i i P: ' L Tome III- 1826. ( 3 1 "^ ile la collection, j 91* HVRA.(.SO^. m REVUE . ENCYCLOPEDIQUE 00 ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS tA LITTEKAT'JUE, I>ES SCIENCES KT LFS ABTS. i" I'oiir li'S Sciences jilijsif/iies et mnlhemaliques et Ips Arts inJuslriels: MM. AmCF.RE.Ch. UuI'IK, FotRlFR.GlRARD, NAVIER,cie l'Ilist.itl]t;COyil';RFI. cisASECA, de .Vadritl; Kek.iy, Frakcokur . Ad. Gondinet, Lk Normaku iirutV-sseur de technoloi;ie; A. MicHti.oT, de Momtgery, Morrau uk Jokhes l>OUir,I.ET,WxRDEM, CtC. 2" Pom U'i Sciences naturelles: MM. OeopfroySaint-Hilkire, de I lostitut; BoRY BE Saint-Vincent, oorresjiond.iiit dc i'liistitut , V. AnDOUTW, MATsrEU BoNAFOtJs, de Tuiiu; Brongniakt Ills, Desmarest, Flocren.s, D.-M. ; OA.tT.i.ON , de Dii'piie; V. Jacquemomt, etc. 'i'^ Vour yiis Sciences meilica/es : MM. Adrlok, BAi.i.v,D\MtROlT , G.-T.Doiw, AsiEDEE Doi>AO, EsQUiROL, FossATX, Gasc, A. Grimaub, d'Augers ; Georget; KiR< KHOFF, d'Anvers; Orfii.a; KiGoi.t.oT fils, d'Amions. /.■> Pour !es Sciences iihitos(ii>hiqu£s et nwra/rs , poUtiques , geographiques et hisioriques : MM. M. A. JuLttEH, de Paris, FoiidalcurDireeteur do la Revue lincyclnftedique; Degerando, Ai.ex. de la Boroe, Jomard , Lanjoinais, de I'lusiitut ; .Agoob , Artakd, M. AvFKEi., Barbie du Bocage fits, Bewjamiw- CONSTANT, CllARtES CoMTE , DfiPI-IHG , AdoLPUE GaRKIER, CctCNIAUT, GuizoT, A. Jaubert, Lafon DE Ladebat, Ar.EX, Lamei b , Lahjcihais Ills, p. Laiui , I.ESUEDR-iVlERi.in, Massias, A. Wetrai.; Meyer, d'Ainsterd.iiti ; dePiobvins, Parent-Real, Kl'sebe Salverte, J.-B. .Say. Sismondk dk SiSMONDi, de Geneve, etc. UurtN aiiie, Bervilj.e , A. Beugnot, Bouchpne- LeFER, CRlVELt.I.DoDBLET-ME-BoiSTHlBAULT, UhFAU , DUPRAYEK , UUVER- gier , GoAUET. Ch. Kekouard, Taillandier, avocats, etr. 5" Pour la Litteratare J'rancaise et etiangere, la ftihliogiapliie , V Ai'chenlogie e.i\cs£ea (r. pour un an; afi fr. pour nix luoik. Dans les departemens. 53 3o A I'etranger <'o ^4 La difference entre le prix d'ahonncment,o Purij, dans les de/iarte- ttieni et dans Cetmnger, devant 6tre proportionnelle aux frais d'expe- dilioH par la poste, a servi de base a lafixation portee ci-dessus. A ce suiet, la Direction de la Revne Encyclooedique croit devoir faire observer que , cette base ayant et6 calculce d'apr^s le nombre de qua- torze feuilles promises mensuellement aux aboDnes, les frais de port occasiones par I'augmentatioii successive des cahiers sont restes entife- remeut a sa charge. Le montant de la souscription, envoye par la poste, doit ^tre adresse d'avance, FRiNC deport, ainsi que la conespondance, au Directeiir de la Revue Encrdopidiqiie , rue d'Eiifer-Saint.Michel, n° 18. C'est i la lu^me adresse qii'on devra envoyer les ouvrages de tons genres et les gravures (ju'cn voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on desirera I'insertion. On peut aussl souscrire chez les Directeurs des postes et chez le» principaux Libraires, A Paris, dans les departemens et dans les pays •trangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume, Chaque volume est terrain^ par une Table des mali^res alphabetique et analytique, qui eclaircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au T"cahier du volume suivant, A I'exoeption de la derni^re Table do lannde, qui est exp^dide isol^ment a tous ceux qui peuvent y avoir droit. 0)1 souscrit, seulement i partir de deux ^poques , Am i" Janvier on du \"ju;iletde chaque ann^e, pour six mois, ou pourun an. On tronve, »n bobkati cektr*.l, les collections des annees 1819, i8»a, jS:.t, 182a, 1823, i8a4ef 1825, au prix de 5o francs chacune. REVUE ENCYCLOPEDIQUE ^. firiyo , PARIS. DK IIMPRIMEHIE DE KIGWOUX, rae dcs Francs-Bourgcois-S.-Michel , no 8. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, OtI ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES BANS I.ES SCIENCES, LES ARTS INDDSTRIELS, LA UTTERATDRE ET LES BEAUX-ARTS ; PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET D'AUTRES HOMMES DE LETTRES. TOME XXXI. PARIS AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPI^DIQUE; RUE d'enfer-saint-michel, n° i8. JUILLET 1 826. « Toutcs les sciences sont les rameaiix d'une memo tigc. » Bacon. " L'art n'pst autre cliose que le contrAle et Ic registre dcs meillcures produc- tions... A contr61er les productions (ct les actions) d'un cliacun, il s'engcndre euvie dcs bonnes, ct mepris des mauvaises. '> MOHTAIGHE. •< Les belles-lettres et les sciences, bieu etudiccs et bicn comprises, sont des instniraens universcls de raison , de vcrtu , de bonhcur. » REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LKS PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTIiRATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. SUR L'ETABLISSEMENT DU JURY A L'lLE DE GEYLAN. j\jous avons sous les yeux line letlrc adrcssee, \e 26 inai 1826, a M. Wtcnn, president du bureau de controle dcs af- faires del'Inde aLondres, par M. Alexandre Johnston , pre- mier juge de la cour de justice i I'lle de Ccylan (1). Ce niagis- (i) La piece interessante que nons publions ici, comane propre ii fortifier par une preuve solennelle ropinion favorable que tous les homines eclaires se sont deja formee de rinstitulion du jury et de son influence sur les progres des lumieres et de la moralite , dans tous les pays ou elle est introduite, nous a cte commuuiquee par M. le due de D , ami de I'lionorable M. Johnston , et qui est lui- in^ine I'un des plus fermes defenseurs de nos liberies constitution nelles el; I'un des fondateurs et des membres les plus zeles de ce CoMiTEGKEC, qui, suivant les expressions de M. le ducdeCuoisnui, dans un discours pronoac6 depuis peu a la Chanibre des Pairs (voy. le 6 tXABLISSEMENT DU JURY Irat, dont les lumieres paraissent egaler le zele philantropiquc, rend comptc de I'introduction de la procedure par jury dans cette colonic anglaise, et des heureiix effets qu'a deja produits cette admirable institution. Rien n'etant plus propre ii en faire ressortir tous les avantages que I'expose meme des fails ra- contes avec simpiicite , nous avons cru , en communiquant cet expose a nos lecteurs, remplir I'un des devoirs que nous nous sommcs imposes, celui de faire connaJtre peu a peu lespro- gres de la civilisation sur tous les points du globe, et d'indi- (juer en meme terns la possibilite de faire participer a des progres semblablcs des contrees eloignees oil le besoin s'ln fait sentir. Londres, 26 inai 1826. Monsieur , « Vous m'avez temoigne le desir de connailre le plan que j'ai adopte , lorsque je remplissais les fonctions de chef de justice et de premier membre du conseil de S. M. B. a Ceylan , pour I'introduction du jugement par jury dans cette ile. Je m'enipresse de vous satisfaire; je vous indiquerai en meme tems comment je m'y suis pris pour faire participer a la faculte de sieger parmi lesjures, les naturels de demi- caste, aussi bien que tous les habitans nes dans le pays, de toute caste et de toute religion. Je vous exposerai les motifs qui me determinerent a proposer ce plan, la maniere dont il a ete execute, et les resultats qu'on a obtenus. « On reprochait a I'ancien systeme judiciaire en vi- gueurdansl'ile, ses lenteurs, les frais considerables quil Journal des Debats , 11° du 5 juillet 1826) « est une des gloires de notre patrie, en devenant le centre de tous les sentimens , de loiis les dons earopeens pour soutenir cclte cause heroique et pour en soulager les lionorables viclimes. » IVI. A. J. A L'lLE DE CEYLAN. 7 entrainait, et son impopularite. Les def'auts essentiels de ce systeme pouvaient etre attribues au peu d'impor- taiice que les naturels attachaient a la reputation de veracite, a ce qu'ils ne prenaient aucun intei-et a un mode d'administration de la justice auquel ils restaient lolaleraent etrangers, a la difficulte pour des juges eu- ropeens, charges a la f'ois de prononcer sur les faits et d'appliquer la loi, de se fixer sur le degre de confiance que pouvait meriter le tenioignage des indigenes 5 enfin , aux lenteurs de la procedure, dont le double inconve- nient etait de retenir long -terns les temoins pendant les sessions , et de causer de grandes depenses au gou- vernement qui les defrayait. Plusieurs moyens s'offraient pour remedier a ces vices dans ladministration de la justice. II fallait d'abord y interesser directement les indigenes, en ieur y donnant une part considerable; a° Ieur rendre la veracite respectable , en les accou- tumant a regarder le respect pour la verite comme un titre essentiel pour meriter I'estime de leurs compa- tnotes, et obtenir quelque avancement dans les emplois publics; 3°appelerles indigenes eux-memes aux fonctions dejuges dujait , puisque la connaissance qu'ils avaient du caractere de leurs compatriotes les rendait plus que des etrangers capables d'apprecier le merite de leurs temoignages. Ainsi , Ton abregeait la duree des proces ; on affranchissait les temoins d'un trop long sejour au- pres des cours de justice, et Ton diminuait les frais a la charge du gouvernement. L'introduction du jurv a Ceylan , et I'extension de la capacile de faire partie des jurys a lous les indigenes, sauf quelques restrictions, me parurent la meilleure methode a suivre pour arriver au but. Je consultai les principaux ministres du culte de Boudha, pour ce qui concernait les interets des 8 ' :^TABLISSEME1NT DU JURl Chingulais dans la partie meridionale de I'lle , et les Braniines dc Keniissuram, de Madure et de Jatna, dans rinte'ret des Hindous cjiii habitent le Nord. Je soiimis ensultc nion plan, pour 1 introduction du jury a Gey- Ian , au gouverneur et an conseil de I'lle. Sir T. Mait- land , alors gouverneur, et les autres meinbres du conseil regardaient I'adoption de ce plan conime un objet dune grando importance pour la prosperite de I'lle ; mais ils craignaient que la nouveaute de la me- sure proposee ne titnailre des objections en Angleteire, puisque Ton n'avait encore accorde a aucun des natu- rels de I'lnde les droits doiit je demandais la concession aux indigenes d« Ceylan. Je recus en consequence une mission olficielle pour I'Angleterre, en ma qualite de premier membre du conseil de I'lle, avec plein pouvoir de presser I'adoption de cette niesure , sauf les modi- fications que jugeraient a propos d'y apporler les mi- nistres de S. M. , apres m'avoir entendu. La question ayant ete murement examinee a Londres , une cliarte scellee du grand sceau accorda aux naturels de Ceylan le droit d'etre appeles a prononcer comme jures dans les causes criminelles, conformement au mode que j'avais propos*^, et a men retour a Ceylan, en 1811, les mesures furent prises pour mettre cette cbarte a execution. « Pour vous donner une idee de la maniere dont le jugemtnt par jury a ete introduit parmi les naturels et les individus de demi-caste a Ceylan , je dois vous faire connaitre : 1° les conditions auxquelles un natif pent faire partie d'un jury ; 2** comment les jures sont con- voques a cliaque session ; 3° comment lis sont choisis pour chaque jugement a rendre; 4"t;omment ilsforment leur conviction et prononoeiit leur verdict. Tout natif de A L'lLE DE CEYLA.N. 9 Ceylan , homme libre, ayant atteint 1 age do vingt et un ans, et domiciiie dans lile , est apte a remplir les fonc- tions de jure. Des que I'epoque des assises est fixee tians une province , le Gscal ou le scherif convoque un grand nombre de jures de chaque caste ; il a le plus grand soin de ne pas convoquer un jure hors de son tour, de ne point choisir un moment qui I'enleverait a des travaux urgens d'agriculture ou de fabrique, ou a quelque ceremonic religieuse qui reclamerait la pre- sence des hommes de sa caste. A Touverture de la ses- sion, on proclame les nonis de tons les jures convoques. Tous ces jures , avec tons les magistrals et les officiers de police , entrent en seance , et ecoutent la lecture de I'acte d'accusation dresse par le juge. C'est alors que Ton fait comparaitre les prevenus. Chacun d'eux a le droit d'etre juge par trelze jures de sa caste , a moins que Tavocat du fisc , qui remplit a Ceylan a pen pres les memes tonctions que celles du lord-avocat en Ecosse, ne fasse valoir des motifs pour empecher que raccuse ne soil juge par un jury de sa caste, et que la cour n'adopte ses conclusions, ou que I'accuse lui-meme , craignant des preventions de la part de sa caste , ne demande un jury pris dans une autre caste, ou compose soil d'individus de demi-caste , soit d'Europeens. Des que la caste qui doit fournir le jury est definitivement designee , le greffier de la cour depose dans une urne placee de maniere a etre vue de tout le monde , un tres- graud nombre de noms de jures de cette caste , parmi lesquels le jury doit eire pris. L'accuse a le droit d'en recusercinq, sans deduireaucun motif, et d tn recuser un nombre indelerniine, en deduisant ses motifs, jusqu a ce qu'il soit sorti de I'urne treize noms de jures qu'il n'ait point recuses. Coux-ci pvetcnt alors serment, clia- lo ETABLISSEMF.NT DU JURY ciiii dans les tonnes prescrites par sa religion, de juger le fait d'apres sa conviction , et sans partialite. Ensuite Tavocat fiscal expliqueles faits an juge(par interprete, s'il y a lieu), et precede a I'appel de tons les temoins , pour rinstruetion de I'atfaire. Le juge recoit leurs depo- sitions ( toujours au besoin , a I'aide d'un inlerprete), en presence du jury. Les jures ont le droit d'examiner, et I'accuse de contre-exaniiner les depositions, en ques- tionnant les temoins. Quand I'affaire est instruite , I'ac- cuse parle pour sa defense et fait comparaitre ses temoins , dont les depositions sont egalement recues par le juge , le jury exercant a leur egard le droit d'examen, et I'avocat fiscal celui de contre-examen. Ra- renient et presque jamais , a moins de circonstances extraordinaires , il est permis a I'avocat fiscal de repli- quer on de faire entendre de nouveau des temoins. La procedure terminee pour I'instruction et pour la de- fense, le juge (toujours au besoin, a I'aide d'un inter- prete ) , recapitule , d'apres ses notes, pour le jury , les resultats des depositions , ajoutant a ce resume les ob- servations qui hii paraissent utiles. Lejury, apres avoir delibere , soit rlans son banc, soit s il veut deliberer a part, dans une chanibreou les juges n'ont point acces , delivi-e son verdict, que le chef du jury prononce en plein tribunal. Ce verdict est forme par I'opinion de la majorite. On prend les precautions les plus scrupu- leuses pour que les jures ne se separent point, et ne comniuniquent avec qui que ce soit, depuis I'instant oil ils ont prete serment jusqu'a ce que leur verdict ait ete prononce et enregistre publiquement par le greffier. o « Le nombie des naturels de toiite caste aptes a etre jures est si grand , et il y a tant d'incertitude sur les A L'lLE DE CEYLAN. ii noms de ceux qui coniposeront un jury, qu'il est pres- que impossible que qui que ce soit , et quel que soit son credit, parvienne a I'influencer ou a le corrompre. Le nombre des jures convoques par le fiscal ou le sche- rit", a chaque session , I'impartialite du lirage au sort , le droit de recusation exerce par I'accuse et le fiscal , le scrupule que met le tribunal a prevenir , apres Je serment prete, toute communication des jures entre eux, ou avec d'autres personnes, donnent un grand poids a leur decision. " Comme les naturels sont maintenant juges du fait, les juges europeens n'ayant plus d'autre fonction que celle d'appliquer la loi, il suffit d'un seul magistrat parmi ces derniers , tandis qu'il en fallait deux ou trois, lorsque le tribunal cumulait les deux attributions. Les jures indigenes , sachant a quoi s'en tenir sur le degre de confiance du aux temoins, decident les questions de fait bien plus promptement que ne pourraient le faire les Europeens. Aussi , depuis I'introduction du jury, un jour suffit pour le jugement dime affaire , et la ses- sion ne se prolonge guere au dela de huit ou dix joxu's au plus, tandis qu'auparavant un proces durait quel- quefois six seraaines ou deux mois, et une session , souvent trois mois. Tons les naturels appeles aux tri- bunaux comme jures se familiarisent si bien , pendant la duree de leurs fonctions, avec les formes dela pro- cedure et les regies de I'instruction , que, depuis I'eta- blissement du jury, le gouvernement a pu cboisir, parmi les indigenes et les individus de demi- caste, appeles comme jures, quelques-uns des magislrats naturels du pays, les plus capables et les plus estimes. Places sous I'inspection de la cour supreme, ils rendent la justice a leurs compatrioles , en matiere de deiits peu graves, la ETABLISSEMENT DU JURY sans frais on a tres-peu de frais pour le gonvernement. On doit a I'introduction des jiirys indigenes le triple avantage d'avoir aiigmente I'utiiite et la consideration des cours de justice , d'avoir affranchi les accuses et les temoins des inconveniens graves qu'entrainait pour eux la longue duree des sessions , et d'avoir mis le gou- vernemenl a portee d'effeciuer sur I'administration de la justice, une econoinie de 10,000 I. st. par an, comme le prouve inon rapport , cite page 8 du recueil imprime de docuniens cnvoyes a Londres. Aucun honime d'une probite ou d'une veracite suspectes n'etanl inscrit sur la liste des jures , celte inscription est le temoignage d'un caractere a I'abri du reproche. On I'invoque pour se defendre en cas d'attaque devant un tribunal , ou pour appuyer une demande d'eniploi a la nomination du gouvernement. Les roles des jures, revises a cliaque session par la cour supreme , exercent sur le peuple de ce pays I'influence la plus puissante, ct deviennent pour tons les habitans un motif qui leur fait attacber a la veracite beaucoup plus d'importance qu'ils n'etaient accoulumes a le faire. Le droit de sieger parmi les jures a releve )e caractere des naturels de Ceylan , et leur a fait faire desprogres tres-remarquables, sous le rapport des idees morales. Tons les indigenes inscrits sur les roles des jures se regardent comme ayantautant de part que lesjuges europeens eux-memes , au gouvernement de leur patrie; aussi, depuis I'etablissement des jurys indigenes, prcnnent-ils au maintien du gouvernement britannique un iiiteret qui leur elait autrefois etranger. On peut juger du cbangement qui s'est opere dans leurs dispositions par la difference de lem- conduite pendant la guerre de Kandy en i8o3 , et pendant celle de iSi6. Celle de i8()3 etaitanterieure aletabiisscmentdu jury : A L'lLE DE CEYLAN. i3 a cetle epoque, les habitans indigenes des etablissemens britanniques etaient la plupart en etat de revolte. En i8i6, cinq ans apres Tetablissenient du jury, loin de montrer le plus leger symptome de mecontentement, ils saisirent, au fort de la guerre, roccasion de mon retour en Angleterre, pour me rendre I'organe de leur reconnaissance envers le gouvernement britannique, et remercler Sa Majeste de leur avoir accorde I'importante prerogative dujury. C'est ce qu'atteste I'adresse inseree pages 1 6 — 5o du Recueil que j'ai cite. Le rapport de mon successeur, comma chef de justice de lile, en 1820, offre de nouvelles et de tres-fortes preuves des effets bienfaisans de I'introduction du jury a Ceylan. On peut le consulter, pages 289 et 290 du 10'' volume de r Asiatic- Journal. Cbaque jure indigene, quelles que soient sa caste et sa religion , quelque partie de I'lle qu'il habite , parait devant la cour de justice , au moins une fois en deux ans; a I'ouverture de chaque session, le juge qui la preside adresse une allocution aux jures en exercice. L'introduction du jury est done non-seu- lement un moyen de leur donner part a I'administration de la justice, mais une occasion d'entendre les obser- vations que les juges leur coramuniquent sur cet objet et sur I'etat de la societe et des nioeurs particulieres et publiques. La difference de la conduite des proprietaires d'esclaves a Ceylan, en 1806, avant Tintroduction du jury, et en 1816, cinq ans apres cette introduction, est une forte preuve du changement que peuvent operer dans I'opinion publique des juges qui mettent a profit Touverture lies sessions pour inculquer dans I'esprit des indigenes des idees utiles aux progres des diverses classes de la societe. Le droit de conserver leurs es- claves ayaiit ete garanti aux proprietaires par la capitu- 1/, ETABLISSEMENT DU JURY lalion qui avait transfere aux Anglais, en 1793, cette colonic hollandaise, le gouvernement britannique ne se croyait pas autorise a abolir I'esclavage , quelque desi- rable que fut cette mesure. Cependant en i8o6,avant I'introduction du jury, je fis aux proprietaires d'esclaves la proposition d'adopter d'eux-memes quelque plan pourune abolition graduelle. Cette proposition fut alors rejetee dune voix unanime. Le jury pour les indigenes ayant ete institue en 1811, je saisis depuis lors toutes les occasions que m'offraient mes allocutions annuelles aux jures , la plupart grands proprietaires d'esclaves , pour leur faire connaitre ce qui se faisait en Angleterre relativenient a I'abolition de I'eselavage. J'ajoutais a ces renseigneineiis des observations sur les diffiicultes qu'ils ne pouvaient nianquer d'eprouver souvent, lors- qu'ils avaient a remplir leurs devoirs de jures, dans des affaires ou des esclaves etaient parties interessees. Peu a pen il me fut facile de remarquer en eux un changement sensible dans leur opinion sur i'esclavage ; enfin , en 1816', les proprietaires d'esclaves de toules castes et de toute religion m'adresserent , pour etre pu- bliee et enregistree a la cour supreme , une resolution unanime , qui declarait libres tous les enfans d'esclaves nes apres le 12 aout 1816 , mesure qui, dans peu d'an- nees , doit mettre un terme a I'esclavage qui a pese sur rile de Ceylan , pendant plus de trois siecles. >> Ces resultats de la sage philantropie et du zele d'un magistrat dont les lumieres et I'experience avaient su prevoir les heureux eflets dune belle innovation , sont une excellcnte reponse a tous ces argumens que ne cessent d'opposer aux ameliorations la prevention et la cupidite. 11 est remarquable que les indigenes de Cey- lan aient ete amenes par les bienfaits du jury a delivrer A L'lLE DE CEYLAN. i5 eux-memes leur pays du (leau de lesclavage , tandis que les Anglais etles Creoles des colonies britanniques aiix Indes occidentales opposent a tout projet favorable aux malheureux esclaves une resistance opiniatre , et trouvent des apologistes parmi des ecrivains qui se pre- tendenteclaires.Lesresultats obtenus aCeylan honorent le gouvernement anglais; ils font regretter que les malheureux habitans de I'lnde, au lieu d'etre places sous sa tutele directe , soient encore condanines a geniir sous le joug d'une compagnie de marchands, qui, tant quelle exploitera cette belle et vaste contree , ne lui donnera surement pas le jury, et y laissera I'esclave dans les fers (i). ECONOMIE POLITIQUE. Qui!t.Ql3ES GENERALITES SUR LES E 4UX MINERALES. Dans son ouvrage intitule : Precis historique sur les eaux mincrales les plus usitees en medecine , suivi de quelques ren- setgnemens sur les eaux minerales exotiques (2) , M. le docteur Alibert a reuni toutes les notions que I'experience, la pra- tique journaliere et les essais chiniiques les plus recens nous ont mis a meme de recueillir sur cet important sujet. Son livre est (i) Voy. Rev. Erie, t. XXIV, p. 635 , et t. XXX, p. 344 , les deux articles de M. de Sismondi sur I'elat acluel de radminis- tration et de la civilisation dans I'lnde anglaise. n. d. k. (2) Paris, 1826; Becliet jeune, libraire de I'Academie royale de medecine , place de I'Ecole de medecine, n" 4- ' ^'o'- i"-8° de 636 pages ; prix , 5 fr. — Cet ouvrage forme, en outre, la plus grande partie du tome troisieme des Elemens de theropeiitiqiie et de matiere medicale, dn ni^me auteur, dont la cinquierae edition vient de paraitre aussi chezBechet. 3 vol. iu-8° ; prix, 24 fr. ,6 QUELQUES GENERALITES iin resume bicn pcnfO ct bicn ecrit de cc que Ton saitsurles eaux mineiales , et un apercn de ce qui restc a fairc pour en completer Thistoire, pour en determiner la nature , pour en cclaircr I'omploi. Fixer ainsi I'etat d'une science, c'est lui ren- drc un important service, puisque c'est indiquer a ceux qui sont appcles a s'en occuper, ce que leurs devanciers ont fait, et ce qu'ils peuvent ajouter a leurs travaux , puisque c'est leur montrer de quel point ils doivent partir pour augmenter la masse des fails qui lui appartiennent. Riche d'une longue expe- rience acquisc dans la pratique et dans I'enseignement, en- toure d'liommes instruits qui sont venus a I'envi lui porter le tribut de leurs connaissances particulieres, M. Alibert etait plus que tout autre capable de remplir cette tache difficile, et Ton doit dire qu'il s'en est acquitte avec la superiorite qui ca- racterisc ses autres ecrits. Presenter, sous la forme A'apho- risrnes ,\.ous, les grands preceptes sur I'emploi et I'utilite des eaux minerales ; diviser eu cinq classes et d'apres leur compo- sition toules les sources le plus en usage; indiquer , pour cha- cune d'elles, les proprieteschimiques, physiques, mediciuales qui la distinguent, et le mode d'administration qui lui est pro- pre ; joindre a ces descriptions des details sur I'histoire de ces eaux et sur le pays qui les entoure , des notes precieuses pour en rendre I'uogc plus commode et plus efficacc; grouper on- fin, dans un petit nombrc de pages, ce que Ton sail sur les sources minerales eti'angeres, meme les plus eloignees,commc celles de la Chine, du Japon , de I'lnde , des deux Ameri- ques, etc. : telle est la marche suivie par I'auteur, et qui lui a permis d'eviter les repetitions, ct de dire bcaucoupen pen de mots. Avec des connaissances aussi etendues que celles qui distin- guent M. le professeur Alibert, il lui etait impossible de ne pas apercevoir, dans les sources minerales, beaucoup plus que cc qu'ony a vu generalcmentjusqu'a ce jour; de ne pas y recon- naitre, outre un puissant moycn pour combattre les maladies, un element de lichesses et de prosperite pour le pays ou elles soni situecs. Quelqnes-inies de ses reflexions etplusieurs de ses SVK LES EAUX MINERALES. 17 conseils prouvcnt assez combieu cette verite lui parait feconde. Son vingt-sixieme aphorisme la consacre tout entiere; le void : n Les eaux mineiales sent des propinetes qui restent souvent steriles entre les mains de possesseurs inhabiles et inexperi- mentes; ellespourraient verser dans 110s deparlemens des pro- duits considerables, si elies etaient convenablemeiit exploitees. Ainsi,Ies sources de la santc pourraient devenir celles de la richesse. « On doit regretter que la nature de sestravauxhabi- tuels, que les borncs du cadre dans lequel 11 etait force de se renfermer ne lui aient pas permis de se livrer a des develop- pemens qui auraient offert un grand interet. Avec une inferio- rite trop reelle , mais avec la conviction in time de I'importance de cette question encore nouvelle, je vais essayer, non de la resoudre completement , mais d'indiquer avec rapidite les objets qui s'y rattachent, et de montrer quel role les sources minerales jouent dans I'economie politique , quel rang elles occupent parmi lesrichesses nationales. L'utilite des eaux minerales, comme moyen therapcutique , est aujourd'hui hors de toute espece de doute ; et, si quelques gens riches et ennuyes vont y chercber seulement du mouve- ment et de la distraction , on ne saurait nier qu'un grand nombre de malades y trouvent chaque annee nn soulagement marque, ou une complete guerison. Ainsi consideres , les eta- blissemens thermaux meriteraient deja les encouragemens et la protection speciale de Tadministration; maisils en sontdignes encore a bien d'autres titres. Si, comme on I'a dit souvent, et comme on le reconnait chaque jour, la centralisation est ,une faute grave, en economic aussi bien qu'en politique; si les avantages qui en resultent pour le point central , ou la ca- pitale ,* sonl, et bien aii-dela , contrcbalances par la dcpen- dance, I'asservissement et Totat de gene ou Ton tient les de- parlemens, on reconnaitt a sans peine que les sources minerales sont au moins une richesse que Ton ne peut leur enlever, et au moyen de laquelle une assez forte partie du numeraire, absorbe par les graudes villes , retourne chaque annee, pendant la belle saison , dans des campagnes eloignccs, en echange des T. XXXI. — Juillel 1S26. 2 ,8 QUELQUES G1?:n6RA.LITES produits du sol et de rindustrie locale. Et qu'on n'aiilc pas croire que cette somme ainsi repartie est peu considerable , que c'est iin de ces avantagos miiiimes qii'une administration pent neyliger sans encoiirir de rcproches ; on serait dans I'er- reur. L'ari^ent qui chaque annre est depense dans le voisi- nage des sources minerales, ou le long des chemins qui y couduisent, s'eleve au nioins, en ce moment, a un total de quinze millions. En cffct, si Ton fait un rcleve exact des sources minerales qui couvrent le territoire francais , on verra que sur deux cent quaranle et plus qui pourraient etre exploi- tees, cent cinquante-une seulement sont en etal de reccvoir des malades, et que , dans ce nombre encore , il n'en est guere que soixanle-dix-neuf qui soient visitecs par des bu- veurs eloignes , tandis que les autres sont presque exclusive- mentfrequentees par des malades des environs. Or, si Ton s'en rapporte aux sommes indiquees par les medecins-inspecteurs des eaux, sommes qui, pour le dire en passant, sont toutes au-dessous de la verite , on trouvera que I'argent depense , pendant une saison, a sept sources qui jonissent de la vogue a des degres tres-differens , forme un total de 467,959 fr. ; ce qui donne une moyenne proportionuelle de 66,85i fr. pour cliacune, et pour les soixante - dix -neuf sources assez bien exploitees pour y attirer les malades eloignes , un total de 5,281,229 '^''* Mais, il reste soixante-douze aufres sources, frequcnttesaussi,quoique parun moins grand nombre d'individus, et donton peut ccpcn- dantevaluer le revenu annuel a la moyenne de trenle mille fr., ce qui fait encore 2,160,000 fr. En tout . . . 7,4415229 fr. Maintenant, si Ton faitentrer en ligne dc compte I'argent de- pense par les gens riches en superfluites, eu achats de fantai- sies, ce qui est nccessaire pour approcher de la verite; si Ton comprend aussi I'argent depense le long des routes, pendant les voyages , argent qui profile aux proprielaires d'hotelle- SUR LES EAUX MINER ALES. 19 rics, aux maitres de poste , aux entrepreneurs de diligences , et par suite , h une foule d'ouvriors et de journaliers , ce ne sera pas trop faire que de doubler ce premier total et de porter a quinze millions la somme qui, tous les ans, reste dans nos departemens, a la suite de la saison des eaux. II suffit d'avoir visile quelques - uns de nos etablissemens therraaux pour etre convaincu de I'hcureuse influence que cet argent exerce dans les departem£ns. II y favorise I'agriculture en general , et surtout le jardinage, parce qua lepoque de la saison des eaux, le cultivateur sait qu'il pourra facilement vendre les fruits et les legumes de son jnrdin; il alimente et soutient seul plusieurs fabriques, plusieurs manufactures dont les produits soat destines aux baigneurs et achetes par eux ; seul il fait vivre un grand nombre d'aubergistes, de marchands de detail, d'artisaus utiles, d'ouvri.ers , de journaliers, de garcons de bains, et il contribue puissamment a repandre le gout dii travail avec tous les avantages qui en sont la suite et la consequence n^cessaire. Plus d'une fois , les sources mine- rales ont donne naissance a des constructions d'un inleret ge- neral; des routes commodes et bien entretenues, des prome- nades saines et agreables, quelques salles de spectacle , des hopitaux militaires ou civils , des lavoirs n'ont du leur creation qu'a ['exploitation bien entendue d'une source minerale. L'utilite des routes est bien reconnue; assez de voix se sont ele- vees, en France, pour en demander denouvelles, pour en signa- ler I'indispensablenecessite; assez souvent, on a demontre que les moyens de communication peuvent seuls faciliter et ame- ner les echanges, sans lesquels il n'y a ni agriculture, ni com- merce, ni industrie; il serait superflu de revenir sur ces ve- rites. Les sources aiinerales ont done rendu un grand service puisqu'elles sont la cause premiere de I'etablissement de plu- sieurs routes, creees depuis un demi-siecle, et puisque ces routes, parmi lesquelles on doit citer celles d'Ax, de Bonnes , de Bagnoles , de Bagneres-de-Luchon, etc., offrent aujour- d'hui des debouches d'un avantage reel. Dans une ville populeuse , partout ou des hommes occupes 20 QIIELQUES GEN1?:RALIT6S sont r^iinis en grand nombre, une promenade agreable, oin- bragee, dcvient necessairf, et contribue anlant a la sante qu'ati delassement des individus; dans plus d'nne source, I'admini- stration prtvoyante a fait tracer et planter des promenades; et, (jnoiquc destinees d'abord aux baigneurs, ces promenades n'en sont pas moins utiles a toute la population. On sait combien de gens vivcnt du produit des representa- tions thealraics , combien ce genre d'amusement , si digne d'un peiiple civilise, pent, en exercant une influence heureuse sur I'esprit et sur les moeurs, repandre d'aisance jusque dans les classes les moins favorisees de la societe. Si, comme plusieurs cxemples I'alicstenl, les reunions demalades autour d'une eau niinerale fournissenl les moyeiis de soutenir plus d'une entre- prise iheatrale, les sources ont encore rendu un service im- portant. II est inutile d'insisler sur les avantages des hopitaux situes pres des eaux minerales, de ces asiles oii les guerriers vont cliercher la giierison des niaux causes par les fatigues ou par les accidens de la guerre, oil les pauvres trouvent les secours que riiouime riche parait seul pouvoir se procurer. II serait seulemont a desirer cjue ces fondations utiles fussent en plus .grand nombre, et que, par une niesure aussi sage que juste, I'administration put les entretcnir au moins en partie, en prt- levant un droit modique sur I'exploitation generale des eaux. Dans plusieurs pays , les sources chaudes sont employees avecsuccesa des usages domestiques; ou a mcme tvouve depuis pen le nioyen de les faire servir au blanchimentet au degrais- sage des laines ; et, parlout oil de telles eaux existent et ou elles ne sont pas exclusivement reservees au traitement des mala- dies, il serait avantageux que des lavoirs convenables et solide- ment construits en rendissent, comme ^ Chaudes-Aigues, I'usage commode pour tons, et pussent ainsi contribuer a etendre et a populariser cette uouvelle branclie d'economie domcslique. A ces considerations rapidement exposees, mais dont il est facile de sentir toute I'importance, on pent encore en joindre d'auties d'une application moins directe sans doute, mais qui n'en sont pas moins dignes d'un intcrct parliculicr. Les per- SUR LES EAUX MINlSlRALES. ai sounes qui freqiicutent les eaiix minerales apparliennent pres- que toutes a la classe aisee, et possedent poiir la pliipart I'in- struction et les Immeres que la fortune permet d'acquerir. Leur sejour prolonge au milieu d'une population souvent peu cclairee doit naturellement y faire naitrele desir d'apprendre, le besoin de s'insfruire. Plus d'un artiste distingue , plus d'un homme remarquable a du la revelation de ce dont il etait ca- pable a la rencontre fortuite d'un etranger, et les exemples ne manqueraient pas pour prouver que plus d'une fois ce sont des baigneurs qui ontarrache a la solitude des campagnes, et aux plus humbles emplois, des hommes faits pourbriller par les plus hautes conceptions de I'intelligence. De tels faits sont rares sans doute; il suffit pourtanl qu'ils se soient presentes quelquefois, pour les mentionner ici. Mais, ce qui est general, ce qui se rencontre partout aux sources et dans les lieux qui les entourent, c'est iiu ton d'urbanite plus liabituel , une poli- tesse plus affectueuse, un langage plus epure, des manieres moins agrestes que dans les lieux qui ne sont point, chaque annee, frequentes par unepopulationetrangerect qui, isoles en quelque sorte du reste du monde, se trouvent prives des avan- tages de I'exemple et de I'emulation. Voila certainement bien des motifs pour que le gouverne- ment, les administrations locales et tous ceux qui, par leurs lumieres, leur rang ou leur fortune, peuvent exercer une in- fluence utile, entretiennent, embellissent, augmentent encore les etablissemeus thermaux. De toutes les sources minerales qui existent en France et dont beaucoup sont encore incon- nues, im releve, fait avec exactitude d'apres les raeilleurs ou- vrages publics sur ce sujet, prouve que vi/i^t-deux scu\ement sont exploitees avec un succescomplet ; que quarante cinq sont frequentees encore par un grand nombre de rnalades ; mnis que plusieurs manquent de batimens thermaux, etque dans lai)lu- part les etrangers ont de la peine a se procurer des vivres et nn logement; que douze , qui jadis etaient en grande vogue , sont aujonrd'hui presque entierementabandonnees, sans qu'on puisse attribuer ce changement a autre chose qu'a Icnr niau- aa QUELQUES G^NERALITES vaise atlmiiiistration et a rincurie des pioprietaires (i); que soixante - douze sont presqiie exclusivemcnt visitees par les nialades du voisinage, parce que rien n'y est dispose pour recevoir des etrangers; enfin, (\uc quatre-vingt-neuf iiont ^n- tierement negligees et menlionnees seulement par les auteurs comme pouvant etre utiles. D'apres cet apercu, on voit com- bien il reste a faire pour porter ce genre d'industrie au point de perfection auquel il doit arriver un jour, et quels avan- tages resulteront pour la France de I'exploitation bicn enten- due de deux cents sources minerales : c'est surtout dans les provinces sans debouches, ou les habitans n'ont presque au- cun moyeu de vendre les produils de leur sol, ou rindustrie n'a point penetre , qu'il faut chercher si quelque source mine- rale ne pourrait pas devenir a la fois un moyen de !^;uerison pour les malades et une source de richesses pour le pays. Cette veriteaetebien sentie par M. Alibert, et il I'a misedans tout son jour, ( page 44o de son ouvrage deja cite ): « Dans ce moment, dit-il , on afflue dans le departement de I'Aveyron pour proceder a la recherche des mines; il faudrait aller dans celui de la Lozere, pour y faire prosperer les eaax de Ba- gnoles, qui sont une richesse inactive , dans un pays sauvage qu'on croirait livreaux vautours et aux betes fauves, et qui , sous le point de vue industriel, peuvent certainement rivaliser avec celles des Pyrenees. » Oui , sans doute, une source nii- nerale convenablement exploitee est, pour le pays qui la pos- sede, une richesse plus grande, plus generale, mieux repartie, que la mine la plus productive; et, ce que ne saurait faire une mine, la source I'opere constamment; elle contribue a re- (i) Quand le proprietnire d'une eau minerale est dans une situa- tion a pouvoir operer le bien, il doit vivre en quelque sorte de celui qu'il fait a ses semblables ; il n'est pas permis de negliger ses inte- rdts materiels, quand ils touchent de si pres au bonheur des autres. C'est corame si un homme refusait d'ensemencer son champ, sous le vaia pretexte qu'il est assez riche pour subsisler par d'autres moyens. ( Alibert , Precis stir les eaux minerales , p. loi. ) SUR LES EAUX MINERALES. ^3 pandre les lumieres , a faire marcher la civilisation. Les Romains semblent avoir mieux senti ces verites que les aiitres peuples. Leurs nombreux etablissemens thermaux , dont les ruines se retrouvent encore aujourd'hui sur tant de points de la France, sont la pour I'attester. L'economie politique, comnie science, n'existait certainement pas pour eux ; niais quelques- uns des grands principes qu'elle proclame ne leur etaient pas entierement inconnus, et il me sera peut-etre facile de prou- ver ailleurs que, pour ce peuple-roi, chez lequel toutes les lumieres du globe semblaient s'etre refngiees, et qui domina long-tems le monde par I'ascendant de la civilisation , bien plus que par la force des armes, une source minerale etait plus qu'un simple etablissement sanitaire; c'etait une ressource po- litique; c'f'tait un moyen assure de porter dans un pays les lois, les moeurs, les usages des peuples polices, de les colo- niser an milieu des barbares et dans les lieux meme qui les avaient repousses jusqu'alors. En effet,quand I'ltalie renfer- mait tant d'eauxmineralessalutaires, les Romains ne seraient probablement pas venus en chercher, en embellir, en creer, pour ainsi dire, dans les forets des Gaules et de la Germanic, s'ils n'avaient pas su d'avance qu'autour d'un de ces thermes construits a de si grands frais , il devait bientot s'elever un bourg; puis, une ville dont les habitans s'eclaireraieut, se ci- viliseraient en peu d'annees, par la frequentation continuelle des riches citoyens de Rome que Tespoir de recouvrer lasante, ou I'amour du changement conduirait au milieu d'eux. la ville de Luxeuil, dans la Haute-Saonc, celle de Boiirbonne- les-Bains, dans la Haute-Marne, celle de Bagneres - Bigone , dans les Hautes-Pyrenees, celle de Neri.s dans I'Allier, n'ont peut-etre pas une autre origine , et I'histoire pent dire combien ces pre- mieres fondations ont influe sur la prosperity de plusieurs autres parties de la France. Ce que les Romains ont fait avec tant de bonheur , ce qui a produit de si precieux resultats dans les provinces soumises a leur empire, nous serious bien coupables dene j)as I'imiler, dans I'interet de nos departemens les moins favorises; aujour- 24 QUELQUES GENERALlTfiS d'hui que , vicillis par une longue experience , nous connais- sons le prix des lumieres et Ics avantages de I'industrie, une pareille tAche presente sans doute bicn dcs difficuUcs, mais elle est loin d'etre impossible. Dcja mcme, depuis quelques annees, de nombreuses ameliorations ont ete apportee^ dans le regime et rexploitationdes eaux mineralcs. Quelques hom- ines, aussi cminens par leurs lumieres que par leur zcle pour le bien public , se livrent avec ardeur a des recherches, i des cssais qui ne peuvent manquer d'amencrles plus heureux rc- sultats. Que rien ne ralentisse leurs genercuses investigations; que le gouvernemcnt, eclaire sur ses vrais interets qui sont inseparables de Finteret de tous, seconde leurs efforts; et bientot on verra les sources minerales de la France atteindre le double but qui leur est assigne par la nature et par les lois sociales. II reste beaucoup a faire , puisque Ton comptc a peine en France vingt sources qui soient exploitees avec succes, et qu'il n'en est pas une encore ou I'on ne puisse operer d'uliles cLangemens; mais qu'on se persuade bien que les sources minerales sonl de veritables richessesnationales ; qu'on perde I'habitude de les considerer exclusivement comme une des ressources del'art de guerir; et bientot, on verra une noble emulation s'etablir de ville ;\ ville, de departemcnt a departement , et cette emulation, en fournanta I'avantagc des malades, tournera immanquablement a I'avantage des habi- taus. II faut que les chimistcs continuent a rechercher, a de- terminer la nature des eaux, la proportion de leurs principes niineralisateurs ; que les medecins les appliquent avec pru- dence, avec discernement au traitement des maladies ; qu'ils vecueillent avec un soin scrupuleux tous les fails qui peuvcul contribuer a en faire connaitre les proprietes medicinales; il faiit enfin que, partout ou une source aura etc trouvee digne d'etre exploitee, les administrations, soitaprcs avoir acquis le terrain, soil en secondant et en eclairant le proprietaire , se hatent de la faire entourer de constructions utiles et commo- des, d'en rendre I'abord facile, d'y lassembler tons les objets d'utilite et d'agrement que les malades peuvent desircr. De sem- SUR LES EAUX MINl&RALES. aS blables tentatives pourront quelquefois etre infructueuses; mais , le plus souvent, dies seront couronnees du plus heu- reux succes, et la certitude d'avoir rendu a leiir pays un ser- vice important, sera la plus douce recompense de ceux quiles aurontaccomplies avec perseverance. G. T. Doin, D. M. P. N. B. Le point de vue 6conotnique et d'utilite generale, sous lequel on envisage ici les eaux minerales et leur importance pour les localiles qui les possedent, nous parait devoir disposer ceux de nos iecteurs que celte question pourra specialement interesser, a consuller tous les articles de la Revue Encyclo- pedique dans lesquels on a fait mention de bains et d'etahlisse- me.ns ihermaux. Pour leur eviter des recherches longues et pe- nibles, nous indiquerons ici sommairement ces articles et les numeros des volumes et des pages oil ils se trouvent. — i. Bai- gnoires ambulantes de M. Valette et bains a domicile, t. in , p. 378 , 692. — 2. Bains a vapeur etablis a Madrid , par M. Ei- mery , medecin francais, t. v, p. 201. — 3. Bains a vapeur eta- blis sup le terrain de la Solfatara, pres Naples, par ledocteur Assalini, t. v. p. 386. — 4- Essais sur les eaux minerales de Pozzuoli; pac Fr. Lancellotti, professeur de chimie a Na- ples. Naples 5 1819. t. VI, p. i65. — 5. Etablissement pour prendre des bains de mer, forme aupres de Marseille par M. Vailhen, t. vii, p. 623. — 6. Recherches medicales sur les bains a vapeur, par le docteur Paul Assalini. Naples, 1820, t. VIII , p. 125. — 7. Notice sur I'eau minerale de Linthal, can- ton de Glaris , en Suisse; par le docteur Hegetschwf.iler. t. viii , p. 629. — 8. Etablissement de bains de iner chands et froidsetde douches, forme a Boulogne-sur-Mer par M. Quet- tier, t. IX , p. 200 et t. xxiv , p, 628. — 9. Bains de mer a Dieppe, f. x. p. 652 ; t. xix , p. 490. — 10. Bains d'eau snlfn- reuse d'Enghien, valiee de Montmorency, pres Paris, t. x, p. 653. — II. Eaux minerales deCambo, pres Bayonne ( Bas- ses-Pyrenees ). f. XIII, p. 236. — 12. Notice de M. Edouard Laffon de Ladebat, sur les etahlissemens thennaux du de- partement des Hautes-Pyrences , shues z Cauterets , Bareges, Saint-Sauveur , Bagneres-sur-Adour ; t. xxiii, p. 268-289. — 1 3. Memoire sur les eaux minerales de Fuen-Sanla , dans la province de la Manche , en Espagne , par don Jos. Torres. Madrid, 1822, t. xv, p. 564. — 14. Des bains propres a la sante , par P. Pacanini. Turin, 1822, t. xvi . p. 34o. — i5. Les bains de Kiel , decrits et compares avec d'autres bains de mer de la Baltique et de la mer du Nord, par Praff. Kiel, 1822. t. XVII , p. 116. — 16. Eaux minerales de Montlignon , 26 GENERALIT^S SDR LES EAUX MIIVERALES. ( vallec de Montmorency ); Ibid. p. 421. — 17. Hydrologie mt- nerale , ou histoire de toutes les sources d.'eaux minerales con- iiues jusqu'ici dans les ctctts du roi de Sardaigne , par don Bern. Bertini. Turin, 1821. Jhid, p.GgS. — 18. Edux thertnalesd' Aix, ( Bouches-du-Rhone, ) observees par M. Gimbernat, natu- ralisle, et par M. le docteur Despine, dirccteur des bains, t. XVIII, p. 456. — 19. Eaux minerales de Sainte Madelaine de flourens (Haute-Garonne) , t. six, p. 489. — 20. Fontaine minerale d'eau salee a S;in'enai ( Cotc-d'Or ) , t. xx, p. 23i. — 21. Bains de tner de I'ilc de Nordernej { Hnnovre ) , par le docteur DE Halem. Hanovre, 1H22. t. xs, ]>. gS. — 22. Carle des eaux minerales de la France , par M. Breon, D. M. , con- foime a la division adoptee par la commission des eaux mine- rrdes. Paris, 1823 , t. xxi, p. 399-401. — 23. Nouvelle source d'eau minerale froide, recemment decouverte, a Chamouni (Savoie), analysee par M. Gimbernat, t. xxiii, p. 241-242. — 2/|. Eaux minerales de Dlnan ( Cotes du Nord ), par M. Bi- CEON, D. M. Dinan, 1824. Ibid. p. 423. — 25. Eaux minerales aux environs de Moscou , ibid. p. 746. — 26. Etablissement de bains a Bex , canton de Vaud ( Suisse ) ; sources sulfureuses analyseespar M. Mercanton. Ibid. p. 754. — 27. Bains gazeux «le Baden, canton d'Argovie ( Suisse ), ameliores par M. G«V«- Oernat, \. yi%iv, Y). 5i6. — 28. Etablissement balneo-medical du docteur Paganini, a 0/(»g^^/o ( Piemont ). Ibid. p. 5 18. — 29. Reclierches sur les eaux publiques de Paris , j)ar M. GiraUd, t. XXVI , p. 47-55. — 3o. Bains de mer de Boulogne , etablisse- ment forme par M. Versial, ibid. p. i83. — 3i. Bains d'Aix en SnyQie, ibid. p. 290. — 32. Notice sur les memes bains, avec un plan lithographie , par M. Francoeur. Ibid. p. 3i3-332. — 33. Eaux minerales de Bagnoles ( Orne ) , Ibid. p. 599. — 34- Bains de mer a la Teste ( Gironde ) , I. xxvii , p. 594. — 35. Fonda • tion d'un hospice thermal au Mont-d'Or ( Puy-de-D6me ) , Ibid. p. 922. — 36. Manuel d'analyse chimique des eaux mine- rales medicinales , etc., par MM. Henry, pere et fils. Paris, 1825 , t. xxviii , ]i. 201. — 37. Sur les eaux minerales acidules de Fals, par M. Tailhaud, D. M. Valence, iSaS. t. xxviii, ]). 521. — 38. Etablissemens thermaux de Bade et d'Yverdun, en Suisse, visites el ameliores par M. Gimbernat. Ibid , p. 622. — 39. Meme sujet , I. xxix, p. 3i8. — 40. Eaux minerales du Caucase, observees par le docteur Conrad; t. xxx, p. 127. — 4i. Ifydrologie minerale, par Bertini. Ibid. 140. — 4*- Hygie des bains , par Franceschi. Ibid. 141. — 43. Recherches sur les bains a vapcur ct les fumigations. Ibid. ibid. [Fay. ci-dessus, n" 6. ) — 44. Nouvelles eaux minerales decouvertes en Russie. Ibid. p. 238. M. a. J. TABLEAU STATISTIQUE DU COMMERCE DE LA FRANCE, EN 1824; Lu a rAcademie royale des sciences de I'lnstitDt , daus sa Seance du 3 avril i 826. Les termes numeriques qui exprinracnt le commerce des peu- ples modernes sont comme les hieroglyphes del'antique Egypte , ou les lecons de I'histoire, les prcceptes de la sagesse et les secrets de I'avenir efaient caches sous des caracteres mysle- rieux. Onjpeut y decoiivrir raccroissement de la puissance des empires, les progres des arts et de la civilisation et la marcho ascendante ou retrograde des societes europeennes. En restreignant a la France les donnees que nous allons pie- senter sur ce vaste sujet, nous y joindrons cependant celles qui permetlrontde comparer lepresentaii passe, et notre commerce a celui des grandes puissances maritimes et continentales des deux hemispheres. Nous montrerons d'abord , d'apres les do- cumens officiels, quelles ont ete, pendant 1824, les quantiteset la valeur des importations et des exportations ; nous etablirons ensuite, sur une periode de plusieurs annees, des termes moyens propres a fixer les idees sur I'etat de cette branche principale de la richesse publique. Expoitation. En i823. En 1824. Difference. Produits natarels. . . . 163,493,000 — i63,o56,ooo — 446,000 f. uianufactnres.. 227,262,000 — 277,486,000 — 60,224,000 Totanx. . . 390,754,000 — 440,542,000 — ■ 49,778,000 f. Ainsi , la valeur de I'exportation des produits du sol de la France ne s'estelevee en 1824, qu'au meme degre que I'annee precedenle, et meme elle a ete moindre d'uu 826^; conse- quemment, I'agriculture n'a pas trouve de debouches plus Jar- ges ou plus nombreux pour ses productions; mais il en a efe tout autrement de I'industrie. Les produits de nos manufac- tures ont obtenu une vente plus considerable de 5o millions, ct plus grande d'uu cinquieine que I'annee precedente. C'est 28 TABLE A.U STATISTIQUE cet accioissement qui constitue Ics progres de notre commerce d'exportation , dotit la prospcrite est due au perfectionnement rapide de notre industrie et a I'extcnsion de nos etablissemens manufacturiers. L'exportation a ete effecluee : En i8a3. liniSj/). DiffCTeiice. Par 3,488 nav. franc. — Par 3,()55 nav. franc. . . 467 navires. 6,1 ry nav. ctraug.— 6,333 nav. etraug. . 221 Tot. . . (),Go5 10,393 688 Le tonnage de l'exportation a ete : Ell 182?. En 1824. Diff.'renco. Nav. francais 2/\0,o/i& tonn. ^ — Nav. francais 320,698 tonn. — 85,65o etrang. 396,810 — ctrang. 4i5,24i — i8,93i Totaux. . . 636,358 — 740,939 — io4,53i La valeur de l'exportation a ete distribute ainsi qu'il .suit : En 1823. En 1824. Exportat. uiarit. 229,902,200 fr. — Exportat. marit. 271,019,000 fi-. par terre i6o,852,ooo fr. — par terre i69,5a3,ooo fr. Totaux. . . 390,754,200 fr. — 440,542,000 fr. L'exportation maritime a ete : En 1823. En 1824. Par nav. franc, de 87,704,000 fr. — Par nav. franc, de i36, 932,000 fi'. etrang. 142,(98,000 fr. — etrang. 134,087,000 fr. Totaiix. . . . 239,902,000 fr. ■ — 27 1,019,000 fr. Accroissementde la valeur de Texportation franc, par mer. 49,228,000 fr. Diininatlon de la valeur de l'exportation eirang. par mer. 8,11 1,000 Accrolssemeut ab.solu de la valeur de I'export. maritime. 4'i''7)OOo de I'expovtatioii par terre 8,671,000 total de l'exj)ortation. . . • 49,788,000 DU COMMERCE DE LA FRANCE, EN 1824. 29 Void les resultats de ces termes numeriqnes : 1" La navigation a gagnc d'une annee a I'autre, par I'ac- ci'oisscment de ['exportation de nos produits agricoles et in- dustrials, une augmentation de presde 700 batimens , jaugeant ensemble 104,000 tonneaux. La navigation nationale forme les cinq sixiemes de I'accroissement du nombre des navires et de I'augmentation du tonnage; 2° L'urgence de cette amelioration etait tres-grande, puis- f|u'en 1823 !e nombre des navires francais qui concoururent a I'exportation ne s'elevait gueres qu'a moitie de celui des na- vires etraugers ; en 1824, il en a presque egale les deux tiers; 3° La flotte de 10,000 navires , sortis de nos ports, charges des productions indigenes de la France, etait formce en 1824, de pres de 4)Ooo navires francais, cliacun du port moyen de 82 tonneaux, et de plus do 6,000 navires etrangers, jaugeant ensemble chacun 68 tonneaux par un terme moyen ; ce qui , comparativement a ces derniers, elevc d'un sixieme le tonnage de nos batimens du commerce au-deSsus du terme moyen que presenle le leur ; 4° La masse des produits agricoles et indnstriels exportcs par mer et vcndus a I'etranger dans le cours de cette seide annee, etait du poids de pres de i5oo millions de livres, et du volume de 3o millions et derai de pieds cubes; 5° Si le poids et le volume des produits exportcs par terre correspondent, dans la meme proportion de la valeur, a ceux exportcs par mer, on jieut porter approximativement la masse totale des marchandlses sortant du royaume chaque annee a 2 milliards et demi de livres pesant, et a plus de 5i millions de pieds cubes ; 6° Les tonneaux d'encombrement ayant a peu pres un vo- lume d'un metre cube et demi, si tons ceux formant I'expor- tation annuelle de la France, etaient ranges sur une seule ligne, ils occuperaient une etendue de i83o kilometres, et il fau- drait 67 journees de marche de 7 lieues chaque pour en par- courir toute la longueur, cc qui ferait un voy.ige de 469 lieues, comme celui de Paris a Petcrsbourg ; 3o TABLEAU STATISTIQIJE 7" La valour de I'e.xpoitation maritime faite i)ar les navires francais a excede de 3 millions celle dc I'exportation faite par Ics navires etrarigers , quoiqiie ccux-ci fussent plus nombreux dans la proportion de 11 a i3; les cargaisotis de nos tt,ooo navires valant plus de i36 millions, c'est pour chaque 3Zi,ooo f. par unterme nioyen; tandis que celles des 6,3oo navires etran- gers valant seulement i3/l millions, la valeur de chacune n'est guere que de 21,000 fr. , d'ou il suit que les cargaisons de nos balimens du commerce sont plus riches d'un tiers, et qu'il est fait une exportation plus considerable par nos navires que par ceux des etiangcrs, qui cependantenemploicnt ?.,383 au-deli\ du nombre de nos armcmens; 8° L'accroissemcnt de I'exportation effectuee par nos na- viress'est elevee, en i824> a 49 millions; mais celle des naviies etrangers ayant eprouve une diminution de 8 millions, I'ac- croissement absolu de I'exportation maritime est de 41 mil- lions; plus, I'avantage d'avoir substitue, pour un huitienie de celte somme, le commerce national au commerce etranger; 9*^ L'exportation par terre netant que de 169 millions et demi, est encore loin de s'elever aux deux tiers de I'exporta- tion maritime, nonobstant le developpement de nos frontieres, les besoins iirgens et multiplies des etats liniitrophes, et les lignes dc transit, singulieremcnt favorables, que permet d'ou- vrir noire situation geographique, et dont les avantages reei- proques sont etouffes par I'esprit de defiance et d'liostilite commerciale des puissances du Continent; 10" Cescauses n'ont laisse en 1824, a I'exportation par terre, qu'un accroissement de 8 millions et demi, tandis que I'ex- portation maritime en a obtcnu un cinq fois aussi grand ; d'ou il suit que les debouches offerts a notre commerce par les ex- peditions d'outre-mer se sont elargis, dans le cours d'une seule annce, cinq fois autant que ceux qui ont etc donnes par le transit de nos frontieres; 11" L'exportation de nos produits, en 1824. ^ ^te de 5o mil- lions de francs plus considerable que I'annee precedente; ou, DU COMMERCE DE LA FRANCE, EN i8a/,. 3i en d'autres termes, elle s'est augmentee cl'iin liuiliemo dc sa valeur en 182 3; 12° Ce grand accroissement commercial est du tout enticr aux progres de notre indnstrie, dont les produitsperfectionues troiivent dans les marches etrangers une concurrence moins puissante que celle qui limile I'exportation de nos prodiiits agricoles , et I'empeche d'obtenir la meme prosperite. 11 est ourieux et important de connaitre snr quels objets s'est portee la faveur du choix dans les marches etrangers, et quelle part est due a telle fabrication ou manufacture dans cette exportation , qui n'est surpassee par celle d'aucun autre pays du monde, excepte I'Angleterre. Grandes manufactures. Exporte en i823. En 1824. Difference. Tissns de chanvre et de lin. 3o,36o,ooo — 37,379,000 — 7,019,000 f. Id. de laine , . ig,oi3,ooo — 20,040,000 — 1,027,000 Id. de soie 84,92.1,000 — 99,486,000 — r4,56i,ooo Id. de colon 24,464,000 — 35,024,ooo — io,56o,ooo Totaax 158,7(12,000 — 191,929,000 — 33,167,000 f. Arts et Metiers. Exporte en 1823. En 1824. Difference. Papier 3, 495,000 — 6,379,000 — 2,884,000 f. Merceries 7,345,ooo — 9,653,ooo — 2,3o8,ooo Porcelaine 3, 816,000 — 4,5o3,ooo — 687,000 "Verreries 3,137,000 — 3,643,ooo — 5i6,ooo Bijouterie 2,699,000 — 3,o4i,ooo— 342,000 Litres 2,863,ooo — 3,171,000 — 3o8,ooo Gravures et lithographies. . 1,126,000 — 1,727,000 — 601,000 Mode.s 2,779,000 — 3,004,000 — 225,000 Chapeans 2,854,ooo — 3,077,000 — 273,000- Menbles 927,000 — r, 224,000 — 227,000 Effets d'habillement 2,41 5, 000 — 3,809,000 — 1,394,000 Peaux OQvrees et preparees. ii,588,ooo- — 16,091,000 — 4,5o3,ooo Totaux , . 45,034,000 — 59,322,000 — 14,288,000 f. II sort de ces chiffres dcs considerations <;ommercialcs dime haute importance pour la prosperite |)ubliqiie : 32 TABLEAU STATISTIQUE 1° Nos quatrc cspeces de grandes manufactures fournissent k ['exportation annuelle pour pres dc 200 millions de francs dc fissus; cUos ont trouve en 1824 une vente plus considerable de 33 millions, ou d'un sixieme, que I'annee precedente ; 1" Los soierics forment soulcs la moitie de ce riclie commerce; les trois autres especes dc manufactures se partagent la valeur de 100 millions constituant I'autre moitie. Les draps sent la fabrication qui possede les moindres debouches; ils ont cepcn- dant ga^ne une augmentation de vente d'un million. Les toiles en ont obtenu une plus grande, de 7 millions, et les soieries une de i4- Les colons sont , apres les tissus de soie, les objets les plus favorises par les progres de leur vente; on en a ex- porte en 182/1 pour 10 millions et demide plus qu'en x823 ; 3° Ces quatre branches principales de I'industrie francaise ont procure a notre exportation beaucoup au-dela des trois cinquiemes de son accroissement. Si les succes de nos lainages avaient egale dans les marches etrangers ceux de nos toiles, de nos cotons et siutout de nos soieries, ces manufactures au- raient fourni a I'exporlation la moitie de sa valeur totale ; 4° Parmi les arts et metiers les plus productifs et dont la reussite est la plus grande a I'exterieur, sont ceux qui fournis- sent au commerce les peaux ouvrces et preparees. La valeur des objets qu'ils oat dounes a I'exportation en 1824 s'est elevee a 16 millions; elle a surpasse de beaucoup plus d'un quart celle de I'annee precedente, ce qui est un accroissement im- mense. Les tabriques dc papier ont trouve aux objets de leurs travaux un debouche plus large, qui leur a perrais d'en placer pour un excedant de pres de 3 millions; la vente de nos mer- ceries s'est augmentee de deux millions, et celle des effets d'habillement neufs ou portes, d'environ 1,400,000 fr. 5" II y a eu pareillement des progres satisfaisans , faits par la bijouterie, la gravurc et la lithographic, la typographic, la verrerie commune et surtout les cristaux, la chapellerie et les modes , ainsi que I'envoi des meubles d'appartemens dans les pays etrangers. Cette derniere branche s'est etendue d'un quart, dans son developpemcnt d'uneannec a I'autre. DU COMMERCE DE LA FRANCE, EN 1824. 33 6° En masse, 12 especes d'industrie, qui en 1823 n'avaient donne a I'exportation qu'une valeur de 45 millions de pro- duits, en ont foiirni pour 60 en 1824, et consequemment ont accru leur vente cxterieure d'un quart dans I'espace d'une seule annee; ce qu'elles ont obtenu par les progres des con- naissances commerciales, le perfectionnement des operations industrielles et I'amelioration de nos habitudes nationales, trop long-terns etrangeres a tout ce qu'exigent de tels succes. 7'^ Ces douze especes d'industrie et nos quatre especes de grandes manufactures ont augmente d'une cinquantaine de millions, dans le cours d'un an, I'exportation de leurs produits, et suffisent pour alimenter les marches etrangers d'objets d'une valeur de plus de 25o millions, ce qui cree , par les re- tours, un commerce montant beaucoup au dela d'un demi milliard. 8° Enfin, Ton pent prevoir, en decouvrant quels prodi- gieux succes notre industrie obtient d'une annee a I'autre, la prosperite qu'elle doit atteindre, par la continuation de la paix et I'ouverture d'une multitude de debouches favorables , demeures fernies jusqu'a ce jour. Dans la seule fabrication des colons, la vente des toiles teintes et imprimees s'est elevee de II millions et demi a i5, outre 2 millions de toiles blan- ches. Les calicots imprimes sont monies a 5 millions; I'ex- portation des tulles a double, ainsi que celle des schals el des mouchoirs; el les etoffes dites printanieres ou nankinets , s'etant (■levees de 800,000 fr. a 3,900,000, leur vente a presque quin- tuple dans I'espace d'un an. Importation. En 1823. En 1824. Difference. Matieies necess. a I'industr. 22i,554,ooo — 272,873,000 — 5i, 819,000 f. Objets de consooi. naturels. 88,579,000 — 121,957,000 — 33,378,000 — fabriques 51,694,000 — 6o,o3o,ooo — 8,336,ooo Totanx 361,827,000 — 454,860,000 — 93,o33,ooo f. Ainsi la valeur des objets imporles en France pendant 1824 T. XXXI. — Juillet 1826. 3 3/, TABLEAU STATISTIQITE a cxcc'dii cclle de I'iniportation de 1823 de beaucoup plus du quart de son montant k cette derniere epoque. La moitie dc cet accroissement est formce de racquisition des niatiercs pre- mieres qui alimentent nos manufactures. Un tiers on davan- tage resulte de la consomniation plus grande niaintenant des objcts naturels exotiqnes, principalement des denrees colo- niales. Un douziemc seulement provienl de raccroissement de notre consomniation en objets etrangers fabriques. En divisant en douze parties egales I'augmenfation eprouvee en 1824 par no- tre importation , on reconnait qu'unc seule a eu pour destination les jouissances du luxe; quatre sont entrees dans la consom- niation domestique, et ont ajoute aux progres de I'aisance de toutes les classes sociales; six et deniie ont contribue essen- ticUement a I'extension de notre Industrie et de notre com- merce interieur et exterieur. L'importation a I'te effectuee : En i8s3. Eu 1824. Difference. Par 2,73s nav. franc. — Par 3,387 nav. franc. . . 649 navires, 3,984 nav. etran. — 4,183 nav. elrau. . . 199 Tolaux. . 6,723 7.570 848 navires. Le tonnage de l'importation a ete : En 1823. En 7824. Difference. Nav. francais. 247,540 ton. • — Nav. franc. 3 16, 4 80 ion. — 68,940 ton. etrang. . 4>ii233 — etran. 438, oo5 — ■ 16,772 Totanx... . 668,778 754,485 85,712 ton. La valeur de l'importation a ete distribuee ainsi qu'il suit r En 1823. En 1824. Importat. inarit. 232,194,000 fr. — Iraporlat. marit. 297,932,000 fr. parterre. 129,634,000 — ■ parterre. 156,929,000 Totanx 36i,8s3,ooo fr. 454,861, ono fr. DU COMMERCE DE LA FRANCE, EN iSa/j. 35 L'importation maritime a etc : En 1823. En i8i4- Par nav. franc, de. i33,543,ooo fr. — Par nav. franc, de. i89,535,ooof. nav.etran.de. 98,631,000 — nav.etran.de. 108,397,000 Totaux 232,194,000 fr. 597,932,000 f. Accroisseinent de la valeur de I'lmportat. franc, par mer. 55,992,000 fr. Accrolssement de la valenr derimportat. etrang. par mer. 9,746,000 Accroissement absolu de la valeur de rimpot maritime. . 65, 738,000 Accroissement absolu de l'importation par terre 27,295,000 Accroissernent total de rimportation 93,o33,ooo Accroissement total de I'exportation 49,788,000 Difference de leur accroissement en 1824 43, 245, 000 Difference absolue entre le montant de I'une et de I'autre. 1 4,3 19,000 Voici les resultats de ces termes numeriques : 1" II est entre dans les ports de France, en 1824, 7>570 na- vires, chaciin, par un terme moyen, du portd'environ 100 ton- neaiix. C'est 848 on un dixieme de pins que I'annee precedente; 2° La navigation nationale forme les deux tiers de cet ac- croissement; et cette amelioration etait d'autant plus urgente qu'en iSaS les trois cinquiemes de l'importation furent operes paries naviresetrangers. Si ces progres ne se sont pas ralentis, le nombre de ces navires est egale maintenant par celui des notres ; 3° L'augmentation du tonnage a ete de pres de 86,000 ton- neaux , dont les quatre cinquiemes appartiennent au commerce francais ; 4° La masse des produits exotiques importes par mer pour la consommation du royaume est de 764,000 tonneaux; jointe a celle de l'importation par terre, elle est de i,i3o,ooo; leur volume total est d'environ 4? millions et demi de pieds cubes; 5° On peut porter, par approximation, le poids des mar- chandises importees et exportees annuellement a 4 milliards 700 millions de livres, et leur volume a 3 millions et demi de me- tres cubes; leur transport par mer exigerait uneflottede 23,5oo navires, ayant cliacun une cargaison de 100 tonneaux. Si Ions 36 TABLEAU STATISTIQUE ces tonneaiix, qui forment iin enconibremeiit chacun cl'iin metre cube et demi, etaient ranges sur line seiilc ligne, ils oc- cuperaient unc etendue do 3,526 kilometres ou 904 lieues de 2,000 toises, ce qui eqnivaut a pen pres ;\ la circonference en- tiere du tcrritoire dc la France; 6° La valeur dc I'importation maritime faite par les navires francais a excede de plus de 81 millions celle qui a etc faite par les etrangers, et de 56 millions celle que notre navigation avait effecluee lannee precedente; cependant, I'affluence des etrangers dans nos ports a ete plus grande en iSa/j qu'en 1823, et ils y ont apporte un excedant de marchandises d'environ 10 millions de francs. Si nos progres ne se sont pas arretes , notre commerce maritime fournit aujourd'hui a I'importation une valeur double de celle qui constitue I'importation faite par les navires etrangers; 7** Notre importation par mer s'est augmentee de 65 mil- lions, ce qui exclude I'accroissement de notre transit, par les frontieres autres que le littoral, de plus de 38 millions. On ne pent guere porter qu'ii la moitie de la valeur de I'importation maritime celle des produits importes par terre, tandis que I'ex- portation est proportionnellement plus considerable; 8° Nous avons recu, en 1824, pour 93 millions de produits etrangers de plus que I'annee precedente , ou, en d'autres ler- mes, cette branche de notre commerce s'est accrue du quart de sa valeur a cette dernicre epoque; 9" II y a un excedant de i4 millions entre la valeur desobjets exotiques acheles pour la consommation individuelle jointe a celle de nos fabriques et la valeur des produits agricoles et industriels exportesen 1824; mais aucune balance ne pent etre etablie que sur une serie de termes donnes par une periode de plusieurs annees; 10° L'ensemble des exportations et des importations effec- tuees, en 1824, constitue un commerce d'environ 2,400,000 ton- ueaux de marchandises, evaluees approximativemeut a SgS millions et demi. Recherchons le plus brievemcnt possible sur quels objets DU COMMERCE DE LA FRANCE, EN 1824. 37 s'est porle I'accroissenient de la consommation, et quelle part ont obtenu dans cet accroissenient les materiaux qu'emploie notre Industrie, les objets naturels consommes par la popu- lation et ceux qui sont fabriques a I'etranger, qu'on admet avec des restrictions plus ou moins severes. Matieres necesxaires h t Industrie. 1823. 1824. DifKrencc. Colon 48,019,000 — 64,12/1,000 — i6,io5,ooo fr. Soies. 26,250,000-— 37,149,000 — 10,899,000 Laines 12,820,000 — 9,542,000 — 3,278,000 Fils de chanv.ou de lin. 5, 357, 000 — 6,901,000 — i, 544,000 Peaax brutes 8,5o6,ooo — 8,l5i,ooo — 845,000 Halles de fabrique. . . 37,625,000 — 35,ooo,ooo — 7,375,000 Noix de galle 1,247,000 — 2,092,000 — 845,000 Cochenille 1,098,000 — 2,066,000 — 968,000 Indigo 8,660,000 — 9,086,000 — 426,000 Potasse 2,495,000 — 4,355,000 — 1,860,000 Soufre ii5,ooo — i,53o,ooo — i,4i5,ooo Plerres gemmes brutes. 35o,ooo — 1,000,000 — 65o,ooo Fer forge 965,000 — i, 182,000 — 167,000 Cuivre coule 7,482,000 — 12,081,000 — 4>599,ooo Plomb 3,698,000 — 5,000,000 — i,3o2,ooo Etaln brut 1,592,000 — i,865,ooo — 278,000 Objets de consommation naturels. i8i3. 1824. Difference. Sucres 27,860,000 — 89,709,000 — 11,849,000 fr. Cafe 17,613,000 — 22,010,000 — 4,387,000 Poivre 2,479,000 — 2,620,000 — 141,000 Tabac 5,8o4,ooo — 6,042,000 — 228,000 Huile comestible. . . . 6,58 1,000 — 15,272,000 — 8,691,000 Fromages 8,964,000 — 3,636,ooo — 328, 000 Citrons et oranges. .■ . 2,001,000 — 2, 5 11,000 — 5io,ooo Chanvre 5,5oo,ooo — 4,487,000 — i,o63,ooo Houille 5,222,000 — 7,369,000 — 3,147,000 Chevres, betail, moutons. 18,092,000 — 20,309,000 — 2,217,000 Bois de construction. . 10,000,000 — 12,000,000 — 2,000,000 Merrains 6,120,000 — 8,339,000 — 2,219,000. 38 TABLEAU STATISTIQUE Obj'ets fabriques ou de luxe. 1823. 1824. Difference, Toiles de tontes espcces. i9,35o,ooo — 4i(573,ooo — 22, i^ 3, 000 h. Picrres gemmes taillees. 1,000,000 — 2,000,000 — 1,000,000 Perles lines 1,000,000 — 1,100,000 — 100,000 Chapeaux de pallle. . . 1,196,000 — 1,714,000 — 5i8,ooo Merceries i,53o,ooo — 1,795,000 — 265,000 L'examen de ces nombres presente une serie de resultats qui doivent occuper uue place eminente dans I'histoire de la ri- chcsse piiblique : 1° De tous les objets qu'embrasse le commerce d'importa- tion, celui qui a la valeur la plus graude et qui alimente I'in- dustrie la plus vaste et la plus productive, est le colon en laine des deux Ameriques et du Levant; nous en avons achete en 1824 pour 64 millions de francs, ce qui, comparativement i I'annee precedente, offre un accroissement de 16 millions ou d'un tiers. 2° La plus riche de nos quatre especes de grandes manufac- tures , celle qui fournit annuellement au commerce exterieur une vente de cent millions, la fabrication des soieries, s'est ap- provisionnee au dehors d'une quantito de malieres premieres plus considerable par sa valeur d'au-dela des deux cinquiemes; les achats ont ete portes de 26 millions a 37. 3° Nos fabriques de toiles ont acquis des fils de chanvre et de lin pour un quart en sus de leur approvisionuement prece- dent a I'etranger; ce qui manifeste un accroissement de be- soins dont pourraient profiler nos dtpartemens de I'ouest, en donnant plus d'extension a la culture des plantes textiles et a leur preparation. 4" Les soins plus grands et mieux entendus donnes aux troupeaux ayant augmenle la production des laines indigenes, et aussi sans doute I'augmentation du droit de douanes, ainsi que les limites elroites de I'exportation des draps, attcnuant la progression des succes de leurs manufactures, les achats de DU COMMERCE DE LA FRANCE, EN 1824. :^9 laines exoliques ont dimiiiue d'un quart, et ont ete rediiits do 12 millions a 9. 5° Quoique noire exportation de peaiix ouvrees el preparees ait acquis, dans I'annee, une valeur do 16 millions, et se soit augmcntee du quart au tiers, nos achats de peaux brutes ont ete moindres qu'cn 1823, et n'ontpas depasse la moitie du prix de la vente a I'etranger. 6° L'une des plus fortes depenses qu'exigeut les travaux de nos fiibriques est I'achat des huiles exotiques; nous en avons importe, en 182/1, pour 35 millions; c'est une augmentation d'un cinquieme d'uue annee a I'autre; I'extension des fabrica- tions, dans lesquelles entre ce produit, a sans doute ete propor- tioDnelle. 7° II y a eu pareillement un accroissement notable dans I'emploi des matieres tinctoriales; I'imporlation de la coche- nille et de la noix de galle a presque double; celle de I'indigo monte a 9 millions de francs. 8° Notre consommation en soude et en potasse a ete, en 182/1, deux fois celle de I'annee precedente; nous avons tga- lement achete des quantites beaucoup plus considerables de metaux bruts ou prepares, notamment pour 17 millions au lieu de 11, de cuivre coule et de plomb. 9° En masse, les douze principaux articlfs de notre impor- tation en objets necessiires a notre industrie , ont eprouve , en 1824, une augmentation forniant au moins 41 millions de francs de plus que I'annee precedente. 10° Un accroissement conciderable a eu lieu pareillement dans I'exportation des objets naturels qui entrent immediale- mcnt dans la consommation individuelle ; les j'.enrees coloniales en forraent les articles les plus riches. Nous avons re^u pour pres de 40 millions de sucre ; c'est une augmentation de 12 mil- lions, qui en suppose une de 18, dans le revenu annuel de nos raffineries; leur fabrication excede inaintenant 100 mil- lions de francs. 1 1° L'importation du cafe s'est accrue d'un quart, ct la con- sommation de chaque iudividu en poivre, orauges, citrons et 4o TABLEAU STATISTIQUE tcibac, a pris aussi plus d'extension. Nous avons achetti , en 1824, pour i5 millions d'huile comestible au lieu de six el demi; nous avons importe de plus qu'en 182!^ un quart de la valeiir dcs liouilles et des mcrrains, que nous recevions alors, un neuviemc du montant des chevaux et du betail, et un sixieme du bois de construction. Les chanvres sont Ic seul ar- ticle important qui ait baisse; nous n'en avons acquis que 4 millions et demi au lieu de 5 et demi. 12° En masse, une douzaine d'objets natiirels, introduits pour la consommatiou , out forme une valour de 3o millions, en sus de leur montant en 1823. En consultant les besoins qui ont provoque leur importation, on trouve que la destruction de nos forels nous oblige a acheter annuellement des bois pour 20 millions de francs; que les limites trop ctroites de I'exploi- tation de nos houilleres nous font importer de I'etranger pour 7 a 8 millions de charbon de terre ; qu'il manque a nos pro- vinces meridionales ime culture de rolivier assez ctendue el suffisamment productive pour nous fournir des huiles jusqu'a la valeur dc i5 millions; et qu'enfin les bornes de notre In- dustrie agricole nous forcenta demander a nos voisins, chaque annee, pour plus de 20 millions de chevaux, de betail et de moutons. i3° Au demeurant, les objets de consommatiou que nous achelons de I'etranger jusqu'au montant de 80 millions de francs, et quoique notre Industrie agricole put nous les fournir , sont soldes en produits de nos manufactures, et donnent lieu a uu commerce d'echange plus ou moins avantageux. 14° Parmi les effets fabriques ou de luxe , il y en a cinq ou six qui ont eprouve un accroissement d'importation montant a 24 millions; mais cette somme a ete reduite des deux tiers par la diminution d'autres articles. 1 5° Au nombre de ces objets on en compte plusieurs que notre Industrie met h profit, quoiqu'ils aient dej;"! acquis un premier prix par Taction de I'industrie etrangere. Telles sont les pierres gemmes taillees , qui sont montees avec avantage par nos bijouticrs; telles encore les merceries grossiercs , les DU COMMERCE DE LA FRATVCE, EN 1824 • 4i toiles ecrues. Ce deinier objct a monle, en 1824, a 22 millions de plus qu'en i823; mais nous en avons exporte une valeur excedaut de 7 millions celle de I'annee precedente. Nous en avons achete en tout de I'otranger pour 41 millions; nous en avons vendu au dehors pour 87; la difference, qui est encore de4 millions au moins, suppose que la fabrication des toileries pent s'etendre avec avantage. Si de CCS details nous nous elevons a des considerations ge- nerales sur la richesse actuelle du commerce de la France, nous parvicndrons peut-etre mieux par des termes rclatifs que par des nombres absolus , a fixer les idees sur son eteiidue. Quand, pour comparer I'etat de nos transactions commer- ciales avec I'epoque anterieure de notre histoire la plus pros- pere , on recherche quelle ctait la valeur de nos exportations et de nos importations pendant la periode de paix qui suivit, i! y a quarante ans, la guerre d'Amerique, on arrive aux re- sultats ci-apres : De 1785 a 1787, la valeur des exportations fut de 526 m°"S En 1824, elle s'estelevee a 44o La difference est de 86 Consequemment, il s'en faut de beaucoup moins d'un cin- quieme que la valeur de nos exportations ne soit la meme que lorsque nous possedions d'immenses colonies, et que nous dis- putions encore a I'Angleterre la preponderance maritime. II ne faut plus a la France que dix-huit mois de progres aussi rapides que ceux qu'elle a faits pendant 1824, pour effacer completement les traces qu'ont laissees jusqu'a ce jour, dans la principale branche de notre fortune commerciale, trenle an- uees de revolutions , de guerres , de triomphes et de malheurs. De 1785 a 1787, par un terme moyen, I'importation on France, monta a la valeur de Go3 m""". En 1824, elle a ete de 454 La difference est de 149 II s'en faut done presque du tiers de la valeur des objels 4« TABLEAU STATISTIQUE tires dc retrangcr niaintenant , que noire importation n'egaie celle d'autrefois ; et cette difference s'explique aisemcnt, quand on se rappelle qu'alors nous ctions obliges d'acheter les bles necessaires au complement de notre consommation, tons les tissns de colon, et unc multitude d'objets que notre industrie nous fournit aiijourd'luii abondamment. En masse, le commerce de la France n'excedait pas i loo mil- lions, a son epoque la plus brillante , si Ton deduit de scs transactions les piastres espagnoles , comprises dans les etats de marchandises. Sa valeur s'eleve niaintenant a environ 900 millions ; il est dii quart au dessous de sa prosperite, telle que I'exprimcnt ces nombres ; mnis la difference est infiniment moins grande quand on examine les avantages qui resultent de la nature de scs elemens et d'operations mieux balancees. L'etendue des ressources nationales et la superiorite de la ricHesse publique etant, dans I'ordre actuel des societes, les plus surs garans de I'independance des etats et de leur pre- ponderance politique, il importe surtout de connaitre compa- rativement quelle prosperite chaque peuple obtient de sou commerce extcricur pour resoudre cette grande question. Voici un tableau qui presente les termes de la comparaison de notre commerce avec celui des grandes puissances mari- times ; ses donnees sont pour la Grande-Bretagne et les Etats- Unis des valeurs moyennes fournies par les documens officiels des annees les plus recentes. Expoitatlons. GranJeBretagne. France. Elats-Unis. Produils natur. iiidi'gen. 7.5,725,000 — i63,o56,ooo — 248,955,000 fr. — industr. indig. 8ro,85o,ooo — 277,486,000 — i3,o36,ooo — etrangers. . . 253,875,000 — g5,o55,ooo — 142,000,000 Totaux. . . . i,i4o,45o,ooo — 535,597,000 — 408,991,000 Iinportalions. Grande-Bretagne. France. Etats-Unis, Produits etrangers. . . 411,825,000 — 404,738,000 — 246,000,000 Ir. — colonianx. . . 342,175,000 — 5o,323,ooo — 137,000,000 — enli'epo.scs. . « —173,771,000 — » Totaux. . . . 754,000,000 — 628,832,000 — 383,000,000 fr. DU COMMERCE DE LA. FRANCE, EN 182/,. /,3 Ce tableau presente des donnees importantes sur la situa- tion actuelle du monde commercial. 1° Les produits naturels exportes par la France sontd'ime valeur double de ceux qu'exporte I'Angleterre; ils sont moin- dres de moitie que ceux des Etats-Unis; notre superiorile a cet egard sur le premier de ces pays tient a la vente de nos vins et eaux-de-vie, qui s'est eievee en iSaA^i 64 millions de francs. La superiorite des Etats-Uuis resulte de I'exportation des pro- duits provenant de leurs forcts et de leurs pecheries, et prin- cipalement du haul prix des denrees tropicales indigenes des elats les plus meridionaux de TUnion. a* Les produits industriels exportes par la France ne sont gueres que du tiers de la valeur de ceux exportes par I'Angle- terre; ils sont 21 a 7.1 fois aussi riches que ceux des Etats-Unis. La superiorite de I'Angleterre resulte principalement de la vente des tissus de coton de ses fabriques. 3° Quoique notre reexportation des produits etrangers en- treposes se soit augmentee, dans ces derniers terns, de pres de moitie, celle de I'vyigleterre vaut plus de deux fois et demie le montantactuel de la notre. Celle des Etats-Unis ne I'excede que de la moitie de sa valeur. Ainsi I'exportation de la France I'emporte sur celle de I'Angleterre , par la valeur superieure des produits naturels, et sur celle des Etats-Unis, pavla valeur bien autrement grande de ses produits industriels; mais elle estinferjeure a ce dernier egard aux Iles-Britanniques; et elle i'est aussi a I'Union americaine, quant a la valeur des produits naturels exportes. Son commerce d'cntrepot est parcillement d'une moindre richesse que celui de ces deux puissances ma- ritimes, et son accroissement doit exciter vivemeut la sollici- tude du gouvernement. 4° En masse, il s'en faut de 69 millions que notre exporta- tion totale n'atteigne la moitie de celle de la Grande-Bretagne ; mais cette derniere ne la vaut exactement que deux fois, lors- qu'on compare seulement les produits indigenes exportes four- nis par le sol et par I'industrie. II s'en faut de plus de i3o mil- lions que Texportation americaine puisse egaler la notre; c'est 4/, TABLEAU STATISTIQUE line difference d'un quart, qui s'eleve a nioilie , quand on dt- duit le commerce de reexportation. 5° L'importation des produits Strangers est a pen pres la meme en France et en Angletcrre ; clle est presque double de celle des Etals-Unis. La grandc difference qui exisle entre les deux premieres de ces puissances se forme de celle des pro- duits coloniaux importes. L'Angleterre en recoit pres de sept fois autant que nous, et les Elats-Unis deux fois et demie; mais dans cette evaluation, il ne se Irouve compris, quant a la France, que les produits introdnits pour la consommalion; et si Ton y joint les produits entrcposes, la balance retablit son equilibre. 6° En masse, il s'en faut de 126 millions, ou du 5"'<' au 6'»'', que notre importation totale n'egale celle de la Grande-Brcta- gne; et elle tend vers le double de celle des Eta ts-Unis; mais, il y a exageration dans le terme numerique qu'elle presente, ct qui s'cnfle par la valeur des niarchandises demeurees dans les entrepots, sans qu'il y ait aucune garanlie de vente pour I'annee suivante. Si 1825 n'a offert que les mcmcs debonches ouverts en 1824, l'importation des produits entreposes aura excede I'exportation d'environ 78 millions, et la valeur des marchandises importees utilement soit pour la consommalion , le transit, ou la reexportation par mer, aura rnonte a 55o millions. 7° Dans cette hypothese, la balance entre I'exportation ct l'importation totale serait contrc la France d'environ i4 mil- lions; clle est en faveur de I'Angleterre de 386 millions, dont le? marchandises exportees excedent celles qui sont introduites dans les lies Britanniques; aux Etat-Unis , il y a une singuliere variation dans la valeur des objets achetes ou vendus. Dans ces derniers terns I'lJnion americaine a obtenu une balance fa- vorable d'environ 20 millions. 8" Les produits naturcls exporles par les trois grandes puis- sances maritimes montenl a 488 millions, et Icurs produits induslriels a 1 100 millions ; consequemment, leur agriculture et leurs mines fournissent moilie raoins que leur Industrie au commerce cxtericur. DU COMMERCE DE LA FRANCE, EN 1824. 45 9" Les produits coloniaux qu'elles resolvent valent S'5o millions, non comptis ceiix qui demeiireiit dans les entrepots de la France; conseqiieniment, leur commerce agit sur unc valeur plus grande de denrces coloniales que de produits agri- coles indigenes. 10° Elles lecoivent tant pour leur consonimation que pour leurs entrepots une masse do produits etrangers valant i23r) millions; elles en reexportent pour environ un denii milliard eu y comprenant les denrees coloniales. Leur importation totale etant de 1765 millions, leur consonimation en produits coloniaux et etrangers s'eleve a 12 ou i3oo millions. ix° Eu 1822, la valeur des exportations de la Russie a etc de 201,400,00 fr. , et celle de ses importations de i88,i5o,ooo; ce qui porte la masse totale de son commerce a 389,55o,ooo fr. Celle des Etats-Unis s'eleve i 787 millions. Celle de la France . . . . a 1164 Celle de I'Angleterre ... a 1894 Ainsi le commerce exterieur des quatre grandes puissances du monde civilise monte amuiellement a 4 milliards 284 mil- lions de francs. 12° Leur participation dans cette sommeest proportionnel- lement comme ii suit : la Russie i ; les Etats-Unis 2 ; la France 3 ; I'Angleterre 5. Mais, si Ton compare a leur population la masse de leur commerce, cette proportion est modifiee de la maniere suivante, Un commerce d'exportation et d'importation de 1900 mil- lions, reparti enlre les 22 millions d'liabitans des Iles-Britan- niques, donne 87 fr. pour la participation de chacun d'eux. Un commerce de 790 millions donne 79 fr. pour chacun des 10 millions d'habitans des fitats-Unis. Un commerce de i i(j4 millions donne moins de 40 ft"- pour chacun des 3o millions d'habitans de la France. Enfin un commerce de 890 millions fait par les 5o millions (le sujets de la Russie, n'elove pas a 8 fr. le contingent de cha- cun d'eux. D'ou il suit que proportionnellement a la populalion, le 46 TABLEAU DU COMM. DE LA FRANCE, EN 182/,. commerce exterieur dc la France est quintuple de celui de la Russic, mais nioitie moindre que celui des j^tats-Unis et de I'Anj^letcrre. L'examen du commerce intorieur, forme par la consomma- tion , uoiis fournirait des donnecs moiiis defavorablcs, et qui montreraient les progres etonnans de la production agricole etindustrielle, et I'aisance quale travail repand, depuis vingt- cinq ans surtout , dans toutes Ics classes de la population ; mais, la multiplicite des clemcns dont so compose neccssairement un it'l tableau, nc pcrmet j^as de les exposer sommairement, et exige le cadre etendu d'un ouvragc special, tel que celui que nous avons offerl a I'Acadcmie des sciences (;). II suffil a I'objet que nous nous proposions ici, d'avoir fait connaitre I'etat actuel du commerce de la France a I'cxterieur, sesprin- cipaux objets d'e.xportation et d'importation , leur valeur , les progres de nos transactions d'une annee a I'autre et le degre d'extension dont chacune d'elles est susceptible , pendant une aussi courte periode. Outre ces elcmens dc la richesse publique, que nous avons exprimes, par des termes numeriques , nous avons montre en nous servant du meme moyen de conviction , qu'excepte la Grande-Bretagne, aucune des premieres puissances de I'Eu- ropc n'c'gale la France par Tetcndue et la richesse de son commerce; et que notre agriculture et notrc induslrie posse- dent de telles ressources qu'cn dix annees, avec des debouches suflisans et sans progres plus rapides que ceux d'aujourd'hui, la masse de nos produits indigenes exportes pent doubler de •valeur, surpassant alors en richesse ceux de I'Anglelerre dont la prosperite commerciale est cependant sans exemple dans I'histoire et sans ri vale dans le monde. A. Moreau de J onnes. (i) Le Commerce an A'/A'e siecle , etat de ses transactions clans les principales contrees des deux hemispheres , causes et effets de son agrandissement et de sa decadence , et moyens d'accroitre et de consolider la prosperite agricole , industrielle , coloniale et commer- ciale de la France; ouvrage couronne par TAcademie de Marseille. a vol. in-8°. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. ESSAI SUR LIS CRYPTOGAMES DES ECORCES EXOTIQUES OFFI- CINALES, precede d'une Methode lichenographique^ etc.; par A.-L.-J. Fee (i). Beaucoup de personnes qui jugent de I'iniportance d'un livre siir son litre, et sur les eloges qu'en font Ics joiunaux qnotidiens, concevront difficilement que celui-ci, dent aucune feuille u'a fait mention , et que I'auteur intitule modestement Essai, puisse etre excellent et fort utile. Le vaoi cryptogames , surtout, ne lui sera pas un puissant motif de recommandation aupres des hommes superiiciels. Les cryptogames sont de fort petites choses sans doute : elles n'en meritent pas moins qu'on les eludie. En composant son systeme sexuel d'un usage si commode, et que I'emploi des families naturelles n'a pas encore rendu inutile, Linnce ne dedaigna pas ces etres sin- guliers, et forma, pour les y comprendre, une vingt-quatrieme classe, dont les caracteres consistaient dans le mystere de leiirs amours, c'est-a-dire dans I'absence de toule fleur distincte. De- puis ce grand homme, les botanlstes a reputation negligent ces vegetaux clandeslins, qui n'offrent pas une nudtitude d'organes generateurs auxquels on puisse donner des noms nouveaux ; noms dont la multitude surpassera bientot le nombre des vege- tans existans. On se borne ordinairement, dans les grands ou- vrages a planches, ou le dessinateur et le graveur ont les huit (i) Paris, 1826; Didot, rne Jacob, n° 24- Grand rn-4") a'vec 34 planclies representant en couieurs plus de aSo cspeces dans pres de 600 figures; prix, /\i fr. /,8 SCIENCES PHYSIQUES, dixiemcs du iiicritc, i donncr des descriptions faites sur le sec , souvent d'apres d'execrables echantillons, tout-a-fait mecon- naissablcs, mais rapportcs de loin, et dent on pent faire mi titro dimmoitalitc pour quelquc amateur vivant de botani(iue , loquel ne manque point par reconnaissance d'envoyer a I'au- teur du genre nouveau , bon ou mauvais, qui porte son nom , les raretus de son lierbier. On commence neanmoins a sentir le ridicule de cetlc maniere de demander une sorte d'aumone; les bons esprits reconnaissent que les plus magnifiqucs vege- tans ue jouent p^s dans la nature un role plus important que les plus petits; il est meme des pliilosoplies qui croient que la connaissance dc ces derniers peut produire d'immenscs resul- tats pour Tavancement de I'histoire naturelle, et nous sorames du nombre des humbles qui ii'affectent pas un surperbe de- da in pour les cryptogames. Aussi, trouvons-noils que M. Fee a dit fort a propos : « L'efude des moindres objets en botani- que a detruit plus d'erreurs que les decoHvertes faites dans les autres branches de nos connaissances n'ont amene de re- sultats 11. En effet, cette etude a fait disparaltre les divisions des regnes et prouve que, tout tranches qu'on supposait ceux- ci, leur separation n'etait pas moins arbitraire que tant d'aii- trcs dont on a surcharge la science sans necessite. M. Fee, par ses recherches paticntes et rainufieuses, a surtout prouve, con- tre I'autorite des noms les plus iniposans, la vanite de I'arith- metique introduite dans les sciences naturciles, puisque I'une des unites botaniqucs des Adansons modernes, le lichen scrip- tus, L. est devenue pour iui une famille entiere des gjaphidees composee de sept genres des mieux circonscrits, contenant plus de cent especes certaines. JN'est-ce rien que d'avoir ainsi signale une route d'erreur aux savans qui eussent pu depenser beaucoup de terns pour supputer, d'apres des flores plus ou moins incompletes, dans qucUes proportions rigoureuses sont, a la surface du globe, les plantes de telle ou telle famille aux plantes de telle ou telle autre? a Non , sans doute, les cryptogames ue sont pas sans impor- tance, ajoute judicieusemont M. Fee; elles paraissent destinees SCIENCES PHYSIQUES. 49 a couvrir de terieau les surfaces qui en sont privies, el pre - parent ainsi une couche d'humus qui recoit plus tard les gernies des grands vegetaux. Le roc se charge d'abord de lichens criislaces, puis de lichens foliaces... Cependant, quel- ques autcurs, et apres eux plusieurs personnes etrangeresa la botanique, ont qualifie ct'S plantes d'imparfaites. Mais ici le mot d'imperfection ne sert-il pas de voile h Tignorance ? Nul elre imparfait n'a pu sortir des mains du Createur; et, si cela eutete possible, aucun principe de reproduction n'eiit accom- pagne cette oeuvre ebauchee. » Les recherches de I'auteur confirment pleinement tout ce qu'il dit au sujet de I'utilite des cryptogames, de la singularite de leur reproduction, de la variete avec laquelle nous les trouvons repandues dans la nature, ou, malgre les lois qu'ont pretendu etablir dans la distribution des etres quelques ecrivains, qui n'avaient pas suffisamment observe les objets sur lesquels ils ecri- vaient , beaucoup d'especes sont communes a toutes les contrees de I'univers. II en est, neanmoins, qui, cosmopolites relativement aux climats ou la temperature leur permettait de vivre, ont pour patrie telle ou telle ecorce; et de la, M. Fee a imagine un nouveau moyen de signaler les ecorces officinales, de sorte que, par les cryptogames qui la couvrent, on pourrail distinguer une espece de quinquina de toute autre ; cette observation correspond, en botanique, a celle des ento- mologistes qui ont constate que le pou de I'Ethiopien n'etait pas celui de I'Europeen, d'espece japetique, et qu'ainsi le blanc et le negre, comme on les appelle vulgairement, n'ap- partieunent pas k la meme espece du genre homme. Cette maniere d'etudier les choses les plus meprisables en appa- rence, pour atteindre aux verites de I'ordre le plus eleve, vaut bien celle de ces botanistes dont les longues recherches sur I'insertion d'un filet ou sur la disposition d'une bractee , finissent par decider, par exemple, que tel arbuste est plutot une ternstrsemiacee qu'une onagrairePQuoi qu'il en soit, M. Fee qui n'annon^ait qu'un essai sur les cryptogames des ecorces officinales, a donne beaucoup plus qu'il ne promit, et la T. xxxT. — Juillet 1826. /, 5o SCIENCES PUTSIQUES. melhode liclicnographiqnc dont il fait precc-der son beau tr«- vail, est certainement preferable a cclle d'Acharius, si r.ouveut iiiodifiee par son auteur, et qui rompait encore bien des rap- ports naturels, meme apres avoir subi ses derniers cliangemens. Nous ponrrions cependant adresscr quelques observations critiques a I'auteur , au sujct de plusieurs de ses groupes et de ses genres, qui nous paraissent efre un pen trop nombreux, et quelquefois bases sur des differences offertes par des echan- tillons d'herbier, plutut que par des planles etudiees en profu- sion dans I'etat de fraicheur. Un savant allemand qui s'occupe de la meme famille dc plantes que M. Fee, simplifie aujourd'hui singnlierement la melhode lichenographique, et il a raison. Il y a plus de vingt ans que nous soupconnions Texistence d'une senle cspece, depuis le L. pixidatus le plus simple, jusqu'au L. rangiferimis le plus complique. Or, nous ne saurions adopter tout au plus quecomme sous-genre les cladonia , scyphiphorus , e\. pycnotelia. Peut-etre aussi , I'auteur n'a-t-il pas assez re- monte aux sources ou puisa quelquefois Acharius, c'est-a-dire aux ouvrages dans lesqiiels on s'est occupe de lichens avaut le classificateur suedois. II eut vu , par exemple, dans I'nn des notres, publie il y a plus de vingt ans, un lichen unguigerus , reproduit par Acharius sous le nom de nephroma unguigera , et ne I'eiit pas donne comme nouveau et decouvert par un autre voyagj?ur , sous le nom de geni-e erioderma , nom qui doit etre rejete, parce que la plante en question que nous n'avons pas eludiee seulement d'apres quelques irauvais echantillons mal prepares, mais sur place a Mascareigne, est un veritable nephroma, et qu'il etait absolument inutile de I'extraire d'une coupe oil est suffisamment bien place notre lichen. Apresavoir parfaitement caracterise les lichens, etdemaniere ace qu'il soil desormais impossible de les confondre avec quel- que autre classe de vegetaux que ce soit, M. Fee en forme dix- huit groupes on families, et les dispose, dans la planche iv, comme il serait curieux de disposer les families et les genres des autres classes, c'est-a-dire , en cercle d'ou partent des raccords vers les points d'affinit^ des classes et families voisines. Main- SCIENCES PHYSIQUES. 5i tenant qii'il est bien demontre que toute disposition rectiligne, en liistoiie naturelle, ne pent tout an plus equivaloir, par rap- port aux convenances naturellcs, qu'au systcme sexuel qui ne rompait gucre plus d'alfuiites, les naturalistes devraient s'ap- pli(iucr, ainsi que Tavaient deja tente M. Gallesio pour le genre citrus, M. Cassini pour Ics synanlherees, et le premier pour Ics lichens, noire modeste et savant ami le chef de bataillon Delise, les naturalistes devraient, disons-nous, s'appllqiier a composer des cartes, on, suivant le vosu de Linrie, les productions de la nature se trouveraient disposees comme les empires le sontsur les cartes de geographic. Soixante genres qu'il serait trop long de mentionner ici , deux cent quatre-vingt-huit especes, dont plus de la moilio sont parfaitemcnt figurees, remplisserit I'excelient ouvrage que nous recommandons aux naturalistes, et auquel sa magnifique exe- cution assure une place distinguee jusque dans les biblio- theques, mcme de luxe. Nous saisirons cette occasion; et, puisqu'il est question de parasites desecorces, pour deplorerl'interruption d'un ouvrage qui pouvait former le complement de celui que M. Fee a termine avee une si prodigieuse celerite; nous voulons parler des fascicules du docteur Chevalier, anxquels M. Firmin Didot pretait aussi le sccours de ses beaux caracteres. Les dix planches qui en ont deja paru sont de veritables chefs-d'oeuvre, oil les figures equivalent prcsque aux objets representcs pour les personnes qui veulent reconnaitrc uue espeee du premier coup d'oeil, sans perdre un tenis precieux a comparer de longues et minutieuses descriptions, souvcnt insuftisantes pour faire re- connaitre les cryptogames. Le docteur Chevalier faisalt a peu pres, pour les especes indigenes, ce que le savant dont I'ou- vrage vient de nous occuper, a fait pour les especes exoliques; et il serait plus important qu'on ne pense en histoire naturelle de fixer I'existence de tous ces avortons de la creation par lesquels cette puissance semble avoir commence et termine I'cxecution de ses plans merveilleux. Bor.Y UK Saint-Vincent, 52 SCIKNCES PHYSIQUES. Geometric et mecanique des arts et metiers et des BEA.OX-ARTS; GouRS NORMAL CI Vusiige des ouvriets et des artistes ) des sous-chefs et des chefs d^ ateliers et de manufactures ; proFesse au Conservatoire des arts et metiers, par le baron Charles Udpii^, de TAcademie des sciences, elc. (i). IVoiis n'avons pu aunoncer encore que le premier vo- lume de cet ouvrage vrainient national ( voy. Rrv. Enc. , torn. XXIX, pag. 2o3 ), dont I'heureusc influence, secondee par les professeurs qui le prennent pour maliere de leur enseignenient , va placer la classe industrieuse de la France au premier rang, ou pour mieux dire, hors de rang,qnant ik I'instruclion. Si Ton compare, nieme en Angleterre, les ecoles d'ouvriers a celles qui se forment dans presque toutes nos villes, on sera eonvaincii que la melropole de lindustrie no pourra conserver la superiorite qu'elle avail acquise, et qu'on ne lui conteslait plus; que le genie fran^ais, aide par !e savoir , va la snivre a grands pas dans la carriere, I'atteindre , el enfin la depasser. Lorsque nous conipterons par niilliers , dans presque toutes nos piovinces , les ouvrlers ponrvus des connaissances renfermoes dans les trois volumes de ce cours normal, il seia bien difficile qu'un fait instnictif echappe h. I'observation , qne les perfecliounemens n'arrivent point en foule, et qu'apprecies avecjustesse ils ne se repandent par- lout, sans retard et sans obstacle. De fansses vues, de steriles essais ne fcront pas perdre un tems precieux : I'homme habile tronvera parlout d'auljres hommes capables de le seconder , le charlatan fera pen de dupes, et celles qu'il pourra se- dui<'e encore inspireront moins d'interet et de regrets : ces resultats de I'instruclion ne sont-ils pas nn perfeclionnement moral, et de la pins haute importance? Ferait-on plus, ou mieux, par quelque autre moyen ? (i) Paris, 1826; Baclielier, quai des Augustins,n° 55. 3 vol. in-S", avec beaucoup de planclies gravees ; prix , 6 fr. cliaque vol. SCIENCES PHYSIQUES. 53 La nature et le but de cet ouvrage et de renseigueinent qii'ii est destine h propager meritent la plus serieuse attention, non- seulement des professeurs , nriais de toys les homines qui pen- sent; et les hommes du mondene refuseront pas d'etre compris dans ce nombre. Peut-etie meme conviendrait-il de leur re- commander plus particulierement les observations suivantcs auxquelles on est conduit par la lecture de I'ouvrage de M. Dupin. L'instruction litteraire pent etre morcelee, partielle, reduite k un petit nombre d'objets, sans rien perdre de ses charmes, de son utilite, de son merite. Cctte propriete remarquable a du lui concilier beaucoup de suffrages, et decider en sa fa- veurdes preferences de gout, que Ton altribue volontiers a I'estime, soil qu'on les accorde, soit qu'on en profite. Fortes de cette predilection generale, les lettres ont impose, sans le vouloir, aux autres divisions des connaissances humaines quel- ques-unes de leurs opinions, quclques maximes ou regies qui ne convenaient qu'a elles seules. C'cst ainsi qu'on a cru dire une chose sensee, en conseillant de ne prendre que la Jlcur de CCS connaissances, de se tenir a \Asuperficie et de ne rien ap- profondir. Montesquieu, que les lettres ne desavouent point, etait loin de partager, a cet egard, I'opinion commune : dans une science , disait-il , on ne dent rien , sil'on ne dent toute la chaine. Cette pensee, reproduite frequemment, et sous des formes diverses, est demeuree dans les ecrits, sans devenir une verite pratique; destinee qui lui est commune avec beau- coup d'autres resultats de I'experience et de I'observation. Presque toujours, les ouvrages dont le but est l'instruction de la classe laborieuse sont regardcs comme elementaires, parce qu'ils commencent effcctivement au point de depart, et qu'ils ne vont pas loin : c'est a peu pres comrae si Ton affirmait qu'un voyageur est arrive , parce qu'il s'est mis en route, et qu'il a fait quelques pas. Rien de plus inutile que ces pretendus ou- vrages elementaires : malhenreusement, plusieurs sont cou- ronnes et repandus par des Societes philantropiques. Avec cette direction, la bienfaisancc nc pent atteindrc son but, et 5/, SCIENCES PHYSIQUES. la profusion des livres n'est point uno source de lumieres. Pour que I'enseignement soit profitable, il faut qu'il embrasse dans toute son etendue un objet special ; si cct objet n'etait monlre qu'en partie, autant aurait valu le laisser entierement cache. Mais I'intelli^ence qui aper9oit les limites reelles d'un objet compris dans le domainc des arts ou des sciences , et I'es- prit d'analyse qui trace ces limites avec clarte et precision, sont des facultes assez rares; elles constituent le talent capable de composer de bonsouvrages ^lementaires : on les cherche sou- vent, la ofi elles nepeuvent etre, dans la mediocrite. Nous ignorons si les champs de I'imagination sont plus vastes que ceux dont se compose le domaine des sciences et des arts: mais nous voyons clairement que I'imagination forme des groupes et les detruit, combine et bouleverse au gre de ses fanlaisies plus ou moins raisonnables ; au lieu que les sciences meltent tout en ordre , et que les arts dont les produits doivent etre durables, suivent egalement des procedes indiques par la nature des choses. On sait aussi que I'effet ordinaire de la re- gularite et de la symetrie est de diminucr la grandeur appa- rente d'un ensemble d'objets : c'est peul-etre «me illusion de cette espece qui livre limmensite a I'imagination, et renferme les sciences et les arts entre des bornes que I'on ne peut voir , mais dont on admet I'existence, sur la foi du raisonnement. Quel que soit le nombre des objets qui remplissent cet espace , ils y forment des groupes naturcls, dont les parlies ne peuvent etre connues independamment de la place qu'elles occupent , dont chacun peut etre le snjet d'un traite, d'un ouvrage t'/f- 7>ientaire, pourvu que rien n'y soit omis , qucl'ordre des ana- logies soit ngoureuscment observe et que I'ori n'y remarque point de lacunes. Un ouvrage ne peut etre instructif , s'il no satisfait a toutes ces conditions. On ne sera done point surpris que M. Dnpin ait consacrc trois gros volumes a un Cours normal de geometric et de me- canique pour les ouvriers. Le savant professeur n'a certaine- ment rien mis dans son ouvrage qui puisse etre considers comme un luxe de savoir ; il connait trop bien le prix du terns SCIENCES PHYSIQUES. 55 pour nc pas eparguer celui de ses eleves, de »es nonibreux collaborateurs dans toute la France, et le sien proprc. Si done il a f'allu trois volumes de 5oo pages au moins pour enseigner aux ocvriers la geometric ft la mecaniqiie usiielles, quels fruits aurait-ou pu recucJllir d'(m pareil nombre d'opus- cules reduits, suivant I'usage, a trois ou quatre feuilles d'im- pression, et decores du litre d'ouvrages elementaires ? Loin que M. Dupin ait mis dans son ouvrage rien dont il eut pii se passer, il est aise de prevoir que chaque reimpression s'ac- croitra de quelques fails, de preceptes ou de donnees genc'rales dont I'experieneo de I'enseignement ou des ateliers auront fait sentir le besoin. Le premier volume, consacre a la geometrie , n'est guere susceptible de varier dans son etendue ; le second , oiiles theories mecaniques sont exposees, pent aussi atteindrc tres-promptement la forme et les developpemens qile compor- tent le nombre limite et la nature des elemens dont il est com- pose. Mais le troisieme volume, destine a la description de V art des machines, de ses ressources et de ses procedes, cette partie de I'ouvrage ne peut avoir de limites que celies de la duree de I'enseignement: elie doit renfermer tout ce qu'il est possible d'ymettre;son ulilile sera proportionnelle a son eten- due : le tems approche peut-etre ou Ton sentira la necessity d'y ajouter un autre volume. Ce cours devait etre special; il s'agissait d'enseigner la geo- metric des arts, et la mccanique des machinistes. Mais,esl-il possible de considerer ces deux sciences sousun aspect diffe- rent, et de les trailer diversement, suivant les applications qu'cn veut en faire ? Ne sont-elles pas I'une et I'autre un en- semble de verites disposees dans un ordre invariable, et dont I'expression peut etre rrimeuee au dernier degre de justesse el de concision ? Les sciences n'ont - elles pas, en general, un caractere de simplicicite qui semble imposer la necessite de les presenter conslamment sous la meme forme , quel que soil I'u- sage qu'on veut en faire? Pour repondre a ces questions, exa- minons.si la geometrie des arts n'est pas effectivement un peu different© de la geometrie consider^e dans toute sa generalite, 56 SCIENCES PHYSIQUES. ct si la rnecanique du machiniste est exactement la meme que celle de I'astronome. Le but des arts dits mecaniqites et de ceiix des beaux - arts qui eniploient le dessin est d'executer des formes deterniinees, ou de trouver ces formes d'apres cortaines conditions. Les me- thodes de calcul y sont Ires-souvent necessaires; mais on y fait un tisage continuel des methodes auxquelles on applique la denomination tres-exacte A*i geomelrie descriptive , parce quelle donne effectivement les moyens de determiner les for- mes et les situations, et par consequent de les decrire. Or, c'est un fait tres-remarquable, etbien dignedc trouver place dans I'histoire des sciences, que cettc partie essentiellede la geo- metrie , aussi ancienne que les arts el que ton te autre applica- tion des sciences, n'a commence a prendre la forme scientifique que dans ie xviii'"' siecle. Ce serait en vain que Ton en re- chercherait quelques vestiges dans les ecrits des aneien* gcometres, ni dans les ouvrages de mathematiques , rediges suivant I'ancienne methode classique. On n'aurait pu I'intro- duire dans I'enseignement, si Ton avait conserve lechafau- dage des theoremes, coroUaires, scolies, etc., ainsi que les fatigantes etpresque toujours inutiles demonstrations des pro- positions inverses. Les Anglais qui ont persiste avec une sorte d'obstination dans les vieilles habitudes d'instruciion mathe- inalique , n'ont point redige la f^eomctrie des arts, quoiqu'elle fut repandue dansleurs ateliers et leurs chantiers. Les ouvriers I'y apprenaient , et continuent encore a I'apprendre, noii comme une science, mais comme un art, avec plus de terns et de peines, et moins bien. Cependant, la geometric descriptive n'est pas toute lajijw- melrie des arts, quoiqu'elle en forme la partie essentielle et caracteristique. Comme son but n'est que de determiner et de decrire des formes, elle ne s'occupe point des mesures, ni des methodes de calcul dont les arts nc peuvent se passer. II a ddnc fallu prendre ces connaissances dans les depots tpii les renferment, dans les meilleurs elemcns de geometrie. On ne reprochera point a M. Dupin un faslueux elalago d'un savoir SCIENCES PHYSIQUES. 5? iuutile aux arts; il s'est reduit scrupuleuseinciit a ce que les artistes ne peuvent ignorer sans inconveniens. Une machine a pour objet d'appliquer une force niotrice a ia matiere sur laquelle cette force doit agir, d'impriraer et de diriger le mouvemcnt. La route que le mobile doit parconrir est determinee, il n'est jamais //6re. Les mouvemens des corps celestes s'accomplissent d'une autre maniere, et ne sont point soumis aux memes conditions; ils sont litres ; les forces dont ils eprouvent Taction ne sont soumises qu'a une seule loi : la mecanique celeste a done a resoudre des problemes fort diffe- rens de ceux qui occupent le machiniste. L'etude du systenie du monde suppose la connaissance de la theorie du mouve- ment des corps libres; pour les applications aux arts, il ne s'agit que des mouvemens qui s'accomplissent suivant des lignes ou sur des surfaces determinees. Ainsi, la mecanique generale , telle qu'elle est devenue par les travaux de D'Alem- bert, d'EuU'r, de Lagrange, etc., va plus loin que ne I'exi- gent les besoins du machiniste. II fallait rediger une mecanique des arts. Voyons comment M. Dupin a concu I'ensemble et la distribution de son Cours de geometric et de mecanique. Le Traite de geometrie est divise en seize lecons oii les ap- plications, toujoiirs a la suite de la theorie, servent en meme tems a la faire mieux comprendre eta la fixer dans la memoire. Huit lecons de geometrie descriptive font parcourir auxelevcs tous les principes et toutes les methodes de cette science , et quelques-uns de ses usages. L'auteury a traite des cylindres , des surfaces coniques , developpables , gauches, de revolution , spirales ; tous ces genres de surfaces d'uu emploi si multiplio n'etaient connus que tres-imparfaitement, et quelques - unes de leurs proprietes les plus remarquables n'avaientete revc- lees qu'aux georaetres , sans que les arts en eussent profite. Les methodes generales pour tracer Tj/z^cz-iecf/ow des surfaces dont la situation , la forme et les dimensions sont donnees geome- triquement, fournissent la solution d'une multitude de pro- blemes. L'auteur passe aux considerations importantes des tangentes aux courbes et des plans tangens aux surfaces , no- 58 SCIENCES PHYSIQUES. tions boaiicoup Uop restreinfes dansles Clemens ordinaires dc geomelrie. La mesiire de la courbure dcs lignes et des surfaces est un autre ordre de connaissances qui manijuait totalemeiit ii la classe industrieuse, et qui donnera plus de precision a queiques precedes, phis dejustcsse au coup d'oeil, el surtout I'habitude de la correction, sans laquelle les arts ne se perfec- tionneraient point. La seizieme Iccon est V exposition faite a la Societe (V encouragement pour Vindustrie nationale sur les pro- gres du nouvcl enseii^nernent de geometrie et de mecanique, L'ordre dcs tems assi^uait a cet expose la place qu'il occupe : aujourd'hui, il ne scrait pas moins bien place au commence- ment, en forme d'introduction. L'enseignement des theories mecaniques comprend quinzc lecons , ou les applications trouventaussi leur place, immedia- tement a la suite des verites qu'ellcs eclaircissent et develop- pent. Dans la premiere lecon , I'auteur expose notre systeme metrique, et il en fait sentir les avantages. L'abondance dela matiere I'oblige a continuer le meme sujet dans la lecon sui- vante , oil il expose aussi les premieres lois du mouvement. Danscette premiere partie de sou traite de mecanique, il a dir suivre la route frayee par ses predecesseurs : sa metliode d'ex- position ne pouvait diffeier de celle des anciens auteurs que par unlangage plus simple, un peu different des formes ordinaires de la science, par des exemples plus multiplies, plus familiers et DOn moins utiles et instructifs. Il ne lui etait done pas possible d'etre aussi court sur chaque sujet : il fallait renoncer au laco- nisme habituel de la langue des sciences, et prendre de tems en tems le ton de la conversation, toujours un peu verbeuse. II faut avoir lu ce traite de mecanique , pour bien juger des difficultes que I'auteur avail a surmonter. Un livrc, tel que celui-ci, suppose plus que du savoir : si Ton n'y Irouvait que ce qui convient a I'etude de la science, de bons elemens; si Taiiteur n'y montrait point, a chaque page, le fruit des obser- vations qu'il a faites en enseignant, il serait encore loin du but; nos ouvriers n'auraient qu'une instruction plus apparente que recUs , jiuperficiel/e d<\n% le sens le plus raisonnablcde ce mot, SCIENCES PHYSIQUES. Sg qu'ils ne conserveraient pas long-tems , et qui, dans la pra- tique, ne serait pas un guide assez digne de confiance. Ne craignons point de le repeter : I'auteur se serait expose a n'a- voir fait qu'un travail d'une utilile restreinte et peu certaine , si son iivre elait plus court. M. Dupin n'a point conserve la division ordinaire destraites de mecanique; il n'expose pas separement les conditions de I'equilibreet les resultals du mouvement. Comme a toutes les epoques de notre vie , et principalement dans notre jeunesse , les faits de mouvement nous sont beaucoup mieux connus que ceux d'equilibre , rien de plus conforme aux habitudes de notre intelligence et aux regies de la logique, que de partir dece que nous savons le mieux , pour proceder a de nouvelles re- cherches. La troisieme lecon sur les forces paralleles , la pe- santeur et les centres de gravite eut ete moins instructive, et cependant plus longue, si elle avait commence par les notions de statique sur lesquelles le professeur a leplus insiste. On doit bien s'attendre a quelque partage d'avis, au snjet des applica- tions qu'il fait des theories mecauiques aux beaux-arts : des que Ton entre dans le domaine du gout, on a quitte celui des de- monstrations , et le raisonnement n'est plus un moyen de conviction. La quatrieme lecon est consacree a I'exposition des proprie- tes des centres de gravile aux methodes pour les determiner , h. la theorie et aux usages des momens. Apres avoir niontre comment les centres de gravite peuvent servir a trouver le vo- lume de certains corps, M. Dupin fait I'observation suivante : « Il est essentiel d'appeler lattention des eleves sur ces rela- tions intimes desproprietesde la geometiie et de la mecanique. La mecanique sans geometric estune routine sans theorie, unc elude sans lumiere, ou plutot, une elude impossible. A son tour, la mecanique rend a la geometric d'importans services; elle lui fournit des instrumens varies pour executer avec une extreme precision , et pourtant avec facilite, des operations tres-delicates. Effor9ons-nous done de montrer de plus en plus les rapports indispcnsables de ces deux belles sciences , pour Go SCIENCES PHYSIQUES. les appliquer de concert 5 rindiistrie. » La mecanique rend-elle en effct quelques services h la geometric ? La science dc I'e- tendue pent subsister isolee, absolument independantedecelle du mouvenient, lirant d'elle seulc toutesses ressources ettoutes ses raelhodes, y coinpris celle des centres de gravite , denomi- nation contra laquelle on a souvent reclame. La science du niouvemcnt ne pent se passer des notions de lieu, de distance, de figure , de tout ce qui est du ressort de la geometrie , et la plupart du terns, on n'a fait que de la geometric , en s'occti- pant de mecanique. Mais, lorsque les notions de mouvement ontete introduitesdans des recherchespurementgeometriques, il est tres-douteux qu'ellesles aientsecondees. La maniere me- canique dont Roberval avait concu les tangentes aux courbes ne pouvait mener aussi loin que la raelhode de Fermat, qui est toute geometrique. On peutobjecler que la forme des sur- faces est tres bien decrite et concue par la forme et le mouve- ment des lignes generatrices; niais, dans ce cas, I'idee de munvement n'est point necessaire, etdisparait tout-a-fait, apres .ivoir prete a I'imagination un secours momentane, et qui n'e- tait pas indispensable. Nous insistons sur cette remarque, dans I'interet d'une verite generale, trop souvent meconnue, et qu'on ne pent cependant negliger impunement; c'est que I'a- nalyse qui distingue et differeucie est toujours d'une utiiite non contestee, au lieu que I'analogie qui rapproche est quel- quefois sur le point decor.fondre, que son langage manque de correction, et qu'il ne pent eire sans influence sur la justesse desidees:il a necessairement quelques uns des inconveniens du langage figure. On le remarque jusque dans le trace des courbes qui servent a represcnter des resultats d'observations; ce mode d'expression a deja propage des notions fausses , ct fait faire de njiiuvaisraisonuemens. M. Dupin a choisi I'exemple de deux sciences dont I'une est necessaire a I'autre, et qui semblent en effet, se preter un secours mutuel :mais, lorsque la mecanique pretend aider la geometric, elle ne fait que res- tituer ce qui ne lui appartient pointj la geometric ne lui doit point de reconnaissance. SCIENCES PHYSIQUES. 6i Danslacinquieme lecon, I'auteur a traite de la composition ^l de la decomposition des forces, et il termine ainsi I'Lnstruction siir les lois geneiales du mouvement. Passant ensuite aux ma- chines simples, il commence, dans la sixieme lecon par les cordes, les ponts suspendus, les traits et les harnais d'attelage , Ic greement des vaisseaux, etc. Le meme sujet est continue dans la lecon suivanle, ou I'application des cordes a la produc- tion du mouvement circulaire amene les considerations rela- tives h ce mouvement, et ensuite, la theorie du pendule. Les leviers et les poulies sont le sujet des deux le9ons suivantes. La somme des connaissances renfermees dans les 56 pages consacrees h ces deux sortes de machines aurait pu fournir !a matiere d'un volume. II a falluparler des differentes sortes de balances, du gouvernail des vaisseaux, des expe- riences de Coulomb sur la raideur des cordes, des precedes de MM. Brunel et Hubert pour fabriquer les rouets, etc. Le treuil et les roues dentees qui viennent ensuite exigeaientaussi d(!s developpemens fort etendus, comme elemens necessaires d'une multitude de machines composees. Dans la lecon sur le/j/«« incline {\a. onzieme), M. Dupin a fait I'application de la theorie dc cette machine ^ la recherche des conditions d'equilibre de plusieurs formes diverges posces sur des plans, a celle des metacentres , ^ la stabilite des voi- liires en repos ou en mouvement, aux routes ou ornieres en fer, et il decrit I'une de ces routes destinee au transport du charbon, et quis'eteud sur un e^pace de lo kilometres, depuis la mine jusqu'au lieu d'embarquement , pres de Sunderland. A mesure que Ton avance , les objets dont on s'occupe de- viennent plus complexes, et les applications plus varices. La vis et le coin, les torsions et leur effet sur les cordages, les instrumens des arts derives de la vis el du coin sont une partie ossentielle des connaissances dont I'ouvrier doit etre pourvii. Ici, il a deja fallu tenir compte, non-seulement de la forme et des dimensions, mais aussi des proprietes particulieres des. corps employes dans la construction des machines. L'impor- tante theorie des frottemens, si rcmarqnable par la simplicite 6.1 SCIENCES PHYSIQUES, de ses lois et par le genie qui I'a creee ; celle des pressions, dcs tensions, de relasticito ; enfin, Ics lois du choc des corps, et quelqiics-unes de leurs applications les plus inslructives sont les sujets des qualre dernieres Iccons. Nous n'avotis puinserer ici qu'unc table des malicios ties abregee; niais cetle nolice impaifaite servira tout au moius A justiRer ce que nous avons dit sur la nccessite de trailer oes matieres pluslonguement et plus afondi\\xnn ne I'a fait jusqu'ici. On en tirera aussi celte consequence, qui n'est pas sans inleret : lorsquc les ouvriers posscderont les connaissanccs (]ue renferment les trois volumes de M. Dupin et celles qui les accompagnent ou qui en derivent, leur savoir vaudia bien celui que la jeiinesse acquiert dans les colleges , par un travail de quelques annees. Les deux volumes dont nous venons de parler sont deji\ re- pandus dans toute la France, et enseignes dans les principales \illes dcs departemcns. Le Iroisieme est sous presse , et parai- tra peut-etre en meme terns que cctte notice, ou fort peu dc terns apres; et, comme il est public par Iccons, ainsi que I'ont etc les deux autres, nous pouvons dcja donncr une idee som- maire des lecons que le professeur vient de livrer a I'ardeur studieuse de ses Aleves. Le troisieme volume traitera des forces motrices , et de la maniere de les employer. Le nombre des forces dont I'liomme pent disposer pour aider son industrie est certainement limite; niais on ne pent pas dire qu'il soit connu. Long-terns dans I'elat de barbaric, I'homme ne put employer que sa propre force qui, secondee par son intelligence et par quelques machines, lui soumit toute la nature vivante. La conquete et la soumission du cheval et du boeuf amenerent un developpement extraordi- naire de ses arts et de son commerce. Ses premiers cssais de navigation lui donnerent quelque notion du parti qu'il pourrait tirer du mouvement des eaux ; I'invention des voiles vint sans doute peu de tenis apres celle des canots et des barques, et prepara celle des machines mues par le vent. L'industrie sc borna long-tems i I'emploi de ces quatre forces motrices; elles snffisaient pour assurer son empire sur toute la nature. Un SCIENCES PHYSIQUES. 63 autre moyen d'action fat dc-couvert : mais terrible, intlomptable, ne pouvant se soumeltre k la direction continue derintelligence crcalrice, il fut regarde comme un agent de destruction; la guerre s'en empara. Les arts de la paix n'cn firent usage que pour pcrfectionner les amies de I'liomme contre les aniniaux , et pour renverser des obstacles, en imitant les proctdes de I'art de la guerre. Enfin, un autre agent vint s'offrir, et c'efait le plus puissant, celni dont les services etaient le raieux assures, qui permettait a I'industrie de s'etablir dans tous les lieux (jui lui offriraient les avanlages qu'elle recherche. Comme I'indus- trie elle-meme est creatrice de cet agent, la quantite de travail qu'elle pourra produire ne connail plus de limites, et Thomme, en s'environnant ainsi de ces iminenses richesses produites par le travail , aura cependant accru le lems de ses loisirs en meme tems que les moyens d'en jouir. Est-il probable que nous soyons an terme des decouvertes possibles , et que nous n'ayons plus a parcourir que la carriere des perfectionnemens? Qiioi qu'il en soit, nous pourrons attendre assez tranquillement les decouvertes ulterieures, si nous savons protiter habilement de celles qui sont faites. M. Dupin fait voir que I'homme fournit une phis grande somme de force physique par ses jambes que par ses bras , et que, lorsqu'on lui fait executer des travaux ou son intelli- gence n'a point de part, ce ne sont pas ses bras qu'il faut exercer. On voit par cela seul qu'une multitude d'operations usuelles consomment encore plus de forces qu'ellesn'en exigent leellement. Le professeur compare ensuite la force des che- vaux a celle de I'homme, et reclifie quelques erseis de Xespece humaine. Il Icrniine par I'homme moral (sect, vi, ch. v, p. 3i4-32i ); et ce point de vuc Uii scmble beau, parce que c'est le cole qui « affeclc le plus \ivenient ct le plus univer- sellement le coeur des hommes. « Ainsi, la tcnsibilite , on I'organisnie, X intelligence, \& socia- bilite et la moralile, tcells sont les quatre proprietes com- munes a tous les hommes. EUes sont belles, parce qu'elles tienncnt a I'ordre univcrsel ; relracees par les arts, clles forment les chefs-d'oeuvre. D'apres ce systenic,. tout cc qui est commun a I'espece est beau; il n'y aura de laideur que ce qui formera exception. Dans tousles objels, ainsi que dans I'homme, la beaute scral a possession de ces qualiles con)munes qui consti- tuent unc cspece. "On noninie beau, dit I'autcur (sect i", ch. 11, p. I?), le moindre des objets, lorsqiie, possedant toutes ET POLITIQUES. 67 &es qualites constitutives , il rcpresente, pour aiiisi dire, I'es- pece, dont il montre le type. Sa petitesse n'excliit point la beaute, parce que toute grandeur niaterielle n'est que relativcj et que la plus veritable est cello qui provient du nombre et dil complement des proprietes. Ainsi, Ton dit que telle fleur, telle feuille, tel fruit, telle mouche, tel insecte, sont beaux, u Telle est la doctrine du livre que nous avons sous les yeux. Certes, on ne pent nicrque I'ordre universel ne soil beau, et qu'un objet soumis a celte loi n'ait de la beaute, si on le consi- dere dans ses relations avec elle. Uordre est une portion de I'immateriel, une parcelle de cette raison qui doit dominer la matiere. Mais, ce n'est la qu'uue face du rationnel, et on n'a pas vu tout ce qui est beau , quand on a contcmple I'ordre qui constitue chaque espece et lui donne des proprietes communes . \J ApoUon du Belvedere vous parait-il u'avoir reellement que les qualites communes a tous les Jiommes , les qualites consti- tutives de V espece ? N'est-il pas, au contraire, une magnifique exception? — Non, direz-vous, son attitude, son regard, ses formes expriinent des idces de proportion, d'harmonie, de generosite, de grandeur, idees qui sont communes a tous les hommes, ou du moius a la generalite. — Je vous accorde que ces idees et ces vertus existent dans le coeur de tous les hommes; au moins, serez-vous oblige de convenir que ce n'est pas une propriete commune, de les exprimer a la maniere de I'Apolion; de sorte que, si c'est une loi constitutive de noire espece de concevoir ces idees, ce n'en est pas une de les exprimer. J'ajoute d'autres exemplcs pour me faire mieux comprendre : Regulus pense qu'il faut tenir son sermcnt, malgre les tortures de Carthage. • — Cette pensee est commune i tous les hommes. — Je le veux bien. Mais il la met a execution, et marche au supplice. Or, les actions de ce genre sont peu communes; son action ne sera done pas belle, puisqu'elle sorlira de I'ordre commun. Socrate, qn'on aime a citer, enseignc qu'il faut pre- ferer I'austerite aux jouissances. — Tout le monde est de son avis. — Voila done une belle le^on. Mais il s'avise de pratiquer cette morale. Ce n'est pas en vertu d'une loi universelle qu'ii 68 SCIENCES MORALES agit ainsi; car nous voyons qii'une jiropriete commune de tespt-ce est de courir i ses plaisirs. — Voila done unc conduite qui ne serait pas rcputec belle. M. Massias cite ( p. 72 ) comme de beaux ouvrages de pein- ture, « Jupiter foudroyant I'audace des Titans, que Junon lui designe avec calme; le dernier jour du moude et le genre luimain appelc dcvant son juge; le Ills de Marie succombant sous le poids de sa croix ; son corps divin eclairant un tableau oil sont manifestes les passions de la tcrre et les ravisscmens ducicl; la pr/ix religieuse des fds do Bruno; I'ame de sainte Cecile dans son regard cxtatique; la vertu souriant au milieu des tourmens et triomphant de la tyrannic. » — II est dou- teux que radmiratcur songe a voir dans tout cela les proprielcj constitutivcs de I'espece humaine, et qu'il soit conduit par lill a mediter sur I'ordre universcl qui a constitue cette race. Tous ces tableaux rcpresentcnt une pcnsee morale dominant la matierc; mais, encore une fbis, ce qui est beau, ce n'est pas seulement la pcnsee, pcut-etre commune a tous; c'est encore le devoucment rare qui raccomplit (i). On pourrait dire que la maliere soumise a la raison produit I'ordre, et que, par consequent, soit dans I'espece, soit dans I'individu, le beau n'est autre chose que fordre meme; mais telle n'est pas la tlicse de BI. Masbias. 11 n'a vu le beau que dans cette conformitc de certains etres les uns avec les autres, de laquelle resultc une espece. Ce rapport est bien une sorte d'ordre, et il a son genre de beanie ; mais il est loin d'etre le beau tout entier, en d'-.iutrcs tcrmes, tout I'inimateriel, tout Vordre , si nous voulons entendre par ce mot tout ce qui plie (i) II nous semble que M. Massias ne considere ^.oiut les actions suhlinies des homines vertueux et les chefs-d'oeuvre des grands maitres comme des exceptions . mais comme offrant le type de ce qu'il y a de plus beau dans la nature humaine; et ce beau n'existe pour nous qu'antant qu'i! est exprime par des actions ou par des ouvrages de I'art. M. A. J. ET POLITIQUES. 69 la matiere ^ la raison dans un intliviclu, comme dans I'es- pece (i). Le beau n'est done pas seulement la possession, ou la repre- sentation des qualitcs qui constituent chaquc espece. Mais, en admettant comuie vraiecette opinion, ilrestaitbeaucoupc^ faire a I'autcur, pour completer son systime. II ne devait pas se contenter de dire qu'un objet etait beau « lorsqu'il possedait toutes scs qualites constitulives (p. 17) «, et que c'efait pour cela qu'on disait « telle fleur, telle feuille, tcl fruit, telle mouche, tel insecte , sont beaux [ibul.) ». II fallait demontrer qu'une belle feuille, un beau fruit, uue belle mouche, un bel insecte , reunissaicnt toutes les qualites de leur espece, ot pour nous le prouver, dresser la liste de toutes\cuv5 proprietes (2). D'jipres le systeme de I'auteur, un livre d'histoire naturelle etait leseul monument de bcaute qu'il put offrir a nos ycux. La, nous aurious admire des proprietes communes. Mais il a neglige cet appui, et jjas un des exemples qu'il a cites ne con- tient le genre d« beaute qu'il a cru le scul dans I'univers, sa- voir, la possession des qualites communes. Nous avons deja dit qu'en peiuture I'auteur avail cru voir rcpresenter des qualites constitutivcs de I'espece, lorsqu'au contraire on ne represcutait que des exceptions. Son erreur me parait etrc la meme ])our le beau dans la danse. II le definit « le mouvement mesure et rhyihmique de I'organisation. » Or, a coup sur, ce mouvement ihythitiique n'est pas une loi cons- titutive de notre espece. Car la grande majorite danse mal ou ne danse pas. Si nous passons a la musique, I'auteur uous dit (i) Nous croyons necessaiie de lappeler ici que M. Massias, con- siderant le beau dans ses rappoits avec I'liumanile , I'a presente sous le point de vue le plus g6neral possible, puisque le beau qui n'au- rait aucuii rapport avec rhomme serait pour lui comme s'il n'exis- tait point. N. d. R. (2) Uii semblable travail ne pourrait appartenir qu'a riulelligence supreme qui embrasse dans sa pensee I'ensemble et les details de tous les 6tres cre^s. N. d. R. 70 SCIENCES MORALES qui Vile est la langiic du genre humain , et cependant ceux qui la parlcnt bien font justement exception. Quel que soit, au rcste, le jugement qii'on doive porter sur Ic systemc qui nous occupe, il est impossible de ne pas louer la raaniere dout I'auteur a developpe son sujet. Il a compris toutc rotendnc de la question et I'a traitee sous toutes Ics faces. II commence par recliercher ( sect, i", ch. i"""") Torigiae du beau etdu sublime. Toutefois, il eut etc plus logique d'en exa- miner d'abord la nature : car on ne peut clairement chercher I'origine d'un objet , qu'apres I'avoir bien defini ; par conse- quent, le second chapitrc, qui expose la nature du beau, au- rait du preceder ceUii qui traite de son origine. Ce n'est done qu'apres nous avoir dit que le beau descendait dun Dieu crea- teur, que I'autenr nous dtlinit le beau (sect, i", cha. ii.). II cherche a le distinguer du sublime : leur point dc resseim- blance, comme il le dit ailleurs ( p. 26), est d'etre « I'un et I'autre ordre , ensemble et hierarcliie de tons les rapports. » Ce qui les distingue, c'est que le sublime est I'ordre absolu, « cfclui dont la divinite seule peut avoir la comprehension, et qui t'chappe a I'analj'se » (p. i5, 16). Lebeau, c'est la portion de Tordre apcrcu par I'homme, etqui peut ctre analysoe. Cette distinction se rapporte a peu pres a celle que Ton fait enlre la raison objective et la raisori subjective ; mais , je ne crois pas qu'elle puisse s'appliquer au beau et au sublime, comme on a pu le voir d'apres le premier article. L'auteur reconnait dans le beau trois caracferes, savoir : la veritc, Vutilite et la grandeur. II est certain que la verite et la grandeur sont deux faces du beau, quoiqu'elles ne soient pas les seulcs; mais, quant a Vutilite, si ell e ne tient qu'a I'interet prive, elle ne peut par elle-meme etre empreinte de bcaute. Le tableau que Buffon trace de I'utilite des elemens est beau, parce qu'il nous les presente comme servant I'interet general , comme exprimant la bienveillance et la providence de Dieu. Ainsi, ce qu'il y a de beau dans I'utilite, ce n'est pas le profit, mais le bienfait. Or, la bienfaisance, comme notion et comme acta, rentre dan? le domaine de la raison. ET POLITIQIJKS. :i M. Massias s'occupe ensuite de I'titre susceptible de peice- vQJr le beau; il demontre que c'est rinteUigcnce, et la siib- divise en sensibilite, reflexion, conscience et imagination. Nous n'entreions point dans des discussions qui nous entraineraient trop loin, et qui, d'aillcnrs, s'appiiquant a la marche ordinaire de rintelligence , sortiraient de I'objct special de notre exa- rnen. Nous ferons seulemcnt reniarquer que I'auteur, n'ayant vu dans le beau que rordte nniversel qui constitue cliaque es- pece, n'a pu voir dans I'imagination que la faculle de grouper les objets fournis par la vue. I.es procedes qu'il lui attribiie sont I'analyse et la synthese, c'est-a-dire , les procedes de I'ob- servation. Ei!e puise dans la nature, dans i'homme et dans leurs rapports, et le beau ideal est, pour notre autcur « I'cn- senible des perfections disseminees sur les individus. » Ainsi , dans ce systenie, I'art n'aura qu'a recueillir les differentes pro- prietes constitutives de chaque espece. II ne faudra que des yeux, etil est elonnant , d'apres cela , que les artistes soitntsi rares. • M. Massias, apres avoir trace ( sect, iii , cli. vii ), une es- quisse rapide de chacun des beaux-arts, montre leur rapport, etablit que , piiisqu'ils sontl'expression de potre etre, coir.me tels ils sout iVeres, et passe a la litteraiure qu'il traite dans toutes ses parties, et qui occupe la derniere moitie de son livre ( sect, iv , v et vi ). II m'est impossible de le suivre daus le developpement de ses opinions iitteraires, qu'on pent ne point partager, mais dans lesquellcs il a montre quelquefois le plus grand talent, comme ecrivain et conime penseur. L'ouvrage est tcrmine par un chapitre vraiment admirable sur le developpement du inoi humain, depuis la plus obscure des affections, jusqu'a la perception et la production du su- blime. Cc chapitre, plein de precision et de logique, cot evi- demment le plus beau de tout le volume, et scmble dicte par le genie methodique de Blair. Il me restc a parler du style : I'expression est soiivcnt bar- die et pittoresque. Une singulier* aversion pour les adjectifi xtn et le ^ et I'usago frequent de substantifs jouant le role d'at- 72 SCIENCES MORALES tribiits, donnent iin air ctrango a plusieurs phrases. Mais ou trouve un grand iiombre de pages plciiies d'imagcs et de cha- leur. Quelques personnes qu'oa nc pent accuser nid'ignorance , ni de legercte, qiioi (jii'en disc I'aiUeur dans sa preface , ont trouve de I'obscurile dans la premiere partie du volume : mais il ne faut pas oublier que la theorie du beau ct du sublime est la suite du livre sur le rapporl de la nature a riionime ct de riiomniea la nature. (!e livre doit sans doute rendre plus facile rinlelligence dunouvel ouvrage que M. Massias nous a donne et qui le place dans un rang honorabie parmi les pliilo- sophes(i). Adolphe GkV^vi^Vi. (i) M. Massias dit que le beau, danschaque objet, est /a possession de tons ses rapports. D'apres sa doctrine, depuis le brin d'herbe et I'iii- secte jusqu'a rhomme, tout etre qui a dcveloppe ses facult^s dans toute leur plenitude , et qui , par consequent, atteint la perfection de tous ses rapports , ou celle qui est propre a sa nature , est juste- meiit appele beau. On regrettera peut-elre, que I'auteur de cette analyse , d'ailleurs fort reniarquable, ne se soil pas attache a discuter cette doctrine pour I'approuver ou la refuier (a). Selon M. Massias, les rapports de rhomme sent organi^iies ou physiques, iutellectiiels , sociaux et moraitx , et la beaute pour I'liomme consisfe a les rcunir dans une parfaite barmonie. Cette division parait d'autant micux former la base d'un sjsf^me complet de philosophic generale, que toutes les sciences, qui sont a la fois le produit de riutelligence hu- maine , et qui viennent ensuite se rapporter a I'homme et aux moyens d'ameliorer sa nature ou sa condition, renlrent directement ou indi- rectement dans cesquatre branches titles embrasseut nccessairement. M. A. J. (a) Je crois avoir expose que le fieau , pour un etre quclconque, ne consisto pas a developper ses Jacultes dans toute leur plenitude , mais a porter I'empreinte de quelque idee rationnelle. C'est ee que j'ai tente de prouver dans mes deux, articles. Adolphe Garnikr. ET POLITIQUES. 7 5 Traite de Legislation , ou Exposition des lois gene- rales suivant Icsquelles les peiiples prosperent , depe- rissent, ou restent stationnnires , par Charles Comte , avocat a la Cour royale de Paris, professeiir hono- raire de droit a I'Academie de Lausanne, auleur du Censeur Europeen (i). II a ete iin tems, qui n'est pas encore bien eloigne, oil non- seulcment les sciences n'avaicnl prcsque rien dc commun entre ellcs , mais ou, dans la nieme science , la theorie et la pratique restaient souvcnt etrangeres Tune a Tautre. Un homme qui imaginait un systcme de lois aurait cru qu'il ne pouvait, sans renoy.cer a sa dignite, s'abaisser jusqu'a connaitrc les details de la jurisprudence; mais aussi un pralicien se serait perdu dans I'esprit de scs confreres, si, dans une discussion judiciaire , il s'elait livre a la moindre consideration philosophique. II s'est deja operc, a cet egard , une revolution remarqnable chez plusieurs nations. Un ecrivain qui voudrait ainourd'hui exposer un systeme dc lois sans consulter ce qui se passe dans la sociele, ne pourrait esperer de trouver des lecteurs. S'il veut ctre lu , il faut qu'il desccnde dans la vie reelle , qu'il ob- serve comment les clioses s'y passent, et qu'en exposant ce qui est, il montre comment on y est arrive et comment on pourrait etre mieux; il faut, en un mot, que les idees qu'il presente dans la theorie soicnt susccplibles d'etre appliquees dans la pratique. De leur cot^, les lionimes qui se vouent a la pratique de la jurisprudence sont devenus un pen moins etrangcrs a la theorie: il est beaucoup de jcunes gens destines a la magistra- ture ou an barreau qui nc se bornent plus a etudier le texte des lois on les commentaires destines a en faciliter I'intelligence; ils desirent connaitre, en general, quelles ont ete les causes des (i) Paris, i8a6; Sautelet et comp., libraires, place de la Bourse. Jn-8° de 54i pages; prix, 8 fr. — Voy. Rev. Enc, t. xxx, p. 338. 74 SCIENCES MORALES dispositions des lois, et quels sont les cffets qu'elles produisent. On pcut meme observer que ceux d'entre cux qi\i sont les plus remarqiiables par letirs talcus , sont ceux qui sont restcs le nioins etrangcrs aux autrcs branches dcs sciences mo- rales, ct qu'il n'est plus possible dc negliger ce genre de connaissances, a moins de se condamner a ne jamais sorlir de la mediocrite. Non-seulcmcnt on observe que deux branches de la meme science, qui jadis etaient separecs, cherchent a s'unir ct a se confondre; mais on remarque, de plus, que des sciences qui semblaicnt autrefois n,'avoir rien de commuu, tendent a se rapprocher et a se preter mutucllemcnt des sccours. La morale, reconomie politique, I'histoire et meme la geographic, devien- nent une parlie essentielle de la science des lois ; H n'est pas possible de bien la connailre, si Ton ignore quelle est I'influence que les choses exerccnt sur les hommes, cclle que les hommes exercent a leur tour sur les choses, et cellc qu'ils exercent les uns sur les autres, soil individucllement, soit collectivement. Si Ton veut se donncr la peine dc rechercher la cause du rapprochement qui tend a s'operer entre les sciences, on la trouvera dans le but qu'elles se proposent toutes, le perfec- tionnement et le bien-etre du genre humain. II est evident, en effct, que, du moment qu'elles ont un but commun, plus elles avancent ct plus elles se trouvent rapprochecs. Mais, quoique, dans la legislation, la theorie ne puisse plus etre separee de la pratique , quoiqu'on fende generalemcnt dans cctfe science a mettre a profit les decouvertes et les progres faits dans les autres branches de nos connaissances, lesjeunes gens qui aspirent a la posseder sont loin de trouver dans les ouvragcs qui existent les secours dont ils auraient besoin. Si nous calculous, par le nombre des annees, I'iritervalle qui nous separe du terns ou vivait le plus celebre de nos publi- cistes, Montesquieu, nous ne le trouverons pas tres-grand; mais, si nous le calculous par les revolutions que le monde a epronvees, par les progres que toutes les sciences ont faits, el par les changemens qui se sont opercs dans les idees et ET POUTIQUES. 7 5 dans les habitudes, nous nous convaincrons qu'il y a plus de distance de lui a nous , que de Platon a lui. Nous admi- rons encore ses ecrits, et sans doute il en est quelques parties qui sont admirables ; mais, si Ton nous menace de nous donner quelqu'une des institutions qu'il a Ic plus vantees, nous nous sentons aussitot saisis d'cffroi. V Esprit des Lois est toujours a nosyeux un des chefs-d'oeuvre de I'esprit humain; cependant, s'ii efait question de le reduire en pratique , il n'y a peut-etre pas dix pages que nous voulussions nous appliquer. II existe done dans la theorie de la legislation et de la morale une immense lacune, depuis Montesquieu jusqu'a nous; car on ne peut pas considcrer I'ouvrage de Filangiericomme ayant fait faire des progres a I'esprit humain. Ceux qui douteraient en- core de cette verite apres I'avoir lu, peuvent s'en convaincre par I'excellent commcntaire qu'en a fait M. Benjamin-Constant. Comment cette lacune sera-t-elle remplie ? par les progres qu'ont faits toutes les branches des sciences morales , par Texperience que les revolutions nous ont donnce , par la multitude des faits nouveaux que les savans ont constates. Tels sont les materiaux qu'il s'agit aujourd'hui de recueiilir et de mettre en oeuvre; tel est I'ouvrage que I'auteur du Traitc de Legislation aosc tenter. Ramenant la science de la legislation a la simple observation des faits , et ccartanl tout esprit de systeme, I'auteur porte al- tcrnativement son attention sur les hommcs, et surleschosesau milieu desquelles ils sont places. Tl considere les hommes dans leurs facultes physiques, dans leurs facultes intellectuelles et dans leurs facultes morales; il expose Taction qu'ils exercent les uns sur les autres , soit comme individus, soit comme agre- gation d'individus; il fait connaitre les causes et les effets de cette action. Il considere, dans les choses, I'influence qu'elles exercent sur les hommcs, sur leurs idees, sur leurs passions , sur leurs besoins; il determine I'influence qu'exercent sur la civilisation, la nature et I'exposition du sol, Ic cours des eaux, la temperature de I'atmosphcre, el d'autres circonstances qu'on a designees sous la vague denomination de climat. Ces der- nieres considerations ne sont qu'indiquees dan? le volume que 75 SCIENCES MORALES I'auteur vient de publier; mais le developpement en est an- nonce pour la suite de I'oiivrage. Dans la premiere partie du volume qui vient de paraitrc , ranteur expose quelle est rinfluence de la methode d'obser- vation appliquee a I'etude des sciences morales; il fait voir quelles sent les consequences qui resultent d'une bonne el d'une mauvaisc methode^ et il examine les divers systemes sur Icsquels on a cherche a faire rcposer la morale et les lois. Il expose, dans la seconde panic, quelle est la nature des lois, quels sent les divers elemens de force dont elles se composent, et comment quelqucs-uns de ses elemens se forment et se de- irnisent. On rcmarque dans cette dernicre panic uue maniere tout-a-fait nouvelle de considerer la legislation et la morale; et cela ne pouvait etre autrement, puisque Tauteur , ecartant les livrcs et les systemes , ne considere que les hommes et les cboses, et qu'il ne voit dans les codes que de simples descrip- tions, j)lus ou nioins incompletes et souvent mcnsongeres. Au- tant ranteur met de scrupule a subordonner ses opinions a I'ob- servatioti des plienomenes de la nature, aulant il se moutre indcpendant des systemes des eeiivains. Il trai.'e les maximes de quelques philosophes, et parliculierement ceiies de Rous- seau, avec beancoup de severite, el les admirateurs du Conttat social seront probublement pen satisfails de la maniere dont il le jnge. Dans presque tons les pays ou les lois sont enseignecs , on a pense qu'il etait impossible de bien les entendre et d'en faire une juste application , si Ton ne commcncait par en rechercher les fondemens , et par chidier ce qu'on a ajipele le droit na- tural; mais les livres qui servent a cet cgard de base a I'ensei- gutnient sont de beaucoup en arriere des connnissances ac- tuelles. Un immense intcrvalle nous sepnre du tcms on vivait Grotius; et cependant, cet ecrivain est encore un des oracles de I'ecole. Comment est-il arrive que I'enseignement de la morale et de la legislation n'a point fait les memcs progres que I'ensci- gnement de toutes les autres sciences? Un grand nombre de causes peuvent rendre raison de ce ET VOLITIQUES. 77 phenomenc; mais il en est une que nous devons exposer, parce qu'elle exerce une grandc influence. Dans presque tons les etats de I'Europe, I'enseignement public est dans les mains, ou du moins sous I'influencc des gouvernemens. Pour parvenir a la place de professeur, o^i pour y restcr quand on y est arrive, il est done uecessaire d'enscigner , non pas precisement ce qui est juste et vrai , mais ce qui convieut a I'auloritc qui donne ou reiirc les emplois. Or, en fait de legislation, de morale et de politique, les gouvcrncmens sontpcu progressifs : ils preferent, et probablemcnt ils profercront encore long-tems un ecrivain pcnsionnaire de Louis XIV, Icl que Grotius, a des ccrivains quiaspireronta meltre les sciences des lois et de la morale au niveau de toutcs les aiitres. L'auteur du Traiie de Legislation est Ini-meme une preuve de I'observf.tion que nous faisons ici. Lorsqu'il a ete appele ii professer le droit naturel dans rAcademie de Lausanne, com- ment a-t-il considcre son sujet? II nous le dit lui-mcme : il a degage les sciences de la legislation et de 1 t morale des croyances particulieres a chaque religion. Il n'a vu dans ces sciences que la description des actions et des institutions humaines, des causes physiques et morales qui les produisent, et des effets qui en resultent rclativemcnt au bien-etre des hommes. «C'est uniquement sous ce point de ■Cue, dit-il , que je me suis pro- pose de les considerer; je ne venix ni etablir un systeme, ni presenter sous de nouvelles formes un systeme imagine par d'autres; mon unique but est, en ramenaut , s'il est possible, les sciences de la legislation et de la morale a la simple obser- vation , de fnire considerer cos deux branches de nos connais- sances comme une partie de I'histoire naturelle de Vhomme. » II est clair, d'apres cela, que l'auteur s'est completement ecarte de la melhode suivie par les ecrivains qui I'ont precede dans I'etude des memes sciences. Et ce n'est pas seulement en theorie qu'il sen est ecarte, c'est surtout dans I'appUcalion; il suflit, pour s'en convaincre , de voir la maniere dont il exa- mine les systemes des ecrivains qui I'ont precede , et surtout la maniere dont il decompose les lois. Mais , en s'ouvrant une 7$ SCltxNCKS MORALES carriere nouvelle , on en s'ecartant de la route battue , il a etc oblige de rcnoncer a Vcnseigncment. Les minislrcs dc la sainte- alllance ont paru peu satisfaits dc voir lui professeur trailer dcs gouvernemens el dcs lois en naluralis'e; soil qu'iis aienl eu peur de voir figurer dcs barons , dcs dues ct des princes dans une nomenclature d'histoire ualurelle, soil pour lout autre motif (jui nous est inconnu , ils n'ont point approuvu les lecons du professeur, ct Icurs notes diplomatique? I'ont oblige d'y mettre fin. Si , an lieu de fonder les sciences de la legislation et de la morale sur robscrvation,et de les considerer comme une parlie de rhistoire naturelle de rhomme, I'auteur s'etait sagemenc attache a commenter Grotius par Barbeyrae, el a expliquer Barbeyrac par Burlamaqui, jamais Ics ministrcs de la sainte- alliance ne I'eussent trouble dans ses dissertations; il est done vrai que les gouvernemens font de I'etat stationnaire des scien- ces morales une des conditions de I'enseignemcnt public. TJn professeur d'anatomie pent exposer ses idees sur I'organisation du corps liumain, sans prendre d 'informations sur I'elat actuel des membrcs de leurs excellences : tons les ministres fussent- ils louchcs ou bossus, le laisseronl disserter sur les yeux et sur les bosses , aussi long-lcms que cela pourra lui faire plaisir. Maisil n'en est pas de meine dn professeur charge de I'cnsei- gnement d'une des branches des sciences morales: avanl de faire connaitre ses idees sur ce qui est juste ou moral, il faut qu'il s'informe soigneusement de I'etat des raoeurs ct du cer- veau de lels et tels ministres; et, s'il trouve que leurs excel- lences ont Tesprit de travers ou les mosurs relachees, il fera sagement de ne pas dire lout haul que le droit est droit, et que Ic vice est funeste aux nations. A cette condition, on lui per- meltra d'instruire les jeunes gens , et de les preparer a etre un jour des magistrals. Tandis que les hommes charges de renseignement public sont obliges d'arrangcr, nous ne disonspas leurs peusees, mais leurs paroles, de maniere qu'elles se Irouvent en harmonic avec les pensecs ou du moins avec les paroles de tels ou lels ET POLITIQUES. 79 niinistres, les ctudians sont obliges d'appreudre et de repeter les paroles olTicielles qu'on Icur dcbite. Phisieurs circonstaiices leur en font uno nccessite : la premiere, c'est que , pour cxer- cer une profession, il ne suffit pas d'avoir des connaissanccs, de la capacite, de I'liitegrite, des moeurs; il faut, de plus, et ceci est le plus essenlicl, posseder un petit morceau de peau de mouton au bas duquel est ecrit le uoni d'une excellence. Or, pourobtenir ce precieux morceau de peau , signe incontestable d'un grand merite, il faut avoir prouve qu'on a bicn retenu les paroles officiellement prononcees par un homme portaut une robe rouge et un bonnet carre. Il y a deux nioyens d'apprendre ces paroles : Tun est d'aller les saisir au moment on elles tombent du haut de la tribune dans les oreilles des auditeurs; I'aulre, de les acheter chez le libraire du professeur. Ce dernier moycn est le plus court et le plus sur : tout etudiant qui, dans ses exaniens, pent prou- ver a ses maitres qu'il a acliele lui exemplaire de leurs livres, est a pen pres assure d'etre recu avec acclamation. Les jeunes gens qui etudient ne sont pas, commc les hom- mes qui enseignent, a la nomination des gouvernemens ; mais, si les miiiistres n'instituent pas les etudians, ils les destituent quelquefois; nous en avons eu des preuves nombreuses. C'est pour les eleves une raison nouvelle de s'atlacher aux paroles officielles que I'autorite leur fait distribuer pour leur argent, et de ne pas trop examiner si ces paroles s'accordcnt ou non avec la nature des chcscs. Un tcl cxamen pourrait fairenaltre dans leur esprit des opinions qui s'accorderaient pen avec cclles dont on leur a donnelesformules; et cette discordance, si elle venait a se mauifester, pourrait bicn les faire destituer de leurs fonctions d'ecolier.- Enfiu , et c'est ici la consideration la plus grave, lors- qu'on a obtenu le morceau de parchemin qui atteste la haute capacite de celui qui en est porteur, et qu'en langage uuiversitaire on nomme un diploine , il faut obtenir autre cliose ; il faut, si Ton veut avoir part au budget, devenir procureur du roi, sous-prefet, ou auditeur; etpour cela, rion 8o SCIENCES MORALES n'est molns necessairc que la science, rien n'est plus utile ijue I'art de reciter les formules des opinions officiclles. Les maxi- mes (les uioines n'ont point peri avec les couvcns : sous les monarchies constilulionnelles ou inconstitulionnelles, commc dans les mouasteres, le meilleur moycn d'arriver a la fortune a ete et svra long- terns encore de iaisscr aller Ic monde tclle- menl quellement , et de dire toujours du Lien de monsieur le prieur. En faisant ces observations, je n'ai, en aucune manicre, I'intentiou de fairc la critique de ce qui est. Toutes les fois que I'ou considere les choses sous un point de vue scientiiique, on est peu dispose a se plaindre. Les evenemens qui ne sont pas bons en eux-mcmcs, sont bons du moins, comme Iccons ou comnie experiences. Et , puisqu'en definitive il n'y a que les experiences qui instruisent les Lonuiies, il n'y a pas de raison pour qu'elles se fasscnt sur d'autrcs plulot que sur nous. Ta- clionsseulementqu'elies ne soient pas perducs pouruosenfans. Ce que je voulais expliqucr, c'est I'etat stationnaire dans le- quel renseignement tient, dans presque toute I'Europe, les sciences morales et politiques. La premiere cause de cet etat, c'est le monopole de I'instruction , ou des influences qui sont I'cquivalent d'un monopole. La seconde cause, c'est la difficulte dans laquelle se trouve toute personne qui ne pro- fesse pas les doctrines officiclles, de se creer une carricrc in- dependante. Mais, si les ecoles n'avancent point , le monde avance nial- grc clles et les lalssc en arriere. Sous I'ancienne monarchic, un hommc reccvait ordinaircmcnt trois sortes d'cdtications, qui n'avaient entre elles presque rien de commun : I'education du college, ccUe desa famiile et celle du jnonde. Aujourd'hui, c'est exactement la meme chose; mais, la difference qui existe entre I'education des ecoles et Tediication du monde, est bien plus grande qu'elle ne I'etait jadis. Car, tandis que la plnpart des professeurs officiels sont obliges, pour ne pas etre desti- tues, de reporter les esprits de leurs eleves en arriere de plu- sieurs siecles , les idees des nations font des progres rapides. II ET POLITIQUES. 8i JX'Sulte cle la que les jciiiies gens qui lie veulent pa> tester etrangers aux progres de I'lspiil huinai;i , sont obliges cle faire onr- ront y trouver ce qui Icur convient. Nous ferons cepcndant une observation , au sujet des sepultures dans les teni])les. En convenant que cet ancien usage doit etre gencralement aboli , il senible que Ton ne pent refuser d'adniettre queiques rares ETATS-UNIS. Ill exceptions, et cc rapport mcme nous on offre uii excmjilc. On y lit cju'en 1707 , le colebre et rpspectnbie Chrisiophe Wren , arcliliecte de Salnt-Paiii tie Lonilrcs , alors octogenaire , con- suite sur ces inliuinations , les desapproiiva foiincllement , et cxj)rima par ecrit le vreu qu'elles fussei't intcrdiles a i'avenir. Ccpendnnt, on sail gre a la vilie de Londres de ce c|u'f!Ie no stiivit point, relativcmcnt a la sepulture de cet lioinmc d'lin ordre sn])crieur, ics niaxinics qui! avait professees dura'.t sa vie : on se plait a lire son e]Mia[)lie dans ce leiiit)lc qiji atles(e la grandeur de ses conceiJlion?. Dans tout autre lien, cette inscrip- tion d'line admirable sim]!licile n'aurait pii ette terniinee p:ir ccltc phrase rtmarc[uable : Lcc/or , a/ moninncntura rcquiris , circuinspice. Quelciuef'ois, el ])eut-etre plus souvont, les con- venances bien senlies fcraicnt placer les sepiillurcs des prands lioniines liors des lieux consacres aux croyances religieusci. Ccs convenances prescrivaient, sans dome, (pie le toinbeau de Maurice de Saxe ne liit yas separe de cenx de Turenne, de Villars, de Calinal, cic. 1! ne fallait ])as !e reli'guer dans nn temple protestar)t, a rexliemiie de la France, ]>arce que le vainqneur de Fonlenoy /iit prolcslaut. En eliininant de ce rapjiort ce qui est tout-a-fait local , et ne concerne que la \iile de New-York, on en f'ejait unouvrago utile jiour I'Enropp. L'economie publitiue et la morale y trouve- raient des documens ])rojiares aver soin, et de nombieuses indicalions pour en cliercher d'autres. La lah'c des matiercs merite que nous en disions un mot,parce C{u'el!e donne una notion tres-juste, non-seulement du nombre et de Tetendue relative des sujets traites dans I'ouvragc, mais aussi dela redac- tion , de I'ordre et de la liaison des idees. JVIais il est peiit-cire jdus aise d'obtenir celte sorte de perfection dans la table d'un petit ouvrage; a mesure que les objets s'ngrandisseni , la ue- cessile de former des groupes plus voiuniineux contraint qiiel- quefuis k adopter des divisions moins dairement iudiquces par les analogies. F. Ouvrages periodlques. 3. — * The north-ninerican medical and surgical Journal, etc. — Journal de inedecine et de cliinargie de I'Aincrique du nord. N° 2 ( avril 1826 ). Philadelphie. ( Voyez P,.ev. Enc, , t. XXIX , p. 459). Ce journal donne lieu a une observation que nous ne de- vons pas omellre, quoiqu'elle convienne moins a un journal francais qu'a un recueil etranger, ou elle paraitruit plus iiu- Ill LIVRES fiTR ANGERS. partiale ; car clle est en faveur des medecinsde notre nation. Les AUemands font profession d'estimer peu les doctrines raedicales des Francais : cette disposition, donl la cause est tres- diftlcile a dcineler, finira par jeter les niedecins allemands Lors de la bonne voie, si les Francais y sont entres et ne s'cn ccartent pas : car il ne siiffirait point aux Allernands de laisser les Francais deriierc eux ; ils cliangeraient de direction, s'ils les voyaient a leur suite; il leur faut des sciences et une iilte- rature a part. L'orj^ueil anglais est d'un autre caractere; il se plait a contempler la foule qui le suit dans la carriere ; il veut etre chef, ou se persuader qu'il Test. En fait de sciences , le Francais s'occupe plus des clioses (|ue de lui-meme, et recoit volontiers ce qui lui parait bon, de quelque part qu'il vienne; il traite les verites, comme un cosmopolite acciieillerait les bommes de tnutes les nations. Cette sorte d'cquite inteliec- tuelle n'est pent -etre pas aussi favorable a I'esprit de decou- verte, que cerlaines passions qui excitent la hardiesse de la pensee ; mais elle n'arrete point I'essor du vrai genie des scien- ces , et sm tout , elle multipiie les professeurs habiles , et fait composer de bons ouvrages. Hors de I'EurojJC , ou Ton juge sans rivalites nationales , la part que Ton nous fait est assez honorable pour que nous ensoyons satisfaits, et nos medecins peuvent se faire honneur de celle qu'on leur assigne. Ce sont leurs ouvrages ([ue Ton cite , leurs doctrines que Ton suit et que Toil propage. Les pertes que I'enseigneinent de la inuede- cine eprouve ici sont resserities presque aussi vivement en Amerique qu'en France; la memoire de Beclardy fut recoin- inandee a !a veneration de tous ceux qui ciiltivent les sciences inedlcales dans le nouveaii continent , comme elle sera con- servee par les lileves que ce professeur a formes. Parmi les memoires inscres dans le cahier que nous annoo- cons, on remarquera celui de M. TaENOR , medecin , de New- York sur le tic douloureux , maladie qui produil qiielquefois des effets extraordinaires, dont il rapporte quelques exemples. M. le docteur Wood, de Philadelphie, professeur de chimie an college de pharmacie, public des observations sur I'usage de I'essence de terebenthine dans cerlaines fievres. — M. le doc- teur Reynell expose les maladies que pent causer I'abus de la saignee , et les remedes qu'il faut y appliquer. — M. Huntt, de Washington, a fait des recherches sur les effets qiiepioduit le chaugement de climat , et sur ce tjue les nialades attaques de consomption pulmonaire peuvent en esjierer. Ses observations ne sont point rassiirantes; on en conchierait qu'un grand nom- bre d'habitans des Efats-Unis devraient on s'expatrier annuel- ET A.TS-UNIS.— ASIE. 1 1 5 tement, ou lenoncera I'espoir dc guerir. On a calcule, dit-il, que , parmi les causes de itiorl.ilite dans les princlpales villes de cctle contree, la consomption pulmonaire est pour un sixieine a Boston ; a New- York , pour un cinqiiieme ; a Pliiladelphie et a Baltimore, pour un septieme ; a Washington, un liui- tieme; a Charleston (Caroline du sud) , un sixieine. Aux Etals- Unis, comme ailleurs, quelqnes lieux de garnison sont tres- insalubres, et causent annuellement des perles notables. — M. le docteur Wiltb\nk a fait des observations et des expe- riences sur Taction da coeur, en operant sur des chats ;ses resultals sont d'accord avec les observations de MM. Legal- Loi s, Bell et Magendie. — M. Bache , I'un des redacteurs de ce recueil, a fait un niemoire sur V acupuncture : il parait que, si ce nouveau nioyen de guerison perdait son proces en Eu- rope, il pourrait en ajjpeler, en Amerique, du jugeroent prononce par nos mcdecins. Le reste du caliier est consacre a des analyses d'ouvrages et au resume des observations les plus recer.tes, et des connais- sances dont la medecine s'est enrichie. L'essai de M. IWongel- LAz sur les irritations intermittentes , etc. ; X Anatomic pntholo- gique^ dernier cours de Bichat ; le Traitede chiinie de Thomp- son ; le lome xui de I'onvrage anglais intitule : Medico- chirurgical transactions ; VHistoire naturelle et medicate des snngsues , etc., parM. Derheims; une exposition des doctrines physioiogiques et palliologiques de Borheu ; VEloge de Be- clard, etc.; toules ces inatieres renfermees dans un meme cahier prouvent qu'il ne manque ni d'abondance, ni d'intcret : nos inedecins le recherclieront pour s'instruire , etles erudits qui recucillent des materiaux pour I'histoire des sciences , au- ront soin de le consuller. Y. ASIE. — 3.* Bydragen , etc.- — Fragmens pour la composition de la PMore de I'lnde neerlandaise ; par M. Blume, D. M. 6"^" , ■^nie, 8'"'', 9"«, 10'"^, 11""= et 11^" cahiers. Batavia, 182 5; im- prlmerie du gouvernement. In-8°. M. Blume continue avec ardeur a publier ce recueil, qui inerite de recevoir un accueil favorable. Les cinq premiers ca- hiers, que nous avons annonces ( voy. /Jec. £'rtc., t.xxix p. 459") ont deja ete suivis de plusieurs autres, dans lesquels I'auteur decrit et fait connaitre au dela de sept cents plantes de Tile de Java appartenant aux families des orchidees, urticees, poly- gonees, chonopodees, amaranthacees, hernandiees, laurinees, T. XXXI. — Juillrt 187.6. 8 ii4 LiVRES Strangers. myristicees et etiphorbiacees. Parmi ces planles, il s'en troiive plusieurs qui elaient inconnucs avant M. Blume. Le 6™* cahier , consycre aux orchidees , est suitoiit curieux , attendu (|u'il renfenne sur cette iinportante famille des obser- vations entierement iieiives, qui apparliennenl a I'auleur. Ce cahier est accompagnc de cinq planches gravees, destinees a donnei' une idee des orchidees de Java et a faire reconnaitre promptement leurs genres. Selon W. Blurae, la jilupart de ces orchidees different beaucoup de celles d'autres pays , et prin- cipalement de celles qui ont ete decouvertes jiar M. de Hum- boldt , dans I'Amerique nieridionale. de Kirck.hoff. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. /j. — * Cateclsmas de ciencias y artes, etc. — Catdchismes des sciences et des arts. Les livraisons qui sont dcja publiees, comprennent : les catechisraes de chirnie, de geographic , d'a~ griculture, A' astronomic , A'arithmetique , de geometrie , A'eco- nomic rurale , d! economie politique , Ae. morale , etc. Londres, 1825-1826; R. Ackcrmann. Chaque catechisme forme uu vol. in-18 , d'environ 120 pages; prix, 2 sh. Cette collection de livres elomentaires, publics en espagnol, et destines a ['education publique des nouvelles rcpubliques americaines, a merite I'approbation de I'illustre Lancaster et celle du gouvernement de Colombie, qui I'a fait distribuer dans toutes les ecoles. Les redacteurs de ces petlts ouvrages, qui sont imprimes avec beaucoup de soin et de gout, ont eu le bon esprit d'adopter les productions d'un merite non con- teste, pour les abreger et les mettre ainsi a la portee de la jeunesse americaine. lis ont suivi pour la chimie le grand ouvrage de Parkes; pour I'economie politique, les traites de Mill et de Ricardo, et ainsi du reste. On remarque surtout le catechisme de morale, ccrit parl'emigre espagnol T'illanueva; ce petit livre est deja populaire dans toutes les rcpubliques de I'Amerique du sud. J- J. M. 5. — * The narrative of a tour through Hawaii, etc. — Rdcit d'un voyage i Hawaii ou Owhyhee, avec des remar- <|ues sur la religion, les moeurs, I'histoire, les coutumes,le langage , etc. , des habitans des lies Sandwich , et des observa- tions geologiques, agronomiques, etc., sur cet archipcl ; par W. Ellis, missionnaire de la Society desiles Sandwich. Lon- dres, i8a6; H. Fisher, i vol. in-8° avec carte et sept gravu- GRANDE-BRETAGNE. iiS res; prix , la sh. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxx, p. 396,ranoonce d'un autre voyage aux meraes iles. ) Le caraclere , commun a toutes les sectes, est de vouloir faire des proselytes; ce qui les distingue, est le mode qu'clles em- ploient pour propager leur croyance. Que, suivant les jirecep- tes du fondalcur du christianisine, elles porteut les paroles de i'ovangile et les bienfaits des lumieres chez des peupladessu- perstitienses et ignorantes, elles auroiit servi I'liumanite et la luorale. Mais, qu'en opposition a ses snintes maxinies, elles preclient le fanatisnie et Tintolerance a des populallons eclairees et paisibles; qu'au lieu de faire entendre le langage de la rai- son et de la verite, elles appellent la force et le mensonge au secours de leurs argumens, elles deviendront un fleau de la sociele. Les differentes sectes chretiennes ont leurs missionnaires, et le nombre en est immense. Mais, tandis que ceux d'une eglise vorit a travers mille dangers repandre leurs doctrines et porter les lumieres sur des plages lointaines et au milien de hordes i demi sauvages, ceux d'une communion rivale parcou- rent nos villes et nos campagnes, enflammant les passions et semant parlout les haines el les discordes. Des rixes, des insur- rections , des condaranalions et du sang marquent bien souvcnt le passage de ceux-ci; I'abolition de I'idolatrie, la culture des arts utiles, et une augmentation de bien-elre signalent presque toujours la presence de ceiix-la. Les premiers inondent le midi de I'Europe de cantiques immoraux et de leg^ndes ridicules ; les seconds portent la bible a des nations sauvages , et se delas- sent des perilleux travaux de leur minister* par la composition d'ouvrages utiles. Le livre du reverend W. Ellis offre ce dernier caraclere. Pontife etabli pour le sen-ice des hommes , ce missionnaire sail , suivant le precepte de Saint-Paul, compatir a t ignorance, se piier a la faiblesse et eclairer I'erreur. Apolre de I'evangile, il en fait entendre le langage, mais sans jamais forcer le sanc- tuaire des consciences; il en proclame les veriles , mais sans jamais porter I'epouvanle et la douleur dans ces ames incultes donl il faut plaindre et non condamner les erreurs et le pen- chant a I'incredulite. Philantrope eclaire, il parle avec indul- gence du peuple idolalre auquel il apporte le culle d'un seul Dieu ; observateur judicieux, il peint avec verite les qualites et les vices de cetle nation a demi barbare, sur laqnelle ses compagnons et lui viennent repandre les bienfaits de la ci- vilisation. C'est seulement chez des peuplades semblabies i celies qui ii6 LITRES Strangers. habitent les i\c& Sandwich , qii'il convient d'aller leriler des conversions. Les missions t|ui, clicz les j)etij)Ies civilises, ne fonl souvent qu'ecliauffer les passions , Iroubler la j)aix , attris- ter les fideles, soulever et non convaincre les dissidens , adou- cissent , au conlraire , les mceurs des sauvages , les disposent an travail, a la sociabilite , et anieliorent ainsi leur nialheureuse condition. Au tems de la docouverte des iles Sandwich, ])ar le capi- tainc Cook, en I77y, la loi du tahou , si injuiieuse a la plus belle moitic de noire espece, et la coutume barbare d'immoler des viclimes huniaines a des dieux fantasiitjues existaient dans toute leur force. Eclaire jiar les missionnaires anglais et ame- ricains, le ])euple de cet archipel a delruit ces pratiques. Plus eclaire, il proscrira sans doute aussi I'usage nionslrueiix qu'ont les meres de delruire leurs propres enfans; cnfin , aide des Eu- ropeens, on pent esj)erer que le tems n'est pas iloigm; oil il presentera lui-raeme le tableau d'une nation induslrieuse et policee. Situees dans I'Ocean Pacifique, immedialement au-dessous du tropique du cancer, entre les i5o® et 160^ degrcs de lon- gitude, meridien de Paris , et a plus de cent lieues des cotes du Mexique, les dix iles Sandwich gagneraient beaucoup par I'ouverture de Tisthme de Panama. Eiles deviendraient un point favorable de station, dans la iraversee d'Europea la Chine; leur sol, inhabite sur plusieurs points, se couvrirait de nom- breux ctablissemens agricoles et industriels 011 I'on pourrait cultiver les cannes a sucre, le cafe, les bananes, et exploiter les mines; et leur population, aujourd'liui reduite a Hi, 000 ameSjSerait doublee en quelques annees par les emigrations europeennes et par la repression du crime affreux d'infanticide, si commun dans ce pays. Toujours soigneux des interets de son commerce, le gouvernement anglais s'est declare le pro- tecteur des iles Sandwich; etdeja plusieurs compagniesonl ete formees a Londres, dans le but d'e."es qui veulent relever par rinstruction I'intelligence humaine , si long-tems abatardie par Tignorance, les prejuges et le fana- tisine (4); ce sont eux enfin que Ton voit au premier rang parmi les adversaires de I'affranchissement dcs noirs et de I'e- mancipation des catholiques d'Irlande (5). Cris impuissans, fareurs bizaries! Tandis que ces nionslres barbares Poussaient d'lnsolenles clanienrs, Le Dieu , poursuivant sa carriere , Versait des toncns de lumiere Sar ses obscuis blasphemateurs. Lefranc de Pompignan. Les ouvrages, lels que ceux auxquels nous consacrons eel article, (lesjournaux hebdomadaires qui tiaitent des sciences et des arts ) ne sont pas un objet de sp;Jculation. Les ouvriers forment cnlre eux des reunions studieuses, oii le tems du re- pos est employe a les lire : on les medite, on les comraente, on les etudie. Loin que ces reunions excitent aucune defiance de la part de raulorite, elles sont encouragees i)artout; ce n'est (1) Revue d" tdimhourg , N° 76, p. 369. (a) Revue d'Ediinbourg, W 86, p. 3i6. (3) The Quarterly Review, N" 65. (4) Lettre a SI. Brougham, montrant combien ii est inutile, absarde et iinpolitiqne d'enseigner aux artisans et anx laboureurs les sciences chimiqaes et mathematiques, par le reverend G. Wright. Londres, 1856. Brochure in-8°. (5) Blackwood MagiTsine , N° d'octobre i8a5. — John Bull. laf) LIVHES ETR ANGERS. |)as de lenr sein que sortcnt les briseurs de machines et Ie» liommcs turbulens qo'il faut conldnir ])ar la force. Malheurcu- senient, la nation anglaise rst ])cut-etre la seule qui puisse nietlrc en praliqiic cet excellent moyen d'enscignement. La classe laborieuse y est preparee pai' une inslruclion ])lus elen- due et plus generale, qii'on ne lui a pas refusie. Sur le conti- nent europeen , quelques parties de rAliemagne formeraient aiissi avec succcs des associations poui' les progrcs iiileliectueh des ouvriers, et les savans de ces pays sont exerces depuis long-tems a rediger des ouvrages 61ementaires de technologie. En Fiance, le secours des ecoles publlqucs d'arts et metiers , aux frais du gouvernement, nous est indispensable, si nous ne voulons pas rester en arriere de I'industrie europeenne. Depuis quelque lems, les sciences industrieiies y recoivent de puissans encouragemcns. Les savans se sont enfin occnpi'-s de la classe ouvriere. M. Charles Dupin el ses emules oat fait naturaliser dans les principales villes ces institutions d'artisans qui , sous le nora de Mechanics' Institutions , produisent en Angleterre de siheureuxresultats.Mais troppetidetemss'est ecoule depuis que la France est entree dans la voie des perfectionncmens indiis- triels, y)our qu'on puisse juger des progres que ce systeme a fait faire a la classe laborieuse de la nation. Sciences et Arts. i3. — * The scientific Gazette, etc. — Gazette des sciences , n° 2. Londres, 9 juillet 1826. Thomas Boys. In-4'', 1 feuilles d'impression, avec pi. et grav.; prix, 8 pence (4 decimes). Redigee par ptusieurs membres de la Societe des ingenieurs civils de Londres et sous la direction de M. C. F. Partington, aiiteur d'un grand nombre d'ouvragcs cstimes sur les sciences mecaniques, la Gazette des sciences etait le journal hebdo- inadaire le plus important et le mieux ecrit qui se publiat en Angleterre. «]Votrc intention, disaient lesredacteurs, estd'oflVir le tableau de I'etat present et progressif do la science, chez nous et dans les pays etrangei's. Nons avons pris, a cet effet, des arrangemens avec differens professeurs distingues, alle- mands, francais etnalionaux; et nous esperons qu'on trouvera reunis dans notre gazette tows les fails, toutes les inventions, toutes les decouvertes qui peuvent intcresser les sciences et les arts. » Ces promesses onl ete remplies; compose sur le plan du Journal des sciences de Tinstitulion royale de la Grande- Bretagne, mais paraissant a des epoques beaucoup plus rap- prochees , le recueil de M. Partington etait, comrae rannon- cait son second titre , une bihliotheqiie complete de chimie , de GRANDE-BRETAGNE. 127 matMinatiques , de geographic el de mecanique , dans laquelle les d^couverles les plus nouvelles elaicnt lonjouis decrites avec soin , et qui ne prcsentait pas, comme le journal ledige par M. Brande, ces preventions nationales, aussi contraircs aux progres de la science qu'elles le sunt a la juslice et a la liberie. Aussi, tandis que le numcro de juillet de ce dernier journal (Y.Her. EriQ., t. xxvii, p. 768) contenait une crjlique aussi amere que mal fondee des principaux ecrits dc M. de Humboldt, le numero de juillet de la Gazelle des sciences donnait des cloges merites aux travaux de cet illusire voyageur. — Pourquoi depuis quelques mois la publication de celte cxcellenle feuille a-t-elle ete discontinuce? Le prix en etait trop eleve et le format trop pcu portalif pour devenir le vade mecum de I'ar- tisan. — Nous la mentionnons cependcnt, parce que nous avons lieu de croire qu'elle reparaitra bienlot sous tine forme plus convenable et a un prix plus modcre. 1 4- — * The London mechanics' register, etc, — Le Registre des artisans de Londres, n° 83. Londres, 22 avril 1826 ; Gifford. In-8° d'une feuille imprimee sur deux colonnes, avec gravurcs et planches; prix, 3 pence (3 decimes). i5. — * The Mechanics' magazine , etc. — Le Magasin des artisans, n° i35. Londres, aS mars 1826; Knight et Lacey. In-8° d'une feuille, imprimee sur deux colonnes, avec gra- vures et planches; prix, 3 pence. 16. — * Register of the arts and sciences, etc. — RegisUe des arts et des sciences, n° 69. Londres, 22 aviil 1826; Cowre. In-80 d'une feuille avec gravures et planches; prix, 4 pence. Ces trois recueils sc ressemblent et par la forme de leurs cahiers et par les matieres dont ils traitent. lis sont principa- lement destines a la classe ouvriere: le mode de leur publica- tion, la modicite de leur prix, la clarte des definitions et des explications que Ton y donne, et jusqu'a cetle espece de correspondance entretenue enlre leurs editeuts et le public, au moyen de laquelle sont demandees et resolues mille ques- tions relatives aux arts et aux sciences, tout a contribue a rendre ces feuilles excessiveraent pojiulaiies. « Le tems est arrive, dit le London mechanics' register, dans la preface ]>lacee en ttte de son troisieme volume, oil 11 est aussi sjjperflu de vouloir prouver les avantages resultant de la diffusion des connaissances scientlfiqnes parmi les classes productives de la societe , que de s'efforcer de montrer la superiorite d'nn pays cullive el feriile sur des contrces inculles el barbares. L'expe- rience des deux ou trois dernicres annees, ajoute-t-il, a etabli d'une maniere convaincante les bienfaits de I'instruction , et 128 LivRES Strangers. celtc foule qui remplit chaque joui' I'amphithealre de I'insti- tution des artisans de Londres {^ihe London mechanics' insti- tution) et qii'on y voit leclieiclier ies nombreux ccrits jxjrio- diques ptiblics sur Ies arts et Ies sciences, prouve i'heureuse impulsion donnee aux esprils et Ies progres iiitellectuels des classes ouvrieres de cette capitale. » Le London mechanics' register doit elre ])lacc a la tete de ces journaux, oralion des liquides ; cf la seconde, une nouvelle luachiiie a vapeur, new gaz power engine. On y donne aussi I'analyse de la troisieiiie lecon du cours d'astrononue de M. AVallis et (jiielrji'es nouvelles scientifiques, pnisees dans les journaux anglais et etrangers. 17. — * Essays and Gleanings on naval arrhitec.ture , etc. — Essais sur rarchilectnre navale et I'cconoinie nautique. N° g ; Londies, avril i8a6 ; Slierwood. In-8° d'uue feuille avec plan- ches el gravnres; prix, 6 pence. Lesredacteurs out piis pouri'pigraplie cetaxionie desir Wal- ter Raleigh : '■ Quiconque est niailre de la mer , est le rnaitre du commerce : quiconque est u^aitre du commerce du monde, est le maitre des richesses du monde, ef, par consequent, du monde lui-merae. » Ce recueil est S[iecialement consacrc , comme son titre rindique , a tout ce qui concerne la science de la naviga- tion. Ses precpdens caiiiers coutenaicnl des instructions sur la construction, rarraeiuent, le grc'ement des vai-seaux et des donnces sur la force navale des grandes puissances de I'Eu- rope. On y traduissitun morceau de M. De Pradt, sur les pos- sessions inaritinies de I'Angleterre, avec un chapitre (continue dans ce ^f cahier ) de I'ouvrage de M. Charles Dupin, et dans lequel notre savant collaborateur decrlt les differens arsenaux de I'Angleterre. Nous avons extrait le tableau suivant du 9* numero, page i32. NOMS DES ARS.ENAUX. Deptford. . Woolwich. . Chatham. . Sheerncss. . Portsmonth. Plymouth. . Pembroke. . TOTAUX. 14 ■ 36 3S 24 192 OUVRIERS. i,5oo 2,060 2,o5o 800 4,000 3,000 5oo 13,910 CHANTIERS. EASSINS. _„ __ .'> 3 5 3 5 4 » 3 (\ 8 5 4 12 2 38 27 T. xxsi. — Juillet iSoifi. (^o UVRES feTRA.NGER.S. On pent se former ime idee de I'inimensite (iu commerce an glais , Inrsqtie Ton considere (|ue celiii de Londres seul emploic plus do 3,5oo nnvires ct (pie le nombre de batimens, qni en- frent anntiellement dans le port, s'eleve a plus de ii,5oo. On peut calculer qu'il y a commiineinent dans la Tamise i ,ioo na- vircs et 8,419 barques employees pour ciiarger oil decharger ces navires ; 2,288 batimens employes an commerce de Tinte- rieur, et 3, 000 pelits bateaux pour le transport des passagers. A ractlvil^ de cetie scene que presente le port de Londres , il faut ajouter environ 8,000 bateliers pour la navigation des petils esqiiifs ; lf,oao ouvricrs occupos au chargeinent et au dcchargement des vaisseaux; i ,200 employes appartenant aux douanes, etc.; enfin , I'equipage des nombreux vaisseaux en station dans la riviere. Cetle scene reinplit un cspace de six milles, a coinmeocer de deux milles au-dessus justpi'a quatre inilles au-dessous du pent de Londres, c'est- a-dire, depuis le pont de Wetsminslerjusqn'a Lime-House. Ce recucil parait tous les quinze jours, 18. The Lancet, etc. — La Lancelte, N° i38. Londres, avrll 1 826. Strand, N° 210. In- 8" de deux feuilles, impriraees siir deux colonncs ; j^rix , 8 pence. ig. — The rnedrcnl .