■<:i6. ( 3'>.'^ de l;v coliectior. L!Vn\(Sr)\ REVUE ENCYCLOPEDIOU ANALYSE RAISONNEE .:.:.. PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUAJ3LES DV?(S LA I.ITTliRATtJHEj LES SCIENCliS JiT LES ARTS. i" Pour les Sczentds y/nsirpiet el matltemaliques et l(-s Aits indaslneh : MM. AMrERE.Cu. Uvpis, l'"ou(n:;ri, GuiARf;, Wavier, de I'lustitutjCoQUF.iiEi.; Cvsase<;a, Ae Madrid; FEiUiit, Frakcoeuu, Ad. GoNDt:«ET, LeNormaku, j;rofe»seur de to.cLoolj^ie; K. MicBELox, de Momtgerx , Moreao de Jokijes, i'oDlI.I.ET, T. RlcaAUD, WAflUEN , etc. 'i" Pour les Sciences nalmeUes: AIM. GEOFJRor-SiiaT-Hir.AtSE, de Vlo.stimt; •>i;t de Saijci'-Viscekt, corrcspoudant del'Institut, V. AuDOUilf .JJaiuteu ■ KVFO'is, d" Turin; Browgkurt £Is, Desmarest , Flourews, D.-M. ; Gatllos , de Diejipe; V. ixcrtv, r.TiosT, etc. S**. Vouriti Sciencgs inedicales : MM. Adecok, Ballx-.Uamirok, G.-T.Doin, Amedee Dtjpab, EsQUtRi.r., FOssati,Gasc, A. GRiMAri),d' Angers; Georget; ije KincKHOrF, d'Anvers; Orfii,a; RiGOLi^oT fils, d'Ainieus. .'t" i'Oiir lif^^Sciences [j/iilosc^/.i,^ucs ft inoralas , poUiiqiies, geognip'iiqiies vl hisloriques : MM. M. A. JuLtrEN, ^e Paris, Foadateur-lyifecteur de !a Revue Encjrcliyiic'Mque; Degekando, Ai.ex. de la Bord«, Jomard , Lakjbikais, de ritistitut; AcoUiJ, Artaid, M.-^vENEi,, Barbie Bu. Socage CIs, BEnjAMiN- (^o.ssTAi'T , Cuarles Comte , Deppikg, Aooi-pnE Gap.sier, Goigkiact, Gtizoi', .V. JAtEBRT, LAFOzf DE Ladebat, Alex. Lawetu, Lanjhinais iils , V. LAmt, LEsuEca-MERr.ijf , AIassias, A. Wetrat, ; ATeyer , d'Aiusterdam ; ijf WonviNs, Parest-Reai,, Epsebe SAtvERXE, J.-B. Say, Sismohdf be SrsMONBi, drt Geneve, etc. Dcpik aiue, Berville , A. BttJGKOT, l;our.nEKE- LeFER, CBIvr.I,I.T,D0UBI.ET-DE-B01STHIBAUI.T, DcVAU , DliFRAYER , UcVEK- iiiER , GcADET, C!i. Resocard, TaILLAHDIES) aVirf-.,! , tt(. 5" Pour la Litleralure francaise ei etranger^, la Biblhgt'-iphie ■, \'Aicheolcg^le t \cs Beaux- Arts :'tliyi. Ahduiecx, /^madry-Duvai/, Bf.ktos-,/. Bic;;, K^fEBic 'AvrD, LfiMERCtER, Naddkt, HE SEGcRjde riiinitut; MineX,.-Sw. uelt.oc; iM. Bariseau, BiANCHi, M. Berh, J.-P. Bres, Fttix BoDtK, Bo.-iaoopiils, .AUVET, Cbf.HEDOLI.E, dc Liepc; P.-A. COtJPir. , K;i. DtG£ORGE, .TuwERSAIf, i). Gauttier , Ph. Goi.bery, Heiberg, Ke'^.ticbs, E. Urrea-.:, aboust: i.LiEK.fil.s; Kaivos, de Zaute; Adrieh-Lapasge , .T.-V. Lect.sro, Loeve- VtiMARS, A. Mahhi., Mautiei, , Mazois, Ai.i!Krt-Mo>'temont, Moxnarb, de Lausanne; Kicoi.o-PoDto, C. Pagawei., H. Patih, PoNOERVlt.i.E;QcETE- r.ET, BE Reiffenberg, de Bruxelles ; Bolle , Bibliotliecaire de la ville de ris; i)E Stass^rt, Fr. Salfi, M. Schika:* ; Sc^WEiGHiECSER , de Stras- irj^: Li.os Thiesse, P. F. TissoT, Veeket;!!., Yn,r,Ei.-AVE, S. ViscojfTt, etc, A PARIS, ..^ , ., ;.i..xb i.i^:>,TlU]. DE LA BEVUE j:,:>CxC.LOi-£.L/i^oE, Rue d'Eiifer-Soiiit-Michel, n" i8; AUTHUS BERTRVND, rue Hautet'euille , n" aS; All itJusKB ENCYCI.OPEDIQUE, CHEZ BossAHGE p6re,rue Richelieu, u" 60; RF.soaiRu, ruo Jc Toiirnon, n° 6; LONDRIiS. — Gj-KEii.^i, FoiiEiGw Agk:' Janvier ou du if^^/uilletde chaque aunee, pour six mois, ou pourun an. On trouve, t.v buri'.au cKxuxRir, , les collections des annies iSrg, l8ao, iSit, x8a2, 1823, i8a4ef iSaS, au prix de 5o francs chacune. REVUE ENCYCLOPEDIQUE ^ I Crcy-O, '»»<«i2ai4ii^fci.■»SaK«w.s^» PARIS. DB LIMPRIMEBIK DE HIGWOUX, rae da* Francs-Bourgeoi^S.-Miebel , r.o 8. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LES SCIENCES, lES ARTS INDUSTRIELS, LA LITTERATURE ET LES BEAUX-ARTS J PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET DAUTRES HOMMES DE LETTRES. TOME XXXII. PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPl^DIQUE, RUE d'eNFER- SAINT -MICHEL, N° l8. OCTOBRE i8a6. •< Tontes Ics sciences sont les rameaux d'line meme tigc. » Bacon. « L'art nVst antre chose quo le contr61e et le registre des meillcures produc- tions.,. A controler Ics productions (ct les actious) d'ua cliacun, il s'engeudrc euvie des bonnes, et mepris des mauvaises. » MOKTAIGBE. <> Les belles-lettres et les sciences, bien etudiees et bicn comprises, sont des instmniens nniverMls de raison , de vertu , de bonhear. » TABLILVl FIGURE Spherr de la Com\ais-sai\ce humaiiip. \usliiui. ■louiVSU\ (' y/// .»■ ////Ak A'V.i i/f ///v/-'. :^ov^ ,/' IT / , / 5 V N v* ef v^ ^A .o'- -A) = N^ i^ I t^' 6^ i" s"- ^^ i' ^* A? g =tis5. ^^ ? S $ J ^ ,^ ^ /s, .tstiy'ionn'e. Cm/oyie. Ccoy'tyj/iec p,u""'"/fyr,f Kinvra/oytp Jul""'''"!'' ■ ^'%- •Vou die ■im '-~j % % r-}(f7//. -^>^1^'V> if ./>'* ^^' Zf/A e/c A/iyi'/m^J-^' rHOUt.EML bt srRlT HLUA TABLEAU GENEALOGIQUE ET ENCYCLOPEDIQUE DES CONNAISSANCES HUMAINES, DAPRES LE SYSTEME DU BARON MASSIAS. JNATURE: LOI DES ETRES ET DE LEURS RAPPORTS. MOUVKMENT IMPRIMK. MOUVEMKXT PROPRE. ANSION. ATTHA SriP.NCKS PHYSIQUES. RKGNE inorganiqu Astrcs. PlaDC'tCR. (^ometcH. Tcrrc. (^aloriqiif* AtoincK. ENSIDILITE. .SCIENCES PHYSIOLOGIQL'ES. 'Vegetal. Arhres. Arhustes, Herben. Mousses. Lichens. Couferves REG>E animal. Horames. Quadrumanes Quadru pedes. Oiseaux Cetaccs. Poisions. Reptiles. Insectes. Mollusques. Vers. Animalriile^. MATFRIAUX PK LA SCIKNCK. PAROLE. PENSEE. >t I ENCES LOGIQDES Histoirenatu- relle. Histoire des iocieteshumai JCS. Biographies. Topographie. Chronolof-ip. Philologle. Nomenclature Lcxicngrapl.ie Mfmoirf. PHri.osoPHrE. Metaphysique. Medecinc. Mathematiques. Algebre. Arithmetiqup. Rhetorique. Logique. Grammaire. Langues. Parole ecrite. Parole parlee. Parole figuree. Parole pensec. Raison, Poesie. Architecture. Sculpture. Peinture. Musique. Daose. Imaginatio? mecanique.i. St.fliqup. Opiique. Anatoniie . C hirurgie. Pharoiacie. Agriculture. Ameublement Habitation, Vestiaire. Alimeotation. KKSTLTAr nil TRAVAIL DF.S F.\CULTK,S IH'MAINES sun f,K« M\TFRIAIIX DF. F.A .iriFNCF. KACULTES MISES EN COMMITN. SCIENCK.S SOCIAEES- IhA.nmcfmU I;, -rir J,, .-„^, ^.j.^^;,, a^ . Artderendre' I" lespeuplesheu-* Actiou de la. S iraisouct dela- « -force , ou gou-' in ■ vernement : S I Droitdelaso-' 5 |ciete. ^ • Baison qui li-. i 3 "miteles droits,- 'et intimc les- K idevoirs : Loi." S I Dernirs: limits w 'd'autrrii. 2 . I aregalite.! y y; I a la liberie- ^ I c I a la pro-- w I § I priete de = ■ Droit. C ■ Justice. - • " ■ ResuUat du. « n-avail des fa-. Iriilte.^ humai-- ? If^lre politiqup. . K< ONOMIE politique. Reproduction Consoinmation Commerce. Machines. MoDDaics. Ecliauges. Corres-| pondaucel du Commu-/tra- Division / >sultat ill de. SENTIMENT DU BEAU ET DU SUBLIME. DEVOUEMENT. SClEiNCES MORALES. Envers Dieu. Cuhe envers tous les etres .sensibles. Envers rhumanite. Envers la societe. Enters les siens. Envers sni-mt'me. Devoir. LlRRF \RRTTRI-. iill.it du trarailderhonime ' ■' """ ' ''"'" l-i. P^. ^- ..c.-m. H, ,„„ ..«.„„:„.„„ , „. ,i«„d,„. „i„, :, imint 1 n:trf iiipir,,..- p.iv «os lariill^. sn|.r,ici.n REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS KEMARQUABLES DANS LA LITTERATURK, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. PHILOSOPHIE. La lettre qui suit, nous a paru remarquable par I'extreme precision avec laquelle son auteur a su resumer le systeme rfeyjA«7oi'o/?A/e dcveloppe dans ses ouvrages, et qui cmbrasse rhomnie tout entier, les lois de son organisation physique, intellectuelle, sociale et morale, la conception de la divinite, exclusivemeut propre a notre espece, et qui conduit ainsi a la solution du probleme de la connaissance humaine, autant qu'il parait etre donne a rhomnie de rexpliqner. En publiant cette lettre qui fournit le sujet des plus hautes meditations, et les frojj tableaux synoptlques dans lesquels le systeme entier est figure et analyse, nous aimous a faire con- naitre a nos lecteurs que I'un des ecrivains de notre epoque les plus celebres et les plus verses dans les etudes philosopbiques regarde comme tres-salisfaisante la solution que M. Massias a donnee du probleme si difficile et si important dont. il 6 PHILOSOPHIE s'est occupe. Nous avons sous les yeux la lettre dans laquellc est exprime ce jugcnient (i). Lettre contenantle Rksume du Systt^me dephflo- SOPHIE expose dans les ouvrages de M. Massia.s; adressee a M. Jullien, de Paris ^ Fondatenr- Directeur de la Revue Encyclopedique. Paris, 1 6 septembre 1826. Monsieur , — Vous m'avez invite a vous donner sans developppemens et sans observations, les premiers li- ne'amens , le simple trait de ma pUilosophie du Rapport de la nature a Vliomme^ et de Thommea la nature. Je m'empresse de vous satisfaire , et je vais rapidement parcourir les sixlois auxquelles se rapportent toutcs les affections ettoutes les idees humaines ^ et qui sont expo- sees , avec les developpemens dont elles m'ont paru susceptibles , dans les six volumes dont se compose mon ouvrage (2). I. Loi DE SENSIBItlTE. Partant avec Montesquieu du principe, que tout (i) Les personnes qui aiment a s'occuper de recherches philoso- phiques, pourront, a ['occasion de la Lettre de M. Massias, inseree dans ce cahier, consulter les Reflexions sur les fondemens de la phi- losophie , qui ont ele publi^es dans notre /fecwe ( t. xxiii , p. 54i-55i ) , et I'examen des Fragmens philosnphiques de M. Cousijt ( Bev. Enc. , t. XXXI, aout i8a6, pag. 327-334). (2) Rapports de la nature a rhomme et de I'homme a la nature. Paris, i8i8-l8a4. 4 '^'ol. in-S"; Firmin Didot. — Theorie du bean et du sublime. Paris, 18 j5. i vol. in-8°. — Probleme de V esprit humain , ou Origine de nos connaissances. Paris, I8a6. r vol. iii-8° , avec 16 tableaux synoptiques. DE L'ESPRIT HUMAIN. 7 ETRE A sES LOIS, et qu'aucuii nepeut exister qu'en vertu de celles qui le liennentsous leur dependance , et qui le iiienent a sa destination, je me suis dit : C'est dansles lois qui les regissent, qu'il faut etudier les diverses creatures; I'homme a les sicnnes, quile font et le main- tiennent ce qu'il est, et qui donnent a son espece la forme qui la constitue. De meme done que les organi- sations des individus qui composent I'humanite , sont ressemblantes ; de meme , il y a des sentimens communs aux hommes de tous les terns et de tous les lieux. Ces sentimens, puises dans I'instinct et la necessite de sa conservation , sont Y amour de soi^ de ses proches ^ de sa patrie; la pitie, Injustice, Vamitie, etc. II. Loi d'intelligence. Mais I'homme pense en honime, et non autrement- Ce que dit un individu, chaque individu le comprend, parce qu'il I'a trouve en lui, parce qu'il I'a pense, parce qu'il existe une loi d' intelligence pour toute I'espece. La perception , la reflexion , la comparaison , la deduction , sont de meme nature pour chacun de nous. III. Loi de SOCIABILITE. L'organisation de Thomme ne peut se conserver et se developper que sous une tutelle prolongee; sa sen- sibilite ne s'exerce pleinement qu'envers des etres sem- blables a lui. La pensee suppose la parole, et la parole est eminemment sociale. II existe done une loi de so- ciabilite ; d'ou la famille et les gouvernemens. Dans quelque position que vous placiez les individus de notre espece , la necessite de leurs besoins et de leurs facultes les reunira en families et en peuplades, et leur donnera des moeuis , des lois et des chefs. 8 PHILOSOPHIE IV. Loi DK MOR*HTE. En depit de \ amour de nous-memes , source de tous les sentimens communs a notre espece, nous savons invinciblement qu'il ne nous est point perniis de tout sacrifier k cet amour ; nous sentons que le bien est au- dessus dii bien-etre; que, s'il y a des droits, i) y a aussi des devoirs ; que les devoirs imposent des obligations, et que les obligations supposent un superieur. La loi du devoir est done imposee et sanctionnee par la divi- nite : elle comprend nos devoirs envers Dieu, envers nous-memes^ envers nos semblables. V. Loi DU BEAU KT DU SUBLIME, Cette quadruple activite que nous venons de signaler dans riiomme, et qui est stimulee et reglee par des lois correspondantes , se perfectionne, se perd et se re- trouve dans I'idee et le besoin de I'infini , sentiment du sublime. La loi qui rend une creature capable d'avoir le sentiment et I'idee, quelque imparfaite qu'elle soit, de I'infini, de I'ordre universel et de son auteur, est exclu- sivement propre a I'humanite. VL Loi de la connaissance eumaine. Dans toutes les nuances des cinq modes d'etre prece- dens, nous trouvons toujours V action universelle de I'a nature , ou la loi generale percue par \ organisation et \ intelligence de I'homme; triple action devenue iden- lique dans le nieme etre, et qui en fait une sorte d'uwiTE TERNAiRE. Quclquc chosc qu'il concoive, qu'il pense, q^n'il dise, qu'il fasse, il ne peut se separer de la nature : LA CONNAISSANCE NEST QUE LANALOGIE DU TOUT, ET d'uNE DK SES PARTIES'INTELLIGBNTES. DE L'ESPRIT HUMAIN. 9 A ce systeme qui lie intiniement rhomme a I'ordre iiniversel , lultramontanisnie oppose le rapport de Phomme au sacerdoce , et il s'appuie sur les revelations etles traditions , dont les anciens pontifes et les patriar- ches auraient etefaits depositaires. Dans mes trois lettres a M. leharon d^Eckstaiii (i), j'ai montre que ces revela- tions et ces traditions ne sont que le resultat de Taction de nos facultes en rapport avec les phenomenes exte- rieurs, et qu'il y a encore ici t^apport de la nature a rhomme et de Vhomme a la nature. J'ai I'honneur , Monsieur, de vous offrir les senti- mens de ma haute consideration et de ma sindere amilie. Le Baron Massias. (i) Paris, i8a6. lu-S" d'environ 200 pages. Firrnin Didot. (Voy. Rev. Erie. , t. xxix , p. 798 , t. xxx, p. 494 , et t. xxxi , p. 453. ) DU MOUVEMENT DE LA POPULATION EN FRANCE, CONSTD^Rlfe DANS CHAQUE Dl^lPARTEMENT. Dans iin des caliicrs de ce reciieil ( vov- He*'- Enc. , X. xxv, mnrs 1826, p. 58g-6oi), nous avons presonte le mouvement de lapopuliitlon en France, dans un espacc de six ans, de 1817 a 1823. IVoiis aliens faire connaitrc Ics niouvcmens parliels qui, dans cette nicme puriode, sc sont optrt-s dans cbaque departemcnt. Pour qu'on ne pnisse avoir aucim doufe siir roxactitudc des rcsultats que nous consignons dans les tableaux suivans, nous donnons les elenicns qui y conduisent. Le premier tableau reproduit d'abord, pour la France en- liere, les resultats nioyens repondant a una population de 1,000 individus. II offrb ensuite les resultats analogues pour cbaque departement, avec une troisieme colonne qui indique la quanlite dont ces resultats particuliers s'eloignent, en plus, on en nioins , des I'osuitats generaux. PREMIER TABLEAU. FRANCE. Popnlalion inoyenne . 3o SiQ 44 M;iiiages annucls nioyens 218 pi Naissances lolales, id 957 876 Nalssances males 424 227 Naissances femi'lles 463 649 Naissances d'enfans legitimes. . . 65 199 Naissances d'cnfans nalmcls. . . . 892 677 1 ulal des deces, . 764 848 Dcces males 386 453 Deces feraellcs 378 395 Accroissement de population. . . . 85 255 Sur 1000 de 1 popu atioii. ^ 7 23 3r 59 16 3o 1 5, = 0 29, 44 2, i5 20, 23 12 73 12, 48 6, 36 MOUVEMENT DE LA POPULATION EN FRANCE, ii I. AIN. Popniation moyennf 828 654 Manages annuels moyens 2 126 Naissanccs totales, id, 10 228 Naissances xakles , id 5 lo3 Naissances feraelles 5 020 Naissances d'enfans legitimes. ... 9 946 Naissances d'enfans naturels. ... 277 Total des deces 9 386 Decis males 4 8o5 Deces femelles 4 58i Accroissement de population. . . . 838 2. AISNE. Popniation 453 o32 Mariages 3721 Naissances totales 16 026 Naissances males 8 208 Naissances femelles 7818 Naissacces d'enfans legitimes. . . . i4 995 Naissances d'enfans natnicLs. ... i o3i Total des deces 11 609 Deces males • 5911 Deces femelles 5 698 Accroissement de population. ... 44^7 3. ALLIER. Population 275 597 Mariages 2 376 Naissances totales 10 299 Naissances males 5 356 Naissances femelles 4 943 Naissances d'enfans legitimes. ... g 690 Naissances d'enfans naturels. . . . 609 Total des deces 7 670 Deces males 8872 Deces femelles. 3 798 Accroissement de population. ... 2 628 Sur looo DIFFtBEXCE de la lotalite population. de la France. 6,47 — 0,76 3 1, 1 1 — 0,48 1 5, 34 — 0,46 i5, 27 0,02 3o, 27 4- o,83 0,84 — i,3i 28,55 + 3,32 14, 62 + 1,87 13,93 + 1,45 2, 03 — 3,81 8, 21 + 0,98 35, 37 + 3,78 iS, 12 + 1,82 171 25 + 1,96 33, 10 + 3,66 2, 27 + 0,12 20, 63 + 0,40 i3. o5 + o,3o 12, 58 + o,ro 9. 74 + 3,38 8,62 + 1,39 37,37 + 5,78 19,43 + 3,r3 i7> 94 + 2.65 35,16 + 5,72 2, 21 + 0,06 27,83 + 2,60 14, o5 + i,3o i3, 78 4- i,3o 9,54 + 3,i8 MOUVEMENT DE LA POPULATION DJ&PARTEMENS. 4. BASSES-ALPES. Population 147581 Mariages r 028 Naissaiices totales 5 07 i Naissances males. 2 604 Naissaiices fcmellcs 2 467 Naissances d'enfans legitimes. ... 4 856 Naissauces d'eiiluns naturels 2i5 Total dcs deces 4 104 Deces males 2 oSy Deces femelles 2 047 Accroissemeut de population. ... 967 5. HAUTES-ALPES. Population 120021 Mariages 788 Naissances totales 4 Sog Naissances males 2 24O Naissances femelles 2 o63 Naissances d'enfans legitimes. . . . 4 125 Naissances d'enfaus natnrels i84 Total des deces 3 5oi Deces mAles i 753 Deces femelles i 74S Accroissement de population. . . . 8og ti. ARDECHE. Population 299 4o3 Mariages 2 3t2 Naissances totales. . . , 10041 Naissances males 5 168 Naissances frutelles 4873 Naissances d'enfans legitimes. ... 9 808 Naissances d'enfans naturels. . . . 233 Total des dcci-s 7 429 Deces males. . . 3 873 Deces femelles 3 556 Accroissement de population. . . . 2612 6,9^ — 0,26 34,36 + 2,77 17,64 + 1,34 16, 62 + 1,43 32,90 + 3,46 1,46 — 0,^9 27, 81 + 2,58 1 3, 94 + 1,19 13.87 + 1,39 6,55 + 0,19 avec la lotalitc la France. 6, 56 — 0,67 35, 90 + 4,3 1 18, 71 + 2,41 17, 19 + 1,90 34,37 + 4,93 r, 53 — 0,62 29, 17 + 3,94 i4>6i + 1,86 14. 56 + 2,08 6, 73 + 0,37 7. 72 + 0,49 33,54 + 1,95 17, 26 + 0,96 16,28 + ">99 32,76 4- 3,32 0, 78 - 1,37 24, 82 — o,4i 12,94 + 0,19 II, 88 — 0,60 8,72 + 2,36 EN FRANCK 1 3 7. ARDENNES. Popnlation 264 195 Mariages 2 o58 Naissances totales. 8 Sgg Naissances males 4 426 Naissances femelles 4 I73 Naissances d'enfans legitimes. ... 8 og5 Naissances d'enfans nalurels 5o4 Total des deces 6 25g Deces males 3i5i Diices femelles 3 ro8 Accroissement de population. ... 2 3 40 8. ARRIEGE. Population. 232 2og Manages i 38g Naissances totales 6 go; Naissances males 3 554 Naissances femelles. 3 353 Naissances d'enfans legitimes. ... 66ii Naissances d'enfans naturels. . . . 2g6 Total des deces 5 245 Deces males 2 58g Deces femelles 2 656 Accroissement de population. ... i 662 g. AUBE. Popnlation 227 774 M^'iages I ,3g Naissanees totales 7 044 Naissances males 3 648 Naissances femelles 3 896 Naissances d'enfans legitimes. ... 6 675 Naissances d'enfans naturels. . . . 36g Total des deces 5 o56 Deces males 2 689 Deces femelles 2417 Accroissement de population. ... i 988 7> 79 + o,56 32, 55 + 0,96 16, 75 + 0,45 1 5, 80 4- o,5i 3o, 64 + 1,20 I, 91 — • 0,24 23, 69 — 1,54 II. 93 — 0,82 I II 76 • — ■ o>72 la tol.-ilite dc la France. 5,gS 29, 75 — 1,25 — 1,84 i5,3i 14,44 — 0,99 — o,85 28,47 1,28 22, Sg ir, i5 — 0,97 — 0/87 — 2,64 — t,6o ir, 44 7,16 — ■ i,o4 -f 0,80 7,64 + 0,41 3o, 93 — 0,66 i6, 02 — 0,28 14,91 — o,38 29, 3i — o,i3 I, 62 — 0,53 22, 20 — 3,o3 II, 5g — x,i6 10, 61 -1,87 8,73 + 2,37 i4 MOUAT.MENT DE LA. POPULATION DEPARTEMENS. lo. AUDE. Population 25 1 <)f>7 Mariages i 7^4 Naissauces totales 7 957 Naissances males 4074 Naissances femcUes 3 883 Naissances d'cnfans legitimes. ... 7 577 Naissauces d'eufans naturels 38o Total des deci's 6 896 Dices males 3 532 Diices femellcs 3 3C4 Accrolssement de population. ... i 061 II, AVEIRON. Population 337 ^^4 Mariages 2 o53 Naissances totales 9 4*Ji Naissances males 4877 Naissances femelles 4 584 Naissances d'enfans legitimes. ... 