parle a I'un clt-s penchaus les plus naturelsjles plus uuiverseis. La multitude alors se. complait dans la magnificence de ses actes religieux, et ne croit pas pouvoir trop multiplier les images. Cela dut arriver au christianisme, lorsque, sur les debris du polytheisme, il etablit pwbliquement ses temples et son culte. Le progres fut d'autant plus rapide que, succedant a une re- ligion riche de pompe et d'emblemes, la religion du Christ dut craindre de repousser , par une simplicite trop severe, des hommes habitues a voir, a toucher ce qu'ils croyaient, ce qu'ils adoraient. Plutot que de proscrire iinprudemment les objets d'une veneration difficile a detrnire, elle aima souvent mieux selesapproprier : plus d'un temple fut change cneglise; plus d'lm nom de divinite fut honore comme le nom d'un saint; et un grand nombre d'images et de legendes passerent sans ef- fort dans le nouveau culte, conservces par I'antique respect des nouveaux croyans. La legende d'un etre celeste, vainqueiir du serpent, dupriu- cipedu mal , etait conforme an langage, a I'esprit et a I'origine du christianisme : elle y fut accueillic, et reproduite dans les peintures et les ceremonies religieuses ; Saint Michel , le pre- mier des archanges , parut, aux yeux des fideles, percant le dragon infernal, I'antique ennemi du genre humain. Au v'siecle, furent etablies en France (i), et plus tard dans tout rOccident, les processions connues sous le nom de Mo- gntions. Pendant trois jours, on y offrait aux regards des fuleics I'image d'un dragon, d'un serpent ?ik', dont la defaite etait figuree par la maniere ignomineuse dont on le portait , le troi- siemejour (2). La celebration des Rogations a varie, siiivant les dioceses , des premiers jours de la semaine de I'Ascension aux derniers (i) Saint-Mammebt , ev^que de Vienne en Dauphine , institua les Rogations en 4*58, ou ^-^^.Eiicjclop. Method. Tkeologie. Art. Rogations. (a) Giiill. DuRAKT. Rationale divinoriim officioriim (in-folio. l479)» folio aafi , recto. 3ia DES DRAGONS jours de la scmaiue de la Pentecote: clle correspond au terns oil, la premiere moitie du printems etant ecoulce , la vicloire du solei! siir Thiv-er est pleinoment achevee, meme dans nos climats froids ct piuvieux. II est difficile de ne pas apercevoir une connexion intime cntre la legende du dragon allegoriquc et I'epoque qui , cliaque annee , ramenait son apparition. D'autres rapprochemens ajoutcnt a la force de cct indicc. Au vi" siecle, saint Gregoire le grand ordonna que I'oncele- brerait annuellement, le jour de saint Marc ( le 25 avril ) , une procession semblable a celle des Rogations. Voici I'origine de cette ceremonie. Rome etait desolee par une inondation ex- traordinaire ; tel qu'une mer immense, le Tibre s'elevait jus- qu'aux fenetres superieures dcs temples. Dos eaux debordees du flettve , sortirent d'innombrables serpens, et enfin un dragon enorme (i) , nouveau Python, ne de ce nouveau deluge (2). Son souffle infectait Tair; il engendra une maladie pestilen- tielle (3"^^ ; les liommes etaient moissonnes par milliers... Une procession annuelle consacra le souvenir de ce fleau, et de sa cessation obtenue par les prieres du saint pape et de ses ouailles. La date du aS avril , moins cloignee de I'Equinoxe que celle des Rogations, convenait mieux a un pays oii le printems est plus hatif que dans les Gaules. Soit liasard , soit calcul , ceux qui ont trausporte a Lima , sous rhemisphere austral, la Terasqtie , le dragon des peuples seplentriouaux, le font paraitre, le 4 octobre , jour de la fete de saint Francois d'Assise. Celtc epoque se rapproche encore plus de I'Equinoxe du printems. 3Iais, dans les contrees equa- toriales, sous le ciel tempere de Lima, la victoire dusoleilne fi)Idid. , folio 225, verso. (2) « Ut Noe Diluvium renovalum crederetur. » Pi-atina. De-vids max. Pontific . . . in Pelag. II. (3) » Penis inguinaria sea injlatura inguinum ; • ce sont les termes doiit se scrt I'aiiteur du Rationale (loco citato) ; il ajoute que le pape Pelage II, prt'decesseur de Saint Gregoire-le-Grand , monrut subite- nient de cette maladie , avec soixante-dix autres persoiiiies, au milieu d'uiie procession. ET DES SERPENS MONSTRUEUX. 3i3 demeure pas long-tems suspendue, comme dans nos regions septenlrionales ou les premieres semainos dii printeins ne sem- blent scuveiit qu'une prolongation de I'hiver. Pline a parle de I'd?;// mysterieux (i)a la possession duquel les druides attacliaient des vcrtus merveilleuses, et qui, di- saient-ils, etait forme par le concours de tons les serpens d'lin pays. Echo des druides apres deux mille ans, et sans se douter de I'anliquite du mythe qu'il repute, I'habitant de la Sologne af- firme que, chaque annee, tous les serpens du pays se reunis- scnt pour produire un diamant enorme qui, uiieux encore que la/?«er/-f du dragon de Rhodes, reflechit les couleurs les plus vives de I'arc-en-ciel. Si le geai a su en enrichir son plumage, c'est a la possession dun de ces diamans qu'il en est redevable. Le jour marque pour leur production miraculeuse estle treize mai (2), jour qui apparlient au commencement de la seconde moitie du printems, comme les jours ou Ton promeuait le ser- pent des Rogations. L'epoque de cette apparition nous fournit une remarque qui n'est pas sans interet. Sa fixile suffitpour prouvcr, contre I'opinion que nous avons precedemment combattue , que le serpent n'etait point rembleme d'inondations, de deborde- mens de rivieres, qui n'ont pu avoir jieu partout aux meines jours. Comment done cette opinion s'est-elle etablie? Lorsque Ton eut oublie le sens primitif de I'embleme , ou s'arreta vo- lontiers a une circonstance qui faisait presqiie toujours placer aux bords de la mer ou dLwnfleuve les legendes ou on le re- produisait. L'idee que la cessation des ravages des eaux etait ainsi represenl.ee dut paraitre d'autant plus naturelle, que la procession du dragon ;e celebrait regulierement, a une epoque de I'annee ou les rivieres les plus enflees par la fontc des neiges ou les pluies de I'equinoxe, sont toutes rentrees dans leurs lits. (1) Plin. Hist. Nat. , lib. xxix , cap. 3. (2) Legier ( du'Loiret). Traditions tt usages de la Sologne . . . Me- moires de I' Acadeinie celtique , tome II , p. 2i5-si6. 'i'4 DES DRAGONS § VI. Explications allcgoriqiifs. — Chaqiie cglisc avail son dragon : remulalion de la piete extciieure fit que , dans ces roprescntafions, on encherit Ji I'envi pour inspirer aiix spectateurs Tadmiratioii , retonnemcnt et I'effroi. La partie visible du culte devient bientot la partie ia plus importniite de la lelii^ion pour des homines uniquement nttentifs i^ ce qui frappe leurs sens : le dragon de la procession des Ro- gations etait trop remarqnable pour ne pas attirer I'altention des peuples et usurper line grande place dans leur croyance. Chaque dragon eul bientot sa legende particuliere, et les lo- gendes se raultiplierent a I'lnfuii. A ceux qui revoqiieraient en doute I'efficacite de cette cause, nous rtpondrous par un fait : les Chretiens d'Orient n'ont point adopte I'institiition des Roga- tions; la victoire remportee par un etre celeste sur un serpent, figure rarement dans I'hisloire des saints qu'ils reverent. Le mot dragon, contracte en celui de drac, a designe des demons, des esprits malfaisans que le Provencal credule pla- cait sous les eaux du Rhone et qui se nourrissaient de la chair des hommes; faire le drac etait synonj^rae de faire aulant de nial que Ton suppose au diable le desir d'en faire (i\ Les])er- sonnes mordues par un serpent etaient gueries, des quelles approchaient du tombeau de Saint Phocas, grace a la victoire qu'en subissant le martyre, ce heros chretien rcmporta sur le diable, VM\\.\i\ue serpent i^i). Quand , au vni^ sieclc, on ra- contait qu'on avait trouve un enorme serpent dans le tombeau de Charles-Martcl (3), voulait-on insinuer autre chose, sinon que le demon avait fait sa proie de ce guerrier, qui sauva la France et peut-etre I'Europe entiere du joug des musidmans, mais qui eut le malheur de contrarier I'ambition des chefs de I'oglise et la cupidite des moines ? Ilsemblait doncnatureldecroire, commel'enseigne expresse- (1) Du Cange. Glossar. Verbo. Draciis. — Millin. f'ojage dam Finierienr de la France , tome ili , p. 45o - 45r. (2) Gregob. Tar. De Miracul. , lib. i , cap. 99. (3) Mezfr \i. Abrege chronologiqiie de I'Histoire de France, annee 74 ' ■ ET DES SERPENS MONSTRUEUX. 3j5 ment I'au teur du Rationale ( i ), que le serpent on dragon, ixirte a la procession des rogations, etait rembleme de I'esprit infernal , dont on demandait an ciel la defaite ; et d'attribiier cette de- faite a I'intercession dn saint que, dans chaque diocese et dans chaqne paroisse, revcraient particulierenicnt les fideles. Ce genre d'explication a etc rcproduit, sous diverses formes, par des chretiens senses qui ne pouvaient admettre, dans le sens physique, des recits trop souvent renouveles pour avoir jamais ete vrais. Le demon est le vice personnifio : les victoires remportees sur le vice pouvaient done etre figurees par le meme embleme. A Genes, sur la petite place qui est pres de Teglise de Saint- Cyr, on voit un Ancicn puits ou se cachait jadis un dragon dont le souffle faisait perir les troupeaux et tes hommes. Saint-Cyr conjura le monstre, le for^a de sortir dn puils et dc se pre- cipifer dans la tner (2). Des tableaux retracent encore ce mi- racle que les enidits intcrpretcnt allegoriquement , par les victoires que remportait le saint predicateur sur Timpiele et le libertinage. La meme interpretation pouvait convenir au triomphe de Saint Marcel sur le serpent qui desolait Paris? puisque, dit-on, «ce seroent parut hors de la ville, pres du tombeau ^'xvrq femme de qualite qui avait vecu dans le de- sordre (3). « M. Dulaure (4) > cependant, pense que celle legende et un grand nombre d'autres out figure le triomphe de la religion chretienne sur la religion des Remains et sur celle des drui- des. L'incredulite, en effet, est le pire des vices, aux yeux des chefs d'une religion : on est souvent coriompu a la fois et su- ^i) DcRANT. Rationale divinonnn officiorum, folio 226 , recto, (a) Description des beautes de Genes. (In-S" , G^nes , 1781) , p. 39- 41. — Mii^Liw. Vojage en Savoie et en Piemont, tome 11, p. aSg. (3) Les Vies des Saints pour tons les jours de tannee, tome ir , p. 84- (4) Dni-AUBE. Histoire physique , civile et morale de Paris , i" edit. , tome t , p. 161 - 16a et i85-i86. "^'6 DES DRAGONS peistitieux, et par consi-quent sonmis aux pictres; on ii'esl jamais sonmis, qimnd on ne croit pas. Le dragon que vainquit Saint .Iiilien(i), avait son repaire pres d'nn temple de Jupiter : sa chute a pu figurer celle du polytheisnic, lorsqu'a la voix de I'apotrc dn Mans, les adora- teurs renversaient les autels du dieu detrone et laissaient son temple desert. Aux lieux oil fiit jadis Epidaure, ou voit une caverne que la tradition a designee quelquefois comme la retraite de Cad- mus metamorpliose en serpent; mais plus souvent comme le sejour du serpent d'Esculape. Quand Saint .lerome raconte comment, a Epidaure, Saint Hilarion triompha dun serpent devastateur que recelait cette meine cavernc, les erudits sem- blcnt en droit de voir dans son recit I'embleme de la victoire du predicateur de I'Evangile sur le culte d'Esculape (2). Un dragon monstrueux desolait les environs du Thcil, pres de la Roche -aux -Fees ( departement d'llle et-Vilainc ) : Saint Arnel, apotre de cette contree, le traina avec son etole jus- qu'au sommet d'un mont, et lui ordonna de se precipiter dans la rh'it're de Seiche. M. Nona! de La Houssaye pense que ce miracle figure la victoire remportee par le saint siu- les der- niers rcstes de la religion druidique, dont la Roche-aux-Fees avait vu jusqu'alors se perpetuer les ceremonies. II explique de meme la repetition d'un miracle semblable dans la legende de Saint Efflam et dans celles de quelques autres saints (3). On etendra volontiers sa conjecture aux ceuvres d'lm thauma- turge qui, devant une pierre tres-probablement druidique, et honoree encore aujourd'hui par des rites superstitieux, vain- (l) Memoires de I'Acadeinie ccUiqtie , tome iv , p. 3li, (a) Appendini. Notizie istorico-cr'uiche siiUe antickiia , etc., de' Ra- gicsei, tom. I , p. 3o. — Pouque'vii.le. T'oyage dans la Gricc, tome i, p. ^4 - ^5. (T) ilemoires dc I' hademie ccltiqne , tome v , p. 377. ET DES SERPENS MONSTRUEUX. ^17 quit nil dragon qui desolait le territoire de Neuilly-Saint- Fi-ont, dans rarrondissement de Chateau-Tliierry (i). L'heresie, non moins que les fausses religions, est reputee I'oeuvrede I'esprit de tenebrcs. Le dragon dont, jusqu'en 1728, les chanoines de Saint Loup a Troyes oni porte, a la proces- sion des rogations, una image en bronze (2), passait pour rembleme de la victoire remportee par Saint Loup sur l'heresie des Pelagiens. § VII. Muitiplicite des recils de ce genre, adoples cornrne des fails reels. — Mais les allegories ne sont pas a la portec de la multitude, ignorante , et dressee a croire aveuglement. Le serpent promene aux jours des Rogations fut generalement regarde comme la representation d'un serpent reel, a I'exis- tence duquel on ne craignait pas d'assigner une date certaine. En vain revelait-on aux superstitieux le sens de I'allegorie; en vain, par exemple, montrait-on, dans un tableau, S.-jint Veran chargeant de liens I'esprit infernal : on persista a croire et a raconter que le territoire d'Arles fut jadis delivr^ par Saint Veran des ravages d'un serpent nionstrueux ; et un tableau place k cote du premier, a perpetue le souvenir de cette vic- toire (3), remportee, conformement a I'origine de la legende, a I'entree d'une grotte^ aupres A'unefontaine. Chaque paroisse ayant son dragon, I'histoire du monsire varia encore plus que ses formes : I'imagination et la credulite lui attribuaient des oeuvres surnaturelles. De I'effroi, on passa meme an respect, et plus loin encore. Le dragon de Poitiers (3) etait pieusement surnomme la bonne sainte Vermine ; on le priait avec ferveur; on s'emprcssait d'y faire toucher des cha- pelels : soit que, monument adoptif, il fut reste ce qu'il avail (i) Memoires de la Societe ties Antiquaires de France , torue I , p. 436-427. (a) GrosIsEY. Epheinhides, iii' part., ch. gr , t. 11, p. 222-225. (3) J'ai vu ces peintures dans /a Majorc , eglise d'Arles , eu i8i3. (4) Memoires de la Societe des Andquaires de France, tome I, p. 464. — Memoires de V Academic celiique , tome Y, p. 54-55. 3i8 IJES DRA.GONS ete jadis, line idole; soil qu'il le fut devenu peu a peu, .iu mi- lieu d'lme populntion sii])erstiiieuse. Hiis communemcnt, rombleme du principe dii mal fut en- vironne de signes de haine et d'horreur. Son hisloire justiliait ces sendmens : il avail etc le fleau du pays dans leqnel on pro- menait son image. Son venin avail empoisonne ]cs /ontaines , et son souffle avail infccte I'air de maladies contagienses. II devorait Ics troupeaux, dtchirail leshommcs, choisissait pour \\cUmes i\e^ jcunes Jt/Zes, dcs vierges consacrees au Seigneur; les enfans disparaissaient, engloutis dans I'abime de sa gueule epouvantabie... A Provins, jusqu'en 1761 , les paroisses de Notre-Dame el de Saint-Quiriace faisaienl porter a la proces- sion des Rogations, I'une, un dragon aile, I'autre, un nionslre, nomme la Lezarde : ces deux animaux avaient desole autrefois la viilo et ses environs (i). A Tonnerro, le saint abbe Jean fut vainqucur d'un basilic qui infectait les eauxd'une fontaine (2). La Vivre<\& Larre, a laquelle un proverbe bourguignon assimile les femmes accusecs d'avoir une mauvaise tele(3), etait un ser- pent, cache pres A^nnc fontaine, dans le voisinage d'un prieure derordredeSainl-Benoit, et qui, par ses ravages, fut long-tems I'objet de la terreur publique. A Aix, en Provence, la proces- sion des Rogations va deposer sur un rocher, appele le Rocher du Dragon et voisin d'une chapelle dediee a Saint Andre, la figure d'un dragon tue par I'inlercession de ce saint apolre (4). Won moins secourables que Saint Andre et Saint Georges, Saint Victor, a Marseille , parait vainqueur d'un reptile mons- (1) Ch. Opoix. Histoire et description deProvins. (in-8°, Provins, iSsB), p. 435-436. (2) Greg. Turon. De gloria, confessor., cap. 87. (3) L.I MoNNOTE. Noel Borgiiignon (in-12 , 1720) , p. 399-400. ^tV/e ou g:iivre , vip^re , serpent . . . Le mot giiivre a conserve ce sens dans le vocahulaire du Blason. (4) Fauris St. - Viscent. Memoire sur I'ancienne cite d' Aix. . .. Magasin encyelopedique , annee i8ia, tome vi, p. 287. ET DES SERPENS MONSTRUEUX. 3 19 tineux (1); Saint Theodore foule aux pieds tin serpent (2), et Saint Second, patron d'Asti, est represcnte a cheval, percant un drai^on de sa lance (3). Nous citerions encore plusieurs le- jjendes semhlables, sans avoir la pretention d'epiiiser le sujet. Nous connaissons I'origine commune a toutes, et la cause qui, depuis le v" siecle, a du les multiplier dans I'oecident : loin qn'on s'etonne de leur nombre, on pourra s'etonner de ce qu'il n'en subsiste pas davantage. § VIII. Fariantes dans les circonstances et clans les dates; nouveaux vestiges de la legende astronomique. — La coutume de porter aux processions des Rogations I'image du serpent n'a cesse que pen a pen ; et Ton pent dire que cette image du prince des tenebres n'a rcculc que Icntement devant le progres des lumieres. Plusieurs eglises de France n'en ont abandonne I'usage que dans le xviii*^ siecle; Grosley, en 1771, le trouva en vigueur dans toutes les eglises des Pays-Bas ca- tholiqucs (/»). Pendant un laps de terns si long, les recils ont du varier, et avec eux, les explications. Pour combattre la Gargouille , le dragon de Rouen, Saint Romain se fit accompagner par un criminel condamne a mort, a qui le miracle du saint valut sa grace. Le clerge accredita volontiers les recits de ce genre. lis augmentaient son pouvoir, en faisant souvcnt attribuer a ses chefs le droit de faire grace, 011 du moius, comme a Rouen, de delivrer un prisonnier : ce n'etait pas accorder trop an sou- venir du miracle, dont, par la volonte de Dieu, un coupable, dcji condamne, ctait devenu I'instnmient. Plus volontiers encore le vulgaire accueillit celtc variante de la legende universelle : des hommes, suivant lui, n'avaient (i) A I'abbaye de St. -Victor , a Marseille. (2) DoBBESSAJV. Essai siir les serpens sacies. Melanges tiistoriques , critiques, eic. , tome II, p. i38. (3) MiLLiw. Voyage en Savuie et en Piemont , tome I , p. lar. (4) Grosi/ey. Voyage en Hollande. OEuvres inedites de Gbosley. (3 vol. in-S", Paris, i8i5 ) , tome iii , p. 336. 3ao DES DRAGONS pu se resoudre a un combat si pi'-rilleux que pour se soustraire a line niort infame et cruelle. Alois, iin criminel condamnc a niort enleva a Saintc Radegonde Ihonneur d'avoir vaincu la Grand-gueule, ce terrible draj^on . ifi6-i68. — Saxo est mort en iao4. — Harald, qui joiie dans I'his- fi)ire le m^me role que Grisler, tomba sous les coups de Toko , en ySi. II est probable toutefois que le fabliau de /a Pomme etait beau- coup plus ancien , et que la haine publique le renouvela sons le nom deHarald, pour justifier le meurtre de ce prince, comme depuis elle le reproduisit en Suisse , sous le nom odieux de Grisler. 3a4 DES DRAGONS omprnntrs a la mythologie. Le paladin Roland a joui da meme lionnciir en Occident, et plusicurs noms de lioiix rattesteiit encore (i). En chantant Roland, vainqueur de YOrca , dn monstre marin ])rct a devorer nne ^^wna femnie (a) , rArioste n'a probablenicnt fait, coninie dans niille autres passages de son poeme, que copier et embellii- iine tradition des siecles preccdens. Uo personnage dont I'existence et la gloire n'ont rien de fa- bulenx, est pourtant devenu , comme Roland, le heros d'nn inythe qui le rend I'tmule d'Hercule et de Pcrsee : I'lniportance que son souvenir a acquise dans un pays qui fiit long-tems son s^jour, lui a sans doute valu cet honneur. Petrarque suivait Laure a la chasse ; ils arrivent pres d'une caverne ou se retirait un dragon, la terreur de tout le pays. Moins affame qu'amou- reux, le dragon poursuit Laure; Petrarque vole au secours de sa maitresse, combat le monstre etle poignarde. Le souverain pontife ne voulait point permeltre que le tableau du triomphe de I'amour parut dans le lieu saint. Simon de Sienne, ami du poete, eluda la defense, et peignit celte aventure sousle por- tail de I'eglise de Notre-Dame du Don ( a Avignon ) ; il donna a Laure I'attitude d'une vlerge suppliantc , et a Petrarque le costume de Saint Georges, en Tarmant toutefois d'un poignard, au lieu d'une lance. Le terns a degrade son ouvrage ; mais n'a point affaibli la tradition qu'il consacre, et qui m'a ete repetee comme un fait historique (3). Dans I'examen des traditions, on n'a pas toujours tenu assez de compte du penchant qui porte I'homme ignorant a relrou- verpartout les niythes qui occupent la premiere place danssa croyance. Pour y parvenir , il denaturera ses souvenirs, soit en (i) La Baume-Roland pres Marseille ; la Breche-Roland , da.M& les Pyrenees; il C... dOrlando , a trois mille de Rimini , etc. (a) Orlando furioso. Canto xi. (3) En i8i3. J'observerai que , dans les recits dont la ranitresse de Petrarque estrobjet, a Avignon ou a Vaucluse , elle est toujours appelee respectueusement Madame Laure. ET DES SERPENS MONSTRUEUX. 325 attribuant a un personnagece qui nc lui est jamais arrive; soil «n introduisant dans I'histoire les merveilles de la fable. Le recitoCi Petrarque est fais en scene, offre un exemple du pre- mier genre d' alteration : nous en trouverons un du second genre, sans sortir de notresnjet. Un prince suedois (i) avait fait clever, pres desafille T/iora, (leiix serpens qui devaient etre les gardiens de sa virginite. Parvenus a une grandeur dcniesuree, ces monstres repandaient la mort autour d'cux, par leur souffle empeste. Le roi deses- pore promit la main de sa fille au heros qui luerait les serpens. Regner-Lodbrog , prince, Scalde et guerrier, mjt a fin cette perilleuse aventnre et devint I'epoux de la belle Thora. Voila la fable ; voici I'liistoire : selon la Ragnara-Lodbrog' s-Saga (2), ce n'est point a deux serpens, mais a I'un de ses vassaux , possesseur d'un chateau fort, que le pere de Thora confie la garde de sa fille ; le gardien, amoureux de la princesse, refuse de la rendre au roi qui , apres de vains efforts pour I'y con- traindre , promet que le liberaleur de Thora deviendra son cpoux. Regner-Lodbrog fut cet heureux liberateur. Dans une incursion sur les cotes de Northumberland , Reg- ner, vaincu et fait prisonnier, fut jete dans une fosse, dans une prison souterraine remplie de serpens, dont les morsures ter- minerent sa vie ( vers I'an 866 ). Le fait est raconte par tcjiis les historiens (3) , et consigne dans le Chant de mort attribue a Regner\\\\-xi\(imG. Je soupconne neanmoins que, dans le genre de son supplice, Tamour du merveilleux chercha un rappro- chement avec la legende dont le heros etait deja I'objet. LjC mcnie esprit qui avait altere I'histoire de son hymenee, de ma- ([) Sixo Grvmm. Hist. ar un courant sous -inarin, dans le tonis oil I'Amerique etait encore ensevelie sous les eaux de I'O- cean. II developpe cette idee, et la rend tres-vraisemblable : la nature du sol , la disposition des couches et les debris orga- uiques dont le plus grand nombre appartient aux eaux salees, el (]iieifpies autres aux eaux douces , sont des tenioignages ir- rocusables du long sijour de I'Ocean sur cette partie du conti- nent amerieain. Les faits s'accumulent, I'ordre des invasions et des retraites successives des eaux de la mer est constate dans piusieuis contrees; mais la mesure du terns nous manque en- core, et sans cette mesure, I'hisloire n'estpas assez instructive. Lorsque nous serous en etat d'evaluer avec quelque probabi- lite la duree des epoques dont la surface de la terre porte J'empreiiite, la geologie dont quelques savans se moquent au- jourd'hui, quoi qu'ils en fassent, sera placee definitivement au rang des sciences, et ne sera pas la nioins iniportantc ni la moins utile. Nous ue pouvons faiie qu'une simple mention des tables (I'observations que M. Hamilton a dressees pour servir quel- (pie jour aux progres de la uieteorolngie et de la geograpfiie physique. Pendant vingt-six traversees entre I'Europe et I'A- merique, de 1799 a 1817, M. Hamilton enregistrait chaque jour ses observations sur la temperature de I'air et de la mer , siu" les vents et les courans, etc. II est a desirer que ce boii (xemple trouve des imitateurs , et que les observations s'eten- lient a uu plus grand nombre d'objets, tels que la direction et la force maguctiques, les sondes . le degre de salure des eaux, etc. Que riustruction soit prodiguee aux marins; que Ton multiplic les bons instrumens , et que I'ou en fassc baisser SCIENCES PHYSIQUES. 33 "> le prix, par le moyen dc la fabrication en grand ct avec dcs machines; qu'oii encourageles ohservateurspardes eloges nie- rites, et nieme par quelques prix , on obliendra plus dc docu- niens qu'il n'est possible d'en reciieillir pendant la courle dtiree (les expeditions chargees specialement de recherches relatives aux sciences. II est tenis que les gouvernemens laissent faire anx simples particuliers toutce qui pent etre fait, sans I'inter- vention de I'autorite publique. Revenons un moment a la botanique. M.le docteur Bald- win decrit deux nouvelles especes de souchet ( cyperus ) decouverles en Georgie, dont I'une est a racine tubereuse; on n'a pas recherche si eile est comestible. Le meme botanisic decrit aussi quatre especes de IdUingia dc I'Amerique meri- dionale, ou les plantes de ce genre abondent, depuis Bahia jusqu'a I'embouchure da Rio de Plata. M. Thomas Say donne la liste complete et la description des insectes de la famille des carabici, et de celle Aes. hydro - canthari ( systeme entomologique de Latreille ) qu'il a ob- serves dans TAnierique du nord. La premiere contient 24 genres et i3i especes; Tautre n'est composee tjue de 7 genres et 24 especes. Plusieurs especes europeennes sont parees de plus belles couleurs que celies d'Amerique. M. Hentz, de X Academic des sciences naturelles de Phiki- delphie , a communique a la Societe des observations anato- iniques et physiologiques sur I'un des plus terribles animaux de I'Amerique, I'alligalor. II rectifie Topinion de M. Cuvier sue I'appareil de la circulation dans les crocodiles; notre illusiie naturaliste a cru que cet apparcil ressemble a celui des Chelo- niens ; MM. Hentz et Harlan, quiont eu I'occasion de disse- quer un jeune alligator, ont remarque des differences essen- tielles qui sont le sujet de ce meraoire. Dans les cheloniens , selon M. Cuvier, le melange du sang arteriel et du sang vei- neux se fait dans leventricule; lesanatomistcsamerioains n'ont pas trouve la meme disposition dans I'alligator. M. Hentz as- signe plusieurs autres dissemblances d'organisalion entre ces deux genres de quane dcgre de certitude qu'on a donne aux scieiices naliirelles. Depuis uu demi-siecle , en effet, les sa- vans ontrecueilli une cjiiaulitesi prodigieusede faits nouveaux, ct i'esprit luimaiu a fait dfs progrcs si immcnses que des ques- tions qui divisaieni les homnies les plus instruils du dernier siecle, peuvent etre resolues aujourd'liui par des hommes d'une capacitc fort mediocre; etque, sans etre done d'une sagacite extraordinaire, on peut decouvrir dans les plus celebres de leurs ouvrages de graves et nombreuses erreurs. « Et pourrait-on s'en etonner, lorsqu'on songe aux moyens que nous possedons et qui leur ont manque ? Depuis moins d'un demi -siecle, toutes les sciences ont agi les unes sur les autres, et se sont preie des secours mutuels; Tetude de I'en- tendement humain nous a appris a donner de la precision an langage, et nous a mis en possession d'une nouvelle raethode ; les progres de I'economie politique et de I'art de la critique ont porte la lumiere dans I'histoire des peuples ancieOs et des peuples modernes; I'histoire naturelie, la navigation ct le com- nii-rce nous ont fait connaitre des peuples nouveaux stir les- qiiels on u'avait pu former que des conjectures ; des loLs dont la description nese trouvait que dans des milliers de volumes, ot que Ton etait accoutume a reverer comme des oracles de la sagesse, ont ete discutees, systematisees, ledailes a I'expres- siou la plus simple; en tin , des hommes qui avaient ctudie la legislation en jurisconsultes, en ont fait la critique en philo- sophes, et nous ont indique le moyen d'en conslater les bons et les mauvais effets. '< 11 faut ajouter a c^s moyens que Tes Sciencics nofts ont four- nis, I'experience que les revolutions nous ont donnee. L'inde^ pendance de TAmerique du nord a donne naissance a des gouvernemens dont les anciens n'ont eu aucune idee, et dont les modernes Europeens n'auraientpeut-etrc pas cru rexisfence possible , si I'experience ne les avait pas convaincus. La forma- tion d'un n>onde nouveau, plus etcndu que I'ancien, destine a eire un jour pins populenx ct plus richc, possedaut oa aspi- 34o SCIENCES MORALES rant a se donner ties gonvornemcns ogalemerit cloiguos des formes europc'cnnes , des formes asiatiques, et des formes des ancicns peuplcs de la Greco et de Rome, nous a fait perdre line parlie de noire importance et a ebranle la confiance que nous avions dans I'infaillibilitc de nos maximes politiqu€s. Les revolutions et les contre-ruvolulions qu'ont subies la France, I'Espagne, I'ltalie, I'Allemagnc , la Suisse, la IloUande, dans un espacc d'environ trente anneos , ont deracine, ou renverse les vieilles institutions et change jusqtj'a nos habitudes; les guerres auxquelles ces revolutions out donne naissance, ont fait passer alternativement les pcuples les uns sur le territoire des autres, et ont ainsi mis les liommes les plus ignorans a meme de comparer leur etat a cclui de leurs voisins. La deca- dence du systeme colonial, acceleree par les progrcs des lu- mieres etpar I'independance du continent americain, a renverse line grande pnrtie des lois et des maximes commerciaies. En- fin, la liberie des opinions religieuses et politiques, la multi- plication et la diffusion des ouvrages philosophiques et les changemens operes par les gouvernemens memes qui profes- sent pour les innovations une haine violentc, ont acheve de detruire la confiance dans les auciennes doctrines, et mis presque hors d'usage les ecrits dans lesquels elles elaientex- posees. « On admire encore, par habitude, des ecrivains qui ont joui d'une juste celebrile, parce qu'au moment ou ils ont paru, ils se sont trou%'es benucoup plus avances que ne I'etaient leurs contemporains ; on les cite meme quelqaefois , mais on les cite, sans les croire, et souvent meme sans les avoir lus. On considere leurs ecrits, non commc des corps de doctrine, mais comrae des arsenaux qui peuvent nous fournir des armes contre des ennemis. Ceux qui se donnentla peine de les etu- dier, sentent qu'ils ont etc fails pour un ordre de choses qui n'existe plus, et pour des tcms qui ne sauraieut revenir. On y tient cependant, parce qu'on n'a pas le terns ou le moyen de se faire des idees plus justes, et qu'on ne se croit pas I'esprit asscz fort pour se permetire de marcher sans guides; mais on ET POLITIQUES. 34 1 Ves suit, sansy avoir confiance, et avec la circonspection d'un general qui se fait conduiie par \m prisonnier sur le tcrritoire do Tennemi. « Cettc absence de doctrines ou de verites reconnues, qui se fait si A'ivement sentir en politique et mcme en morale, donne naissance a des systemesplus ou moins ingeuieux qu'on adopte qnelquefois avec enthousiasme, et qu'on lejelte ensuite avec dedain. On se fait, presque au hasard, des principes ou des maximes que Ton accommode autant qu'on peut anx circon- stances et aux interets du moment, et auxquels on s'efforce de croire. On cherclie toules les raisons qui peuvenl les justifier , et, lorsque I'illusion est arrivee a son comble, lorqu'on s'ima- gine avoir acqu is une foi bien robuste, et qu'on vepete avec la plus vive conliance le symbole qu'on a imagine ou adopte, il arrive uu evenement imprevu qui dejoue toutes nos combinai- sons, et qui nous fait voir un resullat contraire a toutes qos esperanccs. On attribue alors les evenemens inaitendus, noti aux vices du systerne qu'on a adopte, mais aux mauvaises in- tentions de ceux qui I'ont combattu, ou a I'incredulite deceux qui n'y ont pas rijoute foi. Si des expeiienceSrcpetees finissent par convaincre qu'on a adopte un systeme vicieux, on le re- jette pour en adopter un autre egalement imagiuaire , on bien on cherche a en corriger les vices par quelque modification ; oubien Ton se persuade qu'il n'y a rien de certain en legisla- tion , et qu'on ne saurait mieux fairc que de ne pas s'en occu- per. Ce dernier parti est ordinairenient cclui que prend la foule, parce qu'il convicnt egalement a la paresse, a I'igno- rance, a la tranchante presomption et aux vices des hommes (|ui possedent le pouvoir. Le jour ou le peuple se persuade qu'il n'y a rien de certain en politique est un jour de triompbe pour les mauvais gouvernemens ; car, a compter de ce jour, ilsn'ont plus de resistance a craindre. « Quel est le moyen de sortir de cet etat d'iticertitude et d'iu- difference , dans lequel nous ont laisses la mine des anciens syslemes , et les revolutions que le monde a subies ? Faut - il ioiaginer des systemes nouveaux , enflammer los esprits pouc 342 SCIENCES MORALES des speculalions inelaphysiqucs , oti tacher de it'tablir dcs systemes decries ? Auciui de ces moyens nc saiirait prodiiire des effets durables, ni ineme bien etondiis. Les peiiples n'ont pas assez de luinicres pour voir par eux-iiiemes les eoiise- quenees bonnes et mauvaise%dc leiirs institutions; mais ils en ont beaucoup trop pour adopter aveuglt-nient les opinions do qui que ce soit, ou pour se passionner pour uu systeme pliilo- sophique, quelque int:;«''nieux qu'il puisse etre. II est encore possible de mettre au jour des verites nouvelles ; mais le tenis de former des sectes est passe. On ne consent h croire que ce qu'on troiive demontre,et Ton mesure son enthousiasme en iavciir d'unc opinion, par I'interet qu'on croit avoir a ce que cette opinion soit adoptee. « Cette disposition des esprits, loin d'etre contraire aux pro- gres des sciences morales, est la circonstancela plus favorable qui puisse se presenter. On n'est jamais plus dispose a se laisser diriger par les fails, que lorsqu'on a cesse d'avoir confiance dans les syslemes, et meme dans les individus. Mais, pour que la luniiere sorte des fails, il ne suffit pas de les recueillir et de les enlasser au liasard dans un ouvrage : il ne suflit pas d'affirmer que tel fail est produil par tel autre. II faut les presenter dans I'ordre meme dans lequel ils s'en- gendreut, et en demontrer la filiation. Ce n'est qu'en les clas- sant de cette maniere et en en faisant voir I'enchainement , qu'on suit une marche scientifique, et qu'on pent esperer de faire faire quelques progres a Tesprithumain. Il est vrai qu'en suivant cette methode , on est oblige de s'arreter, aussitot qu'on cesse d'etre conduit paries fails , et qu'on pent par con- sequent se trouver dans la necessite de laisser indecises des questions importantes. II est vrai aussi qu'on ne peul pas se "I livrer a ces mouvemens d'inspiralion que le public prend quelquefois pour du genie, et qui ne sont bien souvenlque les produits d'une imagination dereglce. Mais, lorsqu'on traite une science, on ne s'engage pas a resoudre loutes les ques- tions qui peuvent sc presenter; etl'on ne parlc pas u ses lec- teurs ou a ses audileurs sur le nienie ton qu'un oratcur popu- ET POLITIQUES. 343 laire qui cherche a metire en niouvement la multitude qui I'ecoute. « On voit , par ce qui precede, qu'en ecrivant cet ouvrage , je me propose plus d'uu objel. Je voudrais d'abord tacher d'introduiro dans I'etude de la morale et de la legislation la methode qui a fait faire aux autres sciences des progres si surs et si rapides , en substituant I'etude des fails a rinvention et a I'etude des systemes. Je voudrais, en second lieu, faire usage de I'immense quantite de faits nouveaux que les sciences et les revolutions nous ont fournis depuis un demi-siecle , pour mettre la morale et la legislation au niveau de nos autres connaissances, ou du moins pour les en approcher. Je vou- drais, en troisieme lieu, fom^nir aux jeunes gens que I'amour de I'etude et de la verite tourmente, des nioyens d'instruction plus siirs que des systemes imaginaires, et que des declama- tions qui enflamment leur imagination, sans eclairer Icurs es- prits. Je voudrais, enfin, essayer de donner a la partie de nos connaissances (|ui interesse le plus riiumaui'ie, la meme certi- tude qui a ete donuee a d'autres moins importantes. « Si je n'avais a compter que sur mcs propres forces, je n'au- rais pas le courage de former une telle entreprise. Mais, quoi- que la legislation soit Lien loin d'etre aussi avancee que les autres sciences, tout n'est cependant pas a faire. Quelques- unes des branches de cette science ont meme fait de si grands progres, qu'il reste pen de chose a y ajouter; et la methode qui a servi a y porter la lumiere pent aisement eclairer celles qui sont moins avancees. On doit a la reunion de deux savans dontil n'est pas possible dc separer les noms, MM. Bentham et DuMONT ( de Geneve ) , d'avoir tout a la fois donnc une meilleure maniere de raisonner, et d'cn avoir fait souvent I'application avec beaucoup de succes. D'un autre cote, les progres de I'ecouomie politique et les recherches qui ont ete faites sur les causes de I'accroissement etdu decroissement de la population dans tous Ics pays, nous ont donne le moyen de resoudre une foulc d'importantes questions. Enfin, une bonne methode donne a I'esprit une telle puissance , qu'clie peut en 344 SCIENCES MORALES quelque sorte remplacer le talent ; c'est un levier qui donno a riiomme faible qui I'emploie une force que re saurait pos- seder I'homme le plus fort qui serait prive d'un semblablc moyen ». I. The Orientai, Herald, etc. — Le Heraot Oriental, Journal de litterature generate., contenant des articles originaux sur divers suj'ets, mais particidierewent sur le gouvemement et les affaires de rinde\ dirige par James-S. Buckingham, auparavant editeur du Journal de Calcutta (i). Nous avons, il y a un peu plus d'une annee, appele I'atten- tion de nos lecteurs sur les tentatives faites, pendant I'admi- nistration de lord Hastings, pour introduire dans I'lnde an- glaise la liberte de la presse. Nous annon^aroes aussi qu'apres le depart de ce gouverneur general, les journaux etablis dans rinde furent soumis a une censure prealable, et que I'editeur du Journal de Calcutta , M. James S. Bucrikgham fut deporte en Angleterre. (Voy. Rev.Enc, t. xxiv, pag. 635-656.) — Les interets de cet homme injustement persecute ont des-lors oc- cupe A plusieurs reprises la compagnie des Indes, les tribu- naux et le public anglais. Mais, dans le meme terns, lui-nieme prenalt un parti qui pent avoir la plus grande influence sur la civilisation et la liberte d'une partie du monde. 11 entreprenait de publier ik Londres un journal independant, ou, si Ton veut> un journal d'opposition , sur les affaires de I'lnde, dont nous avons sous les yeux douze livraisons formant I'annee i825, et dont nous nous proposons de rendre compte dans cet article. (i) Ce journal est public par livraisons mensuelles, a Londres, chez Sandford Ainot, n° 33, Old Bond - street ; prix , 5 sliellings, chaque livraison, d'environ 3oo pages. ET POLITIQUES. HA5 Un mouvement universel semhle entrainer la race humaine vers des terns plus heureux : il eleve h la pleine jouissance l. V, June 1825, n" 18, p. 5SG-6o3. ET POLITIQUES. 349 plusieurs y ont acquis, soit dans les possessions britanniques, soit dans les Etats des princes tributaires , de IreR-graiules fortunes. Un des premiers effets du renouvellement du mouvement de I'esprit humain , parmi la grande masse des habitans de riude, a ete la publication de journaux ecrits par les Indicns on la demi-caste dans les langues de I'Orient. Cette publication repand parmi une population intelligente, civilisee, mais d'une civilisation qui date de plusieurs milliers d'annees, toutes les idees qui appartienncnl a la civilisation moderne, tout le mou- vement progressif de la nation qui a le plus contribue aux pro- gres de I'univers. La Compagnie des Indes n'a pas vu, sans (louleur et sans effroi, ce rayon de lumiere qui percait dans lesprofondeurs de I'abyme : elle a senli que leshommes qu'elle avail long-tems traites comme des brutes, allaient faire preuve qu'ils etaient hommes par la pensee et par 1 instruction; elle s'est done altribue la censure de tous les ecrits periodiques , publics aussi bien dans les langages de I'lnde qu'en anglais, et il semblc que les lois ne la juslifiaient point dans cette usur- pation de ponvoirs. Il est impossible de lire , sans une profonde emotion, lememoire que I'illustre Ram Mohun Roy a adresse au roi , de concert avec d'autres Indiens distingues de Calcutta, pour demander le maintien de la liberte de la presse dans les langues de I'Orient (i). En le lisant, on sent que celui qui I'a ecrit unissait toute Texperience de I'lnde a toutes les connais- sances de I'Europe; cette sagesse stationnaire , qui etait deja antique quand Alexandre visita I'Orient, a la sagesse progres- sive de nos jours. II est anime par I'amour de la liberte, par I'espoir de I'amelioration de sa race; il apprtcie avecjustesse les causes qui la degradent; il sail que la liberte de la presse (j) Memorial of RiM Mohdit Roy, and other disiiiigiiished natives of India , addressed to the King of England. — Memoire adresse au Roi d'Angleterre par Ra.m Mohun Rosr, et par d'autres Indiens dis- tingues.— Oriental Herald , n° 17, for Mai i8a5. Vol. v , p. 5o3-5i5. 35i> SCIENCES MORALES garde les t^onvcinemens contre leiirs propics abiis, etanoblit les penples eii ios instniisant. Nous n'avons pas do place pour de longs cxtraits; aiais no3 Iccteurs enteudroiit sans doule avec plaisir un bramine recla- nier, au iiom de ses compatriotes, la pleine liberte d'examett eu matiere religicuse. La Compagnie des Indes avail ind'upie, comme un de ses motifs pour ctablir la censure, la crainte que des publications imprudcntes n'alarmassent les Indiens sur le niaintien dc lour leligion.Les petitionnaires repondent :« Apres qu'un corps dc niissionnaires anglais a travaille pendant pres de vingt- cinq ans a r-'pandre du discredit sur la religion domi- nantedans I'lade , soil par des predications, soil par la publi- cation d'un grand uombve d'eciits dans les langues du pays, on ne pent pas apercevoir que la moindre alarme ait etc excitee. C'est que les fideles sujets de votre majoste ont tout pouvoir de defendre leur religion par les niemes arines avec iesquelles elle est attaquee. Plusieurs, en effet, ont profite de la liberte de la presse pour combattrc les ecrils des niissionnaires an- glais, et ils croient n'avoir besoin d'aucune autre protection pour la defense de leur foi. Tant que les docteurs du christia- uisiiie n'emploieront que la raison et la persuasion pour piopa- gerleur religion, les fideles sujets de votre niajeste sontcontens de defendrela leur avec les memes amies, convaincus qu'une vraie religion n'a besoin ni de Tepee, ni des pnnitions legalcs, pour sa protection. Nous n'avons jamais pu concevoir les craintes indiquees par le § 5 du reglement sur la restriction de la presse, parce que nous avons vu que le gotivernemeiit ne nous temoignait aucun deplaisir de la publication de ce qui etait ecrit en defense de la religion de la grande masse des habitans, et ne s'attribuait aucun pouvoir arbitraire pour la j)revenir (i). » Voici comment les Indiens terminent leur requele ; « Nous les fideles sujets de votre majeste, separes d'elle par toute I'epaisseur du globe, nous en appclons au coeur de votre ma- (i) Ibid., p. Sog. ET POLITIQUES. ^^Sx jcstu par cettc sympnthiu qui forme iin lien paternel entre voiis et le pins humble de vos siijets : nous la siipplions de ne pas rcgarder notre condition avec indifference. Nous en appelons a vous par I'honneur dune grande nation , qui sous vos royaux auspices a obtenu le titre de liberatrice de I'Europe, pour que vous ne permettiez point que des niillious de vos sujets soient opprimes ou capricieusement foules aux pieds. Nous en appelons enfm a vous, par la gloire de votre couronne sur laquelle les yeux du monde sont fixes, pour que vous ne con- damniez pas les naturels de I'lnde a une oppression et a une degradation pcrpetirelles (i). >> Jusqu'u present, cette touchante priere n'a pas eteexaucee; maisque les Jiabitans de I'Inde, que les amis de I'humanite ne se decourageut point ; la presse , malgre les entraves qu'on lui a donnees , est encore une grande puissance qui hate les progres de I'esprit humain. C'est un grand pas de fait que d'avoir amene les Indiens a connaitre le besoinde publications journalieres , a promener des regards curieux sur I'univers entier, a de- mander a leurs gouverneurs le compte que ceux-ci veulent bien leur rendre de ce qu'ils font d'eux , ou pour eux. L'Alle- magne ne jouil pas plus que I'Inde de la liberie de la presse; et cependant, une presse censuree, mais active, a vivifie I'Al- lemagne par la pensee ; les lumieres y penetrent dans tous les rangs de la societe ; ies besoins de I'esprit s'y accroissent tous les jours ;et les gouvernemens , quoiqu'ils ne perniettent au- cun controle sur leurs operations, quoiqu'ils etouffent de tout leur pouvoir la manifestation de I'opiniou publique, la mena- gent cependant, parce qu'ils sentent sa puissance. Au reste, grace a M. Buckingham, le complement de la liberte de la presse de I'Inde se trouve desormais en Angle- (i) lliid. , p. 5 1 5. Nous trouvons, dans le n" 2a du meme jour- nal, p. 188 et 193, deux lettres encore, I'une d'un Indien (Jugun- NOUTH Mugmoodure) au president de Hoard 0/ Control ; I'autre de plusieurs Indiens de Calcutta a M. Canning, que tout European se ferait bouneur de signer. 35a SCIENCES MORALES terrc. Que Ics Indiens ne roiibliciit pas; qii'ils soiuiennent son entreprise; qu'ils ne laisseiit jitmais imposer silence an seul avocat qui piiissc liautcment parler pour cux. Sans doule , c'esl un grave f!esavantat;o , |)Our uu journal d'opposition , do se trouver separe par toute IV'paisseur du globe desabus, des malversations, des exces d'autorite, dont il demande la re- pression , tout connme des correspondans qui doivent I'infor- mer ; mais, puisque c'est le sort do I'lnde d'etre gouvernee par une nation placce a une si grande distance d'elle : puisque , d'autre part , cette nation gouvernante a completeincnt reconnu la souverainete de I'opinion publique, qui, lorsqu'clle est une fois clairement prononcee, entraine infailliblement le niinis- tere et les chambres; c'est au milieu de cette nation , au foyer meme de I'opinion publique, que doit se fairc entendre la voix de I'avocat de I'lnde. De tous les interets qui ont jamais ete soumis aux delibera- tions des liommes, celui de I'lnde est le plus vaste : jamais le bien et le mal que I'administration peut faire, ne se sont pre- sentes dans des proportions si colossales; jamais les questions de bien public n'ont ete susceptibles de se reduire a des termes plus clairs. Si le public anglais commence une fois a s'en occu- per, il sera bientot entraine; il ne pourra plus chasser de sa pensee tout le bien qu'il peut faire, tout le mal qu'ii peut eviter. Mais il faut pour cela triompber de I'apathie avec la- quelle I'esprit hnniain considore toujours les clioses eloignees. Au premier abord , I'lndc smlaquelle les Anglais pen vent tout, etla Chine sur laquelle ils ne peuvcnt rien , leursont egalement indifferentes. Il faut que M. Buckingham leur fasse bien sentir qu'il s'agit de leur affaire et de leur devoir : il faut qu'il se fasse lire ; qu'il n'epargue rien pour reveiller I'attention ; qu'il ap- pelle a son aide pour cela tous les talens eminens de I'Anglc- terre. Cette attention une fois eveillee , les fails suffiront. En effet, les Anglais vcrront se derouler sous leurs yeux des details d'injustice, des traits de rapacite, de despotisme, de corruption, qui les choqueront d'autant plus que c'est le nom Anglais lui-meme qui s'en trouve souiilc. lis se sentiront res- ET POLITIQUES. 353 ponsables dcvant Dieu et di^vant les hommos dii sort de cent millions de sujets qu'ils ont acquis par dcs moyens entachcs de bien des crimes, et auxquels ils ont donne le gouvernement 1(> plus absurde qu'i! soit possible d'imnginer. Alors, chacun unira sa faible voix .i la clameur generale ; chacun se reprocliera son silence et son apathie; chacun secondera de tous ses efforts I'effort general , pour preparer des aujourd'hui I'abolilion com- plete de la Compagnie, a I'expiration de sa charte. Qui ne rou- girait, en effet, d'avoir confie le gouvernement d'une pariie si importante de I'espece humaine a une compagnie de marchands; d'avoir considere le sort des peuples comme une entreprise de commerce; d'avoir permis que le bonheur ou le malheur de millions d'hommes, le progies de la civilisation ou de la bar- baric, de la vraie religion ou du polytheisnie, de I'education morale oa de I'ignorance, se soldasscnt en sols et deniers, au eompte de profits et pertes, dans les livrcs d'une societe ano- nyme; d'avoir enfin constitue une souverainete divisee par actions qui s'achetent et se vendent chaque jour scion la cute de la bourse , de telle sorte que le souverain d'hier est absolu- ment etranger k I'lnde aujourd'hui, et peut redevenir souve- rain demain, seulement parce qu'il a profite d'une variation de demi pour cent dans le cours pour vendrc et pour ra- cheter ? Nous avons sous les yeux la collection du Heraut oriental pour I'annee iSaS. Chaque mois il parait un cahier de deux a trois cents pages de petit caractere , dont une grandeparfie est imprimee a deux colonnes; chacun contient une trentaiue d'articles divers sur le gouvernement de I'lnde, sur la littora- ture, le commerce, les antiquites de celtecontree,sur quelques sojets de philosophic et de metaphysique , qui sont plus p;\r- ttculierement du gofit des Indiens; sur tout ce qui tient a la politique et aux intercts de tout genre des aulres regions de rOrient et de I'Australasie , sur les affaires de I'Europe dans leurs rapports avec I'Orjent, quelquefois cnOn sur la politique geuerale, ou la politique purement anglaise. Parmi ces der- niers , nous avons remarque une iue de M. Canning , iexiXe T. XXX. — Mui i8.iG. 'i.'\ 354 SCIENCES MORALES avec independance, et dans un esprit d'oppositlon, mais qui n'eii fait que mieux ressortir les beaux talcns de ce miiiistre, et riieureuse direction qu'il a donnte aux affaires de I'Anglelerre et de I'univers (i). Daus line si grande variet*'; desujels, il nous est bien difficile de chcisir ce qui murite le plus de fixer rattention : nous pour- rons tout au plus exciter etnon satisfaire la curiosite de nos lec- teurs. L'origine et les evenemens de la guerre centre I'cmpire des Birmans (Burmese ) occupcnt, conime de raison, un grand espace dans ces journaux. Cette guerre, en effet, a deji coute d'enormes sacrifices en homnies et en argent; les troupes ont succonibe aux maladies, durant deux saisons pluvieuses; de belles provinces ont etc devastees; aucun progres decisif n'est encore annonce, et cependant, le cliarme est rompu pour les Indiens, qui avaient cm les troupes britanniqucs invincibles. Aussi, radministration a-t-elle ete exposee a de vifs reproches, a cette occasion. D'apres une analyse des papiers relatifsa cette guerre, qui ont ete soumis au parlement, on voit que la pos- session d'une malheureuse petite ile inhabitee et sans impor- tance a donne lieu a cette lutte dangereuse. L'lle, nommee Shahpuree , a ete forniee des alluvions de la riviere Naaf, qui sert de limite aux deux empires. Les Anglais, par mesure de police, y firent passer une garde de douze hommes; les Bir- mans seplaignirent, pretendant que, depuis quarante ans, I'iiie faisait partie de leurs possessions. La corrcspondance des Bir- mans, a cette occasion, parait celle de gens qui ont le senti- ment de leur droit, du danger de la guerre, mais du danger plus grand encore de se laisser trailer avec mepris. CcUe des Anglais, au contraire, est arrogante; ils se refusent h toute explication : ils s'indignent de ce qu'on hesite encore, apres qu'ils ont decide. On voit qu'ils se regardent comme des etres privilegies dans la race humaine, qu'ils doutent au fond si les (l) Literary and political career of the right, hon. George Canning. — Carrifere politique et litteraire du trfes-hon. George Canning. — Vol. V, p. 347-354, n° 17, for May iSzS. ET POLITIQUES. 355 bipidcsavec lesqucls ils tiaiteiit soiit bieii des homines, et qu'ils ne sauraient s'empeclier de lire, lorsqn'ils nommcol sn majesfe aii.v pieds dores , titre que prend rcmpereiii' des Eirmans, coinme s'ils nommaient sa mnjesle le roi des singes. Les evcne- mens montrent chaqiic jour davantage combien un tcl orgiicil est un mauvais conaeiller, combien il aliene les peiiples plus encore que de sanglantcs injustices; combien le petit nombrc compromet son pouvoir, qiiand il alfiche son mepris ponr le grand nombre. Les Anglais ont soiivent mieiix gouverne et toiijours mieiix pave les peiiples conquis que les Francais ; ils se sont tonjonrs fait liair davantage , a cause de cette distance a laquelle ils les tiennent. La puissance dcspotique dont la com- pagnie investit les deniicrs de ses commis dans I'lnde, a deve- loppe encore ce defaut national. On dirait qu'elle prend a tiiche de lenr faire tourner la tete a force d'orgueil (i). Mais, si I'orgueil a commence la guerre, la ciipidite est la cause principale de son manque de succes. Les Anglais n'ont pas seiilement maintenu dans le droit maritime im principe fles long-tems repousse du droit public des nations, lorsqu'ils ont declare de bonne prise la propriete priveedes ennemis; ils I'ont aussitransporte dans leurs gnerres au-dela des mers. Pour augmenter le zele de leurs marins, et pour que ceux de la marine royale n'eussent pas de moins bonnes chances que les corsaires, ils ont regularise le partage de toutes les prises faites tant aux marcliands qu'aux gouvernemcns ennemis. La valeur des ^;aisseaux de ligne et celie des munilions est payee par I'a- miraute aux capteurs. De meme, dansl'Inde, les armees an- glaises, outre leur solde, reclament leur part desconquetes. Le gouvernement doit leur payer toute propriete publique on privee dont dies se sont emparees et dentil profile; et cette loi de la guerre qui se ressentd'une antique barbaric, metfant (i) An examination of the papers sent before Parliament , respecting the present war in India. — Examen des papiers presentes au Parle- ment sur la guerre actuelle de I'liide. — Vol, v, p. 358-373, n" 17, for May i8a5. 356 SCIENCES MORALES aux prises les valncus avec des capteurs acharn^s , entrave la liberalite dans I'une des dernieres affaires , les Francais ayaut fait cinq cents prisonniers, Rochambeau lescondamna tons a la peine demort, et que Dessalincs fit aussitot elever cinq cents gibets auxquels i-jG SCIENCES MORALES il attachn, sous les ycux dc notre arnioc, aiilant d'officieis et ec la tra- duction en prose des odes de ce poete.faite cgalement par Girodet ; public par son Heritier e.t par les soins de MM. BiiCQOEREL ct P.- J. Cor PIN (i). Les Amours des Dieux , recueil de compositions dessinees ';,«r Girodet, et Uthographiees par MM. Auhry-le- Comte, Chatillon, Couuis, Coupin de Lacouprie, Dassj, Dejuinne, Delonne, Lancrenon, Monanieuil et Pan- netier, ses erei>es; avec un texte expllcatif, redige par P. -/I. CoupiN (aV Malgre le mcrile des ouvrages publics par Girodet, dans le cours de sa brillante cairiere, cet habile peintre n'a ete pleinement connu qu'a sa met. Quand ni.e oxposilion puUi- que aappele les amis des arts dans ses ateliers; quand le se- cret de son habitation , trisle de I'absence de son mattre , a ete divulgue; quand on a vu I'immense quantite de travaux de tous genres, d'etudes, de croquls, de dessins termines, d'es- quisses arretees, de tableaux meme cntieremcnt pemls, dont rexecnlion avait rempli sa vie, c'est alors que la fecondite de son imagination s'est pleinement manifestee. L'amateur s'est vtonne d'une si prodii;icnse mnltiplicite de compositions, plus encore qn'il n'etait surpris et fache auparavnnt dn petit nom- (,) Paris, ,8a5.!8.t). 9 livralsons in-4". Cl.aillou-Potrelle , rue Saint-Honore, n° i4o. Prix, de chaque livraisoa, 12 fr (2) Paris, 1825-1826. 4 livraisons. Engelmann, rue Lonis-lc- GMnd, u° 27. Prix de chaque iivralson, 20 fr. BEAUX-ARTS. 387 brcde celles que cet homme de genie avail niises au jour. TJne foule de recits d'Hornere, de Virgile, d'Ovide, brillaient dans cette exposition sous des formes pittoresques, reproduils par uu crayon savant et anime. Quelques-uns de ces dessins, ap- partenant ;\ des suites plus on moins nombreuses, "ne pou- vaient paraitre que lorsque I'enseinble serait terir.ine ; d'autres devaient servir de type a des tableaux dont chaquejour de nouvelles pensees eloignaient I'execution; d'autres cnfin at- (endaient des perfectionuemens que le public n'eiit peut-etre point exiges, mais que I'impcrieuse passion de I'auteur pour le beau lui faisait croire m'ccssaires. Mieux eut vain 'sans doule creer des peintures rivales de XEiulymion. , de la Scene du Deliii^e , de V H/'/jpocrate , de {'Atala; mais , commande-t-on au genie PPU'ind'uu feu qu'il avait peine a moderer, Girodet eprouvait lui besoin irresistible de donner un corps aux ima- ges des historiens et des poeles qui I'avaient emu. Livree a ses inventions, sa verve n'a jias enrichi uos musees d'autant de grands ouvrages qu'ellc aurait pu le faire; mais une multitude de produclions ingenieuses, repandues dans tous les cabinets, attesteront aussi son talent et contribueront k peri)etuer sa gloire. Au nombre des ouvrages qui faisaient son occupation la plus cherie, se distinguait une suite de dessins qu'ii intitulait Lei- Amours des dieux, et nne collection representant les sujets que lui avaient offerts les Odes d' Jnacrt'on. Depuislcng-teras, plus d'une composition faisaut partie de ce dernier travail avail echappe au voile dont I'auteur, ioujours inquiet sur son propre merite, aimait a s'envelopper; quelques amis particu- liers avaient recu la confidence de son entreprise, et cet ou- vrage jouissail d'avance d'une reputation digne du nom de son auteur. C'est cette suite de dessins, graves piesque tous de son vivaut et sous ses yeux, par M. Clialillon, son eleve et son ami , qui est aujourd'liui offcrte au public. Elle se compose de ciiiquonte- quatre planches , formanl neuf livraisons. Ce travail offre ime particularite assez remarquable; c'est 388 BEA.UX-ARTS. que tout est de Girodet, la traduction of les figures. De- termine a representer tous les sujets d'Anacreon , Girodet, initio dans les langues anciennes, s'est plu a traduire lui- meine son original. S'il se fut dispense do ce travail , il eut scm- ble enrichir seulemcnt de figures I'ouvrage d'un autre litterateur, et dans cet emploi secondaire , il cut peut-etre senli se refioi- dir ses inspirations. Deux traductions devaient I'occuper en meme terns, celle du te\te, celle des images concues par Ic poete. C'est en se penetrant de la valeur des mots, qu'il pouvait le mieux juger de I'esprit des tableaux d'Anacreon, et en apprecier le merite. 11 a traduit le texte en prose , non qu'il ne connut I'art des vers, plus d'un ouvrage en donnera la preuvc ; mais par la raisoa apparemment que, voulant reudie avec fideiite son au- teiu- par ses compositions pittoresques, il devait d'abord en moutier le veritable sens, et ne pas s'exposer a I'alterer dans la recherche de la niesure et des rimes. Son style est elegant et harmonieux, peut-etre un pen trop riche d'epithetes. Une paraphrase, jugee apparemment necessaire, remplace quelque- fois la simpiicite de I'auteur grec. II est des occasions ou cette forme vient k propos pour deguiser un passage un pen trop libre , anquel notre langue se serait rcfusee : c'est ce qu'on voit dans I'ode xxix. Alors, on sait gre au traducteur et de SB reserve et de la finesse de son esprit. Ccs liberies , nous de- vons I'avouer, ne sont pas toujours heureuses , comme, par exemple, dans I'ode xvii , lorsque le poete dit seulement, Qu'ai-je a /aire de combats, et que le traducteur substitue a cette idee celle-ci, Je n'ai rien de commun avec les heros. Mais , nous nous garderons de relever de si legeres inadvertances ; car, serait-ce le lieu de faire la guerre aux mots , lorsqu'une foule d'iraages pleines de graces se presentent a nous de toutes parts? Les odes d'Anacreon, dessinees par Girodet, seront indu- bitablement comptees parmi les productions les plus propres a honorer son beau talent. Ce n'est point ici un livre orne de figures; ce sont plutot des figures mises a la place d'un livre. Il fallait, pour accomplir un travail de cette nature , s'identi- BEAUX-ARTS. 389 fier avec le poete dans chaciin de ses ouvrages ; partager ses sen timens pour les expiimer avec justesse ; !>e persuader qu'on c'tait, coinme lui, enviroune des Graces et des Amours, pour donner a ces rians objets leur vrai caracterc. Anacreontique par la pensee, il fallait encore se monlrer anacreontique par le style. Nul ouvrage ne pouvait exiger dans le dessin plus d'clevation, dans I'ajustenient de I'ensemble un gout plus epure. Anacreon, quoiqu'il en disc, fait resonner sa lyre dans tous les tons; il cliantc Cadmus et les Atrides, Orestc et Alc- meon, comine il chante I'eloge de la rose et I'Amour mouille; Bathylle brille dans ses vers a cote d'ApoUon et de Bacchus: c'est ce melange de grandeur et de naivete qui le rend si diffi- cile a traduire. Que sera-ee, s'il-s'agit de donner un corps a tant d'idees nobles, riantes, legeres, fugitives, exprimees souvenl par un seul mot. L'artiste a pleineraent satisfait a touies ces conditions. C'est Anacreon liii-meme qu'on voit deux fois, chantant ses j)laisirs dans ses odes, les eprouvant dans les tableaux du peintrc, et il est aussi voluptueiix dans la peinture que dans ses chants. Sa propre image est dignement ennoblie; peut-etre meme pa- raitrat-il en quclque sorte deifie; mais on sent que cet ideal devenait indispensable; car, Anacreon aux prises avec I'Amour, Aenus, Bacchus, s'il n'eiit etc presqu'un demi-dieu, auvait paru , par I'effet de ce rapprochement, ignoble et au-dcssous de lui-meme, I! semble que Girodet ait generalement pris pour type de rette 6gure principale la statue antique , appelec Bacchus indien. C'est a peu pres la meme tete , la meme barbe , et la meme drapeiie , quand la figure est drapee. Mais, cette imi- tation n'offre rien f[ue de libre et d'approprie a IVsprit de la scene. Tout se modifie avec le sujet. Rien nVst oublie, jusque dans les plus legers details, pour quechaque accessoire, d'une elegance achevee en lui-meme, se trouve en harmonic avec le caracterc des personnages. Essayer -de distinguer quelques-uns de ces ingejiieux ta- bleaux, c'est s'exj)oser a les decrire tous. Nous cilerons loule- Sgo BEAUX-ARTS. fois la troi.si(>ine ode, celie dc V Amour mouillc. < Vers le milieu de la nuit, dit li- poetc (tradiiclioii de Girodot }, lorsquc le char de Callisto toiiine incline sous la main du bouvier celeste ; a ccttc hcurc oil les inortels sc delasscnt, an sein d'un trauqulllo sommeil, des penibles fravaiix du joTir, Cupidon vint heur'ter a ma porte. Qui, m'ecriai-je, cbranlaut le seuil dc mon logis, vient ni'onlever an charmc de mes songes ? Ne crains rien, nic rcpoiid rAmour; ouvrc, je suis nn panvre enfant monillc par I'oragc , e^^are dans la niiit obscure. « A ces mots, emu de pitie, je rallnme ma lampe ; je vois en effet un enfant, mais ini enfant aile, armc d'un arc et d'un carquois. Je I'approclie aussitot de mon foyer; je rechauffe ses petites mains dans les iniennes; j'cxprime de sa blonde chevclure I'ean dont die etait trempee. Des que I'enfant se fut iin peu ressuye : voyons , dit-il, si la pluie n'aurait jioint detendu la corde de mon are. A I'iiislant memo, il !e tend, cet arc redoutable, il me perco le cceur d'un trait pluscuisant que le dard du taon cruel; et gambadant de joie : Felicite-moi, cher bote; mon arc est en bon etat, mais ton coeur est bien ma- lade. » Ce recit qui presentait trois situations, pouvait devenir le sujet de trois tableaux : c'est ce qui est arrive en offet. Dans le premier, Anacreon accueille le/>«H(re<7«/?z«<, qui paraitmedi- ter deja son nialicieux projet. Dans le scconrl, i! le rechauffe pres de son foyer, tandis que, se detournant, le dieu tend deja I'arc redoutable. Dans le troisieme, le WvAl a perce le coeur, I'en- fant s'envole, et se rit de son bote, qui, abattu sur sa couchc, d'un regard attendri et d'un doigt menacant, lui I'ej^roche sa perfidie. La ncuvieme ode [La Colomhe et le Passant) presentait aussi trois sujets, que le genie de I'artiste n'a pas manque de saisir. Dans la premiere composition, la colombe raeonic au passant ses aventures; dans la seconde et la troisieme, son recit est mis en action ; I'une represenle Venus donnant la co- lombe au poete ; I'autre la montre cile-meme se desalterant a la coupe qu' Anacreon tient dans sa main. Enlre ces trois com- BEAUX-ARTS. ig\ positions, la prcmiore, si nous ne nous abusons, offie uue yrace si n.iive, une siiiiplicitc si elegante, (pt'on la pouirait croire de Raphael, ou du Ponssin. Le Combat d'^nacreon avec V Amour ( ode xiv ) offre un exemple de ct^s inventions oil le genie d'un peintre sail remplaccr nn trait qui se refuse ;i la pcinture, par une image veritableinent pittoresque et aussi expressive. Cettc ode a fo'.irni le snjet de deux tableaux. Dans le premier, noiu'el Achille , 7-cvelu il'tinc cuirassc , la pique h la main, le hcros Anacroon s'avance fieremeiit contre V Amour j dans le second, le dieu devait se lancer lui-meme ct penetrerl'ame du rebelle; au lieu de cette idee que le pinceau no pouvait rendre, le gner- rier est abattu, et I'amour vainqueur, debout sur lui , lesbras croises, insulte a sa defaite. L' Amour plonge dans levin { ode lxiv ) , l' Amour caplifchcz les Muses et donne en garde a la Bcaule{ ode xxx ), forment des compositions riches, nobles, habileinent disposees, pleines d'esprit, de graces et de finesse. Mais I'arliste scmblc avoir voulu deployer tout son talent dans V Enlevement d' Europe ^ ( ode XXXV.) « Aimable enfant, dit Anacreon ( traduction de Girodet ) , je soupconno qu'un niysterc nouveau force Ju- piter de se cacher ici sous la forme de ce taureau majestueux. Le vois-tu, portant sur son large dos ime jeune Sidonienne, fendre d'un pied assure les Hots de la vaste racr?... » Pour donner a sa composition lout I'interet que pouvait yimprimer la manifestation d'un dieu, le peintre a embelli le taureau de la tete et de la poitrine de Jupiter. Un nuage derobe le sur- plus des parties anterieures du corps. Europe , rassuree par im effet de la presence du dieu su])reme, s'est assoupie, tandis que I'Amour veille assis ;i ses cotes. Au sein d'unc nuee entr'ouvcrte se voit le cliar du soleil parcourant sa carriere; au-devant du nuage, est pose I'aigle qui regarde son maitre; dans les hauteurs de roiympe se decouvre le trone demeure ■vide dn pere des dieux; et A droite enfin , au milieu des raers, s'eleve Neptune qui, une main sursa bouche, dit aux vents, taisez-vous. C'est ainsi que Girodet se penetrait des inspira- 3y2 BEAUX-ARTS. tions que liii cumiiiuniquait le poetc. Aiiacreon, dans celte ode, s'est montrc presquc le rival de Pindarc; fidele a le sui- vreet toujours digne de lui, I'artisle a represente Jupiter avec autant de succes, qu'il avail point, dans le tableau precedent, I'aniour captif enlre les genoux de la Bcaute. Aiix compositions qui roproduisent les odes d'Anacreon , Girodet en a joint unc cinquante-quatrieme, ou, pour exprimcr ladmiration que lui causait ce poete, il a represente son apo- theose. On peuse bien (jue ce sont Venus, Bacchus et 1' Amour, qui I'elevent vers le ciel apres I'avoir immortalise sur la terre. Cette composition est gracieuse et noble comme toutes les autres. En voyant do si brillantes inventions, on ne peut s'em- pecher de regretter que le peintre d'Endymion n'en ait pas transporte quelqu'uno sur la toile. Peut-etre est-ce sa mort prematuree qui Ten a empeche. II s'etait prescrit des tiavaux pour une pluslong-.ie vie. Ce qui le montre particulierement , c'est que huit ou dix des odes d'Anacreon n'etaient point en- core traduites, quand les arts I'ont perdu. Charge de surveiller rimprcssion du texto, un litterateur recommandable, M. P.-A. CoupiN a rempli cette lacune par des traductions qu'il aimonce modestement comme un mot a mot, et qui, par cela meme, renferment un grand merite, celui de la simplicite, qu'il a su reunir a une convenable elegance. A la tete du volume, M. Conpin a place un discours preli- minaire, ou apres avoir rappele I'eslime dont les productions d'Anacreon jouissaient dans I'antiquite, il releve avec autant de justesse que de gout le merite dos compositions de Girodet. On applaudira a ce mot heureux el vrai , lout est grec dans eel ouvrage. La collection de dessins inlitulee, Les Amours des dieux , n'etait accompagnee d'aucun texte. Le meme litterateur a en- core supplee a ce dcfaiil par des explications courtes,judi- cieuses et claires, ou il s'est priiicipalement attache a placer sous les ycuA des amateurs les lextes que Girodet parait avoir suivis dans ses compositions. Cot ouvrage differe de I'Ana- creon , cjuantaux graviiics, en ce que les planches de ce dcr- BEAUX-ARTS. 3y3 nier sont gravees a I'eau forte, au trait et Icgerement oni- brees, an lien que celles des Amours des dienxsont lithogra- phiees. Les auteurs de ces dernicres gravures sont tons, ainsi tjuele porta le litre, des eleves de Girodet. Cette reunion, dont la gloiro de leur maitro est !e but, et dont leur attache- ment pour sa meinoire a ete le mobile, leur assure une part honorable dans I'estime que doit obtenir I'ouvrage , et dans la reconnaissance des amis dc I'art. Genes par le defaut d'espace , nous ne saurions nous livrer a des descriptions detaiilees. Ce que nous avons dit des tableaux d'Anacreon s'applique generalement aux Amours des dieux. C'est le meme genie, la raeme main, qui ont produit I'un et I'aulre ouvrage. Les dessins d'Anacreon ne sont que des traits legerement ombres; ceux des Amours des dieux sontentiercment lermines, et souventavec ]un soin extreme. On a peine a cono- prendre comment un genie si actif a execute des dessins avec tant de delicatesse. La passion de son art devait le dominer bien puissamment, pour qu'il se soit assujeti a un travail si minutieux. Disons tout, cette obstinalion prenait sa source dans I'amour de Girodet pour la verite, principe de I'art, ve- ritable signe du talent, sentiment premier d'oii emane I'amour du beau. Cette collection doit se composer de seize gravures : \i\x\\. seulement ont paru jusqu'a ce jour; les sujets sont Thetis et Pelee , Pan et Syrinx, Jupiter et To, Borre et Orithye , etc. Nous disons Thetis et Pelee, pour nous conformer a I'opinion cniise dans le texte. SI au doute circonspect exprime a cet egard par I'auteur, nous osions joindre notrc propre doute , nous supposerions que les deux personnages sont Tethys et Ocean, les deux etres les plus anciens de I'univers, les grands parens de tons les dieux , suivant Honiere. C'est ce que nous paraissent manifester le grand age de I'epoux , et I'isolement des deux divinites au bord de la mer; mais celte observation est de pen d'importance. Deux ouvrages si precieux, auxquels doivont bientot se joindre un poeme sur la peinture , enrichi de figures de la 394 BEAUX- ARTS. main de laiireiii-, et tl'autres ttavaux qui n'ont point encore vii !e jour, formcraient seuls un beau titre de gloire pour ce maitre que la inort nous a si tot ravi. Ce n'ctaicnt la toutcfois que Ics distractions de sa vie laborieiise. Rappelons-nous tant de beaux tableaux, I'Endymion, la Scene du Deluge, et tousles autres. Quelle variete, quelle abondance d'idees, que de gra- ces, que de savoir, que de chaleur ! Elegant, noble, spirituel, digne des Grecs, lorsqn'il peint des sujclsgrecs, energique et vrai lorsqn'il represcnle des heros niodernes, toujours Ji la hauteur c!e scssujcts, Girodet semontre dans toules ses com- positions eminemment poete et peintre. Mais , en mome terns , si, en deplorant la perte de cet habile maitre, si, en rendant hommage au sublime talent des artistes cnleves a la France, coup sur coup, depuis pen d'annees, depuis peu de jours, nous considerons les chefs-d'oeuvre de ceux qui nous restent, combien notre ecole a droit de s'enorgueillir de celte noble lignee d'hommes de genie, qu'elle a enfantes dans un si court espace de terns ! Emeric-David, meinbrc de I'Institut. I III. BULLETIN iJIBLIOGRAPHIQUE. LITRES ETRANGERS(0. AMliRIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. I'^'i. — * Report of the commts.tioners of the state of Mas - sachussetts, etc. — Rajjpoitdcs coiiniussaircs de I'etat de Massa- chussets sur ia direction du canal cntre le port, de Boston et les rivieres de Connecticut et d'Hudion. Boston, 182G. In - 8° de 1 85 pages, avecun ^Ippendix de (ia pages, et une Carte. Chaqne travail que les Etats-Unis font er.ecuter pour I'ac- croissenicnt de lenr j)rosperiie, nous procure de nouvelies connaissances sur lenr territoire, d'iaiportantes donnees sla- tistiques , et de bons niemoires d'econoniie publique. Le projet de canal de jonctinn entre le port de Doston e!. la riviere d'llud- son, pour conimuniqui'r avec le canal des grands lacs, est une nouvello occasion de passer en revue les motifs qui font enlreprendre ces grandes routes coniiuerciales.ces monumens dignes d'une nation jiidicieuse, et qui ne prodigue pas ses ressources pour ne saiisfaire Cjue sa vanlte. On voit , dans ce rapport, que ce sunt les besoins d'une population active et Vapidement croissante , et la certitude d'y pourvoir abondam- meiit, a I'aidede nouvcnux debouches et de moyens de trans- port plus facdes ; eu an uiot , de hautes considerations de bien public qui dirigent le gouverneraent , et que ses intentions et sesvues sont parfaiteiuent secondees par ceux qu'il charge de rexeculion des projcts. Le canal aura son emboucliure dans la riviere d'Hudson, a Waterford, et les bateaux destines pour la navigation du canal Erie iront le joindre en parcourant ijuelqiies mil:":; sur le canal du lac Chaiuplain. La distance developjiee de AVater- (l) Nous iudiqiions {)ar uu asterisquc (*), p'.ice a c6fe du litre dc cL.iqijc ouvrage, ceux deslivrcs etrangers ou francais qiii paraitrout dignes d'uue atten- tiou particuIicTC , ct nous eu roudrons quelquet'ois csiinpte dans la section des Analyses. 3.)6 LIVRES KTRANGERS. ford k Boston est de 78 inilles, environ ^7 lieiies de poste. La di-jtenscest evaluee a 1 5, 000,000 de fr. Les difficidtes d'execu- tlon seront assez considerables; car il faiidra plus d'unc fois creuser le canal dans des rochcs tres-diires. L'inr Ics effets saiulaiies de la douleur, dans certains cas. Bans Ics analyses d'ouvrages, Ics redacteurs ne se bornent pas a rassembler des litres analosjues, a reunir dans Ic iiieme article plusieurs ecrils sur le mcme sujet, sans les comparer entre eux, et sans que Ics lecleuis puissenl reconnaitre ce qui appartienf a chaque ecrivain, leproclie que i'on jieut faire de terns en tenis aux Revues antjlaises : ils ne rapprochent que ce qu'ils veulenr comparer , dans I'interet de la science ou de I'e- quitt' , Inrsqu'il s'agit d'a^signer aux savans qtii ont traite le meme sujet la part qui appai tionl a cliacun dans les observa- tions , les experiences , les dt-couveries. C'estainsi que I'impor- •ant ouvrage de M. Serrks sur ]'aTiatomie coinparcc du cer- veau dans les qunire classes des niiiinaux vertebrcs , et Vexpo- silion du systcme nalurel des nerfs du corps hurnain par M. Bei.l, sont reunis dans un inenie article, discutes dans le meme esprit, ct que le redacleur qui n'a pii terminer dans cet article I'analyse nonji(|ues, ainsi que de loul autre inipiiine. Sans une coniialssancc exacte des lieus et des pewplos, on ue peut reconnaitre quels soni les besoins l«spluspressans, ni comment n; (Janscecas, la redaction d'un journal serailunc occupation lellemont importanle fjuc Ton serait tenle del'erigfr en foiiclion publique. Le journal de M. Leblondrcpond i! acelteliauic desti- nation ? II f'aul I'avouer, nous ne iepensons point. Nous ne coa- naissonseilcore que les deux nnmeros de Janvier, et ce n'est pas assez pour apprccier avec cxaclilude une |frodnclion qui , faible a son origine, pent se foriifier, s'anieliorer rapidement et ob- lenir des succes , c'esl-a-dire , devenir Ires- utile et raeriter de& encouragensens. S'il etait permis de juger d'apresces deux premiers numeros , on dirait que le redacteiir n'a pas des no- tions assez elendues sur le sujel qu'il veul trailer , qu'il ecril au liasard, sans but et sans plan , tandis que toute instruction exige une metLode, la connaissance du but et de la direction ik suivre. II lui manciuerait de savoir choisir ses materiaux , et ineme de savoir les mellre en ceuvre ; en im mot, on regr^t- terait qu'il soil enire dans une carriere oil il ne peut aller bien loiu s'il n'assure pas mieux sa niarche. Nous n'enirerons dans aucun delail sur ce que conticnnent ces deux Humeros ;. ce que nous pourrions en extraire ne serait utde a personne , et ne satisferait pasmeme la curiosild. Ces! avec une intinie conviction que nous en appelons aux amis des Hailiens : qu'ils cxaminenf alientivcuitnt les productions, telles f|ue celles-ei , si les numeros suivans ne sont point incomparablenient mei!- leurs que les deux premiers, et qu'ils se deinatident si elles pcuvenl operer aucun bicn. La foilune d'Haiti est dans le sol : il faut Ten tirer par un travaU opiniatre et bicn dirige. S'il ne suffisait pas de dirlger les cultures suivant les preceptes d'un art perfeclionne, si I'on sentait le besoin dune impulsion mo- rale, ce serait alors qu'il faudrait s'elever au-dessus de la me- diocrity, ou ne point se nieler d'ecrire. 11 est vrai que Ton troupe ])eu d'hommes en etat de composer des ouvrages lels (;ue la Science du bonhomme Richard ; maisii n'est pas neces- HAITI. — EUROPE. — GRANDE-BRETAGNE. 4o3 s.iire de se placer a cote dc Franklin pourononcer convena- blement des voiitcs utiles , pour se faire ecoulcr et pour at- teindre le but moral que ron avail en viie. Les deux premiers nunieros de ]'\^g7-icu/teur Haitien armoncenl le desir d'operer ce grand ct desirable effet ; mais le rcdacteur s'y montre jus- qu'ici .lu dessous d'une telle entreprise, et fort inallieureux dans ses efforts d'imagination , lorsqu'll essaie d'amener par uiie voie delournee les verites qu'il veut faire entendre. Le seul article d'agriculture que Ton trouve dansces detix niim^ros est un extrait du Journal hebdomadaire ( Voy. Rev, Enc. , t. XXIX, p. 2f)4 ) qui parait voiiloir essayer si la fortune iui sera moins coniraire dans le Nouveau-Monde qu'elle iie I'a ^'te dans celiii-ci. Ce n'est pas en pnisant a de jiareilles sources que M. Leblond rasseinblera les materiaux d'un journal pas- sableinent bon. Je ne terminerai point cet article, sans expri- mer le viieu que des amis eclaires d'Haiii s'occupent des moyens d'y repandre le plus prompteraent possible les bonnes me- thodes de culture; que les projets d'ameliorations agricoles soient concus avec grandeur et par une longue prevoyance ; que le desir d'obtenir des aujourd'hui rjuelque bicn momen- lane ne laisse pas tarir les sources d'une fertilite genei-ale, iinmense , inepuisable ; c]ue Ton inette a profit le terns ou il est encore possible de disposer le sol pour le plus grand interet du pays, en meme terns que pour I'avantage des proprletaires. Dans I'ctat acluel de Tile , de sages et prevoyantes dispositions relatives aux eaux couranles conserveraient les ressources fu- tures de la navigation interieure et des irrigations; les cultures pourraienl etre proparees et disposees sur les cotes de maniere a n'n voir a craindre aucunc atlaque par nier, etc. Ces pensees de la prudence sent, pour lesetats, ce que sont les soins d'un me- decin Labile pour la conservation de la sante ; elles font sans eclat un tres-grand biea ; mais re n'cst qii'a la raison eta la vert u qu'il est reserve de les apprccler autant qu'elles le rae- rilctit. Y. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 140. — * Flora conspicua : A seleclien of the most ornamental fldwerihg, hardy, exotic and indigenutis trees, etc. — Choix des arbres, des arbrisseaux et des planles exoliques et indigenes les plus propres a servir d'ornemens dans les parterres tt les jafdins : coiitenant leur nom geiierique et specilique, I'indiea- tion des classes et des ordres auxquels i!s appartieniien? da- 4o4 LivREs Strangers. pres Linuoe, des remarqiies sur la maniore de les cultiver, etc.} pnr Richard Monv^js; avec des gravures dessinees d'apres na- ture, par fp^illiam Clark, i^-vii" livraisons. Londrcs, iSaS- 1826. Whittaker. Prix de chaquelivraison, compos^e de quatre planches et d'uii texte : 3 sli. G d. On ne siiurait trop louer la l)elle execution de cet ouvrage. Comme ce n'cst pas positivemcnt un traile do botanique qu'a entrepris I'auteur, on ne doit pas s'atiendre a y trouver des details anatomiques de flenrs ou de fruits , qui interessent ge- iieralement trcs-jieu les amateurs, et qui augmenlent toiijours le prix des figures, en les surchargeant d'uu travail dont le savant de profession peut seul apprecier le merite. Destinee a faire connaitre seulement I'asjject des vcgetaux dont nos jardiiis peuvent s'embellir, la Flore que nous annoncons doit etre conslderee comme un modele en ce genre , soit par la fide- life de la ressemblance des contours, soit par I'eclat et la ve- rltd du coloris. C'cst le magnifique recaeil de Curtis qu'oa senible s'etre ici propose pour inodele, mais en en restrei- gnani leplaii, dc sorte que les acquereurs peuvent esperer qu'ils verront la fin du livre; car le nombre d'e vcgetaux ap- peles a orner nos jardins n'cst pas tellement considerable, quoiqiie tres-varie, qu'on ne puisse entrevoir le tcrme ou laulcur se doit arreler. L'Aiigleterre est de tous les pays celui ou Ton public le plus de recueils du meme genre. On y fait des flores indigenes, des floi'es exotiques, des cabinets, des magasins periodiques, en general fort soigncs, mais fort cliers. Nous n'avons guore en France que VHerbier de I'amateur, public par le libraire Au- dot, qui ])uisse donner une idee exacte de ce genre d'ou- vrages, qui scrvcnt beaucoup jilus qu'on ne I'imagine a r^- pandrelegoutde labotanique, et quin'ont guere d'antredefaut queden'etre pasaJaporteed'unassez grand nombre de bourses. Mais, qu'unseul de ces ouvrages, dont la perlodicile facilite I'acquisition, soit dans les mains de quelques riches amateurs, cela suffit pour que beaucoup de personnes, pouvant les con- suiter, sc fassent une idee infiniment plus juste d'apres les figures qu'on y trouve, des objets representcs, qu'on ne pour- rait y parvenir en comparant de simples descriptions scienti- fiquemeut faites. Le nombre des vegetaux s'est tellement accru, les difft5rences dont on se contente pour etablir des especes deviennent si fugitives, qu'il est presque impossible aujourd'hui d'acqucrir une certitude en botanique sans le secours de bonnes planches ou Ton ne se borne pas a des details d'analyse, mais ou le port soit bicii saisi. Nous recora- GRANDE-BRETAGNE. 4o5 raandons consequemment aux personnes qtii veulent recon- iiaili'e les vcgetaux doiit ils enibellissent leurs plates -bandes on leurs bosquets, et qiiiapreslcs avoir reconnusvoudraient en- core savoir de leur histoire, ce qu'il suffit d'en connaitre lors- qu'on n'cst pas botanlsle de profession, le recueil que nous \e- iions d'annoncer, et qui jusqu'ici conlient, representes au natu- re!,avec beaucoupd'elegance, Ics vcgctaux suivans: i" I'eclatant ])oirier du Japon, 2° la gentiane sans tigc, dont les grandes fleurs d'un bleu de lapis ne permettent pas a rimmble feiiillage de Tes- ter obscurernent confondu entre la chetive vegetation quU'envi- ronne dans son site natal; 3° le so.nguinaria canadensis , dont les fleurs pales ont disparu quand se developpe son niagni- lique feuillage; /»" I'orobe priiilanicr, si presse dans nos taillis a parer !e prinlems de ses coroUes ])iirpurlnes; 5° le triste polygala chamcabiixus , dont tout le merite, dans nos bosquets ou rhomme lui donne asiie , est de conserver sa feuille co- riace en biver; 6° I'anenione pulsatile, dont la severe elegance avail depuis long-tems frapp/- les fleurislesquila conlraignirent a produire des varietcs doubles et rivalisant avec celles qu'on a obtenues de plusieurs de ses congchures; 7" le ponijieux rhododendron arboreuin , originaire de I'Inde; 8° la gracieuse pulmonaire de Daourie qui, malgre le genre atiquel elle ap- parlient, n'a pas ses feuilles tachetees cnmme nos ])ulinonaii'es indigenes; 9° le magnolier glauque toujours vert; 10° rancliuse paniculee , venue de Madere, et qui nous parait re pas beaucoup differer de Yitalica; 11° la ])ivoine officinale d'un rare eclat; 12** le genet triquetre, arbuste de nos provinces meridionales, recemment introduit dans la Grande-Bretagne; i3° le rooutan , I'une des plus grandes fleurs connues , pivoine chinoise, dont on regarda long-lems Ij. icpresenlation sur des porcelaines asiatiqucs comme de simples fantaisies; 14° notre lin de Nar bonne qui, pour n'etre pas exotique, n'en est pas moins une des pbis jolies planles dont on puisse diaprer nos parterres; 1 5° le glayeul cardinal , dont le nom seul indique la couleur de sang; 16" \e phlox carnea , d'line leinte si suave et comparable au.leger incarnat d'une beaute qui rougit; 17° Veizalca pontica aux fleurs d'or reunies en bouquet legerement icsineux ; 18° le c/je/o«e ^'fl/Z)a^a , non moins remarquable par son port elance et par le joli rouge de ses corolles en masque , que par I'espece de moustache qui en garnit la Icvre inferieure ; 19° le lupin de Nootka , aux gros verticilles pourpres ; 20" le tigridia oxype- ?fl/a , brillante dans cette faniilie des Iridees, oii I'on ne trouve guere d'especes qui nesoient deja fort elegantes, fleur siiperbe it qui des taches semblables a celles dont est diapree la robe dc. 4«S LIVRES ETRANGERS. aairaaux feirooes, m^rita son uora generique; 21° le Bi^no- nia radicans, t\ qui la forme ct la consistance de ses longues coiolles d'lin rouge parliculier, fit donner dans certains cantoris nicridionaux de la France ou il s'est jiresque naturalise, lenoin de trornpette de cttir; 22" I'aconit \ariequi, dans la disuibu- tion des nuances douteusement repandues sur ses Heurs en forme de casque, trahit ses qualites susjjectes ; 23° la cliai mante daphne tymelee, cg;ileineiit propre a charmer les regards eta flatter I'odorat; 2/1" le liliurn concolor, cju'il est comnie cori- veiui de trouver une belle plante; ainsi que ses congeneres , encore que loutes soient sans grace, et plusmassives que verita- Llement inajestueiises-, 25° Ic syinphoria racemosa , ties-joli ai'buste dont lis baies resserablent a de petites biiles d'ivoire; 26° le spigelia mnrdandia , non moins rccommandable par sa beaute fjue par se:> proprieles vermifuges bien constatees au- jourd'hui; 27° Vheliantus atroriibens , dnnt les grandes fleurs jaunes ressemblcnt a celles du topinambour ; 28" cnfin \efuma- ria eximia, qui est un corydalis aussi gracieux par la division de son feuillage que par la forme pleureuse de ses bouquets de fleurs d'un rose vif. B. de S' V. i/|i. — The Science of horticulture : comprising a pratical System, etc. — La Science du jardinage, et Systeme pratique pour la culture et la taille, avec des exemples des diverses sortes de tailles,et de jjIus, des recherches sur I'applicalion des principes de physiologic vegetale de MM. Kirwan , Hum- phrey Davi, etc. Seconde edition, a laquelle on a ajoute un essai sur la culture du pin-pignon, une description des nou- veaux moyens de chauffer par la vapeur, etc., etc.; par Jo- seph Hayward. Londrcs, 1824. In-8° de 274 pages, et i3 planches. , Cet ouvrage est dedic a la Societe d^ horticulture etablie a Londres. Remarquons, en passant, r]ue ce mot nouveau, tres- inulile, et qui n'est pas d'une structure qui le preserve d'etre allere,Iorsqu'il passera danslalangue populaire, ne dit ni jjIus ni moins que le mot Jardinage dnnt on cut pii se contenter. Les ccrivains qui essaient de lui donner unsynonyme, gros- sissent le dictionnaire sans enrichir la langue. Ijoscultivateurs francais peuvent tirer ()uelque utilite des preceples de M. Hay- ward, et surtout les jardiniers de la capitale et des grandes rilles du nord. A mesure que nos habitations seront mieux construitcs, mieux eclairces et plus aerees, les plantes de tojite espece se multiplieront sur les fenetres et dans les apparte- mens ; on pourra tenter la culture du p^cher dans des pots comme en Angleterre, et des arbres charges de fruits pour- GRANDE-BRETAGNE. 407 ront ia'ire rornement des tables. Toiitefois, nos jjirdinieij terotit pcu disposes a doniter aux arbres qu'ils culliveiit Ics formes contotirnees que le culiivateur nnglais regard* comme les jilus propres a procurer une grande abondance de fruits. La culture du pin-pignon en Angleterre ne peut avoir d'au're inerife que celul de la difficultc viiincue , et d'autre utilite , que d'introduire dans les jardins jwysagistes une forme qui rap- pelle des icgions plus meridionales, Les notions iheoriques occupent trop de plate dans cet ou- vrage, . in- 8" dex et 720 images; pris i ). 4 sli. La premiere edition de cet ouvragea ete publiee a Londres, en i8oi, en deux volumes; elle contenait, outre la m^decine du cbevaJ, du boauf et de la brcbis , celle du chien. Cet ouvragte' Cut tiaduiten fVancais, et pabli('' a Paris, sans nom de iraduc- teur, en i&o'3 , sous le titre de Notions fondarnentules de I'art veteritiaire. Nous ne connaissons pns la seconde edition an - glaise; la froisieme qae nous annoucons, ne contient point la medceine du cliien, parce que M. Blaine a juge convenable d'cn faire un ouvrage special, qu'il a public a part, en iSaS. L'auteiir a enrichi cetle nouvelle edition des decouvertes les plus receiites ; elles lui ont fait modilier un pen ce qn'il avail dit sur i'inOammalion et sur Ie» fie v res , dans la premiere. L'addilioT) la plus importante est relative a la Net'rotomie , on a roperati>t)B d'oidever les nerf> qui-se rendfnt au pied , pour empecher des boiteries anciennes provenant de quelques des- organisations slalionaaires, L'auteui' dit que Ton est enfin 4o8 LIVRES i;TR ANGERS. parvenu a savoir a quoi s'en tenir sur celte op(5ration , et iE gherche a bieii indiriuer les cas oil elle pent elre avantuj^euse. Du resle, il a conserved la menu; classification des maladies et lemonie ordre dansleurs descriptions. H. Il^'^. — * Brilisli and Jrisli produce and inanvfaclurcs exf,or- tedfroin Great-Britain. — Industrie britanniqiie. — Etat annuel, Ctdivisti en annoes de guerre et de paix , des produils du sol et rindiistrie de I'Anylelerre , de TEiosse et de I'lrlande, qui sent sortis des ports de la Giande-Brelagne , pour etre expor- tes a destination de chacnn des royaumes, titats et colonies des quatrc pailies du moiide , depuis 1698 jiisqu'en 1824; |)ar C<=Vrt/"MoKEAU, -vice-consnl IVanoais a Londres. Londres, 1826; Treutlei et Wiirlz,n°3oS oho square; Pa riset Strasbourg, memc inaison. 12 p. de texte et de tableaux iitliographies ; prix 5 Ir. Nous avons dejii aunonce avec eloge {yoy.RtH'. Eiic, t. xxix, p. 742) les tableaux statistiqucs publics pyr M. Moreau sur le commerce dela Grande-Bretagne, surcehjidela Compagnie des Indes,sur rorigine et les progres Je ceiui des soieries en An- glelerre. Nous louerons encore ici la diligence el le soinde I'au- teur , a recueillir une si grande masse de documens ; niais nous regretterons toujours qu'il les public par la voie de la lithogra- phic qui rend tres-diHicile de les lire et de les consulter. Les negocians pourront puiser, dans les tableaux que nous annoncons aujourd'hui, des notions sur les besoius desdiffe- rens pays avec lesquels la Grande-Bretagne est en relation. Quanta la valeur de ses exporlations , nous avouerons que nous conservons la conviction cjuc les tableaux officiels des cx- portations, ne meritent aucune confiance. lis annoncent , en general, une valeur superieure aux importations; resultat ridi- cule ; car il n'est aucun pays qui n'iniporte une valeur supe- rieure a ses exportalions, par une raison bien simple, qui est que les negocians ne continuent pas le commerce pour f'aire des pertes, ct qu'ils perdraient, si la valeur des retours de- meurait toujours inf'erieure a la valeur des envois. C'est ce qu'on trouvecompletementdemontredans le traite i'Economie politique de M. J.-B. Say. X. 144. — Mission to the east coast of Sumatra , etc. — Voyage a la cote est de Sumatra pendant Tannee iHaS , contenant la description et I'liistoire de ce pays, I'ctat desa population et de sou commerce , et le tableau des niiieurs et des coutumes de ses habitans ; suivi d'une excursion dans les etats cannibales de I'interieur des terres ; par John ANnKRSON, esq'. Edim- Jiourg, 1826; Blackwood, i vol. in- 8° de l[-x!\\>.\^n\\ 16 sh. Cet oixvrage, donl le style est partout d'uiie egale seche-i GRANDE-BRETAGNE. 409 resse, iiialgre la diversite des malier^s , n'off're I'lnstniclion qu'au prix d'une lecture fatigante. L'aiiteur I'a divise en deux ])ailies : la premiere contient I'historifpjc du voyage dc M.An- derson ; la seconde , des observations sur le cliinat , la popula- tion, le commerce de Sumatra et sur les moLMirs et la maniere de vivre de ses habitans. Avant (]ue M. Muller, en 177H, etM.Marsden, en 1783, eussent public leurs observations sur Sumatra, cetie j!e elait j)resque inconnue du continent euroj)een. L'ecrit de M. Miil- ler appela sur ellc I'attention de M. Marsden , et le tableau brillant qu'cn traca ce dernier, donna lieu anx noniLreuses expeditions dirigees par le gouvernement des Itules vers ce pays, notau)ment a relle de M. Aaderson ; celle-ci, mieux conduile que les precedentes, procura aux Anglais le mono- pole du commerce de Sumatia , et au monde savant une con- naissance'plus exacte des differens peuplescjui habitent cette con tree. L'ile de Sumatra est siluce dans la mcr des Indes, a I'ouest de la presqu'ile de Malaca, a Test de l'ile de Borni'o, au sud de celle de Java, dont elle n'est separee que par le dctroitde la Sonde. Elle est divisee par I'equateur en deux parties egales. Elle a neuf cents milles de longueur, et cent a cent cinriuanle niilles de largeur. Le climat est doux ; le sol extranrdinaire- ment fertile, et la situation favorable au commerce, que cette ile fait presque exclusivement avec I'Angleterre dont elle recoit, en echangede ses epices, de ses fruits, etc., des marchandises d'Europe , telles que toiles , cjuteaux , etc. Les premiers liabitaiis de ceite terre vinrent sans doute des coles de Malabar, de Coromandel et des differentes iles de I'Archipel d'Asie, et s'emparerent successivenieut des prin- cipaux points de Tile , oii ils elablirenl leur residence. Du moins, I'etat actuel des clioses rend vraisemblable cette sup- position. Suivant M. Anderson, le pays est j)ai lage en nefiles peuplades independantes, jiailant des idiomes differens, gou- vernees par des cliefs ])articuliers noniiries Rcjahs , qui sont tous anthropopliages, ainsi que leurs sujets. Parmi ces rhefs , M. Anderson cite comme le plus puissant le sultan d'Achem , et comme le plus hideusement barbare le roi de Tanali-.Tavya , qui se faitservir, assure I'auteur, comme un niets de clioix , les membres pal[)ilans des criminels qu'on vient d'execnter. Une ])etite partie de la population de Sumatra suit le rite mahoroetan ; la masse ne professe aucune religion. Les j)eu- plades qui liabilent les cctes sont moins anthropopliages que felles qui vivent dans I'interieur des terres; mais les unes cties Alo LIVKES KTRANGERS. uuires se tiouniiseiit de chair (l\'lcpliiiiis , de tigics , de rats, de serpens, de crocodiles et d'autrcs ;niiiiiau\ imnioudes dunt sojt infestcs Ics forOts et Ics fleiives de ce pays. Les habitans de Sumaira sont frgneillenx, Irailres el saiij^uiiiaires. Lenr pa- rcsse et lour igiuiraiice laisscnt sans exploitalion uii sol fertile et de riches mines d'or et d'argcnt. I^a deplorable condition de ces Ivordcs ])eut fournir encore aux amis des luraieres unc cloqiiente reponsc centre les deiraeleiirs de la civilisation. V. D. 145. — * Ensayn sohre las tihcrtadcs de la iglesia Espanola en amhos rnitndos , etc. — Essai siir les liberies de I'eglise es- pa^nolc dans les denx niondes. Londres, i8i6. Salva, ia4 Regent street, i vol. in-8" de 2^5 pages. L'auteiir anonyme de cet essai appnie la plupart de ses ar- gnmens siir le Icmoignage irrccusabledo I'histoire d'Espagne, aussi favorable a la iiboite religlense, que contraire'aux usur- paiions de la conr de Rome. L'etendue de ses connaissances sur la matiere (pi'il traile, el rim|)artialite de ses jngeiuens doivent rcudre son ouvrage Ires-utile non - seulement aux bommes qui se livrent a I'tiude du droit canon, mais parliou- lierement aux Ami'ricains, donl les inlerets y sont discules avec bcau( oup de sagesse. Gien qu'affranchies de la domina- tiim de I'Espagne, les rcpnbliqnes Irans-atlanllipies ne sau- raicnt meconnaitre qii'elles sont encore sonraises aux meracs entraves, en maliore de religion, que leur anctenne*metro- {)ole; il leur importe done de connaitre les moyens qu'il eon- vient d'opposer aux erapielemeus des ullramontains , et de se preserver ainsi des mallieurs queie fanalisme el les fausses doc- trines religieuses out accumules sur I'Espagne. La conduite equi- voque de la cour de Rome envers les jeunes etats americains ; I'aversion qu'elte parait professer pour cerlains principes du droit des gens, et sa tendance Irop favorable au despolisme , avert issent ces gonverncmeiis de se tenir en garde contre un clergo ambitieus , et de defendreavec fermetoles liberies de letir cglise. Le congres de la republique Mcxicaine a bien senli la necesslle d'eclairerl'opiiuon publique sur cc grave sujet (voy. ci-des.iuiy page 399 ) : ayant sans don'e apercu , dans la lettre encyciique dernieremcnt adressee par le Pape aux evequps Americains, les projets ulterieurs de la cour de Rome, ila reclame Ic secours des lumieres conlre les manceuvros de Ta^i' torite sj)irituelle, egaree par des interels temporels mal enten- dus, et il a invite les vrais catholiques a discuter et a fixer, par le moyen de la presse, IfS limited diipoin'oir du Pontife ro- mairi. L'auteur de ['Essai repond a eel appcl; et il a merilo. GRANDE- BUETAGNE. 4 1 1 par la promptitude avec laquelle il s'est chargd d'un travail si honorable, ainsi que par I'erudition et !e talent dont il a fait preiive en I'executant , I'eslime de tous ceux qui s'ititeressent au triompbe de la vcrile sur I'erreur, et de la raison sur le fanatisme. Don Pablo M. 146. — M. Daniel O'Cownel «« Irish, etc. — M. Daniel O'Connel, conseiller irlandais, dcnonce conime iniposieur au tribunal de ropiolon publique; par le D'' Joachim - Laurent ViLLANUEVA. Londres, i8'i6. Ia-8° de 3i pages. Faire du bien est un devoir pour tons les hommes. Fairedu bruit est la prttenlioii des intiigans et des vaniteux. Serait-ce la le but de ce M. O'Connel qui, dans ses harangues sur I'eraan- tipalion iilandaise, a fait des digressions bizarres sur I'Eglise de Holiande ? M. O'Connel nous rappelle vn predicateur dont parle, je crois, Erasme, dans son Traite de lafolie', qui, a I'occasion de la Trinite, dissertail sur la quadrature du cercle. M. 0'(>onnel, dont le noiu deviendra peut - t-tre fameux , mais uon telebre, a inscre, dans la gazette de Dublin, une dia- tribe virulente contre les dernieres cortes d'Espagne, el no- Hiinativoment conlre un membre tres-distinguc de celte as- seinblee. II reproche aux cortes d'avoir ])ris des mesures attentatoiies a la religion et d'avoir nomnie pour plenipoten- tiaire a Rome un jirelre rft'crie, M. Villanueva. Celui-cira somme dans les journaiix de prodtiire les prcuves de ses as- sertions, ou de les desavouer , sous peine d'etre repute un infaiue calomnialeur. Le silence deM. O'Connel prouvequ'il accepte cette qualifi- cation. Mais I\l. Villanueva ne s'en tient pas la. En justifiant les operations des cortes, il met dans un nouveau jour una foule de verites utiles a la religion et a la libertc. Quant a la nomination de M. Villanueva pour repr^senter prcs du saiiit-iiege le gouvernement espagnol , M. O'Connel fburnit une preuve nouvelic de sa profonde ignorance, piiis- que c'est le gouvernement et non les cortes qui nommaient aux places. Ce reproche, si e'en clait un, s'adresserait a Ferdi- nand VII. L'eitime publique avail y)rovoqne ce clioix d'un honinie connu comnie ecclesiastique edifiani , (hcologicn pro- fonil , ecrivain savant, publiclste instruit. M. Villanueva, qui nujonrd'bui partage avec beaiicoup d'aulres vertucux Espa- gnols, les douleurs el les lionneurs de la ])ersecution , peut dedaigner les laches impostures d'un M. O'Connel qui n'est icique I'echo du despolisme ultramontain. G. \l{'].-rr- * Golden rules of social philosophy , etc.-^ Regies d'or de la philosophic sociale , ou nouveau systeme de morale 4 12 LIVRES liTRANGERS. pratique; par sir/?/cArtr(^^PHiLipps. Londres, i8a6; Whiltaker. 1 vol. in-S" de 876 paj^cs ; prix 10 shellings, 6 pence. Get ouvragc, que I'autciir adresse a Idutes les classes de la spcicte , pourra trouver, dans ([uel(]ues-unes, dcs lecteurspeu bienveillans ; les ininislrcs, ])ar exomple, les iei^islateiirs, les jonrnnlistes nc seront f^nere dociles aux lecons que M. Plii- ]i[)ps Icur donne avec une austere fraiicliise. Mais , les she- riffs, les jures, les instituteurs, les cominercans , les sini])les ouvriers lui fornieront un auditoire niicux dispose a profiter de ses directions morales, lis jmiseront dans son livre la con- naissance de leurs ikvoirs, ainsi que des eonseils precieux STir leur conduite journaliere, et ils ne liront pas sans fruit les cliapitres, sur I'art de rendre les honimes lieureux, snr la li- berie civile, sur la reclierclie de la verite, sur recononiie poli- tique , etc. , dans les(Hiels on trouve des niaxiines semblables a celles-ci : « Un peuple consciencieux, religieiix et moral ne doit jamais oublier que les jnierres ne sont justes que lors- qu'elles sont necessaires , et necessaires que lorsqu'on les fait pour combattre des agresseurs ou des ojipresseurs. « Co livre, que nous aiuions a signaler comnie utile, est dedie a Bolivar : '< J'ai eu la satisfaction, dit sir Richard Philipps , d'etre conuTi personnellement de Tillustre Miranda, et sa fin Iragifpie me laissait sans esperance, lorsque, tres-henreusement pour I'Ame- rique du sud et pour la gloire de la nature huinaine, s'eleva Bolivar, quijusqu'ici a montre au rnonde etonne I'heureuse reunion du zele actif de Miranda, des vertus pnbliques de Washington et du geuie militaire de Napoleon. » F. D. 148. — Obsen'tidons on the state , etc. — Observations sur la traite des esclaves a I'ile Maurice, pendant les annees 1822- 1824- londres, 1826. 1/19. — Acerea del derccho , etc. — Du droit de proteger les esclaves (pai cherchent un asile dans un pays ou ils jouis- sent de la liberie. Londres, 182C. In-S" de i5 pages. La Sock'te elablie en Anglererre pour raboUtion. dc I'escla- vage exerce une surveillance active sur tout ce qui, dans les deux mondes, se rapporte au but de ses travanx. Elle public sans relache, non-seulement en anglais , niais en francais, en portugais et en espagnol, etc., des ecrits sur cet objel. On lui doit, entre autres, les deux brochures dont nous venons de transcrire les titres. Les obseivations sur la trnlte ii I'tle Maurice, revoquent en doute les assertions des plauleurs de cette colonic qui nient la continuation de cet infame trafic. Les delils de ee genre etant tiaduils a des tribuuaux composes de juges et de jurcs cjiii sont CRANDE-BRETAGNE. 4i3 eux-in<5mes ])lanleiirs, on concoit qne I'impiinite est souvent assurce aux coupables. On sail d'ailleurs qne dc uouveaux es- claves y onl ete introduits ]jur les iles SeycliellesJ Dans la province americaine de llondnras, les Anglais ont retablisseinent de Belise , d'ou une ccntaine d'esclaves africains s'ecbaj)peient, en 182/4, e' se rcfiigierent sur le tcrritoire de la republique de Guatemala. Ces fugitifs ayant t'te reclamiPs ]>ar leurs pretendns proprielaires, I'affaire fut portce aux Cortes. La Chambre des deputes eut la faiblesse ( nous adoucissons I'expression ) d'opiner qu'il fallail les rendre; mais Ic senat declara qu'en inetlant le pied snr le sol republicain , ils etaient libres. Honneur au senat de Guatemala! L'opusL'ule espagnol, dont on a hi le titre , a pour objet d'etablir la justice de cetle decision, discutee d'apres les fails et les principes. G. i5o. — * An inquiry into the nature and effects of flog- ging, etc. — Recherches sur la puiiition du fouet infligee aux matelots ; sur la maniere dont ce chalirnent est exerce en mer, et sur la pretendue necessile d'accoider aux cliefs des balimens de guerre et des navires raarchands le droit de punir ainsi les hommes de leurs equipages; suivies d'uu appel fait par un marin a la raison, a la justice et a I'liumanite de la nation anglaise, sur la necesslte d'adoptcrdepromptes mesures afin d'abolir le droit de presse. Londres, 1826, Hunt et Clarke. In-8° de [\i pages; prix 1 sh. Lejeune Anacharsis s'etonnait de ce qu'On infligeait a Athe- nes des coups aux soldats indociles ou negligens. « J'en fus d'aulant j)lus surpris, ajoutait-il, que, cliez les Atheniens, il est defendu de frapper meme un esdave. « ( Voyage d'Jna- charsis , torn. 2.) L'Aiigletorre devait offtir, vingt siecles plus tard, les niemes bizarreries dans ses lois et les meraes contrastes dans les moeurs de ses habitans. La maison d'un citoyen est un asile inviolable; ct jiourtant, en vertu du droit de presse, le gouvernement pent enlever de leurs bords les matelots des navires marchands et les attacher a son service. La loi defend de maltraiter les animaux, et elle per- niet que la punition du fouet soit infligOe aux soldats de terre et de mer. En Angloterre, la nation fait des petitions pour restreindre le droit des colons sur leurs esclaves, et elle se tait devant Tautorite aibitraire exercee par les maitres des bali- mens. Tels sont les vices que signale I'ouvrage dont il s'agit; I'auteur s'exprime avec caime, mais avec energie; il demontre les maux qui rcsultent du systenie de correction employe dans la marine anglaise; il indique les inconveniens da droit de t^ltt LIVRKS ETR ANGERS. l)rcss<', et ti iiivoque ropiiiioii piiblique contre cos (lijplora- hles abiis. F. D. I 5 r. — * J Voice from Greece, etc. — Uiie Voix de la Grccev nil I,etlie d'line Soci<"tede dames £rec(|ues aux dames philhel- K'nides de rEnroi)e , iriidui'.e par GVo/^*' Lee. Londies, 1826; .1- Halchard. Iii-8° de 16 pages. La Icltrc adrcssec par Ics dames grecques aux dames chre- ticnnes de rEurojie , insoree en entier dans le Constitutionnel ( N" dii 17 niai 1826 ), est ddja bien connue en France. La traduction de 31. Lee la fera lire en Angleterre , el contribuera sans donte a exciter dans ce pays un intcret plusgenera4 et un zele plus actif pour la cause des Hellenes. Nous en cilerons quelques passages qui feront connaitre ia pcnsee des Grecs sur I'lnsoHciance barbare des s^ous'ernemens chreliens relativement a Icur sort , et leur vive reconnaissance pour les secours qu'ils ont dus a la sympathie des simples parliculiers. « Aucun des malheurs qui nous accablent, n'a penetre aussi profonddment nos cceurs, que I'inhumanite, pour ne pas dire, la ferocite qu'ont montree envers notre nation lant d'hommes (|ui se ■vantent d'etre ncsau sein de I'Europe eclairee et civilisce, d'a- voirlu beaucoup de livres admirables sur la morale, ecrils par nns ancetrcs, et , ce qui est ])lus extraordinaire, qui sc disent les sectateurs de I'Evangile, lesdisciplesdu maitrc des vertus les plus sublimes... Qui done, nous nedirons point par mi nos coinpatrio- tes , mais parmi les Turcs eux-memes , aurait pu jamais supposer que des millions dechreiiens,spectateurstranc]uillesetapa til iques, conlempleraient, comme dansun cirque romain, des hordes in- nombrables et feroces lie Turcs, d'Egypliens, d'Asiatiques, se preci|iitant avec fureur, lefer etla ilamme a la main, sur tmepoi- gnce de chreliens, pour les exlerminer ? et pourquoi? Parce que CCS inforlunesonl resoiu d'anachcra la plusinsup|)ortable tyrannic la terre qui les a vus naitre, etc. >. Plus loin les f'emmes, grecques s'adressant aux philhellenes de tons les pays, ajoutent : « Oui , ames gencreuses , s'il est possible d'effacer la home dont I'Europe s'est couverte depuis cinq annees, eette gloireseia la votre. C'est a vous, ames generciises , que nous devons notre affection. Ceque vousavez fait pour nous., com- ment noscorapatriotespourront-ilsjamais I'acquittcr? Mais, le souvenir de vos bienfaits est grave dans leurs coeurs; vos noms seront prononces avec veneration par les enfans de la Grece , et \os descendans pourroul se glorifier d'avoir en de semblables ancetrcs... Quelle consolation nuus est survcnue dans nos mal- heurs, quand nous avons appris que. des femmes elrangeres, GRANDE-BRETAGNE. 4«5 de veritables rhrclionnes ont pleure sur nos revers, se sont r(- jouies agnes de i8o.5 el de 1807, a Austerlitz et a Fricdiand j apres I'avoir monlre, aTiUitt, anii et adir.irateur sincere de Napoleon , et , pendant la campagne de 1812, adversaire ter- rible de ce vainrjneur de I'Europe , il le conduit a Paris, ou sa model al ion lui concilie les suffrages et presque I'atfection d'un peni)Ie quipouvait se rroire humilie par I'invasion etran- ge*e, et qui sut distinguer, parmi ses ennnemis , ceiui auquel il poHvaif accorder son essinie. Enfin , le ramenant dans sa ca- pitale, il le print, dans la derniere periode de sa vie, comme chef ostensible de cetfe ligue, nommcc si improprcment la sainte alliance. 4i<> LIVRES JKTRANGERS. On convient goiieralenient, ct cVsl aussi I'ojjinion do M. Lloyd, qu'Alexaniire ei.iit boii et aimable. Ne an sein d'niie cour coirom])ue, ct dans une alniospliore de dfspolisme, on doit lui savoir d'autant plus de gie des vertus que son res- pectable instiluteui' siit culliver cu lui. Son gouvernement , absolu de droit, fut luodi-re de fnit. Par son influence, I'ini- moralilc dcs grands diniinua ; la condition des pnysans devint mcilleure; la Russic fit qnelques pas dans la carriere de la civi- lisation; et sans doute elle aurait favorise reinancipalion de la Grece, si Alexandre, circonvenu , seduit et trotnpe, n'avait pas etc enlace depuis long-tenis dans les pieges d'une diplo- matic penlde, et n'avait point cru nccessaires an inainlien de la paix generale de I'Europe les concessions qu'il avait faites plus d'une fois a rf^ret ix des cabinets eirangers. Son anie ctait noble el pure; ii n'avait ])oint su, ni voulu etouffei" sa con- science; mais un caractcre faible, un esprit pen eclaire, des intentions verluenses, souvent nial dirigees, ont cause ses fautes que semblait lui reveler \in sentiment secret et profond qui a contribue peut-etre a le f'aire dcscendre prematnrement au tonibeau. ¥. D. — J. 1 53. — * Jerusalem delivered, anepic poem in twenty canlos^etc. — La Jerusalem drlivree, poenie epique en vingt chants, tra- diiit de ritallen du Tasse , en vers anglais ( dits Spenserian ), .ivec la vie de Tautcuf, dans laquelle on a place la traduction de ses vers a la princessc Leonore d'Est, et une liste dcs croi- ses anglais; par /. H. Wiffen. Seconde edition. Londres, 1826; Hu'ist, Robinson and Co., 5 Waterloo place ; Edim- bouig , Constable and Co. 3 vol. in-8°, avec nn portrait du Tasse; prix, 2 I. -x sli. ( Sa fr. ) Nous avons voulu, avant de donner notre opinion sur cet ouvrage, le rclire alteiitivemenl, parce qn'nne premiere lec- ture nous a fait cprouver le desir et le besoin d'en I'aire une seconde. Nous avons aiissi voulu coinjiarei' cette version an- glaise avec I'origlna'l italien et avec plusieurs traductions fran- caises en vers et en prose, de la Jerusalem delivree. En ap- portant une attention scrupuleuse a cet examen, nous avons admire le beau travail de M. Wiffen, coinnie traducteur et comnie versilicaleur. Sans doute, il etail difficile , et j)eut- ctre impossible de transporter dans une langue du Nord la grace, la ponii)e et surlout la chaleur de rimaginalion mcri- dionale t-t du genie du Tasse, et nous ne pretondons pas dire que le poete anglais , nialgre toutes les ressourccs dc son fa- lent, ait pu ressusciter son original. Mais il nous en donne un portrait jiarf;iitcnicnt rcssemblaiit ; et c'esl mw vrai present GRANDE -BRETAGNE. 417 qu'il fait a sa patiie et a la litteiature de I'ancien et du nou- veau monde : nous soinines heureux de lui rendre ce temoi- gnagc. Mais, afin que nos lecteurs puissent porter eux-memes un jugement sur cette traduction, nous leur offrirons deux stro- phes du premier chant, en rapprochant sous leurs yeux I'ori- ginal italien de la traduction anglaise de M. Wiffen , avec le meme passage en vers fran^ais par M. Baour-Lormian. Canto primo. Str. 5o. Venian dietro dngenlo ia Grecia nati, Che sou quasi di ferro in tatio scbarchi : Pendon spade relorte, all' ua de' lati, Saonano al tergo lor faretre ed archi : AsciuUi hanno i cavalli, al corso nsati Alia fatiga invitti, al cibo parcbi : Ne!l as^alir son proati e nel ritrarsi E combaUon faggendo erranti e spars!, 5i. Tatiii regge la cbiera; e sol fu quest! Cbe Greco accompagno I'armi latine, O vergogna, o inisfatto ! or non aveste Tn Grecia, quelle guerre a te vicine? E pur quasi a spetlacolo sedesti, Leula aspeltando de grand' atti il fine. Or se tu se vil serva, e il tao servaggio ( Non ti lagnar) glustizia e non oltraggio. Traduction anglaise. Two hundred follow, from Greek heroes sprang, Who almost naked of defence are found; Sole at their side short crooked swords are hung, And bows and arrows at their backs resound^ They have lean coursers, in the race renowned, ProoPd to fatigue, of diet spare .ind slight, Mounted on these, they seem to wing the ground; Nimble alike in outset and in flight. Wide and dispersed they act, and e'en whilst flying, fight. Tatin commands the troop , the only Greek That joined the Latin arms; oh Greece, let shame T. XXI — Mai 1826. 27 /,i8 LIVRES ETR ANGERS. Forever sit upon thy burning cbeek ! Tbe war is near tLce now, yet , meanly tame, Thou sitl'st a cahn spectator of ibe game. Thy shield scarce lilted, and thy sword ia riist ; If now (com])lain not), destitute of fame. Thou art a rassal humbled to the dust, Thy doom no outrage Is, but retribution just. Traduction FRAivrAiSK , par M. Baour-Loumian. On voit paraitre alors denx cents Grecs redoutables, FacHes a noiirrir, ardens, infiitigables. Leurs coursiers des zephyrs ont la rapidlte; Un sabre se recourhe et pend a leur cote. Des carquois, pleins de traits, snr lenis dos relentissent ; Comme 1' eclair du ciel leurs casques respleudissent; Unis on separes, conservant lenr essor, lis volent, et leur fuile est nn combat encor. Tassin guide leurs pas. O crime! 6 barbaric! U'un people geuercux I'arae s'est done fletrie ! Un seul Grcr des Latins parlage les combats; Et le resle , etranger a ces fameux debats Qui de Ytyy.aace meme ebranlent le rivage, Sans s'eiuouvoir. attend la mort ou I'esclavage. Sous le joug des tyrans si tu baisses le front, Grcce , ne te plains pas d'un legitime affront. L'cxactitude, I'energie et souvent I'clegance sont les qualites que nous avons particulierement distinguees dans la traduc- tion de M. Wiffen. Apres lui avoir paye un juste tribut d'e-.. loges, nous aimons a f'aire reniarquer que les Grecs, peints ' par le Tasse dans la So""" strophe de son premier chant, sont parfaiteinent semblables aux Grecs de nos jours, tandis que les sentimens exprimes dans les strophes suivantes, different beaucoup de ceux que professent les membres d'une alliance appelee sainte , qui condamnent la croix a rester tributaire du croissant, et qui proclament que les sultans sont devenus et doivciit rester, par la grace de Dceit, les souverains iegilimes des malheurcux Chretiens qu'ils ont places depiiis trois siecles sous la [)lus dure oppression. II est curieux de remarquer que le Tasse, sublime interprete du qiiinzieme siecle , fletris- sait les Grecs qui ne conibattaient pas les infideles, et leur im- posait, comme le plus saint des devoirs, ce que de preiendus homines d'(''tat contemporains n'ont pas rougi d'appeler re- GRA.NDE-BRETAGNE. /,,9 hellion. Mais espcrons que le courage, la perseverance , I'lie- roisjne des Grecs du dix-neuvieme siecle trouveronl lour recoin- pense, et que les monarques d'Europe, eclaiies enfin surleurs interets et sur leurs devoirs, formeronl une alliance vcritable- inent sainle et chrciienne avec leurs peuplcs pour assurer le triomphe de revaiigile sur Talcoran, et pour faire garantir I'independance d'une nalion qui, en brisant un joug insup- portable et a la fois lionteus et odieux, s'cst replacee au pre- mier rang parmi les nations civilisees , en reproduisant les prodiges de patriolisme qui ont iniraorlalise leurs ancetres. M. Wiffen a servi cette noble cause, si chere a tons les amis de riiuinanite, en choisissant ce moment ])our traduire et publier en anglais I'adniirable poeme qui j)elnt de si vives couleurs la profanation des saints lieux, les crimes des infi- deles et I'ardeiir genereuse des chrctiens accourus de tous les points de I'Kurope pour repousser ces barbares. S. J. Revue sommaire des recueil.s periodiques sur les sciences , les Icttres et le^s arts , publies dans la Grandc-Brelagne. — Septieme article. (Voy. Rfv. Enc. , t. xxvii , p. 76)7 - 770, \. XXVIII, p. i49-i56, 799-80/1; t. XXIX, p. 141-148, .',63-468 et 7/,7-756.) Suite des journaux mensuels. Litterature et modes. i54. — * Repositorjofarts, literature , fashions ,etc. — Re- pertoire des beaux-arts, dela litterature et des modes, N° 40. Londres, avril i8a6. R. Ackermann. Grand in-8°de 4 feuilles , avec 5 gravurcs , dont 1 de modes; prix 4 sh. i55. — Lahellc Assembler, etc.- — La belle Assemblee , non- velle serie,N" 16. Londres, avril 1826. VVhiltaker. Grand in-8° de 4 feuilles, avec 5 gravures dont 2 de modes; prix 3sh. i56. — The St -James rojal Magazine, etc. — Le Magasiu royal de St-James, N° i. Londres, mars 1826. Sherwood. Grand in-8'* de 4 feuilles avec 5 gravures, dont 2 de modes ; prix 2 sh. 6 pence. i57. — * The Ladfs Magazine, etc. — Le Magasin des Dames. Londres, avril 1826. S.Robinson. In - 8° de 3 ou 4 feuilles , avec 4 gravures , dont 2 de modes ; prix 2 sh. 6 pence. 1 58. — The World of fashion , etc. — Le Monde a la mode. 420 LIVRES ETRANGERS. N" 22. Londres, mars 1826. Anderson. In - 4° de 4 feuilles , avec 4 graviires de modes ; prix 2 sh. 1 59. — * The Ladies' monthly Museum , etc. — Le Musee mensuel des d.imes. Londres, avril 1826. Dean et Mun- day. In-S" de 3 a 4 feuilles, avec un portrait. 2 gravures dc modes , et un morceau de musique; prix i sh, 6 pence. 160. — The ladies' pocket Magazine , etc. — Le Magasin de poche des dames; nouvelleserie, N" 2. Londres, fevrier 182(1. J. Robins. In-i8 d'une feuille, avec 3 gravures, dont 2 de modes ; prix 6 pence. 161. — Arliss' pocket Magazine , etc. — Arliss , magasin de poche; nouvelle serie, N° 23. Londres, fevrier 1826. Knight et Lacey. In-i8 de 2 feuilles , avec une gravure; prix 6 p. C'etait a Paris que les poctesplacaient jadis le temple de la mode ; Paris donnait le ton au beau monde , et c'etait de ce point central que Ton exportait au loin ces riens brillans , ces nouveautes frivoles , qui etaicnt recherches par tous Its fashio- nables de I'Europe. Nous ne sommes plus au terns, oil Diiclos appelait le Francais« I'enfant de I'Europe », et ou Raynalnous comparait « a un peuple de femmes. » Le Francais du xviu^ siecle , gai, leger, plaisant, frivole, n'est plus le Francais de nos jours. Quarante annees de vicissitudes, de revolutions et de reactions politiques out muri sou caractere. Depouille du monopoie des futilites , il est entre dans la vaste carriere de I'industrie. Ainsi que I'Angleterre, la France couvre les mar- ches des deux mondes desproduits deses manufactures, ets'in- qulete fort peu a qui, de Paris ou de Londres, restera le sterile avantage de decider de la coupe d'un habit ou de la forme d'un chapeau. Le changement opere dans les esprits a ete si grand parmi nous, que I'Angleterre I'emporte aujourd'huisur la France par le nombre de journaux consacres aux modes. Londres en public huit, qui, vendus par milliers , nous au- raient portes a croire que nos voisins sont devenus nos maitres en frivolite, si, d'un autre cote , I'examen de ces recueils , moins legers que les notres, ne nous avait fait trouver la cause de leur vogue dans cette difference essentielle qui existe entre eux. En general , ces sortes de feuilles periodiques sont mieux rcdigees en Angleterre qu'en France. L'utiley est plus souvent joint a I'agreable. Le Repertoire des beaux-arts , par exeiuple, outre des gravures de modes parfaitemeut executees , offre aux amateurs de la peinture des modeles de paysages colories et fort bien lithographies; a I'enfance , des contes agreables et GRANDE-BRETAGNE. A21 raoraux ; aux jeunes dames , des patrons de broderies tres-net- tement dessines; et aux amis de la litterature, un resume inte- ressant des ouvrages nouTeaux pub)iesdans)e mois. — La Belle assemblee traite a peu pres les memes matieres. Dans ce re- cueil , les pay sages sont remplaccs par des portraits , represen- tant des personnages celebres de I'Anglelerre. — Le Magasin royal de St-James est plus specialement consacre aux modes, a la litterature legeie, aux cpigrammes et aux bons mots. — Le Magasin des dames est moins futile. Ses gra\ures, dent les sujets sont puises dans les ouvrages de Walter Scott, de Tho- mas Moore, de Samuel Rogers , de Miss Landon, etc., sont toujours remarquables par le merite de I'exccution ; ses ana- lyses, qui ont souvent pour objet des ouvrages ipiportans , sont assez bien etrites; ses morceaux depoesie sont agreables, sa prose est correcte et elegante. — Lesprincipaux articles, con- tenus dans le Musee des dames du mois d'avril , sont une dis- sertation sur le choix a faire pour les femmes entre I'education domestique ou de famille, et celle des pensions; une notice biographique sur le compositeur F. Stothard; un tableau de Paris, en 1824 ; trois contes et quelques analyses d'ouvrages. — Le Magasin de poche des domes ne contient que des nou- "''elles de modes et des contes. Nous avons remarque , au nom- bre de ces derniers, le moine mysterieux, ou I'auteur peiiit avec Terite les habitudes et les moeurs monacales. — Le Ma- gasin de poche d'Arliss ne diffcre presque en rien du prece- dent ; son cahier defcTrier renferme douze morceaux de prose et onze de poesie ; il est orne d'une gravure representant une scene de Shakespeare, et d'une vignette offrant I'exterieur du palais des lords d'Angleterre. — Sous le litre de bruits de la haute societe, le Monde a la mode donne les on dit de la cour et de la ville; sous celui de modes de Paris et de Londres,iI explique les sujels des quatre gra\ures jointes au cahier; sous celui de litterature , il indique rapidement les productions inte- ressantes publi^es dans le mois; enfin, son feuilleton continen- tal se compose d'anecdoles, de bons mots, de calembourgs, attribues a Ja clusse oisive du public de Paris. Aucun de ces huit recueils ne se recommande par une grande utilite. Les premiers ofl'rent un melange de bons et de mauvais articles; le dernier , le plus fri vole detous, estau-dessous de la mediocrile. Ses gi avures de modes sont de mauvaises caricatures, et ses meil- leurs morceaux de prose ou de vers sont empruntes au Mercure de Londres et au Journal des dames de Paris. — En termi- nant cet article , qu'il nous soit permis d'exprimer notre pensee /,22 LIVRES ETRANGERS. tout enliere sur ces nombreiix journaux de modes, publiesa Paris et a Londres. Leur tendance est de f'avoriser les gouts frivoles, de detonrner des lectures et des choses serieuses, de fournir de nouveaux moyens de dissiper et de perdre le teins, sans aucun resultat salisfaisant pour le coeur , ni pour I'espril. Nous regretlons surtout ([ue de semblables productions soient jiresque toujours placees sous la protection des dames, commr si cetle moitie de I'esijcce liuniaine devait elre raaintenue dans un etat d'enfance prolongce, etne paraissait j)ouvoir s'occuper que de fiitilites et de niaiserics. L'ignorance etla frivolite doi- vent-elles etre le jiartage des compagnes de notre vie , des ins- titutrices de nos enfans ? Les interets de la patrie doivent-ils rcster etrangers a cclles dont les epoux sont charges de la ser- vir et de la defendre ? Qui peut, mieux qu'une mere, faire entendre a son fils la voix de la vertu; iui inspirer la liaine de la tyrannic, iui reveler ses droits, et Iui enseigner ses de- voirs?... Un des maux inveteres de notre etat social acluel, c'est I'espece d'inferiorile, de degradation od Ton a place et oil Ton voudrail maintenir un sexe , qui , bien qu'il ait sa des- tination dislincle, donnee par la nature, doit, sous tous les rapports de la culture morale et intcllecluelle, conserver le rang eleve qui Iui appartienl , sa dignite, son influence et son association aux sentimens nobles, aux pensces genereuses, aux resolutions niagnanimes, aux actes de vertu qui honorent I'es- ])ece liumaine. Traiter les ferames comine des enfans, ou corome des poupees, c'est meconnaitre ces importantes veriles. M.A.J. Beaux-arts. 162. — * T/ic harinonicon , etc. — L'liarraoniste, N" xi; Lon- dres, mars 1826; Samuel Leigh. In-4° de six feuilles; prix 2 sh. 6 pence. i63. — La lira d' Italia, etc. — La lyre italienne, N° 6. Lon- dres, mars 1826. Grua et Ricordi. In-folio de 5 a 6 feuilles; prix i5 sh. Le premier de ces deux recueils , consacre a la rousique vo- cale et instrumentale , renfernie des morceaux excellens , dus aux compositeurs les pins dislingues de I'Angleterre et des ];ay& etxangers. II s'occupe des ouvrnges nouveaux publics sur ia iniisique, rend coinpte des principaux concerts donnes a Lon- dres et dans les provinces, elcontientdes memoires, desessais, des notices sur I'arl musical. Un article accablant conlre le compositeur Bnchsa , inscre dans un des precedens cahiers dc GRA.NDE-BRETAGINE. /,a3 ce journal, lui a obtcnu une espece de celebrile qu'il conser- vera sansdoute, tant qu'il aura le courage de demasquer le charlatanisine, et tant qu'il offrira des morceaux aussi piqnans et aussi varies que ceux de son numero deinars, ou, entre autres pieces interessantes, se trouvent traduites en atiglais, avcc accompagnenient de piano, six chansons inedites du cele- bre Weber. Ij3 Lyre est un recueil entierement consacre a la musique ifalienne que Ton admire chez tous les peuples, et qu'au- cune autre ne sauralt egaler. Tout ce que les theatres ita- liens des principales vlUes de I'Europe ont produit de meil- leur et de plus nouveau : airs, cavatines, duos, trios, etc., se trouve dans la Ljre, ouvrage dont le roi d'Angleterre a accepte la dedicace et que doivent accueillir avec empressemenl les amateurs de la musique dans tous les pays. Bihliographit'. 