-Jdviser,etc. — Le Conseiller medical, N" 43. Londres, 22 avril 1826. John Williams. In 8" de deux feuilles, imprimees sur deux colonnes, avcc gravure ; prix , 6 pence. Des I'apparition du premier de ces recueils, un cri d'indigna- tion s'(51eva contre !ui. Redige avpc talent, dcmasqnant avec courage le charlatanisme des praliciens anglais de la vieille ecnie, il souleva contre liii presque toute la gent inedicaic , mcdecins, chiriirgiens , apotliicaires ; ce fut un decliainement general. II rcsista, et soutenu par des coUaboratcurs liabile.s, il Iriom- pha des attaques que lui livraient les defenseurs des prejuges et de la routine. On doit applaudir aux ameliorations que la Lancetteyeut apporter dans la medeclne; mais on doit blarner lespersonnalites (ju'elle se permet dans sa polemique medicale. Pourquoi ses violentes at!ac]ues con I re le CtHebre Abernelhy , savant cliinirgien anglais? Pourquoi surtout ses injures contre la plupart des ])rofesseurs dont elle stcnngrapbie les coiirs? La Lancette s'cst forme une nombrense clieniellc. Nous loue- rions sansrestriction ce recueil,s'il resseinblait un peu inoins, par Id grossierete desonlangage, au fameux Blnchivood Magazine. C'est anx gens qui s'occnpent , par profession, de mede- cine, qu'eldit destine le recuell precedent ; c'est aux per- sonnes qui ne s'orcupent de medecine que pour leur propre usage que le Medical advertiser est adress^. C'est un abrege de GRANDE-BRETAGNE — RIISSIE. i ^i la modecine domeslique de Buchiin; c'csl un vade mecum hebdomadaiie , cjui traite dcs differens raaux qui peuvent af- fliger I'espece Jiumaine et qui doniie pour lous des indicalions dc Iraiteinens et des recetles. Ce Journal coule six decimes par ciaJiier, et la possession d'un cahier confere a I'acheteur le droit d'obtenir, sur toutcs les especes de maladies, des consultations gratuites du coraito de redaction de ce journal. " Nos souscripleuis, est-il dit sur la couverlure , pourront recevoir des avis gratis, soil jiar reponse inseree dans le jour- nal njeme, soit par correspondance particnliere, et cela , en s'adressant a I't'diteur par lettre caclietee, et par I'interme- diairc du Jibraire qui a fait I'abonncment. « l^e Journal phi- lomatique [\\\c pbilomatic Journal, cahier de Janvier 1826, j)age 219) reprcsente ce recueil coraiue propre a troniper le peuple, et coinme une oeuvre de charlatanisme. Cette opinion nous parait beauconp trop severe. Frederic Degeorge. ( Cetle Revue desjournaux anglais sera continuee ). RUSSIE. 20. — Description des jjonts en chaines executes a Saint- Petersbourg ^ en 1824, sous la direction de S. A. R. le due Alexandre de Wurtemberg, par G. de Traittedr , colonel dri cor[)s des ingenicurs des voies de communication , chevalier de plusieurs ordres. Saint Petersbouig, j825; iinprimerie des voies de communication. Iii-/)° de vii el 74 p. avec atlas. Cette description offre un grand nombre de details inle- ressans sur la construction de deux ponts suspendus en chaines, acheves I'annee derniere et situes, I'un sur la Fon- tanha, I'aulre sur la Moiha, caaaux qui font passer par la nouvelle vllle une partie des eaux de la Neva. Cos pouts sont aussi solides qu'elegans, et les frais de construction n'ont pas <5te tres-considerables, puisqne le grand pont etabli sur la Fonlanka, qui a 124 pieds d'ouverlure et 35 d^ largeur, n'a coute que 160,000 fr. , et celui des pietons sur la Moika , environ i5,ooo fr. Le colonel de Traitteur donne, a cette oc- casion, des renseignemens curieux sur le moJe pratique en Russie pour ces sortes de constructions, sur les malerianx a employer et les mesnres prealables necessitees par le lerraiii oil d'autres circonstances locales. L'atlas qui accompagne cette brochure se compose de neuf planclies lithogiaphiees. Parmi les plans qu'elles representent, nous avons remarque le sidero- metre, machine desfinee a faire connaitre la force des fers. 21. — Recueil de voyages ciiez les Tatars et autres peuples i32 LIVRES ETRANGERS. del'Orient, dans lex xiu* mv*^ et xv" siecles. i° Plan-Carpiw. 2" AssELiN. Saint-Peleisbouiii, iSaS; imprimerie du Depar- teraeiit de rinstructioii piibliqiie. In-8°. L'editeur de cttte collection de voyages dans I'Asie centralc est M. Iasirof, qui en public en meuie tenis nne traduction russe, faile avec beaucouj) de soiii. I>es relations (ju'il donne sent toutes connues; inais ce niodesle et. laborieux savant a jugo mile de les repandre davanlage en Russie, oil elles peu- vent contribuer a tlt'bioiiiller riiisloiie nalionale pendant Ja domination des Mongols , ijui ont si long-leins occupe I'cm- pirc nioscovite, ct dont I'histoire se trouve par consi^quent eiroitenieiit lice a celle du JVord. II commence par les relations des moines Plan-Cakpin et Asselik. Tons deux ineuibres d'une meme mission envoyee, en 124G, par Innocent IV, aupres du khan des Mongols, et f(ui ont laisse par ecrit les rcsultats de leurs observations. 11 leur fera sncceder celles de Rubriquis, de Marc-Paul, de Kaiton, de Mandeville, dOnERiQUE, de ScHiLiiERGRR , dc Clarigu, de Baruaro el de Cuntarijni. 22. — * Voiennoie krasnoretchie , osnovnnnoie na obchihh natchalakh sloyesnosli. — r»lietori((iie niilitaire, basee sur les elemens generaux de la litterature, avec un Recueil d'exemples de ditferens genres. Par M. Jacques Tolmatchef, professeur ordinaire a TUniversite iuiperiale de Saint-Pelersbourg ; ou- vrage public aux frais . M. I'empereur Nicolas Pavlovitch. Saint- Petersbourg, 1826; Smirdine. Tiois parlies in-8", dont la i''* de 170 p., la i*' de 120 p. et la 3"" de 162 p. ; prix, 10 roubles. L'inslructiou publique dans les ecoles ]>ossede depuis quel- ques annees un assez grand nombre debons livreselemeiitaires en langue russe, et ce nombre augmente journeliemenl. Celul que nous annoncons merite d'occiiper parrai eux une place tres-dislinguee, et son utilite est deja reconnue. II est destine sijecialement aux jeunes militaires (|ui recoivent leur education a I'Ecole des enseignes de la garde, et I'auteur a rendu a cet ctablissement et a tons les auues du meme genre un veritable service, en publiant sa Rheiorif|ue niilitaire. On sail que la litterature russe, en general, possodait depuis plusietirs annees uu ouvrage ties-estimable du aux soins de M. Gretcli et qui oft're, en cpiatre volumes, un apercu complet de la litterature russe, depuis son origine jusqu'a nosjoiirs. Mais cet ouvrage etait compose sur un plan peu elementaire; .celui de M. Tolmalchef est beaucoup plus resserrc, e.t con- vient mieux par consequent a la destination qu'il a voulu lui donncr. RUSSIE. i33 23. — Apologui. — Reoueil d'ApoIogues en quatrains, par M. J. D. Moscou, 1826. In- 16 dc iv rt 121 p. Se ironve a Saint-Petersbourg, chez Smiidine. II n'est pas difficile de reconnaitre soiis ces iritiales le iiom de M. Dmitrief, du celebic chantre de lermak, qui , au grand regret des amis de la litternlure ralionnle, a laisse si long-terns reposer sa lyre. Tout le mondc sail que ce jioete ingenieux occupe une des premipies j)lares sur le Parnasse russe, et que ses ainiables ct eleganics productions en ont f;iil en quelque sorle I'idole de la nalinn. L)n honanage eclalant vient , tout recemment encore, de liii eire rendu ; la noblesse du gouver- ncnient de Simbirsk, oil il est ne , rasseuiblee pour elire de nouTeaux marechaux qui la rcpresentent, a rcsolu de placer dans la salle des seances de sa depniatiori le portrait de M. Dmitbief, couseiller privo actuel , el celui de I'historio- graphe Karamzine, conseiller d'eiat acluel, qui appartienl egalemen! i ce gouvernement, mais dont la sante, mallieureu- sement tres-deiabrre, le force d'interrompre les travanx bis- toriques auxquels il se livrait exclusivcnieiif dep'iis plusieurs annees [i). Les quatrains de M. Dmitt ief ne sunt pas indignes de sa haute rujmtation : la taclie de renfermer dans quaire vers une fable et sa morale n'etait point facile. II ne s'est point borne toutefois a soumettre ses ilees a cette forme restreinte : ses apologues soni aussi elegans que varies; il y rcgne une poesie brillante, une precision parfaite, el surtout une clarte eton- nante a\'ec autant de brievele (2). Son rccueil est divise en deux parties, dont cliacune offre 28 apologues, qui pour la plupart ccpcndant ne sont pas de son invention; I'auteur avoue liii-nieme en avoir empiiinte le tujel a M. Mollevaul (1) M. Ka-RAmzine vlent d'etre enleve a la Russie par une iiiort prema- taiee : nous consaci-ons a ce grand ecrivain , si jnstement celeb le , une notice uecrologiqne qni fait partie de notre quatrieme secllon, celle des Noiivelles scientifiqiics et Utter, lires. (2) Nous voulons bien nous en rapporter ici a notre correspondant. Cependant , nons serions portes a douter que les letlres iniiiales J. D. cachent ici le uona d'un des premiers poetes niodernes de la Russie , jns- qn'a ce que la chose soil bien coustatee. Nous avons peine a croire qu'un homme d'autant d'esprit et de gout que I'heurenx fraductenr de La Fon- taine, ait pu compromettre sou talent dans une entreprise ingrate, qui ne doit ctre consideree que comine un jeu de I'espiit. On pent bien faire une on deux fables de quairo vers chaoune; niuis, comment con- cevoir qu'il soit possible d'eti faire un grand nonibre qui snpportent lexamen? Ce ne serait tout au plus que des quatrains moranx comnie ceax de Pibrac, et non des fables. N. d. K. J 34 LivRES Strangers. dont les quatrains Iiii ont pcut-ttre suggt'ic jnsqii'a I'idee ties siens. M. Dmitrief a un neveu qui fait d'heureux efforts pour se rendre digne du beau nom qu'll porle, et jiour y ajoulcr, s'il est possible , upc nouvelle illustration. Son ode sitr la mort de Vempereur Alexandre s'fsl fait distinguer parmi les nom- brcuses productions que cette grande calaslroplie a fait colore. M;. Michfl DsiiTuiEF y rapproclie d'une maniere nalurelle et ingenieuse la mort de Irois hommes f|ui ont cxerce une grande influence sur les evenemens des 25 dernieres annees : Napoleon, Alexandre et Louis XVIII. Ce morceau lyrique merile de fixer rattention. J. H. S— r. Outrages periodiques. alf. — * Journal imperatorshavo tcheloveholioubivavo Obcht- chestva. — Journal de la Societe iinperiale philantropiqiie de Salnt-Petersbourg. 1825. Ce journal est doublement important, par son but et ])ar son contenu ; il serait a desirer qu'il put se repandre dans loutes les parties du vaste empire de Piiissic, oii les lecleurs sent encore en si petit nombrc : il y serait cerlainement d'une grande utilitc. Les trois cahiers, publics receniinent, offient une fouie de donnees statisliques, de notices et de lenseigDC- mens relatifs a la vie ])ratifpie , et classes sous les quatre divi- sions suivantes : 1° Errits sur la bienfaisance el stir les nioeiirs; 2° Etablissemens de bienfaisance et dccouvertes d'une ulililc generale; 3° Medecine generale et populaire ; 4" Nouvdles officiellcs el autres sur I'excrcice de la bienfaisance. Les travaus d'une societe pliilantropique doivenl otre imnienses en Russie : car, a I'exception de quelques villes oil se trouve concenlree toute la civilisation , le reste de la nation est encore dans un etatassez voisin de la barbaric. Avaiit de publicr des jouinaux, il faudrait mettre a la portee du peuple les moyens d'ap])rendre a lire eta ccrire, il faudrait detruire le nialiieureux penchant qu'il montre pour les boissons fortes , aviser aux mesures qui peuvent preparer dans la servitude meme un avenir de li- berte(!), J H. S— r. (i) Tel a ete le but visible de plusieurs institutions liberales, creees par rempereur Alexandre, au commencement de son regne. Ces institu- tions seraient-elles lombees en defaveur depnis (juelques annees ! La Russie craindrait-elle les progres de la civilisation, et pourrait-elle con- seatir a revenir sur ses pas dans une aussi belie carriere , oil elie sem- bl.iit promettre d'atteiudre bientot les autres nations? Cc serait une i35 DANEMAKK. a5. — * Phrcenologien. — La Phrenologie, d'apr^s le sys- teme de MM. Gall et Spurzheiin ; par M. C. Otto , docteur en inedecine et uieiubre de plusieurs soci^tes savanlcs. Copeidia- gue, 1825. In-8° de xvi et /,o8 pages, avec deux planches. C'est a tort , ce me serable , que Ton a substitue au mot era- nioscopie celui A& phrenologie. Si le premier est peu noble, conime on le pretend, le second est ceriainemenl trop expres- sif:car, le mot grec anie, M. Erdmann dccril les gouver- iiemens et les ccrcles, de Kasan, de Saralow, d'Asfracan, de VVjaika , dc Perniie et de Siberie. 11 nous offre, sur loules les pailics de la geographic et de la slalistique de ces regions pen connues les details les plus curieux el les j)lus noiivcaux. I./aii- teur se distingue par I'elendue et la variele de ses connais- sances, et par son caraclere philantropiqne. II a plusieuis fois visile la capilale de la France; il s'y est fail des amis qui s'jii- teressent a ses travaux et a ses succes. L. 29. — IJeber allein scU^machcnde , etc. — De reglisc qui seule pretend que liors d'elle il n'y a point de salut ; par M. Ca- KOVE. Francfort-sur-Mein , 1826; Hermann. In- 8° de 612 pages. L'eglise clirclienne enseigne la ^oie du salul ; elle croil qu'il n'y a point d'aulre voie de salut qui nous soit connue. C'csl la un dogme aiissi ancien que le christianisnie , dognic commun non-sei'.lement aux callioliques , mais encore aux reformes. Car, il ne serait pas juste de confondre avec ceux ci les purs philoso|)hes, qui, sous un noni quelconque, et avec plus ou iDoins d'estinie pour I'evangile, s'efforcerit niaintenant de re- duire la religion chreticnnea cetle science ou sagesse naturelle que Tapoire appelleyb//e devant Dieu , science prelendue com- mune a tons les hommes de tous les terns el de tousles lieux, et deierminee arbltrairement par chaque individu. M. Carove .appartient sans doute a ccfte derniere classe de i>liilosophes , puisque, d'une part, il s'eff'orce de delruire Ics foniieuicns de la foi chrctienne , comme les dogmes de la trinite, de I'ancarna- lion , de la rcdimplion , les saci emens , I'autorite de l'eglise, la chute des anges , I'enfer, etc. , etc., et que, d'autre part, sous pretexte de nous conduirc au parfiiil onioitr de Vahsolu, it ALLEMAGTSE. il.) I'union avec Dicu , union, dit-il , objectn>e et subjective , subs- tantielle , complete, senile, verifiee, etc., il soutient que Dieu el le salut sont reveles a tous les hommes dans la nature, s'en- tcnd , et dans leur cceur. II ajoute que Dieu leur a parte par dcs genies ; qu'il s' est fait voir a eux , quand il les a trouvds assez murs , qu'il leur a fait entendre sa voix , sur le mont Merou, sur le Caucase , a Sais , a Me roe , a Dodone eth Del- phes, comine sur le mont Sinai et a Jerusalem. Quant a Jesus, c'etait, dit I'auteur ,. un homme qui se sentit appele a publier le precepte de la charite et de la conformite ii la volonte de Dieu , et a corroborer cette doctrine par le sacrifice de sa vie. Telles soni, litleralement, les bases tres-larges du systeme de M. Carove. II a doncaussi le sentiment religieux , ou la re- ligiosile; mais, doming par ses idces particulieres sur I' union a Dieu , et souleve par le spectacle du moderne pharisaisme, il depeint vivement les scandales dont noire siecle est teraoin; il s'indigne contre I'orgueil el I'avarice, contre la dominalion po- litique, les reactions, les congregations, les folles pretentions, les influences odieuses et anarchiques de cerlains membres du clerge de nos jours ; il s'en fait des motifs d'une vive guerre contre tout le calholicisme, affeclant de le confondre avec de graves desordres que I'evangile et le calholicisme condamncnt egalement. II ne faul pas se le dissimuier: cette exasperation fait des progres en Europe; elle y prend un caractere d'cm- porlemcnt; elle menace d'une contrc-rcaction violente, difficile a eviter, a moins que Irs prelres et leslaitjues coiipablcs ne ren- trent d'eux memes dans les justes bornes, ou n'y soient repous- ses et contenus par de sages lois qui dorment aujourd'hui, et par des jnges naturels et inamovibles. Quelles que soient ses aberrations , I'auteur montre une grande connaissarice des faits et des textes; il estun raisnnneur subtil, un controversiste ar- dent, un ccrivain fecond , enfin un ennemi tres-digne d'etre combattu par ceux qui enseignent, on font enseigner ce qu'ils nomment les hautes sciences, c'est-a-dire, en style plus apos- tolique, la bonne nouvelle , la science des pauvres el des hum- bles, la science de la foi et du salut. Les conferences de M. I'eveque d'Hermopolis sont frequemmcnt et vivement cri- tiquees dans ce volume, et il scriible qiie ce n'est pas toujonrs mal a propos. Au resle, cet ouvrage a passe a la censure , dans la ville libre de Francfort , sous les yeux de la diete gerniatiique. II doit avoir ete suivideja d'un second volume, conienant de nouveaux developpemrns; et des 1824, rauteur avail mis au jour un traite preliminaire contre rauiorite du cle.'ge sur les fpiestions relatives a»i salut, Ces Irois tomes sont un vaste arse- i4o LIVRES JiTRA.NGERS. nal d'objections anti-cathnlitpies ot anti-^vangeliijues. Cest sur- toiit aux professeurs et aux jilus forts eleves , de I'lnftitut. 3o. — * Da.9 Erhrecht in welts;'jschichtlicher EnUvickelung. — Le droit de succession , ccnsidere dans son developpemenl chez tousles pcuples; Iraile faisant parlie de rhisloire du droit en general; par M. Edouard Gans. Berlin, i*'' vol. 182/1, 2" vol. 1826. Lorsqu'on etudie, dans les annales humaines, ies fails nom- brcnx qu'elles renferment; lorsqu'on so conlente de les classer par epoques;quandon vainrniejusqu'a les cnchaincr et lescoor- donner, on ne connait encore, pour ainsi dire, que I'exterienr de I'histoire. Si Ton veut pi'nelrer ])lus avanl , si Ton parvicnt ase rendre compte de la niarche despenples, depuis leur nais- sance et leur adolescence, jnsqu'a I'age viril et la caducite, on possede alors, non un vain elalage d'crudition, mais un ensemble de vues et de reflexions qui forment la science de rhisloire. C'es' de cetle maniere que Timinortel Montesquieu observait la vie des nalions : place an-dessus de toutes ces re- volntions qui changereni si souvent la face du monde, il con- siderait d'un ceil scrulateur la mobilile des sieclcs : il voyait un peuple nonrrissanl, a son origine, le germe qui devait produire sa gloire, et dans sa gloire les fautcs fjui devaient amener sa chute. Cetle voie Iracee a I'historien philosophe est, d'apres M. Gans, la seule qui puisse condnire a la vraie science du droil. Cen'esi point uniquement dans les compilalionsdn droit remain qu'on doit chercher la legislation romaine. Un jur:s- consulle, qui chargerait sa memoire des diverses decisions don- nees sur les differens points de droit, pourrait posseder la ALLEMAGNE. i4i connalssance du droit; inais il n'en aurait pas encore aUeint la science. Pour y ariiver, 11 faurirait (ju'il iie s'arrelat point aux debris nombreux (|ui nous rt-jtent de la jurisprjidcncn roniaine ; il devrait s'elever a un degre d'oii son espiit piit, non-seulenienr embrasser les jihases differentes dii droit ro- juain , Miais encore reconnaitre, dans sa naissance, IVffet d'une exigence anlerieure , dans ses progres, le developpenient de ses eieniens, ef , dans sa decadence, le terme oil devaient ar- river ces elemens developpes. Ptinetre de toules ces considerations, M. Gans preiend qu'il ne snffit point encore , pour saisir I'esprit de la jurispi ndence. roniaine, de porter ses regards sur la scene ou elle a brille; il veut qu'on la coiujjare d'abord avec la jurisprudence anlerieure, et ensuite avec celle (jui s'est etablic parmi les peui>les mo- dernes. L' elevation sur laquelle s'est place ce savant auteur , c'est le Capitole. D'un cote , ses ycux contemplent le berceau de Rome, la Grece et I'Orient; ce n'est qu'apres avoir examine d'un ceil impartial la famille et I'ordre de succession dans I'Orient, qn'il considere, d'lin autre cote, chez les Roniains , le droit de succession (jui est I'objet de son ouvrage, et qu'il I'observe enfin chez les autres peoples de I'Europe. Les deux premiers volumes nous olTrent I'liistoire du droit des successions cliez ies Indiens, les Cliinois, les Perses, les Juifs, les Musnlnians , les Atheniens et les Romains. D'apres !e systetne adopte par M. Gans, on ne doit point s'attendre a ne trouver ici que I'expose niuet des dispositions legales relatives a la succession; ces dispositions recoivent un grand jour des lumieres philosophiqiies dont il salt les eclairer. 11 va cherclicr la raison de ce qui a d'abord une apparence bizarre , dans I'espril des differens peuples. Dans I'lnde , on voit I'liommeen proie aux folies de riniagination ; dans la Chine, il est reslreint dans les limitcs d'une froide nature; dans la Perse, il s'cleve a uii nionde sjiirituel ; dans la Judce, la legislation sort des mains de Dieu, mais n'est pas Dieu lui-meme comme dans I'lnde. Cepcndant , cLez les .Juifs , les dons ile Dieu soiit, pour ainsi dire, circonscriis dans un coin de la terre: c'e^t pour briser ces bornes, que le Clirislianisme el le Mahometisine ont paru : le picmier vtiit coniinuniquer a Ions les mortels les bienfaits divins; le second, au coiilraire , est indifferent au sort du resie de I'uiiivers; loin de chertlier a le gagner a sa doctrine, il I'ex- terniinerait, s'il elait en sa ])uissance de le faire; I'un est le pros«'lylisme, TaulrCjle fanatisme constitue. Le principe qui domine dans I'Asie est un principe de per- i42 UVRES ETRANGERS. manpiice. L'bistoire y est stationnaire; elle s'elend dans I'cs- pace , mais clle n'a point de sieclcs.. En nous traiisportant a .\llieiies, nous Irouvons un sol tont-a-fait nouvcau ; la mobilite en est le principal caraclere; ce (jui distingue I'Earope de I'Asie, c'est Yindiviilualite. A Allienes, surtout , Vindividu ,\a personne se presente u nosyeux, excrcant un empire prcsque sans bornes. Mais, a Rome, la jurisprudence philosopliique trouve une ample niatiere ii la reflexion. Ici , le princi|)easiaiique se trouve aux prises avec le priiicipe grec : la stabilite est sans cesse at- laquee par la mobilite, qui, d'abord lultant avec peine, finit ])ar triompher. Le principe de stabilite etait dc'fendu par les patriciens ; les plebeiens, au conlraire, etaicnl diriges par le ]>rincii)e de la mobilite. Celle idee feconde rentre dans le sys- teme de M. Niebulir sur la naissance de Rome : il dit, en effel , que Rome dut son origine a une colonic d'Etruriens, donl les raoeurs et les coutumes sacerdolales fureut le fondement des institutions de Rome (i). De I'examen approfondi de cette luite conlinuelle, M. Gans tire un grand nombre d'observatioiis qui expliquent cerlaines disposilions du droit de succession chez les Remains, que Ton n'avait encore ir.terpretees que par le rapprochement des textes. Si je ne craignais d'etre long , j'entrerais a ce sujet dans des details qui feraienl connailre et I'iiilention de Fauleur et les lieureux restdtats qu'il a obtenus. J'engage, au reste, ceux qui connaissent la langue allemande a consulter I'ouvrage lui- meme ; iiuant aux personnes qui I'ignorent , j'ai laclic dc leur faire reconnaitre par ce court expose sous quel immense jioint de vue la jurisprudence peut elre envisagee- L. Etienne. 3 1. — Gesc/iichtc der Siadt Harneln. — Histoire de la ville (leHameln, par Fr. Sprenger. Ha no v re, 1826. In8"de 5oopag. Favorisc jiar les autorites et par les deposilaires des docu- mens publics, M. Sprenger a j)u faire avec beaucoiip de soin des recherches qui jiisqu'ici c!aient reslees fort incompletes. On ne sail pas bien a quelle epoque Harneln est devenue une viilerson nom vient probablement de la petite riviere de (l) M. de GoLBERY prepare la tradaction de la seconde edition de \' Histoire romaine de M. Niebnhr. L'auteur dc cet article avail eu dessein d'entreprendre le meme travail : mais d'autres occupations, el surtont la certitude que deux traductions en concurrence se nniraient mutuelle- ment, I'enbpec'-ienl de niettre son projet a execution. ALLEMAGNE. i /, '. Harael , et, selon toule apparencc, c'est a rexistenced'un eta- lj!issement religieux que so raltarhe la forraalion, dans ce lieu, d'nne ville, dont il est, pour la premieie fois, fail mention dans le cours du xi® sieclc. Haineln s'accrut tres-rapidemont , larit par son accession a la ligne ansealiqne qu'a la faveiir des querellesqui divisaient les princes voisins. Mais, depuis le mi- lieu du xvii^ siecle, ectfe ville vil dijclin.fr la prosperite dont elle avait joui jus(|u'aIors; toutefois , en 1688, des cliaiigeniens d'administrasion intcrieure, et I'arrivee d'une colonic fruncaise semblercnt lui communiquer une nonvelle vie: la guerre de sept ans fit renaitre les malheurs qu'elle avail ('-prouves deja ])endanl la guerre de trente ans; et les derniers eveneniens ont encore contrlbue a sa decadence. L'histoire de Hanieln est ici (livisee en cinq |)eriodes: i", de I'an 1000 a 1279, ^pofp'e de la mort du due Albert; 2°, de 1279 a la reformation en i54o; 3" de la reformation a la guerre de trente ans , en i6i8; 4", de cefle guerre a celle de sept ans, en i755; 5° en(in, de 1755 jusqu'au i*'' septembre 1824 , jour ou la ville recut une autre organisation. Plusieurs appendices sont consareutzer. Francfort, i8a6. In-8°. L'infatigable et ingenieux professeur Creutzer continue ses travaux stir differens traites de Ciceron. Deja on lui doit une edition de celui de Natiira Deoruin , une autre du traiie de Le- gibus : voici celle qu'il a promise de la Republique , et bientot , nous pouvons I'assnrer , I'oiivrage intitule de Divinatione se trouvera entre les mains du public. Le volume dont il s'agit aujourd'hni esi dela jdtishauteimpnrtance, non que Ton inantpie d'editions de ce Iraite idepuis que les recherches de I'abbe Mai nous en ont rendu des fragniens si nombrenx et si iraportans, TAllemagne les a vu leimprimer successiven)ent par les soins de M I\l . Heiiirich , Stei/iac/.er , Lebner et Schiitz : et meme en ce , moment, le premier s'occupe encore d'nnc edition in-quarto, contenaut des remarques fort etendues. M. Moser, dont le livre est maintenant sous nos veiix , eleve du celebre Creutzer, se montre toujours digne de son maitre , et il Iravaille si bien sous sa direction qu'il est pcrmis de croire que I'ouvrage de I'un est souvetit celui de I'autre. La base de cetle edition est toujours le Palimpseste de I'abbe Mai. Tout en rendant hommage au . ALLEMAGNE. i/,5 merite du docle Italien, M. Moser qui, dcpuis plusieiirs an- nees, se consacre plus specialement a I'elude des traites philo- sopliii([iics de CictTon , a pense que ses travatix pourraient prodiiire de bons resultats, quant a la restitution eta I'inter- pretation de certains passages. II a done soumis ses essais en ce genre a M. Creulzer qui a lout revu, ou, pour niieux nous exprimer, qui a coopere a tout. Comirie le but de ces nouveaux cditeurs etait de donner des choses neuves, ils se sent atta- ches a ne point reproduire ce que d'autres ont public jiendant la duree de leur travail ; d'ailleurs, ce travail porte un cachet tout particulier, et se distingue par ces grandes vues, qui ont altire sur le savant protesseur les regaids de noire Academic des inscriptions dont il est devenu associe etranger : digne ct noble recompense des nombreux et iin[)ortans services qu'il rend a la science de I'antiquite. Rien n'est plus satisfaisant sans doute que le chapitre intitule Index libronun ; on y voit avec plaisir renumeration de tous les Iravaiix dont ce Iraite de Ci- ceron a deja ete I'objet. C'est ici suriout que Ton s'apercoit que les limites des efats ne sont plus celles de la science, et qu'il s'esl etabii entre les ])euplesun tel commerce de lumieres qu'un sujet Iraite chez une nation profile a toutes les autres. II ne mancjueici ni la preface de M. Mai, nile lac- simile du paliiu- pseste. A la fin du volume, on trouve aussil'index (]ue M. Nie- buhr avail faitpour la premiere edition. Pendant I'impression , M. Moser a fait encore des additions qu'on lit a la fin, et qu'il faut com])arer avec les notes, ce qui n'est pas toujours fort commode , raais ce qui n'a pu etie fait aatrenient. Quant aux excursus , on en a etc fort sobre, et d'aiilenrs, ils sont d'uno haute importance. Nous citerons plus specialement celui qui a pour objet la repariitiou du peuple en centuries par Servius Tullius. Get endroit du livre ii est a peu pres le seul de tout I'ouvrage dont un historieu puisse llrcr jiai ti; encore le texte est-il tellement altcre qu'on ne pent s'en rendre compte qu'en reslituant les mots, ce qui ouvre nn cliauip bien vastea la con- troverse. M. Moser s'est fait ici simple rapjiorlcur : il a analyse les opinions de M. Niebuhr, celles de Steinacher , de Franc/; , 6.e Burckhard , de Jlcisif^ , de Hermann. I! ne s'agit de rien moins que de concilier Tite-Live avec Denis d'Halycarnasse sur le nombre des centuries , sur leur division, et de trouver place pour les centuries de chevaliers. Dernierement ce point a ete examine, dans un article tres-profond de V-Hcrmos ( rahier de mai ). Nous ne craignons pas d'annoncer ici que la question recevra bientot la solution la ])lus satisfaisante, de celui qui I'a sonlevoe le jiremier , c'est-a-dire , de M. Niebnhr lui-menie. T. XXXI. — Juillet 1826. 10 146 LIVRES I^LTRANGJiRS Car la seconde edition dii ]ireniier volume de son HUtoire ilc Rome est sons presse, et j'ai snjet do pcnser que sa reponse laissera pen de prise ;\une rrplifpie. Pour en revenir a M. Mo ser et a M. Crcntzer, nous no jiouvons plus que conseiller a nos leclcurs dc lire les notes, tt ils nous sauronf ^ri- de re conseil, apres I'avoir snivi. P. de GornvRY. SUISSE. 34. — * La Scandinavie et les Alpes , par Ch. - Victor de BoNSTETTEN , uuteur de V Homme du midi et T Homme dunord, des Recherches stir la nature ct les lots de V imagination , des Etudes de r/iomme, du Voyage dans le Latiinn , etc. Geneve, 1826; Paschoud. Paris, ineiiie maison , rue de Seine, n° 48. Brochure in-8° dc xxx el 18;^ pages ; Jirix, 6 (V. Ce n'est ici in nn voyage, ni un traile, ni niie disserlalion ; c'est un recueil de souvenirs, qui presence, d'mienianicre unpen vague, un peu confuse, nia is eii memetenisaniiueeetpittoresque, les observations quel'autenra faites pendant son scjour dans les contrees situees au-dcla de la iner I3alti(|i)e. Le cliniar, les re- volutions du so! , les scenes de la nature, les evenemens hislo- riques, les nioeiirs, la litterature, sont tour a tour robjetde ses remarques et de ses tableaux. Uans une premiere f)artieinti- tulee : Fragmcns stir C Islande , I'auleur exprime ainsi I'im- pression qu'ileprouva en arrivant dans les regions sepicntrio- nales. «. Quand j'eus passe la Baltiqne , je me sentis dans un pays nouvean. Le ciel , la terre , les liommes, leur langage, n'eiaient plus les meraes j)our nioi. Les decorations de mes idees etaienl cliangees; nn nionde nouvean se deroulait a mes regards." Toutefois, M. de Bonsletlen n'est pas du nombre de ces phi- losophes qui , exagerant I'influence du climat, le regardent, a I'exemjile de Montesquieu, comrae la cause principale et pres- ([ue unique des institutions etdesqualites morales des penplcs. « On parle, dit-il, du climat, coinine d'une quantile constante, et 11 n'y en a pas de j)lus mobile. Chaque invention dans ies artsseinble lapjiroclier le nord du midi, el cliac^ue manvaise loi nons rend nn peu Lapons. ■> Ailleurs , il fait ces remarques jddicieuses sur I'effet que produisit en Islande I'introduclion de la langue latine ({ui fut bienloi la seule langue ecrite : 1 Commc on n'ecrit jamais dans une langue morte que pour un petit nombre de lecteurs, il arriva en Islande cjue I'usage du latin , en separanl le gros de la nation de sa parlie pen- sante, la rcndil ctrnngcre aux progres des lumieres. On vit alors chez les peoples du nord ce qu'on a vn chcz foutcs les SUISSE.— IT ALIE. 147 jiaiions culfivees de TEurope : des savai;s neyliger la langue de leur pays, el des nations scjiarees , procooibero sol io Damini , o Ciel , che sinfoco Agl' italiri pptii il sangue min. ITALIE. i5i lout ocrivaiii. Nous liouvoiis, d'ailleurs, dans ses jjreinieres pioductioiis, un caractere louclianl, une leinte de melancolie, qui sonl d"un heureux augure pour son talent a venir. Ses odes sur le Toinbeau de Julittle et de Romeo, sur le Cimetiere, et suitoui la Lamentation du Dante juslifieiit ces presages. Dans la derniere, Taiiteui' fait repcter au Dante des plirases exlrnitcs presque litteralement de ses ceuvres. Quoique cet artifice puisse paraitre pen original , et meme pueril , on avoueia du moins c|ue le jeune poete I'a employe avec beau- coup d'adres^e et de naturel. Cela prouve, au reste , combien il s'est applique a s'cnrichir des couleurs de ce grand poete, pour en reveiir ses propres pensces, 42. — Tragedie , etc. — Tragedies A' Edouard de Fabbri , de Cesene. Rimini, 1821, 1822, etc. In 8°. M. Fabbri est i'lin iles auteurs dramatiques de I'ltalie qui, depuisle comniencement de notre siecle, ontsouventmerifeles suffrages du public. Jeune encore, il s'etait fait remarqutr par rexpression energiijue dessentimens et des pensees qu'il ci oyait conveiiir le niieux aux circonstances Son premier essai fut ia tragedie de Thjtisjbule , jouce, en 1802, aux applaudissemens de tous !es speciateurs, mais proscrite aussilot par le gouver- nenienl. Loin d'etre decourage par cette rigueur, il composa plusieurs autres pieces, loujours dans le meme esprit. II a pu- blic depuis une Iphigenie en AuUde , une Sophonisbe et une Mariarnne.'Nlz\% , s'otant apercu cpie de pareiis sujets com- niencaienl a vieillir, il en puisa d'autres dans I'liistoire mo- derne , et s'adacha surtoiit a celui de Francoise de Rirnini, deja traite \)ar tant d'autenrs. I! entreprit a la fois, comme poete, de faire couler denouvelles larmes sur cette funeste aventure, ct, corame historien, de jusllfier la Romagne de I'horrible bar- baric dont plusieurs etrangeis ont accuse cette province, en cbeicliant surloul a refuter les asseitions de M. de Sismondi, dansrHistoire des republiques italieiinesdu moycn age. Mais il n'est parvenu qu'a pioiiver I'ardtNir de son patriotisme, par cette refutation et par sa tragedie; I'hcroine, amenee par lui sur la scene, nous emeut beaucouj) luoins que dans le recit du Dante. On trouve ce defaiit dans toulcs les pieces qu'on a essayii de faire sur le meme sujet, parmi lesquelles nous avons signale les plus remarquables. ( Voy. Ret'. Em:., t. xxii, pag. 4o/i.) Est-ce la faute des auteurs, ou n'est-ce pasplutot celle du sujet, (|ui, apres avoir fburui au Dante un louchant episode, ne se prele pas au plan d'une bonne tragedie? .'i'^. — Novel /e de, etc. — Contes de .facte/ Scivor,\Ni. Palerme, 1824; Solli. In-S". i5a LIVRES £TRANGERS. L'edileur aniionce que ce recueil conlicndra douze notx- velles , dont la premiere avait deja etc imprimee sous Ic titrc de Fete de Venus. II rappclle les eloges que M. Scrofani obtint de CesaroUi, au siijet de cet essai. L'auteur est, en effet, avan- tagcusement connu Ciaiis la republique des letlres par diverses productions dignes d'etre remarquces. Mais nous parlageons ici I'opinion de YAntkologic de Florence, qui n'a pas trouve dans celte nouvelle lout I'interet qu'aurait pu y repandrc le talent de M. Scrofani. Nous esperons qu'il se relevera dans celles dont il promet la publication, et qu'il aura su donner plus d'importance a ses sujefs, en les ratlachant aux interets de son siecleet de sa nalion. 44- — * lllustrazione dell' Arco d'Augusto in Rimini , etc. — Eclaircissemens sur I'Arc d'Auguste a Rimini , avec huit planches; par Maurice Brighenti , ancien professcur de I'L'- niversite de Bologne. Rimini, i825.In-8°. L'Arc d'Auguste, situe pres dela porte orientale de Rimini, a sonvent occupe I'attention des artistes et des antiquaires, et lous I'ont regarde corame I'un des raonumens qui prouvent le mieux la magnificence des anciens Remains. Ceux-ci I'avaient eleve en riionneur d'Auguste, au sujet de la restauration des grandesroutesdel'Italie.M. Brighenti s'esi a jiplique a determiner I'annee ou fut drige ce monument, a icconnaifre les medailles qui le representent, el a completer I'inscription quise trouve fortalteree. C'est le sujet de la premiere partie de cettedisser- tation. La seconde contient une description exacte de tout ce qui reste de ce grand monument, d'autant j)Ius prccieuse qu'elle I'offre en meme terns tel qu'il elait avant sa destruc- tion, c'est-a-dire, qu'elle en indique le site, lesfonderaens, le soubassement, les colonnes, lesornemens et les debris des sta- tues dont il etail decore. Sept planches forment un atlas se- pare du livre, et peuvent ligurer aussi dans le cabinet d'un amateur. L'execution en estparfaite.L'auleurpi'omet de publier nn travail semblable sur le Pont de Rimini et le Temple de Malatesta. — L'allas etle texle se trouvent a Paiis, chez Treul- tel el Wiirtz. ¥. S. PAYS-BAS. 45. — * Verhandeling over de damphringsluclit , etc. — Dis- sertation sur I'air atmosplierique et. son influence sur I'ecoiio- mie animale; parle chevalier /.-/?. -Z. de Kirck.hoff ; iraduite du francais sur la tiuisicine edition, par MM. Swaan el Jou- niTSHA , D*" M. Hoorn , 1826; imprimerie de Vermandcn. I vol. in 8<>. PAYS-BAS. 1 tVi /,6. — * Ahnnnah ten diensle der zeelieden. — Almaiiacli a I'lisagc des mariiis, pour 1826 et 1827. La Haie, iSaS; im- primerie de I'etat. 1 vol. in 8°. Get ouvrage qui est, pour le royaume des Pays-Bas , ce que la Connaissance des teins est pour la France , exisle depuis 1788; et il en parait annuellement un volume. 11 est rediirc par une Commission chargee de I'examen des officiers de ma- rine, de la revision de cartes hydrographiqucs , et generale- ment de tout ce qui concerne la determination des longitudes en mer. On y trouve, comme dans les autres recueils de menie nature, I'ascension droile et la declinaison du solell et de la lune pour les differens jours du mois; les diametres apparens de ces astres; ia distance de la lune aux principales eloiles ; les lieux de Venus , de Mars , de Saturne, de Jupiter ; les confi gurations des satellites de Jupiter; les rpoques des eclipses de ces satellites. Des avis et des memoires fort interessans servent encore a completer les documens utiles que renferroe cet ou- vrage. On doit au zele infaligable de M. Schroder, professeur ^ a rUniversitcd'Utrecht et president de la Commission, tonte la partie supplementaire qui a paru dans les volumes de 182G et 1827. Ce sont des tables ires-etcndues des dcclinaisons de I'aiguilie aimantce hors des tro])iques, dont les donnees ont etc puisees dans un grand nombre d'ouvrages ; des avis sur les fanaux places autour de la rade de Batavia , ainsi que le long des cotesde laHoliande, de la Zelande etdela Flandre occiden- tale; des tables des courans et des decliiiaisons de raiguiile observes pendant un voyage a Batavia ; des analyses des re- cherclies de Davy et dc Barlow sur les actions chimiques (les nietaux et sur I'isolement de I'aiguilie aimantee. On trouve encore dans eel ouvrage des recherches tres-interessanles sur les releves hydrographiciues du golfe de Mexique , de la Terre ferme et des iles des Indes occidentales dus aux ofiicicrs es- pagnols, et des rapprocheinens avec les observations de M. A. de Humboldt pour Li dclermiiialion des longitudes et latitudes de differens points si lues dans ces regions; ainsi que de$ rensei- * gneraens sur la nielhode d'apres larjucile la carte hydrogra- phique des passes des bouches de I'Escaut, etc. a ele Icvce , en 1823 et 1824 , par le capitaine-lieutenant J.-C. Ryk. Le volume pour 1S27 se termine ])ar une l;ible des elemens de l;i grande triangulation faite en Belgique par le general Kr.tveii- hof. Nous n'avons pu donner qu'une indication des princi- paux articles qui reconimandeni re recueil, digne sous tons les rai)ports d'etre connu a I'exterieur bien plus qu'i! ne Test generalemrnl. Nous nc craignonspas mcme de dire que lessa- ir.4 I.IVKES ETRANGERS. vans de ioiiU'i It's classes pomroiit le coosiilter avcc fruil ct liiont avoc iiitert't la panic stip[)leine;)taiic \. Quktklet. 4" — * Handboe/' voor staatsinanntn , rlr:. — Manuel «ie radiiiinislrateur, ilu nianiifacturicr el dn ncf^ociant; par M. de (Iloet; tiaduit snr la seconde edition, et dedie a M. le cheva- lier de Kirckhojf, par M. P. Vaw Grithuizen. Utrecht , i8'iG ; A.lter. I vol. in-8° de xxviii-270 pages; Nous avons rendu , dans le terns, un coinpte favorable dii Manuel de M. de Cloet ( Voy. Ra: Enc. , t. xxi , p. 388 ). Ctt ecrivain n'aurail pu avoir, enllollniide, un meillenr inierpiele que M. Van Giilhuizcn, auquel la langue hoUandaise est ties- familiere; el Ton dolt le feliciler d'avoir eu jjour liaducteiir nn honinie aiissi verse ilans la corinaissance de I'econoinie po- litique et des affaires cominerciales. La traduction de M. Van Grithuizen est tres-hicn ecrite el faite avec cxacliludc, el il I'a enrichie de 191 pages de notes el de rernarques, qui ajoutctu au meritede Touvrage oiiginal. *. 48. — Les malheurs de la Grece, scene lyrique; par Ph. I.. Rruxelles, 1826. 49. — Cantate snr la destiuction de Missolonghi ; j)ar Ph. L. Bruxelles, 1826. 5o. — Missolonfi^hi, etc. — Missolonghi, par E. - ff^. Vain- dam-Van-Isselt. Tiel , 1826; Carnpnglie. In-8". Ces differentes compositions ont pour but de raiuener I'at- tenlion de I'anu de I'humaniie stir les malheurs de la Grece; les deux premieres ont ete vivenient applaudies a Bruxelles , ilanstleuxconcerlsqui ont eledonnes siiccessivenient an benefice des malheureux Hellenes ; la troisicnie, ecrite en hoiiandais, est egalement concue et executee sons I'inspiraiion de la dou- leur et d'une genereuse indignation. Nous regrcttons de ne pouvoir en faire connaitre, par nne traduction, des fragmens a nos lecteurs ; mais , nous croyons les dedonimager , rn cilaiil les vers suivans, tires de la scene lyrique sur les malheurs lie ia Grece. O mes concitoyens ! si de la gloire antique Vous gardez en vos coeurs le noble souvenir. Que vos pieuses mains ariiicbont la Belgique Aox reprocbes de I'avenii'. Un peu d'or sauvciail ces peuples oiagnaninies Que le besoia pouisuit au milieu des combats ; Vi\ j)eu dot doiiuerait du fer a leurs soldats, Du paiu aux culaus dis vicliiues. Pri'lres, pour eux aussi mouiul le lledein|>teui ; Fils d'EgiiKinl, aide/.-ics a briser lours cnMavc-i. Vous , femmes, donncz au malhear; Snltlats lieljTPS, doimrz aux braves. PA.YS-BAS. '53 Ces gcncreiix acceiis out ciuentendus de tous les Beiges fiui s'cinpressent de payer, coinme les aulies nations, leiir Inbnl ;"> la vertu malheurcuso. 5i. — Cntalogus dcr bibliotheeli van Teylers stickling. — C;i- taloguedela bibliothequeTeylciienne a Harlem. Harlem, 182G; Loosjes. In-8° de 128 pages. Ce catalogue est public par M. V^an Marum directeur du niusee de la fondation Teylerleiine et premier bibliothecaire. Ce savant dont la reputation est generalement repandue en Europe, a puissamment conlribuc par scs travanx a repr.ndre de I'eclat sur retablissemenl dont I'organisation lui ful conficc des I'annee 1784. En nous fesant connaitre aujourd'hni les on- vrages precieux cpie renferuie la bibliotheque, il rend un nou- veau service aux sciences. Les amateurs des belles editions, y trouveront une riche collection^ des auteurs grecs et lali.is, et des documens noinbreux sur I'liistoire nalurelle, la geogra- phic et les voyages. La bibliotheque renferme encore une des collections des memoires academiques les plus completes que presente notre pays. C'est surtout dans les ctablissemens publics que Ton doit Irouver les ou\ rages souvent trcs-dispendieux qui ne sont point a la portee des fortunes parliculieres; on doit done savoir gre au discernement de M. Van Marum (|ui en les reunissant , a consulte les interels du plus grand nomine de lecteurs. A. Q. Oiwrnges pdriodiques. 52. — * Annates universelles de V Industrie, des sciences , dc la litterature et des beaux-arts , ou choix d'articles extraits et tradnits des meilleurs oiivrages publics dans les deux hemis- pheres. Bruxelles, 1826 ; Imprimeric des Annales universelles , grande place, n° 1189. In - 8". Prix de I'abonnement par an , 36 f'r; par mois, 4 fV. — Ce journal paraitra tous lesmois, par cahier de i5o a 200 pages environ ; il doit se composer de trois parties distinctes, subdivisees elles-memes en differenles sections. La premiere comprendra les ar-ts induslriels ; le deuxieme les sciences ; la troisieme la Utterature et les heau.r- arts. Ce nouveau journal , dont le premier cahier vient de parai tre, ne sera, d'apres I'annonce de I'editeur, qn'un choix ile ce que les autres journaux renferment de meillcur. Son elcn- due permettra memc d'v coniprcndrc tout ce que cenx-ci out de &o«. C'est prometlre beaucoup. Du reste , si, des le pre- mier numero , I'editeur a rcmpli ses engagemens , la Revue En ■ rjrlnpedique n'a pas a sc plaindrc nuisqu'ellc a fourni inron- 1 56 LIVRES liTR ANGERS. testablemcnt plus que tous les recucils dans lesijuels on a piiisc des matcriaux. Le caliicr que nous a\ons sous Ics yeux ron- tient, parnii les articles princlpaux , un coup-d'cc'd sur (vlat actuel des sciences ct dcs arts rt sur les progrcs des pcuples , depuis le commencement du XIX' siecle , extrait en ])artie des articles que RIM. Sisbiondi, ^f/?yrt/«/« Constant el Juli.ien out inseres dans la Revue Encyclopedique; des fragmens du beau rapport fait a tlnstitut sur les paratonnerres , des notices sur les bateaux a vcpeur, sur I'art d'incriister le verrc , sur les machines a vapeur , sur V education des classes inferieures et superieures , etc. Nous nous reservons de revenir plus lard sur ce journal , quand il comptera plusieurs mois d'exislence. A. Q. 53. — * Revue bibhograpJtique des Pays-Bas et de I'etran- gcr , ou Indicaleur general de I'imprimerie et de la librairie , des cartes geographiques , gravures, lithographies et ceuvres de musiquc. Bruxelles , P. - J. Denaat, libraire , Grande Place , n° n88. II parait chaque mois un cahier de 32 pages i>i - 8°. Prix de rabonnement annuel avec les tables , 12 fr. et i5 fr. pour la France et I'Anglelerre. L'origine de cet utile recueil , que nous avons deja annonce, remonte a i8i4Lapaix, conclue celte annee , fit nnitrele de- sir d'augmenter les debouches des produits de la librairie et d'clablir une correspondance mensuelie entre les cditeurs de tous les pays. Peut-elre un des motifs qui conlribuerent a la creation de la Revue bibliographique fut aussi rnniniosite que montrait, a cette epoque, le gouvcrnement francais contre la presse : on espera que les Pays - Bas allaient redevenir la res- source des ecrivains persecutes. Quoi f|u'il en soit, la guerre qui ne tarda pas a se declarer , en 181 5, nc laissa pas a la ty- pographie les moyens de devenir florissantc, le journal fut ilonc suspendu. En 1822 , des fonderies et des papeteries niet- laient la Eclgique en etai deluttcr avec la France; des ouvriers b'elaient formes , le gouvcrnement avait encouratje ccs di- verses industries : la Revue reparut. Elle est mainlenant a sa cinquieiue annee et a subi differens cbangemens. Nous nc jjou- vons approuver celui que I'editeiir a cru devoir intro:!uire, et qui consisle a ne point donner I'adresse des editenrs qui ne deposerojit pas les ouvrages c]u'ils publient : Tesccllent journal de M. Beuchol ne cominet pas unc semblable faute : il donee sur un ouvrage tous les renseigneraens desirables, sans exiger «le depot. Une veritable amelioration consisle dans les notices qui sont quelquefois placees a la suite du litre des ouvrages antionces; on oblient ces nnnonccs dclaillces, en adressanl a LITRES FRA.NCAIS.— SCIENCES PHYSIQUES. i57 I'l'diteur deux exeniplaires de I'ouvrage dont on desire qu'il soil rendu comple. I.es nolicos qui ont paru jusqu'a ce joui* so:it en genernl fort louangeiisos ct ne font pas assez la part de la critique. Ainsi, Ton y voit les Memoires d'Henriette fVilson pories aux nues, sans que I'Dri disc un mot des caloinnies dont est reniplie cette scandaleuse publication. Quoi qu'il en soit , ce recueil, (pii tend a se j)erfectionner, est precieux et meme indispensable pour tons les amateurs de livres et pour ceux qui aiment a comparer les prodiiits de la presse dans les principales conlrees de I'Europe. J. A. L. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. S/j. — * Dictionnaire classique cthistoire naturellc , par une Socicle de iialuralistes , dirige par M. Bory de Saint-Vincent. Tome X. BIAC-MN. Paris, 1626; Rey et Gravier; Baudouin. I vol. in-S" de 6/^7. pages avec une livraison de planches; prix, I'if. en noir,et i5 f. en coulcur (v. TJec. £«c.,t. xxts, p. 782 ). Ce X® volume, qui n'a pas attendu pour paraiire plus de quatre mois apres le IX** , est cejiendant le plus fort de la col- lection, qui n'en aura que quinze; et loin que la plupart des collaborateurs se lassent a mesure qu'ils avancent dans la car- riere, ce volume est , s'il est possible , encore plus conciencieu- sement fait que les precedens. II n'est guere d'articles qui ne conticnnent quelques vues neuves; une on deas parties de la science y sont pent-etre un peu negligees, 011 trop servilement et meme maladroitement calquees sur d'autres ouvrages an- terieurs; mais , comme les sources oil puiserent les redacteurs qui signent ces articles son excoUerites , la partie la moins neuve du Dictionnaire n'en est pas moins encore tres-recomman- dable. L'importance des mots que le hasord de I'ordre alpha- betique appelait dans la serie M , rend au resle ce volume si remarquable, qu'on pourrait bien lui passer quelques imper- fections. Les articles marninalogie , inammijeres , mersopiaux , marteeX migrations de M. Geoffroy-Saint-Hilairk fils, ina- rais,t)ier, metamorphoses, inatit'/e ei microscopiques de M. Boav DE Saint-Vincent, ( V. ci-apres, p. i58), methode deM. A. Ri- chard, marces c\iinarned(iM.. Constan t P KivosT , inagnetisme, meteores , meteorites et mines de M. Guillemin , enfin , mine^ ralogie de M. Delafosse, sont tous egalement curicux par le fonds et par la forme. La maniere dont les faits v sont, pour alnsi dire, cntr.-.ses ot presses, ne nuit jamais a la clarte, pi meme, quelquefois, a une cerlaine beaute de style. La plus i5« • LIVRES FRANflAlS. parr tic CCS articles iinportans soiit comnie les chaipenles ile j>^rands ouvrages qui pourraiem, avec iin pen plus de deve- loppeincns, mcriler qu'on Ics lirat a part pour les repandre le plus possible dans le inonde savant. L'importance de ces ar- ticles Iciir incritera siiccessivemcnt un examcn parliciiiier dans notre Reme. II nous sul'fit pour le moment dc les signaler. On reniatqno, dans la liste des coll.iboralcurs qui sc Irouve en iite du Bit tionnaire dont il est question, queiqnes noms dont on clierclie vainement une seuie foisriniiiale , dans le cours du nieillenr de ses volumes. MM. V. Audouin, Dumas et d'Au- debard de FOrussac, par exemp'.e, auraienl-ils cesse d'y tra- vailler? leurs nombreuses occupations appelleraient-elles ail- leurs la solliciliide de ces auteurs ? L'liistoire naturelle v perdrait sans doute queiqnes bons articles: mnis le zele du restc des redactenrs repond au public de la bonne redaction (le la fin de I'ouvrage , tnnt que les Brongniarl , les Bory, les Jussien, les Richard, les Constant Prevost , les Desliayes, les Delongchamps , les Delafosse , les GeolTroy-Saint-Hilaire et les Guillemin cohtinueront a y donner leurs soins. Y. 55 * De la matierr, par le colonel Bory-de-Saint-Vin- CEKT, de TAcadeinie des sciences, etc. Paris; 1826. Rey et Gravier, qnai des Auguslins , n" 55. In-8''. ( Voy. Rei'. Enc. , t. xxn , p. 5 un memoire du merae auleur siir le meme sujet. ) « On ne doit pas s'attendre, dit I'auteur , a nous voir traiter c/e I'l matiere sous le point (!e vtie metapliyslque , ni, commc on I'envisagea long-tems, dans un esprit de syslenie qui n'est pas celui de la veritable philosophie; nous I'examinerons en naturaliste. « En effet, M. Bory-de-Saint-Vincent ne s'aban- donne a aucune idee speculative. Soigneus de s'alfranchir du funeste esprit de sysleme, independant dans sa marclie ou il suit pas a pas la nature, il decompose les corps de la maniere la plus simple , il interroge I'eau (ju'il Irouve la source de toute vie et de toute organisation, parce qu'elle en contienl les causes el les principes en dissolution ; le microscope a la main, il suit d'un coup d'oeil exerce I'effet des decompositions et des recompositions , deraontre la necessite de generations spontanees, et comment ensuite la toufe-puissance creafrice dui arrivtr do complications en complications, jiar I'addilion d'or- gancs divers, aux elres qui nous paraissent jouer le role le plus important dans !a nature. Ce ne sont j)oint des hypotheses qui servent de base aux rcsultats obtenus par M. Bory de Sainl- Vincciit qui met ses lecteurs en etat de repetcr ses experiences par la manietc claire et parfaite dont il lesexiiosc. Dans nnsujet aussi abstraif, il est bien certains passages qu'on doit relire SCIENCES PHYSIQUES. i5y pour le comprendre parfaiuineiit ; niais, en gt'iu'-ial , r;uilas que nous le croyons sur parole. Selon ]i)i,de I'eau pIie,ricjue , ne tarde pas a degager nne maliere miiqiteitse , que penelrcnt bienlot des gaz sous la forme vesiculaire, nne troisieme combinaison azotique qu'il appelle maliere agissante^ une quatrieme colorante qui est la vegetative, enlin deux auires scries de molecules iiiertes iju'il qualifie de rrislalisahle ei de terreuse. « La cliimie, dit-ii, avail deja entrevu par ses pro- ])rietes la premiere de ces forme^ que noiis regardons comme primitives; t]uel(jues pliysiciens avaient distingue ia seconde , sans s'occuper des consequences qu'on pouvait tirer de son develoi)pemenr ; Buffon avait devine la troisieme ; Priestlev, decouvert la qnalrieme; Linne, Rome de Lille et Haiiy avaient inditjue ou saisi les Jois en vertu desqnelic se juxtaposenl les molecules de ia cinquieme; I'anliquite, enfin , avait suppose Texislence de la derniere. On en conclura probablement qjie rien ii'est nouveau dans notre ccrit. » M. Borv se trorajie; sun onviage est nouveau d'un bout a I'autre , soit par I'importance des faits qui s'y trouvcnt accumules, soit par les consequences qui en jaillissent. Si de tels travaux eussent precedt? les ecrits de cesphilosophes qui deraisonnerentdepuis troi* inille ans snr la maliere, nous aurions bien des volumes de moins; mais ia Nerite ne serait ])as ecrasee sous une multitude de jirejuges I'unestes. Le chapitre de la maticre agissante est des plus cu- rieux, et renverse bien des idees. Aussi M. Bory de Saint- Vincent qui avait, il y a quel(]iies annees, lance dans le monde un premier essai sur ie meme sujet (Voyez le memoire deja cite), a recu beaucoup d'objections qui I'ont determine a revoir n7i li-avail de vingl ans avec une nouvelle ardeur. II si- gnale lui-meme quelques erreurs ou il s'etait d'abord laisse entrainer, ct sa bonne foi a cct egard cnmmiinde la plus en- ticre cor.fiance sur lout Ic reste. Nul ne pent plus lui conlester i6o LIVRES FRANCAIS. le liti-e de premier niic?o^raphf de I'opoque : il est en inline tcnis un de nos prof'onds jiliilosoplies. Passant de I'riude de rhomirie -d celle des infiniment pelits, exaniitiant avec sagacite les deux extremes de la cliaine des eircs, il applique aux pro- gres de la raison liumaine des observations qui, pour la plu- part des naturalistes, sont de sinipics objels de cuiiositc. II lermine ainsi son im])Ortant travail : « Quelques])ersonnes au- raient desire que , pour ajouter a nos experiences un degre de certitude irrefragable, uous en eussious fait (]uel(]ues-unes dans le vide, et que nous eussions cbaque fois acquis preala- blement la conviction que I'eau dans laquelle se produisaient nos sixiformes primitives, ne contenait rigoureusement que de I'eau. Nous repondrons que nousn'avons pas entenduprou- ver, par ce (|ui vieut d'eire expose , qu'on put faire quoique ce soit de rien. Convaincus, comme nous le sommcs, c]ue la sagfsse admirable, ])ar qui furent etablles Ics lois organisa- trices de la creation, n'emplova pas le neant covame base de ses innombrables ojuvies, nous n'avons pas pretendu , plus que cette sagesse ineme, trouver le nennt fecond; nous avons souniis a nos rechcrcliesseulement des corps tres-simples, parce que nous avions la conscience (lu'au fond de leur simplicite inenie cxistaient d'inepuisables sources de merveilles , mais rien qui fut impossible. » G. S. H. 5G. — * Mistoire naturelle des races humaines dii nord-est de I' Europe , de I'Jsie boreale et orientale, etde I' Afrique nus- trale , d'api'es des recbercbes spcciales d'antiquites, de pliy- siologie , d'analomie et de zoologie; ajipllquee a la recherche des origines des anciens peuples, a la science etymologique , ala critique de I'histoire, etc., smvied'un mcTnoire lu,en iSaS, a \ Ac.ademie des inscriptions et belles-lettres de I'lnstitul; par A. Desmoulins, D. M., auteur de VAnatoniie du sysleine ner- irK.r. Paris, iS'iS. ]\Iequignon-M3rvis,rue du Jardinet, n° i3. In-8° de 892 pages , avec uu tableau generaldes races humai- nes ^ et 6 figures lithograpliiees ; prix , 7 fr. 5o c., el 9 fr. par la poste. Nous nous abstiendrons de parier d'une lettre inseree dans cet ouvrage, en forme de preface, parce qu'elle renferme des personnaliles qui auraient dii cire bannies d'un ouvrage con- sacre a des recherches scieutifiqucs. L'auteur debute par uur exj)osition et une division dusujet qu'il a traile; c'esl une analyse de son livre. En cojisiderant quelques coufoiniites assez remarquables entre les peuplades a j>cau jaune du nord de .'Asie, et les hordes de la meiiie cou- leur au sud de I'Afrifpie, plusieiirs ecrivains ont pense que ces SCIENCES PHYSIQUES. 16 1 jieuples devaieiit avoir unc origine coinmuiie; e! , siilvant Ics ressourcos oiilinaires de Tespiil de ^ystcnie, ils ont Iroiivc, dans I'iiistoire, les langues rt Ics usages de ces pen])les, les traces des emigrations successive.s d'uiie nieine race juscm'anx extremites les plus cloignees de I'ancien continent. II s'agissait done a la fois d'exaniiuer des questions purcment liistoriques, de discater la ])ossibilite de ces emigrations des penples, d'ap- jn-ecier leiir degre de probabilite, et de caracleriser avec plus de precision ces races que Ton vent coiifondre, deles etudier en nat'ualiste, avec toutes les luir.ieres de Tanatomie compa- rce. Telle est la tache qne M. Desmoullns s'est imposee. Son ouvrage est divise en deux livres: dans le premier, il deter- mine quels sont les peui)les cotinus des anciens sons Ics noms de Scythes , de Huns, de Tares , A' Jlains , etc. , d'apies les carac- teres physiques que leshistoriens lenr assignent : c'esl I'ensem- ble des notions que I'antitjuite et lemoyen age nous ont trans- mises snr ces j)euples. Le second livre , beaucoui) plus eicndu que le premier, est intitule: Histoire des especes lium:)ines du nord et de I'orient de i'Asie et de I'Afrique auslrale. Au lieu i\n Tcioi especes , on eut prefcre celui de races, qui est pins exact. Mais I'auteur Temjiloie commc une subdivision des es- peces disllnctes dont il reconnait I'existence ; ce qui pent eire contcste. Dans ce livre, loin d'interroger I'anliquite, ce sont les documens les plus recens qui sont les plus ir.striiclifs, et tout prouve que M. Desnioulins les a recueillis soigneusenicnt. Mais les observations d'liistoire naturelle ne sont pas les serdes dont il fasse usage: il rect)ei!le tout ce qui peut faire connaitre I'etat physique et moral des peui)les dont il parte, et s'attache a montrer Taction mutuelle que les diverses facultes de rhonime exercent les unes sur les autres, a mesuie qu'elles sont plus developpees. On lira avec interet le dernier chapitre intitule: Applications de quelqiies resultats de cet outrage a la science etymologique , h quelqnes regies de critique historique , etc. Ci- tons I'une de ces applications. « D'apres des principes qui passent pour certains en etymo- logie, on a reuni en une meme famille les langues des Indiens , "lesPersans, des A.fgans, desKourdes, des Medes, des Ossetes, des Armeniens, des Slaves, des Allemands, et de tons les jieu- ples de I'Europe latine: or, 1° les Afgans, les Medes, les Os- setes, les Slaves, les Allemands, les Uanois, les Normands et les Anglais, par leurs yeux hleus, leurs cheveux blonds on roux , leur teint seme de taclies de rousseur, etc., constituent cctte race indo-germanique , dont le type est ugalement inal- terable, par le cliniat de I'lslande et par les plaines oii coule T. XXXI. — Juillet 1826. 1 1 iSa LIVRES FRANC AIS. Ic Gauge. 2" les At'm(5nicnsel Ics Kourdes sont des peuples dn race caucasiciine, aiix yrnx ct aiix cheveux noirs, au visai;e ([u'on peut dire acadei)U(jue , pour la forme. 3° Les Pcrsans sont de celte race arabc ou seinitique a la lele plus potiie, anx yeiit plus grands que ceux de la race caucasienne, It" XJne par- lie des Espa^'iiols et des jjeiiples (|iii parlcnt anglais soul de celte race cellique, aiissi diffiiroiite de la race indo-gcrmani- quc, que Ics Kouiilier.s le sont des Tongour.es , etc. 5° Eiifln, Its Iiidoiis proprciuent diis, dont le Sanskrit est un des plus anciens dialcctcs , sont eyaleiuent dilfcicns des Caucasiens ct des .scniitiques; inais , coinine nous ii'a voiis pas parlc des races de rinde , nous n'insislvrons ])assm cc dernier point, u A la fin de oes recherclies i> M. Gaillon en donne trois esjieces, cclie de la biere, myco- derma ceivisiw^ celle . xv^ livraison. Paris, 1826; imprimeiie lithograjihique de R. Brcgeaut, rue Saint-Marc, n" 8. Prix de chaque livraison en noir, 25 fr. , colorice sur papier velin, 70 fr. L'anteur a cru devoir joindre a cette livraison sous le (ilfe A' Appendice un clioix d'articles extraits de differens journaux periodiques oil ce grand ouvrage a ete annonce, parmi lesqnels trois appartiennent a la Revue Encyclopedique (t. xviij , p. 383 et 5oi ; T. XXIV, p. Ai5.) et deux letlres relatives au meme sujet, dont nous nous bornons a citer la premiere sans ajouter aucune reflexion, -i Mif)islere de I'inlerieur. Le mitjistre de i.'iNTERihUR, «M f/oc?f«rANTOiMMARCHi. Paris , le 21 juin 1828. Monsieur, vous m'avez, invite a souscrire pour quelques exem- plaires de I'ouvrage que vous jniblifxsur 1' Anatomic liumaine. J'aurais vouln jiouvoir f af0'.:ragcr uno onlreprise , su\ laquelle 1^6 LIVRES FRANCAIS. la Faciilti; de inc-drcine de Paris m'a fait un rapport favo- ral)le ; mais la incdicit^ des fonds dozit je ptiis disposer, et le prix tics-cieve des excrnplairrs colorit's, c'est-a-dire de ceux qui peuvenl rendre le plus de service a I'art , iie me i)ermeltent pas de souscrire a cet ouvrngc. Je vnns ]irie. Monsieur, d'eii recevoir tons mes regrets. Le ininistie, secrolaiie d'etat dc rinlerieor, Corbikre. » B. G2. — * Tniiti- e[rinentnire dc tlingiio^tic , fir pronnstir, , d'ln- dlcnlions tlti'in/teitlirjues , on Cotirs de mvdcciite cUiiiqiie ; ])ar M. RosTAis , medecin, de rii«<,pice de la .Sid,)tlri»;re, ])rof'es- seur de inc. I( cine dinifjue, elf. Tome F"". Paris, 187(1 ; Bechet jeunc. In-8°; prix , 7 fr. Le second volume j)ai;iiUa \crs la fin d'aeut. Ce volume est divise en deux parties: dans la premiere, Taiiteur ex])Ose .qne ces organes sont sains, les fonclions sont sair.c£. Si les organes Eont alleres, leurs mouvcir.ens soi:t iriegulicrs; les fonctions son! dans un elal ])a!iioiigiqne. 3" ,Ne cioyanl ])as qu'il j)uisse exister de maladies satis sioge, I'auleur rejclte I'existence des fievies cssenlieiles. Z," Tons les organes penveul eue j)i iinili- vement malades, indi''peiid.miinei!t les nns des mitres. 5° Les fluides peiiveni eire ])iinii;ivenienl alteres, pi'-clier par exces, par dt-'i :ut et etre pervcrtis dans lenr composition. (>" II est impossible qu'il n'y ait qn'nne senle et meme maladie : Ics affec- tions anxf[uelles IVspece liumaine est exposee varient autant par lenr natnre que ]iar leur siege. 7°. Un certain degre de force est necessaire pour opcrcr la resolution des maladies. 8° Un nieme liaiteinent lie pent jias convenir dans toules les^ circonslances : il devranon-senlcment varier du jdiis an moins, mais el re quelquefois ojpose. Tels soni les princljies que de- >c'oppe I'autcur, et qui sont comme la base du syslenic (ju'il a adopte. M. Rostan expose ensuite qnelques iilees gencrales siir I'ob- servatioH en niedecine, snr I'ntilite de la metletine ciinicpic et des reclierclies cadaveiicjues, et lermiiie ceile jiremieie parlie par des considerations snr les indications iherapcnliqwes, tiiees des causes des malarjies, de lenr ratine, de lenr mai die , de Jcur duree, de I'etat des forces, des Ages, des constitutions, des sexes, des liabiludcs.' Dans la seconde partie, on la semciotique, I'auleur passe en revue les changemens morbides qui peuvent surveuir dans SCIENCES PHYSIQUES. 167 I'exercice des fonctions et les ap))arcncos dcs organes , et cJier- cbe a on jjrcciser !a \alcur. Celte parlie de I'ouvrage n'estpas susceptible d'analyse. Les quatre premieres propositions de pailiologie gcnerale parailront inconlestables a tons les medecins de recole irro- derne. II n'existe pas de facuiti' de faire de la bile sans le foie, ni de faculte de digerer sans Testomac ; les proprieles vilales ne sont done que I'effet de raciion dcs tissus \ivans. Lc5 alte- rations des fluides no soni point contestee*; seiileniciit , beau- coup de iiK^'decins prelendent que ces alieralions sont des c.iuscs de maladie ])ar leur action delelere sur les organes , plulot que des affections ayant leurs syinplomes propres. Au reste les allcrafioris de fluides sont encore peu connues et devront etre le siijet de reclierclics nombreuses, avant de fournir des re- sultats satisfaisans. Je ne sais sur quels faits M. Rostan s'appuic pour ranger 1 hysteric, I'epilcpsie, la catalepsie, qu'il appclle maladies generates , parmi les maladies des fluides. Les partisans de la nouvelie doctrine admettent au nioins doux causes procliaines de maladies, I'irritation et la f;iib!esse, el ils sont loin de vouloir nier, du moins la pliiparl, qu'il existc des affections a causes specifiques, virulente ou contagieuse; seulement, ils sonlionneni que ces mcmes affections , iiiie fois dcvelojipt^es, presentent les caracleres des pli'egmasies aigues ou chroniqiies et exigent le meme Irniietr.ent. Onl-ils Sort rcla- livcment a la variole , a la rougeoie ? Cos deux maladies ne sont-ell'.'S p;is dcpuis long-teros rangees dans la classe des in- flammriliop.s aigi;es de la ]>eau? On ne peut nier la contagion ct la virulence de la plupart des maux veneriens; inais, cst-il bien vrai qp.e ces maux a cause specifique exigent, plus que la variolectla rougeoie, un traitcmenlspi'cifi'iue? SiHI.le docteur Brelonnenii a ])u donnrr tons les symjitonies cr.nscci.tifs de la syphilis a dcs eiifans rpi'd Iraitait du crouji, jjar u:i Irailcinent mercuriel , ct meme a des cbiens q I'i) souniellait a des expe- riences , croit-on qu'une foule d'accidens, prctcndr.s sypliilili- ques, ne puissent pas etre attribucs souvcv.t a rintrocbiclion du merrure dans Tecononiie (i)? On pourra, en lisant cef ouvrage, se faire iin? idee des jiro- gres que la pathologic a faits dcpiiis dix ans. On jiotn la voir a quel degre de precision a etc jiorte , dans ces derniers tenis, (i) Ce fait tres-iinportant nons a ete cile par nn eleve da nicdfcin Je Tonrs, et doit se Ironver consigne dans un Traitc du Croup, da lueine .luleiir, qui paraiira iDcessamment. i6.S LIVRES FRANCA IS. le diagnoslic des maladies des organes de la lete , de la poi ■ trine et de rabdoinen ; combit-n d'assertions vagues , obscures , fausses et souvent ridicules sur la valeur des sym|)t6mes , ont etc rcmplacees par des coiinaissnnces positives, claires et d'une application facile an lit du inalade. L'ouvrage que nous annoncons manquait a la science , et persoiine n'etait plus a nieme (jue M. Rostan de donner un ex- cellent travail en ce genre. Cest nn manuel indispensable aux deves qui s'adonnent a I'etude de la medecine clinique. Nous, n'avons pas besoin de le reconimantler aux nonibreux eleves qui suivent les cours de I'auteur, et qui ont deja su en appre- cier le nierite , puisque c'est ici le resume des lecons de me- decine clinique failedepuis dix ans avec tant de succcs a I'hos- pice de la Salpetriere (i). Nous devons ncanmoins indiquer a I'alteiition du savant professeur un defant reel dans la redaction de son livre. Souvent il combat des assertions eniises par diffe- rens auteurs, et il ne cite iii leurs norns, ni lenrs ouvrages, et ne rapporte pas toujours testuellement leurs opinions. Ce- pendant, on serait curieux de connaitre qes memes opinions , de voir comment elles sont i)resentces , soutenues, developpees par leurs auteurs; ce qu'il est Ires-difficile et quebjuefois im- possible de faire par le defaut d'indications. Georget , u. M. 63. — * Histoire anatomique des inflanimaiions , par yl.-N. Gendrin, D. M. Tome \" . Paris, 1826 ; Gabon et compagnie; Bi^chet jeune. i vol. in-8° ; prix, 8 fr. Decrire les tissus enflammes dans tous les etals d'altcration qu'ils peuvent eprouver par la presence des phlegmasies; tel est I'objet principal de l'ouvrage de M. Gendrin. Pour par- venir a ce but, I'auteur, consideraiit successivenient les diffe- rens syslemes, a donne d'abord les caracteres anatomiques qui aj)partiennent a leur elat sain. En prcnaiit la connaissance de ces caracteres pour point de depart, il a indique les modi- fications que rinflaramation produit dans les tissus. Ces iiiodificatioris sont sujetles a des variations nombreuses tjue I'auteur a rapjiortees aux differentes especes de plilegmasies. (i) N'est-ce pas une chose tligne d'observation, qu'un conn de cli- nique, fait pendaut I'hiver, a une lieue du centre de la ville , sans au- noQce, par UQ luedecin qui n'est excite que par son zele, soil ccpendant saivi regulierement par plus de 3oo eleves, tandis que plusicnrs cours du ineme genre, richement payes , anaonces officielleinent deux fois I'annee, et fails dans le quartier meine haliite par les elev»-s , ne sont snivis que par i5 on 20 aiiditeursi" SCIENCES PHYSIQUES. ifi() Sans s'attadier a determiner les canses de ces differentfs cs- peces, il distingue les inflammations en aigues, chroniqties, pliage;ieniqties el gangreneuses, ct tient seulement conipte dcs desordres que prodnisent ,specialeniPr:t dans les lissus ces diffi-rentes phlegmasies. F3ansce premier volume, I'autenr a rcuni I'liistoire complete (les caracieres anatoniiques des inflammations dans les tissus, dans les membranes, dans les os. Le second volume, <|ui doit compliter I'liisloire anaiomiqne des lissns enflammes, contiendra nne liisloire des' phlegma- sies adliesives, I'anatomie pathologiipie dcs differens desordres que rinflammalion produit dans les tissus, et eiifin , nne com- paraison des caracteres analomi(|nes des desordre!> morbides produits dans les organes par d'aulres maladies que les phleg- masies, avec ceux qui appartiennent exchisivement a ces der- nieres affections. L'ouvrage de M. Gendrin est nn ouvrage de fails. C'est nne hisloire grajjhique des tii.sus enflammes. II n'a done pn enlrer dans le plan de rauteur (!e se livrer a aucnne discussion de doctrine on de theorie; il s'en est tenu a I'exposition rigon- reuse des faits eta leurs consequences immediales. G. 64. — * Manuel d'obstetrique , ou Precis de la science el de I'art des accouchemens; suivi de V exposition des principaies maladies des feinines et des enfans nouveau-nes et conlenant nn precis de la saignee et de la vaccination ; par yJrit. Duges, professeur a la Faculte de medecine de Monipellicr. Paris, 1826. Gabon. In-i8 de45op.,avec 44 fig'Teslithographiees; prix, 6 fr. , et 7 fr. par la poste. Ce mauuel est superieur a tons ceux qui ont deja ]>aru sur le meme sujet; il est divise en cinq parties : dans la 1^^, Tau- teur decrit de la maniere la plus succincle et la plus exacte tout ce qui concerne I'anatomie des parties qui servent a la genera- tion. Dans la 2^, on apprend les fonctions de ces parties et lontce qui a rapjiortala conception eta la grossessc. La 3^ par- tie est consacree a faire connniire les soins relatifs a la nubilite, a la conception, a la grossesse , au travail pendant et apres I'accouchement. Dans la 4'" partic, on trace rapidement This- toire de toutes les maladies, dites chirurgicales, (]ui peuvent se developper dans les organes geniiaux ou leurs annexes, ])endant la nubilite, la conception, la grossesse, I'accouchc- inent et ses suites, et on indique les moyeus les plus propres pour les coiubattre ; c'est dans cetle partie qu'on a place Ic precis sur la saignee et la vacrinatiou. La 5' et derniere parlie est consacree aux maladies de la fpinme ct de I'enfant nouvcan- ^To LIVRES FRANCzVIS. TtL Cet ouvrage, nuqncl on a ajoule 24 planches litliographiecs representant 44 figure* diffi'rentes, est reniarquable par sa precision ot sa clarte, ct ne peut nianqucr d'avoir iin siuccs durable. j)_ 65. — Cllnique mrdicnln dc. I'Hoi.ol-Dicu de Rouen; par M. Hellis. Paris , 1826; Gabon. In-8° ; prix ,4 fr. 5o c. M. Hellis, persuade que I'obscrvalion peule peut conduire a des resultafs posilifs en medecine pratique, a rcniarque, comme il le dil ( introd. p. 33 ), que nous sommes arrives a une ^pocjue oil tonl en nu'decine scmble devoir elre reinis en (|ues- tion; oiilc lems et les noms ne nous paraissenl plus des auto- rites sulfisanles; il iinporle done, plus que jamais, de recourir A I'observation pour consacrer ce qu'il y a d'exact dans les travaux de nos devanciers , et pour savoir ks concessions que i'on doit fjire anx doctrines inodernes. D'apies ces principes, I'auleiir a pense qu'il devait se mon- trer aussi avare de reflexions que liberal de fails. Dans un avant-propos frcs-court, il a donne un apercn topograj)liique de la ville oil il a pralique. La periode de terns parcourue par M. Hellis s'etend depuis J'automnc de i8a3 ju'^qn'a ia fin de I'automne de 1824; voici la marclie qu'il a suivie avcc regnlarlte , dans tout le cours de son ouvrage, H a d'abord trace un apcrcu rapide de la coijsti- lulion de I'automne de 1823, el i! a cile une observalion a I'appui des generaliles qu'il avait enoncees sur les maladies qui regnercnf a Rouen danscclte saison. II passe ensuite a I'liiver de 1824, il parrourt successivcmen! les niois dc Janvier, ft'^vrier et mars, el cite les observations qui ont fixyla constitution de cetle periode de I'annee. Bes reflexions gcnciales sur celte sai- son suivent les faits parficuliers qu'il a enonces ; de nonvelles observations vicnncnt confirmer la justesse de ces reflexions: il suit la ineme marclie pour le prinlems, pour I'etc et I'au- tomne de 1824 , jusqu'a la fin dc deccnibre. II joint a celte derniere jieriode des reflexions j)ratiques judicicuses sur la variole. L'ouvrage est lermine ])ar dc,> tableaux fort exacts cl fort clairs qui presentent le resume general de la pratique de rHotel-JJieu de Rouen : les entrees de malades , les diverses especcs de maladies, et leurs diflVrcnles issues. M. Hellis a elierche a mettre dans ses observations une grande precision; et , comtne il ecrit spccialemcnt pour des mcdccins, il a concentre, pour ainsi dire, dans ses rccitsl'cs- scnce des maladies qu'il decrivait. En nous resumant, nous regardous ccl ouvrage comme celui d'un jeune praticien exact el consciencieux. Nous pensons SCIENCES PHYSIQUES. J 71 qu'il {leiit etre infinimenl utile a tous ceux qui preferent la verile a des llicories brillantcs ct. souvent lioiripeiises. Ce tra- vail jirouve que M. Hellis ivossetle tin grand fonds de inedccinc praiii|ue, et nous avo:is cm rcmai'(|ucr qu'il est assez dou^ de jugPinent et de ]iliiloso[>hie pour aimer iriieiix etre un pra- tieieii utile qu'uu meileciii celebre. Jijlia-Fontenelle. (i6. — * Llemens d'arilhmctifjiic coinplenteiiUiire , ou me- tliode nouvelie par l.u|uclle, a I'aide des complcmens arilh- mr-lijiies, on execute toutes les operations de calodls; par M. Berthevin. Noin'elleedilinn. Paris, 1826. Imprinierie royaie; Baelielier. Ifi-8° de il\0 pages; piix , 5 fr. Le plus utile cl ie jilus ingenieus des precedes d'arillimdtique consiste dans I'eniplui des logarilljines, r.oiiibres qo'on subs- tiliic a ceiix (|ui sont ])roposes, et a I'aide dcsqiiels le-> calculs devienneiit d'line extreme sinijilicile. Mais I'art de reinpiacer ainsi des nouibies ])ar d'autres ])our donner lieu a des 0[)('Ta- lions faciles, est su^ceplib'e d'une inidiilude d'atiplicaiions. Qoeltpies cssais ])lus ou inoins iriooin|)lels avaieiit dej.'i ete tenies en ee genre, lorscpie M. Berthevin s'cst livie a ces re- eliereb.es; I'oiiviage (]u'il piiblie aujoiird'liui est lefiuit de ses mediinlions. On verra , diais cct interessant ecrit, comnient sans le seconrs de tables, des calculs penibles, se transforinent en d'autres qui n'exigent plus que qiielqnes nihliiiniis et sous- 'raclicins. II lant av;)ijer cepenilaiit fpie I'auleur, ])nur niieux monlrer combien ses procedes sont expediiifs, a soin de choisir SOS exem[)les, de nianiere a tornber tlans les eas qni lenr sont favorables : car , pour un autre dioix dc nombres, il se pouriait que la noiivellc nielluHle n'fut pns les avaiitagcs qu'on hii trouve. Cc n'est pas qu'elle ne soil tres-gei'.cr?.le , et ])ar con- sequent applicable a tous les cas : mais les simplifications perdent souvent lour njcrite, et Ton n'obtient plus une anssi rapide execution. L'autcur fail alors prendre au j)roccde di- verses formes qui se preient niieux an but qu'il a en vue dans ces cas rebclles ct fort nondjreux. Sa metliode est d'une grandc fecondile ; mais cette focondile mcinc pourra bien etre un obstacle a son adoption, i)arce qu'il est souvent einbar- rassar.t de choisir celle des formes qui convient au calcul (|u'on veut faire. Quoi rpj'il en soil, I'ouviage de M. Berllievin est digue d'etre etudie, non-seulcment par les eleves , mais aussi par les maitres; les uns et les autres y trotiveront des conibi- naisons adroites ([ui donnerorit a I'esprit calculateur plus d'in- vention et de ressources. La partic des fractions deoimales pcriodiques est surlout fort bifn trailce, et prosente diverses idees neuves, particulierement aux pages 127, i44 et aaS. 172 LIVRES FRANCAIS. L'auteur peut se glorifier d'avoir perfectionne ce genre de reclierches , iiieine ajires les travaux des BernouilU , d'Alcm- bert et Gauss sui' le m6iuc sujel. Francokcr. 67. — * Manuel de physique , on ek'tnens ahrcges de cetle. science, mis a la portee des gens du tiionde et des etudians , conienant I'cxpose coinplet et inelhodique des ])ropi'ietes ge- nerales des corps solides, liquides el aeriformes , ainsi ([iie des phenoinenes du son , siiivi de la iiouvelle theorie de la iuinicic dans le syste'itje des ondulations et de celle de Teleclricite et dti niagnelisiiie reunis; par M. Baii.ly. Troisieme edi.'ion. Paris, 1826; Roret. t vol. in-18 de 270 pages et 3 plantlies; prix , 2 fr. 5o c. 68. — * Manuel de perspective , du dessinateur el du peinlre, contenant ies elemens de geoinetrie indispensablcs au traci' dc- la perspeclivc lineaire et aerieiine, et a I'otude du dessiii et do la peinttire, specialement appiiqueeau paysage;par A. D. Ver- GNAUD, capitaine d'artillerie, etc. Deuxicme edition , corrigee el augmentee. Paris, 1826 ; le uieme. In-18 de 260 pages et 8 planches; Jirix, 3 fr. 69. — * Manuel du pecheur francais , ou traite general de toutes sortc*; de peches, contenant I'histoire naturelle des jiois- sonSj la maiiiercdc pecher cliaqiie espece en particiilier , I'art de fabriquer les filets, un traite sur les etangs, uii precis des lois , ordoniiances et regieniens sur la peche, un modele des proces-verbaux qui doivent etre dresses par les gardes- pe- che, etc., ])ar M. Pesson-Maison-Neuve. Paris, 1826; le meme. In-18 de 248 pages, avec une planche; prix, 3 fr. 70. — * Manuel du sornmelier , ou instruction pratique sur la maniere de soigner les vins , contenant la theorie de la de- gustation, de la clarification, tlu collage et de la fermenialion secondaire des viiis, les moyens cleprevenirleur alteration ,elc.; suivi du Tarif des droits de inouvement d' entree, d'octroi , de vente en detail, etc.; par M. Jullien , marchand de vins en gros,auteur de la Topographie de tous les vignobles connus; in- venteur Aes poudres pour clarifier le vin, des cannelles aerijeres, et de jilusieurs autres instruniens. Quatrieme edition , cor- rigee et augmeulee d'un chapitre sur la litharge. Paris , 1826 ; l'auteur, rue Neuve-des-Pelits-Champs, n° 91 ; Mme Huzard, rue de I'Eperon. In-12 de 34o pages, avec trois planches; prix , 4 fi . , ct 5 fr. ])ar la ))oste. Les deux premiers et le dernier de ces quatre ouvrages doivent etre consideres coranie ayant subi I'epreiive du terns pl de I'u^nge ; ils se niaintiendront a la place c[u'i!s occupent , jusqu'a ci; que des coucnrreiis munis de plus de litres aiont SCIENCES PHYSIQUES. 173 pu monlrcr uiie snporioriie reelle : la liceesi toujouis ouverte, et les juf^es allenlifs, edairrs, incoriDptibles , ne nian(]uei'ont point. On ne persuarlera pas a un inanufactuiior (ju'nn om- vrage sur son art est bon, si la lecture n'eii est point instruc- tive, si la description des precedes est inexacte, si Ton y remarque des omissions essentielles. Coinme un manuel est fait pour ceux qui travaillenl , a mesure qu'un art s'cnrichit , il faut que le manuel stiive I'ordre de ses acquisilions; le mon- vement irnprime a I'industrie sera ressenii par tons les ecrils publics jiour provoquer et entretenir ce mouvement , ou qui en out suivi le cours , et I'art de faire des manuels se perfec- tioniiera coinrae tons les autres. II faudra done de nouvelles editions ; et , plus il en paraitra , plus le public aura lieu d'etre satisfait; rnais, a cote, et en concurrence de ces anciens 011- vrages rajounis et anieliores, il faut aussi que Ton voie paraiire des compositions nouvelles, ou la vigueur de la jeunesse se manifesle par la plenitude du savoir, le pressentiment des de- couvevtes, une sage hardiesse de pensees qui caracterise I'es- prit de recherches. Quand nous en serons venus la , les ouvrages sui- les sciences el les arts, y compris les manuels , seront juges avecpliis deseverile; on aura le droit d'etre exigeant, et Ton ne manqucra pas d'en user. Nous sommes done encore dans le terns d'indulgence : le Manuel du perkeur francais ne sera pas traitc avec rigueur , d'autaiit plus que I'aiiteurapris soin d'eviter les reproches que pourraii faire une critique snperficielle , et qu'ii faut de I'at- tentloii pour apercevoir (juelques legeres inexactitudes dans son ouvragp. II y en a sans doule : on voudtait, par exemi)le, qu'i! cut dit vin mol des fanieuses carjjcs du Rhin, natives, pour la plupart , de I'eiang de Lindres , et qui obtiennent assez fa- cilement leur naturalisation dans ce fleuve. On desirerait aussi qu'II cut, fail mention de I'espece de carpe imporlee en France vers le uiilieu du siecle dernier, et dont I'accroissemcnt est, dit-on, encore plus rapide cjue celui de I'espece commune. On regret te aussi qu'il n'aii pas distingue les deux especes de truites qui different I'une de I'autre par la taille , la couleur et la qua- lite de la chair, et ])ar les eaux ou elles vivent. II n"a pas in- dique non plus tonles les sortes de pcches , meme celles d'eaux douces auxqnelles il sest borne. Or. clicrcliera vainement, dans ce manuel, la meilleure construction des deversoirs des etangs, etc. Ainsi, on se plaindra plutot de ne pas trouver dans eel ouvrage tout ce que Ton y chcrcliera que de la inaniere dont I'auleur a Iraite les sujels qu'il y a fait enlrer. Une nou- velle edition pourra remplir les lacunas que Ton y remarque , 174 LIVRES FRANCAIS. et en taire un ouvraj,e lioii-seulement agrcie!ice et tl'iin talent dont il parait que la nature n'est pas prodigue. Les Chinois qui ont fait taut de progres dans presqiie tous les arls, ne meritent aucune mention honorable i)our leurs liqtienrs fermenlt'es ; les Anglais, ccs fabricans univers(.-is, ont etabli de grandes manufactures dc vins. C'est la Cjue Ton trnuverait un commencement d'instruction ; mais on ne s'en licndrait point a cette ebauche : I'art ne pourrait eire iierfectionnc , acheve qu'en France. Mais, qu'on u'esjiere jjoint qu'il s'eleve jamais bien haut, s'il n'est Tiratiquii f[ue par les marchands de vins. Slalgre ces observations critiques, les additions que M. Jullien a failes a son ouvrage le rendent de plus en plus utile; et, si Ton s'occupe si'rieusement de la composition des vins artificiels, on n'aura lien de mieux a faire (iue de recourir a ses lumieres. 71. — * Moyen de rendre les croixees absoltirnent impene- trable s a I'eau pluviale ; par Saint-Amand, archilei'te , mem- bre de la Socicte d'encouragenient , demsuraflt au Thuit-Si- gnol , pres d'Elboeuf ( I'^ure ). Paris, 1826; Carilian-Coeury, quai des Augustins, n° 4 i , etrauleur, au Thuit Signol. In-8" de 8 pages , avec une planche gravee ; ])rix , 2 fr. M. Saint-Amand a pris un brevet d'invontion pour son pro- cede qui pent eire applique a toutes les croisees , pourvu <[ue le bois n'en soil jias entiereraent pourri. Nous devons done nous abstenir d'cn donner une desci iption ; d'ailleurs , il serait fort difficile de le faire comprendre, sans le secours du dessin. Les proprietaires sentiront assea combien I'invention de SCIENCES PHYSIQUES. 17^ M. Saint- A.nianliie. Paris, 182C; Rilian el Picquet. In-8" (ie 5o2 pages ; prix , 7 U\ PeiU-eire ce litre n'iiuiique-t-il pas suflisammeiit que c'est un livie elcnientairc que M. Cortambert preseiile au public. Ainsi (jiie dans d'auires abref;es , on commence, danscelui-ci, par des notions de ^coj^raphie malliematique el physiiiue ; en- suile on passe a la gcoj^raphie des diverses parties du momle. L'auteur n'admel que trois races princij)ales de rcspccelm- haine,la bltinclw on caucasique , Ihtjaune ou r/wrigolique , ct la negre ; il pcnse que le teint cuivre des indigenes de rAaieritjue n'est pas un caractere suffisant pour en faire une race [.arlicu- liere ; tnutefois, ii convient (ju'ils ne peuvent non jdus ctre rattachcs clairement a\x% races mongolique et caurasique. Dans la description des diverses conlrees du globe, l'auteur fait con nail re , dans des cliapitres ou paragraphes separes, les limites, Taspecl general, les divisions, ies montagnes, lesflcuves, les lacs, les golles, les caps, etc. decljaqiie [)ays; puis,il fail I'eiiu- meration des principals villes, indique la nature du gouver- nement et du culte , et tennine par uue notice hislorique. — La multitude de ces utiles indications ne laisse pas a l'auteur beaucoup de place pour faire connaitre ce que les villes len- fermenl de reniarquable ; aussi les articles qui les concernent sont tres-courls. Au sujet de la ville de Londres, Tauteur dit simplenient qii'elle esl la capitalede la Grande -Bretagne et la plus grande ville de l'Euro])e, qu'clle est situce sur la Tamise, et qu'elle renferrae i,o5o,ooo ames. C'esl une question de savoir si, dans une geographic elenicnlnire , il convienl de s'e- lendre davantage sur les particularites du sol , ou de decrire plus en detail les villes. Comme l'auteur de cet article a cm devoir suivre la derniere de ces methodes, dans un ouviage • li'raentaire sur la geographic, il ne lui appariient pas de de- rider la queslion. II serait sans doute a desirer (jue Ton pAt egalement bien faire connaiire tout ce qui rend un pays re- niarquable ; mais, daFis des bornes aussi etroiles, l'auteur est loujours gene j)ar le pen d'espace (|ui lui reste. L'ouvjage de M. Cortambert, redige d'une nianiere claire et meiliodique, seia tres-ulile pour I'enseignement de la geo- graphic. On pourrait faire des observations sur quelques de- tails : mais il faut avoir travaille a de parcils ouvrages pour SCIENCES PHYSIQUES.— SCIENCES MORALES. 177 savoir combien il est difficile de verifier tous les renseigne- iiicns fournis paries voyagcurs et les topogrnplies. D — o. 74. — * Alias geographique ct stnlistique da dcpartemens de la France ; (Carles des depai leinens de la Sartlie et de la Hattte- Marne. Varis, 1826 ; Baudouln. Prix de cliaque carte eiilu- niiiiee , i fr. 80 c. prise scparemcnt, et 1 fr. 25 c. pour les souscripteurs a I'Atlas enlier (Voy. Jlev. Enc, t. sxv, p. 1^57 "). Cede grande et importante entreprise, dont I'utiliie ne sanrait elre conleslte , malgie les iin])erfcclions de details qu'uiie criticjue severe peut y signaler, e.-^t coiitiniiee avcc iin zele et une perseverance dignes d'cloges : elle imrite les en- couragemens des amis de la gcograpliie , el de tons ceux qui voient avec plaisir se multiplier ics moyens de rendre pltispo- pulaires les notions geographiqiies et siatistiques, et surtout de mieux fairc connaitre la France a la classe nombreuse des bommes les plus capables d'augmcnter, par leurs travaux en tout genre, ses mojens de prosperite. J. Sciences religieuses , morales , politiques et kistoriques. 75. — * Memoirs en faveur de la Uberte des cultes , par Auguste PoRTALis, a^'ocai a la Cour royale de Paris; avec cetle dpigraphe, Posteri, posteri, vestra res agitur. Paris, 1826 ; iiu- primcrie de Guyot. ln-8° as un simple et froid me- morial , une compilation indigesie; c'ect une analyse raisonnee des evenemens les plus remarqiiables de la periode qu'elle em- brasse, soil dans la politique , soil dans les sciences et la lille- ratnre. On y retrouve les debats legislatifs et judiciaires, les decouvertes les plus importantes , la revue des produils de I'industrie, des ouv rages scientifiques et litteraires, les travaux des corps savaiis , etc. Les principaux chapitres sont ouveris par des introductions qui annoncent la justesse du coup-d'oeil et le discernement dans le choix des generalites ou des idees sommaires Nous avons surtout distingue, dans le premier vo- lume , le preliminaire historique relalif a la situation politique de la France, par M. L. F. ; u.ne dissertation sur la marque ou la fletrissure, par M. Pierre Grand ; et , dans le second volume , uj6 LIVRES FRANCAIS. I'introdurtion .'i I'ctat actucl dcs sciences, par M. JibertMov- TEMONT ; un monioire siir le commerce et son t'lat actucl en France, par M. Mokeau ue Jonnes ( Voy. ei-dcssiis p. 27 ). Ij'yJ/i/ice francaise est Icrminee par un clioix de poesies inedites et p.ir un chapitrc de melanges anccdotiques.. A, M. Z. 91. — * Metnoires stir la guerre de 1809, en Allemagne , avec les operations particulieres des corps d'ltalie, de Polognc, de Saxe, de Naples et de Walcheren ;par le general PEi,ET,etc. Tomes III et IV. Paris, 1 8^5 el 189,6; Rorel , rue llaulcfeuille. In-S" de 496-502 pages ; ])rix, 7 fr. Comme nous aiirons a revenir sur ce precieux monument liislorique eleve par M. le general Pelet, nous nous hornerons, quant a present, a une seule citation , prise dans le 'tome IV. L'auteur lermine ainsi !e recit du giorieux combat du general Broussier contre le ban de Croalie, Ignace Giulay, comman- dant-general des troupes deTAutriclie dans les parties mt'- ridionales de cet empire : « Nos biaves prirent a rennemi /|5o hommes; 1200 de ses morls furent comptes sur le champ de bataille. Le S/i""" perdit 260 hommes. Quel coeur francais peut rester froid au recit de ces hauts fails! Napoleon donna au 84"'^ la plus belle des recompenses ; il fit inscrire sur les drapeaux et sur I'aigle : Un contre dix. Qu'eles-vous devenus , regiment, inscription, nun)ero ? Le 84""^, comme le 32""^, le 57™', le 43™"... avaient ainsi recu la tache de vaincre toujours, et ils la remi)lireiit dans toutes les campagHes : la France devait- olle etrc desheritee de tant de gloires , pour leur voir succcder d'insignifians noms de legions! » F. 92". — * Tableau de la Grecc en 1825 . on Recit des voyages de M. J. Emerson et du comtePECcHio ; traduit de I'anglais par Jean Cohen. Paris, 1826 ; Alexis Eymery. Ir-8° de 464 pages ; prix , 6 fr. M. Emerson arriva en Grece, le 23 mars 1825, et en re- partit, le 2 aoiit de la meme annee ; son sejour fiU done seu- leinent de quatre mois : terns bien court jjour juger un pays et ses habitans. Envoye par le Couiite anglais, dans le but , jc crois , de surveiller la remise et I'emjjloi des fonds resultans de I'emprunt, le voyageur anglais seuible avoir concu d'a- vance des preventions pen favorables aux Grecs. La froideur glaciale de ses jugemens et de ses impressions lient evldem- nient a une preoccupation de vanite nationale. M. F^merson n'est occupe en Grece que de la snprematie de TAngleterre : les intrigues qui tendent a livrer les deslinees des Hellenes a la fucrcidesministres de la Grandc-Brctagne liai paraissentdigncs SCIENCES MORALES. 197 d'eloges. II ne volt iVcspoir pour la Grece que dans une depen- dance presque absolue de cette puissance. II cberche la civili- sation dans un pays, ou les vertus et les vices sortent de nos etroiles limites, et semontrent gigantesques ; oii le plus rare, comme le ])lus admirable heroisnie est mis chaqne jour en pra- tique par des liommes qui n'en connaissent pas la iheorie , ni merac le nom. La, on ne parle pas de la patrie; mais on meurt pour elle : on n'afiichc pas le fanntisme ; mais on consent a de- venlr martyr, philot que de traliir sa foi : la, tout ce qui est noble el grand, est resle simple; et accoulumes an charlata- nisme de nos vertus de parade, nous ne comprcnons pas ce nouvel ordre de clioses, et nous le jugeons avec nos prejiigcs. Ainsi, avant de dire avec details que partout il a ete accueilii de la maniere !a plus cordlaleet la plus affectueuse, M. Emer- son assure que c'esl a lort que Ton vante I'liospitalite des Grecs. La menie contradiction , cntre ses reflexions et les fails qu'il cite, se retrouve dans viugt cndroits. On se lieurtea cliaque instant contre I'opinlon qu'il s'etait formee d'avance, el qui est raide et immuable ; car il raconte lout ce qui peut demenlir ses idces , sans se doparlir d'une seule. II faut au moins lui sa- volr gre de son jjcu dc logique, qui permet aux lecteurs de s'eclairer, et de rectifier d'eux-memes les erreurs (|u'il vou- drait leur faire partager. En parcourant tous les ouvrages ecrils sur la Grece, depuis sa regeneration, par ceux qui font visitce, on esl douloureuscjuent frappe du pcu de jusfice et d'impartialile qu'on y rencontre. Le sentiment dc sa propre supcriorite , un superbe dedain pour tons ceux qui ne lui res- semblent pas, ou qui ne suivent pas ?es conseils, dominent Irop souvent dans rauteur.ct rendent son esprit peu acces- sible a la verile. Lorsqu'il n"y avail en Grece que des anliquites mortes a ex])lorer , c'etait relile des nations qui s'y rendait , et des ouvrages pleins de raison , de science et de sagesse ctaieut les fruits de ces voyages. Maintenant que ce sont des liommes qu'il s'agit de voir et de secourir , on ne nous dorine que des relations de querelles parliculiercs, de^ commentaires dicles parde pelits interels, et dcdegouianles intrigues. Esperonsquc ccla clinngcra, el (jue ceux qui agissent aujourd'hui plus ulile- meni]»our la Grece , nous la peiiulronl un jour sous ses veri- tables couieurs. Outre les erreurs de jugcnicnt, I'ouvrage de M. Emerson CM coiitient pliisieuis aulres assez graves sur les fails, el qui ont ete relevees ])ar le comte Alerino Palma , dans sa justifica- tion dc la Greco, ])ijbliee dernieremenl a Londres sous le litre dc <; Greece vindicated. >' { Vnyez i?cc. Eric. , t. x^x , p. 1 ly]. 198 LIVRES FRAiXCA-lS. Entre aulics choses, M. Emerson accuse ])Ositiveineiil le gou- vernemeiit grec d'avoir fait perir .secretement Odyssee remeitaient lenr cause. » On .1 joint, a la suite du journal de M. Emerson, une lr;i- duction du voyage en Grece du coinle Pecchio. C'est un ta- bleau pittoresqup, anime et fidele decette belle contree et dc ses habitans. On y veil figurer tour a tour presrpie lous les hcros grecs, et d'une manierc digriede leurs exploits et de leurs noms. Tout le rocit a un grand caractere de veritc ; et c'est sans contredil ce que j'ai lu de jilus interessant panni les ou- vrages qui ont peintia Grece en iSaS. L. Sw — B. ^3. — * Lettres sur la Grece, notes et chants populaires , extraits du porlejeuille du colonel Voutier. Paris, 1826; Firmin Dldot. In-S" de xxx et 224 pages ; prix , 5 fr., au profit des Grecs. Tous ceux (jui s'intriessent a la dcstinee d'une nation aussi malheurcuse nu'elle est etonnante p;ir son courage, ont re - marque, parmi les nonibreux ecrits dont elle a ele I'Dbjet, les memoires publics en i823 yat le colonel Voutier. L'un de nos plus celebies collaborateuis , M. de Sisniondi, a conipris ccs memoires dans la Revue des principaux ouvragessur la Grece, dont il a enrichi notre recueil ( Voy. Rev. Ear.., f. xxvi , p. 38i ot 7o3 , et t. xx^ii, p. 6x). En faisant i'eloge du zele de I'au- teur pour tine noble cause , en cilant son ouvragc comme plein d'interet et d'agrcment, M. de Sisrnondi n'a point dissiinule les doutes qui s'cleverent sur rexacfitiide des notions que ren- t'erroe ce livre, doutes que semblaient confirmer les critiqi:es de M. Maxime R^ybaud , eniule du colonel Voutier, comme guerrier philhellene, et comine hislorieii des Grecs. Notre col- laboratciir n'a pi)int cru les fails assez ^claircis pour prononcer sur les reproches adresses a M. Voutier. Le recueil dont nous annoncons la publication a pour ibut dc jirouver la vcracite de I'auleur dans son premier recit , et de doniier de nouveaiix SCIENCES MORALES. 199 details sur les evenemens de 1824, pendant son second sejour en Grece. Les services signales que I'auteur a rendus aux Grecs sont attestes par les pieces imprimces a la suite de ses leitres : la j)liipart de celles-ci sont adressees a nne aimable pliilhellene, jjme R »»*, En laisant courir sa plume sans pretention, M. Vouiier raconte les faits importans dont il a ete le temoin. Les traits qui caracteriscnt le mieux rheroisme des Grecs et la barbarie de leurs adversaires , I'orgueil et la durele de quel- ques puissances chreliennes, presque aussi redoutables aux Grecs que leurs feroces enneinis , sont d'autant plus frappans qu'iis sont narros avec sim])licile. L'auteur ne dissiraule point les defaiits des Grecs, I'insouciance, une confiance quelquefois aveiigle, leurs divisions, I'aviditf- de quelques chefs. Mais le dcvouement, le courage, les malhenrs des Hellenes etlasaintele de leur cause font tout oublier. On Irouve dans ces letlres des details curieux sur lord Byron et le colonel Stanhope. On ap- prend avec peine que , inalgre leur zcie pour la cause des Gi ecs, la prodigalite du premier et les preventions du second ont beau- coup nui a cette cause. C'est lics-probablement aux lenteurs qu'eprouverent les versemen.s de I'emprunt grec, lenteurs oc- casionnees par les obstacles qu'opposait le colonel Slanhope, qu'il faut attribuer les desastres de 1824, la perte d'ljjsara et de Cassos, et les suites faclieuses de ces premiers malheurs. La lecture de ce recueil offre nn interet trcs-vif. L'epigMphe choisie par I'aulenr est liree des conversations de lord B>Ton : « Je ferais monnayer mon cceur pour secourir la malheureuse Grece. » A. de V. 94. — Missolonghi n'est plus ! Appel aux amis des Grecs ; par Camille Paganel. Paris, 1826; A. Desaugcs, rue Jacob, n" 5. In-32 de 4o pages; prix , 26 c. au profit des Grecs. CV'tait bien a l'auteur du Tombeau de Marcos Botzaris (Voy. Rev. Enc, t. sxix , p. 24O T^'i' "PP^''^^''^''^*' '■^^•"^'' *^^''*^'^" veau I'indignation el la pilie de I'Enrope , a la vue de I'affreuse destinee de Missolonghi. Dans cet appel aux Philhellenes, M. C. Paganelleur offrea la foisun plaidoyer, fort de raison, enfaveur de la cause (lu'iU ont cnibrassee, et des tableaux ou il ])eint tour a tour I'admirable h^roisme des Grecs , I'horrible barbarie des Musiilmans, et la cruelle indifference des gouvernemens de la chreliente. Ils'atfache ensuilea ranimer leurs esperances par des considerations qui reposent sur des calculs politiques dont la certitude est rigoureuse. « L'cmpire tnrc, dil-il, porte en lui un germe de inort. II est frappe au coeur. Sa place elait naar- quee en Asie ; il s'est jete sur I'Euiope : I'Europe lui a ete fatale. 200 LIVRES FRANCA.I,S. 11 se Jcballra quelque terns encore , pour aller s'eteindre dans son repaire primitif : ses derniers inomens sont I'agonie d'linc bete feroce. » Enfin, il les exliorle partout avecchaleur a per- severer dans leur genereux devoueraeiit. O. g5. — * Biogruphie universclle et portative dcs contempo- rains , on Dictionnaire historiqtie des liomraes celebres do tou- tes les nations , morts et vivans, par uiie Societe de publicistes, de Ic'gislateurs , d'hommcs de lettres, d'artistes, de mililaires et d'anciens inagislrats; en un seul volume in-8° , orne de 35o portraits, i"^^, a" et 3^ livraisons. Paris, 1826; au bureau de la Biograpliie, rue St-Andre-des-Arfs , n° 65 , pres le passage du Commerce; prix du cahier, 1 iv. 5o c. L'ouvrage entier sur papier velin satme se composera de 24 livraisons qui paraitront de 1 5 en 1 5 jours. Si nous etions appeles a dire notre avis en general sur ces biographies des contemporains dont la librairie est comme inondee, nous essayerions de fletrir cc genre de composition. Nous signalames des i8i5 la premiere biographic des horames vivans comme un dictionnaire 60/2 iiconsuLter par des proscrip- teurs. II n'est pcut-ttre jamais entre didce plus immorale dans une t^le humaine , que celle de tracer, par ordre ulphabetique, I'histoire des hommes vivans. Le Moni'eur n'existait- il pas pour mettre en coiitradiclion avec elles-mcines la plupart des personnes qui ont eu le nialheur d'accjuerir une celebrite quel- conque , et parmi lesquelles un si petit nombre neredoutepas les investigations? L'abus de lels livres a ete porte au dernier exces; on a vu des ecrivains s'eriger en tribunal pour juger leursiecle, et faisant une operation de commerce del'espece de raagistrature qu'ils s'claient arrogee , abandonner a d'obscurs plumitifs le soin de pronoiicer les sentences que semblaient valider des noms environnes d'une certaine celebrite; les au- teurs se prodiguaienl les uns aux autres d'autant plus d'encens qu'ils se le reservaientexclusivement. L'histoirc qui consacrera quelques-unes de ses pages a divers auteurs de Biographies qu'on ne doit cependant pas confondre avec le vulgairc des ecrivains, ne prendra probablement pas ce qn'elle en devra dire dans les articles ou nous les \oyons se congratuler mutuel- lement sans la moindre pudeur ; elleremarquera, au coalraire, combien ils furent coupables en pretant I'autorile de leurs noms a des compilations de faits hasardes , d'imputalions souvent odieuses, de louangcs ridicules el de calomnies atroces, calom- nies contre lesquelles les viclimes de quelque redacleur subal- terne n'avaient memepas la I'aculte de rcclamer. Les premiers speculateurs en Biographic, ont ouvert la harricre a cctte mul- SCIENCES MORALES. 201 tilude de zoiles que Ton voit maintennnt atlaquer toute per- sontie que sa position met en evidence atiu de se faire payer Te- logc, le silence, ou rneme I'injure. Ce sera I'une des singularites de noire cpoque, qu'un folliculaire ait pu dire au savant, a I'homme d'etat, au militaire, a I'arliste, au poete, a I'acteur : Yous vous abonnercz a ma biogranhie , ou a mon journal ; si- non vous y serez dechire touslesjoursetpour toujours. II n'est pas moins etrange que Ics antagonistes de la liberie de !a presse n'aient jamais argue des Biographies et des articles de certains petits journaux pour faire ressortir le plus grand abus de cette precieuse liberie. Quoi qu'il en soit, pnisqu'il est desormais recu que chacun pent de son vivants'etablirle Minos, I'Eaque ou le llhadamantbe de I'epoque ; on doit convenir qu'entre tous les juges biographiques qui nous citent a leur tribunal, ceux dont nousannonconsl'ouvrageparaissent circles plus consciencieiix. lis le sont d'abord, quant au formal de leur livre, parfaite- ment bien imprime , compacle dans le sens le plus honorable du mot, contenant une c|uantite de matieres presque effrayanle, et dont chaque cahler equivaut a la valeur d'un volume ordi- naire. On concoit que, d'apres leur plan, les articles qui al- longent les vingt-cinq ou trente volumes de leurs predecesseurs pourront rentrer dans un seul volume d'un format beau, commode et facile a lire. On doit encore cette justice aux biographes anonymes dont nous annoncons le livre, que cc n'est point pour dechirer impunement qu'ils n'ontpasproclamc leurs noms; ils montrent juscju'ici beauconp d'impartialito et de raison; ils sont concis sans eire sees, obligeans sans flagor- nerle, ou severes sans cruaute. Ils citent une multitude de fails exposes avec lucidite , et laissent au lecteur le soin des re- ilexior.s. Un grand nombre d'articles sur des etrangers rec- lifient autant d'erreurs commises par les biographes precedens ; quelles que soient les opinions des personnes dont riiistoirc est tracee, ces personnes sont jugees avec indulgence, lorscju'll est manifeste qu'elles agirent par conviction. La page 208 arrive au nom de la ctlebre comtesse de Balbi dont la notice est fort curieuse; ainsi, Ton peut esperer que les editeurs tiendront leurs engagemens et ne depasseront que peu ou point le nom- bre de livraisons qti'ils ont promis. B. de St. V. 96. — * Repertoire universel, historique , biographique des feinmes celebres , mortes ou vivantes , qui se sont fait remar- ciuer dans toutes les nations par des vertus, du genie , du nic- rite, du talent pour les sciences et pour les arts , par des aclcs de sensibilite , de courage , d'heroisme , dcs'nialheiirs , des er- reurs, des galanteries, des vices, etc., dcpuii les terns les jilus rccult'5 jusqu'a nos jours ; par uiu; Socivtc dc gens de kttres , aoa LIVRES FRANCAIS. auteurs du Dtctionnairc universel ; public par L.-P. Premiere Uvraison ABAART. Paris, 1826; AchiileDesauges, libraire , rue Jacob, n" 5. In-8" de viii et a/Jopages. — Cel ouvrage for- mera 7 vol. in - 8° publics en 14 livraisons. Les personnes qui souscriront nvant la publication de la 4""') paieront chaque li- vraison /i fr. et 4 fr. 76 c. par la poste. De plus , elles recevront gratis les 7'"' et 1 j""^ livraisons. Quant aux non souscripteurs, lis ne jouiroiit pas de ce dernier avanlage , et chaque livraison leur coiitera 4 fr. 5o c. el 5 fr. aS c. par la poste. « Depnis i7')9, cinq oiivrages (i) seulement ont rendu uri hommage special a un sexe (|ui fait la gloire de la societe, au- taut (ju'il en fait le bonheur. Encore chacun des auteurs, avare dans son choix , ne fait-il mention que d'un petit nombre de fcmmes dont les noins se sont fait remarqner dans la lillera- ture. Cependant , combicn de noms depuis plus d'un demi- siecle merilent d'occuper nne place dans I'histoire !... Notre Repertoire universel comprend les feniraes des nations et des tems les plus recules, celles des epoques et des nations con- temporaines qui ont obtenu ou qui merilent un genre qnel- conque de celebrile. » ( Avertissemcnt, p. i. ) Parrai les noms les plus connns , qui se trouvent compris dans la premiere li- vraison, on remarque ceux A' Anne, soeurde Pygmalion et de Didon , A'Andromaque , des deux 4grippine , I'une epouse de Germanicus, I'autre mere et victime de Neron ; ceux d! Anne de Bretagne et iV Anne d' Atitriche , reincs de France, d'Anne Iwanoiva , imperafrice de Russie, A' Anne { lille de Jacques II ) reine d'Anglcterre , A' Agnes Sorel, de Marie Alacoque , de Sophie A mould , etc. , etc. Un style simple, olair et rapide; ['exactitude dans le choix des fails, I'imparlialite dans les jugemens, telles soni les condi- tions necessairos au succes d'un dictionnaire biographique. En les remplissant, le Repertoire universel prendra place parmi ces recueils utiles ou I'historien va puiser ses materiaux, et le pu- blic d'interessantes lectures. C. P. 97. — * Fie de Louis de Berton de Crillori des Balhes , sur- nomnie le brave Crili.on , suivies de notes historiques et criti- (i) « Dictionii. histor. portatif des femtnes ceUbres, par deLa.(;roix, de Compiegne. Paris, 1769. a vol. — Vies des femmes Ulustres el celebres de France. Paris, 1768. 5 vol. in-12. — Hisloire I'uteraire des femmes francaises , par I'abbe de La. Porte. Paris, 1769. — W^^ Briquet a public, en 1804, iin volume, sons le litre de Dictionnaire biographique des Francaises el des etrnngeres naturalisees en France, conniies pnr leiirs errits. > (Note ties auleurs du Repertoire. ) A SCIENCES MORALES. 3o3 qucs. T. IIF. Paris, 1826; A. Duponl et Roret. ]n-8° de vii- 424 pages; prix, 6 fr.(voy. Re\>. Enc, t. xxviii, p. 886 ). Plus (I'un lecteiir faxera peiit-^tre de prolixite )e savant edi- teur de la Fie de Crillon , en le voyant ajouter un iroisieme volume de notes a celte biograpliic C|ui n'a pas plus de 80 pages d'inij)ression. Mais ce dcfaut , que J'on repioche souvent avec justice aux comnientaleurs , est ici amplement rachete ])ar I'im- portance des malieres , suivant I'opinion de M. Fortia d'Urban . quepartageront beaucoup d'hommes instruits. Nousavons fait ■ remarqiier en annoncant les deux premiers volumes, qu'il ne •se livre point a ccs futiles discussions trop communes dans les travaux de ce genre, inais (|u'il eclairdit , avec un rare savoir et une critique habile, beaucoup de points encore obscurs de I'histoirc ancienne et moderne. Dans ce tome troisieme, il passe de I'erudition a la science ; apres avoir acheve I'histoire des duels jusqu'a la morl de Charles IX, il arrive a la note log, concernant Alexandre; et la , il declare en ces termes c|u'il vu cntrer dans une nouvelle carriere: « Alexandre, surnomme le Grand , nierite sous tous les rapports de fixer notre attention ; mais, comme le tems auquel il a vecu est deja bien loin de nous , il a donne lieu a des disputes qui ne sont pas encore ter- min^es, et qui exigent des connaissances dans la science des tems, connue sousle nom Ae chronologic. C'est d'elleque nous allons nous occuper. On nous pardonnera la longueur de cette note en faveur de son importance. » Cette note, qui remplit seule les deux tiers aii moins du volume, se compose de trnites, divises en uombreux chapilres, snr la chronologie , la cosrno- logie , la geographic , I' astronomic , etc., enfin , d'une Iiistoire raisonnee des cometes qui ont paru jusqu'a nos jours, mor- ceaux precieiix sans dotite par la curiosite de beaucoup de de- tails, niais apres lesqiiels I'auteur s'arrete coraine apres une exposition puremeut preparatoire, sans rien conclure touchant les disputes relatives a la fixation cerfaine de I'epoque oil vecut Alexandre. Nous attendons le tome quatrieme pour avoir, a cet egard , une solution [)Ositive. P. 98. — Eloge historique de M. Voiity de la TouR,ancien conseiller au parlement de Diipn, ancien premier president de la Cour royale de Lyon, etc., prononce a Y Academic de Lyonle 29 mai 1826, par ff onore Tokomb'ert. Lyon, 1826; Perrin. In-8" de 38 pages. M. Vouty fut un vertueux magistrat, dans des tems difficiies. Son panegyriste est conuu par des ouvrages estlraes sur la mo- rale et la politique. L'eloge est ecrit avec talent, et cnntient des recits anecdotiques d'un veritable interet. On aime a re- 204 LIVRES FRANCOIS. trouver ici cc moL d'un illustie ccrivnin, juafcuicnt apjjliqutii M. Vouty : II lui a toiijottrs mei/iquc, pour reussir, une passion ct un vice : Canibition ct I'hypociisie. L. 99. — * Lettres inedites de M"" dc Maintenon ctde M"" la princesse dks Ursins. Paris, 1826. Bossange frores , quai Vol- taire, 11" II. 4 vol. in-8"i prlx , 28 f'r. II serait injuste de coiifondre ce recueil avec lant de vicille- ries, malencontreusement exhumees, donl on nous inoiide dc toutes parts. La correspondance etablie , pendant dix ans, entre la confidcnte de tous les secrets de Louis XIV , et la prin-- cesse placee par ellc a la cour de Madrid pour y joucr , noii sous le inanteau, mais sous la cornette, Ic role de premier nii- nistre de Philippe V, pent servir a faire mieux connnitre I'e- poque la plus inlcressante de I'liisloire du grand roi,repoque de ses revers et deson veritable courage. Ce n'est point le ta- bleau des evenenaens qu'II faul chercher dans les leltres de nos deux dames diploraates ; mais la peinture de la sensation que produisaient les evcnemens sur la cour de Versailles et sur la cour d'Aranjuez, les intrigues qui en preparerent quclques- uns, les ressourccs et les esperances, la p^nurie et lescrainles des deux cabinets, I'esprit des courtisans et celui du jteuple dontla voix penetrc eiifindans les palais des grands, (juandla peurs'yestdeja inlroduite.Onpuisera dansles lettres doM""" de Maintenon une foule de renseignemens instructifs sur I'elat on se trouvaitla France lorsque, apres trenteannecs de victoircs, elle n'apprenait plus que des dcfaites, elle voyait la famine do- peupler ses hameaux, et tant de morls preraaturees couvrirdc deuil eette familje royale si long-lems environnee de fetes. L'a- mie de Louis XIV raconle en detail , avec une finesse d'csprit pen commune, cette crise memorable que tant d'ecrivains ont relracee, et tjui est jieinte surtout avec tant d'eloquencc et de profondeur dans le Tableau litteraire de la France an xviii* sLcclc par M. Victoria F'abre. La princesse des Ursins nous doune le rc'cit, moins important , mais peut-ctre plus dramatique, des troubles dc la cour de Philippe. Le lectcur suit avec die la rcine d'Espagne forcce de quitter Madrid me- nace [)ar les Porlugais, manuuaiit de lit dans sa route, ct nc subvcnant aux frais du voyage qu'avec de I'argcnt cmprunte. II souril de la mauvaise humeur de la princes'^c coiilrc cetle infdine Catalogue , oil , dit-elle, on r/e pcutfairc unjias sans trouver des bnissons plei/is d'une canaille enragce , ex]ires«ions qu'on croirait exlraites de quelquc bulieiin de 1809. Bientot , i! voif , au lieu de cottc canaille, io bon pciij)le de Madriil en toi.'rcr Irurs sonvcrains de rctour, S'il i'aiit en cror.c M""" des SCIENCES MORALES. ao5 Ursins, « I,es uns pleuraient de joie, et demandaient au ciel que LL. MM. eussent cinquante enfans qui durasscnt plus que le monde; les autres riaient et faisaient des grimaces tres-ridi- cules ; il y en cut de si transportcs envoyantJa reine, qu'ils poussorent la folic jusqu'a lui dire qu'ils Tairaaient plus que DIeu.« ' Les deux auteurs de ces lettresavaient dans I'esprit de la jus- tcsse et de la portee; leur caractere ne inanquait ni de force ni d'energie. Seulement, on remarque en general , dans leur maniere d'envisager I'avenir, une difference qui rend plus pi- quante la lecture deleur correspondance. La princesseselaisse facilementalleraresperance. M""^^ de Maintenonse defend avec ])eine du desespoir. Cette sorte d'opposilion est expriniee avec bonheur dans ces lignes de ia foudatrice de Saint-Cyr : « Vous nous voyez bien des troupes, beaucoup d'argent, et un nombre suflisant d'excelleus generaux; vous voyez les ennemls embar- rasses et las de la guerre : malheur a ceux qui voient tout le contraire! — Vous voyez rarcliiduc se promenant aubord de ia mer, au mois de Janvier, dims le dessein d'accoulunier les Catalans a une promenade qui lemette en ctat de se sauver par quelque miserable barque, qui pourrait bien perir; je le vois ailer vers la mer, pour apercevoir des premiers une puissante flolte qui lui amene quarante mille hommes commandes par M. le prince Eugene. — Vous voyez le comte d'Oropesa mort ; nous avons bien oui dire qu'on a jete quelques pierres dans son carrosse. — Vous voyez une paix glorieuse qui nous meltra tous en repos et en joie, et j'en crains une plus triste que la guerre. Voyez aprcs tout cela, Madame, si je profite de toules les railleries dont la reine ct vous m'aceablez. » II y a, cependant, coninie on le pense bien , un pen d'esa- geralion dans ce double portrait. Les chateaux en Espagne de la princesse ne sont pas toujours si brillans, et la inelancolie de sa protectrice n'est pas souvent si ombrngeuse. Mais il n'en est pas moins tres-curieux de comparer leurs previsions et leui's calculs opposes. Cette comparaison eut ete plus facile et plus agreable, je crois, si, au lieu de reunird'un cote toutes leslettres de M""= deMaintenon, et de I'autre, toutes celles de la princesse, les editeurs eussent donne alternalivemeiit une epUre de chacune de ces dames. II me semble que c'etait la ma- niere la plus convenable de disposer le recueit. Mais, telqu'il est , il devrait avoir du succes , d'autant plus qu'on y trouve , particulierement dans les lettres de M""= de Maintenon, des modelcs du style epistolaire. T. R. 100. — Question d'etat civil et historique : Napoleon Buona- ^o6 UVRES FRANCAIS. pane est-il nc Francais? par M. Ec.k.aru Paris , 1826; Everat. In-8" de 3i pages; prix, i fi. fi. Ly veritable daii^ de la naissanue de Napoleon Bonaparte n'a d'aulre importance que celle qui s'altaclie aux inoindres particularites de la vie d'un homme dont la renoiiunee a oc- cupe le monde pendant un quart de siecle ; tar 11 importe fort pen a la France et a Bonaparte, pi imeiir-libraii e, rue Notre-! )ar!ie-(le>-Victoires, n" 16; prix, 4 fr. Quand toiites lespersonnes qui ont pris part aux luarclics de Bayonne s'accusent mutuellement ou publient des inemoires jiistificalifs ; I'Europe attentive s'etoiuiait que M. le duo de Bellune, minisire de la guerre a cette epoque, demeurat muet. II rompt le silence et publie une brochure tres-remarquable par la force des raisonneinens qui s'y enchainent, et par le style propre a faire ptnetrer la couviction dans I'espiit des Jecteurs de bonne foi. Tout cet ecrit est dans ce passage ; «. Cerles, je I'avouerai , dit son illustre auteur, lorscju'avec un zele dont j'ai peut-etre droit de parier; lorsqu'avec des soins assidus et passionnes je preparais I'expedition militaire qui devait sauver I'Espagne , je ne soupconnais guere que d'a- vides spcculateurs me contesteraient bientot i'honneur d'avoir scrvi I'etal ; (|aeje verrais s'accrediter d'injustes preventions; que des preparatifs, dont toute la France ful temoin , seraient revoqii^s en dome, el que ['opinion publique finirait peul- ttre par flotter incerlaine entre mot et un traitant dont toute SCIENCES MORALES — LITTERATURE. 207 I'habilete fut de se faire livrer s;ins iiiesiire coinme sans garaniie )es Irosors el les magjisins de Petal... Toutefois , je voulais me taire sur les inarches de Bayonne, commo snr lis transactiuri!* de Victoria. » Fort de sa conscience, le marechal ajoute qu'il se fut estime lieurfux de n'avoir pas h rendre plus difficile la position dex prei'enus , parini lesquels il pourrail relrouycr d'an- ciens cornpaf^noris d'annes. La natuie de la Revue Encyclopv- dique ne nous perinet pas d'entrer dans de jjIus aniples details sur 1112 menioire qui nous commande la confiance la plus com- plete, parce qtie I'auleur entre en matiere, en emeltant celle incontestable verite : « Je puis au moins faire remarqner que les homines (pii se sont fails mes eniiemis ne me coutestent pas Thonneur d'avoir seconde les jiensees bienveilLmtes du feu Roi pour rarmee. » Celui qui signe eel article peut attcsler ee fait : quand tous les ministres, avant el apres le due de Bellune , ont repousse les justes reclamations qu'il adressait au gouver- neinent, conjoinlement avec son camarade le colonel Blarbot , le due de Beliune, seul, se ressouvint que nous avions niarche sous les niemes di'apeaux , el il nous fit lendre, mal<;re la des- potique obstinalion deses bureiiux, iine partie de la justice qtii nous etaitdue. B. df, Sai.nt Vincent. Litleralurc. \oi. — * Encyclopcdie monerne , ou Dictionnaire abrege des sciences, des Ictlres et des arts, avec V indication des ou- vrages oil les divers siijets sont developpes et approj'ondis ; par M. CouRTiN, ancien magistral , rt par une Socicte de gens de lettres. T. VJIL com-con. Paris, 1826. Au bureau de YEncyclo- pedie moderne , rue Neuve-Saint-Roch, n° il\. In-8° de 583 p.; prix du vol., 9 fr. (Voy., ci-dessus, Rev. Enc, t. xxx , p. 683.) Une Encyclopedic est une bibliollieque universelle : un dictionnaire encyclopediquc serail celte meiiie bibliotheque, disposee par ordre alphabetique. Si Ton reduisail aux moin- dres dimensions ])ossibles ce \asle depot des cpnnaissances bumaines, on aurait I'ouvrage dont nous annoncons le hui- tieme volume. Le lecieur n'y apercevrail point de lacune, si ce n'esl celles des sciences menies : on n'y trouverait point d'erreurs, point de notions incerlaines, ni d'idees vagues, hasardees; eorome les abreviateurs auraient en snin d'ecarter le luxe du savoir, ils auraient fait encore plus d'efforts ])our le montrer pur et libre, debarrasse de tout melange et degage des entraves qui peuvenl gener sa marche. Les articles ne paraitraient ni Irop longs, ni irop courts, ct ne le seraient ao8 IJVRES FRAlVrAIS. point en cffet. Mais, de coinbien de volumes serait compose ce dicdonnaire abrege ? on ne i)ounait le savoii- qu'en Ic terminant. II serait a dcsiier que ronvrage fut Ircs-etendu; peut-elrc serions-nous etonnes de sa brievele. Les lecteurs n'exigeront ceitainemcnt point que I'ouvrage de M. Courtin alteigne la perfection dont nous venons de parler; on se passerait d'encycloj)edie, si Ton ne pouvait en avoir qu'a si liaut ptix. Mais , comme I'ouvrage sera juge , suivant ropinion que le litre endonne, et les conditions que ce litre impose aux redacteurs , il est indispensable de ne pas les perdre de vue un seul instant, dans le cours d'un tiavail aussi long et d'ane aussi grande importance. Si Ton coniparait I'ancienne encyclopedic a la moderne , or) en conclurait que M. Courtin ne serait pas encore fori avance dans son entre- prise , qu'il lui resterait encore a faire plus que les quatrc cinqHiemes de ce dictionnaire. II ne s'agit pas d'examiner si chaque volume contient d'escellens articles, et en grand nombre; on s'y attend, et cet espoir ne sera jamais dccu : mais on demandera si rctendue de chaque article est en raison de son importance relative. Si un seul art s'frnj)are de deux vo- lumes; si une seule science ne se con ten le pas d'en occuper trois ou quatre, les autres divisions de nos connaissances, traitees avec moins de faveur, ou menie chassees de I'espace. qui leur apparlenait de droit, reclameront, par I'organe des lecteurs qui les chercheront telles qu'ils les concoivent, et qui auront peine a les reconnaitrc dans Tetat de mutilation ou elies seronl reduites. Comme la majeure p;irlie de I'ouvrage est encore a faire, il ne sera pas inutile d'exprimer avec francliise Fopinion d'un assez grand nombre de lecteurs sur I'ensendjle de ce c[ui a deja paru. On y remarque des lacunes qui sont des omissions; on regrette que pluslcnrs articles soient irop courts el peu instructifs, et que d'autres annoncent, dans un diction- naire abrege, I'intention d'etre plus que complet. Cos obser- vations critiques sont-elles encoie applicables au volume que nous annoncons? 0«/. Sans iiidiquer specialement d. M. Aiine Payen a suivi pour son edition la seule qui existe dans le format in-32 , cclle qu'a publiee le savant bibliographe M. Renouard; c'est assez dire qu'elle est aussi lidele que com- plete, et qu'elle merite sous lous les rapports une place dans la bibliotheque des gens de gout. E. Hereau. 1 06. — Morceaiix c/ioisis de Burns , poete ecossais, traduits par MM. James Aytoun et J.-B. Mesnird, Paris , 1826 ; Ferra jeune, rue des Grands-Augustins, n° 23. In-18; prix,i fr. 5oc. Si les poesies de Burns n'ont pas encore cle iraduites en francais, malgre I'estime dont elles jouissent en Angleterre, c'est peut-ctre parce que, rempiies d'expressions qui ne sont guere en usage que parmi les paysans ecossais, clles ont em- barrasse les traducteurs. Le meilleur moyen de vaincre la dif- Cculte qu'on eprouvait a les transporter dans notre langue, etait sans doute qii'un Ecossais et un Francais se reunissent pour les traduire. C'est ce qu'ont fait MM. Aytoun et Mesnaid. L'c- diteur nous apprend qu'ils oht traduit tous les ecrits de ce poete, et que le recucil complet paraitra bientol , si le public accueille favorablement les morceaux choisis que nous annon- cons. Nous commencerons par reraarquei' que les Francais feraient peut-elre mieux de lire leurs vtritables poetes, de se procurer, par exemple , les oeuvres de Lebrun , dont I'edition, donnee il y a quinze ans, n'est pas encore epuisee, que de se nourrir de livres etrangers, dont le raerile, souvent bien Infe- rieur a celui de plusieurs ouvragcs ecrits en France, ne peut inline passer tout entier clans notre langue. Mais, apres cette i LITTERATURE. 7.1% profession de foi, nous «Urons volonlicrs que, si le gout pour les auteurs .inglaii continue, Burns parait etre I'un de ceux dont la connaissance peut faire le plus de plaisir, et que les raoiccaux publies jiar MM. Aytoun et Mesnard sc fontremar- quer par le bonlieur avec lequel la tourniire et I'expression poetiques sont rendues. Nut doule que , si ces ecrivalns veulent revoir avec soin leur travail pour en faire disparaitre quelques mots impropres, quelques con'itructip'iis vicieuses, il ne soit bien superieuraplusicurs traductions qui ontoblenu beaucoup dc succes. Parmi les pieces ciu'ih donnent mainlenant au pu- blic, il y en deux charraantes, Tarn O'S/ianter et Le Retour dusoldat. A. 107. — Onf^uentpnur la hrulure , ])oenie par Barrier d'Au- couRT , de I'Acadeiuie francaise. Deuxieme edition. Paris, 1826; Touquet. In-32 de 128 pages; prix , 5o c. La resurrection des jcsuiles fait revivre uue multitude d'ou- vrages qui , depositaires des iniquites de cet ordre celebre, dormaient ensevelis dans la poudre des bibliotheques. Tel est ce poeme en onze chants, ou Barbier d'Aucourt raccuse dla- voir allume le feu de vanite, le feu de sedition , le feu d'ava- rice , le feu dc vengeance, le feu d'impurete. C'est pour por- ter remcde a tous ces foux tpi'il offre awpnhWc son on quent, c'est-a-dire son poeme. II est facheux que le style en soit plal et prosaique d'un bout a I'autre. — Heureusement , I'ouvrage n'est pas ecrit en vers alexandrins. La legerete du rhyllime de- guise la pesanleur dc la diction. Plusieurs passages ne sont m^me pas sans allrait ])our la curiosite. La preface, en forme de letlre, contient des details inttiressans sur les querelles rc- ligieuses du xvu™^ siecle. Les notes designcnt beaucoup d'ou- vrages des jesuites, ou Ton pourra prendre une idee de I'ijnmo- ralitede leurs doctrines et de I'esprit de violence et d'orgueil qui les aniiaait. Ch. 108. — Childc Harold aux ruines de Rome, imitation du poeme de lord Byron; par Jristide Tarry. Paris, 1826; se vend au profit des Grecs , a la librairie nioderne, passage Vero- Dodat. Tn-8°; prix, 1 fr. 5o c. Le poeme de Childe Harold n'a pas encore cte Iraduit en vers francais ; la difficulle de conserver dans une autre langue les bcautes de I'original serable avoir arrele nos poetes dans une si grande entreprise. M. de Lamartine seul a prouve qu"il savait dignement infer preter lord Byron; par malheur, il n'a point tente davanlage. Le titre du petit opuscule public par M. Tarry annoncc que ce jeune auleur n'a i>oint non plus pr^- tendu traduire I'ceuvre immortelle du poete anglais; mais on Ill LIVRES FRANCAIS. m- pout (]ue doniier des ^loges an dessein qu'il a concu de Ic prendre poar son modcle, ct de reproduire quclques-unes de ses nobles pensdes. Avec Ini, il revolt la Grece; il s'arrele a Waterloo, medite sur les ruines de Rome , et porte partoul sa douleur et son genie. Trop grand pour se venger et trop fier poor se plaindre; Ce vers peint toutentier Y Harold de lord Byron; etcetessai offre plnsieurs passages (]ui ne sont pas uioins heureux ; on y decouvre de la facillie, du gout, et la promesse d'un veritable talent. C'esi aux Grecs (jiie M. Tarry a consacre le fruit de son travail, el c'est iin litre de plus a I'inlerel el aux encourage- in ens qu'il nierite. N. 109. — Promenades poctiques dans les hospices et hdpitaux de Paris; dediees a M. le C"^Chaptal; par M. Alhoy. Paris, 1826 ; Trouve. In-8° de xlviij-3a7 p. ; prix, 6 fr. Ce livre doil avoir un sort conlraire a celui des meilleurs poemes modernes, oil le fond se fait encore remarquer, inalgre le luxe des accessoircs : ici I'on pourra consulter avec fruit les notes et I'iniroduction; on ne lira guere les vers. Voici quelques-uns des argumens de la deuxieinc promenade ( p. 40 ) - " Placement des enfans a la campagne. — Moyen de leur procurer des nourrices. — Meneurs sermenles et caution- nes, charges de ce soin.- — -Visile des nourrices a leur arrivee dans I'Hospice, etc., etc. » Tout cela peut aniener sans doule des considerations d'hygiene, et meme de morale, fort utiles; mais quel poete n'eiit pas echouedevant un pared sujet? E. H. 110. — * Tristan le vojagi'ur, ou la France au XI y^ siecle ; par M. DE Marchancy. T. V et VI. Paris, 1826; Maurice ct Urbain-Canel. a vol. iu-8°; prix, 14 fr. ( Voy. Res'. Enc, t. xxvii, p. 239 et t. xxviu, p. 571). La mort, qui se joue egalement de nos projets el de nos esperances, est venue surprendre I'auleur de Tristan, avanl la publication des deux derniers volumes de cet ouvrage. Ou potivait craindre qu'il n'eut pas eu le teins de le terminer, et qu'il ne restat incomplet; car qui eut ose enti'eprendre de iious en donner la suite? M. de MarcLangy etait du petit nombre des auteuis modernes qui, comme MM. de Cliateaubriant , Beranger et ce Paul-Louis Courier, mort si malheureusemerit , onl imprime a leurs productions un cachet original que I'art ne saurait imiter. En essayant de marcher sur leurs tracts, on risquera de reproduire et d'exagerer leurs defauts, sans jamais atteindre leurs qualitcs. C'est done avec un vrai sentiment de LITTERATURE. ai3 satisfaction que les amis deslettres nationales onl accueilli, au commencement de I'annee, I'annonce de la prochaine publi- cation de ces derniers volumes. Leur lecture ne laisse pas douier que I'auteur n'y ait mis la derniere main. Toulefois, quelques lignes de points tiennent la place de la fin du cliapltre cvui^ probablement le dernier de I'ouvrage. « L'inutilile des rccher- clies qui ont ete failes pour trouver la fin de ce chapii.re, qui devait elre ccUe de I'ouvrage (disent les editeurs), semble prouver que la subite maladie dont I'auteur a ete atteint est la seule cause de cette interruption; ef, quoique son intention sur la nature du denoument ne puisse etre douteusC; notis ne regrettons pas moins de ii'eu avoir pu recueillir les graces naives et originates... Au surplus, en comparant ensemble les derniers chapitres et le sixieme volume avec les preceriens, il est aise de se convaincre que cette lacune suppose deux ou trois pages au plus de texte dont nous sommes prives. » Aujourd'hui que I'auteur de 7>Y,y/«« et de la Gaule poetique est enire dans cet asile ou toutes les passions viennent s'eteindre, et devant lequel les inimities doivent cesser, I'opi- riion peut encore s'asseoir s«r sa tombe et demander conijjte a riiomrae public de I'eraploi qu'il a fait de son pouvoir; mais peul-eire sera-t-il permis a la critique litteraire de ne plus voir en iui q.ue Tecrlvain dont les travaux ont lionore sa pa- trie , et de Iui departir I'eloge ou le blame , en raison seulement des beautes ou des defauts qui se rencontrent dans ses pro- ductions. C'est ce que nous essaierons de faire avec Impar- lialite, dans une analyse consacree a I'examen des deux ouvragcs dont nous venons de rapjieler les litres, et qui sont lies eiroilement par leur sujet et par leur but. E. Heueau. 1 1 r. — * La Bonne faille , ou le Maire et le Jesuitc; par Isi- dore Lebrun. Paris , 1 826 ; Ponlliieu. 2 vol. in-12 formant en- semble VIII et 616 pages ; prix , 6 fr. Le gout du public pour tout ce qui presente des idees posi- tives, a mis a la mode parmi nousun genre d'ouvrages pour lequel il faudra bienlot un nouveau nom : je veux parler de ce roman politique, lei que I'ont concu et execute MM. Picard , Lamothe- Langon et les auleurs du Figaro de la Revolution et du Ministre des finances , qui consiste a representer , sans sor- tir de la sphere de la vie commune, des evenemens presque toujours lies a nos institutions, quclquefois meme auient'-s par ellcs , mais en general peu influens liors d\i cercle qui les voit naiire. J'ai signale, en rendant compte du Gilblas de la Revolu- tion (V. Rev.Enc, t. xxiv, p. /,9i.), Ied<5faut capital decegenre, le manque d'interet. En effet , le but meme que se proposent les. 21 4 LIVRES FRANCAIS. auteurs , les reduit prcsqiic a faire de Icur narration une cs- pece d'optique ou viennent se peindre iios lois ct iios cq,utuiTies avec leurs resultats bons ou manvais, et leur ouvrage devient, pour ainsi dire , une piece a tiroir oii cliaque chose, bonne en soi , tient a peine aux autres parties. Nor.s en avons une nouvelle prcuve dans la Bonne Ville , a laquelleje n'ai, d'ailleurs , auoun autre reproclie a faire. M. Isidore Lebrnn s'etait dcja exerce contre Ics deux ordres envaliisseurs que Ton comlile aujonrd'luii d'honncurs et dc biens , dans ses brochures siir le Sacrilep;e , et sur C Emigration indcmnisee par I'ancicn regime. Aujourd'hui, il rentre en lice pour combattre les memes cnneniis ; mais il a ];ris un cliamp plus large : tous les troubles que peuvent introduirc au sein d'une villc populcuse la coterie jcsuitique et la faction arislo- cratique naissent comme d'eux-meines dans la Bonne Yille : on deslitue les pins honnetes gens , les nieilleurs cltoyens; on poursuit des phiisanterics inriocentes , comme des actes punis- sables; on cherche a fausser I'esprit public; on prodigue les revenus publics pour des dcjicnses onoreuses ct inutiles au peuple: toutes choses que nous voyons arriver journellement, mais qui, rcunies dans unmeme cadre, appuyees de I'erudi- tion de I'auteur, qui lui fournit Tine grande quantito d'anec- dotespeu connues , et soulenurs par uii style toujour* correct, rapide et spirituel , ont une force <]ue leur fcrait perdre leur isoleraent. Je n'hesite pas a le direrde tous les ronians poli- tiques (je me sers de ce mot jusqn'a ce que I'usage en ait in- dique un autre), que j'ai lu jusqn'a ce jour , la Bonne Ville m'a paru le plus approcher dubiit.je ne retracte point ce que j'ai dit plus haut sur le manque d'inieret; mais, ce dtfaut excepte, et je le crois inherent au genre, et non a I'ouvi'age , il me j)a- rait difficile de faire mieux queM. Lebrun, malgre un certain nombre d'invraiscmblanccs, repandiies surtout dansjles delibe- rations, ou il nous prescnte tous ses orateurs comme etautaussi instruits que lui sur nos lois et sur la chronique scandaleuse des derniers regnes. B. J, 1 12. — * Alais ou la vierge de Tenedos , par M°" Adele Da- MiNois. Paris, 1826; Pigoreau, place St-Germain I'Auxerrois, n° 21. In-8". Sc vend au profit des Grecs; prix, 3 fr. Non loin de I'Hellespont est une petite ile qui lire son nom du rol Tenes, mais dont I'anciennete se perd dans la nuit des terns; la siirete de son port I'avait rendue fameusc , et Virgile, dans son Eneide , en a immortalise I'existence. C'est la que I'au- teur a place les scenes de la nouvelle qu'il met aujourd'hui sous les yeux du public. Alais , jeune grecque de Tenedos, en csl LITTER ATURE. ' ai5 rheroine; elle apparlient a la Grece moderne, et par scs mal- heurs, son courage et scs vertus, ellc peut eire revendiquee , coninie faisant partie de ses tnfaiis. Le caracterenaif de la jeune vierge forme uuc heureuse op])Osition avec I'austeilie du ca- loyer ( religieux grec) Atbanase, et la fougeuse lemerite d'Aris- tide, avec la douleur morne et silencleuse de Zagoria , pere d'AIais : uii iniisiilman, le volii])iueux et cruel Selim offre ea raccourci !es trails distinclifs des hommes de sa nation, et ces principaux personnages jiailentet agisseiit de maniere a cap- tlver I'interet des lecteurs. M"*^ Daminois, deja connue par de nombreux ouvrages, a mis dans ce!ui-ci toute la grace qui pouvait faire ressortir le sujet qu'elle a choisi; clle a d'ailleurs consacre le produit de celle nouvelle aux malhcureux Grecs, etceltepensce, qui semblelui avoir servid'inspiration, a dome encore ])lns d'eclat a son talent, et assure une grande vogue a son ouvrage. J. II 3. — Lcs Epoiix malhcureux, ou le Voyage h Moscou , par M"' DucLOz. Paris, 1S26; I'auteur, rue de Clery, n** 72. 2 vol. in-i2, ensemble Zj^G p.; prix, 5 fr. Une note nous annonce , des la premiere page, que la plupart des personnes dont il est question dans ce livre exis- tent encore, et que I'auteur a seulement change leurs noms; ce qui ferait supposer que ce n'est point ici un roman, mais un recit d'aventures et de calamites rcelies , et non fictivts. Cependant , les situations et les incidens , qui se succedent avec rapidite, sont plutot bizarres, cxtraordinaires, invraisem- blables, que simples, naturels et touchans. On lit avec inlerct la narration, moins par un sentiment d'affeclion et de sympa-- tbie pour les deux epoux, victimes d'une longue suite d'iufor- tunes, que par un mouvement de curiosite. La maniere dont Charles fait la connaissance ou plutot la ren- contre de Julie , et, prcs de mourir d'amour pour elle, flnit par obtenir son cceur et sa main; !a conduile peu delicate d'un jeune homme, appele Emilc, camarnde d'ctudes et ami de Charles, qui dcvienl son rival et fait a Julie la declaration tresincon- venante de la teudresse qu'elle lui a inspirce; le voyage des deux epoux qui s'arretcnt dans quelques villes d'AIlemagne, en allant rejoindrc I'arniec francaise en Russie; la deplorable catastrophe qui livre Julie a la brutalite u'un cosaque, que Charles tue entre ses bras; la singuliere delivrance d'Eraile, fait prisonnier par les Russes, puis, recu dans un chateau ou sont des amazones raasquees, condamnc a ctre fusille, atteint d'une balle, sauve par la jeune et belle chatelaine qui lui ra- ronte sa propre histoire, aussi denuee de vraisemblance quQ ai6 LIVRES FRANC AIS. toutes celles des aurres personnages du roman , et qui lui offie inulilementsa fortune et sa main; beaucoup d'aulres s'mgulieres vicissitudes qui se rattachenl an terrible drame dc I'incendie de Moscou et de la relraife des Francais, dont plusieurs milliers meurent a la fois par Ic frnid et par la faim; la con- servation rairaculeusement prolongee de Julie, de sa vie et de sa beaute, au milieu des plus ciucUcs epreuves et de tous les genres de soulfrances; enfin, la mort de cetle heroine, et renvoi en France du cerciieil qui renferme ses restes , la cir- constance falale qui fait que Charles se trouvc voyager dans la mfime voitnre dans laquelle est transporte le corps de son Spouse; la mort volontaire de cet infortune jeune homme, a peine age de 21 ans,... tels sont quelques-uns des evenemens et tel est le denouement tragique de cette lamentable his- toire, ecrile d'un style rapide, mais tres-negligo, meme in- correct, sans aucune reflexion ni pensee morale, qui ne m^rite ni des eloges (car c'estla production d'une imagination malade et d'une plume fort pen exercee), ni une critique severe: car c'est I'ouvrage d'une dame. Peut-eire, en melant des fictions a des verites, elle a vouhi consacrer le souvenir de personnes qui lui furent cheres : peui-^tre a-t-eile en effet connu deux jeunes epoux eprouves par de grands malheurs et moissonnes par une mort cruelle, a la fleur de leur age, dans cetle campagne desastreuse qui ouvrit le gouffre ensangianl^ dans lequel fut precipitc^e cette nation si courageuse et si fiere, naguere triomphante, qui s'elait avanceeavcc confiance, sur la foi d'un chef aventnreux, sous une longue avenue de lauriers. M. A. J. 11^. — La Religieuse d'Jrrouca. Paris, 1826; Baudouin freres. In-12 de i56 pages; prix, 3 fr. Edouard Pembroke, attache a retat-niajor de I'armee an- glaise, voyageait dans la partie du Portugal qui est situee entre leMondego et le Donro. Dans le cours de son voyage, il alia visiter le couvent d'Arrouca. II y rencontra une jeune novice, Catherine, qui, peu de temps aprcs, lui consacra les plus ten- dres soins , lorsque , defendant les approches du couvent con(re un parti Francais, il cut ete dangereusement blesse. Chez lui, la reconnaissance; chez la jeune portugalse, I'interet et lapilie, devinrent I'origine d'un amour passionne. Bienlot , Catherine, entrainee , consent a renoncer a sa pieuse vocation ; mais pour obtenir I'annulation de ses vceux , I'appiH de son oncle, grand inquisiteur a Coimbre, lui est necessaire. Edouard la suit dans cetle ville, ou il attend avec anxiety le resultat dc sa visite. De- puis eel instant, la destinec des denx amans est enveloppee LITTfiRATURE.— BEAUX-ARTS. 217 d'une sorte de mystere : Catherine ne fait point connaitre la decision de son oncle a Pembroke, que le desespoir conduit a I'ariTic^e, ou il s'expose aux plus grands dangers, indifferent a la conservation d'une viedesormais sans charmespour lui. Plus tard, il ne retrouve ceile qu'il aime que pour la voir monrir enire ses bras. Telle est I'analyse dii ronian que nous venons de lire; conime on le volt, les incidens y sonl pen nombreux ; le style, ordinairement simple, devient quelquefois prttentieux et meme obscur, lorsque Tauteur, qui d'aiileurs rencontre sou- vent dcs pensees fines et vraies, cede au desir de paraitre pro- fond. L'hisloire de la religieuse d'Arrouca paralt avoir etc in- spiree par la nouvelle de M^e de Duras : on trouve entre ces deux ouvrages plus d'un rapport; et les editenrs du dernier, en adoptant le meme format et la meme impression , ont semble manifester le desir de ie voir place a cote d'Ourda. A — U. Beaux-arts, archeologie, numismatique. II 5. — * OEuvres completes de Palladio , nouvelle edition contenant les quatre livres, avec les planches du grand ouvrage d'Octavc ScAMOZzi et le traite des termes ; le tout reelifie et complete d'apres des notes et des documens fournis par les premiers architectesde I'ecole francaise; par Chapuy, ex-of6- cier du genie maritime, ancien elevc de I'Ecole polylechnique, et Amedee Beugnot, architccle de Paris. Paris, 1826; Cor- reard , rue Traversicre Saint-Honore, n° 33. L'ouvrage se composera de trente livraisons in-folio , composees chacnne de dix planches et d'environ deux feuilles et demie de teste. II en a deju paru dIx. Prix de cliaque livraison, 6 fr. L'architecture , fille de la necessite et du genie, porte dans tous ses ouvrages I'empreinte de cette origine : humble avec les humbles, a la voix des puissans de la terre, elle batit des palais somptueux et eleve des temples a la divinite. Toules les nations ancienncs ont eu un caractere d'archi- tecture cjui leur etait propre ; les Egypliens, les Indians, les Grecs, les Arabes , et meme les nations de I'Europe occi- dcntale, dans le moyen age, ont laisse des monumens qui offrent, entre eux, la difference qui existait entre les usages religieux et civils de ces nations, le dimat qu'elles habitaienl et les materiaux que fournissait le sol. L'Europe raoderne seule, si ficre de sa civilisation el de ses lumieres, a tout emprunte aux tems anciens : I'eclat dont elle brille n'est que le reflet de celui de I'antiquite; mais, aiosi qu'il arrive souvent ai8 LIVRES FRANCMS. aux iinitaleurs, on a fnit, en Europe, un usage nialadroit d'une architecture cruee ])our d'autres besoins et pour un autre clinial. N'est-il pas oUange, par exemple, de voir sur les bords de la Spr<5e et de la Neva, sons un climat rigoureux oil I'liiver amoncele les neiges, des monumens empruntcs au ciel loujours pur de la Grice? Apres la barbaric du nioyen age, lorsque le commerce devint una source de puissance et de richesse, on vit, en Italic, un grand noinbre de jietites rei)ubliques rivaliser d'ef- forts et de gloirc ; Venise, la premiere, pent- etre, appela les arts dans son sein. Fondee par de malheureux fugitifs , echappes an fer des barbares qui finirent par renverser I'em- pire remain, Venise, soutenue par le courage que fait naitre le besoin de I'independance, etait devenne une puissance re- doutable , et il est digne de remarque que cetle republiquc fut delruite, au noni d'un grand peuple qui appelait les autres nations a la liberie. Batie au milieu des lagunes, ses palats baignes par la mer et par les canaux qui lui servent de rues, offraient des difficuUes d'execution qui tournerent au profit de I'art : partout le genie de I'horame sort vainqueur des obstacles; aussi, il n'cxiste peut-ctre pas de pays qui ait pro- duit un aussi grand nombre d'architecles habiles que Venise j celte ville, maintenant decliuc de touie puissance politique, et dont les flots de la mer finiront peut-etre par reconquerir le sol qu'elle leur avait ravi , vivra elernellement dans les pro- ductions des arts qu'elle a si libcralement proteges, Tilien, I'cmule de Raphael, Le Tintoret, Paul Veronese, Schiarone et beaucoup d'autres, ont illustre I'ecole venitienne; Sansorino, Bartolomeo Cregno, Scarpagnino, Bergamasco, Palladio, da Ponte, deux fois vainqueur de Palladio (i), Scamozzi , etc. servent encore de modcles; et, ]>armi les sculi)teurs que la republique de Venise s'honorait d'avoir produits, il en est un, Canova , dont la perte recente a fail naitre des regrets qui ne sont pas encore calmes. Dans le nombre des architectes que je viens de nommer, il en est un dont les travaux et les ccrits sont devenus I'objet d'une etude cotistanle et d'une admiration bien meritee. Palla- dio est celui qui a su le mienx appliquer I'archltecfure grecque (i) En i577 el en iSSg, lorsqu'il fut qaestion de restaarer le palais ducal et de balir le pont de Rialto en plerre. ( Cicognara; le Fabbriche pi'u cospicue di yenezia,) BEAUX- ARTS. 219 a DOS Edifices et a nos besoins modernes. Son genie plane encore sur Veiiise; Vicence liii doit ses plus beaux edifices, et les liabitans se felicitent encore de posseder des delices palla- dlennes ; car c'est ainsi qu'ils ap[)cllent les palais coDStruits ])ar Palladio. Fori de son genie , Fort de ses eludes, ce celebre arehifecte a laisse des trailer doni MM. Chapuy et Beugnot publient une edition nouvelle, avec les augmentations que le litre indiqae. Les planches jointes a ces traites en sont une j):irlie tres importante ; IM. Chapuy s'est servi, pour les repro- duire , de la lithographie, cet art encore iiouvcau et qui, dcja, satisfait a lant de besoins; ce travail est fait avec une r.ettete et une precision, tclles qn'on peut I'csiger, lorsqu'il s'agit d'une elude que le conipas dirige. Je ne doule pas que cette nouvelle edition, pour laquelle MM. Chapuy et Beugnot ont invoque le secours des architecles de Paris les plus cclebres, ainsi qu'ils Ton fait connailre par Taverlissenient place en tete de I'ouvrage, n'obllenne le succes qu'elle mcrite; elle me seinble propre a lever beaucoup d'in- cerlitudes que les premieres editions avaient laisse subsislerl, et a remplacer, dans les mains de ceux (|ui etudient I'archilec- ture, pliisieurs traites dont la rarete et le defaul de concor- dance rendaient I'usage difficile, etla possession tres-dispen- dieuse. 1 16. — * Cathedralcs frnncaises , dessinees et lithographiees par Chapuy , ex-oflicicr du genie , ancien elcvc de r£cole Po- lylechni(]ue; avec un texle historique et descrlptif, par /. de JoLiMOJVT, inembre de plusieurs academies, auteur de plusieurs ouvrages sur les niociirs et les anliquites da moycn age; pu- bliees par Engelmann, iuiprluieur-lithographe, a Paris. L'ou- vrage enlier conliendra, en trente-six livraisons , la descrip- tion d'environ vingt-cinq calhedrales. Ciiaquc livraison , com- posee de cinq planches et d'une feuille de teste, format grand Jesus in-4*', coute 6 fr. avec les epreuves stir papier blanc velin, et 10 fr. avec les epreuves sur papier de Chine. J'ai deja rendu nn compte particulier de cette entreprise [Rev. Enc. , t. xx, p. 4o'3 ) , a roccasion des deux premieres li- vraisons relatives a la cathedrale de Paris; depuis, il en a paru quatre autres qui comprcnnent les calhedrales d'Amiens et d'Or- leans. Ces dcrnieres livrai.sons meritent, a tons egards, les eloges que j'ai donnes aux deux premieres , et le soin que M. Chapuy met dans son travail est un sur garant que, jusqu'a la fin, il sera digne de Tattention des artistes. Cet ouvrage a eprouve un peu de lenteur dans sa marche; pour mon compte , je ne m'en plains pas ; j'ai toujours present a la pensee cet adage du poete : 220 LIVRES FRANCAIS. Sat citb qui sat bene ; ce qiienotrebon La Fonlainea exprimc a sn maniere, en disant : Le terns ne fait rien h I'affaire. Mais , en general , le public aime a jouir vile , et M. Cliapny , qtii avait voulu tout a la fois faire les dessins , surveiller I'ex^- cution, et se livrcr aux soins maieriels de la publication de I'ouvrage, avait pris une tache au-dessus de ses forces; de la, le retard des Iroisieme et qiiatricine livraisons. M. Engelniann s'etant charge de foule la partie commerciale de I'enlreprise, M. Cliapuy a pu se livrer cnlierement a ses travaux d'artiste , et les cinqnieme et sixieme livraisons ne se sont pas fait attendre. La catliedrale de Reims, I'un des monuiiiens les plus imporlans de rarchilectiire a ogive, fera I'objet des sepiienie , Imitieme el neuvieme livraisons qui doivent blent 6t paraitre ; les different es ceremonies du sacre el les decors qni ont etc composes a cette occasion fourniront des dessins extreniement curicnx , et qui auront un double inleret historiquc. Ces livraisons, devant conlenlr un plus grand nombre de j)lanclies, roiiteront il\ fr. Au reste, cbaque cathedrale pent ctreacquise scparement; ma is alors le prix en est porte a 8 fr. et a 12 fr. pour chaque li- vraison. En consacranl son terns et son talent a rcproduire toutes les principaies eglises de France, dans un meme format, de ma- niere a en former un corps d'ouvrage, M. Chapuy a rendu nn veritable service aux arts comme a tons ceux qui s'occnpent de I'histolre des monumens , et je suis persuade que celle cntre- prise aura tout le succes qu'elle nierite. J'ai deja parle du teste a roccasion des deux premieres livraisons : cclui des quatre sui- vantes offre le meme interet; il contient, outre la description exacte de cbaque monument, les details historiques qui s'y ral- tacbent el qui meritaient d'etre rappcles. II y a done de I'accord dans cet ouvrage, ce qui finit toiijours par etre remarque. P. A. 117. — Essni sur les medailles antiques de Cunobelinus , roi de la Grande-Bretagne, et Description d'une roedaille ine- dite de ce prince, par M. le M" Roger de La Goy. Aix, 1826; imprimerie d'Aug. Ponlier. In-4° de 20 p., avec une plancbe gravee au trait. Les anus de la numismalique lironl avec inleret ce petit traile dans lequci M. de La Goy cberche a prouver ([ue Ton a en tort de penser jusqu'ici, d'apres i'autorit« d'Eckhel, que les Bretons n'avaient point cu de inonnaie particnliere jiisqu'au terns ou lis furent soinnis j-ar les Romalns. Plusleiirs passages BEAUX- ARTS. 221 de Cesar, de PolydoreVirgile , et de divers hisloriens da la Grande-Bretague, prouvent, au contraire, que les Bretons se servaient, sous Icurs anciens rois, de pieces de bronze et de cylindres de fer. M. de La Goy decrit plusieius medailles de bronze qui portent des types divers et qui ont pour legende , le mot cvNo et cvnobilin. II les aliribue, avec une grande apparence de raison, au roi Cunobelinus, dont les fils Cata- ractacus et Togodurnnus , scion Dion Cassius, furent conlem- )>orains de reiupereur Claude. Ce Cuuobeiinus, fameux dans les annales brctoiincs, est celui dont Sliakespeare a fait le heros de sa tragedie de Cjmheline. Toules les medailles connues avec ce nom sont cilees dans les ouvrages de numismatistes anglais, et aucune d'elles n'a ete decouverte en France : cette parliciilarilc a]>puie encore I'opinion de M. de La Goy, et sa decouverlc I'emplit une lacune dans nos medaillers, en y placant des monnaies de la Grande-Bretagne dont lis avaientete prives jusqu'a present. Ce jjiemier ouvrage de I'auteur doit I'encou- rager a continuer ses Iravaux numismaliques. Dumersan. 1 18. — La Grace ^ scene lyrique , chantee par M"<' Fremont au concert du 9 mai donneau Vauxhall par messieurs les ama- teurs; paroles de M. A., musiquc de /.-^. Delaire, rcduite avec accorapagnement de piano par I'auteur : M"" Dorval , rue de la paix, n" 9. 18 planches iii-folio; pris , 7 f'r. 5o c. Cette scene, paifaiteinent disposee pour la musique, ne pouvait maiiquer d'inspirer des chants heureux. Ceux qui I'ont entendue out pu s'apercevoir que M. Delairs a une grande connaissance des effels d'orchestre, et fait des divers instru- raens un emploi estremement judicicux. Bien que ce morceau perde a elre rcduit au piano, on y trouvera toiijours des for- mes de chant larges et reguliercs. Les clioeurs a trois parties qui reprenncnt les motifs executes d'abord a voix seule , sont d'un effef agrcable , mais un pea monotone. La partie de la caniate oii M. Delaire ale mieux reussi est,a mon avis, la cava- tine a trois terns : RempUssez un sort glorieux. Uagitato qui suit retonibe un peu dans les tournures ordinaires a ce genre de mouvenient : ou y rencontre une imitation a I'oclave qui n'est jias neuve, mais qui produit toujours une forte impres- sion. Au demenrant, celle scene lyrique sera sans doute recherchee, non-seulement de tons les amis des Grees, mais encore de tous les amateurs de la bonne musique. Puisque nous avons eu I'occasion de parler de M. Delaire, nous dirons un mot d'un stahat de sa composition, execute a Paris il y a quelque terns, et qui a etc entendu avec le plus grand plaisir par les connaisseurs. Get ouvrage se compose de aaa LITRES FRANCAIS. quatorze morceaux dont la reunion forme iin ensemble fort satisfaisant. L'lnlroduction consiste dansuu contrepoint a qua- tre parlies, tciit avec une grande correclion ct qui annonce bien la gravile du sujet. Le duo avcc cha-ur quce mcKrebat et dolebnt est plein dc grace. La fiiguc a deux snjets quis posset non co/itristari m'3i sciiible msl adaptt'e aux p;iroIcs; pcut-clre cela ne tient-il qu'a I'liabitude vicicuse que Ton a prise d'exc- cuter les morceaux dc cc genre par saccades et d'une manicre toul-a-fait dcpourvue de grace et d'cxprcssion. Je suis force de l)asscr sur beaiicoup dc morceaux de cct ouvrage qui me four- niraient dcs reinarqiies de qiielque inleret; mais je ne puis m'cmpechcr dc fairc au raoins menlion de Irois verscis qui offrent des melodies clinrmantes , le solo de Icnore vidct suiim , le ch'Kur dcs dessus tui nnti ct le cliceur a due, virgo virginum; raccomnagnement de violonceile employe fort a propos dans ce dernier jnorccau rappclle I'air cliarmanl Ac Joseph : hclas quand la marl trap cruelle. Je dirai aussi un mot d'un autre numero, mais ce ne sera pas pour lui donncr des cloges : I'au- tcur y a reproduit le cbant ecclcsiastiqiic du stabat , en lui ira- posaiit un rliyllirae qui kw otc tout son cliarme ; il n'cst pas plus licureux lorsqu'il reprcscnle cc meme diant avec un ac- compagncmcnt plaque : dans ce genre d'liarmonie qui n'est autre chose que du contrepoint de premiere espcce, oil doit surtout eviter les accords blancs, c'cst-a-dii'c qui ne ])ortent que Toclave ou la quinle, etc'est ce que M. Delaire n'a point fait. Son contrepoint fleuri sur un plain-chant ideal estduret peu tbantant. La fugue finale offre une entree vicieuse, celle de la basse succedant au sojirano; on dolt eviler celle forme qui cearte trop I'liarmonic. En general, bien que I\L Delaire soil un fort bon liarmoniste, c'est toujours dans les morceaux simples et gracieux que sou talent se nionlre avec plus d'avan- tage, et nous croyons p-3uvoir annoncer que c'est sous ce rap- port que ses compositions obliendront du succes. J. A. L. Memoires et Rapports dc Societcs savantes ct d'utdile publique. 119. — * Compte rendu des Iravaux de I'Jcadcmie rnyale des sciences , belles-lettres ct arts de Lyon , pendant le second se- mestre de iSiS ; par M. C. Breghot nu Lut , president. Lyon, 1826; imprimerie de G.-M. Barret. In-8° de /i4 pages. On remartjuc, dans cette courte notice, des details intcres- sans sur la formation de Vccole d'arts et metiers dont le major general Mabtin a dote la viile de Lyon, lieu de sa naissance. MEMOIRES ET RA.PPORTS. ai3 L'Academie , consultce sur I'organisation de cette ecole , a pris les meilleurs moyens de recueil]ir tout ce que Ton sait sur ces etablissemens , et de connaiire ce que Ton fait avec le plus de succes. Eile ne s'est pas bornec a consulter les livres ; I'un de ses membres a ele charge de visiter les ccoles acluelles et d'inter- rogcrles plus habiles profcssenrs, et surtout M. Ch. Dupin. On veut que cetle ecole dc La Martiniere conlribue efficacement aux progres de I'induslrie lyonnaise, qu'eile soit dans tous les tems un rempart contre les dixpcsilions ho.ttiles des Anglais. II scmble que de long-teins nos induslrieux compatriotes n'auront I'ien a craindre de ces disjiosition.i , et qu'iis sont beaucoup trop avances dans la carricre jiour que leurs rivaux de la Grande- Brefagne les atleigiient proniptement, nitine avec les immenses ressources de letirs capilaux ,de leurs machines et de leur In- dustrie; mais r«.'mul;ition des Lyonnaisn'en sera ni moins utile a la prosperite de leurs fabriques, ni nioin? honorable pour I'induslrie francaise , ni luoins avanlagense pour tout lemonde commercial. Lorsque la nouvelle ecole sera completement or- ganisee ct en plelne activiie, I'inslruction qu'eile repandra ne sera pas conCnee dans les ateliers de Lyon, qnoiqu'elle soit dirigee spccialement vers les besoins de la capitale des manu- factures francaises : tous les arts mtcaniques et chiiniqucs en proliteront. C'est en secondant ainsi les vues d'une administra- tion bicnfaisante et eclairce que les societes savantcs rendent le plus de services , et meritent le mieux la reconnaissance pu- biique. A la fin de ce compte rendu, M. le president protesfe conlre la centralisation qui pretend rassembler a Paris tons les talens aux depens des provinces, auxquelles on ne laisserait d'autre emploi que celui de fournir au departement de la Seine des vivres et des matieres premieres , y comprls les hommes et leurs facultes. Tous les vrais amis de la France ])artagent son opinion et ses regrets : ils ne peuvcnl voir sans inquietude I'accroisse- ment prodigieux d'une ville unique, ou Ton etablit cliaque jour encore plus de fabriques nouvelles que de couvens dans les provinces ; oil I'activite, toujours stimuiee, s'empare peu a peu du commerce de toute la France, et ne porte ses regards si;r le territoire francais que pour y chercher de nouveaux alimens pour ses fabriques. L'interet general, d'accord avec I'equile , sollicite un partage plus egal des biens de la f ociefe et des maux que Ton ne pent en separer. Rien ne fait presumer que ce grand changement soit prepare; il semble, au conlraire , qtie la cen- tralisation fasse de jour en jour de nouveaux progres, et que le^ provinces soient encore menacees de nouvelles pertcs. F. 214 LIVRES FRANCAIS. Outrages periodiques. lao. — * Le Speclateur militaire , ouvrage perioHiqtic. Paris; avril, raai et juln, 1826. Anselin et Pochard ; bureau du Speclateur militaire, rue Neuve-Saint-Rocli , n** 2/,; prix de rabonnemtnl , 3o fr. par an; 18 fr. pour six inois; 10 fr. pour trois luois. II est anjourd'hui peu de sciences qui n'aient plusieurs joiir- nauxspccialement consacresa leurs progres. Celle de la guerre n'en comptait gucre que deux en France, et I'un de ces recueils etait public avec rapprobation dii ministre. On avail inscrit sur la couverture les nonis de beaucoup d'officiers et d'admi- nistrateurs tres-distingues, donl I'influence ministerlelle a sans doute alarnie i'independance, puisque j)as un d'eux n'y a fait iruprimer une ligne. Yoicl quelqnes officiers-generaux ou superieurs, qui, sans prospectus, sans annoiices emphaliques, sans lisle de redacteurs prealables, lancent dans le monde un nouveau journal militaire. Jiisqu'ici, Ton n'y trouve aucun article de remplissagc, et, si I'entreprise se soutient dans la meme ligne, il est impossible qu'elle n'obtienne pas un grand succes. — Les memoires que nous Irouvons dans les trois premiers cabiers, sont : 1" de I'emplacemenl et de la popu- lation des capitales, considerees sous le rapport militaire, par le lieutenant-general Lamarque; 2*^ observations sur I'educa- tion militaire, par le general Fririon ; 3° observations sur les sieges de Saragosse et de Burgos, appliquees a la defense des places en general , par le general Valaze ; 4° des principales operations de la campagne de i8i3, par le general Pelet; 5° de la necessite d'oiganiser un corps d'hospitaliers militaires, par M. D.; 6" sur I'histoire de Napoleon et de la grande armee en Russie , par le colonel Marbot; 7" de I'impoitance des places fortes, notes de Napoleon sur un ecrit du lieute- nant-general Sainte-Suzanne; 8° historique des travaux dela 32" demi -brigade; 9° notice necrologique sur le marechal SucHET , due ^i'ALBUFERA , ])ar le general Lamarque ; 10° ra^- nioire sur les guerres de 1809, par le general Pelet; i i" Exa- men d'un ouvrage du general ANDRE0SSY,par le colonel Bory de Saint-Vincent; 12° des princii)ales operations de la campagne de i8i3, par le general Pelet; i3" sur un ecrit du capilaine de genie Villenei;ve , au siijel de I'armement des places, par le general Valaze; 14° siir les modes acluels de remplacement et de rengagement, ouvrage de M. Tarbe des Sablons, par M. A.- A. C,; i5° Annonces de divers ouvrages. Tons ces mor- ceaux sont saillans par les faits et par le style. Nous signalerons OUVRAGES PERIODIQIIES. 226 part leu] icrement I'examen des ouvrages de MM. de Segur et Gourgaud qui ont fait tant de bruit. M. Marbot, dans cef. im- portant article , n'a eu d'autre but que la recherche de la verite historiqiie, et Ton est force, apres I'avoir lu, de la trouver chez le general Gourgaud, plutot que chez M. de Segur, dent les tableaux sent fort draniatiques et annoncent un grand la- lejit d'ecrire, mats paraissent trop souvent manquer dexacti- tude. On est d'autant plus surpris que M. de Segur nit fait quelqucs eniprunts a M. Labaume , « auleur d'une relation justement critiquee , qui lui - meine eraprunta do telles horreurs a un ecrivain allemand qui les avait probablement inventees pour donner le cauchemar aux bonnes fcmmes de la Germanic. » Le colonel Marbot, militaire consomme, ecri- vain pur et correct, critique spirituel, avait autrefois ecrasc de sa logique pressante une production du general Rogniat , dont les plans no tendaient qu'a bouieverser les principes de I'art , ainsi que rorganisaiion de raiTjii-e ; i! combat aujourd'hui ce genre de style romantique qui voudrail envahir le doniaine de I'histoire, en s'introduisant dans la maniere d'ecrire siir les combats et sur les grandes operations stralegiques. C. N. 121. — * Rcf'ue americaine , journal mensuel. N" i.(Juii- let 1826.) Ce journal est p.ublie a Paris, par cahier de 8 a 10 feuilles et plus, in-8°. On s'abonne chez Sautelet, rue de la Bourse ; prix de I'abonnement, 40 fr. pour I'annee , a Paris- 46 fr. pour les depariemens; 54 fr. pour I'etranger. Ce noHvel ouvrage periodique vient, c(>mnie la Revue hritnn- nique, \a Bibliotheque allemafide (voy. ci-aprrs, p.aSi) , ettpiel- quesautres recueils dunieme genre, servir de supplement et de complement a noire Revue Eucyclopedique , qui, par ceia menie qu'elleembrasse dans son plan loutes les nations rapprochees el comparees,ne peutpointfaireconnailreavecles developpemen* coavenables.touslestravaux et lesprogresimportans quirarac- terisent I'activile inlellectuelle de cliacune d'elles. Nousdevons necessairemcnt nous borner a un apercu lre=-sommaire sur chaque pays; et ce coup-d'oeil general peut suffire a I'horame du monde et au philosopbe. Mais les hommes qui s'occupent d'etudes speciales sur une branchc de nos connaissances, ou sur une nation en particulier, ont besoin de documens plus circonstancies et plus complets. La situation acluelle du \aste continent de I'Amerique, I'accroissement de la population et de I'industrie dans les Etats-Unis da nord, i'organisation defi- nitive des republiqucs du sud, I'entier affranchissement de ces colonies espagnoles, si long-tems assujeties a la plus dure de- pendance, retablissement du regime represcntalif et constitu- T. XXXI. — Juillct 1826. i5 2a6 LIVRES KllANCAIS. tionnel au Br^sildontrEmpereur a donned sa nation etadopte, pour le Portugal , une charfe calquee sur notre charte fran- caise, et perfectionnee dans plusieurs de ses dispositions, rendaient plus necessaire que jamais un journal uniquement consacre a cette jeune Amerique, qui donne deja d'utiles et importantes lecons a la vieille Europe. II nous resle a parler du premier cahier de la Revue auicricaine , etablie sous le plus noble patronage , et qui lait bien augurer de ce recueil. La table des matieres prcsente celle division : histoire ; do- cuinens officiels ; sciences physiques , potiliques et morales ; applications des arts a V Industrie , et commerce; melanges. La litterature est unc division naturelie des connaissances hu- nnaines, qui n'est pas negligee en Amerique, et qui ne sera point omise dans la Revue americaine , quoiqu'clle ue paraisse point dans ce cahier; car elle ne peut se contenter de la place qu'on lui assignerait dans la section des melanges , oil les re- dacteurs annoncent qu'ils publieront des extraits « qui auront pourobjet de faire connaitre les moeurs, la litterature et les beaux-arts en Amerique. Nous desirons que bientot les repu- bliquesdu Sud puissent nous interesser sous ce dernier rap- port. Necessairement, elles fournissent peu jusqu'a present; mais nous nous empressorons de recueillir leurs premiers es~ sais. " Dans les circonstances actuelles, ce qu'il importe le plus de connaitre , c'est le point de depart de ces republiques, et le chemin qu'elles ont deja fait. Elles ne pouvaient etre sans litte- nernens militairex ; — i° Actes du gouvernement ; — 3" Te- moignages de V opinion piibliquc enfaveur des Grecs. — Parnai les nombreux documens inserts dans la i" section sur les der- niers momens de Missolonghi, nous croyons devoir citer des extraits d'une lettre particuliure ^crite de Zante, a la date du i5 mai : « Missolonghi vient de succomber en vue du pavilion britannique, qui pouvait sauver cette ville et sa population heroique. Quoique nous ne connaissions encore qu'imparfai- tement les details de la prise et du sacdecelte ville, dont les approches sont severement dcfendues aux caboleurs ioniens , nous Savons que le sanguinaire Ibrahim - Pacha y a fait nne nioisson de quatre a cinq mille tetes , qui sont journellement envoy^es a Constantinople. On assure que le corps de I'eveque de Rogous, Joseph, a etesale pour elre envoy(5 en enlier au Sultan. Quant aux femmes et aux jeunes Giles, apres avoir ete livrees h. la brutalite des Turcs, Ibrahim en a fait des lots qu'il a dis- tribucs a ses capitaines et a ses soldats, pour en disposer comme lis I'entendront. Les eglises ontet^ detruites, a I'exceptiond'une seule que les infideles font reparcr pour la transformer en mosquee... Ibrahim ne s'est relire a Palras qu'apres avoir fait la part de la vengeance , en laissant massacrer sous ses yeux tous les individus qui etaient capables de porter les armes , et en ordonnant de circoncire quelques centaines d'enfans. Jamais on ne pourra s'imaginer les exces de ferocite auxquels se sont portes lesEgyptiensetlesrenegats enrolessous leurs drapeanx... 11 n'est pas de tourmens qu'on n'ait fait endurer a plusieurs malhenreux, pour les forcer a reveler les lieux ou Ton suppo- sait que les Chretiens avaient enfoui des tresors. On passail les uns aux aiguilles, en leur enfoncant des roseaux aigus sous les on{;les ; ceux-ci etaienttenailles a rouge ; on arrachait les dents aux antres ; et, quoiqu'on ait propose a chacun d'eux le moyen de I'apostasic pour se racheter de tant de douleurs, pas un de res nobles martyrs n'a renie la divinite du Christ... Nous som- mes informes que les legations chretiennes de Constantinople ont eu la satisfaction de recevoir la nouvelle officielle de la prise de Missolonghi , et que leurs drogmans ont exprime a ce sujet a la Sublime-Porte le plaisir que cet evenement causail a leurs cours respectives. MM. les drogmans, en remplissant cette commission, out passe au milieu des trophees composes de tetes, et sous les guirlandes do nez et d'oreilles qui deco- OUVRAGES P1!:RI0DIQUES. 23 1 faient I'entree dii palais des Sullans. » — La 2"'= section offre , «ntre autres articles remarquables , un compte - rendu des seances de I'assemblee nationale; el la 3""= est consacree a I'in- teressante relation des efforts que font sur divers points de I'Europe ies Societes philhelleniqnes, dans I'espoir d'accom- plir enfin la glorieuse et penible luclie que leur a impost^e un sublime devoiiment a la cause de la justice et de I'humanite. 124. — * Bibliolheque aUeniande , journal de litterature, redige par une Societe de gens de lettres et public parMM. Bar- THELEMY ct G. SiLBERMANN, avocats. Strasbourg, 1826; au bureau de la BibliotJicque allemande , place Saint-Thoraas , n° 3. Ce journal parait, le i5 de chaquemois, depuisle i5 no- Tembre iSaS, par cahiers de quatre feuilles d'impression au moins. Prix de I'abonnement : pour Strasbourg, 12 fr par an; 7 fr. pour 6 mois; pour Paris et Ies departemens (franc de port) i5 fr. par an, 8 fr. pour six mois; pour I'etranger (franc de port) 18 fr. par an ; 10 fr. pour six mois. On s'abonne a Pa- ris chez Treutlel et Wiirtz. Les redacteurs de la Bibliotheque nllemande , encourages par le succes qu'a obtenu, en AUemagne et surtout en France, le premier volume de ce recueii , viennent de publier un nou- veau prospectus, contenant I'exposition dctaillee du plan qu'ils se proposent dc suivre. « Nous classerons, disent-ils, ies pu- blications de rofre Bibliotheque en deux series, qui peu- vent offrir un egal interet. La premiere sera consacree a une suite de tableaux rapides, mais fideles, des anciens ages de la litterature allemande ; la seconde devra presenter le miroir des terns actuels. 11 est certain que Ton ne saurait donner une idee juste des travaux lilteraires d'une nation, lorsqu'on se borne a une seule epoque, cette epoque fut-elle la plus belle et la plus originale de loutes. II est egalement vrai que ce n'est plus le moment actuel seulement que I'homme instruit veut con- naitre. Notre vue porte plus loin; on ne veut plus de voiles, plus de tenebresdans la vie intellectuelle des peuples ; on veut la voir se developper dans des terns divers, afin de pouvoir comparer ce que produisent les diverses positions sociales ou se trouvent tour a tour les nations. C'est pour repondre a ces besoins que nous presenterons , dans cliacun de nos cahiers, I'histoire d'une epoque delerminee des lettres germaniques; c'est ainsi que nous ferons passer successiveinent sous les yeux de nos lecleurs, tout ce que le genie allemand a produit de bon et de beau , depuis I'epoque la plus reculce jusqu'au der- nier jour qu'atteindra notre recueii. Dans la seconde serie de nos tableaux, dans ceux qui sont consacres aux ouvrages con- ■i^i LITRES FRANCAIS. temporains, nous avoiis pris pour point tie viie principal d'tlic coinplets; inais, pour n'l'lrc pas rtiduits a la scchcresse , nous rejetterons tout ce c|ui ne porte pas en soi la garanlie d'une txistence de que.'ques iusfres au inoins. Nous faisons connailrc ces travaux par des traductions , des analyses on des rapports resserres. Comme la vie intellectiieile des peuples est aujour- d'hui lout-a-fait dans Ics journaiix , et que I'esprit de ces feuilles presente renserable de nos idces , de nos sentimens , de nos preventions, enfiu de tout ce qui nous caracterise, inieux qu'aucun ouvrage isole, quel (]u'il soit, nous donnerons sou- vent des articles speciaux sur I'esprit des feuilles litteraires. Notre experience nous ayanl convaincus que noire cadre n'est ni Uop etendu , n; trop borne , nous continuorons i nous atta- cker a ce que I'Allemagnc appelle \a lifteratun- , c'est-a-dire, a la poesie , a ['eloquence et aux etudes philologiques, pliiloso- ])luques et historiqufs. Ce n'est j)as pour avoir quelques chances de succes de plus (]ue nous nous sommcs prescrit ces limiles; c'est I'interet des sciences elles-memes qui nous a delerraines a los poser. Par la meme raison, nous ouvrirons nos pages a des analyses sur los productions des beaux-arts, les inventions de I'industrie, les dccouvertes des sciences exactes, toutes les fois que ces progres se ratiacheront au sujet liabituel de nos t/avaux. « Apri'S cct expose de la marche qu'ils doivent suivre, les redacteurs se felicitent de I'accueil favorable que plusieurs journaux francais ont fait a leur Bibliotheque, ainsi que des teinoignagcs d'interet et d'approbalion, desconseilset des pro- messes qu'ils ont recus de plusieurs savans de France, d'Alle- magne et d'llalie. Cette concordance de suffrages leur donne I'espoir « qu'aprcs plusieurs tentatives aussi genereuses que passageres, la France allemande ou I'Alsace pourra faire enfin ce qui etait attendu d'elle depuis trop long-terns. » La lecture attentive de cc que renferment les cinq numcros du premier volume, nous porte a joindre aussi notre suffrage a cette opi- nion jjresque unanime sur le merite du nouveau journal. Nous n'avons point cru devoir I'annoncer avant qu'un certain nom- bre de livraisons nous eiu mis a meme de I'apprecier comple- tenicnt; nous v puiserons quelquefois des renseignemens sur I'elat et les progres de la litterature et des scienceseti Alle- magne, et nous saisirons ainsi I'occasionde rappeler cette utile entreprise a I'attention de nos lecteurs. B — u. Livres en langnes rtrangeres, imprimcs en France. 125. -^-* Elemens de langue anglaise , ou Melliode j)ratique LIVRE8 Strangers imprimis en france. -233 pour appiendre facilement cette laiigue, par Siret. iVo«pf/(i'e edition, considerablement auginentee par M. Poppleton ; re- vue, corrigc-e et annotee par Alex. Boniface. Paris, 1826. Baudry. In-S" de vni et 210 pages; prix 126. — * English grammar. — Grammaire anglaise adaplee auxdifferentesclassesd'etudians, par Z,/W/ey Murray. Trente- neuvieme edition. Paris, 1825. Baudry, rue du Coq . n" 9. In -12 de 3/48 pages; prix La grammaire de Siret est connue depujs long-tems de tons ceux qui apprennent la langue anglaise. 11 est inutile de dire combien les auginentations de M. Poppleton et les annotations de M. Boniface ont ameliore cette gran)maire : les soins qu'on a pris de plus pour en assurer la parf'aite correction, semblent I'avoir portee au point de perfection qu'elle peut atteindre. Nous nous contenterons done d'indiquer les principales divi- sions : la prononclalion des voyelles , des diphthongues et des consonnes est traitee avec tout le soln qu'elle merite dans une introduction tres-detaillee. Le reste sc divise en trois livres : il est question, dans le premier, des especes de mots et de leurs formes gramniaticales; dans le second, de la synlaxe; dans le iroisieme, des idiotismes francais et anglais. Le tout est suivid'exercices, de dialogues faniiliers dans les deux lan- gues , de modeles de lettres , et d'une table aipliabetique tre:i-etendue des verbes anglais avec les prepositions qui les siiivent. Nous avons regrelte que les nouveaiix editeurs n'aient jjas loujourscberche a corriger, par des definitions plus rigoureu- ses, celles que Siret avail donnees, et que les progres de I'ana- lyse grammaticale ne permettent pas de conserver ; il nous a semble aussi que Ton aurait pu presenter les verbes sous une forme plus favorable a lamemoire, en distinguant avec soin , comme I'a fait Joseph Priestley, les terns simples qui consti- tuent praprement le verbe des tems composes d'un ou de deux auxiliaires , dont la combinaison appartient moins a la lexicologie [etymology) qu'a la syntaxe. N'aurait-on pas du ensuile supprimer les declinaisons dans les nonis anglais, comme on les a depuis long-lems bannies des grammaires fran- caises; et de meme, fallait-il laisser subsister ces pretendus adjectifs possessifs : //jj, thy, his, etc. dont M. Siret fait des mots particuliers ? C'est une erreur dans laquelle n'est ])oint lombe M. Lindiey Murray, auteur du second onvrage annonce en tete de cet ar- ticle. II a fort bien vu que ces mots etaient seulement la forme possessive des pronoms personnels, el, en les remettant a leur a34 LIVRES ETRANGERS IMPRIMES EN FRANCE, place, il a fait disparaitre une des difficultc-s de la languc an- glnise. Nous n'avons qu'uii mot a dire de la grammaire de M. Mur- ray. Parvenue a sa 89' Edition , elle n'a aucun besoin de nos sieges. Mais plusieurs de nos lecteurs peuvent nc point la con- naitrc encore; iis nous saurbnt gre d'en indiqiier le plan. Elle est divisee en quatre parties: la premiere, sous le nom d'or- thographe , traite des loltres, des syllables et des mols : la se- conde, Y etymologic . indique les diverscs sortes de mots, et les formes qu'ils peuvent prendre. La syntaxc et la prosodie forment les deux dcrniercs parties de cet ouvrage : celle-cl comprend la prononciation et la versification ; I'auleur a ajoute un appendice sur les qualites du s!yle et les figures de grammaire. B. J. ii'j. — * Popular Ballads and Songs from tradition manus- cripts, and scarce editions. — Ballades et chants populaires, tires de manuscrits et d'editions rares. Paris 1 8x5 ; J. Renouard. In-8° de iv et 92 p.; prix, l\ fr. , et 4 fr. 5o c. par la poste. En annoncant I'elegante traduction des Ballades populaires, due a la plume de M. Loeve Weimars ( Voy. Rev. Enc. , t. xxvii, p. SSg), nous avons essaye de donner une idee de de la composition de son recueil. Les personnes qui connais- sent I'anglais pourront lire maintenant le texle original, imprime dans le meme format. C'esl un volume que Ton peut encore ajouter aux jolies editions anglaises des Amours des Anges et des Voyages de Gulliver, publics par le meme libraire. A — k. IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ^tats-Unis. — Massachossetts. — Education. — On evalne k environ i5oo, le noinbre des inslituteurs employes dans cet etat, et a plusieurs milliers, celui des inslitutrices. Un message du gouverneur a recommande a la legislature retablissement d'une Ecole normale pour rediication des n.aitres d'ecole. Connecticut. — Legislation. — Fondation d'un hospice. La legislature de cet etat , dans sa derniere session, a pro- hibe remprisonnemcnt des femmes pour dettes. Elle a en meme terns autorise une Societe pour la fondation d'un ho- pital general, et rerection de cet hospice. Elle a enGn adher^ au projct decrete par la legisl.iture de Vermont, pour perfec- lionner la navigation de la riviere Connecticut. Raxveigh — .Affranchissement et colonisation des escla^'cs de cotdeur. — Nous trouvons dans le journal de New-York, Daily- Advertiser, du lo juiu 1826, une nouvelle preuve des progres de rcmancipation des esclaves dans cet etat. La So- ciete des amis , dans sa derniere seance annuelle, a adopte la resolution genereuse d'affranchir Ics esclaves possedes par ees membres , et d'envoyer ceux d'entre eux qui voudraient quitter le pays, soit a Haiti, soit a Liberia, soit enfin dans I'un des etats d'Ohio ou d'lndiana , ou I'esclavage est aboii. 120 de ces affranchis ont clioisi le sejour d'Ha'iti ; 3i6, celui de la colonic africaine de Liberia; el 100, les etats d'Ohio ou d'lndiana. La Societe a pourvu a leur transport, a leurs besoins el aux frais de leur etablissement. Elle avail deja au- paravant envoye a ses frais 64 colons dans i'etat d'Ohio, et 60 en Afrique, oulre une contribution de 800 dollars donnes par elle a la societe pour la colonisation dans cette partie du raonde. ^- * • — New-York. — Le Lyc.ee d'histoire naturelle , connu par sesimporlans travaux (Voy. Rev. Enc, \. xxx, p. 397), vient. de s'associer comme membres correspondans MM. le baron de Goethe, president de la Societe de mineralogie d'lena , et le chevalier Kirckhoff, vice-president honoraire de la ni^me Societe, I'un de nos collaborateurs dans les Pays-Bas. a36 AMER. CENTRALE. — AINTIIXKS.— AMER. MERID. AMERIQUE CENTRALE. Guatemala. — Publication orilonncc par Ic gouverric- ineiit, de touvrage sur les libertos ele VEglise gallicane. — Le congres de la ropubliqiic du cenire de l'AintTi(]ue, seant a Guatemala, a ordonne »U; Iraduire en langue nationale Tou- vrage de M. Grkgoire, ancieii oveque de Blois, sur les libertex de i'Eglise gallicane et des aiitres cglises de la catholicitc. Le di'cret redige d.ins les termes les j)liis honorables a etc expiidie, le -ifi fuvrier 1826, i)ar M. ie president Mariano Galvlz a M. Marcial Zep-adua, cnvoyc de celte republiquc auprcs du gouverncment britannique pour «^tre transmis a I'aateur de I'ouvragc. Z. ANTILLES. Martinique. — Treinblemettt de terre. — Froids exlraordi- nairex. — Un tremblement dc terre s'est fait seiiiir dans cette ile, dans la unit du i*"" au 1 niai dernier , a miniilt 35 mi- nutes. II n'y a eu qu'une seule secousse, dont la diiree a ele d'une longueur remarqiiable, etdont la force a etc assez grande pour reveiller toule la po|)iilalion desviiles. Des vents de nord, Ires-violens , qui onl commence a souffler en Janvier, er dont la domination a dure, sans interruplion, ])lus de deux mois et deiiii, ont tellement abaisss la tempera- ture ordinaire des Antilles , que I'hiver y a ete beaucoup plus rigourcux que depuis un grand nombre d'annees. II en est resulte une affection epidemique, Inflainmatoire, et d'un type etranger aux maladies de la Zone - Torride. Qnoiqu'on Ini ait altribue la mort d'une assez grande quantite d'indlvidus, il pa- rail que la saignee etles sangsues Tont combattue efficaceraent , et en ont fait disparaitre les symptomes, notamnient la fievre , la cepiialalgie et le point-de-c6te. Mais il reste constamment, apres lamaladle, une singuliere faiblesse, et une funeste dis- position a une rechule plus grave encore. M. ue J. AMERIQUE MERIDIONALE. Bresil. — Instruction elerncnlaire. — Le baron de 1'eura- Brancv vient de fonder , sur ses terres au Bresil, une ccole d'enscignemenl mutuel enlierement a ses frais. Ainsi cette methodesimplifiee, que vondraient proscrire en Europe les en- iieiuis de rinstructlon populaire , trouve un refuge en Anie- ritjue. Piiissent tous les ciloyens ricbes et influens du Bresil AMERIQUE MERIDIONALE.