9 o3o Naissances d'enfa.is naturels. . . . 43i Total des deces 8 252 Deces males 4 i55 Deces femelles 4 097 Accrolssement de population. ... i 209 12. BOTJCHES-DU-RHONE. Population 3io563 Mariages 2 369 Naissances totales 11 446 Naissances males 5876 Naissances femelles. . , 5 570 Naissances d'enfans legitimes. ... ro 352 Naissances d'enfans naturels. ... 1 094 Total des deces 9 807 Deces males 4911 Deces femelles 4 896 Accroissemept de population. ... i 639 dc pnpulati, 6,88 — 0,35 3i,58 — 0,01 i6, i5 — o,r3 i5, 4i 4- 0,12 3o, 07 + 0,63 r, 5 1 — 0,64 27, 37 + 2,14 14, 02 + 1.27 1 3, 35 + 0,87 4, 21 r— 2,l5 la totalitc de la l-ianco. 5, 14 — 2,09 28, o3 — 3,56 14,45 — 1,85 i3, 58 — 1,71 26, 75 — 2,69 1,28 — 0,87 24,44 — o>79 12, 3o — 0,45 12, 14 — 0,34 3,59 — 2,77 7,63 + 0,40 36,86 + 5,27 18,92 + 2,62 17,94 + 2,65 33,33 + 3,89 3,53 + r,38 3i,58 + 6,35 i5,8i + 3,06 i5, 77 + 3,29 5,28 — 1,08 EN FRANCE. DEPARTEMENS. i3. CALVADOS. Population 491 io5 Manages 3 194 Nalssances totales 11 262 Nais.sances males ^795 Naissances fetnelles 5 467 Naissances d'enfans legitimes. ... 10 loi Naissances d'enfans natarels. . . . I 161 Total des deces 10064 Dcces males 4 942 Deces femelles 5i22 Accroisscment de popalation. ... ^ 198 14. CANTAL. Popalation 25o4i6 Manages i 397 Naissances totales 6 583 Naissances males 3 394 Naissances femelles 3 1S9 Naissances d'enfans legitimes. ... 6 lyS Naissances d'enfans natarels. . . . 408 Total des deces 56i4 Deces males 2 582 Deces femelles 3 o32 Accroisscment de population. . . . 969 i5. CHARENTE. Population 343 906 Mariages 2 269 Naissances totales 10 2i33 Naissances males 53io Naissances femelles 4 023 Naissances d'enfans legitimes. ... 9 738 Naissances d'enfans naturels 495 Total des deces 7881 Decfes males 3 858 Deces femelles 4 o23 Accroisscment de population. ... 2 352 Sur xooo de populrition 6, 5o — 0,73 22, 93 — 8,66 II, 80 — 4,5o II, i3 — 4,16 20, 57 — 8,87 2,36 + 0>2I 20, 49 — 4,74 10, 06 — 2,69 10, 43 2,o5 2,44 — 3,92 6,60 29, 76 1 5, 44 14, 32 28, 32 1,44 22, 92 II, 22 11, 70 6, 84 5 58 — 1,65 26, 29 — 5,3o 1 3. 55 — 2,75 12, 74 — 2,55 24 66 — 4,78 I, 63 0,52 22, 42 — 2,81 10, 3i — 2,44 12, II -0,37 3, 87 — 2.49 — o,63 — 1,83 — o,S6 — 0,97 — 1,12 — 0,71 — 2,3 I — 1,53 — 0,78 + 0,48 I(j MOUVEMENT DK L\ POPLILATION DEPAUTEMENS. i6. CHARENTE-INFERIEURK. Popniatioii 407 7^3 Manages 3 270 Naissances tolales 12 988 Naissances niales 6 G75 Naissances femelles „ . 6 3i3 Naissances d'eufans legitimes 12 453 Naissances d'enfans naturels 535 Total des deces 11 5g5 Dcccs males 6 006 Deces femelles 5 SSg Accroissement de population t 393 17. CHER. Population v 2 36 090 Manages 2 079 Naissances totales 8875 Naissances males. . 4 ^^3 Naissances femelles 4 222 Naissances d'enfans legitimes 8 5i8 Naissances d'enfans naturels 357 Total des deces 6 706 Deces males 35ii Deces femelles 3 igS Accroissement de popnlation 2 1G9 iS. CORREZE. Population 269 839 Manages i 906 Naissances totales 9 400 Naissances males 4 865 Naissances femelles 4 535 Naissances d'enfans legitimes .... 8 937 Naissances d'enfans naturals 463 Total des deces 7 o44 Dec^s males 3 585 Deces femelles 3 459 Accroissement de population. ... 3 356 8, 02 3i,85 16,37 i5, 48 3o, 54 i,3i 28,43 14, 72 i3, 7T 3,42 8, 8r 37.59 19. 7» 17, 88 36, 08 I, 5r 28. 40 14,87 i3, 53 9. 19 7, 06 34,84 18, o3 16, 8r 33, 1 3 1.71 26, 10 i3, 29 12,81 8,74 + 0,79 -}- 0,26 + 0,07 + 0,19 + 1,10 — 0,84 + 3,20 + 1,97 4- 1,23 — 2,94 + 1,58 -H 6,00 + 3,4r + a>59 + 6,64 — 0,64 + 3,17 + 2,12 + i,o5 H- 2,83 — 0,17 -f- 3,25 + 1,73 + r,52 + 3,69 — 0,44 + 0,87 + 0,54 + 0,33 4- 2,58 EN FRANCE. '7 ig. CORSE. Population 179302 Manages i 365 Nai.siances totales 5 242 Naissances miiles 2 580 Naissances femelles 2 553 Naissances d'enfans legitimes 5 044 Naissances d'enfans naturels iq8 Total des deces [^ 5q4 Deces miiies 2 38q Deces femelles 2 2o5 Accroissement de population. . . . 648 20. COTE-D'OR. Population 355 2o3 Manages 2 483 Naissances tolales 10 63o Naissances males 5 522 Naissances femelles 5 1 08 Naissances d'enfans legitimes. ... g qnQ Naissances d'enfans natarels 654 Total des deces 8 064 Deces males ^ o"G Deces femelles 3 088 Accroissement de population. ... 2 566 21. COTES-DU-NORD. Population 549575 Manages 3 g6- Naissances totales 10806 Naissances males '. . . . q 587 Naissances femelles 9210 Naissances d'enfans legitimes. ... 18 284 Naissances d'enfans naturels 322 Total des .deces i5 toS Dec6s males ^ gj^ Deces femelles 7 756 Accroissement de population. ... 3 098 T. XXXII. — Octobre 1826. 6, gg 2g, 93 1 5, 55 14, 38 28,09 1,84 7,61 + o,38 29,24 — 2,35 1 5, 00 — i,3o 14,24 — i,o5 28, t3 — i,3i I, II — 1,04 25, 62 + ",39 i3, 32 + 0,57 12, 3o — o,i8 3,62 — 0,74 I r ,48 ir , 22 7 ,23 . 7 04 34 22 17, 44 16 78 33 29 O) 95 28, 58 14, 47 14, II 5, 64 — 0,24 — 1,66 — 0,75 — ■ 0.9 1 — 1,35 ■ — 0,3 1 — 2,53 — 1,27 — 1,26 + 0,87 — 0,19 + 2,63 + 1,14 + i,4g + 3,83 — r,2o -h 3,35 + i,72 + 1,63 — 0,72 MOUVEMENT DE LA POPULATION DEPARTEMENS. 22. CREUSE. Population 244 igg Manages i 689 Nalssarices totales n 867 IVaissances males 4 062 Naissances fcmelles. . 3 8o5 Naissances d'cnfanslegilimes 7 338 Naissances d'enfans naluiels 529 Tolal des deces Sigi Deces males 2 487 Deces femelles 2 704 Accroissementde population .... 2676 23. DORDOGNE. Population 45 1 126 Manages 3 198 Naissances totales i3o3i Naissances males 6 763 Naissances feraelies 6 268 Naissances d'enfans legitimes. . . . 12448 Naissances d'enfans natuiels 5o3 Tolal des deces 11816 Deces males 5 957 Deces femelles 5 SSg Accroissement de population i 2 1 5 24. DOUBS. Population 240416 Mariages i SgS Naissances totales 7 880 Naissances males 3973 Naissances femelles 3 707 Naissances d'enfans legitimes 7 119 Nai»3ances d'enlans naluiels 56 1 Total des deces 5 896 Deces males 2 959 Deces feraelies 2 987 Accroissement de population. ... i 784 Stir 1000 avec dc 1.1 lolalile n>pul;ition. de l;i I'laiice. 7,08 28,99 14,99 13,90 27.59 1, 3o 26, 19 i3, 20 12,99 2, 70 6,92 — o,3r 32, 22 + o,63 16, 63 + 0,33 i5, 59 + o,3o 3o, o5 + 0,6 r 2, 17 + 0,02 21, 26 -3,97 10, 19 — 2,56 1 1, 07 — i,4i 10,96 + 4,60 0,1 5 2,70 i,3t 1,39 1,85 o,85 0,96 0,45 o,5i 3,66 6,65 — o,58 3i,94 + 0,35 16,52 + 0,22 1 5, 42 + o.i3 2q, 61 + »>i7 2,33 + 0,18 24, 52 — 0,71 12, 3l — 0,44 12, 21 — 0,27 7> 42 "T i>o*' EN TRANCE. »S) DEPARTEMENS. 25. DROME. Population 269 961 Maiiages i 984 Naissances totales 9 'oo Naissances males 4 7'° Naissaiices femeDes 4 ^90 Naissances u'enfans legitimes. ... 8 554 Naissaiices d'enfans naibrels 546 Total (les deces 6 946 Deces males 3 488 Deces femelles 3 458 Accroissement de population. ... 2 134 26. EURE. Population 4ao 589 Maiiages . 3 089 Naissances totiiles 10 55o Naissances males 5 353 Naissances feinelles 5 197 Naissances d'enfans I'egitiines. . . . 9883 Naissances d'enfans naturels 667 Total des deces . 9667 Deces males 4 go3 Deces femelles 4 764 Accroissement de population. . . . 883 27. EURE-ET-LOIR. Population a6i 62C Mariages 2110 Naissances totales 8 339 Naissances males 4289 Naissances femelles 4070 Naissances d'enfans legitimes. ... 7 824 Naissances d'enfans naturels 535 Total des deces 6212 Deces males. 3 i4t Deces feii;elles. 3 070 Accroissement de popalation. ... 2 147 7,35 33,71 i7> 45 16, 26 31,(59 2, 02 25, 73 12, 92 12,81 7,98 8,07 3i,95 16, 39 i5,36 29.91 2, 04 23, 74 12, 00 ">74 8, 21 + + T + + + + + i,i5 0,97 2,25 o,r3 o,5o 0,17 0,33 1,62 7 34 + 0,1 r 20 08 — G,5i 12 73 — 3,57 12, 35 — 2,94 23 5o — 5,q4 r 58 — 0,57 22, 98 2,25 II 65 1,10 1 I; 33 — i,i5 4,26 + 0,84 + o,36 4- 0,09 -(- 0,27 + 0,47 0,11 — t.49 — 0,75 — 0,74 — 1,85 MOliVKJIENT DE LA POPULATION DEPARTEMENS. 28. FINISTERE. Population 479 7^7 Mari:igC!i 3 498 Naissances totales 16910 Naissances males 8711 Naissances feinelies 8 199 Naissances d'eiifans legitimes. ... 16 3oo Naissances d'enf'ans natnrels 6io Total des deces '7 ^77 Deces males 8 867 Deces feoielles 85io Accroissement de population. ... — 467 29. GARD. Population . 33t ago Mariages 23i4 Naissances totales n 387 Naissances males 5 857 Naissances feuielles 5 53o Naissances d'enfans legitimes. . . . u oo3 Naissances d'enfans naturals. . . . 384 Total des deces 9 42(5 Deces males 4 780 Deces femelles 4 646 Accroissement de population. ... i 9^* 3o. HAUTE-GARONNE. Population 3C6 2o3 Mariages 2 780 Naissances totales n 8g4 Naissances males 6 070 Naissances femelles 5 824 Naissances d'enfans legitimes. ... 11 i65 Naissances d'enfans naturels 729 Total des deces 10 555 Deces males 5 264 Deces femelles 5 3oi Accroissement de population. ... i 329 Sur 1000 do |,o|iuh,li..n. 7.29 -\- 0,06 35,25 + 3,66 18, 16 + 1.86 17,09 + 1,80 33, 98 + 4,54 1,27 _ 0,88 36,22 + J»',99 18, /,8 + 5,73 17,74 + 5,26 -0,97 - 7,33 DIFFERBVCi: ovec la tntnliu- la France. 6,98 — 0,25 34,37 + 2,78 17,68 + 1,38 16,69 + 1,40 33,21 + 3,7 7 I, 16 — ",99 28,45 + 3,22 i4, 43 + 1,68 i4, 02 + 1,54 5,92 — 0,44 7,59 + 0,36 32,48 + 0,89 16, 58 + 0,28 15,90 + o,6r 3o,49 + i,o5 1,99 — o,i6 28,86 + 3,62 14,37 + 1,62 14,48 4- 2,00 3,63 — 2,73 EN FRANCE. DEPAIITEMENS. 3i. GERS. Population 299 745 Mariages i ^80 Naissauces totales 7 60 3 Nalssances males 3 943 Naissances femelles 3 660 Naissances d'enfans legitimes. ... 7 118 Naissances d'enfans natnrels. ... 485 Total des deces 6 503 Deces males 3 239 Deces femelles 3 324 Accroissement de population. ... i 040 32. GIRONDE. Popnlafion 5o8 84 1 Mariages 4 no Naissances totales 14 721 Naissances males 7 6o5 Naissauces femelles 7116 Naissances d'enfans legitimes. ... i3 894 Naissauces d'enfans natnrels i 827 Total des deces 11 852 Deces males 6ii3 Deces femelles 5 739 Accroissement de popnlation. . . . 2 869 33. H^RAULT. Popnlation 32 r 774 Manages 2 227 Naissances totales 10 38i Naissances males 5344 Naissances femelles 5 087 Naissances d'enfans legitimes. ... 9897 Naissances d'enfans natnrels. . . . 484 Total des deces 8 622 Deces males 4 43i Deces femelles 4iQi Accroissement de population. ... i 750 Sur 1000 de population. 6, 6i 25,37 i3, r6 12, 21 23, 75 I, 62 2 1, 90 10, 81 n, 09 3,47 8,08 + o,85 28,93 — 2,66 14,95 — 1,35 13,98 — r,3i 26, 32 — 3,12 2, 61 + 0,46 23, 29 — 1,94 12, 01 — 0,74 II, 28 — 1,20 5,64 — 0,72 — 0,62 6,22 — 3,14 — 3, 8 -- 5,69 — 0,53 — 3,33 — 1,94 — 1,39 — 2,89 6,9a — 0,3 1 32,26 + o>67 16,61 + 0,3 1 i5,65 + o,36 30,76 + 1,32 r, 5o — o,65 .26, 79 + 1,56 '3,77 + 1,02 1 3, 02 + 0,54 5,47 — 0,89 MOUVEMENT DE LA POPULATION DEPARTEMENS. Sur looo de population. 34. ILLE-ET-VILAINE. Popnlation 53r 480 Maiiages 3 8()4 Naissanres totales ifi 2S9. NaissaDccs males 8 488 Naissances feraelles 7 7y4 Naissaijces d'enfans legitimes. . . . 1 5 929. Naissances d'enfans uatarels. . . . 36o Total des deces 14982 Deccs males 7 437 Deces feraclles 7 545 Accroissement de population. ... i 3oo 35. INDRE. Population 226 gSa Mariages i774 Naissances totales 8 i3o Naissances males 4176 Naissances femelles 3 954 Naissances d'enfans legitimes. ... 7 734 Naissances d'enfans naturels. . . . 396 Total des deces 5 926 Deces males 29^7 Deces femelles a 949 Accroissement de populaliou. ... 2 204 36. INDRE-ET-LOIRE. Population 278 799 Mariages Naissances totales Naissances males Naissances femelles Naissances d'enfans legitimes, Naissances d'enfans natarels. Total des deces Deces males 2915 Deces femelles 2 945 Accroissement de population. ... 2 523 2 o38 8 383 4345 4 o38 7 891 492 5 860 7, 33 3o, 63 i5, 97 14,66 29-96 0,67 28, 18 1 3, 99 14, 19 2, 45 7,3i 3o, 07 i5, 58 I'l. 49 28, 3o 2r, 02 10, 46 10, 56 9, o5 -j- 0,10 — 0,96 — 0,33 — o,63 -}- 0,52 — 1,48 4- 2,95 + 1,24 + 1,71 — 3,91 7- 82 + 0,59 35, 82 + 4,23 18, 40 -j- 2,10 I"!i 42 + 2,l3 34, 07 + 4,63 I, 75 — 0,40 26, II 4- o,8S i3, 12 + 0,37 12, 99 + o,5i 09, 71 -t- 3,35 + 0,08 1,52 — 0,72 — 0,80 — i,i4 — 0,3 S — 4,21 — 2,29 — 1,92 + 2,69 EN FRANCE. 23 D^.PARTEMENS. 37. ISERE. Population 499 264 Mariages 3 438 Naissances totales 16 g47 Nalssances males 8 689 Naissances feraelles 8 258 Naissances d'enfans legitiaies. . . . 15669 Naissances d'enfans nalurels . ... i 278 Total des deces. 12 5y6 Deces males 6 401 Deoes femelles 6 igS Accroissement de population. ... 4 35: 38. JURA. PopnlatioD 3oi 343 Manages i 708 Naissances totales 8718 Naissances males 4 480 Naissances femelles • 4 238 Naissances d'enfans legitimes. ... 8 3'I9 Nai.«sances d'enfans naturels. . . . 899 Total des deces 7 657 Deces males 3772 Deces feraelles 3 885 Accroissement de population. ... i 061 39. LANDES. Population 289 354 Manages i8r3 Naissances totales 8 336 Naissances males 4 290 Naissances femelles 4 046 Naissances d'enfans legitimes. ... 7 809 Naissances d'enfans naturels 527 Total des deces 6 998 Deces males 3 644 Deces femelles 3 354 Accroissement de population. . . . i 338 Sur 1000 avcc de la total !e population. la de Kian ■e. 6,87 33,94 17, 4o 16,54 3i, 38 2,56 25,23 12, 82 12, 41 8, ri 7,57 34,83 17,93 16,90 32,63 2, 20 29, 24 1 5, 2 3 i4, 01 5,59 — o,36 + 2,35 + 1,10 "T ',25 + 1,94 + 0,41 — 0,00 + 0,07 — 0,07 + 2,35 5,67 — 1,56 28,93 — 2,66 14,87 — t,43 14, 06 — 1,23 27, 6t — 1,83 r,3a — 0,83 25, 41 + 0,18 12, 52 0,23 12, 89 + o,4t 3,52 — 2,84 + 0,34 4- 3,a4 + 1,63 4- i,6r + 3,19 -I- o,o5 + 4,01 + 2,48 + 1,53 — 0,77 :24 MOUVEMENT DE Lk POPULATION 4o. LOIR-ET-CHER. Popnlalion 225 189 Manages 1821 Naissances tolales 7 568 Naissances males 3 8gi Naissances femellos ^677 Naissances d'enfans legitimes. ... 7 049 Naissances d'enfans natatels. ... SiQ Total des Jcc^s 58i4 Deces males 2 947' Deces feraelles 2 867 Accroisseuient de population. ... i 754 41. LOIRE. Population 338 38o Mariages 2644 Naissances totales 1317S Naissances males 68i4 Naissances femelles. ... -.... 6864 Naissances d'enfans legitimes. . . . 12746 Naissances d'enfans natniels 482 Total des deces • . . 9 987 Deces males 4 984 Deces (emelles. ... 5 00 3 Accroissemens de population. ... 3 191 42. HAUTE-LOIRE. Population 274 709 Mariages i8r6 Naissances totales. . . . , 8 486 Naissances males 4 395 Naissances femelles. 4 09 i Naissances d'enfans legitimes. ... 8 216 Naissances d'enfans naturels 270 Total des deces 7 i4o Di'ces males 3 45 1 Deces femelles. 3 689 Accioissemeut de population. ... i 346 7,5-2 38,95 20, 1 4 18,81 37,67 I, 28 29, 5i 14, 73 i4, 78 9, 44 iREIfCE avec lu totalitu 8,09 + 0,86 33,61 4- 2,0a 17, 25 + 0,95 1 6, 36 -H 1,07 3i, 3o + 1,86 a, 3t + 0,16 2.5, 8^ + 0,59 1 3, 09 + 0,34 12, 73 + 0,25 7,79 + 1,43 + 0,29 + 7,36 + 3,84 + 3,52 + 8,23 — 0,87 -f 4,28 -I- 1,98 4- 2,3o + 3,08 6,61 — 0,62 30,89 — 0,70 16, 00 — o,3o 14,89 — 0,40 29,91 -t- 0,47 0,98 — 1,17 25, 99 + 0,76 12,56 — 0,19 1 3, 43 4- 0,95 4,9" — 1,46 EN FRANCE. 25 43. LOIRE-INFERIEURE. Population 428 29G Mariages 2 C87 Naissances totales i3 Sqo Naissances males 6 go3 Naissances femelles 6 487 Naissances d'enfans legitimes. . . . 12527 Naissances d'enCans naturels 863 Total des deces 9454 Deces males 4 722 Deces femelies 4 ^Sa AcCToissement de population 3 936 44. LOIRET. Population 289 65o Mariages 2 840 Naissances totales I0 243 Naissances males 5 326 Naissances i'emelles 49^7 Naissances d'enfans legitimes. . . . 9317 Naissances d'enfans naturels. . . . 926 Total des deces 8387 Deces males 4278 Deces femelies 4 109 Acci'oissement de population. ... i 856 45. LOT. Population 278 408 Mariages i C69 Naissances totales n 3a3 Naissances miles •.. 8784 Naissances femelies 3 539 Naissances d'enfans legitimes. ... 6 944 Naissances d'enfans naturels 359 Total des deces 6 827 Deces males 3i5r Dt'ces femelies 3176 Accroisseraent de population. . . . 996 6, 29 — 0,94 3i, 35 — 0,24 16, i6 — ^0,14 ip. 19 — 0,10 29> 33 — 0,11 2, 02 — o,i3 22, 14 — 3,09 II) 06 — 1,69 1 1, 08 — 1,40 9, 21 + 2,85 8,08 + 0,85 35,36 + 3,77 18,39 + 2,09 16,97 + 1,68 32, 17 + 2,73 3,19 + 1,04 28,96 + 3,73 14,77 -f- a,o2 14, 19 -K 1,71 6, 40 + 0,04 6, 10 — T,i3 26, 78 — 4,81 i3. 84 — 2,46 12, 94 — 2,35 25 47 — 3,97 I, 3i — 0,84 23, 14 — 3,09 II, 52 — 1,23 1 1, 63 — 0,86 3, 64 — 2,72 M0I3VEMENT DE LA POPULATION djSpartemens. 46. LOT-ET-GARONNE. Population Sag 3o4 Mariagcs a332 Naiss.inces totales 7 968 Naissances males 4 261 Naissanoes lemelles 3 70a Naissances d'eufans legitimes. ... 7 629 Naissances tl'enfans natnrels 484 Total des dcces 6 935 Dec6s males 3 558 Deces feiuclles 3 377 Accroissement de population. ... i 028 47. LOZERE. Population i33 653 Mariages 83a Naissances totales 3 898 Naissances males a 078 Naissances i'emelies 1 820 Naissances d'eufans legitimes. ... 3 750 Naissances d'enfans naturels 148 Total des deces 3 645 Deces males. . ; . . i 845 Deces (cnicUes i 800 Accroissement de population 253 43. MAINE-ET-LOIRE. Population ' 438 344 Mariages 3 Ii3 Naissances totales 12 544 Naissances males 6 462 Naissances femelles 6 0S2 Naissances d'enfans legitimes. ... r i 890 Naissances d'enfans natnrels. . . . 654 Total des deces 9 176 Deces males 4 462 Deces femelles 4714 Accroissement de population. ... 3 368 7 08 — 0,1 5 24 i8 — 7,41 12, fl3 -3,37 I i 25 — 4,04 2 2 86 — 6,58 I, 32 — o,83 21 06 — 4,17 10 8i — 1.94 10 25 2,23 3 12 — 3,24 la tntulite 37 Naissances d'cnfans natuiels. . . . 535 Total (les deces 7 658 Dcccs males 3 752 Duces I'eniclles 3 906 Accroissemcnt de population. . . . 2 5i4 53. MEURTHE. Population 376 002 Manages . 2 633 Naissances totales I25i5 Naissances males 6 426 Naissances femelles 6089 Naissances d'enfans legitimes. ... 11 567 Naissances d'enfans naturcls 948 Total des deces 977i Deces males 4 997 Deces femelles 4 776 Accroissement de population. . . . 2 744 54. MEUSE. Population 289 286 Maiiages 2 o58 Naissances totales 9 538 Naissances niaies 4 987 Naissances femelles. 4 55i Naissances d'enfans legitimes. ... 90i4 Naissances d'enfans natnrels 524 Total des deces 7 2 56 Deces mules 3 695 Deces femelles 3 56i Accroissement de population. ... 2 282 ■■>, 81 — 1,42 •29 «9 — 1,70 1 5 42 — 0,98 14, 47 — 0,82 28 32 — 1,12 I 57 — o,58 22 5o — 2,73 1 1 o3 — 1,72 1 1 47 — I, or 7 39 + i,o3 7, 00 — 0,2 3 33,28 + 1,69 17,09 + "i79 16, 19 + 0,90 3o, 76 + 1,32 2, 52 + 0,37 5 1, 99 + 0,76 13,29 + 0,54 12, 70 + 0,22 7.29 + 0,93 7, II — 0,12 32, 97 + 1,38 17,24 + 0,94 i5, 73 + 0,44 3i, 16 + 1,72 1,81 — 0,34 25,08 — 0,1 5 12,77 + 0,02 12, 3i — 0,17 7,89 + »,53 EN FRANCE. 29 DEPARTEMENS. 55. MORBIHAN. Population 415299 Maiiages 2 827 Naissauces tofales i4 252 Naissances males 7373 Naissauces femelles 6 879 Naissances d'enfans legitimes. . . . i3 8i2 Naissances d'enfans naturels. . . . 44o Total des deces 12 7(58 Deces males 6 386 Deces femelles 6 382 Acci'oissement de population. ... i 484 - 56. MOSELLE. Population 371 188 Manages 2 595 Naissances totalcs 12 919 Naissauces males 6707 Naissances femelles 6212 Naissances d'enfans legitimes. . . . i2o53 Nai-ssances d'enfans natarels. . . . 866 Total des ileces 8 656 Deces males 4 391 Deces femelles 4 265 Accroissement de population. ... 4 263 57. NIEVRE. Population 228 58 1 Maiiages 2111 Naissances totales. . . '. ...■,■.. 9487 Naissances males '. .•••.. 4 923 Naissances femelles 4 564 Naissances d'enfans legitimes. ... g o4g Naissances d'enfans naturels 438 Total des deces 7 027 Deces males 3 622 Deces femelles . . 3 4o5 Accroissement de population. ... 2 460 Sur 1000 de population. 