164. — The monthly literary advertiser , etc. — Journal men- suel de la librairie, N"^ 248. Londres, decembre 1826. Hurst et Robinson. Uhe feuille in-4°, sur deux colonnes; prix 6 pence. L'Angleterre manque d'un journal general de I'imprlmerie et de la librairie, qui, tel que I'excellent journal redige a Pa- ris par M. Beuchot, ferait connaitre, chaque semaine, les livres, les cartes de geographic, les giavures, les lithographies, les oeuvres de musicjue, en un mot, toutes les nouvelles pro- ductions que la presse britannique voit eclore dans I'etendue des trois royaumes. Le Monthly literary advertiser , que nous nommons assez peu correctement journal mensuel de la librai- rie, ue remplit nuUement cette lacune. Ce n'est point la faute des editeurs, mais celle du fisc, qui, exigeant un droit de trois shellings six pence ( 4 f. l\0 c. ) pour chaque annonce , met ainsi obstacle a la publication d'un journal complet de I'im- primerie et de la librairie. Celui qui existe a Londres ne parait qu'unefois par raois, et chaque numero ne contientcependant que Tannonce d'une Irentaine d'ouvrages. Le total des livres annonces dans toule I'annee 1825 ne s'eleve pas a quatre cent cinquante; et encore, ne sont-ce pas les piusimportans de ceux qui ont ete publics. Au surplus, ces feuilles bibliographiques manquent totalement d'ordre et de methode. Les ouvrages na- tionaux et etrangers, les manuscrits et les traductions y sont raeles et confondus. Les auteurs ou leurs libraires paient une somme de huit a dix shellings pour chaque annonce; ils sont 4a4 LIVRES ETRA.NGERS. libres de faire eux-meines I'analyse de leurs ouvrages, et iis peuvent a volontc augmeiiler les cloges , enaugmentant le prix de I'insertion. Aiiisi, le souvenir lilteraire, The literary sou - i'cnirs, livre d'etrenncs publie par Alaric A Watls, remplit pres de deux colonnes du Monthly literary advertiser , tandis quequelqucslignes suffisentaux annoncesde la Vic d'Erasme ^ par M. Butler ; de I'liistoire de Laurent de Medicis , par AVil- liam Roscoe; des traductions du Regne animal de M. Cuvier ; de VHistoire de Paris , p.-ir Dulaure; de VHistoire de I'eapedi- tion de Russie, de M. Philippe de SionR; de VHistoire des Francois , par M.deSisniondi, et d'autres ecrits aussi impor- tans. {CtUe Revue des jouinaux anglais sera coxxUiwie.^^. F. D. RUSSIE. i65. — * Histoire du royaumc de la Chersonese taurique ; Deuxieme edition. Petersbourg, 1824; iniprimerie de I'Aca- demie imperiale. i vol. in- 4° de 436 pages avec deux cartes geographiques. 166. — Precis des rccherches historiques sur Corigine des Esclavons ou Slaves et Sarmates. Petersbourg, i8u4; impri- merie de TAcademie imperiale. i vol. in-4° de a3o pages avec deux cartes geographiques. On a publie, en Russie, a la Sn de Taunee 1824 , ces deux volumes d'un ouvrage nouveau pour nous, et rare en France. L'auteur, presque cenlenaire, est Ms'" Stanislave SiESTKZETfCEwicz a LIVRES :ifeTR ANGERS. maladies auxtpielles la population de Cergen esl cxposee , on n'a point conijjiis la j)Ciite verole , qui devrait y t'ire mention- nee parliculierement : car nous savons qirautref'ois celle cruello maladie, devenant opidemiqiie tons les sept nn^, exercait alors d'affreu\ ravages, el que pendant les intervalles, elle etait pen meurtriere, et mem^ assez benigne. On eut desire savoir si rintroduction de la vaccine a pu apporter quclque cliange- ment a cet etat de clioses , ou si du sr.oins elle est devenue un puissant antidote contre ce fleau jicriodique. On aurait aussi rencontre avec iiiteret (|uelqnes details sur le sejonr du roi Christicrn a Bergen avec sa mailresse Dyvehe^ et sur la mere de cel!e-ci, la fameuse Sigbritte. An resle, Tonvragede MM. Sa- GEN et Foss est fort bien ecrit, et se fait lire prosque partout avec plaisir , nialgre quclques longueurs, et quelques details inutiles qu'on pourrait leur reprochcr. En le publiant, tel qu'il est, ils ont merite la reconnaissance de leurs compatriotes. Heiberg. DAWEMARK. 171. — * Grundrids af den danshe Politiset. — Coup-d'oeil sur la police en Danemark et sa juridiction ; par M. Kol- DEBUP-RosENViNGE, profcsseur de droit a TUniversite de Co- penhague. Copenhague, 189,5. In-S" de 140 pages. Les devoirs et les attributions de la police etant du nombre des sciences qui sout publiquementenseigneesa I'universitede Copenhague, I'auteur de I'opuscule que nous annoncons I'a compose pour servir de manuel a ses cours annuels. II en resulte qu'on ne doit s'attendre a y trouver, ausujet de cettebranche de I'administration, que des principesfondamenlaux et quelques regies generales destinees a recevoir leur developpement ulte- rieur dans les lecons du professeur. Cet ouvrage est done peu susceptible d'analyse; mais il nous semble, et nous I'avouons avec plaisir, que I'auteur n'a rien oublie ou neglige de ce qui doit entrer dans le cadre de ses recherclies. Cependant, pour donner a nos lecteurs une idee de sa doctrine , nous citerons le p.'issage suivant , dans lequel il signale les principes gene- raux qui, selon lui, doivent invariablement guider I'admi- nistralion d'une police honorable : « i" Ni le but de la police, dil-il, ( pag. 10) ni les moyens qu'elle emploie ne doivent otre en opposition avec les droits naturelsdcs citoyens. 2° Au- cune mesure prise par la police ne doit etre contraire aux principes de la morale. 3° L'aclivite de la police dans la sphere de ses attributions doit se borner a produire le bien que la iibre activite des citoyens ne suffirait point pour operer. DANEMARK. Z,3i 4° Toules les fois que la police ne peut contribuer a uii objet (I'ulllitc generale qu'en employant des moyens qui priveraient la societe enliere ou des iudividns d'un plus grand avantage, elle doit renoncer a iniervenir. » II serait a desiier que ces regies fussent constammeni obseivees par les adminislrations de la police , dans tons les pays civilises. 1^2. — Dans/ie FortoUinger. — Nouvelles Danoises ; par Louise Hegermann Lindenkrone. Copenbagne, i825; in-8° de 393 pages. Dans tous les teins, Ic Daneniark a pu se glorifier de pos- seder un certain nombre de dames , qui cullivaient la llltera- ture nationale avec plus ou moins de succes. Ce n'est pas ici le lieu d'en donner une nomenclature, qui nous conduirait d'ail- Icurs beaucoup irop loin. Nous nous bornerons a nomnier une demoiselle Biehl , a qui Ton doit nne bonne traduction de don Quichotte, et quelques autres ouvrages estim^s. Les lec- teurs de la Re\'ue Encyclopedique connaissent deja une auguste personne qui a continue les tables genealogiques de Jean Hub- ner ( Voy. t. xxviii, ]jag. 816), et la dame anonyme, auleurde la tragedic de Jutn (Voy. t. xxix, pag. 760). Aujourd'hui,nous avons a annoncer les productions litteraires dune troisieme tlame qui, comme nous le soupconnons, est peut-etre la meme que la dame anonyme, dont nous venons de parler. M""= He- OERMANN, qui occupe un rang tres-distingue dans la societe, est deja avanlageuseraent connue par d'autres ouvrages d'un merite peu ordinaire. Elle vient de publier quatre nouvelles dont les sujets sont tires de I'liistoire danoise, a I'exception de la premiere, qui est toute d'invention , quoiqu'elle appar- lienne toujours au Daiiemark par les moeurs comme par les jncidens. La quatrieme etderniere nouvelle occupe a elle seule plus de la moitie du volume. Elle se rattache a un evenement tres-remarqiiable de-l'hisloire du Danemark, au sort du fa- meux comle d'Ul/eld qui, apres avoir occupe la plus haute dignite du royaiime, inimediatement aupres du trone, et apres avoir epouse une des fllles illegitimes, ou , si Ton vent, natu- relles du roi Chretien IV, fut accuse de haute trahison , et enfin, s'etant sauve plus dune fois de sa ])rison , fut con- damne a niort par contumace et execute en effigie. Cetle cata- strophe arriva , sous le regne de Frederic III , fils et successeur de Chretien IV. La seveiite, peut-etre juste, du roi Frederic alia jusqu'a faire raser le jjalais du comte, et a faire clever sur son emplacement, au milieu de la ville, une colonne fletris- sanle pour la memoire d'Ulfeld. Cette colonne a disparu, dit- on, depuis un petit nombre d'annees. ^3 a LIVRES ETRA.NGERS. Les nouvelles de M™'^ Hegermann seront lues avec beaucoup d'interet, le style est pur et elegant, sauf up petit nombre d'in- correctioiis. Nous nous permettrons d'adresser a I'aimable au- teur un seul conseil , celui de couper un peu plus ses periodes ; dies sent quelquefois d'une longueur demesuree, surtout la premiere periode dc la premiere nouvelle, qui occupe a elle seule trente-cinq pages. Heiberg. ALLEMAGNE. 1^3, * Jahrbuch der neuesten iind wichtigsten Erftndun- sen etc. Archives des inventions et des dccouvertes les plus nouvelles et les plus importantes, dans les sciences, les arts, les manufactures, les arts raecaniques,reconomie domestique etrurale, en AUemagne et dans les pays etrangers, etc.; par M. Henri Leng. Premiere et seconde annee , 1822 et iSaB. Ilmenau, 1824 et iSaS; B. J. Voigt. 2 vol. in-12 de viii, 600 et 665 pages. Prix du volume ou de I'annee, i rixd. 12 gr. (<5fi-.) ... La plupart des decouvertes et des inventions n'lnteressent pas seulement les savans : leur utilite s'etend a tous les horames. Aussi, n'est-il pas sans avantage de les mettre a la portce de toutes les classes par des descriptions simples et precises , re- di"ees, pour chaque pays, dans la langue nationale. C'estainsi qu'anime du desir d'etre utile a ses compatriotes M. Leng, ayant deja pour modele les Archives des decouvertes et des inventions nouvelles , publiees a Paris depuis plusieurs annees ( Voy. Rev. Enc, t. xxviii , p. 208 ), a concu I'heureuse idee de rapprocher dans un meme recueil les decouvertes faites eu AUemagne de ceiles qui sont dues aux autres pays. M. Leng n'a point suivi la division en trois classes: sciences, arts et a<^riculture , adoptee dans les archives francaises; chacun de ses volumes ou annuaires comprend 29 sections , consacrees chacune a une science speciale , dans I'ordre suivant : geologic, mineralogie, botanique, zoologie, physique, optique, elec- tricite, galvanisme et magnetisme, chimie, medecine, chirur- gie, medecine veterlnaire, pharinacie, mathematiques, astro- nomic, navigation, art de la guerre, metallurgie, econoraie rurale, economic forestiere, economic domestique, dessin , gravure et lithographic, peinture, sculpture, architecture, musique, arts mecaniques, meltant en oeuvre les productions du regne vegetal; arts mecaniques mettant en ceuvre les pro- ductions du regne animal. Nous ne chercherons point a deci- der entrecesdeuxmethodesde division. Nous dirons seulement ALLEMAGNE. \y\ que les reclierchcs deviennent tres-faciles dans les arcliives de M. Leiig, au nioyen dc deux tables iinpiimees a la fin du vo- lume, I'une des noms, la secoiide des nialieres. A rimitation des archives publices a Paris, M. Lengcite lesouvragcs ou il a pijisc : ilj sont tres-nonibreux et apparllennent a loutes leslan- giies. La Revue Encjclopedique est nominee an bas d'un grand iiombre d'articles ; ce qui est une nouvelle preuve qu'elle atteint roieux d'annee en annee son principal but, cclui de faire connaiire les differenies nations les unes aiix autres, sous les rapports de leurs productions et de leurs progres, dans les sciences, dans les arts industriels, danstoutes les choses aux- quelles peut s'appliquer I'intelligence humaine, et de rendre communes a tous les peuples les decouvertes , les inventions et lestravaux utiles, qui sont propres a chacun d'eux. Les archi- ves ([ue nous annoncons, font suite, en quelque sorte,mais sur un plan plus etendu , a un Almanack des inventions que publiait precedemment M. Busch. Get almanach, ayant cesse de paraitre, M. Leng , sur I'invitation que lui eu a faite le libraire edileur , s'est charge de la redaction des archives. Ou- tre cetouvrage, il existe encore en Allemagne, un Magasin des inventions les plus nouvelles , etc., public par cahiers( voy. Rev. Enc. , t. xxvi, p. 469 , la Revue des journaux allemands). Jh. DE LuCENAY. 174. — * TJcber polytechnische Institute im allgemeinen unci iiber die Erwciterung der technischvn Schule zii ISiirnberg ins- besondere. — Des Instituts polytechniques en general, et de I'exlension de I'ecole technique de Nuremberg , en particulier; par Fr. S. JF. Hermann. Nuremberg, 1826. Riegel et Wiess- ner. Gr. in-8°; prix, 20 gros. Get ecrit , dii a un homme qui possede a fond son sujet, traiteunc niatiere ({ui interesse vivenicnt tous les pays. Quoi- que I'auteur ait eu principaleinent en vue I'organisation de I'ecole polytechnique de Nuremberg, I'utilitc d'application que son onvrage offre pour d'autres localitc's , ne se trouve nullement restreinle; et les notices joinles a sa brochure sur les etabiisscmens analogues qui exisleuta Prague, a Vicnneelit Berlin, fournissenl au lecteur des moyens de comparaison qui ne sont pas d'un mediocre avantage. E. 175. — * Geschichte der Beichtvatcr. — Histoire des confes- seurs desrois, des reines et d'autres princes, Iraduite du fran- cais. Leipzik, 1825. Voss. 2 vol. in-S". Celte traduction allemande de I'ouvrage de M. Gregoire est exactc, et accompagnee d'une vingtaine de pensees critiques, sans importance, chacun pouvant faire les meraes reflexions T. XXX. — Mai 1 826. 28 43/, LTVRES ETRANGERS. que le liaductenr. Voici Tunc de ces notes: qu'est-re que If livrc rouge? on le salt fort bien en France. L. 176. — * Die national Gesr.liichte der Deulschen. — Histoire nalionale des AUemands ; par M. df. Oagern. II" volume, Francfort, 1826. In-S". T,e pre-nier volume de cctte liistoire a paru en i8i3; roais les affaires publiques ayant reclame tons les soiiis de I'auleur, il n'a pu s'occuper de la continuation de son ouvrajje que lors- qu'il fut sorti de la carrierc des emplois publics. Ce volume commence a I'epoque qui snivit Ic rcgne de Constantin. M. de Gagern examine d'abord ce que Ton entendait par lieti et ter- rce Icetica;. Ces terres etaient concedeespar lesempereurs, pour des prestations en argent et en services raiiitaires, a des Ger- mains qui venaient s'etablir sur le lerritoire roinain, et aleurs descendans. Cette denomination de Iceti, qui, d'apres le sens du latin, serait tout-a-fait bizarre, n'a plus rien que de fort naturel, quand on la rattache au mot allemand Leute , qui si- gnifie hommes ou plutot gens. L'usurpaleur Magnentiusetait Germain, et appartenait aux Iceti par sa naissance. On le de- fend ici contre Julien , qui est signale comme I'ennemi declare vies Germains. Au sujct de cet illustre enipereur , i'auteur cntrc dans des details curieux sur I'impot que Ton percevait dans les Gaules, et dont il allegea le poids. On connaissait alors et la contribution fonciere Jugeratio , et la capitation ; la conqui- sitio, pour les besoins du moment, n'etait pas non plus igno- ree. A la suiie de ces renseigncmens instructifs, on trouve des considerations sur les progres de la puissance de I'eveque de Rome, et des fragmens du poemc d'Ausone sur la Moselle; I'auteur, apres avoir epuise ce qui concerne les Alemanni , les Francs, les Boin'guignons , passe ;i I'histoire des Goths et a celle celle des Huns. Tlioodose, Alaric, Stiliclion, Genseric, efc , \ beaucoup d'autres personnages hisloriqiies sont depeints lour il tour. Ce volume couiprend encore !e passage des Saxons en Angleterre. II serait difficile de rencontrer des renscignemens plus complels , ties raisonnemcns plus conclnans que ceux que presente M. de Gagern sur les diverses nations de Gotlis, sur les Francs, et plus anciennement sur ies rapports de chacua des peujiles de la Gernianie avec les Remains. Des notes cri- tiques et philologlques, parmi lesqueiles on rcmarque une interessanle discussion sur la Notitia dignitntum utriasqiie imperii, terminent ce volume, fort de clios<»s, et tres-utile ])Our connaitre ces epoques remarquabics qui cbangerent la face de I'univers. P. G. 177. — Obscivations sur I'ouf/age de M. ic comic Ph. de ALLEMAGNE. 435 Skgur intitule : Histolie de Napoleon et de la Grande armee pendant I'annee 1812; par le baron Voei.derndorff , major a I'etal-major general de S. M. le roi de Raviere. fllunich , 1826. In-Sode i58 pages(i). .( M. le comie de Segur, dans son ouvrage sur la campagne de Russia pendant I'annee 1812, accusant les troupes bava- roises etleurs chefs, sans rendre la moindre justice a leurs glo- rieux efforts et a leurs succes, nous avons prevenu le public, par le journal des Debals du i5 mai i825 , que I'histoire des guerres sous le rcgne duroiMaximilien-Josepb, qui paraitrait. incessamment, exposerait laconduiie de I'armee bavaroise et de ses chefs pendant la campagne de Russie , etqu'elle rectifierait les torts que M. de Segur leur impute dans son ouvrage. — Mais cet ouvrage ayant ete suivipar cclui de M. le generalGourgaud, nous avons cru devoir mellre sous les yeux du public les pieces aulhentiques et officiellcs ci-jointes. Les autres erreurs qui se sont glissees dans I'ouvrage de M. le comte de Segur, relative- ment a I'armee bavaroise peuvent nous etre indifferentes. « Les pieces justificatives produites par M. de Voelderndorff souttres-nombreuses, etparaissentdecisives. Malheureusement, il n'esf plus terns d'interroger un certain nombre de lemoins dont I'autorite pourrait terminer ces debats : ils ne vivent plus que dans I'histoire, et I'histoire meme leur refuse quelquefois la justice qui leur est due. Suivant la position de I'historien , les fails changent d'aspect, les horames sont vus d'une autre maniere, et semblent avoir agi diversement, et par diffcrens motifs. Onne serait pas elonne que des officiers russes racon- Jassent les evcnemews de la campagne de 1812 autrenient que les officiers de la grande armee de Napoleon ; on concoit meme qu'il y ait quelque difference en tre les recils fails par les officiers dune meme armee : mais M. de Segur se borne our I'annee , y coinjtris les Fcuilles des arts et de la lit- terature, 7.0 fl. ( environ 46 fr. )• C'est le journal litteraire le plus connu et j>cut-elre le mcil- leur de rAUemagne. II s'occupe des belles-lettres , des arts, de I'histoire des raceurs et de la civilisation en general. On y trouve souvent des notices biograpliiques, des relationsde voyages, dos poesies et des nouveiles , ecrites en general avec talent. Uepui.s vingt ans que le Morgenhlatt existe, ses redacteurs ont j)u etablir des relations suivies avec touics les grandes villes de I'Europe : aussi , publient-ils tousles jours des extraits de cor- respondance de Paris, de Londres, de Petcrsbourg, de Na- ples, de Berlin, de Vienne, dont le rapprochement ne pent manquer d'etre tres - piquant. II en parait 6 numeros par se- inaine , auxcjuels on joint de terns a autre des gravures et des compositions mnsicnles. Deux autres feuilles, donl I'indication suit, publiees par le meme libraire , servenl de complement au Blorgenblatt. i83. — * Kunstblott. — Feuille des arts, qui parait deux fois par semaine. Stuttgart, Cotta. Outre les nouveiles relatives a la peinlure, a la sculpture, fi i'arcbiteclureet aux arts en general, ceite feuille renfernie des memoires et des critiques sur desouvrages d'art. C'est le seul journal de ce genre qui existe en Allemagne; etla France ne ])eut lui opposer aucuii recueii consacre exclusivement anx beaux- arts. La redaction en est confiee a M. Sciiorn, auteur des Eludes des artistes grecs , ouvrage ou I'auteura fait preuve de conuais- sances tres-etendnes. La corres|)on(lanco de Kutilsblatt est fort interessante ; eelle de Paris siirtout est redigee avec beaucouj) de gout et de talent. 184. — * Lileratur - Blatt. — Feuille de litterature, publiee aussi par M. Cotta, a Stuttgart. Cette feuille est uniquemcnt consacree a I'analyse des ou - ALLEMAGNE. 44 1 vrages ies plusremarquables, publics en Allemagne ct dansles pays etrangers. Les meilleures productions des literatures francaise et anglaise y sont examinees et jugees avcc celte at- tention et cette impartialite, qui distinguent les critiques al- lemands. O. i85. — * Literarisches Conversations-Blatt. — Feuitle littcf- rairede conversation (i). Leipzig, Brockhaus. In-4°. Prix pour uneannee, lo th. (4ofr. ). Co journal est presque aussi repandu que le precedent , er iloccupe le raeme rang dans I'opinion des Allemands. II a cte fonde par le libraire Brockhaus, mort il y a quelques annees et au(|uet la litterature alleinnnde doit plusd'une publication importante. La plus grandeparlie du Conversations- Blatt est occupoe par des analyses d'ouvrages , rcdigees dans un espiil excellent de moderation et de sagesse. On y trouve qnelques extraits de correspoiidance et de jonrnaux etrangers. Sous ce rapport ceperidaut , il est beaucoup moins riche (jue le prece- dent. A. 186. — * Zeilungfiir die elegante Well. — Gazette pour le monde elegant. Leipzig. Voss. In-4°- C'est un des ])lus anciens journaux allemands dans ce genre ; on y traite de la litterature, du theatre, des beaux-arts; le tout est entremele d'anecdotes. Beaucoup d'jirticles sont tires des journaux francais et anglais. Le fondateur de ce journal est M. .Spazier , auteur de piusieurs ouvrages litteraires. 187. — * Abendzeitung. — Gazette du soir. Dresde. In-4°. Ce journal donne des melanges comme le precedent; le theatre y occupe beaucoup de place. Le poete Kind, auteur du teste du Frejschiitz ( Robin des bois ) passe pour en etre le reilacleur. M. Tif.cr, poele tres -distingue, y fait inscrer aussi beaucoup d'articles. 188. — Der Gesellscliciftcr. — Le Coinpagnon , redige par M. Gdbitz. Berlin. Journal du meme genre , mais moins piquant, et par cette raison moins lu. M. Gubitz est professeur a I'Academie des beaux-arts a Berlin; il grave tres-bien les vignettes en bois; il a de la reputation dans cette partie. 189. — Der Freiiniithige. — Le Franc Parleur, redige pai- M. KuHN. Berlin. In-4". (i) Ou appelle , en Allemagne , journatijc de conversation les feuille.>; qui sont plus specialeiuent destinees aux gens du monde, et qui ceui- plissent a peu pres le role de nos journaux des spectacles, quoique les theatres y occapeat beaucoup moins de place. i>fii LIVRES ETRANGERS. Le Franc P;irleiir de Berlin iie pecliepas parl'mdiscrction , la censure ct la rost-rve obli^^'c it laqiiclle soiit liabilm'-s los eol- laborateurs mettent bon oriire a cc ou'il iie soitparlc, dans ce journal, qne dc choses qu'oii troiive dans tons les journaux d'Allemagnc; ce sont drs contes ct des nouvclles, des extraits de voyages, des noiivellcs de theatre, etc. Autrefois, Kotzcbue fournissait des articles a ce journal. 190. — Journal des Lux us unci dcr Moden. — Journal dii luxe et des modes. 'Weiniar. In-S". Tons les niois, il parait un cahier dc ce journal qui , destine d'abord aux modes, esl devenu tians les derniers terns plus litlcraire. II exisle dej)uis le cosnmenceinenl de la Revolution francaise. A cette epoque, il donnait beaucoup d'anecdotes, dc nouvelleset de niodesde Paris. En general, Paris el Londres occupent loujours nne place considerable dans ce journal, qui afteint bicn son but, celui d'aniuser le beau nionde de I'Alle- inagne. 191. — Deulscher Merhur. — Mcrcure alleinand , redige par Philippi. Dresde. Hilscher. Encore un journal compose dc melanges, comme le Compa- i^non et le Franc Parlcur ; il a peu d'arlicles saillans, et n'esl pas tres-repandu. 192. — * Hesperus. — Hesperus, redige par M. Andre. Stutt- gart. Cotta. In-/,". L'Hesperus differe des journaux precedens , en ce qu'il ad- met plus d'articles instruclifs, parlicnlierement sur les sciences, on sur des objets d'utilite publique. Ce journal paraissait d'a- bord a Prague ; mais il y etait trop gene par une censure vetil- leuse. D. 193. — * fViener Zeilschrijl . etc. — Journal de Vienneponr les arts, la Htterature, les theatres el les modes. Vienne, inipr'- merie de Strauss. Trois numeros par semaine. Prix de I'annoc, i!\ fl. ( environ 26 francs ). Ce journal , dirige par M. Schick., est le nieilleur de ce genre qui exisle en Autriche, oil il obtieni beaucoup de succes. II renferme de bons articles sur la litterature, les arts etles thea- tres , et compte parmi ses redacteurs j)lasieurs ecrivalns dis- tingues. Les nouvelles des grandes villes de I'Europe y par- viennent par des correspondans , qui habileut les lieux niemes. Nous citerons , comme les plus interessantcs, les lettres de Paris, de Londres , de Naples el de Berlin. Malheureusement , a cote de cette partie du journal, a laquelle on ne peut s'em- peclier de donner des cloges, se trouvenl des Poesies et des Nouvelles, dont le choix n'est pas toujours fait avcc beaucoup ALLEMAGNE. — SUISSE. /,/,3 de tliscernement. A cliaque niimi^ro est jointe une gravure de modes , on bien une j)laiiche de musique. iy4. — f-Fiencr alli^emeiae Theaterzettung. — Gazelle gene- rale des tlieatresde Vienne; p;ir Adolphc Baeurle. Vienne. Celte gazelle merite peu d'attenlion. Redigce i)ar une cote- rie d'auteurs drauiatiques et aiitves, elle donne peut-elte Irop souvent lieu de croire qu'elle a pris pour devise le vers si connu : Nul n'aura de I'esprlt , que nous et nos amis. 195. — Ber JVanderer. — Le Voyageur. Vlenne. Antoine Strauss. Ce recueil se compose d'arlicles meles sur toutes sortes de SHJets : la politic|ue y parail meme qiielquefois , niais dans de fiimples exiraits , en general peu interessans, des journaux francais et anglais. Le redacteurdu Voyageur ^■iX. M. Seyfried, auquel on doit d'lieureiix essais de traductions d'operas fran- cais. Du reste , c'est un honime instruit et de gout. F. N. B. Nous pourrions grossircette lisle des litres de pliisicurs autres recueils ; mais ils offrent en general peu d'intcret, et nc sont guere Inshors de la province oudu petit etat ou ilsvoient le jour. ( Cette Revue des ouvrages pcriodiques allemands sera continuee. ) SUISSE. 196. — * Un mot sur la proposition de M, J. J. de. Seilon, pour la suppression de la peine de mort, etc. — Et prix pro- pose sur cette quettion (i). Geneve, 1826. Ledouble, libraire. Broch. in-8° de 166 pages. M. de Sellon , niembre du conseil souverain de Geneve , fit , le 26 juiri 1 8 16, dans le sein de cette assemblee, la [)roposition d'abolir la peine de inort , et de la remplacer par la reciusion, pendant un certain nombre d'annees, dans une luaison de (i) On pent voir dans la Revue EiKyclopedique ( t. x, p. 33r-354, Aviil iSar), I'excellent travail du philantrope et savant pnbllciste M. Heiberg , en favear de I'abolition de la peine de mort. M. Gnstave De GtRANDQ, qui se monlre, quoiqne bien jenue encore, digae du nom honorable qn'il porte, et qui proinet de suivie les lecons et les exemples de son peie , a public nn eeril sui- le meme sujet. Enfin , la Societe de la Morale chretienne a propose un prix a I'auteur du meillenr meraoire ou celte question serait examinee sous tons les rapports qui interessent la societe. M. A. J. /i4/i LIVRES ETR ANGERS. force. Le Conseil-d'etat repondit , un an apris remission de cette proposition , qii'il estirnait tpie, sans rien prejiiger sur Icfond, elle ne pourrait d'tre jirise en consideration (|ue loi"s de la revision dcs lois criminelles. M. de Sellon, sans i^lre de- couragc par cette reponse evnsive, reproduisit la ratine pro- position , dans la session de decenibre i8.25, en ces Icrmes : '< Je propose qtie le noble Conseil-d'i'lat usant de son initia- tive, ])resente au Conseil souverain iine loi qui abolisse in j)eine de niort , et la reinplace par telle autre qu'il jugera con- venable. » En attendant une reponse du Conseil-d'etat, et pour donner plus d'autorite a son opinion contre la peine de mort, M. de Sellon a coricu le genereux dessein d'ouvrir un concours sur cette graveet imporlante question. La brochure que nous an- iioncons est, a proprementparler,le programme de ce concours. Pour seconder, autant qu'il est en i-ous, I'intention philanlro- pique de cet honorable citoyen, nous allons rapporlcr ici les conditions du concours. D'abord, les concuirens sont preve- nus qu'aucun m^moire ne sera admis, s'il n'est enfaveur de la suppression de la peine de mort. Le prix consiste dans une medaille d'or de la valeur de 5oo francs de Fiance, et sera adjuge par un jury, compose d'hommes eclaires dont les noms se trouveni dans le programme , et parmi lesquels nous avons remarque MM. Etienne Dumont, Bellot , de Sismondi, de Chateauvieux, Rossi, etc. Les memoires devront etre adres- ses a M. de Sellon , a Geneve , rue Derriere les granges , franc de port, avec un billet cachete ou se Irouvent le nom de I'au- tcur avec I'epigraphe de son memoire. Le concours sera irre- vocablemenl ferme, le I'^'novembre 1826. Tons ceux qui s'intcressent a Tamelioratlon des institutions humaines ne sauraient tro]) faire de voeux pour I'accomplisse- ment de la genL-reuse pensee de M. de Sellon. Nous croyons effectivement que, si on peut soutenir I'utllite de la peine de mort dans les grands etats, cette ulilite devient lres-])roble- raatique dans les petits gouvernemens. L'exemple de la Tos- cane est deja d'un grand poids dans la balance. La Louisiane pourra par la suite presenter un resultat qui viendra a rapi)ui de nos conjectures sur la convenance de I'abolition de la peine capitale chez les peuples peu nombreux ; el, si a ces exemples on pouvait joindre celui de la republique de Geneve, point de doiite alors que les grandes nations ne fissentaleurtour I'essai d'un systenie dont on ne pourra bien connaitre I'effet qu'apres une longue experience. On a jusqu'ici mis en jiratique des institutions pcnales dans lesquelles le supplicc de la mort tc- nait le principal rang. Qu'est-il result^ de cet appareil san- SUISSE. /,45 guinaire ? Les crimes n'ont point disparu de la societc, et il est ni^ine a remarqiier que, plus les snpplices ont eie nom- breux et severes, plus les moeurs des peuples se sont depra- vees, plus les actions coupabies et honteuses se sont iimlti- pliees. Pourquoi done refuser de fair? I'eprcuve contraire, et comment conibalire raisonnablement I'opinion qui repousse la peine de mort, fant qu'ou ne pourra s'aj)puyer que sur la iheorie pour nier les heureux resultats que des esprifs cclaires attendent de I'abolition de cette peine. M. de Sellon , dans le but d'cviter des reclierches aux concurrens, a reuni a la suite de ses brochures les exlraits des plus celebres criminaiistes relatifs a cette <|uestion. Les observations de I'anteur lui-m^me sont pleines dejustesse et deraison, et elles doivent lui meri- ter les suffrages unanimes de ses concitoyens et des amis de rimmanite. A. Taillandier. 197 — De la htterature alleinande ; deux fragmensda cours de litterature alleinande donne a Geneve; par M. Chretien MuLLKR. Geneve, 1826; J. -J. Pasclioud. Paris, le meme. Bro- chure iii-8° de 8j i)af;es. La quereile des classiques et des romantiques n'est pas en- core lermlnee : elle vient de trouver en Suisse un nouveau champion. Un professeur alleraand eleve la voix en faveurdes doctrines lilterairesj (j>ii ont pris naissance dans son pays. Malheureusement, sa brochure ne nous parait pas de nature a faire triompher sa cause. Si Ton pent reprocher a quelques partisans du classiclsine de mettre pen de bonne foi dans la discussion, de n'avoir souvent que des plaisanteries a oppo- ser aux attaques dont ils sont I'objet , de parler des litteratures etrangeres sans les connaitre , meme superGciellement , ne poiirrait-on pas accuser les romantiques, d'abord, de mettre ]Jeu de clarte dans leurs definitions et dans ieurs theories; puis, de denigrer sans niesure les belles productions du xviie siecle. De cha((ue cote, Ton prend a lache de ciler comme les mo- "deles du genre ennemi, les plus mediocresessais que produise I'imiialion des Alleniands, ou I'etude desanciens, et Ton semble oublier, ici , qu'ii a existe un Corneille et un Piacine; la , que les Goethe el les Schiller ont cree des chefs-d'oeuvre. M. MuUer ne partage point toutes les preventions des Ininmcs qiiicom- batlent dans les memes rangs que lui: il semble accorder du talent et du genie aux princes de la poesie francaise , meme a Boileau. D'un autre cote, soit qu'il eprouve de la difficulte a nianier notre langne, soit que ses idees soient obscures en elles-memes, il nous a paru pecher, comme beauconp de ses cmules, par le manque de clarle. Voici sa definition du roman- /j46 LlVllES ETRAISGERS. lisme : « C'cst le purfum de Tame , I'enlliousiasmc iinmorlel et riroagiiiation liardie, (jui francliissent ces regies qui out ele prononci'cs par un lioinme qui ue coiinaissait pas la pocsie , ( ici M. Muller se liate de prevenir qu'il n'enlend point parler d'Aristote ) ; ce sont les couleurs frappantes, qui relraceiit les cieux ct les abynies du coeur hninaln avec autant de vcrite que les delices du printeins, d'une nuit d'cle ct d'un bouquet de roses : ce sont ces accens qui, evitant totitc imitation, loufe allusion, loute reminiscence manieree de Tanliquite, sc raita- chent avec un transport sublime A ce qui appartienta nous- momes, et a ce que nous avons de plus cher : ils se rattachent au christianisme, a ses sentimens et a ses vertus, ainsi qu'a I'histoire iialionale, a ses lieros et surtout aux siecles recnles du moyen Age. » — Plus loin, i! ajoute : « La hardiesse de I'i- magination, les couleurs brillaiites et la verite frappante dans les situations et dans les caractercs, ainsi que I'obeissance aux lois invariables du beau sont indispensables au romantisme. » Quel classifjiie songerait a exiger davantnge? En accaparant ainsi au 'profit de son ecole les plus belles qualites de la poe- sie, M. Muller me rappelle un homme qui, voulant])lacer son mot dans la grande dii^cussion littcraire, prctendait que la poesie romantique , c'elait la poesie serieuse, et que , nee avec nos institutions conslitutionneiles, elle elait un des besoins de I'epoque. Ainsi, les tragedies de Corneille, les odes de J.-B. Rousseau, les epilres philosophiques de Voltaire, qni ont ete composees sous la monarchic de Louis XIV et de Louis XV , sont des poesies badines, puisqu'elles ont precede la charle et les deux chambres. Duresle. nous serons parfaitement d'ac- cord avec M. Muller, s'il recommande I'etude de la nature plus encore que celle des anciens; cette idee, ])our n'eire ni entie- remenl, neuve , ni exclusivement allemande, n'en est pasmoins boune : Eh quoi! la nature est vivante! Et dans nae tombe savanfe L'eUide ensevelit tes yenx ! Modere una docie luanie ; A'iens ; la nature est le genie Qui seni inspira nos ayeux. a dit un jioeLe ( Le Bruk ) qu'auciin parti litteraiien'a encore ouvertement reclame, eomme lui appartenani en proj)re. Nous abonderons encore dans le sens du jMofesseur allemand, lors- qu'il invite a cherchcr des inspirations dans les croyances, dans la reliqion , dsns I'histoire et dans les souvenirs nalio- SUISSE. /,47 iinux ; seulement , cons liii feions observer que , nitnie en France, Ton n'n pas atiendu I'appel des dooteurs roinanliques pour puiser a ccs sourc^;s. Enfln , nous soinmes disposes a bien accueillir les innovalions tentees par des hommes de ta- lent , tout en nous lejervant le droit de rie j).is applaudir les exagerations decerlninspoetes, qui semblent avoir adoj)te pour muse le niysticisme le plus vague et le plus inintelligible , ou qui se sont impose la regie de ne jamais ecouter la voix de la raison et du gout, de crainle de ressembler ii Boileau. Cette brochure sert d'introduclion a un cours delittorature allemande , queM. MuIIer se decidera peut-etre a publier plus tard. Un ouvrage de ce genre, ledige par un lionime qui , comrae bii , parait avoir une connaissance approfbndie de I'histoire litleraire de son pays et qui n'est nullemeut eirangcr aux litterntures des autres nations europeenues, parait devoir obteiiir un brillant succes. Mais nous oserions recomraauder a M. MuUer, dans le cas oil il entreprendrait uue parellle pu- blication, de donner a son style plus de correction et une physionomie plus francaise. 198. — * Geschichte cler Gesellschnft ziir Befoi-deruns; des Guten und Gemelnnutzlgen in Basel. — Histoire de la Societe hdloise d'utilile pubiiquc. Cinquieme decade. Nenvieme annee. Bale , 1825. I vol. iu-18 de i36 pages. Nous avons eu plus d'une fois I'occasion de jiarler de cette Societe, Tune de plus actives que I'esprit d'association ait en- core formees en Suisse. II y a deux ans, a I'occasion du conipfe rendu de ses travaux pendant la quarante-septieme annee de son existence, nous avons mentionne les nonibreuses fonda- tions utiles qui bii soul dues (voy. Rev. Enc. , \. xxir, p. 140); plus lard, nous avons donnc des details sur la Bibliotheque de Uijeunesse , etablie a Bale par ses soins , et oil les jeunes gens de cette ville trouvent jjiesque tous les livres qui convieunent a leiir age. (Voy. /lei^. Enc. , t. xxui, p. il\0. ) Le volume que nous annoncoiis contient un rapport de M. R. Burckuardt, president actuel de la Societe. II prouve, par uu grand noin- bre de f'aits , que I'esprit philantropique de la Societe, loin de se raleiilir, sembie prendre chaque jour plus de force et d'activite. Nous ne pourrions cltcr ici tous les elablissemens d'instruction et de secours pour les pauvres, toutes les fonda- tions d'utilile publique, tous les encourageniens accnrdes aux sciences eta I'lndustrie, sur lescjuols M. Burckliardi enlre dans quelques details : nous nous contenterons de rapporter un seul fait. La vi!le de Rale compte une population d'euviron i5 ou 16,000 ames : la Societe d'utilite publique a rcuni prrs 448 LIVRF.S ETI\A.NGERS. Ie im])artial:ie; il ne nopflij^e aiicune des fircoii-itaiicos f|ui font inieux connailio Ic caracterc natio- nal des Espa^nols; il nous peint les mailicurs des villes prises d'as?aul, el des pcui)lcs conquis. An milieu des horreurs de la i>m'rre, on ne pent s'arretei- aux trails d'hi'roisine d'tiu grand nombre d'ltallens, sans froinir d'indignalian sur leur sang iiiiilileiuent rt-panilu. L'auleur appiiie lout ce qu'il uvance de pieces justificatives. Nous reinarquons avcc plaisir qu'il ne se niontre jamais injiisle envers les Fraiicais. Les gravures topo- graphiqiies rlvalisent de bcaute avec Pimprcssion de I'ouvrage. Le gouvcrneinent parait avoir favorise celte production de M. Vacani , dans I'espoir, sans doule, de reiidre ])rofilables a la nation les exeinples de la bravonre italicnne. 202. — * Biogrnfia universale , anticn e inodernn , etc. — Biographic universelle, ancienne et moiierne, etc. Vol. XXI, XXil er XXIIL Venise , iSaS. J. B. Missiaglia ; in -8". Plusiour^ joiirnaux ilaliens continuenl d'esaininer cet ou- vrage, a lucsiire que les volumes en sont publics, lis n'epar- gnent auciine faute, reclierclient specialcinesit celles t|uise trou- vent dans la partie relative a I'hisloire liltcrairc d'ltalie, et s'indignent lorscju'elles ne sont point corrigces dans la traduc- tion. La Biblioiheque italienne a relevti beaucoup d'inexacti- tudes dans les articles du comte de Firmian et du comte WiLZKCK , ainsi que dans ceux d'Annibal Fontana, celebfe sculjUeur, et du matliematicien GregoireFo'STWk, auleur du traite sur la doctrine des hasnrds. Heureusemcnt , I'article A' AlbertVoVi.Tis , savant naturaliste, a etc soigneusement revu par le traducteur, qui a rectific les errouis dont il etait rempli. On a droit d'esperer que les Italiens Irouveront jilus coiiformes a la verit;3 cl a la justice les articles biographiques sur les autres savans de leur nation, dont M. de Angelis enrichit riepuis quclque tenis ce grand Dictionnaire. Nous avons distin- gue les articles de Stellini et du Tasse. — loZ .* Serinoni sacri in terza rima , etc. — Sermons sacres , en tejza rinia, de Gian-Carlo di'^^G^o. Genes, i825, PontliC- nier. In-4". Voici ce que Ton raconle toucliant I'origine de cet ouvrage, qui nous semble etre a la fois une satire contre le o'rand nom- bre d'orateurs sacres qui exisle en Italic, et une preuve du jnetite et de la picte de I'auteur. Un jour que I'on exagi'rait, en sa pr«§sence, le merite d'un predicateur, M. de Negro dit qu'il se croyait capable de deployer aiitant de talent , en pre- chant meme en vers. Les deux premiers essais qu'il fit de son ITALIE. 45 1 eloquence poetiquc, axix applyudissemeus de scs audileurs, J'enfjaijercnt a conrinuer cette espece de petit carcme, et il a puhlh' jusqii'a dix-huit sermons. Au metre pros , tout s y trouvc conf'orine aux regies adoptees pour ce genre d'eloquence. Cha- que sermon comuience par une citation tiree des livres saints. Le premier , par exemple, dont le sujet est laniort, a pour texle: Memento , homo, quia puh'is es , etc. Les autres sont consacres aux sujets suivans : /primer,dans I'Evangile, les paraboles (;ui y rcpandent tant d'interet, s'ils n'efaient releiius par la saintete du livre. Celle bizarre ecole s'ctait varitee de poSseder M. PJonti parmi ses partisans. L'il- lustre poete a cru devoir repondre a cette assertion uienson- gere par une espece de plaidoyer poeticpie en faveur de la mytliologie ancienne, dont nous allonsof'rir a nos lecleurs une rapide analyse. Nous remarqunn*, d'abord, que le premier argument de Tautetir est la beautc des vers que liii a inspires le sujet. II suppose (jue la pot'sie n'est e;i eUememe qu'uno mytliologie, et affirmc que, dc toutes les mythologies, celle /,52 LIVRES ETR ANGERS. lies drees est ia plus fecoiide en beautes lill^rairos, la pin.? ronvenable i I'esiirit, au ca-ur tf a 1 iniaf;ii:atioii (les Italitns. Nous avoiioiis sans (louts (|ii'elle lie peut se cor.cilier avec les vi'rites (le none reliL;ioii, ct nous blamons le nielatige qu'cn out fait 1.1 plupait des [loeles chiclicns. Mais son principal mi'iile est de jieiiidre el d'animer la nature physique et morale par des images deveimes f'aniilieres a lous les lecleiirs d'un esprit cultive. C'est alors que son usage est K'gilimc : e'est aiii>i que I'onl employee Fracasloro, Parini et cpiclqiies autres, et (pic la ]'hiloso])liic en a bcaiuoup prolite. Non content de I'a- voir ])r(iscrile, (]ii('l(jues novateurs romanliques out essaye dt; la reniplacer, sous le ciel riant de I'ltalie, par la sombre niy- tlioiogie des penples dii Nord, on par de vieilles fabies .latio- nales, necs de I'ignorance et de la crcdulite sujierslitieuse ile de iios aieux ; mais lenrs essais n'ont etc que ridicules. M. Mon- ti, defenseur enthousiajte de la mythologie, e'est-a dire de la poosie des Grecs, dont les beautes ont ])our lui tin charme toujour-, nouveau, refuse de la sacriCer a sa rivale, qu'il re- jette comme contraire a la nature ct a la saine pliilosophio, cf snrtoul comme anti-poelic|ue. Nous nous bornons a indiquer r()]>inion de le juge venerable, du vieil Homere do I'llalie, 'dont i'autorile jircmnnira sans doute les, jcunts cleves des Muses conire ces nouvelles doclrines , qui ponrraient seduirc leur inexperience. Ni^us ne prelendons pas iieanmoins, quoi- ~^ que celte opinion soil aussi la noire, qu'on doive lejuouver toules les obser\ations drs romanliques, et adineltie en merae terns toules les re ponscs des classiques. Nous neblanions, en cette querelle, que IVxagrrafion rt'ciproque. Nous leur proposons, au rcbte, un excellent moyen de terminer (oute dispute. Que les deux partis, au lieu d'argunienler sans lin snr la justei e el riuiportance de Iturs doctrines, elierchent a inul!ipli( r Icurs essais poeliques; le public eclaire comparera les produc- tions, et decidera de la preeminence. Voila ce'cpie vient do faire M. Monti, en presentant aux juges le tableau le pb.s brillarit de la mythologie des anciens, ou plutot de la natuie vivifice par une pocsie de tous les tems. « On est-il, deniande le pocle indignc, en s'adressant au soleil , ou est-il, ton char d'or, 6 toi qui, dans la course majestuense, repands la lu- iniere, oeil de I'univers ? oil sont-elles les Ileures qui danscut autour de toi ? cu sont les coursiers, dont les nazeaux font jaillir la flamme ? Malheureux! les nou\ellcs doctrines poeli- ques t'ont change en un globe de feu immense, inaniinc , immobile , en criant : niort aux revcs et aux fables, et que la verile regne seulei... Mais la verite aride et nue, ajoule-t-il, ITALIE. /,53 ailleurs, est le tombeau des poeres (i). > On a public c^jntre ce (liscoiirs en vers une piece intitule? : La consolation , a Vin- cent Monti ; elle prouve plutot !e zele i|iie le talent de rauteui'. En conij)arant avec impartialite ces deux compositions, on j)ourrait aiseinenl se convaincre dc \,\ difference des deux sys- lemes et des lesullats qu'on a droit d'en altendre. 2o5. — * Poesie ilaliane dimesser Angrlo Poliziano.^ — Poe- sies d'Jnge PoLiTiEN. Milan, 1825. J. Silvestri.In-iG. Le nierite de I'olitien , qui fut ami de Laurent de Medicis , et le iiiailre de Leon X, est generalement reconnu. Mais toules los editions qu'on aviiit faites jusqu'ici de ses vers etaient defec- tueiisps, et plus oil mnins ailerees. M. Monti senlait depuls long-tems CKmbien il iinportait de ies rorriger ; ii s'est adjoint , pour ce travail, M. Maggi, digne , soms tons Ies rapports, d'nn lei clioix. Les observ'ation5 de M. Monti ineritent toujours I'altention de ceux qui cullivcnt la lilterature i:alieiine. F. S. 206. — * Opere del conte Giulio Perticari, etc. — OKuvres du comte ////f'i'PERTicAr,!. Milan, 1825. Silveslri, a vol. in-8". Les ceuvres de M. Perticari, ra?scmblees dans les deux vo- lumes de cette edition , sont j)lacees dans roidre suivant : « des ecrivnins du xiv siccle ( trecentist! _) et de leurs imitateurs; de Painour palrioliqne du Dante et de son \\\ve: Devulgorieloquio; iiti discours stir la mort de Pandolfo Collenuccio, el nn cssai sur la vie de Guidobalde I'^"' due d'Urbain , ecrit par Bernard IJnldi; une analyse tiree du Journal arcndirjuc de Rome, sur une traduction du traite que Denis d'Halicarnasse a laisse sur le style et les ouvrages de Tliucydide; enfin, lesletSres lami- lieres de I'auteur. » Les deux jiremiers ouvrages de I\L Perticari firent beaucoiip de sensation en Ilalie , a I'epoque de leur apparition. lis fureni le signal de la lutte qui s'est depuis engagee entre M. Monii et Ies partisans de TAcadcmie de la Cruse. , au siijel de la compo- sition d'nn nouveau Diclionnaire de la langue italienne. Ces (i) Ov' e' I'auieo tuo carro, o maestoso Portator delta luce, occhio del luondo? Ove rOre danxanti? ove i deslricri Flamme spirant! dalle naii? Abi misero ! In un imraenso , inanimate, immobile Globo di fuoco ti eangiar le nnove Poelicbe dottrinc, alio grldando : Fine a' sogni e alle fole, e regui il vero .. .11 nudo , Arido vero, clic de' vati e tomba. /,54 LIVRES £TRA.NGERS. derniers s'atlribuaient le jjrivilt'fje de rp^^ler les limites He la reforme devenue indispensable dans le voc;ibulaite national. Mais, on pouvait ciaindre que, suivant les erreniens dc leins devanciers , ils n'eussent conserve dans le Diclionnaire (|ue dcs cxjiressions vieillies, tandis qu'on aurait pi'esque nicconnu raulorile dps eciivains inoderncs. M. I'eiticari prouve qtie ce n'est pas seulenient a Florence, inais dans les dialectes diflerens qui on: precede la renaissance des Icttres en Italic, que le Dante a pulse les eleniens de la lan<^ue qn'ii a crece , el il s'aiiiorise de ce que cet homine celebre en a dit lui-meine dans son ou- \rage, sur ["eloquence vutgaire. II combat I'opinion de ceiix <]ui croient c[ue le genie de la langiie ilalieniie est uniqnement renfernie dans les auteuis de xivc siecle, conime si le genie d'unelangue jjouvait eire stationnaire; les besoins de la societe n'amenent-ils pas jouriielleinent d'autres resultals et de nou- velles corabinaisons? Faudra-t-il repudier la gloire et I'autorile des grands ecrivains qui ont illuslre leur Jiays, depnis ccttc epoqtie, et qui ont trouve de nouvelles formes de langage qu'ils ont fait adopter. D'ailleurs les sciences nalurelles, la legislalion, I'ideologie et la morale n'ont-elles pas fait des progies remar- quables qui ont introdiiit dans le vocabulaire de ces sciences des changemens necessaires, sanctionncs par I'habitnde ? Nous laisserons au terns et a la philosophic la tache de resoudre ces doutes. Des auteurs eslimnbles ecrivent aujourd'hui avec siicres la langue du Dante, de Galilee et de Beccaria; d'autres leur succcderont,n'en doutonspas,etprendront])Our guides les nio- deles qui les ont devances. Le genie ne peut pas s'eleindre en Italic; M. Perticari nons en fournit lui-nienie la preuve. Nous conseillons a nos lecteurs de lire les lettres de cet ecrivain ; elles sont d'lin style correct, et reniplies d'une chaleur douce et communicative; elles cxj)riment partont le caractere d'un homme de biea qui cherissait la veitu et sa paliie autant que les lettres. C. Rossetti. Ouvrages periodiques. ■xo'j. — * Annali univcrsali dl statistica , cconomia puhblica , storia, viaggi e cominercio , etc. — Annales universellcs de statistique , d'econoraie pnbliqne, d'hisloire, de voyages et, de commerce. Vol. VIII. Milan, 1826 ; chez les editeurs. In- 8". Ce recueil continue a se distinguer , et par rimportaiice des inatiercs, et par la reputation des rollaborateurs, parnii les- ijuels on reniarcpie MM. Gioja et le baron Custi>iji (pii ont bicn merite de I'ccononiie publique. Le volume que nous an- ITALIE. — PAYS-BAS. 455 ffioncons jji'esente d'abord un memoire detaillc, ou Ton examine nne opinion siir le caractere, I'etendue et les avanlat;es des slatistiqiies. Ceite opinion est celle qu'a soutenue M. Say dans son Traitc d'econoinie politique. Aprt'S avoir monln'- la dilfi- culiede reciielllirdesnoticesrigoureusenient exact es en ce genre, cet ecrivain finit par dire (|ue , lors meine qu'on pourrait les obtenir , elles ne seraient vraies qu'tin insrant. II a encore dit (juelque part , dans notre Jiet'ue « que sont ces euormes stalisti(pies qui, en les supposant excellenles, c'esl - a- dire, vraies au moment oil elles ont ete dressees, ne le sont plus au moment ou on les cotisulte , etc. ? » — M. Gioja, tout en reconnaissant le nu'rite de M. Say, examine avec la fran- chise qui lui est ])ro[)re , I'opinion de ce savant cconomiste. 11 soutient qu'un grand nombre d'elemens statistiques tres- imporlans ne cessent jamais d'etre vrais; cpie plusieursautres elemens d'une egale importance n'cprouvcnt des variations qu'apres un long cours de siccles ; et que ceux memes qui cliangent plus frequeinment , ne cessent pas d'etre utiles, soit mediatement, soit immedialement, etc., etc. II passe en revue la topograpliie, la population, I'agriculture, les arts, le com- merce, les gouvernemens, les lois, les institutions, les habi- tudes. De cet examen, il resulte que les principaux t'lemens statistiques peuvent etre divises en deux classes; !a premiere, composee d'elemens invariables , et , couime les nomme I'au- teur, presque eternch; la seconde , d'elemens qui durent pen- dant lo, 5 et 2 generations, ou meme moins. On ne pent lire cet article, sans apprecier les connaissances de M. Gioja, et plus encore la raaniere libre , mais decente, avec lanuelie il refute sx)n antagoniste. — On trouve, dans le meme volume, des articles remarquables sur divers sujets, plus ou moins in- structifs, sur les colonies militaires et la marine niilitaire dela Uussie ; sur les iiiiances du Mexique; sur la statistiqiie de la Pologne, de la Siberia, de Cuba, etc.; snrle commerce et les ressources de I'Angleterre, sur I'etatactuel de I'liydrographie del'Espagne, etc., etc. Les Italians, non moins que lesetran- gers , j)euvent lire et consulter avec fruit cet iiileressant re- cueil. p. 5 PAYS-BAS. 2o8. — * Jaarhoehje orer 1826. — Annuairc pour 1826, pu- blic aux frais de S. M. le roi des Pays-Bas. La Haye , J826 ; imprimerie del'etat. i vol. in- 12 ; prix , 1 fr. 75 c. Ce petit ouvrage, redige a pen pres sur lememe plan que celui que public en Prance le Bureau des longitudes , a ete 4r»6 LIVRES ETRANGERS. ires-favorablement accncilii , des sa naissance. Indepcndam- iiicnt des notions que rcnferment les reciieiisde inc-mo nature, oil y tronve des reclieiclies stalisliques d'nn veritable iiiteief. L'aiilcur, M. Lobatto s'est atlacht; a presenter Ions les rcn- seigneincns qiii])euvcnt etre d'unc ntilile generale i)Our notre pays. I/clat des eaux des ])iincipaiix fleuves se trouve indique ;ivec le plus prand soin pour les differens jours de I'annee iSaS. Celle serie de docuinens puist's a une source officielle pourra devcnir precieuse par la suite. L'auteura pris soin de donner aussi les lonj^itiides ct les latitudes d'environ i5o villes du loyaumc, en indiquant leurs distances aux villes de Bruxelles, d'Aiu'^tordam et de La Haye. Nous observerons , a ce sujcl , qu'il s'est glisse quelques legeres erreurs dans la Connaissance ties terns , ouvrage d'ailleurs qui peul servir de modele pour I'exactitude et pour le grand nombrede recherclies utiles qu'il contient. On y lit, par exemple , que les villes de Liege, Venloo, se Irouvent en AUemagne ; que Courtrai est en France, etc. Les mouveraens dela po])ulation ont etc indiqucs avec soin : I'auteur est lueme entre dans des details assez etendussur celte })arlle. II rcsulte de ses recherches que, dans toute I'ctendue du royaume , la population est dans un elat de croissance. En 182/1, par exemple, on n'a comptc que i3/i,9i5 detes sur 218,666 naissances : de sorte qu'il est mort a peu pres Irois individus, pendant qu'il en naissait cinq. Un coup-d'ceii jele sur le tableau suivant fera connaitre quel a ele I'ctat de la popidation j)endant six annees consecutives. En 1820 5,642,55a 1821 5,692,323 1823 5,767,033 i8a3 5,838,123 1824 5,913,526 1825 5,992,666 Le rapport des deces a la population est d'environ i a 44 > tandis qu'en France il est de i a 89. Le rapport des naissances a la population elait , chez nous, en 1824 , de i a 27 ; et conse- quemment, le rapport des deces aux naissances etnit de 27 a 44- _ Le rapport si constant des naissances masculines aux nais- sances feuiinines se vcrifie en Belgicjue , comme dans les autrcs pays ; et sa valour est a peu pres egale a celle qu'on a trouvee pour I'Angleterre. Ce rapport est de 1000 a gSo; ilest, en Angleterre , de 1000 a 947; en France, de 1000 a 987 ; et PAYS-BAS. /,57 dans le royanme de Naples, de Tooo a 955. Ce rappo: I , dont on ignorera probablement toujours la cause , n'est pas raoins rernarquable par sa singularite que par sa Constance. M. Loballo a verifie, pour les villas d'Amsterdam, d'An- vers, de Rotterdam, de Gand et de La Have, les recherches quej'ai faiies sur les lots des naissances et des deces a Bruxelles ( Voyez Rcf. Enc. , tome xxviii, page 840). Comme il I'ob- serve, nos resultats offrent !a plus grande concordance. La loi devient menie manifesle pour chacune des villes en parli- culicr. C'est pendant les mois de Janvier ct de ffivrier que Ton compte le plus de deces et de naissances ; au conlraire , c'est a six mois de la que Ton en compte le moins. Ces lois deviendront evidentes ])ar le tableau suivant ou sont consignees les moyennes des rcsnhats de M. Lobatto et les nombres que j'ai obtenns de mon cote pour 18 annccs d'observation. Les mois ont ete supposes d'egale longueur, et I'unite a servi pour representer le douzieme du nombre total des naissances et des deces pen- dant une annee. NAISSANCES. DECES. Movfnne. Bruxelles. Mojenne. Bruxelles. Janvier. . . . i,o56 I,o4o 1,206 i)i7i Fevrier. . . . 1,120 i)i57 ijiog t,iio Mars i»og9 I1O99 ijOSj 1,100 AttII i,o53 1,079 1,021 1,068 Mai. • . . . . 0,986 0,989 0,950 O1995 Juin 0,931 0,956 0,902 0,916 Jaillet 0,909 0,901 0,843 0,806 Aout 0,926 0,903 0,87 a 0,844 Septembre. . . 0,955 0,940 0,923 0,884 Octobre. . . . 0,968 0,g46 0,972 0,966 Noveinbre. . . 0,989 0,968 r,oi2 0,975 Decenibre. . . 1,007 1,017 ^,129 1,172 L'auteur a ete detourne par ses nombreuses occupations de dresser jusqu'a present des tables de mortalitc qui exigent nn travail minutieux et penible. II a donne celte fois la (able que j'ai calculee pour Bruxelles , en se reservant de faire connaitre plus lard ses propres calcnls pour d'autres villes du royaume. Nous croyons pouvoir lui annoncer qu'il sera soulage dans ce travail par quelques personncs instruiles (pii s'occu])cnt acluel- lemenl de dresser des tables dans quelques - unes des princi- pales villes des provinces meridionalcs. Nous ne saurions trop engager M. Lobatto a pcrseverer dans 458 LIVRES ETRANGERS. ses utiles leclierclies, puisquVlles tendeiit a nous faire decou- vrir des lois encore tio]) pen etudiecs dans notrc royatime ct siir lesquelles on fonde ccpendant dejii les succes de Societrs fort iniportantes. A\ec les connaissances inatlieniatif|ues qu'il possode, il ne jiourra luniiqiier de reiidrc des services esscn- tielsa la science. II >C[ait ;\ desirer (]ue les I'echerches niotco- r()k)«,nc|ues pussent trouver place dans son recueil, afiii ([n'on y tiouvat reunis Ions les docunier.s scientifiques cpii presentent quelque interet. Dii reste, rAniinaire tel (juil est des sa nais- sance, ne pent que nieriter les suffrages et les encourageniens de tous les amis des sciences. A. Quf.tklkt. 209. — Abre^e de I'histoirc de la Belgiqite , sm\\ de qua tie itineraircs , a I'usage des maisonsd'ediicalion. Brnxelles, 1826. Lejeune fils. 1 vol. in-i8de ii3 pages. C'est un discours sur les ])rincipaux evenemens de I'histoire de ia Belgique, mais il y n]an(ine cette cliaine qui les lie entre eijx et qui les grave, en quelque sorte, dans la menioire. Le style est, du reste, a deux ou Irois expressions neologicpies pres, agreable et correct. Le plus grand def.mt de I'ouvrage, et cela lient sans doute au cadre qu'a clioisiranleur, est d'etre supeificiel. Nous y avons reniarque des fails prescnies d'une inaiiiere inexacle, coniiiie le sac de Dinant sous Pliilippe-le- Bon, et cpielques erreurs : Charies-le-Temeraiie n'a pas trouve la mort en Suisse, mais sous les murs de Nancy. Giij n'est pas un noui de faniiJle, mais (in nom de bapteme ; il f'allait dire, par coiisec|uen( , les families de Dampierre et d'Avesnes, au lieu des families Guye\ d'Avesnes, etc., etc. Apro()os du traite d'Utrecht, en 17 i3, I'liistorien ne fait pas mention des bar- rieres accordees an gouvernenient des Provinces-llnles dans les Pays-Bas autricliiens; c'etait une circonstance essentielle. — Les quatre ilineraires qui terniinent ce petit volume rappel- lent une fonle de souvenirs Iros-propres non-setilement a faire naitre le gout des enfans pour Tclude, mais encore a provo- qner en eux cet amour de la gloire que Ton pent regarder comme la nieilleure sauve-garde contre les passions avilis- santes. 210. — Le Bal masque , ou Paris et le village, coniedie en trois actes et en ])rrise, ])ar M. Aiiguste Jouhaut. Bruxelles, 1826. Degrcef-Ladwron. In-8° de /|0 pages. Edouard Ferviile, a I'exemple de tant d'autres, a tjuittii 1 humble toil de ses peres, pour venlr faire fortune a Paris; au moment de dormer uiie fiite , il voit arrivcr dans ses bril- lans salons sou freie et son ncvcu reslcs lldtles au costume PAYS-DAS. /,5g comiiie aux travaux chainpetres; la jeune Marie, qu'il devait epouser, les accompagne. Oh concoir I'embarras du f'astueux financier qu'cntourent ses iiouveaux amis, une coniless? qui veut iui donner sa lille, un marquis, un comle, elc. Edouard congedie a.ssez brntale- iiient son incommode ])arente qui reprend ie chemin du vil- lage, oil lui-raenie , completement ruine par une malencon- treuse parlie de tfcnte et quarante ou de Pharaon, ne larde pas a la joindre. Jacques, riiomnie desclianqis, accordea son fVere un genereux pardon. La bonne Marie a lout oublie : Edouard I'epouse, e-t Ton prerid I'irrevocable icsolulion de ne plus quitter une feime qui promet bien micux le bonheur que routes les vanites du grand monde. On loit que celte coinedie u'ofire rien de trcs-neuf : le sujet, le.s situations et les carac- lercs rentrent dans plusieuis aulres ])icces... Jcanrtot et Colin presentent lemcme but moral. II ne fal'ait pas d'ailletirs que la ruine d'Edouard fut complete, parce que cela diminue I'intc- ret qu'inspire son repenlir , et que des lors scs demarches pour »e reconcilier avec sa fainille I'avilissent; il eut mieux valu qu'eclaire pas un premier levers el devore de remords, il eut recueilli les restcs de sa f'orlune pour venir jiasser sous le chaume paternel ses jours unisaceux de Tin teressantc Marie. Le style laisse quelquefois a desirer I'expression propre ; il abonde trop en lieux comrnuns de morale ; inais il n'est pas depourvu de nature! et de mouvement. 211. — Un jour en Suisse, ou Tableau de ce pays dans sa partie la plus pittores(jue, suivi d'un parallele en vers et en prose enire la Hoilande et I'Heivetie; par L.-F. Verenet. Amsterdam, 1826. G, Dufour et Coraj)agnie. 1 vol in-12 de VIII et 100 pages. On est toujours siir de nous interesser , en nous parlant do la patrie de Guillaume Tell , de cette Suisse si pitioresque , et dont I'aspect moral, comme ras;)ect physique, en fait, pour ainsi dire, un monde a part dans notre vieille Europe. M. Ve- renet retrace ses souvenirs des bords du Lenian avec une clia- leur communicative. Si ses expressions ne sont pas toutes avouees par le bon gout, si sa prose et ses vers olf'rent de nombreuses negligences, on v trouve constamment cet ainiable abandon, ce charme que rien ne remplaee , et cette noblesse de sentimens cpii nous fail desirer et partager en quelque sorte les succes de rauteur. Ses rapprocliemens entre la Hoilande et I'Heivetie me paraissent en general fort heiireux , et son fragment d'un poerae national fail concevoir les plus flaiteuses t'sperances; le lecteur en jugera par ce portrait de Civilis : «6o LIVRES J^TRANGERS. Done de ce regard qui sur les coeurs doinine, Ou lisail sur son front sa royalc origiue ; Et, inalgre Ini, son port, i son auguste aspect, De ses concitoyens coniniande le respect. Tel un cbene s'cleve an p.iilieu d'aiitres cbenes; Son fai'te Iriomphant regne an loin snr les plaiaes, Son Irene niajestueux et son fcuillage epais Decelent I'orneruent et le roi des forets. Que M. Verenet sc mcfie un pcu dii faux t-clal de I'ocolc mo- (lerne; qti'il notirrisse son esprit de la lecture des .Tuteurs cl.is- siqups; qu'il consulte son auie, et notis osons liii presager line brillante renoninjee dans la cairlere des Icttres. Stassart. Outrages pcriodiques. 212. — * Journal d'ngriculture , d' economic ruralc et des ma- nufactures du royauine des Pnjs-Ras , on Recueil. periodique de tout ce fjfie I'agriculture , les sciences et les arts qui s^ rap- portent off rent de plus utile et de plus interessarit ; public sous la direction de la Socieic agricole de Bruxetles, Onzieine annee. — I'Yvrier, 1826. Bruxelles, 1826; au bureau du journal, luontagne des Aveugles, n° 886 ;prix de I'abonnement, 18 fr. pour le continent. Comuie ce journal est destine a propager des connaissances bien constatres et definitivement ocquises, ses clioix ii'ont pas seulement pour objet de salisfaire la curiosite. Ainsi, les rcdac- t.eurs ne reclierchent ni t originalile , ni les annonces trop nou- vellcs et peu sures, et ils s'ajipuient avec confiante et satisfac- tion sur des autoriles reconimandables. C'cst a M. Bigot df, MoROCUEs (|u'?ls cmprunteni une dissertation stir I'influence des recoltes intercalaires, et sur les principes dos assolemens : M. Josiah Quincy leur fournit des reniarqucs sur la tenue des bcsliaux a I'ctable, cxtrailes du lecueil americain intitule : Massaclnissclts agricultural repository and journal. Plusieurs ouvrages francais ont fourni Y instruction sur le claveau, avec les rnoyens d'en atlenuer les effets , et I'exposition Aqu procedvs a suii're dans L'emploi du chlontrc de chaux pour le blancht- ment des substances r:egetnlcs. 1! nous Iransmet un article sur la balance da commerce , tire du Mathicu Laensbcrg , jnuninl public a Liege, et beaucoup moins repaudu qu'il ne nicrilcde I'etre. L'auteur de cet article tres-])liilosopldque entreprend de prouver que la superiorlte des irnporlalions sur les ex])orlations li'esl jyoint une caiise, ni un signe d'appauvrissement. — Le raj. port fait a i'Acadeinie des sciences ]);tr le srcreiaire perpc- tiiel sur TouNrige de M. Moreai; de Jonnks, inlituie : Jlec/ier- PAYS-BAS. /,Gi c/ii's sw les c/ia/i^^erne/ts produils dans I't'tat physique clcs, con trees jiiir la destruction des Jorets , lie pouvait elre oiiiis dans uii journyl public a Brnxelles : on salt que I'Acadeinie royale des sciences de celte \ille a couronne I'ouviage de M. de Jomies, en oidonnant (ju'd serait iinptime a ses frais, et qu'elle A decenie a I'aiiteiir la plus honorable diitinction, en I'associant a ses tiavaux. Un extiait de I'ouvriige latin du doc- teiii' Pi.ANCK sur In physiologic et la pathologic des planles , doniie la coiiiposilion du ciincnt forsythien , le meilleuf des remedes coiinus ])t)ur guerif les plaies des arbrcs. L'auteur de cetle decoiiveif.e a recu du roi d'Anglelerre une recompense de 3,000 iivres slerlings. Ce cimenl est compose de iG parties tie bouse de vaclie, 8 de phitre , 8 de cendre de Lois, i de Siible de riviere ires-fin. Les trois deruieres substances sont triiurees et tamisees avec soin ; puis, incorporces avec la bouse de vaclie, jusqu'a ce que le tout forme une pate assez niolle pour qu'on puisse I'eteudre avec la main sur la plaie de I'arbre, et la fixer sur I'ccorce. Cette opi'ralion terminee, on saupiiudre le eiinenl: avec un melange tres-fin tie cendres de bois et d'os calcines et broyes. Apres une demi-heure, on saiipoudre encore avec le meme melange; puis, on presse le ciment avec la main , jusqu'a ce que la maticre (jui le recouvre y soit incor- poree, et que la sniface soi(; polie. En ])cu de lems, le tout prend la durete de la pierre, surtout lorsipie la couche est mince, el tpie Ton a clioisi uu beau tems pour I'appliquer. 8i Ton pensait que la turiosile nc trouvrra rien dans ce recueil qui puisse la satisfaire , ce serait parce (pie Ton n'aurait ])as lu I'article sur I'exposilion d'hiver de la Sociele de Flore de Ciuxclles. Dans cetle fete botaiiique, ceiebrtie les jg, 20 et ui fcvrier de celte annee , plus de 900 plantes, tonics en fleur, out etc mises sous les yeux des amateurs. Les prix out ele decernes dans I'ordre suivant : Pour la jiiante le j)ius re- cemment introduile en Europe : c'est un crinum ainabile , prcsente par M. de Catas, barupiier a An vers; ponr la plante dont la floraiscn elait la plus difficile ?i obtenir : rosa muscosa, presenle par M. Giklis , jardinier flemiste; pour la plante la plus remarquable par sa force , son eclat et sa beaute : strelilzia regince , prciente par M. Vander Maelen. La mcdaille d'hormeur pour la collection la pins rlche en plantes rares et nonvellcs a ete decernee a M. Vanliaelewyck, et une mention honoiablea cte faite des collections de MM.Vak- DER Maelen, le baron Vanvolden et le due d'Aremberg. On voit que les series de Bruxelles sont le rendez-vous de ce que /,Gu LIVRKS KTRANGERS.— 1JVI\1:S FRANCAlS. I'einpirr (k- Flore possrdc rofesseurs do rUuivcrsite de Leyde qui entrcprend la publication de ce journal, redige dans le meine esprit que la Bibliot/ieca c/iticft que dirigcnit vers la fin dii dernier siccle le celcbrc Wyttf.nbach. Nous voyons avec plaisir celie eiitreprise qui prouvera que les Hollandais s'a- donnent encore avecsurcesa I'elude des iilteratures grccque el latino. L'ouvraye est distribue en deux parties. L'une contient des Critiques dctaiUee.s , parnii lesquelles nous distinguons sur- tont cclle de M. Bake sur VOEdipp a Colone, de Sophocle, public reccmnient ])ar Hermann. M. Bake s'y inontre , ainsi que dans la critique de I'edition de la Republiquede Ciccron , publice par M. lleiniicbs, un veritable disciple de I'ccole de Wyltenbach. Nous regrettons (]ue plusicnrs t)uvrages n'aient obtenu quedecourtes notices dans la secondepartie, telstjuele Coijius insciiptiomtm grcecarurn , public a Berlin, le Cicero (If legibus , edition de Creutzer, etc. — Le style est en general d'uiie purete et d'une elegance remarquables. Orgueil et pre- vention nalionaica part, nous croyons que les sa vans hollandais surpassent de beauconp les etrangcrs, quant au talent d'ociire le latin avec correction el avec elegance. Aussi n'y a-t-il ])as a s'en ctonner. Notre pays est ;i jieu pres le senl ou Tenseigne- inent snperieur se donne encore en latin. Nous nous flatlons de pouvoir annonccr bientot le second cahier de cet ouvrage qui ne jieut inanquer defaire honiieur aux savans hollandais , et d'etre d'une grande ulilite pour I'etude de la philologie en general. X'^'^. LIVRES FRANCAlS. Sciences physiques et nuturelles. •i_\[^, — * Atlas des oiscnux d' Europe pour servir de complc- nient an Manuel d'ornilhologie de M. Temaunck , par /.-C Wer- NET, peintre d'hisloire naturelle. Dcuxieme Vwraison. Paris, 1826. A. Belin, iniprimeur-libraire, rue des Mathurins Saint- Jacqnes, n° 14. L'ouvrage entier aura 55 livraisons de 10 plan- ches c!iacune ; il en jiaiaitra nne par niois. Prix de clia(jue livraison de dix figures en noir sur paj'ier vclin, 3 fr. ; figures SCIENCES PHYSIQUES. /,G3 colorices ct retoticl)ocs avrc soin, 6 fr. aver le Icxte tic M. Teni- minck , 5o c. de ])lus. ( Yoy. cidessus , p. 1 53. ) 2 1 5. — * Mono i^r a p hie till genre Sticia, dcdiee a M. le colonnl BoRY BR SAiNT-ViNcE?fT , par M. Ic (.lievalier Delisk , clief de bataillon en retraite. Caen, 1822. Paris, TreuUcl el Wuitz, et Diipont. I vol. in-8°, avec un all;is de 18 pi. in-4" conlenant plus de 80 figures coloriecs; prix, 12 fr. C'est une chose rcmarfpiable de voir combien de inditaires, apres avoir verse lenr sang pour la |)atrie, se delassent d.ins le sein de riiistoire naturelle de leurs giorieuses fati;;iies. Onl- ils pris le gout de cette aimable science , en paicourant; ies camp.igiies ,r|u'on lesiiiit par de rapides mouvemens, en etat de comparer, ou n'est-ce pas f|u'apres une \ie active el agitee , le sage ainiea s'occuper de ce qui preseiile le inoins de rapports avec letems passe? M. de Lamyrtk, le premier des naturalisles de I'epoque avail etc militaire. M. de I^acepede dont la France deplorela perte, M. Aubert du Petit-Tlionars quel'Inslitut s'lio- nore encore de conii^ter ])arini ses membres , fureiit anssi offi- ciers ; le lieutenant-general Dejean est aujourd'lnii I'lin de nns premiers enlomoiogistes. Le savant auquel est dedie I'ouvrage de M. Delise a marque honoraljlement dans la carriere des armes avant de se disiinguer dans celle des sciences; enfin M. Delise f'ul le frere-d'arnies de ce dernier qui lui inspira le gout consolateur de la botanique, ce que nous apprend une dedicace pleinede sentimenl el tpie lechefde bataillon adresse au colonel dcvenn son meilleur ami. On aime a voir naitre ainsi Ies affections Ies plus deuces, desorages ni^mede la guerre; il y a quebjue chose de touchant a voir des braves unis, non- seulement par le souvenir des peines ct des dangers iju'ils par- tagerent, mais encore par des liens lissusde feuillages, conime on tressait Ies couronnes civiques des beaux tems de I'anli- <(uite. La monogra])hie des Stictes dont il est question, parait n'eti-e ijue la premiere jiartie d'une histoire complete des li- cliens. Quelques jjersonnes demandei'unl qu'est-ce que des lichens , a (juoiscrveni des lichens, a quoi bon Ies decrire? Nous ne perdrons pas un terns precieux a repondre sur la question A.Vi- cui bono , il suffit ici de dire que Ies lichens offrenl de gran- des ressources aux arts, la teinrure en retirant de riches cou- leurs; a la medecine , plusieurs cspeces de lichens y etani fort, employees; enfin, a la pharmacie qui non-seuleirient en oblient des pates, des gelees et des sirops, mais qui par le moyen de leur etude pent reconnaiue la bonte de telle ou telle ecorce officinale a la nature des petits lichens qui croissent a la sur- -ifi/. LIVRES FRAjXCAIS. face dt! cellrs-ti. Lcs gciis li(iue. M. Delrance, depuis iong-tems connu dessavans par la belle coUecSion de fossiles qu'il a rasseniblee, a consigne, dans la premiere parlie de ce memoire, les remarques qu'une observation attentive Itii a suggcrees sur I'objet special ue ses eludes; elles eclairent les circonsrances qui onl conserve les depouilles de corps vivans a travers des siecles sans nombre , tandis que d'autrcs ont et(i metamorphoses en substances si differentcs de celles quilescomposaient, ou n'ontlaissede traces de leur existence qn'un moule qui souveni a reproduit leurs formes les plus delicates; elles tendent a prouver surtout qu'il est cerlaines couches, telles que la craie , dont beaucoup de fossiles ontdisparu par des causes (jci en ont rcspecle d'autres. Nous somracs loin du terns oil les coquilles n'offraient a la curiosite qu'un sterile amusement ; leur etude a acquis uii grand inter^t, depuis qu'on a reconiiu que leur presence dans les differentes couches de la terre fournissait a la gcognosie des caracteres importans; lout ce ([ui peut d'ailleurs jeter quelque lumiere sur la nature des catastrophes dont notre globe a ele jadis le theatre et qui ont successivement enfoui des elres vivans, souvent si dilferens de ceux qui I'habilent actuellement , a droit de captiver notre attention. I, es obser- vations de M. Defrance, presentees avec une bonne foi entieie, faitcs avec une exactitude scrupuleuse, sauf qu'aucune ideesys- temati([ue ne vienne s'y meler , meiitenttoulenotreconfiar.ee; elles ont ete apprecices par le savant le plus capable de les bien juger , M. de Humboldt, qui fut charge d'en rendre comjjte a I'Acadeniie des sciences. La seconde partie de cet ouvrage renferme un tableau de tous les corps organists fossiles qui jusqu'a ce jour ont ete dccouverts, avec indication des ter- rains oil on les rencontre, antcrieurs a la craie, ap]>artenaiit a cette derniere formation ou enfin lui elant jioslerieurs. On y trouve aussi la comparaison du nombre des especes vivantes avec celles qui n'existent qu'a I'etat fossile. INous ne nous per- raettrons qu'une observation sur ce tableau tres-uliie el tics- bien fait; encore ne faisons-nous que rcpolcr ce (]u'en av.iit dit M. de Humboldt; c'est qu'il en ajipelle un autre plus com- SCIENCES PHYSIQUES. 467 plet , et par consequent encore j)lns utile. L'auteur se borne a la designation des genres; il donne seulement )e noinbre des especes. Mais, en histoire nalureile, le genre est une reu- nion j)Ius ou inoins arbitraire, une veritable abstraction; il n'y a de I'eel que les especes : il n'y a de science positive que celle qui repose sur leur consideration. Personne n'est plus capable que M. Defrance d'etendre a celles-ci ce qu'il a fait pour les genres, et nous esperons qu'il se devouera a ce tra- vail difficile qui doit etre d'ailleurs en grande partie prepare par les articles sur les fossiles dont il enrichit le dictionnaire des sciences natureiles. Rigollot fils , D. M. 217. — * La science des pierres precieuses appliquee aux arts, ouvrage dans lequel les lapidaires, les graveurs, les joailliers, les artistes , les ndgocians et les riches trouveront des preceptes instruclifs , lies a I'economie polili([ue. Paris, 1826. Leroux et Chantpie , edileurs. Becliet aine, cjuai des Augustins, n° 47. In-8° de 42^ pages, avec 16 jjianthes dessinces })ar l'auteur; prix 8 fr. Cel ouvrage fut compose a Turin , oil l'auteur rcsidait. II etait pret ale publier lui ineine lorsque la mort I'enleva; ce n'est done point une oeuvre postliume , un travail iinparfalt, du nombre de ceux que Ton aurait du laisser dans le porte- feuille , et dont la publication est souvent un outrage fait a la ineinoire des auteurs. M. Caire-Morant efait commercant et manufacturier; il reiinissait aux connaissances du inineralo- gisle loutes les lumieres ([ue rexjierience peut ])rocurer : son livre peut done justifier le titre que l'auteur lui a donne. L'introduction est intilulee : Examen historique sur les gem- mes. Cc titre n'est bien coinpris qii'a la troisienie page, oii Ton voit qu'il s'agil d'bistoire naturelle. Mais, comme l'auteur avail principalemenl en vue Tart du lapidaire, c'esl I'annlyse de cet art qn'il a placee dans son introduction. II est done indispensable de commeiicer par le lire ; ce qui exit ele moins necessaire , s'il n'cut ecrit que I'liistoire des connaissances sur les gemines, de la decouverte et de Temploi de ces substances. L'ouvrage est diviso en qualre parties: i° les pierres trans- parenles; 2" les pierres demi-transparentes ; 3" les pierres opaques; 4° les productions de la mer, analogues aux ])ierres. En lisanl la premiere partie, on ne rosisiera point a la tenta- tion de lire toutes les aulres, eniraine jiar la nniliitiide el la diversite des connaissances que l'auteur a recueillies sur tout ce qui est relatif aux manufactures et au commerce des pierre- ries, aux reglenjens imposes a diverses epo(|ues aux fabricans et aux negocians. Si les partisans des entraves commerciales /,68 LIVRES FRANCAIS. etaient embnrrasses siir le diolx dcs moyens coercitifs pour ar- rcter I'essor i!e linduslrie, M. Caire leiir ferait connaitre nn bon nombre de disjiosiiioiis bicn absurdos, et ce qui est mieux encore, Ic inal qn'elles produisaient : ainsi, ils pourraient \e.s adopter comnie clioses conmies, avec la certitude du succes. ( Voy. , p. 87, le paragrapbe intitule : Situation de la France relatii-ernent au commerce des diamans. ) Au siijet de \escar- bouclecX en general des pierres douees de la propricle de briller dans I'obscuritc;, I'aiiteur traite les anciens avec une grande severilc ; lenr crreur relalivement a ces substances n'ctait peut- etre qu'un fait mal observe et exagcre; ils ont pu etre irompes par la plios])borescence de quelques-unes de ces pierres, lors- qu'elles passent de la luraiere du soleil dans un lieu tres- obscur. Dans la seconde partie , les pierres demi-transparentes , M. Caire a cru devoir conservcr le succin , par egard pour les babiludes du commerce. Les bois })elrifies et agaliscs, d'une nature mixte, s'y Irouvent moins deplaccs. Par le m^me motif, rivoire occupe une place dans la troisieme partie ( pierres opa- ques ). Mais, piiisque I'auleur s'est pcrmis cetle irregularite , on regrette qu'il ne I'nit pas poussee jusqu'aii bout, et que les notions (ju'il donne sur I'ivoire et sur son emploi dans les arts ne soient pas completes. La quatrieme partie, tres-intcressante quant a I'art et a son histoire, est un peu faible en liistoire nalurelle: I'oiiginc des peries et la formation du corail pou- vaient etre mieux exposees; mais il s'agissait principalement de considcrer ces matieres par rapporl a leur emploi dans les arts, et, sous ce point de vue , I'auteur ne laisse rien a de- jfl sirer. ^ Les planches ne contenteront point les lecteurs familiarises avec les metliodes de la geomelrie descriptive, et ne seraient pas suffisantes pour les artistes, s'ils reanquaient de modeles. Comme on ne peut douter que I'auteur ne connut bien les pro- cedes des arts, on est surpris qu'il se soit borne a une seule representation plane d'une forme a trois dimensions, ou, comme on dit,a une seule projection. Heureusement , on peut suppleer sans de grandes difficulles a cette omission, et la cor- riger dans les nouvelles editions de I'ouvrage. Y. 218. — De la culture des truffcs , ou Maniere d'obtenir par des plants arlificiels des truffes noires et blanches dans les bois , les bosquets et les jardins; par Alex, de Bornholz, traduit de I'alleinand par Michel O'egcer, eleve au college royal de Louis-le -Grand. Paris, 1826; J. M. Eberhart, rue du Foin Saint- Jacques, n i2j prix i fr. aS c. SCIENCES PHYSIQUES. 46y Vers la moitie du dernier siecle , nn certain abbe Vigo, pro- fesseur d'eloquence latine dans I'Universite de Turin, consacra im petit poerae latin tres-elegant a c^lebrer ce precieux tuber- cule ; mais, plus heureus poete que naturaliste, ses preceples sur Ja cultuie des truffes n'eurent pas de resultats plus encou- geans , que ceux qui avaient ete proposes avant lui. L'auteur de I'opuscule que nous annoncons, apros avoir donne la nionographie du genre (oubliant toutel'ois la variete rouge), propose les moyens de culture. lis consisleut a choisir des terrains analogues a ceux ou croissent les tniffes, pour y eta- blir des plants. Nous croyons essentiel de relever une erreur commisc par M. de Bornholz. II dit, p. 49, c'est sous de semhla- blcs arbres (chataigniers) que Ion cultU'e la tenclre truffe blanche d'ltalie. La truffe blanche de la haute Italie n'a jamais ete obte- nue par la culture; elle apparlient exclusi\ement a la j)artie du Piemont qui est a la droite du P6, sur une longueur de 60 ou 70 lieues au plus, a partir des environs de Mondovi. Elle ne croit que dans les terrains qui ne sent jamais arroscs. On la trouveplus souvent sur les collines que dans la plaine ; sa recolte n'a pas lieu toute I'annee; elle ne se fait que depuis le com- mencement de septembre , jusqu'a I'epoque des neiges. Tout en encourageant M. Bornholz a poursuivre ses utiles travaux, nous lui conseillerons de reiterer ses expeiiences, avec une attention soulenue. B. 219. — * Essai sur la marne, par M. A. Pnvis, ancien officier d'arlillerie, membre du conseil general et de la Sociele d'a- griculture de I'Ain. Bourg , 1826; Bottler. Un vol. in-8° de 67 pages. La marne est un des plus puissans agens de fecondite de la terre, mais elle ne doit eire employee que dans descircons- tances favorables. II est des marnes de tant de sortes, qu'on ne doit pas etre surpris que les avis aient ete si long-lems parta- ges sur I'ulilite de cet cngrais, qui , selon sa qualile et selon la nature de la terre oil Ton veut s'en servir , doit etre employe dans des proportions differentes, ou m^me entierement rejete. M. Puvis examine ces differentes conditions , et Ton a iieu d'esperer qu'il a enfin resolu les difficultes et terniine les dis- cussions. II arrive a plusieurs consequences generales , dignes des meditations des agrouomes. Parmi les faits qu'il regarde comme constates par ses experiences , nous ferons remarquer les suivans : — 1° Le marnage est de toutes les ameliorations agricoles la plus puissante et la plus durable ; maisil re con- vient pas a tous les sols. — 'i" La marne sablonneuse ameublit les sols tenaces; I'argileuse raffermit les sols legers; elle faci- 470 LIVRES FRANCAIS. lite le travail dc la vegetation, et rend le terrain plus per- meable a I'eau , en retenant les engrais, en lui communiquant tons les avanlages des sols calcaires. — 3" L'auteur enseigne a connailre la nature des marnes et a determiner les doses ne- cessaires a chaque espcce de terre , ainsi que les epoques perio- diques oil ces operations doivent eire faites. Des tableaux resolvent ces imporlantes questions dans tous les cas. L'ouvrage de M. Puvis est cclui d'un hoinme eelaire; il est beau , a])iQS avoir employe une partie de sa vie a defendre sa patrie, de consacrer le reste a I'etude et aux experiences qui doivent un jour clever ragricullure au rang des sciences. L'Es- siii sur la niarne est une jiroduction tres-remarquable sous tous les rapports. Trancoeur. aao. — Promenades a c/ieral, ou Manuel d' equitation , a I'usnge des gens du monde; ])ar M. Rigault de Rochefort, ofGcier de ca valeric. Paris, 1826. Urbain Canel, rue Saint- Germain- des-Pres , n" 9. In-18 de 207 pages ; prix 3 fr. ^.'equitation ri'est pas une fantaisie du moment; un bou ouvrage sur cet art irait a la posterite; et, s'il n'etait que passable, niaisbien ecrit, il pourrail compter encore sur une assez iongue existence. Le manuel de M. c'e Rochefort parait assez mefhodique el assez complet , en raison de sa destination : sans faire I'eloge du style, que Ton voudrait corriger de terns en terns, on se plait a rendre justice a la clarle des explications, au Ion simple et convenable de toute la redaction. Ces qua- litcs, prc'cicuses dans un ecrit destine a tous les degrcs d'intel- ligence et d'attention, se font remarquer ])rincipalement dans le dernier cliapilre, ou l'auteur parle de Vexamen du cheval qu'on veut ac/ieter. Certes, M. deRocliefoit n'est pas rassu- rant : de meme que la lecture des ouvrages de medecine re- double les terreurs de certains malades, les conseils de ce ma- nuel inspireront plus d'une crainte, lorsqu'il s'agira de faire I'acquisition d'un cbeval.Voici la fin decet article tres-bien fait: <■ Apres avoir bien regarde, bien examine , bien consultc, etre monte sur le cheval, I'avoir fait marcher, trotter, galoper , courir, tourner, arreter, reculer; s'il vous parait bon , s'il voiis convient, si dans son ensemble il vous plait, achetez-le : mais vous ne saurez veritablement ce (|u'il vaut qu'npres I'avoir long-tcras posscde. » II en serait done des cliKvaux , conime des hommes, commedes amis; on ne parviendrait a les connaitre qu'apres une longue epreuve, et quelquefois, lorsqu'on est sur le point de les perdre ! mais ces reflexions serieuses n'em- pecheront pas que I'amitie n'ait son prix , et (ju'on n'achele des chevaux, au risque d'etre trompe quelquefois. F. SCIENCES PHYSIQUES. /,;, ■221. — * Recherches sur quclques ejjluves terrestrcs ; par /. DE Tristan, membre ropresa coiiibaltiece fatal pencliant et Ics maladies auxqiiellcs il donne iiaissance. G. T. D. 224- — * Cliniqne. dc la inalailic syphilitique , jiarM. N. Dr- vKRCiE, docleur en inodecine et en cliirurt,'ie , des Facultes de Paris et de Goetliiigue, cliirurgien-iDajor donionstraleur a llio- pital dii Val-de-Giace; em icliic d'obsei'valioiis conimuniquees par MM. Cullerier oncle , CuLLERitr. nercu , Bard, Gama, DE^RUELLKS cl autrcs iiicdeciiis; avec yJllax colorif- , represcn- tant tons les symptonies de cetle maladie, dtssines el graves d'apres nature et la belle coiled ion de pieces modelecs en cire de iVI. DupoNT ainc, naluralislc. Paris, 182C; F.-M. Maurice, libraire. 1"^"= iivraison in-/," avec planclies. 2 vol. in-/l°, avec un rt//aj de i!"^o planches coloriees, publics par livraisons de six en six semaines; cliaque livryisoii, compnsoe dc 3 feuilles de texte ct de cinri gravures, coute 8 fr. Cet ouvragc, veritable Irailc swr la sypliiiis, sera utile anx medecins, aux savans , aux homnies du monde , el surloiit aux jeuncs gens. II servira la science par les recLerclies curiruses jju'il reiilernie, et la morale publique par le tableau fidele, mais liideux, des symplomes les plus varies et les pins rarcs , observes par les praticiens distingnes que I'auteur s'est asso- cies. La premiere Iivraison presente dcja des notes d'un grand inleret sur I'origine de la syjjliilis. Ces notes prouvent juscju'a I'evidence que cctte terrible maladie a exlstc de tout lems, el que I'ignorance, les preventions, les Iraditions ]iopu!aires, Ic defaut de conimnriicalioiis enlre les nations du inoyen age ont fail regarder a lort TAnierique cnmme la mere-palrie d'un flean qui a ravage si cruellement I'Europe vers la fin du qiiin- zicme siecle. — Des gravures coloriees, presqiie de gramleiir naiurelle, execulees avec soin , lecons vivantcs et cloqucnles, ajoiitent a I'iiileret puissant qu'offrc celte nouvelle prodiirlioii qui doit prendre place parmi les ecrits les pins remarquables jjubiies sur la maladie infame et cruelle doiit elle retrace I'his- loire el les ravages. J. 225, — * De la non exislejtce du virus vcncrien, prouvee par leraisonnement , I'observalioii el rexpi'rienre ; avec un Iraite llieorique et ])ralique des maux veneriens , rcdige d'apres les principes de la nouvelle doctrine medicale; par L. F. R. A. Ri- r.HAND DES Brus , du Puy ( Haute-Loire ), D. M. P. avec cellc i'pigraphe : L'exfjcrience est nvcugle , siellf nest eclairtc de la raison , ct la raison irop vague ct trap incertainc , si elle li'est fondee sur (experience (Bayle). Tome I*'. Paris, 1826. SCIENCES PHYSIQUES. 475 M"* Dtlaunay , libraire , rue Si -Jacques , n" 7 1 . In-S" du 370 papes;pnx i/| fr. , r( 18 fr. par la posle. L'exislence dii virus \cnerien a deja et6 levoque en doute par M. Jourdan ct plusieurs autres incdeciiis de iiotre c-[)0(|iie, qui ont consid^re les affections veneriennes coniine un mode d'irritation parliculier qui ne ])Ouvait pas toujours elre coiii- ballu avecsuccespar les preparations luerciirielles. Cejiendani, la plupart des praticiens ne sent ])as convaincMs; et , comnie les anciennes idees soiit difficilos a deraciner, ce ne sera que par des raisonneinens severes et par des observations bien fai- tes, qu'on pourra delruire avec le leins le j)rejiige(si e'en est un ) de I'esisteiice du virus venerien. Le jeune medecin qtii vient d'enlreprendre cettc lache diffi- cile , s'esl occupe ]>resque exclusivement des affections vene- riennes , pendant Irois annees consecutives, et c'cst I'hopital militaire de Strasbourg qui a etc le tlicaire de scs ex]:'eriences. II convient qu'ii s'est d'abord trouve fort erobarrasse jjoiir bien distinguer les ulccres veneriens de ceux qui no IVtaienl i)as , parce qu'il rencontrait assez frequemmerit sur le meme indi- vidu , des ulceres qui offiaient tons les caracleres vcncriens decrits par les auleurs et d'autrcs (pii n'en avaient pas I'as- pecl. II avoue qu'a cette epcque il ne doutait pas de I'cxistence du virus; il s'apercut bientot que chez un grand nombre de malades, )e mercure n'lHait point efficace, qu'il developpail fretjueiunicnt des gaslrites qui a leur tour produisaienl des douleurs dans les membres, des eruptions diverses de la peaii, des ulceres, des tumeurs du cuir chevelu, etc. Enfin , ce qui contribua a (-branler sa toi, c'est qu'ayant eu a trailer des sol- dats delicals chez lesquels le mercure dminait lieu a des acci- deus nombreux , il employa coinme palUatifs des moyens (jui auraient ete conve nables , si la cause n'avait pas etc specifique ; et a son grand etonnoinent, il obtint uue guerison complete. Une fois bien convaincu, il proflta de sa position pour faire des experiences et recucillir des observations. II commenca au raois de mars iSaS, et ne terrnina qu'au mois d'aout 1824. Pendant ce laps de terns, il eul a soigner i655 malades, parnii lesquels 342fuient soiiuiis au traitcment meicuriel pourpou- voir comparer les clfets des deux trailen;ens. II resulte de ces observations que I'avantage appartient au Irailement sansraer- cure. Au reste, dil M. RicLand , pour demonlrer la nullitedu virus, il a fallu examiner successivement les argumens qu'ont fait valoir en sa faveur les divers auleurs, ])rouyer que le virus n'est point connu dans son essence , qu'il n'a pas ete appoi te d Amerique; que les maladies veneriennes furent connuesbieu I,'j6 LIVRES IRANCAIS. avaiit sa prdteudue importation ; que la contagion re prouve rien en s;t faveiir; que le mode d'introduction du virus dans I'econoiiiie, son siege, les causes de sa ninlliplication , sont inconnns et n'ont donne lien qu'a des hypotheses ; que {'infec- tion gencrale est dcmontree fausso par I'observation et le rai- soiiriemenl; qu'une foule de reniedes di\ers ont etc employes avec succes contre la syphilis, ce qui prouve qu'elle n'est pas specitique; que le mercure ne la guerit pas toujours ; que quel- quefois il I'aj^igrave ; que souvent il est dangereux et qu'ii guerit une foule demaux non vcneriens; que le trailenient sans mer- cure est favorable; que Ton pent concevoir le developpement des phenomenes consecutifs sans virus; que Ton peut les guerir sansspeciSques, etc., Ions ces differens ])oints §ont traites par I'auleur avec un grand talent et une conviction qui entraine celle du lecleur , et cet ouvrage qui nierite d'etre profonde- ment medite par les praticiens, sera un bienfait pour Ihuma- nite, si {'experience en consacre les principes. D. 226. — * De la vaccine et de ses heureux resultats , deinon- ttes par des visites faites au domicile des individus decedes a Paris , par suite de la petite verole , en iSaS; ouvrage publid sous les auspices du gouvernemenl, par MM. Brunet, Dous- siN-DuBREuiL , membre du Comite de vaccine, et Charmont, D. M. Paris, 1826; Roret , Delaunay. 1 vol. in-8° de itig p. ; prix 4 fr. De toutes les maladies , la petite verole est peut - etre celle dont I'histoire offre le plus d'interet. Originaire de I'Abyssi- nie , ce fleau envaliit la Syrie , au commencement du vii® siecle, ct il epouvante I'Europepar sa terrible invasion dans Constan- tinople, durant les annees desastreuses du regne d'Heraclius I. Depuis cette epoque, rEuro[)e ne cesse de compter les vlc- times de la petite verole ; et sa marclie progressive d'Orient en Occitlent la conduit en Araerique avec les Europeens con- querans. Paitout, un tiers de la population naissante estcomme devouee a celte affreuse maladie ; un autre tiers portedesslig- mates qui detruisent la beaute , ou contracte des infirmites qui fletrlssecit la vie. La petite verole emporte annuellement plus de monde que toules les autres maladies. Quel bienfaisant genie viendra arreler tant de ravages ^ Vers la lin du xvii<= siecle, une Thessalienne apporta de la Clrcassie dans la Grece la methode d'iiioculer le venin dont on esperait diminuer les dangers, en preparant d'avance les malades par un regime qui pouvait donner moins de prise a I'invasion. Lady Wortley Montague fit connaitre celte meihode en An- glelerre. L'Allentague, I'ltalie et bientot apres la France imi- SCIENCES PHYSIQUES. 477 terent en ce point un peuple qui se croyait pres de triompher d'un fleau si terrible. Mais I'inoculation fit bientol connaitre ses dangers : sans diminuer sensibleinent I'intensite de la mala- die, elle etablissait de nombrcux foyers de contagion, et pou- vait donner au mal une nouvelle activile. — Enfin , Jenner eut le bonheur de reconnaitre la -verite de plusieurs traditions po- pulaires relalivement a la vertu anti-variolique des boutons qui se developpent sur le pis des \aches; et la raedecine proclama une de ses plus belles conquetes (Voy. J{ei>. Enc. , t. xxi, p. 21 , une Notice sur Jenner et sur la decouverte de la vaccine , par M. Am. DuPAU , D. !VI.). Toutefois, il fallut de nonibreux essais ])our obtenir des effets certains de I'cfficaclle de la vaccine. Les tentatives des medecinsde Paris semblaient devoir elre infruc- tueuses , lorsque M. le due de Larochefoucault-Liancourt vint d'Angleterre en France ranimcr I'espoir de Ihumanite. Un co- niite special et central fut etabli a Paris, et compta dans son sein plusieurs medecins dont le zele egalait les lumieres. Des experiences , dirigees avcc une extreme prudence et une grande sagacite, conduislrent enfin aux resultals les plus sa- tisfaisans; et les nations eclairees de I'Europe , par suite de la destruction de la petite verole, ont vu , pendant plu- sieurs annees, croitre leur population et diminner le nombre des infirmit.es. Cependant , diirant I'annee derniere, ce fleau a reparu, il a fait de nombreuses viclimes, eta repandu la terreur parmi les personnes qui se croyaient protegees par la vaccination. L'erreur que propage la crainte est celle qui fait le plus de progres. Quelques medecins merae n'ont pu s'en ga- rantir. L'examen approfondi des faits pouvaitseul la detruire. Deux raille cent qulnze individus ctaient morts de la petite verole, en 1826 : il fallait savoir si parmi eux on comptait des personnes vaccinees. Deja on savait que , dans le canton d'Ap- penzel , sur trois cent quatre-vingt-onze victimes de la variole, il ne s'en trouvait pas une qui eut ete soumise a la vacci- nation. MM. Doussin-Dubreuil , Brunet et Charmont, medecins, ont obtenu de M. le prefet de la Seine Tautorisation de faire, sur les registres de I'otat civil, le releve des individus morts de la petite verole. Ces amis de I'humanite ont mis dans ce travail un zele qui les honore. lis ont voulu connaitre la ve- rite, au raoyen de travaux et de recherches failes a domicile dont on pressent aisement les difficultes. Ces medecins se louent des soins que M. Piault, maire du dixieme arrondissement de Paris, adonnes a leur entreprise, dont les resultats ont merite I'approbationdu prefet de la Seine. Apres l'examen approfondi 478 LIVRES I'RANCAJS. dcs causes An dt'-ccs tie deux niille cent qiiinze vnrioleux , dans Paris, dtirant rannee dernicre , MM. Doussin-Dubrenil, Bru- nei et Cliariiiont on! la satisfaclion d'annoncer qu'un seul in- dividu vaccine est niort de ia petite verole. Plusleurs fausses vaccines qui n'ont pii jireservcr de la contagion, ont donne lieu a des assertions alarmantes que I'ouvrage doiit nous an- noncons la j)ijblication doit fairc cesser. Ce volume, en detrui- sant des preventions contrairesa la vaccine, fait connaiire les uieilleurs nioyens de renii>Ioyer , et devientun manuei pour les gensde i'art et niciiie pour les gens du monde (lui y puiseront une foule de connaissances non moins utiles qu'interessantes. Bres. 217. — Manuel des gardes-maladcs et des personnes qui veulent se soigner elles-memrs , ou CAmi de la sante , par M. MoRiN, D. M. Deuxieme edition. Paris, 1826. Roret. 1 vol. in- 1 8; prix 2 fr. 5oc. I,es inedecinsont souvenl reclame contrc la negligence que Ton apporte dans le choix et dans I'edncation des gardes-nia- lades. Prises au hazard, dans la classe la moins eclairce de la societe, ces femmes dont on n'exige aucune garantie, aucune liimiere, ont etc plus d'une fois la c^use d'accidens desastreux. 11 serait a desirer que le gouvernemenl ouvrit une ccole, ou les personnes qui se destinent a celte utile profession, ])ussent aller puiser les connaissances qui leur sont iridispensables, et ou on leur delivrerait un diplome attestant leur capaclte, et sans letpiel il leur serait defendu d'exercer. Eu attendant qu'un lei etablissement soit fonde, il faut savoir gre a M. le docteur Morin d'avoir public un livre ou les gardes-malades trouve- ront rassemblees les notions dont elles ont besoin pour blen servir les personnes qui soulfrent, ou les meres de fanulle, les chefs de maisons poiirroni sans peine Irouver d'uliles con- seils pour jiarer aux accidens imprevus , pour soulager les malades, jusqu'au moment ou Ton aura fait appeler un mede- cin. Ce petit volume, qui fait parlie de la collection des manuels dont le libraire Roret est I'cditeur , pouria etre recu avec ua superbe dedain par quelqwes hommes superficiels; mais les philanthropes remercieronl M. Morin d'avoir senii « que rien n'cst petit, que rien n'est indifferent, quaud il s'agil de la vie el de la sante. •> 2i8. — * Rapport fait a la societe de inedecine de Lyon snr I'etahlissement orthnpedique dirige i)ar M. Jal , D. M. Lyon, iSafi. Imprimerie de Louis Perron. In-8°, avec une litho- graphic. L'orlhopedic, science presque nouvelle , ( t a laquellc des SCIENCES PHYSIQUES. 479 liommesd'unrarenierite n'ontpascraiiit dese consacrerexclu- sivcmeiif, fait maintenantchaque jour de rapides progres. Paris, Nancy , Strasbourg, Bordeaux possedent des etablisseinens on Ton combat avecsucces, ou I'on fait disparaitre souvent les deviations de la colonne verlcbrale ct les autres difformites naturcUes. Le nicinoire que nous annoncons ici , pi-ouve que la ville de Lyon n'a, sous ce rapport, rieii a envier aux aulrcs vilies de France. Piedige par un niedecin eclaire , ado()te jiai- la Societe de medecine de I^yon, ce memoire attesle que IV'lablis- se'iient de Boispre-eau , sitiie a peu de distance de cette ville, est dirige avec aiilant de zeie que de talens par M. le docteur Jal; que les moyens les plus ingcuieux y sont mis en usage ; que tout enfin doit y concourir au soulagement et a la guerison des malades. G. T. D. 229. — * Rapport fail par M. Villerme ,etlua V Acftdemic royale de medecine , au noui de la Coniuiission de statistique, sur une serie de tableaux relatifs au monvcrnent de la popula- tion dans les douze arrondissemens de la ville de Paris, pen- dant les cinq annecs ii5i7, 1818, 1819, 1820 et i82i.(Ex- trait (ies Arclm'es generalcs de medecine.) Paris, 1826. Brochure in-8° de 32 pages. ( Ne se vend pas.) L'adnunistration , en augmcniant ses attributions dans les deux derniers siecles , a du intiodulre dans ses calculs la ine- thode d'analyse que les progres loujours croissans des sciences et des letlres rendaient familiere a un plus grand nombrc d'csprits. Les observations precises qui en sont resullees, com- binees entreeiles, ontdonne naissance a une science nouvelle, \a. ^atisdque , qui tend a se developper ra;ndement, depuis que les gouvernemens et I'indiislrie lui fournissent de conceit des fails nouveaux ]>our ctendre son empire. On doit feliciter I'Academie royale de medecine d'avoir fonde dans son sein une commission de statistique, destinee sans doute a faire des re- cherches propres a perfectionner I'liygienc publique a laquelle Pautbrite ne donne ])as encore assez d'altention. L'auteureta- blit, d'abord, ce fait capital tiue la mortalite a domicile, qui est, pour tout Paris, dans la proportion moyenne de i a 5i , offre des differences Ires-sensibles dans les douze arrondisse- mens , et telles qu'en se transportant aux deux extremltcs de la scrie de ces divergences, on trouve, pour le premier arrondis- senient( Chaussced'Antin, Palais-Royal, Feyvicau el faubourg Montmartre ) qu'il ne meurt [lar an qu'un individu ,sur 62 , tandis que dans le 12^ ( Jardiu du Roi , faubourgs Salnt-Mar- coau , Saint-Jacques et Observatoire ) ce rapiiort c>t de i a 43. M. Villerme clierche ensuite a determiner les causes qui /,8o UVRES FRlNflATS. spinblent assigner a cliaque fraction tie cetle ville immense un de}^rc partictiliec dc siilubrite: I;i rlcliesse , I'aisance ou la mi- sere des habitans (|ui jieuplent ses divers quarliers lui parait avoir a cet egard i'influence la plus marquee. Tout en rendant justice aux reclierches laborieuses de M. Vili.ot, clicf des bu- reaux de statistique du dcpartement de la Seine, il fait observer avec raise n, que deux fails, don t robser\ation a ele negligee, era- peclient encore d'aj)precier avecexaotitnde la veritable propor- tion de la moi'talite dans Paris : d'aliord, on ne garde danscette ville qu'un tres-pelit nombre d'enfansau dessous de cinq ans , Age oil la niortalite est la plus grande; en second lieu , la po- pulation de Paris comprend beaucoup d'etrangers, qui viennent y sejoiirner dans la vigueur de I'age et n'y passent que peu d'annees. De ces deux faifs, on pent conclure que les tableaux, tels qu'ils ont ele dresses , donnent une idee trop favorable de la salubrite de Paris. Un resultat trcs-curieux de ces tableaux , mais qui ne nous semble pas encore assez constate, c'est la preuve que la haute Industrie et le haul commerce sont plus favorables a I'hygieiie publique que la richesseimprodiictlve. « Ce travail, dltle rapporteur, en se rcsuraant, prouve (|ue I'aspect, I'exposllion des logemens, le voisinage dc la Seine, les vents auxqnelson est plus partieulieremenl expose, el meme rasglomeration des maisons, la densite de la population, toutes circonslances auxquelles les medecins font uuanimemenl jouer un si grand role sur noire sante, n'ont, malgre toutes les as- sertions, et si Ion considere les f&its dans la masse des habitans de chaquearrondissement de cette capitale, aucune action evi- denle ( nous ne disons pas, rcelle) sur la mortalite , I'effet de ces causes etant marque i)ar celui de I'aisance ou de la misere. » II serait a desirer que M. Villol, au lieu de chercher des re- sultats generaux fournis ])ar des arrondissemens entiers qui sont atitant de grandes villes, voulut dirigersutcessivemenl ses investigations sur des espaces plus resserres, afln de determiner avec plus de precision les causes generales qui, dans des loca- lites diverses ou dans des positions sociales diffeieiites, peuvent influer sur la durce de la vie moyenne. L'ctude des effets pro- duits sur la sante par les professions industrielles nous semble- rait devoir etre un des principaux elemens de ce nouveau tra- vail. ^<'^- GONDINET. I'io^ — Algebre enseignee en seize lecons, par M. Trastours, ancien (5leve de VEcole Normale. Paris 1826. Audin. Petit in-i2 de 76 pages. Prix 1 fr. 5o c. Cet opuscule est un abrege, une sorte de recapitulation des principes qui constituent la science de I'algebre : tout y est con- SCIENCES PHYSIQUES. 481 forme aux regies recues ; I'auteur y passe rapldement en re- vue les eleiTiens de cette science, jusques et y compris la reso- lution des equations du troisieme degre. On pent fuire deux reproclies a ce petit tr;iite : le premier, d'etre iraprime par des ouvriers qui n'ont pas I'liabitude de ce genre de travail , et n'ont pas dispose les formules comrae il convient pour en rendre la lecture facile; le second, qui regarde I'.iuieur, est den'avoir pas donne au siijet le degre d'etendue et de clarte propre a aider I'etiidiant. La nietaphysique de la science n'y est nulle part abordee; celle des signes parliculierement (p. 17), et des cxposans fractionnaires (p. 53), est fausse et inintelligible. Les lecteurs familiarises avec I'algebre n'y Irouveront vraisembla- blement rien de profitable pour eux, et ceux qui veulent ap- prcndre cette science feront bien de consuller des ouvrages plus soignes. L'auteur se donne un titre que je ne veux pas lui contester; inais c'est probablement dans la division de littera- ture qu'il etait entre a I'Ecole normale; car je ne me rappelle pas de I'y avoir vu ctudier les sciences. Francoeur. 23 1. — Vingt questions sur lecercle. — Rennes, 1826; Vatar. Une feuille in-8°. (f^'ojez t. xxvii, p. 189.) L'auteur de cet ouvrage nous a adresse une feuille d'impres- sion qu'il se propose d'ajouter a son livre, en forme d'avant- propos. Celui de nos collaborafeurs qui a rendu compte de I'ouvrage ne lui a point donne les eloges sur lesquels il parait que M. Vatar avait compie, en sorte que l'auteur desapoinle se plaint egalement des journaux qui n'ont point parle de lui, et de nous qui avons rompu ce silence universel. L'impriraeur avait defigure le nom de notre collaborateur M. Francoeur, qui se trouvait transforme en Francolur, ce qui procure a M. Tatar I'occasion d'egayer ses ]3ages. En ecarlant cette inu- tile polemique, et en donnant, avec sincerite, aux raisonne- noens de l'auteur de I'ouvrage et de la feuille additionnelle, et a ceux de l'auteur de I'article, toute la valeur qu'ils peuvent avoir, en les inlerpretant dans le sens le plus favorable; il faut I'avouer, la victoire ne demeurera point a M. '\'atar; le jury qu'il propose jiour apprecler le merile des ouvrages nouveaux ne paraitra ni praticable, ni utile; on admettra que ses cal- culs sont expeditifs, et suffisamment exacts ; niais on pensera , comme M. Francoeur, que la tres-legere economic de lems qu'ils peuvent procurer ne doit pas etre consideree comrae un service rendu aux malhcmatiques appliquees, et que M. Vatar aurait pu se dispenser de faire sou livre. Enlin , nous sommes persuades que nul motif de convenaiice ou de delica- tesse ne nous impose le devoir d'envoyer anx autcurs les T. XXX. — Mni 1826. 3i 48a LITRES FRANCA IS. f'euillcs de notre Revue ou nous parlons de leurs ouvrages; ce qui serait ri'ailleurs impossil)le, vu que nous rendonscompte, chaque niois, d'environ deux cents ouvrages enpartie choisis, ct publics dans bcaucoup dc pays differens. S'il en est terns encoie, M. Valar fera bien de renoncer a sa feuille supple- mentairc, ou tout au moins, de ne pas la niettrc au commen- cement de son livre; car elle n'est pas propre a liii concilier la bienveillance des lecteurs. Ferky. a32. — * Lettre.1 stir le ccdcul a I' aide des coinplemens , par M. Berthevin, faisant suite aux Eleniens d'nritlimelique com- plen)entaire, publics en iSa^ ; Premiere Icltre : luulliplicatlon et division. Paris, 1826 ; Baclielier. In-S" de 3'2 pages; prix i f. L'einploi de la nielhode coniplemcntaire de M. Bertlievin parait offiir d'assez grandes facillies a l;i prali(|ue du calcul dans la division ; niais, avant de porter un jugernent definitif sur ses recherches, it fant saisir lous les ra|. ports qui peuvent naitre de I'application de ces nouveanx proccdes. L'auteur nous promet d'etendre incessamnient sa eorrespondance a des sujets moins elementaires, lels que I'algebre, la gi'-ometrie et meme le calcul difftrentiel. Ad. Gondinet. 233. — * Manuel iheorique ct pratique du vigneron franc.ais , ou I'art de cultiver la vigne, de faire les vins , les eaux-de-vie, lesviiiaigres, etc.; parM. Thiebaut de Berneaud, secretaire perpetiiel de la Societe linneonncde Paris, etc. Deuxieme edi- tion, avec figures. Paris, 1826 ; Roref. 1 vol. in- 18 ; prix 3 fr. 234. — * Manuel de I'arlificier , ou I'art de faire toutes sortcs de feux d'arlifice, a peu de frais, et d'aprcs les meilleurs pre- cedes, etc. ; par M. Vercnaud, capitaine d'artillerie a clie- val , etc. ; avec des planches. Paris, iSaGjle meme. i vol. in- 1 8; prix 3 fr. 235. — * Manuel c.omplrt du vctcrinaire , conlenant la con- nais Em i825, celte vigne a surpasse tontes les esperances ; des individus lenusen espalier ont fourni, le i8 aoi'it , une rrc(dte aborjdante, en malurite parfaite; le 20 septembre , la seconde recoite a pre- senle des fruits magnifiques, plus gros que ceux dc ia pre- miere , et d'une maturite complete ; a la meme epoque , les gi-ains de la troisieiue recoite elaient en gros verjus, el commencaient a se colorer, jiendnnt qu'une qnatrieme etait en fleurs. Cette derniere a fourni, le 3o ottobre, un fruit legerement acidule , mur et assez beau , tres-nombreus , et de la grosseur des petiis pois. Celte meme Aigne cullivee en ulein champ, ayant ses bianclies lournees en spiraies sur de forts tuleurs, a produil, le 10 seplembre 1825, une premiere re- coite magnifique sous tous les rapports; ie 3o oclobre, une seconde recolle parfaltenient mure, assez abondante, roais dont les grappes eta lent petites. » Le Manuel de I'artificier est une publication de cette anOee. 484 LIVRES FRANC \IS. L'ajiteiir y a rcnfernic let clemcnx de la pyrotechnie civile el rnilitaire , leur application pratit/ue ii tou.i Ics artifices connus j'usqn'ft CO jour ^ cl ii de nouvellcs cornpositiortx J'lilm in antes. Pour s'etendre, comnie il I'annonce , sur les applications, il fallait ctre court sur les notions f;eneialcs , ct cependant ne ricn oraet're : c'clait la partie la plus difdcilc dc la redaction; M. Verf^naud I'a tiaitee avec succes. — En parlant dos artifices de guerre, ct notamment des fusees 4e? /,86 LIVRKS FRA!\f;A.IS. « Z)<*3. Pierre taillde eii pyrainide quadrangulairi* cnupee par le milieu... « L'auteiir scrait fort einbarrasse, s'il devait employer des dez tailli's d'apres .sa dcfliiilioii. Nous lie pous- seroiis pas plus loiii les citalions; inais anx justes reproclies flue uicrite cet oiivragc^, pour ce rpie I'auteur y a mis ou laisse mettre, nous ajouterons celiii d'avoir onblie dcs articles essen- tials. Ainsi, par cxcmplc, dans ce livre a C usage flex constriic- ceitrx , on chercherait vaincment le mot construction : il j)arait que les architectcs u'oiit pas besoin de s'occuper de distribu- tion ; car ce mot n'y est j>as non plus, etc. Et c'est poiirtant a de tclles j)roiiMctions (pie cerlaiiis jo'irnaux prodiguent les eloj;es ! F. a'ig. — * Nni'igation maritime du Hdvre a Paris, ou Memoire sur les nioyens de faire remonler jusqu'a Paris tous les bati- nieiis de nier tpii peiiveiil eiilrer dans le port du Havre , par Charles Hkrigny , inspecleur divtsionnaire au corps royal des pouts et cliaussc'os. Pat is, inais 1826; Barlielier. Iii-8^ de84 p., avec line plaiiclw et urie rarte lithograjihiee ; prix ly fr. 5o c. Nous avions aiinorice dans un de nosdcrniers caliiers (voy. T. XXIX, p. 8o5) que nous reudrions coni|)!e du travail deM. Be- rigny, et nous piornetfions d'examiner en nieiue teii:s les au- tres ])rojels presenles jusqu'a ce jour pour aiuenera Paris les grands balimens de nier. Une notice clendue, dans laqueile cette (piestiou est traitce, et que nous avons regielte de ne pouvoir inserer, sera piibliee dans les Annalcs de L' Industrie et dans le Journal des sciences militaires. Nous allons nous occn- per icL du seui ecrit de M. Berigny. J Cet ingenienr fut cliarge, en 182'i, j>ar M. Bec(]uey , direc- - '■ teur-gencral des pouts et ilianssees, de relude et de la red.ic- tion des plans propres a rendre sure, commode el atissi proinpte que possible la navij^alion, depuis Paris justpi'a la mer, par la vallee ile la Seine. li prt'sentu divers projet> pour ameliorer la navigation naturellu depuis la mer juscju'a Rouen, et pour eta- blir entre Rouen et Paris une navigation avtc deux ou tiois metres de tirant d'eau lors de Vetiage (les plus basses eaux), soil qu'on reslat toiijours dans le lit de la riviere, snit qii'on ouvrit des canaux parliels et laleiaux pour eviier les parties difficiles ou iroj) peu profoucies. Ces projels out ete souinis au conseil genera! de. ponts et tliaussees, et n'oiit [),is (ke publies. Le Memoire que M. Berigny publie anjourd'liui a pour ob- jet d'cxposer les inoyens d'esecution d'un autre plan donf il s'est occupe , apres avoir en conn^issancc du dcsir manifesto par le Roi de voir Paris devenir port de mer. C'est dans I'cs- pace d'cnviron tiois mois, di^puis le 29 novenibre 1824 jus- SCIENCES PHYSIQUES. 487 qu'auniois de mars 1825, que cet ingonieiir a piojete It-s tra- vnux suivans : 1° Construire tin canal lateral snr la rive droite de la Seine depuis le Havre jusqu'a Gauville, sur six rnyriamttres de lon- Eiueur , et dont la moitio serait esc'Ciitee, lant au pied de liaiites falaises coupees a pic ct battues par la iner , que coulre des coteaux fort escarpes. 2" Suivre le lit iialurcl de la riviere depuis Gauville jusqu'a Rouen, mais en faisant a Yainville une coupure longne de 3,420 metres, )>our eviter un detour de 18,000 metres. 3" Construire un autre canal lateral au fleuve depuis Rouen jusqu'a Paris, en suivant tanlot une rive, tantol I'autre, selon les facililes qu'elles offrent a la conslrnclion , et en traversant chaque fois la Seine aii-dessus des barrages disjioses pour faire gonfler les eanx , et donner a la navigation un tirant d'eau nc- cessaire. La ligne des canaux proposes aurait 20 metres de large au plafond, 44 a !«' surface de I'eau, et 6 metres de profondeur. Ces dimensions peruietlraienl a de grands bilimens de com- merce, et meme aux frcgales porlant des canons dc i8, de; faire le trajet du Havre a Paris. Ce trajet, fpii est aujourd'hui, par la Seine, de 37 myria- metres, serait rcdnit, d'apres les jilaus de I'auteur, a moins de 29 myriamelres. Les devis des travaux, doiit M. Berigny ne donne que les resnltats, monteraient, pour la partie du Havre a Rouen, a 65 millions. Pour cello de Rouen a Paris i35 millions. Total. , . . 200 millions. Ajoutons-y les interels pendant dix ans que peut durer la construction 5i millions. Total general. . . 25 1 millions. 1/auleur declare que , si Ton voulait prendre pour base du calcul des revenns {)robables les mouvetnens actuels du com- merce , il faudrait s'en lenir a des jirojets moins couteux. A I'appui de ces aperriis, M. Berigny a joint dans un appen- dice des donnees statistifpies et des caiculs d'ajires lesquels son dernier projet ne donnerait lieu, sur les transports, qu'a une economie annuellf de 6, 476, 000 fr. , ce qui correspondrait seulcnicnta un revenu de 3 ])our loo sur le capital de 25 1 mil- lions, oil a celui de 1 pour 100, deduction faite de 2 pour 100 /,88 LIVRES FRANC AIS. pour les frais d'entretien ef d'administration; inais qnelqucs personnes pensent que les r^sultats statistiques adoptcs parcel ingenieur re sont j)as complefs. De plus, il a oniis de faiie entrer dans ses calculs recoiiomie qui rosullerait de la suppres- sion du roulage entre le Havre el Paris; et il n'est pas douteux que les marcliandises transportees aujourd'liui par celte voie prendraicrit celle du canal, ])uisqu'elles y trouveraient au- tant de celerite , de surete el d'ecoiiomle , el qu'en outre il y aurait un tres-yraud avantage a venir j)rendre ou deposer les cargaisons siir un des plus grands marches de I'univers. Or, la suppression du roulage porterait I'econoinie annuelle a io,i5o,ooo , ou, tons frais deduits , a 6,i5o,ooo fr. , represen- tant un capital de i 23 millions, somme qui ne corresj)ond pas encore a la moitie de celle qu'exige le projct de M. Berigny. « Au reste , dit noire auteur, si Ton suppose que le mouve- ineut cojnmercial recoive un grand accroisseinent de I'ouver- lure dcs divers canaux en construction ou projctes, et que rctablissement d'un entrepot a Paris cree encore de nouveaux produits , pour peu d'ailleurs que le gouvcrnement et la ville de Paris contribuent aux depcnses en raison des interets ge- neraux et locaux , on conccvra que des compagnies puissenl trouvcr des chancesde succes assez assurces pour nepas craindre de consacrer leurs capitaux a I'execution de cette grande en- treprise, toute gigantesque qu'elle ])uisse parailre. » Mais il y a meme lieu de croire que les entrejireneurs n'au- ront pas besoin de recourir ni aux subventions du gouverne- ment, ni a celles de la ville de Paris; il est vrai que ce ne se- rait pas en executant le projet de M. Berigny, qui est trop dispendieux ; mais celui de la compagnie du canal maritime de la Seine, qui ne s'eleve , tout compris, qu'a i6o millions. Voici quelques-unes des raisons de reconomie comparative de 91 millions enire les deux projets. Les ouvrages que la compagnie fera executer pour ameliorer la navigation entre le Havre et Rouen ne couleront guere que la moitie de ceux que propose M. Berigny. De plus, le canal qu'elle a fait tracer entre Rouen et Parisn'a que 5 metres de profondeur auIieudeG, et ne traversera la riviere que qualre fnis au lieti de neuf. Voila , quant a la depense, uue roduciion bien considerable, et Ton doll y avoir plus de confiance que dans les devis de M. Berigny, yar la raison que des travaux suivis jiendant deux annees ])ar une soixantaine d'ingenleurs, de savans , de conslructeuis et tie commercans, presentent bien plus degaranlies qu'un ])rojet indlviduel , quel(]ue giand (|ue soil d'ailleuis le uierite de I'au- tcur. II en est de meme de revaluation des revenus (lut- M. Be- SCIENCES PHYSIQUES. f,Sg rigny ii'a calcule que d'apres des donnees trop faibles, tandis que la comioission de negocians , charges do coustater le iiiou- vement commercial entre le Havre et Paris, trouve des qtian- lites plus considerables, particulierement pour le roulage , ,oo"- Aussi, avaiit de prononcer un jugcment dotinitif , les liomnies raisonnables feront bien d'attendre Ja publication des rensei- gnemens techniques et stallstiques rclatifs a rentiepilse du canal marilime de la Seine , par une compagnie, qui , ])ar lour elendue, leur exactitude et leur precision, met trout a meme de se decider avec parfaite connaissance de cause. Y. 240. — * Reponse des soumissionnaires (ht canal innrilirne de Paris au Havre au memoire de M. Charles Berigny, inspec- teur dlvisionnaire des ponts et chaussces. Paris, 1826. Avrii. Imprimerie de Firrain Didot. In-8° de 40 pages. •241. — * Second memoire sur Pa/is port de mer , par M. de MoNTGERY. Insere dans le Journal des sciences militaires , cahier de mai 1826. (Voy. /?ep. Enc. , t. xxviii, p. 592, et ci-dessus, p. 220 ). Les deux ecrits, que nous reunissons dans cet article, ten- dent au meme but, et le second peut etre considere, a plusieurs egards, comme le complement du premier. La Reponse a M. Berigny devait etrelimitee aux points contestes, et soumise aux convenances et a la reserve que I'intcret prive doit s'im- poser, lorsqu'il s'adresse au public et le prend pour juge dans une cause oii le public lui-raeme se regarde comme inle- ressc. M. de Montgery, au contraire, est tout-a-fait libre dans ses recherches et ses discussions; le seul interet public est son guide; et, dans les debats auxquels la navigation de Paris au Havre a donne lieu, son opinion est affrancliie de toute consi- deration particuliere. II est done necessaire que le premier ecrit approfondisseun petit nombre de questions; et I'aiitre, devant embrasser I'ensemble des objets divers renfcrmcs dans un ])rojet vaste et d'une grande influence sur la prosperite publi- que et les fortunes privees, s'altaclie aux notions generales , et passe plus legerement sur les details. Cependant, I'immen- site du sujet exigequelques developperaens; en dejiit de I'ecri- vain, les pages se multiplient ; et, lorsque, eft'raye du volume de son memoire, il essaie dele reduire dans quekiues parties, il s'apercoit qu'il n'a pas assez dit, et qu'il faut ajouter. On ne s'etonnera done point que le memoire de M. de Montgery ne soit pas encore tout entier dans le cahier oil nous I'avons In, et que I'a propos et les cireonstances n'aient pas determine I'auleura lepubliersansl'intermediairedesrecueilsperiodiques. Ago LIVRES FRANCAIS. Plus les circoiislances sont urgenlcs , plus le public esl impa- tient, et peu dispose a lire do lont^s rcrits, ot, ((uoique le in6- nioire de M. dc Montgery n'cxcede point les bornes d'liiie bro- chure, il n'elait peul-etre jias iiuitile d'cn off'rir d'abord line partic qui pent etfe hie et medlli'e scparement, et dont la cn- riositc piiblifjue est Ires-avide, an moment ou Ic combat s'engage enlre des rivaiix dc t^loiie, cgajeiiient jaloux, sans doule, d'attaclier leur r,om il I'un des plus beaux moiiunicns dont nos favans el nos artistes aient concu la peiiseo. Nous jirendrons done les clioses lelles (pi'elles sont; et , sans al(en- dre la fin du memoire de M. dc Monlgery, noiis lendrons comptc a nos lecicurs de ce qui en a paru. Mais commencons par la reponse a M. lierigny. Le ])reinier j)oirit siir leqiiel les soiimissionnairca du canal projetc out a se defend re est un rej)rocbe de jjiagiat : suivant M. Burigny, I'idee du projet dont il s'agit ne leur apparlient ])as. Cependant, disent les soumissionnaires, d'apres les ]iro- pres expressions de cet ingcnieur, c<; ne fut qu'aprcs le ag noveinbre iSii] qu'il s'occujja de I'idee dc f'aire aiiivor les vaisseaux a Paris, tandis que, des le luols de jiiilict de la iiieme annee, les deux inventeurs du projet etaient a Londres jiour V f'aire des redietclies relalives a ceile enlre[jrlse. Ces donnt'es cssenlielles soiil developpces et coinplelces; il est bien difficile que I'adversaire ne penio pas du tenviin, et qu'il ne soit pas leduit a se relranclier derriere un rem])art qui pent metlre au nioins son amour-propre a couverl. Comme les esprils justes et eclaties convergent necessaireinenl vers les memes veriles, il peut conserve!