— AFRIQUE.— ASIE. 2^7 iiniter le nobie exeraple doime par leiir conipatriole ! L'ins- triiction jMimaire bien organisee, et mise a la portee tie toiites les classes de cifoyeus, est a la fois le jjiemier devoir de tout gouvernemeiit, et surlout d'un goiiverneinenl constitutionnel, le phis grand bicnfail pour le peii])le , et la source la plus fe- conde de Ions les moyens de richesse et de prosperite pour I'etat. J. AFRIQUE. Egypte. — Indication dea principaux elahlisseinens indus- triels , fondcs en Egypte par- ordre du pacha Mohamed - All — Fdatures de colon: 3 a Boulaq; i au Grand -Caire; i a Gaillouph, a trois heures du Caire; i a Rosette; i a Mehnllet- el-Kebir; i a Fouah; 1 a Mansourah; i a Souah ; total, 10. — Des ateliers de tissage se trouvent joints a toules ces fila- tures.— Fonderies de cuii'te : i a Boulaq; i au Caire. — On recoit le cuivre d'Europe eu pain, et on le fond pour le trans- former en objets necessaires aux fabriques , principalement a cclies de colon. — Fabrique d'armes : i au Caire. — On y travailie peu. — Imprimerie : i a Boulaq. — Fabrique d'in- diennes imprimces au rouleau .• i a Boulaq. — Verrerie ; i a Aiexandrie. — Fabriques de salpelre : 1 au Vienx-Caire; i a Medinet-el-Sayoum. — Ateliers de menulserie et de serrurerle potir les hesolns des fabriques , a Boulaq , fondes par M. Jumel. Beauconp d'ouvriers europeens y sont employes. — Fabriques de soierles : i an Caire; i a Einbabeb, vis-a-vis le Caire, sur la rive opposee du Nil. — i fabrique de t.erpouches , ou bon- nets de Tunis, a Souah, au confluent du canal d' Aiexandrie avec le Nil. — Des details circonstancies sur les actes du gou- vernement du vice-roi d'Egypte, qui nous sont transmis d'Alexandrie, et dont nous differons la publication, jusqu'a ce que nous ayor.s pu en verifier I'exactitude , font craindre que ce gouvernemeat ne manque le but qu'il parait se pro- poser, d'encourager I'industrie, fante de bien comprendre que le respect de la propriete et de la liberie individuclle est Je premier des encouragemens dont elie a besoin. D. Cap de Boknk - Esperance. — Fondatlon a'un musee. — Le gouvernement a etabli , depuis peu, dans la ville du Cap un nuisee d'objets d'art el d'histoiro naturelle, sous la direction de M. le D'' Smith. Une lettre, dalee du 9 mars dernier, an- norice que ce musee prend jin accroissement considerable. DE K. ASIE. liATAviA. — SoiUHe des sciences el arts. — Le 1 3 Janvier der- une vie consacree au bonheur de sa palrie, a ete force de clier- cher a Gibraltar un asile contre les persecutions de la faction servile. M. Serrano, qui a letabli en Espagne I'ancien usage des silos, se propose d'adresser a M. Ternaux un memoire sur cette branche de I'induslrie ruiale. Ce patriote cclaire est aussi I'auteur d'une prcjjaration inge- nieuse, au moyen de laquelle la poinme d'amour, [tomate) 25i EUROPE. conserve pour un teins indcfini son parfum et ses qualitcs, et peut, sousitn petit volume, etre transportee a de grandes dis- tances. Ce procede consiste a pulveriser le fruii , apres I'avoir fait secher au soleil et au four. Pour consoz'ver la poudre qui en rosulte, il suffit de ne point la laisscr exposee au contact de I'air. Proccdes de.la censure. — La censure deBarcelonne a refuse la ])erniission d'iniprinier une traduction es])agnole A'Ourika. Les censeurs de Valence n'ont pas etemoins rigoureux envers cette intcressante victime de I'aniour. Le deci'et de ce dernier tribunal est concu en ces lerines : « II n'est pas con\ enable que Ton iin- ])rinie ce roinan , ecritpariineduchesse. La lecture pourrait faire croire qu'il y a des personnes qui embrassent I'etat religieux par suite d'unc conlrainte morale. Signe Fr. Antonio Diago. >> /.-/. DE Mora. PAYS-BAS. Utrecht. — Culture dcx Jleurs. — Expositions publiques. — Chaque annee il y a dans la partie sej)tentrionale du royaume des Pays-Bas, deux expositions de plantes : I'une a Harlem, dans les premiers jours de juin; I'aulre a Utrecht, vers la fin du meme mois. Touies les deux ont ele fort brillantes cette annee. Des prix ont etc distiibuds pour les planles les plus belles et les plus rares. C'est une institution digne d'un pays oil les plantes rares etles fleurs ont toujours etc cultivees avec tant de solns et de succes. Bateaux a vnpeur. — L'usage de ces bateaux se multiplie de plus en plus dans la parlie septentrionale du royaume. La ville de Rotterdan) oil se Irouve etablie la Societc nationale des bateaux h vapeur, est le centre de cette navigation. Outre le bateau (jui part pour Londres, il y en a un qui renionte le Rliinjusqu'a Cologne , un qui fait journellement la route d'An- vcrs, et un trnisieme qiii va jusqu'a Middelbourg. II existe pareilleiuenl a Amsterdam, une societe qui fait parlir rcgulie- reinenl des bateaux pour llambourg. La navigation par la va- peur a ete etablie anssi pour des Irajets d'une moindre impor- tance: entre Rotterdam et Dordrecht, Amsterdam et Harlingeii, Amsterdam el Sardam, etc. Un enorme bailment a vapeui' a ete construit, aux fraisdu gouvernement, prcs de Rotterdam; il est destine pourle vovage des Grandes-Indes. Utrecht. — La Socie.'r des arts et des sciences de cette ville a tenu sa seance generale annuelle, le 23 juin dernier. M. le pr ofesseur de Fremens , president, apies avoir pave un juste PA. YS-BAS. — FRANCE. iSi Iribut de reconnaissance a la memoiie des inembies morts dans le courant de I'annee , a distribuc les mcdailles adjugees I'anneeprecedenteaMM. Bennet, Van Wys Rz et J. Lenting, dont les memoires avaient ete juges dignes des prix proposes. Les questions mises au concours sent en trop grand noin- bre et tiop ddtaillees pour que nous puissions les tianscrire ici texluellement. La plupart des questions de physique ont rapport aux provinces septentrionales des Pays - Bas ; parmi celles qui sont d'un interet europeen, nous signaleronsune question sur la convenance et les avantages de I'enseignement en langue la- tine, tombc en desuetude ailleurs, mais conserve dans les Pays- Bas; d'autres, sur Ossian, considere comma le j)ere et le fon- dateur de la litterature germanique ; snr I'influeuce de la con- federation anseatique ; sur le commerce des Pays-Bas; sur la distinction des puissances legislative, executrice et judiciaire, dans un etat; sur le vrai but de la societe civile; sur les prin- cipes du droit crlminel, etc. Les reponses devront etre envoyees , /ranches de port, avant le i*"' octobre 1827 , a M. le professeur ScHROEDER,a Utrecht. Amsterdam. — Concert au profit des Grecs. — Le i5 juin, on a execute dans cette ville au profit des Grecs I'Oratorio das IVeltgericht (le jugement dernier) de BI. Frederic Schnei- der, compositeur allemand. Plus de 1^0 personnes ont con- couru a I'execution de cette magnifique composition musicale qui a obtenu tons les suffrages. X. ^ FRANCE. lie de la Camargue ( Bouches-du- Rhone ). — Assainisse- ment et fertilisation ( par un nouveau mode de culture) de cette lie. — L'ile de la Camargue , situee aux bouches du Rhone qui parait I'avoir formee par atterrissemens, est ua bassis. triangulaire de 74,200 hectares de superficie. 3i,3oo hectares sont en palurages naturels, ou en terrains vagues ; 19,900 en etangs et en bas-fonds sales; 12,600 seulement se trouvent en etat de culture , et il y en a 10,400 en marais. Ces niarais, foyer d'infection , produisenl parmi les animaux de nombreuses epizootics; chez les hommes, des fievres inter- mittentes qui se renouvellent chaque annee, des fievres bi- lieuses et putrides dont la frequence egale le danger, enfiu des epidernies qui nchevenl la mine des malheureux habitans. Tel est, presque mot pour mot, le temoigtiage de M. Poule ingenieur de I'arrondissement d'Arles, dans lequella Camargue est siluee , et celui de M. Garella, ingenieur en chef du de- a 5/, FRATVCE. parteiuent des Bouches-du-Rli6ne (i). Lcuis pr^d<5cesseurs les iiliis liabilei avaient tenulc memelangnge, fruit des mcmes ob- servations. On pourrail citer, enlre auties. MM. Gorsse, Carrier ot Crognard. Mais il existe nn temoignage plus decisif encore F., maire de Sainl-Gillcs, n'a pas craint de se proposer, qui fait depuis quelques annces I'objet dc ses meditations , le siijef de ses ocrits, de ses demarches , et qu'il sembie enfm elre parvenu a resoudre dans un ouvrage dont la publication rccente a pro- duit, parmi les liommes accoulumcs a considerer en grand i'^'conomie et I'lnduslrie agricolc, une vive sensation (2). Frappes du vaste plan d'ameliorations qu'il developpe avec autant de sagesse que d'intcr^t , nous aurions voulu pouvoir en donner a nos lecteurs au moins une idee sommaire. Mais nous (i) Leurs Mcmoires manuscrits sont deposes a la direction des ponts et chaussees, on I'aulenr d'un livre dont nous parlerons tont-a-rheure, et qui nous fournit ces renseigcemens, a ete a portee de les consnlter. (a) yiemoiresnrla Camargue, far M. he Riviere, niaire de Saint- Gilles, correspondant de plusieurs Societes savantes. Paris , 1826 ; Mm" Hnzard , rue de I'Eperou , n° 7. In-S" de 2 1 5 p. — Sous ce titre modeste de Memoirc, I'aulenr donne , non-seulement la statistique la plus complete de Tile, les notions les plus utiles, et souvent aussi les plus curieuses, sur les moeurs, les habitudes, les circonstances locales, etc.; mais , ce qui raeiltc parti- (ulierement I'attention de tons les lecteurs eclaires, il trace le tableau le plus neufct le phis fiappant de Vemploi des eaiix dans I'agricullure des divers pays civilises. II passe ensuite a Texameu des systemes d'amelio- lation proposes jusqa'a ce jour; et c'est apres les avoir lous caractcrises , qu'il expose son propre systeme , et ses moyens d' execution. Tout cela , uresente sans la moindre apparence d'exageration ou d'emphase, et avec une marche Ires-pbilosophique, nous a paru reniarquable et convaincant. M. de Riviere y fait preuve d'une grande varicic de connaissances , ton- joars raoieiieet a des vaes de bien public. DEPARTEMENS. a55 nous sommes apercus qu'il leur faudrait, pour en saisir I'em- semble, ou connaitre les localitos, ou , corame iieus, avoir sous les yeux \e plan du Delta du Rhone qui precede nne autre bro- chure sur le raerae siijet , pubiiee I'ann^e dernicre par I'a'uteur. Nous nous borncrons done a observer que son sjsteme est, a plusieurs egards, celui de I'ancienne Egyplc. II ne doule nulle- ment qu'on ne puisse faire , a I'aide du Rhone, ce que les Egypliens fesaient, h I'aide du Nil, ct renouveler ainsi; dans noire Delia la merveilieuse fecondilo qu'ils avaient su donner ail leur. En lisant cette assertion, on eprouve etonneinent et defiance: quand on a bien lu le Memoirc, on ne peut se refuser a la croire demontree. C'est la premiere fois qu'une tentalive de ce genre a el e pro- j)os^e en Europe ; et cependant elle est developpee dans lous ses details avec tant de justesse et de clarte, elle prcsente evidem- ment de telles chances de succes et de profit , que tout s'em- presse d'y conconrir. Dcja la compagnie qui doit I'execuler est forniee : elle renferme dans son sein les hommes les plus ilislin- giies par leur consideration personnelle, leur fortune, ou leur position sociale. Cette promptitude a reunir les moyens d'e ;xecu- tion exiges potir une telle entreprise est un des traits caracteris- tiques de notre t'poque. L'agriculture a long-lems manque en France d'un element de prosperite , qui a fait des prodiijes en Hollande ct en Anglelerre; nous voulons dire, I'esprit d 'asso- ciation, la facllite pour I'agriculteur de faire concourirle capi- taliste a des speculations qui, embrassant de vasles surfaces, doivent necessairement enlrainer des debourses considerables. Si nous sommes, a cet egard, trop loin encore de nos voisins , nous fesons du moins , chaque jour, quelcpies pas nouveaux pour les atteindre : et e'en est un grand, a notre avis, que I'entreprise concue il y a quelques annees par M. de Riviere, et des a present adoptee par une societe capable de la mettre a execution. Chose etrange, mais ordinaire! cpiand tout s'em- presse de favoriser ses vues genereuses, il semble prevoir des obstacles dans les prrjuges locaii.x, c'est-a-dire, dans ceux ineme de ses concitoyens qui doivent le plus gagner a ses pi'ojets d'amelioration ! Qu'imporle ? il n'ignore point qu'on n'a ja- mais fait du bien aux hommes sans que des hommes aient tente de s'y opposer. D'ailleurs, il ne s'agit pas seulement de quelquesproprielaires de la Camargue, la pernicieuse influence de ]eursjbyers d'injection se fait plus ou moins scntir dai)S ime grande partie des departeraens du Gard et des Bouches-du- Rhone. Enfin , ces departemcns meme ne sont pas seul in teres- ses dans celte vaste ct necessaire en'.reprise. C'est evidemment, a56 FRANCE. au contiaiie, un objel, et un gninJ objet d'ulilitii publirjue pour la France enliere, puisque des medecins habiles et digues de toute confiance, ont vu , deja deux fois , disent - ils , Ja fievre jaune SQ montrer aux bords des marais dii Pian-du- Bourg. Que M. de Riviere acheve done ce qu'il a si dignement et si heureusemeiit commence. 11 ne trouvera plus alors que des bi-nodictions chez ceux nicme qui aujourd'hul lui font craindre des resistances; et il aura nierlte d'obtenir une place dans le trop petit nombre des magistrals en qui le zele et I'amour du bien ont eu la science pour auxiliaire, et dont les nonis, de bon exemple , restent graves par la reconnaissance danslu meraoire de leurs concitoyens. N. X. Societes savantes ; Etablisseniens d" utilite publique. Bordeaux (^Gironde). — Academie des sciences , belles-let- tres et arts. — Cetle Academie a tenu, le 26 mai , sa seance publique annuelle. M. Guilhe , president, a prononce un dis- cours sur les bienfaits que I'humanite doit a la culture des sciences et des aits. M. Blanc - Dutroujlh , secretaire, a fait un rapport sur les Iravaux de I'AcaJemie , depuis sa derniere seance publique. Ce rapport a etc suivi d'un compte rendu a I'Acaderaie, au nom de sa commission d'agriculture, par M. La- TiiRRADE.Apres la lecture du programme, faite par3I. Bourges, M. Lacour a lu , au nom de M. Jouannet, une notice sur les sablieres de Terre-Negre. L'auteur a su lier aux discussions geologiques et aux decouvertes qu'il doit aux foiiilles qui ont ele faites depuis peu, des recherches hisloriques sur la popu- lation de Bordeaux au 11*' slecle de I'ere chrelienne, et sur I'etat politique et moral de celte ville, a la meme epoque. L'assemblee a ensuile entendu avec jjlaisir une clwrmanle piece de poesie de M. Guilhe, inlitulee le clciir de lune , et I'e- loge de Bordeaux , du poete Ausone, Iraduit en vers elegans par M. Jouannet. — Voici les sujels des prix proposes dans le programme : Agriculture ; « i". Quel sont les perfectionnemens que reclament la construction des charrues et celle des ins- trumens d'agriculture, usiles dans le depaitement de la Gi- ronde? Quels sont les moyens raecaniques qui pourraient elre introduits avec avantage dans les diverses cultures de ce de- parlement ? « La valeur du prix sera une niedaille d'or de 400 f. 2°. L'Academie rappelle qu'elle a propose, en 1825, pour sujet d'un prix d'agriculture a decerner dans la seance jjubliquo de 1827 ," la culture d'un deml-hectare de liorin [agrostis stoloni/era) , dans le departemenl de la Gironde. « Les con- DEPARTEMENS. aS? currens devront faire connaitre, avant le i*'' mars 1827, les succes qu'ils aurout oblenus , et en fournir Ics preuTCS : le prix sera une medaille d'or de la valeur de 3oo fr. 3° Un prix de 3oo fr. pour I'auteur du meilleur manuel (V agriculture , appro- J)rie au departement de la Gironde. 4" Une couronne et une medaille de la valeur de 5o fr. pour celui des proprletaires ou des fonctionnaires publics de chacun des six arrondissemens de sous-prefecture du departement qui auia le plus contribue, par ses soins , a la reparation des cbemlns vicinaux de la commune. 5° n Quel serait le meilleur systeme d'assolement que Ton pourrait adopter pour les divers points du departement de la Gironde? » Le prix , de la valeur de 3oo fr. , sera decerne dans la seance publique de 1828. — Navigation et arts industriels, « Comparer les avanlages et les inconveniens respeclifs des enduiis, feutres et raetaux, parliciillerement du cuivre et du zinc, employes a la conservation de la careiie des navires ; preciser le degre d'utilite des armatures, d'apres le mode pro- pose par le cliimiste Davy, et faire connaitre dans quel cas il convient dy avoir recours. « — « Determiner, par des expe- riences comparatives, la qualile des liouilles d'Angleterre, de France, et notammcnt de celles des bassins de la Dordogne et de la Garonne. Determiner dans quel cas la buche du pin maritime, soit par ses qualites, soit par sa valeur venale actuelle, doit elie preferee a la liouille, pour le chauffage des cbaudieres, des machines a vapeur, pour la fusion des metaux, pour ['eva- poration des liquides, elc. » — « Deduire d'une serie d'obser- vations et d'experiences , la resistance du bois de pin (pin/is rnaritirna) , employe, soit a I'etat de pin gerame, soit a I'etat de pin non gemmii. Examiner dans lequel de ees deux etats cetle essence a le plus de duree, soit dans les ouvrages sous I'eau, soit dans les constructions a I'air. Indiqucr les divers genres d'alleration provenant, soit de pourriture, soit de piqurcs d'insectes auxquelles il est cxpo.se. EnGn , comparer la resistance et la duree de ce bois a celles du bois de chene. » Chacun de ces trois prix , de la valeur de 3oo fr. , sera decerne dans la seance publique de 1828. — L'Academie propose en- core des prix pour la solution des questions suivantes : 1° « Pour la recherche et la decouveite, dans le dejiariement de la Gi- ronde , d'un gisement d'argile tres-refractaii c , propre a la fa- brication des creusets, des enveloppes de fourneaux , des bri- ques composant les fours areverberes, ete.»Piix de 3oo fr. — 2" Pour la recherche ct la decouverte, dans chacun des arrondissemens de la Gironde, d'une carriere de pierre cal- caire , propre a la fabrication de la chaux hydraulique. « Prix T. XXXI. — Juillet 1826. 17 u'.8 IKANCK. de 3oo fr. — 3". "Pourdes essaisprcseiiiaut des r^siiltalsdccisiCs sur le melange des fontes francaises, et notaminent de celles dii P^rigord et des Landes, afin de parvenir a oblenir une fonie de scconde fusion propre a ^tre liinee , force et alesee. « Prix de aoo fr. Ces trois prix seront decernesdans la seance piibliqne de 1827. — Belles- Lettres. — L'Academie decernem, dans la meme seance, tine raedaille d'or , de la valeur de 200 fr. , a la meilleure piece de vers qui liii aura etc adrcssee. Le genre ot le snjct en sont laisses au choix dos auleiirs. Los morceaux priiscntes ne devront pas contenir plus de 200 vers, ni moins de i5o. EUe pro))Ose enfin , pour sujet d'un prix , consistant en une medaille d'or de la valeur de 3oo fr. , la question suivanle : « Determiner I'influence qu'eut Charlemagne sur le progres dos lumieres ; determiner de meme quelle fut cello de Francois V^. ^ Lton (Rhone). — Academic des sciences, belles-lettres et artt. — Seance publique du 3o inai. — Cette seance etait spc- cialement consacree a la reception de M. Bredin. Le nouvel academicien avail choisi pour sujet de son discours la dignitr de I'hornme, question d'un haul inleret, mais qu'avait deja traitce avec beaucoup de talent M. Torombert, lors de sa reception a I'Academie. Le souvenir du pren/ier discours n'a pas contribue a faire nccueiilir favorablenient le second par ceux des assistans qui les avaient entendus I'un etl'autre; ils ont blame , dans le dernier, des longueurs et le manque d'u- nite et de liaison. Le secretaire perpetuel de I'Academie, M. Dumas, a lu un eloge historique de M. de Verninac, pre- mier prefetdu Rhone, dont I'adminislration paternellea laisso dans ie cceur des Lyonnais de profonds et durables souvenirs. — M. Torombert a prononce I'eloge de iM. Vouiy-de-la-Tour, ancien premier president dc la Cour royale de Lyon, mort il y a peu de terns. ( f^oy. ci-dessus, p. 2o3.) On salt que M. To- rombert est I'un des hommes dont le talent fait le plus d'honneur a la ville de Lyon. M. de Trelis a termine la seance par la lec- ture de deux apologues ])leins de finesse et de sel, auxquels tout I'auditoire a vivement applaudi. B. PARIS. Institut. — Academic des sciences. — Mois de juin 1826. — Seance publique annuelle du 5 juin. — Presidence de M. PoissoN. — Pri.c et recomj/enses dccerne.i. — 1° Prix de Physiologic experimentale^iondi: par M. de Montyon. L'Aca- demie a decide qu'il n'y a pas lieu, celle annee , a decerner ce prix. Mais, parmi les ouvrages soumis a son examen, elle a distingu^ celui de M. le docteur Brachet, de Lyon, qui a pour I PARIS. 259 litre: Recherches experirnentales sur les J'onctions du systeme nerveux ganglinnnaire. Ce memoire contient un grand nombre d'experiences sur piusieors des questions les plus importantes de la physiologie. Suns ie ptu d'ordie de la redaction et scs lacunes frequcnics, TAcademie n'aurait point balance a cou- ronner tet ouvrage. Elle se borne a accorder a M. Brachet, a litre d'encoiirageinent, le montant de la somme de 8()5 fr., en I'engageanta terminer et a perfecliciner son travail, avant de le livrer au public. — Un autre ouvrage a fixe Tattention de I'AcademJe; e'est celui fju'a envoye d'ltalie M. !e docleur Rcgulus Lippi. Cet ouvrage, intitule : Illustrations anntomico- cumparees du sjsteme lymphatique-chylifere , est reruarquable sous le rapport des fails qu'il annonce et de I'execution des planclies qui Taccoinpagnent. Mais les commissaires de I'Aca- demie, ii'ayant pu verifier d'une maniere satisfaisante les fails princij)aux qui y sont annonccs, ont juge convenable de renvoyer le jugement definilif a I'ann^e prochaine, en reser- vant a M. Lippi le droit de concourir. — 0° Prix de M. de Montyon pour le perfectionnement de I'art de guerir. L'exa- men de I'Acadeniie n'a compris que les fails publics depuis le mois de juillet 1821 jusqu'a la fin de I'annee iSaS. D'apres I'avis unanime de sa commission , I'Acadeinie a decide qu'il ne serait pas decerne de grands prix pour I'annee 1825, et que, sur la somme deslinee a ce double eniploi, 11 en serait pre- leve une de 16,000 fr. pour etre distribuee a titre d'encou- ragement de la maniere suivante : Pour la medecine, a M. Louis, auteur d'un ouvrage intitule : Recherches anatomico-patholo- giques sur la phtisie , 2,000 fr. — L'Academie cite avec cloge le zcie et le devouement de M. le docteiir Bailly, qui a fait des recherches sur les ficvres pernicieuses des environs de Rome, et MM. Audouard et Lassis, pour les travaux qu'ils ont entreprls sur I'examen des causes de la fievre janne el des maladies contagieuses. — Pour la chirurgie : a M. Civiale qui a public plusieurs memoires imporlans sur la lithotritie , ou sur les moyens de broyer les calculs dans la vessie, et qui a fait avec succes un grand nombre d'opcraiions , une somme de 6,000 fr.; — une somme de 2,000 fr. a chacun des trois mede- cins donl les noms suivent : a M. Amussat, auteur d'un me- moire tres-remarquable sur la structure du canal de Vuretre; a M. Heurteloup, auteur d'un memoire sur I'extraction des calculs par I'urelre, et qui a tres-ingenieusenient perfectionne les instruraens adaptes a cette operation ; a M. James Leroy (d'Eliolles) qui a public, en 1826, un ouvrage sur le meme sujet, el quia, le premier, en 1822, fait connaitre les instru- a6o ' FRANCF,. mens qu'il nvait invcntcs ct qu'il a deptiis essayc de perfcc- tionner; — cnfin, I'Acadt'mie deccine une pareille somme lic 2,000 tV. a M. ]c doclcur Deikau, a'ltcur de difforens me- moircs, pour avoir principalemcnt perfecfionne le cathelerisme ,!c la troinpc d'Eustaci'ie , et pour avoir gucri, par ce nioycn , quekiues indlvidus affeclcs de cette cause rare de surdity. — 3" Prix de M. de Moniyon, en favcur de celiti qui aura de- couvert le inoyen de rcndre un art oil iin metier rnoins i/isa- lubre. Aucun travail n'a pani a rAcadeinie digne do ce prix. — "i^ Le prix d'astronomie , fonde par M. Dclalaiide, a ete decerne a I'ouvrage qii'a publie recemment le capitainc Sabine, sous cc titre : Account of experiments to determine the figure 0/ the earth by mean oj the pendulum vibrating seconds in diffe- rent latitudes. Londres, iSaS; et (|ui renfcrine les resullats des nonibreuses observations du pendule qu'il a f.iites dans I'heiuisphei'e boreal, depuis Je Spilzberg jusqu'a Tile poilu- gaise de Saint-Thomas. Prix proposes. 1° Prix de physique pour 1827 : presenter 'histoire generale et comparee de la circulation du sang dans les quatre classes d'animaux vcrtebrcs, avant et apres la nais- sance et a differens ages ; une medaille d'or de 3, 000 fr. — 2" Prix de mothemaliques pour 1827 : Methode pour le calcul des perturbations du mouvement elUptique des comeles , appli- quee a la determination du prochain relour de la comele de 1759 et au mom'cment de celle qui a cte observee en 1 8o5, 1819 et 1822. Une medaille d'or de 3, 000 fr. — 3° Prix de mathe- maliqucs , propose en 1822, et remis pour 1827. 1° Determiner par des experiences multipliees la dcnsitc qu acquierent les liqui- des , et specialement le merrure , feau, Vnlcool et I'ether sulfu- rique, par des compressions eqaivalenies au poids de plusieurs atmospheres ; 2° mesurer les effets de la chaleur produits par ces compressions. Une medaille d'or de 3, 000 fr. — 4° Prix fonde par M. Alhumbert. L' Academic, n'ayant point recu de memoiies satisfaisans, a arrete que les sommes deslinees au prix seront reunies avec celles qui doivent cclioir, pour former un pilx de 1,200 fr. qui sera dt'cernc, en 1829, au mcilleur memoiie sur la question stiivante : Exposer d'unc maniere complete et avec des' figures les changemens qu'eproui'ent le squclette et les muscles des grenouilles et des salamandres, dans les differcntcs epoques de leur vie. — 5° Prix de physio- logic experimentale fonde par M. de Montyon. L'Academie adjugera, en 1827, une medaille d'or de la valeur de 895 fr. , a I'ouvrage imprimc ou manuscrit qui lui aura ete adresse , d'ici au i*"" Janvier 1827, el qui lui paraitra avoir le plus conlribue PARIS. a6i aux progrts de la jiliysiologie cxperiiiientale. — 6" Prix rlc mecanique , fonde par M. de Monlyon. L' Academic deceniera, en 1827, 1111 prix de 1,000 fr. a cclui qui aura invente ou per- icctionne des iiisUumens utiles aux progres de ragricuifure , desarts mecaniques et des sciences. — 7° Grands prix du legs Montyon pour las perjecUonnemens de la tnedecine eX de la chirurgie, ainsi que pour les tnnjens de rendre un art on un metier tnoins insulubre. Les sonimes qui seront luises a ia dis- position des auteurs de dt'couverles ou des ouvrages couronn^s lie penvent etre indiquoes d'avance; mais ces somines pour- ront'surpasser de beaucoup la valeur des plus grands prix dc- cernes jusqu'a ce jour, en sorte que les auteurs soient dedom- inages des experiences ou des recherches dispendieuses qu'ils a^Mnicnt entreprlses, et rccoivent des recompenses propor- lionnees au service qu'ils auraienl rendu, soit en prev«nant, soit en diminuant beaucoup I'insalubrite decertaines profes- sions, soit en perfectionnant les sciences medicales. Les me- nioires et les machines devronteire remis au secretariat, avant le I*"' fcvrier 1827; les prix seront dccernts, dans la seauce publlque de la ineme annee. — 8" Le prix d'astronotnie fonde par M. Delalande et cousistani en uns medailied'or de 625 fr. , sera decerne en 1827. — 9" Prix de siatistique : I'Academie ayant juge qu'il n'y a jxiint lieu a ducerner de prix cette annee, il sera reimi avcc celui dei826, pour etre decerne en 1827, et coiisistera dans une medaille d'or de 1,060 fr. Apres la proclamation des prix decernes et proposes, M. Cu- viER a lu VEloge historique de M. de Lacepede ; M. BEUDA^■T, un meinoire sur I' importance du j-egiie mineral, soux Ic rap- port de ses applications ; ^A. Fournier, VElogc historique de M. Breguet; M.Dupin, un memoire sur le sens de I'oui'e, considers comme instrument de mesure dans les applications aux arts et aux lettres. Ces quatre ouvrages, dont la lecture a ete ecoutee avec interet , ont depuis ete imprimes. — Seance du iijuin. — • M. BiLLERKy, de Grenoble, adresse un travail intitule : Memoire historique , scientifique et pole- mique surun nouvel hydro-calefacteur , osant naguere au retoiu' de cetle compagnie qui menace les peuples en meme tems que les rois. » Get eloge merite des anciens el des nouveaux magis- Irats a excite de vifs applaudissemens. M. Guiraud n'a pas eu, comme M. Briffaut, le nierile de la precision ; son discours etait diffus, et nous a paru manquer d'ordre et de plan, et pecher souvent contre les coavenances academiques. On secroyait tour-a-tour , en I'ecoutant, al'eglise ou a la chanibre des deputes, et non dans le snnctuaire des lettres. II a paye un juste hommage aux vertus eta la piete sin- cere de M. Malhieude Montmorency; maisil a eu le tortdetrop insister sur sa vie politique et de vouloir juslifier sa conduile au congres de Verone, oil les envoyes de l.i Grece ne purent se faire eniendre, ou leur resistance a I'oppression la plus cruelle fut Iraitee de rebellion, et oil furent decides rinvasion et les i66 FRAINCE. malheui's ulterieurs de I'Espagne. II a dit, en parlant de la ligue iiiotlerne de plusieurs rois : " Cptte alliance aiiralt pu ^tre appelee sainle , s'ils n'avaient pas oublici (jii'll cxiste aussi des chr<5tiens dans rOrient;»et des acclamation* nnanimes ont recompense ce trait inattendu. — Comment faire des discours academiques et litteraires, lorsqii'on doit parler d'liommes fort recoinmandables d'nillenrs, niais dont Ic mcrite academiqiie et litteraire fut le moindre litre? Avis a I'Acndemie franchise qui doit sentir qii'clie ne sera honoree dans I'opiniondes amis des letires, qu'autant qu'elle fera des choix vrainient litte- raires. — 20 juillel. — Choix d'un nouveau secretaire pcrpetuel. — L'Academie a procede a la nomination d'nii secretaire perpc- tuel , a la place de M. Raynouard ^ qui avait donne depiiis quelque tems sa demission. Les Academiciens presens etaietit ail nombre de 27. M. Auger a obtenu 22 voix ; M. Andrieux , 4, M. Villemain , 1. 11 y a eu un billet blanc. Le choix de M. Au- ger sera propose a la sanction du roi. Le nouveau secretaire perpetue! n'entrera en fonctions que le j)remier Janvier pro- chain. — Prix propose. — L'Academie s'est occiipee, dans la menie seance, du prix de poesie , pour I'annee prochaine. Plnsieurs sujets de prix ont ete proposes : Vinvention de la boussole , la decouverte de riinprirnerie , Yindependance de V Amerique , rAFFRANCHissEMBNT DFs Grecs , cic. Cc (lemicr sujel a reuni la majoritc des suffrai^es. La nomination du successeur de M. Lemon ley est renvoyee an mois de novenibre. J. Ecole speciale de commerce et d' Industrie ( ancien hotel de Sully, rue St-Antoine, n° 1 43 ). — Seance du conseil de perjer- lionnement{^\^ juillet.) — Nous avons signale ])lusieurs fois les avantages de cet etablissement, si precieiix,comme I'a dit I'un des chefs de notre commerce, pour !a prosperite nationnle (Vov. Rey. Enc. , t. XXIV, p. 539). Nous avons fait sentir combien elait heureuse I'idee de reunir les jeunes proselytes de I'indust rie dans un inslituf . oi\ une instruction speciale batemit pour eux les bienfaits d'une experience que ceux qui les ont precedes dims la carriere ont du acheter par de longs et penibles efforts. La seance du conseil de perfectionnemeni , doril nous :egn I - tons de ne pouvoir faire qu'une courte mention, avait pour objet I'examen des eleves et la distribution des diplomas. Ceile seance reunissait toutes les nolabilites commerciales de la ca- pitale. On remarquait an bureau M. T^FFiTTEqui presidail, MM. Tebnaux , GtiERix-nE-FoNriN, L. Marciianu, .T.-B. Say, PARIS. , ar)7 LocRKjPaoNYetCH. Dupin. Le piesideni , apres avoir rappelp les avantages de retablisseirent et encourage Ics eleves, a in- dique netleinent les causes de la crise qu'eprouve notrc com- merce ; il a fait voir que Ton ne produisait pas Irop, comme on I'a si singulierement pretendu, mais que I'on craignalt de produire. Notre malaise pourrait, a-t-il dit, s'expliquer ])ar un seul mot, le raan(|ue de confiance^n Si la consommalion languit, si les apjji'ovisionnemens ne se font pas, si la specula- tion ne se reveille point, c'est que des inquietudes exagcrces troublent notre avenir , c'est que le travail est imprudemment menace, et que I'ignorance nous ])rive encore des moyens suf- fisans pour faciliter les eclianges. » Apres queMM. Df.staillades, directeur dercco]e,et Poux- Franklin, censeur des etudes et professeur de droit commer- cial, ont pu fait connaitre les progres de I'tcoie, le plan et la direction des etudes, M. L. MAKCUANn, membre du conseil de perfecllonnement, a proclame le resultat de I'examen des ele- ves, et onze diploines de capacite ont etc disSribuos par M. Laf- fitte. M. Ch. DtrpiN a ensuile expose les avantages de I'applica- tion des malhematiques a I'industrie et an commerce. M. Adolphe Blanqdi , professeur d'economie politique et d'liisloire com- merciale, succedar.t a M. Dujjin, s'cst attache a signaler, dans un discours rempli de trails lieureux ct brillans que nous ai- merions a pouvoir reproduire, les bienfails et les n.erveilles rticentes de i'industrie. Une quete pour les Grecs faite , au no:n du jeune ills de I'in- trepidc Canaris, present a I'asseniblce, par MM™<'*Deslaillades et Blanqui, et (jui a produit plus de i loo francs, a termine cette seance. A. V. Projet de Societe d' amelioration des animaux domestiques. — M. Senac, rcdacteur du Bulletin des sciences agricoles , qui fait partie du Bulletin universel des sciences, aconcu el redige le plan de celte association palriotique : on le trouve dans le numero du mois de mai de cette annee. II est peul-etre superflu de recommander a I'atlenlion publique une institulion aussi evidemment utile; on pent dire qu'clle est deja comincncee, et quelques personnes trouveront peut-etre dans cetle re- marque une objection contra la nouvelle Societe. Au sujel des clievaux, on vanlera les baras que nous possedons : mais ces otablissemens dispendieux procurent-ils a la culture, aux char- rois, meme au.x arniees, les races les plus robustes et les plus propres a cliaque service? La Societe pour V amelioration des laines comprend - elle dans ses attributions loules les recher- chcs dont le moulon pent etr*- I'objet ? Les cbevres h duvet sonf 2G8 FRANCE. rii('(iui»iliou la jiliis iniportante que iioas ;iyons faite , apres celle des moulons a laiiie fine ; mais la vigoniie ei I'alpaca nous maiu|ucnt enco»e , etc. I.es ferines cxpcrimentales rie peii- vcnt coiisidercr Ic pcrleclionnemenf des animaux dornesliques que sous un aspect relalif aux intcreis du fermier et a la na- tiirc du sol: Ics viies gt'uici'ales ne peuvent s'y offrir. Le& So- cietes d'agrlculturc scraicnl plus jires du but; mais , distrailes par rininiensite des objcis dont elles out a s'occuper, elles ne douienl certaineinent point des bons efCels de la division da travail, nienie dans le grand art qu'elles clierrhezit a perfec - tionner : elles recevront avec reconnaissance le secours des Societes qui se livrent spocialemenl a quel(|ues-nnes des re- clierclies qu'elles entreprcndraient elles-nieines, s'il lenr efnit possible de tout faire. C'est aux cultivateurs de la grande et de la jictite proprii'te; c'est aux proprietaires de terrains sans valenr ; c'est aux ujanufacturiers eclaircs qui s'affligent chacpie jour lorer cette manie de faire passer pour un petit prodigeun enfant qui sansdoute s'annonce sous d'heureux auspices, mais qui a besoin encore debeaucoup d'eludes , avant d'obtenir le rang qu'on veut lui T. xxM. — Juillet i82(>. 18 274 FRANCE. donnerpar anfrcipalloir. Mozart aussi avait compose un opera, lorsqu'il n'avait pas meme atteint I'age qu'a maintenaiu le jeunc Litz ; raais le celebre Hasse, apres ravoir entendu en particulier et en avoirapplaudi I'auteur, cut le bon esprit cle re pas Ic faire representer. Si Ion en eut fait de meme a I'ej^ard de Lifz, on lui eut epargn<5 ccs paroles severes qui lui furent adres- sees , apres la premiere representation de Don Sanche , par I'un de nos premiers compositeurs : Mon petit arni, voiis avez encore la harbe bien blonde ; et pourtarit , si vous continuez , elle dc- viendra blanche nvanl (f avoir Jamais etc noire. Le THEATnE Itaiif.n est demeur6 dans une stagnation com- ])lete ; et, sans la presence de quelqaes bons clianteurs, la mode dc le frequenter aurait entierenient passe. // Fiaggio a Reims ( i<) jiiin ) est le seul ouvrage compose a I'occasion dn sacre (jai racrite d'etre mentionne, par rapport au poeme qui est de M. Balochi. La musique de M. Rossini offre un mor- ceau a (juatorze voix qui prouve que le compositeur connait la maniere de disposer convenablement les traits propres a cha- que timbre et a chaque diapason. Le Crociato in Egitto { 22 se])tembre ) de Meyer-Berr a obtcnu dn sticces. 11 I'a du a tin grand nombre de morceaux rcmarquables qu'il renferme, et qui sont connus dans tons les pays de I'Europe ou Ton s'occupe de musique. Du reste, cet opera est loin d'avoir joui de la vogue qu'ont obtenue ceux de Rossini au meme theatre. On a tellement contracte I'habitude des formes consacrees par ce compositeur, que ceux qui i'rc- quentent le theatre italien n'y veulent plus entendre d'autre musique que la sienne. Le Theatre de l'Opera-comique a offert neuf pieces a ses habitues : cinq en nn acte, une en deux et trois en trots. Lc Capitaine Belronde { a'j mars), jolie comedie de M. Picaud, n'a point gagne a etre reduite des deux tiers et arrnngee en operft. Qaoique le sujet offrit I'occasion de placer beureuse- ment plusieurs morceaux de musique, M. Cremont n'a pas reussi dans son entreprise. On sait que M. Crcniont est un excellent chef d'orchestre; ce qui exige beauconpplus de ta- lent qu'on ne le pense communement, mais ce qui ne conslitue pas le bon compositeur. Le Macon ( 3 mai ) , dont le poeme est du a M M. Scribe et Germain Delavigne, est un ouvrage rempli d'action et d'inte- ret. Ce drame lyrique, ainsi que les auteurs font appele , of- frait plusieurs sitnations fortes, et par consequent propres a faire briller le niusicien. M. Auber, dont la reputation est etablie par plusieurs operas comiques suit, depuis quelque PARIS. 275 tenis une faiisse route. On ne doit passe dissiioulcr quo cci tains traits (ie melodic, certaines combinaisous dharinonie et cer- tains effets d'orciicstre, mis a la mode parM. Rossini, ne cap- livent en ce moment les suffrages de ceux qui ne voient que la supcrficie des choses, sans jamais en consiilerer le fond, et qui ne songent pas que rien n'est plus facile que d'introduirc dans nn morceau dc musicpie telle ou telle forme. Leverilabie public a trouve M. Auber fort inferieur a luimeme; cc compo- siteur nous avait prouve, en ecrivant Emma et la Bcrgere chatelaine , qu'il ctait capable de se souslraire a nno mode qui ote a ses nouvcaux ouvrages le cacliet de I'originalitc. Quoique la musique du Lapin blanc (21 niai )fut anssi rem- plie de tournures rossinicnncs , elle n'a point obtenu de suc- ces. A la veritc, la chute de cet onvrage doit elre blen plutot atlribuee au poeme dont la marche etait erabarrassee et qui n'offrait ni mots pic|iians, ni situations interessantes. Le Bourgeois dc Reims ( 7 juin ) a obtenu du succes, bien qu'il ne fut qu'nne piece de circonstance, parce que la mu- sique de M. FtTis a offertune assez heureuse alliance du savoir et de I'imaginalion. Le morceau le plus rcmarquable de cet ou- vragc est nn rondeau ou parait un nonvel accompagnement, chaque fois que se reprcsente le motif; c'est une forme que devraient en general adopter nos compositeurs lyriques. La Fausse Croisade (12 juillet ) a cpronve une cliule com- plete. On ne peut bldmer la severite du public; car, s'il y avait dans les deux actes dont cetle piece se composait quel- ques scenes lolerables, on ne rencontrait rieu de neuf, ni dans les situations, ni dans le dialogue, ni dans la musique. Les Enfans de Maitre Pierre ( (J aoiit ) onl ete accueillis phis favorablement. Tout le monde s'est accorde a y reconnaitrc une grande entente de la scene; on y a trouve de Tintcret , de la gaite et un di'noument amene avec une grande habilete. M.de KocKjSi connu par ses roraans pleins d'esprit et de verve, parait devoir obtenir de nouveaux succes , comme anteurd'o- peras comiques. 11 s'etait adjoint pour la composition de son dernier onvrage RI. Krkube. Cemusicien , a qui Ton doit deja plusieurs pieces agreables , s'est encore dislingue cctle fois. A la verite, sa musique n'est pas savante; mais toules ses parti- tions contiennent des chants heureux et naturels ; et, si quel- f[uefois ses compositions manquent d'criginalite, elles ne man- •juent jamais dc grace. Le Voyoge de cour ( 20 aout ) n'a pas obtenu le suct.es dc". Enfans de Maitre Pierre. Cetle piece qui avait pour outeur Ic peinlrespirituel de In Famille Glinct, M. Mervii.i.e, reposnil 176 FRANCE. dejiuis dix ans dans les cartons de Feydeaii. On sent que, de- puis cetle epofiue, les teins ont cliant^e, rt que des idees qui alors aiiraient pii elre goiilees du public out )>erdn a ii'eire eniises ([u'au moment ou le cliangeinenl desyslenie de compo- sition des operas comitiiies est prps(]iie enjit-remont effectu<5. Cctte variation a etc efjalemeiit dt-favorable a M. Catruffo, comi)ositeur de la musique; la maniere dont il a traile I'or- chestre indique assez que sa parlilion n'a pas eie ccrlte de nos jours. Ce n'est que pour memoire qne no^is faisons fignrer dans ce coup-d'oeil le Projetde Piece (4 novernbre), ouvrage de cir- constance, ma-iivais de tout point, meme en ce (]iii concerne la musique due a M. Blangini ; le poeme etail de M. Mely- Janin. Au lieu de prendre la peine de monier un ouvrage d'une telle faiblesse , il eiit bicn mieux valu reprendre h Bour- geois de Reims, qui etait aussi un opera comique de circons- tancc. En terminant la revue des operas representes sur le tlicafre Feydeau , nons sommmesheurenxd'annonrer le .suoces eclalant et merite de la Dame Blanche (11 deceiulire ). Le imeme, du a M. Scribe, est tire en parlied'un desromans de sirWiiller Scott, dont les nombreux ecrits ont di'ja fourni el fouiniront encore quantile de sujets de pieces a nos grands et petits theaires. Ce pocnie n'est assurement ])as irreprocliable; i! offre nienie des defauls qui certainement auraient ete reievcs avec severite, s'ils n'avaient passe inapercus a la fnvenr de la chaimanle mu- sique de M. BoiELDiEU. Ce compositeur, qui depwis quelc|ues annees vivait eloigne de la scene et avail resolu de ne plus etrire pourlc theatre, a cede anx conseils de son ami M. Ber- ton ; et , meprisant les ecrits qtie I'ignoranre repand et propage, il s'est de nouveau monire dans un lie>i oil il avait deja obienu de si btillantes couronnes. Cliose rcmarqu;ible ! son talent n'a point vieilli ; il senible, au contraire, qu'il ait acquis une noU- velle vigueur, et ([ue M. Boi'eldieu ait trouve une force d'in- ventiou dont il avait quelquefois manque, surtout dans ses dernitTS ouvrages. Ce qui caracterise celui- ci , c'es.t I'emploi de certaines formes melodiques pen usilees, et qui jetient sur plusieurs morceaux un cafactere d'originalite qui salisfait j)ar- ticulierement les connaisseurs. En enlendant la Dame Blanche, on a peine a rroire que I'auteur en ait ecrit la parlilion avec plus de rapidite que toutes cilles auxquelles il a travaille, bien qn'il n'ait pu s'occuper de ccUe-ci que dans les instans que lui laissalt une maladie longue et douloureuse. Six operas ont paru sur la scene de I'Odeon ct ont obtcnu de PARIS. 277 plnsou mollis de succes; un seul a eprou\e une chute complete. Les Noces dc Gamache (9 mai) ne present.iient point la gnite a laquclle on a droit de s'attendre d'apres le litre. Le chef- d'oeuvre immorlel de Cervantes etail present a la mcmoire de tout le monde, et la coni])araison n'eiait pas favorable au poeine; neaninoins, la musique, liree des mellleurs ouvragcs de MERCADANTE,com])osileurqiiiparaitavoircompletementadopte le sysleme lyri(|ue de M, Rossini, a ete applaudie avec raison. Louis XII (7 juin), de MM. Saint-George et Laureal , ouvrage jiarodie sur la musique de Mozart, a ele recu avec assez de froideur par les habitues de I'Odeon. On ne doit pour- tant pas en ^tre surpris. D'abord , cette musique de Rlozart , si grande, si dramatique, si expressive, et qui avec toutes ces qualites est toujoiirs parfaiiement en situation, ne poiivait se plier facilement au travail des parodistes : si I'on vcut adapter des piiroles francaises aux chefs- d'oeuvre de Mozart, il faut traduire de lui un opera entier, et non coudre I'un a I'autre des morceaux pris ca et la dans ses ouvrages. Une autre cause du peu daccueil obtenu par Louis XII se reconnait dans la composition habituelle du parterre de I'Odeon , oil le nombre des vrais connaissenrs est presque imperceptible. La plupart de ceux qui freqiientent ce theatre n'entendent guere d'autre musique que celle qu'on y execute ; et pour niettre les ouvrages dc Mozart a la jiortee de cette classe d'amateurs , il faudrait ajf)uler a la savante instrumentation de ce grand maitre les coHfichets jetes dans I'orchesfre par certains comjiositeurs mo- dernes , et qui constituent a leurs yeux la beaute de la musique en vogue aujourd'hui : nous ne serions pas surpris qu'il vint a I'idee de quelque arrangeurAe faire subir a Mozart I'operation doiit nous venons de parler; si Ton veut absolumenl des pa- rodies , celle-la en vaudrail bien une autre. Othello ( 9,5 juillet) n'a pas obtenu le succes que I'adminis- trallon avait espere : M. Rossini s'y est coHStammenl monire dramatique et fidele aux regies et aux exemples de ses habiles devanciers, et par consequent n'est pas tombe dans ses defauts habituels qui rendent ses ouvrages recommandablesa certaines personnes. D'ailleurs, il faut I'avouer, les chanteurs a qui I'exe^ cution de ce chef-d'oeuvre etait confiee ont bien mal servi le compositeur. La Comedie a la Campagne (16 aout), musique de Cima- ROSA , n'a point attire la fonle. Quoiqu'il n'y ait que fort peu de rapports entre le genre de m^rite de Cimarosa et dc Mozart, les raemes raisons qui se sont opposees au succes de Louis XII ont empeche celui de la Comedie a la Campagne. 378 FRANCE. La Dnino dn Lac (3i oc'tobl-e ) a <^le recue avec iine exlrtme faveiir. Lc pot'me, qui est dii a M. d'£paony, est raisonaable, et c'cst bcaucoup pour unc j):irodic. M. Rossini s'y prcsonle av6c ses dcfauts , niais aussi avec de grandes beautes. Deux cavatines charmantcs onl surtoiit ete remaiquecs , et uii duo, cmpruntc a la Semiraimde du memc inaiire, a ct<5 parliculic- inenl applaudi. Prccioxa (17 novembre). Cctte piece, d'un genre particu- lier , n'etait qn'un drnnie coupe par des choeiirs ; elle a eprouve una chute complete. La inusique ctait cependant due au ce- lebre auteur de Robin des Bois , M. Weber, dont la mort pr^- maturee \ient d'affliger tous les amis des arts. Elle offrait des morceaux du jnemier ordre ; mais tout le raonde sait que ce n'est pas la ce c[ue demandent des amateurs qui , dans Robin , n'onladresse ieurs applaudissemens qu'a unchoeur, fort gra- cieux sans doute et d'un bon cff'et, mais que le compositeur elait bien loin de regarder commc la pierre angulaire de son opera. Resumons nous. Sur vingt-une pieces lyriques representees dans ie courant de I'annee passce , plusieurs sont deja tombces dans I'oubli ; quclques-autres occiiperont encore le repertoire pendant un certain temps; mais ont peut predire, sans crainle de se tromi)er, que le Crociato , Othello et la Dame Blanche se mainliendrout sur la scene et attireront long-tems encore les amateurs de bonne musique. /. Adrien-Lafasge. Beaux- Arts. — Peinture. — Uexposition au profit des Grecs, (Voy. Rei>. £nc., t. xxx, p. 578), presque entlerement renou- velee , au commencement de ce mols , continue d'altirer I'at- tention publique. On distingue , dans le nombre des nouveaux ouvrages , u/ie Jeunc Fille au bain , et deux tetes delude , de GiRonET ; Bacchus et Ariane , de M. Gros , ainsi que les es- quisses du Combat d' Abouhir , du Champ de bataille d' Ejlau , et de ce tableau qui produisit une impression si vive a Tepoque ou il parut : Francois J" el Charles-Quinl visitant Veglisc dc Saint-Denis. M"'^ Monges a envoye deux tableaux d'histoire , gfands comiiie nature, representant Saint- Martin partake ant son manteau avec un pauvre , et les Sept Chefs devant Thrbes. On sait que Girodet a egalement Iraite ce dernier sujet qu'il n'a pas eu le terns d'exccuter, mais dont le dessin a etc tres- bien Jithograiihic par M. Aubry-le-Comte, son elevc ( Voyez Rev. Enc. , t. xxviii , p. 6'54). Deu.v portraits de Paesicllo et de Robert , par M""" LEimtrN , font les honneurs d'une galerie qui porte son nom , el ra])pcllent son talent d'une manicic fort honorable. Je signale al'attention des amateurs un tableau dans lequel M. Ingres a represcnie la Chnpcllc sixiine au moment PARIS. a75 oil le pape y officie poiitificalemeut. M. Isabey a essaye (Je sup- plcer au talent par la inigiiardise et une certaine rechcrcb.e tie faire, dans une aquarelle represenlant VEscalier du Musee ; produclion qui, a nion avis, ne merite j)as la repiilaiion qu'elle a oblenue. Ceux de nosariislesqui sont a Rome, MM. Fleury, Robert et Schmitz , ainsi que M. Alaux , raainlenant de re- toiu', ontpuise , dans lesmoeursdu pays , des sujets de tableaux qui joignent au meiite de la verite locale une grande force de ton el un talent d'excciition justement remarque. On eprouve du plaisir a revoir V Amour et Psyche de M. Picot , tableau gracicux , sans doute , mais auquel on a prodigue des eloges exageres. L'esquisse du Gustm>e ff^asa de M. Hersent fait re- gi'etter que cet artiste, dont les productions sont empreinles d'un sentiment aussi juste que bien exprime, se soit presque enlicrement adonne au portrait. II y a trois tableaux de M. Gu- DiN, a cette nouvelle exposition : ii«e Marine et deux Fues ; tous trois ne meritent que des eloges. M. Gudin est .sans rival dans le genre qu'il a enibrasse. Les peintres qui appartiennent a ce que Ton appelle la nouvelle ecole, lemoignent une grande horreur pour la beautedela forme et lestyle;i's recherclient, avarit tout, la bizarrerle des costumes; une certaine naivete d'expression qui n'esl souvent que de la lajdeur ou de la niai- serie ; un eclat qu'ils obtiennent en versanl ^ pour ainsi dire , leur boiteacouleursur leur toile; enlin, pour eviter, disent-ils, la maniere, ils soul aussi manithes que possible , mai? dans un genre lout nouveauet fortetrance. Tels sont MM. Colijv, De- lacroix, les deux Deveria, Saint-Evre , Scheffer et West, avec des nuances qui les individualiscnt , quoiqu'ils suivent le meme sysleme. Cependant , il faut etre juste : ils donnent quel- quefois des preuves de talent et surtont de sentiment , ce (|ui fait d'aulanl plus i egretter qu'ils sesoient volontairement em- barques dans une fausse route que tot ou lard il faudra (ju'ils abandonncnt ; on veut bien se singulariser, mais, en France , on ne lient j)as coiitre le ridicule. M. H. Vernet, qui vient le dernier soiis ma plume , occupe cependant un des ])remiers rangs a cetle exposition ; les noii- veaux tableaux i\u\\ ya envoyes sont nombrenx ct ijnporlans.. P.lusieiirs etaient deja coiinus; tels sont la Bataille de Jetn- mapes et VJpotheose de Bonaparte , ou le jteinlre a e\i I'idi'e de placer un bataillon de I'ancienne garde presentant les armes devant un rayon lumineux qui lie une lombeau ciel; ceux qui n'avaicnt pas encore ete exposes sont : la Bataille de Vabny , et les Adieux de Napoleon a sa garde , a Fontainebleau . Le premier de ccs deux tableaux mc paraii au-dessous du talcot 28o FRANCE. que ce peinire a iiiontre dans la plupart de scs ouvrages ; mars I'antre commande raltention. La scene a un grand intertt. Le moment clioisi est celni ou Tempereur, s'adressant aux soldafs de la garde, lour dit : i< Je voudrais vous presser lous sur mon ccEur; j'erabrasserai votrc g^ndral et voire aigle. Approchez , general Petit. » Le general s'est approcliii et tient I'empereur tlans ses bras ; le })orte-:iigle le suit ; sa main, dont il a con- vert son visage, derobe a I'emperenr la vue de I'eraolion qu'il eprouve et des pleurs qu'il rcpand. Bravo , M. H. Vernet ! Cette figure seulc suffirait pour assurer le succes de votre ouvrage. En general , I'e.xposition au jirofit des Grecs offre un tres- grand interet; on y voil des tableaux dont la reputation est depuis long - terns failc , mais qui ne sont presque pas con- nus de la generation actuelle; d'aulres qui n'ont pu etre admis au Salon, a cause des sujets qu'ils representent ; enfin toules les reputations sont venues se placer a coleles unes des aulres el provoquer, pour ainsi dire, un nouvel esamen : la curiosite a done de quoi se satisfaire. Diorama. — Cloitre de St- fVandrille. — Les auteurs du Dio- rama nous inontrent conlitiuellement des eglises ruinees, des fragmens de cloitre ou d'inlerieurs, toutes choses fort bonnes a voir, sans doute, quand elles sont reproduiles avec talent; mais rnoinSjCepcndant , quel'aspect principal d'un edifice veri- fablement important. Je demande a voir rAlharobra, le Coli- see, Teglise do St-£tienne a Vienne, Saltzbourg, dans le Tyrol, le Mont-Blanc, etc.; mais il est plus facile d'allcr a Rouen que dans les divers pays oil sont silues les roonumens on les lieux que je viens de designer; ct voila pourquoinous voyons maintenant le cloitre de St-VVandrille. Ce cloitre, eleve, dans le cours du seplieme siecle, par un moine auquel les chroniqucs donnent Pepin pour allie, a cte jenverse trois fois; deux fois il s'est releve de ses ruines, se relevera-t-il encore? II est plus sage de laisscr a I'avenir lesoin de repondre. C'est dans I'etat de destruction oil il se tronve maintenant que M. Bouton a represente ce cloitre, qui n'offre veritableraent qu'un interel pittoresque tres-inediocre ; mais il n'a ete , pour le peintre, que I'occasion d'employer de nou- vcaux moyens d'effets tres-extraordinaires. Pour animer ce tableau, I'auteur a appele a son secours la niecanique ; ainsi, nne portc qui fernie I'une des extren)ilt:s du cloitre, estsucces- sivement ouverte et fermee violemment par le vent; et, lors- qu'elle est ouverte, Tce-il parcourt au dela, une immense etendue de canipagne. Le ciel que Ton apercoit a travers les ruines PARIS. ' aSi da cloitre, se couvre de nuages qui, marchant avec rapiditi*, ^clipsent ou laissent paraiire, tour a tour, les rayons dusoleil. Ce qui cause le plus d'etonnement , c'est que, lorsqiie le solcil repand sa clarle , !es arbustes, veuus sans cullure au milieu du preau, projettenl sur les debris du cloitre une ombre , mobile comme dans la nature, plus ou moins intense, selon ijue I'eclat du soleii est ]ilus ou moins vif, et qui s'evanouit avec lui. Tout cela est parfaitoment ingenieux; mais, ce que les artistes et' les gens eclaircs demandent a MM. Bouton et Daguerre, c'est une imitation de la nature, non par desmoyens niecaniques , mais telle que les ressources de la peinture peu- vent la produire. Gravure. — Leonidas aux Thermopyles. — Ce tableau de I'un des plus grands peintres qui aient jamais existe, a obtenu. un succes qui ne s'est pas dementi un seul instant. Selon I'opi- nion commune, ce serait le phis bel ouvrage de David; mais les artistes ne pensent pas ainsi. Ce n'est pas ici le lien de de- velopper les motifs de cette difference; je le ferai, dans la no- tice que je me propose de j)ublier sur cet artiste celcbre; seule- ment, je dlrai que le public a ete principalement frappe du caractere dramaiique de la scene; les nouis des personnages quiyfigurent, les souvenirs qu'elle reveille, etaient bien de nature a fixer I'attention generale, dans un moment ou tout I'inlerel se tourne vers la Grece; c'est une des causes du succes qu'a obtenu la gravure , que vient de publier M. Laugier et qu'il a dediee aux Hellenes. Cette gravure d'une dimen- sion considerable , est leproduitde plusieurs anncesde travail; el , cependant, elle ne me satisfait pas enlierement : 11 y a de la durete dans I'effet ; plusieurs letes n'ont pas assez de finesse ; on volt que I'auteur s'est trop presse de livrer sa j)lanche au public; mais, d'un autre cole, on reconnaif , partout, un homme ha- bile qui manie bien le burin, et qui sait disposer ses travaux avec adresse ; la figure de Leonidas est irreprochable. Aussi cette estampe a-t-elle cle trei-reclierchee du jiublic; d'abord , parce qu'elle reproduit un tableau de David; ensuile, parce que le graveur n'est reste au-dessous de lui-meme que dans ce qui n'est pas apercu de tout le monde. Cette planclie a eu deux lirages avant et avec la lettre : les epreuves avant la lettre cou- lent 280 fr. sur papier de Chine, et sur papier blanc, 240 fr-j le prix de celles avec la lettre est de 140 fr., sar papier de Cbine, et de 120 fr. sur jiapier blanc. Lithographic. — Le voluplueux Anacreon , dans I'une deses odes, adressee asa maitresse, lui dit : « Que nesuis-je ton miroir fldele, douce et jeune beaute! je reflechirais tcslraits ravissans; 282 FRANCE. ta (unique, je le loucliciais sans cesse. Que ne suis-je l'<>nF. I. fH!J'RljMi Tome III- 1826. ( 3i* de la collection. ) C)?. LIVHAISON. ^ i> '& mi REVUE ENCYCLOPEDIQUE ANALYSE RAISO.NNfiE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA UTTEKATUKE, LES SCIENCES, ET LES ARTS. 1° Pour lea Sciences physiques ct mathematiiiues' el^les / ' v ' MM. Ampere, Ch. Dm'iN,.Koi;KiER, Girard, W^vniR.de This Casaseca, Je Madrid; Ffkry, Fr,\>-coei;iv , Ad.' Go:^ i/iNi. i , i i - >.., professeur de technologie; A. MtrHti.OT, be Montgrrt ; Morj-.vu ue Jos: Sciences medirales : MM. ADELOs.TJALr.YjDAMtRON , G.-T.Dois, -\medee Dcpau, KsQiitROt, FossATr.GAsc, A. GKiMAUD.d'Ang'r^rs 'O'rohoi-T; ■viRCKHOFF, u'Auvcrs; Okfii.a; UiGoi.r.nT ii!.s, d'Amitwis; .',° I'our les Sciences ^luHosoji/uijiifs et im/rafes , j^o/t'ifitc': , ' isiori^/ues :llA'd. M. .V. Jui.i-iE?f, de J'niis, Fo;n^aioiir-Dir(( ! .' ' ,1 " '.r2cj-ct/}peJiqiie; Df-Gei'..\stjo, Afr.x. HE i,a IuVrhf., JoiwARU .'LAivMmNAi.s, t\c 1 [iistitut ; Agoub, Ahtat:i), INI. Avi-.KEr,, KAr.r.iii du Ijocage Cls , IJF.'J.rAniiN- ' ON'iT\NT, (-'UABI.ES CcMTI,, l)KPrr:<(i, ADllI.Plli.. GARtt'lF.n , '"CrCNIAUT-, >.i i:'.;, '. . IaijEErt, Lafow r>E i/AnF.RAr, Ai..':-.\. Lameth , L.'.-nji.IiNa ;s (ils . : . i.i:..i , L,ZSL-EUIv-;.lERt-lK, jy\S-SIAS, A. MliT.'^'At/i'Ml-YKh.', (rA.'^l.^tJ i-,i;u!i ; 'U-; iS'op.vixs, PAnEHT-l'i) AL, KusEnE Salverte , ' J^-1 . '.-. "■ , ' -, , , .'.;sMONDi, dtvGcnevp, tic. Di;7nN iiiin', Bfrvjm.e , A LeFER, CRIVEr.U.UoiiULEr-DE-CoiSTHlBArl.T, UUFAI , : I ! ,, ! ; GIER , GUADET, Cll. ReKOCARD, TaILI.AMUER,, avoC.lt.',, itr.'. ;^, .. :, 5* I'our la IJtteriifureJhcncrJse et ciuingere, la Bi^'Hrt^iaiJiic ,\'y1i<:heologic i\ \ci Beaux- Arts :M'S\ . AnnraECX, AMAt;RY-DtivAT.,I>EH ii.:;, J. Droz, FSieiuc David, Leherc.'er , Natjdkt, de Seuur, de l'lii>titut; M'n<' L.-Sw". V.f.iA.or.; ;ni. Bariseau, DiANCui.M. Herr, J. -p. Bre.s, Feux Bodi;.-, Bu:•.^•o^■^^ (iS, ( iiAUVET, CBFSEDOt,i.E, de LicgP: P.-A. GouriN , Fr. Dlc; okge.Dhmer.an, 'u. Gauttier , Ph. Goi.BKRy, liEtRERO, IIekrichs, v.. F'erkau, Algvs;:; ;, r.tftK.fiis; KAr.ms, >\ ?.,-.nte, Adrie.v-Lafasge , J-V.' I.Ecr.taf;, r.oi:v.>?- ■ :;iM,vRS, .v.. 'i .: 1 ..s, Al.rERr-M(i?;Ti'MOST, Mo-.-vard, 'Lausanne; "> ir.-H. Patin, !'<>s-frEiivir.r.E;OnET!> : ;.T, DE lUiFr ; < . , III r , bib'i.itjitcaire dp la vilie de .l.'S; IIH yTASSAKT, Fit. ,S ; ,S(.H "EiGH/EUSER , dc.StraS'; ■ iirt'; Lion [arnssr, V. V. . Viti.f.n-aae, S. Visoo.vti, etc, AL' ...UKE.VU CEiaU.ALLE J.A.r.E-\(X'E F.NCYCLOPEDIQIT., ilue ^'^H:'^^ -;.^<^ i^> riS n<>y- ■l.rt.;^'>■!>r>?^I' ■■■^V. m AVIS ESSENTIEL AIJX SOUSCRIPTEURS MM. LES SODSCRIPTEDUS (ioTll 1'aBONNEMENT EST EXPlfiE LB 3o JOIN DERNIER , SOHt inVltCS a Ic faive RENOD- VBLER iNCESSAMMENT , pouF quc Ic scrvicc dcs cnvois ii'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Uepuis le moisde Janvier 1819, il pariiit, par ann^e, douze cahiers de ce Recueil; cfaaque cahier , public le 3o du mois, se compose d'en- yiron i4 feuilles d'impression , et plus souTent de 16 ou 18. On souscrit k Paris, au Bureau central cTabonnement el ^expedition indique sur le litre. Prix de la Souscription. A Paris 46 fr. pour un an; a6fr. pour six mois. Dans les departemens. 53 3o A I'etranger .60 34 La difference entre le prix d'abonnenient,a Paris, dans les diparu- rnens et dans tetranger, devant dtre proporlionnelle aux frais d'expe- dilion par la poste, a servi de base a lafixation porl^e ci-dessus. A ce suiet, la Direction de la Revue Encyclopedique croit devoir faire observer que , cette base ayant ete calculee d'apres le nombre de qua- torze feuilles promises mensuellement aux abounds , les frais depot t occasion's par l' augmentation successive des cahiers sont restes entife- rement a sa charge. Le montant de la souscription, envoyd par la poste, doit ^tre adresse d'avance, franc de pobt, ainsi que la correspondauce, au Directeur de la Revue Kncxdopediqae , rue d' Enfer-Saint.Michel , n° 18. C'est a la ra^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tous genres et les eravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on desirera I'insertion. On peut aussi souscrire chez les Directeurs des postes et chez les principaux Libraires, k Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est terming par une Table des matiferes alphabdtique et analytique , qui eclaircit et facilite les rccherches. Cette Table est toujours jointe au I*' cahier du volume suivant, i I'exception de la dernifere Table de lana'e, qui est exp6dide isol'ment a tous ceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seulement k partir de deux dpoques , du i" Janvier ou du j'trfuiUetde chaque ann6e, pour six mois, ou pour un an. On trouve, ad bobeau ckstral, les collections des armies 1819, iSao, 1821, i8ai, i8i3, i8a4 et tSi.T, au prix de 5o francs cliacune. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DKS PRODUCTIONS Ll'.S PLUS KKMAHQUABLES DANS LA LITTliRATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. NOTICE SUR LES SOCIETES SAVANTES DES ETATS-UNIS DE L'AMERIQUE DU NORD (i). N. B. CeUe Wotice est extraite de rexcellem journal intitule : American journal of science and arts , publie a New- Haven par M. le professeur Silliman [Rev. Enc, t. xxix, p. 736). Le redacleuf nous avertit qu'il ne pretend point j)resenter une liste complete des Societes consacrces aux sciences dans tous les Elats de I'Union , et que des supplcMnens seront necessalres. A iiiesiire que ces supplemens nous arriveront, nous auronr. soin de les offrir a nos lecieurs; car les Societes savantes sont une parlic essenlielle de la statistique, qui est elle-meme aussi importante que la politique, propreraent dile, quoiqu'elle ri'allire pas aussi fortement rattention publlque. Dans renumeration des Societes dont nous allons parler, nous ne consulterous que I'ordre geographique. (i) Voy. Rev. Enc. , t. v, jjiivier et ferrier i8ao , p. 14 - 33 et 232 -aSo, les deux Notices sw les Societes savan'.cs eirarii/ires.^ T. XXXI. AOllt 1826. jy •290 SOClfiTES SAV ANTES 1'' Societe marilime cles Indes orientales , i» Salem, etat dc Massachusctls. Elle fut instituee primitivemont pour rccueillir les observations relatives a I'histoire naturelle de I'Ocean. Pour en etre meinbre, il faut ctrc patron ou subrecarguc d'un navire , et avoir navigue jusque vers I'extremite sud de TAfrique ou de rAmerique. Lorsqu'nn mcmbre fait un voyage, il recoit tin livre blanc qu'il doit remplir de ses notes sur tout ce qui interessc I'histoire naturelle, la geographie, la navi- gation. A son retour, il remct son journal qui estsouniis a une inspection. Par ce nioyen, la socielc possede actuellement plus de 67 journaux , et dans son niusec , plusieurs miiliers d'objets d'histoire naturelle dont on a public, en i8ax, tin catalogue tres-bien fait. Le president de la Societe est M. Bowditch : le nom de ce savant atteste assez I'ufilite dcs travaiix confies ;\ sa direction. 2° Acaclemie americcnne cles sciences et cles arts, fondee en 1780, a Philadelphie. Elle a deja publie plusieurs volumes de ses memoires; I'astronomie et les sciences malhematiques V dominent. Les naturalistes mettrout aussi a contribution los ecrits de MM. Cutler, Cleaveland et Peck. M. Cutler a donne le classement ct la description des plantes indigenes dc ce pays. 3" Societe linneenne cle la Noiwelle-Angleterre , etablie f> Boston. Nous ignorons la date dc sa fondatiou ; nous ne savons pas non plus si elle a publie d'autres ecrits qu'un rapport fait au nom d'une commission sur le grand animal marin que Von a vu pres du cap Ann, et que Von croit etre un serpent dc iner. L° Societe de Franklin. )_ . , r^, , , , ■ Z ^ ...,., J [Providence, Rhode-Island. 5° Societe phdopnusienne. \ Ces Societes dcvraient se reunir, puisqu'clles tendent au memc but, par les niemes moyens : a moins que les operations de I'une ne servent a verifier celles de I'autre, et a donner ainsi plus de certitude aux resultats. La premiere est en acti- vite; elle a fait construire un trjs-beau laboratoire ou le„s membres font une analyse tres-soignee des mineraux du pays, recherches(]ui convienncnt tres-bien a IVtat de Rhode-Island. DE L'AMERIQUE DU NORD. 291 6" Jcodemie des sciences et des arts du Connecticut , foiidee en 1799, tenant ses seances a New-Haven. Le premier volume des memoires fie ccttc Societe parut en 1810, et un autre, en i8i3 : depuis cette epoqu'e, ses travaux ont ete pen actifs. Les reclierches du professeur Silliman sur la fusion de quelques substances refractaires sont rapportees dans ces memoires, ainsi que les resultats des experiences qu'il a faites depuis iouc;- tems sur cet objet important. On ne sail pourquoi ces travaux n'attirerent point I'attention du monde savant, si bien que le doctcur Clakke crut pouvoir s'attribuer I'honneur de les avoir faits le premier. Son ouvrage parut en Angleterre, en 1820, une vingtaine d'annees apres que MM. Hare et Silliman avaient termine leurs experiences a Philadclphie, et que leurs memoires elaient publics. 11 est bien etrange que le chimiste anglais n'en ait eu aucune connaissance. 7° Socitle americaine de geologie, organisee a Ncw-IIaven, en 1819. Eile n'a point encore public de memoires; mais le redacteur du journal qui nous fournit les materiaux de cette notice, lui doit une parlie de ses articles. Ses assemblees an- nuelles sont flxees provisoirement au mois de septembre, a New-Haven. 8° Lycee de Pittsfield, fonde en iSaS, a Pittsfield, etat de Massachusetts. 9° Societe des arts d' Albany, etat de New-York. Elle a deja public, sous differens titres, quatre volf.mes de memoires dont plusieurs sont tres-interessans, principalement ceux de bota- nique et de geologic. W s'etait forme dans la meme ville un Lycee; les deux Societes viennent de se reunir sous le titre d' In stitu t d' Albany ( i ) . (i) 11 ne p.Traitra pas deplace de parler ici de Yecole de Rensslaer, etablie dans ces derniers teras a Albany par M. Stephen Von Renss- L4ER , habitant de cetie ville. Cette instiiution, qui a deja obfenu les plus heureux resultats, peut devenir qnelque jour une pepi- nifere de naturalistes. Le but du fondateur est de former, pour I'instruction de la jeunesse des deux sexes, dans la classe des cul- aga SOCIETjfcS SAVANTES 10" Lycee cThistnire naturelle ,a Vlique , etat de New- York, fon(Jc' en 1820. 11" SocicUf de chimic el de geologic , a Delhi , etat de New- York. 12" Lycee d'histoire naturelle , a Troy, 1819. 1 3° Lycee id., — a Hudson, 1821. 1/,° Id. id., — a Cats kill, 1820. i5° Id. id., — <>i Nea'hurgh, 1819. 160 Id. id., — a f rest point, 182/1. La pliipart de CfS Socieles n'ont point encore piiblie de memoires; mais toutes out Iravaille avec zcle a dcs rccher- ches, i former dcs collections, a preparer les depots qui rcn- ferineront ces raoyens d'instrisction : ct plusieins d'entre elles ont fait inserer de precicuses notices dans les joiirnaux oon- sacres aux sciences. 17° Societe lilteraire et philosophique de New-Yorf; , fondec tivalcurs et dans celle des ouvrlers, des professeurs capables d'en- seigner I'applicaiion des sciences nattireiles a r.ngriculture , a I'eco- noinie domestiqiie, aux arts et aux manufiictures. On emploie poor cette in.struction les modes d'enseignement les plus cnpable.s d'en assurer le succ^s. M. Eaton enseigne la chimie et la philosophic naturelle ; il fait aussi un coiirs de gvolugie, un autre iVarpentage, etc. M. Ic D'' L.-C. Beck, botaniste deja celebre , est professeur de botaniqtie , de mineralogie et de zoologie. Des feniies bien cultivccs et des atelieis de differens arts ont ete etablis dans le voisinage de recole, afiii que les etudians puissent y faire rap])lication imrae- diate de ce qu'oti leur enseigne. Les jeunes gens sent aussi exerces tour a tour a professer les diverses parties de I'instruction qu'ils ont reciie. L'etablissement poss^de une bibliotheque nouibreuse et bien composee, unc' collection tres-complete des ecbantiilons geo- logiques des Etats-Unis , de beaux lierbiers, et les Ecbantiilons ne • cessaiies pour I'etude de la gcologie. Les cxercices i)ublics des eleves ont donnc une opinion tres-avantageuse de I'excelience des methodes d'enseignement que Ton suit dans cetie ecole, la meiileure qu'il y ait dans ce pays, pour I'applicaiion des sciences aux be- ioins ordinaires de la vie. On a public a Troy un irapjime sous ce titre ; Constitution et reglemeiis de f ecole de Rcnsslaer. DE L'AMERIQUE DU NORD. 293 en i8i5. Elle s'assemble tous les niois. Elle a deja public un volume in-4° i3e ses transactions ; un autre volume ne tardera point a paraitre. 18° Lycee d'histoire naturelle de New- York , fonde en 1818. Ses reunions sont hebdomadaires. On public, sous ses aus- pices, un catalogue des plantes qui croissant spontanement a 3o milies autour de la ville. La corrcspondance active de New-York avec toutes les parties du monde invite a y former nn cabinet d'histoire naturelle. Les premieres tentatives pour rexectition de ce projet sont assez encourageantes; on a deja rassemble, en mineraux et en debris organiques fossiles, une collection de morceaux choisis. Dans le cours de I'annee dcr- iiierc, 47 memoircs ont ete presentes par les membres de la Socicte, et lus dans les seances. Pendant les mois d'hiver, les membres font, a tour de role, des cours sur les differentes divi- sions de I'histoire naturelle. En 1824 j la Societe a commence a publier ses annates, dont le prix est tres-modique, afin qu'elles soient a la portee d'un plus grand nombre d'acheteurs et de lecteurs. L'ordre de la publication est celui de la presentation des memoircs; ils paraissent en feitilles separecs, sans epoques fixes et sans attendre qu'ils soient assez nombrenx pour com- poser un gros volume. On pense avec raison que celte maniere de communiquer avec le public est plus agreable et plus utile pour tous, que les connaissances sont plus |)romptement re- pandues, et I'emulation plus fortemcnt excitee. 19° Branche de la Societe linrteenne de Paris, etahlie h New-York. Le mois de mai est I'epoque de ses assemblees annuelles. 20° Nouvel Jthenee de New-York. Cet elablissement est du a la munificence de quelques riches negocians qui se plaisent a encourager les sciences et les Ictfres. Pendant Thiver dernier, onya fait des cours de cbimie, de geologic, de botanique, etc.. r«mpressement des auditeurs a fait voir que cette instruction venait fort a propos. A ces etablisscmens formes en faveur des sciences, dans celte ville et dans plusieurs autres de 1 etat, il faut ajouter les 294 SOCIETJiS SAV ANTES Societeji ^'agriculture tloiit le gouvernement a ordonrn- la crea- tion dans chaqiie comte. Quoique leiir but no soit pas preci- scment dc peifectionncr les sciences naturelles, »;lies contri- bueront cependant a Icurs progres : on doit deja a ccs Societes plusieui's essais de geologic consideree dans ses rapports avec ragriculture, et dont I'litilite ne sera pas moins appreciee par Ics amis de la science cpie par les cultivateiirs. En i8iy, on accorda, par nn acte de la legislatnre, une somme annuelle de 10,000 dollars (environ 5o,ooo fr. ) a repartir entre les comtes, en raison de la population, a condition que chaque contingent serait double par des souscriptions volontaires. Un an apres la promulgation de I'acte, 26 Societes iV agriculture etaient en activitc. On organisa aussi un conseil central cV agri- culture, compose de deputes des Societes; le gouvernement fournit 1,000 dollars pour cette augmentation de frais , pour achats de graines et pour impression de memoires. Le conseil a deja public deux volumes de memoires envoyes par les Societes. 21° Societe litteraire et philosophique de New- Jersey, cta- blie en iSaS, a Princeton. Son objet est de repandre les con- naissances usuelles, de multiplier les relations et de resserrer les liens qui doivent unir tons les amis des sciences et des lettres. 22° Societe philosophique americaine , fondee a Philadel- phie en 1769. C'est la plus ancienne de toutes les Societes savantes des elats de I'Union. Ses memoires forment deux series, dont la premiere est de cinq volumes, et la seconde r'en compte encore que deux ; le second a paru depuis peu (Voy. Rev. Enc. , t. xxix, mai 1826, p. 327.). II est honorable pour cette ville d'avoir forme deux etablissemcns de cette sorte pour les sciences, a une epoque 011 les autres ctats n'en avaient point encore (i). Ses travaux seront toujours recher- (i) Le Journal dCun voyageur allemand nous fournit queiques |)ar- ticiilarites intcressantes sur I'histoire de cette Societe. » C'est a I'infatigable Constance de Fiaiiklin que Philadelphie est redevahle I DE L'AMtRIQUE DU NORD. 295 cheSj piiisque I'on y trouve les memoires tie MM. Barton , Maclure, Say, Lesueur, etc. 23° Societe iinneenne de Philadelphie, fondee, en 1807, par feu M. le professeur Barton qui , dans la seance d'installation, prononga son discotirs sur quelques-uns des principaux desi- derata ( ou sur les priucipales lacunes ) de I'histoire naturelle de rAmerique. II semble que les membres de cette Societe ne se reunissent plus. 7.1^° Acadernie des sciences naturelles de Philadelphie , fondee en 1818. Ses membres se reunissent une fois par semaine : elle a deja fait paraitrc 4 volumes de son journal des sciences na- turelles, in-8°, ct les materiaux du 5* sont prets pour la publication. Sa bibliotheque est, de toutes eel les des Etats- Unis, la mieux pourvue d'ouvrages sur I'histoire naturelle, avanlage dont elle est principalement redevable a M. Maclure, savant aussi recominandable par son zele pour les sciences que par sa generosite envers ccux qui les cultivent (1). Le Journal r ^ de cet etablissement. II avait commence par reiinir une iociete toute composee de ses amis particuliers ; il s'y etait introdiiit, a ce titre des hommes etrangers aux sciences, mais qui se fliisaient gloire de frequenter les savans : peu a pen , les reunions devinrent plus rares , et elles cesserent enfiu. En 1769, la Societe fut re- composee ; mais tous les anciens membres n'y furent point admis • Ceux qui eprouv^rent ce desagrement form^rent a leur tour une autre Societe dont plusleurs membres n'etaient pas sans merite. Quelque terns apr^s, les deux Societes jugerent qu'elles devaient se reunir, dans I'iuter^t des sciences .• ainsi, les membres , exclus en 1769, trouvferent cet expedient pour dtre admis, au grand de- plaisir des savans ; mais ces contrarietes n'auraient pas interrompu les recberches scieiitifiques, si la guerre n'y avait point mis obstacle. Lorsque I'independance fut consolidee, les savans retour- nerent a leurs occupations. Depuis ce tems , I'histoire de la Societe est tout entiere dans ses memoires. » (i) Nous avons possede long-terns M. Maclure a Paris, ou il venait se reposer, pendant quelques mois , chaque annee , de ses excursions philosophiques dans les differentes parties de I'Europe. 296 SOClliTES SAVANTES (ie V Acadcmie t-st iin ouvrage dc premiere necessile pour les iinturalistcs amcricains. Tons CCS cncouragcmens et ccs sccours offerls a Tctiidc de I'histoire natiircUo sont encore secondes par \Univcrsite de Pensyhanie. M. Say y est professoiir de cetle science; M. le D' Hare cnseigne la chimie, et M. IV. H. Keating, la inine- ralogie appliquee aux arts : la botanique est confiee au D' Bar- ton, et I'anatomie comparee au D"" Hewson. Tons ces cn- seigncmons sont gratuits, et cliaque professeur est tenu dc faire au nioins dix lecons par an. Lc Musec de Vhdadelpiiie , etabli depuis qnelques annees, est independant de I'Universite , et nomme ses professeurs. M. Troost y enscigne la mineralogie et la geologic; la chaire de zoologic est occupee par M. Say; celle de physiologie, par le D' GoDMAN, et celle d'anatomie comparee , par le D"^ Har- lAN. Tons ces cours sont en pleine activitc. On ainio a passer eu revue cc qu'une seule ville a fait pour baler les progres des sciences , et pour inspirer le gout des jouissances dent dies sont la source. Puisse ce noble exemplc Uouver beaucoup d'imi- tateurs! i5° Acadihnic des sciences et des leltres , a Baltimore , etat de Maryland, fondee en 1821. EUe se dispose a publier le i'"^ volume de ses transactions. 26° Instilut colombicn, a fFashington. Le president des Etats-Unis en est le president de droit. On a public, sous ses II a laisse en France, conime dans lous les pays qu'il a visiles, les souvenirs les plus honorables : il prenait un inter^t tout parliculier a la Revue Encyclopedique , dont le fondateur avail fait sa connais- sance personnelle et s'etait lie d'amitie avec lui , a Yverdun, en Suisse, sous Ics auspices du cel6bre Pestalo/.zi, leur ami commun. M. Maclure cache un rare talent d'observation et un grand fonds de philantropie et de veritable et profonde philosopbie , sous les formes simples d'une francbise qui va souvent jusqu'a la brusquerie , et qui rappelle .t la fois notre Lafoniaine , nomme le Honlwinme , quoiqu'il fut suitouthomme de genie, son Paysan du Danube, et I'Americain par excellence, Franklin. M. A. J. i DE L'AMERIQUE DU NORD. 297 auspices, uae Jlorula columbiensis , et il s'occupe avec activite do I'etablissement d'lin jardin botaniqiie. 27° Societe du 31usee cle I'Ouest, foiidee en 1818. Son but est de reunir dans un vaste niusee une collection complete de tons les objets d'histoiie naturelle du pays; d'y joindre tout ce qui peut repandre quelques lumieres sur I'histoire du globe terreslie, du nouveau continent en particulier, et sur celle dcs anciens babitans de cette contree dont on retrouve aujour- d'hui quelques monumens et quelques travaux. Quoique cetle collection soit a peine coinmencee, elle est deja considerable, et s'accroit rapidement. a8° Societe litterairc et philosophique de Charlestown. Le savant M. Elliot en est le president; elle possede un fort beau cabinet d'histoire naturelle. Nous ne croyons pas qu'elle ait encore public des memoires. 29° Lycee d'histoire naturelle de la Nouvelle - Orleans , Lonisiane. Cet etablissement ne date que de iSaS; on dit que son debut a etc satisfaisant, et que tout annonce qu'il pros- perera. Cette liste ne peut etre ccnTiplete; niais i! est extreniement difQcile d'apcrcevoir et de remplir los nombrcuses lacnnes qui peuvent s'y trouver. On a plus lot et plus facilement des nou- velles des grandes capitalcs do I'Europc que de Pittsbour^, de Cincinnati ou des Natchez. Cette notice fut redigee au mois de dccembre iSaS. Depuis cette epoque, le noinbre des Socieles savantes peut s'etre aug- mente. Plusieurs etats, meme parmi les anciens, ne sont point compris dans cette liste, quoique les sciences n'y soient cer- tainement pas negligees : il est done en effet tres-vraisemblable que celte enumeration des Societes savantes des Etats-Unis est incomplete. Cependant, on peut en conclure que I'etude de I'histoire naturelle est plus en faveur quaucune autre, dans TAmericpu' du nord. Cetle predilection est tiop bien foudee et trop uiile pour que nous soyons tenles de la desapprouver; mais elle ne peut etre expliquee que par des circonstauccs qui nous sont inconnues. Il seaibie que, dans tous les lems, 2(j8 SOCIliTES SAVANTES DE L'AMERIQUE, etc. I'interet dc rindustrie, des arts de l.i yuerre et de la navij;a- lion, cxige le perfectionnoment des sciences mathemaliques ct de leiirs applications. Ces besoins des nations nc sont point negliges aux Etats-Unis, ni mis au-dessous de leur impor- tance; cependant, il semble que Ton n'a pas, a beaiicoup pres, recherche avec autaut d'empressenient ce qui pcut con- tribuer a ies satisfaire, que ce que demandait la luuable et utile curiosite des uaturalistes. Cette sorte de contradiction disparailrait, si nous connaissions mieux rcnseuible de I'ins- truction publique,des ecoles speciales, des etablissemens en faveur des arts et de rindustrie, et Ies succes obtenus par toutes ces institutions; en un mot, s'il nous etait possible de rassembler et de coordonner Ies elemens d'une stadstique in- tellectuelle des Etats-Unis. En attendant que nous ayons des i;iformations plus completes, qui nous seront donnees pen a peu par nos correspondans, et par notre nouvelle auxiliaire, la Revue americaine , etablie depuis peu a Paris ( Voy. ci- dessus, p. 33. ), nous nous bornerons a observer et a signaler Ies resultats Ies plus imporlans. . NOTICE SUR LES OUYRAGES DE JEREMIE BENTHAM. Les amateurs des sciences morales nous sauront gre de leur presenter un catalogue des divers ecrits publics en anglais par M. Bentham, dans un espace de 5o annees. On sera surpris de n'y point voir les grands ouvrages qui lui ont fait une re- ()Uta!ion europeenne, les Traites de legislation civile et pe- tiale (i), la Thcorie des peines et des recompenses , la Tacti- que des assemblees politiqites (2), le Traite des preuves Jtidiciai- res (3); niais, ce n'est pas M. Bentham qui les a mis aii jour, (i) Voy. Rev. Enc, t. vii , p. 164 ; t. xv, p. 499- (2) Voy. ibid., t. xvii , p. 5o3. (3) Voy. ibid., t. xix, p. 170. NOTICE SUR LES OUVRAGES DE J. BENTHAM. ayy lis n'ont point paru en anglais , ils ont ete rediges en francais, d'apres ses manuscrits : manuscrits immenses et incomplels que I'auteur, effraye de leur masse, n'avait ni le loisir, ni la volonte de revoir et de terminer, et qui seraient restes cnfouis dans son cabinet, sans la courageuse patience de son editeur ( M. Et. DuMONT, de Geneve). M. Bentham avait debute dans la carriere du barreau : des circonstances favorables, secondees de ses rares talens, Ini promettaient de grands et rapides succes. Mais , entrainc bientot par une plus noble ambition que celle de la fortune, il abandonna la pratique de la loi pour se livrer tout entier a I'etude de la legislation. Son premier ouvrage fnt publie en 1776. I. Fragments on government. — Fragmens sur legouverne- ment, 177P. C'est une critique de plusieurs passages des Commenlaires de Blackstone, et notamment de son discours preliminaire. L'auteur etait jeune : en attaquant un ecrivain d'une grande reputation, Jl cnit devoir garder I'anonyme; mais il eut la satisfaction de voir attribuer eel ecrit aux premiers juriscon- sultes. II y etablissait la Suprematie du principe de I'lUilke ; il y exposait toutes les fausses manieres de raisonner en ma- liere de legislation; on y voyait poindre toutes les grandes idees qu'il a depuis developpees dans ses autres productions. Ce debut annoncail un penseur original et profond. Le style a toutes les qualites que Ton pent desirer dans le genre didactique. II. View of the hard labour bUl. — Vues sur le bill relatif aux travaux forces, 1778. Un bill avait ete propose pour I'etablissement de prisons penitentiaires et de travaux forces. M. Bentham, en approu- vant le but, fit sentir toutes les imperfections des moyens par lesquels on voulait I'atteindre. On s'apercoit partout, dans cette discussion sur une loi particuliere, que Tauteur planait au-dessus de son sujet par ses vastes conceptions sur la juris- prudence penale. Ce bill fut rejete. 3oo NOTICE i)UR LES OUVRAGES III. Defence of usury. — Defense de I'usure, 1787. Ce title n'est peut-etre pas celui que I'ouvrage aurait do porter. L'objet est de prouvcr, coutre une assertion d'Adam Smith, que le commerce de I'argent doit etre libre comme tout autre , et que les lois faites pour fixer le taux de I'interet nc font qu'agi;raver le sort deseniprunleurs. Ce n'est done pas une apologie de I'usure, mais une preuve que ce qu'on appelle usure doit etre raye du nombre des delils. Cette dissertation est un chef-d'oeuvre, par la force du raisonnement comme par la maniere de I'exposer. IV. Introduction to the principles of morals and jurispru- dence.— Introduction aux principes de morale et de juris- prudence, 1789. In-4''. C'est un ouvrage fondamental oii se deploio toutle genie de I'auteur; mais, tous les siijets les plus melaphysiques y sont traifes sous une forme analytique et austere, dans une serie de theses, qui exigent I'atlention la plus soutenue et la plus peniblc, meme pour les lecteurs les plus exeices; I'ouvrage n'eut aucun succes. Le due de la Rochefoucaull lui cheroha vainement un traducteur. Ce meme ouvrage, mieux apprecie dcs connaisscurs, a et6 reimprime en Anglelerre, en 1823 (2 vol. in-8"). II a fallu 33 ans pour arriver a cette scconde edition. On voit qu'il ne suffit pas de faire un livre profondement pense ; il faut encore qu'il soit proportionne a la capacite des lecteurs auxquels on le destine. Ces principes de morale et de jurisprudence sont entres dans les traites de legislation que M. Dnmont a ])ublies; mais il en a donne I'extrait sous des formes familieres, inlerpretant ce qui etait obscur et dispersant les classifications dans les diffe- rentes parties auxquelles elles appartiennent naturellement. \. Panopticon. 2 vol. in-12. — Panopticon, on plan d'une niaison d'inspcction centrale , particulierement adaptee aux prisons penitenllaires, et en general a tous les etablissemeus dans lesquels un grand nombre de personnes rcunies doivent etre soimiises a une inspection constante. DE JEREMIE BENTHAM. 3oi Get ecrit renferme tons les details d'architecture , toute la discussion des avantages du projet et des objections auxquellos il pcut donner lieu, avec un plan d'administration morale et ecoiiomi(jue. Ce plan avail ete adople par la commune dc Paris, et il allait etre mis a execution, lorsque la violente catastro]ilie de 1792 renversa la commune et la constitution monaroliique. Les trailes de legislation contiennent un memoire ou I'on a fait entrer tout ce qui est essentiel dans les deux volumes deM. Bentham, a I'exception des details de construc- tion qui ne peuvent interesser que les architectes. VI. Draught of a code for the organizations of the judicial establishment of France. — Esquisse d'un code pour I'organi- sation judiciaire de la France, 1791. Lc comitc de rAssemblce constituante presenta un plan d'organisation judiciaire que M. Bentham attaqua reguliere- ment, article par article ; niais il ne se borna pas a une simple critique; il ajouta son propre plan sur lequel il avait long tems reflechi. Get ecrit parut trop tard pour avoir de I'iniluence sur I'assemblee, et il est plus que douteux qu'il eut produit quelque effet, tant ses vucs etaient differentcs de celles qui dominaient alors. II a depuis niodifie quelques-unes de ses opinions, mais sur des points pen essentiels. VII. Essays on political tactics. — Essai sur la tactique des debats politiques, 1791. M. Bentham ne publia que dix chapitres de cet ouvragc sur les regies fondamentales des debats. G'est une critique detaillee des modes de deliberation suivis dans les anciens Etats-Generaux et dans TAssemblee des notables. On ne pent qu'etre surpris de tout ce i.\\\e M. Bentham a fait, dans un si court espace de tems. La revolution francaise avait excite au plus haut degre toutes ses facultes et tout son interet. II se regardait comme un cooperateur naturel de cette grande entreprise de legislation , et il travaillait a lui seul plus qu'aucun des comites de RAssemblee constituante. 11 etait tout pret a achever son code penal et a entrept endre un code civil ; mais il fut bienfot decourage par I'etat de desordre dans lequel 3o2 NOTICE SDR UlS OUVRAGES la violence des partis avait fait tomber la France ; et il coiupi it que ce n'etait pas dans un moment de fermentation qu'on pou- vail faire entendre la voix paisible de la raison et de la philo- sophic. VIII. Supply without burthen. — Finance sans fardeau, 1795, II s'agit de donner a I'etat par droit A't'chute les fortunes de ceux qui meurent, sans laisser d'heritiers naturels. L'autcur avait adouci ce qu'il y avait de dur dans cette disposition par uu droit limite de tester; cette conception fiscale n'a point Irouve d'approbateurs. IX. Protest against law taxes. — Protestations contre ies taxes, 1796. C'est une reclamation contre les taxes siir les actcs judi- ciaires : chef d'oeuvre de methode, d'argumentation et de style. Cette dissertation, traduite par M. Dumont, a ete inscree d'abord dans la Blbliotheque universelle qui se public a Geneve, et depuis, dans le Traite des preuves judiciaires. ^.Emancipate yourcolonies. — Emancipez vos colonies, 1793. Adresseal'Asseniblee legislative, dont Tobjetest de moiitrer I'inutilite et le danger des possessions coloniales. XI, Pauper management, 1797. — Ce plan sur I'adminis- tration des pauvres est plus specialement rclatif a rAngieterre qu'a tout autre pays. II s'agit de substituer a I'administration de chaque paroisse celle d'une compagnie unique qui se cliar- gerait a un prix fait de tons les indigcns du royaunie. L'expli- cation de ce regime singulicr, les precautions a prendre en faveur des pauvres , ies devoirs a imposer a la compagnie, les details de I'administration, les avantages qui doivent resulter de ce plan, tel est I'objet d'un volume de lettres adiessees h Vediteur des Annates d' agriculture. Cet ouvrage a ete traduit en francais par M. Duquesnoi. XII. Letters to lordPclham. — Lettres a lord Pelhani, 1802. Ces lettres, qui forment un gros volume, sont relatives ;\ Xetahlissement penal de Botany-Bay ; M. Bentham le Irouve defectucux sous tons les rapports. II n'inspire point une crainte salutaire; souvent il a servi de motif an crime. II ne conlribue DE JEREMIE BENTHAM. 3o3 points la reformation morale des deportes; an conlraire, le nombre des delits dans cette colonie est dans une proportion effrayantc, compare a toiite autre population. L'auteur donna ime suite a ces lettrcs [Plea for constitution). — Plaidoyer en faveur de la constitution (i8o3 ), dont I'objV't t'tail de prouver que la deportation a Botany - Bay entrainait une multitude d'actes arbitraircs et illegaux , par lesquels la constitution etait continuelI(;ment violee (i). XIII. Scotch reform, 1806. — Reforme ecossaise, consi- deree d'apres le plan propose au parlement pour la regulari- sation de I'administration dc la justice en Ecosse. — Get ecrit se compose de lettres adressees a lord Grenville, a I'occasion de quelques changemens proposes dans I'etablissenient judi- ciaire d'Ecosse. Get ouvrage ne peut paraitre intelligible qu'a des personnes tres-versees dans la procedure technique de I'Ecosse et de I'Anglcterre. G'est une critique vehemeiite de tons les abus qui occasionnent tant de frais, tant de lenteurs et de perplexites , dont les citoyens de toutes les classes sont victimes. XIV. Swear not at all , ]8i3. — Ne jurez point. — Expose de I'iuutilite et des mauvais effets de I'institution et de I'usage du serment. L'auteur attaque I'emploi du serment dans toutes ses appli- cations, comme une mesure non-seulcment inefficace, mais dangereuse , et en contradiction avec le preccple le plus positif du fondateur de la religion chretienne. II tire la principale preuve de I'abiis du serment, en Angleterre, de I'usage que Ton en fait dans les universites, soit pour fairc jurer des statuts que personne n'observe, soit pour faire signer des declarations de foi auxquelles on n'attachc aucune autorite et aucune im- f>orfance. (i) Voy. la Theorie des peincs. M. Dumojnt a for«?/?//e/, et qui consist*^ 3i4 NOTICE SUR LA LANGUE DES SAUVAGES a considererractionconimcetant dans lapossibilite d'etre accom- plie. Ainsi, il fiiut compter trois autres tems presens , qui sont : Je te puis prendre. Je ne puis pas te prendre. Puis-je te prendre ? Ayant chacun trois singuliers et trois pUiriels. Il existe encore d'autres formes simples du tems present, telles que : Laisse-moi te prendre. Je suis cause que tu me prends. Je ne suis pas cause que tu me prends, etc. L'infinilif, qui a, comme tous les autres tems du vcrbe, les deux modes alfirmatif ct negatif , se conjugue de la mantere suivaute : Singulier. Me prendre. Te prendre. Le prendre. Pluriel. Nous prendre. Vous prendre. Les prendre. Mode negatif. Sing. Ne pas me prendre, etc. Plnr. Nepas nous prendre, etc. On voit par cet apercu , que la multiplicite des formes du verbe dans les langues des sauvages de I'Amerique est presque infinie. Les autres mots sont egalement susceptibles de se modifier en un grand nombre de formes varices pour exprimer les dif- ferentes modifications d'une idee et toutes ses combinaisons avec des idecs accessoires. On a vu que le nom devenait verbe a volonte ; il est egale- ment facile de rendre le verbe substanlif dans tous les tems, soil au singulier , soil au pluriel ; ainsi , Oiianpis , signifie blanc. Kotioumpis , vous dies blanc. A'ououmpis , je suis blanc. Koiioiiinpiss«riA , votre blancheur. Nouoiimpissoiih, nia blancheur. Dans le humn , dialecle de I'iroquois : dit Charlevoix. II se trompe; ce sont deux modes du meme veibe. Les ternies rela- tifs a un voyage sont differens, s'il a ete fait par terre ou par iner. Les verbes actifsse modifient, a inesure que de nouvelles choses toaibenC sous leui' action. Le vcrbe manger, par exem- plc , varic aiilant de fois qu'il y a de comestibles, auxquels on Tajiplique (i). M. Duponceau parle d'line grammaire manuscritcc/«? la lan- gue Delaware , par Zeisberger, dans laquelle on trouve un plus grand nombte de modifications dn verbe (a). II emit que, dans les idiomes du sud , la conjugaison est encore plus etendiie (3). Jarvis nous apprend que les verbes floridiens ont un duel (4); il est probable que des recherclies ulterieures feront decouvrjr ['existence du duel dans les autres langues de I'Amerique qui n'auront pas perdu, par le laps des tems, ou par I'ignorance dessauvages, cette richesse grammaticale, commune an grec et au Sanskrit. L'esprit se perd devant la multitude d'idees exprimees par les nombreuses modifications d'un meme mot, qui se raultiplie presque a I'infini au moyen d'une classification simple et regu- liere, composce de modes, de tems, de personnes, d'affirma- tion , de negation, de transition, etc. Dans les langues du nord, conime dans celles du sud, on remarque une egale richesse d'expression , non-seulcment pour les objets physiques, mais aussi pour toutes les idees ayant rapport a la morale et a la metaphysique. Le pere Zanteno donne, dans sa grammaire, p. 5i, sept noms de la langue de (i) CaxViLT.yoix , Joiinuil /listoritjue , p. 197. (a) Grammaire de M. /. Eliot. Notes , p. xxii. (3) Ibid., Notes, p. xxiv. (4) yf Discourse on the leligion of the indian tribes of north Ame- rican, delivered before the New-York historical Society, decembtr 20. 1819; by Samuel Fa;Tnar J kri,\js. New- York , 1820. Page 83. 3i6 NOTICE SUR LA LANGUE DES SAUVAGES Houastecan ( Nouvelle Espagne } qui expriment I'amour, coii- sidere, sansdoute, sous aiitant de rapports differcns. La pkipart dcs ecrivains nous discnt, en parlant de I'lndc, que les peuples de ce pays ont uii ijrand nonibre dc mors pour une meme chose; ce qui n'est point. Quoique les Hindous aient plusieiirs noms pour exprimer, par cxemple, la terre, I'atmos- pherc, la lunc, ou le soleil , qui a millc noms en Sanskrit, il n'exisle ncanmoins parmi eux aucun synonyme. Tons ces noms represcntent bien , a la vcrite, une memo chose, mais conside- ree sousautantde points de vue diffJrens; comme on leverra, au mot Shanimaddra , dans mon dictionnaire hindou.ttani. Toutes les langues de I'Amerique sont remarquables par une metliode simple ct rci^^uliere qui serf a composer los mots au moyen de racines, qui se modifient en se combinant. C'est un procede admirable pour abreger le discours et pour exprimer beaucoup d'idees en peu de mots. Ces idiomes se recomman- dent encore par la douceur et I'harmonie qui resultent de syl- labes, ou racines sans valeur, n'ayant d'autre fonction que celle d'adoucir le laugage en s'interposantentre deux sons des- agreables. Ce qui a lieu egalement pour le Sanskrit et autrcs langues de Tlnde. Ainsi, ces mots cites, comme etant d'une longueur demesu- ree par des vnyageurs qui ignoraient le mecanisme savant dc ces langues, sont des membres de phrases et parfois des phra- ses entieres , et non point « des mots simples composes au hasard, par le caprice de gens sans idees; ni de longues peri- phrases employees naturellement par des sauvagcs; encore moins les ebauches grossieres d'un peuple qui n'est pas encore arrive aux premieres notions. » lis sont, au contraire, les eleraeris du discours reduits a leur plus simple expression et pouvant se combiner eutre eux dans tons les sens, et avec la ])his grande facilite. lis offrent cnfin I'analyse la plus parfaite et la synthese la plus philosophique du discours, et sont un produit phiiologique, bien supericur a notre essai de langue chimiquc, composec de mots dont la signification arbitraire n'a pas toujours un rapport direct avec DE L'AM£RIQUE DU IVORD. 3 17 les clemens empruntt-sdu grec; cc qui forme parfois un anial- ijamecle racines simples avec des mots disparates (i). Uue langue aussi perfectioiinee ne peut etre I'ouvrage que d'un peiiple parvenu a une tres-haute civilisation. C'est un mo- nument precieux do la plus haute antiquite , que Ton n'a point su d'abord apprecier , parce qu'il a etc juge trop precjpitam- ment, sur de premiers apercus superficiels et inexacts. Parmi Ics ecrlvains qui se sont occupes des langues de I'A- merique, plusieurs ont trouve qu'elles avaient du rapport avec I'hebreu ; de ce nombre sout M. Eliot, le D*" Mitchill, de New-York et divers missionnaires. Nasci, juif de Surinam, disait a Malouet, « que le Galibi, langue de toutes les peupla- des de la Guyane, est douce, agreable, abondanteen voyelles, ainsi qu'en synonymes , et que la syntaxe on est tres-reguliere. Cejuifa trouve, ajoute Malouet , que tous les siibstantifs de cette langue sont hebraiques. » Cependaut, le savant professeur Vater, successeur d'Ade- lung et continuateur du Mithridates, le plus grand ouvrage que Ion ait jamais entrepris en faveur de I'etude des langues, pense que les idiemes americaius n'ont d'analogie en Europe qu'avec le basque, en Asie avec le tchushtschi , et en Afrique avec le Congo. D'apres I'expose rapide que je viens de soumettre aux re- flexions du lecteur, il s'est deja apercu que les langues de TAmerique n'ont plus rien de commun avec I'etat actuel des peuples de ce pays; elles appartiennent a une tres-grande ci- vilisation ; c'est un debris precieux du naufrage des generations anterieures. Malheureusement, ks nations sauvages dont le (i) Je suis bien eloigne de ne pas reconnaitre tout le merite des saviins qui ont enrichi notre langue des terines philosophiques de la chiinie tnoderne. Je ne parle que comparativement a ce qui existe ailleurs dans un autre genre. La preuve que cet essai des njodernes est bien imparf^iit, c'est qu'il est modifie chaque jour par les nou- vellec decouvertes de la cbiniie. 3i8 NOTICE SUR LA LA.NGUE DES SAUVAGES nombre decroit cliaque jour, a mestue que la population eu- ropeenne s'etend, laissent pcrdre de plus en plus ces testes des anciennes connaissances philoloi^iques. C'est pouiquoi on iic saurait trop desirer que les societes savantes, repandues dans les Etats-Unis, principalenncnt celle de Philadelphie , publient les manuscrifs precieux qu'clles possedent sur ce sujet qui in- teresse tant riiistoite philosophique de riiomme. On pent at- tendre de leur philantropie bien connue , qu'elles s'empresse- ront de communiquer au public tout cc qu'elles ont recueilli d'inleressant a cet egard. Get immense resultat de la grammaire savante des anciens peuples qui ont precede en Amerique I'existence des peuplades sauvages de ce pays, se retrouve dans le sansJirit , dont les mots, composes de racines, ou d'elemens simples, se combinent et se modifient a I'infini, exprimant d'une maniere claire et precise , el avec une harmonie douce et sonore , toutes les idees et les nuances d'idees qui peuvent se presenter a I'esprit. Une difference remarquable entre les langues des deux pays, estTabsence dans celles d'Amerique, du verbe substantif eV/e, exister ; esse, sum, qui est, dans I'ancien nionde, le canevas sur lequel tons nos verbessont tissus. Les langues d'Amerique possedent le verbe sto , etre quelque part, .stare (i), ternie qui appartient au Sanskrit, comme on pent le voir au mot stem du recueil des etymologies indiennes. Molina, dans sa grammaire de la langue othomi , parle d'un verbe qu'il rend par sum , es , fui; mais le savant M. Duponceau pense, et je crois avec rai- son, que c'est une erreur, et qu'il s'agit du verbe qui corres- pond ii celui de stare et nonpasdu verbe e^r^^.ZANXENOassuie que ce dernier manque aux Mexicains. M. Heckew alder et plu- sieurs autres voyageurs ont egalement remarque qu'il n'existe point dans les langues dont ils se sont occupes. Pluslcurs niis- sionnaires se sont trouves embarrasses pour rendre le passage del'evangilc : ego sum qui sum , en anglais, I am that I am. (l) Transactions of the li^toricaL and literary- comtnillee of the yline- rican philosophical Society he/flat Philadelphia. iSrg. T. I, p. XL. DE L'AMERIQUE Dll NORD. iig Dans le basque, la seule langiie d'Europe qui aitoffertdes rapports avec celles de I'Amerique , les verbes elre et avoir , sont frequemment employes pour conjuguer les autres verbes. II en est de meme du Sanscrit et autres langues de Tlnde dans lesquelles le verbe ecre forme la terminaison de tous les ver- bes, a Texception de quelques-uns qui se conjuguent au moyen des verbes auxiliaires /aire , donner, etc. Ce qui etonne , dans I'etude de Thomme en Amerique, c'est que la richesse des langues de ce pays, bien superieure a la ferlilite de son sol, se soit conservee durant line 'ongue suite de siecles , sans le secoars d'aucun livre, meme sans celui de I'ecriture. II est impossible que la transmission orale seule n'ait pas considerablement altere la delicatesse, I'abondance et la regularite deces langues depuisle laps de terns que ces peu- plades sont tombees dans I'etat sauvage. Quelles ont du etre leur immense etendue,leur etonnante superiorite dausleslivres du peuple instruit qui les a perfectionnees? N. B. Get article est extrait d'un Recueil d' etymologies indien- nes, faisant partie d'une Grainmaire et d'un Dictionnaire hin~ douslani , par M. /. Morekas (i). (i) Le Recueil inedit d'oii cet article est tir6 doit ^tre public in- cessarament. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Theorie du navire, par M. le marquis de Poterat, capitaine de vaisseau , etc. (i). L'ouvrage que nous annoncons est soumis au jugement de I'Acadeniie des sciences; mais la decision de ce corps savant pent litre attendue encore assez long-terns. Ces delais inevi- tables , et que I'organisalion des Academies ne pent abreger , font neannaoins un tort reel aux bons ouvrages, et au public qui en eut fait plus tot usage, s'il eut connu leur merite en meme terns que leur apparition. En fait de lilterature, on ne s'informe point de I'opinion des Academies; chacun juge soi-meme, ou adopte de confiance, la decision de quelques hommes de lettres dont il connait I'impartiaiite , les lumieres et le bon gout : mais I'autorite de I'Academie des sciences n'est point contestee , et ses arrets sont defiuitifs. Ce n'est qu'avec circonspection que You se hasarde a les devancer : les inconveniens d'une critique uon meritee ne sont pas moindres que ceux d'un eloge exagere. Afin de concilier, autant que cela nous est possible, les divers interets que nous devons consulter, nous examinerons surtout, dans cet ouvrage, ce qui n'attirera passpecialement I'attention de I'Academie : il y a meme, pour cette sorte de composition, des regies, plus senties qu'exprimees , dont I'observation est rigoureusemenl exigee , quoiqu'elle ne dispense jioint d'un autre devoir encore plus imperienx , celui d'offVir aiix lecteurs une instruction solide, ct qu'ils puissent acquerir sans de trop grands efforts. (i) Paris, 1826; Firmin Didot p6re et (lis, riip Taci'b , n° 24. 1 vol. in-/)'', avec ties planches; prix , 3o fr. SCIENCES PHYSIQUES. 32 1 Dans line introduction assez ctendue, I'auteur expose son but et son plan, les difficultes qu'il a rcnconlrees, et ce qu'il a fait pour les surnioiiter. En pailant de la theorie do la resis- tance des fluides, et dela lenteur de ses jjrogres , ii assigne a ces retards une cause qui ne sera pas generalement rcconnue; c'est, dit-il , parce que les geometres qui se sont occupes de ces recherches n'etaicnt pas marins , et que leurs experiences n'ont cfe faites que sur de trop petites surfaces. Mais le marin Borda fut au nombre de ces geometres , et il fit , dans son cabinet , des experiences sur les fluides. Lorsqu'il s'agit de decouvrir la loi d'uue classe de phenomenes, on estpresque toujours beaucoup plus a portee de la saisir au moycu d'experiences en petit. La theorie de I'electricite serait beaucoup moins avancee , si Ton n'avait observe que les nnages eiectriques; le marin lui- meme compte sans doute beaucoup plus sur les niesures qu'il a prises dans un terns ordinaire et par un vent modere , que sur celles qu'il aurait pu saisir en operant, avec une extreme contention d'esprit, au milieu d'une tempete. « L'objet principal que je me suis propose , en faisant cet ouvrage, ditM. de Poterat, a ete de traduire, d'eclaircir et de corrigcr VExamen politico y marititno de don Jorge Juan, afin de donner acette belle production toute la perfection dont elle est susceptible. » M. de Poterat ajoute qu'il a conserve le texte, autant qu'il I'a pu; qu'il n'a rien change aux planches ni aux lettres explicatives, non plus qa'aux notations algebriques. « J'etais bien aise de rendre cette espece d'hommage a la pro- fonde erudition de don Jorge Juan, a ce savant respectable que je dois regarder comma mon maitre, et auquel j'ai reellement I'obligation do toutes les connaissances que j'ai acquises dans cette partie. « Cette conformite cntre I'ouvrage original espa- gnol et sa traduction francaise corrigce, donne lemoyen de comparer plus facilement I'un a I'autre ces deux ouvrages : mais M. de Poterat a cru devoir conserver aussi les mesures dp I'original, c'est-a-dire le pied anglais et la livre castillane. On peut, sans doute, prendre la peine de convertir soi-meme les dimensions et les poids en mesures de notre systeme me- T. XXXI. — Aout 1826. 21 i22 SCIENCES PHYSIQUES. Irique, on rccourir h ties livres on ces calculs sont tout fails; ccpendant, tout Iccteur reijrcttc qii'oii nc Uii ait pas cpargnc ce travail, qui a riiiconvenicnt (I'iritt'rrompre ou Ac ralentir le coiirs dc pensees ct iles raisonnemcns ; ce qui le rend plus penible, ou moins efficace. « Don Jorge Juan nous fait voir avec la nicmc clarte I'ab- surdite de I'ancien systeme, suivant Icquel on mesurait la re- sistance qu'un corps eprouve dc la part du tluidc dans lequel il se meut. En effet, ce marin nous fait observer, avec raison, que, si Ton supposait la vitesse du corps nid'e , en vcrtu d'un pareil systeme, le fluide n'exercerait plus aucune resistance sur ce corps, et par consequent aucune pression , principe dont I'ab- surdite saute aux yeux, quand bien meme cettc absurdite ne serait pas conslatee par les experiences physiques. » Ici I'incor- rection du langage a produit tous ses mauvais effets. L'auteur espagnol a mal expose la doctrine qu'il combat, et son raison- nement ne portc que sur une meprise qu'il devait eviter. II nc pent etre absurde de dire que la resistance an niouvement doit cesser avec le mouvcment; et contre un corps en repos, une pression n'est pas une resistance, mais une action qui doit eire contrebalancee par une action egale et directcment opposee , si le corps demeure effectivement en repos. II est facheux que les discussions sur les mots viennent occuper une place destinee a I'exposition des choses. Lorsqii'un corps est en mouvement dans un fluide, les pressions qu'il en eprouve sont inegales; il s'agit par consequent de mesurer leur rcsultante et de deter- miner sa direction. C'est cette resultante qui est la resistance , et qui en prend le nom ; elle devient nulle dans le cas d'equi- libre; ces notions n'ontrien d'absurde , a moins que la meca- nique tout entiere ne soit un abus du raisonnement. M. de Poterat a rectifie des errcnrs de calcul echappees ii I'attention de l'auteur espagnol, tt que son traductcur (M. L'E- veque) n'^vait pas fait disparaitre. II ecrivait pour les navi- gateurs , au lieu que don Jorge Juan s'est occnpe principalement des constructions navales. Get aspect different sous lequel I'un et I'autre ont considere leur objet commun , iniposait au marin SCIENCES PHYSIQUES. 3a3 Ftancais I'obligation dc changer totalement I'application de la theorie, ct par const-qucnt la fin de I'ouvrage. « J'ai cru devoir faire, en faveur des marlns, ce que don Jorge Juan avail fait pour les constructenrs, ct je m'y suis detennine d'autant plus volontiers, que jc me trouvais aide dans cettecntreprise par Nous avoucrons en toute humilite notre entiere impuissance h. compreudre ce que c'est qu'une aperception qui passe in- apercue; et, si c'est par un pareil procede d'observation que M. Cousin est parvenu a contcmpler sans nuages cetle sphere des idces que Platon, dit-il , avait entrevue, il ne nous est pas plus possible de le suivre dans les hautes regions oii il s'eleve que dans les profondeurs ou il s'enfonce. Nous n'entreprendrons done point de donncr une idee de la suite de raisonnemens, et de deductions purcment ver- bales, ou logiques, suivant nous, sur laqnclle il fonde une solution nouvclle en apparence du fameux probleme de I'union des deux substances, et nous croyons d'autant plus inutile de nous y arreter, que M. Cousin declare lui-meme, comme nous I'avons deja fait observer, que la doctrine qu'il expose dans celte preface n'est qu'un essai de sa jeunesse, el qn'aujourd'liui apparemment il est entre dans un systenie d'idees ou depensees tout diiTercnt sur le meme sujet. Nous esperons meme que , quand il croira devoir ou pouvoir nous communiquir les nouvelles decouvertes dont scs travaux et ses meditations, depuis 1819, 1'ont mis en possession, nous y trouverons des notions plus satisfaisantes et un langage plus clair que celni ET POLITIQUES. 333 dont il sf sert ilans cette preface, ioisqu'il dit, par exemple, en parlant de Dieu : « Dans tout et partout, il rcvieut en quelque sorte a lui-meme dans la conscience de I'homme, dont il constitue indirectement le mecanisnie et la triplicitc pheno- menale," par le reflet de son propre mouvement, et de la tri- j)Ucite suhstantielle dont il est I'identite absolue. « Ou lorsqu'il ajoiite, en parlant de la raison, qu'elle est « le mediateur necessaire entre Dieu et I'homme, le hoyoi de Pylhagore et de Platon, ce verbe fait chair qui scrt u'interprete a Dieu et de precepteur a I'homme, honime et dieu tout ensemble, etc. « Ces expressions, si etrangement mystiques et figurees, nous semblent toiit-a-fait propres a obscurcir les questions les plus importantes de la philosophic , et a produire chez ceux qui les adopteraient uue sorte d'illuminisme entieremcnt oppose aux pures lumieres de la raison et de la verite. En un mot, quoique nous ne pretendions rien relracter des justes cloges que nous avons donnes aux talens et aux qualites estiinablcs de M. Cousin, quoique nous reconnaissions, dans plusieurs parties des ecrits qu'il vient de publier, unc force de tete pen commune, et uue aptitude remarquable aux medi- tations abstraites, nous dirons avec la meme franchise qu'il nous semble, au moins dans tout ce que nous connaissons de lui jusqu'a f)resent, s'etre engage dans une route qui ne peut gnere le conduire ;\ d'utilcs decouvertes. Il remarque avec raison que Vobservation et I'experience sont les seuls guides que Ton puissc suivre avec quelque secu- rite dans I'etude de I'esprit humaiu; mais on ne trouve dans ses ecrits presque aucune observation importanle qui lui soil propre, et il parait merae avoir trop dedaigne celles qui ont ete faites avant lui. Il ne voit, dans les ecrits de Locke, que la sensation et la reflexion, c'est-a-dire les deux conceptions generales auxquelles ce philosophe a voulu ramener I'ensemble de ses travaux ct de ses meditations; et il prononce trop lege- rement, a notre avis, que Kant a renverse entierement toute la philosophie de Locke, parce que Kant a insiste pins particnlie- rement siir qtielques considerations quf n'avaient pourtant pas 334 SCIENCES MOR/VLES entierenient ocliappe a la sagacite de ce grand homme. II ne voil dans Condillac que la sensation transformee , c'est-a-dire I'abtis des mots par Icqud cot ccrivain a pretendn ramener a I'linitc la somnie dcs faits qui constituent Ics facultes de I'enten- dement : el il ne s'apercoit pas que cost par un abus du nieme genre qu'il arrive lui-menie a la pretcnduc unite de substance qui fait le fonds de son systeme. Cet abus des terines generaux fut toujours recneil ou vinrcnt cchouer les auteurs des systemes de nietaphysique, et M. Cou- sin ne nous parait pas avoir mieux reiissi que ses devanciers a I'eviter. Vainement il afiirme, en parlant de la solution qu'il donne du faineux probleme qu'il entreprend do resoudre , que le terns ni In discussion ne I'ont point encore cbrnnlee ; nous lui ferons remarquer qu'un intervalle de, sept ou hnit ans, pendant lesquels son systeme n'a pu etre connu que de luiet de quelques-uns de ses amis ou de ses disciples, et discute par eux , n'autorise assurement pas la confiance implicife qu'il semble prendre dans Ic jui^cnient qu'il en |)orte. Nous ne pouvons done niieux terminer ccs observations qn'en rappolant a I'auleur des Fmgmens philosophiques , et a tous ceux qui s'occupent des memessujets, ces paroles rcmar- quables du sage I.ocke, dont les ecrits seront encore long-tems utiles, non seulemcnt a consulter, niais a mediter avec soin : « Je tache de mc delivrer, autant que je puis (disait-il) de ces illusions que nous sommes sujets a nous faire a nous-memes, en prenant des mots pour des choscs. II ne nous sert de rien de faire seniblant de savoir ce que nous ne savons pas, en pro- noncant de certains sons qui ne significnt rien de distinct et de posilif. C'est battre I'air inntilement; car des mots faits a plaisir ne changent point la nature des choses, et ne peuvent devenir intelligibles tpi'aiitant cjne ce sont des signes de qnelquc chose de posilif, et qu'ils expriment dcs idees distinctes et deter- ininees. » { Dc I'Enlcndem. hum. 1. ii, c. i3, § 18.) ET POLITIQUES. 335 EuucATiON DOMESTiQUE , ou Lettres de famille sur V education ; par M^e Guizot (i). Si quelque chose depend immediatement de la marche de la societe et du progres des esprits, si quelque chose doit res- scntir les prompts effets de leurs variations siiccessives, c'est sans (ionte Xeducation. Quand la societe n'est plus ordonnee de la nieme sorte , quand elle est regie par des lois differentes, quand elle est animee d'autrcs opinions , la destination des in- dividus n'est plus la menie , et il devient a propos de donner a leurs facultes una culture appropriee a I'etat de choses ou ils auront a vivre. Mais, de tons les changemens , celui qui doit exercer I'intlueuce la plus directe sur I'education, c'est evi- dcmment le changement des doctrines philosopliiques- Lorsque les idees sur la nature morale de rhomme ont varie , lorsqu'on pense d'autre sorte sur les procedes de notre intelligence et consequemment sur I'origine de nos counaissances, il est ma- nifesle que les principes del'enseignement ne peuvent demeurer tels qu'auparavant. Nous avons vu iin grand exemple d'une pareille revolution dans I'empire de I'intelligencc. Des que la philosophic de la sensation se fut emparee des esprits en France, tous les livres qui n'etaient point oeuvre d'imagination se trou- verenta rcfaire. En effet, sans parler de cette hardiesse avec laquellc un besoin insatiable d'examen chercliait a se satisfaire, Tame hnmaine, theatre de tous les phenomenes moraux, ayant paru aux philosophcs sensualistes sous un aspect nouveau, ayant etc decritu par eux autrement que par leurs devanciers, il fallait indispensablement lui parler, conformement a la na- ture qu'on lui supposait. La marche des idees, les moyens de convaiucre, les inotifs de croire, tout devait se mettre en har- monic avec I'homme , tel que le faisait cette philosophic. Long- (i) Paris, i8»6; Leroux et Chantpie, libraires, au Palais-Pioyal, galcries de bois , n°- afiS, a64- 2 vol. in-8° ; prix, 12 fr. 336 SCIENCES MORALES tems I'aiitoiite avail etc un nioyen de persuasion; citcr des textcs , rapporter des faits avail suffi aux uns pour euseigner, aiix autres pour croirc. Quand arriva le tems des grandes re- bellions de I'espril humain, n'ayant pas bien dcmele encore le motif de son mccontentement, il nc commenca point par protester contre la pretention de lui imposcr ses croyances; il voulut seulcment changer dc maitres. Philosophicinemenl parlanl, la revolution dii xvi' siecle n'alla pas bcaucoiip plus loin. Descartes, le premier, proclama nettcmenl ce que I'liomme avail droit d'exiger avant d'accorder sa conviction ; mais, apres avoir declare que le seul prineipe dc certitude et.iit dans la conscience, ni lui ni ses disciples ne prirent les pheuomeues de la conscience pour sujet dc leurs observations; de sotte qu'ils n'eleverent aucun edilice sur la base noble el ferme qu'ils avaient etablie. Vint I'ecole de Locke el de Condillac : pour elle, I'ame elait une puissance neutre el passive; sou activite du moins n'avait rien de vivant el de volontaire; c'etail une mecanique mise en jeu d'une fa^on necessaire par Taction des objets exterieurs. Cela uae fois donne, c'etait dans les rapports sensuels del'hommc avcc le monde que tout devait etre cherche ; la residaient les principes universels. L'hommc dut y trouver sa regie, et I'enfant, quon voulut des lors persuader el non pins seulement commander, dut etre nourri a ecouter la seule voix des sensations. Ainsi naquit la morale de I'interet, et cetle philosophic n'en ponvait donncr une autre. Cependant, quelle que soil la methode dc philosopher qu'a- dopte une generation, elle ne peut s'y livrer en aveugle; ellci ne peut promettre d'aller au hasard partout oii la conduiraient les deductions de tel ou tel sysleme. Tout grand que ptiisse etre I'empire d'une ecole en credit, il existe une reserve tacite el involontaire ; la raison humaine a des points fixes qu'elle ne pent renier, sans s'abdicjuer elle-meme. Permis a la philo- sophic de nousy condiiire par la route qu'elle trouvera la plus prompte et la plus certaine ; mais si, en definitive, elle nous ecarte de ce but necessaire , la confiance sera bientot retiree a ce guide infidele. D'ordinaire, les philosophes n'ignorent pas ET POLITIQUES. 337 que cette condition leur est imposee ; plutot que de iie pas v salisfaiie, ils faussent leurs deductions, et sont inconsequens pour ne pas etie absurdes. De la sortirent les doctrines de I'inleret bien entendu et de la syrapathie, ajustemens puerils de la morale de I'interet. C'est un spectacle curieux que Rous- seau , dont le sentiment interieur protestait de toutes ses forces contre les consequences de celte philosophic, luttant avec elle sans y pouvoir echapper, taut elle avait une domination imi- versclle. Toute I'education d'Eir.ile est fondee sur la metaphy- sique des sensations; c'est dans I'etude et la combinaison de Taction exterieure que sont cherches tousles moyens d'instruire et d'ameliorer I'enfant ; tandis que, par une contradiction nia- Jiifeste, Taniour du beau moral est toujours depeint coninie un fait interieur. Depuis beaucoup d'annees , en Allemagne et en Ecosse , plus recemment en France, I'insuffisance de la philosophic sensua- liste a ete plcinement reconnue ; et, apres avoir regne d'une facon pour ainsi dire absolue , elle a aujourd'hui perdu son autorite. Maintenant, les fails internes sont admis comme fon- demens de la counaissance; il est reconnu que, parmi les phe- nomenes dont la conscience est le theatre, il en est dont les objetsexterieurs ne sont ni la cause, ni I'occasion; I'existence de la loi morale, comme inherente a Tame humaiue, soit par son essence meme, soit par une perception necessaire , est recue, non comme hypothese, raais comme fait observe contre lequel il serait frivole de protester. Qui ne voit combien il importe qu'une telle philosophic receive son plus bel et plus utile emploi, en procedant a I'e- ducation ? Ne faut-il pas se hater de la placer sous cette influence salutaire? le caractere divin de I'ame, enseigne de tout tems par I'instinct et revele par la religion, ayant trouve son rang parmi les convictions raisonnees et scientifiques , ce doit-on pas aussitot le prendre en contemplation, quand il s'agit de proceder au developpement graduel de cette ame, dont les droits et les facultc3 ne sont plus contestes? f "est la noble tache que s'est proposee M"""^ Gnizot et qu'elle T. XXXI. — Aoilt 1826. 22 ^"58 SC.IKNCES MORALES a su digticmeiit lemplir; son livrc est uc au sein dc cctte ecole spirilualiste : tout pratique, lout matertiel qu'il est, si ron peut aiusi parlor, il est pleiu des doctrines elevecs qui com- mencent ik dominer parnii nous. Mais , comnie il convenait k una fenuiie ct a ur*e mere, elles y sont h litre de senlimens. lis apparaissent controles par la raison, soumis a I'exanien dont i!s n'onrnen a craindre , et cependant faciles, calnies et fermes, en meme tems que doux et animes. Le principe d'une telle education ne peut pas etre I'obeis- sance purement passive, puisqu'elle est destinee h former des liommesqui demandenti leur raison compte deleurs croyauces: « Car nos vertus, dit I'auteur, doivent etre a nous, le fruit de noire volonte, non de noire soumissiun a celle d'aulrui. » On ne peut pas nou pliisimposer a Tinstiluteur I'obligation de de- montrer sans cesse a I'enfant I'utilite des clioses prescritesj car cette demonstration serait souvenl impossible; il faudrait pres- que toujours I'obtenir au moyen de circonstances factices , et en definitive , elle aboutirait a la morale de I'inleret. Ce n'est point la marche k suivre. Mais cette loi morale, ces immuables regies de la raison, ces eternellcs decisions de la justice, ces affections desinteressees pour le bien, cet inevitable sentiment du devoir qui se trouye dans I'ame de I'homme, sont en germe dans I'ame de I'enfant. Ce sont ces germes precieiix qui doivent etre cherches , nourris , cultives ; c'est a eux qu'il en faut appeler, ecartant tout ce qui pourrait les fletrir ou les corrompre; leur donnant peu a peu autorite sur la viej les instituant conseillers de la libre volonte, lorsque I'un se tail, en invoquant un autre; appelant tantot I'affection au secours de la raison, tantot la confiance a I'appui de la soumission; enfin, c'est au dedans que doivent etre trouves tous les ressorts de I'educalion , puisque ce ne sont point des apparences qu'on veut etaler,mais des realites qu'on veutcreer; puisque cene sont point des pratiques, mais des vertus que Ton desire en- seigner. Icise presentait une objection grave qu'allegucnt a la fois et des hommes religieux et des pliilosophes. Si la nature morale ET POLITIQUES. Zlg tie riiomme rcnferme essentiellement de mauvaises dispositions, si elle a subi une corruption originelle, I'education ne doit- elle pas avant tout etre repressive ; et , avant de songer h faire germer le bien, ne faut-il pas s'occuper d'exlirper les semences dii mal ? M.""' Guizot soumet cette question a un examen profond et sincere; en effet, Ton voit quelle etait, dans un livre conCU comme le sien, la question fondamentale. Elle se demande d'abord si le mal a une existence positive, et ce qui le constitue. Moralement, ce ne sont point ses effets qui le caracterisent , non plus que ses apparences exterieures; on peut faire le mal avec ignorance, avec innocence; il est le mal pour celui qui le souffre, pour celui qui le voit, il ne Test point pour celui qui le commet. Quelle est la disposition d'ame qui fait commettre le mal ? voila done ce qui est a trouver. Existerait-il en nous une loi morale du mal, comme il y existe une loi morale du bien? avons-nous I'une a accomplir, I'autre a evifer ? remarquons d'abord que la religion nous fournit tout aussitot une reponse. Dieu ne peut etre auteur du mal ; il le permet, mais il no vient pas de lui. Ainsi , point de loi du mal inherente a notre ame. Philosopliiquement , I'absurdite est palpable. S'il y avait deux lois contradictoires, elles ne meriteraient pas ce nom; il fau- drait de toute necessite ou detruire la responsabilite morale de t'hommc, on placer au-dessus de ces deux prutendues lois, I'o- bligation de choisir la loi dubien; alors, c'est cette obligation qui serait la loi absolue; les autres seraient contingentes et accidentelles. S'il n'y a point de loi du mal, d'ou vient done I'inipulsion qui nous y porte ? d'une part, I'homme n'est point une pure intelligence ; il reside dans des organes materiels: or , cette na- ture animee a des besoins, des penchans, elle a meme un ins- tinct animal, susceptible de raisonnement et de calcul, bien qu'entierement etranger a la loi morale. De la, une lutte con- tinuelle entre les appetits de la chair, et cet autre instinct du bien, du juste, de I'eternel , qui est le propre de Tame, mais qui peut y sommeiller obscur, confus, etouffe. La volonte 3/io SCIENCES MORALES parfois ne sail point I'ecouter, le chercher el lui obeir; d'ou resulte rcmploi responsable «e la liberie. Les perchans, les besoins do la natiiru physique n"ont ricii dc coupabie en enx- memes; ils ne sont pas le nial, et ne le devicniiont que lors- qn'ils s'excrcent en tiansgressiot) avec la loi morale. Que faire done pour ne la point violer? Mettre en lumiere ces prtceptes deposes an fond de nousmemes; d'instinctifs qu'ils sont, les rendre explicites et positifs, les converlir en habitudes; faire savonrer les jouissances qu'ils donnent, les appeler h. occuper et satisfi'.irc I'activite humaine. Mais ce n'est pas de la niatiere seule que nous vient ie mal. Celte loi morale que nous portons en nous-memes, se compose de prescriptions diverses, et parfois contradictoires en appa- rence. C'est une loi de toute liberie; on ne pent lui obeir en aveu^le. EUe nous fut donnee pour nous laisser tout le merite du bien, tout le peche du mal. Elle n'a pas, comme les lois hu- maines, sa lettre qui puisse excuser de manquer a son esprit. Si je me venge de mon enncmi, je ne serai point adniis a dire que Dieu avail place en moi un sentiment de justice et que j'ai sculement puni le mal. II me sera demande si, dans ma ven- geance, je suis assure de n'avoir point songe a cette colere du sang que ni'a donnc la crainte, a ce soin de conservation qui m'a inspire un acte de violence. Et alors , pourquoi ai-je trans- gresse la loi de charile et de pardon? alors, ou est mon excuse? Ainsi, la fausse interpretation de la loi morale, contournee pour servir de justification mensongere a des actes de I'inslinct materiel, est aussi une occasion de mal. Toulefois, cela ne donne pas le droit de dire que le mal existe dans I'homnie, et qu'il faut Iravailler ii Ten extirper. Ici encore, il nous faut convenir a\ec I'auteur : « que le mal n'est que I'abscnce du bien. Dieu, tout-puissant et tout parfait, nous commande la perfection. Imparfaits ou inhabiles , nous obeissons mal, ou nous repoussons ses commandemens. Sa loi nous parait trop difficile et Irop dure ; noire paresse demeure en arrierc , ou notre indociliie y echappe, L'accomplir, serait le bien; y manquer , voila le mal ; il n'existe nulle part que dans la des- ET POLITIQUES. 34 1 obeistancc; il n'est le ma!, que parce qu'il n'est pas le bien dont I'obligation nous est imposue. De cette possibilite d'crrersur la loi el de Tinterpreter faus- sement, quelle est I'indication qui resulte pour rinstituteiir ? s'agit-il, « de caracferes a rompre, de nature a dompter? comme s'il fallait otcr a I'enfant celle que Dieu lui a faite pour lui en donner une dc la facon de son maltre. » Nulleraent. Aussi, ]\jme Guizot n'hesite-t-elle point sur la direction gencrale de I'education; elle prefere « rcncouragcoient (pii porte au bien a la st'verite qui combat le mal. » Comme , selon ce qu'elle a dit, le mal est I'absence du bien, elle s'cfforcede si bien remplirla vie avec I'un , qu'il y reste le moins d'espace possible pour I'autre. n Je ferais naitre dans ces jeunes coeurs le sentiment qui re- prime de honteux mouvemens. A quoi s'adresscnt les puni- tionsPades defauts de vertus. C'est done une place vide a remplir, et la crainle n'y suffit pas. Mes encourageniens au bien penetreront en mille lieux ou ne pourrait atteindre la ri- gueur de mon autorite. Je ferai connaitre I'amour du sacrifice, quand je ne pounai reprimer la personnalite; j'instruirai a a trouver dans le plaisir dcs autres une joie qui ne laissera plus de chances a la jalousie conlre laquelle tout mou pouvoir serait sans action. Par la, et seulement par la, je pourrai ap- pliquer a toutes les actions de mes enfans cette scrupuleuse exactitude de morale, preservatif dc la vertu contre les fai- blesses de la volonteet les complaisances de I'esprit. Toujours agissant de la main , du coeur et de la pensee , toujours en pre- sence de Dieu qui sans cesse nous commuuique et nous impose sa loi , il n'est pas une de nos actions ou nous n'ayons quelque bien a faire pour eviter quelque mal. » Cette analyse et ces citations pourraient donner a penser que I'auteur propose un systeme d'indulgence imperturbable, un appel continuel a une raison non encore developpee. Ce serait se faire une fausse idee d'un livre d'autant plus pratique qu'il est moins absolu. C'est I'indicalion de I'esprit general que I'ins- tiluteur doit apporter dans I'education, bien plutot qu'une regie Iracee a sa conduite. La tacheest presentee comme doqce, 34 a SCIENCES MORALES mais non comme facile; il y faut, en toute occasion, cxamen, justice , precaution. Les circonstances varient; Ics inclividusne sont pas les niemes. Aucun code ccrit d'avance ne pcut dis- penser I'instituteur de rcflechir sans cesse , de n'agir qu'avcc un scrupule eclaire. Ce pouvoir qui lui est confie, il peuten abuser; car le pouvoir est une grande source d'erreurs, de Sorte que ce mode d'education est une etude morale pour le maitre , comme pour I'elcve. « L'experience de I't'ducation a presquc toujours pour resnltat de nous enseigner a n'appliquer qu'avec reserve et Icnteur les idees qu'elle aura fait naitre , ct ;\ mesurer I'importance de chaque chose , moins par le but auquel nous voulons la faire servir, que par I'effet du moyenen lui-meme. Ainsi, telle punition appropriee k la faute sera trop forte ou mauvaise pour I'enfant. Notre juste severite, en reprimant ua defaut, pourra risquer d'en faire naitre un autre. Il faudra penser » tout, et nous garder de la pedanterie dans la pratique, avec plusdesoin encore que de I'erreur dans le principe. L'e- ducation est une ceuvre de toutes pieces, oh pourrait dire de toutes mains. Taut de choses y concourent, sans nous, malgre nous, que ce serait une grande imprudence de ne pas leur as- signer une place. Quelle que soit I'idee qui la domine , cette idee deviendra inutile ou dangereuse, si elle n'admet pas les hasards, les negligences, les meprises ou les mecomptes, le tems perdu ou nial employe, les notions fausses, recues on ne sait d'oii, les mauvaises habitudes prises on ne sait comment. Ce sont la des chances de la vie, du caractere, del'esprit des enfans , et meme des pareias. II faut avoir prepare le terrain de maniere a ce que tout s'y puisse rameuer a une bonne fin, mais sans pretendre tout assujetir a un systeme uniforme et rcgulier. » II etait h propos de citer ce passage pour donner une idee du ton de bonne foi, de reserve et de juste mesiire qui regne dans le livre de M""= Guizot. Aux yeux de beaucoup de gens, un ouvrage philosophique est d'avance juge inapplicable, et , pour se servir de I'anatheme recu, bon pour la theorie, inu- tile pour la pratique. Mais la theorie n'est impraticable que quand elle n'est pas complete; chercher la raison des choses. ET POLITIQUES. 3^3 n'est un moyen de s'eloigner du reel que lorsqu'on n'a pas iissez bien cherche, lorsqu'on a misses suppositions a la place des faits, et la fantaisie a la place de I'observation. Nul des moyens employes dans I'education n'est done sys- tematiquement proscrit; toussont bons, salon la cireonstance, selon I'exigence du moment. Seulement , en se servant de cha- cun d'eux, il faut savoir ce qu'on fait et en calculer toiijours I'effet n.oral. C'est de la sorte que M™^ Guizot examine successivement les divers ressorts que Ton fait ai^ir surl'cnfant : \es punilions, Vautorite, {'emulation , V habitude , V imitation. Ainsi, quant aux punitions, il faut bien se garder de cher- cher en elles une influence pareille ii I'infliience des lois penales dans la societe. "Le but dela justice socialeestde rej^jerla con- duite exterieure; I'education a surtout pour but de regler la raison. II suffit a la societe que I'homme menace de sa rigueiir sache quelle action il doit eviter; i! faut que I'enfant sache pourquoi il doit I'eviter. » L'essentiel , dans la punition, c'est done qu'elle s'accorde loujours dans I'Ame de I'enfant avec I'i- dee dejvistice; autrement, vous I'instruisez a la crainte et ne lui euseignez que le droit du plus fort. Voillez aussi h sa dispo- sition interieure, et n'allez pas substituer aii chagrin qu'il eprouve d'avoir mal fait, le chagrin bien nioins moral d'avoir ete puni. Mais I'enfant ne peut comprendre le motif de tout ce qui lui estordonne ou defendu ; faudra-t-il done renoncer a exi- ger I'obeissance sur tant de points ou sa raison n'est pas suffi- samment eclaireePIl est facile de montrcr que I'autorite n'est pas reduite a prendre son litre, soil dans la crainte, soit dans la conviction raisonnee. EUe s'etablit bien plus sur cette con- viction generale de I'enfant qui ne doutejamaisque ses parens ou son instituteur n'aient plus de lumieres que lui et ne soient moins sujets a se tromper. Il a a la fois conscience de sa fai- blesse et confiance dans leur affection. Lorsque I'autorife ne peut proceder par voie de raisonnement, elle a done d'autres ressources. M""^ Guizot retrace, avec toute la tcndresse d'ame 3U S( 1K\C.F.S MORALES .Vune iiiocv. Ic plus sikr couiine lo plus iloux aux.iliair*' dc cftt«r supivinc MUtorilv. ■V Loi-sqiu-, pour lo faiix^ oboir, A Kexprossiou do la voloutc il a fallu joiudiv cello du luocoutoutomont . il oedo avoc uno polite uiinoomuo. qui n'ost point do la oolero, qui nost point do la II Avour, niais lo troublo d"uuo fauto. Sos traits onf;uitins so oontrnclont sans violoaco; il vous it^gardo , il ue ploure point eucoro; touto son oxistonooost suspouduo ontre los lar- nu's pres dVclatcr ot I'attonto dn sourirtMnatoruol qui s'oni- prossoi-a do roparaitiv ot do ramouor la joio sur oo p;mviY po- tit vis;»^o a poiuo formo . ot dojii snflisaut pour rovolor uuo amo. L"out"ant sail done oboir ; il lo sait, dos quil so sent oxis- tor autromontquo par desbosoinsot dos sensations physiquos. h'/iommf «f vi't pas siniiemt'nt tie pain , I'enfant vit aussi de synipathio. Son ;Une, dos qu'ollo a pu so fairc passage, a (XMiuiuiniqiK- avec des otros somblablos ik bii ; il pleure, s'il est soul, nou quil so sacho abandouno . mais parce quil est seul ; SOS ploursappollont un visa.To ami. — 11 sora soiuiiis paroo qu il est sociable. Pauvre petit ! Quand il se trouble d'un roijard so- vore, ost-ct> done quil ait oprouve ce que pout ooulro lui le ressentiuient dun eU^e plus fort .* Oil est le ui;U quil res,sent ? II est, dans ee reijard , dausci^tle interruption momentanoe des communications alTcctuousos, iii-jh nt^cessaires a sa jouneexis- tonct\ Cost aiusi quun jour, dovoiui homuio, onlro on rela- tion avec la Dlvinito, comnio leufaut avoc sa luoro, il on rocovra la punition do sos fautos. Doii vient ootto an^oisse qui Ta nous s;iisir, au sortir dun moment dogarenient ou de f*i- ble.sse ? Pourqiioi cette inquietude douloiunsuse , ce profond doconraiioineut qui se sont enipai"es de nous? Voyons-nous lit des chatimoQS tout prets ? I.arret de la colere celeste est - il suspondu sur notre tote ? Diou a-t-il tonno? rVon, niais il s'est retire. "Nous sommes souls, ot nous pleurons oomiuo lonfaiit. dolaissos vpio nous sonnuos , privos de la pioseuce paternello . qu'avait bosoin do chorcher a chaque instant cette portion de nous -memes qui n'a pas sa sooieto ou oo niondo. ' ET POLITIQUES. 3^5 « Ainsi, Dieu nous instiuit de sa loi; ainsi , la mere I'ap- prend h I'enfant. Ainsi , dans I'homme, la conscience vit de la societe immediate de Dieu : dans i'enfant , de la societe imme- diate de ses parens , represcntans de la loi. D'abord, la sym- pathie, I'instinct social agira seul sur ce coeur qui s'ignore; le sourire maternel brillera pour lui, comme un rayon du soleil ; un coup-d'ceil mecontent I'attnstera, comme robscurite. Blen- tot, rexptrience y joindra le souvenir de I'acte reprehensible qui le lui a attire. » Nous DOus sommes laisses charmer a cette longue citation , et nous pourrions en faire beaucoup d'autres. Le cadre que M™« Guizot a donne a son ouvrage prete a ce genre de pein- tures oil la morale et I'observation prennent une teinte de ten- dresse et de douceur. Tout y est ecrit avec amour; on voit que I'auteur s'est complii dans son oeuvre , qu'il lui a confie ses croyances, ses affections, ce qui occupe son esprit, ce qui remplitson cceur, sa jouissance du present, son espoir del'a- venir. II eut ete difficile peiit-etre de donner iiu caractere aussi personnel a un livre doat la forme n'eut ete que dogmatique. Ainsi, bien qu'on ne doive en aucuue facon, chercher un in- teret progressif et romanesque dans cette correspondance cntre un mari et une femme que les ciiconstances tiennent separes , I'observation et les preceptes s'y presentent sons une forme vivante et animee. L'ouvrage y perd peut-etre de la niethode; il y gagne de la clarte. En effet, la marche des idecs et des sen- timens chez Icsenfausn'a pas ete assez generalementetudiee ; on n'est pas assez d'accord sur les fails, pour les prendre comme point de depart convenu. Uiie sorte de representation draraatique, une creation de personnages est done commode pour mieux faire comprendre les nuances delicates de la vie enfantine. De meme done que les principales questions de I'education sont traitees et envisagees sous un aspect que nous avons es- saye de montrer; de meme , les circonstances qui d'ordinaire entourent I'enfance , les scenes qui remplissent it varient les- journees passees au sein de la famille , les incidens qui vien- 3/. 6 SCIENCES MORALES nont uuire on aider a I'education, sont retraces avec verite, et c'esth leur occasion qn'artivent les preceptes et les conseils. Autour dii Ljroiipe principal sont places d'aurresenfansct d'aii- tres parens , de caractcres et de situations, d'opinions diverses, aGn que rexaracn puisse cinbrasscr non-seulement les direc- tions differentes qii'on pent donner a I'education , mais aussi les modifications que doivcnt recevoir les principes en telle ou telle hypothese. La complete analyse d'un livre si plein eut et6 longue; nous avons vonlu indiquer seulement la marche de I'auteur el sur- tout le caractere moral de son ouvrage. C'est par-la qu'il est frappanl et qu'il merite, nous ne dirons pas le suffrage, mais la reconnaissance du lecteur. On se sent porte daus une at- mosphere pure, elevee, salulaire, ou les sentimens desinte- resses sembleut naturels et necessaires comme I'air qu'on res- pire. Tout yest anime par le sentiment du devoir; il n'y a pas une pensee qu'il n'ait inspiree, pas uuc ligne qu'il n'ait dictee ; etpourtant, rien ne sent I'effort, rien ne parait commande; tout est libre , volontaire; si bien que, tout en repoussant au loin les frivoles doctrines de I'interet et de I'utilile, M""' Guizot semble, sans y songer , avoir ecrit un livre sur le bonheur. P. B. HiSTOiRE DE Sardaigne , OU lu Sarclaigue ancienne cl moderne^ par M. Mimaut, ancien consul de France en Sardaigne (i). Voyage en Sardaigne, de 1819^ iSaS, par M. le che- valier Albert de i,a Marmora (2). Comment se fait-il qu'une He feconde , presqu'aussi granile que la Sicile, situee au milieu d'une mer dont les rivages (i) Paris, 1825; Blaise et Pelicier, libraires. 3 gros vol. iii-8" ; avec cartes et figures. Prix, 16 fr. (2) Paris, 1825 ; Delaforest, libraire. r vol. in-8", avec atlas; prix , f\o fr. ET POLITIQUES. 347 sontoccupes, a quelqiies exceptions pies, par des peuples civilises, industrieux , adonnes an commerce; qu'une lie qm n'est separee des possessions francaises que par iin etroit canal, soil moins bien connue peiit-etre que des lies lointaines, re- cemment decouvertes dans la mer du Sud? Si un roi du con- tinent neportait pas le litre de roi de Sardaigne, on trouverait rarement le nora de cette ile dans les actes de la diplomatic; et si des voyageurs curieux n'allaient qnelquefois -visiter les ruines des monumens qu'y avaient eleves d'anciens peuples, nousne saurions que parleshistoriens dela Grece etdeRome, que ce ne fut pas toujours un pays pauvre , presque desert, abandonne. Aussi, repeterai-je volontiers avec M. Mimaut, quivient de publier unc Hisloire de la Sardaigne : « Toutetait de nouveau a dire , tout est a apprendre sur un pays qui n'est pas plus connu dans ses ciiconstances physiques et natu- relles que dans ses relations politiques et historiques. « Consul de France en Sardaigne, M. Mimaut devait sans doule etudier le pays dans ses relations politiques et commer- ciales; mais il a fait plus : il a voulu connaitre son etat phy- sique, ses montagnes, ses fleuvcs, les diverses productions dusol; surtout, il a cherche a decouvrir les traces des cites antiques dont elle etait couverte,et, a I'aide des historiens et des poetcs anciens , il a retrouve , retabli ses vieilles annales. De la, passant a des temps moins ignores , il conduitpas a pas son histoire jusqu'a nos jours. La place qu'il occupait lui don- nait plus de facilites qu'a tout autre etranger, pour recueillir les materiaux necessaires au grand travail qu'il avait entre- pris , et qu'il a execute avec talent ct succes. Presque en meme terns que I'ouvrage de M. Mimaut, on a vu paraitre le premier volume d'un Voyage en Sardaigne , par un savant Piemontais, M. de la Marmora, qui a passe plu- sieurs annees dans cette lie , et qui y est encoie en ce moment, dessinant ses restes d'antiquites, etudiantses productions phy- siques, les niceurs de ses habitaus , leur industrie , etc. L'objet des deux ouvragesest, comme on voit, parfaitenient identique. Cependant, j'ai lieu de croire que M. de la Marmora s'occnperrt 3'i8 SCIENCES MORALES moiiis de rhistoire politique que no I'a fait son devancier : el, en effet, il no pourrait que presenter sous une autre forme , dcs tableaux qui deja ne laisscnt rien h desircr (i). Mais, pour comparer les deux ouvrages , il faudra attendre que celui qui paralt sous le litre dc Voyage, soit complet. Jusqu'a pre- sent, M. de la Marmora ne donnc, dans son premier volume, qii'un apercu assez etcndu , il est vrai, de toutcs les matieres que contiendra son ouN'rage. C'est done sur le travail de M. Mi- maut que je veux specialement attirer I'attention ; et jo n'aurai recours a recrivaiu piemontais, que pourappuyer ou contre- dire les observations de I'auteur francais. Considerons d'abord la Sardaigne dans sa forme , dans son ^tat physique. Cette lie, comme la plupart des pays auxquels les anciens ont impose primitivement des noms, tire le sien ( t.int en grec qu'en latin), de sa forme qui avait paru etre celle d'une san- dale, dont le talon est dirige, au sud, vers la cote d'Afrique, el la pointe, au nord, vers la Corse. En observant que la chaine des montagnes qui commence dans cette derniere ile continue , mais toujours en diminuant de hauteur dans toute la longueur de la Sardaigne , on ne peut guere douter que les deux lies n'en aient forme qu'une seule en des tems inconnus. Le detroit dehuit milles de largeur qui les divise a sans doute ete pi oduit pr.r quelque eruption volcanique. Cette conjecture a d'autant plus de vraisemblance , que, dans les environs du detroit, on reconnait, en Sardaigne, des crateres d'anciens (i) Un secretaire particulier de S. M. le roi de Sardaigne, D. Giu- seppe Mamno , public (^.ans ce moment , a Turin , line Uistoire de la Sardaigne (voy. Rev. Enc, t. xxviil, cahier de novembre iSaS , p. 547). J'en ai eu le i^"" volume sous les yeux; et c'est, je crois , le seul qui ait paru. Taut que I'auteur n'aura a retracer que I'histoire ancienue el peut-^tre encore celle du nioyen age, il ecrira, je n'en doute point, s.dis g^iie, sans eiubarras ; mais quand il arrivcra aux tems moderuesl... Je me defierai foajours de la veracite d'un histo- rien qui compose dans le cabinet d'un roi. ET POLITIQUES. 349 volcans. An reste, cette ile offre , en divers lieux , des traces iiicontestables de volcans etcints : M. Mimaut, dans une note de son tome 11 , dit ( page Itg'i ) : « Le sol d'aucun pays n'a etc plus toiirmeule par les volcans , que celui de la Sardaijjne. On en a comptc jusqu'a soixante-dia: , seulenient dans la partie de I'oucst et du midi de cette ile. « II y a erreur dans cette note, suivant M. de la Marmora, savaut geologue ; il a ob- serve avec soin ces contrees, et n'y a pas trouve les traces de plus de sept volcans. C'esl un chiffre a retrancher. La catastrophe qui a separe la Sardaigne de la Corse, a du etre necessairement tres-posterieure a cette autre Lien plus etonnante sans doute, qui fit entrer sur le continent les eau.\ de I'Ocean, et forma cette nier que nous appelons Mediter- ranee, et toutes les mers qui semblent en dependre. Les par- ties les plus elevees du continent englouti resterent seules a decouvert, et devinrent les nombreuses lies dont ces mers sont parsenues. La Sardaigne a ete , presque de tout terns, divisee, on pourrait dire naturellement, en deux grandes parties que Ton nomme des caps; I'un au midi, qui prend son nom de la ville capitale , I'antique Calaris (Cagliari); I'autre , au nord, le cap Sassari. A une distance a peu pres egale dc I'extremite de ces deux caps et des villes dont ils portent le nom, est le golfe d'Oristano qui lui-meme voit s'elever sur ses bords une ville de meme nom. Lacirconference de toute I'lle , y compris les lies adjacentes et qui en dependent, est de 400 milles geographiques , qui repondent a 5oo lieues marines. II est possible que cette me- sure donnee par M. Mimaut soit, dans la suite, modifiee par M. de la Marmora, qui leve, en ce moment, une carte de la Sardaigne. Ce travail etait d'autant plusnecessaire que toutes les cartes de cette ile qu'on a publiees jusqu'a ce jour, offrent entre elles des differences notables, et sont consequemment pour la plupart , tres-inexactes. Passons maintenant a I'histoire du pays, en rommcncant avec M. Mimaut, par les plus anciens terns. 35o SCIENCES MORA.LES On ne sail pas plus d'oii venaient les premiers habitans dc la Sardaigne, que Ton ne connait rorigine de tons les peuples qui couvrent aiijonrd'hui les divcrses contrees dc I'Europe. Chaque nation a dans ses fastes des tenis obscurs, des siecles fabuleux. De vagues et incertaines traditions tiennent lieu, pour les plus ancienncs periodes , d'annales ecrites ; mais des nionumens de pierre, incontestabicmcnt eleves par des mains d'homnies , prouvent du moins que dans ces lieux existaient des populations qui n'ctaient pas entierement etrangeres aux arts : par exemple , ces dolmen , ces pierres levees ou obe- lisques inforraes que Ton trouve presque partout, et dont on n'attribue I'execution aux Ccltes, que parce qu'il est penible d'avouer qu'on ne peul decouvrir quels en sont vraiment les auteurs. La Sardaigne possede, plus qu'aucun autre pays, de ces monumens dont ou ne peut deviner la destination, pas plus que I'epoque ou ils furent eleves. M. Mimaut a consacre a leur description imchapitre entier de son ouvrage (le chapitre vnr du tome ii ) ; mais , je le dis a regret, je crains qu'il ne les ait observes trop superficiellenieut , si meme il les a visiles. Voici sur quoi je fonde mon opinion. La description que fait M. Mimaut des JSuraghes (c'estle nom de ces singuliers monumens que Ton rencontre en grand nombre dans toute la Sardaigne , sur les collines comme dans les plaines), est contraire en tout point a celle qu'en a donnee M. de la Marmora, dans lui memoire que j'ai sous les yeux, et ne se rapporte nullement aux dessins qu'il en a fails lui- mcme , dit-il , a la chambre noire. Je vais opposer I'auteur francais au voyageur piemon- tais. M. Mimaut, apres avoir dit que les Nuraghes sont jeles sur toute la surface de I'ile, a des distances plus ou moins eloi- gnees, nous les presente comme des tourelles dont la base est fort enfoncte sous terre, et dont les plus hautes n'ont guore plus de six a sept pieds au-dessus du niveau du sol. D'apres cela , ce ne serait done que des cspcces de fouis qui meri- ET POLITIQUES. 35 1 teraient a peine I'attention du voyageur , encore moius de I'antiqiiaire. Mais M. de la Marmora en fait, an contraire, de tres- grands monumens de forme conique , poses siir une base de plus de quarante pieds de circonference, et qui s'elevent souvent au-dessus du sol de plus de dix-sept metres [cinquante-trois pieds), sans compter I'etage qui terminait le comble, et dont on ne trouve jamais que des vestiges. M. Mimaut dit que Us pierres des Nuraghes sont des poly- gones irreguliers ; M. de la Marmora, que ce sont de gros blocs regulieis et poses par assises horizontales. M. Mimaut place I'ouverture de ces monumens dans leur parde supe- rieure ; M. de la Marmora assure qu'ille est h la base menie sur le sol ; que dans les Nuraghes des contrees meridionales de I'lle, on peut enlrer debout, et que dans les Nuraghes des contrees septentrionales , on ne peut cntrer qu'en rampant. M. Mimaut n'a vu dans I'interieur que de petites chambres ou cellules ; M. de la Marmora y a trouve a chaque etage une grande salle de forme conique, sans aucune division, niais dans les murs de laquelle sont pratiques des renfoncemens , des especes de niches. II ajoute que , pi'es de I'entree de la salle du rez-de-chaussee , s'ouvre , dans I'inlerieur des murs , une rampe en spirale qui conduit aux etages superieurs. On voit combien ces descriptions different entre elles. Je ctois qu'il faut s'en rappcrter de preference a celJe de M. de la Marmora , qui a parcouru tout le pays , et y a passe plu- sieurs annees; qui a explore avec soin, dessine et mesure plusieurs fois des Nuraghes , tant an midi qu'au nord de la Sardaigne. II serait trop long de rapporter toutes les opinions diverses qu'on a emises sur I'usage de ces singuliers moiuimens. Les uns les out regardes comme des monumens ante-diluviens; d'autres comme des vedetes ou lieux d'observation ; d'autres, comme des a^les que se preparaient les anciens habitans contre les excursions des pirates. L'opinion la plus admissible, selon moi , est qu'il ne faut voir dans les Nuraghes que des lienx ■^'i'i SCIENCES MORALES de sepulture. En effet, leur forme rappelle celle des pyra- mides d'lilgypte , qui n'etaient qr.e des tombeaux. Au reste, on trouve des monuinens h peu pies scmblables dans les iles Baleares. Je serais lente d'en attribuer la construction aux antiques Pclasges , penple qu'on ne connait guere , il est vrai, que de nom, mais qui, d'apres les traditions recueillies par les plus ancieus historiens, furent les premiers habitans de la Grece, et envoyerent des colonies non-seulement en Italie, mais dans presque toutes les Jlcs de la Mediterranee. Mais, ce que n'ont point remarque les deux auteurs dont nous examinons en ce moment les ouvrages , c'est qu'on voit , meme en Amerique , d'anciens monumens, qui ressemblent, on ne peut plus , aux Nuraghes de la Sardaigne. Ecoutons ce que dit I'exact et savant observateur, 31. de Humboldt, d'une espece de monumens que Ton trouve dans les Cordilieres, et qu'il nomnie des tumulus. " La base des tumulus est ronde ou de forme ovale : ils sont gcneralenient coniques, quelquefois aplatis au sommet, comme pour servir aux sacrifices ou a d'autres ceremonies qui doivent etre vues par une grande masse de peuple a ia fois. » {^Vues des Cordilieres , par M. de Humboldt.) Et voici , en abrege , ce qu'il ajoute 5 la description des tumulus : « Il y en a de deux et trois etages, et qui rappellent par leur forme, les teocallis mexicains, et les pyramides ^ gradins de I'Egypte et de I'Asie occidentale. Les tumulus sont construits, partie en terre et partie en pierres jetees les unes sur les autres. On y a trouve des baches, de la faience peinte, des vases et des ornemens de cuivre, un peu de fer, de I'ar- gent en plaques, et peut-etre de I'or. » Dans ies tumulus ou Nuraghes de Sardaigne, on a trouve aussi des amies , et quei- ques figurines en bronze, de style etrusquc; mais il est k croire que ces objels y avaient et6 deposes dans des terns bien posterieurs a leur construction. Ces rapports, ces ressemblances enfre des monumens eleves a de si grandes distances , en divers conlinens, separes entre eux par d'immensesmers, font naitrede graves ot iniportantes ET POLITIQUES. 35i reflexions; mais ce n'est point ici le lieu de s'y livrcr : d'ail- leurs, en pareille matiere , on doit loujours craindre de laisser prendre trop d'cssor a I'imagination. Apres avoir parcouru rapidement les terns qu'on pent ap- peler tenebreux de I'histoire de la Sardaigne, M. Mimaiit ofli-e un tableau succinct, mais interessant, des vicissitudes di verses qu'eile a subies, a dater des premiers terns histo- riques jusqu'a nos jours. II n'est point de pays au monde qui ait ete soumis a autant de maitres. Apres les invasions ou plutot I'etablissement des Pelasges dans I'lle (si toulefois on adopte I'opinion que j'ai emise, il n'y a qu'un moment , et qui m'est particuliere), on la trouve occupee par des Grecs , ensuite par des Troyens , enfin par des Carthaginois. Placee a peu de distance des cotes d'Afrique, elle ctait pour ce dernier jjcuple tres-adonne au commerce, d'un immense avantage.,Aussi, des le terns oil les Tarquins regriaient a Rome , les Carthaginois possedaient les plus belles parties de la Sardaigne. lis etaient mailres du golfe do Cagliari, et rebatirent, s'ils ne fonderent la ville de ce nom. Mais en vain tenterent- ils a plusieurs reprises de sou- mettre I'lle entiere : les anciens habitans, refugies dans des montagnes inaccessibles , non-seulement leur resistercnt, mais ne cesserent de ravager par de freqiientes inclusions les terres qu'ils cultivaient, les villes , les villages qu'ils entreprenaicnt d'elever. I.es Romains voulurent a leur tour posseder la Sardaigne. Pour s'y maintenir il leur fallut livrer de grands combats; mais on ne pouvait long-temps resister a ces favoris du dieu de la guerre. Cefte ile fut pour euxuneimportante possession : comme la fertile i:gypte, la Sardaigne, devint un des greniers de Rome. La periodo assez jongue de la domination de ces niaitres du monde fut , pour le peuple sarde, la moins malheu- reuse de toutes celles qui I'avaient precedee. Sans doute , d'avides preteurs le foulaient, le pressuraient , lui enlevaient une grande partie des fruits de ses travaux ; mais il jouissait do quelques droits, de quelque liberie : il pouvait elever des T. XXXI. — .'lout iSaH. 23 354 SCIENCES MORALES plaintes ; ct, lorsque Ics rapines, Ics concussions etaient Irop revoltanles , il obtenait justice. D'ailleurs, ccs Romains, ces maitres si fiers ct si rapaccs , n'etaient pas moins avides de plaisirs que de richesses : lis portereut dans ces contrees jusqiics-la demi-sauvagcs, leiirs arts et leurs goi'ifs. On voit encore, sur tonte la surface de I'lle, les riiiiies des aqiiedncs, des somptueuses w7/«, des temples, des amphitheatres qn'its y ont cleves. L'lle fut bientot coiiverte de villes, de i;ros villages qui leur durent Icur fondation. M. Miiuaiit a recherche et fixe avcc beaucoup de sagacite, d'aprcs les anciens histo- riens et geographes , remplacemont de la ])liipnrt de ces cites Tomaines, dont on porte le nombre jusqu'a qiiaranle cinq , mais dont on ne connait que les nonis , car elles u'ont guere laisse dc traces. Ce travail Ini fait hoiincur : je n'ai qu'nn regret: c'est qu'apres avoir pr'S tant de peine a retrouvcr, pour ainsi dire, la Sardaignc des Romains , il ait neglige do consigner et de presenter aux ycux , dans une carte speciale, ses conjectures ou jjUitot ses decouveites ; les eriulits lui en auraient su gre. Le repos, je no dis pas le bonheur, dont jouit la Sardaignc sous les enipereurs romains , fut trouble, comme dans le reste du monde , par I'apparition dii christianisme. La lutte entre cette nouvelle religion et lancienne que les premiers empe- reurs croyaient sage et politique de proteger, fut terrible, mais, a ce qii'il sembie, asscz coiute. Le chrislianisnie triompha, comme ailleurs, au milieu du sang ct des larmes. Le spectacle du monde, dans ic moyen age ou nous en- trons avec I'historien de la Sardaignc , a quelque chose de si triste, de si rebulant , (|u'on ne pent y arreter long-tems les regards. Qu'il suffise d'observer que, jusqiu-s en Sardaignc, divcrses sectes , qui etaient nees presqiie toutes avec le chris- tianisme meme, continnen^nl les massacres que son etablisse- mcnt avait commences. On se battit, on se lua pour des chi- meres , pour d'ininteliigibles propositifuis; et , comme dit M. Mimaut, « des heresies multipliees, attaquees et defendues les armes a la main, produisaient d'affreux dechiremens, et ne ET POLITIQUES. 355 fireiit pas repandic moins de sang quu la lutte du chrislianisme et de I'idoldtrie. » La Sardaigne partagea tons les desastrcs dc TeHipire ro- raain , qui s'ecroulait de toutes parts. Les Vandalcs la prirent, !a perdirent, la reprirent, et enfin en fiirent chasses. Les Golhs s'en rendirent maitres ; les Lombards y firont des irruptions ; et ensuite, reiiniique Narses, ayant chasse de I'lle les barbares qui s'y succedaient, s'y renouvelaient sans cesse; elle rentra sous la domination des emperours d'Orient. Mais les Maures ou Sarrasins, qui avaient ravage les rives de la Mediterranee , ne pouvaient oublier la Sardaigne. Ces brillans et iutrepides aventuriers s'y presenterent avec de grandes forces; les Sardes se defendirent avec opiniafrete : voyant qu'ils n'etaient point secourus par leurs souverains legitimes , les empereurs d'Orient , ils s'offrircnt a Louis-le- Debonnaire, empereur ot roi de France. I! uccepta avec joie ce nouveau domaine, et fit, pour cxpuher les Sarrasins, quelques tentatives qui n'eurent aucun siicces. Les Genois et les Pisans s'linirent alors pour dt'livrer la Sar- daigne , toujours soumise aux Maures , et ils y reussirenf. Apres la victoire , ils songerent a en partager le fruit. Les Genois se conlenterent d'une indemnite pecuniaire; les Pisans garderent I'lle. Ce furent eux, a ce qu'il parait, qui la divi- serent en quatre principautes ovijudicals. L'existence de ces judicats a cteassez longue : institues vers le milieu du xi^ siecle, on les retrouve encore dans le xv^ : on a les noms et Ton con- nalt les principales actions de presque tous les princes qui ont regne (car ils prcnaienl le titre de rois) dans les quatre ju- dicats ou provinces de la Sardaigne. Mais, souventdivises entre eux, ils ravagerent leurs petits elats, et quoiqu'ils fiissent sous la dependance de la republique de Pise, on les vit plusd'uue fois tourner leurs armes contre les Pisans, et se joindre contre eux aux Genois. Ce sont lu les rcsullats ordinaires du regime feodal , partout ou il est etabli. Or, ceijugcs , ou princes, en Sardaigne, n'etaient ail tics que de grands vassaux , qui avaient au dessoas d'etix des arrijre-vassaux ; et le reste de la nation 356 SCIENCES MORALES n'etait qu'im anias de serfs obliges de travaillcr sans cesse on de se battre pour leurs inaitres. Oq ne peut s'attcndre a trouver dans un article (\m ne doit pas s'etendre an dela de certaines bornes, des details sur cette partie do I'liistoire de la Sardaigne. Les Icctenis qui voudraient counaitre plus particulicrement tous cos tyrans, jiisqu'ici presque ignores , d'un pays oublie lui - memo ou dodaigne des historiens, reeourront il'ouvrage de M. Mimaut qui a fait, pour les tirer de I'obscurite, de grandes et penibles recherches. Dans cette galeric de personnages assez insigni- liaiis , deux Ggures ressortent et excitent lui veritable interet : ce sent un certain Hugues IV, jpge A'Arboree ( un des plus importans judicats de la Sardaigne ) , et sa sceur Eleonore, qui lui succeda. Ce juge fut un des plus acharnes ennemis de la maison d'Aragon , a laquelle un pape avait bien donne I'iuvestiture de I'lle, mais non la possession; car il fallait I'enlever aux Pisans , et, ce qui etait plus difficile encore, auxjuges qui se I'etaient a pcu pres appropriec (i). M. Mimaut a Irouve, dans les manuscrits de la bibliotheque du Roi , la relation d'une ambassade envoyce a Hugues IV par le due d'Anjou, qui rechcrchait son alliance, afin de faire la guerre avec plus de succes au roi d'Aragon. Ce fait historique, a peu pres in- connu , offre de I'interet : la politique astucieuse du due d'An- (i) Presque de tout tems, les papes avaient eleve des pretentions sur la Sardaigne; et cela, par une consequence de la doctrine etablie par Hildebrand ( Gregoire VII) que , Dieu ayant sounds la puissance temporelle a la puissance spirituelle, les papes devaient necessaire- ment avoir la suzerainete de tous les trones et de tous les e!ats du moade entier. Boniface VIII trouva , en 1297 , une occasion de faire de ce principe nne application speciale a la Sardaigne. Les Pisans n'etant plus ni assez puissans ni assez forts pour d^fendre leurs droits sur I'lIe , le pape en donna I'investiture a Jacques d'Aragon, qui sengagea, en revanche, a aider le saint-siege a depouiller Frederic, roi de Siclle. Et ce Frederic etait le frcre de Jacques d'Aragon ! ET POLITIQUES. 357 jou echou.i devant I'apre franchise du juge d'Arboree. Mais cethomnie, d'un si grand caractere, etait aussi un tyran qui devint insupportable aux Sardes , ses sujcts. lis Ic massa- crerent , ainsi que sa fille unique, et voulurent fonder un elat rupublicain. Mais Hugues avail une soeur, femme d'un Doria , due de Monteleone , qui resolut de venger la niort de son frere. C'etait une femme de beaucoup de tete et d'un grand courage. Eleo- nore (c'est ainsi qu'ellc s'appelait ) passa en Sardaigne a la tete d'use petite armee qu'elle commandait lUe-nieme, et conquit, prosque sans opposition, les etats de son frere. Apres avoir fait proclamer son fils aine Frederic heritier de la prin- cipaute, elle gouverna en son nom avec tant de sagesse el de douceur qu'elle n'eut plus dans tons ses etats que des sujets fi- deles etdevoues. Onlui doit im code deloisconnu sous le nomde Carta di Logii , qtie la Sardaigne entiere adopta, i-t qui y est encore en vigueur. Ce Code est date des dernieres annees du xiv^ siecle ; et, conime dit M. Miniaut, « quoiqu'il offrc dans plusieurs de ses dispositions I'empreinte trop marquee de I'ignorance et de la barbarie du terns , on ne peul contester a son auteur le merite d'y avoir montre presque partout une haute sagesse, Tamour de la justice, le respect de la propriete, et surlout d'avoir concu la noble pensce d'ameliorcr le sort de I'espece humaine, et de faire regner la clcmence et la pais , a une epoque de folies , de crimes et de ferocite. « L'historien s'etend beaucoup sur ce Code. En trois differcns chapitres, il en cite textuellement ?c preambule , extrait et commenle ses principaux articles. On voit la une nouvelle preuve du soin qu'il a mis a rassembler et a mettre en oeuvre tout ce qu'il a pu trouver de materiaux utiles. Celte principaute d'Arboree ne fut pas possedee long-tems par le successeur d'Eleonore; il mourut sans enfans : un des- cendant d'une soeur d'Eleonore, le vicomte de Narbonne, et ensuite son frere uterin , Pierre de Tinieres , seigneur d'Ap- chon , pretendirent a cette riche succession. Mais les rois d Aragon la revendiquaient aussi ; et dc simples seigneurs ne yj$ SCIENCES MOUALK.S ponvaient lutter qii'avec dcsavantaj;e contre d'aussi puissan.4 pi inces. Lc sire do Tiniercs se crut trop heureux de vendre an roi d'Aragon ses droits h la principaute d'Arboree. « Ccttc espece de marche etait alors fort usitee, observe M. Miinaut ; on vendait Ics pciiplcs conime dns troupcaux, ct les etats comme des mcLaicics. Ccs bizarres contrats ne deshonoiaicnt ni le vcndcur ni le clialand. » II me semble que rien n'est change a cet egard ; commc alors, on vend, on echange au- jourd'hui les pcuples comme des troupeaux , les etats comme des metairies. N'avons-nous pas vu tout recemment un celebre congres adjuger des repiibliques i\ des monarques ; retran- cher telle ou telle partie d'un antique royaume pour en agran- dir d'autres ? et cerles , avant de disposer ainsi des peuples , on ne leur avail pas demande leur avis ; on n'avail pas obtcnu leur consentement. La domination aragonaise ne fut pas funeste a la Sardaigne. Presque toujours , il est vrai , cette ile ne fut gouvernee que par des vice-rois, qui, souverains d'un moment, ne songeaient guere a lui procurer une prosperite durable, fliais , graces ;\ quelques rois plus sages, plus bicnveillans, parnii lesqiiels il faut compter don Pedre IV et Alphonse V, son administration interieure s'ameliora. Les institutions qu'elle re<^ut d'eux furent confoimes ii celles de I'Aragon. Elle cut des Cortes , jouit d'un regime constitutionnel, ce qui releva les Sardes a leurs propres veux. Le systeme representatif que Ton fondait en Sardaigne existait depuis long-tems dans les Espagnes. « Ce systeme, comme I'observe M. Mimaut, etait une doctrine re9ue et comme une religion politique chez les diverses nations de la peninsule espagnole , qui, avant ravenement de la mo- narchic autrichienne , ne concevaient pas meme qu'il put exis- ter un autre mode de gouvernement, et pour qui le pouvoir absolu , objet d'horreur et de mepcis , etait mis au rang des absurdites humaines. Les Goths , si calomnies par I'ignorance et les prejuges , furent les veritables fondateurs du gouverne- ment representatif en Espagne , et par suite dans tout le resfe de VEurope. » En lisant ceci , on ne manquera point de fair* ET POLITIQUES. 351) une asscz douloureuse observation : cV-.sl que, dans ce pays ou , nicnie au xv^ siccle , on legardait le gouvernement representatif conime le nicilleur des gouvernemens , le seul convenable pour un peuple qui sent sa dignite et connait ses droits ; en Espagne , (lis je , et au xix^ siecle , la population presque entiere , aveuglee par des prctres, ne vent que des rois absolus , reclame pourcux, ou plulot ])our I'eglise qui domine les rois, un despotisme sans bornes. Depuis i355,epoquederetablisscmentd'un gouvernement a peu presrepresentatifenSardaigne.jiisqu'a la guerre dc la succes- sion d'Espagnc, les Cortes dc laSardaigncne cessercntdese reu- nir. Siellesnepurent faire, pour la prosperite du pays, tout ce qu'on doit attendre d'une asseinblee vraiment nalionale, elles empecherent du moins bien des maux, et s'opposerent souvent aux abusives pretentions, aux exactions des \ice-ruis. M. Mi- maut donnc, a la fin de son premier volume, un precis tres- bien fail de leurs sessions successivcs en Sardaigne, jusqu'en 1700 oil un Bourbon fut appele au trone d'Espagne. Cet evenement, comme on sait , mit en feu I'Europe en- tiere : M. Mimaut a cru dcvoii- offrir a ses Iccteurs le recit des guerres longues et desaitreuses et des intrigues diploniatiques decptte deplorable periode, pendant laqnelle tous les peuples de I'Europe eurent lant a soiiffrir. Peut-etre etait-ce un hors- d'oeuvre dans son ouvrage , puisque la Sardaigne , en lout cela , ne joua qu'un role tres-secondaire , et purement passif. Mais on le suit volontiers dans cette digression ; car il est parvenu a eclaircir des fails qui paraissaient obscurs , meme a en citer de nouveaux qui avaient echappe aux nombreux historiens des troubles de I'Europe au commencement du dix-huitieme siecle. Les traites qui terminerent ces longs troubles, tirent passer la Sardaigne dans les mains de rempereur qui , en echange de la Sicile , la remit immediatement au due de Savoie, et cettc nouvelle possession valut au due le litre de roi. C'etail la I'in- demnite qu'on lui accordait pour la perte qu'il eprouvail dans I'echange. 33o SCIENCES MORALES La maison de Savoie est restee depiiis ce terns en posses- sion de la Sardaigne. Cette maison parut d'abord aniinee dii desir de donner tons ses soins a iin pays qui la faisait entrer dans la classe des maisons royales. Charles-Emmanuel, qui eut le bonheur de trouver un habile et excellent ministre, gratifia les Sardes, ses nouveaux sujels, d'assez bonnes insti- tutions, et fonda d'utiles etablissemens. Mais, sous son suc- cesseur, la Sardaigne vit reparaitre tons les anciens abus dont elle avail eu si long-tems a souffrir. Ce ne fut guure qu'une colonic du Piemont. Tous les principaux emplois de I'admi- nistration y furent exclusivement exerces par d'avides Pie- montais. Lorsque, dans ces derniers tems, cette famille de Savoie, chassee de ses etats du continent par les Fiancais, vint cher- cher un asile en Sardaigne, on dut croire qu'elle n'allait s'oc- cuper que des moyens d'enrichir, d'embellir, de rendre heii- reux enfin le petit royaume que la Providence lui avait reserve. II n'en fut rien. Les Piemontais qui avaicnt suivi la cour dans son.exil, s'appliquerent aentretenir les monarques dans une grande defiance de la fidelite des Sardes. C'etait un moyen de continuer a les exclure de toutes les hautes places a la cour, et de tous les emplois lucratifs. Les preventions qu'ils jnspiraient contre les Sardes n'etaient pas, il faut !e dire, sans quelque fondement. En effet , peu s'en etait fallu , en 1794 J que la Sardaigne n'echappat a la domination pie- niontaise. Les idees de liberte avaient penetre dans cette lie , une insurrection avait eclate ; on avait redemande , les armes a la main, d'antiques privileges. Le souvenir de cette recente revolution qu'on etait parvenu a eteindre , en faisant des promesses , en prenant des engagemens qu'on avait rompus apres I'orage; ce souvenir, dis-je , alarmait les souverains, et les disposait a eloigner les Sardes de leur coeur conime de leur cour. M. Mimaut glisse assez rapidement sur les dernieres annees de I'histoire de la Sardaigne. Est-ce prudence ? ou n'avait-il rien d'important a dire? Comme il montre dans tout son ou- ET POLITIQUES. 3Gi viage assez d'iudependance , je suis porte k croire que, s'il a peu parle, ce n'ost point par exces de circonspection. Maintenant, on deniandeia peiit-etre si dcs terns plus heu- reux se preparent pom- la Saidaignc , si plus de prosperile I'attend? Non. la Satdaigne continuoia d'etre pauvre, oubliee; les arts, le commerce n'y fleuriront point; la feodalitc la re- tiendra sous son joug honteux, plus long- terns que tout autre pays de I'Europe, et ses grands feudalaires iront toujours consommer sur le continent, a Turin, les produits de leuis inimenses possessions. Si une grande nation, une nation libre , active, qui aurait de grandes relations conmierciales dans toutes les parties du nionde , possedait cette Sardaigne si heureusement situee pres de I'Afriqtie et de I'Asie, dont les montagncs recelent dc riches mines de toute espece, dont les plaines sout si fertilcs, comme ce pays, aujourd'hui si miserable, jouerait bientot un role im- portant! comme ils'elevcraitrapidementa cette prosperite dont il a joui sous les anciens Romains ! Les Francais , en 1793, voulurent s'en emparcr; mais une affreuse tempete tit echouer leur entreprisc ; ce fut un malheur pour eux, moins encore que pour I'Jle. Lorsque , tout recemment , on a si liberalement donne toute une repubiiquc au roi du Piemont, n'ainait-on j)u lui oter la Sardaigne , et la cedcr a cette France a qui roii arrachait la Belgique , et meme quel(|ues parties dc .son ancien territoire? Les Anglais avaient deja Malte; iis se f'aisaicnt adjuger le protectonit Aes ties loniennes; mais ils ii'auraient pas souffert que les Francais possedassent une ile de plus dans la Medi- terranee. En terminanl cet article, je reviens a M. Mimaut. Il ne s'est point contente de tracer I'histoire de la Sardaigne; ii a donne sur les moeurs, I'industiie , le commerce de ses liabitans des details tres-interessans. Mais, comme M. de la ]Marmora,qui a fait dans I'lie un bien plus long sejour, comple s'occuper specialement des mceurs , des usages, de la langue, et mcmc 36 i SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. des costiimes des Sardes, les lecteurs qui pounaieiit desircr, sur tous ces objets, des notions completes, feront I)ien d'at- lendrc la jmblication des autres volumes que pioniet le voya- geur piemontais. L'ouvrage de M. Mimaut est ecrit avec une clarte , une cor- rection vraiment remarquables. On ne saurait trop applaudir a sa metliode , i I'ordre qu'il a suivl dans la nai ration des faits , qui sous sa plume s'enchainent sans confusion. II no craint point d'emettre son opinion sur certains cvenemens et certains personnages; et il I'appuie , de raisonnemens sages et judicieux. Enfiu , il me parait qu'en ecrivant I'histoire, il a pris M. dc Sismondi pour modele ; il n'en pouvait choisir un meilleur. Jmaury Duval, de I'lnstitut. LITTERATURE. Memoires inedits de M"^ la Comtesse de Genlis, sur le dix-huitieme siecle et la revolution francaiae, de' puis I'j^Sjusqua no s jours (i). C'est line chose bien ocHeusc que ces libellcs pseudonymes, dans lesquels la calomnie contrefait la voix des niorts pour micnx diffamer les vivans. II semblerait que de tels ecrits ne peuvent ctie inspires que par les passions les plus furieuses. Ccpendant, qu'on y regarde de pres, la plupart n'ont ete dictes que par le mobile commun de presque toutes les bas- sesses humaines, la soif du gain. lis ont toujours abonde, a la suite des grandes crises politiques; ils fourmillent, ils devaient fourmiller dans un siecle a la fois hypocrite et venal. Les Me- moires supposes se sont enfin multiplies avec une profusion tellement scandaleuse qn'ils ont fini par discrediter tout te- moignage posthume : I'homme d'honneur qui avait des revela- tions a faire , a pu craindre d'etre confondu avec ces archivistes du mensonge , s'il ne parlait qu'apres sa mort; et les appre- hensions en sont venues au point de forcer la modestie meme des dames a imprimer leur vie de leur vivant. C'est I'exemple que vient de donner M™« la comtesse de Genlis : et , s'il y a dans sa resolution de la franchise, il y a du courage aussi. Une existence qui a offert des singularites brillantes , a du faire des envieux , et rencontrer des persiffleurs. De plus, il est demontre que Ton n'est pas sans ennemis, lors- qu'on a eu des admirateurs sans uombre. C'etaitla nn double danger. Aussi, quand M™^ de Genlis fit connaitre I'intention de Paris; i8a5; Ladvocat et Baudouin frferes. 8 vol. in-8° ; prix, 64 fr. 364 LITTERATURE. publier ses fllemoires sur Ic xviii^ siccle et siir la revolution Jrancaise , s'eleva-t-il beauconp de clameurs. Un prospectus avait annonlc son livrc comine ronvrai;c qui devait tenir la place la plus esseiiticlle (je tianscris) entre les Mcmoires sur I'Histoire de France publics par M. Petitot , et les Memoires sur la rei'otutionfrancaise publics par MM. Berville et Barriere. Parmi les lectcurs du prospectus, les uns, qui prenaient au serieux la premiere raoitie du litre, s'atteiidaierit a trouver dans le livrc une guerre acharnee conlre la philosophic et bon nombre d'injures cdilianles ; ils se faisaient d'avance un malin plaisir d'opposcr a tant de morale ^e ne sais quclles peintiires un pen vives dans les Chevaliers du Cygne , qu'on ne vend plus iParis, lels qu'ils parurent i Hambourg. D'autres, quivoyaient venir de furieuses altaques contre la Revolution , tenaient deja sous le manteau, comma pieces de confrontation , i°, un ecrit de 1796, ayant pour \\tve: Precis de ma conduite, et renfer- mant, en ternies cxpres, cette profession de foi : Les Fran- cais seraient le dernier pcuple de la terre s'ils renoncaient Ic- gerement a la Republique ; 1" , une lettre de quinze pages , adressee, vers la meme epoque, a un auguste oleve, pour le dissuader d'accepter la couronne , si jamais elle lui etait offertc; attendu que la Republique paraissait se fonder sur les bases solidcs de la morale et de Injustice, Qu'est-il ariive ccpendant ? Les Memoires de mndamc de Genlis sur le xviii* siecle et la revolution francaise onL paru : on y a cherche la Revolution, ouy a elierche le xviii" siecle; on n'y a trouve que madanie de Genlis. Les epilogueurs en ont ete pour leurs peines : on avait eu la malice de tromper toutes leurs craintes. Un autre desappointement atiendait ceux qui croyaient que ces Memoires ailaient etre des confessions. M™*^ de Genlis ne s'est point engagec a conter toute son histoire ; elle le declare formellement dans son second volume, et des lecteurs altentifs I'avaient pu voir des le premier. Aussi, a-t-on annoncequelque part la prochaine apparition d'autres Memoires, composes des reticences de M""'' de Genlis, C'est une plaisanterie, j'ainie a le LITT^RATURE." ■'>G5 croire. En tout cas, fut-il ccilaiu( ce que je suis loin cle pcnser), qu'en publiant une partle de sa vie , une femme donne au public le droitdefouillerdaris tout le reste, j'avoue qu'exeiccr un tel droit ne me conviendrait pas du tout; et que celle espece de visite domiciliaire avec effet retroactif, serait une chose odieuse. Heureusement, n'est-ce pas le moins du monde ce que j'ai a faire ici. Je vais done, sans demander compte a M""" de Genlis de ce qu'elle a pu vouloir taire, rendre compte de ce qu'elle a dit. Si presque toutes les fenilles quotidiennes n'avaient pas deja pris plaisir a repeter , comme de concert, tant de jolis petils details sur I'enfance de I'auteur qui remplissent les soixante premieres pages du livre, il auraitpu m'arriver de m'y arreter avec complaisance; car, c'est bien certainement la partie la plus amusante de ces Memoires. On aurait vu M""^ de Genlis, d'abord M"'' Ducrest , puis Ducrest de Saint-Aubin , nee le 23 Janvier 1746, a Champceri , petite terre pies d'Autun, devenir, des sa sixieme annee, chanoinesse du noble chapitre d'Alix, en mcme terns qu'un de ses freres, n'ayant pas encore un an, etait iait c/ievalier de Malte ; car c'etait alnsiqualors on disposa'u de la destinee de ses enfans , un pen legerement , ilfaut en convenir. On aurait vu comment M. de Saint-Aubin, fort occupe de chasses a la pipee, et M'^'^ de Saint-Aubin, dont tout le terns etait pris par des visiles a recevoir ou a rendre, abandonnerent, pendant sept ans, le soin d'elever leur fille a des femmes-de-chambre, tres-bonnes personnes d'ailleurs, mais qui remplirent sa jeune tete d'histoires de revenans : comment, parvenue a sa septieme annee, elle fut raise sous la conduite de M"" de Mars (fille d'un organiste de Vannes), qui, seule chargce de ses etudes, lui fit etudier, en effet, le le catechisme, nn abrcge historique du jesuite Buffier, le Theatre de M"' Barbier, la Clelie ; et comment ces etudes ayant developpe la double vocation que M"'^ de Genlis devait suivre plus tard avec tant de succes et de perseverance , elle fesait , des I'age de huit ans , des romans , des comedies , et, de plus, donnait des lecons aux pctits enfans du village, rassem- 366 LiTTtRATURE. bles pour I'ecoutei' sous la lerrasse du chateau, d'ou clle Irur jetait dos galettcs. Enfin, Ton aurait vu la jcunc chanoinesse , qui suivait Ics processions de la Fete-Dieu, habilloe en ange, joucr dans dcs prologues de comedie un role A' Amour , avcc un hiihlt r.ouleur de. rose... de pctites boUines couleur de paille et argent... ct des ailes bleues ; conserver hors de la scene ce costume, qui lui allait si bien qu'on le Xm^i porter d'ha^ bitude ; avoir son habit d' Amour pour les jour.i om>riers et son habit d'Ar-nour des dimanchcs ; puis, s'en aller journellcnient promener dans la campagne avec tout son attirail d' Amour, un carquois sur Tepaule, et son arc a la main : do tout quoi Ton aurait pu conclure , avec M""= de Genlis, que cetle education singulicrc (qu'au reste, clle avait dejii pcinte dans I'histoire de la comtesse de Rosmond des Meres rivales), dut produire dans son imagination et dans son caracterc un melange a la fois religieux et lomanesque , dont on ne trouve que trop de traces dans la plus grande partie de ses ouvrages. Tout cela, quoique original et meme divertissant , est, il faut le dire , un pen long et passablement futile. C'est done sans trop de regret qu'abandonnant les details sur celte partie des Memoires aux critiques qui m'ont d,evancc, je me hate d'arriver a I'epoqne oii la comtesse de Lancy (nom de M"^ de Saint- Aubin, depuis sa reception au chapitre d'Alix), vient se fixer a Paris , et ou nous allons cnfin rencontrer quelques personnages plus connus que ses cloves de Bourgogne. Le premier qui sc prescnte est ce La Popliniere, le plusce- lebre des fermiers generaux par son faste, son gout pour les arts et ses disgraces maritales. M"® de Genlis le peint comrae un homme de bcaucoup d'esprit, d'un caractere doux et facile; bon maitre, bon parent, ami fidele et tendrc, possedant, en , \mmot, toutes les vertus domestiqnes: et, sur ce point, tout le monde est d'accord avec M'"^ de Genlis. Elle ne fait aussi qu'a- jouter une voix distinguee a la foule des temoignages contcm- poraius,. quand clle nous montre cet homme sur lequel la moqueric pendant plus de trentc ansfut, dit elle , incpuisable , faisant un bien infini dans sa tcrre de Passy, mariantet dolaut I LITTERATURE. 