6, 8i 34, 82 17,75 16, 57 33, 26 I, 06 3o, 75 i5, 38 i5, 37 3,57 6.99 34,80 18, 07 t6, 73 32,47 2,33 23, 32 11,83 11,49 11,48 avec la tolalitc de la France. — ■ 0,42 + 2,73 + it,4^ + 1,28 4- 3,82 1,09 + 5,52 -j- 2,63 + 2,89 — 2,79 — 0,24 + 3,21 + 1,77 + 1,44 + 3,o3 + 0,18 — i,9t — 0,92 — 0,99 + 5,12 6,42 — 0,81 28, 87 — 2,72 14,98 -^ 1,32 13,89 — r,4o 27, 54 — 1,90 r,33 — 0,82 21,38 — 3,85 rr, 02 — 1,73 10, 36 — 2,12 7,49 + t,i3 3o MOIJVEMENT DE LA POI'l LATIO]V DEPARTEMENS. 58. NORD Population 898 3go Manages 6 607 Naissanccs totales 32 087 Naissauces males 16 SaS Naissaiices fenicllcs ^ . i5 564 Naissanccs d'cnCaus legitimes. ... 28 874 Naissauces d'enCans naturels. ... 32i3 Total des deces 24 '75 Deces males 12 427 Deces femelles 11 748 Accroissement de populatiou. . • . 7912 59. OISE Population 372 985 Mariages 3 042 Naissanccs totales 10866 Naissauces males 56iC Naissanccs Cemelles 5 2 5o Naissanccs d'enfans legitimes. ... 10 295 Naissanccs d'enfans naturels 571 Total des deces 8 964 Dices males 4 559 Diices femelles 4 4o5 Accroissement de population. ... i 902 Co. ORNE. Population 419569 Manages 2 5S9 Naissanccs totales 10 47^ Naissauces males 54'i Naissanccs femelles 5 064 Naissanccs d'enfans legitimes. . . 9 996 Naissanccs d'enfans naturels. . . . 479 Total des deces 8352 Deces males 4 148 Deces femelles 4 204 Accroissement de population. ... 2 i23 7. 4" + 0,17 35,92 + 4,33 18, 5o + 2,20 17,42 + 2,l3 32,32 + 2,88 3, 60 + 1,45 27, 06 + 1,83 13,91 + 1,16 i3, i5 + 0,67 8,86 + 2,50 8, iC 4- 0,93 29, '4 — 2,45 i5, 06 — 1,24 14,08 — 1,21 27,61 — 1,83 1,53 — 0,62 24,04 — i,>9 12, 22 . — 0,53 It, 82 — 0,66 5, 10 — 1,26 6 J7 — 1,06 24, 97 — 6,62 12, 90 — 3,40 12 07 — 3,22 2 3, S3 — 5,61 I, i4 — 1,01 19, 90 — 5,33 9, 88 -2,87 ro. 02 — 2,46 3, 07 — 1,29 EN FRANCE. 3i DEPARTEMENS. Or. PAS-DE-CALAIS. Popnlation 618670 Miiriages 4 36j Naissances tolales ig 068 Naissances mdles 9^37 Naissances femelles O^Sr Naissances d'enfans legitimes. ... 17 404 Naissances d'enfans naturels. ... i 664 Total des deces i3 g63 Deces males 7 loS Deces femelles 6 855 Acci'oissement de population. ... 5 io5 62. PUY-DE-DOME. Population 548 076 Maiiages 4 ii3 Naissances totales 16 853 Naissances males 8 672 Naissances femelles 8181 Naissatices d'enfans legitimes. . . . 16 l5r Naissances d'enfans naturels. . . . 702 Total des deces i3 490 Deces males • 6 640 Deces femelles 6 85o Accroissement de population. ... 3 363 63. BASSES-PYRfiNEES. Popnlation 394 Soo Mariages 2 36i Naissances totales iog5o Naissances males 5 746 Naissances femelles 5204 Naissances d'enfans legitimes. ... 10 i33 Naissances d'enfans naturels. ... 817 Total des deces 7 821 Deces males 3 889 Deces femelles 3 93 a Accroissement de population. ... 3 129 Siir IOC 90 H- i,5o + 0,79 + 7,75 + 0,52 33,69 + 2,10 177 19 + 0,89 16, 5o -\- 1,21 3o, 96 + 1,52 2,73 + o,58 22, 77 — 2,46 ii> 19 — 1,56 11,58 — 0,90 10,92 + 4,56 34 MOUVEMENT DE LA POPULATION DEPARTEMENS. 70. SAONE-ET-LOIRE. Population 493671 Manages 3 <)8<) Naissances totales 16 825 Naissances males 8 670 Naissances fenielles , . 8 i55 Naissances d'eijfans legitimes 16 or;) Naissances d'enfans naturels 806 Total des deces i3 444 Deces males 6 8.Ti2 Decci fcmelles 6 592 Accroissemeut de population 3 38t 71. SARTHE. Population 422 017 Mai'iages 3 239 Naissances totales 12 go4 Naissances males 6 739 Naissances femelles 6 i65 Naissances d'enfans legitimes ir 8i3 Naissances d'enfans naturels ' ogi Total des deces 8 47° Deces males 4 34i Deces fenielles 4 129 Accroisreioenl de population 4 434 72. SEINE. Population 817 36o Maiiiiges 7 520 Naissances totales 28 319 Naissances males 144^9 Naissances femelles i3 88o Naissances d'enfans legitimes .... 19075 Naissaiices d'enfans naturels .... 9 244 Total des deces 25 196 Deces males 12 645 Deces femelles 12 55i Accroissement de popnlation. ... 3 ia3 Sui- 1000 de population 7,47 + ",'-4 34, 08 + 2,4y 17, 56 + r,26 16, 5i + 1,23 3, 45 + 3.0, 1,63 — 0,52 27, 23 -f- 2,00 i3, 88 + i,i3 i3, 35 -+- 0,87 6, 85 + 0,49 7,68 3o, 58 i5, 97 14,61 27.99 2, 59 20. 07 19. 29 9,78 10, 5i avec la tnlalilc de la France, 4- 0,45 — 1,01 — 0,33 — 0,68 — 1,45 + 0,44 — 5,16 — 2,46 ■ — 2i70 + 4,i5 9,20 + i'97 34,65 -h 3,06 17,67 + 1,37 16,98 + 1-69 23,34 — 6,10 ir,3i + 9.16 3o, 83 4- 5,60 >5,47 -}- 2,72 i5, 36 4. 2,88 3,82 -2,54 EN FRANCE. 35 D^PARTEMENS. ^ur luoo de population. 73. SEINE-INFERIEURE. Population 65o83i Mariages 5 265 Naissances totales 20 352 Naissauces males 10 498 Naissances femelles 9 854 Naissances d'enfans legitimes. ... 17 962 Naissances d'enfans naturels 2 Sgo Total des deces 17 o56 Deces males 8 571 Deces femelles 8 485 Accroissement de population. ... 3 296 74. SEINE-ET-MARNE. Population 299 474 Mariages 2 595 Naissances totales 10 322 Naissances males Naissances femelles Naissances d'enfans legitimes. . Naissances d'enfans naturels. . . 5 5io 4812 9 736 586 Total des deces 7 745 Deces m^les 4 024 Deces femelles 3 721 Accroissement de population. ... 2 577 75. SEINE-ET-OISE. Population 421 770 Mariages 8478 Naissances totales 12 693 Naissances males 6618 Naissances femelles 6075 Naissances d'enfans legitimes. . . . 11 933 Naissances d'enfans naturels. . . . 760 Total des deces 10976 Deces males 5 535 Deces femelles 5 44t Accroissement de population. . . . 1717 5, 27 3i, 27 16, i3 i5, i4 ,27 60 3,67 26, 21 i3, 17 1 3, 04 5,06 8, 67 34,47 18, 40 16, 07 32, 5i 1,96 25, 86 1 3, 44 12, 42 8,61 la totalite de la France. + 1,96 0,32 0,17 o,i5 1,84 1,52 0,98 o,4a o,56 ■ r,3o + 1,44 2,88 2,10 0,78 3,07 0,19 o,63 0,69 0,06 2,25 8, 25 + 1,02 3o, 09 i,5o 1 5, 69 — 0,6 1 i4, 40 — 0,89 28, 29 i,i5 I, 80 0,35 26, 02 + o>79 i3. 12 + 0,37 12, 90 + 0,42 4 07 — 2,29 MOUVEMENT DE LA POPULATION DEPARTEMENS. 7C.. DEUX-SEVRES. Population 27C 853 Manages I 7^7 Naissauces tolales 7 74o Naissances males 4 028 Naissances f'eraelles 8712 Naissances d'enfans legitimes. ... 7 447 Naissances d'enfans naturels agS Total des deces 5 745 Deces males 2 8o3 Deces f'enielles 2 942 Accioisseiuent de population. ... i 995 77. SOMME. Population 5o4 332 Mariages 3 570 Naissances totales i5 447 Naissances males 8 oo5 Naissances feuielles 7 442 Naissances d'enfans legitimes. ... 14 807 Naissances d'enfans naturels. ... i i4o Total dcs deces 12 267 Deces males fi 174 Deces femelles 6 098 Accioissement de population. ... 3 180 78. TARN. Population 311922 Mariages 2 028 Naissances totales g 625 Naissar.ces males 4 966 Naissances femelles 4 GSg Naissances d'enfans legitimes. ... 9 3oo Naissances d'enfans naturels. . . . 325 Total des decfes 8119 Deces males 3 958 Deces femelles 4 161 Accroissement de population. ... i 5o6 6, 35 — 0,88 27, 9(> — 3,63 i4, 55 — 1,75 i3, 4i — 1,88 26, 90 — 2,54 I, 06 — 'lOp 20, 75 — 4,48 10, 12 — 2,63 lo, 63 — 1,85 7. 21 + o,85 7, 08 — o,i5 3o, 63 — 0,96 i5, 88 — - 0,42 14, 75 — 0,54 28, 37 — 1,07 2 26 + 0,1 1 24, 32 — 0.91 12, 24 — 0,5 1 12 08 — 0,40 6 3i — o,o5 6, 5o — 0,73 3o, 86 — 0,73 1 5, 92 — o,38 14,94 ■ — 0,35 29, 82 -\- 0,3 8 I, 04 — I, II 26, o3 + 0,80 12,69 — 0,06 i3,34 + 0,86 4,83 — 1,53 EN FRANCE. 3t DEPARTEMENS. 79. TARN-ET-GARONNK. Population aSy 266 Mariages i 55o Naissances totales 6 177 Naissances males 3 198 Naissances femelles ^979 Naissances d'enfaiis legitimes ^piS Naissances d'enfans naturels 262 Total des deces 5 577 Deces mflles 2788 Deces femelles 2 789 Accroissement de population. . . . 600 80. VAE.. Popnlation SoSgaS Mariages i g53 Naissances totales 9 449 Naissances males 4 839 Naissances femelles 4 610 Naissances d'enfans legitimes. ... 8 838 Naissances d'enfans naturals 6ri Total des deces 8 732 Deces mules 4 Sgi Deces femelles 4l4i Accroissement de population. ... 717 81. VAUCLUSE. Population 22 1 3 19 Mariages i 666 Naissances totales 8 484 Naissances males 4 363 Naissances femelles 4121 Naissances d'enfans legitimes. ... 8 on Naissances d'enfans naturels 473 Total des deces 6 906 Decfes males* 3 533 Deces femelles 3373 Accroissement de population. ... I 678 Sur 1000 avec de la totalite de population. la France. 6,53 — 0,70 26, 3 — 5,56 i3,48 — 2,82 12,55 — 2,74 24,93 — 4,5i I, 10 — i,o5 23, 5o — 1,73 1 1, 75 — 1,00 11,75 — 0,73 2, 53 — 3,83 6,43 31,09 15,92 1 5, 17 29.09 2,01 28, 73 1 5, II 1 3, 62 2,36 — 0,80 — o,5o — o,38 — 0,12 — o,36 — o,r4 + 3,5o + 2.36 + 1,14 • — 4,00 7, 53 + o,3o 38, 33 + 6,74 19, 71. + 3,4i 18 62 + 3,33 36, 20 4- 6,76 2, i3 — 0,02 3i, 20 + 5,97 i5. 96 -+■ 3,21 1 5, 24 + 2,76 7, i3 -}- 0,77 38 MOUVEMENT DE LA POPULATION DjfePARTEMENS. 82. VENDEE. Popnlation 3i5 6S8 Manages i ygS Naissances tolales 9 9^4 Naissances males 5 i32 Naissances f'eraeilcs 4 822 Naissances d'enfans legitimes. ... 9 798 Naissances d'enfans naturels. ... i56 Total des deces 8 689 Ueces males 4 25i Deces femelles 4 388 Accroissement de population. ... i 3i5 83. VIENNE. Population 257 711 Mariages 2 037 Naissances totales 7 5o2 Naissances males 3 924 Naissances femelles. ... -.... 3678 Naissances d'enfans legitimes. ... 7 297 Naissances d'enfans nataiels 2o5 Total des deces • . . 5 487 Deces males a 745 Deces femelles a 742 Accroissement de popnlation. . . . aoi5 84. HAUTE-VIENNE, Popnlation 267 722 Mariages 2 i84 Naissances tolales 10076 Naissances males 5 186 Naissances femelles 4 890 Naissances d'enfans legitimes. ... g 691 Naissances d'enfans naturels 485 Total des d'eces 7 743 Deces males 3 844 Deces femelles 3 899 Accroissement de population. ... 2 333 5,68 — 1,55 3i,53 — 0,06 16,25 — o,o5 1 5, 28 — 0,0 1 3i, 04 4- 1,60 0.49 — 1,66 27,37 -+- 2,14 i3, 46 + 0,71 i3, 91 + 1,43 4, 16 — 2,20 7,«7 + 0,64 ag. II — 2,48 1 5, 23 — 1,07 1 3, 88 — 1,41 28, 3i — i,i3 0, 80 — 1,35 31, 29 — 3,94 10, 65 — 2,10 10,64 — 1,84 7, 82 + 1,46 8,16 + 0,93 37,63 + 6,04 19.37 4- 3,07 18,26 + 2,97 35,82 + 6,38 i,8r — 0,34 28,92 + 3,69 14,36 + 1,61 1 4, 56 + 2,08 8,71 + a,35 EN FRANCE. ^9 Sur 1000 """atr" DEPARTEMENS. de population. la totalile de la France. 85. VOSGES. . 353 i39 . a 453 . 10801 . 5583 5 21S 6,95 3o, 59 i5,8r 14,78 — 0,28 1,00 — 0,49 — 0,5 1 INaissances d'enfans legitimes. . . lo 121 28,66 — 0,78 Naissances d'enfans naturels. . . . 680 . 7698 3 792 3909 I) 93 21, So 10, 74 I I, oG 0,2'J — 3,43 2,0 t — 1,42 Accroissement de population.. . . 3 io3 «. 79 + 2,43 86. TONNE. . 339893 . 2 587 loooo 7,61 29i4a + o,38 — 2,17 Naissances tolales Naissauoes males 5074 14,93 — 1,37 4 926 . 943a J4, 49 27, 75 — o,So ~ t,69 Naissances d'enfans legitimes. . . Naissances d'enfans naturels. . . 568 I, 67 — 0,48 Total des deces 7616 22, 4 I -^ 2,82 Deces males 4 199 i?,35 — o,4o . 3417 2 384 10, 06 7, 01 — 2,42 + 0,65 Accroissement de pojmlation. . . 1 II est inutile de prevcnir les observations que feni naltre I'inspection de ce tableau : cllcs se presenteroiit d'elles- niemes. Qiiant aiix remarques de details, cliacmi les miilti- pliera , suivant le degre d'interet qu'il porte a tel ou tel depar- tement. On pourralt croire qu'cn reunissant les resultats relatifs a chaqiie element, et en divisant lenr somrae par le nombre dcs deparfemens, on obtiendrait le resultat moyen que donne la France entiere. On en approcherait ; maisce pfocede, pour 4o MOUVEMENT DE LA POPULATION EN FRANCE. elrc rijiourcnx, exigeiait que cliaque dcpartcnient eut line part egale dans la population totale. Quoique ce premier tableau ne paraisse donner que le rap- port de la population anx aiitres elemens, on y trouve cepen- dant cchii de deux elemens quelconqucs, compares entre eux. Ainsi , dans ledepartement de I'Ain , on voit que les naissances sont aux dcees, comme 3i, ii est a 82, 55 ; rapport qu'il sera aise de mettre sous unc forme plus commode, en ramcnant le premier terme au nombre 1000. Nous croyoos devoir offrir quelques-uncs de ces combinai- sons; elles fcront I'objet d'un second article. Au lieu de con- server pour base une population de 1000 individus , nous prendrons d'autres bases qui, grossissant les resultats, en fe- ront mieux ressortirles differences. Les personnes qui auront le besoin ou le desir de faire des rapprochemens, nous sauront gre de leur avoir epargne les calculs qui les faciliteat. A. D. ( La suite des tableaux au cahier prochain.) ECONOMIE POLITIQUE. DE LA CRISE COMMERCIALE DE L'ANGLETERRE. M. de Sismondi nous annonce mie nouvelle edition de ses Tfouveaux Principes d economic politique ( voy. Rev. Enc. , t. XXXI, cahier de septembre 1826, p. 608-618) , danslaquelle il attaquera plus vigoureusement que jamais les savans qui de nos jours ant professe dune maniere si brillante les sciences economiques. Attcndons cette publication pour en porter un jugement; et felicitons -nous si M. de Sismondi ya multiplie Ic nombre des observations de detail pleines desens et de fi- nesse, qu'il avait semees dans sa premiere edition. Mais en at- tendant, qu'il nous permette quelques observations sur les principes soi-disant nouveaux qu'il professe dans son article. De semblables discussions ne sauraicnt etre in diffe rentes au public, car il s'agit de scs interets. DE LA CRISE COMMERCIALE DE LANGLETERRE. 4i M. de Sismondi arrive d'Angleterre. La delresse commer- ciale de ce pays I'a frappe. Ses ouvriei'S succotnbent a la fa- mine ; les Irlandais ne se noiirrissent que depommes de terre; ils DC s'habillent que dehnillom, et M. de Sismondi accuse de tout cela le systeme qui preconise la produclion. Entendons- nous : M. de Sismondi est trop homme de sens pom- pretendre que plus on raultiplie les vivres et moins on est nourri ; que plus on multiplie les etoffes et moins on est vetu ; ni qu'il est plus difficile d'acheter toutes ces choses, quand , par les pro- gresdel'iudustrie.onparvicnt a leselablir a meillcur marche ; mais ilpeuse que Ton produit plus que Ton ne pent consom- mer, el que les hommes qui voudraient bien etre consommateurs ne gagnent pas assez pour cela. J'ai cherche de bonne foi a reduire ses griefs a leur plus simple expression. Voyons jus- qu'i quel point ils sont fondes et s'il faut en rendre respon- sable Teconomie politique raoderne. On produit trop en Angleterra, dit M. de Sismondi; mais se forme-t-il une idee bien nette de ce qu'on entend par pro- duire ? S'il s'agissait seulement pour cela de faire plus de cha- peaux qu'il n'y a de tetes, il auraitbien raison; mais un homme qui ecrit sur reconomie politique ne peut pas ignorer qu'il n'y a de production que celle qui rembourse les avances qu'on a faites. Le fabricant qui depense une valeur de aS francs pour creer une valeur de 20 francs, ne produit pas, il detruit. La production veritable donne de la valeur; tm objet ne peut avoir de la valeur que lorsqu'il est demande par un consom- mateur , et celui-ci n'en ferait pas la depense, s'il ne voulait le consommer. La veritable production est done suivie de la consommation. Passons, dira M. de. Sismondi; si Ton n'a pas fabrique trop de produits, on a fabrique trop de raarchandises; et ce sont vos theories qui ont encourage les producteiirs a causer cet en- gorgement qui fait aujourd'hui la dclresse du monde civilise (page 614;. M. de Sismondi nous fait beaucoup trop d'honncur. II n'y a pas un sptculaleur en Angleterre qui se soit inquiete de nos. 4a DE LA CRISE COMMERCIALE ouvrages quand il a forme une compagnie , ou donne de I'ex- teosion j\ son commerce. Tous ont uiiiquement songe ;^ gagner de I'argent; et, s'ils avaient consulle nos ouvrages, ils y auraient vu que la seule Industrie veritable est celle dont le produit vaut les frais qu'il a occasiones ; or, de cette Industrie il ne saurait y en avoir trop, qiioiqu'en dise M. de Sismondi, puis- que ['entrepreneur en retire du profit et les travailleurs un salaire. Loin que ce soient nos theories qui aient cause I'en- gorgement, c'est faute de les avoir siiivies que I'engorgcment a eu lieu et que les ouvriers sont plonges dans la miserc. Pourquoi done s'cn prendre al'economie politique ? II y a quel- ques annces , un eoniedien de Paris voiihit mettre le bout de sa canne sur la soupape de surete d'un autoclave; un pliysicien lui dit : vous allez /aire eclaler Ic vase. L'acteur n'en tint compte ; il fut tue. Est-ce la faute de la physique ? Je crois que M. de Sismondi se trompe beaucoup sur I'ob- jet del'cconomie politique. II veul qu'elle gouverne la nature des choses ; mais les choses ne se laissent point gouverner; toute notre ambition, ce me semble, doit se borner a les bien observer, i les bien connaitre, a les bien classer si nous pou- vons. Voila la vraie science. EUe ne donne pas de conseils; mais elle montre aiix hommes les bonnes ou mauvaises conse- quences de cequ'ils font. Quels plus solides conseils pourrait- elle leur donner ? A I'epoquc oh nous sommes parvenus , on ne peut plus dire qu'il faut que Vaccrolsscment des richesses se con- forrne a Caccroissernent cle In population ; que leur distribution sefasse dans une certaine proportion ; que la consommation croisse avec la population , etc. ( page 614 ). La distribution des richesses, la consommation , la population, marchent en depit de nous et dc nos livres. II serait quelquefois tres - desirable que les richesses prodiiites sedistribuassent autrement qu'elles ne font; mais elles n'ecouteroiit point nos desirs. Ce sont les actions anterieures des hommes qui portent des fruits, et nul- lement nos souhaits, ni nos exhortations. Loin d'infirmer les lois naturelles de I'economie politique decouvcrtcs par les bons auteurs , la derniere crise commerciale DE L'ANGLETERRE. 