- ses droits a I'invention, quandmeine il aurait perdu ceux de la priorili'. La nieme pensc'C, si elie est juste, peut venir a des lionimes (|ui n'ont aucune commu- nication entre eux; c'est dansle vague immense de I'imagina- tion qu'il est presque iuqjossible de se rencontrer. Mais ceux que M. Bcrigny a ])rovo(jues ne Ic laissent point en repos dans son dernier asvle : ils sonticnncnt « cjiie son pretendu ])lan n'est que I'Ldee informs de celni deMSOuMiissionnaires ; (ju'll a sur- tout inal dcvine ridt-e du ])ort qu'il s'agirait d'etablira Paris. » lis exposentce qu'ils falsaient, dansle tenis meme que leur adversaiie conimencail a meditcr le.-; iravaux propnraloii es executes sur one cLlielle plus grande qu'ils ne I'onti'Ie justju'a present en Europe, et dont i'Amcrique seule nous offre d'au- tres excmpies. M. B(.'rigny, plus expi'dilif et plus sur de ses conceptions, termiiio, en trois on (juatre luois, et scul , cc que les soi'.nussiojinaires out prepari- si leutenienl, avcc tant de cooperaleurs habiles, et a si grands frais. l.es soumibsionnal- 4 SCIENCES PHYSIQUES. /,9i res penscnr queM. Bcrigiiy doit avoir i)rofitc ile leurs tiavaiix qu'il leur etait impossible d'envclopper d'uii niystere impene- trable : cette pensee est peut-etre inspiree par le ressentiment d'une agression sans niolif, et rjui ne j)ouvait etre soutenufr sans laisser apercevoir de tenis en tems une malveiUance lou- jours offensante. Les soumissioiinaires ne pouvaient peut-etre pas s'abstenir de quelques repllques nn peu dures ; mais on regretle qu'ils n'aient pasconserve jusqu'a la fin la moderation de leur debut. Enliii, apres avoir bien elabli leurs droits, ils traitent la question dc la concurrence, et ils avancent celte proposition : I'idee cfune concurrence entre les soiimission- naires qid out obtenu V ordonnancc du id fevrier et d'aulres cornpagnie.i quelconques ne sernit Jondec 7ii en droit, ni en ('quite. Cette troisieiiie partie de la reponse n'est point suscep- tible d'exlrails; toules Icj considerations dont elle est compo- see sunt necc»saires i'unea I'antre. Apres avoir lu ce inenioire, on est fort dispose a penser (|ue les soumissionnaires ont gain de cause, et que partout ils ont oppose des laisous a des rai- sonnemens. Mais M. Cerigny repliquera peut-etre; Timparlia- lite exige que le jugemenl ne soil j)as encore prononcf. Une autre atta(juc dirigee conire le menie projol est denieu- ree sans reponse ; et en effel , elle devait etre negligee. L'agres- seur a besoin de faiie piovlslon de connaissances, et uienie d'eludier un ordre de rapports dorii. il ne parait pas a\ oir une idee jusle. Mais les deux adversaiies du projet decanal, ou piulot, des souniissiounairi's de ce projet ont a soulenir en.\- mernes les attaques de ]\I. de Montgery, cjui s'atlache snrtout a I'autcur des garantiex.^W commciice par melire ses lecleurs en j)ossessiou de sei recherclici sur le sajet qu'il traite ; il en fait I'histoirc; il suit sea progrci et ses deveioppeinens siicces- sifs, afiu de inieux faire connailre son etat present. Analysant les eciits publics juji|u'ici, sur Paris po/t de mer, il expose en mejne tems ses vues, et loriqu'il arrive aux debats relatifs au grand [)rojet du canal de Paris au Havre, il fait les fonc- tions de rapporteur. Jusqu'a present, ses conclusions sent fa- vorables aux soumissionnaires du projet; il [irend leur defense avec chaleur et conire les agressions injuslcs, el contre les amis imprudens dont le zele maladroit pourrait compromettre les intorcts qu'ils veulent servir. En lisant ce meinoiie, on se met au coiirant de font ce qui se rapporlc aux viies nouvelles sur la navigation dc la Seine : c'est le meilleur resume que Ton ait public sur cetle grande entreprise. F. 242. — * Dc L'etablisxeincnt d'un chemin defer entre Parit rt le Huiie, jiar M. r>A\i!,i\ Paris, mai 1826. In-S". Ii9^ LIVRES FRANCAIS. Le transport d'un tonneau de niarcliaiidiscs du Havre a Paris dure 35 jours, et coute 3o fr. par la iiavij];ation ordi- naire, ou dure 4 jours et coi'ile 120 fr., i)ar le roulage accd- ler(5. Enlre ces deux extremes existent plusieurs luoycnncs dans dans lesquelles la vitcsse est en raison inverse de la quotitc de la depense. Get exces de lenteur ou de depense oppose de grands obstacles aux relations de Paris avcc la mcr; les lever, voila le but; les navigations maritimes, les ameliorations de la navigation fluviale, les canaux lateraux, les cliemins de fer, sont les nioyens de I'atteindre. Le plus cconomicpie el le plus prompt doit, par une consequence forcee, el re prefere; car si d'autres considerations en faisaient adopter un autre, celui qui remplirait ces conditions s'etablirait en concurrence, et le connnerce abandonnerait evideroment le premier. M. Navier pense qu'un chemin de fer a double A'oie , dont rciablissement exigerait un fonds de 3i millions , et dont la depense annuelle totaie equivaudrait a 2 millions ( non cora- ))ris le lirage ), est le meilleur nioyen de rapprochcr Paris de la rner. Une compagnie offre de se cliarger d'ouvrir ce chemin et d'y voiturer le tonneau, moyennant i^ centimes par kilo- metre, en venant du Havre, et 10 cent, en y allant. A ce compte , le tonneau viendrait a Paris en 60 heurcs pour 3o fr. 80 c. , et irait au Havre povir22 fr. II descend un tonneau h la mer pour deux qui en viennent; la moyenne est done de 27 fr. 87 c. , et, comme les frais de roulage seraient de 12 fr. 53 c. , il reviendrait a la Compagnie i5 fr. 34 c. par tonneau: il suf- firait du passage de i3o,ooo tonneaux pour couvrir la depense annuelle du chemin de fer; et, si la totalite des marchaudises qui circulent sur cette route et (jui s'eleve a 3oo,ooo tonneaux , prenait cette voie economique et prompte, le produit du chemin serait de 4,5()2,ooo fr. Le commerce obtiendrait ainsi pour 8,36i,ooo fr., le service qui , dans I'elat actuel des choses, lui coiilerait au inoins 3o millions. Cette economic ne pourrait nianquer d'accroitre la circulation, surlout si, comme le propose M. Navier, la prolongation du chemin de fer jus- ques a Strasbourg assurait a la France le transit des denrees coloniales qui se rendent dans le midi de I'Allemagnc. On pourrait sur le chemin de fer se rendre en quinzc heures de Paris au Havre ; ce qui serait d'un immense avantage pour les voyageurs. Des fails clairemenl etablis, une discussion lumineuse du service des chemins de fer en general, et de leur ap])lication pariiculiere au bassin de la Seine, voila ce c]uc lout le nionde applaudira dans le mcnioiie de M. Wavier. Les avantage^ de SCIENCES PHYSIQUES.— SCIENCES MORALES. /,93 ce inoyca de communication sur ceux qu'on emploie aujour- d'hul, sont dcmontres jusqu'a rovidence. M. Navier liii ac- corde, dans une tres-bonne discussion, la menie preference sur ceux que pourra creer i'amelioration de la navigation de la Seine. Pour nous ranger a son opinion ou la combattre, nous attendrons le grand travail dont la corapngnie du canal ma- ritime annonce la publication prochaine. Cetle reserve est d'autant mieux motivtie, qu'on peut induire d'une publication recente des soumissionnaires, que la question sera presentee sons un jour tout-a-fait nouveau, et que les benefices des en- trepots de Paris compenseront les desavanlages appnrens de la navigation proprement dite. J. J. B. 24^'- — * Jurisprudence generale des mine-i en Allemagne , avec des annotations relatives a ce qui a trait a la rneine matiere dans les principaux Etats dc V Europe et notainment en France; par M. Blavier, ingenieur en chef des mines. Paris, iSaS; Hivert, rue des Mathurins-Saint-Jacques , n° 18, et I'auteur, rue Saint- Jacques, n" 161. 3 volin-S" ; prlx 20 fr. Nous reviendrons prochainement sur est important tra- vail. 244- — * Bibliomappe ou LiiTe-Cartes ; lecons methodiques de geographie et de chronologie, redigees d'apres les plans de M. B. (J. Ch.) , par une societe d'hommes de lettres et de savans geographes, MM. Daunou, Eyries, Annee, Alb. MoNTEMONT, ViviETf, ctc; ct pour le dessin des cartes, M. A.M. PERROT.Troisicmedegre, n° 8. Paris, i826;Renard, rus Sainte-Anne, n° 71. 1'='' cahier in-4° oblong. Prix du ca- hier, 3 fr. {^Voyez ci-dessus, p. 172.) Ce cahier comprend la geographie de la Baviere et du fVur- tcmberg, du royaurae des Pays-Bas et de la Suisse. Les pro- chains cahiers termineront I'Europe. Sciences religieuses , morales , politiques et kistoriques. 245. — ■* Thesaurus patrum , Jloresque doctorum , etc. — Le Tresor des Peres de I'Eglise, et Telite des docteurs qui se sont distingues autrefois , en theologie et en philosophic , etc. ; (par A.-B. Caillau, missionnaire de France). T. VIII. UZ-Z. Paris, iSaS; Beauce-P»U5and, rue Palatine, vis-a-vis Saint- Sulpice. I vol. in -8° de 496 pages; prix 6 fr. ( Voy. Rev. Enc. , t. XXVIII, p. 2 1 5 ). Ce volume comprend neuf chapitres dont voici les litres : Vanitas , Ferecundia , Virginitas , Virgo Maria, Virtus, Vita , Vocatio , Voluntas, Ze/aA-(en tout 128 pages); il est suivi 494 LIVRES FRANCAIS. d'line Introduction jiotir la lecture des saints Peres, diins la- queile on rappelle le tems oil ils ont v(>cii , leur vie , leurs ou- vrages, les piincipales editions qui en ont ete publioes, le genre de leurs discussionset leurs preceptes snr la predication. — M. I'abbe A.-B. Caillaii , niissionnairc de France, qui, dans le cours de ses recheiclies pour former la precieuse collection qu'il a publii'e , et donl nous annoncons le hiiitieme volume, a souvent eu I'octasion de remar(|uer le talent oratoire j)arti- cblier de cliacun de ces auteurs sacres, d'observer les regies qu'ils s'etaient prescrites, les avantages qu'ils en liraient et d'apprccier leur superiorite relative, iie pouvail s'absteiiir de recueillir et de signaler ee qui le frappait dans ces comparai- sons. — De ses notes mises en orilre, i! a forme xiu second volnme de rintroducliun a la lecture Hes Peres. Dans le pre- mier, on a vu, riiistoire abregee de I'Eglise et I'indication des ouvrages composes ])our la dcfendre. Le second volume reu- nira les preccples de relocjueiice a ccux de la foi , les rerulra plus eflicaces, ])ar un tecouis mutuel, el coiiipleteia roeuvrc, deja si fcconde en resullats heureux, de la collection, par ordre de malieres, despensees de tons les peres de I'Eglise. — I^e prix de ce second volume, vu le grand nombre de pages dontil se compose, sera de G francs. Cadet de Metz. 2/,6. — * Seconde lettre a Al. ie baron d'Eckstein, sur les croyances spontanees et necessaircs de I'huujanile, avec des observations sur quelques passages du second numero du Catholique ; par M. N. M. Paris, 1826; chez les marchands de Houveaules. In-8" de 29 pages ; prix i fr. 5o c. (V. Rev. Enc, t. XXIX, p. 798. ) .J Apres avoir examine celle seconde lettre, il semble que fl M. le baron d'Eckstein a trouve son vainqueur dans son cri- tique anonyn)e, et que cet habile critique lui-meme va trop loin dans le systeme de censure qu'il a suivi. Parlous d'abord de M. d'Eckstein. Avec des faits iuexacteinent exprimcs, des phiases, des mots equivoques et de legers arguniens, il cherche a demonlrer que les liomuits sont ou doivent eire soumis a un pouvoir absolu , spirituel et leniporel , pouvoir qu'il allribue au ])ape, et (ju'il no leluscpas aux rois sur le lemporel, nean- moins en les soumettant encore a la iliroction su])remi! du papc. C'esl alnsi qu'il entend eetle unite qu'il vante; c'est ainsi qu'il veul nous lendre fidelts a Dieu el aux rois ; et il ne songe pas le iDoiiis du monde que cesl ainsi qu'ou jjousse les homines a la superstition, a la servitude, a la revolle et a I'apostasie. C'esl la pourtanl le systeme renouvele de ce fameux irium- virat qui naguere se composail du teu comte de Maisire, du SCIENCES MORALES. 495 \uomfe dc Bonald el sil-disant pro- testans, piirs niituialistes ,c\\erc\\en\ dans Brahma, Vichnou, Sivii , la Trinite cliretierjne, ils r.ublient que ces trois-person- nages sont representes conime sujet> aux plus infames de- bauches, dont ils font peiiilence jiendant dos inilliers d'.Tnnees, et que, d'ailleui's, il d(>ivent cesser d'existcr a la fin d'une grande periode, d'une grande dissolution de I'linivers ]>liy- siqiie. Tout cela nous les montre assez commedes elres fictifs ou comme des dieux assurement bien secondaires. M. dc La 496 I.IVRES FRANCAIS. Mennais, prrrurseur «lc M. d'Ecksioin, a cilc VEznurvcilam , pour moiitrcr dans I'lnde nne sortc dc cliristiaiiisine antcrieur a Jesiis-Christ; mais Ton a des long-tems devine, Ton sait main- tenant, ct de])iris plusieurs annees, que l'Ezour\cdain , si an- cien, si autlienlique , si venerable pour Voltaire, nest qu'unc fable toute nroderne, un dialogue forge, pieusenient si Ton \eut, par !e pere c/e Nohilihus , missionnaire jcsuite, dans la ■vue de faciliter ses concjuetes spirituelles dans I'liide. Lanjuinais , rnetnbre de I'Jnstitut. a47. — * L'ubht' de La. Mennais refute par lea aulorites qu'il invoque, etc.; par M. I'abbe Flottes, professeur de plii- losopliie au college de Montpellier. Montpellier, 1824. In-8°, 122 pages. 248. — Premiere suite. Montpellier, i825. In-8" de 160 pag. 249- — Deuxieme suite. Montpellier, 1 826'. In-8° de 42 i)ag. 25o. — Troisieme suite, ou I'abbe de La Mennais refute pari le comte de Maistre. Monlpellier, 1826. In-^ de 40 pages. Ces brochures se trouvcnt a Paris, chez Gautliier et Pichard. On connait asscz les erreurs bizarres et ineme dangereuses .irl'aitemciil clt5ini'lees devraieiil eirc evilces soi{>neuscment. T,e style est beaticoup troji tcruiu ; on rei^relte ii'y Irouver .son- vent des ]>lirases tclles que celles-ci : « La poiirprc dont hrillo soti nianl(\iii ( de I'ambilieiix ) n'ost jias le snug dii mnrex , ct ses palmes n'ont pas grandi inouUlees dcs jileiirs de I'aurore; c'est le sang des honimes et les larnics du monde. » Pliisieurs mots ne sont pas francais , tels que: niiisibilite , infinitude. Quelques cneuis pourraicnt aussi eire signalees. C'en est une ii[rave f|uc d'avoir parle dcs ctafs, en quelque sortc pourris tic civilisation. Un pared lieu coiTiniuri ne s'accorde pas avec I'en- semble des i({ecs adoi)tees par I'auleiir, qui se nionlre constani- nient le sincere ami des liiniieres, et qui ne pent jias ignorei' (lue la civilisation epure la sociele, et diniinue le nombrc des eires qui vegctent el pourrissent dans rigiiorance et le crime. L'ouvrage de RI. Parisor pent et doit ttre juge avec quelque si'verite, parce qu'il aniionce un anteur capable de produire uu bien meilleur livre. Le talent a droit a ne pas oire traite avec les complaisances dcsiinees a menager la mediocrite. Tel qu'il est, ce resume de morale doit augmenter le sueces de X Ency- clopcdie portaliK'e. II est au courant de la science, et divise ju- dicieusenient. C. Rknouard. 258. — * Resume del' histoire de la philo.'inplu.e , par P. M. Laurent, avocat. Paris, 182(5. Lecoinle et Durey. Un vol. in- 18 de /|7/| pages; ])rix 3 fr. 5o c. Pour laire nne bonne liistoire de Ja pliilosopliie, peut-etre I'auteur devrail-il commcncer par exjxiber son propre syslcme philosophique. Les travanx (jue les anciens nous ont legnes elaienl incomplets, et ont encore etc tronqites par le lenis. De quelques pliilosojilies meme, nous ne connaissons fjue deux ou Irois paroles celebres qui onl besoin d'eirc ratlacliees a une doctrine ])0ur etre bien comprises. L'hislorien trouverair, dans I'expose qu'il aurail fait, un centre veis If^quel il ramenerait tons les rayons epars de I'antiquite jdiilobopliique; il aurait la nne rc^le pour classer et coorilonner enire elles les decouvertes des premiers ages, a mesure (pi'elles se jirescnieraient ; ime lumiere ponr les echiirer et les faire com]>icndre ; enfin, une mesnre d'ajires lacpielle il lesjngerait, et |)ourrait les rejeter et les aibnetlie, sans eIre conlraint a d'inlernanables com- inentaires, inais anssi sans etie obscui-. Ainsi , quand on nous aurail monlri- c[ue, parmi les connaissances humaines, les unes (conime celle-ci, j-ar cxeniplc : tout Jail qui coi/irnencf d'existcr, doit avoir une cause) sont univcrselles et nt'ccssaires, c'esl-a-dirc , exprin)ent une veritc independante des terns el SCIENCKS MORALES. 5oi «leslicux,et qui iic ponrrnit pas ne p;is existei, taniiis (jue les aulres (tclles que celle-ci : Cc^sar a t'te luc), soul relatives a nii certain leuis, et a uri certain lieu, ct cxprimenr Tin fail qui aurait pu nc pas ariiver; quatiil on nous aurait fait voir que la premiere vei ile subsistciait, alors meme qne nous n'aiirioDS jamais ete, tandis que le second phenoniene n'cit reel fiue si nos sens ne nous out point trompes, nous coniprendrions I'aci- leiiient la difference qui exislc entre ce que Parnienide noni- mair veriee el npinion, enlrc ce que les idealistes modernes appellent raison eVobservation. De menieapres urie explication nette de la notion de substance, et de la notion de cause , nous aurions bicn saisi les ohservaiions sur le ])aiitlieisn!e , le ino- notheisnie et I'linite divine de Zoroasire; dn meme encore, apres I'exjjose de la lutle enire le devoir et I'inleret, nous au- rions niieux penetrc le secret des religions antiques, le mystere asliorsdc' proportion .-ivcc lesavantagc; (pii peii- vent ea I'l-snltcv ? II nojib l.int d'aboid sijl)ir ime auginentalion tonsid(''rnl)l« sur le prix veiukiit , en i8a5, i6 s'lns on Siiisio, landi. (jii'il riou* coijiait 9.6 sons). Ajoutons a cela cinq millions ([nir le bndi^et. accoidc antiuelle- inent aux colonies ])onr convrir rexcedaiit do Icurs depen?es sur leiirs roceltos, et cnHn la ]).irt dos 56 millions de la marine, que Ton pcnl sispposer «'!rc (■rii]>l()yee a les ])rot('ger. Nons ndojitons enticrc-rncnt les id<''es de raTilcur (,Mi vi-ul ipio i'ori envisage; Ics colonies rommc des entrepots, des points d'appui de nos reiaiions coinnierciales avec Ics Ainericains, et nous ajou- lerun.-., dos j)orts de refuge pour notrc marine mljitaireet niar- cliatide. Ce chapllre est rempli d'oljservations ptccienses. Peut-etrc, pourrait-on reproclur a M. d'Harcourt de ne pas rattaelier avec assez di- soin tons ies fails <\n"i{ reveie a dos considerations generates. On di'sirerait aussi j^his d'ordie dans i'ensemble de sa composiilon : ilest lacheux qu'il ne se soit pus ])enetr('; da- vantai;e des veriles demonlrecs par reconomic ])oliliqiic et devenues populaires de nos jonrs. Dans le chajjitre des iinpols , I'aulenr se prononce contre I'operalion dii cadastre qui ne Ini parait utile que sous le rap- port topogiapliicjue; elle est meme dangereuse a scs yeiix, parce que , dil-il, « le sol change avec I'induslrle, et , a cet ogard, ses principes sont si absolus qu'il voudrait (pie « la con- tribution fonciere, bien ou mal assise, restat fixe commeune infirraitc de la terre (pii serait vendue avec sa plaie. » Nous sommes loin de parlager son opinion : Jl est vrai que le sol change de valenr, a niesure (pie rindiistrie de celni (pii I'ex- ploite en tire un parti plus av.iiitageux ; mais anssi I'opt'i-ation (In cadastre n'est pas eterneile dans ses re'suUats. Les conseils des communes, bons juges en cette malu'-re, qui s'impnsent aii- jourd'hui des ccntiines additionnels pour jouir des bionfnits du cadastre, s'imposeront dememe, dans 60 ans , dans 100 ans, s'il le f'aiit, ])our en obtenir les recliIi(;ations rendues ntl-ces- saircs dans rassiellc del'impot. II n'est aucun moyen plus pro- pre a etablir en fail, si non rigouieusemeni, du moins autant que possible, lY^piilable principe de Tegale repartition des charges publiques. Si I'espace nous b' ijcrmeltail , r.ons analyserions avecfdai- sir les aulres cliapitres-, car on trouve dans tous des vues neiives et des faits inliiressans. L'l parlicqni nous senible avoir ct(i la plus approfondie, est celle qui se rapporle a I'agricul- SCIENCES MORALES. 5o5 ture dont I'eUide parait t'tre na objet de predilcclion pour I'aiiteur. INous voudrioiis surtout ponvoir disculei* avcc luilcs avantages d'un syslome eii givind cle I'ermes experimentales et de colonics intcrieures, qui sont plus imiiKJdiats , plus certains, 1)1(18 durables que ceux que pcuvcut procurer les possessions lointaines que nous conservons a grands frais. Nous rappclle- rons, a cetle occasion, I'essai que Ton fait mainlenant dans le depaitement de la Gironde d'une colonic d'indigens, a I'inslar de celles de la Belgique, d'apres le plan elabli dans une bro- chure que nous avonsannoncce(Voy. liei'.Enc.,t. xxxui,p. 871). SI tous les deputes , conimeM. d'Harcourt, se rendaient iin compte approf'ondi de Tcinploi des fonds publics qu'ils sont charges de voter, s'ils voulaienl f'aire part, dans des livres aussi utiles que celui-ci, des observations qu'ils ont faites par eux- memes ou qu'ils tiennent de leurs collegues et des renseigne- mens qu'ils jieuvent puiser dans les cartons des ininistres , la science s'enrichirait de cos docnniens , radmiuislralion y trou- vei-aitde nouvelles litmieres, et les toutribuabies oblicndraient peut-etre quelques soulagemens. ^d. Gondinet. 262. — De V Esprit inililaire en France ; des causes (pii con- fribuent a I'eteindre ; de la necessite et des nioyens de le ra- ninier; par le lieutenant general Max. Lam arqite. Paris, 1826; Bossange pere. In-8" de 128 p.iges; prix 2 fr. 5o c. Cet ouvrage, qui a pour auteur uii des ofticicrs geueranxles plus distlngues de I'armee, est d'autant plus digne d'interet qu'ilse trouve tont-a-fait de circonslaiice dans uii laonient ou Ton parle beaucoup de decouragement dans I'armee , et de nombreuses demissions qui en residtent. Celles-ci ont bieu des causes assez connues, sans ['arlcr dj rinlr.)duction nnregiun! des seminaires dans les casernes, et dti voeu si de[)lorable j)oiir faire abroger la loi qui reserve des grades a raucieunete , voeu consigne dans les cahiers des conseils dc departement dont les membres sont choisis par le ministre. Le general Lainnrque a passe bien legerernent sur ces diffiirentes causes, et 11 a tro[> attribue la destruction de I'esprit militaire en France, aux pro- grcs de la civilisation. Cet ouvrage est div^se jinr ehajutres , entre lesquels on remarquera principaleinent ceux ([ui traitent de la necessite d'une reorganisation de I'armee, en liarinoyie avec notre elat social, c'est-a-dire, avec la forme de goiiver- nenient qui nous rrgii u:2Joiird'hui , et ceux ou I'atiteur inditpie les moyeiis propres a r;ininier I'esprit militaire. Le mode d'or- ganisation qui lui iemble convenir lemieus , et reunir le plus d'avanlages i)0ur I'elat et j)our I'arniee, seraitunmnde ana- logue a celui qu'emploic le gouvcrneincnt des Pays Bas, qui 5i)G LIVRES FRANCAIS. procure a ce royauine les inoyens d'avoir sur pied une arm6e dc cent vinjit mille homines et do n'en solder que quarante iiiille. II desirait que I'on aiigrnentat les soldes d'activilc et dc relraite dans tons les grades de rarinec; etii croit cette mesure d'une necessilc absolue, vu la depreciation de I'argent; elle ne gros- sirai; en rien la mnsse du budget, si Ton adoptait !e mode d'orgaiiisation qu'il propose. Cet ccrit poiirra fonri;ir des vucs trcs-utiles, lorsqu'on s'otciipera enfin d'ameliorer I'organisa- tion acluelie de notre eiat niilitaire. P.-E. Lanjuinais. 263. — Les prccurscurs , on le premier coup de tocsin de la contre-rcvolution. Paris, 1826. L'editenr, rue des Fosses St-Ger- inain-rAuxerrois, n° 24. 1 vol. in-8" de iv et 355 pages; prix5 fr. , et G (r. par la poste. La premiere partie de ce volume, divisee en douze cha- pitres suivis de notes, est consacree a rexamen des ouvrages ou plutot dc la vie politique de M. de Cliateaubriand. C'est moins une discussion serieuse et utile des doctrines du noble pair, qu'une altaque dirigee contre la niarthe qu'il a suivie sous les dilferens gouvernemens qui se sontsiiccc'desen France, depuis la revolution. Ka seconde partie, meilleure que la pre- miere , conlient en forn)e de" dialogue, un expose naif et fidele de la iheorie de M. le President ac'.uei du conseiLiles ministres, theorie dont nous subissons mainlenant Fapplicaiion et les consequences. On regretle que cet expose ne soit pas suivi de quelcjues ligncs de refutation, et Ton souffre de voir sans repoDse une foule de sophismes prcsentes d'une maniere aussi s])ecieuse et aussi adroite que I'aurait pu faire M. de Villele li.i-menie. Viennent ensuite deux nolices sur les gcne- raux es[>agnoIs Mina et Morillo, extraites des medailles bis- toriques de M. R. AV. ( Regnault IVarin), mais dont la censure avait, dit-on, en 1822, efface les trails les plus saiilans. Le volume se termine par un apercu de quelques-unes des amelio- rations que n'claniait , il y a cinq annees, et que reclamcrait plus imperie?isemenl encore aujourd'hui le systeme d'admi- nistralion inlerieure et de relations exterieures de la France. Ccs ilivers morceaux, comme on le voit, assez disparates, ne sont pasmenie reunis par une table des matieres. B. L. 264. — ** Discours contre le projet de retablir et d'aggraver les p?-ivllegcs d'ainesse , de rnasculinite , de substitution , par M. le romie Lan.iuinats; riouvelle edition corrigee, aiigmen- tee. On y a joint le discours special du meme oraleur sur les substitutions, im])rimo ])ar ordre de la Chanibre des pairs. Paris, T82G; ( yoy. ci-dessus, p. 190;) Lesaddiiioiis et les corrections quidislingiient la seconde edi • SCIENCES MORALES. 5o7 tion de ccs doux discours, sont aiissi curienses qu'uliles. Voici Iji conclusion du second discours : « 11 est done prouve que les ministres etles autrcs jiatrons de I'article siir les substitutions sont en contradiction avec enx-memes, sur Ic sens de cet article... II est proiive anssi, que Montesqiiieu a dit precisement !e contraire de ce qu'ils entendent, et qu'ainsi, Montesquieu suffirait pour faire condamner leur art. 3. » Cependant, cet article a ele admisa la Chambre des deputes, sans amcnde- ment; admis , en supposant, selon son teste, les cieff?es de substitution composes a volonfe de plusieurs persormes pour chaque degre ; tandis que la Chambre despairs a fait inserer dans son proces-verbal, que le nieme article s'entend d'un seul substitue par chaque de^rti de substitution. S'il faut, en France, le concours des deux Chambrcs, pour qu'une dispo- sition passe en loi , il s'ensuit que, le sens du mot plusieurs etant formellement rejetii par la Chambre des pairs, on ne pent faire, par chaque acte de substitution, que deux substi- tues en tout , puisque chaque substitution n'a que deux degres, par le lexte de I'article ; et que cJiaque degr-e , selon la Chambre des pairs, et snivant I'art. 33 de I'ordonnance de 17/19, ^"■" '*^* substitutions, ne pent etre que d'une seule personne. Au lieu An privilege ainsi moditie, et de celte contradiction a jamais memorable, les publicisles et les economistes auraient prefere le lexte de noire Code civil, tant admire au dehors, et envie par les etrangers : les suf)stitutions sont prohibecs , maxime conforme au premier et au second article de la Charte. S. 265. — * Hisloire generate , physique el civile de C Europe , dcpuis les dernieres annees du v*^ siecle, jusqiie vers le milieu du xviii% par M. de Lacepeue. Seconde livraison. T. in et iv, Paris, 1826. Mame et Delaunay - Vallee, rue Gucnegaud , n° 25. 2 vol. in-8° de 479 pages chacun. Prix de chaque livraison, 1/, fr. (Voy. Rev. Enc, t. xxix, p. Hig.) Cette deuxieme livraison comjirend les neuvieme, dixieme, onzieme, douzieme, treizien)e et quntorzieme epoques, et confirnie ce que nous avons deja dit de celle grande compo- sition. Le portrait des monarques qui gouvernaient alors les nations , I'etat des peuples qui leiir furent soumis, I'esprif des siecles que I'auteur parcourt, Ics progres ou la di'cadence de la civilisation , lo tableau curieux et fidele des opinions, des prejuges, de la politique, des mceurs, des loisj des usages, de I'ignorance, de la corruption , et surtout le grand art de coor- donncr le vasfe ensemble des jiays divers qui forment I'Europe annoncent dans I'esprit de I'autetir, une sagacite, unc etendue nnejuslcsse, une precision qui donnent a son ouvrage un Vif 5o8 LIVRES FRATNCA.IS. inlerel. Avec quelle eloquence il peint les regnes de cc Pepin qui, consommant Hue ^raiule revolution sans repandie une goutte de saug, inspire I'eslime ct le respecljde ce Charle- magne, Tobjet de rjiffection d'une pnrtie de rEutopo, de la terreur de I'aulre, de {'admiration de tons; de cc Harroux surnomnie le Juste ^ le jilus ])uissant inonarque de rOrienl , qui jouit sans tiouble , dans son vaste empire, du fVuit de ses exploits ct de ia gloirc de son penple ; de cet Egbert qui em- ploya les premieres ann(5os de son aveiicment an troiie d'An- gleterrc a calmer les dissensions, a etouffer les haincs, a faire rogncr la justice, a repandrc des bienfaits, a conquerir I'alta- chement de ceux qui I'avaient cleve snr le pavois; de cct Alfred qui doiine dans ses etats un recueil des lois qu'il croit les i)lus propres a repandre et a conserver la religion de Jesus , a epnrer les mceurs, a detruire les superstitions, les eireurs funestes, a reprimer le brit^andagc, a fixer la propricte , ii encourai^er Ic commerce, (jui observe et fait observer ccs lois protectrices , garantit I'nn des plus grands droits des i)eupies , le but essenliel dc toute association , I'imparlialite de In justice, en statuant que les jugemens seront rcndus par des jures, et qul,voulant que clia((ue depense soit payee par une recette cgale, imagina et rcalisa ccs clats-gencraux dc finances, aux- quels on a donne depuis le iiom de budget I Tout ce que Thistoire olTre d'innliles details, de fails nien- songers, d'cnnuyeux rccils estecarte par notre savant ccrivain; et il retrace les evenemens les pins memorables avec nne fidelits qui atfeste raullienticite des sources oil les a pulses un travail long et iiifatigablc. Nous terniitieions cet article par les reflexions suivanles de I'autenr au sujet de la servitude des rois et de la dominalion des papes, dans le IX*^ siccle : " Quel melange de jjrctentions, de faiblosse et d'abjtirditcs nous prcsenlent et les opinions des peu'ples et les rcsolulions des rois a celte cpoque si desastreuse d'ignorance, de barbaric et de superstition ! A peine cin([uantc- cin(j ans s'elaient cconies depuis la m.ort de Charlemagne, de celui de qui les cvepies de Ptonic (enaient tout leiir ponvoir lem;)orel, que ses laches descendans vont an-r.evant d'une funesle scrviindc, lendant leurs debiles mains aus fers sacres qu'onventleurdonner, et , cntraau's par des passions ignobles , trains par leur faiblesse, trompcs par degrands vassaux qui oni resolu secrctemcnt leur perte, ]/araissant rccbercber avec le soin le plus aHeiitif lout ce (pi peut favori^er cctte domination universclle vers laquelle les pontifes de Rome, prolilant liabi- lement des circonstanccs, s'avancent a grands pas. >> i>'A..c. SCIENCES MORALES. jocj 166. — * Les Commentairex de. Cesab. Paris, 182C; Anselin et Pocliard ; '2 vol. in-32 fonnant XI et8io pages, papier velin saline; j)rix 5 Ir. 2(17. — * Dlscours sur PHixtoire itnu'erselle ; par Bossuet. Paris, 1826; lesmemes, 2 vol. in-'32 foriiiant 71 1 j)Uges,prix5fr. Ces deux ouvragcs apparliennent a la Bihllolluque de t Of- Jicier, piiblice par les edileiirs , et dont nous aurons soin d'an- noncer les iivraisoiis successives. Les Cotnmentaircs de Ccsa/' sont tcllement connus, qu'il sjiffit ici d'indiquer ce qui distingue cette edition des ])rec(:denles. Ainsi que I'indique le litre , les editeurs se sont propose de met- tre les coramentaires a la porlec des officiers. Cette considera- tion a di'tcrminele elioixdu format et de la veision ; I'exactitude non coiitestee de celle de ^Vailly lui a fait donner la preference ; mais on a pris soin de la ])urger des locutions vicieuscs et des lalinismes dont elle etait reniplie; on a profitc, en outre, des nornbrcnses additions si Jieureuscment faites aux premieres traductions. Les uoins modernes ont etc conserves , parcc qu'en general le lecteur trouvc on interet rout ])arliculier ace qui tieiit aus lieux qn'il a ];arcourns, ct (ju'ii anrait eu peine a les reconnaitre sons les nouis de pays des Ambarrcs, des Se- gusiens ou des Scnuar.ais, etc. etc.; d'ailleurs la carte coraj^a- rative placee en tete de I'ouvrage servira toujours a rectifier ces anaclironismes volontaires. Quant an £ossuet, auquel quelques personnes pourraient conlester le droit dc faire par- tie de la BibUotheque dc VOfficicr , nous nous contenterons de rappeler que I'ancien gouvernement I'avait adopte pour les ecoles mllitaires de I'einpire. Pi. 268. — Histoire de la sixicine croisade et de la prise de Da- mietle, d'aprcs les ecrivains arabes; par M Pieinaud, employe an cabinet des mannscrits orientaux de la bibliotlieque du Roi. Paris, 1826; Dondey-Dupre. In-8° de 68 pages. L'auteur avail recueilli dans nn premier essai ce que les ecri- vains arabes ont dit sur les croisades. On Irouve cet essai dars I'une des anciennes editions de lliistoire des croisades, par M. Michand ; mais ce travail a ele refait avcc un grand nonibre de corrections et d'addilions. M. Mirhaud en a f;iit usage dans sa quatricme edition, et BL Pvtinand conijMe pubiier a part ce nouveau travail avec des te\tes atabcs el loules les indications necessalres pour verifier les sources. C'est de se second ouvrage ])erfeclionne, que Pcuteur, afin de ]iressenlir le gout du pu- blic , a dctaelie V Histoire de la sixieme cioisade, (|ui coin- menca en 1217 ct fuiit en 1221. L. 269. — * Histoire d' J figleterre ,dcpiih Jules-Cesar jusqu'en 5io LIVRKS FRANCA IS. 1760, par Olh-ler GoinsMirit ; coiitiiiuec jtisqu'a nos jouis par Charles Cootk ; Irachiitc lie I'anglais p;ir M'"<^ /llexandrine Ara- CON ; a vcc line Notice sur In vie et les ouvra^es de Goldsmith , et des notes sur le texte, par M. Ai.bf.rt BIontemont; torn. vi""". Paris, i8'i6; Peylieux, iri-iS"; ])rix de I'ouvrage entier, com- pose de 6 vol. , 36 fr. (Voy. Rew Enc. , t. xxix, p. 227.") Ce volume coiiiient ies eveiiemens ecoulos de 1807 a 1826, c'est-a-dire uiie ptriode ilc dix-neuf ans, jusqu'au i*"' Janvier dernier. Ledocteiir Coole s'est arretc a la baiaille de AVaterloo; c'est M""^ Arafjon qui alors, echangeant le role de fradncteur contre celui d'liislorien, a repris la narration pour la condiiire jusqu'au terns acluel. L'imparlialite et I'elegance qui distin- guent jtliis particuliereuient celte dcrniere partie, seinblent faire croire qu'clle a ete ecrite par Olivier Goldsmith lui- inenie. On ne saurait louer d'une maniere plus flatleuse le beau travail de M""= Aragon. *** 270. -— Precis historique des nc^ociation.i entre la France et Saint- Domingue , suivi Ae pieces justificatives el d'une Notice biographique sur le general Boxer , president de la republique d'Haiti ; par M. Wallez. Paris, 1826 ; Poniliieu , Treuttel et Wurlz; I vol. in-8° de 488 jinges; prix 6 fr. T^e titre de ce volume devrait eire : Recueil de inateriaux pour servir a Vhistoire et a la statistique d'Haiti. En cffet , I'auteur a compile des fails et des dacumens de toute nature. Son precis historique remonte aux premiers troubles de Saint- Domingue , et se termine par une apulogie de Tordonnance qui a reconnu I'independance dw gouvfincracrit haitien. On sentira qu'un sujet de cette eleudue, fraite en quatre-vingt-neuf pages, ne peut I'etre que d'une maniere inexacte et incom- plete. I.es pieces justificatives qui suivent offrent, avec les do- cumens relatifs aux diverses negocialions , la coristilutiou de la republique d'Haiti , une oraison funebre de Petion , des details sur la cour de Christophe, sur la conspiration de Richard, sur I'etcndue, la population et les produils de I'ile , des articles de journaux , etc. La notice sur le president Boycr ne conlient que des faits generaleuient connus, dont quelques-uns auraient ete plus conveiiablcmeut ])laces dans le precis historique. Nous releverons une inexactitude qui decele la precipitation avec laquelle cette notice a ete redigce. L'auteur (p. 483) fait re- monfer a 1818, c'est-a-dire avant la chute de Christo])he , la conspiration et la mort du general Richard , ci-devant due de Marraelade, tandis que cet evenemcnt est bien evidemment pusterieur. II residte, en effet , des pieces justificatives qu'll a eu lieu au commencement de 1821. Malgre ces defauts , le livre SCIENCES MORALES. 5ii que nous annoncons sera utile cojnme recueil (\e documens liistoriqiies. II renferme une piece extremement cmieuse : les instructions donnt'os par M. Malouet, ministre de la marine en i8i/|, aux agens qii'il envoya a Saint-Doiningue. Celte piece niontre jusqu'a quel degre d'aveuglcment les prejuges ]ieuvent condnire un liomine d'etat. L'idee concue par ce ministre de classer les liabitaiis actuels de Saint-Domingue dans des ca- fegories diverses, plus ou nioins favorisees par les lois , suivant Jes nuances plus ou moins foncoes de leur peau , et I'espoir qu'il nourrissait de les determiner a subir volontairemeiit cette classification qui descendait jusqu'a Tesclavage, parailront au- jourd'hui ce qu'ils fiirent loujoTirs, la plus chimerique des ex- travagances. ( Voy. ci-dessus, ]>. iii , dans la section des ana- lysex , un article sur plusieurs cuvrages relatifs a I'histoire de Haiti ) C. 271. — Memoires du general Morillo, comte de Cartha- genc, marquis de la Puerta, relatifs aux principaux evenemens de ses campagnes en Anierique, de i8i5 a 1821 ; suivis de deux precis de don Jose-Domingo Diaz, secretaire de la junte de Caraccas , et du general don Miguel de La Torre; traduits de I'espat^nol. Paris, 1826; Dufart. Un vol. in-S" de xvi et Zi52 pages; prix 7 fr. Malgre le gout toujours croissant que !e i>ub!ic nionlre jjour les ouvrages liistoriques , et la celebrite du nom qui decore le titre de ces Memoires , il est douteux qu'ils attirent long-tems I'attention du lecleur. On n'y trouve guere, en effet, qu'un recueil de proclamations adressees, dans difiVrentes circon- slances, aux ])euples que I'auleur traite de rebelles, mais dont tons les amis de riiumanife approuvent et favorisent I'emanci- j)ation. II est vrai tpie Ton rencontre de terns en terns quolques narrations; mais elles n'y sont en general placees que pour amener des proclamations ou des lettres. L'emphase, si natu- relle a la nation espagnole, se montre tout enliere dans les proclamations de Morillo , cbez lequel, du reste , ce n'est pas un faible tort que d'avoir souvent prodigue les invectives contre un bomme (Bolivar) dont la gloire, bien aulrement pure que la sienne , n'en brillera pas moins d'un etlal aussi vif C|ue cede des Washington , des Lafayette, et de lous ceux qui out couibattu pour la liberie de leur pays. Quoi qu'il en soit, ces Memoires devront etre consultes par ceux qui voudroril eonnaitre a fond la revolution de I'Ame- rique espagnole, si giorieuse dans ses resullats, puisqii'ellc a releve la dignite de I'espece hum;une en elevaiit j)lusieurs mil- lions d'honimes au rang de nations libres et ind<''i)eniiantes, et iia UVRES IRANCAIS. la dcrnieic lovolutFon do rKspjij^nc , si fancslc clans ses suites, puisqu'elles nnt plongc un gr:ind pciipic <;( unc belle ct \asle coiiliee diiiis I'aiiarcliie, dans la servitude , dans la guerre civile et dansuii abime de malheurs. B. J. 272. — Recueil de /licce.t historiques sur In reine Anne oh AoNES, epouse de IIknri P*", roi de France, et fiUe de Jaros- i,AF I*'", grand due de Rnssie, avec une notice et ties lemarques du prince J le.r anil re IjMwsov dcRosTOF, aide dc camp de S. M. I'empeicur de loutes les Rnssics. Paris, 189.5. Iii-8° de 60 pages , avec unjac-siinilc d'un diplome dc Philippe I*''roi de France, de I'an 1060. I/autejir pronve, conire quelqnes savans, qu'en effet cetle reinc a etc appelee tantot June , et taiitot /ifjncs. II a recueilli, snr ce qui la concernc, plusieurs fails peu connuj, sans parler du diplome de I'an 1060, Uonve en original ])ar le prince La- banof a Paris dans les archives de France. L. 273. — * Recueil de pieces aulhentiques sur le captif dc Sainte-Relenc , dc tncmoires et de docuniens historiques ecrits on dictes par I'en/pereur 7^ AVOhion; suivis des letties de MM. le corate Bertrand, le comtc Las-Cases, le general Gourgatid, le general Montholon, les docleurs O'Meara , Warden, Antommarchi, le baron Fleury de Chabotjlon, le comle Carnot ct Goujon; avec dcs notes. T. xii. Paris, 1825. Cor- reard. L'ouvrage se compose de 12 vol. in-S", de 5oo pages cliacun, avec grafurcs , cartes on portraits. Prix du volume, 6 francs. Le premier volume de cclte colleclion se compose de toute* les pieces relatives aux dehais survenus entre Napoleon et sir Hiidson-Lowe, gonvernenr dc Sainte-FIclene, et aux discus- sions elevees dans le parleinent d'Angleterre, au sujct de la detention Uu premier. On nc lira pas, sans nn vif intcret, tons les details de I'enlevcment de M. Las-Cases et de sa depor- tation an Caj), c'cst-ii-dire , a 800 lieues de Napoleon. Le second volume comprend trois divisions. Dans la pre- miere , on retrouve les lettres de M. Las-Cases a lord Batliurst et au prince Lucien; elle coniient la relation du voyage ct des premiers momens de la cai)livile de Napoleon. C'est I'accent de la verilo , I'elan d'unc ame que revolte I'injuslice. ^ — La corres[)ondance de M. Warden occupe la seconde ))artie de ce volume; elle est remplie d'anecdotes piquantes ct de details singuliers sur la vie iulerieuro des exiles de Longwood. Dans la trolsieme parlie , M. Warden a pour antagoniste le redac- teur de la corrcspondancc connue jusqu'ici sous le tilre de Lettres du Cap, mais auxquelles 7ious rcstiluons leur rpialifi- SCIENCES MORALES. Si% cation veritable de Letlre.i erritcs de Lougwood. Toutes , en effet , ont ete inspirees ou dictees par reinpereur, qui emprunta le voile psendonyraique pour corabaltre avec avantage , et sans commettre sa digiiile, un adversaire ignorant ou prevenu. ije troisii'me volume cox\\\(in\. les trentc-cinq jours , on me- moires politiques sur la campagne de i8i5, par Napoleon; suivis de ag pieces officielles ; de la Icllrc inodite dii marecbal Grouchy, ccrite a rempcreur, la veille de la balaille de Water- loo; dc 12 lettres adressees par M. de Las-Cases a tons les monarques de I'Europe ; snivies des conversations politiques de Napoleon, ct des conjecinres de M. de Las -Cases snr le manuscrit de Saintc-Heiene. Dans le quatrieme volume , on tronve I'histoire du i3 ven- demiaire et du retour d'ltalie, par Napoleon; la relation des cvenemens qui se passerent a Sainte-Helene, avant I'arrivee de sir Hudson-LoAve, parO'BIeara; I'appelala nation anglaisc, sur le traiiement eproiive par Napoleon, par Santini, Iniissier de la cliambre de Tenijiercur; uu nieraoire siir les affaires de Venise , par Napoleon; et 34 lettres ou pieces, sur la lin et la mort tie Napoleon. Le cinquieme volume renferme lo lettres ecriles par Napo- leon, sous le litre de Lettres de Sainte-Hclene, atlribu(!"es a un of'ficier anglais; une relation de la tentative il'assassinat sur Napoleon, a Schoenbrnn; nn retit de M. Duvoisin , ancien eveque de Nantes; quelques discouis de Napoleon, ou confe- rences du conseil-d'etat preside ])ar le premier consul; des proclamations de Napoleon ; le souper de Beaucaire , par Na- poleon ; la lettre de Napoleon a Malleo Butafiioco ; la corres- pondance entre Napoleon et Carnot , pendant les cent jours. On a reuni dans le sixieme volume les memoires pour servir a riiis'oire de la vieprivee, du retour el du rcgne de I'empe- reur Napoleon, en iSif), par M. Fleury de Chaboulon, son secretaire intime , le lueme qui joue dans cet ouvrage le role du colonel Z. L-e septieme volume donne la suite des memoi res de M. Fleury; la liste des personnes qui ligurent dans ces memoires, et fait connaitre leur sort a I'epoque oil ils furenl composes; de plus, le manuscrit de Sainte-Helene avec des notes de Napoleon, precede d'un averlisseraent du general G*****. Les huitieme et neuvieme volumes contiennent le recueil des bulletins ol'ficiels de la grande armee, dictes par Napoleon , et recueillis par A. Gocjon, ancien officier d'arliUcrie, pendant les campagnes d'Ansterlilz, d'lena, de Prusse, de Pologne, d'Autriche, de Russie, de Saxe , de France et des Pyrenees* T. XXX.-- Mat 1826. 33 5i4 LIVRES IR/VNCAIS. Lcs dixicme et onzlcine xiolnrncs se coniposent ties iTiorccntix suivans : Napoleon dans I'exil, on I'eciio i\c, Sninle-Helene, ouvrage contenant les inflexions et ies opinions dc Rapolcon siir les evenemens Ics plus iinporlans do sa vie, recncillis par Barry O'Meara, ex-cliirurgien dc Napoleon a Sainte-Hi-leno , dedic a lady Holland. ( On ne doit pas confondie celtc tradiic- fion, (jui a tile revue pur I'uii des plus (iilcies coinpngnons d'infortiine de Napoleon , avec deux autres frnduetions coiilre rinexaclilnde desqueiles M. O'Meaia a ele force de reclamer. Celle-ci est tres-exacte. ) Lc douzieine et dernier volitinc dn rccucil que nous annon- cons, a ]>aru depuis peu ■, il conlient la vie civile, politique et I'liililaire de Napo!eo:i, jiar M. Chennecliot , lionnne de letires. (let ouvrape est ccrit d'apres des documcns anllicntiqiics et dont la plus grande i)artie n'avnit pas encore ete mise en usage. Le jeune auleiir de celle lustoire nous scmble reunir les principales qualites de riiistorien : il dislribue avec impar- tialile le blame et la louangc, en relracant les actions de son hcros. Pour se former une idee dn plan, des principes et du st.vle do I'auteur, nous cilerons ici ses propres ppi-oles : « J'en- ireprends do dccrire la vie d'un Immine qui, de simple citoyen d'une lepnblique , en est devcnn, ou [ilulot s'eri est fait le roi : j'ai a raconter la marche cpi'il a suivic jiour parvenir a ce but de son ambition; les aliaques dont il fut I'objpt, nprcs I'avoir aileitit, de la part des j:)arlis divers; car celte ro])ubli(iue, dont son elevation borna I'exislencc, venait a ])eine d'asseoir sa base chancelante sur les mines d'une mon;irrhie dont ies racines ulongeaient dans les siecles. Que de passions soiilevees par ce concours de circonstances sans exemple dans I'histoire des terns passes! Napoleon s'est rendu coupable d'usurpalion, au jugement tie deux i)artis bien opposes. 11 a usurpe le legitime heritage d'mie famille, snivant les iiiis; s^elon les aiilres, il a covahi les droits d'un peuple, rjui jamais ne se prescrivent ; il a regenere une monarchie tonibOe dc vieillesse, et soiislrait la France a tin gouvernement laclie et incapable, aux yeux de beaucoup. » En jiailant d'impattialitc, voici comment I'auteur s'exprime : « Etre impartial, c'est ecire selon sa conscience, hors de rinfluence des I'vcnemeiis et de cei\:i rpii les onl diriges on produits. L'impartialite ne snKil ])as dans iin liisrorien, il doit esscntiellement rennirun esprit jiidicicTix a iiu cociir droit. — Je suis par nion ageliois de I'influence (iesi'vc'ncmcns de mon recit; bors de celle des hommcs qui y ont pris une part quel60n- que, par mon obscurite. Qi:ant aux causes des evj^nemens, a lenrs rcsullals, a I'inlention probable des diffeiens aclcs, jc les ai .SCIENCES MOR.ALES. 5i5 roclierclies de bonne foi; et ce que j'ai cm en avoir decouvert , je I'ai dit fmnchement : mais ai-je Lien juge toiijonrs? C'est une question que resoiidront ceux qui Tn'auront in. i. Quant au style, noti'i^jeiine autcur jiarait s'etre montit- d'line iiiodestie excessive dans !o jugement qtril en pnrte lui-meinp. Ln lecteur, en ])arcoiirant ce volume, y Irouvera frequeniment dcs mor- ceaux d'une concision, d'une clialeur et d'une force de peiisee remarqiiables. Nous pouvons assurer, el il est facile d'en juger par la seule enumeration des pieces, que cetle collection est dnns son genre et sur ce sujet, la plus complete quo. Ton ait encore publiee. Z. 274. — * J^oya!ie dii p;(-neral Lafayette aiix Etats - Unis (I'Aineriqae , en i8'i/( et 1825, accompagne d'une carte Ira- Ciint Titincraire exact dp la route qii'a parcouriie le general dans les divers etals 75. — Notes sur M. le due Mallilcn dc Montmorency. — Paris, iS'iG. M""' Huzard. In-S° de 19 pages. Celle brochure est un hoininage simple et touchant, offert par raffection et la reconnaissance a un honinie ensons , en consequence, qu'il vaudrait mieux y subslituec 5i8 LIVRES FRAINCAIS. I'l'tudeilfs rloineiis di: lit'.L'ralurc et de Liilit'ue, qti'on ni'glige ciitiercineril , el dont la CDiiiiaissjincc pi-Obeiilcriiit cei)eiidiiiil a nos eloves des avaiitaj^es Inon plus certains. J\lais celtc obser- valiou sur Ics cJasses de rlu'loriqiie no s'aiiplique ([a'a I'in.stitu- tion ineme, et point du tout a rexcelleiil ouviage doiil nou> venonsde reiuire conipte. J5. J. 277. — Rcflexioui stir Ics classiques ct les rom antique s ^ pai- E. C. , avec celte opiyraplic : Je doitne mon advcs , nun comine' bon , mais coinnie mien. (Montaigne.) Paris, i8'26. Brieie, iiie Saini-Ainiredes-Afts, li" G8. las'" de i'.\ |)ages ; prix I fr. 5o e. Des raisouneiricns jiistes et des vue.s saines recoiiunaiideiit cetle brocliure. L'aiKcnr, (lut le range du \y^v\\ Ae^ class ii j ue s , se sort liabilement des ari,'iiniens de leiirs adversaiies pour les mettle en contradiction avec eux-menies. IVeanmoiii.i , nous hii reprocherons de ii'eire jias entre assez avant dans son sujet. L. C. -.^78. — * Les Chants ilc Tyrtce, traduits en vers fraucais ; par Ftrrni/i Didot. {-aris, 1826; I'aulenr. In- 11 de ()4 I'ages ; prix I fr. 5o c. Le noiii de Tyrtee doif recoticilier avec la poesie ics csprits severcs qui ne voient en elle qu'un jeu d(^ riinaginalion , un art frivolc et inutile a la societe. Tout en atlribuant les succes qu'il obtint contre Messene, a la male energie de son carac- tere, et aux talens niilitaires cpie lui accorJent quekjues liisto- riens , 11 est juste aussi irajoulcr a ces canst-s I'iufluence de .'iCs chants sur I'aiue des soldats, et de reconiiailre (|ue sa Muse fni veritablenient , pour sa jiouvelle patrie, un dieu liberaleui-. Cerles, un tel genre de poesie est digue de reslime et de ['ad- miration de tons les lecleurs genereux. Urallieureusenient , le temps ii'a laisso parvenir jnsqu'a nous (pie trois de ces chants sublimes, avec un petit nonibre do t'ragniens Ires-conrls re- cueillis par d'anciens commeniateuis. M. Firmin Didot nous en presenle a la fois le lexte imprime d'apros les oieilieuios editions, et tine Iraduciion en vers fraucais, qui ne seia pas iin de ses moindres tilrts a la gloire litleraire. II a mis en teio de cet intei essaiit travail, une Notice, ecrite par lui - meme en francais, oi: tradfiile en grec liioderne j)ar M. Clonaiis , sur In "vie et les ouvrages de Tjrtce ; clle renfermo tons les di' tails qu'on a pu retrouver sur ce sujet dans I'hisioire et dans \ch reuvres des urudlts, et rappeilc des jugemens, tons favorables, portes sur le })oete-guerricr par phisieuis grands lu)mn)es de rantiipiiie, parnii lesquels on remarcpie Plalon et Leonid.-is. Des notes nonibreiise.' , ou sunt exainiin'es hs dinicultes ct les LITTliilATURE. 019 diflcrentes lecons liu loxle, (onl briller I'l'iudition pioCoiide et I'espril de sage criliipie d;i Iradncieur. II offre, en fiiiissant, cette iiouvflie |)i'oductioij , fort estimable sons Ions les rnp- ports , aux I-'raDcais et aus Grecs. « Puissent-ils ne pas v re- coniiailfe , dil-li avec modeslic , rempreinte de la \ieillesse? Puisse-t-elle jilalie ii tpielques liabiles professeurs de notre univcrsite, ])aiiiii les(juels se distiui,'iic I\I. Burnout', (jiii joint le gout et le lalenl d'errire ;i I'erudition d'uii ]jrof'es.seur d'Ox- f'ord on de Goetlini^iie! » Nous ne doutons jioint que le voeu de M. Firmin Didal ne soil pleinemeiit exance. B — u. 279. — * Plaidoyer pour Se/vius Suljncius contre L. Murcna , compose en lalia , par Aonius Palearius, et Iraduit pour la premiere fois en francais par A. PiiuiCAun , des Academics de Lyon et de Dijou. Paris, 1826; Lefebvre. In -8° de viij et 87 ])ages; prIx d I'r. iM. Perieaiid, acadeniicien de Lyon, a qui Ton doit, en so- cietoavec son savant collcgue et anii RL Bregliot du Lnt , entre autres ecrits d'erudilion tres-estimables, t:n recuell precieux intitule : Ciceroniana , s'est trouvc conduit })ar les travaux qu'a du exiger la redaciion de cet ou\ ragc,a eliidier lous lesautcnrs relatifi an prince de Teloquenie romaine. t/esta cetle circons- lance qu'est due la tiaduciioa francaise que nous annoncons. On sail que Cicorou a laisso uue liarangue ]inur L. Rlurena contre Siilpicius. Uu rheleur du xvi"-' sietle, iionime Pa'.earius, s'est aviso de rcjjliquora Cicero;;, en comj)osant une oraison jiour Sulpicius contre lYjurena. Ce jeu d'espiit a doniie I'occa- sion a Palearius d'iiiiiter avec lani de perieclion la latinile cice- ronienne, que I'abbe d'Olivet, editeur de Ciccroii , a juge a propos de placet- ce luoiceau dans la coliection des ceuvrcs de I'oraleur romain , 9 cole desqueiles il ne forme point disparate. Le dernier editeur, 3L V. Lecleie, a cm devoir Ten I'carler, etnoiis avouerons qu'il nous semble avoir agi tonvcnablenient ; non (pie I'oraison de Palearius nous paraisse depouivue d'au- ciin ni.-rile, inais faule de motifs suffisans pour juslifier son interciilaliou. M. Ant. Perlcaud, dont le Clceronlnna a ele reijnpriiv.e dans le Ciceron dc M. Leclere, a juge I'occasinn fa- vor-;d)le pour faire paraiire sa traduciion de I'oraison de Pa- learius, avec le texte en reg.u'd , dans les nieuies formal , papier et caracieres que les oenvres de CicOroii. Les cjuieux ^^osuvres completes ne negligeront pas sans doute de se procurer cet opuscule pour en en.ichir ieur exeniplaire, (|ui avecle lems, sera , grace a celte edition , signale cuninie plus couiplet dans les bibliographies. Le lai'.'< litre porle ces mots : Siippleinenl aux Otiii\Tcs de M. T. Ciccion.ic n'ai pas besoin d'ajoutcr que Sio LIVRES FRANCAIS. CO murceau est expculo avec I'exactitude ct I'elegance aux- quelles lesautres traductions du raeme litterateur nous avaient accoiitumes. Nous remarfpierons f]ue c'est M. Pericaud qui a redige I'arlicle Palearius dans la Biographic Universelle. Cct inof'f'ensif rheteur fut pendu et bruiii a Rome , pour suspicion d'opinions lutheriennes. A. M. 280. — * OEuvres postkumes el' Andre Chenier , augmentces ^xknc notice, hislorique -^diV '^. H. De Latouche; revues, cor- rig^es et niises en ordre par D. Ch. Robert; formant la 7*^ li- vraison des OEuvres completes des deux Chenier. Paris, iS^t). Guillaume. i vol. in- 8° de xx et 352 pages; prix 7 fr. 5o c. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxviii , p. 567 ). Les oeuvres d'Andre Clienier out cte, dans ce recueil, I'ob- jet d'un examen savant et reflechi fait par I'un des poctes et en meme tenis I'un des critiques les plus dislingues de notre epo- que, ( Voy. t. iv, p. 81-107 )• Nous nc ])ouvons rien ajouter au ju£;ement plain de goAt et d'iinpartialite de notre honorable coUaborateur, M. Leinercier ; niais notre devoir, en aniioncant une nouvelle edition d'un ouvrage, est de la comparer avec celles qui ont jjrecede, afin de marquer les differences qui peu- vent ser\ir a la caracteriser. Nous ne parlerons pas ici des soins donnes a I'execution typographique de cette collection des ujuvres des deux Clienier ; nous avonsdeja fait valoir la beaute du format , du papier, des caracleres, et la correction apportee dans I'impression, confiee aux presses de M. Firmin Didot. Nous voyons , en comparant ce volume avec I'edition publiee , en 1822, par les freres B;iudouin, que Ton a fait subir quel- ques heureuses modifications a la notice de M. De Latouche , plus remarquable sous le rapport de la vie et de I'intoret que I'auteur a su y repandre (pie sous celui du style, auquel on pent reprocher de I'obscurite, du neologisme et de I'incorrec- tion. I,enouvel editeur, M. Ch. Robert, a cru devoir suivre un ordre different de celui de son predecesseur pour la distribu- tion de plusieurs morceaux , et nous jugeons que leur disposi- tion est preferable dans Tedition qu'il a surveillee; mais nous pensons c]u'il a eu tort de rejeter a la i)age 285 V Epilogue i\n\ etait a la suiic des Idylles dans ceiie de 1822 , et qui appartient bien evidemment a cette j)ar!ie du recueil. Ses notes pour lin- telligence du texte nous ont semble en general avoir le carac- tere de I'exactitude et de I'utilite ; mais il les a peut-etre un peu tro]) multipliees. Une difference plus grande entreles deux editions que nous avons sous les yeux , c'est que celle des freres Raudouin con- lient ( p. 2/1^-260 ) une piece de vers sur le tableau du Sennent LITTER ATURE. 5^1 iluj'eu tie pauine , adressee au peintre Daviil , que nous ne re- irouvoiis point dans la nouveJle, non plus qu'un Avis aux Franrais siir leurs veritables ennemis , et la Letlre de Louis XV J aux deputes de la Convention , redigee par Andre Chenier, niorceaux qni faisaient parlie des Melanges en prose, et a la place desquels on nous donne un Ecrit date de Londres ( 3 avril 1789 ), un fx'iigraent qui a pour titre : les Jutels de la peur ; le premier chapitre d'un o?ivrage sur la cause et les effets de la perfection et de la decadence des lettres , et uiie Lettre a Sta- nislas Auguste , roi de Pologne. On nous proinet un second volume, ou nous trouverons sans douleJes raisons de ces dif- ferences, et nous y revienuronspour les expliquer a noslecteurs. E. H. 281. — * Lecons de litterature et de morale, iraduitcs en francais par M. L. MiiziEaEs , docleur-es-leltres , ancien pro- fesseur de rlietorique, etc. Deuxieme edition. Paris, 1826; Maurice, rue de Sorbonne, 11° 5. 2 forts volumes in-8", Tun pour la prose , I'auti'e pour la poesic ; prix 12 fr. ( Voy. Rev. £nc., t. XXI , p. l\ii , I'annonce de la premiere edition. ) 282 — * Encyclopedic morale , ou Choix du Spectateur , du Babillard et du Tuleur, traduit en francais par le ui^me. Paris, 1826; meme libraire. 2 vol. in-8'', avec un portrait grave d' Addison ; \>rix 12 fr. La collection a laquelle HL Noel et ses coUaborateurs ont donne le nom dc Cours de litterature comparee est assezrepan - due pour que nous nous dispensions ici d'en I'appeler tous les avanlages. Elle aura puissamment contribue a nous fairecon- naitre la litterature de nos voisins, connaissance qui ne peut toiirner qu'au profit des lettres fiancaises. Si quelque reproche devait lui ctre adresse, ce serait d'induire en erreur les ])er- sonnes qui se la procurent sur sou titre seul. S'li est vrai que la lecture des bons ecrivains soil la meilleiire etude que i'oii j'uisse faire, et surtout le moyen le plus siir et le plus agreabie, de former le gout et d'orner la memoire, nul doiile que cette collection ne soit un excellent cours de litterature. Mais, le mot de lecons, qui se reproduit duns le litre parliculicr de cliacuiie de ses ])arties, suppose rigoureusemeiit une reunion de ))receptes que les odiseurs n'out pas eu en vue, et dont on ne troiive qu'une ap])lication plus on moins heureuse ers n Paris, la Mo7t dc I'E.rilc, ])feniicrs cssais d'lin auteur de seize ans, offient t|ui'l(]ucs beaux vers, ()iirlques iti'ophes liarinonieiises , qui proniflteiU u.n lieureux laleiit pour la ver- sificaiion; iiials , im j)eu de dusoidio dans Ic jjlaii, (juelques pensecs fausses, des linages et dos esixcssions (|ue le gout re- prouve , aniionccnt une iiuagination Irop abandoiinee a elle- ni^me. el (lui souvcnt aurait besoin d'etre soumise a un esprit fori ifie ])arl'elude des bons iiiodeles. On reiiiartpie dans la Iroi- sieiiie ek'gie des reminiscences d'nno Mc.\.sriiicnne de M. Dc- lavigne sur le iiiemo sujet. Le iiieillenr conscil que je pu^sse donner an jeuiic poete, c'est de snivre loiijours de tcls guides. 286. — Les Etrangcrs en Grecc , Messt'iiienne ; par /.-/. Ho- SEMANN. Paris, 1826; Poniliieu. Crocli. in-8° de 12 pages; prix I fr. ail profit des Grees. M. Moseinann, en donnant a critc j'iece le tiire de Mcsse- riiciinc , s'esl cxjiose a jnovoquer im rapprocliement qui ne liii sera point favorable. II y a loin, en eflet ., des beaux vers du brillant autenr des Messcnicnncs a des vers, tels que cenx-ci : Dans an dernier lointain la plage a rcparn; Puis, se perdaul enrore,... eniin a disparu... lis sont deja pavlis... ils vont eufm combattri' ^ Tiioiiipher et lomber, saus se laisser abattre. INIais tremble, lier snltan!... I'Europe a de bous rois. La France a des Bourbons; ils houorent la croix, Ils .'^anrom la venger!... oui, j'en ai resperaufe, La Grece a ienrs veruis devra sa delivrance. Toiitc la piece, il est viai, n'est pas de !a mcnie im'diocrifc; on en potirrait exlraire un ou deux ])assages nioins depourvus de poesie ; inais on ne sanrait y louer sans restriclioii (jiie Ics nobles scniinieiis de I'auletjr. O. 287. — * Lex Barricades , scenes liistoriqnos. Mai i588. — Paris, 1826; Piriere. ln-8" dei-xvin et Sao pai;os; prix 6 fr. Cetouvraj:e dolt trouver place paruilles jjliis remarijuabJes qui aient paru ilepiiis long-Unis. Je ne in'occupcral point a examiner quel csl Ic genre de composilion ;;iu|U(l il appar- fienl, el j'avoue que jc liens fort pen ;i savoir s'll faut Ic clas- LITTERATURE. B2-] ser parmi les di nmos , les histoiies on les romaiis. 11 appai'tient a cliaciin de ccs yenies ])ar (jiiclque cote. Fidt-le coininc I'liis- tt)ire , allacliant comiiie un r<>ma!i , cou})e en dlalof;ues coiiiiuc un draine,ilserccomiuande surtoui par la verito des caracteies. Niille i)artuniie peut anss't bieu coinj)reiidre la Lic^iie cpie dans celtc suitetle scenes oil Ton volt fiijiwer tour a tour, pour ne plus les oublicr, cliacnn dcs])ersomiagcs iir.portaiisde rejjoqne, mis en action, tels qu'ils ont vecu, avec les opinions, les idees et le costume de leur terns. L'auteur parait avoir etc inspire p,:r ces dialogues oil Walter-Scott nous fait penctrer avcc iant. d"art daris la vie interieurc iigne autant que ref- fraie !a hardiesse des partis ]Mopo5es par I'abbe; faible et in- capable d'une resolution , il ne ronnrptc cependarit ni d'esprit , iii d'i'lo(]uence : dans sa reponse au due de Guise c'cat uti beau parleur , el presque un prince qui sent sa dignite. i> Le caracfere de Henri HI n'est jiasleseid tlont WnKer-Scott envierail la pcinlure a l'auteur des Barricades. Touies ies nuances d'opinion des diveis partis sont mises en scene avec un artiuiini. La diichessedc Monlpensier, jileine d'iuipatience et d't'tourderie, vent jirecipiter les evenemensct se moquc des bourgeois qui laservent; Guise, son frere , est gene dans ies calculs de son ambition patiente, par les exigences de sou parti qui le ]>onssc et i'entraine; Iiiissy-Leclerc, llgueur dcter- nnne, est Iiomme de tete ei-do coL'ur ; le \ieux (^rnce regrette "le bon te;ns de la Saint-nariheleiny et se |)laint que ios tallio- -iiques (Hit degenere dep'us seize atis; La (^liajicile - M;irlcau aime snrtout, dans la Ligue , les donblons du loi d'Esj^agne, Du cote de la cour, les intrigues tie la vieillc Gatlierine , la nullile devote uc la reiiie, les ligiires si varii'es el si vraies des courlisans , leur haine pour Ic favoii , lenr mepris ])uiir le roi, font com jireiulre, niicux cjue toutes U'snarra!io7is hisioriqucs , cetto e}>oque si fcror.de en gram'e.s iccnns. Qiicltpies ocr;endant tout le premier volume, aussilot apres I'exposition. Nous ferons une seconde remarque ; dans ce genre de composition ou le roman se mele a I'histoire , il fautuser d'nne grande dexterite pour ne point falsifier celle-ci. Ce sont des m<)surs generales que Ton doil peindre ])lut6t qii'un grand <§venement politique; c'est la societe d'une cer laine epoque, plutot qu'un gi'and personnage. Waller-Scott nous semble presque toujours en ceci un inodele achevc. Lors- qu'il introduit dans ses romans des acteurs qui ont joue un role considerable sur la scene du mondc, et dont I'importance ne liii permet pas le melange du faux et du vrai, tout en s'appliquant a leur conserver soigneusementleurphysionomie connue, il evite de les monlrer dans ces situations soleiinelles, que I'historicn seul a droit de peindre. Ainsi, dans Ivanhoe , nous voyons Ri- chard-Coeur- de-Lion ; mais, affranclii des soiiis de son royaume, il n'est encore que chevalier errant. La reine Elisabelh est ega- lement un des personnages du Chateau de Kenihvorlh ; mais clle n'est melee qu'indirectement a I'intrigue, et Wen est point riieroine. Cette grande figure historique n'est pas ici mise en jeu sur la scene politique; Waller-Scott ne nous introduit pas an conseil ouse reglent les inlerets de I'empire; il nous liioiitre \<\ reine au milieu des fetes, dans I'interieur de sa cour, dans lo secret du boudoir; et la, il peut sans risque comproiiiettre la veracite de I'historien. Nous avouerons cependant que Walter- Scott lui-m^me n'a pas toujours evite le defaut que nous si- gnalons ici : dans QtientinDurward , ouvrage excellent sous plusieurs rapports, I'histoire auiait droit peut-etre de se plain- dre quelquefois des usurpations du roman. Petit-eire aussi l.i publication prochaine de tFoodslock , oii Cromwell est mis en scene, fournira-t-elle une nouvelle autorite contre noire opi- nion. Quoi qu'il en soil, nous crovons que /<'.»■ Purita/MS offreul le veritable modele du genre, et ceux qui aspirent a imiter ce celebre ccossais penseront sans doute (jue : C'est par les beaux, cotes qu'il lui I'aat rcssembler. Debarrasses de ces observations auxquelles nous n'altacliojis pas plus d'im]>ortance qu'elles n'en merilent, et (pie nous sou- mettons d'ailleurs a M. de Vigny lui-mcme, nous nous batons • '(■ reconnaitre le puissant interet qu'iuspire la lecture de Cinq- T. XXV. — Mi Ce petit volume est du plus grand interet, et doit ajoufer beau- coup a la repulalion de M™e Doin, qui s'est niontrtc tour a lour, dans la composition de ses nouvellcs, auleur ingenieux , ccrivain exerce, observaleur profond et oclaire, et surtoui fenimc bonne et sensible, nnimecd'nnc genoreuse cu re- connaitre dans le premier volume, se font remarquer dans celui-ci a un degre Ires-eminent. Aussi varic que le premier, il olfre peut-etre plus d'unite, avantage qu'il doit a la nature des morceaux qu'il renfeime. Tous sont relatifs a la Chine, c'est-a-dire, a cetle partie de I'Asie dont M. A. Remusat a le plus specialement approfondi la philosophic, I'histoire et la Htterature. lis formenl , ainsi que nous I'apprend I'auteur, le complement des lecons qu'il donne depuis douze ans au college de France, et rempliss*nt les lacunes que doivent necessaire- ment laisser les livres elementaires , dans lesquels la rigueur de la mt^thode exige qu'on ne traite d'aucun objet ctrangerau but special qu'ils se proposent. Mais il nous semble que I'au- teur en voulant el re utile atix j)ersonnes quise livrent a I'etude de la lilterature chinoise, ne pent manquer d'atteindre un but, nous ne dirons pas plus eleve , mais plus populaire, celui de rectifier un tres-grand nombre d'erreurs accreditees dans le public, sur la contree celcbre a la connaissance de laquelle il s'est voue. La forme ingenieuse et facile sous laquelle il sait presenter les resultats d'ime erudition tonjours profonde , prometa ses travaux une influence donl I'histoire ne peut man- quer de profiter. Nous en citerons pour exemple le discours prononce en i8i5 par M. A. Remusat, a I'ouverlure de son cours au college de France ; et surtout un memoire d'un grand interet philosophique , sur les caracleres figuratifs qui ont servi de base a I'ecriture actuelle des Chinois. Il en resulte que le nombre des images representatives d'objets naturels dont ils firent Ires-ancienneraent usage, ne s'elevaient pas au-dela de deux cents. Ce r^sultat, deja si curieux par lui-mcme, a fourni ^ LITTER ATU RE. 535 a M. A. Remusat la malieie d'une discussion qui iie Test pas mollis, dans laqueile il a delermine la nature et le nombre des id^es, dont ce catalogue de signes indiqnait Texisience chez la nation cliinoise, il ya plus de quatre niiile ans. Nous ne pou- vons entrer ici dans le detail des leniarques ingenieuses qui accompagnent ['analyse de cesiliveiscs images, ou classes d'inia- ges, qui representent les choses relaiives a la terre, an corps de rhomnie, etc., enfm, tout ce qui appartient aux premiers besoins d'une societe encore jeune. A peine quelques traces d'une croyance religieuse s'y f'nnt-elles remanjuer, a moins qu'on ne regarde la tete d'un doinon et la figure indiquant une victime offerteen sacrifice comnie les essais grossiers d un culle encore barbare. A cote de ce inorceau, il f'aut phicer un nieinoirc siir la nature nioiiosyllabiqiie conimunement attri- buoe a la langue cliinoise, dans k'(inel I'autcur nous parait avoir refute trei-heureiisement iin grand nombre d'opinions systeinatiques que i'on sc forme ordiiiairement sur ie caractere de cet idionie. Les orientali^tes liront encore avecplaisir le plan d'un dictionnaire cliinois, accompagne de notices sur les oii- vrages analogues deja publics, ou encore inannscrits. Nous en dirons autant de divers articles de ciiiique qui lerininent le volume. Celui qui a pour but de faire connailre la coniedie chinoise inlitnlee : Le Fieillard qui oblient unfits ^ merite une mention particuliere. En effet , ce qui doit surtout atlirerl'al- tenlion d'un Euro[)eeii, ce sont les conipo>itions qui peuvent Jeter du jour sur les usages et les moenrs des couirees eloignees. C'esI a ce litre que nous recoinmandons a nos lecteurs le me- moire sur I'etude des langues etrangeres a la Chine. M. A. Re- musat y «jtablit que I'enqjereur Young-lo fonda, en i4o7> un college pour I'etude des l.ingues etrangeres, alors an nombie de huit. Les travaux de ce college sous I'emperenr Kang-hi, consistant en vocabulaires et en pieces ou adresses ecrites dans les diverses langues qu'il etait charge d'otudier, ont ete en- voyes en France par le P. Anaiot. M. A. Remusat a done eu les moyens de les soumetlre a un examen critique, et il a. pu reconnaitre I'exactitude vraiment etonnante des philologues chinois. Une des decouvertes les plus curieuses auxquelles I'ait conduitcet examen, c'estque leSamskrit,ou I'ldiome antique des brahmanes, etait cultive dans ce college, sous le nom de langue Fan. M. A. Remusat en donne pour preuve divers litres d'ou- vrages evidemment samskrits qui sont cites par des compila- teurs et des critiques chinois, et une lisle de motsextrails de differens dictionnaires, epic Ton reconnait pour apparlenir a la langue de I'lnde. Le culte de BouJdlia, ne dims cctte con- 536 1,1 V IVES FR/VNCAIS. trde el Iransporlo a la Chine clans los premiers siecles de noire ore, expliqiio comment le samslirit a j)u passer dans ce pays. Mais, quelque interet fpi'sit pu avoir la Chine a coDserver la connaissance dc I'idionie sacre dc I'Inde, il n'en est pas nioins vrai qu'on est trop accoutume a la regarder comme comphite- nient separee du reste du genre humain, pour qu'on ne doive j)as mettre an nombre des dccouvertes les plus intcressanles pose de donner une suite des vues et des paysages des conlrees qu'il a parcourues pendant son voyage de trois annees avec le capitaine Otto de Kolzebue. La premiere livraison contient la vue du pic de Teyde dans I'lle de Teneriffe, et trois diffcrentes vues du Brc- sil , ou Ton admit e la vegetation vigoureuse du sol et ses pro- dtictions. Le prospecttis indique les sujels des a4 planches qui ])araitront. L'ouvrage est suivi d'un texte descriptif , revu par M. Eyries, traducteur des Tableaux de la Nature. Nous re viendrons sur cetic int^ressante collection a mesure que des livraisons nouvelles seront publiees. B. 294. — * Voyage a Athenes et h Constantinople , ou Collec- tion de portraits , vues et costumes grecs et ottomans, peints, BEAUX-ARTS. 53? d'apres nature, en 1819; lithographies a Paris et colorics par Louis DuPKi^, eleve de David; acconipagne d'un teste orne de vignettes. Premiere et deuxieine livraison. Paiis, 1826. L'ou- vrage se composera de dix livraisons, grand in- folio, compo- sees chacune de quatre planches et de huit pages de texie im- jirinie ])ar Dondey-Dupre ; prix de cliaque livraison , 20 fr. : les deux premieres ont paru. Lorsque j'ai rendu compte de I'exposition de 18243 j'^' *'- gnale, comnie fort remarquables , les dessins qui font I'objet de I'ouvrage que j'annonce , et j'ai teinoigne le vif desir qu'ils fussent publics. Ce desir est renipli; I'ouvrage est maintenant en cours de publication , et, dans quelques mois, les artistes et les amateurs jouironl de celte collection, iilaquelle les circons- lances presentes ajoutent un nouvel et puissant inleret. Les deux livraisons publiees conliennent , savoir; la premiere, fleux SuUotes , dont I'un est Photo-Pikos , fils de Tzavellas , qui a acquis une juste celebrite par son courage et son patriotisme; un Palicare de ta Selleide , et les deux petits-Jils d^ Ali-Tebelfn ^ paclia de Janina ; la seconde , le garde des sceaux d'Jli; un Sulioie ; yili chassanl sur le lac de Butrinto , et une vue du temple de Thesee. Le texte joint a ces planches est I'itineiaire que M. Dupre a conserve de son voyage ; c'est un recit anime, pittoresque , qui n'a pas la pretention d'instruire, et dans lequel on trouve ce- ])endant des apercus et des souvenirs pieins d'iuteret. Tel est le tableau qu'il fait de plusieurs enlrevues qui eurent lieu entre sir Th. Maitland et I'infame Ali pour la remise de Parga. C'est dans I'une de ces entrevues que M. Dupre ful presenle a Ali ; il le suivit a la cliasse sur le lac Butrinto, fete donnce par le pacha au gouverneur des iles loniennes , et c'est pendant celte chasse qu'il lit son portrait. Je suivrai la publication de cet ouvrage avec interot ; et, lors- qn'il sera plusavance , j'en ferai connaitre le plan et les details d'une maniere plus ctendue. 295. — * Antiquites de (Alsace ^ ou Chateaux, cglises et au- fres monuniens des deparlemens du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, avec un tcxte historique et descriplif ; par MM. de Goleery et ScHWEiGHOEusER. Paris, 182^ el 1826; Engelniann , edileur. Cet ouvrage se composera de vingt livraisons, dont le prix est pour chacune de 9 fr. sur papier de Cliine, et 6 fr. sur papier blanc. Cet ouvrage a obtenu le succes que je lui ai prcdit (v. Rev. Enc, t. XXVI, p. 875 ), et qu'il meritait a tons egards; il a maintenant paru cinq livraisons du llaut-Rhin el quatre du Bas-Rhin; ce 5i8 LIVRES FRANCA.IS. <|ui forme ii peu pres la moitie du nombre annoncd. A mcsure tjue la publication avance, le plan Jes aiileurs acqiiiert plus d'inlerer. II esl im]>ossible de n'<}tie pas frapjie de la profonde et veritable instructioa qui regiie dans le texte, du aux savaiiirs lecberches de MM. SchweiglicEuser et de Golbery ; ils discutent tour a lour, avec une sa^acilc reinar(|uable , les qiicstions d'histoiie et Ics traditions (juise ratlachent a leur sujet ; ils font connaiire I'origine des families les j)lus illustres cl les vicissi- tudes qu'elles ont eprouvees. Passant aux monumens de loutes les epoques (|ni couvrent I'Alsace, ils les examinont sousles rap- ports historiqucs et de I'art. De leiir cote, les artistes ne restent pas en arriere, et les editenrs appellenl a eiix cenx qui soni les plus capables de les seconder; c'est ainsi cju'lls oni charge M. Chapuy, connu par son ouvrage sur les cathedrales de France, de dessiner celies de Colniar, de Thann et celle do Strasbourg, Tun des plus beanx nionumcns coniius dcl'arclii- lecture , improprcment noinmec gothique. Get gun rage est du petit nombre de ceux auxquels on peut donner des eloges sans restriction. P. A. 296. — * Galeriefranrai.se, ou Collection de portraits des homines et des feniines ciilebres qui ont illustre la France dans les 16*, 17® et 18® siecles; par une Socicte d'hommes de lettrcs et d'nrtistes. Tome in, (|uinzieme livraison. Paris, 1826; au bureau de la Galerie/rancaisc , rue de TArbre-Sec, n° aa ; un cahier grand in-A". Prix de la livraison, 10 fr, pour Paris, et 10 f. 5o c. pour les departemens. (V. Rev. Enc, t.xxvi, p. 23o). (Jetle livraison contient , outre an grand nombre de /«t'- sirnile, les portraits de Voltaire, dont la notice avait ete jointe a une livraison anterieure, de Lavoisier, de Mira- beau, de Suffren et de Soufflot. Les quatre notices sont de MM. J.-.J-N. HuoT , f-.A. Dellac, J.-F.-G. Hknnequin el Alavoine. Cette iinportanle publication sera bientol terminee; nous aurons soin d'annoncer ses dernieres livraisons, et nous aimerons a parler avec qnelques details de I'execution de ce beau monument, eleve a la memoire des hommes auxq.iels la France doit son illustration. J- 397. — * Galerie medicnle ; portraits des medecins les plus celeb*es de tous les pays et de tous les siecles, depnis Hippo- crate jnsqu'i nos jours; dessines et lithographies d'apres les originaux les plus antlienliques ; par P.-R. Vigneuon ; accom- pagnes do notices biographiqiies et litleraires , redigees par J.-T. DoiN. Qnatrieme livraison. Paris, 1826; Engelmann. L'ouvrage aura vingt-cinq livraisons, composees chacuie de quatre portraits et de huit pages dc textc ; prix de chaque li- BEAUX-ARTS. 539 vraison , 9 fr. sur papier de Chine , et 6 fr. siir papier blaac. ( Voy. Rei>. Enc, t. xxviii , p. 280 el 58G ). La quatrieme livraison qui -vient de paraitre contient les portraits de Celse , Ulysse Aldrovandi , Fabrizio et Bichat , mort sijeune et doja si celebre. Les notices relaiives a ces quatre personnages offient un interet que tous les lecteurs instruits peuvent paitager. Cet ouvrage, destine particulieiement a ceux qui s'occnpent de I'art de giieiir, sera done egalement recherche des personnes I'clairees a quelque classe, d'ailleurs , qu'elles appartiennent. P. A. 307. — * Contemporains etrangers , ou Recueil iconogra- phique cies etrangers les plus celebres dans la politique, la guerre, les leltres , les sciences et les arts, depuis i';c)0 jusqu' a nos Jours , public par /. P. Quenot, I'un des editeurs de la galerie de JVlS"^ le due d'Orleans, et C. Motte, iniprimcur li- thogiaplie ; lilliographie par MM. Mauzaisse et Grevedon. Paris, 1826. Ch. Motte, cditenr , rue des Marais - Saint- Ger- main, n° i3. — Cet ouvrage, compose de cent portraits, format in-folio demi- Jesus , sera public en vingt-cinq livraisons de quatre portraits chacune, (jui paraitront de deux en deux niois; prix de chaque livraison, 10 fr. ; sur papier de Chine, 20 fr. Notre epoque a vu nailre, chez la plupart des nations, uii grand nombre de personnages celebres , dignes de fixer I'at- tention. Aussi, le gout des etudes historiques se repand dans presque toutes les classes de la societe, et Ton voit chaque jour de nouveaux amateurs rechercher avec empressemenl les portraits des liommes illuslres dont le nom a souvent retenii a leurs orcilles. Celte curiosite gencrale a deja contribue au suc- ces d'un recueil de ce genre , qui jiresente les images des con- tenqiorains francais. Celui que nous annoncoiis aujourd'hui doit se jattacher a I'hisloire des priiicipales nations du globe; dans celte galerie , de laquelle aucun genre de celebrite ne sera exciu , figureront le monarque, le general, rhomroe d'etat, a cote du savant, du poete, de I'liistorien et de Fartisle. Les edi- teurs assurent qu'ils n'admettront aucun portrait qui ne soit re- connu authentique. Tous seront accompagnes d'une notice bio- graphique, redigee par MM. Quenot et Richard, et Ton yjoin- dra presque toujours un fac-simile de I'ecriture du personnage. MM. Grevedon et Mauzaisse ont contracte Tengagcinent for- mel d'executer chacun cinquante portraits de leur main. La premiere livraison offre les portraits de I'enijiereur Alexandre, S Ali-Tebelen , de fVashington et de Pie VII , avec les notices biographiques et \ia fac-simile de Tecrituxe de chacun de ces personnages. O. 5/|0 LIVRES FRANCAIS. Ouvrages fjModiques. 299. — * Annales des sciences iiaturelles , par MM Audouin Au. Brongniart et Dumas, t. iv, v et vi; aiinec i8a5, avoc un atlas «le 56 planches. Paris, Becliet, place do rEcole-de-Me- dccine; prix, 36 fr. par an. Dire que Ics trois volumes de 18^5 conliennent 5i Memoires ar unc doctrine philosophique en harmonie avec I'etat aclucl de la civilisation, en favorisant les progres t'uturs de Ihuinatiile dans les direc- tions scientifique , morale et industrielle. « Dans I'inipossibilite oil nous met le def'aut ercus ingenieux, est commun aux redacteurs du Producteiir et aux aulres auteurs de systemes pliilosopliiques. Du reste , nous re- connaissons qu'ib demonlrent un grand nombre de vorites encore inapercues sur les rapports ])hilosop!iiquesdes sciences, des arts et de I'industrie avec I'ordre social, ct-nous vecoin- mandons la lecture de ce recueil a foutes les personnel qui \eulent ne pas rester etrangeres au mouvement intelleclnel de notre epoque. Ad. Gondinet. 3o2. — Journal de la Jmrnesse , paraissant tons les diman- ches par livraisons d'une f'euille in-8". Paris , iSa^j au bureau du journal , rue Neuve - du - Marche - aux - Fleurs , n" 3 , et Aug. Delalain, libraire, rue des Mathurins St-.Tacques, n" 5; prix de I'abonnement, ^5 fr. pour un an; i3 fr. pour six mois, et 7 fr. pour trois niois. Ce journal, destine aux jeunes gens de I'un et I'autre sexe, qu'il a pour objet d'instruire en les amusant , parait de|)uis plusieurs mois. Nous avions differo de Tanuoncer , paice <[u'il nous semblait n'avoir aucun plan determine, et ne pouvoir jmr OITVRAGES PfeRIODIQUES. 5/,5 consequent alteiiidreson but; mais nous voyons aiijourd'hui avec plaisir que les rcdacteurs, en commencant un second volume, ont adopte une marche r^guliere. lis ont divise le journal en quatre parties : la partle didactique coinprend des notions sur la geo- grapliie, I'histoire, les sciences, etc.; la partie critique, des comptes rendus d'ouvrages destines a la jeunesse ; les melanges, des pieces inedites de quelqaes auteurs estimes de notre epo- que; les nouvelle.i, tout ce qui pourra interesser les jeunes gens, les instituteurs, les professeurs, etc. Ce plan, sagement concu, reunitles principaux avantages qii'un journal de ce genre peut offrir. L. C. 3o3. — * Journal general d annonces dohjets d'art el de libraifie , contenant I'indication des oeuvres de musique, es- tampes, cartes et plans geographiques on astronomiques, me- dailles , livres , etc., publies en France et a I'etranger. On s'a- bonne au bureau, Palais-Royal, galerie de pierre, n° 33; prix, 1 5 fr. par an avec les tables. Quoique I'excellent Journal bibliographique , public par le savant et laborieux M. Beuchot (voyez Rev. Enc. , t. xxviii , p. 932), obtienne un succes dont il est digne a tons egards , t.int par I'exactitude, si importante en de pareilles rnatieres, avec laquelle il est redige , que par les notes et les details toujours pleins d'interet qui lui donnent un si grand prix aux yeux des amateurs , nous ne craignons pas de dire qu'un nouvel ouvrage du meme genre est un veritable service rendu aux arts et anx leltres. En effct, le Journal de la Librairie etant avant tout consacre aux libraires , les annonces de musique, d'estampes et d'autres objets d'art ne sont pour lui qu'un accessoire, et Ton ne peut guere se plaindre si ces parties se trouvent trailees avec un pen de nnglij^ence. D'un autre cote, un des plus grands merites du Journal de la Librairie est d'etre complet, et d'of- frir le tableau periodique des travaux de la prcsse francaise. Le Journal d annonces ne se propose, au contraire, que de presenter un choix parmi les productions nouvelles ; le but dans lequel il a etc fonde n'est nullement calui dns fondateurs du Journal de la Librairie. Les editeurs du nouveau recueil pla- cent en premiere ligue les beaux-arts, et c'est principalement sous ce rapport que I'on doit considerer ieur publication. La musique, mise au rang des beaux-arts, ((uoiqu'elle soit une science exactc et positive, sc trouve natureilement occuper la premiere place dans le journal que nous annoncnns, en rai- son du grand nombre d'ouvrages qu'elle fiiit eclore chaque joiir , et de !a multitude de personnes ([ui en etudlent les di'- verses parties. Comme le Journal d' annonces ne se borne pas T. XXX. — Mai 1826. 35 546 LIVRES FRANC A. IS. toujours :i copier le titie des ouvrages, et que, de tems a autre , il public , sous la rubriijiie Varictcs , des arlicles qui ne inan(|uent ni d'iuterct ni d'a-propos, nous pouvons esperer que nous aureus enfin un journal ou les rnusiciens renconlre- ront des juges eclaires ct comiJCtens. Ou doit inviler les redac- teurs a donner , sous ce rapjiort , plus d'cxtension a leur feuille. La plupart des arlicles publics jusqu'a present sont Iraduits dejournaux anglais; les eniprunts devraient aussi s'adresser a la Gazette (le musique, publide a Leipzig, et qui, depuis plus de vingt ans, jouit d'un succes europeen. Parnii les arlicles ori- ginaux , deux in'ont paru digues d'u[ie altention particuliere : le ))reinier est une lettre sur la i/iusique inodttrne , et le second une rt-ponse a cette lellre. Pour donner mon opinion sur la question traitee par les autenrs , il faudrait rouvrir la discus- sion, cc (]uimenerait trop loin ; je doisavouer toutefois, qu'en fait de raisonnernent , la premiere lellre me parait Teniporter sur celle qui la suit, el que cependanl le sujel ne me semble pas traite d'une uianiere parfaitement juste. Les verilables con- naisseurs ne s'inquielent pas lout d'abord de la date d'un mor- ceau de musicpie; ils rexaniineut auparavant en lui-meme, et ce u'estqu'apres I'avoir eludiequ'ils considerentletems ou a vecule compositeur , les circonslances cpii onl pu influer sur sa ina- uieie d'ecrire , le syslenie pariiculier qu'il a suivi. Si les auteurs des deux lettres avaient fait de semblables reflexions avant de prendre la plume, ils n'auraient pas classii dans une meme categoric Glttc/i , Gretry , Sacchi/ii , Mozart, Mchul, etc.; I'un n'aurait pas attaque mal a propos M. Rossini; I'autre n'aurait pas employe de uiauvaises raisons pour defendre le plus grand genie musical de Tepoquc. Enfin, on est fache de voir que ceiui-ci ne trouvc rien d'admirable hois M. Rossini et ses imitateurs; on plaint celui-la, quaud il avoue qu'il a enlendu sans emotion le Barbiere , Otelto , et surtout le pre- mier acte de Mose in Eg it to. Quoi qu'il en soit, le Journal dannonces est arrive , au mo- ment ou nous ecrivons, a la 89® livraison de sa seconde annee; cette livraison a reproduit I'article sur \es guimbardes , insure dans notre Keviie ( t. xxx , p. 9,78 ) , et ses redactenrs out eu le soiri de citer I'ouvrage dont il etait tire ; differens en cela de certains journalistes francais et etrangers qui co])ient ou tra- duisenl sonvent des morceaux de la Rcvuc Encyciopedique , et se dispensent de citer I'auleur et I'ouvrage aux(|uels sont faits ces sortes d'emprunls. J. Adrien-iLatasge. LIVRES ETRANGERS PUBLIES EN FRANCE. 547 Li\>res en langues etrangeres, imprimes en Russie. So/j. — * Ka>i/3» KM Xp^jfoars^ia Xv^tx-tt, furtt yesMiKi]; fttru- oesies de Chresio]ioulo offrent un singulier contraste avec celles de M. Kalvos : coui])osees dans un tems de servi- tude, destinees a charmer les loisirs des grands , elles respir^nt la niollesse et chantent la volupte; le jioele est couronne de roses, et la couj»e vernieille renqilace la lyre dans ses mains. L'autre poete ne qnitle la lyre que pour s'armer du sabre ou du inousquet ; la palrie, la liberie, la gloire, la vengeance, tout ce qu'il y a dans Fame de sentimcns generenx ou encrgi- ques, I'inspirent tour a tour; cc ne sonl pas les chansons d'A- nacreon : ce sont les hymnesde Tyrtce. M. A. 3o5. — * Theodoric ; a do-mestic talc, and others poems , etc. — Theodoric, conte national, et quelques autres poesies ; par 7%ow«j Campbell. Paris, iSaS ; Baudry , rue du Coq -Saint- Honore. In-12 de 108 pages; prix 3 fr. k 548 LIVRES fiTRlNGERS PUBLIES EN FRyVNCE. M. Campbell a choisi un sujet helvetique; en effet, le pays, rhUtoire et les inceurs du peuplc suisse sont tres-propres aux inspirations poetiques, et le seraient beaucoup plus encore, si la bibliotheque des voyages en Suisse n'etait pas si volumineuse que le plus infatigable lecleur ne peut se flatter de I'avoir par- courne d'un bout a I'autre. En ecrivant, meme un conte , sur ce pays, comment s'assurer que Ton n'a pas cte devance ? Quoi qu'il en soit , la narration du confeur est agreable : les entraves de la versification ne I'embarrassenr point , la langue des mu- ses lui est familiere , et comaie naturelle. On ne jugera pas gravement ses poesies fugitives; ellessont legeres, et devaient I'etre. Cependant, qu'il ne se fasse pas illusion ; le savoir n'est pas ennemi des graces , et les beautes poetiques , prlvees des ressources que les sciences peuventleur offrir, pourraientbien n'etreque des figures chlffonnees et minaudieres,si on les com- pare a la beaute pure et majcstueiise de la nature. L^s physi- ciens n'ont point desenchante I'arc-en-ciel : ils out, au con- traire, substitue d'imposantes images , des idees dignes du createur , a des conceptions mesqulnes , et qui n'ont, certaine- raent, rien de divin. Gresset, qui lit aussi des poesies legeres, donnait aux poetes de son terns un coaseil que I'auteur du joli conte que nous annoncons, est digne d'apprccier : il leur di- sait : 11 faut etre sans imposture L'interprete de la nature Et le pelntre de la raison . Pour el:re l'interprete de la nature , il faut I'avoir comprise : des que le poete aura penetre dans ses mysteres , il sera vorita- blement inspire, hors des voics de cette poesie vulgaire dont on commence i se lasser ; il sera poete , dans toute la dignite du haut emploi designe par ce mot trop rabaisse. Qu'il ecrive en vers ou en prose , peu importe : il y a plus de poesie dans quelques pages de Tacite, de J.-J. Rousseau et de Buffon, que dans une centaine de volumes de vers dont les auteurs ne sont passans reputation poetique. ^ F. lY. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. Mexique. — Vera Crux et Alvarado. — Commerce. — La chute de la forleresse d'Ulua a donne une nouvelle impulsion a notre commerce. Plusieurs negocians opulens de la capitale vont fon- der des elablissemens aVera Crux, pour etre plus a memed'ex- ploiter lenrs relalions avec I'Europe. Cetle malheurense ville a ete enlierement detruite par les feux de la forteresse : mais on la verra bientct renailre de ses ruincs, et sous une forme beaucoup plus belle et plus commode que dans son ancien etat. Pendant Toccupation d'Ulua par les Espagnols , presque toutes les importations et les exportations marilinies se sont faites par Alvarado. Le commerce de celte petite ville , pendant I'annee 1824, s'est cleve a la somme de i5,i56,g4i piastres fortes, distribuees de la maniere suivante : Importation des ports nationaux. Produils nationaux 203,096 Produits etrangers 80,991 — 284,087 Importations des Etals-Unis. Produits des Etats-Unis .... 878,787 Produits etrangers 3,48i,83i — 4,36o,568 Importations d'Europe 6,41 3,636 Exportations pour les ports de la republi- que 202,042 Pour les Etals-Unis 3,022,422 Pour I'Europe 874,186 i5,i56,94 1 Pendant le uieme intervaiie, il est entre a Alvarado i5i ba- iimens, dont 38 des ports de la republique , 66 des Etats- Unis, et 47 d'Eurojie. J. J. de Mora. AMERIQUE CENTRALE. GuATKMALA. — Statistique. — Uncitoyen de cette repubiiquc, qui se trouve niaintcnant a Paris, nous a communique, sur sa 55o AMERIQUE CENTRALE. patrie, quel'jiies donrK'cs slatistirpips dont on iioiirra faiie usage avcc une ••ntierc cofifiancc. Quoiqu'elles re soieiit j)as aussi (lelailloci ([u'll 1«» faiuirait pour gnidor Ics operations du commerre et les Cv)ml)inaisons dc la politique, pIIcj serviront du moins a rassnrcr les amis de la libcrte; ellcs inpttront de plus en plus a decouvert rimjxiissance de rEsiiaj;nc el la force «les provLnces r.(fiati(hies. St les lessonrcos i\c^ nouvfllcs re- publicpies et leurs moj'cns de defense muluellc etnieiit bien connus, la cause de I'iiidependancc strait jngee depuis long- terns, et toule rEuiope (rEspagneexccptee )s'einprcsscrait de sulvre Texe'iuple des Elats-Uiiis et de I'Angleterre. « Popiddtion. — Les recensemens, faits sous la domination de I'Espagne, sont trop anoiens et tro[) inexacts, ]!our que I'dii puissey ajouter foi ; niais , ce que I'ori peut affirmer avec ur.e entiere certitude, c'est cpie le nornbre des iiabitans aut^meiile rapidement, et que Ton peut a peiue riler quelipies lieux ou la population soit slationuairc , ou decroissnnle. D'aprcs les ob- servations des liommes le jihis en efat de jugiT par la sciilc inspeclion du pays, et qui i'ont visile avec ie plus de soin, la population doil oire au inoins de 2,000,000 d'nnies, dont lis indigenes forment la uioitie; les metis ct les blauos y sout a pe:! presennombreegal et romposent I'autrc nioilie; carles ncgres y sont si rares, qu'il est inutile d'en faire mention dans les notices statistiques. Le nombre des liabiians des capitales est dans 1 ordre suivant : Guatemala, siege du gouvernement frderatif, et capitalede i'etat du meme nom, 35 a /|0,ooo; Leon , rapi- tale de IVtat de Nicaragua, menie population; S. Salvador , t'apitale de I'eiat de meme nom, 25,ooo; San-Jos^, capitalede Costarica, 25,000; Comaynf^ua , capilale de I'etat de memo nom, 20,000 habiians. « Cultures. — Toiites les productions des pays chauds et temperes reussisscnt sur le territoire de Guatemala : dans les plaines, pour les premieres, et dans les moniagncs, pour les secondes. Le cafe, le carao, le sucre ct le cofon ronvienneni aux lieux bas , ainsi que le riz et le inais , aliment ordinaire du ])euple. Une partie du cacao de Nicaragua est exiiortee par la mer Atlantique, et les colons recoltes dans le inrme eiat fite d'uue reforme, ou plutot d'un changcinent total, il'une creation nouvelle. Mais cetle creation n'est possible cju'avec I'aide du terns, et doit elre favoriseepar un calme Intel ieur (lout on nejouit. point encore dans un etat naissant ; cependant, les premieres ecoles ont etc etablies sans difficultc ; mais nous n'avons point encore d'enseignement rautuel. L'universite et les deux colleges de la capilale ont recu 552 AMERIQUE CENTRALE. quelques ameliorations ; tine diaire de cliimie et deux de ma- thematiques ont etc' fondees. D'autres elahlissemons projetes seront bientot luis a execulion, si des obstacles ne les reiar- dent point , et I'un de tes obstacles, c'est le Irop petit nonibie de professeurs. « Moyens de defense. — Apres trois siecles de servitude, I'independance nous est arrivee au milieu dcs fetes, des epan- cLemens de lous lescceurs, de I'expression bruyante de Talle- gresse pubJique : ce changement extraordinaire et subit n'a pas coute une seule goutte de sang. 11 n'est done pas surprenant que nous soyons encore mal pourvus de ce qui serait neces- saire pour repousser une agression exterieure, et pour dcfendre notre liberie. Cependant, nous avons sept forlercsses en bou otat, quant aux murailles ; mais celles d'Onioa et de San-Juan sunt seules complt'tement arnsees. Les autres seraient pourvucs assez promptement , en tas de besoin ; elies ont ete visilees par uningenieur, et les dispositions necessaires ont ete faites pour que rien ne manquat a leur defense, si elles titaienl altaquees, ce qui nest guere probable. Nous avons des poudreries, niais point de fabriques d'arines. Heureusement , on en a recu beaucoup par la voie du comnnerce exterieur, en sorte que les citoyens sont armes, et les arsenaux pourvus. Afin de donner plus d'activile a cette importation , le gouverneraent a rendu un decret que nous citerons, a I'arlicle du commerce. Quant au personnel de I'armee, nous avons peu de troupes reglees, mais de bonnes milices qui feraient une campagne aussi bien que d'anciens regimens; I'experience en est faite. Ces milices s'as- semblent de tems en tems pour etre exercees : leurs cadres sont conserves, avec le nombre de sous-officiers necessaires pour le service; ces milices sont un iniermediaire entre les troupes reglees et la garde nationale qui se compose de tons les citoyens. Notre artilierie est encore insnffisante , et sans or- ganisation definitive : il en est de meme de notre elat-major , soit en tems de paix , soit en cas de gueri'e. Nous sommes assez heureux pour que I'experience mllitaire manque encore a nps hommes d'etat; mais, dans les dangers de la patrie, le zele des citoyens y suppleerait. Nous ne sommes point disposes a jmiter le luxe des armees monarclii(|ues : notre force publique, c'est nous-niemes, et la partie agissante de cette force est re- glee, suivant les besoins du moment. II ne nous arrivera ja- mais de tenir 200,000 hommes sous les armes, sans avoir un seul ennemi qui nous menace ; mais que I'Eurojie ne s'y trompe point; nos armees seront toujours plus nombreuses, et non jnoinsaguerries que celles qu'elle pourrait envoyercontrenous. AMERIQUE CENTRALE. 553 « Commerce. — Cette source de prosper! t^ est devenue beau- coup plus abondante, depuis notre aff'ranchissenient. Avant celte benreuse cpoque, des relations commercialcs etaienteta- blies entrenos ports sur I'Atlantique et Cartbagene, la Havane et Cadix : sur la mer Pacifique, on correspondait avec Pa- ziama, Guayaquil, Acapulco, Lima et d'aulres ports d'une moin- dre importance. On recevait par I'Atlantique des marcbandises d'Europe dont la valeur n'etait guere que de cinq millions de francs, et I'on donnait en ecbange de I'indigo, des baumes, de I'argent monnaye , des viandes salees , des bois de tein- ture , etc. Sur la cote opposee, le commerce apporlait de I'or et de I'argent, du cacao, du vin et de I'eau-de-vie, des cba- peanx , et quelques autres menus objets, et Ton expediaiten retour de I'indigo, du mercure, du coton, des bois, du tabac, des etoffes fabriquees dans le pays, etc. Le tout pouvait eire evalue a 4 millions de francs. « Depuis que I'Amerique est libre , quelques branches de ce commerce ont change de direction, mais rien n'a dechu , et d'autres nations ont profite du nouveau debouche ouvcrt a leurs fabriques. Les importations de I'Anglelerre s'eleverent, en 1825 , a cinq millions de francs. Les expeditions partaient de Londres, de Liverpool et de la Jamaique; et, loin qu'elles aient augmente I'exportation dc numeraire , on a remarque , au controire, qu'il paraissait plus abondant, en sorte que toute I'importation avait ele soldee par les produits de notre sol. « Autrefois , notre commerce avec la France se faisait par I'intermediaire de la Havane : aujourd'hui, quelques navires sont expedies du Havre pour Omoa. Les droits actuels sur I'exportation sont : « Pour Tor et I'argent monnaye 6 ponr 100. « Pour I'indigo et les baumes, d'apres un tarif exlr^mement bas 4 pour 100. Tous les autres produits du sol sont exempts de droits. « Les droits d'importation sur le coton sont de 1 6 pour 100, et pour tous les autres objets, de 12 pour 100, a I'exception des instrumens des arts et des livres qui ne sont point taxes. Pour encourager I'importation des armes, les navires qui en sont charges avec d'autres raarchandises n'onl point de droits a payer, sur une quantilede ces marchandises egale en valeur a celles des armes qu'ilsappoi-.ent, en sorte (]u'une cargaison couiposee de deux parties egales en valeur, I'une d'arraes , et I'anitre de marchandises quelconques , n'aurait rien a payer. « L'introduclioR de Is poudre de chasse et celle du tabac sont 554 ami?:rique centkale.— ami!;rique mii:rid. prohibces, parce qiip Ic gouvernoment s'est reserve ces deux cx|)loitations , ct qu'ellcs foiment une partle des revenus pu- l>'ics. G. nF. Gr... — Ecole ctntrale dex nrlx et metiers. — On va fonder ici un otablissemenr dont le besoin est vivernent seiiti par tons ceux qni connaissent les vastes ressourccs dc ce pays, et I'etat deplo- rable auquel notrc induslrie a ete reduife par la longue op- pression sous laquelle nous avons giitni. C'estune ccole centrale des arts et metiers, organisee a I'instar de celle do Chalons sur Marne. C'est uu Trancais proscrit qui a presentii I'idee et le plan de cetle institution, et la gcr.cTOsitc du gouvernement et de ])Iusicurs patriot.es distingues lui assure des inoyens d'execution et desucces. J. J. de M. ami<:rique m^ridionale. Bresil. — Rio-Janeiro. — Commerce des noirs. — Cet odicux fraficse continue ouverlement dans cepays, quoiqu'il nesoit pas moms contraire au voeu ;;en(^ral de la nation, qu'aux juincipes proclames par le gouvernement prelendu constitutionnel. Le Z)/ar/oj(7u/«/W«5 soient en siirete. lis n'auront pas implore vainemcnt noire jus- tice et noire bienf'aisance; nous ne perJoiis jamais de vue ce que Dieu meme nous a commande par I'organe de son ])ro- phete. Ces Espngnols ne desiraient rien ([ui ne fut conforine a la volonte de Uieu; si ces desirs sont, anx yeux dii roi d'Es- ])agne, un acte de trahison, soil; inais il est d'autres souverains qui ne sonl pas de eel avis, et ([ui aiiraient vu avec plaisir ces jn^mes homines venir chercher un asile dans leurs etats. S'ils etaient reellement criniincls, s'ils avaient viole les lois de leur pays, que le roi d'Espagne ne sepiesse pas de les faire punir , qii'ilalteude que son autorite soil mieux affermie.Nous ne re- fuserions pas de livrer de vrais criminels ; c'est un devoir que les souverains doivent s'imposer les uns en vers lesautres : mais diis criminels, reclame par ce que Ton ose appeler la politique. Si Washington eiit ele mallieureux, quel etat ne se serait point empresse de lui offrir ww asile? Qui put jamais voir un coupable dans le verlueux Kosciusko? Et au- jourd'hui meme, si I'adversiti pouvait atteindre Bolivar, on ne craint jias d'affinr.er qu'il n'est aucun etat, meme faisant partie de la Sainle-Alliance, I'Espagne exceptee, qui ne se fit honneur de lui offrir une retraile. L'ignoble pretention de pour- suivre les delits poliliques jusque dans les pays etrangers, est tellement flctrieaujourd'hui dans I'opinion de tous les liommes qui pensent, chez tous les peiipies , que les agens du pouvoir n'oseraient plus I'exercer contre une haute renommee, un merlte eclatant, dans des circonstances imposaules : on aban- donnc ce moyeu de persecution aux operations d'un ordre subalterne; et bientot, la diplomatic le laissera definillvement a la police qui ne se pique point de digntle, et qui ne s'in- forme point de ce que Ton pense sur son compte. Quoi qn'on en disc, la vrale j)olitique fall quelcpies progres. Celle de !' Ame- rique est digne des regards de I'homnie de bien ; on vfy-it que , meme en Afrique , elle n'est pas totalemcnt inconnue : espe- rons qu'elle viendra , tot oti lard, s'elablir sui' le coulineiit europeen. F. 556 EUROPE. ILES BR IT ANTIQUES. CoMiUERCE d'impohtations et d'ezpobtjlxions DE8 Ir.ES Bkitan- 1IIQVE.S , pendant les annees i8a4 «' iSaS , suivant la -valeiir cOnsCatee par lies documens ofjiciels. PAYS. Russie Suede Norvege Dauemark Pnisse Allemagne Hollande Flandre France Portugal Espagne Italie Tiirquie Gibraltar Make lies louiennes Irlande lie dc Man , etc ludes orientales et Cliine. . , Noiivelle Hollande Cap de Bonue-Esperauce. . Autrcs parties de I'Afrique. Indes occidentales anglaises. NouTellcs colonies anglaises Etats-XJnis d'Amerique. . . Indes Occident, etrangeres. Eresil Riviere de Colombie , etc. . Mexico et Guatemala. ... Colombie Perou Chili Biienos-Ayres et M'*-Video Ptche de la baleiue Objcts saisis, etc TOTAUX. IMPORTATIONS. 182/4. 1825 Liv. St. 2,61 1,617 i3o,75i 86,493 35,881 5o4,i4o 961,460 785,073 298,685 1,102,739 566,353 208,748 1,123,344 446,902 81,698 37,334 93,538 5,821, o36 183,952 6,918,539 51,376 i54,i47 i85,25o 7.971,145 864,944 5,459,736 790,236 i,o53,327 221,825 45,275 i5,3i6 9.7'i) 388,338 592,067 1 i,3oo EXPORTATIONS. 1824. 1825 Liv. St. 2,606,53 1 i49;o8i 94,375 136,673 620,287 1 ,5o5,456 1,096,127 468,146 1,536,840 450,730 845,339 1,127,692 746,848 59,511 63,o83 i32,ii6 5,591,161 2o8,5l2 7,312,355 5i,37 I22,o85 202, 8,65,5,538 925,699 3,925,608 628,160 1,289,513 3.7:' 1 58,4 3 1 73,496 23,-37 41,090 498,645 376,072 16,823 40,412,384 141,737,611 Liv. St. 1,841,274 202,685 i3i,595 38o, i32 634,074 7,528,957 2,o44,o33 2,013.209 984,565 2,146,473 452,8 .3,934,563 1,274,237 1,974,087 499,580 8,2i3 4,5oi,20I 323,989 4.355,437 180,716 433,473 342,824 4,622,804 1,766,538 6,141,450 1,702, 3,425,324 8,232 369,776 30.5,621 408,872 489,601 8o'3,2 37 2,793 2,238,140 141,142 116,094 332,073 468,463 7,552,176 2,017,289 2,217,517 1,124,227 2,670,191 684,806 3,499,780 1,397,497 2,796,34 375,296 15,983 5,006,639 372,174 4,394,880 215,628 276,420 399,23s 4,870,835 2,241,666 7,141,285 1,896,265 3, 7.^^0,043 2,578 555,5 1 3 425,i4" 621,670 923,423 1,581,775 3,06. 56,234,063 63,',24,272 ILES BRITANNIQTJES. 55? Physique. — Nouvelle division du thermometre. — M. Skene , lieutenant de la marine royale, I'un des compagnons du capi- taine Parry dans son expedition vers le pole, en 1820, repro- duit I'idee de diviser rechelle thermoraelrique d'apres la fusion de deux corps solides, et noa d'apres une fusion et uue vapo- risation , corame on I'a fait jusqu'a present. En effet, on ne peut pas reunir a volonte les circonstances propres a donner un degre fixe de temperature par la vaporisation d'u!i liquide , an lieu que la fusion d'un corps solide a I'^tat liquide n'est dt^terminee que par I'affinite des molecules du corps les uncs pour les autres et pour le calorique , et ne depend d'aucune autre cause. M. Skene propose de prendre '^omt unite thcrmome' trique la difference de temperature enUe le degre de la fusion du mercure, et celui de la fusion de I'eau, en ayant soin que les deux matieres soient parfaitement pures. Cette unite se nommerait degre, et serait dlvisee en 100 minutes , a I'imitation de la nouvelle division du quart du meridien terrestre. La fu- sion de la glace conserverait la fonclion qu'elie remplit depuis si long-tems, chez presque tous les peuples qui font usage du thermometre; elle separerait le frnid du chaud , et serait mar- quee o ; les minutes dans le sens positif ou ascendant seraient positives, et prendraient le signe -f- , tandts que les minutes descendantes seraient designees par le signe — . La grandeur aurait I'avantage de representer par de petits nombres les plus hautes temperatures , meme celle de la fusion des metaux les moins fusibles. Entre la fusion de la glace et I'ebullition de I'eau, il n'y aurait plus qu'environ a° 5o' ; le zinc fondrait a 9", etc. Ces nombres seraient plus faciles a retenir que ceux ilont on se sert actuellement. 11 est vrai que la graduation des thermometres deviendrait plus difficile, et ne pourrait etre confiee qu'a des artistes instruits : mais, loin qu'll en resulte aucun inconvenient, ce serait peut-etre un moyen de faire disparaitre la multitude d'instrumens mal divises, qui ne s'ac- cordent jamais entre eux, dans les memes circonstances, et auxquels on ne peut ajouter foi , lorsqu'il s'agit d'observations de quelque importance. Les instrumens gradues suivant la me- thode de M. Skene seraient necessairement d'accord, en quel- que lieu qu'ils eussent ete faits. F. Liverpool. — Communication telegraphique entre Liverpool et Manchester (i). — L'utilite des telegraphes est reconnue : (1) Voyez Rev. Enc. , t. ix , p. ai4, et t. xxvni, p. 94a, les articles relati& anx tcUgraphes de jour et de nitit, proposes aa gouverneraent 558 EUROPE. leur emploi semble devoir offVir des avanlages incontestables, mon-seuleinent an commerce, niais encore a lows les lionimes que dcs <]istances ])liis ou iiioins grandes separent des lieux jivec lesquels ils out dcs relations d'interet ou d'aniilie. Cepen- dant , jusqu'a ce jour, les gouverneniens sc soni reserve lenio- nopolc de cetle belle invention; ils Tout rendue nulle, pour ainsi dire , en s'opjiosant aux nonibreux services (|ue la societc avail Je droit d'en esjii'rer. Cl'est en Angleterrc ou la marclie de la civilisation est dcffagee de la plupart des entravcs (|ul I'em- barrassent dans d'aulres pays, que de simples j)articnliers se proposent enfin d'etablir des t(51egrapl:es pour I'usage des rela- tions conimerciales ct individnclles. Les auleurs de ce piojet s'engagent a etablir une ligne Jcle- graphique entre Liverpool el Manchester, qui Iransrnetira les depeches de tonte naiiire, avcc promptitude et regularile et avec le plus grand secret. D'apres leurscalciils, iinedemi-lieure suffira pour la transmission dumcssaj;e et de sa rcponse (la dis- tance entre ces deus villes estde ^7 milies anglais). JiCsdeux pre- mieres stations seront placecs, dans chaque endroil, a la ])roxi- mile de la Bourse, ou les negocians pourront facilemeiitcxpe- dier leurs depeclies et connaitrc sur-le-cliamp celles qui leur seront adressees. Des arrangeiiiens ont ctepris pour lendre la formation des messages simple et facile , au inoycn d'un voca- bulaire, dispose jiar ordre nlpliabelicjne et nnmciique, qni conliendra les mots et les phrases les plus projires aux corres- pondances commerciales et de font genre, et d'une clef ou index. Lc tclegraplie ue sera ouvert qu'aux souscripleurs , fournissant chacun une colisation annuelle de 3 guineos (78 f.), et payant en oiitrc 6 pence ( 60 cent, par signal ) ; iin message ordinaire se com])Osera de 5 a 6 signaux. Lorsqne I'utilite de cet etablissement sera bicu reconnue, on pourra elendre la ligne lelcgraphiqijc jusqu'a Londres et vers d'aulres villes impor- tanles. J. RUSSIE. EriQourageinens nccordes auxlellres. — L'empereur Alexan- dre , jirotetteur I'claire des sciences et des lettrcs en Russie , enconragea aussi jjlusieurs grandes entreprises littcraires dans les pays etrangers. C'est ainsi qu'il conlribua pour pres de francHis par M. I'amiral de Saint-Haoxjen, el dont I'adoplion, qui serait til eminemment et si generalement utile , a cprcinve jusqu'a present des obstacles insurmontables. i*. d. r. UUSSIE. 55y 5o,ooo roubles a la jiublicaiion des diffcrentes editions des voyages du celebre Alexandre de Humboldt, el qu'ii souscri- vit pour deux cents exeinplaires a la Bibliothcque d'economic politique , publiee en Ilalie , et a une traduciion du francais en italien ( assez defectueuse du reste ) dc VHistoire de Russie, par Kaiamzine. Peu de terns avant sa niort , ce uionarque donna une nouvelle ])reuve de son zele poiu' I'avanceraent des scien- ces , et surtout pour celie de !a legislation , en ordonnant d'ac- querir pour TUnivei'siie d'Abo , et nioyennant la somme de 17,000 roublcj d'ar^ent, la bibliolheque du ctlebre professeur en droit Haubold, de Leipzig , tres - richc en manuscrits et en livres rares et prccieux. E. Necrologie. — Atix nonis des deux poetes distinr^ues ( Rapnist et DoLGoRouKi ) que la Rus.sie a perdus en iSaS, et auxquels nous avons consacre nn article iiecrologique dans notrecaliier d'aoiil 182 5 (voy. t. xxvii , p. 583), il fdut joindre ceux de Raievsky , Bourhlmrd , Ougrurnef, Gioratc/iersAy , Larnpe, Tcherepanof , Plavilstchi/,nf , Kampen/iaiisen , Ko?f, Holdback tt Poidebard , dont les sciences, les lettres et les arts ont eu a deplorer la perte, dans les annces 1822, 1823 et 1824- Nous allons consacrer quelques lignes a chacun d'eux ])our faire connaiire leurs litres a la reconnaissance pubiique , et nous suivronsl'ordre chronologique de ieur mort , laissant a nos lecteurs le soin de les classer dans Ieur uiemoire, selon le degre d'estime f[ue cliacun d'eux Ieur semblera devoir me- riter. — Andre Raievsbly, mort a Koursk, le i3 mars 1822, etait membre de la Societe mililaire et de la Societe des amateurs de la litterature , des sciences et des arts , dont le president est aujourd'hui M. Izmailof, coiinu par la publication d'un recueil de fables (Voy. /lec. Enc, t. xxviii, p. 471-472). On a de lui : 1° Ties poesies qui n'ont pas etc reimies en corps d'ou- Trage, et qui sont disseminces dans diff'erens recueils; 2" le !'■'' volume des Principes de strategie , de I'arcijiduc Charles, dont il n'a pti achever la traduction (Saint-Petersbourg, 1818. In- 8° ) ; 3° des Memoires sur les cntnpagnes des annces i8i3 et i8i4.( Vospoininan'ia o pohhodakli , 181 3 i 18 14 godof. Moscou, 1822; 2 vol. in-8'' de 162 et 160 pages). Ce dernier ouvrage est bien au-dessous des J^ttrcs d'un ojjicicr russe , publiees par Theodore Glinra (Moscou , i8i5 et i8if> ; 8 vol. in-12) et des Letlresd'unofftcierdela marine, par Brone- vsKT (Saint-Petersbourg, 1818-1820; 4 vol. in-8° ). — BouRKHARD VicHMAKN, ne a Riga, au moisd'aout 1786, est mort a Saint-Peiersbourg, le i*"" aout 1822. Apies avoir 56o EUROPE. fait ses dtiides , en Alleniagne , dans les Universiles de Goet- tingue, d'Icna et de Heildeberg , il avait d'abord embrass6 la mcdecLne; mais, ayant eclioue dans la giierison d'un nialade, il renonca bient6t a cette profession, pouise livrer a I'otude de riiistoire ct de la gcogr.iphie. De retour a Riga, d'oii il passa , en j8o8, a Saint-Petersbourg , il fut successivemenl professenr d'hisloire et de statislique an Corps des cadets , pr6- cepteur des enfans de la duchesse de Wurtemberg ; puis, se- cretaire du conite Rouniantzof et conservaleur de sa biblio- theque. Nonime ensuite par le gouverneincnt directeur des 6coles en Courlande, il revint habiter Riga, pendant les an- nees 1817 et 1818. A celte epoque,il vendit au prince Lobanof- Rostovsky , pour la somme de x 5,ooo roubles , une bibliolheque de 3,000 ■volumes, qu'il avait composee uniquement d'ou- vrages, en diffcrentes langues , tous relatifs a la Russie. De retour a Saint-Petersbourg, en i8'2o, il avait concu le projet d'y fonder un musee national , a I'insiar de ceux de Leniberg et de Pest ; raais, ce projet ayant mancjue , il se resolut a ven- drea la Bibliotlieque de rEtat-raajor de I'emperour vVlesan- dre, pour la somme de 10,000 roubles, la nouvelle collection de manuscrils et d'ouvrages qu'il avait rassembles dans le nicme but que la premiere. Voici la liste des ouvrages qu'il a laisses : 1° Darstellung der russischen 7lfo«arcA/'e ( Tableau de la monarchic russe. Leipzig, i8i3. ). Get ouvrage, exirait de celni de Hassel , dont il a rectifie les erreurs, est le pluscom- plet qui ait ete public en langue etrangere snr la statislique de la Russie. 2° Urhunde iiher die JVahl Michael Rornanoivs. (Sur rejection au trone de Michel Romanof. Leipzig, 1820 ). C'est la traduction d'une piece comprise dans la collection des papiers d'etat ( en russe : Sobranie gossoudarstvennihh ^ra- moie ), publi^e par les soins et aux frais de M. le comte Rou- mantzof. 3^ Sammlung hisher noch ' ungcdruhler Ideiner Schriften ziir dltern Gesckichte Russlands ( Collection d'ou- vrages inedils, relatifs a I'histoireancienne de la Russie. T. I^'. Berlin, 1S7.0). [\° Russlands national Museum (^Musee n^Cional russe. Riga, 1820 ). C'est le plan de reiablissement dont il est parle ci-dessus ct dont le projet n'a point recu d'execution; il a ete traduit en russe, et insere dans le Fi/s de lapatrie ( 1821. N" 83 ^. 5° Chronologische Uebersicht der neuesten russischen Gesckichte (Apercu chronologique de I'histoire moderne russe. Leipzig, 1821 ; 2 vol. ). Cet ouvrage, le plus important de ceux qu'a publics I'auteur , devient indispensable aux personnes qui s'occupent de I'histoire moderne de la Russie. M. Bour- khard Vichraann a coopcre , en outre, a la redaction dc plu- RUSSIE. 56i sieiirs joiimaux allemands et des Archives du iVor^, journal riisse redige par M. Boulgaritie ( i), et il avail fourni des arti- cles a la Nouvelle Encyclopedic , publiee a Leipzig par Ersch et Gruber. — G. OuGRUMEF, mort k Saint-Petersbourg , le 19 mars i8a3, etait nc en 1764. Recu en 1770 an nombre des eleves deVjicademie des arts, couronne en 1785 par la meme aca- demic, dont il devint membra, en 1797, il en fut nomme recteuf, en 1820. II a laisse plusieurs productions estira^es, partni lesqtielles on disringue ses tableaux de la Conquete de Kasan et de \ Avenemcnt au trone de Michel Romanof. 11 a conlribue, de concert avec Lossenho , Sofwlof et Ahiinof , a etablir la maniere et le style qui distinguent aujourd'hui I'ecole russe. M. Grigorevitch , dans le i^" numero de son Journal des beaux -arts , I'onde en 1823, a consacre a ce peintre cclebre une notice fort detaillce que les amateurs de la peinture pour- ront consulter avec fruit. — Cyrille Glovatchevskv, autre peintre distingue, et mem- bre de I'Academie des beaux -arts de Saint-Petersbourg, est mort dans cetle viile, le 9 aout 1823. II etait ne, en 1735, a Rorope, ville du gouvernement de Tchernigof, batie par ses ancetres a la fin du xv^ siecle. Apres avoir fait ses etudes a I'Academie de Kief, il vint a Pelersbourg en 1748, oii sa belle voix et ses dispositions musicales le firent d'abord admettre it la cliapelle de rimperatrice Elisabeth. Mais, bienlot, il quitta la musique pour I'etude de la peinture; et onze ans apres, c'est-adire en 1769, a I'epoque de la fondation de I'Acade- mie des beaux-arts, Elisabeth le choisit pour en etre un des pro- fesseurs, conjointement avec Lossenko et Sabloukof. En 1765, Catherine II ayant affermi cette Academie sur de nouvelles bases, Glovatchevsky ful appele aux fonclions de bibliothe- caire et de tresorier de la societc, dont il devint enfin inspec- teur, en 1771 , place qu'ii perdit au bout de deux ans, et dans laquelle il fut reintegre, en 1783. Lie d'amilie avec les savans et les litterateurs les plus c.'lebres de son tems, il leur dut sans doule ce jugement et ce gout qui distinguent particulierement les creations de son pinceau. II a surtout reussi dans le por- (i)M.Bonlgaiine a donne au public, depnis la mort de Bourkhard, plu- sieurs articles que celui - ci avail rediges pour son jonrnal ; parmi ce.s articles, ou remarque surtout ( voy. le n" 24 des Archives de i8a3) une Notice itatistiqne sur la i>. KUROl'E. Irait et dans l.'i peinrure iiistoriijno. Plusieuis arlistci se sont reunis, d;ins rintention d'elcver un iiionuincnt a sa mr'nioire. — Fri'(U'ric Lampe, ])rofesseiir de droit politique et de droit des gens a runiver^ile dans un reservoir, ou il avail ete depose 267 ans auparavarit; ce que prouvait un anneau de cuivre - dont II avait )a tete entonree. Enfin, les balelnes qui, suivant Buffon, vivent jus(ju'a mille ans , ne sontpas oubliees. Mais, M . Schultze fait observer prudemment que le celebre na- turaliste a pii se troinjier. P. G. Pr.ussE. — Instruction puhliquc. — II existe dans toute I'e ■ tendue de la monarchic prussienne 2o,o85 ecoles elemenlaires pour le peijple , dont 2,462 dans les viiles, et 17,623 dans les campagnes; 21, 885 regens ou maitres sont attaches a ces eco- les : sur ce nombre, i5,7t)5 sont protestans, et 6,090 catlioli- ques. La sonime employee chaque anmie j)ar le gouverneirient pour I'eniretien des ecoles s'eleve a 2,352,752 rixd. (environ 9, 400,000 fr.l Le laux moyen du irailement annuel de ces maitres est, pour les viiles, ue 85o fr. , et pour les campagnes, de 35o. Mais il y a des provinces ou ils ne sont ])as aussi bien traites, et oil, sar.s y coniprendre le logement, le chauffage et divers objels fournis en natuie, un regent de cainpagne ne re- 9oit guere que 120 a 160 fr. par an. Ainsi, I'on voit que , mal- gre le zele du gouvernement prussien pour ramelioralion des ecoles primaires, il Ini reste encore beaucoup a faire sous ce rapport. Jh. de Lucenay. SUISSE. Lausanne. — Enseignement innustriel. — M. Mercanton , ancien eleve de I'Ecole Polytechnique, suppleant du professeur de chiinie et de mineralogie a I'Academie de Lausanne, avait concu I'idee de donner un cours gratuit, exclusivenient desti- ne aux arlisans. II a parfaitement reussi dans cette lache liono- rabie et difficile. Le nombre des lecons a ete d'environ qua- rante, dans lesquelles il a traite successiveinent de Varithme- tique , de la geometric et de V application, de la chiinie aux arts. Dans le cours d'arithraeti(|ue, qui a ete complet, le profes- seur s'est attache a familiariser les auditeurs avec le systeme decimal et a ieur en faire seniir ses avanlages. Le cours de geometric a etc generalement goiite. Dans cette partie de lenseignement, M. Meranlon a suivi I'ouvrage dc M. Du- 568 EUROPE. pin , qui lui a eti (I'un grnnd seeours. L'ap])Iicatian de la chimie aux arls offre une si grar)de abondance de matieres, qu'elle ferait a clle seule Tobjct d'lin coins entier. A cet cgard, Ic professeur a du fixer son attention sur les parlies de celte science qui , se rattacliant aux diveises professions de ses andi- teurs , pouvail les inleresser davantagc. L'auditoire dc M. Mer- canton se coinposait i]e mecaniciens, dc seriurirrs, de chan- dronniers , d'ebenistes, de meninsiers, de charpcnliers , de inacons et de mineurs. Le nombre des audileurs a toujoiirs etc au-dessus de vingt, ef. s'esl tMevc- soiivent jiisqu'a trente. Leiir assiduity et leur zele protivent que les artisans \andois com- mencent a sentir la iiccessile de se distinguer, et a com])retidre quelle superiorile I'inc-lustrie acqiiicrt jiar son union avec la •cience. Les succes obtenus par M. Mercanton dans ce nouvcau genre d'enseignenient, sont d'ailleurs iine preuve certaineque, dans notre pays, les personncs de la classe ouvriere ont toiile la capacite nt'cessaire peur recevoir une instruction systema- tique, et ajouter ainsi aux tresors du bon sens el de la routine les richesses non inoins precieuscs de la science el de la me- thode. ( Nouvelli'ite 2'aiii'fois. ) ITALIE. Florence. — Societe des ^('■or^ophiles . — Dans s» »cance fin 8 Janvier 1826 , M. Adobrande Paolini , avocat , a fail lecture d'un Menioire intitule ; Tableau synojilique de I'histoire poli- tique de Pistnja, pour sen-ir d'eclaircissement an tableau sta- tistiquc el d' agriculture de la province de Pistnja. Ce Memoire doit servir de prospectus a un travail dont I'auleur s'esl occupe surl'hisloire de I'agrirullure aiicienne et modcrne dePistoja. Aprcs avoir examine rapidement Thistoiie particuliere de cetle province depuis son origine jusqu'a la fin du regne des Lom- bards , il cherche les causes f]ui ont le ])lus influe siir I'etat de I'agriculture, et fait sortir ainsi de I'liistolrc un cours d'ex- periences politiques. II resulte de ses observations que Tagri-- cnlture a toujours plus ou moins prospere, suivant le degre de liberie dont elle a pu jouir , et qu'elle deperit entierement sous le despotisme civil et militaire. Dans la seance du 5 mars, M. Paolini a continue la lecture de son Memoire. II a prouve combien les Lombards , en Iransplanlant leurs formes poli- tiques dans I'ltalie , contribucrent a preparer les esprits des It.i- liens a ces revolutions du moyen age , qui fonderent une sorte d'independance dans toulcs les communaules; que les Francs continuerent a developper cette tendance, qui ne s'arreta point. Jots iu6me que la guerre civile et I'anarchie militaire eclalcrent ITALIE. 569 parnii le* Italiens , apies I'exlinction dc l.i dyiiastie de Char- ieniagnc. 11 etait impossible qu'il ne se format point, de ce iniManye dlinmines civilises et barbai'es, une race pres((ne nou- velle que I'auteur regarde coiiune neiilre, ])arce qii'elle ne re- })risentait plus ni les descendans des Gerniains, iii les anclens italiens, ce qui pi'oduisit aiissi un anialgame bizarre (ie crimes et lie vertus. M. Paolini inrliquefrancliernent ce que les Italiens avaienl, a cette epoque , de bon et de maiivais. Mais comme son objcl parliculier etait de df'nionirer I'infliieiice des circon- stances politiqiies snr ragricnlture, il rappelle tons les desas- tres qu'eile epronva sous la fcodalite iaique et ecf'k^siastique , siirtoul dans ces terns ou I'opnleiicc scandaleuse d'une setile classe reduisait tout Ie peuple a la misere. — Apres cette lec- ture, M. Joseph Gherardi a parle sur divers effets du luxe, et Ie colonel Gabriel Pepe a reconunande la culture du chan vre, specialemeni dans les Mareiunies. F. S. Rome. — Archcolo^le.