36? chaque annee six pauvres lilies, repandant d'abondantes au- inones dans les families indigentes, et donnant du travail aux ouvriers; tenant un f;rand etal de maison sans avoir fait jamais aucune dette; recevant beaucoup de monde, et tres-bonne conipagnie ; aimant passionneiiient In litterature , Ics arts el les talens. Jiisqu'ici, pas \\n trait qui ne soit fidele, a tel point qii'on poLirrait les retrouvcr tons dans les Memoires deja pu- blics sur cette epoque, comme je m'en suis assure. Marmontel, entre autres, nous fait voir, non-seiilement la meillenre com- pagnif , mais la plus haute noblesse et les arnbassadeurs de TEurope, reunis aux soupers et aux spectacles de M. de La Popliniere. Puis , il ajoute : « Le niaitre de la maison en faisait les honneurs en liomme qui avail pris dans le monde le senti- ment des convenances... dont I'orgueil memesavait s'envelop- per de politesse et de modestie , et qui , dans les respects qu'il rendait aux grands , ne laissait/?«j de garder encore un certain air de civilite libre et simple qui lui allait bien... personne , quand il voulait plaire , n'etait plus aimable que lui. II avail de I'esprit, de la galanlcrie, ctsans aucime elude, ni beaucoup de culture, assez de talent pour les vers. » Voila qui acheve le portrait a merveille, et je crois avoir donne une singuliere preuve de sa ressemblance, en le faisant ainsi terminer par un autre peinire, sans qu'il ful possible dc s'apercevoir que la main qui tenail le crayon avail change. Mais, pourquoi M"' de Genlis, a qui Ton eut passe sans mot dire , de vanter serieusement la sobrietc d'un fermier ge- neral, veut-elle aussi lui faire honneur de cerlaine temperance qui parait n'avoir pas etc toujours une vertu? Quand e!le vient affirmer quil avail les mceurs les plus pares , la conduite laplus decente et la plus reguliere , ne craint-elle pas de rappeler le prclexte le plus fecond , ou le sujet Ic mieux fonde dc celte mo- querie trentc ans incpuisahle dont elle parlail toutarheure? Ici, je I'avoue, 3Iarmoulel me parait mieux el plus amplement informe. Sincerement attache a La Popliniere, il convient ce- pendaut de ses defauts. \.e plus deplorable, suivanllui, etait une soifde Tantale pour un genre de volupte dont le vieux 368 uttj^:rature. financier nc pouvait plus on presque plus jouir. La fortune (jni iui amenait les plaisirs en foulc, et la nature qui lui en prescri- vait une abstinence humiliante , le tcnaicnt dans une alterna- tive de tentations continuelles et de continuelles privations , qui ctait un supplice pour lui. « Le ii)alheureux./poyrsuiK Mar- montel, ne pouvait se persuader que la cause ^gf^'^^^iW™^- II ne manquait jamais tTen accuser robjet pt^serr«7 ti travers ces voiles. On aura plus de peine a s'expliquer comment, a peu pres vers ce tems-la (1759), M""^ de Genlis, qui n'avait que treize ans , a pu rencontrer frequemment, dans des reunions de gens de lettres, le poete Berlin, qui avail six ans de moins qu'elle (i). On s'etonnera qu'a I'epoque oil M""' de Genlis publia (i) Berlin, le compatriote, Tami^ intiine, le lival et non pas LlTTfiRATURE. 36g le premier volume de sou Theatre -(-Tome iii, pages io5, 106 , 107 ct 108.} Les mots ye recus au Palais-Royal fixent parfaitement la date; c'etait, comme je viens de I'indiquer , avant I'entree de I'auteur au convent do Bellechasse, qui eut lieu en 1777. La distraction est d'autant plus forte qu'il est tres-difiicile , a coup sur, que nous nous meprenions nous-memes sur le motif qui nous a determines a faire une chose. Or, le motif determinant de M"' de Geulis pour regarder avec curiosite M""" d'Houdetot , aurait ete la lecture d'un livre qui ue fut imprime que dix ou douze ans plus tard, atlendu qu'il n'est question de M""= d'Hou- detot , et de la passion de J.-J. pour elle , que dans la seconde partie des Confessions. II serait inutile de multiplier ces remarques, mais j'ai du les faire, et voici pourquoi. M";^ de Genlis a bien certainement la I'egal de Parny, quoiqu'on en dise, etait ne le 10 octobre lySa. Quand M""^ de Genlis, nee en 174^). avail treize ans, ii en avail done sept; et s'il etail deja poete , c'etail du inoins a I'ile de Bourbon. II ne fut envoy e en France qu'en 1761. II publia , seuleuient en 1773 , quelques poesies sans goiil el presque sans talent. Ses elegies ( les Amours), son premier litre a udc renoinniee durable, n'onl paru qu'apres celles de Parny, en 178a. T. XXXI. — Jout i^^G. alt 370 LlTTl^RATURE. meilleure memoire possible : tout le itiondc le dit ; el, de plus, M"" de Genlis le ropete, comiiie si personue iie le savait. EUe convient , avec la meme franchise, qu'il doit nccessairement y avoir un grand nombre de critiques ( etsouvent tres-piquantes) dans un ouvrage qui contient une infinite d'anecdotes parlicu- lieres. II suit de lacpi'en oonlribuunt poiit-tlrc, par Taiialyse dc son livre, a repandrc ce grand nomhrc de critiques souvent tres- piquantes, je ni'imposais robli^ation d'avcrtir que son excel- lente memoire ne^ I'a pas toujours servie aussi iideloment que ses bonnes intentions. M'en voila quittc maiutenant; etjepuis, sans scrupiile, annoncer qu'on trouvera , dans les trois premiers volumes de ses Me moire s , une suite presque continuelle de portraits qui font, en quelque sorte, passer devant les yeux du lecteur toute la haute socicte , depuis les dcrnieres annoes du regne de Louis XV jusiiu'a la revolution. La premiere chose qui frappe, en parcourant avec attention cette curieuse ct tres-Iongue galerie , c'est d'y voir presque toutes les femmes qui ont suscite dcs tracasseries au peintre, ou qui lui ont fait des noirceurs , aussi pauvres de figure que laides de coeur et d'esprit ; le visage de V une est crible parla petite-verole , I'autre a \enezd\\n rouge eclatant. En revanche, celles qui ont aime, ad- mire surtout I'auteur des Memoires, nous apparaissent presque toujours commc des angcs de lumiere et de beaute. Qu'en con- clure? la prevention; Dieu m'en garde! j'y trouve une expli- cation plus polie , et non moins naturelie. Que les sotles , les laides, les maussades, aient toutes montre de I'eloignement pour M'"' de Genlis, rien de plus croyable; ii y avait incom- patibilite. Qu'au contraire des femmes charmantes, en qui tout etait prodige, I'esprit , les graces, la beaute, se soient unani- mement declarees pour M""' de Genlis, rien de plus inevitable; il y avait sympathie. Dans la foule de ces portraits, il en est de charman:; sans daute; ])liisieurs sont meme traces avec ime habilete incontes- table , et qui plairait bien davantage si elle se trouvait unie h un pen plus de varieto. Cependant, comme I'auteur possede I'art de conler bien plus que le talent de peindre, on preferera, LITTER ATUHE. 871 je presume , ses anecdotes h ses portraits ; on lira surtout ses historiettes. Elles sent tres-nombreuses aiissi , et quelquefois passablement longues. J'indiqiierai, comme la plus siuguliere, cellc dii vicomte de Ciistine , dontle frere a etc I'un des pre- miers generaux de nos armecs republieaines. II n'y a rien dans les romans de M™' de Genlis de si eminemnient romanesque : tant la verite pent, meme en ce genre, I'emporter sur la fiction ! Je recommande ce recit aux amateurs comme une bonne for- tune, lis le trouveront tout cntier dans le cours du second vo- lume ou il I'evient ,a diverses leprises , couvrir un asscz grand nombre de feuillets. Quant a nioi , je crois devoir aux lecteurs de la. Revue, de chercher, avant tout, dans des Memoires sur le xviii' siecle, ce qu'il peut y avoir de curieux a glaner sur les hommes dont le genie a forme I'esprit de ce grand siecle, et I'a immortalise. Ah Jove principium ; je coifiimence par un voyage a Ferney. M"* de Genlis nous y conduit en 1776. Elle n'a point apporte de lettres de recommandation, et se decide a ecrire de Ge- neve un billet, qu'elle datefierement du mois dHaoiil. Malgre cet acte de fierte , Voltaire , qui datait du mois A'Jiiguste , repondit le plus gracieusement du monde , par une invitation a diner et h souper; ajoutant que ce jour - la il quitlerait ses pantoujles et sa robe de chambre. Qui le croirait , cependant ? Cette reponse tres-gracieuse, fitfaire a IM"^ de Genlis A'inquic- tantes reflexions. « Je me rappclai , dit-el!e, tout ce qu'on ra- contait des personnes qui allaient pour la premiere fois a Ferney. II etait d'usage, surtont pour les jeunes femmes, de s'emouvoir, de palir, de s'atlcndiir, et meme de se trouver mat en uprrcevant M. de Voltaire : on se precipitait dans ses bras, on balbutiait, on plcurait, on etait dans un trouble qui ressemblait a I'amour le plus passionne. C'etait letiquelte de la presentation a Ferney... « Ah, que n'ai-je eu le bonheur d'ac- compagner dans sa visite I'aimable et timide conviee ! Comme, pour calmer ses craintes, je me serais empresse de lui dire a combien Ae jeunes femmes , tres-bien recues a Ferney, on :i7i L1TTERA.TU.RE. avail fait yiAce «I(; Yeliquettc qui Iciii piesciivait dc *'j trou- \'crinal! Le coinpaynoii do M"" de Genlis ii'aurait pii lui rendre tc pelit service; il etait trop ignorant du ceremonial de Ferney et dcs usages de France. C'etait iinjeuue M. Ott, peintre al- lomand , revenant d'ltalic, ctqui iy\\. scandalise Ac trouver, en entrant au chateau , un beau tableau du Coriege, cache dans unc obscure antichauibre, taudis qu'elalee dans le salon, et en- virounee d'un cadre superbe, res|)lendissait a tous les yeux une veritable enseignc a bierre ; une peinlure ridicule rvprcsentanl M. de Voltaire dans une gloire, tout entoure dc rajons comme un saint, ay ant it ses genoux les Calas , et foulant a ses picds ses ennemis , Freron, Poinpignan, etc., qui exprimaicnt leur humiliation en ouvvant des bouches enormes , et en Jaisant des grimaces ejfroyables. A coup sur, lout cela elait bien detes- table; etsans etre indigne du dessin, conime M. Ott, nidcla composition , comme M""^ de Genlis , je trouve , aulant qu'eux pour le moins, inconcevable que Voltaire ail pu manquer de sens et de gout au point d'exposer dans son salon une telle pla- titude. Mais enfin, quand M. Ott se levoltait contre ce chef- d'oeuvic Ac(\\xe\(\w Apelle genevois , ildevait etreprevenu par I'humeur que lui causait ce beau Correge relegue dans cette v'ilaiue antichambre ; et M'"^ dc Genlis avail de I'humeur aussi, car elle venait defaire une gaucherie , sans qu'il y cutprecise- menl de sa faute. Sa montrel'avait trompee; elle etait arrivee irois grands quarts d'heure avant le diner. En regaidant a la pendule, elle reconnut avec douleur sa meprise , ce qui redou- bla son embarras. En ce moment, se presente, (decoiec d'une medaille dor, prix d'arquebuse donne par M. de Voltaire"), M"" de Saiut-Julien, qui propose a M"'' de Genlis un tour de promenade sur la terrasse; ce qui devient, comme on va voir la cause d'une nouvelle douleur. Cherchanl quelque moyen de plaire a I'lionime illustre qui voulait bien la recevoir , M'"' de Genlis s'etail paree avec tout le soin possible. Je n'ai jamais eu , dit-elle, tanl deplumes el tant dejleurs. Or, la terrasse sur laquellc la conduisilM"' de LITTERATURE. 3,:i Saint-Julien etnit recouverte d'un tieillage si has qu'elle eut beau se baisser et marcher sur sa robe en ployant beaucoup les genoux , ellc ne put garantir ses plumes. Quand on vint an- noncei- que Voltaire entrait dans Ic salon , elle etait decoiffee et toute chourijfee , et avait line mine verilnhlement piteuse el tout-a-fait dccornposee. Neanmoins , elle fnt touckee quand Voltaire hii baisa la main, et elle Yembrassa de bon coeur. Mais il parait que cette emotion passagere ne put cliasser sans retour le mt-contentement que lui avail cause \e pheux etat d<- sa coiffure, vu dans une-des glaces du chateau. Quand on est mecontent de soi, on meme de sa toilette, on est difficile .-. eontenter. Aussi, allons-nous voirque , pendant tout le diner , M.de Voltaire ne fut rien mains quaimable. « II eut toujours I'air d'etre en colere centre ses gens, criant avec une telle force que la sal le a manger, qui etait tres-sonore, retentissait d'nue maniereeffrayante... « H avait beaucoup perdu de I'usage ,!.. monde qu'il avait dA avoir, ajoute, quelques pages plus loin , 1 auteur des Meinoires... Depuis qu'il etait dans cette terre , on nallait le voir que pour I'enivrcr de Ir.uanges; ses decisions etaient des oracles ; tout ce qui I'entourait etait a ses pieds; il n'entendait parler que de I'admiration qu'il inspirait , et Ics exageralions les plus ridicules en ce genre ne lui paraissaient plus que des hommages ordinaires. Les roismeme n'ont jamais ele les objets d'une adulation si outree : du moins , I'etiqnett.- defend de leur prodiguer toutes ces flatteries; on n'cntre poini on conversation avec eux; leur presence impose silence ; et •Srace au respect, la flaltene, a la cour,est obligee d'avoir d- lapudeur, et de ne se montrer que sous des formes delicates. Je ne I'ai jamais vuc sans menagement qua Ferney ; elle y etait vraiment grotesque : et, lorsque, par I'habitude, elle peutplaire sous de semblables traits, elle doit necessairement gater le gout, le ton et les manieres de celuiqu'clie seduit. Voila ponr- quoi I'amour-proprc de M. de Voltaire etait sin^ulieremeut 'rritablc, et pourquoi les ciiliques lui causaient^cc chagrin pueni qu'd ne pouvait dissimuler. « II y a dans ces observa- tions unc finesse piquanic; ily a menic quciquc chose dc vrai 374 LITTl^RATURE. qiioiqiie je n'aie point oui dire que les manieies , !e ton et \e goAt de Voltaire aient jamais etc si gates; quoique les preuves de la susceptibilite de ce grand honime pour la critique datent, non poiut de son sejour a Ferney , mais de la representation de son OEdipe, ou, anlerieurcment encore, d'un concours a TAcademie dans lequel le jeune Aronet avait ete mallieurcux; qnoiqiie, enfin, je sois trcs-eloignu de prctendre garantir les formes toujonrs aimahles ni surtout la puclcur des flatteries de cour. Au surplus, je no dois pas omettre que, dans vingt autres endroits, M""= de Genlis rend elle-meme hominage i la poli- tesse de Voltaire, a sa conversation parfaitement aimable , qtiand il n'elait question, dit-elle, ni de ses ennemis ni de la religion. Je dois moins encore oublier I'impression que fit sur elle le spectacle des bienfaits sans nonrVre que I'illustre vieil- lard repandait, depuis vingt ans, autour de lui. Elle s'en explique en temoin oculaire, avec simplicite, mais avec effu- sion , et elle rend a leur autcur cet eclatant temoignage , ex- cellent i recueillir d'une bouclie si peu suspecte : « II nous mena dans le village pour y voir les maisons qu'il a balies et les eta- blissemens bitnfaisans qu'il a formes. 11 est plus grand h'l que dans ses livres, et Ton y voit partout une ingenieuse bonte... II montrait ce village a tons les etrangers, mais de bonne grace ; il en parlait simplement, avec bonhomie; il instruisait de tout ce qu'il avait fait; et cepcndant il n'avait nullement I'air de s'en vautcr, etj'e ne connais personne qui pilt enfaire aittant. » Ce dernier trait estdigne de remarque par sa simpli- cite meme; c'esl le ton d'un noble aveu. Jamais on n'a mieux loue le grand homme contre lequel M"= de Genlis a si long- tems et si amerement ecrit. Comme sa constante habitude est de peindre en detail la figure de tous ceux qu'elle a connus, ou meme seulement ren- contres, on sera sans doMte bien aise, avant de quitter Ferney, de lui voir au moins esquisser celle du maitre du chateau. « Tous ses portraits et tous ses busies sont tres-resscmblans , assure-t-elle; mais aucun artiste n'a bien rendu ses yeux. Je LITTfiRATURE. 375 m'attendais a les trouver brillans et pleins tie feu ; ils etaient en effct, les plus spirituels que j'aie vus ; mais ils avaient en meme terns quelque chose do veloute el une douceur inex- primable : I'anie do Zaire etait tout entiere danscesyeux- la. Sou sourire el son rire extremement malicieux changeaient tout-a-fait cctte cliarmante expression. II etait fort casse , et sa maniere gothique de se me'ttre le vieillissait encore : il avail une voix sepulcrale qui lui donnait un ton singulier, d'autant pliisqu'il avail I'liabitude de parler excessivemenl haul, quoi- qu'il ne fnt pas sourd. « Je crois ponvoir garanlir la verite de cette peinture , dont le coinmencereent a de la grace. Mais , en disant que les artistes n'avaieut pas sii rcndre les yeux dc Vol- taire, il aurail fallu fairc une exception. J'ai vu chcz un homnie celebre un portrait dans leqnel I'auteur de la Henriade parais- sail avoir trente ans : c'eiail un ouvrage de Largilliere et un cadeau du comte d'Argental. On trouvait dans le re- gard cette douceur inexprimable et dans les yeux ce veloute dont parle si bien M™" de Genlis. Le possesseur du portrait avail coulume de dire a ceux dont cette aimable et douce fi- gure avail attire I'attention : « Regardez ; il a Zaire dans I'oeil ! » Etce mot pourrait fort bien avoir ete I'origine du trait, Xdine de Zaire etait tout entiere dans ces yeux-ih ; car M™'de Genlis a eu autrefois des relations avec le possesseur du portrait, et elle a long-tems entretcnuun commerce de lettres avec lui. An surplus, la double expression qu'cUe donne a la physionomie dudialelain de Ferney se trouvait la confirmee et visible. II y avail aupres du Voltaire peint par Largilliere, a trente ans , un vieux Voltaire sculple par Houdon : c'etaienl deux hommes lout diffcrens. Merope et le Senateur Pococurante n'auraient pas contraste davantage : il y avail la meme distance entre le buste et le portrait. Passant de Voltaire a J.-J. Rousseau , il m'eut ete fort agrea- ble de raconter sa premiere entrevue avec M"* de Genlis, scene comique, et double mystification, attendu que M™« de Genlis recoit Rousseau, en croyant n'accueillir que Preville charge , pour la mystifier , de jouer le role du philosophe , 3:6 LIITERATURE. tandis quo le philosophc, pris pour le conicdien, sans s'eudou- ter, se fait honneur de la gaite qu'inspire Vexcellent jeu dc Prtjville : j'auraisrapportc sa brouillerie avcc le comte de Gen- lis qui, au lieu de deux Louteilles d'un bon vin de Sillery que Rousseau avail prouiis d'acccpter, eut la mauvaise peusee de lui en faire porter cinquante ; j'aurais dit aussi la rupture qui siirvint, au bout de deux mois, entre I'auteur d'Ernile et celui A'Jdele et Theodore, a la suite d'une representation da Pe.r- siffleur, ou Rousseau , qui etait venu dans «ne logc f;riHcc avee M'"* do Genlis, la voyant beaucoup troppareepour croire qu'elle eut I'intention de s'y cacher, pretendit qu'on ne I'avait mene a la comudie que pour le donner en spectacle, /po«r /ie je travaillais a Jdele et Theodore) ; et qu'alors je serais sure d'ob- tenir les suffrages les plus eclatans , et que lui ^par exemple , proposerait a I'Academie de creer qnatre places de femme, afin de me mcttre a leur tete ; et qu'il etait certain d'obtenir cette grace qui mecouvrirait de gloire, parce que le public pense- rait bien qu'on n'aurait nomnie les trois autres que pour me faire cette faveur , en diminuant un peu I'envie qu'elle excite- rait. Je lui demandai qnelles seraient mes trois compagnes. II me nomma M""" de Montesson, d'Angevilliers et d'Houdetot. Je repondis qu'il m'etait impossible de separer la religion de la morale , et que je n'aurais aucune espece de talent , si je vou- lais la separer d'line telle base ; que non-seulemcnt je parlerais sanscessede la religion, mais que je combattrais dc tons mes faibles moyens la fausse philosophic qui I'attaqueetla calom- nie. II me repondit avec colere et avec dedain que je m'en re- pentirais. II ajouta, du ton le plus ironique et le plus amer, que la grace pourrait etre de mon cote, mais que \!i force n'y serait pas. Je repondis qu'avec la raison, la droilure et la per- severance, on est toujours fort. La dispute devint tres-piquante depart et d'autre, malgre tous les efforts de M. Schomberg pour nous adoucir et nous concilier. D'Alembert sen alia fu- rieux : depuis ce jour-la , jc ne I'ai pas revu.Tel a ete le com- mencement de ma brouillerie avec les philosophes.»(^Tomein, page 102. ) Dieu me garde d'tleveraucun doute sur une aven- ture si plaisante et si naiivement racontee ! Elle n'eut qu'un seul temoin, M. de Schomberg , qui est mort. Cette anecdote litte- raire me paraJt etre dans sou genre ce que I'histoire galante du vicomte de Custine est dans le sien. Permis, du reste, a chaque lecteur de chercher, a sa maniere, ce qui avait pujeter dans Tesprit d'un grand algebristc I'idee de ses quatre fauteuils fe- minins. Pour moi, je crois le savoir ; et, si M""" de Genlis n'a voulu que I'iudiquer, c'est sans doute par modestie. Elle ve- 378 LITT^RATURE. nait d'atteindrei^ vine diffnite jusquA\ors inaccessible aux per- sonoes de son sexe : elle etait gouverneur des Pis d'lin premier prince dii sang. Un gcomctre diit trouver tout simple de fairo un academicien de M""^ le gouverneur. Si Ton njoiite a ce qn'on viciit du voir sur Voltaire, Rous- seau , d'Alembert , quelques recits, de la memc importance, sur Buffonet sur LaHarpe; quelques traits epars, dontla justesse n'est pas toujours le premier merite, sur Thomas, Saint-Lam- bert, Raynal, Marmontcl, I'abbe Dclille, Bcrnardin de Saint- Pierre et Palissot, on aira toute la partic littoraire dcs Mc- rnoires sur Ic xviii""^ sicclc. Quant a la partic politique dcs Memoires sur la revolution, je ne dirai point, meme par poli- tesse, qu'elle est plus incomplete encore; ce scrait prom.ettre beaucoup trop. C'cst la surtout que les esperances sont tout-i- fait desappointces. Y parle-t-on de \ J ssemblee des notables ; c'est pour rappeler un pari de cinquante louis d'or entrc le due d'Orleans et M. de Lauzun. Nomme - t - on la Feuille villa- geoise a laquelle I'auteur dcs Memoires a, comme on sait , fourni des articles; on se borne a nous donner cette profes- sion de foi : « Je n'etais d'aucun parti, que decelui de la reli- gion. Je desirais la reforme de certains abus; et j'ai vu avec joie la demolition dela Bastille, I'abolition des lettres de ca- chet et des droits dc chasse : ma politique n'allait pas au dela decela.^i Tome iir, ])age 260. Mais, du moins, quaud viendront les epoqnes ou Ton attribue au Palais-Royal une influence qui a etc le sujet de tant de controvcrses , noire curiosite obtien- drat-elle enfin quelques renseignemens ? Non, cerles , moins que jamais. N'interrogez point M'"° de Genlis; elle s'erapresse de vous dire : Je n'ai rien vu, rien entendu: c'est Chanderlos de Laclos qui, depuis la revolution, a eu seul I'oreille du prince; c'est lui seul qui a tout su; quant h moi , j'ai tout ignore. Nous voila done renvoyes aa general Laclos, qui est mort, comme M. de Schomberg, et n'a point laisse de Memoires. Un second article renfermera I'analyse des quatre derniers volumes, dontjene puis rien dire aujourd'hui, ne les ayant pas encore lus. T. L. LITTfiRA-TURE. 379 Chefs-d'OEuvre des Theatres etrangers, allemand, anglais, chinois, danois ^ espagnol, hollandais ^ in- dien, italien, polonais , portugais ^ russe , suedois, etc.; traduits en francais^ par une Sociele de gens de lettres (i). PREMIER ARTICLE. Cette vaste collection , assemblage incoherent et diffus de productions dramatiques, choisies comme au hasard dans les litteratiircs etrangeres, et presentees sans distinction d'epo- ques, sans commentaircs , presqiie sans notes, n'est pas sus- ceptible d'un examen general. Son ensemble est au-dessous de la critique; il faudrait, pour apprecier cliacune de ses par- ties, se livrer a iin travail immense , peuinstructif, parce qu'il serait dupourvu de plan , et incompatible avec le cadre de la -ReiT/e. Un tel travail ne pour rait etre, eneffet, qu'une suite de feuilletons dramatiques , sans rapport et sans liaison entre eux. Nous avons prefere offrir, dans une serie d'articles, ?<« Essai comparatif des theatres etrangers el du thedtre/rancais. Get Essai, qui renfermera un examen a peu pres complet des oeuvres dramatiques des nations rivales , de leur systerae, de leurs opinions sur ce sujet , metlra les lecteurs en etat d'ap- precier I'utilite et le mcrite de la collection dont le titre pre- cede : il suppleera a une analyse ; son but sera plus cleve et plus etendu. L'auteur , s'ecartant des voies trop frayees d'une polemique vulgaire , remontant aux principes de I'art dramatique , et consultant beaucoup moins I'autorite des critiques, que la raison et I'histoire, essaiera de ramenera ses veritables termes une discussion qui divise aujourd'hui la re- publique des lettres; vieille querelle en vain rajeunie par la forme, qu'un peu de bonne foi terminerait bieutot, et qui ncanmoins menace de durer lonfr-tems encore. (r) Paris, i8so-i8a5; Ladvocat, libraire, et Thoisnier Desplaces, a5 volumes in-S"; prix, i5o fr. 38o L1TTI5RA.TURE. U Essai comparalif %Q composeraile cinq arlicles. Le premier, qne nous publions aiijoiud'hui, est consacre aux considerations generates ; dans Ic second, I'aulcnr traitera specialement dn theeitrc franca is ;\q troisicmc conliendra Texamcn du theatre cspagnolct du theatre anglais ; le qiiatrieme, celiii du theeitrc allemand ; enfin, le cinqnieme, offrant la recapitulation des quatre precedens, presentera unecnmparaisonentre le theatre francais et les theatres rivaux. CoNsmKRATiONS ciJN3iRAi,Es. — Tous Ics arts d'imltation ont vxi cercle prescrit a parcourir : lis ont leiir etendue et leurs limitcs. Fanto dc niesurer cettc etendue, on est maigre et sans genie; en ignorant ces liniites , on s'egare, on seperd, on pro- duit des nionstres. Le secret du succes est de vouloir tout ce que Ton peut, et rien au-del5. Ainsi, le statuaire se borne i representer une attitude; le plus puissant genie ne fei'a pas mouvoir le marbre immobile. Ainsi , le peintre ne dessine qu'une scene ; et encore les convenances de son art, leslimites de ses moyens d'execution ne lui permettent-ellcs pas de choisir toutes sortes de scenes. A son tour, I'art dramalique est ren- ferme dans certaines borncs qne lui tracenta la fois la nature propre de cet art, et les moyens d'execution dont il dispose , I'illusion qu'il doit produire. La raison dit au peintre : Voici le cadre dans lequel ton ta- bleau sera circoiiscrit ; c'est ;\ toi de le remplir sans I'exceder ; c'est a toi de renfcrmcr dans cot espace une scene complete qui m'instruise et qui m'attendrisse. Emprisonne dans ces li- mites, parais libre a force de genie; sache te mouvoir avec ai- sance, enportantun joug necessaire. Cette meme raison ditau poete dramatiqne : Vois cette scene de soixante pieds de pro- fondeur sur quarante de largenr; voila ton domaine. C'est la que ton I genie doit se dtbattre. C'est dans cette arene etroitc que tu dois conlcnir I'homme, la societc; , I'univcrs. La, tu dois faire parler les douleurs humaines, exposer les catastro- phes des etats, transporter les grandes luttes de la politique , les debats sanglans du fanatisme. Le secret de ton art est le Illume que celui du peintre : proportionner lo tableau a son LITTER ATURE. 38 1 cadt e ; u'y faire entrer que ce qu'il pent ualurelleraent coni- preiiJie , calculcr exacteineut les effets do I'optique; et cepcndant iesler fidele aiix lois de I'interct, a la verite, ail iiaturel ; il faut einouvoir, atteudrir, Uauspoiter le spec- late ur. Suivons cette idee trop meconnue: nous la trouverons fe- conde. Un grand acieur ine disait un jour : « Savez-vous pour- quoi je I'emporte souvent sur mes rivaux ? Ce n'est pas que j'aie une organisation plus forte, des facultes plus puissantes : c'est parce que je me counais moi-menie ; je sais ce que jepuis, et ne fais que ce que je puis. On perd ses forces en voulant les depasser. En connaissant les mienues, je jouis de toute leur plenitude. « Cette exposilion si simple et cependant si lumi- neuse est le secret du succes en tout genre. Et puisqu'il n'est question ici que de I'artdramalique, combien de poetes distin- gues de nos jours auraient fait des chefs-d'oeuvre , s'ils avaient employe a rester dans le cercle de leur art la moitie du ta- lent qu'ils ont depense pour le franchir ? On reconnait generalement que tout, dans les arts d'imita- tioHjSe reduit a une question d'interet. Onavoue encore que I'une des principales conditions de I'interct, c'est la vraisemblance. Mais, a-t-on des idees Ires-fixes sur cette vraisemblance, sur sa nature propre , sur les moyens de la produire ? La vrai- semblance est-elle la meme dans les differens genres depoesie? Ceile qui convient parliculierement a I'art dramatique, ne doit-elle pas avoir un caractere special iudique par la nature des choses ? Ces diverses questions ont besoin d'etre eclair- cies. On divisc les ouvrages de haute poesie en deux genres prin- cipaux ; celui qui , destine a offrir une vivante image de I'homme, a le montrer agissant , parlant, deliberant, doit avoir pour complement necessaire la representation thealrale: c'est le genre dramatique; celui dans lequel I'auteur ex- pose une grande action heroique, raconte les exploits, les combats, les quel^es des guerriers, parcourt d'un regard I'univcrs entier, rasscmblant dans un seul tableau, la terre, 38a LITTJ£rATURE. I'enfer et les cieux : cestVepopce. Outre La difference du cadre, ces deux genres presentent unc distinction fondamentale. Le premier est destine a des spcctateurs ; le second, h des lec- tciirs. L'un, presque tout materiel, et participant de la pein- tiire, s'adresse a la vue ; I'autrc attaquc Timagination. Qnoi de plus severe que ce sens de la vue qui jngo rapidement dela verite des objets, compare aussitot I'imitation ;i la nature, et ne saurait souffrir le faux, quelque brillant qu'il put ctre ? Mais aussi quoi de plus complaisant que I'imagination qui , ne voyant les objets qu'au nioyen des perceptions de Tame , en- chanteresse docile a toutes les impressions, toujours disposee a s'exalter, ii se creer d'agreablcs incnsonges, accepte tout ce qui la seduit, consent ;\ tout cc qui Ini plait, et se prele sans regret an jeu de toutes les fictions ? La vraisemblance ne peut etre la meme pour I'art dramatique et pour I'epopee. Spectateur d'un drame renferme dans les limites d'une scene, je vous demande une verite rlgoureuse; si vos figures sont liors nature, si, trop multipliees, clles se heurtent dans I'enceinte etroite de votrc theatre , si vous m'offrez des eircs surhumains , des fictions mythologiqucs , si vous vous ecartez endn de I'ordre naturel des choses , quel que soit le talent de votre macliinistc,je detourncrai la vue, je repousserai un spec- tacle sans verite. L'erreur vue de pres, devicnt trop manifeste; la raison s'en revoke. Mais, si vous me donnez h lire unpoeme epique, alors, en I'absence des objets que le poete decrit, mon imagination pourra se preter au mensonge. El!e s'exaltera au sombre tableau de I'enfer; elle se laissera seduire par la cein- ture de Venus, epouvantcr par I'antre de Polypheme; le se- jour d'Armide charmera sa reverie ; le geant Adamastor lui arvachera des cris d'adiniration. Pour elle , tout sera vraisem- blable, tout paraitra possible ; et le poete pourra s'egarer en liberte d^ins la vaste carriere du merveilleux. Les consequences de ce rapprochement sont naturelles. Le genre dramatique est le domaine de la verite; I'epopee , le champ de la fiction. II y a deux vraisembfences, I'une severe, I'autre complaisante ; I'une qui a les yeux pour arbitre; I'autre LlTTfiRATURE. 3«S qui se prete aiix caprices de I'imagination. Et revenant au prin- cipe fondamental de cette discussion , placons cette premiere vraiseniblance au nombre des limites assignees a I'art drama- tique. Le poete qui les aura etudiees ne se precipilera j)oint dans le nierveilleux epique; il sera sobre d'effcts de decoration; il nc cherchera point, sous pretexte d'agrandir I'art, a trans- porter sur la scene ce qu'elle se refuse a contenir; les batailles, le siege et le sac des villcs, les lultes des populations cntieres.ll repoussera surtout les objets surnaturels; les fantomes, les ombres, les scenes de sorcellerie; enfm, toutes ces machines qui necessitent I'intervention de la Divinite. Ce n'est point la le but propre de I'art dramalique : ce but est la peinture des passions del'homme; la tragedie est le supplement del'histoire. Que! sera done le merveilleux tragique puisque sans merveil- leux, il n'est point de poesie? Il consistera dans I'ideal des fi- gures et des passions. De meme qu'un statuaire et qu'un peintre, sans etre infideles a la verite, font leurs personnages un pcu plus grands que nature , parcequ'ils connaissent I'effet de I'optique; de meme, le poete dramatique agrandira la fi- gure de ses heros. II reunira sur un seul personnage tous les traits de caractere empruates a divers personnages; il en for- mera un caractere general, que Ion pourra regarder comrae un type, dont chaque trait en particulier sera vrai, dont I'en- semble aura cette verite que nous appclons ideale. La grandeur des inlerets, la \ive peinture des passions, surtout I'art qui amene nalurellementdes incidens extraordinaires sans etre in- vraisemblables , inattendus sans etre impossibles; enGn,le grandiose des sentimens, ct la noble eloquence du style, voili en quoi oonsiste le merveilleux tragique. Mais on demande aux poetes dramatiques denos jours une condition de plus, et la severile avec laquelle on la reclame, est, aux yeux de quelques critiques, une preuve du perfec- tionnement sensible des esprits. Je veux parler de la verite lo- cale. On veut que la tragedie, source d'instructiou et d'etudes, offre non - seulement la peinture generale des passions , mais 384 LlTTfiRATURE. devienne I'image fidele des nioeurs des peuples auxquels elle onipruate ses sujets ; on vent qu'elle poite rempreinte des ins- titutions, des croyauces, des prejuges des nations. Onpermet au poete de creer des evencmcns ; inais , une fois qu'il a choisi le lieu de la scene, on exige de liii une exacte description du pays, une verile toute historiquc dansles acccssoires; on de- mande enfiu que le tableau ressemble exactement au niodele. Une semblable exigence ne doit point etre blamee , et cette passion de la verite fait honneur au siecle. On s'etonne cepen- dant que les memes critiques approuvent I'cmploi des etres fantastiques, aiment I'exageration du spectacle, les machines, transformant le drame en un tableau epique. Dc pareilles contradictious n'ont-elles pas droit de blesser les esprits senses ? Revenons a la verite locale. Cette verile , nous ne le nierons point, contribue a riuterot du drame ; mais il faut la ranger parmi les necessiles secondaires de I'art, parce qu'elle n'est pas une partio tellcment indispensable de la tragedie que celled ne puisse exister sans elle. En admeltant qu'elle ajoute beaucoup au nierite du tableau, encore faut-il observer que son emploi demande un tact delicat et une grande connaissance du theatre. Les moeurs , les habitudes , le langage de certains peuples anciens, et ceux de plus d'un peuplc moderne portent une empreinte rustique qui Llesse la delicatesse des nations civilisees. Transporterez-vous sur la scene les grossieres injures ques'adressentles herosd'Homere; reproduirez-vous , comme le font quelques auteurs allemands, les abjectes habitudes, Ses ignobles quolibets desheros de la feodalite? Ce qu'aujourd'hui nos oreilles souffrent a peine dans les halles, sera-t-il traduit sur la scene , sous le nom de couleur locale ? Aucun bon esprit ne le pensera. L'obscrvation dc la couleur locale presente un autre obstacle non moins difficile it surmonter. Le poete , en s'y conformant, s'expose a devenir inintelligible. Et c'est ici I'occasion de signaler la difference qui existe eutre le poeme dramatique et I'histoire. Al'une on demande des enseignemcns; LITTERATURE. 385 h. I'autre, des emotions. Le lecteur ouvre un livre historique avec line disposition a I'etude, avec des connaissances acquises; il se prepare a mediter , a s'instruire par la reflexion. Le spec- tateur qui se place au parterre du theatre ne cherche qu'un delassement; il se presente sans etudes primitives; c'est un enfant qui veut se divertir : il ne lui faut ni contention d'esprit, ni meditation. Si, en consequence , vous voiilez I'interesser , soyez d'abord clair, accessible aux intelligences les plus bor- nees ; la tragedie n'est point destinee spocialement a des hom- mes instruils; elle s'adresse au vulgalre des honimes; elle est I'amusement de tous ; il suffit d'avoir un cceur susceptible d'e- motion pour etre en etat de I'entendre. Connaissant la portee de ses auditeurs, le poete se livrera- t-il a des details speciaux sur lesmoeurs ; donnera-t-il a I'orien- tal son style figure; fera-t-il parler au Scandinave le langage obscur de son cuke ; son respect pour la verite locale le jettera- t il dans des peintures inusitees, dont I'etrangete revolterait le spectateur? Non; parce qu'une tragedie n'est point un traite, parce qu'elle peintdes passions et non desmoeurs. Mais, d'un autre cote, dira-t-on, faiU-il i-evetir I'antiquite d'un costume jnoderne , I'etranger d'un habit a la francaise? faut-il sacrifier la verite historique a I'iguorance du spectateur? Personne ne demanderait une pareille absurdite. Le secret est de marcher entre les deux ecueils. Clioisissez, dans les mceurs, dans le costume, dans les habitudes du peuple que vous representez , tous les traits qui ne sont pas en contradiction formelle avec DOS idees, avec notre education : dites tout ce qui peut etre compris a I'instant; niesurez I'intelligence de vos auditeurs, et faites usage de la couleur locale, assez pour etre vrai, pas assez pour etre obscur. L'art peut se reduire ace principe: ne dites jamais rien qui soit contraire a la verite locale; mais ne dites pas tout ce que la verite locale exigerait dans une histoire. Aucune question n'a plus divise les critiques que celle des dimensions , de I'etendue et de la forme convenable au drame. •Sans nous livrer a un exainen approfondi des nombreux dis- sentimensqui s'elevent a cet egard, cssayons d'offrir quelques T. XXXI. — Aout 1826. 25 386 LITTERATURE. idees sur le sujet principal tie la division dcs esprits, siir les unites... La raison el rexperience dii coeiir humain nous ap- prennent que , pour captivcr I'altonlion des homnies et con- sequeniment pour les interesser, il faut eviter de promcner leur esprit d'une chose a une autre ; mais I'attacher a unc scule , I'y 6xer, enchainer par cette unite d'objet son incon- stance naturelle. Le principe de I'unite d'interet est la conse- quence directe de cette observation. Mais , les critiques de tons les partis rcconnaissent le besoin indispensable de cette premiere unite: ct Ic plus grand nombre avoucnt merne qu'elle eraporte avec elle la necessite de I'unite d'action. Comment, en effet, obtcnir un interet unique, si vous ne concentrcz pas I'attention du spectateur sur un sevd tableau? Si Taction par laquelle vous commence/ votre drame n'est pas la meme qui le finit, non-seulement vous egarez I'auditeur de scene en scene sans le fixer sur aucune, mais vous vous exposez a porter le trouble dans sa memoire. Une difficulte plus grave se presente, relativement a ce qu'on nomme I'unile de terns. La duree materielle de la re- presentation est de deux a trois heures; une veritc complete exigerait que Taction ne dural pas plus lons^-tcms, et nous possedons en effet des tragedies exactement reufermees dans cette limite. Mais la difficulte et meme I'impossibilite ou se trouve le poete de s'y renfernier toujours ont rendu des con- cessions neccssaires. On a reclame des spcctateurs un effort d'lesprit; on a pense que leur imagination pourrait multiplier les heures; toutefois, ces concessions ont ete faites avec pru- dence; etcraignant d'abuser de la complaisance du spectateur, les Grecs ont renferme la duree de Taction dans un four de soleil. C'cstainsi quest nee cette regie de I'unite de tems, fondee sur le besoin de la vraisemblance, calculee d'apres la duree positive de la representation, et que nos premiers poetes tra- giques ont admise dans toute sa rigueur. Leurs successeurs ont etc moins severes. A leur four, les Anglais, les Espagnols et LITTERATURE. 387 les AUemands ont absolument repousse la regie qu'ils envi- sagent comme una entrave; et aujourd'hui, les dissidens de la litterature francaise pretendent que les etrangers ont raison. Loin de nous de contredire un arrel si decisif; adressons toiUefois une question aux reformateurs. Un draine ou tout doit se suivre , ou tout doit etre lie, et qui est necessairement borne dans son etendue, peut-il embrasser des annees, sans entrainer des details infinis, ou sans presenter des laeunes ? developpee sur une echelle immense, votre action ne sera- t-elle pas disloquee; ne manquera-t-elle pas de precision ; enfin , ne vous exposez-vous pas a Sous perdre dans un vaste espace vide ? N'cst-il pas plus conforme a I'art de rassembler tous les evenemens dans' un seul faisceau ; de resserrer le tableau pour le rendre plusvif, pins anime? Et d'aiUeurs, sous un autre rapport, quelque confiance que vous ayez dans I'aptitude des spectateurs a se faire illusion, leur persuaderez-vous qu'en deux heures ils ont parcouru un demi-siecle? Vous vous adres- sez a des etres raisonnables; dedaignerez-vous de satisfaire leur raison ? Mais, si Ton est divise sur I'unite de terns, on s'accord* bien nioins encore sur V unite {le lieu. La nccessitc d'aniener Taction dans un seul lieu parait tyrannique , contraire au bon sens, a la verite, incompatible avec les cffets tragiques. C'est fort bien. Ce principe de I'lmite de lieu cependant est I'expres- sion d'un fait. Votre scene n'est-elle pas constamraent la meme, pendant tout le cours de la representation, et vos spectateurs n'occupent-ils pas la meme place, depuis le commencement jusqu'a la fin ? Un drame ou le lieu de la scene ne change point, est done celui dont la representation offre la plus com- plete image de la verite; celui qui a etc le mieux calcule d'apres les moyens d'execulion. On rtpondra, je le sais, que, si le speclateur reste a la meme place , la scene peut varicr , non de fait, mais en apparence , au moyen des decorations. Mais chacun de ces changemens, qui blessent la verite mnterielle, et qui sollicitent un effort d'imagination de la part du specta- teiir, est deja une derogalion aux regies de la vraiseniblance. 388 LITTERATURE. En vain pretendez-vous que I'auditeur se prctera k I'illusion; quoique vous fassicz, cliaque fois que le machiniste substi- tuera une decoration a une autre, Ic spcctateur se dira : je ne suis pas i Rome, a Corinthe ; jc suis dans un theatre. Convenez-cn, I'unito de lieu, si vous ne I'acceptfz pascomme une regie , est du moins une pcrfeclioa de plus donnee au poeme dramalique, ct, tout le rcste etant egal, la tragedie qui I'observe est supurieure a cclle qui ne I'observe pas, parce qu'elle est plus fidcle au but de Tart, a I'interet, plus ou moins vif, suivant le degre de vraiseniblance. II vous arrange nean- nioins de vous en passer, de transporter Taction d'un lieu a un autre. On vous I'accorde; roais songez-y bien; c'cst une licence qui ue se jiistifie que par les beautes quelle produit. Le changement de scene detruisant un moment I'illusion, I'auteur qui en use contracle I'obligation de dedommager le spectateur. Pour exciter autant d'inleret que celui qui n'aurait pas pris la meme liberie, il faut qu'il fasse plus que lui. Sans offrir un traite de I'art dramatique, notre but a etc de parcourir les divers points qui divisent aujourd'hui les criti- ques, et de ramener tout a des questions de sens commun. Ainsi , nous avons tour a tour expose les principes sur les limites de I'art etsur la vraisemblance, etablissant laligne de separation que la nature des clioses a placee entrela tragedie et Vcpopee. Nous avons ensuite essaye de fixer les idees sur la verite locale, et sur I'emploi qu'il faut en faire. Enfin, nous avons developpe succinctement la doctrine rationnelle des trois unites. L'art dramatique presente une foule d'autres questions que nous ne pouvons trailer aujourd'hui. Mais nous ne sau- rions nous dispenser d'aborder deux ou trois difficultes qui touchent immediatement a la question du romanlisme. La premiere consiste dans lechoix des sujets, des tableaux, des caracteres. La seconde est dans le melange du comique et du tragiquc; la dernierc, dans le but moral des composi- tions. II est une idee chere aux modernes critiques; ils voudraicut LITTERATURE. 389 quele poete dramatique nechoisit ses siijets que dans I'liistoire de son propre pays, iie peignit que des nioeurs nationales, n'entrelint les speotateurs que de leurs annales, des crimes et des vertus de leurs peres. Ainsi, le theatre deviendrait un nioyen d'education nationale, une institution politique. Et ces critiques appuientcettc doctrinepar I'exemple meme desGrecs. Nous ne voulons point dissimulcr tout ce qu'un semblable systenie a de brillant et de specieux. Mais I'application d'une theorie en est souvent I'ecueil; et d'abord ce que Ton propose est sans excmple parmi les modernes. En effet, les priucipaux apotres de la nouvelle ecole ont eux-memes choisi des sujets antiques; Shakespeare a foil un Coriolan , une Cleopatre , un Troile en Cresside , un Jules-Cesar; Alfieri a pris la plupart de ses sujets dans I'histoire et dans la mythologie anciennos; Goethe a fait une Tphigenie, et sSchiller lui-meme, le poete du moyen age par excellence, a traduit la Phedre de Racine. Mais, renoncant 3 conclure du fait an droit, calculous d'abord quelle perte ce serait pour I'art de renoncer aux su- jets antiques. Tons les arts, tons les chefs-d'oeuvre sont venus de la Grece et de Rome, et I'histoire de ces deux contrees , leur mythologie, les ouvrages de leurs poetes ont toujours servi de bases a noire education; en naissant, nous avons begaye les fables mylhologiques ; notre adolescence a ete nourrie des Vers d'Homere et de Virgile. Les Grecs et les Romains sonl deve- nus, pour ainsi dire, nos compatriotes , et leurs croyances, le culte favori de notre imagination. Est-il si surprenaut que les poetes modernes aient choisi pour sujets, des recits qui sont dans toutesles memoires, qui y \ivent bien plus que ces con- tes de nourrices, que ces sorcelleries , ces niagies, ces fables diaboliques, que Ton nous presente comme notre veritable croyance nationale. Voila le caractere de la litterature fran- 9aise suffisamment explique. Mais, ne pourrait - on pas justifier ce caractere par des motifs tires de la nature meme de I'art dramatique ? Comme tons les peuples ne sont pas egalement dignes d'obtenir une histoire, toutes les histoires ne sont pas propres a la tra- 3i)o ^ LITTERATURE. gedie. On vondrait en vain le nicr, les annalcs du inoyen age sont le plus soiivent dans ce cas. L'art draniatique vent des passions elevees, des caractercs prononces, de grands interets; le poete qui connait I'essence de cet art, sail qu'il est impossible de reussir, en peignant des homnies sans pliy- sionomie, des caracteres sans traits, des crimes has, des desseins sans profondeur et sans noblesse. N'est-ce pas la cependant ce que presente continuellemeut le nioyen age ? des luttes continuelles pour des interets sans majeste, d'igno- bles forfaits, des scelerats sans originalite, tous jetes dans le nieme moule; une scene confuse oii se debat la cruaute feroce des tyrans , et I'ignorance grossiere des esclaves , point de caracteres, d'institutions, partout unc monotone unifor- niite de barbaric. Peut-on tirer des tragedies intercssantes d'annales qu'on nc pent lire; que I'ennui et le degout laissent dans la poudre des bibliotheques? Y a-t-il dans ce chaos quelque instruclion a recueillir, quelqiies nobles emotions a eprouver ? II faut le dire, les grandes institutions sociales forment seules les grands caracteres, les grandes nations. Une societe oiX le peuple est compte pour rien ne merite point d'histoire. 11 n'y a de profit pour I'esprit et le cceur que dans celle des nations qui ont joui de la liberie. Quelles ressources de telles nations n'offrent - elles pas aux poeles dramatiques ? Ainsi s'explique le constant succes des sujets empruntes aux repu- bliques de Rome et de la Grece. Nations privilegiees, en effet! Le peintre et le statuaire vont vous derober les secrets de leur art; le genie se trempe dans le feu de vos chefs-d'oeuvre; le plus humble citoyen s'enflamme en lisant votre histoire! Ce ne sont point des castes , c'est le peuple qui remplit les theatres. Presentez-lui des ti'agedies oh Ton s'occupe du peuple, oil Ton parle du peuple, il eprouvera une profonde sympathie et ne saura qu'applaudir. L'histoire moderne n'offre de veritables sujets tragiques que certains evenemens qui ont influe sur la destinee des nations; certains actes de devouement qui ont eii le saint national pour LlTTltRATURE. Sgi vehicule. Le reste ne protluira jamais que ties compositions vulgaires ou baibares; et voila ce qui s'oppose a I'e.\ecution (lece systeme brillant qui teiuhail afaire du theatre de chaque peuple une ecole historiqiie, un supplement d'cducation na- tionale. Loin de nous toutefois de detourner le genie drama- tique des conquetes qu'il pcut tenter dans le moyen age. Une institution brillante, la seule qu'aient enfantee ces terns bar- bares , la chevakrie a deja fourni d'heureux tableaux et peut en fournir encore. Mais, dans notre histoire , le cercle des sujets vraiment dignes de la scene sera toujours tres-borne; ils reclameront un immense g5 doute dans le recneil des 396 LIVRES £TRA.NGERS. memoires de VJthene'e ^/e lYew-Tor^: Tout annonce que cetle collection sera pour nous un objet d'etude, et un moyen d'ac- croitre nos coiinaissances. 129. — * Report from the commissioners appointed to revise the statute -laws of the state of New- York. — Rapport des conimissaires charges de la revision des lois de I'etat do New- York , conformement au decret de TAssemblee des rcprcsentans, fait le i5 mars 1826. Albany, 1826. Imprimeriede Croswell, etc. In-8° de 112 pages. La revision des lois d'un ctal est un travail Ires-dilficile et tres-long, meme aux Etafs-Unis d'Americjue. Les commis- saires que la legislature de New-York a charges de cette impor- tante fonction , doivcnt, conformement au decret qui les inslitue, recueillir et classer les lois existanles, indiquer les lacunes et les imperfections, et proposer les reformcs qui leur parailront necessaires et pralicables. Le classement etaitl'Dpe- ration par laquelle il fallait commencer; les commissaires ont admis les cinq grandes divisions suivantes : 1° lois relatives au terriloire, a sa division politique, a I'ordre interieur, a I'ad- ministration; 2° lois concernant la propriete, et tout ce qui en depend; 3° procedure civile; 4° procedure criminelle et code i)enal; 5" lois mixtes, locales, etc. La premiere division esigeait de nombreuses subdivisions ; les commissaires I'ont traitee en ig chapitres, dont chacnn est compose d'un certain nombre de titres : un tltre comprend des articles , lesquels sont un assemblage deparagraphes. Dans le systeme de nomencla- ture auquel nous sommes habitues, le titre est plus haut dans r<5chelle des divisions methodiques d'une loi, et Y article est au dernier degre. Ce rapport ne contient encore que deux chaplires : le 5^ sur les elections des fonctionnaires publics, autres que les magis- trats d'une ville, et le 7" sur les privileges des villcs, I'auto- rite et les fonctions confiees a leurs magistrats. Celui-ci n'est pas entiereraent fini; il y manque plusieurs dispositions dont la legislation actuelle n'a pu fournir les bases, et dont il faut que la legislature s'occupe, prealablement au travail de la commission. Le chapitre sur les elections donnera beaucoup a penser en Europe, et fera peut-ctre douter que nous ayons une idee juste du gouvernement representatif dont nous par- Ions si souvent. Ce gouvernement pent, il est vrai, se pre- senter sous deux formes differentes , I'une republicaine, et I'autre monarchique : le meilleur, sinon le seul type de celle- ci , serait la constitution anglaise : hors de la , tout est privilege, ou soumis a une puissance a laquelle la nation n'a point de ETATS-UNIS. 397 part. Un peuple ne peul etre represente, s'il n'a point de droits politiques; et le premier, le plus important, le plus inalie- nable de tous ces droits est celui d'election. Les esprils qui s'attachenl aux choses plutot qu'aux formes ct aux mots, ne trouveront pas meme en Portugal un veritable gouvernement represenlatif. Les alarmes des partisans de I'aneien etat de I'Europe au sujet de la nouvelle organisation d'un petit royaume jete a I'extremite du terriloire europeen, et dont les relations en Europe se bornent presque uniquement a I'Angleterre, annonceraient de grandes dispositions a s'effrayer : s'ils n'e- taient aussi prompts a se rassnrer qu'ils ont paru I'^tre a exa- gerer le peril, on serait fonde a penser que la peur est une maladie dont ils ne gueriront point. Dans les elecllons americalnes, lout est regie par la lol. Point de dispositions regleraentaires, rien d'arbitraire, meme dans les details les plus indiffi-rens en apparence. Le legislateur ne craint point d'etre minutieux; c'est a etre exact qu'il s'attache uniquement. 11 serablc cependant que Ton puisse faire une objection aux commissaires de New - York : les comtes, ou divisions terriloriales de I'etat, ne devraient-ils pas etre inde- pendans, en ce qui ne concerne qu'eux seuls, de meme que chaque etat so gouverne suivant ses proj)res lois, en salisfai- sant la confederation? Chaque ville d'un conite , chaque sec- tion de I'etat n'a-t-elle pas droit a une certaine mesure d'inde- pendance, et ne devrait-elle pas en user dans les elections qui lui appartiennent, choisir ellc-meme le mode deproceder qui Ini conviendrait le mieux, fixer le nonibre de ses fonction- naires, la duree des fonctions et I'epoque des renouvellemens? En donnant cette extension a I'esprit du gouvernemeut fede- ralif, on exerceralt en meme terns sur I'esprit public une influence salutalreounuislble, mais qui ne pourrait etre nulle; car la patrie serait consideree sous un aspect un peu different , un peu nouveau. Dans ce cas, la prudence conseille de rester comme on est, puisque Ton joult non-seulement d'un mieux relatif , mais d'un bien reel , dont les hommes raisonnables peuvent se conlenter. Une resolution du stinat charge la commission de revision des lois de proposer ses vues sur les pelnes que les lois doivent prononcer contre les crimes plus graves que les vols d'objets de peu de valeur. On peut done s'atlendre a des discussions apppofondies sur le code penal: et, tandis (jue I'esprit phi- losophique presidera aux recherches des legislateurs de New- York, il repandra aussi sa lumiere sur les travaux des com- missions etablies pour le nierae objet dans plusieurs autres 398 LivREs Strangers. etats. La verite ne peut echapper a ces investigations mulii- plii'cs, attentives, coniluite» avec une sage lenteur. L'Europe y gagnera de I'instruction; mais, entre I'acquisition des con- naissances et la volontc d'en proGter, les passions peuvent jetor un immense intervalle. On a vu , dans nos terns niodernes, ]>orter des lois dignes des peuplcs barbares; les iiiterels qui Ics ont dictees observenl avec inquietude ce nouveau monde dont I'acces Icur est inlerdit, et dont la force toujouis crois- sanleles menace, nieme dans leurs plus anciennes possessions. A I'avenir, la civilisation americaine et la politicjue de I'Eu- rope seront perpctuellemenl en presence et sur la dt5fensive. Les Veritas qui auront traverse I'Atlantique feront bien de chercher une vole detournee pour arriver jusqu'a nous. Ce rapport, dont la continuation ne sera pas moins desiroe en Europe qu'en Amerique, est I'ouvrage de MM. /. iV. O. DuEu, B. F. Butler et H. Wheaton. II est ecril avec beau- coup de methode. 11 fera sentir de j)lus en plus la grande Tjlilite des dissertations publiques sur les niatieres de la legis- lation, quelle que soit la fprnie du gouvernemeiit. On observe mieux les lois, lorsqu'on les a bien comprises. Deja, presque tous les actes dc Faiitorili' sont precedes d'un exjjose des mo- tifs, trop court sans donte pour etre instructif, et quelquefois, peu sincere; mais ces premiers egards qu'on ne dedaigne point de temoigner pour la raison des peuples, ne peuvent rassurer les amis de I'liumanite. On parle moins de certaine science , de pleine puissance , et le bon plaisir n'est plus une raison suffi- sante. On s'efforce d'etre poli ; mais ce n'est pas assez, ce n'est pas le plus important. Nous regreitons de ne pouvoir donner a nos lecteurs une analyse du mode des elections, tel qu'il est prc'sente dans ce rapjjort ; 11 faudrait transcrire presque tous les arlicles, pour en donner nne idee claire et complete. On n'y reconnaitrail certainement point la maniere dont proce- dent nos colleges elecioraux. La reforme du code penal et de la procedure cviminelle est entreprise en Amerique, et meditee en Angleterre; pourquoi la France est-elle en retard? L'etat de la Louisiane a donne le premier excmple (voy. Re^'. Enc, t. xxx, p. 662), et offrira les premiers resultats d'une exj>erience locale, il est vrai, mais qui fournira cependant des faits instructifs. On pourra juger, d'apres ces faits , si I'atrocile des peines est un moyen de pcr- fcctionner la morale des peuples. Un calciil rigoureux a prouve que Irs disjiositions relatives au jury dans la procedure cri- minelle de la France ne donnent pas a Tinnocent une garantie suffisante; on ne I'ignore point, et rien ne change! F. MEXIQUE. — EUROPE. 399 MEXIQUE. 1 3o. — * Novorum vegetabilium descriptiones. — Descrip- tions des vcgetanx nouveaux; premier fascicule ; par MM, Paul de LA Llave et Jean Lexarza. Mexico, 1824; A. Rivera. Grand in-8° de 32 pages. Celte premiere livraison renferme la description de quarante especes de plantes mexicaines nouvelles, parmi lesquelles se trouvcnt treize genres nouveatix. Des figures seraient neces- saires pour faire mienx connaiire les caracteres de ces nou- veaux genres que les descriptions laissent un peu confus. Les auteurs promettent qu'ils en enrichiront les livraisons sui- vaiitcs. V. J. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. i3i. — * Memoirs of the court of Henry the Eighth , etc. — Memoires de la cour de Henri VIII ; par M'^^ A.-T. Thomp- son. Londres , 1826. 2 vol. in-8°; prix, 28 sh. Get ouvrage, du a la plume d'une femme, ne peut que re- hausser la gloire de ce sexe, q!ie certains hommes voudraient condamner a I'ignorance et a I'obscurite. II annonce dans son auteur un digne eraule de Miss Aihin et de Miss Benger ; et ce qu'avaient fait celles-ci pour les rogues d Elisabeth, de Jac- ques I, de Marie Sluart , etc., a etc accompli par M''* Thomp- son , pour celui de Henri VIII. Ectits avec simplicite, d'apres des documens dlgnes de foi , ces memoires ne sont pas moins inleressans qu'instructifs. F. D. \Zi. — * Musoeuin criticum , etc. — Musee critique , ou Re- cherches classlques a I'usage de I'Universite de Cambritlge. N° 8. — Londres, 1826; Murray. Voici le dernier cahier du seul journal classique un peu in- teressant public dans la Grande Bretagne ; bieu que dirigepar les humanistes les plus dislingues de I'Angleterie, ce recueil , conime tous ceus qui so;it extlusivement consacrcs a la litle- rature ancienne, n'a jamais obtenu un grand -succes. Ce fait serait-il la preuve et le rcsultat d'un grand changement dans resi)rit national? N'en doutons point; on est enlin convaincu qu'il est possible de se distinguer au barreau ei a la tribune, sans avoir lu la Rhetorique d'Aristofe, et ra^me d'etre p.oete , sans imiter Virgile et sans traduire Euripide. R. K. , de I' Unii'ersite de Cambridge. 400 LiYRES Strangers. i33. * Canto a Bolivar, etc. — Chant h Bolivar stir la ba- taille de Junin ,par J. J. Olmedo , Londres , 1826. Ackermann. In-8", avec trois gravuies. Les grands fails d'armcs qui ont ancantila puissance espa- gnole dans la patrie des Incas devaient enflanimer i'imagi- nation d'un peuple passionne pour !a liberte, el entoure d'une nature rianle ct raagnifique. Ce sent ces grands senlimens na- tionaux que M. Olmedo , ne au pied des Andes , retrace avec tout renlhousiasme qu'une si belie cause inspire. Dcpuis long- tems , la poesie lyrique tspagnole s'est trainee sur les pas des grands modeles du xvi"'" siecle. M. Olmedo, sans blesser les regies du bon goiil, revet ses images el son style de celte pompe , de cetle grandeur que la nature montre partout dans les regions fortunees ou il a vu le jour. On admire surtout , dans ce poeme auquel il a donne le litre raodeste de chant, la prediction du dernier des Incas, qui , temoin du courage et du patriotisme de Bolivar et de Sucre , revele I'avenir glo- rieux que la liberie promel a son pays. L'execulion typogra- phique de eel ouvragc fait honneur aux presses de M. Calcro, I'un des nombreux proscrils qui sent venus deniander an asyle a I'Angleterre. L'une des trois gravures que renferme ce volume , est due au burin d'un artiste de Paris , et repre- sente la medaille frap.pee en rhonneiir de Bolivar , par !e congres national de Colombie. — M. Olmedo , qui se trouve dans ce moment a Londres, en quallte de chargp d'affaires de sa republique pres le gouvernemenl anglais, est autcur d'une traduction de Pope tres-estimte. J. J. ue Mora. i3/i. — * Gaston de Blondeville. — Gaston de Blondeville, ou la cour de Henri III a Ardenne, roman; siiivi de YAbhaye de Saint- Alban , conte en vers, et de quelques autres poesies fugitives, par Anne Radcliffe, precede d'une Notice sur la vie et les ecrits de cet auteur. Londres, 1826; Colburn. 4 vol. in- 8°; prix, i 1. 18 sli. C'etait aux approclies des fetes de Noel qu'accompagne de son favori, lejeune et vaillant Gaston de Blondeville, Henri III traversait la foret d' Ardenne , pour se rendre a son chateau de Kenilworth. Dcja les antiques tourelles de cetle habitation royale se faisaient voir dans le loiniain, lorsqu'un evencment extraordinaire vint arreter les illustres voyageurs et apporter une terrible diversion aux plaislrs non interrompus d'un long voyage qui ressemblait jusqu'alors a un Iriomphe. Entoure de sa cour, le roi d'Anglelerre se preparait a f.iireson entn'e dans Kenilworth, lorsqu'un inconnu se presente, lui demandant justice. Cet inconnu elait un marchand de Bristol, nomme GRAKDE-BRETAGNE. 4oi Woodreave, se disaiit parent d'un chevnlier aulrefois nssas- sine par Gaslon, et qui venait demander la reparation de re crime. Mais, que pent raccusation dun simple sujet contre lo favori d'un prince ? La verite passe alors pour calomnie , et les preuves produites par roflense lombent devant la denegation (lu coupable. 11 en lut ainsi dans cetle circonstance. Woodreave futjele dans un cachot, et la main d'une princesse recom])ensa la fjdelite , la vertu et le courage de Gaston de Biondeviile. Heureuseraent , le bonheur de? medians n'a qu'un terns, n Dieu sait , quand 11 lui plait, reveilier la poussiere de la tombe pour effrayer , convaincre et piinir le coupable. « Une \oix vint consoler le prisonnier et lui predire la punltion de I'as- sassin. En ef'fet, des cet instant, un spectre est sans cesse sur les pas de Gaston : il interrompt la curemonie nupliale; il le poursuit de I'eglise a la salle du festin et de la salle du festin au milieu des concerts et des fetes. Tantot couvert du linceul funeraire, il veut elelndre les flambeaux d'hyinenee qui brulent sur k's autels; puis, sous les traits d'un barde, il -vient devant la cour chanter ses inalheurs et le crime de Gaston ; enfin , pi e- nant la forme d'un magicien, il lepresenie dans une suite de tableaux toute riilsloire de sa vie. C'est d'abord un preux che- valier, parlant pour la Terre-Sainte, recevant les adieux de sa feinme et de ses jeunes enfans. Viennent eusuite des scenes de combats livres entre les chreliens et les infideles; en fin , le tableau du retonr du croisc et son assassinat dans la I'oret d'Ardenne , par un chevalier, ressemblant a Gaston, de port et de figure... A ce spectacle, les salles du banquet sont en confusion. On accuse, on defend le favori du roi : les uns attribuent a la magie, les autres a la justice divine ces effrayans tableaux. On attend , on s'agile , on murinure ; on vcut se saisir du magicien ; iiiais ce!ui-ci, apparaissaul arme de ]>ied en cap, se fait place ■ a travers la foule , denonce Gaston comme son meurtrier; et le provoque a un combat singulier. Gaslon succombe sous le poids des preuves qui I'accablent; son crime est avere et puni, et Woodreave est rendu a la libertc. Tel est le canevas du ronian jiosthume de Teffrayante AnneRadcliffe. Quoique infcrieur aux Mjsteres d'Udolphe, il sera certaineinent admire ])nr ces vieilles douairieres qui ad- racttent, comme articles de foi, les superstitieuses legendesdcs siecles d'ignnrance et de galanterie feodale dont elles revent le relour. Ceux qui, comme nous, trompes par le titre : la Cour de Henri III, couimenceront la lecture de I'ouvrage, en croyant y trouver des peintures analogues a celles do AValttr T. XX.XI. — Jout 1^76. aCi 40.1 LIVRES liTRANGERS. Scolt, acheveront cette lecture, captives par des descriptions charmantes et par des scenes vraies et patlieliqucs, tout en regrettant qu'unc aussi brilhmte et fcconde iniaginatioii u'ait cree trop souvent que de vaines et absurdes cliiineres. La notice bibliograpliique, qui precede ce roman , est ecriic avec soin , et presente des details interessans sur la vie de M"" Radcliffe. F. D. Revue sommaire des rccueils periodiques sur les sciences , Ics leltres et les arts, pubiies dans la Grcinde-Bretagne. — Dixicme article. ( Voy. Rev. Enc, t. xxv]i,p. 7(>7-770, t. xxvin, J). i49-i56, 799-80/1; t. XXIX, p. 1/11-148, 463-468 et 747-7^6, et xxx, p. 121-126,. 419-424, et ci- dessus p. i24-i3i.) Suite des journaux hebdomauaires. Sciences morales et religieuses. i35. — * The Spirit and manners of the age , etc. — L'esprit et les iTioeurs du siecle. N° 26. Londres, samcdi 24 juin 1826; Westley. In-8° d'uiie feullle; prix , 3 pence ( troi* decimes.) 1 36. — The christian Monitor , etc. — Le Moniteur chretien. Londres, sainedi i juillet 1826. Westley. In-S° d'une fcuille; prix , 4 pence. 137. — The Pulpit, etc. — La Ch-iire , n° 167. Londres, jeudi 29 juin 1826, Knight et Lacey. In-S" d'une feuille, ini- primce sur deux colonnes; prix , 3 pence. Ces trois recucils complclent la liste des nombreux jour- ueaux religieux , publics a Londres. Corame tous ceux du meme geiue que nous avons passes en revue, ils offrent un melange de sacre et de profane, en prose et en vers. Le.s cdi- teurs clierchent bien inoins, en general, a faire des proselytes <]u'a inaintenir les fideles dans !enr ancienne croyance. Les trinitaires el les unitaires; ceux qui adniellcnt la transsubstan- tiation , et ecus qui rtjetlenl cette doctrine; ceux (|ui croienl au sommeil dans la lonibe jusqu'a la resurrection du corps, et ceux qui annoncent un sejour inlermediaire dans le jiurga- toire, comnie ceux qui croieiit a la transmission immediate de I'ame au ciel; le catlioliquc qui soutient la suprematie du pape; I'anglican qui sonlient celle du roi d'Anglelcrre; ceux qui as- surent que Jesus, fils de Sirach , fut le .lesus des evangellsles , comme ceux fiui dlsent que deux contemporains du meme nom enseigneient les mem es doctrines; le Jiiifcjuipreferelesabbat dc GRAINDE-BRETAGNE. /jo 3 I'ancienne loi, et le chretien qui adopte cclui de la nouvelle; lous enfin sentent la necessite d'eviier dans leurs ecrits ces controverses scholastiques et cetle mysticite theologique qui pitraisisent ne plus convenir a notre epoque. L'auslere metlio- diste preche encore des regies severes, et le scrupuleux catho- liqiie, I'omnipolence du pape; mais tous ont appris qu'il faut arauser ou instruire ])our etre lu. Plus que tout autre journal , I' Esprit du siecle seinble avoir senli cette verite. L'homnie du monde pent aussi bien que rhomme religieux le lire avec interet : abandonnant a celui - ci Texamen des nodtieres traitees dans lesdeux sections: chronique de la chaire et commenlaire de I'ecriture , il trou- ■verait sous ces litres : Meinoires et Notices , Esquisses histo- riques , r Avocat chretien, Analyses et Melanges , des articles instructifs et interessans. Ainsi, nous avons remarque dans le premier numero de ce recueil , un article contre I'esclavage ecrit dans un esprit de philantropie toufe chretienne; una Notice biograpliique d'un grand interet sur Sheridan, et una ode aux etoiles, riche d'idees et de poesie. Les numeros sui- vans conlenaient egalement de tres-bons articles. Ceux qui concernent lord Ryron parailront sans doute un peu seve- res; mais on applaudira ceux qui sont signes, Theta et Theodore. — Le Moniteur chretien est redige sur le meme plan que le recueil precedent; mais il est inferieur dans le cLoix des maticres ; nous y avons vu pourtant un tres-bon article sur I'education des classes pauvres. La Chaire consacre trop d'espace aux sermons preches dans les differentes eglises de Londrcs; il est vrai que ces sermons respirent presque tou- jours une morale pure, et contieunent d'excellentes lecons morales; mais les ecrits destines au peuple doivent reunir I'agreable a I'ulile , et les sermons ont rarement ce double raerite. II. Jurisprudence. i38. Law Chronicle , etc. — Chronique judiciaire. Loudres, jeudi 6juillet 1826. Peters Hill. Grand in-folio de deux feuilles ; prix , I sh. 6 p. I'ig. Law Advertiser , etc. — Affiches judiciaires. Londres , jeudi 6 juiliet 1826. Chancery Lane. Petit in-folio , de deux feuilles; prix, 7 pence. 140. Hue and cry, etc. — Clameur de haro. Londres, juin 1826. Strand, ]N° 240. Demi-feuilie grand in-folio. (IVe se vend pas.) Dans notre revue des journaux mensuels et irimestriels , /)o4 LIVRES ETRANGERS. nous avons neglisjd , faiite de renseignemens suffisans, de fairo connatire les recueils consacies a la science du droit. CeUi- omission sera r6paree dans nn appendice. Quant mix trois feuilles dont nous venons de donner le litre, elfes sont d'unc mediocre importance; les deux prfmieres conliennent la lisle des causes appclces devant les diffcrcntes cours de justice de Londres ; !e nombre des banqueroutes dcclarees dans la se- maine , enfin, des annonces et des avis judiciaires. La troi- sieme rend ronipte des affaires qui ont ete jugt'es devant les fribiinaux de police de Londres, et contient la liste des mili- Jaires descries de leuis corps. C'est une sorte de Gazette de police, qui ne se vend pas, et n'est publiee que toufes les trois semaines. in. Politique. iZ|i. CohbelCs Register^ etc. — Registre de Cobbetl , t. lviii, n° i5. Londres, samedi 8 juillet, 1826. Clement, Fleet-street. In-8° d'line feuille d'impression ; prix , 6 p. 14*. The Re pub Lie an, etc. — Le Republicain, par P». Carlile, tome XIII, 11° 27. Londres, vendredi, 7 juillet 1826. R. Carlile, 1 35 Fleet street. In-8° d'une fenille et deuiic; prix , 6 ]). Aucun j)ami>hletaire vivant, anglaisou clrant,'er, ne saurait eire compare a Cobbett, le ])lus fougueux athlete du radica- lisme. Cet liomme, done d'ime imagination ardente, d'une grande eloqiieiice revolutionnaire , d'une hardiesse a loiile cpreuve et d'une confiance en lul-meme, qui vajusqu'a I'aveu- gleroent, a joui long- teins parmi ses coneitoyens d'une repu- tation gigantesque. Peut-etre citerait-on difficilement un ccri- vain qui ait cliange aussi souvent de banniere que Cobbett; peut-etre aussi n'exista-t-il jamais de ])rophete moins heu- reux que lui dans ses predictions. Long -temps antipapiste, il est papiste aujourd'hui. L'eloquenee de Cobbett ne consistepas a demonlrer par des argumens la justice de la cause ure invention; mnis, etant tout-a-fait national, ainsi que les caractcres , il doit plaire aux Norvegiens, et c'est ici tout CO qu'on a Ic droit d'exiger. Heiberg. DANEMARK. 147. — Delerminismen , etc. — Le Determinisme , ou Hume oppose a Kant; par Francois- Gotthard Hovitz, docteur en medecine. Copenbague, 1824. In-8°de xn et 180 pages. 148. — Fortsatte Betragtninger , etc. — Considerations sur le libre arbifre de I'boranie, a I'occasion de I'ouvrage prece- dent de M. Hovitz; par M. le docteur 4.-S. Oersted , depute a la cbancellerie royale danoise , etc. Copenhague, 1824. In -8° de 126 pages. 1 49. — Ultimatum , etc. — Men dernier mot sur le Deter- minisme et les considerations de M. Oersted ; par le docteur F.-G. Hovitz. Copenliague, 1825. In-S** de 68 pages. Le Determinisme est \in mot nouveau, que Ton a cru devoir creer pour une discussion, ou il s'agit d'etablir si, dans ses actions, riiomrae se determine par une soumission passive a certains motifs , ou librement , apres les avoir examines. M. Hovitz , medecin distingue , auteur d'un ouvrage sur la de- nience, que nous regretlons de n'avoir pu lire, defend le pre- mier de ces systemes, combaitu par M. Oersted, I'un des plus celebres jiirisconsultes du Danemark, et par plnsieurs autres savans, dont nous ne connarssons les ouvrages que par leurs titres. On croit que c'est ici une question de medecine legale , discutee j)ar deux hommes dont la competence est egalement legitime , quoicju'elle se fondc sur deux sciences tout - a - fait differenles. Plnsieurs motifs nous empecbent d'analyser ces brocbures avec !e soin qu'exige I'importance du sujet. D'a- bord, nous ne pouvons pas remontcr a la source, c'est-a-dire, au premier ouvrage de M. Hovitz, (|ue nous n'avons pas en- core vu ; puiece de denree de contrebande, qu'on ne devrait jamais se permettre d'exposer anx yeux du publics II avail deja dit, articuiier \d, discipline espagnole ( I'auteur de la biographie nous apprend, dans une note, que, pour la discipline espagnole, on t'rappail un en- droitdu cori)S qui tsl a quelques peaces plus has que ledos). Ces penitences etaient finies, et les novices venaient de passer le jeudi a la maison de cainpagne de I'ordre, oii, coninie Rein- hold le mande a son pere, il avail gagne quelques ave maria a ses caraarades. II parait que les jesuiles avaient sanctifie tout jusqu'au jeu de billard, ct que celui qui perdait la partie reci- ALLEMAGNE. 4i5 tait, a I'intention dn gagnant, un nombie convenu d'ave ma- ria : on appelait cela joiier a I'twe maria. Revenus dans la ville, les novices remurquerent un mouvement extraordinaire dansle college; mais, comine ils no pouvaient inerae se parler entre eux sans I'aulorisalion dii snperieur, ils ne jjurent savoir de quoi il s'agissail : le soir, on se donna encore la discipline al'espagnolc. l.elendeniain , peres et novices furentrasseniblos. Un chanoine de I'eglise mctropolilaine viiit lire la bulle du pape qui declarait I'ordre des iesuites dissout, et on ajouta que les novices seraienl renvoyes sur-le-cliamp. II faut niainte- nant entendre le recil naif du novice Reinliold, qui elail alors dans sa quinzierne annee. « Je comjjris bien (ju'il me fallail relourner a la maison paternclle. Cependant, comnie je n'elais pas encore dispense d'observer nos saints staluts, je n'osai paspcnser a vons et a la maison paternelle; car c'est une chose qui viole nos regies , a moins que ce ne soit afln de ])rier pour les notres. Un chretien aussi zclc que nous, mon cher papa, salt Ires-bien qu'il y a des liens plus sacres que ceux d'une nature vicieuse, et qu'un homrae mort a la chair, et vivant seulenient dans I'esprit, ne peut plus avoir, a proprcnient par- ler , d'autre pcre que le pere celeste, ni d'aulre mere que son ordresacre, ni d'autres parens que ses freres en Jesus-Christ, ni d'aulre patrie que le ciel. L'atlachemenl a la diair et au sang est, comine tousles theologiens le soutiennent unanimement , une des plus fortes chaiues par lesquelles Satan peut nous river a la lene. J'eus en effet loute la nuit une lutte tres-penible a soutenir contrc I'adversaire heredilaire de notre perfection; a tout moment, il faisait passer devant raon imagination, papa et maman , freres et soeurs, oncles et tantes, et meme notre chambriere. Vous pouvez vous Cgurer I'angoisse que ma con- science eprouva , jusqu'a ce que , ce matin , a 9 lieures , le ma~ nuductor ( chef des novices ) nous annoncat que le pere Recteur nous permetlait d'ccrire a nos fauiilles, et de les preparer a notre retour. Pour la plus grande satisfaction de ran conscience, je demandai en mon parliculier une permission spcciale du manuductor de pcnser a nies jilus proches parens, non-seule- meut pour le tenis ou j'ccrirais ia lettre , mais aussi pour le resle de la journee. Je I'oblins effectivement, excepte pour le tems des meditations, de la lecture spirituelle et de I'angelus. Pour contrarier encore davantage le maiin esprit, et me donner le merite de I'obeissance , j'allai trouver le pere Recteur, avant d'ecrire la lettre, el je le priai de m'ordonner d'ecrire a mes parens. 0 Dans cette lettre naive, se devolle le systeme odieux des ;iG LIA'RES ETR/\.i\(iER.S. jesuiics ; jiour avoir des jeunes gens tout devout-s a leur ftrdre , ils av.iienl cnlrepiis de lenr persuader que I'affecliou pour leur famille etait un peclie, et telle associalion delniisait dans le <(ieur des novices tous les sentimens naturcis, jiour en faire des instriimeris passifs de la volonto des superieurs ! Quelle per- vei'.silc et ([uel fanalismc! En renvoyant ics novices, Ics siiprricuis neanmolns les a\aient engages a attendie paisiblcnietit ieur renlree qu'ils se fliillaient d'obtenir sous peu. Reinliold altendil; niais, ne voyant y)as les jesuiles rappcles, il sc fit barnabile. Cet ordre, niolns f'anatitpje et moins immoral, contribua a (iclairor I'esprif du jeune honime. Les reformes ojjciees par Joseph II, et les liai- sons que fonnii Reinliold avec les ccrivaiiis les plus tclaircs de Vienne, achcverent de lui dcssiller les yeux. 11 coopera avec le baron de Bonn, auleur de la plaisante Monographic des moines , a un journal destine a repandre les Inmleres en Autri- ehe; jmis, il quilta Vienne, et se rendit a Leipzig, ou il em- brassa !e protestaniisnie. A Weimar, il futaccueilli par Wieland et devint son gendre, et son cooperateur dans la redaction du Mercure allemand , cu il exposa surlout les ])rincipes de la philosophie nouvelle. II obtint une cliaire de jdiilosophie a i'universiie de Jena, et y enseigna pendant plusieiirs annees avec beaucoup de succes ; tous les amis de la j^lsilosophie en Alleniogne le rcgarderent comme le vrai soulien de cette science, depuis qu'elle avail piis une forme nouvelle. Le roi de Danemark a])pela Reinliold a Fuiuversite de Kiel; et c'est la qu'il a termine son honorable carriere. Son Ills a joint a sa bio- graphie des letlres des philosophes les plus estimcs de I'AUe- magne (jui tous ctaient en correspondance avec lui, et cher- chaient a meiiter son suffrage, ou a le gagner pourleurs opi- nions particulieres. Cette collection comprend aussi quelques lettres francaises de Charles Villers. D — "g i53. — * Don AlonzQ ,oder Spanicn. — Don Alnnzo, His- toire contemjjoraine. Traduction alleinande de I'ouvrage de M. de Salvandy, d'apresla IP edition. Breslau, i825;Max et compagnie. 5 vol. in-12; prix , 4llial-TO^ 9 f'"* Don Alonxo n'est pas une des jjroductions les moins atta- chanlesdela litteralnrefrancaise : comme on devaits'yaitendre, elle vient d'etre traduite en allemand. Jusqu'ici , les essais des Alieniands, dansle roman historique , manquent, en general, d'action et de vie. Maintenant memc que tant d'auteurs sont embarrasses pour Iroiiver des sujets, aucun n'a encore reussi a fournir (jue des imitations assez malheureuses de Walter ALLEMAGNE. 417 Scott ou de Cooper. Cependant, aucune espece de roinan ne parait rnieux convenir au terns actuel. Prcsque tous les ])ay9 sont deveims !e theatre de grands cvcnenaens politiques et ini- litaires : ct qucUes ressources, sans sortir de I'Europe, n'of- frent pas anx litterateurs alleniands et francais, la Pmssie, la Turquie, la Grece , la France, Naples, I'Espagne! Nous engageons M. de Salvandy a faire, dans de nouveaux ouvrages seniblables a cclui-ci, une nouvelle apjilication des pi incipes selon lesquels il a concu ce genre de roman historique, principes qu'il a si bien developpes dans sa preface, et mis ea pratique dans son livre. Le iraducteur de cet ouvrage a eu le double tort de garder I'anonyme et de supprimer la preface de M. de Salvandy dans sa traduction. Jk. de Lucenay. i54. — Joannis TzetzvE historiarum variaruin chiliades ; grcEce textum adfidem duoruin codicuin nionaccnsium reco- gnovit , hrevi annotationc et indicihus instruxit Theojihitus KiESLiNGius. — Diverses histoires de Jean Tzetzes, distribuees en chiliades ; le texte grec a etc revu d'apres deux manuscrits et cnrlchi de conrtes notes et d'index par Thcophile Kies- LiNO. Leipzig, 1826'. In-8°. Cet ouvrage, precieux pour la connaissance de rantiquile, est devenu fort rare; il avail ete imprirae et dislribue en chiliades, a la suite de la Cassandre de Lycophron a Bale, en 1 546, et reproduit avec d'horribles fautes dans le 3^ volume des poetes grecs de Lectins. Par ce motif, M. Kiesling, auquel on doit dcja une edition de Theodore Metochita , est fonde a croire que cette reimpression de Tzetzes ne peut manquer d'etre bien accueillie. Son premier soin a ete de refablir le texte : il a fallu collationner deux manuscrits de Munich, dont >in, qui date du x-v^ siecle, parait avoir ete surtout consulte pour I'edition de Bale. Le second est du xiv" siecle, mais il ne renferrae que trois chiliades et une partie de la quatrieme. Ce n'etait point assez de ces faibles secours pour faire toiites les rectifications desirables ; on y reconnait d'uliles ameliorations, quand on compare ce texte a celui que nous avions jusqu'a ce jour. Les notes sont courtes; elles renferment des variantes, et renvoientaux auteurs que Tzetzes avait sous les yeux. II y a trois index , I'uu des choses, Taulre des locutions, le troisicme des auteurs cites. Les treize chiliades contiennent 496 histoires. II y a aussi des vers iiambiques ( imxtt ta-f^^uat ) , et divers autrcs morceaux ; enfin , quatre lettres de Tzetzes. 1 5&. — * Grabmal des Herzogs Heinrich des Vierthen. — Tombeau du due Henri IV a Breslau ; par Buschisg Breslau, 1826. In- folio. T. XXXI. — Aoiit 1826. 27 4i8 LIVRES tXRA-NGERS. Quatrc belles gravures colorices avec tout I'eclat des teinte;. du moyen age reprcsentent, d'une maniere aussi f'ldele que briliante, I'un des plus beaux monumens qui soient a Rreslau. Unc autre planche offre une inscription , et le tcxte exj)liqne les divers sujets des bas-reliefs. Henri IV est le fondaieur de I'egiise et du chapitre de la Croix ; il mourut a la fleur de I'age. Ce prince etait I'un des poetes les plus distlngues de son tenis; mais il ne nous est reste de Itii que deux chansons qui sont rsimprini^es dans I'ouvrage que nous annoncons. On regrette d'ignorer le nom de I'arliste auqucl on doit ce monument, qu'ou a lieu d'altribuer au due Henri V, et aux membres du chapitre. M. Rusching reconnait cependant les caracleres alle- mands de I'ouvrage a tel point , dit-il , (|u'il serait difficile de supposer qu'un etraiiger I'eut pu construire. Dans le cours de sa description , I'auteur deplore plusieurs degradations qui ont force a restaurer ce tombeau , et qui probablement ont eu lieu durant la guerre de trente ans. Nous ne le suivrons pas dans le detail des personnages figures sur les differentes faces du tombeau; ce detail est suivi d'un appendice sur Je sceau du due Henri IV , sceau qui a cte grave et joint aux planches. On oc- cupe ensuite le lecteur d'une inscription importanle sous le rapport de I'antiquite , puisqu'elle remonte a 1290; enfin, on cite une vieille image de ce prince, et un distique, sous la date de i5o5, a I'appui de I'opinion que Henri IV, surnomme Prohus dans I'histoire, est mort par le poison. Apres ces details techniques, on lit une vie de Henri IV redigee par M. Kunisch. II parait que ce fut en 1270 que ce due fit cause commune avec Ottocaire. Le commerce de I'lndc n'appartenant pas encore exclusivement aux Genois et aux Venitiens ; il existait deux grandes routes de caravanes de I'Allemagne en Orient. On fait connaitre ce que le due entreprit pour favoriser ce commerce, et Ton entredans le detail des reglemens d'administration qu'il fit a ce sujet. On rapporle aussi quelques faits importans pour I'histoire generale. P. de Golbeht. SUISSE. i56. — * Reflexions sur l' instruction religieuse, sur les temples, sur la wort et sur les sepultures ; par A. Levade, ministre du saint Evangile, professeur a I'Academie de Lau- sanne, et president de la Societe de la Rible. Lausanne, 1826 ; Blanchard freres. i vol. in-12. Les trois productions que renferme ce volume se distinguent surtout par I'expression dessentimens d'une pietetres-auslere. L'auteur blAme et loue tour a tour certains points du systeme SUISSE. /,i9 adopte pour I'instruclion religieuse de la jeunesse. II mele a ses reflexions sur les temples, sur la moit et sur les sepultures, de nombreuses citations d'ecrivains anciens et modernes, qu'il •1 su meltre d'accord entre eux avec une grande superiorite de logique. Nous placerons ici un tableau touchant par lequel sent lerminees les reflexions sur les sepultures. « L'idee que je ine forme d'un clmetiere est celJe d'un lieu spacieux, dont I'abord est facile, ou les generations qui se succedent peuvent eire deposees avec ordre, avec respect, avec quelques signes religieux; d'un lieu ou, par un caJcul aise a faire, et sous une ins})ection attentive, chaque cadavre pent, d'apres les lois de la decomposition, n'etre pas trouble dans son repos; car le mot ciinetiere signifie place de sommeil; d'un lieu clos d'une ma- niere decente, non de rebuts de planches que le pauvre est tente d'enlever, non de niurs dont I'aspect est toujours triste et la degradation trop prompte, mais ferme par un fosse, dont les deux bords sont revetus d'une haie d'epines, et interieure- nicnt d'un double ou triple rang de peupliers rapproches. Une porle de fer est a I'entree; au-dessus, je lis ce passage : lis se reposent de leurs trai'aux, et leurs ceuvres les suivent. Apoc, XIV, i3. A cote de ia porte, on trouve la loge commode d'un honnete gardien, qui, a toule heure, pent ouvrir cet asile de paix a I'afflige qui aurait quelques fleurs a deposer, quelques larmes a repandre sur la tombe d'un pere, d'une mere, d'une epouse , d'un enfant, d'un ami. Je m'attends a rencontrer dans cette enceinte sacree des traces nombreuses de reminiscence religieusement respectees; ici, une modeste pierre, avec une inscriplion chretienne; la uu arbrisseau, une fleur, un potcau , une croix , une motte de gazon,un souvenir quelconque qui permette de reconnaitre la place de nos douleurs; je veux qu'une Marie alfligee puisse aller au tombeau pour y pleurer, et qu'a chaque demande : ou Vavez-voiis mis? le gardien de ce precieux depot puisse repondre ce que I'Ange repondit aux salntes femmes : venez et voyez. Matth., xxviii, 6. — En entrant dans ce temple de la mort, je le vois divise en compar- timens, que separent des sentiers enlretenus cornice ceux de nos jardins : j'en parcours I'elendue , sans etre oblige de fouler aux pieds la cendre de mes concitoyens. Une double allee d'ar- bres, coupant en croix le cimetiere , invite I'homme a y enirer pour nourrir c|uelquefois son ame des grandes pensees de la mort, et pour payer un tribut de respect, de reconnaissance ou il'amour a ceux qui I'ont precede dans le chemin de toute la terre. Josue, xxiii, ik- " 420 LIVRES ETRANGERS. 157. — * Notice sur la Socicte helvetique de musique. Geneve, 1826; J.-J. Paschoud. Paris, !e m^me, rue de Seine, n" 48. In-8" de Sa pnges. Dos les premiers terns ilc la confederation, les Suisses, pe- netres de la nccessite de consolidcr, jiar lous lesmoyens, leur independance, si clierement ac(|ui.se , jirirent I'habilmie de se reiinir, a des epo(]ui's a ]>ou pres j)erioiii(|iies , I:int6t dans un canton , tanlot dans un autre. lis rcsserraient ainsi des liens formes d'abord par la scule politique , et tout ce qui lendait a faire d'eux nne scuie et mcnie faniille, assiirait ienr slabilit(5 , en ajoutant a Icur force. Conime , a celle epoqne , leur premier bcsoin ('tait de se dcfendre, I'objet de ces reunions ilut etre tout niililiiire. Aussi , voyons-nous aiors les Suisses s'assembier fro(]ueminent pour s'cxercer au tir, et leurs gonvernemens accorder des prix considerables aux nuilleurs archers et aux plus habiles arquebu^iers. Ce n'est guere que vers le milieu du xvm* siccle qu'une noiivelle direction fut imprimee aux esprits; de vrais patriotes, des philantropes eclaires eiirent I'idee d'etendie le but de ces reunions, rcstreintes jnsque-la audevcloppeuient des tnoyensde defense. lis jeiercfit, en 1 761, les premiers fondemens de la Socicte helvetique , qui, en s'oc- cujjant de I'histoire nationale, s'atlache nioins aux evenemens menies qu'aux lecons de sagesseet aux regies deconduitequ'eile fournit presqu'tt cbaque page. Depuis la fond:ition decetle So- cicte, il s'cn est successivementformeun grand nombred'aiitrcs, parml lesquelles on remarque surtont celle dont cctte Notice nous fait connailrerorigine etles statuls.D'apres unecirculaire adressoeauxdiverses Societes niusicalesde la Suisse ])arM.Xa- ■vier GuGGENBUHLER, aloi-s juge au tribunal de prefecture de Lucerne, en sa qualile de president de la Sociele de musique de ce c.'inlon , cinquanle-trois amateurs de differentes parties de la Suisse se reunirent a Lucerne, le 27 jnin 180S, et se constituerent en Sociele helvetique de musique. Le lendeniain, sur le rapport d'une commission composee de cin(| membres, I'assemblee arrela les statuts destines a regir la Sociele, staluls qui avaientpour principal redacleur M. le doyen Hocfliger, cure a Ho'cbdorf, canton de Lueerne. Ce venerable pairiote s'etait deji fait nne reputation par des chants lyriques popu- laires, destincsarappeler a la nation les vertus de ses anretres, et a fortifier son amour pour Ics antiques institutions qui fitent long-tems son bonheur. 11 se montra zele promoteiir de la creation projetee de la Societe de musique : il entrevil d'abord les heureux resultats qu'elle elait susceptible de produire : il vit dans cette institution un puissant moyen de retablir la SUISSE. Aai Concorde, en 6touffant les germes de divisions qui pouvaient encore troubler la patric. La Sociele nne fois conslituee, son zele ne se ralentit point ; il est juste de reconnaitre que M. Hce- fliger conlrlbua beaucoup a la faiie prospeier. Appeledeja six fois a la presidence ])ar le suffrage de ses co'lcgues, il a j)u se convaincre que ses services ctaient spprccies. M, N.EGUELi , de ZiJiicli, habile compositeur et savant tlicoricien, qui a occupt- cinq fois le lauteuil , a uussi forlcmcnt conlribue au succes de la Societe. On lui doit une beineuse application de la metliode gencrale de Pestalozzi a I'enscigne- iiient du chant : il a reussi a rendre cet art populaire par i'ex- treme facilile de son systeme; Ics premiers eleniens s'y olfrcnt conime d'eux-niemes a I'eleve, et beaucoup d'hommes eclaires I'envisagent conime un veritable pcifectionnemeiit de I'art d'apprendre la mnsique. L'experience nyant bientot fait sentir la necessite de modifier les staluls primilifs , un uouveau regleinent, qui lonlefois differait peu de cehii de 1808, fut arrele le 11 juillet 1810. De nouvelies disposiiions ayant ete adoptees dans les reu- nions stibsequentes, et les staluls de 1810 [iresentant encore de grandes lacunes, la commission centrale de i8a3 pruposa de charger celle qui devait lui succeder, de dresser un projet de reglement plus complet. Celle proposition fut adopice; ct, le 21 Juillet 1824, la Societe etant asseinblce a Lucerne, on sanctiouna ce nouveau reglement , qui fournit les donnees suivanles sur son organisation. La Societe se reiinit pour executer deux concerts :le premier, appele Grand Concert, ct auquel tousles mcnibres ordinaires presens doiveut prendre une part active, sous peine de perdre leurs droits a elre logos gratuilemect , a toujours lieu dans une eglise. La reunion dure trois jours, qui sont employes de la ma- niere sulvante : — Premier jour. — Matin. Seance gen^rale. Discours du president sur un sujet analogue au but de la So- ciete. Lcclure de la lisle des niembres de la Societe, a I'effet de reconnaitre quels sont ceux qui sont presens. Nomination, par le j)resident, des scrntateurs; lecture de la lisle des mem- bres morts ou demissionnaires depuis la dernicre reunion. — Reception de nouveaux membres. — Fixation, par voic de scrulln, du lieu de reunion de I'annee sulvante. — Election des membres de la commission de revision des comptes. — Notification de la lisle des aspirans, recus candldals par la Commission centrale. — Discussion des autres affaires qui In- teressent la Society. — Apres-midi. Repetition generale. — Se- /,22 LivRES Strangers. cond jour. — Matin. Seance. Rapport de la Commission des comptes. Decision a prendre sur ce rapport. Election des raembresdela grande Commission pour I'annee suivante. Dis- cussion des autres affaires qui interessent la Society. — Apres- midi. Grand concert. — Troisujme Jour. — Soiree. Concert. Les amateurs les plus distingues de la Societe et les dames qui cultivent avec succes la musique, sont invites a s'y faire en- tendre. La Commission centrale dirige toutes les affaires de la So- ciete, quand celle-ti n'est pas reunie; elle determine les raor- ceaax de musique a executer , et I'epoque de la reunion, qui doit, autant que possible, avoir lieu au mois d'aout. La So- ciete se compose actuellement de memhres ordinaires , de can- didats, de niembres honoraires ordinaires et de memhres hono- raires extraordinaires. Pour devenir membre ordinaire , il faut etre citoyen Suisse; pouvoir executer desmorceaux de musique vocale ou instrumentale, et s'engager a le faire; avoir assiste, comme candidal, a deux reunions, consecutives ou non, et enfin avoir paye quatre livres de Suisse pour droit d'enlree. — Un scjour de dix ans et des services rendus dans I'enseigne- ment de la musique en Suisse, rendent les etrangers habiles ii devenir memhres honoraires ordinaires. Enfin, la Societe re- volt, en qualilede memhres honoraires extraordinaires ; i° les personnes qui, quoique non versees dans la connaissance de la musique, ne peuvent que faire honneur a la Societe , en raison du rang qu'elles occupent ou des fonctions qu'elles remplissent; 2° les musiciens etrangers qui se sont fait I'emarquer , nom- mement les grands compositeurs, surtout lorsque leurs ou- vrages ont et(^ executes par la Sociele; 3° les artistes qui ac- quierent de la celebrite dans un art quelconque , pourvu toutefois qu'il tienne de quelque maniere a la musique. B. ITALIE. 1 58. — * Analisi di fondamenti , etc. — Analyses desfonde- mens de la maliere medicale, et projet de leur reforme, par Hippolyte Bouelli, Dr en medecine et chirurgie , etc. Rome , 1823. I vol. in-8°. Les medecins savent qu'il regne enfre eux et partout la plus grande diversite d'opinion sur Taction des medicamens. M. Bo- KELLi , dans I'ouvrage que nous annoncons, propose des regies pour bien juger les fails relatifs a ce point si important de la science medicale. II fait observer que les medecins en general ont suivi deux regies differentes pour determiner Taction des ITALIE. 4^3 medicamens : les uns se sont borncs a la consideration de leurs qualites physiques, chiraiques et botaniques; les aulres ont examine les effets qu'ils produissnt sur le corps humain, lors- qu'ilssont appliques, solt interieurement, soil ex.lerieurement. II releve ensuite les erreurs que durent rencontrer dans leurs jugemens ceux qui se sont fond^s sur les influences qui deri- veraient du rapprochement de la forme, da volume, de la couleur, de I'odeur et du gout des medicamens. II passe de meme en revue les opinions adoptees d'apres les principes de la chimie. Les huiles, les terres, les sels different lellcment cntre eux , qu'il n'est pas possible de fixer une regie pour determiner Taction inedicinale d'apres de telles divisions. Si Ton en vient aux idees que les medecins se sont formecs d'apres les affinites botaniques ou d'analogie naturelle, on y Irouve les memes erreurs. Les systemes des botanistes ont varie conlinueilement ; et il est reconnu que les plantes de la meme famille ont des actions bien dilferenles, tandis qu'on ciblient des cffcts analogues par des planles de diffeicntes classes, etc. Les fails nombreux sur lesquels I'anteur appuie ses propositions laissent le lecleur dans une plcine coriviction. Quant a la classe des medecins qui ont suivi la secondc regie d'observation , il decouvre encore la source de differentes er- reurs dans lesquelies ils sont tonibes. Avant tout, il leur re- proclie de confondre les effets des medicamens employes dans I'elat de sante ou physiologiques , avec leurs et'fcts dans I'elat de maladie ou therapeutiques. II regarde comnie un obstacle a la justesse des inductions le melange de plusieiirs mrdicamens d'une action differente, ou op[)osee, pratique suivie par la plapart des medecins. II signale a la fin une autre erreur plus commune encore , qui est de confondre Taction chiinique ou immediate sur I'organisalion avec Taction dynamique ou gene- rale sur les proprietes vitales. Apres un exameii assez etendu des differens objets qu'il annonce, Tauteur conclut que ce n'est qu'en considerant les effets produits par les medicamens sur la machine animale, que Ton pent tirer des inductions vraies et solides. Mais, pour y parvenir, il propose des experiences de comparaison , dans le but d'apprecier les phenomenes que I'emploi des medicamens nous piesenfe dans Tetat de sante, dans I'etat de maladie, et meme apres la mort. L'auteur , par- tisan prononce des nouvelles doctrines mcdicales ilalienneS, rend hommage aux talens des hommes celebres qui en ont jele les bases. Fossati, D. M. 1 59. — Degli uffici del medico , etc. — Des devoirs du me- decin, discours acadcmiqiic; par M. le doclcur Basevi, de 4a4 LIVRES fiTRANGERS. plusieurs Academies. Milan, 1826; imprimerie de la Societe typo^raphique des classiques italiens. In-S" de 1 feuilles. 160. — Del rnagnetismo animale , etc. — Du inagn^lisme animal; expose des fails et dcs recherches siir cet objetjme- raoire lu a la seance publiqiie de la Societe medicale de Ll- vourne, le 20 inai 1826; par M. Basevi. Florence, 1826; imprimerie de Lulgi Pezzali. In-8° de 21 pages. Le premier de ces ecrits a ete imprime dans le Giornale cri- ticodimcdccina analitica , et le second dans V Antologia , n" 66. Ainsi la disserlalion sur les devoirs du mcdecin est deja re- pandue, au moins en Italic, parmi ceux qui cxercent cetle noble profession, el les ojnnions de M. Basevi sur le magne- tisme animal soiit doja coiinues , non-seuleiuent des mederins d'llalie, mais des gens de lellres et dcs hommes du monde. Les devoirs du iiiedccin sont le fondemcnt des droits des ma- lades et de tous ceux qui prennent intcret au relabllsseraent de leur sanle ; nous somnics done intcresses a ce que ces devoirs soient exijoses avec clarte, bien connus des hommes (jui se consacrent a leur accomplissement, et de tous ceux qui en pro- fitent, c'est-a-dire, de tout le monde. M. Basevi exige que les medecins fassent plus que de s'acquitter ainsi envers les par- ticuliers, il s'occupe aussi des interets generaux de la societe. « Medecins , dit-il , payez largement a la patrie le tribut do vos lumieres; prenez I'initiative en tout ce qui intercsse la sante de vos conciloyens; que les rnagislrats soient informes par vous de tout ce qui pourrait liil nuire ; indiquez les moyens de prevenir le mal, de procurer le bien. Avertissez long-tcms avant le danger, lorsque la raison et la sagesse conservent leur pou- voir, et non pas au moment ou I'imminence du })cril inspire aux uns une audacq qui repousse les conseils, et laisse le jjIus grand nombre dans une jiusillanime irresolution, tandis que des oris de douleur ou d'effroi portent le trouble partout, etne laissent plus entendre la voix de la prudence. Les magislrats, informes en tems convenable , prennent de sages precautions, evitent de repandre d'inutiles alarmes, et lout est pret, autant que la prudence liumaine a pu le permeltre , lors qu'une inti- \itable action des causes natnrelles vicnt attaquer un grand nombre d'individus , une pojiulation. » Une note fort elendue sur les inconveniens de la divergence des theories medicales aurait pu fournir ie sujet d'une disser- tation inleressante. II n'y a (pi'une theorie ; car il n'y a qu'une nature, soumise a des lois invariables. Hors de cetie unique theorie, il n'y a que des systemes; mais, en fait de mcdecine, est-ii pernais d'etre systematique? On condaranerait un mo- ITALIE. ',25 raliste presomptueux qui oserait tirer de son imagination ce qu'il appellerait une theorie sociale , dont il n'aurait a])ercu ni les incoherences, ni !es funestes resultats : est-il possible qu'une fausse llieorie medicale n'egare jamais le medecin? M. Basevi s'attache a raraener les mcdecins italiensa I'uniformite de doc- trines : ce ne serait pas encore assez pour la science et pour I'humanite; de reeme qu'il n'y a qu'une geometric, une [ihy- sique , une chimie , il n'y a c|u'une seule medecine. Depuis que notre Academic royalc de medecine est envahie par le magnelisme animal et le somnambulisme , la confiance publique parait s'en eloigner. M. Basevi tiaile avec beaucoup d'egards ceux de ses confreres qui admeltent ou ne rejettent point cette pretendue branche de la medecine, et a plus forte raison, les Societes savantes qui consentent a s'en occuper. II obeitaii sentiment delicat des convenances; cemotifest toujonrs digne d'eloges. Les homraes desiiiteresses jngeront aulrement : ils considereront que, si les doctrines du magnctisme animal n'ont point de roaiite, elles sent une superstition, ou unechar- latanerie, ou Tune et I'autre a la fois; que, meme dans le cas ou elles seraient fondees sur qnelques fails certains, lesmoyens de propagation et d'action qu'elles ont adoptessont indignes d'une science et de la raison liumaine ; que ces honteux rnoy ens doivent 6tre livres au ridicule, et fletris par le bons sens. On est comptable envers la societe, non-seulement de ce que Ton y introduit, mais de la raaniere dont on I'introduit. Lorsque les Societes savantes s'egarent, ou se laissent entrainer hors de leurs devoirs, c'est a la raison publique qu'il appartient de les remeltre dans la bonne voie, ou de faire ce qu'elles ne- gligent. F. i6i. — * Del trattamento degli annegati. — Du traitement des noyes, instruction aux jeunes medecins, etc.; par Pierre Manni, D. M. , professeur de I'Arcbigymnase roraam , etc. Pesaro, 182G. Un vol. in 8°. En adressant son ouvrage au prince cardinal Albani, M. le professenr Manni fait observer que les voeux et lesesperances des hommes eclaires qui aiment leurs semblables, reslent sou- vent sleriles pour le bien de I'humanite , s'ils ne trouvent pas I'appui des gouvernemens. II f;iit senlir a celui du souverain pontife la necessile d'encourager les talens utiles, et de tirer profit des luinieres fournies par les sciences physiques et natu- relles. Dans un traite peu volumineux, I'auteura su reunir des choses importantes a connaitre , et que Ton ne pourrait trouver ailleurs qu'en parcourant un grand nombre d'ouvrages fran cais, anglais et allemands. II examine d'abord les signes que 426 LIVRES ETR ANGERS, proseiitenl les resultats de la submersion sur les foiictioiis dc la vie; ensuite , passant en revue les differens expediens pro- poses jusqu'ici pour rappeler a ieur exercice ces nieines fonc- tions, il prouve par its fails, par I'autorite des savans, ou de divers corps srienlifiques, que les moyens les plus efficaces , ouceux auxqucls on doit loujours recourir, sont la chaieur, les frictions, I'introduclion del'air danslepoumon par des moyens artificiels, et enfin I'introduclion de la fumee du tabac dans I'anus. line profcnde erudition; un style coulant et facile, nn zele ardent pour le bien de rbumanile, rendent cet ouvrage je- commandable sous tousles rapports. Fossati , D. M. 162. — * Dizionario universale , critico , enciclopedico delta lingua italiana , etc. — Dictionnaire universe!, critique, en- cyclopedique de la langue italienne, de I'abbe Alberti de ViLLANOVA, revu et corrige. Deuxieme edition, et 1"= de Milan. T. I. A-CA. r« livraison. Milan, iSaS; L. Cairo. In- 4". L'importance de ce Dictionnaire est depuis long-tems re- connue. L'abbe Alberti, qui osa entreprendie et executer seul ce grand ouvrage, en corrigeant beaucoup de fautes et en re- parant plusieurs omissions que Ton remarquait dans ceiui de la Crusca, ne put eviler lui-meme quelques imperfections. L'editeur de Milan s'est occupe , depuis plusieurs annees , de fairedisparaitre ces laches, pour rendre plus utile et aussipar- faite quepossiblecette nouvelleedition. lil'adedieeaM. Monti, comme a I'ecrivain qui a le plus conlribue, de nos jours, a propager I'etude de la langue italienne. 11 fait ressoriir en nieme tems les defauts et le merile du Dictionnaire dans une preface sagement raisonnee, ou il indlque les motifs des cor- rections et la methode qu'il a suivie dans son travail. Disciple du celebrc poete, il signale les meprises des academiciens de la Crusca tant anciens que raodernes. II corrige specialement le style d'Alberti, la confusion des exemples qu'il cite, etl'ap- plication i)eu exacte qu'il en fait; enfin, il rectifie I'ordre al- phabelique, souvent mal observe. Un grand nombre de ces additions ou de ces cbangemens sont tires des observations ci'i- tiques de M. Monti sur le vocabulaire de la Crusca, inscrces dans sa celcbre Proposta , objet de critiques pour les uns , et d'eloges pour les autres. L'editeur, aprcs ces rombreuses ame- liorations, n'hesite pas a presenter le nouveau Dictionnaire d'Alberti, non-seulement comme revu el corrige, mais comme presque entiereraent refait. Ses observations et les connais- sances qu'il deploie dans la preface, nous assurent qu'il est capable de fenir sa promesse. Cette premiere livraison que nous ITALIE. 427 venons de parcourir prouve un travail immense; s'il donneles m^mes soins au reste de I'ouvrage, il peut compter sur I'estime de tous les amateurs de la langue italienne. 1 63. — Dante rivendicato. — Le Dante venge; lettre adres- see au chevalier Monti par I'auteur du Prospectus du Parnasse italien. Foligno, i825 ; Tomassini. In-8°. L'auleur se plaint vivement de M. Monti ; il lui rappelle I'in- timite qui regnait entre eux des leur premiere jcunesse, et leurs frequentes discussions sur le roerite du Dante. II lui reproche de n'avoir fait aucune mention de sa personne , ni des ouvrages qu'il a publics depuis quelques annees, tels que le Purisrne ennemi du gout , et le Prospectus du Parnasse italien. II se propose de reparer lui raeme la negligence de M. Monti a son egard, en nous entretenant un peu longue- menl de ses propres opinions et de ses ouvrages, sous prelexte de defendre le Dante. Nous pardonnons volontiers quelque amour-propre a tout ecrivain; niais ici, le nouvel avocat du grand poete se loue lui-meme et cite avec cmphase ses produc- tions litteraires; il rappelle les eloges qu'il a recus de ses cri- tiques ct de ses amis, de M. Biagioli surtout; il se montre inconsolable du silence de M. Monti, qu'il accuse, en outre, d'avoir cliange d'opinion sur le Dante , en designant comme un poeme purement didaclique la Divine Co medie , apres I'a- voir declaree une veritable epopee. Le critique s'arreie long- tems a discuter cette question, qu'il eut ele facile de resoudre en peude lignes. II entre dans I'analyse du poeme tout entier , dont il releve les beautes les plus reraarqiiables, et il s'aitache a expliquer des difficultes de plus d'un genre , qui font le tour- raent des commentateurs , tandis qu'il eitt pu se borncr a citer I'opinion generale, que cette vaste composition offre a la fois les qualiles de la poesie didaclique et le caractere de I'epopee. II adresse encore un reproche a M. Monti ; c'est d'avoir repete ce que le Dante a dit lui-meme de son style , qu'il I'av.Tit forme sur celui de Virgile. Tout en avouant qu'il est difficile de trouver des points precis de ressemblance entre les styles de ces deux grands ecrivains, et que le Dante a cree le sien sans le secours d'aucun modele, on peut croire aussi qu'il a du a la lecture de Virgile quelque chose de ce coloris pittorescjue , anime, louchant, dont il a enrichi le premier la poesie rao- derne. Le critique fait souvent des remarques ingenieuses et justcs; inais on regrette qu'elles soient accompagnees d'expressions peu convenables sur un ecrivain digne par son talent et par son age du respect de tous ses concitoyens. Quoique M. Monti 428 LiVRES Strangers. se soil quelquefois exprinie, dans ses vers, avec la ni^ine li- berty, nous ne consentirons jamais a qualifier son dernier ou- vrage de farce grammaticate , comme n'a pas craint de le faire son anlagoniste. II improuve en dernier lieu ie debat litlcraire dans Jequel M. Monti s'est engage depuis dix ans contre i'A- cadeniie de la Crusca ; il lui semble que ce veteran de la litle- rature et ses discii)les , en prchique imprime a Gouda. M. Bosse fut prie d'en donner une nouvelle edition; mais il y Irouva tanl de fautes, qu'il composa i;n autre ouvrage. II a suivi de preference Cclla- vius, sans negligercepcndant Danville, Mannert etDornseiffen, Get abrege, par demandes et par rcponses , parait avoir tout ce qu'il faut pour devenir classique. De Reiffenbero. 167. Prima elementa logices , etc. — Premiers eleniens de la Logique, d'apres les institutions logiques de M. /. Denzin- ger; par le meme auteur. Liege, 1826, C. A. Bassompierre. In- 8° de 72 pages. Les Institutions logiques de M. Deflzinger sont en trois vo- Oo LivRES Strangers. liimes. U a scnli le besoin de resserrci- cet oiivrage; et d'en composer uiie espece de catechisme, comnie I'a fait M. Sat pour son Traite d'econoinie politique. A I'exemple de cet crri- vain , il a adople la forme par deinandes et par reponses. Cet abrege est substantiel , clair , mclhodiqne. M. Denzinger re- connait aussi dans I'aine une faculty primitive ou fondamen- lalc, dont les autres ne sent que des modifications : ce n'estni le sentiment , iii I'entendement, ni i'atter.lion placee par M. La- romiguiere a la tete de son sysleme ; mais la conscience pure ou a priori qu'il faut bien se garder de confondre avec la conscience empirique. Partantdela, il dccouvre, dans I'homme, puissance intelligente, servie par un corps organise, trois facultes : la representation , la sensibilite el le cles'ir. Les deve- loppemeiis de cetle doctrnie se trouvent dans les Imtitutions logiques. Nous remarquerons seulcment que ces facultes ne semblent pas disposees dans leur ordrc analytique, et qu'on se figure mal in faculte d'obtenir des representations, avant la sensibilite qui , dans tous les cas , est mise en jeu la pre- miere. 168. Oratio H. G, Tydeman , etc. — Discours prononce le 9 fevrier 1825, a I'universite de Leyde, par M. ie professeur en droit H. G. Tyueman, sur la iiecessite d'enseigner dans les nniversites des Pays-Bas , la science politique. Leyde, 1825, in- 4°. Ce discours academique a ete prononce , a I'occasion du jubile de l'uni\ersite de Leyde. Dans un moment aussi .ro- prement dite , de cette branche de la science qiu a pour but de distinguer les especes par leurs caracteres exterieurs , et de les coordonner ensuite en genres, en Jamilles , et en classes, T. XXXI. — Joiit i8a6. a8 434 LIVRES FRA.NCAIS. d'apres les rapports de ces caractercs. Mais quant a I'^tat ac- tuel de la physiologic vcgetale , elle laisse quelque chose a desirer. Serait-ce a cause du pcu de progres qu'a fait celte parlie de la science? Tout I'article relalif aux notions preliminaires merite d'etre reinarque. La description de la giroflce , et \>\us loin celje de la tulipe , joignent a I'exactitude du langage technique, I'ele- gance des formes litteraires. De la, passant aux I'apports de la botanique avec les aulres sciences naturelles, I'auteur donne un tableau comparatif des de-ux rcgnes organique et inorgani- que. Ce tableau ne laisse rien a desirer. Examinant ensuite les differences apparentes des deux rcgnes, et s'arrclant sur les caracteres des vegetaux , il enunicre les rapports sous lesquels on pcut les considerer; ce (jui le conduit a otablir la division de la botanique en plnsieurs branches exposees dans un ta- bleau. Nous ne suivrons pas M. Lamouroux dans la description des organes et de leurs modifications; nous ferons seulemcnt ob- server qu'il a su enrlchir de haules considerations philosophi- tjues cette partie de la science que la multiplicile des termes techniques avail tonjours rendue aride. On saura gre a I'auteur d'avoir decrit, dans un chapitre a part , les organes des vegelaux appeles imparfails , tels que les lichens , les fougeres, les mousses, les algues, etc.; ce comple- ment manqua-it jusqu'ici dans presque tous les ouvrages ele- mentaires, La taxonomonie ou tlieorie des classijications n'esl pas la partie la moins iiiteressante de I'ouvrage. Quelques idees sur la necessite des raelhodes de classificalion ; une definition claire et concise des melhodes naturelles et des raethodes arti- ficielles; un expose de la marchede I'esprit huniain pour arriver a la classification la plus naturelle , marche rendue plus sensi- ble par des exemples, donnent aux derniers chapilres un ca- ractere vraiment original. Nous aurions pourtant desire y trouver plus de develai*peniens dans I'expose de la methode de Tournefort, du systeme de Linne , et de la methode de Jussieu. Un chapitre supplemcntaire sur les herbiers et sur la ma- niere de dessecher et de conserver les plantes tcimine ce pre- mier volume. Le second volume Iraitera de la physique vegetate, qui embrassc la physiologic ainsi que la pathologie des plantes , et la geographic botanique. Toute la partie physiologique el pa- thologique , et une jiortion de la geographic botanique , seront traitees par M. Baillt de Merlikux.. Enfin, deux au'res vo- SCIENCES PHYSIQUES. 435 himes, contenant la phito graphic , o« histoire naturclle ties plantcs , et la synonymie des meilleurs auteurs, compl^teront I'ouvrage. M. le docteur Lamouroux, frere du celebre naturaliste a la memoire duquel la Revue a paye un juste tribut de regrets, (voy. Rev. Erie, t. xsv, p. 866) porte un nom cher aux sciences : le livre que nous venons d'annoncer, et de nombreux succes obtenus dans la carriere medicale, allestent qu'il est digne de le porter. C. P. 176. — * Guide de Vamateur de champignons , ou Precis de I'histoire des champignons alimentaires ,veneneuxet employes dans les arts, qui croissent sur le sol de la France; par jP.-5. CoRDiER, D. M. Paris, 1826; Bossange pere. In- 18 de 35o pa- ges avec II planches lithographiees et coloriees; prix, 5 fr. Ce petit traite est un resume assez bien fait de tout ce qui a ete ecrlt sur les champignons mangeables de nos climals. Le botaniste n'y trouvera cependant rien de neuf; dej)iiis vingt ans, M. Persoonnous a dit tout cela sous diverses formes, scien- liGques ou lilteraires; car les libraires ont trouve le moyen d'engager M. Persoon lui-meme, auteur circonspect et laconi- que, a faire un livre fleuri sur les champignons. Sous le rapport de la science, le Guide'de T amateur de champignons en est encore a I'epoquc ou Linne pubila son Species , et ou Buliard nous donnait les descriptions de ces productions singulieres qu'on renfermait alors dans une dizaine de genres. Mais I'ou- ■vrage dont il est question pent etre utile a d'aiitres egards. II apprendra a distinguer les champignons veneneux des cham- pignons innocens ou formant un bon aliment, et il indique meme d'ou viennent ies meilleures truffes. Pour le mettre au niveau des connaissances actuelles , ce qui n'eut pas eu d'incon- veniens, attendu que les gastronomes menie sentent aujour- d'hui la nccessite de ne pas demeurer slationnaires dans les parties de la science qui alimentent I'art culinaire, I'auteur aurait pu consul fer les excellens articles dc wiycologie dont lejeune et savant AdoJphe Brongniart enrichit noire diction- naire classique d'histoire nalurelle. S'il dome jamais une se- conde edition, nousl'invitons a puiser a cette source. B. DE Saint-Vincent. 177. — * Manuel de physique amusante , ouNouvelles Re- creations physiques ; contenant une suite d'experlences cu- rieuses,instructives et d'une execution facile, ainsi quediverses applications aux arts eta I'induslrie : suivi d'un Vocabulaire de physique ; par M. Julia-Fontenelle. Paris, i826;Roret. In- 1 8 de 387 pages, avec des figures ; prix , 3 fr. 436 LI V RES FRANCAIS. Depiiis que I'espi it d'observafioii a servi de guide aux sa- vans, ils sc sont empresses de recueillir tout ce qui ponvaitles eclairer; ils ont senti qii'un fait qui, au premier coup d'ceil , semble n'oft'rir aucun inleret , ou c|u'iin simple amusement peut elre la source des plus iniporlantes decouverles. Aussi, pourles vrais observaleurs , i'expcrience est la ricnionsliation des d(imonstralioiis, jjarce que c'est elle qui a ouvert la porle a lant de veritcs : c'est aussi ce qu'ont demontre les progres de la physique et de la cliimie. Les aniusonens pliysiques, chimiques et matliematiques ne sont plus un siuiple objet de curiosice ; I'explication des phe- iiomcnes qu'ils preseiiteiit se rattaclie aux tlieories les ])lus ele- vees : c'est ce qu'a fort bien senti M. Julia- Fontenelle. Avant lui , Ozannin et G'wjo^ avaient public chacun un ouvrage dont les amusemens niathcmaliques et la raagie blanche faisaient la base principale. Dejjuis I'epoque de leur ])ublication, le calo- rique et la lumiere ont ele mieux etucUes; I'identite du fluide eleclrique et da fluide magnelique a ele reconnue ; la decom- position de r.'iir et de I'eau a eu lieu ; un grand nombre de gaz et de sels ont cle decouverts, et la connaissance des reactifs a piis des accioissemens imraenses ; ces deux ouvrages ne sont done plus au niveau dela science. C'est pour remj)lircettelacune que M. Julia Fontenelle a public I'ouvrage que nous annoncons. II I'a divise en deux grandes sections : la premiere comprend les corps imjionderables ; et la seconde,les corps ponderables. En relracant les proprietes de chacun de ces corps , I'auteur indique les divers amusemens physiques auxquels ils donnent lieu , et il les fait suivre des explications lirees des decouverles " les plus modernes. C'est aiiisi qu'il divise en autant de classes \t calori(|ue , la lumiere, Teleclricite , I'aimant, les metaux , i'air, I'eau, les sels, le phosphore, les reactifs, les encres dc sympathie, etc. — A la fin de son ouvrage, I'auteur a place un petit vocabuhiire de physique propre a en faciliter la lecture. Ce petit trailc peut etre tres-utile aux artistes et aux ou- vriers : en effet, par le desir seul d'y trouvcr matiere a leur amusement et a leur dclassement, ils y rencontreront les cl^- mens de la science qui leur donreront I'envie de I'etudier, et les connaissances f(u'ils y puiseront tourneront , sans aucun doute, au profit de I'industrie. L.-SiB. Le IVormand, professeur de tecJtnologie. 178. — * Projet d'une correspondaiice a ctablir pour I'avan- cement de la metcorologie. Nevers, 1826; imprimerie dc Le- fevre-Lejeune. In-8° d'une feuille. L'auteur du projet et de la brochure qui Texpose est M. Mo- SCIENCES PHYSIQUES. 437 RiN, ingcnieiir des ponts el chaussees, membi'e de la Societe de geographic, zele pour la propagation des connaissances utiles, comme le sont en general les anciens cleves de recole polytechnique. En racditant sur les fails mcteorologicjues bien constates, non-seuleinent dans nos cllraats, mais sur loule la terre, M. Morin a concu la possibilite de les coordonner, d'eri former un systeme, une tlieorie qui put servir a expliquer, et peut-etre a prevoir les modifications de I'alinosphere. II n'a pu donner que Tanalyse de celte tlieorie , telle que ses medilations la Iiii ont presentee; il fallait un volume pour la d('velopper completement. Nous n'enlreprendrons pas de la rednire a une expression encore plus abregee, au risque de lamutiler, oii de la rendre inintelligible; c'est dans cette brochure qu'il faut en prendre une idee exacte et suffisante. L'auteur y a compris tous les meleores, sans en excepter les aurores boreales. Pour la verifier ou la modifier d'apres les faits, M. Morin fait un appel aux observateurs de tous les i)ays, et demande uiie cor- respondance qui deviendraitcertainement tres-utile. II indique les lieux ou il est a desirer que les observations soient faites , et il les classe en ralson des communications qu'il a recues , de celles qu'il espere obtenir, de celles meme qu'il n'a pas en- core le moyen d'etablir. Au moment ou son ecrit fut publie, il pouvait compter sur des correspondans francais a Vernon , Paris, Strasbourg, Saumur , Nevers, St-Etienne, le Puv, Va- lence, Sisteron, Toulon. L'AlIemagne n'avalt encore offert que Munich et Freyberg; Drontheim et Stockholm representaient la Norvege et la Suede; Genes represenlait (onte I'ltalie, et le Senegal toute rAfriejue. Un grand nombre de villes de France, d'Angleterre, d'Allemagne et de toute I'Europe lui donnaient des esperances. Celles avec lesquelles il n'avait en- core entame aucunc relation sont en assez grand nombre, et tres-im])orfanles par leur position et par les faits que Ton peut y observer : au midi de la France, il s'agirait de multiplier les observations sur les coles de la Mediterrance. En Italic, Flo- rence et Naples n'ont rien promis; en Rtissio, Archangel, Saratof et Odessa sont des lieux tres-favorables pour des obser- vations sans lesquelles on ne peut eclaircir plusieurs plienome- nes atmospheriques en Europe. L'Espagne presque tout en- tierene contribuerait point jusqu'a nouvelordrea ce contingent scientifique. L'Asie, I'Amcrique et la Polynesie devraient aussi fournir a ce depot commun des malieres qu'il s'agit d'elaborer pour I'utilite commune. Nous esperons que les correspondans de la Revue Encyclopedique voudront bien seconder les loua- bles efforts de M. Morin. Les documens qui lui seraient adres- 438 LIVRES FRANCAIS. ses peuvenl elre envoycs a notre bureau central, rue d'Enfer Saint-Michel , n" 18; a M. Carilian - Goeury, libraire, quai des Auguslins, n° ^i , ou a M. Morin lui-meme, a Nevers. F. 179. — * Clinique medicale, 011 Choix d'observations re- cueillies a la cliiilque de M. Lerminier, niedecin de I'hopital de la Cliarilo , et publiees sons ses yeux par G. Andrai, fils, agrege a la Facultc de medecine de Paris , etc. Troisicme par- tie : maladies de poilrine. Paris, 182G j Gabon. In-8° de 588 pages; prix, 7 fr. Les deux premiers volumes de cef ouvrage ont deja recu I'approbation de tous les medecins instruits ; celui-ci merite un accueil aussi favorable : on y retrouve la merae sagesse dans la discussion ct cetespritd'analyse qui assignea chaquesymptome le degre d'itnportance convenable, et qui discerne, au milieu d'une confusion apparente, la lesion principaled'ou derive un long encliainement d'alterations secondaires. Les deux tiers de ce volume sent consacres a I'etude des tubercules et de la phtlusie j)ulnionaire ; le reste traile des affections du coeur. Des observations recueillies avec soin, choisies avec habilete, rapprochees avec ait, eclairent le diagnostic etmellent ameme de faire , sur Tissue probable des maladies, ces predictions si importanles aux yeux des anciens, mais qui chez eux etaient plutot le resultat d'une sorte d'instinct miir! par I'experience que d'une science veritable, lelles qu'elles peuvent I'etre au- jourd'hui. Pourquoi faut-il que, malgre les connaissances po- sitives que nous devons aux travaux des modernes anatomistes, malgre les moyens d'investigation que nous possedons et qui nous font lire, pour ainsi dire , au travers des organes, ce pronostic soit si souvent defavorable et notre art tant de fois rcdait a I'impuissance? Cette reflexion s'applique surtout 'aux maladies traitees dans ce volume. Aussi, a peine y est - ii question du traitement qu'elles reclament : I'auteur, les regar- dant commc au -dessus de toute ressource, semble se borner a des moyens palliatifs diriges seulement contre les symplomcs les plus incommodes. Est-ce decouragement fondc sur I'inutilite des tentatives? Est-ce que , ne rccevant le plus souvent dans les hopitaux que des sujets parvenus a un degre avance de ma- ladie, il n'y aurait plus aucune chance en leur faveur ? Rials, si,lorsc[ue les tubercules existent dans le poumon , ils resistent a nos moyens de guerison , ne peut-on detruire les causes qui les engendrent et s'opposer a leur formation ? La se rattache la question obscure , mais pleine d'interet de leur origine, qui occupe et divise les pafhologistes. M. Andral les regarde comme SCIENCES PHYSIQUES. 439 le j)roduit d'une secretion morbide qui s'oi)ere le plus souvent dans les vesicules bronchiques eiles-inemes. II estassez connu, du reste , que toute inflammation ne les developpe pas ; et de deux choscs I'une, ou bien ils doivent naissance a nne irrita- tion dune nature pariiculiere, on bien il cxiste une predispo- sition qui, sous I'influence de causes diverses jjliis 011 moins Icgeres, d'lin simple rliume, d'une congestion pulmonaire peu intense, donne lieu a lenr ap])aritinn. Sans avoir nettenient etabli celte distinction, M. Andral admet celie falale predispo- sition conime cause premiere de la plitliisie; et, a notre avis , la discussion et la precision de ce fait serait d'une haute im- portance. Si cette ])redisposition , d'ailleurs depuislong - tems reconnue , ctait enfin eludlee comme elle meritede I'etre, avec le soin qu'on apporte maintenant aux reclierches delicates de I'analomie patho'ogique , si elle avait des signes certains, ap- preciables, si on avait determine en quoi elle consiste, quelle modification de I'organe pulmonaire la constitue, alors elle pourrait ^ire attaquee par toules les ressources de I'hygiene et de la tlierapeutique, et peut-etre on parviendrait a tarir une source effrayante de depopulation (i), tandis qu'actuellement on est reduit a combattre des causes occasionnelles, sans cesse renaissantes, souvent impossibles a ecarter, ou a gemir sur le sort des individus en qui on a reconnu I'existence des tuber- cules. RiGOLLOT , fils , n. si. 180. — * Cliniqne de la maladie syphilitique , par M. N. De- VEROIE, docleur en medecine et en cliirurgie, des facultes de Paris et de Goeltingue , cldrurgien-major demonstrateur a I'ho - pital du Val-de-Grace; avec atlas calorie , representant tousled symplomes dessines et graves d'apres nature et la belle col- lection de pieces modelees en cire, de M. Ddpont aine , natu- raliste. Paris, 1826; F. M. Maurice, librairc. IP livraison in- 4° avec planches. Chaque livraison , composee de 3 feuilles de texfeetde cinq gravures, coulc 8fr. ( Voy. Rev. Enc. ,t.xiiii; mai 1826; p. 374 ). Cette IP livraison contient, avec cinq nouvellcs gravures, la fin du chapiire concernant I'origine de la syphilis. II serait difficile de ne pas se rendre aux nombreuses preuves que M. Devergie accumiile et qu'il a puisees aux sources les plus respectables i)our resoudre enfin cette question. Non-seulement il prouve que le nouveau continent n'est point la mere-patrie (i). Les phthisiqnes foniient le tiers des malades recns dans les hopi- laux de Paris. 4/iO LIVRES KRANC/VIS. de la maladic vcnerienne , opinion deja adoptee par los iiie- decins instruits de ce siecle; mais il demontre qu'elle etait counue des anciens, el il refute les erreurs propagces par les m^- decins du luoyen age. II ajoulc de nouveaux faits a ecus qu'il a judicieuseinciit ein|)riintt5s a ["erudit Sprengel, a son savant ci>nteini)orain !e docXcvir Jourdan , et aux medccins etrangers niodernes qui ont tcrit sur la meme raaladie. Les gravures, ires-soignees , non-seuiement sous le rapport du coioris , mais sous celui des syinptomes , donnent un nouveflu merite a cet ouvrage. J. i8i. — * Rapport presente au Mlnislre de finterieur par H Academic rojale de medecine sur les vaccinations pratiquees en France pendant I'annec i824. Paris, mars 1826. Inipri- merie royale. In-8° de 91 p. Ce rapport, lu a 1' Academic de medecine dans sa seance du 20 septerabre 1825, a occupe a cette epoque les differens jonrnaux ; ils ont fait remarquer le juste tribut d'eloges donnc a M. le due dela Rocliefoucauld-Liancourt, qui le premier a importe en France la precieuse decouverte de Jenner et fonde avec Thouret I'ancien comite de vaccine dont les Ira- vaux et le zele ont cte si utiles. Tous les faits et les observations qtie renferrae ce rapport soiit de nature a accroitre la con- fiance que doit inspirer la vaccine a toutes les personnes qu'une injuste prevention ou d'absiirdes prejuges n'nvenglent pas. On a reproche aux rapporteurs de n'y avoir pas discute la nature des eruptions plus ou moins analogues a la variole qui se sont montrees, en iSaS, a Paris et dans une partie de la France, sur des indi vidus vaccinos. lis ont repondu que c'etail poureux I'objetd'un travail particulier, etrangerau but du rap- port actuel relatifseulement a 1 824, et qui sera bientol soumis a la discussion de TAcaderaie de medecine. 11 resulte du tableau pret-snte au ministre (|ue 438,537 vaccinations ont ete prati- quees en France, en 1824. Ce nombre depasse de 49)943 celles qui furent faites en 1828. Nous observerons qu'il est a notre connaissance que bien des vaccinal ions n'ont pas ete mentionnees parl'Acadeniie de medecine, par suite de la negligence desvac- cinateurs ou des antorites locales; et cependant nicmeen tenant compte de ce qui a ete oniis, le total des vaccinations n'egale pas la nioiti(i du nombre des naissances, nombre dont il fau- drait se rajiprocher ])onr preserver efficaccment la France des atteintes dela pelite verole. Ne doit-on pas regretler que, pour atteindre un but aussi utile, radministration ail cru suflisante I'allocalion d'une raodique somme de 34, 000 fr. ?]Ne peut-on pas altribuer a cette parcimonie I'etai de languour ou se trouve SCIENCES PHYSIQUES. /i4i presque partout le service de la vaccine? Outre quatre-vingt- dix-huitmedaillesd'argent decerneesaux personnes quiontmis le plus de zele a propager ia vaccine, un premier prix de la valeur de iSoofi'. a elepartageentre MM. BLANCHARD,officier desante a Baud ( Morbihan ), et Nollet, officier de sante a Nancy ( Meurthe) et quatre medailles d'or ont ete accordees a MM. La- BOSQCE » medecin a Agen(Lotet Garonne), Benoit, officier de sante a Grenoble ( Isere } , Girard , officier de sante a Saint- £tienne (Loire ), etCAVENNE, chirurgien a Laon ( Aisne). R. fils, D. M. 182. — Expose par ordre alphabetique des cures operees en France par le magnetisme animal , depuis Mesmer jusqu a nos jours [ 1774-1826); ouvrage ou Ton a reuni les attestations de plus de 200 medccins, tantmagnetiseurs que temoins , ou gue- ris par le magnetisme; suivi d'un Catalogue complet des ou- trages francais qui ont ete publies pour , sur ou contre le magnetisme; par M. S., I'un des membres fondateurs de la Societe du magnetistne de Paris. Paris- 1826; J. - G. Dentu. 2 vol. in - 8° de xli-6i2 et 543 pages; prix, i5 fr. et 19 fr. par la poste. Mesmer , a son arrivee k Paris, annonca sa decouverte comme un moyen de guerison universel. Cette assertion ne tarda pas a etre vivement contestce : on cita un grand nonibre d'exemples dans lesqnols le magnetisme avail ^chouc, ou n'a- vait fait que pallier le mal momentanement, et, combattant une exageration par une autre exageration , on prononca que le nouvel agent prctendu ne produisait aucun effet, n'avait aucune existence. Le terns est vonu de reduire ces exagerations contradictoires; cin(|uante annees d'observations et d'experiences , pendant les- quelles on a public des centaines de volumes, remplis par des relations detaillees de traitemens magnetiques, peuvcnt eniln permettre de se former une opinion. Quand une science n'est pas assez avancce pour que, de la nature connue de I'agent on puisse deriver avec certitude les effets qu'il produira , le seul moyen de faire des progres est de conslaler eropiriquement les faits , en laissant au tems a faire sortir des fails la theorie la plus naturelle. C'est ce qu'a senii I'auteur de I'ouvrage que nous annoncons; il a rassemble daus un seul ouvrage , etd'a- pres Tordre aiphabetiqne, les effets curatifs du magnetisme qui lui ont paru bien constates. En parcourant ce vaste repertoire, ou. la plupart des traitemens sont determines ou du moins cer- tifies par des medecins recomniandables, on est portc a croire que le magnetisme, dans les maladies qui ne sonl pas incura- 1,1,1 LIVRES FRANCAIS. bles, peut quclquefois elre utile, et que, s'iJ ne gu^rit pa» toujours radicalement, du moins il soulage dans un j,'rand nombre de cas. La multiplicite des excmples cites, dans i'ou- vrage que nous annoncons, de traiteinens de rhumatisuies, de paralysies, d'epilepsies, etc. , tendent a prnuvcr que ce nou- \eau genre de reinede exerce surtoul son empire sur Ics mala- dies nerveuses; ce qui serait d'autant plus a desirer qne ces maladies font le desespoir de la mcdecine ordinaire. Malheureusemcut , lorsque les rcssources de la veritable science sont insuttisantcs, le cliarlalanisme vient se presenter avec audace , et reusslt quelquefois, surtout quand il s'agit d'exercer son pouvoir sur I'imagination. Les adversaires du magnelisme prelendent que les cures dont il se vante sont de cenonibre. Quant a nous, nousdoutons encore, nous ne serons disposes a croire que lorsqu'un plus grand nombre de juges couipelens auront jirononce. Bouillet. i83. — * Recueil de probleines amusans et instructlfs , avec les demonstrations laisonnees et I'application des regies de I'arillimelique a leurs solutions, ou cours complet d'analyse arithmetique , efc.;par/.-/. Grkmiihet. Troisietne edition. 1^ panic contenant les solutions. Paris, 1826; Crette, rue St-Martin, n" 98; in-S'^ de /(Oo pages; prix, 6 IV. L'auteur a divise son travail en deux volumes; le pre- mier contient I'enonce des problemes,lc deuxieme en donne les solutions. Nous avons deja annonce la publication de la premiere partie : la seconde renferme les raisonneniens pro- pres a conduire aux resultals demandes, Comme ces deux parties se vendent separement et que Tune est plus specia- lement destinee a etre mise cnlre les mains des I'leves , la deuxieme edition s'en est plus promptement ecoulee que celle de I'autre; et comme M. Grcmillict a considerablement accru , dans la troisieme edition , le nombre des proble- raes, il s'est trouve oblige d'augmenter les exemplaires qui rcstent de la deuxieme partie des solutions de ces nouvelles questions, portees maintenant au nombre de i320, au lieu de 717 seulemenl. Cest I'ensemble de ces deux volumes qui com- pose la troisieme edition qTie nous annoncons. Nous ne rcpro- duirons pas ici les justes eloges que nous avons falts de cet interessant travail, qui sera tres-utile aux personncs qui vcu- lent se perfectionner dans la sciences des calcuis : les mailres, aussi bien que les disciples, y trouveront des sujcts d'etudes fort inlercRsans. Francoetir. i8/(. — Lecons nouvelles d'astronomie, recueillies aux cours publics par un ancien elcve de I'Ecole poly technique. Paris , SCIENCES PHYSIQUES. /,43 1826 ; Baudouin. In-8" de 208 p. avec cinq planches ; prix, 5 fr. L'amoiir des sciences , devcnu, chaque jour plus vif dans toutes les classes de la socicte, a fait multiplier leslivresqui en exposeniles eleraens. L'Angletene etla France ont vu viaitre chez elles una infinite d'onvrages de ce genre , et ces deux na- tions se les sont reciproquement empruntes. Pour ne parler que de rastronomie , Y Exposition du sysleme du monde de M. de La Place et VUranographie de M. Fraiicoeur ont ete inises plus d'une fois a contribution par des corapilateurs anglais; el dememe, plusieurs parties de traites anglais ont ete repro- duites dans notre langue, telles que les theories d'Herscliel , etjusqu'aii medium gazeux du reveur Philips. Paimi leso|)us- cules originaux publics en France pour les gens du monde , nous avons vu , en peu d'annees , paraitre des resumes, des manuels, et des lettres sur I'astronomie. Quelques - unes de ces compositions, rccues avec faveur par le public, ont ob- tenu les honneurs de la reimpression. Voici maintenant des Lecoris nouvelles d'astionomie, annon- cees comme recueillies aux cours publics des professeurs de la capitale. On pourrait se demandersi, apresle grand nonibre de publications analogues, celle-ci ctait "encore utile. Nous de- vons lepondre qu'effectivement ces Lecons presenterit quel- ques apercus nouveaux ; et sous ce rapport, il faut les recom- mander aux amateurs : une courte analyse en fera juger. Les Lecons nouvelles sont en prose, il y en a treize. La premiere offre une histoire tres-abregee de I'astronomie. On trouve , dans la seconde, les mouvemensapparens des corps ce- lestes; dans la 3^ , les mouvemens reels, la forme et la gran- deur de la terre; dans les 4<=, 5*=, 6'=et 7*', le systeme solaire, ses planetes, leurs satellites et les cometes ; dans la 8% les etoiles fixes; dans la ge, lesmarees; dans les loe et 11^, quelques nouveaux details sur la lune ; enfin, dans la i2«, les eclipses, et dans la i3'', le calendrier. Ce sont des resuliats astronomiques, plutot que la maniere de les obtenir, par la raison fort juste que I'anteur n'ccrit point pour les savans. II n'est question ni de formules, ni de demonstrations; mais on donne simplement des indications sommaires, qui peuvent inspirer aux gens du monde Ten vie de penetrcrplus avant dans la science avec le secours d'aulres ou- vrages. Par exemple, on connaiirait bien mal I'histoire de I'as- tronomie , si on ne la lisait que dans la premiere de ces Lecons; on y decouvre des erreurs qui ne sauraient elre sans doute at- tribuees qu'a I'auditeur des cours auqnel on doit ces lecons. II avance , pages 3 et 6 , que Copernic ne crea point, qu'il ne fit que renouveler le sysleme qui porte son nom. Mais les con- 4/,/, LIVRES FRANCAIS. jectures des anclens n'etaient pas un systeme ; an contiaire, I'Aichiincde allemand fiit inventeur et, en merae tems legisla- teur; il apparut sur I'horizon scientlfique pour eclairer son siocle et pour commander une reforme necessaire. Ptolcriiee n'est ])oint regarde comma le premier des astronomes , ainsi qu'on I'avance page 5; il n'a point assez fait pourmeriler ce nom; il rassembla en corps d'ouvrage, sous le titre d'Jlina- geste, title donne par les Arabes, les doctrines, les opinions et les travaux de ses devanciers ; mais il ne decouvrit person- nellement prcsque rien. Hipparque serait plus digne de la pree- minence a cet egard, s'il s'agissait d'en accorder une; nous lui sommes redevables du i*'' catalogue d'etoiles, auquel Ptolemee n'ajouta (jue deux astres nouveaux. II n'est point vrai, non plus, que Copernic ait ele persecute par ses contemporains, puisque la crainte de I'etre le deiermina a ne publier son sys- teme ciu'ii la (in de sa carriere, et puisqu'il raourut en rece- vant le i*'' exemplaire de son livre. Enfin , le syslemc de Ty- cho-Brahe n'eut de soutiens que les pretres et le peuple; mais ses disci]iles, et notamment Kepler, le combaltirent franche- cliement. Alors qu'on vent resumer I'hisloire d'une science, il importe de ne laisser a ses lecteurs que des notions exactes. Par une raison d'equite, I'auteur n'aurait pas du egalement omeltre les travaux des astronomes et des geometres francais qui ont les premiers mesurcia grandeur du globe terrestre. Les tentatives de Picard meritaient d'etre citees avant celles de Norwood. Un lort plus grand de I'auteur des Lecons est de re- peler , page 76, que la lune a une atmosphere , ce (jue les astronomes les plus eclaires nient formellcraent ; sans doiile il n'etait pas responsable des opinions des professenrs qu'li a cntendus, mais nous doutons que celle-la ait cte soutenue an cours de M. Arago. La lecon des marees est incomplete ; car elle ne parle pas des marees moyennes et a longues periodes , et on y effleure a peine le sujet si curieux des marees aeriennes. Enfin, I'expiication de I'aberration de la lumiere n'a point paru assez claire, et la description relative a une eclipse totale de soleil est par trop vague et trop insignifiante. Mais, en terminant, nous ne donnerons que des eloges a la lecon sur Ic systeme solaire , aux tables sur les planetes, aux details sur les nebuieuses, et au chapitre sur la lune d'au- tomne. Albeut-Montemont. i85. — * Le Mecamcicn anglais, ou Description raisonnee de toutes les machines raecaniques, decouvertes nouvelies, in- ventions et perfectionnemens appliques jusqu'a ce jour aux manufactures etaux artsindustriels ; mis en ordre pour servir de manual pratique aux mecaniciens , artisans, entrepreneurs , SCIENCES PHYSIQLES. 445 etc.; par Nicholson, ingenieur civil. Traduit de I'anglais sur la derniere edition ; revu et corrige par M. * * * ^ ingenieur, avec cent, planclies gravees par Lallemand. Paris, 1827 ; Fan- tin ; Bocca. 4 vol. in-8° ; prix , 40 fr. , et 46 fr. par la poste. li'industrie a fait d'imnienses progres depuis undemi-siecle, et les nations qui s'occupent le plus des perfeclionnemens dont elle a ete et dont elle est tons les jours susceptible , ont senti qu'il elait impossible, sans se nuire reciproquement , de sou- lenir plus long - tenis cet esprit de jalousie qui leur faisait tenir cachees les ameliorations que les uns et les autres de- couvraient assezsonvent dans les precedes, dans les machines, dans les manipulations que le genie des artistes eraploie pour perfectionner leurs produits. La France a ouvert ce concours })hilantropique; et deja, en 1818, le savant ingenieur M. Borgms concut et executa , en trois ans , son Iraite complet de mecanique appliquee aux arts , en 8 gros vol. in-4°, accompagnes d'une quantite prodigieuse de figures. (Voy. Ref. enc. , t. x, p. 299, et t. xr, p. 42) II serait a desirer que cet auleur ajoutat a cet ouvrage impor- tant, un su^iplernent dans lequel il consignerait toutes lesd^- couvertes faites depnis cette epoque. Les Anglais , nos voisins et nos emules, ont senti I'avantage d'une publication serablable. L'ingenieur Nicholson, I'un des savans anglais , le plus propre peut-etre a decrire avec neltete et simplicite les arts industriels , a rempli cette tache. Cet ou- vrage n'aurait besoin que de quelques details thcoriques et historiques gur chaque objet dont il traite , pour former un cours conaplet de technologic, s'il cut traite de toutes les branches de cette science; mais il s'est borne a la mecanique, comme I'indlque son titre. Nous ne pouvons donner unc analyse plus instructive de I'ouvrage dont nous nous occupons , qu'en en transcrivant une partie des tables. Tome I. — De Taction des forces. — Du frotteinent. — Puis- sances mecaniques. — Le levier. — La roue et I'axe. — Poulie. — Plan incline. — Cordes. — Vis. ■ — Centre de gravite. — Com- binaison des puissances mecaniques. — Construction des mou- lins, — Dents des roues. — Des assemblages. — Des differens engrenages. — De la maniere de regulariser le mouvement des machines. — Observations generales. — De la force ani- male. — Table comj)arative des forces mecaniques. Des moulins a eau. — Roues mues en dessous. — Pioues du puits de Lambert. — Roues mues en dessus. — Roues mues en dessus sans arbres , dites de Burns... — Moulin 446 LITRES FRANC^AIS. du doclenr Bacher. — Moulin a mar^e... — Sur retablissement des canaux et des digues. — Canal avec flolterin pour regler la sortie de I'eau. — Canal employe par M. Smeaton , pour conduire I'eau sur les roues. — Rogulateur d'ecluse. — Regies pour la construction des roues de moulins a eau niues en des- sous , donnces par M. Fergusson. — Idem, par le docteur £reivster. — Liste d'ouvrages sur le mccanisme des moulins. Moulins a vent. . . — Methode pour placer et retirer les Toilcs pendant que les ailes sont en mouvement. — Voiles pour les moulins a vent verticaux. — Methode de Cubitt, pour rendreuniforme le mouvemer-t des voiles des moulins a vent... — Des moulins a ailes horizonlales. — Moulins a farine. — Des meules de moulin. — Tables de Fenwick. — Moulin a blutoir a bras , dit de menage. — Moulin a bras. — Moulin a pied. — Moulin a petrir. Des machines a vapeiir. — Appareils inventes par Savery ; — par TSewcomen; par fVatt', par Hornblower \ par fVoolf... — Machine a haute pression. — Observation sur le travail des machines a vapeur de Cornouailles. — Vide de Brown, ou machine pneumatique. Tome II. — De la resistance desmateriaux. Machines hydrnu- liques. — Ponipes. — Pompes a incendie — Du eric. — Des grues. — Des presses. — Presse a cidre. — A. papier. — A empiler. — A eau. — A im])rimer. — Pour les billets de banque. — Son- nettes ou machines a enforcer les pilots. — Machine a allescr. — Machine a couper les fih de metaux. — Machine a diviser de Ram.sden. — • Tours et appareils a tourner. — Des usines a fer. — Fabrique d'acier. — Des fileries et trefileries. — Fon- derie de plomb. — Fabrique de papier. — Manufacture de coton. — Filature de laine. — Longues laines. — Courtes laines. Tome III. — Manufacture de soie. — Manufacture de fil de lin. — Tissage. — Corderies. — Moulins a scies. — Moulin a tan. — Moulin a huile. — Moulin a couleur et a indigo. — Polerie. — Horlogerie. — Horloges. — Montres. — Chrono- metrcs. — Echappenient. — Pendules. — Balimens. — Des mortiers. — Briques. — De la maconnerie. — Emploi des briqiies dans la construction. — Charjjenterie. — • Metmiserie. Tome IV. — Badigeonnage. — Toilure el ardoises. — Plom- berie. — Des vitriers, — Peintures en batiniens. — Des che- mins de fer et des machines locomotrices. — Appendix. Geometrie. — Mesurcs de supcrficic. — Methode pour trouver I'aire et le volume des solidcs. — Recetles utiles. Ce dernier article, qui comprend 160 pages, contient une quantttc con- SCIENCES PHYSIQUES. /,47 siderable de recettes, dont la plupart n'etaient pas connues en France. Les cent planches renferment six cent cinquante - deux fi- gures tres-intelllgibles. Si le traducteur de cet ouvrage avnit ete plus verse qu'il ne le parait dans la mecanique , il ne se serait pas astreint , conime il I'a fait, a traduire lilteralement I'original. Chaque langue a son cractere particulier. Telle tournure de phrase bonne et intelligible dans la langue anglaise, est impropre ct obscure dans notre langue. Lorsqu'on traduit un ouvrage d'arl d'une langue dans une autre, on dolt d'abord se penetrer de son sujet , I'ctudier pour le bien comprendre, et ensuite le decrire, sans presque se servir du langage de I'auteur. II faut surtout etre bien fainilier avec les mots techniques , pour ne pas s'ex- poser a prendre le change ; car alors on devient ininlelligible pour des lecteurs qui ne sont pas bien verses dans la meca- nique. A qi'.elques imperfections pres , qu'on pent reprocher a I'auteur de cette traduction, ce traite renferme une grande quantite de choses pcu connues en France , et sous ce rap- port il pent elre tres-ulile aux mccaniciens eta ceiix qui s'oc- cupent des arts industriels. L. Seb. Lenormand , prof, de technologie. 186. — * Les Amusemens de la campagne, contenant 1° la descri])tion de tons les jeux (jui peuvcntajouter a I'agrement des jardins, servir dans les fetes de famille et de village , et re- pandre la joie dans les fetes publiqucs ; 1° I'histoire naturelle, les soins qu'exige la voliere, I'art d'empaiiler les animaux , le jardinage, la peche, les diverses chasses , la navigation d'a- grement ; des recreations de physique, des notions de geome- tric pratique , d'astronomie, degnomonique; des principes de gymnastique amusante , d'equitation,de natation , de patinage; des lecons sur les arts de la menuiserie , du tour , du dessin , de la perspective ; des recetles agreables a connaitre, etc., etc.; et generalement tout ce qui peut contribuer a charmer les loi- sirs de ceiix qui habitent la campagne : recueillis par pUisieurs amaieurs, et publics par M.-A.-PauUn Desormeaux. Paris , 1826; A.udot, rue des Macons-Sorbonne , n*^ 11. 4 vol. in-12 de plus de Boo pages chacun ^ avec 40 planches gravees; prix, 12 fr. 187. — La Peche a la ligne , cxtraite des Amusemens de la campagne. Paris, 1826; le meme. In-12 de 216 pages, avec figures gravees ; prix , 3 fr. Nousfaisons des a present a nos lecteurs une invitation f[He I'auteur leur a faite quelque part dans I'ouvrage, c'est de vou- 448 LIVRES FRANQAIS. loirluifaire I'cmarquer les omissions qu'il a pu coramettrein- volontairement. II accueillera tons les avisavec reconnaissance, en rendant a chacun I'lionneur qui lui appartiendra , lorsqnc la defense de faire connaitrc le nom ne suivra pas I'obligeante communication quilni aura ete faite. Si la correspondance que I'auteuf sollicite est aussiabondante et aussi produclivequ'elle pourrait I'etrc, ce nc sera pas des supplemens k cet ouvrage , qui lui seront fournis, niais des materiaux pour une bibliotlic- que. Que ne comprend point ce titrc : les Amusemens de la campagn^ ? Le sejour des cbamps a le secret, pour ceux qui savenl en goiiter les charmes, de converlir en occupations agreables, en delassemens, ce qui dans les villes porte a bon droit le nom de travaux. Et sans cliercher ailleurs que dans les \ieux. livres , que de richesses a exploiter, dont les lieureux campagnards d'aujourd'hui ont perdu la trace ! Dufouilloux fournirait une cliasse au blaireau, dont Tusage est tout- a -fait perdu, meme dans nos provinces de I'ouest; et pourtant , c'e- tait un passe-tems fort agreable que ces grandes reunions de chasseurs, ce concours de charrettes , Acjillettes, ces enormes provisions de bons harnais de gueule, comme jambons, pou- lardes, etc. ; ces faisceaux de pelles, de pics et de ploches , le tout pour prendre par iriines et contremines un blaireau dont la peau fournirait des baudriers oux aj-balestriers de Gascogne. MraeOysille enseignerait aussi, par I'organe de !a reine de Na- varre, d'autres manieres agreables de passer Ic tems , dans les cas les plus desesperes. On remonterait jusqu'a Horace, qui goulait si bien les delices de la campagne ; et pour peu que Ion voulut compulser les auteurs grecs, Xenophon apporte- rait aussi son Iribut. II ne faut done pas s'attendre que ces quatre petits volumes, publics par M. Desormeaux , contien- dront tout ce que le titre comporte : les redacteurs ont du se borner a ce qui leur a paru convenir le mieux aux gouts ac- tuels, et au plus grand nombre de ceux pour lesquels cet ou- vrage est compose. En effet , dans le premier volume, la basse- cour n'obtient que 38 pages , et le jardinage rccreatif, 70 p. Le premier jiaragraphe aurait pu offrir a la curiosilc qui est sans contredit un amusement, une multitude d'objetsnouveaux et dignes de nous occuper plus serieusernent que le titre de cet ouvrage ne semble I'annoncer. Plusieurs espcces d'oiseaux manquent encore a I'ornement de nos basses-cours : la belle espece de sarcelles que les dames cliinoiscs se plaiseiit a elever n'est peut-etre pas encore en Europe; Yagonti ct Vagfimi de Cayenne n'y sont point encore naturalises ( Voy. le Diction- naire classique d'Histoire naturelle , par MM. Bory de Saint- SCIENCES PHYSIQUES. /,/,(, Vincent, elc. etc. T. P'' , p. i'')5 ). Si r.ous passons a i'autrc pa- ragraphe, la grande variete , la licbe nomenclature des objets qu'il prc^senle pent d(5guiser quelque terns nne discltc Hop reelle : on peut se croire dans Tabondance, quand on possede plus que le necessaire, et que Ton n'a pas eu sous les yeux les tresors de la veiilable ricliesse. Mais , qnand on pent jonir de plusieurs miliiers de planies d'agreinent , est-il pos- sible de se borner a cinquanle on soixante, a un cent ? Mais pressons-noiis, car rous avons a paiier de quatre volumes ; apies If.jarclin rechcatif, un conte holanique amene beaucoup de details siir celte aimablc science. Le langage desjleurs est I'objet d'un cliapitre parliculicr. Ce sujet , qui appartient a la ■vill<^ coinme a la campagne, est place convenablcmenl dans un ouvrage lei que celui-ci. Ce n'est pas chez. les Orientaux qu'il faut aller clierclier des modeles et de veiitables ressources pour la poesie, quoiqne leur imagination vagabonde nous plaise souvent par la singularite deses inouvemeiis et Toclat des cou-' leurs dont elie se pare. Au resle, le laugagc desjleurs a tout au moins le mcrite des rebus, charades, logogryphes et au- tres jeux Ires - innocens , et nous ne devons pas oublier qu'il est question ^'ainusemens. Uequitation , sur loquelle on tron\e ici nne notice fort courle, et ])ourtant satisfaisanle, ne donne lieu a aucune oIj- servation. Mais la chasse aux pieges ! II n'est pas une de iios provinces qui n'ait a faire conaaitre de nouveaux stratagemes de guerre contre les nialheureux habitans desbois , deshaies, des champs, de I'air, de la terre et des eaux. Ici, I'editeuraura certainemeut d'amples additions a faire a la seconde edition de son livre. II en sera peut-^tre de menie de la chasse au fusil, qui commence le second volume. Quant a ]z p^che a la Ugne et autres peches qui n'ejtigent pas un grand ap])areil, la nia- ticre est Iraitce ex professo ; c'est a bou droit qu'elle a recu le privilege de former un ouvrage 3 part. La voliere est un amusement contre lequel il faudrait faire entendre les reclamations du bon gout. Un pays orne de bosquets, de vergers, de beaux jardins d'ornement et de fo- rets , n'est-il pas une immense voliere.^ Apres avoir In la des- cription de la voliere do Jidie d'Efange , peut-on se plaire a lenir en cajitivitc cespetits chantres cpii ne valent jamais, dans les prisons de I'homme, ce qTi'ils deviennent par laseule direc- tion de la nature? Quant aux aheilles et aux vers-a-soie , qu'on s"en amuse, rien de plus convenable. Les plaisirs simples que jirocurent ccs occupations champetics ne sont pas perdus pour rinstrnction ; ils cxerrent utilemeni I'esprit d'observation , <;t T. XXXI. — Aoiit i8a6. ay /j5o LIVRF:S FRANflAIS. ilseiitrciiennent riiahitucie de rordre , lorsqu'on s'y adonne avec uii jieu tie zele. Le troisieme volume a pour objet d'ebauclier a l.i campagne des naturalisles; soil : des georaetres, des aslronomes , des ])1iysiciens; ceci est plus difficile et moins amiisant. Si I'edi- leur manijuc de jilace pour de nouveaiix jeux clianipctres, il pourra congedier sans regret les notions de gcoinctrie , d'a*- tronomie , de gnomonique et meme Ae perspective , etc. , inais il laissera , dans ce troisieme volume , la conrie nolice (|ue Ton y trouve sur la natation, les details sur I'art du tour et sur quel- ques autres arts auxquels une habitation chanip^tre senible inviler ceux qui ne manquent ni de saute, ni de loisir. Dans le qiiatrieme volume, I'auteur commence en savant et finit de meme : mais , entre ces deux extrernites devolues a la science , les jeux trouvent a se placer, et ils arriventen foule. Toutefois, qu'on n'imagine point que des reflexions profondes lie viennent de tems en tems se meler aux descriptions d'amu- semens; le preceple de BoiJeau est observe , ce qui est d'un lieureux augure pour le succes de I'ouvrage. Nous avons parle de science au commencement et a la fin de ce volume. Que les amis des plaisirs champelres ne s'en ef- fraient point ; le mot est beaucoiip plus grave que la chose. Ils reconnaitront bien.t6t que cette pretendue science n'est qu'un jeu. En somme , cet ouvrage alteindra son but et il y a lout lieu de croire que sa destinee sera de grossir avec le tems. Le gout de la campagne nous viendra de plus en plus ; celui des amusemens ne passera point: tot ou tard, ce livre deviendra d'une utilite generale,et cette epoquedenotre existence comme nation, si elle n'est pas la plus brillante, ne sera certainement pas la moins heureuse. F. 1 88. — * Relation du voyage du capitaine Guedon a la baie de Baffin sur le batiment baleinier le Groenlandais , pendant I'annee i8a5; par M. Nell de Breaute. (Extrait des ^w/z^/cj maritiines. ) Paris, 1826 ; imprimerie royale. In-8°de 22 pages, avec une carte. Ce voyage revele aux pecheurs francais de nouvelles ri- chesses dans les mers polaires, et leur fait voir que, pour les aller exploiter , il ne faut ni des vaisseaux tres-fins voiliers, ni des marins etrangers. Parti du port de Dieppe , le 6 mars 1825, il se trouva, vers la fin d'avril, sur les cotes du Groenland. Deux Eskimaux les visiterent a bord; « M. Guedon eut de I'un d'eux, pour une bouteille d'eau-de-vie, un raodele de leur canot equlpe et arme. Les proportions y sont aussi exacte— ment observees que dans les raodeles de vaisseaux executes par SCIENCES PHYSIQUES. /,5v nos ingenieurs. I-e plus jeunc dc ces Eskimaux efait presque un hoinine civilise ; il avail demeure dans I'etjiblissement danois de I'lle de Disco, et savait lire et eorire. Le capitaine lui presenla son journal et une plume; il ccrivit aussitot son age, son nom, celui de sa fenime, et la date de sa visite. Nous avons vu cette ecriture: elle est giande, blen formee, et personne ne la croi- rait d'un habitant du Greenland. » Le baliment etait, dans les premiers jours du mois demai, en vue de I'ile de Disco. Un certain nombre d'Eskiraaux etaient venus a bord avec leurs femmes, pour faire des eolianges. A la fin du jour , I'equipagc dansa avec les femmes, aux accords d'un raauvais violon dont jouait assez adroitement un des naturels. C'etait , sans aucun doute , le premier bal donne dans ces pa- rages , sur le pont d'un vaisseau francais, aux sons de la mu - sique d'un menetrier eskimaux. Ue capitaine Guedon alia, avec lechef de peche anglais, faire une visile aii resident du comptoir danois de I'ile de Disco : ils lui porterenl un present de pommes de terre et de prunes; on les recul tres-bien. La niaison est batie en bois, et habitee par Irois hommes et deux femmes. Le clief du comptoir, qu'on appelle aussi Monsieur le gouver- neur , revint a bord du GroenUtnclais Si^ec les officiers , a chaciin desquels il fit donner un Iraineau allele de huit chiens, j)our gagner la poinle ou Ton avail laisse la chaloupo ; le sien en avait douze. Cette course d'un genre nouveau pour nos voyageurs les amiisa singulierement. Le gouverneur resta une partie de la nnit a bord, il parla un peu francais, causa de Paris, de nos modes, et finit jjar chanter /e/«we.f, voulez-vous eprouver , croyant faire une chose agreable pour ses holes. Effectivement, retat-major cprouva un grand plaisir a entendre nne chanson francaise aumilieu de I'affreuse solitude de ces inimenses champs de glace. La peche ne devint fructucuse qu'au nord de I'ile de Disco , enlre le cap Searlc, par 67'' 40' et le detroit de Lancastrc, par 74". Neuf baleines furent prises en fori peu de lems. M. de Breaule indique, d'apres les observations du capitain-e Parry et celles de M. Guedon . ce qui peul assurer le sucecs des balei- niers francais dans ces parages. II s'altaclie a combattre ce pre- juge decourageant pour noire marine , que les seals Anglais saventnavigueretpecher. II rappelle , a ce sujet, la conversation d'un capitaine francais, M. de Roquefeuil, avec un capitaine anglais, M. Nye, a la cote du nord-ouest de I'Amcrique. " Le capitaine Nye ne pouvait pas croire qu'uu navire francais, sans pratique, put se irouver dans le canal de Lynn, la partie la plus dangereuse de cette cote... Vous efes venu sans doute 452 LIVRES FRANCA^IS. aniorieurenicnt dans ces parnges sur nos batimcns? — Non , capitainc. — Mais vous avez quelque officier qui les connait. — AiiCun. — Comment faites-vous done? — Et vous-m^me? — Moi! j'ai fait tiois voyages a la cole, avant de commander comme officiei'. — Un de •vcs conipatriotes a ( onimence le pre- mier cette navigation sans guide; je fais comme lui. » F. 189. — Voyage a IMcroe , au flcuvc Blanc ^ an dclh de Fdzogl, dans le midl du rojauine de Senna r, a Sioitah et dans rinq autres oasis, fait pendant les annecs 18 19, 1820, 1821 et 1822, p.ir M. Frederic Cailliauh, de Nantes; accoin- pagiie de caries gcographiques, (ie planches represcntanl les monumens de res contrees , avec les details relalit's a i'etat nioderne et a i'liistoire nalnrelle , dedie au Roi. Paris , J82G. De I'imprlmerie royale; Debure freres; Tilliard. 2 vol. in-8°, avec un atlas et la description des planches; jirix , 20 fr. Ce voyage, dans lequel M. Catlliaud fut pourvu de bons instrumens, et accompagne par M. Letorzes, habilue a ob- server, et a caiculer les observations, nous a fait connaitre dans I'inlerieur de I'Afrique un ])ays tout nonveaii, sur une lon- gueur deplus de 200 lienes, et jusqu'au 10" degre de latitude nord. U est maintenant hors de doute (pie le Nil , doiit Bruce crnt avoir decouvert les sources en Abyssinie, et que les Por- iiigais avaient reconnu et dccrit dans le xvi' siecle, n'est qii'un affluent du Nil veritable dont la source doit etre beau- coup plus rapproohee de I'equateur. On doit aussi a M. Cailliaud la d6couverte de la ville de Meroe, dont il a retrouve les ruines dans le Delia forme par le Bahr-el- Abriel , et le Bahr-el-Azraq (le tleuve Blanc et le fleuve Bleu), precisement au lien ou D'Anville les avail pla- cees, d'apres les temoignages des autcurs anciens. Des allees de sphinx et de lions, des pylones et des temples dans le style egyptien, des forels de pyi amides, une vaste en- ceinte en briqnes crues, y deposcnt en faveur de I'exislence d'une grande capitale, el petivent servir fi eclaircir cetle grande quesiiou encore indccise : « La civilisation est-elle arrivee d'Elhiopie en Egyplo en descendant le Nil, on bien a-t-elle rcmonte d'Egypte en Nubie, en suivant le cours du fleuve ? Un grand nombre de positions delerininces par des obser- vations astronomiques ou par le chronoraelre, quelques hau- teurs baroinetriqiies (car les instrumens se sont casscs dans ie vovnge au\ oasis), quelques animaux et vcgelaux curieux , mais en Irop pent nombre, des niineraux et des descriptions exacies de la composition geologiquc du sol sont les fruits de SCIENCES PHYSIQUES. — SCIENCES MORALES. 455 ce voyage, dont la relation estd'un style simple, sans emphase, et porte le caractere de la veracite. Ce voyage a etc entiepris pendant I'expedilion que les deux flls du pacha d'Egypte, Isiaael el Ibrahim, dirigerent conlie la Nubie. C'cst ure singularlte quiappartient au siecle ou nous vivons, qu'une expedition armee, entreprise et dirigee par des Turcs barbares, dans le seul but de' faire la chasse aux ncgres , et de se procurer par la guerre des milliers d'esclaves, destines a former une armee reguliere et a cimenter le despotisme du paclia Mohammed, ait produit des resultats si importanspour la geographic et pour les sciences en general. Un Francais courageux et eclaire a surmontc tous les obs- tacles pour s'y joindre. L'espoir de trouver dans la Nubie des mines d'or a rendu necessaires les talens du mineralogiste que I'on eut ineprisc, sans cela , comme un Cojfre cl un infuiele. Plus d'une fois on eut recours a ses connaissances pour deter- miner la position de I'armee, tracer la carte dn pays, et choisir rempiacement d'un camp. Ces motifs expliquent la protection constante dont notre voyageur a joui aupres des chefs dc I'arniee lurque. En resume, ce voyage contient beaucoup de faits nouveaux et d'observalions interessanles sur les mceurs, les usages, les habitudes des peuplades arabes ou ncgres de ces pays pen connus. II sera recherche de tous les hommes qui aiment a s'instruire et qui veulent trouver dans la leclure d'un livre autre chose qu'un delassement frivole. Bureau de la Malle , memhre de Vlnstitut. Sciences religieiises , morales , poUtiques et historiques. igo. — * Troisieinc lettre a M. le baron d'EcK.STEiN sur les dangers de son cathoUcisme indo-chretien , sur le culte et les mysteres naturels , adoptes , sanctifies par la religion veritable et sur (|uelques moyens de rapprocher la philosophic de la religion et les culles chretiens du catholicisme romain ; par M. N. M. Paris, 1826., les marchands de nouveautes. In-8" de 120 pages. [Voy. les articles sur les deux lettres qui ont precede celles-cl, Rev. Enc. T. xxx, p. 494-) Prix, i fr. 5o c. Cette troisierne lettre est remartjuable , par la science, )a dialccti(]ue el le talent de I'auteur; mais, plus etendue que les deux premieres, eile eslaussi plus riche en developpemens, en trails vifs, en citations piquantes , en applications ^ plus ou moins exactes , mais toujours d'un grand iutcret. Nous regret- 454 LIVRES FRANCAIS. tons de ne pouvoir nous expliquer ici que tres-brievenient sur lea Irois objets qui sent annonces dansle titre. — Dessa premiere page , Tauteurse declare catholique; il s'appuie eii raeme teins d'une metaphysique -vague, peu necessaire, meme nebuleuse, et generalement ctrangere aux docteurs du catliolicisme. 11 insiste sur radmission d'un christianisrne naturel, produit de nos seules facultes naturelles; il vent qu'on rapporte a des reve- lations les sciences et les arts, conime cet illnstre ecrivain de nos jours , qui , declarant acquiescer ii la revelation de Moise eta celle de J.-C.,appelleen naeme tems revele tout ce qui est bon et beau , tout ce qui est juste et \irai ; il fait consistcr son chrislianisme surnaturel en un choir cle sentimens marque d'un sceau celeste, ce qui est bien indefini. Enfin , il prend pour egide celte assertion de M. de Chateaubriand, assertion pour le moins tres -equivoque, theologiquement fautive, et plus conlrariec que favorisee par I'Histoire : « plus on approf'ondit le chrislianisme , plus on reraarque qu'il n'est que le develop- pement et le resultat necessaire de la vieillesse de la societe. « Notre auteur jiroteste de \a purcte cle ses intentions. J'y croi* viveraent, conipletement; je lui ai voue,je lui conserve toule I'estinie, toutel'amitie dont je suis capable; et, lorsque, dans cette annonce, j'ose ddsirer de sa part une doctrine, ou des paroles quiparaissent niieux en accord avec la verite, je crois etre impartial , exact , et me conformer du moins a cette sincc- rite, a cette franchise, que, d'apres son noble caractere, il a bien voulu me demander, me prescrire lui-meme. Avec son christianisme naturel , on pourrait s'etonner qu'il combatte le prelendu catliolicisme, tanlot traditionnel , et tanlot d'inspiration speciale , en un mot , le calholicisme indo- chretien de M. le baron d'Eckstein. M. N. M. le rejette comme darfgereux ou Vrai christianisme , et comme allegue ])our asservir les peuples aux rois, et les rois avec les peuples au Pontife de Rome. Mais, puisqu'il le rejette, pourquoi mettre tant de soin , tanl d'appareil a le corroborer dans celte troi- sieroe lettre ; et pourquoi appelle-t-il a son aide, en cette singu- liere entreprise, on ne sait quel fantome de christianisme egyptien , chinois , japonais , etc.? pourquoi le fait-il sans opposer a ces testes ('^u'il semblerait accumuler pour aider son adversaire), les critiques dont ils sont fort susceptiblcs, ou en eux-memes, oudans leur application ? It se borne a dire qu'on peut les expUquer de cinq manieres , dont trois se concilieraient avec le pretendu christianisme naturel et anierieur a I'ere chrctienne. — On trouve , il est vrai, dans toute Tanliquitt payenne, on apercoit encore aujourd'hui choz les idolatres .. SCIENCES MORALES. 455 ties croyances, des usages que les docteurs chretlens consi- derent conime des resles plus oil moins defigures de la science religieuse et de la vie palrinrchale. II est vrai qu'on y trouve eriges en revelations , en religions , des pratiques impures , des iniquites , des cruautes incroyables , et pourlant bien prouvees. Mais, dans tons ces exemples si tristes, dans ces aberrations , en partie si horribles , il n'est rien que le scul vrai chrislianisme, le christianisme surnaturel ne condamne , et ne ])roliibe severement, rien qui ne serve a relever son excellence , rien qui puisse le convaincre de mensonge ni de souillures inlrinseques. — En coinbattant le servilisme systeinalique de M. d'Eckstein , I'autcur a rencontre dans son chemin M. Lau- rentie, conseiller de I'Universite, et auteur d'une Introduction a la Philosophie, livre qui semble ecrit en faveur de tousles despotismes. M. N. M. en fait une censure vigoureuse et bien fondee. La seconde partie de sa troisleme lettre concerne des etemens des mysteres , des symboles naturels adoptes , nous dit-on, sanctifies par la religion veritable on chrclienne. Ces eiemens, ces mysteres , ces symboles, sont indiques , divises , subdivises et commentes dans trois tableaux synoptiques. Vient ensuite la reduction de touies les heresies et du catholicisme , a deux chrislianisnr.es, I'un symboliquc y et le second reuliste I'un qui prend rembleme a la leltre, I'antre qui le prend au sens figure ; les deux sont pretendus egalement naturels jiar des protestans modernes; et c'est du catholicisme reuni a toiites les heresies passees, presentes et futures que noire auteur ecrit. Voilh un assez beau catholicisme. Chacun est libre, sans doute de penser et d'ecrire ainsi; libre naturellenient , et conslilu- tionnellement, et suivant toute legislation qui admet la tole- rance evangelique; maisil n'est pas de doctrine moins catho- lique. jNous croyons voir, dans cctte partie de I'ouvrage , comme dans la premiere , des faits nia! ajjprecies, un lan^age par fois obscur et pea coherent, une hypothese dont I'imagina- tion fait les frais et dont le style fait le merite. II faudrait plusieurs volumes, pour bien refuter ces idees. Mais nous dirons : montrez-nous en un loin de la terre avant J.-C et hors la bible , un seul sysleme de religion et de morale naturelle qui soil raisonnable. Si Ton ne peut pas rindi(|uer, les catholiques sont dis])enscs apparemment d'apprccier en detail les trois tableaux, et de debrouiller ce uouveau labyrinlhe de meta- pliysique et de citations, oil le christianisme surnaturel, soit reforme , soit calholique , se trouve envcloppe dans cclte troi- sieme lettre. — II est vrai qu'on peut y lire, p. 73 : « Osons etre. bommcs tl chreliens; osons etre des liommcs, pour etre miens .',56 LIVRES FRANCAIS. cliii'tiens. Assuiant uiie source natnrellc aux clenicns iJe iiotre culte, infiiino-je ainsi les nioypns ile crt-ilibilile que doniiem, a la n-i-elaliori , awx iniraclc.f , aux prophetir.s , d'irrefragables moriuiiicns hisloriques P » S'aulorisani ensuile de I'exemple de Leibiiilz ineme, notre auteur ])l,ice dans regliso romaine le centre des croyances nccessaires au boiiheur, et il en prend occasion de donner a la cour de Rome dos avis malheureu- sement juslifies par les faits historiques , et par ce ([ui arrive sons nos yeux. II averlit , qu'altacher roninijioteiice teinpo- rolle , et njcme roiniiipolence spiriluelle an chef visible de I'eglise, taxer les peches , autoriser des procedures crirninelles Ct des supplices pour des opinions, approuver les massacres, nutremenl les riffueurs .uiltiiaires , comme disent les ultrainon- tains de France, c'est une impiete monstrueuse.W insiste pOur (jue le Pontife condamne enfiii ces horribles crimes publics ; il deniande de revenir a ranti(|ulte par nne modilicalion de la discipline moderne et arbilraire. II vent meme qu'on renonce aux legendes ridicules ou odleuses;il anrnit pu ajouter, aux levees d'argent, pour dis[)enses , ];our bulles et indults aux excoiuiuunications anti-canoniques ou injustes ou perlurba- Irices, et aux dangereux privileges des exemptions de I'ordi- naire,eti. Lanjuinais, memhre de I'lnstitut. 1 <) I . — * Apliorisir.ata oppoaita apliorismalibtis , etc. — Apiiorisiiies op[)Oses aux aphorismes conire les quatre articles de la declaration de 1682. Monlpellier, 1826; Paris, Moutar- dier. In-8". M. I'abbede La Mennais, vonlant propager dans les&eminai- resles faussesetpernicieusesdoct)inesultraniontaines,les a re- digees en roauvais latin , en theses des nouvelles hautds etudes, sousletitred y^/>• Auxd.scours prononces dans la chambie des deputes conlre cette ordonnance par M. Casmiir Perier, M. le Ministre des finances a repondu « que c'etaitnne condition du traite, qu'il " y av^ait pas charge nonvelle , mais un veritable degrevemenf qu enhn il n'y avait pas accroissement d'imjiot; et que c'estlk meme chose de mettre des impSts sur les exportations ou sur le, importations. » Quoique Tautenr de cette broclmrc metle en avant des prin- cipes qu. seraient contestes par plusieurs de nos plus savans 7ZT""\r '^f '""\r".''' -'' 'l^q-'^"- vnes bonnes et utiles qn elle renf.rn.e. II signale un abus grave qui consiste a tenir secrets, sous noire regime representatif , !« traites de commerce qui etaient soigueusement publics, dansl'ancien re- gime, par letlres patentes, verifieos dans les parlemens. T. xxxi, — Jout 1826. s 3o 466 I.IVIir.S 1'RA.NCAIS. Unns lino note j)lacpe a la fin de I'onvragc, M. ("ananl fait nne riiliqin- ilcs notions sur la balance du commerce enscignccs par M. Say. P. E. Lanjuinais, ic)(). — * Dixcour.i prononcc a la dtutxieine seance du conseil de perfcctionnctncnl de I'ecole sprcialc dc commerce et d'in- diistric , sous la prcsiileiice lic M. J. Lafitte , en I'absence de M. Chaptaly jiair de Trance; inenibre do I'liistilut, le i5 juillet 1826. Paris, i8a6; Renard. Iti-8°de8o pages; prix, i fr. 5o 0. Les ecoles de commerce sont dcs inslilntions indisj)eii- sables dans iin ])ays ou les liommes livres a I'industrie for- ujciit an moins iin tiers de la poi)idatiori. Line nation ainsi compnsce doilsonlir vivement les besoins d'lioinnies inslruils qui, sachant allier la tlieorie a la pratique, piiissent introduire de nouveanx peifeclionncmens dans la science du commerce et dans la carrlcre de I'industrie. Los connaissances cxii;ees d'un ru'gociatit eclaire s'etendeiit , a uie.sure (]ue les produils de I'activite liuniaiiic se niultiplienl cl (jue de nouvcllcs cou- trces oflVeut leur contingent aux transactions conimercialrs. Cepeiidant, la plupart de nos grandes villcs atleiident encore des etablisscrnens de ce genre. L'clite du liaut commerce de la capilale se fait un devoir d'assister aux seances publiques »!e Tocole speciale de Paris, et de concourir jiar sa pr(''sence i I'eclat de ses solenniles. Nous n'erilierons ici dans aucun de- tail sur les discours fori reinarcpiables prononces a la seance de cette annee par MM. Lafitte , Ch. Dupin, Blanqui , etc. Nos lecteiirs les contiaisscnl deja par le comple leiulu de cette seance ( voy. ci-dessus , p. 266 ). Ad. Gonuinet. 200. — * De I'oiistocrtitie consich'ree dans ses rapports aiwc les prof^res de la civdisation; par M. H. Passv. Pans, i82(). In-S" de 17 feuilles. Adolphe Bossange; prix, 5 fr. L'anteur consldere surlout les institutions arisfocraliqnes en elles-niemes, et dans leuis effels relalifs aux divers de^res de civilisation. Sans citer,a I'egard tlu mode de preeminence legislative, les lois expresses des difft'rens etals, ce qu'excluait iaconcision dont il a sei:ti le prix, il s'esl attaclie a poser les priiicipps d'apres lesquels on pent ajiprecicr ces lois, et en jire- voir les effels. Neanmoins, pour rendre plus sensible cette theoiie, si ce mot convient a un ensemble de conserpiences nalurelles ei difficiles a conle^ter, jioui la confirnier jiar des exemplcs, M. Passy en clioislt pros de nous, en France, en An"!elerre , et dans d'autres etals de I'Europe. S'il s'occn|)e peu des anciens on des peuples eloignes, on voit pourtant ou'il ne les avail pas oubli'.^ dans ses reclierches, mais qu'il s'est moins jMOjiose dc faire un traile savant, quedereunir et de coor- SCIENCES MORAJ.ES. .',67 (lonner des observations d'aiie utilili; plus direcle. D'ailleuis, coniine il leremarqiie tros-jiistrmpnr,la manierf democraliqu*^ en fiiielque sorte, ou plus oligareliique, ciont tou!e la classe piivilec;it.'e disfiibue enlre ses inembres les hicns un regime sous Icquel, au- cune portion de la rommunaule n'etant avantagee ( d'une ma- niere lixe ) au prejudice du grand nombre, les distinctions de rang et d'opulence deviennent Ie parlage des plus habiies, des plus prudens, des plus heureux. » En dormant les moyens d'echapper a la servitude primitive, I'exercice de I'industrie en lout genre excite la juste ])retention de disputer, dans Ie con- cours general, lesbiens et les Iionneurs. La richesse excessive du ])etit nombre, a dit un publiciste anglais, n'etjiiivaut jias quant a la regularite de la consomma- lion, a la lichcsse plus modi(pie du grand nombre. Ce n'est pas ie seul inconvenient d'une extreme inegalite; M. Passy Ie moiitre par I'elat menic de I'Anglelerre ([ui, malgre les ressources d'un commerce dont la prosperite cs! un fait unic]ue siir Ie globe, renferme plus d'un million de families privees de tout ter ritoirc, et auxqrelies ne suffit ])as une aunioiie de deux cent cinf|uanle millions, parce que des lois particulieres out insen- siblemenl depouille les masses au profit du ])Ctit nombre. Pour diminuer ces maux, 11 imporle dc reconnailre les rapports ne- cessaires « qui lient avec I'etat m.oral des soeietcs, leur etat ceonomique et inteliectuel;.. il n'est rien de ce qui cor.tribue au bien-etre physique el aux progres de rintelligeiice qui ne 468 LIVRES FRANCAIS. tende aussi h ennoblir le caractere dcs masses. » Qiianl A la question, agitee tant dc fois, dc In grande et de la pelite pro- piiele, I'auleur lie rexamine ])as ex|)resst''nient , bien qu'elle rcntre dans son objet ; il nc la rcgarde, avec raison , cjiie coinme une application particuliere de ses princij)es. « Comroe toules Ic industries , dit-il, ragricnllure piosjicre sous dcs lois favo- rables a la surele des bicns et des personnes,au Iibic einploi des .... facultes ; die doiieiit sous ces lois iniques el restriclives qui teudent a inainteiiir les classes iiiferieuics dansrigiioiance ou la pauvretc. » S. 201. — Appcl nil hnn sens dc certnines heresies pnliliques et. Jlnancieres des plus piriilcieuses , ou opinion dun vieux roya- lisle sur quelques questions a I'ordre du jonr , cxiraites d'nn ouviage consacte a la reslauration des finances cspagnoles, adressu par I'auteur a Sa Majeste Catholicjuo. Paris, 1826; Tronve. In-S" de 871 p. ; prix, 6 fi-. et 7 fr. aS c. par la poste. « La societe est Isiuibeeen pourriture ; uo\re chiwievcrheuse n'est cnlrc les mains des partisans du modLTanlisme ijue le vain objel d'un bavarda£>e assonrdissant , etc. , etc. » Telles soni les pretendues verilc;s que proclanie I'auteur anoriynie de cet ou- vrage. II se jilaiiU avec aniertunie de Tindejiendance des o])i- nions, qui se manifeste heureuseinent de toules parts; el lui- inemeil n'est de I'avii; de [icrsonne. II a la publicitc en liorreur et nous apprenons, dans sa preface, que, depuis Irenle-cinq ans, il milite ])ar ccrit pour soutenir ses doctrines parliculie- res : il tonne contre le par-lage dc notre terns, sans prendre garde (]u'il parle aussi f'ott longuement sur toules sortes de su- jets. Coninie bcaucoup d'autres,il est done anime a son insu dc ce inoiistrueux esprit du Steele qu'ii ne nianque pas d'o])po- sera V esprit des siecles. Celteanlitliese, sur la([uelle il s'appe- santila ])laisir, nousi)araii peurcflccliic. Clia(|uesiecle produit des opinions qui lul sonl jnopres, et dont !a ])lace est assignee dans 1.1 chaine des teins jiour lier entre elles les generations conseculives. Aux modifications inevitables dans Tordre social coires|>ondent des niodi(icalions analogues dans les idees com- munes (pii gouveruent le nionde. Tout, dans la nature, est <5galemei!t soumis a la loi de mouveinc iit et de continuite. Ce livre parait ecrit avec des intentions trcs-pures; mais, a part quelques conseiis utiles an loi d'Esjiagne , il est , selon nous, reiapli d'errems en econoniie polilicjue ainsi qu'en lua- liere de iinance, et de jugcrnens qui sonl en desharmonie com- plete avec I'ctat acluei des clioses. Jd. GoNDINfT. 