45 les confirine pleinement. Elle est expliquee par les principcs de Ricardo sur lesmonnaies ; la seule partie peut-etrede la science oii il nous ait appris des "vt';ritcs importantes ct nouvelles (i). L'espritde speculation a ete excite d'unemaniere exageree par les banques qui ont toutes en Angleterre la faculty d'emettre des billets au porteur. Tout homme qui voulait former une en- treprise ou qui, revant une fortune, voulait s'interesser dans une entreprise, deja formee, n'avait qu';\ faire des lettres de change que I'une ou I'antre des nombreuses banques d' Angle- terre prenait a rescompte. Celles-ci, apres avoir retenu I'es- compte, donnaient en retour des lettres de change, leurs pro- pres billets au porteur, circulant comme de I'argent. On pou- vait done entreprendre des affaires sans posseder de capitaux , et les banques pretaient aux entreprises sans avoir plus de capitaux de lenr cote. Qu'est - il arrive ? I'abondance de I'ins- trument de la circulation ( monnaie et billets de banque ) en a fait decliner la valeur par rapport au lingof; et du moment qu'une piece d'or n'a plus valu autant qu'un lingot du meme poids, on a couru aux banques pour changer des billets en monnaie d'or, etla monnaie d'or en lingot (2). Plus la banque faisait frapper de souverains et plus on en fondait. J'ai vu moi- meme a la banque d'Angletcrre, des cabinets remplis de lingots d'or qu'on faisait venir a grands frais et qui ne devaient servir a rien pour soulager le commerce et prevenir la crise. Le gou- (i) David Ricardo, I'economiste, etait fr^re du banquier Ricardo, qui a traite dernierement i Londres pour remprunt grec, et dont les amis de celte heroique nation croient avoir a se plaindre. Les observations de David Ricardo, I'auteur, sur les revenus des biens- fonds, se trouvent dans Adam Smith; et, quant aux consequences qu'il en tire, ii est permis de les contester. Dans sa doctrine sur I'impot , il fonde ses resultats sur des abstractions, et abandonne la methode experimentale. (Voy. I'article Economie poliiiqiie que j'ai fourni a VEncjclopedie progressive, page Sy de I'article. ) (2) Les banques de province acquittaient leurs billets au porteur en billets de la banque d'Angletcrre ; et ceux-ci n'ayant plus un cours force, la banque d' Angleterre etait obligee de les payer en csp^ces. 44 DE LA CRISE COMMERCIAL E vernemeiit fabriquait i ses fiais avec ceslingots ties moniiaies qu'on fondait aussitot. La suite de tout cela devnit etre et a otu que Ics banques , obligees d'acqnilter lenrs billets et ne pouvant plus en emcttre de nouveaux, se sont trouvees hors d'etat d'escompter les nouvelles lettres de change que les chefs d'entieprises lenr presentaienl pour se procurer les fonds necessaires a I'acquit des effets precedemment escomptes. Obliges de payer leurs engagemeus, et n'ayant point de capitaux verifables, ils se sont trouves en faillite, apres avoir fait argent de tout et vendu a vil prix tout ce qu'ils avaient de marehandises (i). Les entreprises commencces ont etc arretees; les marehan- dises se vendant fort au-dessous de leur prix coutant, les nianufacfuriers qui avaient travaille avec le plus de prudence n'ont pu continuer leur fabrication; de la cette population d'ouvriers criant famine; de la la proposition faite par le gouvernement de baisser les droits sur I'importation des bles; de la les cris des gros proprictaires fonciers qui ne peuvent soutenir la concurrence des bles etrangers en raison des im- pots dont eux-meines sont greves. Maiutenant il est permis de demander k M. de Sismondi ce qu'il y a dans tout cela qui infirme les principes etablis par les bons auteurs. Ne s'apercoit-on pas an eontraire que ces prin- cipes qui ne sont que la simple exposition de la nature des choses, suggereront d'utiles precautions conlre le retour des mcjTies malheuis? Est-il fonde a nous dire : Voila ce qui est resulte de vos theories , la ou elles ont eternises en pratique? Avons-nous besoin, comnie il nous en accuse, de chercher des explications nouvelles pour des phenomenes qui s' eloignent si fort des regies que nous croyons avoir etahlies? Sans doute il est peu de sujets sur lesquelson ait aulant deraisonne que sur I'economie politique; tout le monde croit pouvoir ecrire sur (i) On a vu des marchands, pour eviter ou plntot reculer leur desastre, acheter des marehandises k terrae et les revcndre au comp- tant a nioitie prix. DE L'ANGLETERRE. 45 cette matiere avant de I'avoir suffisamment etudiee; on a etc jusqu'a piiblier recemment line brochure oil Ton attribue cette crise conimerciale au congres de Panama qui s'est rassemble iin an plus tard : Chacun h ce metier Peut pertlre impunenicnt de I'encre et du papier. Mais c'est un mal dont il est facile au public de se garantir en ne lisant que ce qui a obtenu I'approbation de I'Europe eclairee. Le tableau que trace M. de Sisinondi de la situation de I'Angleterre, de ce pays si liche ou la graride niajorite ties habitans est exposee aux plus dures privations , est plein de verile. Les deplorables prejuges dcs Anglais relativement aux substitutions et au droit d'airicsse, sont en parlie la cause de ce malheur; niais on pourra reprocher a I'estimable auteur que je suis force de combattre,de s'etro completement mepris sur beaucoiip d'autres causes egalement puissantes; de s'en jireudre aux capitaux, de s'en prendre aux revenus, sans avoir peut-elre assez etudic les fonctions des uns et la source dcs autres. II pretend qu'embarrasses n decider ce qui etait capital, ce qui etait revenu , nous avons trouve plus simple de retranchcr absolnmeut le dernier de iius calculs. Ne pourrais- je pas lui reprocher a plus juste titre, d'avoir oublie que dans mon Traite d'i-conoinie politique , j'ai consacre le quart d'un vohime a decrire les fonctions dcs capitaux, et le quart d'un autre volume a rechcrcher la source de nos revenus, aiissibien que les causes qui les augmentent on les diminuent. Quand il aura montre que je me suis trnmpe sur tous ces points, et que les choses ne sc passent point de la maniere que j'ai decrite, alors j'accueillerai avec reconnaissance les verites nouvelles qu'il aura substituecs a mes erreurs. Jenn-Baptiste Sat. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. TrAITE pratique SUR tES CHEMINS DE FEU ET LES VOI- TIIUES DESTINEES A LES PARCOURIR ; pal' Th. TrEDGOLD, ingcnieur civil; traduit de I'anglais par T. Du- VERNE (i). II existe aiijourd'hui entre tous les peuples, et particuliere- mciU entie les deux nations qui sont a la tele de la civilisation europeenne, una conformite de besoins et de ressourccs qui prepare unc nouvelle ere a la politique du moade, et dont les emprunts qu'elles se font resserrent chaque jour les noeuds : aussi , n'est-ce pas seulement dans I'interet materiel de I'in- dustrie qu'il faut remercier M. Duverne de la tache qu'il sem- ble s'etre imposee de faire successivement passer dans notre lan'Hie les traites pratiques d'uu des meilleurs ingeuieurs et des csprits les plus judicieux de I'Angleterre. Depuis qu'il est question en France de chemins de fer , on a trop souvent plaide plutot que discute les avantages de ce nouveau moyen de communication. L'ouvrage de M. Tredgold esturi traite complet de cette matiere, aussi remarquable par sa precision que par la bonne foi qui y regne. L'auteur dis- tim;ue chacua des elemens des depenses d'etablissement et d'entretien des chemins de fer; il montre comment ces divers elemens se combiuent entre eux et les circonstances qui en font varicr I'importance respective; il developpe, enfin, par des considerations de fails presentes avec une lare sagacite , (i) Paris, iSafi; Baciielier. i vol, in-S' avec planches; prix, 5 fr. SCIENCES PHYSIQUES. A 7 les melhodes d'investigation qui peuvent servir pour deter- miner , dans Ics cas les plus dissemblables, les moyens d'arrivcr avec le plus d'economie au rcsultat que Ton se propose d'ob- tenir. Cast dans I'ouvrage raenie qu'il faut voir ces details techniques, toujours clairs et simples, oil les donuees de la theorie sont controlees par les resultats de rexpericnce. L'au- teur y decrit successivement les divers systemes des cliemins de for, a ornieres creuses ou saillantes; il donne les details de construclion dcs principaux chemins de I'Angleterre ; il decrit ot discute avec le menie soin les differeutes especes de cha- riots et les moyens de traction , soit par les chevaiix, soit par les machines a vapeur stationnaires ou locomotives. La comparaison des avantai^es respcctifs des canaux, des chemins de fer et dcs routes ordinaires n'est pas la partie la moins instructive du travail de M. Tredgold. Le principal avantage des deux premieres communications consiste dans I'economie de force motrice qu'elles perinettent; ainsi, un cheval au pas transportera danssa journee a unmille auijlais ( 1609 m.) de distance, 14 tonneaux sur uue chaus- see , 116 sur uu chemin de fer, et SaS snr un canal; ou en d'autres termes, deux chevaux traiiieront sur un canal le poids qui en eut exige neuf sur un chemin de'fer, et 75 sur une route ordinaire; en sorte que, si les droits de peaces ctaient egaux sur les trois especes de voies, les canaux auraient un avantage marque sur les deux autres. Mais ces peages varient en raison de laquantitc de marchandises a laquelleils doivent s'appUquer dans I'annee, et du reveuu qu'ils doivent prodiiire poiu- couvrir I'interet du capital employe, les frais d'adminis- tration et d'entreticn et le benefice leiiitime des entrepreneurs. II faut done, pour trouver le peage a etablir sur une voie, diviser le revenu necessaire par la quantite de tonneaux de marchandises qui doit passer dans I'annee. M. Tredgold evalue ce revenu a 27,860 fr. par mille pour les canaux, a 1 3,9^5 fr. pour les chemins de fer a deux voies, et a a,5oo fr, pour les chaussees d'empierrement. On voit par la que, pour qu'on puisse arrivera un peage egalemcnt modere, et laisscr jouir le /,8 SCIENCES PHYSIQUES, public de loiite I'cconoiiiic sur les frais do traction que nous signalions tout a I'heure, les quantitcs de niarchandises doivcnt t'trc fort differenles, pour chaque voie. C'est par la considera- tion de ces quantiles, que sc determine I'espece de communica- tion qu'il convient d'employer : M. Tredgoldevaiuant la jour- nee du clieval, chariot compris, a 6 fr. 71 c. , ce qui met celle du cheval de canal a environ 6 fr. , il suit de ce que nous disions tout a I'heure, que cette depense sera pour le trans- port d'un tonncau a i mille de distance, de fr. o,oii4jSur un canal et de fr. o , 0678 , sur un chemin de fer ; s'il devalt passer sur une ligne commerciale 1 39,260 tonueaux par an, il en resulteraif , pour Ic chemin de fer qui doit donner un re- venu de i'i,Qii fr. par mille, un peage de dix centimes, et la totalite desdeux depenses serait de fr.o, 1578 partonneau; le revenu necessaire d'un canal etant de 27,85o fr. exigerait sur cette memc ligne un droit de 20 centimes; ce qui porterait la totalite des frais a fr. o, 21 1 4- Le canal ne pourrait pas soutenir la concurrence d'un chemin de fer ; mais , s'il devait passer 300,107 tonneaux, les droits pourraient etre, sur le chemin de fer, de o fr. 0464 , et sur lo canal , de o fr. 0928; ce qui , ajoute aux frais de traction, donncrait, dans I'uu et I'autre cas', une depense de fr. o, 1042 : au-dela de cette limite, I'a- vantage serait pourle canal. Cct apercd incomplet n'a d'auire objet que de donner une idee de la.maniere de raisonner de M. Tredgold; car la ques- tion n'est pas tonjoiirs composee des memeselemens; elle se complitjue par la comparaison qu'etablil I'auteur eiilre le tra- vail des chevaux el celui des machines a vapeur, comparaison dans laquelle eutre un element essentiellcment variable, sur- tout en France, le prix du charbon de terre. M. Tredgold discute I'usage des machines a vapeur avec la precision qui le distingue; Paris lui offrirait, depuis quelques jours , un nou- veau terme de comparaison , dans les machines a mouvemerit circulaire immediat de notre compatriote M. Paqueur; des experiences recemmcnt faitcs les presentent comme plus pro- SCIENCES PHYSIQUES. 49 pres au trainage sur les cliemins de fer qu'aucune de celles qu'on y a appliquees en Angleterrc. Le resume de rauteiir sur cette comparaison est que , lors- que les transports sont dc 3i,20o loniieaux par an , il n'y a pas de raison de substitucr Ic cliemin dc for aux routes ordi- naires, et que le canal n'a d'avantage surle cheniin de for que lorsqu'il y passe au moins looo tonncaux par jour, ou 3 12,000 tonneaux par an. Sil'onappliquaita la France les raisonnemens queM. Trcd- gold a fails pour I'Angleterre, peut-ctre arriverait-on a des conclusions un pen differentes des siennes; les circonstances nesont pas abso'ument les memes des deux cotes de la Man- che. L'auteur evalue , dans son pays, le metre courant de canal a environ i55 fr. ct cclui de chemin de fer a 77 francs. M. Navier, dans son excellent memoire sur le chemin dc fer de Paris au Havre, portc cette meme depense a 118 fr. II faut se souvenir, abstraction faile de plusieurs particularites dont cet ifigenieur a du tenir compte, que le fer coule chez nous a pcu pres deux fois autant qu'en Angleterre : d'un autre cote, la maconnerie, les terrassemens , qui sont les principaux ele- mens des travaux de navigation , sont a meilleur marche chez nous; les avantages economiques de la navigation interieure de I'Angleterre tiennent uniquement a ce que ce pays n'a pas notre organisation administrative : onpeut done affirnier, que, si les clicses etaient dans leur etat naturel, les canaux coute- raient chez nous beaucoup moins, et les chemins de fer beau- coup plus qu'en Angleterre. Si, au lieu de nousjeter It'gere- raent dans des entreprises de canaux maletudices, nous exa- minions ce que I'art peut ajouter a la nature dans la phipart de nos rivieres , la comparaison serait encore plus favorable a la navigation. On comprcndrait mal I'onvrage de M. Tredgold , si, apres I'avoir lu , on croyait pouvoir delerniiner d'unc maniere gene- rale les avantages respcctifs des canaux et des lignesnaviga- bles. Les principes generaux sont fixes; mais les localiles qui doivent en recevoir I'applicalion varient a I'inCui ; la Seine et T. xxxii. — Ortobre iSaS, 4 5o SCIENCES PHYSIQUES, la Loire offrcnt sous nos yeux des cxemplcs susccptlbles dc solutions bien diffcicntcs. La rapidilc du transport est d'une graiide importance pour Ics marchandises qui circuleront en- tre le Havre ct Paris; la resistance du fluide croissant conime le carre de la vitcsse , dcs qu'on arrive a faire deux lioues par heurc, des forces cgaies sonl necessaircs, soit sur un canal, soit sur un cheuiin de fer ; et, si Ton atteint unc vitesse de Irois liencs', la force necessairc jiour la navigation est triple de la scconde. Voila une consideration d'une haute importance en faveur dtt chenilu de fer. La Loire, an contraire, transporte surtoutdes bois, de laliouille, des vins communs, pour les- qiiels un retard de qtit-lqucs jours est insiguifiant ; de pins, les lignes de canaux que Ton creuserait sur ses bordspcuvt nt scr- \ir ^ de grandes iirigations, comnie celles qui fecondiiit les plaines de la Lombardie : ici, I'agriculture ct le commerce s'u- nisaent pour pr.eferer la navigation. Nous ne sauiions trop reconimandcr le Tra'ue pratique des chemins de fer aiix pcrsonncs qui aiment a porter dans les questions d'economie publique une discussion kimineuse des faits : le style do M. Duverne est en general bien approprie au sujet; partout ou I'exigeait la clarte du calcid et particuliere- nient dans des tableaux d'experiences tres-curienx , il a reduit les mesures anglaiscs en mesures metriques; c'est un merite qui manque a beaucoup trop de traductions. J. -J. Baude. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Le Commerce au xix^ siecle ; Etat actuel dc ses trari' saplions dans les principales contrces du glohe ; causes et effets de son agrandissement et de sa decadence , et moj'ens d'accroitre et de consoUdcr la prosperite agricole^ induslrielle , coloniale et commerciale de la France-, ouvrage couronne par rAcademie de Mar- seille. Par Alex. Moreau de Jonnes (i). N. B. Comme la Revue Encyclopedlque s'honore de compter M. Moreau de Joiines au nombre de ses redftcteurs les plus recoiximandables et les phis zeles, nous avotis cru devoir nous abslenir dc jut^er nous-memes son important ouvrage, et olfrir, de preference, a nos lecteurs le rapport qui en a ete fait par M. Reony , a Y Acade-inie de Lyon , dans sa seance du 7 mars i8i6, devant une reunion de savaris, d'economistes, de manufacturiers et de commercans, appreciatcurs cdaires et juges competens du grand travail soumis a leur examcn. Cet ouvrage a pour objet essentiel le commerce de la France; son but est d'examiner les causes et les effets de I'agrandisse- mcnt et de la decadence du commerce, et d'etudier les moyens d'accroitre la prosperite de cclui dcs Francais dans toutcs les parties du monde. Cette entreprise a ete dictee par le sentiment d'un veritable patriolisnie; e'.le a exige de pcniblcs reclierches et des investi- gations laborieuses; elle prcsentait de grandes difficultes qui ont ete vaincues par le zele et le talent; et ce fruit des veillcs (i) Paris , Decenibre iSaS ; I'auteur, rue de I'llniversite , n° 28 ; Renard , rue Sainte-Anne, n° 71. 2 vol. iu-S" ; prix , 10 f.-. 5a SCIENCES MORALES ct dcs meditations de M. IMorcnu de Jonnes doit ctre accueilli avcc reconnaissance par la France, a la |)rospi'rite de laqucUe il doit contribuer, ct par la generalite de scs liabitans: car il en est pen a qui sa lecture ne puisse devenir tres-profitable. La ilatistique est une science nouvelle : nons Tavons vue naitre, pour ainsi dire. Ce n'est que dcpuis la fin du dernier siecle que les gouveincniens en ont scnti rimporlance, ct qn'ils ea ont seconde les proijrcs et protege les deveioppt'iiiens. L'uti- lite dcs releves et des tableaux qu'ils ont ordonnes pour recueil- lir et classer les observations, n'a d'abord etc apprccioe que par un petit nombre d'esprits eclaircs ; niais lours ecrits ont bientot dissipe I'espece de defaveur qui avail accueilli les premiers essais : !e nombre des observaleurs s'est muUiplie; leg obser- vations ont ele faites avcc plus de soin, et les tableaux en ont etc mieux concus; les comptes rendus en sent devenus plus inleressans, ct les go;ivcrnemens, y attachaiit toujours plus de prix, ont fait cadastrer les terres; ils ont ordonne de nombreux recensemens qui offrent enfin des bases plus surcs aux calculs, et rendent la science vrainient utile, en Ini donnant, comma le remarcjue notre auteur, les moyens de resoiidre les ques- tions qui impcrlent aux intcrets de la patrie, au perfcction- nement de I'etat social et au bonb.eur de I'espece humaine. Il est heureux que M. Morcau de Jonnes, si judicieux ap- preciateur de la slalistique, ait pu puiser dans les archives des gouvcrnemens pour se procurer la plus grande parlie des innombrables observations qu'il a rccueillies dans ccs deux volumes. Nous sentons avcc lui cpi'il nc pout pas repondre de la ri- goureuse exaclilude de toutos les donneos sur lesquelles il fonde ses calculs et ses raisonnomens, donneos qui ne sont assez souvent que des approximations plus ou moius voisiues de la vcrite; mais nous devons avouer que les sources oii il les a puisees, et les epreuves de verifications ot de confronta- tions qu'il lour a faitsubir, sont faites pour leur moriter une grande confiance. Leplan de I'ouvrage, sagement concu, est methodiquement ET POLITIQUES. 