-^ Outrages posthiimet c/t" Visconti. — M. I'abbc Charles Fea , I'un des antiquaires dislingues que Rome possede aujourd'hui, vient de faiie inserer dans les Ephemericles littcraires un opuscule inedit du celebre Visconti sur un gronpe antique representant Apollon et Hyacinthe. Nous rappelleroiis, a cette occasion, des Recherches sur un choix de. rnonuinens borghesiani , piiblices, sous la direction de MM. Gio. Gherardo de Rossi et Etienne Piale, par les soirs de M. Vincent Fesli. Les cditeurs de cet ouvrage postliunie de Visconti, qui nbtinrent de sa laniille, en 1818, Ie manuscrit original, ont sujiplee Ie petit nombre de notices qui luan- quaient, en s'aidant des cxplicatiojisde Visconti nienie, exiraites des Monumenti Gabirti , tt des indications de tous les mor- ceaux de sculpture du palais de la Villa Borghese , que Louis Lauiberti publia en 1796 sous les yeux de cet auteur. Un autre ouvrage dc Visconti, egalement inedit, a ele iraprime, d'aj)res un manuscrit autograplie, dans les Meinoires romains d'anti- quites et de beaux- arts ; il doune I'explicalion d'nne niosaique ancienne (jui se trouve dans Ie Mnsee Chiaramonti. J'ajouterai que la inagnifique edition des OEm^res completes de Visconti, enlreprisc a Milan , des I'annee 1818, par Ie llbraire J. -Pierre Giegler, el confiee aux soins du savant docteur Labus , dont Ie noui sen! est un eloge , tonche presque a sa fin. Les ama- teurs des beaux-arts, les antiquaires, les erndits, tous ceux, en un mot, qui aiment a s'instruire, doivent savoirgre a I'edileur qui a reuni dans une seule collection toutes les oeuvrcs de Visconti. S. V. Naples. — Necrologie. — Joseph I'oli, savant pliysicien , ^•70 EUROPE. est moit a N:iples , le 7 avril 1825. N6 h Molfetta , en 1746, il fit scs etudes a Padoue, sous la direction du cclebre Morga- gni; puis so reniiit a Londres et a Paris, pour y acliever son education. De retour dans sa patrie, il y rap])()rta des connais- sances profondes, et surlout ies nouvelles decouveites dont les sciences physiques \enaient de s'enrichir, en France et en Angletene. II lonna un laboratoiie et un cabiuet d'iilstoire naluielle, jK)rteni' pense que ce travail inerite des eiicourageriiens. — Jl est doniio lecture d'unc noie extraite de plusieurs ieilres de M. C.amuart, au siijel de la comeie decouverte, le 9.7 fevricr, |)ar M. Biala , et observee a Marseille, le 9 mars dernier, par M. Gambart. — Ii'A.cadcniIe recoit sur le nienie sujet la coniniiinication dedeux leltres de M. Sclminacher, datces d'Altona , du 28 et du 3o mars 182G. Ces letires contienMeut les resultats des recherches de M. Clausen, adjoint de IW. Sclminacher. Ces pieces, et cellesde M. Gambart, seroni dcpoices aux archives. — M. Azais III uii mi'moire sur la cbaleur et sur le magn^tisme du globe (MM. Ampere et Beudant, commissaires ). — MM. Dumeril, Cui'ier , (le Blainville, Geoffroy Saint-Hilaire et Magenclie sont nonimes membres dc la commission chargec de ])roposer le sujet du prix fondci parM. Alhiimbert. — M- Marcel drSeures, qui a adresse iin memoire sur les os fossiles Irouves pres de Montj)ellier, annorice qu'il a trouve recemnient un grand fe- mur; et sollicite le rapport des commissaires norames pour I'examen de son memoire. Sa letlre sera remise a la commis- sion.— M. Cauchy depose un memoire intitule : Sur I'inlegra- tion d'equations lineaires d'ordre pair entre deux variables. — du 17. — Un memoire de M. Solier sur un bateau pro- pre a remonler les rivieres et qu'il nomme araignee ^ est ren- voye a I'examen de MM. Dupin el Navier. — M. Arago lit une letlre de M. Valz , de Nimes, en datedu 4 avril. Elle renferme I'annonce de la decouverte que ccl astronome a faite, le 3, a quatre heures du matin, de la comeie donl on altendait la reappa- rition. Le /, , a qualre heures six minutes de terns moyen, I'astre, d'apres M. Valz, avail 262° 5i' aS" d'ascension droile et 41*^ 22' ;^8" dc declinaison australe. — Le ministte de la marine transmel a I'Aeademie cinq exemplaires de I'ouvrage de M. de PoTERAT, inlitide : Tlieorie du navlre , et invite I'Aeademie a faire examiner I'ouvrage. La letlre et Irois exemplaires sont remis a MM. Arago, Dupin et Freyciriet, commissaires nom- mes a cet eff'et. — M. de Prony fait un rajiport verbal sur I'ou- VFiige de M. Berigny, qui a pour objet niie coiomuiiicalion directe de Paris a la mer. M. Dupin fait (|uelqucs observations sur ce rapport qui ont surtout pour objet dc faire connaiire que les travaux donl il s'occupe sur le meme sujet n'ont rien pu emprunler au travail de M. Berigny. II profile de celte occasion pour entretenir I'Aeademie de la probabililc de succes de ce canal. M. Girard prend aussi la parole pour rappelcr ce qui PARTS. 57r> a cte fait siir cette Cjuestion dcpiiis |)liis d'lin siecle et demi. — ' M. Morel de Vinue fait un rapport verbal sur le trailo de Ja pamme de lerre de MM. Paven et Chevalier. — M. Cauchy depose un memoire inrilule : Snr uiie f'orniule geaerule relative a la fran.sforiTiation des integrales simples prises entre les limi- tes O et X de la variable. — Du i!\. — Seance publique ties quatre Academies [^ vo\. ci-dessus , ]). 252). A. Michelot. Acadiimie royale de medccine. — L'Academie royale de incde- cine a tenu sa seance publique annuelle, le 28 mars, dans une des salles du Louvre. On remarqnail: ])ariiiiles auditcurs Tin grand noinbre de medecins, d'academiciens, de savans et d'homiiies de leitres. M. Pariset, secretaire perpetuel, a trace avec une ele- gance vraiment academiqne le tableau des travaiix de la com- pagnie pendant les quatre premieres annees qui ont suivi sa f'ondation (1821, 1822, 1823, 1824-) ^^ '^ saisi habileincnt Toccasion de signaler les deplorables effels des arcanes vendus par le charlatanisme et la cupidite a I'ignorance crediile. Le poison violent et si dangereiix de Leroy est surtotit I'objet de sa reprobation, comine il avait ofe, a;ires I'analyse, celui de la censure de I'Academie. Le comite de vaccine, (|ui , depuis la precieuse decouverie de Jenner, avait rendu de si grands ser- vices a la population , ne pouvait rcster isole lors de la fonda- lion de TAcadenne; il fiit done reconiposc et choisi dans le sein inenie de cette sociele. I^a commission , nomraee a ce sujft, doit iin comple annuel de ses operations. M. Moreau, qui luiser- vait d'inierpiete cette annce, a expose les travaux de cette commission, et a fait connaitre la profession de foi de I'Aca- demie sur I'excelience du jiieservalif jennerien; il s'est eieve avec force conire les altaques inconsiderees dont cette decou- verte a ele I'objet dans ces derniers terns. Apres ce dibcours, !e rapporteur a proclame les nums des medecins qui, dans les deparlemens, ont merite les medailles fpie I'Academie distribue annuellcment a ceux qui ont fait le plus de vaccination. ( f^oy ci-dessus , p. /176. ) Un prix avait ete ])ropose pour I'aiinee 1826 sur la fjuestion suivante : " Determiner, d'aprcs les exin'riences pliysiologi- ques, les observations cliniques et les reclierches de ranalomie pathologique, la siege et le moJe des alteraiions du systeme ce- rebro spinal, et faire connaitre les indications iherapeutiques qui en decoulent. » M. Esquirol , charge de rendre coin|>ie des Mernoires envoyes a I'Academie, en donna une analyse de- taillee et Lien propre a en faire apprccier la valeur. Les con- curreus n'ayant point rempli toutcs les conditions du pro- 57G FRANCE. itramme, I'Acadt'iiiie d(5rcrtie, a lilie d'enconragement , imc intdailie d'or de 600 (r. a M. Fovii.le. On lit ensuile ie jiiogiamme du nouveau prix propose pour I'annee 1828 : « Apprecier , |)ar des observations positives, I'actinn plus ou inoins nuisible cpie peuveiit dsiiermiiier dans Teconornie les emanaiions qui resullent de lexercice de cei- taines professions induslriellts; leclierclier et laire connaitre les meilleurs moyens d'y reniedier. « II etait dilficile de pro- poser line question (i'liii iiiteret plus grand, plus general; elle se lie a tout ce que les arts et I'indtislrie onl d'ulile, ct a tout ce qui inieressc le plus I'huiuanile. Esperons (ju'elle donnera naissancc a des rcclierclies nombreubes, a des observations exacies ct precises et a des conclusions solides. L'Academie a fait des pertes douloureuses, surtout parmi ses associi's libres. Le soin de jeter quelques fleurs sur la lombe des morts ne ]ioiiv;nl ctre confie a une bouchc plus oloquente que celle de M. Pariset, L'eloge de Berthollet ne saurail qu'a- jouler a la reputation de son autenr. La longiie cnrriere de cet illustie savant signalee par le.s plus nobles liavaux , ses liaisons jivec les honinies les jilus disliiigi.'es, son voyage en Egyple , son dedain pour la pretendue deconvcrle du magnetisme, dc- daiii que les adeptes de cette fausse science ne lui pardonnerent inmais ; sa simplicite an sein nieme des honneurs offraient a I'orateur un champ fertile et varie. Noiis avons reniarque dans ce dlscours un passage brillanl ct plein de verve sur les fondateuts de la chimie moderne; un beau parallele enlre le profond Lavoisier, qui operait cette grande revolution scieutifniue, et le spiritucl Fourcroy, qui la popularisait par le charnie de I'eloquence ; une appreciation exacte des services rendus par BerthoUet et des grandes de- couvertes qui I'ont illustre ; une satire fine et mordante centre les magnetiseurs de Tepocpie qu'il ])eignait ; enfin , une foule de trails piquans, de saillies originales, de rapprochemens henreux, de pensces profondes rendues avec viguenr , ont ete applaudis avcc enthousiasine. V. Bally, medecin de I'hopital de la Pitie , Cun des titulaires del' Academic. Athcnce de Paris. — Seance littera'ue. — i*' mai 1826. — M. Auguste Fabrf, , auleur du poenie de la Caledonie , qui est un des monumeiis lilteraires les plus remarquables de notie epoijue, a lu , ou ])hil6t recite, a TAlhenee, devanl une ;isscm- blee nombreiise et cboisie, sa tragedie d.'lrcne on I' Heroine de Souli. La veille, a la seance publique de la Snciet^ philo- teelmique ( voy. ci-dessus, p. 262], le secretaire- general, PARIS. 577 M. Villenave, avail tlit , en onnoncarit celte lecture dans son Piippoit : <■ ceux qui s'enipresseioiit pour I'entendre , pour- roiit juger de la grandeur des ins|)Matiens jiar la grandeur du sujet. « Et I'auditoirc de I'Allience a trouve effectiveraent la hauteur du sujet dans Ifs inspirations du poete. La Iragt^die iXliene est en irois acles, avec des clioeurs. La poesie est forte et soutenue; I'action sini])le et grande : elle offre ce qu'on Irouve rareincnt sur la scene, la terreur et la piiie dans I'lie- roisme, I'interet dans Tadmiration. Les choeurs, pleins de sen- tiniens cnergiques, dans les guerriers, de grace et de suavltc dans les enfans, ne sent point en dehors du sujet ; ils entrent Nivenient dans Taction qui niarche avec une clarte effrayante et rapide. Le succes de cette tragedie eiit ele prodigieux sur la scene, si les lieros de la C.iece antique n'eussent conserve seuls le droit de s'y montrer. Les apphiudissemens ont ete una- nimes , et les imjiressions penetranles. L'auleur, sans cahier, a recite sa piece sans hesitation, sans lepos, tout d'une ha- leitie, en saisissant naturellement les tons divers et les nuances difficiles du dialogue drama li(}ue. Cet ouvrage sera sans doute iiiiprime, et nous {)ouvons annoncer d'avance que, s'il a ele une belle et forte irisj)ir;!tion , sa lecture produirn une emotion vive et profonde. I. — Iiistitulion J'ondee a Paris , pour elever qunrante jeunes Egjptiens , envoyes en France par leiir gouvernement. — Nous avons recueilli avec soin dans nos tables de la civilisation com- paree les principaux (ails relaiifs aux progres de I'educalion et de rinstruclion dans tous les pa>s : nous avons loue avec im- partialite tout ce qui nous a jiaru bon et utile , en blamant avec franchise et avec energie tout ce qui, dans noire opinion, etait contraire aux interets de !a justice el de Thumanite. Aulant nous aviins dejjlore la politique fausse et cruelle dont le vice - roi d'Egypte a subi I'influence, enprenant, peut-etre, malgre lui, une part active a la guerre d'exterinination dirigce contre riieroique nation grecque ; autaiit nous ainions a ciier avec eloge la determination pleine de sagesse, et feconde en resul- lats jiour I'avenir, que le meme prince vient d'adopter,et dont il a prepare de longue raaiii les moyens d'execution , et t enticrement de Girodet. La Mart de Soc rate , I'une des plus belles productions de David, apparlient a M. le marquis de Verac, a qui Ton doit d'avoir revu cet oavrage. Les trois principaux eleves du chef de I'Ecole actuelle , brillent d'un eclat jiariiculier a ceite exposition. M. Laffilte a envoye celte belle tete de Vierge de Gibdokt, objet d'une admiration universelle lorsqu'elle parut au salon de 1807; Mme RiUiet a qui appartient la Danae du meuie niaitre, ou Ton tronve autant de grace que de richesse d'imagination , el qui est connue par la belle lithographie de M. Aubry le Cointe, a voulu meltre le tableau original sons les yeux du public. On voit aussi , a cette exposition , pour la premiere fois, lesquatrc fiffures allegoriques qui accompagnaient le tableau de la ba- tailled' Austerlitz , dans le plafond de la >alle du conseil d'efar. 08O FRANCE. aux Tuileiics : la Vutoirc , I'HUtoire^ la Poesie el la Reiiommee. Ces figures bien jelees, bicii drapees, sont exccut^es avcc une verve ot un elan trcs- reinai<|Uiiblcs. Le portrait du general Foy, fait de souvenir, jjiouverait tie iiouvcau, s'il en etait besoin , I'exlrcnie liabilele de M. Gkrard, dans un genre dont on irap])recie bien lesdifliciilles que lors'|ue Ton a une connais- sance positive de I'art. Les csijiiisses di' deux des principaux tableaux deM. Gros, Ics Pcstiferes ile JuJJa ct le Combat de Nazareth , exocutees avec ce (eu et ceUe iibcrte qui caracteri- sent soil lalen! , sont venues rappeler des joins de gloii'e et de succL's bien niciitc's; enfin , le Marcus &'j:'?«.y de M. Gukrin , ([ue possede mainte'iant M. Cowlan, apparticnt aussi a cette <''po(]ue de la peinlure qui est deja enliec dans le doniaine de rhis!oire. On doit a M"ie la comtesse du Cayla el a M. Casimir Perier de revoir a cette exposition ileux cliariuaus tableaux de M. Hf.rsknt : Daplinis et Chloe , oii le cliarme du sujet s'unit au (linceati le jilus i^racieux ; et l'i'j)isode de Eooz et Riit/i , que «:et habile artiste a traite avec aulani de resex'vc que de verifc de sentiment. Dans le noinbre des tableaux exposes pour la premiere fois , il en est un dont M. H. Vernet a einprunte le sujet a Byron : c"esl le iiioment oii le clieval sauva^e sur lequel Mazeppa avail ole altaclie , arrive et tombe expirant au milieu des steppes oil il avait ete nourri. Je crois que M. H. Vernet s'est laisse seduirc par le ])laisir de peindro des chevaux eu liberie , el (jue ce snjet est reellement peu propre a la j)einlure; il a doune aux chevaux sauvages ([ui entourent Mazej^pa, des ex- pres>ions qui seniblent n'appartenir qu'a I'espece humaine. M. Delacroix a egalenieni ]iulse dans Byrnn le sujet d'un ta- bleau qui attire I'attenlion : la Mart de Marino Faliero. On y tronve des expressions bien seniles, et une grande force de ton; si M. Delacroix vou'ait consentir a ce que Ton considerat son tableau seulement coiujne une es plus de trois cents coiicurrens avaient brigue I'lionneur d'eie- ver un niomiini'nt an general Desaix , mort sur le champ de victoire de Marengo. Cetle difference dans le iiombre desconcurrens j)o«r le tom- beau dii general Foy , ne doit pas faire peiiser ([u'il y ail eu aujonrd'hui nioins d'emiiressement , parini les aitistcs francais qu'a I'ejioque oil ils furent appeles a consacrer ui; semblable Lonimage a la ineraoire uu general Desaix. II Jie fauilrait |)as croire, d'apres ce qtii a eu lieu, que les arrhile( tes , sjieciale- menl invites au concours, eianl anjourd'hui beaucoup plus occupes que ceux d'alors, nuraient eie, par ce inolif, nioins disjiosci a se charger d'acquiiter une sorte de delle natiunale quand une grande jjiirlie de la France leur donnait , sous ce raj)poit, un si gencreux exeiiiple. II serail aussi pen conve- nable de dire (]ue la sonime de cinqnanle niille francs, fixec par le programme, coinine inaximnm de ce rpie doit coiilpr Ic toiiibeau du general Foy, comparee avec cel/e de vingt - cina Jnille, produit egaleinent d'nne sousiri|)lion volontaire, avec laquelle le monument du geiitral Desaix a ele clove, aurait paru insulfisanle jtonr renqjlir les conditions d'nn anssi beau sujet. Cerles, le mode de jugcinent arrete, le ternie jirescrit pour I'execution du It avail, la conJitioude fournir un niodele inde- pendamment des dessins, des devis et des plans demandes, I'indicalion d'uiie statue coiume objct principal el les autres donnces auxquelles il fallait se soumettre n'ont jias as offerl lout ce que Ton avail droit d'en attend re. Kn eCfel , pauiquoi a-t-on exi|2;e un modele qui ni-ccssilait une assez forte depensc? Pourquoi a-t-on parle d'une slatue qn'il f.illait nietlre a couvert ? Conin)e celte indication condui- sait naturelleinent a la necessite d'imaginer un temple a jour , avec une slalue de proportion ordinaire au cenire , ainsi que pliisieurs des concurrens font fait, une seniblable condilion , peu favorable au sujet, ne permellait guere de le trailer avec simplicite et grandeur. Enfin , le mode de jugement annoricc , analogue a celui qui avail ele employe pour le choix du meil- leur ouvrage, dans le concours de 1804, pouvait ne pas con- venir a la majorile des concurrens , bien qu'on leur cutlaisse la faculle de designer ceux par qui ils voulaient que leur ou- vrage futjuge. Car les architectes, qui presque seuls sont en- tres en lice, n'auront sans donte pas approuve la clause, qui les obligeait a designer, pour la formation du jury, outre trois membres de leur profession, trois peintres et trois sculpteurs ; ce qui devait renouveler linconvrnient centre lequel ils ne cessent de reclamer : celui de laisser le jugement de leurs ou- vrages a la disposition d'une majorite, presque eirangere a I'art sur lecpiel elJe est appelcea prononcer. Cos observations, ajoutees a celles que tant de rnauvais suc- ces out pu motiver, ne tendent point a eleverdes preventions defavorables conire les concours publics. Un mode qui donne les moyens de faire appel a lous les talens, sans distinction, et qui s'oppose a toute espece de faveur et de privilege, ne doit pas eire rejete, parce que, dans plusieurs circonstances et peut-etrc dans celle-ci , les resultats auraient ete peu saiisfai- sans. On ne jirouverait pas, en le repoussant , que ce moyen , intlique par la raison, estmauvnis; mais seulement , on ferait voir qu'on n'a pas eu le talent do s'en bien servir; et loujours il reslerait certain que dans de meilleures mains, dans d'autres circonstances, el avec les precautions neccssaircs, il est pre- ferable a tout autre. Car, parmi ceux qui s'opposenl au systeme des concours publics, persnnne, sans doutc, n'enlreprendra de nier que la porfeclion dans les ouvrages d'imagination, surlout , clant PARIS. 583 exclusiveinent due aux heureux efforts d'nne libre concur- rence, il y aurait folic a voiiloir s'en ])river. Ce n'est pas a cette maniere fmnche d'interroger les talens qu'il faiit attribuer la cause des mauvaises rcponses dont on se plainr ; c'est bien plutot a I'organisalion vicieuse et a I'insufli- sance des modes de jugemeni praticjues jusqu'a ce jonr, qu'il coiivient d'impuler Ics resultats peu satisfaisans de plusieurs concours publics En effet, tombien de fois n'a-t-on pas vu Ic merite outrage ou meconnu, les talens naissans deconragi's par I'effet des preventions injustes? Combien de fois, opres des jugeincns rendus snr des projets d'architecture , cpii ne sont jamais que les indications vagues des edifices a batir; aprt's des prix decerres par des hnmmes peu exerces a bien com- prendre les estjiiisses de pareils ouvrages , les roncurrens au- raient voulu , si la chose eut ete possible, appeler en cassation dii jugcment prononce, et demander a nn tribunal plus com- petent des informations plus n'flechies? Malgre ces inconveniens auxquels il serait aise de reinedier avec une meilleure organisation du jury et un mode de juge- ment plus convenable , on a remarque que les trois architect es, les trois peintres et les trois sculpteurs, dosignes par les con- currens eux-memes pour donner a la commission leni' avis sur les ouvrages exposes dans le concours pour le tombcau du general Foy, sont tombes d'accord dans le choix qu'ils out fait avec celui que le public avait indique. Le projet qu'ils out prefere est I'ortvrage d'un jeune archilecle, M. Vaodoyer fils, qui donne les plus belles esporances; les deux autres qui out obtenu des accessits sont dus, le premier, a M. Bibent; le second, a MM. Horeau et Cendrier, Si , dans la circonstance presente, le jugement porte par un jury compose de trois architectes et de six autres artistes, assfz gcncralenient efrangers aux preceptes de Tarchitecture et aux connaissances paiticulieres qu'elle exige , n'a pas excite des reclamations fondees; si le public a confirme cette fois I'avis de te!s jnges, c'est sans doutc au bon esprit des hommes dis- lingui's dont les concurrens ont su faire choix que Ton a du parliculierement cet avantage. Les membres de la coinuiission , preseiis a la deliberation qui a precede le jugement , n'ont point vote, il est vral; mais on est fonde a croirc que , par leurs luraieres, ils auront beaucoup aide les juges. L'ensemble des projets, qui, par leur petit nombre et leur composition, n'avaient pas attire la foule, presentait trois partis distincts, dans lesquels on pouvait , a la verite, recnn- Jiailre qiielqnes variautes; mais, au total, il offrait une asser 584 FRANCE. grande uuiforiiiite ilc |)ensc"cs. Les premiers, en iinilalioii des obelisques, ijyi'amides, colonncs, cypes, executes dans nos cimeliercs, ;ivaient fait des iiionuniens iso!es,sans statne, ct s'elevant |>lus on moitis dans les airs. Ce parli, dans lequel la pensee poiivait trouver j^lus de latitude, n'a ileii produit de satisfaisant. Les seconds avaient ado|)te la forme asscz gene- ralenient recne des tombeatix caraclerises ])ar des orneinens funeraires, des bas-reliefs ct des inscriptions analogues au sujet ; iTiais , dans ces differentes conceptions, dont ia ])lupart n'avaient aucun earaclere d'originaiite, on n'avait pu ti'ouver Ic tombeau (In general Foy. Les troisicnies, se conformant a rindicalion du programme, avaient jilaee la statue du general au milieu et sous I'abri d'un temple a jour, dont la forme et Jes [U'oportions, foiiniises aiix dimensions dounces, ne diffe- raient (jue par des accessoires et des details pins ou nioins jjerfeclionnes. C'est dans ce ilernier ]iaili que I'ouvrage de M. Vaudoyer fils, (|ui a reuni les suffrages , s'est fait remar- quer par la forme generaie, I'accord el le bon gotit de tout ce dont il se compose. Ce projet , que I'ctude ameliorera , sans doute, sera exccuti'-. Les denx antres accessits ont ete elioisis , )e ])remier, dans le parli des tombeaux , el le second, dans celui des monumens pyramidaux. E. Necrolocie. — BiLON (Hippofyte) ^ nx^decin et ])rofesseur des hopitaux civil et n-.ilitaire, secretaire de ia Facnlle des .sciences et piofesscur des sciences physiques a I'Aeademie de Grenoble, ne a Grenoble en 1780, mort dans la meme viile, le ly oclobre 189,4. Kleve de Biclial et de M. Boyer, il avail obtenu , en i8o3 , a recole de Paris, le grade de docteur, ct sa tliese est encore un des bons oiivrages cpii aienf parn siir la douleur. De relour danssa viile natale, il y ])rofess,i la physio- logic avec un grand sncces; et qiieitpie terns apres, il soutint a IMontpellier , aubsi ])our oblenir le grade de docteur, uiie these briliavite siir I'l'iiscinble dc la inrdeclne. S'(;laiit alors liyre a I'exercice de eet loi , et nonimo hienlot professeiir de i)liy" siqiie a la facuite des sciences de Grenoble , il ne decliut point de la reputation (ju'il avail acqutse dans J'enseignement de la ])hysioIogie. En 1812, il epousa la fille dn c.'lebre M. A.Pelit, de Lyon. Ses suceei , comme inedecin et comme professcur , I'estime de ses concitoyeris, la lendre affection <'e son ('iiouse, de sa famille el de |)lusieurs aniii , liii avaient assure ntie exis- tence honorable et henreuse, lors(|ue unc maladie jjidmonaire I'einporla, le 19 oclobre 1824; ^ ''"-b'^ <'e \l\ an.s. II a public, outre les deux theses et ]>lusicurs articles inscres dans le die- PARIS. 585 lionri aire (les sciences incdicales , i;n cloge liistorique de Bichal; et Ifiisse en manuscrit des essais sw I'influence des passions dans la production des maladies , et surl' amour considere phy- siologiquement, ainsi qii'un assez grand nonibre de meinoires lus atix societcs des sciences et des arts el de mc'(iecine de Gre- noble , et qui tons Itii avaient merite d'lionorahles suffrages dans ces agregaiions savantes. B. S. -^ Louis Theodore Leschenault nic la T^our , natura- liste du Roi, ne a Chalons-sor-Saone , le i3 novembre 1773, d'lin pere qui etait procurenr du roi, niorta Paris ])resque subltemenl , le i4 mars 1826, etnit un des voyageurs qui s'elaient le plus dcvoues aux progres des sciences naturclles. Parti en 1800, sur la corvelte le Geographe ^ avee le capitainc Baudin , il ne i-evint pas avec ses conipagnons re dans les sables. Ce second voyage dura quaire ans. Le troisiemc, entrejuis en 1820, le porta au Bresil , a Cayenne et dans la Guyanne hol- landaise. Apres avoir ainsi paicouru sur le globe plus de 3o,ooo lieues, il sentit le besoin de meltre un ternie a sa vie errante. II jouissait d'un re[)os bien merite, au milieu des 110m- breux ainis que lui -tvait faits i'anu^nilc de ses nioeurs, lors- qu'il a ete attaint d'un coup de sang, le i4 mars dernier, a peine age de 52 ans. U. — Pierre - Louis - Antoine Sivard de Beaulieu, ne a Valognes, le i®' seplembre 1767, niort a Paris , le 26 mars 1826. — Le pere de M. Sivard occiipail la premiere chaige de 586 FRiyVCE.— PARIS. niaf^islraliire de la villc tie Valogncs, a ]'«^po([ue de noire graiide reformation polilique. !V1. Sivard, saciifiant scs iiileii'ts personnels a sa conviction et a ses devoirs de citoyen , conime il I'a fait pendant tout le reste de sa vie, partaf;ea les opinions et les ])ersecutions des rovalistes conslilutionnels; il fjil jeto dans les cacliots de Valognes. Son pere et I'oncle desa femine, M. Lcljrun , (iej)uis due de Plaisance, furent traduits au tri- bunal revoliilionnaire de Paris. Le 9 iherniidor les sauva tons. £hi au Corps legislatif, en i'an V, M. Sivard fut arradie du scin de la representation nationale par la journee du 18 fruc- tidor. Nomme, en 1799, I'un des adrainistrateurs-generaux des inonnaies, il a renipli celte place jnsqu'a sa mort avec une distinction dont le souvenir se cunservera sans doule. En 1818, le di'paitement de la MancJje Tajipela a la Chambre des de- putes : il s'y inontra fideie aux principes qui ravaieni conslam- iTicnt dirige, et il rie manqua jamais de courage pour les soii- tenir. Ses declarations a la tiibune, au roois de juin 1820, en offrent la preuve. M. Sivard n'avait ])oint perdu la cunfiance de ses concitoyens; inais on sait quelles furent les elections de 1824. II ne fut point reelu. Se consacrant a ses fonctions, aux travaux de diverses societes de bienfaisance et d'uiiiite ])ubliqne dont il etait membre , aux jouissances domestiques (pi'ii trouvait au milieu de sa famiUe et de ses nombreux amis , son existence etait douce et honon'-e ; les lois de la nature sem- blaient lui proinettre encore une longue carriere. Uelas ! nn coup de foudre est venu le frapper : le 26 mars, a onze heures et demie, il etail plein de vie ; a iiiidi , il n'existait plus! Celte mort si subite a cte I'effet d'une rupture au foie, accident terrible qu'aucnn signe prt'curseur n'avait annonce, dont les liommes de I'art ne penvent soupconner la cause , dont ils con- iiaissent a peine un autre exeniple. La veuve de M. Sivard, ses cinq eiifans, ses parens, tons ceux qui onl ete admis a son iiitimitc , le plenreront long-tems ; ils ne Toublieront jamais. — La Societe (V encouragement pour iinduslrie natiortale et\a Societe etablie a Paris pour I' amelioration de I'enscignement elernentaire , dont M. Sivard etait I'un des membres les plus zeles , ont paye , I'une et I'autre, im triVjut d'estime et de re- grets a sa raeinoire , dans leurs dernieres seances publiques. Z. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE QUATRE-VINGT-NEtJVIEME CAHIER MAI 1826. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Rapport sur le Voyage en Cyrenalque par M. Pacho. Lelronne. 289 a. Economie politique. — Syst^me colonial. C. agti 3. Des dragons et des serpens nionstrueux. Eusebe Salverte. 3oi II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Transactions de la Societe phllosophique araericaine eta- blie a Philadelpliie. Ferry. Zij 5. Traite de legislation , par Charles Cointe. /. 338 6. Le Heraut oriental, par J. S. Buckingham, (journal an- glais.) J. C. L. de Sismondi. 344 7. Memoire a consulter sur un systeme religieux et politique, parM. de Montlosier. ' U. 366 8. 1° Histoire d'Haiti, par M. Charles Malo. 2° Histoire politique et statistique de I'ile d'Haiti, par M. Placide Justin. 3° Histoire de I'expedition des Francais a Saint-Doniin- gue sous le consulat de Napoleon Bonaparte, par Antoiue Metrai. Chauvet. Syi 9. Chansons de P. J. de Beranger. Berville. 38 l 10. Deux Recueils de compositions dessinees par Girodet. 1° Anacreon. 2° Les Amours des Dieux. Emeric Dan'd. 386 m. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de lyJ oiivrages , francais et etrangers. Amkrique sf.ptenthionale. — Etats-Unis , 4, dont 2 ouvrgaes periodiques SyS — Mexiqtte , 2 ^ Syy Haiti, i • . . . 4oi EuKOPE. — Gia/iJe-llretagne,i5, dont 1 1 ouv rages periodiques. 4o3 — Russie, 4 424 — Suede, i. — Norvige , i. — Danemark , 2 4'-'8 — Jlleinagiie, 23, Jont i5 ouvrages periodiques 43* — Suisse, 3 443 — Italie, 9, dont I ouvrage periodique.. . _ 448 — Pays-Das, 6, dont 2 ouvrages periodiques 4.>5 588 'I'ABI.K l>KS ARTICr.K.S. Fkakce , ga , savoir : Sciences physiques et nalttreUes , 3i 46> r— Sciences religieiises , morales , Itistoriques el poliliques , 3i. . . 497 — Litteratiire, ifi 5 16 — Tleaiix- Arts , 7 53a — Onvrages periodiqiies , 5 536 — Livres en langiies etrangeres , imprimes en France , ol 5^7 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Amekique SEPXENxr.IONALE. — BJexique, T' era-Crux et Alvarado, Commerce ^ 549 Amebique cemthale. — Guatemala, Statistique; Ecole centrale des arts et metiers ibid. Amekique meridionai-e , Bresil , Rio-Janeiro , Commerce des noirs 554 Afbique. — Empire dt Muroc , Politique ibid. EUROPE. Iles Britanniqubs. • — Tableau du commerce d'iinportations et d'exportations. — Physique : Nouvelle division du tlieimo- nietre. — Liverpool, Communication telegraphique entre cette ville et Manchester 556 Russie. — Eucouragemens accordes aux lettres — Necrologie : Notice sur onze savans, poetes, litterateurs on artistes. . . 558 PoLOGKE. — Farsovie : Annonce d'une traduction francaise du Talmud \ ... 565 Allemagne. — Coeilingue : Soci^te royale des sciences. — Lon- gevite des animaux. — Pnisse : Instruction publique ibid. Suisse.. — iawianne .• Enseignement industriel 667 Italie. — Florence : Societe des g(''orgoj)hiles. — Rome : Archeo- logie, Ouvrages posthumes de Visconti. — Naples .'Necrolo- gie : Joseph Poli 568 Pays-Bas. — Education des indigens. — DriLxelles : Academie des sciences et belles-lettres; Societe royale des beaux-arts. 571 France. — Clermont-Ferrand : Cours de geomeliie et de meca- nique appliquees aux arts. — Societes savaiites et etablisse- mens d'utilitc publique : Seance ])ublique de TAcademie des sciences , des lettres et des arts de Marseille ibid. Pabis. — Institiit : Academie des sciences , seances du xnois d'avril. ■ — Academic royale de medecine. — Athence de Paris. — Institution pour elever quaronte jeunes Egyptiens envoyes en France par leur gouvernement. — Theatres : Tkedirc- Fraticais , premiere representation du Portrait d'un ami , co- medie. — Beaux-Arh : Exposition de tableaux au profit des Grecs. -^ Architecture : Concours ouvert pou'r le monument a elever au general Foy. — i\¥c/-o^^je ; Bilon , Leschenault , Sivaid de Beaulieu ...... ^ 57a Avis AOX AMATEURS DB LA LITTHRATURE ETRANCEIVE. On peuts'adresscri Paris, par rentretuiseduBuBEAU cbbtrai. im LA Rbvue Excvclopediqub, k MM. Trbuttei, et Wubtz, rue de Bourbon, n" ly, qui out aussi deux maisons de librairie, I'une a Stras* bourg, pour I'Allemagne , et I'autre a Londres ; — a MM. Arthus Bertrajno, rueHantefeuille, n^aS; — Rewodard, ruedeToun)on,ii°(i; — LEVHAui,T,rue des Fosses-M.-le-Prince,n° 3i,etJiStrasbourg; — Bos- SMtGn pere , rue Richelieu, n°6o; et a Londres, pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- na!s, hoUandais, etc., ainsi que les autres productions de la litt^rature etrangfere. Le prix de ces ouvrages rendus k Paris sera celui des pays Strangers ou ils se publient, augment^ de lo pour lOO, pour frais de port, droit d'importation et de commission, etc. — La Direction de la RevueEncyclopidiqiten^a. d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tons les moyens qui r^sultent de ses publications mensuelles , les communications scientifiques et litteraires enlre la France et les pays Strangers. AUX ACADEMIES ET ACX SOCllJ^TES SAVABTES dc tOUS tCS payS. Les Academies et les Societes savahtes et d'otiiit£ poblique, fran^aises et etrangferes, sont invitees a faireparvenir exactement,yraHc lie port , au Directeur de la Revue Encyciopedique , les comptes re'ndus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs. AUX £dITEDRS d'oUVRACES et AUX JLIBRAIRES. MM. les^diteurs d'ouvrnges p^riodiques, francaiset etrangers, qui d^sireraient echanger leurs recueils avec le nfttre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^cfaanges , et sur uue pronipte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages, nouveliement publies, qu'ils nous auront adress^s. AdX EDITKURS DBS RECUEII-S PEKIODIQUES EN AKGLETERBV. MM. les jfediteurs des Recueils p^riodiqnes publies en Angieterre sout pri^s de faire remettre leurs numeros k M. Degeobge, correspondantde la Revue Encyclopedique a Londres, s" a , Albemarle-street, Piccadilly, chez MM. Grua, Ricordi et C>', importers and publishers of foreign music; M. Degeorge leur transmettra, chaqiie mois , en ^change, les cahiers de la ^fue Encyclopedique, pour laquelle on peut aussi sous- crirechez lui, soit pour I'annee courante, soit pour se procurer les collections des ann^es antcrieures , de 1819 a i8a5 iDcltisivement. i^ LiBRAitES chez lesqueh on souscrit dans les pavs i^.tuajicebs. Aix-la-ChapeUe , Lanielle liU. y4rnsterdam, G. Dufour; — Dela- cliaud. An vers , Ancelle. Aran (Suisse), Sauerlancler. Berlin, Schlesinger. Berne, Ciias , au cabinet liite- raire ; — Boiirgdorfcr. Brtslaxi , Th. Koni. Briucelles, Lecharlier; — Demat. Bruges , Bogaert ; — DumortJer. Florence, PiaUi. Pribourg (Suisse) t AloTse Eggen- dorfer. Franc/ori-sur'lUein , ScKaeffer ; — Bronner. Gand, Vandenkerckoven fils. Geneve, 3.-3. Paschoud ; — Bar- bezat et Delarue. La Haye, les fr^res Langenhuysen. Lausanne , Fischer. Leipzig, Grieshamraer; — G.Zirgt-s. Liege , Jalheau p^re. LonJres, Dulau el Compagnie; — Tieuttel etWiJrtz; — Bossaiige. Madrid, Deniiee ; — Peris. Mihtn, Gicglcr; — Vismara ; Bocca. iVb.tco//, G.nitier; — Riss pi-reetfils. Naples , Borel ; — Maiotta et Wanspandock. Neiichatel (Suisse), Gresler. Keiv-Yorh ( Etats-Unis ), Berard et Moudoii. Notivelle - Orleans , Jourdaa ; — Roche , freres. Palerme (Sicile), Pedoiine et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch.). Petersbourg, Sainl -Flo.' 3i , et a Strasbourg ; A. Baudouin , rue de Vaugirard, n° 17 ; Dklaximat, Pelicier, Ponthieu, au Palais-Royal; Urbaik Carei., rue Saint-Germain-des-Pres , n° 9. A LA Tente, Cabihet LiTTERAiuB, tcHU par M. Gautieh, .IDCieU militaire , Galerie de Bois , n" 197, au Palais-Royal. Nnta. Les ouvragcs annoaces dans la Revue sc trouvcut aussi tbcz Koret , rue Haatefcajlle, u*> i». PARfS.— rut lie ■1)K I. IMPRtMKRJE DK BIOKOIIX, Ki'aiR-3-Douigcois-S.Mieliil, n" 8. Tome Il-iSati. ( 3o^ tie la collection. ) 90" LIVKAJSON. m m i!-^ ^"i i^ REVUE ENCYCLOPEDIQUEr:^ ANALYSE RAISONNEE "^'^ DES PRODUCTIONS LES PLUS REMAllQUABLES DANS LA LlTTERATUr.E, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1* Pour lea Sciences physiques et matlicmatwues et les Arts inJuslrifls: MM. AmrERE, Cu. Diirrrr, Fourier, Giraud, NAViER.de riDstitut;CoQtiFEEr.; Casaseca, I.ET-r)K-B0I.STBIBADI.T, DuFAlT , DuFRAYER , DuVER- gier , GoAUET, CIi. Kkkodabd, I'AiLr.ANUiER, avocats, etc. 5" Pour la LilteratureJ'rancaise et etrangere, \a Bibliogrupliie , V Archeologie ei\ei Beaux- Arts :'Nl'M. Andrieux, Amaury-Duvai., Berton, J. Droz, Emeric Havid, Lemercier, NaUdet, de SEGURjde rinstilut; MineL.-Sw. Beli.oc; MM. Bariseau, BiMJCHt , M. Berr , J.-P. Bres, Felix Bodik, BuRNOUpfils, Chauvet, CHi'.NEDoi.t.H , de Liege; P.-A. ConriN, Fh. Degeorge.Dumlrsan, Kd. Gaxjttifr, Pu. Gor.BF.RT, Heiberg, Uenricus, E. HeReait, Acottste JuLMEN, fils; KalvOs, de Zaute; Adrien-Lafasge , J.-V. Leclerc, Losve- Veimars, a. Mahul, Maitviei,, Ma7.ois, Aibert-Montemont, Moknard, de L;:usaiiue; Niooi.o-PouLO, C. Paganei.,H. Patin, Pongerville, Qdetf.- t.et, de Keipfekberg, de Bruxelles ; Roi.le , Libliotliecaire de la -ville de I'aris; DE Stassart, Fa. Sat.fi, M. Schinas, StHWEiGu^nsER, de Stras- bourg; LeOK TbIESSE.P. F. TiSSOT, VERKEnil., VU-I.ESAVE, S. ViSCONTI, etc. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPI^DIQUE, Rue d'Enfer-Saint-Michel, n° r8; ARTHUS BERTRAND , rue Hautefeuille , n» aS; Ao MusEEENCYCLOPEDiQUE, CHEZ BossAWGK pere,rue Riclielleu , n" 60; Renouard, rue de Tournon, n" 6; LONDRES. — Frederic Degeokge , n° 38, Norfolk-strecf, Strand; Tbhuttei. et Wurtz; Bossakge; Dulau Exfi^wp. ; P. Ror,A!\»i, n" ao, Berners-street , Oxford-street. JUIN 1826. AVIS ESSEiNTlEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LES SOUSCRll'TEURS dont I'aBONNEMENT est EXPIKB i.E 3o juiN uEUTsriER , soHt iiivites a le laire renou- VELKK incessamment , pouF qiio Ic service des envois n'cprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Uepuis le moiade Janvier 1819, il parait, parann^e, douxe cahieis de ce Reciieil; chaque cahier , public le 3o du mois, se compose d'eii- viron 1 4 feuilles d'impression, et plus souvent de 16 ou i8. On souscrit k Paris, au Bureau central tTabonnemeni et d'expiditifn indiqu6 sur le litre. Prix de la Sonscription. A Pai-is 4^ fr. pour uii au ; a6 fr. pour six mois. Uans les departemens. 53 3o A I'etranger 60 34 La difference entre le prix d'abonncment, h Paris, dans les departe- mens et dans Vicranger, devant 6tre proporlionnelle aux frais d'expe- dition par la poste, a servi de base a la fixation portee ci-dessus. A ce sujet, la Direction de la Reviie Encjclonidique croit devoir faire observer que , cette base ayant ete calculee d'apres le nombre de qua- torze feuilles promises mensuellement aux abonn^s, les frais deport occasiones par I'augmentation successive des caliiers sont rest^s enti6- rement a sa charge. Le raontantde la souscription, envoyd par la poste, doit ^tre adresse d'avance, franc ue port, ainsi que la correspondance, au Directeur de la Revue Rncyvlopidique , rue d' En fer-Saint. Michel , n° 18. C'est ^ la in^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tous genres et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on desirera Tinsertion. On peut aussi souscrire chez les Directenrs des postes et cbez les principaux Libraires, k f aris, dans les departemens et dans les pays ctrangers. Trois cahiers ou livraisons forment nn volume. Chaque volume est termini par une Table des mati^res alphab^tique et analytique, qui eclaircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au 1*' cabier du volume suivant, a I'exception de la derni^re Table de lann^e, qui est expediee isol^ment A tous ceux qui peuvent y avoir ^roit. On srtuscrit, seulement 4 partir de deux ^poques , du i" Janvier ou du 1 "juillet de chaque ann^e , pour six mois , ou pour un an. On tronve, nv BUREAU ckjttrai., les collection! des annies 1819, t8»o, iSat, 1822, 187.?, 1824 #f 1825, au prix de 5o francj chacune. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLF.S DANS LA. LITTERATUPxE, LES SCIEINCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. Fragment (Tun ouvrage intitule : Des Allemands com- pares Acx Francais, dans lecrs moeurs, lecrs USAGES, LEUR VIE INTERIECRE ET SOCIALE ; par M'ne la Princesse Constance de Salm (i). CHAPITRE PREMIER (livre hi). — Des Femmes. — L'Allemagne voit s'augmcnter sans cesse la masse et le deve- loppejment tie ses lumieres. Les grands evericmens doiit elle a ete le theatre serablent y avoir donne une nouvelle impulsion aux esprits et aux ames. Le bonheur, la gloire, la dignite de rhonmie y deviennent le sujet de tous les ecrits, I'objet de toutes les pensees. Mais il est un point que n'y ont encore atteint niles evenemens, niles lumieres : c'est la situation des femmes, et dans le monde, etdans I'intcrieur de leurs families. A I'ex- ception de celles que leur naissance ou leur fortune place dans un rang eleve, elles ne sont aujourd'hui que cc qu'elles ont (i) Voyez I'article dans lequel la publication prochaine de cet ouvrage est annoricee. (^Rev. Enc, t. xxix , Janvier 1826, p. 608. ) T. XXX. — Jiiin 1826, 38 iigo l>IiS ALLEMANDS^ ete lie tout tcins : li's proijios tld'esprit liiiiiiaiii n'ont apportc encore auciui clianiJiempnt ii lent- position. Oubliees dans I'obs- curitc de leiiis occupations interi'^ures, elles paraissent n'exis- ter que ponr s'y devouer sans reserve; et, qiiaud tout'ce qui les entoure s'ayance et s'oclaire, elles rcstent en arriere, sans meme songer a s'en plaindre, ct peut-ctre sans s'en aper- cevoir. Ce n'est pas que cctte verite frappc egalcnient I'obscrvatour dans tous les etats qui coniposcnt rAllemajjnc. La diversite de leurslois, de leurs nioeurs; les nuances de caractere qui les distinguent y influent necessairement siir la siluation des femiues, et en chanjjent du plus au moins les apparences : niais le fond en reste invariable, el la vie entiore d'uuc Allo- mande est renfermee dans un cercic si etroit qu'il serait diffi- cile d'en rien dire, hors quelques lieux communs de morale, si, comparee a celle d'une Francaise, elle n'en etait un con- traste continuel, et n'ouvrait par I;\ un vaste champ aux obser- vations etaux raisonnemens. Ce contraste se fait sentir a la fois dans rcnsemble de leur existence et dans tous ses details. On le retiouve dans leurs habitudes interieures et sociales; dans leurs qnalites corame dans leurs defauts; dans leurs actions comme dans leurs pen- sees. II ne se passe peut-etre pas un instant de la journee ou les soins, les devoirs qui leur sont imposes, soient reelle- ment scmblables, ou puissent etrc consideres sous le meme i point de vue; et Ton a peine a concevoir qu'unc si grande dif- ference existe entre deux penplcs voisins , et en qui Ton re- marque une foule de ressemblances qu'ils n'ont pas avec les yieuples qui les environnent. De (juel cote est ravnnla},'e ? de quel cote la position des fcmmes est-elle vraiment conforme aux lois de la nature et favorable au bonheur general? C'est ce que plus d'un lecteur se hatera de deniander, et a quoi il serait facile de repondn;. La nature ne pent vouloir que la compagne de I'homme, cclle ij| qui fait le charme et la consolation de ious les instans de sa ' vie, soil separee de lui par les himieres de I'esprit, et ce n'est COMPARES AUX FRANCALS. Sgi phis dans ce siecle qu'il est permis de croirc qu'uue situation qui restreint les facultc-s morales soit un bonheur pour per- sonne. Mais ce genre de discussions est ttranger a ce que je vais dire sur les femmes. En coniparant Fexislence qu'elles onl en Allemagne a celle qu'elles ont en France, en devoilant en quelqtie sorte tous les secrets de leur interieur, je ne cherche 111 a reveiller, ni acombattre les opinious; niais a exposer les faits, a en indiquer les consequences, et a appeler par la I'attcntion des hommes instruits dent i'Allemagne aboude, sur jin sujet qui les louche de si pres, et auquel ils semblent n'a- voir jamais attache une veritable importance. Je dirai done simplement ce que j'ai vu , ce qui m'a frappee, ce que je crois juste et necessaire ; et, satisfaite d'avoir plaide la cause de mon sexe en general, et montre avec impartialite quelle est la place que liii assignent dans I'ordre social deux nations ega- lemcnt eclairees,je n'irai pas plus loin, et je laisserai chacun decider ces grandes questions, suivant ses gouts, ses opinions, et meme ses prejuges. Chap. II. — De I'interieur des rnenages, en France et en Alle- magne.— La premiere loi que Ton doit s'imposer pour connaitre la vraie situation des femmes en Allemagne est de ne pas en juger d'apres los observations que Ton peut faire dans les classes elevees de la societe. Dans ce pays on les rangs ne se confondent pas , ce que Ton appelle le grand monde forme un corps tout-a-fait a part, qui a ses moeurs et son caractere h part. Les grands seigneurs qui le composent presque seuls, et qui, de tout tems, ont ainie a habiter la France, en ont anssi adopte en partie les usages. lis les ont introduits succes- sivement dans le monde, et jusque dans I'interieur de leurs families; et, qtioique le caractere national n'y soit pas reelle- ment altere, et qu'il reparaisse meme inopinement a la moin- dre circonstance, il est impossible de le bien saisir a Iravers ces formes diverses , ou du moins d'en porter un jugemenf que Ton puisse appliquer aux moeurs generales de I'Allema- gne. Je reviendrai sur cette partie de mon sujet; je peindrai aussi Ip petit nombre de femmes qui, nees dans les hauts rangs Sga DES ALLEMANDS lie la socieic, y jouissent, commc en France, de tons les avan- lages attaches a Icin- position. Mais, pour donner une idee juste de la veritable Alleniande, et dc la difference de son sort h celui d'uue Francaise, je dois d'abord les chercher dans les classes moyenncs et aisees qui sont partoutle corps etle type reel des nations, et les opposer Tunc a I'aulre, non dans le monde, mais clicz elles, et dans I'exercice de leurs vertus domestiqnes. En France on peut dire qu'il y a a pen pres une egale re- partition de droits et de lumieres entre les hommes et les femnies. S'ils conservcnt dans leurs gouts, dans le genre de Icurs occupations, la nuance que la nature ct les circonstances cut mise entre eux, elle se confond a chaque instant. Le besoin de I'instruction, de la communication des idees, de tout ce qui eclaire I'esprit et elevel'ame, n'y connait point de sexe ni prcsque de I'ang, et cette egalile, on plutot cette ressemblance morale est la base principale de I'opinion que les fcmraes ont d'elles-niemes, et leur permetd'avoir a leurs propres yeux une sorte de dignite qui leur devient naturelle, et qu'augmentent encore le ton et les usages de la societe. Ce sentiment les suit dans toutes les positions ou elles se trouvent; la femme du simple particulicr, comme celle du grand seigneur, le porte, sanss'en apercevoir, dans I'interieur de sa maison. Quelque importance qu'elle attache a ses devoirs, et quoiqu'en general elle les remplisse avec un devoucment remarquable, elle sait les'renfermer dans leurs jusles limites et les soumcttre a cet instinct secret des convenances qui ne I'abandonne jamais. Son vrai talent, celui de toute femme en France est d'ordonner chez elle; d'y etre la main invisible qui dirige tout, d'exercer a propos sur ce qui I'entoure une sur- veillance inapercue qu'elle allie a I'agrement de la conversa- tion avec une facilito qui lui est propre, et de savoir se de- pouiller a I'instant de ces idees pour s'occuper d'interets plus graiiiis ou plus conformes a ses gouts, et aussi des devoirs et des plaisirs de la societe qui sont une des conditions du bon- heui- de sa vie; son mari, qui les parlage avec tile, no pourrait COMPARES AUX FRANQAIS. Sg? supposer meme qu'elle eut un autre genre d'existence. S'il veut qu'ellc soil une femme essentielle, il semble qu'il ait plus be- soin encore de troiiver en elle une femme aimable , une com- pagrie qui I'entende , dont les pensees soient analogues aux siennes, ct qui, dans les occasions difficilcs, puisse elre pour lui, conime il Test pour elle, un soutien , un consoil ega- lement sur et eclaire. Enfin, si la jeunesse, les passions, ou Topposition des caracteres ne troublent point leur union, il regne enlrc eux une reciprocite de volontes et de moyens qui s'etend a tout, qui Icur fait confondre jusqu'aux pouvoirs qu'ils se sont mutuellement attribues; et, quoi qu'en disent encore quelques moralistes chagrins, unbon menage en France n'est ])as cchii ou les epoux se renferment dans ce que Ton se plait a appcler les devoirs des femnies et I'autorite des maris, c'est celui ou cliacun paie sa dette au bonbeur commun sui- vant les goiits et les facultes (]ue lui a donnes la nature, et ou les vertiis domestiques n'excluent ni les lumieres ni les jouis- sances de la societe. Si bcaucoup de dames allemandes voient dans ce tableau celui de I'intericur do leur maison, je crois pouvoir affirmer, sans crainte d'etre dementie, qu'elles sont une exception a la regie generale , et qu'il ne se trouve pas, dans tout ce queje viens de dire, un seul trait qui puisse s'appliquer reellement a ce qu'on appelle en Allemagne un bon menage. Dans ce pays oil tout est grave et mesure, oules actions comme les idees ont toujours un but posilif, les devoirs reciproques des epoux n'admettent pas ces modifications; ils sont aussi nets qu'abso- lus, et scmblent separes non par des lignes, mais par des bar- rieres. Cependant, par une de ces bizarreries qu'il n'appar- tient pas a rhomme d'expliquer, s'ils sont plus severes, ils paraissent aussi couter moins d'efforts : ils resistent m«me i ces passions fougneuses qui sont comme inherentes a la jeu- nesse d'un Francais; mais qui, a moins qu'elles ne bn'sent toufes les digues, sont toujours en Allemagne, si non etouffees, au moins comprimees par la raison. La, la femme se place na- tnrellement a la tete de sa maison , comme le niari a la tcte de 5y4 UK*> ALLEMANDS ses affaires. L4, eUe va voir sa vie s'ecoiiler dans II cercle de ses occupations interieures; chaqiie instant de la journee va lui rapporter les soins et les pensces de la veille; niais elle en est contente, clle en est fiere, et, si cUc n'cst pas ce qu'on appelle inic femnie folle on h'gcre , elle nc comjirendra pas qu'elle puissc di'sircr davantage. Li, les agremens, les plaisirs de la societe ne sont plus a ses yenx que des distractions fri- voles ou ridicules, ou si la nature, qui ne perd jamais ses droits, liii en donne quelquefois le besoin, si elle s'y livre tout a coup avec un emportement qui etonne, elle revient bientot ;\ des habitudes qui ont ete celles de toute sa vie, et elle rentre dans sa niaison coninie dans son veritable centre. Li, heureuse d'etre plus que tout ce qui I'entoure, de se sou- uiettre, sans difficulte, des serviteurs dont I'obeissance est passive, elle regne a sa maniere, et elle n'a pas I'idee d'uu autre genre de gloire ri de bonheur. Le mari remplit de uionie la tache qu'il s'est imposee. II se fait une existence separee, et s'y cree des satisfactions pour luiseul, que sa femnie favo- rise et respecte. Accoutume des I'enfance a classer les droits et les devoirs, il ne songe pas plus a troubler son indepen- dance qu'elle ne songe a troubler la sienue. II a, au con- traire, pour elle, comme occupee des soins dont il la voit chargee, une sorte de deference qu'elle lui rend comme chef de la fortune, et qui devient chez eux et dans le monde la me- sure de I'estime qu'on leur porte. Enfin, ils ne se genent ni ne s'aident dans leur gouvernement reciproque ; chacun y con- serve une sorte de liberie dont on nc voit presque ancun exemple en France , et leurs pouvoirs marchent ainsi paisible- ment ensemble sans empieter I'un sur I'antre, et sans jamais se confondre. Que si le hasard , la neCcssitc , on la bizarrerie de quelqiies caracteres change ccl ordre presque immuable en Allemagnc, comme ce changement y est contraire a toutes les habitiuies, les resultats en sont toujours fiicheux. Le mari porte dans I'interieur une autorite qui ne co/inait ni nuances, ni bornes. La femme n'on connalt pas davanlayc, quand clle s'afrij'.nchit des. COMPARES AUX FllAl\(.AIS. SgS sc'uls soins qui aient rtmpli sa vie et sa pensee. Sou ignorance ties choscs seiieuscs, I'esprit de detail qui a, pour ainsi dire, divise scs facultes ct qui s'attache a lout ce qu'elle fait, lui ote entierement les moyens de se conduire par elle-meme. Le nioindre inal qui leur arrive alors est de perdre dans la sociele cet aplomb, celle bonne renommee si necessaires par- tout, mais qui le sont principalement en AUemagne ou I'ou ne revicnt jamais sur le juj^ement que Ton a porte , ct oia le merire le mieux reconnfU ne pourrait oblenir I'estime publique, s'il n'etait accompagne non-seulement des qualites essentiellcs, mais des vcrtus domesliqties. Et qu'on ne croie pas que tout ceci ne s'applique qua la simple bourgeoisie. II en est des usages comme des modes ; chacun les suit merae sans le vouloir; leiu* influence s'etend sur ce qui y parait le nioins assujeti, et nul u'echappe reelle- ment aux gouts et aux habitudes qui sont ceux du plus grand nombie. La bouigeoise la plus riche en Allemague, cpioi- que son existence soit souvent aussi briilante qu'honorable, croirait perdre un de ses ]>!us beaux privileges en serelacbant de la severite de ses devoirs comme mailresse de maison. Les families de la noblesse pen liche ne craignent pas non plus de s'y soumetire, et Ton pent dire que les femmes du plus haut rany, quelques graces qu'elles portent dans la sociele, ne sont pas entierement etrangeres 5 ce genre de vertus, ou du moins qu'elles onl a leurs yeux une tout aulrc importance (]u'a ceux des dames francaises. Chap. III. — Le Francais, la Francaise en Allnnagnc. — Relations sociales. — Coinparaisons. Resume. — Quelque respectable que soit la nianiere de \ivre que je viens de decrire, elle est la cause principale de celte espece de me- lancolie dont tout Fran^"ais qui se nouve en AUemagne se sent comme accable , s'il u'est pas repandu dans la grande societe. Au premier moment, il admire de bonne foi celte severite de devoirs, et elle devient pour lui le sujet de ces reflexions sur les femmes (juune sorle de legerete fait meler e« France meuie aux hommagcs cpi'on leur rend. Mais le besoin que !l- 596 DES ALLEMANDS / Francais eprouve loujoiirs de se trouver avec elles, au moin^ dans le monde , se faitbientut spiitir en lui. II ne peut conce- voir que la maitresse de la maison, qui partoutest I'arae de la sociele, eu fasse si peupartie; qu'elle connaisse a peine celle de son niari ; qu'occupec d'atlentions qui rimportunent , elle paraisse indiffcrente a une foule de clioses, d'idees, d'evene- mens dont I'interet est t;ener;il en France, et tous les avan- tages qui I'avaient frappe d'abord , s'evanouissent devant la presque impossibiiite d'occuper ou de reposer ses espiils par ces longues heures de conversation qu'il est accoufume h avoir avec les femnies , accoutumees aussi a n'etre etrangeres h aucun sujet de conversation. La Frau9aise niariee en Allemagne , d-ans les classes bour- geoises, est bien plus accablee encore du poids de sa situation. Quel que soit le genre d'education qu'elle ait recu, elle trouve bientot insupportable cette continuite de petites pensees qui lui seniblent devorer obscurement sa vie, et dont la fortune meme, si elle n'est accompagnee d'un rang ou d'un litre, ne Vni donnc pas , aux yeux du public, le droit de s'af- franchir. Son souvenir se reporte avec douleur sur les agre- mens qui , en France, delassent des occupations serieuses ; et , tandis que les AUeniandes qui s'y trouvent fixees, enivrees de la liberie qu'elles ont recouvree, en jouisscnt avec transport, et quelquefois avec exces , elle a besoin , pour ne pas se plaindre amerenient du sort, d'etre souteuue par ce respect d'elle-meme qui est une des qualites les plus remarquables des Francaises, quoiqu'elle en soit peut-etre la moins ap- preciee. Les hommes eux-menies, en Allemagne, eprouvent sans le savoir le vide que laisse en eux cette maniere d'exister. Elle est, il n'en faut pas de lasociete comme les Francaises, elles sont evidemment pins tranquilles et plus maitresses chez elles, ce qni est aussi une satisfaction. Elles n'ont pas a craindre dans le monde ces i iva- lites de talens et de siicces qni eveillent tant de jalousies et de petites liaines; ni, dans I'interieiir, ces contrarietes , oes toui- mens de chaque minute que pent y faire naitre I'liumeur cui I'oisivete d'un mari mecontent, ou en cpii I'esprit de detail est porte trop loin. I.a galanterie , source de tant de chagrins, semble aussi troubler nioins leur bonhcur. Soit qu'elle ait peine a trouver place a fravers leurs iiombreiises occupa- tions, soit que !a rigueur avec laquelle la juge ropinion pu- blique leur en fasse sentir tout le danger, elle n'est dans les classes moyennes, pour les femmes et meme pour les hommes, qu'une erreur rare et passagere. Elle parait lenir plus en eux a I'exaltation subitc des esprits qu'a I'entrainement secret du coenr; et, si ello ne devient pas une folle passion, elle les ar- rache d'autant moins a leurs devoirs, que, par le partage (pi'ils s'en sont fait, ils se sont mis, sans s"en apercevoir, dans une veritable dependance I'lin de I'autre. COMPARES AUX FRANCAIS. Sgj) Les soins qu'oxigent la forUiiie, toujouis si jjciiiblcs pour les fernmes, ne les accablent pas non phis en Allenia^ne comme en France. A un petit iiomhrc il'exceptions pies, le iiiari la gouverne seul : c'est aussi lui qui en dispose; tout est classe sur ce point essentiel coninie sur los aulres, el il devicnt rarement entre les epoux un sujet reel de contestation. L'Al- lemand ( et j'ai deja eu occasion de le dire ) ne sait pas re- sister a ce qui lui semble juste; il a en lui nne sortc de respect huinain , ou plutot de respect dii droit des gens, qu'ii porte jusque dans son interieur, et qui y rend toutes les rela- tions faciies. Loin de blamer dans sa feinme , inenie ce (jue sa gravite naturelle lui fait prendre souvent pour des fantaisies ou des caprices, il se plait a la satisfaire, a lui procurer les jouissances domestiques qui sont en son poiivoir, et qui lui semblent attachecs a sa condition de fetiwne. II vent uvement rationnel. Le premier degre qui s'offre a nous, quandnous observons la matiere , c'est le corps humain. Cette forme est dite belle, sui- vant telle ou telle condition : c'est, dit I'nn, lorsqu'il y a propor- SUR LE i;eai:. 6o5 lion ; c'esl, liit uii auire, lorsqii'il y a uniie; c'est, (iil uu tioi- sieme, lorsqu'il y a expression , en ce sens qne telle figure sera belle parce qu'elle exprimera la majeste; telle autrp, parce quelle peindra la resignalion; unc troisieme, parce qu'elle re- presentera la grandeur d'ame. Sans nous arreteracc que ces opinions peuvent avoir d'exclusif, je demande si la propor- tion, I'unite, la majeste , la resij^nation, la grandeur d'ame sent saisies par les sens ou par la raison; en un mot, si le beau n'est pas ici , comme dans les premiers excmples, tout-afait rationnel. Si vous voiilez nniltiplier vos experiences, quittez la realite trop peu feconde en beaute ; passez aux figures humaines representees par les arts, et demandez-vous compte de ce que vous trouverez de beau en elles. Voyez Winkelmaiin et Delille devant I'Apollon du Belvedere. Tons deux a leur irisu procla- ment le beau rationnel; le premier vous parle de digtiite, de noblesse, de courage, et le second s'ecrie : D'un tout harmonieiix i'admirc Jes accords : A son premier aspect , je m'arrete , je reve ! Sans ni'en apeicevoir, mn tefe se releve ; Mon maintien s'ennoblit. Sans temple, sans autels , Son air commande encor I'hommagc des mortels. Celte majeste divine , cette noblesse qui reagit sur le speciateur et lui fait chercher a reproduire la memc idee, tout cela est le beau <\ne vous admirez, et tout cela esl rationnel. "La. forme materielle n'est ici que I'expression , comme un mot est le signe d'une idee. C'est ainsi que vous reconnaitrcz la grandeur et I'equite dans la statue de Jupiter; le calme joint a la puissance dans VHercule Farnese ; la pudeur dans la Venus de Medicis ; la force unie a la grace dans la Diane chasseresse ; la douleur courageuse dans le Gladiateur inourant; la vertu aux prises avec le mal dans le groupe de Lnocoon ; I'innocence dans les Vierges de Raphael ; la naivete dans les Graces de Canova ; la purete dans Atala; l'heroi(]ue meditation dans Leonidas. La figure humaine n'est done belle, qu'autant qu'elle est ex- pressive; ou, pour mieux dire, il n'y a de beau en elle que Videe rationnelle qu'elle exprime. T. XXX. — Juin i8a6. Sg 6o5 OBSERVATIONS Passons a la beaute des animaiix. Qui ne comprend l"n]6e eiiipreinte siir la face dii lion ? qui ne parle de la noble attitude du cheval? Ecoutez Buffon : « L'exlcrieur du lion ne dement point ses giandes qnalites interieiires; il a la figure imposante, le regard assure , la demarcIic/5"(Ve, la voix terrible. Sa taille n'est point excessive... ellc est, au contraire, si bicn prise et si bien proporlionnec , que le corps du lion parait <5tre le mo- dele de la force jointe 5 I'agilite. « Et aillciirs « le cheval est» de tons les animaux,celui qui , avecune grande taille, a le plus de proportion et A'clef^ance dans les parties de son corps... I,e cheval semble vouloir se meltre au-dessus de son etat de quadrupfide en elevant la tele ; dans cette noble attitude , il re- garde rhoinme face a face... sa criniere accowpa^ne bien sa tete , orne son cou et liii donne iin air de force et dc /iertr. » Buffon ne voit point dansccs figures un seid trait de beaute, qui ne soit rationnel. C'est ainsi encore qu'il vous montre le paon, comme I'oiseau sur lequel se sont repandiies la munifi- cence et la predilection de la nature, et le cygne comme im enibleme de toutes les graces nobles et pures, dans leqnel la beaute de la forme rcji«ce est une affaire de meinoire, et le talent un appreniissagc de la main; c'est dans son opposition avcc ccs faculles ac(juises que Ximagina- tion a clc nommcc ge/iie , ct'sX.-h.-i\\vc,Jaculte native; mais elle est obligee de faire alliance avec elles. Le copiste ou le peintre de portraits, avec du talent, pent se passer d'imagination ; il est vrai qu'il ne meritera pas le nom d'artiste, puisqu'il n'at- teindra ]3as a I'idcal. Mais I'artiste, quelle que soit son imagi- nation, lie pent se passer de talent: par rinhabilete de sa main, il gatera tout le nierite de son genie. L'lm veut que sa toile exprinie riieroismc; mais, s'il ne sait pas peindre, il n'offrira qu'un chaos. L'autre veut chanter en vers I'amour de la pa- tric ; mais, s'il ii'a point le talent d'eciire, il ne monlrcra que gaucherie ct que rusticite. Tel estle joug que porte I'ima- gination : le metier peut se passer d'elle , elle ne pent se pas- ser du metier. Le talent est cette autre parlie de I'art que nous avions promis d'indiquer; des qu'il se joint au genie, I'art est complet. A ne considerer que le but de I'art, c'est-a-clire,ractedesou- mettrela matiere a I'idee, on voit qu'il n'y a proprement qu'un seul art; ce n'est qu'en abaissant les yeux siir la partie mate- rielle , c"est-a-dire, sur I'instrumeut employe , qu'on arrive a la distinction des arts. En effet, la meme idee sera e.'ipriui.ee par I'un avec des sons; par l'autre avec des couleurs; par celui-ci avec des contours; -par un quatrieme, avec des mots; mais partout I'acte raiiounel sera le meme; il n'y aura de diffe- rence que dans I'instrument. Paris se souvient encore des belles represenlations <\' Jihalie sur la scene de I'opera : au moment de laprophetie,li'S traits imposans de I'acteur, ladignile deson SUR LE BEAU. Gi5 geste, la solennife de sa voix , la ponipe dii temple, les accords des harpcs qui so mclaient aux revelations, tes vers liarmo- iiienx qui contenaient les paroles sacrees, lout cela etait mar- que (le la memeidec, ct I'on voyait aiiisi seconfondre en une senle expression la declamation, la peinture , I'arehitccture, la miisiqne et la poesie. Changez le caractcre de la scene, et remplacpz-la par une de ces idylles execulees en danses sur le meme theatre : vous allez voir les arts changer de forme tons ensemble et se plier de concert a la nouvelle idee. La peinture, an lieu d'un temple, vous donnera des bosquets; aux accords graves et religieux suecedera une rausique legere et badine; augeste imposanl du grand-pretre , la danse gracieuse d'une jeunenymphe. Et si vous niez encore la fraternite des arts et I'unite d'idee qu'ils expriment ici, malgre leurs langues diffe- rentes, essayez de placer Joad dans nn bosquet de myrte, et Paris dans un sanctuaHre ; pretez an levite les airs legers des chalumcaux, et an bcrger la grave musique de Gossec. I/unite d'expression, a laquelle peuvent arriver les arts differcns, est une preuve de plus que le beau n'est pas phy- sique: car, s'il I'etait, il changerait avec la matiere, il serait aussi divers qu'elle-meme, et Ton ne pourrait jamais unir deux arts, par exemple, la peinture et la musique, sans qu'il y eut discordance. Car ricn n'est moins en accord, physiquement parlant, que la couleur el le son. Tons les arts n'etant que des facultes d'exprimcr le beau , ce- n'est point par leur essence , mais par leuis nioyens d'execu- tion qu'on pourrait les comparer et les classer. Mais on sent que cette classification serait necessairement arbitraire, et tiendrait aux habitudes eta I'organisation de chacun , puisque ces moyens sont physiques, et que tcl art possede les formes qui manquent a tel autre, tandis qu'il est ]irive lui-menie des ressourccs de ce dernier. Ainsi, \a. peinture pent rendre les couleurs ; mais elle ne presente qu'un cote des figures ; la sculp- ture donnc celles-ci sous toules les formes; mais elle est privee deslointains et des couleurs. ]Ni Tune ni I'autre ne peignent le- mouvement exprime par la danse. \] architecture les surpassc 6i6 OBSERVATIONS ^ son tour par de plus vastes proportions et par un plus large cadre; mais, d'un autre cote, ellc Icnr est inferieure, en ce qu'elle ne travaille pas avoc la figure humaine qui est la plus claire dcs expressions. Enfin , tous ces arts n'offrent qu'ua point de I'espnce et du terns : ils ne peuvent rendre une idee que par iin scul acto. La povsic est maitressc du terns et de Tcspace, clle parcourt la terre et les cicux; elle exprime sa pensee par mille fails et dans miile tableaux differens; elle suit Achille dans Ic conseil, sous sa tente, au bord des noirs vais- seaux, au champ des combats, dans les eaux du Scamandre, autour des murs d'llionetsur iatombe de Palrocle. Veut-elle sur la scene reproscnter I'amour de la liberte aux prises avec la tyrannic, elle ouvrc les chaumieres et les chcTteaux ; elle fait entendre les entretiens des chasseurs, comme les discours dcs grands; elle montre la fuite d'un opprime au travers d'un lac orageux, et I'incendie d'un village, une conjuration generale et la vengeance d'un homme prive. Elle parcourt ainsi un vaste ensemble dont toutes les parties se rajjportent a I'idee une qu'elle a voulu exprimer. Elle ne doit pas ctrecondamnee a la fixile et h I'immobilile de la peinture, ou de la slatuaire, puis- qu'elle est affranchie de leurs entravcs par I'etcndue et la puis- sance de ses nioyens. Ce serait ne pas comprendre la diffe- rence qui existe enlre la pensee et I'execution ; ce serait con- fondre I'unite rationnelle et feconde de I'idee, avec I'unile ma- tericUe et pauvre d'un fait physique. Ce qu'on appelle'dans le langage de la critique , I'unite de. terns et de lieu , n'est pas meme un point unitpie : c'est une aggregation de points dans I'etendue et la duree; mais ce n'est pas I'unite metaphysique , ce qui signifie : Idee une exprimee par la matiere laquelle est toujours multiple , et pent s'agrandir sans nuire pour cela a I'unite de I'idee. Par exemple , la sculpture m'offre un buste ou est empreint le caractere de Socrate ; j'y admire ce melange de douceur et de fermete, ce detachement des choses terrestres, cette meditation d'un homme tout entier a la morale et a la vcMite. Je con^ois alors tout cc que cette ame donncrait de noblesse et de simplicite a I'atlitude du corps; je con^ois SLR LE BEA.U. C17 qu'elle se reflechirait niieux tlans un plus vasle ensemble, ct j'achcve la statue. Mais , si je groupais dcs disciples autour de ce niailre sublime; si je placais la coupe dii poison dans lime de ses mains, ct que je lisse clever raidre vers Ics cieux , le caractere du hcros ressortirait micux encore : je fais le ta- bleau de David. Mais tout ccia est immobile : ces pcrsonnages sont muels ; cctte coupe ue se vide pas : Tame de Socrate est ici emprisonnce dans un seid fait ; qii'il sera beau, quaud il aura bu la eigne, quand il se promenera portant la mort dans son sein, et pailant frimmorlalite, quand il consoUra ses amis, quand il embrassera ses enfans. Je fais un relour sur le passe : je me rappelle ce qu'il a du etre devant ses juges ; ce qu'il etait, quand il defendait Theramene centre Ics treule tyrans, ou seulcment quand il rcpoiissait I'injiire par le par- don, et qu'il causait familicrcmcnt avec ses disciples. Alors, j'eniploie le terns el I'f.space, et je fais un drame de Socrate. Mon expression est phis riclie que celle du biisle; elle n'est pas nioins fidelea Xunile inctaphysiquc. C'cst done une folic aux honimes que de rcnoncer volontairement a la |)uissance et a la variete de leurs moyens materiels; multipliez-lcs, auconlraire, agran- dissez-lcs; vous rcncontrcrez asscz d'obstaclcs dans la matierc, sans vous creer des entravcs chimeriqucs, ct soyez persuades que vous n'y perdriez rien, si Ion jjouvait vous representer dignement une Iliade sur la scene. Mais, outre la plus grande puissance de ses moyens, la poe- sie a rimmense avantage d'employer des sigues qui out une liaison plus etroite avec rintcUectuel, et d'arriver ainsi bien plus nettement a Tidce qu'elle vent rendre. Ces signcs sont le langage humain. Par exemplc, quand elle prononce le mot de generosite , tout le monde saisit aussilot la pensce, et personne ne fait attention a la forme raaterielle du mot qui I'exprime. Dans Ics autrcs arts, au contrail e, on est toujours arrele plus ou nioins par la configuration materielle. Si vous voulez bien sentir la superiorite dc la poesie, pour la clarte de Texpression et pour la succession et la suite de fails qu'elle pcut admettre, contemplez d'abord la statue du gladiateur mourant, et lisez CiS OBSERVATIONS onsuilelegladi.ileur mourant dans le Cliilde-Harold de Byron. Knfin, pour derniere prerogative, la poesie eniprunte aiix aiilrcs arts une partie de leurs ressoiuces : avec ses mots die peint, elle imite I'liarmonic, ellu trace des moiivemcns, eleve des statues, constriiit des edifices. Mais, si elle embrasse ainsi tons les arts, si elle est plus vaste que chacun d'eux en particulier, elle est aussi mojns precise que cliacun dans son espece. Elle ue doit done pas tenter de se substituer a aucun d'eux et d'en usurper lesfonctions. Elle ne doit emprunter que les traits es- sentiels a son idee. On concoit, par exemplc, ce qu'elle devrait prendre a la peinture , pour rendrc la majeste d'un paysage, et ce qu'elle devrait negliger. La forme diverse de cliaque arbre doit etre exprimee par le jieintrc eternise par le poele. L'ecueil que nous signalons ici est celui de la poesie pure- ment descriptive. En \oa\diX\t usurper sur la peinture, ellen'a fait que montrer son infcriorite relative. Une description trop detaillee provoque I'ennui et fait sentir le besoin d'un bon tableau. Nous en dirons aulant de ce qu'on appelle V harmonie imitative : si elle est trop prolongee ou trop affectee, on s'aper- coit conibien elle est inferieure a la rausique. Telles sout les principales distinctions que Ton peut etablir entre les arts. Comme ils parlent differentes langues, chacun les comprendra plus ou moiiis, selou qu'il les aura plus ou iiioius apprises, ou selon les diffeicns rapports de son orga- iiisme avecelles, puisque ces langues sont physiques. Ici se presente une difficulte insoluble. Comment un signe materiel peut-il exprimer une idee rationnelle ? Quelle liaison peul-il exister entre la generosite, par exemple, et tel angle du visage, telle pose du corps, telle modulation de la nuisique? Serait-ce que nous voyons toujoius coincider le signe mate- riel avec le fait intellectuel, et qu'ainsi I'un nous rappelle I'autrcPCette hypotliese est dementie par I'cxperience. Tons les jours, ime figure exprime la generosite et cache I'egoitsme ; tous les jonrs , un visage promet de I'esprit et couvre la stupi dite. Le contraire non plus n'est pas rare. Celle relation de la niatiere i I'idee, cettc union du corps et de I'intelligence est SUR LE BF.AU. 619 lY-nigme tie I'existeace hiimainc Nous devons nous borner a constater que ties signes physiques sur cette terre nous reve- lent lies itlees qui depassent la porlee des sens, et qui nc sent saisies que par la raison. Maintenant, ces formes sent - elles lices a I'idee d'une ma- niere uecessaire, en ce sens que telle forme exprimera tou- jours la memo ideo dans tous les terns et dans tons les lieux? L'cxperience demontre encore le contraire. On se plaint assez i;eneralement des variations de la musique : les phrases mu- sicales qui exprimaient le beau chez nos ancetres, n out plus pour nous la meme expression ; elles ont done cesse d'etre en rtlatioti avec I'idee qu'elles avaient rendue d'abord. Mais la musique n'est pas la seule forme qui varie; on ne pent ac- cuser les Etjyptiens d'avoir ij^nore le beau, et cependant, la statuaire et I'architecture ne presenterent pas chez eux les formes qu'elles adopterent plus tard chez les Grecs, et dont nous avons herite. Sous Louis XIV, tpiel esprit comprenait I'architecture gothique , excepte tcutefois La Fontaine qui I'ad- mirait tians une deses lettres, mais avec une sorte de reserve, tabsolue, nVst pour rhoaiine qiie la raison soumettant la niatiere. De la , urie distinction entre !es noms qu'on lui donne , sf Ion qti'elle soiimot a si'S lois une plus ou nioins jjrande parlie du nionde physique. Aiuplications de la legende astrono- mique. — Avides de gloire et do puissanco, il etait naturel que les nobles, les giierriers votdusseiit parlagcr, avee les demi-dieux du paganisme, avec les favoris du DIeu des clireliens , I'lion- neur de ces triomphes (]iii assuraient des droits itnmortels a la reconnaissance des peuples. Apres les heros scandinaves, apres Struth de Winkelried , Belzunce et Dieudonne de Gozon, nous pourrions citer un jeune noble dont Saint Pol sc fit accompa- gner,quand il voulut detruire le dragon de I'lle de Batz (a) ; et aussi Saint Bertrand , vninqueur du dragon de Comminges: cet eveque appartenait ;\ la caste illustree ; il etait Ills d'un comte de Toulouse (3). Mais, pour eviter des repetitions fastidieuses , nous nous bornerons a rcmarquer combien cette pretention, de la part des nobles, dutetre favorisee par les figures dont ehacun d'eux ornait son casque ou son ecu, et qui , de la , ont passe dans les armoiries. Uhert fut le premier qui rcmplit, dans !c Milanais, les fouc- tions deleguees aux Comles ( Cornites ) du Bas - Empire et de (r) Vovez /^ Moniltur iinivenel Au lundi ■% juillet )8iv!. (a) CaMUKY. foyage dniis le deparleinent dii Finisliie , tome i p. 147-T48. (3) Dictloiinairedc MoBERi. Art. Saint-llcitiand. ET DES SERPENS MONSTRUETIX. 627 Fempirc de Charlemagne. II adoptu, on constquencc, !e sur- nom de Vice - comle [Visconti), qu'il transmit ii scs dcscendans. Aux lienx ofi s'elevc, ii Milan, la tres-ancieniie eglise do Saint- Denis, otait alors inio profonde caserne, sejonr d'un (/ra-^ou tonjoiirs affame, ct donl lo souffle donnait au loin la moi t. Libert le combatlit , le lua, ct vonliit que son image ligurat dans !es armoiries des Visconti (i). SnivantPanl Jove, Olhon, I'tui des premiers Visconti, se signala dans rarniee de Gode- froy de Bouillon : nn chef sarrazin qu'il lua cu combat singn- lier portait sur son casque la figure le presage d'unc destruction rapide et inevitable. Ces sigiies tron" vorcntleiirplace siir los etendards, comniesurla surface desbou. cliers et sur les ciinicrs des casques. Le dragon Ggurait parmi le.s euseignes militaires des Assyriens; le vainqueur des Assy- riens, Cyrus, le fit adopter aux Pcrses et aux Medes (2). Sous les cmpereurs romainset sous les enipereurs de Byzance, cha- que cohorle ou centurie portait pour cnseigne un dragon (3)- Grosley affirmc (niais sans s'etayer de preuves decisives) que , (les enscignes militaires, qui etaient I'objet d'un cultepour le suldat romain, les dragons passerent dans les eglises, et figu- rerent dans les processions des Rogations, commedes trophees conquis sur la religion vaincue (4). Quoi qu'il en soit, on admettra sans peine que de pareils signes ont plus d'une fois reveille le souvenir du niythe aslro- nomique. Et quand on sait que , chaque soir, dans une cere- nionie religieuse, Timage du dragon ctait portee a cote dc celle de Saint-Georges, devant I'enipereur de Constantinople (5), on est tente de croire que Saint-Georges doit a cette coutume la legende qui le place sur le meme rang que Saint-Michel. (1) Morgante , canto iv, ottav. - et seq. (2) Oeorg. CoDljr. CuROPAL. De Official. PnlaC. Constant.... Fericc (jttce in palatio haberi solent , etc. (3) MoDESTUS. De vocabttl.rei milit. . . — F/ai-. Vegiit. De re militari, lib. II , cap. i3. — Georg Codin. Curop. loc. cit. (4) Grosley. Ephemerides , ut' partie , cli. 9. — t. 11, p. 22a-2a5. (5) Oeorg. CouiN. Ctirop. De offcial. pnlat. Const, loco citato ' Cantata igitiir liltirgia... ali)u/ (FlammeoUnv) qriocffert sanctum Geor- {,'ium aqiiitem , nliiid drnconteum , etc. » ET DES SERPENS MONSTRUEUX. 629 Le premier, en Anglcterre, Uther, pere du faiueux roi Ar- thur^ imita , rfans lt;s combats, rexemple c!es Assyriens et des Pt'i'Ses, et arbora pour cnseigne iin dragon dont la tete elait d'or : il recat, en consequence, le snrnoni (\e Pen - dragon { tele de dragon ), snrnoni qui a pu donner cours a bien des lecits merveilleux. On racontait, par example, qn'il avait vn, dans lescieux, une etoile qui avait la forme d'un dragon de feu , et (|ui presageait son avenemcnt a la couronne (i)— On n'avait pas oublie I'origine astronomique de la legende primitive. ^ XII. Mythologie anteiieurc , alteree pour y rctrouver la Ltgende du serpent. — Apres avoir altere I'histoire, meconiiii I'origine des representations physiques, oublie la signification des monumens, et meme y avoir vn et lii ce qui n'y exislait |)oint,le desir de retroiiver partout un my the avec lequel oi\ etait fiimiliarise n'avait plus qu'un pas a franchir; il n'avait jiliis qu'a sacrifier les objets dune ancienne credulite, et a defig;;rer une mythologie anterieure pour la plier aux recits dune mythologie nouvelle. Volci, en ce genre, un fait qui, sans etre certain, ii'est cependant pas denue de probabilite. 11 se rattache a un souvenir assez fameux pour rendre excusables Ics details ou nous serons forces d'entrer. En expliquant une medaille qui parait etre du xv siecle , et qui , au revers de la tete de Geoffroy deLusignan, dit Geof- froy a la grand\lent , offre la fete d'un monstre fantastique , Milliu (2) raconte que Geoffroy fut invite ii combattre lui monstre qui deja avait devore un chevalier anglais : prct a ten- ter I'aventnre, Geoffroy mourutde maladie. La tele figuree sur la medaille est, ajoute-t-il, celle du monstre « que Geoffroy aJirait rertainemeut vaincu, si la mortne I'eut point prevenu.» Mais on ne frapjie point de medaille pour eterniser un ex- ploit qui n'a point eu lieu : il faut done que, dans la famille des Lusiguan , a laquclle Millin attribuc la fabrication Ae cctte mt- (i) DuciNGE. Glossal . Verbo Druco. {x) Voyage an midi de la Fiance , tome iv , p. ^oy-joS. — Gcoffrov il la grand'dent nioiiriit vPts I'aii i2j(i. 63o DES DRAGONS daille, on consorvat la tradition que le brave comte , comme tant (Ic saints et cle hums que nous venons de passer en revue, avait etc vainqueur dn nionstre. Rappclons-nous : i" que Geoffioy etait fils on plutot des- ceiulant de la fanieuse Mdlusine ou Merlusinc (i) Jlelesi/idis , qui tons les sanicdis se transformait en serpent ; 2° que ies Hassenages , qui coniptaient Geoffroy a la grancCdcnt |jarnii leurs ancetres , avaient fait sculpter sur la porte ext«';rieure de Icur chateau une figure luellusine (a), c'est a dire, uioitie feuime, nioitie serpent. (i) Je lie contesterai point ;i M. Mazet , savant cite par MmiM (forage au midi tie la France, t. iv, p. 70(1), que la ni^re de Geoffroy ne soil appelee, dans Ies litres, Mclicemlis, Mcledndis [iVeU.uiide),tii. que ce 110m ait pu se confondreaveccelui de Mellusine. Mais, loin d'adniettre qu'il I'ait pioduit , je pense que la confusion n'eut lieu que parce que le nom de Mellusine etait deja cel^bre. Moins facilement adopterai-je une autre etyniologie , snivant laqiJelle la dame de Melle , apportant en dot cette seigneurie au sire de Lusignaii , des deux noms unis on foima celui de Mellusine ( Memoires de la Sociite des Anliqnnires de Fiance , tome in, p. 279-280). Au commencement du xiii'^siecle , les femnies ne joignaient pas a leur nom celui de la seigneurie de leur epoux ; je ne crols meme pas qu'ellcs portassent commuiiement le nom des scigneuries qui leur etaient propres. En prononcant Merlr- sine avec le peuple , guide plus sur que les erudits pour la pronon- ciatioii des nomsconsacres dans des contes anciens, je le rapproche de rorthographedu nom de famiUe de Geoffroy , ecrit ainsi sur la medailia citee : Godefridus de Lusinem. II suffit de placer avant ce der- nier mot , mere CinatcrJ pourreproduire le nom de Merhisine , et prou- ver que ce nVst que le simple litre de mhe des Ai/i/g'/zrtw.r, applique par le peuple a la femnie-sei'pent , a la fee , dont cette famille pre- tendait descendre. Notre etymologit; est d'autant moins invraiseui- blable , que !c premier auteur qui ait redige I'liisloire de Mellusine , Jean d'Arras , ecrivait sous le Roi Jean, au sive siecle , lorsqun depuis iong-ten)s le nom de famille des Lusigiians etait fixe et devenii cei^bre. (2) Mtm.in. Mrtgrisin Eiicnlojcdirfiu- , .luiiee i .S t i , lone vi , p. Jci8 et I I J . ET DES SERPENS MONSTRUEUX. 63 1 McrliLsine ctait une fee hicufiiisanle : il parut naturel de ranger iin de ses descendans an iiombre des heros destruc- leurs de serpens meurtrlers ; et, en lui appliquant une legende partout adoptee, de lui attribuer une victoire consacree par la mt'daille dont Millin a tente I'explication. Mais, d'oii put naitre, dans les marais du Poitou , la crea- tion d'un etre, moilie ferame , inoitie serpent , ou tantot I'un et tantot I'antre ? Une tradition, conservec juscju'a nos jours , assure que Mer- lusinese transformait,non pas en serpent, mahen poisson(i]. Voila le mot de renii^me, qui nous reporte a une haute anli- quite. L'imai;e de hfcmme-poisson, dont les inodernes ont fait des sirenes, qiioiciue tons les ecrits et les monumens dcs an- ciens presentent les sirenes comme i]e^/e!nmes- oi\c(iux{i) ; celte image, assez multiplieeencoie du terns d'Horace pour que le poetc, qui en ignorait la signification, la citat comme le type de I'absurdite (3) ; oette image , que les Grecs, moins eloignes de son origine, appliqiierent a Eurynome, I'une des epouses du dieu de lamer; cette image estcelle sous laquelleles Syricns et les Pheniciens invoqiiaient Astarte, Atergalis, la vierge ce- leste. On la retronve dans le planisphere egyptien, ou elle represente le signe des poissons reimi au signe de la vierge. Elle est consacree dans la mylhologie japonaise {\) et dans la (i) Memoires de la Societe des ylntiqunires de France, tome 111, p. aSo. — Cette traditiou n'eiait pas ignoree de Scarron : dans .sa 111* satire, un fat aniionce qu'il veut faire paraitre siir le theatre, L'infante Mellusine ; L'bcroine sera moitiejemme et poissoil. (a) Dans un mur de la cour intericuie du Mnscuin df P.iris, e>t encastree tine ronde-bosse antique en niarhre blaiic, lepi eseniaut wne feinme-olseau , une urene. [i) " Tiir[)iter atnim Desinit ID piM-eni npulier forinosa .kupeiuc. . (HoKAT. de .-in. Poet. ver. 3-4) (0 CMfOJi, Divlnito japonaise. 632 DES DRAGONS inythologie hindoue (i) , ou die a prob.iblcincnt la niC-mc si- gnification. Oil dcniaiulc si ce symbolc a jamais peiictre dans ics Gaiiles, et si le tenis a pii le modilier assi-z pour changer en serpent rextreinite rlii |ioissoii ? I" A la premiere (piestion, je reponds que ce symbolc existe encore dans nne des plus anciennes villes de France , a Mar- seille. Sur uii angle du fort Saint- Jean , on distingue la figure gi- gantcsqiu! d'un monstre, moitie fcmme, moitie poisson. Si on I'a ainsi leprodnitc dans la construction du fort Saiut-Jean, ce tie peut-ctre que parce qu'ellc existait bien anterieurenient, commc monument national. Son nom, le mcme que celui de la ville, Marseille , indiqae qu'elle representait la divinite lo- cale , la ville mcme divinisee. Pour adopter un symbolc si propre a caracteriser une grande cite maritime , les Phoceens n'eurent pas be.soin de Temprunter a Tyr, a Sidon, ou a Car- thage : ils avaient fonde leur colonic sous les auspices de la grande Diane cV Ej)lu'sc , de la vicrge celeste , qui fut adoree sous cettc forme, non-seulement dans I'Asie, mais meme en Grece , puisque la statue moitie femme, moitie poisson , hono- ree a Phigalie, fut souvent regardee comme une statue de Diane (a). i" Les princes tatars font presque tous remonter leur gcnea- logie a wniivierge celeste que rendit enceinte un rayon du soleil, ou tcl autre moyen aussi merveilleux : en d'autres termcs, la raythologie. quisert de point de depart a leurs annales, se rap- porte a I'age ou le signe de la Vierge marquait le solstice d'ete. Les Grecs rapportaieut I'origine des Scythes a une vierge , moitie femme, moitie serpent, qui eut commerce avec Hercule (l) Hi" Ai-Mar Ae JVishnou. {■i) Pausajvias. Arcad., cap. xli. — Sirabon (lib. iv ) dit qu'uiic pri'tresse cle la Diiine d'l'lphese suivit les Phoceens a Marseille , em- liortaiit une statue de la divinite. ET DES SERPENS MONSTRUEUX. 63? on Jupitei (i), emblemes I'lin ot I'autre dii .vo/eZ/gcnerateur. Si les deux origincs n'en font qu'iinc, conime il est pormis dc le croiie, dans I'image do la divinile iiationale, do la 7Hergc celeste dont les Scythes ou Tatars se pretendeiit descendus , les Grecs auront meconnii la forme de la partie infeiieure ; an lieu de I'extremite d'un poisson, ils y auront wi I'extremite d'nn serpent. Maintenant , pour amener sur les Lords de la Sevre, et Ic symbole antique et ralteration qui I'a defigurc , je ne rappel- lerai point que les druidos honoraient nne vierge qui dc- vait enfanter ; la vierge celeste qui , tons les ans, aminuil, brillaut au hant des cieux, devait rendre a la lerre I'enfant- dieu , le soleil naissant du solstice d'hiver : il ne pa rait pas que les druides aient offert de lepresentations physiques a I'a- doratiou de nos anceties, jusqu'aii tenis du nioins ou le com- merce dos autres peuples les induisit peu a pen aimiter lenr idolatrie (2). Mais Pylheas avait cotoye les rives occidentales do la Gaule, et suremeut i! ne fut pas le seul parmi les navigateurs marseillais. Mais les Pheniciens et les Carthaginois , qui vo- naient chercher I'etain dans les lies Cassiterides , n'ont pu manquer de debarquer souvent sur les cotes de Bretagne t( de Poitou. L'une de ces nations aina porto, dans la Gaule occi- dentale, I'image et le culte de la vierge-poisson : sous la figure d'unefemme ayant une queue de poisson, lesGaulois adorerent Onvana {iM. Auvana (3). Jaloux, conime les princes tatars , de se creer une origine surnaturelle, un chef gaulois aura pre- tendn descefcdre de celle divinite ; il en aura choisi I'image pour sou embleme distinctif Les progres du christianisme au- ront reduit la deesse a n'etre plus qu'une feuune , douee encore, comme/ee, d'une puissance surnaturelle; mais ils n'auront (i) Herod. , lib. iv , cap. 9. Diod. sic, lib. 11 , cap. 26. (2) Dans toutcs les villes qu'ils fondaient, les Marseillais et.iblis- saient le culte de la Diane d'Ephfese. (Strabo., lib. iv.) (3) Mahtijv. Religion des Gaulois , tome n, p. 110. — Toi,.i]yi>. History of the Druids , p. l38. (ii't DES DRAGONS j)oit!i .nboli sa iin'-moirc, tii ••(Tacf': son ima^c. Lc tcnis et I'ini- perfc'cJiou de la sculpture auront plus taid occasione une cr icur semblable a celle que les Grccs avaient dcja comniise ; la queue dc poisson aura passe pour rextremite d'un serpent. Ba- s(;e stir ci'tte mcprise , la uoiivelle tradition aura prevalu d'au- lant plus faciK'uicnt que, du v" au xv'^ siecle, les serpens, nous I'avons vu, out joue uu grand role . Istruzioni famigUari sopra la vcrith della Christiana catholica religione. — Instructions familieres sur la verite de la rclij,'ion chretienne catliolique. — In- 12. Genes, 1799. Les principes de la relij,'ion y sont exposes avec clarte et mis i la portee des intelligences les plus bornees. 3°. Precis de la vie du R. P. Thomas Vignoli. — In-S" , i8o4- — La biographie de ce ri'li|j;ieiix doniinicain , mort en i8o3, est un tableau de vertus elevecs jusqu'a riieroiisnie. l^'. L'ancien clerge constilutionnel juge par un cveque d'l- talie. — In-8". Lausanne , 1804. Apres la publication d'une foule d'ecrits pour et centre la constitution civile du clerge de France, la discussion avait cesse, lorsque M. Sola?i, eveque de Noli, dans son apologia contre le cardinal Gerdil , reprit la question pour etablir I'orthodoxie de cette constitution, avec une force de raisonne- ment et an eclat de style qui reduisit son adversaire au silence. M. Degola s'empressa den faire une excellente analyse, sous le litre enonce ci-dessus. Beaucoup d'exemplaires contiennent le tableau comparalif de la formule du serment prete au gouvernemenl francais par le cardinal legat Caprara, telle qu'elle a ele iinprimee officiel- IcmentA Paris, et cette meme formule iinprimee officielLcincnt a Rome, mais falsifiee. On y a supprime surtout la promesse de ne jias derogeraux droits, privileges et liberies de Vhglise gallicane. 5° Justification de Fra Paolo Sarpi, ou leltres d'un pr^tre italien h un magistral francais sur le caraclere el les sentimens de cet homme cclebre. — In-8°. Paris, 181 i. Le magistral auquel ces lettres sonl adressees, est le savant et vertueux president Agier. Deja dcpuis long-tems avaient paru divers ecrits en faveur de Fra Paolo. Qiioique I'Duvrage de M. Degola offre des recherches nouvelles, il n'a pas fait usage de toutes les preuves qu'il pouvait accumuler. 11 a pense avec raison qu'il suffisait de dissiper completemeut les images eleves par I'ultramontanisme contre I'orthodoxie du celebre SUR DfiGOLA. 641 servile qui au besoin trouverait encore un defenseur dans \c general actiicl de cet ordre, le cardinal Caselli. II s'en est ex- plique avec Tauteiir de cette notice. 6° Catechisrnode' Gesuiti. — Catechisme des Jesuites. — ln-8" de688 pages. Leipzig, 1820. — Beaucotipdegens se sont cpiiist's en conjecUires pour savoir le nom de I'aiiteur. La forme du dialogue, employee dans cet ouvrage, extremement important, entraine quekjues longueurs ; mais aiissi elle offre I'avantage de devclopper, avec les citations les plus cciuvaincanles et ime grande clarte, la constitution des Jesuilts, les rcvoltans pri- vileges dont lis furent combles par la cour lomaine, Icur sin- gulier systeme iheologique , quant au dogme eta la morale , la conduite secrete de cette societe dont la resurrection me- nace runiv<;rs de nouvelles catastrophes. On prepare, dit-on ime traduction francaise, on du moins nnc analj'^se eteridue de ce livre. Si Ion se decidait pour uuc analyse, il faudrait y conserver toutes les citations. M. Degola a laisse en manuscrit un traite siir I'ora/son do- minicale , la plus excellente de toutes les prieres, puisqu'elle estemanee de celui qui est la veritememe. Cet ouvrage, auquel il a consacre beaucoiip de soins, sera mis au jour, sans doute , par les heriticrs de son zele et de ses talcns. II est a desircr qu'on y joigne une notice biographique qui, rectifiant les er- reurs de celle-ci, au cas qu'elle en conlienne, et remplissant les lacunes, offre le tableau exact d'une vie consacree unique- ment a la gloire de Dieu et au bonheur des hommes. Apres avoir recu ses sacremens, Degola adressa aux per- sonnes qui I'entouraient une exhortation touchante et leur fit son adieu par ces mots : a rivederci in paradiso. Il expira , le 17 Janvier 1826. Plusicurs journauxitaliens lui ont rendu un hommage ecla- tant ; et un homme connu par ses talens comme poete, le raarquis Jean- Charles de Negri , a deplore en beaux vers la perte de ce pieux et savant ecclesiastique. L'auteur de cette notice, qui , intimement lie avec Eustache 642 NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR DjfeGOLA. Degola, fut confident de ses pensoes, depositaire de ses sen- timens, qui I'a vu pendant bien des anuces dans les circons- tances ou I'homme sans contrainte epanouit son kme , et livie les secrets de son coeur, se rappelle avec attendrissement sa candeur et sa purete. Plus avance dans la carriere de la vie que ne I'etail Degola qui est decede i trois cents lieues de distance de lui, 11 n'a pu recueillir ses derniers soupirs. Mais il conserve I'esperance de voir realiser bientot le dernier vceu de son ami et de se retrouver avec lui dans un monde plus heureux. -^ rivederci in paradiso. G. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. L'Agricui.ture pratique et raisonnee , par sir John 'S\thc\jK\v. ^ fondateur et president du Bureau d' agri- culture; tracliiit de I'anglais par C.-J.-A. Mathieu de DOMBASLE (l). A la sollicitation et par les soins d'uii des agricuUenrs les pins riches et les plus eclaires de I'Ecosse, le gouvernement britannirjiie foiida, en 1793, iin bureau d'agr-iculture, pour servir aux progres de cet art dans toutes les parties du royau- me-uni. Une des premieres occupations de ce bureau, et la plus utile sans doute de toutes celles auxquelles il s'est livre depiiis, flit de reciieillir , dans tous les comtes de I'Angleterre , des renseignemens tres-detailles sur tous les procedes d'agii- culture qui y elaient en usage. Ces rapports, dresses dans ciia- que comte par des agricuUenrs tres-instruits , et envoyes de tous les points du royanme au bureau d'agriculture, formerent bientot par leur ensemble la masse la plus precieuse de ren- seignemens sur I'etat de I'agriculture dans la Grandc-Bre- tagne, et surle merite relatif de tous les procedes que Ton y cmploie. C'est pour reunir dans un meme cadre les utiles renseigne- mens de toute espece qui se trouvaient epars dans ces rapports , (pie sir J. Sinclair a entrepris la redaction de cet ouvrage. Elle ne pouvait ctre confiee a de meilleures mains; car, inde- pendamment des vastes connaissances agricoles que possede (i) Paris, 1825 ; M™* Huzard. a gros vol. in- 8" avec figures. Prix, 1 5 fr. G.',4 SCIENCES THYSIQUES. rauteur, ses fotictious de president du bureau d'agriculture 1« iiiettaient a portee de correspoiidre avec les agriculteurs de toutos los parties da royaiinie-uiii, et d'en obtcnir les eclaircis- semcns dont il pouvait avoir bisoin dans le cours de son Ira- vail. Ausii, il en est resuUe uu ouvrage, que Ton regarde, en Angleleire , si riche pourtaiit eu cxcellcns traites d'agriculture , comme ie meilleur qui y soit connu. P.I. Malliieu de Dombaslc, a qui je viens d'emprunter ces details sur les circonstanccs dans lesquelle^ cet ouvragc a elu couipose, elait sans doule celui de nos compatriotes, qui reu- nissait Ic plus de coonaissances et de taicns pour faire lui- meme un ouvrage original sur la meme maticre. Le role mo- deste qu'il n'a pas dedaigne de prendre pour faire connaitre generalement parriii nous le travail de sir J. Sinclair, prouve mieux que tous les eloges comment il I'a juge; et, si I'auteur anglais mclait des sentimens d'amour-propre aux vues d'utilite publique qui Tout guide dans cette grande ct laborieuse enlre- prise, je ne saurais rien de si flatteur pour lui, que d'avoir eu en France un tel traducteur. L'ordre dans lequel sir J. Sinclair a dispose ces precieux materiaux est peu methodique ; peut-etre, le lui reprochera- t-onen France? maisj'ignorejusqu'a quel point un ouvrage de ce genre, et generalement les traites d'agriculture, sont suscep- tiblos de methode; car il n'en est pas de cet art comme de tous les aulres : une fernu; n'est pas «mc manufacture d'une seule espece do prodults; on y execute simultanement diverses fabri- cations fort distinctes dans Icur objet, mais etroilement liees les unes aux autres dans leursprocedes, et qui ne peuvent pas avoir d'cxistence separee. Les travaux agricoles forment par leur encbainemcnt un cercle dont presque tous les points peu- vent servir egalemcnt de point de depart dans la serie des operations de la culture; et par cbacun d'eux indistinctement on peut commencer la description de leur cours. Ainsi , sans rechercber quel autre ordre eut ete preferable a celui qua suivi I'auteur, et negligeant une critique oiseuse, je dirai seulement que, si cliaque cbose dans son bvre n'est pas a sa meilleure SCIENCES PHYSIQUES. 645 place peut-etre, aucune du moius n'est omise ; et je passerai dc suile k I'expositiou rapide des parties iraitees d'une maniere plus neuve et plus saillante. L'influence de la composition chimique du sol sur sa fecon- dite etait depuis long-tems un sujet d'experienccs et de dis- cussions. Ces experiences, toujoursmal faites, toujours incom- pletes, presentaient souvent des resultats contradictoires; ici, la fertiiite semblait etrc produite par la predominance de I'ar- gile; la, elle paraissait au contraire dependre de la predomi- nance de la silice. Renoncant done a Irouver dans I'analyse chimique nne mesure constante de la fccondite naturelle des divers terrains, on reclicrcha si Ic degre n'en pouvait pas elre mesure par la quantite d'eau que chacun peut absorber hygro- metriquement. Les indications de ce genre d'epreuve se trou- verent mieux d'accord avec les faits observes; cependant, elles assignaient d'une maniere trop absolue le plus haul degre de fertiiite aux terrcs argileuses, qui sout les plus hygrometri- ques. Sir J. Sinclair a trouve dans l'influence du cliiiiat, dont on ne tenail aucun compte, I'explication des anomalies qui contredisaient la generalite de cette regie. Sous un climat tres- pluvicux , les sols argileux, ou ce qui revient au meme, les sols tres-liygrometriqurs sont peu fertiles ; et la plus grande fertiiite apparlient aux sols sablonneux qui laissent ecouler facllcment I'exccs des eaux pluviales que les premiers retien- nent avec force. Sous un cielchaud et sec, c'est I'inverse; ainsi, dans le nord de la France, le climat moins humide qu'en An- gleterre donne deja aux terres sablnnneuses et legeres, com- parees aux terres plus consistantes, une valeur relative moin- dro que dans ce dernier pays ; et , a mesure qu'on s'avance vers le midi de la France, ou le climat est plus sec, la balance pen- che loujours en faveur des sols argileux. Te! terrain sablon- neux, non susceptible d'irrigation, qui serait consideie comme un bon sol tn Fiandre, serait presque sans valeur en Pro- Aence. Dans un cliapiire consacre a I'examen de I'etendue la plus cdnvcniiblc des rsploifalions rurales, I'auleur, qui en general 646 SCIENCES PHYSIQUES. se fait le rapporteur seulomcnt, ot non Ic juge des opinions (livcTScs sur cliaqiie objet d'agricullure, se prononce pourtaiit pour le systeme des grandes fermes; mais, c'est apres avoir expose avec candeur les avantages dcs fermes nioyennes et petitcs. All reste , sa preference semblc justifiee , en Angleterre du moins, par ce qui s'y passe : le nombre des grandes fermes s'y accroit sans cesse , ct la classe des petits fermicrs disparait ; ils sent exclus de I'exploitation des petites proprietes, par la concurrence de rivaux plus riches, qui, entreprenant a la fois la culture de plusieurs domaines contigus, peuvent se conten- ter d'un profit moindre sur chacun, et en offrir par conse- quent au proprietairc un loyer plus considerable. Cette concentration du fermage parait a sir J. Sinclair un resultat tres-utile. — Mais utile a qui, ct comment ? est-ce aux intercls generaux du pays , en favorisant la production ? Est-ce d'une utilite economique enfm qu'il s'agit, ou bien seulement d'une utilite politique, qui ne servirait que le plus petit nom- bre, en appuyant les incgalites odieuses consacrees par les lois aoglaises ? Je laisserai I'autcur repondre lui-meme : «. Les riches fermiers, dit-il, forment un chainon tres-important dans la grande chaine de la soclete. C'est une classe d'hommes qu'on rencontre rarement, partout ailleurs que dans la Grandc-Bre~ tague, et dont les habitudes d'indusfiie, d'intelligence ct d'ac- tivite , aussi bien que leurs capitaux considerables, qui out exige des siecles pour les accumuler, forment une espece dc boulevard fendant h co'nserver I'ordre exislant dans la so- ciete. >' Cet ordre est connu : c'est celui de I'inegalite la plus mons- trueuse dans la richesse , et de I'inegalite etablie en droit ; c'est celui d'une societe oii une classe pen nombreuse possede pres- que seule la totalite du lerritoire et refuse rarement a sa vanite le plaisir de rappeler qu'elle le possede par droit dc conquete. De la, pour elle , le bcsoin senti d'un rempart qui la protege ; de la, pour elle, I'utilite de cette classe riche et active des gros fermiers dont elle associe habilement les interets aux siens : veritable aristocratic bourgeoise qu'eleve autour d'elle par po- SCIENCES PHYSIQUES. 647 litique, et au seia de laquelle se rctranche raristocralie nobi- liairc anglaise. Apres avoir traite de ce qui est relatif a I'etendue des fermes , sir J. Sinclair examine les avantages et les desavantages que presente I'exploitation des terres, soit par les proprietaires eux-memes, soit par des fermiers. Si Ton considere que les petits proprietaires possedent rarenientun capital suffisant pour ameliorer leur domaiue , et qu'ils ont souvent des idees etroites d'economie mal entendue qui les rendent peu propres a cette Industrie; si Ton observe, d'ailleurs, que des proprietaires riches ne peuvent que bien difficilement s'occuper avec assi- duite d'une foule de menus details qu'un cultivateur ne doit pas negliger, et qu'ils se lasseront promptement d'une surveil- lance fastidieuse sur une multitude d'objets, de travauxminu- tieux dont I'execution parfaite est pourtant necessaire au succes de la culture, on jugera peut-etre qu'il y a de I'avantage pour la prosperite agricole d'un pays, a ce qu'une grande partie des terres y soit cultivee par des fermiers. L'obligation d'une rented payer est aussi un terrible stimulant pour I'activite de celui qui cultive. Cependant, quelle que soit I'habilete de cette classe d'hom- mes en Angleterre, leurs profits , en general, sontbienmo- deres. Des recherches tres- bien faites out prouve qu'ils excedent rarement lo a 12 pour 10© du capital qu'ils engagent dansune exploitation. L'auteur ne manque pas d'en conclure que la Grande-Bretagne reslerait inculte,si les prix des grains des- cendaient un peu du taux eleveoii les maintient la prohibition des grains etrangers ; « car alors, dit-il, les profits du fermier, deja si modiques, deviendraient nuls. » — Conime si, alors, les fermiers continueraient a payer aiix proprietaires du sol le meme lover exorbitant qu'ils acquittent aujourd'hui ! Sans doute, ils y seraient contraints jusqu'a la fin de leur bailcou- rant, et ce serait pour eux une dure obligation; mais, ce bail fini, ea souscriraient - ils un nouveau aux memes conditions ? Les proprietaires ne seraient-ils point forces d'offrir la loca- tion de leurs terres a un prix moins eleve, sous peine de ne 648 SCIENCES PHYSIQUES. trouver pcrsonnc k qui les loiier? Eiix seals supporteraient la perte procluile par la baissc des grains; ils seraient moins riches ; inais la diminution de leurs revenus n'aurait aucune influence sur la culture du pays. Qu'importe au fermier la baisse du prix des dcnrees qu'il produit , si la rente qu'il paie au proprietairea suivilememe niouvement? C'cst une etrangc erreur que do conffondre sans cesse Ics intercts des proprie- taires avcc ceu.x de I'agriculture; il n'y a , au fond, rien de si etranger ;\ la prosperite de celle-cique la richesse de ceux-15. Qu'un proprietaire oisif loue sa ferme 10,000 francs, oubien qu'il ne la loue que 5, 000; qu'est-ce que cela fait a la produc- tion agricole ? L'homme essentiel dans la production, ce n'est pas celui qui ne fait que prefer son champ ; c'cst le fermier qui le cultive. Si le fermier souffre, bientot ses capitaux seront insufCsans pour faire valoir ce champ, pour en tiier le plus grand produit possible, et I'agriculturesouffrira; la production sera diminuee. Le proprietaire n'est interessequ'au prix cleve des produits que Ton obtient de son champ , parce que alors il leloue plus cher : son habilete consiste a emporter a la Cham- bre des communes une bonne loi prohibitive des grains etrar.- gers, aGn do prodiiire cette cherle dont liii seul profite, etqui ecrase le pauvre peuplc, auqucl ou persuade, en outre, qu'il serait bien plus miserable encore, et qu'il mourrait de faim, si le pain etait a meilleur marche. Que ce monopole soit sup- porte en Angleterre ou la tofalite du territoire appartient a vingt mille families seulement, on ne le conceit pas. Un des mcilleurs modes de location des terres, fort com- mun dans le nord de la France, et en Bolgique ou seniblent elre nes tons les perfectionnemens de I'industrie agricole, est aussi usite dans plnsieurs provinces de la Grande - Bretagne. C'est cclui-ci : la rente n'est point fiNoe a un prix invariable pour toute la duree dubail; niais elle varie, chaque annee , suivant les variations du prix des grains. Le fermier la paie en argent , mais proportionnellement aux fluctuations de cette base mobile. Quelquefois, ce n'est pas sa totalite qui est de- terminee de oetle fa^on : ce n'en est qu'unepartie, ordinaire- SCIENCES PHYSIQUES. 649 ment alors la moitie; et I'autre moitie est fixee, comnie dans I'usagc le plus ordinaire, a une somme invariable. L'auteur vante justementce niodedc paiement; il a, pourragricullure, le grand avantage de repartir entre le proprietaire et le fer- mier la charge des anncies inalhcurcuses, au lieu de la laisser peser tout enliere siir celiii-ci. Ce systeme equitable de repartition est suivi generalement, en Ecossej pour le salaire des oiivriers des fermes. lis recoi- vent, pour le prix de leur travail annuel, une petite somme d'argent determinee, et une quantite de grain fixe et indepen- dante de leur valeur. Par ce mode de paiement , ils sont assu- res de ne jamais manquer au moins des premieres necessites (le la vie. Une annee de cherte diminue bien encore leurs nio- diques ressourccs; mais elle ne les reduit pas a la mendicite, et jamais ils ne tombent a la charge de leur paroisse. Ce sys- teme est adopte depuis long- terns en Flandre et en Artois, ou il a singulierement favorise, chez les domestiques des fermiers, les habitudes de sobriete et d'economie. Son adoption en Ecosse y a eu la mcme influence heureuse. L'education, I'engraissementdesbestiaux et I'ameliorationde leurs races sont undesobjetslesplusimportans dela culture. En France, a cet egard, presque tout reste a apprendre et a faire ; c'est,au contraire, une des parties les plus avancees de I'agricul- tureanglaise. Sir J. Sinclair expose avec detail tons les perfec- tionnemens obtenus depuis cinquante ans dans ces arts nou- veaux, et les regies de pratiques sures, dediiites d'un tres-grand nombre d'expericnces faites par les hommes les plus habiles. On est etonne de la masse de connaissances acquises par les Anglais dans un si court espacede terns ; mais elle s'explique, comme le prodigieuxdeveloppemcnt de leurs arts mecaniques. Les savans , en Angleterre, ont travaille de concert avec les artistes: parmi les fermiers, les eleveurs de bestiaux, il s'est trouve des hommes que la nature avait doues de genie ou d'un esprit plein de sagacite , tels que Bahewell , Cidley , etc.; le celebre John Hunter, H. Cline et d'autres physiologistes les 65o SCIENCES PHYSIQUES. ont aides des lumieres de la science : alliance heureuse d'ou sont sorlis tant de resultats inerveilleux ! Les instnimcns d'aj^iiculture sont aussi tres-perfectionnes en Anj;leterre. Diverses macliincs ingenieuses y executent, dans beaucoup d'operations, le travail des bras. Ces machines et ces instruraens ( dont quclques-uns viennent de Suisse, do I'institul agricole de M. Fellenberg , etabli h Hofwyl ), com- mencout a etre fort connus en Franco , quoiqu'il n'y en ait qu'iui petit iiombro dont I'usagesoit di'ja repandu parnnnous. La pins iniportantc de ces machines est celle qu'a inventee le mt'canicien ecossais, Andrew Meikle, et qui sert a battre le grain; mais ellc est aussi la plus chere : I'interet de son prix d'acbat surpasserait la depense annuelle du battage au fleau dans toutes les petites fermes; dans les grandes exploitations, I'economie qu'elle procure est immense. En outre, le travail qu'cUe remplace est le plus penibleet le plus malsain de lous les travaux agricoles. La machine ecossaise est deja tres- em- ployee dans la Grande-Bretagne. En supposant que la moitie seulcment des grains qu'on y recolte est battue par elle , il en resulte une economie annuelle de 4^ millions de francs, dans les frais de la culture. Andrew MeiKle, sur la fin de sa vie, a ete environne , par la reconnaissance de ses compatriotes, de toutes les jouissances de la richesse ; leurs dons volontaires ont aussi pourvu a la fortune de sa famille. Le chapitre des auieudcmens et des engrais est un des plus etendus de I'ouvrage desir J. Sinclair; il est ecrit sans aucune pietenlion theorique. L'auteur se borne a rapporter toutes les pratiques les plus estimees en Angleterre pour chaque nature de sol, et chaque espece de culture. Au lieu de ces preceptes absolus el d'une generalite en apparence si savante, mais au fond si vagues et si vides , qu'on trouve dans ia pliipart des traites speciaux ecrits sur celte raatiere, il n'y a dans son livrc que des faits de detail , mais nombreux et choisis avec discer- nement parmi une infinite dc faits seniblables. C'est au lecteur a se faire une theorie , s'il ne pent vivre sans cela. L'emploi des SCIENCES PHYSIQUES. 65 1 engrais est un des objels les plus delicats de la culture ; unc foulc de petifes circonstances donton tient goneralement trop peu de compte, ou que Ton neglige lout-a-fait cliez nous,ont sur leur action la plus grande influence; c'est un art plein dt; finesses quecelui de leur application. Sir J. Sinclair u'ometau- cun de ces details d'executiou qui senlsenassurentle succes, ct sans lesquels il est souvent compromis el toujours incertain. Au reste, quelque habile que soitdeja la pratique descul- tivateurs anglais dans Tamendement des tcrres, il est permis de croire que cet art recevra encore de la chimie d'immenses perfectionnemcns. L'acliondes amendemens mineraux, telsquc le platre et surtout la chaux , dont on fait en Anglcterro un si grand usage, et dont Temploi est si couteux, a i-aison des enormes quantites qu'il en faut repandre; cette action , si evi- dente dans ses effets, est encore bien obscure dans son mode interieur. On trouvera peut-etre des agens chimiques tres- energiqnes et peu dispendieux dont de tres-petites quantites les remplaceront avec une grande economic. On peut I'espe- rer, pour la chaux surtout, qui ne parait pas servir directe- ment a la nutrition des plantes, et dont Taction se borne peut- etre a stimuler leurs forces absorbantes. L'irrigation dont les resultals sont si etonnans sous le ciel chaud et sec des pays meridionaux, est praliquee avec un art extreme sur une grande partie des terres de la Grande -Bre- tagne, quoique I'humidite du climat y rende ses effets nioins energiques. Sir J. Sinclair rapporle avec les memes details tous les procedes ingenieux employes pour leur assainissement. En , Europe, ce ne sont generalement que les prairies qu'on ar- rose ; aux Indes orientales, celte operation s'applique indis- tinctement a toutes les cultures. L'auteur a decouverl un fer- niier anglais, qui depuis cinquante ans, soumet ses bles a cette pratique, et qui s'en est constamment bien trouve. Cet exemple, ignore jusqu'ici, trouvera sans donte des imltateurs. Mais rien ne prouve mieux I'ulilite des recherches detail- lees, dirigees sur toute I'etendue d'un pays, que la connais- sance acquise, par ce moyen, du procede appele warping , ou 65a SCIENCES PHYSIQUES. limonage. Ce precede precicnx , qui pent s'appliquer i tous !cs lieux voisins de la mer , oii la niaiee amene des substances d'alluvion, se trouvait confine i un petit canton sur les rives de XHumber ; et , quoiqii'il y fi'it pratique depuis plus de soixanJe ans, il aurait pu rester inconnu tres-long-tcnis, si le Bureau d' agriculture n'avait entrepris Texamen de toules les pratiques agricoles du Royaumc-uni. II consiste a conduirc ar- tificicllement les eaux limoneuses des golfes et des rivieres, pres de leur embouchure, sur les terrains bas et sterilesque Ton a d'abord entoures de petites digues eleveos jusqu'a la hauteur oil montenl les marees. L'eau entre par unc ecluse ; on la rotiont, jusqu'a cc que par Ic repos elie ait laisse deposer son sediment; et alors , on la fait ecoulcr a maree basse pour la renouveler cnsuite, jusqu'a ce qu'on ait produit ainsi une epaisseur suffisante de terre fertile. Ce precede , peu susceptible d'application en France, a cause de la configuration de nos cotes, a deja recu,en Angle- terre, depuis que Ic Bureau d'agriculturel'a fait connaitre, une grande partie de I'extension qu'il pent prendre dans cetteile toute decoupee en golfes profonds. II a quelque analogic avec une operation pratiquee dans des lagunes de la Toscane, et que les Italiens appellent Colmata. Apres avoir expose tous les moyens d'ameliorer le sol, sir J. Sinclair examine les avanlagcs respectifs des divers modes de ciiUure auxquels on peut le soumettre; il inJ.ique les asso- Icmens preferes dans chaquc province de I'Angleterre, et les motifs de ces preferences. Je ne pui»le suivre dans ces details tout-ii-fait techniques qui remplissent a peu pres le second volume de son ouvrage. Celui-ci est tenoine par plusieurs ar- ticles detaches sur diverses questions speciales. Ces petits trai- tes ne sont pas tous de sir John; quclques-unsont ele ecrits par des coi respondans du Bureau d'i.griculturc. II y en a un fort curieux sur les moyens de preserver les lies de la carie , maladie qui parait, ainsi que la louille, causer bien plus de ravages en Anglelerre qu'en France. L'immersion de la se- mence dans una dissolution de sulfate de cuivre en est un pre- SCIENCES PHYSIQUES. 653 'servalif certain; et non - seiilement alors, les recoltes sont exemptes de la carie , mais elles sout plus belles. Du reste la depense du sulfate de cuivre est tout-a-fait insignifiante, et son eniploi n'a d'aiitre inconvenient que de niettre entre les mains de beaucoup de gens une substance veneneuse. > Quant a la rouille, qui est produite aussi, comma la carie , par le developpement spontane d'uue infinite de petits cham- pignons microscopiques parasites, mais dont les effets sont quelquefois plus desastreux encore, on n'a trouve jusqu'ici aucnn specifique pour en prevenir les ravages. Seulement, d'une multitude de rapports adresses sur cet objet an Bureau 3'agriculture, I'auteur a pu deduire qiielques unes des cir- constances qui paraissent favoriser son developpement, et celles qui semblent propres a I'eloigner : des scraailles epaisses sont la plus efficace de ces dernieres. Parmi ces petits traites places a la fin de I'ouvrage, il y a un memoire de sir J. Sinclair sur les avanlages coinparatifs des vJievaux et des bceufs dans les travaux de la culture. L'auteur accorde aux chevaux ime grande preference; mais les raisoHS sur lesquellesil la fondesont plus nombreuses que concluantes: c'est une multitude d'observalions faites sans precision, et consequemment de peu de valeur. Les eiemens de celte ques- tion, comme de la plupart des questions d'agriciilture, sont en grand nombre, et ils ne peuvent etre recueiilis que dans une exploitation rurale oil Ton tiendrait une complabilite ri- goureuse. Or, malgre leur liabilete et leur ordre, c'est ce que les fermiers anglais ne paraissent pas encore posseder. M. de Dombasle est sans doute le premier cultivateur qui ait su rea- liser I'idee d'nne comptabilite parfaite. Ses livres de recette et a morale a la politique, par Joseph DplOZ, da V Academic J rancaise (i). M. Droz occupe parnii uos ecrivaiiis tnoralistes un rang tres- distingue. La nature de ses ouvrages et le caraotere particulier de son taleat ne I'ont point destine aux succes d'eclat qui dou- nent Ics reputations populaires; et ses livres ue figiirent point parnii ceux qu'il faut absokiment avoir lus, des qii'ils paraissent, ne fut-ce que pour payer tribut ;i la mode. Un autre genre de succes s'attache aux productions de M. Droz : ses lecteurs le prennent en anaitie; il y a, entre I'elegance de son langage et la serenile de ses idees, un accord hai monieux qui repand du charme sur ce qui sort do sa ])lume; et Ton revient a ses ou- vrages , comme a la conversation d'un lionime de bien avec lequel on sent qu'il y a beaucoup a gagner. Toujours tolerant, toujours sincere , il recherche ce qu'il y a de serieux el de reel dans cette vie et au-dela de cette viej mais il n'apporte dans cette poursuite ni orgueil, ni affectation, ni rndesse ; sun aimable optinsisme adoucit les conseilsles plus gr.avcs; et, se plaire dans son entretien, c'est trouver gout a la vertu. II existe dans notre litteraturc beaucoup de juges qui pro- noncent leurs arrets sans jeter les yeux sur les pieces. La no- mination de M. Droz a I'Acadeniie francaise a oncouru la de- sapprcbation de plusieurs d'entre cux; mais la partle du public qui examiue et qui ecoute, et a laquelie I'opinion definitive appartieiit, a vu avec une juste satisfaction la premiere de nos recompenses litteraires s'attachcr a un ecrivain qui a tou- joui's fait de son talent les emplois les plus honorables. La politique de M. Dioz rossemble a sa morale, ou plulot (i) Paris, i8a5; Renouaitl. i vol. iii-S° ; prix 5 (V. 656 SCIKNCES MORALES elles ne sont toutes deux que les doveloppenicns des nu';iiu k idees fondanientdles; et, pour quiconque aura lu avec attciitiotf la Philosophie morale (annoucee dans la Revue, t. xxi, p. 53o), les Applications de la morale h la politique sevont bien facile- ment comprises, ct presque entierenient devinees a ravance. De nieme que M. Dioz, dans sa PJiilosop/iie , avait neglij^tV volontaiieinent les questions de preeminence entre les systemes, pour les'subordonner tousa la necessite de la vertu pratique; de meme, dans son nouvel ouvrage, il a voulu ne point tenir comptc de ces disputes si envcnimees, et presque tonjours si vaines, ou Ton se debat sur les formes des gouvernemerts. Il ne s'arrcte pas aux enveloppes exterieures de I'organisatiou sociale, mais il s'efforce de penctrer jusqu'a son essence in- time. La politique consiste a appliquer a I'admiuistration d'un etat les relates eternelles de la morale. Pour I'liomme prive et pour riiomme public, les obligations sont les niemcs; elles consistent a ameliorer Ic sort de nos semblables et a respecter dans tous les hommes la dignite humaine. La sagesse des etals, comme celle des individus, la bonne politique, comme la bonne morale , consiste dans la pratique reelle et efficace du bien. Si done vous voulez reconnailre le bon gouvernement, ne demandez point s'il s'appelle monarchie ou republique; niais considerez s'il travaille au bien-etre physique, iutellectuel et moral de notre espece ; s'il fait faire des progres a la civilisa- tion , en propageant la morale et I'industrie. Ce n'est pas c'l dire qu'il faille traiter avec dedain I'etude des institutions politiques, ni negliger le soin de perfectionner les^ formes de gouvernement. M. Droz ne va point jusque-la. II s'efforce seulement, et avec beaucoup de sagesse, de demon- Irer que toutes ces questions n'ont qu'une importance relative, et de les faire descendre de la place d'honneur a laquelle ou les a mal a propos elevees , lorsqu'elles ne meritent que d'or- cuper un rang secondaire. M. Droz a horreur des revolutions. Elles soulevent el fo- mentent les haines; elles fletrisseut jiacle decouragemeni les ames pures et genereuses; elles eptretienncnt I'egpisme ct Ini ET POLITIQUES. 657 |)rotnrent les honnenrs ression deguisee. Pour qu'un etal reciieille les fruits tie la veritable doctiine des devoirs, il faiit (|ue les priiicipes en soient repandus dans toutes les classes de la so-' ciele , a commcncer par les plus hautes. » Je concois parfaitement qu'il y nurait perfection de I'efat social, si chacun y accomplissait son devoir; mais je voudrais que M. Droz se fiit explitjue sur la conduite que le-s opprimis oSo SCIENCES MORALES ont a tenir, lorsque I'oppfession s'oppose, je ne dis pas seiilo- ment ^ ce qu'ils exercent leurs droits, mais, ce qui est bien plus grave, a ce qu'ils exicutent lours devoirs. M. Droz eiionce une verite profonde et salutaire, lorsqu'il declare que les gouvcrnemens ont nn moyen infaillible do prevenir les revolutions et les niaux nombreux qu'clles eii- trainent. Ce moyen est d'accomplir leurs devoirs sociaux. Les devoirs sociaux et les devoirs prives s'unissent par des liens indissolubles. Un gouvernement est moral, lorsqu'il tra- vailie a eveiller et a entretenir la moralite dans chacun des citoyens. Pour ameliorer I'espece humaine, le moyen le plus effica<;c est de propager les admirablcs preceptes de I'Evangile, qui a fait consister la sagesse dans I'amour de Dieu et des hommes. Le second moyen est de repandre I'instruction dans toutes les classes; d'apprendre, mcme aux indigens,a lire, ecrire et calculer. Les progres des plus hautes parties de I'enseignement ne poiuTaient manquer de s'etendre avec rapidite dans uu etat qui jouirait d'une boune organisation d'instruction ele- mentaire. M. Droz voudrait qu'il y eut des cours speciaux do morale. Les depositaires du pouvoir, les individus, quels qu'ils soient , qui , par leur naissance , leur fortune , leurs talens , exercent une influence quelconque sur leurs semblables, doi- vent protection i chaque homme dans ce qui interesse sa cons- cience, sa personne, ses proprictes. Si deslibertes aussi saintes sont violees, il n'y a que desordre ot tyrannie. Le caractere distinctif de la politique de M. Droz est do fort peu tenir au succes, et de ne faire cas que d'etre juste. C'est avoir choisi la meilleure part, celle qui ne peutpas etre otee. Indulgent pour les opinions, il recommande de juger les hommes par leurs actes, plutot que par leurs paroles. A ses yeux, les etres bons sont ceux qui praliqueut les vertus pri- vecs, et qui sc montrent desintoresses et moderes dans leur vie publique. Malgre les passions et les vices des hommes, il faut les oonsiderer sous un aspect qui donne du calnic a noire ET POLITIQUES. Gfit .Ime : ce sont dcs maladcs qu'il faiit travaillei- a guerir par la inoderalion ut la pmsevcrauce , inais sans oublier jamais c|iic nous sommes malades comme eiix, Ou iie pent coiinaitre les linmmes qii'apres s'otre etudie soi-meme; et mieiix on se con- iiait, plus on est convaincu des imperfections de notre nature. La conclusion a tirer du livre do M. Droz, c'est que la bonne politique est celle qui ameliore le sort des liommes par 1.1 morale et par I'industrie , en se fondant snr la doctrine des devoirs, que Ton ne pent essayer d'inspirer a ses semblables, qu'apres s'etre impose la loi d'y etre soi-meme toujours (idele. Le style de cet ouvrage n'a pas besoin d'eloges ; il se dis- tingue par I'elegance et la purele habituelles a son auteur. On me saura gre, sans doute, d'en donner iine idee par la citation de I'apologue suivant : « Une nuit je revai que j'etais dans un jardin delicieux : iine douzaine de jolis enfans, a peine sortis du bcrceau, jouaient en liberte sur un tapis de verdure. Un homme de haute taille ]>arut; ses vetemens c'taient riches, mais en desordre : il fran- chit un vaste espace, se jette sur ces enfans, et les massacre tous. Je voulais m'eiaDcer sur lui ; mais je faisais de vains ef- forts pour avancer, et ma voix s'attachait a mon gosier. Le nioustre s'eioigna en chantant avec une joie feroce. Tout a coup je me trouvai pres de lui dans une autre partie du jardin : il etait assis et calme. J'avais recouvre la voix, et je I'accablai des noms les plus odieux. « Je veux bien t'eclairer, me dit-il sans s'emouvoir, et tu vas louer mon humanite. Denx genies ])residerent a ma naissance. L'un , ennemi des etats que fu'a laisses mon pere, souffla sur moi , et dit: Il sera conquerauf. L'autre, arrive trop tard, ne pouvant plus que modifier mon caractere, resta pres de moi pour veiller a mon education. Tres-jeune je demandais des armes et ne respirais que la guerre. Le bon genie, par ses soins perseverans, obtiut qu'au lieu de bouleverser le m.onde je me contenterais des jeux dont tu viens d'etre temoin. Qu'est-ce qu'un petit nombre d'enfans dont je prive lenrs meres, pres des milliers d'hommes que j'aurais fait perir? Avec quel euipressement mou peuple ne doit-il pas 66-2 SCIKNCKS MOIIALKS m offrir ce le^or ti ibut ? Soiif^c mix cc)n(|iioraris , heiiis ma nio- doration, ar M. Pierre Dupokokau. (/?