202. — * Denonciation aux Cours royales , relatiyp.tnent an sjstevie relif^ieitx et politique signale duns le inemoire a con- SCIENCES MORA.LES. 46^ suiter; prccedee do nouvel/es ohservatioiis sur ce systeine et sur lesapolo|;ics (jii'on en a rrccmmeni [)iiblices; parM. le comie de MoNTLosiER. Paris, 1826; Ambroisc Diipont el con,]), librai- res , rue Vivienne, n° 16; Baudouin. Iii-S*^ d'cnviron 400 pa- ges ; prix , 7 fr. 5() c. Dansson altaclicment sincere a la religion, au trotic, a la societe, M. de Monilosicr voit entourer do perils ces objels v(5- iieies de ses plus chercs affections. Emn jiisqn'aii fond de ses enlraillcs, comnie s'il apeicevait soiidaineraent sa fnniille en- lacee de serpens, il jette un cri d'nlarme; et ce cri est deja un secours, un acte de courage. Pour ne point frai)per ce qii'il aJme, ce qu'il respecte, ct n'alteiiidre que ce qn'il rcdoule,il appellea son aide les lumicres du passe et du present ; ils'eclaire du flambeau de I'liisioire, et invoque rinslruclion et I'expe- rience du barreau francais. C'est la moiiarchie avec la cliarte, c'esl la religion avec les liberies gallicanes dont il se monire le defenscur inlrepide autant qu'eclairc. La cliarite semble venir en lui au secours de la foi; il laisse bien sensibicment apercevoir le desir de preserver d'eux-memes ceux qu'il alta- que; il reconnait ceux qui le mc'connaisscnt ; il pardonne a ceux qui I'offensent. Ses adversaires s'enveloppent de nuagcs pour echapper a ses coups; il ne s'entoure que de luniieres pour les conibattre. A Texeniple de Saint-Louis et de nos plus grands rois, il croil. que I'on pent, que Ton doit attaquer les pretentions sans cesse rcnaissantes du saint - siege , parce qu'elles sontde leur nature sans cesse envahissantes, et qu'elles ont toiijours cjuelque chose d'lioslile , nieme pendant la paix, ainsi f[u'il resulte de ses protocoles et de ses formnles de clian- cellerie, dans les moindres actes comme dans les ])lus impor- tans, forinules qui necessitent un continuel renouvellement de reserves et de stipulations defensives; a I'exeraple de saint Charles Borromee, I'illustre archeveque de Milan , il rroit qiic Ton peut etre chrelien, et mcme saint, sans aimer les jesiiites; (jue le cliristianismc a tout a perdre et rien a gagner a leur admission. Les lettres de ce venerable prelat en font foi malgro la moderation de ses expressions: on voit assez claircment tout ce qu'il a eu a souffrir des excesdes jesuitesde Milan; on voit qu'il a eu besoin de toule sa patience de saint pour Icnr tenir tete. II n'est pas inutile derappeler ces leltres, soit a cause du noni de leur aiiteur qui estune aalorite dans la maliere, soil parce que I'esprit d'intrigueet detracasserie de la compagniede .Irsiis y cat fidelement signalec ( Voy. Rev Enc, t. xxt:, p. /|<)7'. Quand la milice de Loyola s'est vue en nnrnbre, (]nand cllc- s'esx crue en force, ellc a avouo, declare son existence; elie 470 LIVRES ^RAN(;AIS. s'est nominee, croyant sans doute trouver dans son noiii une arme de plus, nu avoir |>ioclialnenieiit un arrjiiinent deinoius conire elle, iiuousse (|n'il scrait deja pur I'liabitude on par I'usage. Toute celte inilice a einployc coiilre M. dc MontlosLer les arnies qui liii soni f'amilierts; les sopliismes, les saicasmes ne lui ont pas >'tc epargnes, les lieux coinmnns ont elii proiU- gucs ; indcpendammeiit des attaques quoiidierines, oil plus d'une fois les borucs de la bieriseance ont ele fraricliics, on a vu paiaitre contie le gcnereiix ecrivain ([ue tout le luoiide lit, de p relent! lies reiul a I ions qu'on nc lit j)as. On eut dt'sire avoir pour arbitres, pour jnges dans celte granile lulte les anciens parleniens, si deja noire niagislrature n'a^ait donne d'liono- rabies preuves de ses disposilions a veiller an mainlien de nos vieilles rnaximes et de nos lois fondaincnlalcs. Le depot de nos liberies civiles et religietises ne saurait pericliter en des mains aussi fermes qu'habiles. Dans son nonvcl ecrit, de IVl. Montlosier repond a cc qu'il y a de plus specieux dans les raoycns de sesadversaires; il en prend occasion de niieux develo])per les fails qn'il denonce, et de niieux signaler les perils inuninens qui ont provoque son zele. II es(iuisse rai)idinient noire histoire religiense depuis la res- lauia'ion, il decrit les aberrations dii jiarti josuile et dii parti ullramontain qn'il a tort de distinguer; au\ fails qu'il expose il joint les preuves a I'appui et termine son ecrit par une de- noncialion en ibrme, adressee a 31. ic premier president de la Cour royalc de Paris. C'est dans I'ouvrage nieme (ju'il faut lire celte piece importante, et lous les developpemens luniinenx qui la precedent et la niotivent, et les pieces justificatives qui I'accompagnenl. Lorsqu'U s'agit d'intchets aussi graves, tous les regards sonl fixes sur la magistrature francaise, toules les esperances se confient dans sa noble independance, tous les voeux secondent I'ecrivain conragcux et desinteresse qui prend avee autant de talent que de zele la defense de nos liberies religieuses, civiles et politiques. E. 2o3. — * Consultation adressee a In Cour royale , [JOur M. le comic de Montlosier, avec celte epigraphe : Nunquam tantuin riialuin in republicn fuit , nee ad plures , nee ad plura pertinens. Tite-Liv. Lib. xxxix. Paris, 1826; Ambroise Duponl. In-8° ; prix 6 fr. II elait reserve sans doute au barreau de Paris de repondre le. premier a I'appcl de M. de Monllosier, el de diriger sa mar- che dans le temple de la jus'.ice : une premiere consulialion , porlanl la dale du mois d'avril dernier, el revetue des signa- tures de MM. Dupin , Me.riUiou , Berville , Cofjinieres ct De- SCIENCES MORALES. 471 vaux, vient d'etre suivie d'un plus aiii]ile travail, trace sans doule sur una pins grande eclietle. C'est de cette derniere pro- duction que nous allons rendre compte. Lesf]uatre grands griefs y sont rappeles, analyses , examines. Le conseil par consequent, traile d'abord des congregations, selon fjue les det'init M. de Monllnsicr, reunions qui ont pour objet apparent des exeicicesde piete, ou quelque fin ])ieuse; niais qui , iiees par !e menie e>prit et sous une direction centrale , tendent , a raison d'engagemens divers , de pro- messes, de serniens ou de voeux, a se composer dans I'etat une influence pnrticuliere, au raoyeri de laquelie elles es[)tTent mailriser I'adminisliation, ie niinistere et le gouvernement. Le danger de ])areillcs associations ne saurait eire conteste; le devoir des magistrals est done d'en reclierclier i'origine, d'en nieltre a nu les clemens, d'en dejouer les ressorts , d'en pro- curer la dissolution; a celte fin, le conseil cite et accuinulc toutes les lois anclennes, et lonles les lois nouvelles; il n'omet pas les opinions des jurisconsultes , ies ordonnances, les edils et les arrets rendus dans la n)aliere viennent aussi corroborer son avis. L'opiiiion de M. Billecocq est rappelee d'autant pins a propos que cet estimable avocat I'avait publiee, avanl les deux derniers ecrils de M. Montiosier. Le conseil a Iris-bien pose les princijies quirrgissent I'espece. I's sont, en meme terns, ceux de I'ordre, de la tranquiliiie, de la liberte elle-meme ; s'il en elait aulremenf, de perpetutUes maciiiriaticns pour- raiefit eire praiiquees et mises en oeuvre au sein de i'etat et compromettre son existence. Les armes par lesqiielles le conseil repousse I'admission des jesnites sont plus fortes et plus piiissantes encore. A ce litie; la bulle de Clement XIV devait figurer en premiere ligne, donnee a Home, le xi jnillet 1773, cette bulle est fondeesur ce motif principal , " qn'il est a peu ])res impossible que cette socicle subsistant , I'egli e put jouir d'uiie paix veritable et per- luanente. » Ensniteles edits rendus par LouisXV,par LouisXVI, et enregistres nu parienient ; le premier est cite en entier. Cette legislation est complel. MVRliS FRANCVIS. 'nsisler sur le Iroisieine chef (I'ncciisation, iion qu'ils en mc- connaissent rimpoiiancc, nmis ils ont voulii eviler Icschicants ou les (lifficulti's lie competence. Le qnaJrieme chef, qnoique f^rave, ni; leur a point pnrii donnfr assez dc prise a {'action jtidiciairc qui ne ])cut s'exercer que sur dcs fails. Cettc piece imporlanteest rcvctiiedesplusjlionorab'.es signatures, en letedcs quelloson u'esf point etonne dc voir figKi'orcclie de M. Dupin. I. 204. — -* Resume' de rHistoire iiniverscUe. Dcuxicme parlie, contcnant le tableau rapide des eveneinens et des revolutions (jui se sont succede cliez les diffcrens T)cuples, depuis leur origine jusqu'a ce jour; par MM. /''. dc r.uoTONNE et Jtl. Lau- GiER. Paris, iSa'i ; an bureau de f Enryclopedie pnrtathte , rue du Jardinct. In - "ii de 840 pages; [)rix, 3 fr. 5o c. et 3 fr. 80 c. jiar la pos.le. L'editeur prevoit que I'on sera surpiis de voir paraitre nnc histoirc universclle en ii;i volnrne in - 32. En effet, reduirc I'histoirc du nionde a (]uclques feuilles in-32, c'est fairc plus (juc rappelisser un grand tableau de Veronese a nne n)inia- lure d'wn denii-pouce de baut. U est evident que , dans un cadre aussi resscrre , on ne pcul indiquer que quelqucs eve- nemens principally; c'est ce qu'ont fait les aisteurs du petit Resume de VHistoire universelle. Ils comiuencent ]iar les terns fabuleux; puis, ils passent aux terns beroiqucs de la Grece et a I'Histoire Romaine qui est entrecoupee \>ar celle d' Alexandre. Arrives aux eiiipereiirs Romaiiis, ils retracent les invasions des Barbares et la fondalion de I'emijire des Francs. Les derniers chapitrcs sont intitules : Terns de Charlemagjie , terns dcs Croisades , terns de Francois I"' et de C/iarles - Quint , terns de Louis XI f^; cnt]t\, terns de la Repuhlirjue, de I' Empire et de la restauratiun en France. Le recit , rapide el serre, n'cst point enibarrasse par des plirases ou par des reflexions super- flues. Si les auteurs se sont arretes plus long-tems sur les eve- neniens relatifsa la France que sur ceux des autres pays, c'est sans doute parce qu'ils destinaient leur oiivrage principaie- ment aux Franeais. Le coup d'ltil qu'ils jettent sur i'ensemblc de I'histoire, qneUjue ra|iitle (|u'il soil, ne laisse pas d'etre instruclif ; riiomme le plus verse dans les details a quelqnefois besoin de resuraer les gcneralites. Les deux auteurs avaient fait preccdcr celte deuxieme partie d'uue especc d'introduc- tion a I'etude de I'histoire, qui forme un petit volume a part , divise en trois sections : de la inanierc d'ecrire I'histoire, de ses sources et de son esprit. lis enlrent dans le domaine de la liltcraturc, an sujet de la composition et des differens genres d'ouvrages historique';. lis divisent lea sources de i'histoirr ,. SCIENCES MORALES. /,73 Pii SOURCES traditionnrlles , inoniunen talcs et errites. Sous le litre dJEsprit de V Histoire , ils jcttent un coup d'oeil rapide et philosophique sur les princip.tux peii]>les ancient et modcrncs, el sur les jjrands eveneraens qui ont chani^e la face des clioses. Le cadre etail trop petit pour perniettre de faire des citations; iiiais on trouveala fin, conime dans tous les volumes de cette in\cTessnnlG Encyclopedic porlativcu I'indication des principaux ouvrages relatifs n la matierc qui s'y trouve traitt^e. La suc- cession assez rapide des volumes de cetle collection semble indiquer que le public a goute son plan, et qu'il reconnait des avantages reels a cette Encyclopedic de poche , qui du reste est trcs-bien impriniee. D — c. 2o5. — * Tdbleau historique de la Grece ancienne et mo- deine , par M. Bues. Paris, 1826. Louis Janet, 2 vol. in-i8, avec trois cartes gcngrapltiqttes ; prix, 8 fr. En vain les erudits, et tous ies depreciateurs plus ou moins sinccres de ces mclhodes liouvelles, j)ar Icsquelies on essaie de repandre I'instruclion dans toutes les classes, ont reclame et meme doclaine contre les resumes ; ce genre d'ouvrages est plus que jamais en faveur aupres du jiublic. Est-ce un mal ? Le blame dont on les poursuit est-il fonde ? Sans doule, la lecture d'un abrege quelconque serait peu profitable pour tout lecteur absolument etranger a la matiere du livre; elle ne laisserait dans son esprit que des traces legeres qui bientot s'effaceraient pour toujours; mais , pour peu qu'il ait quclques notions , meme vagues , sur le sujet de I'ouvrage , cette lec- ture les etendra , les classera avec plus d'ordre dans sa me- moire , les y gravera avec jilus de fixite. Done, a notre avis, les resumes, s'ils sont peu utiles au lecteur tout-a-fait igno- rant , ne sont pas sans avantage pour le demi-savant, ou, si I'on vcut , pour I'liomme du monde qui se coMfenle de recueil- lir, daus les sciences physiques, les principes le plus genera- lement admis , et dans les sciences historiques , les faits les plus iniportans , ceux qui ont influe sur la destinee des na- tions. Mais, ]iOur obtonir de tels resultats, les resumes ne doivent pas etre I'ouvrage do quelque ecliappe «ie college qui ne prend d'autre peine (|uc d'extraire , ou meme simplement de reco- pier les cahiers qu'il ecrivait nagucre sou'? I'estirne et !es sulfrages du public. Son ouvrage sur la Giece est plus (|u'un simple resume de rhisloire de ce pays : aussi , I'a-t-il appele avec raison Tableau historique. L'abbi; Barlliclemi , dans son admirable introduction au f'oyaf^e d' Anacliarsis, avail peint , a grands traits , une partie coubiderable de riiistoiie ancienne de la Groce. C'est le nio- dc.'e i|ue ine semble avoir ciioisl M. Bies; el, en cela, il a fait preuve de gout. Cel auteur n'a pas cle cpouvante de la multitude des objets qui devaicnt conij)oser son tableau : on diroit mtme qu'il s'e.st ])lu a en agrandir le cadre. II y a fair entrer non-seidement la Grece proprement dite, mais la Grece d'Asie, la Sicile et loule la partie de I'ltalie qu'on appelait la grande Grcre. La Grece des lemps fnbuleux et heroiques ; la Grece sous des Rois ; les nombreuses republiques cj[ui remplacerent les gouvernemens monarthiques , quand les peuples furent plus eclaircs; leurs rivalites, leurs guerres; les conquetes d' Alexan- dre, celles des Romains;les malheurs de ces belies conlrees dans le moyen age; renvahissement des Turcs ; les tentalivcs des Grecs pour secouer le joug ottoman; lels sont les grands spectacles que M. Bres fait passer raj)iden)ent sous nos yeux, et , ce dont il faut surtout le feliciter, avec ordre, sans confusion. Chaque peiiode historique a sa nuance , la couleur qui la distingue; les grands personnages dans tons les genres qu'elle a produils , y apparaissent avec les caracteres, et presquc les formes qu'on leur doniie ou qu'on se jtlait a leur supposer. Dans uri pays comme la Grece , I'liisloire litteraire et I'his- tolre des arts sont inlimement lii'es a I'Listoii e politique : lous les poeles, les liisloriens, les philosojilies , les artistes celebres qu'a produils cette contree, dcpuis les plus anciens tenis jus- qu'a nos jours, viennent s'offrir , les uns api'cs les autrcs, aux pinceaux de M. Brcs ; et, a sa maniere de les peindre, on juge qu'il les a etudies et apprecies. Je me peimettrai une ou deux observalinns. J'aurais desire que, dans le tableau des temps mytholo- giques, M. Bres eut cite plus souverit les explications c|ue les erudits ont essayc de donner de fjits evidemmeni fabuleux , inuis qui cachent des verltes. En esquissant les aventures de Mcdee, il dit, par exemple : « Elle fit mourlr par des moyens intonnus jusqu'idors , Creuse, filie du roi lie Corintlie... , tt se fit, dil-on , porter a Ailienes par des dragons ailes. » Peut- etre fallail-il indiquer ici ce que les historieus et les enidits SCIENCES MORALES. 47? eiitendent par ces dnii^ons ailes. L'abbc Bannier ilit un mot lie leurs conjectures, clans ses rotes sur le vii'' livre des Me- tamotphoses d'Ovide. Voici une obseivaiion plus iniportante. M, Bres, a la page 5o du tome 1*^'', somble regarder Vasseinblee ties amphiclyona tomiue nil coiiscil general, dans l((|ue! etaient representes par des deputes les peuples ou jdusieurs peuples de la Grece, et ou se traitaient les affaires [)olitiques les plus impoitantes. 11 dlt meme a ce sujet : Si les Etats-Unis d'Arnerique u'avaient point nn president; si les cantons suisses n'etaieni jias regis par un landainman , I'organisalion politiqvie de ces conlrees offrirait une analogic complete avec celle des villes ampliictyonitjues. « Je crois que c'est la une errenr a la(]uelle ont pu donner lieu qnelques phrases de I'abbe Bartlieleini , cjui peint sous de trop brillantes couleuis le conseil des amphictyons. La su- perstition I'avait instilue ; et il ne s'occupait gueie, comrae le pense De Paw, que de matieres relatives a la religion. On lui souinit bien quelquefois des questions politir|ues ; mais 11 n'avait qu'une puissance morale, pour ainsi dire, sur les jieuples de la Grece. Ce n'etail point un de ces corps politiques qui peuvent rendre des decrets, et ont loute I'autorile, tons les moyens necessaires pour les faire executer. Oh! si tous les etats de la Grece avaieiit eu des representans dans une grande assemblee vraiinent nalionale , ou se seraient decidees les questions d'interet general pour la confederation , et ipii eut ete investie d'immenses pouvoirs , les rivaliles entre les republiques grecques , fcaiises de tous leui's malheurs , auraient ete comprimees ; la Grece cut forme un faisceau compacte , indestritclible que ne seraient jamais parvenus a rompre ni les rois de Macedoine, ni les empereurs roniains. Nous aurions peut-etre encore aujourd'hui les Etats-JJnis de la Grece ; et j)eul-etre le monde entier aurait-il subi une autre destinee. La ]iartie de I'ouvrage de M. Bres, consacree a Ihistoire des evenemens contemporains, est d'une e.xtreme brievete : I'auteur s'arrete au massacre du palriarche grec a Constan- tinople. Voici comme il motive son silence sur les evenemens tres-remarquables qui ont succede : « Contemporains de ces evenemens, nous devons attendre , pour en ecrire I'hisloire , que la providence leur ait donne une fin conforme a ses de- crets. Chretiens , nous faisons des voeiix pour la prosperile de nos freres ; amis des arts , des lettres et des sciences , nous souhaitons une patrie aux malheureux desceudans des niaitres danstouies les facuites de I'esprit ; hommes , nous desirons de f,-;(i LIVRE8 1RANCA.IS. voir cesser Ics massacres et Iriompher I'liumanit '•. ■> Tels soiit lies sentimetis qui dominent dans tout I'ouvragc. Si lous Ics resume's elaient ecrils avec autani de soin et dc pliilosophic , et par des autcnrs aussi mailres de leurs sujeis, la collection de ces sortes d'ouvrages , quelque volumineuse qu'elle fut, ineriterait une place distinguce dans toutes les bibiiotheques. Amaurj Duval, wembrc de I'lnsdtut. 206. — * Resume de I'hisloire roinaine , depuis Romulus jusqu'a Constantin , suivi d'lin tableau de la decadence et de la cliule de Tempire romain; ])ar yl. Roche. Paris, 1826; Mansut fils, edifcnr, rtie de I'P^cole de Medecine, \\° 4- In-18 de 3oo pages; prix, 2 fr. 5o c. Les auleurs de la nombreuse Collection des resumes histori- ques semblaier.t avoir oublie d'y placer I'hisfoire ancienne. Peut-etre av;iieiit-ils juge que I'ljistoire roniaine et I'liisloiro grecque, si riches en details interessans et en traits sublimes, etaient moins j)ropres que I'histoire niotlerne a etre reduitcs en abreges. Cependant, unepareille omission laissait une \aste lacune dans cette petite bibliotheque populaire. M. Roche a entrepris de la remplir en partie, en publiant un Resume de I'histoire romaine , depuis la Jondation de Rome jusqua Cons- tantin. II a diviso son ouvrage en six epoques principalcs. Dans beaucoup d'endroils, la rapidite de la narration ne laisse rien a d^sirer. Mais I'auleur decrit , avec une ])rofusion de details qu'on ne s'attendrait guere a rencontrer dans un abrege aussi succinct, les guerres dc Rome avec les nations environnantes, et les querelles du scnat et du peuple. Eu revanche, il consa- cre a peine Irois pages au regne d'Augusle, et ne dit pas un mot de la littcrature latine dont les progres clans cc siecle ont eu de si imj>ortans resultals. On trouve, a la fin de la sixieme epoque, un tableau assez bien trace de la chute du ])olytheisme ; mais ceiui de la decadence de I'empire est d'une concision por- tee jusqu'a I'exces : il renferme dans six i)ages I'espace dc 1 1 00 ans. II est terminc par le noble vani qne forme I'auteur de voir enfin les rois chrctiens deiivrer les Grccs d'une trop longue servitude. Le style rachete, ])ar lane clarle conlinne, ce qui pourrait lui manquer sous d'autres rapports. On regret- tera peut-eire <}iie I'auteur ait etc trop ('coiiome de ces re- flexions coiiites et profondes qui donnent lant de prix a I'oii- vrage de Montesquieu , quoique depourvu de t'aits historiques. NeanmoinSj nous ne doutons pas que le public ne s'empresse de joindre ce nouveau resume a ceux de MM. Felix liodin , Coquerel, Lami , Rnhbc , Schejfer ^ L. Thiesse, etc., cl des SCIENCES MORALES. 477 nutres ^crivains qui onl contiibue au succes de celle iinpoilante collection. B. 207. — * Histoire de France, abregce , critique et philoso- phique , a I'lisage des gens du monde; parPiCAULT - Lebrun; avec cette cpigraphe : Z« verite , toute la verite, rien que la verite. T. V. Paris, 186; Barba. In-8° de vi et 544 pages; prix , 8 francs ( ^oj". , pour les premiers volumes, iJec. Enc, t. XXI, p. 188, t. XXIII, p. 355, t. XXIV, p. 461 ). Nons avons doja recominande les premiers volumes de cet ouvrage a I'attention de nos lecteurs.. l^e tome cinquieme, que nous avons sous les ycux, comprend I'liistoire de Charles-le- Sagc , auqiiol M. Pigaiilt-Lebriin voudrait avec raison que Ton donnat seulemenl le tilre de prudent; celle de Charles - I'ln- sense, queia precipitation ])opulaire a gratifie nial a propos du nom de hien-ainic dont la posterile a fait justice ; enfin , celle de Charlexle-Victorieu.T , a qui Ton jicul laisser ce nom; card ne rappclle jias autre chose que la clrconstance heureuse qui I'a rendu niailrc du royaume. II est assez inutile de rappeler ici ce qui fail la mailere de chacun de ces regnes : la pacification presque generale de la France sous Cliarles-le-Sage, I'influence Ircs-reiiiarquable de ce monarque sur tons les lieux soumis a sa domination et sur les princes contemporains; le boidieur tlont jouirenl en general ses etats, sa moderation et sa boii'e, qui ne se demenlirent presque jamais; enfin, la double faute qu'il fit, d'abord a I'e- gard de la Bretagne qu'il voulut, malgre le voeu de ses Labi- tans, soumettre a sa domination, ol ensuite, a I'egard de la France enticre qu'il envelopjia insensiblenient dans les filets d'un despotisme absolu dont les Francais devaient plus tai'd cprouver les funestes consequences : sous Charles I'lnscnse , les premiers effets de ce despotisme qui livra a des princes ambitieux et sanguinaires la puissance piesque illiuiitee d'un roi dont I'enfance devait peser quarante-denx ans sur sou inalheureux royaume : les infames concussions des dues de Berry, de Bourgogne et d'Oileans; la mort Iragique de celui- ci, assassine par son oncle; la misere d'un i>eu[)Ie que les exactions forcaient de se soulever, et qu'on deciniait ensuite, quand des promesses, violees presque aiissilot que failes , ra\aient fait rentrer dans I'obeissance; Taffreuso solitude du roi que ses parens laissaicnt au soin de (|uelqnes douiesliques , que sa femme luorae ( Isabelle de Baviei'e) abandonnait pour vivre scandalensemeni avec son beau-frere , le due d'Orleans; les calainites ainent'es sur notrc jiatrie par la folic du roi ; Tambition demesurce des princes et des grands; la hideuse 4-S LIVRES FRANCAIS. felonie de celle Isabelle qui, traliissant a la fois son luari et son ills, et cliercliant a les faire pcrir, s'unissait aux ennemis de sa famille et de la paliie , appelait les Anjjlais en Fiance, soiiriait anx laches flatlcurs qui irouvaient une vols jjotir ap- plaudirau dechireiTicnl de leur j^ays; etifin, la niorl solltairp de Charles qui, pour le bieii de soti peiiple, n'aiiralt jainais dii naitre : sous Charles-le-Victorieux , les siicces de nos arinees , le cour.tpie renaissant de ties guerriois, et ati-dessus d'eiix les hauls fails de Jeanne d'A.rc, qui apparut comnie iin aslie con- solatenr; la condamnalion et le suppjico de cetle brave et illustre fille ; regoisme du roi qui I'avait lachement abandon- nee; enfin , la ])acificalion du royaume, et I'esperance tiop souvent trompee d'un bonheur ]);iyo ])ar tant de sang et de larnies: voila ce que M. Pigaiilt-Lebrun a ])eint avec nne grande rapldite et une rare cnergie. Son style, s'il n'est pas toujours aussi elegant, aiissi harmonieiix C|iic celui de Vertot et de Saint-Real, est en general ferme , sententieux et grave , sauf quelques plaisanteries que lui arrache le mepris qu'il ne ])ciit conlenir pour les jiersonnagos dorit il rapporte les ac- tions.— II dqilore suitout le supplice affreux de Jeanne d'Arc avec une sensibilite et une indignation qui seront pariagees par tous les lecteurs , jdus facilemeiit, je pense, que I'ojjinion (]iril emet sur cetle heronie, qu'elle elait douee de eetie secomle vuf des Ecossais que Walter-Scott nous a si bien fait connaitre. II renvoie, pour s'expliquer sur ce sujet avec plus de details, a ce qu'il dira du regne de l.ouis XVI, sur ie(|uei il existe en effet plusieurs predictions, el une entre autres de Cazolfe, qui ne peut nianquer d'etonncr ceux qui y croTent, mais (pii ne touchera guere ceux qui la regarden> comma faite apres coup, ou comme tres-embellie par Laharpe. MaiSjCe qui interessera beaucoiip plus (pie ces cioyancesmys- terieuses et mesnieiiques, ce sont les observations placees jjar I'auteur a la fin de chaque regne, oii il traite rapidement du gouvernement, des finances , de I'universite, de la bibliolheque duroi, des beaux-arts, des cosiunies, des dignites, dos jiivcii- lions et des usages de i'epoque. II est en linissant, bon de prevenir, nos lecleurs (]ue les Charles dont les regnes remplissent ce volume, y sont jilaces sous les nombrcs VI, VII, VIII, taiidis que j)artout aillcurs on les trouvc conune les V^, VI* et \1V du nom : il est facile de voir (pi'un onbii, ou peul-elre quelque raison qui a echappe a la *agacile de nos hisloriens, a fail niellre aree par un dvenement decisif. L'une de ces villes a etc plusieurs fois la capLtale d'un royaume (jui portait son noni. Ufic autre a cic , pendant quatre- \ingls ans, le siege de toule la nionarchie. On rencontre partout , snr son territoire, des lieux illustros par le sejour dcs rois , par des batailles sangianies , ])ar des sieges meur- triers , par des monuniens logislatifs , par de celebres traites diploiiiatitiues. Lesintt^ets les jilus gra\es y ont etc disciJtc.s dans nonibre de concilcs el d'assemblces nationales. L'eglise y a vu naitre deux ordres religieux qui ont etendu partout leurs rameanx. NuUe j)art encore la feodalite n'a brilli' de plus d'eclat. Quels soni , en effel , les grands feudalaires qui ecli]>sent les conitcs de Vermandois , de Rouci , de Soissons , les sires de Cout:i , les dues de Guise ? et quel sang j)lus au- giiste que ceiui des princes qui tiiirent leur coar dans les niurs de Saint-Qnentin , de Braine , de Soissons , de la Fere et de Ciiateau-Tliierry ? A rote de cette gloirc sotivent falale au jieuplc, s'eltne une institution tutelaire qui lui rend ses droits nalurels. Les communes prennent naissance a Saint-Qucniin , a Vervins , a Laon. Ce signal des affrancliissemens est eniendii partout, et la France a un tiers-etat. » On voit que M. Devisme , assocle correspondant de la Societe royale des Antiquaires de France, et anteur d'line bonne Histoire dc Laon , etait appele a composer le Manuel historiquede I'Aisne. La chronologieen esl faite avec un grand soin ; elle est suivie de la galerie bistorique de cinq a six cents bommes qui out laisse un nom sur les bords de I'Aisne. On sail que ce ]iays a jirnduit, dans Racine et La Fontaine, "deux des hiiit grands pceie^ doni la I'ranee s'honore. » Nous avons SCIENCES MORALES. 48i lu avec plaibir rarticle qui concerne le general distingue , I'ora- teur illustre (Foy) , objei des regrets sincercs de tous ses con- citoyens. n Sa perle laisse la Irtbune veuve da plus eloquent defen- seur des libertes publiques. Quelle preuve plus solennelle et plus loucliante des regrets de la France entiere , que ce concours inoui de toiites les classes des liabitans de la capi- tate qui lionora ses obseques ; que celte souscriplion , sans exemple cliez nous, qui a pour but de dedommager ses en- fans de la niodicite du patrimoine dont I'accroissement ne I'occupa ])oinl ! Sa carriere fut , a la verile, trop courte pour nous! Qu'y manque-t-il cependant pour qu'elle ait ete com- plete ? La inorta attendu pour le frapper, qu'il fut a I'apogee de la gloire a laquelle 11 bornait le prix de ses travaux. >> L— E. 2IO. • — * Histoire critique du passage des Alpes pai- Annibal, dans laquelle on determine la route qu'il suivit depuis lesfron- tieres d'Espagne jusqu'a Turin; par feu J.-L. Larauza, ancien mailre de conferences a I'Ecole norraale. Paris, 1826; Dondey- Dupre. In-S" de 222 pages, avec une carte ; prix, 1 fr. 5o c. La question qui fait le sujet de ce memoire n'est pas nou- velle. II en est peu (lui aient ete aussi soiivent debatlues. Avant que M. Larauza entreprit de determiner , d'apres les temoi- gnages des historiens, et I'inspection attentive des b'eux , par quelle route Anuibal penetra en Italic, cette difficulte histo- riqueavait excite la curiosile eteserce la critique d'un grand nombre de savans dont 11 serait trop long de donner ici la liste, mais dont on trouvera les divers systemes exposes et discutes dans I'ouvrage que nous annoncons. La solution de M. La- rauza se distingue de celles qui I'ont precedee par un caractere particulier. Elle coneilie les relations de Polybe et de Tite- Live que Ton n'avait pujusqu'ici accorder ensemble. Ce resnl- tat sutfirail seul pour lui donner gain de cause, s'il n'avait d'ailleurs appuyc son opinion d'un grand nombre de preuves. a I'evidence desquelles on ne pent guere se refuser. Son itlne- raire repond a toutes les indications des deux historiens , a lous les accidens que retracent leurs rcciis ; enfin , a la nature et a la configuration des lieux que , dansplusieurs voyages successifs, M. Larauza a curieusement etudies. On trouverait difficlle- ment une critique plus consciencleuse , plus d'exactitude et plus de sagacite. Loin d'eluder ou de trancher superficielle- ment les difficultes dii probleme, I'auteur les recherche et les epuise toutes; et, si Ton pouvait lui reprocher quelque chose, cfi serait de irop prodiguer les moyens de convpincTe. La sa- T. XXXI. — Aoui 1826. , 3 1 48a LIVRES FRANCAIS. vaijte discussion — L'article qui concerne la fameuse prostituee Dubarry est ecrit avec beaiiconp de moderation ct doit etre cite comma tres-remarquable. B. 212. — Dc Vinjluence clesfemmessurln Utleraturefrancaise, comtne protcctriccs des lettres , ct cornme auteurs; ou Precis de thisloiredesfemmesfraucaisesles plu-scelebres ; parM""^ de Genlis. Paris , 1826; Lecointe et Durey. 2 vol. in- 12; prix , 5 fr. Nous nous bornerons a annoncer cette reimpression d'un ouvrage (niblie et juge depuis long-tems, et a la(Juelle ilnous semblequel'aulcurestetrangere. SiM'^'^deGenliseutdonneelle- memecetle piiblication nouvelle, clle cut sans doute com[)lL'te son ouvrage, en y njoutant des notices sur plusieurs feiiimes celebres, mortes depuis la publication de la premiere edition , notamment M""' de Siael; et elle cut aussi certainementraodi- fie quelques-uns de ses jugera^'ns , qui lui ont jadis attire le 48/, LIVRES FRA.NCAIS. ju^tc leproclie d'une excessive sevcrite, pour ne pas dire plus. M. A. 21 3. — * Mcmoires de M. rfe Falkenskiold, ojficier gene- ral oil sen-ice de S. M. le roi de Daneinark , a l'e//oque du mi- nistere et de la catastrophe du comte r/c Struensee; precedes d'line Notice stir la vie de I'auteitr; par M. Phil. Secretan , et publics aprcs la mort de ce dernier. Paris, 1826. In - 8° de XXIV el 4/i7 p^K^*- Treultel el Wiiriz ; prix , 7 fr. II nous est daiitaiit plus atifrcable d'annoncer la publication de ces interessaas ineiiioirci, qu'ils justifient piusiours asser- tions, que nous avons piecedeinment emises, et qu'ils prou- vent rexactilude de ([iiel((ues anecdotes que nous avons ra- contees, a I'occasion d'lin autre ouvrage, m{[\\x\v : Histoire de Chretien Vll; par M. J. - K. Host. On aurait tort d'ele- ver des doutes sur la fidelite des recils de notre auleur , quoiqu'il se soil trouve implique dansla calastroplie du cointe de Strucnsec. Lc fait est quM n'y a eic iinpliquc, ainsi que Ic comte de Brandt, qu'en qualilo d'and de Struenstie : M. de Falkeiiskiold eut cependant Tavaiitag-e de se tirer de I'af- faire plus lieureusenient (pie BI. de Brandt. II en fat quilte i)Our une detention de qualre ans dans la forteresse de Munk- holm , en Norvege , en vertu d'une lettre de cachet , et non d'une condamnation en regie, tandis que le comte de Brandt fut execute a mort avec Struensce , afin que ce dernier eut un compagnoii de voyage, consnie le disait alors une chanson po- pulaire tres-repandue. Au reste , depuis plus de quarante ans , celte scene sanglante a etc appreciee en Danemark a sa juste valeiir; et, si Ton convient que Struensee n'etail pas entiere- ment innocent, du moins on reconnail getieraleinent qu'il n'e- taitcoupable que de cette espece de delits, qui sont commis tous les jours inq)unemenl par d'aulres ministres, favoris des rois. Devenu puissant, il eiit la fniblcsse de croire que sa puis- sance n'aurait jamais de bornes. Favor! da roi, il conlracta une partie des vices de cetlesorte d'liomines : il aurait cu leur sort, celui d'etre renvoye avec des honneurs et des richesses, s'il avait nppartenu a la caste de la haute noblesse; mais il n'e- tait que mcdecin; il avait voulu alleger le joug oppressif sous Icquel rinsoleiice des nobles et des ci-devant laquais accablait les autres classes de citoyens; des lors, il dut perir. Notre auteiir lui donne, a ce sujet, un cioge mcrite, lorsqu'il dit (page i36): « Siruensee ne fut pas sans doule cxciiipt d'er- reiirs; mais il chercha sincerement a procurer le bien de I'etaf, et pbisieurs de ses rcformes doivent honorer son administra- tion, et lui assurer la reconnaissance de son pays, v SCIENCES MORALES. 485 Nous voudrions faire ici le recensement des fautcs dont on accuse Siruensee, ainsi que dcs excellentes institutions qui lui sont dues; mals, cominc ce recensement serait trop long, nous renvoynns nos lecteurs aux patjes i34-i/(G de ces me- moires; ils jugeront facilement combien scs errcurs elaient pcu nombreuses , si on les compare avec le £;iaii(i iiombre desame- lioralions (lu'il eut le boiilienr d'introduire dans I'administra- tion dii pays, ainsi que (le ceiles qn'il avait projetces , ct qui avaient recu un coniinenrement d'execution. Quant aux pre- tendties liaisons d'intiinile avec la reine Caioline-Mathilde , dont Slrnensee fut jjubliqufinent accuse, M. de Falkenskiold cherclie a juslifier les deux parlies, et nous aimons a croire qu'il n'y a pas irop mal reussi. Qiioi qu'ii en soit , comme, dans de paretics affaires , les preuves materiellesmanquent presque toujours, nous ne nous permettrons pas d'emettre une opi- nion j)ositive sur ce sujet. Seulenienf , et pour faire connailre I'esprit qui aniniait la commission char^'ce d'interrogcr et de juger celte nia'heiireuse reine et ses co -accuses , nous ne pou- vons nousemfieclier de rei)r()duirc ici une anecdote (jue nous avoiis (lejii ci'ee , et nous emprunlerons les juopres paroles de M.de Falkenskiold. « Le conseiller Sc/uir/r, dit-il , jiage 233 , ])resi(lait la commission cliargce d'interroger la reine an cha- teau de Cronborg, ou elie etait enfermee. Ccfte princesse Te recut d'abord avec hauteur, et temoigna beauconj) d'indigna- tion, quand il lui j)arla de ses liaisons avec Struensee. Alors, Schack lui fit Icciure de la declaration que Struensee avait faite, et il obscrva que cet accuse subirait un supplice tres- cruel , si la declaration etait fausse. La reine examina un ins- tant cette declaration; puis, rt'flechissant sur cet ificidcnt inat- tenilu: « Quoi! dit-elle aSchack, ])ensez-vousque, sijeconlirme cetle declaration, jc siiuverais la vie a ce malheureux ? » Schack repondit par une inclination profon^le. La reine prit la j)lumc, signa la premiere syllabe de son iiom et s'evanouit. Schaik acheva la signature. » En ce qui concerne personnellenient M. de Falkenskiold , nous avons deja dit qu'il subit un emprisonneinent de qiiatre ans; il fut ensuite mis en liberie a des conditions, dont voici lesprincipales : i°qu'ilsereudrait immediatement , et par mer, en Provence ou en Languedoc, pour y etablir sa residence; 2° qu'il s'engagerait a ne jamais revenir en Daneraark, et a ne point quitter le pays qu'd aurait clioisi pour sa residence, sans la permission du roi ; 3° qu'il u'entreiait au service d'aucunc puissance eli'angere, et qu'il n'agirait ni n'ecrirait in aucune maniere contre le roi cuconire la faniille royalc. « 486 LIVRES FRANCAIS. Ala fin de I'aii 1787 , lorsque la {;;uerre ilait sur le point d'eclater cnfre le Uanemaiketla S'lcde, M. de I'alkenskiold, donl les talensmilitaires avaientele bien apprecics, fut rappcle dans sa patrie. Le dOcrcl d'exil poite contre lui f'ut annule, et il revint, au iiiois do mars 1788, a Copenhague, oil I'aiiteurde cetaiiicle se rappelle fort bien de I'avoir rencontre deux on trois fois. CepenJant, cctte guerre ayanl eu unc fin aussi su- bite que son commencement avaitele imprevu, M. de Faikens- kiold quitta une seconde fois sa ])atrie pour aller s'etablira Lausanne, oil il est niort le 3o sept(;nibre 1820 , honore de I'amitie et de I'estinie de tous les homines dont il se trouvait entoure, et a I'age de 82 ans el quelciucs niois- Ces uu'nioirrssont suivis d'lin autre mcmoire sur i'etat mili- taire du royaurae de Dauemark, ecrJ!, a ce qu'on voit claire- ment, il y a plus de t rente ans. Aussi , bcaucoup de vices de son organisation , que I'aulenr y rcleve , ont disparn avec le lems; il en reste neaninoins un bon nombre, que probablement I'ave- nir fera disparnitre. Parmiccs \ice5, M. de Falkenskiold compte avec raison !e nombre prodigieux de iroupes de terre , que le Danemark entrctenait alorsen terns de paix , et qui eiait loul- a-fail hors de proportion avec les ressources du pays. Les ca- dres etaient alors de soisante-six niille liommes, ct il prouve la verite de ses assertions par ce (;ui nrriva en 1762, lorsque les menaces de I'enipereur Pierre III obligerent le roi de Da- nemark de mettre en activiie une armee de vingt-cinq mille hommes. Get armement, pour leqnel le Dancmark dut con- Iracter une dette de cjuarante-deux millions de livres sans par- ler des ressources ordlnaires du Iresor, fut bicniot reduit a vingt mille hommes, parce que I'armee manquait de tout; cependani, eile ne fut que six mois sue le pied de guerre, et n'eut aucun ennemi a combattre. Aussi dit - il avec raison (page 3i8) : « S'il est vrai , comme I'liistoire le dernontre, que, depuis pres de deux siocles , les troupes de terie du Dane- mark ont presquc lotijonrs ele bat lues par celles de Suede , il faut recnnnaitre qu'independamment du courage des deux peuples , il y a dans le gouverneinent danois quelque chose qui conlrarie les disposiiions natioiiales , et que ce vice intc- riciir a produit cette suite coniinue de re\ers, dont le tableau est si affligeant i)Our tout vrai Danois. « Nous ne savons pas exactement jusqu'a quel point, dansces derniers tems, on a porte la diminution du nombre des trou- pes de terre; mais il est certain qu'encore aujourd'hui , lout Comme alors, I'arraee de terre est hors de toute proj;ortion avec la population et les ressources du royaume, et qu'elle ne SCIENCES MORALES. 487 doil son developpeinent monstriieux qu'aux privations que i'on fait subir a la marine inilitaire daooise; et ceijendanl , la ma- rine est la veritable arnie defensive de la nation. Pour se con- vaincre de la vtrite de cetle assertion , il snffu de jeler un coup d'ceil siir une carte geographique. Ajoulons un fait, ijui est a la coniiaissance de tout le nionde, et que nous aiinons a con- fii mer jiar une citation extraile des nienioires de M. de Falkens- kiold." Par un contraste frappant, dit-il, page ^72 , tandis que raimee de terre du Daneniark n'a eprouve que des revers, son armee de mer s'est signalee par des exploits brlllans , et a con- serve une superiorite bien decidee surles flottessuedoises. » M. de Falkenskiold, ayant servi avec une grande distinction dans I'armpe russe , i>endant la guerre de 1 769 et 1 770 contrc la Porte otloinane, avail ccrit des Considerations sur ces deux campagnes des Ritsses centre les Turcs , que I't'diteur a mises en tele des autres inenioires. Comma I'auleur y a caracterise plusieurs hommes distingues , avec lesquels il a en des rela- tions , nous croyons faire plaisir a nos lecleurs , en copiant ce qu'il dit , page 34 , sur le celebre comte deRomanzoJf: « C'e- tait un homnie de beaucouj) d'esjirit naiurel , mais de pcu d'instruction ; entete dans ses opinions , fort porle a la jalou- sie , incertain et indetermine dans les ordres qu'il doniiait, par crainte de se comprometlre. Son secrelaire disait naivenient: « II m'a si fort accoutume a tcrire d'une maniere equivoque et vague , que mes parens ne peuvenl dccouvrir , dans les lettres queje Icur ecris, si je me parte bien ou mal. » Le deposiiaire de ces uiemoires, M. Secretan, vice-presi- dent de la Cour des appels supre.-nes du canton do Vaud, etant in6rt avant leur publication, elle a etc soignee par un ano- nyme, auquel ont cchappe deux erreurs , certainement tres- excusables de la part d'un etranger qui neconnait ])as bien le Danemark. Dans sa courte preface, il donne d'abord a M. de Falkenskiold le litre de comte qu'il n'a jamais eu; ensuite , page IX, il fait du principal raoteur de la conspiration conire Struensee, de M. Guldberg , unchapelain qui devint })lus tard premier ministre. I\I. Guldberg est en effet devcnu ])remier ministre ; mais il n'a jamais ete ecclesiastique. Voici ce que dit ( page i55 ) sur son compte I'auleur des mcmoires , et ce quia pn induire eu erreur notre anonyme : « Guldberg, fils d'un meunier, ayant ete destine a I'etat ecclesiastique , s'appiiqua •Tahordaux etudes rtlatives a sa vocation, et se fit connaitre par des ouvrages de theologie. La faveur de quelques personnes considerables lui fit confier I'educalion du prince Frederic, et lui donna I'occasiou de s'insinuer aupres de la reine douairiere 488 LIVRES FRirVCAIS. Julie- Marie , doiit il gagiia la contiance. GuKlberg couvrait d'un e.iti'rieur pieiix , el du larigaf:c d'ttn humble prelrr une ambition profonde. Du sein de son obscurile niodeste, ilepiait le moment favorable jioiir employer Rant/ati ct son p.irli au projet quil mcditait de niettreles renes de I'etat dansles faibles mains du prince Frederic et de Julie-Marie, d'oii il les ferait aiscment passer dans les siennes. i' Que ce portrait soil vrai on faux, e'est ce que nous ne voulons pas examiner. FeuM. Gnld- Lerg a sans doute eu des torts; m.sis on ne doit pas oublier que, pendant son minislere , il a constammcnt p.rote^:;e les hommes de lettres, et qu"il a puissammenl contribiie aux pro- gres des bonnes etudes en Danemark. Cependant , la verit6 nous oblige d'ajouter ici ce que dit I'autcur des mcmoires (page 20J ), en commeniant un des chefs d'accusation de 'Slruensee, celui d'afoir congeJie , sa.-is /brine de proces , et sans en rejorer a la justice , un s:randnombre d' employes : ■v Obscrvons, dit-il, que les memes hommes qui imputent ce grief a Slruensee, out depouille ainsi de lenrs emplois ceux qui leur deplaisaient , et meme leur ont ravi la liberie et leurs biens. Ce que j'al eprouve personnellement, me met certes eu i^tatdcn juger. u II y a une autre erreur, qui appartient sans doute a I'auteur des memoires lui-nieme. C'est lorsqu'aux pages ao5 et aSi il parle d"un chateau de Gripshohn , <[\u est un chateau des rois de Suede. II faut lire Hirschholm. II n'est pas etonnant qu'un vieillard, eloigne de sa patrie depuis un demi-sicc'.e, ait pu confondre ces deux noras. Mais une erreur, qui n'est pas a lui, etdont nous ne pouvons accuser (jue ie prote, est celle de la page i3a, repetce plus de trente lois, oil il est parie d'un M. de Stolh. Aucun personnage de ce nom n'a jamais existeen Danemark. II faut lire : le Comte de Hold. D'autres noms propres sont aussi mal orthographies; mais, commeilsappar- tiennenta des indlvidus pcu coniius et peu importans, il n'est pas necessaire d'en indiqucr la veritable orthographe. Les memoires de M. de Falkenskiold seront lus avec un vif interet : ils se distinguent par une grande et severe impar- tialite. Heibkrg. ^ 21 4- — * Memoires reltUi/s a la fu mi He royale de trance , ■ pendant la rei-olution ; accompagnes d'anecdotes inconnues et • aulhentiques sur les princes contemporains et autres jierson- nages celebres de cette epoque; publics pour la premiere fois d'apres le Journal , les lettres et les entreiiens de la princesse de Lamballe, par une dame de qualile altachec au service confidentielde cette infortunee princesse. Paris, 1826 ; Treuttel SCIENCES MORALES. 489 et Wurtz, rue de Bourbon, n° 17; Strasbourg, m^nie niaisoii dc commerce. 2 ■vol. in-8" , avec le portrait de la princessc et le chiffre de la correspondance secrete de Maile- Antoinette ; prix, i5 fr. Apr6g tant de memoires sur la revolution , en voici de nou- •veaux qui contiennent encore plusieurs faits inconnus, ct meme qiielques revelations imporlantes. En general , on les lira avec intcret; luais on aurait tort de les lire sans defiance. Ce n'est pas que je ]irefende nier raulhenticite du Journal de la prince?se. Qiiclqiies feuilles publicjues avateut cleve des doutes sur ce jjoint; d'autres avaient meuie fait plus; et le voile de I'anonyine dont s'enveloppait I'editenr semblait don- ner du poids a leurs assertions. Mainlenant , on sait que cet editeur est M™'= la marquise de Govion-Broglio-Solari. Eile vient de se nommer , et, dans une letlre imprimee , apres avoir pro- voque ses accusaleurs a se nommer a leur tour, ellc lianscrit le serment qu'elle avait deja preie, I'annce derniere devant le lord-maire de Londres, pour attester que son livre n'etail, dans tout ce qui jiortait le litie de Journal de la princesseclc Lam- balls, qu'unetraduction fldeledes notes ecrites en italien, qui lui furent coniiecs ])ar la princesse elle-meme, en 1792. Je ne sache pas qu'on ait repondu a celte letlre, et il faut convcnir que i'on ne peut guere demander de plj;s grandcs sureles, a moins d'exiger la representation du manuscrit original auto- graplie, chose a laquelle il scrait peul-ctie ulile de sounieltre en general loutcs les personnes qui publient des onvrages de ce genre , mais dont on a dispense tant d'editeurs. Aussi , quasid j'ai pp.rle de defiance , ai-je \oulu dire seulement que la posi- tion de la princesse , ses affections, son entourage , avaient du souvent la tromper sur les lionimes et sur les evenemens. Pour n'en ciler que deux exemi)les, qui ponrra croire mainlenant que les empereurs .loseph II et Leopold aient ete fmpoisonn(5s par des agens de I'assemblee nationale, et que, dans un comile secret, la meme assemblee ait decide de faire perir de la meme maniere Louis XVI et toute sa famillc? Ce sont de ces ciioses qui peuvent se tramer dans un conseil compose de cinq ou six individus, mais C|ui ne s'agitent jamais dans les assemblees des representans d'une nation , pas plus en comite secret qu'en seance ])ublique. Le poison n'est pas I'armc des peuples. Pour que la princesse de Lamballe ait pu ajoulcr foi a des bruits si absurdes , il a fallu que ses ressenlimens fissent etran- gement violence a sa raison qui, sur d'autres objels, parait souvent droite et eclairee. Je citerai, pour appuyer cet eloge , les regrets qu'elle eprouvait dc i'imprudente demande d'lm Ago LIVRES FRANCAIS. jecours ^iranger. « PlAl a Dieti, disait-elle a la iiiaii|uise dc Solari , plul a Dieif qu'on n'eut jamais provoque I'inlervention c'trungeie ! Oli ! pour(iuoi la Reiiie a-i cllo refuse deinecroire!... Jamais Ics armc'-cs ne soumellront les nations, une nation sur- tout exaltee ])a!' la conqucte n'-cente de son indcpendance el de sa libeite, apres avoir subi le joiig d'un gouvernement faiblc et corrompu. • Conime le journal de la princcsse offrait de grandes lacunes , I'editeur a conii)Ose, pour )es remplir, un certain nombre de chapitres. Ceile partie de I'ouvrage n'est pas la moins inte- ressante. On y remarqiiera j)tincipalement des details sur la corres[)ondance de la reine axec les princes etraiif;ers, ct suif des plans soumisa Louis XVI par lefameux Burke. Get hoinme, a qui Ton a voiilu faire la reputation d'un politique, proposail an roi de singuiiers moyens de saint. Le principal consistait a lever, pour le conipte du gouvernement fran^ais, soixante inille soldats irlandais, charges de venir successivement, par tiers, remplacer en France les troupes nationales qu'on aurait envoyecs dans les colonies. Presse de finir, j'ajouterai seule- ment que M""' de Solari etend son recit jnsqu'a la mort de la ]irincesse Elisabeth , et reniplit ainsi tout ce que proinet le titre de son livre qui ne ])ent manquer d'avoir du succes. Z. 2 1 5. — Souvenirs et melanges litteraires , politiqiies et bio- graphiques ; par M.-L. de Rochefort. Paris, 1826; Bossange pere, Bossange freres. 2 vol. in-S" de xiv , 46/1 et 5 , 448 et 5 pages; prix , 14 fr. et 17 fr. par la poste. Tout se trouve melange dans ces d?ux volumes : anecdotes politiqucs el lilteraires, epigrammes et madriganx , feuillelons moraux , caiembouis, notices biographiques , etc.; et I'ou doit bien s'altendre a rencontrer, dans cet assemblage confus demateriaux( rudis indigestaque moles ), beaucoup de clioses vieillies on insignifianles et peu dignes de paraitre au grand jour. L'au'eur recneillait ses souvenirs, de 1796 a i8r>5, tour ^ tour sous le dircctoire, sous le consnlat et sous I'empire. Aussi, les peisonnages et les evenemens de la revolution sontils ex- poses a ses jugemcns, on plulot a ses critiques, souvenl in- justcs, pariiales, passionnees. M. de RocheCort, si toulefois I'auteur n'a ]>as cache son veritable nom , appartient a cette classe d'homities qui n'ont vu . dans noire grande commotion polili(]ue, suite nccessaire de la inarcbe progeessi\e de la civi- lisalion, quune rebellion sanglante. qu'une imitation terrible et bnrlesque a la fois de la Ligue et de la Fronde. 11 nepargne ni les declamations, ni les plaisanteries contre la liberie, I'ega- SCIENCES MORALES. A91 liio, les philosophes et les sans-culoltes , conire les demagogues decarrefoursetles Iribuuaiix revolutionnaires. Fermant lesyeux Mjr les iinmensesbienfaiis ([ue la France doit au nouvel ordre de clioses, il rie cesse de ciier la Concierii;erie, le Temjile, les Sep- tenibi'iseurs, la Guillolineet laTerreur; il secroit bon Francais, lorsque acciieiUant avec avidite toutes les calomnies qu'inventa I'esprit de parii, il a pu ajouter un crime a la liste de ceux que riiibtoirea lieja consacies. Et cependant, ces crimes appar- tiennent a lous les terns; ils ont sigiiale toutes les lutles po- piiiaires, dont ils sonl les inevitables resultats; et , sans re- monler a des tems Ires-recules , nos annales nous f'ournissent des forfatts aussi atroces, sons Louis XI, sons Charles IX et sous les rois leurs sTiccesseurs. Ce qui distingue la rcvoliilion francaise de la plupart des revolutions ])aliliques, c'est le but de legeneration et d'anje- Jioration vers leiiuei aspU-ail dans I'origine toule la nation : ce sont les juincipes <]ue cette revolution a propages, les abus en- jacines qu'elle a detruits , les institutions (ju'elle aelablies; fnfin les vertus et les lalens qu'elle a reveilles chez des hora- mes condamnes sans elle a Tinaclionel a i'obscurite. On pour- rait, en elfet, ©iposer avccavantage mix compilations perfides oil Ton se plait a enumerer des fautes, des erreurs et des forfails , une galerie de belles actions, de devoumens heroi- ques, dont le spectacle serait consolant ])our Fhiimanite, et honorable pour la patrie. Nous pourrions, en onposant a M. de Rochefort le revers de la medaille qu'il nous prescnte , liii proiiver que les amis de la liberie ne furent point tous des hoiiiiries de sang, et que beaiicoup d'hommes sanguinaires et couveits ile crimes furent de boiis et ardens royalistes. Nous lui piouverions aussi que, dans Tun et I'autre parti, se manifestcrent des caracteres ele- ves et de sublimes vertus. Cette demonstration I'engagerail sans doute a retranther de son ouvrage certaines epigrammes, dont rinteution seule est mechante, entre aiitres des vers atiribues a Deliile el d'aulres d'un certain M. Dropecq, 011 le frere d'armes, I'ami de AVasliington est compare a Cromwell et k Marat I Chose etrange! I'auleur f|ui a recueilli avecun soin scrupu- leux les anecdotes souvent calomnieuses, les epigrammes du moment, dirigees conire les liommes de la revolution, parait n'avoir jamais entendu jiarler des reprciailles de la Vendee, des socieles de Jesus et du Soleil ; il ne trouve aucune occasion de signaler les crimes du parti aristocratique et de verser sur lui les traits d'une vertueuse indignation , ou ceux d'unc mor- /.ga LIVRES FRANCA-IS. daiite satire. N'l.ublions pas, cependant, qu'il a eu la bonne foi d'exlraire des ia[)ports de la ])olice pour les anneesi76'i, 1764, etc., un certain nombre d'histoires scandaleuses , qui ne font guere honneur a I'ancien regime, niais qui, vu leur dale, ne peuvent coinpronioitre en ricn la noblesse conlera- poraine. Si nous passons a la parlic litleraire de ccs souvenirs , nous y trouverons encore bieii des traces do I'esprit de jiarli. Voici un jugenient sur I'anleur de Tibi'ie et de YEpi'tre sur la calonf nie , qui n'csl point de M. de Rocliefort, niais auqiiel il ne rouglt pas de donner son assentiment. « Point de genie, peu d'esprit, de la faclure, de la mi'nioi;e, un long exeicice. » Suivent, dispersc^es dans le conrs des deux volumes, quelqnes cenlaines de vers, dlctes a la mediocrite \iAT I'envie et par les Laines ])olili(iues; mais la lionle et le ridicule , loin d'atteindre jusqira Clienier, retombent lout cntiers sur les auteurs obscurs de ccs diatribes riinccs. Delille , Parny , Lpgouve, Boufflers, Desmotitiers, Tlieveneau, voire nicnie Lebrnn, auquel on re- proche neanmoins des odes inj nines contre les rot's, sonttraites avec moins de defaveur. Des jiioductions peu connues de ces poetes, quelqnes details interessaiis sur leurs ])ersonnes, et iin petit nombre d'anecdotes neuvcs, et qui paraisscnt averees, formenl la parlie saine de ce recueil. Nous I'avons Ine avec in- tcret et nous la recommandons avec le nicme plaisir tpie nous aurions eu a louer tout I'ouvrage, si Ic choix de I'autenr avail ele plus consciencieux et plus severe; s'il avait eu la prudence de ne pas adopter avenglumcnt et de ne ]ioint reproduire de tristes et odieuses caloninies; s'il n'avait pasafficlic des opinions polili(iucs exagcrccs ct intolcrantes qui ne peuvent qu'cloigner un grand nombre de lecteurs; s'il avait conseriti a laisser dans I'oubli certains vers, donl lout le merile est d'etre nes au sein de sa coterie; enfin , s!il avait pu se rcsoudre a parler moins souvent de sa personne, et a I'aire un usage moins frequent des dernieres bribes de son portefeuille. IN*. a 1 6. — * Notice sur la vie de M. le due de Montmorency ; par M. Vetillart, vice-president de la Societe royale d'agri- culture du Mans, etc. Le Mans, i8'26; imprimerie de Mon- noyer. In-8° de 19 pages. Feu M. de Montmorency ctait proprieiaire du clialeau de Bonnutable, depariement de la Sarilie; c'cst ce qui juslifie le tribut d'eloges et de regrets qui lui a ele paye spccialement dans cette contree. On jugera de I'esprit et peut-etrc aussi du style de Torateur par la phrase suivante , qui fait allusion aux elections : « l.e deparlement de la Sarll.e, grace aux Montmo- SCIENCES MORALES. — LITTERATURE. /igS reiicy, grace aux Breteuil , rcprit son rang debou departement (p. 4). » Ces mots renferment une insinuation injurieuse pour deux grands citoyens que le departement de la Sarllie a comp- les pendant quelques annees , au nombre de ses deputes, et en meme terns, une approbation assez formelle, des inanoeiivres coupables et fletiies aujourd'iini par tous les partis, a l"aide dest|uelles on n'a que trop reiissi a coini)rimer en France la liberte des elections. De la naitraient facilement des reflexions ameres que nous siipprimons, pour ne pas nous engager dans une poiemiqneliorsdeslimites et des proportions del'opuscule, qui aurait du n'etre rempli que de paroles d'union et de j)aix, pour etre digne de celiii dont on a voulu lionorer la memoire. X. LiU'-raturc. 217. — * Atlas historique et chronologique des litteratures anciennes et modernes , des sciences et des beaux - arts , d'aprcs la inethode et sur le plan de I'atlas de A. -A. Lesage, (comte de Las-Cases ) , et propre a former le complement de cet ouvrage , par A. Jarry de Mangy. Deuxicnie livraison. Paris, 182S. J. Renouard. Un caliier grand in-foi. contenant deux tablea!ix. Prix de chaque livraison de deux tableaux pour les souscripteurs , 8 fr. L'ouvrage entier se composera de 25 tableaux an plus. Nous avons annonce deja la premiere livraison de cet titile atlas, (]ui contenait le tableau historique ct clironologique de I'Academie francaise et de rAcadumie des inscriptions el belles- lettres. (Voy. Rei'. eric, t. xxix,p. S/jS). Nouslrouvons dans cette livraison une rnappemonde des langues, ou tableau general des langues anciennes el modernes, ct un tableau historique et chronologique de la litteraturc romaine ou laiine. J. 218. — Essai sur les mojens de J'acUlter V elude du grec et du latin, d'apres un |)roce(!e iiouveau; par le baron N. Fri- RiON , lieutenant - general. Paris, 1826; Anselin et Pochard. In-8" de ij et /jo pages; prix , 1 fr. M. Frlrion avail I'lntenlion de se consacrer a I'educatiou de ses enfans , el d'appliquer a lour instruction une methode donl il croit devoir fjiirt' partau public. Son proccde n'a, selon nous, rien de Ires-nouveau : t'est la mi'tliode de I'abbe Gauthier, dont I'un des a^aniages , dans la traduction interlinoaire, con- sisle a etablir une disposition des lignes telle C{ue les mots ranges de gauche a droile, dans I'ordre de la phrase latine, i)uissent de haul en bas ^tre Ins dans I'ordre analytique de la langue francaise. igl, LIVRES FRANCAIS. M. Tririoii jnopose, en ouire, des cahiers d'analyse grani- maticalc et de traduction. Ces divcrscs formaliles, ct cctic tenue de caliicrs ne soni pas non [ilus uno rliose nouvelle, mais nn nioyen de ctinstatcr Ics Ir,.vaiix de I'elove et iin gage de ses ])rof;i-es. Usi resle , les diiruulti's que I'eiifant irouve dans I'etude des niols isolcs, declim's ct eonibinrs, nous sem- blrni toujonrs subsi.ter dans leur enlier et aitendre pour dis- parnilte, d'lieiinuses innovations dans renseignenient eleinen- taire. B. J. 219.- — * Dibliothequc lalinc-francaise , ou collection des classiqucsla'ins, avec la triiduclion en regard. Troisieme livrai- son : Les Icltres de Pline le jeune , ImdiiiU'S par de Sacy, nouvelle ccUlion levuc el coirigce par Jules Pierrot. T. I'''^ in-8" de l^GG p.iges. Quatrieme livraison : Satires dc Juvenal, tradniies jiar /. Dusaulx , nouvelle edition revue et corrigee par Jules Piehrot. T. II, in-8° de 386 pages. Paris, 1826; C.-L.-F. Panckoucke, editcnr , nre des Poitcvins, n° 1 4. Prix de chatjue volume, 7 fr. Nous avons apprrcie d(''ja le merite du j)reniier volume de la Iradnction des satires de Juvenal [ voy, Rev. Enc. , t. xsx, p. 199 \ Nous ne jjourrions qu'adiesser les jneir.es eloges a M.Pierrot p')!ir ce second voltime, ou S'.- rcproduisent la nieme erudition et le ineme talent. Les hiiinanistes doiycr.i egaleinent bien accueillir la traduction de Pline le jeune , revue et corri- gee ])ar le savant professenr, et sur laqiielie nous reviendrons qiiand die aura paru tout cntierc. B — u. 220. — * OEuvres completes de Michel L'Hospital, chance- lier de France, ornces de portraits el de vues dessines et gra- ves par A. TARniKU, et preci'dees d'un. Essai sur sa 7He et ses ouvrages , par P.-J.-S. Dufey, avocat. T. III. Paris, 1826 A. Boulland; F. Didot. In- 8° de 627 jiages; pri.x , 9 fr. 221. — * OEuvres incdites de Michel L'Hospital, chancelier de France, ovuies At portraits et de vues dessines et graves ])ar A. Tardieu, s-uivies d'un Tableau de la legislation fran- caise au seizieme siecle , et accompagiiees de notes historiques , par P. -/.-.S". Dufey, avocat. Paris, 1825-1826; A. Boulland; F. Didot. 2 vol. in-8^*. de vii-/,o6, et 377 ; l^ix , 18 fr. Celui de rjos col!aborateurs( M. Dupin aine), qui a deja consacre qutltpies pages a Tesamfn des ceuvres de Tiiluslre chancelier ( voy. /lei'. Enc, !. .\xv, p. 632), s'occupera inee.sam- inent de I'analyse de ces derniers vohiuies , que recominandent a la fois el rimportance des mnticres endant des siecles a ctouffer les facultes LITTERATURE. 5oi iiilellecluelles des Espagnols , le genie ardent ct vigoiireiix de ce peuple a produit , dans les lettres comrae dans les arls, des beautes de Tordre le plus eieve. M. Maury a pensc que la lilteratuie francaise gagnerait autant que la lltterature espagnole a la traduction des poeics castillans en francaisj il en est de la lilterature, coratne dii commerce : tous deux vivent d'echanges. On rend a la fois service a la nation cliez laquelle on naturalise les ccri- vains clrangers, et aux ecrivains que Ton fait parlor dans une autre langue que la leur. Toutefois, on pourra s'etonner de I'aiidaced'untraducleur qui fait parlerdespoetes dans une langiie qui n'est pas la slenne. Sans doule, M. Maury eut cnlrepris une lache plus facile, s'il eut traduit en prose : mais il a cfu vrai- si-mblablement , comme I'auteur de cet article, que la pocsic ptut seule rcndre la poesic. 11 a meme aspire a iniiler les I liyilimes des poetes qu'il a traduits. Un talent analogue a sun enireprise en a souvent justifie la liardiesse. M. Maury dedie .son travail a deux poetes espagnols, amis de sa jeunesse: Don Manuel Quintana et Don Juan B. Arriaza , rivaux a p!u.i d'un litre, trop souvent, aujourd'hui encore, places par la politique dans les positions les plus opposees : leur rival et It ui- ancien ami a lire de toutes ces circonstances des tableaux d'un artifice heurcux , qui donnent une sorte d'intcrt't public aux rai>ports privt's de I'ecrivain. Chacun des poetes castillans adrais dans la collection de M. Maury, est d'abord I'objet d'une notice biographique et litleraire. Ces articles sont ecrits avec beaucoup de charme et 1 cniplis de details curieux. 'L'Espagne poetique commence avec le seizieme siecle: elle est partagee en deux divisions; la pre- miere, qui romonte en deca de I'annee 1600, est occupee par Garciiaso , Ste.-Tlierese, le P. Louis de Leon, Herrera, Or- vantes et Gongora. La seconde division, embiassant les deux tiers du dix-seplieme siecle , renferme Lope de Vega , les deux Argensola, Quevedo, Rioja el Villegas. L'inlroduction , con- sacree aux terns anterieurs, traite du poenie dont !e Cid eil le heros, des j)oetesHispano-Arabes, deBerceo, de Loi'enzo , du roi AlphonseX , de Tarchipretre d'Hita, de Jean de Mcna , de Villena et de Santiilane, de Manrique, enlin , de Boscan et de Mendoze. Les bornes de cet article ne nous pennetlent pas d'offrir des passages des traductions de M. Maury; nous renvoyons le lecteui' a I'ouvrage; et , malgre quelques laches et quelques negligences, il sera surpris agrenblement de la facilite avec la- quelle la poesie fran^aise vienl so pietera des imitations de la. poesic castil'ane. 5oa UVRES FRANCAIS. Nousdevons faire une mention spcciale de Vavant-propos , dissertation spirituelle et savanle sur les langucs vulgaires , d^rivees de la langue latine, et sur les versifications modernes. 11 serait a desirer que I'auteur voulut developper dans un ouvrage special les idees, dont il a seulenient depose le germe dans cclui-ci, sur la versification des anciens. Muriel. 226. — - Le Siege de Paris , tragcdie en cinq actes, par M. le vicomte d'Arlincourt; representee potiria premiere foissur le Theatre-Francais, le 8 avril 1826. Paris, i826;Leroux ct Constant-Chantpie, editeurs; Betliet aine, au Palais - Royal. In-8° de xiv et 1 1 5 pages ; prix , 4 fr. Nous avons dit notre pensee sur cet ouvrage, alV'-poque de la representation [Yoy. Rev. Enc, t. xxx, p. 268). On y a joint, en rimpriniant, un Avant-propos de I'editeur , ou Ton dit : « Aucune tragedie ne fut attaquee a une premiere repre- sentation avee plus de rage et de deinence que le Siege de Pa- ris ; et pourtant, aucune tragedie ne fut plus applaudie aux representations suivantes. « Et un peu plus bas : « Toutes les feuilles publiques, h I'exception de trois ou quatre, se sont dechainees avcc fureur contre le Siege de Paris ; on s'est in- digne, dans le monde , depuis le brillant succes de la piece, de leurs inconcevables articles. « Cede rage, cette indignation , ce brillant succes sont autant de choses dont nous ne nous sommes point apercus ; la piece est morte paisiblement , apres neuf ou dix representations; c'est ce qu'il y a de ])lus posilif dans son histoiie.L'editeur est probablemeut un amiiutime dti poete ; un entbouslasme un peu plus calme eut luieux servi les inspirations de son zele; le public scdefie d'uneamitie si pas- «ionnce ; Miens vandrait un sage ennfmi. M. A. 227. — Poesies de M. le corate Anatole de Montesqdiou. Deuxieme edition, augment^e d'un quatrieme livre. Paris, 1826 ; Ladvocat. In-i 2 de 2 60 pages ; prix, 3 fr. 5o c. Autrefois, quelquespetitsvcrs, un madrigal, un impromptu, un bouquet ;i Chloris, suffisaient pour faire la reputation d'un poete. Que les terns sont changes! Aujourd'hui, le public, tout entier aux combinaisons fiiiancieres, aux grands debals de la politique , jctte un coup-d'oc;il dedaigneux sur les produc- tions litteraires : les elegies, les odes , les iragedies , les come- dies meme en cinq actes et en vers , jusqu'a dcs poemes epiques, tout passe inapercu. M. de Montesquiou se presente avcc un volume compose d'epitres , de contes et de fables. Co bngage est un peu legcr LITTliRATURE. So-^ aux ycux d'un siecle serieux comme le noire ; inais ne paraitra pas^sans interet, si Ton se souvient ijue deux on Irois idylles ont acquis a M""- Deslioulieres des litres a riminortalite , et que, pour avoir raconte les fails et Ics gestes de Ronge-inaille, deRominagrobis , de Jcannot lapin, celui qu'pn appelait le Bonkomrhe , futaussi surnomme Y Inimitable. La muse de M. de Montesquiou est une muse agreable et sans pretention. En general , ses poesies respiront une morale douce, et annoncent un esprit d'lin commerce aimable. La simplicilc, I'elegance et une grande facilite sont les qualiles dislinclivcs du style de I'auteur. Jc dirai seulement, pourfaire la part de la criiique, qu'on est fache quelqnefois de voir celle facilite serapprocher un peu de la negligence. — La piece du Petit Savoyard vair'ixc d'etre remarquee j^armi les conies; et parmi les fables, eeile qui est inlitulee : les Poissons. Je cede au plaisir de la citer en entier : Sar le sein azure d'une eaa calme et profomle , Je vols avec chagrin le liege du pechear Quelques instans fremii- et se plonger dans I'onde : C'est un indice de malheiir! t'liyez, petils poissons!... ce piege seducleur A I'art cruel de vous atteindre. Mais, qaand vous v^us laisscz cbarraei', Quand vous ne poiivez vous coulraiudre, Helas ! j'ai le droit de vons plaindre , Et non celui de vons blanier. Les succes de la troniperie Souf frequeos aussi parini nous; Et rentrainemeni est s! doux, Qu'avec un peu de ihiilerio On me pteadrait lout ccmme \ uus. L'auteur nous aiinonce qu'il a entrepris el doja fort avancu la traduction en veri de tonics les poesies ilaliennes de Pe- trarque. A en jiigcr par les trols sonnets qu'il a in eres dans le volume que j'ai sons les yeux , il me senible que M. de Mon- tesquiou ferait bien de se rapproclicr davantagedu lexleita- lien. C'esl un conseil que je hasarde, tout en rcconnaissant combicn il est difficile de faire passer dans noire langue les beautes de Potrarque. Louis Crivklli. 228. — Voyage dans les Hautes-Pyrcnees , par le comte de Marcellus, pair de France, dedie a S. A. R. Mg"" le Due de Bordeaux. Paris, 1826; Firmin Didof. In - 18 de 180 pages; prix , 3 fr. 5o c. M. de Marcellus nous prcvient qu'on ebercherait en vain 5o4 LIVRES FRA-INCAIS. dunsce Voyage de nouveaux details de geograpLie et d'his- toire , de nouvelles observations de geologic , de rain^ralogie, ou de botanique. Son but a ete uniquement de rctracer les impressions dont le spectacle des racrveilles de la nature a frappe son kme. M. de Marcellus est plein de la lecture des anciens. Sa prose est elegante et parfois pittoresque; ses vers ne manquent ni de doucenr, ni d'harmonie. Mais toujours des niontagnes, des \allees, des torrens, des cascades, et puis des cascades, des torrens, des vallees et des niontagnes ! II faii- drait un talent bien plus robuste et plus original que le sien pour nous faire supporter la monotonie de ces eternelles descriptions. Chose singuliere! le plus chretien de nos oraleurs est Ifi plus payen de nos poetes. Ce sont toujours chez lui les Nymphcs, les Naiades, Flore, Pomone, Ceres, voire iiieme Cupidoi). Voila d'etranges personnagcs a meltre a cote de la Fierge-mereetde YHominr-Diru.l,3i mytliologie est sans doute la plus poetique de toutes les croyances; inais elle est usee, el!e est morte, et la poesie ne peut se nourrir (|ue de croyances vivantes. Des qu'on voit apparaitre aujonrd'hni dans des vers quelques-unes de ces divinites de la fable, on sent que Ic poete a puise ses inspirations dans le souvenir de ses classes, plus que dans ses propres impressions, et un froid glacial saisit le lecteur. Cn. 2 ay. — Le Budget d'ltn sous- lieutenant en re/brrne, par ^. Roy, officier reforme. Dieppe, 1826; Marais fils. In-S" de 22 p.; prix , I fr. 5o c. On remarque, dans cclle legere jiroduction, ut;c poesie facile et correcte, qnelques plaisanteries de bon goiit,et d'ho- norables sentimens exprimes avec verve. Trois cent clnqiiante francs sont tonte ma fortune. — Quoi! point d'autre resscnrce ?— He! nion dieu ! non; aacuiw. J'ai voula in employer, niais j'ai peida mes p.Ts; Toujours en tenis de paix on n'a tjne trop de Lras; Et du sollicileur quand je n'ai pas Faudace, Comment puis-je esperer d'obtenir une place.' Apres avoir fait an public ce premier aven, I'anteur dclibere sur les ressources qui peiivent lui resler pour vivre , outre cette inodique solde de reforme. Se fcra-l-il labonreur ? Pour mon mailre et pour mol ce serait un tourment , Je ne distingae pas le seigle du fronicnt. Le souvenir de Cincinnatus senible un instant le ranimer; H fait grand cas d'un exemple aussi beau. ' LITTltRATURE. 5o5 Oul, mais Cincmnatus etait proprietaire ; C'elait a sou profit qa'il labourait la terre ; Tandis que je n'ai pas, et voila mon chagrin, Sai' la face da globe un pouce de terrain. Croyez-vons pour cela qne je doive me pendre? Non. « Son ame a pour soutien I'Auteur de la naliiro; » il se resigne,cn attendant de melUeurs jours, a son existence pre- sente, qu'il nous peint, dans un tableau piquant, comme le parfait niodele d'une vie sevcreinent ecoriomique , et cependant agreable. II ajoute a celte description pleine de variete une pensee gt3nereuse, ou respire I'ame d'un soldat palriote : J'ai Lien qnelqoes regrets, lorsque parfbis je pense A des terns plus heureux , a mon ancienue aisanct; Puisque j'ai fait la faule , il me faut I'expier ; Oublions qu'autrefois je me vis officicr; Mais je n'en perdrai pas assez bien la memoire Pour etre jamais sonrd a la voix de la gloire ; Si la France le veut, elle u'a qu'a parler, Le reste de mon sang est tout pret a conler. B— u. 23o. — Satire Menippee. — Paris, 1826; Touquet. In- Sa de 128 pages ; prix , 60 c. Lorsqu'au dire de Lucicn ( Dialogue des Marts, Diogene et Pollux), le philosophe Menippe riail si fort, dans Athcnesou a Corintlie, des vaines arguties dc sopbistes qui disputaient serieusement sur des rlens, il ne se doutait pas qu'un jour , chezlesGrecs etchez nous, sonnom deviendrait celui deces sa- tires vigoureuses ou la verlu et la justice se vengent par le ri- dicule des vaines pretentions et de I'orgtieil du crime trioni- phant. Tel devait etre , tel a ele le sort de la satire Menippee : des pensces hardies, voilecs sons un stvle toujours plaisant, des ironies mordantes ; des uaivetes plus sanglantes encore, voila ce qui en a fait le raerite et la reputation : elle a leve ce voile de respect et de superstition qui couvrait I'ambiiion des chefs de la Ligue; elle a livre au ridicule, elle a convert dc honte et de mepris ceux qui se metlaicnt a la solde de I'Espagnol , et ven- daient leur pays a I'etranger : par la , elle a peul - etre , aiiisi qu'on i'a dit plusieurs fois, ete aussi utile a Henri IV' , que les combats les plus sanglans. On a reuni, sous le norn de satire Menippee, en deux ou trois volumes in 8° plusieurs des pamphlets que les j oyalistes firenl paraitre a cette epoque. Les editeurs actuels n'ont pris que ce qu'il y avait de plus interessant , savoir I'excellente 5o6 LIVRES IRANCAIS. critique dc la vertu du Catholicon , el I'liisloire de la lenue iles tHais dc la Ligne ou Ton romarque les di.^cours de M. le lirii- lenaiit ( Ic ducde Mayenne), du cardinal de Prilleve, de M. De Lyon, de M. le recteur Rose, du sieur Uieiife de Pierrefond, pour la noblesse francaise, et de M. d'Aubray, pour le liers- ctat. Get orateur est le seul ([ui s'altacbe dans son discours a la JMstice et an blcn penoral, tandis que tons les aiitres ne se sont occupcs que de leurs priviici^es ou de leurs inleiets personnels : Texpression dn droit et usnesaiirions changer, emjjorte I'idee de persounalite , d'egoisme, et dans ce sens, il est ;)recisement I'opposo de beau. Les observations ingenieuscs et sonvent plausibles dont le meme auleur s'esi etaye pour decrediler Vidcal ne nous out pas non (ilus con- vaincus. Ces observations tres-judicieuses, tant c|ti'clles ont pour but et pour effel de jelcr le ridicule sur I'abus de \' ideal, nous semblent depasser le but, lorsqu'elles frapfient Videnl meme. 11 y a en nous quelqiie chose qui proteste conire lous les raisonnemens, et notre ame, trop souvent nial a i'aise dans cemonde, a le sentiment vague, si Tonveut, niais reel, li'tin ordre et d'une beauie superieurs a ce que nous voyons. Ce sentiment est iiccessaire a I'artiste pour produire le beau dans sa perfection. De la, le pouvoir de la miisique sur ceux qui sont susceptibles de I'eprouver. On s'estbeaucoup moque de la nielancolie du nord , et rien de plus ridicule assurement que la pretention a la melancolie. C'est cependant un sentiment na- turel, et qui serait a [)eu pres inexplicable, si Ton rejeiait le besoin et le pressentiment de qucltpie chose de mieux que ce que nous possedons. Ces idees que nous avons relrouvees en partledans recritdc M. Droz, nous ramenent a lui. Son livre plait et eclaiie, parce qu'il revele une ame elevee et douce, un goiitpur, bcaucoiip de sagaclte, et que I'auteur appuyant ses conseils d'henreux exemples, sail donner de la couleur el de la vie a son style toujours noble et elegant avec simplicite. V. 233. — * La Chine; m(Kurs ., usages, costumes, arts et metiers , peines civiles et militaires , ceremonies religieuses , rnonuinens et passages, A' apres les dessins originaux du P. Cas- tiglione , du peintre chinois Pu - Qua , de W. Ale.randre , Chambers, Dudley, etc.; par MM. Deveria , Regnikr , .ScHAAL, ScHMiT , ViDAi. , ctc. , avec dcs Notices crplicativcs ct une introduction , preseiiiant I'etal actuel de I'empire clii- BEAUX-ARTS. 509 nois , sa statistique , son ftouTcrnenient , ses instllutions, les cultcs qu'il admet 011 tolere, et les grands chanjreniens poli- tiques qii'il a subis jusqu'a ce jour; par D. B*** de Mal- piKRE. Sixieme livraison. Paris, 1826; I'editeur, rue Saint- Denis , n° 188, tin caliier grand in - 4**. Prix de chaque livraison, i5 fr. ; par souscriplion , la fr. (Voy. Rev. Enc, t. XXX, p. 827.) En rendant compte de ce bel onvrage, nous n'.ivons point a entretenir nos leclcurs de I'antiquite de I'einpire chinois, iii a romparer la morale sublime de ses phllosophes avec celle des pliilosophes des aulres nations. Nousn'essaierons ]jas,non I)ltiS, d'apprccier par quels moyens cct empire s'est constam- menl soiilenu au memo degro de splendeur et d'eclat ; comment il a pu soumettre a ses lois et a ses usages les nations barbares qui ont si souvent envalii ses provinces. C'est a M. de Malpiere qu'il appartient de fiiire ressorlir et de developper ces con- sideralions. Les parties de son travail qui ont deja paru nous prouvent qu'il s'en acquille avec talent. L'ouvrage que nous avons sous les yeiix est jdcin de do- cumens rares et curieux , de renseignemens choisis avec gout et heureusement varies. Le plan adopte par I'edileiir raerite des eloges. En nous inlroduisant dans les paiais des empereurs et dans riiumble atelier de I'artlsaii, il reunit a I'agrement de riiisfoire I'attrait seduisant des voyages. Tour a tour , en effet , le Iccleur s'arrete aupres d'une fenime thinoise qiii tient son enfant dans ses bras ; il accompagne la gondole de ce man- darin en voyage; il assiste au saciifice qu'offre ce jeune bonze a ses idoles , et observe curicusement les luses, les fourberics de ce preire de Fo qui exploitc la superslilion populaire ; marin, il s'abandonne snr ce bateau leger qui descend le cours du grand flcuve; soldat, il can)[)e avec un officier du corps des archers, et, fatigue d'un long voyage avec un cour- rier tarlare, il va se reposer sous le loit Jiospitalier d'une jnlic maison ruslique. Discijjle des prelres de Fo , il se rend a la pagode pour y deposer son offrande. Arrive a Yang-Fou, il suit son guide cliez un libraire; I'accompagne dans Fatclier d'une jolie brodeuse qui travaille a son metier; il prend avec lui le plaisir d'une peche au cormoran. La variete infinie des scenes de la vie domestique que cet ouvrage reproduit ne permet d'en citer qu'un tres- petit nombre. II suffit de dire que tout est rendu avec verite dans cette collection jirecieuse, que les dessins sont pleins de vigueur et d'expression ; que les couleurs les plus pures et les plus heureusement diver- sifiees lesaniraent et scmblent leur prefer un nouveau charrae. 5io LIVRES FRANCAIS. une nouvetle \ie. Nousle rcp^tons, I'auteiir nous fait voyager aveclui; et , si noiis cprouvons encore qtielque embarras , si Ics tableaux ne nous instruiscnt pas suffisammerit , la lecture des notices qui Ics accompagnent vient eclaircir nus doutes el nous iiiitiir aux arts, aux coutunies , anx nioeurs du peuple chiiiois. IVous savons a qiioi allribiier I'clat dc stiipcur et d'ignorance dans lequel vcgetc auiourd'liui cetle nation dont les cominencemens sont presque fabuleux. M. de Malpiere eleve , dans son ouvr.ige, un monument anx arts; 11 ai)i)articnt a ceux qui les cultivent et (\u[ les aiment d'cncouragcr ses efforts. — La sixieme livrnison qui vienl de paraitre , et (jui comprend la Balelicre , le Murchand de pipes, les Equilibristcs , le Maljciitcur cnchaine a une tige de fer , des Chiiiois riverains, et un joli jjaysage reprt-sentant une fumille dc pecheurs , achevent «le pronver que I'editenr n'cpargne ni soins , ni dcpenses , pour reiidre son travail aussi parfait que possible. Z. 234. — * Les Roses ; Y'^T P. -J. Redoute, avec le texte, par C.-A. Thory. 3i""=,3i.™''et33'"'' livraisons.Paris, 1826; Panc- koucke, tditeur. 3 cabiers in-8**, conlenant cbacun (|uatre jilantlics coloriees; prix de la livraison ou du cabier, 3 fr, 5o c. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxx , p. 829. ) 235. — * Cefit grai'ures pour les eeuvres de Voltaire , conve- nables a toutes les editions in-8° ct in-12, publiees par M. Le Cerf, d'a[(resles dessins de MM. Ueveria et Chasse^at. 16"' et i-™^ livraisons. Paris, 1826; Panckoucke. 2 cabiers in-S" , contenant cbacun quatreplancbes. Prix de la livraison, a f. 5oc. (Voy. /?ei'. Enc, t. xxx, p. 829. ) Ces deux livraisons conliennent trois gravures pour la Pu- celle , deux pour Zndig^ une ]K)ur Zaire , une pour la Hen- riade, une pour le Temple de lag hire. 236. — * Collecdon des portraits historiques de M. le baron Gerard, premier jieintre du roi, graves a I'eau-forte par M. P. Adam; preci-dt'e d'unc Notice sur le portrait historique. Paris, 1826. Urbain Canel. L'ouvrage se composera de douze livraisons coniposces cbacune de six plancbes tirces sur jiapier de Cbine; el de six feuilles sur lesquelles sont indiqnes le nom du personnages represente, et le litre qu'il portaitau moment ou son portrait a etc fait. II a dejii paru trois livraisons. Prix de cbar|ue livraison, aS fr. J'ai annonce cet ouvrage, a Toccasion des deux premieres livraisons ( voy. Rev. Enc. , t. xxx , p. 828 ) ; la troisieme qui ne s'est pas fail attendre, contient , comme les deux precedcntes, BEAUX- ARTS. 5ii d«5 noms hislorlqncs qui sc llenl aux evencmens de xix*" siecle. Enexainin:int cliaque portrait, I'un upres I'autre, on croitpar- courir snccessivemenl i)Iusieurs cliapilres de I'liistoire tie France; (ians le nombre, il lmi est qui ra])pe!leni des evi'iiemens douiourciix ; inais, loin de les redouter, on recheiclie les emo- tions de cette nature. Le succes de Toiivrage de M. de Segur, sur la dcsastieiise campagne de Russie, en est une preuve. Considerce sous le rajiport de I'ai I, eel le galerie n'est pas moins interessanle; on y \oit un bomine de genie, renfermo, par son sujet dans dcs liniilcs eiroites, lutter conlre ces obstacles avec un talent et une grace qui out rcpanilu ses ouvrages et sa reputation dans toute rEurojic. La collection, gravee par M. P. Adam, destince a reproduire ladisposition et lecaraclere particulier dcs portraits qui la composent, a oblenu et conti- nuera d'obtenir le succes (jue mcrite ie talent de I'un des plus grands ])ein!res que la F.ance ait produits. P. A. 237. — * Edifices de Rome moderne, dessines et publics par L. Le Tarouilly, arcliitecte. 3™*, 4™" et 5""'= livraisons. Paris, 1825 ; Tauteur, rue Richelieu, n° 49- L'ouvrage aura i4li- vraisons environ, in - fi)lio atiantique, cliacun de 6feuil!es gra- vees au trait. Prix, a Paris par livraison sur colombier fin d'Au ■ vergne, 6 fr. , sur colombier vclin, 12 fr. ( Voy. Rev. Enc. , I. XXIX, p. 85o ). Les livraisons que nous annoncous ne se sont pas fait alten- dre; elles ont succeile iminedialeinent aux deux premieres: voici quelqiics details sur leur connposition : 3™' Livraison. Plans, elevations, coupes et details d'une raai- son situee -via del Governo veccliio, des jiaiais Niccolini, Vc- rospi, del Bufalo, du petit palais, Piazza di campo Marzo, et vue du vesiibute; plan de deux maisons via delie cinque Lune et Piazza Madama. 4'"^ Livraison. Details de la porte d'entree du palais del Go- vernalore , des palais Patrizi et Tomati; coupe sur la petite cour du palais Palrizi; elevation et details de la partie construite du palais Capraiiica ; plans, elevations, coupes du palais Pa- trizi, siiue pres de Teglise S. Catarina de' Funari; elevation d'un palais j)res la Piozza dtUa Face; plan d'une niaison pre* leglise Santa - Maria della Pace et vue du vesiibule ; plans de deux maisons via Uell'orso ct via delle Quatire Fontane. 5°><' Livraison. Plan, elevation et detail de la chapelle S. Gio- vanni in Oieo, situee pres la porte Latine; elevation du petit palais Spada ; plan, elevation et coupe de I'eglise S. M. de Monti et college de Neofite ; elevation du palais Muti Papaz- zussi; plan et coupes du palais della Consulta , aujourd'hui ca- 5ia LIVRES FRANC AK. sernc des gardes nobles et plan des souterrains ; vue de la cour de ce palnis. Ces livraisons sont gravoes an trait avec iine rare perfection , ot nons devons ajouler que ce luerite d'exccuiion se fait g6ne- ralcmeiit jemarquer dans toiites les planches qui ont ete pu- bliees jusqu'a present. Confiee aux meilleurs artistes en ce genre et constainment surveillce par M. LeTarouilly, !a gra- vure ne pent manquer par son ensemble d'obtenir rassenliraent des arcliilectes , des eieves, des constrncteurs et des amis des arts anxquels I'ouvrage est plus parliculiorement destine. L. S. M. Memoires et Rapports de Societcs savantes et cVutilite puhlique. 238. — * Memoires et dissertations sur les antiquites nalio- nales et etrar?geres , publics par la Societe royale des antiquaires de France. T. VI et VII. Paris, 1826; J. Smith, imj)rimeur- libraire, rue Montmorency, n" 16, et au bureau de I'almanacli ducommerte, rue .I.-,F. Rousseau, n° 20; prix , iG fr. et 20 fr. par la poste. UAcadeinie celtique avait public cinq volumes; heritiere de ses travaux dont eile a beaucoup etendu le cercle, et pour Icsquels elle nous parait suivre une meilleure direction, la So- cicte royale des antiquaires de France , dont la collection se composait deja d'uu pareil nombre de volumes, vient de met- Ire au jour les tomes vi et vii de ses memoires. On y Irouve decrits des monnmens en lout genre , des inscri;)tions, des medailles , des usages, des dialectes, des traditions. I>a, vien- dront piiiser les ecrivains qui voudront remplir quelques-unes des lacunes qui existent dans I'lnsloire des evenemens et des arts de la Gaule et de la France jusqu'au xvi^ siecle inclusi- venient. Le tome vi est consacre a des dissertations sur les langues et sur les patois, lant du royaume que des aufres pays. II commence par une notice de M. CiRBiiio sur la Grammaire de Denis de Thrace , et par rouvrage( en grec, en armenien et en francais) de ce savant philologue qui florissait, il y a deux mille ans. On doit a M. I'abbe LAiiOUDERiE le livre de Ruth en hebreu et en patois auvergnat, ainsi que laparabolc de I'enfaut prodigue dans ce dialecle et en syriaque. RI. Bert.iat Saint- Prix enlretlent ses lecteurs de I'enjploi de la laiigue laline dans les actes anciens, et de sa prohibition au xvie giecle; M. de Gervillf. , des anciens noms de lleux en Normandie; M. Jait- jiKRT DE Passa , des recherci.es bistoriqucs sur la langue cata- MEMOIRES ET RAPPORTS. 5i5 lane ; cet auteur donne le Roussillon pour palrie au poete Guillatime de Cabeslaiiig, tandls que, d';ipres Boccace, Nos- tiadamus, Crescimbeni Mannis, etc. M. Ladoucette , dans son Troubadour , I'afail naitre en Provence. Le volume est termine par la parabole de I'enfant prodigue, traduite en 86 patois; ce travail a ele snivipar M. Coquebert de Montbret; nous au- rions desire qu'il y joignit la carte oh il a divise la France, suivant les divers dialectes que Ton y parle. Dans le tome vii , le raerae M. de Montbret a traite de la religion des liabitans de la Grande-Bretagne et de ses rapports avec celle des Gaulois; M. Van Alpen , d'Hercule Saxanus et Magusanus ; M. Girault, des monumens celtiques de la Coted'Or; M. Hennequin, des fouilles d'une voie romaine aupres de Metz; M. de Gerville, des camps remains de la Manche; M. Beaulieu, du camp re- main, dit la cite d'Jfrique , aupres de Nancy; M. Caix, du pays des Gabaii ; M. Drojat , de Cerebelliaca , dans ia Drome ; M. SAiNT-AMANDj.de Cassignolius. en Aquitaine. MM. Lemais- tre, Morelot, Lejeune , Boujon, Penchaud , Vtran , Teissier , Thibault ont decrit des objets d'antiquiles , decouverts dans I'Aisne, la Cote-d'Or, la Meurthe , le Puy-de Dome, les Bou- ches-du-Rhone, la Charente , la Moselle et I'Yonne. Le monument antique, connu sous le nom de mnrbre de Thorigny , et qui vient originairement de Vieux ( Viducasses ) , est maintenant a Saint-Lo, chez M. Clement, raaire de cette vilie, qui le destine a la maison commune : I'abbe Lebeuf n'en avaitpas scrupuleusem.ent donne I'inscription; M. Ladoucette, ayant vu le monument , a envoye a M. Clement le procede dont M. Jaubert de Passa s'etail servi en Espagne et qui nous a pro- cure avec la plus grande esactitude^eyrtc-f//rt//e de la fameuse inscription de Thorigny , sur laquelle on trouve un rapport de M. BoiLEAU DK Maulaville. M. Artaud, conservateur du musee des antiquites a Lyon, nous fait connaitre la lettre de Sextus-Fadius , gravee sur un monument existant a Narbonne; M. Drojat, un cippe a Taurobole, qu'il a examine a Die. Nous nous plaisons aussi a citer M. Ddlaure , pour son rapport sur la notice de M. Jouannet , relative a I'eglise de sainte Croix a Bordeaux; M. Depping, pour ses recherches sur le culle de St-Arras et sur les Cahursins ou Coarslns du moyen age; M. Berriat Saint-Prix , pour celles qui ont eu pour objet une r^ponse attribueea Sully ; etM. de Montbret, pour I'estrait de I'inventaire du cardinal Mazarin, quoique ces deux dernlers ouvrages aient depasse les limites du xvi" siecle, que la So- ciete des antiquaires semblait s'etre Imposees. La Societe royale a perdu dans MM. Langles et Babbie du Bocage , deux de ses T. XXXI. — ^ozoete , et il y reussit presque toujours. Enfin, I'llalie peut se flatter d'avoir, dans cet oiivrage, une estimable traduction du Camoens. La belle edition qu'en a faite M. J. Didot inerite des eloges; elle est entierement conforme, pour le caractere, le format et le papier, a I'edition portugaisc, publiee a Paris, en i8a'3 , par J. P. Aillaud. F. S. 2/|6. — * Select britisk Novels , etc. — Chois de remans an- glais, publics jiar M. J.-JV. Lake. Premiere llvraison conte- iiant : la legende de Montrose, ( I'Officier de fortune), par hir IValter Scott, Bart. Paris, 1826. Firmin Didot. 2 vol. in-32 de xLWi-201 , et 224 pages ; prix dii volume, H fr. 5o c. II faut que la connaissance et le gout de la langue et de la litterature anglaises se soient bien repandus en France, de- puis plusieurs annees : aujourd'hui, Londres et Edimbourg ne voient eclore aucune nouvelle production de Scott , de Moore, on de Icursemules, quinesoitaussitot offerte au public parisien, noa plus seulement dans une traduction inforrae , mais encore dans Tine edition en langue origlnale, presque aussi correcte et plus economiquc, que celle des Constable ou des Murray. Sans doute, les speculateurs coraptentbeaucoup, pour le debit de leurs livres, sur les nombreux visiteurs anglais, que raraenite des mceurs francaises, la douceur du climat, et d'autres causes en- core attirent a Paris et dans nos belles campagnes ; mais ils ont a repondre aussi a d'autres demandt's , a d'autres besoins. Si la foule lit aujourd'hui les traductions qui ne sortaient point autrefois d'une certaine sphere , du moins il est un bon nom- bre d'hommes qui, profitant d'une instruction plus etendue et plus liberale , vont chercher a la source les productions du genie, avant que le penible travail des interpretes les ait re- froidies et decolorees. C'est done avec de nombreuscs chances de succes que Ton entreprend de publier les chefs-d'oeuvre de Swift, de Foe, de Fielding, de Smolett, de Richardson, de miss Burney, et de Scott. Cette collection, imprimce avec beaucoup de gout et d'elegance , ne deparera aucune biblio- theque , et I'on peut lui promettre une place assuree dans celles des amateurs de la belle litterature anglaise. Outre les auteurs que nous venons de ciler, les editeurs se decideront sans doute a publier les cliarmans ouvrages de Sterne , de Mackenzie , de Goldsmith , ces romans moraux ou miss Edgeworth a continue pour un age plus avance les excel- lentes lecons qu'elle avail d'abord presentees a I'enfance, et quelques ouvrages plus modernes que I'Angleterre et la France ont accueillis avec un egal empressement. A — e. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. New-Yohk. — Bateaux a vapeur. — Jamais les cominuni- cations entre celle ville et les etats voisins n'ont cte aussi ac- tives que de nos jours : il y a mainlenaiit c[ua'tre lignes dis- tinctes de bateaux a vapeur, de New-York a Philadelphie; 14 batimens du menie genre sont eA activite sur rHudson , ou Riviere dunord. D'autres fiaquebots font le service pour Flas- liing, Sawpits, Bridgeport , New-Haven , Hartford, Norwich, New-London, et Providence. Tous ces bateaux, au nombre de3o, partent regulierement de New-York pour leiir desti- nation respective, et sont employes.principalement au trans- port des passagers. II serait difficile, et pcut-etre impossible de determiner le nombre des voyageurs qui s'y embarquent ; mais il doit etre tres-grand; car il parait qu'il s'accroit aussi proraptement que les paqnebots a vapeur se multiplient. La rapidite des passages est d'ailleurs prodigieuse. Les voyageurs, partis de Philadelphie a 6 heures du matin , vont dejeiiner le jour suivant a Albany , parcourant ainsi une distance de cent lienes. M. I'Tecrologie. — John Adams. — Jefferson. — Ces deux grands citoyens que la republique des Etats-Unis a perdus le meme jour, occupent dans I'histoire une place si eminente, et sont si bien connus comme hommes publics, qu'il ne reste plus qu'a les peindre dans la vie privee. Cette tache si douce a remplir, et si utile pour I'instruction morale des peuples , la Jlerue encyclopecUque ne la negligera point; mais il faut du terns pour I'accomplir. Nous nous attacherons a recueillir les faits avec une scrupuleuse exactitude ; oar ce n'est pas un monument de flatterie qu'il faut eiever a des hommes aussi veneres. En parlant de vies dignes de servir de modeles, on manquerait aux bienseances, si Ton cessait un seul moment d'etre simple, vrai, exempt de toute passion et meme de I'enthousiasme de la vertu. Le jour de la mort de ces deux grands hommes fut preci- sement le cinquantieme anniversaire de I'independance a la • 521 AM^RIQUE CENTRALE.— ANTILLES. ■qnelle ils avnient si pnissnmnieiit concotiru el dont ractejiorle leurs si^'natui-es. John Adams affaibli p.ir son grand Jit^c (ga ans) cntendit le brnlt des rejouissances publiques, et il en demanda la cause ; et des qu'il I'eul connue : voila un bien beau joui-, dil-il, ct i! expira. JtKi krson , nialade depuis long-lems , iieforinait qu'un vicn, cehii de vivre jusqu'au 4 juillct, jour de ranniversaire, et il en etait bien pres lorsqu'il exprirnait ce desir, qui fut cxaucc. F. AMERIQUE CENTRALE. Guatemala. — Climat. — Commerce. — line leltre adiessee a la Gazette dv Baltimore , par un jeune Ainericain voyageant sur les cotes de cetle conlrce dans I'Ocean Pacifique , donne Jes di'tails suivans sur I'ctat des ports, la salubrite, et le cota- merce de cette parlie du pays — A Realejo , I'extcrieur des hobitans indicpie assez I'insalubrite du lieu. Le brick, le Junius , dans un sejour d'environ deux semaines, y a perdu Iroishoin- mes et a eu tout son equipage et ses officiers nialades. San- Carlos est de pen d'iniportance. Au port de Libertad, leniouil- lage est mauvais, et il faut transporter les niarchandises a dos de mulct, a la ville, a une distance de sept licues. L'endroit passe pour etre sain. Les taxes sont moderees , et on ne paie pas de droit d'ancrage. Le jeune voyageur atlribiie a juste titre la pauvreic ct I'ignoraiice du peuple a I'ancienne administra- tion espagnole. Le gouvernemeut actnel emploie tous les inoyens convenables pour encourager I'industrie etpour atti- rer les capitaux etrangers. — Les habilans de ces cotes parais- sent prcfcrer les niarchandises de fabrique americaine , aux produits anglais. T,es farines de I'Amerique y trouvent un mar- cbe a la verile fres-iiniite ; elles s'y vendenl a Ires-liaut prix. Le tenitoirc aux environs de Realejo donne plusieurs rccollcs par an , et produit abondanimment quelques articles de snL- sistance, qui ne demandent que des consummateurs. Avec de pelits caj)itaux, on ferail faire de rapides j)rogres au commeicc de cette cote. Le prix de la raain-d'ceuvie y est toiijours tres- bas. A Lecn et aux environs, la journee d'un ouvriern'est que de 2 a 3 reaux. Mais , du mois d'aout au raois de septembre , les pluies qui font deborder les rivieres , rendent le jiays insa- lubre. Les maladies ont ett§ , I'anneederniere, plus nonibrenses que de coulurae, dans la province de Leon; la pluj)art dea etrangers y ont ete altaquesde fievres intermitlentes. La pro- vince de Saii-Sahador exporte beaucoup de sucre et d'indigo; c est la i ariie du pays la plus commercante. A. V. I 523 ANTILLES. Haiti. — Emprunt, commerce. — Au moment oil ce nouvel lilat preiid son rang parmi les peoples libres et gouverncs avec sagesse , il est important do bien constater sa situation acluelle , ind^pendammentde la ronte qu'il a suivie pour arriver a cette situation qu'il faut dosormais regarder comme son point de depart , et non comme le but auquel il devait se fixer. Greve, l)endant cinq ans, d'une contribution extraordinaire de Irente millions , il ne peut la payer que sur les produils de son terri- toire ; d'un autre cole, sa population, d'environ un million dhabitans, qui n'est pas a beaucoup pres le dixitnie de ce qu'elle doit nalurellement devenir, ne suffit point a Tetendue des cultures dont I'excedanl fournirait a I'exportation une va- leur de 3o, 000,000 de francs. 11 est done contraint a suivre I'exemple des antres nations; il entre dans la voie perilleuse des emprunis. Mais, peut-il satisfaire aux conditions qu'exige tout credit? Son etat politique est-il parfaitement stable? Ses ressources presentes, et surtout celles de I'avenir peuvent-elles rassurer ses creanciers , et lui procurer un emprunt qui ne soil pas trop onereux? Des commissaires viennent d'etre envoyes en France pour cet objet qui est de la plus haute importance pour la republique liaitienne. II devient done tres-ulile de re- cueillir sur cette ile des documens authentiques et dignes de confiance. II est incontestable que, lorsque tout le territolre sera mis en valeur, et cullive avec intelligence, le seul impot foncier pourra fournir plus que la sixieme partie des impots que la France paie aujourd'liui. II suffit, pour s'en cor vaincre, d'evaluer, d'apres la carte, I'etendue des terres cultivables , en comparant le sol d'Haiti a celui de I'un de nos departemens cadastres, et en tenant comple de la valeur respective des produits. D'un autre cote, si une partie des lerres encore in- cultes est vendue au profit de I'otat , et si Ton veut tirer parti du territoire, tel qu'il est, on y trouvera certainement une hypotheque plus que suffisante pour un emprunt ; peu de nations en Europe sont en etat d'offrir a Ipurs creanciers des garanties aussi reelles. Une autre source de revenus dont il ne parait pas qu'on ait f;ut usage jusqu'a present, ce sont ies richesses minfhales de I'ile : elles eurent autrefois beaucoup de reputation ; et , quoiqu'elles ne puissent etre comparees aux produits de la culture, elles ont sans doute une valeur qui ne sera pas negligee. Aujourd'liui que la question politique rela- tive a I'ancienne Saint-Domingue est irrevocablement decidee, les rechercljes et les ecrits sur cette ile doivent changer d'objel: 524 AMERIQUE CENTRALE. il s'agit de la coiisiderer par rapport a la culiure, au com- merce, a I'indiistrie, aux finances, landis que les chefs qui la gouvernent s'otcnpcronl dc radministralion interieure , avec les connaisnnces locales el Jes lecons de I'experience. Les rela- tions comnierciales avec ce jiays et les moyens de credit que son goiivcrnement pent se procurer ne inerilent pas moins notre attention que celle des Hnitiens eux-memes ; c'est done vers ces objets qu'il fant dirigcr les auteurs de staiistiques. Dans les questions qni seront agitees en Euroiie, enire la France et Haiti, il est a desirer que Ton ait de part et d'aulre des informations exactes, et que le parti que Von prendra soit conforme a I'equite, c'est-a-dire, a I'interet des deux nations. ( Foy. ci-apres, pag. 5Gi.) — Port-au-Prince. — 1% juin 1826. — Enseignemenl mutuel et enseignemenl industriel. — Notre gouverneraent ne restera pas en arriere des autres gouvernemens pour favoriser la pro- pagation des nouvelles methodes qui contribuent d'une ma- nicre si efficace aux progres de la civilisation. Dans noire heu- reuse palrie, I'cducation et I'instruction ne sont point livrees a la surveillance des prelres. Le fanatisme est inconnu. Notre clerge, respectable par scs vertus, reste modestcment dans les sublimes fonctions qui lui sont atlrlbuees. — Legislation. ■ — Code civil. — Introduction du jury. — No- tre corps Icglslatif, compose Ansenat et de la chambre des communes , vient de dccreter un code civil, entiercment cai- que siir le code civil de France, sauf quelques modifications relatives a nos localites. — L'institution du jury pour les causes criminelles vient aussi d'etre consacree par la loi. — On s'occupe de rediger un Code penal et un Code de procedure qui seront termines et publies d'ici a peu de terns. — Finances. — Imp6t extraordinaire. — Une lol nouvelle eta- blit Tin impot extraordinaire, annuel de trois millions de gourdes (quinze millions de francs) pendant dix ans, pour I'acquittement de I'emprunt de cent cinquante millions de francs, contractes en France, qui est A^cXave dette nationale. — Mines. ■ — Une compagnie anglaise s'est chargee de I'ex- ploitation des mines d'or et d'argent de la partie orienlale de 1 lie. EUe a obtenu , pour cette exploitation , un privilege dont la duree est de quinze annees. D'autres mines de cuivre, de fer, de houille, existent sur plusieurs points et seront successi- vement esploitees. S. AMERIQUE MERIDIONALE. CoLOMBiE. — Liberte dc la navigation par la vapeur. — Un AMERIQUE MtRIDIONALE. SaS avis de M. E. Barry , agent de la Colonihie pour les interets du commerce, avis insen'; dans la feuille deNew -York ( Daily- advertiser) dii 9 juin i8a6, annonce que, par decret dii con- gres coiombien , tout privilege exclusif cesse pour la naviga- tion par la vapeur sur les cotes et les fleuves de la republique, et (jue cette navigation est desormais livree a la concurrence des entreprises particulieres. On avait accorde un privilege au colonel Hamilton pour la navigation par la vapeur sur I'Ore- noque et ses branches. Les conditions attacliees a ce nio- nopole n'ayant jias ete remplies par le concessionnaire, le fou- vernement lui a retire le privilege , etce fleuve raagnillqueest ouvert a tous ceux qui voudront y introduirelenouveaumode de navigation. A. de V. Bresil. — Traite des negres. — L'infame trafic des esclavcs africains fait au Bresil des progrcs effrayans. M. D'Jndrada , dans son mcinoire de 1823 , evalue a quarante mille le nombre de ceux qui entrent annuellement dans ce pays. Ce nombre s'est beaucoup accru depuis, et ce n'est pas sans un profond regret que nous avons trouve dans les registres du port de Rio- Janeiro les preuves d'un fait aussi affligeant. Void le resultat d'un seul mois. Bdumens qui one apporle des esclaves. Nombre d'escl. Marts. Mars a3. La galtre le Qiialre Avril , de Mozambique. 807 jo Id. de Fernambouc. loG >• Id. La goclelte Cutia, du Bengale. 27. Le brick le Grand Rocker, d'Angole. Avril. 5. Id. I'Esperance , du Bengale. 8. Id.le Trajan, id. a4. La galere la Nouvelle 'vengeance. ». Id. I'Invincible. ». Le brick la Nouvelle Saintc-Rosc, de Cabinde. Morts pendant la traversee. Debarques a Rio-Janeiro. Ainsi, voiladu i?> mars au 24 avril de cette annee, dans le rourt espace d'un seul mois , 4)034 negres embarques pour Rio-Janeiro , sur lesquels 364 sont morts dans la traversee. Restent 3,670, arrives vivansaleur destination. Les arrivages ont ete plus nombreux encore dans le mois de Janvier, puis'- que douze batimens, entres dans le meme port du 4 au 3o, ont debarque 5,672. esclaves. Portant a une somme egale le norabre de ceux qui ont ete re^us dans les autres ports prin- 35c, 39 483 84 43i 68 445 i3 555 90 475 5o •_i'L_ » 4,o34 364 364 3,670 ne gres. 5a6 AMERIQUE MERIDIONALE.— ASIE. cipaux du Bresil, nous trouvcrons que, dans I'espace de trois aiis, Ic trafic de chair Immaine s'y est augmente du double. Ces infortunees viclimes africaines, depuis le moment oil elles toinbent dans les mains de leurs atroces persecuteurs, jiisqii'a celui ou elles touchent la tone d'exil , se voient decimoes par la luort, durantune traverseequi n'est qu'une longue suite de pri- vations el demiseres. Lesloisciviles qui aulorisent ces crimes, dit M. D'Andrada, nesont pas seulement responsabIeslus , en quelquc soric, Icmeme homme qui, par des vues ambitieuses et d'ailieurs impoiitif]ues, mals surtout contraires aux vues genernles de la civilisation euro- peenne, a pre^endu s'asservir la Morec, au nom de la Porte, en remeltant sous le joug toutc la Gr^ce. II ne I'avait pas ineme atiaquee, lorsqu'il se plut a favoriscr nos commercans, et a mettre a profit, sous ce rapport, tant de souvenirs honorabies laisses dans le pays par notre armee vingt ans auparavant. Des reflexions plus mures persuadcront sans doute a cet homme T. XXXI. — Aout 1826. 34 Sao AFRIQUE. fail pour saisir la vt-iitt' , que I'ligypte, la Nubie et une paiiie lie I'Aiabie liii suffiiaient, que la est sa vraie force, et que ce serait assez pour sa gloire (ie s'y niontrer actif et huniain , prudent ou etlaire. Propager les lumiores sous le clel meme dc I'Afrique , ce sera scrvir indircciement, mais sous des rapports essenticls, la cause des Grecs. Delivr^s enfin d'une agression ])our laquelle le Pa- cha d'Egyi)te doit etre las dc cousumer ses forces, et d'etre rinstrument d'line lyrannie odieuse, ils ne pourront qu'ap- plaudir enx-inemes a ce qn'il y a des a present de plus genc- reux , ou de plus sage , dans ses vues en faveur d'un peuple livre si long-tems a la stupiditd des beys, et a la rapacite des raamelouks. Deja les Grecs domicilies en Egyple y jouissentde beauconp de securite. Dans les iles de Chypre el de Candie , la moderation des troupes de Mohammed-Aly ne permet pas de regarder Icur chef comme I'ennemi personnel des chreticns. II est, au contraire , le premier musulman peut etre qui , sen- tant bien ce qui manque en general au mouvement des es- prits dans Tislaniisme, ait songe a faire passer chez les Chre- tiens meme un certain nombre de jeunes g^ns , ])our qu'ils fussent instruits dans les sciences de I'Europe. Ce ne sont ])as ces eleves qui , a leur retour dans les villes de I'Egypte , s'arnieront contre la Grece ; si on voulait ieur inspircr de serablables sentimens, on ne les fcr.iit ]>oint passer en France, ou les resolutions lieroiiques des Grecs ont excite un iute- ret si vif et si profond. Nous pouvons espcrer, au contraire, que nos diverses communications avec I'Egypte haieront le moment d'une pais indispensable aux horitiers des vertus poli- tiques d'Aratuset dePhilopoemen, poiirarhever, avec I'ajiplau- disseraent d'une parlie du monde, le grand ouvrage de leur regeneration. On ne saurfit approuver indistincteinent loutes les mesures que jieut prendre un |)acha dans les pays sur lesquels il appe- santit son bras, tutelaire a d'autres egards ; niais, enfin , Mo- hamined-Aly desire (jue tons les arts coiicourent a I'ameliora- tion du sort des Egyptiens, et il s'efforce de naturaliser paimi eux la civilisation dont les premiers germes ont ele inlroduils par Taimee dEgypte, ou par les savans qui I'acc jmpagnaient , sur une terre illustree vingt siecles avant les progrcs de I'Euro- pe. II creuse des canaux , il les alimente au moyen de nos ma- chines, il ouvre et pianle des routes, il ameliore ragriculiure, et il acclimate des vegotaux elrangers. Abjurant le fatalisme , doctrine , pour ainsi dire , asiatique, il (^tablit des lazarets, il AFRIQUE. 53 1 accueillela vaccine; il creedes bibliotheques, des imprlineries, des telcgraphes. II a chasse les Bedouins , et cette cavalerie nrabe qui meltait les provinces a contribution. Tandis qu'une partie de I'Europe repousse encore la machine a vapcur, elle a recu le droit de cite en Egyj)te : on j fait jilus, on y inslitue des ecoles publiques. Deux colleges , ou rcducation est gra- tuite , sont com])oses de Grecs , de Syriens, d'Arabes, d'Ar- nieniens; et on a vu le pacha indeinuiser les parens des eleves pour les determiner a souffrir qu'on donnat de I'instruction ^ lenrs fils. Une sorte de lycee est ouvert pour douze' cents jeunes gens ; et deja plus de sept cents y etaient reunis , I'annee der- nierc. On y enseigne plusieurs langues \ivantes, ainsi que I'anatoraie, la medecine, le dessin et les elemens de la geo- nietrie. Des ouvrages francais , anglais el italiens y son! traduits en arabe et en lure, et on les imprime dans I'etablisseinent racme. C'csl le resultat de ces premiers essals d'lnstniclion qui a determine Mohammed-Aly a envoyer en France une quaran- taine de jeunes Egyptiens, pour y recevoir une education plus elendue. Son desir est que « ces jeunes gens , a leur tour, soient en etat de communiquer les connaissances qu'ils auront ac- quises, el dc propager dans tout le pays I'instruction et la civilisation. » En peu d'annees, ces jeunes gens auront d^- pouille, pour ainsi dire, I'homme barbare ; ils transmettront a leurs compatriotes des idees de justice, des principes d'hu- manitc ou dephilantropie, desmaximes de cette morale univer- selle que seconde partout I'education bien dirigee. lis auront vu dans I'histoire (juelsfurent et leurs ancetres, et ces memesGrecs dont les descendans paraissent aujourd'hui sacrifies aux com- blnaisons accidentelles d'une froide politique; enfin, ilssauront ce que peuvent , pour la prospcrite d'une nation , I'agriculture j I'indnstrie et le commerce proteges jiar les lois. Sans doiite , ces idees s'arcorderonl difficilement dans leur esprit avee plusieurs consequences du systeme qui est encore suivi en Egypte ; mais le terns achevera de le modifier. II arrivera, par la seule force des choses, que des liommes, sortis de cette institution nor- male egyplienne , se placeront a la lete de rinslruction publi- que sur lesbords du Nil; et , menie apres avoir consolide ses pi'opres institutions , la Grece pourra recevoir un grand avan- lage de cette atleinle poitee au fanalisrae, comme a I'esprit d'incrtie des vulgaires disciples du Coran 53a EUROPE. ILKS BRITANNIQUES. — Tableau des dcrnicrs emprunts Journis par les capita- listes anglais, a Lonclrcx, indiqitant Ic. prix des achats et le cours actuel de ces foruh. !^ 1 liMTRUNTEURS. CAriTAr, RECU. " s MOriTANT. rERTt. E51^RD^TE. — 5 1. St, 1. St. 1. St. 1. St. Cl'csil 3,20 ,000 80 2,56o,ooo 5o 1 ,6on,ooo c|6o,ooo Biictios- Ayres. . 1,000,000 85 85o,ooo 49 4<;io,ooo ■360,000 Cliili. 1,200,000 70 840,000 33 3;|6,ooo 444,000 Colouibie 2,000,OPO 84 i,63o,ooo 26 620,000 1,160,000 Cr)lombie(i824). 4,760,000 88i 4,2q3,75o 28 i,33o,ooo 2,873,750 Daneinavk .... 3,5oo,ooo 7^ 2,625,000 54 i,Sqo,ooo 735,000 Giccc 800,000 5c) 472,000 10 80,000 392,000 Giccc (1824). . . 2,000,000 5(>i i,t3o,ooo 1 1 220,000 qi 0,000 Mfxique 3,200,000 58 1,856,000 38 1,216,000 640,000 Mexique (1S25). 3,200,000 90 2,880,000 45 1,440,000 1,440,000 Naples 2,5oO,OO0 <)''\ 2,3l2,500 70 1,750,000 ■ 562, 5oo I'prou 88 396,000 23 joJ,5oo 202, 5oo Perou(.824). . • 700,000 82 615.000 22 i65,oon 450,000 Espwgne 10,000,000 56 5,6co,ooo 7 700,000 4,900,000 Espagne (1823). 12,000,000 3o 3,600,000 4 480,000 3,120.000 TOTII, EN L. ST. 5o 550.000 3<,62o,25o i2,38o,5oo 19,239.750 En PRiNcs. i,263,'7io,ooo 790,5o6.25o 3oc),5i2,5oo 480,993,760 Ainsi, rAnfrletcrre a perdn siir ccs diffcrcns emprunls la somme enorinc de 19,9.89,750 liv. slerl-, ou ;'(8o,g93,75o fr., c"cst-a-dire , environ 61 pour cent. [E jr. trait du Timf.s, juillct 182G.) w. D. R. — Qiioiqiiccetie iiolice passe en Angleterre pour un document assez exact, die n'obtiendra point en Fiance le meme degrc d'attcraion e' ile confiancc. Qiiel((ues-nns de nos concitoyens, bons juges en ces malieres, ;)e!)seiit qu'il faiit mo- dilicr pinsieurs ariicles; ot d'ailktiis, on ne voit fignrer sur ce tableau ni la France, ni I'AulrJche , ni la Russia, ni la Prusse, nienfin le Portugal. L'Esi.agne, le Uanemark et Naples sont les sculset;ils europoens (pie Ton y voie , el nc sont ceitaincr ment pas l^vS seuls debiteurs de la Grande-Bretagnc. ManchestV.r. — Sccoursdonnes aux ouvriers re.sles sans pain par la stagnation du commerce. — Celte annee qui a commence ILES BRITANNIQTJES. 53^ sous les auspices les plus deplorables pour I'exploilalion des rnanufaclures en Angleterre , iie laisse pas encore pre- voir le terme des maux cpii affligent cclte classe immense d'oiivriers renvoyi'S des ateliers. C'est a Manchester , que Von- peut rctjarder comme la premiere ville iTianufacIuriere de la Grando-Bretagne, que la trise acluelle s'est manifestee avcc le plus de violence. Le mal qui avait loujours rte en croissant depuis le mois de Janvier , devint alaimant , vers la fin de mars ; des lors , nne pliilaniropie active lie cessa d'offrir des secours aux milliers d'inforlunes qui sc trouvaient livrcs aux angoisscs de la misere. L( s citoyens vin- rent a I'envi deposer leurs offrandes. Les sousc.iptions ct les dons ii'etaient po-Int regies sur la fortune dc ceux qui don- naient, et la generosite n"avait aucun besoin d'etre excitco par I'exemple. Sans compter les pauvres nourris habilnellernent dans les etablis5eniens (!e charite , lenombre des indigens, re- durts a cet elat par les circoiistanccs, s't'leve aujoiird'hiii, pour Manchester ct Salford (1)58 65, 000 indlvidus qui, depuis trois mois, sont alimentcs par des fonds extraordinaires coniies aux comites de bientalsance. La soilicitude des citoyens respecta- bles qui comjiosent ces comites nc se borne pas a dislribuer indislinclement des secours: elle s'attaclie a verifier dansl'inle- rieur des families la realite des besoitis. Deux comites se parta- gent les solns, que reclame la repailillon de ces secours ; I'lm est cliarge de la reception des fonds, de rexamen a domicile de la position des necessiteux, de la distribution des cartes de chante et du visa de ces cartes, au moment de la livraison des vivres. L'autre coinitc s'occupe de I'achat des de.nrces. Chacpie carte coute a la caisse de secours 18 pences par semaine, et vaul 3 slieliings pour celni qui la presente a la distribution, piiisqu'cn proportion de la valeur de sa car!e, il recoil des vi- vres au prix auquel ils ont etc achetcs en grande quanlite. Au jour indique, le portcur vient niontrer sa carte au bureau de secours de son cparlier, ou elle est revelue d'un vifii; puis, elle lui est rendue, avec trois bons de la valeur de six pence tha- cun, et portant I'un, nne llvre de lard sale, I'antie dtux livres et demie dc farlne, etie troisieme, vingt li\res de jiommcs dc terre, ou une certaine mesnre de pois. Les magasins do ces differentes especesde co'.nestibles sont situes tous les deux au- (i) Salford forme une ville partlcnliere , independante de I'adminis- tralion de Manchester; tuais elle nVst separee de cette derniere que par la, riviere d'Airwell. 534 , EUROPE. pres du bureau des bons. On peut facileinent juger, d'apresces donnees, quelle somme enorme a deja tile employee aa soula- gement des pauvres oiivriers, et quels sacrifices exigeront en- core les riouveaux besoins ([ui se d(5clarent chaque jour. Ce tableau de la misere, quoique deja tres-affligeant anjourd'hui, deviendrait desesperant, si, d'icia I'entree de I'hiver, un nou- vel elan n'etail donne aux vastes operalions commerciales de ce pays. • D. Albert. Publication des livres sacres et historiques dc Ceylan. — Sir Alexandre Johnston , qui a rempli a Ceylan les fonctions de premier jiige, ctque sesconnaissances ont porte a lavice-presi- dence de la Societe Asiatique de Londres , tend anjourd'hui a I'erudition un service non moins signale, que celui dont la civilisation lui etait deja redevable parretablissement du jury dans cette grande colonic angiaise , ( voy. t^- dessus , p. 5 ). II a remis a M. Upham les livres sacres et historiques de cette ile, traduits en anglais du Pali. Un prosjieclus, public jjarce dernier, et que nous avons sous les yeux , en annonce la publi- cation par souscription, en deux beaux volumes in - 8°. Sir Alexandre Johnston a surveille lui-meme cette traduction faile sur le Pali, et il aensa possession le manuscrit chingulais. Cette edition comprendra : Le Maha-Vami; ou la doctrine ^ la race et la genealogie de Bouddha ; Le Rcija-Vall ; ou la serie des rois ; Le Rhja - Ratnacari , ou la Mine precieuse, ou I' Ocean des rois. On sait que I'ilc de Ceylan a toujours etc reverc^e par les sectateursde Bouddha, comme la patrie et le sejour de Guad- ma, leur divinite supreme. Tous les pays des regions indo- chinoises la reconnaissent comine la source primitive de leurs lois et de leur doctrine. Mindesagee-Praw , predecesseur lie I'empereur actuel des Birmans, envoya a deux reprises, a Cey- lan, des pretres instruits , afin de s'y procurer des copies exactes des livres sacres qu'il jugeait necessaires pour raniener le culte Birman a sa simplicite primitive. La doctrine du Boud- dliisme , dans sapurele,sc retrouve coinpleteraent dans la traduction du Maha-Vansi. Les deux livres Palis de I'histoire chingulaise, le Raja-Vali , et le Raja - Ratnacari nc sont pas moins iraportans, comrae contenant beaucoup de documens historiques origiuaux que I on ne pourrait puiser a aucune autre source. En se procurant ces livres precieux, sir Alexandre Johnston a fait preuve de son zeie pour les progies de nos connaissances. ILES BRITANNIQUES. 535 II s'est montre le digne ernnle du celebre fVilliam Jones, don t les travaux out si puissamment excite I'esprit d'examen el dc recherclies dans les mines si riches, et que Ton n'avait point encore exploiteos, des ouvrages palls et sanscrits. Les progres et les deconvcrtes de I'Eiirope dans la littera- ture orientalc out prouve I'itlenlite parfaile des divinites clas- siques de la Grece ct de Rome, ct de celles de I'lnde. Les iidmiraleurs des brillantes fictions de I'antiquite doiveni desor- mais en cliercher I'origine siirles rives de I'lndus et du Gange. Les livies sacres et I'histoire de Ceylan n'ont pas seulement une grande importance classlque et litleraire; on doit les con- siderer encore, entre les mains des Anglais, comme un puis- sant moyen d'obtenir sur les liabitans de rimmense contree soumise a leur domination , une influence toujours croissanle. Des millions de leurs sujets dans I'lnde suivent le culte de Bra- ma. Leurs ■victoires sur les Birmans ont range sous leurs lois des provinces qui professent celui deBouddha. Les dcuxcultes, quoique tout-a-fait distincts, se touclient par beaucoup de points. Les sectes diverses de I'lnde oftVerit loules les grada- tions du polylheisme, depuis les rites barbares de la vie sau- vage, les sacrifices humains , I'adoralion du chien et du tigre, jus((u'aux prcceptes plus doux du Bouddliisuie. Sa doctrine la la plus pure, offerte en exemple aux Indous dans les livres sa- cres qui la rcnf'erment, peut devenir le premier instrument do leur civilisation , le premier moyen d'introduire chez eux un meilleur systeme social. Un Essaisur le Pali, public a Paris, conlient un extraitdu Raja-Vali, dont I'objet est d'etablir les eres du Bouddhisme. On peut csperer que d'aufres parlies des livres hisloriques scrviront aussi a etendre nos connaissances sur les grands em- pires de rindus et du Gange, et sur les croyances pi imitives du genre humain. Tels sont les motifs que fait valoir I'editeur en faveur des livres sacres et de I'histoire de Ceylan, II y joindra un Essai sur le Bouddhisme, avec des notes liistoriques et lilteraires. Celte publication ne i)eut manquer d'etre accueillie generalemenl par tous ceux qui s'lnteressent aux progres des lumieres. Le prix de la souscriplion est de i 1. st lo sh., payables en recevant I'ouvrage. On souscrit chez les principaux libraires de Londres, et ;\ Paris, chez Doiidev-Du[)re, Renouard, eic. A. de V. Necrologie. — Weber 'J2h(irles-Mane dc), inorl a Londi < s, le 5 jiiin 1826, naquit a Eulin, petite ville du Holstein. Des son enfanro, il manifcjla le gorit le plu'i \ if poin' les beaux- 536 EUROPE. arts, et surlont pour la niusiqiie et la peinture. Le pere cic Weber, loin d'opposer lies obstacles a la noble passion de son ills, le condiiisit a Hidbouigliausen ci lui donna pour maitrede piano Heiischel , habile instruuienliste sons lecpiel il fit dts pro- gros ra[)idc's ; place des lors par son talent d'execution ;iu rang des bons ])ianistes de I'Opoq'ie, il fnt cnsuite confie a Michel Haydn qui pouvait Lien egaler son fnre Joseph en .science, niais qui elait loin de ])osscder conimc lui cetle biillante imagination , I'aine de toule production des arts. Weber, qui se sentait sans ccsse tourmcnie par ses idecs , ne put se plier a I'espril sec et melliodique d'un tel inailre ; il ne tira point de i)rofit de ses instriiclions. En 1798, il pidilia son pre- mier ouvrage. Six Fugues a qualre parlies ; tons les composi- teurs s'accorderent a vanter la jjurete et la correction de son. style. II se rendit ensuite a Munich, pour y prendre des lecons de cliaut, exeinj)le que tout comi)oslicur dcvrait iiniter, siir- tout en France. Ce fiit Valesi Cjui lui ensei!j;na cetle parlie si es- sentielle de la niusique. Entin , il terniina son education mu- sicale sous Kalcher, et les lecons de ce niailre furent cclles dont il profita le plus II coinposa sous ses yeux divers ouvrages pour I'eglise, le theatre et la chanihre. En 1800, parut son opera de JVeinshcrg qui obtint un grand succes sur les theatres de Dresde, de Prague, de Berlin et de Saint-Petersboiirg. 11 avait alors (jualorze ans. Cctle prodiiclioii lui sembla dans la suite indigne de lui, paice qu'elle n'offrait que dcssaillies quia ses yeux ne jiouvaient constituer un bon ouvrage: plus tard il en publia une ediiion r.ouvelic, enliprement refondue. Tout-a-coup, un article du Journal de musique remue toutes les idtes de AVeber; il i/uagine de rernellre en vogue plusieurs instrumens abandonnes et d'a]i]>eler a son secours toutes les formes serrees et vigourcuscs de I'ancien conlre- point, sans pourfant cesser d'etre exjiressif et dramalique : il esjicrait tii-er de cetle combinaison des etfets nouveaux et piltoresques, ct c'est dans ce systeme (jii'il coniposa Pierre Schmoll. Cette tentative n'eut aueun succes; mais les eludes auxquelles 1 auleur avait etc force de s'appliquer pour ecrire cet ouvrage lui furent dans la suite d'une grande utilile : il re s'avisa plus de prt'iendre tirer de I'oubli des insl rumens tombes en desuelude, et dont I'usage est, en general, peu regrettable; mais il parvint a se rendre maitre absolu de son orchestre, a en fondre habilement toutes les parties el a tircr des vieilles formes du contrepoint des idees tout-a-fait nouvelles et remplies de la plus piquante originaliio. Weber voyagea eusuile jusijn'a I'age de i8 ans et parcouiut ILES BRlTANiMQLES. 5^7 divcrses contr^es de rAUemagne formant des collections d'ou- viages theoriques et ])ratiqijes, reciieillant les conversations des savans et des lioiumes de gout , el rysseniblant de toutes [•arts les inatcriaux d'uii grand ouvrage qu'il nieditait encore, loc.qne la niort est venue le frap[)fr. La fortune de son pere lui donnant uiie existence lieureuse et independante , il put s'adonner pendant deux annees constculivesal'etnde desijrands niaitres. II etait a Vieniie et piofitait des conseils du celebre abl)e Vogler, lorsqu'il fnt appele a la dlrectinn du theatre de Bresiau. Arrive dans cette vilie, il y forma un orchestre nou- %'eau , et a])prit par divers e.'sais a connaitre parfaitement les resultats divers des voix et des inslrumeris , soit reunis, soit separes. Bicntot il se fatigua des soins d'aiiininistration aux- quels I'astreignait sa jdace et accepta la proposition qui lui fut faite ])ar le prince Eugene de Wnrtemberg de venir s'ela- blir a Carisruhe. Dans ceite ville, il I'crivit divers morceaux de muslque instrtimentale et nne cantate qui oblintun trcs-grand succes. Weber repnt, quelque tems ajires , le cours de scs voyages et composa , pendant son sejour a Vienne, son opera d' Jhoul Hassan sous les yeiix de I'abbr^ Vogler. El) i8i3, on ie nomma directeur de TOpcra de Prague; ils'y coridulsit conime a Bresiau et le public applaiuiit .i toutes ses refonnes. Enfin , il prit, en 1816 , la resolution de quitter tout eniploi qui pourrait le distr.dre de la coinposilion. Mais de tons cotes on lui fesail les offres les jdus scduisantes , il finit par ceder au rol de Saxe qui le nomma son maitre de cliapcUe; il vint done a Drcsde oil il fonda nn theatre d'opera allemand. Ce fut dans cette capitale qu'il composa deux messes , plusieurs cantates de circonstances et son Fieyschulz , connu en France sons le titre de Robin des hois. Ce grand compositeur sernble avoir reiini toutes les puissances de son esprit pour cet admi- rable ouvrage. Avec quel talent sa bouillante imagination sait eviter les ecarts, comme il narait tout-a-coup maitrise par les regies, au moment ou Ton croit (|u'il va les violer. Quelle diffe- rence enire eeltc ctonnante production et celles qui inondent anjourd'hui la scene et n'offrent que des fragmens de melodic sans suite et sans ensemble, aiixquels se trouve accolee une har- monic plaie et mestpiine. La point de ces pretendus ornemens au moyen desqnels on croit deguiser la jjauvrete du fond et qui sont Je lout point semblables a ces vers a ef/i-t qui , dans la poesie, frappent les geus superficiels, bien qu'ils ne presentent (jue des pensees vides ou rebatlues. Et ijue Ton ne pense pas que c'est seuleinent rimagination ([ui aninie Weber; ceux qui ont travaille la composition s'apercoivcnt facilcment, en etu- 538 EUROPE. tliant ses i)ailitioiii; que soiiveiit ses plus heureuses inspira- tions sont le resultat des combinaisons liarmoniqiies que lui fournissait la science appiofondie du contrepoini, science traitoc aujourd'liui avcc une cxtri^me legerete et sans laqueile cepcndanL un compositeur u'obiieiidra jamais des succes du- rables. Enrianthe , opera que Weber composa depuisle Freyschutz, obtint un succes uieritc a plusieurs cgards, puisqu'il renferme |)lusicurs niorceaux du premier ordrc. Nc'aniHoins , ii est fort inferieur au precedent; son caractere est en general lugubre et pea aniiuc. Cel ouviage ful le dernier que I'anteur ecrivit dans sa pati ie : il se rendil a LonJres pour y composer I'opcra d' Oberon , ou Ic roi des nains , et conduisil I'orcheslre a la pre- miere reprcscntalion , qui eut lieu, le 12 avril dernier, sur le theatre de Covent- Garden. Les papiers anglais ont beaucoup vanle celte production, qui ne tardera pas a etre connue en France ( I ). L'atmospliere de I'Angleterre ne pouvait etre favorable k Weber, attaque depuis long-teras d'une affection pulmonaire. Le mauvais elat de sa sanlci ne lui permit point de frequenter la societe de Londres; ses amis ne tarderent pas a reraarquer en lui un grand changement d'humeur : il temoignait sans cesse le desir de reiourner dans son pays; et, lorsqu'on I'exliortait a ne point precipiter son depart, il tombait dans une extreme tristesse. Toutefois, les raedecins ne jugeaient pas qu'il dut etre si promplement moissonne; et , la veille meme de sa mort, le danger ne leur paraissait pas imminent. Weber n'avail point perdu Tappet il, un de sescorapatriote soupaavec lui, le 4 juin , et le (]uiita vers onze heures , le laissant dans un etat calme en apparence. Le lenderaain, a 7 heures du matin, il avail cesse d'exister. II ciait dans sa quarantieme anisee. Ses funeradles onl ele celebrees avec la plus grande pompe a I'cglise catholi- que de Londres; tons les musiciens qui se trouvaienl dans celte capitale se sont fait un honneurde concourir a I'execution du Requiem de Mozarl et de donncr ce dernier temoignage d'interet el d'admiralion a la meraoire du celebre auteur du Freyschutz. Weber n'etait pas seulement un grand compositeur, il avail une vaste instruction , ccrivail tres-puremenlsa langue el par- (i) Deja I'liQ de iios plus habiles profesieurs de harpe,IVI. Stockuau- srN , u public le premier iicte 6'Oberon , arrange pour harpe et piano : cette prodaction , doiit le siiccts u'esi paj doiilenx, se frouve chez I'au- Jeiir, rue dii Paradis-Polssnnniere , n^ iS. RUSSIE. 539 lait lesautres avec assez de correction. 11 contesia rinvenlion de la Uthofirapl.ie a M. Senefelder, et fit , a cctle occasion , plu- sieurs experiences qu'il ne tarda pas i abandoinier , pnrce que ces operations iui semblaient loules materielles ct peu dignes d'occuper son active imagination. Weber est ai.tcur de plusieurs poesies repandues dans ditte- rens recueils. II laisse im nianuscrit intitule : la Fied'unjeune artiste 11 parait qu'll a renferme dans ce cadre diverses aven- tures de sa jeunesse et porte des jugemcns sur les pnncipaux compositeurs qu'il a connus J- Ad.ukn-Lafasge. P.USSIE. Traduction des ecrivains grecs. — Malgre quelques impor- tations de la Muse romanlique en Russie, nous voyons avec plaisir nu'on s'y occupe encore de I'ctude des classiqnes. Les Feuilles bibliographiques ]mbliees a Saint - Petersbourg par M. KoEPPEN , font mention , dans lenr mimero du 23 aout 1825, des travanx de M. Martinof your naturaliser les ecri- vains grecs dans sa patrie. Void la li>re de ceux qu'd a deja publics : 1° les Fables d'Esope; 2° les Hymfies de Callimaque, avec des observations; 3° cinq tragedies de Sophocle (OEdipe- Roi, Antigone, les Trachiniennes, Ajax fnrieux, et Plnloc- tete ); et 4° dlx - buit chants de VJliade, avec une notice sur Homere et des observations, formont trois volumes. En ce moment, on imprime un 4'= volume d'Homere, et YElectrf! de Sophocle. En outre, I'auteur promet de donner , dansle cours des a.mees 1826 a 1828 , 1'Odjssee d'Homere , les OEu- vres de Pindare, VHisloirc d'Herodote, le Traite du Sublime de Longin , et les Odes d'Anacreon. M. Martinof s'etait deja fait connaitre depuis long-lems , en Russie, par la publication de plusieurs journaux , entre autres les Muses, le Courrier du Nord el le Lycee ; par des traduc- tions du francais et par des ccrits originaux sur la botanique. E. H. Odessa. — Monument consacre au due de Richelieu. — Voici des details sur le monument qu'on eleve dans cette ville au feu due de Richelieu, et qui avait obtenu I'approbation de I'empe- reur Alexandre. La statue, qui doit etre placc-e au centre du boulevard neuf, sur I'esolanade qui domine le port, rcpresente M. de Richelieu en costume antique, avec une couronne civique sur la lele , el tenant un rouleau dans la main gauche; dc la droite, il monlrele poi I d'Odessa , commeun de ses plus grands turw 54o EUROPE. dc.iys , qui est a peine de 90,000 ames, a, disent-ils, etc double de ce nombre, et c'est sur les tombeaux de leurs peres, sur les mines de leurs chauroieres , que leurs ancetres ont conquis la liberie. On concoit , surtout loisqu'on vient de visiter le royaunie lombard-venitif^n, qu'un amour i).'issionn('' de I'independance ail survecu a celte lulte glorieuse, el (jue cette independance ait long-Iems ete le but unique et la base de tonle I'organisalion sociale du pays. Si les SUISSE. 543 hommes du teins jadis tevenaient aujourd'hui, ils s'indigne- raient sans doute de voir les Grisons aplaiiir eux-memes le renipart naturel des Alpes, provoquer rexploitalion des mines oil Ton ne voyait autiefois qu'im appiitpour la cupiditede 1 e- Iranger, renoncer a I'anticjiie pauvrete et preparer, dans les besoios qu'ils se crecnt, des moyensd'action a la tyrannic. Mais les terns sont changes; la gueire est devenue une Industrie meurtriere qui exige d'enormes capilaux ; la seule bravoure ne sufiit plus. Les Grisons, quoi qu'ds fissrnt, ne sauraient au- jourd'hvii repousser seuJs I'invasion d'une grande puissance; Jes garanties de leur independance cnt cliang^ de nature; elles se trouvent acluelleinent dans les jalousies des rois f{ui voient de mauvais ceil les agrandissemens de leurs voisiiis, dans leur reunion a la Suisse , dans le besoin de repos de I'Europe , et surtout dans I'esprit des peoples: tous les hommes eclaires de I'Europe , tons les amis du bonheur et de la liberie des nations sont aujourd hui compatriotes, quelle que soit leur langue ; celte sainte alliance au berceau s'affennit autant par les obs- tacles que par les succes , et les gouvernemens en subissent nialgre eux I'influence. Tranquillcs siir leur existence politique, les Grisons se li- vrent aujourd'hui avec securite a ramelioration de leur pays, et elle niaichera d'autant plus rapidement , qu'une grande amelioration morale s'est inlroduite dans leur democratic, de- puis que la Valteline a cesse d'etre leur sujette. L'exercice du pouvoir corrompt I'homme, a dit Washington; la chose est surtout vraie , quand Ic pouvoir est exerce colleclivement et sans responsabilite. Les Grisons, ayant toujours eu le bon sens de n'attacher que de tres faibles emoluniens a leurs niagistra- tures, les ambitions des prctendans aux fonclions publiques se tournaient nalurellemeiit vers les bailliages de la Valteline : celte ])rovince , tres - mal et Ires - despotiquenient admi- nistree , payait, comme de raison , de Ires-forts appoiiitemens a ses baillis. Les nominations etaient failes par les communes de la Ligue Grise, et c'etait par l-js moyens de corruption grossiers qui conviennenl a une democratie ignorante, que s'obtenaient les suffrages; les depenses des elections faisalent passer une partie des benefices du bailliage cntre les mains, ou plulot , dans le gosier des electeurs ; ia paresse , I'ivrognerie, ia demoralisation qu'alimentaient les depouilles de la Valte- line, piinissaient ses souverains de leur injustice et de leur durete. L'affranchi^sen^cnl de la Valteline a cte I'un des resultats des victoires des armees francaises en Suisse et en Italic; elle 544 EUROPE. est depuis tombt'e sons un autre joug; qu'elle ne le rejiroche pas a la France! les fruits tres-r'''els de cetle separation sont aujourd'liul recueillis par les Gi isons qui, m.ilgre les jicrtes de fortune que cit evenemcnt a eausees a quelriues families, en eompreiincnt tout I'avautage. La ('(UTuplion politi(|ue s'eteint, faute d'aliincnl; le premier uiaf;islrat de la republique n'a qii'un traiteineut d'envirou a,aoo fr. de noire monnaie:; la cu- pidile s'est cloignec des emplois ; le jiatrioli-ime et les liunie- res presrnlent seuis des caudidals au i)eu])le; les citoyens, degages de I'euibarras ct des vices qu'cngoiidie la domination , sont tout cnticrs aux veiitablcs interets du pays. Deja la contree a chaug^ d'asiu'cl a plusieiirs egards; na- gueres, elle etait a jieu pros iriaccessible; on y arrive nujour- d'hui, de Zurich et de .Suint-Gall , par des routes passables, et. le canton en a fait d'excellentcs de Coire a Bellinzona et a Chiavenna, par le Saint-Dernardin et le Splugen. I^a ])rcmiere, dont la seconde est un embrancliement , a 128,000 metres ( 32 lieues ) de longueur; le col des Alpes qu'elle traverse est au niveau de celul du IMont-Cenis, ct les obst.TcIes a franchir etaient a peu pros les memes des deux cotes. Comme le canton des Orisons n'a ]ioint ces administrations qui paralysent sou- vent les entreprises d'utilite publique, ces Sa lieues de route ont ete exccutccs en irois ans. On a jete sur le Rhin , a Rei- chenau,un ponten bois d'une seuiearche de G8 metres d'ouvcr- ture; les plus grandes difllcultes nyant ete franeliies ou evitees avec une sagacile el une ccononiie adiuirables, la route parait ctre revenue a environ 10 fr. par metre couranl.. Cette route donne passage a une immense quantite de marcliandises de ritalie, de soies surlout, qui se rendcnt, en Al!en)agne, en France et en Anglelerre : ninis,dans ce bien meine se trouve un des nonibreux abus Cjui liennenl a rancienneignorance, et dont le tenis fera justice; la route est engrande ])ailie I'ouvrage des communes ; elles ont voulu reparlir enti c elles les beneiiccs du transit; et, pour y parvenir, on a ordonne un dechargement force a Coire, ou les habhans des communes environnantes chargent a toiu' derole :les voituriers perdcni un tPiv.s enorme a atlendre Icur tour, et il en resulle une augmentation de frnis extremcment favorable aux aulrcs voies de transports qui peu- vent se trouver en concurrence avec celle-ci. Je cite ce fail, comme indiquant le point d'avanccment de la science econo- mique dans le lieu dont je vous ecris; il prouvc une autre chose, c'est le peu de prix qu'on y attache au tems , negligence qui Concorde toujours avec le defaut d'induslric et le mauvais etat de I'agriculture. SUISSE. 545 La circulation active qui s'etablit aujoiird'liui an iniiieu des (l!isons])re[)ai-e ])eut-elre la ilestruction du |)liis grand obstacle tju'y epiouve la niarche de la civilisation , je veux parler d'une independance des communes qui va jusqucs a I'intolerance el I'isolement. L'independance est I'ame de I'esprit municipal; mats ce pouvoir doit eire circonscrit dans les limites ou il peu t operer le bien ; et I'rin des priucipaux interels de la commune est d'etre liospilaliere. C'est sans doute a la portion de souve- rainete qui repose sur la tete de cliaque Grison cpi'est due I'introdiiction de je ne sais quelle Icgitimile , qni ne veut pas com prendre (lu'eile ne perdrait pas plus au partage de ses droit;;, r;u'un flambeau ne perd sa luniiere lors qu'on y allume un autre flambeau. Le droitmunicipal est confere par la naissance, et non par Thabitation ou la propriete; ainsi, le plus grand jiroprii'taire d'une commune, s'ii n'en est pas habitant ne, n'y cxerce pas plus de droits que I'etranger qui ne fait qu'y pas- ser ; et , comme les munici])alites sont beaucoup jiliis puissantes que ne I'exigerait la tranquillite des citoyens, on concolt que les capitaux et i'industrie ne reglent jias touta-fait leur marche sur les besoins et les avantages nalurels qui les solliciient : c'est peut-etre pour cela que, non loin de terrains qui se paient un prix exorbitant, on en trouve d'autres quilanguis- sent sans culture; au dessous de Thusis, et vis-a-vis Mayen- feld, le Rhin a devaste d'immenses ctendues de terrain qu'un bon sysleine d'andignage et d'altcrissemcnt pourrait rendre a leur ancien elat; ces grandos operations ne sauraient se faire avec les capitaux de la localite, et il est difficile qy'il s'on pre- sente d'autres, lorsque les institutions politiques reduirnienta uneespeced'ilotisme , jusquesaux compairiotesqui viendiaient conquerir des terres sur des marais et des tonens. On m'a assure , a Thusis, que ce travail trouvait un autre obstacle dans la crainte qu'avaient les proprietaires des terrains productifs d'une concurrence dans la vente de Jeurs recoltes. Je venais de ■voir les beaux travaux de la f^ia Mala, et je n'ai pu croire a un egoisme si stupide. Les dissidences religieuses peuvent etre aussipour quelque chose dans cette intolerance municipale :le canton est en partie catbolieiue, enpartie reforme, et j'ai cru re- marquer , dans quelques paroisses calholiques , que la residence d'un protestant y serait vue de fort maiivais ceil; elles sont souvent desservies par des capucins italiens qui ont phis de zele que de lumieres. J'ai entendu assurer, dans une de ces paroisses, qu'unemadonne pleuraitpour qu'on lui fit une riche chasse et qu'on rebatit sa chapelle, et j'ai craint que les capu- cins ne repugnassent quelqnefois a montrer au peuple m^me T. XXXI. — Aout 1826. 35 J 46 ];L:1\0I>1',. le pen (lu'ila saveiil. Lc clerpti catlu>li(|iio ilos (iiisoiis a cciien- daiit tlevant Ics yciix un noble exrninlc; il flevrail se souxenir que, \)i>ritii Ics trois forKuileiirs de ia liberie du l)nys, Otait uii pretre, I'nbbe dc Dissf.ntis, et se demander si ce Decius oiire- tieii t'erail aujourd'hui i)leiircr des raudonnes. Quoi f|irjl en soit, il Tie depend maiiiieiianl de personne d'arrclei" le inouvcr.ient d'amelioratiou que les yeux les moins exerces aperooivent dans le eanton des Orisons, il sera pnis- saminent seconde par la generalioii qui s'eleve au collef^e can- tonaTde Coire;de bons ciloycns, coniprenant bien toiite I'elen- due de leur mission, sont a la tete des affaires, el Ton trouve , dans les bonimes les plus depourvns d'inslructiori , re bon sens etcelle confianee, qui sont (ouiours cliez >in peuple le resultat fl'une loiigue liabilude de la liberie. Avec dc pareilles disposi- tions, tout ce qui est bon et raisonnabic est facile : o'e.-t ainsi fpi'en mollis d'une annce on est parvenu it f;eneraliser dans le ](ays rappljf;alion de la -vaccine. Quand on voudra , il suffira, cornme dans le canton de Vaud, de trois mois |)our y nalura- liser lc sysleme mi'lrique. Telle est la puissance ties gou\erne- mens qui n'ont jamais trompti Ics pen]iles, on plutot lels sont les peuples qui savent faire rnarclier leurs gouvex'nemens dans la iigne Sn devoir. /.-/. 1?. Fribourg. — Societe philhcllenique. — Sans autre inlention (pie.ilc lemplir I'un des devoirs les jiius esscnticls du (tiiri.s- tianisni?;', pbisicurs liabitans de Fribourg oat forme dans cetle vdle line ft-vwiiete qui se cliarge de recevoir les dons destines aux Gi ecs , «\ de les lenr faire parvenir. Parrai les fondalexirs tie cette Soci<;tii se frouvcnt qiielques - uns des ciioyens les plus diitingues du canton , parmi lesrpiels rions cilerous seu- lement MiYI. de Vkrro , Kueni.in , Fegf.li , Laniierset, etc.; leurs donsiront grossir les gen(?reuses offraniles que la Suisse cliretieiuie , libre et (3clairec, consacreau soulagemetit des mal- heurs d'uiic nation (|ui cDmhal pour sa religion , son Indc- pyndancc et sa civilisation. .1. ITALIE. Milan. — Invention des bateaux h vapour. — Une let t re de M. de Navarettf. au baron de Zicn, dont tous les jouniaux ont inst-t'c des extraits , fail renionter jnstpi'an sciiiemc siecie une invention que Ton cioit tuul-a-fait nioderne; on y lit ce qui suit : — « Des bateatix a vapeur fureni jiroposes a Charles- Quint, en i5/|3, par un cajiiiaine, nomintj Blasco Loyola. La ])remiere epreuvc en fut faile avcc succes, a Barcelonne; mais ties envieux et des detraclcnrs vinrcnt a bout de faire avorler ITALIF.. 5/, 7 celtc enlrepiise, qiioiqin; I'inventeur cut rccu dcs teinoignages de la siitisfaclion du priiicf. Par la suite, les gueires dont ce moriarquc fiil occiipe firent perdre de vue la decouverte du Capitaine de Loyola. Les proces-verbaux qui coiistatent celte decouverte ;.oiit res sa rentree a Naples, en iSifj. C'est le premier coi'ps savant du royaume; il est organise a I'instar de I'lnstitut de France^ct jouit des ■intiiies ])ierogalives. Le Roi s'est reserve le droit d'approu- vcrdefinitiveinentle choix des nouveaux candidats. Le royaume possede encore deux antressocietes litteraires sous les tiires d'liislitiit d'encourageinent, et d'Acadernie de Pontanus ( Pontaniaiia )^ niais ce ne sont que dcs inslltuls secondaires. C'est la Snciele Borhonica qui remplace niaintenant la celebre Academic d'Hercu/anurn, fondee ])ar Charles III en 1755, ( I TAcadi'mie des sciences ct belles-lettres, que le meme roi jVrdinand avail creee en 1780. U. Necrologie. — Santarelui [Jean Antoine), professenrpour la taille dcs jjicrres precieuses, ne dans le royaume de Naples, mart a Florence au niois de inai^ernier, a I'age de 67 ans. Cet arlisle celebre avait ac(|uis uiic haute reputalion a Pionie avant qu'il \int s'etablir a Florence. Son sejour dans cette vdle lui procura le bonheur doiit il efait digne par s-^s talens et par ses qualites ])ersonnelles. Sa carriere fut paisible; il fut recherche avec einpressement par les gens dc bien, les-savans et les amis des arts, et jamais I'eii vie ni la mechancetc he dirigerent centre ini aucun des traits qu'elles lancont avec tant de profusion; c'est la seule martpie d'estime qu'il ii'ait pas obtenue. F. 5/,8 KUROPE. I'AYS-BAS. Bruxelles. — Fondntion dun ohsen'atoirc el dun jardin hotanique. — S. M. le Pioi ilesPays-Bas,(lont la munificence ne cessed'encouragei'l'instruciion publl(|ut; ct clierclic a multiplier les monumcns utiles, vient de prendre nn nouvel arreic pour etablir iirt observatoiic ii l>iuxelies. I.a ri};eiice de la villo,daiis la vue de seconder un j)rojet aiissi honorable dont elle doit recueiilir les jjrincipaux fruits, a deuiando a i)rondre part aux (Vais de constructions et a offert un terrain dans un des plus beaux quartiers. Le soin de dresser les ])lans a I'ti- conliea M. A. QuETEi.ET,professenr dc mathematiques et d'astronon)lo aumusee, qui doit s'entendre pour cet objet avec M. Walter , inspecteur general de I'instruction publifjue. — On s'occupe aussi a Bruxelles, dans ce moment, de la formation d'un vasle jardin botanique, d.estine principalernent a favoriser les jjrogres de rhorliculture. L'acquisiliou du terrain qui se trouve dans le voisinage de I'observatoire projete, s'est faite ])ar des actions dont les interels seront payes au moyen de i 2,000 florins des Pavs-Bas(plus de 26,000 francs) qui sont assures annuellenient a I'etablissement \>ar le gouvernement el la ville de Bruxelles. On cite comme un des principaux actionnaires , M. Dbapier, di'ja fort avantageuscment connu par plusieurs ouvrages scien- tiliques. — Formation d'une commission de sttitistique. — Sur la pro- position du ministre de I'interieur, le Boi vient d'ordonner la formation d'une commission de statistique qui publiera perio- dlquement tous les renseignemens qui pourronl inleiesser la science ou I'industrie. Les administrateurs des differentes branches du uiinistere de I'interieur seront de droit inerabies dc celte commission. Celte nouvelle institution no reiidra sans doute pas moins de services que les precedenles : on connait les resultats importans qu'on a d^ja letires en France des do- cnineus cpie public annuellement M. Ic prefet de la Seine, et qui sont coordonnes par des personnes anssi instmites qu'ac- tives. (Voy. les comptes rendus des Recherches statistiques sur le departemeat de la Seine et de la ville de Paris , publics par M. de Chabrol , Bet'. Enc. , t. xx , p. 3So ). Tournay. — Education industritlle. — Notre ville doit a una administration active et cclniree I'avantage de voir se developper successivement dsns son sein les germes de touics les ameliorations sociales j)iojetecs el lavorisecs par le jiou- vernement. Peu de villcs oflrcnt nn enscignement primaire PAYS-BAS. 5/, 9 jnieux ciganise et inieux ydapte aux besoins de I'artisan et «lu pauvre. M. Renard , architecle de la regeiice , connu par la delicatesse et la siirete de son goiit, et I'etude profonde t]u'il a faite des arts du dessin , secondanl a cet egard les \'nes eclairccs de M. Lehon , magislrat qui , jeune encore, s'est deja disliiigiie dans nos sessions legislatives, vient d'introduire dans noire acaddmie de deS'sin et dans nos ccoles d'enseigne- mcnt imiluel des cours de dessin lineaire , avec de noinbreux d(heIoppeinens dont I'idee lui appartient. On espere que I'exenijjle donnc par Tournay trouvera des imitaleurs empres- ses dans la piupart de nos villes mannfacturieres, ou la con- naissance dn dessin lineaire doit ])roduire les phis heureux resultats. On espere encore (]nc M. Renard livrera an public , ])ar la voie de la iiihographie , les dessins qui servcnt de mo- dcles a ses non)breux cleves. Q- Amsterdam. — Vne Snricte Israelite forince dans cette ville pour la langue et la Uttcralure hebraiques , continue ses recher- clics et ses publications avec perseverance el avec succes. Les dit'ferens caliiers qu'elle a fait parailre sont remplis de poesies vX de dissertations philosopliiques qui se distinguent par la ])urete d'un liebreu correct et elegant, el par une profonde connaissance des antiquites juives. Les caliiers publics sous Ic litre de Peri-toele.i, fruits utiles , ne sont pas nioins recherclies jiar les amateurs de I'exegese de tous les cultes, que le celebre journal hebreu c|ui paraissait, \ers la (in du siecle dernier, a Berlin, sous les auspices des Moses Mendelson. Le secretaire de la Societe, M. B. Muder, Iraducteur jure, est en nieme tenis un des coUaborateurs les plus actifs de ce journal. Bruxelles. — Sncu'tepour V encouragement de la langue hol- landaise. — On a forme, depuis quelques annees, dans cette ville une Societe lilleia ire, in titulee Concordia, e\ii laqueilelegouvei'- nemcnt desPays-Bas pi end un interct particulier : son objetest do favoiispr dans les provinces de la Belgique , et surtout a Bi uxelles memf , la pro]i3galion de la langue et de la litterature liollandaiscs, et repuralioii de I'idioiue du i)ays, \cjlainand, (juin'est (]uc le liollaitdaij slationnaire defigure. — Cette Societe coiii])osee de nieiubrcs actifs el de siniples souscripteurs nnia- lenrs, lient aussi des seances jmbliqnes. Dans I'une de ces seances, qui a eu lieu dernlerenicnt, on a enleiidii avec inte- ret une dis^ei talion savanle sur les myiiiologies du nord, dont I'autenr, M. K. Soinmcrluuishen , s'etail deja fait connaitrc par d'utiles travaux publics en holiandais et en francais, et par un tableau svncliroiiologiqiie de i'iiisioire ancieni.e et moderne. M. B. 55o FRANCE. ItYOy (R/idne). — ISavi^ddon stir la Sadnc. — NouvcUi' entreprisc cle bateaux a vapeur, a roues dc cote intcrieures. — Ce nouvel elablissement de bateaux a vapcnr est annniicc pai" \ Eclaireur clu Rhone (i] , a qui nous en euipriintoiis rindicalion , coinme devant etre realise au inoyeii d'un capital de l\oo actions de looo fr. chaciine, et dont la souscriplion est OTiverle. Ellc est fonnee par M. Lasge , ancicn ins]jecleur des bateaux u vai)eur sur la Saone, <(ui compte trente ans de prali(|ue dans la navigation de cette riviere. On aunonce des ameliorations iinportantes : i° dans Ics appai-eils a vapeur d'ou resultent pour les machines beauconp de puissance, de legcrete , d'economie dans la consornmaf.ion dn coinbustibie et dans les reparations; a" dans la foiine des bateaux, ce C|ui les rend plus lestes , plus solides et tres-facilcs a gouverner, rend iniijiles les engrenages, les arbres de couclic etbeancoup d'autres pieces de mecanique, fait cesser tout bruit dcsagrcable pour les voyagcurs , met les roues a aubes a I'abri de toutes avaries , et diminue le tirant d'eau, de manierc a ce que roa puisse naviguer par les plus grandes sccheresses. L'examcn des modeles par les homines de I'art leiir ^ ete ties- favo- rable. I. Besancon ( Doubs). — Anliquiles. — Canal dc construclion romaine. — On a d(5couvert depnis pe'i, dans ia rue du Clia- teur, niaison Martin, n''4j "" canal de construclion roni;iine. La hauteur en est de six pieds , et la largeur de dix-neuf ijon- ces. On conjecture qu'il foruiail nne espece de parallelograrnme reclangle ou carre long. Le cote le plus grand a vingt-sept pieds de longueur, dans la direction du nord-estau sud-onest; mais on n'a pas pu mesurer les autres cotes avec exactitude , a cause des eboulemens. Ce canal , qui passait probableineni sous un edifice au-juel il servait d'egout , est conslruit enlierc- ment en pierres, avec beaucnup de soin et de regnlarite, mais sans chaux ni morlier. La forme et le genre de celte construc- tion semblent appartenir au bas-erapire : le canal est si bien (t) Ce journal, consacre au commerce , a I'iDdnstrie et a la lillerature, et remarqnalile p.Tr une redactioQ soii^ee el par le ehoix et la variete des snjets qu'il traite, parait a Lyon depuis qnelqnes niois. II vienl de se reunir a I'Ini/ependiinl , dont il conserve le tilre, et nierite d'clrc con- suite par tous ceux qr.i veuleot conaaiire les progres de Vinduslric dans* la seconde ville de France et dans les departemens qui I'environnent. DEPARTEMENS. 55 1 conserve dans les parties qui subsisteiit encore, que le pm- ]iriel;iii'e actncl a ].u !e reiulre a son ancicnne deilinulion siuis I'-lie oblige de Ic x'cparer. [Petit Album JrQnc-cointois.^ Dieppe (Seine-Inferieure). — Antiquites. — Visile de S. A. R. yjiidtiDie. — Nous avions an nonce (voy.TJ^r. Enc, t.xxv, p.86/|, mars i SaS) les tra vaux entrepris au camp de Cesar on citcdc lime.\, \)'SL<: M. P. Fkret, poui" la docouverte des antii]iiir('s gauloises et roinaiaes qiierenfermecet oppidum : nous nous fai^oiisiin devoir d'i:itbiniet' nos lecterns que le vceu que nous forniions nlors de v;iir I'esprit d'associalion fouinir aiix uioyens de conliniier ces JMiporfariies reclierches, s'est realise. Uii adniinislraleur eclaire , M. de ViEi; Castel, a son arrivee dans cet ariondissement , s'<'st uiis a la tete d'uue souscriplion que les amis des sciences et des arts n'ont pas larde a remplir. On a repris les fouilles qui etaient suspendues; elles offrent mainienant des mines rouiaines que Ton suppose ajipartenir a un edifice religieux ou fiiiieraii'e , on y a trouve des anneaux en verre , des debris de c;;s;|ues et d'agrafes, des inedailles du bas et du liaut-einpire , el des pieces ccltitjues. Ces fouilles viennent d'etre honorees de la visile de S. A. R. Mauamf.; M. P.Feret a eu I'lionncur de liii expliquer le resultat de ses explorations. S. A! R. a paru jtivndi e un vif interet a des travaux utiles a I'liistoire du l^ays, et non seulement a promis de les encourager, mais encore vient d'ordonner a ses frais de nouvelles fouilles sur divers points intcressans, aux environs de Dieppe. B. G, Societes savantes ; Etahlissemens d'utilite puh/ique, LiANcouuT. ( Oise. ) — Ecole dc geometrie et de mecanique industriflte. — Le venerable ])hilanlrope auquel on doil ce couis , si bien i-lace dans I'uri des cantons les plus nianufac- iuriers de ia France, ne s'est pas borne a ce que peut faire un fondateur ; il y a joint les soins eclaires et le zele d'un ami lie I'indusuie , assislant lui-meme aux lecons , encoura|^'eant le prnfesseur et les eleves , et applaudissant aux succes dc I'en- jeigncment. Incessaniinent, des chefs d'ateliers d'urie instruc- tion Ires-remarquable pourront diriger, non-seuleinent toutes les fabrli]iics des cantotss de Liancourt et dc Creil , niais se repandre dans le de[)arteinent de I'Oise, et y faire sentir I'ulile influence du savoir qu'ils ont acquis. Ce bienfait , quoique ties-yrai>d , n'est ueul-etre ])as celui dont le canton de Lian- court doive etrc le plus rcconnaissant , c'est sur les lieux iiit'uK's qn'il fajit voir ce (|ue peuvent pour !e bonlieur dc^. 55u IR.VNCK. lioinmcs, ie boa eiriploi du teins et des riclicsses , ct I'auloiltt: dc 1,1 sagesse et de la vcrtii. Nancy ( Meurthe ). — Sociele des amis du travaU. — Stance annuellc du \ly mat 1826. — Le but primilif de celie association, fondec en 1825, est de former les jeitnes israe- lites indigens a I'csercire des arts et metiers. On a reuni a cet apprentissage qui lenr assure du travail ct des iiioyens d'existence, les bienfaits de rinstruction morale et religieuse. La Socicte recouipcnse par des prix ceux d'entre eux qui se distinguent par la meilleure condulte. E!le pourvoit a la nourriture , a I'entretien et a rhabillemcnt des ap])ren- tis; «;uarante-einf| sujets out etc admis dans le cours de I'an- nee. La Sociote soulieut les npprentis devenus ouvriers , pour- voit aux premiers frais de leur ctablissement , et ilonne des secours a ceux qui en sont juges dignes. La rccette et la dr- pense se sont elevees a 7,982 fr., saut'un excedant de recetle do 3() fr. 86 c. Le compte rendu par M. Aron, avocat a la cour royale et mcmhie de la commission adminislralive, al'.este le zcle plillaiitropi([ue et eclalre de cette utile association. Le rapport imprlme (Nancy, 182G. In-8'' de 3G pag.) se termine par deux listcs assez nombreuses , et qui s'accroitront encore , desoustiripleurs et de donateurs. — Puissent des institutions du meme genre se multiplier dans nos departemens ! car , tandis que beaucoup de congregations soi-disant religieuses, et qui ne sont bion souvent ni morales, ni socialcs, se retablissent ou s'organisent et ramenent a leur suite le liideux cortege des pauvrcg et des mendians, auxquels on donne des primes d'en- cour^gementpar d'imprudeutesaumones, c'est surtoutl'amour d« travail, germe fecond des bonnes habitudes el des vertus, qu'il faut exciter et rccompeuser , pour combattre les depio- rables fleaux que nous voyons renaitrc. I. PARIS. Institut. — Academic des sciences. — ■ Mois de juili.et 1826. — M. Guillaume Brandes fait liommage de son ouvrage intitule : De repcntinis variationdms impressione almospherw ohservatis. II ecrita 1' Academic pour lui exposer i'objet de scs rccherclies et pour demander la communication des documens que Ton jugerait propres a ])erfeclionner son travail. M. Arago communique a ce sujet le resuUat de diverses observations relatives a de grandes observations baroinetri(|ues. — L'Aca- dcraie recoit le ineuioire de M. le professeiir Simonof , » sur la cauiC dc la lif/rrcnvc dc tcmpcrnlurc dans les deux hemis- PARIS. 553 p/ieres clu globe tcrrestre , fondi'e .iiir ([uelqites observations therinouielriques faites par I'auteur pendant son r>(>yage an- tour (la inonde. » Casan, iSaS. — M. Arago communique jjIu- sieursresultats de ses reclierches , fjui out principalement poiu' objet de nouvelles experiences concernant rinfinencc des sub- stances les plus diverscs sur les mouvemens de Taiguillc ai- raantee. — M. Poisson annonce cpi'il a redigc iin memoire iheorique sur ce genre de questions, et qu'il le remetira dans la seance prochaine. — Le minisire de rinterieur fait parvenir a rAcaciemie un memoire que liii a adresse le ministie des affaires elrangercs, et qui est intitule : Memoire sur les calculs des mouvemens de coiretes, par Maurof, conseiller d'etat de I'empereur de Russie et correspondant de I'Acadcinie impe- riale de Saint-Petersbourg. (MM. Bouvard et Damoiseau, commissaires. ) — Leministre de I'interieur adresse a I'Acadc- mie la copie dii rapport de M. le prefet des Coles -du-N ord , concernant une secousse de tremblement de terre ressentie a Saint-Briejix. — M. La Billardiere fait un rapport verbal au sujet de I'histoire phiiosopliique, litteraire, economique , des plantes de TEurope, par M. Poirel. — Une lettre de M. d'AR- CET refute les assertions contenues dans la lettre pseudonyrae quia ete lue a la dernlere seance, et qui avait pour objet de reclamer en faveur de M. Mascagni la priorite de quelques decouvertes relatives a la dissolution des calculs urinaires par le moyen des bi-^carbonates alcalins, et au mode d'action de ces substances sur I'nrine et sur I'acide produit dans I'estomac. M. d'Arcet prouve que I'auteur de la lettre n'etait nullement fondc a reprocher aux cliimisles francais le defaut de citation. II presente, a ce snjet, deux ecrits qu'il a publics depuis long- tems et qui sont intitules : Premiere note pour servir h I'histoire des eaux thermales de Vichy. Note sur la preparation et P usage des pastilles al /(alines digestives contenant du bi- carbonate de sonde. M. Magendie communique des remarques entierement conformesa celles deM. d'Arcet. — M. Deshayes, auleur d'uu ouvrage sur les coquilles fossiles des environs de Paris , annonce que des circonstances nialheureuses I'obligent d'en suspendre la publication. 11 espere que I'Academie ajjpuiera par son suf- frage In demande qu'il se propose de faire a ce sujet au minis- tre de I'interieur. — • M. Berard lit, au nom de M. Balard , pharmacien et preparateur de chimie a la faculte des sciences de Montpellier, un memoire sur une substance parliculiere contenue dans I'eau de mer, et qu'il designe sous le nom dc niuride [MM. V'aunueiin, Gay-I.ussac et Tlienard, rommissai- ^S'l FRAiMCK. res). — M. IIaspau, ;|)osee i)ar M. Gaudin ii'est jias nouvelle, du nioins dans sa partie essenlielle, ^avoir : cpie lo calorique est le produit de la reunion des deux electricites.( Elle est due a M. Bcrzeliiis.) i.esraisonneraens par lesqncls il cherclie a prouver rJdentit.; de ce compose et du caiorique ne noiissembleni pas concluans, et rexperience qu'il propose est inutile, puisque le resuitat eii e:t coiiDu d'avance, el qu'on ne peut en tirer aucune conse- quence positive , ni pour , ni cnntre son liypotbese. { Adopio. ) — M. PoissoN lit son iupmoire sur la llitorie du magnelisuie en mouvement. • — M. Civiale lit une note 5ur les peifiction- liemens qu'il a apporles a ses instruniens lilhonlripleurs. (MM. Chaussier, Dumeril et Duiiuytren, commissaires, } — Du 17. — Le minialre de I'inlerieur fait parvenir i;n fragment d'acrolithe tonibe recemment dans les environs d'^ (.astres ( Tarn). Ce fragment sera reinis a une commissioji composie de MM. Vntiquelin et Thenard, et Son Excellence sera price de procurer tons les renseigneniens qu'on pourrait avoir recueillis au sujet de cet aerolitlie. — M. Amussat declare l)ar une Ifttre, ({ue I'inslrument presente par M. Civicde dan;. !a derniere ieance, a ete construit sur le meme principe que ceiui dont lui-meme avait donne connaissance a plusieiirs j)i r- sonnes, el qu'i! a monlrc notamment a !\1M. Portal, tlhauisier 1 1 Mat;endie. (Renvoye a la commission nonnnee pour le me- moire de M. Civiale. ) — M. Chriitophe dc Suint-Jorre de- jiiande la comnioricalion des doeiimcns qui auraienl etc cou- serves dans lej. ardnves , concernant la teinlnre ecarlatc, diio PAULS. :>>-> julienne. Ce procede a etu lobjet d'ua inlvilcge accor.lj ;)arh; roi a M. Julikn , inort en 1763. M. de Saint-Jorre, son ijarent, est charge de rediger nne notice hislorique oil il desire f'aiie mention de ces documens, s'ils existent. La leltie de M. dc Saiiit-.Iorre sera remise an secretariat, el il sera (ait des recher- ches dans les archives. — M. Mj-.irieux rappelle qu'a la seance du 27 fevrier, en presentant de nouveaux inslrnmens, il a an- noiice diverses modificalions (lu'il a failcs au lilhoiiirip(eur, et qn'il a fait de|)uis des experiences a rHotel-Dieu, en pre- sence d'un grand nombre de personnes. II declare que i'instni- incnt prcsente rccemment ])ar M. ' Ci\'iale est fonde sur le ineme principe et est le nienie instrument que le sien.(Ren- voye a la commission nommee pour examiner ies travaux tit^ iM. iliviale. ) — M.Lavocat, ancien chef de bataiiion du genie, reitere la demande qu'il a faite de divers eclaircissemens sni- I'emploi des roues a tympan. ( M. Navier, con;missaire. ) — M. CoLLAUi) deMautigny depose uii paquetcachele. — M. Ma- ^endle presente, au nom de M. Amussat, une nouvelle sonde , dite ucoustique , qui sert a reconnailre par I'effet du son ia presence des ralculs dans la vessie.(MM Eoyer et Blagendif, commissaires. ) — M. de Humboldt communique la decouveiie faite par M. Boussingault du veritable giseinent da plaline. Ce metal n'avait etc troiive jnsqu'ici que dans des terrainj d'alliivions au Choco , au Bresil el a I'Oiiral. M. Boussingauk a decouvert des grains arrondis de platine melcs a des grains arrondis d'or nalif , dans la gangue des filons de la province d'Anlioquia. Ces iilons traversent une formation de grunslein , diorite, et syenite. — JM. Dupi.tit Thouars lit la premien; partie d'un memoire intitule : Recherches sur les parlies qu'on doit noinmer organes dans les vrffetaiia:. — M. Prony annonce. (lue M. dc Grandpre retire son nicmoire sur la sonde marine. En consequence, il ne sera donne aucune suite au rapport propose dans la derniere seance. MM. — Pra/ijet Navif/font vn rapport surle plan d'un moulin a air presente par M. Huygens DE Beaitfond, propriefaire a la Martinique. II en resulte que cette machine ne pent etre approuveepar I'Academie. (Adopte) — M. Paravey lit un mcmoire snr I'origine commune des chif- frcs et des lettres dont les differens peuples ont fait usage. ( MM. Latreille et Ampere, commissaires. ) — Du 24. — M. Thlnard rend un comple verbal de roii- vrage de M. Alibert snr les eanx minerales. — M. Tiinoleon Taili.i.fer, medecin, adres'ie un memoire snr une nouveilc meilioflc pour trailer la listnle iacrymale. (MM. Boyer et Ma- jfendie, commissaires. _) — 'MM. Girard, Jrago , Diilong e^ 556 FRANCF. Dupin ionl iin rnppart sur la proposition faite j)ar M. Prony , el londanle a faiic adniellrc deux iioTivellcs miifes de mesure. La discussion dii rapport est renvoyte a Tune des seances sui- vantes. — M. Raymond, horioger, lit un inv5moire intitule: Exposition et developpcment d'un nouveau xjsterne de ha/an - ciersans compensation , applicable nua: horloges , et plus pro- pre a. inssurer le terns avec iinijonnite. ( MM. Molard et Malhicn, conmiissaires. ) — M. Morf.au de Jonnes lit deux notes : i"^ Apereus stalisticjnes sur I'etendue et la valeur du ooinnierce de colon, de l;i fabrication des tissiis de ceKe ina- tiere et de Icur consoinniaiion aelueile dans les piincipales contrees de I'Europe ; 2° Tremblcment de terre a la Martinique , dans la nuil du i*'''au 2 niai dernier. — Dii'ii. — M. Saint- Andre, professeur de therapeuliqne ct de matiere medicale a I'Ecole de medecine de Toulouse , adrcsse ;i I'Aeademie un meinoire sur de nouveaux produits des analyses de plusieurs quinquinas, clioisis ])armi les nieil- leure." especes officinales. (MM. Vauquelin et Thenard, com- missaires.) — M. Mop.eau de Jonnes communique divers de- tails sur I'irruption recenie de ia fievre jaune aux Antilles, et sur la topographie medicale des villes oil celle maladie s'est dcclaree. — 31. Perrin adresse un memoire concernant I'e'm- ploi d'un nouveau grapir. d'abordage. ( MM. Rossel et Dupin, eommissaires. ) — Le menie autcnr jiresenle un manuscrit intitule : Vocahulnire sie.<^anographique , on Vartde communi- quer prompteinent le jour ou lanuit,a des distances eloignees. (MM. Matliieu etFresnrl, eommissaires.) — M. Aeago presente les resultats d'observalionn ct de mesuics barometriques faitcs a la Chappelle, par M. BREAT3Ti. , de 1819 a 1823. Ces notes, au sujct desquelles M. Arago donne divers eclaircisseinens , contiennent le tableau des variations diurnes du barometrc ; eiles indiquent des differences remarquables, a raison de la diversite des hauteuis et des situations. Plusieurs resullats de ce travail de M. Breaute concerne !a difference de niveau enire Paris et la mer; les meines riotes indicjuent la temperature moyenne des deux principales sources qui sortent d'unc cote elevee sur les bord de la valiee d'Arques. — MBI. Jingo, Dulonget Girard , rajjporlciirs , font un rapjiort sur le me- moire de M. IFilliam Rawson, relatif au procede dc M. Per- kins, ].our former dc la vapcur d'eau a un liant degre de tension, et jjoiw a])])li(|ner cette vapeur au mouveinent des machines. « II aurait ete a desirer, dit le rapporteur, fpic rautcur ci\\ appnye toutcs ses assertions sur des experiences PARiS. 557 aulhcnllques. Les seulcs qu'il produit sont celies qui ont ete f'aifes sur le fusil a vapcur de Perkins, en presense dii due de Wellinf;ton ct d'un coniilc compose d'ofiiciers d'artillerie et du genie. II resulte d'une de ses experiences qu'iine balle de plornb, l.'incee de 33 metres de distanee par un fusil ii v.ipeur, perca 1 1 |)lanclies de hois de sapiii tres-dur, d'un pouce d'e- paisseur, et separees d'un ]>once les unes des amies. M. Raw- son annonce Tintention de inettre incessamment sous les yeux de vos couimissaires un appareil semblable a celui que nous avons decrit. Jnsques-la, vos commissairesne peuvent (pj 'ex- primer le desir de voir bienlot les nouvelles experiences dont la machine de Perkins , introduite en France , ne peut manquer de devenir I'objet, eclaircir I'importante Iheorie des machines a vapeur. » — MM. Tes.sier et Bosc font un rapport sur un raemoire de M. Housset , de Bordeaux : Observations sur le miel cominun. 11 en resulte que le niemoire de M. Housset oflre de bonnes vues , mais nul fait nouveau, nul raisonne- nient complet. L' Academic se borne a le remercier. — M. Bosc fait un rapport verbal au sujet d'une des dernieros iivraisons du Iraite des arbres fruitiers de Duhamel , imbiiees par MM. TuRpiN et PoiTEAU. — M. Savary lit un menioire sur les phenomenes d'aimantation produits par lescourans eleclriques. ( MM. Arago , Ampere et Dulong, commissaires.) A. MiCHELOT. — Academic des Inscriptions et Belles - Le tires. — Seance publique du vendredi 28 juillet 1826, prcsidee par M. Abel RiiMUSAT. — Ordre des lectures. — i" Annonce des sujets de prix proposes au concours pour les annees 1827 et 1828; 2" jugeiuent des memolres envoyes aux deux concours ou- verts pour cette annee, et proclamation des prix. — Le sujet d'un de ces prix, remis I'annee derniere au concours,- et renvoye a celle-ci, etait «r/e comparer les doctrines des di- verses secies Gnostiques eldes Ophites, en s'attachant speciale- mcnt h leurs caracteres essentiels ; de rechercher les origines de ces secies, et d'en determiner, autant qu'on le pourrait , la succession ; d' examiner qu'elle influence elles ont pu exercer sur les autres sectcs contemporaines , soit religieuses , soil phi- losophiques. Le prix, consistant en une medaille d'or de la valeur de quinze cents francs, a etc adjugeau memoire enregistre sons le n" 3 , et dont I'auleur, M. Matter, professeur d'liistoire ecclesiastique a TAcademie de Strasbourg, a remporl^ , en 1818, le prix dont le sujet etait VHistoire de I'ecole d'Alcxan- 5 J 8 FRA^NCE. (/i-/c f rfrpiiii- .scs cotnmenf.cinens juxquaux premieres nnnt'-eA flu troiiienie xi'ecle tie I'erc rhretienne. Le siijel d'lin autre jirix elait. se de faire les f'onds A'nn pri.r de 'i,oooJ'r. qui sera dccernc, par une cominissiori comjiosee de p.iirs de I'rance, de deputes , de magistrals , de mauui'aclurlers , a lau- teur du uiellleur memoire sur la question siii\anle:<( Quels sont, en France , les obstacles qui s'opposen! a une bonne legislation sur les patentes et les hrei'ets d invention pour les decouvertes industrielles ? Quels sonl les meilleiirs nioyens a prendre pour ueulraliser ou faire dispaiaiire ces obit.icle.s? Quelles sonl enfin les iiieiilefsrs dispositions a etablir pour former surcetle parlie le projet de l''gisiafion lo plus complet • l le plus en harnionie avec les besoins el Icj progrci de I'iti- dustrie ? » M. Casirnir Pep.ier propose nu prix de 3, 000 francs (lui sera aussi decerne, comme tous les aulres prix du meme genre [)3r une commission comjiosee de j:iges com])et<'ns, a I'auteur laciines des dispositions legislatives et administraiives concer- nnnt le pret hjpothecaire ? Quels sont les obstacles qui s'opjjo- sent a la direction des capitaux vers cetle nature d'emploi ? Quelles seraieiit les ineilleurcs dispositions a etablir j^our for- mer sur cette partle le projet do legislalion le plus compkt et 5()0 I'RANCE. leplus en harmonic avcc Jes bcsoins du (isc, cetjx dcs eniprun- teur&, et !es garanties qu'ont droit d'cxiger les pieleurs ? >- Les conciirrens devront surtout examiner les questions du libre taux de I'interet, de la transmission des contrats, de la vente a iiimerc, de I'expropriation forcee, etc. » Vn prix de 2,000/rafics sera donnc par un ANONYMEa I'an- teur qui jeinplira le mieux les condirions du programme suivant : « Determiner parmi les modes de corislruction des chemins vicinaux , en usage dans les divers I)ays , quel est celui qui presenle le phis d'avanlages, quant a I'eeonomie, a ]a promptitude, a la facilito de construction et a la du- ree , en tenant compie du clioix possible des maleriaux , suivant la nature du terrain et des localites en France ? — Quel serait le meillear mode de proc^der pour determiner (juels sent les chemins necessaires, etreglerles confliis qui pourraients'c- lever sur le trace et la direction de ccj chemins? Quelle serait enfin la marche a suivre ])Our la perception , ladministration et I'cmploi des fonds necessaires a ia construction et a I'entre- lien des chemins vicinaux , soit que cliaque commune aitseule a supporter les depenses de ses chemins , soit f|ue les frais soient repartis entre les interesses, parliculicrs, communes et depar- temens ou gouvernement , de nuinicre a economiser les de- penses etles retards qu'entraine toujours une comptabilile trop compliqxiee ? « — Les concurrens devront examiner quelle se- rait surtout la contribution la jilus avantagcnse, et si la ])X"esta- tion en nature ne doit pas toujours (}tre le rachat volontaire de la prestation en argent. MM. P. mettent au concouis le sujel suivant : « Les diverses tenlatives f'ailes pour comprimer le gaz et le rendre propre a alimenler les larapcsporlatives, ayant eteinfniclueusesjusqu'a ce moment; d'autre part, les lampes dites a la Carcel, etant d'un prix troj) cievejjour elre a la portee des fortunes un pen restreintes, xinprix de 2,000 francs sera donne au inodele de lampes qui, pour le tems le plus long etavec la raoindre quan- tite d'huile, produira une masse de lumiere egale a cede que donnent les lampes dites a la Carcel. — Le modele de lampe presente devra etre d'un entrelienassez, faciie'et })resenter assez d'economic dans les prix et dans I'usage pour convenir au plus ])lus grand nombre possible deconsommateurs. Les concurrens devront s'atlacher a cviter lapromjJte carbonisation de la nie- che , et a rechercher quelle autre substance pourrait etre avAn- lageusement substituee au coton , ou quel nouveau procede de fabrication des meches pourrait retarder leplus possible cette carbonisation." Les concurrens sontprevcnus qu'a meiite egal, PARIS. 56 1 le modcle qui sera dii prix le plus modifjue, obtiendra la pre- ference. M. G. propose nn prix de "i^ooofrancs a I'auteur dumeilleur mcraoiresur la question suivante : « Quelserait pour la France le systeme de douanes leplus convenable a I'etat du commerce , de I' Industrie et de I'ac^riculture ; et la meilleure classiflcation du tarif pour rendre la perception des droits plus facile au fisc et nioins onereuse au commerce? — Quelle serait la marche a suivre pourarriver, sans secousse , au systeme indique sans compi-otnetlre I'e.xislence des etablissemens crees sur la foi des reglemensactuels? » — Lesconcurrens devront examiner «quels sent les avantages et les inconveniens du systeme de Braw- Bak, et des primes accordees a I'exportation de certains pro- duits. Si, dans I'elat actuel, les droits de douane doivent etre seulement nn moyen d'equilibre et une prime d'encouragement pour certains produits, on continuer a etre en meme terns I'une des branches les plus importantes des revenusde i'etat. Enfin, si le principe de liberte absoluedn commerce, proclarae par quel- ques economistes , peut etre admissible , et a quelles conditions politiques et fiscales , et si dans ce cas I'abolition ou la diminu- tion des droits sur tous ou sur certains produits pourrait etre compensee par raccroissemeut de recette , ou par la creation d'autres ressources de revenu pour le tresor publico \Jn prix de ^,000 Jrancs sera donne par un anonyme a I'au- teur du memoire qui expliqnera le raieuK « quelles sont le.s causes de la crise que vient d'eprouver le commerce , et qui s'est etendue a toutes les classes de la societe dans les divers pays ?» Quels peuvent etre ses rapports generaux avec les crises qui ont eu lieu a d'autres epoques ? — « Quels seraient enfin les moyens a prendre pour en neutraliser les effets et en eviter le retour?» Les memoires , sans nom d'anteur , mais avec une epigraphe, et accompagnes chacun d'un paquet cacbete dans lequel cette epigraphe sera reproduite avec le nom de I'auteur, seront re- cus jusqu'au 3o juin 1827, au bureau de I'Encyclopedie pro- gressive, rue Chantereine , n" 10. Emprunt d' Haiti, {voy. ci-dessus, pag. 523.) — (Paris, 3 1 aodt) — Le gouvernement d'Haiti vient d'envoyer en France, par la Corvette VHebe, un million de piastres, ou environ cinq millions de francs. Cette circonstance reporte naturellement Vattention sur une republique si interessante depuis plusieurs annees, et par I'application constante de ses chefs, le concours d^voue de ses citoyens pour etablir, dans toute I'etendue de T. XXXI. — y^Ott^ 1826. 36 4(b FRANCE. I'ile, I'ordre social , la ri^gularite administrative , I'unit^ poli- tique, la civilisation, ct par le resiillat memo qui, I'annee der- niere, a couronne ses efforts gcncreux et unanimes, en lui donnanl pour prix une existence politique enire les nations, unc ere iiouvelle d'iiidependancc, un brillant avenirde pros- perite. De tous cotes, depuis un an. Ton entend re])eter cette question: Les Haitiens paieront-ils Ics i5o, 000,000 dont ils ont contracte I'obligation? Le terns et I'espace nous manquent nujourd'hui pour Iraiter a fond ce sujet, et pour developper quels trtjsors cette jeune republiq'ue pent puiser dans son epargne; quels produits clle retire de ses impots ct de ses douanes ; qucHcs ressources nouvelles son gouvernement vient de creer, en fai- sant commencer I'exploitation des riches mines du Cibao , en appelant ses citoyens a concourir, soit par des dons volontaires, soit par une contribution legale, a rallcgcment des charges de la patrie. Nous nous contenterons de faire observer que les fonds qui arrivent sont tires du sein mcme de I'Etat, et que, si la somme n'est pas assez considerable pour etablir evidemment les moyens de payer, du moins le fait seul de cet envoi prouve d'une maniere incontestable la bonne foi et le desir de s'ac- quitter. Ce point reconnu , on ne doit point perdre de vue cepen- danl que le gouvernement Haitien n'a jamais eu I'intenlion d'extraire du pays, en cinq ans, la somme excessive de cent cinquante millions, et qu'il a annonce, des le princupe , sur I'invitation et avec le concours du gouvernement francais, la volonte de trouver dans un emprunt la faculte de repartir cetle enorme obligation sur un espace de tems plus etendu, Et en effet , si les puissances les j)lus policees et les plus riches font face a leurs depenses ex'.raordinaires avec le secours des em- prunts, c'est un devoir plus rigoureux encore d'y avoir recours pour un (5tal qui ne fait que de naitre et qui a besoin de toutes ses ressources pour tirer parti de sa position nouvelle. Mais, d'un autre cute, la crisefinanciereet coramercialeouse trouvent I'Europe , et surtout I'Angleterre et la France , doivent faire craindre de grands obstacles a la realisation actuellc d'un em- prunt. Quelles que soient les garanties offertes, le moment n'est pas favorable pour invoqucr le credit. Les horames eclnires de toutes les opinions penseront qu'il est de I'interet, comme de la dignie de la France, de seconder les efforts de sa nouvelle alliee, dans I'etat de malaise general qui paralyse le commerce et les finances. La main blanche ne se sera point jointe a la main de couleur, pour chercher k I'entrainer dans un PARIS. 56?i abyme, inais pour lui donner un appui , comme elle lui offre un gage de bonne-foi et d'union. B*. Reclamation. — L'cdlteur du Journal des sciences miliiaires; journal que nous avons annonc^ avec eloge, comme devant interesser une classe nombreuse de lecteurs (voy. Rev. Enc. 1. xxxx, p. 220) , et dont nous continuerons afaire quelquefois mention , se plaint que, dans un article sur un nouveau recueil elabli en concurrence du sien, noire Revue ait laisse ^chapper une assertion inexacte, en signalant son journal , sans le nom- mer, comme portant sur son litre les noms de redacteurs qui n'y travalllent point. II prouve, par une Jongue liste de ses collaborateurs et des articles qu'ils lui ont fournis et qui ont ete publics , qu'en effet un assez grand nombre d'hommes tres- honorables , dont quelques-uns sont associes aux travaux de la Revue Encyclopedique, ont pris part a la redaction de son journal. Nous retablissons volontiers la \erite, qui s'est trouvee alteree, en ce qu'on avait trop positivement affirme d'une ma- niere absolue ce qui aurait du n'etre dit qu'avec restriction. Theatres. — Odeon. — I" representation de VAclrice ou les deux portraits, comcdie en un acte ct en vers, par MM. Auer et FoNTAN. ( Samedi 29 juillet. ) — Ernest, jeune peintre distin- gue, fait le portrait de la belle Sophie, qu'il aime avec passion; un doux espoir anime son talent ; c'est peut-etre pour lui-meme qu'il travaille. Cependant , un rival I'inquiete. Lord Dalton a vu Sophie au theatre; epris de ses graces, il lui fait une cour assidue , et lui aussi se flatte que le portrait lui est destine. Son impertinente confiance desole Ernest, bien plus timide, parcc qu'il est bien plus amoureux. Le gout de cet autre Lovelace pour Sophie n'est en effet qu'un caprice; il cherche aupres d'elle quelque distraction a des querelles de menage; il a quitte Londres et sa feinme , dans un moment d'humeur. Mais une femme delaissee court toujours apres son mari; c'est la regie au theatre. La belle lady arrive done, elle se presente chcz Ernest, sous prctexte de se faire peindre, raais en effet pour y rencontrer Sophie; elle recoil de la jeune actrice des conso- lations el de bons conseils; et quand son volage epoux arrive, persuade que Sophie va combler ses voeux en lui donnant le portrait apres lequel il soupire , c'est celui de lady Dalton qui lui est offert. Cette epouse outragee parait, elle acheve la lecon par ses reproches, et la piece finit par I'union des deux amans et par la reconciliation des deux epoux. Cette csquisse legere est dessinee avec esprit; de jolies scenes, un dialogue 564 FRANCE. ])iquant, en ont assur6 le siicces, et annoncent chez les au- teurs un talent iligne d'oser autre chose. Un tableau de moeurs franchement touclie est pr<5ferable au roinan le plus iiigenieux. — Premiere representation du Millionnaire , com<^'die en trois actes et en prose, par MM. Martin et Mauie.( Jeudi !