53 suivi. L'auteur commence lotijours par esposer les faits, et prcsente les observations statistiqiies, les donnees numeriques qui doivent eclairer la discussion et servir de base an calcul. II precede ensuite mathematiquement; il fait ressorlir les re- suhats, remarquer des consequences qui echapperaient a bcaucoiip d'esprits, et il en deduit enfin les principes de sa theoric. Le style est clair et concis : point de phrases inutiles, point d'ornemens parasites; tout va au but, tout est lucide et con- cluant; c'est un veritable ouvrage elemeiitairc; ce peut etre le rudiment de I'homme d'etat. L'analyse d'un ouvrage si sub- stanliel scrait oUe-meme un long ouvrage :je ne I'entreprendrai pas. Je me bornerai a faire connaitre quelques observations importantcs , les resultats qu'clles presenlcnt el les consequences qu'cn deduit l'auteur. Je I'ai deja dit, c'est essentiellement de la France qu'.il s'oc- cupe; niais, pour faire apprecicr I'etat de son agriculture, de son Industrie, de son commerce , il procede foujours par com- paraison avec les principaux etats commercans , et surtout avcc I'Angleterre, puissance dout la prosperite agricole, ma- nufacturieie et comnicrciale a ete poussee si loin, et dont par consequent la conduite offre tant dc lecons utiles a ses con- currens. Considerant les causes de I'agrandissement du commerce , l'auteur nous fait remarquer que la France est plus riclie que I'Angleterre en moyens naturels de succes. Nous avons pour nous les avantages du climat et de la fertilite du sol; nous marclions au moins de pair avec les Anglais pour le genie in- dustriel. La plupart de Icurs institutions commcrciales diffe- rent peu des notres; elles nous appartiennent par Torigine : ce sont des bienfaits du siecle de Louis XIV, des fruits du genie de Colbert; mais les Anglais ontdonne une meiileure direction k leur agricultin-e; ils out ete plus habiles ou ])lus adroits dans leurs negociations, et ils ont su creer des circonslances plus favorables au developpement de leur Industrie, de leur com~ 54 SCIENCES MORALES nierce, et par consiiquent an proj^res tic leurs richesses. Re- prenons ces premieres considerations. Le climat de la France rend son sol plus fertile ct le feconde de riches produits dont I'AnLjleterre est privec. Le territoire de la France a 27/1 ^io lieues carrees de surface : celui dcs Irois royaumes unis de la Grande-Brelagne n'en a que 13,396, c'esl-a-dire la moitie moins. La portion inculte ct sterile du territoire ne s'elevc, en France, qu'a la cinquieme partie de la surface : clle en absorbe plus du tiers en Angle- terre. Voila d'incontcstablcs avantagos; ct ccpcndant, Ic produit brut de I'agricullure anglaise exccde d'un scptieme la valeur de cclui de la France, ct la difference est bicn plus remar- quable sur le produit net qui est en raison inverse de I'etendue du territoire cultive, puisquc !c produit net agricole de I'An- gleterre est le double de cclui de la France. Lcs Anglais doivent cet immense avantage au progrcs de la science agricole, a I'abondance du bctail, au perfectionnement des oufils et des machines, et ii raccroisscment de la popula- tion qui, en augmentant lcs consommalions, a provoque lcs productions. Tons ces elemens de la prosperile agricole de I'Angleterre ont reagi les tins sur les autres : ils ont etc tour a tour causes et effels. Mais ieur cause premiere, c'est le travail, c'est Tactivite de I'industrie et da commerce qui a excite Tagricultiu-e a produirc, en liii fournissant dcs capi- taux, en lui creant des consommatcurs; car, sans cela, la production serait restee stationnaire; elle ne pent ctre pro- voquee que par les besoins de la consommation. 11 resulte des nombreux tableaux que M. Morcau de Jonnes presentc successivcment a ses lecteurs, que, si la France a I'avantage sur le rcste de I'Europe, sous les rapports commer- ciaux , I'opulcntc Angleterre a sur nous une tres-grande supe- liorite. L'auteur se livre, a ce sujet, a des meditations com- paratives, ct prouve que cctte superiorite incontestable des Anglais doit moins exciter notre jalousie que notre emulation; ET POLITIQUES. 5S que nous ponvons facilenient Ics imiter, ct que nous sommos plus favorises qu'eux par la nature. La population de TAn^leterrc, avons-nous dit dej;\, est proportionnellement plus considerable que celle de la Franre; mais cet avantage est considerablement augmente par la ma- niere dont cette population est repartie sur le territoire, et par la proportion de son partage entre I'agriculture et I'indnstrie. La population de I'Angleterre est bcaucoup plus agroupee que celle de la France; elle est partagee egalement entre los villes et Ics habitations rurales, tandis qu'en France les villes renfcrmcnt tout au plus le tiers des habitans. Le rapprochement dcs hommcs mulliplic leurs relations et leurs bcsoins, excite les productions et augmente les moyens de travail. Une po- pulation tres-dispersee sur nne grande etendue de territoire se lient plus voisine de I'etat primitif , avance moins dans la civili- sation : en est-clle plus ou moins heureuse? C'est nne question sur laquelle BI. Moreau do Jonnes n'aurait probablement pas ele d'accord avec le philosophc de Geneve, ct qui ne pent plus en etre une aujourd'liui; mais cette question etait etran- gere a notre auteur, puisqu'il ne considerait le fait que dans ses rapports avec la richesse commerciale des nations; il lui etait aise de prouver que la division de notre population entre 1,900 villes, 5o,ooo paroisscs, plus de 100,000 villages et de 3,000,000 d'habilations rurales, est bien moins favorable anx produits de I'agriculture, aux developpeuiens de I'industrie, au succes du commerce, que I'agroupement de la population anglaise concentree dans des villes considerables, et encore reunie dans Ics campagncs sur les points les plus fertiles du territoire. IS'ous avons encore une Iccon utile a recevoir des Anglais dans la maniere dont lour jiopulation se partage les travaux produclifs. L'agricuUure n'occupe que le tiers des habitans de I'Angleterre, en coniptant les proprietaires ct les cultivateurs, tandis que les memes classes absorbent les deux tiers de la population francaise; ct malgre cette disproportion, hos voi- sins retirent de leur sol cultive le double du produit net que 56 SCIENCES MORALES nous retirons du notrc, qui a cependant le double d'etendiic. Cc resultat est trop extraordinaire pour que nons n'en rappe- lions pas les termes avant d'eu etiidier les causes. 7, 5i 1,682 agriculteursot proprietaires anglais possodent ou cultivcnt 21,000,000 d'hectares, et en retircnt un prodiiit net de 2,C8i,i5o,ooo francs, tandis que 19,621,000 agricuUcurs francais possedent ou cultivcnt Zji, 000,000 d'licctares, et n'cn recueillent en produit net que i,3/i/|, 703,000 fr. D'ou pro- vicnt cetle ciiorinc difference? Sans doute de la meillcure agriculture, des plus riches amendemens du sol, et de la plus grandc puissance des secours que rhomme emploie dans son travail. Mais, a quoi sont dus ces elemens de prospe- rite? A Tindustrie qui, a son tour, y a puise de nouvelles forces; car I'agriculture et I'induslrie, ces deux lilies du tra- vail, sont deux socurs qui s'aident niuluellemcnt : I'uue ne pent prospercr sans I'autrc. Or, pres de la moilie de la population d'Angleterre estappli- quee a Tindustri-e qui occupe a peine un sixieme de la popula- tion francaise; si, a cette difference de proportion, nous ajou- tons la difference des secours et des forces niicaniques, si nous prenons en consideraliou le perfcctioniiement des oulils, la plus grande division du travail et le grand nombre des ma- chines a vapeur si liabilcnient employees en Angletcrre u centupler les forces de Ihomme, nous nous rendrons plus aisemcnt raison des avanlages enormcs que I'indusfrie anglaise a sur la notre; mais nous reconnnilrons en meme terns que nous pouvons disposer, comme nos voisins, des moyens qui les ont porlcs a cet etat de prosi)erite; et les succes remar- quables que nous avons deja cblenus en les imitaut nous en- courageront a suivre les voies qui nous sont ouvertes pour donncr a loutes ics branches de la richesse de la France, les developpemens dont elles sont susceptibles. M. Moreau de Jonnes trouve un autre avantage en faveur de la production de I'Angleterre dans le mode de partage des proprietes. Un document, produit en 1816 a ia chambre des communes, etablit que le noinbre des proprietaires dans TAn- ET POLITIQUES. 5? gleterre et I'ficosse, sans y compreudre I'lrlande, s'elevait a 589,384 personnes; en y ajoutant, par approximation, un tiers pour I'lrlande, et portant I'une dans I'autrc a 5 individus les families de ces proprietaires , nous n'arriverons pas a 4,000,000 pour Ic total de la classe des proprietaires fonciers dans les trois royauices : c'est moins que le cinquieme de la population. Le memoire que M. le due de Gaete a doune en 1818 sur le cadastre, prouve que la France etait partagee en 10,414,121 proprietes appartenant a 4,833, 000 contribuables; et en coni- posant la famille de chaque proprictaire de 5 individus, nous trouvons que la classe des proprietaires se compose de 24 millions d'individus : a peu pros les 4 cinqiiiemes de la po- pulation de la France. II y a, en Angleterre, des proprietes d'une etonnantevaleur : line seulc s'est vendue, en 1817, au prix enorme de 48,000,000 de francs. Un certain nombre de gens riches possedent a la fois plusieurs proprietes, et on remarque vingt-dcux individus qui possedent entre eux pres de 39,000,000 de francs de re- veuu territorial. En France, au contraire, les proprietes sont singulierement reduites et morcclees. M. le due de Gaete a releve le tableau suivant sur' les roles de la contribution fonciere. En calculant I'impot au sixieme du revcnu. 8,2 1 6 contribuables paient a raison d'un revenu de i9>272 f. par an. 18,846 7,340 a 1 2,636 . 2,127 99.8,000 464 3,665,3oo proprietaires paient a raison d'un revenu de 64 f. par an. 4,833,000, total des proprietaires contribuables. II y a sans doutc exces dans la concentration des proprietes S8 SCIENCES MORALES en Angletcrre; niais il est evident que Texces dc lenr morcel- lement en Fiance n'est pas moiiis fimcsti-. Quo pent protlnirc une proprieto de G/, a lOO fr. de revenu ? Des pommes de teire, des choux, des raves et qnelques fruits pour fournir tres-economiquennent et particllement aux be- soins de la famillc. Elle ponrra donner iin pen plus dans le voisinaije immcdiat des ^randes \illcs; mais, pour pen qn'clle en soit eloiynco, on ne pcut ricn en attendre pour les I'changes; elle ne fournira ancun clement, aucun sccours a I'indnstrie (i). M. Moreau de Jonnes, apres avoir observe les fails et soumis au crenset du raisonnement ])liisicurs questions qui intercssent ragriculture et I'industrie, sources du commerce, examine et soumet aux memes epreuves les causes de la pros- perite commerciale. II considerc d'abord le commerce inte- rieurqui s'accroit avec les productions du sol et dc I'industrie, et qui est le premier symptome de la ricliesse et du bien-elre des peuples. Procedant toujours comparalivement , Jl nous place encore sous ce rapport au dciixieme rang pirmi les na- tions, et la superioriic de TAnglcterre doit stimuler notre emu- lation et en meme tems nos esperances; car nous avons et nous empioyons di'ja les moyens qui doiveut nous faire atteindre la prosperite dc nos voisins. Le gouverncmcnt francais sent le prix qu'il doit attachcr a I'entrelien et a la muliiplication des voics de conmiunicalion; le corps des ingenieurs est richc de science et anime d'un grand zele; les routes s'ameliorent et s'etendent; par suite d'un grand sysleme de canalisation coricu et combine avec sngesse, (i) Cette assertion n'cst rieu moins cin'cviJente. Pour mieux jugor des effets du niorcellenieiit des tef res , que Ton parcourc le canlon de Liancourt, ses cultures, ses plantations; que I'oa conipte ses cul- tivateurs , et que Ton entre dans leurs habitations, on y verra ce qu'un aussi grand nomine d'liommes sait tirer de qnelques coins de terre; on sera satisfait de raisance qui r^gne partont, et du boii ordre entretenu par cette aisance m^me, source abondante d'amc- liorations morales. N. d. R. ET POLITIQUES. Sg ohaque annee voit ouvrir de nouvoaux canaux, el bientot toutes DOS grandes rivieres et nos mers commiiniqueront entre elles. Le gouvernenient sent egalement ce qu'il doit i rinstruction des classes agricolcs et indiistrielles : les ecoles, les cours de sciences appliqiiees a I'indiistrie se muUiplient sur tous les poinis dii rnyauine; les chambrcs de cooinierce, les societes d'agriciilture scment partout les avis utiles et les ciiconrage- meiis; elles font connaiue les besoins des peuples et eclairent les decisions du prince. 'Uesprit cF association qni a ele si utile a nos voisins s'accli- mate clicz nous : I'nnion fait la force; les societes fontreussir de grandes entreprises pour lesquelles les moyens des parti- ciiliers eussent ete insuffisans; de nouvelles mines s'exploilent, des fourneaux s'elevent; Ic HI de fer multiplie avcc economic les ponts sur nos fleuves; enfin I'elonnante puissance de la vapeur met paitout en mouvemeiit les mccanismes les plus ingenieux et les plus productifs. Que ne devons-nous done pas attendre de tant d'elemens d'activite et de prosperite? II faut reniarquer que tous ccs moyens de communication, d'instruclion et de puissance de travail ne tendent pns seule- ment a augmcnier la production, mais a agrandir le cercle des consommateurs et la quotite de leurs consommations : ce qui est utile a la piosperite commcrciale et contribue plus pois- samment au bonheur de la population. Les considerations sur le commerce extericur forment la plus considerable parlie de I'ouvrage de RI. Moreau de Jonnes. Je ne leur donnerai pas la memo etendue comparative dans cet extrait : ce sont des observations qui s'enchaiuent sur des tableaux multiplies de donnecs numeriques. Lds observations et les consequences jndicieuses qu'en deduit I'auleur presen- tent le pins grand interet; mais je ne puis rappeler ici que quelques resultats principaux. II considere successivement le commerce d'importation et d'exportation, celiii d'entrepot et le commerce des colonies. J'avais ete surpris d'abord de lui voir prendre constamment pour mesure de I'avantage que le commerce exterieur procu re 6o SCIENCES MORALES a cliaque penple, la conipaiaison des importations et dcs exportatioiis que ce commerce occasionc, et considerer comme perle pour una nation, la sommc dont ses importations exce- dent ses exportatioris, et comme benefice I'cxcedant contraire. Tant d'ecrivains habiles ont tonn6 conlie cet!e pretendiie chiinere de !a balance du commerce; leurs raisonnemens sont si judicieux : iis ont fait tant de proselytes, ils ont convaincn tant de bons esprils, que Ton s'etonne dc voir les gouvcrne- niens s'accorder toiijours a considerer I'excedant dcs importa- tions comme une cause d'appauvrisseraent pour les nations. Mais cet accord si etonnant des gouvfrnemcns doit avoir une cause solide : sans cela il n'aurait pu subsister si long- tems, else conscrvcr a travers les attaques si puissantcs des chefs d'ecole les plus reputes en matiere d'economie politique. Cettc cause, c'est Texperiencc dc fous les tems ct de tous les lieux, qui prouve que les clats s'cnrichissrnl comme les par- ttculicrs en raison de leurs eparijues, c'est-a-dire, a mesure qu'ils produisent plus qu'ils ne consomment. Un etat pcut consommcr tout ce qu'il produit, sans s'ap- pauvrir; il pourra ineme s'cnrichir ainsi, parce (ju'une portion de sa consomuiatiun deviendra prodnclive; elle aiu'a pour but dcs constructions utiles, des ameliorations du sol, la multi- plication du betail ou des machines. Dans tous les cas, I'ac- croissement simullane dc la production et de la consommation sera un symptome d'accroissement de puissance et de prospc- rite ; il constalcra raugmentation de la population ou son avancement dans la civilisation, la plus grande aisance des habitans, et pour empruntcr une expression anglaise, la con- fortahilile de Teur maniere de vivre. Mais, des qu'un etat consommera plus qu'il nc produit, il aura nccessairement le sort du particulier qui depcnse plus que son revenu , il entamcra son capital et marclicra rapide- mcnt a sa ruine. Or, les exportations d'un etatse composont de ses produc- tions agricoles ou industrielles , ct ses importations sont desti- nees a ses consommations ; ellcs renferment sans doutc les ET POLITIQUES. fir matieres premieres qui, faconnecs par I'industrie nationale, peuvcnt etre reexportees avec a vantage; mais alors elles comptent dans les exportations dcsannecs suivnntes; elcomme tons les calculs que Ton pcut faire sur Ics balances comraer- ciales doivent etre bases sur la commune proporlionnelle des observations faites pendant un ceitam nombre tl'annees, il en resuUe que ces reexportations y sontevaluees , et que le re- sultat du calcul serait absolument concluant dans le sens de notre auteur, ai Ton pouvait ecre«ur de rexactitude des don- nees sur lesquelics sont formees ces balances commerciales. D'ou Ton peut conclure, lout en convenant du defaut d'exac- titude de ees donnccs, que, si elles prescntent seulcment des approximations plus ou moins voisincs de la verile, les balances commerciales auront toujours un grand biit d'utilite, celui d'c'clairer les gouverncmens sur les interets des peuples et snr les mesures qui doivent les protcger. Ainsi, nous pourrons dire avec les j)nb!icisfes dont nous venons de parler : Oui, le commerce se balance toujours, ct toutes les fois qu'une marchandise sort de I'etat, elle y fait rentrer une valeur equivalenle en autres marchandises ou en argent; oui, le speculateur ne fait point de difference cntre cet argent et ces aulres denrees, et sa speculation peut etre eg^leinent fructnense pourlui, soit que le retour s'opere dans I'une ou I'autre de ces valeurs; mais ici I'interct de I'etat cesse d'etre Ic meme que celui i\u commercant, et le gouverneinent doit pioteger le commerce, de maniere a ce qu'il contribue a la prosperite de I'etat. J'ai dit q\ie les gouvernemens avaient du etre eclaires a ce sujet paries lecons de I'experience. Ces lecons ont ele soi- gneusement recueillies par M. Moreau de Jonnes : il les met a cliaque page sous les yeux du lectcur ; il les accompagnc des reflexions qui peuvent les rendrc profitabies, et les rend frap- pantes par ces deux grands exemples : I'Espagne, que I'exce- dant des consommations sur ks productions a arrachee a ropulence et plongee dans la detrcsse; I'Angleterre qui, tou- jours appuyee sur la production, c'est-a-dire, sur I'excedant 6a SCIENCES MORA.LES de scs exportations, marche a pas gijjantcsques dans le chemin de la richessc ct diJ pouvoir. Les Francais sauront se dufcndre dc I'excos d'ambition qui doit dcvenir fatal a leurs voisins; ih n'ont qti'a suivre avec sagesse et intelligence leur marche actiielle pour profiter de leurs innombrablcs avantages, se placer au rang qui leur apparticnt dans le nionde commercant et dans le monde poli- tique, et exciter, a leur tour, la jalousie de leurs rivaux. II faut voir, dans I'ouvrage meme, quels sages avis M. Morcau de Jonnes donne a ce sujet au commerce et au gouvernemcnt. Si Ton ctudiait avec altcnfion scs observations sur le com- merce dc chaque peuple et sur cliaque branche de ses produc- tions ct de ses consommations, on ne pourrait assez apprecier les vues qn'il developpe, les moycns qu'il propose, pour augmenter partout la part que prend la France au commerce du monde. Mais il est impossible de donner, dons un extrait, une idee meme supcrficielle de details aussi nombreux qu'interessans; il faut, je le repete, lire I'oUvrage meme, oii tout est substan- tiel. II est a desirer qu'il soit lu , non-seulement paries hommes d'etat et par ceux qui meditenC sur la science de I'economie politique, mais encore et surtout par les negocians qui y tronveront des conseils sahuaires et des locohs utiles. L'Academie de Lyon retrouve avec satisfaction, dans cct ouvrage, les vues sages que I'auteur avait developpecs dans le Meinoire sur les colonies, couronne par elle en 1822; elle rcmarquera egalcment avec inleret que M. Morcau de Jonnes a dirige quelqucs-uncs de ses meditations sur I'importance ct les progres de nos belles fabriques de soieries, et sur les moycns de proteger leur plus grand developpement et d'as- surer leur prospeiite. C'est une des branches de notre industrie qui semble menacee par la concurrence anglaise; mais c'est un des points ou cette concurrence doit plus exciter notre emulation que nos inquie- tudes. Loin de nous nuire , elle doit nous etre utile, en te- nant constaniment en eveil le genie de nos manufactmiers , ET POLITIQUES. 