<•!'. Enc, t. xxvi, «iv/V liii'i, p. fi'i-fitj ) ET i'OLITlOUES. fiO' Ljeneiale : il a {K'-veloppc son plan et donric, comnie echanlilloii de son travail , qiieUincs fi agmcns du code qu'il s'occupo de rodiger. Ce plan a rccu rappiobation do rasscmbluc, qui a deorete limpression du rapport et sa distiibution aiix princi- paux foncrionnaires de I'etat. C'cst ce rapport que M. Taillau- dier nous offre a examiner cominc iin monument curieux dc I'etat des Umiieres et de la civilisation chez les habitans de la Loiiisiaue. Dans le plan de M. Livingston, les disjiositions legislatives doivent etre precedees d'un livre consacre a la definition des termes employes par le legislateiir. On nc sanrait qu'applaudir a cette mesure, dont robjet est de donner a la loi un nouveau degre de precision et de clarte : la elarte est I'nne des pre- mieres conditions d'une bonne legislation; et c'est surtont en fait de lois penales que cette condition est d'nne neeessite rigourense. Le second livre renfermcra les tlisposiuons generales du legislaleur. Parmi ces dispositions, il en est deux qui meritent nne attention particnliere. La premiere est celle qui garantit le droit de publier, sans controle, les proces en cour criminellc, et de discuter libre- ment laconduiledes juges et des autres ofiiciers employes dans i'admiuistration de la J!)slice. Les reflexions du rajiporteur, a ce sujet, sont d'une sagcsse remarquable. « La publicite, dit- il, est un objet si important dans les gouverneraens libres , qu'elle doit etre , non-seulemenl permise, mais iwposee cominc un devoir. Le peuple doit etre contraint a prendre connais- sance de ce que font ses servitenrs; ou bienlot, ainsi que (i'autres maitres, il aimei'a mieux endurer les abus, (pic de prendre la peine de s'enquerir de I'etat de ses affaires. Au- cune nation n'a encore eprouve d'inconvcuient d'une inspec- tion trop attentive sur la conduile de ses employes ; mais plusieurs sont tombees dans la ruine et dans I'esclavage pour avoir laisse graduellement s'accumuler des abus et des decej)- lions, qui n'etaieut inapercus que ]>aree que les nioyens de publicite n'etaieut pas assures. Dans nos terns uiodernes, la m.\ SCIENCES MORALES presse est un si puissant organe public, que la nation qui ne- t,'lige de sen servir pour promulguer Ics operations des di- verses branches dii j;;ouvernoment , ne pent connallre, ni ap- precier, ni meriter les bicnfaits de la liberie. » La seconde disposition est cclle qui etablit le jugement par jury en matiere penale. Sous la legislation anterieure, le droit d'etre juge par ses pairs n'etait qu'uiie faculte dont I'accuse ctait libre de ne point user. D'apres le nmiveau Code, la ju- ridiction du jury dans les affaires criminelles doit devenir exclusive et absolue. Parnii les motifs donnes par le rappor- teur a I'appui de cette disposition , il en est un surtout qui nous parait digne d'etre rapporte. « Ce mode de jiigement, dit M. Li- vingston, lepand les plus utiles connaissanccs parmi toutes les classes de la societe; c'est une grande ecole, dont chaque reunion du jury est une classe separee; dans laquelle les pre- ceptes de la loi et les consequences de leur violation sont en- seignes par pratique. L'exercice frequent de ces importantes fonctions donne, en outre, un certain sentiment de dignite personnelle, de respect de soi, qui, non-seulement convient au caractere dun citoyen libre, mais ajoute encore h son bon- heur prive... Un etat dont les moindres citoyens sont ainsi, tour a tour, eleves a ces augustes fonctions, et deviennent alternativenient les defenseurs de I'innocent, la terreur du coupable et les gardiens vigilans de la constitution; sans le consentement desquels aucune punitiou ne pent etre infligee , aucune disgrace encourue; qui peuvent, dun mot, arreter le bras de I'oppression et diriger le glaive de la justice ; un tel etat, dis-je, ne peut tomber dans la servitude, ni etre facile- inent opprime. Des chefs corrompus peuvent alterer ou per- vertir la constitution; d'arabitieux demagogues, la den»turer ou la violer; I'influence etrangere en eutraver ou en arreter I'operation ; mais, tant que le penple jouit du privilege d'etre juge par des jures pris dans son sein et desi^ncs par le sort , il ne peut cesser d'etre libre. Les lumiercs que dissemine cette inappreciable institution, le sentiment de dignile et d'inde- pendanee qn'elle inspire, le courage qu'elle cree, donnent ET rOLlTlQUES. fiGi loujoui s a la nation une energie de resistance <]iii lutie corps a corps avcc I'usurpation, et un eian de palriotismc qui de- concerti; et decourage tout pouvoir arbitraire. « Heureuse la nation oii le leglslateur professe de telles maximes! Ce second livre doit etre precede d'une introduction ren- fermaut la declaration des principes qui ont servi de base a la loi. Cette declaration est destinee a guider le iegislatcur lui- ineuie dans la redaction des articles particuliers. L'nn de ces principes a souleve, dans (juelques-uns de nos journaux , une discussion assez curieuse (/e Globe et la The- mis) , mais qui peut-etre n'etait point snffisammeut amenee par le textequiUii a donne naissance. M.Livingston declare que « la loi ne connail point la vengeance •> , et que « le seul but des punitions doit etre de prevenir la commission des delits. « Do jeunes ecrivains de talent ont pris occasion de ces mots pour nous offrir des dissertations plus ou moinsbrillantes sur le droit depunir. Des idees assez elevees ont ete emises : mais ne serait-ce point le cas de repondre avec un ancien : Mon ami, tu as tenu hors depropos unfort beaupropos. M. Livingston ne s'est point occupe, et n'avait point a s'occuper de rechercher le principe du droit de punir; il a seulement recherche le but des puni~ tions , ce qui est fort different. En effet, le droit de punir etant admis, quelle qu'en soit I'origine, il ii'en resulte pas ne- cessairement la raison de punir : le chatiment le plus merite ne serait cependant qu'une craaute gratuite ' si la societe qui I'inflige n'en devait retirer aucun avantage. M. Livingston n'a point dit autre chose : laissant aux metaphysiciens a discuter I'origine du droit de punir, il a declare avec verite que la rai- son d'user de ce droit n'est point la vengeance , mais \si pre- vention des actes funestes a la societe. L'expression nous parait aussi juste que le principe nous parait tulelaire. Par une consequence de ce principe , le projet declare f\\\aucune action ou omission ne peut ^trc declaree criminelle qu'autant quelle sera prej udiciable a I'etat, a des societes au- torisees ou a des individus. Mais M. Livingston a parfaitement senti que toutc action. (iG6 SCIENCES MORA.LES nieme dotamagoable , ne dcvait pns I'tre fiapptjo par la loi pc- nale. C'est iin de nos prcjugei, en France, ilc vouloir meitre la loi penalr partout : dt-s qu'nno action parait presenter quel- qne inconvtnii-nt , soit ponr la societe, soit ponr le pouvoii-, vitc nons sollicilons une loi, vite nous appelons raiiicndc on la prison. Rien n'cst plus funeste i)our I'esprit public , qui se demoralise en voyant prodigner ee qu'il y a de pins grave et de pins imjiosant, la loi penale; qni s'habitue ainsi a joner, j)onr ainsi dire, avec elle, et cesse d'attaeher a la penalite I'ini- ))ortance qn'elle devrait avoir aux yeux des homnics. Les par- tisans du ponvoir absoUi connaissent bien eette disposition, et savent nierveiileusenienl en profiter pour restreindre les 11- bertcs pnbliques : uotre legislation sur la presse, snrchargee de tant de dispositions puerilement meliculcuses, en est une preuve bien frappante. Sous ce rapport, le Icgislateur futur de la Louisiane s'est montre beaucoup plus sage : suivant sa declaration, « les lois jjenales ne doivent pas etre niultipliecs sans une necessite nianifeste; ainsi tels actes, quoique prejudi- ciables a des individns ou a dessocieles, ne seront point sou- mis a la poursuite j)ubiique, s'ils peuvent etre s uffisamm en t re- pares par Taction civile. " Nous nepouvons resister an desir de transcrire encore quel- (jnes articles de cette declaration. , n Les moyens eloignes de prevenir les delils ne sent point du ressort des lois penales : c'est a I'gssemblee generale d'y jionrvoir en terns et lieu. Ces moyens consistent dans /• ET politiqi;e>. GGj « Quelle (jiio ])uiise elic, dans I'ctat, la majo: ilc tk's Sfcla- ti'iirs (I'liiu; opiniun on d'une st'cte, r'at unc persecution que de forcer qui que ce soil ii se conformer ii quelque ccrenio/iie , ou a observer quelque jour clefete consacie a nil cultc par Ics nienibres d'une societe rclii;ieuse cjuelconqiic. « « Les lois rendiics pour la repression d'un mal occasionnil (ou icniporaire ") ne tloivent pas avoir plus de diiree que le nial qu'ellcs entendent repiimer, et duivent disparaitre avec les raisons <|ui les avaienl provoqiiees. » Lescliapitres suivans, dans lesquels sunt tracees les disposi- tions j;enerales de la legislation criniinelle, renfermenl aussi line foule de dispositions pleincs de saijesse. Ainsi, par I'article 8 du 2^ chapilre, il estexprcsseinent de- fendu de punir aucune action ou omission non condamnees par le texte de la loi, sous prelexte qu'elles le sont pur I'esprlt de la loi. L'article 1 1 porte qu' aucune personne accusee d'nn delit quelconque ne sera contrainte, par violence ou par menace, de repondre a aucune inlerrojjation relative a son innocence ou a sa cnlpabilite. D'apres l'article 32, I'oidre d'un superieur militaire neyW- ti/ie ni vt' excuse la commission d'un crime. D'apres l'article 34 , I'ordre legal d'un mat^istrat ou d'un tri- bunal competent legitime les actcs expressement commandes par cetordre, mais rien an-delii ; et les moyens necessaires d'executioxi sont traces par la loi. Nous ne saurions donner une approbation aussi enliere au principe pose dans l'article 28, qui veut que, dans certains cas, la presence d'un ascendant ou d'un maii au di'lit commis par nn mineur ou une fcmme niariee, sans avoir chercbe a le prevenir, forme contre eux une preuve complete de compli- cite. II nous semble qn'en maliere de peualites, il ne saurait y avoir de presomptions de droit., ct que la loi usurpe leniinis- tere du jury, lorsqu'elle declare d'avance, par une regie ge- neraleel inflexible, (jue telle ou telle circonsfunce fcta prruve 668 SCIENCES MORALES de la ciilpabilitc. La loi ne pciu, saiis tyrannic, repousser Irt preuve de I'innocence, lolsqii'elle est offerte; clle ne pent, h eel egard, prescrire de regies ni creer do fins de non-rece- voir : c'est a la conscience seulc (injury qu'il appartient d'ap- precier, dans cliacjne cause, la justiiication d'un accuse. Par la memeraison, nous repousserions, comme trop ab- solu, le principe pose dans I'article 40, et d'apres lequel, « lorsque le fait qui constituele delit est prouve, c'est h racense a prouver las circonstances sur lesquelles il s'appuie pour jus- tifter ou faire excuser Taction ou omission condamnee par la loi. » il n'est point vrai qu'un accuse soil jamais astreint a faire une preuce , dans le sens rigoureux de ce mot : il n'est point vrai que, des qu'un fait materiel est prouve contre lui, il doive subir les rigueurs de la loi, c'l moins qu'il n'ait a oppo- ser un faitjustilicatif bien constate. C'est la, suivant nous, une application erronee, et par consequent dangereuse , de la maxime de droit civil : reus excipiens fit actor. Cette maxime est excellente en droit civil, ou le debat s'engage entre deux parties egales, entre deux interets egaux; elle serait excessive- ment funeste en droit criminel, parce qa'ici cette egaiite cesse et fait place a la plus extreme inegalite. Certes , il n'y a point egaiite de facultes entre la puissance publique qui accuse, et i'individu faible et obscur qui se defend ; il n'y a point egaiite d'interets entre la societe , qui ne peut recevoir qu'un Icger dommage par une absolution non meritee, et I'accuse, pour lequel il s'agit de I'existcnce toule entiere. Nous ne retrouvons done point ici cet equilibre entre les deux parties, qui seul a determine le legislateur, en matiere civile, a traiter le defen- deur aussi rigourenscment qu'un demandeur, relativement a ses exceptions. Ce qu'il faut dire, dans lecas qui nous occupe, c'est que , lorsque I'accusation a fait la preuve du fail qui cons- titue le delit, elle a rempli sa tache ; qu'ensuite, c'est an jury, chai'ge d'apprecier la defense de I'accuse, d'examiner s il y a quelque raison de croire qu'il ait pu se trouver dans un des cas d'excuse admis par la loi: ou plutot, il faut ne rien dire, et ET POLITIQIT.S. e6g toul abandonner ii la conscience du jury, qui, dans chaque cause, pesera les fails, les moyens de defense, les raisons de croire ou de douter. L'auteur n'a point tennine le troisieme livre, consacre a la deGnition et a la classiEcation des delits. Mais, si Ton en juge par son rapport , la legislation qu'il se propose de presenter reposera sur les principes consacres par I'experience des na- tions civilisees et par I'autorite des meilleurs publicistes. On y remarquera une innovation qui fait connaitre combien l'au- teur du nouveau code est attache au bienfajt de la liberie de la presse; il propose d elablir des peines centre les alteintes por- tces a celte liberie. « 7bute violence ou menace cle violence, tout exercice d'autorite ou d'influence officielle tendant a la' res- treindre, sera declare delit et puni comme tel. .. En effet, « si la liberie de publier est un droit, dit M. Livingston , suffit-il de declarer que I'exercice de ce droit ne souffrira aucune puni- tion? J'ai le droit de posseder ma propriete; la loi se borne-t- ellea declarer queje ne serai pas punissable? elle fait plus; elle eleve autonr de ce droit un rempart menacant contre ceux qui tenteraient de rae priver de la jouissance de ma pro- priete. " Le livre suivant contienl « les mesures necessaires pour pre- vemr la commission des debts apprehendes , ou pour arreter raccomplisseraent de ceux deja commenck^ {Rapport , p. 5i).. C'est la loi anglaise , avec quelques perfectionnemens indiques par I'experience. CeKe panie du travail est digne des plus grands eloges. Le cinquieme livre traitera des peines. Nous devons regrel- ter que la partie du projet qui concerne cette branche impor- tante de la legislation ne soit pas terminee, car cette matiere offre une foule de questions aussi difficiles qu'importantes sur lesquelles le travail de M. Livingston ne pourra manquer derepandre des lumieres. Toutefois, son rapport pent, jus- qu'a un certain point, nous tenir lieu du texte que nous ne possedons point encore. Nous y voyons annoncees deux dispositions importantes , la suppression de la peine de T. XXX. — fuin 1826. ,0 570 SCIENCEvS MORALES mart ( i ) , et I'adoption cic I'empmonnement solitaire comme moyen de p^nalite. Rien de plus pliilantropique, de plus im- partial, de mieux pense que la discussion dii rapporteur sur la peine de mort: il demontre d'une nianiere victorieuse qu'elle est peu puissantc comme crainte et comme example; qu'elle est immoralc; qu'elle tend a depraver le peuple clicz Icqucl elle est frequemmcnt infligec; onfin, qu'elle doit cffraycr la conscience du legislatenr, puisqu'elle est irreparable et qu'elle ne laisse aucun moyen de revenir sur I'erreur. Tons les amis de rhumanile applaudiront i\ ses conclusions, et feront des voeux pour qu'un genre de peine sujet a tant d'abus soit ega- lement aboli , an moins par dcgres, chez toutes les nations ci- vilisees. M. Livingston rejette pareillement, pour differens motifs, plusieurs peines en usage dans les divers etats de rEurope,le bannissement, la deportation, les fcrs, I'exposilion , les tra- vaux publics, la fletrissure et la flagellation. II reproche a ces derniers chAtimens « d'cxclure le repcntir on la reforme; d'etre inegaux , arbitraires; de n'etre, a I'exception des travaux pu- blics, que momentanes dans leur application, et de placer le patient, apres I'execntion, dans la triste alternative ou de mourir de faim ou de recidiver immedialemcnt. » Sur tousces points, nous partageons enticrement son opinion. Voici, en consequence, rechelle de penalitcs qu'il propose: amendes pecuniaires; destitution d'offices; simple emprison- nement; privation temporaire des droits civils; emprisonne- ment aux travaux de force; reclusion solitaire durant des periodcs du tems de I'emprisonnement fixees par la sentence. On remarquera que, dans cette echelle, \:v reclusion solitaire tient le premier rang, et qu'elle occupe, dans le code propose, la raeme place que tient dans le notre la peine de mort. II est dinicile de se defendre d'lm sentiment pcnible, en songeant (f ) Voy. Rev. Enc. , t. « , p. 33i , I'analyse de I'ouvrage sur I'abo- iition de la peine de mort, par un publiciite savant et philantrope , JM. Heiberg; et ci-dessus , p. 443, I'annonce du prix propose par M. de Sellon , de Centre. ET POLITIQLES. 671 que cette peine terrible s'infligc joiirnellement parmi nous, sous le nom de secret, sans jngement, a la voix d'nn seiil jugo instructeur, corame une simple mesure de precaution, dont la duree est indeterminee, ainsi que le mode d'application; tellement que, dans un proces assez celebre, on a vu un pre- venu eubir, a differens intervalles, six a sept cents jours de SECRET. L'adopiion de ce genre de peine a fait naitre un loiiable scrnpulo dans I'esprit de M. Taiilandier, «iditeur du travail de M. Livingston. II acraint que la solitude, jointe ;\ la reclusion, ne produisit, a la longue , un elfet trop violent sur le moral du condamne , et ne finit par egarer sa raison. II a consultc .sur cctre question deux savans medecins, voues depuis loug-tems au traitement des alienes. II resulte de leurs reponses, jointes a Toavrage imprime, que ce danger n'est point k craindrc , pourvu qu'uni,' rigiieur exaguree n'ajoute pas , dans I'execution, a la severitc dela peine. M. Taiilandier a reuni a ce premier travail un second rapport de M. Livingston sur \eprojet de code civil^ et un fragment de M. Mill, jurisconsulte anglais, sur les conditions necessaires a la perfection d'lin code penal. Ces divers morcea?ix renfer- ment des vues interessantes et seront lus avec interet. Comme le langage des lois ne saurait etre trop clair, nous feronSjSur la traduction francaise du travail de M. Livingston, quelques critiques grammaticales, qui pourraient ailleurssem- bler rainutieuses, mais qu'ici nous ne croyons pas deplacees. L'auteur, comme on I'a pu voir, se sert souvent du mot com- mission, pour exprimer I'acte de commetlre un delit; ce mot n'est pas francais dans ce sens. On donne wne commission i son employe, on nomme une commission dans un corps deli- berant : mais la commission d'un delit est une locution impro- pre, et, par-la meme, equivoque. L'usage a consacre, dans la langue des lois, le mot perpetration , qui peut-etre est un pen barbare, mais qui, du moins, est precis et n'offre point d'anj- pbibologie. Plus loin, nous trouvons Vacquit d'un devoir, pour Yaccomplissement d'un devoir : ailleurs instiguer pour exci- 67a SCIENCES MORALES ter , etc., etc.... Ce sont la ties laches legeres; mais il est boii He les noier, pour qu'une revision facile les fasse disparaitre d'nn travail digne d'eloges a taut d'egards. Berville. GEOGRAPHIE ANCIENNE. Geographie d'Herodote , prise dans les textes grecs de I'auteur, et appuyee sitr un examen grammatical et critique; avec atlas, contenant la geographie des trois grands historians de V antiquite , et les plans des ba- TAiLLKS quails ont decritesy et avec trois index; par J.~B. Gail, chevalier de plusieurs ordres, membre de rinstitut, conservateiir de Ja Bibliotheque du Roij etc. (i). Plusieurs fcuilles litteraircs, justement estimees chcz nos voisins d'outre mer ct d'outre-Rhin, ont deja rendu aux sa- vans travaux de M. Gail sur la geographie ancienne, la justice qui leur est due; et nous nous feiicitons d'avoir etc devances dans I'examen que nous en allons faire par des critiques dont I'impartialite n'a ete alleree ni par la bienveillance a laquelle on peut etre naturellement enctin en faveur d'un compatriote , ni par ces petites passions, on ces preventions jalouses, dont quelquefois on est moins a I'abri dans sou propre pays qu'ailleiirs. On a dejh remarque que M. Gail avait eu plus A se plaindre des savans francais que des etrangers, et les nou- velles Annates des Voyages, redigees par MM. Eyries et (i) Paris, sans indication d'annee. Imprimerje royale; Treuttel ct Wiirtz, etc., Gail neveu. a vol. in-8°ile Mit et 74" P- ensemble; prlx , 18 fr.; ratlas in-4°, 60 fr. Get atlas contient 107 planches, de sinces, d'apr^s les reeheiches de J.-D. Gaii., par des tacliciens et des geographes celebres , parmi lesquels on remarque, ])our les plans de batailles, les generaux Marescot, Carnot, Soiibieb , SoLEMY, Mathieu Domas, ctc. ; pour les cartes geographiques , MM. Barbie du Bocage, W. Gei,i., e< surtout M. Isambert; pour les temples egyptiens et grecs, M. Romain Rondei.et. ET POLITIQTIES 67^ Maltebhun, en promettant, dans un dcs cahiers de I'aunee derniere, une analyse critique et detailioe de la geogra- phic d'Herodote, expViquent assez bieii pourqiioi « les tra- vaux de M. Gail pere , sur les passages geographiqiies d'He- rodote, de Thucydide, de Xenophori , de Theocritc , ne sont ni apprecies avec la justice que merite tout effort sincere, ni recommandes au public avec la bienveillance que merite toute recherche feconde en resultats. » Nous allons tacher de re- parer, autant qu'il est en nous, cetle distraction de nos savans. La Revue Encjdopediquc ne peut, coinme le ferait uu journal specialement consacre a la philoloi;ie, citer les passages, dis- cuter les textes et produire les aulorites que M. Gail apporte i I'appui de ses decouvertes; il nous suffira de les signaler a I'attention du monde savant et d'en indiqiier toute rimpor- tance. Une geographic d'Herodote est, pour la connaissance du monde ancien, un travail fondamental A I'epoque ou vivait cct historien, « il tallait crecr, dit avec raison M. Gail, la geographic en mcme tcms que I'histoire; aller chercher des materiaux epars chez des peuplades disseminees par la de- fiance, ou rapprochees par la faiblesse et la crainte; chez des rois que I'esprit de conquete rendait aussi curieux de recher- ches geograpliiques, que soigneux de les tenir cacliees; chez des nations commercantes , niais peu jalouses de dissiper les tenebres, et craignant de provoquer I'cssor des navigateurs. II fallait un homine aussi plein d'ardeur pour I'etude que pas- sionnepoutla gloire;comptantpourricn les fatigues, pour beau- coup les moindres decouvertes; voyageant enfin dans presque toules lescontrees du monde connu. Get homme s'est rencontre. Herodote, en effet, a parcouru I'Egypte jusqu'a Elephantine; la Lybie, dont la description nous etonnt;; la Syric; la Haute et la Basse-Asie, ou il avail visite soigneusenient Babylone et son hieroji; la Til race (Voy. Pre/, dc Larchcr); la Scylhie, qu'il annonce en des termes qui ont frappe M. Rennell ; enfin, pres- que iQiit le oiondeconnn de son terns; racontant ce qu'il a vu lui-meme, et, locsqu'il n'a pu voir par lui-mcmc, puisant aii\ 6:4 SCIENCES MORALES meilleures sources; rccevant dcs colons grecs, etablis aux en- virons du detroit Cimmcrien, de prccicux renseignemens , et prodiiisant des resultats clairs el bien discutes, de ce qui n'offrait , avant lui, que du vague, de I'obscuritc, de la con- fusion. » Rien ne saurait done ctrc plus utile pour la connaissancede ranliquite que I'lntelligence d'un tel geographe. Souvent ex- pliqiie , il ne I'a pas toujours etc avec bouheur ; on I'a ordinai- rcnient jiige d'apres des cartes inexaclcs, et d'apres des rela^ tions incertaines, rarement d'apres son texte. M. Gail ne s'est point borne a la tdche facile de repeter ce qui a ete bien ex- plique par scs devanciers ; il a cherche des faits encore ina- percus ; et, en rapprochant des textes d'Herodote les cartes existantes, los relations et les opinions qu'elles ont fait naitre, il s'est cfforce de reveler des verites nouvelles et de montrer des erreurs trop accreditees. Parmi les dissertations plus ou moins etendues qu'offre la geograpliie d'Herodote, nous citerons celle qui est relative aux Hyperboreens, ainsi qu'aux offrandes envoyees des re- gions hyperboreennes a Delos; la description de la Scythie; les recherches historiques et critiques sur les Budins et les Gelons; sur les Aniazones et les Sauromates, peoples dont quel- ques-uns sonta peine mentionnes par les historiens de I'anti- quite, et que les historiens modernes oublient tout-a-fait, ou ne fontconnaitrequetres-imparfaitenaent. Nous signalerons encore un examen critique de textes relatifs a divers peuples deThrace; et nous fixerons I'attention dn lecteur sur le memoire intitule Epithrace , contenant des recherches historiques et critiques sur les colonies grecques du littoral de la Thrace, d'apres Herodote , Thucydide, Xenophon et d'autres auteurs. M. Gail , donnant un sens tout neuf a la locution rei sVi 0p«'x>jr, d/'signe par les mots Epithrace , ou vUles cpithraces, les colonies grec- ques etablies au nord de la nier Egee , depuis la presqu'ile de la Pallene jusqu'a Byzance. Les considerations grammati- cales, aussi fines que profondes , dont ce memoire est rempli {\. II, p. 1-73), suffiraient seules pour placer M. Gail .iu rang ET POLITIQUES. 678 ties plus savans hellenistcs. Notre habile piofesseur demontre, en graminairien , avcc la derniere evidence , ce que M. Gatteicr avait entrevH en geo-raphe , que le littoral de la Thrace etaU peiiple de colonies giecques; et son mrnioire, fort imi)ortan» sous Ic point de vne historique, n'ost pas non phis sans ulilite , considere seulemcnt par rapport a la connaissance de la langue grecque; car, memo depuis que les remarques des Gattereret des Hermann avaient etc publiees, des helle- nistes du premier ordre Iraduisaient encore rtc eV/ ©fce'*n}f , les uns par la Thrace, Ae% autres par les ajfaires de la Thrace. Et ici, le eontre-sens n'est pas assuremcnt sans consequence : ce n'est point d'une vaine argulic, d'nne phrase plus ou moins rai- sonnable qu'il s'agit; c'est une veril6 historique, un fait nou- veau qui se trouvent reveles dans I'ingenieuse explication de M. Gail. Toutefois, nous rcmarquerons que la denomination A'ipithrace qu'il propose, nous semble inutile ; outre qu'elle n'est pas autorisee par les geographes, elle a le grand incon- venient de manqucr de clarte, en fran9ais; et nous prefere- rions encore, malgre son defaut de brievete, la phrase : Co-, lonies grecques du littoral de la Thrace. Enfin , un memoire historique et geographique sur Silalces (1), sur la Thrace odrysienne, ainsi que sur plusieurs des princes et des rois qui la gouvernerent, et une dissertation sur les itineraires de Da- rius et de Xerxes , achevent de remplir les deux volumes con- sacres par M. Gail a la geographic d'Herodote. Nous avons remarque que, dans son memoire sur la Thrace odrysienr.e, notre auteur a heureusemeut rendu a Sitalces , prince a |)eu pres oublie des historiens n\odernes, le rang que lui meritent ses grandes qualites ; il nous semble aussi avoir prouyd, dans sa dissertation sur les itineraires, plusieurs points importatjs, etentre autres I'existence de deux Achante , quoique d'Anvdle n'ait place sur ses cartes qu'une seule ville de ce nom ; et ausji (i) Un savant allemand a traduit en latin le memoire de M. Gail ; et ce memoire vieut encore d'etre reproduit , dans la meme langue.. par M. Frederic Purro, qni en a cnrichi son edition de Thucydidp. 676 SCIENCES MORALES de deux SanS , I'une dans la Pallene, I'autre au nord du canal de la peninsule du mont Athos. En redressanl les fautes des autres, M. Gail n'epargne pas ses propres errenrs, et il monire aussi qu'il faut renonccr a la pretcndue ville A' Uranopolis , qui se trouve sur sa carte dc I'lsthme du mont Athos, « oii je I'avais admise, dit-il , accoutiime a deferer aux idees de notre collegnc, rillustre M. dc Choiseiil. » L'atlas qui accompagne les deux volumes dont nous venons de parler, offre aussi, dans Vanalyse des cartes , des recher- ches fort interessantes pour I'inlelligence des historiens. Nous citerons specialement ce qui concerne Limen-Calpe , Olympie, Delphes et Pise. Limen-Calpe est one peninsule situee a six heures a I'ouest de I'embouchure du Sangarius. Xenophon en fait mention dans sa Retraite des dix mille; mais ici le savant Larcher a traduit le grec si inGdelement, que Rennell, d'Anville et Barbie du Socage n'ont pu , d'apres sa version, dresser une carte de la peninsule Calpe. L'honneur de la restituer i la geographic an- cienne etait reserve a M. Gail , et sa decouverte a ete adoptee par M. Lapie, dans la belle carte de la Grece que vient de publier cet habile geographe. Nous rcnvoyons a l'atlas de M. Gail , page 106 et suivantes , et planche 107; on y trou- vera la nouvelle version du lexte de Xenophon relatif ^ Li- men Calpe, et I'indication de plusieurs changemens a faire sur divers points des cartes de d'Anville. En meme terns que M. Gail place sur ses cartes une penin- sule dont on ignorait I'existence, il en efface des villes aux- qtiellcs on avail donne une celebrite long-tems incontestee. Il n'est personne qui n'ait cru, sur la foi des etudes de college, qu'une ville d'Olympie dut etre comptec parmi les cites les plus renommees de I'ancienne Grece. M. Gail s'est eleve, il y a 12 ou i5 ans, contre cette croyanc<> , et il a essaye de demon- trer qu'il n'avait rien manque que I'existence a cetle ville si bien decrite par de savans geographes, et si bien representee par d'habiles burins. Cette opinion toute nouvelle a duetonner, an premier abord; on n'examine pas volontiors cc qn'on a cm ET POLITIQUES. 677 long-fcms sans examen; au lieu de rechercher, k Taide des textes , ce qu'il pouvait y avoir de reel dans la dt'coiivm te de M. Gail, on a eu plutot fait de crier au paradoxe; quelques savans rouliniers ont donne le signal, et des gens dont ce n'est pas le metier d'etre savans, ct qui n'ont pas fait de I'antiquile line etude spcciale, se sont laisse imposer par cette accusation de paradoxe; c'est ainsi que nous la trouvons repetee dansles deux Biographies des contemporains publiees depuis pcu , sorle d'ouvrages composes ordinairement a la hate, et dont Ics auteurs n'ont gtiere le terns d'approfondir des questions diffici- les. M. PouquevilJe, qui connait mieux I'Hellade d'aujourd'hui que la Grece antique, a aussi consacre quelques pages de son interessant ouvrage a eombatlre notre autcur; ncannioins , I'opinion de M. Gail serablc avoir enfin Iriomphe de la routine et de la mauvaise volonte, et se trcuve maintenant piesque univeraellement approuvee par les savans francais et eirangers. Nous citerons, entre autres, le troisieme volume de X Amalthee , ouvrage de I'un des plus illustres archeologues de I'AlIemagne. — Le (5«rtrte/Le Classical Journal , autre ecrit perlodique redige en Angleterre, et qui cite ("n" 62. juin 1826, p. 420), la Geographic d'Herodote avec atlas, comme I'un des ouvrages les plus remarquables que Ton ait publics depuis bien des annees. — Les nouvelles Annales des voyages de MM. Eyries et Maltcbrun ( t. xxvii, p. i33. juillet iSaS, ) recommandent aussi I'allas de Gail a tousles amis de la science geographique « comme un ouvrage conte- nant un grand nombre d'observations neuves et savantes , comme un supplement indispensable a la geographic herodo- teenne de Rennell et a celle de Larchev. » — EnGn notre Jour- nal des savans, et I'un des derniers bulletins de la Societe de ge'ographii' c'ltent aussi avec eloge les travaux de notre auteur. Nous ne pouvons entrer ici dans la discussion detaillee des 6:8 SCIENCES MORALES rechcrches par lesqnelles M. Gail s'est efforce d'etablir qu'au lieu d'line ville d'Olympie , il n'avait jamais existe qii'une con- tree olympienne, et im /iwrono\ymp\cu, oil se celebraientces jeiix dont la renommee ne perira jamais; nous reiivoyonscciix qui sevaicnt curicux d'approfondir la question, a rexcellent memoire de M. Gail , insere dans le Phihlogue , t. iii, p. 397- 43o (i). On a lieu de s'etonncr que les memoircs de I'lnstitut n'en aient doiine qii'un cxtrait. Quant a Delphes , M. Gail reconnait I'cxistence de cettc ville; mais il en abrege la durec. Scion cc savant, il n'a pas plus oxiste do ville de Delphes, dans les terns ancicns, qu'il n'a existe de ville d'Atlienes avant Thesee. Ancicnnement , Delphes etait hicron ( enceinte sacree ) et non ville ; on ne di- saitpas mcme I'liioron dc Delphes, maisl'hicron des Delphiens, denomination qui dut ellc-meme chani^'er, lorsque la conlrec delphique passa sous la puissance des Phoccens. M. Gail nous semble resoudre heureusement cette difliculle, lorsqu'il dit qu'a cette epoque, et nieme dans tous les lems, cet hieron fut connu sous le nom A'hieron fie Pytho , denomination qui etait en cffet independante de la chance des combats, et des revo- lutions frcqueutcsdansces petitsetats. Quoique, dans son j4tlas, dans son Philologue , et ailleurs M. Gail ne presente cette opi- nion que sous la forme du doute, nous incliuons fort ;\ croirc que la denomination A'hieron de Pytho est la veritable, que Pytho est nom d'enceinie sacree et non pas de ville , comme le veulent d'Anville, Larcher et Barbie du Bocage qui n'ont peut- etrepas fait assezd'attcniionala locution 73- JfiofToVoydelaquelle on pent inferer que Pytho elait seulemcnt nom de lieu, et qui (i) Cet ouvrage periodique, qiii, en France, est unique dans son genre, est tminemmenf utile aux institnteurs et a tous ceax qui s'occupent des leltres et des antiquites grecques; il est deja parvenu au iC' volume. II en parait deux chaque annee. Prix dc I'abonne- ment, l8 fr. La Revue Encjclopediquc I'a fluj.i signale a I'attention du mondc savant. ( Vov. t., xv, p. '^86.) ET POLITIQUES. 679 n'ont pas assta soigneuseinent examiiiu \v contexle dun grand nombrede passages heureusenient cxpliques parM. Gail. C'est encore les auteiirs a la main que M. Gail confeste la denomination d'OIympie-Pise , donnee par Ptolcmee, qui nc parait pas avoir discute en crlticjiie les texles anciens, denomi- nation qui n'ena pas moinsete adoptee par d'Anvilicet par Barbie du Bocage. M. Gail etablit fres-bien, dans son Atlas, et surtout dans le Ph'ilologue ( t. 111, p. 4ii )> fl^e I'Olympie elait s\ir la rive droite de I'Alphee, et Pise sur la rive gauche, a peu de distance sans doute, niais separee encore par qutlquc in- tervalle; que, par consequent, Pise ct Olympic ae sont pas synonymes ; que la denomination dlOlynipie- Pise est inad- missible comme exprimant idcniite di; lieu, et qu'il faut sur ce point, comme sur tant d'autres, corriger les cartes de d'Anvilb et de ses coj)istes. Si I'espace nous le permettait , nous voudiions citer quelqucs- unes des ingenieuses explications que nous offre \e Philologue de M. Gail; nous n'en lapporterons qu'une, c'est celle qui donne un sens noiiveau a I'epithele de Atlxe/o? , par laqucUe Apolion est si freqtierament designe chez les auteurs anciens A la doctrine exoterique (vulgaire) qui fait d'Apollon un diou tueiir de loups , M. Gail prefere la doctrine esoterique (celle des inities ) qui explique Avxuos par dieu dujour, dieu soled , dieu purificaleuT- ; et uotre savant appuie son explication de I'autorite de Macrobe et de celle de la raison. Sans que I'ideo qui s'attache a rex|)licalion o>dinaire du mot AuKitoa nous pre- sente rien d'ignoble, et tout en reconnaissant qu'elle doit dans certains cas etre admise , nous croyons , comme M. Gail , qu'elle scrait quelquefois peu exacle, et que le sens qu'il propose, ])arfaitement justifie par I'etymologie, ainsi que par cerlaines analogies, est beaucoup plus convenable dans divers passages , notamment des tragiques; etqu'enfin c'etait sans doute Apolion dieu de la lurniere el piuificaleur que le grand-pretre invo- qnait contre la pesle qui desolait Thebes. Nous sommes forces d'indiqner tres-sommairement les im- portans travaux de M. Gail sur les batailles des anci<'ns. 68o SCIENCES MORALES i"Preinit>n' bataille de Mautince. Avant que M. Gail eAt fait coniiaitre cette bntaille ( ^' Qiielques lignes revelent le peintre de moeurs dans nn article trop court sur les Ceremo- nies , « objet frivole en lui-meme, dit M. Jouy, important dans ses resultats, et qutlquefois d'une grande influence sur la destinee des individus et des nations. » C'est encore M. Jouy qui nous a donne une liisloire elci^antc et fidele de la Chanson, genre tout francais, qu'il etait reserve a notre epoque de porter an dernier terme de perfection, puisque, par un pri- vilege singulier, ce genre, leger en apparence, apres avoir celebre toutes nos gloires, a encore tronve dans nos revers un nonveau lustre. En passant i un autre snjet, on s'etonne de voir comment le poete qui n'a quitte quelquefois Melpomene que pour le ba- dinage simple et naif de I'apologue, on pour la muse severe de I'Histoire , a su devoiler plaisamment les ruses de nos Escobars de place publique, et center avec legerete quelques-uns de leurs burlesques exploits : voila pourtant ce qu'a fait au mot Charlatan I'auteur de Marius a Minturnes et de Germunicus. Apres cette correction de bou gout, on aime a lire un article plein de savpir et d'interet, par M. Thouret, sur la Chei'alerie, article d'autant plus precieux qu'il renferme beaucoup de sub- stance en lui-meme , et qu'il indique encore les sources nom- breuses ou I'auteur a puise. Cette sorte d'indication est I'un des avantages qui recommandent la nouvelle Encyclopedic. Nous nous contenterons d'indiquer les articles Cas, Caserne^ Casque, Catacombes et Chemins, Cavalerie, Chaleur , Celebes et Ceylan, que Ton doit a la plume de MM. Bouilllet,Valazi5, Allix, Delaborde, Marbot , Devergie, Eyries. IN'oublions pas les resumes si piqnanset si neufsqueM. Boryde Saint-Vin- cent a fournis sur I'histoire naturelle, aux mots Castor, Cerf, Chameau, Chat, Che^'al. Njous regrettonsseulement que, dans ce dernier article, le plaisir de contredire Buffon I'ait entraine un peu trop loin. Nous convenons que les magnifiques descrip- tions de ce naturaliste-poete peuvent quelquefois exciter I'liu- LITTfiRATURE. 687 nieui" des vorilahles coiitemplaienrs de la naturt', qui venlent la voir a iiu et non pas cachee sons de riches ornemens; mais nous ne sommes nuUcment convaincus que Bnffon se soil tronipe en altribuant au cheval cet instinct guorrier que lui recoiinait un concert unanime de voix, depuis Homere jusqu'a Virgile, depuis Jobjusqu'aux guerriers de nos jours. Frederic, en conservant avec soin un vieux cheval de bataille, recom- pensait dans ce fier animal un compagnon genereux des tra- vaux de son maitre. En passant du sixieme au septieme volume de X Encyclope- die, nous rencontrons d'abord un article do M. Tissot sur le mot Chceur. On y trouve I'histoire complete de cette institu- tion dramalique, origine du theatre aneien et du notre. L'article Christianisme est i'analyse la plus parfaite qu'un auteurpuisse donnerlui-meme.de Tun de ses plus beaux ou- vrages. M. Benjamin Constant s'y eleve au premier rang d*e- crivain religieux et d'homnie d'etat. A I'exemple de Bossuet, qui, dans le discours de I'histoire universelle, explique toutcs les revolutions de I'univers, la grandeur ot la cliule des em- pires par la force et la fniblesse des institutions, bien qn'il soit penetre de I'idee que la main de Dieu a tout fait et tout conduit, M, Benjamin Constant enuraere les causes hu- maines qui ont concouru a I'etablissemcnt du christianisme, et cependant, il est moins que personne dispose a nier sa celeste origine. « Certes, dit-il, alors que nous contemplons I'homme tel qu'il est quand il a rejefe toute foi religieuse , alors que nous voyons le sentiment religieux impuissant et vague se pre- cipiter tanfot dans la magie , tautot dans I'extase et le dehre ; I'enthousiasme enfanter des extravagances d'autant plus incu- rables qu'elles partent du raisonnement pour arriver metho- diquement a la folic; la raison n'offrir pour resultat de huit siecles de travaux d'abord que le neant, puis de chimeriques et contradictoircs hypotheses; I'intelligence parvenant a tout detrnire et hors d'etat de rien retablir; oserons-nous dire qii'a celte epoque la pilie celeste ne soit pas venue au secours du raonde, qu'im eclair n'ait pas sillonue la nue pour monfrer la 688 LITTI^IKATURE. roiilc a iiotio rare rj^mvc , fni'iiiie main divine n*: I'ait pas aid.'c ;i fiaiichir la Lariicio contre la(|iicllc die se brisait. « Nous peiisons (juc la laisoii <;t la science n'ont pas souvent inspire u'anssi belles pages que celles dont nous vcnons d'exiraire ce passage lapide : il faudrait les transcrire tout entieres, si Ton n'etait suv qu'elles scront lues, rclues et niedilees par tons les homnies qui no sont pas indifferens aux deslinees de la societe an sein de laquelle ils vivent. A cole de cet article si fort de logitpie et d'erndition, vient se placer naturellement le solide et brillant nwiceau que M. Packs a trace sur les Colonies. On conuait le talent de cet habile ecrivain pour tout ce ris pait aux memora- bles seances du Conseil-d'elat , ou Napoleon , jiaruii des liom- mes aussi di?lingues que les Cambaeeres, les Treillard, les Merlin et tant tl'antres, fit eclater si souvcnt la siiperiorite de son esj>rit, la juslesse cie ses idecs el lesluinieres d'luie in- telligence qui s'appliquait a tousles sujets. M. Berlier a emis les opinions lis plus sages sur les differens objets de la discus- sion; il a rt'dige plnsienrs articles de la loi; pcrsonne nepou- vait traitor niieiix que lui une matiere qu'il a d'aillcurs etudiee toulc sa vie. (kjo LITTERATURE. Nous a|)piciioi)s avcc iin grand plaisir que Ic succes ton- jours croissant do VEncyclopedie moderne \u9,\\^\e les espcran- <;cs et Ics predictions de tous les amis des sciences , des lettres, et de la philosophie. O. Lord Byron, par M™" Louise-Sw. Belloc. SECOMD BT UEHMJEH AHTICLK. (Voy. ReV . EnC, t. XXIV, p. 356.) , Lord Byron est le heros de M""^ Belloc. Elle I'admire, parce qu'elle le comprend; et elle le comprend, parce que, douee de la double intelligence du coeur et de I'esprit, elle est elle - meme susceptible du plus haut enthousiasnie pour Ic genie, la gloire etla vertu. Si lord Byron eut rencontre sa fcrvente admiratrice , uul doute qu'il aurait ete frappe du type grec empreint sur cette tete qui rappelle les femmes de Zante, ou d'Argos; mais, quel attrait de plus pour le poete, tl'entendre M™^ Belloc , et de reconnaitre en elle tanl de sympathie avec ses sentimens et ses ouvrages ! Madame Belloc sait par coeur, Byron homme et poete; on dirait qu'elle I'a connu , qu'elle I'a aime, et que, dans ces longues confidences oil Ton se decoiivre tout entier, sans y penser , dans ces com- munications de feu on le talent revele ses inspirations, ses forces et ses secrets, elle a obtenu des lumieres qui manque- raient a tout autre juge qu'elle. Peut-etre, ime fenime seule est-elle capable de s'identifier ainsi avec un caractere et un talent marques de la meme originalite. Ce n'est pas toulefois que son imagination n'intervienne dans les commentaires qu'elle donne sur son ami et sur son poete; mais, presque toujours, elle ne semble que declarer ce que I'experience lui a appris sur I'un et sur I'autre. Le Corsaire, dont M™^ Belloc parle avec beaucoup de justesse, donne lieu a plusieurs observations. Le debut, qui est un entrclien des pirates reunis aulour dn feu de la garde dans LITTERATURE. 691 ^iiit; ile , fait patfailcment connaitre les mceiirs dcs personna- ges et leur philosophic, tout aussi sajjje, et beaucoiip plus coii- rai^euse que cellc qui nous invite dans Horace au mcpris de la niort. Les lecteurs qui aiment les comparaisons , peuvent voir combien les regrets des Troyens sur leurs compagnons qu'ils croient avoir perdus, sont froids aupres des senlimens que fait cclater I'arrivee d'uncanot envoye parun vaisseai; qui apporte aux pirates des nouvelles de leurs amis absens. « Sonl-ils en- core en vie? Nous «e demandons pas s'ils ont vaincu; niais les verrons-nous ? les entendrons-nous? Ah! sans doute, dans la lutte contre les flots, dans la melee du combat, ils se sont con- duits en braves! Mais vivent-ils ? qu'ils s'empressent de venir jouir de notre surprise et de nbtre bonheur ; que leurs baisers viennent mettre un terme a notre incertitude! « Le heros du poeme est annonce de la maniere la plus vive et la plus rapide.- Quand il apparait, nous reconnaissons en lui I'etre superieur qui a deux forces en kii : celle qu'il doit aux dous particuliers de la nature, et celle qu'il se compose ;\ lui- ineme pai* I'adresse et la ruse, sans lesquelles il ne conserve- rait pas long-tems son ascendant. Tout etre superieur joue un role de tons les momens : cet esclavage est la dure condition de I'einpire qu'il exerce sur ses semblables. L'homme physi- »|ue et l'homme moral sont egalement bien points dans Conrad, I'un de ces brigands qui n'ont d'autre heroisme que I'audace dans le crime ou le danger, et qui font leur vertu de I'orgueil , comme le Satan de Milton , veritable type de tons ces rebelles f|ui ont declare la guerre a I'ordreet a la societe. Lord Byron se plait a representer de tels caracteres, comme de « nobles cceurs alteints dune degradation morale, et dechus de leur celeste destination , maisquieussent eteegaltment capables de I'extreme vei tu , si une fatalite aveugle u'eu avait ilecide au- trement. » Il est bon sans doule de presenter aux regards de I'bomme le spectacle de la chute affreuse et de I'horrible me- tamorphose de la vertu qui n'a pu gouverner des passions ex- tremes; mais pourquoi affectionner ces peinlures? Pourquoi siirlout nous raontrer si souveat des brigands comme des etres Gga LITTER ATUIUi. sublimes, ot s'exposcr an danger d'inspiier ponr eiix iiii on- tiioiisiasme qui peut Icur donner des livaux, en effa^ant leurs crimes par leur gloire ? Pourquoi deilier les heros des passions? L'auteur repondra: « j'ai soin do les rcnverscrde leurs antels. » Vaine reparation a la morale offensee! L'impression premiere reste dans I'ame etonneede la grandeur de ees demons dela terre et la rend ambitieuse dc les egaler ; leur apotheose fait cent fois plus dc nial, que leur enfer ne fait dc bien. Madame Bel- loc developpe celte verile , comme une femmc qui est de I'ecole de Rousseau. « A force de s'exalter, on donne a ses facultes nn trop haut degre d'energie; il n'y a phis d'accord entre nos dcsirs et nos esperances; toutc riianrionie de notre vie est detruite ; I'immortalite ineme semble froide et douteuse; nous sonimes des geans eiifermes dans une cage de fer ilont les bar- reaux nous blessent et rcsistent a nos efforts. Si ce snr|)lus (['existence pouvait tou jours se dirigervers un noble but, il se- rait beau de I'avoir; car il creerait des prodigcs de vertu, de genie, de devoumcnt : mais il efjare pliitot qu'il n'eciaire, et trop souvcnt il avilit au lieu d'elever. Les passions ont une force imposanie qui entraine. Elles ont qnelque chose de gigantesque tjui ressemble a I'heroisme. On cede a cette magie du pouvoir; on devient grand, nou comme Dieu, mais comme I'archange tombe. » « On croit trop souvent que I'enthousiasme est une suile des passions, tandis que c'est seulement lorsque I'ame estdegagec de leurs enlraves, qu'elle peut sYlever a la hauteur de cette sensation sublime. Il faul de la purcte de cosur |)our etre sus- ceptible d'euthonsiasme ; i! faut pouvoir s'elancer hors de soi vers toutce qui est bon, grand et beau. " Le fond de la pensee est vrai, mais I'expression trop absohie sous-eiiteiid trop de choses; il fallait distinguer deux sortes d'entliousiasme : i'un qui est une fievre et une illusion; I'aulrc qi'i est luie flauuiie allumee par la vertu et entretenue par ia verite dans le foyer d'une belle ame. Je crois que loril Byruu a viole la Verile, en picliiut uii veritable amour a sun Conrad ef a son Lai a; iiu sciilinienl .i I LITTER ATURE. 69^ pur ii'appai'tiont pas a descoupables que le remolds loiiiiiieute; ses ciaintcs, ses delicatesses, la fraichcur de ses sensations, la grace de ses plaisirs nc s'allient pas mieux. avec les habi- tudes violentes d'une vie sans cesse aiix prises avec les priva- tions, les souffrances, les perils ct la mort. Les heros Ju poete anglais sont des auians de la (aeon de lord Byron, le plus sou- vent taiiles a son image, on plutot sur un niodele, tantot vrai, tantot fantastifjue. Malgre ces reflexions, la scene entre Con- rad qui va partir et Medora qui voudrait le retenir est fort belle; on y remarquc ccs trails qui semblent etre des inspira- tions soudaines de la passion la j)lus tendre : « Tu aimes le son de ma guilare ; j'en tirerai des sons qui te charmeiont; ou hien, si tu veux, nous lirons dans 1 Arioste ies amours et les malheurs d'Olynipie. Tu serais plus coupabie que I'iufidele qui irahit cette malheureuse princesse, si tu m'abandonnais eu ce moment.... plus coupabie meme que ce perfide qui.... je I'ai vu sourire, quand le ciel sans nuage nous decouvrait I'lle d'Ariane.... Que de fois je me suis phu; a leconsiderer du haut de uos roeiiers, et je medisais en souiiant, malgre mescrain- tes pour I'avenir: c'est ainsi ([ue Conrad me deiaissera et ne reviendra plus. II me trompait ... en revenant encore, a Peul- etre, ce dernier trait manque-t-iK de naturel; peut-etre, ne doit-on pas reconnaitre ici I'accent d'une femme saisie dune si cruelle inquietude. Quoique lord Byron n'eut pas utie grande admiration pour la litterature latine, on sent ici ((ii'il avait iu avec attention I'Ariane dc Calulle, la Didon de Virgile,rAl- cyone d'Ovidc. Le deguisement de Conrad en derviche , sa presence liypo- crite et contrainte devant le |)acha Seid, le pi etre de MaliOr met change toutacoup euguerrier menacaut par iiiu-incLamor'- phose de mehxlrame, sa victoire un pen inviaisomblabie, le respect du Corsaire ])Oiir les fcmmesdu harem, sont des scenes de roman doiit la dernicre estdeslinee a devonir nm^ scene de Tac- tion. Conrad est bientot piinide son humanite par un reverssou- dain de la fortune; les Ottomans reviennenl sur leurs pas avec furic, el les chargent de fers ; ccpendant , le farouciif recucilic - 6y4 LlTTl-'RATURE. mciit tie son visage liii doniie plutot I'air chi vaiiujucur qiieducap- tif. Conrad est dans un cachot; comment peindre Ics sentimens qui I'agitent? Itii-meme aurait peine a les definir. II est uii chaos obscnr, iine guerre inti-rieure de I'ame, dont tous lesele- inens se nielent ot su combaltent conrusement, iorsquesoudain on entend le bruit lardif du remords qui s'ecrie semblable a une furie iufei nale : « Je t'avais preveuu. » Cette forme nou- velle dounc un uouveau relief a une pensee que Ton trouve partout. Dans ce qui suit, il y a une science des effets du re- inords qui semblerait avoir ete puisee dans le cceur de recri- vain. L'auteur resume ainsi le tableau energiquc de lout cc que Conrad avaiteprouvc en si peu de terns : « Une heure avail sulfi a Conrad pour se deguiser, sc decouvrir, vaincre, etre vaincu, pris et condamne; tour a tour corsaire sur les flots, general sur tcrre , ennemi terrible et humain, plonge dans m\ cachot et se livrant au sommeil. » L'jiine des femmes du pacha, Gulnare, sauvee par Conrad, a ete saisie d'une violente passion pour lui. EUe veul le deli- vrer, en lui offrant un poignard pour tuer son epoux en- doruii. II refuse; alors, Gtdnare devient tout a coup une es- pece de Medee de I'amour, et reparait aux yeux de Conrad qn'elle affranchit de ses chaines , mais auquel une goutte de saug sur h; front de Gulnare inspire une invincible horreur. L'humanite du corsaire est peut-elre une Action uu peu hasar- dee. On ne voil guere la ])itie intervenir dans la guerre a mort cntre un Turc et un Grec; mais le caraclere de Gulnare est liabilemeut trace d'apres I'antique ; il a , grace a d'autres moeurs et a des couleurs locales, un air de nouveante - II y a ici un pen de la faiblesse d'untraducteurpoiir sonmodele. Assurement Man- fred rend d'etranges hommages au dieu de I'univers. Manfred craint son propre coeur , et non pas la vengeance divine. II vit sans Dieu et meurt sans Dieu, voila la verite; c'esl la ce que lord Byron a voulu laisser dans notre memoire lorscju'il ra- mene sur la scene I'abbe de Saint Maurice pour tacher de rap- peler i la pensee duciel un coupable inflexible, assez endin-ci pour ne pas vouloir prier meme a I'heure derniere, assez semblable au Don Juan de Moliere pour oublier la vie a venir au point de ne pas songer meme aux consequences du nou- veau crime d'un homme qui meurt volontairement dans la co- lere de Dieu. Je reconnais I'empreinte d'un talent superieur dans ce poeme; Byron Y a seme de grandes richesses; ses creations sontvrai- nient a lui, et |)0!tent le caractere du genie; ses emprunts surpassent assez sou vent les modeles qu'il copie el transforme, 8uo l/fTTIi[\ATLJt\r,. iiuiisil y a li»'l> tlf faiitasiuagoiie, dVlns sm nrilin ols, il<; ft'-fs, df demons dans cet ouvrage; et quoiqn'il faille accorder de gian- des liberies a la poesie, qnoiqu'il faille liii permettre des formes hardies avee le nionde reel, il faut cependant que le monde ideal oh Ton nous transporte ait des rapports plus seusibleset phisuomhreiix que dans ronvrai^e de lord Byron. Manfred, avec tout le fracas (ju'il fait, est trop sonvt-nt nn lieros qui a le cancliemar et qui le donne aux lecteurs impatientes de voir la raison apparaitre trop rarement an milieu des nuages d une especo de folie vaporeuse, melancolique et sombre. P. F. TissoT. III. BULLE1IN BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS(0. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. 3o6. — * Sketches of Algiers , political , historical and ci- vil, etc. — Essais politiques, historiques et civils sur Alger, contenant un precis de la geographic, de la population , du gouveineinenl, des finances, du commerce, de I'agriculture, des arts , des institutions civiles , des diverses tribus , des inoeurs et du langage; et VHistoire des derniers evenemens po- litiques dans ce pays ; par fP'illiam Shaler , consul-general des Elats-Unis d'Amerique a Alger. Boston , 1826; Gumming, Milliard et Cie., Washington street. Grand in - 8° de 3 10 p. Get ouvrage, quoique peu volumineux , est ie plus inslruc- tif que Ton ait publie jusqu'a present sur ce gouvernement singulier, qui s'est maintenu aussi long-tems que certains ctats, raieux constitues en apparence, plus etendus et plus peuples; qui impose des tributs a I'Etirope, infeste la Mediterranee , desole le commerce, exerce impuueraenl sur les Chretiens une traite non moins odieuse que celle des noirs. II est vrai qu'un ordre religieux se charge de racheter les captifs, et que , pour lui procurer I'occasion d'exercer sa mission charitable, il faut bien laisser prendre quelques chreticns. Un autre ordre riche- ment dote , dont les revenus d'une annee consacr^-s a une guerre bien conduite auraient suffi pour aneantir les piiates , s^armait, disait-il, pour proteger In navigation dans la Medi- terranee, et ne protegeait rien; il ne fut pas m^me en etat de defendre son ilc. Les etats barbaresques subsistent, font des traites, levent des subsides en Europe, capturent des vaisseaux (i) Nous indiquons par un asterisqnc (*) , place a c6te du litre de cliaque ouvrage, ceux des livres etrajogers ou fraucais qui paraltroutdignes d'une atten- tion particulicre , et nous en rendrons qnelquefois oompte dans la section des Analyses. T. XXX. — Juin 1826. 45 702 LivRES Strangers. dans la M(5dilerranee ct rnenacont d'envaliir I'Ocean , rddui- sent au plus dur esclavagc Ics rnallieiircux qui lombcnl enli;iir pf)uvolr:a de tcls oulra^'es,a dc ])areils opprobres, on oppose les pcres de la merci , ctl'on a , dit-on , le pi ojct dc retablir les cliev:dif-rs dc !Ma!tc. M. Sliaicr coimiicucc jiar la descriplion i^r'ographiqiie du torrildire d'Algcr , et du pays soumis a son goincri.enienl ; c'csl cc (pic I'oii noinine coinmuiicmeni le joyaumc d'Al^er. Ce p.iys bit:" arro'ic, el qui devrait t-irc exlrcincmcnl fcrlile , ne toMlieiit i>.is ])lus d'un iniilinn dliabitan^ , sur unc surface cultivable de plus de 3o,ooo milles larics. Une j)opuiali()ii europci-nne , iiubislricuse ct ])uissaiile, s'y cleverait lout au iiioins a ciuij millions, d stiKirail pour let'oiiier Ics I-arbaics au fond de leurs dcseils. Qiiaiit au gouverncnicnt d'Alger, on pcut le juger par I'une dc ses niaximes : Hvaut inicux xacrificr tin innocent, que laisser vchapper iin coiiptdilc. On est suipris d'appiendre (]ue la formidable marine algcricntie se retlnit a 3 fVci^ates, 2 corveties , a britks, 5 schooners, une polncre et un cliebcc, naviies doiii rariiilerie n'esl pas de plus de 3/tO bouches a feu ! Et c'cst devaut cellc puissance navalo que I'Jlu- rope se |)rosieriie , (ju'elle se souuiel au joug lo plus honteux ! Bleine aprcs avoir lii tout le livre de M. Slialer, relonneinent ne cpsseia j)oint. 11 parait ipie cet eirange plieiioincne de con- tradiction pnliticpie et moiale ne peut ctre cclairci (jue ])ardes observatioiis faitc-i, non pas en Afrique, mais en Euroi)e. La partic iiistorique de eel ouvr.ige en forme )>!us de la uioi- tie. Ouy recliercliera snrlout lesfails rejalifs auxdiffeieiids entrc Ics Etats-Unis d'Amerique et le gouvernement d'Alger : jiis- qu'a i)rcient, on n'cn avait cjue de? notions fori inesacles. Dans cette circonstance , I'avilissenienl de la pluparl dcs nations chieiiiMines en ])rescnce dcs etats afrlcains fotca rAnu'rique memealenir une coiiduiteau-dessousde sadigiiiie. II faat au-isi Tavoiier ; dans ces facheuses alfaiies , la ])olili(jue fraricaisc ne fit point lionneur a ceux qui la dirigeaient. Tonic cetie narra- tion est pIciiuMi'inti'ret, et ropand beaucoup dc luniicressur une panic tres-iiuportante de nos relations extorieures. En consiilerant que , jJOHr fonder snr la cote d'AIViqnc une colonic agricole et gucrriere, ])our rcndre a la culture dcs teri-cs (pii prodiiiraient une grande parlie de ce que Ton va clierclier au loin, pour assurer la navigation , clendre le commerce, etc. , il ne faiidrait ])as la moilio de ce que coiile Tunc de ces guerrcs d'sastrenses doiU le resiillat est lonjouis uwg calaniilc de plus, meme ])our Ics vainqueurs, on est sur le point de dese:;])eier du sort de I'humanite. M. Shaler est troji veridlipie ct trop bien ETATS-UNIS. 70:5 infornie pour t'tre consolant : plus on inedilera son oiivrape, moins on sera dispose a bien aiignrer de I'avenir, taut fjue Ics goiivernemcus cnropeeii'* persislcroul a suivre les fiiiicstes raaximes qui diriijent leni' ouiuiuilc, el (]ui fVappent de stcri- litii uieiiie les semeriic^ dc bien qu'ils paraissent avoir cpicl- qiiefoi?. I'inleiition de i(''|>anclre. lis se:iib!ent ne pas ajjcicevoir les ])rogres ipie font ics cnneinis dii cluistianisnic; ils les favo- rispnt souve.'il; li; jowj; des Barbaresqiies, loin d'etre brise , deviendra peut-oire de jour en jour plus floirjssant et phss insupportable. Un yip])en(tice contient une notice sur les ])nidj et les me- sures d'Alger, un vocabulaire de la lungue sliovviaii, extraite dcs ouvrages i\\i doclcnr Shaw, et jdusieitrs dornnicns oillciels, relalifs aux derniers evencniens qui sont arrives dans cetie ville. ilces notions que I'anteura jiuisees dans des ecrils dignes tie confiance, il serait a de^irer que Ton joignit le frial de ses propres rcclierclies sur la laiigue des Berbcres 011 Brebores / et qu'on Ics placat a Ja suite lie la iraduciion francaise de cet ouvrage. Ces recheiches que Tauteur a ik posces <)ans une Suite lie leltres a M. Duponceaii , Win des vice-presidens etdes mcinbres les plus instiuils et les ])lus luborieux de la Socicle pliilobO|)hi([ue americaine de Pliiiadelphie, ionnent un nie- moire insere dansle recueil de cette Sociele, pour I'annee iSaS (voy. ci-dessus , j). 327). Le redaclcur ( M. DupoNCF,Au)y a joint un extrait du M'Uhrldatc , ou Ton trouve plusieurs obser- vations sur jfc] graminaire de la langue des Berberes. Quant an fond, elle ui^ difl'cre jioint de celle de la plupart des langues eonnucs. Elle admel les declinaisons ; la racine du ver!)e est I'ini- peratif, etc. ; niais, ce qu'ellc offre de parliculier, c'est que , nienie dans les verbes , le masculin et le feminin sont disiin- gucs , comme dans les Jioms. L'ouvrage de SI. Slialer esi un de ceux que les traducteurs instruits ( car il yen a de fort ignorans ) pourront faire con- naitre avec succes a la France: il le nuu'ile a lousegards, et pent rendre plus d'une sorle de service. L'ccononiie ]jolitiqiie, )e commerce, la statisliipie etia pliilologie y trouveront d'cx- cellens materiaux. Y. 307. — * The last of the Mohicans , etc. — Les derniecs des Mohicans, scene liistoririue de I'annce 17^7, par I'aiiteur du Pilote. New- York, iSaS [i). (l) Cet ouvrage a ete reitupriiue a Londres (tSaft. J. Miller. 3 vo?, in-S") ; puis tradtiit ct public en Francais (Paris , 1826 ; Gosselin. 3 vol. in-ia). 7o4 LivRES Strangers. M. Cooper est le Walter-Scott de I'Ameriqiie: ses romans, inspires par ceiix du celebre ecossais, se ratlacbent toujonrs a Thistoire de son ytnys. Apies avoir peint, dans V Esplon , Ic Pi- late, les Pionniers et dans Lionel- Lincols, les (5veneinens les plus inemorables de la guerre americaine, il nionire aujour- d'liui ce qu'etaienl les Etats-Unis, a I't^poquc ou les Hnrons et les Francais, les Anglais et les Illinois se dispiilaient la posses- sion de CCS vastes coiitrces. Le siege et la prise du fort ff'^illiam-'Henri par les troupes francaises, que commandait le marquis de Montcalm en 1757, forment le sujet principal de cenouvel ouvrage. La scene s'ou- vre dans lecamp du genera! anglais Webb, an moment ou Ton vienl lui annoncer I'inveslissemerit de f^Villiain- Henri paries Francais, et I'ouvragese lermine presque immediatement aj^res la reddition de celle forteresse et le massacre de ses liabitans par les iribus indiennes, alliees e. L'auteur n'a point voulu racon- ter les querelles ])oliliques de deux nations civilisees; il a plutot clierchea peindre ies mocurs de peuplades sauvages et sangui- naires. Les jjersonnages (|ui jouenl les roles les plus importans dans son romari , ne sont point des Europeens.*Ce n'esf ni le barbare Montcalm, ni le lache et imbecille Webb, ni le brave colonel Munro, defenseur de William-Henri, ni ses deux inie- ressantesfdles Cora et Alice, ni lejeune major Heyward, amant et ensuite epoux de celte derniere; mais ce sont le vindicatif Magna, indlen demi-civlllse, implacable cnnemi de la famille Munro; les deux Mohicans, cliefs d'une tribu des bords de la Delaware, protecteurs de celte famille, et surtout un blanc deml-sauvage, qui ji'esl connu que par leS- noms de guerre: OEil de faucon et Longue carabine. On trouve troj) souvenl peut-elre, dans ce roman des scenes de combats et de ba tail les ; le denoument est peut-elre aussi trop tragique.... mais I'inteiet Y est vivement excite, et I'auteur a su peindre avec un art ad- mirable la nature inculte de ce pays, et les moeurs sauvages de ses babitans. F. D. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 3o8. — * Apercu de la situation interieure des Etat.s - Unis GRANDE-BRETAGNE. 7o5 tV Aineiique , el cle leurs rapports poUtiques avec l' Europe ; par un RussH. Londres, 1826; G. Booth, Duke street, Porlland- place. In-8" de 164 pages. Un sujel d'lin gouverneineiit autocratiiiue traverse I'Ocean pour aller observer le goiiverneraent du i)eu|jle le |)!iis Ubre qui existe sur la ti-rre; ses observations liii fournisseni la ma- tiere d'uii ouvrage; cctocrit est public a Londres, dans le pay* le plus libre de i'Enro]ie, et en francais, c'est-a-dire , dans la langue de la circulation la plus uiiiverselle. Quel sera son ca- ractere ? II est evident (luel'auleur n'a pas ccrit pour son pays, et qu'il ne coinpte, enRussie, que sur un petit nortibre de lec- teurs; il est vrai que ccs iecteurs dolvcnt etre des ho)nraes d'une instruction reelle et positive, d'un esprit juste et d'un ccEur droit : c'est designer les homines les plus precieux d'une nation , quelle qu'elle soit. Quand on sail apprtcier les fails, les honimes et les choscs, on connait aussi le prix du lems ; Tauleur de cet ouvrage n'y a rien mis de superflu; la preface mcmeest instructive. « Durant I'inlervalle des sept ans ecoules entre mon double sejour aux Elals-Unis, les changcraens, ou , pour mieux dire, les ame- liorations qui s'y sont operces dans touies les branches de I'economie domesii(|ue ont surj)asse les calculs les plus exage- rcs des lireurs d'horoscopes politiques. De miserables villages que j'avais laisses au milieu de forets imperietrables se sont j)rescntes ensuite a nia vue sous la forme de petites villes flo- rissantes ; des chamjis cultives ont pris la place des landes qui , iiagueres, f)araissaient inaccessibles ; et dans les lieux tpiejadis on pou\ail a peine traverser en chaiiot de campagne, on voil maintenant passer avec rapidite d'enornies voitures de posle. Ces changemens se font suitout ren-;ar.linttlf est In permanence, et qui se rnontreronl long-teuis encore aux legards de I'observateur, m-enie le plus superficiel. » L'auteur ne s'ecarte ni de son jjlan , nideson but. Soti livre n'cst pas exempt d'erreurs , sans doule ; on y remarquera, par 7o6 LIVRES £TRANGERS. exemple, line fausse estimation de la hauteur des niontagnes des Elats-Unis au-dessus du niveau de la nicr. La reduiie a 1 200 pieds au plus , c'est une erreur si palpable (|u'il faiit peut- etre la considerer comme une faute d'ifn])ression. Les consi- derations (^enemies par Ies(juellcs I'auteur a commence sent remarqnables par la justesse des vues el ie merite de la i'(5dac- tion. Mais, dans un ecrit lei que celui-ci, c'est par des cita- tions qu'il faut indiquer ce qui peut attirer plus particu- liercment I'attcntion du lectcur : lapporlons quelques extiaits de la dernicre seclion intilulce : Etat dc la socieU'. « Par I'etat de la socicle dans un pays, on enlend commu- nement I'etat des moeurs, des habitudes, des luniieics, de la vie usuelle dc ses habitans; ou aulrement , I'ensemble de leur existence physique et morale... " 1 Le type anglais se remar(iue distinctement aii\ Etats-Unis, dans tout ce qui constilne les usages de leurs habifans. La conslrucdon des inaispns , le costume, la noiii-riture, ct jus- qu'aux passe-lems, y sont les memes qu'en Aiigleterre, sauf les nuances plus ou moins fortes que les localiles et la nature d'un gonverncment purement di'mocralique ont liii imprimer au caraclcre ct ;iux habitudes iles Ann'iicains du noid. Qu'on ajoute a tes aOinites iiati;rcllcs Tidentite de la langue , celle de toutes les identlles Jonl I'influence se fail ie jilus scnlir; et I'on n'aura point ds j)eine a compreiidre comment les sympathies Dioraies ont jm I'emporter siir los antipathies poliliques qui existent dans un degro Ires-sensihle entrc I'Angleterre et les Etats-Unis. On n'ahiu; pas generalement TAnglelcrre ; maishs Anglais sont mieux accTieiliis (]ue tous les autres etrangers , prlncipalement lorsqn'ils apportent aveceux le ton el les m.i- nieres (jui caractcriscnl la bonne education. Parmi lesnuances qui dlstiiiguent les moeurs atiglaisi^s des ina'urs americnines , celle qui Aappo au premier coMp-d'a'il est un defaut compa- ratif de propreledansles dernieres. Ce defaut a diverscs causes qui agissenl,selon les loealites. Dans les elats dunord, du milieu etde I'ouest, ou I'influeiice de I'esclavage ne se fait quefaible- ment apercevoir, la cherte tie toute cspece , ce ([ui est ])!us curicux, on vuit dans les details ce qu'oiit rrmlu en particulier cliaque article d'linportation ; d'ou resulle une idt'e iion-seulenient des deiii c-es ipii ^c %cuiipiil en Anglelcrre , mais de riiiijioriauce de ces articics. Les droits d'enii.'e (juc paient les pommes, i\\\\ probabiement \'.eni)Cnl lou'es de Norniundie , s'elevcnt a 7o8 LIVRES ETRANGERS. i3,077 I. St. (327,000 fr. ) ; el ce que I'on consomme de beurre paie pour les droits 160,000 1. st. (4 millions). Nous aliens cxprimer en monnaic francaise seulement Je prodiiit de quelques antres droits de consommalion interieure : Sur les journaux 8,75o,ooo fr. Sur les ciiiens 4j5oo,ooo Sur les avis insercs 3, 800,000 Sur la pondre apoudrer . . 65o,ooo Les licences aux cabaretiers, Iraitcurs, pour I'Anglelcrrc et I'Ecosse, sont au nombre de 83, 000, dont 4200 pour Lon- dres seulement. La quantile de houille embarquee sur des navires , pour I'annee qui a fini au 5 Janvier 1825, a ete de 5,084,702 ton- neaux , dont 278,695 tonneaux charges pour la consommalion etrangere. Le nombre des batimens charges dc houille, arrives au port de Londres dans la meme annee, a etc de 6,876. C'est la la pepiniere de leurs matelots. II est arrive, en 1825, d'Alexandrie en Egypte seulement, 3o navires du port de 7500 tonneaux, charges de colon. Quoiqu'il faille adraettreavec beaucoup de defiance la valeur des marchandises exportees, a cause de I'infidelile des declara- tions, on est bien aise d'en voir ici le detail qui donne une idee tout au moins approximative de I'importance des articles et des pays pour lesquels on les a expedies. Le total des valeurs officiellcs exportees pour toutes les parties du raonde, dans I'annee finissant le 5 Janvier i825 , a ^te de 58,94o,336 1. st. ( I milliard 3oo millions ). On ne volt pas sans interet les efforts que le gouvernement anglais dans I'lnde a faits pour diminuer le nombre des veuves qui se brulent sur le bucher de leurs marls. On a cominunlqut- au parleraent divers proces-verbaux et rapports qui font dresser les cheveux sur la tete. Les bramines entretienneiit cette abo- minable sujjerstition qui consacre leur influence , el les Anglais dont la politique est de ne pas chotiuer les prejuges du pays , et qui sont d'ailleurs assez indifferens pour les maux (]ui ne touchent pas leur nation , ne s'inlerposent que faiblement, et seulement par voie de persuasion. IMais le cri de I'Europe leur fera honte de cette indifferer.ee, et deja ils ont pose, devani les docteurs du pays, une serie de questions pour savoii jusqu'a quel point cette atrocite est conimandee par les livres sacres de Wichnou, quel sont les cas d'exceptioii, el jusqu'a quel j.'oln; le pouvoif civil pcut s'iiiterposer junir la faire cesser. Kn GRANDE-BRETAGNE. 709 attendant , le nombre des victimes a encore cte, dans la senle province du Bengale ; En 1821 , de 597. 1822, de 5'65. 1823, de 575. Ilparait, cependant, que, si les Anglais ovaient la fernie volonte de mettre un lenne a cette horreur, ils en viendraitnt a bout. II est impossible de consigner icl la mas.se d'informations cjui resulte d'une foule d'eiiqaetes el de rapporis siir la population , les pauvres, les vagabonds, les proces-criininels, les condam- neSjles travaux publics, la protection clandestine accordee ])ar divers gouvernemens a la traite des negres, les causes des sou- levemens d'ouvriers, etc. ; qu'il nous suffise de dire (ju'un vo- lume coinme celui-ci ^ qui equivaut a quatre volumes in-8'' ordinaires) peut fournir d'innombrables donneesau publiciste, a I'homme d'etat , au negociant, de quelque j)ays que ce soil. J. B. S. 3 10. — * The Annals of the House of Hanoi'er. — Annales de la maison de Hanovre, par sir Andrew Holliday. Lon- dres, 1826. W. Sams. 2 vol. in-8" avec ])ortiaits ; prix 2 1. 2 sh. Ce n'est point comme M. Holliday, que Hume et Gibbon tracaient les annales des nations. Quand Hume ecrivait I'liis- toire des Sinnrts, placee par Voltaire a cote ou menie au-des- sus des decades de Tite- J^iveet des annales de Tacite, et quand Gibbon defcndait la nicmoire du jilus niagnanime des lieros , du plus sage des rois , du grand Jnlien , ils ne cherchaienl point a plaire a des jirinces qui dormaient dans la lombe; ils ne rc- doutaient i)oint les injures dis partisans du double fanatisme ])olilique et rrligieux. Gibbon, fvlus liardi (jue Montesquieu, osa signaler la veritable cause de la decadence de I'emjjire re- main, et ce fut au bruit des clamenrs des Wighs et des Torys que Hume se constilua Ic defcnseur de la dynastic proscrite. M. Andrew Holliday n'a point suivi de tels modeles. Son livre est un panegyrif[ue des teles conioiinees. C'est inoins rhistnire du jicuple du royaume de Hanovre, que la biogra- pliie des souverains de ce petit elat. W a ecrit en /listoriographe , et ses deux volumes, dedii's a son allesse royale le due de Cla- rence, cot;tiennent des eloges pour presi|ue tons les rois. Nonobstant le lort grave d'une evidente partialile, I'ouvrage de M. Holliday ne peut niaiujuer d'avoir beaucoiij) de lec- leurs. II est plus complet qu'ancun de ceux que Ton a publics 710 LIVRES ETRANGERS. jus.qu'ici sur Ic Hanovre. II trace les aiinales do ce pays , depuis Charlematjne jiisfiu'a nos jours , et^oritienl uri graiici iiombre do fails et des renseignoinens laboriousemeiit recueillis dans lea docuinciis origiiiaiix t-t (|ui ])ourr()nt ('(laircir plusicurs j)oints obscnrs on doniciix dc I'liistoire d'Alleiiiagnc. ^11. — * JSarratii'c of the siirn'mlcr oj Buonaparte , and of his resilience on hoard II. M. S. Bcllcro/dion , etc. — Redditioa de Bonaparte et so/i sejour a bord du Relleroplio!); conlenant crial et preceda son exll a S.iiiile-Hclene. Leoapitaine Maitland jjaile de riiliistre cajjtif avec respect et adiniriilioii. 11 iie raconti; pas preciseiuent dims les nienies ternies 'jiie M. Las Cases les dilferens evenemens arrives sur son baliiiienl. ToulPs ses pages, liors ime seule|)eiil-elre, dans laquelle il pretc aNapiik-on iin eloi^e outre ct ridicule de Wel- lington , portent I'enipreiiite de I'iniparti.ilite et de la candeur. L'ex-enipereur nous y est represeiite ttmjours granti, tonjonrs calme ; snpporlant son sort avec courage et ne s'abaissant ja- mais jusqu'a la plainle on a I'iiiveclive. Aulonr de Ini son.t grou- pes Las-Cases, Montliolon , le general Gourgaiid, rillustre [U'oscrit Lallemand, etc., doiii le beau devouuiejit a leur niai- tre niallioiireux conlrasle avec hi condu''o egoiste de IV1"'*I'. Cette bioelmro , (]ue Ton Irad.iiten Fiancais , obtiendra indu- bitabicment le inenie succesa Paris (ju'a Londrcs. F. D. 3 1 2. — •* Don Eslahan , etc. — DonEsiaban, ou mcmoires li'uu Espagnol, ecrils ])ar lui-ineme; deuxi'-ine edition. Lon- dres, 1820. Colburn. 3 vol. in-8'^; prix 27 sh. 3i3. — * Sandoi'at, etc. — Sandoval, ou le Irancmacon , roman esjiagnol, par I'auleur de don Kslaban. Londres, 1826. Colburn. 3 vol. iii-8"; jirix 2b sb. 6 pence. 3i4. — Letter of a Spaniard, etc. — Lttire d'un Espagiioi, auteiirde don Eslahan ^ a I'ediienr de Quailcrly Review. Lori - dies, 182G. Colburn. In-8"; prix 2 sli. Le premier de ccs trois ouvrages a obtenu , en Anglelerre , un assez grand sncces : il est arrive a sa seconde edition et i! a merite les injures du redacleur de Quarterly Review. On y trouve I'histoire de la Peninsule pendanl la premiere guerre GRANDE -BRETAGNE. 7 1 1 tie I'independance. C'est un Espagnol qui raconte ses aventu- res et ses malheurs, qui decrit les moeurs de ses compatrioles, leiirs succes et leurs revei's. Soldat pour defcndre rindepen- dance naiionale, il fait assister le lecteur a la pliipart des scenes sanglanles qui di'solererit I'Espagne , depuis 1808 jusqu'a la fin de i8i3. Un Francais souffrira plus d'une fois a !a leciure des exces de tous genres comniis par i'armee conqiicranJe, pendant cette liilte de cinq ans. ^.lais, rauleur ne les exagere-t-il point ? Ne dissimnle-t-il pas les terribles represailles et les vengeances souvent atroces, exercees par ses conoitoyens? Du resle, ce premier ouvrage a dii plaice a I'Angleferre, donl les armees defendaient I'Espagne ; il affligerait la France, dor. t les Iroupes envaliirent ce pays, et qui ne sut pas se prononcer contre celte guerre injusle. Les Francais jouent encore un role important dans I'liistoire de Sandoval. On y lit les principaux evenemens d'une guerre, duns laqueile ils sont encore les agiesseurs , et f|ui uc fut pas moins injusle que la premiere. Cette histoire est une sorte de continuation des memoircs de don Estaban. La scene s'ouvro apres la bataille de Toulouse. L'Espagne est libre; Ferdinand a recou-vre sa couronne; "armce liberatrice est en niarclie pour renlrer dans ses foyers, et Sandoval a revu la lerre natalc. It rev lent pour embrasser son pcre, et son jjere est en fniie ; il espere pouvoir se reposer des fatigues de la guerre sous le lolt domesiif|ue, et tous les biens de sa faniiliesoni confistiues. II accourt pour unir ses desiinees a une aniante clicrie, e.t la belle Gabriela lui est disputee par un rival odieux. II croit jouir de cette libertc qu'il a achetce de son sang , et le desjjolisme re- gne. Au mc'pris de ses promesses , Ferdinand, egar'' jtai- cles coriscillers perfides, a renverse la constilulioii des Cortes, a laqueile il doil d'avoir pu renionter sur son trone. Sandoval quitte telte ville oii tout lui rappelle do tiisies souvenirs; il joint son pere dans son exil, est recu franc-niacon et jure de delivrer la patrie. II (ail partie du niouveincnt insurreciionnel de Pampelune tjue dirlgeait Miria. Ponr-iuivi , apjt's ccttc iri- fruclueuse tentative , il est oblige de se cacher; niais, informe, dans sa retraite, f[ue son amanle, plulot que d'accep'er la main du inari clioisi par sa faniillc, est a la veiUe de jirendre le voile, 11 court a I'eglise ou devait se consommer le sacrifice, interron)pt la ceiejnonie. s'oppose a la piononciatiori des voeux , est arrete et jete dans un cachot. II parvient a s'ediap- por, arrive a la Corogne pour jirendre part a Tenlrcprise de Porlier et il assiste aux derniers instans de ce martyr de la li- berie. Partout la tyrannic etait viclorieuse: un arret de mort 712 LIVRE8 ETR ANGERS. planait sur la tete de Sandoval; la France devinl momentane- menl son asyle. Reconquise par Riego ct ])ar Quiroga , la liberie devait encore perir j)ar les Ualiisons d'Abisbal, de Morillo et de Ballesteros. Notre Iktos siiil la cause constitulionnelle dans tonles scs vicissituiies. II retrace ses ejjoqnes de gloire et de nialhcnr; il I'uit connailre iesdifferens pai lis tjuL divisaleni alois I'Espagne, Icur animosite active, leuis jjrincipes opposes et la longuc Intte qui exista entre eux. Aprer avoir vu la cause es- pagnole lacliemeiit dcsert«3e par Abisbal, Sandoval se reunit a Riego, fait partie de son expedition en Murcie , assiste au court Irioinplie el aux desaslreux levers de cet illusire ci- loyen.... Cadix a succombe j les troupes francaiscs occupent I'Espagne; les patriotes sont plonges dans les prisons, ou gc— missenl dans I'exil. Sandoval echappe aux ])0ursuites, enle\e son amante , et vieiit deniander un asile a la libre Angleferrc. Voila le resume du ronian de Sandoval. Nous n'avons pu qu'indiquer les principaux evenemens, et faire connaitre un petit nonibre de personnages. II etait impossible de rnlcux rtm- plir un cadre aiissi vasle. Qiielques-unes des figures mises en scene nous ont paru flattees; d'autres, au eonlraire, y sont en- laidies. Le tableau des societes secretes de I'Espagne n'est point d'unhomme qui en faisait partie , et les moeurs espagnoles nous ont paru quelquefois liabillees a I'anglaise. C'est pourtant I'ou- vrage d'un Espagnol,maisd'un Espagnol proscrit qui a ses af- fections et ses haines, qui a vccu ]iluslong-!ems dans les camjis queparujiles macons et lescomi/iuneros de Madrid et de Cadix; qui connail. bien les moeurs de son I'ays , mais qui a laisse a une plume anglaise le soin de retoucher ses tableaux. Malgre ces laches legeres, I'ouvrage est digne d'eloges, el les idees favorabies a la liberie que I'auleur exprime avec energie pour- ront fournir aux ecrivains de QuarteLj review le sujet d'une seconde philippique. II morite d'etre traduil en francais. Frederic Degeouge. 3i5. — * fp'oodsloch or the Cavalier, etc. — Woodstock , oil Ic Cavalier; ronian historiquc de I'an i65i , par rauleur de Waverley. Edimbourg, 1826; Constable. 3 vol. in-8° ; prix I 1. 1 1 sh. ') d. Ceromaii jiarait dans des circonslancestoutespariiculiercs : son illustre auleur est une des mille vicfimes qui ontsouffeit du malaise general et de la crise prolongee dont I'Angleterre est tourmenlee depuis dix-huit mois. On assure que, par la bancpieroiite de Constable, I'un des principaux libraires artis de Walter- Scott , il offre du moins des passages i|ui ne sont inferieurs a aucun des plus beaux morceaux dus a la plume flece grand ('orivain.Le portrait deCliarles II est |>eint de main de maitre. II nous montre, dans la personne de ce jeune j)rince , les, manieres les plus aimables et les plus enga- geantes, unies aux inclinations les plus basses et aux moeurs les plus deprav«es. Les diflerentes scenes dans Icsquelles parait Cromwell , sont d'une grande beaute. Celle ou il se trouble a la vue d'un por- trait de Charles I , offre peut-etre j)Ius de poesie que de vcrite ; niais elle est d'un effet difficile a rendre; celle ou Cromwell est sur le point de se saisir de Charles II, qui ne doit son salut qu'au devoiiment sublime d'Albert Lee, fils du cavalier, est audessus de tout eloge ; c'est un drame loul entier et un drame admirable. Ce reman, exempt de mots ecossais, sera prcfere par les elrangers familiarises avec noire idiomc ; ecrit dans un style toujours soulenti , il sera traduit avec plusde facilite dans les langues etrangeres. 3 16. — * Anne Boleyn , e/c— Anne de Boulen , poeme dra- rnatique ; par le ruverend Henrj- Hart M.\i.m\v. Londres, 1826 ; Murray, i vol. in-8° de 168 pages; jirix 8sh. 6 pence. L'auteur de cet ouvrage est un jeune iirofesseur de poesie a I'Universite d'Oxford, deja connu, depuis plusieurs annces, dans le monde lilleraire par quelques productions estimees. Les 71/, LIVRES ETRA.NGERS. anintciiis des beaux vers attendaient avec impatience ce iioiivcl ouvrage, siir lequcl ils /'ondaie/it do grandes es])!-- lariccs. Elles n'ont pas cto rcalisi'cs : mais la faule en est nioin". aTix impel lections cpie Ton pent signaler dansce poetiie, (ju'anx bcantes noinljreuses ct vrainiont supt'ricures qui «nt fait rc- marqner les jnocedciis ri'i'lts de !M. Slilnian. La triste liist()ired'/\.iine i5oieyn,ou d'Annede Coiilcn, comine on la noinme en I-'rance, ii'etail jjas iin siijet tres-lieiireiix pom- nn poeine dianialiriue. Quel piiissani interct, quelle proCondi' svuipalhie ])ciit inspire!", eii efl'et , celtc victime souinise dii ■ saM£:;iiinaire Henri VIII ? Qu'on la lepiesenle dans ics eonrts uioinens dc sa t;randeui' , oudanslcs tenisaffreux de sa niiscre, ractioii ne sniiiait qu'elre tVoide et languissaiile. C'est done a I'aridiic dn sujet qu'il faiil atlribuer Tinferiorile relative de ce dernier ouvi-agc de M. Milriian. En vain a - I - il essaye de donner de la vie a son thame par la pcinlure de I'a- mour d'Annc Boleyn powr I'epoux qui la ])crsecnte. La fcmme qui pent aimer ui» lyrau aussi cruel, aussi ablione qn'Hcn- ri A'JII, ne fait nailre ancune sympalliie, et de beaux senliniens cx[)riiiics en beaux vers irexercenl, dans nne pareilk situation, que bicn peud'infiuencesnr I'ame du lecleiir. 11 y a sansilonle beaucoup de talent dans le role d'Angelo Carafla, jesuite sub- til, qui travaille sourdement a dclruirc la leligion reforniee. Mais sa presence est-elle assez inotivee, el ses projcis sont- ils assez, lies a Taction principale? Tout le nionde sait que Hen- ri VIII n'eut besoin du con^eil d'aucun pretre pour envoyer Anne BolcYu a'-' snpplice. Sa beante lui avait valu la couronne; la beaule de Jeanne Seymour la conduisit al'echafaud : L'amour la courouna, c'est ratnonr qui roppritue. M.-J. Chenier, Henri yill, act. I, sc. i. Quoiqu'II y ait dans le nouveau poeme de M. Milman un grand nornbre de passages pleins dc verve et de bcaules, ( et nous indiqueroiis entre aulres le reeitd'un jeune mencstrcl an- glais qui rent! comple dc Tinipression produilc sur lui par la niusique italieime), c'est encore dans ses premiers ouvrages que nous irons cherclier ses vcritables litres de gloirc. Le poeme epique de Sainor , quoifpie uu peu long pour I'o- poque dans laquelle nous vivons, eiiiicelle de genie poelique. La Chute tie Jerusalem , la Martyr (V Antioche c\. Belshazzar , trois poeiiies dramatiqncs dont les formes se rap[)roclient de celles Ci Attnc Boleyn , sont des ouvrages tres-remarquables. La Chute cle Jerusalem surtout est un ciief-d'ceuvre de force, RUSSIE. 71 5 de gr^ce ct de sentiment. Une poel)tint un biillant sneces qn'elle nieiilait, el. qui iions (alt rct^rciler (\ue M. IMiirnaji ne jiuisse so livrera un c;enre de compo.silions jjoiirlequel 11 a xin taleut si dficiiie. Fanny Skymoub. RUSSIE. 317. — A la ineinoire de V cnipen'ur Alexandre. Saint -Po- Icrsboing, 182G ; Sl.-rioicnt. I11-/1" de 16 pages; [)iix 3 fr., au profit d<'S pauvres. Get honiiiiage a la memoire d'nn monarquc dont la niort a excite de vifs regrets, est du a M. Ouvaroff, jjieiident de i'Academie des sciences, savant anteur de plusienrs disserta- tions inleressantcs sur des siijefs de lilleratuie classi(|ue. II rap- j)elle :i plusienrs reptises c]u'il n'a point la jirelention de juger rempereur (jui \ient de desccndre au tombeau; le moineal oil il pourra clre jnge n'est point encore venn. — Sans doule, il serait bien diflicde de faiie une juste part de louange et de blame a w\\ monarrjue, dont la toinbe recenleest a peine fer- ini'e, et dont les qtialites nlmables et les dehors seduls;itis ont laissedes traces dans loiis les son\enJis. C'est done unces'pece d'cloge, nn simple, niais ardent tribtit d'admiration et de re- connalfsance (pie BI. Oiiv.-iroff a voulu deposer sur le cercueil de son bienfaileur , et offrir a la donleur de ses concitovens. Void le portrait qu'il fait de son licros. « Habile a manier les lioniines , Tempd'enr Alexandre possi'dait nne elocution facile, une grande aplilnde a saisir' le mot pro;>re, nn t.ict delicatdes convenances; affable sans f.imiliai ile , inijiosant sans affecla- tion, doiix sans faiblesse, ricn ne resislail a la seduction deses inanieres;il exercait nn empire absolu sur les csprils... L'em- j)erenr porf.Til dans les affaires ce conp-dVeil excrce, qr.i au premier aspect en deteiniine lesliniiies. cdte sagacilc qui pe- netre jusqn'au fond des choses, cetle presence d'esprit qui en demeleavec proni])lilnde le ve: liable sens... La verite eiair I'a- liment dc son ame , le besoin dc sa raison. La flallerie ricnie, pour arrivera lui, j)renaiti'accent de larndesse; et 1 egoisme. Tin air de candeur. Pour un liomme de la trempe de rempe- reur, une louange directe n'eut pas etc \\r\ pii'gc; c'(''tait de la 7i6 LIVRES £TR.\TNGERS. sini])licile dela louange qu'il avalt a sc defior. » Cette brochure, sans rien nous approndre de nouveau, offre un tableau rapide des iiioincris les plus saillans de la vie d'Alexandre, une es- quisse de son caractcre , de ses actionn , de son regne de aS aniites, faite a grands trails. De nobles sentimens y soni; ele- gaminenf exprinies. II en paiaitra sous peu deux traductions, I'une en russe , I'autre en laiigueallemande. 3 1 8. — Kannannoi slovar rossiisfio- nietnetskoi i niemetsJiO- rossiiskoi. — Diolionnaire de poclie russe-allemand et alleniand^ russe; public par M. Augusle Oldekop, membre de la Societe cowiandaise. St-Ptitersbourg. 5 vol. in-ii, dont 3 ont deja paru; jirix 34 roubles. Le Dictionnaire de V Academie russe , d'un volume tres-con- siderable , est en laugiie nationale seulenient ; celui de Heym ne se trouve pbis dans la librairie , depuis I'incendie de Moscou, ([ui a consunie la plus giande partie tie I'cdilion; ])lusieurs au- tres, tels que celui de Schmidt, sont Irop peusoignes, et d'ail- leurs liop peu coinplets ])our qu'oii ])uisse s'en servir avec beaucoup de fruit. M. Oldekop, savant ties-laborieux , et qu'un sejour de jihis de i5 ans dans rintcrieur de la Russie, a mis a meme d'ciudier a fond la riche et belle langue de ce peu- ple,nouvplleniei!tappelea dehautesdestinees, a rendu un service signale a la lilli'Tature , en ]iubliaiil le fruit de seslongues veilles et de ses pcnibles recherches. Son ouvrage, le plus complet de tous ceux du meme genre que Ton a jiublies jus(ju'ici, contient meme un grand nombrc de mots qui ne se trouvent pointdans le Uiclionnaire de 1' Academie. II ne se coutente pas toutefois de donner une aride nomenclature; il offre un tableau complet des expressions rt des lournures de phrases qui sont propres au genie de la langue russe , et de celles que les meilleurs ecrivains rtisses ont crdees on imporlees des aulrcs langues dans la leur. On y trouve , de plus, les noms propres d'hommes , de pays , devilles, etc., et cette panic remplit une grande lacune, lais- see ])ar les devanciers de M. Oldekop, et qui se faisait d'autant plus sentir que les Russes, cimime la plupart des autres jieu- ples, dellgurent les noms elrangers. Nous desiions que I'auteur trouve pour cet ouvrage, d'unc utiiitc incontestable, tous les encouragemens qu'il pent et qu'il doitesperer. Deja son travail j)a rait a pprecie des liommesinstruits et studieiix; maissi I'on cornicle en Russie quelquesjustes appre- ciateurs des onvrages scienlifujues ou litteraires, on y rencon- tre en general peu d'achelcurs. Quoi qu'il en soit , M. Oldekop ne peut manquer de se concilier les suffrages de tous ceux qui s'occupeiit de I'etude d'une langue qu'on voudra bientot etu- I RUSSIK. 717 dicr a I'egal iles autres langues les ])Ius cultivees de I'Europe. Nous appreiidrons a nos lecteurs, a celte occasion , que le sa- vant M. de Kopj-EN s'Occiipe en ce moment d'nne histoire des dialectes de la langue russe, qui sera accompagnce d'une carte, destince a faire voir les limites de chacun en particulier et I'eten- due du pays oil 11 est en usage. Deja la langue russe se rejiand jusqu'en (jrient, et I'etude du serbe ct du siavon , qui appar- liennenta la menie souche, devient de plus en plus populaire. J. H. S. 3ig. — * Tchernelz , etc. — Le Moine, poeme; par Kozlof. Sf.-Petersbourg, iSaS. Brochure in-8°. Des souffrances physiques ont riivele a I'auteur le secret de son genie. Comme Honiere, Milton et Delille, M. Kozlof est aveugle; luais son imagination feconde er.ricliit souvent la na- ture elle-meme. Admirateur de Byron, cleve de Joukovsky, poete celebre regardu comme le createiir et le chef de I'ecole romantique en Russie , il a les defauls et les qualites de ses ino- deles; et, sans paraitre destine a s'clever jamais a leur hauteur, il peut pretendre a un rang distingue parmi les litterateurs modernes. Une leinte prolonde de scnsihilite regne dans ses chants ; on dirait que ses vers sonl dicfes par la douleur et cor- riges par la resignation. Sa versification est facile; elle a meme quelquefois, sous une apparente negligence, un charme que le travail et la correction atleignent rarement. Enfin, s'il est un peu trop prodigue de ces details descriptifs , qui sont les lieux communs du genre qu'il a adopte , n'oublions pas , avant de lui en faire nn reproche , que ces scenes poetiques qui lui rendent en quelque sorte la nature, doivent avoir v.n grand prix pour une muse aveugle, et ne lui disputons pas le plaisir qu'il y trouve, en consideration de ses titres plus reels a noire estime. Les derniers momens d'un reclus , confessant au tribunal de la penitence des egaremens qui sont une suite d'infortunes non. mcritees, tel est le sujet du Moine. Lin jeune liomme qui n'a communique avec personne depuis qu'il s'est refugie dans un cloitre , situe pres de Kief, touche au moment fatal ; le supe- rieurdu convent recuei He ses derniers aveux. « Orphelin , dit-il, j'ai grandi sans avoir d'asile; jamais les auteurs de nies jours ne m'ont souri; les amuseraens de I'enfance se sont dcoules pour moi avec la rapidite d'un regard... a I'age ou les jeux seuls ont de I'attrait, j'etais deja pensif... une sorte d'interet aveugle, un etrange dedain de moi-meme me faisait rechercher le peril ; je n'avais rien a perdre , j'etais sur de n'eraporter aucuns regrets. » Cetetat penible n'etait que I'absence d'un sentiment profond, T. XXX. — Juin 1826. 46 7i8 LIVRES ETRANGERS. besoiii imperieux d'uiie Ame tendre et Irop active ; I'amour pa- rail , et le voile toinljc. « Tout a coup, |)ar uiie faveur celesle, le sentiment de I'existence me fut rcvi'-Ie ; je goiitai la douceur deslarmcs, et je connus la fiilicite, autrement qu'en songe... Elk- avail realise mcs illusions ct le nionde myslerieux que mon lime s'el;ivt crec. .I'etais I'ceiivre de son amour... >■ Mais le ciel a marque le Tchernetz Au sceau de sa reprobation; iine inort imprevue e.aleve la mere de la fianciie, et son pere, abuse par les calomnies d'un rival dedaigne, ne veut phis enlendre parler d'hymen. Reduit au desespoir, Pamant enleve celle dont il a recu les serniens. Tout entier a une passion que les obstacles ont noiirrie, et retire dans une solitude, 11 est sur ie point do voir la nature I'attacher au bonheur par un lien de j>iiis; niais, a I'instant ou la jeiine e|)onse va devenir mere , un onvoye pa- rait, charge de la malediction paternelle... I.,e coup est affreux : il immole deux viclimes. Le Tchernetz ai)prend trop tard que cette fausse nouvelle est I'onvrage do son implacable rival. Apres une absence longue et penibJe, Ic Tchernetz revient en- fin dans sa patrie, el ce retour dans la terre natale est peint jiar M. Kozlof avec une exquise senslbilite. « Tout a coup , derriere des arbustes, j'entends du bruit... que vois-je? Un n;oissoniienr pres de sn jeune epouse , des gerbes entassees et, ])armi ces gerbes, un enfant brillant de IVaicheur et couronnc de bleuets... je fremis involontairement... Tous cesbiens, jeles possedais... je les ai tous pei'dus ! O mon epouse , nous n'a vons pu vivre I'un pour I'aiitre ; une froide terre est ton asile... et mon fils! il n'est point couronne de fleurs!... » Baigne de lar- mes, pret a voir toules ses facuites aneanties , il s'elance vers leur tombe. « Mon sein etait brulant... le desespoir avail ter- rasse mon ame... ma bouclie baisait le gazon ; mes mains avides dechiraient cette terre, ou j'eusse voulu m'etendre a cote d'eux; aneanti par la douleur , je ne savais que murmurer. Je ne sals quelles images effrayantes m'apparurent ; je n'etais plus a moi-meme ; tout, autour de moi, etait vague et confus corame les impressions d'un songe, et je gisais elendu parmi las cercue.W'i, plus mo rt que leurs cadai'res glacis... >< En sortmt ducimetiere, le TcAer/ie^s apercoit I'auteur de tous ses maux... un coup de poignard le venge. Mais, a peine le traitre a t-il succorabe, que ie rcmords et toutes ses furies s'altachent au meurtrier, et iui rappelknt les circonstances dc son crime... Jusque la , une esperance religieuse avait soutenu le Tchernetz; mais cette derniere et puissante ressource Iui manque; le sen- timent de son innocence ne le soutient plus... Cependant, les trcsors de I'eternelle misericorde s'ouvrent pour Iui ; un en- i RUSSIE. — POLOGNE. 7 , g voye celesle lui apparait, sous les traits de celle qu'il a tant pleiiree... il se resigne; il meurt console. Telle est I'analyse rapide du poeme dont nous avons donne le litre en tete de cet article, et que nos lecleurs noussauront gre de leur avoir fait connaitre avec quelques details. II est di<^ne de son aiifeiir, auquel nous devions deja d'autres poe- sies remarquables, entre aulres une Epilre a Joukovshy , et (|ue nous n'avions pu trouver encore I'occasion de placer dans notre galerie des ecrivains qui honorent la Rassie. J. M. Chopin. Ouvra^es periodiques. 320. — Livid ndishe Jahrhiicher der Landwirthshaft. — • An - nales livoniennes d'economie rurale. Dorpat. In-8". Ce journal reconimandable ne differe que de nom. de celui t[ui avait paru precedemment , d'abord, sous Ic titre de Reper- toire economique pour la Livonie ; puis, sous celui de Noiiveau Repertoire ; il fait suite a la serie de dix volumes, cbacun de quatre cahiers , publics precedemment sous ces deux litres, depuis 1808 jusqu'en 1824- C'est aussi la Societe economique de Dorpat qui en fait les frais. Ce journal compte beaucoup de lecteurs; les articles qu'il renferme sur rhistoire nalurelle, la physique et les mathematiques, dans leurs rapports avec I'economie rurale, raeriteut d'etre lus; et, quoiqu'ils paraissent surtout d'un interet local et que leurs auteurs aienl en princl- ])alement en vue la Livonieet les autres provinces de la Balti- que , ils ne sont pas sans utilite pour la science en i^eneral. ^J. H. S. POLOGNE. 321. — * Hiatoria juris Romania etc. — Histoire du droit ro- main; par W. S.. Macieiowski , professeur a rUniversile de Varsovie. Seconde edition. Varsovie, 1825. i vol. 10-8°. Cette histoire du droit romain est precedee de prolegorae- nes dans lesquels I'auteur, aprc's avoir defmi le droit en gene- ral, et indique ses sources chez les differens peuples, d'apres ies diverses institutions politlques qui les regissent , jette un coup-d'ceil critique sur les raelhodesd'enseignement et se pro- nonce contre celle qui commence par le droit naturel [philo- sophia juris prudentice ), comme n'etant propre qu'a iiabituer I'esprit a la speculation et aux utopies. Notre age, dit-il, si i'econd en fausses doctrines, apres avoir embrasse cette me- thode avec ardeur et I'avoir long-tems favoris^e a son grand prejudice, parait avoir enfin reconnu combien il avait hon- 7ao LIVRES ETRINGERS. teuscmenlcrri5. Les partisans de celtc doctrine, njoule I'auleur, sont prets a detriiire toutes los lois que )e tems a consacrees, pour y substituer Icurs jiropres iilees; ot pen letir importe que ces idces soient utiles ou funestes au pays, poiitvu (pi'ils ;uent I'air d'avoir Irouve queltiue cliose de neuf. II pense done que I'elude des legislations positives doit prcceder ce qu'il appelle laphilosoi)liic du droit, et que celle du droit civil, et surtout celicdu droit romain, dolveut etrele fondementde I'elude et de I'enseignement de la science. Cesasserlions poTirraienl donner lieu a beaucoup de reflexions dont nous croyons devoir nous abstenir , parcc f(ue le lecteur pourra les adopter ou les rejeter, suivant les idees qu'il se forme sur i'etude de la legislation. L'ouvrnge entier de M. Macieiowski uierlterait un exanien auquel ni le tcms ni la nature de ce recucd ne nous permet- tent de nous livrcr. C'est uu livre d'une grande erudition , a la hauteur des connaissances et des Inmlercs repandues dans ces derniers tems sur I'etude de I'histoire et des textcs du droit roraain, et (jue Ton pent regarder comme une exccIIeiUe table des niatieres (les ineilleurs ouvrages qui ont paru sur le droit romain en Allemagne, depuis cinquante ans. L'auleur les a tons lus, analyses, cileo. Malheureusement on jieut reprocher a M. Macieiowski d'etre mauvais ecrivain. Son style est dur, incorrect et souvent obscur. Ces defauts oteront a son livre, malgre son merite, une grande partie de I'ulilite qu'il aurait pu avoir , s'il eut cte ecrit avec plus de soiu et de maniere a ce que la lecture en fut moius faligante ct moins penible. A. T. DATSEMARCK. 312. — * Veileclning , etc. — Guide pour la lecture edifiante (le I'ancien Testament; par M. 7?. Mollku, docteur en tlieolo- gie, etc., etc. Copenhague , i8a6. Premier volume, de /i55 pages in-8°. L'auteur de cet important ouvrage, ne en 1763, ministre lutherien depuis 1791, et nomme docteur en iheologie en i8i5 , s'est acquis depuis long-tems une celebrile honorable en Danemarck , non-seulemeiit par quelques productions re- ligieuses, mais encore par la traduction de plusieurs auteurs classicpies latins. Apres avoir public un Guide pour la lecture edifiante du nouveau Testament , que nous regreltons de ne pas connaitre, il vient de donner sur I'ancien Testament un ou- trage de la meme nature, et dont le premier volume , que nous annoncons aujourd'hui , contient ses reflexions sur tous les anciens livrcs .sacr«^«, ;\ I'exception des prophetes qui ferontl«f DANEMARCK. — ALLEMAGNE. 721 sujet du second volume. M. Moller , avec une modestle tres- louable, declare que son livre est partlculierement destine aux Jecteurspeu eclaircs ; maisnoiii pouvons assurer que beaucoup de savans y trouveront une lecture non-seulement cdifiante , mais instructive. Le style est clair, precis et agreable ; I'au- teur defend et justifie raullienlicile des livres sacres ; il en con- cilieles contradictions apparentes; il explique les passages qui repugnent a nos idces et a nos niceurs, par la diflerence qui existe entre Torganisalion sociale de la haute antiquite et celle des lems modernes. Bien eloigne de lout mysticisme, il avoue que Ton rencontre quelquefois dans I'Ecriture des passages qui sont inexplicables; mais il se hale d'ajouter que leur expli- cation ii'est point neccssaire, soit pour I'cdification des fideles, soit pour la defense des saintes ccritures; et il ne lui arrive que rarement d'onieltre les faits qui semblent nieriler quelques reflexions particulieres. Enfin, toutes lesfoisqu'il croit devoir defendre la Bible contre les attaques de ses detracteurs , il le fait sans amertume , sans anatheme conire les incredules, et avec une tolerance vraiment evangelique. II ne conviendrait pas ici d'analyser en detail un ouvrage ecrit dans une langue peu repandue en Europe ; mais nous exprimons le voeu de le voir traduit en francais, convaincus que la lecture en serait agreable et utile aux Francais qui professent la religion protes- tante, ainsi qu'aux Israelites. Heiberg. ALLEMAGNE. 323. — * Geschichtliche und rechtliche Priifung des Jubelj'ahr^ Ahlasses,etc. — Exainen hislorique et juridiquede I'indulgence plenicre dnjubile, avec deux bt:llesdu savant pa^e BenoitXIP^ et do S. S. actuellement rcgnante Leon All sur I'annee jubi- laire et les indulgences, des extrails de I'instruction sur cette ineme annee et les indulgences de feu Ernest Berdding , doc- teur et professenr en llieologie , et la buUe dogmatique d'indul- gence de Leon X; le tout accompagne de reflexions par M. le conseiUer ccclesiastique Paui-us , docteur en iheologie , en droit et en philosophic. Heidelberg et Leipzig, i8a5. Groos. In-8° de 1 38 pages ; ])rix 3 fr. Une annee jubilaire et d'indulgences au 1 9^ siecle est un eve- nement assez nouveau et assez important pour qu'on en fasse I'objet d'un examcn serieux. Le savant Paulus, aussi distingue par un esprit superieur et libre de tous prejuges que par une vasle erudition et une rare sagacite, reunissait toutes les con- ditions qu'impose unepareiUe lache. L'experience a fait connai- 722 livrj:s etr angers. tie que de semblaLles mesures sont dcsorraais suranneeset ne conservent plus leiir ancien prestige : les penples ne sont point accourus; ilsontete insensibles a I'ajjpcl de leur supreme jias- teur, et les princes ne se sont pas empresses de lepondre aux sollicitations qu'il leur adressail de I'avoriser le saint pelerinage , et d'engager leurs sujets a se porter en f'oule versla capitaledu njonde chretien, pour y recevoir une remission generale de leurs peches, plus efficace que celle que pourraient leur ac- corder chez eux leurs propres pasteurs. Lors ineme que le son- verain pontife, plein de condescendance pour son troupeau et anime d'un esprit de charite que rien ne rebulait, est venu au-devant des peclieursen leur apporlantla grace qu'ilsavaieut dedaigne de chercher , ses efforts n'ont obtenu qu'un succes douleux, etl'on n'a pu meconnaitre I'ascendant du siecle et les progres de la civilisation. Mais, c'est moins sous le rapport des lumieres et de Tinteret de la veritable religion que sous le rapport politique que I'auteur envisage labulledu 20 juin 1825 avec ses consequences. 11 fait voir jusqu'ii I'evidence que la I>rerogative exercee, dans cette occasion , par le pape tendraii, si elle etait reconnue, a nous ramener la domination uniNcr- selle du saint-siege , qui , du terns de Gregoire VII , et au mi- lieu de la baibarie, pouvait bien offrir quelques avaniages; iiiais qui serait aussi nuisible qu'absurde , dans les terns oil nous vivons; il fait comprendre que ce droit, s'il exislait, serait eontraire a I'independance et a la souverainete des etats, en soumettant les sujets d'un monarqueala domination d'un nio- narque etranger , a une juridiction arbitraire et exterieure; qu'il compromettrait I'ordre public, en meltanten mouvement des hommes de tous les pays, qui, sous le nom Aq penilens , ou de pelerins, pourraient cacher des ])rojets criminels. II prouve, en outre, que I'exefcice d'une semblable prerogative est nuisible aux finances d'un etat, puisqu'il interronipt Tacli- vite de la classe laborieuse , et empeche que , pendant une an- nee , les champs ne soient bien cultives ; qu'il fait sortir du pays des sommes considerables , jctces dans un gnuffre oil lout s'en- gloutit sans aucune utilite; qu'il compromet la morale publi- quc, enporlant d'honnetesartisaTis et d'estiniables cullivateurs a echanger le produit de leurs penibles Iravaux, contre des vices qui ne sont que Irop comniuns a Rome, et qu'engendre I'oisivete , et en leur montrant dans les indulgences du souve- rain pontife un moyen de salut plus commode et plus siir qu'une vie sans reproche, un repentir veritable, une attention conti- iiuelle a reprimer ses passions et a vaincrc ses faiblesses; qu'il relaclie emla !c meud qui lie les Iroupeaux a leiirs j>asleurs,et ALLEMAGNE. 72^ qu'il affaibljt lenr cor.fiance reciproque qui seule pent /aire fructifier les efforts des derniers : car, si rabsolulion qu'ils sont en etat d'accorder ctait bojine et efficace , pourquoi en aller cherrher une autre a Rome? Citons ici les paroles pleines de sagesse de notre auleur : « Toute police eclairee a du se convaincre depuis long-teins que , [)ius il est facile d'obtenir ia remission de ses peches , plus les peches se multiplient et moins on craint d'en comniettre. Cetle seule consideralion ge- neraledevrait engager les gouvernemens a ecarler, comnie une cliose dangereuse pour la morale publitjue ct pourl'etat, toute absolution qui ne pent etre obtenue, pour ainsi dire, que ma- chinaleinent , par des voyages entreprls hors du Jtays , par la frequente repetition de certaines formules , par des genuflexions et des prosternations siir tels ou tels escaliers, et a faire cora- prendre an souverain pontife, par des fails averes et irrecnsa- bles , quelles sont les consequences funesies des mesures qu'une piete nial entendue voudrait remeltre en vigueur. La procla- mation d'un nouveau jubile n'a pour but, aux yeux de ceux quiconnaissent les liommes, que de rappeler la soumission du monde catholique tout enlier a Tepiscopat de Rome et la pre- tendue legitimite de sa monarchic universeile. L'auteur des jubilcs n'etait-il point ce Boniface VIII, qui a etabli comme ar- ticle de foi que I'cglise portail deux epees , I'une maierielle, I'autre spiritnelle; que le pape tirait celle-ci par lui-m^me , et qu'il avait confie I'aulre aux monarques eta leurs soldats , sous la condition d'en faire usage au gre de i'egiise, que cette derniere epee 6lait inferieure et subordonnee a I'autre. " Ces considerations et ces reflexions forment le sujet du premier cliapitre et de la conclusion; les n°^ :i a vii offrent ensuiie les pieces dont le titre fait mention, ainsi qu'une liistoire de la penitence et des indulgences, J. H. S. 3'24. — * Die Staatenssysteine Europas iind Anierikas , etc. — Systeme des etals del'Europe et del'Amerique de])uis 1783 , par Charles Henri Louis Poklitz. Seconde partie. Leipzig, 1826. In-8°. Ce volume coniprend la periodeliistxOri(|ue de 1806 a 1814 , t'poque memorable, (]ui vit s'elever des trones sur les flebris (i'anciens etats, et bienlol fut tcnioin de la chute de ces nou- velles puissances, dont la soumission a un meme potentat allait reaJiser le revc de la monarch ie universelle. Alors les peuples se leverent pour ressaisir leur independance ; un nouvel ordre de choses s'etablit, et la paix generale succcda enfin aux gran- des secousses qui avaient si long-lems ebraiile I'Europe. Apies avoir enrichi son introduction de deUdls intercssans sur les 724 LIVRES liTRANGERS. parlicularites He. ces ovenemens, M. Poelilz commence son livre par des considtirations geneialcs sur le caractere politique do la confederiition du Rliin et sur I'extension ijue lul donna la pais de Tilsitt. De la , il passe a la situation de la Grande-Bre- tagne par rapport au continent et a celle de la Turquic. L'etat intt5rieur de ces puissances est developpe avec soin; puis I'Es - pagne et les efforts de Napoleon pour y fonder sa dynnstie; I'ltalie et ses disseniions deviennent la maliere d'observatiotis pleines d'inleret, oil Ton reconnait I'exactitude et la sagacile de fauteur. II parle ensuite de la gnerrc d'Autriclie de i8og, du niariage de Bonaj^arte, de la reunion de la Ilollande a la France. « Alors, dit-il, touie difference entre le caractere na- tional des Alleniands, des Francais, des Iialiens, des HoUan- dais seniblait effacec. » Mais ce n'clait la qu'une irompeuse apparence; Moscou fut le terme des conquetes de Napoleon. Ces eveneinens si connus sont rcprcsentcs avec un nouvel in- teret dans I'ouvrage de M. Poelitz, qui demontrc surtout avec beaucoup d'habilete comment la commotion que recut I'l'^urope de la revolution francaise et de la domination de Napoleon, s'est communiquce a I'Amerique , et y a cree d'autres etats et d'autres institutions; de sorte que I'eqnilibre du monde en- tier a et6 rompu en dernier lieu par la puissance d'un seul homme. 3a5. — Li'ben i/rid Todes/.unclen fiber Johann Heinrich Vos.i^ — Notices sur la vie et la mort de /. H. Voss, reuiiies et pu- bliees pour ses amis; par le docteur H. E. G. Paulus. Heidel- berg, 1826. In-S". Qiiand la niortenJeve aux leltres un ecrivain dont la loiigue carriere a ele marquee par les plus belles productions du genie, et par des travaux d'une erudition solide et profonde, le recueil de notices sur sa vie et sur sa morf , que I'on adresse modes- tement a ses amis, est recherche par tous les liommes qui pensent. Si I'homme dont on deplore la j^erte a joint a ces li- tres scienlifiques et lilteraires une influence active conslam- ruent exercee au profit des lumieres, alors le deuil de ses amis devient le deuil de la societe tout entiere, et le souvenir des inegaliles de son caractere, qui ont pu eloigner de lui, pour quelque terns, ceux qui avaicnt de justes snjets de s'en plain- dre, s'effaee cnlierement de leur coeur, pour n'y laisser de place qu'aux regrets et a I'admiration. C'est ce qui arrive en ce moment au sujet de I'illustre Voss, dont la gloire n'est plus voilee par aucun nuage. Le recueil public par M. Paulus con- lient, entre autres pieces interessanles, une notice composee par Voss lui-meme; il I'avait fait imprimer, en 18] 8, a un petit ALLEMAGAE. -aS jionibre d'exemplaiics , et elle etait destinee au Conversations Lexicon, La \ivacite du style repond, dans cette jnece, a I'inle- ret des faits. On y voit le jeune Voss, ne de parens pauvres, reduit, en suivant les cours des ecoles publiques deWeubran- debniirg, a rccevoir les seconrs de quelqnes habllans (]ui I'ad- metlent a leur table; puis, force d'inteiroinpre ses eludes, se faire precepleur chez un seigneur qui lui donnait les inemes appoinleniens qu'a son cuisinier. Bientol , ayant trouve une occasion de s'etablir a Goellingue, il y fil la coiinaissance du cclebre Heyne. Ce ful alors que s'eleva entie eux cette querelle philologique, semee de tant d'amertume, et dans laquelle la conduite de Voss serait difficile a justilier. II rend un coniple detailie de ce differend. Ses premiers essais poetiques parurent dans V Jlmannch des Muses de Gcettingiie ; il ne tarda pas a reveler son beau lalenl par des traductions metriques des an- ciens , dont les fragniens parurent successivement dans j)lu- sieurs recneils. Honicre , Yirgile, llcsiode , Tlieocriie, Aris- tojiliane, Horace, Tibulle et Aratus, sent les auieurs dont les ceuvres ont cnrichi, par les soins d'un si liabile traducleur, la litlcralure allemande; et quant a ses ouvrages d'erudilion, les lettres mythologiques et quelques dissertations sur la geo- graphie, les notes dont il accomj)agnait ses traductions, le placent au premier rang des critiques. Nous regretterons tou- jours qu'il ait ajoute a ces productions auxquelies nous ren- dons volonticrs justice, V Anti-syrnholique qui n'est qu'un recuell d'articles violens conlre le celt'breprofesseur Creulzer, dont Voss ne parlageail point les idees, et supportait difficile- ment la reputation. Cclte j)assion contrc un homme aussi gcne- ralement eslinic pour son savoir que pour la noblesse de son caracterc, est une tache que nous voudrions pouvoir effacer de la vie d'un auteur qui s'etait devouc tout entier au bien de riiumanitc. La liste clironologique de ses ouvrages compiend g8 publications, et dans tout cela, si Ton en excepte la pole- iTiique, il n'ya ricn qui nc soit digne d'attention. La brochure que nous .nnnoncons contient une relation de M. Paulus sous le litre de Souvenirs et de sentimens ; puis, un discours fort rcmarquabie de M. Scblosser. II est impossible de lire ce der- nier inorceau sans une profonde emotion. Ecrit avec elegance etclialeur, il rajipelle tous les titres de Voss et assigne a ses emporleniens un i)rinci|je genereux. Get bomnie extraordinaire avail prevu le mouvement retrograde que certains csprits veulent imprimer a rentcndemenlbumain , et il combatlit pour la liberie de conscience et de doctrine avec un zele louablc, mais (jui souvent lui fil voir nial a propos des adversaires la 726 LivRES Strangers. ou rcclleinent il n'y en avail point. Nous renvoyons aux pages oloqueiites de M. Sclilosser : on y Uouvcia le tableau trop fidi-le de tons les cttoits lentes pour asscrvir de nouve.'iu la raisonhu- iniiine, et les ecarts de Voss seront eu partie exjiliqucs, (jiiand o.'i saura qu'il ne i'aisait giace a aurune dcs pensees qui j)Ou- vaient, nieme eonire le gre de leur auteur, favoriscr cette f'u- iieste tendance. IN'oublions pas de recomniander a ncs lecleurs nne courte harangue de ]M. Tiedeniann. Elle est consacreeprin- cipaleincnt a i'exanien des qualilcs personnelles de Voss; I'au- teur le considere coiume citoyen, coinine pei'e et comme ami. Sa veuve lui survit ; c'est elle qu'il avail cclebree dans son ex- cellenl poeinc dc Louise. Les redacteurs de la Bibliolheqiie alleiiiande , nouveau recueil public a Stiasbourg, viennentde donnei' dans leur sixieme numero , une Notice sur Foss , accoijii- ])agn£5e d'un portrait lort resseinblant. Ph. Goi-bery. 326. — * Das Gesamtntgebiet cler teutsc/ien Sprache , nach Prosa ^ Dichtkunst und Beredsamheit. — Tableau llieorique et pratique de I'ensemble de ia languc allemande, d'apres Irois divisions : la prose , la poesie et le style oraloire ; par Ch.-H- Zo«w PoELiTz. Leipzig, 1825. In-8". Hiniichs, T. i. XIV, 5o4- T. 2. X, 420 p. Prix i4 fr. Apres avoir publie, en 1820, sous ce litre : La langue des Allemarids developpee philosophiquement et liistoriquement [Die Sprache der Deutschen philosophisch und geschichtlich dargestellt),un abrege derhetorique allemande, !M. lepi'ofes- seur Pcelitz , dont nous avons fait connaitre les travaiix liisto- liqties el poliliques , nous offre aujourd'hui un ouvrage sur le nicnie sujet , mais plus etendu, et dans lequel il cherclie areu- nir la pratique avec la theorie. Son but est de faire bien con- naitre et apprecier la langue allemande, d'en ctudier I'esprit et le caradere, de la presenter sous toutes les formes ])ossibles, de developper les particularites de chaque espece de style , de les expliquer, d'en fournir des exemples dans une serie de luoiceaux tires des meilleurs auteurs allemands et ])ropres a lepresenler les differens genres. Ce n'esl ni une grammaire de la langue, ni un coiirs de lillerature; ce n'est pas nou plus absolun;ent une rlictori(jut! allemande, mais une iheorie plii- losopliique qui examine la nature de la langue et I'emploi «pie Ton pent en faire , llieorie dont cliaque chapitre offre de noin- breux exemples du genre de style auquel il est consacre. A I'embarras que nous ci)rGuvons pour determiner la veritable tendance du livre qui nousoccupe, on reeonnailra (piil ny rcgne |.oint un ordre melhodiquo tres-rigoureux. En effet , le j)lan de I'auleur ne nous semble pas assez logique. Nous ue ALLEMAGWE. 727 voyons pas, par exemj)le , ce qui a pii I'engager a tirer un grand noinbre de ses exemples des aulcurs qui ont ecrit dans les premieres annees dii xvm^ siecle , et mtme de ceux qui nvaieiit precede cetle epocjue; puisqu'il ne s'agissait que de la langue, c'est-a-dire , de la lorine que reveteiit des idees en allemaiid, et non de la matiere ou du developpement de ces Dieraes idees, il n'aurait du choisir les niodeles qwe parnii des ('crifs qui font aulorile. Ainsi, a quoi bon ces exirails des ou- vrages du mystique Jacques Boehme, du savant Bugenliagen, ' En continuant cette supposition , I'Odyssee a etc ima- ginee pour reconcilier le peiiple avec ses anciens inaitres, et Ini f'aire compreiidre que, inalgre leurs defauts, ils sont prefe- rables aux tyrans qui s'elevent a ieur place. Toutes ces hypo- theses sont assurement fort belles; mais tpie devient le poete ? C'est ce dont M. Kelle s'einbarrasse le inoins. II crolt son opi- nion .nussi bien fondee (|ue cellcs de IVoLf et de Thiersch. Quoi qu'il en solt, les considerations develop[)ees dans ce livre conduisent a une foule de maximes donl la verile est incon- testable. Quelquefois , I'auteur examine I'aulhenticite de cer- tains passages; mais, en general, il montre assez d'indulgence, et ne partage que tres-rarement les doutes eleves a ce sujet par les philologues , ses compatriotes. Ph. Golbkry. SUISSE. 32f). — Memoire xar les attelagcs de vaches ; par C. J. M. LuLLiN. Geneve, 1826. Paschoud. Paris, ineme maison de H- brairie, rue de Seine, n** /(8. In-8° de 4o pages. M. LuLLiN , auteur de plusieurs ouvrages d'agriculture , et particulierement , du Cultivateiir dit canton de Geneve , ioint la pratique et I'exerriple a la theorie et aux preceptes de cul- ture. " C'est, dit-il, iin meuioire que j'ai presente a la Societe des arts, classe d'agriculture , il y a deux ans , et qui a eu le second pris. J'exhorte ceux qui voudront approfondir la ques- tion a lire celui qui a remportc le premier prIx : il est de M. Fa- VRE, veterinaire; c'est assez vous dire combieu vous y trouve- rez de renseignemens plus precieux encore. » Apres avoir resolu affirmativeraent cette question : Convienl-il aux agriculteurs et au canton de substituer ou dadjoindre les vaches aux bceufs dans les travaux d' agriculture ? L'auteur passe au cholx des races, ce qui est relatifau canton (|u'il habite; puis a la ma- niere de trailer les vaches destinees aux altelages pour qu'elles conservent leur sante et leur lait ; ceci convlenta tous les lieux, tout au plus avec de tres-legeres modifications, suivant des circonstances particulieres et locales. II estime que la diminu- tion de produit des vaches laitieres est a peu pres du quart, lorsqu'elles travaillent, mais que cette perte est plus que corapen- see par la valeur de leur travail. Depuis long-tems, nous au- rions pu tirer cette instruction de I'Auvergne et de quelques :3a LIVRES ]£TRA.1VGERS. nutres parties de la France oil Ton est dans I'usage d'alteler Ics vaches : il ne s'agissait que de onstater lea faits , les rosiillats, ct de les conijiarer a ce que Ton obtient avcc les attelages; raais cette coinj)araison n'est pas aussi facile qu'clle le paiait nu jire- mier coup-d'oeil. Le travail de M. Lullin sera done utile m^me en France, et repandra quelques lumieics sur une question d'ccononiie ruraie dont la solution n'interesse pas sculemeut le cultivateur , et qui n'est pas sans importance pour le citadin, pour les arts, pour Teconomie domestique. F. 33o. — * Histoire univcrselle, divisee en vingt-quatre livres ; ouvrage poslhume de Jean de Mui.ler, traduit de Taileinand par J. G. Hess. Seconde edition revue et corrigee. Geneve ct Paris, 1826. Paschoud. 4 vol. in-8°; prix aS fr. Une histoire universelie en quatre volumes ne saurait etre qu'un tableau ; mais Muller etait uu grand peintre, et son ta- bleau est fort remarquable, non-seulement par la louche et le coloris , niais encore par la composition , et par la pensee qui en aninie renscmble. Non moins philosojihe cjue peintre, I'au- tcur ne s'est point borne a compiler des faits; il a recherche ce fpi'il y a de veritablement interessant dans I'histoire des j)eu- ples , et il a pense qu'il serait utile de considerer les institutions en elles-memes, d'examiner la condition oii se trouvent leurs bases sacrees, d'apprecier les secours que Ton pent attendre du systeme politique de I'Europe pour en remonter les ressorls affaiblis, et enfin de tirer quelques lecons de ces recherches et devoir ce que nous avons a craindre ou a esperer. Muller a reinpli avec beaucoup de succes la tache qu'il s'etait imposee; et c'est ainsi que I'histoire merite le nom de magistra vitce , que lui donnait un illustre ancien ; aussi , cet ouvrage a-t-il ete accueilli par le jiublic avec beaucoup de faveur ; plusieurs edi- tions allemandes ont ele epuisees, et voici la seconde edition de la traduction francaise. La Rei'ue Encyclopedique a consa- cre un article a la premiere (t. vii, y). 82); ce qui nous dispense d'entrer ici dans de plus amples details. M. A. ITALIE. 3 3 1 . — * Memorie deW academia di agricoltura , commercio ed arti di Ferona. — Memoires de I'Academie d'agriciilture , du commerce et des arts, de Verone. Tomes ix et x, Verone , 1824, 2 vol. in-8°. Verone , depuis long-terns cclebre, coranie lapatrie de litte- rateurs distingues , s'honore aussi d'avoir produit et de posse- der encore des hommes qui cultivent les sciences avec succes. \ iTAi.iK. 7:rv IVoiis en trouvons une nonvelle preiive dans les deux dcrniers' volumes des Memoires que nous annoncons. Le j)reiiiier nous ofTi'e d'abord un dixcours du comte Zachaiie Bktti , j)rononci' a I'ouverlure dc I'Academie ; ensuite, I'liistoire de oeite Aca- 'lemie, depuis 1810 jtisqu'en i8'^3, eciife par MM. C. Cris- TiANi, J. B. Zoppi ct J. A. Scopoi.i. Les volumes precedens renferment Ic couuiienceiuentde cctle liisioire, depuis 1788, (■poquc de la fondation de rAcademie. Les objets les plus im- portans cju'ou y reniarque sonl les questions ]>ro;)osees a I'Aca- demie par le gouvernement du rcyamne d'ltalie , et les nioyens employes, sous ce gouvernement, pour remedier anx domraages quecausentlesinsectesaragriculture; etpoursuppleer, en quel- que sorle , aux denrces coloniales et aux produits des manufac- tures etrangcres; des notices necrologiques sur lesacademiciens, raorts dans cc terns, parrai lesquels ont regrette le chevalier Antoine Cns;noli et I'abbe Barthelerni Lorenzi. Le second vo- lume comprend des observalions meleorologiques, uicdicales et relalives a I'agricidtnre, commencees par Lorenzi, et con- tinuees parMM. Meyer, Brunelli, Bnrhieri et Pullini, dont les noms sont assez connus dans les sciences natureiles. Ces ob- servations, quoiqne parliculieres et locales, seraient d'lin grand avantage, si Ton pouvait les comparer avec d'autres du meuie genre faites dans quelques autres ])arties dc I'ltalie. 