^ aout. ) — On a montre bien souvent au theatre des lioinines que Ton crolt pauvres , et dont la richesse, aussilut qu'elle est seulernentsoupconnee, eveille autour d'eux la cu])idite, ettous les sentimens les plus personnels qui se cachent dans le coeur humnin. Ces sorles de sujets sont feconiis en peripelies, et ejj situations coniiques ; mais la donnee est un peu usee. Pour la rajeunir, les auteurs dvi Millionnaire I'onJ retoiirnee; ils nous ont presente un hoinmearrivant d'Ameriqne plus paii- vre qu'il n'y etait alle, niais auquel on suppose de grandes richesses ; tous ces millions dont on le croit possesseur , et qui ne sont que dans la tete de ses parens , lui valent les atten- tions les plus empressees, des restitutions sur lesqnelles il ne comptait }j;uere, et nieme de riches cadeaux qu'il emploie a doter un jeune homme aime de sa niece, mais qu'on ne voulait pas lui laisser epouser, parce qu'il n'ctait pas assez riche. Cette conception ressenible beaucoup a celle donj elle est la contre-partie , et les situations qu'elle offre n'ont point paru plus nouvelles; malheureusement, le dialogue n'est pas assez piquant ])our faire oublier ce qu'il y a de comraun dans I'inlri- gue. La piece n'a point amuse le parterre; et, au theatre , des juges qui ne rient pas sontseveres; le Millionnaire , fort bien recu par ses parens, n'a pas obtenu du public un accueil si favorable ;il nefera probablement pas unlongsejour al'OdeoD, dont 11 n'enrichlra pas plus le caissier qu'il n'a enrichi sa fa- milie. M. a. Beaux-arts. — Sculpture. — Lorsqu'en 1821 je publiai dans ce recueil (torn, xi p. 29) une dissertation sur I'es sculptures du Parthenon qui ornent maintenant le Museum Britannique , a I'occasion des copies en plalre que le gouverncment francais avail fait venir de Londres, j'exprimai le voeu que , dans I'in- teret de I'histoire et de Toiude de I'art, il fiit etabli un niusee special de platres moules sur les plus belles productions de la sculpture, eparses dans les diverses collections de I'Eu- rope. Ce vceu commence a se realiser : on vient de reunir dans une salle du Louvre, et d'exposer aux regards des artistes et des connaisseurs, une assez grande quantite de platres de cette nature. Le colosse de Montecavallo est I'un des morceaux les plus I PARIS. 565 iinportans et, sans contredit, le plus considerable de celle collection. Cette figure, d'environ dix-hnit pieds de li;iut, est une production extremement remarquable de I'art statuaire; malheureuseraent,elleest dansunespacetrop etroit. On trouve, en outre, dans celte saile , les sculplnres du Parthenon qui ont donne lieu a ma dissertation ci-dessus rappelee, et les bas-re- liefs du meme temple represenfant les panatlienees, fetes insti- tueescn Thonneurde Minerve.Cfs bas-reliefs ont etc moulcs sur les marbres qui faisaient partie de la collection de M. de Choi- seul , et que le ministcre de la maison du Roi a fait acheter. Les figures du fronton du grand temple d'Egine, d^couvert depuis un petit nombre d'annees, font aussi partie de cette riouvelle collection, ties dernicres sculptures qui remontent a la plus liaute antiqtiitti, et dont lecaractere particulier est maintenant designe par le nom de scuplture eginitique, merite d'exciter I'attention des artistes et des archeologues. J'ai regrette de ne point tronver dans cette salle les figures de Kiobe dont le grand due de Toscane a envoye , il y a deja quelques annees, des platres qui sont ensevells a I'Ecole des beaux-arts ou ils finirontpar etre detruits, comme ceux que Louis XIV avail fait venir. II faut maintenant accroitre cetle collection le plus possible ; inais, ce qui est surtout aussi pressant qu'indispensable, c'est que le colosse de Montecavallo soit mis dans une salle assez spacieuse pour que i'on puisse en bien saisir I'ensemble. — Peinture. — Depuis mon dernier article sur Y Exposition au profit des Grecs {voy. ci-dessus, p. 278), il a paru, a celte exposition, rnais seuleraent pendant quelques jours, un tableau qui a vivement excitti I'attention et meme la curiosite publiques. C'est un interieur cV app art erne nt , orne avec beaucoup de gout, dans lequel unefemme est assise surun canape, tenant un iivre a la main. Elle vient d'interrorapre sa lecture pour tourner ses yeux vers le portrait de M'"^ deStael, par M. Gerard. En consi- derant ce portrait, sa physionomie a pris un caractere pensif , peut-etre meme un peu melancolique. Celte circonstance parti- culiere, la beaute de la femme couch«''e sur le canape , ont fait reconnaitre une dame celebre en France, et meme en Euro})e, pour les graces de son esprit, les charnies de sa personne et la vive affection qui I'unissait a M™' de Stael.ill regne, dans cet ou- vragc, une delicatesse de pinceau extremement reraarquable; les accessoires sont rendus avec beaucoup de soin ; I'effet ge- neral est tres-bicn entendu et tres-harmonieux ; enfin , il fait honneur a M. Dejuinnf. , qui a deja pris un rang honorable dans notre ecole par des productions importantes ct justemfn^ 166 FRANCE. rcmarqudes. On dit que ce tableau est destine au prince Au- guste de Prussc. — Lithographie. — Les arts , comnie la po(5sie , vi^ent d'erao- tion ; quelle source plus feconde (jue le spectacle de cette nation h^rok'que qui se debat contre ses feroces oppresseurs pour re- co'.ivrrr jine liberie qu'ils auront payee, s'ils I'obtiennent, au prix dc tout ce que les liommes ont de plus cher. — La lutle des Grecs contre les Turcs, c'est-a-dire, de la civilisation, de la religion, de la liberie, contre la barbaric, I'ignorance et le despotisme, est le drame le plus horrible et le plus sanglant dont I'humanitc ait eu a geinir depuis plusieurs siecles. M. Langlois et M. H. Vernet, son mailre, ont puise dans les scenes que produit cette lalte deplorable, les sujets de trois tableaux qui vont etre successivement reprcduits par la litlio- graphie. Le premier de ces artistes a reprcsenlc la mort de Marc Bolzaris , et la prise de Missolonghi. Le sujet choisi par M. H. Vernet lui offre les moyens de developper la variete et I'etendue de son talent : c'est I'intrepide Canaris incendiant la flotte turqtte. M. Maurin, charge de lithographier la mort de Botzaris , a terinine sa planche qui vient d'etre publiee. Cette lithographic eseculee avec beaucoup de verve , et ou Ton remarque beau- coup d'habilele, coute 12 fr. sur papier de Chine , et 10 fr. sur papier blanc. La prise de Missolonghi paraiira dans un mois , et I'incendie de la flotte turque , peu de terns apres. Cette belle suite ne peut manquer d'avoir beaucoup de succes ; il ne s'agit pas la des Atrides , ou des aventurcs de quelque heros fabu- lens , mais d'evenemens qui se sont passes de nos jours et dont Ic recit fait battre le cceur de tous ceux qui n'ont pas re- nie tout sentiment gcnereux. — Tous ceux qui se sont occupes de I'enseignement sa- vent combien les bons livres elementaires sont rares : il en est de meme du dessin. Les maitres ne pouvant faire des modeles pour tous leurs eleves, en font graver ; mais les procedes de la gravure et du dessin different esscntieilement; I'eleve se donne une peine inutile, contracle meme souvent de mau- vaises habitudes, en voulant rendre I'extreme fini et la regu- larite des travaux de la gravure. Ponr remedier a cette difficulte, deux horames de beaucoup de talent, MM. Dejdinne et Cha- TiLLON se sont propose de donner une suite graduelle et com'^ plete de modeles qu'ils ont empruntcs a I'antique, a Raphael, a Girodet, leur luaitre , et a d'aulres grands artistes. lis ont employe la lithographic, qui n'est elk-merae qu'un dessin im- prime, et, consequemment , le moyen le plus propre a don- I PARIS. 567 ner une idee juste du dessin. Voila un de ces ouvrages dont le succes doit etre plus solide que brill^nt; mais le merite en sera appreciede tous ceux qui se livrent a la carriere honora- ble et difficile de reduction. Deux cahiers ont paru et coutent chacun 3 fr. ; les plancbes se vendent isolement. Paris, chez Engelmann , imprimeur-lilliographe, editeur. P. A. Necrologie. • — Larauza. [Jean-Louis). — Les lettres et I'instruclion publiqiie ont fait une peite fort regrettable dans la personne de M. Larauza , docteur es-letlres, officier de I'universite , ex-inailre de coiferences a I'ecole normale , bi- bliothecaire de la faculle de iheologie de I'Academie de Paris. — M. Larauza etail ne a Paris, le 8 mars 1793. II fit au lycee Napoleon , aujourd'hui le college royal de Henri IV, d'excellentes etudes , couronnecs par de brillans succes. Son nora , qui retentissait cliaque annee avec eclat dans loutes les solennites acadcmique3,fut bientot inscrit sur la liste des elevcs de recole normale. Aprcs y avoir acheve le cours d'etudes prescrit par les reglemens, et avoir pris le grade de docteur-es- lettres, 11 professa, pendant quelques anniies , la granimaire, les liumanites , et la rhetorique dans les colleges de Paris et des departcmens. Enfin , en 181 5, son inerite qu'avaient accru de fbngs et patiens travaux, et I'experiencc de Tenseignenient, altira plus particulierement I'attention des chefs de I'univer- sile ; il fut juge digne de professer dans retablissemeut dont il avait etc I'un des disciples les plus dislingues , et fut nomm^ maitre de conferences a I'ccole normale. II remplit les fonc- tions de cette nouvelle ])lace avec beaucoup de zele et de succes jusqu'au moment ou fut supprimee sans motifs qu'on osat avouer, aver, une sorte de legerele brntale, cette ecolc utile et raodeste qui sans eclat et sans bruit avait, dans I'espace de quelques annees, renouvele noire instruclion publique. M. La- rauza conlribua puissamment a cette restauration des etudes par scs excellentes lecons. Charge specialement de I'enseigne- ment des langties anciennes et de la grammalre generale , il y porta un esprit de critique fort remarquable , et Ton doit vivement desirer , dans I'inleret de la science cornme dans celui de sa rt'putation , que les ecrits qu'il a laisscs sur ces lOatieres soient en etat d'etre publics. A des travaux d'un genre si grave, M. Larauza unissait les delassemens que donrse la culture des arts. II ctudia la niusique, et particulierement la composition , avec celte ardeur infaligable , cette sagacllc de conception, qui eiaienl les traits distinctifs de son esprit; i! y Kt en peu de tems assez de progres jwur qu'il put se 568 FRANCE. flatter de resoudre les problemes jusqua ce jour insolubles que presente aux recherches de la critique la musique des anciens , et pour composer, dans le style de Gluck et de Mozart , des chants d'un caractere gracieux et noble , qu'on doit conser- ver precieusementcomine I'expression la plus vivanto qui nous reste aujourd'hui de son ame. Pousse par la passion des arts, et le desir d'en admirer les raonumens , M. Larauza sut meltre a profit les loisirs forces que lui avail faits Tuniversite, et se rendit en Italie , oil I'aclive curiosite de son esprit, avide d'emotions et de connaissances , soutint son courage contre les difficultes de tous genres que peut rencontrer sur une terre etrangere un voyageur depourvu tout a la fois de sante et de fortune. II revint, ivre de joie, rapportant de cette expedi- tion litteraire , une foule d'observations curieuses qu'il a ne- glige malheureusement de rediger, et dont sa niodestie nous a prives , autant que sa mort inattendue. Toutefois , il s'est applique a trailer une question qui I'avait vivement preoc- cupe, et dont il est a croire qu'il a enfin trouve la solution, vainemenl cherchee par un grand nonibre d'hommes habiles. (Voyez ci-dessus , Bulletin bibliographique , page 481.) On sail que les critiques ne sonl pas d'accord sur la route que suivit Annibal a tracers les Alpes pour penetrer en Italie ; les divers ouvrages ou cette question est de'battue , ne paraissffient pas a M. Larauza I'avoir suffisamment eclaircie ; il chercha de nouvelles lumieres dans un examen plus allentif des documens que nous ont latsses les anciens, el surtout dans I'inspection scrupuleuse des lieux. II a consigne le fruit de ses conscien- cieuses et perseverantes recherches dans un meraoire remar- quable tout ensemble par la science et la penetration , et qui doit interesser vivement tous ceux qui s'occuj)ent de la con- naissance des antiquites ; ce memoire avail deja obtenu le suffrage d'un assez grand nom-bre de savans, et allait enfin 6tre lu a Y Acadernie des inscriptions et belles-lettres , et at- tirer ainsi a son auteur la plus glorieuse recompense de ses peines , lorsqu'une maladie subtle et terrible I'a enleve en quel- ques jours a ses etudes, a ses succes, a ses amis, a sa famille. II est mort le 29 septembre dernier. Le soin d'honorer sa memoire appartient a celui de ses collegues que son coeur avail plus particulierement distingue, et qu'il cherissait comme un frere, (M. ViGUiER ). C'est a lui de mettre au jour ces travaux que la mort a interrompus, et qui ne seront sans doute pas perdus pour la science qui les reclame ; c'est a Ini de rendre hommage au nom des amis nombreux de M. Larauza , a toutes les qualites a^mables, a toutes les vertus qui le leur rendaient si cher; a s^. PARIS. 569 religion austere el tendre ; a son ardenle passion poui" le beau et le vrai; a son devouement sincere et enlier aux devoirs de sa profession et aux interets de ses amis ; au cliarmede son com- merce si facile et si doux,a torit ce qu'ils n'oublieront jamais , etdont le souvenir leur sera toujoursdoiiloureiix etcher. Deja ils ont trouve d'eloquens interpreles de lenrs regrets dans I'au- teur d'un article insere dans le Globe (n° 1 66, /» octobre i SaS), et dans celui d'un discours funebre prononce avec j^eine , le jour des funcrailles , au milieu des sanglots et des larmCs de I'au- diloire et de I'orateur (M. Victor Cocsix ). Celui qui ecrit cette notice , trop longue peul-etre pour le recueil qui veut bien I'admettre, mais trop courte pour sa juste douleur, trouve quelque consolation a s'unir a eux dans un si trisle . rainistere. H. P. — Oberlin [Jean Frederic) , pasteur a Waldbach (Ban de la Roche, departement du Bas-Rhin ), mort le i*'' jnin i82G,age de 86 ans. — Le departement du Bas-Rliin vient de jierdre un de ses citoyens les plus recommandables, et I'Eglise pro- testante, un rare modele de toutes les vertns chretiennes. Le respectable pasteur Oberlin , frere du celebre pliilologue de ce nom, apres avoir exerce pendant cinquante-neuf ans les fonctions pastorales dans un pays ou I'influence de ses vertns, de sa bienfaisante activiie , de ses constans efforts , de ses utiles travaux, a presque cntierement change , par les plus heureuses ameliorations, I'ctat de Tagricnlture , de I'industrie, etsurtout le caractere moral et la condition desliabitans, a succombe, le premier juin dernier, dans la 86^ annee de son age, a une maladie douloureuse. II a emporte dans la tombe les regrets de toutes les communes circonvoisines , et de loute la popula- tion alsacienne, sans aucune distinction de culte. Nous puisons dans une notice qui vient d'etre imprimee a Paris ( Crapelet. In-4° de 4 pas*^*) quelques particularites sur la ])ersonne de ce venerable ecclesiastique et sur les services qui ont fait si vivement sentir sa j)erte, et qui liii assurent une place hono- rable parmi les bienfaiteurs de I'humanite. Sur la limite des departemens du Bas-Rhin et des Vosges se trouve un territoire nomme le Ban de la Roche, autrefois isole et a demi sauvage, aujourd'hui !'un des endroits les plus remarquables par Tinslruction, I'industrie et la moralite des individus. Entouree de roches arides et sans moyens de com- piunication, cette triste contree serait sans doute restee etran- gere a la civilisation, si la Providence n'y avail successivenient appele deux respectables pasteurs, dont le dernier surtout a 570 FRANCE. chang(5 en quelque sorte la nature du pays, et regendre le mo- ral de scs habilans. Le pasteur Oberlin , transporte au Ban de la Roche, vit tout ce qu'une telle mission imposait a son aclivite. Mu par une piiite vraiiuent religieuse, et ])ar un zele infatigable pour le bien de I'liuraanite , •Iconiprit qu'il ne devait pas se borner a pourvoir anx besoins Sjjirituels de ses conciloyens, mats que, parlour ou il y avait du bien a faire, il en devait I'exemple. Le pays inanquait de communications au-de/iors, il entreprit d'en ^tablir : muni d'instrumens et de poudre, il se met a la t^le des habitans pour faire sauler les rocliesel ouvrir des rou- tes; la terre, faute d'eiigrais, etait en grande ])artie inculle, il la fi'conde par des moyens arliflciels; il fait venir du Nord les semences des plantes les plus appropriees a la nature du ter- rain, on encourage la culture; et bientot, par ses soins, les coteaux arides et steriles prennent une face plus riante , et four- nissent non seulement aux besoins du pays, mais encore a des esportations, dont les jiroduits servent a des ameliorations nouvelles. Toujours occujx; du bien-etre de ses paroissiens, il pourvoit aussi a leurs besoins en cas d'accidens et de maladies; il fait apprendre aux uns a manier la lancette ; a d'aulres, a exercer I'etat de sage-femme ; et lui-m^me familiarise avec la connaissance des plantes mcdiclnales, II compose, a I'usage du ])ays, une petite pharmacie, et en dirlge gratuitement I'emploi. Sa sollicitude pour les besoins physiques ne ralentissait en rien le zele de ce digne pasteur pour ranielioration intellec- tuelle et morale des habitans, et surtout pour leur education religieuse, (ju'il co-nsidcrait comrae le premier des besoins. C'elait dans la religion qu'il puisalt ses motifs et sa force; c'etait aussi par elle et pour elle qu'il entendait operer le bien. II crea des t^coles ou, par des methodes perfecliontiees , I'enfance recut les premieres instructions; ou I'adolescence, imbue des preceptesde I'Evangile, acquit I'espril: d'ordre, I'amourdu tra- vail et le gout de toutes les choses honnetes : la porte du pas- teur etait ouverte a toutes les irifortunes et a toutes les neces- sltes; chacun trouvait chez lui les secours , les consells, I'appui et les consolations dont il avait besoin. Lorsque le dimanche ses paroissiens se reunissaient dans le temple, il les exhortait ii la praiitiue des vertus domestiques et chr<5tlennes dont 11 leur monlrait a la fois les avantages et I'exemple; el quand dans la semaine il avait ap})rls que quelqu'un s'elait ecarte de ia bonne vole, ou s'etait brouille avec un parent, un ami, un voisin, il savail si bien le ramener, que souvent, apres le service dl- PARIS. 571 vin , le paroissien atteudait le pasteur, le remerciait el s'em- pressait d'aller reparer la faute qu'il avait commlse. Rareinent un proces s'engageait entre les habitans du Ban de la Roche; et lorsqiie le digne pasteur ne pouvait parvenir ii concilier les panics, on I'a vu plus d'une f'ois payer de sa propre bourse la somme, objet de la contestation , pour retablir riiarmonie dans les families. Devenu ainsi le bienfaiteur, et, pour ainsi dire, I'ame de cette interessante peuplade, dont la renommee avait successi- vement r.ttire et fixe dans le pays plusieurs homines de bien , jl exercait sur elle la plus heurcuse influence. Rapportant tout k Dieu, el se confiant en sa divine providence, Ic pasteur Oberlin , pere de plusieurs enfans, etait le promoleur zele de toutes les oeuvres chretiennes; malgre la modicite de ses res- sources ( son traitement naguere encore n'excedait pas 1 000 fr.), il savait suffire a lout; il avait, a son exemple, fait contracter a ses paroissiens la precieuse habitude de raeltre a part, cha- que semaine nne jjortion de leurs ejjargnes pour les employer a de bonnes oeuvres; et par ce nioyen ils se trouverent en etat d'encourager , de seconder, de soutenir plusieurs institu- tions failes dans le veritable esprit de I'Evangile. Tant de vertus et de qualites reunies en un seul homme ne pouvaient rester long-tems inconnues. Plusieurs Societes phi- lantropiques s'empresserent de le nommer membre honoraire; notre premiere assemblee nationale declara qu'il avail bien merite de la patrie; la Societe d'agriculture du departement de la Seine lui dccerna plus tard une medaille d'or ; enfin, Louis XVIII, sur le rapport du miiiistre de I'interieur, le de- cora de la Legion d'Honneur. Quelque honorables que fassent, pour M. Oberlin, ces te- moignagesd'intertit ; quelque flatteuse qnefut la visite de beau- coup d'etrangers de distinction, qui de toutes les parties de I'Europe allaient voir le Sage du Bandela Roche,'\\ scmblait ne mettre de prix reel qu'a la teudre affection, soil de cette mul- titude d'eleves dont il avait eclaire I'esprit et forme le coeur, soil de ses nombreux paroissiens, qui lui devaient la civilisa- tion et le bien-etre. Get attachement, qui ne s'est jamais de- menti, et qui survivra long-tems a la mort de leur j)asteur , s'est manifeste d'une maniere bien touchanle dans la ceremonie de ses funerailles. Les annales de 1' Alsace offrent peu d'exemples d'une solennite aussi imposante, relevee par le concours d'un nombre immense d'habitans du pays et des dej)artemens voi- sins ; tous velus d'habits de deuil , venant dans un morne si- lence contempler une dcrniere fois les traits de leur bienfaiteur, 572 FRANCE. de leur i)ere(i), dont le corps etait renferiiie dans nn cerciieil a vilrage, que I'ingenieuse delicatessc d'un desparoissiensavait ainsi dispose a cet effet. Dans la vuc dc conserver Ic souvenir de ce vdncrablc pas- teur, une sousciiplion a etc ouverte pour faire dans le pays ineinc qu'il a regenero, une Fondation de charite qui por- lerait le nom d'OiiEULiN, et qui, destinee a pourvoir aux besoius physiques el raoraux des habitans du Ban de la Roche, pcrpc'tuerait parmi les generations futures ['influence de ses bienfaits et I'exemple de ses vertus. On a la confiance que non-seulemcnt les liabitans de I'Alsace, si long-lenis tdmoins de son zele , mais encore lant de person- nes de I'interieur de la France et des pays ttrangers a qui le nom du pasteur Oberlin , si souvent cite, ne saurait ^tre in- connu , airaeront a honorer sa memoire en concourant a cette pieuse fondation, monument vivant de sa blenfaisance eclairee, et le plus approprie aux sentiinens et au caraclere de ce grand et honorable citoyen. On souscfit : a Fouday {^Ban de la Rocfte), deparlement du Bas-Rhin, cliez MM. Legrand, pere et fils; a Paris, a Stras- bourg et a Londres , chez M. Treuttel et Wurtz. N. B. La liste de MM. les Souscripleuro sera imprimee et deposee dans les archives du pays. Y. — Attumonelli [Michel), n. m., membra de la Societe de medecine et de la Sociele medicale d'cniulation de Paris, ne a Andria , dans la terre de Bari, royaume de Naples, en 1760 , mort a Paris le 17 jnillet 1826. — Le savant etranger, dont nous consacrons ici la memoire, s'est ac(]uis des droits au litre de Fraiicais par le long sejour qu'il a fait en France, et par I'estime que lui out merilee son caraclere et ses utiles tra- vaux. II s'instruisit dans la medecine, des sa pins tendrejeu- nesse, a I'ecole des cclebres Ci/il'.o et Cotugno , professeurs de celle Universite de Naples qui a ])roduit tant d'hommes dis- tinu;nes. Apres avoir continue ses etudes sous Vhenzio, me- decin de la reine, il passa a Salerne oil il fut recu docteur en philosojjhie et en medecine; de retour a Naples, il y remplaca, pendant (juelque terns, le D' Villari, professeur de clinique a i'liospice royal des Incurables. Independamment des connais- sances approfondies qu'il avait acquises dans son art , plusieurs des principales branches de la litteralure ancienne, la theologie, (t) Qualification (]ui lui etait donnee par tout le Ban de la Roche , soti,s le nom dc Papa Oberlin. PARIS. 573 Ja jiliysiquc,riiistoirenaturelIe,labotaniqneIuifurentfaniilieies. Ces diverses sciences etaientsi bien classees dans sa meiiioire, que I'on ne savait si Ton devait louer davantafje la \ariete de ses connaissances, ou la methode avcc laquelle il ies avait coordon- nees. line logique saine , uiie critique juste, unc perspicacile non coiTimune aplanissaient pour lui Ies difficultes d'un art souvent conjectural, et dans lequcl on est si souvetil Ircmpe jiar I'ap- jiarence. Ces avantages le mirent a ineme d'entreprendre iin grand nombre de cures qui etablircnt de bonne henre sa repu- tation. Jeune encore, il coinposa I'ouvrage intitule : Elemenx de physiologic rnedicale , ou Physique du co7-ps /iumain,imprimf- a Naples en 1787 et 1788, travail aussi remarf[uable par I'cru- dition avec laquelle la matiere y est traitee , que par la jus- tesse des vues et par resj)rit philosophique de I'auteur. Les armeesfrancaisess'etant retirees de la vilie do Naples, en 1799, Attumonelli, qui avait traduit la Politique de la France rege- neree de Condorcet, quitta sa patrie a laquelle il ditun eternel adieu, pour venir s'etablir a Paris. On peut dire que, depuis cette epoque, une nouvelle existence cornmenca pour lui. A peine arrive dans cette ville, en 1800, le liasard lui fit con- nailre MM. Paulet Tryaire qui fondaient alors le vnste etablis- semeut de bains de Tivoli , le plus considerable qu'aient possede et que posscdent en ce genre la capitale de la France et peut-etre I'Europe. Attumonelli ecrivit, a cette occasion, son opuscule intitule : Memoire sur les eaux minerales de Naples et sur les bains de vapeur , dans leqxiel il Iraite des quatre principales eaux de ce pays volcanique, c'est-a-dire des eaux sulfureuses, ferrugineuses, alumineuses et alcalines. li n'est pas inutile d'ajouter combien la inaison de Tivoli a du a cette belle pro- duction, etdequel secours Attumonelli lui a toujours ete depuis. Un homme decemerite ne pouvaitresterlong-tems ignore dans une ville, centre de lumieres. Attumonelli s'y fit bientot con- naitre et s'y crea une brlllante clientelle , dont plusieurs princes souverains firent partie, independamment d'un grand nombre de personnes distinguees. Toutefois, il ne se contenta point de visiter lesmalades, de frequenter la sociele la plus choisie ; son erudition lui rendait necessaire une grande bibliotlieque ; il prit soil! de reunir une collection de plus de trois mille volumes. Le grand ouvrage sur i'Egyple ayant paru, il senlit combien racquisition de cet immense depot, ou Ton a reuni tout ce que contient de plus singulier celle antique contree, etait au-dessus des raoyens pccuniaires des amateurs, et surtout des gens de lettres : il concut le plan d'un travail qu'il 574 FRANCE— PARIS. laisse mallicureusemeiit int-dit ct qu'il a destine i ^Ire divis^ en trois ou quaire volumes. Ce n'est cependant pas un simple extrait de roiivrage cite; il a ajoute beauconp de choses, en partic netives, en parlie tirees des ouvrages du cardinal Gae~ tano , dn clianoine Mazochi , de I'abbe Martorelli , de Zoega, iVEnriius Quirinus Visconti , etc. Ami de la verite , il n'ctudiait que pour la connailrc ; aucune j)reventton ne I'cgara jamais dans ses rechcrches; ancuu sysleme exclusif en medecine ne commanda jamais a ses opinions. Si Ton remarqua, parfois, en lui, avec deplaisir, une cerlaine indecision, on doit I'altri- bucr plutot a son esprit medilatif qu'a une sorte d'indiff^- rence pour les progres de la science. II poussait si loin la modestie, qu'il fallait le frequenter long-tems, avant de cora- prendrc quelle etait I'etendue de ses lumieres. Ces belles qualitcs ont trouve leur juste recompense dans I'attachement de totis ceux qui ont eu le bonheur de le connaitre ; en effet , il etait difficile de le voir et de ne pas devenir bientot son ami. Parmi les personnes illustres qui I'honorerent de Icur protec- tion , nous citerons M°"' la princesse de Wagrara , qui eut pour Michel Attumonelli une constante bienveillance, nous oserons dire , une amitie parliculiere. Sigismond Visconti. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE QUATRE-VINGT-DOUZIEME CAIIIER. J OUT 1826. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Notice surles Societes savantes des Etats-Unis. *. aSg a. Notice sur les ouvrages de Jeremie Bentham. T. 198 3. Notice sur la langue des sauvages de I'Amerique du Nord. IfJorenas. 3o8 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Theorie du navire , par M. le marquis de Poterat. Ferry. 820 5. Fragmens philosophiques, par Victor Cousin. $ 827 6. Education domestique , par Mine Guizot. P. B. 335 7. 1°. Histoire de Sardaigne, par M. Mimaut. a*. Voyage en Sardaigne, par M. Albert de La Marmora. Amauri Duval. 34fi 8. Memoires inedits de Mra^de Genlis. V. L. 3fi3 9. Chefs-d'oeuvre des Theatres etraugers. I«r article. Leon Thiesse. 879 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de ixQ ouvrages , francais et ctrangers. Amerique septewtrionale. — Etats-Unis , 2 394 — Mexiqiie, i 399 Edkope. — Grande-Bretagne , 12 , dont 8 ouvrages periodiques. Ibid — Riissie, 3 4o5 — Norvegc , 1. — Danemark ,4 4o9 — Allemagne, 5 412 — Suisse, 1 4^8 — Italie, 8 422 — Pays-Bas, 8 4^9 France, 78, savoir : Sciences physiques et naturelles, 16 482 — Sciences religieuses , morales , politiques et historiques , 27. . . 455 — Utterature, i5 49^ — Beaux- Arts, 6 607 — Meinoires et Rapports de societis savantes, i 5i2 — Ouvrages periodiques ,5 5i4 — Livres en langues etrangeres , imprimis en Prance, 'i Sig ^jd TABLE DES ARTICLES IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Amerique septentkiomale. — JiiaCs-U/iis : B^temix a vapeur ; Necrologie : John Adams; Jefferson Sat Ameuique centkale. — Cuaiemala : CWmat.; commerce. . . . 5a2 Antilles. — Haiti : Emprunt; Commerce; Enseignement mutuel etenseignement industriel; Legislation , code civil, iutroduc- tion du jury ; Finances, impot extraordinaire; Mines SaS Amerique meriuionale. — Colombie : Liberte de la navigation par la vapeur. — Z?r«;7 ; Trnite des negres 524 AsiE. — Inde Britaniiiqiie : Progv(;s de I'education publique. . . 5a6 Afuique. — Siena-Leone : Voyage dans Tinterienr de I'Afrique. — £^/ji;fe;Extrait d'une leltre d'Alexandrie Say EUROPE. Iles Britanntques. — -Tableau des derniers emprunts fuurnis par les capitalistes anglais. — Manchester: Secouis donnes aux ouvriers indigens. — Publication des livres sacres et histori- ques de Ceylan. ■ — Necroioifie : Weber SSa RussiE. — Traduction des ecrivains grecs. — Odessa: Monument consacre au due de Richelieu SSg NoRviiGE. ^ — Ckrisiiania :'Uniyershe 54o Alle.iiagne. • — Prusse; Keenig^bei g :Soc'ii\.e pour I'amelioration des jeuues criminels. — y/rt//e:Litterature orientale; publica- tion prochaine S41 Suisse. — Extrait d'une lettre : Coup-d'oeil sur I'etat actual du canton des Grisons. — i^/;6o«/-^;Societe philhellenique. . . . 54a Italie. — ,Wi7rtn .• Invention .des bateaux a vapeur. — i\'^a/'/« ; Academie royale des sciences. JSicrologic : Piazzi , Santa- relli 546 Pays-Bas. — Brtixclles : Fondation d'un observatoire et d'un jardin botaniquc ; Formation d'une commission de statistique. — 7'o«A«ej: Education industrielle. — ^'«ifc/i^rt/«.- Societe Is- raelite. — linixeltes : Societe pour I'encouragement de la Jangue hoUandaise • • • 548 France. — Lyon .'Navigation de la Saone. — Besancon : kati- quites. — D/fp/)e; Antiquites ; yisite de S. A. R. Madame. — Societes savantes : Liancourt : Ecole de geometric et de meca- nique industrielle. — A'««cx .-Societe des amis du travail. . . 55o Paris. — Institut: Academie des sciences: Seances du mois de juillet. Academie des inscriptions : Seance publique du 28 juillet. — Prix proposes aux melUeurs ouvrages sur diverses questions d'utilite publique. . — Emprunt d'Haiti. — Recla- mation.— Theatres: Odeon , i''* representation de VActrice, et du MilUonnaire , comedies. — Beaux - Arts : Scuplture ; Peinture; Lithographic. — Necrologie; LaraAza; Oberlin ; Attumonelli • SSy (' '■/.. Avis AbX AMiTtUBS HE LA LITTtlV ATU .'.K ETRAKCEKK. On peut s'adresser a Paris , par I'entreraise du Bobeau cextbai. ub LA Rbvuk EwcycLOPEDiQUK, a MM. Treuttel et WiJRTZ, rue de Bourbon , n° 17, qui cnt aussi deux maisous de librairie, Tune a Stras- bourg , pour rAllemagiie, et I'autre a Londres ; — a MM. Arthu» Bebiramd, rueHautel'euilie, n° a3; — Rekouard, rue deTournontn" 6; — Levrault, rue des Fosses-M.-le-Prince,n° 3 1, el 4 Strasbourg; — Bos- SANGB/iere, rue Richelieu, n"'6o; et a Londres, pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, Italiens, russcs, polo- nais, hollandais, etc., ainsi que les autres productions de la litterature etrang^re. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays eti angers ou ils se publient, augraente de 10 pour 100, pour frais de port, droit d'importation et de commission, etc. — La Direction de la Revue Encjrclopediquevia d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui resuhent de ses publications mensuelles , les communications scientifiques et litt6raires entre la France et les pays Strangers. AUX academies et ADX SOCIETES SAVANTES dc tOUS ICS pOJS. Les Academies et les Soci]fcrES'SAVANTEs et d'utilite pobi-iquh, francaises et etrang^res, sont invitees a faire parvenir exactement,//-a/)c de port , au Directeur de la Revue Encyciopediqae , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs. AUX EDITEDRS d'oDVRAGES ET ADX LIBRAIRBS. MM. les ^diteurs d'ouvrages p^riodiques , francais et etrangeis , qui desireraient echanger leurs recueils avec le notre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^changes , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre el des autres ouvrages , nouvellemeot publics, qu'ils nous auront adresscs. Aux ESITBURS DES RECUEIX.S FBRIODIQtJES EH AnGLEIERfiE. MM. les Edlteurs des Recueils periodiques publics en Angieterre sent pries de faire remettre leurs numeros a M. Degeorge, correspondantde ia Revue Encyclopidique a Londres, v° 38, Norfolk-street, Strand, chez MM. De Crusj', Cabet et Marbot, maison de correspondance et de com- mission ; M. Degeorge leur transmettra, cliaque mois , en echange, les cahiers de la ^ecue Encjyclopedique , pourlaquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour I'annee courante, soit pour se procurer les collections des annees ant^rieures, de 1819 a i8i5 inclusivemeut. AUX LIBRAIRBS et AUX EDITEURS s'oUVRAGES eh AI.I,EMAGIfF. M. ZiRGis, libraire a Leipzig, est charge de recevoir et de nous faire parvenir tous les ouvrages publics en AUemague , que MM. les libraires, le» editeurs et les auteurs desireront faire annonc«r dans la Revue Une)- rlopidiqiic. LiBUAiRES r/tez Icsquels on souscrit dans les pays ETRAHCEr.s. Aix-la-Ch/ipclle, Laruelle Cls. Jmsterdfiin, G. Dufuur; — Dc!a- cliaud I C^- •* iSI Londres, Dulan et Compagnie ; — Treuttel et Wiirtz; — Bossauge. Madrid, Denne-e; — Perfcs. DJi/a/i, Gie{jlei;— Visniara; Kocca. Moscoii, Gaiitler;— Riss j)i>i c el (lis. Naples , Borel ; — Rlarotta et Wanspaiidock. Neuchdtel (Suisse), Greslcr. .Vetv-1'o'A ( Etats-Unis ), Berard ct Moudon. Nonvelle -Orleans , Joujdan ; — R-Oclie , fi( res. Palerme (Sicile), Pfidonne et Mu- ratori ; — Band" (C!i.). Pclfrshourg, S.iliil- Floj ent ; — Graefi';— Wcylit^r;— iHuchart. Stuttgart ct Tiibitti^en , CoUd. Utrecht, Van Sclioonlioven. Todi , li. Scalabrini. Turin , Bocca. f'arsoiie, Glucksbcrg ; — Zii- V ad sky. f'ieiitie ( Autriclie ) , Gerold ; — .Schauiuboure ; — Schalbarhcr Jnvers , Ancelle. yirait (Suisse), Sauerlander. Ilerlin, Scldesinger. Heme, Clias , au cabitiot lliU'- raire ; — Bourgdorl. ■ lireslnu, Tb. Koii). /iriiueiles , Lecharliftr; — Denial. Ilriiges , Bogaert ; — Uuraprtier. Fityreace, Piatfi. F.'ibourg (S:\h:>i') , Aloisc Eggen- doiTcr. Francfortsar-Mein , Scliaeffcr ; — Brtianer. Caiid , Vandenkcrckoven Eh. Gt-n^fe, T.-J. Paschoud; — Bar- bezat et Delarue. la Htiye, les freres Langenhuysen. £rtrtf«M7/c, Eisclicr. /^ri/)s.'g-,Gi icsliairnner; — G.Zlrgos. Lilji-e , Jalheau jii-re. Lishctnnc , Paul Mai tin. COLO^'IES. Gtiad'toupc (roinie-a-Piuu), Piolot aF.ic. Ih-de-Frnuce (Port-Louis), E. Burdet. V'-'.vjiy/if, Thoiuicns, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Axi BuKr.An oe K£n\ctiQ.j<, hue D'Enrim-SAiisT-MicHEr, , n" i8, ou doivent ctre envoyiis j-.i^nncs deport, les livros , dessins et gra- viiies, d mt on desire ranuouce, et les Letlrps, Meinoircs , Notires ou Estraits destines a £'tre iiiseiies dans ce Kecucil. CuEJiTKEurrEt kt Wiiaxz, iue de Bonrlioij*^ n" 17; Ri.Y i'tGrvviek, quai dts Augusdns, n« 55; Charles Rixuet, lihraire-comni'" ,■ quai des Augustins , w" 67 ; DoxnEY-DurKE, rue Saint-Louis, 11° 46, an i\Ta>nis; it me Richelieu, n'' ^7; MoKC'iEaine, hi.'ulevaid Poissonniere, n" iS; Eymeky, rue Ma7.;irine, n" 3o ; Rohet , rue llautefeuille , n" 1 a ; Bacheliek, quai des Augustius. n" 54 ; Lr.vRAULT, rue desFosses-M.-le-Prlnce, n" 3i , et a Strasbourg ; A. Baudouin , rue de Vaugirard, n" 17 ;, Delaunay, Pei-tcier, Pomhieu, au Palais-Royal; Uhbaik Cakel, rue Saint-Gcrmain-des-Pres ,ii°9. A i,A Teste, Cabiket Litterathe, tenu par M. Gadiikh, anciea inilitairc, Galerie de Bois , n" 197, au Palais-Royal. A'l'te. Les ouvrages annonccs daus la Revue se trouvrut aussi cliczRoaKT , rue Hautcfcuille , u" 13. -i-r. i.'iiirT.ii>.i r.ir. ui: hh.acix, Tome III-i8a6. ( 3i^ de la collection. ) 93^ LI VII A ISO JV. ^^^K' 'V^^ REVUE ENCYCLQfi^DIQUE ANALYSE RaTSoNNEE x^^. DES PRODUGTION^^S PLUS REM ARQU ABLE DANS LA LITTI:RAT«H|^ES SCIENCES ET LES ARTS. 1° Pour les Sciences phjrsiques^t mathematiques et les Arts industriels: M>I. AiipiRE, Ch.Dupik, FocniER,GiRARD,NAviEB,de I'liistitut;, Coqdkrel; Casaseca, E .Sat«t-Vikcent, correspoiidaut dc I'lnstitut , V. AoDonrn, MATniEU BoKAFODs, deTuriu; Bp.ongniakt fils, DesmaRest , FlOukems, D.-M. ; B. Oaillom , de Ditppe; V. Jacquewomt; etc.. 3" yourXei Sciences medicales : MM. Auelon, BAi,i,T,DAMrROH , G.-T.DoiN, Amedf.k Ucpad, Ksquirol, Fossatj.Gasc, A.GRiMAUD,d'Aug?rs ; Georgkt; KrK( KHOFF, d'Auvers; Orfila; R1G01.1.0T fils, d'Amiens. /)'' VouT les Sciences pliilosoy/iiques et morales, poUtiqiies , geographigues et liistoi'iqiies .•tUM. M. A. JuLLiRji, de Paiis, Fondateur-l)ircct«ur de la Revue EitcyclnpeJique; Degkrakiio, Ai.ES. be i.a Borde, Jomard , Larjimnais, de I'lnstitut; Agobb, Artacd, M. A VENEi., BARBrE DD Socage fils, Behjamin- (oKSTANT, Chari.es Comte, Deppimg, Adoipiie Garhif-P, Guigwiact, Gui/.oT, A. Jacbert, Lafom de Ladebat, Alex. Lameth , Lamjcinais ills, P. Lam I , Lesueuk-Meri.ih, Masmas, A. Metral; Meyer, d'Amiterdam ; DR WORVIKS, PaREKT-BEAI., EuSKBE SAtVERTE, J.-B. SaY, SlSMOWDE DE Sis-MOSDi, de Gcoeve, etc. DrpiM aine, Bervim.e, A. Beugnot, Bocchehe- LeFPR, CRIVELT.t,DonBr.ET-DE-BoiSTHIBADI,T, OuFAU , DUFRAYEK , DuVER- gier , Ghadet, CIi. Ernooard, Taillandier, avocats, etc. 5* Pour la Litterature Jrancaise et etrangere, la Dihtiographie , \' Archeologie c\\ci Beaux- Arts :TAyi. AwDRiEtJX, Amaury-Duvai., Bertox, J. Droz, Ekieric David, Lemercier , Naudet, de SEGCR,de riostitut; M'oeL.-Str. Bei.t.oc; MM. Bariseab, BiANCHi.M. Berr, J.-P. Bres, Felix Bodin, Borwoup fits, Chauvet, CBRifEDoi.i.E, dc Liege; P. -A. Coupis , Fr. Degeorge.Dumersan, Ed. Gaottier , Pa. Golbery, Heirerg, Uekrichs, E. Hereau, ACGtrsTE Jiii.i.r£N,fils; Kalvos, de Zante; Adrien-Lafasgb , J.-V. Leclerc, Loeve- Veimars, a. Mahul, Mauviel, Mazois, Albert-Montemokt, Monnard, de Lausaooe; NicOLO-Poui-o, C. Pagasei.,H. Patij.', Pongirvii,i.e;Qoete- i.et, dk Reiffebbero, de Bruxelles ; Roli.e , bihliothccaire de la ville de Paris; de Stassart, Fk. Sai.fi, M. Schinas ; ScBWEiGH.EnsER , de Stras- bourg; Lech Thiesse,P. F. Tissot, Vernecii., Yillesave, S.Viscowti, etc. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPliDIQUE, Rue d'Enfer-S.iint-Micliel , n° 18; ARTHUS BERTRAND , rue Hautefeuille, n» ?3; Au IVlusEB ENGYCLOPEDtQUE, CHEZ BossASGE p6re,rue Richelieu, n" 60; Rehouahd, rue de Tonrnon, n" 6; .O'NDRES. — Generai. FoREiGM A&eikcy Office, n" 38, Norfolk- street, Strand; THEtJTTEL etWurtz; Bossasge; Dux.*c etcomp- ; P. Roi,AMOi, n" 20, Berners-street , Oxford-street. SEPTEMBRE 1826. AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LES sotrscRiPM^^ dont Tabonnement est expire LE 3o juiN DERNiE^^Rnt invites a le faire rbnod- VELER iNCESSAMMENT, poiiF que Ic Service des envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE oBuSCRIPTTON. Depuis le moisde Janvier iSrg, il parait, par ann^e, douze cahiers de ce Recueil ; chaque cahier , public le 3o du mois, se compose d'en- viron i4 feuilles d'impression, et plus souvent de ifi ou i8. On souscrit h Paris, au Bureau central (fabonnement et d'expidition indiqu^ sur le litre. Prix de la Souscription. k Paris 46 fr. pour un an ; 26 fr. pour six mois. Dans ies departemens. 53 3o A I'^tranger ...... 60 34 La difference entre le prix d'abonnement, h Paris, dans Ies departe- mens et dans titranger, devant 6tre proporlionnelle aux frais d'expe- dition par la poste, a servi de base a lafixation port^e ci-dessus. A ce sujet, la Direction de la Revue Encjclopddiqiie croit devoir faire observer que , cette base ayant ^te calcul^e d'apres le nombre de qua- torze feuilles promises mensuellement aux abonnds, Ies frais deport occasion's par raugmentation successive des cahiers sont reste-s enti^- rement a sa charge. Le montantde la souscription, envoye par la poste, doit 5tre adresse d'avance , FKAif c deport, ainsi que la correspondance, an Directeur de la Revue Encyclopidiqiie, rue d' En fer-Saint- Michel , n° 18. C'est a la mdme adresse qu'on devra envoyer Ies ouvrages de tous genres et Ies gravures qu'on voudra faire aunoncer, ainsi que Ies articles dont on d'sirera I'insertion. On peut aussi souscrire chez Ies Directeurs des postes et chez lei principaux libraires, a Paris, dans Ies departemens et dans Ies pays etrangers. ; Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est lettnin6 par une Table des mati^res alphabetique et analytique, qui 'claircit et facilite Ies recherches. Cette Table est toujours jointe au i" cahier du volume suivant, a I'exception de la dernifere Table de lann'e, qui est exp'diee isol'ment a tous ceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seulement 4 partir de deux ^poques , du i" Janvier on du j^fuillet de chaque ann'e , pour six mois , ou pour un an. On trouve, 10 BnREi.u centrii., Us collections des annees 1819, i8jo, i8a r , i8aa , i8»3, 1824 et iSaS, au prix de 5o francs chacone. ^ REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMAKQUABLES l>AJyS LA LITTJERA.TUUF., LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. NOTICE SUR L' APPLICATION DES AEROSTATS A DIVEKS OBJETS RELATIFS AUX SCIENCES ET AUX SERVICES PUBLICS. L'iNVENTioN i)Es AEROSTATS n'a pas cncorc obtenu le rant; qu'elle doit occuper un jour par.mi les dons que les arts ont recus des sciences. Peu s'en faut qu'on ne la regarde aujour- d'hui avec indifference, comme un objet de curiosile qu'il faut reserver pour la pompe des fetes, ou pour d'autres applica- tions tout-a-fait etranyeres aux progres des connaissances. Cettc opinion, qui s'litablit inmnediatement apres les premieres expe- riences aerostatiques , n'etait pas celle de Franklin . de Monge et de presque tons les savans du premier ordre : ce n'etait pas celle de l' Academic des sciences, avant que cette societe fut dissoute, au milieu des crises violentes de notre revolution. C'esl a I'interct (jue prit lAcademie aux nouvcaux moyens T. -wxi. — Hcpteiuhic 1826. i" 573 IXOTICE irobscrvalious et de docouvertcs dont rarrostalion pouvait I'liiichir Irs sciences, que nous sommes ridevables ilu beau travail tie Muunier sur celte matiere. Quelques annees plus tart! , ou \ ii painitre les aerostats niilitaires, et ccs postes eleves qui uiettaienl a Jecouvert loutts les disposilions de I'eu- neuii, qui rcndaicnt iiuitiles tous les uiysteres de la tactique, furen.t confies a luie troupe organisee pour ce nouveau service. DaiiS Ic aieme leuis , des essais de ti'lcgraphie acrostatique obtenaient un plein succes. L'art qui etait snr ie point de rece- voir de grands developpeineas avant la revolution et dont la France )i'publicaiiic avait fait d'heureuses ai)plications, fut neglige sous le gouvei neraentde Bonaparte. II est nieme a crain dre (]u'on tie perde la connaissance des acquisiiions que cct art avait faites, et (pi'il ne faille reinventer nn jour beaucoup de clioses que les generations precedentes savaient tres-bien. Le meinoire de Meunier sur les aerostats n'est pasimprime. M. ie colonel CouTEi.LE, ancien commandant des aerostiers, a bien voulu nous communiqaer ime notice sur les aerostats niili- taires et sur I'usage que Ton en fit ; nous inserons en enlier cet ecrit que plus d'un lecteur trouvera trop court, et dont il demauderait volontiers le complement a I'aiiteur. IVous niet- trons a la suite une analyse dii niemoire de Meunier, et quel- ques details sur les essais de telegraphic acrostatique. Les ini- litaires desireraient sans doiite iju'on litw cut fail counaitre I'orgauisation , le service et les niaiiojuvres ties aerostiers. Es- perons qu'un ami des sciences et des arts prendra soiu de ras- sembler les precieux nialeriaii.x d'un ouviagesur cet art dont on ne peut nieconnaitre I'origine francaise, et qui, jusqu'a present, n'a rien recu des etrangers; que ces mateiiaux seront mis en ordre et completes, autant que peuvent le permetire la mobilite des circonstances et le desordre des terns ou furent faites les principales experiences aerostatiqnes. Un lel ouvrage ramenerait pcut-ctre ratleution des savans sur les aerostats, consideres comme moyen de decouvertes. L'appareil dont M. Oay-LusS4c a fait une si heureuse application n'a pas ac- compli sa destinee; c'esl des sciences qu'il tire son origine, et k V' SUR L' APPLICATION DES AEROSTATS. 679 les creations de cette nature, sont comme les sciences menies, d'line utilite dural)le ct variee. C'c.tt I'enfant qui. vicnt de nai- ire , (iisait Franklin, ;\ I'apparition ties premiers balions; cet enfant a deja pris des forces; avant de juger de ce que Ton peut en esperer, aidons son adolescence, et attendons qu'il soil tout-a-fail devcioppe. SUR LES AEROSTATS MiLlTAIRES. Premiere eaperiencc de la decomposition de I'eau dans de grands appareils pour etahlir un aerostat aux arinees. Le comito de saint public avalt reuni aupres de lui une commission dans laqnelie on comptait les savans Mojvoe, Ber- THOLET, FouRCROY, GuY.TON , clc. , ttc. II J flit proposc par Gnyton de fairc servir Tatroslat aiix arnjties , conime nn moyen d'observation. Cette proposition fut acccptee, sous la condi- tion de no pas emp^,oyer I'acide sulfnrique, le soufre etantrare alors, et neccssairc pour la fabrication dela poudre. La commission se proposa d'employer la decomposition de I'eau siir le fcr; m;iis celto expciience, faite par le ceiebre La- voisier, et repctee dans nos cabinets, n'avait pu donner que de faiblcs resultats. Une experience en grand etait necessaire; il fallait pouvoir extraire 12 a i5,ooo pieds cubes de gaz, dans le terns le pins court, imaginer des appareils, etc., etc. J'avais un assezbcau cabinet de physique: j'y avals rassem- ble les meiilcurs appasfilspour les experiences sur relectricile, la lumiere et les gaz. Guyton etait venu plusicurs fois chcz moi faire ses experiences. Il y avait conduit, avec le doctciir Cuaus- siKR , I\I. flc VoLTA , lorsqu'il vint a Paris communiquer aux savans sa belle experience sur la detonalion dii gaz liydrogene combine avec le gaz oxygene. Guyton me proposa a la commission pour faire le premier essai de la decomposition de I'oau dans de grands appareils. Je fus adresse an ministre de Tinterieur , charge de iournir les fonds pour la depense du materiel. Honore du choix d'une commission aussi dislinguee, j'acceplai celle que me signa le ri8o IN'OTICE niiiiistrc, sons hi condition do ne reci-voii- aiicnn tiailcnicnt pour luoi. Jc fns chiMi^e ile faire reparcr iin aerostat de 27 pieds de diametre (|ui avail ete mis a la disposition du ministre (1) , de faiie fain; tons !es appareils, et de choisir nn lieu non ferme et conveiKible ponr celte experience ;je m'etablis dans lejardin (li'S Feiiillans. L'aerostat etait repare, le fourneaii qui renferniait iin tnyan de fonte renipli de fer (2) etait coustrnit , les caisses et les inyanx etaient disposes, etj'etais pret a metlre le feuaiifour- iicTii : je desirais avoir des teinoins. J'avais connu M. Cokte dans les coiirs de physique de Charles mon ami, dont j'avais ete plusieiirs fois le pievot^ i'allai 111! proposer de venir voir rexpeiiencc, j'in vital ega- Iv^ment ('hailes, blen dispose a recevoir leurs consells. L'e\perience reiisslt; je retirai environ 5oo pieds cubes do j^az (3). Les membres de la commission, qu^ avaient snivi cette operation, furent contens du resultat, et des le lendemain, on nie proposa de pai tir pour ]WauLeu!j;c et d'aller proposer ati generalJourdan I'emploi d'un aerostat a son armee. Je partis; I'armee etait a Beaumont, a six lleucs, au dela de Maubeuge. L'ennemi, a inoins d'une lieue , pouvait attaquer a cbaque ins- tant. Le general me fit cetle observation, qu'il m'cngagea de reporter au comite ; j'arrivai a Paris , apres avoir employe dc-n\ jours et demi et deux nulls a cette expedition (/,). (c) Le ministre mit a ma disjiosition la sails des Marechaux au\ 1'ui'eries pour cette reparatipn. (2) Le luy.iu de fonte etait de trois pieds de long sur (juiiize pouces iiiterieurement , rcmpli de cent livres de rognuies de tole et de co- peaux de fer tournc. (3) L'operatiou dura qiiatre jours et trois nuitsde suite, parce qu'il fallut rcniplacer par des tuj aux de cuivre soudes a la soudurc forte , eeiix do fer blanc proposes par Guyton : quoiqu'ils fussent plongcs m dans lean, ils se dissoudaient et letain coulait. 1 (4) Ell arrivaiit a Beaumont, couverl de boue (j'avais ete oblige d'i.llei deMauheiige a Beaumont it franc etiier par des clieniius epou- i SUR L' APPLICATION DES AEROSTATS. 58 1 La commission sciitit ia necessitu de faire I'experieiice cn- tiere avcc iin aerostat piopre h enlevcr rlcux personncs. !(• ininistre mit a ma disposition Ic jardin ct le petit chateau dc Meiidon. Co nV-tait pas frop de dcnx personncs pour la composition d'un fournean dans lequel je cms necessairc de placer sept tuyaiix (i). Il fallait en outre imaginer des appareils, des cu- ves trausportahles aux arraees. Je proposal a la commission de m'associor Conte que je lui avals fait connaitre lors de nia premiere experience. Conte consenlit a venir m'aider; mais il nevoulut aiicnne commission, ni se charger d'aiicune respon- sabiliteril vint s'etablir avec moi a Sleudon. Nous concumcs tout ensemble, et je reslai seul comptable , charge des details et dc la correspondance avec la commission. Tdfetes les difficultes furent levees, le fourneau construit , les sept tuyaux places ainsi que les appareils, et mon premier aerostat . forts volumes in-S". NOUVEAUX PRINCIPES D'ECONOMIE POLITIQ. 609 d'une occasion, lintcrvenlion du pouvoir social, pour regler les progres de la richesse, au lieu de reduire Teconomie poli- tique a la maxime plus simple , et eu apparence plus liberale, de laisser faire et laisser passer. Je n'avais aucun lieu de me plaindre, j'attendis; car la ve- rite est plus forte que I'esprit de systeme. Si je m'etais trompe , la suite des fails ne pouvait manquer de me le reveler : si, au contraire, j'avais decouvert des principes nouveaux, mais qui , a mes yeux meme, commencaient seidement alors a acquerir de I'importance, les faits ue tarderaient pas a se produire a leur appui; et, tout en respectant I'autotite des pontifes de la science , je pourrais dire, conime Galilee : eppur si muove. Sept ans se sont ecoules , et les faits me paraissent avoir victorieusement combattu pour moi. lis ont prouve , bien mieux que je n'aurais pu faire, que les savans dont je m'etais separe etaient a la poursuitc d'une fausse prosperite ; que leurs theo- ries, la ou elles etaient mises en pratique, pouvaient bieu ac- croitre la richesse materielle, mais qu'elles diminuaient la masse des jouissances, reservees a chaque iudividu; que, si olles tendaient a rendre le riche plus riche, elles rendaient aussi le pauvre plus pauvre, plus dependant et plus de- pour vu. Des crises tout-a-fait inatlendues se sont succede dans le monde commercial : les progres de Tinduslrie et de I'opulence n'ont point sauvo les industriels qui creaient cette opulence, de souffrances inouies : les fails n'ont repondu, ui a I'attente commune, ni aux predictions des sages; et, malgre la foi implicite que les disciples en economie politique accor- dent aux enseignemens de leurs maitres ,i]s sont contraints de demaiider ailleurs des explications nouvelles, pour des phe- nomenes qui s'eloiguent si fort des regies qu'ils croyaieut etablies. Parmi ces explications , celles que j'avais dounees par avance se sont trouvees parfaitement conformes aux resultats. Peut-etre faut-il attribuer a celte coincidence I'ecoulcment plus rapidc de nion ouvrage , et la demands qui m'a ete faite T. xxxi. — Septetnbre 1826. 89 6io NOUVEAUX PRINCIPF.S il'en preparer line nouvelle edition. C'est en Angleterre que je me suis acquitte de cette tache. L' Angleterre a donne nais- sance aiix plus celebres ecor.omisles ; Icur science y est pro- fessee aujourd'hui memc avec un redoublement d'ardeur; on y a vn des ministres d'etat, dejii adeples dans la doctrine dc -la fortune publique, suivre Ics cours d'un des plus habiles professeurs d'economie politique; on les a entendus invoquer x;onstamaient ses principes dans le parlement. La concurrence universelle, ou I'effort pour produire tonjours plus, et tou- jours a plus bas prix, est depuis long-tcins le systeme de I'Angleterre, systeme que j'ai altaque comme dangereux. Ce svsteme a fait faire a I'industrie anglaise des pas gigantesques ; mais il a precipite, a deux reprises, les nianufacturiers dans une detresse effrayante. C'est en presence de ces convulsions de la richesse, que j'ai cru devoir me placer, pour revoir mes raisonnemens et les comparer avec les faits. L'etude que j'ai faite de I'Angleterre m'a confirme dans mes nouveaux principes ; j'ai vu dans ce pays surprenant, qui sem- ble subir une grandc experience, pour rinsfrnclion du restc du mondc, la production angmenter, tandis que leajouissances diminuent. La masse de la nation semble y onblier, aussi bien que les philosophes, que I'accroissement des richesses nest pas le but de l\iconomie politique, mais le moyen dont elle dispose pour procurer le bonheur de tons. Je cherche ce bon- heur dans toiitcs les classes, et je ne sais ou le trouver. La haute aristocratic anglaise est, en effet, arrivee a un degre de richesse et de luxe qui surpasse tout ce qu'on voit chez toutes les autres nations; cependant, elle ne jouit point elle- meme d'une opulence qu'elle semble avoir acquise aux depens des autres classes : la securite lui manque ; et dans chaque famillc, la privation se fait senlir a un plus grand nombre d'in- dividus que I'abondancc. Si j'entie dans ces maisons dont la splendeur est toute royalc, j'cntends Icurs chefs affirmer que, si on supprime le monopole du ble, qu'ils exercent contre leurs concitoyens, leurs fortunes seront aneanties; car leurs terres qui s'etendent sur des provinces entieres, ne paieront plus les D'ECONOMIE POLITIQUE. 6ii frais de culture. Autour de ces chefs, je vois uu nombre d'er- fans, sans exeniple parlout ailleurs, dans la classe aristocra- lique; plusieuis en comptent dix, dotize, quelquefois davan- tage; mais tousles fils cadets, toutesles filles,sout sacrifies a la vanite de I'aine; leiir partai;e en capital n'equivaudra pas a une annec de rente de leur frere; ils devront vieiilir dans le celibat, et leur depcntiance, a la fin de kur vie, leur fait payer bien cher le luxe de leurs premieres annees. Au-dessous de cette aristocratie titree et non titree, je vois le commerce occuper un rang distingue ; il embrasse le monde entier dans ses entreprises; ses agens bravent les glaces dcs deux poles et les ardeurs de I'equateur, tandis que chaciin dcs chefs qui se rasseniblent an palais du change pent disposer de millions. En meme terns, dans toutes les rues de Londres, dans celles des grandes villes d'Angleterrc, les magasins eta- lent des marchandises qui suffiraient a la consommation de I'univers. Mais la richesse a-t-elle assure au commercant an- glais I'espece de bouhcur qu'elle est propre a garanlir ? ]N"on : dans aucun pays les faillites nc sont aussi frequentes. Nulle part, ces fortunes colossales, qui suflisaient seules a remplir un emprunt public, a soutenir un empire ou une republiqtie, ne sontrenversees avec tant de rapidite. Tous se plaignent que les affaires sont rares, difficiles, et pen lucratives. A peu d'an- nees d'intervalle, deux crises terribles ont ruine une partie des banquiers, et ont etendu la desolation sur toutes les manu- factures anglaises. Dans le meme tcnis , une autre crise a ruine les fermiers, eta fait sentir ses contre-coups au commerce de detail. D'autre part, ce commerce , malgre son immense eten- due, a cesse d'appeler a lui les jeunes gens qui cherchent ime carriere : toutes les places .sont occupees ; et dans les rangs superieurs de la sociele, comme dans les inferieurs, le plus grand nombre offre en vain son travail, sans pouvoir obtenir de salaire. Cette opulence nationale, dont les pi'ogrcs maferiels frappcnt tous les yeux, a-t-elle enfin tourne a I'avantage du pauvre ? Pas davantage. Le penple, en Angleterre, est en meme terns prive (Ui T^OrVEAUX PRINCIPES ' (•t d'aisancr dans lo moment present, ct de secuiiie pour I'avenir. II n'y a pins de paysaus dans les campagnes; on les a forces do faire place a»ix jonrnaliers. II n'y a presfpie plus il'arlisans dans les villes, on de chefs independans dune pelitf Industrie, niais seulcment des manufacluriers. iSirifhistriel , pour employer im mot cp:e ce systeme hii-menie a mis a la mode, ne sail pins ce tpie c'est que d'avoir un etat; il gagne spulement un salaire; et, comme ce salaire ne saurait lui suf- lire egalcment dans toutes les saisons, il est presque chaqne aunee rednit i dcmander I'anmone a la bourse des pauvres. Cette nation si opulentc a Ironve pins ('conomique de vend re lout I'or etl'artjent qu'elle possedait, de se y^asser de niimc'raire, et de faire toute sa circidalion avec da papier; elle s'est ainsi volontairement privee dii plus precieux entre les avantages dii ntuTieraire, la slabilile de son prix. Les portenrs de billets de banqiies provinciales eourent chaque jour le danger d'etre ruiiies par les faillites freqiicntes, et en qnelqne sorfe epidemi- ques des ba.iquiers; ct I'ctat entier est expose a une convul- sion dans toutes les fortunes, si une invasion ou une revolu- tion ebranlait le credit de la banque nationale. La nation an^laise a frouve plus economique de renoncer aiix cultures qui demandent beaucoup de main-d'oeuvre, et elle a congedie la moitie des cuUivafeurs qui babitaient ses champs; elle a trouve pins economique de remplacer par des machines a vapeur les mannfacturiers, et elle a congedie, puis repris, puis congedic de nouveau les ouvriers des villes; et les tisserands ccdant la place aiix power looms (metiers mus par la vapeur), snccombent aujourd'hui a la famine; elle a trouve plus eco- nomique de reduire tons les ouvriers au salaire le plus bas avec lequel ils puissent vivre; et les ouvriers, n'etant plus que proUtaires , n'ont pas craint de se plonger dans une niisere plus profonde encore, en elevant des families toujours pins nom- breuses. Elle a trouve pins economique de ne nouf'rir les Irlandais que dc pommes de terre, et de ne les habiller que de haillons; et aujourd'hui, chaque paquebot Iiii npporte des legions d'Irlandais, qui, fravaillanf a meilleur maveho qnelos D']i:CONOMIE POLITIQUE. 6i3 Anglais, chassent ceux-ci detous les metiers. Quels sont. doutles fruits de cette immense richesse accumiilee? Wont - ils ea d'autre effet que de faire partager les soucis, les privations, le danger d'uno mine complete a toutes les classes? L'Angleterre, en oubliant les hommes pour les choses, n'a-t-elle pas sacrifie la fin aiix moyens? L'exemple de I'Angleterre est d'autant plus frappant, que c'est une nation libre , eclairee, bien gouvernee, et que toutes ses soiiffrances procedent uniquement de ce qu'elle a suivi une fausse dirertion economique. Sans doute, I'etranger est frappe en Angleterre des pretentions arrogantes de I'aristo- cratie; ct I'accumulation des richesses dans les memcs mains tend a les accroitre sans cesse; dans aucun pays, ccpendant, Tindependance de toutes les classes de la nation u'est niieux garantie; dans aucim pays, le pauvre, a cote d'une deference qui nous etonne, ne conserve mieux, au fond de lame, la conscience de sa propre dignitej dans aucun pays, le senti- ment de confiance dans la loi , et de respect pour sou autorite ue penetre davantage toutes les classes; dans aucun pays, le sentiment de commiseration n'est plus general, on les riches ne sont plus empresses de venir au secours de toutes les detressejj<: dans aucun pays, I'opinion publique n'est plus puissante; dans aucun, le ministere n'est plus eclaire, plus determine a clier- clier le bien general, et plus habile a le trouver. Tant de moyens, taut devertus seraient-iis done inutilcs aux societes humaines? Oui, lorsqu'elles ont le malheur de s'engager dans une fausse direction. L'Angleterre, plus eclairee, plus libre, plus puissante que les autres nations, n'en est arrivee que plus tot au but qn'une erreur lui faisait poursuivre. Sa force vitale et les lalens de ses hommes d'etat I'aideront, quand eilc en aura la ferme volonte, a rentrer plus aisemcnt qnune autre nation dans la bonne voie; mais la science a ses piejuges, los peuplcs ont leurs habitudes; et anjourd'hui memo, dans leur detresse, les Anglais ne prcnuent encore aiicune mesure qui ne tende a I'aggraver. J'ai cherche a etablir, dans le livre qu« je prescnterai bieulot 6i4 NOUVEA.L)X PRINCIPES de nonveau an public, que, ponr que les richesses contribuent au bonlieur dc tons, en tant qu'ellcs sont U; signe de toutes Ics jouissances niatericlles de riiommc, il faut que leiir accroisse- meiit se conforme a raccroissement de la population , et que leur distribution se fasse, parmi cette population, dans una proportion qu'on ne pent troublcr sans un extreme danger. Je me suis jiropose dc faire voir qu'il est necessaire, pour Ic bonheur de tous, que le revcnu croisse avcc le capital; que la popidation ne depasse point Ic revenu qui doit la faire vivre; que la consommation croisse avec la popuUition, et que la reproduction se proportionne egalcment, et au capital qui la produit, etila population qui la consomme. Je fais voir en meme terns que chacun de ces rapports peut ctre trouble , independamment des aulres; que le revenu souvent ne croit point en proportion du capital; que la population peut s'ac- croitrc, sans que le revenu soit augmente; qu'une population plus nombreuse, mais plus miserable, peut deraander une moindre consommation ; que la reproduction enfin peut se proportionner aux capitaux qui Vaclivent, etnon a k popula- tion qui la demande; mais que, chaque fois que I'un ou I'autre de ces rapports est trouble, il y a souffrance pour la societe. C'est sur cette proposition que sont fondes mcs Noitveaux Principes , c'est par I'importance que je lui attribue que je differe essentiellement des pliilosophes, qui, de nos jours, ont professe d'une maniere si brillante les sciences economiqucs , de MM. iSay, Ricardo , Malthus et Macculloch. Ceux-ci me paraissent avoir constamment fait abstraction des obstacles qui les embarrassaient, dans renchaineraent de leurs theo- remes,et etre arrives i^i des conclusions fausses, pour n'avoir point distingue ce qui leur donnait quelque peine a distinguer. Tous les economistes modernes, en effet, ont reconnu que la fortune publique, n'etant que I'agregation des fortunes pri- vees, naissait, s'augmenlait, se distribuait, se detruisait, par les memes procedes que celle de cliaque particnlier. Tous sa- vaient fortbieu que, dans une fortune privee, la parlie la plus essenlielle a considcrer, c'est le revenu : que sur le revenu doit D'ECONOMIE POLITIQUE. 61 5 se rei^ler la consommation ou la depense , sous peine de de- tniire le capital. Oependant, cominedans la fortune puMique, le capital de I'un devient le revcnu de I'autre , ils out cte em- baFrasses a decider ce qui ctait capital, ce qui etait revenu , et ils ont trouve plus simple de retrancher absolument le der- nier de leurs calcals. Ej: nej;ligeant une qnanlite aussi essentielle a determiner, MM. Say et Ricardo sont arrives a croire que la consommaiion etait une puissance illimifee, ou du nioins quelle n'avait point d'autres borucs que celles de la production , tandis qu'elle est bornee par le revenu. Ils ont annonce que toute richesse pro- duite Irouverait toujours des consommateurs , et ils ont en- couraj;e les producteurs a causer cet engorgement des marches qui fait aujourd'hui la detresse du monde civilise, tandis qu'ils auraient du avertir les producteurs qu'ils ne devaieut compter que sur les consommateurs ayant un revenu , et que toute production nouvelle qui ne correspond pas a un revenu nou- veau, cause la detresse de quelqu'un. D'apres le meme ou- bli, M. Malthus, tout en signalant le danger d'un accroisse- ment desordonne de la population , ne lui a donne de limites que dans la quantite de subsistances que la terre pent produire, quantite qui sera long-tems encore susceptible de s'accroi- tre avec une extreme rapidile, tandis que, s'il avait pris en consideration le revenu, il aurait bientot vu que c'est la disproportion entre la population travaillante et son revenu qui cause toutes ses souffrances. M. Macculloch, dans un petit ccrit destine h eclairer le peuple sur la question des salaires, affirme que le salaire du pauvre se proportionne necessaire- raent au rapport entre la population et le capital ; tandis que le salaire , consequence de la quantite de travail deman- dee , doit aussi se proportionner a la consommation , qui se proportionne elle - meme au revenu. Dans le memi* ecrit, il exhorte le pauvre a proportionner I'accroisscment de sa famille a raccroissement du capital national , quantite dont U lui est impossible de se former la notion , meme la plus 6ifi NOUVEA.UX PRINCIPES' confuse ; tandis qu'il aurait pu remarqiier que tout liomme , en se niariant, ot formant une famille, est toujouis appele a se rejjlcr sur son propre rcvenu ; d'ou il est facile de con- clure qu'il suffit a la nation que tons les lioninics se reglent sur le revenu dc tons, et qu'uue nation dans laquclle les plus pauvies aurout quelque chose, ct pounont connaitie le revenu qu'ils transmettront a Icurs enfans , ne courra aucun risque de souffrir d'un accroisscmcnt dcsordonne de la population. Je crois done devoir reproduirc avcc confiance mes Nou- veaux Principes d'economie politique^ noa point tels qu ils etaient , niais tels que I'obseivalion de la grande lutte entre tous les interets des peuples industrienx ni'a mis a portce de les completer. Leur til re un pen vague pourrail laisser suppo- ser que je les destinais seulement a etre un nouvcau manual des rudimens de la science. Je porte plus loin mes preten- tions. Je crois avoir place I'economie politique sur une base nouvelle , soil par la determination du revenu de tous, soit par la rechercTie de la distribution de ce revenu qui repand le plus de bonhcur sur la nation , et qui , par consequent, at- teint le mieuxle but de la science. D'autres principes, egalement nouveaux, mais d'une ap- plication moins generale, decoulent encore de ceux - la. J'ai raontre que la i ichesse territoiiale etait d'autant plus productive, que le cultivateur avait une plus grande part dans la propriete du sol ; que les lois destinees a conserver aux anciennes families leurs patrimoines causaient la ruine de ces families memes; que I'equilibre entre les benefices d'in- dustries rivales, sur lequelles economistes modernes ont fonde leurs calculs, n'etait jamais atteint que par la destruction des capitaux fixes , et la mortalite des ouvriers engages dans une manufacture perdante : que, quoique I'invention des ma- chines qui accroissent les pouvoirs de I'homme soit un bien- fait pour I'humanile, la distribution injuste que nous faisons de leurs benefices les change en fleaux pour les pauvres ; que le numeraire metallique d'une nation est, entre ses depenses D'ECONOMIE POLITIQUE. 617 publiques , la plus utile, entre ses magnificences, la plus rai- sonnable : que les fonds publics ue sonl autre chose qu'un capital imaginaire, une assii;nalion sur le rcveiui qui naitra du travail et de I'industrie : que les limites naturellcs de !a population sent toujours respcctees par les honimes qui ont quelque chose , et toujours dcpassees par les homines qui n'ont rien. Qu'on ne ra'accuse done point d'avoir voulu fairc faire des pas retrogrades a la science; c'est plus avaiit , au contraire, et siir un nouveau terrain que je I'ai portee. C'est la que je demande avec instance qu'on veuille bien me suivre, au nom de ces calamites qui affligeut aujourd'hui incme un si grand nombre de nos freres , et que la science ancienne ne nous enseigne ni a comprendre ni a prevenir. Les critiques auxquelles la j^remiere edition de mes Nou- veaux Principes ont ete en butte n'ont pas ete perdues pour nioi. J'ai refondu presque cntierement cet ouvrage. Le plus souvent , j'ai cherche a eclaircir ce qui pouvait etre demeure obscur, en fixant I'attcntion de mes lectcurs sur I'Angleterre. Je voulais montrer, dans la crise qu'ellc eprouve, etia cause de nos souffrances actuelles , d'apres la liaison qui existe entre les diverses industries de tout lunivcis, et 1 histoire de notre propre avenir , si nous continuous a agir d'apres les prin- cipes qu'elle a suivis. Mais j'ai aussi quelquefois montre ma deference aux critiques qui m'ont paru justes , par des sup- pressions ou des changemens. Cependant, je crois devoir re- clamcr contre la maniere si souvent legerc, si souvent fausse, dont un ouvrage sur les sciences sociales est jugc dans le monde. Le probleme qu'elles presenlent a resoudreest bienau- trement complique que tons ceux qui naissent des sciences na- turellcs , et en meme terns il s'adresse au coeur aussi bien qu'a la raison. L'observaleur est appele a reconnaitre des souf- frances cruclles , des souffrances injustes,qui procedent du fait de rhomme, et dont I'homme est la victime. II ne saurait lesconsiderer froidcment, et passei- outre sans invoquer quel- que renicde. Ces rcmedes choqueiont quelquefois ou les sen- (5 1 8 NOUVEAUX PRINCIPES D'^CONOMIE POLITIQ. limens, on Ics prcjuges des lecfcurs; ils scront quelquefois oil siipcrfliis, oil iiiapplicables. Ce £ont autant d'erreurs , sans doute ; mais ce sont des errcurs en administration , plutot qu'en economic politique. L'autcur on le lecteur penvent se mepreiidre sur I'application, parce que toiitesles circonstances qui sont Ics bases de cette application ne se trouvent point dans le livie. L'enchainemcnt des principes ne saurait toutcfois etre ebranii- par qiielqnes corollaires livrcs a la eontroverse , oil a la malii^nite nioqncuse. Si ses principes sont vrais , s'ils sont noiiveaux, s'ils sont feconds,ils auront, en depit de quel- ques errcurs, reelics ou supposees, fait avancer la science sociale , la plus importante entre les sciences ; car c'est celle du bonheur de rhomme. J. C. L. DE SiSMONDI. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. DiAGRAMMES CHIMIQUES , Oil RcCUCil cle 36o figUVeS (siir 112 plaiiclies) qui exphquent succinctement les experiences par Vindication des agens et des produits, h cote de Vappareil,, et qui rendent sensible la theorie des phenomenes ^ en representant lejeu des attractions par la convergence des lignes : ouvrage elementaire, aiiquel on a ajoute, pour les etrangers, un Essai de nomenclature chimique, en six langues, et pour les conimencans, i" un Vocabulaire , contenant I'etjmo- logie et la definition des mots techniques ^ 2° une serie de tableaux synoptiques qui representent la prepara- tion et Les parties proportionnelles des produits; par M. Decreaips (i). L'espace nous a manque jusqu'ici pour rendre un compte un peu detaille de cet ouvrage, remar^uable par I'erudition et le zelc de I'auteur. Nous pensions qu'une notice trop courte ne le ferait point assez connaitre; que les fruits de plusieurs annees de travaux assidus, exposes avec une methode qui permeltait de les resserrer dans un espace plus limite que la grosseur du volume ne semble I'annoncer, n'en etaient pas moins nombreux , moins imporlans , ni moins dignes d'etre passes en revue, tant dans leur ensemble que dans les prin- cipaux groupes qu'ils composent. Les circonstances ont cons- ■ (1) Paris, iSaS; Carilian- Goeuri, quai des Grands -Augustin*. Grand in-4° de lay psges et i la planches ; prix , 3o fr. 6ao SCIEINCES PHYSIQUES. tainincMit «;xii^i; d'aiitres insertions; en soite tjue, pour iie pus taider plus lonjj; tenis i nicttrc sous les yeux do nos Icclfurs \ci Duigrciiunii-s chliniqucs de M. Dicremps, nous soinmes reduils a ieur consacrcr on article beaucoup nioins etendu que nous ne I'avions projete. L'autcur debute par un abregc de nomenclature chimique en six langues (francais, anglais, italicii, latin, allcniaud , espaj^Miol). Ces langues sont apparenunent celles des auteurs d'ouvrages sur la chimie ; car on compte un plus grand nombre d'idionies paries par ccux qui cultivent la science. II semblu queM. Decromps n'a pasY-te juste envers lesSuedois, ct qu'il se niontre fort liberal envers les Espagnols. Quant a la langue russe, il parait Sulfate 1 de _ { sulfririque. 1 1 Carbonate J de magnesie. V M- Cet exemple n'est pas heureuse- ment choisi ; car, apres avoir agile long-tems, iin melange d'huiie et d'eau , si on donne a ces malieres le terns de se se- parer par le repos, ni I'une ni I'autre ueseront dans le meme etat qu'avant le melange, et par consequent, elles ont agi I'une sur I'autre. — Le volume est termine par un essai d'application de I'algebre a la chimie, et par des observations, en espagnol et en francais, sur les nombreux services que cette science a rendus , et sur ceux que Ton pent en esperer encore. Ce que I'auteur a presentu sous la forme algebrique, n'est qu'un calcul arithmetique; mais on ne pent douter que la recherche des lois de I'altraction moleculairo, combinee avecles aulres pro- prietes des corps, n'cNige I'application de Tanalyse mathema- tiquc. Peut-etre meme, cet instrument universcl n'est-il pas assez perfcctionne pour nous conduire a la soluiion des pro- blemes les plus importans, en physique et en chimie. Nous sommes a la fm du livre, et cependant notrc article n'est point termine; car nous n'avons rien dit de I'averlis- sement, ni de I'epigraphe. Les lecteurs qui liraient de suite I'ouvrage, sans s'arreler a raverlissement, comprendraient mal leurs interets; car ils n'auraient pas sur I'auteur et sur sa mcthode des notions qui peuvent repandrc quelque jour sur certaines explications ou doctrines un p«u obscures au pre- mier coup-d'oeii , mais qui devienncnt plus claires, lorsque leur origine est conniie. L'autear nous apprend qu'avant de publier son livre , il avait entendu Fourcroj et Thenard a Paris, et les Majors a Genes, BnignatelU a Pavie, Dnndolosx Venise, la Chimie des dames ;i Milan, Chaptal dans les Ce- vennes, Orfila dans les Pyrenees, Plench a Vienne, Klap- /5ro/A a Berlin , ^'wrzpr a Marbourg, Boerhaave en Hollande, Thomson , Parkes a Londres : k Voiia , dit-il , les sources purci 6'ih SCIENCES PHYSIQUES. oCl nous avous puise IfS verites que nous publions sous une nouvollc forme. » Mais la chimie nous appiend que le melange do liqueurs tres-limpides, et Ires-peu differentes Tune dc I'autre peut etre trouble, jusqu'a ce qu'unc combinaison intime dc tous les elemens ait etabli I'hoaiogeneite de la masse. Si la science elait parvenue au dernier degre de sa perfection, elle serait unc, la meme dans loutcs les tetes etdans tons les livres: en de^ii de ce dernier tcrme, il existe necessairement quel- ques legeres dissemblances entre les theories admises par des savans egalement recommandables par leurs travaux el ieurs ecrits. Ces nuances d'opinions ne doivent point paraitre dans un livre, si ce n'est pour les discuter et pour choisir ; et en- core vaut-il niieux, si le livre est elementaire, que le clioix soit fait d'avance , sans que le lecteur assiste aux debats. — Des considerations tres-justes sur les niethodes d'exposilion qui conviennent le niieux aux ouvrages sur la chimie , et des vers anglais et francais, terminent cet avertissement tres-digne d'etre lu. Enfiu , nous voici a I'epigraphc. L'auteur emprunte a Ho- race deux vers cites frequemment, et que M. Daru traduit ainsi : Du recit le plus clair on est moins affect^ Que d'un tableau fidcle , a nos yeux presente. Horace est plus exigeant que son traducteur : ce sont les per- sonnages et Taction dramatique qu'il conseille de substituer aux recits, toiijours un peu froids sur la scene. La maxime du legislateur du Parnasse , comprise dans le sens deM. Darn , ne parait pas faite pour les livres ; car auctm de ceux ou Ton a tente de Tappliqucr n'ajustifie son cpigraplie, ni sa preface. Si les diagrammes de M. Decremps ont quelque utilite , ce n'est ■jpoivil comme tableaux , mais comme ecriturc plus rapide, et se pretant micuxaux mouvemens en sens divers de la pensee, aux rapprochemens plus ou moins eloignes entre des Jdees excitees simuUanemcnt. On ne peut douter que cette ecriture perfectionnt'c ne devienne un bon instrument des sciences; SCIENCES PHYSIQUES. 6^5 Tntilite des tableaux synoptiques est reconnuc , et les dia- grammes sont une forme particuliere de ces tableaux , pour des groupes d'objets moins iiombreux, et consideres sous un point de vue plus special. L'epigraphe du livre ferait perdre de vue la nature et la veritable destination de ce mode d'expres- sion ; on croirait leperfectionner par un dessin plus correct , o»i par uu choix de figures plus analogues a la chose designee ; le peintre se substituerait au chimiste, tandis que la science ne peut etre perfectionnee que par des recherches absolument etrangeres aux formes. Quelque opinion que Ton ait de la melhode de M. Decremps, et quel que soit I'usage qu'on en fera, son livre ses Traites de legislation , et q'uelqucs annees plus tard , sa Theorie despeines et des recompenses, vinrent reveler au monde savant des routes jusqu'alors inconnues dans la science du droit. Ce n'etait plus de ces laborieuses compilations, si cou- teuses i leurs auteurs et si pen profitables a I'humanite; ce n'etait plus de ces conceptions si brillantes, si concluantes en apparence dans les hauteurs de la speculation, et souvent si vaines dans les humbles voics de la pratique ; c'etai^ unc (i) Londres , 1817, i vol. in-8". — Ce qui, dans ce recueil, con- cerne I'instruction publique, n'y tient qu'une tres-petite place, ct est entitlement etranger a la codification , qui fait seule I'objet de cet article. (2) Reunion en un corps nietliodique de fonte la niaticre legale. I SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. 627 science toute noiivcUe, toiite complete, ayant sa nomencla- ture et ses classifications propres, line analyse rigoureuse et profonde , qui , faisant marcher de front la theorie et I'applica- tion , donnait en qiielque sorte des lois en meme terns qu'elle en montrait Ics principes. Le premier deces deux ouvrages eut la fortune inoiiie de devenir autorite, presque aussitot qu'il parut, et de valoir a sonauteur le privilege de voir son nom place dans les productions officielles des legislateurs du terns. Ce fut, comme on le sait, aux travaux d'un autre savant publiciste, M. Dumont , de Geneve , que la science fut rede- vable de ces deux importans ouvrages. Bentham, tout entier au soin d'elever un corps coniplet de droit, semblait voidoir ne se produire lui-meme, que lorsqu'ilaurait accompli la tache qu'il s'etait imposee. Cinquante ans de travail et de meditation, un esprit vaste et perseverant paraissent avoir enfin triomphe d'uue si grande entreprise; Bentham a embrasse le champ tout entier de la legislation ; et aujourd'hui qu'il s'en croit maitre , il offre au monde civilise le resultat de ses travaux: il lui pro- pose de substituer des lois fondees sur leprincipe de I'utilite generale , c'est-a-dire , du plus grand bonheur pour le plus grand nombre des membres de la societe, et justifiees dans toutes leurs dispositions par des raisons tirees deceprincipe, a des lois dictees le plus souvent par des interets anti-sociaux, ou par des volontes aveugles. II propose surtout de substi- tuer le droit ecrit au droit non ecrit, une legislation fixe et expresse, qui soit a la portee de tout le monde, a des tradi- tions, a des coutumesincertaines et variables, livrees al'inter- pretation arbitraire d'un corps special d'inities. Bentham re- commande enfin avec chaleur la codification aux peuples et aux gouvernemens. Le systeme de la codification , qui fait I'objet special del'ou- vrage ou plutot du recueil que nous annon^ons, presente une question du plus hautinteret; raais, pour bien en coniprendre. I'importance, pour en apercevoir toute la portee, il convieiit d'abord de se remettre sous les yeux les divers partis qui divi- sent la science a laquelle cette question se rattache, et pour 6a8 SCIENCES MORALES cela, tie perdre do vue un moment Bcntliam «t la codification elle-meme. L'ensemble de toiitcs Ics theories siir ic droit, de tons Ics systemcs de legislation, a etc diviso, dans les dcrniers terns, en deux ecoles principales : I'une historique , I'antrc non hisio- rique , ou pkilosophique. J c suivrai d'abord cette division. UJ^cole historique s'est elevee en Allemagne, depuisla re- volution fran9aise. Elle y est nee de deux circonstances princi- pales: d'abord, de la reaction qui se developpa generalcment, dans le cours de cette cpoque, contre les doctrines pliiloso- phiquesdu xvin* siecle, alors discredilees ])ar les exces qu'on leur attribiiait, et aussi du penchant particulier des Allemands pour les etudes historiques et philologiqucs. Cette ecole, deja recommandable par ses travaux, dejaim- portante par I'influence qu'elle a exercee sur beaucoup d'es- prits distingues, n'est encore que tres-peu connue en Europe, et ne Test presque point en France; d'abord, elle a pris pen de soin de rcpandre sa doctrine; puis, ce qu'elle en a public n'a pas encore ete transporte dans notre langue (i). (i)Nous devons rappeler ici a noslecteiirs que I'lincdes produclions les plus importantes de I'ecole historique allemande, VUistoire du droit roinain pendant le mojen age, par M. de Savigmy, conseiller d'etat et professeur a, Berlin, a ete traduite en francais, et doit ^tre incessamraent publiee. Si Ton en juge par des fragmens et des ex- traits que plusieurs journaux, specialement la Themis out donnes de cet ouvrage, il doit joindre, a I'avantage de nous bieii faire connaitre I'ecole historique d'Allemagne, celui dejeter une grande luniiere sur I'histoire, I'organisation politique et judiciaire et sur le syst^nie d'enseignement suivi pendant le inoyen age en Europe, et surtout en France. La Themis que nous venons de citer, et que nous recomiuandons avec conGance a tous ceux qui s'interessent aux progres de la juris- prudence historique , contient plusieurs articles iiistructifs et curieux sur les codes qui out ete recemment publics , ou que Ton prepare dans les divers etats de I'Europe et de I'Amerjque. M. Bx.osdeau , professeur a I'tcole de droit, a Paris, auteur de la plupartde ces ar- ET POLITIQUES. 629 Le droit, selon I'ecole historique, n'cst point une science tibsoliie, luiiverselle , reposant siir des bases immtiables : il est divers, comme les sociclt^s, et variable comme elles. II ne pent jamais etre I'effet d'une volonte arbitraire. II nait avec la socictc et se developpe avec elle, insensiblement , comme tons ses autres produits, et simiiltanement avec eiix. II n'a point, a propremcnt parier, d'existence independante , et n'est, dans la realite, qu'une des nianieres d'etre de tous les faits dout la societe se compose. Le droit, dont le developpement se confond ainsi avec celui de la sociele , est le seul efficace , le seul capable de produire de bons effets. Toiite legislation apriori , toute regie arbitraire est necessairement impuissante ou fvmeste. La marche des societesest progressive et non interrompiie ; mais cette marche est soumise a des lois de gradation rigou- reiises: 011 ne pent ni la suspendre,ni la precipiter. De toutes parts, pourtant, le veritable droit social est obs- carci par les iiombreux essais qui ont ete faits dans I'un ou lautre sens; c'est par-la que se sont manifestees toutes les er- reurs sur la nature des societes, et sur I'essence du droit. Or , s) ces essais ont etc vains , quant \ leur objet principal , ils n'ont cependant pas ete sans effet sur le sort des societes : ils n'ont sans doute ni arrete , ni accelere leur marche ; mais, par les luttes et par les resistances qu'ils ont developpees dans leur sein , ils I'ont embarrassee et ralentie. Dans cet etat de choses, I'intervention de la science est devenue necessaire; il s'agit de deliyrer les societes de toutes ces entraves, et de les rendre a leur propre impulsion. Mais, pour demeler dans le chaos des lois et de la jurispru- dence , ce qui apparticnt au developpement social, de ce qui tides, s'est fait connaitre depuis long-tems pax des tableaux sjnop' tiqites clii droit prive dans lesgnels il a su metlre d profit les ideas de Benlham, exposees deja dans ses ttaitis de legislaiion civile etpenale , mis en ordre et publics en franqais par M. Dumomt, d« Cenive. ( Voy, ci-dessus, p. 3oy). N. d. R. 6:^0 SCIENCES MORALES lui est etranger,il faut comiaitre, d'abord , I'etat actuel, la nature intone des societes. Or, cette science du present ne peut s'acquerir qu'a une condition expresse, la science du passe. Une societe n'est point iin produit spontanc : quelle que soit cclle que Ton imagine , et a quelque instant qu'on la prenne , on n'y peut voir toujours que le prolongenient, que le resultat d'un ordre de choses antericur. Pour connaitre I'etat actuel d'une nation , il faut done d'abord remonter a sa source, s'einparer, s'il est possible, dc scs fails primitifs, les suivre pas ^ pas dans leurs developpemens, dans Ics modifications qu'ils ont subies en se combinant avec des faits nouveaux ; parcourir par le menie procede I'histoire de tous les peuples dont I'existence s'est trouvee melee ou associee a celle de celte nation, ct redescendre ainsi lentement jusqu'au fems present. Tel est Timmense travail qu'il faut avoir aclieve a I'egard de chacune des societes existantes, pour connaitre leur nature intime, etpouretreen etat de distinguer, dans I'ensenible du droit qui les regit , ce qui leur est propre de ce qui leur a ete impose. Le resultat de cette grande conquete sur le passe se reduif, pour I'ecole historique, telle quelle est nee et qu'elle se main- tient en AUemagne, a un service puremenl negatif: delivrecla societe de ses entraves et la rendre a elle-meme. Pour quel- ques-uns des disciples de cette ecole , ce resultat semble plus etendu : pour eux, le developpement du droit parait se con- fondre un pen moins avec celui de la societe ; mais j'indique ici I'existence d'une modification, pi ntot que je n'en fais con- naitre la nature. La seule chose importante d'ailleurs a consta- ter pour le sujet qui nous occupe, est que , dans I'opinion des fondateurs, comme dans celle des disciples, le droit, quel que soit d'ailleurs le mode de sa formation , ne doit jamais prendre I'initiative sur la societe, mais la reflechir. Sous le nom d'ecole non historique ou philosopkique , on a range indistinctement tons les systemes de droit, etrangers a celui de I'ecole historique. Ainsi, Hohhex , Loche,Rousseau,Kant, Bentham, etc., nialgre la diversitede leurs systemes, appartien- ET POLITIQUES. 63 1 draient egalement a I't-cole philosophique. Mais, on voit d'abord qu'une pareille ecole ne saurait avoir d'existence reelle, le mot d'ecole emportant avcc lui I'idee d'unite de doctrine et de methode, etles systemeswow hisloriques n'ay^inl soiwent d'au- tre trait de ressemblauce entre eux que d'etre egalement des produits de I'esprit humain. Ceux qui les ont associes ainsi , ont cru a la verite decouvrir entre ces systemes un caractere communpar lequel ils differaient essentiellement de I'ccole his- toriqne, savoir, de reposer tous sur des idees speculatives tandis que cette ecole seule procedait par I'observation; mais il est, je crois, facale de demontrer que cette difference, qui parait avoir ete consideree comme vieille et radicale par ceux qui I'ont etablie , n'est en effetqu'apparente. S'il est vrai que toutes nos idees premieres , elemeutaires soient en nous le produit de notre contact avec les choses exterieures , on peut dire en ce sens que toutes les conceptions humaines reposent sur une meme base, I'observation; mais on n'indique ici que leur source eloignee, et c'est de leur source prochaine qu'il s'agit... A ce titre , I'observation proprcment dite, I'observation pure, disparait pour toutes sans exception. Aucun-systeme ne sort immediateraent de I'inspection d'un ou de plusieurs faits , mais bien du jugement que Ton porte sur ces faits et des rapports que Ton etablit entre leurs pro- prietes, leur tendance et les proprietes et la tendance d'un autre ordre de fails quelconque. Or, juger, etablir des rap- ports, est une operation tout arbitraire; et cette operation, c'est la speculation. Ainsi definie, la speculation se presents comme la source la plus prochaine de tous les systemes hu- mains; source fort incertaine , j'en conviens, mais a laquelle I'ecole liistorique se flatterait en vain d'avoir echappe. II fau- drait, pour ccla, que les jugemens qu'elle a portes sur les fails de I'histoire, fussent necessaires et obligatoires pour tous les esprits; mais I'experience nous prouve le contraire; et, tandis que les disciples de cette ecole voieut dansl'homme historique un etre absolument variable, dissemblable a kii-meme, selon I'epoque qui le p roduit ou la terre qui le porte, I'immutabiiit 632 SCIENCES MORA.LES du mcme homme, son identitL' a traversles terns, les climatsel les couturacs, sont encore des lioux conimuns pour un grand nombre de raoralistcs. Je n'ai pas la pretention de prononcer sur Ic nierite de ces differentcs manieres de voir : Ic seul objet que je me propose ici, est de montrer que tous les systemes imaginables reposent et doivent necessairement reposer sur des vues arbitpaires, sur la speculation, et que toute classifica- tion enlre eux, fondee sur la difference des actes de I'esprit dans Icur production, est eviderament chinierique. La plupart des sciences sont susceptibles de sc diviser par sys- temes; toutes celles qui se trouvent dans ce cas doivent I'etre, re fut-ce que comme un moyen de classer les idees nouvelles qui naissent successivement dans leur sein, et d'apprecier leur relation avec celles qui les ont precedees. Mais, pour qu'unc pareille division presente ce genre d'utilite, il faut d'abord qu'elle repose sur une base reelle, et ensuite qu'elle soit com- plete. Or , celle que nous examinons ne remplit ni Tune ni Tautre de ces conditions, et devient par cette raison a peu pres sans objet. Ainsi, par exemple , en suivant les donnees qu'elle presente, on pent bien voir d'abord , que la codification doit etre repoussee par I'ecole historique; mais, dans quel rapport ce systeme se trouve-t-il h I'egard de ce qu'on a appele I'ecole non historique ? C'est ce dont on ne pent se former aucune idee, parce qu'il n'y a li qu'un mot, non un etre reel, defini ou sus- ceptible de I'etre. Il faut done abandonner h la fois cette divi- sion et son principe. Un systeme de droit, quel qu'il soit, ne pent etre qu'une consequence, une application d'un systeme plus etendu, plus general : c'est dans cet ordre d'idees immcdiatement superieur, et qui, malgre la diversite qu'il presente, est tout entier le produit d'un meme precede de I'esprit, qu'il faut chercher la base d'une classification du droit. En suivant cette raethodc , pnpourrait arriver, je crois, h le diviser comme il suit : En droit absolu , ou invariable ; En drou rclatif , ou variable. ET POLITIQUES. 633 All droit absolii je lattache incUstinctement Ions les syslemes qui preiinent leur point d'appui sur des fails consideres comme priniordiaiix et invariables : tcls sont ceux qui se fondent on sur des croyances rcligicuses , et c'est la proprenient le droit divin; ou sur des relations purementinttllectuelles auxquelles on suppose une existence indepcndante ct absolue, comme la raison,\aL justice, etc., et ce sera le droit mdtaphysique ; ou enfin, sur les proprietes abstraites et invariables de la nature humainc, et c'est alorsle droit naturel. Au droit relatif ou variable appartiendront tons les systemes qui ne reconnaissent ni dans rhomnie, ni hors de I'homme, aucune de ccs donnees primitives, f^ssenticUes, immuables, capables a la fois de servir de base a la legislation et de lui communiquer ces divers caracteres, soit que, dans ces sys- temes, I'homme se presente comme un resultat toujours certain de la volonte actuelle du legislateur, ou qu'il soit considere comme le produit necessaire de Taction successive et fatale de tons les faits qui I'ont precede; d'ou naitront deux ecolcs bien differentes : celle du droit arhitraire ou Legal, et celle du droit historique. II s'en faut de beaucoup que ces differens systemes soient aussi distincts, aussi exclusifs dans I'application que dans la theorie : Taction simultanee de diverses necessites sociales, une sorte de transaction entre la raison, le sentiment et Tha- bitude, les confond toujours a un degre ou a un autre dans les institutions des peuples. Un systeme de droit absolumcnt pur, qjbsolument isole, n'a pcut-ctre jamais ou d'existence que dans les speculations de la science; ce que Ton peut dire des conse- quences d'un pareil systeme ne saurait done aussi se verifier completement que dans cette region. Le seul usage que je pretende faire de la classification que je hasarde ici, est de montrer le rapport du siijet qui nous oc- cupe avec les differens ordrcs d'idecs qui pcuvent servir de base a la theorie du droit. Or, il me semblc que, dans tons les systemes dc droit absolu, la codification , c'est-a-dirc , la reunion en un corps methodique et permanent dc toutes les re r)3/, SCIENCES MOPxALES gles d' II eut, ce semble, ete bon de mieux ecrire une phrase destinee a nou."! appreiiclre cjue VEmi/f est :nal ecrit. Rl""" de Geniis ajoute, t. vr, LITTERATURE. ' 643 velle , au inoins en partie , I'execrable accusation qui mit Chenicr dans la tombe , etqueses ennemis mdme ont dementie apres sa mort, sera-1-il encore permis de se tairo(T)? Si qiielqtic manvais plaisant, assez effronte pour se faire un jeu d'egarer sa confiance, est parvenu ji liii pcindrc Gingiiene (que tres-evidemment elle n'a point connn), sous les traits les plus opposes, iton-senlement a la verite, inaisa tonte vrai- semblance; si dans son crreiir elle imprime toute cette mys- tification, ne faudra-t-il point lui appreudre que laiUeur de VHistoire litteraire d'ltalie , ouvrage dont il existe deja deux traductions en langne italientie , nc s'est ^omljait aider dans ce miserable travail (2"), en payant a bas prix des manoeuvres qui liii fournissaient des extraits tout fails , etc. Ginguene, sorti sans fortune des places qui auraient pu Tenrichir, loin de payer le travail d'autrui, avaitbesoin de son travail pour vivre avec dignite et indopendance. II n'avait , il ne vovilait avoir ni logemcnt a I'Arscna! , ni pension de six niille francs sur la cassette de Tempcreur , ni mille ecus de pension sur les budgets de Hollande. II n'avait pas meme la ressource de vendre assez frequemment ^d'opulens amateurs dejolis petits recueils de dessins ou de fleius peintes. Comment aurait-il fait pour tcnir a sos gnges des travailleurs en sous-ordre? on ne lui a jamais vu meme un secretaire. Ses grands ou- vrages, ses Rappnrts a I'lnstitnt, ses articles de journaux arrivaient tous a I'imprimeur, ecrits tout entiers de sa main. Enfin , comme cet aiiteur qui netait ni vcritablement instruit, ni laborieux , avail contractu , dans sa jeunesse, et a garde jusqu'a sa mort, I'habitude de se mettre a I'etnde, ete comme p. 164 : « Le style en est egaleraent neglige, incorrect et diffiis, et ciiun je ne coniiais pas de livre plus ennuyeux. » En verite, c'est fort plaisant. (i) Voy. Rev. Enc. , goe livraison, t. xxx, p. 8r6. (2) Si ce travail est aussi miserable que rEmile est ennuyevx , il ne faut pas s'etonner que les meileiirs jiiges d'llalie le regardcnt comme classiqiie. 644 litti5:ra.ture. hivcr , des cinq heures dn matin , et de nc quitter Ic travail qu'apres cinq heures du soir, je prie niadame de Genlis do croire que ce n'etait pas preciscment un paresseux. Je la pric de croire surtout qu'un homme de ce caractere n'a point ameute contre elle la foule Acs folliculaires , dontil n'a jamais dispose. . . et, pour parler U'autre chose , je la prie de croire aussi que Lebrun n'a po'uMproi'oque la profanation des tomhes royales, en 179^, par la publication d'une ode qui n'a etc imprimt'c qu'en lygS (i). Mais pourquoi multiplier ces remarques ? Relever toutes les imputations dc ce genre est impossible; Vespace qui ni'est accorde n'y suffirait point. En relever seulement un grand nombre , seiait me donner I'apparence de passer condamna- tion sur les aulres. II vaut mieux faire, une fois pour toutes, une declaration generale, et la voici : L'autcur de cet article a beauconp vu , beaucoup connu , plusieurs de nos contom- porains dont les portraits viennent, a tour de role, remplir les pages de ces Memoires. La plupart lui ont paru defigures et meconnaissables. On pent tenir pour non avenus , juscju'a nouvel examen, \es jugetnens de I'auteur. Mais, si Ton veut absolument en faire usage, qu'on les prenne , corome dit Montaigne, a contre-poil : en dcplacant I'eloge et le blame, on pourra se tromper encore ; mais , a coup sur, on s'eloignera moins de la justice et de la veritc. Apres cette declaration formelle, et que je regarde comme raccom|)lissement d'un devoir, je reprends I'analyse de I'ou- vrage. — Nous nous sonimes arretes a la fin du quatrieme vo- lume.Lecinquiemecoumience par le recit du sejourque M™" de Genlis fit a Berlin, dans les derniers tems du Directoire. Ce qu'on y trouve de plus curieux, c'est la representation d'une tragedie allemande, racontee avec toute la grace, tout le selct le bon gout qui distingiient les meilleures narrations de I'au- ( I ) M'ne de Genlis n'est pas tres-forle sur la chronologic. Elle place le me^irlie dti due d'Enghien apres la bataillc d'lena. Ces clioscs la , et de plus curieuseb encore, (ouimillciU iLins ses Memoires. LITTER A TURE. G45 tear. Je mc borne a rindiquer ( page 10 ), presse que je suis d'arriver a des choses d'lm autre ordre. M™'^ de Genlis,qui connut a Berlin le general Beurnonville , alors ambassadeur de la republique francaise , lui persuada aisement qi\'elie n'a- sHiit jamais ete emigre e , et ob tint, par son entremise, avec uue egale facilite, la permission de rentrer en France. Ne retrou- vant a Paris aucune fortune, et rediiite a vivre de son travail, elle eut le courage d'ecrire contre la philosophie et les philo- sophes , quoiqu'elle n'ignorat point que le Premier Consul eiit fait une visite a M""-' Helvetius , en lui disant qu'il avail voulu voir la veuve d'un grand hoinme. M'"" de Genlis voudra bien me permettre de retablir id les fails. Bonaparte, tant qu'il ne fiit qu'officier d'artillerie et jacobin, aima beaucoup certains philosophes dont la doctrine, et meme le style, lui auraient plu beaucoup moins, s'il avait eu plus de gout et de vraie philosophie. Ses auteurs de predilection en ce genre etaient Raynal et Helvetius. Parvenu a la dictafure , sous le titre de consul, il conserva, on il montra des vestiges de ses ci-devant affections, aussi long - terns qu'il lui parut utile de laisser voir, sous la toge consulaire, Ic houtde man- c/ie de la carmagnole. Mais, des lors, il y avait peu de courage a s'elever contre Voltaire, qu'il n'avait jamais goute, contre Rousseau, dont on savait qu'il redoutait lesfolics. Les hahiles, comme dit La Bruyere, ceux qui savaient voir et prevoir, ceux qui, onze ans auparavant, avaient crie les premiers a Varistocratel et cinq ans apres , au modere! commencaieut, de toutes parts, a crier au philosophe ! Ce n'etait plus seulenient flatter les voeux secrets du maitrc; c'etait deja suivre son exemple. Cefutlui qui mitala mode la plume ehonteede Geof- froi. Avez-vouslu le Feuilleton? demandait-il asescourtisans, quilerapportaientaulibelliste. Je connais unhommed'espritqui fit, a cette epoque, un voyage de qualre-vingt-six lieues pour voir, disait - il, deuv illustres , le premier consul et Geoffroi. Quand le consul se fut elu et proclame empereur, quand on lui eut fait litiere de toutes les liberies publiques, de tous les sentimens geuereux , on s'empressa, pour lui plairc, de Irai 6,\6 LITTKRATURE. uer dans la nicine fiinye lous les grands hommes du siccle der- nier (i). On ne pardonua pas nienie a Montesqiiioii, ca favcnr de ce niai^nifique et faux portrait fie Charlemagne, dansle- quel tons les grands corps de I'etat avaient reconnu son legi- time keritier.lJn jciine honime arrive a Paris, dans les premiers jours de I'ernpirc. En repoussanl avcc degout les declama- tions frenetiques de qiielques soi - dhant p/iilosopkes , il veut du moins consacrer le pen de forces que lui donne sa jeunesse a la defense ties principes sans lesqnels 11 ne saurait y avoir ni dignlte pour les nations, nieine an sein de la vicloire , ni gran- deur morale pour les hommes, raeme an faite des lionneurs. Un vieillard, quolque philosopAe , lui dit ccs propres paroles : >t C'est vous perdre! vous venez, apres la bataille, vous cou- clier parmi les morts. » — « Malta renascentur quce jam ce- ciderev lui repondit lojeune homme; et peut-etre avait-il rai- son ; mais le vicillard avail raison aussi : car, en attendant, c'etait bien reellement se perdre que ilechoisir une telle route. Du moment que vous y aviez fait un pas, il vous fallait renon- cer a tout, excepte aux injustices et aux injures : on , si des succes d'un certain eclat attiraientsur vous I'attenlion , on vous faisaitdesoffres si brillantes, on ouvraita votre amour-propre et a votre ambition de si vastes perspectives, que vousnepou- vicz plus douter de la condition tacite quis'y trouvait altachee. N'avait-on pu vaincre vos refus ; on lancait d'abord sur vous la meute officielle des jotunalistes a gage, et votre excommu- nication commencait. Quant a ceux qui , avec leur plume , vou- (i) Les plus mortals ennemis de ces pauvres philosophes ne sauraient se defendre de quelque pitie, en reflt-chissant aux bizarreiies que presente leur destinee, dans I'espace d'un demi-siecle. On a vu d'au- tres grands hommes s'accoramoder de tous les regimes : pour eux, au- J^ cun regime n'a pu les souffrir. Livres avant 1789 aux cacliots de la iM Bastille , pendant la teireur, au bourreau , et sous I'empire, a Geoffroi, quel est nuiintenant leur sort, et quel sera-t-il ? M">e de Genlis parait avoir la conGance que le moment est veiui d'en finir avec leurs liorrt- bjes doctrines. LITTfiRATURE. 647 Wient/aire leur chemin , tout leur devenait facile : on ne lenr dcniandait point de grands frais d'iniagination. II fallait seule- ment deux clioses : ne voir dans la revolution que des victoires et des crimes; voir, dans la philosophic, toute la revolution, hormis ses victoires; en un mot, il fallait montrer le meme j^enre de courage que M"" de Gcnlis. Du reste, il ne paraft pas que cela lui ait trop mal reussi. A peine de retour en France, elle demaude an ministre un loge- ment : on lui en destine un fort beau, mais elle en prefere nn autre, et il lui est accorde de la meilleure grace du moi^de. Elle se trouve assez de credit pour rendre un grand service a M. Fievee. M. Fievee , mis en prison par le Consul pour une correspondance politique (i), devient le correspondant poli- tique du Consul. Il vent lui ecrire que M™!^ de Genlis n'a rien retrouvc en France , et qu'elle vit absolument de son travail. M°" de Genlis s'oppose a une demarche qui le compromettra siirement. II ne se compromet point , et le fruit de sa demarche est que le Premier Consul envoie M. de Remusat, prefet du palais (2), dire a M™'' deGenlis, enpropres termes, « qu'il vient d'apprendre sa situation; que s'il I'avait sue, a son arrivee en France, elle n'y seraityawa^j restee une minute, et qu'il lui fait demander ce qui peut la rendre heureusc. » II est vrai que M"' de Genlis eut la generosite de repondre qu'elle ne deman- dait rien. Mais le Consul , pins genereux, lui donna, ce qu'elle n'eut jamais demande , des larmes, qui la rendirent fort heu- reuse." Marigne pretend que je vous envoie les larmes du Pre- mier Consul , et que cela vaut mieux qv,e des vers», ocrit a jime (jg Genlis une de ses amies. Voici le mot de I'enigme : le Consul avait lu Madame de la Valliere, il I'avait lue tout d'un trait, sans pouvoir la quitter, et il avait ^^X^nvk -.c' est un fait positif. Ce suffrage enchanta M™'' de Genlis ,„/?e;-e J'^POi>ya;V (i) Avec Louis XYIII. ( Kote de HI'"^ de Genlis. ) (2) « .... Le premier consul m'envoya M. de Remusat , pre/et du palais , ponr me dire en propres termes , que le premier consul veuait d'ap- prendre, etc. » T. V, p. 134. 64» LITTERATURE. pleurer le plus grand capitaine tie son siecle : et, dans ce pre- mier enchantement d'un si glorieux s:tcces , elle fit un im- promptu en vers qu'elle envoya sur-Io-champ, et dans Icquel on trouva de la verve; car le sentiment ct la verite en donnent toujours. Quelque tems apres, M. de la Valette fut charge de lui ap- prendre que le Premier Consul , dcvenu empereur, desirait qu'elle lui ecrivit, tous les quinze jours , sur la politique, les sciences , la littcrature , la morale , sur tout ce qui lui passerait par la tele. Correspondant politique, comme son ami M. Fie- vee, M""= de Genlis eut encore le courage d'ecrire a Sa Ma- jeste contre les philosophes. Mais , comme elle eut egalement I'intrepidite de lui dire : « I'cmpereur confirme bien ccs belles paroles de 3Iassillon , que les princes sont sur la terre une pro- vidence visible , >> la punition de tant d'audace fut une pension sur la cassette. Cette pension , tres-graeieusement annoncee, etaitdesix mille francs; elle venait a I'improviste, comme les larmes du Consul ; et M™'' de Genlis en fut presque aussi flat- tie, attendu que /^ maximum des pensions des gens de lettres etait, dit-clle , de quaire mille francs. II faut qu'elle tienne un pen a cette idee de maximum : elle y revient cinq ou six fois dans le cours de ses Memoires; elle y revient encore apres, dans un dialogue entre JfJ"" la Comtesse de Choiseul ( nee princesse de Beaufreniont ), et l'aiiteur[ tome viii, p. i'25 ). « Napoleon, dit M""' de Genlis, dans ce dialogue, a ete mon bienfaiteur, le seul que j'aie eu parmi les souverainsj et desnn propre raouvemcnt, sans la moindre soUicitation de ma part. Depuisjje ne lui ai rien demande pour moi, mais j'ai obteuu pour d'autres une infinite de graces... » La Comtesse lui repond : « Je crois que vous vous exagerez beaucoup ce pretendu sujet de reconnaissance; il faisait des pensions a tous les gens de k'ltres : pouvait - il se dispenser de vous en donner une ? » Et M™" de Genlis replique : « I.e maximum de ces pensions etait de quatre mille francs; il m'eu a donne six mille. >- Au hasard d'affaiblir un peu une reconnaissance de si bon gout , il faut bien lui dire qu'elle se trompe, et que tel ecrivajn don.t LITl'ERATURE. 64^ clle parle assez mal, Bernardin-de -Saint-Pierre , par exemple, avail, comnae elle, et avant elle, une pension de six mille fr. L'hoinme a qui nous autres Francais avions livre nos millions, ft qui savait oi!i en prendre d'autres, se montrait fort gene- reux : il n'y avail pas de maximum aux faveurs de sa cassette. La Correspondance de M"« de Genlis , si bien venue au Chateau , lui fit alors, quoique secrete, un nombre considerable d'ennemis. On alia jusqu'asupposer qu'elle n'amusail I'empe- reur qu'en lui disanl du mal de tout le monde. Pour confondre la calomnie, elle imprime aujoiird'hui des fragmens de ses lettres, et ces fragmens sont decisifs : au lieu du denigre- nient, on y voit partout la bienveiilance. M. Treneuil est un sujeti^i) affectionne et un vrai poete; M. de Bonald a un esprit plfin de finesse, et un prodigieux genie. Si, dans un endroit , M"*^ de Genlis ne trouve en France que trois hommes dignes de travailler a I'histoire de S. M. I., MM. Dassault, de Bonald cl Fievee ; dans un autre passage, en revanche, ellecompte quinze ecrivains par qui la Utterature francaise tient encore le premier rang entre toutes celles des nations, civdisees (2) : elle nomnie, dans le nombre, un philosophe, et mcme une fcmme ; elle nomme aussi des liberaux, qui passent pour etre bien avec son libraire, et ne pas manquer de credit dans lesjournaux, MM. Etienne, Jay , de Barante. Il y a ici une difficulte. La lettre ful ecrite en 1806 , comme nous en avertit expressement uue note placee au bas de la page. Or, en 1806, M. Etienne (i) C'est Mmede Genlis qui souligne. (2) Je fais , autant que je puis , grUce a M™" de Genlis de tous les vivans qu'elle cite, et de tous ceux qu'el'le ne cite pas. Mais,iine parler que des ecrivains mores depnis 1806 , il paraitra singulier que , sur cetle liste de quinze grands hommes, ni Bernardin de Saint- Pierre, ni Parny, nl Duels, ni Cabanis , ul Ginguene, niMillevoie, dcja couronne par I'lnstilut, n'aient eu I'honneur de trouver place entre Dussault et Treneuil. II est vrai que Ducis et Ginguene , par exemple, ne montraient pas a cette epoque le menie genre de courage que M'n« de Genlis. 65o LITTERATURE. n'avait encore tloiuie aucuiie ties pieces qui oitt faitsa ii'|juta- tion : M. de Barante, alors fort jcune, u'avait absolument rien public; il debuta, deux ou trois aiis aijrcs, par un Tableau littcraire du xviii" siecle qui avail concouru sans succes pour le jirix de I'lnstitut: eufin, le debut dc M. Jay fut un ouvrage sur le ineme sujct, plus heureux que celui de M. de Barante, inaisqui ne parut qu'en 1810. — Jusqu'ici, on trouvait assez meriloire, dans ccux qui avaient I'oreille desrois, de desi- gner a leur bienveiliance les falens aimes du public ; mais nomaier, trois ou quatre ans d'avance, ceux qui doivent se faire un nora; designer, coinnie etant la gloire d'un regne, des ecrivains qui n'ont encore rien ecrit, c'est, il faut en con- venir, un procede beaucoup plus genereux. II semble toute- fois difficile de juger une correspondance sur de tels echan- lillons ; et M""dc Genlis, toujoursX^i polie envers sa memoire, aurait bien quclqiiesreproches a meler aux complimens qu'elle lui fait. Tout ce qu'on vient de lire ici, analyse le plus brievement possible, remplit en grande particle cinquieme volume deccs Meinoires ; c'est ce que les quatre derniers in'ont parusoutenir de plus iuteressant. Je ne pousserai pas plus loiu cetle analyse: quand I'espace me le permettrait, le lecteur neniele pardon- nerail pas.S'il y a deja bien des choses futiles dans les conimen- cemens de Touvrage, elles se pressent, fourmillent dans la se- conde moitie. Cela va quelquefois au point de passer toute croyance. En voici un exemple qui rae revient sous les yeux , pages 40, 4r et 42 du tome viii. M"'' de Cell«s, petite- fille tie M""' de Genlis , va partir pour I'llalie. M""" de Genlis voudrait bien que M""^ Gerard , aussi sa petite-fille, fut du voyage. Mais peut-cire M"" Gerard repugncrait-elle a con- fier , pour sept ou liuit mois, h une bonne , deux de ses cnfans en bas age. Dans ce cas , M"'° de Genlis lui offre des'en char- ger, ce qui lui est tres-possible, « restant , dit-elle, a Paris dans un logement quelle a ancle dans I' exterieur d'un couvent, aux dames de Saint-Michel , rue Saint-J deque s , avec un beau j'ardin sur le Luxembourg. » Et voila ce qui fournit deux pages LITTERATURE. 65 1 aux Memoir es sur le dix-huitieine siecle et la Revolution fran- caise ! Au milieu de cespetits details, qu'oii a enrimpolitessed'ap- peler du commeiage, il arrive quelquefois a M°° de Cenlis d'agiter de graves questions ; mais sa maiiiere de les envisager et de les resoudre ne parait pas de nature a y repandre beau- coup de clarte. Par exemple, elle se declare , on ne pent plus franchement, pour les liberies de lEglise gallicane , j)ar res- pect pour X inJallUbilile des papes, inspires par V Esprit Saint dans toutes les chases relatives ei la religion (i). Ailleurs ( tome VI , p. 36c et suivautes ) elle renouvelle les predictions sur la fin du monde, et voici son raisonnement : Le Crealeur n'a rien fait en vain; ainsi le monde nejinira, que lorsque le globe sera connu..., et lorsque Xhomme aura acquis toutes les con- naissances et toute I'ijidustrie que son intelligence et I'expe- rience peuvent lui donner. Depuis I'invention de rimprimerie , il avancea pas de ge.^.nt... Les progres de la navigation ontfait faire d'immenses dccouvertes; nous avons acquis un nombre prodigieux de plantes nouvelles, denictauxet demi-metaux... II reste nioins de choses a decouvrir qu'on u'en a decouvert et perfectionne depuis cent ans... Dans un siecle et dcmi on deux siecles au plus, tout sera connu, tout sera su. « Quant a la mo- I'ale, elle a eu le dernier degte de perfection, quaiidl'Evangile a ete preche; mais les vices et les passions, en produisant une corruption presque generale, ont rempli I'Europe d'erreurs et de principes faux et contradictoires; aujourd'hui, tout est con- fondu dans la morale, et, par une consequence necessaire , tout le sera dans les gouvernemens; un desordre universe! dans ce genre sera le resultat du philosophisme. Tour ix tour, ranarchie, les revolutions, les guerres civiles et exterieures bouleverseront I'Europe; mais les monumens des arts et des sciences, les artistes et les savans, les bibliolheques immenses (i) Ce!a est incroyable, mais on peut le voii-, t. vii , ji. i34 , i35 et i36. Voila de quoi refuter le poete qui s'etait permis de faire de- M^'de Geiilis une ?Jcra dc rci/^isc. 65* LITTERATURE. ctablics daus toiUos les villcs, coiiservcront Ic Jej)6t des con- iiaissances hiimaines; apres avoir soiiffert tons les maux qn'en- frainerU dcs passions extravaL;aiites et Timpiele, le bien naitra du nial, I'esprit fatii^nc- s'aucantira dans le besoin du repos ; on piolitcra enfin dus lecons dc I'experience qn'on a jusqu'ici repoussecs; on reviendra a la raison , a la religion ; on rcnon- cera a de fiinestes prcjuges qui existent depuis si long - tems ; les gouvernemens n'auront plus Vodieuse immoralite d'elablir des loteries, et d'inf;imes impots sur les maisons de jeu ct les lieux de debanche; les duels et les guerres offensives feront horreur; alors, on verra reuaitre le plus brillant ;ige d'or : ce sera celui d'uiie ])arfaite civilisation; le nionde assez vieuxpour se coiivertir , sera ainsi prepare a rendre le compte universe! ; c'est a cette epoque memorable que, toutes les destinees de rhomme etant accomplies , toutes ses facultes ayant ete mises en oeuvre, tous les tresors de la nature et de la creation etant connus, le terns finira et se perdra dans reternite. Je crois que cinq ou six cents ans suffisent pour operor toutes ces choses. » Nous voila bien avertis de ne pas etendre nos esperances terrestres au-delade quelques six cents ans. II reste de la marge encore. L'Eiirope fut pleine, il y a cinq siecles, de gens qui donnerent leurs bieiis aux moines, adventante mundi vespero : maintcnaiit, ces predictions avaient perdu leur credit. Si rien pouvait le leur rendre , ce serait la politesse de M""' de Genlis ; ou n'a jamais annonce le JugementUniversel avec une telle obli- geance. Nous sommes trop savans pour que le monde dure; voila qui est bien flatteur. Nous seron.t raisonnables elpieux; il n'y aura plus de loteries, plus d'impots sur les maisons dejeu, plus de duels et plus de guerres; doncle monde finira, apres s'etre convcrti danssa vielUesse. Ceci, quoique edifiant,peut donncr quelqnc scrupule. L'esprit humain est en marche, nous le savions , on nous I'avait dit; mais , htlas ! ou marche-t-il ? a la destruction de I'univers. Chaque decouverte que nous ferons sera done un coup mortel portc d'avance a notre posterite, dont elle halira fa fin procliaine. C'est ufic idee affligcante. N'im- LITTER ATURE. (55? porte; ils seront bien heureux ccux qui viendrout dans cet age d'or oi\ Ton saura tout! 3' avs'is cm jusqu'a present que nous savions si peu de chose I • jvime dg Genlis parait bien convaincue de la certitude de sa prediction; elle y revient, deux volumes plus loin , avee toute confiance: mais je dois a la verile de dire que c'est la seule prophetic qu'on trouve dans ses Memoires. Ce qu'on y ren- contre le plus abondammcnt, apres toutefois les causcries de societe, de famille, on moine de menage, c'est la critique des auteurs et celle de leurs ecrits. J'ai fait connailre, a mesure que I'occasion s'en est presentee, un assez grand nombre de ses jugemens; et je m'empresse d'avertir que ce ne sont pas les meilleurs qu'on put tirer de son livre. Parmi ceux dent je n'ai point parle, plusieurs sont justes , bien penses, exprimes avee moderation et mesure ;beaucoup meparaissent etre absoiument tout lecontraire; quelqucs-uns n'ont pas du tout le mcritc de la nouveaute. Telle est , au second volume , une critique de Melanie , tres-ingenieuse, tres-piquante, mais qui frapperait davantage, si les Memoires de Palissot n'avaient pas devance ceuxde M°"=de Genlis. Ce qu'elle dit, ( t. viii ) pour justifier Caveirac, indignement accuse d'avoir fait I'apologie dela Saint- Barthelemi, est aussi tire de Palissot (i), qui I'a tire dc Saba- tier(2), qui I'avait tire de Linguet (3). Sabatier n'ajoute rien a Linguet; mais Palissot ajoute a Sabatier : il denonce le medecin Naude, qui ecrivait sous le ministere de Mazarin, commc le veritable apologiste de la Saint-Barthelemi, et il denonce les philosophes qui n'ont pas denonce Naude, par menagement, dit-il, pour cet ecrivain un des precursears de leurs doctrines incendiaires (4). Or, M^ede Genlis repcte encore tout ccla. Ce (l) Tome I'"'' des Memoires pour servir a Vhistoire Je notre litieratiire, et t. IV de la Collection des ccuvres de Palissot. (a) Les trois siecles de la litteratiire , tome premier. (3) Reponse aiix docteiirs modernes. (4) N'eft-il pas plus simple de croire que , s'il n'ont point accuse Naude , c'est qu'ils ne I'ont jamais hi ? Le veritable litre de son livre est : Considerations politiqiies stir les coups d'etat. 654 LITTERATURE. qu'on lit h la fin de son livre, siu- les lilogcs publics chez les pcuples clel'antiqiiite, et sih- I'oraisoti funebrc, clans nos litte- ratures niodernes , n'cst pas moins evidemment un extrait fort superficiel de VEssac sur les eloges , dont quelqiies pages plus hauf, elle a fort maltraite I'auteur : mieiix aiirait vaiu le citor. Eu revaiiclie, Mmcde Genlis, qui aime beaucoup la lecture, ne lit pas un livre uouveau, sans en tirerquelque citation dont elle nous gratifie. Ici nous avons trois pages d\me petite bro- chure de M. Ficvee, ou nnus devons admirer une grnnde siipe- riorite de talent et d'e.iprit ( tome vi, p. SSg et suivantes) : li, onze pages d'une Lettre de Galltts, parM. le chevalier d'Hcr- mensen , omTage le plus rnonarchique et le plus catholique qu'on puisse lire, ( t. vii, p. ia4 ct suiv. ) : ailieurs, 8 ou 9 pages d'w/z petit Hire excellent, les Maxlmes de M. de Lingre ( t. vii, p. 1 53 ) : puis , 4 pages d'un article insere dans le Mercure royal, par M. de Verdolle ( t. vii, p. 2o5 ) : puis encore , 6 pa- ges d'un discours prononce par M. Boisbertrand a la Societe des Bonnes-Lettres, et imprime dans les Annates de la littera- ture et des arts ( t. vii, p. 217 ). Le volume suivant commence par des extraits de M. Valery, aufour des Etudes morales, po- litiques et littcraires : c'est seulement a la page 16 que IVI'"'^ de Genlis termine a regret ses citations ; et a la page 4^, on lit : « Mon ami, le docteur Alibert, m'a envoye son dernier ou- vrage qui a }^Q\.\r Mre: Physiologic des passions;... et voila encore neuf pages de faites pour les Me moires sur la revolution et le i8« siecle. C'est trailer lestemcnt le public, et peut-otre ses souscriptcurs. II me resterait maintenant a considerer I'ouvrage dans son ensemble, s'il y avait dans cet ouvrage un ensemble et un plan. Malheureusement, il n'en est pas ainsi. M""^ de Genlis Tavoue, et elle s'en felicite. « Souvent, dit-elle (i), j'ecris ces memoires sans aucun ordre et sans suite methodique; mais il; n'en plairont (jue mleux aux gens qui aiment le naturel ct la verite. » A la bonne heure! mais je dois avertir qn'au milieu do (r)T. VI, p. 61. LITTER ATURE. G55 cedesordre, des redites continiicUes, dii manque de dates etde transitions, il est bien difficile de se reconnaitre, plus difficile de se retrouver, dans les zig-zag perpetuels de cette immense causerie en kuit tomes i/i-8'\ Le style est, comme tout le reste , fort inegal. Vous rcncon- trez des pages charmantes, et tres-purementecrites, ou le gout le plus exigeant ne trouverait a rcprendre qu'un peu d'unifor- mite, et n'aurait a desirer qu'un peu plus dc feu et de coloris. Vous en renconlrez d'autres ecrites avec une negligence incon- cevable, et on les fautes merae sont frequentes. Quand on a recu publiquement (i) I'eloge d'avoir ntteint le plus haul degre de la perfection du style, et qu'on ajoute soi-meme, que cet eloge n'a pas cte conteste (2) ; quand on affiche un dedain su- perbe pour rclocution des plus grands maitres en I'artde bien dire; quand on voit, menie dans Rousseau, beaucoup de fau- tes de langnge (3), on devrait se garder d'ecrire (4) : « Toutes les precautions qui peuvenl eviter a sa veuve les desagremens des scelies , etc. ; » car eviter est im verbe actifh un seul regime, et eviter a, pour epargner a , est nnejaute positive de langage , quoiqu'en dise le Dictionnaire univcrsel de M. Boiste. II fau- drait eviter avec soin les expressions tres-impropres; nc pas LITTERATURE. d'lin poi-nie en vers. » T. vi , p. i33. « Le merite et les talens de cetle inslitutrice merite nt ^ etc., » mcme volume, p. 22. Quand on qualiGe de galimatias et de barbouillage les fautes des ecrivains les plus chatios, il serait prudent de ne pas se permettre des phrases comme celle-ci : « Mantes dont I'excel- lent air, la tranquillite parfaite, et les personnes qui m'entou- raient convenaient si bien a mon coeur. « T. vii, p. 359, etc. On feraitmeme sagementde ne pas tropmultiplier les construc- tions plus qu'irrcyulieres et les tours aniphibologiques, tels que : « on donna promptement, apres la premiere , une seconde edition de Palmyre. » T. vi , p. 33o : « Je ne le connaissais point du tout (M. de Chateaubriand) lorsqu'tV m'envoya, quand il parut, le Genie du Christianisme , etc. » T. v, p. 344- "■ Son troisieme article ( de M. de Ronald ), est une belle critique de la tragedie des Templiers, la seule on selon moi, il y ait eu a lafoisdujugementjde I'csprit, etd. T. v, p. 166. II y a ici un compliment; mais pour qui? II faut, avant de repondre, oter I'eqnivoque de Tarticle la ; car, si ce doutcux article se rapporte a la tragedie, la seule oil ily ait eu a lafois du jugement et de (esprit, c'est a M. Raynouard que remonte la louange; et, au contraire, elle retourne a M. de Bonald , si Varticle se rapporte a sa critique, la seule oil il y ait eu tout cela. L'^quivoque, fort legere, est purement grammaticale, j'en conviens; mais, par cette raison meme, il etait bon de la relever. Ces obser- vations de detail que nos critiques negligent, je ne dirai pas pourquoi, pourraient seules conserver au moins la syutaxe . d'une langue qui se corrompt et se perd. Que conclure de tout ce qui precede ? Qu'il ne fautchercher , dans le dernier ouvrage de M^-^ de Genlis, presque rien de ce que promet son litre, et que cet ouvrage, on plutot ce rccueil , fort inegal, est surtoutdemesurementlong. On pourrait, sur los huitvolumes, en retrancher a pen pres six : ce serait sauver les deux autres; car, le monde diit-il 6nir, comme le predit i'au- teur , dans quelque cinq ou six siecles , je craindrais qu'il n'eut encore le terns d'onblier une grande partie de ces Memoires. Ce qu'il y a de bien certain, c'est qu'on les qnittera sans peine LITTERATURE. GS? jioiir rcliie, oii les jolics pieces dii Theatre d'education, on la charmante nouvelle cle Mademoiselle de Clermont , on enfin Madame de La Valliere qui lit pleurer le Consul, comme il I'ap- pritjui-memea Fontanes, qui I'a dit a M"'<'de Bon, quil'ecrivit a M"« de Genlis. V. L. Chefs-d'OEuvre des Theatkes etkangers, allemand, anglais, chinois, danois^ espagnol, hollandais ^ in- dien, italien , polonais , portugais ^ russe, suedois, etc.; traduits en francais ^ par ime Sociele de gens de left res (i). SECOND ARTICLE. — Theatre francals. (Voy. ci-dessus, p. Sjg-SgS.) Les critiques difficiles qui, apres deux siecles de gloire lit- teraire, se sont avises de contester a la France la propriete de son theatre , out oublie que cette propriete peut s'acquerir de deux manieres, et que le choix de sujets tires de I'histoire particuliere d'un peuple , de ses traditions , de ses croyances , n'est pas le seul caracterc auquel on puisse reconnaitre qu'un theatre est national. Ce qui fait qu'une nation est elle-meme, qu'elle se detache au milieu des autres, c'est la qualite parti- culiere de son esprit, sa physionomie m,orale, son gout, I'etendue et la direction de ses facultes intellectnelles : voila proprement cc qui constitue un peuple considere coninie in- telligent et civilise. Si le thetUre d'un tel peuple porte I'em- preintc de son genie , de son gout; si, conforme a ses idees habituelles , il est dans la mesure de son intelligence, quelle que soit la forme, quels que soient les sujets qu'il affectionne, ce theatre sera national ; il sera la propriete de la nation , (i) Paris, iSao-iSaS; Ladvocat, libraire, et Thoisniei-Desplaces, i5 volumes iii-8°; prix, i5o fr. T. xxxi. — Seplemhre 1826. 42 658 T^lTTtRiVTURE. parce qu'il aura <'te fait pour cllo, parce qu'il lui conviendra plus qu't\ tout autre, parce qu'il sera prccisemcut lo scul qui puisse lui plaire et qu'elie puissc admettrc. L'objection t'lrce du caraclere imitalif d'uue litterature ne m(; touclio cpie faibleuient. A bien c>;aniiner les choses, tout, en litterature, tourne daus un cercle pcrpetuel d'imitation. Si les premiers poetes, ecrivant sans niodeles, n'ont imite que la nature, leurs ouvrages sont devenus des objets d'imitation pour les nations qui leur ont succede. La raison en est simple. Outre que le genie s'electrise par le contact du genie, la per- fection dans les arts resulte de certaines lois , de certains precedes , qui , une fois decouverts, n'ont pas du ensuite etre negliges , parce qu'ils etaient I'expression certaine de la verite. II en est d'ailleurs de la litterature comme de tonics les connaissances hnmaines ; ce sont les travaux anterieurs qui servent de flambeau pour des investigations nouvelles. Avant de s'ouvrir une route non encore frayee, le genie se fortifie de I'cxperience des devanciers ; et Ton pent dire avec exactitude que c'est toujours an moyen de riiiiitation que Ton arrive a la creation. Pour ne parler que des comj)Osilions lit- teraires , les seules dont il soit question dans ce mon)ent, qui pent douter que la Jerusalem delivrce , le I'anidis jcrdu, les Lusiades , XEnfer , le Roland fuj-ieux , nous d irons meme le Messie , ne soient des emanations plus on moins eloignees I'e Xlliade et de XEneide? Le genie le plus independant, meme alors qu'il dedaigne de suivre les modelcs , les etudie encore; et c'est en interrogcant leur route qu'il apj)rend a s'en ecarter. Il ne faut done point s'etonner si tous les theatres modernes ont plus on moins emprunte des auciens; les poetes qui ont fonde ces theatres pouvaieut-ils empecher qu'il exislat avant eux de nombreux chefs-d'oeuvre , que ces chefs-d'aMivre scr- vi.ssent de base a Teducation publique et privee ? de ladmira- tipn a I'imitation , la consequence etait inevitable. Penetres des ouvrages antiques, les modernes ont du se modeler siu- eux. Mais ceux qui possedent veritablement le don de la poesie. LITTER ATURE. fiStj ne save lit pas se borner a des copies serviles; ils s'a[iproprieiU ce qii'ils imiteiit: ils creent en iriiitanl. lis font plus : le besoin rit de libertt", inscnsibles aiix perils plus reels qui nieiiacenl a la fois les peiiples et les rois; 11 nous presenterait , en regard, Ic geant du Nord, grandis- sanl.dc jour en jour, etendant deja sur !e Midi son bias redou- table : il exhorterait les nations el les monarques a deposer leurs vieilles qnerelles, a s'linir pour conjurer la ruine com- mune : telle est la marche que le simple apercu du sujet peut suggerer a tout le monde. Eile est irreprochable aux yeux de la raison; niais vous n'y rcconnaissez point la main du poete. L'aiiteur eiit-il mcme execute uu tel plan en beaux \ crs,il n'au- rait fait encore qu'une ceuvre de prosateur. Voulez-vous main- nant connaitre comment s'y prend un poete? Ecoutez ces acccns sauvages; c'est le chant du Baibare, qui, des bords du Tana'is, menace cette Europe, qu'il regarde deja comme sa proie, devore en esperance nos lichesses et les fruits de notre industrie, et, s'enivrant dtja de sang et de carnage, excite son coiirsier, feroce comme lui, a fouler aux pieds les lois, les arts et la civilisation europeenne. C'est ainsi qu'il vous frappe de terreur , qu'il vous met en face du danger, et qu'il vous force a le contenipler dans tout ce qu'il a d'horrible. Meme artifice dans Psara, ou le Chant de vtctotre des Otto- mans. Ce sont des hurlemens de fureur, c'est la sanguinaire exultation des exterminaleurs de Chios el de Psara, rcproduils avec la plus effrayante energie. Quel dedain dans ce refrain desBarbares, que rauteiir nous a fait entendre six fois : Les rois chretieiis nc la vengeront pas! C'est le reproche le plus terrible peut-etre qu'ait fait relenlir aToreilledes puissans de la terre rhumanit*; outragec. Mais la scene a change : nous voici dans un riant paysage. Des groupes de jeunes garcons et de jeunes filies folatrent sui- le gazon avec la securite de I'innocence : tranquilles sur la foi d'nn ciel pur, i!s dansent gaiement aux chansons. Cependant, dans le lointain , vous entrevoyez I'orage qui se forme et les eclairs qui commcncent a sillnnner la nue. Rien de plus gra- 672 MTTTfiRATDRE. cieux, lion ilo plus loucliant que cette scene allegoiiquc: c'ost iin tableau du Guide on de I'Albane. Qiiclqncfois, une opposition hafjilenient amcnce vient ajou- ter a reffetde la composition. Promenons-nous un instant dans cette campagnc, eclairce par un soleil pnr ct doux : la, desvil- lageois, heureux dans leur pauvrete, dansent au son dc la musette. Regardez un pen plus loin : quel est cc pale fantome qui apparait entreces barrcaux,au milieu de cent ballebardcs ? C'estle vieux tyran de Plessis - les - Tours, qui s'avance, le chagrin sur le front, le soupcon et I'effroi dans le coeur. II vient essayer de sourire aux cbals des joyeux paysans : mais leur gaite le desespere ; ilfidt avec sonfavori. Cette peinture, cc contraste, ne rappellent-ils pas le fameux tableau du Pou- sin, avec plusde profondeur encore dans la pensee et une plus haute moralite dans la le9on ? Dans Octane , M. Beranger a fait du contraste un usage ega- lenicntheureux. Dejeunes Romains,le front couronne de fleurs, chanteiit leurs plaisirs et appellenta d'innocentes voluptes la ])eaute que I'ambition condamneasubir les caresses de Tibere. Dans cette piece, M. Beranger a su entremeler I'energie de Juvenal a la grace d'Anacreon. C'etait encore up sujet eminemment dramatique que celui du Cinq Mai. Un guerrier, dont la main puissante ebranla le monde, expire abandonne sur un roc, a cinq mille lieues de son pays, de son epouse ct de son fils. Quoi de plus touchant, quoi dc plus profondenient moral que cette opposition entre ce qu'orit de plus cblouissant la prosperite et le genie, et cc que I'adversite a de plus amer ! L'ecueil d'un pared sujet etait la declamation ct Tabus des lieux communs. Mais ce n'est pas avec M. Beranger qu'un tel abus est a craindre. Voici le drame qu'il a concu. Aprcs la double invasion denotre territoire, un soldatfran- ^ais s'est exile dans I'lnde. Cinq aus ecoules, il cede au bcsoin de revoir son pays. II monle sur un navire espagnol et reprend le chemin de I'Europe. Pendant la traversee, il sourit d'a- vance a la patrie qu'il va revoir, a la famille qu'il va relrou-' LITTERATURE. 673 ver, an tils bien-aime dont la main fermera ses yeux. Cepen- dant, le pilote a nomooe Sainte-Helene : un drapeau noir est suf la live.i. A cette vue, les yeux du vieux guerrier se rem- plissent de larmes, et d'une voix eteinte , il repete encore ce refrain, qui renferme le siijet tout entier : Pauvre soldat, je reverrai la France ; La main d'un fils me fermera les yeux... Get art de faire ressortir , sans paraitre y songer, et par la seule maniere de disposer son tableau, la pensee dominante d'un sujet, est I'un des secrets du talent : les exemples en sont nombreux chez M. Beranger. Si les bornes de cet article nouslepermettaient, nous nous ferions un grand plaisir d'analyser aussi quelques-unes de ses chansons satyriques. Ce genre, on le sait, est un de ceux dans lesquels excelle notre auteur. Toutes sont etincelantes d'csprit et de gaite; plusieurs sont des raodeles de composition poetique. On peutreconnaxtre, d'apres tout ce que nous venonsdedire, que parmi les qualites qui distinguent le talent de M. Beran- ger, on doit surtout compter laraison qui preside a ses con- ceptions lyriques : non cette raison froide et methodique, qui marclie u pas comptes et ne s'ecarte jamais de la ligne droite ; mais cette raison creatrice et feconde qui discerne le vrai et le faux , qui devine les convenances, presse les effets, dispose les moyens, et revelc secretement an talent qu'elle inspire les formes les plus heureuses dont sa pensee puisse se revetir. C'est un grand exemple offert a quelques-uns de nos jeunes ecrivains , qui, sur la foi du vers de Boileau , se croient trop souvent dispenses d'avoir le sens commun en poesie, et sem- blent chercher le desordre avec autant de soin qu'il en faudrait raettre a I'eviter. II nous reste a parler du style de M. Beranger. Ce n'est pas la partie la moins brillante de ses ouvrages. On y trouve reu- nis la correction et la verve, le gout et I'imagination , la vi- gueur et la grace; point de maniere, point de vague, pOint de T. XXXI. — Septcmhre i8a6. 43 674 LITTI?RATURE. faux brillans; partout une expression franche , ferme, heureu- sement figuree. A ces qualitos, deja si rares, M. Beranger joint line qiialite plus rare encore; 11 sail varicr son style : U sait prendre tous les tons , dcpiiis la gaite bouffonnc et maligne du Marquis cle Carabas ou de la Marquise dc Prctintaille , jns- qu'a I'elevation majcstueusc des Enfansdc la France cX. de quel- ques strophes du Dieu des bonnes gens; depuis la mollesse anacreontique de la Bonne Vieille ^ de VOrage , des Deux Soeurs de charite, jusqu'a lapre et severe cnergie de Psara et du Chant du Cosaque. C'est surtoul en parlant de la tyrannic que M. Beranger a porte an plus haut degre leioquence de I'mdignalion. On pourrait dire de lui, comme de Tacite : Quand il peint les ty- rans , ils sont deja punis. Dans Octavie , le poetesemble avoir emprunte le pinceau de Juvenal pour peindre les amovirs lion- teux de Tibere. Tout ee que le degout, le mepris et Tindigna- tion reunis peuvent inspircr d'amer et de sanglant, se trouve dans ses vers qui paraissent une vengeance terrible dc la pos- terife. Au milieu de nos sinceres eloges, la critique ne doit pas perdre ses droits. Nous nereprocherons point a M. Beranger quelquesinadvertances de prosodie eparses dans deux volumes de vers excellens. C'est a lui, mieux qu'a nous, dejuger, par exemple, s'il n'y a pas une syllabe de trop dans ce vers : Aniions soudain deux millions de soldats. II y aurait de l.i pedantcrie a insister sur des negligences si le- geres et si faciles a faire disparaitre. Mais nous adresserons a notre poete un reproche plus grave. La clarte est le premier merite d'un ouvrage de poesie, et siu'tout de poesie lyriqiie ; et le style de M. Beranger manque parfois de clarte. A force de chercher la precision, il lui arrive dc toniber dans I'obscu- rite : ses vers, si fermes, si brillans , ne sont pas toujours exempts de quelque contrainlc. Ici, c'est une metaphore qui n'est point preparee, et qui deconcerte I'esprit au lieu dele frapper : J LITTfiRATURE. 675 Si le Dieu qui vous aime A voulu nous punir, Pour V0U5 sa main resseme Les champs de Vavenir... La,c'estune allusion que I'mtelligence ne pent saisir, sans un retour de reflexion : Trahi deux fois, ce grand homme a su vivre : Mais quels serpens enveloppent ses pas? De tout laurier un poison est Vessence. Ailleurs , c'est une pensee qui , faute de developpement , semble manquer de justesse: Vierges, I'outrage ajoute a vos appas... Peut-etre, SOUS ce rapport, reste-t-il un progres a faire h M. Beranger. Quel que soit, au reste, le merite de nos observa- tions critiques , son talent n'en reste pas moins en premiere ligne parmi les talens de notre epoquc. Nous dirons plus : nous pensonsqu'il a, surses contemporains les plus distingucs , I'a- yantage de posseder un talent complet. Plusieurs de nos jeunes poetes offrent des parties aussi brillantes; mais cet ensemble de qualites diverses, qui seul donne aux ouvrages toute leur perfection, cet accord si rare de Yinvention qui cree , du juge- ment qui choisit et dispose , de V imagination qui colore, et du g^OMf qui epure et assortit les couleurs, voila ce qui leur reste encore a acquerir; voila ce que nous trouvons chez M. Be- ranger. Berville. Til. BULLETIN BIBLIOGKAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS(i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. 247. — * Sampson's discourse, and correspondence with various learned jurists, etc. — Discours de Sampson , et corres- pondance de ce jurisconsulte avec plusieurs autres savans, au sujet de I'blstoire des lois ; essais, traites et documens sur la meine maliere, recueillis par Pishey Thompson. Washington, 1825. In-8" de 202 p. Ce fut en 1 823 que M. Sampson prononca, dans une seance de la Soclcte liistorique de New-York, le discours ini])rime dans ce recueil. L'edileur y a reuni plusieurs ocrits relatifs au meme objet, mais entre lesquels II n'existe ])oint d'autre liaison que celle qui pent resulter de cetic conforniite dans les matieres 'qu'ils traitent. Le livre est dedle aux deux chambres du 19® congres, cbargees, dit I'editenr, de defendre les interets , d'augmentcr le bien-etre , de pourvoir aux besoins , de remplir les vosux de tout le peuple de I' Union. Heiireux le pays oil les jurisconsultes sont cclaires par la vraie pliilosophie, guides dans leiirs recherches par la connnlssance de riiomme, le res- pect de ses droits, le dosir de !e rendre lieureux sous des lois dignes de ce nom ! C'est aux Elats-Unis que la reforrae des codes eprouveralt le inoins d'obstatles, et serait plus pres de la perfection ; rien n'cmpecherait que Ton y appliquat toutes les verites connues. Cepcndant, ce rie sera peut-etre pasl'etat republicain qui prendra I'iniliative de ce grand acte de raison; I'Angleterre serable disposee a le devancer. En Amerique, on ne connait encore que deux Etats dont les gouverneurs aicnt propose a la legislature de proceder a la redaction d'un nou- veau code ; et jusqu'a present, on ignore si cette proposition (i) Nous iudiquons par un asterisquc (*) , jilaoc a c6te du litre de cliaque onVTage, ceux des livres ctrangers ou francais qui paraitrout digues d'lioe atten- tion particuliere , et nons en rendrons quclqiiefois compte daus la section des Analyses. I LivREs Strangers.— ETATS-UNis. 677 est adoptee. L'Angleterre et TAinerique Iravaillent en ce mo- ment pour I'instruction des juiisconsultes de tons les pays ; c'est dans CCS deux contrees que la science fait des progres reels, et les ouvrages tels que celui que M. Thompson a public, s'ils ne peuvent conlribuer beaucoup a ces progres hors du pays ou i!s furenl ecrits , rOpandront neaiimoins quelques luniieres jusques dans les lieux les moins disposes a se laisser cciaircr. F. Ouvrages periodiques. 248. — * The North American Rewiew , etc. — Revoe Nord- Americaine, n" 52. Boston, 1826. In-8°. Ce cahier de la Revue Nord-Americaine \ient au secours de la Revue Encyclopediqne , et trace un de ces tableaux dont nous nous attachons a former une collection. On y voil avec le plus grand interet ce que les Iravaux des savans aniericains ont ajoule aux sciences naturelles.A la seance du mois de fevrier 1826, M. James Deray en a fait le resume, avec beaucoup d'ordre et de clarte : nous mettrons ce resume sous les yeux de nos lecteurs, avec des observations sur les travaux correspoh- dans de nos savans eiiropeens. Mais , nous lisons , dans le meme article de la Revue Nord-Americaine, quelques particularites sur la situation biblio^raphique des Elats-Unis , qui meritent aussi notre attention. .. Un des grands obstacles au progres des sciences dans ce pays, c'est qu'on y manque de livres, de ca- binets, et en general de moyens matcriels d'instruction. New- York , dont la population est de 170,000 habitans, a 10 bibhotheques publlques ou I'on couiple 4/',, 000 volumes; pour line population de 70,000 habitans, Baltimore posscde 4 biblio- Iheques et 3o,ooo volumes; Philadelphie offre a ses 160,000 citoyens ly bibliolheques et 60,000 volumes; Boston en a i3 et 55,000 volumes, pour 60,000 habitans... Mais on s'empresse de loutes parts de completer les moyens d'instruction; les bibliotheqiies de Boston vont recevoir des augmentations con- siderables; les collections mineralogiques s'aceroissent egale- ment; un cabinet d'anatomie comjiaree va s'elever a portee des autres etablisserncns j)our les sciences. Parmi les institu- tions qui les propageront avec le plus de succes, VAlhenee de cette villa est sans contredit au premier rang. Lorsque ses administraleurs auront termine I'execulion des j)rojels ancles par le conseii, la bibliolheque de cet etablisseinent sera la plus riche qu'il y ait en Amerique. » Une seule famiUe ( celle de MM. Perkins ) a contribuc de 36,ooo dollars ( 180,000 fr.), pour doter celte institution, et la pourvoir do lout ce qui pcut 678 LivRES Strangers. assurer le succes de I'enseignement. Dans un pays ou le zele dcs citoyens suffirait i)Our repandre partout les lumicros de I'instruction, les universites paraissent peu necessaires : il y en a une poiirtant, a Boston; elle est florissante, et ne reste en arriere sur aucune des parlies de I'enseignement qui lui est confie. La science pcnelre partout; toutes les voies lui sont ouvertes el personne ne sc plaint qu'elle devienne trop com- mune. F. 249. — Le Propagateur , journal Francais-Americain. — New- York, 1826. Maiden - lane , n** 20. Ed. Louvet, edileur. In - 4° de 8 pages ou 24 colonnes, petit texle, parait tous les samedis. Prix, 18 fr. pour six raois; 32 fr. pour I'annee. On souscrit aussia Paris, cliez Ponthieu, libraire, au Palais-Royal. On peut s'adresser pour Ics depots d'ouvrages francais a en- voyer au Propagateur , ou pour les echanges de journaux francais a faire avec lui, a M. Isidore Lebrun, rue Coq - He- ron, n° I , a Paris. Plusieurs journaux francais avaient etc fondes a New -York et a Philadelphie;niais ils n'avaient pu se soutenir au-dela du deuxieme trimestre. L'un d'eux paraissait, en 1823 , sous I'in- fluence d'un ambassadeur; mais , dans i'Union , de pareils moyens de succes sont repousses par Topinion. La raauvaise redaction des autres a sans doute cause lour chute , que Ton a eu tort d'attribuer a I'indifference des Americains pour la lan- gue francaise. Les Americains savent que la France est, pour ainsi dire, la terre classique de la litterature et des beaux-arts : ils sentent Ic besoin de les cultiver ; et cette elude va etendre et fortifier les relations de plus en plus actives que les deux nations en- tretiennent par le commerce. New-York possede , depuis huit mois , un opera ilalien que dirige avec beaucoup de succes M.Garcia : cette ville jouit aussi de rexpositiou du tableau du sacre de Napoleon par Daviu el d'un panorama d'Alhenes. La litterature francaise fait une partie essentielledereducation de la jeunesse americaine; et la langue francaise qui continue d'etre celle de la Louisiane et dn Canada , est un besoirl dans les ports tels que New-York , Boston, etc. Aussi le francais est la langue parlee dans I'ecole de haul cnseignenient que di- rigent les freres Pcngt)et, a Mont-Vernon, a quatre milles de New-York. Nous avons annoncti dans l'un de nos derniers caliiers( voy. Rev. Enc, t xxix, p. i33 ) un nouveau journal francais public a New-York. Plus heureux que ses devanciers, le Rcrciln obtenu dcs son debtit un asscz bon nombrc d'abonnes , qui depuis s'est liT ATS -UNIS. — CANADA. 679 acciu. Le choix des articles qu'il a einpruntes aux lecueils et iiu\ jourtiaux francais, offrait sans douie de I'intert't a ses lec- tetns , et nous ne pounions nous pjalndre qu'il ait mis souvent nctre Rei'ue a conliibulion, s'il avail toujoiirs avoue les ein- prunls qu'il lui faisait. Mais le Heveil laissalt desirer un meil- leur plan, un arrangement des matieres plus melliodique, enfJn, une jilus grande variete. L'editeur M. Edouard Louvet se propose d'adopter le ])lan que lui a propose son correspondant M. Isidore Lebrun. Le n° du /J£''m/,du 2/| juin dernier, annonce quece journal va prendre, le premier juilief, le litre de Propaga- ieur, et qu'il conlinuera a trailerde la litterature, de lapolilique, de Virtflustrie , des sciences et des beaux-arts. Mais il contien- dra, en outie, des extrails des jotirnaux de I'Union en parti- culier , el de I'Amerique en general. On ne recoil en France et en Angleterre qu'un petit nombre de ces journaux, les plu^ estlmes, il esl vrai; mais on en public plus de einq cents dans les Elats-Unis. Le Propagateur fidele a son li(re de francais- aincricain , saura faire , nous I'esperons, ui\ excellent choix parmi ces feuilles inconnnes en Europe. II nous ])rocurera ainsi des details inleressans sur les moeurs et I'administration, des renseigneniens precieux au commerce el a I'industrie , des in- dications uliles aux sciences el aux lellres E. N. CANADA. aSo. ■ — * Jn Essay on the juridical history of France , etc. — Essai sur I'histoire de la jurisprudence francaise consideree par rapport aux lois de la province de Bas-Canada ; discours prononce dans Tassemblce speciale de la Societe liltcraire el historique cle Quebec, le 3i mai iSa/i , par M.-J. Skwell, pre- sident du tribunal du Bas Canada. Quebec, 1824; iini)rinierie de Th. Gary. In- 8" d'une feuille. Le premier magistrat d'une province autrefois francaise, et soumise depuis long- toins au gouvernement anglais, croit devoir puiser dans I'liistoire de notre nation une con:ia:ssanoe plus a|)i)rofondie des lois qui regissent encore les peuples de sa juridictioii.il remonte a I'origine de la monarchic francaise, el suit avecexacliliide lesprogres ou les diverses modifications de notre jurisprudence, en Europe et dans nos colonies en Americjue. II ne se borne point a consulter les auleurs fran- cais; il conipare ieurs narrations el leurs doctrines a celles des historiens et des jurisconsultes anglais. Apres avoir trace les traits principaux del'imniense variete d'objels renfermes dans son tableau, M. Sewell passe aux moyens de rei)ainlrc dans le Bar.-Canada plus de connaissanccs des lois, en rendani cclle <>8o LIVRES fiTRANGERS. ^lude plus facile. « L'experience de tous les pays et de tousles terns a fait voir que les elemens de cetle science sont inieux enseignes dans un cours public, mieux compriset retenusplus siirement qu'ils ne peuvent I'etre par aucun autre nioyen. Le professeur guide scs elevcs dans des recherches toujours ari- des, souvent embarrassantes ; 11 abrege leur travail, et lerend plus fructueux. Ici , I'etude des lois n'a point ces ressources et ces encouragemens; I'etudiant travaille seul, se dirige au ha- sard dans le labyrinlhe des fails, des lois, des ordonnances; il quitte le plus tot qu'ille peut ce travail rebutant, et n'acquiert point, memepar I'exercice des foncllonsjudiciaires, I'instruc- lion dont il devrait etre pourvu, des son entree au baneau. » L'orateur propose a la Socirte litteraire et historiquc d'etablir un cours public pour les eludians en droit. « J'espere, dlt-il , que sous les auspices et par I'influence de la Societe, la legis- lation ne sera pas privee plus long-tenis de I'institution qu'elle reclame ; qu'elle obtiendra I'honneur d'etre enseignee comme une SCIENCE. — Et cetle science, si negligee jusqu'a present, est une des plus importantes pour le bonlieur des horaraes , et suivant I'energique expression de Burke, malgre tous ses de- fauts , ses redondances et ses erreurs , elle est le compose de la raison des siecles passes , la plus belle oeuvre de I' intelligence hurnaine. » 25i. — La liibliotkequecanadienne. Montreal, iSotS; impri- merie du journal, rue St-Lambert. Ii)-8° de 2 feuiJles. Ce jour- nal parait une fois par mois. Prix, 4 piastres par an, payables d'avancede 6 en 6 mois. Cette publication, dont un seul numero nous est parvenu , ( celui d'octobre 1825 ) nous fait retrouver des corapatriofes : noire langue , noire litterature, une P'rance , en un mot , trans- portee en Amerique, et qui a conserve dans le Nouveau-Monde son caractere national. Les etrangers en pensent, sans doiitc , le bien et le uial qu'ils disent des Francais d'Europe; nos cora- palrioles americains ne sont ni plus epargnes, ni moins goutes que nous-memes; iis subissent notre reputation; mais ils ne ressentent point nos calamites; puissent-ils en etre preserves a jamais ! leur felicltesera toujours I'objet de nos voeux, etpour nous-m^mes un motif de consolation et d'esperauce. Rien ne peut nous etre plus agrcable que d'entrelenir avec les Fran- cais d'Amcrique une correspondance litteraire : ils ont tant de chosesa nous apprendre sur leur pays, sur ses habitans, an- ciens et nouveaux ; sur les progres qu'ils ont fails , sur les cau- ses qui ont avance ou retarde Tinslruction, les arts et les autres elemens dc civilisation, etc. Cet exchange d'observations et de CANADA. — EUROPE. — GRArjDE - BRETAGNE. 68 1 pensees , Ires-profitable pour nous, ne sera pas non plus sans ulilite pour nos ancieus compatriotes : nous serons siiiceres avec eux; et gardiens fideles du dt-pot de noire langue com- mune, nous veillerons a ce qu'elle ne s'altere point en Ameri- que, afin que toutes nos ricliesses Jntellectuelles aient conslam- inent la meme valeur dans les deux mondes. Nous aurons soin que les sciences n'envolent au-dela de Tocean , que lours pro- ductions les plus precieuses, que les sources ou la jeunesse doit puiser soient bien indiquees , et que Ton ne soit point ex- pose a se troinper sur le choix si impoitanl des ouvrages des- tines a I'enseignement. Dans le nuniero de \a. Bibliothcque cana- dienne que nous avons entre les mains, noi:s Irouvons des observations grammalicales tres-jusles, et des fautes de gram- maire; nous y remarquors que sur lesbords du fleuve Saint- Laurent, la bolanique en est encore au point ou Charlevoix I'avait laissee ; que I'instruclion mineraloglque n'y a pas suivi la marche rapide de cette science en Europe. Nous y trouvons aussi de bons vers, des narrations agreables , et nous ne dou- tons point f|ue ce journal ne puisse occu])er quelque jour une place distinguee dans noire litleiature qui le reclame a bon droit. Que les rcdacteurs s'atlaclient surtout a la correction de la langue; que les descriptions scientifiques soient au niveau des conuaissances actuelles ; qu'un goiit severe proscrive tout ce qui est use, peu digne d'attention, obscur, vague, vide de pensees; en un mot, que la Biblintheque canadienne evite les fautes dans lesquelles tombent chaque jour certains journaux soi-disant litleraires , ])ublies a Paris: alors, il sera bien plus interessant pour nous de prendre un abonnement a Montreal que dans quelques bureaux de notre capitale. Y. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. aSa. — Anti-Slavery monthly reporter. — Rapport mensuel centre I'esclavage. N'"' 8-i3. Londres, 1826. Arcli., Cornhill. In-8<^ de 124 pages ( 7 j-196). 253. — Report of the debate. — Debats qui ont eu lieu dans la chambre des communes, en juin i8i5, sur la motion du D'' LusHiNGTON, concernant la deportation de MM. Lecesne el Escoffery , de la Jamaique , I'un et I'autre homines de cou- leur. Londres , 1826. In-8° de 19 pages. Noas avons recu de Londres la siiite de i'ii^teressant re- cueil, destine a combattre I'esclavage, et d'autres ecrils diri- ges vers le meme but, tels que le troisieme rapport de la 68a LIVUES ETRANGERS. Socicle qui , par la mitigation de i'dclarage , en prepare C abo- lition tU-Jiniti\-e. Lc rapport de la discussion a la cliainbre iles communes sur la jioiioncialion faitc par le docteiir LushiriL'ton conlre I'acle arbitraire par lequel deux liomnies de coulcur MM. Lecesne el Escoffcry out ('tc deporfos de la Jamaifpic, nous rapjielle les hoircurs contmises a la Martinlfiiie conlre des citoyeiis de couleur vexes, lourmenlos, dcportos, doni plusieurs ont suc- combti sous le poids des persecutions; car la tyrannic a par- lout les menies caractercs. Dans Ics details de cetle discussion , il est parle d'un Francais, nonime Villegraine, qui fut coii- vaincu de fanx tenioignage conlre les deux accuses. Le gouvernemcnt anglais a cru devoir etablir dans scs pos- sessions lointaines des cvcriucs anglicans, entr'autres a la Jamaique ct aiix Barbades. Leurs rapports concernant I'etal des esdaves el les nioyens de ranicliorer, paraissenl emprcints d'ignoraiice et de prejuges coloniaux. Celui de ia Jamaique croit qu'un moyen prcalable ])Our repandre (juehjues connais- saiices parnii les noirs serait d'etabllr de nouvelies eglises; ce qui nmenerait I'ctablissemcnt d'ecoles pour les instruire. On lui fait observer avec raison que, depuis cent cinquante ans , il y a des eglises a la Jaiiiaique, el que Ton n'y a jamais vu une seule ecole pour les enf'ans noirs. La tenacite des colons est presqu* partout la meme pour le maintien des abus et des horreurs de I'esclavage. La legislature de la Dominique a fall tous ses efforts pour etablir enlre toutes les lies occidentales une confederation , dont le but ctait de main- tenir I'usage du fouet dans toutc sa j)lenitude. Quelques-unes, com})osant avec la necessile des circonstances, souscrivent de mauvaibC grace a un petit nombre de modifications inefficaces. La colonic de la Trin'ulad est cellc qui justju'a present adojite- avec francliise les mesures preparatoires pro])osees par le gou- vernemcnt anglais. Grace a I'ascendant des propiielaires , pour la plupart noirs et sang meles libres, ils obtiennent une preponderance qui tempere ou neutralise la resistance des colons blancs. IJn ouvrage ircs-important, parmi ceux qui ont paru cette annee , est une edition nouvelle de celui qui a pour litre : Les colonies a esdaves, ou peinture de I'esclavage tracec par les colons cux-mcines. I,a sont groupes leurs aveux forces donl I'ensenible foi ine \ii\ tableau liidcux, fonde sur les leinoiguages irrt'cusablcs (its proprietaires. On j)cul tenir pour certain que la mardie progressive des GRANDE -BRETAGNE. 583 cveiiemens ainenera un nouvel oidre de choses diins Jes pos- sessions anglaises qui contiennent encore 83o mille osclaves. Le zele eciaire et courageux des oboliiionistes ne se ralentira point. Ceux qui , dans la cliambre des communes, avaient de- fendu la cause des Africains, ont ete la plupart reelus dans les elections qui viennent d'avoir lieu. Ainsi nous pouvons esperer que la cause de I'liumanite triomphera. — Puisque les blancs repugnent si fort a faire partager aux esclaves le bien- fait de la legislation anglaise, un moyen infaillible pour ob- tenir promptement le resultat desire "serait de souniettre les blancs au regime qui pese sur les esclaves. Sans blesser la cha- rite, on pourrait desirer que Ton en fit I'cssai. G. 254- — * Diccionnario de Hacienda para el uso dela supre- ma direccion de eU.a. — Dictionnaire des Finances, a I'usage de ceux qui sont charges de leur direction; par D.-Jose Can- CA Arguelles. i", i" et 3' cahiers. Londres, 1826; Calero. 3 vol. in-8° de 80 pages chaeun. 255. — * Elementos de la cienria de Hacienda. — Eicmens de la science des Finances; par le meme auteur. Londres, 1825 ; Calero. In-8° de 402 pages. Le Dictionnaire des Finances, premier ouvrage que Ton ait public en langue espagnole sur ce sujet, est de la plus haute importance pour tous ceux (jui s'occupent d'une maliere aiissi inlimement liee au bonheur public. La science des finances est enticremenl developpee dans cet ouvrage, ou les explications les plus delaillees, ainsi qu'une masse de faits pen connus, ct de renseignemens precieux, sont presentcs avcc clarte et con- cision. Get ouvrage offre a ceux qui se livrent a I'elude de cette partie de I'economie publique des tableaux des revenus, des depenses et des dettes de toutes les nations europcennes. On y voit un expose des ressources extraordinaires employees par les financiers espagnols, dans les cas d'urgence. En un mot, les rapports commerciaux de I'Espagne avec les nutres puis- sances, I'analyse des traites de commerce qui existent entre elles, la slatistique de la Peninsule et des contrees de FAine- rique qui furentses colonies, sont pre>entes avec une giande exactitude et appuyos dc notes, d'etats et de memoires qui n'ontpas encore etc publics. Parini ces renseignemens curieux, on peutciter le tableau suivant des tributs que le dcy d'Algcr se croit eu droit de lever annuellement sur ies puissances de TEurope; ce qui n'est pas sans inleiei .ians un moment oii eine a concevoir. On ne croira nuUe part , meine en Angle- terre, que le produit des fabriques anglaises surpasse de beau- coup celui du travail de tous les autrespeuples , ragriculture exceptee , et que parmi les nations les plus industrieuses , il n'en est aucune qui fabrique , tant pour sa consoinmation que pour son commerce, la deux centieine partie de ce que les manufactures de la Grande-Brelagne versent dans le com- merce exterieur , etc. Si , malheureusement pour I'Angleterre, I'auteur de I'article n'a\ait point depasse prodigieusement les bornes des exagerations permises , la crise qui se fait sentir au - dela de la Manche scrait le commencement de la plus funeste et de la plus inevitable catastrophe : la Grande-Bre- tagne devrait se hater de renoncer a ses machines , fermer ses ateliers et les laisser tomber en ruines , comme ses ab- bayes. Elle ne peut se dissimuler que des industries rivales la menacent de toutes parts; que chaque peuple aspire apourvoir lui-meme a ses besoins, et a faire circuler au-dehors quelques produits de ses arts perfeclionnes. Le terns n'est pas loin oil les nations qui ne sont pas sans industrie ne demanderont plus au commerce exterieur autre chose que des niatieres premieres; alors, le commerce anglais, restreint aux na- tions sans arts et a ses propres colonies, sera ce qu'il doit etre , ramene au seul mode d'existence durable sur lequel il puisse compter. L'auleur de rarlicle dont nous parlons a prodiguc des chiff'res que personne ne verifiera ; cette logique ne fera point disparaitre I'absurdile des resuitats. Il n'est pas dif- ficile sur le choix des autorites , lorsqu'il s'agit de vanter sa nation auxdepens de la notre. Ne va-t-il pas jusqu'a exhumer un journal dont la burlesque apparilion en France ne fut qu une de ccs fausses speculations litleraires , abandonnees apres quelques tentalives infructueuses ? La fin de I'article en raontre assez I'esprit et la tendance: apres avoir expose les avantages de I'induslrie et du commerce, I'auteur ajoute : n Si les generations futures demandent quelles causes erape- cherent si long-lems d'etablir entre les peuples des relations 686 LIVRES ETRANGERS. aussi conformcs a rimmaiiitc el a la sagcsse , on repondra que CO fill la Fhance, avec les flots dc sang de sa revolution et I'intolorable despotisnie dc la gloire : si I'on vent connaitre le pays qui i'ut la source de scs biens; d'ou ils se lepandirent parlout , I'histoire dira que ce fut rANCLKXERRE. » F. W. 15. Ces accusations reci])roqucs , ces rcciiminalions de- plorables et iiiutiles, ces gernies des anciennes inimities natio- nales , souveul I'eproduits et raniniei j)ar des plumes empoi- sonnees, devraient enfin faire place a des sentimens plus rai- sonnables et plus jusles, qui resultcnt nalurellement d'une appreciation exacle des interets coinmuns de la grande famille liuraaine a laquelle apparticnnent tons les peuples civilises. Non,les malheurs el I'inferiorite de la France ne seraienl point un avanlage pour I'Anglelerrf ; la decadence de I'Angle- lerre ne serait nullement profitable a la France. Mais la prosperile crois^ante de chacun de ces pays est necessaire a celie de I'autre. Un elat ne s'enriclill point de I'appauvris- semcnl d'un elal voisin. La politique comme la inorrde privee devrail enfin adopter franchemenl celte maxime : Fais a au- Irui tout le bien que tu voudrais (ju'on te fit; aime ton pro- chain coainie toi-mcme. Les prejuges odieux, les maximes barbarcs, les prohibitions absurdes , qui constituent la poli- tique et le patriotisme de quelques pretendus hommcs d'etat , meme preuiiers ininislres, et de quelques ccrivains publics, qui trahissent ieur noble mission , celie d'cclairer, de rap- procher les nations, de faire disparailre les barrieres ou les preventions liaineuses qui les divisent , ne sauraient plus convenir a notre elat actuel de civilisation. M. A. J. 257. — * Ocios de Espanoles erncgraclos , etc. — Lolsirs des Espagnols emigres, n" 7.[\. Londres, mars 1826 ; Dulau et C®. ln-8° de six feuilles ; prix, 3 sh. Ce litre bien modesle ne repond pas au merite du recueil qu'il designe. Qui croirait, en effel , que sous cette enseigne frivole, sonttrailees les matieres les plus importantes en poli- tique, en legislation, en hisloire, et que les delassemens de quelques proscrils soul employes a faire connaitre aux nations etrangeres les ricliesses litteraires de Ieur malheureux pays. En raconlant ses maux, souvent on les soulage. En parlant de sa palrie, on croit pouvoir oublicr qu'on en estprive. En rappelant ce qu'elle a ele, ce qu'ellc est digne d'etre , on se console de I'abaissement dans lequel elle est mo- raenlancment tombee. Ces sentimens animent lesredacleursdu GRANDE -BRETAGNE. G87 recucll que nous annoncons. Jetes sur une terre eUangere , sans protecteurs , sans appui,ils ont scnii le besoin de s'entre- tenirde leurs dicux domestitiiies. Denonces par i'arislocralie dont ils ont devoile les projets , caloranies par Ics pretres dont ils ont signale Tintolerance , poursuivis ])ar les rois, parce iju'ils out voulu siibstliuer le pouvoir constitutlonnel au pou- volr ;!bsolu,ils ont cherche a repousser les accusations injustes, niensongcres et fletrissantes dont on s'efforcait de les noircir. Amans d'une sage liberie, ils ont inontre que I'Espagne serait capable d'enjouir; admirateurs du savoir des autres peuples, ils ont prouve que leur patrie avait aussi ses litres littcraires a offrir a radmiiation de I'Europe. lis ont alteint leur but. De- puis ie mois d'avril 1824 i ce rccneil defend dignement la cause de I'eniigration espagnole, et il expose les droits de la Penin- su>j a la consideration du uionde savant. On y traite toutes les matieres; c'est a MM. Canga - Auguell^s et Mendibil , que Ton doit cette serie d'articlcs dans lesquels sont traites avec autant de raison que d'iinpartialite les differens evenemens de rbistoire des derniores aunees de la monarchic espagnole. M. Vilianuevay joint de savan'es disctissions sur les liberies de I'eglise de ce royaume. Si Ton veut lire toute la partie re- lative a riiistoire du gouvernemcnt constitutionnel de la Pe- ninsule , et notamnicnt cclte reponse energique et concluante adressee a la Quarterly Review , et inseree dans les Ocios , on se convaincra cjne la masse de la nation espagnole n'a point meritc les maux cju'elle souffre. Qu'on suive les redac- teurs des Ocios dans leur revue de la litterature moderne do leur pays, et Ton resliluera a cette contree une partie de la gloire litteraire quelle possedait, a I'epoque des Cervantes et des Lope-Vega. Le thoix desmorceaux inseres dans les Ocios est gcnerale- ment assez bon. Les questions d'histoire, de politique, de fi- nances sont traitees avec savoir et profondeur. On desirerait pourtant que, dans les discussions qui inleressent I'Amt^rique, les rcdacleurs ^ussent oublier qu'ils sonl espagnols et qTi'ils ont regne sur le sol des jeunes rcpubliques ainoricaines. Les matieres reiigieuses sonl traitees dans ce recueii avec une grande erudition ; peut-etre meme,rerudition s'y monlre-t-elle trop. On s'y occupe de details minutieux, et Ton neglige, pouc des objcts de discipline, Tetude des grandes rcfomies reii- gieuses que deiuande I'etat actuel de la civilisation. En gene- ral , les article^ en prose sont bien ecrits ; mais les raorceaux de poesie paraisscnt (juelquefois d'une extreme faiblesse. Nous avons neanmolns admire dans cc caliicr un petit poeme inti- 688 LIVRES ETRANGERS. tul6 : Ic's Ridnes de Rome, II inanquail a ce journal un peu plus d'ordre dans ses raatieres; notre Revue lui a offert le modele d'lme classification naturelle qu'il a siiivie en parlie, et dont sans doiite il se rapprochcra davantage encore. Nous avons remarque dans les Ocios trois autres articles : i° nne analyse de riiisloire dos Arabes, de M. Conde; 2° des observations sur Ic commerce de I'Angleterre; 3° un article de M. Lanjui- nais, sur les memoires de Scipion de Riccl, article extrait de notre Rci'ue ( t. xxix, p. 280 ) , deja tradiiit en anglais dans le Mercure de LondrOs, et reproduit en espagiiol dans les Ocios, comme tire de ce dernierjournal qui se I'etait approprie, sans citer le recuei! auquel il I'avait emprunte. F. D. Revue sommaire des rccueils pcriodiques sur les sciences , les lettres et les arts, publics dans la Grande-Bretagne. — Onzieme article. ( Voy. Re^'. Enc, t. xxvit,p. 767-770, t. XXVIII, p. i49-i56, 799-80/1; t. XXIX, p. 141-148, 463 -468 et 747-7^6, et t. XXX, p. 121-126,. 4i9-424> et ci-dessus p. i24-i3i , et 4o2-4o5.) Suite des journaux hebdomauaires. Litterature. 258. — The London literary Gazette. — La Gazette litteraire deLondres, n°5oi. Londres, samedi 26 aout 1826; W. A. Scripps. In-4° de 16 pages, impriraees sur trois colonnes; pris , 8 pence, ( 85 cenlinies ). aSg. — The literary Chronicle. — La Chronique litteraire , ii"38i. Londres, samedi 2 septembre 1826; Davidson. 10-4° de 16 pages, imprimces surtrois colonnes; prix, 6 pence. 260. — The News of Literature and Fashion , Science and Arts. — Nouvelles de la liiterature , des modes , des sciences et desarls. N" 108. Londres, samedi I'^'jnillet 1826; J. E. Scott. In-8° de 16 pages, imprimees sur trois colonnes ; prix , 6 pence. Ccs trois feuillesoccupent un rang important-parnni les nom- breux journaux qui sont publies a Londres. Elies offrent dans les quarante-huit colonnes, imprimees en caracteres /^eW remain, dont se compose cliacun de leurs nnmeros, I'analyse ou plutot le recensemcnl de tous les ouvrages de sciences, de beaux - arts et de litterature qui s'impriment dans les trois royaumes , el Ton pent croire que la vogue et la cclebrile s'ob- tiennent par elles, bien plus encore que par les Magasinimen- suels et les Revues trimestriellcs. On s'accorde^ assez gencrale- ment sur I'ulilitc de ccs trois feuiiles liebdomadaires; mais , on GRANDE-BRETAGNE. 689 «st divise d'opinlons sur leur merite respectif. Si Ton eji troit M. MuDiE , rauteur de Babylon the Great ( \oy. Rev. Enc, t. xxvui , p. 458) le journal intitule : The News of literature andfashion doit etre mis au ])remier rang. Suivanl le Philo- inatic journal ( n° 7, p. 209 ) , la Literary Chronicle a droit a tet honneur , que, fiere de ses cinq a six mille abonnes, reven- dique a son tour la Literary Gazette. Ce dernier journal, dont M. .Tourdan est I'editeur, a le grand avanlage d'annoncer presque toujours le premier les ouvrages nouveaux, de compter au nouibre des j)oetes qui enrichissent ses pages, la'jeune et charinante miss Landon, et, a defaut d'une grande erudition, de clioisir avec discernement et d'of- frir a ses iecteurs les meilleurs morceaux des volumes dont il rend com pie. En politique, la Literary Gflze^^e professe le torysrne ; et c'est en jiartie aux attaques qu'elle dirige contra ies idees libe- lales qu'elle doit ies faveurs de I'aristocratie anglaise et son en- tree a "Windsor et a Cailton-House. Sa critique est parfois parliale et epigramraatique; et souvencl'envie de placer un bon mot, ou une plaisanterie mordante, luifait sacrifier la raison , la justice et la verite. C'est cetle feuille qui, faisant le proces de plusieurs dictionnaires, raiJla longuement notre i?et'«e, au sujet de I'orthographe francaisedu mot wigh , substituea whig; c'est elie qui, traduisant avec infidelite unpassage de notre article sur le dernier poenie du docleur Southey, nous preta des bevues dont e!le-merae fnt obligee de recounaitre ensuite la non-existence; c'est elle, enfin, qui, entre beauconp d'au- tres forfanteries de cette espece , assurait qu'ii n'existait aucune branche des connaissances humaines dans laquelle la nation britannique ne piit compter quatre savans superieurs a tous ceux dont s'enorgueillil la France. L'urbanite et la modestie nesont point les defauts de la Gazette. Le Panoramic Miscel- lany, n° 4> F- 468, a repousse, eii la decorant de nom de gas- connade anglaise, english gasconnading ■, ccWc ■^xiWn\\on de superiorite scicnlitique et litleraire, soutenue par un des re- dacleurs de la Gazette ; et nous pourrions de notre cote, apres avoir donne de justes eloges a quelques portions des letlres sur Paris, inserees dans ses dernicrs numeros , y relever des erreurs graves dans I'orthographe denosnoms franca is, etjce qui est plus serieux,y fairevoir, ainsi quel'a dit un denos coliaborateurs en parlanld'un autre ouvrage, "comment certains etrangers,substi- tuant I'esprit de parti a I'esprit d'observation , egares par des idees fausses, pardes pre ven lions deplorables, font usage de Thos- pitalite qu'ils recoivent sur le sol francais pour travestir nos T. xjixi. — Septemhrc \'6i^. l\l\ 690 LivRES Strangers. moeurs et pourcalomnier a I'aide de ficlions plusou moinsingc- nieuses noire c.'iractere national... >. Mais, nous nevoulons point exercer unccritiquc severe a I'egard de la Literary Gazette; nous ne rechcrcherons pointsilfsaccusationsdcpartialiieet de niau- \aise foi dirigces contre elle par quekjues journaux anglais, sont ou non fondces. Nous avons souvent trouve dans cette feuille d'excellens articles : hi poesie en est oidinairenient bonne; les esquisses dc moeurs, agreables et piquantes, et les nouvelles scientifiques , exacles et instructivcs. Nous avons reiuarque, parmi les nonibreux niorceaux instres dans ses dcrniers nu- nieros , queiques strophes de miss Landon d'une poesie admi- rable; des esquisses siir la pcinture , attrlbuees a la plume facile de M. Pine ; la description d'un nouvel agent locomo- teur a I'usage des voitures et des charriots ; la traduction du memoire de noire savant collaborateur M. Euscbe Salverte, sur les dragons et les serpens monstrucux ( Voy. Rev. Enc. , t. XXX , p. 3oi et 6^3) ; et enfin en compensation d'un article louangeur sur I'incorrecte et mechante traduction ilalienne « Passatempi morali » , une analyse savante et remarquable des « Considerations sur les volcans de ScROPE. » La feuille intitulee: Literary Chronicle, est la rivale et I'an- tagoniste de la Gazette litteraire. Son prospectus de cette an- nee contenait une declaration de guerre contre ce journal, qui n'a pas cru devoir lui repondre. M. Thomas Ryerlet , que la mort vient d'enlevera sa famille et aux lettres, fut pen- dant long-tems I'editeur de la Chronique dont il agrandit le cadre et ameliora la redaction; I'oditeur actuel parait suivre les errcmens de son predecesseur et vouloir ruaintenir dans la r<5daction de la Literary Chronicle unejiiste impartialite el un sage esprit de libcralisme et de tolerance. Inferieure a la Gazette sous le rapport de la poesie, la Chroniquc\'Gm\)OVle&\ive\\e\)av la justesse de sa critique et la bonne foi de ses jugemens. Nous pourrions lui reprocher I'iuserlion d'une apologie de I'ou- vrage du reverend G. Wright contre Tiustruclion des classes ouvrieres, qui est en opposition avec ses idees habituelles; raais ces contradictions se prcsentent rarement, etunegrande concordance de principes existe generalement entre les diffe- rens articles dont se compose la Chronique litteraire. Comme la gazette, elle contient des analyses d'ouvrages, des esquisses de mceurs, des poesies fugitives, et des nouvelles scienlifiques et litteraires. Elle offre , en outre , une revue sommaire de quel- ques-uus des principaux journaux et recueils periodiques qui se publient en Europe, et auxquels elle emprunte souvent des raorceaux du plus grand inter^t. Nous citerons le caractere du GRANDE-BRETAGNE. Gyi ministre Canning , extrait du fVeehiy Timex ; les letlres sur les dernieres (ilections anglriises traduilcs du Globe; et une piece de poesie, ayant pour litre : Time's Changes tiree du Blach- n'ood's magasine. Parnii les analyses inserees dans les derniers numcros dc cette meme feulUe, cellcs de VHistoire de la repii- hlique par Godwin, du reman Alia giomata, et de la vie de Benjamin Franklin, nons ont paru digues d'une attention particuliere. Le coinjUe rendu de la derniere exposition des tableaux de I'Acadeniie royale de pcinture de Londres merite aussi une mention honorable. Nous n'avions trouve dans la plupart des journaux anglais que des eloges prodigues avec une complaisance banale anx artistes en reputation; nous avons remarque ici une'critique cclairee et une juste distribution de la louange el du blame. Pent-elre, a I'epoque oil M. Mudie publiait sa description de Londres, les News of literature and fashion merilaienl-ils les eloges que cetecrivain se plaisait a leurdonner. Nous nous rappelons avoir lu nous-memes, dans cette feuille des articles spirituels sur les moeurs et la litterature de I'Angleterre, et sur (juelques pcrsonnages dignes d'attenlion. Les aventures du ma- telol Ben Mizen, raconic'-es dans ses numeros de fevrier et de mars i825, n'avaient rieu de comparable [lOur la naivele du style, le naturel de la narration et riiUerot dela fable. Les no- tices sur les membies du jjarlement anglais annoncaient un biographe instruit et consciencieux , et les analyses d'ouvrages indiquaienl des ecrivains exerces dans I'art de la critique. Cette feuille n'avait point adopte le plan suivi par la Gazette et la Chronique; la politique speciale , rejelee par celles-ci, occupait cliez clle line place importante et les esquisses ile moeurs, qui ne sont qu'un accessoire cliez les deux autres, conslituaicnt rexcellcnce des Nouvelles de la litterature el des modes. Redige dans des jirincipes liberaux, ce journal, dont M. Walkf.r ctait I'edileui', obtinl d'abord un assez grand succes; uiais, ayant change de plan et de principes, il ne tarda pas a tomber, em- porlant la honte d'avoir sali ses colonncs de dcgoiitantes dia- tribes conire ies callioliques d'Irlande et d'avoir terni sa repu- tation par une fouledeplagiats \i\icv:iiie&.'L(i Monthly Magazine se plaignait, dans son caliier de jiiillet dernier, des longs ex- Iraits que les journaux hebdomadaires empruntenl p.uxouvrages dont iis rendenl coinple, ])orlant ainsi prejudice aux interets des auteurs dont les oeuvres, copiees par ces frelons, restent sans acheteurs dans les magasins des libraires. C'est surtout aux Noiifelles de la litterature et des modes que s'adressait ce reproche. Les tribunauxfrancais condamneraieut certainement 692 LIVRES ETRANGERS. a des dominages et interets Ic joiirnal qui, au lien d'analyser, pillerait iin iivrc; ici la feuille que nous signalons, a rempii soixante-douzc de ses colonncs de purs exlrails, sans critique, sans commentaires et sans observations, du dernier ouvrage de Waller Scott, et !es tribunaux sont inipuissans pour repri- mer une telle piraterie. Joiirnauxfranca'ts, iinpriinvs en Aiigletcrre. a6i. — L'Echo de Paris. Londres, samedi 2/1 juin 1826. Brydges street. In-4" d'une 1/2 feuille; prix , 8 ])ence. 262. — Le Mercuie de Londies. Londres , juillet 1826. N° 17. Maddox street. In-/,° d'uue i;2 feuille ; prix, 2 sh. 263. — Le Fiiret. N" 21. Londres, samedi 26 aout 1826. N° 27. Little Mary - le - Bone street. In ■ 4° d'une i72feullle; prix, I sli. A quelle cause attribuer le non succes des iiouibreux jour- naux francals publics a Londres depuis la ])aix ? Est-ce faute de goiit de la part du public, ou manque de talent du cole des redacteurs? La lecture des trois feuilles annoncees en lete de cet article rcpond A cette question. Elle apprend pourquoi , dans une ville de douze cent mille anies, ou la langue fran- caise fait parlie de I'cducation publique, ou la litterature fran- caise est I'objet d'une sorte de predilection, ou un iheatre pu- blic lui est consacre, jjas un seul des Irente ou quarante jour- naux francais publics en Anglelerre depuis six ans, n'a obtenu au dela de cinquante abonnes et comptc plus d'une iinnee d'existence effective. Presque tous les cditeurs des feuilles francaises ont fre- quemment oublie, que ce cpii conviendiait au public de Paris, peut tres-bien ne pas convenir a la population de Londres. Les principes , les nireurs, les idees des habitans des deux ca- pltales , sont loin de se ressembler en tout , et VEcho de Paris , pour avoir puise trop exclusivement et trop au liasard dans les chroniques parisiennes , est torabc, au bout de quelques mois. Le Mercure de Londres a dii a ces memes. causes et a d'autres encore une destineetoute semblable. Nouveau Protee, BI. Cha- TELAiNessaya toutes les formes pour reussir. Son journal chan- gea plusieurs fois de tilres, quitta et reprit son cpigraphe , parut dans tous les formats, fut public, toutes les semaines; puis tous les mois, puis, tous les dix jours, et mourut enfin d'i- nanition , au commencement de I'ele dernier. Le Furet ne s'occupe gucre que des spectacles et des modes. GRANDE-BRETAGNE. — RUSSIE. GcyS Destine aux acleurs, il pouria obtenir quelques succes, s'ii a])porle loujours la meine impartialite dans ses critl(]iies et le Hionie goiii dans le cholx de ses esquisscs de moeurs. Le Meu- nier de Neinouts et M. Bernard sont des originaux qui font souj-ire le iecteur; I'iiistoife de Korin est interessanle; I e dia- logue parisien est spiritiiel ; mais la guinguette nous semble un jieu graveleiise pour le public anglais. F. D. RUSSIE. 264. — * Gossoudarslvenna'ia vnechnaia torgovlia , etc. — Le commerce exterieur de I'empire en 1824, considere sous ses differens rapports. Saint-Peteisbourg, 182C; au departe- raent du commerce exterieur. ln-8°; ptix, 7 fr. La statistique s'enricliit de cette publication, destinee a ex- poser la marche progressive du commerce de la Russie avec les nations exterieures. Quoique le volume que nous anuoncons s'occupe seulement de I'annee 1824 1 dont il rappelle la legis- lation comraerciale et les evenemens ies plus remarquables, dans leur rapport avec le commerce , son contenu est neanmoins tres-important et ricLe en donnees instruclives et interessantes. En voici les principaux chapitres : 1° balance generaledu com- merce exterieur de la Russie; 2° balance commerciale, avec J'indication de la valeur des importations et exportations et des douanes et barrieres ou elles ont passe; 3° tableau general des exportations; 4° tableau general des importations ; 5" produc- tions du sol russe qui entrent dans le commerce, douanes par ou on les exporte ; 6° marchandises etrangeres, lieux de leur importation; 7" importations et exportations d'or et d'argent, en lingots ou monnoyes en cspeces etrangeres; 8° marchan- dises et monnaies confisquees; 9° commerce de transit; 10° ta- bleau du commerce de la Russie avec le royaume de Pologne ; 11° avec le grand duche de Finlande ( qui forme, comme la Pologne , un pays a part, ayant ses lois et ses moeurs, comme ila ses frontieresdislinctes); 12" navigation marcliande; i3° ta- ble des prix moyens des marchandises russes et etrangeres; 1 4° fluctuations du cours de I'argent et du change; i5° liste des negocians qui font le commerce avec I'etranger. La Gazette alleinande acadernique de Saint-Petersbourg et la Gazette du commerce de cette ville contiennent souvent des articles reputes officiels sur les rcgleiuens de douanes et sur le systeme suivi par le minlstre des finances. Les mesures du gou- vernement ysont justifiees et des objections suggerces par une connaissance iniparfaite des rai)pnrts locaux et des circ.ons- 694 LIVRES ETRA.NGERS. tances fortuites y sont combat lues d'une maniero plus ou moiiis victorieuse. 265. — * Principesde la {^rammai.re franrttise , mis en 36 le- cons , ct a I' usage des Russes , par Ch. dc Saint-Hilaire , ancien offlcier de cavalerie, conseiller boiioraire, etc. Seconde edition, revue , corrigc'C ct considcrublesnenl au2;mentee. Saint- Petcrsbourg , 1826; Sleunine. In-8" de 173 pages; prix, 3 roubles. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxviii , p. 808 I'annonce de la 1''^ edition ). La Russie est la lerre classique des langues. On en sail peut-^lre plus en Allemagne; mais nulle part on n'en parle plus qu'en Russie , et surtout dans la capilale de cet immense empire. En province , j'ai vu des enfans de douze ans posscdant deja quatre langues, au point de s'en servir indistinclement pour exprJmer toutes leurs idees; a Petersbourg , il n'est guere de famille aisce ou Ton n'cniende a la fois parler russe , fran- cais, allemand , et meme anglais. Quant a la langue francaise, il est reconnu qu'on la parle parfaitement en Russie, tant I'or- gane des Russes est flexible. Outre le grand nombre de gouver- nanles et de precepleurs francais ou suisses , rej)andus sur tout Ic sol de I'empire, ou enseigne le francais dans la plupart des etablissenicns publics; on fait meme en francais un grand nombre de cours, et les salons ne retentisscnt jamais que de cette langtie. Nous devons cependant observer que les Russes, en general, n'evitent pas assez les expressions \icieuses ou su- rannees. lis ont adopte un grand nombre de mots qui jamais n'ont etc francais , et ils en ont conserve d'autres auxquels on a renonce en France. • Une grammaire francaise, adaptee aux besoins des Russes , n'est done point une chose superflue(i), el son auleur est d'au- tanlplus sur deseconcilier leurs suffrages qu'il a trouve le secret de dire beaucoup en pcu de mots. II n'a pas suivi la methode ordinaire, f|ui consiste a faire succeder la syntaxe a la grammaire proprement dite ; il les a fondues habilemenl I'une dans I'autre. II aborde toules les difficullcs reelles; mais, pour ne pas trop erabarrasser sa marche, il s'abstient dc trailer des locutions difficiles dont I'usgge n'est pas frequent. On ne irouvera, dans (l) II ne faut pas oublier qu|il en existait deja pluiieurs en possession de resliine publique; telles sont telles de Charpehtier, de Maudku , de Hamoniere et de Reiff. (Voy. Rev. Enc, t. xx, p. 587 , I'aunonce de cette dernieie. ) M. Tappe avalt pnblie la sienne, a I'usage des Allemands ; et recemment , M. Valerio vient d'en falie pai-aitre ane qui sera tres-utile anx Italieos. (Voy. Rev. Enc. , I. xxix, p. 469.) N. d. R. RIJSSIE.— POLOGNE. 695 son ouvrau;e , aucune nouvelle donnee, mais uiie marche mc- Uiodi<]ue, et iine exposition claire et simple. La premiere edi- tion, qui a jiaru en 1822, avail oblenu beaucoup de siicces i celle-ci est plus correcle, et I'ensemble on est pbis parfiiit. On y a joint : i" un petit traite des sons propres et accidenlels des consonnes; 2" un arbre figuratif de la conjugaison des verbes reguliers; 3° un essai d'analyse logique; 4° une table de recti- fication des locutions vicieuses, introduites en Russia , soitpar des personnes qui s'cxpriment incorrectement, soil par des traductions trop litterales du russe en francais; 5° une llste exacle des mots ou la leltre H est aspiree; 6° un vocabulaire des horaonymes et des homograplies, expHques en francais et Iraduits en russe, dans leurs diffcrenies accepiions. L'auteur de cet ouvrage s'occupe pour le completer, de quelques autres livres elementnires qui, avec celui-ci, formeront un cours de langue francaise. J. H. S. 266. — Theatre d' Auguste Yt^orz^fivv. , comprenant les pie- ces Ics plus recentes de cet autenr, Iradnit de I'alleniand en russe, par M. Fedor Ettinger. Saint-Petersbouig, i825- 1826. In-12. Kotzebue est un auteur dramatique, presqne aussi populaire en Russie qu'en AUemagne; pendant long-tems, ses produc- tions out figure pour moitie dans le repertoire des deux trou- pes russes de Saint-Petersbourg et de Moscou. lis n'est done ])as etonnant qu'il ait eu plusienrs fois les honneurs de la tra- duction. A la liste assez longue des ouvrages de ce dramaturge allemand que la litterature russe s'est appropries, M. Sopikof, dans son Essai de biographic russe , t. iii, pag. 329, ajoufe la mention d'une traduction complete de son theatre, publiee a Moscou pendant les annees 1802 a 1808, en 20 vol. in-12. S'il faut en croire les journaux russes, et surtout le Tvlrgra- phe de Moscou (Moskovskoi Telegraf), la nouvelle traduction de M. Ettinger que nous annoncons ici , ct dont 11 a paru deja cinq volumes, n'aurait pas toutes les qualites desirables pour faire oublier ceiles qui I'ont precedee. E. H. POLOGNE. Revue des journaux et des recueils periodiques qui se publient a Varsovie , en 1826. Depuis 1819 , 3 journaux scienlifiqnes, 6 feuilles politl(|ues liberales, 2 journaux satiriques, 7 litteraires, 2 journaux de dames, i feuille litteraire et musicale, i journal d'agricul- ture,et i journal destine aux Israelites, out etc forces par 696 LIVRES ETRANGERS. diff^rens motifs a ne plus paraitre drms la seule vi!Ie de V.'«r- sovie. Voicilesjournaux queronpublieinaintenant dans eel te ville. 267. — Dziennifi praw.- — Bulletin des lois. In-8", de 20 a aS feiiilles. Le litre seul iiidiquc le but de ce journal : il contient les lois adoptees dans les dietes, Ics decrels du roi et de son lieutenant , relatifs a I'administi-aiion generale du pays. 268. — Rocznil, /.roleivafdegn TowarzyxUva przyiaciol nauh warszawsfciego — Annnairc de la Socicte royalc philomatique dc Varsovie. II en parait, tons les ans , i v. in 8" de 20 a 25 feullles. 11 se compose dc disserlations sur les sciences et les arts, ecrites par les nienibres de la Societe. Depuis sa f'ondalion en 1801 , il en a paru aS volumes. 269. — Pamientnik umieientnosci i szlitk. — Memoires sur les sciences et les arts. II en parait, tous les quatre mois, iin cahier de i5 a 20 feuilles in-S". II renferme des dissertations sur les sciences et d'autres ar- ticles scientifiques , originaux, ou Iraduils. Ce recueil est re- dige par les niembres de la Soce'ele pour les livres clcmcnlaires. 270. — * Sylix'an , dziennifc lesny. — Sylvan, journal d'eco- nomie foresticre. Ce recueil parait, tous les trois mois, par cahlers de loa i5 feuilles in-8° , avec planclies. Sa publication, inlerrompue pendant quelque terns, a de nouveau repris son cours. On doit au soin de M. le comte Louis Plater, conseiller d'etat, remplacant leministre de finances, I'etablissement d'une ccole forestiere en Pologne , ou une ins- titution de ce genre etait surtout necessaire. Les professeurs de cette ecole, a la tete desquels se trouve le meme savant, sont les redacteurs de ce journal. 271. — Dzienni/i JFarszawsli. — Journal de Varsovie, consacre aux sciences et aux malieres (|ui concernent particu- lierement la Pologne. i caliier in-S" de 8 a 10 feuilles, par mois, avec des planches. Avantla publication de ce recueil , il en existait deja plu- sieurs a Varsovie, consacres aux sciences exactes et aux nou- velles scientifiques des pays etrangers. L'editeur, pour arriver au but qu'il s'etait propose, celui de repandre dans le pays les connaissances utiles , a du adopter un plan tout nouveau, dont nous allons donner une esquisse. Chaque numero doit offrir au moiiis une dissertation sclentifi(]ue originale. Auciin article tradnit, qui ne concerne pas la Pologne, nc pourra e!re insere dans le Journal de Varsovie ; il en sera de meme des critiques d'ouvrages insignifians , ct des debats litt^raires de pen d'inte- I POI;OGA^E. fi;)7 rel. Le journal rerifermer.t des analyses raisoniuesdes ouviages marquans, qui parailiont dans le p'lys, et des tableaux do sa slalislique ; tout cequi scraltaclie a sa bibliograjiliie ancieriiic; dos poesies, excej)!*? des jiieces fugitives; des tiaduclions d'ar- licks publics par des Polonais en langues clrangeres, et d'ar- ficles olrangers concernant la Pologne. Quelles que fussent les difficidies de I'ext'cutioii d'un tel plan , le rciiacteur , a I'aide de quelques savans, est parvenu a les vaincre, et peut sVpplaudir d'lu) succes toujours croissant. Cha(]ue dissertation, inseree dans ce recueil, pouvant etre consideree conime un oUvrage a part, il n'est pas sans inieret d'en citer les principales : 1° quelle influence la legislation romaine a-t-elle pu avoir stir la legislation ])o!onaise et lilliuaiiienne ? pa;: M. Alexandre Mitzkp:vjtch ( Michiewicz ). !i" Une autre dissertation de M. Francois Moge ( Morze ), sur le menie sujet. L'une et I'autre sont enrichies de notes d'un des premiers savans ]ioIo- nais, M. Joachim Lelevfel. 3" Pourtjuoi cludions-nous le droit romain? par M. If!;nace Matzieiovsri ( il/rt«'e«on'^/7 ). 4° De I'influence des mathomatiques sur le perfcctionneinent de riionime ; parM. Joseph Goi,ochovsr.i ( GoUichows/d) meni- bre de la Societc royale philomaiique , ci-devant professeur de ])lulosophie a rnniversile de Wilna. 5° Sur les inonnaies an- ciennes, deterrces a Tcliebougne ( Trzebun ) , village sllue dans le palatinat dePlolzk,par M. Joachim I.elewf.l , de la merae societe, ci-devaut professeur d'histoiie a I'universite de Wilna. Get ecrit jettc de grandes liimieres surla nuinismatique du moyen age de I'Alleinagne , de I'Angleterre, de la Pologne et de la Boheme. 6° De I'histoire , de son elendue , et des sciences qui ont quelque rapport avec elle; dissertation erivoyee au concours pour la cliaire d'histoire a I'liniversite de Wilna, par le meme. 7° De la inaniere d'enseigner I'liistoire dans les uni- versites, par le meme ; pouvant servir de coinplenient a I'ecrit precedent. 8° Sur la theorie d'Adani Smith, dissertation par M. Jean Dziekoonsri [Dziehonsli). g° Projet d'une traduction francaise du Talmud, avec des observations sur la reforme de juifs en Euro])e , et parliculieremenl en Pologne (i) , par I'abbe Chiarini, ])rofesseur a I'linivcrsile royale de Varso- vie. 10° De I'esprit de la poesie classitiue, par M. Maurice MoHNATZKi ( Mochnac/ii) ; dissertation iiiseree sans litre dans le cours d'une analyse de Touvrage de M. Jean vSniadetzrj ( Sniadechi ") sur les deux genres de poesie (t) Voy. Rev. Enc. , t. xxx , page 565. Nous inscrerons procliainc- ment an article plus etendti stir cet inleressant ecrit. N. d. R. Gg-S LIVRES STRANGERS. classi(iueet rnniauti(|iic. i i°Desdialccles slavonsetdela langue xinscn'te , par M. Aiiclie KoLnARSRi [Kuc/iars/,i). 12° De laso- c'ietc secrete des chevaliers- Iczards ( /jctvzc iaszcziir/,oix'i) de la Prusse polonaise , pour servir a I'liistoire de la Pologne du xve siecle, conlcnant des details importans, et incorinus jus- qualors, siir la nouvelle reunion des etats prussicns a la Po- logne, en i/|66; dissertation redig;eed'aj)res i'ouvrage allemand du professeiir P^oii^t , de Koenigsberg, et enrichie de comple- inens , par M. Michel PonTCHACHicNSKi i^ Podczaszynshi ). i3° Petite chroniijiie des rapporis diploniatiques enire la Po- logne et I'Angletcrre, par un (inonyme. Ces dissertations, et plusieiirs autrcs articles, parini Icsquels on distingue deux lettrcs, une du feu cointe Joseph Ossolignski [ O.ssolifisAi) ecrite au prince Adam Tchartoryski (^Czartorys/d.) sur I'his- toiie de la litteratiire polonaise ; une autre sur la ])OL\sie na- tionale des ])eiiples slavons, adressee au directeur dn journal ])ar M. Casimir Buodzignsivi [ Brodzins/d); les poesies de ce dernier; celles de M. Dohdan Zalesri ; de M. Adam Mitzke- vjTCH [Micklewicz) , qu'on place au nombre des illustres poetes vivans, elc., out paru dans Ics treize caTiiersde ce journal, dont les iiublicalionsont commence en juin iSaSjSous la direc- tion deMM. 7^//r/^e/PoDTcnACHlGNSRI et Maurice Mohnatzki; mais ce dernier a, depuis cette annee, abandonne I'entreprise. 272. — Izys polsha. — Isls polonaise. II en j)arait, tous les ruois, un cahier de 8 a 10 fenilles, in-S" avecplanclies. Ce recuei! est unlquement consacre aux connaissances utiles au pavs sons le rapport de I'industrie et de ragricultnre. II renferme aussi des extraiis des journanx anglais, francais et allemands, concernant les inventions nouvelles , les decouver- tes, etc. Ce jotirnal es! d'une grande utilite en Pologne , ou les guerres continuelles pour la defense du pays ne perniettaient pas aux habitans d'elever des fnbriques; mais, depuis le reta- blissement du royaume en i8i5, I'industrie a fait des jirogres etonnans. De toute part s'elevent des manufactures ; lesprojirie- taires s^occujient de la theorie de Teconomie rurale, et com- mencent a se servir de machines pour Tagricultiire ; les forets sont adminislrees de la nieine maniore que celles des autres pavs. Les expositions des produils de I'industrie nationale , tpii ont lieu tous les deux ans, altestcnt les pas qu'elie a fails. Le fondateuret le premier redacteur de ce journal etaitM. Gracien KoRviNNE ( Korwin ). Depuis qu'il est raort, son collabora- teur, M. Antoine Lelovski s'occupe seul de la redaction. 278. — Kozrywki dladzieci. — Divertissemens pour les enfans. Uncalilerin-S" tous les mois, compose de 3 feuilies avec figures. Le but de ce recueil est moral et palriotique; le lecteur y POLOGNE. (hj^) Irouve retracees les actions dcs jjrands hoinmes i|ui se sont illuslres dans les conseils, sur le charnp d'honnenr, ou dans I'eglise , et qui ont donne des preuves de leur altaclienient pour la patrie. Ccs notices sont ecrites de maniere a elre faeilement corrtprises des enfans. En evoquani les ombres de ceux qui fu- rent dans leur tenis rornement et le soutien de la patrie, en prescntaiit pour niodeles les vies de ces Iiommes vertueux , rempiies d'actions sublimes; on parvient aisenient a former la jeunesse, a lui impriiner le gout des saines etudes ; a lui ensei- gner de bonne heure a pratiqucr la vertu. A cha(|ue biogra- phic est joint un portrait , afiii de presenter aux jeunes lectcurs les trails de cliacun des personnages, en raeme teins que leurs actions. Pour repaiuhede la variete dans ce reciieil, le redac- teur y insere de tenis en terns des articles sur I'education, des maximes morales tirecs des meilleurs ecrivains polonais et la- tins, et a la fin de chaque cahier, de pelites histoires luorales et religieuses a ['usage des enfans, de maniere que les per- sonnes de tout age se plaisent a lire ce journal. Les parens et les instituteurs irouvent, dans les articles concernant I'educa- tion , des conseils tres-sages; les cceurs des jeunes gens se forment par le recit des hauts-faits de leurs ancelres; les enfans s'aniusent a cetle lecture, et apprennent de bonne Leurc a aimer la vertu, la religion et la patrie. Honneur a M'le Clementine Tagnsra ( Ttin^ka) jeune Polonaise, qui seule redige jjresque tous les articles de cet utile journal. Sa soeur , M™^ Marie Hermann dessine de su main toutes les litlio- graphies qui s'y Irouvent jointes. Pour se rendre utile a ses compatrioles, M'le Tagnska iie se iaisse effrayer par aucun tra- vail. Souvent, pour trouver la biographic d'honimes qui ont vecu dans les premiers terns de I'existence de la Pologne, ellc est obligee de faire des recherches dans les anciens historiens , qui presque tous sont ecrils en latin, et de fouiller dans les \ieux nianuscrits : elle choisit et traduit elle-meme du latin des inaximes morales tirees des meilleurs ecrivains nationaux du xvi^ siecle; enfin, elle entreprend des travaux au dessus de son age et de son sexc ; elle merite non-seulement la reconnais- sance de la generation qui s'eleve, mais encore Testiniede tous les hommes sensibles et vertueux. Elle a public, il y a quel- ques annees, un excellent ouvrage pour reducation des demoi- selles , intitule : Pamiontka po dobrvy matce ( Souvenirs d'une bonne mere ); t)uis , un autre d'un cgal nierilc, inlilule : Ame- lia matho ( Amelie mere ) , qui fait suite au precedent, et divers ecrils du nieme genre. Les sentimens patriotiques, les pensees morales et religieuses, que I'dd puise dans ces ouvragcs , en 700 LIVRES ETRANGERS. font nil trcsor pn'-cieux pour chaque famillo, et pour tontes les niaisons d'educalion. Nous aiiuons a payt^r ici a M""-' Tagn!.ka le tribut de la f;ralitride de tous les Polonais. 27/1. — Polnisclw Miscetleit. — Vari(5tcs polonaises; jour- nal inensuel de 6 a 8 feuilics in -8°; spcctalenieni consacro a la littcraliire polonaise. Le prospeclus de ce rectieil a etc pulilie il y a deux mois; raais aucun nuniero ne nous est encore parvenu. II doit ])araitre en languc allemande, et contiendra des exiraits d'ouvrap;es et de joiirnatix polonais. Les compalrioles de redileur I'approu- veront sans doulc, dans rinteret de leur propie gioire, d'avoir senii que, pour I'aire connaitre a I'Enrope savante I'etat des sciences et des lettres en Pologne, un journal de ce genre de- venatt indisi^ensable. La langue polonaise est Tune de celles (pi'on etudie le moins dans I'Europe ; et, par celte raison, sa belie litlerainre rcste inconnue. M. le baron Drack doit s'oc- cuper de la redaction de ce journal. 275. — Bihlioteha polska , etc. — Bibliotheque polonaise, journal consacre aux arts, aux sciences, a la lltteralure, a I'histoire, etc. , etc. Deux numcros in-8° par mois, de 3 feuilles chacun. Une societii de plusieurs jeunes litterateurs se forma, en 1825, pour publier ce journal; a leur tetese trouvait M. Fran- cois-SalezeT)MovLo\Sf^i , connu par ses traductions de VAndio- /rtO(7«e de Racine, de Marius a Minturnes, de plusieurs co- medies de Moliere et de beaucoup de pieces fugitives. Mais, tous ces jeunes gens abandonncrent bientot M. Dniohovski; les uns, parce que d'autres occupations ne leur permettaient plus de cooperer an journal; les aulres, parce que des affaires imprevues les forcaient de quitter Varsovie. Tout le poids de la redaction tombant sur M. Dniohovski, il se vit, des le commencement, oblige de changer le plan de I'ouvrage, en conservanl cependant le litre priinitif. II en resulta (jue le contenu ne repondait plus an tilie; le cadre du journal elait d'ailleufs beaucoup Iroj) resserre pour toutes les matieres qu'il devait einbrasser. Le redacteur se borna done a inserer des discussions litteraires, des extrails de nouveaux ouvrages (\u\ paraissaient en Pologne, de \a Revue Encjclopedique , de la Bibliotheque Universelle et de quelques journaux publics en France; des exiraits de romans , de voyages, et d'ouvrages philosophiques; entre autres, de ceux de MM. Droz et Dege- rando, du llvre dc M""=Remusat sur I'educalion ; de morceaux extraitsdela Force commerciale de V Angleterre , parM. Ch.Du- pin, traduitspar M. Emimmuel Gmicrsberg , qui se propose POLOGNE. 701 lie piiblier incessaniinent la traduction complete de cet impor- tant ouvrage. Ncanmoins, M. Dniohovski merite beaucoup (i'eloges; non-seulejnent, ii redige seul tout le journal , mais encore il traduit lui-meme presque lous les articles , tires des ouvrages francais. 276. — Rozmaitosci wnrszawshi.e. — Varieles de Varsovie; grand in-4°, une fois par semaine. i a 2 fc^uilies. Ce journal, dedie en partie au beau sexe, contient des nou- velles, des poesies, etc., et c|uelques docuuiens scientifiques. Jl est redige par M. Francois Gjimala ( Grzyinala), ci-devant rudacteur de la Sibylle des bonis de la Fistule , recueil politique ct liberal. 277. — Dziennik woiewodztwa Mazowiechiego. — Journal du palatinat de Maso\ie; in-4°. 2 feuilles. 11 parait chaque semaine, et contient (ies annonces, des or- donnances, des actes officiels, etc. 278. — fP'arschauer abendblatt. — La feuille du soir de Var- sovie; en langue allemande ; in-4°, publiee deux fois par semaine. Ce journal est a I'usage des classes inferieures du peuple allemand qui habite la Pologne. Le nombre des Allrmands s'ac- croit tous Ies jours davantage dans ces classes, Ics ciloyens protegeant beaucoup Ies fabricans et ies ouvriers etrangers. 279. — Gazeta horrespondenta , etc. — Gazelle du corres- pondant de Varsovie et des pays elrangers; in-/,", parait qua- tre fois par semaine 280. — Gazeta JVarszawsha. — Gazette de Varsovie; in-4*', quatre fois par semaine. 281. — Monitor JFarszawshi. — Moniteur de Varsovie; quatre fois par semaine, grand in-folio , avec des supplemens. 282. — Kurjer fVarszawski. — Courrier de Varsovie; petit in-4°. Journal quolidien. 283. — Gazeta Polska. — Gazette de la Pologne; in-folio. Journal quotidien. Nouveau journal dontnous ne connaissons queletilre. Ces cinq feuilles sent consacrees aux nouvelles politiques et lilteraires. 284. — Lutnia. — Le Luth , journal musical ; recuei! de mor- ceaux de musique , public trois fois par raois. 285. — Ceres, dziennik rolniczy. — Ceres, journal d'agri- culture. On"le doit a feu Stanislas Stachitz (Staszic), ministre dotat, londateur de beaucoup d'elablissemens utiles en Pologne , d'une academic des mines a Keltze ( Kielce), et d'uu institul agro- 702 LIVRES ETR ANGERS. nonnquc a IMaricmoiit , dans I'encoiDtc tie Vaiso\io. Le direc- tciir dc ce derniti' c'lnblisseinenl, M. Ii.att i)iil)lie re journal, (|ui parait par caliier dc lo a i5 feiii'.Ies in-S" , a dcs epotjues indeteEminees. M. P. NORVEGE. 286. — * Fre(h'richs.sU'cn. — La Forteresse de Frederlchss- toen, pendant le siege, en 1814. Rapport officiel , augmcnte de quelques details liistoriques; par un mililaire norvegicn. Chrisliania , iSafi. In- 8". La ville de Fredericlishald , en Norvegc, sitnee snr I'exlrenic frontiere dii pays, du cote de la Suede, est defendue par une forteresse, appelee Frederichssteen. C'est au pied de celte for- teresse (|ue fut lue, en 171S, le roi de Suede Charles XIL En i8i/i , elle soutint un IjosTibardement de cjuinze jours, et re- ieta cinq sommatlons consecutiyes, dont la derniere, ainsi que nous le lisons a la page 4o tie ce rapport officiel, etait conciie en termes que nous croyons peu usites parmi les ])euples civilises, puisqu'elle dit exj)resseinent que, dans le cas oil la place lie se rend rait pas iinmediatetncnt ^ son commandant se- rait PEwnu , lorsque plus tard elle aitralt ele prise , soitde vive force , soil par ///^c capitulation quelconquk. Telle etait nt^an- moins la fermete du brave commandant et de tous ses snbor- donncs, que le parlementaire fut renvoye avee nn refiis forinel, et il est probable que la place eutresisle encore long-tcms , si line depeolie, signee de la propre main du prince Chretien-Fre- deric , gouverneur, et pendant quelques iiiois roi dcNorvcge, n'eut ordonne }a reddition de la place , el sa remise aux troupes suedoises. Ces troupes y furent introduites pendant la nuit, parce qu'on craignait la fnreiir de la garnison, qui etait tres- decidec a se dcfendre jusqu'a la derniere extremite. — Nous ainions a pouvoir ajouter , cequihonore le roi actuel de Suede e) de Norvege , que, sans craindre son luecontentement, un oflicier norvegien a pu llvrer ce rapport au pTdilicpar la voic de rimpression. Ala verile, la publication cstanonyme; luais son auleur ne peut rcster inconnu, j;uisqu'il appartenail a la garnison, et que son rapport est officiel. Ce fait prouvc evi- demraent que la presse est encore assez libre en Norvege. Puisse le jiays ne jamais perdre ce palladium de sa iiberte ! Heiberg. DANEMARK. 287. — * Folkets Opljsning, etc. — L'inslruction du peu- nle, salulaire au prince; discours jirononcc en latin, dans DANEMARK. 7o3 I'universil^ de CojiejiliJiguc, a ranniversaire de ia naissance de S. M. le loldc Daneiiiark; par M. 11. C. Oirsted, profes- seur a I'liniversito, etc. Copenhague,ii]ar8 1826. In-4° de i 2 p. Ce discours doit exciter iin grand interef, autant par les principes (jui s'y Irouvent professes, que par le 110m et I'au- torite lilteraire de son aiileur. M. Oersted trace d'abord iin tableau du bonJieur dont jouit Ic Dancinark , sorjs le sage gou- veriierocnt de Frederic VI. Puis, apres avoir di'peint ces I'au- teurs de I'lgnorauce qui senibleut relever la tete dans plusieurs pays, et qui nc sont pas nvoins enneniis des jirincos que des peuples, il montre que rinstruction populaire est, sous beau- coup de rapports, aussi avanlageuse au gouverneinent qu'a la nation clle-meme. « On a prctendu , dil-il, que les hommes dont resj)rit etait Inculte , devaient, etre en general plus intre- pides; mais, ce qui fit quelquefois triompher les peuples bar- bares dans lenrs guerres eontreles nations civilisees, ce fut la depravation de la civilisation meme. Un faux savoir passait pour une science reelle; et , ce qui est le signe iiifalilible de cet etat de degradation, le uiepris de la nioralite s'appelait inde- pendance des ]irejuges. Ce u'est que par un abus des mots, qu'on donne a cet etal le nom de civilisation : la lumiere y est eteinte ; la raison y est degenoree en folic. » II fait observer que les enneniis du perfectionneirsent uni- verse! voudraient nous reporter au luoyen age, et qu'ils le j)re- sentent sans cesse comme un terns plusheurcux que le notre, en s'appuyant surtout des descriptions des poetes : « mais, dil-il, il estde la nature dela poesie desepreter aux illusions et d'etre in- terpretee faussement paries fanatiques. EUe pare de fleurs cliaque age de la race liuniaine : dans I'ignorance, la poesie volt la simple innocence; dans la fermentation sauvage des esprits, elle admire la vigneurde I'lieroisme ; et dans la barbaric raffineedu moyen age, ellcse plait a trouver une douce alliance entre I'amour et la vertuguerriere. Les poetes nous fourniraient fncilcment une peinture seduisante de cliaque siecle; on pourrait nieme com- poser un brillant tableau , en reunissant les plus belles actions du moyen age. Cependant, si nous ecoulons les lecons de I'histoire, oserons-nous dire que c'etait le terns heureux des rois, lorsque Tempereur Henri IV jiresentait I'etrier ausairit- pere, lorsque I'empereur Frederic II etait persecute a Rome , ou lorsque le dernier rejeton de sa famille portait sa tete suv I'echafaud. « Apres avoir refule les principales objections des adveisaires du perfeclionnenient des peuples, conire Fulilile de I'instruc- tion generale,M. Oersted montre la vanite de leiirs tentatives. 7o4 LITRES ETRANGERS. en proiivant que le diisir de s'iiistruire esl inherent a iiotrc espece. •> La socieie est assujelie coinrae la nature a des lois fixes. ]l esl vrai que chaqne membre de la societe jouit d'une force qui siibsisic ])ar elle-meiiie; niais I'actlvite de cette force individuelie depenti felienienl des lois generales , qn'nne ten- tative de I'individu, si ello est dirigee contre les lois univer- selles, deviendra tout-a-fait nulle... Legcnie humain asjiire a un ordre social, regie par la raison;des lors, cliaquehoinme, j)orle vers ce but, aspire a se perfectionncr. Vouloir agir contre celte tendar.ce des esprits , c'est voulnir changer la nature des cho- ses. On pourrait satis doute, a I'aide d'une machine, prescrirc a I'eau d'une soTirce de monier, au lieu de chercher le point le plusbas; ma is, si ronessayait de del oiirner les fleuves vers leurs sources, on ne le pouirait. II en est de meme de la niarche de I'esprit humain. Yous pouriez I'arreter ca et la pendant quel- ques jours ; mais qui oserait se croirc assez fort pour encliainer chez tous les peuples ce desir d'avancer ? Combien d'injustices et de violences ne f.iudrait-iJ ])as coinmettre jiour approcher de ce resultat , ct a ciiielle ex])losion des forces coniraires ne serait-on pas ex[)ose?... Pourquoi enfin arreter ce progres du peuple? Est-ce pour cvitcr quelques abus? Mais rinstruction a-t-elle ete plus sujette a Tabus que le pouvoir lui-mtine? Et pourlant nous jugerions insense celui ([ui conseillerait de re- noncer a tout gouvernement. L'instrucilon vousest-elleodieuse, parce qu'elle semble s'opposer a vosinleiels personnels? Peut- etre n'avourez-vous ])as un tel motif; niais j'osc dire que cette crainte n'est qu'imaginaire. II est viai, la distance (jui vous separait dn peuple diminue; uiais ce rapprochement ameneune confiance recijjroque , sans laquelle il n'y aurait. que desordre et anarchic: en couipensation de vos pi-elendues perles, vous obtenez la securite. » Ces courts extraits du discours de M. Oersted suffiront pour en jndiquer I'esprit. On aime a connailre la luaniere depeiiser d'un savant ceiebre, qui a contribuo i)ar de beaux et utiles tra- vauxaux progres des counaissanceshumaines. Sans doute aussi, il pent paraitre curieux de comparer les opinions, professees hauienicnt en Daneniark, et sous les auspices d'un gouverne- ment sage et bienfaisant, avee les diatribes furibondes que se permettent dans certains pays , ies organes du parti qui , selon I'expression d'un poete spirituel, Au chai' de la raisou s'.TUele par dcrricre. DANEMARK. -oS a88. — * Margaretlia, Dronning, etc. — MargiiPiite, reine de Danemark, de Norvege et de Suede; par M. C.-F. Wich- MAKN. Copenhaguc, 182^. In • 8" de xii et 167 j)ages, a\ec \e portrait de la reine. La reine Margueriie figure avec beaucoup d'eclatsur la iiste des femmes qui ont gouverne de vastes cfats. Ses talens dislin- gues , sa grande liabilele politique , et la finesse de son tact en diplomatie lui avaient acquis le surnom de Semiramis dii Norch elle I'a garde jusqu'a ce que, quatre sieclrs plus fard, il fut Iransfere a une irapcratrice qui le meritait d'axitant mieux que possedant les memes qualiles , elle ressemblait encore a la reine de rOrient, sous des rapports moins honorables. C'estla reine Marguerite qui, nee en i353 , et morle en 1412, sut reunir par des negocialions, les frois royaumes du IVord. Cette reu- nion ne dura que depuis 1 897 jusqu'a i Saa , epoque a laquelle la Suede, seseparant des deux autres royaumes, elut pour son roi le celebre Gustave Vasa. L'auteur de Touvrage que nous annoncons a traile son sujet avec talent; il raconteles evene- mens avec precision et clarle, etnous ne trouvons auciindelail qui paraisse inutile. II a ete moins heureTix , a notre avis , dans son introduction, qui expose la situation du Danemark et de la Norvege, depuis les terns les plus anciens jusqu'a I'avene- mentde Marguerite. Celte introduction comprend 64 pages en pctits caracteres, et forme, par consequent, presque la moitie de I'ouvrage entier. La lecture en est fatigante, ce ((ui provieut en partie de la longueur des periodes. On serait portca croire qu'elle n'est pas du meme auteur que le reste de I'ouvrage. 289. — * Om Kong Har aid Klahsdaab. — Sur le bapt^me du roi Harald, surnomme Klak, et sur I'origine duchristia- niiime en Danemark. Cojjenhague, 1826. In -8° de 99 pages. En 826 , sur I'invitation du roi de France , Louis -le- Pieux , ])lus connu sous le nom de Debonnaire , Harald, surnomme Klah , roi de Danemark, ou plutot de Jutland, accor.ipagne de la reine , de toute sa famille etd'une suite nombreuse , se ren- dit a Ingelheim, j)res de Mayence, pour abjurer le paganisme, embrasser la religion chretienne et se faire bapliser. Cette cc- remonie cut lieu dans les premiers joi:rs rlu mois de juin de la meme annee. Ainti, mille ans se sont ecoules depuis I'intru- duction du cliristianisme en Danemark. En commemoration d'un evenement d'une si haute importance, le roi actuel de Danemark a ordonne la cek-bratiop d'un jubile, quia dii avoir lieu dans toules les eglises de son royaume, le 14 mai dernier, jour de la Pentecote. S. M. a voulu, en outre^ qu'a cette oc- casion il fut public, pour rinstructiou du peuple danois, un T. XXXI. — Septernbre 1826. 45 7o6 LIVRES ETRANGERS. rccitdetoiitesles circonstances qui ontciiquelque rapport avec cet evcneinent memorable, et que ce r<5cit fut redige de ma ■ niere a etre a la portee de toiites les classes de la societe. Telle est I'origine de I'opuscule que nous annoncons, et dont I'au- teiir, qui toutcfois a garde ranonyme, est le savant M. Mun- TER , evet|ue de Selande. Un expose de I'elat religieux el moral du royaume de Danemark, au commencement du ix* siccle, sert d'lntroduction a son ouvrage , ou Ton trouve ensuite la description de toutes les ceremonies quiaccorapagnerent i'acte solennel, objet de ses recherches. L'exactitiide du recit et de ses details nous est garantie par la grande erudition de I'au- teur. On trouve intercalee dans cet ouvrage une traduction en vers d'un poeine A'Ernoldus Nigellius , en vers elegiaques la- tins. EUe est due a M. Rahber, dont le gout et les taiens sont trop connus pour qu'il soit necessaire d'en faire I'eloge. M. Rah- bek a cru devoir viser plutot a I'exactitude lilterale qu'a I'ele- gance du style, de sorte qu'on ne trouve pas dans son travail toute la purete que Ton est accouturae a rencontrer dans ses nombreuses productions. Enfm, le livre est termine parqualre psaumes destines a etre chantes dans cette occasion solennelle. ils ont pour auteurs MM. Ingemann et Schmidt , tous deux poetes tres-distingues , et un anonyme. Heiberg. ALLEMAGNE. 290. — * Symholce ad carcerum disciplinain, etc. — Vues sur le regime des prisons. — Dissertation qui sera soutenue publlquement dans I'Acadcmie Albertine , le i5 juillet 1826, pour obtenir la permission de donner des lecons publiques , par Eberh.-Bav. Friedlander, docteur en philosophic (sui- vent les noms du repondant et des opposans). Koenigsberg, 1826. In-4° de 47 pages. Avant de parler du merite de cette dissertation , nous in- vitons nos lecteurs francais a s'arreter un moment sur le litre. Plusieurs y apprendront avec surprise ce que c'est qu'une universite. C'est d'une these qu'il s'agit, et d'une these latine sur quelques idees toutes vivantes , toutes jeunes, de la phi- lanlropie moderne. Une these latine, soutenue dans les formes de I'ecole, peut done aujourd'hui encore signifier quelque chose , repondre a la pensee du siecle et contribuer a ses progres ! Dans les murs de cette Sorbonne, chef- lieu de notre Academic parisienne , cela ferait surement crier au miracle, ou bien au scandale ; el c'est pourtant ce qu'on ALLEMAGNE. 707 trouve tout simple dans les universites de rAUemagne. Chez nous, uu piofesseur qui s'etendrait un peu sur les doctrines contempoiaines , en niatiere de philosophic et d'ordre public, se ferait suspendre de ses fonctions; nous en connaissons deux ou trois exemples singuiierenient approprles h la matiere : et voila un savant qui, pour se faire autoriser a donner des iet'ons piibliques a I'universlte de Koenigsberg, pro venid le- gend i , figure, suivant I'usage etabli au-dela du Rhin , dans un acte public dont il va prendre le texte chez les societes philantropiques qu'il a frequentees dans ses voyages. C'est que, chez nous, il n'y 2 plus des long-teras d'universites, et que la elles vivent encore dans toute leur force , raalgre quelques alleinles qui leur out ete porlees depuis quelques annees. La, coinme dans les i5^et 16^ siecles, les universites sont au niveau ou plutot a la tete des travaux contemporains. La, I'enseigneaient superieur se censure lui-meme, et se di- rigc s(ir tons les points oil I'appelle le besoin des esprits. Tontes les idces susceptibles de produire une doctrine vont se fondre et s'eprouver avec la masse des etudes ; elles y prennent aussitot une forme scientifique, favorable a la dis- cussion et a I'examen. En raison de leur importance, la con- currence et la contradiction s'etablissent librement. Les condi- tions, actes i)ublics , et aulres formalites universitaires ne sont (jue des garanlies prealables contre I'ignorance ou I'in- capacite des personnes; elles n'imposent jamais ni doctrines speciales, ni limites a Tenseignement. Sans cela, tout y perirait: la routine mettrait en fuite les talens , les lumicres , I'emula- f ion. C'est ce qui est arrive ailleurs par diverses causes. Mais venons a la dissertation de M. le docteur Friedlandcr. Ce travail est le resultat d'un scjour de I'auteur a Paris et a Lotidres , pendant lequel il a visile plus particulierement les lieux de detenlion, et s'est lie avec les liommes les plus verses dans la theorie et dans l:i pratique des moyens propres a les ameliorer. Apres une courte preface, viennent i^quinze pro- positions posees et succlnctement developpees, sur les distinc- tions de caraciere , d'age , de sexe a faire entre les detenus pour les separerconvenablement; sur le genre d'occupations , d'enseignement , de consolations qu'il faut leur donner; enfin, sur les personnes et les associations destinees a les surveiller; 2° une comparaison rapide de la legislation prussienne sur cet objet avec celle de I'Angletcrre ; 3** I'esquisse d'un reple- ment a faire pour la classification, I'inspection et I'instruction ou I'education des detenus; 4" ^^ description d'un plan de prison donne en Angleterre, par G. Ainslie, et adopte par 7o8 LIVRES ETRANGERS. la Societe de Lomlrcs pour I'arjielioration du sort des prison- iiiers : on y a joint nne planche lilliograpliiee ; 5" cnfin , une lisle clironologique des y)rincipaux onvrages jiublies depuis cinquante ans sur la matiere, par les Anglais. On voit que Tanteur a moins cherche roriginalilc que I'uti- lite; ce qui prouve qii'il est aniine d'uti dcsir sincere d'intro- duire dans son pays des reformes utiles di''j;\ essayees, ou du moins deja approuvees ailleurs. A la suite des regies gc- nerales, qu'il etablit avec bcauconp de solidite, sans pi-etendrc, comme il cut pu le vouloir, les faire deriver d'une theoiic absfraite de la morale ot des droits sociaux , il s'applique surtout a distinguer Ic.s divers genres de prisons et les divers ordres de prisonniers qui leiir conviennent, avec des subdivi- sions dans cliacun de cos ordres. Toules ces distinctions sont assez nombreuses; nous eussions desire que rauieur qui -voii- draitles appliquerac/jwiyHe/Torwc^, lint compte de Timmense difference qui existe entreles])rovincesallemandesoii les crimes sont rares dans une population assez egalemeut repartie sur Ic terriloire , ot les deux cayiitales qui lui ont suggere ses idees. 11 senible que ces ni,nsses cojossales, comme de veritables anoma- lies de la civilisation , exigent une economie morale et politique toute parlicnliere. Yoici, du reste , les six especes de prisons qui doivent etre separees , et que le plan de G. Ainslie pre- senle avec celte condition, sous Tine fornie simple et inge- nieuse : i'* Cuxtodice (Haftgefsengnisse) , m.■^i^ons d'arrot pour s'assurer des prevenus. Les jirisonniers doivent y ctrc occupes autant que possible, maisa leur gre ; ils doivent y conservcr , aulant que possible, les habitudes de leur rang dans la so- ciete.— oP Career ( Gefncngniss ) , prison des condamnes a un an au plus de detention , et dont le delit ne suppose pas une perversity decidee. La privation de liborte doit etre leur seul cbatiment. Occupations et habitudes , comme ci-dcssus. — •'^" Erga.stitla ( Zuchthjeuser ], maisons de correction. Coupables encore jeuTies , deja entres dans la voie du desordre. Peines en deca d'une annee. Travail imjvose , niais non trop rigou- reux. L'esprit de douceur doit prevaloir. — l^^ Pcenitentiaria (Slrafgefrengnisse ). C'est le Carcere duro des Italiens. Crimes supposant une perversite habituelie. Travaux forces. Espe- rance d'etre recommandes a la clemence du prince pour ceux qui se conduisent bien. — 5° Vincida ( Festungen }. Prison plus dure d'un degre que la prcceclente pour les criminels desesperes , dont la peine s'etend au - dcln de dix annees. Travaux rigonrenx. Extreme severile, sans renoncer jiourtant a Ja charite et a la clemence. — 6° Carceres correctionis ( Uos- 4 \LLEMAGNE. 709 serungshxuser). Prisons pour la reforine des vagaboiuls et des ineiidians niiisibles a la socieK'! , sans specification d'tiiicuii crime ni delit. Severite relacliee progressivenienl jiisqu'a ce que Ics detenus soient en etat d'etre rendus a la liberte. Les sous-divisions, dans la cloture de ces six ordres de prison- niers , doivent etre deterniiiiees par le sexe , I'ai^c , le degre d'educalion , les dispositions morales , et la conduite journa- liere. On s'apercoit aisement que I'auteur n'a pu suffire dans un espace aussi limile a toutes les parlies de sou sujet, Celles qui sont traitees dans sa dissertation meritent loute I'attention des bons esprits et des amis de rhumaniie. Les developpe- niens que I'auteur a du donner de vivo voix , dans la dis- cussion publique qu'il a soutenue , lui ont sans doule permis de completer plusieurs apercus iniportans qu'il se conleiite d'indiquer rapidement au passage. Nous lie doutons pas qu'il n'ait tronve une premiere recompense de son utile travail dans les applaudissemens de ses collogues et de ses compa- triotes; nous lui en souhaitons une autre encore : celle de voir ses vues bienfaisantes realisees autant que possible par le zele des citoyens et la sagesse du gouvernement ( Voy. ci- dessus , p. 541 )- V. 291. — * Ueher gelehrte Schulen. — Sur les ecoles savantes, surtout par rapport a la Baviere; par Frederic Thiersch. Mu- nich, 1826. Quoique rUaiversite de France, tidcle auxvieilles routines, n'ait guere I'habitude de s'inforiner des ameliorations que Ton introduit ailleurs dans I'enseignement public, nous croyons devoir appeler son attention sur cet ecrit d'un habile profes- seur bavarois. En Baviere, Ton ne croitpas, comnie a la Sor- bonne, qn'il n'y ait rien a ameiiorer dans I'instruction des colleges : le roi actuel a demande un ])lan d'etudes conformes aux besoins et a I'esprit du siecle. M. Thiersch jelte un coup- d'oeil sur I'histoire de rinstruclion en Baviere; il fait connaitre les vices des anclennes methodes , les tatonnemens et les er- reurs de I'ancien gouvernement; il traite ensuite du but des ecoles savantes, dti corps enseignant, de I'instruction religieuse et classique, de I'enseignement de I'allemand et des mathema- tiqiies, de la discipline des ecoles, etc. D'autres professeurs feront peut-etre, a son exemple, connaitre leurs vues et les resultats de leur experience, et aideront le gouvernement ba- varois a dresser un bon plan d'etudes pour les colleges qui , dan« plusieurs pays, laissent encore beaucoup i desirer. D — c. 292. — * Meine Lehensschichsale als Vorslehtr mciner Erzie 710 LivRES Strangers. hungsinstitute. — tvenemens de ma vie cotnmc chef des insti- tutions d'education a Bouri^doif ct Yverdun; ])ar Pkstalozzi. Leipaig, 1826; Fleischer. In 8" de aSr paj^cs. Apres les eloges nombreiix et meiiti's qu'ontobtenushi me- thode d'cducation du celebre Pestalozzi, et les etablissemens fondes par ce venerable philantrope (i); apres tous les on - vrages el les discours publics i)ar Peslalozzi menie et par ses coliaborateurs, on sera sans doute surpris de Tapparition de cetle espcce de confession publique par laquellc le vieillard , au ternae de sa carriere, et sur les debris de ses etablissemens, avoue Ires ingcnument qu'il s'est trompe, et qu'il a accu- mule faute sur faute. En effct, le genie inventif, I'imagination active , la bonhomie et toute la maniere d'etre de Pestalozzi le rendaienl incapable de diriger et de surveiller i'administraiion el reconomie d'une grande maison;et comme il avait , sous ce rapport, tres-mal place sa confiance, il a ete souvent trompe, et les etablissemens ont succombe, par des causes tout-a-fait independantes de la bonte de la methode que Ton aurait du y pratiquer avec perseverance, et dans I'esprit du foiidateur. A Tepoque de la revolution francaise qui araena celle de la Suisse, lorsque resaltation des esprits faisait juger facile I'execution des conceptions les plus grandps , des projets les plus vastes et les plus extraordinaires , Pestalozzi , en- traine comme d'autres amis du bien, porta ses vues sur la reforme totaie de I'education. Seconde par des hommes gcne- reux qui partageaient son enthousiasme, et par un jmblic bienveillant qui encourageait les tentatives d'ameliorations en tout genre , le reformateur Suisse fonda une institution qui fut bientot citee comme un modcle , et ou les parliculiers, ainsi quelesgouvernemens, vinrent ou envoyerent puiser des lecons. Pestalozzi crut lui-meme de bonne foi au plein succes de son entreprise philantropique. En effet, tout alia d'abord au gre de ses voeux; les enfans etonuaient par leurs progres;les pa- rens elaient satisfaits, les etrangers enchantes : Pestalozzi qui (i) Les personnes qni voudraient etudier la methode de Pestalozzi, ponnont consalter I'ouvrage de M. Tllarc-Antoine Jcllien, intitule : Esprit de la methode d' education de Pestalozzi, avec un Pidcis sur I'institut d'education d'Yverdun.MWan, 1812. 2 vol. in-S". — II n'eu reste plus que 20 exemplaires , au bureau de la Revue Encyclopcdique : Tedltion est epnisee. Le metne onvrage a ele jnge par le departement de I'instractiou publique en Prasse le traite le plus coioplet sur la metbode de Pestalozzi; et S. M. le Roi de Prusse avail envoye, par ce motif, ep ( 8 1 3 , une loedaille d'or a I'auteur. ALLEMAGNE. 711 avail rcellement des viies admirables sur I'educafion , etait porte aux nues dans loute I'Europe. Cependant, reiicliantement cessa bientot, au inoins dans rinteiieiir des etablisseniens. Pes- lalozzi , aiissi faible que bon , elait incapable de diriger une grande entre[iri5e; il lui manquait meme I'instruction neces- saire pour guider ses collaborateurs : ses elabllsseinens , en apparence si prosperes, furent dechires par la discorde et par I'anarchie qu'il ne sut ni prevenir, ni reprimer; quelquesniai- tres , en s'eloignant de lui , porterent les premiers a la connais- sance du public ces dissenlions intestines ; et aujourd'hui , Pes- talozzi confirme, par la franchise de ses aveux , tons les bruits qui ont couru a eel egard. On voit, dans ses confessions, riionune de bien qui n'hesite point a s'accuser de ses faiblesses, et a convenir qu'il n'a pas ete capable de realiser les reves de son enthousiasme. Sans le concours et la noble perseverance de quelques amis devoues, tout I'edifice se seraitccroule long-tems avant I'epoque qui vit en effet sa chute definitive. Le desordre de sa maison fut lel que Peslalozzi faillit perdre la tete. II fait a ce sujet des revelations singulieres , et qui prouvent jusqu'a quel point ce faible et bon vieillard elait facile a tromper et a conduire. '< J'entrai , dit Peslalozzi, dans une espece de fureur qui allail eclater en rage, et par laquelle je courais risque de per- dre entierernentlaraison et detomberdans une apathiefuneste. Un ami devoue me sauva de ce malheur avec le meme calme et la meme energie qu'il deploya pour tout ce qui me concer- nait. Des le leiidcmain du jour oii le dechirement de raon ame sVtait manifesle d'une maniere si terrible, il me conduisit sur le Jura dont les fraiches collines agirent avec une rapidite in- concevable sur raes nerfs , et j)roduisirenl sur moi I'effet le plus salulaire en faisant disparaiire le danger d'une alienation com- plete; cependant il me resta un grand abattement, joint a une vive inquietude, et un profond decoiiragement , suite ordinaire d'un commenceuient de desespoir... Je me sentais sur la mon- tagne, comnie ecliappe aux lourmens de I'enfer, et j'eprouvais une felicite ineffable. Je ne voulus point retourner chez moi.; pendant quelques semaines, je ne voulus pas meme entendre parler de ma maison. Tous les snirs, un de mes anciens eleves , devenu chef de mon instilul, a})res avoir rerapli sa tciche a Yveidun , venait nie voir, passait la nuit avec moi, et cherchait a me distraire; le Icndemain malin, il retournait a I'elabiisse- ment. » Un jjareil elal de choses ne pouvait rester long-lems cache; retablissemenl d'Yverdun cessa d'exister; et Peslalozzi, detrompe de ses illusions , a la fin de ses jours, ou plulot egare par son imagination aussi prompte a lui exagerer le mal que 712 LI V RES Strangers. !e bien, iic troiive de consolations que dans le sentiment intime d'avoir tonjourseu les intentions les pluspures. Celte idee et ia veneration (|ue liii ont vonoe tant d'honitnes respectables, doi- vent le soutenirdans son n)alhenr;cl en avonant ses fautes, i! s'honore par sa candenr menie. Les causes do la decadence de I'inslitut d'educalion d'Yverdiin seront peui-etre unjour expo- s6es et developpccs par un homme qui a visite I'instilution dans le tenisdesa prosperitc et a I'epoque de sa rulne, et qui, elran- ger par sa position a Tinslitntion elle-meme et aux petltes passions, anx disscntions interieiires qui ont amene sa cliute, pourra dire loute la veritc snr les homines el sur lesclioses, et nionlrer comment Pestalozzi anrait pu conseiver son ou- trage , et comment les torts graves de ceux qui I'cnvironnaient, et qui ont abuse trop souvent de sa confianee et de son carac- tere bun jusqu'a la faiblesse, n'ont rien de commun ayec les excellens principes qui consiiluent sa melhode. Celte methode , bien comprise et bien appliquee par des inslituteurs dignes de leur noble profession , et dans uiie maison adniinistree avec une fermete melee de douceur , avec oidre et economie , aurait produit, en t'aveur dcs enfans, eta la satisfaction de leurs parens , les bons resultats du developpemenl harmonique et simultane des facultes physiques, morales, inlellectuelles et sociales des enfans, tel que se I'c^tait propose Pestalozzi. Vou- loir et concevoir le bien est une chose facile; executer avec sagesse et avec succes les ineilleures concejjlions, est iine lache qui presente toujours de grandes difficulles. D — o. J — n. 293. — Serbische Hochzeitslieder. — Chansons nuptiaies des Serviens , traduitcs en vers allemands et precedces d'une in- troduction ; par jE'z/g LIVRES 1i:TRANGERS. difficnltes. Quelle cjiie soit ileSnilivemenl I'organisation de Itiir force publiqiie, il y a cerlainement dans le Manuel de RI. VVielaiid pea de tlioses a changer pour I'approprier a cetle organisrition. C'est encore pour notis un motil" de nous eui- presser de faire connaitre cet ouvrage dans tons les lieux ou la Revue encyclopcdique pent avertir les lioiiimcs studieux , les amis de leur ]>atrie ot de riiuinanilo. F. 298. — Beaux Jours et Mclnnmlie ; nniivelles ecossaises; par Artliur Austin; ouvrage traduit dc Tanglais. Geneve, 1S26; Pasciioud. Paris, le meme. 2 vol. ia-ia de 164 et iSy pages; prix , 6 fr. (let ouvrage a obtenii quehjue succes en Anglelerre. C'csl uiie galerie de tableaux , enipruiiles a la vie commune, et eni- bellis des couleurs que leur pretc une imagination vive et sou- vent cmpreinte demelancolie. La scene est toujours enEcosse; le plus souvent, dans an village, au milieu d'une campagne pittores(|i3e. Les personnages, choisis dans des classes diffe- rentes, se ressemblent presque tons par leurs sentimens mo- raux et religieux , par leur pieuse rcsig£ialion aux decrets de la providence. L'auteur parait se complaire aux recils desmal- iieurs qui accablent I'liumanite; niais sa Iristesse n'a rien de sauvage ; elle porte un caractere tout particulier de douceur. Le Iraduc'eur anonyme a parfaitement reussi a reproduire le coloris de I'original : on voit qu'il a consacre a son travail ces soins consciencienx et cette application severe, dont se dis- pensent trop souvent les inlerpretes des ecrivains etrangers. Si ses Nouvelles ne sont ])ns bien accueillies en France, M. Aus- tin ne devra pas s'en prendre a son traducteur, comme pour- rait le faire plus d'un poete ou d'un romancier anglais. Quant a nous , nous les avons lues avec plaisir et nous aimons acroire que le grand nombre des lecteurs les accueillera avec empres- sement. A — e. ITALIE. 293, — * Orazione per Vesequie anniversarie de'benefattori della casa di ricovero c d'industria in Padova. — Discours ])our les obseques anniversaires des bienfaiteurs de la maison de refuge et d'induslrie a Padoue, par Joseph Bakbieri. Pa- doue , 1826 ; Crescini. In-8°. Ce titre seul fait honneur a M. Barbieri qui a consacre sou eloquence a unsujctsiiinportant.il a fait, dit-on une telle im- pression sur ses r.ombreux auditeurs , que tous out contribuc plus ou moins, par des dons volontaires aux frais de I'utablis- senient en favcur duquel il voulait reveiiler I'inleret public. ITALIE. 717 Get exemplc devrait encourager nne foule d'omteurs , a la fois sacres etsteriles, a Irailer des siijels scmlilablcs, ct a employer cette eloquence qui touclie ])lus le coeur que I'esprlt. 3oo. — Alcimi ritratti di donne illustrl venezione , etc. — Quelques portraits de feminescelebres de Vciiise, jjublics par Barthelemy Gamba. Venise , 1S26 ; impriiuerie Horjopoli. In-8". Ce recueil contient 12 portraits de dames, remarquables par leurs talens ou par leurs aventures : Isotia Nogarola , de Ve- roiie, qui fut adn)iree par Bessarion; Cassandre , Venitienne, cel«bree par le Politien ; Irene de Spilinbergo, du FrioTil, eleve du Titien et qu'admira Le Tasse; Gaspara Slampa dont les vers et les amours font encore verser des larmes; Ferouica- Franco , Modestade Pozzo , Marietta Tcutorrctto , routes trois de Venise; JxnbeUa Jndreini, de Padoue, qui brilla dans les academies , par ses vers , et stir les theatres de France et d'lta- lie, par sa declamation; Hctene Cornaro Piscop/a , aussi de I'adoue; enfin, Rosalba Carrierc, Louise Bergalli Gozzi et Eiiiahcth Caminer-Turra , Venitiennes, qui ont fleuiidans le siecle dernier. La plupart de ces gravnrcs ont eie exccutees avec talent d'apies des portraits fails ])ar des peinties conlem- porains. Elles font lionncur an gorit generalement connu de M. Gamba. Que nos Italiennes d'aujourd'liui cl.erelienla meri- ler de semblables liommages. !^oi. — * Sopra il teatro tragico itnliano considerazioni, etc. — Considerations sur le tlicaire tragiqne italien , par G. U. Pa- GANi Cesa. Florence, iSaS; Magheri.In-8°. L'auteur commence son ouvrage par une leltre adressce a Charles Goldoni; et il estslngulier qu'en se montrant fort de- goute de ce bas-monde,qu'il trouve rerapli de vices honleux, il ait eu la patience de s'occuper serieusement du theatre. Pre- venu en faveur des classiques , il regarde les nouvelles pieces dramatiques comme scandaleuses , et destinees a detruire le gout. Voulant en meme terns conserver ou retablir Tordre dans le theatre, il expose ses opinions qui nous semblent i)ar- fois aussi etranges fjue plusieurs de celles (ju'il a I'inlention de combattre. Sa disseitalion est divisee en deux parties. Dans la premiere , il examine si i'ltalie est vraiment inferieure , comme on I'a dit, aux autres rations, dans le genre tra- gique ; et il passe en revue les nations anciennes etmndernes qui se sont distinguees dans la meme carriere. A la fin de cette premiere partie, I'auieur change de ton, et jji'cnd le style familier du dialogue, ce qu'il repete encore ailleurs , et ce qui paraitrait convenir mieux a un romantique qu'a 7i8 LIVRES ETRANGERS. un classique. —-Dans la seconde partie, I'auteur se propose d'exaininer si le drame puremei)t Hagique est arrive , en Italic, a un certain degrd do perfection. II nous entrctient, a ])ropos de cette question , de I'illusion iheatrale, (les uni- tes dramatiques , du roniantisme de quelques especes de tra- gedies , des confidens, du style, des decorations, de la ver- sificalion , etc. En Irailant chacun de ces sujets, il ne manque pas de nous informer d(i caractcre et du nierite iilti-raire de plnsieurs poctes de ce genre, italiens et eirangers. Souvent il les compare on Ics apiirecie , et q»iek|uef()is d'une n)aniere qui ne pent satisfaireni les uns ni les autres. La versification de Victor Alficii ne lui plait pas; il admire celle de Metas- tase , et cette 0])inion nous seinble seule prouver la maniere de senlir et de pcnser de I'auteur. II admire aussi la versifi- cation de Charles Dottori dans son Jrislodeme , Iragedie pu- bliee en 1657. ^" trouve, a la fin de ce traite , divers exemples de style tragifiue, tires du Mahomet el de la Se- mtrainis de Voltaire, traduilspar Cesarotti, et du Polybete du jfune Forciroli. Certes , cette dernierc tragcdie ne manque ])as de merite; mais rauieur ra])prouve surtout, parce qu'il la trouve, quant a la versification , plus eonformc a la maniere de Dottori, de Cesarotti, et particulicrement de Melastase. M. Pagani Cesa fait cclatcr sou indignation contre tout ce qui tient au roniantisme. Les theories de M. Schlegel , malgre le langage imjiosanl dont dies sont revetues, lui seniblent des bizarreries ; il tourne en ridicule les di ames romantiqnes , et les journalistes qui s'cfforcent de les accrcditer. Enfin , il traite de charlatans les roniantiques et ceiix (]ui les favo- risetit; ce c|ui passe les bornes d'une critique lilteraire judi- cieuse et imparliale. Nous nous contentons d'indiqner les opinions de I'auteur , d'autant plus qu'elles ont ete longuement disculees daus trois articles inseres dans V Anthologie tie Flo- rence (N°* 62 , 63 et 64). Ces trois articles torment une espece de tiaite abregc, mais interessant, de ce que le systeme ro- manii([ue contient de relatif a la poesie draraatique. L'auteur exjjose avec art , el quelqnefois developpe avec chaleur ce qu'onl dit de nieilleur les apotres les plus zelos de ce systeme. Ncn-sculement il fait valoir I'importance de leurs raisons; il seml'lc en insposer par le nonibre et I'aiitorite de leurs noms. Bien que nous n'adojuions pas toutes ces maxinies,no\is aimons a louer la maniere decente et vraiment philnsopliique dont il defend sa cause. Quand meme on ne trouverait d'autre merite dans I'ouvrage de M. Pagani Cesa , on ne peut lui contesler celui d'avoir fait naitre ces trois articles de I'Anthologie de ITALIE. 719 Florence , que pouiTont utilement consulter ceux qui aiinent ce genre de discussions. 302. — II Clotaldo , poema , etc. — Le Clotalde, poeme, par Louis Career. Padoue , 1826; Minerva. In-4''. C'est une epopee romanesque en trois chants , et ce que les Italiens appellent poemecto. Le jeune auteiir s'est livre aux exacerations inisanthropiques de Byron, et au niysticisrae de M. Lamartine. Clotalde est d'abord emprisonnc , et , malgre sa delivrance , il reste misanthrope, et croit que le mysti- cisme est I'objet le plus important de la poesie moderne. Nous signalons celte doctrine, pnrce que le jeune auteur qu'elle a seduit possede plusieurs taleiis, dont il pourra faire un lieureux usage , s'il consulte plutot ses propres inspi- rations que les raaximes specieuses et vagues de ces rheto- riciens qui aspirent a une espece de merite nouveau dont !a definition est encore altendue. Ces vers ne manquent point d'harmonie ni de sensibilite. Qu'il tache d'etre ilalien et de s'attacher aux sujets que reclame son siecle ; il trouvera dans son pays, s'il en abesoln, des exemples d'un gout plus sur que ceux qu'on va chercher dans les ecoles du Nord. 303. — * De monumend , etc. — Les monumens; ])oeme, d'.^/^g'e/o MoccHETTi. Panne, iSaS; Bodoni. In-4° figure. L'autear eleve trois monumens poeliquesa la mcmoire du savant ZoHW Bella, son precepteur, du celebre Antoine Ca- nova, et de Picrre-le- Grand, coiisidere comme le fondateur de la civilisation de la nation russe. I! est toujours honorable pour le poete de corisacrer son talent a chanter les horauies dont on ne pent plus recevoir aucune recompense. Mocchetti serable un peu trop s'eloigner de son sujet, surtout dans sa premiere composilion, destince au tombeau desou maiire ; on est expose a Toubiier en visitant plusieurs autres monumens. Depuis quel- ({iie terns, les Ilaliens semblent cultiver avec predileclion ce genre de poesie sepulcrale. i\I. Hippolyte Pindeinonte , poete remarquable par ses talens et scs vertus, donna le signal, et ])ublia ses Sepolchri. M. Foscolo suivit heureusement son exem- ple ; M. Torti, eleve de I'ecole de Parini , qu'il semble vou- loir abandonner, suivit lours traces. ( Voy. Rev. Enc, t. xxxi , p. 7^7 ). On pent citer comme poesie du meiue genre , // colpo di martello del campanile di San Marco , le coup de maiteau du clocher de Saint-Marc a Venise. 3o4. — * L'ulii'o di Roernia , terzine , etc. — L'Olivier de Boheme , tercets de Cec//w De Luna-Folliero. Naples, iSaS; Marotta et Vanspandoch. In-8°. Cette dame poete s'etait deja fait connaitre par ses Rimes, 7^0 LITRES ETR ANGERS. publiiies en i8a3. Nous signalons ces vers parmi beaucoup il'autrcs poesies fugilives, parce qu'ils sont I'ouvrage d'iine persoiinc distingiiee, opouse, fille et mere, ct parce quils ex- prinu'nt les all'ections los ])lus temlres et les i)Ius vraies. Pour bien comprendrc srs Tercets, il faut connailrc les circonstances qui en ont fonrni le siijet. Noire savant litterateur, M. Charles PouGENs, ayant cormii les exceJlentes qualites de cttte dame et s'etant lie avec elle ])ar les noeuds d'une estinie et d'nne amilie rcciproqiies , a vouhi consacrer, par une sorte dc mo- nument celte affection, e^alement clicre aux deux ames gene- reuses qui i'eprouvaient, et il a plante , en I'lionneur de son aimable nnise, dans son jarilin de la vallce de Vauxbuin, pres Soissoas, un olivier de Bolieme, et a cote un lierre de Grece, comme les symboles les plus convenables de leurs sentiniens rnuluels. C'est a I'ombredeces deuxjeunes plantes que celte muse chante et consacre ses souvenirs et sesesperances. 3o5. — Una stale a T'aresc c ne' dintorni , leltcre ad Erminia. — Un ete a Varese et dans ses environs, letires adressees a Er- minie. Lugano, iSaS; Vanelli et comp. In 32. C'est le premier ouvrage que public le jeune Dandolo, pour prouver qu'ilclierclie a profiter des lecons deson jiere. Varese presente des objets dignes d'altention; et quoiqiie plusieurs ecrivains se soicnt attaches a ics peindre, cetle maliere est loin d'etre epuisce. Erminie, a qui ces lettres s'adressent, parait de terns en terns distraire I'auteur. Cen'estpas que nous proscri- vionsl'amour danscc genre d'ecrits; nous aurions meme desire qu'il se trouvat exprime dans ceslettres avec un peu plus de force et de verite. Cette remarque ne blessera point ce jeune et esti- mable ecrivain ; il preferera les critiques dont il peat profiter , adeseloges qui endormiraient sa vigilance. Al'agedeaS ans, il est eut-etre pas moins, quoique leur influence soit inoins sen- sible; la France \ienl ensuite, et n'a pas encore donne ace moyen d'enseignement industriel I'elendue et I'importance qu'il devrait avoir. Puisque I'ltalie se dispose a I'employer aussi pour developper les iranienses ressources qui sont a la disposition des arts, dans cetle belle contree, on pent espcrer que les jours de prosperite de son commerce reparaitront , que ses manufactures relrouveront leur ancienne celebrite, et qu'une louabie concurrence va s'etablir entre les principales nations de I'Europe , non pour des interets politiques, mais pour le bien general, pour le bonheur de I'humanite. Le premier cahier du nouveau journal industriel commence par des Fues generates sut- la technologic. L'auteur de cet ecrit, M. le comteBossi, a rassemble dans quelques pages beaucoup de fails, d'idees, d'instruction. Ses definitions sont exacles, il expose avec fidelity I'histoire des sciences et des arts donl il parle; il se montre parfaitement au courant de ce que Ton a ecrit, en France et en Angletei're, sur les sujets qu'il traite. Avec I'esprit d'ordre et d'analyse dont M. Bossi fait preuve dans cet ecrit , un tel coUaborateur est une acquisition pre- cieuse pour le nouveau journal. Une analyse des memoires de M. Bonafous sur I'education des vers-a-soie ; une notice sur la fabrication du papier, par les Cbinois; une autre sur les diligences a vapeur , de MM. BuRSTALL et Hill ; un grand nombre d'indications de procedes nouveaux, dont plusicurs sont juges avec discerne- ment et reduits a leur juste valeur : tout ce qui compose ce premier cahier fait augurer favorablement de ceux qui le sui- vront. Les redacteurs s'attacheront sans doute a reunir des ar- ticles originaux , et s'abstiendront , aulant qu'ils le pourront, defaire desemprimts auxautresjournaux. Dans la fouledespu- blicationsperiodiqiicsde tous les payset surtoutes les malieres, k ITALIE.— PAYS-BAS. 725 les seuls articles originaux , separes de tout le reste, sont loute la subs'.ance reellement contenuedans plusieurs milliers de vo- lumes, et n'en rempliraient peut-etre pas nnecinquantaine. F. PAYS-BAS. 309. — Leere der Scheikunde , etc. — Theorie de la chimie, concernant principalementles proprietes et les proportions des principes constituans des corps; par M. Overduin, pharma- cien. Breda, i8a6; imprimeriede Slerk. In-8°de vii-aBg pages. L'auteur de celivreest avantageusementconnu en Hollande par ses Iravaux chimiques, specialement par son elaine (huile epuree), dont les horlogers se servent avec succes. Cet ou- vrage, au niveau des progres que la chimie a faitsdansces derniers tems , est un abrege qui se recommande surtout a ceux qui veulent avoir des notions somraaires sur I'ensemble des connaissances chimiques. 3 10. — Dissertatio medica de opio , etc. — Dissertation me- dicaie surTopium ; par G.-J. Mulder. Utrecht, iSiS; impri- merie d'Aliheer. In-8° de iiS pages. Parmi le grand nombre de substances medicamenteuses du regne vegetal .qui onl etc soumises a I'investigalion deschi- mistes modernes, I'opium, en raison de £on ufilite en raede- cine, devait attirer surtout leur attention. La dissertation de M. Mulder offre un resume interessant des divers Iravaux dissemines sur I'analyse de ce medicament ; les effets de To- pium et de ses principes sur ['economic animale sont tres-bien exposes et comparativement determines; et apres avoir trait^ son sujet sous les rapports pliysiologique et pathologique , M. Mulder donne quelques corollaires pratiques. 3 1 1 . — Dissertatio medica de macroglossa , scu Itrtguce enor- mitate. — Dissertation medicale sur la grosseur de la langue ; par /?.-F. Van Doeveren. Leyde, 1824; Imprimerie de Ha- zenberg. In-8°de 106 pages, avec deux planches. Cette dissertation est etrite par un jeune medecin, fort ins- truit. Nousregrettons de neTavoir pas annoncee plus tot. L'au- teury areuniplusieurs cascurieux de grosseur extraordinaire de la langue; il examine avec beaucoup de methode et en de- tail la nature, les causes et les symptomes du mal qui fait le sujet de sa brochure ; et le traitement qu'il indique est tres- rationnelet appuye sur I'experience de praticiens justemeift celebres. De Rircrhoff. 3 1 2. * Abrege de Vhistoire du duche de Brabant, du marqui- sat d'Jnvers et de la seigneurie de Malines, par demandes et 726 LIVRES £TRA.NGERS. par rcponsos; par M. Dewez. Bruxelles, iSaS; veuve Stapleaux In-i2 de iv-i42p, avec Ja traduction hollandaise en regard. Si la forme du dialogue parait pen convenablc ])our les grandes compositions historiques, elle peut neaninoius etre utile dans Ics livres elcmentaires, et nous ne blamerons pas M. Dewez d'avoir, a cet egard , suivi I'exemple du judicieux Fleury. Cet ^brege n'ajouier a rien sansdoute a la reputation de I'auleur ; mais 11 est unenouvelle preuve desonpatriotisme et de la constante sollicitude avec laqueile il s'attache a faci- liter I'etudede I'histoire beige. Peu d'liomines ont rerapli d'une manierc plus honorable que M. Dewez leurlaborieuse carriere. La seconde edition de son grand ouvrage sur la Belgique lui donnera bienlotde nouveaux droits a la reconnaissance de ses concitoyens. Stassart. Outrages periodiques. 3 1 3. — Journal d' agriculture , d'economie rurale et des ma- nufactures du royaume des Pays-Bas. Bruxelles, juin 1826; auBureau dujournal, Montagne des Aveugles, i\° 886. In-8". (Voy. Rev. Enc. , t. xxx, p. 460 ). Ce cahier renferme un extrait d'un memoire tres - inte- ressant d'un cultivateur anglais, M. Boys, sur I'education des moiitons de la fameuse race de Southdown. Des animaux de cette race parviennent, a 20 raois, au poids de i6o a 170 livres. Sous ic rapport de la qualito prolifique, elle n'a point d'egale', car, dans les grands troupeaux de M. le due de Bed- ford et de M. John Ellmann, le rapport du norabre des nais- sances d'agneaux a eelui des brebis portieres est comme 3 : 2. V.J. 3 14. — * Tydschrift voor-genees-heel-verlos-en-scheikundige fVetenschappen. — Recueil periodique consacre aux sciences medicales, et publie par la Societe de medecine de Hoorn. Am- sterdam , 1826; imprimerie de Vink. In-8°. La Societe de medecine de Hoorn ne fait pas comme tant d'autres Compagnies savantes, dont les travaux qb consistent qu'a delivrer des diplomes et a flatter I'ambition de quelques particuliers ; elle travaille avec zele pour se rendre utile. Le recueil que nous annoncons en fait foi. II est redige par MM. KuYS, Rynders, Swaan, Jorritsma et Van Marken, el se publie depuis 1828. La Sociel^ promet de continuer a en faire paraitre, cliaque annee, deux ou trois cahiers. Cbacun de ceux qui ont paru est de neuf a dix feuilles d'impression. Cc recueil est divise en trois sections. La premiere est con- LIVRES ]£TRANGERS.— LIVRES FRANCAIS. 727 sacrtie aux analyses d'ouvrages nouveaux ; la seconde lenfenne des iiiemoires originaux et des observations sur I'art degnerir, fournis par les niembres de la Socicte, et la Iroisieme se com- pose d'exiraits traduits des ouvrages de medecine les plus re- marqiiables publics en langnes etrangeres. Dans le dernier cahier qui vient de paraitre , nous avons remarque des notices sur les traductions lioUandaises del'y^natoinie generate de Bi- ihat et de la Nosographie chirurgicale dc Lassus. A.-pxks> I'an- iionce de plusieurs traductions et de livres nouveaux , on lit une jjartie d'un apercu historique de M. le docieurMENSERT, oculistediiroi, sur les maladies des yeux observeesdanslesPays- Bas ; ensuiie, diverses observations medicales et chirurgicales, recueillies par MM. Landsrroon, Nottelman, Rynders et JoRRiTSMA, ainsi que des extraits traduits avec des notes, par MM. Svt^AAN et JoRRiTSJi A, du mcmoire de M. Ually sur I'usage therapeutique de I'acelate de morphine, De Rirckhoff. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. 3 15. — *j4rt de cultiverla vigne et defaire du hon vin inalgre le climat et C intemperie des saisons ; suivi des moyens : 1" de faire avec le vin de la basse Bourgogne, du Cher, de Tou- raine, etc. , des vinsde St-Gilles, de Roussillon, de Bordeaux; 1° decomposer, avec les vins de ces derniers pays, du vin de premiere qualile de Bourgogne et de Bordeaux; 3° de fabri- quer les vins de liqueur, les caux -de-vie, les vlnaigres ; /(" de retirer la potasse des prodnits de la vigne; par M. Salmon, chimiste et marchand de vin en gros. Paris, 1826. In-12 de 270 jiages et 2 planches ; prix, 3 fr. et 4 ft"- ^5 c. par la poste. 3 16. — * Manuel du Bouuier , ou Traite dela medecine pra- tique des betes a comes , ouvrage utile a ceux qui veulent cle- ver les animaux, les dresser au travail et leur conserver la sante; par /cye/?/^ Robinet, artisle velerinaire; e'lilogislique a reussi , M. Palais conclutque la maladie consiste dans une in- flammation de la membrane muqueuse des inleslins. II nous semble que , pour adopter cette opinion, il faudrait qu'elle fut appuyee sur d'autres preuves, et surtout sur des preuves plus directes , puisqu'on a plusieurs fois trouve cette membrane in- lacte sur des sujets qu'une violente attaque de colique metal- lique avail emportes. Rigollot, fiis, d. m. 321. — * De I'emploi des chlorures d' oxide de sodium et de chaux ; par A.-G. Labarraque, pharmacien de Paris, membra de r Academic royale de medecine, etc. Paris, iSiS; I'auteur, rue Saint-Wartin, n° 6g. M"« Huzard , rue de I'Eperon-Saint- Andre, n° 7.In-8° de 48 pages; prix, i fr. L'efficacite du chlore el de ses combinaisons pour dcsinfecter et preserver des miasmes dangereux n'estjjlus contesteeaujour- d'hui : I'experience aprononce; ics Societessavantcs et tousles medecins, auxquels la chimie n'est pas etrangcre , sont d'ac- cord sur ce point. II ne s'agissait plus que de preparer conve- nablement et avec economic, ces puissans moyens hygie- niques, et d'en diriger I'emploi: c'est ce qn'a fait M. Labar- raque. D'honorables suffrages et des prix academiques ne sont pas la recompense laplusprecieusede ses travaux : il en trouve une plus grande encore dans le sentiment du bien qu'il a fait, dans les services qu'il a rendus a I'humanite. Pour bien appre- SCIENCES PHYSIQUES. 735 cier de pareils services, il suffit d'avoir le courage de lire les tri.stes details des cures operees par les chlorures de soude et de chaux,d'arreter quelquesinstans son imagination siir le re- butant spectacle des contagions, des ulceres, de ce que les ma- ladies et la mort ont de plus hideux. La brochure deM. La- barraque etonnera peut-etre meme quelques medecins et leur offrira des ressources dans plusieurs cas oii ils n'auraient plus rien espere, ni de I'art, ni de la nature. L'auteurnous promet un ouvrage plus etendu dontil ne public en ce moment qu'un extrait, ct dans lequel il chcrchera « a demontier les causes et les phenomenes de la putrefaction des matieres aniinales,sui- vis de la maniere d'arreler, dans diverses circonstances , ce mouvement desorganisateur. » Les lecteurs qui redoutent les impressions douloureuses , meme lorsqu'il s'agit d'acquerir une instruction d'une haute importance, pourront lire avec interet, a la fin de cette bro- chure, le recit de quelques fails remarquables qui eurentlieu, en 1825, Jors du curage de I'egout Amelot. Un ouvrier fut rendu a la vie, apres 48 heures d'asphyxie. Les etranges cir- constances de cet accident, etles effetspresquemiraculeux des chlorures paraitraient incroyables dans un ouvrage d'imagi- nation; mais ici, tout se passe sous les yeux des hommes les plus eclaires, sous la surveillance des autorites publiques : on ne pent meconnaitre la verite; ellesemanifeste par tout cequi la caracterise, et surlout, par le bien dent elle est une inta- rissable source. Y. 323. — Rapport general sur les travaux du Conseil de salu- brite de Nantes, depuis le 4 mars 1817, jusqu'au 3i decem- bre 1825. Nantes, 1826; Mellinet Malassis. In-8° de 38 p. Ce rapport contient I'historique des travaux du Conseil de salubrite de Nantes , dont I'utile intervention s'est principa- lement elendue sur la police sanilaire des fabriques , des constructions nouvelles, des abattoirs, de I'ecoulement d'eaux stagnantes, des fumigations pres des marais , etc. II serait a desirer que toutes les villes de province fondassent un conseil de ce genre compose principalement des medecins et des phar- maciens du lieu. Celui-ci doit son existence a M. Louis de Saint- AiGNAN, alors maire de Nantes, depuis prefet des Cotes du-Nord, et qui plus tard aux honneurs de sa place prelera I'honneur de voter selon sa conscience : noble exemple qui devrait etre erige en dogme politique au sein de tous les partis. Jd. Gondinet. 323. — Theorie complete de V Arithmetique , a I'usage des^ 734 LIVRES FRANCA-IS. personnes qui se preparent a subir des exaraens. Paris, 1826^ Didot. In-S" dc i52 p.; prix, 3 I'r. 75 c. Les definitions, la numeration, I'nddition, la soustraction , la multiplication des nombrcs entiers et des deciinales, les equations, la division, la regie des signes, les monomes, poly- nonies, et les quatrc regies sur ces quantites; les fractions ordinaires, pcriodiques; les norabres com]>lexes, le systeme metriqne, les carres et les cubes, les proportions et les regies qui en dependent, suivies de la raelhode pour resoudre les equations du 1" degre; les progressions, logaritlimes et com- plemens : telles sontles principales divisions de ce livre, et tel est I'ordre que I'autenr a pref'ere. II s'etait projjose « de pre- senter I'arithraetique degagee des cas particuliers qui en voilent souvent I'esprit, et de faciliter clans son exposition les per- sonnes qui se preparent a subir des examens ». Pour parvenir a ce but, il a rejete tons les exemples. Les quatre regies fon- danientales sur les entiers, les fractions, les nombres com- plexes, quelqaes operations d'un ordre plus eleve , n'en presentent aucun, de sortc que I'eleve, apres avoir fait d'assez grands efforts pour comprendre une methode de calcul, ne pourra I'appliquer qu'en se proposant des questions dont il lui sera presque impossible de verifier les resultats. L'auteur, « qui a forme de norabreux cleves, » n'a-t-il pas eu I'occasion de remarquer que c'est seulement par des applications noni- breuses qu'on se rend mailre des theories; les precedes sont des machines qu'il faut faire jouer pour les comprendre. Du reste, cet ouvrage ne renferme que les methodes et les de- monstrations qu'on retrouve dans tous les Iraites d'arithme* tique; il n'en dlffere que par son tilre de Theorie complete, par des definitions souvent peu exactes, et en ce qu'on y a seme les notions les plus elementaires de I'algebre. T. Richard. 324. — Solution geometrique et rigoureuse du fameux pro- hleme de la quadrature du cercle ; par Malacarnb, Italien. Paris, 1826; Bachelier. In- 8" de 24 pages et 1 planche; prix , I fr. 5o c. L'auteur de cette brochure a depose chez M. Bachelier la somrae de 3oofr. pour celui qui, avant le 3i octobre prochain, lui aura dtniontre qu'il est dans Terreur ; il exige que la refu- tation soil signee par deux membres de I'Academie des scien- ces, classe de mathematiques , etpar deux professeurs de I'E- colepolytechniriuc. 11 est sans doute inutile d'ajouter qu'aucun des ju^cs compelens aiixquels nous avons communique cette prelendue solution ne I'a trouvee satisfaisante. I. SCIENCES PHYSIQUES. 7 35 'iaS. — Ddveloppement d'une pensee de D'Alembert^ etc.; par M. Gaudin( Voy. Rd'. Enc, t. xxvi. Mai iSaS. p. AgS ). Paris, 1826; Bachelier. In-8°. L'ouviage de M. Gaudin est maintenarit accompagne d'une note relative a I'article de notre Revue signe F. , oil j'ai fait quelques observations sur la manieredeconcevoir etd'exposer la iheorie des quantites negatives. M. Gaudin attribuant , par erreur, cet article a M. Francoeur, adressa sa reponse a notre savant coliaborateur; et cette meprise a donne lieu , entre le professeur de Paris et celui de Nantes, a une correspondance que j'aurais voulu leur epargner. Depuis, M. Gaudin m'a fait remettre de nouvelles explications sur I'iinportante question des quantites negatives : je me serais enipresse de les inserer dans la Revue , si le but de ce recueil et la forme de sa redac- tion I'eussentpermis. Apres avoir medileces explications, ainsi que celles de la note imprimee, je n'ai point change d'avis , quant aufond de la question, et je ne doute point que M. Gau- din ne finisse aussi par adopter mon opinion. — Le ton de la noteXinise voir un peude ressentiment ; il y en a aussi dans les dernieres explications de M. Gaudin. Mais les juges impartiaux ne trouveront, dans la note imprimee, rien qui puisseobli- gerl'autcur a faire aucune reparation a qui que ce soit. Ferry. 326. — * De la tenue des litres en partie double ; Traite elcmentaire a I'usage des jeunes gens qui se destinent au com- merce; par Jacquet, negociant, avec cette epigraphe; fli»M- reux celui qui peul etre utile! Paris , 1826; Brissot - Thivars. In- 1 2 de IV et 87 pages; prix, 2 fr. Le choix de son epigraphe indique assez dans quel but M. Jacquet a corajjose son ouvrage, et nous pouvons assurer qu'il I'a completeraent atteint. II a su presenter, d'une maniere claire et precise, les princlpes elementaires de la tenue des livres , ot initier ses lecteurs , par de norabreux exemples, a presquetouteslesapplications que lapratiquepeutaniener. Son ouvrage i)eut tenir lieu de guide dans I'art assez simple, raais tres-utilo, qu'il enseigne, etnous le recommandons aux jeunes gens (jui desirent consacrer quelques instans a cette etude. J. 327. — * Nouvelles experiences d'artillerle faltes pendant les annces 1787, 1788, 1789 et 1791, oix Ton determine la force de la poudre, la vitesse initiale des boulels de canons, les portees des pieces a differeutes elevations , la resistance que I'air op- pose au mouveinentdes projectiles, les effets desdifferentes lon- gueurs des pieees, des differentes charges de poudre, etc., par C/iarles Hutton , incmbre de la Societe royate de Londres, etc. ; 736 LIVRES FRANCAIS. traduit de I'anglais par O. Terquem, professeur de mathema- tiques aux ecoles royales d'artillerie, etc. Secondeparlie. Paris, i8a6. Bachelier ; Anselin et Pocliard. In - 4° de 23o p., avec deux planches gravces ; prix , i o fr. M. Terquem rcgarde I'ouvrage qu'll a fradiiit comme la seconde partie des oeuvres de Hntton sur I'artillerie, donl M. de Villantroys a traduil la premitrc parlie , en 1802. L'ou- vrage original, public a Londres en 3 volumes, est divise en 38 traitcs. Le premier volume et la plus grande partie du second rcnferment 33 de ces divisions, on sujets divers; les cinq suivantes sont consacrees a I'arlillerte. M. de Villantroys n'a point termine la traduction du 34''; il a omis les details d'experiences donl le professeur anglais a docrit avec beaucoup d'exactilude loutes les circonstances. M. Terquem a pense (|ue cette exactitude et ces details dont I'observateur avail du tenir compte meriiaient aussi d'etre mis sous les yeus des lecleurs : ila termine la traduction du 34" Iraile, et en y joigiiant les Irois suivans, il presente I'ensemble le plus com|)let d'expe- riences balistiqiies que Ton ait publie jusqu'a present, et les metliodes de calcul que I'auteur en a deduites. « Tout ce que I'arlilleur peut desirer que la science lui fournisse pour prati- quer avec succes son art ; tous les problemes les plus iniportans de la balistique pratique sont resolus d'unc maniere satisfai- sante pour les besoins du service, dans le 37^^ traitc auquel Hutton a donne le titre de Theorie et pratique de V artillerie . « Cet eloge est peut-etre exagere; et, si les melhodes de calcul applicables aux projectiles de I'artillerie ne convenaient pas egalement bien a tous les mouvemens des corps dans I'atmo- sphere, on n'aurait pas le droit de les rcgarder comme une theorie. S'il n'est question que de la mesure de precision dont la pratique peul se contenter, il y a tout lieu de croire qu'on I'obtiendrait par des moyens encore plus faciles et plus courts queceux de M. Hutton : la theorie eprouve encore d'immenses besoins, et ses applications ne sont pas arrivces au dernier de- gre de perfection. Le traducteur a conserve les raesures anglaises, sans les con- vertir en mesures nalionales, parce qu'il ne s'agil, comme il le remarque, que de rapport entre des resultats, et non de gran- deurs absolues. Cependant, la coniiaissance de ces grandeurs eut pu servir quelquefois, et les rapports auraient et^ dcduifs aussi facilement des mesures converties que de celles de I'auteur anglais. Le 35* traite est la description d'une eprouvelte tres-com- naode, et dont les resultats sont plus reguliers et plus certains que ceux des pelils niortiers qui servent au menie usage. Le SCIENCES PHYSIQUES. 7X7 36° traite a pour objet la determination de la resistance de Vair , au moyen d'uH j?iouveinent de rotation. Ces series d'ex- periences laisseront toujours bejiucou]) a desirer. Loin de sini- plifier la quesllon, coiume il le faudrail pour mesurer separe- ment rinfluence de cliacune des caiises qui concourent a la production de I'effet, on y introduil une circonslance nouvelle, une forme determinee de inoiiveraerit, et I'agitatiou de I'air dent I'effet, quoique tros-faible sans douie, est copendant reel; I'exactitude du calcul demanderaa que I'ou en lint cuuiple. Le 37^ traite est le plus approprie aux besoins des officiers d'artilleiie, et par ce motif, on regrettera que la traduction ait conserve les niesures anglaises; ce cjui rend raoins commode toute application des formules aux mesures francaiscs. On ne pent doulcr que I'original anglais ne convienne mieux aux officiers d'artillerie d'Angleterre , que la traduction ne peut convenir a nos artilieurs. L'ouvrage de Hutton deviendrait beaucoup plus utile, si on lui faisait subir une 1 efonte gcnerale; les reductions de mesures, les corrections neccssaiies, une meilleure disposition des niatetiaux rendraient le livre plus facile a lire : il serait phis court , quoique tout aussi plein de choscs ; on n'y conserverait que ce qui est reeliement instructif. Au resfe, le cou?s de balistique , (jue M. Terquem doit publier, ne laissera cerlainement rien a cbercher dans les ouvrages qui ont paru jusqu'a present sur le meuie sujet : il les remplacera tous pour les applications. F. 328. — Manuel pratique de t art dude graisseur , ou instruc- tion sur les moyens faciles d'enlever soi-meme toutes soitesde taches. Troisierne edition ,xe\ue ^corr'ia^eid et considerablement augmentee, et suivie d'un Appendicc renfermant : 1° une ins- trucli(in sur la preparation et I'emploi du lac-lahe et du lac-dye ; 2° des observations sur le hablali ou tannin oriental ; par L.-Seh. Le Normand , professeur de technologic. Paris , 1826 ; Bachelier. In- 12 ; prix , 3 fr. , et 4 fr. par la poste. Cet ouvrage doit etre distingue parnii les innombrables Manuels que Ton public dejjuis quelque tcms. Celui-ci , du moins , remplit bien sa destination ; il donne au lecleur alten- tif les corinaissances que son litre j)roinet. Trop souvent, les manuels sont plutot fails pour le libraire que pour le public; on veut piquer la curiosite; on annouce des instiuctions nou- velles; et ou livre a I'acheteur, bientol desabuse , un exirait pur et siniple d'anciens ouvrages. D'autres fois,r£ncyclopedie fait a elle seule tous les frais de la composition d'un manuel , rajeuni ])ar son tltre ctpar une ou deux planches au trait. Tel n'est point l'ouvrage de M. Le Normand. Le noni de I'auteur, T. xxM. — Septewbre 1826. -I? 73« MVRES FRANCAIS. deux editions lipiiisccs , des aiignicnlations utiles, tout semble jui'sager a cette troisieine edition iiu smcccs inerile. OE. 329. — * Secrets tie lu cliasseaux oiscuux , contenanl la ina- nicre de fabriqucr les (ilets, ies divers pieges , ajipeanx, etc. ; riiistoire naturelle des oiscaiix qui so trouvent en France, I'art de les clever, de les soigner , de les gucrir, et la meilleiire inaniere de les emi)aillcr ; ouvrage orne de 8 planches lenfer- manl plus de 80 hgnres ; par M. G. . . , amateur. Paris, 1826. Raynal, rue Pavce Saint- Andre-des-Arcs, n" i3. In - i'2 de 328 pages; prix, 3 fr. 5o c. Nous n'avons pas eu I'occasion de comparer ce ])etit ouvrage a X Aviceptolo^ie Jrancahe , et aux autrcs ecrits sur le m^ine sujet : nous ne pouvons savoir s'il coutient quelques dccou- vertes modernes dans I'art de depeupler nos forets et nos bos- quets de leurs plus aimables Jiabitans. Quoi qu'ilensoit,on n'y trouvera que trop de pieges, d'appeaux, de filets, etc. , et de plus, la fabrication de tons ces instruinens de dommage. L'au- teur a diviseson travail en quatre parties ou livres, dontle pre- mier seulenient est consacre a la cliasse aux oiseaux ; le second tralte de I'art de les conserver, c'est-a-dire, de les empailler. Le Iroisieme enseigne des secrets plus miserlcordieux , au inoins en apparence; c'est lamaniered'e'/ecfr les oiseaux, c'est- a-dire de les priver de leur liberte, et de les soumettre a nos caprices. Enfin , le quatrieme donne des notices abregecs sur les oiseaux de la France. On voit que I'auteur a mis a profit toules ses pages, et que son petit volume ne contiendrail pas autant de cboses interessantes, s'il I'avait rempli de details su- perflus, de discussions oiseuses. On y decouvrira sans doute quelques omissions; car il est bien difficile que ces sortes d'ouvrages soient complels : les Provencaux remarqueront qu'il n'y est pas c|uestion de la cliasse appelee tesc; ailleurs, on y cherchera vaincment la description de quelque chasse con- finee dans un canton , el que tout le reste de la France ignore. Ces lacunes sont tres-excusables, et n'empcclient point que I'ouvrage n'attcigna son but, qu'il ne soit tres-bien place dans une bibliotliequc de campagne, et meme de ville. 330. — * Dictionnaire geographique unlversel, contenant la description detous les lieux du globe, interessans sous le rap- port de la geographic physique et politique, de I'histoire , de la statistique, du commerce, de I'industrie, etc. , i)ar une .S^o- ciete de geographes. Tome III. Premiere partie. CHIO - DIN A. Paris, 1826; J.Kilian;Ch. Picquet. In-8° de 392 pages; prix du volume, i/, fr. (V. /lec. Enc, t.xxvii,p. 49, et t.xxix,p. 5 12). Cet utile dictionnaire, rcdige toujours avec les memessoins, SCIENCES PHYSIQUES. 739 repond k I'alteiite du juiblic et continue a nieriter les eloges que nous avons donnes anx volumes precedens. Dans celui qui vient de jiarailrc, nous avons surtoul reinarque Jes articles suivans : Cotornbte , Constantinople , Cosaques , Cuba, Dane- mark^ Danube , Darfour , Deux-Siciles , etc. , etc. 33 1. — * Nouvel Atlas du loyaume de France : Cartes des qtiatre-vingt - six dcpartemens et des colonies francaises. Cha- que carte est accompagnee d'un tableau stalistique el histo- rique; par MM. A.-M. Perrot et /. A-UPIck; public par Z. DupRAT - DovERGER. 27^ — 3i^ livraisons. Paris , 1826; I'edi- teur, rue des Fosses-Saint-Germain-des-Pres, n° i3. 5 cabiers in-folio oblong ; prix de I'Atlas complet, contenant 98 cartes et 110 tableaux, 210 fiancs; cliaque carte se vend separement, a fr. jcelle de Corse excej)tce qui coute 3 fr. Ces cintj livraisons rcnferment les cartes et les tableaux des departemens At Seine-et-Oise , des Cotcs-du-JVord, du Cantal, du Puj-de- Dofne, de la Gironde , de la Haute- Garonne, de VHeitiult et de la Corse ; une belle carte de la France actuelle , "et celles de la Gaule et de la France ancienne, divisee en 32 gouverneniens. Les cartes des colonies francaises , parmi les- quelles on a compris Haiti ( dont la carte a dejaparu j, vien- dront bientot completer cet important Alias dont nous avons deja piusieurs fois signale rulillte et rexcellcnte execution. ( Voy. Rev. Enc, t. sxviii, p. 532). J. 32. — Carte generale de la Grece , ou Turquie d' Europe ; partie meridionule ; presentani, d'apres les meilleures cartes et les documens les plus recens, les divisions, fant de celte partie de Terapire ottoman cjue de la Grece ancienne et moderne. Strasbourg et Paris, 1826; Levraull. 1 feuille de 2 pieds 8 p. , s?ir I pied 10 pouces: prix , 3 fr. Cetle carte, purement de circonstante, qui n'a pas ete faite pour les savans, peut neanmoins servir a la lecture des jour- iiaux. EUe est sans noni d'auteur ; sa partie materielle n'a pas ele tres-soignee : nous devons en etre d'autant plus etonnes, que, des 1823, il est sorti de la lilhograpliie de M. Levrauit , ie jilan rediiit de Strasbourg par M. Ch. Rothe, qui etaitlres- remarqiiable par sa belle et harmonieuse execution. L. S. M. 333. — * Voyage dans la Russie ineridionale et par ticuliere- ment dans les provinces situees au dela du Caucase ; fait depuis 1820, jusqu'en 1824, par le cbevalier Gamba, consul du Roi a Tiflis. Paris, 1826; Trouve. 2 vol. in-8° de lx — 444 > et 480 jiages a\ec quatre cartes geographiques , et nn atlas contenant 740 J.IVRES FRAiNClIS. des c.irtes , des pians, des drssiiis de [laysages et de costumes ; piix , 18 fr. , et 60 fr. avec I'atlas. En attendant que nous puissions donner I'analyse do cet important onvrage, public iini(jncment dans I'iiilcrcl dn com- merce ct des manuCactiues , nons nc ]K)uvons assez appelcr I'atten'.ion snr riiitrodiiclion plact'c en lefedii premier volume. Celte introduction coniprend, dans 60 jiages trcs-snbstan- tielles, beaucoup de tails insiruclifs. L'aulonr y dcvcloj)pe avec clartii ies progres successifs de la ])uissaiice de rAngletcrre, ses envaliiasemcns, scs concpieles , et clierche a ])roiivcr qn'clle a seule dciruit I'ccjnilibrc de I'Europe, en s'emjiarant de la domi:)ation maritime ct en cteuJant son commerce a riulini. II indique ensuite an continent Ics moycns de remedier a cet etat de choses, en adoplant un systcmc ile doiianes })lus I.irgc, mieux appropiic a notre epoque, et en liant I'Asie a I'Europe par la nier Noire. « Sices nniivelles communications, dil I'auteur, etaient fa- cililccs par le coui-s dn Danube, si Ics projcts de canaux inte- rieurs pour la France ctrAllemngcie recevaicnt lenr excculion, alors Ies soies ecrnes du Gliilan ct Ies colons do I'Armenie, cmbarqncsal'emboucliure du Danube, arriveraient sur Ies me- mes bateaux, d'abord au Rhin juscju'a Strasbourg, qui devlen- drait un immense entrejjot general; puis, de ceSte ville, Ies raarchandises scraient distribuees en Hollande, en descendant le Rliin; eiles se rendraient dans la Mcdilerranee ])ar lo canal qui doit joindre le Doubs , la Saone ct le Rhone, et dans rOcean, par le canal qu'on a le projet d'etablir entrela Marne et le Rhin, en partant de Saint-Dizier. Ainsi, co!te grande pensee de Lo:tis XIV, (|ui dctermina la jonclion de I'Ocean et de la Meditenance, ajipliquce a unc plus grande ochelie, reu- niralt, par des couimunications fluviales, la mer Noire, celle du Nord, la Mediterrance et I'Occan. Alors on opposerait i'accord de I'Europe ct de I'Asie a cettc association colossale qui unit le liouveau-Monde lout eniier a I'Angletcrre el aux Elats-Unis; une navigation flu\iale et des transports interieurs, a la domiualion maritime; Ies relations libres des jjcuplcs du Continent, au iuono[)ole exerce par I'Angletcrre; la culture des denrees colonialcs dans I'Asie mineure, en Armenie, sur Ies bords de la mer Noire, a la culture de ces memes denrees en Amerique et dans I'lnde. « Mais , la Turquie n'est pas la seule contree (jui soit appelee a voir cesser la bai'baric qui la couvre; I'Asie occidentale tout enliere depuis I'Indus jus([u'a la Mediterrance, lend egalement SCIENCES PHYSIQUES. 741 versl'Eiirope des mains suppliautes,et liii dcmande uri ctatde tranqulllite et une eliiicelle de sa civilisation. » Nous boriieronsici notre citation, ct nous renvoyons a I'ou- vrage memc pour le tableau de I'Asie occideiitale , depuis I'ln- dus jusqu'a la MoJitcrrancc. On doit savolr gre au consul d» Pioi a Tiflis, a une opoque ou les esporances que Ton ;ivait concues sur I'Amerique sTKTifiionale sent rnouienlnnement dccues , d'avoir fixe I'attenlion du commerce et des gouverne- mens de I'Europe vers une ])arlie du inonde ( I'Asie occiden- tale, de i'lndus a la Mediterranee ), doiit la jiopulnilon de pres de /i8, 000, 000 d'liabitans , assurerail aux produils de I'industrie europeenne iin immense deboucho, le jour ou elle cesserail d'etre sourai.'e a des gou\ernemens arbitraires. A. 33/(. — * Voyage de deux Anglais dans le Perigord , fait en iSaSet traduit sur leur journal manusorit. Perigueux, 1626; Dupontpcre et fils. In-18, de 107 pages. Cet opuscule, extiait de \' Annuaire de la Dordognc pour 1826, est inteiessant et agreable a lire. L'un des deux vova- geurs, M. Hastings, est un de ces anglais a qui un patrio- tisme exagore fait regarder comnie r.(5cessairement inferieur tout ce qui n'a])pai ticut pas a la Grande-Bietagne. L'autre, qui est I'auleur anonyme de cetle relation, paiait anime de senlimensplns pliilosopliicpies; il immole (juelquefoisavecbeau- coup de grace I'orgueil briianniriuc de son conipagnon de voyage. La geologic, la mineralogie , les aniiquites , les arts, I'induslrie, I'agricullure, les mceurs des liabitans , sont lour a lour I'objet de leurs observations. Nous leur emprunterons les details suivans sur la verrerie duLardin, diiigeepar M. Bkakd, homme aussi distingue commc pliilantrope que comnie savant, et qui, suivant M. Hastings, merileiait d'etre anglais:-. Les ateliers du Lardin occupent au inoins 200 honimes. En iSaS , le directeur fonda une caisse de secoitrs , destinee a subvenir aux frais d'un nicdecin, d'un chiiurgien, d'un pliarmacien , et a aider les ouvriers qui ])0urraient avoir des besoins. Les fontls de la caisse se coraposent d'nne journee de rclcnue par mois sur le salnire de cbaque ouvrier et du raontant des ameiides iniposees. II dolt tonjours rester 200 francs en caisse; sur I'excedant se font des prets a cinq pour cent , iiileret dent la caisse ^irollte. Au niois do Janvier dernier, le restant en caisse a perinis de mettre a execution une autre niesure salu- taiie , qui a deja |)roduil un effet tres-sensible sur le moral des ouvriers: c'est retablisscment d'une eco/c lancastrienne , dont les cours ont lieu, tous les dimanches de midi a deux heures. 742 LIVRES FRANCAIS. Tout Tatelier est term d'y assister; nul n'est exempt. Si quel- qu'un s'absente , il encourt une legere amende qui vient aiig- menter la masse. Toutes les classes sc font dans la cour de l.» verrerie , espace assez vaste j.oiir avoir pu y peindrc Ires en grand sur lesmurs, d'un cote, les tableanx qu'exigcnt le sylla- baire et la lecture; de I'autre , cenx que deraande j'etnde ele- mentaire de la geomctrie pratique. Les elcves en etat de lire couramment passeni de la cour dans une salle oil ils trouvent les ardoises , les crayons ct les fables necessaires pour ecrirc. Hastings et nioi, nous avons assiste aiix cours de I'ccole de Lardin... Notre presence n'embarrassa nullement les elevcs; chaque groupe, les yeux fixes sur sou tableau, n'etait attentif qn'a la voix et a la baguette de son nioniteur. Ce moniteur a quelqtiefois son perc dans le groupe ; tnais il n'en rcsulte au- cun inconvenient : I'un ne s'enorgueillit point de son savoir d'hier; I'autre ne rougit pas d'ignorer ce qu'on ne lui avail point appris. Loin de nuire au respect filial eta la douce union des families, I'uii des premiers resultats de Tecole a cte de res- serrer ces liens sacres. » Ch. Sciences religieuses , morales , politiques et historiques. 335. — * Pdbliotheque choisie des Peres de I'Eglise grecque et latine, ou Cours d'eloquence sacree , par Marie N. S. Guil- LON, professeur d'eloquence sacree dans la Faculte de theologie de Paris, etc. ; Troisieme pnrtie, suite des Peres dogrnatiques , tomes XIII® et xiv<^. Paris, 1826; Mcquignon-Havard. In-8° de 625 et 645 p.; prlx du vol. 6 fr. (Voy. Rei\ Enc, t. xxx p. 761). Ainsi se continue vivement, et avec iin succes bien soutenu, I'une de 110$ plus utiles collections relatives a la religion ca- tholique. La distinction des peres dogrnatiques semble ici peu necessaire; il nous suffit de le dire en passant. Cette livraison ne contient que des traductions et des analyses tiroes des OEuvres de Saint-Chrysoslome ; elle estenrichie, comme les precedentes, de notes du nouvel cdileur et de citations des meillenrs sermo- naires et autres ecrivains francais, qui out traite les memes .sujets que I'antique orateur, ou qui ont profile de ses idees. Le tome xiii est precede d'un discours sur la necessite de la revelation divine et sur les traits qui la caracterisent. L. 336. — * Veritc du christianisme , prouvee par la nature menie de cette religion , et par le fait de son etablissenicnt ; par /.-j5. Sumner , niinistre de la religion anglicane; traduit de I'anglais par le vicomte P.-E. Lanjuinais. Paris, 1826; Baudouin freres. In-S*^ de xiv et de 33 1 pages; prix, 6 fi. SCIENCES MORALES. 743 M. Lanjuinais])erc a annonce,dansla Recue Encyclopedique [ Voy. t. XXIV , p. 701 ) , restiiD.ible ouvrage de M. Sumner, et a rendu justice a la niethode facile, a la clarle, a la precision, a I'elegante sirn])!icite de ce moderne apologisle nient de la pneuinatologie propremenl dile. Le ])reniier livre seulement a pu tronver place dans ce volume, a la suite de la parlie phy- sique : nous ignorons si le second volume est public , et s'il complelera la science nouvelle , car M. Leroux ne marche pas sur les traces de ses predecesseurs; il ne s'est pas mis non plus tout-a-fait a la portee des lecteurs vulgaires, tels que nous; mais il n'etait peut-etre pas possible de repandre plus de lumie- res sur lessujets qu'il a traites.. En effel, dans ce premier livre intitule : Premier dei-e/.oppernent de la pneumatnlogic , I'auteur commence par demontrer I' existence d'un Dieu. Dans un second chapitre, il examine : « 1° quelle serait la creat-ion si ce Bieu avail tout organise sans idees preexistantcs , et par quelles operations mathematiqnes il aurait j)roduit les elemens et les Ames; a° ce que serait la creation, si ce Dien avait tout orga- Hise sur les plans d'idc'es innees; 3° quelle seraii enfin une crea- tion eternelle dans un Dieu depositaire de toute chose. Le troi- sieme chapitre traite des trois ages de I'etcrnite , pour decouvrir quel etait I'etat des choses dans le terns passe, quel il est dans le tems present, quel il sera dans le terns futur. Enfin, dans Ic quatrierae chapitre, on examine quel est le raecanisme qui cntretient la succession des etres sur les srirfaccs habitables. » Ce dernier chapitre paraissant moins inaccessible que les autres ou noire intelligence n'a pu se faire jour, nous nous felicitions de comprendre le commencement , etmeme le milieu; mais la fin nous a rappele dureraent notre incapacite, il a falla la reconnaitre , et fermer le livre avec confusion. Mais pou- vions-nous ignorer que ce livre n'est pas fait pour nous? Dans une tres -breve dedicace, I'auteur indique et choisit ses lec- teurs. « C'est a toi, peuple mysterieux , reste im])osanl d'une institution sublime; c'est a vous philosophes de toutes lessectes qui recherchez la verity, que je dedie ces elemens. Mes voeux seront remplis, si ce flambeau pent salisfaire vos desirs , et vous procurer la paix interieure, la liberie de pensee el Passu- ranee future que je doisa sa lumiere. » Une pre/ace, suivie d'un avant-propos , donne une idee SCIENCES MORALES. ih^^ soromaire de I'ouvrage, et mettra les leclcurs en otaldc juger s'ils peuvent aborder les difficiiltes du sujel. L'avanl-piopos precede d'un sominaire suivant I'usage de I'aiiteiir pour toules les divisions de son livre, traile de I'origine de la maconnerie ancienne , ou societe esotcrique , de I'Drigine de la maconnerie moderne, et de celle des convents ; il indicjue le but que doit se proposer la n>aconnerie de ce siecle. « Aujonrd'hui que les nations de I'Europe pnssedent dans leurs classes intermediaires tons les arts et toutes les sciences qui peuvent faiio fleurlr la socicte; (pie les croyances religieuses , sepaiees de I'ancien tronc de la maconnerie , fornient des corps puissans; que I'ad- ministi-alion et la justice sont conliees a des officiers civils; que I'exercice du commandenient repose dans les mains des chefs de nation; la maconnerie ne doit plus avoir d'autre but que de pcrfeclionner les liorames qui la cultivent en dcvelop- pant leurs verlus, et d'eclairer I'humanite entiere en decou- vrant les veritcs surnaturelles dont la societe en general ne pourrait s'occuper. D'apres cela, toute socleie dont les travaux auront un autre objet, cessera, quoiqu'elle en conserve les formes, d'appartenir a la maconnerie de ce siecle. » F. 338. — * Cornf/agnie de colonisation gencrale a la jtijanne francaise , etc.; par M. de Caze (de Provence). Paris, 1826; Demon ville, rue Christine, n" 2. In-S'^ de 6 feuilles d'impres- sion , et prospecius in-4'*. Les etrangers ont souvent rcproche a la France de ne tlrer qti'un mediocre avantage de la pluparl de ses colonies ; mais, sans doule, iln'en sera pas de meme a I'avenlr : I'espritde suite, dans des entreprises utiles , parait inseparable du caractere plus grave des generations qui s'habiluent a I'ordre constitutionncl. En Amerique, la Giiyanne presqiie seule reste anx F'ran- cais ; mais elle est tres - fertile et riche en metaux. Celle contree equatoriale, que des travaux bien diriges rendraient salubre en peu de tems, realiserait les avanlages que promet- taient le Canada et la Louisiane, et meme ceux qu'offrait Saint- Domingue. Le projet de M. de Caze pour I'assainissement , le defrichemenl et I'enticre exploitation d'une surface d'environ 18,000 lieucs carrces, des deux coles de I'Oyapoc , semble digne de toute raltention du gouvernement , et on assure qu'il a deja etc \n\s serieusement enconsideratir)n.Ces 18,000 lieues carrees, formant la plus grande partie de la Guyanne fran- caise, seront reparties en 6 series de 6,000 actions chacune , parce que les diverses parties de celle vaste operation ne peu- vent etre effectuees que successivement : chaque action rend proprietairede 9,600 hectares. Leconseil d'administration sera 746 LIVRES FRANCAIS. compose de quinze membres rcstant en France; vingt -cinq autres actionnaires fonneront a la Guyanne, iin conseil gene- ral d'agriculiure. — Les sousciiptions des actionnaires seront eniegistrces, par ordre de date, cliez M. Beiseon, notaire, a Paris, rue du Bouloy , n" 12. S. 339. — Obsc/vations Itors tie saisoit. Paris , iSafi; Delaunay. In-S" de 38 pages; prix, 2 fr. Cette brochure renferme , sous la forme d'arlicles rcglemen- taires, quelques vues de detail jjropres a perfcctionner le sys- tenie d'cducalion, tel qu'il est adopte en France. L'auteur de- sirerait plusieurs classes d'agriges; il propose aussi de iiouvelles conditions a remplir par les jiersonnes qui se consacrent a I'enseigncment; mais, du point de vue ou il s'est place, com- ment pouvoir einbrasser, dans leur ensemble, les changemens que reclame I'instruction publique pour se mettre en harmonie avec une civilisation progressive? II ne parait pas avoir en- trevu le besoin de commencer des I'enfance a donner aux jeunes gens des notions applicables a I'usage de la vie, selon les diverses fonctions qu'ils sont destines a remplir au sein de la socictc. Peut-etre trouve-t-il fori bonne !a methode actuelle qui fait Jeter dans lememe moule, jusqu'a I'age de dix-lmit ans, tonte la jeuncsse du royaume, comme si les litterateurs et les savans de profession, les ingenieurs et les artistes, les industriels et les avocals, les negocians et les administrateurs, devaient exercer au men»c degre ractivite de leur esprit sur I'art d'ecrire et de parler. Ad. Gondinet. 340. — Le Jesuitisme devoile , par M. I'abbe Henri Le Maire. Paris, 1826; Ponthieu. In-8° de 141 pages; prix, 3 fr. Get ouvragc est dedie au clerge de France, et il est digne de cetle dedicace par les nobles et religicux sentimens que l'au- teur y developpe, en I'^sumant avec eloquence les perpetuels griefs des citoyens contre les corrupleurs de la morale et de la religion , contre les ennemis de la paix , contre les perseculeurs de toutes les libertes piibliques et privees. L. 341. — * Consttllation , nijesuidqiic, ni gallic ane , nifeodale, en reponse a la Consultation de M" DupiN. Paris, 1826; Ambr. I)upon^. In-8"; prix, 2 fr. 5o c. Lorsque. dans une discussion d'interet general qtii tient a la fois a ce qu'il y a de jilus inlime en notre nature et de plus sacre d'une jiait. et (|ui , de I'autre , s'adresse a toutes nos affections domesllques et sociales, cliacnu prend parti, sui- vant ses lumieres, ses pvevisions , les donnccs de son expe- rience, ou, cequi arrive trop sou vent, suivaut les suggestions de I'ambition ou de la peur , il se forme ordinairement deux SCIENCES MORALES. 747 opinions principales placees comme deux annces cri presence, se livrant de freqiientes attaques et meltanl en ojuvre tons les moyens de se n.'cnager la victoire. C'est ce que Ton a vu toutes les fois que des objels graves ont etc par le cours naturel des evenemens, ou par les progres de I'esprit humain , soumis a • 'attention pubUque ; il ne jjouvait en elrc autrement, dans Texamen des grandes questions soulevees jiar M. de Montlosier. Cet exainen remet chaque jour I'opinion en possession de tous les documens qui peuvent ainener une solution. Celte solution ne peut etre ni eloii^nee, ni douteuse, si ce sont les documens historiqnes qui prevalenr, ainsi que les anciennes et impres- criptibles maximes de I'etat. Ces maximes sont destinees a proteger la religion de I'ctat, telle que la Charte lareccniiait. Ellese trouve ainsi preservee des pretentions envaliissantes d'un gouvcrnement etranger. Ces. maximes sont la base de ce que la magistrature francaise a de tout terns rnaintenu, de ce que les Francals catholiques ont respecte et cheri sous le nom de liberies gallicanes. Nul ii'elait admis a prendre en France ses grades dans les anciennes facultes de droit, sans preter serraenl de defendre ces liberies precieuses, sorte d'enseigne nationale, sous laquelle il fallait se ranger et au besoin combattre , moven indispensable pour se reconnaitre, signe de ralliement necessaire pour la defense commune. L'honorable bonne foi inlierente au caractere fran- cais semble faire un devoir d'en donner I'empreinte a toutes les opinions, meme religieuses, que Ton professe. Toutes les considerations viennent done, dans une matiere aussi grave, coufirraer I'autorite du ])asse , et nous donner lieu d'csperer quo la France ne sera pas reduite a avoir les jesuites de plus et les liberies gallicanes de mciris. Lorsque I'opinion est ainsi partagee , lorsque ce partage plus ou moins actif et passionne rcssenible a un veritable t'tat de guerre, quel ecrivain raisonable, ayant I'honneur d'etre Fran- cais, peut renier son pays, et renoncer a le nommer, ainsi qu il est d'usage , en reponse au cri de qui vive? De quel pays etes-vous done, si vous n'etes pas Francais? C'est la question que Ton scrait tente de faire aux auteurs de la Consultation que Ton prcsente comme n'elant ni jesuitique , ni galllcaiie , ni feodale. Nous ne voyons pas comment on peut renoncer a des doctrines nationales, gage d'independance, sans embras.ser des doctrines etrangeres, moyen d'asservissenient, ou leur ouvrir iniprudumment toutes les porles qui devralenl trouver dans cLaque citoyen une sentinelle vigilante. Renoncer aux liberies gallicanes, nous parafl une desertion; preclier leur 748 LIVRES FRANC AIS. renvcrsemenl dans Ics ecolcs , nous parait embaucliage; c'est recrulcr pour un gouverneinent eiranger. C'est ce (|ue I'etat lie peut perinetlre dans renseignemeiit public qn'il survei'.le et dont souvent il fait les frais. Honneur aux mngistrats qui ont solennellement rappelc ces niaxiines tutt-laires! Si Ton en croyait les auteurs de la Consultalion qui se dit non jt5suitique, il ne faudrait ni lois, ni ordonnaiices pour autoriser des clabiissemens religieux. La France pourrait se couvrir de monastcies, sans que !e gouverneinent put y meltre obstacle. Lc deplorable sort de I'Kspagne, ou il ii'y a de floris- sant que les moincs, serait reserve a notre belle patric. La seule conviction que nous laisse cette production, c'est qu'elle est completement, anii-gallicane, aussi etrangere a toule con- naissance du passe, qu'a toule prevoyance de I'avenir. 11. 342. — Dc la Direction generale ties siihsislances militaires, sous te rninistcre de M. le marechal due de 1>ellune, par p. le general Andreossy , ex-direcfeur-gcncral des subsistances mi- litaires. Paris, iSa.ij ; Trouve. In-8" de i32 p. ; prix , 2 fr. 5o c. 343. — Meinoire de M. le general Andreossy snr ce qui concerne les marches Ouvjard. Paris, 1826. Finn in Didot. In-8° de 122 pages; prix, 1 fr. 5o c. Dans ces deux uiemoires, M. le general Andreossy cherclie a disculper I'administralion des subsistances militaires qu'd di- rigeait, en 1823, des accusations de negligence ou d'imperilie auxquelles elle avait ele en bntte, lors de la discussion au sein des chambres, a I'oceasion des marches oiiereux de Bayonne. Les documens nombreux dont il appuie cette defense et (ju'il empruute a diverses comptabililes jettent bcaucoup de luiiiiere sur ces transactions surprenantes qui lestent encore enve- loppees de iiuages. On est surtont frappe de ce fait inateriel, que M. Ouvrard n'a pti nourrir I'armee, iininedialeuient apres le passage de la Bidassoa et pendant les premiers niois de son sejour en Espagne , fju'au moyen des subsislances accuinulees dans les magasins des lo*' et 11' divisions militaires par cette administration lant critiquee. Elle avail verse, au dela des Py- renees, des vivres pour 107,000 homines, effectif de I'armee, pendant cent dix-sept jours; pour 32, 000 tlicvaux pendant quaraiite-quatre jours, sans coaster d'immen«es a])provision- nemens restant en roagasin. On. ne manquera pas de remaiquer aussi , precisement au milieu des embarras de I'enlree en cam- pagne, I'drrivee Inopinee de M. Ouvrard au quartier-genoral, ou il s'elait fait preceder j)ar quelques-uns de ses agens. Aj). GoNDlNET. 344- — I^" Mylhologic cmnparrc avec I'histoire; par M. Fabbe SCIENCES MORALES. 7/,g i>E Tressan. Omrage adoptc par le Conseil de rUniversite pour servir a renseigncment dans !es colleges et dans les tcoles secondaircs. Huitieme edition. Paris, 1826; Dufour et Edmond d'Ocagne; Amslerdam, cliez les niemes 2 vol. in- 12, ornes de \6 planches eu taille douce, dansle gout antique, reprcsentant 7.5 sujets. Prix, 6 fr. Le Conseil de I'Universite, en piacant cet ouvrage au noin- bre de ceux que !cs professeurs doivent employer pour I'ins- truttion dans nos ecoles , a du nccessairement assurer son succes, q;ie sept editions consecutives ne jierinetlent point de rt'voquer en donte. I>'utililc de I'ouvrage a merite tout a la fois la faveur dont il a etc I'objet de la part de riJiuversite, el le succes qu'il a obtenu dans le monde. ■< On ne jieut voyager utilenient, dit I'anteiir dans son avanl-propos, apprecier les chefs-d'ceuvre des arts et lire avec fruit les ouvrages des poeles , et siirtout des aii- teurs anciens , sans avoir des notions gt'nerales sur la mytlioio- gie. i> Mais I'elude des faits qu'off're cette science pouvait etre dangereuse pour la jeunesse, presentee sans aucune prepara- tion , et telle que nous la connaissons ; M. I'abbe de Tressan a eu riieureuse idee d'expliquer par I'hisloire les fables qu'elle a consacrees, et de nionlrer I'intenlion souvent morale , toujours ingenieuse , qui a guide les anciens dans ccs creations du genie et de I'iuiagination. II en a pris occasion de remonter a I'origine de ridolalrie, dentil tiace une histoire conforme au caractere dont il estrevelu, el au but qu'il devait riecesfairement se pro- ])Oser enecrivantpourl'instructionpublique. II a du consiilter pour son travail tons les auteurs quiavaient ecrit avant lui snr le menie sujet; mais ii avoue et Ton voit aiscment que I'abbe Bannier a ele son principal guide. Le Dictionnaire de lajahle, par Chompre, enriclii des re- clierclies savantes de M. Millin, est indispensable dans les grandes bibliolheques. On peut consulter cgalemcnt avec fiuit le Dictionnaire de mythologie iiniversclle , redigc par M. Noel; mais nous jiensons (]ue I'ouvrage de I'abbe Tressan convient sujtout a la jeunesse de nos ecoles. E. .H 34 '). — * Clas\iqties de I'histoire , premiere parlie, conienant : Discours stir f Histoire unii'erselle ; Histoire des Revolutions Ro- inaines ; Considerations sur les causes de la Grandeur et de la Decadence des Roinains. Paris, 1 826 ; Anselin et Pochard. In-8" de 562 pages, imprimees sur deux colonnes, prix, 12 fr. Ce volume est destine aux bibliotheques regimentaires, aux officiers et aux voyageurs, a tous ceux enfin qui rechercherit les editions compactes. Nous en avons annonce la premiere livraison (Voy. Rev. Enc, t. xxx, p. 191). Celles qui ont suivi 7 5o LIVRES FRANCAIS. n'ont pas etc imprimecs avec nioins de soin ni d'elegance ; aussi celle collection ne peut-elle manqner d'etre recherchee. J. 3/|6. — * Histoire generalc , physique et civile de I' Europe , depuis les derniercs annees dii rinqiiieinc sieclc jusque vers le milieu du dix-liuitieme; par M. de Lacepede. Troisieme et qiiatrienie livralsons : t. v, vi , vii et vin. Paris, 1826; Maine et Delaunay- Vallce, cditeurs, rue Gueni'gaud , n° 26; prix de cliaque Jivraison , 14 Ir. ( Voy. Rev. Eiic, t. xxx, p. 5o7.) Plus les livralsons de cc bel ouvrage se muUiplient, plus on y admire le talent qui presenic avec tant de concision , pe IV et de Charles II; la troisieme comprend I'ave- nement de la dynastie des Bourbons et les regnes de ses diffe- rens nionarijues. Nous ne pouvons mieux falre connaitre la nianiere dont T. XXXI. — Septeinbre 182G. 48 754 LTVRES FRANCAIS. I'auteur a lraiti5 son sujet, qu'en cLtant les articles suivans de la Table endanle, le ticrs-utat inarcbait d'un mouvement accelere a la conquele definitive du pouvoir social el tendait par la force des cboses vers son enlier deve- loppement; la noblesse, agissant aussi en cela conformoinent a la nature iiumaine, devait, dans son inloret, s'efforcer de conserver ses antiques prerogatives. Deja sous Louis XV, les superiorites de fait que donnaitla fortune et lessuperiorifes de droit fondees sur d'anciens tit res, les puissances inlellecluelles et les grandeurs scigneuriales sebelirtaient sur les memes routes et se froissaiont dejour en jour davantagc. II existait de meme dans le nionde spirituel un etat permanent d'liostilite entre le clerge et les classes lettrees. On pouvait jin'^voir le moment ou I'influence jirogressive de rojjinion nalionalerenversera't tous les obstacles et briserait toutes les forces qui lui etaient con- traires. La Revolution, en proclamant cette grandc victoire, a fait reconnaitre par ses borribles decbiremens I'encrgie ct la profondeur des sentimcnspolitiques qui s'titaicnt formes pen- dant Irois cents ans de guerre ouverte ou catbee ; elle n'est done pas un principe, mais une consequence; elle n'est pas une SCIENCES MORALES. 767 cause , mais un effet. L'etat social dans lequel nons sorames n'est pas seulemeiit sa suite immediate , comme on pourrail le croire en lisant M. Leon Thiesse; mais le lesultal nccessaire de ces lois cnccre inconnues qui, etabllssant les rapjiorls de dependance des pjencrations successives, doivent se dcrouler dans un ordre melliodique comme celies qui embrassenl tout le monde materiel danslenr (ilernel developpement. Sans nous aneter a cjuelques erreurs de fait qui ont pu echap|)er a I'auteur, nous rendrons volontiers hoiDmage a la precision, a la rapiditc de sadiclion, toujours elegante et na- turelle, et qui ajoute beaucoup a I'interet de son livre. Acl. GoNmjJET. 349. — Tableaux chronologiques et biogrciphiques , avec des developperaens Iiistoriques pour servir a I'liistoire de France; par H. Vallee ; dedles a S. A. R. le due de Bordeaux. Paris, 1825 ; I'auteur, rue Bonne Nouvelle, n'' i. In-8° de 2/,o pages. Pour faire connaitre cet ouvrage avec plus de detail , nous attendrons (jue toutes les livraisons aient paru. Aujourd'hui, nous eiiexposerons sculementleplan. — Les tableaux seront au nombre de cent quinzc, repartis en sept series. La premiere, composee de 1 tableaux, comprendra : i^tout ce qui a rapport aux Francais en general, a leurs moeurs, a leur territoire, a !eur gouvernement , etc.; 1° tout ce qui ticnt au cierge de France. — La seconde scriefera connaitre avccquelques details, dans 5 tableaux : 1° nos rois ; 2° leurs femmes; 3° leurs en- fans legitimes; 4° leurs mailresses; 5" leurs enfans naturels. (Ces denx derniers articles nemi'tltaient pas, selon nous, un litre distinct et separe. ) — La troisieme serie iraitera , dans 26 ta- bleaux, des grands officiersde la couronne. — La quatrieme, eu 2 1 tableaux, donnern la chronologic des princes, et des seigneurs possesseurs de grands fiefs, jusqu'a leur reunion au domaine royal. — La cinquieme serie fournira sur lous les princes con- tenipcrains des renseigneinens liisloriques. — La sixieme est consacree aux homines celebres dans tous les genres. — La seplieme et dernicre contiendra une indication des evcnemens remarquablcs arrives dans chaquercgne. — Cc livre, s'il donne lout ce qu'il promet, doit faciliter beaucoup les recherches his- toriques. Les cinq livraisons qui ont ete publiees font heureu- sement prejuger du reste de I'ouvrage. B. J, 35o. — * Atlas conslitittionnel, ou Tableaux chronologiques , genealogiques et biographiques de la monarcliie representa- tive en France, depnis le retour des Bourbons, sur le plan de I'Atlas de Lesage (comte de Las Cases) , par A. -J. de Manct, T^S LIVRES FRANCMS. auieur de I'Atlas des litteratures, des sciences et des beaux-arts- Deuxieine livraison. Paris, 1826; M""" de Brevillc, rue de rOdoon, n° 32. Un caliicr in-fol. contcnatit un tableau; prix de la livraison , 4 fr. (Voy. ci-dessus, p. 181). M. de Mancy, apres nous avoir presente dans un tableau synopticjue les constitutions des divers etats, en les disposant de maniere a ce qu'elles pussent etre facilenient rapprochees et coiuparees , nous donne aujourd'hui le Tableau genealogique et historique des princes et rois de la maison de Bourbon ; I'his- toire de leurs ministres , etc. Ce travail est fait avec le meme soin auquel nous ont habitues les premiers tableaux de M.de Mancy. I. 35i. — * Dictionnairc historique et descriptif des nionumens religieux , cii'ils et militalres de la ville de Paris , oil Ton trouve I'indication des objets d'arts qu'ils renferment, avec des remar- ques sur les enrbellissemens faits ou projetes; dedie a M. de Chabrolde Volvic, conseiller d'etat, pref'et du departeuient de la Seine, etc.; par B. de Roquefort, des Societes royales de Gcetlingue , des antiquaires de France, etc. Paris, 1826; Ferra jeune, libraire , rue des Grands- Augustins , n° 23. In-8" ; prix , 8 fr. Les livres sur Paris sont fort aombreux, ct repondent, par ce cote dumoins, au legitime empressement qu'ont les natio- naux et les otrangers de connailre en detail une ville qui est devenue, en quelque sorte, la capitale du raonde civilise. Mais la ndcessite de meltre ces livres a la portee de tout le monde, n'a pas toujours permis a leurs a'uteurs, d'y renferraer tout ce qui peut interesser les lecteurs jaloux de savoir non-seulement I'epoque et I'origine d'un monument, d'lin etablissement j)u- blic, mais encore les faits princi])aux de I'liistoire de celte ville celebre, de ses fortunes diverses, et des variations de son en- ceinte , qui, d'une petite bourgade assise sur une ile pen elen- due, en ont fait I'une des plus grandes cites du monde. C'est ce que M. Roquefort s'est propose dans I'ouvrage que nous annoncons ; et peu de personnes etaient aussi bien preparees que lui pour une semblable entreprise. Ses travaux sur le moyen ^ge lui ont souvent fait rencontrer des notions sur Paris dans ses nombreuses reclierches; il les a niises a profit dans le Dictionnairc historique et descriptif qui vient de pa- raitre; et ce n'est qu'apres avoir etudie tous les ouvrages rela- tifs a I'etat de cette ville , qu'il a compose le sien. II cite , comme la plus ancienne bistoire speciale de Paris, connue par Tim- pression , Lajleur des antiquites de cette noble et Iriomphante cite, publiee par le libraire Gilles Corrozet, en i532, et depuis , cet historiagraphe a eu beaucoup d'imitateurs. On peut croirc SCIENCES MORALES. 759 cependant qu'avant Corrozet, rimprimerie avair produit d'au- Ires guides de Tetranger dans Paiis, et je connais uii petit livre de 24 j)ages in-4° , intitule : Les rues et les cglises de Paris , avec la despencc qui se fait par chascun jour , et que je crois ^tre sorti des presses de Pierre Caron, iuiprimeur a Paris, de 1489 a 1494. Cost la , sans conliedit , la plus ancienne topo- graphic et slalistique des consoninialions de Paris; an xv" sie- cle , on ne pensait pas Irop a recueillir ces donnees adminis- tratives ^ ct cet cuvrage des premiers terns de rimprimerie n'est indique dansaucune bibliographic. Je ne pense pas, tou- tefois, qu'il puisse etre d'un grand secours ])our les recherches comparatives que le zcle et les lumieres de M. le prcfet de Paris dirigcnt avec une si louable perseverance; et ce n'est qu'a propos de I'ouvrage de Corrozet, en i532, que je cite cette description qui le preceda de 40 ans au moins. II y a bien loin de ces essais informes, a I'etenduc des lecherches de M. de Ro([uefort. Distribue dans Tordre alphabclique des nialieres, son ouvrage presente, sous le mot generique , tous les elablis- seniens analogues, \esfontaines, les eglises, les hospices, etc. et sous ces mots generaux , leur situation, leur elendue, les ins- criptions et les objets d'art qui les decorent , leurs auteurs, etc. A propos de qucKjues - uns de ces etablisscmens , Tauteur expose les vues de radininistration publique, en loue franche- nient lesheureux resultats; puis, ilajoute des observations ou des consei's, pulses (iansTexamen de I'elat des choses, ou les projets proposes par des hommes qui font autorite sur ces inntieres dlvcrses. On trouve done ici : 1" I'histoire de chaque etablissemenl; 2° I'exposc de son ulilile , quanta roinement de la ville ou aux besoins de ses habitans; 3° des vuos nou- velles qui tendeuta les ameliorer encore. II serait difficile d'en extrairc qnelrjues citations, I'etendue des articles les jilus im- porlans ne le pcrmcttrail pas. Nous croyons recouimander suf- fisainment cette noiivelle production d'un de nos plus laborieux ecrivains , en lu signalant comme Jitile a la fois aux citoycus de Paris, aux eirangers qui visitent cette ville, et a I'adnii- nistraiion (jui appeile loutes les lumieres a concourir a I'ac- complissement de ses vues d'anieliorafion. C. F. 352. — Atlas de I'Hisloire physique , cit'ile et morale de Paris, parDuLAURE. Paris, 1826; Baudouin freres; prix, 5 fr. Les j)lans destines a rintelligeiice de VH;sloere de Paris avaient ete places, dans la jiremiere edition , en tete mt-me des volumes auxquels lis appartenaient. Les eJiteurs ont cru de- voir, pour ceile que nous annoncons, les reunir tons en un seal Adas separe. C''t atlas offre au lecteur le double avantage 760 LIVRES FRANC AIS. de poiivoir mettre constammcnt sous ses yetix le plan qui sc rapporte a )a periode dont il s'occupe, et de n'elre pas oblige de recourir souvcnt aux divers volumes dont se compose I'ou- Trage. Le 1*"^ plan, Paris sous la domination romaine , reprcsente cetle ville alors contenue dans I'ile de la Cile, les niomimcns et etablisseniens situi's au nord et an sud, et les routes et clieiniiis qui venaient y nboTilir. II facilite la lecture des (''vene- mens arrives depuis la fondalion de Paris, jnsqu'a la fin de la domination des Remains. — Le 2° plan , Paris sous le regne de Philippe- Auffuste , prcsenle les agrandissemens de cette ville , dopuis la fin de la domination des R.oinains jusqu'a I'an- nee 1 223. On y voit la trace de la seconde et de la troisieme en- ceintes qui joignirent a Tile de la Cite une parlie du terriloire voisin, siiue sur les deux rives de la Seine, et les premiers eta- blisseniens civils et religieux fondc;s pendant cette periode. — Le 3^ plan , Paris sous le regne de Francois 1" , conlient I'ac- croissement de la ville , les nombrcuses rues tracecs, et les ba- timens construits dej)uis la fin du regne de Pliilippe-Auguste, jusqu'a la (in de celui de Francois I*'", On y trouve le mur de cloture oleve dans la partie septeulrionale, et les diverses con- structions faitcs liors de la ville, et qui formaient les premiers faubourg's. — Le 4' plan , Paris sous le regne de Louis XIII , offre I'etat de la ville a la fin de la domination de ce jjrince. — Le 5° plan presente Paris dans son etat actuel. Pour lui donner toute ruliiite possible, on a joint a ce plan un tableau ou no- menclature, par oidre alphabelique , contenant toules les rues, tons les (juais, boulevards , places , passages , etc., ainsi que tons les etablissernens civils, religieux et militaires; monu- mens el; administrations existans a Paris, avec des renvois au ])lan. A la suite de cette nomenclature , on trouvcra la com- position du gouvernement , les attributions de chaque minis- terc, les administrations et les etablissernens qui en dependent, les jours d'aiidlences des ministres , d'enlrees dans les bureaux et dans tous les ctablissemcns publics, etc. On voit que les cditeurs de VHistoire de Paris n'ont rien ne- glige pour t|ue cet Atlas repondit, en exactitude et en utilite , au reste de I'ouvrage, auquel fontjointcs d'ailleurs,a la place respective qu'elles doivent occuj)er dans cliaque volume, de» planches, tres bien executres, representant !es principaux mo- numens et edifices de Paris. Celles de I'Atlas ne soni j)as moins salisfaisantes , et ajoufent encore au merite et au j)rix d'un ou- vrage qui devient indispensable dans une bibliothecpie. E. H. SCIENCES MORALES. 7^1 353. — * Dictionnaire historique, ou Biographic unlverselle classique; par le general Beatjvais, auteur des Victoire.s et Conquetes,et par uue Societe de gens de lettres; en un seul ■volume; revue pour la partie bibUographic|ue par M. ^. - ^. Barbier, aulcur du Dictionnaire des Anonyuies , et par M. L. Baebier flls aiiie, eniploye aux bibliollieques ])articulieres dii Roi. Quatrieme livraison. Paris, 1826; Cli. Gosselin, libraire , ■rue Saint -Germain -des-Pres, n" 9. In- 8" de 3o4 pages; prix de chaque livraison, 6fr., et sur papier vclin saline, 8 fr. (Voy. Rev. Enc. , t. xxx , p. 193.) Get important ouvrage csl deja parvenu a sa 4" livraison : id lettre G est commencee. Sa forme compacte, la sagcsse et les soins qui president a sa redaction , sont des avantages que les lecteurs saiiront npprccier. lis le trouveront complet, sans omission ni lacune, depr.is la plus hanle antiquite jusqu'a nos jours, mais dcgage de loute superfluile. Aux articles consacres aux homines dont le nom est conserve par I'histoire , on a cru devoir en ajoiiter qui retracent la vie des peuples, des societes poliliques et religieiises , des institutions; on n'a pas neglige non plus lert'cit des fails memorables quicaracterisent le mieux les hommes et les nations. — Un simple tableau des prineipaux articles contenus dans cette livraison fera connaitre suffisam- ment la maniere dont son cadre est rempli; les noms des divers redacteurs sont connus par des travaux anterieurs qui offrent rtne sure garantie en faveur de la nouvelle entreprisea laquelle il.i prennent part; enfin, nous observerons qne cetle livraison coniient plus de deux cents articles qu'on cliercherait en vain dans les autresbiographies completes pjibliees juscju'a ce jour. — Prineipaux articles de cette 4^ livraisons : Par M. le ge- neral Beauvats, qui revoit soigneusementl'ensemble du travad : Djengujz- Khan , Djczzar {^ Ahmed) , le cardinal Dtiprat, Erasme , le general Foj , etc. ; par M. P. de Chamrobert, as- socie a M. le general Beauvais pour le travail de revision : Dnmouriez , Duval (I'abbe Legrix) , la reine Elisabeth d'An- gleterre, le chev. Folard, etc. ; par M. Louis Barrier : Antoine et Pierre Ea/jre, etc.; par M. Amar : Esope, Eschjle, Euri- pide , Fracostor; par M. Duviquet : Z'w.wwMf , Foutanes, les Freron; par M. Boujleet : Saint Dominique ; par M. Clair: Dumouli?i , Ferrieres , etc.; par RI. Pichot : Fox,' etc.; par M. B. Maurice : Dryden , Duguesclin , Franklin, etc.; par M. Angelis : Ferdinand 111 ( I'archiduc ) , M""" Floridia ; par M. Septavaux : Escoiquitz , Fouche; par M. Soulice : I'abbe Edgeworth, Fenelon. — Partie historique : Les articles Ecosse , Espagne, Etats-Unis, France, dus a M. de Calonne; Egjpte^ 76i LIVRES FRANCA.IS. - de M. B. Maurice; Flandrc , FranrJ'ortsur-le-Mein , Ics ba- taiiles lie Flettrus, Fronde , etc., par M. de Ciiamrobkrt. E. 354. — * Repertoire universel , historique , biogropliique des J'einrnes celcbres , rnortcs ou vivantes , etc. ; ]r.\r uiie Societe de gens lie lettres , auteius du Dictionnaire universel. 1""^ , 3""^ et l^me livraisons. Paris, 1826. Acliilie Uesaiiges In-8°; prix de la livraison , 4 fr. 5o c. et pour les sotiscripteurs , 4 f'"- ( Voy. Ret'. Enc. , t. xxxi , p. 201 ). Pariiii tous les noms qui ont pris place dans cette galerie, il en est quckjues-uns de fort obsciirs ; il en est d'autrcs desti- nes a ne point jierir, et cette proiongation de la menioire de quelqiies nonis proprcs , que notre orgueil decore du nom d'tm/nortalite, est lantot la recompense du nierile el de la ver- tu , tantot le chatiment des vices et du crime. — Entre aiilres personnages f'anieux , on y remarque June de Boulen , loTir a tour mailresse, femme et victime de Henri VIII; Catherine de Medicis AanlXdi niemoiro reste cliargee du crime de la Saint- Bartheleiny; CatJicrine 1 , cpouse de Pierre-le-Grand ; Cathe- rine //dont J'histoire of'fre de belles pages, niais plus d'une taclie ineffacabie; Christine de Suede , beaucoup trop reicbree pour une abdicalion a laquelle la pliilosopliie-eul peu depart ; ia comtesse Dubarry, ]a soule femme peiil-etre , qui, durant nos troubles revolutionnaires mourut sans courage , comn^esi Ic courage dans oe moment supreme elait une de[«niere gloire reservee a la vertu ; la marquise Du Dejfant , non moiris spiri- tuelle qu'egoiste; M"" Dufresnoy dont les Muses francaises pleurent la perte rccenle; enfin , M""" Elisabeth de France , Elisabeth d'yJngleterre , le chevalier ou la clievaliere dCEon, la comtcsse de La Fayette , Gabrielle cVEntrees, M""" de Genlis , M""* Geoff ria , etc. , etc. Nous conseillons aux redacteurs du Repertoire d'elaguer les details inutiles; I'ouvragey gagiiera beaucoup: il faut savoir a propos, disait Champfort, s'enric/ur de ses pcrtes. Nous leur recommandons egalement de surveiHer le style de tous leurs articles avec une attention rigoureuse- Bien qu'une notice bio - grapliique ne soit pas un morceau d'eloquence, et doive sur~ lout eviler les formes oralolres, neanmoins ce genre a ses con- ditions indispensables : la premiere est une elegante et noble sim])licile. C. P. 355. — Notice Historique sur Michel Patras de Campaigno , dit le chevalier Noir, seneclial et gouverneur du Boulonnais , luc a la Si'-ance ])i:bliqiie de la Societe d'agriculture , du com- merce et des arts dc Boulogne-sur-Mer , le 10 octobrc itut recemment traverse I'Europe civilisee , (.jui revenaient Iriomphans d'une guerre dont le succes n'elait du qu'aux sentiuiens de liberte exaltes a desscin par les rois coalises contre la France, fusseiit renlres au sein d'un pays gouverne despoliquement sans y ap- porter quelques idces nouvelles, quelques desirs d'ameliora- tion. L'empereur vVlexaiidre lui-meme avait bien coinpris ce resultat des dernieres guerres, lorsqu'en 181S il parlait haute- ment a la diele de Pologue de ses idees liberales , et promettait avecsolennilu des changemens dans la forme du gouvernemenl de Russie. On parvinl bleiitot a detourner ce jjrince de la mar- che eclairee cju'il voulait sulvre, et aucune modification ne fut apportee dans un despolisme, qui eul agi plus prudenimeiit ])eut-etre en faisant de lui-meme quelques concessions au pro- gres des lumieres. La commission a employe environ six mois a lecueillir ses renseignemens; instituiJe par decret du 17 de- cembre 1825 , elle a fait son rapport le 3o mai 1826; etle lea- demain 121 individus furent traduils devant la haute cour cri-< 764 LITRES FRANCOIS. ininelle , ctablie par ordic supreme. L'enquete classe ces iiidividus en trois sociotes, raffiiiation du nord, Taffiliation dii midi, et les Slavons lemiis. On voit ([ue de vagues projets de refornie occiipaicnt ccs diverscs societes, mass il ne pnrait pqs qu'aiicun planlYit definitiveinent arrete. On connait maintcnant la sentence de la Haute-Cour , nous ne devons point nous en occuper ici : la brochure (]ue nous annoncons ne conlient que les travaux de la commission d'enquete. M. A. Lilteralurc. 357. — Grammaire classiqne. de la langiie francaise , par Francois /?/.f, dit Alexandre. Quatrie me edition. Paris, i8'i6. Brunot-Labbe. In- 12 de 144 pages; jjrix , 1 fr. aS c. Get ouvrage est precede d'une preface entiercuient composee des eloges dont il a ete I'objet dans ies journaux. Maigre ses iiombreiises approbations , nous exprimerons franchement no- tre pensee. La graniaiaiie de M, Francois est conime celle de Lhomond, bonne lout au plus pour reux qui out envie d'ap- prendre leur Jangue de memoire, mais incapable d'atleindre aux resultats bien plus avantageux de la grammaire generale. II est cloniiant qu'apres Dumarsnin et Beauzee., MM. de Sacy ex. Biirnoiif, Blignieres e\ Destutl-Tracy , on relonibe toujours dans les vieilles errenrs, et que le public prefere souvent des metliodes roulinieres a des ouvragcs qui, ainsi que la Gram- ma ire generale enaction de madame Ortavie de Monglave, ( voy. Re\<. Enc., torn, xxvii , p. 23o) reunissent I'cxactitude des definitions a la fecondlte des principes. B. J. 358. — * Grammaire analylique , ou Elemcns de grammaire generale appliques a la langue Jrancaise ., a I'usage des elevcs; par 31. Letkrrier, chef d'inslitution. Paris, 1826; I'auteur , rue du Val-de-Grace, n° 1. Delalain. In-ia de 5 feuilles; prix, 1 fr. 25 c. Nous ne laisserons pas echapper roccasion d'annoncer au mi- lieu du grand nombre de grammaires dont nous sommes inon- des , une mc'tliode vcritablement eli'mentaire et cependant analytique et raisonnee. Aussi n'a-t-elle pas ete faite avec pre- cipitation. M. Leierrier la destinait aux cnfans qui, dans son institution , comnienrent I'ctude de leur langue : il a du en ecarler loules les ilifficulles iniitiles; mais, en meme leuis, apres les louabies efforts qu'il a fails pour bannir la routine de I'enseignement , on etait en droit d'exiger de Ini des divisions exactes , des definitions justes, des piincipes clairs : I'examen lapide de son ouvrage va prouver qu'il a satisfalt a ces concH- tions. LITTfiRATURE. 765 II definit la grammaire , la science des cHemens et des pro- cedes de langage. Ces clcmens sont d'une part Ics voix , les ar- ticulations, Ics syllabes, que nous representons paries lettres, et qui sont coninie la partie niatiirielle des langues. L'auteur iudiquc soniniairemenl les ra])ports ger)eraux que I'observa- tion a fait saisir entre eux et qui sont d'une grande utilite dans I'ctude des langues comnarees. Viennent ensuite les mots qui, consideres isoleoient , se groupent en huit classes , dont les ca- racteies distinctifs sont resumes en liuit lignes a la fin dii cha- pitre. Un autre cliapitre, fort court, sur IVlymologie, donne les notions indispensables a I'enfant qui reflediit. Enfin quei- qucs pages consacrces aux mots que I'usage a ccarlcs de la classe a laquelle ils devaient appartenir , termine et complete la pre- miere partie. Les trois dernieres traiient des procedes du langage , ou des lois auxquelles les mots sont assujelis pour exprimer nos pen- sees. L'auteur s'occupe d'abord des terminaisons et des formes des mots : c'est ce queDumarsais nommailavecraisonles preli- minaires de la syntaxe ; et, la seulenient , il fait connaiire les nombres et les genres dans les noms , les adjeclifs ct les pro- noms; et dans les verbes, les terns, Ics persoiines, lesmodes et les conjugaisons. Ces formes une fois bien determinccs , il cta- blit, dans sa troisieme partie, les principes de syntaxe que Ton retrouve dans toutes les langues, et qui forment par consequent la syntaxe gcnerale. 11 y traite succinctement, mais d'une ma- niere complete , i° de la proposiiion el de ses cspeces ; 2° de la construction qu'il distingue avec Beauzee en analytique el usuelle; 3° de reraploi des formes des mots, cc qui conslitue la syntaxe proprement dite. La qualrieme partie n'est que I'application des jjrincipes de la syntaxe generale a la langue francaise. Ici se trouvent ex- poses d'une manierc loute neuve, ]\lus rapide et bien plus com- plete que dans les autres grammaires, ces regies des parlicipes entre autres qui font le desespoir de nos enfans. Resumons- nous. C'est d'apres les grammairiens les plus estimes, Dumarsais, Beauzee, Condiltac , MM. Lemare et Destutt-Tracy , que M. Leterrier a clabli presque loules ses definitions, presque tons ses piincipes. L'habitude qu'il a de I'enseignement elemenlaire I'a conduit a les appioprier a I'in- telligence des plus petits enfans. An reste, telle est la generalite de ses principes , qu'ils s'appliquent avec une cgale facilite a toutes les langues; et deja M. Leterrier nous fait savoir dans sa preface, qu'il iravaille a une grammaire laline qui n'aura pas au-dela d'une soixantaine de pages. II ne nous reste done plus 766 LIVRES FRANCAIS. a ce siijet qti'iin vceu a former, c'est que cette grammaire, adoptee par I'universite, contiibue, avec rexcellente metliode de M. le recleur Ordinaire , a introduire le raisonnement et I'analyse dans les dernicres classes. D — v.. 359. — * Diitionnaire iinii'crsel dcs synonynies de la larigue francaise ; par M. Koinvilliers. Nom'elle edition. Paris, 1826. Delalain. In-8° de l. , et 890 pages; prix, 9 fr. M. BoinvilliiM's est un de ces lioinmes si dignes d'esllme et d'encoiii-iigemens , et soiivcnt si peu a])[irocics, qui sacrifient ranibition de se dislingutT ])ar des ])roduclions brillantcs an dcsir ]))iis lionorabie de servir reellement le public par des Iravaux utiles. La liste des ouvrages did:icti(jues qu'il a oom- j>oses, ou dont il a diiige la publicalion, n'ajoutcrait ricn a sa reputatiou : je me liate d'ari iver an iiouveau livre que j'an- nonce, iine de ses enirenrises les jilus imporlantcs. Ce n'cst pas une idee neuve de reunir en un seulrecucil tous les synnnymes deja coniius de la langue francaise. Un premier diclionnaire de ce genre, apres avoir eu deux editions, a cie augmenle et jiei'fectioiine sous tous les rapports, par M. Guizot, dont le noni inspire une confiance nieritce. Je puis citcr encore la sy- nonymic J ranraiae de M. PiESTRE, imprimee a Lyon en 1810. Ces jniblicalions, qui tonics ont rcussi, prouvent combien I'uli- llto de I'eliiile des synonynies est gcneralement senile. Je ne pretends ]io;nt assigner le merite resjicclif des differens edi- teurs ou des leforuiatears d'un ouvrage dont le fonds est em- prunte tout entier a Gira]d , a Beauzee, a Roubatul^ a ])lusieurs aulres habiles synonymistcs. Teiiu le dernier, cclaiie par ses j)redecessenis, M. Boinvilliers devait essentiellement s'efforcer de les surpasser en quelque chose, de presenter quelfiues amd- lioraiions nouvelles : je \ais me borner a inditjucr comment il a satisfait a celtc necessite do sa position. II a place en lete de son volume \e& prefaces de Girard, de Beauzee et de Ronbaud (sauf des suppressions dans cette derniere qui etait diffuse); et il a eu raisou , je crois ^ of jrir au public , comme il ie dit lui- nieme, des Avant-propos qui renj'crment des refexions pleines de JNSlesse et de solidite. Sous le tilre modeste A''Ji'ertissement de f Editeur, il presente ens'iiiteime judicieuse appreciatiou des trois ])rincipaux auleurs de synonymcs, et un extrait des ob- jen'<7;/o/?,9 lumineuses de Ronbaud sur la formation des mots, sur la valeur de leurs inilinles etsurlajorcede leurs desinences. Son Diclionnaire contient 2/) articles fie plus que le plus complet des recueils anlerieurs; et ces articles ne sont pas au nombre des nioiiis curieux (par exempie : abonnc , souscripteur; — sens, acception, etc. ). Comme MM. Guizot et Piestrc, M. Boinvilliers UTTERATURE. 767 a donne une noiivelle rcdaclioii a un assez grand nombre des articles anciens ; je laisse a jugcr aux lecteurs s'ils ont perdu ou gugne sous sa plume. Mais la plus remarquable, a mon avis, des amulioialions qui lui sont dues, consisle dons le soin qu'il a pris de consigner dans ses notes substantielles Vetjniologie de lods les inotssynonymes corapris dans son diclionnaire, et celle de certains mots peu iisites qui so trouvent dans jilusieurs arti- cles. Ainsi, tout en reproduisant, comme ses devanciers, les nombreux articles de Iloubaud, debarrasses des lon£;ueurs, des erreurs, des obscurites metaj)hysiques dans lesquelles cet au- tcur se iaissait souvent entrainer par son gout predominant et par rimitalion dangerense de Court de Gebclin , ]\I. Eoin- \iiliers a su conserver et meme etendre le i)recieux avanlage des etymologies. Si qiielques assertions basardees ou fautives se sont glissees parnii une quantite de notes si considerable, on ne saurait lui en I'aire un crime, et jc m'enipiesse d'as- surer en llnissant que des tacbes legercs et peu iiombreuses n'empeclient ])oint le nouvcau diclionnaire que nous annon- cons de meriter d'etre bien accueilii par les bons cloves et par toutes les pcrsonncs qui portent dans le discours ccrit ou pailc ce sc/upule sur le choix des mots recommnndes par rillnstre Biiffon. A. D. Louemand. 060, — Elemens de rhetorique francaise , par M. Filon , professeur au college royal de Bourbon. Paris, 1826; Bredif. In-i2 de IV et,3iSlJ.; prix , 3 fr. 5o c. et 4 fr. aS c. par la postc. L'autenr annonce, dans sa preface, que son outrage n'est point compose sur le plan ordinaire des traite's de rhetorique , dont I'ohjet special est de preparer des sujets pour le harreau , les tribunes politiques ou la chnire (ivangelique. Je ne sais comment sont fails les trailes de rhetorique dont parle Tau- teur, mals tous ccux que j'ai -vus traitent exactement, comme le sien : 1° de I'invention avee toutes ses dej)endances, les mceurs , les lienx communs et rargiimentation ; 1° de la dispo- sition ct des parties du discours; 3° de I'elocution, ce qui comiircnd les pensees, les genres , les qiialites du style et toutes les figures de pensees et de mots, entre Jesquels meme on etablit souvent un ordre plus rigoureux que celui cju'adopte I'auteur. II est vrai qu'il s'occupe avcc detail des prccej)les de la nar- ration el de la dissertation , qu'il en donne des exemjjles assez longs, et que ses trerite dernieres pages sont consacrees au style epistolaire et a I'art de la conversation : mais il n'en a pas moins fait, comme tout le nionde, un livre pour les orateurs, les avocats et les predicateurs. 11 paiait d'autant plus blamable en cela qu'il releve lui - meme ce defaut capital de toutes nos 768 LIVRES FRANCAIS. classes de rhetorique; tandis qu'on peut, sans irop piesunier de la bonhomie de beaucouj) de nos rlietcurs, douter ciii'aucun d'enx comjirennecoinbien son ouviaf^c doit etre inutile. Noire autcnr tiaite, dans son introduction, de roiigine et des progrcs du langage et de I'ecriture , jmis , de la granmiaire generale et de la grammaiie francaise. II serail difficile de rien troiiver de plus liasarde que ie jncmier chapiire, et de plus incomplet (jue les deux dcrnieis. D'ailleurs , ces connais- sanccsappat tiennent specialemetil a la giamniaiie; et, avant de s'occupcr de la rhetorique, il faut les posseder, ou du inoins lacherdc les acqui'rir. Mais, dans le premier cas, rintroduclion de M. Filon est superfine; dans le second, die est insuffisante : dans I'un el I'aulre , elle n'a rien d'utile. 36r — Annules des concours gcnrraitx. — Malieres des com- positions de rheiorique. Paris, 1826; Bred if. ln-8°de 128 ]).; prix , 6 fr. Ce recueil comprend, comme I'indique son tilre, les ma- ticres des compositions de discours latins, de discours fran- cais et de vers latins donnees aux concours des colleges de Paris, dcpuis le relablisseracnt des lycees par Bonaparte , ct dies sont precedt'es des malieres de qudques compositions antcrieures a la revolution. Les honimes qui raisonnent, et qui ne croient pas qu'un iragnifique appareil oude nombreux applaudissemens, souvent surpris et usurpes , soient une preuve ceitaine de la bonte d'uii systenie, tiouveront, dans ce livre, de nouvdies amies conire I'etiide de la rhetorique, et snrtout conire la maniere de I'enseigner. Ouvrons le livre : nous trouvons a la page 53 : // (Gernianicus) deciira le spectacle que ces lieux leur (a ses soldats) pi I'Stntent ; id, etc... la, etc... C'est sur cet ici eK. sur ce la (]ue les concnrrens doivent exercer Icur faconde. A la phrase la jilus ronflanle, a la peiiode la mieux arrondie , le pri.v appartiendra sans coutesle. Fous verrtz la place qii... Encore un noiiveau point d'orgite : honneur a ceux qui le broderont le mieux. Le tribunal barhare d'oii Icferoce Armi- nius... Songez que depuis long-tems... C'est sur ces miserables bouts-rimes qu'on fait jialir notre jeunesse. L'eleve est oblige, non-seulcnient de penser comme ses maitres, eut-il des idee.s cent fuis meilleures , et de suivre I'ordre trace par eux, lors meme que la nature de son esprit lui en ferait choisir un autre; mais i! est reduit a emi)loyer leurs lournures, leurs expressions , leurs phrases, quelque vicieuses qu'dles ])uissent ^Ire. O iini:atores ! 362. — Resume de I'histoire dela litterature allemande ; par LITTER ATURE. 769 -/^. LoivE-VEiMARs. Paris, 1826; Louis Janet. In-8" de vm et ^176 pages; prix, 3 fr. M. Loeve-Veimars prend la liUeralureallemande depuisson oiigine, rt la conduit jusqu'a nosjours. II a divise I'espace de terns qu'ftlle comprend en cinq pcriodes. La premiere s'ctend riepuis les tliants popiilaires les })!us rcciiles , jusqu'a la fin du xiii""" siecle; ia seconde , jus(|u'au cominencenienr dii xvii""" ; les trois dernieres sont consacrces aux annees fjuise sont ecou- lees depuis ce moment jusqu'a nous. Dans celte revue rapide , M. Loeve-\ eiinars a tacl-e de n'oniettre aiicun fait imporlant dans I'hisloire des letlres ; il a voulii tout indiquer; raais ces indicationssont loin d'etre sufr«antes pour celni fjui ne connuit pas la litierature allemande. Sana douie, les lecteurs recber- cheront de preference les niorceaux (jue I'aulcur a traduits des ecrivains allemands ; nous aurions souhaite qu'il eut multiplie davaiitage ce moyen d'instruclion , et qu'il ne se fut pas con- tenle d'expriiner son admiration ])our Klopstock , Goethe, Schiller ^ Burger, dont il ne cite auciin ])assage quipuisse faire apprecier lajnstesse de son opinion. L'aversion de M. Loeve- Veimais conlre tout ce qni ])orlc le nom de regies litleraires est assez connne par de precedens ouvrages , pour nous dispen- ser de dire quel est son enlhousiasme pour la poesie nationale allemande. Au reste , les critiques francais auront beau jeu avec lui, puisqu'il est le ])remier a convenir ( p. 38^ ] ijue les meilleuies tragedies du nellleur poete de TAllemagne soul a ])eine dramalicjues. — Quoi qu'il ensoit, ce resume de I'his- toire de la litterature allemande nous semble propre a en re- pandre le gout en France : la rapidite et I'eiegance du style, ainsi que les connaissances de I'auteur procureront sans doute Leaucoup de lecteurs a son ouvrage. B. J. 363. — Lecons de litterature chretienne , ou choix de prose et de vers sur la religion et la morale, extraits des meiileurs aulenrs francais morts et vivans : ouvrage classique a I'usage des serainaires, des colleges cl des maisons d'education. Paris i8a6; Beauce - Rusand. 2 vol. in - 8° d'environ Coo pages. La labie de ce recueil r.-.])proche des norns qui n'onl guere couiume de s'associer: MlM. de la Mennais, de Maislre et Bo- nald y figurent a chaque instant a cole de Pascal , A'Jhbadie, de Rousseau el de Voltaire. Toutefois, I'udileur s'etant gene- raicmcnt abstcnu de toucher aux matieres qui ont reveille de no> jouri les controvcrses religieuses, on concoit (ju'll ail pu faire d'lieureux eniprunts a des ecrivains dont les opinions sont si divergenles. II se justifie d'ailleurs de ceux qu'il a fails T. XXXI. — Septcmbre 1826. 4y 770 LIVRES FRANCAIS. aux philosophes en se conipaiant aux Hebreux, « lorsque, par nil innocent larcin, Lis (]($lou!nercnt, pour cons;icrer au cnlte du vraiDieu, les vases d'or de I'Egyple idnlatre. » Cost done encore ici une fraude picuse. Celle-ci du inoins sert a I'avanlagc du lecteur. Outre les noms doja cites , ceux de Bossuet , Saurin, Bourdaloue , Diderot, Mascaron, d' Alcmhert , Fcnelon,Necl(er, Massillon , Thomas, Flechier , Bernardin de Saint-Pierre , Poulle , Laccpetle , Chiiteauhriund , Rnynal, Bujfon, garnn- tissent, pour le volume de prose, Tine collection de modeles de style. Le volume de vers coniient le poeme de la Religion , les tragedies de Polyeucte,d'Eslher et d'Athalie, et un choix de morceaux dramatiques et lyriques emprunies a differens poetes. Nous citerons , parini les vivans , MM. Delavigne , Lamartine , Parseval de Grandmaison , Lemercier , Andrieux , Campenon, Mil" Delphine Gay , etc. De pareils noms acheveront de recom- mandcr ce recueil. Ch, 36/(. — * Collection des auteurs classiques latins, avec la tra- duction francaise en regard; publiee par une Societe de Pro- fesseurs , et dirigee par M. Jmedee Pommier , horame de lettres. Edition in-12, orneedes portraits des auteurs d'apres I'anlique. — Cotnmentaires de Cesar , Iraduits par M. de Tou- LONGEON. T. Iletlll. Paris, 1826; Verdiere, quaides Augustins, n° a5. 2 vol. in-i2 sur papier iin satine, f'ormant ensemble 714 P'j prix, 3 fr. le volume. En annoncant le 1^'' volume de la traduction, de M. de Tou- longeon ( Voy. Rev. Enc, t. xxix , p. 549 ), nous avons dit que ce qui la caracterisalt, c'etait sa fidelile, sa correciion et sur- tout la clarte avec laquelle sonl rendus les details relatifs a I'art militaire. Le 2®etle3* volumes merItentiesmeineseloge5,elnous paraissent assurer le succes de I'ouvrage. La correction du texte latin, la beaule du ])apier ct de rim|)ression doivent encore y contribuer, et faire rechercher une collection qu'il serait diffi- cile de donner a un prix moins eleve. Nous esperons que M V^erdiere donnera suite a son utile entreprise , et que la pu- blication d'une nouvelle livraison n'eprouvera point de retard. A. M— T. 365. — * Classiques francais , ou Bibliotheque portative de I'amateur en cent volumes. Vingt-huitieme livraison , composee des OEuvres de Saint- I,ai\ibert e^ r/e Gilbert. Paris, 1826; L. Debure. 2 vol. in-32, avec un portrait chacun; prix, 3 fr. le volume (voy. ci-dessus, p. A94* I'annonce dela precedente livraison ). L'edileur de la collection des Classiques /rancais a rcuni , dans cette livraison , deux poetes distingues I'un et I'autre , LITTER ATURE. 771 mais dont le sort fut bien different. Le piemier, Saint-Lam- bert , ne d'une famille noble, rival heiireux en amour des deux plus grands ccrivaiiis dii xviii^ siecle, Voltaire el J. -J. Rous- seau (i), eull'amitic des princes et des philosophes de ce grand siecle, et \it son ])oeine des Sai.ton.t luiouvrir, en 1770, les portes de I'Acadeinie francaise. Le second , Gilbert , dut le jour a de pauvres cultivateurs, qui s'epuiserent pour lui don- ner une education dont il leur fit par ia suite un sujet amer de reproches , vecut pauvi-e, egaleinent repousse des philosophes et des puissans de la terre, vit ses oeuvres denigrees par I'envie, ignora prescpae les consolalions de I'amour et de I'amitie, et inourul a I'hopital, dans toute la force de I'age et du'genle, atteint d'un raal ou ses malheurs peut-etre eurent plus de part encore que I'accident aucjuel on I'atlrlbua (2). Sans doute cette difference dc fortune est due, en grande parlie, a la difference de leurs caracteres; niais le hasard, qui joue un si grand role dans leschoses d'ici-bas, y fut aussi pourbeaucoup. Saint-Lam- bert etalt un liouime du monde, qui avait toutes les qualites necessaires pour y reussir ; Gilbert, ne avec un caractere sombre et indepeniiant, \it augmenter ces dispositions par les injustices reelles dont il eut a se plaindre, a son debut dans la carriere lilteraire. Deslors, son sort fut decide; il prit le parti de se Jeter dans la satire, vers laquelle d'ailleurs seinblail le porter le genre de son talent. Peut-etre I'aniraosite qui est resultee contre lui de la rigueur de ses jugemens, n'est-elle pas encore bien eteinte aujourd'hui. La Harpe, qu'il avait d'autant plus offense, que ses coups avaient quelquefois portc juste, affectant une fausse pitic pour le sort malheureux de Gilbert, a pu continuer ale trailer comme un ecolier, dans I'apprecia- tion qu'ila faite deses ceuvres ; mais on ne concoit pas que Che- nier , dont le gout etait si sur , I'ait , en quelque sorte, passe sous silence dans son Tableau de la litterature francaise , oil il se borne a dire, en parlant des poesies lyriques de Gilbert, (.\\\eUes qffrent quelques traits eleves ? Et lui aussi, Chenier, eut a se plaindre des hommcs de son siecle, lui aussi toiirna ses esprils vers la satire; mais, dans ce genre, Gilbert avait me- rile d'etre son inaitre , et il eut ete juste a la fois et noble de (i) On sail que Saint-Lambert fat aime tour a tour de M'"" Duchate- let, qui vecnt iutiraement avec Voltaire, et de M™« d'Houdetot, dans le coeiu" de laquelle J. -J. Rousseau teuta vaineraent de le supplanter. (2) Une chute de cheval que Gilbert avait faite, ea galoppant sur les boulevards avec deux jeanes Anglais ses eleves, avait oblige de Ini faire I'operation du trepan. 772 LIVRES FRANCAIS. I'avoiier. Mais peut-elrc Clicnier, disciple distinguii des ])\n- losophcs du dix-huiliemo siecle, ne poav.-iit pardoni:er a Gilberl ses atl;i fr. sur cavalier violin. ( Voy. Rev Enc. , f. XXX, p. 2o3 ). Ces deux volumes terminent la belle iMlition dcs ceuvrcs completes de Ducis, dans lesquelles se trouve coinpris un vo- lume d'oeuvies poslhumes. Le tome II contieiit les tra^redics Ae Macbeth, de Jean-suns-Tcrre, A' Othello ,A' Ahufar, d'OJS- dipc h Colonne, et le pelit poeme intitule : le Banquet del'a- milie. Dans le dernier volume soiit reunies plusieurs epilres et phisieurs pieces fugitives, ainsi que des letires dc Ducis et de Thomas. Nous ne ncgllgerons pas cette occasion de paver au genie d'un poete iliustre I'hommage qui liii est du , et nous consacrerons aux oeuvres de Ducis un examcn dctaille dans notre section des analyses. 368. — OEitvres completes de M. le vicomte dc Chatkao- BRiAND, pair de France, membre de 1' Academic francaise. 3' livraison , compos<5e des tomes \" et IX^. Paris, 1826. Ladvocat, editeur. 2 vol. d'environ /joo p. chacui) ; prix de la livraison, i5 fr. ,et 18 fr. par laposte. (Voy. ci-dessus, p. 499.) L'editeur des OEuvres de I\I. de Chateaubriand continue de remplir ses engagemens avec une louable exactitude. La livrai- son que nous annoncons excitera vivenient la ciiriosite pu- blique. Le tome I'^'' contient le i"'' livre de YEssai historique , politique et moral sur les resolutions anciennes et modernes , considerees dans leurs rapports arcc la revolution francaise , precede d'un avertissement de I'auteur , d'une preface nouvelle relative a cet ouvrage , d'un avis et d'une notice publics a Londres lors de la premiere edition qui en fut faite. Cet ccrit est celebre en France sans y etre connu. II a souvent fourni aux adversaires de I'auteiir des moyens de combattre ses opi- nions posterieures et de le mettre en contradiction avec lui- meme. Mais celte polcmique n'en avait mis au jour que quelques passages, et peu de gens avaient eu la facilite de lire I'ouvrage entier. II parait aujourd'hui , accompagne de notes ou I'au- teur s'est refute lui-meme sans aucun menagement. Nous en rendrons un compte detaille a noa lecteurs, des qu'il aura ete completement public. Le tome IX , cotnpris dans cette 3'^ livrai- son, contient les trois dernieres parties dc I'ilineraire de Paris a Jerusalem. 0. 36g. — * Dialogues du Tasse, traduits par /. - f^. Pf.ries; traducteur des oeuvres completes de Macbiavel. Paris, 1826; C.-L.P. Panckoucke. In-32 de x et 214 jiages; prix, 3 fr. Ces dialogues traduits en francais pour la premiere fois, et non pas inedits, comme I'annoncc l'editeur, n'eiaient pas tous deux egalement dignes de figurer dans la collection des classi- LITTER ATU RE. 775 ques que publle M, Panckoucke. Dans le premier qui a pour sujet VAmitie, le Tasse a disseque ce sentiment avec toute la sublilitc de la pliilosophie scolasllque , qui elait en si grand honneiii" du ferns de ce poete. Les raisonneniens qu'il ])rete a ses inferlocuteurs sont presque toujours faux ou inintelligi- bles. Cet ouvrage porte des marques trop visibles de la situation d'esprit oii etait i'auteur quand il I'a compose. Nous pensons qu'il eut ete facile de faire un meilleur clioix parmi ses ouvra- ges en prose. Le second dialogue intitule /e Pere defamille, est bien superieur an premier. Le Tasse s'y est mis lui-meme en scene dans une exposition pleine d'interet. Elle a fourni a M. Tilery le cadre d'un discours qui reroporta , il y a quelques annees, le prix d'eloquence decerne par I'Academie francaise. Ce dialogue du Tasse contient sur les devoirs du pere de fa- miile et sur Tadministralion domestique un grand nombre de preceptes judicieux, exprimes dans un style plcin de graviie , de douceur et d'onction. Nous regrettons que I'edileur n'ait pas cru devoir placer le texte en regard de la traduction. La prose du Tasse est fort elegante , et il eut cte agreable pour le lecteur de pouvoir en juger par ce morceau. N'ayant pas le texte sous les yeux, je ne puis apprecier d'une inaniere exacte le merite de la version dc M. Peries. Mais le talent dont il a fait preuve dans sa traduction de Machiavel , offre au public une garantie suffisanle. Ch. 370. — Lettres sur la Suisse et le pays des Grisons , par L. A. DE Chapuys-Monslaville. Paris , 18265 Delaforest. In-S" prix , 3 fr. 5o c. M, de Chapnys declare, dans sa preface, qu'il aimait une jeune personne dont la main lui etait promise ; mais son ma- riage ne pouvait avoir lieu avant un evenement subordonne a des chances incertaines ; tourme.nte par son amour , il s'est mis a parcourir la Suisse , pour tncher d'adoucir unpeu les rigueurs d'une longue attente; a son retour , il fallait attendre encore , et le besoin de distraction lui a fait prendre la plume ; il ne dit pas ce qui I'a decide a faire itnprimer. Tout entier a son amour , I'auteur estropie les trois quarts des noms qu'il cite; il fait de VAlhula, riviere, une monlagne, et ainsi du reste. Aussi,nous recommanderons son ouvrage aux araessensibles, plutot qu'aux lecteurs qui cherchent dans un voyage des observations neuvcs et des renseignemens exacts. E. 371. — * La Saint- Barthelemy , drame en plusieurs scenes; par Charles ^'Outbepont. Paris, 1826; Firniin Didot. In-S" de 167 pages; prix, 3 fr. La verite historique, apres etre rentree dans I'histoire, 776 LIVRES FKANCAIS. qu'avait loiiij-leins alteiee I'esprit do systeine, ne tardera pas, on doit le croire , a se nioiitrer sur la scene, ou la rappclle le va^u du public, mais dont I'ccai-tent encore les precaiilioiis d'une polilique cralntive, el Ics scrupules d'line pocliqtic non inoin.s tiniiiie. An milieu de ce niouvemcnt dcs es])rils, (jui jire- pare une reforme ihrairale, il est naturel (ju'll paraisse des oiivras;es, lels que celui -ci , moitio dramcs, inoitie liistoires , ou les fails soiciit pn'seiites, coiniiie ils se sont jjassi's, sansces metamorphoses que kur font subir nos regies de convention et les mcnai;emcns de notie censure. Dans uii livre du moins, O'n ochaj)pe aux conseils et aux defenses du poiivoii-, a la criti- que loiitiniere des coulisses, des fcuilletons et du parterre; on est libre de ne prendre conscil que de sa conscience, dc sa raison , de son talent, de son snjet,les seuls guides qui puis- sent conduire I'ecrivain au naturel, a i'original, an nouveau. II serait injuste de ne jias rappeler (pie plusieurs de nos iioetes dramatiques onl essaye de faire eiitrtr I'art dans cettc voie, ou il doit inevitabienicnt s'engaijer un peu plus tot ou uri peu plus tard : MM. Lerncrc.ier , Alexundre Duval ^ Lebrun , e^c.,auront la gloire d'avoir prepare pai- dlieureuses tentatives la revolu- tion liiternire qui s'aT)])rocbe ; el a leurs noms s'associeront ceux d'ecrlv;iii)s nioins celebies, aux productions desquels on! man- que la pubiicile et I'eclat de la scene, mais qui n'en anront pas nioins contribue a changer, par la hardiesse de leurs exemples, quelque chose a nos anciennes theories. II y a fpielques annces que, dans un livre trop peu connu, feu le comte J. R. de Gain-Moiitagnac mit foi t liabilement en scene le proces de (Jharles I'^'' et I'abdic.-.lion de Charles- Quint. Nousavonseu, I'annec derniere, les iiigenienses comedies de moeurs qu'nn de nos])lus jeunes auteurs a produites , sous le nom de I'espagnole Clara Gaziii. On parlait beaucoup, cet hiver, de deux ouvra- ges du meiue genre oil la chevalcrie des cjoisades, et la revo- lution de Saitit-Domingue sont representees avee beaucoup d'esprit et de -verite. Tout roceniment , on nous a dotine le ta- bleau aiiime' et vivant de la journee des barricades ( voy. Rev. Enc, t. XXX, p. 526 ): et voici fpie M. d'Outrepont entrenrend de rendre au naturel la Saint- Barthcicmy. Peut-elre n'a-l-il pas asscz profitede i'avaniage qu'il avail d'etre debarrasse des genes de notre scene , et de la pompe de notre versification Le souve- nir de I'alexandrin tragique se fail unpen trop seniir danssa prose; il prtte ases personnages un langage trop soleunel et trop apprete ; el , pour faire loule la ])art de la critiipie, on pent re- procherasa ti ici ion des formes trop modernes. Mais, 3 cesdefau Is pres, ce drameoffre une lecture inleressante. Le sujet , I'uii des LITTERATURE. 77-7 plus uses «le noire blstoire ,esl raje,uni par la veritii de la pein- ture; Ics Iraits du tableau soiitbien clioisis, bien rapjiroches. II y a de I'eiisenible et de la vaeiete dans cetle oeuvre iiouvclle, et nous y retrouvons ies divers inerites que nous avons cu dernie- lenient occasion de louer dans Ies Dialogues des morts public's ]iar le meme auteur (voy. Tfrj'. Enc, t. sxx, p. fi^.S). H. P. 372. — * UJgiolage on le Metier a la mode, comedie en cinq actes et en prose , |)ar MM. Picarh el Empis , icpresenlee pour la premiere fois au theatre Francais par Ies comedieiis or- dinaires du Roi , le 25 juillet 1826. Paris, 1826. Bechet aine, au Palais-Royal. In-b° tie 108 p.iges; prix, /| fr., et 4 fr. 5o c. Nous avons rendu complc de cetle jolie comedie a I'epoque de la I'epresenlation (voy. ci-dessus, pag. 269 ) ; elle obtiendra sans doule a la lecture le succes ([u'elle a conslamment au theatre. 37^5. — * Romans hi.storiques de C. F. Van der Vklde, tra- diiits de I'allemand, el precedes de notices , par A. Loeve-Wei- MARS. Premiere llvraison coniprenant : Les Patricicns , i vol.; Ies Anabaptlstes , i vol.; Anvcd GyUenstierna , 2 vol. Paris, 1S26. J. Renouard; Gosselln. 4 vol. in-12 , de aSo a 3oo pages chaeun ; prix, lif'r. L'ouvrageentiersecom[)Osera de 20 vol. Avec les histoires ou les rois et leurs cours obienaient seuls I'attention des iiarrateiirs, nous avons eu lesromans qui ne met- taient en scene (jue les souverains et lenr galanles intrigues, les grands honimes et leurs faiblesses. De nos jours quelques histo- rieiis ont ose nous jiresenter dans leurs reeils le peuple etson in- fluence sur les evenemeiis; iions avons vu fii;urer dans les ro- inans historiques, non plus des heros , reduils a joiier le role banal d'amant jiassionne, mais des personnages d'imagination , choisis dans toutes les classes, in)bus,des prejugos et professant les opinions de leur teir.s, et peints avec les passions et sous le costume de chaque epeque et de cliaque classe. Walter Scott et Cooper, tons deux remarquables par la vivacite de leurs pein- tures, par la vcrile originale des caractcres qu'ils ont crees , jjar I'art admirable avec lequel ils savent ncus rendre presentes les situations les plus interessantes et les plus varices, ont fait triompher le genre nonveau qu'une vogue vrniment populairc a venge des atlaques de certains critiques, injustes et e.xclusifs. En France, 31. de Sismondi n'a point obtenu des succes aussi ecla- tans que ses rivaux de I'Ecosse et de I'Amerique : luais, sous des fornaes peul-etre moins brillantes et moins dramaliques , et sans eveiller un interet aussi vifqne ses devaticiers, il ale ])remicr im- prime au genre dont Walter Scolt est le createiir , une direction toute p}!ilosoi)liique : nourri de I'etude approfondie des sources 7 78 LIVRES FRAN^AIS. historiques, habitue ii considerer les cveneincns cl Ics hommes avec une hauteur de vues et d'idces peu coniniuRes, il a fail du romaii ranxiliaire et le complement de I'histoire. II n'a choisi dans les terns anciens que les trails caniCtcTistiques et sail- lans, et les prcsenlant avec les details ct sous les couleurs que proscrivaient desouvrages plus serieux et d'un plan plus citendu, il en a fait jaillir des lecons d'une haute importance. Blalheu- reiisement, et au grand regret de tous ceux qui out lu Julia Severn , M. de Sismondi n'a peint encore qu'uue epoque. Waller Scott, Cooper, el M. de Sismondi, ont dii trouver des iraitnteurs : I'AUemagne a eu Van der Velde, qui est moi t il y a peu d'annees( voy. Rev. Enc.^ t. xxiii, ]). 75o j, et la Suisse a applaudi aux productions de Zschokke , I'un de ses ecri vains les plus lionorables et les jilus dislingues. Les romnns de oe dernier ne sont point connus en France ; ceux de Van der Velde ne I'e- taient, avant I'entreprise de M. Loeve-AVeimais, que par d'in- formes traductions. Aujourd'hui, ils vont enfin obtenir la part qu'ils meritentdans la f'aveur du public, graces a I'l'legante fi- delite du travail de cet ccrivain , et a la connaissance appro- fondie de la langue et de I'histoire de I'Allemagne, qui lui out permis de nous rendre intelligiblcs beaucoup de choses etran- geres a nos mceurs et a nos eludes. La livraison que nous annoncons contient trois romans : Les patricicns sont une histoire du seizieme siecle : Taction se passe dans les annees i568 et suivantes, a Schweidnilz, en Silesie ; cette ville jouissait de nombreux privileges, et les jiatriciens y exercaient nn pouvoir presque sans bornes. La lutte de cclte aristocratic bourgeoise, ficie de scs richesses, de son influence, et portant a la noblesse une haine profonde, contrel'aristocratie feodale, toujours pleine de niepris pour la roture , et irritee de la voir ecliajjper a sa puissance, est retraceepa^ Van der Velde dans Tune de ses circonslances ics ]ilusfeinarquablcs, Frasnie Freund, bourgmestre de SchweidniSz , vieiilard cnergique et opiniatre, Franz Freund, son fils, homme emporle et dissolu et rhypocriteCliristophe, autre fils d'Erasme, sont les chefs du pa triciat : parmi les nobles, se trouvent le sage Tausiloif et plu- sieurs chevaliers jeunes ct eniporlcs, qui ne se plaiscnt cju'aux rixes et aux combats. Le peuplc est represente par !e dizenier Onoplirius Goldmann, qui perit victime des querelles de ses oppresseurs. La jjlupart de ces caractcrcs sont a peine esquisscs : plusieurs scenes cependant sont peintes avec vigueur; mais I'in- trigue est languissante , ettrop souvent I'interet est detoiirni- de son principal ol)jet. En un mot , c'est une ebauche dont quelqucs parties sout finies avec beaucoup de soin et de talent; mais on LlTTfiRATURE. 7 79 Ton regrette d'autant plus de trouver de nombieuses lacunes. L'annee i534 et la ville de Munster virent une revolulion not! moms etonnante que celle de Rome, lorsque Rienzi pre- tendit faire revivre les siecles du foriini et des tribuns, et celle de Naples, ou le pecheur Masaniello cxerca pendant neuf jours le pouvoir supreme. Les Anabaptistes , en precliant la reforme rellgieuse , deiuandalenl aussi une reforinc poIiti(|ue : zeles apotres du second baptcme, ils devinrent de furieux demago- gues; puis, toujours tideles aux extravagans cansei's du fana- tisine, ils oleverent dans Munster au rang de souverain absolu le plus habile et le plus corrompu de leurs predicalcurs. Van der Velde, en racontant les folies , les execs et les crimes des anabaptistes, s'est servi de quelques personnages de son in- vention ; niais, a cela pres , son roman n'est guere autre chose ([ue I'histoire de la revolution de Miinster. Arwed Gyllenslierna nous Iransporte en Suede el en Laponie, dans le camp de Charles XII, devant Frederiksliall , au Ritter- holm, maison royale a Stockholm, et sur les bords del'Umea. L'auteur nous fait assister a la mort de Charles XII, au proces el a I'executionde son niinistrc le baron de Goertz; jmis aban- donnaut les donnees historiques, il fait paraitre sur la scene I'ecossais Mac-Donalbein, qui sous le nom de ISahdoch Le Noir, et a la tete d'une bande de brigands, a repandu I'effroi dans toute la Laponie. Dans ce roman, l'auteur a donne plus de developpemens a sonrecit ;mais il y a moins d'originalite et de couleur locale que dans les patriciens , le meilleur a notre avis de ces trois ouvragcs. A. 374. — Robert de France ou V Excommunication , par M""' J. GoTTis. Paris, iSaS, J. G. Dentu. 4 vol. in- 12; prix, 10 fr. « Robert, dcja forme au gouvernement qu'il avail; partage avec son pere , eut beaucoup plus d'lnquletudes a essuyer de la cour de Rome qu'il n'en eprouva de la France. Son niariage avec Berthe , fille de Conrad , roi de Bnurgogrie , lui attira une persecution sans cxemple. li etait piirent au /("^ degre de cetle princesse; il avait tenu sur les fonds de bapteme u-ii de ses en- fans du premier lit. Plusieurs cveques, consulles sur ce double empechement, donnerent eux-memes la dispense, ouaulorise- rent le niariage; mais le pape Gregoire V^ se crut en droit de troublerle royaume pour une affaire qui ne devait occasioner aucun eclat. Il ordonna, dans un concile d'eveques ilaliens, que le roi quiltat incessammcnt son epouse ; que I'uii et I'autrefis- sent sept ans de penitence; que I'archeveque qui les avait raa- ries et tous les eveqiies qui avaient consenti au mariage fussent 78o LIVRES FRANCA IS. suspendiis de I'usage dcs s.Tcremeiis juscju'a ce qii'ils eiissent fait en pers')nnc satisf'aclion ,t!i souvcrain \iQntifc,.->: [ I^/rwenx dc I'Histoire dc France , par Mii.i.ot. ) Tel est le sujet qu'a traitti dans Touvrage que nous anuoncons iiru; feinme de leltres, connne drja par plusienrs roinans liislnriqucs, dont quelqtu'S- uns ont obtenu du succes (i). Fidele a I'liistoire, elle a peint des coiilenrs les plus \ raies rexcommunication de Robert el les suites funestes qu'cllo entraina; son denounieiit mC'ine est con- forme aiix souvenirs dc celte ejioque. La seule licence qu'elle ait prise est la supi)osiiion d'un inariage secret entre Robert de France et Agnis de I'landrc; encore Mizorai, et ajires lui d'autres auteursont-ils assure qu'il fut mai i-ja Lutgardf , veiivc du coni'ede Flandre, avant d'tnouser Ber tlie. D'ancienncs chio- iii(|ues discnt anssi que Robert fit la guerre a son pere; a la veiite , Velly ni Mezerai ii'en parlent poini; niaiscesdeux cir- cons!ai)ce5 admises par I'auieur ajoulcnt trop d'inlcrel a son ouvrage pour que la critique ait a lui demander des prenvcs bici) rigonreuses de leur aulhcnlicite : i! suffil (pic la vraisein- blance soil conservee; et c'esl ce qu'on ne pourrait lui contes- ter sans injustice. Un reproclie que nous f'erons a M"" Gutiis , c'est d'avoir essaye , dans qaelque's endroits de son livre, de prendre un ton qui contra.ste avec la simplicile ordinaire de son slyle. II ri'est pas d'ailleurs exeinjit d'incorrcctions, ct nous y avons rcrnarqiit; plnsieurs faules qu'il serait ifaslidieux d'ennnierer; nous ne signalerons ici que I'eniploi du mot en imposer pour imposer, que nous avons note plusicurs fois , faute presque aussi commune chez les ecrivains modernes que cclle de I'adverbe d'ordre r/e .<■«/;lausibles a ces niaises et fouguciises accusations : maifi les Biographies , productions scandaleuses et criminelles, quand elles vinrent s'acharner aux liommes vivans et mcnie a lenr existence prlvee , ont etejugees par I'opinion jiublique et par les tribunaux ; et d'ailleurs, le mal ici pese bien peu au- pres du bien. II a paru 32 de ces biographies in-32,oiiles faommos de [iresque toutes les classes sont passes en revue, le 7 82 . LITRES FRANCAIS. plus souveiii par dcs libellisles ignorans, qui ne connaissent ceux doiit ils jiigenl les opinions, les lalens et monie la vicpri- voe , que d'aiJies les coramcragesou les panipliiets !os plus uses et les plus (liscredites. Nons pouvons ajouter maintenant au catalogue pnblie par M. Toucjuct, le Code, tie morale, dont nous donnons ici le tilrc : c'est uu recueil de jiensees empruntees aux pliiloso])hes de lous les leius, de tous les pays, et qui nierite d'etre bien accueilli. A. Beaux- Arts. 377. — * Melanges siir les heaiix-arts ^ par M. Ponce, Paris, 189.6; Leblanc,rue de Fursteniberg, n'' 8. In-8°. M. Ponce, auc]uel on esL redcvabie de plusieurs articles inte- ressans, inseres dans la Liogropltie uiin'crselle publice jiar M. Mic/iaiid , a reuiii, dans le volume que j'annonce, des dis- sertations ou il examine les arts , soit dans leurs caracleres liis- toriques et generaux, soit sous des points de vue particuliers et spcciaux. L'essai j'w/- fetal des arts chez les Grccs ; la disserta- tion sur le beau ideal; celle sur le degre de perfection de la peinture dcs onciens , nie seniblent a])parlonir a la premiere de ces deux classes. Ses reflexions sur le nu et ie costume en sculp- ture; sur la manierc d'eludier ledessin; les observations gene- rales sur les plafonds peinis ; les letlres sur la gravure , compo- sentla secondecategor!e.Enfin,dansplusieurscliapitresrauteur cherclie a determiner quelle est I'indnence des climais, des inoeurs et des gonveinemens sur rarchitecture ; quelle fut I'in- fluence de la peinture chez les anciens peuples, et quelle est I'analogie qui existe entre les sciences, les lettres et les arts. Le volume est termine par j)lusieurs notices biographiques et d'autrcs opiisc(des. Dans nn cadre aussi vaste, M. Ponce devait rencontrer quelqiies ccrivains qui ont traite les memes sujets; ainsi, par exemple, M Eineric David a public deux ouvrages extreme- ment remarquables : I'un sur la gravure, et I'autre sur la sculp- ture chez les anciens; M. Coussin, architecte de beaucoup de talent et tres-instruit dans la partic liistorique de son art, semble avoir epuise le snjet dans un traite, enriclii de planches, intitule : du Genie de I'arcliitecture , qui a deja ele annonce dans la Revue, et dont je me propose de rendre compte prochair.e- ment d'une maniere parliculiere. M. Ponce ne s'est pas attache a examiner les oj)lnions de ses prcdecesseurs; il expose les siennes,et les appuie de I'autorite des historiens ; le seul ecri- vain systemalique qu'il cite , c'est Paw : je crois qu'il ne faut BEAUX-ARTS. 783 le consulter qu'avec une extreme mefiance, parce que , en ge- neral , il violente les fails pour les soiimettre aux systemes qn'U voulait etublir. An resle, M. Ponce ecrit en liomme qui salt beaucouj) et quia egalenient beaucoup medite; ses principales (Ussertalions proiivent une inslruclion aussi variee qu'etendue, et je ue doute pas que tons ceux c]ui les etudieroct avee soin, n'en recueilieiitdu fruit. Je ne parlage pas cej)endant toutesses opinions , et je crois que , dans quehjues circonstances , j'aurai pour mol les artistes. Ainsi , dans ses reflexions sur le nu et le costume en sculpture il dit : « Un artiste charge, pour un mo- nument public, de I'execution de la statue d'un homme eleve eu dignite, nepeut se permettre, sans blesser les convenances, de faire usage du nu, ni d'un costume etranger a cette di- gnite. » Je ferai remarquera M. Ponce que, dans une statue raonu- mentale, on doit considcrer deux clioses : la convenance his- torique et les conditions , ou , pour mieux dire , les moyens de I'art que Ton emploie; or la sculpture n'a d'auire ressource que la forme ; si, done, le sculpteur ne pcut s'ccarter en rien de la verile du costume, I'art disparait; car avec des costumes te!s que les notres, par exemple, la sculpture, je dirai raeme la peinture, sent obligees de renoncer aux conditions les plus importantes de I'art. Ici je pourrais invoqucr Lessing, et citer pnrmi les productions recentes, la statue de Louis XIV de M. Bosio , celle de Bontliamp de M. David et tant d'aulres. Je ne pretends pas dire, loutefois, que la convenance historif|ue, sous le rap])ort du costume doive eire tout a-fait ccarlce; mais il est impossible (lu'eile soit observee, telle que M. Ponce le prescrit, c'est-a-dire, dans toute sa rigucur : c'est ici le cas de dire avec Horace : est modus in rebus... Au reste tous ceux qui cultivent les arts savent quellcs entraves cette vcrite des costu- mes modernes fait naitre, et c'est pour y ecliapper que les peinlres et les sculpteurs vont toujours puiser leurs inspira- tions dans cclteriantc mytliologie ou la beautedes formes pent eIre doveloppee sans coutraiiite, ainsi que dans les epoques historiques oil les costumes avaient un caractere pittoresque. Dans son essai sur I'etat des arts chez les Grccs, M. Ponce indique, comme une des causes du degre de perfection auquel ils sont parvenus, la faculle, que les moeurs oft'raient aux ar- tistes, de contempler habituellement la nature dans tous ses developpemens. Rien n'est plus juste. « La belle Phryne ,ajoute- t-il, se baignait en presence des Grecs ravis d'admiration a la vue des cliarmes qu'eile offrait a leurs yeux. A cette epoque les plus belles filles d' Agrigente furent offertes a Zeuxis , pour lui 784 LI V RES FRANCAIS. sen'ir fie modelcs pour son tallcnu d' Helene. i< Ce (k'liiier fait nous est certifie par Pline et par Cic(^ron; mais leiirs lecits dif- ferent. Celui dc M. Ponce est confornie a ce qui nous a cle transmis par Pline : c'est (lone par erreiir qn'i! a cile Ciceion. Ce dernier ecrivain pretend que cc fut jiend.int son sejour chez les Crotoniates , que Zouxis oblint la faculte de ciioisircinq des plus belles de leurs (llles auxqueiles il cniprunta ce que cha- cune d'clles avail de plus parfait pour composer son Helene. C'est la version que Bellori a adoptee dans son histoire is intellectuelles , lui ajipartient de droit, et I'usage qu'il en fera ne peut que contribuer a repandre I'ouvrage , et par consequent, a le reu- dre plus utile. R. 382. — * Journal des misxions evangeliques. Premiere annee. W I.Paris, 1826; H. Servicr, rue de I'Oratoire, n" 6.. In-8" de 96 pages. Ce journal parait, tous les trimestres par livrai- sons d'environ six feuilles; et, si le nonibre des souscriptcurs le permet, il sera accompagne de cartes geograjjliiques et erne de gravures. Prix de I'abonnement, 8 fr. pour la France, tVanc de ])ort ; 10 fr. pour I'AUeraagne, franc de port; 8 fr. pour la Suisse, franc de port jusqu'a la frouliere; 10 fr. pour les Pavs- Bas. Ce journal, public par la Societe des jnissions de Paris , est destine a faire connaitre les travaux des serviteurs du Christ qui propagent son cvangile parmi les peuples non Chretiens , et les succes qu'obliennent leurs pieux efforts. 11 comprend les divisions suivantes : i° souvenirs des missions ancieunes; 2° mis- sions evangeliques , ou journal proprernent dii ; 3° Sociele des missions evangeliques de Paris; 4° varietes; 5** nouvellcs re- centes. Le premier numero, que nous avons sous les yeux, commence par une introduction dans laquelle les rcdacteiirs exposent leurs principes en matiere religieuse , les motifs qui les ont determines a prendre la plume , et le plan qu'ils se pro - posent de suivre. 'I Nous mettrons a contribution, disent-ils , pour les faits que nous devons publier, les rapports et la cor- respondance de toutes les Societes, et nous presenterons les 796 LIVRES FRANCAIS. mt-comptes et les niaijvais sncccs apparens des ouvricrs cvan- j^oliqnes, avec la meinc fidc'litc que Icurs triomplips et Iciirs prosperites. Ce n'est ni pour servir I'inlrret tl'une secte reli- gieuse , ni ])our flatter un orf;'jeil purciiient hiimaiii , que nous conimencons cc recucil , mais ])Oiir nieltre en evidence la na- ture et les effeis de I'Evangile, dont Ics conqHctes doivent s'etendre « d'une jner a I'aiitre, et aux exlremitcs de la terre. » On reniarque, parmi les nombreux articles qui suivent celte introduction, un Precia hislorique sur lapropogntion du chrls- liaiiismejusqu'fi In fin du xviti' xiecle ; et unc preiniore partie d'une Notice nhrcgce sur I'originc el les progres des missions principales. Les deux seclions '\\\\\\.xi\ii^%: Missions es'angcli- ques et iiarietes Te.n{c\men\ une foule de traits curieux , de de- tails inl< ressans , et de renseigneniens jirecieux pour I'hisloirc. B. Livres en langues etrangeres, imprirnes en France. 