63 et en ne leiir laissant negliger aucun des nombreux elincon- testables avanlages qu'ils ont siir leurs rivaux. L'auleur passe rapidement en revue, dans \\n post-scriptum , les evcuemens siirvonus dans Tun et Tautre hemisphere, pen- dant I'impression de son ouvrage , et qui doivent influer snr le commerce de la France; evenemens qu'il avait prevus, craints ou desires. II rend hommage a la sagesse des vues qui out dicle les niesures , les resolutions et les traites du gouvernement. II re- counait I'activite et la bonne direction des travaux publics, et applaudit aux progres de I'esprit d'association et a rutilite de ses entreprises. II jettt^ uu coup d'oeil sur la marche prospcre de notre com- merce en 1824 : les soicries sont un des ai licies de nos expor- tations dont I'augmentation se fait remarquer; et la masse des exportalions de nos tissiis, qui ne s'etait elevee en iSaS qu'a 84 millions, a ete portee, en i8i4, a 90,486,000. Regny. HxsTOiRE d'Alexandre r', empereur de toiites les Hussies, et des principaux ei>enemens de son te^ne ; par Jlph. Rabbe (i). L'histoire d'un^ homme qui a regne un quart de siecle sur im emj)ire aussi vaste que la Russie, et pendant une crise aussi decisive que cclle dont I'Europe a etc agitee de nos jours, semble devoir etre l'histoire generate de son epoque. Toutefois jusqu'en i8i3, la Russie s'est plutot melee aux af- faires de I'Europe, qu'elle ne leur a imprime son influence; et depuis, elle n'a exerce qu'une influence de seconde main : entrainee, durant la premiere periode , par I'ascendant du genie militaire de Napoleon; livree, durant la seconde, a la politique astucieuse de M. de Metteruich. (i) Paris, 1826; Treuttcl et Wiirtz, rue de Bourbon, n° 17, et Poiithieu, au Palals-Pioyal. 2 vol. iii-8°; prix , l5 fr. 64 SCIENCE,S MORALES Alexandre s'est vii dans une do ces positions ou il est donne a peu de rois dc se trouvcr. Le sort dc rEurope a ete im ins- tant dans sa main; niais rhomme etait au-dessous de sa tache, et c'est surtout parce qu'il n'a point su faire , que rcmpereur Alexandre sera connii dans la posterite. L'alliance qu'on a nommee sainte, et qu'on avait fondee pour ctre long-terns la base de la poliliquc curopcenne, pouvait drja etre considcree comine dissoutc , meme avant la niort dc son fondateur. C'est seulemont a i'cxamcn de ce fait capital dans la vie d'Alexandre que nous consacrerons cet article. Tous ceux qui ont donne Icurs soins a la jcunesse d'Alexan- dre, tous cfux qui ont vecu dans son intimile , s'accordcnt a rcconnaitre qu'il etait ne avcc de tres-hcureuses dispositions. Un bon coeur, une ame noble, un esprit distingue faisaient esperer que la sagesse et la niansuctudc allaient s'asseoir sur ce trone, foule quclquefois par le genie, plus souvcnt par le caprice et la cruaute. Le lils de Paul ne trompa point ces esperances; des les premiers jours de son regne , il s'efforca de realiser une foule de projcls utiles dans Tadministralion de son empire; « et ici, dit M. Rabbe, c'est sans aucune especc de reticence que I'histoire peut le loner. » On le vit propager I'instruction publique ; ameliorer I'agri- culturc; etendre le commerce ; abolir la chancellerie secrete, espece d'inquisilion d'etat ; donner a I'empire une nouvelle division territoriale , mieux assortie a sa vastc etendue ; rendre sa dignite a un grand corps politique, le Senat. Il s'occupa avec zele du perfectionncment de la legislation; et des travaux, commences dans ce but sous Pierre-le-Grand , continues par Catherine, qui, durant sept ans, y avait em- ploye 128 jurisconsuUes , furent repris sous son regne. 11 voulut que des examens precedasscnt I'admission a divers em- plois , aGo de diminuer les facheuses influences de la faveur. II fonda une banque nationale , et travailla serieusement a I'amelioraiion des finances ct a la diminution de la deltc. Lc sort des csclavcs fut constamment I'objct de sa sollicitude ; I'interet de son empire s'unissait a I'intcret de I'humanite pour ET POLITIQUES. 65 exciter sa bienveillance h I't-gard de cette classe nonibreiise de ses sujefs; dans plusieurs provinces, il permit aux seigneurs d'affranchir leurs vassaux , et de leur conceder des lerrespour eu jouir a litre de cuUivateurs libres; en meme tems, il de- termina legalement les obligations de ceux qui restaient escla- ves, ce qui les garantit en partie de I'arbitraire, dont lis etaient trop souvent victimes. Cependant, il faut ajouter que sans doute Ton n'apporta point a Texecution de cette grande mesure toute la sagesse et toute la prevoyauce qui doivent accompagner les essais d'un changement fondamental dans I'existence d'une nation, puisqu'on a vu des populations re- pousser le bienfaitde raffrancliissenient, et refuser de payer les impositions qui etaient, pour ainsi dire, le gage de leur liberte. Sous le regno d'Alexandre , un edit concernant la cen- sure en etendit I'empire; niais , par ordre expres de I'empe- reur, un paragraphe fut ajoute pour recommander aux cen- seurs toute la tolerance possible : precaution suffisanle peul- etre aux yeux d'un prince bien intentionne, et qui se faisait facilement illusion, mais completenient derisoire pour tous ceux que I'experience a convaincus que Ton ne concilie pas la censure et la raison. II faut encore louer chez Alexandre ses inclinations pai- sibles, ses dispositions bienveillantes envers lesautres nations, ses projets de pacification generale , et sa moderation envers la France, a I'epoque de la premiere invasion; lorsque, vou- lant sur toutes choses que le voeu du peuple fran^ais fut res- pecte, il rcconnaissait la legitimite des peuples, comnie la premiere de toutes les legitimites. II faut dire que le triomphe de cette coaliiion dont il etait alors le chef, ne mit point d'orgueil dans son coeur, et n'en bannit point la bonte; son premier soin fut de publier uue amnistie generale, et de prendre toutes les mesures qu'il crut propres a faire oublier a ses peuples les calamites de la guerre; enfin , il refusa le surnom de heni , que le senat de Pt'tersbourg avait solennellemcnt resolu de lui decerner. L'egoisme, cette triste passion qui est trop souvent coni- T. xxxii. — Octobre 1826. 5 66 SCIENCES MORALES pagne de la puissance supreme , n'avait point ef'fac^; dans le coeur d' Alexandre les affeclions de la nature; si des raisons de politique Tout cmpeclu'; de tiror iine vcnge:uice assez eclatantc dii crime qui I'a fait uionter preinatcruiiient sur le trone, du moins il a toujours conserve pour sa mere la plus tendre vene- ration ; il portait nienie qnelque chose de ce pieux sentiment a ceux qui avaient pris soin de sa jeunesse , et on le vit , en 1 8 j 8 , suivre a pied et la tete decouvcrte, le cercueil du comte de Sohikolf , son vieux gouvcrneur. Mais, si , comme homme et comme souvcrain de la Russie, I'empereur Alexandre trouve la posterite favorable, il I'eprou- vera severe, comme chef de la Sainte -Alliance. La Saiule -Al- liance fut le grand evenement, comme la grande faute de son regne. Quand les rois gouvcrnent par eux-memes, on ne saurait, pour les juger, admettre la question intentionnelle. lis sont tio|) eleves en (lignite, ils se chnrgent d'une responsabllite trop immense, ils compromettent de trop grands interets pour que la bonne volonte leur soil une excuse suffisante; et ce n'est pas dans leurs intentions , niais dans leurs actes que sera lenr sentence. L'idee de la Sainte-AUiance fut inspiree arempereur Alexan- dre par sou amour de la paix , son effroi des revolutions, et I'influence mystique a laquelle M™" de Krudener soumit en i8i5 son esprit naturellement enclin aux sentiaiens rdigieux. On pent croire que ce prince ne vit dans ce projet qu'une longue paix pour lespeuples, et la garantio d'un repos que lui faisaient desirer des inclinations douces et pacifiques. M. de Metternieh y vit autre chose ; et I'experience a prouve que I'asservissement des peuples sous un nouveau despotisme, et la compression du developpcmcnt moral de leurs facultes, etaicnt a ses yeux le but principal de la Sainte-Alliance. II savait aussi que I'empereur de Russie ne marcherait pas de lui - meme vers un pareil but; mais , avcc la connaissance qu'il avait du caractcre d'Alexandre , il comprit lout de suite qu'en laissant a ce prince les apparences de ce vaste pouvoir qu'il s'agissait de creer , il en jouirait lai - meme en realite. ET POLITIQUES. 67 II sufiisait, pour cela, tie s'emparer de Tesprit d' Alexandre; et M. de Metternich ne doiitait pas qu'il n't'n vint facilement a bout. Ce fut par cette raison sans doule que Ton se garda bien de donner a ralliance une organisation federale dans la- quelle chacun des contractans aurait eu sa part d'action. On se borna a mettre un chef a la tete de I'association ; la puissance materielle, le caractere moral d'Alexandre, I'appelaient naturel- lement a ce poste ; il s'y assit en cffct ; mais le ministre au- trichiea se placa derriere Ud et eut soin de retenir dans sa main tons les Gls qui devaientfaire mouvoir cette grande figure qu'on avait ainsi exposee aux regards de I'Europe. Alexandre ne songea pas qu'une federation sans bases, sans organisation, ne peut subsister long-tems; qu'un chef, quel- que puissant qu'il soit, ne peut long-tems lui tenir lieu de constitution ; car , dans ce cas , ce chef venant ^ disparaitre , I'alliance doit disparaitre avec lui. Conclue par le moytn d'un triomphe obtenu avec le se- cours des peuples, la Sainte-AUiance fut dirigee centre lei peuples ; resultat d'une guerre entreprise pour la liberte , elle n'usa de la victoire qu'au profit du despotisme; on avait souleve les nations en leur parlant d'affranchissement,on se hata de leur prouver qu'on ne voulait affranchir que les couronnes. Dcs-lors , il fut manifeste que la Saintc-Allianco ctait aussi imprudente dans sa combinaison qu'elle devait etre desastteuse dans scs effets; et Ton coniprit que c'etait une institution sans avcnir. Qui aurait pu douter que la Sainte- Alliance ne fut constituee nniqucment dans I'interet des rois , lorsqu'on les vit se don- ner reciproquement , par ce pacte, un droit de surveillance et d'iniervcntion; droit qui meme n'ctait niodere par aucune disposition roguliere ? 11 est trop evident que les inquisitions politiques et les occupations militalres n'ont jamais etc dans I'interet des peuples. Une chose remarquable, c'est quece fut apres les iniquites diplomatiques et les spoliations du congres de Vienne que Ton imagiaa une federation dcstinee a garantir la possession de 63 SCIENCES MORALES leurs ctats tm\ souvcrains IrgUunes. C'etaiont ccux nicme qui, en sc partagcant dcs conquetcs, vcpaient tie violer la sonve- rainetc, qui en juraient I'inviolabilite fuliire; et la Sainte-Tn- iiite, qui avail cte rccemmcnt a])[)clce a consacier des usur- pations et le depouillenicnt dcs lois ot des pcuples, etait invo- quec maintenanf cosilre tout depouillement et touteusui|)ation! Uneerrcur capitale dela Saiiitc-Alliancc, c'cst d'avoir laisse rAnj;lctcrre en dehors , pour ainsi dire, de la federation qu'elle pretendait constituer. Quel inconcevable oubli de la situation dcs choses! et quels hommes d'etat assez novices, asscz im- prevoyans ont pu croire un instant qu'un systeme politique auquel I'Anj^leterre restijit presque entieremenl etrangere put avoir quehpie duree en Europe. Aussi, qu'est-il arrive ? I'An- gleterre s'est hatee de saisir la premiere occasion de faire, de son chef, un acte decisif d'opposition. Destinee a comprimer les progres de la civilisation, et I'elan des forces morales de la societe, la Sainte-Alliance n'eut egard qu'aux forces materielles, et se donna pour chef le prince dont les etats etaient a la fois et les moins (-iviiises et les plus puis- sans en masses armees. Lesfacultes inteJlectuelles des peuples dont la tendance est le perfeetionnement, se trouvereut ainsi sous la surveillance d'une force brutale et stationnairc de sa nature; et il en resulta pour la societe la plus avancee en civi- lisation une humiliation qu'elle ne pouvait long-tems souffrir , celle de se voir doniinee par une civilisation infericure. Get etat de choses devait produire en definitive tout le con- tiaire de ce que la Sainte-Alliance en avait espere; il devait armer ime part de la civilisation contie I'autre, et mettre en presence les forces materielles et les forces morales de la so- ciete. Mais les premieres avaient un chef; il en fallait qn aux secondes, le gouvernement anglais se presenta. Nous avons dit qu'en 18 15 cette puissance etait restee en dehors de la Sainte-Alliance : par une fatalile singuliere, I'An- cleterre que son systeme de gouvernement et ses antecedens semblaieut appelcr a dirigcr la commotion generale dans la- quelle I'Europe ebranlee ehcrchait a reprendrc son assiettc, ET POLITIQUES. 69 dirigoe elle-meinc par un lionime de routine, a capacite etroitc, a conscience large, manqua a cette grande destination. El!e s'etait constamment montvJre a la tcte du mouvementenropeen pour renverser Napoleon; eile se mit sur les derrieres, des qu'il s'agit de constituer I'Europe; cette influence active et puissante qu'elle avail si long-tems exercee sur des cabinets qui vivaient de ses subsides, elle I'abdiqua tout a coup, et laissa substituer a un despotisnie unique une coalition despo- tique. C'etait pour elle une position completement fausse; lemi- nistre qui I'y avait placee se fit justice, et son successeur se hata de travailler a rendre a I'Angleterre le rang qu'elle avaitperdu. Si Ton pent juger un systerae par ses resultats, la dictature de la Sainte-Alliance en Europe est jugee. Au lieu du rcpos et de I'union qu'elle avait si fastueusenient promis, elle n'a pro- duitque des froissemens et de Tirritation. La seule grande de- monstration de puissance qu'elle ait faite a prouve toute I'ab- surdite de sa doctrine fondamentale : le maintien du pouvoir existant quel qu'il soit. Elle a vu en Espagne la force morale lutter contre la force materielle; elle a soudain proclame son droit d'intervention; elle a fait la guerre , elle a triomphe, elle a confirme son triomphe par une occupation, et I'Espagne se trouve cent fois plus troublee et plus miserable qu'auparavant; le roi seul est, en apparence, moins contraint; et voila tout le fruit d'une alliance ou sont engages les princes les plus puissans du continent, et qui reuuit plus d'un million desoldats! L'Angleterre a senti que, dans I'etat actuel de I'Europe, il y avait autrechose a faire, et une autre gloire a conquerir. Restee spectatrice immobile de I'intervcntion dans la guerre d'Espagne, elle a depuis liautement declare qu'elle n'adoietlrait point, dans les affaires d'Amerique, ce droit interventif des puissan- ces de la Saiute-Alliance, et enfin, nous I'avons vue recemment proteger de toute son influence le changement politique sur- venu en Portugal. C'est par ce progres sensible dans son oppo- sition a la Sainte-Alliance que I'Angleterre a repris I'influence qu'elle avait perdue, et c'est ainsi qu'elle a trouve, dans les forces morales dela societc, un point d'appui contro les forces 70 SCIENCES MORALES matericllcs. Cc systcmc est dans rinti'ict do I'Angletorre sans doute; niais il est atissi dans rinlorct des pciiplcs, et c'est pour ceux-ci line lioureusc conjonclurc que ces deux interels soient d'aceord. Ainsi, considerec dans scs antecedcns, dans son principe d'organisation, dans ses moycns d'action, dans son but final, la Sainte- Alliance est une institution qui ne supporte pas I'exa- inen; les princes qui I'ont vonlue, les honimes d'etat qui I'ont constituee, doivent avoir appris anjonrd'hui que c'est une folie d'imposer a la civilisation un mouvoment retro^'radc; ils doivent etre convalncus que la force morale a bien plus d'avenir que la force materielie: celle-ci pcut pcrir avec un homme, Tautre Beperit qu'avec les peuples. L'empex'eur Alexandre ne prevoyait pas que sa raort suffirait pour detruire son ouvrage; ou pent- etre s'en est-il doule, peu de terns avant I'heurc fatale. Telle est du moins I'opinion de quelques personnes que rintiniitc de ce prince avait admises plus d'une fois i» connaitre ses plus secretes pensees. EUes croient qu'il avait cnfin apercu le piege de I'Autriche, ct qu'il ne lui a manque que plus de jours pour revenir sur le passe. « Mais, ocrivait recemment a un ami I'un des hommes qui i'a connu lemieux, la cruelle deslinee nel'a pasjicrmis, etl'liomme qui avait I'ame et lecoeur des Antonins, a du finir dans les liens d'une alliance qui n'eut jamais rien de saint que ce que ses in- tentions pers6nnelles y avaient ap])orte. » Au reste, I'etonnement qu'eprouveiit les amis d' Alexandre de I'avoir vu changer de principes, a plus de 4o ans, est con- cevable ; seduits par ses qualites aimablcs, ils se font illusion sur un defaut devant lequel les meilleures qualites sont impuis- santes, la faiblesse. Et ce n'est pas a quarante ans seulement qu'il en a donne des preuves. Des le commencement de sa car- riere politique, on put , a cet egard, juger son caractere. II est monte sur le trone par suite d'une revolution de palais dont il desapprouva d'abord le projet, ponr laquelle on parvint cnfin a vaincrc sa repugnance, ct dont Tissue falale futentiere- ment conlraire a sa volonte formellement exprimce. Ennemi ET POLITIQUES. 71 fie la France et de Napoleon, il ne tarda pas a ceder a I'in- fliience de ce gci^ie extraordinaire , et il le connut a peine qu'il devint sou admirateur passionne ; TS'apoleon le subjugua. Vint ensuite le lour de 51""= de Krudener qui le seduisit un mo- ment par ses philantropiqiies mysticites. Enfm , la politique du cabinet autrichien s'empara de lui , et le soumit a une influence sous laquelle on le vit se debattre pendant quelque terns, et dont enfin il subit enticrement le jou;^, vaincu, et comme fatigue de sa propre resistance. Cette lutte penible fut marquee par de singulieres contradictions, et Ton n'en peut trou-ver le secret que dams ce combat d'un instinct droit et des intentions pares avcc ['obligation d'accomplir des actes visible- mcnt inspires par le genie du mal. Ainsi, Alexandre creait de nouvelles universites dans ses etats; il affranchissait son peuple du joug des jesuiles, en meme terns qu'il travailiait a I'assuje- tissement des autres peuples de TEurope. Ainsi, il disait a la diete polonaise, le 27 mars 1818 : « L'organisation qui etait en viguenr dans votre pays a perniis I'etablissemcnt immediat de celle que je vous ai donnee, en mettavt en pratique les principes de ces idees liberales , qui n'ont cesse de faire I'objet de ma solUcitudc , etdontfespere, avec Vaide de Dieu, etendre V influence sur toutes les con trees que la providence a confides a mes soins. » Et pen de tems apres ces declarations solennelles, il violait le gouvernement representatif en Pologne , et depouil- lait ce royaumed'unc part de ses franchises. Ainsi, il abandon- nait la Grece, lorsque tout, hormis ses liaisons avec la Sainte- AUiance, lui pxescrivait de la defendre : et I'inleret religieux, et I'interet politique, et I'interct de I'honneur; car e'etait le gouvernement russe qui avait excite, a diverses reprises, les soulevemens dont on punissait cette malbeurcuse contree. Ne dans un tems calme, place hors des evenemens exlraor- dinaires au moyen desquels on a alarrae sa conscience et effraye son imagination , delivre des influences etrangeres qn'une politique interessee a exercees sur lui, Alexandre eut gouverne son vaste empire en homme eclaire, en prince digne de I'amour des peuples; il eut certainement fait faire un pas iminense a 7 2 SCIENCES MORALES cetle civilisalion encore si grossierc hors des villes ; il eul ete, pour scs siijcts, tin i;rand roi. Mais, dans Ic bouleversement general de I'F.iirope, il s'est vu porte a de j)Iiis liaiitcs desti- nees ; on I'a fiiit chef d'unc liyue, on a voulii qn'il rei,'lat les affaires du continent, et, comme moderateur des rois, il ne fut qu'un roi vidgaire. Ainsi , il n'a passu sVmparor d'une des plus belles renom- niees 'qui se soient jamais offertes a I'ambition d'un grand hoinme , tandis que, s'il eiit compris I'idee profonde qui tour- nientait I'Europe depuis trente ans; si , au lieu de se rapelisscr, de s'aneantir sous le genie etroit dont il subissait I'influence, il eut eu relendue de coup d'ceil et la force decaraclere d'un homme fait pour presider a la destinee des hommes, I'Europe (!ut change de face, de vastes et de rapides progres dans le domaine de la civilisation et dans la science du gouvcrnenient eussent signale une ere nouvelle ouverte par lui; et ce que Napoleon pouvait faire aussi a nne autre epoque, et que, pour d'autres motifs, il avait dedaigne, Alexandre aurait eu la gloire de I'accomplir. C'est alors qu'ileut pu recevoir de I'nna- nime acclamation des peuples ce surnom de beni que la flat- terie voulut en vain lui deceruer , tandis qu'il ne laissera dans I'histoire que le souvenir d'un prince qui a manque a sa haute destination. Quelle fatalite pour I'Europe d'avoir perdu deux fois, en un quart de siecle , par la faute du genie comme par celle de la faiblesse, une occasion si belle d'assurer pour long- temsla gloire et la felicite de ses nombreuses populations! Quoique jusqu'ici nous ayons a peine fait mention de I'ou- vrage de M. Rabbe, les reflexions qui precedent peuventcn etre considere'es comme une sorte d'analyse, car notre opinion sur son heros est la mcme a peu ores que celle qu'il a developpee dans son histoire. II nous semble que I'auteur a bien etudie les fails , (ju'il les juge avec beaucoup de sagacite, et avec une ira- partialite, trop rare dans I'appreciation des evenemens con- temporains, qu'entin il ecrit avec chaleur un recit ordonne avec discernement. Nous avons surtout remarque le develop - pement des causes de la guerre de 1812 , le rtcit des relations ET POLITIQUES. 