332. — * Memorie e docuinenti per servire alV istoria del ducato di Lucca, etc. — Memoires et documens pour servir a I'liistoire dii duclie de Lucques. Lucques , 1825 ; J. Beriini. In-/,°. Ce livre mcrite d'etre annonce comme une entreprise fort honorable pour ceux qui I'ont concue et execulee , et digue d'exciter une noble emulation parmi les ecrivains qui s'orcu- pent d'etudes historiques. Plusieurs savans se sont distribue enlreeux les diverses parties dece travail surl'liistoiredn duclic de Lucques. Le P. Antoine-'Nicolas C[annetti a traite I'his- toire civile; M. Dominique Bertiji'i, I'liistoire ecclesiastique ; ^/rtg-joFiGLiOTTi, I'histoire dc la legislation ; Tkomax Trejvta, celle des beaux-arts; Joseph -Pellegrini Frediani, celle du commerce; Jean -Vincent LiUccHESiNi, I'histoire de I'agricul- ture ; George Viani, celle de la monnaie; enfin, le marquis Cesar Lucchrsint vientde nous donner I'histoire litiernire de rette meme province, divisee en sept livres, dont il ne reste (jue deux a publier. Quel avantage ne serait-ce pas pour I'ltalie si, dans chacune deses provinces, des hommes instruits se pro- posaicnt de suivre un tel exemple et de preparer ainsi les ele- T. XXX. — Juin 1826. 47 734 LIVRES ETRANGERS. mens ii^cessaircs a une liisloire gcnerale et complete de cetle nation. F. S. 333. — * Nolizie sopra Vlsloria tie Principi di Savoja , etc. — Remarques siir I'Histoirc des Princes cle la maison de Sa- Tole; par Z-OMw CiBRARio, avocat. Turin, i825; Alliana et Pa- ravia. i vol. in-12. On ne saurait douter que le goiil des etudes histoi icutjs ne soil deveiiu nn des besoins de notre e[)oque. La preuve en est dans I'ardeur toujours croissante que les savans de nos jouis mettent a cclaircir par des reclierchrs laborieuses Ics points remarquables de I'liistoire sur lesqueis nous n'avions jusqu'iei que des claries douteuses. Guichenon el Delia Chiesa , que la in.iisoti de Savoie coinpte parmi ses principaux historiens , manquent souvenl de justice et d'iinpartialite : leurs conti- luialeurs sont tombes dans les memes defauts. Quant a I'abbe Denina, quoique arrive long-tems apres , il n'a prolite qu'ini- parfaitement des materiaux dont il pouvait disposer; et , si Ton exccple les Meinoires de M. Costa de Beauregard , qui ont paru a Turin il y a pen d'annces , nous ne connaissons au- cun travail hisloriqiie satisfaisant sur une des plus ancienncs dynasties de I'Europe, dont les fasles se licnt.-mx cveneuiens les plus imporlans de I'liistoire nioderne. Le livre que M. Ci- brario vient de publier ne doit etre considerc que comme I'esquisse d'un plus grand ouvi'age j destine a remplir lalacune que nous venous de signaler; le style de cet auteur annonce une plume exercee, et sa critique nous a paru jusqu'ici assez judicieuse. M. Cibrario rappelleles suffrages lionorablesqu'il a obtenus : ce doit etre un molif bien puissant pour lui d'ache- ver une entreprise utile et de meriter de nonveatix encoura- gemens , dans un pays ou les leltres se cuUivent avec succes et trouvent des protccteurs eclaires. C. Rossetti. 33 /, . — Delia patria di. S. Girolamo , dottore di sanla chiesa , e dellu lingua slava relntiva alio stesso , etc. — De la palrie de Saint-Jerome ft de la langue slave, relativcment a lui ; par le ohanoine Pierre Stancovich , etc. Venise , 1824; Picotli. In-8". Cet ouvrage peutintercsserles iheologiensetles philologues. Les hommes instruits, en Italie, ne sont point d'accord sur la veritable palrie de Saint-Jerome : les uns le font naitre en Is- trie, les autres en Dalmalle ou en Hongrie ; quelques-uns r^fu- tent ces diverses opinions, sans en proposer aucune d'cux- memes. M. Stancovich prefere cependant I'lslrie aux autres provinces, etsonlient que Saint-Jerome etait ne a Sdrigna ou Strigna, anciennc ville de ce pays, aujouid'hiii detruite. Ses ITA.L1E. 7^5 observalions font i'lgenienses et ses conjectures ]iar;ti«.sontfon- <1t'es. II releve meme diffeienles mcprises historiques ou Iradi- tioniielles , relatives a I'objet dc ses recherches. — La seconiJe qjiestion que traile I'autenr offre plus d'interet; elle a pour sujet la langiie slave. M. Stancovich examine : i° si cette langue el la langue illyrienne formaient une meme langue , au terns de Saint-Jerome; i° si Ton ])arlait cette langnedans I'lUyrie pro- prement dile, et dans la Dalmalie , la Pa^iionie et llsirie , avant que ces provinces eussenl ote conquises par les Romains, cf sous leur empire jusqu'aii tems de Saint- .Toroine; 3° si ce docteur celebrc parlait eel le langue slave; /|° s'il traduisit dans ce meme langage le missel et le breviaire glagolitiqiies , dont se servent les Dalinates; 5° s'il a invente I'alphabet glagolitique ou jiironimien. M. Stancovich pense tout autrement que la plu- pait des auteurs qui se sont occupes jusqu'ici de cette sortede recherches ; i! soutient la negative des questions que nous ve- nons d'indiquer. 335. — * Le Odi til Anacreonte e di SnJJ'o , etc.- — Les Odes d'Anacreon et de Sapho , Iraduites par Jean Casf.li.i. Flo- rence, 1825 ; Viardeiti. In-8°. Nous avons derniercment annonce avec eloge la traduction d'Anacreon par M. Carissoli ( Voy. ei-dessus, p. i43), qu'a- vaient precede dans la meme carriere tnnt d'autrcs ecrivains plusou moins hcureux. M. Caselli s'y prs'sentcaujourd'hui pour la seconde fois. En 1819, il avait publie un premier essai de son travail, qai futbien accneiiii, mais qu'ilcrut cependant devoir encore araeliorer. On peut le foliciter du succes de ses efforts; sn traduction, comparee a cellcs de ses devanciers, leur est de beaucoup superieure par la fidelite , comme par la grace. On s'iinagine lire une production originale. L'auleiir a joint aux odes du vieux chantre de Teos celles de la brulanfe Sapho, traduites avec le meme bonheur. 336. — Bellezze delta lelteratura itaUana, raccolte, etc. — Reaules de la litterature italienne, recueillies par MM. J. B. Nic- conNi et David Bf.rtolotti, Florence, 1825. i vol. in-i8. M. Bertoiotti, dont on apprecie le zele pour I'instruction du beau sexe , a voulu associer les travaux ou simplement le iiom de M. Niccolini a ce nouvel ouvrage, qu'il adresse non- seulement aux dames, mais encore a ceux de ses compatriotes qui ne peuvent pas consacrer beaucoup de tems a I'elude. IVoiis sommes loin de blamer, avec des juges trop severes, le projet de I'auteur, qui nousparait, aucontraire, d'unegrande utilite;car, si toutes les classes de la societe ne doivent j>as se livrera une etude profonde de certains genres dc connaissan- 736 LIVRES I^'.TR ANGERS, ces , il est bon ccpendiint de leur en donner queljucs idees. Mais te n'est p,is un travail facile que de choisir et do pre- senter les oonnaissances les plus nccessaires a un peuple qtii en est plus ou inoins privc. De mcme qu'il serait fort ridicule de iicctendrc Tiiisiruire des anlicinites de la langne nationale, il serait en mt^ine tems tres-avaniageux de I'cclairer sur ses propres interets, avec le flambeau de I'liistoiro , noii pas de cetle histoire qui confirnie ses prejuges, mais de cello (|ui lui retrace lesanciens nialheurs de sa pairie, en indique les vraies causes, et s'efforce de cliercher un nioyen de les rc|)arer. Tel est le 5:;enre de leyons qui convient surtout a I'ltalie , et ciu'elle attend de tons ses ecrivains. 337. — - * Opere di Torqitato Tasso. Prose xceltf. OEuficx duTAS'.v.; clioix de ses ouvrnges en prose. Tome V, Milan, iSaS; classiques italiens. In-8°. CeV'voltune termine la belle edition des ceuvres choisies du Tassc que Ton avait entreprise a Milan. Nous avons dit , et nous sommes persuades que le Tasse est, apres Macliiavel, I'auteur italien quia ecrit en prose avec le plus de precision et de force , et porte au plus bant point I'art de varier son style, snivant les divers sujets qu'il traitait. Ija plupart de ses pro- ductions en prose sont des discours , sennnni ^ sur des ques- tions philosophiques. Quelqiiefois, dans I'exorde de ccs uior- ceanx, il semble etre partisan de la philosophic de Piaton et d'Aristole, fort eslimee de son ferns. Mais, des (ju'il aborde son sujet, il ne raisonne q»Je d'apres lui - ineme , et I'on re- marque dans sa logique autant de sagesse et de profondeur que de grace et d'originalito dans sa poosie. Lc style mcme de sa prose est plus severement soigne f[ue celui de ses vers. Le ])remier de ces Dixcoitrs est une Reponse de ilomeaPlutarque, qui avait pretendu qu'elle devait sa grandeur principaleinent a la fori une , tandis qu'Alexandre n'avait du la sienne qu'a son propre nierite. C'est une vive expression dupatriotisme de I'au- teur et de son enthousiasme pour la gloire antique de I'lialie. La seconde piece, inedite jus(]u'a nos jours, offre des frag- mens d'un essai historique sur les troubles de la France a I'e- poqne de la Ligue , et notamment pendant I'annee i585. On ignore si cet ouvrage a jamais existe complet. Dans le troisieme dixcours , I'autenr se peint lui-raeme ; il y decrit les divers ac- cidens de sa vie si agitee; on doit regretter que cet intcres- sant tableau n'ait pas etc conserve tout entier. Les lecteurs distingueront encore dans ce recueil un monument curieux , une epitre qu'adressa le poete au cardinal Albani, en lui en- voyant ses deux dialogues sur la noblesse et sur la d ignite , ITALIE. 737 dont M. Ginguene a rendu compte dans Yhistoire litteraire de I'ltatie. Dans cette circonstance, le Tasse imita le \leux So- pbocle, accuse de demence par ses propres fils , et lisant a ses juges pour toute reponse son OEdipe a Colonne. 11 esperait se faire juger de mcme d'apres la lecture de ses deux Dia- logues^ ou brille incontestablement un esprit sage et vigoureux, et donner un dementi solennel a ces meprisables dciracfeurs dont la haine envieuse presente comme insenses ou mcchan$ les hommes les plus raisonnables et les plus geneieux. Les ama- teurs de la litterature itallenne savent gre a M. Gherardini d'a- voir acheve cette precieuse edition. F. S. 338. — * De Sepolcri, etc. — - Les. Tombeaux, poemes de MM. Ugo FoscoLo, Hippoljte FiNB^MOiiTr. el /. Torti. Milan, 1825 ; Visaj. Un vol. iu-12. Les Tombeaux de M. Ugo Foscolo ne sont pas un ouvrage nouveau. lis ont paru depuis plusieurs anuees , el cej)endant , ils sont encore lus et admires, non-seulemeiit en Italic, mais dans les pays etrangers. Le poete se demanile si I'ombie des cypres, lesurneset les pleurs eloigneront de lui le sorainell de la mort; puis, s'adressant a son ami M. Pindemoiile, il ex- prime ses doutes sur I'avenir : « Lorsque les douces illusions , dit-il , se seront evanouies; quand je cesserai d'entendre tes vers nielancoliques et quand men coeur aura cesse de battre a la douce voix des muses etdel'amour, que m'impoite la pierre qui doit me couvrir? " II se repond a lui-meme, dans un de- sordre pindarique ; il invoque Parini et se plaint de ce qu'au- cun signe ne marque la j)lace ou reposent les restes de ce poete immortel. Dans ses reproclies , les inspirations de I'i- jnagination se mdlent aux souvenirs de I'liistoire sur I'nucienne coutume des inhumations. Pourquoi, s'ecrie encore le poele, n'eleverait-on pas des monumens a )a memoire des homnjes qui ont illustre leur pays par leur savoir, ou par leur courage? Certes, leur tombe ne serait pas inutile : elle parleraii aux coeurs les plus iiisensibles, et ferait nailre I'amour de la patrie ft celui de la gloire. 11 passe rapidement en revue les tombeaux des illustrcs Italiens qui soul a Florence, dans I'eglise dcSa/Hu Croce , et qu'il a visites avec un respect religieux. Nous ne fai- sonsqu'indiquericileplan de cepoerae; il fautlelire tout eiilier ])ourjuger avec quel talent M. Foscolo a sti eluder les difficiiltes du genre par des accessoires rieufs et interessans , presenles sous les formes patheticpjes que son genie ardent leur a impri- niee-s. C'est aii'si que les transpositions licureuses, les lolicen- ces, les evencmens ancicns de la Grece , les exemples puises dans riiibtoire de tous les peuples ."^e succedcnt avec art, et T^i^ LIVIIES KTKAiNGERS. donnent uii inter^t sonteiiu au poemc. L'ediieura n'utii dads le m^me volume les deux pelits poiimcs que MM. Pindemon(e elTditi out ecrits sur le menic sujet , et qui ne sont pas in- dignes de tronver place a cole de celui qui vient de nous oc- ciifier. 33y. — * Favole e ]Soi ou d'une ligne par 1900 toises , dresse et dessine par Ph. Van dkr Maelen, d'apres les meil- leures carles, observations astronorniques et voyages dans les divers pays de la terre; dcssinc sur pierre et lithographic par H. Ode. ( 76 livraison. ) Bruxellcs, 1826. L'auteur. M. Van der Maelen "a a au-dela de ses proinesses. Son Ira- 74o LIVRES ETRANGERS. •vail est aussi exact que magiufiquc. On se ferait dit'ficilement nne idee de la quantiie de notions de toute ospcce qu'il a ra!>- semblees, et qu'il a encadrees avec un aitinfini dans ses carles. 342. — Hel district St-Nicolaas, etc. — Le district de St- Nicolas, par J.- ^.-J.-L. Van den Bocaerde , commissaire d'arrondissement. St-Nicolas, iSaS; Dorey. In-b°. li serait a desirer que Ics chefs d'adininistration imitassent I'exeinple donne par M. Van den Bof;aerde : nous aurions ainsi avec le terns une statisii(jue complete du royaume. Celle-ti n'omet aucun detail, et I'antiquaire , ainsi que recononiiste, la liront avec le meme interet. 343. — * Dan. ^VYTTENBACHII brevis descriptio institutio- nuin metaphysicaruin. — Resume des institutions raeta physi- ques de Wyttenb ACH. Gand , 1 826. M. A. Mahne. Grand in-8° de X et 2o3 p. Wyltenbach , plus hahile philologue que penseur profond, plus instruit de ce qui appartient a I'antiquile que des decou- vertes niodernes, avail fait mention, dans sa hibliotheque critique , Ae ses institutions inetaphysiques ; mais elles otaieut restees inedites. Nous devons leur publication a M. G. L. Mahne qui a donne une vie interessante de Wyttenbach. Ceux qui out lu la logique de cet auleur se feront aisement nne idee de son nouveau traite de phiiosophie. C'est un resume fort clair, fort elegant de ce qu'on enseignait autrefois dans nos ecoles , et Ton y respire je ne sais quel parfura d'antiquite que Wylten- bach avail rajjporte de son commerce intime avec Platen. DE Reiffenberc. 344-- — - Recueil historique, genealogique , chronologique et nobiliaire des maiso/is ct families illustres et nobles du royaume, precede de la geiu'.ilogie historique de la maison royale des Pays-Bas, ])ar C. de Francquen , conseiller a la cour superieure de justice deBruxelles. T. I*^"". Bruxelles, i8a6. Denianet. i vol. in-8°. Prix de la souscriplion par volume, 20 fr. et 3o fr. avec les armoiries coloriees. Si I'auteur d'un recueil de la nature de celui-ci ne se pro- posait d'autre but que d'enumerer minulieusement les tilres hereditaires et les hochets d'une vanite puerile, il faut con- venir qu'il interesseralt peu le public; mais, s'il s'attache a peindre les moeurs des diverses epoques dont il retrace le souvenir; si, par des anecdotes bien choisiesetraconlees d'une maniere piquante, ilcherche, comme Saint-Foix, historiogra- phe de I'ordre du Saint-Esjjrit, a prouver que la noblesse n'a de prix veritable que par I'imitation des verlus de nosancetres Ct par la constanle pratique de I'honneur, son cuvrage peut PAYS-BAS. ,741 tievenir une ecole de morale et tout h. la fois une source d'ins- iruction solide. Ces reflexions n'ont pas echappe sans doiite a M. de Franc- qiien : plusieurs passages de son premier volume , et notamment I'ariicle qui concerne le dernier marechal prince de L.igue, me le persuadent, non moins que la dedicace aux manes des lieros dont s'honore la patrie, et le clioix d'une epigraphe que je me plais a transcrire ici : On aime a reverer la gloire liereditaire, Lorsque les vejetons sout di'gnes de leur peie. Pour une tige illustre on demande des ills; Leui- gloire est notre bien, et leurs noms rajeunis, Lears verlns, leurs bienfaits, repetes d'age en age, Sent Texemple de tous et I'entretien du sage. (M. Daru, EjiiCie an due de La Rochefoucauld.) Outre la genealogie de la maison royale des Pays-Bas , le vo- lume que nous avons sous les yeux contient celles a'Aremberg, de Biebersteyn , de Blondel , de Bouillon , de Bousies , de Brias , de Constant-Rebecque , de Croix , de Cray , de Derfelden , de Caere, de Gotiban, de Labarre , de Lalaing , de Ligne , de Looz- Corswareni , de Maelcamp, de Morenu-BeUaing , de Spoelbergh , de f'alenzy et de Fan den Brouck. L'lmpression pourrait etre plus correcte; je signaleiai quel- ques fautes , telles que Paul II au lieu de Paul I , empereur de RuSbie ; Jeanne (T Albert pour Jeanne d'Albret, eic. Stassart. Outrages periodiques. 345. — * Bibliotkeque du jurisconsulte et du publiciste , par MM. /. AcKERSDYK, /. M. F. BiRNBAUM, /. F. De Coster , P. /. Destriveaux, /. C. J. Ernst, A. N. J. Ernst, A. C. Hol- Tius, L. A. Warnroenig et R. Winssinger. T. I*''. Premiere livraison. Liege, ibaG; Lemarie. In-8°. Ce n'est pas ici un journal de la congregation . destine a obscurcir les questions les plus imporlanles, en donnant le change aux esprits : ces seniences d'erreur ne Iruciifieraient ])oii)t sur le sol de la Belgique. Si on pouvait avoir des doutes touchant I'esprit qui anime les liabiles professeurs dont nous verions d'ecrire les noms, le disconrs de M. Destriveanx qui traite des rapports de I'liistoire de la patrie, avec I'etude de la loi fondainentale, les dissiperait bientot. L'auieur, coulent d'une legitimile precise, ct dont I'ere est certaine, montre comment elle s'est ctablie, sur quelles institutions elle s'est 743 LIVRES ETRANGERS.— LIVRES FRANCAIS. appuy^e, et coinbien il est neccssiiire de ceder aux besoins des divcTses epoques, sans dc^figurer le caracleie national. A ce morceau lemarquable succedeiitune analyse faite parM. Wuin- lioenig, du Manuel du drnit ecclesiastique , de M. Walter, prolesseur a Bonn, el une revue des travaux des Universiles de ce royaume. R. 346. — * Ardiives philologiques , publiees par F. baron de REirpENBERG. T. II. Septieme livraison. Bruxelles, 182G. Tarlier. Le butde Tedileur de ce recueil est de faire aimer I'liisloire ct les antiquitcs de son pays. Dans la deiniere livraison , on lit des details curieux sur la clievalerie, et des vers inedits de M""= Dufresnoy qui ont toute la grace et la vigueur de ses meil- leurs morceaux. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturellcs. 347- — * Species general des coleopteres de la collection de M. le conite Dejean, etc. , tomes I et II. Paris, i8a5 et 1826; Crevot, libraire, rue de I'Ecole-de-Medecine, u" '3. Deux vol. in-8" ; prix des deux volumes, 18 fr. Ce que, du terns de Linnc, les naturalistes apjielaient in- sectes, et ce qui, dans la compilation de Gmelin, fournissait environ io,/j55 especes au systema naturce , en y composant une seule classe, est maintenant un vaste embranchement du regne animal appele des articules , oil plusieurs classes sont renfermees, et dont le nombre des especes est au moins quintuple. L'on n'appeile plus insecies, selon la definiiion de M. Latreille , le premier des entomologistes de I'epo- que, que les animaux « qui ont des pieds articules, un vais- seau dorsal que Ton considere comme faisanl les fonclions de coeur, encore qu'il n'offie aucune branclie jiour la circulation ; des Irachees pour la respiration repondant a des stigmates la- teraux ; enfin une tele dislincle raunie de deux antennes. » La circonscription qui resulte de tels caracteres eloigne de la classe des insectes les crustacees et les arachnides que Ton confon- dait avec eux sous le nom A'apteres , c'est-a-dire sans ailes; ce qui n'eiabjit jias que lous les insectes veritables aient rigou- reusement des ailes, puisque la puce et la punaise de nos Ills, qui sont bien des insectes , en son! en tout tems depour- vues, et puisque beaucoup d'es[)eces n'en ont que dans lelal par fa it. Toule reduite qu'elle esl, la classe des insecies n'en denieure SCIENCES PHYSIQUES. 74^ pas raolns tclleinent consiJerable, qu'il est presque impossible aiijourd'hui a uti seul horame d'en connaitre loules les especes. C'est parrui eux cependant que Ton trouve, comme chez les oiseaux , les etres les plus elegans de la creation. La nature semble s'eire coraplue a parer la plupart d'entr'eux de lous les trcsoii de la lumiere, en relevant leiegance et la bizarrerie de leurs formes , de leclat des metaux , des rubis, des eraeraudes et menie des charbons ardens. L'histoire des moeurs n'est pas, cliez les inscctos , raoins interessante que leur parure, et c'est par son etude que d'habiles observaleurs du siecle dernier sc seraient eleves a la connaissance d'une souveraine sagesse or- donnatrice de toutes choses, quand toutes les religions n'au- raient pas ordonne d'y croire, cliacunea leur maaleie. En eft'et, rien de plus merveiileux que les melamorphoses qui font de beaucoup d'especes d'insectes, couime deux ou trois aniraaux, differens d'eux-memes scion leur ^ge : si reducation du vers a sole ne les avail rendu es fainilieres, il serait presque impossible d'y croire. L'industrie des abeilles et autres apiaires, qui vivent en sociele paifaiteraent constiluee; les guerres reglees des fonr- mis , chez ([ui les partisans de I'horrible ti'aiie des negres pour- raient prendre des lecons , puisque le vaisiqueur y reduit le vaincu a I'ilolisme, ne sont pas des choses molns singiilieres , et il n'est pas un insecte dont la vie ne soit aussi curieuse que celle des fourmis, des abeilles et des papillons. Les saute- relles avaient meme merite 1 attention du monarque-prophete, qui, dans ses proverbes, les met au noinbre des trois choses « qui sont plus sages que les sages, parce qu'elles voyagent en troupe sans confusion, et qu'elles ne reconnaissent pas de roi. » Ce n'est pourtant pas des sauterelles et de leur republi- que voyageuse que s'occupe M. le comte Dejcan, dans I'ou- vrage Important que nous venons annoncer. Convaincu de I'impossibilite de tout connaitre, el surtout de tout faire con- naitre, sachant fort bien que les publications imparfaites sur les generalites des choses sont plus nulsiblcs qu'utiles aux progres des sciences naturelles , il eliniine de son species tout insecte qui ne rentre pas dans I'ordre des coleopteres dont voici les caracleres : quatre ailes, dont les superieures nommees elytres, sont plus ou moins dures , coriaces, et servent conime d'etui aux inferieures, qui sont minces, transparentes, veinees et pUssees en travers; ils sont pourvus de machoires et demandi- bules et snbissent tous des metamorphoses completes. Ainsi , un hanneton, un cerf-volaut, les scarabees, sont des coleop- ttTes;etqui croirait qu'dexisle probablementplus de 20,000 es- 7A4 LIVRES FRANCAIS. pcces de coleoptcres d.ins I'uiuvers. Jusqu'ici I'on manquail de bons livres pour les connaifre ; l;i liste (juc Linne avait donnee de son U'Hips, plus ou moins augiiieiilec par ses editeurs et scs eleves, le sj-.stvrna de Fabricius, ouvrage plus coinplei, ne poii- vaieiit bulfiie; la iiioit avait iiiterrompu les grands lra\auxd'0- livier ; Latreille s'est borne a la publlcaiion de simples genera ; les journaux scientifiques , oil sont enfouies les descriplions d'cspeces nouvelles ou reputees nouvelles, n'ajoutaient guere anx connalssances entomologiques que des eleinens de con- fusion, qui rendaienl iin bon sjiecies indispensable ; et M. De- jean I'a enfin entrepris. Ce general se repose de ses glorieuses fatigues en s'occupant d'hisloiie naturelle, et il eludie cette science dans ce bon esprit, si rare aujourd'liui, ou tant de gens croient que, pour marquer d.ms la science, il y faut enlrer d'assaut conime par la breche, avec quelfpie classification nni- verselle (]ui renverse de fond en conible tout ce qui s'eiail fait ])recedemment; novateurs qui, ne faisant qu'ojouler ou suLsli- tuer des noins a des noms, avec des coupes souvent arbitralres, trouvent cependant des admirateurs, mais pas un disciple dont la menioire puisse se faconner a la bizarrerie des ternies dont ils affectent de faire usage. Le general Dejean , dans sa louable circonspection, salt bien que tout inethodisle, ou plu- tot que tout systematique, qui s'occupe de gencraliles avaiit d'avoir approfondi les details, ne peut rien produire que d'e- ])heniere ; il salt surtout que Ton s'expose a errer en Listoire naturelle toutes les fois qu'on n'a pas vu soi-mejne ce dont on park' on dont on ecrit; et pour ne point s'egarer, il se borne a nous presenler le tableau de sa propre collection, de sorle que, pour tout entomologiste present ou futur qui eleverait le luoindre doute sur la validite d'une espece , les pieces authen- 'iques se trouvent chez lui, et il les montre aux savans avec une inepuisable complaisance. La collection qu'il a formee e»i la plus belle, la plus nombreuse qui ait jamais existe ; depuis trente ans il n'a neglige aucune occasion de I'enrichir. Durant le tems d'un injuste exil , il se consolait de la proscription ordonnce J)ar Foucbe en donnant la cliasse aux insectes. 11 n'a cpargnc ni soins ni depenses ; il a achete la collection de M. Latreille pour se completer, et les entomologistes ne peuvent mieux faire aujourd'liui, s'ils veulent etie reellement utiles a la branche des sciences physiques qu'ils cultivent, que d'enricbir M. Dejean, . Lors(]ne l';ip- j).Tiiiioii (lu troisiiMiie volunio nous raiiionera sur Tcxcellent Species cle M. Dejean , nous exaniinerons cette partie de son travail. U suffit inaintenant de le recomniander aux natura- listes, commt! leur etant indispensable. Les voyageiirs suitout no sanraient s'en passer; ils jngeront, I'ouvrage a la main, dans les contrecs lointaines, de ce qu'ils doivent rainassei- et en- voyer a M. Dejean , s'ils veulent devenir en quelqne sorte ses collaboratenrs , et ctre insciits an nombre des entomologistes qui ont ajoute quelqne chose an tableau de la creation dont le savant autenr du Species des coleopteres entreprend I'une des parties les plus difficiles, mais en meme temps Tune des plus cu- rieuses, des plus belles et des pins richement varlees. B. DE S.-V. 348. — * Mineralogie populaire , 011 Avis aux cidiivateurs et aux artisans , snr les terres, les pierres , les sables , Icsme- taux et les sels qn'ils emploient journelleinent , le cliarbon de terre, la recherche des mines, etc. ; par C.-P. Brard. Paris , 1826; L. Colas. In-i8 de ij et 102 pages ; prix 40 c. et 3o fr. le cent. M. Brard , deja connu par deux ouvrages fort estimcs , une Mineralogie appliquee aux arts , et les Noui'eau.r Elemens de mineralogie , s'est propose de presenter dans un cadre tres- resserre I'ensemble des connaissances minetalogiques stricte- nient necessaires aux cultivatenrs etaux arlisans, qui forment une classe si importante, et cependant si n6};ligee jusqu'ici. II passe snccessivement en revue les dlfferentes branches del'in- dustriequi se rattachenta son snjet : il en expose les principes, et salt les mettre a la portce de ses lecteurs , tout en s'emparant de leur attention, par un style simple, tonjonrs clair et facile, etpar des exemples parfaitement clioisis. Nousne saurions trop engager les directenrs d'etablissemens et en general les amis de I'industrie, i repandre parmi les onvriers et les artisans cet excellent livre que la Societe pour tenseignement elcmentaire a couronne, a I'occasion du concours qn'elle avait ouvert pour les meilieurs ouvrages destines a rendre les sciences plus po- pulaires. Onest vralmentetonne de trouver tantde faitsdansun si petit nombre de pages. On y remarquememe des choses nouvelles, parmi lesquelles nousavonsdistingue unprocede fort ingenieux pour reconnaitre , en peu de jours ,si les pierres de construc- tion sont gelives ou non , dont les arts sont redevables a M. Brard. Des gens du monde pourront egalement pniserdans cet ouvrage quelques notions exactes snr des objets qui les in- 7A6 I.IVRES FRANCAIS. teressent plus parliculierenient, par exemple , surles diainan$, Ics cmeraudcs, etc. « Mais, dit I'auteur, en terminant, je nip snis beaucoup plus atlaclit" an fcr cl a ses minerais, au platre , a la marnc et a la cliaux, (pi'a I'or, aux diamans, ct aux sa- pliirs, parce que j'ai senti , comme vous, combien la decon- veite d'un anias de platre , qui jieul fertiliser fouteune controe est plus importante que la trouvaille de quelques grains d'or, qui ne font le bien-etre que d'un petit nonibre d'individus. « C. J. Henry. 340- — * Manuel complet du jardinier innraicher, pepinic- riste ,botaniste i fleuriste et paysagiste ; par M. Louis Noi- SKTTE, meinbre de plusieurs Socieles savantes. (^uatrieme li- vraison , formant la premiere nioitie du tome III. Paris , 1 826 ; Rousselon, rue d'Anjou-Dauphine , n° 9. In-8*^ de 3oo pages; prix 5 fr. et 6 fr. par la poste. ( Voy. Rev. Enc. , X. xxviii , p. 5i2 et t. XXIX , ]). 782. ) L'cdileur a cru devoir publier le conimencemenl du tome III du Manuel du jardinier , avant de terminer le tome I : on ne peut lui en faire un rcproche, puisque la i)artie du premier volume qui reste a publier doit etre consacree aux principcs de })l)ysiologie vegefale et que cet important sujet exige de la part de I'auteur de norobreuses meditations. D'ailleurs, la saison elait tout-a-fait convenable pour decrire les plantes cullivees dans les jardins d'agrcment. Cette description , accompagncc dcs principes de culture qui conviennent aux plantes, arbres, arbustes et arbrisscaux , est entamce dans la livraison que nous annoncons. L'auteur a cru devoir adopter le systenie de RT. de .Tussieu, modifiepar M. Desfontaines. II a supprimo eiiticre- ment la premiere classe des plantes acotyledones, parce qu'au- cune n'est cultivee, et il s'est occupe de diveises classes de inonocotyledones. Les descriptions des diffcrentes plantes nous ont paru faites avec la plus grande atlenlion : quant aux ma- nieres deles cultivcr, le nom de M. Noisette offre une garantie dispense de tout eloge. J. A. L. 35o. — Ln. Medecine sans medecin , ou Manuel de snnte, ouvrage destine a soulager les infirmites, a prevenir les ma- ladies aigues,a guerirles maladies chroniques , sans lesecours (i'une main etrangere; par Audin - Rouviere, medecin con- sultant. Sixieme edition , entierement refondue et considera- blcment augmentee. Paris, 1826 ; I'auteur, rue d'Anlin, n° 10. 1 vol. ln-8" dexvj et 557 P^ges, avec le portrait de I'auteur et un fronlispice; prix 6 fr. ( Voyez Rev. Enc, t. xxvi, p. 81 3 , I'annonce de la (]uatrieme edition."; 35 1 — * Essais de philosophie , physique et astrnnoinifjuc SCIENCES PHYSIQUES. 747 sur quclques pht^nomencs de la nature ot du globe ; par M. /. Ar- DANT. Paris, 1826. Sautelet, place de la Bourse. 2 vol. in-S"; prix 12 fr. La preface de cet onvrage devrait etre lue, avant et apres la lecture des deux volumes; et merae, il ne serait pas inutile d'y revenir de tems en lems, a mesure que I'aufeur expose ses opinions. II se confie a un guide qui aurait besoin lui-merae d'etre dirige, (|ui se plait a chercher des routes notivelles, ei qui les abandonne, lorsqu'elles commencent a eire frequen- tees. M. Ardant ne dissimule point que son systeme sur la for- mation des corps , sur le mouvemeni , sur les causes et les effets, ne peul pas, coiiime le systeme de Newton, devenir plus pro- bable, a mesure que les observations et les decouverles se multiplient; il ne donne point de nouveaux moyens de mesure, il n'aide point a ])revoir les phenomenes, il ne prepare point le> progres ulterieurs de la science; il salisfait le besoin d'ex- pliquer, plutot que celui de savoir. Des la preface, I'auteur enonce les principaux pbenomenes qui sont traitcs dans son ouvrage. » J'etablis, dit-il, qu'il n'existe dans I'univers qu'une substance, ou un principe elementaire on la nature puise sans fin la matiere de ses ouvragcs,la force de son action, la puis- sance de sa regeneration ; que le soleil n'est pas ce qu'on le sup- pose, un globe de feu materiel ; que la terre a necessairenient un mouvement de latitude du sud au nord , et un de longitude, de i'est a I'ouest, qui changent ses aspects, ses climats, ses saisons, ses continens, et renouvellent successivement surclia- cun de ses points la variete des phenomenes de la nature; qu'elle augmente d'amplitude en volume et en masse, et se rapproche du scleil; que le flux et le reflux des mers, de I'at- mosphere et de la terre elle-meme est un des phenomenes les jilus simples de la nature, etc. Si inon imagination et mes re- flexions m'ont trompe sur les opinions que j'emets surdessujefs aussi eleves, je puis assurer que j'expose de bonne foi ce que je crois etre vrai, avee les preuves qui ont fait ma conviction, et que je ne cherchc a seduire personne. " M. Ardant a divise son ouvrage en onze chapitres , dans les- quels il traite : i" du flulde universel; •x'^ de la production de la matiere ; 3° de la production du soleil et de la lumiere ; 4" de la production du mouvement; 5° de la production de la cha- leur; 6° de la production de la chaleur centrale, des tremble- mens de terre et des volcans; 7° du mouvement de rotation de la terre en latitude du sml aunord,et en longitude de Test a I'ouest ; 8° en raison de I'imporlance de ce mouvement, I'au- teur lui consacre un second chnpitre; 9° du systeme de I'at- traction, du flux et du reflux des mer>, de I'aJT- ct de la ferre; 7/i« LTVRES FRANC/VIS. lo" clii inouvrmrrti perioiJique des caux ilu globp ; 1 1° du inoir- vement du soti. Coinme il nous serait impossible d'analysor tous ces chapilres, nous nous attacherons seulement a ceux qui font le mieuT connaitrc Ic syslenie de I'auteur. Le premier chapitre expose Ihypothcse princtpale, I'idec dxij/uide unifersel. On ne pent pas dire que I'imagination ait aucune part a celte conception; I'auteur y arrive en generali- sant, analysant, enlevant auxcorpsela la maiiere Ics proprietes qui les rendent sensibles; en un mot, il procede en nietapliy- sicien. Dans les regions purement inteliectuelles ouil penelre, il est hors de I'univers sensible et experimental ; il est hors d'atteinte :on ne pent ni conibattre, ni adopter ses opinions. Comme le point de depart du raisonnement est enveloppe des tencbres les pins epaisses, la jogique la plus exacle, les pins grands efforts de I'intelligence ne peuvent en faire jaillir au- cune etincelle. Le fluide universel, dit M. Ardant, est la 7ia- ture meme : dans ]e sens ordinaire, la nature est I'univers con - sidere dans les plienomenes qu'il manifesle, dans les propri^ies des etres qui le composent, dans les lois qui le regissent; en cliangeant cette definition, en commencant par lout rednire au dernier degre de simplicite, a un fluide dent toules les mo- lecules ont essentiellement les memes pioprietes , on n'en out aucune ; n'a-t-on pas detruil la nature pour I'expliqner? L'ima- gination a-t-elle quelque prise sur cet etre depouiile de toules les formes dont I'existenre peut etre revetne? Mais, voyons comment I'auteur va inettre en ceuvre ce principe universel, composer I'univers et I'organiser. " Nous pensons que le fluide universel est la toule puissance de la nature; qu'il est done de la propriete de donner nais- sance a la maiiere , d'entretenir le monvement et la vie de la nature elle-meme, parce que nous supposons a ce fluide un but, un objet d'utillte commun a tout I'univers, tel (|ue son immensite I'exige, et que la simj)licite de I'liarmonie qui y regne le persuade. » Ici , I'on commence a sentir rimprudence de ces sortes de recherches. Avec un fluide universel dont on ne se fait aucune idee , moditie suivant des lois qui sontincon- nues, on croit remonter a I'origine des corps! Ces pretendnes explications sont-elles autre chose qu'une maniere plus peni- ble de confesser noire ignorance? Celte notion de la formation de la matiere , depouillee de tout artifice d'expression , pent se rediiire a la phrase suivante : /a matiere est composee de je ne sais quoi, modifiejc ne sais comment. Ou nous n'avons point comj)ris la formation du solell , telle que I'explique M. Ardant, ou il s'est troinpe sur les cffels qu'il SCIENCES PHYSIQUES. 7/,9 altrlbue au rnouvcment des planetes. Loin que ces corps pus- sent (liriger son fluide universel vers le centre du syslenie, ils Ini iraprimer.Tientancontraire une force centrifuge qui tendrait a rarefier le fluide dans un grand espace ou ce centre est com- pris : nous aurions precisement I'o/p/jo^e d'un soleil, c'est-a- dire, que les phenomenes attribues par I'auteur a )a condensa- tion de son fluide universel seraient produits en sens contraire. II n'est pas aise de prevoir ce qui resulterait d'un tel oi dre de choses; mais on peut s'epargner les fatigues de cette recherche. Nous n'avons pas bien concu non plus comment la pesanteur est une propriete de la matiere, dans ce sens, dit M. Ardant qu'eliepersevereconslnniment a tomhur vers le centre du monde. Comnie tout monvement, ou toute tendance au mouveroent doit avoir une direction , Tinipossibilile oii nous somraes de concevoir la position de ce centre, et a plus forte raison, de I'assigner , ne nous laisserait aucune idee nelte de la pesanteur. Dans le syst«me de Newton, la pensee saisit facilement les effets de la pesanteur universelle , ou gravitation : mais la defi- nition de M. Ardant, la maniere dont il concoit cette propriete des corps fait evanouir toute clarte, et nous laisse jjlonges dans les tenebres. Quelques-unes de ses explications de Vorigine du mouvement sont fondees sur une fausse physique : qu'il y fasse bien attention, et qu'il s'assure des effets produits ])ar le melange de I'air et de la vapeur d'eau; il les Irouvera precise- raent le contraire de ce qu'il a dit. Nous aurions voulu examiner avec quelques details le cha- ])itre ou I'auteur a traite du mouvement qu'il attribue a la terre, en longitude et en latitude; mais ce chapiire , de 279. pages, divise en 4 sections dont chacune amenerait d'impor- tantes discussions, ou les notions astronomiques, geologi- ques , etc. , sont reformees , est un grand ouvrage , et son ana- lyse nous jeterait bien loin , en dehors des limites que nous de- vons nous prescrire; et, quand nous aurions termine cette analyse , notre tache ne le serait pas encore : nous ne pourrions nous dispenser de discuter I'opinion de M. Ardant, que la terre augmente continuelleinent dc volume et de masse, opi- nion formellement contredite par les observaiions astronomi- ques. Nous sentirions aussi la convenance de dire au moins quelques mots pour la defense du systerae de la gra\italion, si fortement attaque depuis quelques annees. Mais, comme les doctrines de M. Ardant ne seront point admises , il est su- perflu dc promunir les lecteurs conlre des illusions que le pre- mier coup-d'oei! dissipera. Qii'ils lisent cepcndant I'ouvrage de M. Ardant: ils y trouveront plus et mieux que les premiere XXX. — Juin 1826. 48 75o LIVRES IRANCAIS. pages ne le proinettaient : une erudition sans faste, une lil^ gance et une clait^ d'expiession ires-remarquables, un ton de persuasion qui n'a rlen de trancliant, les qualites du style (jui, transpoi'tees dans la conversation, donnent souvent tant d'attraits aux discussions entre des personnes qui ne sont pas du meme avis. Sur beaucoup de choses que I'auteur sait tres- bien , on I'ecoute avec int^ret et profit: mais on liii repro- cliern , comine anx autres reforinateurs de Newton, de n'etre pas iissez instiuit en mecanique, etpai' consequent, de n'avoir pas la clef sans laquelle on ne penetie point dans le secret des plus grands phenomenes de la nature , qui sont des fails de mouvement. Ferry. 352. — Chro no graphic ; (par M. i'abbe Lachevre. Paris, 1826. Pichard. ) Prix 3 fr. Tel est le titre d'un tableau lithographie , sans nom d'auteur, de libraire, ni delithographe, ou i'on volt des chiffres ranges par colonne , dans une disposition propre a faire connaitre le jour de la seinaine qui repond a une date donnee d'une annee quelconque. Ce tableau nous a paru correct, et resout en effet le probleme de chronologic que I'auleur s'est propose, et qui est le plus simple et le raoins utile de tous ceux que cetle science embrasse. Beaucoup d'autres moyens d'arriver au resultat se sont deja presentes : ceux qu'on donne ici sont d'une applica- tion facile. On peut reprocher a I'auteur de n'avoir pas re- pandu assez de clarte dans ses explications pour indiquer I'usage deson tableau, et d'avoir introduit dans le texte quel- ques id^es systematiques qui lui sont propres , et qui sont etrangeres au procede qu'll expose. Francoeur. 353 — * Manuel des poids et rnesures ^ des rnonnaies et du calcul decimal ; psiv MT kK^i.. Douzieme edition. Pads , 1826. Roret. I vol.in-i8 de 464 pages; prix 3 fr. Rien de plus commode que ce manuel ni de plus generale- ment utile; il est du nombre des ouvrages dont I'usage epar- gne souvent un terns considerable. Les lois constitutives du systeme metrique, suivies des dispositions penales et n^gle- inentaires concernant les poids et mesures, servent d'intro- diiction al'Duvrage; vienuent ensuite des notions elementaires sur les nouvelles mesures, le precis des experiences faites pour la fixation definitive de I'unite, la nomenclature legale; puis, un chapitre sur le calcul decimal qui pourrait a la rigueiir dispenser de I'acquisition d'un traite d'arithmetique ; on passe de la aux mesures de longueur, de superficie, de solidite, de capacite , et aux poids; cette partie a ete augmentee d'un pa- ragraphe sur I'emploi de I'alcoometre centesimal de M. Gay- SCIENCES PHYSIQUES. 75i Liig?ac, et dune table ties rapporls eiiire cet instrument et i'areometre de Cartier. Les rlmpiires >uivans sont ceux des inonnaies et des nietaux; on y trouve des renseigneinens cu- rieux sur les quantites d'or et d'argent actuellement en circu- lation; les mesures aslronomiques, geographiques, nauliques et topographiques terminent ce livre. Quatre- vingt-deux tables, dont nous avons en parlie verifie {'exactitude, facilite- ront son usage. Nous n'avons qu'un conseil a donner a I'auleur, conseil qu'il lui sera facile de sulvre, puisque son ouvrage est sttTeotype, c'est de faire disparaiire la iiotede la page 40, 011 plutotdela remplacer. T. Richard. 354. — * Recherches sur le feu de V infanterie ; par un officier rofusion de balles perdues, le vain bruit de la mousqueterie si formidable en apparence, voila ce qui a determine I'auleur de cet ccrit a publier ses ob- servations sur les moyens de donner au feu de I'infanterie »ine ])lus grande efficacite. II commence par exposer ce que I'on a fait jiisqu'a present; et , le point de depart ctant bieii connu , il examine d'abord ce qui se passe dans I'acle d'ajusler el de tirer , suivant I'etat de I'arme, les mouvemens du soldat, ses habitudes, ses a])preliensions. « Dans les feux de deux rangs, dit-il, on cherche a tirer le plus grand nombre deconps, «'i dans tons lesautres, a tirer avec le plus grand ensemble. » En lirant vite , on se dispense d'ajuster, et dans les feux d'en- semble, le soldat conserve difficilement la faculte de le fairc. Comme on attache alors le ])lus grand prix a ce que tous les coups jiarlent, le soldat, preoccupe du dernier commande- ment^feu, ne donne que peu d'atlenlion aux autres. Apres avoir indique le mal, I'auteur passe aux moyens d'y remedier : il eiablit : 1° qu'il faut donner au soldat une instruction diffe- reiile de celle qu'il recoil et qui raccoutumc a plus dc justesse dans le tir; 2" que, dans le memebut, le fusil de munition est susceptible d'araeliorations importantci. L'une etl'antre pro- j)osition est certainement fort soutenable, dans tousles lems: I'auteur n'a pas produit toules les preuves qui viennent a leiir appui. II eleve ])euf-etre un peu lro|) liaut Timporiance de I'infanterie, au detriment des autres armes; mais il invoque, en fnveur de son opinion, des temoignages d'un grand poids. II a joint a ce racmoire un tableau des abaissemens et des devia- tions des balles de fusil lirees a de* distances croissanles de 5 toises . de 5 a 70 loises. Quoique ces experiences paraissent 75a LIVRES FRANCAIS. avoir t'te faltcs avoc beancouj) i\e sdin , on iic peut encore les rcgarder Cjue comme iIl-s mairiiniix dont on profilera, lorsque 1h miiltiplicite des fails seinblabies assurera rexaciitude des rt'su/tats tnoyens qui, dans ce cas, dolvent servir de mesiire, ou de terme de comparaison. L'auteur de ess recherc.hes est iin officier j)leiii de ronnais- sances ; et, ce qui esl nn inerite de plus, il connait fort bien les moyens par lesquelsrinslruclion peutelre acquise, else per- fcciionner. Son ouvrage est digne de I'attention de tous les nii- lltairrs. Y. 355. — Rrfutntion de I'ecrit intitule : Reponse des sonn)is- sionnaires du canal maritime de Paris an Havre, au Me- mnire de M. C. Reriony; par C. Bericny, inspecteur dlvision- naire des ponts et chaussees. Paris, 1826. In-8°. M. Bcrigiiy a public, an mois de mars dernier, les resul- tats de ses recherches et de ses (ravaiix sur la navigation soit maritime, soit flnviale de !a Seine, {^oy. ci-dessns, ]). 486 et suivanles. ) Les soumissionnaires du canal maritime, croyant cet ecrit dirig(5 centre eiix, onl publie, sous le litre de Reponse, une brochure a peu pres elraugere a la question d'utilite qu'a- vait traitee M. Berigny , mais oil la personne de cet ingenieur est altaquee avcc peu de menagement. li aurait mieux valu re- pondre a M. Berigny, en rectifiant, s'ils sont inexacts, ses do- cumens sur le tonnage des ports du Havre et de Rouen, sur la navigation de la Seine , sur les frals de transpoi t , sur reva- luation des travaux; lui montrer, en un mot, que, malgre ses doutes, les rcvenus du canal maritime Seraient proportionnes aiix depenses, et que ce canal n'aurait a redonter la concur- rence d'aucun autre moyen de transport entre la mer et Paris. M. Berigny repousse aujourd'liui, avec autant de force que de moderation, les imputations dont il a cte I'objet; il en fait vessortir les contradictions; ses adversaires ont ced^ a une trop forte preoccupation, lors(]u'ils I'ont a !a fois accuse de dccrier le canal maritime et de vouloir I'organiser a son profit, de reclamer la concurrence et de pretendre les exclure. Le fait est que le resultat des documens, reunis dans le premier mc- moire de M. Berigny, est peu favorable au canal maritime; lorscjue I'excellence de cette conception sera reconnue, il sera terns de s'en disputcr I'lionneur; aussi, M. Berigny declare-t-il renoncer a une polemique 011 sa refutation proiive qu'il ponr- rait obtenir des succes : il a raison. Des discussions de faits, presentes comme il I'a deja fait avec nettete et bonne foi, sont seules instructives ct dignes d'lionorables adversaires. Une grande question est soulevce plutot que trailce dans I SCIENCES PHYSIQUES. 75^1 Ics ecrits que nous venons de citer : le canal maritime doit-il ^tre niisau concoiirs? Ce point seul exige line discussion appro- fondie ; les droits de la compagnie soumissionnaire el ceux du public sont certainemenl conciliables, et nous lacheions d'en indiqjier les moyens. 356. — * Projet de canal etde chemins defer pour le trans- port des paves a Paris, precede d'un Tableau des progrcs de la depense du pave de Paris pendant les deux derniers siecles ; par C.-F. MiNARD , ingonieur en chef. Paris , 1826. In-4". L'eroploi judicieiix d'un capital considerable a I'ouverture d'une communication entre deux points donnes , a loujours pour resuhat de diniinuer les frais directs du transport, c'est-a- dire, ceux de la force raolrice qu'il exige et des vases auxquels el!e s'applique. Ainsi, un cheval attel^ a un bateau tire la charge de 80 chevaux alleles sur nne route : mais les inarchan- dises voiturees ont a payer, en outre, les frais d'entreiien de la voie sur laquelle elles circulent et rintcret du capital em- ploye a la construire; cette depense annuelle doit done eire telle, que, repartie sur la totalitc des marchandises qui passe- ront, elle puisse se resoudre en un peage modcre. Le jeu de ces deux eleinens des frais de transport, combine avec la qnan- lite des marchandises a transporter, conduit a la determina- tion du meiileur systeme de communication pour une localite donnce ; et Ton concoit, que , suivanl ce que sera cettoquan- tite , la voie la plu.s economique sera tantot un chemin ordi- naire, tantot un canal ou un chemin de fer. L'application de ces considerations economlques au projet de tirer de la vallee de Chevreuse a Palaiseau tons les p.nves de Paris et beaucoup d'auires maleriaux , ne serait peut-etre j)as Ires-favorable a I'ouverture d'un canal lateral a I'Yvette et a la Bievre,qui deboucherait dansun bnssin a Mont-Souris, prcs la barriere d'Enfer : ce canal amencrait, il est vrai , sur le point le plus eleve el le moins bien pourvu d'eau de Paris, au moin* 6,000 metres cubes d'eau par jour, et c'est dans cet ensemble qu'il faut considerer le projet. II est, dureste, difflcile de reunir dans un petit nonibre de pages, plus de notions interessan tes que ne I'a fait M. Minard. On a commence a paver Paris, au xi" siecle ; et au commencement du suivant , la superficie du pave compris dans I'enceinte ac- luelle etait d'enviroii 178,000 metres carres. On a des rensei- gnemens ])recis, a dater de i636 ; le pave s'etendait alors sur une surface de 63/i,ooo metres ; elle etait, en 1820, de 2,574,000 metres, a peu pres quadruple. En reduisant les monnaies au taux d'anjotird'hui , rcniretlen du pave de Paris coutait , sous 754 LIVRES FRANCAIS. Louis XIII, 94,5oo fr. ; a la fin du regne de Louis XIV, 177,800 fr.; en 1820, 800,000 fr. et revenait par metre can >', a la premiere cpoque , ;\ o f. 122 ; a la seconde, a o fr. 09;^ ; a la derniere, a o fr. ogH : la diminution lienta I'inirodtic- tion d'lin meilleur ordre, de meilleurs proccdes; I'augmen- tation lient a celle du jvrix des materiaux, et a ce que le pave de Paris va loujours s'usant davantage; c'est le r(5siillat nalu- rel de I'accroissement progressif de la circulation et de I'em- ploi du pave de Fontainebleau , le plus manvais de lous. D'a- pres les observations faites ilepuis 1739, raugmentaiiou du froltemenl sur I'eteiulue actuelle du pave dc Paris exige, cliaque annee , une augraeiitation de depense d'entretien de 2,200 fr. • ce qui equivaut a un pave neuf de 325 metres carrcs; la lota- lite du dechet annuel equivaut a I'cnlevement d'une couclie de 3 miliimelres d'epaisseur sur la lolalite de la surface; c'est le soixante-dix-septicme de I'epaisseur totaie. De plus, la super- ficie pavee augmente anniiellement d'environ i3,ooo metres carres. Paris consomme aujourd'hui i,5oo miJliers de pave par an; lepoids en est de /|8,ooo tonneaux environ; ce qui equi- vaut a la charge de 60,000 chevaux sur une chaussce d'eni- pierrement, oude 40,000 sur une chaussee pavee. Le memoire de M. Minard est un excellent modele de discussion d'interets municipaux; il aurait fallu le coi)ier pour en faire apprccier tout le merite et toute I'utilite. J. J. B. 367. — * Annuaire du corps royal des ponts et chaussees et du corps royal des mines, pour Van 1826, approuve par M. Becquey, conseiller d'etat, directeur general de ces deux corps (21® annee. ); Paris , 1826. Carilian Gceury, quai des Augustins, n° 4i- 1 vol. in-12 de 35o pages; prix 3 fr. 5o c. Cet Annuaire est destine, comme I'indique son tilre, a faire connaitre, annee par annee, les mouvemens survenus dans I'organisation des deux corps auxquels il est dedie ; sous ce rapport, il est d'un grand inleret pour les ingenieurs. II con- lient, en outre, les lois et ordonnaiices royales relatives aux affaires contentieuses , aux etablissemens d'usines, aux rcgle- mens d'eau, aux irrigations, aux curages, a des concessions et a des redevances de mines, aux enlreprises , aux pcages, enfin a tout ce qui concerne radmiuistration des ponts et chaussees et des mines. On y voit que le corps des ingenieurs des ponts et chaussees se compose de 482 membrcs, dont 8 inspecteurs gent^raux , i6 inspecteurs divisionnaires, 126 ingenieurs en chef, et 245 ingenieurs ordinaires, 16 aspirans, et 71 eleves. Le corps des mines est forme de 3 inspecteurs generaux ,() inspecteurs divi- SCIENCES PHYSIQUES. 755 sioniiaires, 16 ingenieurs en chef, 33 ingenieurs ordinaires, 3 aspirans, et 16 eleves; ce qui fait un total de 77 ingenieurs. En indiquant tous les ans les Iravaux extraordinaires qui s'execulcnt, dans les divers depaitemens, sous la surveillance des ingenieurs, cliaque volnirie prcsente un tableau qui doit interesser tous les Francais et qui peut ineme offrir des ren- seigaeniens curieux pour un etranger ; mais il faut avouer qu'oii aurait pu faire de cet Annuaire un ouvrage bien ])lus impor- tant, et bien plus utile, si le plan en eut ete concu sur une base plus etendue et plus scientifique. La science des construc- tions pourrait el devrait consigner ses progres annuels dans un recneil pcriodique special, comnie la physique etla chimie dans leurs annates, comme la politique et la litterature dans leursnombreux journaux. Ad. J. 358. — * Theorie du navire ; par M. le marquis de Potkrat, capitaine de vaisseau , etc. Paris, 1826; Firrain Didot, rue Jacob, n" 24. 2 vol. in-4° avec des planches; prix 3o fr. 359. — * Traite pratique a I'usage des rnarins, contenant la description des operations , des mouvemens et des manoeuvres qui ont lieu journellenient a bord des vaisseaux , ainsi que I'exposltion des principes deduits de la theorie qui peuvent en faciliter et en assurer I'execution; par M. le marquis de Potk- rat. Paris, 1826 ; Firmin Didot. In- 8° de 242 pages; prix 4 fr. C'est avec regret que nous ne consacroiis pour le moment qu'une ires-conrte annonce aux deux ouvrages de M. de Po- terat , en attendant que nous puissions en faire une analyse aussi etendue que I'exigent I'imporlance du sujet et la diffi- cult* du travail. Pour donner une idee de ce que contiennent ces trois volumes, entrons dans quelques details. Le premier volume de la Theorie du nacireesi un traite demecanique dans lequel I'auteur, s'altachantspeciaiement a ce que le marindoit savoir, supprime quelques parties des Iraites de mecanique rediges suivant les melhodes ordinaires, et donne plus d'e- tendue a quelques autres dont il fei'a usage dans le second vo- lume. On dolt s'attendre a n'y rien trouver de nouveau; les ouvrages, tels que celui-ci, n'adniettent que fort lard les de- couverles , lorsqu'elles occupent dans la science la ])lnce qui leur appartient, et qu'indique renchainementdes connaissances. Le second volume est I'application dela science dumouveroent aux questions relatives a la forme du navire, a sa stabilite, aux manoeuvres qu'il cxige; enfiu , I'auleur deduit de ces applica- tions des preceptes de pratique. Cettc derniere j)arlie , separce durestcde I'oMvrfige, et imprimee sous un format plus usucl. 756 LIVRES FRAiN(;'AIS. est deslin^e aux marins (jtii ne sont pas famiiiarises avec I'aiia- lyse raatfieinalique: c'esl le livre des marins dii commerce, tela qu'lls sont aujourd'lmi; il est bieii a desirer f|ue la Theorie '1 a reuni dans cet ouvrage ses (iiverses ob- servations, principalemenl sur ce qui interesse I'art de gue- rir. Les hopitaux, les depots de mendicite, les eaux minerales, les cabinets d'histoire naturelle, les jardins botauiques, los chaires consacreesa I'enseignement de la medecine , les mala- dies regnantes , les systemes et les pratiques en vigueur, les ouvrages recemment publics, tels sont les jirincipaux objets que ce livre embrasse. Les remarques de I'auteur sur ces dif- f^rens objets, reproduites a cbaque ville et exprimees dans un style exirememeni serre et concis , offrent a la rigueurune sta- lisliquemcdicale de I'ltalie, plutot qu'un voyage. Neanmoins, I'auteur se livre parfois a des digressions interessanlcs. C'est ainsi fpi'a I'article Rologne, apres avoir exjjlique la doctrine du contro-sliniulisnie de Rasori, que Tonimasini a modifice en la rapprochant de cclle de lirrilation locale du celf'bre doclcur SCIENCES PHYSIQUES. 7^9 Broussals, M. Valentin compare les syslemes Je ces tioiscliefs d'ecole,ct, bien que dispose a prefeier celui dii dernier, serablese determiner en faveurde la medecine eeleclique , qui, suivant Ini, prevaut maintenant en Italie. Pendant son sejour a Livourne, I'auleur fait renionler se.s observations jusqu'a la fievre jaune de i8o/(, et prend de la occasion de developper I'opinionque cettemalaiiie estgeneralementproduile par infec- tion, et jamais par contagion. En consequence, ilregarde les prc- servalils sanltaires qu'onlui oppose conimed'inutilesdepenses, qui ne font qu'augmenler les entraves du commerce. Inhabile a discuierle fond de la (niesiion,je snispret a accorder a Tauteur que c'est par infection etnon par contagion que la fievrejaune se comnmnique. Quelles seront les consequences de cette distinc- tion ? M. Valentin ne convient-il pas qi:e la maiadie se deve- loppe souvent a bord des vaisseaux, qu'a leur arrivee dans les pons elle se manifeste ensuite sur les personnes employees a les decharger oil ales reparer, que mcme les individus qui se frouvent sous le vent et pres d'un b^liment aiiisi infecle , j)euvent en recevoir les miasmes? A la verile, il assure queces miasmes ne sauraient etre transmis par eux a d'aulres per- sonnes. 3iais ce fait est-il bien constant? Est-il prouve que les personnes a qui uii premier foyer d'infeclion a communique la maiadie, ne puissent, dans des circonslances favorables a son developpement, former un nouveau foyer d'infcction et la communiquer a leur lour? Voila la veritable question sani- laire. A mon avis , on abuse des consequences d'un fait gene- ralenient reconnu : les personnes infectces qifi se sont repandues dans i'inlerieur des lerres n'ont point propage la fievrejaune. Que suit-il de la ? que les ravages de la fievre jaune cxpirent a certaine distance du littoral des mers. Voila tout. On n'en peut rien concliire contre les precautions a prendre dans les villes marilimes. L'importance du sujet m'a determine a ha- sarder ces observations, pour lesquelles je reclame I'indul- gence des hommes de I'art. C'est surtoul a eux qu'est destine I'ouvrage de M. Valentin. Hcrisse de termes techniques et un I)eu sec dans sa concision , cet ouvxage sera pen lu par les gens du monde. Mais il abonde en renseigneujcns utiles ; et, malgre qnelques inexactitudes peu importantes, soitdans la position des lieux, soit dans certaines denominations, le medecin , le natiiraliste el: meme i'administrateur le consulteront avec fruit. 355. — * Voyage dans V Afriquc occidentale , pendant les annces 1818, 1819, 1820 et 1821 , depuis la riviere Gambie, jusqu'au Niger, en traveisant les elats de AVoulli, IJcndoo 76o LIVRKS FRANC A.IS. ( Bondou ), Galam , K.assiin, Kaarta et Foiilidou ; par le m;i- jor fFilltnin Gray et feu Dochaud, cliirurgicn d'elat-major ; di'die aii coiiite Bathurst, iiiinistre des colonies; enrichi de vues pittoiesques et de costumes lithograpliies ; tiaduit de I'anglais par M"'« t7/flr/o«t' Hucuet. Paris, 1826; Avril de Gastel etPonthieu. i vol .in-S" dexxvijet Sga pages; prix 1 1 fr. Nous n'enirerons pour le moment dans aiicun detail siir cet inleressant voyage. 11 sera compris dans le com|)le que nous avons promis de rendre a nos Iccteurs, de plusleurs entre- jirises de menic nalure, qui vienneiit d'etre executees par des voyageurs anglais, dans cette Afrique si peu connuc parnii nous et si digne de fixer I'attenlion des peiiples civilises. C. 366. — * Apercu statistiquc de Vile de Cuba , par M. B. Hubeu. Paris, iSaG.Dufait. i vol. in-8° ;prix 7 fr. L'auteur, membra de la Societe geographique de Paris, et attache au ministere dcs affaires etrangeres, oil il s'occupe depuis long-tems de travaux stalisliques, etait, par sa posi- tion et par ses connaissances , Ires a meme de repandre sur son ouvrage I'intcret que Ton y trouve. Les renseignemens ])re- cieux qu'il a recueillis dans cet apercu , et dont la source seni- ble devoir offrir une garantie (]ue ne presentent point d'ordi- naire ies co;iipilations de ce genre, donnent une idee exacte et satisfaisante d'une ile , qui partage aujourd'hui avec la Grece et les Ptats independans de rAnieriqiie du suil , I'atlention de I'Europe. La premiere parlie de I'ouvrage, comprend sept letlres de queique etendue , et qui sont le rcsullat d'observations f;iiies ])endant une annee de sejourala Havane : elles traitent avec details des moeurs et des usages des habitans de celte capi- lale , aiusi que du commerce de I'lle de Cuba. La seconde par- tie, c'est-a-dire, V Apercu statistique surVilede Cuba presente I'clat de celte colonic espagnole, pendant I'annee iSaS :Ie lec- leur n'y trouvera aucun de ces commentaires ou devcloppe- mens qui souvent , comme I'a dit avec raison l'auteur dans son introduction, obscurcissenl plus le sujet qu'ils ne Teclairenl; et M. Huber s'y monire parfaitement initie dans I'esprit de la .'ilaiistique qui, toule positive, se reserve le soin de recueil- lir les fails pour laisser a notrc jugeraenl la tache de les ap- precier. Cet expose est suivi de quelques reflexions politiques d'un Havauais sur la situation de I'lle qui renferment de gran- des verites, mais qui sont loin d'etretoulesegalemcntjiisles :il en est qu'il serait facile derefuter, et qui meme quelquefoissont en contradiction a vecplusieurs passages de I'ouvrage de M. Huber. La traduction d'un discours espagnol , prononccau mois d'oclo- SCIENCES PHYSIQUES.— SCIENCES MORALES. 761 bre 1824, a la cliaire de boJaniqne lie \:\ Societe royalc palrioti- que (If III Ha\'nne, terinine eel .'ipercii sktiistiqiie. Ce iiioicmu oralolrc fait connnitre les richesses agricoles dii jsays et montre de quel accioisseraeiit sont encore susceplibles les differenies branches de la culture j)ar {'extension des Ir.ivaiix et par le /ele de ceux (jul sont charges de les diriger. Enfm, quelqties ta- bleaux et line carte de I'ile , forment le complement de cet ou- vrage, cjui, bien (jn'incomplet, est, selon nous, le nieilleur qiienotre litterature ait prodnit sur cette colonic iraportante. Sciences religieuses , morales , politiques ethistoriques. 3()7. — * Bihliotheque choisie des peres de I'eglise grecque et latine , on Cours d' eloquence sacree, par Marie Nicolas Sjlt'cstre GuiLLON, professeur d'eloquence sacree dans la fa- culte de theoh)gie de Paris. Troisieme partie , t. xi el sii. Paris. 1826. Mequignon Havard. 2 vol. in-8'^ formant en tout 1087 pages; prix dii volume, 6 fr. Dans Tun des precedens volumes de cette importante collec- tion (voy. Rei'. Enc. t. xxviii, p. 860 ) qui continue d'etre bien accueillie du public, on trouve la vie et I'eloge de St-Jean- Chrysostome, modele admirable des prelres et des eveques, et qui occupe le premier rang parmi les oraleursles plus eio- quens de tous les pays et de tons les siecles. L'auteur , dans les tomes XI et xii , commence a donner les traductions et les som- luaires des nombreux et utiles ouvrages de ce pere de I'eglise; lous se rapporlent a la science de la foi, de I'esperance, de la cJiarite et de riiumilite, science rcv^lee dans les ecritures et les traditions divines, ou jamais on ne la tronvera designee par les noms d'assemblagCffe.? hautes sciences, ou de hautes scien- ces ecclesiastiques ; mais oil Ton voit fjue toute hauteur sera abaiss6e; qu'ilne faut point chercher les hauteurs de la science , que \onXe hauteur est en abomination devant Dieu , et autres inaximes semblables , qui s'accordent mal avec les hautes de- nominations , inventees a Paris, en iSaS, pour designer ceque Ton nommait dans I'ancien regime, ecoles de thdologie , ou ecole (le Sorbonne. Si la chose n'a pas change de nature , pour- quoi changerait-elle de nom ? Comme dans les precedens volumes, l'auteur a traduit litte- ralement, ou parestraits, les textes quionlobtenuradmiration generale; el il se contente d'analyser les ouvrages qui, sous le rapport de I'eloquence de la chaire, n'ont point le meme ca- ractere d'interet. Ces traductions et ces abreges sont precedes •"fi-i . MA^RES I'RANCAIS. el'iin iliscouis oil Ion trouvera les notions histoiiqiies , liite-' raires et critiques, qui servent d'intt-oduction a cette partie du Rccucil. Mais, dans quel ordre fal!ait-il pri^senter ces sommaires et res fragmens tires d'une collection en treize volumes in-fo!io, contenant rintegralitedesecrits tres-variesdeSt-.Iean-Chrysos- lome engrec, avec in version latine? L'auteura rang^ le tout sous trois grands- litres, dont chacun a des subdivisions parti- culieres , savoir la f'oi , I'esperance, la charile ( voy. la table svnoptique, t. xi , p. 6V 72 ). II avail d'abord cru pouvoir dis- linguer la foi, en foi naturelle , et en/oi rei'elce ; ce qui etait vraimenl nouveau et le conduisait trop loin, car il lui eutfallii distinguer de ineme deux sortes A'aperance et deux sortes de r"A«r/^e, consequemment deux religions divines, deux oglises <;t deux cultes, entre lesquels il et'it fallu etablir comparaisou , concurrence on preference. Suivanl cette table, les t. xi et xii ne devaient trailer que de la pretemhiefoi naturel/e ; mais I'au- leur, mieux avise , n'en a pas dit un mot dans le corps de cha- cun des deux volumes; et quoiqu'il j ait assez exactement sui vi les subdivisions de la premiere partie de sa table , on n'y trouve heureusemenlni une traduction, ni unsommairequiserapporte a la foi naturelle; sans doute, il n'en sera plus question dans les volumes snivans. Lanjuinais, de tlnstitut. 368. — * Hhtoire du manage dex pre Ires eri France, par- ticulierement depuis 1789; par M. Gregoire, ancien eve.jue de Blois. Paris, 1826. Biudouin freres. In-8° de i56 pages; ])rix 3 fr. 5o c. Cet ouvrage savant est historique et critique, et entiere- ment conforme, ])our la iheorie, a la discipline de i'eglise ca- tholique. L'auleur defend cette discipline par les raisonnemens et par les fails; et il admet qu'elle peut etre modifi6e, suivant lestems, leslieux, les circonstances. Mais il prouve ((ue nos lois et la jurisprudence actuelle de France n'admetfent plus Y empeche merit dirlmant de I'ordre, et cjue I'ancienne regie de I'eglise catholique, reduisant le pretre marie a I'^tat de laique , n'en subsiste pas moins et doit etre observee. Le clerge catho- lique asserinente et inspr.mente a donne en cette matiere de grands scandales, pendant le conrs de la revolution. L'auleur les raconte, comme historien, avec impartialile et avec cliarite. f I terraine son li vre par ce trait remarquable : «■ Le scandale des pretres maries (dans le catholicisme) est i)asse. Fasse le ciel que le scandale des moeurs depravces le soil de meme! car le cslibat est prescrit au clerge, non-seulement comme excluant le ma- nage , mais de plus comme oppose a lout ce qui peut ternir la SCIENCES MORALES. 7^3 piireted'nn homme voiiea des fonctions saintes. On alteindrair, Tun et I'auU'e but en reculaiU ( selon les anciens canons) Tage I equis pour etre promu aux ordres, et surtout en ameliorant I'education des aspirans au sacerdoce , et en exigeant d'eux une instruction religleuse plus profonde et plus etendue. •> L. 369. — Correspondance de deux dames du dix - septieme ■■•iecle sur le protestantisrne. Qualrieme edition. Vaiv'is , iSiS. II. Servier. In- 12 de 36 pages; piix 3o cent. 370. — Du. Jubile des eglises reformees ; par Charles Drk- L1NCO0RT, ministre de I'eglise reformee de Paris. Nouvelle edition, revue et abregee. Paris, 1826. H. Servier. In-12 de 60 pages ; prix 5o cent. Ces deux brochures datent du dix- septieme siecle : la premiere parut a Paris, en iGSg; la seconde remonte k I'annee 1626. Et cependant les sujets qu'elles traitent sont encore aujourd'hui de circonstance. En faut-il conclure que nous ne sommes pas plus avances dans la carriere de la civili- sation et de la tolerance que les contemporains de la ligue et de la revocation del'editde Nantes. Heureusement, la raarchc retrograde, a laquelle un certain nombre d'homnies a vue courte et a petites passions , voudraient nous condamner, ne nous a pas eucore ramenes a ces terns d'ignorance et de bar- barie; et , si quelques fanatiques revent encore les ])ersecu- tions religieuses, I'indignation et le mepris general font jus- tice de leurs pretentions surannees. 371. — * Lavie chretienne , sermon sur ce texte : En elle etait la vie, el la vie etait la lurniere des hommes; Jean, I, 4 » preche, le 22 Janvier 1826, dans le temple de I'Oratoire, a Paris, a I'occasion d'une collecte faite en faveur des eglises vaudoises des vallees du Pieraont ; par M. Appia, I'un des pasteurs de I'eglise wallonne de Franct'ort-sur-Mein, suivi d'une courte Notice sur les Faudois. Paris, 1826. Servier, libraire. In-S"^ de ij et 42 p. avec une carte des vallees vaudoises; prix i fr. 2 5c. Les Vaudois, que Ton a nommes les freres aines de la refor- mation, semblent avoir ete destines a subir, a toutes les epo- ques, les persecutions de I'intolerance et du fanatisnie reli- gieux. Lcur existence remonte jusqu'aux premiers terns du christianisme. Des le neuvieme siecle, des auleurs ecclesiasti- ques font mention d'eux, comme d'heretiqaes obstines, exis- lant dans le diocese de Claude, eveque de Turin et d'Enibrun. Un manuscrit en langue provencale , intitule la Nvbla leicon , qui date de I'an iioo, el qui a ete conserve dans les biblio- tiieques de Geneve et de Cambridge, contient ce passage re- marquable : « S'il se trouve quelque homme de bien qui veuille 764 LIVRES FRANr.A.lS. aimer Dicii et Jcsiis-Chrisl. , qui ne veuille iii inedirc, ni jurcr, ni mCHlii', ni lucr, ni proiidrc le bicn d'aulnii, ni se voiiger de ses enneinis , on declare qu'il est Vninlois et dij^ne de morl. » Dans les douzieme et tioi/.ieme sieeles , leurs doctrines s'e- taient lepandiiesdansle n-.ididela I'rnnce, et y avaient tioiive tin grand nonibrc de proselytes, connus sons le noin A' Alhi- geois : unc croisiide fi;l organisce contre enx , et les cruaulcs dont eile devint le signal, ont Irouve leur place dans I'liistoire a cole des crimes les plus atroces dont elle ait conserve le souvenir. Ouclques faibles debris de celte population pros- crite eohajiperent aux snpplices : ils trouverent nn refuge au- pres de leurs co-religioniiaircs des Alpes. La persecution les suivit jusque dans cette reiraile presque inaccessible, et parvint entin a les en expulser, en 1686. Toiitefois, leur courage ne flit point abattu : quatre ans apres, mille d'entr'eux, ])rofitant de circonstances poliliques plus favorables, rcvinrent et s'ou- vrirenl, les armes a la main, nn chemin jusque dans leurs vallees. Grace a I'intervenlion de plusieurs elats j)rolestans, ils obtinrent , en 1690, du due de Savoie, Victor Amedee , nne amnislie entiere , qui assufa leur existence sur le terri- toire occupe par lenrs ancetrcs, niais qui ne les placait pas encore au ineme rang (]ije leuis voisins catlioliques. Dans le oonrs dn dernier siecle, leur population s'accrut d'un grand nrtmbre de families protestantes du Daupliine, bannies d'jiu ))ays oil I'intolerance Irionipliait alors. La France jdus eclairee leur accorda , cent ans plus tard , lors(|ue leurs vallees furent K'unies a son territoire, les memes libertes et les menies avan- tages dont jouissaient ses liabitans de toutes les sectes, de toutes les croyanccs. Mais, les eveneinens de 1814 ramenerent les Vaudois sous le joug des lois d'exception : pendant ])Iu- sieurs annees, I'exercice de leiir culte fut pertnis, il est vrai , mais avec des restrictions ridicules ; defense fut faite a aucun Vaudois d'exercer la niedecine, la chirnrgie, la jurisprudence. Anjourd'hul, le goiivernement Piemonlais parail devoir adop- ter des mesures phis tolerantes a leur egard. Deja il leur a accorde I'aulorisation de conslruire un liopitai pour leurs ma- i.ides pauvres, et la permission de clioisir des medecins et des chirurgiens de leur culte. Pour subvenir aux frais d'etablis- scment de cet hopilal, les Vaudois ont fait un appel a lenrs co-religionnaires de tons les pays : le sermon de M. Apjjia a precede la collecle faite dans ce but parmi les protestans de Paris. Outre ce sermon et ia notice dont nous avons donne un Bxtrait, on trouve, dans la brochure que nous annoncons, SCIENCES MORALES. 765 line carte des sepl vallees vaudoises, situees au pied du inont Viso , entre la France cl le Piemont, et un tableau ou leur population est evaluee a 21,495 habilans, dont 19,710 vau- dois et 1,785 catholiques. A — e. 37 a. — La civilisation considerce sous le rapport du feu , et relalivement a la superiority de I'hommc sur le reste des ani- rnaux. Paris, iSaS; Baudouin freres. In-8° do 63 p.; prix 1 fr. 5o c. Les animaux sent doues d'une grande partie de nos facul- tes : ils construisent desabris; ils lissent des toiles, ils amassent et conservent des provisioTis; ils forment des societes, dispo- sent desbataillons, placent dessentinelles, execu lent des voya- ges. Bien plus, ils partagent nos talcns et nos vertus : quel- ques-uns chautent d'une maniere ravissante; d'autres s'atta- chenta leur maitre jusqu'a I'heroisnie. Mais, chose singuliere! pas un ne f;iit du feu. II semble pom lant que ce ne soit pas la le plus difficile. Le don du feu est un privilege exclusivement reserve a I'liomme. Ce serait une tliese assez amusante que d'examiner les bienfaits dus a ce talisman par la scciele liu- maine, et de compter ce qni nous resterait, s'il nous ciait enleve. Mais, dans la brochure que nous annoncons, quatre ou cinq pages seulement sont consacreesa cetexamen.Le reste traite de la superiorite de Thomme, sons le rapport de I'intelligence, de la parole et des oeuvres; ce qui rentre dans I'intelligence. Un dernier chapitre intitule : Moyens de civilisation, indinue comme un des principaux la doctrine evangelique. On voit que le titre n'est pas tout-a-fait juslifie par I'ouvrage. Le feu qui serablait devoir jouer le role principal, et qui fournissait seul un apercu piquant et nouvcau, n'est ici qu'un trcs-petit detail, noye dans beaucoup de lleux commons, oil I'auteur donne comme un avocal loutes les raisons en faveur de sa cause, bonnes oumauvaises; ne s'inquictanlpas si, le lendemain, il contredirace qu'ilaura dit la veille. Ainsi, page 19, plaidant pour les anlmaux , il s'ecrie avec indignation : « N'est - on pas alle jusqu'a dire qu'lls n'elaient autre chose que des pieces de mecanique, et qu'un chien ne differait pas d'une montre.^w Et page 49 , plaidant pour I'homme, il nous dit : « La brute ne fait le plus souvent qu'agir, etagir sans examen, selon la force motrlce qui la pousse. Cette observation s'applique meme a I'a- beille. Son role est, a beaucoup d'egards, celui d'une roue de pendule. » Adolphe Garjtier. 373. — Essai sur les abstractions ; par F. Chevrier-Cor- CELLES. Bourg , 1826; Bottier. Un vol. in-8° de 108 pages. Cet essai montre que le mouveraent philosophique des es- T. XXX. — Juin i8a6. 4g 7G6 LIVRES FRANCAIS. prits, qui se fait sentir dans la tapiiale, s'etciid atissi dans Ics d^'parteinens. II annonce , dans son auteur , une (iltide appro- fondie des maticres qu'il. Iraite. Sa brocliiire est dcstince a combattre rex'stence rofonde: all ! IeSau\enrne voulaii-il pas la guiTir cetle plaie? il ne se facha que contre les pharisiens, parce que les pharisiens etaient des orgueilleux et deshY])ocritcs; il n'eut de sainte co- Icre que contre les vendeurs du teniple... w Que jios pretres son- gent que ces reflexions sont d'unefemmeet d'une femnie devote. B. L. 375. — * Essai surV education des fcminet: ; par M™" la coni- Icsse de Remusat. Troiiieme edition. Paris, 1826; Ladvocat. In- 8°; prix 7 fr. 376. — * Conseils aux jeunex Jillcs , suivis de quelques essais de morale i parM'"*' Campan. Paris, 1826; Baudouin. In-8°;prix 3 fr. Ces deux ouvrages , publics a la ni^me epoque , ct apres la mort de leurs auteurs, sont dus a deux dames francaises dont les lalens , les pensees et les destinees furent Ires-differentes, et qui ont obtenu I'une et I'autre la raeme palme acadeniique deposec sur leur tombe. V.'Essat sur I'education desfeinmesel les Conseils aux jeunes Jilles ont reuiporie le prix fonde j)ar M. de Monthyon , pour les ouvrages les plus utiles aux niceurs. Cet honorable suffrage rend les eloges superflus. Mais nous allons tacher de faire connaitre a nos lecteurs le merite parti- culier de chacuu de ces ouvrages, et par quelles routes diver- ses M™"^^* de Remusat et Campan ont atleinl leur but commun , de guider et d'eclairer leur sexe. Craiguant d'etre coupable de quelque ])arlialite, je commence par avouer raa profonde veneration pour le caractere et le ta- lent de M™*' de Remusat. En lisant ses nobles pensees, sans I'avoir jamais vue,je crois I'eniendre, la connaitre, et je ne puis me defendre de la cherir. En finiisant ces jjages si pleines d'admirables choses , et pourtant non termindes, je pleure sur la perle qu'ont faite en eilc sa patrie, sa famiile et son scxe. 7(i8 LIVRES FIlA-NfAIS. M""^ de Rtiimsat se plaint de ce que Irop souvent on a place les femmes au-dessus on au-dcssous du rang qui leur est assigne par la nalure; cllc se fellcitc de ce rpie le lenis des exagerations est passe. « La femme, dit ellc, est sur la Icne la compagne dcriiomiDe. dependant, ellc exlste ])OMr son propie coinpte; olle est inferieuie, niais non subordoiinre. Le souifte divin qui raniinc', et qui par son immortalitc I'appclle a la progression ; la connaissance du devoir, le besoin d'nn avenir, tous ces dons, accordcs aux femmes nussi bien qii'aux honimes, lenr permettenl derevendiqiier line ccilaine ei!;alile, etc. » L'exces- sive modestie de ^1""= de Remusat mo parait lui avoir fait com- iiiettre uiie eireur : la femme est autre (jiic I'homme; niais elte n'cst point son inferieur ; piacee a ses cotes par la Divinite pour le secourir , I'aider, I'ainier, le completer el lercprodaire, ses fonctions ct ses devoirs n'etant que des actes perpetuels d'amour, elle est peut-etre, sous ce rapport, i'etre privilegie de la creation. La femme, si toucliante iorsqu'elle soigne tous Ics genres dc doulenrs ;si belle lorsque, comme epouse, elle pu- rifie le bonheur par la saintcle du devoir; siseduisante par ses altraits, si puissante par sa lendresse, si admirable par son devouraeni, ne parait/«/War lesquels cette fille celeste s'eleve a la dignite de chef de famille et sail toujours s'y maintenir, causeni la plus douce emotion et font naitre I'araour du bien. 7-0 LIVRES FRANgAIS. IVr"' Cainpan, en composant cet oiivrage, a sans donte voulu expier le lort qu'oii lui reproclic quelquefois de s'^lre plus occnpee de ce que I'existence dcsfeinmes offre de gracieux etde brillarit que de la paitie serieiise el solennelie de leur destinee. Si elle a eu cette bonne intention, il aurat peut-etre 6te con- veriable de nc point grossir le petit volume des Conseih aux jeunes filles , en y ajoutant des Essnis de morale , evidemment destines a la portion de la societe la plus brillante et la plus avide de plairc. Cette I'eiinion de deux ouvrages diriges vers deux butssi distincis, parait ctre un veritable contre-sens. Com- ment n'a-t-on pas senli I'inconvenance de placer a cote des excellens conseils qnicnseignentaux jeunes ouvrieresles moyens d'etre a la fois bonnes et sages, utiles el laborieiises, les/iitiles essaismoraux qui leur apprendraient , si elles Tignorent, I'ini- portance attachce par ce qu'on nomme le beau monde , a la maniere de faire la reverence, de s'asseoir, d'eternuer, etc. Si, dans une seconde eilition, on separait ces deux ouvra- ges, le premier, en conservant tout son merite , deviendrait plus utile ; le second, rcprenant sa veritable place sur une table de boudoir, paraitrait moins li'gcr; la, on pourrait pardonner a M"" Campan d'enseigner encore Tart d'etre aimable etde plaire, et meme on Irouverait parmi ces essais plus d'un conseil salutaire, dicte par la raison et I'experience. Quand les Conseils aux jeunes filles paraitront sans Vap- pendice qui forme avec cux un «!'trange contraste, alors seu- lement, nous pourrons sans restriction nous livrer au plaisir de rendre justice au talent tlistingue, a la plume exercee et aux intentions lres-lou;ib!es de I'auteur. J. S. J. 377 — De I' importance des chants et des exerc.ices elemen- taires de la methode i;ymnastique de M. le colonel Amoros; par un medecin. Paris, i8'a6; imprimerie de Farcy. In-12 de 1 5 pages. L'auteur de cette brochure annonce qu'il a pris part aux exercices du Gymnase-Normal , fonde et dirig^ dcpuis quel- ques annees avec une infatigable perseverance et un zele digne d'eloges par M. Amoros. II s'attache a demontrer, non pas les avantages d'unc bonne education physique que ])ersonne ne conteste , mais I'liiilite des exercices elemenlaires et pre- paraloircs, adoptes par M. Amoros, et surtout I'heureuse in- fluence du chant et de la musique combines avec 'a gymnas- tique, et destines h regulariscr les mouvcmens du corps. Nous troTivons, dans ce petit ecrit, la preuve que I'elablissoment de P/I. Amoros obfient de jour en jour de nouveaux partisans, capables de bien apprccier son importance, et le moment ap- SCIENCES MORALES. 771 proche ou la gymnastique de\iendra , en Frnnce, comme elle Test en AUeniagne, en Suisse el en Anglelcrre, une ])arlie essenlielle de I'education de la jeunesse. Nous pouvons meme assurer qu'une decision rccente du niinistrc de la guerre con- sacre et affermit I'exislence du Gymnase-Normal , tout en I'aisanI esperer que les bienfaits de son instruction s'elendront peu a peu aux corps de I'armee qui en out ele prives jus- qu'ici. A. 378. — * Les Jeunes Industriels, ou Decouverles, experiences, conversations et voyages dc Henri et Lucie; par Maria Ed- GEWORTH, traduit de I'anglais par M™e Sw. Belloc. TomellL Paris, 1826; Fortic. In-12 de 33o pages ; prix 3 fr. So c. II est fort inutile de recommander te volume a ceux qui onl eu les deus premiers (Voy. i?e('. £«c., t. xxix, p. 801); leurem- pressement ne pent qu'augmenter jusqu'a la fin de cette pu- blication. II est difficile de louer convcnablement Tun de nos collaborateurs dont nous estimons le plus la cooperation ; inais , qu'il nous soit au moins permis d'eu dire ce que le pu- blic eti pense, de remarquer la souplesse d'un talent qui sait faire passer toura tour dans une traduction les cliarmes dune poesie etrangere , la vigueur dcs jiensc-cs, le coloris des ta- bleaux , I'ainiable siinjillcile des recits destines a instruire I'enfance en raniusaiit. L'ouvrage de iniss Edgeworth n'a cer- tainement rien perdu sous la plume de ]M"'« Belloc , si meme il n'a pas gagne quelque chose , s'il ne s'cst pas embelli de riou- veaux agremens. Nous reviendrons sur i'ensenible de cet ou- vrage, lorsque nous I'aurons tout eiilier sous les yeux. Nous ne saurions trop insister, des ce moment, sur la grande uti- lite d'un livre qui doit initier les erifans aux notions eleraen- taires et aux precedes des arts industriels , dont ils seront appeles a etendre les progres et les bienfaisans rcsullats. J. 379. — Dialogue sur la loterie , contenant le calcul des di- verses chances de ce jeu, d'apres la theorie des probabilites ; par/.-^.-H.-r. Paris, i825; Treuttel et Viirtz. In-8° de3i pages; prix i fr. au profit des incendiesde Salins. Cet opuscule a etc menlionne honorablement par la Soci^te de la morale chretienne. L'auteur a mis en scene trois inter- locuteurs, un jeune villageois, un maitre d'ecole et un bnra- liste de la loterie. Le premier veut faire une mise de 20 sous , dans I'espoir presque certain de gagncr dix mille francs ; le second essaie de le detourner de ce projet , en lui affirmant qu'il va perdre son argent ; le iroisierae personnage intervienl : la discussion s'engage sur le calcul des divcrses chances et sur d'aulrcs questions relatives a ce jeu perfide ; le magistcr re- 772 LIVRES FRANC A.IS. fute avec force et clarte lelangage insidieux du buraliste ; el le jeune villa£;eois les quitte pour aller placer a la Caissc d'e- pargne les 5 fr.incs qu'il destinait a la loterie , se promettant bien de dcposer a la meme caisse 12 francs tous lesmois, s'il le pent , et de siiivre toiijonrs les conseils dii luaitre d'ecolc. Voici en quels termes ce dernier s'exprime , en finissant : '< L'exj)eriencc est la pour appuyer mes raisonneraens ; car on sait( chose qui devrait effrayer les joueius ) (\nU se perd unnuellement h la loterie 12 ou \^ millions, c'est-ii-d\re,laJor- tune de 1,000 (i 1,100 families (1). Et comment n'etre pas pe- nctrc d'une profonde douleur, quand on examine par qui ces pertes sont supportees? Ici, des malheureux sans pain, foilenient persuades que la loterie va les tirer de la miscre a laquelie ils n'oiil peui-elrepas le courage des'arracher parleur travail. La, des domestiques , jaloux de leurs raaitres, irapa- tiens de devenir riches comme eux , sans se donner, a leur exemple, la peine d'y parvenir par une route honorable, et quelquefois meme assez pervers pour exposer au jeu un ar- gent qu'ils leur derobent. Ce sont encore des gens a derai-rui- iies par leur inconduite, qui sacrifient aveuglement au hasard les faibles restes de leur fortune, en s'attachant surtout aux chances les plus desavantageuses... Mais quipourrait enumerer toutesles viclimes de ce funeste jeu? Qu'onaille, sil'on veut, les connaitre. qu'on aiile les chercher dans leslieax de prostitution, dans les prisons, dans les hopitaux, a la Morgue. Oserai-jemaintc- nant considerer ce (jue de\iennent ces produits de I'ignorance, de la cupidite , du crime meme? Oserai - je avouer que c'estle trcsor public qui lesexploite a son profit? Juste ciel! un imp6t sur le vol! un imj)6t sur rempoisonnement! un impot sur le suicide! Les levenus publics seraient-ils done taris, si celte source impure cessait de les souillcr? Ouoi ! I'etat a besoin de pareils auxiliaires pour supporter les charges qui lui sont im- posees ! Ah ! rassurons-nous : osons compter sur la sagesse de uotre roi , et dans I'interet des mceurs et de la religion, ap- plandissons-nous d'avance de voir supprimer une institution qui fait la honte de la societe. » B. 38o. — ■* Dc la Science politique constitudonnelle ; ^zxP.-A. Df.lacou. Paris, 1826; Mongle aine. In-8° de log pages; prix 2 fr. et 2 fr. 25 c. franc de port. M. Delacou, auteur d'une brochure qui parut il y a quel- ques annecs sur la Noblesse et la Cite , vientde donner, dans (i) Voyc7. les Becherches statistiquei sur le dcpailemciit de la Seine. SCIENCES MORALES. 773 I'ouvrage qu'il public aujourd'hui, plus d'elendue a son sys- teme, plus d'ensemble a ses idees et plus de force a ses raison- nerueus. Pour le faire connnitre, nousne pouvons uiieuxfaiiu que d'emprunter a I'nuteurle resume suivaiU : II n'y a que deux gouvernemens qui aient une nature qui leur soil propre. — La republique ou la dcmocratie pure et le despolisme absolu...Ce sontles deux extreuies enlre lesquels se trouvent places tous les divers gouvernemens... « Tous les gouvernemens connus ne sont guere que de vc - ritables arlstocraties, ou les Lommes ont des droits plus ou moins etendus; il ne pout y avoir entrc euxqu'egalite relative. La socicfe , coniposce d'elemens mobiles qui se renouvellent sans cessc, est comme les individus dont la vie ne s'entretient que p;ir Faction continuelle (pioique inegale, de choses diffe- rentcs et exlerieures aux corps qu'elle anime, et se trouve travaillee d'un mouvement, qui, pour etre presque insensible, n'en est pas moins imperieux et aniene irresistibiement les dif- f^rens modes d'existence que presentent les nations... Le legis- lateur doit suivre avec atlention ce mouvement et satisfaire a ses exigeances, comme le pere de famille fait dans la maison les changemeiis que demande une position nouvelle. Ainsi, il n'y a pas plus de mode iixe, absolu d'existence pour les na- tions que pour les individus... » En appllquant ces })rincipps a I'etat actuel de la France , on lrouve,suivant I'auteur, que I'organisation de la famille est a creer; que la division territoriale est vicieuse ; que la classi- fication des citoyensest imparfaite; que la loi criminellepeche a la fois par un exces de rigueur et par un faux px'incipe d'e- galite ; que le systeme militaire est uu contre-sens; que les retributions des fonctionnaires publics sont un abus ; enfin , que le rejet de la .nation hors de la cite est une injustice sans necessite, sans compensation. Ce livre, dont nous ne partageons pas tous les principes , particuiierement ceux qui. sont rclatifs a la puissance pater- iielle et a Tautorite conjugale , est ecrit avec franchise et avec force. L'auteur est surement un bon citoyen, uu homme de talent, et ce qui vaut mieux, un hoinme de bien : il merile d'avoir de nombreux lecteurs. S. 38 1. — * Jurisprudence du XIX'^ siecle. Deuxienie edition , entierement refondue , ou Collection ulphabetique de's arrets , rendusparla Gourde cassation et par les Cows roy ales , depuis iSoojusqu'ii I'annee courante , avec renvoi a lous les recueils du lems, et principnicinent au Recucil general des lois et ar- rets ; par J.-B. Sirey , avocat au Conseil du roi ct a la Cour de 774 LIVRES FRANCA.IS. cassaiion. — L'ouvrage formcra environ 25 volumes in-8" , grand- raisin, grande justification, a deux colonnes , pelit texle, irilerligne. — II sera ])Mblic', cliatjue anncc, cinq ■vo- lumes de 3o feuilles , environ 5oo pages, a raison de 7 francs le volume. La souscription, pour Ics cincj premiers volumes, ju'is ail Bureau, rue de Tournon, n" 4 > est de 35 francs. M. Sirey est connu comme arreti.ile , depuis ^5 ans. Son Recueil annuel est dans toutes Ics bibliotlieqiies de juriscon- sulles: sa collection ])eriodlqiie , portee deja a 25 volumes in-4° , est, sans comparaison , la plus comj)le(e de toutes les colleclions d'arrets : mais cette collection est d'un prlx tres- eleve. D'ailleurs, « apres 25 ans consacres a former dcs re- cueils d'arrt'ls epars, il importe a la science du droit que tous les arrets analogues, avec toutes !cs discussions, soierrt mis en regard, pour cire mioux compris, compares et si- gnes. )) — C'est pourtjuoi M. Sirey, tout en conservant et reimprimant sa collection periodique, a resolii de reproduire la totalile de ses arrets, textuelienient, sous une forme alplia- betlque , en elaguant ce qui serait devenu inulile ou raoins important, et en ajoutant ce qui pourrait avoir ete omis ; ou menie en corrigeant ce qu'il pourrait y avoir d'errone dans la collodion periodique. L'auteur, ou I'edileur , ])rome( que « celle colleclion alpliabetique j)resentera un tableau raisonne de la jurisprudence moderiie, dans la forme la mieux ordon- nee, la plus complete, et cependant la plus cconomiqwc. « Lc I*'' voluqie ( on demi volume ) formant la i''*' livraison de rouvrage annonce, a un merile materiel, tres-remarquable , jiour le papier el les caracteres d'impression : il serait impos- sible de faire des pages plus jileines a la fois, et plus ou mieux lisibles. Un autre merlte, materiel ou sensible , c'est que tous les arrets contenus dans cette collection alpliabetique font renvoi aux recueils contemporains : de maniere que le lecteur pent , au bcs.iin , faire toutes les comparaisons et les verifications niiccssaires.' En soiTime, cet ouvrage nous parait se distinguer par la simplicile de la melhode , et la clarte du style. — Les amis de la science jugeront s'il se distingue cgalement par la soliditede ses doctrines, et la juslesse des apercus. Nous recommandons a MM. les jurisconsultes , a ceux sur- tout qui s'occupent (!e droit piddic, Tarlicle Alms ecclesins- tique, Appcl comme d'ahus:'\\ est parf'ailement a I'ordre du jour, et a la portee de toutes ics classes de lecleurs. E. ;^82. — * Sur le inorcellcmerit de la propriete tenitorialc en SCIENCES MORALES. 775 France , memoire presente a rAcademio des sciences ])ar M. le vicomte Morel de Vinde, pair de France, niembre de cette Academic. Paris, 1826. Mme Hazard. In-8° de 28 p.; prix 75 c. Ce memoire est utile, clair et fort precis. I'auteur y prouve que !e morcellement en fjuestionest regie naturellement paries interets parliculiers dont se compose I'interet general; que Vabus du morcellement est la chose impossible, surtout en France, ou il n'y a pas un ccntieme du terriloire qui soit tres- raorcele, et 011 la tendance a I'agglomeration est generale par la necessite et la nature des choses. II conclut que la guerre legale contre le morcellement ne peut eire que le resullal de I'ignorance et de Terreur. C'est a elles seuies qu'il attrlbueles lois des majorats et des substitutions , rentreprise de changer les moeurs par les lois, la baisse legale de rinleret a Irois pour cent, enfin, la haine contre les commercans en immeubles. Sur tous ces ;)oints, il est un veridique organe de I'opinion des citoyens eclaires et impartiaux. II soulient aussi que la science de \ economic publique n'est que nominalement omise dans les attributions de I'lnstltut de France, et qu'elle appartient a la section de cet institut de \' economic rurale , ces deus sciences etant connexes. L. 383. — Discours de Napoleon sur les verites et les senti- mens qu'il importc le pl(ts d'inculquer aux hommes pour leur honheur , ou ses idees sur le droit d'ainesse et le morcellement de la propriete, suivi de pieces sur son administration et ses projets en faveur des Grecs , public par le general Gourgaud. Paris, 1826; Baudouin. In-S" de 170 pages ; prix 2 fr. 5o c. Napoleon nous a dit, par la bouche de ses gsneraux, dans des memoires vivement empreintsde leur devoument, on pourrait meme dire, de leur fanatisme pour sa memoire, qu'il ne s'e- ieva aux esperances de la plus haute ambition, qu'apres ses premieres campagnes d'ltalie. A21 ans, lorsqu'il composaitce discours, il etait sans doute , commc les jeunes gens de toutes les epoques, sous I'cmpire des idees generates qui, dans ce terns, gouvernaient les esprits : aussi profcsse-t-il une grande admiration pour Raynal dont, par parenthe^e, il n'a jias suivi les lecons dans sa carriere politique. Pius loin , le republicain Paoli , son compatriote, devient I'objel de ses eloges. Dans cette composition bizarre, a p?ine pourrait-on citer deux ou trois phrases ayant quelque trait aux questions politiques re- veillees par le projet de loi sur le droit dainesse. On y Irouve, parmi beaucoup de tirades sentimentalos, des eclairs de talent d'aulanl plus brillans qu'iis apparaisscnt au milieu de decla- rnations banales et d'innombrables fautes de gout. 776 LIVRES FRANCA.IS. Ce nYtait jias sm- la lilter.iture que Napoleon etait pone , par son organisation et par les circonslances de la Revolution, ;i exercer sou aclivite intellecluelle ; ce n'«5tait pas non plus sur les sciences cxactes. Quoi qu'on en ait dit, il etait unmau- vais ocolier en mathemaliqucs, et nous tenons ce fait d'un de ses professeurs. La nature I'avait dou^ dune aptitude rare pour la politique, consideree comme I'art de manier les hora- mes et les giandes affaires. Sa destinee etait encore d'ctendre la science de la gfuerre , on placant la strategic sur de nouvelles b.ises par la creation de cetle regie fondamentaie : porter sur un point donne le plus de forces possibles dans un instant de- termine; principe dont il devait faire lant de savantes et mc- morables applications. Mais ce qui frappe le plus dans cet homme extraoidinaire , c'est rencliainement des fortunes di- \erses qui devaient signaler son passage sur la terre. Quant a ses projets sur la Turquie, c'est, ce nous semble, se faire une etrange illusion, que de prendre les froids calculs de son ambition demesuree pour des intentions philantropiques en favenr des malheureux Hellenes. Le dernier ouvrage de M"<= Belloc : Bonajjarle dies Grecs, ( Voy. Rei>. Enc, t. xxix, p. 812 ) fournit a cet egard des renseignemens curieux et des faitspositifs. Ad. Goniunf.t. 384- — * Baireau francais. Jnnales de V eloquence judi- ciaire en France ; par MM. Aylies et Clair, avocats. Paris , 1826 ; Panckoucke, edileur. 1 vol. in-8° de 4i6pagesd'impres- sion; prix 6 fr. Le grand ouvrage public par M. Panckoucke , sous le litre de Barreati francais , est lermine (voy. Rev. Enc, t. xx, p. 5 17). Toulefois, cet habile editeur a pense qu'un recueil de cette na- ture pouvait etre continue annuellement. On sait, en effet , que les causes interessantes se succedent avec tant derapidite, qu'elles fournissent a nos avocats I'occasion presque journa- Hcre de produire de nouveaux chefs - d'oeuvre. Le volume que nous annonconsaujourd'huiconlicntles principaux plaidoyers etdiscouis prononces au Palais, en iSaS; c'est-a-dire , le dis- cours de rentree danslequel M. le procureur-general Ekllart a traite du devoir; I'affaire Desgraviers qui a fournl a MM. Du- piN freres I'occasion de donner de nouvelles preuves de la vaste erudition, et des ressources oratoires qui semblent I'apanage de cette honorable famille. L'edileur a ajoute a ces divers documens un plaidoyer de M. Bervillk pour le sieur Fort , accuse d'une tentative d'assassinai, le memoire de M. IsAMBERT pour les deportes de la Martinique, et un discours , plein de finesse et en merae tems d'elcvation , de SCIENCES MORALES. 777 M. Malguin, dans la cause de M. Laffilte centre le sieur Pincepre. Cetle simple nomenclature suffit pour demoiitrer combien ce premier volume de la continuation du barreau IVancais presente d'inleret, et nous pensons qu'ii sera re- chercFie par tous ceux qui possedent cette importanle col- lection. A. T. 385. — Principes genvraux d'economie publique et inclus- triellc , en forme d'entreliens: par P.-H. Suzanne , professeur de matht'matiques au college royal de Charlemagne. — Ou- vrage couronne par la Societe pour- V instruction elementaire. Paris, 1826; L. Colas, i vol. in 18 de 100 pages; prix 40 c. , et 3o f, le 100. La clarte est le merite principal de ce petit ouvrage ; tout y est expose avec ordre et raethode. II est bien a la porlee des lecteurs que la societe pour I'instruction elementaire avail en vue. — line coiirte introduction dans laquelle I'auteur dcfinit I'economie publicjue , la nature dti travail , sa division , son ob- jel , sont la matiere du premier cntretien. — Les deux suivans Iraitent de I'application An travail a la formation des produits , des frais de production, des moyens deles diminuer; ce qui conduit I'auteur a parler de I'emploi des machines dont il demontre les avantages. — Les ])roduits , les epargnes, Ics capita ux et les richesses sont I'objet du quati-ieme. — Le cin- quieme entrelicn roule sur revaluation des produits ; les mon- iiaies , leur nature, leur origine, leur utilite, trouvent natu- rellement place dans ce chapitre. — Le sixieme est consacre a la consommatlon ; I'auteur y pose en principe que , vu les di- i'ers degres de civilisntion et la difjerence des progres de V In- dustrie chez les differens peuples , rien ne serait plus desavan- tageux , au mains pour un long espace de terns, que la liberie illimitee du commerce. Nous sommes loin de parlager cette opinion, ct nousregrettons vi\ement que le nombre de pages determine par le programme du concours n'ait pas permis k M. Suzanne d'appuyer cette assertion de plus de preuves. La queslioti du luxe n'a pas non plus(selon nous du raoins) etc trailee convenablcment. — Le septieme entretien , enfin , con- tient vingt-trois raaximes ou regies a suivre dans loute entre- prlse agricole , raanufacturiere ou commerciale; ces maximes sont presque toutes deduites des principes de I'ouvrage; la vingt-deuxieme , le commerce en detail est la ruine de la plu- part de ceux qui I'entreprennent , nous a paru contraire aux faits. Nous sommes done portes a croire que M. Suzanne s'est approche du but propose par la societe, mais qu'il ne i'a pas atteinf. T. Richard. 77« r.IVRKS FRA.1\(;\I.S. 38G. — ' Rdjijiurt h la Chainhre oussee par ccux a qui ies abus profitcnt, ou qui jouissent des avantages de rarbifrairc. L'autcur de eet «rticle , convaincu de rim])ossibilite d'api)liqufr , dans Ics terns oil nous \ivons , la methode des eniinetes aux projets de loi qui inleressent les pouvoirs polili(]ues, avait pense qu'on pouvait les proposer au moins pour des entreprises puremeiit industrielles , pour la formation des canaux ou des routes de commerce; mais I'experience lui a bienlot appris que les interets prives n'etaient quelquefois pas raoins ennemis de la lumiere que les inler^ts des gens en place. Cenx meme qui avaicnt fait les eloges de la theorie des enquetes, en out repousse la pratique, aussitot qu'ils se sont apercus qu'elle pouvait comprometlrc lenrs interets personnels. Cepeiidant , le mot iVenqiiele s'est fait entendre , celte annee, pour la premiere fois dans le sein de la Cliambre des deputes; et, si les liommes qui en ont en la ]>ensee ne se decouragent point, s'ils cxposent les avantages et la neces- site de la chose, il ne faut pas doiiter que lot ou lard ils ne finissent par triompher : la liberie de la prcsse paraissait bien plus menacante pour les ministres que les enquetes ; et cependant, nous Tavons conquise, et les minislres finissent par s'y habituer. Encore un degrc de lumiere de plus, et nous marcherons d'une maniere sure , parce que nous ver- rons clairement ou nous allons. Mais, ])our que les enqneles publiques en maliere legis- lative soient utiles, il faut qu'elles soienl bien faites; il faut que les membres de la legislature sachent bien quels sont les fails dont ils doiveht s'informer; qu'ils appellent comme te- nioins les homnies qui peuvent leur donner des informations, et que ces hommes repondenl nettement et franchenient a loutes les questions qui lenr sont adressees. Les enquetes faites en Anglelerre peuvent, sous tous ces rapports, nous servir de modeles; et c'est une raison de plus pour etudicr celle dont M. Maiscau a public la traduction. Charles Comte. 387. — * Lettres de Saint-James. Cinquieme partie. Paris et Geneve , 1826; Pascboud. 1 vol. in-8° de 227 pages; prix t\ fr. ( Voy. Rev. Enc, t. xxviii, p. i3/| j. Des que les premieres leltres de Saint- James parurent, elles obtinrent nn succes merite; on y reconnut des idees nettes et positives, des vues si non bien neuves , au raoins toujours SCIENCES MORALES. .81 presentees d'une n.anieie ingenieuse, iin senliinent tout 1 la tots d.n,k,,endance et de moderation qui donne confiance Hans le caraetexe d'un auteur, et dispose davnnce en faveur de son esprit. Ces nonvelles lellres obtiendront le meme sue ces, parce cpi'elles ont le meme nierile. L'influence de la Rus s.esuria chute de Napoleon, et sur IV-tablisse.nent de la mo narchie constltutionnelle en France, le systeme de la Sainte- Al lance , son intervention dans les affaires d'Esi)a-ne !« politique interieure de I'Anglelerre, la conduiie de pEur'ope enverslAmenque, I'occupation de I'Espagne, enfin, I'asso- ciation occidentale de I'Europe, telles sont les matiere^ princi- pales qui sont traitees dans ce nouveau volume. « Le terns est deja venu pour nous, dit I'auteur, de iueer ce qu a ete cette ailiancea laquelle on a donnele nom de sainte >. i^UI montre que dans ce systeme politique , le pouvoir do- •ninant, au heu d'etre place au centre de la civilisation et de ses forces morales, a ete devolu, au contraire, a la puissance qui n avait que des forces materielies , et qu'Alexandre a ete aiii pendant dix annees , la seule garantie du continent ; garantie passagere qu'un souffle a detruile. C'est par respec pour le principedela Sainte-Alliance qu'on a cm devoir abandonner es raalheureux Grocs au glaive des Musulmans ; qu'on est in- (ervenu dans les affaires d'Espagne avec duplicite et avec im- prudence ; car la Sainte -Alliance, dans le te.ns meme qu'elle voulait detru.re la revolution d'Espagne, recevait ses ambas- sadeurs et traita.t avec elle; on n'a meme pas su mettre ses « ela.s a profit ; car on a tout abandonne au hasard , au l-ieu de reglerdavance les conditions dela restauration qu'on allait operer. Aussi, la guerre d'Espagne, dont la Sainte- Alliance s'est vantee comme d'un triomphe , a montre tout le neant de ^e systeme de surveillance et d'intervention. .< La di-nite des couronnes et I'independance des peuples , dit Taute'lir s'est perdue sous le poids de ces obligations , et de la est venu que. ■nalgre les b.enfa.ts de la paix dont cette association a faitiouir I turope , eile n'a p;is pu s'y populariser. .. Les fondateurs de la Sainte-Alliauce etaient evidemment des liommes sans vues et sans genie; le premier acte considerable qu lis ont fait en vertu de leur systeme politique, la guerre <1 t-spagne en a marque la chute , et il a produit un acte decisif du systeme oppose, la reconnaissance des republiques ameri- caines par I'Angleterre. Quoique nous partagions en genera! les opinions de I'au- teur, nous aunons cependant quelques objections a lui faire , T. xx\. — /tiin 1826. 5f, :8i I.IVRES FRANCAIS. niiiis seulemeiit sur ties points de pcu d'im|>(;rlance , ct I'espace lie nous perinet pas d'erifjagei- ici cetle polemi(|ue. . M. A. 388. — Un mot sur I' Europe , ou le Congres bifiifaisant ; par /. B. M. Paris, inai 1826; Leroux et Constant Chanipie , Pa- lais-Royal, galeries de bois. In-12 de aa pages; prix yS c. y4u profit des Grecs. Ce congres bieufaisant n'est qu'une fiction; sa reunion n'est ((u'uii voeu forinu par I'auleur qui s'efforce d'ebranler le sys- leme funcste d'iinmobilite aiiquel sen»blent aveuglement se craniponner les cabinets europeens. L'auteur appelle raltention des souverains et des homines d'etat sur un plan de politique exieripiire dont le resullat serait le parlage de quelques pro- vinces dc la Turquie europeenne, I'erection d'un nonveau royaume s'etendant en Asie jusqu'aii Mont-Olyinpe, et qu'on poiirrait appeler royaume du Bosphore , et enfin I'indepen- dance de la Grece et de I'ltalie. Nous craignons bien que ces vues, quelquefois justes et toujours bienveillantes, nedemeu- rent sans execution; mais il restera toujours a celuiqui les pro- pose lemerited'une conception liberale, et ce qui vautmieux, celui d'une bonne ceuvre. B. L. 389. — * Examen raisonne de I'etat actuel de la France, sous les differens rapports du systeme de gouvernement adoptti par ses ministres, de I'application et des consequences de ses lois fondamen tales et de sa position dans Tordre politique de I'Europe; par ie baron Ernest de Liebhaber, major. Paris, 1826; Avril de Gastel. In-8° de 180 pages; prix 3 fr. 5o c. Nous engageons les lecteurs a ne pas s'effrayer de la com- paraison un peu loiigue (ju'etablit l'auteur, au commencement de son livre, enire le niinistere et I'intendaiit du proprietaire- cultivaleur, force de confier la direction de sa lerre a des mains etrangeres. Les niouvemens d'impatience, excites peut- etre en eux par ce passage et par quelques declamations usees, ne tarderont pas a se calmer. lis Irouveront, notamment' dans les pages eloquentes consacrees a la Grece, a la Russie et i» la Confederation gerinanique, des considerations politiques neu- ves et d'une haute portee, lres-dignes.de fixer I'attention. Dans le siecle ou nous vivons, il est permis a chacun d'exercer son esprit sur celte science immense (|ui traile des rapports des nations cnlre elles et des gouvernemcns avec les peuples : les fails et les documens sur iesquels elle se fonde frappent ega- lement les hommes publics et les simples particuiiers. A I'exem- ple de tant d'autros commentateurs qui I'ont precede, M. Lieb- haber les explique a sa maniere et veut nous faire connaitre SCIENCES MORALES. 783 Ses projets , les vues et jusqu'aux intentions ler. nioins ))ercep- tibles des differentes puissances. Sans le siiivrc dans le vasle champ de ses observations , nous nous bornerons a faiie rc- inarquer que, quoiqu'il s'appuie en quelques endroils sur la marche progressive de la perfeclibilite Inimaine, il n'accorde pas assez d'influence aux liens, pourainsi dire, domestiquos qui seforment incessamment entre les fractions diverses de la grande famille europeenne. Nous voyons se mouvoir a des distances de jour en jourmoinssensibles, dans le tourbillond'une civilisation commune, les anciens peuples de cette partle du monde et meme la Russie qu'on pourrait appeler la nou-* velle Europe. Cbaque instant fait naitre, pour les rappro- cher encore et les confondre davantage, de nouvelles asso- ciations industriellcs, morales ou intellectuellesel ces relations inattendues renversent tous les calculs de la vieille diplomatic. L'ouvrage que nous annoncons et qui renfernic des indications precieuses, n'appartient qu'a un esprit distingue, et donrera beaucoup a penser a ceux qui s'occupeiit des graves sujets quel'auteura traites. Ad. Gondinet. 390. — La Grece devierulra-t-elle ans^laise? — Paris, iS'iS ; les marchands de nouveautes. In- 8°; prix 1 fr. 5o c. Au pro- fit des Grecs. On lira avec interet cette brochure, dans un mojneiit oil tous les regards soat tournes vers la Grece. Destinee a grossir, du produit de sa vente , la souscription que I'admirafion et la ])itie consacrent aux heroiques el infortiines IleUenes , elle in- ti'-ressera encore par un apercu polilique des principales puis- sances de I'Europe, et de lenr position \is-a-vis de la Grece. Z. 391. — La Devotion aisee; par le P. Pierre Le Moine, de la Compagnie de Jesus. Paris, 1826; entrepot central de la librairie , galerie Vivienne ; I'audouin ; Briere. In - 32 de' 282 pages; prix i fr. 25. 392. — Devoirs des grands., ouvrage poslhume d.' Armarul de Bourbon , prince de Conti, suivi de son testament. Paris, 1826; Touquet, Briere. In-32 de 79 pages; prix 3o cent. 393. — Proces de M. I'abbe La Mennais, suivi des pieces justificatives et des passages incrimines. Paris, 1826; Touquet. In-32 de 192 pages; prix 1 fr. 394. — Jubile des Grecs et Jubile de la civilisation , nouvel appel en faveur des Grecs; par M. Felix Booiy.Seconde edi- tion, au profit des Grecs. Paris, 1826; Touquet. In-32 de 64 pages ; prix 25 cent. SgS. — Le comte de Boursouf/le, ou les Agremens du droit 784 LIVRES FRANCAIS. d'ainesbe, comcilie int-dile de Voltaire. Paris, iSafJ; Renouard. Iti-32 lie 64 pages; ])rix aa cent. 3()6. — La Passion clci Jesuiles, coniplainte aualytiqiie du Memoire de M. de Montlosier , ])recede du Canticum Je- suiticurfi. Paris, i8a6; Touquet. la-Sa de y4 pages; prix aS cent. 397. — Les Hauts-falts dcs Jesuites , dialogue versific en inaniere d'inslructions donnecs par le poele Beuglant a son ami Cidet Roussel , snivi de la Doctrine des RR. PP. Paris, 1JS26. Touquet. In-3a de 3o pages; prix aS cent. 398. — Monsieur Denlscourt , ou te Cuisinier d'un grand hornme, tableau politique a propos fie lentilles; par Beuglant, etc. Paris , i8a6; Touquet. In-32 de 3^ pages; prix 2!» cent. 399. — Budget de 1826 , ou Gulllaunie Ledru a la Cliambre des dc|)ules, histolre veritable, ecrite par lui-meine , avec la critique et un commentaire, par le secretaire perpetiiel de rAcademie de Monlmartre. Paris, 1826. Touijuet. In-32 de 32 pages ; prix 25 cent. L'apparitiou de cette multitude de brochures epheineres, qui depuis quelques semaines inondent les boutiques des li- braires, ne doit etre indifferente , ni pour I'observateur, ni pour riiistorlen; grace a leur bon inarche, grace a leur mince volume, elles se font lire par tous ; elles parviennent raeme jusqu'aux hoiumes qui etaient restes le plus long-tems inac- cessibles au bruit des tivenemens politiques. Destint'-es a reudre populaires les ([uestions du moment , elles ne sont pas I'arme la moins formidable que I'opinion publique ait opposee a ceux dont elle reprouve les actes. C'est j)our ces raisons que nous avons du consigner leur existence dans notre Bulletin biblio- graphique , destine a presenter I'bistoire de la prcsse fran- caise et le tableau de ses productions les })his importantes. Du reste, nous aurons peu de choses a dire sur le contenu de ces livrets : quelques -uns sont de simples reimpressions; le Jubile des Grecs de M. Felix Bodin est un eloquent manifesto en faveur de rheroique nation , a qui Ton ose contester le droit de conquerir la liberie, I'independance et la civilisation ; le proces de M. de La Mennais contient des documens curieux ; enfin, dans les dernieres la raison a appele a son aide une plaisanterie, qui nest pas toujours de bou gout, mais dont les saillies sont de nature a etre seniles par lous les lecteurs. A— E. 400. — * Dictionnaire historique , ou Biographic universelle classique ; par M. le general Beauvais, et par une Societe de gens de lettres ; revu et augmentc, jjour la partie bibliogra- SCIENCES MORALES. 785 pliiquc, par MM. Bakbier , pere et fils. 1 seul volume in-S". Paris, 1826; Charles Gosselin , rue Saint-Germain-des-Pres, n" 9. 3*^^ livraison, Char-Dios; 298 pag. (577-864. j Prix de la livraison, pap. fin, 5 fr. 5o cent.; pap. velin , 7 fr. 5o cent. ( Voy. ci-dessiis, pag. 193.) Cette livraison a droit awx memes eloges que les prece- dcntes, sous ie rapport de I'exactitude des recherches, de Tim- partialite des jugemens, de la precision du style, et surlout du grand nombre d'arlicles qu'elle renferrae. Nous en indi- que les Prussiens s'obstinaient ;i prendre. Cedant au nombre, ces braves se retirent au Blockhauss ; I'pnnemi , desesjierant de les y forcpr, lcs en- loure de fascines goudronnees qu'il livrc aux flammes. Ita SCIENCES MORALES. 787 fumtie (ilouffait les 26 ofCciers; ils se precipitcnt sur les Prus- siens, et, lorsqu'U faut se rendre , ils peuvent an moins se vanter de leur avoir tue 200 homn-.es. L — e. 402. — ''Annates milltaircs des Francois, depuis Ip- com- jTiencement de la revolution jusqu'a la fin riu legne de Napo- leon; ])ubllees par BI. Magalon. Campagne de Russie. Paris, 1826; Chaumerot, an Palais- Royal ; piix 75 c. Revmirdans un cadre resserre les exploits de nos braves le- t^ions, depuis le comniencement dc la revolntion francaise jusqu'a la chute du grand capituine qui les conduisil tant de fois a la vicloire; donner a ce resume une fotmc jiorlative et UR prix tres-modere, afin qn'il peneire plus faciiement jnsque sous le toit du labourenr, pour rendre encore plus populaire la {^loire de nos arines : telle est I'idee patriotique de M. Maga- lon , jeune ecrivain deja connupar d'heureuses productions et surtout parson courage ii supporler dans les cachots lesiiles ])ersecutions de ses geoliers. Son enlreprise obliendra certai- neinent le succes qu'elle inerite. La premiere livraison qui vieni deparaitre comprend la campagne de Pvussie en 1812; ellccst ecrite avec talent et sera lue avec interet. Le libraire Chau- merot n'a rien neglige non plus, sous le rapport lypograplii- que. Les livraisons sous presse se succederont dans I'ordre suivant : expedition d'Egypte et de Syrie ; gnerres de la rcvo/ri- tion ; cawpaf^ne de Saxe, en i8i3 ; campagne d' Italic; c.ain- pagnes d'Jlleinagne ; campagne d'Espagne ; guerres de la f^endee; campagnes de France , en 1814 e? iSi5 ; cawpaffnc'i maritimes, etc. Albert Montemont. 40 J. — * Histoire ci\'ile, physique et morale de Paris, par DoLAURE. Troisieme edition. i8« et 1^" livraisons. Paris, iBaS; Baudouin freres. Prix de chaqne livraison in-12, 5 fr. ( ^'oy. /{('(•. Enc, t. xxviii, p. 553-555). /,o4. — * Histoire physique, civile et morale des environs de Paris , depuis les premiers terns historiques jusqu'a nos jours, etc.; par Dulacre., t. iv. Paris, 1826; Guillaume. 1 vol. in-S" en deux parties, ensemble de !^!^[^ pages, avec i5 gravures; prix i5 ff. ( Voy. Rev. Enc., t. xxix , p. 5/, i- 542). Les editeurs de VHtstoire civile, physique et morale de Paris ont rempli fidclement leurs engagemens envers le pu- blic; ils viennent de terminer la troisieme edition de ces im- portant ouvragc, revue, corrigee par I'aiiteur , et ornee de gravures nouvelles , qui font hoDueur au talent dc M. Coucur. fils et aux artistes dont il a dirige les travaux. Cetle edition sc compose de di.c volumes, publics en vingt livraisons , da 788 LIVRES FRANCAIS. prix de 5 fr. cl)acane; ce qui jioiie I'ouvrage a loo fr. , el par consequent a 5o fr. au-dessons du prix de I'edilion in-8", que Ton doil aux soins des nieines t'diteiirs , cl dont il ne leur reste plus qu'un tres-petit nombre d'exenaplaires. Uliis- toire proprement difc s'arrcle a la jH"^ livraison ; la 19", ainsi que la 20" , (jue nous n'avons pas encore recue, mais qui a paru, sont consacr^es loules deux a una table analy- tiqiie ct raisonnee de I'ouvrage, faile par ordre alphabctique cl dont on ne saurait assez loner la redaction ct I'e.xeculion lypograpliique. Get ouvrage seul suffirait a la rcjMitation de son auteur; il doit le placer tres-hant dans I'estime des liistoriographes , des antiquaii'es et surtout des moralisles. II paraiira parfois un ])eu severe, ou du moins un peu hunioriste; mais, si Ton reflechit que, nialgre la Charte, et grace aux envahissemens d'une secte ennemie du Ironc tt de la nation, nous ne pou- vons etre entierenient debarrasses de la crainle de voir re- venir un jour les terns que RI. Dulaure a j)cii)ts sous des cou- lenrs si propres a les faire dctester, on dt;vra lui savoir gre de cette vigueur de pinceau avec laqueile il signale des abus (pie les partisans du pouvoir cherclient a nier plutoi par des paroles que par des faits. L'independance , cette qualite si preciense cliez tout liorame de lettrcs, et indispensable sur- tout a celni (|ui ccrit I'histoire , nous sembie etre surtout la verlu de M. Dulaure , qui ne prend conseil que de sa con- science. Qu'on nous perraelte, a I'appui de cette opinion, de citer ce qu'il dit de rex-empereur des Francais ( t. ix, p. 38i- 383 ), a la fin du tableau qu'il fait de Paris sous Napoleon Bonaparte ; ce portrait de I'liomme extraordinaire qui a exerce une si grande et si funeste influence sur nos desti- nees , paraitra peut-etre nouvcau , ineine apres tout ce que I'on a ecrit sur ce sujet si fecond et si difficile. Nous croyons du moins qu'on ne pourra lui refuser ni le merite de la verite, ni celui de la concision. « Napoleon Bonaparte opera dans Jes administrations de Paris et de la France plusieurs change- jnens qu'il jugea necessaires a ses desseins. Lorsqu'il demo- lissait piece a j)iece les bases de la Rcpubiique, il en employait les niateriaux a construire I'edifice de son despolisiue. Fort du devoiinient de ses agens civils et niilitaires, qu'il avail en- chaJnes a ses interets par I'ascendant de sa renommee, et en leiir prodiguant des litres, des decorations, des ricliesses, il brava sans crainle I'ojiinion pnblique et le blame des gens de bien. II Iravailla constaiujiient a faire relrogradcr la civilisa- tion, en reiablissant los institutions de la barbaric , en fiiisanl; SCIENCES MORALES. 789 revivre les vieiiles habitudes des cours , I'eticpiolte, le cere- snonial , les prescances, et ces litres A'altcsse, de grandeur , A'r.rcellence , qui ne rendeiit ni pins grands, ni raeilleurs cetix qui !es portent; ot en creant una noblesse liercditaire , insti- iiilion iinmorale, oulrageante ponr la majorite de la nation, et dont I'existence fut la cause princii)aie de !a revolution Crancaise. La loterie , Ics contributions direcles et indirecles, les perceptions aiix entrees des villes, la oonscriplion , etc., recurent des extensions qui accablerent la population fran- caise. On le tolerait , on avait I'air de I'adniirer, parce qu'on i^e pouvait faire mieux, parce qu'il presentait la seule digue qui put contenir le torrent d'une contre-revolulion qu'on re- doutait. Toiilefois, il ne meprisa pas assez son siecle et la ]''rance, pour se croire dispense d'acquerir des litres a la vraie gloire; il concut el fit executer dans son empire des travaux d'une grande ulilite, et, a cet egard , Paris lui doit beaucoup de reconnaissance. II aspira a I'lionneur d'etre legislateur; et , s'il ne composa jias le Code Civil, il ordonna qu'il fut fait. ]| n'elait gouYcrne ni par ses ministres, ni par des partis; il les gouvernait , il gouvernait seul ; il demandait desconseils, pt faisait sa volonle. Mais, pour satisfaire la soif de son am- bition, et se maintenir dans la fausse route oii elle I'avait en- gage, il prodigua le sang des Francais , et Ton evalue a plus (fun inilUon le nonibre d'hommes qu'il a sacrifies a cetle pas- sion. Par la -verlu de Torganisation politique, c]iaque annee, - et je lui rappelleces \eis de Cheniei" dans son Discours sur la caloninic : Condorcet , plus heareux, llbre dans sa prison, Echappait an suppllce en buvant le poison. B— u. 407. — * Memoires relatifs a l' expedition anglaise partie du Bengale en iSoo, pour alter combattre , en Egypte , I'armee d' Orient; par M. le cointe de Noe , pair de France. Paris, 1826; Imprimerie royale; Nepveu. In-8° de 288 pages, avec 2 cartes et 18 dessins colories; prix i5 fr. Cet ouvrage vient peut-etre un peu tard; on craindra d'a- bord qu'il ne pulsse ajouter que bien peu de chose a ce que Ton sail deja sur la celebre expedition d'Egypte; on pensera que I'etatdes forces britanniques dans I'lnde , tel ([u'il le presente, a du chanjjer beaucoup dans I'espace de 26 ans, et qu'il ne donnc plus la inesure de ce que pourraicnt faire cette singu- liere colonic et la metropole , soit pour attaqner, soit pour se defendre. En niettant a part I'histoire de I'expedition , tout le reste peut etre partage en deux parties : Tunc est relative a I'E- gypte etaux contrees adjacentes ; au premier coup-d'oeil , celie- ci sera regardee comme la moius instructive; I'autre contient des notions sur le Bengale, Ceylan et quelques lies de I'ocean indien. Quoique ces documens ineritent beaucoup d'altenlion, ailleurs que dans une collection de memoires consacres a I'E- gyple, on ne les considerera peut-etre que coinme un hors- d'oeuvre. Quoi qu'il en soit , I'historien a su rendre ses recits fort interessans. D'ailleurs , comme il le dit, « la relation qu'il donne de I'expedition anglo-indienne destinee a cooperer en Egypte avec celle qui sortit des ports d'Angleterre sous les ordres de sir Ralph Abercromby, n'a trouve jusqu'ici d'autre plume que la sienne... Une residence prolongee dans I'lnde I'ayant mis a portee de recueillir sur le gouvernement de cette vaste peuinsule et sur I'effectif des forces que la Compagnie anglaise y entretient, des documens et des faits curieux, il a pense qu'on lui saurait gre de les donner ici... T6moin oculaire des evenemens qu'il raconte , si son recit est privc d'autres me- rltes, il aura du moins celui de I'exactilude. Le redacteur de memoires a cet avantage sur I'historien , qu'il n'ecrit rien qu'il n'ait vu lui-meme, et qu'il peut totijours dire : J'etais la. » L'ouvrage est divise en 19 chapitres. Le premier contienr le recit du passage de I'auteur aux possessions anglaises dans rinde. Les deux suivans mettent d'abord le lecteur assez an fait 79ti LIVRES FRAIVC/VLS. de rorganisation giinerale et ile I'ctat ])resent de ces ',)osses- sions, pour qu'il suive facilemeiit les narrations, I'ordre et le developpernent des fails ; vient ensuite I'exposilion des circon- stances qui deterniinerent Tenvoi d'une expedition en E^ypte. Les deux cliapitres suivans soiit remplis de parlicularltes sur Calcutta, le fort William, Triu(|uemale, Ceylan , la rccolte de la canelle, elc. , sur Point de Galle , ville de I'iie de Ceylan; des dt'tails sur les produciions de la cote et sur la peche des pcrles, le voyage de I'expedition jusqu'a Bombay conduisent jusqu'au yne chapitre. Jusqu'alors , la flotte ne connaissait pas encore sa destination; elle I'apprend.en sortant de Bombay. Elle entre dans le goife d' Arabic, et arrive a Moka. En continuant sa navigation dans ce golfe, elle entre dans le mauvais port de Ged- dah,o\x elle est joinle par une autre partie de I'armee combi- nee, qui venait du cap de Bonne-Espcrance. Jamais efforts aussi gigantesques ne furent tentes pour une cause oul'Europe seiile etait interessee. La France ])ouvait fairealors a I'Angleterro le reproche que I'auteur de la Pharsale fait adresser a Cesar : QucErls teri'^que mariqne His ferruui jagalls ! Enfin , Texpedltion arrive dans la rade de Rosseir, etles trou- pes debarquent sur cette cote desolee. EUes traversent le de- sert , et vont camper a Keneli, sur le Nil. Les evcnemens ul- terieurs sont assez connus ; mais M. le comte de Noe salt y joindre des anecdotes qui peignent les moears , les liommes , les gnuvernemens. Cette derniere partie' de son recit, dont on aurait raoins altendu que de ce qui precede, est , an contraire, celle que les historlens devront consulter, et qui leur fouruira le plusde faits dignes d'etre conserves dans les annales dii genre liumaiu : des crimes atroces ; une politique dans laquelle on tient moins de compte des peuples que de la plus vile des mai-- cbandises; quelques actes de vertu et de justice qui raniment un peu I'espoir de I'humanite , mais qui ne peuvent la con- soler. Les memoires de M. de Not^ meritent done un accueil dis- tingue, lis le rccevront certainement des lecteurs de toutes les classes et de tous les gouls. Les cartes sont faltes avec soin; mais on nc peut louer I'execution des dessins , ni pour le choix des sujets , ni pour I'execution. Les vues des ports de Co- lombo, d'Aden et de Moka, telles qu'elles sont representees dans cet ouvrage , pourraient etre utiles aax navigateurs ; mais , aucun objet n'y etant assez distinct, on ne peut y pren- SCIENCES MORALES. 