388. — La Venida del Mesias , etc. — La Venue du Messie en gloire et en majestc; par Juan Josafat Ben Ezra, edition revue ct augmentee de notes )>ar M. P. de Chabirobert. Paris, iSaS; Parmentier. 5 vol.- 12 d'environ 3oo pages chaciin; prix , ^5 if. 389. — * Miscelanea de economia pofitica y moral, etc. — Melanges d'economie politique et de morale, extraits des OEuvres de Benjamin Franklin, et precedes d'une notice sur sa vie; iraduits du fraiicais par R. Mangino, Mexicain, et dedies a ses conciloyens. Paris, iSaS; Bossange. 1 vol. in-i8; prix , 8 fr. Cetle ti-aduclion, que nous fnisons connaitre tarl^ , j)arce (iu'elle ne nous etait pas encore parvenne, a ete faite sur les Melanges de Franhlin , jiublirs en i8'24 par M. Ch. Re- NouARD,run de nos .collaboraleurs ( Voyez Revue Encyclo- pedique , t. xxiv, p. 447. ) — Nous avons remarque avec etoniieinent que le nom de Tediieur francais n'est mentionne nulle part, pas mcme a la suite de la vie de Franklin, dont il est I'auteur, et qui occupe G4 pages dans la traduction espa- gnole. Toutes les notes sont egalrmcnt cojiiees, avccune grandc exactitude, el meme avec une sorse de serviUtc. Ainsi, dans la citation d'un cliapitre de In Bil)lc , Tedilmr avait dit en note : « On a suivi ici, pour le texte, la traduction franeaise de Le Maistre de Sacy; » le traducteur espagnol a reprodiiit fidele- ment celte note qui Tigure assez singulieremeni; an bas d'un texte f]ui n'esi ])oint en langue franeaise. C'est pousscr trop loin la fidelite de la traduction. II fani, au reste, se feliciler de cctfc propagation d'un des recueils les plus jjropres a inspirer LITRES ETR ANGERS IMP RIMlllS EN FRANCE. 797 le gout de la vciluet ramour du travail, sous des formes pleines d'enjouement , de finesse et de grace, el qui sera pro- bableinent acciieilli avecfavenr dans les divers ctats dt- TAmd- rique dii Sud. L'edidon francaise vient d'etre epiiisee; nous rendrons couipte incessamment de la seconde cdilion qui est considcrablement amelioree. C. 3(^0 — * Grammaire italienne , elementaire et raisonnee, pre- cedee d'un traite de la prononciatioii toscane, suivie d'un re- cueil d'itaiianisines et d'un travail nouveau sur le retranche- luont dans les mots; par D. Martelli de Sienne. Paris, 1826; J. M. Eberhart. In-S^jprix, 5 Ir. L'auteur de cette nouvelle grammaire italienne s'est tenu en garde a la fois centre la sechere^se de la methode de Vergani, et coulre le prolixe etalage des theories de qtielques autres grammairiens. Dans les regies qti'il propose, il a rtjete lout ce qui lui paraissait arbitraire , pour ne s'appuyer que sur des prin-cipes incontestablcs et sur I'autorile des ecrivains vrai- ment classiques. Nous avons trouve pleines de justesse ses ob- servations sur les pronouis et les adjectifs, et speciulement sur les comparatiCs , les diminutifs , les augmeiitatifs et I'article. On re pcTit qu'approuver aussi ce qu'il dit conccrnant le particine et le gerondif. Nous remarquons avec plaisir le ton modeste de sesleconsj il senible parloul preferer I'instruction de ses eleves a sa propre gloire. Quoique les mellleurs gramuiairiens aienl indiciue les mots susceplibles de quelques retranchemens, I'an- teur a pris la peine de presenter tons les cas dans lesquels le retrancliement peut avoir lieu. Quant a la prononciation M. Martelli est tie Sienne; ce litre lui suffit pour obtenir toute confiance dans cette partie de I'enseigDeraent de sa langue. F. S. 391. — * Nouveau diclionnaire francais-espagnol et espa- gnol-franQuis, avec la nouvelle orlhographe de I'Acadcmie Espagnole, redigc d'apres Gattel , Capinany, Nunez, De- TABOADA, BoiSTE, Laveaux ; suivi d'un Diclionnaire geographi- que , etabli d'apres l.i division acluelle du globe; par Don Do- mingo Gian Thapany ; et pour la partie francaise, par A. de Rosily; revu par C/i. Nodier. Paris, 1826; A. Thoisnier-Des- ])laces, lue de Seine, n" 29. 2 vol. in-8^ de 852 et 1275 pa^es; piix , 3o fr. Ce diclionnaire se recommande par le soiu avec leque! il est redige, par rindication des auteurs que Ton a mis a contri- bution, par le nom d'un litterateur etranger digne d'estime, M. Trapany , et par la cooperation d'un des bibliothecaires de la capilale qui s'est place au rang de nos ecrivains les pins la- borieux. Cet ouvrage devient surtout precieux et necessaire 798 LITRES ETRANGERS IMPRIMES EN FRANCE, pour los nouvcaux Etats inil<5pendans de rAmerique du Sud, ct pour tons Ics Europeens qui vont tenter la fortune dans ces loiniaines conln'es sous les auspices dc Ja Jiberte. J. 3g2. — * Colk'cliu/i tlesclassiqiies latins, a. Tusage des classes elementaircs et de grammairc , avec les sij^nes de quantiieet riiidlcaiion des mots composes, precedes de quelques remar- ques sur la prosodie et sur les prr-posileo/if: , considcr«5es sous le rapjioVt -de la coniposilion des mots; edition publiee par Mfll. Leroy el Prieur, piofesseurs au college royal de Saint- Lonis. Epitome historicestirrce et Cornelius Nepos. Paris, i8a6; Lassimc , nre de A angirard , n" Go. 2 vol. in - 18; prixde I'E- pitome, 75 c. ; du Cornelius, i fr. Les ediliens des classiques latins, qu'on a mises jusqu'a pre- sent dans les mains des eieves, presententdes inconveniensplus ou mollis graves , contre lestpiels les professeurs et les chefs des etablissenicns d'inslruclion out fait dejusles, niais de vaines rcclamalions. Dans les unes, le te.xte fourmille de fautes ; dans les aulrcs, I'lniprcssion, le papier et le format sont egalement desa^reables; dans toiites, on trouvedes details contraires aux bonnes niocurs el c|ui mettent le professeur dans une ])osition faclicuse, soil qu'il cherche pcniblement a en doguiser le sens , soil qu'cn les evitant , il excite , malgre lui, chez les eieves , une curiiftsite que cenx - ci finlssent par iFalisfaire. — En pu- bliant In Collection que nous annoncons, MM. Leroy et Prieur ont pour but, non-seulement de remedier aux ineonveniens dent je viens de parler , mais, encore de soulager les professeurs et d'aider les eieves dans leurs travaux : pour y parvenir , ils ont marque In quantite de loutcs les syllabes qu ils regardent comme essentielles; ils ont distingue, dans chaque mot com- pose, par un caraclere different, le radical, du mot qui s'y trouve joint. Par ces moycns , dontle second apparlienl entie- reraenl aux editeurs, les eieves s'accoutumeront , des leurs pre- miers essais de traduction, a prononcer les mots latins, sui- \ant les regies de la prosodie, et ils auront le grand avantage d'etre familiarises avec la quantite, lorsqu'ils s'occuperont de versification ; de jilus, ils s'liabitueront de bonne heure a distin- giier les radicaux des mots auxiliaires, a se rendre compte du sens propre de cliacun, et de la modification qu'il apporte dans le sens general du mot compose, connalssances absolument ne- cessaires pour bicn Iraduire, et qui cependant nianquent a la plupart des eieves. .I'ai sous les yeux V Epitome historice sacrce e\. le Cornelius; j'ai parcouru uuegtaude partie des texles, sans y renconlrerde fames; le papier est beau, Timpresslon nctfe et agreable a I'oeil. Les auteurs ont supprime avecsoin , dans ce Cornelius , LIVRES ETRANGERS IMPRIMIS EN FRANCE. 799 tout ce que la morale repiouve. La quanllte m'a pani notee avec une grande pxaclitude; mais il est beaucouji de syllabes , les finales, par exemplc, sur lesquelles j'aurais desire la trou- ver. Si MM. Leroy et Prieur ciaignaient de trop multiplier les sigiies il fallait, ce me semble , qn'ils comprissent dans les Re- warqiie.i sur la prosodic, placees en tete de chaque auteur, tou- les les regies dont I'cle-veaura besoin poursnppleer aux signes. Les Remarque.i sur la prosocUe sont siiivies A'Obsen'ations tres- iililes .vf//- les prepositions et sur le role qu'clles jouent dans la composition des mots. Les editcurs ont joint au teste les notes ticcessaires pour en facililcr la complete intelligence. — De- mandee depuis long-tems, executee par deux professeurs d'un zele et d'un talent eprouves, confiee a un libraire actif et con- sriencieux , la Collection des classiques ne peut manquer d'ob- tenir un succes honorable pour ceux qui I'ont entreprise. A. MlCHELOT. 393. — * La Grecia supplice; canzone. — LaGrece suppliante, ode de M. Buttura. Paris, 1826 ; Jules Didot, aine. In-18. 3g4. — * LaCadutadi Missolorigi , etc. — La Chute de JMis- solongi ; ode de M. Ange Brofferio. Paris, 1826 ; Firmiri Didot. In-8°. Ces deux odes prouvent les nobles scnlimens dont les Ita- liens sont animes pour la cause des Grecs. M. Buttura, tres- connu par ses poesies lyrlques , annonce le sujet de son ode par cette epigraphe, qu'il a tiree des Supplians d'Eschyle : « Grand Dieii ! n'attendez pas pour avoir pitiu de nous qu'il ne sait plus Icms de nous secourir. « II voit avec surprise que, pendant qu'un peuple chrctien, a qui nous devons les premiers prcgres des lumieres et des arts, fait des efforts magnaninics pour briser ses chaines ; le noble Anglais, le gencreux Francais etlebon Allemand demourent en quelque sorte Iranquilles teraoins de ce spectacle d'horreur. II fremit d'apprendre que les vierges de Sparte et les cnfans d'Argos sont traines par les navires des calholiques pour etre livres a la brutallte du feroce Mnsulman. II regarde comme conpables du racme crime ceux qui le tolerent , et ceux qui le favo- risent ; et pendant qu'il renouvelle ses reproches , il met sa confiance dans la verite qui descendra du ciel , pour elairer les peuples et leurs princes sur leiirs devoirs et sur leurs vrais interets. II ne cesse de poursuivre ce raonsire , qui a jusqu'ici usurpe le nom de raison d'Etat ; il prie cnfin la verite de faire ])enctrer une fois son flambeau , dans le conseil des rois. — Le jeune M. Brofferio , anime du meme sentiment, adresse ses vers au venerable philhellene Alex, 8oo LIVRES fiTRANGERS PUBLICS EN FRANCE. Lameth, I'un dcs membres les jdus actifs du comile grec de Paris. II semble parlager cette noble j)assion qui a prcduit lant de vertus tliez les anciens Grecs et que Ton voit revivre dans leurs dcsceiidans. II croit apercevoir de noiiveanx Tli> M. B. IV. NOUVELLES SCIEN TIFIQUES ET LITTERAIllES. AMERIQUE SEPTEIYTRIONALE. £tats-Unis. — New-Harmony. — Societe cooperative. — Extraitd'une lettre adressee par un genereux philantrope,/otc- daleur de beaucoup d'ccole» et d'dtablissernens de bienfaisance et d'utilite, au Directeur de la Revue encyclopediciue, en date dn lijuilletiSuQ. (Voy. Rev. enc.,\. xxvi, p. 27o,et t. xxvii, p. 886, les details anterieurs siir I'etablissenieiit de NewHarraony. ) — Monsieur et ami, je suis restc cbez moi pendant pres d'une annee, et j'ai fait quelques pas de plus dans mes recherches sur I'ediicalion. J'al vu avec une vive satisfaction les succes que M™e Fretageot a obtenus dans rinstruction des jeunes filles , d'apres le systeme de Pestalozzi; M. Phiquepal a recu aiissi beaucoup d'encouragemens pendant le peu de teins qu'il est reste dans le voisinage de I'ecole de celte dame. (Voy. Rev. Enc, t. xxviii, p. 938.) Quand M. Robert Owen forma son ctablissement a New-Harmony, M"" Fretageot et M. Phi- QDEPAL abandonnerent leur entreprise qui etait avantageuse , pour enseigner a New- Harmony, ne recevant en echange que leur nourriture et leur habillement, selon le systerDe de la So- ciete cooperative , et satisfaits dccontribuer a une aussi grande amelioration. — Nous avons tons passe les cinq derniersmols a New-Harmony, et nous y avons elabli une ecole d'apres le meme systeme. Nous -avons achele de M. Owen les batimens dont voici le detail : 7 grandes maisons en briques , de 60 sur 40 pieds chacune, pour cequitient a la nourriture des enfiins ; 8 ou 10 maisons plus petites en briques, pour les professeurs qui sont maries, etc.; 10 ou 12 maisons en bois, a I'usage des artistes attaches aux ecoles ; 1 vastcs granges et ecuries pour Vecole experimentale des fermiers ; une grande eglise , changee en atelier pour I'instruction des garcons dans les arts utiles; une salle pour servir de Musee, pour les cours et les lectures, les concerts, les conversations, les esercices et les re- creations.— On aurait assez de pbce pour 800 ou 1000 enfans ; il n'y en a encore que 3 ou 4oo, classes comme il suit : 100 , de T. XXXI. — Septembre 1826. 5i 8oa AMfiRIQUE SEPTENTRIONALE. I'ai^e (\e deux a cinq ans , sous la direction do M'"* Fr(5tagent ; 1 80 a 200, de cinq a douze ans , a I'ecolc de M. Naff, assislc par ses quatrc filles el son fils, tons les cinq elcves de Pestalozzi ; 80 dans Tcglise , sons M. Pliiquepal , qui leur enseigne Ics arts utiles, les raalliematiques , etc. On est fonde a croire que toutes les ecoles seront bientot pleines , tant a cause du bon jnarclie ( 100 dollars on 5oo fr. par an, pour I'iiabillement, la nourrilnre et I'instniction ) qn'a cause de la solidito des connaissances qn'on y acrjuiert. MM. Thomas Say , Troost el Lemur juofessent riiistolre na- lurelle , la cliiniie et le dessin , etc. etc. M. Say arinlrntion de publier son bel ouvrage siir I'entomologie ,avccdrs planches coloriees. On a demandc a Paris el a Londres tons les mafe- riaux ni'cessaires. Les detix fils de M. Owen , la faniille de M. Applegatli sont deja a I'ecole , et nous altendons d'Angle- terre des homines du premier talent, tons partisans du sys- teme. — La communaute a achete de M. Owen 900 acres de bonnes terres pour les ccoles experimentales des feimiers, ou des garcons de lout age apprendront ct niettront en pra- tique les meilleures inethodes d'agrieullure. Coux que dirige M. Pliiquepal onl produit dans les six premieres semaines , une valeur de 900 dollars ( 5, 000 fr. ); ce qui fait espcrer que les enfans se soutiendiont d'enx-iuemes par un travail de qnelques heurcs par jour. Tout ce que la coniniunaute avait aclietc de M. Owen pouvait etre evaluc a 5o on 60,000 dollars; je I'ai mise en etat de les payer comptant. J'ai saisi I'occasion de depeiiscr mon argent, avant de niourir , en contribuant anx progres d'un systcme que j'ai tonjours regarde commc le ])liis grand blen que nies concitoyens puissent oblenir. Si je nVusse {)oint adopte ce sysleme , j'aurais laissc passer ina fortune en d'autres mains, sans avoir etc tcnioin des heiireux resultafs de I'usage que j'en ai fait. M. Owen a ctabli sur sa ])ro- priete trois societi's d'agriculture et de mecanique ; il esperc en avoir dix ou douze autres avant peu de terns. Le sysleme se repand de jour en jour. Cette egalite parftiite offre un charme qui contrcbalance toutes les idees de fortune el d'ani- bition ,et la sini]>le pensce de travaiiler pour sa nonrriture rend chacun des membres de notre grande faniille cooperative plus henrcux que la soif ardente et la perspective souvent tronipeuse da gain dans la vieille societe. M. ■ — PmLAnELi'HjE. — Recherches philologiques. — Le gouvernenicnt des Elals - Unis a donne des ordres pour recueillir des vocabulaires de toutes les langues des tribus sau- J AMfiRIQUE SEPTENTRIONALE. 80^ vages de ces contrees. On y joindra des coujugaisons de verbes et des phrases choisies (Sestinees a faire connaitre ]es formes grammaticales des difiierens idioiues. Cette idee a ete suggeree par M. Albert Gallatin , acluellement ministre des Etats-Unis a Loiidies. D. Canada. — Mont-Real, 4 juilLet 1826. — -Extra'U d'une lettre adres.sce,par unvoyageur,a, M. Juli.ien, cleParis. — Je viens de parcouiir le Bas-Canada, pour obseiver I'l-tat ])rese)it de cette colonic encore francaise, sotis bien des rapports. Ma rapide excursion ne m'a penuis de faire qne des observations super- ficielles ; je vous offVe cependant quelques details. La po[)ulation du Bas-Canada, qui, lors de la conqnete , n'elait que de 60 a 80,000 anies, s'eleve aujourd'hui a pres d'un dcini-inillion. Sur ce nombre d'babitans, /|2o,ooo environ sent d'origine francaise ; le reste est d'origine britannioue. La langue francaise est parlee presque excliisiveraenl dans les canipagnes , exeepte dans quelques ctablissemens qui sont en- ticrement anglais, et qu'on appelle les Townships. Dans les villes, les deux langues sont usitees ; inais ordinairement chacun ne parle que la sienne. Cependant les personnes ins- trultes et nieme des enfans parlent les deux langues. La population de Mont-Real , et celle de Quebec sont 3 pen pres egales. Cliacune de ces villes reaferme de 9.2 a 23, 000 arnes. La population de tout le i)ays augmente rapidenient, surtout par les raoyens naturels : il n'est pas rare de voir 10 et 12 enfans dans une famille. Avant la revolution francaise, le penple du Canada etait en general plonge dans I'ignorance, d'ou le gouvernement ne cherchait pas a le tirer. L'influetice de cette revolution a considorablement change I'elat des clioses a cet egard : elle a fait refluer dans ce pays un grand nombre de pretres pros- crits , surtout de la congregation de Saint-Snlpice, parmi lesquels on remarquait des hommes dun grand nierite. lis ont etc places dans les seniinaires et dans les colleges des villes ou ils oat donne, a la jeuiiesse des classes superieures,une ins- truction telle qu'on aurail jiu la reccvoir autrefois en France. Cette education a forme des liommes qui se dislinguent main- tenant dariS les places que les colons peuvent occuper , et sur- tout an barrean. On remariiue M. Papineau , orateur de la chainbre-basse du parlement colonial, et M. Viger , membre de ce corps legislatif et avocat : tous deux resident a Mont- Real. An barreau de Quebec, M. Vallieres de Saint-Real, conselliei- liu Roi (^King's counsel ), brilie par son eloquence; M. Plamonden, ^l plusieurs autres qui plaident aupies de lui. 8o4 AMERIQUE SEPTENTRIONALE.— ANTIIXES. font voir que Ics Fiancais n'ont pas degt'iiere dans ce pays. On pliiide iiidifferernment dans les deux liingiies. — Les bi- blioiheqiies dcs avocats canadiens sont bicn fournies , aiusl que les bouliques des libraires. Je demaiidai chez un libraiie a Mont- Real, les Tropes de Dumarsais, et la Grarnmairc generate de Sacy ; ces deux ouvrages me furent ])resentes sur - le - champ. On imprime dans la meme ville un journal lilteraire fiancais , in titule : la Bibliotheque canadienne ( Voy. ci-desssus , page 680). La Revue encyclopedique n'elait pas en- core parvenue a Mont-Real; je I'y ai fait connaJtre. Le gouverneur des provinces anglaises de TAmeriquc du nord, loid Dalhousie, d'une ancienne maison ecossaise, a des principes liberaux. II a recemment ciabli a Quebec une sociiite liticraire ct historique , qui doit s'occuper aussi de la philosophic, et , quoiqu'il ne soit pas tres-riche, il I'a dotee d'un revenu de cent lonis par an , de sa propre fortune. Cc trait suffit pour le caracteriser. ^ Le Canada est pauvre en general , et il y a une gratide ega- lite dans les fortunes, a Texception de quelques seigneurs, qui profitent encore de I'ancienne coutume feodale. lis ont des lots et ventes de 8 pour cent a chaque imitation , dcs cor- vees , des moulins banaux , etc. e!c. Cependant le Canadian prefere ce regime a celui des lois de la Graiide-Bretagne. II lie veut pas, non j)liis, se meler avec la poj)ulaiiou an- glaise. Les classes inferieurcs dii Canada sont toujonrs igno- rantes; pen d'iiidividus savent lire et ccrire ; inais le gouver- ment vient de pourvoir a I'elablissement d'ecoles primaires dans toutes les paroisses: d'ici a i5 ou ao ans , on en verra les fruits. D. ANTILLES. Irruption de la fievre jaune. — Cette redoutable contagion a paru a la Basse-Terre de la Guadeloupe, desles |iremiers jours du printems, apres plusieurs raois dune temperature exfraor- dinairement froide , et avant que la chaleur fiit tres-forte. EUe a fait perir plusieurs personnes le quatrienie joiir de I'inva- slon , et le douzieme seulemcnt apres leur arrivee dansl'ile; elle n'a pas meme epargne quelques-uns de ceux qui seni- blaient devoir elre accilmales par un sejour de quelques annces nux Antilles. La ville ou elle exerce ainsi ses ravages est assise sitrdes rochersvolcaniqueSjloinde tout marccage etde ce qu'on & Hesigne sous le nom de foyer d'infection. Un mois apres son ANTILLES. —AMliRIQUE MERIDIONALE. 8o5 apparition, ellen'avait point encore gagne la ville de la Pointe a Pitre, cpii, selon I'idee qu'on s'est faite des causes de la ma- ladie, scniblerait devoir y ctre bien autrement exposiie ([ue la Basse-Terre, puisqu'elle est environnee de paletuviers dont I'ombrage epais couvre une vase noire, profonde et fetidc. La Martinique vient d'offrir le meme phenoniene de I'exis- tence de la fievrejaune dans la ville la plus saliibre, tandisque celle oil I'air est impur en est exernpte. Le 25 juin dernlei , la iiialadie ti'avait point encore gagne la ville du Fort-Royal, (jui est cependant siluee autour du bassin du careenage, signale conime ayant donne naissance au meme fleau, en 1690; et preciseinent au contraire , le port de Saint-Pierre , qui n'est soumis a I'influence d'aucune cause locale d'insalubrite ^ en a ete infecte, quinze jours avant. Un batiment de guerre, qu'on assure y avoir introduit la contagion, a recu ordre de mettre a la mer sur-le-champ, sans doute afin d'arreler les effets de la maladie , qui lui avait deja fait perdre un oflicier et plusieurs matelots. II est presque superflu de remarquer que cette me- sure sanitaire n'est fondee sur aucune idee reflechie, et que la plus triste experience en a souvent montre le danger. II est bien a regrctler que I'elude des moyens qui peuvent arreter ce fleau ne fasse aucun progres ; et que chaque irruption trouve sans defense , aujourd'hui, commeily a cent ans, les personnes que leur devoir ou leur destinee exposent a I'atteinte meur- triere de la contagion. A. Moreau de Jonnes. AMERIQUE MtRIDIONALE. Buenos- Ayres. — Imtrucdon publique. — Par un decret du 3 mai 1826, le gouvernement de celte republique a ordonne I'eta- blissement immediat d'uneuniversite naiionale ouseront ensei- gnees les lettres et les sciences. Les etudes preparaioires com- prendronl : le latin et le grec; la philosophic; I'ari'.hraetique, la geometric etl'algebre; la physique expcrimentale. II y aiira des chaires d'economie politique, de droit public et ecclesiastique.La Factilte de medecine sera composee de quatre professeurs; pour I'analomie et la physiologic; pour la pathologic et la clinique chirurgicale; pour la medecine legale; pour la matiere medi- cale et la pharmacie. Le cours d'economie politique sera de 2 ans ; celui de droit public et ecclesiastique, d'une annce , et celui de medecine ; dc 4 ans. Les principaux professeurs sont deja nommes. Par deux autres decrels du meme mois, on a form6 un corps d'ingenieurs-architectcs et d'iog^nieurs des ponts-et-chaussees. 8o6 AM^RIQUE M^RIDIONALE. — AUSTRALASIE. BuENOS-AYRF.s. — Monumeiit national. — Le congrcs de celte republique a decid(5 qu'il serait ^levc sur la place de la Victoire un monument a la moinoire des atiteurs de la glo- rieuso revolution da a5 mai 1810, premiers fondatcuts de I'indepcr.dance nationale. Ce monument consisleia en line niagnifique fontaine , stir la base de laqueile sera gravee cetle inscription : La Repuhlique argentine , aux auteurs de la re- roliition Ju 25 rnai 18 lo. F. D« AUSTRALASIE. Nouvkllk-Gallks meridionale. — Progres de la civilisa- tion.— Nous ])uisons, dans Ic Heraut de I' Orient ( Voy. Rev. Enc. , t. XXX, p. 34/1. ) et dans la Revue britannique , qui nc cite point ses autori!«(?s , les renseigncniens suivans : ils ])er- meltront d'apprecier, sous divers rapporis, les progres dc la civilisation dans nn pays, devenu digne de I'atlention des amis des lumieres el de I'humanite. — A peine trenle ans se sent ecoules depuis le preirier etablissement d'nne colonic anglaise surj cos plages lointaincs; et deja tous les arts de la civilisation europeenne y sont naturalises. Sydney, la capitale de la colonic, et les vllles principales oni vn s'elever dans Icur sein des edifices publics; des ponls ont «5te constriiits; des I'outes ont etetracees, et des comintjnications plus faciles" ont favorisi^ et siiniule les efforts de I'indnslrie naissanfc. Qnand ces travaux furent termlnes , on pu! disposer d'un grand nombre de prisonniers pour la culture des terrcs qui bientot fournircnt a I'exp.ortation nne quantite considerable de grains. I,es plantations de sucre etablics au port Macquarie sont trcs- fiorissantes. Non loin de la riviere de Brisban" el de Morcton- Bay, se trouvcnl des plaincs favorables a la culture de la canne a Sucre, d.u cafe, du coton, etc.; les vins et les fruits de la Nouvelle- Galles ont deja acquis de la renommee ; et procurent un revenu considerable; lestroupeaux couvrent des padirages immenses et donnent une laine d'une qualite supcrieure; enfin , on est parvenu a fabriquer avec le coton sauvage iasctepias cyriacus) une etoffe, cpii tient a la fois de la soie et de la balisie, et dont on a expoi te, en i8a5 , une grande quan - tite pour les marches de I'lle-dc-Fiance , dn Caj), et nierne du Bresii. Rien ne reste slationnairc. Les progres que Ton fait tous les jours engagent a de nouveaux efforts, et ils auront des re- sultals plus brillans encore. — D'un autre cote, la moralite des habitans p.irait avoir subi un pcrfectionnement ren:aiqnable; et, si Ton en juge d'aprcs les rapports de la i)olice el des cours AUp'RALASIE. — ASIE. 807 de justice, cetle terre d'exil n'est pas le theatre de crimes plus noiubreux , que bien d'autres pays , en a])pareDce plus civi- lises. Mais il existe, parmi cette population, composec d'ele- mens lielei'ogenes, de graiids dissenlimens religieux. Les mcthodistes , les unit.iires , Ics anabaptistes , el cinquante autres sectes redanient des temples parliculicrs. — Un ecclesiastique, professeur d'humanites et de niatheniatiques a Sydney, M. Lau- rence Halloran, vicnt de publier sous ce litre : Proposition de fonder a Sydney une ecole publique et gratuite de gran'- maire [Proposals for the foundation and support of a public free grammar schuol], une brochure dont ies vues nous semblent dirigees vers i'utiiite publique. II propose, e.nire autres choses, d'olablir, dans son ecole degrammaire, un exa- men qui aurait pour resultat, chaque annee, I'envoi de trois cleves, aux frais de I'ecole, a Oxford et a Cambridge : apres avoir recu I'ordination, ils reviendraient remplir dans leur jjays les fonctioiis dn miiilstere evangelique. — II resulte de ces fails Cfu'une nouvelle contree est soumise a Taction bienfaisante de notre civilisation, au milieu de mejs presque inconnues et dans des parages ou Ton ne soupconnait mcnie pas , il y a deux siecles, I'existence d'une terre habitable. De nouvelles decou- vertes sembifnt proinettre encore une plus grande exiension a la colonic de la Nouvelle- Galles meridionale; MM. Howell ct Hume ont parcouru ie vaste Jjays situe entre le lac Georges ef le Western-Port; ils ont reconnu que les lerres de cetle partie du coiititienl; de la Nouveile-Hollande, loin d'etre stc- riles comme on I'avait suppose, ])euvent devcnir d'une grande fertilite, et que, si I'on Irojivalt un moyen de communi- caiion enire ces plaines et la colonic, elles deviendraient pour celle-ci une nouvelle source de richcsses. Ce n'est point le gouvernement anglais qui negligera de pareils inoyens de prosperite pour un pays soumis a sa puissance. A— E. ASIE. Sumatra. — Crocodile apprivoise. — M. Anderson , charge , en 1823, d'une mission relative au commerce dans I'ile de Sumatra , vit , pies de I'cmbouchure d'une riviere de cette ile, un crocodile que les pecheurs avaient ajjprivoise. Get animal elait de la plus grande laille, ile plus de six metres de longueur. Son dos cpii s'elevalt un peu au-dessiis de I'eau , ressemblait a uii rocher. II etait devenu sedentaire, et ne s'eloignait point des iiabilations des pecheurs qui pourvoyaient largement a sa nourritrire, en lui abandonnant les debris des gros poissons 8o8 ASIE. — AFRIQUE. qu'ils preiiaient et prdparaicnt en les decoupanl. Le crocodile lie inanquait jamais de venir a leur appel, pour prendre ses repas, se laissait toucher partont, souffrait meme (|ue Ton jouat avec sa formidable tete. Lorsque M. Anderson le vit approcher de sa clialoupe, il voulut inettre en siirete plusieurs objets dont lis craignait que I'animal ne fit sa ])roie : niais les pecheurs le rassurerent, et lis attesterent qu'il ne leur prenait jamais rien, et se contentait de ce qu'on lui jetair. II ne per- mettait point que d'autres crocodiles frequenlassent le lieu dont il avait pris possession , et soutenait par la force les droits qu'il s'ctait altribues. Les qualites extraordinaires de cet individu lui avaient attire la veneration des superstitieux Malais. II serait a desirer que les observateurs etablis dans les Indes orientales ne leperdissent pas de vue : les faits de cette nature sont rares ; on ne peut les produire a volonte; ce sont des hasards qu'il faut saisir, et qui peuvent conduire a quel- ques decouvertes. Ainsi, par excmple, le crocodile apprivoisd de Sumatra, si Ton continuait a I'observer, nous apprendrail quelque chose de plus sur la duree de la vie de ces grands reptiles. ( Quarterly Review. ) AFRIQUE. Voyages scientifiqucs. — Arrcveedu majorl^MixG a Tomhouctou. {Voy. ci-dessus, p. SaS.) — On arecuau bureau des colonies (a Londres) des depeclies de M. Warrington, consul d'Angleterre ^ Tripoli; elles sont dalees du i8 juin dernier, et ellesannoncent I'arrivcedel'intrepide major Laing an point central du commerce inlerieurdel'Afrique, alavillede Z'owzioMc/ow.Ladale de sonar- rivee n'estpas precisec; raais, d'apres I'epoque a laquelleila quit- te Twat , il est probable qu'elle a eu lieu , vers le commencement de fevrier. La premiere caravaiie qui viendra de Tombouctou a Tri[>oli, donnera des nouvellesulterieures dela direction que le major Laing aura prise, S'il n'e[)rouve nucnn retard en descen- dant le Niger, nous entendrons bientot parler de son retour en Angleterre : il est heureusement faux que la caravane , avec la- quelle il voyageait, se soit dispersce, apresavoirquitteTveat. Ac- couturae au climat africain, et arrive aTombouctou, ao commen- cement de la belle saison,le major Laing est, selon nous, hors de tout danger. Le courant du Niger le transportera rapidement a I'ocean Atlantique, et il n'anra a traverser que des pays ou le nom seul de la Grande-Bretagne lui servira de garantie. Deux voyageurs anglais se trouvent dans ce moment dans le coeur dc I'Afrique ( Voy. ci-dessus, p. 527), et y sont par- AFRIQUE. — EUROPE. ILES BRITANNIQUES. 809 venus par deux points opposes : c'est ainsi que de grands et d'importans projets se realisent, quand I'execulion en est con- fiee a des honimes judicieux et instruits. On n'a recu aucune uouvelle de Claiterton, depuis celles quiannoncaient sonar- rivee a Sockatoo ; mais le vaisseau de guerre la Depeche , venant de la baie de Benin, en a apporte qui, hien qu'anterieures a cet evenement, sent importantes , en ce qu'elles font connaitre • la route suivie par Clapperton , ct sa marche sur Sockatoo. Le 7 mars, il etait a Kalangah, capitale de Yarba ou Yarriba, pays conrigu a Nyffe; il se disposait a partir pour Kiama, et dela pour Wanva et Youri, distant de l\ jours de marche de Wanva. II doit ainsi passer dans I'endroit ou perit I'infortune voyageur Mungo-Park. ( Extrait de \' Oriental Herald. Sep. 1826. ) C. D. EUROPE. ILES BRITANNIQUES. LoNDRKS. — Ecoles primaircs. — Extrait d'une leltre. — J'ai visite les ecoles de Londres : en general je les ai trouvees au dessous de I'idee queje m'en etais forraee d'apres quelques ar- ticles du Journal d education. Souvent elles sonl bruyantes, et les verges n'ont point encore disparu. Les mailres de village, qui acconipagnent leurs eleves a I'eglise, ont a la main une lon- gue baguette, et, raeme pendant roffice, le moindre desordre est severement puni. UEcole normale [British School') , etablle en 1817, dans un batiraent special , comptait, il y a nn mois, 5oo garcons sous Ja direction d'un seul maitre, nssiste de quelques jeunes gens qui se deslinent a I'enseignement. Des missionaires y viennent chaque jour litudier la methode pour la porter ensuite dans des contrces loinlaines. Quoi que celte ecole soil fort bien tenue ; je dois cependant observer que je n'y ai point remarquu cet or- dre admirable, ce parfait ensemble dont nos journaux ont tant parle. En France, noire extreme politesse et le desir de bannir un etroit esprit de patriotisme, nous portent souvent a ne pas assez apprecier ce que nous possedons, et a accorder a nos voi- sins une preference qui n'est jias toujours meritee. Je connais les ecoles de Paris; et il y a peu d'annees j'ai eu I'occasion d'as- sister aux exercices de quelques ecoles departementales qui re- sistaient encore a I'orage; je puis affirmer, sans la moindre prevention nationale, qu'elles pouvaient avantageusement sou- tenir la comparaison avec les ecoles anglaises. Celte superiorile qui, en ma presence, a ete reconnue par des etrangers, doit dtre 8io EUROPE. attribni'c atix obstacles qui sesont opposes a rintrodiiction dcs methodcs dc Bell et de I^nncastcr. Lesattacpiesdont elles ont etc I'objetont force a prevenir los objections, en faisant ecarieravec plus de soin tout ce <]ui pouvait donner naissnnce uux abus. De leur cote, les maitres se voyaiit entoiires de visileurs dont les dispositions pouvaietit n'etre pas bicnveiliantcs, et toujours en ■bultc atix petiles intrij^iies et a la nicdisanee, no laissaient p:is rallentir leur zele, qui, d'aillem-s reccvait une honorable re- compense dans les eloges de la Socieic d' education. G. — Socicte des ecolcs pour la Grande - Brctagne et Vetran- ger. — Appcl fait au public en fa\i'\ , plnsieurs jeunes Grecs ont recu a Londres, dans I'ecole centrale, Tinslruclion necessairc soit pour propager I'enseignement a leur retour dans leiir patrie, soit ])our y remplirdiverses fonctions. La Societe britanniqnesepro- pose surtout I'etablissemenf , sur plusieiirs points de I'Hellade, d'ecoles dirlgees d'a[)res le systeme anglais. Dans ce dessein la Societea fait iinprinier, tant sous la foraie delivres qu'en fcuilles scparees, les lecons en usage dans ses ecoles centrales; mais pour accroiire ses ressources trop limitees, elle invoque le zele des amis des (irecs, de la religion et dcs Inmieres. On sent que I'instruction des m.iitres et des inaitresses d'ecoles, les frais de leur passage en Angleterre et de leur retour en Grece, enfin ['impression des iivres elementaires destines aux ecoles, exi- gent des fonds considerables. Les comniunlcations du comite avec les deputes grecs a Londi'es, et avec le gouvernement grec, I'ont eonvaincu des va'ux des Hellenes pour une cooperation active a ces projets bienfaisans. A. deY. — Etahlixxement d' un Musee national. — Le nombre toujonrs plus considerable de ceux qui se consacrenl aux arts du dessin, est justifie y)ar les besoins nouveaiix de ces arts, qui n'avaient gueres autrefois d'autre destination que d'orner les palais des rois. Des peuples fpii demeuraient presquo etrangers a Tamour des arts , en apprecienl mainlenantles chefs-d'oeuvre. II est pen de voyagenrs russes qui ne reniportent dans leur patrie dcs ta- ILES BRITANNIQUES.— RUSSIE. 81 1 bleaux de I'ecole francaise. Les riches ])atriclens de la Grande- Brelagne se sont apercu que )e luxe d'une galerie de peinture etail Ic seul qui manqiial a leurs delicienses resiliences. Le gou- vernement anglais, altentif aux progres de la civilisation et du gout , a ouvcrt aux artistes do I'Europe une sorte de debouchc nouveau. Abandonnant en cela les habitudes du pnritanisme, il a ordonne I'elablisscmerit d'un Musce national, et il a fait I'a- chat de la belle collection d'Angerslein. On vient d'y ajouter des tableaux des plus grands niaitres : une Sainte-Faniille, du Corregc , achelee 91,200 fr. ; une apparition du Christ a saint Pierre, apresle crucifiement , par Annibal Carrathe ; Bacchus et Ariane, par Tilien; un paysage de Rubens; un paysan es- pagnol , ]iar Murillo ; une scene de Bacchantes, par Le Poussin, etc., etc. Les soinnies considerables dont ce gouvernement veut disposer pour accroitre cette galerie , ne tarderont ])as a y ras- seinbler ce qu'il y a en Europe de bons tableaux disponibles, et il y a lieu d'esperer que I'ecole contemporainey sera admise apres ce qu'on aura pu se procurer des chefs-d'oeuvre du dernier siecle. A. Morkau de Jonnes. RUSSIE. Academic de Saint-Petersbotjeg. — Cette Societe , malgre les pertes recentes et cnielles qu'eile a faitcs ( voy. T. xxx , p. 558 ), cornnte encore un grand nombre de raembres distin- gues dans son sein. Son i)resident, M. Ouvarof , s'est fait con - naitre par des travaux interessans sur la litlerature et Vanti- quite des Grecs. M. Fr-ehn est considere comme un orientaliste du premier ordre et comme un nuinismate d'une haute distinc- tion ; tout le monde connait les services qu'il a rendus a i'etude des manuscrlts et des monnaies qui nous sont venus de I'Orient. Les travaux de M. Storch sur Vcconomie politique , et spe- cialement sur les finances, sur la situation de la Russie pendant le regne d'Alexandre, sur la ville de Saint-Petersbourg et sur ses environs, etc., ne sont pas inconnus en France. M. Kjjhler , conservateur de I'Erraitage, se distingue par ses profondes connaissances en nurnisnuitique e.tex\ archeologie. EiM.Krug a contribue, par ses laborieuses rccherches, a debrouiller I'ancienne histoire des Rnsses. M. Gr.efr est un helleniste dis- tingue : on regrette qu'il n'ait pas a TUniversite les moyens convenables pour tirer parti de ses vastes connaissances. Ces savans et plusieursautresacademlcienssontd'origineallemande, inais I'Academie coinpte aussi parmi ses membres plusieurs savans nationaux. Elle lient une seance le lundi de chaque se- 8ia • EUROPE. maine et ses membres y font tour a tour des lectures, lis sent charges quelquefois de resoudre des questions que le Minislere lenr propose; ils veillent aussi aux eludes des c-leves dont I'edu- cation est coiifice a rAcademie, elparmi iesquels ellese recrute en partie. Comme on le voit, I'organisalionde cetinstitutscien- tifique et tres-differcnte de celle des autres corps litlcraires de I'Europe. DoRPAT. - — Encouragetnens accordes aux sciences. — L'em- pereur de Russie vicnt d'accorder a M. Parrot, conseiller d'etat professeur a I'universlte de Dorpat et jihysicien tres-dis- lingue , une pension de 5,ooo roubles , a I'occasion de sa relraite comme professeur emerite. II est autorise a faire usage du ca- binet de physique qui jusqu'ici avait ete confie a sa direction, et a reglcr I'emploi de la moitiedes somnies assignees pour ce cabinet. Sur la proposition du comte de Lieven, curateur des etablissemcns litteraires du district de Dorpat, rempereur a aussi accorde a M. Engelhaudt 6,000 roubles et a M. Lede- BOUR 10,000 ponr entreprendre des voyages mineralogiques et botaniques dans I'interieur del'empire de Russie : cesdeus savans sont professeurs dans la meme universite. J.-H. S — r. NORV^GE. Christiama. — Phenomene vegetal. — Le pisang [Mus apa- rarUsinca) est aujourd'hui (aS decembre iSaS) en pleine florai- sondans lejardin debotaniquede I'liniversite de cette capitale. C'est la premiere fois que ce phenomene a lieu en Norvege. Christiansand. — Societe biblique. — Fondee le 3i octobre 1824, cette societe comple aujourd'hui lyi membres, sans comprendre les fondaleurs. Elie a dcja pris des mesures pour <]ue la Bible entiere, et pour qu'en particuller, le nouveau Tes- tament juiissent etre vendus a des prix tres-raoderes. Necrologie. — Arentz — La -ville de Bergen vient de perdre un de ses citoyens les plus savans et les plus dlstingues. M. Fre- deric Chretien Holberg Arentz, petit-neveu du celebre Hol- herg, estmort, a lage de pres de 90 ans, le 3i decembre 1825. M. Arentz a profess^ pendant 64 ans a I'ecole publique, ou au college royal de la ville de Bergen, dont ii a ete le recteur de- puis 1781. Plusieurs de ses eleves ont fait homienr a leur pro- fesseur et a leur patrie. Cree chevalier de I'ordre de Danebrog en 1810, M. Arentz a laiss6 plusieurs ouvrages, et des ni^- moires interessans. Heiberg. ALLEMAGNE. Dresde. p— Societe pour la propagation des sciences natu- ALLEMAGNE. 81 3 relies et medicales. — La fondation de cetle Soci^te date deji de plusieurs annees : elle est due aux professeurs de VAcade- rnie de chirurgie et de medecine etablie a Dresde. Reunis a plusieurs autres raedecins ou amis des sciences nalurelles , ces savans se proposerent de seconder dans leur patrie les progres de la branche des corinaissances humaines a iaquelle ils consa- craient leurs etudes. Leur but etait de s'aider mutuellement dans leurs recherches et dans leurs travaux respectifs, d'en- treprender en conimun des ouvrages qui demanderaient un concours plus elendu de soins et de lumieres, et parliculieie- raent d'etudier d'une maniere approfondie les produclions natiirelles de la Saxe. Si !'on en juge par les 110ms bicn connus etparles talens deja eprouvts de plusieurs de scs membres, celle societe doit atteindre son but. Quelques etrangers ont ete ap- peles a en faire partie , soit coraine membres correspondans , et afin de lui communiquer les resultats les plus curieux et les plus importans de leurs observations, soit comme membres honoraires. Ces derniers ne sent point comme les premiers, engages a correspondre regulicrement avec la societe, ils sem- blent plutot destines a etablir entre elle et les institutions scien- tifiques des pays etrangers, une sorte de confraternite que la poursuite commune d'un meme but d'ulilite generale ne peut manquer d'affermir, meme chez les nations les plus etrangeres les unes aux autres par leurs moeurs et leur civilisation. — Nomination academique. — Cette societe vient d'en- voyer avec une leltre de son secretaire M. de Carus , en date de Dresde, du 28 juin dernier, et par les soins d'un de ses membres, M. IV.-G. Lohrmann, in^ecteur du cadastre du royaume de Saxe , un diplome de incmbre d'honneur a M. Marc Antoine Jullien, de Paris , auteur de plusieurs ouvrages esti- mes traduits du francais en allemand : Essai general d' educa- tion; Esprit de la methode d'education de Pestalozzi; Essai sur I'emploi du terns, et livrets pratiques d'eniploi du terns (Agenda general et Biomelre ); Notice historiquecthiograpJiique sur le general Kosciuszho ; Esquisse d'un essai sur la philoso- phie des sciences, etc., comme un temoignnge de I'interet quelle porte a la Revue Encyclopedique el a son fondateur, et de I'iraportance qu'elle attache a ce recuell qui etablit un moyen central de corrcspondance entre les savans et les amis des sciences de lous les pays. N. ViENNE. — Theatres. — On a joue surle Leopoldstadt Thea- tre une piece doiit la music[uc est due au maitre de chapelle Gl.eser. Elle est inlitulee le Diamant du roi des esprits et tiree de la mine inepuisable des Millc et une nuits. Les journaux out 8i4 EUROPE. fait un m.igni(i(iue eloge tie celte composition niusicale et out critkinc tres-vivement le poeine : si nous le jugeons par plu- sicurs des ouvrages alleiT.ands en ce genre, nous serons assez disposes a nous ranger a I'avis du public viennois. On rt com- pare la niusique du Diatnant, par rapport an poeme , a Vlliude (i'Honiere impriniee sur niauvais papier. Celte comparaisou nous pronve que, tout en critiquanl les poeines de Icurs opera , les Alleniands y altachent bien peu d'iniportance. Un autre ouvrage, dont la inusique a fail moins de bruit que cello du Dininnnt, niais dont les paroles ne valent pas mteux,a paru, sur le nieme theatre, sous le tilic du Tcufelsstein in Mcedli^cn: la nuisique est de M. Wknzf.l Mulleu, mailre de chapelle. Mi'^DoTTi, eleve de I'ecole francaise de M. Choron dans le terns ou celte inslilution etait destinee a former des sujets ])Our les theatres lyriques, a obtenu un tres-grand succes dans le role de Turicrede qu'elie avail choisi pour son debul. Berlin. — Thcdlres. — Lorsqu'il fut question de rcpre- senter a Pariset dans los aulres villes de France des opera pa- rodies sur la niusique des pieces etrangeres, cerlaines gens crurcnt les theatres lyriques francals perdus, si Ton y naturali- sait des coinjiositions ecrites en Alleinagne ou en Italie. Un amour-]iro])re nalionai si deplace etr.it assurement bien peu honorable pour nos coinpositeurs , puisqu'il semblait les sup- poser incapablcs de soulenir une lulte avec ceux des autres pays. Les homines qui ])rofessaienl une telle opinion ignoraient sans doute que, depuis fori long-tenis, nos meilleurs operas etaient traduits et joues avec succes en Allemagnc et en Atigle- terre. Tout ri'ceninienl encore Euphrosine et Coradin de Mehul et le Macon de IM. Auber out etc accueillis avec une grande faveur sur le Koenigliches Theater de Berlir;. La Dame blanche , derniere yjroduclion de M. Boieldieu uioi^itee sous les yeux et par les soins de M. Spontini, obtient dans celte ville la meme vogue qua Paris. J. A. L. SUISSE. Geneve. — Societe cantonale de physique et d'kistoire na- turcU.e. — Parmi les institutions qui contribuent a propager en Suisse I'etude de la nature, aucune n'a rendu plus de ser- vices a la science rpie \a.Socicte de physique et d'histoire nntu- re//e. Fondee en 1786, par des honiraespleins de zeleet d'amour du bien, MM. Deluc , Sennebier , J urine , Tingry , Tollot . NecJicr. Odier, Micheli, Pictet{ Marc), Huber{ Francois), SUISSE. 8i5 Voucher, Colladon et Gosse , e)Ie se d6ve!oppa sons les aus- pices des Bonnet ftX. des Saussure, qui vivaient encore a cette epoque. Des niemoires du plus grand inleret,et ]>idjlics dans les divers jouriiaux scieiitifiques, attestaient racliviledcs rnem- bres de cetle societe. Dans le pelit jardin de botaniqueanpi-es de Saint-Leger, plusieurs colleciior.s de j)ioduits uaturels se forinerent, et des observations raeteoioloi^icines fureni recueil- lies. Malbeiireusement , les circonstanccs ])olitiquts qui ai^i- taient alors I'Europe interrompirent ces travaus. Sous le goii- vernement imperial, plusieurs causes rendirent difficiles et rares les communicalions de la societe. C'esl alors cjue (]uel- ques uierabres formerent une nouvelle reunion , sous le litre de Societe ties natuiallstes. Enfin, une nouvelle ere conimenca. La Societe de physique et d'histoire naturelle prit plus d'ex- tension , \A\xs de fixite; elle s'adjoignit de nouvenux niembres, et elle adopta de nouveaux leglemens. En i8i5 , elle devint le noyau de la Societe Helvetique (voy. Rei'. Enc. , t. xxix, p. S79); ses divers raembres ont contribue a la creation de plusieurs eta- blisseniens utiles, du nouveau jardin de botaiiique , du musee d'histoire naturelle, du cabinet de physique et du laboratoire de chimie. Le gout des sciences naturelles est deveuu, pour ainsi dire, populaire dans notre ville. La publication des meinoires dela Societe, depuis 1821, n'apw qu'ajouteralaconfiance qu'elle inspirait. Elle se compose de membres ordinaires residans, dont le nombre est limite ( ils sont 37), el d'un uoinbre indctcr- mine de raembres honoraires , ( ils sont aujourd'hui 63). Le se- cretaire est annuel, mais reeligible. Les seances ont lieu deux fois par mois; elles sont alternativement partlctilleres aux membres residans, ou generales et communes aux elrangers qui y sont introduils par les membres ordinaires. Les fouds de la societe se composent de contributions annuelles que four- nit chaque membre. { Journal de Geneve. ) Arau. — Enseignement industrlel. — Deux cltoyens de I'Argovie, convatncus par le sijili[)le bon sens et par I'expe- rieuce des pays florissans que rien ne contribue plus a perfec- tionner les arts et metiers et a les faire honorer qu'une ecole industrielle, viennent de jeter les fond«niens d'une institution de ce genre pour la ville d'Arau. II y a peu de semaines, M. Charles Heuose , d'Arau , a donne a sa ville natale une somme de 25, 000 fr. de Suisse pour la fondaiion d'une ecole industrielle. Un autre bourgeois de la merae ville, M. le colonel HuNziKER, membre da conseil municipal, qui avait concu la meme idee, a joint a ce don une seconde somme de 25,ooo fr. Les deux fondateurs ont stipule forraellement que I'institution 8i6 EUROPE. demeureraitexclusivementet pour loujours consacree a former de jeunes artisans, sans pouvoir jamais ctre detournee de ce but. A cet effet i!s ont plac(5 leur fondatlon sous la surveillance de I'autorite municipale. La bourgeoisie d'Arau, louchee de la generoiite de sesdeux concitoyens, a appris avec plaisir que le conseil municipal s'etait fait aupres d'eux I'organe de la re- connaissance publique. Le aS aout a neuf heures du soir, tous les artisans d'Arau se rassemblerent sur les remparts , aux por- tes de la vilie et parcoururent les rues avec ordre et en silence , a la lumiere dcs flambeaux ; a leur tete on voyait des transpa- rens representant des attributs de tous les metiers. Le cortege se rendit devant les demeures des deux citoycns pliilantropes dont les maisons furent ornees de fleurs, au son d'une niusique harmonieuse. ( Nouvelliste Faudois. ) ITALIE. Naples. — Statistique. — Mouvernent de la population dans ce rojaume de Naples , en 1824 , et comparaison de cette annec avec les deux annees precedentes. PROVINCES. Naples i?P''.'''" ' j Province. . . . Terre de labour „ . . ,1 cilerienre. . PriQcipautes { ... '^ \ ulterieure. . Basillcate . Capitanate Terre tie Barri Terre d'Otranle ( cilerienre. . . . Calabres jnlterienre, 1°. I olterieure, 2°. Comte de Molise cllei'ieure. . . Abrazzes \ ulterieare, 1°. ulterieure , 1°. ToTAUX , ea 1824. en 1823. en 1822. IfAISSANCES. 1 5,046 14,212 23,168 16,917 53,992 20,978 r 34,54 i8,936 15,763 15,717 9,38 t 12,966 14,187 10,908 io,o38 9)667 235,010 221,993 2 1 8,52 5 12,598 8,124 18,570 9.776 9,558 i3,i66 9)457 11,520 io,4i5 9,750 6,353 10,284 12,636 8,836 6,578 6,012 i63,432 i85,3i5 i5o,i34 2,968 2,620 4,432 2,860 2,587 3,8i6 2,289 3,144 2,824 2,5i3 1,936 2,969 2,63o 2,177 1,507 1,533 42,8o5 48,432 47,490 ITALIE. 817 D'ou il resulte que les rapports des naissances, des morts et des mariages a la population totale sont dans I'ordre qui suit: 1822 1:24 — i:35 — i:in r8a3 i : 24 — i : 33 — i :^io 1824 1:23 — 1:27 — I : 127 [Annali universali di Statistica , t. ix. ) Milan. — Academce des beaux-arts. — Exposition des ou- trages couronnes au concours de 1 826. — L' Acadcmie des beaux- arts de Milan a distribue, dans le niois tie juillet dernier, les prix qu'elle deccrne a ceux de ses eleves dont les ouvrages ont obtenu la palme, dans le concours ouvert a la fin de I'annce scolastique. La ceremonie a eu lieu sous les auspices de M. le comte Castiglioni, president de TA-Cadcrnie. Nous ne nous arreterons pas sur les details d'une solennite semblable a toutes cellesqui ont lememebut; nous preferons mettresouslcsyeux de nos lecteurs une analyse fidide des qualites et des defauts qui ont etc generalement remarqucs dans les ouvrages couron- nes : c'est le moyen de donner une idee de I'etat present des arts dans la Lombardie. L'Acadeinie disirlbue tous les ans six prix run depeinture , un de sculpture, un de gravure, deux de dessin et mw d'archi- tecture. — Peinture. — Le prix depeinture a ete reinportepar M. Sigismond Nappi, de Milan. Le sujelmis au concours elait le depart de Rcgulus. — La peinture est aujourd'hui cultivee sanssucces a Milan. Les ouvrages couronnes dansces dix der- nieres annees et que Ton voit exposes dans une des salles du palais de Brera , niontrent que les juges sont reduils a encou- rager les plus faibles esperances. Bossi par ses lecons, Appiani par ses exemples, ont cherchc a transporter dans leur patrie la grande revolution que, chez nous, David a fait subir aux arts du dessin; mais ils n'ont pas etc compris. Leurs eleves, ne pouvanl atteindre aux beautes de I'Ecole francaise, en ont maladroitement choisi les defauts. Des artistes, qui oni sous les yeux les chefs-d'oeuvre de Luini , tant d'ouvrages du grand Leonard, de Ferrari et de tous les niaitres de I'Ecole lom- barde, si savans dans I'art de donner aux figures I'expression la i)lus \raie et la plus belle, ces artistes peignent avec une secheresse et une roideur que Ton ne pent imaginer. Malgre le succes de M. Nappi , je me trouve force de le coniprendre dans cette critique. .Son dessin est sage, et I'architecture de son ta- bleau fort belle; mais ses tigures n'or.t qu'une expression fai- ble, ou pins souyent outree, ce qui n'est guere meilleur. Quant T. XXXI. — Septembre 1826. Sa 8i8 EUROPE. a son coloris, il est d'line faiblesse extreme; il y a cepeiidanl a rAcademie des beaux - arts un piofesseur de coloris. ,1 'en- gage M. Nappi a joindre aux lecons de ce savant I'ctude assi- diie des t&bleanx du Tlticn qui abondent a Milan. Ccmaitie pourra lui appremlre a ctre grand sans affectation, vrai s.ins bassesse, et surtout a ordonncr vin tableau, chose si difficile ! — Sculpture. — Le sujet mis au concours etait uu b.is-rclief a la raemoire de Canova. A Milan, la jicinture et la sculpture, quoique soeurs, ne sent ])oinl iinies : cllcs suivent des routes lout opposees. Qiiand on consldere ies ouvrages des Pacetti , des Monti, des Marches I , des Pizzi, des ^Icgui.stc , on dirait que Canova est encore la, qu'ii anime ses elevcs, qu'il suit leur niarche d'un ceil severe : aucnn d'eux ne sVcarie de ses principcs, ils travaiilent sous I'inspiration de son beau genie. Je ne connais pas M. Jntonio Labus de Brescia , dont I'ou- vrage a obtenu la couronne ; mais , ouje me lromi)e fort , ou en travaillant, il a eu sans cesse prcseiis a resjuit Ics moyens par lescpiels le grand liomme qu'il clait a|)pelL' a celebrer, est parvenu lui-mume a cetle gloire quele lems ne fera (ju'accroi- tre. Le bas-relief que j'examine est admirable. Les figures sont nobles et bien placecs, le travail est a la fois ferme et gracieux: I'etuile ne se voit pns , le cceur dirigealt le cisean. Canova est rcpresente rendant le dernier soupir; il est eteiidu sur son lit de mort. La religion, les arts, I'aiuour ineme, rcntourcnl et le soutienncnt. Chaque attitude indique une noble douleur ; celle de Canova annonce i'approclie de la mort , mais d'une mortcahne, douce, sans agitation. Unc statue du Tibre, placee a rextremite du bas-relief, rappeile les lieux que Canova s'est plu a enrichir de ses chefs-d'oeuvre. M. Labus et celul de ses concurrens qui a oblenu I'accessit, out cru pouvoir introduire dans leurs bas-reliefs !a rej)rescntaiion du celebre groupe des trois Graces de Canova; cettemanlcre d'indiquer les divinites auxquelles ce grand artiste n'a cesse de sacrifier, ct de rappeler en meme terns un de ses plus dolicieux ouvrages, est sansdoute tres-spiriluelle; cependant je demanderai jusqu'a quel point le gciit ])eut approuvef la representation d'objets sculptcs dans les ouvrages de sculptuie. L'artiste n'ayant que les memes moyens pour figurer la nature animee, et celle qui ne Test pas, ne pent rnarqner de diffe-rence entre ces deux choses si pen semblables : ce melange doit enfanler la confusion. Tout ce que les grands raaitres ont ose faire a ete de placer dans leurs bas-reliefs des morceaux d'architccture; encore en sont- ils tres-sobrcs , comme on peut s'en assurer en examinant les ITALIE. 8i(j bas-reliefs de ThorvaUhen et de Canova. CeUe criiique pen im- portanle n'affaiblira pas, je I'espere, la lumle idee lage d'Arene , a un quart de lieue de Marseille, et ils occupent une superficie de plus de six cents metres. Chac|ue bain , chaud ou froid a volonle, forme un petit salou separe. Les eaux sont claires et limpides; elles sont tres-cliaudes en ete , les bassins etant sables a trois pieds de profondeur. Cel etablissement renferme des bains de vapeur , de sable I DEPATITEMENS. — PARIS. 829 sature de sel marin a 36 degres de chaleur , pour les rhu- inalismes, la paralysle, etc. Atltour dc remplncement sont des maisons de campagne fort agreables, des reslaurans, des maisons garnies, et le Chd- tenu-Vert , ou Ton trouve le logement et )a table , et qui est a Marseille ce qu'est a Paris le Rocher de Cancale. La beaute du site, la protection des auloritc's locales et dii gouvernement , les soins nombreux et Ics talens de M. le doc- teur Giraudy de Bouyon font esperer que cet elablisseirent acqiierra bientot la renommee et le succes auxquels il a droit de prctendro. Marids-Gimon. PARIS. Institut. — Academic des sciences. — Seance du 7 aoiit 1826. — M. Lafitte presente un memoire sur une nouvelle maniere d'eniployer le grapin en usage snr les \aisseaux. Ren- voye a la commission chargce d'examiner un grapin propose dans I'une des dernieres seances. — On adresse un memoire, en italien, par M. Seraphin Belli, professeur de matliemaliques a Pise, intitule : Exposition de quelques principes sur la solu- tion generate des equations des degres superieurs au premier. (MM. Ampere et Cauchy, comrnissaire?.) — L'Acadcniie ])ro- cedc a Selection d'un membre de la section de chimie, en rcm- placement de M. Proust , decede. Sur 47 votans, M. Chevreul obtient Sg voix, et il est proclame. Ses concurrens ont oblenu , savoir, M. Clement, 6; MM. Pelletier et Laugier, cliacun une voix. — M. Coriolis lit un memoire sur une nouvelle de- nomination et sur une nouvelle unite a intsoduire dans la Uy- naniiqiie. (MM. De Laplace, Fourier et Navier, commissaires.) — M. Dupuytren communique des observations sur le tralle- nient du cancer de la machoire inferieure , par I'amputation de cet OS. II presente trois individus Iraitos par cette methode et qui sont dans un etat de sante parfaite; d'autres , en plus grand iiombre, sont rcp.nndus dans les jirovinces. Les suites de I'ampu- tation de la machoire sont, non-seulement beaiicoup moins graves, mais encore beaucoup moins longues qu'on pourrait le penser. La peau est cicatrisee en quelques jours; et pour la reunion des 7)arties de I'os, il faut tout au plus 3o jours. — M. Arago fait un rapport verbal sur I'ouvrage dc Mariani , relaiif a I'eleclricite dynamiqiie. — Du ili aout. — On renvoie h MM. Dumeril et Boyer I'examen d'un onvrage de M. Balme , medecin a Lyon, intitnie : Observations et reflexions sur les causes, les syrnploines 83o FRANCE. et le traitcment de la contagion dans diffcrentes maladies, ct spt'cialement dans la peste d' orient et la fiwre jaune. — Le iiii- nistre de la marine atiresse un iTiPinoite contenant des obser- vations zoologiques, falles dans le detroit do Gibrallar, par MM. QuoY et Gatmard, naluralistes de I'expedition de M. A' Ur- cillc. (^ MM. Cuvier ct la Treille, rapporteurs. ) — M. le Presi- dent annonce que MM. de la Place, Fourier et Navier se reu- niront a la commission ([ui continuera a discuter, sons diffcrens points de vne, les propositions de M. de Pront, relaiivea a I'etablissenient de deux iiouvelles unites de mesnrc. — M.Blain- ville coninnnii(]ne I'exlrait d'une leltie de MM. Quoy et Cay- MARD , lie I'expcdition de I' Astrolabe , sue diiferens points d'hisloire natiirelle, et entre auires sur la circidation dans les hiphores. — M. Pouzin est noramo candidat pour la place de ])rofesscur de pliarmacie, vacante a I'ecole de Monipellier. — M. le docleur Bordot donne lecture d'une note relative a un Chinois vivant, age de 1% ans, el qui ])orte sur la paitie ante- rieure de la poilrine un fcetus accpliale ; la figure, modelce et coloriee, est mise sous les yeux de I'Acadi'mie. (MM. Dumeril et Geoffioy-Saint- Hilaire, commissaires. ^ — MM. Vaiiquelin , Thenard et Gay-Liissac font un rapport sur un memoire de M. Balard , qui a pour objet Ip description d'une nouvelle substance qn'il a trouvce dans les eauxde la mer. M. Balardavait donne a cetie substance le nom de rnuride; avec son consente- nient, les commissalres I'ont remplace par celui de hrome (mau- vaise odeur). Le brome est liquide jusqn'a 18° au-dessous de Zero. En masse, sa couleiir est d'nn rouge-briin fence; en couche mince, d'un rouge liyacinthe. Lacouleurdesa vapeur est semblable a cellede I'acide nitreux ; sa densiteest d'environ 3. II est (res \oIatil, et bout a /17"; son odeur, tres forte, res- scmble a celle du chlore; ii detruit les coulenrs a la maniere de cette substance. II se dissout dans I'eau, I'alcool et I'eliier. Le chlore est plus puissant que lui; mais , a son lour, il Test plus que I'iode ; ce (jui pent faire penser que le brome est un com- ])ose de cldore et d'iode, comme I'affinite qu'ii a avec ces deux corps pouri'alt le faire soiqiconuer. Si Ton veui se former une idee exacte des proprietes du brome, c'csl au chlore i\xy'\\ faiit le comparer. Avec I'hydrogene il forme un hydracide, I'acide hydrohromi(|ue; avec I'oxigene, I'acide btomicpie dont les sels ont la })lus giande analogic avec les chlorates. Avec le gaz liy- drogene percarbone, il produit un liquide oieagincux, d'une odeur cthorec lies- suave. Le poids de son alome est 9,328, en prenanl celui de I'oxigene pour unite. IW. Balard avail envoye de pelits echanlillons de brome et de quehjues-unes de ses PARIS. 83i combinaisons, sur lesquelles les conimissaiies ont fait dos ex- piriences ; lis ont meme obtenu dn brome en trailant de I'eau de mer j)ar le procetle de M. Balard. Lois meme qn'on ])ar- ■viendrait a dcmoritrer (juc le brome n'esi pss nn corps simple, sa decoiiverte n'en serait pns moins ties importanle pour la cliimie , et ires-honorable j)Our M. Balard. « Nous pcrisons, dit en lerminant le rapporteur, que ce jeune cliimiste est tout-a- fait digue des enconragcmens de rAcademie, et nous propo- sonsd'insererson memoiredans le renieil des savans etrangers.u ( Approuve. ) — M Hcron-de-VUlefosse fait nn ra;)port verbal sur I'ouvrage de M. Karsten , intitule : Recherches sur lex sub- stances charbonneuses du refine mineral, et particulierement sur la composition des houilles dans les mines de la monarchic prus' sienne. — Du 21 aoiit. — M. Navier lit des experiences sur la resis- tance que presentent diverses substances', leiles que !c fer, le cuivre , le plomb , etc. , a la rupture causee par nn effet de ten- sion.— M. Bouvard communique des observations faites par M. Gambart, a Marseille, et par M. Pons , a Lucques, sur une nouvelJe comete decomerle dans la constellation de TEridan. Get astre est tres-petit et sans queue, et la lumiere de la liine en affaiblit lellenienl IV-clat , que MM. Gambart ot Pons out en beaucoup de peine a I'obscrver. — ■ MM. Geoffrey Snint-Hi- laire et Blainville font un raj^port sur le memoire ile M Surum, relatif aux foetus accphales. Suivant M. Surum , les organes d'un animal ont deux dogres de <7italite, I'un ipii leur est pro- pre , I'autre qui est du a I'influence des nerfs. La circulation sanguineverseabondammontleprincipe vital sur tous les points du reservoir nerveux. II est separe des inolecules mntei ieiles du sang, ou il est en grande projtortion. Un corps peut done se developper, s'animaliser et vivre sans nerfs, lorstpi'il est en rapport avec quelque partie du systeme sanguin. Chaque nerf existe par lui-ineme et a une action independante ; il doit le complement de la vilalite et de sa puissance a sa communica- tion avec les centies nerveux, avec vine sorte de reservoir ge- nera! ; d'ou il suit que , jilus le systeme nervcnx est complique, plus Taction parliculiere de chaque nerf est forte. Par contre, si le systeme nerveux est incomplet, il pourra bien servir a entretenir une vie obscure et bornee, mais non une existence elevee. D'apres cela , M. Surum conceit , dit-il, comment un animal eieve pent vivre a I'elat de foetus, sans cerveau et sans moelle epiniere, parce que sa vie est alors bornee a des fonc- tions pen nombreuses et pen developpces. Mais eeia ne sera plus possible lorsqu'il aura besoin de fonclions plus clevees. «3a FRANCE. Cependant I'anteur adinet le besoiii absolu dc I'influencc ner- veuse, mediate ou immediate, dans toutesles fonctions, nieine dans la nutrition. Les commissaires ne donnent aucune con- clusion sur un ir.ivail qui parait faire partie d'un ouvrage de pliysiolop;Iepatliolnc;iqueqii'iIs neconnaissent pas. (Approuve.) — M. CoLLADON lit un intMnoire sur la devialion de raiguiilc aiinantee, par le courantd'une machine eiectrique el de I'elec- tricite des linages. ( HI M. Ampere, Fourier etDulong, commis- saires.") — M. Becqiierel lit un menioire sur les decomposi- tions chimiques operees avec des forces <51eclriques a trcs-pelites tensions. (MM. An)pere etDulong, commissaires. ) — M. Dunoiv lit un memoire sur la sortie du cordon ombilical, aii-devant de la tete du fcefus. (MM. Royer et Pelleian, commissaires.) — Du 18 aoili. — MM. Vernet et Gauvrin ))rient I'Aca- demie de votiloir bien designer des commissaires pour assister a I'essai d'un sysleme de vaporisation ])ar injection. (MM. Na- ■vier et Prony sont nommes a cet effet. ) — M. Moreau de JoNNES lit un memoire intitule : Apercu statistique sur la quan- tite de cereales enlreposee mainlencmt en Europe. — M. Ic D'' AunouARi) donne communication de deux pieces de corres- pondance relatives a la fievre jaune. — An nom d'une com- mission, M. Dexfontaines lit un rapport sur le memoire dc M. TuRPiN, intitule: Observations sur quclques vegetaux mi- croscopiques et sur le role que leurs analogues jouent dans la formation et I'accroissement du lissu cellulalre. L'auteur s'est propose de faire connaitre le vegetal le plus simple, celui qui forme le premier degre visible de I'organisation v^gulale. 11 avait CPU d'abord que c'etait les monitia , qui ne sont com- poses que de pelites vosicules unies les unes aux autres sur une raeme ligne ; mais , ayant ensuite observe ces raemes vesicules entierement isolees , il les a regardees corame les premiers elemens de la vegetation. Si Ton suspend dans une serre chaude dcsinorceaux de verre, ils sont bientot converts de petits vege- taux. En les examinant avec le microscope, on voit que ce sont des globules lulsans, diaphanes, vcsiculeux, immobiles, de grosseurs differentes , isoies ou reunis en groupes, fixes par un point au corps sur lequel ils naissent. L'auteur substitue le nom de globuline a ceux de byssus et de lepra qu'on leur avait donnes jirecedemment. Oelte substance, le plus ordinairement verte, offre aussi d'autres couleurs , telles (pie le ])ourpre , le jaune, le noir. La globuline est, selon M. Turpin, le i" degre visible du regne vegetal, et n'a jamais presente a l'auteur aucun signe d'animalite. L'odeur qu'elle repand est celle de la moisis- sure. C'est une espece bien distincte, qui ne devienl jamais ni PARIS. 83'. une trernelle , ni line mousse, et qii'on doit bien se garder de coiifuiidre a\ cc la matiere verlc des eaux crouiiissantes et des infusions de \iaiules el de vegetaux, rn.'itiere (jui n'esi qii'un ainas de peiiis aiiiniaux. La giobiiline n'est pas iion plus une production sponfanee, puisqu'elle se reproduit par d'antics pelits globules , iies de ses parois interieures. Si I'on observe le genre connu srtus le nom de lepra, on voit ([ue les vcsicule's, elemens de la globuline , au lieu d'etre solitaires, sont reunies ])ar une substance fibreuse, tres deliee, qui leur sert de base, ce qu'il nomnie globuline enchainee ; c'est le a° degre de la vegetation. De ce i" degre, on arrive au 3° qui est le ti.'.su cellulaire , oil Ton reconnait tonjours la globuline , mais sans un appareil plus complii|ue. EUe peut se dilater par la clialeur el par I'liumidite; quel(|uefois elle s'allonge et forme un tube dans I'liiterieur duquel naissent d'autres vesicules. Cette modi- fication do la globuline conduit a ces vegetaux fdamenteux qu'on nomine conferves , et qui ne sont que de la globuline proiongee en tubes. La globuline des conferves nait de leurs parois interieures ; elle a des formes et des coulenrs tres-varices. Plusieiirs conferves simples soudees lateralement formentune lame membraneuse ou uh'u ; enfin, plusieurs de ces lames applii(u^es les unes sur les autres forment Ic lissu cellulaire , des differentes raodificalions duquel rosul'.enl les formes si nom- breiises et si varices des vegetaux. SuivaiU M. Turpin , les cou- leurs des vegetaux sont dues a la globuline, leintcdes memes couleurs. Nous ne pousserons pas plus loin cette analyse, qui suflit pour faire connaitre I'importance des observations nii- croscopicpies de I'auteur. Son travail a paru a I'Academie Ires- digne d'eloges , et sera iiisere dans le recueil des savans etran- gers. — M. RoBiNOT-DESvoiny presente un ouvrage nianuscrit sur le genie mouclie de Linne , dont il fait une famiile, sous le nom de myodaires. ( MJL Dumeril , Latreille et Blainville, coraraissnires.) — MM. Mirbel eX. Fresnel, font un rapport sur line lettre de M. Sollier, dans laquelle il ])rop<)se d'essayer I'attiou des rayons colorues de la lumiere soiaire sur les fleurs incolores, ct d'employer des conducteurs clectriques pour la correspondance telegrapliitpic. M. Fresnel fait connaitre que celte letlre ne contient ]>as les descriptions iiecessaires, pour que la commission puisse exprimer son avis sur les vues de I'auleur. ( Adopie. ) — M. Gco/froy Saint-Hilaire, au nom d'une conunlssinn , lit un rapport sur une monstruoslte singuliere , doiit le modele a cle apporte de la CLine, et qui a ete pre- sente a I'Academie par M. le D"" Borclot. II existe, en Chine, un homrae qui , en Janvier 1826, avail 21 ans, et qu'on inon- T. XXXI. — Septembre i8a6. 53 834 FRANCE. trait de province en province , parce qu'il portait attache a la poitriiie uu foelus accphale. 11 etait arrive depuis Iroi* ans a Macao, d'oii il passa a Canton; deux luedecins an- glais, MM. Pearson el Livingston , alors a Canton, employe- rent deux jours a en fairc I'examen, ct le premier consigna le rcsidlat de cet examen dans une notice qui fut envoyee en Angleterre. On fit du jenue homme un modele haul de i/j ]jouces, avec dela pale de riz, que Ton coloria avec beaucoup de soin. II parait que Ton a specule a Canton sur celle inons- truosite. On y a mulliplie les exemplaires de la figure et de la notice ,et trois, a la connaissance des comniissaires , sont ar- rives a Paris, par la Thetis ^ fregate conimaudce par M. de Bougainville; de sorte que les cominissaires ont eu tous les renseignemens qui peuvent constater I'exactilude des fails; exactitude confirnit'e d'ailleurs par la description de viugt monstruosiics a peu pres semblables. Le jeune Chinois dont il est question n'a rien de parliculier dans sa conslitution ; il a le meme teint que ses comjjatriotes; il n'tst ni tres-inaigrc, iii tres-gras; on remarque seulemenl que les parlies de la gene- ration sont peu developpees. Le fcctus est adherent nu sternum , depuis la 4* cote jusqu'a la 8'. On remarque, dans cette den- due, une saillie osseuse qui parait simuler la tele du foetus, peut-etre seulement une partie de I'occijjital et des lemporaux. Le foetus ayant ete palpe, on s'est assure (ju'il est prive des vertebres dorsales et lombaires; il possede les cervicales. II rcsulte de cette disposition qu'on pouvait a volonte, et sans causer de douleur au jeune Chinois, ployer le foetus par le milieu du corps, le rctourner a sens dessus clessoits, et rauiener les parties anterieurcs pour les placer sous les \eux du specla- teur. Dans I'etat ordinaire, les deux sujets sont places ventre contre ventre. Nous ue suivrons pas le savant rapporteur dans les details anatomiques que sa science et son erudition lui ont fournis. lis ont pour but de relever quelques erreurs de M. Pearson, et de deraonlrer que la monstruosite du Chinois n'est point parfaitemcnt identique avec cellcs du m^nie genre decriles jusf|u'ici, et que, sousce dernier rapport, M.le docteur Bordot merite d'auiant mieux les reaiercimens de I'AcadeiBie poursoninteressantecomniunication.(Approuvi'.) A.MicHELOT. — Jcademiefiuncaise. — Seance publique annueUe du %[> aodt i8'^6. — Distribution des prix d' eloquence etde poesie , el des prix fondes par M. de Monlhyon. — Puisquelcs anciens usages continuent , meme lorsqn'il ne reste plus de uiolifs pour les maintenir, sinon, commedit Montaigne, leur barbe chenuc €t leurs rides ^ le panegyrique de Saint-Louis a etc prononcc , PARIS. 835 cette annee, devant quelques membres de I'Academie francaise. II parait que I'eliquette ne ])erniet pas de con6er a un acade- niicien cette oeuvie jjurement oratoire, qui ne peut avoir, dans aucun cas, I'utilile d'un sermon sur la morale ; c'esl un luxe de la chaire evangi-lique, dont elle ne recoit aucun eclat, et qui a raeme le grave inconvenient de la souraeltre aux criliques du gout, de confondre ses oraieurs dans la I'oule, etdeleurini- poscr des lois qui ne devraient pas (^frefailes pour eux. Cette ann^e , un jeune pretre, M. Cabanes a ete ciiarge de faire le cent cinquantieme paiiegyrique du saint roi : il s'en est acf|uitle de son raieux; si les auditeurs n'ont pas ete satisfails, ce n'est pas a I'oraieur qu'ils doivent s'en prendre, luais a ceux qui Tent choisi. Quelques critiques, disposes a I'indulgence , ont apercu dans son discours les germes d'un talent remarquable que le tems pourra develo;)per et luurir : maisce talent jiarait mieux convenir a la tril)une ([u'a la chaire , aux choses profanes qu'a celles de la religion. L'cloquence sacree se distingue sur- tout par une moderation pleiue de dignite, par une action douce , continue , qui peneire sans efforts a travers les obstacles que lui oppose I'imperfeciioji de la nature huuiaine, et laisse dans I'ame des impressions salutaires et durables. I/Academie avail a decerner, dans sa seance publique, le prix d'eloquence et celui de poesie. — Pour \e prix cf eloquence, le sujet juis au concours etait Veloge de Bossuet : i\ couxtnaXx. aux circonstances presentes; et, si c'est par ce motif que I'A- cademie I'avait choisi , nous devons Ten reinercier. Mais , pour _le ti'aiter convenablemeut , il ne fallait rien nioins que la ma- turitc d'un esprit observaleur. Les jeunes talens se trouvaieat hoi's d'etat d'enlrer en lice ; les talens eprouves ne recherchent plus les couronnes acadcmiques : le prix n'a pas ete decerne. Le prix de poesie etait promis , depuis deux ans , a la meilleure piece de vers sur les legs et les fondations de M.de Monlhyon. Celle de M. Alfred de Wailly, professeur au college do Henri IV, a ete conronnee. Les concurrens etaient nom- breux; un accessit decerne au nuniero i5, la meulion hono- rable des nuuieros 29, 4, i3 et 28 attestent que nos poetes sont ins])ires par la reconnaissance , et s'empressent de cel6- brer les bienfaits. L'expose des motifs qui ont determine I'Academie a decer- ner, cette annee, plus de prix a la vertu , ne pouvait etre ecoute sans un vif intcret. Douze recompenses out et(^ distri- buees , dans I'ordre suivant : 1° 4,000 fr. a M"« CeVe^^/weDETRiMONT, demeurant a Mou- chy, arrondissemeut de Dieppe, Seine-Inferieure. Cette de- 8^6 FRANCE. moisolle a prodlgue ses soins a iine famillc entiere , aftaquce (In typlius. — 9.° 3,000 fr. a Marie Brun, nee a Monfapny, canton et arrondisscraent de Loulians, Snoiie-ct-Loire. Elle a servi et soiilagt- , j)fndant treiite ans, sesinailres toinbes dans rindif;oiice. — 3" Medaille de 2,000 fr. a Catherine Gautier eta Jean-Nicolas Rol , son epoux , demeurant a Damas -aux- Bois , aiTOndissement d'EpInal;ils se sont devours, comme Marie Brun , pour leurs maitrcs qui sans doute etaient dignes de tels servitcurs. — 4° Medaille de a, 000 fr. a Dominique McssET eta Anne Delcuos, son cpouse, a Chateau -. Salins, departeraent de la Meiirlhe. — 5° Medaille de 1,000 fr. ^ M"" Dklcros, ouvriere en robes, A Paris. — 6" Medaille de 1,000 fr. a M""^ Louise Coindre , couluriere , a Paris. — 7" Medaille de 1000 francs a M. Moreau, a la Cha- pelle - Saint - Mesmin , departement du Loiret. • — 8° Deux medailles, ile 760 fr. chacime, aux demoiselles Rotjii.le, a Paris, rue Pierre - Satraziii, n" 4. — 9" Une medaille de 600 fr. a Jeanne Modnicot , femme Pierrette , a Noye, can- ton (leLembeye, depaitcment des Basses-Pyrenees. — 10° Me- daille de 5o() fr. a Marie-Elisabeth Austebberthe, veuve TROTTiER,a Paris, rue Saint- Jacques, n" 332. — ii** Medaille de 5oo fr. a Anne Couard , veuve Youf, a Paris, rue du Dra- £fon , n° 3. — 12° Enfln, une medaille d'or, du 7Tiodiile de I'Institut, a Etienne Lucas , fils du garde champetre de Serqui- gny , deparlenienl de I'Eure. Les actes de vertu (]ui ont merite ces recompenses sont des secours offcrls a I'inforlune par la panvrete , I'adojjiion d'en- fans abandot)nes, une vie lout entiere consacree a une coura- geiise bienfaisance, des viclimes arrachees a la mort , au peril de la vie. On demandcra pourquoi les classes aisees ne pataissent point dans ces fetes consacrcesa'la vertu, sice n'est pour en reliaus- ser la pompe? Pourquoi des conronnes ne leur sont pas decer- nees? Le fondateur ne s'est pas occupe d'elles; il pensait ap- paremment que les riches n'ont pas besoin d'etrie extites a la bienfaisance. II resfaii a dcrerner le jirix destine a I'ouvrage le plus utile aux nioeiirs. L'Acadeniie a pcnse qu'aucune des jirodiiciions lltleraires de cette annee ne incritait tine distinction de cet ordre ; mais que Irois petits onvrages avaient approche du but. Des medailles ont ele distiibuecs entre trois ccrivains : M. de JussiEU, auteur de Pierre Gibernc ; M""^ Panier qui nous a donne VEcriva in public, el M. Bouili.y, aulcur des Contes offcrls aux enfuns de Fiance. Le public a regrelte que Ton n'ait PARIS. 837 point fait connaitie les iiioiifs de cede d^'cision ; il est a crain- dre qu'il ne la conQrme point. A I'avenir, on devra s'attendre que I'yVcademie ct I'opiniou publitjue suivront des directions differenles et ne se reDContreront point. Commc le corps litte- raire parair soigner assez peu ies inteiets de ia iitterature, le public se charge d'y suppleer , autant qu'il le peut; et bieniot, son influence doniinera seule, et fera scniir peut-etre riniili- litc de TAcadt-mie. Le genereux M. de Montliyon n'a pas pie- vu cette revolution dans nosmoeurs publiques; anjourd'hui, ses intentions bienfaisanfes sont mal comprises, et ses fondritions ne seront pas aussi profitablcs qu'il I'csperait. Depuis que I'A- cademie francaise a cesse d'etre environnee de ia consideration pubiiquejclle ne pcut plus etre I'organe de jugemens aussi graves, aussi soleniiels que ceux qui decerneiit les prix dc ver- tus etd'utilite morale. M. de Cfssac, presidant I'Acadeniie en I'absence de Ms'' I'ar- cheveque de Paris a tennini'- la seanre par I'inauguralion du bnste de M""' Elisabeth , place en face du bureau du Direcleur. Cast un des legs fails a I' Academic , par M, de Monthyon. « Le courage railitaire, a dit M. le chancclier , est recompensi'? au nom lie Saint-Louis, les signes de I'honneur sont donnus au nom de Henri IV , et desormais , la veriu sera recoropensce au nom de M"'« Elisabeth. » <# L'Academie propose pour le prix de poesie qui sera deccrne en. 1827, I'affranchissement des Grecs. Elle annotice qn'elle proposera , pour le prix de prose a decerner en 1828, un dis- cours sur la marche et ies progres de la langue et de la liite- ralurefrancaises depuis ie commencement du xvi'^sieclejusqu'eii 1610. ' Y. — Academic des Beaux- Arts. — Nominalion de M. David, sculpteur. — L'Acailemie ,'dans sa seance du 5 aonf, a nommc a la jilace vacanle par la mort ile IM. Stouf, sfaluaire, M. Da- vid, jeune sculpteur, dont les premiers ouvragcs, \es statues colossnles du grand Conde , dc Racine, de Fenelon et de Bonchamp , ces deux dernieres accompagnccs de bas-reliefs, donnent la plus haute idee de son talent, el les esperances les iiiieux fondees qu'il souliendra digiicnient dans les arts le beau nom qu'il porte, ct qu'un nouvcaii David ajoutera encore a la gloire francaise. M. David est charge d'executor la statue du general Foy , et quatre bas-reliefs, representant les e|)Oques les jjIus remarquables dc la vie de ce grand ciloyen, pour le monument consacrc .n sa njiiuuire par la reconnais- sance naliona!c ( Voy. Rd'. eric, t. xxx, ]). 58o ) ; enfin , on lui de\ra bieiitot deux bi.stcs en mnrbre , I'un du celebre 838 FRANCE. publiciste et philanlrope Bent/iam ; \'k\u\re , du general La~ fayette , c'galeraent clier a la France el a l'Amerir|uc. On aiine a voir tour a tour le cisean , le burin et Ic pinceau employes par des mains li.ibiles a conserver Ics traits des homraes dis- tingues et utiles , on a transmetlre aux siecles a venir les ac- tions d'heroisme et de \crtu qui honorent I'humanite. M. A. J. Academie royale de medecine. — Resume des deliberations relatives aii magnetisrne animal, dans les seances du i3 dccem- bre 1825 , du 10 et du 24 Janvier , et du \l\fevrler 1826. — Mf.smer, nalif de Vienne, enlreprit , en 1772 , de trailer les mnladies par nn agent qu'il disait avoir decouvert, et qu'il ap- pelait jnagnetisrne animal. Selon lui, cet agent etait tin Jluide nniversel dont chac|uc ctre avait sa ])ortion. Ce fliiide, mu par la voloiite, pouvait se porter ainsi d'lin corjjs siir un autre. ToMte maladie eiait occasionee par un defaut d'<5quiiibre de cc fluide , et en !e meltant enaction, une aiiire personne pouvait giierir le malade. Telle est la base du systcme de Mesmer ; il se donna pour en etre I'inventenr, (juoique cetle theorie se reirouvedans les ecrlts de Van Heimont, de Maxwell, de divers pliilosophes et nicdecins du xvi' siecle. Mesmer obtenait des resullats, il gucrissait des malades; son sysleme fut vivement Vbtlaque et defendu. En 1784 , 1<' roi nomma treize commissaires pour examiner la th''orie ct lei precedes de Mesmer; ils etaient pris dans la Faculto de Paris, dans TAcadenue des sciences, dans la Sociele royaSe de miviecine, et on comptait parmieux Franklin ^ La- voisier, deJusiieu et Bailly. Ce dernier fit, au nom dela com- mission, un rapport dans leque! , rejetantla iheorie du fluide, ilreconnut I'existenee de violcns e/J'ets , dus ci I'attouchetnent, it t imagination , ci C imitation. De Jussieu, dans un rapport parliculier , rejelant egalement la iheorie, n'apercut dans-les elfets que remission de la chnleur animale , soitpar le frotte- ment, soit par le contact, et plus rarcment par un simple rap- prochement ii quelque distance : \\ dcmanda que ceux qui con- tinuaient le traitement magnetique, fjssent connaitre leurs decouverles et leiirs observations. Le rapport de Bailly et les eveneniens de la revolution firent negliger les traiteinens magiieli(jues. Plus tard, I'observation du soinnambiiiisnie, qui avait ete ignore de Mesmer, a I'epoque de Texamen de la commission, et plusieurs ouvrages, surtout ceux de MM. de Puysegur et Z>e/^wze reporterent I'at ten lion sur ce snjet. La prati(|ue et laNtheorie meme changerent; des Ciperiences faites a I'Hotel-Dien, par le doctenr Dupotet , en PARIS. 859 1820, rendirent assidus a I'observalion dcs fails beaucoup de jeunes niedecins. Une lettre de M. le docteur Foissac a J'Aca- demiede medecine, au moisd'aoiit iSaS, annoricaitdes fgcultes surpienantes reconnues dans Jes somnambules, et provoqnait I'exarnen du magnetisme animal, ainsi que la nomination de commissaires pour suivre les experiences. M. Adelon fit part de ces propositions a ['Academic, et elles y furent le sujet d'une discussion. Les uns allej^uaient qu'il etait naturel dexa- miner; les antics pretendaient que le magnetisme animal elait inort et enterre depuis long-tems, Cesderniers ne remartjuaient peut-etre pas que la lettre de M. Foissnc ne faisait guore men- tion que du somnambulisme et de quelques unes de ses famil- ies, tandis que, dans le fameux rapport de Bailly, qui, selon eux , avail tue le magnetisme, il n'avait etc nullemcnt question du somnambulisme alors inconnti. Le president, M. Double ^ concilia les differens avis, en pvoposant de nommer une com- mission cliargee de faire un rapport sur cede question, s'il convenatt que I' Academie s'occupcft du magnetisme animal. La proposition adoptee, MM. Adelon , Pariset , Marc , Russon , Burdin furent nommes commissaire? ; etle i3 decembre 1825, M. Husson fit le rapjiort. Bien (ju'on ait prononce , y cst-il dit, sur le magnetisme, en 1784, ccn'est point une raison pour ne pas ordonner un nouvel examen , en siipposant meme que le premier ait tte convenablement fait. En medecine, comme dans les autres sciences , de nouvelies lumieres ont sonvent fail naitre de nouvelies doctrines. Depuis Mesmer, la theorie elles procedes du magnetisme sont changes , et les effets oblenus sent differens; un nouveau phenomene , le somnambulisme, s'esl manifesie ; enfin, dans jjr^'sque tout le nord de I'Europe, le magnetisme est exerce par des hommes f ut habiles et tres- peu crcdules, et, si Tuiilile n'en est pas generalement reconnue, du moins la realite n'en est pas raise en doute. En France, les docteurs Georget, Uertrand , Rostan , Gersent, et plusdevingt autres out signe les proces-verbaux des experiences de I'Holel- Dieu, en 1820; et a leur suffrage s'est joint celui de MM. De~ leuze et de Puysegur , et d'autres personnes distinguees; si d'ailleurs on considerait le magnetisme comme un rcmcde se- cret, il serait du devoir de I'Academie de I'examiner pour en prevenir les abus : daiiscet etal de choses, le rapporteur con- clut a ce que la section de V Academie charge une commission speciale de s'occuper de I'etude du magnetisme animal. Ce rapport fut accueilli tres-favorablemeni par la majorite de I'Academie, et la discussion s'ouvrit sur les conclusions qu'il renfermait. 84o FRANCE. Dans les seances du lo et du 24 Janvier, et du 14 fevrier ^ la pliipartdes niembres presens ont In surcet objet des discnu''s prepares avee soin. Les nns altaquaicnt le i7iagnetisme ave^ violence, ou avee I'arme du ridicule si puissontc ])arnii nousj les autrcs le def'endaient avee une ciiconspection et un sce|)ti_ cisme philosojdiiques, ou iis lapportaient des faits observe^ par eux-meines. Parmi les opi)osans, on remar(|ua surlout le savant docteur Double , doni le discours fut un des plus spr_ rituels et mcrue des mieux raisonnes; niais les partisans du m'agnetisme regretlerent de le voir rappeler avee tant d'art des passages Ironques, dont la citation plus exacte n'eut pas reinpli son objet. Ne pouvant nffrir ici, faute d'espace, I'ana- lyse de chasjue discours, nous n'en donnerons que la sub- stance. Les advcrsaires du magnelisine s'attacherent ponr la plnpart a prouver qu'il n'elait qu'un effet de rimaginalion , ou me/ne une jonglerie exposant aux plus graves inconveniens. Recon- naitre ces dangers , quelle qu'en fut d'ailleurs la cause, c'^tait adniettre implicltement la realitc du raagnetisme. Vpici leurs principales objections : i" le magnetisme animal a cte bien juge et bien observe, en 1784; Railly et Thouret en ont fait justice. 2° Depuis celte cpoque, le fond dela chose est lememe , les mots seals sont changes. 3° Le succcs du magnetisme en AUemagne et dans le nord ne decide rien, ces pays etant le berceau de foutcs les reveries philosophiques et scienlifiques. 4" Le magnetisme doit etre considere et juge comme un remede secret, sans (|u'il soil besoin de nommer a cet effet une com- mission qui ne pourrait jamais s'occuper avee succes des expe- riences demandees par les magnetiseurs, et qui, par le seul fait de sa formation, exposerait I'Academie i> la risee de I'Europe. 5° Le uiagnelistiie n'etant que Tattraclion naturelie des sexes, enlraine et entrainera de grands abus. 6" Ceux qui s'en occu- pent sont des ignorans ou des charlatans qui ne meritent aucune attention. 7° Les faculles attributes aux somnambules, et les faits rajtporlcs paries magnetiseurs, sont faux, puis(]u'ils se- raient iniraculeux. 8" La foi declaree necessaire pour pouvoir magnetiser et eire magnetise, est une condition qui choque la raison. 9° Le fluide magnetique ne pouvant tomber sons les sens, il est diflicile de le croire existant. 10° Si le magnetisme avait des fondemens reels , il serait d'usage depuis long-iems. Les partisans du magnetisme repondirent : le magnetisme a ete fort nial observe par les commissaires nomrnes en 1784 : ils n'ont point rempli les cimditions proposees; et souvent, lorsqu'on ne les remplit ])as, on peul manquer meme une ex- PARIS. 841 pcricnce facile. D'ailleurs, ils n"ont j)oiiH nio I'exislence des ejj'ets; le rapport dit texluellement. « ...on ne peul s'empecher de reconnoitre a ces ejjets constans une grande puissance qui agite les mahidcs, les ninitrise , et dont cflui qui magnetise seinble etre le depositaire. » Depuis I'/S/j , le miigneiismea gagne dans Topinion , el il s'appuie aujonrd'hui sur une masse de fails dilliciles a levoqiicr en doute. Depuis Mesmer, non-seu- Icmeni les mots out change, mais encore hi tlieorie, la pratique et les rosullats; c'est dej)uis cetle epO(|iie (|iie le somnambu- lisine, le plus clonnanl clfct du magnelisnie, a ele deiouvert et observe. On ne jjeut dire sans injustice (]ue I'Alleniagne et les pays du nord soient le berceau de toutes les reveries, qtie Kepler, Euler, Leibnitz , BoHrhaave et l.inl d'aiitres n'aicnt ete que des reveurs. Apiess'eire declare conire le magneUsme, le ceiebre Htifcland , se rendant a I'evidence , I'a pratique. Des savans et des niedecins, exempts de fol entbousiasme, s'y sont attaches vers le Nord, et J'Acaderaie des sciences de Berlin , une des plus distinguees dans le monde savant, a mis la ques- tion dii magnetisnie au conconrs, en 1820. En Prusse et en Russie, des ordonnances ont attribue aus seuls medecins la pratique du magnetisme, et en Danemaik, on re s'en est pas occupe moins serieusement, puisqu'on y exige la surveillance d'un medecin resjionsable. Le magnetisnie ne pent etre consi- dere comme un remede secret; on salt que ceux qui lerejeltent reprochent principaleraent aux magnctiseurs nla manie de vou- loir convaincre, en promenant parlout leurs miracles. « A la vcrite, une commission offrirait peu de chances de succes, si elle agissait en masse; mais, si on la composair de dix ou douze membres charges d'observer. rhacun de son cote, pendant un terns, avant de faire son rapport, cemode pourrait amencr des resultats satisfaisans. Une recherche philoso[>liique n'ex|)ose jamais qu'a la risee des ignorans. Le premier qui .n parte des aerolithes, il y a environ 4o ans, a excite le rire dans lontes les classes de la societe. Cepondant les analyses de Lavoisier , et les recherches de I'illuslre Laplace ont bientot change I'opinion. Sans dotite, le magnetisme pcut occasionner des abus; mais le remede le plus salulaire, ctant mat adminisire, pent aussi devenir pernicieux, et les corps savans dont I'ojjinion fait autorite dans la societe auraient des reproches a se faire, s'ils refusaient d'examiner les procedes du magnetisme, afin d'en ecarter les dangers. Tousles jours, un medecin pcnelreplus avant dans les secrets des malades et les approche de plus pres que ne le font les magnctiseurs, sans <\ue Ton en eiit conclu la r.ecessite de proscrire la mi'decine. Presrjue iiiconnii dans la 84a FRANCE. classe ignorante , le magmHisme n'est soutenu que par les ouvrages et par la pratique de medecins , de naturalistes , de savans dont phisieurs soiit trcs-recommandables; il compte assez d'aniis sur tous les points de I'Europc , et meme en Anjiiriqiic ct en Asie , pour qu'il soil diflicile de supposer que des homines si differens eniro eiix a d'autrcs egards, s'entendciU afin de iromper le genre linmain. Si meme tous les jiersonnages attaclins an magneiisme avaient le cervean exaild , il faudrait du moins supposer a cette nouvelle secte un genre d'illuminisnie, curieux a examiner. Mais ces prelen- tendns scctaires ou ces imy)osteiirs ne cachenl point leurs iiiys- tercs ou leurs artifices ; ils disenl a chaciin : « nous n'avons point de secret; faites commc nons, et vous obliendrez los menies effets. » Ils sont convaincus, ]iarce que, en pratiquant, ils ont vu , tandis que, parmi leurs adversaires, on en trouve bien pen qui aient vcdu voir, et qui aient essavti ics expe- riences de la nianiere convenable. Si (pielque magnetiseur , nouveliement converti, a parlc avecenthousiasnie des effets sur- prenans (pi'il a prodnits, ceux (|ui ont beaucoup pratiques sont plus froids; ils n'apercoivent point de miracles, niaisseulement de nouveanx phenoinenes dignes d'examen : so'is ce ])oint de vue, la plupart des experiences de physique paraitraient aussi merveilleuses. Quanta une certaine foi, elle est demandee, non pas cnmme indispensable, surtout dans la personoe ma- gnetisee , ma-is comme ayant de I'influence sur la volonte, parce qu'il est bien different d'agir avec la conviction d'un succes Immediat , ou sans cette conviction. D'aI. Latour-AUard con- tieiit tout ce qui est deja connu, ce qui peut servir a constater rautlienticite du lesle, et :inv* foule d'autres objels, lels que, Tine slarne de prelresse aztique, des instrumens de musicjue et de sacrifices , des serpens scnlptes, en granit (on voit sortir de la gueule de I'un de ces .iniinaux, une lete de femme); unc tete de leort en pierre volcanique dite tezoncle; une statue en pierre verte , ligneuse, brillante et sonorc. On sait que I'abbe Chappe rapporte dans son voyage a la Californie une lettre d'un genlillioinine mextcain , adressee a I'Academie des sciences de Paris, dans laquelle ce gcnlilliomme parie d'une pierre cloche. Cette statue est-elle de celte nature, et cette pierre a-t-elle qtielqiie analogic avec le marbre sonore de !a Chine? C'est ce que je laisse a decider aux savans. Sans doute les formes de ces statues, statuettes, serpens, chapiteaux et autres objets , sont loin d'etre agreabies : niais on a bien donnel'entree duLouvre aux antiquites egypfiennes. Les antiqulles niexicaines appariiennent a nn jieuple moiiis avance dans la civilisation; mais enfin c'est i'histoire de I'art cliez nn peuple dont nous soniines loin de connaitre I'origine d'one maniere certaine. Les rapprochemens que Ton peut faire enlre plusieurs de ces monumens et ceux de I'Egypte et de rinds, pourront servir un jour, a decouvrir quelle rela- tion il a pu exisler entre ces dlverses parties du monde, ei il est dij^ne du gonvernen^ent frnncais d'en fournir les moyens aux savans qui s'occupent de ces recherches. Je fixe encore rattenfiou' des cnrienx sur un volume compose de 12 feuiUes de grand papier Magiiay, revetues 3'anciennes peinturci niexicaines symboliques, ou I'on trouve des figures humaine* en action, des animaux , des fleuves, etc. C'est evi- demment, un monument liistorlque donl le sav.'mt Boturini , mentionne si souvent par M. de Humboldt, a donne une expli- cation par des notes ecrifes sur le mannscrit ni^me, en langue aztique. II exisle a I'Universite de Mexico une statue extremement remarquable, et une pierre circulaire anciennemen? consacrce PARIS. 85» aux sacrifices. Celte pierie est eiitiereinenl revetue de scul[*- tures. Leon de Gama a public Texplication el la descripiion de la statue, a Mfexico, en 1792, et c'est un Hes njonnniens que M. de Humboldt ait fait, le premier, connaitre en Eu- rope. Ce dernier savant a egalentent donne deux des gro7ij> — Diorama. — Fue du -village cVTJnterseen , par M. Da- GUERRE. — Je conseillc a tons ccux ([ui ne tonnaissent pas'Ja Suisse d'aller voir ce tableau ; je puis leur assurer qu'il ieur en donnera une idee fideie. J'ai cru que j'avais quitie Paris et que je me retrouvaisau milieu de ces inontagsies couvertes de neig«* eternelles oil la lumiere se joue de milie mani«res differenl'es. Ce sort bien 'la ces uiaisons dc bois couvcrtes de g'lands toils, dont le caraclere se marie si bien avec les 'lieux qui les envi- ronnent. IVI. Daguerre a clioisi le moroenl du janr qnc Virgilc a decrit, d'nne inaniere a la fois si pitloresque et si jmeliffive , dans ce vers : Majoresqiie cadtiHt nhis de mo/itibns tunb/v. L'ajr ciicule partout, rillusion est paifaile; et , pour ccTlefois, je n'ai que iles I'-'loges a -doiin^r. P- -'^■ Necuoloo !i . — Yi'csMnric- Gubtii-l-Pirire Lecnul, Iuhvom de Sai^t - llAori-iv , colore - an^iral, officii': de ii: Lt^ri'^n 85 a FRANCE. d'honneur et chevalier de Saint-Louis, iie en 1766, d'une famille dislinguce de la Bretagne , niort a Calais , le 5 sep- teiiibre 1826, au moment oil il se rcndait en Angleicrrt' , d'aprcs I'invitalion d'une societe de ca[)italistes, pour nietlre a execution son grand et utile projet de Telegraphic unirer- selle de terre et de mer, de jour et de riuit, ( Voy. Rev. Enc., t. IX, pag. 214 , et t. xxviii , pag. 942. ) M. do Saint-Haouen , apres avoir fait de tres-bonnes etudes dans le college de Quiniper, entra, fort jeune encore , au ser- vice de la marine pour lequel il avait une vocation prononcee. II debuta par plusieurs cainpagnes dans les deux Ameriques et dans les mers de I'lnde , et fut nomme enseigne de vais- seau. Sa bonne conduite et ses talens le firent parvenir do grade en grade jusqu'a celui de chef de division des armees uavales : il n'obtint cependant ce grade qu'en 1796, apres avoir ele prive de la liberte dans les jours les plus orageux de la revolution. L'epoque du 9 thermidor le fit sortir de la prison de I'Abbaye , ou il etait renferme. Ce fut dans I'an viii [ 1800), qu'ctant chef d'etat-major de I'amiral Latouche-Treville, il fit les premiers essais d'un nou- veau systemc de signaux dont il s'occupait deja depuis loug- tems. Le succes couronna ses travaux , que les missions impor- tantes qu'il eut a remplir alors, le force-rent d'interronipre : mais il eut la satisfaction d'obtenir I'approbatlon d'uue com- mission de I'institut, chargee d'examiner son invention, etqui en fit un rapport trcs-avantageiix. Son zele et son activite bien connus le firenl nomnier chef militaire au port de Boulogne, lors de la grande expedition qui fut projetee contre I'Angleterre. Entre autres souvenirs des services importans qu'il rondit dans ce nouveau poste , nous citerons I'ordre du jour de la flotille , en date du 7 vendemiaire an xii , ou Ton fait une mention tres-honorable de la manoeuvre brillante et bardie par laquelle il sut reunir les divisions de Dunkerque et de Calais a I'armce navale combinee dans le port de Boulogne. Apres un combat opiniatre , il forca a la retraite les Anglais qui lui etaient fort superieurs en nombre et en force. L'annee suivante , il trouva I'occaslon de signaler de nouveau son intrepidite, lorsque les Anglais dirigerent contre la flotille des briilots incendiaires. Son attaque impclueuse les forca a se retirer , ct leur fit eprouver de graodes pertes. Un long sejour a Boulogne lui permit de s'occuper de son invention t(51egraphique qu'il perfeclionna par de nouveaux essais. Deux ans avant la rentrce du Hoi en France , on lui confia PAULS. 853 par interim le poste gra])liique dfs plus vastes ; niais niio nialadit', rapi(5e dniis.ses jjrogrcs, rerilt'\a iiri'matiirement :i une faniille nombreuse et a des an)is doiU il ('lait tendiement cheii. Le lelc'^raphf dont M. de Saiin-Haoiion a etti rinventenr , est le premier dont on se solt scrvi la nuit. L'usai;e en est si econo- niifjue, que cliacun de ses faiiaiix, dont la luniicre, selon sa dis- tribution, egalc colle de i5 a 120 bougies, ne consume qiie pour 5 centimes d'huile par lieiir<-. Le langage en est anssi sim- ple qi!o la com])osition. Sur les tules il aui'ait I'avantage de faire connaitre pendant la nuit aux lavigateurs ic point prc^cis ou ils 56 Irouvent : cbaque poste tclegi aphique aui ail nn numero par- licuUcr, vu de jour < t de miit, et qui poumul elre iiu)i(|U(i sur Ic'S Carles ui.irines. Y. — CHEVARn,mort a Chartros leg mai i826,arage de78ans. — D'abord notaire, 31. Chevard (iut a la confiancequ'ilinsjura d'etre nomtne deux fois maire de Chartres; en quittant le no- taiiat, il devint conseiller de jjrefecture, puis inspecteur des ])risons et mcmbrede la Socie^te d' agriculture. La statislique du ddpartemenl d'Eure-et-Loir, Tindustrie agricole dela Beauce, 1 archenlogie, les monumens celtiques devinrent tour a lour les objels de ses recherches. Comme M. Bcl/ier-Ducftesnay , notre com]>atriote, il dirigea ses etudes sur I'liistoire dn pays chartrain.Riche du travail de Souchet , M. Clievard pubiia en I'aii X son Histoire de Chartres et de I'ancien pays chtirlrain (2 vol. in-8°), ouvrage plein d'inlerct, oil la critique ponrrait trouver a dire sur la chronologic suivie f)ar I'aufeur , partie sur laquelic les savans sont loin d'etre d'accord. De])uis on a remarquc, dans differens annuaires du drparlement et drrnie- remcnt dans le n° 4 du Cours d'agriculinre de M. Forestter, des disseriations dues aux veilles de M. Chevjird. Cet esceller.l ci- toyen a bien fourni sa carriire : son desir fut d'etre ulile, el la reconnaissance de ses concitoycns rccompensa ses gencreux efforls. DoCBLET de Boisthibault. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANSLE QUATRE-VINGT-TREIZIE\IE CAHIER. SEPTEMBRE 1826. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Notice sur rapplicatiou des aerostcats. Fenr- 5jj ■>.. Rapport sur I'enseignement iiidustriel. Ch. Dupin. 5g4 3. Nouveaux principes d'economie politique. J.-C.-L. de Sismondi. 608 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Diagrammes chimiques, par M. Decremps. F. 629 5. Pieces relatives a la codification , par Jereruie Beatham , ( Guvrage anglais ). Saint-Amand. 626 6. Memoires inedits de M^^e de Genlis ; deuxlenie et dernier article. V. L. 643 7. Chefs-d'oeuvre des theatres etrangers; deuxifeme article. Leon Thicsse. 6^7 8. Chansons de P.- J. de Beranger ; deuxieme et dernier article. Bcrvillc. 66g III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de i49 outrages , francais et etrangers. Ameriqtje septentrionale. — Etats-Uiiis , 3 , dont 2 ouv. per. 676 — Canada , 2 , dont r ouvr.Tge periodique 679 Europe. — Gran de-Bretagne , 12 , dout 8 ouvrages periodiques. 681 — Russie, 3 fi83 — Pologne , 19 ouvrages periodiques publics a Varsovie. . . . 695 — Norvesc, 1. — Danemark ,3 702 — AUemagne, 7 706 — Suisse, 2 716 — Italie, 10, dont I ouvrage periodique "^16 — Pajs-Bas, 6, dont 2 oavrages periodiques 72$ France, 81, savoir : Sciences physiques et natureUes , 20 727 — Sciences religieuses , morales , liistorlques et policiqnes , 22. . . 742 — Lilterature, 20 7(14 — Deaux- Arts , 6 782 — Uleinoires et Rapports de societes savantes, 1 789 — Ouvrages periodiques ,4 79" — Livres enla'igues etrnngeres , imprimes en Prance, i 796 856 TABLE DKS ARTICLES IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERA.IRES. AmeriQUE SEPTENTRIONALE. — Elats-Uiiis. Ncw- Harmony : So- ciete coopt'Tative. PhilacMphic : Recherches pliilologiques. — C(t««(/rt : Extrait cl'iine leiire sur la situation cle ce pays. . . . 8oi Antilles. — Irruption de la fic'-vrejaune 8o4 Amebique bier iuion ale. — Diienos-Ayres :\n%XT\\c\.\on publique; Monument national 8o5 Austral vsiE. — Nouvclle-Galles mcridionale : Progres de la civi- lisation 806 AsiE. ^ Az/naf/n ; Ciocodile npprivoiso 807 Afbique. — Voyages scieutiiiques 868 EUROPE. Iles Br.iTANKiQuiis. — - Lo?idres : Ucoles primaires. Societe des ecoles: Appel fait au public en faveur des Grecs. Etablisse- ment d'un musee national 809 RussiE. — Academie de Saint-Petersbourg. — Dorpat : Encoura- gemens accordes aux sciences 8ii Norvege. — Chiistiania : Phenomene vegetal. — Christiansand : Societe biblique. — Necrologie : Arentz 8ia Allemagke. — Dresde : Societe pour la propagation des sciences naturelles ; nomination academique. — Fienne : TlieAtres. — A'cr/in ; Theatres Ibid. Suisse. — Ge«ei'e ; Societe cantonale de physique et d'liistoire naturelle. — y^rwH ; Eiiseignement industriel 8r4 Italie. — Naples : Mouvement de la population dans le royaume de Naples, en 1824. — l\lilan : Academie des beaux-arts ; ex- position des ouvrages couronnes au concours de 1826. — T'Hri/i ; Necrclogie : Testa 8i6 TuRQiriE. — Mathcmatiques : Pretendue solution du probleme de la Irisection de Tangle 820 Pays-Bas. — Driixelles : Academie royale des sciences et belles- Ifttrcs; prix proposes pour 1827 et 1S28 ■ • • 821 France. — Martignac : Canaux de la Correze et de la Vezcrc. — Charentoii : Forges et Fonderies. — Rennes : Statistique morale du pays. Socictes savantes et etablissemens d'utilite publique : Chalons (JMarne) : Prix proposes par la Societe d'agriculture , commerce, sciences et arts. j1/«rj 278, 539. Aerostats (Notice sur I'appli- cation des) a divers ohjets re- latifs aux sciences et anx ser- vices publics , M. , 577. — (Sur les) militaires , 579. — (Memoircs sur les), par Meu- nier, 588. Affranchissenient et colonisation des esclaves dans I'etat de New- York, 235. Afrique , a37, 45a. 527, 808. Agiotage (L') , ou le metier a la mode , comedie en prose , par Picard et Erapis , 269, 777. Agriculture, 726, 727, 790. Voy. aiissi EcoNOMiE rurale. Air atmospherique (Dissertation sur 1') , etc. , par J. R. L. de Kirckhoff, traduite en hol- landais , par Swaan et Jor- ritsma , i52. Alais, ou la Vierge de Tenedos , par M""" Adele Damiuois , 2i4- Albert (D.),C. — N., 241 ,534. Albert-Montemont , C. — B. 444- Albert! de Villanova. Voj. Dic- tionnaire univcrsel. Algebre , 442. 735. Alhoy. yoy: Promenades poeti- ques. Alibert. Precis historique sur les eaux minerales , etc. , i5. Allemagne, i36, a44» 4" » 541 t 706 , 812. Almanak ten Diensten der Zeelieden , i53. Amerique , aaS. CENTRALE , i36 , 522. — MERIDIOKALE, 236, 5a4, 8o5. SEPTENTRIONAEK, IO9, a35 , 394 , Sal , (177, 801. Amic (Auguste), C. — B. , 773. Amours (Les) des Dieux , recueil lithographic d'apr^s les dessins de Girodct , 785. Amussat. L'Academie des sciences de Paris lui decerne un prIx , 259. Amusemens ( Les ) de la cam- pagne , par A. Paulin Desor- meaux, 447- Analyses (IL) , d'ouvrages an- glais : Pieces relatives a la co- dification , etc. , par Jeromie Benlham {Saint-Ainand) , 626. — d'ouviages/raHca/5 ; Essai sur les crj'ptogames des ecorces exotiques officinales, par A. L. F^e {liory de Saim-Vincent), 47. — Geometric et mecanique des arts et metiers et des beaux- arts , par Charles Dupin {Ferry), 52. — Theorie du Beau et du Sublime , etc. , par Massias {A. Gamier), 65. — Traite de legislation , par Charles Comte (£. C. F.), 73. — Histoire des expeditions des Normands , et de leur etablissement en France au dixi^me siecle , par G. B. Depping (/. C. L. de Sismondi), 91. — OEuvres completes de J. J. Rousseau , en un seul volume [M. A. JuUien) , 102. — Theorie du navire , par de Po- terat {Perry) , 320. — Fragmens philosophiqiies , par Victor Cousin (*) , 327. — j^xlucation domestique , par M"' Guizot {P. B.) , 335. — Histoire de Sardaigne, par Mimaut ; voyage en Sardaigne , par Albert de la Marmora {Amaury Duval) , 346. — Memoires inedits de M'""' de Genlis {V. L.), 363, 642. — Chefs - d'oeuvre des theatres etrangers (icon Thiesse) , Syg , 557. — Diagrammes chimi- ques , par Decremps (F.) , 619. DKS MATliRES — Chansons de P. J. de Be- ranger {BerviUe), 66i). Aaatomie, i65. Ancelot. roj: Pharamond. Andral (G.) , fils. Foy. Clinique raedicale. Audreossy (lieutenant - general). Memoire sur les depressions de la surface du globe , etc. , 164. — De la direction generale des subsistances militaires sous le ministdre du due de Bellune , — Memoire sur ce qui concerne les marches Oavrard, 748. ^ngeloni { L. ). Delia forza nelle cose polidche, 116. Angleterhe. Voj. Granpe-Bre- TAGKE. Annales acadetnice Rheno-Trajec- tin-. Souvenirs. Bignan (A.) , C— N. , 286. BlOGIlAPHIE , 118 , 201, 202 , 2o3, /m, 43i, 492, 7o5, 709,717, 757, 762. — imiverselle et portative des contemporains , en un seul volume , 200 , 4^u. — uuiverselle , classique. ^oj. Dictionnaire historique. Blangini. yoy. Projet de pifece. Blume (D. M.). I'ragmens pour la composition de la Flore de rinde ueerlandaise , ii3. Boieldieu. /^oj. Phararaond. — ^oj: Dame Blanche. Bollinger. For. No-"\iinations aca- DEMIQUES. Bonard. Foy. Forets de la France. Boniface (Alex.). Foy. Langue anglaise. Bonne ville (La), ou le maire et le jesuite , par Isidore Lebrun , 2l3. Bonstelten (Cli. Victor de). La Scandinavie et les Alpes, i4fi. Borelli (Hippolyte). Analyses des fondeniens de la niatiere mcdi- cale , etc. , 422. Bory-de-Saiiit-Vincent , C. — A. , 47. — B. , 207, 435. — Foj. Dictionnaire classique d'histoire naturelle. — De la matiere, i58. Basse (F. A.). Geographice anti- ques compendium , 429. BoTANiQUE, 47, ii3, 148, l63, 399, 435,548,812. 861 — (Resume complet de), par J. P. Lamouroux , 433. Botaniste (Le) italien , ou Discus- sions sur la Flore italienne , de Joseph Moretti , 148. Bouillet (J. B.). For. Montagne de la Boulade. Bouillet , C. — B. , 442 ,517. Bourgeois (Le) de Reims , opera- comique , musique , par Fetis, 275. Bouton , peintre. Le Cloitre de S.-Wandrille, tableau du Dio- rama de Paris , 280. Borne Water {The) , by the O'Hara fainilj; 122. Breaute (Nell de). Relation du voyage du capitaine Guedon a la baie de Baffin , 45o. Bredin. Fay. Nominatioks aca- UEMIQUES. Bres. Foj. Tableau historique. — Foj. Souvenirs. Brescia. Foy. Discours. Bkesil, 236 , 525. Briccolani {A.). I. Lusiadi, etc. , 5ig. Briffaut. Foy. Nomijtatioks aca. demiques. Brighenti,{M.). Illtistrazione deW Arco d' Augusta in Rimini , i52. Brochures in-32 , 780. Brofferio {A.). La Caduta di Mis- solongi, 799. — Un Sogno della -vita ed il La- mento di Dante, i5o. Brotonne (F. de). P'oy, Histoire universelle. Budget (Le) d'un sous-lieutenant en reforme , par A. Roy, 5o4. Buenos-Ayres , 8o5. Bulletin BiBLtOGRAPBtQCE (III) : AUemagne, i36, 4^* » 709- — Canada , 679. — Dane- mark , i35 , 4'o, 702. — Etats - Unis , 109 , 394 , 676. — France , 157, 432 , 727. — Grande-Bretagne , ii4» 399, 681. — Indes orientales , ii3. 86a TABLE ANALYTIQUE Italic, 147, 432. 716. — Mexi- que, 399. ■ — Norvege , 409, 702. Pays-Bas, iSa, 429, 725. — Pologne, Cnj5. — Russia , i3 i , 4o5, 693. — Suisse , 146, 418, 7x5. Burns. J-'oy. Morceaux clioisis. Biisching. Grabmal des Herzogs Heinrich des f'ierlen , ^ly . Buttura. For. Grecia. Cailliaud (Fred.), ^o/. Voyage a Meroe. Canada, 679. — Extrait d'une lettre sur la si- tuation de ce pays, 8o3. Canai. de construction romaine , decouvert a Besancon, 55o. Canard (N. F.). Memoires sur les causes qui produisentla stagna- tion et le dccroissement du commerce en France, 465- Canaux de la Correze, et de la Vezere , SaS. Cantate sur la destruction de Missolonghi , par Ph. L. i54. Cap de Bonne-Esperance , 237. Gapitaine Belronde(le), opera-co- mique, par Picard, musique par Cremont , 274. Cappefigue, de Marseille. L'Aca- detnie des inscriptions et belles- lettres de Paris , lui decerne une mcdaille d'or, 558. Caraffa. Voj. Belle au bois dor- mant. Carove. Ueher die alleinseligitta- ckende Khc/ie , r38. Carrer (£.). // Clotaldo,poema, 719. Carte d'Afrique, projetee et des- sinee par Henri Bergbaus, i36. — generale de la Grice , 739. Catalogue de la bibliotheque teylerienne , a Harlem, i55. — de manuscrits orientaux , qui existent , mais que Ton n'a pas encore pu decouvrir , 246. — des antiquiios d^couvertes en Egypte , par Josejib Passa- lacqua , ^88. Catecismas de cienciasy arles , 1 1 4> Cathedrales francaises, dessinees et lithograpliiees par Cbapuy, avec un texte bistorique, par Jolimont , et publiees par En- gelmann ,219. Catruffo. y. Voyage de cour. Cazaux (P. L.'F.'^G. de). Voy. Economie politique. Caze (A.). Voy. Lois d'inter^t. Caze (De). Voy, Compagnie. Censure (Procedes de la ) en Espagne , 252. Cent epigrammes d'Antoine Perli , 428. Ceylan , 5 , 238 , 534. Chalas (Prosper). Voj. Histoire des conspirations des jesuites^ Champignons (Guide de I'ama- teur de), etc., par F. S. Cor- dier, 435. Chamrobert (P. de). La Venue du Messie, etc., par Juan Jo- sapliat Ben Ezra , 79(1. Chansons nnptiales des Serviens, traduites en vers allemands , par Eugene Wessely, 712. — serviennes , en partie re- ciieillies , en partie traduites en alleraand , par S. M***, 71a. — de P. J. de Beranger, A. , 669. Chant ,221. Chant a Bolivar sur la bataille de Junin , par J. J. Olmedo , 4oo. Chapuy. Foy. Palladio. — Vof. Cathedrales francaises. Chapuys-lMonslaville (L. A. de). • Lettres sur la Suisse, etc., 775. Chasse (Secrets de la) aux oiseaux, par G... , 738. Chateaubriand (V. de). OEuvres completes , 499 > 774- Chatillon Modcles lithographies, 566. nES MA Chefs-d'ceuvre des theatres etran- gers , A. , 379 , 657. Chevard. Voy. Neckologie. Childe Harold , aux ruines de Rome , imitation dii poeme de lord Byron , par Aristide Tar- ry, 211. Chimie , 619. — (Theorie de la) , par Over- duin , 725. Chine ( La ). Mceurs , usages , costumes , etc. , recueil de li- thographies , public par D. B**'de RIalpiere, Sog , 787. Chirurgie , 25g. yoy. aussi SciEMCES MEDICALES. Chlore. Voy. Labarraque. Chkomologie , 175, 757. Ciceron(La Republique de). Nou- velle edition de G. H. Moser, a-vec des notes , par Creutzer, 144. Cimarosa. ^oy. Comedie. Civiale. L'Academie des Sciences de Paris lui decerne un pri.t; , 259. Claprerton (Le capitaine).Voy age a I'intej-ieur de I'Afrique ,527. Classiques grecs. Collection com- plete publiee en Italic, par Joseph Pomba, 260. — francais. Edition de Debure , 494,^ 770. — de I'histoire , 749. — latins , 770. Clinique medicale de I'Hotel- Dieu de Rouen , par Hellis , 170. , ou Choix d'observations recueillies a la clinique de M. Lerminier, et publiees par G. Andral fils, 438. — de la maladie .sypliilitique , par N. Devergie, 439. Cloet. Handboek voor Staatsmannen, etc. , 1 54. Clotalde. Foy. Carrer. Cobbett (William). Voy. Histoire de la reforme protestanie. TiiKES. 853 Cochenille. On cherche a I'accli- mater en Espagne , 25 1: Codes des peines , etc. , par Charles - Salomon Zacharije , 4ia. Codification (Pieces relatives a la) , et a I'instruclion publique, etc. , par Jeremie Bentham A. , 626. Cohen (Jean). Voj. Tableau de la Grece. Colique metalllque (Traite pra- tique sur la) , par B. Pallas , 73i._ Collection complete des lois decrets , ordonnances, etc. de 1788 a 1824 , par J. b! Duverger, 461. — des auteurs classiques latins , avec la traduction francaise , publiee par A. Pommier, '770. — des classiques latins, a I'usage des classes elementaires , etc., par Leroy et Prieur, 798. CoLOMBiE, 524. Comedie (La) a la Campagne , opera , musique de Cimarosa , 277. Commerce, 43o, 465,466,5x7, 522, 523 , 735. — ( Du ) de rOrient , avec la Russie et la Scandinavie au moyen age , par Jean Lassen- Rasmussen, i36. — (Le) exterieur de I'empire de Russie , etc., 693. — de la France en 1824. Foj. Tableau statistique. Commission ( Formation d'une ) de statistique pour les Pays- Bas, 548. Compagnie de Colon'.sation ge- nerate de la Guyane francaise, etc. , par de Caze , 745. Comte (Charles). Traite de legis- lation, etc. , A. , 73. — C— B. , 464. Concert execute a Amsterdam , au profit des Grecs , 253. 864 TABLJJ AN Conseil dc falubrite de Nantes. Voy. Rnpport gencial. Considerations sur les causes de la grandeur et de la decadence de la monarchic espagnole, par Senipere, 731. Conspiration de Russia. Rapport de la commission d'enquete de Saint - Pttersbourg a I'empe- reur Nicolas 1'^"', 768. Consultation ;idressee a la cour royale, pour M. le comte de Montlosier, 47(1. — ni jesuitique , ni gallicane , ui feodale , en reponse a la Con- sultation de M*^ Dupin , 74^. CoMTEs de la famille O'Hara , 132. — de fees irlandais , traduits en allemand, par les fr^res Grimm, — de Xavier Scrofani, i5r. Cordier(F.S.) Voy. Champignons. Cortambert (E.). Voy. Geographic universelle. Cotelle. Traite des interdts, 461. Courtin. Voy, Encyclopedic mo- derne. Cousin (Victor). Voy. Fragmens philosophiques. Coutelle , C.-M. , 587. Cremont. Voy. Capitaine Bel- ronde. Creutzer. Voy. CiceroD. Crillon. Voy. Vie. Crivelli , avocat , C. — B. , i85 , 459. — (Louis) , C— B. , 5o3. Crociato {11) in Egitto , opera , per Meyer-Ben; 274. Crocodile apprivois^, 807. CroiseesimpenetrablesaTeauplu' viale. Voy. Saint-Amand. Crusolle-Lami , C— B. , 181. Cryptoganies (Essai sur les) des 6corces exotiques officinales , par A. L. A. Fee , A. , 47- — Voy. Planles. CuLTE. Voy. Theoiogie. Curtius (P.). Voy. Villanueva. ALYTIQUt D Daguerre, peintie. Vue du village d'Unterseen , tableau du Dio- rama de Paris, 85i. Daligny. Voy. Legislation penale. Dame (La) Blanche, opcra-co- mique , par Scribe , musique par Boieldieu , 276. — (La) du Lac, opera-comique , par d'Epagny, musique par Rossini , 278. Daminois ( M^e Adele ). Voy. Alais. Danemark, i35 , 410, 484, 702. Dante revendicato , 427. — Voy. Brofferio. Dassy. Lithographic d'aprfes un dessin de Girodet , 282. D'Aubuisson de Voisins. Conside- rations sur I'autorite royale et sur radministration locale , 182. David , peintre. Voy. Laugier. David, sculpteur. To;-. Nomika- TIONS ACADKMIQUES. Dcbats qui out eu lieu dans la chambie des comnuines , au sujet de I'exportation de deux hahitans de la Jamaiqiie , 681. Deby, C— B. , 723. Decuuvertes , 444- Decremps. Voy. Diagrammes chi- niiques. Degeorge (P.), C— B. , ri6 . i3i , et les articles signes F. D. Dejuinne , peinlre. Tableau re- prepentant un interieur d'ap- partement , 565. — Modcles lithographies , 566. Delaije (J. A.), ^oy. Grece. Delavigne (Germain). Foj-. Macon. Deleau. L'Academie des sciences de Paris lui decerne un prix , 260. Delle Chiaje (E.). Memorie sulla storia e notomia degli animali scnza vertebre , 147. Denouciation aux couis royalcs , relativement au sjsteine reli- gieux et politique, signale dans le memoire a consulter, par le comte de Montlosier, 4'>S. Denzinger (J.). Prima elsmenta logices , 429. Depping ( G. B. ). Histoire des expeditions maritimes des Nor- mands , A. , 91. Depressions de la surface du globe, f'oy. Andreossy. Desmazieres (J. B. H. J.) f^'oy. Plaiites cryptoganies. Desmoulins (A.). Histoire nata- relle des races humaiiies du nord-est de I'Europe, de I'Asie boreale et orientale , et de I'Afrique australe , etc. , 160. Desormeaux (A. Paulin ). Fq>-. Amusemens. — • Voj. P^che. Dessin , 173 , 566 , 819. — LiNEAiRE , introduit dans I'A- cadcniie et les ccoles d'eii- seigneinent mutuel de Tournay, 548. Determinisme (Le) , ou Hume op- pose a Kant , par F. G. Hovitz , 410. Devergie (N.). Voj. Clinique. Deveze-de-Chabiiol. yoy. Mon- tagne de la Boulade. Devisnie (J. F. L.). yoj-. Manuel historique. Devoirs (Des) du mt^decin , par le docteur Basevi , 4^3. Dewez Abrege de I'Histoire du duche de Brabant, etc., 725. Diagnostic ( Traite elenientaire de) , de prouostic , d'indica- tions therapeutiques, etc., par Rostan, 166. Diagrammes cbimiques , ou Re- cueil de 36o figures qui eipli- quent les experiences par Fin- dication des agens et des pro- duits , etc. , par Decremps , A. , 619. T. XXXI. DES MATIERES. 865 Dialogues du Tasse , traduits par J. V. Peries , 774. Diamant (Le) du roi des esprits, opera allemand , musique de Ghcser. 81 3. DiCTioNNiiRE universel de la langue italienne, dc I'abbc Alberti de Villauova, 426. — espagnol, par D. G. Trapany, 797- — universel des synonymes de la langue francaise , par Boin- villiers , 766. — geographique universel , par une Societe de eeographes , 738. — historique des bomnies cele- bres de toutes les nations , morts et vivans , en un seul volume, 200 , 482. — liistoriqiie , ou Biographic universelle classique , par le general Beauvais , en un seul volume, 761. — historique et descriplif des monumens de Paris, pai B. de Roquefort , 768. — classique d'histoire naturelle, etc. , dirige par ISory de Saint- Vincent, 157. — des sciences , des lettres et des arts, par Conrtin , 207. — des finances, par don Jose Canga Arguelles , 683. — feodal , 192. DioKAMA de Paris , 280, 8ji. DiPLOMATiE, 43 1. DiscorsopreliminareuW architettttia di fitruvio , etc. , 720. Discours prononce a I'ouverture de I'Athenpe de New-York, par H. Wheaton, 394- — prononce a I'Universite de Lcyde , par H. G. Tydeman , 43o. — prononce a la deuxieme seance du conseil de perfectioniiement de I'ecole speciale de com- merce, par J. Lautte , 466. — pour les obseques anniver- 56 S66 TAHI.K ANALYTIQUK saires des bienfaiteurs de la maison de lefuge a Padoue , par Joseph Barbieri , 716. — sur rhistoiie de Brescia , par Joseph Nicolini, 148. Dmitricf Jpologui , 1 3 3 . Documeiis relatifs a I'etat present de la Grece ,229. Doin(G. T.), C— M., 1 5. Don Alonzo , Histoire contem- porainc , par Srdvaiidy; tra- duction allemande , 4''i- Don Sanche , opera-feeiie , par le jeune Litz , 274. Don tier Cut till s van Tienhoven. Voj'. OpinionF. Doublet de Boisthibault , C. — N., 854- Doyle (G.). ^''o/. 'Villanueva. Droit , 626. foy. aitssi Jubis- PRUDEKCE. I'UBLIC , 190. — • (Le) de succession , considere dans son developpement chez tous les peuples, par E. Gans, 1 40. Droz (Joseph), foj. Etudes. Ducloz (M°"^). f^oy. Epoux. Duel de deux Soulioies , 25 1. — (Le) , ou Dix ans de trop , comcdie en prose , par Leon Halevy, 843. Dufey (P. J. S.). roy. L'Hospital. Duges'Ant.). I'oj. Manuel d'obs- tetrique. Dnlaure. Vx>r. Atlas. Dumersan , C. — B. , 221. Duj)in , avocat. Voy. Cousulta- tif)n. Dupin (B. Charles), foy. Geo- metrie. — Voy. Rapport general. Dureau de la Malle , de I'lnstitut, C.— B. , 453. Duval (Aniaury) de I'lnstitut, C.— A. , 34fi. — B., 476. Duverger(J. B.). Voy. Collection complete des lois. E Eckhard. Foy. Question d'etat. Eckstein (B. d'). Voy. Lettre. EcoLE d'enseignemcnt mutuel nouvellemeut fondee au Bre- sil , 23(i. — normale de Londres, 809. — pour les sourds-rauets a Yver- dun , 246- — industrielle , nouvellement fondee a Aran , 8i5. — d'aits et metiers , ditc de La BJartiniire , etablie i Lvon , 222. — de geometric et de mccanique, nouvellement fondee a Lian- court , departemeiit de I'Oise, 55i. — speciale de commerce et d'in- dustrie, fondee a Paris, 4^''- — - ( L') des Veuves, drame en vers, par Gustave Fabien Pil- let, 846. IicoLEs prima ires de Londres , ., 809- Ecoles savantes (Sur les) , sur- tout par rapport a la Baviere , par Frederic Thiersch , 709. EcOKOMIEDOMESTIQUE, I72, 447> 737. POLITIQUE , I 5 , I 54 , 1 87, 465, 796. — (Bases fondamentales de 1'), d'apr^s la nature des choses , par P. L. F. G. de Cazaux , 462. — (Nouveaux principes ). Jour qu'ils peuvent jeter sur la crise qn'eprouve oujourd'hui I'An- gleterre , M. , 608. — KURALE , 25l , 447> 726. EcossE, 239. Voy. anssiGtikTSOv.- Bretagnb. Edifices de Fiomc nioderne , des- sines et publics par L. Le Ta- rouilly, 5i i. Education , 235 , 23g , 746- — domestique , ou Lettres de DES MATIERES fauiille sur rcdiuation , par M'nc Guizot, A., 335. — jiublique. Ses piogres dans riiule britannique , 626. E\ux iniM5RAi.Es (Quelques ob- servations sur les), M. , i5. Eglise (De 1') qui seule pretend que liors d'elle , il n"v a point , de salut, parCarove, i38. Egypte , 287, 529. Elegien (Ztvey) iiber und nach Mis- solonghis Fall, 800. Ellis' {IV.). Narrative of a tour through Hawaii , etc, , l44. Eloge historique de M. VoutY c'e la Tour, etc. , par Honore To- rombert , 2o3. — de Godefroy de Bouillon , 43i. Eloquence, 2o3, 43o, 43i, 702, 716. — SACREE, 742. Em^ric - David , de i'lnstitut , C— B. , 787. Emerson (J.). Foj. Tableau de la Gr^ce. Empvs. For. Agiotage. Emprunt de la ropublique d'Ha'i'ti, 523, 524, 5Gr. Emprunts (Tableau des derniers'' fournis par les capitalistcs a Londres , 532. Encouragemeus accordes aux sciences par I'empereur de Russia , 8 1 2. Encyclopedic modenie , ou Die- tionualre abrege des sciences , etc., par Courtin, 207. Enfans (Les) de Maitre Pierre , opera-comique , par deKock, musique par Kreube , 275. Engelmann. roy. Cathedrales franca ises. Enseigjtement industrikl, 52, 5a4 , 548, 55i , 552 , 594 , 8i5. MUTUEI, , 236 , 524. Entomologie (U) , ou i'Histoire naturelle des insectes enseignoe en :5 lecons, par R. A. E., 4^2. Epoux (Les) nialheureux , ou le I par M" 867 Du- voyage a Moscou cloz , ai5. Erdiuann [J. /•'.). Beytriige zur Keiintniss des Jnnern Russlands , i38. Ermder^C. F.). Deutsches Lesebuch, 5 I.J. EscL,vv.\GE ( Rapport niensuel contre 1') , 681. EspAGHE , 25i , 752. — (L') jioctique , choix de poesies castillanes , par dou Juan Maria Maury, 5oo. Etablissemens indusiriels fond^s en Egypte par ordre du jiacha Mohamed-Ali , 337. Et\ts-Unis, loy, 235, 894, Sai , G76 , 801. Ete(Un) a Varese et ses environs, lettres adiessees a Erminie , 720. ETBJfOGltAPHIK , 114. Etienne (L.). C— B., 142. Ettinger (Fedor). Foy. Kotzebue. Elude du grec et du latin. Foy. Fririon. Etudes sur le beau dans les arts , par Joseph Droz, 507. Eustot/tii archiepiscopi Thessaloni^ censis commenlarii ad Homeri Odysseain , i43. Eveuemens de ma vie , comme chef des institutions d'educa- tion a Bourgdorf et Yverdun , par Pestalozzi , 709. Everett (A. H.). Nouvelles idees sur la population ; ouvrage traduit de 1' anglais , par C. J. Ferry, 187. Expedition (Nouvelle) maritime du capitaine Parry, au pole arctique , 239. Exposition des ouvrages cou- ronues par I'Academie des beaiix-arts de Milan, 817. — de tableaux a Paris , au profit des Grecs, 278 , 565. Expositions publiques de fieurs et de plantes a Harlein et a Utrecht , a5a. 8es Fahri ( E. ). Tragedie, I 5 t . Falkenskiold (De). f'oj. Se- cretaii. Faiisse.(La) Croisade, opera-co- iniqiie, 275. Foe (A. L. A.), f. Cryptognmes. Femmes c.-'lebres (Quf-lques por- traits de ) de Veii'se , par Bar- thelemy Ganiba , 717. — f'^oy. Repertoire uiiiversel. — fraricaises les plus celebres. ^•'or. Genlis ( M''»= de). Fenet(A. ). Voy. Poihier. Ferry, C. — M., 693. — A. , 52 , 39.0. — B., 209, 735. — N. , a68, — Vojr. Everett. Fetis. Voy. Bourgeois. I'i^vre jaune (Irruption de la) aux Antilles , 804. Filon. Elemeiis de rhetorique fraccaise , 767- FiNAKCEs, 528,524, 532, SGr. — (Elemens de la science des), par D. Jose Canga Arguelles, 683. — Voy. Dictionnaire. Fleurs ( Culture des ) dans les Pays-Bas, 252. Flore de 1 Inde iieerlandaise. Voy. Blume. Fontan. foy. .Actrice. Force ( De la) en politique, par Louis Aiigeloui , n6. FoRETs (Des) de la France, con- siderees dans leur rapport avec la marine militaire , par Bo- nard, 729. Forges et fonderies de Chareuton, prcs Paris, 824- Fortia ( De ). Foy, Nomina- TIOKS ACAUEMIQUES. Fossati, C. — B. , 4^3, ^ifi. Fouilles entreprises au camp de Cesar, pres de Dieppe, 55i. .i^qui ont eu lieu a Brescia , 721. Fragmens philoso])liiques , par Victor Cousin, A., 327. Fkaach , 157, a53, 43a, 477, 55o, 727, 739, 757, 823. Francois £ils, dit Alexandre. Voy. Grammaire classique. Fraiicocur, C. — B. , 17a, 44a- Fredericlisstecn ( La forteresse de), pendant le siege, en 1814. Biipport olliciel , 702. (•"reytag. f'oy. Anthologie. I'riecllander ( £. D.). Syinbolae' ad caiceiiii'i JiscipUnam , etc., 706. Fririon ( B. N.) , lieutenant-gene- ral. Essai ."iur les moyens de fa- ciliter I'etude du grec et du la- tin, 493. Froids extraordinaires a la Mar- tinique , 23fi, Gamba. Voyage dans la Russie meridionale , 789. Gamba (B.). Alcuiii riiratd di donne illuuri Tci/eziane ,717. Cans {£.). Das Erbrecht in wellges- chichtUcher Enlivic/ieliing , 140. Gardeton (Cesar). F 5i9, 77a, et les articles signes e. h. Heurteloup. L' Academic des sciences de Paris lui decerne un prix, 259. HisToiRE, 148, I94i 196, 198, 2o3, 2o4, 2o5, 206, 244) 363, 399, 473, 480,434, 488, 490, 558, 70a, 705, 749) 75a, 757, 758, 759, 763. — universelle ( Resume de 1' ) , par F. de Brotonue et A. Lau- gier, 472. — romaine (Resume de 1') depuis Romulus jusqu'a Coustantin , par A. Roche, 476- — critique du passage des Alpes par Annihal , par feu J. L. La- rauza , 481. — generale, physique et civile de I'Europe , etc. , par de Lace- pede, 750. ■ — de la reforme protestante en Aiigleterre et en Irlande , par William Cobbett, 193. — de Pierre-le-Grand, 191. — de la ville de Hanieln , par F. Sprenger, 142. — de Sardaigne, ou la Sardaigne ancienne et moderne , par Mi- maut , A., 346. — des* revolutions de la ville et du royaume de Naples, 479. — ( Abregc de 1' ) du duche de Brabant , etc., par Dewez, 725. — de France abregee , par Pi- gault-Lebrun , 477- — des expeditions maritimes des TABLE ANALYTIQUE Norniand et de leur etablis- sement en France, etc., par G. B. Dcpping, A., 91. — de Henri IV, 19a. — des conspirations des jesuites contre la maison de Bourbon en France, par Eugene deMon- giave et Prosper Chalas , 192. — ( Resume de T ) de la revolution francaise , par Leon Thiesse , 755. — des lois, 628, 678, 679. — 1.ITTERAIRE, 483. — ( Resume de 1') de la litteratui-e allemande, par A. Lofeve-Vei- mars, 768. — (Resume de 1') de la littera- ture italienne, par F. Said, 209. HATURELLK, l47, l57, l58, ifia, 432. — dc's races humaines du nord- est de I'Europe, etc., par A. Desmoulins, 160. Hom^re. Foj. Eustathe. Hospice nouvellement fonde dans le Connecticut, 235. Hovilz ( F. G. ). Determinismen , etc., 410. — Ultimatum , etc. , 4io. Hume. Voy. Determinisme. Hutton (Charles). Nouvelles ex- periences d'artillerie, etc., tra- duites de I'anglais par O. Ter- quem, 735. Huzard fils. ^0^. Robinet. HYDhOXECHNIE, 55o, 828. I He de la Camargue. ( Boucbes du Rhone. ) Assainissement et fer- tilisation de cette ile, 253. Indes ohientales , ii3, 287, 526. Industrie, i55, 287, 517, 559, 792,824. Inflammations, yoj. Gendrin. Influence (De 1') des femmes sur DES M4T1ERES. la litt^rature francaise , etc. , par M-ne de Genlis ,' 483. Institut royal de France. Voyez SOCIETES. — pour les sourds-muets des clas- ses indigentes a Manchester , 240. Institution royale des jeunes aveu- gles de Paris, 843. Instruction element aire, ii4, 236. — poptfLAiRE dans la Haute- Ecosse, 23g. — puBLiQUE, 709, 8o5. Voyez nilSsi ECO LES , enseignement et UNIVERSITES. — dans I'etat de Massacliussetts, 235. — a Buenos-Ayres , 8o5. — (L') du peuple, salutaire au prince , discours prononce en latin par H. C. Oersted, 702. — RELi&iEusE. Vo)'. Levade. Invention des bateaux a vapeur, 546. Isanibert. Vo/. Manuel du publi- ciste. Italie, 147, 2495 422, 546, 716, 816. Jacquet. De la tenue des livres en partie double , 735. Jardin botanique nouvellemenl forme a Bruxelles, 548. Jardinage, aSa, 435. Jarry de Mancy ( A. ). Voj-. Atlas historique. Jasikof. Recueil des voyages chez les Tatars , etc., i32. Jefferson. Voy. Necrologie. Jesoitisme , 192, 211, 2i3, 468, 470- — ( Le ) devoile , par I'abbe Henri Le Maire, 746. Joannis. Voj: Anlhropologie. Jolimont (J. de). V. Cathedrales francaises. 871 Jorritsnia. Voy: Air atmospheri- que. JOURNAUX et RECUEILS PEP.IODI- QUES publics en Angleterre : Re- vue sonimaire des recueils pe- riodiqucs. Jouruaux hebdoma- daires, 124, 4o2 , 688. — Jnii- i/ciferj- month!/ reporter, a Lon- dres , 68 1. — T/ie Quarterly Review, a Loudres , 684. — Ocios de Espanolcs emigrados , a Londres , 686. — Literary ga- zette , a Londres , 689. — Lite- rary-chronicle, a Londres, 6go. . — • News of literaine and fas- hion , a Londres! , 691. — Jour- iiaux francais imprimcs en An- gleterre, 692. — publics en Canada : la Biblio- theque canadienne, a Montreal^ 680. — publics aux Etats-Unis : The north-am ej-ican medical and sur- gical journal , a Philadelp'iie, lit. — The north american Re- view , a Boston , 677. — Le Propagateur, journal franqais- americaiu , a New- York , 678. — publics en France : Le Specta- teur militaire, a Paris, 224. — Revue americaine , journal mensuel , a Paris, 225. — La France cbretienne , a Paris , 227. — Docuniens relatifs a I'e- tat present de la Grece, a Pa- ris, 229. — Bibllotbeque alle- mande, a Strasbourg, 2jr. — Journ.il cliiiique, a Paris, 5i4. — L'Hermes , journal du ma- gnetisnie animal, a Paris, 5i5. — Le Phare du Havre, au Ha- vre , 517. — Bulletin des capi- talistes, des speculateurs et des rentiers, a Paris, 5i7. — La Psyche , choix de pieces en vers et en prose, a Paris , 5 18. — Bibliotheque pliysico-econo- mique, a Paris, 790. — Jour- nal de la Societe d'cmulation des Vosges, a Epinal ,791- — Le Pioducteiir, 79J. — Journal des missions evangeliques , 795. — publics en Italie : Annali uni- versali dli tecnologia , a Milan, 723. — publics dans les Pajs-Bas : An- nalcs universelles de I'indus- trie, etc., a Bruxelles, i55. — Revue bibliographique des Pajs-Bas, etc., l5(i. — Journal d'agricuiture , etc. , a Bruxel- les , 72G. — Tydschrift voor ge- neeskiindige If'etenschappen , a Amsterdam , 72(1. — publics en Pologne : Revue des journaux et des recueils perio- diqucs qui se publient a Varso- vie . 695. — publics eu Russie : Journal de la. Societe iniperiale philantro- pique de Saint - Petei sbourg , i34. Julia-FoHtenel'le , C. — B., 171. — Foy. Manuel de physique amu- sante. Jullien (M. A.), fondateur-di- reclcur de la Revue enciclopedt- qiie, C- — A., loa, et les articles signes M. A. J. — Voy. Nominations academi- QUES. Jullien, marcband de vins. Voj. Manuel du sommelier. JURISPKUDENCE , I 4o , I 84, 4o3, 470- — francaise (Essai sur I'liistoire de la), etc., par J. Sewell , 679. ^ Jury (Sur I'etablissement du ) a I'ile de Ceylan, M., 5. — Resultat de cet etablissement, 238. K Kalaidovitcb. Foy. Nominations ACADEMIQUES. Kant. toy. Delerminisme. Karamzine (Nicolas), f^oy. Ne- CllOLOGIE. TABLE ANALYTIQDE Kiesling (Th^ophile). roy. Tzet- zf-s. KircAho//(J. R. L. de). Verhatide- ling over de danipkringsliicht , l52. f^Oy. No.MINATIONS ACADAMI- QUES. — C, — B., ii4, 725, 727. Kock (De). f^oy. Enfans. Kotzebue (Aug. de). Theatre tra- duit en russe, par Fedor Eltin- ger , 695. Kreube. Foy. Enfans. Kreut/er. yoy: Pharamond. Kuenlin (F.) ^oj. Manuel mili- taire. Labarraque (A. G. ). De I'emploi des chlorures d'oxide de so- dium et de chaux , 732. Labus (Jean). Dissertation sur plusieurs monumens decou- verts a Brescia ,721. Lacepede ( C. de). For. Histoire generale. Lafitte ( J. ). Fuj. Discours. La Goy (R. de). Foj-. Medailles antiques. Laing (Major), voyageur daus I'interieur de I'Afrique, arrive a Tombouctou , 808. Lake (y. JV.). Select british Aovels, 520. Lamballe ( Princesse de). For. Memoires. Lamouroux (J. P. ) Foy. Bota- nique. Langlois, peintre. Deux tableaux representant la mart de Marc Botzaris , et la prise de Misso- longhi , b()6. Langue anglaise ( Elemens de la ) , par Sirct. Nouvelle edi- tion publiee parAlex. Boniface, 232. — espagnole. Fay. Trapany. — francaise. Foj: Grammaire classique. /-'oy. Gramma ire anal-ytique. Voy. Dictionnaireuniversel. Voy: Saint-Hilaire. Voy. Rowbotham. — hebra'ique I'oy. Gessenius. — liotliindaise , 549- — italienne. Voy. IMartelli. Voy. Diclionnaire. — des sauvages de TAmerique duNord, l\i., 3o8. — des tribus sauvages des Etats- Unis. Le gouveriiement doniie des ordres pour en recueillir des vocabulaires , 802. Lanjuinais, de I'liistitut , C.-B. i4o, 4^6, 7i5. — (P. E.), C.-E. 466. — Voy. Sumner. Lapin (Le) blanc, opera -comique, 375. Larauza ( J. L. ). Voy. Histoire critique. — Voy. Necrologie. Lassen-Rasmtissen {J.) De Orien- tis cominerciu cum RtiSiia et Scan- dinavia , medio CEvo , i36. Lasteyrie (C. de). Voy. Antom- marchi. Latour- Allard. Voy. Antiqultes mexicaines. Laugier. Leonidas aux Thermo- pyles, gravure d'apres le ta- bleau de David, 281. Laugier (A. ). f'q/. Histoire uni- verselle. Laureal. Voy. Louis XII. Lebrun (Isidore). V. Bonne Ville. Le Cerf. Voy. Gravures. Lecons de litteriiture alleraande, par C. F. Ermeler, 619. — de litterature chretienne , 7^9- — nouvelles d'Astronomie, par un ancien eleve de I'Ecole poly- technique, 442. Legislation, 5, i85, 191, 235, 396, /\i2, 43o, 458, 459, 461, 524. 559, 626, 679. — (Traite de), etc., par Charles Comte, A., 73. I)F.S MATIERFS. >S7,1 — penale (Essai sur Ics principps de la), en matiere de tentative de crime et de delit , par Da- ligny, 1 85. Legonve ( G. ) , OEuvrcs com- pletes, 497- Le Maire ( I'abbe Henri). Vo;,. Jtsuitisnie devoile. I-emercier (N). /'or. Baudouin. Leniantey(P.E.).r. NiicROLOGtE. Le Normand ( L. Scb. ) , C.-B. 436. 447- — Manuel pratique de Tart dii degraisseur, 737. Leopardi. Canzorii, 1 4 9. Lerminier. V. Clinlque medicale. Leroux. (Ant.). V. Pneumatologie. Leroy (James). L'acadcinie des sciences de Paris lui decerne un prix, 259. Leroy. Voy. Collection des clas- siques latins. LeRoy. f o). Origine desmaladies. LeTarouilly. /^.Edifices de Rome. Leterrier. Voy. Grammaire ana- lytiqiie. Lettre (Extrait d'une), ecrite d'A- lexandrie , par un voyageur francais, 529. — (Extrait d'une), du Caire, 542. — ( Troisifenie ), a M. le baron d'Eckstein, sur les dangers de son catholicisme indo-chretien, etc., par N. M., 453. Lettres sur la Grece , notes et chants populaires, exiraits du portefeuilledu colonel Voulier, 19S. — sur la Suisse et le pays des Grisons, par L. A. de Chapuys- Monslaville, 775. — inedit^s de M""-' de Maintenon et de M'Me la piincesse des Ur- sins, 204. -^ d'un oflicier de la marine russe, etc , ^oS. Levade (A.). Reflexions sur I'in- struction religieuse, sur les tem- ples, etc , 4'8. Lexarza (Jean). Voy. Llave. 57 "74 TABLE ANaLYTIQUE L'Hospital ( Micliel ). OEiivres completes publiees par P. J. S. Dufty, /,g4. — OKuvres inedites publiees par le m(?me, 494 Liberie des cultes. I'oy. Portalis. Liberies de I'eglisc gallicane , ig2, 236. LiiiKAiRiE, aSo, 268. Libre nrbitre (Considerations sur le), de rbonime, etc., par A .S. Oersted, 410. LlTHOGRAPHIE, i65, 2ig, j8i, 566, 785, 787. LiTTEBATuiiK nllemaiidc , 209, aSi, 5i(j, 6g5, 768, 777, 800, 8 1 3, — Ancienneciassique, i43, 144, a5o, Syg, 49^,494, 539, 77t> » 798. — Anglaise , 122 , 210,234, 400, 520, 684. 688, 716. — Arabe , 542. — Belge- Francaise, i54, 4>»-- — Cana- dienne , 680. — Chingulaise , 534. — Danoisc, /\n . — Es;>a- guole, 4oo> 5oo, 586. — Des Elats-Unis, 677, 678.— Fraii- caise, 102, 200, 2ir, 212, 214, ai5, 216, 258, 261, 266, d63, 4i6, 483, 494) 497> 499, 5o2, 5o3, 5o4, 5o5, 5o6, 5(8, 563, 564, 642, 657, 669, 692, 769, 770, 773, 774, 775, 777. 779, 780, 843, S44, 846. — Hebiai que, 549. — Hollandaise, i54, 43i. — Llar.daise, 713. — Ita- lienne, 149, i5o, j5i, 209, 427, 428, Dr9, 717, 719,720, 774, 799. — Noi vcgieniie, 4o9- — Polonaise, 6g5. — Portii- gaise, 5rg. — Russe, i33, 406. — Servienne, 71 2. Llave (G. de la) et Jean Lexarza. DcscriptioDs de vegetaux uou- veaux, 399. Lo6ve-Veimars ( A. ). Resume de I'Histoire de la litterature alle- mande, 768. — J'oy. Romans bistoriques. LoGiQUE (Premiers elemens de la), par G. Denzinger, 439. Lois d'interdt g^n<ubliclste et de riioiume d'etat, par Isambert, 190. — de mcdecine et de chirurgie domestique , par J. Morin , 73'. _ _ — d'obstetrique, ou Precis de la science desaccouchemens, etc., par Ant. Diiges , 169. — de physique arausante , etc. , par Juiia-Fontenelle, 435. — de physique , ou Elemens abreges de celte science , par Bailly, 172. — de perspective, du dessina- teur et du peintre , par A. D. Vergnaud, 172. • — du pecheur francais , par Pes- son-Maison-Neuve , 172. — du soramelier, etc. , par Jul- lien, uiarch.ind de vin , 172. — mililaire ])our I'instruction des ofliciers suisses , etc. , par F. Kuenlin , 715. — de I'adniinistrateur , du nia- nufacturier et du iirgociaut , par de Cioet , traduit en hol- landais , par P. Van Grit- huizeu , 1 54. — du bouvier , par J. Robinet , 727. — du degraisseur , par Le Nor- niand , 787. — historique du departement de I'Aisne, par J. F. L. Devisme, 480. Manufactubf.s, 726. Marais. foj-. Moufalcon. 875 Jlarcellus (C. de). Voyage dan* les Kautcs-Pyieiiees , 5ol. Marcbangy. Voj. Tristan. .Mai guerite , rcine dc Danemark , dc Norvege et de Suede , par C. F. Wichmann , 703. Marie. Voy. Millioiniaire. Making, 79.9. Marius-Giinon, C. — N., 829. Maimin (Alex.). Notice histo- rique sur Michel Patras de Campaigno, 76a. Marmora ( Albert de la ). Vo}-. Voyage en Sardaigne. Martelli ( D. ). Gramrna.ire ita- lienne, 797. Martin. Voy. Milllonnaire. Maktinique, 236. Martinof. Traduction des ecri- vains grecs en langue russe , 539. Massias. Voy. Theorie. Mathematiques ,171, 260, 442, 733 , 734, 735, 820. Mati^re (De la), par le colonel Bory-de-Saint-Viucent, i58. — uiedicale. y^y. Borelli. Malter, professeur a I'Academie de Strasbourg. I/Academie des inscriptions et i)elles-lettres de Paris lui decerne une me- daille d'or, 557. Maurin. Lilhogra[)hie de la mort de Botzaris , d'apres le ta- bleau de Langlois, 5fiO'. Maury (D. J. M.). Voy, Espagne. Mecanicien (Le) anglais , ou Des- cription de toutes les ma- chines mecaniques appliquees aux arts industriels , par Ni- cholson , traduit de I'anglais , 444- Mecanique, 62 , afii , 444; 594. Mcdailles antiques (Essai sur les) de Cuijobellnus, etc. , par Ro- ger de La Gov, aao. Meuecike. foj-. Sciences me- dicares. Melanges sur les beaux-aits , par Ponce, 782, S~6 TAHLK AN Mely-Janiii. Foy. Projet de pif-ce. MiiMoiRE pour M. le niareolial (Victor) due de Ci'Uune , sur les marcbi's Ouvrard, 206. — dn gencial Andreossy, sur ce qui concerne les marches Ou- vrard , 748. IMfiMoiRES , Notices, Lettkes EX Melvnges (I.) : De I'eta- hlissement du Jury a i'ile de Ceylan , 5. — Quelques gt'-iie- ralites sur les eaux miuerales {Doin), i5. — Tableau statis- tique du commerce de la France, eu 1824 {tloreaii de Jonnes) , 27. — Notice sur les societes savantes des Ltats-Unis (il>) , 289. — Notice sur les ouvrages de Jeremie Bentliam (T.), 298. — Notice sur la langue des sauvagesde rAmeriquednuord {^Morenas) , 3o8. — Notice sur I'iipplication des aerostats {Ferry), $77. — Rapport sur I'enseignement industriel (^Ch. Diipin), 594. — Nouveaux prin- cipes d'economie politique (J. C. L. de Sismond'i) ^ 608. - — ET Rapports de Societes sa- vantes et d'utilite publique en France, 222, 5 12, 789. Memoires de la cour de Henri VIII , par M»'e Thompson , 399. — de M. de Falkenskiold , 484. — sur la guerre de 1809 , en AUemagne , etc. , par le ge- neral Pelet, 196. — lelatifs a la familie royaic de France, pendant la revolution, publics d'njires le journal de la princesse de Lamballe , 488. — inedits de M">e de Genlls , A. , 3fi3 , 64». — sur riiistoire et ranaloniie des autmaux sans vertfebres du royaume de Naples , par E. Delle Clilaje, i47- ,\Ierville. Foy. Voyage de cour. ALVriyUE Mesnard (J. B.). Voy. Morceanx ciioisis. Messine (C). yoy. Lois d'interel general. Metapiiysique, 178 , 4'o. Meteobologie , i53,436. — P'oy. Projet. Meunier. ^oy. Aerostats. Mexique , 399. Meyer-Berr. foy. Crociato. Michelot (A.) ,' C — B. , 799. — N., 2(i5, 557, 834. 3Iillionnaire (Le), conuklie en prose , par Martin et Marie , 5fi4. Mimaut. ^oy. Histoire de Sar- daigne. miicelanea. Voy. Mangiiio. Missions, 795. Missolonghi. Foy. Cantate. —r yoy. Van dam-Van-Isselt. — yoy. Brofferio. — P'oy. Etegien. — n'est plus. Appel aux amis des Grecs, par Caniille Paganel , 199- Mocbetti (Angelo). Foy. Monu- mens, Moafalcon (J. B.). Histoire me- dicale des marais , etc. , 731. Monglave (Eugene de). yoy. His- toire des conspirations des je- suites. Monnaie polonaise. EUe doit con- server tuujours I'effigie de I'em- pereur Alexandre , 244- Monsieur Valmore , ou le Maire de village , par Fred. Rou- veroy, 4^2. Montagne de la Boulade (Essai geologique sur la) , pres d'ls- soire , par Deveze-de-Cbabrlol et J. B. Bouillet, i65. Montesquiou ( G. Anatole de ). Poesies , 5o2. Montlosier (C. de). Voy. Denon- ciation. — yoy. Consultation. Montnunency (Due de). y»y. \c- tillart. DKS MATIEHES. 877 Moiiunieus (Les) , poeme d'An- gelo Mochetti , 719. Monument erige a Buenos-Ayres, a la m^moire des auteurs de la revolution du aS mai 18 to, 806. — eleve dans la ville d'Odessa, au feu due de Richelieu, 539- Mora (J. J. de), C— N. . aSa. — B. , 400. Morale, 780. ^oy. attssi Sciences MOHALES. Morceaux choisis de Burns, tra- duits par James Aytoun et J. B. Mesnard, 210. Moreau de Jonnes (A.) , C. — M. , 27. — B.,i65. — N., 527,805. 811. Morenas (J.), f^oy. Notice sur la langue des sauvages. Moretli. 11 Botanico italiano , etc. , i48. Morin (J.). Fof. Manuel de me- decine. Moser {G. H.). M. TuUii Ciceronis de Repiiblica libri , etc. , l44- Mulder (G. Z.). Dissertatio medica de opio , 725. Muller (Wenzel) , compositeur allemand. Voy. Tenfelsstein. Munter. Om Kong Harald Klaks daah , yoS. Muriel, C— B., 5o2. Murray [Lindley). English grammar, a33. MusEE nouvellement fonde au cap de Bonne-Esperance, 237. — (Etablissement d'un) national a Iiondres , 810. Museum criticum , ou Reclierches classiques a I'usage de I'Uni- versite de Cambridge, 399. MusiQDE , 420. M YTHOLOGiE (La) comparec avec I'histoire , par I'abbe de Tres- san , 748. N Naples , 479- Napoleon Bonaparte est-il ne fraiicais , 2o5. Navigation , 257, 3ao , 4o5. — sur la Saone , 55o. PAR LA vapeuk, 54fi, 55o. entre New-York ct les etats voisiiis , 521. est rendue libre sur les cotes et les fleuves de la republique de Colombie, 524. dans les Pays Bas, 25a. NeckoloGIE. Kicolas Karamzine , historiographe de I'empire de Russie , 242. — Jolin AJums et Jefferson , tous deux successi- vement piesidens de la repu- blique des pjlats-Unls , 521. — Pierre Ed'xiard Lemontey, mem- bre de I'lnstitut de France , 282. — Charles Marie de JVeber^ compositeur allemand, a Lou- dres , 535. — Le celebre asfro- norae Piazzi , a Naples, 547- — Le professeur Jean Antoine SantareUi , a Florence, 547- — Jean Louis Larauza , bibliotlie- caire de la faculte de theologie de TAcademie de Paris, 567. — Jean Frederic Oberlin , pas- teur a Waldbacli , departement du Bas-Rhin . 569. — Michel Attumonelli , docteur en mede- cine , a Paris , 572. — Frederic Chretien Uolberg Arentz , philo- logue , a Bergen , 812. — Fe- lice Testa , sculpteur, a Turin , 820. — Le contre-amiral Yves Marie Gabriel Pierre Lecoat , baron de Saint- Uaouen , a Ca- lais , 852. — Chevard , auteur de plusieurs ecrits bistoriques, a Chartres , 854- Ne/iolihe Piesnize , 71a. Nicolini. Delia storia llresciana , etc. , 148. Noces (Les) de Gamache , opera- comique, 277. Nominations academiques. Le baron de Goethe , et J. R. L. de Kirckiwff, membres correspon- 878 TABLE AN dans (111 lycee d'histoire natu- relle de New-York , 235. — l.e general Van den llosch ; Van Alphen , de la Haye ; de Scassart, de Namur ; le recteur Swaan, de Hoorn ; Van Grithiiizen , d'Utreclit ; et le docteur BOl' linger de Munich , membres etrangers de la Societc des sciences et arts de Batavia , 238. — Kalaidovitch , membre correspondant de I'Academie des sciences de Petersbourg , 242. — Ilredin , membre de I'Academie des sciences de Lyon , 258. — Biiffaul et Guiraud , membres de I'Aca- demie francaise, 265. — Auger, secretaire perpetuel de I'Aca- demie francaise , 266. — Le marquis de Foriia , et le pro- fesseur llncheUe , associes cor- i'espondans etrangers de I'Aca- demie des sciences de Naples, 547. — Marc-Antoine JuUien , de Paris , membre d'honneur de la Societe pour la propaga- tion des sciences naturelles de Dresde , 812. — David , sculp- leur , membre de I'Academie des beaux-arts de Paris , 837. Normand pere et ills , graveurs. Voy. Souvenirs. NORVEGE, 409, 540, 702, 812. Note diplomatique de M. le comte de Mier, ministre plenipoten- tiaire d'Autriclie, pres la cour des Pays-Bas, 43 1. Notice sur les societes savantes des Etats-Unis de I'Amerique du nord, M. , 289. — sur les ouvrages de Jereniie Bcntbam , M., 298. — sur la laugue des sauvages de I'Amerique du nord , par J. Mo- renas , M. , 3o8. — sur la Societe belvetique de musique , 420. NonvEi,LE Galles meridiow ajle , 806. ALYTIQUE NOUVF.LLES SCIENTIF[QUKS ET LiTTihiAiiiEs (IV.) : Afiique, 237, 527, 808. — AUemagne , 244 , 541, 812. — Amerique ceiitrale, 236 , 522. — Ameri- que moridionale , 236, 524. 8o5. — Amerique septentrio- nale , 235, 621, 8oi. — An- tilles , a36 , 523 , 804. — Asie, 237, 526 , 807. — Australasie , 8o5. — Bresil , 236 , 525. — Buenos-Ayres, 8o5. — Canada, 8o3, — Cap de Bonne-Espe- rance , 237. ■ — • Ceylan , 238. — Colombie , 524- — Egyple , 237, 529. — Espagne , 25 1. — Etats-Unis , 235 , 52i , 801. — France, 253, 55o , 823. — Grande-Bretagne, 239, 532 , 809. — Grece, 25i. — Guate- mala, 236 , 522. — Haiti, 523. — Indes orientales , 237, 526. — Italic, 249, 546 , 816. — Martinique, 236. — Norvege, 540, 812. — Nouvelle Galles meridionale , 806. — Paris , 258 , 552 , 829. — Pays-Bas , 252, 548, 821. — Poiogne , 2 44- — Russie, 241 , 539, 811. — Sierra Leone, 527. — Suisse, 246, 542 , 8i4- — Sumatra , 807. — Turquie , 820. Not'ortim I'egetabiliiim descripliunes, etc. , 399. Noyes (Du traitement des) , etc. , par Pierre Manni ,425. NuMissLATiQUE, 210. o Oberlin (Jean Frederic). Voy. Nk- CROLOGIK. Observations liors de saison , 746. Observatoire, nouvellement fonde a Bruxelles , 548. Odes de Jacques Leopardi , 149. Oersted {A. S.). Forstatte /letrngc- ninger, 410. — (//. C). Folkcts Oplysning , etc. , 702. OEuvRES de Jean Racine, en un seul volume , 209. — de Gessner, 209. — de Gilbert , 770. — ■ de Saint-Lambert , 770. — de Ducis , 773. — CHoisiKs d'Evariste Parny,773. — COMPLETES de Palladio ,217. de J. J. Rousseau , en un seul volume, A. , 102. de Legouve , 497- de Ciiateaubriand , 499 > 774- de Michel L'Hospital, 494- — ISEDITES du meme , 494- — posTHUMLS de Ducis , 495. Olivier (L') de Boh(5me , tercets de Cecilia de Luna-FoUiero , 719- Olmedo {3 . J.'), Canto a Bolivar, etc., 400. Onguenl pour la brulure , poeme par Barbier d'Aucourt , 2ri. Opinions enoiicees par Donker Curtius vanTienhoven, depute de la HoUande , sur le projet de Code de commerce, 43o. Opium (Dissertation medicale sur 1') , par G. L. IMulder, 725. Opuscules de J. B. Vermiglioli , 42S. Origine des maladies (Reflexions sur 1), et leurs remedes speci- fiques modifies d'apres la theorie du docteurLeRoy, i48. Othello, opera de Rossini, 277. Otco (C). Phraenologien , i35. Outrepont (Charles d'). La Saint- Barthelemy, 775. Ouvrard. Fnr- Memoire. Ofcrduin. Leere der Scheihiinde , 725. Paganel (Camille'l. J^oj. Misso- longhi. Pagani Cesa {G. li.). Sopra il teairo tragico italiaiio considerazioni , 1^7- DES MATI^RES. 87^ Palladio. (iEuvres completes, pu- bliees par Chapuy et Beugnot , 217. Pallas (Benjamin). Voy. Colique metallique. Paris, 268, 552, 758, 759, 829. Parny (Evariste). Voy. OEuvres choisies. Parry (capitaine). Voy. Expedi- tion. Passalacqua (Joseph). Voy. Cata- logue. Passy (H.). Voy. Aristocratie. Putras de Campaigno. Voy. Mar- min. Pays-Bas, i52, 252, 429,548, 725 , 821. Pecchio (C). Voy. Tableau de la Grece. Peche, 172. — (La) a la ligne , par A. Paulin Desormeaux , 447- — de la baleiue, 45o. Peintuke , 278 , 280 , 565 ,817, 85t. Pelel (General). Voy. Memoires sur la guerre de 1809. Pcries (J. V.). Voy. Dialogues. Perli {A.). Cento eplgrammi , 428. Perrot (A. M.). P'oy. Atlas du royaume de France. Pesson-Maison-Neuve. Voy, Ma- nuel du p^cheur. Peslalozzi. IHeine Ldbensschichsale ah Vorstelier meiner Erziehungs- ins tit lite , 709. Petit Code de morale h I'usage de toutes les classes de la societe , 780. Pharamond , op^ra , par Ancelot, Guiraud et Souniet , musique par Bo'ieldieu, Berton et Kreut- zer, 273. Phenomene vegetal, 812. PuiLOlOGIE, 143, i44j 25o, 3o8, 399' 417, 494, 77O' 798- Philosophie , 55 , i4'i , i58 , 327. Phrenologie (La), d'apres le 8Su sjstt^mede MM. Gall et Spurz- heiin , par C. Otto , l35. PhTSIOLOGIE EXPERIMEKTALK , a6o. Physique , iSa , 17a , 260 , 435. Piazzi. f''oy. Neckologik Picard. Foj-. Agiotage. — T'oy. Capitaine Lt'lroiule. Pierrot (Jules). Les lettres de Pliiie le jeune, traduites par de Sacy, 494- — Satiies de Juvenal, traduites par J. Diisaulx, 494- Pigault-Lebiun. Foy. Histoire de France. Pillet (G. F.). Voj: Ecole des yeuves. Pisma inorsharo ofuzera, etc. , 4o5. Planard. Foj-. Belle-au-bois-Dor- mant. Plantes cryptogames du iiord de la France , par J. B. H. J. Des- mazi^res, i(i3. Pkeumatologie (Elemens de) , ou Anatomie des substances spirituelles , par Antoine Le- roux , 743. PoEsiE , 149 > i5o, i54, aii» aia , a34 . 2fif> > 4oo , 4o6 , 4^8, 5oo,5o4,5i8, 519,669,712, 7'9. 77^' 799 > 800. DKAMATIQUE , l5l , 269 , 272, 373 , 274, 275 , 276 , 377, 278 , 379, 409 ) 4' I » 5o2 , 563, 564, 657,695, 717,775, 777, 8i3, 843,844, 846. Poesies d' Alexandre Pouchekine, 406. — du comte Anatole de Mon- tesquieu , 5o2. Poleni (Jean), f'oj. Vitruvc. Politique , 1 16 , i8i , 182 , 191 , 404 , 43o , 457, 466 , 468 , 470. POLOGNE , 244 , 695. Pomba (Joseph). Foy. Cla.<;siques grecs. Pouimier ( Amedee ). Collection des auleurs classiques latins , 770. Ponre. Foj^. Melanges. TABLE AXALTTIQUK PONTS ET CHAUSSEES , l3l , 56o. Ponts en chaines ( Description des ) , executes a Saint-Peters- bourg, parG.de Traitteur, i3 i. Popular Uallads and Songs , from tradil on manuscripts and scarce editions , a 3 4. Population. Foy. Everett. — ( Mouvement de la ) dans le royaume de Naples, 8i(;. Portalis (Auguste). Mciiioire en faveur de la liberie des cultes, 177. Postes (Des) en general , et par- ticulifeiement en France , j)ar Charles Bernede , 189. Poterat (M. de). Theorie du na- vire , A. , 32o. Pothier analyse dans ses rapports avec le Code civil, etc., par A. Fenet , 459. Pouchekine (Alexandre. ) Fay. Poesies. Preciosa , drama coupe par des choeurs , musique de Weber, 278. Prieur. Fof. Collection des clas- siques latins. Prisons ( Vues sur le regime des), par E. D. Friedlander, 706. Pkix decernes , par la Societe des arts et des sciences d'U- trecht , 2.')2. — par TAcadcmie des sciences de Paris , aSS. — — par I'Academie des inscrip- tions et belles-lettres de Paris , 557. — par rAcadeniie des beaux-arls de Milan, 817. — par I'Academie royale des sciences de Bruxelles, 821. — par la Societe d'agricultuic de Ch^lons-sur-Marne, 827. — par I'Academie francaise, 834- Prix proposes , par la Soriet6 des arts et des sciences d'U- trecht , 253. — par I'Academie des sciences de Borrleaux , 256. — par I'Academie des sciences dc Paris , a6o. — par I'Aca- DES MATliRES. 88 1 demle francalse , a6(i. — par I'Academie des inscriptions et Iielles-lettres de Paris , 558. — parplusieurs citoyens de Paris, 55g. — par I'Academie royale des sciences de Bruxelies ,821. — par la Societe d'agriculture de Chalons-sui'-Marue, 827. — par rAcademie fiancaise ; 837. Probl^mes (Recueil de) amusans et instructifs , par J. J. Gre- mlUiet , 4.42- Productions de la presse fraii- caise , pendant le premier se- mestre de la preseute annee, 268. Progres de la civilisation dans la Nouvelle-Galles raeridionale, 806. Projet d'une correspondance a etablir pour I'avancement de la meteorologie , 486. — (Le) de piece , opera-comique , par Mely-Janin , musique par Blangini, 276. Promenades poetiques dans les hospices et hopitaux de Paris , par Alhoy, 212. Proprietaire-architecte (Le), ou- vrage dessine et redigc par Ur- bain Vitry, 787. Publication des livres sacres et historiques de Ceylan , 534- Quadrature du cercle. Voy. Ma- lacarne. Question d'etat civil et liistorique: Napoleon Bonaparte, iest - il ne francais? par Eckhard, 2o5. Quetelet (A.) , C— B. , i54. u Racine (Jean). Voy. QEuvres. Raddiffe (Anne). Voy. Gaston de Blondeville. Rapport general fait au Minlstre de la marine , sur I'enseigne- ment de la geoni«trIe et de la mecaniqueappllqueesaux arts, par Ch. Dupin, M. 5g4. — sur les travaux du consell de salubrlte de Nantes, 733. Recherches philologlques, 802. Redoute (P. J.). Foy. Roses. Reformation, igB. Reiffenberg (De), C— B. 429, 43o, /,3i. Reinhold {Ernest). Karl Leonhard Reuiholds Leben und Uterarisches Wirken, 414. Religleuse (La) d'Arrouca, 216. Religion, Voy. Theologie. Rennes. Extralt d'une lettre sur la .statlstique morale du pays, 825. Renouard (Ch.), C— B., 743. Repertoire universel , historique, biographique des femmes ce- lebres, morles ou vivantes, etc., 201, 762, Report from the commissioners ap- pointed to revise the statute laws of the stale of New-York^ 3()fi. — of the committee on laws, etc. 109. Resumes d'histoire. Voy. le mot HiSTOIBE. Revolution P'rancaise, 48S , 755. Revue sommaire des recueils pe- rlodlques publics dans la Grande - Bretagne. 9« io« et ii<^ articles, 124, 4^2, 688. — des journaux et des recueils periodiques qui se publient a Varsovie, 695. — des theatres lyriqaes de Paris pendant I'annee derniere, 272. FiHEroRlQUE francalse. Voy. Fi- lon. — (Matieres des compositions de), — militaire , hasce sur les e!e- mens generauxde lalitterature, etc., par J. Tolmatchef, i32. 58 gC}2 TABLE ANA Ricci (J.)- La Georglca de fiori , poeina, i49t Richard (T.t.C.—B., 734. Kichelieu (Feu le due de). Vox, Monutneat. RigoUot fils, C— B. 180, 439, Robert de France 011 rExcomnni- iilcatioii, par M'n" A. Gottis, 779" Rohinet ( Joseph ). Manuel du bouvier, public par Hazard fils, 737. Rochefort (L. de), roy. Souve- nirs. RoMAKS, 122, i5i, 212, 21^, 214, 2i5, 216, 4t>o, 416, 432, 5o6, 713,779. , _ anglais (Choix de), publies a Paris par J. W. Lake. _ historiques de C. F. Van der Velde, traduits de I'alleniand par A Loeve - Weimars , 777, Roquefort (B.de). yof. DicUon- iiaire historique. Roses ( Les ), par P. J. Redoute, avecletixte, parC. A. Thory, 5 10. Rossini. Voj. Viaggio. Voy. O I hello. Voy. Darhe du Lac. Rostan. Cours de niedecine cli- uique, ififi. Rousseau (J.J.)^ ^"f- OEuvres completes. ,, ,. , Rouveroy (Fred.). Foj. M. Val- more. Iiuwbotkam{J .) A practical srnmmm of the freiwh language, X2l. Roy (A.), ^oj. Budget. RussiE, i3i, 24t,4o5, 539, 6y3, ySf) 7fi3, 8rf. _ (Description de I'lnteneur de la),parJ.T,Erdnianu, i33. Saint-Aniand. IMoyen de rendre les croisees absolunieut, iinpe- uetrables a I'cau pluviale, 174 LYTIQUF, Saint-Amand, C. — A. (S-iC^. — Rarthelemy (La) drawe, par Cliarles d'Ontrei)ont, 775. George. y^oY. Liiuis XII. — Ilaouen ( Y. M. G. P. Lecoat de). ^<'j. Nkckclocie. — Hilalre ( Ch. de). Grammaiie frav.caise, (194. — Lambert. OEuvres, 770. Sainte-Perine. Souvenirs contem- poraliis,par Valery, 5o(i. Salfi(F.). C— B. 148, 429- Salmon. Art de cuUiver la vigne ft de faire du bon vin, etc., 727- Salvandy ( Dc). Don A.oi/zo, oder Spanioii, ^iQ>. Sampsons discourse and conespoti- dence with vaiioits learned jurists, etc. , published by G. Thompson, 676. Sandwich (Iles), ti4- Santarelli (J. A.). Voy. Necrolo- GIE. Sakte puni-iQiiE, 733. SAlinAI&KE,,34'>- Satire iMenippee, 5o5^ Scaadiisavie. ^.y. Bonstetten. Schrant. Lofred ap Godfrtcd van Uouilloii , 43i- Sciences niEnicALES, 11 1, i^o, i35. 148, ififi, «(i8, i69' ^7"' 259, 42J, 4''>3, 424 425, 43s, 439, 440, 4i'. 5i4, 5i5, 725, yais, 73i, 732, 804. - MOKALES ET 1>0I.ITIQUES. 55, 177, 327,402, 453,626. 742. WVUTIQUKS, l53. I'HYSIIJUES, 47, 1S7, 320,432, 577, fiig, 727. _ IlEI-'.GIEllSES. r. ThEGXOGIK. Scribe. Voy. Macon. Voy. Dame Blanche. Scrofani. Novelle, l5l.' •Scui-PxuuE, 564, 8i8- Secours donues par Ics luibitans dj Manchester aux ouvners j-esics sans pain, 532. Secretan ( Phil. ). Memoires de DF.3 MaTIERES. M. de Falkenskiold , officier- general danols , a I'epoqiie de la catastrojjhe du comte de Struensee, 484- Senipere. Considerations siir les causes de la grandeur et de la decadence de la monarcbie espagnole, 75a. Sewel's Essay on the juridical his- ioTj of France, (179. Siege (Le) de Paris, tragedie, par le vicomte d'Arlincourt, 5o2. Sierra Leone, 527. Silbermann (G.). Vojy. Ijibliotlie- que allemande. Sismondi (J. C. L. de), C— M. 608. — A. 91. Slaipoiichekine, Dassoiigui sellsAavo gitela, 406. — L'Academie imperiale russe ■ decerne a ce paysan poete line medaille en or, 4o8. SOCIETES SAVAKTES ET D'tlTIilTE puci.ioun. — aux Etats - Unis d'AmeriqiTe : Lycee d'histoire naturelle de New-York, 235. — Notice sur les socieles savantes des Etats- Unis, au nombiede vingt-neuf, 289. — • Societe cooperative de New-Harmony, 801. — aux lades orieiilales : Societe des sciences, et arts de Batavia, — en Jngieterre : Societe des ecoles pour la Grande-Bretagne et I'ctranger, 810. '— en liiissie : Societe imperiale pbilantropiqiie de Saint - Pe- tersboiirg , i34. — Academic des sciences de Saint-Peteis- bonrg, 241, 8rl. — en Z)^Hc/narA; Societe biblJque de Christiansand, 812. •" — en A Hemagn e : SocieXc royale des sciences de Goettingue, 244- — ^Societe pour I'ameliora- tion des jeunes criminels de Roenigsberg , 54r. — Societe pour la propagation des scien- 883 ces natureiles et mcdicales de Dresde, 812. — en ^h/^/p ; Societe d'antiquai- res de Fribourg, 248. — Societe lielvetique de musique, 420. — Societe pliilbellenique de Fri- bourg, 546 — Societe cantonale de physique et d'iiistoire natu- relle de Geneve, 814. — en Lalie : Academie royale des sciences de Naples, .')47.- — Acade- mie des beaux-arts de Mi Ian, 8 17. — dans les Pajs-Bas : Societe des arts et des sciences d'U- trecht , 252. ■ — Societe Israelite d'Amsterdam , 549. — Societe nouvellement forniee a Bruxel- les pour I'encouragement de la langue bcllandaise, 549. — Aca- demic royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles, 821. — en France ( dans les departe- niens ) : Academie royale des sciences , belles-lettres et arts deLyon, 222, 258. — Academie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux , 256. — So- ciete des amis du travail de Nancy, SSa. — Societe des let- tres, sciences et arts de Meiz, 789. — Societe d'emulation des "Vosges, 791. — Societe d'agri- culture, etc., de Chalons, 827. — (a Paris) : Institut royal. Aca- demic des sciences, 258, 552, 827. — Academie francaise , 365, 834. — Academie des ins- ciiptions et belles-lettres, 557. • — Academie des Beaux-Arts, 837.— Academie royale de nie- decine, 838. — Societe royale des antiquaires de France, 5 12. Societe (Projet de) pour Tamelio- ration des animaux domesti- ques, 267. Songe ( Uu ) songe de la vie et la Lamentation du Dante , par Ange Broffeiio, i5o. Soumet. f'oy. Pharamond. SouKDS-r.T MUETS, 24o. a46. 88 A TABLE ANALYTIQUE Souvenirs du Musee des momi- iiiens francais ; collection do 40 dessins de J. E. Biet , gra- ves par Nonnand pere et Ills, publics par J. P. Bifes, 784. — et melanges litteraires, par C L. deRochetbrt, 490. Sprengcr {F.). Geschichte der Stadt Haineln, i^-x. Stagnation (Sur la) etle decroisse- uient du commerce en France , par N. F. Canard, 4^5. Stassart(De). f'oj. Nojiinatioms academiques. — C— B. 432, 726. State {Una) a Varese, etc. , 720. SxATiSTiQUE, 27, 177, 23g, 247, 2rsi,548, 693, 81(1,825. Siikhotvorenia Alexandra Poitche- kina, 4ofi. Stratico (Simon), Fof. Titruve. Struensee (C). Voj. Secretan. Substitutions, ^'q/. Oirardin. Successions ab intestat. Voy. Mal- pel. Suenon, surnomme Grathe , roi de Danemark, tragedieen vers da- nois. ^ix. Suisse, 146, 246, 418, 542, 715, 775,814. ■ — foy. Lettres. Sumatra, 807. Sumner (J. B. ). Vcrite du cbris- tianisnie, prouvee par la nntuie rn^me de cette religion, etc., traduit de I'anglais, par P. E. Lanjuinais, 742. Svvaan. For. Air atmospherique. Foy, NoMIBTATIONS ACADEMI- QUES. Syphilis. Foy. Clinique. Tableau statislique du commerce — liistoriquedelaGrtjceancienne et nioderne, par Bres, 473. Tableaux clironologiques et bio- graphiques pour servir a I'his- toire de France, par H. Vallee, 757- Tajan. /^'oj.Lois d'infer^t general. Tales of lite O' Hara family , 122. Tarbe des Sablons. Des modes ac- tuels de remplacement et de rengagement, etc., 186. Tarry ( Aristide ). Voy. Chllde Harold. Technologie, 52, 127, 723. Foy. aussi : Industrie et Aets indus- TRIELS. Telegrapiiie, 852. — (Essais de) aerostatique, Sga. Tenue des livres. For. Jacquet. Terquem (O.). Foy. Hutton. Testa (Felice). P'oy. Necrologie. Teiifelsstein {Dor') in Maedligen , Oper,Hlusick von JFenzel MuUer, 814. Theatre (Considerations sur le) tragique italien , par G. U. Pa- gan! Cesa ,717. — de Kotzebue , 6g5. Theatres de Paris, 2^9, 27a » 563, 843. — De Yieniie, b'i3. — De Berlin, 814. — (Chefs-d'oeuvre des) etrangers, A., 379, 657. Theologie, Beeigion, Cuete, etc., 117, i38, 177, 227, 418, 453, 45fi, 468, 742, 769. Theorie du beau et du sublime, etc. , par le baron Massias, A., 65. — du navire, par le marquis de Poterat , A., 3 20. Thiersch {Friedriili). Uelier gelehite •hulen, etc., 709. esse (Leon), C— A. , 379, fi57. de la France ,\>n 1824, M., 27. — Resume de I'histoire de la re- — de la Grece en 1825 , ou Recit des voyages de J. Emerson et du comte Peccliio, traduit do I'anglais par J. Cohen, iy(). volution francaise, 755. Thompson {Mr^ A.T.). Memoirs of the court of Henry the Eighth , 399- DES MATlillES. Thompson (P. ). Voy, Sampson. Thory (G. A.). Voj. Redoute. Tolinatchef. Folennoic krasnoretchie, osnovannoic na obchikh natchd- lahh sloi'esuosti , iSa. Tombeau dii due Henri IV a Bres- lau , par Busehing, 417- Torombert ( Honore). foj. Eloge liistorique. Traductions en aUemand : du francais, 4i6 ; de I'anglais , 7i3 ; du servien, 712. — en espngnol : du francais, 79(1. ■ — ea franeais : de rallemand , 209) 777; ^^ I'anglais, 187, 193, 196, 210, 211, 444» 457, 716, 727, 735 , 741 ) 742 ; du chingulais , 534; del'espagnol, 5oo ; de I'italien , 774 ; du latin, 494 5 770; de toutes les langues cultivees , 379. — ea hollandais /du francais, 132, 154. — en italien : du portugais , 5 19. — en ritsse : de I'allemand, 696 ; du grec, 539. Tragedies d'lidouard de Fabri , de Cesene, i5i. Traite DES MEGRES au Bresil , 525. Traite des iuterets, par Cotelle, 461. Traitteur (G. de ). Description des ponts en chaines executes a Saint-Petersbourg , etc., i3i. Trapany (Don Domingo Gian). Nouveau dictionnairc espa- ^ gno> . 797- Tremblenient de terre dans la Martinique, a 36. Trempe des rasoirs perfection- nee, 843. Tressan ( L'abbe de). Fojez jVIy- thologie. Trisectioii de Tangle , par Seid Hussein Massdariedschisade , 820. Tristan le voyageur, ou la France au XIV siecle , par de Mar- changy, a 12. 885 TORQUIK, 820. Tydeman (H. G.). 'foj. Discours. Tzetzac ( Joannis). Uistoriarwn -va- riarttin chiliades , Ed. Theophilus Kieslingius , 417. u Ultimatum , ou Mon dernier mot sur le Determiiiisme , etc. , par F. G. Hovitz , 4ro. Ukiversites : d'Utrecht , 432. — de Christiania, 54®. — de Dor- pat, 812, Ursins ( M">« la princesse des). Voy. Lettres inedites. Vaccinations (Rapport snr les) pratiquees en France pendant I'annee 1824, 44o. Vacciwe (Propagation de la) en Savoie et a Raguse, 249, 44o. Valery. Voj. Sainte-Perine. Vallce ( H.) yoj. Tableaux cliro- nologiques. Van Alphen. Voy, Nominations ACADEBIIQUES. Van den Bosch. F. Nominations ACADEMIQUES. Van dam van Jsselt, Missolonghi , i54. Van Doet'eren (H. F.). Dissenatio medicalls de macroglossa , 725. Van Grithuisen (P.) Vo^. Manuel de I'administrateur. — Voy. Nominations academi- QUES. Van der Velde (C. F.). Voy. Ro- mans bistoriques. Vantini (Rodolphe). Sur les mo- numens dccouverts a Brescia, 721. Vergnaud (A. D.). Voj. Manuel de perspective. Verite du christianisme. Vo^ez Sumner. Vermiglioli. Opuscoli , 428. Veruet ( Horace). Tableau repre- 88G TABLE ANALYTIQU sentant TiDtrepide Canaris in- cendwiit la flotte turque, 5'i6. Vers a soie de la Chine intioduits en Espagne, aSi. Visconti ( Sigismond ) , C. — N. , 5-4. Vetillart. Notice siir la vie de M. le duo de Jlontmorency , 492. T'ici(gio (//) a licims, opera, per flalochi e Rossini, "iy^. Vie de Louis de Berton de Crillon des Balbes, surnomme Ic brave Crillon , ao2. — et travaux litteraires de Char- les Leonard Reinhold, 4i4- Vigne (Art de cultiver la), par Salmon , 727. Villanueva (J. L.). Meprises des trcs-ieverends P. Curtius et G. Dovle conceniant le serment que les eveques d'lrlande pre- tent au ponlife remain, 117. — Observations sur les reponses du tres-reverend G. Dojle , 117. — ( Vie litteraire de don Joa- chim), etc., ecrite par lui- meme, iiS. Vitruve (Discoiirs preliminaire pour le traite d'architecture de), eclairci par Jean Poleni et Simon Statico, 720. Vitry (Urhin). T'^oy. Proprictaire- architecle. Voutier (Colonel). T\r. Lettres sur la Gri'ce. Voufy de la Tour. f^oj. £loge his- torique. Vovage ( Le) de cour , opera-co- liiique, par Merville, luusique par Catruffo , 276. VoYAGKS : — Du cnpitaineClapperton a I'in- trrieur de I'Afriqiie, 027. — Du major Laingdansl'interieur de rAtriqiie, 808. E DES MATIKBES. — h Mero^, au fleuve Blanc, dans le midi du royaume de SennSr, etc., par Frederic Cailliaud, 452. — a Hawaii ou Owhyhee , par W. Ellis, 114. — du capitaine Parry, au pule arctique , a3g, — du capitaine Guedon , a la haie deBaflin, 45o. — dans la Russle meridionale , par Gamba , 739. — en Sardaigne , de 1819 a 1825, par Albert de la Marmora , A. , 346. — en Grece, de J. Emerson , et du conite Pecchio , 196. — dans les Hautes-Pyrenees , par le comte de Marceilus , 5o3. — de deux Anglais dans le Peri- gord , 741. — (Recueil de) chez les Tatars et autres peupies de I'Orient, dans les i3^, i4' et 1 5° siecles , par Jasikof, i3a. Wailly (Alfred de). L'Academie francaise conronne sa piece de vers sur Jes legs de M. de Mou- thyon , 835. Weber (C. M. de). roj. Necro- I.OGIE. — f^oj. Preciosa.' JFcssely ( Eiigen ). Scrbische Uoch- zeitslieder, 'jxi. JVheaton's {Henry) Address pro- voiinced at the opening of the Aevy-1'or/t Alhena'iim , 3g4. Wichniann (C. F. ). r'or. Mar- guerite. Zachnria; {C. S.). Sirafgesetzduch, 4l2 FIK DE LA TABLE D CI TOME XXXI. r.RRATA DU TOME XXXI. Cahier de svil.'LE.t. Page lO, lij. i3 et suivantes, jarement el pres- qiie jamais , a moins de circoiistauces extraordinaires , il est pcnnis aVo- vocat fiscal , etc. , lisez : presqne jamais , a moins de circonstances ex- traordinaires , il n' est permis , etc, ; p. 2 5,1. 12, pour leur eviler , lisez : pour teiir epargner; p. 66 , 1. 28 , Cecils, lisez; lelles; p. g3 , 1. 3o, itn boil ouvrage. lisez : tin bon oiwrage ; — • p. gS ,1. 2 et 3 , dinger , lisez : designer; p. iS^, 1.6, net i^,J'aii Grithiiize/i, Visez: f'aiiGriethuizen ; ibid. , 1. 7 ^Iter , lisez : /. Atthcer; p. 189 , lignc derniere , les sciences de la i>ie sociale , lisez : les scenes de la vie sociale ; p. igo, 1. 17, plus abondante , lisez : plus uboiidantes ; p. 206 , 1. 22 , A. M. , lisez : M. A.; p. aSa, ligne derniere, de Fkemejvs, lisez de Fremery. Cahier d'xovs. Page3i7, 1. 20, idieines , lisez ; idiomes ; p. 365, 1. 3o et 3i , le le cattchisirie , lisez : le \;atechisine ; p. 367, 1. 3i , oil le sujet , lisez : ou le siijet; p. 368 ,1. 10, c'elait alors qiiil etaiit aimable , lisez : c'etait alors qu'il etait aimable ; p. 370 , 1. 29 , Ze^ graces , lisez : les graces ; p. 4oo, 1. lo, Dieu sail , lisez : Dieu suit; p. 4o5 , 1. 21 , iMorsAaro ,\ise'i : ilorskavo ; p. 4o6, 1. 6, Stihhotrorenia , lisez : Sti- khotvoreiiia ; p. 409, 1. 20, Nuri'ege, lisez : Norvege ; p. 4i3, 1- 10, etaient , lisez ; etaienl ; p. 43l, 1.6, coitr des Pays-Das, lisez: pres fa cour etc.; p. 464, 1. 16, c' est grace , lisez : c'est grace; p. 466, 1, 12 , les besoms , lisez ; h besoin ; p. 470 , 1. 10, on eiit desire , lisez : on eutdesire ; p. 497 . i- -ifi, 3/K , lisez : yfr. ; p. 535, 1. 2, par en has , Eulin, lisez : Rutin; p. 538 , 1. i, ses partitions ; lisez : ses par- titions , — ibid., 1. 28, compatiiote , lisez : compatriotes. Cnhicr de septembre. Page 65o , lig. ao ,, soutenir, lisez : contenir; p. 656, 1. 3o, on , lisez : ou ; p. 668 , I. 23 , a subi , lisez : a suhi , p. 677,1. 9, rcwiew , \\SQZ : review ; p. 695, supprimez la virgule apres le mot dramatique ; p. 702, I. lo , Norvege , lisez : ISorvege ; p. 713, 1. 25 , contes des fees , lisez : conies defies; p. 747 , 1. 33 , raisonable , lisez : raiionitable ; p. 771 , derniere ligne du teste, il eut , lisez : (7 cut ; p. 775, 1. 25, I'article qui commence ici est numerote par erreur 270 , au lieu de 370 ; p. 778, 1. 3 , par en Las , I'interct , lisez : Vinteret; p. 811, 1. 22 et 23, c'est a tort qu'un a renvoye ici au torn. x,\xi de la Revue Encyclopcdit incontestablement le plus sur de tous, puis- qu'il est fait par le Legislateur lui-meme : son autorite n'est done ( ^ ) pas inferieure a celle de la loi , de laquelie il revele I'esprit et la veritable intention. Le complementn est que I'execution de I'ordonnance du 1 7 juillet 1 816', qui veut que les lois accessoires soient placees a la suite des Codes. Si le nom sous lequel paroit un ouvrage entierement compose d'elemens officials, pouvoit ajouter quelque chose a son merite, il en est peu qui se recommanderoient plus que celui-ci a I'atten- tion publique. II se compose en grande parlie des propres travaux de M. le baron Locre ; c'est-a-dire des discussions du Conseil d'Etat, que les devoirs de sa charge I'obligeoit de recueillir et de rediger. La revision qu'ont faite de leurs opinions les membres qui ont parle , garantit la fidelite de ces actes. Les arrete's du Conseil , lequel pendant le cours de la discussion s'est plus dune fois repose sur eux du soin d'empecher qu'on ne saisit mal le sens de la loi , et les arretes du Gouvernement leur ont imprime le cachet de I'au- theiiticite. Beaucoup de monumens de la jurisprudence attesteroient , au besoin , leur autorite officielle. Mais ilsuffira de rappeler le celebre arret rendu le i'^'^ fevrier 1819 par la premiere Cour du royaume, par la Cour de Cassation , sur i'une des plus importantes questions que le regime dotal puisse faire naitre. On y dit : Attendu qu'il REStJLTE DES PuocES-VERBAtix DD CoDE CiviL que les aiiteurs de ce Code ont voulu maintenir le regime dotal tel gull existoit dans les pays de droit ecrit, saiif les modifications qiCils out formellemcnt eccprimees y etquils n'ont nullement deroge a la prohibition qui etoit faite d la femnic mariee sous le regime dotal, d^aliener , par des obligations ou autrement , sa dot mobiliere;.... et cette consideration est devenue le motif determinant de I'arret. Le public verra sans doute avec plaisir paroitre au grand jour ces proces-verbaux du Conseil d'Etat qu'il a tant d'interet a con- noitre. Ceux du Code Civil n'ont ete publics qu'en parlie, et la partie qui manque n'est assurement pas la moins interessante sous plus d'un rapport. Ceux des autres Codes sont entierement inedits. Et quand, aux lumieres que donnent les proces-verbaux du Con- seil , viendront se reunir celles qui jaillissent des autres travaux proparatoires , il ne sera plus possible de se tromper sur I'esprit de la loi. Voila les elemens dxx conimentaire : reste a dire de quelle maniere lis sont employes. Rien nest morcele , tout est entier ; et neannioins, par lui procede tres ingenieux, M. Locre place dans la main de son ler- leur un fil qui lui sert a se rctroiiver dans ce vaste dedalc. (3) Ce procede conslste dans deux operations: L'auteur, disciple at grand admirateur de Domat, fait , a son exemple, preceder les divers travaux preparatoires, de sommaires analytiques qui en contiennent la substance et en font saisir le plan lorsqu'on veut les lire de suite, et retrouver facilement les details lorsqu'on ne veut les interroger que sur quelque point particulier. A chaque article , ou plutot a chaque disposition d'un article , sont attachees des notes , egalement analytiques et rai- sonnees, oii Ton fait ressortir les doutes et les questions qui nais- sent de la disposition , les explications et les developpeniens dont la disposition peut avoir besoin , et qui renvoient par des chif fres correspondans a ceux du sommaire, precisement aux passages ou les solutions et les eclaircissemens se trouvent. A ce moyen , M. Locre concilie deux avantages qui , au premier aspect , semblent s'exclure mutuellement : d'un cote, il conserve le drame des dis- cussions, drame des plus interessans , meme pour Thomnie du monde , et il laisse egalement subsister dans leur entier les exposes de motifs, les rapports , les discours, dont plusieurs sont des modeles de raisonnement, de methode, d'eloquence , ce qui facilite les etudes suivies ; d'autre part , il dispense de lon- gues et laborieuses recherches les personnes qui n'ont besoin de connoitre que I'esprit et la portee d'une seule disposition : sous ce second rapport, son livre devient un commode repertoire. Des notices historiques dun grand interet sont placees a la tete de chacune des lois dont la reunion forme chaque Code. A regard du complement , il est forme par I'addition et la con- ference des lois anterieures auxquelles il se refere ; par celles des lois posterieures ou des actes legislatifs qui etendent , deve- loppent, interpretent , modifient ou abrogent quelqu'une de leurs dispositions , et qui , par cette raison , en sont les unes et les autres des parties integrantes ; enfin , par le rapprochement des ordon- nances , des decrets et des autres actes du Gouvernement destines a fixer I'execution des articles qui necessitent des reglemens. M. Locre se trouvoit naturellement appele a ce dernier travail. II avoit, en 1816, prepare , par les ordres et sous la direction de Monseigneur le Chancelier de France , les nouvelles editions des Codes que prescrivoit I'ordonnance du 17 juillet, et a la suite desquelles la meme ordonnance vouloit qu'on reunit les lois accessoires. II eut ete egalement charge de preparer cette addition aux Codes, si les circonstances avoient permis de s'en occuper. Mais ce n'est pas en compilateur qu'il I'execute aujourd'hui^ ce n'est pas une simple collection qu'il offre au public : il com- mente , il explique les lois additionnelles par les discussions dont ( 4 ) elles sont le pioduit ; savoir : les lols anterieures a la Charte , par celles qui ont eii lieu clans le sein des autorites, alors investies (le la puissance legislative ; les lols posterieures , par les discus- sions dans les deux Chambres. Les Prolegomenes, qui precedent I'ouvrage, en donnent en quelque sorte la clef, en rappelant la nianiere, qui n'est plus universellement connue , dont, sous le consulat et sous le regime imperial , on procedoit a la formation de la loi , ct qu'il est abso- lument necessaire de connoitre pour etudier avec fruit les ele- niens du commentaire , pour eviter ou pour conibattre I'abus qu'il est possible d'en faire dans la pratique. Les Prolegomenes retracent ensuite Ihistoire ralsonnee et tres piquante de chaque Code. On rencontre la des anecdotes et des details qu'on ignore, ct qui cependant sont tres instructifs et tres curieux. Au reste , M. Locre a lui-meme rendu compte de son ouvrage dans I'ecrit par lequel il le commence , etauquelil donne le titre de : Idte de ce Lwre{i). C'est de la que nous avons extrait le pen que nous venous d'en dire. Treuttel et Wi;RTz. (i) Nons en avons fait tirei' separement iin petit nonibre d'exetnplaircs pour les per- sonncs qui voudiont 2)rendie une connoissance plus parfaite de rouviage. L'ouvrage sus-menlionne formera -20 n 24 volumes in-8. de 5oo a Coo pngcs fVimpression , caraclere tieuf , interlignc. Sa publication , deja annoncee par uii premier Prospectus, a ete retardee par une maladie grave survenue a I'auteur , et qui a dure plus tie liuit mois : au relour de la sanlc, il a entierement revu son travail, qui, aujourd'hui lermine , paroilra sans interruption. A dater du i" octobre 1826 , il en sera pubiie tons les mois au moins un volume, dont le prix est fixe a 7 fr. pour MM les Souscripteurs , et a g fr. pour les personnes qui u'auroient pas souscrit d'ici au 5i decembre 1826, cpoquc invariabicmcut fixee pour la cloture de la souscription. Lc seul engagement qu'on prend en souscrivant, est de payer d'avance le dernier volume de I'ouvrage , et de retirer les autres volumes au fur et a niesure qu'ils paroitronl. On souscrit^ A PARIS, Cbez Treuttkl et WiiRTz, libraires , rue de Bourbon, n° 17; A STRASBOURG et a LONDRES , meme Maison de commerce. On pent cgaleincnt s'adrcsser a toutcs les bonnes maisons de Librairie (lc In Frnnce et des pays etrangcrs. ; KE L'iMrRIMERIE DE CRArELET, Avis aux amateurs db la litteraturb ^trangere. On peut s'adresser k Paris, par rentrcmise du Bureau cewtrai. djs LA Rbyue EifCYCLOPEDiQUE, a MM. Treuttel et Wurtz, rue de Bourbon , n" 17, qui ont aussi deux maisons de Ubrairie, Tune k Stras- bourg, pour rAllemagne, et I'autre a Londres ; — a MM. Arthus BERTKAKn, rueHauteleuille, n" a3; — Renouaru, ruedeTournoii,n''6; — Levhaui,t, rue des Fosses-M.-le-Prince,n° 3i,et4 Strasbourg; — Bos- s.KVGU fere , rue Kichelieu, 11° 60; et a Londres, pour se procurer les divers outrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- iiais, hollandais, etc., ainsi que les autres productions de la litt^rature etrangdre. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays etrangers ou ils se publient, augraente de 10 pour lOO, pour frais de port, droit d'importation et de commission, etc. — La Direction de la RevueEficyclopediqueviA d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, -par tous les moyens qui resultent de ses publications mensuelles, les communications scientifiques et litteraires entre la France et les pays etrangers. Aux academies et aux sociETES SAVAHTES dc tous les poys. Les Academies et les Societes savahtes et d'otiiite publiqu*, francaises et etrang^res, sent invitees a faire parvenir exactement,//anc de port ^ au Directeur de la Revue Encyclopediqae , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs. AOX EDITEURS d'oDVRAGES ET AUX LIBRAIRES. MM. les editeurs d'ouvrnges p^riodiques, fran^ais et ^trangeis, qui desireraient echanger leurs recueils avec le notre, peuvent compter stir le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^changes , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages , nouvellemeut publics, qu'ils nous auront adrespc.'. Aux EDITEURS DBS RECUEIIS PBHIODIQUES EH AMGLETERRB. MM. les lilditeurs des Recueils periodiques publics en Angieterre sont pri^s de faire remettre leurs numiros k M. Degeorge, correspondantde In Revue Encxclopedigue a houdres, s" 38, Norfolk-street, Strand, chez MM. De Crusy, Cabet et Marbot, maison de correspondance et de com- mission ; M. Degeorge leur transmettra, chaque inois , en ccliange, les cahiers de la Revue Encyclopidique , pour laquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour I'ann^e courante, soit pour se procurer les collections des anneesant^rieures, de 1819^ i8i5 inclusivemewt. Aux LIBRAIRES ET AUX EDITEURS d'oUVRAGES ES ALLBMAGKE. M. ZiRGis, libraire a Leipzig, estcharg^ de recevoir et de nous faire parvenir tous les ouvrages publics en AUemagne , que MM. les libraires, les Editeurs et les auteurs desireront faire annoncer dans la Revue Encj- elopidique. LiBnAiBES chez lesquels on souscrit dans les pats iTRANCKUs. Aix^ia-ChapeUe, Laruelle fils. /Imsterdam, G. Dufour; — Dela- chaud. Anvers , Ancelle. Aran (Suisse), Sauerlander. Berlin, Schlesinger. Berne, CiJas , au cabinet litt^- raire ; — Bourgdorfer. Breslaii, Th. Korn. Bntxelles, Lecharlier; — Demat. Bruges , Bogaert; — Unmorlier. Florence, Piatti. Fribourg (Soisse) , Aloise Eggen- dorfer. . • Francfori-sur-Mein , Schaeffer ; — Bronner. Gand, Varidgnli^rtkoveu fils. Genive, J.-J. Paschoud ; — Bar- bezatetDelarue. La Haye, les frercs Langenliuysen. Z