7^ de M'"" de Krudener avec Alexandre, et la maiiiere dont rhistorien a peint I'influence cxercee sur ce prince par le ca- binpt autrichien. Cet ouvrage a paru a ime cpoijiie trop rapprochee de la mort de I'enipereiir de Russie pour que I'auteur .nit cu tout le terns necessaire a la composition d'une biographic qui a prcsque rimportance tj'une histoire generale; il est done impossible qu'on n'y remarque pas quelques traces de precipitation, et que rhistorien ait pn reunir tons les materiaux utiles pour un si grand travail (i) ; peut-etre surtout senlira-t-on le besoin de quelques details plus circonslancies sur Tadministration inte- rieure de la Russie et de la Pologne. II faudrait aussi corriger quelques noms mal orthographies ( negligence assez commune chez nous, et que les etrangers ne manquent jamais de nous leprocher ) et faire disparaitre quelques distractions, par excmple, le passage ou I'auteur fait commander I'armee prus- sienne h Jena par le feld-marechal Munich. C'cst visiblement une inadvertance; car M. Rabbe cite un passage ou le malheu- reux general d'Jena, le vieux due de Brunswick, estnomme; et lui-meme , dans son chapitre vingt-quatrieme, a I'occasion de parlcr de Munich et de le placer a I'epoque oi^ il vecut. Si nous n'avionsa coeur de prouver que nous avons lu cette histoire avec toute I'attention ct tout I'interet qu'elle merite nous serious un peu honteux d'une critique si minutieuse, sur tout apres les observations pleines de modestie que I'auteur lui-meme a consignees dans son avant-propos; malgre les imperfections de son livre, c'est un morceau d'histoire fort re- maiquable et fort curieux, ou les opinions sont muries, ofi la pensee est independante , ou la diction est tour a tour facile , energique et chaude. L'auteur n'est pas reste au-dessous de la tache difficile qu'il s'ctait imposee. M. Avenel. (r) Une des sources ou M. Rabbe parait avoir beaucoup puis6 est rouvrage de M. Lloyd , qu'il cite , dans une note du chapitre i8% et dont il a , dit-ii , parle dans son avant-propos. II y a la sans doute quelque oubli ; car notre auteur n'y dit rien de I'ecrivain anglais. LITT^RATURE. Voyage historique et littekaire en Angleteure et EN EcossE ; par Amedee Pichot (i). Lettres sur l'Angleterre, par A. de Stael-Hols- . tein (2). 11 y a peu d'annees encore, rAiigleterre etait mal connuu en France. Les loni^ues gnerres de la revolution et de TEm- pire , en iuterrompani Ics communications cntre les deux pays , nons avaient aussi apporte une foule de prejugcs contre le peuple anglais. Ses lois , ses moeiirs , s.i politique , son influence morale, ses ressources financieres n'avaient qii'un tres-petit nombre d'appreciateurs eclaires dans notro patrie, et meme sur le continent. Nous ne rccherclierons pas ici quelle a etc la ve- ritable cause du triomphe de la politique anglaise sur celle de sa puissante rlvale. Peut-etre, si nous avions a nous livrer acet examcn, verrions-nous, dans les eveneniens qui ont prepare et consomme nos dcsastrcs, phUot un effct dc clrconstances qu'il elait d'abord impossible a I'esprit humain de prevoir avec exactitude, que le resultat de I'obstination et de la perseve- rance du gouvernement anglais dans le systeme qu'il avait adopte. Qnoi qu'il en soit , lorsqu'une fois la paix generale a etc signee, beaucoup de preventions sc sont dissipees; les commu- nications ont ete rouvertes entre deux peuples faits pour s'es- timer et s'cclairer niuluellement. De la cette foule d'ecrits de tous genres qui ont paru depuis douze ans sur toutcs les par- (i) Paris, 1825; Ladvocat. 3 vol. in-S"; prix , 27 fr. (a) Paris , i8a5 ; Treuttel et WiirJz. i vol. in-8° ; prix, 7 fr. 5o c. LITTERATURE. 7 5 ties do Tadniinistration piiblique en Angleterre. Nos lecheurs ont ete constamment tenus au coiirant de la plupart de ccs ptiblications. Tontefois, la tache de la Rciuie EncyclopeJiquc serait inconiplote, si ello ucgligeait de signaler les oiivragcs nouvcaux qui presentent des faits interessans, relalifs a la Grande-Bretagne, snr la litterature ou sur la politique. Le premier dc ccs ouvrages qui fixcra iiotre attenlion est le voyage de M. Pichot. Sans aniiciper sur les critiques que nous devrons adresser a I'auteur, nous ne dissimulerons pas que son livre a ete loin de repondre a ce qu'on devait en attendre, par suite d'eloges prematures, echappes a d'imprudcns amis. D'un autre cote , la critique s'est cxercee sevorement a son occasion ; et a vrai dire, il nous parait qu'en jugcant ce livre, on s'est eloigne trop souvcnt des justcs bornes dans Icsquelles nous tachcrons do nous renfermer. Nous croyons que I'ou- vrage de M. Pichot est lo seul ou la littcrature moderne an- glaise ait ete envisagee dans son ensemble, et c'est le motif de la preference que nous lui donnons pour en extraire ce qui pent olre propre a faire connaitre cet important sujet. L'atUeur arrive en Angleterre par la route de Calais et de Douvres. II nous peint avec verite le tableau qn'offrent le pa- (iae\io\,\Q&stage-coacJies, Icsauberges, etl'aspect que presentent les delicieuses camj)agnes et les villcs, tout a la fois gothiques etmodernes, des comtes de Kent, de Middlesex et de Surrey. Blais, une fois entre dans Lnndres, il parait s'ctre moins occupe de la p'lysionomie physique, si Ton nous permet cetle expression, que de la physionomie morale de cette grande cite. Ce n'est pas que M. Pichot, a I'excmple de ses prede- cesseurs, ne deciive les monumens publics, les squares , ks rues de la capitale de I'empire britannique; mais il nous semble qu'il s'est plus applique a offrir une peinture animce de I'etat de la littcrature, des arts, des opinions politiques et religieuses, des theatres, du barrcau, de toutes les institutions nalionales onfin qui caracterisent le peuple anglais. De la, le desir qu'avait eu son libraire d'intituler I'ouvrage : de l' An- gleterre et de tEcosse, a I'exemple de M""^ de Stael qui, sous 7 J LITTERATURE. le modeste litre (te rjllemagne , a retrace d'line maniere si \ive ct si energique les moeurs, la litteratiire el I'elat social ties nations germaniqucs. Wous croyons que M. Pichot a fait preuve de modcstie et do l.on sens, en vonlant cviler le pa- rallcle dangereiix, sans doiite, que la malignite dn public aurail pu voiiloir etablir rntre deux productions dont I'une a deja acquis une coiebrite quo Ton ne pourrait altaqucr aujourd'hni qu'avec un certain courage. Du reste, nous nous empressons de dire que M. Pichot a fraite largement son sujet. Parle-t-il des arts, par exemple , il nous montre lour-a-tour les chefs-d'oeuvre des artistes ant- glais, pt les nionumens celebres de I'antiquite qui peuplent les musees nationaux el ceux des particuliers opulens de Londres ot des provinces. Nous ne quitterons pas ce sujet sans dire qu'on nous pa- rait avoir de ce cute du detroit une tres-fausse idee de I'etat des beaux- arts en Angleterre. Interrogez le plus simple amateur, il vous repondra que les Anglais n'ont d'ecole, ni en architecture, ni en peinture, ni en sculpture. A peine voudra-t-on accorder quelque nierile a leurs graveurs, et encore aura-t-on grand soin d'ajouter que, si leurs produc- tions ont un charme indefinissable, c'est au detriment des regies de I'art qu'ils obtiennent le succes populaire qu'ils ac- quierent en ce genre. A cct egard , le voyage de M. Pichot nous parait propre a detruire beaucoup de preventions. II dccrit avec interel et exactitude quelques-uns des chefs-d'oeuvre deFlaxman, West- niacott et Chantrey, les Irois premiers sculplcurs vivans de I'Angleterre, dont les ouvrages se font admirer dans labbaye de Westminster, a Saint- Paul et sur ces squares oii s'elevent les statues des grands citoyens qui ont defendu la liberie de Iciir pays. La peinture est peut-etre moins florissante que la sculpture en Angleterre. Cependant, les portraits de Th. Lav^rence ont acquis une juste celebrite, aiusi que les paysages de Constable; LITTER ATUnE. 77 ct il serait difTicile de trouver un peinlre de genre plus inge- nieux et plus naif que Wilkic. Qnant a I'architecture , I'aspect general et uniforme dcs monumens publics , et meme des maisons particulieres, revele chez les Anglais una grande preference pour le genre appele gothique. Leurs eglises surtout, meme les plus modernes, se font remarquer par une sorte d'affectalion pour ce style qui d'ailleurs convient peut-etre mieux aux temples du clnislia- nisme que la male et noble simplicite de I'architecture antique. Au resle, il faut avouer que les Anglais possedent de niagui- fiques monumens dus au ciseau anglo-normand, et il nous paraitrait difiicile de voir dc plus beaux modeles en ce genre que les cathedrales de Cantorbcry, de Westminster et d'York. Apres de nombreux details sur la partie des beaux -arts dont nous venons d'esquisser quelques traits, et des remarques assez ingenicuses sur la vie domestique des Anglais, notre voyageur passe a I'art drainatique et a tout ce qui le coucerne : histoire du theatre, analyses de pieces, acteurs, mceurs des coulisses, etc. Peut etre cette partie de son ouvrage pourrait-elle etre plus piquante. Cependant, on y rencontre ca et la des anec- dotes qui prouvent que I'auteur a bien etudie son sujet. Le talent des acteurs les plus renonimes est appreoie avec jus- tesse. Kean , dans Richard III ct dans Macbeth ; Young , dans Jago, et Macreadi* dans Othello, donnent une haute opinion de la maniere dont les acteurs tragiques anglais ont concu I'art qu'ils cultivent. Mais, ce qii'on croirait moins facilement, c'est que ce peuple si froid , dont I'allure grave a quelque chose de triste et de sombre, possede d'excellcns comiques et affec- lionne avec passion les charges et la grosse gaiete (humour "1. Aussij I'obscrvateur est-il toujours frappe du contraste qu'offre une representation dramatique anglaise, lorsqu'apres nu drame terrible de Shakespeare, I'ame etniit encore ebranlee par les emotions pathetiques qu'elle vient d'eprouver, la toile se releve pour une parade aupres de laquelie les pieces gri- 78 LITTliRATURE. voises (les Varietes sont dcs modolcs de bon goiit et d'ur- banlte. Dans ce genre, deux acteurs ont surlout acquis une vogue merit^e. Liston ct Farrcn peuvent, sans uesavantage, otre compares a ceux de nos acteurs conniques dont le noni est Y)c\ev frenetique. M. Milman, professeur de poesie a rUniversite d'Oxford , s'etait doja fait rcmarquer dans ses compositions par une surabondance d'idees et un luxe d'images qui s'ecartaient de la route tracee ]iar les auteurs les plus renommes. II choisissait de preference les sujels bibliques, et sa maniere de les niettre en ceuvre^annoncait un homme qui veut faire ecole. En effet, il trouva plusieurs imitateurs , mais qui ne manquereiit pas d'ajouter encore a ses defauts et de chercher a outrer un genre auquel on pouvait deja reprocher de I'exageration. A leur tete, il faut placer le reverend Matu- RiN, auteur de Bertram et de ISlclinoth. Tour les adeptes de cette secte litteraire, les emotions douces que Ton puise dans la nature ne sauraieut avoir aucun charme. II faut des evoca- tions, de la fantasmagorie, des sibylles,des demoniaques, des parricides, des bourreaux, des victivnes, des families entieres mourant de faim, etc., pour servir d'instrumens a ces pre- Jendus hommcs de genie. Leurs extravagantes productions ne LITTER ATURE. 79 sauraient etre rccherchees que par ties lecteurs peu eclaires qui prefeicnt le caiicliemar a line reverie paisible. Nous ignorons pourquoi M. Pichot n'a point reuni les re- flexions fort justcs qu'il fait snr la litlcrature frcnetique, h ses aulres considerations sur la litteratiirc anglaise et a la revne qu'il passe des principaux auleurs, places a la tete des diffe- rentcs ecoles qui divisent le Parnasse hritannique. En effet, deux matieres qui ne fiennent pas aussi directement Ji la litte- rature proprement dite, la chaire et le barreau, separent I'examen des poesies de Milman, de Maturin et des autcurs qui marchent sous la nieme banniere, de Thistoire litteraire qui termine le second volume. U nous parait qu'une division systematique aurait voulu que ccs differentes parties d un I'.ieme tout eussent ete liees ensemble. Quoi qu'il en soit, comnie nous ne pouvons donner ici qu'une analyse tres-rapide d'un ouvrage aussi etendu, nous suivrons la meme niarche que M. Pichot, au risque d'encourir le meme reproche. C'estune opinion generalement recue cbcz nous, et])eut-etre contestee en Anglelerre, que nos predicateurs sont fort supe- rieurs, sous le rapport de I'eloquence, a ceux qui ont acquis le j)lus de reputation cliez nos voisins. Cettc superiorile provient- elle de la difference de co.nimunion religieuseet de I'idee que les Anglais se sont faite de la simplicite monotone qui doit accompaguer renseignoment de la parole de Dieu ? Voila une question dont nous ne nous occuperons jias, mais qui pourrait etre examinee dans des considerations purement litteraires sur I'eloquence de la chaire. En effet, les Anglais qui posse - dent des oraleurs politiques et des avocats dignes d'etre places au meme rang que nos hommes les plus celebres en ce genre, n'oiit aucuu predicateur qui egalc Bossuet, Massillon on Bour- daloue. Celui qui de nos jours a cultive Tcloqueiice de la chaire avcc le plus de succes en Anglctcrre eU le methodiste Irving, qui a qnitte Ics montagnes de I'Ecosse pour faire en- tendre les accens de sa voix aux habitans de la nouvelle 8u LITT^RATIIRE. Ninive. Par line innovation pleine de hardiesse,M. Irving nicle souvenc aux citations que les predicateurs out I'habitude d'em- priinter a rEcriture saiiitc , d'autres citations tiroes des autenrs anglais les plus distingucs. Son elocution est pleine d'onction et de force; sa parole entrainante; son style inegal , mais elincclant de beaules du premier ordre. Irving cxccUe sur- tout dans ccs priercs religicuses qui terniinont toujours le service des melhodistcs et danslesqiielles leministrc appelle du liaut de la chaire sacree sur les membres de la commiuiaute qui sont affliges des maux de la terre, la benediction du Seigneur, la compassion et le secours de leurs freres. Si nous n'avons trouve qu'un seul des nombreux predica- teurs anglais modernes qui nous ait paru digue d'etre separc de la foulc, il n'en sera pas ainsi pour le barreau. Depuis quarante ans, c'est-a-dire depuis qu'ERSKiNE etait parvenu ;i la haute reputation qu'il avail si justement acquise, plusieurs avocats mareliant sur ses traces, sans I'avoir jamais surpasse , sont arrives eependant a peu pres sur la meme ligne. Samuel Romillv, BIackintosh, Brougham, Scarlet, Den- man, sont des orateurs du premier ordre, et qui merilent d'etre profondcnient etudies par tons ceux qui veulent cultiver I'art oratoire. Ce n'est pas que ces avocats anglais nous parais- sent en tout devoir etre imites. Leur prolixile notamment doit ctre eviteeavec soin; mais, au milieu de leurs longucs periodes et dune discussion souvent verbeuse, apparaissent des eclairs d'eloquence et des traits de genie. Une autre ecole a voulu s'elever a cote de celle qui recon- nait Erskine pour son fondateur, et dont nous venous d'indi- quer les membres les plus illustres; c'est celle de Curran et de Grattan. Ces orateurs irlandais tombent souvent dans le mauvnis gout, a force d'enflure et d'atfectalion. Ce reproche nous parait devoir etre surtout adresse a M. Phillips, dont quclques plaidoyers ont ele inseres dans le Barreau anglais de MM. Clair et Clapier. Toute la fin du second volume et le commencement du troisieme sont consacres a I'examen des litterateurs en vogue \l LITTtRATURE. Si dans les trois royaumes. On nous pardonnera de passer som-^ mairement sur ces notabililes : on ne poiirrait les apprecicr qu'au moyen d'un examen aussi detaille que celui de M. Pichot. D'ailleurs, les principaux de ces auteiirs, Robert, Soulhey, Thomas Moore, Samuel Rogers , Byron, sont d'atitant plus connus en France , que leurs poesies ont pi'esque toutes obtenu les honneurs de la traduction. II est une autre ecole litteraire dont pen de personnes ont peut-etre entendu parler; c'est celle dont les menobres sont designes sous le nom de Lahist , nom qui annonce assez que les poetes de cette ecole habitent les bords des lacs de Cum- berland, des comtes du Nord , ct qu'ils cherchent des inspira- tions au milieu d'une nature sauvage et pittoresque. M. Wordsworth est le principal soutien de cette ecole. Ses poesies ont ete tres-vantees par les uns, et critiquees amere- raent par les autres. Les Revues surtout lui ont prodigue pe- riodiquement leurs injures, et generaleraent on pent assurer qu'il a rencontre plus de detracteurs que de partisans. Soji ouvrage le j^lus remarquable est im poeme bizarre, intitule r \ Excursion. II a compose aussi des ballades lyriques, ecriles quelquefois avec une simplicite quiressemble a une affectation de prosaisme, et qui les a fait qualifier de niaiseries sentimen- tales. Southey, Coleridge et fVilson appartiennent a la meme ecole, et ont, comme Wordsworth, essuye des critiques et trouve des admirateurs. Nous allons transcrire un passage dans lequel M. Pichot fait connaitre les principes litteraireo des poetes qui appar- tiennent h I'ecole des lacs. "En poesie, les lakistes reservent toute leur admiration pour les auteurs du siecle d'Elisabelh. Depuis Milton et Jeremy Taylor jusqu'i Cowper, la litterature anglaise ne leur offre qu'un grand vide. Le recueil des ancien- nes ballades de I'eveque Percy est venu, scion eux, recon- cilier I'Angleterre avec la vraie poesie. A ces admirations presque exclusives, ils melent une veritable passion pour la metaphysique. Ils pretendent aussi sentir la nature avec une energie et une chaleur dont tous les coeurs sont capables , T. xxxn. — Octobre 1826. 