797 die aucuiie Idee de I'aspectet de la nature du p;«ys. Quant aux representations de costumes, tous les livresde voyages en sont reniplis; et certes , ils ne inanquent pas dans la description de I'E^ypte : celles que I'on trouve dans ce nouvel ouvrage sont done a peupres inuliles. II est bicn a desirer que les voyageurs s'aitachent a ne pas suivre exacternent les memes routes dans les memes pays , a ne pas revoir , les uns apres les autres , les niemes objets , et a ne pas reproduire les memes descriptions. La nature et les homines sont si divers ! Ce n'est pas la variete des objels qui peutmanquera leurs crayons, s'ils veulentsor- tirducercleetroitdes observations routinieres, et voirquelque chosede ce que leurs devanciers n'avaientpolnt remarque. y. 4o8. — * Souvenirs de la Grece pendant la campagne de iSaS. — Memoires historiques et biographiqueasur Ibrahim son armee, Khourchid , Seve , Mari et autres gt^neraux de I'armee d'Egypte en Moree ; par H. Lauvergne. Paris, 1826; Ponlhieu , libraire an Palais-Royal. In-8° de 240 p.; jirix 4 fr. M. Lauvergne a vecu dans I'armee d'Ibrahim : il a dine avec tous les chefs ; il a eu la confiance des renegats francais. II dit en parlant de Seve : Nous fumes bienlot les meilleurs amis du monde. Mari et Seve lui ont raconte leur vie , et voici quel- ques traits de leur biographic : Mari, originaire de Corse, I'un des gcneraux d'lbraliim , se fait appeler Behir-Aga. « Sa taille est moyenne , son leint jaunatre ; ses yeux bleus ct percans pivotent , lorsqu'il vous regarde , comme le balancier d'une montre. » II a d'ailleurs des formes gr^les et souples. « II avait, disait-il, embrasse la cause des Grecs avec chaleur ; mais leur ingratitude I'avait tel- lement indigne contre cetle nation, qu'illes avait abandonncs; et que , comme pourtant il fallalt vivre , sa bonne ou sa mau- vaise etoile I'avait conduit ;\ Alexandrie. II avait ele capitaine d'infanteric sous Napoleon. II nous montra divers cahiers ou etaient consignes les souvenirs de ses campagnes ; et, aujour- d'hui meme , quoique peu letlre, il avait commence le recit de I'expedition d'Egypte. « Ce sera un ouvrage curieux , si ja- mais il voit le jour. Mais, comment le narrateur detacbera-t-il la boue des lauriers dont il couvrira sa tete? M. Lauvergne rap- porte que« tous les Europeens qui servent Ibrahim, rougissent de leur position devant leurs compatriotes. Pour colorer I'apos- tasie, ils disent toujours que la Grece avait d'ahord enflamme leur enthousiasmc pour la cause sacree de la religion ; mais que les Grecs, vusdepres,valentmoinsqueles Arabes.u EtMari dt- sait neanmoins : « La cause des Grecs est sublime; mais ils sont pauvres comme moi, et dix mille francs aux yeux de celui qui T. XXX. — Juin 1826. 5 1 7y8 LIVRES Fl\AA^r:\IS. i)'a rien, ne soiit i^as a iledaigiier. » C.es elix tnillefmucs He solde, vus dc pi t's , ont sculs clcint Vciithoitsiasine dc M. Mari pour line cmue sublime ; cl des lors, il a tiouvc que Ics Grocs valaient inoins que Ics Arahes.h'VAirnyic sail ce qu'il vnut lui- mcme. Jnstructeur da Vanuve d'lbrahini , il a traduit en lanf^ui- turque I'Ecole d/i soldat. Mais il a de singuliers scriipides : « Je me feral totijonrs, dit-il , iin scnipule de lirer iin coup de fusil contre Ics ciirelieiis d'Orienl ( it se coiilenle d'instniire Ics Arabes a tirer ). Le paclia lui-meme le sail bien. II connait aussi inon obstination ; car, si i'avais voulu renoncer a la re- ligion de nies peres, il m'aurail fait bey. » Ce qui n'empeclie pas (lue Mari ne soit un peu jaloux de relevaiion de Scvc a eelte disunite. « M. Seve , dit-il , ctait jadis inoins airno que moi de M> Elle est pourlant assez claire, et bieu plus odieuse que bizarre. « .)'ai vu, dit-il , Solinian-Bey assistant avec une ferveur angetique [ c'est sans floute une faute d'inipres.'^ion ; I'auleur a voulu dire diaholique) a la priere que Piraan clianlait. » Apres son recil , Soliinan-Bev fit des tours de cartes avec. une adresse admirahlc ; cnfin , il se mit a fuiner la chibouque avec M. Lauvergne, et tout en fu- mant , il (it un magnifiquc eloge du pacha d'Egyple. «■ Si les Orecs, disail-il , savaienl le but de Mehemed, pcut-etrc leur soumission a son fils commencerail une ere nouvelle pour celte nialheureuse contree. Je suis presque sur qii'il proclamera en leur faveur une aninistlegenerale , pourvu qu'ils viennentavee leiirs families se fixer sur le sol dc I'Egypte. » Ainsi , I'exil cter- nel ou la transplantation, I'opprobre et la niisere de lout un iieuple paraissent a Soliman -Rev une gcnerositc du pacha, un hienfait do sa politique, une condition honorable , etun grand avantage que les Hellenes doivent sVnipresser d'obtenii' ! Voila comment raisonnent les renegats ; el la France a dc Ires-hon- netes congregandistes qui ne raisonnent pasmieux : leur vue est encore plus courte que leur robe. Le heros des Turcophiles, Ihraliim , est peint ainsi par SI. Lauvergne. « Sa taille est au-dessous de la mediocre; son embonpoint menace dc devenir enorme : ses mouvemens se rapproclient un pen du grotesque ; qu'on se represente une j>etilefacs avec des yens gris , mobiles etmeme caressans; \intraire... Ibrahim est aussi illetre que son pere; il a d'ailleurs ete cons- taramentelolgne de toute etude seriense , par un amour violent pour les femraes, auquel on allribue la maladie c|ui le lour- menle... Sa ferocite s'eveille avec sa maladie, et il est a remar- quer que les plus petites contrariety's en excifent les acces les plus forts. » M- Lauvergne raconte que, parodiant coniique- ment une scene d'Honiere, Ibrahim prepara lui-meme le sou- per dont il voulut le regaler devant Navarin. Un jour que M. Lauvergne dinait chez Khourgid-Bey, un Italien renegat porta, apres la sante du roi de France, celle d'lbrahini, la Jleur des Paladins. L'auteur donne quelques renseigneraens sur I'armee lurco- egyplienne. L'instructeur en chef Soliman-Bey a conserve j'u- sage du baton, meme pour les officiers. IM. Lauvergne raconte qu'il I'a Tu, aucamp de Navarin, adminisirer Ini-meme, devant la troupe sous les armes, cinquante coups de baton a un capi- taine, accuse d'avoir insulte un lieutenant-colonel arabe. II a vu anssi defiler deux regimens d'Arabcs , tandis que soixante tam- bours battaient une inarchc coinposce en I'honneur de la ba- taille d' Juste rlitz ; et en admirant les manoeuvres, Hourchid disait : Nous devons tout cela a un enfant de la France. Les mcdecins de I'armee cgyptienne elaicnt, en iSaS, un Italien nomme Lardoni , et un barbier de village , corse, qui ne con- nait que le jalap. II ii'y avait ni caisse d' amputation , ni ban- dages ; la tisane de lentilles composait toute la pharmacie des hopitaux d'Ibrahiin. On trouve, dans les Souvenirs de la Grece , des details assez curieux, plus ou moins connus sur la Moree , sur les iles de I'Archipel , sur I-es Hellenes. « Le fils du faraeux Marco-Botza- risfaisait , en ces mots, de tendres reproches sur I'inconsolable douleur de sa mere : « Ne pleure point; mon pere est mort pour sauver son pavs , et son arae est dans le ciel. Quittons SCIENCES MORALES. 80 1 iios liabils de deuil ; laisse - raoi suivre mon oiicle dans les combats ; donne-inoi un cheval et des amies , je suis assez fort jiour les manier; n'ai-je pas mon pere u venger ?... » Le fils de Botzaris tenait ce langagea onze ans. Navarin, Modon, MissolungVii, Napoli de Romanie; les ruines de Scio ct d'Ipsara ; Colocotroni, Gouras , Nikila , Canaiis, Bouboulina, le colonel Fabvier et lord Byron; les moeurs, les usages et la lilterature des Klephtes ; le gouverne- ment provisoire de la Grece ; les divers agens de I'etranger et ceux de TAngletevre en particulier : tels sont les priiicipaux objets des Soui'enirs de M. Lauvergne. Ces Souvenirs sont quel- quefois rapides, mais rarenient sans interet. L'auteur, sans desesperer de la cause des Grecs , dit: « La RIoree peut retom- ber dans I'esclavage; mais la liberie sera toujours sur les mon- tagnes. « 409. — BioGRAPHiE de tous Ics mifiistres , depuis la consti- tution de {"jgi j'uscju'it nos jours. Seconde edition. Paris, iSssS; les marchands de nouveautes. In-8" de 556 pages ; prix 8 fr. Les regnes d'Henri IV, de Louis XIII , de Louis XIV ct de Louis XV ont renipli le cours de pres de deux siccles ( iSSq- 1774 ), et ils offient la serie deja bien considerable de 106 ministres; mais la courlc periode de 34 ans, qui s'estccoulee depuis 1791 jusqu'en i825, a vu passer iSf) ministeres et 1H7 niinistres, parce qu'il y a cu divers portefeuilles confies, ou le mcrae portefeuille donne plusieurs fois aux memes person- nages (1). Les tems orageux sont ceux ou les minislres se renouvcllent le plus souvent. Si Ton n'en voit guere plus detrente dans les 71 annees du regne de Louis XIV, on en compte plus de cin- (t) Ainsi , M. Pasquier a ete deax fois ministre de la justice, et une fois ministre des affaires etiangeres; Dnmouriez, ministre des relations exierienres et ministre de la guerre; M. Garat, minisire dc la justice et ministre de I'iaterieur; M. Mole, ministre de la justice et ministre de la marine; Carnot , ministre de la guerre et ministre de I'interienr ; M. Decazes, ministre de la police et ministre de I'inlericur. Ainsi, les finances ont ete confiees denx fois a M. Gaiidin, due de Gaele, Irois (bis a M. Louis , deux fois a M. Roy. Le ministere de i'interienr a ete donne deux fois a M. Francois de N en f chateau; celni de la justice, denx fois a Cambaceres , et denx fois a M. Merlin , de Douay ; celni de la guerre , denx fois a M. Gouvion Saint-Crr; celui de la marine, denx fois a Decrcs; celui des relations exterieures, trois fois a M. de Talleyrand, et deux fois a M. Caidincourt , djuc de Vicence ; celni de la police, trois fois a Fouche , due d'Otrante. \ 8o2 LIVRES FRANgAIS. (jiianlc dans Ks 5r) annces de Louis XV, et presquc iin pa- reil nombre dans Ics 1 7 annec-s de Louis XVI , qui procedcrent la Conslilnlion dc'1791. Ainsi, un denii-sieclc a I'ourni plus de deux cents niinistres , ellcsdeu.< sicclesprecedens n'offrenl que la moitie de ce noinbrc ! On a vu, sous le consulat et sous Tempire, les niinistres garder long- terns Icurs portefeuilles; et, sans examiner la nature du goiivernenient consiilaire et du gouvernenienl imperial, on jieut au moins reconnaitre cjue ces gouvernemens etaient forts, el que , dans lenr niarclie, ils n'avaient rien d'incertain. Une Biographic des luinisti'es , depiiis 1791 jusqn'a nos jours, n'etait ni un ouvrage facile a faire, ni un livre difHciie a vendre. Comment juger avec impartialite, sans prevention meme involonlaire, des hommes qui onl agite les destinsde la France , les uns , pour la royauto constitutionneile de Louis XVI; les autres, pour les republicjues conventionnelie , directoriale , consulaire; ceux-la , jjour Tempire ; ceux-ci, pour la monarchie reconstituee en 1814? Vainement'voudrait - on etre juste envers les morts et envers les vivans : roj)inion po!i- lique a laqiiclle appartient le biographe, pese sciemment, ou a son insu, dans la balance qu'ii lient. 1! croit etre vrai , quand il exagcre I'eloge ou le blame. Plus les liommes sunt pres de nous, plus la verite semble s'eloigner. On ne peut faire, peut- clre, a I'auteur de la Biographic des i/ii/iistres , qu'un reproche qu'il n'a pu eviter, celui d'etre contenijiorain des hommes (ju'il avoulu juger. II ne faadrair, dans les biographies des vivans, que des fails sans alteration et sans reflexions. Mais lout his l;irien veut jnger, et loul livre, t|ui neporterait pas I'emjreinte d'une opinion, serait pen recherche. La Biographic des ininistres n. trouve beaucoup de lecteurs : son succes ne pouvait etre doutenx. L'auleur ne manque ni de connaissances , ni d'esprit, ni de trait. Conime Palissot et La Hari)e , il juge ordinairement mieux les morts que les vivans; en sorte que les persounages qui sont derriere le rideau se trouvent peints avec plus de fideiite que ceux qui sont encore sur la scene : les premiers offrent plusieurs fois des portraits ; les seconds, des caricatures. On trouve, dans ce livre, des anecdotes curieuses, dont quelques-unes peuveni paraiire hasardees; des mots piquans, qui n'ont pas lous leur garantie ; des faits graves , qui ne sont ])as assez prouves; en un mot , tons les elemens d'un succes de circonstance , (jui semble faire une ressource du scandale , et un besoin , pour I'auteur, de I'anonyuie. V — r. /| lo. — Histoirc d'Olivicr he Clissok, connetabio de France ; SCIENCES MORALES 80:^ par M. A.-D. de La Fontenelle de Vaudore. Paris , 1826 ; Fiiinia Didjof. % vol. in - 8° formant ensemble vm , ct 668 })ages ; prix 12 fr. Plus le cadre d'une histoire se resserre , ct inoins on doit compter sur I'importance des eveneroens jioiir attacher le lec- teiir. Heureiix alors celui qui rencontre uii sujet assez favo- rable pour donner a son ouvrage l'inter(*t du ronian ! C'est ce qui est arrive a Guyard de Bervillc dont lout le monde a In \' Histoire de Berirand Ditguesclin . Dans le cas conlraire, I'e- crivain doit lactier que sa narration gagne en brievete ce qui lui manque en importance, et faire en sorte qu'on ne puisse jamais lui appliquer (e vers : Sur de troj) vains objets c'est arrcter la vue. Soil que M. de La Fontentilie n'ait pas »5te con\aincu de celte verite , ou plutot qu'il ait cru que les jirouesses de son heros ne pouvaient manquer d'interesser tous les lecteurs, il a ecrit quatre livres sur le frcre d'armes de Duguesclin. Le premier livre conduit Clisson depuisson enfance jusqu'au mo- ment ou il s'attacha a Charles V ; le second , jusqu'a la mort de Duguesclin, qui sembla le designer comme son successeur dans la charge de connetable : on le voit, dans le troisieme, revetn de cette dignite, servir le roi Charles VI, jus(ju'a I'epoque de sa folic, en 1392. Le quatrieme livre s'etend depuis cette au- nee jusqu'en 1A07 , epoque de la mort du connetable. Nous ne ponvons rappeler ici meme les principales actions d'unhonamc ([ui eut toujours le pot en tete et la dague au poing. Bornons- Jious a exprimer franchement notre opinion sur son histoire. II y a sans doute beaucoup d'interet, comme ou en trouvera loujours dans ces recits d'attaques de chateaux et de combats isoles, ou de fails d'armes particuliers qui remplissent les an- nales de ce tems; raais, en considerant I'ouvrage de M. de La Fontenelle sous le rapport liistorique , c'est-a-dire comme devant peindre un sieele, comme devant faire saisir facilement I'ensemble et la liaison des affaires et des evenemerss , on ne peul se dissimuler que le lecteur u'y trouvera pas ce qu'il y cher- chcraprobablemcnt. lldesirerapInsdera[)idife,moinsde details, quand les fails sent peu importans, mais surtout assez de cou- lagc dans I'ecrivain pour noler libremenl les faules et les oxces des rois. C'est dans eel esprit de francliise ct de vtrite que sont eorils les ouvrages de M. Dulaure, et non dans un esprif hos- tile comme !e ]>rf'lend I'auteur (t. i*"', p. 224), et cela pared que M. Dulaure n'a pas trouve des temoignages snffisans dans 8o4 LIVRES l-'RAiVCzUS. les ecrivains contemporains pour adopter comine cerfaine la belle reponse dent on fait bonneur au roi Jean, quand il re- tournaic en Angletcrre. A ces rcmarques sur le caractere general de I'ouvrage, nous devons ajouter que le style manque en general de rajvidite et de chaleur : la correction nieme s'y fait souvent desirer. Enlin, le parti qu'a pris I'auleur d'iutercaler quelquefois des citations ou des phrases tirees dn \ieux langage du terns, fait, dans un ouvrage s^rieux, une bigarrure tout-a-fait insupportable, qu'il aurait evit^e en rejetant ces phrases dans les notes. Celles-ci forment, en effet, une parlie importante de I'ou- vrage ; elles suppleent souvent a ce que I'auteur a ete oblige de supprimer dans sa narration; elles garantisscnt encore sa fide- lite et Taulhenticile des sources ou il a puise; on en trouve d'ailleurs un assez, grand nonibre qui ne sont pas denuees d'interet , et je ne crois pas qu'aucuii lecteur soil assez indif- ferent pour voir sans plaisir , a la fin de deux volumes , les traites d'all'tanee entre Diigiicuclin et Olivier de Clisson , en iSvo; entre Clisson et le due de Bretagne , en i38i , ct le tes- tament de ce connetable , ou les lettres de plusieurs grands per- sonnages de cette epoque. B. J. /,ii. — * Metnoires sur la vie privee , politique et litteraire de Richard Brinsley Sheriwan; par Thomas Moore , traduits de I'anglais par /.-T. Parisot. Paris, 1826. Arlhus Berlrand. a vol. in-8° de iv , 406 et 892 pages , avec le portrait de Sheri- dan; prix 14 fr. L'auteur de \'£cole du scandale obtint dans la societe des succes brillans dont le souvenir s'effacera bientot de la uiemoire des hommes; inais il devra une longue et belle renoinmce aux eloquens discours qui lui assignent une place a cole des Fox et des Burke, et surtout a ces comedies, pelillantes d'esprit et de gaiete, riches d'observations fines et piquantes , que le theatre anglais comple parmi ses chefs- d'ceuvre. Comrae ecrivain dramatique, comme orateur patriote, enfin comme ami des hommes les plus illustres de son pays etde son terns, Sheridan a droit a I'attenlion du public; et des mcmoires ecrits par lui, depositaires de ses pensees et de ses observations, n'auraient point manque d'exciler un vif interet. Mallieureuse- raent, un ami, memo le plus intimc, ne pouvait le remplacer pour I'execulion d'une lache de ce genre; comment aurait-il pu s'emparer de tous ses souvenirs, peuetrer les plus secrets sentimens de son ame, rendre compte enfin de toutes ses ac- tions? Aussi, en voyant le nous de M. Thomas Moore, avons- nous du renonccr, malgre le talent bien connu de cet illuslre SCIENCES MORALES. 8o5 poete , a toutcs les esperanccs que nous avail fait concevoir le litre de memoires. Desireux d'acquittcrenvers Sheridan les devoirs deramilie, que de puerilrs considerations )ui onl fait trahir nagneres a regard d'un auire poete, I'honneur de son pays et de son epo- que, M. Thomas Moore a recuellli dans les papiers, laissespar son ami, les maleriaux de I'ouvrage qu'il ])ublie. On reconnait I'origine de cehii-ci , a la nianiere dont il est compose : en effet, la partie litleraire y est trailee avecplus de soins que la partie politique ; les dissertations y sont plus frequentes que les recits. Sheridan avail coutume de travailler long-tenis les ecrils qu'il destinait a voir le jour; avanl de paraitrc a Drury Lane, el d'exciter I'enthousiasnie general, son L' cole du scandale aya\\. subi niille metamorphoses : les papiers dont nous avons pai le en font foi; on y trouve consignt5es toutes les inspirations de I'auteur, toutes les corrections que son gout et son jngcment lui diclaient chaque jour. C'est en les rapprocharit que M. Moore est parvenu a tracer I'hisloire des compositions litteraircs de Sheridan et a nous faire assister , ])our ainsi dire, aux Ira- vanx du genie. Quelquefois aussi, il y a puise des eclaircis- semens sur divers evcneraens de la vie de son heros. Mais il laisse encore bien des faits dans le doute et dans I'obs- curite. Nous ne pousserons pas plus loin notre examen; peui-etre un de nos coUaboraleurs , plus capable que nous de remplir cette tache, tracera plus tard une analyse detaillee d'un ou- vrage si important a tant d'egards. Nous nous permettrons seulement de citer ici ([uelques traits de ])artialit('; que Ton est dureste habitue a rencontrer chez les litterateurs anglais. Dans divers endroits, I'auteur des memoires a I'occasion de compa- rer Sheridan aux maitresde la scene franca ise. Les comedies du Misantropeetde L'Ecole du scandale contieunent toutes deux des scenes demedisance : mais « les froides et ennuyeuses disser- tations deccLa Bruyere femelle(Ci?limene) ,seraienl tout aussi peu supportees sur le theatre anglais, que le mouvement vif et eblouissant des nombreuses etincelles d'esprit qui se succe- denl dans I'Ecole de la medisance , seraii peu tolere sur la scene francaise. » «■ Voltaire a compose, sur rimmortelle Emilie « quelques vers que tout le mondeconnait. « Sheridan, en pre- sentant lesroemes contrastes, a montre d'une maniere frapjiante la difference qui existe cnlre la matiere biule d'une pcnsee, et ce qu'elle devient, apres avoir passe par les mains d'un habile ouvrier. » Du reste, on ne peut accuser M. Thomas Mooie d'ignorance relatlvcment a notic lifleralnrc; il [irouve plus 8o6 LIVRES FRANCALS. d'urio i'ois qu'il ii'a pas ne{^li{(e do IVtiulier, et qu'il sail iiicinc on iippiecicr les bcautes. La Irailuclion de M. Parisot, ;m()uel on doitdcja les Mcnun- res lie la //iiirg/rtfc d'Anspcuh [voy. ci-dessiis , p. i<)/|), est i'aite avec soin, etdegnffce des lont^ueurs, qui lui ont paru de- voir rebuler les leclims franc.iis. A — e. 4 1 2. — iMc'inoircs sttr les cvdnemeiis qui ont precede la moil dc Joachim I''', loi des Dcux-Siciles ; par Ic geniTal I'rances- cHETTi, suivis dc la correspondance privce de ce gcni'Tal avec la reine, conitesse de Lipano. Paris, i8a6; Bandouin. In-8" de 245 pages; prix 4 fr. Lorsqu'en 1812 le roi de Naples, a la ttle des 80 iiiille ca- valiers de la grande armee, s'abandonnail avec ivresse ;• I'or- gueil des pompes militaires , et que, lout resplcndissanl de gloire et dc magnificence , il souriait anx lioinmagcs belli- • lueux de celte brillanle elite des braves de lant de nations, il •'tail saruidoute loin d'imagincr (|ue, irois ans plus (aid, il serait reduita iniplorer I'hospitalite d'lin pauvre paysan,et serait heti- reux d'ensevclir sa renommee et de se cacher lui ineme dans line liiilte grossicre. Apros avoir couru de grands dangers , Murat arrive enfin dans I'ile de Corse, grace au devoument gent'reux de Irois otficiers de la marine francaise. C'est la qu'il organise la pelite troupe destinee a reconquerir son royauine; cetfe tentative aventurense , et qui n'avait aucnne chance raisonnable de succes , ne peut pas etie comparee a I'ex- ]>odilion froidenieiit audacieuse qui, par une savante coni- ))inaisnn , avait porte Napoleon de la baie de Cannesaucba- tt-aii des Tuilerles. Aussi, les rcsultatsfurent-ils Ires-differens. A peine dcbarfpiee sur les coles de la Calabre, la troupe de Joacliiin est attaquee par la pO|)ulatiijn qui la desarmc et jette «lans nn cachot le roi , ses officiers et ses soldats converts de sang ot lren)issant de colere. Ce people, fatigue des sacrifices toujours renaissans que lui coutaient des guerres loinlaines dont il ne retirait ancun avantage , n'avait pas d'interet direct a s'armer conire \a formidable Aulriche , en faveur d'nri soldat ('tranger , impose par la victoire. Ces courts inemoires sent suivis de ])ieces justilicatives : ils offrent le double inteiet du roman et de I'histoire, et paraissent ocrits sous I'inspiral ion de la f'rancliise et de la verite. /id. GONBINKT. 4 1 3. — * Memoires , Soinenirs , Opinions et Ecrits du du< dc Caete , nncien minisiro des (iniinces, ex-dcpule , gouver- neur dc la Banque de I'rancc. Paris , 1826; Bandouin frcres, 2 vol. in-S" ; prix 12 fr. SCIENCES MORALES. 807 C'est une liabitudc naturelle aux mccurs dn goiiveinenient K'pi csenlnlif , de piiblier , comme le font iinjourd'hui les hotiimes qui ont inanie de grandes affaires, des nitimoires suf leur vie politique. Ces publications donnent lieu au renouvellement de ce controle de I'opinioii, si justement rcdoute des uns, si noblement espere des autres, pai'ce qu'en cffet, il est souverain, ne reconnaissant jjoint d'autorilc qui reforme ses decisions. Le jour oil M. le due de Gaele se dccida a donner a son tour ses memoires, il dut coui|)ter sur I'atlention des lecteurs qui aiment a s'instruire, et sur rapi)ro- bation retlcchie de cejix qui jugent sans passion , et siii'tout en connaissance do cause. Ministre de Bonaparte, le lendeuiain du 18 brumaire, il a conserve le portefeuille des finances jiis- qu'ala dissolution du gouvernement imperial, aBlois. C'eslune assez belie longevite ministorielle. Dans cette longue periodc , il lui a <:te donne d'accomplir des choses grandes et vraiment bonnes , puisque c'est sous son administration qu'un ordre saiisfaisant a succede dans la perception des revcnusde I'Etat a la plus effroyable confusion qu'il soit possible d'imaginer. IVous n'essaierons pas de tracer le triste tableau des finances de la France, durant la derniere moitie du gouvernement du Di- rcctoire. Lcs fails sont assez connus, et I'on ne pent pas en avoir peidu sitot le souvenir. 11 nous suffira de dire que M. Gaudln , api)reciant mieiix que personne I'inipo.'.sibilile de <;iire le bien dans I'etat des choses a cette epoque, refnsa deux fois de se cliarger du portefeuille des finances. Le nonvcl as- jiect que prirent les affaires , a daterdu i8 brumaire, lui ren- dit le courage, el la I'rance dut s'en apjilaudir. Weanmoins, la tache offrait encore d'immenses difficnites. M. leducde Gaete rend compte, avec une exactitude degagee de tontc ])erson- nalite, des operations qui ie conduisirent au but. Les princi- pales furenl la creation des directions des contributions directes; le retablissement du systems des soumissions el obli- gations des receveurs-generaux des finances; la crealiori d'une caisse d'amortissement , qui differait essentiellement de celle d'aujourd'liui , en ce (ju'elle elail en meme tems, caisse de ga- ranlie des obligations des receveurs-generaux ; le rc'tablisse- nient des cautionnemens en numeraire; le retablissement du })aieinent des rentes et des j)eusioiis en numeraire effeclif. M. Ic due dc Gaete trace successivement , avecbeancoup desimpli cite et de precision, I'histoire des diverses operations de son niiiiistere; et, lors meme qu'on se refuscrair a partnger f|uel- ques-tnies dc ses idics , ce ne sera pas sans une extreme de- fiance que Ton oscra scnietlrc en conlr;idiction avec un hoihme 8o8 LIVRES FRANCAIS. eine aussi clcvoe que sa t('te; il ful rccu par dcs liommcs laborieux, veins avec sim- plicite , inais avec proprclti, dans des maisons rei:;uliercnient conslruites, el au sein de Taisance que dotine le travail. En parlant dc I'ccoIp dirigee par un jeune Ilottenlol , noinme Kobus, M. Caiujibell s'exprime ainsi : <> ]Ju seuil de la porie oil jc mV^lais arrele , je legardai dans I'ecole, el la premiere chose que j'y apercus, ce fut ce nieme Hottentot lalllaiit une plume qu'une jeune fille venait de lui apporter. Celle scene etait une preuve de civilisation tellemenl Crappante, que, me reporlant a I'etat sauvage nu j'avals connu le nouvel inslilu- leur, j'en clais confondu d'etonnemcnt. » A — e. Litteraturc. t^ I fi. — * Meihode naturelle de I'cnscigncment dcs langti^s ; Instruction pour les maitres ct les olcves ; par M. dk Lastky- RiE. Paris, 1826; L. Colas. In-i8de a/j pages; prix 2.5 e. 41C. — * Notice sur un syxteme d'enseignement ; ])ar P/i.-O. Skene. Troisieme editiojt. Paris, 1826; le meme. In 8° dc i(J jiages ; prix 5o c. Tout ce qui facilile le rapprochement des peuples vient sa- tisfaire un besoin qui caracterise noire epoqnc. Les deux bro- chures que nous annoncons, ont jiour but d'aplanir un des grands obstacles a la communication mxituelle entre les na- tions : la diversitc des langues ci la difficulte d'en acquerir la connaissaiice pratique. II snffil d'iiidiquer le biit de ces deux ecrils, pour attirer I'altejiiion dc nos lecteurs; el co butmeme STiffil pour fairc coniprendre ((u'il ne saurail etre icl question du merltelilteraire. Nous ne pourrions done, sans encourir le rc]irociie de futiiite ou de pedanlisme , nous arreler a signaler les imperfections de styie qui se rencontrent dans la notice de M. Ph. Skene. On ne saurail cherchcr dans I'ouvrage d'un etrauger que des idees exprimees avec clarle el precision. Ces deux brochures sont consacrecs a I'esposition de deu\ methodes d'enseignemenl pour les langues. M. Skene ailribue celle qu'il dcveloppe a un Irlandais, M. Hamilton, qui , apres I'avoir pratniueeavcc succesen Amerique , I'a transportee4)ans sa patrie, oii il a fonde, a Londres ei a Dublin, dcs cours qvii . LITTERATURE. %i ont oblenu le j)lus brillant siicces. M. Lasleyrio, s:ins in- diqiipr (I'lme maniere precise I'origine de la melliode qii'il expose, sous !■; litre Ae Metfiode naliirelle , dit (|u'olle a etc adoptee par la Sociele des niethodes de Paris, qui la fait jiro- fesser dans des cours publics d'anglais et d'italien quelle ;i ouverls , rue Taranne, n'^ i%, et rue de Ricliclieit, n" 60 , au Musee cncyctopcdlque de IM. Bossangc. Le premier principc des deux niethodes, c'est que le pro- lesseur doit ('«.ff?/^/?erla langue, c'est -a - dire , en coininuni- quer la connaissance, et ne passeboruer a assigner aux eleves les travaax necessaires pour y parvcnir, et a leur recomman- der d'apprendre dans des iivres les eh'-mens et les piincipes tie la langue qii'ils otudicnt. La communication orale, unique moyen de donner et d'ac- querir la prosodie d'uiie langue, est le second principe com- munaux deux nietliorce d'attenlion del'eleve ; et le sensde la vue , frappe au meme instant que celni de I'ouie , contribiie piiissamment a rendre ractiuisitioii de ia langue moins ))enible. Combinec d'ailleurs avec la traduction litterale on analytiS(! dans son nianuel tout ce que son cxpt-rience et scs Iravaux lui ont fait connaitre sur les trojjes et les figures. Mais , exceple Jfs f;iammaiiiens de profession, qui voudra apprendre la des- siis tout ce que sait M. Fontanier? Je le dirai done fraiiciie- iiienl :coinme expose do doctrine, son livie est sans doute fort ])on : coronie ouvrage a mcttre enlre les mains des jeunes gens, il est troj) long , trop detaille, et les jjrofesseurs qui s'en ser- viront feroiit bien , ce me semble , de n'expliquer avec detail a leurs eleves que les preceptes generaux et qui pourront prd- senfer une utilite reelle. /(1 8. — Exercices sur V analyse et la composition, ou Rlie- lorique francaise en exemples, a I'usage des jiensionnats de jeunes demoiselles et des eleves des deux sexes ; par M. Dubois. Paris, 1826. Delalain. Un vol. in-12 de viii et 870 pages; prix 3 fr. et 4 fr. par la poste. On s'est plaint avec raison, et depuis long-terns, du peu de profit que les jeunes gens tiraient de leurs etudes litteraires. ('ela tient a deux causes bien sensibles : 1° le defautde plan et d'unite dans lenseignement ; 2° la nature des com])ositions que Ton deraande aux eleves. On accable les rhetoriciens ai oles oisetises ct de mots snns idi'-es. Au resle, I'ouvrage de M. Dubois rijunil les deux avantages : plus des deux tiers de son livre sont consacres a la composi- tion, c'est X'amplificnlion sous an tioin diffi'-rent; il enlrait dans son plan de doniicr des corriges , genre de modeic qui fail toujours placer Ir devoir de 1 eleve, quelle que soil sa per- fection, au-dessous du manuscrit An professeur, fut-il de la dernierc ni(?diocrito. Si ce dtifaul est inevitable, on doll du inoins savoir gre a M. Dubois d'avoir clioi i tous ses corriges dans nos meilleurs (?crivains. 419- — Extrailsdcs atitcursgrecs , traduits par M. Hautome, professeur de lilterature grecquc et latitie. Paris, 1826. Bra- not-Labbe. 2 vol. in-7 2, ensemble de vii et 480 p.; prix 6 fr. et 7 fr. 5o c. par la poste. Nous n'avons ricn de particulier a dire sur cet onvrage : c'est line traduction ordinairemenl (ileganle ct tonjours exacte des extraits publics par I'abbe i\' Andrezel Tons ccux qui s'occu- pent de I'etude de la Inngue grecqtie , coiinaisseiitce dernier recucil', et savent quel service il a rendu aux professeurs , en rasseniblant dans uri petit volume et sons des litres distiricts (1} les niorceaux les plus remarquables des nutcurs grecs et les ])lus proprcs a servir deinodcles dans tous Ips genres. M. Hau- tomc en public anjourd'Iiui une version francaise, dont il a fait une parlie lui-menie, niais pour laqiiclle il a le plus sou- \'ent mis a contribution les tradncteiirs des ouvrages aux- cjuels M. d'Andrezel avait emprunt(j ces extiails. Ou ne con- lestera point I'utiiite de son travail; neanmoins, je ne crois pas qu'il obtienne le niemf accucil ((ue celiii de son modele. Ce n'est pas dans les coll('ges qu'on a besoin de'lradnctions : c'est dans le nionde. Lorsque nos prejnieres eludes, Irop im- l)arfaites, ou d'autres occupations ne nous jsermcttent pas dc lire les autenrs dans leur la'igue,nons aimons qu'une tradiic- (l) Les snjels qui composent YExcerpta de M. d'Andrezel, out clc ranges dans I'ordrc suivani , adopte aussi par son traducteur : i rlieto- rlque et critique ; 2'' poesie epique, didaclique , lyiique, draniatique, pastorale, epigiaminaliqnc; 3° histoire; 4° philosophie; 5" eloqaeuce ; 6" epistolograpble. LITTER ATURE. 816 tion fidele nous retrace an rnoins les printipalcs formes du tableau ([ue nous ne pou%'ons voir de plus pres : raais alors, iroi!S-nous chercher des exlrails, des morceaux detach6s? Won, sans doute, cai nous voulons surtout connaitre le plan de I'ouvra^'e, la liaison et la suite des idees , la feconditc de I'auteur, el tout ccla ne peut se frouver dans un excerpta , dont le seul avanlage est d'offrir a la jeunesse un travail assez court pour ne la point fatiguer. M. Hautome n'a done travaille (|ue pour les colleges, et la, il est a croire que sa traduction sera phitdt lue par les eleves que par les professeurs : c'est dire assez que son influence sur les etudes , si elle en a , ne sera pas tres-avantageuse. Nous engageons done M. Hautorne, si son gout le porte vers la car- riere des Bonhicr, des dOlivet, des Lerlerc, des Burnouf, a entreprendre la traduction tie quelque ouvrage entier, jiltitot que decompiler Ions nos tradisctenrs pounnettre en francais uiie compilalion , dont la plus grande utilite consisfait peut- ^Ire en ce qu'elle n'etait pas iraduilc. 420. — Le BoUeau des colleges . ou Boileau reduit a ce qu'il peut y avoir de plus utile pour les jeunes ('tudians, et accom- pagne d'un cummcntaire i>roj)re a en faire un veritable livre dc classe;par M. Fostanier. Paris , 1825. Maire Nyon. In- 18 de XXIV et 296 pages ; prix j fr. 80 c. et 2 fr. 26 c. par la poste. C'est une idee niallieurcrise que crllc de ranrcclcr les auteurs comme on le fait troji souvent aujourd'liui. C'es! reellement un trait caracteristiquede nolle epoque, queEoileaumeme , leplus pur, le plus chatiede nos poet es, n'ait pu ccliapper a ce desjolisme des ciseaux. On vient nous dire que tout le Lutrin ne peuf pas eire mis entre les mains des jeunes gens; que le poeme de Boi- leau a produit des effets funcstcs a la religion, qu'on a abuse de certains vers; . . . et c'est en alleguant de semblables rai- sons, qu'on rednit Boileau a liC nous plus offrir que les niem- bres opars d'un poeie brise ,diyccti membra poeUe. II est vrai que ce qu'on nous endonne est enriclii d'un comnientaire per- petuel , fort inutile , ce rae senible, potirjin iivre si clair. Nous laisserons done I'ouvragc de 31. Fimtanier; nous en revicn- drons au bon et simjde Boileau des classes, en tier, franc, libre, non defiguve par une cons'ire individuelle , aussi dangereuse que la censure judjlique , et dans larjuelle I'autPur lui-ineme obeit beancoup raoins, le plus souvent, aux ins[/irations de sa conscience et de soti gout, qn'a de petites considerations pui- sees dans sa ]iosiliou sociale et dans son inieret. B. J. 421. — * OEuvres covjpletes de Marie - Joseph et d' Andre Chenikr, revues, corrigees, augment(''es et mises en ordre par 8i6 MVRES FRAIVTAIS. M. D.-C/i. Robert. 6" et y' livraisoiis, coinposces du T. P"" des OEuvres onritnnes de M. - J. Ciiknifr, precede d'liue Notice historiquc p.ir M. Abnault, tt des OEuvres ancienne.i d' Andre Chknier. Pnris, iSafi; (luillaunie. 2vol.in-8°; prix 7 fr. 5() c. cliacun ( Voy. ci-dessux, cabier de Mai , p. Sao. ) Le T. i'"" des OEinres posthumes de M.-J. Chenier, qui a parii en 1824, elait precede d'uneexcellente Notice de M. Dau- Nou , dansla(|uclle cc s.'ivant academicien avait piincipaleiuent considere rauteur de Charles IX et de Tiberc comme ecrivaiu el comme liomine (mblic ; un autre collej^ue de Chenier , M. Arnault, rasseinblant, pour le T. i^ des OEin'res aiiciennes, les souvenirs que lui ont laisses douze annees d'line liaison in- tinie avec ce poete cclcbrc , a voulu surlout disculper sa me- mnire do I'odieuse accusation que I'esprit de })arti le plus aveii- gle a i)u seul eiever contre lui, et que IVI""= de Genlis n'a pas cr.iint de reproduire receninient dans ses Memoires. Un seul fait cependant , reciieilli par M. y\.rnault , dans son Discours sur Us funeradles de M.-J. Chcnier{yoy. le meme volume, p.xLi) et rappelo depuis pai M. Daunou, suffisait pour eloigner a ja- mais jusqu'au souvenir de cette infame calomnie ; le voici : « Dans sa douleur, Chenier se refugia entre les bras de sa mere, qui a vecu, qui est morte dans les siens. » Aujourd'hiii, M. Ar- nault, dans sa Lettre h I'editeur , rapporte de nouvelies parti- cularltes, entre autres une anecdote assez curieuse, a I'appui de rinnocence de Chenier, qui n'avait pas besoiii, du rests , d'autre preuve que le fait qu'on vient de lire. Nous croyon* utile neanmoins de transcrire cette anecdote , ne fiil-ce, comme dit son aulcur, que parce qu'ellefait connaitre dansc]u.el cxces de lachete on peut elre eiitraine par I'esprit de parti. '< Un des fondateurs, dit-il, de la feuille que je signale a I'horreur de tout honnt'te homme (i), faisait devant moi, apres la niort de Chenier, I'eloge du talent et celui du caractere de ce grand ccrivain. Vous voila done enfin juste, dis-je a cet apologiste; I'esprit dc parti ne vous aveugle done plus ? — II ne m'a ja- mais aveugle : lellesonl toujours ete mes opinions sur Chenier, me repondit en souriant ce galant homme. — Mais, pendant dix-huit mois, ne I'avez-vons pas journellement accuse d'avoir fait egorger son frere ? Avez - vous done cm ce fait reel ? — Moi ! pas un moment. — Pourquoi done ces accusations quo- tidiennes ? — V'oiis me le demandez ? me dit-il, avec un regard (l^ M. Arnault ne designe pas cette feuills; mais elle est assez desiguetJ par les difCcrentes lettres de Chenier au Journal de Paris , contennes a la fin du volume que nons annon^ons. LITTERATURE. 817 oil se peignail autant de malice que de pilie ; vons n'enletidez rien a la ])olitique , je le vois. — He bien ? — Sachez que, quand il s'agit deruiner dans I'opinion un hoinnie du parli conlraire, tons les moyens sont hons. Chenier etait un des appuis du paiti republicain; voulantla ruine de ce parli, nous avons fait tout pour discrediter un de ses chefs, pour le demonetiser : voila toute rJiistoire. 1) Cet aveu naivement alroce, ajoute M.Ar- nault, je ne suis pas le seul a qui il ait ele fail ; feu Ginguene le recut aussi,et ce n'est pas sans rougir, m'a-t-il dit : car, en fait de politique semblable, il etait aussi novice que nioi , soil dit sans le deprimer. » Cette anecdoie, M'"" de Genlis n'a - t- eile pas merite qu'on la lui applique, elle qui vient, quinze ans apres la niort de Chenier, et trente ans apres la publication de son Discours sur la Calomnie (Voy. T. '3^ des OEuvres an- ciennes , p. 7 ) , I'accuser de s'etre tu sur une aussi odieuse imputation? II est impossible qu'elle n'ail p-as lu ces beaux vers, ou du nioins qu'elle n'en ait pas entendu parler. II faut supposer, avec M. Arnault, que « cette dame se ressent, sous quelques rapports , des outrages du tems, rt qu'elle perd en memoire ce qu'elle gagne en imagination » ; car raccusaiion qu'elle repete avec tanl de legerelc est incompatible avec la bontequi, dit le nieme ecrivain , est la veritable grace de la vieillesse. A cette attaque d'une femme qui croit tout le mal possible des philosophes , peut-etre parcc qu'elle Icur veut beaucoup de mal, hatons-nous d'opposer une autorite bien autrement respectable, c€lle de I'auteur des Martyrs. « Che- nier, dit M. de Chateaubriand, dans son Discours de recep- tion a I' Academic^ a su comme moi ce que c'est que de perdre un frere tendrement aimc : il serait sensible a Ihom- niage queje rends a ce frere, car il etait naturellement ge- ii6reux. » Non , ce n'est pas par des vers seulement que Che- nier a proteste conlre I'injuste condamnation d'un frere avec les opinions dutjuel il ne differa d'ailleurs que sur quelques ])oints. « Chaque jour, dit M. Arnault, Chenier allait solli- citer pour son frere, chaque jour i! revenail desespere par de nouveaux refus; et,le lendemain, cet homme doiit raniilie avail brise le caraclere hautain, s'abaissaiit a de nouvelles supplicaiions, retournait encore implorer les arbitres du sort de quiconque vivait alors en France, arbitres inexorables , qui, pour toute reponse, lui repelaient : Au lieu de songer a suuver ton frere , songe ii le sauver toi-ineine. » Cette piece de M. Arnault, que Ton pent considerer conime k; complement indispensable de la notice de M. Daunou , par les details qu'on y trouve sur la vie privte de Chenier, ren- 8ia LIVRES FRANC AIS. fernic encore d'autres docuiiiens fort jirecieux ; entre autres, In ieftre ])leinL' de dignile ]iar laquelle il demandail des se- cours a Bonaparle, aprts avoir eie dcstiltic (en i8o6) do sa place d'inspcctciir des etudes, par suite de la publication de son ep'trc a VoUaire, dans laquelle^on avait sigoale des allu- sions laclieuscs contn; les conquerans (i) ; une Icttre de Duels a Lchrun. (an viii ), oil Tauleur septuagcnaire et vivant re- tire a la campagne, avec les faiblcs eniolumens altnclies a son titre d'acadc'tnicien , reconiniande le soin de sa fortune a Chc- nier, qui reussit effeclivenioi.t a liii faire obtenir une pen- sion; enfin, les details de I'inlrigue par laquelle FoucIkj par- vint a enf;ager I'auteur de Tibere dans une fausse demarche, en lui nionlrant I'etablissement de I'empire corame favorable a la liberie, et en lui offrant la perspective d'une ])lace de se- naleur, s'il voulait celebrer ce grand evenement, proposition a laquelle Chenier se rendit, en coinposant sa tragedie de Cyrus, ou Ton reinarque du reste le seruient prononce par le prince a son avenement au trone et plusienrs autres morceaux, <|ui , comme la fori bien fait observer M. Arnaidt, ne sont pas d'un aposlat a la liberie. Le T. 1^"' du Theatre de Chenier ( OEuvres anciennes) , ne renferme d'ailleurs que deux tragedies, Azemire, premier ou- vrage de I'auieur, qu'il flt represenler sans succes, a I'age de vingt-deux aiis, mais qui fit jiiger cependarit a Palissot que la France avait uji ])oele tragique de plus , et celle de Charles JX , que notre estimable collaborateur M. Lemercier a si bicn appreoiee dans un article de la Revue [Yoy. T. i'^'', p. Ill, 29S et 487), et dont les cditcurs ont sagement en- riclii ce volume, l.e reste est consacre aiix pieces relatives a la difficulte ([ue Chenier eprouva pour faire jouer cette tra- gedie, et parini lesquelles on distingue la Critique de la tra- gedie de Charles IX , jiar Palissot, coniedie concue d'aj)res le modele laisse par Moliere, dans sa Critique de I'Ecole des femmes. Je n'ai point parle d'une preface tres-courle dc I'editeur , M. Ch. Robert, fjui est mise en tete du volume que j'an- nonce. Ce morceau est ecrit dans un style et dans des idees (i) Le resuhat de cette lettre, a la fois honorable, dit I'aateur, pour le protecteur et pour le protege, fut une pension de 8,000 fr. Chenier fut en outre charge de ia continuation de I'histoire de France, avec une indeinnite annuelle attachee a ce travail; reparation tardive d'une ptrsc- cution qu'il cut ete plus noble a Bonaparte de uc pas laisser exercev contre I'auteur de Chailes IX. LITTER /^TURK. 819 lies-convenables ii son sujet; iiiais I'aiilcur mo iJ.uJonnera d'avoir attache plus d'impoitaiice a Clicuier iui-ineine et aux !rois savans iitu4al<;urs qui lui out consacrii quehines pages. N. B. Nous rLserverons un article, dans notre procliain tahier, au T. a*" des OEmrcs iC Andre Chtnier , que nous n'avoiis pu esaminer ici , el dans lequel nous a\ons relrouve du reste les pieces doni nous avioiis signale Tabseiice dans le T. 1*"^, qui conlient les OEuvres posthunies de ce j)oece infor- tune. E. Here A u. 422. — * OEuvres completes (TEtieiine Jouy , de I'Acadeinie francaise, avec des cclaircissemens el des notes. 10'' livraison. T. XI et XXII. Paris , 1823 ( sic ); Pillet ; Bossange pere; Aimc- Andrc, I'auteur, rue des Trois-Freres, n'^ 11. In-8°de 5i 3-472 pages; prix 7 fr. le volume ( voy. Rev. Enc., t. xxvi, p. 238). Le tome XI contient le deuxieine volume de YEnnite en province et le tome XXII, le deuxiome des melanges , qui se composent de jilusieurs articles sur les ja^owj rfe 1817 e^iSig, €t sur {'exposition des tableau.^ d'Horace Fernet; d'un essai sur V opera j'rancais ; d'un discours sur I Industrie ; Aq xxviii chapitres sur V exposition des produits de V Industrie nationale, en 1819; et d'un fragment d'un incrnoire sur f Ile-de- France , ttujourd'htii I' lie Maurice. U. 423. — * La Fontaine des pleurs , poeme traduit librement du russepar /.-iJ/. Chopin ; ornc de Ivo'is figures lithographiees et d'une planche de musicjue. Paris, i8a6; Dondey-Dupre. Brochure in-H° de 40 l)ages; prix 2 fr. 5o c. I,e jeune poete lyrique donl M. Chopin a essaye de nousfaire coniiaitre le derr.itr ouvrage, es' la plus chere esperance du Parnasse russe , (]ui peut ro()poser avec orgueil aux poeies moderncs les plus distingue-) des autres nations del'Europe. Nii a St-Petersbourg, le 2G inai 1799, Alexandre PouscHKiNsVlalt deja fait conuaitre, a I'agede i5ans, par des pocsiesqui promel- taient tout ce que sa Muse a tenu depuis. Les journaux litteraircs se sont enrichis de ses odes et de ses cpitrcs ; niais 1 ouvrage qui a particulieifinenl fixe .sur lui Fattention de tons les amis des belles-lettres en Russie est son poeine de Rouslan et Lud- mila , qui, del'avls desjnges ics plus (k-laires, rcuiilt au merite d'une imagination aussl riclie que neiive des situations ;j;quai!- les, un nu'hingc lieureux de folic et de raison, de gaiie et de sentiment, el suilout un coloris po<'tique vraiiuent extraordi- naire dans un auteur aussi jeune. Le Prisonnierdu Caucnse eit venu dejuils aj uiter a la reputation de M. Pousclikin , qui a publie en dernier lieu ( en 1824) la Fontaine de Buhhcthessa- rai (en russe: BohhtchissaraisliOi J'ontane) , cnnoncee dans la 820 LIVR?:S FRANCAIS. Revue Enc.ycloprdique ( voy. t. xxiii , p. 6/|3 ) , el que M. CJio- pin pour ne pas blesser iios habitudes euphoniques par uti mot tartare(i), appelie dans sa traduction la Fontaine ties pleurs. L'original de ce poeme est sous nos yeux , et nous devons avouer (pie nous n'en sommes pas aussl satisfails cpie nous nous y se- I'ions attendus. L'auteur passe, au milieu de ses coiupatriotes, pour un poiite rotnantique ; et malhcureiiscment , en Russie comnie en France, si ce mot n'est pas encore Lien defini, du moins on semble, par une espece de convention lacite, I'atla- cher a tous les ouvrages qui portent le cachet d'une trop grande liberte de style, ou dont les idces et les images laisseutdu vague et de I'obscurittJ dans I'esprit du lecteur. En effet, c'est la le defaut principal que nous avons remarque dans le dernier poeme de M. Pouscbkin, oil le manque de transitions a de- route plus d'une fois notre attention et notre entendeinent. Les details sculs de ce poeme , qui en renferme beaucoup de charmans, ont pu inviter M. Chopin a cntreprendre un travail dont l'auteur devra lui savoir autant de gre que nous , et qu'on n'appreciera bien qu'en coniparant les deux versions, russe et francaise. La qualification de traduction libre que sa modestie lui a fait donner a ce travail pourrait faire croire qu'il a recule devant plusieurs difficultes de son texte, ou qu'il a cherche du moins a les eluder; mais nous pouvons assurer qu'il n'est pres- que point de beautes dans le poeme original que M. Chopin n'ait fidelement rendues, et M. Pousohkin lui en doit plusieurs qui n'ont pas peu contribue a deguisev les longueurs et a relever quelquefois les ornemens un peu vulgaires desa narra- tion. C'est un metier bien ingrat que celui de traducteur : fait- on bien , la gloire en est a l'auteur original ; fait-on mal, on en recoit tout le blame. II fant done plus (|ue du talent et de la bonne volonte pour traduire un poete , il faut encore du gout et de I'iraagination , il faut etre poete enfin. Une citation , prise du reste dans un passage ou l'auteur russe s'est eleve lui-merae a une grande hauteur, fera juger si M. Chopin a des droits k cetitre. C'est la peinture de la vie uniforme et monotone des beautes condamnees aux honneurs du harem: Les mois, les ans se saccedent pour elles Duns les langaears de I'umforuiite ; (l) Bakhtchessarrai est le nom de I'ancieune capitale de la Crimee. Ce niol est compose de Hahhtche, jardia, et de Sardi, palais. (.Ictte ville fut ruinee par les Kiisses, en 1736, et rebalie depnis. LITTER ATURE. 821 Et le Tenis (nit, emportant sur ses ailcs, D'un vol egal, leur age et leur beaute... Un jour s'ecoule, un autre Ic le.'uplace, Et fuit , seiublable au jonr evanoui... Le jour suivant et commence el s'efface, Saus que son vol ait imprime beaute la fit reclierclier en manage : di'tcrmince a consacrer a Dicii sa virginitc, elle ti'iclta , jxir des mortifications cnrpo- relles , de detruire ses charines. Dieu sec.onda ses pieiix desseins en lui envoy ant , des tdge de quinze ans , une inaladie qui dura jusqu'a la fin de ses jours , et qui la lit pas.^er par une variete d'infirmitcs et de souffrances dont le detail revol!e ia nature. « II y aurait ici matiere a de longues et penibles reflexions. En ne sorlant ])oint de la reserve que ni'imj>ose le sexe de I'auteur, ne puis-je pas lui demander a quelles mains son education a ete confiee ? on a t-elle puise des sen'iniens el des idecs de celte espece.'' quels maitres ou quels amis I'ont in- vitee a choisir de tels sujets ? .le reviens a la litlurature , et j'engage lajeune solitaire a prendre de meilleiirs guides, dans I'interet de son avenir jioeliqne. B — u. 4^5. — La Chiite de Missolonghi, snivie du Travail, odes; par M. Albert MostiTnoTHT. Paris, 1826; Chaumerot jeune. In-32 de 29 pag. ; piix a5 cent, an profit des Grecs. 426. — Le Spectre dc 3Jissolong/ii ; par M. Ulysse Tence. Palis, 1826; Delaunay. In-8'^ de 14 pages; pri.x. i fr. 25 c. an ])ro(it des Grecs. La ruine de Missolonghi est vcniie fournir de nouvelles et tristes inspirations aux poeles amis de la saiiite cause des Grecs. On doit feliciter M. Albert Monlemont d'avoir etc , dans cette circonslance, I'un des piemiers interprcles de la douleur publiiinc. Apres avoir peint, dans cetle ode iinpro- visec , loutes les horreurs de la catastrophe, il s'ecrie : Que dis-jeT les seuls infideles Consoinment-i!s de lels complots .•" Pailez , Ooltautes citadeiles, Quels chef's vous guideni sur les flots.'' Dieux! j'ai va les aefs de I'Austrie; Des Inin.sl'uges la voix s'ecrie : Ecrasons rAttiijce aux abois!... To! , czai, qu'iinplorc la Phocije , Ton indilference homicide , L'accable encore de son poids ! 824 LIVRE.S FRANC AIS. On trouvc, dans I'ode sur Ic Travail, quelques Lrillantes images et uii fragment (I'line traiiuction complete et in/'diu- Hes odes d'Hoiace nous fait dosirer que I'auteur ne tardc pas a la piiblier. Je remar(|iie, dans le Spectre de Missolonghi, une pnesie vigonreiise ; rauteiir peul se promeltre dcs sucrcs dans Ic genre lyiiqne. On en jiigera par ces derniers \ers on le fan- tosne terrible de I'heroique cite rej)rochc aux chreliens leiir indigne froideur a )a vue de tant de maux. e'en est fait ! plus d'espoir d'affranchir ce rivage ! Le tombeau nous attend, on rinfame esclavage, Et nous periiODS tous... Mais , o laches Chretiens , Vous qui deviez aux Grecs d'iutrepides soutiens, Vous , rois des nations, qui leguez a I'histoire, Avilis, uicprises, des noms que la victoire D un imiiiortel eclat proiuettait de couviir, Soyez ntaudits ! c'est vous qui uous failes peiir ! o. ''♦27. — * Lascaris , on les Grecs du quinzieme siecle , suivi d un Essai historique sur t etat dcs Grecs depuis la conquete inusul/na/te jusqu'anos jours; par M. Villemain, de I'Acade- niie francaise. Troisieme edition, augment^e d'une //re/rtce et d un Essdi sur les romnns grecs , et ornee d'une carte. Paris , 1826. Ladvocat. 1 vol. in- 18 de 632 pages; prix 9 fr. Noiis nous aitendtons a une nouvelle imitation de Walter-Scot t: M. Villemain nous a donne un chapitre digne d'etre ajoute au voyage d'Anacliarsis. La difference, enire la methodcdeBartlie- lemy et celle du romancier ecossais , est facile a saisir. L'un met- tanl en scene les personnages historiques , ne considere Taction mventee que comme tin moyen de lier les evenemens reels , les details de mceurs, les observations lilteraires; elle leur est en- tierement subordonnee; et I'auteur alteint son but, si, avec son secours, il est parvenu a presenter ces evenemens, ces de- tails, ces observations, d'une maniere a la fois instructive et amusante. Chez I'aufre, au contrairc, Taction doniine; il faut ciu'eile marche, qu'elie emeuve , qu'elle entraine; les person- nages d'invention occnpent de preference le ])remier plan, et les peintures de moeurs, (jui sont pourtanl un desprincipaux objets que se propose Tecrivain , n'ont la permissioii de se ]»ro- duire qu'autant qu'elles dr'veloppenl les caracteres et aniinent le lecit. L'un nous offre une explication ingt'-nieuse du passe; Tautre le fait revivro a nos yeux. II est inutile do faire remar- fiuer combien la nietliode de Walter-Scott est supcrieure , coiubieu surtout les ouvrages cj[u'eile produit ^ont inicux ap- litti<:raturk, s?,5 projiri('-s aux succes populaires. Toiitel'ois nous np reproclioiis poiiUaM. \'illein;iiii de s'en etre ecarle. Trop iiabilc poar iiejias sentir rexHeme dii'ficulle(|u'flle ]jreseiite, il a craini sniis doiite d'augnienler le nnmbre de ces imitallons iiialadroites on lant d'auteurs ont jusqu'icimontieleiir impuissaiice. Peut-ctre aiissi a-t-il pensii (|ue le sujet t|u'il avail cl)oisi se prelait peu a ce genre de composition. En effet, les Grecs vaincus, venant cherclier iin asvle en Italic ct repandant les sciences et Ics let- tres antiques au sein de leiir patrie adoptive, ne semblent pas offrir le germe d'une action bicn vive et bien attacliante. II y a dans la vie des lettres quelqne chose de froid qui se rcpand snr loutes les compositions doiil ils sunt les heros. Aiissi , raal- gre le niorile du style, malgre une scene assez dramati(jue( le moment ou les montagnards de Calane fondent snr les Grecs qui assistant a la messe , sous le chntaignier tics cent chevaliers, ai'bre sacrc qii'on les accuse de profaner) bien des gens prcfii- reront peiit-eire, au roman dc Lascaris , la lecture de quebpies chapitres de Thistoire litteraire d'ltalie, ou Gingiiene a irace le tableau des services qne les Grecs fngitif's out rendus a la civilisation moderne. M. Viilemain, dans son second volume, a traite un sujet d'un interet i)lus vif : le sort des Grecs sons ie joug des Turcs et les efforts qu'ils ont t'aits pour s'en affran- chir. J'aurais mienx aime, je I'avoue, qu'il Iraital historique- ment ce qu'il a voulu peindre dans le roman de Lascaris, et qu'il cherchat le sujet d'un roman dans ce qui lui a fourni un niorceau d'histoire. C'etait, ce me semble, une source assez feconde d'aventures extraordinaircs et interessantes que cette vie des Armaloli et des Rlephtes , des marins el des pirates grecs, ce melange des cliretiens et des mahometans, lanlot vivant en bons voisins, tantot se faisant une guerre a mort. Ajoutons que tout est obscurite et confusion dans cette periode, que I'hisloire ne peut presque jamais y dementir le roman , et que les fails y interessent moins qiie les moeurs. Quoi qu'il en soil, I'essai historique de M. Viilemain u'en est pas moins un ouvrage tres-remarquable. II est termine par une peroraison oil la cause sacrce de la Grece est defendue avec la plus liaule eloquence. Cette peroraison, digne du beau talent de M. Viile- main, comrae du sujet qui I'a inspire, honore I'liomme autant que I'ecrivain. Nous voudrions pouvoir en citer quekjues pas- sages; mais , pour faire connaitre ses beautes, il faiidrait la rapporter tout enliere. Ch. /, a8. -1 — * Collection des meilleurs romans francais ^ dedies aux dames. Cinquieme livraison , composee des Memoires du chevalier de Grammont; par Hamilton. Paris i8a6 ; Werdet, Sffy I.IVRES FRINCAIS. 2 vol. ii'-^A, orr:('s dc vi<>ii(llcs el do (li'iirons; prix G fi'. (Voyez Jir-c. Enc. , \. x)tix, ji. 845-8/|6. ) <( II n'y a posonne, dit La Uaipe dans son Cours de llttcra- tiire , qui n'ait lu el relu lis Meirioircs tic Grammont : c'est de tons Ics livres frivoles le plus ;igreaLilc et le plus ingonieux ; c'fsf. rouvragr dun esprit l^ger et lin, accoiitume, dans la coi- ruplion des conrs, a no connaiire d'aulie vice que le ridicule, a coijviir les plus mnuvaiscs mcenrs d'lin vernis d'elcgance, et 3 rapporler tout au plaisir el a la gaile. « D'ajjres cejngement il'iin tie nos criliqiies les plus justement colehrns , confirme par I'opinion generale sur les Meinnircs du chevalier dc Gram- tnont, les ciliieurs de la Collection dcs meilleiirs romansjran- ciiis ne poiivaient se dispenser de les cora[)ren(lre dans leur clioix. Cependant, nous osons ])enser (]ue ce li\re est un de cciix qui joiiissent dans le niondi* d'linc n'piitalion usurpee. II y a de I'esprit, sansdonic; inais a cote de quclques details gra- cienx , on troiive des tableaux et dcs .scenes nioins dignes de la plume d'un seigneur de la eour de Louis XIV (]uc de celle qui a trace le Roman contique. Coniii.e la Princcsse de Montpensier, doni nousavons parle, et qui fait partie de la qiialrieme livraison des mcilleurs romans francais , annoncee dans noire eahler de mars dernier ( Voy. t. xxix, ]). 8/|6 ) , nous pensons cpie cet ouvrage d'Hamilton contribuera beaiicoup, dans son genre, a nous fairc mieux coniiaitre et detesler davanlage les mceurs des anciens coiirtisans; ce que raconle I'auleur de la Notice du comfe de GramnionI , qui vemlit lui-meme i,5oo fr. le nianiis- crit de ces Memoircs , oil sa probile n'esi pas jiresentee sons le jour le plus favorable , ne sera ])oint le irait le moins caracle- risticpie de cctie peinlure. C'est done i!e I'liisloire au-si (jue ce livre, Tfiais de I'liisloire boulfijnnc; el, sans etre enneuiis de la gaite, nons demamlerions anjourd'Iiui un pen ])lus de dignilc dans le recit d'eveneniens oil la morale publique , et par con- sequent !e bonheur de la nation, fuient si souvent comproniis; nous n'approuverions pas surtout qu'un ecrivain, s'attachant a ne rcconnailre d'autre vice que le ridicule, einployaf , eomme ditLa Harpe, tout son talenta coiwrir IcspJus main'aises moeurx d'un vernis d'elcgance. E. Hereau. ^ag. — Nouvelle-i conleinporaines ; jiar Alex. Dumas, avrc celle epigra])lie : Fils d'un soldnt , faime a choisir ines heros dans les ranf^s de I'annee. Paris, 1826. Sanson, i vol. in- 12 de 217 pages; prix 3 fr. Ce recueil coniprend trois nouvellcs: ZrtHr<»«<', Blanche de Beaulieu et Marie. De rinlcret , des details louclians, un air de verite qui attache, voila ce que Ton Irouve dans ces rouvel- I LITTERATURE. — DKArX ARTS. S27 les, parlidiliercin^nt (l.ins In sccondt^, qtii <.{fre jilusicin.s si- luatiiins dramaiiriiK's. L'lieroine, tille dii inaiquis dc Bcjtulitii, I'un des gcneraux vendcens, accoutumeedrs son eiifance a por- ter I'habit (I'homirie, ])artageait sous cc ccbtnme los fatigues et les j)(hils de sou pere. La petite Moupe qu'il commaiuiail , cernee pendant la nuit dans un Lois ou elle enlendait la messe est taillcc en pieces par iin (h'tachenienf de Tarmec repTiblicaiiie. Blanche est sanvcc miraeiilen'ement jmr iin general de reltc armee, qne Taiitenr nonime Olivier. Cc general la conduit dans sa famille a Nantes. Mais bienlot les rcprescntuns dccou- vrenl Rlanclie, et la font arreter, ajires avoir eioigne Olivier. Cependant, revenii sur ses [;as, il revoit Clanclie dans sri pri- son; el, dans I'espoir de la saiivcr pai- re iiioven , la £iit con- scntir a Ini donner sa main. II patt aussitot pour Paris et obtient dc Robespierre rordrc d'opargner son ej)ouse. Vain succes! la letc de rinfortnneetombaitsur la place deNantes, a I'instant oil Oliviei- y arrive , portcur de I'ordro de grace. I>e talent de M. Dunias, deja conn«i par des succes jioelifjues, est pleiii de viguenr el dc seve. Plus tard , ce jenrie auleur sentira le besoin de mieux menager quclcpies transitions, d'adoucir certains trails, enfin, de se rapproclier dans son style de rette belle simplicite qui, loin de nuire a I'ek'gance et a la grace, en est an contrairele premier elemeat. Ch. Beaux- Arts. 43o. — * La Chine. Mceurs, usages, costumes, arts et mo- tiers, peines civiles et rnilitaires, ceremonies religieuses, nio- numens et paysages; par MM. Deveria, Regnirk, Schaal, Sf:HMiT, VinAL, et autres arlisles connus, avec des noliccs es]dicati\es et une introduction, par I\I. D. B** de Mai.pierf.. Cinquleme livraison. Paris, 1826; I'editcur, rue St-Denis, n" iiSo. V,n oabier grand in-8°; prix de chaque livraison , 1 5 fr. ; par soiiscription , 12 fr. ( voy. ci-dessus, p. 536 ). 43 1. — * Foyage pittorcsque dans les Pyrenees francaises et les clipartemens adjacens; on Collection de soixanie-douze gravures represenlanl les sites, les monumens et les etnblis- semens les plus remarquables, avcc un texte cxplicatif, dc'die au Boi; par Mei.i.tng, peintre paysagiste dn cabinet du Roi , auteur du Foyage pittoresque de Constantinople et des rives du Bosphore. Paris, 1825-1826. L'ouvrage aura donze livrai- sons, publiees de trois mois en frois mois , et composecs , cba- cnnc, de six planclies et dun nombre egal de feuiiles de texfe imprime par Firniin Didot ; prix de chaque livraison, 5o fr. avant la lettre , et 3o fr. avec la leltre. 8a8 I.TVRES FRANr.ATS. II est (Ics ouviaf:;fs ((ui jioitent avec eu\ leur propre re- (Oinmaiidalioii, ei. (|u'it suf'fit tl'aiinoncer au public pour qu'il s'cmpresse de les acqiieiir; ceiui-ci est de ce nombre. Les noms du pcintrc et dii graveiir , ies licux qu'lls mettent sous les yeux des speclateuis, dispensent , jiour ainsi dire, de lout eloge. J'ai indiquc ( T. xxviii etxxix, (t. ^23 et 289) Tobjet des deux premieres livraisons; la troisieme, *jui vieiit de pa- rait re , transporte deja le lecteur dans les liaules regions des Pyrenees; les planches qu'elle coiitient representent : Veglise tie Betharram , pres I'EslcUe, situ^e dons une vallee tres- pittoresque; le chiileau et une partie de la vide de Lourdes; la vnllee d' Argeles , resserrce entre des montagnes dont les nuages couTrent deja la cime; la chapelle de Poucy-la-Huc , dans la vallee d'Jzun; une -vue de Cauteretz , celebre pour ses bains; Vetahlisseinent thermal de la RaUlere, situe au milieu de rochers d'une dimension et d'une forme tellement semblables , qu'il semblerait qu'ils ont cle brises par des geants. Nous avons fait assez connaitre cet ouvrage pour at- tendre niaintenant qu'il soit plus avance, avant d'en entre- tenir de nouveau nos lecteurs. 432 — * Collection des portraits historiques de M. le baron Gi.tt.KKVi , premier peintre du Roi; graves a I'eau forte par M. P. A.d\m; precedee d'nne notice sur le portrait historique. Cet ow- wa^e parai'tra par livraisons , dont lenombre est fixe a douze, au moins, et, a quatorze au plus. Chaque livraison compos<''e desix planches tirees sur papier de (Jhine, et de six fenilles sur lesquellessont indiques le nom du personnage et le titre »iu'il portait .lu moment ouson portrait a ete fait, coute 25 fr. Paris, 1820 ; Urbain Canel , rue St-Germain-des-Pres , n° 9. La pcriode pendant laquelle la collection que j'annonce a ete formee ( 1796 a 1826) , est eminerament historique; feconde en hommes celebres aufant qu'en eveneraens importans, cette epoqne a vu successivement , s'elever et disparaitre des per- sonnagcs dont I'hisloire conservera les noms. La puissance s'ac- qniert, se dispute et souvent se perd : le talent, seul , est al'abri de toutos les vicissitudes; ces personnages qui ont rerapli !e inonde du bruit de leur renommee, et que le monde oublie deja pour porter ses regards atitour dc lui et dans I'avenir, sont tons venus chcz M. Gerard demander a son pinceau de ])erpetuer leurs traits, et c'est au talent que le pouvoir dechu devra une nouvelle existence. II a dejaparu deux livraisons; les portraitsqu'elles contiennent offrent des rapprochcmens etranges que le terns seul a fait naiire. Considerc sous le rapport pittoresque , il est impossible JiEAIjX-ARTs. g^ lie ii'eticpas fiappc de I'ex.mne l.abilelo ;.vec lafjuelle M Ce- ra rd a su trouver des disj.osilics toujours au.si bien co.ic.es que nouveilcs el b.eii appropnees aux personna-es nu'il avait a representer: au reste, c'esl le propre de res])ni de se m.ilti- I' ler sans s opuiser. Ce ne sen. pas lin des n.oindres litres de g o.re de cet a.hste, auquel la peinture I.istorique esl redeva- We de chefs-d oeuvre qui honorcnt notre ecole, nne le talent quil a deploye dans un genre oil lesespriis.upeificielsnevoient qu on .nenle d'imitat.on et dans leijuel, cep.ndanf, les grands wiaitres seuls ont exceDo. h^-^nas M. P. Adam charge de graver a I'eau forte les portraits qui composeront cette collection a mis dans son travail de I'esprit et de la ferniete; ses planches sont briilantes ; je le f.'licite de ce nouveau succes, conunejele fVlicile d'avoir attache son nom a une aussi belle cntreprise. Jereviendrai sur cet ouvrage , lorsqu'il aura paru de nou- velles livraisons. II ne faut pas oublier , au reste, cm'il a prin- apalenient pour objet de retracer le souvenir de tableaux dont plusieurs ont ete graves au burin par les an isles les plushabi- ies , et qui , pour la plupart, sont dissenan. s dans toute I'Eu- rope. Le moycn dont on s'est servi pour les reproduire tous sous line forme nouvelle et uniforme me parait tout a la fois le plus convenable et le niieux enlendu. p. ^ r ^^^^~ * ^''^ ^°'Z' J'^'" ^•'■^- i^^nouTE , avec le lexte;'par C.-J. Thory. 29-et3o™eiiv,,,isons. Paris, 1826 ; Panckoucke cMteur. acah.ers ui-8° , contenant chacun qualre planches colonecs; prix de la livraison ou du cahier, 3 fr. 5o c. ( vov ci-dessus, ]). 211 \ \ - • 434. — * Cent gravures pour les oeu^'rcs de Voltaire conve nables a toutes les editions in-8" et in-12 , publiees par M Lv Cerk, d'ap.es les dessins de MM. Devkkia et Chasselat U^-e ft ij-ne hvralsons. Paris, i8aG; Panckoucke. 2 cahiers in-S" contenant chacun quatre planches. Prix de la livraison 2 fr. 5o c ( voy. ci-dessus, p. 212 ). Ces deux livraisons coniiennent huit gravures, dont trois pour la Pucelle, une pour la Prude, une pour Candide une i^ouTOreste^ , une pour le Due de Foix, et une pour /« Pelojnde.t 435 * Eludes d' architecture civile, ou Plarrs, coupes et details necessaires pour elever , dislribuer el decorer une maison et ses dependances, publies pour I'instruclion des eleves de 1 Ecole royale des ponls-el-chaussees ; par Manhar , ingenieur en chef, professeur d'architecture, etc. Nouvelle edition, gra- vee en taille douce, corrigee et augmentee de vingt planches Ouvrage utile aux eleves ingenieurs, aux eleves architecles, et T. XXX. — Juin 1826". 53 83o ^ LlVRftS FRA.NCA.I,S. .\ tons ceiix qui font batir. V"'' et 5'"" livraisons. Paris, iBiG; Carilian-Goeury, fimii des Augiislins, n** /|i. (irand in-fo!io, 8 pages de tcxtc et 40 phinclies; j)rix de cliaquc livraisoii y fr. pour Ics souscripteurs , 10 i'r. pour les non-soiisfripteurs, ( voy. ci-dessus, p. 209.) Les livraisons successives do cc grand outrage attestent de plus en plus les soins de sonautetir et I'habilete du graveur. II sembie , au premier coiip-d'iBil , que le texte est trop court, en raison du norabre des planches ; mals il faiit observer ([ue les ex- plications les plus claires et les plus instructivcs sont celles (|uo donnent les planches memes, (jue presque toujours elies sont comprises a la seule inspection, ct tpie le lexle est j)lut6t I'ex- uose de ce qui n'a pu trouver place dans le dessin , qu'un com- mentaire dont i'oeuvre du desslnaleur ne jjuisse se passer. Nous reviendrons sur ce grand ouvrage, lorsque la derniere livraison aura paru. Alors sculement nous poiirrons savoir si I'auteur n'a rien omis, s'il a traito son vasle sujet, confnrme- ment a son litre ^architecture civile qui doit comprendre \ architecture boiirgeoise. Jusqu'a present, il n'a pu s'occupcr ([ue des hotels, des palais; il ne dedaignera pas, sans doute , de descendre jusqu'a la demeure de Thorame sans faste, pour laquelle il reste beaucoup a faire , et qui pent otre I'objet d'etu- des profondes , de recherches etpeut-etre de decouvertes d'une haute importance. F. Memoires et Rapports de Societcs stwantes et d'utilite publique. /j36. — Academie royale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. — Seance publique du 10 mai iSaS. Bordeaux , iSaS; Brossier , rue Royale, n" i3. In-8° de i58p, Cette brochure contient les differens morceaux qui ont ete lus dans cette seance publique de I'Academie de Bordeaux. M. ViGNES , president, a prononce un discours sur les travaux de I'Academie qui ont contribue aux ameliorations agricoles entreprises depuis pbisieurs annees dans le departement. M. BouRGES, secretaire, a donno lecture d'un rapport sur les travaux de I'Academie, depuis sa derniere seance publique, et , M. Lacour , du programme , dans lequel sont designes les prix accordes dans cette seance, et les prix proposes pour les annees suivantes. M. Gintrac a lu un fragment sur I'influence de rhabltude sous le rapport de son action sur la sensibilite. Une notice necrologiquesur M. Teuljkre , a etc communiquec, pour I'auteur absent, M. Jouannet , par M. Dargel as. M. Bil- MliM. ET RAPPORTS.— OUVRAGES PERIOD. 83i tAliDEL a fait connaiire par ?in rapport, quelques perfeclion- nemens industriels dans le dcpartement de la Gironde, surlout I'etablissemeutde tapis de toile peints par MM. Vernet freres. La seance a ete terrainee par la distribution de trois medailles d'encouragement ; la premiere a M. Guilland, oflicier d'ar- tillerie , auteur d'une descrijitioii geologique des environs de Casteinau de Mesmes , arrondissement de Bazas; la deuxieme a M. Belorme, directeur des messageries royales a Bordeaux, qui a communique a I'Academie plusieurs machines ingenieuses pour la confection des barriques; la troisierae a MM. Ver- net freres, qui ont presenie plusieurs echantillons de leurs tapis, et fait part a I'Academie des precedes divers employes dans leur fabrique. Outrages periodiques. 487. — * L'Industriel, journal destine a repandre les con- naissances utiles a I'iudusiric generale, ainsi que les decou- vertesetlesperfeclionnemens dont elleestjourneilementrobjet. N° I". Mai 1826. In-8° de 64 pages avec 3 planclies. On sonscrit au bureau du journal du Commerce, rue Saint- Marc, n° 10; prix 20 fr. pour unc annce , 12 fr. pour 6 mois. L'affranchissement coute 4 fr. par an pour les deparlemens, et 8 pour I'etranger. Un article place, en forme de considerations preliminaires, a la tete de ce journal, en indique le but; c'est de « faire pe- netrer, dans les ctablisseraens d'industrie, les lumieres des sciences, de rapproclier des theories les operations pratiques, de suivre la marche et de signaler les progres des arts, et meme les essais qu'on lente pour les faire avancer. » L'au- teur de ce discours jette un coup-d'ceil rapide sur I'industrie generale; il la considere successivement dans son origine et son but final , dans ses developpemens et ses effets sur la civilisation , dans I'inflijence qu'elle recoit a son tour de la civilisation , des institutions civiles et politiques et du pro- gres des sciences. Ces grandes questions ne sont qu'effleurees dans ce discours; mais il est facile de voir que I'auteur pos- sede a fond sa matiere; et cette espece d'histoire de I'indus- trie en 35 pages offre des apercus neufs et des idees fecondes. A ce discours preliminaire succedent des considerations sur ce qui constitue en general la qualite de rnoteur , a I'occasion d'une nouvelle espece de moteur, pour laquelle M. Brunel, ingenieur francais a Londres, a pris une patente en Angle- terre ; — une Description du tour de M. Maudslay ; — une 8 'in LlVllKS I■RA^^(V1S. flixposition tie t'anne , d'aprcs le systemv dc M. Brendel; — un tableau dcs patenlcs ct brevets pour des objcts d'iudus- trie, delivres en France et en Auglelerre, pendant le \" tri- mestre de I'annee iSaS. Cel utile recueil,qui vientrenaplir une lacune dans le nombre de nos publications ])i'riodiques , est dirige par M. Christian, directeur du Conservatoire des arts tt metiers , et se presente sous le patronage des clicfs des maisons de banque et de com- merce le« plus recommaudables; les noras de MM. Laffile , Ternaux nine, Delesscrt , Casirnir Pcrier, Koechlin, etc. ,sonf, avec celui de M. Christian , une garantie assuree de I'interet (ju'offrira V Industriel. M. A. 438. — * Journal des prisons, hospices , ecoles primaires et etahlisscniens de bienfaisance ; jiublie par B. Appert , de la Societe royale acadernique des sciences , etc. Ueuxieme annee. Paris, 1826; Baudouin freres ; prix pour I'annee, i5 fr. a Paris, 18 fr. dans les departemens. Le litre de ce journal semble etre en contradiction avec la petitesse de ses caliiers. Quoi done ! deux fcuilles d'impression par mois suffiraient pour rcndre compte de ce qu'il nous im- porte de savoir sur quatre importantes divisions de I'adminis- Iration publique? Les/?mort.>-,ou presque tout est a changer ou a cieer ; \cs hospices , dontl'utilite pourrait elre contestee, s'ils ne recevaient pas d'importantes ameliorations; Yinstruction primaire , encore si incomplete ; les ctahlissemens de bienfai- sance , dont la direction a besoin d'etre eclairee , pour que les vrais philantropes puissent en voir sortir tout le bien qu'ils mtditent. Tant de reclierches sur ce qu'il faudrait faire vien- nent s'offiir en fonlc a la pensee , on est si presse du besoin de connailre ce que Ion fait en«ffet, que Ton ne pent s'em- pecher de demander pour(iuoi cc journal estmolnsvolumineux i[ue plusieurs autres dont I'objet est beaucoup moins impor- tant, et meme, qne le Journal ties Modes. On ne I'apprend que irop, en parcourant les cahiers de M. Appert. Si I'on croyait que les vues utiles sontsuivies, des <]n'elles peuvent etrecon- nues, que le bleu ne rencontre point d'obstacles, tjue de loua- bles efforts ne sont point repousses, que les sources 011 Ton pourrait puiser de rinstrnction sont loujours accessibles, on scrait bientot delrompe. M. Appert n'est point secondc',comme il devrail I'etrc ; c'est aux amis de I'humanite que le redacteur s'adrcsse , pour I'aider a soutenir rentreprisc difficile . coura- geuse dont il s'est charge. « Nous prenons envers les protec- leurs de ce journal le ferme engagement de restcr fideles a leur confiance; aucune consideration ne pourrait alterernos efforts: OUVRAGES PERIODIQUES. 853 les calumnies, les nicnsonges des jonr/iaut salarii-s ne jioiir- ront nous inliiuider. Puisscnt iios i eclaniaiioiis , si ellcs ue font pas de bien en ce moment , enipecher du moins les jirogres dumal ! Etnous serons heureux de continuer cetle publication. » On a d'assez frequentes occasions de s'affliger, en lisant ce journal; mais on y trouve aussi des molifs de consol.ition et d'esp^rance. On y voit que la veritable bienfaisance n'est pas exilee de notre pays, que tons les moyens de rej)andre I'itis- truction dans la classe la plus pauvre ne sent pas dctiuits : notre France est encore loin de I'etat de degradation morale ou certain parti voudrait la reduirc. L'enseignement muluel , persecute, depouille, chasse, se maintient encore dans beaucoup de lieux.La congregation , qui a si bien perfectionne I'arl de repandre le moins d'inslruction (ju'il est possible, et de la faire payer au jilns haul prix , n'est introduite (pie conire le vceu bien manifeste de la classe a laqtielle ses lecoris sont destinces ; lant il est difficile , aujourd'hui, de trumper le j-eupie sur ses veritablcs interets, de faire prendre le change a sa raison. Parmi les articles les j)Ius instruclifs (jue contient ce recueil , nous indiquerons un Foya-^e en France, en janvier 1S7.6 , pour visiter les prisons, les hospices , ct<;. ; des details sur les Texalions de toutes sortcs exercces a Angers contre l'ensei- gnement mutnel ; la distribution des prix fondes j)ar le vene- rable Monlhyon ; un rapport snr I'ecole d'enseigncraenl mu- tnel dirigee parM. Boulet, a Paris, ecolefondeepar la Sociele d'instruction elementaire; un rapport fail a rassembleegcncrale de cette Societe par M. C/iar/es Retiov av^ti , au nom du comite des livres , etc. Ajoutons encore la letlre pleine de respect et de dignile adressee k S. M. le roi de France , ])ar un banni. Quoi- que, dans un recueil de celte nature, I'interet puisse se soute- nir, sans le secours de la v,;rielo, cependanton se plail a chan- ger ainsi de sujet, avec la ccftitude que I'amesera tonjours fortement et ulilement occujjee par le nouvel objet qui lui est offert; reiterons nos vceux pour que M. Appert obtienne tout le succes (|ue merit c sa genereuse entreprise. Y. Livres en langues etrangeres , iinprimes en France. 439. — * Forinulario para la preparaci.on y uso de varios medicamentos nuevos. — Formulaire pour la ])rcparation et I'emploi des medicamens nouveaux; par F. IMagendie, de I'lnstitul de Fiance. Cinquieine edition, traduite en espagnol et enrichie de notes, par don Jose Luis Casaseca. Paris, 1826". Jules Renouard. In-12 de 238 pages; prix 5 fr. S3', LIVRES tTRAJ^GERS PUBLIES EN FRANCE. Lc Formulaire de M. Magendie est un manuel d'une iitilite pratique dont Ja traduction en langue espagnole servira surlout a Je repandre dans les dtats de rAiiiciique du sud, ou Ton ac- cueille avec avidite tous les bons ouvraejes francais, Iraduits en espagnol. M. Casaseca, prof'esscur au Conservatoire des arts et metiers de Madrid, ne s'est point borne a une simple tra- duction du texte de M. Magemiie; mais il a joint a son livre des notes instructives qui ont sotivcnt pour but de rectifier des rcsultats dont I'inexactitude a ete dcmonlree dans des memoi- res publics depuis que I'edition francaise a paru. Quelquefois aussi ces notes indiquent des precedes perlectionncs pour la preparation des nouvelles substances qui sont I'objet de cet cuvrage. Nous citerons celle qui est relative au sulfate de qui- nine. Eufin, le traducteur a place a la suite du Formulaire un extrait du raemoire de M. d' Arcet sur les pastilles alcalincs digestives, et de cehii de M. Rohiquet sur I'emploi du bicar- bonate de soude pour le traitement medical des calculs uri- naires. A. 44o. — * Aminta. — L'Aniinte du Tasse, en italien et en francais; traduction de M. Fromentin. Paris, 1826; Baudry. In- 18 de i54 pages; prix 1 fr. 5o c. M. Fromentin a traduit en prose ce chef-d'oeuvre de la poesie italienne qui , pour la beaute de I'expression , pent disputer la palme a la Jerusalem delivree. Le traducteur ne devait pas pretendre a reproduire tout le charme d'un pareil style; mais il a saisi heureusement I'espiit du texle, et il fait assez bien connaitre le merite de I'ouvrage a ceux qui ne peuvent I'ap- precier dans I'original. Sa version est simple, fidele, et ne manque pas d'elc-gance. F. S. ly. INOUVELLES SGIEINTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. Etats-Unis. — New-Haven. — Gaz eclairant tire des se- viences de colon. — M. le ])iofesseur Olmsted a fait dans le laboratoire du college d'Yale des experiences tout-a-fait deci- sives sur le gaz eclairant fourni j)ar la semence du coton, et sur la inaniere de I'extraire. On ne manquera pas, sans doute, d'apjjliquer son precede aux aulres graines huileuses ; ce qui aura le double avantage de diminuer les frais et d'augmenler le produit. En effet, on pourra se dispenser d'exlraire les huilcs pour la fabz'ication du gaz; on operera direclenient sur les graines bien dessecliees, comnie M. Olmsted le recom- jnande. De plus, la quantite d'huile que la plus forle pression ne pent enlever, et qui resle d?n3 le marc, fournira une quanlite de gaz qui augmentera le produit. On pourra tirer aussi parti de plusieurs graines dont on ne fait aucun usage, parce que le peu d'huile qu'elles conliennent ne pourrait etre exirait avec profit. Une livre de graine de coton a fourni a M. Olmsted 8 pieds cubes ( ancienne raesiire francaise) de gaz, dont le pou-voir eclairant n'etait nuUement inferieur a celui du gaz d'huile. 11 y a probablement une erreur dans les calculs que fait ce pro- fesseur sur le produit en gaz que Ton pourrait extraire de la graine de coton recueillie dans la partie du territoire des Etats- Unis qui convient a celte culture : pour qu'il ne se fut point trompe, il faudrail qu'apres avoir prcleve la semence, il restat environ 3, 000,000 de quiiitaux de graines qui ne servent aujourd'hui qu'a augmenter la masse des engrais pour les terres. Les experiences et les succes de M. Olmsted sont pour I'in- dustrie europeenne un avertissemenl qui ne sera pas neglige. On y trouvera le moyen de perfectionner encore la fabrication des gaz, et par consequent, de donner plus d'extension a ce mode d'eclairage. D'auUes arts economiques profiteront aussi de ces precedes nouveaux; et des inatieres aujourd'hui sans ■valeur seroht recueillies et exploitees. Une das nit'me lesjesnites, ne croit pins que la terre soil fixe et que les aulres planeles se rneuvent autour d'elle. Ainsi, couinie i'emigration euroj)eeiine au Rrcsil Iroiive son princij)al obstacle dans la legislation dii pays, c'est sans au- cun resullat jieureux que le gouxerneinent a debourse des soinmes enormes pour augmenter par ce nioyen sa population. I! a Yu s'evanoiiir coninie un songe ses brillanles esperances. Tout pallialif reiarde ia guerison. 11 s'agit de remonler a I'ori- gine dii nial. Nous reviendrons sur ce sujct. M. ASIE. Calcutta. — Irruption du cholera- morbus pestilentiel. — Ce fleaii a rejiaru a Calcutta, pour la neuvieme fois; et sesra- v;jges, qui u'ont cependan»t commence que vers la findel'ete dernier, avaient enleve, des le i^' septembre, 6000 Indlens et Musulmans , dans la seule enceinte de la ville. Un document rapporte que les bucLers allumespour consumer les corps des indigenes, que repidcniie avail faitperir, ne pouvaient suffire pour reduire en cendres tous ceux que Ton apportait. Les Eu- ropcens n'ont eie frajipes que rarement par la maladie ; et sa propagation parmi les Indous serable avoir cte facilitee par la celebration des fetes du Mohurrum , qui avaient rassemble une foule immense , a une epoque oil la temperature etait fort ele- vee. La mortalile s'est eiendue dans une grande partle de la presidence de Calcutta , surtout parmi les habitans de Futty- ghur, Cliunar, Gazepire et Benares. On ne sait jioint jusqu'a quel terme elle s'est elevee dans le Haut-Bengale; mais on a pii juger qu'elie y avail ete Ires-considerable, en voyanl le grand nombre de cadavres que roulaient les eaux du Gange, ou qu'elles rejetaient sur ses bords, et qui y servaient de pature aux cliiens et aux oiseaux de proie. Quelques journaux de I'ln- doustan ont accueilli et accredile la rumeur publique qui ac- cuse les superstitions populaires d'avoir accru le nombre do ces cadavres par des sacrifices d'hommes jeles vivans dans le fleuve, pour apaiser la deesse , donl la puissance et la colere semblaient se manifesterpar les maladies pestilentielles. 11 ne parail pas que, dans celle nouvelle irruption, lesme- decins d'Eurojie aient reussi a mieux connaitre le terrible fleau qu'ils ont a combatlrc. On a continue, comine les annees pre- ASIE. 839 cedentes, d'atlribucr le cholera a In clialcur ile la saison, a riiumidite des lieux, a la malproprete des habitations, et a la nature des alimens; et Ton a meconnu I'incontestablc verile qu'ensei£;ne cependant I'histoire de cetfe contagion : c'esl qu'en une multitude d'endroits , depuis neuf ans , elle a eclate , avec violence, et s'est propagce , sans qu'aucune de ces circon- stanccs exisfat ; ce qui met liors de doute que son origine et ses progres ne soient independaus dc I'action qu'elies peiivent exercer; et consequemment que ses causes ne soient tout-a-fait differentes de celles auxquelles on croit pouvolr attribuer la production de son germe pernicieux. Inde. — Reconnaissance geographique du Burrampoiiter. — La guerre vient encore de contribuer aux progres dc la geo- graphic. Les operations milltaires des armees britanniques contre les Birmans ont fait reconnaitre le cours du Biirram- pouter, I'un des plus grands fieuvcs de I'Asie, et dont jusqu'a present on ne connaissait guores autre chose que le nom. Voici les principaux rcsullats ob'enus par le lieutenant Lurlton , dans un voyage dont les details ne sont pas encore publics. Le fleuve qui se jelte dans la bale du Bengale par le i%° ^o ' de latitude boreale, est navigable justiu'aii 27° 5/« '. A peu pres sous le parailele, ou le Gauge se dirige vers I'ouest, il se courbe a I'orient, et s'avance cntre les raontagnes deMiri, Abor et Michmi , derriere lesquelles on decouvre au loin plusieurs hautes chaines neigenscs, dont les cretes embrassent au nord tout I'horizon. II recoit, a 120 lieues, en llgne directe de son emboucljure , une grande riviere dont le cours superieur communique avec unc autre qui ])orle ses eaux dans le Burrampouter , ce qui offre I'exemple singulier d'une ile de 3o lieues de long et de iG de large, formee par de grands cours d'eau diversement dirigcs. On a cru pendant long-tenis , et le major Rennel lui-meme inclinait vers cette opinion, que les cartes chinoises dislinguaient par erreur la riviere de Sanpo ou d'AIou-Tsang-pou , du Burrampouter; mais tous les reclts des habitans des contrees voisines confirment les notions qu'avaient acquises a cet egard les geographes de la Chine. lis ontappris que la source du dernier de ces fleuves git par le 27" /|4' de latitude, 96" de long, orient., merid. de Greenwich ; ses eaux sortent des raontagnes orientales par unc brechc qui donne passage au trop plein d'nn lac, nomme Bramah-Khoond. On sait que c'est un pared receptacle, qui, reunissanl les eaux de {'Himalaya et du Cailas, forme , entre leurs hautes chaines, les lacs de Manassarowar et d'Ewan- Hrad, d'ou sortent le Sutleg et vraisemblablemeiit plusieurs 84o ASIE. — AFRIQDE. auiits gramls fleuves de I'Asie. On ne s'esl encore approcW fiu'n 6 jonrnees de marche, on a /|0, ;\ 5o tnilles des lieux ou le Bui'raini)outcr {trend son orifjino. La largeur do son lit est de fioo nielres, dans I'cndroit le plus rapproclie de scs sioinces , que Ton iiit encore viiiti';. On a Irouve sur ses bords de noinbreuses peiiplades d'lndiens , de inaurs ties-diffe- rentes; enire aulrcs, les Miris , inontagnards a demi bar- bares, ilont. I.I lani^ue, I'aspect et les couturiies ne ressein- blent point a ce cp'offreiit les liabitans d'Assam. lis lirent de Tare avcc une grande adresse ct se servant, a la chasse , de fleclies armeei d'nn |>oiso[i vegeial, provenant d'une plante indigene; on mange sans inconvenient la chair des animaux qui soni tues par Taction de ce poison. Tons les Indous considereiil coinnie un lieu consacre celui oil le IJurrampoulcr prend sa source , et o'etait autrefois I'objet d'nn peleriuage. Les liabitans de toutes les classes en ont indiquc le gisement aux ofliciers anglais, en leur mon- trant, ;\ nne distance d'une quinzaine de lieues, une ouver- ture Ires-distincte dans la moins elevce des chaines de monla- gncsqui s'etendcnt vers TEsI, Derriero, selon leur rapport, est le reservoir d'oii sort le fleuve; ils le decrivent conime un bassin circulaire, qui est dans le flanc des inontagnes, au- dessous de la region des neiges dont les sommets inaccessi- bles dominant son enceinte. A. Moreau de Jownis. AFRIQUE. Ile de l'Ascension. — Culture. — Civilisation. Cette ile qui ne presentait , il y a pen d'annees, qu'une plage inculteet deserte, est deveniie, sous raJniinistration du colonel angiais NicHOLLS, d'une assez grande ulililc a I'escadre anglaise qui mouillc sur les cotes d'Africiue. C'cst la que cette escadre vient ordinaiiemenl renouveler ses provisions et faire de I'eau. L'ile de l'Ascension produit en abondance toutes sortes de legumes ; et dans les dix liuit niois qui vicnnent de s'ccouler, elle en a livre 5,678 livres aux seuls batimens niarcbands qui ont tou- clie ses bords. L'amiraule a beancoup aide a I'amelioraiion de cette nouvelle colonic. Tous les batimens en dt'tresse y sont recus ct approvisionnes, au meme prix que les vaisseau.\ de I'etat- on ne percoit siir eux aucun droit de doiuines , d'an- cra^e , etc. L'agriculture fait des progres rapldes dans cette ile. On v construit de bonnes routes, et des maisons commo- des s'y c'levent en assez grand nombre. Environ quarante AFRIQLE. — EUROPK. 8', i tuniieaux li'eiiu fraiche soiit toujours on ri'Serve dans lo prirt pour Ics bafiraens qui peiiventarriver. ( New Monthly Magazine ). I EUROPE. ILES BRITAIN IQUES. Chetnin de Jer cle Liverpool it Manchester. — A|)rcs la publication de I'acle du p.irlement qui perniet la construction d'un clieniin de fer de Liverpool a Manchester , la comjiagnie pour celtc eulreprise tint une premiere seance, le 29 mai der- nier, a Liverpool. Voici le resume du rapport du coinite. D'apres un calcul qui rie laisse aucun doute, la quantile de marcliandises echangees entre Liverpool et Manchester, est portee a 1200 tonneanx par jour , en prenaiit 3i3 jours pour I'annee. Ila cte prouvedevant les chambres legislatives, que le commerce de Liverpool s'est accru du double , dans chaque pe- riode de vingt annecs, depuis 1760,01 quele commerce du coton eii particulier a siiivi la nieme progression, par peiiodes de dix annees. D'apres ces donnees il n'y aura point d'exagerationa es- timerpourravenir>\ iSootonneaux, la quantitedemarchandises qui pourra etre transporiee de I'une a I'autre de ces deux pla- ces. Qu'un tiers seulement de ces i5oo lonneaux soit exjjedie par le cbemin de fer au prix fixe par I'acte du i)arlement, ce)a produira un revenu annuel de 5o,ooo L. st. Apres le coton , I'ar- ticle le plus important est le cliarbon de terre : la consomma- tion de ce combustible, pour Manchester et Liverpool, est estimcea un million detonneaux par an , et doit necessairement augmenter avec I'extension du commerce et de la population. Le chemin de fer devant etre conduit a Iravers uue campagiie tres-riche en combustible mineral et en tourbe , ces deux arti- cles pourront encore don ner ao.ooo L.st. jjaran.Beaucoupd'au- tres articles, telsque productions agricolcs, pores, moutons, etc. ajouteront au moins encore 1,000 L. st. a ces produites , t les passagers offrirout egalement une source abondanle de bene- fices. Environ /jO voitures font journellemcnt Ic trajet Cjui separe Liverpool de Manchester, la plupart portent seize voya- geurs; mais , en n'aduieltant que dix pour terme raoven. Ton aura ,^00 voyiigeurs par jour; les ])aquel)ots de la riviere et du canal qui conduisent aussi un grand nombre de voyageurs dans ces deux villes, peuvent facilement faire presurner que ie chemin de fer aura a5o voyageurs pour sa part, ce qui ne 842 EUROPE. donncra pas moinsile 10,000 L. st. par an. D'autres sources en- core, j)arnii les(jnellcs les canaux qui seront cii rapport avec ce chemin , et la ville inaiiufacturiere de Bolton qui so trouvera sur son passage, aclievernot de convaincre la conipagnie des grands avantnges qui n;iilront de leur cntreprise. Leconiite, plein de confiance dans Ic genie de ses conci- toyens, n'a aucun doute sur la possibilitc de pouvoir se pro- curer des machines a vapeur qui remplironl les conditions de la clause de Tactc du parlenient, touchant la consoniption de la fuinee ; deja il a lecii una proposition d'un inecanieien dis- tingue, qui consent a n'ctre paye qu'autant que sa machine reunira les qualites voulues et satisfera entierenient le public. Releve lies machines a vapeur, et estimation de leur pou- \'oir , dans les districts manufacturiers du Lancashire. — L'on compte aujourd'hui dans le seul comte de Lancaster 1 548 machines a vapeur, estimees ensemble a nne force de 31,394 chev;mx. Les viiles les plus importantes sous ce ra]»- port sont Manchester qui en possede pres de 3oo; Bolton , 83; Oldham^ 96; Liverpool, 73, estimees a une force de io3o chevaux, et 79 bateaux a vapeur, dont la force equivaut a ceile de 393 1 chevaux; St-Helens , 69; StocAport, 6'] ; et Rochdale , 67, De cettc force de 3 1,394 chevaux , celle de 20,000 est em- ployee pour la filature de coton. Le pouvoir de chaque cheval , aide de la perfection des machines, produit autant de fil qu'on en pouvait confectionner sans machine avec 1066 personnes, il y a 5o ans passes; de sorte que la quantite de coton qui pent etre tilee aujourd'hui a I'aide de la vapeur, dans le seul Lan- cashire, est aussi considerable que celle que pourraient filer chaque jour avec quenouille el fuseau, 21,320,000 personnes, nombre superieurala population entiere desroyaumesd'Angle- terre et d'lrlande reunis. En estimant chaque force de cheval a une consomniation de 80 kilogrammes de charbon de terre par jour, et en portant a 3oo le nombre des jours de travail pour I'annee, on trouvera que les machines a vapeur en activite dans ce comte, consument annuellement 756,820 tonneaux de charbon. D. Albert. RUSSIE. St-Pkteksbouro. — Institul oriental. — Examen public des eleves. ■ — II existe a St-Petersbourg un etablissement iitteraire, peu connu encore des savans de I'Europe, et qui proraet ce- pendant d'offrir des resultats importans, non-seulement a la RUSSIE. 8/, 3 science, mais suitout pour les relations diplomatit|iies et 1 in- vestigation des coutuines , des lettres et des arts de I'Orient. Nous voiiloiis parler de Vlnstitut oriental, attaclieau ministere des Affaires exlcrieures, qui , bien (]ne d'une fondation trcs- reccnle, fait deja presseulir les imruenses avantages qu'il pent assurer un jour a la Russle. M. deFoMTON, francais nc a Cons- tantinople et familiarise avec les langues de I'Orient, en eut la premiere idee ; et sur la proposition de M. de Nesselrode , I'em- pereur Alexandre, en vertu d'un oukase date du 29 mai 1823, crea cette ecole destinee specialeinent a former les jeunes gens qui, apres avoir termine leurs etudes preliminaires, se des- tinent a servir leur patrie dans la carriere diplomatitiue, et en confia la direction a M. le conseiller-d'etat de Fouton. II assura en meme terns le sort de sixVleves, en assignant i\ chacun d'eux une somme de 1000 roubles par an poiir leur cntretien, en leur donnant le logement, et en leur offi ant tous les moyens possibles d'instruclion. Des maitres liabiles furent appeles a diriger leurs etudes, et I'empereur fit, en ouire, les fonds d'une bibliotheque formee en grande partie des pioduclions des dif- ferentes litteratures orientales. Bientot , cette bibliotheque s'est enrichie d'ouvrages arabes, persans et turcs, parmi lescjuels on distingue snrlout ceux qui ont ete iinprimes a Calcutta, et que I'lnstilut doit a la munificence de la Compagnie des Indes; livres d'autant plusprecieux qu'aujourd'hui ils ne se troiivent yjlus dans le commerce , et ne peuvent eire acbetes a aucun pris. Les efforts et I'aclivite eclairee de M. de Fonton furent bientot couronnes du plus heureux succes; mais , le mauvais etat de sa sante I'ayant force d'entreprendre un voyage a I'etranger , il se demit de sa direction, qui fut confiee a M. Adelung, conseil- ler-d'etat actuel, litterateur distingue et membre d'un grand nombre de societes savantes, qui avait souvent fait preuve de beaucoup de zele et d'un esprit vaste et judicieux , dans les fonctions dont il avait ete successivement charge. Son nora, illustre par le celebre lexicographe, son oncle, n'est point inconnu auxsavans; ses recherches g^nerales sur les langues, ses glossaires comparatifs sont apprecies a leur valeur et se trouvent frequemmenl cites : on lui doit de plus un grand nombre d'articles interessans dans divers journaux, et der- nierement il a fait paraitre, sous les auspices de feu M. le comte Roumanzoff , un ouvrage tres-important pour les arts et les antiquites chretiennes , intitule : die Korssunschen Thiiren, et relalif aux grandes portes en bronze de I'eglise de Ste-Sophie , a Novgorod (Berlin, i823.In-4° de 164 p. avec planches; voy. Rev, Enc, t. xxii,p. i/(6). Cet estimable savant eniploie tous ses 8/,/, KllROPK. ("ffotia [)(ii;r niiil(i[)lier los rcssoiirct'S ile iV-lablisseinoiit ; ef. deja,ii lui a prociirr de nouveaux maitrcs et il a beaiicoiip .•lUjTiTient^ sa biblioiheqnc. Voici la libte des professeiirs aux- qucls I'enspigncment est confie. M. Demangk est charge de I'arabe et M. Charmoy dii jiersan et du lure. C'est a la France que la Russie doit ces deux crudiis, ([ui lui out deja rendu d'eminens services ; tous deux avaient etc ap|)eles aux chaires orientales de runiversile dc St-Petcrsbourg par i'empereur Alexandre lui-meme, el avaient cleiecominandes ace monarque par leiir ntaiire, le cclebre Longles. Uneseiie decirconstances f'achenses les ont portes a renoncer aux ])laces qu'ils devaient a la coiifiance de rempereur ; raais, jaloux de lui proiiver leur reconnaissance par de nouveaux services , ils onl accepte, dcs la fondalion de IV'tablissement qui nous occupe, la proposilion de se charger dela partic la plus iinportante de renseignement. On leur a ass()ci<'' , ])our les seconder et pour exercer les eleves a I'usage pratique des laiigues qu'ils enseignent, MM. Mirza Djafar , persan , et /iro,4-;«/Y' Tchorbatschoucloii , grec de nation , I'uii j)Oiir la langue de son pays el lautre [)our le turc, qui lui estaussifamilier qiiele grec nioderne. Pius tard, M. Sin- ner d'Arberc, jeunc pliilologue Ires-distingue du canton de Berne, fut appcle a enseigner la slatistique, la geographie el I'histoire de TOrient , et M. Riffe fut charge , comme maitre de langue et de litieiature francaises, d'exercer ses eleves a rediger differentes sorles de depeches et de pieces diploma- liques. Deux eleves sont deja sortis de rctablissenient et servent Fetal, I'un en Perse, I'auire en Georgic; sept autrcs y sont en ce uioment, et sont divises en Irois classes , dont la pre- miere est composee dc trois d'eulre eux admis en 1823 ; la scconde n'a qii'un eleve recu an commencement de I'annee i8a4 , et la troisierne en compte trois recus an moisde seplem- bre i8a5. Les trois eleves de la premiere classe onl seuls die appelos a I'examen parlirnlier qui a eu lieu !c ^ niai dernier, au ministere des affaires eirangcres. Cette premiere epreuve a <'te egalcnienthonor;djle pour les maiires ef pour les eleves. Les pvofesseurs ayanl invite les per;onnes prt'sentes versees dans les iangues oriei;tales a faire les fonclions d'exaniinateurs , PJ. Negri , anibassadeur russe pres la Sublime Porte, voulut bien se charger du persan , etM. Senkofski, ])rofesseur a I'uni- vcrsite de St-Pelersboiirg, du lure. Les eleves sont soriis de ces epreuves d'une maniere qui fait bien augurer deux i)0ur lavenir. Voici le programme de cette «cance : 1° Discours d'ou- vertnrc , en francais, prononcepar M. le professeur Charmoy. RUSSIE.— POLOGNE. 845 Ce savant modeste et laboricux a expose avec methode et clarle I'liistoire de I'Institut et a fait connaiire les Iravaux des cleves. Nous regrettons de ne pouvoir donner ici quelques ex- traiis de ce discours. 2° Langue arabe : Iraductioiis et excrcices d'analyse graminaticale. 3° Langue persane : discours prononce en ])ersan par M. Botianoff, eleve de I'Institut; grainmaii-e et traductions, conversations en persan, avec Mirza Djafar TopcHiBACHEFF. Lcs jciines orientalislcsont servi d'interpreles aux assistans qui ont fait a leur maitre sur les raceurs et cou- tuines de I'Asie toutes sortes de questions, et ils ont ensuite traduit les reponscs faites jiar le peisan. 4° Langue turque , discours prononce en tnrc par M. Beroyeff, eleve de I'Ins- titut. Traduction et analyse granunaticale . Conversation en, turc entreles Sieves, Ic public et M. Koslaki Tchorbatchoglou. Painii les exercices soiimis par ecrit a I'assemblee, ils'en trou- vait plusieurs en grec modonie. M. Adelunget les professeurs ont ^te combles de felicitations, et les eleves ont recu les com- ))limens les plus flatteurs. Un vieux persan , einplovc au service de la Russie, proprietaire de plusieurs nianuscrits precieux (ju'on s'etait efforce delui aclieter , sans pouvoir lui faire accep- ter un prix qu'il trouvait trop modique et qu'il rcfusait depuis un an, apres avoir assiste a cetle reunion, en a etc si charme qu'il est venu immediatement apres offrir en cadeau les manus- crits dont il avail d'abprd eu I'intention de retirer une somme considerable. J.-H, Schnitzler. POLOGNE. Extrait d'une let'tre d'un Polonais au directeur de la Revue Encyclopedique. — Reclamation conire desjaits inexacts con- tenus dans le Resume de I'liistoire de la Pologne. (V'oy. Rev. Enc, t. XXIII, p. 701.) — Dans la collection de Resumes de toutes les histoires, publiee en France depuis quelques annees, I'histoire de la Pologne ne pouvail etre oubliee, et tons les Polonais, amis de leur j)atrie, ont vu avec ]>laisir qu'un nouvel hommage lui etait consacre. Mais,. la lecture attentive de cet ouvrage a fait remar(]uer plusieurs inexactitudes graves que, dans I'interet de la vcrile, nous devons signaler et dementir. Nous comballrons ])atticuliereinent I'opinion enoncee par I'aii- leur de ce resume, qui attribue en grande partie a la faiblesse du roi la destruction de la monarchic polonaise. Cettc faiblesse n'etait que trop reelle, sous le rapport de sa position ; mais il n'est pas juste d'en accuser son caractern. Quand les evene- raens dont nous parlous seront j)lus eloignes de nous, et juges T. XXX. — Juin 1826. 54 8A6 EUROPE. avec plus d'iinpartialit^, on vcrra cpie, si la Pologne a pii re- cevoir iine or{j;anisalion civile el politique, si elle fut dellvrec d'une barbaric archifeodale, si elle \it s'etablir un systeme d'education peut-elre plus parfait que n'en ])ossedent tous les pays qui I'environnent, c'est a son roi qu'elle a ele redevable de si grands bienfails. Lorsqu'il a cede ;"» une piiissanle coali- tion de monarques conjures contra sa ])atrie , c'etait faute de moyens de resistance, et dans resi)oir de conserver un noyau dont la Pologne put un jour renaitre. Telle est la cause de cette pretendue faiblesse, et ce n'est point en accueillant des assertions sans ])reuves, mais en verifKint les fails avec une impailialite consciencieuse , que Ton parvient a connaiire et a faire apprecier le vrai caracterc des pcrsonnages liistoriques. L'auteur du Resume auraildu ciier la lettre du roi de Po- logne au roi de Prusse, lorsque ce dernier forma le blocus de Varsovie. Cette piece est ccriie avec la dignite d'un monarr|ue auquel on ne pent rien reprocher, et il fut toujours fidele a ce sentiment, lorsciu'il parla aux rois et a leurs ambassadeurs. S'il restait quelque doutc sur la fermete de son caractcre, il suffirail d'en rappeler un ou deux exemples frappans, et dont raulbenticite ne saurait etre contestee. Des conjures avaietU enleve lo prince au milieu d'une nuit affreuse, et le trainaienl a pied enlre leurs chevaux. Un orage qui survint et le cri des vedettes disperse la troupe; le roi, reste seul avec le chef des conspirateurs, lui declare que ses jarabcs nieur- tries et le coup de sabre qu'il a recu a la tete, ne lui peiniet- tent plus d'avancer ; le chef s'assied aupres du prince, qui lui fail comprendre lout ce que sa conduite a d'odieux, et cet homme, maitre de la personne et de la vie du roi, se jette a ses pieds, lui demande pardon, et devlent son defenseur. Un autre fait peut prouver encore une honorable perseve- rance dans I'execution du bien. Ce sonl les efforts du roi pour maintenir Ic beau sysleme d'education nationale dont il etait le fondateur. Quand le premier partage de la Pologne s'exe- cuta, les jesuites furent supprimes. Tout etait alors iivre par les agens des puissances a la cupidite ignoble et insatiable des viles creatures qui servaient leurs projets. Au milieu de celte crise ou trioraphait I'imnjoralite, le raonarque fit lout pour souslraire au pillage general des proprietes publiques et par- ticulieres, les biens considerables possedes par les Jesuites, et sa fermete conserva les seuls fonds qui restaient disponibles , pour les consacrer a I'educalion du penple. C'etaifl'unique raoyen d'assurer la renaissance dc la nation polonaise, a I'e- poque memc ou son existence etait gravement compromise et POLOGNE. 847 Dieiiie desesjieree. Certes, ce courage caline, dans de si graves infortimes, a quelque chose de sublime, et n'est pas d'une aine ordinaire. Des juges, peu habitues a reflechir sur des questions qu'ils airaent inicux trancher precipitamment, ont prononce que le roi devait mourir a la tete de la nation. 11 est moins facile de diie ou, quand et comment. La Pologne ctait envahie par les armees des trois jiuissances; la confederation de Targowica formait une faction composee des seigneurs les plus riches du pays ; le peuple, encore serf et plongc dans I'ignorance, elait dissemine sur une vaste elendue de lerritoire. Ou done troiiver et comment reunir une nation ? 'veut-on la voir dans une armee brave, ma is trop faible? Un pays n'est pasunebrecheatlefendre, el, dans des circonstances ausslterribles , on ne pouvait qu'ag- graver des malheurs deja si grands, sans espoir de succes, ni possibilitcd'obtenir aucun secours. L'insurrection n'est souvent que I'elan d'un desespoir ou rien n'est calcule. La Pologne, sorlant a ])cine ile I'anarchie, denuee de loule defense fournie par la nature ou \>av I'artjpays de plaines ouvertes de lous cotes, sans allies, et n'ayant qu'une populalion presque loute esciave, qu'egalaient en nombre les armees des tiois puissances ennemies, la Pologne, dans un tel elat, fut bientot conquise. II existait , en Russie, un projet de preserver cet empire des troubles politiques de I'Europe par un vaste desert, en trans- portant les habitans d'une grande parlie de la Pologne au fond de la Siberie. On jugea heureuseraent que le contact n'of- frait pas assez de danger pour rendre une pareille mesure ne- cessaire. Le roi avail connaissance de ce ])rojet. Devaii-il en proToquer I'execulion par une demarche inconsideree qui consommait la ruine du pays? Peut-etre les ecrivains francais, qui ont parle de ces evene- raens, ont-ils cru, en blamanl le caractere du prince, justifier la conduite faible el imprudente du gouvernement de leur pa- trie envers la Pologne. Mais on ne saurait nier que celte con- duite a cte la cause principale de la ruine de la Pologne, et de sa non- regeneration. Les premiers rapports essentiels entre les deux pays se rattachent a Henri III, qui abandonna le trone oil I'avait place I'election, pour monter sur celui 011 I'appelait le droit d'heredite. Pour ne citer que des eveneniens tres-con- nus, on voit le roi Stanislas, beau-pere de Louis XV, arriver a Varsovie, sous les vetemens d'un marchand, et parttr de Dantzick plus tristemenl encore, sous ceux d'un paysan. L'e- lection de Stanislas II deplait a la cour de France, et la guerre civile eclate en Pologne. La confederation de Bar, faiblemenl 843 EUROPE. soulenue, succombe parlout , el le iniiiisleie franrais voit d'un ceil traiujuille s'effccluer le piemier partagc. Sous Napoleoi;, le vcKU de tous les bons Francais elait favorable an retablisse- nient d'une nation dont I'alliance j)OU%'ait Icur devcnir mile, el qni avail de tout tems montre pour eux uiie vive affec- tion. Mais leur chef ambllieux comjjriuia cc noble (Ian, dims rinteret tres-nial entcndu de son despotisme. TNous ne craignoiis point d'affirnier, en lerminant, que le roi n'a jamais cessc d'etre le pere de ses sujels. lis iui doiveul toutes leurs belles et utiles institutions. Avant Iui , les Cjiands possedaieiit a leur ^'re les premieres charges, disposaient des arniees, des revenus de I'etat, et demeuraient sans responsa- bilite par la dissolution arbilraire des dietes. II mil uii terine a ce pouvoir arislocratique, en ctablissant des inagislratures , dont il les rendit dependans. Si le sort n'a ])oiiit favorise ses intentions bienveillantes, I'histoire, ecrite d'apres des docu- inens irrecusables, prendra soin de le justifier, ct pioclarnera (pie peu de monarqucs ont etc aussi digues d'occuper uu trone, et aussi capables de faiie !e benhetir d'une nation. I. DANEMARCK. CoPENHAOUE. — Exposition piibtique de peintures , de sculp- tures, etc. — II V a eu, au commencement de cette annce, au palais del'Academie des beaux-arts, a Copenhague, une expo- sition publiquc des Iravaux des professeurs, des agioges et des eieves de cette acadcniie. Le livret, que nous avons sons les yeux, contient aio articles, dont j/jS tableaux, peints par 53 artistes. Onze archilectes ont fourni i6 dessins relatifs a leur art. Trois graveurs ont expfise chacun une planche gra- vce. II Y a encore (juatre gravures sur pierres fines, et quatrc medailles. Mais, ce qui rend cette exposition remarquable, ce snnt les objets de scul|)ture , au nonibie de 5i , fournis par 8 scidpteurs, parmi Icsquels le celebre Thorwaldsen a donnc Ini seul l\i otivrages, tanl statues que busies et bas-reliefs, et dont seize sont en marbre , et les aiilres en plane. Deux autres sciilpteurs danois, MM. Freund et Bissen , eieves de Thorwaldsen, et pensionnaires de I'Academie a Rome, ont expose quatre busies, dont deux en marbre. Nous avons eher<'lie parmi les arcliiteetes, mais sans le trouver , le noni d'un M. Sou LICK, reeenimenl clu corres[>ondant de I'Aca- demie des beaux-arts a Paris, qui a sans doule apprecie ses lalens et son merile, quoique ses travaiix ne soient point con- nus en France. On nous aspire que M. Schlick est en Dane- DANEMARCK.— ALLEMAGNE. fi/ip marck un illustre inconna , qui n'a pas ete admis a I'Academie ilanoisc. Serail-il done plus difficile de se faire agregcr a I'Aca- demie des beaux-arts de Copenhague , que d'etre admis an nombre des correspondans de celle de Paris ? Heiberg. ALLEMAGNE. Leipzig. — Librnirie. — Foire de Puques. — On a mis tn veiite Ic catalogue de la foire de Paques de 182G. Les libraires qnise sont le plus distingues par les ouvrages qu'ils ont pro- duitssont, parmi les Allemands, Arnold, de Dresde; Cotla , Hiririchs, Basse , Broc/.haus , Fleischer, elc. ; parmi les ctran- gers, et surtout paimi les Frantais, on cile les maisons Le~ vraulty Treuttel et fViirtz , Dondey-Dupre , Ponthieu , etc. Hgi libraires ont concouru a cette foire, ou 2874 ouvrages, ecrils en alleinand ou en langucs anciennes, sont venus atlestcr la prodlgleuse activite qui regne dans retiide des sciences. II faut y ajouter encore les atlas, les roraans, les pieces de llu'alre , les ceiivres de musique, etc. , au moyen desquels le nombre total des publications de ce semestre de I'annee 1826 s'elcve a 2749. Les pelites editions de clnssiques se coniinuent avec la meme activite. On designe , parmi les ecrits philologiqnes les plus niarquans, les Analecla liueraria A\i celebre professeur Huschke,\e.% opusculosde Hermann, les observations du mome savant sur les inscri|>4ions grecques publices jjar Boclih , Ic traite de Sitvern sur les nudes d'Aristophane , ceini de fVullner sur le cycle epique , celui de 3i///?X surPom])oniTis , auteurdes Atellanes. Quant aux ouvrages d'archeologie, on distingue la collection d'antiquites de Gerhard, un traite de Kose^arlcn%\\x des papyrus egyptiens, un autre de Franc/; sur la philosophic et la litterature des Hindous. Les autres sciences ont aussi ete em ichies. M. Zacharice a donne son second volume de VElat ; M. de Hammer , uue Histoire de I'empire ottoman, d'apres lies sources inedites.MM. Hahn , Frich , Fischer, Reichenbach '.'t Saint-Hilaire ont aussi fait imprinier d'imi)ortaris ouvrages d'liistoire naturelle. P. de Goi.bert. Dresde. — Societe pour la recherche et la conservation des anliquites nationales. — II vienl de s'etablir dans cette ville , sous la protection des principaux fonctionnaires du royaunie , une Societe dont les travaux auront pour but de rechercher les monumens d'architeclure et des arts d'imitation , tels que les anciennes peintures et sculptures faites avec les materiaux les plus divers sur des vases, des instrumens, etc., justpj'a la fin du xviiesiecle; de les conserver, et enfin dc les dccrire el .S5o EUROPE. de les e.xpliquer dans des ouvrages publics a cet effet. A la tete de cette association, doutle jilan a etc public en novcm- bre dernier , on distingue les princes de la famille royale I^re- DKRic et Jean , I'un coininc president , et I'autre conimevicc- prosidcnt. M. le bibliuthecaire Kbert a cle nonime secretaire perpetiiel. Un.comilc lient des seances rcgulieres. Deja cent cin(]uanlc diplomes , signcs ])ar le prince Frederic, ont cle expedit's. S. M. le roi de Saxe, ajucs avoir approuve celteSo- cielt^, lui a accorde iin local pour ses seances, et un fonds considerable en argent. ///. de Ltjcenay. INiiCROLOGiE. — Henri de Lepel. — Le ao janvicr dernier , la Prusse a perdu le comte Henri de Lepel, auteur de jdusieurs ecrits estimcs. Outre les oeuvres de Claude Gelee ([u'il a pu- bliees , en 1806 , a Dresde et Ic catalogue des estampes e.xecu- tees d'apres Raphael qu'il a donne, sous ie nora de Tausiscns Eubceus, on lui doit un catalogue des ouvrages originaux de ce grand maitre. De plus, il a laisse un ouvrage inedit sur la numismatique. M. de Lepel etait age de 71 ans; il a rempli jusqu'en 1790 les fonctions d'ambassadeur de Prusse en Suede. Depuis celte epoque, il s'etait uniquenient livre aux sciences et aux arts, et c'est par suite de ce gouf dominant qu'il fit le voyage d'llalie et celui de Sicile. II a legue a 1" Academic de Berlin ses belles collections de mcdailles et de dessins. P. G. SUISSE. Canton de Vacd. — Extrnit du compte-rendu pour V annec commencant le \" octobre 1824 et Jinissant an 3o septembre 1825, par Ic Conseil-d'etat. — Le N° 161 de la Feuiile du canton de Vaud, journal consacre a I'agriculture, aux sciences nalureilcs et a I'econoniie publique, et d'un veritable interet , surtout pour les Suisses, renferme souvenl des renseigneraens precieux sur I'administration de la statistique de ce canton. Nous lui empruntons quelques fails, qui permettront a nos lecr teurs d'apprecier la situation de ce pays, et qu'ils pourront comparer a I'apercu du nieme genre, que nous avons donne, il y a un an. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxvi , p. 907. ) Chap. L Departement de justice et de police. — i. Legisla- tion civile. — Le conseil-d'etat annonce (]u'il a revu les projels de loi, rejeles I'annee derniere : sur le notarial, la tenue des registres hypotbecaires , le droit de grace, etc., et qu'il s'est occupc de la redaction d'une instruction pour les assemblees electorales ; de nouveaux projets seront presentes sur ces di- vers objets a la discussion du grand conseil. — Une Idi ema- SUISSK. 85 1 nee du grand conseil , dans la session de i825,surla police du barreau , astreignait les avocats a preler un serraent parti- ciilier : sept avocals seuleincnt se souinirent a celle nouvelle obligation, et resterenl pendant quelqiie terns les senls mem- bres actifs du barreau canional. Depuis, leurs confreres, qui avaient d'abord proteste contre la loi, se sont presenles ct ont prele le serment exii;e devant le tribunal d'appel. — Lespro- ces civils diminuent d'line maniere sensible. En iSaS, rS causes furentjugces an tribunal d'appel ; en 1824 , il n'y en a euque 48; eten 1825, 3o seulement. Ce resulfat semble attester I'heureusc influence de la nouvelle legislation. 2. Legislation penale. — I,a commission chargee de dresser uii projet de code penal a fait son rapport. Le Conseil-d'etat soumettra au grand conseil un projet de loi contenantlcs bases de la procedure criniinelle. — Le nombre des proces criminels s'cst malheiireusement augmente. i43 jugemens ont ete ren- dus, cette annee ( en 1824 , 124 seulement), dont 4^ par les tribunaux infcrieurs, et 101 par le tribunal d'appel. 3. Etablissemcns de detention. — La conduiie des detenus a ete generalement bonne , et le resultat du travail presente une augmentation sensible sur celui des annees precedentes. D'apres les informations prises aupres des pasteurs des com- munes, ou se sont retires les detenus elargis depuis 1822 , epoqiie a laquelle on a commence a leur allouer une portion du produit de leur travail, ces individus se conduisent bien , et sont en etat de gagner leur vie. Chap. II. Departement de I'inlerieur. — i. Instruction pu- blique. — Ecoles. — La tres-grande raajorite des regens a ob- tenu de bons temoignagcs ; quelques-uns remplissent leurs fonctions d'une maniere distinguee. L'etat actuel des ecoles montre que le mouvement de I'instruction primaire continue a tendre vers le mieux. — Les ecoles d'enscignement rauluel offrent des resultats avantageux et propres a encourager I'introduction de ces raethodes dans de nouvelles communes. — Un nouveau concours a ete ouvert pour la composition d'un Vivre elementaire , a I'usage des ecoles, qui renfermerait des notions sur les principaux objets dont il est a desirer que nos jeunes concitoyens acquierent de bonne henre la con- naissancc. — La Bibliotheque cantonale a recu de nouvelles augmentations; elle vient d'etre rendue plus utile par I'cta- blissemcnt d'une Salle de lecture, ouverte deux fois par se- maine. — Une commission de quatre personnes , presidce par un membre du Conseil-d'etat , vient d'etre chargee de pro- poser un plan d'instruction publique pour les classes de la 852 EUROPE. societe auxquelles les ecoles primaires ne peuvent pas offrir des moyeiis d'inslniction suffisans. ¥A\c est, en consequence , appelee a s'occuper de I'organisation de I'Acaddmie et des col- leges , 5oit en consultant I'olat actuel du canton et ses besoins, soit en se procnrant des renseignemens sur les meillciirs ela- blisseniens d'instruciion publique de la Suisse on des pays etrangers. — a. Police de xantr. — Sante des hoinmes. — Les moyens employes jjour vaincre les pn^'uges qui existent encore contrc la vaccine, ont produit d'heureux effets. 5,3 1 8 indivi- dus ont ete vaccines, en 1826; en 1824 , on n'en avail coinpie que 3,593. Sur 4,974 enfans nes dans I'ann^e, (la population de lout le canton est d'environ i5o,ooo habitans) 707 sont mr»rls , ce qui fait a pen pres 177 des naissances. Celles-ci ont excede le nombre des deces ( 3,3io ) de 1,66/,. — Sante des animaux. Recensement du betail. Alpage. — L'espece bovine s'est atigmcnfee, en i8a5, dc 8,363 teles; mais les autres es- peces ont diininue , surtout celle des beles a laine. 16,263 va- chesont ete mises sur les mont.ngnes du canton. En comptant qu'une vache donne , terme moycn , 116 livres de fromage et 14 livres de beurre, il en rcsulterait un produit dc 1 8,865 quintaux dc fromage, et 2,276 quintanx de beurre, sans comp- ter le produit des/>-M/^er/ejnombreusesde la plaine. — 3. Ame- lioration des races de betail. — II y a eu des concours jtourles especes bovine et chevaline. — 800 francs ont etc distribuos en primes aux 6oparlicnliers qui, en 1825, ont le phiscontribne a la jiropagation des pores. — Le denOmbremenl general de cette espece, fait I'automne dernier, a donne 3i,ia4 letes , c'est-a-dire , 5,785 de moins qu'en 1824. — 4- Secours. — II a ete distribue par la caisse de I'etat, dansle courant de I'an- nee comptable i8a5, une somme de 12,402 francs aux indi- gens. — Hospice cantonal. - - Le service a ete fait d'une ma- niere satisfaisante. — 5. Affaires cowmunales et municipales. — 6. Assurances centre les incendies. — 7. Police de la presse. Une seule action a ete inlenlee, en i825; le prevenu a eteac- quitle par les tribnnaux. Chap. III. Departement militaire. — i. Militaire federal. — a. Militaire cantonal. — 3. Gendarmerie. — 4- Service etran- gcr. — 5. Bntimens. — 6. Ponts et chaussees. — On a fait a Bressonnaz un essai de la m«5thode de Mac Adam. De conceit avec I'etatdu Valais, des commissaires ont ete nommes pour travailler a I'amclioration du conrs du Rhone. Chap. IV. Departement des finances. — Les receltes se sont clcveesa la somme dc 930,773 fr. ; ct les depenses,a 891,951 fr. SUISSE.— ITALIE. 853 Excedaiit de la recettc siir la depense , 38,822 fr. Les princi- paux ohj'ets d' importation , dans le canton de Vaud , sont Ics grains et Ics farines, les sucres, les cafes, les fers el les eloffes. Les princi[)aux ohjets d' exportation sont les vitis et les fro- mages. ITALIE. Naples. — C.hevelure d'line longueur extraordinaire. — Nous apprenons que les habitans de Naples ontacluelleraent sons les yeux un plienomene fort singulier. C'est un jeune honiine do 28 ans, n^ a Brischel en Barbaric, dont la chevelure a pris un telaccroissement qu'elles'etend dans tons les sens a qiiatre pieds de longueur; elle a la consislance de la sole d'un pore. Z. Florence. — Publication dhme histoire de Pologne. — Le N" Lxii de VAnthologie de Florence contlent un article rc- inarquable par ses developpenieiis et par renidition (ju'll ren- ferme, sur tine Histoire de Pologne, depuis Ics I ems des Sarmates jusqu'a nos jours; ])ar I'abbc Sih'estre Licijuti. On n presentc son ouvruge comme une conlinualion de VHi.stoirr Vniverselle de M. le comtede Segur , traduite en itaiien. Cet article, dont quelques exfeinplaires ont cte tires a pari (35 pages in-8°), signalc dans I'Histoire de Pologne de Ligurti , di- verses inexactitudes et encore plus d'omissions. Nous ne [lou- vons enlrer ici dans aticun delail sur ce snj^t; nous nous bor- nerons a observer que I'auteur , M. I'abbe Ciampi, a crii devoir prendre lu plume en cetle occasion, pour un pays qu'il peut considerer comme une seconde patrie, et a cause des liens publics qui I'y atfachent, et a cause des travaux bistoriques qu'il hii a consacrcs. L'un des plus recens et des plus precieux est un catalogue (en ilalien) de docnmens ma- nuscrits et imprimes , relalifs a I'Histoire polilique, railitaire, ecclcsiastique et rurale du royaume de Pologne ( 27 pages in-8° et 5 pages de supplcraenl). X. Reclamation. — Verone, i™ mai 1826. — En parlant de la Tunisiade , poeme epique de M. Pyrker, acluellement /^rt- triarchede Vcnise , (Voy. Rev. Enc, t. xxix, p. 575.) M. Dep- ping' a dit que le rang et la position sociale du poete parais- sent avoir influe sur la Tunisiade. « Quant au sujet, I'edileur de ce poeme pretend, dans sa y/rcface, que la concjuetc de Tunis par Charles-Quint, evenement decisif pour I'hunianite , n'a pas ete assez ai)preciee.... Le poeie n'a peut-etre pas assez senti que ce qui fait une des grandes beautes des poeraes epicpies de I'an- tiquite, c'est la peinture des passions deuces opposi'es aux pas- sions fortes : le contraste entre HcJenc ct Achille.... Dans la 854 EUROPE. THnisiade , il n'y a qu'une seule femine; encore n'yfigiire-t-elle que dans mi episode II est evident qu'ici la quality de prelat a nui a la composilion dii poerae : un dignilaire de I'E- glise nc pouvait se preter a peindre Tanioiir, la volupt<5, la jalousie, la seduclion A I'l'gard des ressorts poetiques , i'auleur cniet, par I'organe do son cditeur, dcs idees qui lui sent proprcs : il pretend que I'Eglise ne defend pas la croyance aux esprits irUermediaires entre le ciel et la terre, a des ^tres qui n'ont pasmerite d'etre condamnes eternellement , niais qui n'ont pii entrcr dans le ciel , et qui, par consequent, errent dans le vague ou dans I'espace L'idee est sans donte d'un fort bon cbrelien ; mais il est douteux qu'elle soil d'un bon poete. « , Ces observations critiques ont doiine lieu a quelques remar- ques dont nous croyons devoir comiuuniquer un precis a nos lecleurs. La prise de Tunis ne fut pas un evencment decisif pour I'hu- tnanile : cela est vral; mais on ne fait pas cette objection a I'auteur de la Jerusalem delivree. Le croissant domine sur les tours de Jerusalem , coniine sur les rnurs de Tunis. Le poerae fut compose long-tems avant que son auleur ne parvint aux liautes digiiites de I'Eglise : il n'etait alors qu'un modeste cure, au pied des Alpes; le poeme parut en 1819; et ce fut en 1821 que M. Pyrker fut nomrae au patriarchat de Venise. L'cpisode de Malhilde tient plus de place dans le poeme que M. Depping ue le dit : des le troisieme chant, cette he- loine commence a interesser !e Iccteur, et cet inleret se sou- tient jusqu'au dernier chant. On s'etonne que M. Depping ait dit qu'il n'y a (ju'une femme dans tout le poeme , et qu'il n'ait pas lemarque, au huitieme chant, trois Circassiennes dont la jieinture a fait beaucoup de plaisir en Italic aussi bieu qu'en Allemagne. Quant a I'autorite des anciens, il peut etre permis de ne s'y soumettre qu'avec intelligence et de s'ecarler des routes qu'ils ont tracces , pourvu qu'on ne s'egare point. II y a lout lieu de penser que la Tunisladf n'est pas une composi- tion sansmerilc, puisque M. Monti, I'un des meilleurs poetes de ritaiie, a traduit I'episode de Mathilde, et que cette tra- duction a deja ete reimprimee. Jci, les interminables debats entre les romantiques et les classiques pourraient etre renou- veles; qu'ont-ils produit? perfeclionneronl-ils le gout, ouvri- ront-ils au genie dcs routes qu'il n'eut point Irouvees seul? Le bruit inutile et parfois importun de ces discussions litteraires est un inconvenient inseparable de la culture des lettres; sup- ITALIE. 855 potions le mal , puisque Je bien ne pent etrc oblenu qu'a ce prlx. 4> Milam. — Necrologie. — Ottavio Morali, liellenisle et pliilologue tres-savant, est mort le i3 feviier de cetle annee, Irappe d'apoplexie, a I'age de 62 ans. Destine a suivre la car- riere ecclesiastique, il criit ajiercevoir dans la doctrine de I'c- ■vangile les principes de I'independance politique, et des lors il adopta ies opinions liberales de son lems, mais avec un es- prit de moderation qui le rendait encore plus estimable. La lit.terature grecque fiU le principal objet de ses Iravanx; et , loin d'iiaiter ces steriles crudits qui bornent leur merile a se consumer sur des mots, il puisait, dans celte etude, outre line riche instruction, ces nobles sentimens, par lesquels les Grccs regcneres se montrenl dignes aujourd'hui de la gloire de leurs ancetres. II fut I'un des bibliolhecaires de Brera , et jirofessa le grec, d'abord dans les ecoies speciales de Milan, puis au lycee de Saint-Alexandre. Son savoir egalait son zele pour I'instruction de ses cleves, dont plusieurs ont enrichi I'ltalie de diverses Iraduclions des classiques grecs. M. Morali s'occupait en nieme tems de la litlerature ilalienne. Nous liii devons I'edilion la plus correcte dii Roland furieux de I'A- jioste. II merita , par ce travail, les suffrages de \' Jcadcinie tie la Crusca , qui I'adinit au nonibre de ses mcnibres. II avait enirepris un dictionnaire grec-italien , a I'usage des ecolcs ])ubliques du royaunie Lombardo-Venilien , et il elait sur le point de I'achever. 11 preparait aussi une edition des ceuvrcs de Galilee, et d'aulres auteurs nationaux. La mort I'a force de laisser imparfaits ces travaux si dignes d'interet. Saint-Marin. — Necrologie. — Antoine Okofri. — La repu- blique de Saint-Marin , qui semble exisler encore pour offrir en Italic une petite population indepeiidante, a perdu, en 1825 , I'un de ses plus illustres ciloyens, Antoine Onofri , au moment meme ou elle venait de lui decerner le titre hono- rable et bien raeritc de ptre et de sauveur de la patrie. Riche , autant qu'on pouvait I'etre dans son pavs , philantrope eclaire, il consacra sa fortune et ses talens au bien public. II n'av.nit point iaisse degenerer dans son amecette antique vertu, dignc heritage de ses ancetres, devenue si rare parmi hs Ila- liens modernes, et il savait apprecier surtout la justice et la liberie. Outre les jireuves continuelles qu'il a donnees de la purete de ses principes, en gouvernant, sous le titre de capi- taine, ou de premier magistrnt de la republique, dignile a la- quelle il fut plusieurs fois eleve par la Toix libre et unanime dc ses concitoyons, il sc distingua principalenient lorsqu'il ful en- 856 EUROPE. \oyc comme orateur de la republique vers ce nouveau Cesar qui, niaitre de lendre la liberie a toute I'llalie, lui en ravit jiisqii'aux faibles restes dont elle jouissait encore. Ripnblicain loyal , Onofri , pi evovaiit le sort n'-serve a son pays , sut resis- ler aiix caresses de Bonaparle (]u'il regardait conimc plus diingcreuscs (]ue ses menaces. Je n'ai pas oublic ces teios oil j'eus le bonlieur de connaitre et d'apprecier les qunlites de cet incorruptible patriote , refii?ant les offres insidieuses du guet- rier deja fout-puissant, pref'erant une libertc modcste a nnc brillanic servitude, et maintenanl les lois et I'indejiendance de sn palrie , an milieu des illusions et des desordres qui trou- blaient I'ltalie lout enliere. Apri'S avoir heureuseraent ecbappe a ce danger, la petite republique s'y trouva de nouveau expo- see par de sourdes cabales , dout la sagesse et la verlu d'Ono- fri la deiivrerent encore. La perte d'un tei citoyen a etc un objet de deuil pour tous ses compatriotes. On a lieu d'etre sur- pris que le Journal Arcadique de Rome, V Anthologie de Flo- rence, et qiielques autrcs journaux I'aient a i)elne annoncee an reste de I'ltalie, qui n'y aurait pas ete insensible. Un res- pectable vieillard, ami de ce grand liomme, Ignace Bclzoppi a celebre, eti jnesence de ses concitoyens, ses vertus republi- caincs , dans une ode qui pent servir de modele aux ])oeles ilaliens pour le choix des snjets qu'ils devraient chanter. La republique de Saint-Marin avait invite M. Pierre Giordani, I'orateur le plus eloquent de I'llalie, a composer un discours funebre en I'honneur d'Onofri. II est facheux que cet ecrivain, qui s'esl tant distingue par un iloge de Napoleon, .lit refuse dentreprendre celui d'un vrai citoyen , dont la vie ne lui cut offert que des vertus reelles a louer. F. S. PAYS -B AS. Utrecht. — Fabriqiie de tapis. — Parmi les articles inte- ressans que contlent le dernier numero du Journal d'agncul- ture et d'economie manufacturiere des Pajs-Bas ( Voy. ci-des- sus p. 460), il en est un qui monire I'influence bienfaisanic que peuvent exercer une idee genereuse et un projet liabile- ment execute. Un gentiihomme hoUaJidais, M. de Scheeren- herg, concut, il y a quelques annees, la noble pensee de for- mer un elablissemenl induslriel, dans ie village de Baarn , afin de procurer du travail aux liabitans et d'eloigner d'eux I'oisivete, la niiserc et le vice. Une compagnie, qui, pour croire an succes d'une telle entreprise, avait besoin de son exeniple , lui demanda la cession de cet etablissement , et en PAYS -B AS. H:,7 coufia la direction a M. Cohen, I'un des homines lea phis })iopres a en assurer la reussite. Par les soins de ce savant cliimiste, una branche importante de manufacture a pris, dans ce village ignore, un developjiement qui procure a la population une heureuse aisance ; elle permcltra a I'induslrie hollandaise de rivaliser, un jour, dans la fabrication des tapis, avec les produits riches et brillans de la Savonnerie; et deja elle fournit aux besolns des i>articuliers , et s'unit contre le commerce de I'Angleterre aux efforts lieureux que font de ♦oule part les i)euj)les du continent. M. de J. Bruxelles. — Institut royal des Pnys-Bas. — La premiere classe de cet Institut a public, le So aout iSaS, le programme du concours pourl'annce 1S27. La Classe continue de pro[)0- ser pour cetle annee la meme question qu'elle avalt deja pro- posee, en 1821 et iSai : coninie le laitage est nn produit tros- important de quelques unes des i)rovinces des Pays-Bas, et que sa quantite et sa (jualitc de[)endent en grande partie des ])rairies, Icsqiielles ncanmoins se trouvent dans un (ilat si dif- ferent, que Ton rencontre souvent, dans le voisinage des meil- leurs j)aturages, de grandes etenducs de terrain, surtout des pres a foin , qui ne produisont que ])eu d'lierbe proj)re a la nourrilnre des bestiaux; on demande : « Quelle est la cause de ce singulier phuuomene , et de quelle maniere on pourrait ameliorer avec avantage les mauvais pres, afin qu'ils pussenl nourrir un plus grand nombre de bestiaux, et fournir du lait en plus grande abondance et de meilleure qualite. w — La Classe propose, en outre, les questions suivantes, sur lesquelles les menioires devrout etre envoyes, avant le 1^'' mars 1827 : 1° « La cliimie a-t-elle , par I'analyse et Texamen des cleiuens des pro- ■duits de la nature, fourni des lumiercs sur I'essence et les j>ro • j)rietes des diflerentes classes de remedes, et sur la manicro dont ils affeclent les parties solides et fluides du corps huraain? et quels sont les avantages que les sciences medicales ont re- tires de ces connaissances? « 2° « Est-il viai , comme il parait d'apres les observations de feu M. S. J. Brugmans, et comme Font remarque plusieurs na- turallstes, que les racincs des plantcs produlsent une substance, qui, dans quelques es|)eces , est nnisible aux autres planles? Et ce phunomene ne doit-il pas etre regarde comme la cause prin- cipale de ce que plusieurs especes de plantes ne croissent qu'avec peine, soit sinmltanement, soit meme successivement avec d'autrcs especes sur le meme terrain; ne faut-i-! pas y avoir egard dans les assolemens? >' >< Quellcs son I les experiences et les ]ireuves qui confiiiuent 858 EUROPE. suffisainmeiit cetle hypotliese, si ellc Cbt fondee? quelle est I'explicalion do ces inemes plienomenes , si cette liypothese doil etre rejetee? >> 3° « Un exposii clair, raisonnd et suffisamment developpe, dc tout ce qui tient a la plantation, a la greff'c, a la taille et a la culture gentirale des arbres fruitiers les plus interessans pour les jjiovinces du royaume des Pays-Bas, et des moyens pour en obtenir les meillcures especes. » La Classe decernera une medaille d'or, de la valeur de cinq cent florins, au meiileur inemoirc sur chacune de ces questions. Les pieces pourront etre ecrites en neerlandais, en francais, en latin, en anglais on en alleniand , et devront etre envoyees , franc de port, au secretaire perpetuel de la premiere Classe. La derniere question seulenient devra etre traitee dans la langue du pays. G. Vrolir, secretaire perpetuel. Harlem. — Societe hollandaise des sciences. — Extrail du programme des prix proposes pour x^'i.'] et 1828. — Questions dont les reponses doivent etre remises avant le 1"' Janvier 1827: I. Quelles sont les alterations, salutaires ou nuisibles , que les substances alinientaires , vcgctales ou animales , subissent par Taction du feu, et comment ces substances peuvent - elles ^tre rendues les plus propres a la nutrition ? 2. Comparer les maladies des animaux domestiques a celles des honimes , quant a leur naissanee, leur marclie , leur issue, le traltement et les remedes qu'il faut y appliquer : expliquer les analogies et les differences , d'apres la constitution de I'homme et celle des animaux, et en deduire les principes et les mcthodes de I'art veterinaire. 3. Quelles consequences faut-il deduire des experiences de Braconnot sur les substances animales et vcgctales souraises a Taction de Tacidc siiifiirique, tant pour le progres des con- naissances cliimiques sur la composition de ces substances , que pour Tusage que Ton pent faire de leurs transmutations ? 4. Quel parti Tcconomie domeslique et manufacturiere peut-elle tirer de Taction de la vapeur d'eau sur la flamme? 5. Quelles sont les fabriques qui communiquent a Tatmo- sphere des qualites nuisibles a la respiration de Thomme ? Quelles sont les maladies qui en proviennent ? Comment peut- on les prevoir et les guerir ? 6. Quelles sont les maladies du corps humain dont la phy- sique et la chimie ont fait connaitre avec certitude la nature , la cause, les remedes et la maniere dont ils agissent? 7. Quelle est la meilleure maniere de preparer les sulfates PAYS-BA.S. 859 de quinine ? Comparer ces sels entre eux , suivant le mode de leur preparation. 8. Les observations sur le rigoureux hiver de 1 822 oni-elles fait faire quelques pas de plus en physique , surtout dans la tlieorie de la congelation? 9. Peut-on juger, d'apres des principes certains, a quelles fabriques et a quels usages dornestiques on pent appiiquer la vapeur ? 10. Quelles sont les notions d'liistoire naturelle qu'il serait le plus important de repaiidre, tant pour les usages de la vie commune que pour les progres de la science ? 11. On demande un memoire sur \esfievres puerperules (]ui resume ce que Ton sait sur ces maladies, et qui remplisse au nioins quelques-uncs des lacunes que Ton remarque encore dans les observatious et les doctrines medicales relatives a cet objet. 12. Est-il vrai que certaiues maladies cutanees sont causees par de tres-petits insectes loges sous I'eplderme? Si cetle opi- nion est fondee, quelles consequences en pourralt-on deduire pour le traiteraent de ces maladies ? i3. Quel est I'etat actuel de nos connaissances sur le mou- vement des sues dans les plantes, sur la cause de ce mouve- ment, sur les vaisseaux dans lesquels i! s'execute, etc. En un mot, que savons-nous sur celte partie essentielle de la physio- logic vegetale ? 14. Quelles sont la nature, I'origine et la destination du Cambium dans le tronc des arbres et des arbrisseaux ? Quel parti la science de la culture peut-elle tirer des recherches et des decouvertes sur cette matiere ? i5j Assigner le caractere qui distingue une combinaison chimique d'un simple melange, surlout dans les fluides elasti- ques, et les moyens de distinguer I'un de I'autre ces deux etats des corps. Questions auxquelles il faat repondre, avant le i"jan\>ier 1828 : — 1. Quels sont les progres c[u'a faits la tlieorie de la fermentation acide ? Cette theorie suffil-ellepourrendrecompte de lous les faits connus , et pour expliquer ce qui se passe dans tousles procedes qu'emploient les vinaigriers ? 2. Faire voir , par une serie d'expericnces decislves, quelle est Taction de Tair sur les plantes, et quels sont les principes de I'air que les plantes s'approprient ? 3. Quelle est Taction du charbon animal sur les liqueurs qu'il purifie et qu'il decolore ? En quoi et jiisqu'a <|uel point cette action differe-t-elle de celle dn charbon vegetal ? vSGo EUROPE. 4. Expliqiicr eii quoi consisle la ferlilile de la icrre , coiu- iiient les raciiies iiompeni les sues nouriiciers, elc. : appliquer ces notions a {'agriculture. 5. Faire uue analyse complete du cliarbon animal, tel qu'il se irouve dans le commerce; exposer son action sur les disso- lution.s des sels de plomb , et indiquer son usage dans I'econo- inie domestique. 6. Le tannin est-ii reeliement nn principe toujours identique, quel que soit le vegetal dont on I'extrait, ou seulenieut unnom qui sert a designer la propriete commune a plusieurs sub- stances, d'etre astringentes, et de servit- a tanner lesciiirs? Resoudre les questions sur la formation des lannins artiCciels et sur leur emploi :eleudre ces recberchesa I'usage des tannins dans la pharraacie. 7. Tlieorie de la putrefaction des substances aniniales et vpgclales ; comment la jjrevenir, suivant les circonslances et le but qu'on veut atteliidre; assigner avec clarte I'etat des con- naissances acquises sur ces objets. 8. Dissertation sur les oiseaux de passage , plus complete que toutes celles que I'on a publiees jusqu'ici. 9. Autre dissertation sur \(fi, poisson.i de passage. ( Ces QUESTIONS ont deja ete publiees; les suivantes le sont pour la premiere fois. ) 10. Thtiorie de la grele. Ce meteore est-il produit par I'e- lectricite atmospherique ? Faut-il ajouter foi a reffieacite des paragreles ? Les fails recueillis sur ces appareils sont-ils con- cluans? 1 1. Histoire des progres de la pliysiologie, depuis Haller. Exposer ce ([ue la science doit a la zoologie et a I'anatomie comparee. 12. Donner un precis des obseivations et des experiences faites sur les proprietes du chlorure de calcium ; indiquer les meilleurs i)rocedes pour le preparer, et les cas oii ce reraedc doit ^tre employe. i3. llesumer les connaissances acquises sur I'hui/ius, ou ler- reau vegeto-animal : le conij)arer a I'ulmine et au principe ex- tractif des vegetaux ; examinerses combiiiaisons avec la potasse et avec la chaux , et faire I'applicalion de ses connaissances aux metbodes de culture. 14. Quelles sont les matieres colorantes vegetales que Ton legarde comme des principes particuliers? quelles sont leurs l)roprietes, leurs combinaisoiis? Comment fau-t il les extraire, les isoler, les employer? quelles sont les matieres qui agissent sur Icnr couleur, et font varier son intensite, etc. i ]'\YS-BAS. — FRANCE. 8Ci i5. CoiniiUTil les charbons eteiiits peiiventils vicier I'air, plus que s'ils conliiiuaient a brulei? Quelle est l.i nature du fluide qui se lepand dans I'air, pendant jeur extinction, et comment ajjfil-il sur les organcs de la respiration? N. B. D'autres questions relatives au loy.-.umedes Pays-Bas, et qui nepeuvent elre irnilees nrtctnent du Nord. Tons les objets destines a I'cxposilior. devront eire parvenus a la mairie avant le 1"" aout proc-hain. — Des n'compenses scront decer- nees r.olennellcment, le i''"' septenibre, aux auleurs des ou- vrages ou produits qui auront <5te distingues par le Jury nonime ad hoc. Les seuls ouvrages exposfc seront admis an concours. — Les artistes, nianufacturiers et autres auteurs d'ouvrages envoyes a i'exposition , seront invites a y joindre un bulletin explicatif, avec la note se|)arce des prix qu'ils voudraient en obtenir. Une Societe d'ainis des arts s'est formee a Canibrai pour acquerir un certain nombre des objets en- voyes au concours. » B. PARIS. Institut.' — Academic des sciences. — Mois de mai 1826. — Seance du premier mai. — M. Bory de St-Vincent fait part d'une note qui liii a ete adressee par M. Pavon , natu- raliste espagnol , et qui concerne la naturalisation de la cochenille dans les environs de Malaga. — On lit une lettre de M. Schumacher , concernant le travail de M. Clausen, au siijet de la coniete observee dans le mois de fevrier et de mars, par MM. Diala et Gamhart. — M. Robinet annonce un appareil dont il est I'inventeur, et qui a pour objet I'extraction des calculs de la vessie au moyen des dissolvans chimiques. II de- pose !e dessin de son appareil et I'expllcation des figures. ( MM. Cliaussier et Dupuytren , commissaires. ) — M. Hity- chens-Beaufond ecrit de la Martinique, en date du 29 Janvier 18265 ^' adresse a I'Acadcmie un plan relatif a I'application de la machine pneumalique a un nioulin a sucre ordinaire. (MM. Navier et de Prony, commissaires.) — M. Ceoffroy Saint-Hilaire met sous les yeux de I'Academie deux cas re- marquables d'incubation ou un a'uf de pouiet conlient deux jumeaux. Dans un premier exemple, les sujets sont morts vers le tiers de la duree ordinaire de I'incubation. Celui qui a vecu le plus long-tems a continue de grandir; il etait double de I'autre en volume. Dans le deuxieme exemple, les deux sujets ont pris de Taccroisseraent jusqu'au terme de I'incubation. L'un a perce la coqullle et a vecu; I'autre a peri dans les enve- loppes, et seulement au 21* jour. Chacun avail son cordon PARIS. 863 ombilical a part; mais ces deux sujets adheraient par un canaf commun allant d'un jaune a I'autre. Dans ce genre d'observa- tion, on peut, en examinant I'oeuf, au commencement del'in- cubation, voir la figure des vaisseaux et connaitre facilement ies fails qui precedent la raonstruosite par exces. — M. Perci- VAL Norton Johnson transmet de Londres une note relative au palladium , avec trois echantillons de preparation du palla- dium. ( MM. Vauquelin et d'Arcet, commissaires. ) — M. Dc- MEiuL faitun rapport verbal surl'ouvragedudocteurZfe/'^ra/jrf, intitule : du magnelisroe animal en France. — MM. Gay-Lus- SAc, DuLONG et Ampere font un rapport au sujet d'un meraoire de M. /'o«/We/ sur I'electricite des gaz, et sur I'une des causes de I'electricite de I'atmosphere. En voici Ies conclusions : « Nous pensons qu'il rcsulte du travail de M. Pouillet une explication plus complete du phenomene de I'electricite atmospli6rique, la connaissance des causes qui produiseut I'anomalie qu'avaient presentee Ies experiences de divers physiclens sur Ies pheno- menes electriques dus a la combustion du carbone et de I'hy- drogene, et la determination precise de I'espece d'electricite que manifeste le produit de cette combustion, telle qu'elle suit de la theorle. Nous croyons que re memoire merite d'etre im- prime dans le recueil des savans etrangcrs. » ( Approuve. ) — M. Navier lit un memoire sur le projet d'un cbemin de fer entre Paris et le Havre. — M. Lassis lit une note intitulee : Necessite d'un prompt exaraen de la question des causes des epidemics. — Du 8 — M. Lasserre adresse a I'Academie deux paquets cachetes : le premier contenant la description d'un appareil propre a detruire la pierre dans la vessie; I'autre , une decou- verte de physiologic qu'il croit applicable aux lois de la vie dans I'etat sain et morbide. — M. Souberbielle adresse de nouvellesobservations sur le procede operatoire de M. Civiale. ( Renvoye a la commission deja nommee. ) — M. Rrousseaud , medecin, qui a ete lui-m^me opere par M. Civiale, envoie une brochure relative a son procede. Cette brochure est distribuee k tous Ies menibres. — M. Chaussier presente une piece ana- tomique offrantunc fracture transversale du sternum quia son siege au tiers superieur de cet os, el qui a ete produite dans Ies efforts del'accouchement par la contraction simultanee des mus- cles sterno-pubiens etsterno-raastoidiens. — M. Cauchy depose un memoire manuscrit sur un nouveau genre d'integrales. — M. le president rappelle combien il est important que Ies commissaires qui ont ete charges d' examiner Ies pieces envoyees au concours, se hatent de terminer leurs travaux. — M. Fkesnel^ K64 FRANCE. an noin de la section physique , tail uti rapport concoinant ntre queslioti adressc'C par le ministrc de rint'hieur an siijet de& experiences sollicitees par oridance qui a eu lieu enire le conseil d'adminislralion er la Societe d'agriculture de Moulins , relativement a la culture des vers-a-soie, et a la propagation desmuriers dans le de()arte- mentde I'Allier. Les soiesn'ooltces da.is ce pays ont elefiiees et ouvrees a Lyon clicz M. Poidebaid, et rcconnues d'une superbe <(ualite. Mises en oeiivre, eiles ont produil des etoffes dont I'exe- cution ne laisserien a desirer. {]e resultat senible prouver (ju'il serait possible el avanlageux anx (le]>arlemens de la France qui sont places sous la latitude du /(G""" degre et meme du /jS"", d'y cultiver le murier el d'y elever le ver-a-soie. La catastrophe qui a detrnit la villedeSalinsa faitnaitre, sous lerai)porl des arts qui concourent aux constructions des villes, des questions du ])lus liaul inlcret. M. Bruant , de Besancnn , et M. le maire de Salins ont consulte la Societe sur lamcilleiire direction a suivre dans la reconstruction de celle ville. La Societe eut vivement desire que les limites dans lesquelies ses statnls circonscriveni la destination de ses fonds,lui eusscut Jiermis d'offrir aux inforluiics Salinois plus qnc des conscilb ; 870 FRANCE. mais, si les regies absolues qui la it'gissent I'onl privce de cette consolation , cllc ;i du inoins offci t anx Salinois Ic tiibul qui di'pendait d'elle. L'no commission spccialc a sntisfait aux questions qili hii claienl adrcssees, et son conseil d'adniinisti'a- tion a saisi ccttc occasion jiour proposer cxtraordinaircment deux prix relalifs, I'lin a la fabrication des luilcs, I'aulre au diibit des bois de inenuiscrie par macbines; questions d'line ulilite immediate ct directe pour la reconstruction de Salins , ct qui inleressenl en lueme terns toutes les parlies de la rrance. Efiire les objels qui parnissent avoir fixe particulierement I'atteniion du conseil, un des plus importans par ses resuitats est la rccberclie des causes qui determinent, d'une maniere plus directe, la inarclie progressive de I'indiislrie. Deja , M. Maiseau avail fait connaitre , par une traduction exacte , renquete du parlemcnt anglais sur I'etat de I'industrie en France ( Vov. ci-dessns, p. 778 ). La Sociele d'encouragement a juge nccessaire de nommer unc commission speciale , cliargee de controler cetle enquete, de la rectifier et de la completer dans les j)arties ou elle se trouve defect neuse ou insuffisante. Une autre commission speciale a etc cliargee d'un tiavail qui concerne les interets plus generaux de notre Industrie. II s'agit de rej)andre , le ])lus ])romptement possible , en France, la connaissance des decouvertes qui, etant patentees en Angle- terre, y sont iramediatement publiees, et d'empecher quo des spt5cuIations particulieres sou vent mal conibinccs ne s'empa- rent, au detriment de notre pays, des inventions nees sur le sol etranger. Une correspondance a ete ouverte, et des me- sures out etc prises a cet effet. On vnit avec plaisir que la So- ciete d'eneouragement, deja si nombrense , s'est encore accrue de 170 membrcs, tant nationaux qu'elrangers, dans le ecu- rant de 1825. M. Anth. CosTAz a lu un rapport sur la conservation des grains et sur un nouveau Silo que M. Ternaux aine a fait construire aSainl Ouen. (V. Rev.Enc. t. xxvi, p. 607) M. Moli- NiER DE MoNTPLANQuA, en rendant compte de la situation fi- nanciere, au nom de la commission des fonds, a fait connaitre qu'il y a augmentation de reccttes, diminution de depenses , et qu'il existe en caisse un capital de 348,000 fr. dont io8,3oo f. sont affectes a des prix. L'assemblee devait entendre la lecture de i)lusieurs notices necrologiques sur les mcmbres que le con- seil d'administration a perdus, I'annee derniere, mais I'lieure avaucee n'a permis de lire qu'une partie do ces notices , qui (I'ailleurs seronl toules inserecs dans le Bulletin de la So- ciete. PARIS. 87 1 On a procede a la distribution des mcdalllcs d'encourage- ment. M. Francoeur a porle le premier la parole , au nom de deux comniissions cliargees de proposer ces rr'campenses, Sur son rapport, il a etc decerne une medaille d'or, de pre- miere classc , a M. Gambej, ingenieur en inslrumens de ina- lliematiques. M. Gambcy jouit d'line reputation europeenne dans son art,quipeut etre regardecomme rival de I'liorlogerie. Une semblable medaille a ete decernee, sur le rapport de M. Mallkt, a M. Hallete , constructeur de macbines a Arras. La lueme recompense a ete dccernee , sur le rap])ort de M. PouiLLET , a MM. Ailkcn et Steel, dont retablissemcnt , sitae a la Garre , pres Paris , est tres-connu par le grand nombre de machines qu'il livre a I'indiistrie. Ces babiles inge- liieuis ont etabli en France, depuis vingt-rin([ ans , le systeme de la mouture economique; on leur doit nne construction par- ticuliere de chaudieres de machines a vai)eur, qui paraissent offrir deux avantages precieux : celui de procurer une plus grande economic de combustible , et celui d'occuper beaucoup moins d'espace que les chaudieres ordinaires. M. Guillard-Senainville a lu deus autres rapports, len- dant a faire decerner une medaille d'or, de premiere classe , a M. de Bergue , de Paris , poTir un metier a tisser mecanique , et une autre de deuxieme classe, a MM. Casalis e\. Cordier, de Saint-Quentin, anciens eleves de Tecole des arts et metiers de Chalons, pour leur fabrique de machines a vapeur. Le metier de M. de Bergue est d'une composition simple; il est facile a mouvoir, et le travail en est tres-regulier. Cette machine, n'eut-elle pas, pour le travail du tissage , un grand avantage sur les metiers anglais connus en France, parait du raoins leur etre superieure, en ce qu'elle est beaucoup plus simple. II nous reste a parler de quelques objets d'induslrie que nous avons vus figurer dans les salles de la Societe , et qui nous ont paru dignes de ses suffrages; savoir : une piece de drap tissee sur un metier mecanique de MM. John Collier et Magnan[i). — 'Deux modelesde machines a vapeur, de la force de quatre elievaux , d'apres les syslcraes de Watt et de Taylor , toutes deux reduites au quart et ex6cutees par M. Fallat, rue Saint-Martin , n° 2/,6. — Une horloge de M. Christophe , rue des Quatre-Fils, n" 19; celtc horloge, qui est destinee pour I'imprimerie royale, sonne I'heure et les quarts par le merae (i) On peut voir tous les jours fonrlinuner ce metier, chez M. John Collier, rue Richer, n" 24. S-2. FRANCE. corps de rouap;es. — l)cs .iciers fdndiis, dont ime barrc sou- dable, des creusets et des clous d'epingles provenaiit de I'ela- l)lisseinent que MM. Izzoycl tompagnie \iennent de former a lieicy |)rcs Piiris. — Des limes fines pour I'horlogerie, taillees a la machine, avec line grande regularite, ))ar M. Reiiesle , rue Popinoourt, n° 5o. — De la colle transparenle, fahriqn^e ])ar M. Grenet, de Rouen, et qui rcmplace la colle de poisson dans [)resque tons ses usages. — Des verres colores de la ver- rerie de Choisy-le-Roy , dirigee par M. Bontemps. Ces pro- duits remai(]uables ])rouvcnt que I'art de fabriquer les beaux vilraux qu'on admire dans nos eglises gotliiques, n'est point perdu en France, corame on le croit assez generalement. — Des Iransparens en toile pour stores et des ecrans de meme genre, de MM. Chenavard et fils , fabricans de tapis, boule- vard Saint-A.ntoine , n" 65. — Deux tableaux conlenant differens objefs plaques en platine , rcduir en feuiiles aussi minces que I'or. Ces outrages qui aUeslent le liaut degre de perfection auquel est parvenu en France I'art de preparer le platine, sorlent de I'atelier de M. Letellier , rue de la Jui- Terie , n" 35. Nous n'efendrons pas plus loin celte nomenclature qui suffit pour jirouver rinierct (]ue prescntait cette exposition. G. Athenee royal de Paris. — Les cours de V Athenee , qui se sont prolonges durant loute la saison d'hiver,et jusqu'a I'en- iree de I'ele, touclienta leur fin pourcetle annee. Nous en avons parle, a I'epoque de leur ouverfure (Voy. /it'c Enc.,i. xxviii, p. 639, 661 et 976 ); et nous nous estimerions heureux d'avoir contribue a augnienter I'affluence des personnes sludieuses qui n'ont cesse de reni]ilir les salons de ce bel elablissenient, qui merite de plus en plus I'appui du public eclaire, et ])ar le zele de son administration, et par I'excellent esprit dont elle se monire animee. 11 est resulte de ce concours d'auditeurs une prospcrite financiere qui a permis a I'Atlienee de faire quelques sacrifices pour I'accroissenicnt de sa bibliolhcque, et qui lui pernietira sans doute, I'annee jirochaine , de ne rien ncgliger, afin de composer le personnel de son profcssorat avec le n)enie soin que les annees preccdentes. Cette annee, I'assemblee gene- rale des actionnaires de i'Atht'nee, apres avoir entendu le oornj)te rendu de son comite d'administration, a reelu M. Teb- NAUX I'ainepour son president annuel. Parmi les ])rofesseiirs qui ont obtenu le plus de succes , nous •levons cilcr M. le doclcur Gall ^ cpii salt orner la science des graces d'une (locution origin.'ile ct facile. Sous la denomi- nation de jthjsiologie du cenc raitiiclient a la psycliologie, a la phy^ioloijie inlellectuelle et nieme a la morale. On sail qu'apres avoii- 6tabli que Ic terveau est exclusivenienl i'organe des qua- iites morales el des facultes intellectueilfs, M. Gall pour- suit rexploralion des moyens de determiner les fpialiies fon- dameritales qui sent propres a riioiniiie, et de decouvrir leirrs organes. Ce systeme (juL etonna d'abord par sa nouveaulo, a fini par obtenir beaucoiip de credit, parce fin'ii iie marclie qu'appuye sur I'observaUon des faits. Des hommes qui le com- prenaient inal, I'accuserent (|uelquefois , a turt, de lendre au matcrialisnie; jiistement blesse d'uiie si grave inculpation, M. le docteur Gall a terraine son coiirs i>ar I'exposition des preuves physiolo-^iqnes de i'exislence de Dieu et par nne dii- nionstralion de la phiiosopliie de I'liomme, qni n'est nulle- menl incompatible avec les doclrines spiritualisles les plus elevees. M. Auzoux a fait un cours ct anatomie , au moven de pieces artificielles d'une rare |)erfectio(i, composees d'apres des |)ro- cedes qui ont obtenu I'approbalion unaiiinie des cor[)s savans. Sans doute, una pareille etude serait insufiisanle pour un mc- decin praticien , bien qu'on ne piiisse nier (pie ceux qui liabi- tent des vilies pen populenses, ou ])ar consecpient I'autopsie cadaverique est bien rarement praticable, feraientprudeminenC d'enrichir leur cabinet d'une collection complete de pieces de I'individu humain, executees par IVL Auzoux. Ces pieces ont I'avantage sur les modeles de cire usites jusqu'a ce joiir, de pou - voir elrenianipnleesfrequemment,sansalteratioi) sensible, et en outre de se placer et se deplacer de sorte que Ton organise et desorganise a volonte le corps humain. Les gens du monde, les liommes qui ont la irretention d'acqueiir une sorle d'tiniver- salite de connaissances , el qui ont bien rarement le terns ou le courage d'affronter la dissection du cadavre , ceux-la ne sau- raient mieux faire que de suivre les cours curieux et instruc- lifs de M. Auzoux. Le Cours d'economie morale de M. Dunoyer a roule priii- cipalement, cette anuee, sur la liberie des arts inJustriels, considcres dans leurs rapports avec les individus; (|uestion qui se trouve aujourd'liui plus que jamais a I'ordre du jour. Ainsi, liberie de I'agricnlture : ses conditions intellectuelies et raaterielles, ses conditions morales et pratifjues; liberie de la fabrication: ses conditions economiques, ses conditions mo- rales et poiitiques; liberie du commerce: ses conditions eco- nomiques, morales et poiitiques ; liberie des echanges , liberty 87 'I TRAIVCE. dcs transmissions lieieditairos : telles sont les jiiincipalcs quos- tioiis traitccs j);ir le profcsfcur, avec cclie puissance de logi(|uc', cet ardent amour du \rai, qui, a la fois , excitant I'esprit et rocliauffant Ic coeiir, prepare du moins a connaitre la vcritc , alors uieine qu'ils n'auraieiit pas entierenicnt dissipe les niia- ges ipii la voileiit. M. Alexandre de JrssiEu, I'un des redacleurs du Counter fraiicais , a fait ccouter avec beaijconp d'inler^t ses Coiiside- rtidons sur la ch'Uisalioii auju XFJIl" et XIX' siecles. Ce sujet qu'il etalt difficile d'enibrasscr en qiiclques lemons, dans loute son etendue, a etc reslrcint par le professeur , apres quelques oencralites, dans des details speciaux surl'etat social des £tats- Unis de I'Ainerique du nord, dont on connait assez bien I'his- toire et incnie la li'gislation , mais dont on n'approfondit pas e^alement I'economie inlerieure , ou se trouvent poiirtant la demonstration pratique et la justification eclatanle de leur excellente constitution legale. L'Histoire lilteraire de France conl\i\\ie d'offrir a M. Vili-e- KAVE un vaste champ pour ses laborieuses investigations. Abe- lard , son liistoire , ses ouvrages et leur influence; St-Bernard et I'abbe Suger ; la seconde grande croisade; les premiers poetes francais desxii' et xiii'= siecles ( trouveres el troubadours); la croisade de Philippe-Augusle et de Ricliard-coeur-de-Lion, Geoffroi de Ville-Hardouin etJoinville, premiers historiens qui aient ecrit dans la langue fiancaise, I'cpisode historique, si brillant et si original, de I'empire latin de Conslanlino[)le, eleve a I'iraproviste par nos aieux , comme une tentc entre I'Europeetl'Asie; St- Louis, son regne et son siecle; en fin, un tableau rapide des sciences, des letlres et des arts dans le xive siecle: tels ont etc les principaux sujets des lectures de M. Villenave, ou Ton a souvent applaudi une erudition abon- dante et exacte , des idecs saines, un style constainment ele- gant, en un mot, un ensemble a la fois attachant et ins- tructif. Suivant I'usage de I'Alhenee, desleclures speciales ont ajoule quelquefois a I'interet de ses soirees scieniifiques.; Nous cite- rons un Hymne a la memoire du general Foy , par M. Amedee Fournier; et une tragcdie & Irene ovl V Heroine de Souli, par M. Auguste Fabre, auteur du poeme de la Caledonie, oii le talent du poete et le sujet du drame se sont reunls pour atlirer puissarament I'interet des auditeurs. (V. ci-dessus,p. 57G.) X. De la crise commerc.iale que V Angleterre eprouve dans ce moment, et dont la reaction se fait sentir en France. — PARIS. ^ 875 ExTRAiT il'une lijculabe adressee par I'lin ile nos premiers maniifacluricrs ii ses assocics. Les reflexions et les pensees contenues dans I'pjxtrait qui va suivre , .nppellent ['attention la plus serieuse , tant par I'importance de leur objet , que parce qu'ellcs avertissent les observateurs de tons les pays et de loutes les conditions. La crise financiere el con}merciaie de I'Angleterre est un phenoniene dont le developpeincnt , les ciiconsfances et les resultats ne peuvent manquer de lepandre une vive luiniere sur plusieurs points de I'economie poliiique, science aujour- d'hui presque entierement etrangere a beaucoup de prelendiis hommes d'etat. — Dejjuis que la circuiaire dont nousdonnons I'extrait a cfte inscree dans le Journal du Commerce \J^"^ des 1 1 et i5 avril 1826), I'etat des choses n'est plus le meme et doit changer encore : pour suivre ses progres et I'etudier avecplus de fruit , il est necessaire de remonter a I'Drigine du mal, de ne point perdre de vue les faits,de les apprecier et de les mettre a leur place. Nous avons doncpense que cet extrait de- vait etre conserve, repandu, livre a la meditation des hommes capables d'en faire usage. « ... Les einbarras financiers de I'Angleterre proviennent en parlie , comine on I'a dit dans quelques journaux , de I'exter- sion immense qui a ete donnee a des entreprises d'agriculture, d'esploitation de mines, de fabrications, etc., portces beaucoup troploin, proportionnellement aux ressources du moment; mais , si cette cause etait unique, I'embarras n'aurait ete senti que par ceux qui ont forme ces entreprises et par leurs crean- ciers; la masse 'il les garde liop long-tenis, subit la loi de la ne- cesbite, el la fait cprouNer, de proclie en proche, a lous les aulrcs detenteurs. «■ Les posbcsseurs de rentes floltantes ont ete les premiers a eprouver cette funeste influence. Ne pouvant les garder , par- ce que le credit qu'ils avaienl obleuu jusqu'alors des banquiers avail cesse, ils ont ete obliges de les vendie a ceux qui en avaienl uu nieilleur, ou c|ui se sont decides a les echanger contre des valeurs qu'ils lenaient en reserve, ou qu'ils ont fait venir du debois. « On se refuse a croire que les consolides 3 pour cent fus- sent descendus de gS a 78 , et que I'Anglelerre eut perdu plus de 20 pour cent sur le capital de sa detle, c'est-a-dire , plus de 4 milliards de notre monnaie, s'il s'etait tronve assez d'c- trangers pour aclieler et jiayer en argent celle creanre. Certai- nement, si la dixieme jiaitie de cette somme en numeraire eut puparaitre immediatenient sur le uiarchcSceltecbutedegB a 7^ n'aurait pas en lien, parce qu'il n'est survenu, depuis le com- mencement de novenibre jusqu'a la fin de fevrier , aucun (ivcnement p(^litiqne qui ail pu motiver un seoiblable discredit des fonds ])ublics anglais. II en a ete de nieme pour toutes les autres valeurs : il est indubitable que cet effet s'est communi- que, et sera senli partout, sans.etre partout egalcmeut grave. On peut assirailer celte crise a un tremblement de lerre dont les secousses se font sentir au loin, en s'affaiblissanl. T. XXX. — Juin 1S26. 56 .S7S FRANCK. nL'Anglelcrrc, par son indiistrie et par lefommercc immense (]ti'elle ex])ioite, economise chaque annnee /|Oa 45 millions de iivrcs sterling : la demonslraiionen est facile. Des lecommence- meiil de la guerre d'indepeiidance de I'Americjue, I'Angleterrc etaitdejabeaiicoiippliiscreancierequedebilriceenverslesaulres I'fais : ("lie otait presqiie seule proprietaire de sesi)ropres fonds ])iiblics , et jjossedaii dija iine partie de cc'ix des aiitres nations. Quant a son commerce , j'cn appelle aux anciens negocians : ilssavent qu'a celte epoqne les Anglais achetaient toujours au comjitant les niatieres premieres importces par eiix pour all- inenter leurs manufactures, el qu'ils vendaient a des termesfort longs les produils manufactures qu'ils exportaient. lis avaient done, des iors, de grands capitaux acquis , lesquelscumulaient des interels. Pendant la guerre d'Amerique jusqu'a la paix, en 1783 , le gouvernement anglais a presque toujours emprunte, chaque annee, de 12 a 1 5 millions sterling, pour soutenir cette guerre, et ensuite, de 20a 22 millions, pendant le cours de la revolu- tion francaise ; eiifin, pendant la guerre de la coalition contre la France, ou plulot contre Napoleon, de 25 a 3o millions. Qui a remplices emprnnts successifs? les Anglais seuls. A\ecquoi? Avec leur travail et les produits de leurs economies : et la preuve en est ([u'il n'existe prescjue nulle part des creanciers du gou- vernement anglais, possesseurs de ses 3 pour 0/0, tandis que les Anglais eux-memes sont possesseurs d'une grande partie desvaleurs qui reprcsentent les detles des autres elats. « Or, si ce sont les profits du commerce, les produits de I'industrie et la superiorite de leur agriculture qui ont mis les Anglais, pendant la derniere guerre, en etat de jireter, chaque annee, a leur gouvernement, une somme de 20 a 25 millions sterling, et d'accumuler ainsi une masse de 800 a 900 millions sterling; richesse fictive, il est vrai, mais (pji n'en a pasmoins cte depensce; il est constant que les memes moyens de produc- tions et de richesse, bien loin d'etre diminues par la paix, n'ont fait que s'accroilre depuis i8i4; d'autant plus que, depuis ce terns, le gouvernement a cesse d'euiprunler ou n'ein- prunte que fort peu. Ces memes ressources ayant ele em- ployees a faire des avances aux autres nations, les Anglais sont plus que jamais creanciers partout et debiteurs nulle part. c< Uresulte de ces fails que, siles Anglais ont pu, au moment de leur plus grande dctresse, lors du blocus continental, eco- nomiser 20 a 3o millions sterling sur leur reserve, ou, ce qui est la meme chose , produirc plus qu'ils n'ont consomme, pour PARIS. 879 ie i)rotcr a Icur gouveriiement, ils pcuveiit bien maintenant cconomiser /jo millions : el , si Ton ajoule a cet excedant de ■valour tous les cajnlaux d'^-ja preles au raonde enlier, et dont il faut que celui-ci paie les iiiterets, on ne s'avancera j)as iron en affirmant que I'Angleleire capitalise, tous les ans, soil chez clle , soit ailleurs, pres de 80 millions steiling , ou deux mil- liards de notreiDonnaie,aveclesinteretsdes inierefs, et qu'ainsi le numeraire qui lui masique en ce moment, fiit-il porle a 6 ou 800 millions, ne serait pas meme rec|uivalci)t d'une seule an- nee de ses recettes au-dessus de ses depenses ; tout en admet- tant que les Anglais sont proportionnellenient, comnie indivi- dus, ies plus grands consommateurs qui existent. « On peut se faire par la une idee de la puissance du travail combitiee suriout avec celle dcs moyens mecaniques; on est ])orte a conclure (|ue, dans le cas oil IMngleterre perdrait ac- tuellement son credit public par I'impossibilite de payer sa dette, et lors meme que son gouvernement ferait banque- route, comme elle n'est debitrice que dans son inlcrieur, elle n'en resterait pas moins debout en presence desaulres nations, avec ses villes et ses campagries tlorissantcs, ses canaux et ses routes, ses manufactures, son Industrie, son immense raobilier et ses innombrables vaisscaux : elle n'en possederait pas moins au dehors les plus riches colonies; sa puissance s'etendrait en- core sur des conlinens enliers; en un mot, clle conserverait le commerce du monde, et tous les points fortifies pour le prote- ger , tandis que les autres nations sont toutes, plus ou moins, ses tributaires ou ses debitrices; jusqu'a ce que, par le meme moyen, c'est a diie par la puissance du travail, elles se soient affranchies. « Si les publicistes veulent comparer la Russie a I'Angleterre, ils. verront que, pour augmenler la force de la pren)iere, il faut, dans le systeme actuel, du despolisme et des guerres de- vastatrices, au lieu que la puissance de la seconde ne peut s'accroitre que par les progrcs de la civilisation et de la liberte. Si une rupture venait a cclater entre ces deux etats, le choix entre I'une ou I'autre banniere ne serait pas long-tems douteux pour les peuples et pour les homnies eclaires qui les gouvernent avec quelque sentiment de probite ; et cependant, cette ne- cessite peut etre prochaine. « II est dans la nature des choses que ces deux colosses, dont I'organisation et le regime sont si disparates, et qui se trou- ■vent en contact sur tant do points differens, finissent tot ou tardpar se comballre : et comme, de part et d'autre, quelques nations seront entrainces dans celte querelle , les ministres et 88o FRA.NCE. Ions cenx qui pieiinent part a l;i direction des iiffaires publi- ques , dans !cs moiiarcliics curopeeiines, devraieiit avoir la prudence de f'airc concorder I'iiiterot national avec cciui du trone , afin qu'au nioiiienl du danfjer, I'nn ne soil ])a.s dans le cas de s'isoler de I'autre. ('oniinent K's lioninics d'etat nc voicnt-ils pasqu'une aleinsdc naturel et de verlte; ils ont une physionomie, et le dialogue est seme de trails spirituels ct comiques. Deux ou trois sifHets ont prouve seidcTient qu'il y avait dans la salle des gens de mauvaise humeur , et (jui ne savent point s'amuser de ce (|ni diverlit le public. — Premiere representation de Faubaii a Chaiieroi , diame historique en trois acles et en vers; par MM. Viai, et Rkve- soKY DE Saint - Cyr. ( Mardi 20 juin. ) Les auteurs ont PARIS. 885 aniene au cara|) devant CLarleroi deux dames qu'on ne s'ai- len()ait guere a trouver dans les lignes; I'une est I'aimable ehantre des moutons et des ruisseaiix , la pastorale Deshon- lieres, donl le fils est aide-de-camp de Vauban; I'anire est la jeiine Lucile de Coisgullbert , qui vient rec'amer la pro- tertion du marechal en faveur de son pere, arrctti par suitp d'une fansse denonciation. La piele filiale n'est pas le seul sentiment qui ait engage Lucile a accompagner niadanie Des- bouliercs; el!e aime le jeune aide-de-camp, dont elle est ten- drenient aimce. Cependant, le siege traine en longueur, mal- grc tout le genie du marechal; ses ennemis veulent profiler de ce conlre-tcms pour le perdre a la cour; et parmi eux se trouve un certain Darmancouit, munitionnaire-gencral , ([iii est a la fois le denonciatcur de Boisguilbert, et le rival du jeiinc Deshonlieres. Vauban songe a faire tairela calomnie par quelque conp d'eclat ; une mine (ju'il a fait preparer, doit, assurer la prise de Charleroi ; mais cette ex])losioii coutera la vie a cent grenadiers et a I'officier qui les commandern. Par une triste fatalitc, c'est I'ami de Vauban, c'est I'amant de Lucile, que le sort designe pour cc poste d'honncur. Lorsque le mare- chal en est informe, il veut en vain revoquer son ordre : Des- houlieres se devoue; et, tandisqne, pour Iroinper sa mere et celle qu'il adore, il les entrelieiit de son boiihcur futur, le signal I'appelle, et il s'arrache de leurs bras. Bicntot une ter- rible explosion se fait entendre, Charleroi est pris, et c'est Deshoulieres qui vient, avec Vauban, en annoncer la nouvelle. Le marechal a ete inspire parson genie; il a change de dessein, au moment de I'aclion; el cette manceiivre militaire est e.xpli- quee par un soldat nomnie Fraiicceur que Ton a inirodnit dans cedranie pouregayer un dlalogueun peuserieux. — On voit que la piece a ete comj)osi'e ]jour la situation dramali(!ue que nous venons d'indiqucr, el qui inspire en effel un vif inleret; mais le reste est d'une invention un peu vulgairc, et n'off're ni une intrigue fortement tissue, ni des caracttres originaux. Du reste, la piece, qui exprime des scntiuiens genereux et patrio- tiques, est tres courte; on voit ([ue les auteurs elaient presses d'arriver a leur grande situation. lis out etci nommes, malgro une legere opposition. M. A. Beaux- Arts. — Giavitre. — Un des plus beaux monumens que uotre siecic ait vu clever aux sciences est sans cnntrcdit I'ouvrage de M. Georges Cuvier sur les Ossemens /ossi/ex , auquel un collegue de I'auteur a llnstitut. feu M. de l-ace- pede, a consacre deux articles raisonnes dans notre recncil, ( Voy. Rev. Enc. , t. xiii, p. 2t)o-^0! , et t. xxv, [). 35o-357). 886 FRANCE. Pour lie pai'lcr ici de cet ouvrage que dans son r;;pport avec les beaux-arts , nous dirons que les nonibreiiscs planches qui racconipagnent sonl dignes, par leur execution , d'line enlre- prise oil le zele et les soins des editeurs ont si bien secoiide Ic genie du grand ecrivain auquel nous eii soniraes redevables. Tant de pellts aufeurs s'enipressent cux menics aiijoiird'hui de nous donner la representation de leurs Iraits, aussi in- connus souvent que leurs ecrits, qu'il pouvait bien ctre jicr- inis a MM. Dufour et d'Ocagne de placer le portrait de M. Georges Cuvier en tete de la troisiemc edition de sou ouvrage (i). Ce portrait, grave par C. Lerichon, est parfai- tement resseniblant et plein d'expression ; inais, si I'artisle a su saisir habilement les Iraits de son modele , el nous rendrc, pour ainsi dire, sa pliysionoinie vivante, il est une cliose que ne pourraient reproduire ni le pinceau , ni le burin, et qu'un ir.ot seul suffit pour expriiner ; c'est la niodestie de M. Georges Cuvier, qui a exige de son libraire le sacrifice d'une notice dont cc portrait devait ctre accompagne. Elle ne nous cut rienappris sans doute : I'eloge de son savoir est dans ses ouvrages, et celui de son esprit, dans le trait que nous rapportons. Les ni(5mes editeurs, etaiit devcnus pro])rietaires d'un beau j)orrrait de roNXF.Nr.LLE, grave dans les memes dimensions et avec un cgal talent, par P. G. Lanci.ois, ont eu I'idee de I'of- frir en nieme tems a leurs souscripteurs. Bien des personnes sans doute seront curieuses de joindre au portrait du celebre acadouiicieri moderne celui d'un honinie qui a fait long-terri'S la gloire de TAcadeniie, et qui, selon Thcureuse expression de La Harpe, a niartjue le passage du siecle de I'imagination a celui de la philosophic. L'un et I'aulre portrait se vendent chez MM. Dufour et d'Ocagne , quai Voltaire, n" I'i, et chez Chaillou Polrelle, rue Saint-Honore , n° 140, aux prix snivans : Le Portrait de Cuvier^ avec la letire , 5 fr. ; sur papier de Ciiine , 6 fr. ; avant (i) Cette edition, cntlcreinent teimiuee, se compose de 7 vol. ia-li°, du prix de 260 fr. , avec le portrait. — MM. Dufour ct d'Ocagne offrcnt aussi, par faveur, et au prix de g fr. , aux actjuerenrs des deux pre- mieres editions, ce nieme portrait, acconipa^'ue du Discoias ( in-4'' ) siii les revolutions de ia surface du globe, afin de les faire jonir des change- mens que I'auteur a fails a son ouvrage. Quaut aux persounes qui n'ont pas souscrit a I'ouvrage enlier, et qui desireraient avoir le Discours scpa- reiuent, avec Ic portrait, elles penvent se le procurer ponr la sonimc de 1 5 f I . PARIS. 887 la leHre, ou leltre grise, 10 fr.; siir pap. dc Cliine. i-x f'r. , <>t ce\ui de Fontenelle , 3 fr. snr beau ji;ipier; 4 fr. sur papier de Chine. E. H. Necrologie. — Chassiron {Pierre- Charles-Martin , baron (le),nea laRochelle,ie 2 novenibrei753, morta Paris,lei5a\Til 1825. Dans tout Ic cours de sa vie, ce digne citoyen donna constamment I'exemple du bon emploi oudres leur aneienne denomination de regisseurs-gcni'ranx des poudres et salpetres, et M. Riffault recut, a cette epoque, la decoration de la legion d'honneur. Depuis , la regie des poudres fut confiee a un dirccteur-gcneral, choisi dans le corps de Tarlillerie. M. Riffault, arrache ])ar ce changement a ses occupations favorites, ne resta cependant point inactif. Travaillantavec une nouvelle ardeur aux sciences PARIS. 889 uul faisaienf ses delices^ il tradiiisit dans notre langue dts ou- vrnges anglais, (|ui servirent a f'aire connaiire en France des theoj-ies, jiisque-!a incomplotement developpees dans les traites clenicntaires (]ue nons jjossedions. Son doslr const;int d'etre utile a son pays, et de contribuer^ antant que ccla pouvait de])endre de luij a cntretenir entre la France et I'Angleterre tine lieureuse emulation el un echange reciproque de connaiss.mces , et sa vie iaborieusc , consacree en grande partie a I'etude des matliemaliques el de la cliirnie, I'avaient mis en relation intime avec la plupart des honmies celebres dans ces deux sciences. M. Riffjiult , qni laisse tjuelques travaux imparfaits, a donne au public plusieurs ouvrages , parmi lesquels nous citerons les plus importans : 1" Le Manuel du commisxaire des poudres et snlpetres , (en socicte avec RT. Bottee ). Nivose, an vm. i vol. in-4''. 2° Traite de tart de fahriquer la poudre h canon, ( fait en societe avec M. Bottee, et traduit depuis dans presque toutes les langues de TEnrope ). 1812. i vol. in-4° avec atlas. 3" Traite pratique sur P usage et le mode d'application des reactijs chirniques , fonde sur des experiences. Traduit de I'an- glais d'Accu:vi. 1819. i vol. in-8°. L" Syslenie de chimie , traduit de I'anglaisde Thompson, en- riclii d'observations })ar Bertholet , 1809. 9 vol. in-8''. ( La seconde edition, d'apres la cinquicme edition anglaise, a j)aru , en i8i8-i8ig, 4 v. in-8", et \xt\ supplement en 1822. i v.in-S".) 5" Essai sur les affections calculeuses , traduit de I'anglais A' Alex. Marcet. 1 vol. in- 8°. 6° Cltiinie des gens du monde , par 6'«/n«e/ Park.es, traduit de I'anglais. 1822. 2 vol. in-8°. 7° Dictionnaire de chimie , par Andre Ure , traduit de I'an- glais. 4 vol. in -8°. 8° Manuel de chimie. iSaS. i vol. in- 1 8. 9° Manuel de chimie amusanle, traduit de I'anglais d'AccuM. iSaS. I vol. in-i8. 10° Manuel theorique et pratique du brasseur, traduit de I'anglais d'AccuM. 1S25. i vol. in- 18. 1 1 "^ Manuel du teinturier et du dcgraisseur. 182$. i vol. in- 1 8. 12° Manuel du peintre en hdlimens , du doreur et du vernis- seur. 1824. 1 vol. in-i8. M. C.-h\ Vergnaud -RoMAGNESi, merabre de la Societe royale des sciences d' Orleans , a jjublie une Notice sur Riffaull. (Orleans, 1826. In-8'' de 8 pages), a laquellc nous avons em- prunle une partie des details qu'on vient de lire. IT. 8;)<) FRANCE. — PA.R1S. — TuiBAUi.T ( Jean Thoma.i ) , arcliiiecfe , meiiibre de V Jca- deniie royale dcs beaux- art s , est mort a I'aris, le 26 juiu 1826. Ne a Monlierender , dans le departement de la Haute- Marne, le 20 noveinbre 1757, il fut d'abord employe par le ])rince de Cniili a divers travaiix execules a I'lie-Adain. C'est a cette epo(]uc et sous I'inspiralion de ce lieu pittoresque qu'il scnfit naitic son gout pour le paysage, auquel il dnt quelques succes. Diiigc dans scs etudes d'arcliiteclure par MM. Boulle ct Paris, il se presenia et se fit reniarquer plusieurs fois aiix concours academiques. Un long sejoiira Rome lui permit en- suite de peifeclionner ses lieureuses dispositions, el d'etudicr avec fruit Ics admirables modi'les que nous a laisses ranliquite. « Ses compositions architecturales, dit M. Vaudoyer, dans le discours qu'il a prononce sur la tonibe de son collegue et de son ami , n'ctaient point le produit de ces regies routinieres, si deuces pour la mediocrite. Noun i des principcs puises dans les bons auleurs el dans I'elnde des moniimens antiques, il imprimait a tous ses ouvrages le cachet de la convenance, de la simplicilc ct du bon gout. » Les palais de Neuilly, de Mal- maison, de I'lilysee-Bourbon lui doivent d'hcureux embellis- semens. Appele en Hollande, ilfut charge de restaurer I'hotel- dc-ville d'Ainsleidam, le palais de La Haye et ])lusieurs aulres monumens. De retour dans sa patrie , la section d'arcliiteclure de I'Acadrmie des beaux-arts Tadiuil dans son sein. Bientot apres,il fut nomme membrc du conscil des batimens ; ])uis, professeur de perspective a I'ecole des beaux-arts, ou ses le- cons alliraient de nombreux eleves. Un artiste si laborieux, siobligeani, dut elre et futtoujours un homme de bien. II n'avait que de vieux amis : s'il en fit quelqnefois de nouveaiix, i! les choisit parmi ses eleves , dont il fut tonjours le pere. M. Tliibault laisse un grand et important ouvrage sur la perspective, qu'il elait sur le point de publier : esperons que ce travail sera conserve aux aris et a la memoire dc son auteur ! A. TABLE DES ARTICLES CONTEiSUS DANS LE QUATRE-VINGT-DIXIEiME CAHIER. JUIN 1826. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Des AUemands compares aux Francais. Mme la princesse Constance de Salm. 589 a. Observations sur le beau. Adolphe Gamier. 601 3. Dcs dragons et des serpens moiistrueux; (j™" et dernier article). Eus'ebe Salverte. (iaS 4- Notice biograpliique sur M. Eustache Degola. G. fiSfi II. ANALYSES D'OUVRAGES. 5. L'agriculture pratique et raisonnee , par sir John Sin- clair; ouvrage anglais, traduit par C. T. A. Matliieu de Dombasle. Victor Jacqnemont. 64^ 6. Applications de la morale a la politique, par Joseph Droz. Charles Renoiiard. 655 7. Rapport sur le projet d'un code penal, par M. Ed. Li- vingston, traduit par M. A. H. Taillandier. Beni/le. 6fi2 8. Geographic d'Herodote, par J. B. Gail. Aveiiel. fiya 9. Encyclopedic moderne. O. 683 10. Lord Byron, par Mme Louise Sw. Belloc; (2'"^ et dernier article). Tissot. 6go IIL BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de i35 oiivrages , francais ct etrangert , AmERIQUE SEfTENTRrONALE. Etats-Unis , 2 8oi EuKOi'E. — GraivJe-Uretagne, 9 ■ 704 — Riissie, 4 , dont i ouvrage periodique ytS — Pologne , I. — Danemark , 1 7I9 — Allemagne, 6 721 — Suisse 2, . • ■ 73 1 — Italie ,9 73a — Pays-Bas, 7, dont 1 ouvrages periodiques 738 Frawce, 94 > savoir : Sciences physiques et naturelles , 20 742 — Sciences religieuses , morales , historiques et politiques , 48. . . 761 — Litterature, l5 810 — Beaux- Arts, 6 827 — Memoires et Rappotts de societes sa^antes, 1 83o — Ouvrages periodiques , 1 83 1 — Livres en langues etrangeres , imprimes en France , ^ 833 8ga TAHI.E DES ARTICLES. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTER A.IRES. Amekique SF.rTRNTRiONAi.E. — itats-Uitis , New-Htiveii , Gaz eclairant tire dcs setnences dii colon 835 HviTr. — Don patriotique fait par le president Boyer 836 Ameriquk MKiiiDioNALF.. — Gujaiie , Surinam, Publication procliaine. — Brcsil, Colonisation ibid. AsiE. — Calcutta, Irruption du cholera - morbus. — Inde , Reconnaissance geographique du Burranipouter 838 Afbique. — //e tfe /'./4ice«iio«, Culture, Civilisation 840 EUROPE. Iles BaiTANNiQUBS. — Clieniin de fer de Liverpool a Man- chester. — Relev6 des machines a vapeur dans le Lan- cashire 841 RussiE. — ■ Saint-Peiersboiirg , Institut oriental 842 PoLOGNE. — Realamatiori conire des faits inexacts contenus dans le Resume dc Vhistoire de Pologiie 845 Danemark. — Copenhagite, Exposition publique d'objets d'arts. 848 Allemagne. — Leipzig, Librairie, Foire de Fftques. — Dresde, Society pour la recherche et 1» conservation des antiquites nationales. — Necrologie , Henri de Lepel 849 Sdisse. — Canton de Vaiid : Extrait du compte rendu par le Con- seil-d'etat 85o Italie. — Naples , Chevelure d'une longueur extraordinaire. — Florence, Publication d'une histoire de Pologne. — Reclama- tion au sujel d'un article sur la Tunisiade. — Milan : Necro- logie, Oltavio Morali. — Saint- Marin : Necrologie , Antoine Onofri 853 Pays-Bas. — Utrecht, Fabrique de tapis. — linixclles, lustitut royal des Pays-Bas. — Harlem, Societe hoUandaise des sciences 856 France. — Societes savantes et etablissemens d'utilite publique ; Cambrai , Exposition publique d'objets d'arts et d'industrie. — Monfpellier, Fondatioil d'un musee 86 1 Paris. — Insiiint : Aca,dcm\e des sciences, seances du mols de niai. — Society centrale d'agriculture. — Societe d'encouragement. — Athenee royal. — Ue la crise commerciale en Angleterre. — Theatres : Theatre franiais, lies representations de lirusque et Bonne, et du Speculateur, comedies. Odeon : I'cs repre- sentations de Heritage et Mariage, et de Vauban a Charleroi, comedies. — Beaux-Arts : Gravure. — Necrologie : Chassi- ron ; Vincens-Saint-Laurent ; Riffault ; Thibault 86a TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABETIQUE DES MATIERES DU TRENTIEMF. VOLUME DE LA REVUE ENGYCLOPEDIQUE. A.VR1L, Mai, Juin i8a6 (*). Ox a reuni aiix quatre mots indicatifs dcs qcatiie orawdes divisions de ce Recueil : I. MEMOIRES , NOTICES ET MELANGES; ir. ANALYSES F.T EXTRAITS D'OUVRAGES CHOISIS; III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE; IV. NOUVELLESSCIEN'TiFIQUES ET LITTERAIRES ; Lc detail et le renvoi dcs articles qiii s'y rapportent ; puis , on a caracterise ces articles , a la suite du nom de lours auteurs , par I'une dcs quatre abreviations ci-apres : M. (memoires et notices) ; A. (analyses); B. (nutr.ETiw nimiQ.. grathique); N. (nouvei.i.es sciENTiFiQCF.s ET UTTER Ai R Es ). La designa- tion C, apres les noms propres, iudique les collaboratcurs de la Revue, lorsqu'il s'agit des articles qu'ils out fournis. An lieu de comprendre sons la deaomination generale sciences et arts (eomme dans nos qaalre tahli^s des matieres dc I'annc'e 1S19), I'iudication des differentes sciences dont traite ce volume , on a cru devoir , pour rendre les re- clierches plus faciles, et pour mieux caracteriser Ic but philosopbique dels Revue Encjclopedique , ouvrir un ccropte particulicr et special, en lettres ca- pitales, non-seuleuieut a chacunc dcs branches dcs conuaiss.iuccs bumaines , AGRtctTLTURE, ANATOMiE, ctc. ; a cliacun dcs elemens esscutiels dc la civili- .satiou et dcs moycns principaux de commuuication entre les hommes ; acade- mies et societes SAVANTES ; dictionnaires ; enseignement iiutuei,; instruction rUBt,iQCE; JOURNAUX; theatres , etc. ; mais encore a chacun dcs pays dont il est fait mention dans ce Ficcucil ■ de maniere qu'on puisse rap- procber ct comparer tour a tour, soit I'elat des sciences et des elihnens de la civilisation dans cliaque pays , soit Ic-s natinns ellcs-memes, sous les differens rapports sous lesquels on a eu occasion de les considercr. XABSTRACTiows ( Essai sur les), par Cbevrier-Corceiles , yfiS. AcvDEMiES. fnj. Societes. Accouchemens ( Precis de I'art des), etc., par Chevreul, ifia. Adam ( P. ) , graveur. Collection (*) Ou sotiscril, pour ce Recueii, scientifique et litterairf., dont il parait un cahier dc quatorze fci'illes d'impression, tons les raois, au Bureau CENTRAL d'abonnement, riic d'EnJ'er-Siiint-jVicliel , n" 18; cliez Arthus Bertrand, rue HautefeulUc, u" 28, et clicz Renouard, rue doTournon, n"* 6. Prix de la souscription ; K Paris, /|6 fr. pour un .in; dans Ics dep'artemcrts, 53 fr. ; 60 fr. dans I'etranger. t.7 894 TABLE AN des portraits historicjues de Ge- rard, 8a8. Adam (P.) f'oj. Gerard. Administration, 9.25, 227, 707. — (De 1') de la justice et de I'or- dre jiidlciaire en France , par d'Eyraud , A. , 61. Adrien-Lafasge. ( J. ) C. — B., 214, 546. — N. , 271, 281. Afrique, 174, 554, 759 , 840. Agkicui-tuue , 237, 248, 40' > 4fio , 4''9 , 482 , 731. — ( L' ) pratique et raisonnec , par sir John Sinclair, traduit de I'anglais par C. J. A. Matbieu de Dombasle, A. , 643. Aikin (J.), f'oy. Soirees. Albert (D.), C— N. , 842. Alexandre (A la menioire de I'em- pertur) , 7i5. — empereur de Russie , ou Notice sursa vie, etc, par H.E. Lloyd, 4i5. Algebre , 167. — Enseignee en seize lecons , par Trastours, 480. Alger ( Essais politiques, liistori- S29. Archives des inventions et des decouvertes Ies plus nouvei- BE5 MATIKRES. 8y5 Ies, etc., par Henri Leng, 43j. Ardant ( J. ). Voy. Philosophic. Arithjhetique (Manuel d') d«- montree , par Collin , 482. Arlincourt (d'). Le siege de Pa- ris , tragedic , 268. Akt Mii-irAiKE , 220, 75i. VETEHINAIRE, 482. — (Notions fondamentales sur r ) , etc. , par Delabere-Blaine , 407. Artificier ( Manuel de 1' ) , par Vergnaud , 482. Arts industriels, 170, 482. Voy. aiissi Industrie et Technolo- GIE. Ascension ( L'ile de 1'). Culture, civilisation , S4o. AscETiouE. Vof. Theologie. AsiE, III, 23i , 838. Jlssalini ( P. ). Ricerche tnediche sii I bagiii , l4r. AsTRONoMlE, 746. Athenee de Paris, 576, 872. Athenees des Pays-Bas , 246. Atlas geographique , chronolo- gique , statistiqne , historique et politique de I'Amerique, par J. M. Darmet , 173. — geographique ct statistique des departemens de la France, 757. — universel de la geographic de toutcs Ies parties du moude , ])ar Ph. Van der Maelen , 739. — des oiseaux d'Europe , par Weiner , i53 , 462. Attelages de vaches ( Memoirc sur Ies), par C. J.M. Lullin,73i. Audin-Rouviere. foy. Medeciiie. Avenel (M.)- C. A., 87, 672. Aylies Voy. Barreau francais. B Bains THEKMAUX, 141. — A VAPKUR (Recherches medi- cales sur Ies), par Paul Assa- lini , 141. Bal masque , ou Paris et le Vil- lage , coniedie en prose, par A. Jouhaut , 458. 896 BalIy(V.),C.— N. , 5;«. Baibacovi (J. V.). /'iy-. Discours. Bakb.vrte, 554, yoi. Baibauld (M"><:). Foj. Soirees. Barbier, C— M., 5. Barreau francals. Annales del'elo- quence judiciaire en Fraucc , par Aylies et Clair, 77''- Barry ( David ). P^oy. Rechercbes expiTimentales. Bateau a vapeiir etabli sur le lac ■ Majeur, 241. Beau ( Observations sur le ) , M. , 601. Beautes dela litterature italienne, recuc'illies par J. B. Niccolini et D. Bertolofti, 735. Beauvais(Le general), f^oy: Dic- tionnaire historique. Beaux-abts, 209, 275,422. 42f^, 439, 536, 545", 827, 848,861 , 885. Belle-mfere ( La ) et le gendre , co- medieen vers, par Samson, 271. Belles-lettres. Voyez Littera- TUKE. Belloc ( Mme Louise Swanton ). yoy. Byron. — Voy. Edgevvorth. Bengale (Leftres sur le), par F. Deville, 174. Becquerel. yoy. Girodet. Beranger (P. J. de). Foy. Cbaii- sons. Vergens Beskrivelse , 429. Berigny ( Charles ). yoj. Naviga- tion maritime. — ( Reponse des soumissionnaires du canal maritime de Paris an Havre au Memoire de M.), 489- — Vof. Refutation. Berthevin. Toy. Calcul. BerthoUet (C.L.). Voj. Notice. Bertini (B.) Idrologia minerale, i4o. Bertolotti. yoy. Niccolini. Berville, C— A., 38i, 662. Beucklins (Aux manes de), par J. B. G. Camberlyn, 146. BiBLIOGRAPHIE, 5, 423. Bibliomappe ou livre- cartes; le- TABLE ANALYTlyUK cons methodiqucs de geogra- jihie et de cbronologie , par J. Cb. B., I7'.>. , 493. Bibliotheque clioisie des peres de I'eglise grecqiie et latine , par M. N. S. Guillon , 761. — latine-francaise, ou Collection des classiques latins avecla tra- duction en regard, publiee par Tules Pierrot , 199. — de I'officier, Sog. Bilon (H.) /^o;-. Necrologie. BioGRAPHiE , 23, 193 , 196, 4i5 , 424, 5ifi, 538, 53g, 636, 690 , 7i5 , 723 , 784 , 804 , 806. — de tous les minisires , depuis la constitution de 1791 jusqu'a nos jours, 801. Bianc-Saint-Bonnet. y. Pietition. Blavier. yoy. Jurisprudence gene- rale. Blume ( Le docteur ). Fragmeus pour la composition de la Flore de rinde neerlandaise ,111. Bodin ( Felix ). yoy. J ubile des Grecs. Boitard (Ch. ). Manuel de Bota- riique , i56. Bolivar (Portrait de), lithogra- pbie, par Maurin , 278. Bonaparte ( Reddiiion de) et son scjour a bord du Beileropbon , par le capilame F. L. Maitland, 710. Boileau (Le) des colleges, par FonVanier , 8i5. Bornbolz (A. de). yoy. Truffes. Borromee ( Saint-Cbarles ). yojez Lettres. Bory de Saint-Vincent. Voy. Ani- maux microscopiques. Bossuet. y'oy. Discours. BoTAMiQUE, iir,i5(i,i58,2ri, 219 , 24o, 328 , 738. Boulay-Paty (E. ). J^oy. Grecs. Bontovsky. A^o;. Michaud. Boyer ( Le general), y'oy. Don pa- triotique. Brard (C. P.). yoy. Mineralogte populaire. DES MATIKRES. 897 Bi-es, C— L., 478. Bkesii., 554, 836. — ( llenseigneiuens slatistiques sur le), 229. BkEVETS u'fSVEJfTION, 168, 184; 239. Briffaut. Voy. NOMIXATIOJXS ACA- DEMIQUES. Brougham (H). yoy. Discouis inaugural. Broussais (F. J. V.}. Foj-. Theorie medicale. Brunet. Voy. Vaccine. Buckingham. (7. S.) The oriental Herald , A. , 344- Budget de 1826, ou Guillaume Ledru a la Chambre des De- putes , 784- BrjrXETIN BIBLIOGRAPBIOOE ( III ) ; Allemagne , i3i , 4^2 , 731. — Anierique meridionale ,110. — Danemark, i3o, 43o,-720. — Espagne, i44- ■ — Etats-Unis , 108 , 395 , 70f . — France, i5l, 462, 742. — Grande-Bretagne, 116 , 4o3 , 704. — Haiti .401. — Indes orientales, iii. — Italie, 140. 448, 732. — Me.\i- que, 399. — Norvege , 429. — Pays-Bas, i45 , 455, 738. — Poiogne, 719. — Russia, 126, 424 , 7t5. — Suede , 128 , 428. — Suisse , 1 36, 443 , 73 1. — De la Societe d'encouragement pour I'indnstrie Rationale, 2tfi. Bureau de nourrices etabli a Ber- lin , 241. ISur>iouf{ J. L.). A Grammar oj the i^reek language , translated from the french by Ed. Damphoux , 109. Burrampouter. Reconnaissance geograpliique de cette riviere , 839. Byron (Lord), par M""" Louise Sw. Belloc , A. , 690. — Voy. Grecs. — Voy. Prix. — (Une visite a), a Genes, par J. J. Coulmann, lyfi. Cadet, de Metz, C.— B. , 494. Calcul (Leltres sur ie) a I'aide des complemens , par Berthe- vin, 4S2. — differentiel (Elemens de) et de calcul intdgral, parG. L. Bou- cliarlat, 167. Campan (Mme. ) yor. Conseils. Campbell (John). Voy. Pacalts- dorp. — ( Thomas), yoy. Theodoric. Camberlyn (J. II. G. ). Btikeliiigi gt- nio , 146. Canal entre le port de Boston et les rivieres de Connecticut et d'Hudsoa , 395. — (Projet de) et de chemins de fer pour le transport des paves a Paris, etc. , par F. C. Minard, 753. — maritime de Paris au Havre. yoy. Berigny. — yoy. Moutgerj'. Candolle (A. P. De). Memoires sur la familledes legumineuses, i58. Canticum jesuiliciim , 784. Cantiques ( Choix de ) , par Hip- poly te Monpou , 2 1 3. Caradeuc de la Chalotais (L. R. de ). yoy. Jesuites. Cardelli (P.). Manuel du cuisi- nier, etc. , 171. Carissoli ( y. ). Odi d' Anacrionte , 143. Casaseca. Voy. Magendie. Caro ( G. F. A. ). yoy. Documenta pkilosophica. Casein. Le Ode di Anacreonte e di Saffo , 735. Cassola. Corso elementare de chi- mica , 448. Catechisme d'econouiie j)olitiqiie, etc, par J. B. Say, 186. Cercle. ^o>. Viiigt questiojis. Cesar (Les Cominenlasres de), traduction , 509. 8y8 TABLE AN Chansons de P. J. de Beranger. Nouvelle edition, A., 38i. Chants (De rimportance des ) el des exercices de la niethode gymnastique de M. Aiuoros , 770. — (Les) de Tyrtee, traduits en vers francaisparFirmin Didot, 5i8. Charmont. fq;-. Vaccine. Chassiioii (P. CM.). ;^q>-. Ne- CKOLOGIE. Chatillon. Voy. Girodet. Cha'ivet , C— A. , 872. Chemiu de fer de Liverpool a Manchester ,841. — ( De Felablissement d'un ) entre Paris et le Havre , par Navier, 491- — Voy. Canal. Chenedolle. Notices necrologi- ques sur M. Ramoux et le ba- ron de Villenfagne d'Ingihoul, 145. Chenier (Andre). OEuvres pos- thumes , Sao. — (Marie-Joseph et Andre). OEu- vres completes, Br 5. Chereau (A.). Foj. Nomenclature. Chevalier. P'oy. Poninie de terre. Chevelure d'liiie longueur ex- traordinaire , 853. Chevreul. yoy. Accouchement. Chevrier-Corcelles. yoy. Abstrac- tions. Chimie , 448. — foy. Cassola. Chine (La) ) moeurs, usages, cos- tumes, etc., par une socicte d'artistes, avec des notices ex- plicalives, par D. B. de Mal- pi^re, 536, 827. Cliiromaiiie (Tiuite de la), par J. B. Terraube , 473. ChUIURGIE. /^q>-. SciEMCES MEDI- CARES. — (ResumtJ complet de), par P. A. Meirieu , 473- Cholera morbus. Irruption dans ie Bengale, 11 3, 838. aLY TIQUE Chopin (J. M. ). r. District (le) de Saint-^ficolas, par Van-den-Bogaerde, 740- Dochard. T'or. Gray. Documerita pliilosophica , etc. Le- cons de philosopliie , par J. F. A. Caro , 223. Doin ( Mine Sophie ). ^oy. Cor- nelie. Dombasle (C. J. A. Mathieu de ). Voy. Agriculture. Don Estaban, ou Memoires d'un Espagno!, 710. Don patriotique fait par le gene- ral Boyer, president de la re- publique d'Ha'iti , au tresor pu- blic. 836. DouAifEs, 189. Doublet (Francois). Notice his- torique sur sa vie et ses ou- vrages , par J. Doublet de Boisthibault , 196. Doussin-Dubreuil. Voy. Vaccine. Dragons ( des ) et des Serpens monstrueux , M. 3oi , 6a3. Drelincourt (Charles). Vor. Ju- bile. Droit. J-'oy. Jurispkxjdenck. — d'ainesse, 783, 784- — penal, 662. DKS MATlERKS. — romain, 719. Droz (Joseph), luy. Applications. Dubois. Rhetorique francaise en e.xemples, 8i3. Diicis ( J. F. ). OEuvres . ao3. — OEuvres posthumes, 2o3. Dulaure. Histoire de Paris, 787. des environs de Paris, 787. Dumas (Ale.\.). Nouvelles con- temporaines, 826. Dumersan. Foy. Pauline. Dupin, avocatl C. — A. 81. Dupotet (J.). Voy. Magnetisme animal. Dupre ( Louis ). Voy. Voyage a Athenes. E Eaux Mimerales nouvellement decouvertes pres de Lisianka, gouvernement de Kiow, 288. Eckstein (baron d'). Voy. Lettre. EcoLE centrale des arts et metiers de Guatemala, 554- — d'agriculture de Moscou, 237. — — pratique de Grignon , 249. — technique de Nuremberg, 433. ECOJIOMIEDOMESTIQUE, l6l, I7I, 24l- POLITIQUE, 186, 296, 454, 5o3. — PCBI.IQUE ( Principes gene- raux d' ) et industrielle , par P. H. Suzanne, 777. — RUKALE, 160 , 248, 4f>o , 468, , 719- EcossE. Voy. Grakde-Bretagke. Edgevf orth ( Maria ). Les Jeunes Industriels, ouvrage traduit de I'anglais par Mi°e Sw. Belloc, Education, 767. — des indigents dans les colonies des Pays-Bas , 070. — des femmes (Essai sur 1'), par Mme de Remusat, 767. Effluves tenestres ( Kecherches sur quelques), par J. de Tris- tan ,47'- 901 Eglise espagnole, 410. Egypte, 436, 577, 766. Eloqcemce, 180. — du barreau, 776. — de la chaire , 761 , 7^3. — de la tribune , 190. Enieric- David, de I'lnstitul C— A. 386. Encouragemens accordes aux Lettres par feu i'empereur de Russie Alexandre, 558. Ekcvclopedie moderne, ou Dic- tionnaire abrege des sciences , des lettres el des arts, par Courtin, A. 683. — portative. Resume complet de morale, par V. Parisot, 499. — morale, ou Choix du Specta- teur, du Babillard et du Tu- teur, traduit en francais par L. Jlezieres , 52 1. Ensayo sobre las Uberlades de la iglesia Esjjanola en ambos mun- dos , 410. Enseignement industriel a Lau- sanne , 567. a Clermont-Ferrand, 571. Ekseignemekt (Metkode natu- relle de 1' ) des langues , par de Lasteyrie , 8ro. — (Notice sur le svstfeme d'), par Ph. O. Skene, 8"'io. Entomologie, 333, 742. Epreuves ( les ) de Marguerite Lindsay, roman traduit de I'an- glais d"Allan Cuningham, par Mmc M. , 53o. Equitation, 470, 482. Eschyle (la trilogie d'), suivie d'lm essai sur cette trilogie , par F. T. Welker, i33. Esclavage , 11^, 117, 4i2, 554. Vojez aiissi Tratte. Esclaves ( du droit de proteger les) qui cherchent un asile, etc. , 412. Esclavons. Voy. Recherches. EsPAGKE, 144 » 254- , Esprit militaire ( de 1' ) en France 58 902 TABLE ANALTTIQUK par le g^u^ral Max. Lamarque, 5o5. Essais poetiques d'une jeune soli- taire ,821. Etats-Unis, i) , 108, 235, 2g5 , 701, 758, 835. — ■ ( Apercu de la situation inte- rieure des ) , et de leurs rap- ports politiques avec I'Europe; par un Russe, 704. Etreunes aux Jesuites, pour I'edi- ficatioii des personnes pieuses at'fectionnees a la societe , par Thomas , 179. Etudes d'arcliitecture civile, par Mandar, 209 , 829. Eulenstein. ^o/. Guimbardes. Examen ralsonne de I'etat actuel de la France, par le baron E. de Liebhaber , 78a. Exercices sur I'analyse et la com- position , par Dubois, 8i3. Expose des moyens mecaniques oscillatoires pour remedier aux deviations de la colonne verte- brale, etc., par Jalade-Lafond, i65. Exposition pdblique a Copen- liague de peintures , de sculp- tures, etc,, 848. d'objets d'arts et d'indus- trie a Cambrai ,861. — — de tableaux a Paris , au profit des Grecsy 578. E.Ktraits des auteurs grecs, tra- dults par Hautome, 8 14. Eyraud (D'). Voy. Administra- tion. Eyrifes. Voy. Gordon-Laing. Fabrique de tapis etablie a U- trecht, 856. Families illuslres (Recueil histo- rique des Maisoos et) et nobles du royaurae des Pays-Bas, par C. de Franquen, 740. Fai'ole e Novelle di f.orenzo Pi- gnotti /lietino, 738. Fcrnic modele des Bergeries, pr^s de Corbeil , 249. I'errari (Pierre). V. Njjcrologie. Ferry, (J. — A., 33, 327. — B. , 48a, 750. Finances des Etats-Unis, aaS. Fleischer, f. Voyage botaiiique. Flogging ( An intjuirj in to the na- ture and effects 0/ ) , 4 1 3. I'lora conspicua : A selection of the mart ornamental flow ring , exotic and indigenous trees, by R. Mor- ris and jy. Clark , 4o3. Flore ( Revue de la) des environs de Spa , par le docteur Le Jeune, 738. — de ITnde neerlandaise. Voy. Blume. Flottes (L'abbe). Voy. La Men- nais. Foire de Leipzig , S'jy. Fontaine (La) des pleurs, poeme traduit lihreraent du russe par J. M. Chopin ,819. Fontanier. V. Manuel classique. — Voy. Boileau. FoRETS , i36. Foscolo (Ugo). Voy. Sepolcri. Foss (H.). Voy. Sagen. Fossati (J.). C.— B. , 142, 449. Fossiles. Voy. Defrauce. Foy ( Le general ). Voy. Discours. Voy. Monument. Fragmens des lois des douze ta- bles, etc., par Charles Zell, Fragment d'un ouvrage intitule : Des Allemands compares aux Francais , etc. , par M™^ la princesse de Salm , M. 589. France, i5r, 247, 4'^''» ^71, 742 , 861. Franceschetti (Le general). Voy. Memoires sur Joachim I^''. Franceschi. Igea de^ hagni , l4i- Francoeur. Traite elementaire de mecaniqne, traduit en alle- niand, i3r. — C— B. 161,470, 481, 750. Franquen ( C. de ). A'o/. Families illustres. Fraser ( James B. ). Narralive of a journey into Khorasan, etc. , A. , 5r. I'romeiit (Ch.). Poesies , i47- Fromentiii. P'or. Tasse. Gacon-Dufour (Mn>e). Voy. Ma- nuel. Gaete (Due de). ^oj. Memoires. Gagern (Fon). National Geschickle der Dentschen , 434- Gail ( J. B. ). Voy. Geographic d'Herodole. Galerie fraucaise, ou collection de portraits des hommes et femraes celibres , etc., 538. — medicale; portraits des m^de- cins les plus celebres de tous les pays, etc., par P. R. Vigne- ron, 538. Gallatin, yoy. Discours. Galle (Francois). Koy. Observa- tions cliniques. Gallesio ( G. ). foy. Pomona ita- liana. Gardes-malades ( Manuel des ) , etc. , par Morin ,478. Gamier (Adolplie), C. — M. 6or. — B. 5oj,765. Gamier et Quetelet. Correspon- dance math^matique et physi- que, 149. Gaz eclairant tire des semences du coton, 835. Genealogie, 740. Geoffroy Sain t-Hil aire. Voy. His- toire naturelle. Geoffroy. Foy. Cours de iittera- ture. Geographe(Le nouveau) manuel, etc. , par Alex, de Villiers , 757. Geographie, i44> 172, 173, aSg, 493, 739, 756, 757, 758, 769, 839. — d'Herodote, prise dans les DES MATl^RES. go3 textes grecs de I'auteur, par J. B. Gail, 672. Geologie, 33o, 33i. Geometrie appliquee, 671. Gerard (L'abbe). Foy. Vrais prin- cipes. Gerard , peintre. Voy. Adam. Gesckichce der Beichtviiter der Kd- nige , etc. , 433. — der Gesellschaft ztir Beforderung des Guten iind Gemeinniitzigen in Basely 447- Gilbert de Voisins. Voy. Memoires de Lachalotais.. Girodet, Les amours des dieux , recueil de compositions litho- graphiees a vec texte redige par P. A. Coupin,B. 211. A. 386. — Anacreon , recueil de composi- tions gravees par Chatillon , et publiees par Bequerel et P. A. Coupin, A. 386. — paysage historique, lithogra- phic par Gudin, 277. Glaciere de Saint-Ouen , 264. Golbery (Ph.). C— B. i32, i36, 439,726, 73i.— N. 849. — yoy. AntiquitCs de I'Alsace. Golfe Persique (Exploration du) , a3i. Gondinet (A.), C— B. 480, 48a , 5o5,544, 776, 783.806. Glovatchevsky (C.). f'oy. Nbc/io- LOGtE. Goldsmith ( Olivier ). Histoire d'An^leterre , traduite en fran- cais par M™<= Alex. Aragon , 509. Gordon-Laing. Voyage dans le Timanni , etc. , traduit de I'an- glais par Eyries et de Larenau- diere, 174. Gbammaire, 147, 222, 810. — de la langue grecque. Foy. Burnouf. Grande Bretagne , 116, 233, 4o3, Soy, 556, 704, 841. Grwure, 212, 275, 828, 829, 885. Gra\ures (Cent) pour les cuuvres TABLE ANALYTIQUE de Voltaire , conveiiables a ton- tes les editions, puLliees par Le Cerf , a ra , 829. Gray (W. ) et Docliard. "Voyage dans I'Afrique occidentale, tra- diiit de I'anglais par M™e Hu- guet, 7C0. Gr^ce, ng , 572 , 274) 4'4) ^78, 783, 797, 823. — (La) vengee, par Alerino Palma, 119. — (La) deviendra-t-elle anglaise ? 783. Grecs (Les). trihut funebre aux manes de Lord Byron , par E. Boulay-Paty, 204. — ( Les ), par ]M»"> de Redern , 5a4. Gregoire. Voj. Histoire du nia- riage. Gresset ( OEuvres de ). Edition de Debure, 201. Grigorovitch ( Vassili ). Journal isiastcltnifth iskoustv ,etc. , 426- Grimm (J. et W.) freres. f^or- Nominations academiques. Guatemala (Donnees statistiquos sur), 549. Gudin. P^oy. Girodet. Guide pour la lecture edifiante de I'ancien Testament, par R. Moller, 720. — du soliiciteur et du plaidenr, par un avocat , 184. Guillen (M. N. S.). Cours d'elo- quence sacree. Guimbardes de M. Eulenstein , 278. Guizot. yoy. Histoire, GUYANH, 836. Gymnastique, 770. H Haiti, 227, 372, /joi, 5lo, 836. Hamilton. Memoiresdu chevalier de Grammont , 826. Harcourt (D') Voy. Reflexions. Havrmonie (L') en dix lecons , par Alex. Leymerie, 212. Hautome. yoy'. Extraits'. Hauls-faits (Les) des jesultes, 784. Havre ( Le ) ancien et moderne et ses environs , 176. llayward ( Joseph ). The science of Jlorticiihiire , c!c, , 4f>fi. llegermatin Liiidcnhrone ( .1/""^ Louise ). Daiiske Fortollinger , 43l. Heiberg, C.— A. fii.— B. i3i, 429, 43o, 432, 721. — N. 240, 849. Hellanicus. f'oy. Sturtz. Henry (C. J.),C.— B. 746. Heraut (Le) Oriental, rccueil periodique anglais , public par J. S. Buckingham , A. 344- Hereau (E.), C.— B. 2o3 , 204, 208 , 523, 8r9, 821, 826, et les articles signes E. H. Heritage et Mariage , comedie en prose , par Picard et Mazeres , 883. Uermanii{F. E. JF.). Ueber polytech- iiische Institute, etc., 433. Hess (J. G.). For. Muiler. Histoire, 87, 108, 119, i3r, i3a, 191, ic)4) 195, 19^, 4i5, 424» 434, 458, 509, 5io, 5ii, 5r2, 709, 710, 733, 734, 785, 787, 792. 795, 797, 8ofi. — universelle, ouvrage posthume de Jean de Muiler, 732. — generale, physique et civile de I'Europe, par de Lacepede, 507. — - des Croisades, par Michaud, traduite en russe. 126. — de la sixieme croisade et ne la prise de Damiette, parReinaud, 5og. — de I'empire des Ostrogoths en Italie, par J. C. F. Manso , l32. — d'Haiiti , par Charles Malo , A. 372. politique ct statistique de Tile d'Haiti, par Placidc Justin , A. 37a. de rexpedition des Fiancais a par DES MATIKBES Antoiiie 90I Sainl-Doniingue Metral, A. 372. — dii royaunie de la Chersonese taiirirjue , 4^'\- — H'Angleterri', par Goklsmitli , Soc). — tie la revolution d'Angleterre , par Guizot , iu3. — des deux chainbres du parle- meut d'Angleterre, 117. — de Poiogne, par I'abbe Silves- tre Ligurti, 853. — nationale des Allemaiids, par de Gagerii, 434- — ( Memoires et documens pour servir a 1') du duche de Luc- ques. 733. — (Remarques sur 1') des princes de la maison de Ssvoie, par Louis Cibrario, 734- — des campagnes des Itallens en Espagne , etc. , par C. Vacani , 449- — ( abrege de 1') de la Belgique , 458. — de raiicienue principaute de Sedan , par J. Peyran , 790. — de la revolution francaise, par I". A. Mignet , traduit en danois par le professeur Rah- bek, 23g. — civile , physique et morale de Paris, par Dulaure, 787. — des environs de Paris par le meme , 787. — d'Olivier de Clisson , par A. D. de La Fontenelle de Vaudore, 808. — des confesseurs des rois. des reines, etc., traduife du fran- cais en allenaand , 433. — du niari.ige des pretres en France, par Gregoire , 7(12. — du droit romaiii , par W. A. Macleiowskii, 719. — (Resume de 1') de la Philoso- pbie, par P. j\L Laurent, 5oo. — ( Precis philosophique de } de I'egl'ise , par Em. Lavigne , 192. lIl.'^TOIKE KATUUELI.E , l5''l, 3c)7, 463, 4fi5, 46(1, 74i. — des mammift'res, par Geoffrov .Saiut-IIilaiie et Cuvier. Nou- vi'lle edition , i5 i. liislory of I lie Vnid-d-Staies , etc. , 108. Holdbach. yoy. Neckologie. lloUidny's Annals of the House of thaioviT, 709. Hotcl-DieudeCaen.A''iij-.Meinoire. Hubcr ( B. ). Apercu statistique de I'lle de Cuba , 7(10. liuguet ( I\1"H- Charlotte ). roy. Gray. IhiUmann ( C ) Stildtewesen des I\liitclallen , i3l. Huskisson ( W.) . lor- Conse- quences. Hydkologie niinerale, ou his- toire de toutes les sources d'eauxminerales en Sardaigne, par B. Bertini , i4o. Hygie des bains et particuli^rc- rement de ceux de Lucques , par J. Franceschi, 141. I IcoKOGKApniE, 538, 53g. Iles S.\]vdvvich , 3gf>. lliailo (L') et I'Odyssce conside- rees coninie chants populaires, par Ch. G. Kelle, 730. Imitation de Jesus- Christ. Sur les nouvelles tiaductions de cet ouvrage , M. 5. LlIPKIMEHIE , 23g. Improvisations de Sgricci , 272. InDF.S OkIEKT.VX-ES, III, 1 74 I 344,838. Indication des principaux ou- vrages periodiques publics en Allemagne. 9" article, 439- Indulgence ( Examen de 1' ) ple- niere du jubile , par H. E. G. Paulus , 721. Ijnddstkte, 247 > 408, 4''o» 543, 567, 571,831,356,861,869. Influence du cbristianisme .-iur ia fpS TABLE AN coiiflition des femmes. par Gregoire , 498. iMStTiTUT oriental oe Saint-Pe- tersbourg ,84a. — royal des Pays-Bas. f^oy. So- CIETKS. — de France, f'oy. Ibid. Institution fondee a Paris, pour clever quarante jeunes Egyp- tiens, envoyos en France par leur gouvernement, ^yj. Institutions metaphysiques (Re- sume des) de Wyttenbach, 740. Instituts (Des) polytechniques , etc., par F. B. W. Hermann, 433. iKSTBTJCTIOJi ELEMENTAIRE , 258. I'UBLIQUE , 246 , 567. Intrigue (L') et 1' Amour-, drame en vers imite de Schiller, par De la Ville, 266. Inventions, i(J8, sSg, 439, 869. Iri,ande. V. Grande Bretagne. Isambert. Voy. Lois francaises. Italie, i4o, 243, 448, 568, 732, 7.^8, 853. Jaarhoehje over, 1826, 455. Jacobson (L.). Voj. Nominations Academiques. Jacotin. ^oj-. Tableau. Jacquemont ( Victor ), C. — A. 054. Jal (Rapport fait a la Soci<^te de medecine de Lyon sur Tctablis- sement orthopedique de M. ) , 478. Jalade-Lafond. Voy. Expose. Jardinage, 4o3 , 448, 74^- — (La science <]u ) , par J. Hay- ward , 406. Jazet. Toj. David. Jerome, yor. Recueil de fadaises. Jerusalem (La) dclivree traduit dn Tasse, en vers anglais, par J. n. Wiffen ,416. Jesuites, 176, 178, 179, 497, 498,783, 784. ALYTIQUE — ( Comptes rendus des consti- tutions des), par Louis-Reni- de Caradeuc de LaChalotais, i7fi. Jeiuies indnstriels (Les), par Maria Edgewortli ,771. Jeux de societe, 2i4- Jouliaut (Auguste). Voy. Bal masque. Jourdan. Voj. Lois francaises. Journal ( j4 ) of a tour around Hawaii, 3<)6. JOURNAUX ET OuVRAGES PcRIO- DIQUES : — pid)lies en AUemagne : Archi- ves de philologie et de pedago- gic, aHelmstedt, i3(). — (Indication des principaux Ou- vrages periodiques), 439. — publics dans VAmerique miri- dionale : THi^celanea politica , a Bolivar, iio. — f'csC-Indiscli Tydsclirifc , dans la colonic de Surinam , 836. — publics en Angleter.e : The oriental Herald, 121, 344- — The asiatic Journal, 121. — The american Monitor, 122. — Ocios de Espanoles emigrados , 1 2 4. — Au peuple. Aux peres et meres. Le courrier intercepte ; trois journaux portugais publics a Londres , taS. — Revue som- maire des Recuells periodi- ques , 121 , 4'9' — publics aux Etats-Unis : Lite- rary Gazette, a Boston, no. — A/mals o/the Lyceum of natural hiitorj of New-York , 397. — The north American medical and surgical Journai, a Philadelpbie, — publics en France : Cours de promenades champdtres, 219. — Journal des sciences mili- taires, 220. — Journal des avoues , 221. — Journal gram- matical, 222. — Annales des sciences naturelles, 54o. — Le Censeur, journal de medecine, DES MATIERES. 543. — Le Proclucteur, journal philosopliique de I'industrie, 543. — Journal (le In jeuiipsse, 544- — Journal general d'annoii- cesd'obje.ts d'artetde librauie, 545. — L'Industriel 83i. — Journal des prisons , e(c., 83a. — ■ publics dans la republique A' Haiti : L'Agriculteur Haitian, 401. — publics en Iialie : Jnnali iiniver- sali di statiscica, economic piib- blica , etc. , a Milan , 454- — publies dans les Pays-lias : Correspondance mathemati- que ct physique, a Gand, 149- — Archives philologique? , a Louvain , i5o, 742. — Journal d'agriculture,elc., a Bruxclles, 460. — Bibliotheca cricica nova , a Leyde, 462. — Bibliotheque du jurisconsulte et du publi- ciste, a Liege , 741- — publies en Riissie : Voienno- Meditsinshoi Journal , a Peters- bourg, 126. — Journal des beaux-arfs, a Petersbourg, 426. — Lifldndische Jalirbilcher der Landivirthschajt, a Dorpat, 719. Jouy (Etienne). OEuvres com- pletes, 819. Jubile. Voy. Indulgence. — (Du) des eglises reforinees , par Charles Drelincourt, 963. — des Grecs et jubile de la civili- sation , etc., par Feli.x Bodin , 783. Juilien (M. A.), Fondateur-Direc • teur de la Revue Encyclopedl que, C. — M. 12. et les articles signes M. A. J. Jurisprudence , i8r , 184 , 2: 74i. — du xix" slecle , etc. , par J . B. Siiey, 773. — generale des mines en Allema- gne,par Blavier, 493. Justin ( Placide ). f^oj: Histoire d'Haiti. 907 KaXScu xai XfY.Tf/TTC'jfJo'j Xupiy.a, etc. , 547. Kempenhausen. V. Nf.croi.ogif.. Karagitsch (W. Stephanovitsch). fO)-. NoMIN.4TIO>S ACADEMI- QUES. Kdh (Ck. G.). Homers llias und Odyssee als Volkfgesdnge , etc., 730. Khoras.\n , 5i. Klrckhoff (De). C. — B. 116, 145. Kolderiip-Ro.'envin.ge. Grimdrids af den danshe Politiset, 43o. Korf (A.). For. Necroi-ogie. Kozlop. Le Moine , poenie russe, 717. Labanof de Rostof ( Le prince Alexandre). Joy. Recueil de pieces historiqucs. Labrunie (Gerard) Toy. Napo- leon. Lacepede ( Le comte de). f^oj. Histoire generale. La Chalotais. Vor. Caradeuc. — J^oj. Memoires. Lafayette (General). Vojr. Dis- cours. — f^oy. Voyage. La Fontaine. OEuvres completes en u!i volume, 202. La Fontenelle (A. D.) de Vaudore. Histoire d'Olivier de Clisson , connetable de France, 802. La Harpe. toy. Lycee. Lamarque ( Le general Max.). ^oy. Esprit militaire. La Mennais ( L'abhe de) refute par les autorites qu'il invoque; par I'abbe Flottes, 49^. — refute par le comte de Maistre, 496. — Toy. Proces. Lani[)e (F.) Voy. Necrologie. 9o8 Langlois (P. G.), graveiir. Por- trait de Fonteiielle, 88f). LvNGUE allemaiule ( Tableau theoriqiie et pratique de la ) , par C. H. L. Poelitz , yafi. — grecque. Voy. Gramniairc. — italienne. P^or- Dictionnaire. — russe. f^oy. Ibid. — slave, yoy. Saint/-Jcr6me. Lnnjuinais ( Le cointc ). ^oj. Dis- cours. — C— B. 193. /.gfi, 762. Lanjninais( P. E. ). C. — B. 5o6. Larenandifere. T'. Gordon-Laiiig. Lascaris, ou les Grecs du quiii- 7,i6me siecle, par Villemain, 8s4. Lasteyrie (C. de). T'oy. Enseigne- ment. Laurent (P. M.). Piesnme de i'his- loire de la pliilosopliie , Soo. Lauvergne ( H.). f oj-. Souvenirs de la Grece, Lavigne ( Em. ). T'oy. Histoire de I'Eglise. Leake ( 11'. Marlin). Historical out- line 0/ the greeh rc'ohilion , 1 19. Lebeaud. Toy. Velerinaire. Le Cerf. T^oy. Gravures. Lecons de litterature et de mo- rale, traduites en francais par L. Mezieres, Sat. Lee(Oeorge'). A Voice from Greece, 4r4. Lefebure. T'oy. Promenades. Legislation , fii , 81 , i ifi , 117, 142, 184, 1 89, 190,443,662, 778. — (Traite de), par Charles Comte, A. 338. — Anglaise (Reforme partielle de la),a34. Leggenila di Tobia e di Tobiolo, i /{I. Le Jeune. T'oy. Flore. Le Moine (Ct. ). Toy. Devotion. Leng (//.) Jahrbiich der luacsien tiiidwichtigslen Erjindungen,l\^-i. LeNormand (L. S.). C. — B. 170. Leppel (Comte Henri de). T'oy. Necrologie. TABTK ANALYTKJUE Lerichon (C. ). graveur. Portrait do Georges Cuvier, 886. Leschen.aiit de la Tour ( L. Tb). Voy. Neckologie. Lesur(C. L.). T''oy. Annuaire bis- torique. Leti'onne. T'oy. Rapport, Letter of n Spaniard , 710. Lettrc a I'Academie royale de Lis- bonne sur le texte des Luslades, 208. — pastorale adressee aux eccle- siastiques du diocusi; de Valla- dolid ds MIcboacan, etc. , par don Joseph-Marie Couto , Sgg. — ( Sccoude ) a M. le baron d'F.ckstein , sur les croyances spontanees et nccessaires de rhtimanite, 4!)4- Lettres sur le Bcngale, ecrites des bords du Gange , i)ar F. Dc- ville , 174- — de Saint-Charles Borronice, contre les Jesuites , 4')7- — de Saint - James. Cinquieme partie, 780. Levant, 175. Levasseur V^oy. Manuel. Leymerie (A.), T'oy. Harmonie. LiBEKTE TIE LA PhESSE , igi. LlBRAIRlE, 235, 545, 849. Liebbaber (E. de). T'oy. Examen. Ligurti (Silvestre). Histoire de Pologne, 853. LiTHOGRAPHIE, 211, 276, 536, 537,539. Litterature allemande, 206, 439, 440, 44r, 44'-. 443,445,726. — ancienne classique , i33 , i35, i36, 143, 199, 5x8, 5rg, 73o, 735, 8 14- — anglaise, 120,121, 180, 4t6, 4'9, 521, 53o, 547> 710,712,713.^ — arabe, 438. — belgique francaise, 147, 458, 45g. — cliiuoise , 533. — da- noise , 43 r. — espagnole , 120, 124, 224. — des Etats-Unis, I no, 7o3. — francaise, loi , I 107, T98, 200, 202, 2o3, 204, UtS MATIERF.S. loS, Jo8, afi3, 166 268, 269, 271, 38i, 5i8 5i9, 520, 521, 523, 524, 5-26, 528, 532, 578, 589, 683, figo, 8i5, 819, 821, 8j3, 824, 825, 82!>, 88(1, 881, 883, 884. — grecLjue inoderne, 547. — Iielvetique allemande, i38, 139, i4o. — it.ilicnne, i43. 144, 416, 45o, /,5i, 453, 735, 736,737, 738,834. — portii- gaise , 124, 208, — nisse, 717, 879, — sucdoise, i28' LitteiatLire allemande ( De la), par Cluetieii Muller, 445. Liyingslon (Ed ). Toj. Code penal. LiVKKs destines a la ieuuesse , 544. Lloyd {H. E.). Alexander I, empe- ror of Russia , 4i5. Lloyd, foy. Discours. Lois francaises ( Recueil general des.ancienrjes ) , par Isambert, Decriisy et Joiirdan , A. 81. Longevite des animaux, 566. Loierie. I'oy. Dialogue. Lucenay (J. de), C.-B. i33, 433, 567. — N. 85o. Lullin ( C. J. M. ). yoj. Atteiages de vaches. Lusiades. Foy. Lettre. Lycee, ou Coins de litteratnre an- cienne et nioderne, par J. F. La Harpe, 197. M Uleicieiowski ( TV. A.). Historia juris Buinniii, yiQ. Magalon. f^'oy. Annales niiiitaires. Magendie ( F. ). Formnlaire pour la preparation et rempioi des niedirainens nouveaux, traduit en espagnol par don Jose L. Ca- saseca , 833. MiGNETisaiE ANIMAL (Experien- ces publiques sur le), par J. Du- potet , 167. Maison de correspondance et de commission a Paris et a Lon" dres , 265. 9"9 — habitee autrefois par Boccace a Certaldo, 243. Maistre ( Le cointe de). A'q>-. La Mennais. HJaitland ( F. L. ). Narrative of the surrender of lliionnpnrle , and of his residence on board H. M. S. the flellerophon , 710. Maladies (Des) de la litterature francnise, ic)8. Malo (Ch.). A-.j. Histoire d'Haiti. Malj)iere ( D. fi. de ). P'oy. Chine. iMandar. Foy. Eludes d'architec- ture. Manso ( /. C. F. ), Die Ost-Gothen in Icalien , i 3 2 . Majtuel classique poui I'etude des tropes , par Fontanier 812. — complet de botanique, par Ch. Boitard, i56. — complet du Jardlnler marai- cher , etc. , par Luuis Noisette, 746. _ — des justices de paix, par Le- vasseur, 184. — des poids et mesures , des monnaies et du calcul decimal, par Tarbe, 750. — des Gardes-PJalades, 498. — d'arithmc'tique , 482. — du vigneroii francais, ibid. — de I'artificier, ibid. — du veterinaire, ibid. — du peintre en bAtiment, ibid. — du chamoiseur, du maroqui- neur, du niegissier et du par- cheminier, jjar Dessables, 170. — comjdet de la niaitresse de maison et de la parf'aite mena- gere, par Mme Gacon-Dufour , i6r. — du cuisinier et de la cuisi- niere, etc., par P. Caidelli, '71- Marguerite d'Anjou , opera de Sauvagj , 269. Miriage (Traite du ) , de la pui.--- .nance maritale et de la puis- 59 TAB! K ANALTTlQtlE 910 saiic? naternelle , par V. A. Va- ■ieilles , t8i , Mariie ( Essai siir la), par A. Pu- vis , ijot). ilnscheroni ( L. ). Poesic edite eJ iiie- ditc, 144. Materiaux pour servir a la con- naissancede la litierature, etc., de I'ancienne Egypl i()7,335, 480,481. Maurin. Voy. Bolivar. Maztres. yoj. Heritage. MiicANiQUE, i3i, 571. MEDnciNF.. Voy. Sciences meui- CALKS. — (La) sans m^decin, par Audin- Rouvi^re , 746. Meirieu (P. A.), f^oj. Chirurgie. Melanges asiatiques, par Abel Remusat, 533. Melling. /^oj.Voyage pittoresqiie. Memoire a consulter sur un sys- teme religieux ct politique, etc., par le comte de Montlosier, A., 366. — sur la topograpliie m^dicale de I'Hotel-Dieu de Caen , par Trouve, i65. Memoikes, Notices et Melan- ges (1.) : Sur les nouvelles tra- ductions de rimitation de Je- sus-Christ ( narhier) , 5. — Dis- cours an nom des halutans du comte Lafayette {Gallatin), 9. — Notice sur la vie et les ou- Trages de Berthotlet {J. P.), 23. — Rapport sur le Voyage en Cyrena'ique , par Paclio ( Le- trunne), 289. — Kconomie i>o- litique. Systrme colonial (C), 296. — Ues dragons et des ser- pens raonstrueux ( Eitsebe Sul- verte), 3or. — Fragment d'uii ouvr^ige intiliilc : Des Alle- niands compares aux Francais, j:ar M""' la princesse de Salin, 589. — Obseivatioiis sur le beau {ji. Carntcr), fioi. — Des dragons et des serpens mons- trueux , 2""^ article ( Ensebc Salrerte), (iaS. — Notice bio- gr.rphique sur Eustachc De- gola (C;.),636. — FT Ratpouts dc Socii'ti's savan- tes , liuernirc.i ct d'tititite piibliqne en France, 9. l5, 83o. — de I'Academie des Sciences et Arts de Batavia . iia. — de la societe litteraire scandi- nave, i3o. — de la Societe linneenne du Cal- vados , 2l5. — de la Societe d'agriculture, sciences et arts du dcpartement de I'Auhe ,118. — de La Chalotais, precedes d'une introduction par Gilbert de Voisins, 178. ■ — de la margrave d'Anspach, tra- duits de I'anglais par J. T. Pa- risot, 194. — ou Souvenirs et Anecdotes, par le comte deSegur, 195. — relatlfs a I'expcdition anglaise parlie du Bengale en 1800 , pour aller combattre en Egyptc I'armee d'Orient, par le comte de Noe, 795. — sur les cvenemens qui ont pre- cede la mort de Joachim I , roi des Deux-Siciies , par le ge- neral Francesclietti , 806. — du general Morillo, 5il. — sur la vie de R. B. Sheridan . par Th. Moore, 804. — Souvenirs, Opinions et Ecrits du due de Gacte , 8'ofv. — du chevalier de Granimont , par Hamilton , 825. — sur la famille des leguminenses, par A. P. De Candolle, i58. Memorie delta reale Accademia delle science di Torino, A. , 33. — deW academia diagricidtiira, etc., di Verona ,732. -- e dociimenti i>er servire alt' isloria 1 del ditcnlo di l.'cca . y3Z. I dks matxlres Nomi:nations \c\ Mende. f-vj DEMIQUES. VendMt ( Pablo ). RevisCa del tifiti- guo teatro espanol , elc, , i 20. ftlensonge (Le) detruit par la Ve- rite, par dc Moiitfleury, 4'.i8. Message du president des Etats- Uiiis du Mexique , a?.5. Metali-drgie , a39, 455. Metaphysique , 740. Meteorologie , 332 , 334. Metral (Antoine). Vor. Histoiie de I'expeditioii .i Saint-Uoniin- gue. Mexique , aaS , 399 , 54y- Mezieies (L.). ^oj-. Lecoiis de litterature. — Voy. Encyclopedic morale. Michaud. Histoire des Croisades , traduite en russe par J. Bou- towsky , 126. Michaux-Clovis. Stances a Jean de La Fontaine, 2(i3. Michelot(A.). C— B. , i53, i54, 543. — N. a52, 575, Sfiy. Mier (S. Th. de). yoy. Discours. Mignet ( F. A. ). yoy. Histoire de la Bevolution francaise. Mill. f'oy. Code penal Milman {Henry Hart.') Anne bo- lejm,ji3- lUinano ( 5. ) Diccionario geogra- ftco de Espanay Portugal, 144- Minard (F. C). yoy. Canal. MllfERALOGIE, 33o. — populaire, par C. P. Brard, 745. Mines de cobalt , de plonib et de plorabagine , en Suede, 23g. — en Allemagne. yoy. Jurispru- dence generale. Mitologia ( Sulla ). Serinoiie , per y. Monti , 45 1 - .Molere (Aug. de la), de Cliar- tres. La Societe d'eneourage- uieut lui decerne le grand prix pour son invention de moulins pcrieclionues, 247- Moller(Il.)- ^o). Guide. Monnard(C.).C.-B. , i4o. yii Monogi aphie du genre Sticta, par Delise , 463. Monpou (H. ). yoy. Cantiques. Munbieur Dentscourt, on le Cui- sinierd'un graud liomnie, 784. Monteniont ( Alliert ) , C. — B. , 787. — ■ La Chute de Missolonglii, 8a3. Montfleuiy ( De). Vo) . Meiisonge. iMontgery (De). Second Rlemoire sur Paris port de nier, 489. Il/ond [y.]. Voy. Mitologin. Montlosier ( C. de ). yoy. Mc- inoire a cousuller. • f oj. Passion. — — yoy. Refutation. Montmorency ( Le due Matbieu de ). yoy. Notes. Montolieu(Mmeae) y. Siege ^Le) de Vienne. 3Ioiitzaigle. I'oy. Oilando. Monument (Concoursou\eit pour le) a elever au general Foy, 5 80. Moore (Tb.). yor. Sberidaii. Mora (J. J. de), C— N., 549, 554. MoRAtE , aSf), 4f'> 499 J 5oi , ()55 , 7(57, 771. Moiali(0.). yoy. Necroi.ogii'. yioraiiii ( L. F.), Obras drairtaticai r liricas ,224. Morcellement (Sur le) de la pio- priele territoriale en France par le vicomte Morel de Vindc, 774. IfJoreaii ( Cesar'). British and Imli produce and mantijnctuies expor- ted from Great- Britain , 408. Moreau de Jonnes (A. ) , C. — D. , 2 33. — N. . S40. Morel de Viiide. yoy. Morcelle- ment. Morillo (Le general), yoy. Mt- moires. Morin. yoy. Gardes-uialades. Morris ( Robert). Vor. flora cons- picuti. Motte (C. ). yoy. (!onlemporaii)i etraiigers. Ql'i TABLE AI Moulius h vent , ^conomiques et susceplibles de s'adaptcr a tou- tes les exploitations rurales, 247. Mucius Scajvola , tragddie en cinq actes, par J. C. J. Rcentgen, aOif. MuUer (C). roj. Litterature al lemande. Muller (Jean de). Histoire uni- verselle , traduife de I'allemand par J. G. Hess, y3i. Murray (L. ). ^07. Necrologie. Musee (Fondation d'un) a Mont- pellier, 861. MusiQUE, 212, 2i3, 374, 278, 422 , 545. Mythologie, 45 t. N Napoleon et la France guerriere , elegies nationales, par Gerard Labrunie , 526. — F'oy. Bonaparte. — f^oj-. Discours. — P'oy. Recueil de pieces authen- tiques. Navier. f^oj. Chemin de fer. Navigation , 233 , 755. — par la vapeur, 241. — maritime du Havre a Paris , par Charles Berigny , 486. Necrologie ; L. Murray , littera- teur aniericain , en Angleterre ; le docteur Noehden , secretaire du cabinet des antiques du Mu- see britannique; Robert Louis JFilioiigkbj, litterateur anglais, 236. — Fr. liei/ia , litterateur italien , A Canetto , 244- — Pierre Ferrari, architecte , a Naples , 245. ■ — • Claude Henri, conite de Saint-Simon , a Paris, 281. — Louis Gabriel Sachet, due A' Albiifera , niarechal de France, a Marseille, a83. — De plusieurs litterateurs et artis- tes russes : Andre Haievs/rj- , a AMTiyUE Koursk; Bourhhard JVichmann, a Pctersbourg, 55p. — G. Ou- gnimeff, hoinme de lettres, et C. (ilovatchevsk)', artiste , a Pe- tersF)Ourg , 5()I. — Frederic Lumpe , |;rofesseur a Dorpat ; N. Tcherepanof , professeur a ]\loscou;et /-'. Ctiuilslchikoff, libraire a Pctersbourg , 562. — le baron B. Kainpenkaiisen , a Petersbourg, 563. — Le baron A. Korf, a Petersbourg; le pro- fesseur Holdback , a Moscou ; J. D. Poidebard, mecanicien , a Petersbourg , 564. — Joseph Poli , phj'sicien , a Naples, 569. — llippolyie Bilon , medecin a , Grenoble, 584. — L. Th. Les- chenaiilt de la Tour, naturaliste, a f aris, 585. — P. L. A. Sivard de Beaulieu , Pun des adminis- trafeurs gencraux des mon- naies, a Paris, 585. — Henri de Leppel (Le comte), auteur de plusieurs ecrits estinies , en Prusse , 85o. — Oltavio Morali, savant philologue , a fllilan , 855. — Antonio Ouofri, patriote delarepubliquedeSaiut-Marin, 855. — P. C. M. baron de Chas- siron, a Paris, 887. — Vinccns- Saint-l.aurcnt, agronome , a Pa- ris, 887. — Riffaut-Deshetres , auteur de plusieurs ouvrages scientiliques , a Paris , 888. — Thibault , architecte, a Paris, Negociations ( Precis liistorique des) entre la France et Saint- Domiiigue, etc. , par Wallez , 5ro. Negro ( G. C. di )■ foy. Sermoni. Nesi ( L. ). Dizioiiario ortologieo delta lingua ilaliana , i4j- Niccolini e Bertolotii. Bellezze delta lelleratura ilaliana , 735. Nitzch ( ./. JF. ), Erkidrende Anincr- kunp^en zu Homers Odissee , 73o. Noe (le comte de). Voy. Memoires. Noehden, yoy. Necroi.ogie. DES MATItRES. Noisette ( L. ). Vo^. Manuel du jardinier. Nomenclature (Nouvelle) pharnia- ceutique , par A. Cliereau, ififi. Nominations academiquks: lirij- faiii , de Paris , membre de I'A- cademie francaise, 262. — Le professeur Mende , membre de I'Academie des sciences de Goet- tingue ; les fibres J. et JF. Grimm, de Cassel ; le docteur JF. Stephanovilsch Karagitsch , de Vierne, et le professeur Z. Ja- cobson, de Copenliague, corres- pondans de la mdme Societe , 566. — De Jonge , arcliivisle du gonvernement des Pays - Bas , membre de TAcademie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles, 570. — If 'arc/en, des Etats-Unis , correspondant de I'Academie des sciences de Pa- ris, 572. NoRVEGE , 429. Notes sur M. le duo Mathieu de Montmorency, 5ifi. Notice biographique sur M. Eus- tache Degola , de I'Uiiiversite de Pise, M. , 636. - — sur la vie et les ouvragts de Claude L. Berthollet , M. , 23. — sur la vie et la mort de J. H Voss, par H. E. G. Paulas, 724. NorJVEI-X-ESSCIENTIFIQUES ET LIT- TERAiREs ( IV ) : Afrique, 55/,, 840. — Allemagne , 240 , 565 , 849. — Amerique centrale, 549- — Amerique nieridionale, 228, 554, 836. — Amerique septen- trionalc, aaS, 549, 835. — Asie, aSi , 838. — Bresil , 229, 554 , 836. — Coloinbie, 228. — Dane- mark , aSg , 848. — Espagne, 245. — Etats-Unis, 225, 835. France, 247, 571, S61. — Grande-Bretagne, 233, 556, 841. — Guatemala, 549. — Guyanc, 836.— Haiti, 227,'^ 836.— indes i>rientales, 838. — Ilalie , 243 , 568, 853.— Maroc (Empire de), 554. — Mexique , aaS , 549- — — Paris, 249, 572, 862. — Pajs- Bas, 346, 570, 856. — Poiogne, 565, 845. — Bussie , 237 , 558 , 842. — Suede , 239. — Suisse , 241 , 567, 85o. Nouvelles contemporaines , par Alex. Dumas , 826. — danoises , par M'^« Louise He- gerniann Lindenkrone, 43 1. NUMISMATIQUE, l3o. o Observations sur I'ouvrage de M. de Scgur intitule : Uistoire de Napoleon , etc., par le baron de Voeiderndorff , 435. — sur un ecrit de M. le vicomte de Bonald, intitule : Sur la li- berie de la presse , par G. A. Crapelet , 191. — cliniques , et reflexions sur la veritable situation de la mcde- cine , par F. Galle, i64- — sur le beau , M. , 601. Ocios de espaiioles emigrados , 1 24. O'Connel ( Daniel ) , dcnonce conime imposteur au tribunal de I'opinion publique , par J. L. Villanueva , 4' !• Odes nouvelles de Kalvos , de Zante , suivies d'un clioix de [loosies de Chrestopoulo , tra- duites par I'auteur des Helle- niennes, 547- Odyssee (Observations pour faci- liter I'intelligence de T) , par J. W. Nitzscli, 73o. OEtivHEs de J. F. Diicis , 2o3. — de Gresset ,201. — choisies de Henri Zschokke , i36. — completes de La Fontaine, ei\ un volume, 202. — de Marie-Joseph et d'Aiidro Chenier , Sl5. — d'Etieiiiie Jouy , 819. — dramatiques ei lyriques de don gi^ TABLE ANA L^andic Fernandez Moralin , — postliinnes d'Andre Chenier , 5ao. — de J. F. Ducis , lo'i. Oldehope {^.). Karinannoi slovar I ossiiskoiiiemetshoi , etc. ,716. Onofri (A. ). I'oy. Necuoi,ogie. Opere del come Giiilo Pertwaii, 453. — lii Torquato Tasso. Prose sceUe , 73(5. Orlando et Loretta , fait liistori- que , par Pradel ct de Mont- zaigle , 208. Ornithologie, i53, 462. Orthopeuie. Voy. Expose. — Voy. Jal. Ougrumetf ( G.) T' . Necroi,ogie. Outrepont (Charles d'). Voy. Dia- logue des morts. OuVK/VGES PEaiODIQtIES. ^O/- JoURNAUX. Pablo (don), C — B. , 411. Pacaltsdorp , ou le Village hot tentot , par John Campbell, 809. ! Pacho. T'oy. Rapport. Palearius ( Aoiiius ). Plaidoyer pour Servius Sulpiciiis contre L. Miirena, tr.^duiten francais par A. Pericaud , oig. Palina's Greece ■vindicated , 119. Panduiang Hari , ou Memoires d'un Hindou , 120. Paris, 249, 479. 572, 787,862. — Port de nier ( second inenioire sur), par de Moutgery , 4S9. — Voy. Berigny. Parisot (J. T. ). I'or. Memoires. — yoy. Sheridan. Parisot (V.). Voy. Encyclopedie portative. Parliamentary History and Review, etc, ,117. — abstracts, 707. Parseval (F. A.), f'ot . Pliilippc- Auguste. Passion (La) des jesuites , com- plainte analytique du Memoire de M. de Moutlosier, 784. Pathox,ogie, i()i , i6a. Pauline, ou Brusque et Bonne, comedie en prose , par Dumer- san , S80. P^iihis ( //. E. G. ). Prii/ung des Jiibeljahr-Ablasses ,721. — Lebcn und Todeshiinden i'lber J. 11. P'oss ,724. Payen. Voy. Pomme de terre. Pays-Bas, 145, 246, 455, 570, 733, 85(i. Peine de uiort (Un mot sur la pi o- position de M. J. J, de Sellou sur la suppression de la ) , 443. Peintreeii bAtiment (Manuel theo- rique et pratique du ), par J. Riffaut, 482. Pericaud ( A. ). Voy. Palearius. Pernot (Th.). Voy. Dictionnaiie du batiment. Perse , 5i. Pcriicari. Voy. Opere. Petile-poste ( La ) , passe-tems de soiree ,214. Petition sur la legislation des bre- vets d'in vent ion, etc., par Blanc- Saiiit-Bonnet , 184. Peyran (J.). Histoire de rancieinie priiicipaule de Sedan, 790. Phakmacie , 16(1. Phlllppe-Auguste, poeme heroi- que en douze chants, par F. .4. Parseval , A. , loi. Philifips ( Richard). Golden rules 0/ social pliilosojihy , 4' I- Philologie, t33, i35, i36, 147. i5o, 199, 336, 437, 462 , 5r8, 672, '730 , 734 , 735 , 742 , 814. pHILOSOrHIE, 223, 247) ^OO, fioF, 765, 766, 773. — (Kssais de), physique et as- tronomiqiie sur quelques phe- nomenes de la nature et du globe , par J. Ardant , y/Hi. — soclalc. Voy. Philip/is. Physique, 149, 47'. ^57, 74^). Picard. Vcy. Heritage. UES MATI^REb. 9IJ PIcliler ( M'n« Caroliue ). Voyez Siege (le) de Vienna. PieiTes precieuses (La science des) appliquees aux arts, 4*^7- Pierrot (Jules). I'oj. Bibliotheque latine-francaise. Pignotu{L.). f'oy. Favole. Pindemonte. Voy. Sepolcri. Plavilstchikoff (V.). For. Negro- log if,. POESIE , 101 , 143, l47> 304. 263 , 38 1, '\i(>, 4 5o , 45 1 , 5'j4, 713 , 717, 737, 819, 821, 823. DRVMATIQUE, 120, 197, 204 , 224, 266, 268, 2(19, 271, 458, 578, 880, 88r, 883,884. — LA.TJiiK moderne , i 46 , 200. Poesie ilaUane dimesser Angela Po- liziano , 453. — tant publiees qu'inedites, de Laurent Mascheroni , i44- — de Ch. Fromeut, 147. Poidebard (J. B.). Voy. Necro- LOGIE. PolDS ET MESURES , 75o Police (Coup d'oeil sur la), en Danemark , par Kolderup- Rozenvinge , 43o. "Politien ( Ange ). Voy. Poesie. Politique, iio, 122 , 366 , 5;j5 , 5o6, 655, 723, yyi, 774, 780, 782, 783, 784. — de I'empire deMaroc, 554- Poli'lz {C. H. L.). Die Staatensys- teme Eiiropin und Amerikas, 723. — das Gesamnitgi'biet derteiitscken Sprache , etc. , 726. PoLOGisE, 565, 719, 845, 853. Pomme de terre ( Traite de la ) , par Payen et Chevallier, 160. Pomona italiana , ou Traite des arbres fruitiers cultives en Ita- lic, par Cr. Gallesio, 448. PojTTS et chaussees , SgS , 49' > 762 , 753 , 754 , 841- Populationde Paris. ''or-Villermi-. Portrait ( Le ) d'un ami , comedie en prose, 878. Poterat ( Le marquis de ). Voyez Theoiie du navire. — Vox. Traite pratique. Pradel. Voy. Orlando. Pradiei'. Voy. Raphael. Pradt ( De ). Voy. Refutation. Precurseurs (Les) , ou le Premier coup de tocsin de la contre-re- volution , 5o6. Pr6ventions ( Les ) , ou la Demoi- sellfide compagnie, comedie en prose , 271. Prisons, 832. Prix decrrnes : par la Societe de la morale chretienne de Paris, 256. — pour le monument a cle- ver au general Foy, 58o. — par la Societe royale et centrale d'agriculture de Paris, 867. — par la Societe d'encouragement de Paris ,871. Prix pboposes : par la Societe pour I'avancenient des arts fie Geneve, 241- — par I'lnstitut royal des Pays-Bas , 246. — par la Societe de geographic de Pa- ris , 260. — • par le Conseil sou- verain de Geneve, 443= — par la Societe royale des sciences de Goettingue, 566. — parl'A- cademie royale de medecine de Paris , 576. — par I'lnstitut royal des Pays - Bas, 857. — par la Societe hollandaise des sciences de Harlem, 858. — par I'Academie des sciences de Pa- ris, 865. — par la Societe royale et centrale d'agriculture de Pa- ris, 867. Prix venal des ouvrages de lord Byron , 235. Proces de M. I'abbe La Mennais , 783. Proclamation du president de la republiqne d'Haiti , 227. Produits ( Etat annuel des) du sol et de I'industrie qui sont sortis des ports de la Grande-Breta- gne , par Cesar Moreau , 4"8. Promenades ( Cours de ) cham- petres aux environs de Par.s, par Lefebure, 219. ' pagnol, etc., par P-ablo Meu- dibil, lao. Report of the coininission/iers of the stale of Massachtissetts, etc., 3^5. Resume complet de medecine ou de pathologieinterne, par Felix Vacquie, i6i. Reveroui - Saint-Cyr. Vojy. Vau- ban. Revolution d'Angleterre , iq3. — grecque (Coup-d'oeil histoiique sur la ) , par W. Martin Leake, 119. Revue sommaire des recueils periodiques publics dans la Gand'j-Bretague, 121, 419. Rhetorique, S12 , 8i3. — ( Traite elementaire de), par L. G. Taillefer. 5iG. Riboutte. f^oy. Specuiateur. Richand des Brus. Foy. Virus ve- nerien. Richard ( T. ) , C— B. , 76 1 , 777. Riffault-Deshetres. f^oj. Necro- LOGIE. Rigault de Rochefort. Foy. Pro- menades a clieval. Rigollot fils, C— B. , 467. Roentgen (J. C. J.). Fojr. Mucius Scevola. Romans, 120, iSg, i^o, 206,208, 43 r , 526 , 528, 53o , 532 , 703 , 710, 712, 824» 825, 826. Rosenmuller {F. C. ). Analecta ara- hica , etc. , 438. Roses (Les), par Redpute, avec le texte par Thory. Edit. in-8° , 211 , 829. Rosetti ( C. ) , C— B. , 454 , 784 , 738. Rousseau (J. J.). La Nouvelle He- loise , edition de Debure, 201. RussiE ,126, 237, 424) 558, 7 1 5, 842. Sagen (L. ) et H. Foss. Descrip- tion dela villede Bergen , 429. Saint- Jer6me (De la patrle de ) et de la langue slave , relati- vement a lui, par P. Stanco- vich , 734. Saint-Simon ( C. H. comte de ) Foy. Necroi-ogie. Saintes ( F. A.) Foy. Refutation. Salm (Mme la princessede). Foy. Fragment. Salverte (Eus^be), C. — M., 3oi, 623. Samsou. Foy. Belle-m6re. Sandoval , ou le Franc-Maqon , roman espagnol, 710. Sapho. Foy. Caselli. Sauvage. Foy. Marguerite d'An- jou. Say (J. B. ) Foy. Catechisme. Sclinitzler (J. H.), C— N., 845. Schweighaeuser. Foy. Antiquites de I'Alsace. Science politique ( De la) cons- titutionnelle , par P. A. Dela- cou , 772. SciEJVCES MEDICALES , lafi, l4l. 145, i6r, 162 , i63 , 164, i65, 166, 167, 397, 473 , 474, 476 , 478, 479, 543, 746, 833, 838. JIOHALES ET rOJLITIQUES , 6r , 176, 338, 493, 655, 761. PHYSIQUES, 33, l5l, 327, 462 , 540 , 643 , 742. Seance publique des quatie aca- demies de rinstitut de France, 252. Seebode. Archiv fur Fhilologie and FedagogiA , i36. Segur ( Le comte de ). Foy. Mc- nioires. - (Le general Ph. de ). /'«/. Ob- servations. Sellon (J. J. de). Foy. Peine de mort. Semaine (Une) dans une cliau- miere; traduction libre de I'an- glais , 5o2. Sepolcrii^De'), etc. per Vgo Foscolo , Pindeinonte e Torti , "jZy. Sermoni sacri in terza rima , p,er Gian-Carladi Negro, 45o. Seyffarth. Be^rage ziir Kentniss der 60 gi8 TABLE ANAI. LUeratur, etc. des alien Egyplen, 436. Seymour (Fanny), C. — B. , 715. Shaler ( JV.). Shetchts of Allien , 701. Sheridan (Richard Brinsley). Me- nioires sur sa vie, par Thomas Moore, traduits 5. — Societe pour la recher- che et la conservation des anti- qiiites nationales de Dresde, 849. — en Suisse : Societe pour I'avan- cenient des arts de Geneve, 241- — Societe de lecture de Geneve , 242. — .Socictes d'en- terremens lUd Bale , 243. — So- ciete baloise d'utilite publique, 447- — en /inlie : Academic royale des sciences de Turin , 33. — So- ciete des georgophiles de Flo- rence, 568. — Academic d'agri- culture , du commerce et des arts de Vcrone, 73a. — en Etpagnc : Societe royale economique des amis du pays, 245. — dans les Pays-Bas : Institut royal d'Amsterdam , 246. — Societe de bienfaisance pour les provinces meridionales , 670. — Academie royale des scien- ces et belles-lettres de Bruxelles, 570. — Societeroyale des beaux- arts de Bruxelles , 671. — Insti- tut royal des Pays-Bas, 857. — Societe hollandaise des scien- ces de Harlem , 858. — en France (Dans les departe- mens ) ; Societe liuneenne du Calvados, 2i5. — Societe d'a- griculture , sciences et arts du d^partement de I'Aube, 218. — Academie royale des scien- ces , des lettres et des arts de Marseille , 572. — Academie royale des sciences , belles- lettres et arts de Bordeaux , 83o. — a Paris : Institut royal de France ; Academie des scien- ces , 249 , 573 , 862 ; Academie francaise , a5a. — Academie de DES MATIERES. medecine, 575. — Societe rren- louragenient pour I'industrie siatioiiale , 216, 869. — Socicte de la morale chretienne, '^54. — Societe pour riiistructioii elementaire , 258. — Socie'ede geographie , a5g. — Societe asiatique , 260. — Societe phi- lotechniqiie , 262. — Societe royale et ceutrale d'agricnl- ture , 867. Soirees (Les) aulogis, par J. Aikin et M'le Barbiiuld , 5o2. Souvenirs de la Grece pendant la carapagne de 18^5, par H. Lau- vergne, 797. Souverainete poutificale ( De- monstration de la ) comme unique principe de verite et de salut , 496- Speculateur (Le), comedie en vers, par Riboutte, 881. Stael-Hoistein ( M"e de ). Son eloge biographique en langue russe , 424- G. Stancovich (O.). Ddla Palria di S. Girolamo , e della lingua sla- va , etc. , 734 Stassart , C. — B. , 460, 741. Statistique , i44> 173, 454 > 456 , 479 , 549 , 556 , 740, 760. Stephen ( James ). England escla- ved , etc, , 117. Stiirtz ( F. G. ). Hellanici frag- menta , i35. Suehet ( L. G. ) due d'Albufera. f'^of. Necrologie. Suede , 128 , 289, 428. Suisse, i36, 241 , 443, 4^9, 567 ,731, 85o. Si'MATKA , 4o8- Suzanne. K Economie publique. S> philis. ^'oj. Clinique. — ^(y. Virus venei'ien. Svsteme des 6tats tie I'Enrope et de rAu'ieiique , par C. H. L. Poelitz , 723. — (Du) et de I'etat des villes au moyen age , par Hullmaun , i3i. 9»y Tableau de la superficie de I'E- gypte , par Jacotin , 756. — geographique, historiqne, etc. des Etats-Unis. Csrte supple- mentalre de I'atlas de Lesaee, 758. ^ Taillandier ( A.) C.— B. 445. — foj-. Code penal. Taillefer. f^ny. Rhetorique. Talmud (traduction franc, du), 565. Tarbe. f^oj. Manuel des poids et mesures. Tasse (OEuvresdu); choix de ses ouvrages en prose, 736. — (L'Aminte du), en italien et en francais , tiaduction de Fro- mentm , 834. Tcherepanof. Foj'. Necbologif,. Techkologie , 241, 433, 467. Foyez aussi Arts inoustkiels et Industrie. Telegraphes entre Liverpool et Manchester, 557. Terraube (J.B.). Voj- Cbiromanie. Terentianiis Maiirus , de litteiia , syllabis , pedibns et metric , ed. D. J. Van Lennep , 147. Testament (Ancien). foj). Guide. Theatres : de Paris , a66, 587, 880. Theodoric , a domestic tale , and other poems , by Thomas Camp- bell, 547. Theologie , Cux-te , Reli- gion, etc., 2i3, 3'i6, 3g9, 410, 45o, 493 , 494,496, 497, 498,499,720.721 . 76'* 76a. 763, 783. Theorie meilicale ( De la) , dite pathologic , etc. , par F. J. V. Broussais , 162. — du navire , par le marquis de Poterat , 755. Thermometre ( Nouvelle divi- sion du) , proposeeparM. Ske- ne, 537. 9^0 TABLE AN Thesaurus palriim floresqtie docto- riim , etc. , 493. Thibaiilt ( J. 'lii. ) r,.j. Ne'jko- LOGIE. Thiebatit de Berneaiid. f^oy. Vi- gneron francais. Thomas, yoj. Etrenues aux ,Ie- siutes.' Thory ( C. A. ) f^oy. Roses. Tissot (P. F.), C.— A. , 690. TOPOGRAPHIE, 176, 459- Torti. ^^o/. Sepolcri. Tkaductions en nllemand : du francais, 433. — dugrec, i33. — en anglais : dn francais, 109. — du grec moderne , 4'4- — de I'italien , 4i6. — en danois : du francais , aSg. — enespagnol: du francais, 83s.' — en/raiicais: de rallemand, 206, 468, 732. — de I'anglais , i74t 180, 189, 194, 5o2 , Sog , 5-21 , 53o , 547 , 759 , 778 , Soij. — de I'es- pagnol , 5ii. — du grec , 386 , 5 1 8, 814. — du grec moderne , 547. — de I'italien , 834. — du latin , 5 , 199 , 200 , 5o9 ,519. — dii russe , 819. — en italien : du grec, i43, 735. — en lacm : de I'arabe , 438. Traite des Noirs, 554. ^oycz aussi EsCLAVAGE. — (Observations sur la) deses- clave.s h I'ile Maurice , 412. Traite pratique a I'usage des ma- rins, etc., par le marquis de Poterat . 755. Transactions of the Am trican phi- losophical society , A. 327. Trastotirs. Foy. Algebre. Tristan (J. de) Fojy. Effluves ter- restres. Tropes. Fay. Manuel classique. Trouve. f'oy. Memoire. Truffes ( De la culture des ) , par par Alex, de Bortihoiz, 4'^8. Ttpographif. (Traite de la), pai II. Fournier. 171. ALYTIQUE u Un mot sur I'Europe, ou le Coii- grts bienfaisant , par J. B. M. 782. V racani (C). Staria delle Campagne degl' Italiani in Espana , 449- Vaccine (Dela) et de ses heu- reux resultats , etc. , par Bru- nei, Doussin-Dubreuil et Char- niont, 47''- Vacqnie (Felix). Voy. Resume. Valentin (Louis). Fny. Voyage eij Italia. Van Bemniolen. foy. Discours. f'an-dcii-liogaerde , Het distrikt St. Tiicolans , 740. Van Lennep. Foj. Terentianus. Van der Maelen. I'oj. Atlas uni- vcrsel. V.ipeur (La) de I'eau appliquee a l.i preparation des haillons pour faire du papier, 241. Vanban a Ch.Trleroi , drame his- toricjue en vers , par Vial et Reveroni-.Saint-C\r , 884. Vaudoyer fils. Le piix lui est de- cermj dans le coucours ouvert pour le monument a elever au general Foy , 58o. Vergnaud. I'oy. Artificier. Vernet (L. F.). Un .Tour en Suis- se , etc. , 4fi". Veterinaire (Manuelcompletdu), par Lebeaud, 48j. Vial. Foy. Vanban. Victoires (Rrsume des) et con- quetes de.< Francais, 785. Vida (J.) Foy. Cliristiade. Vic chrctienne (La), Sermon, par Appia , 763. — publi([ue c"i jirivee des Fran- cais , a la viiie , a la cour et dans Ips provinces , 792. Vigneron fran<^ais (Manuel theo- UES MAT rique et pratique du), par Thie- baut de Berneaud , 482. Vigneron (P. R.). Voj. Galerie niedicale. Vigny (Le comte Alfred de) Voy. Cinq-Mars. Villanueva (J. L.) ^oy. O'Con- nel. Villemaiii. f^ny. Lascaris. ^"illeneuve. Deux vues lithogra- phiees, 277. Villenfagne d'Angihoul. Voy. Chenedolle. "Villerme. Rapport sur le mouve- ment de la population de Paris , 479- Villiers ( Alex, de ) r^Jf- f^eo- graphe. Vincens Saint-Laurent. Voj. Ne- CR01.0&IE. Vinet (Alex.) , professeur de I'uni- versile de Bale. La societe de la morale cliretienne de Paris lui decerne un prix , 256. Vingt questions sur le cercle , 481. Virus venerien (De la non-exis- tence du ) , par L. F. R. A. Ri- cliand de Brus, 474- Visconti. Ouvrages poslhunies , 569. Voelderndorff.^ox.Observations. Voix (Une) de la Grece , ou lettre d'une societe de dames grec- ques , etc. , traduite par G. Lee , 4 • 4- Voss (J. H.) f'oy. Notice. Voyage du general La fayetteaux Etats-Uiiis d'Anierique, 5i5. — a la cote orientale de Suma- tra , par J. Anderson, 408. — dans I'Afrique occidentale , par W. Gray et Dochard , 759- — au Khorasan, par J. B. Fraser, A. 5:. — dans Hawaii , la plus grande des lies Sandwich , 8.9^. — en Marmariqup et en Cvre- caique , par Pacho , 289. '• 2°; est adislico , lisez : estadistico ; p. 166, 1. 7, etabli par I'Abbaye, lisez: etabli dans I'Abbaye; p. 196 , 1. 22 et suivantes , les vers pour le por- trait du docteur Doublet, que Ton attribue a M. Andrieux, sont de Collin d'Haileville lui-meine; p. 198, I. 10, quereltes lilteraires ou critiques, lisez : querelles littcrairss du critique; p. 20i, 1. 3i, n'ont prefere la Nuuvelle Heloise, lisez : n ont prefere sans doute la Nouvelle Helo'lse; p. 204, 1. 5 , ef Missolonghi a peut-etre cesse d'exister, lisez: et Missolonghi peut-etre a cesse d'exister; p. 266 ,1. 34 , nous ne retrou- verons plus , lisez: nous ne relrjuvons plus ; p. 271, 1. 12 et I'i ,, qu ils ressemblent a i'audition comme sur le papier des parties etc., lisez : qiiils ressemblent a I'audition , comme sur le papier , a des parties d'alto , etc. Cahier de M \i. Page 337 > I'g'ie 22 , no fait , lisez : on fait; p. 4o8 , 1. 8 , ef I'industrie, lisez : et de I'induslrie; p. 4'9i 1- '^' I' ■^!<^'»''^" . lisez : le Coran; ibid., 1. 19, septieme article, lisez: huitieine article ; ibid., 1. 21 , apres 747-756, lisez : et ci-dessus^p. 121-126; p. 462, SUITE DE l'ERRATA DU TOME XXX. yiS 1. 6 par en has , JVernet , lisez : Jf'erner; p. 4^6 ,1. 3i , saiif quau- cime idee syslematiqve , etc., lisez : sans qu'nitcune idee; ibid., 1. 33 , appriciees , lisez: apprecices comme telles ; p. 473, 1. 8 par en has, XETp, lisez : x^i? ; p- 48i , !•, i8 , je ne me rappetle pas de I'y avoir vii , Irsez : je ne me rappe/le pas i'y avoir nju; p. 5ai , 1. 39, dont les inor- ceaux , lisez : dans les morceaux ; p. 522 , 1. 34 , 'I etait plus difficile , lisez : plus iletait difficile ; p. 547, ''^ litre, imprimes en Russie, lisez : imprimes en France; p. SSg, 1. 2 par en bas, Vichmann , lisez : Wich- mann; p. 5fi3, 1. 4 (Je la note, iniqquant , lisez : indiquant. Cahier de JuiN. Page 6go , ligiie ii de I'article sur Lord Byron , Madame Belloc suit par ccetir , Byron, etc., lisez : Madame Belloc sail par cccur Bj-ron etc. ; p. 69$ , 1. 5, Ce trait qui , comme , etc., lisez : Ce trait, comme, etc.; p. 700, a la pagination, 800, lisez : 700; p. 767, 1. 32, la figure , lisez : le fgiire ; p. 81 8,1. 28, supprimez la particule et ; p. 886 ,1. 11, Lerichon , lisez : Lorichow. 2 Frp.95 Avis AUX AMATEURS HE LA LITTERATCRK ETnAHC^.HE. On peut s'adresser jk Paris, par reiitremise du Bubeatj cektbal db LA Revue Ehcyclopediquk , k MM. Tkeuttel et Wukt/,, rue de Bourbon , n" 17, qui ont aussi deux niaisons de librairie, I'line k Slra»- bourg , pour I'Allemagne , et I'autre a Londres ; — a MM. Arthus BERTKAwn, rueHautefeuille, n^aS; — Rewodard, ruedeToKiuon,n''6; — Levraui.t, rue des Fosses-M.-le-Prince,n° 3i,et4Strasl)ouig; — Bo«- SMiGn pere , rue Richelieu, n°6o; et a Londres, pour se procurer lei divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russcs, polo- nais, hollandais, etc., ainsi que lesautres productions de la litt^rature etrangere. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des payi «itrangers ou ils se publient, augment^ de 10 pour 100, pour frais de port, droit dMmportation et de commission, etc. — La Direction de la Revue EncyclopediqneTi'& d'autre but, en publiautcet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui resultent de ses publications uensuelles, Its communications scientifiques et litteraires entre la France et les pays etrangers. 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