6 8i LITTER A.TI) RE. exceptc, dounent ils a enlomlre, Ics coeurs de la plupart des poetes, qui, gates par de faux systenies, n'y ont trovive que des beaiites de convention. Pour eux, ils n'admirent la uaturc que paroc qu'ils I'aiment. Dans ses solitudes muettes, sur le sein de ses lacs, dans le dcmi-jour de ses forets, il leur semble que leur aaie se fond avec I'ame univcrselle; ils sen- tent une influence invisible et ineffable qui las exalte, les ravit ct les puriiie. C'est un niysticisme qui a quelque rapport avec le pantheisme de Pytliagorc. Aussi, appelle-ton les poetes des lacs les quakers et les nietliodistes de la poesie anglaise. Tons les aspects de la nature sont pour eux les expressions varices d'une puissance iutellectuelle, et ils attribuent non- seulement une vie physique, mais encore une vie morale aux plus petits objets de la creation, comme aux plus grands. L'Ocean a une ame et des passions; la lune, des caprices; les vagues, les astres, les nuages obeissent a un sentiment inte- rieur; et ce n'est plus la dans leurs vers une metaphore ou un lieu comniun emprunte a des appareuces materielles. Cole- ridge, cepeudont, depuis qu'il est plus exclusivement pliilo- so|)he, semble ne plus admettre cette intelligence mysterieuse. Il refute meme, dans son autobiographic , cette autre suppo- sition poetique de Wordsworth et de Wilson qui feignent que la Divinite aime a commuuiquer avec I'ame neuve encore de la premiere^enfance. C'est Wilson qui s'ecrie , en voyunt un enfant endormi : « Tu souris, comme si tes pensees prenaient I'essor vers le paradis et adoraient le Diea du ciel ! Qui pent dire quelles sublimes visions ravissent le sommeil de I'enfance ?» « Mais ils sont tous d'accord pour elever les vertus domesti- ques et les affections douces au-dessus d'un brillant et dange- reux heroisme. La mere, la fiUe , repouse et la sceur recoivent d'eux un horamage pur, comme le charme qu'elles repandent sur la vie. lis voudraient que leur poesie morale fut invoquee au milieu des agitations du monde, comme la voix bienveil- lante d'une soeur ou d'un ami qui nous rappelle aux plaisirs innocens de I'enfance et du foyer domestique. » La derniere partie du voyage /- lees, et sur lesquelles etaient representes avec le nigeUum des aniniaux et des figures humaincs. Quand le bord d'unecoirie, le pied d'un candelabra etaient enrichis d'nnebandeon d'une cspece de frise tracee a\cc. dii nigellum , cette bande s'appelait litura nigra; do la est venu le mot de litre, bande ou cein- ture noire portant dcsarmoiries, qu'on placait dans les eglises ensigue dedeuil. An septieme siecle, desorfevres de Marseille s'etaient rendus celebres dans Tart de nieller. Un abbe de Flcuri, nonime /.ror/etof/c leguait par son testament, en 646, deux coupes doreos et niellees , qu'il dWa'ii cUe de Marseille. M. Duchesne a cite cet exemple et d'autres plus recens qu'il serait inutile de repetcr. Dans le qiiatorzieme et le quinzierae siecles, lesorfevres de Florence avaient porte I'art de nieller a une haute perfection. u)o BEAUX -ARTS. En 1452, nil de ces artistes nomme Maso ( ou Tlioinaso ) Finigitcrra , clcve du sculj)teiu-orfevie Laurent Ghiberti, et du peintro Masuccio, gravait iinc Paix cii argent qu'il devait nieller, pour reglisedeSaint-.Fean-Baj)tistede Florence. Siir luie surface dc quatre ponces Iniit ligncs de haul et de trois ponces deux ligncs de large, il avail place quarante-deu.x figures dcs- .sineesavec une admirable delicatesse, etreprcsentant I'assomp- lion et le couronnenient de la Vierge. Vonlant s'assnrer du bon cffet dc la gravure avant d'y couler le nigellurn, il iniagina d'introduire dans les creux du noir de fumee^ mele d'un pen d'huile, de nionilier ini papier et de le presser contre sa plan- che, afin que la tcinte du noir de funiee s'y imprimat. Cettc ingenieuse experience reussit ; plusieurs eprenvcs naquirent du merne essai plusieurs fois repete; et, des ce moment les modernes furont en possession de I'art qui a manque aux an- ciens pour perpelner les beautes de leiirs chefs-d'oeuvre, art precienx qui fait jouir le monde entier des productions de tons les autres. Une seide des epreuves imprimees par Fiiiiguerra sur la Paix de I'eglise Saint- Jean , a echappe anx ravages du terns , ou du moins, une seule jusqu'a nos jours a ete retrouvee. On la voit a Paris dans le cabinet des estampcs , a la bibliotheqiie royale. L'abbcZrt/?/, habile connaisseur florentin, venuaParis, en 1797, I'y a reconnne parmi d'anciennes gravures incertai- nes, et il a public cette docouverte dans nn ouvrage imjn-ime a Parme, en 1802 , sous le litre de Materiali per servirc , etc. La Paix originale««e&r, encore existanle dans I'eglise de Saint- Jean de Florence, est un irrecusable temoin de I'aulhenlicite de cetlc piece unique. Mais celtc gravure, premier prodiiit de I'art invenle par Finiguerra, n'est pas a heaucoup pres la seule du mcme genre qui soil parvenuc jusqu'a nous. A peine le ])rocedc de cct artiste ftit-il connn , que tons les orfevres exerces a niellt-r'im- |)rimerent, commelui, des epreuves sur leurs planches avant d'v couler le nigelluin, D'un autre cote, des homnies de talent ne lardereiit pas a reconnaiire avec quelle facilite ilspouvaient BEAUX-ARTS. loi par cet art nouveaii rcproduire les dessins ct iiit'iue les tableaux des grands mailres. A Florence, les Baldini ,\es BoticelU;c\\ Aileniagne, Martin Sckoen et plusieurs antres graverent en creux des planches dc cuivrc , dans I'intention d'y imprimer des cstampcs , et mireiit lours nouvelles creations dans le com- merce. L'art de {j;raver en creux scmblait alois se paitager en fieii.x branches , dont I'une toutefois, quoique la plus nouvelle, allait bientot faire oublier celle a qui elle devail la naissance. L'art de nieller se maintint en vigueur jusqu'iiu regne de Francois P"^; a cette epoque il dechut; puis, il fut abandonne et avantageusement remplace par les beaux bas-reliefs donlles orfovres ornaientalors I'argcnterie. Mais, dansU-s cent annees environ, ecoulees depuis Ma^o Finiguerra jusqu'a Cellini, autre orievre florentiu qui vint a Paris en 1 54o , et qui nicllait avec habilele, il j)arut une longne suite d'orfevres-nielleurs qui tons tirerent des epreuves en papier sur I'argcnterie ou les bijoux qu'ils devaient nieller. Ces epreuves se sont repan- dues dans divers cabinets; clles y fornicnl la premiere serie des produits de l'art d'imprimer des estampes. Ce sont ces pieces d'une excessive rarete, la plupart inedites, et genera- lement inconniies des amateurs , que M. Duchesne a entrcpris de rassembler et de decrire. Son travail est d'autant jilus cu- rieux qu'il est presque entierement neuf. Zani , dans ses Ma- ter iali , Bartsch, dans son Peintre-graveur , M. Ottley, dans son ouvrage intitule An inquiry, etc., oh il a traite avec un excellent esprit de critique, phisieurs points relatifs a I'his- toire de la gravure, ont donne la description lie quelques nielli ; mais il nous manquait un ouvrage ou fussent rassembles tons les nielli connus , et personne ne pouvait niieux I'eutre- prendrc et I'executer que I'habile et laborieux professenr a qui nous le devons. On n'ignore pas que le savant conservateur du cabinet royal des estampes , ( M. Joly ) aide de ce coUabo- rateur, a decuple cette inagnifique collection dans plusieurs do ses parties. Le cabinet possede environ quatre-vingt-trois de ces epreu- loi BEA.UX-ARTS. ves siir papier; la riclie collection tie M. le comte Duiazzo, ;» Genes, en renferme tiente-c|u;ilre, que feu M. le senatour Du- iazzo a fait connailie par des copies; quehpies aiitres cabinets nc sont pas nioins liclics. M.* Duchesne a reimi toules ccs gra- vures, et complete sa collection an moycn tie tonics U-s pieces qu'il a pu voir en Aotjleterre, dans un voyagx; fait a ce des- sein. 11 en public environ /,ia.Toutes sont decrites avcc autant de nettele que de precision; et, qnand une description est' aussi claire, en renfermant beaucoup de details, il est im- possible qu'clle ne soit pas exacte. En faisant connaitre les prodiiits de I'art d'imprimer des nielli, I'autenr n'a pas oublie les maitres a (pii nous les devons. II cite comme des artistes niclleurs, Amerighi , Michel- Ange Bandinelli, Peregrini da Cesena, qu'il crolt avoir reconnu le preniier , et une foulc d'autres. On voit qu'un grand nonibre d'arlistes, illustres comme peinlres, sculpteurs, architectes, se sont fait estimcr de leur terns par leurs niellures; tels sont Philippe Bmnelleschi, Francois Francia , le Curndossn , For- zone Spinclli, Antoine Pollajtilo , Jean- Bnptiste Jlf^erti, etc. Le celebre Marc-Antoine a aussi professe I'art de niellcr. L'au- teur cite trois pieces de ce maitre. Aux epreuves imprimees , M. Duchesne a joint des descrip- tions d'environ quarante ou cinquante objets niellc.i , en nature, tels que des etuis, des manclics de couteaux et des bijoux de divers genres. II a decrit aussi quclques planches d'argile ou de soufre, coulees sur des planches gravees avant I'operalion de la niellure ; ce qui complete I'liistoire de cet art. II a enfm en- richi son ouvrage de quelques gravures (ju'il a fait executcr d'apres des nielli celebrcs, ct notamment d'une copie de I'epreuve de Finiguerra , appartenant au cabinet royal de Paris. Tel est ce curieux et excellent travail; il nous parait former une introduction au PeinUe-grmeur de Bartsch ; ce son! d'utiles prolego;nenes ajoutes a I'liistoire de la giavurc. Nous ne dirons rien de la traduction que I'auteur a hasardee BEAUX-A.RTS. io3 des mots niello et nielli, en niell'eetnielles. Ces mots francais feront difficilement abandonner les noms italiens devenuspro- prcs a toutes les lan;^ues. Nous ne terminerons point cet article sans exprimer le desir de voir renaitre cet art de nisller , que les Grecs, les Italiens, les Francais du moyen age porterenta une si grande perfection. Cette brillante metallographie pourrait etre em- ployee a tracer des chiffres, a orner des etuis, des coffrets et d'autres meubles, a executer menie des portraits sur Tor et sur I'argent. Le niello remplacerait utilement I'email en beaucoup d'occasions, et avec plus de solidite. Ceux de nos orfevres qui merilent le litre d'arlistes y trouveraient un nouveau moyen de deployer leur talent. Les procedes de cet art ue sont nulle- ment perdus, pas plus que ne I'etaient ceux de peindre sur verre qui revit aujourd'hui avec tant de sncces. Emeric - David, meinbre de I'lnstitut. III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQIJE. LIVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. I. — A geological survey of the environs of Philadelphia, etc. — Reconnaissance {^eologifjue des environs de Pliiladclpliie , faite par les solns de la socieic, forinee d.ins cctte ville , pour le perfeciionnementde ragiiculture ; par BI. Troost. Philadel- phie, 1826. Qiioique I'agrictilture solt I'objel: special de ce memoire, les geologues y trouveront de precieiix details , et leiir assi- gnei'ont lanc place dans I'ordre de nos connaissances geolo- giques. M. Froost y a joint luic carte oil les diffcrentes sub- stances et les modes de formalinn sont rrpresentrs , ainsi c|ue leur elendue. On sent en Ainerique coniblen I'etiide de la geologie peut eclairer les proccdes de ragriciilture , liii re- veler denouvelles ressources, et la rassurer surravenir.il laut esperer que nos sociotes d'agriculture suivront Texeniple de celle de Philadelphie. Deja quelques -uns de nos agronomes ont fait connaiire les avaiilages ([ui n;sultent de I'association des connaissances agricoles ct geologiques ; on a du le re- marqner dans I'exceilenl ouvrage de M. Bigot de Morogues sur la Sologne. 2. — Reports of cases argued and determined in tlie su- preme judicial Court of Massachusetts. — Analyses des plai- doiries et des arrels de la cour supreme de Massachusetts })ar le conseiller Octave Pirering. Boston , 1826. Harisson, Gray. In-8° dc i 52 pages. S'ii fallait jnger les nations par les gazettes de leurs tri- bunaux , par les recueils de causes celebres, par les fasies (i) Nous iuJiqiions par un asterisqiic (*) , place a cdte du litre de cliaque unvrage, ceux Jon Uvtcs etrODgcrs ou iraDcais qui paraitrout digues d'uue atten- tiou particulicre , et nous en reudrons quclquefois comptc dans la section de» Aualv-scs. LIVRES ETRA.TVGERS. — ETATS-UNIS. io5 des procedures jiidiciaires, on aurail de toutes une fort mau- vaise opinion, et pent- etre sera!t-on fort embarrasse de dire quelle est celle qui mcrife le plus de blame. V.n con- snllant , au coniraire , les fastes de la \erlu , auire ein- barras; ce ne serait pas toujours aux nalioiis les plus tivl- lisees qu'on accorderait le plus d'estime. IMais celte maniere de juger par les extremes est essentiellcment faulive: la inasse nationale ne porle nullemcnt un caractere que I'ou puisso rcconnailre , d'apres Icsrares anomalies que Ton y rencontre. Le recueil de M. le conseiller Pikerinp; fait exception a cetle sorte de regie ; on y reconnait sur-le champ un peiiple aclif, commercant , navigatcur ; les crimes y sent rares , mais les contestations d'intorels abondent, et rimpuissance des lois pour prevoir lous les cas et les juger d'avance est mise tou!- a-fait a dccouvert. On y trouvcra d'excUens nialeriaux pour un traite de juiisprudcnre comnierciale. Y. 3. — * Life of Theobald AVoi.fe Tone , etc. — Vie de Theobald Wolfe Tone, fondaleur de la sociele iinie irlandaise, atiju- dant general et chef de brigade au service de France, ecrile par lui-meme, et continuee par son fils. Wasliington , i8i6; P. Tliomi)£on. 2 vol. in-8°. Un voile f'i)ais a couvert jusqu'ici I'Jiistoire des dernieres annees de I'lrlande, et ce mallieureux pays est menace de rester long - terns encore sans historien et sansv libi'rateur. Pousse ])liisicurs fi)is, depuis un demi-siecle , a I'insuirection , par I'exces ilu desj)olisme , mais toujours comprime, il vit ses desirs de liberte punis nouime des crimes par un redouble- ment de misere et de seiviiaile. Ecrits \\&v ceux nu'mes qui avaient pris jiart a ces deplorables scenes de persecution et de sang , les documens bistoricpics jiublies sur cetle ej)oque ne sont, pour ainsi dire, que le paneL;yiique des vaincpieurs et la satire des vaiiicus. En vain, dans ces deriiiers terns, quelqucs voix courageuses ont cssaye de venger les viclimes des calomnies de IcUrs persecuteurs. Les ouvrages de Thomas MooRE et de Lady Morgan n'ont soulcve qu'uu coin dii voile ; et I'ouvrage que nous annoi^cons, quoiijue plus exact et plus coniplet, ne fait encore qu'esquisser quelques-uns des prin- cipnux episodes de cet interessanl tableau. Theobald }Volfe Tone, j'auteur de ce dernier ccrit fut un de.s principaux acteurs de I'lnsurrection de 1758. Ne avec des moeurs douces , un caractere aimant, un esprit eieve, une ame patriotique, ilaurait ^tesous une republique, ciloyen paisible et heureux; sous un regime despotique , il fut cons- io6 LITRES itTRANGERS. pirateur, et ne put echappcr a recliafaud que j)ar un sui- cide. Nul eciivain n'a donne une pclnture anssi vraie de I'ctat de I'lilaiide, au commenccuieiit de ce slecle , (jne AVolfe Tone. C'cst uu lioniine ecliiire , ua paliioic verlueux fpii raconle avec candeur, simplicitc el: bonne foi , Ics eveneinens inerno- rables dans lesfjuels il a joue un des premiers roles. On re- connait eu lui le vraicitoyen ; actif, iiifatigable ])Our servir sa patrie , hard! dans ses desseins, ferine dans le nialheur, per- severant nialgre les obstacles e( les revers, vaillant a la guerre, egalenient insensible aiix privations et aiix dangers : la carriere du barreau lui promettait une gloire assurc'-e;' il prc'fcra la couronne civiqiie aux jialnies de iV-loqueuce. Le bonbeur dome.slifpio I'altendait aupres d'line ejiouse jeune, belle, et comme liii, couragcusc et devouee a la palrie rt a la 11- berte. Au lien de cette existence douce et tranqullle dont il pouvait jouir, il sc condainiia voloiitaireinent a une vie de tribulations et de misere , employee au service de ses con- citoyens. L'ecrit qu'il a laisse interesse au jjIiis Iiaut degre. On cprouve une vive symjialhie ])our I'lioinme vertueux , qui sut ainsi sacrlfier son bien-eire, et celui de sa famille a la liberie de son pays. On s'allache a lui; on le suit avec une espece d'entbousiastne dans toutes les positions de sa vie orageuse. On loue son patriotisme, lorsque, secretaire de la deputation irlandaise envoyee a George III, il invoque la pitie de ce prince en faveiir de la mallieureuse Irlande. On admire son courage, lorsque , repousse par le gouverneraent anglais, il a recours a I'insurreclion jjour delivrer ses conci- loyens de I'oppression d'une orgiuullense metropole. On s'af- flige du mnuvais surces de son entreprise; mais on approuve sa perseverance. On I'accompagne avec interet dans ses voyages en France ct en Hollaiide, ou il va chercber des defcnseurs ; on assiste a sou expedition de Banley-Bay et a celle du Texel. Fait prisonnier dans cette derniere affaire, on ne le quitte qu'apres que son arret de inort a ete prononce par la cour martiale de Dublin , et lorsque son fds , ajoulant quelques page? au manuscrit de son pere , nous a rendus teinoins des derniers instans de ce martyr de la liberie. Frederic. D»egeorge. Outrages periodiques. /|. — * Atnerican Journal of education. — Journal d'educ.ttion pour les PJlats-Uui s d'Americiue. Boston, 1826; Wait, perc Vt fils. In-8". ETATS-UNIS. — CANADA. 107 Ce journal est a son debut : il ne peut encore etre juge , memeen Amerique.OriUnairenient, los ecriv.-iins qui entrepreVi- nent nn Journal, ont une somme d'idees qii'ils sont empresses de communiqiier; en sorte que les premiers ntimeros sont les mieux foiirnis; celni-ci n'auia pas cette eprenve a subir. II est spocialement destine a reciicillir des f;iiis, non-sculemenl anx Elals-Unis, jnais ])ailont ou I'education a fait assez de progres pour mcriter I'altenUon des observaleurs. Ainsi, par rap[)ort a I'Europe, Ic Journal ameiicain lendra les memes services que les journanx europeens anront rendus a I'Anie- ritiuc. Les rcdacteurs altaclient au mot ('clucatio.'t un sens moral, au lieu de restreindre sa significalion comme on le fait trop souventa une culture intellectuelle, jointe aux soins qn'exigent les fiiculles physiques. Le but de r education , di- seut-ils, est de mcltre L'hoinmc en etat de hien remplir lous ses devoirs; il failait peul-etre ajoutei* \ettoutes sex fonclions d'honime. Dans les diverses occupations aux(]uelles cliaque individu pent clrc attache, tontes ne sont pas I'accomplisse- ment d'lin devoir; on a beaucoup trop ctcndu le sens de ce mot; et , s'il failait en croii-e certai.ns moralistes , le joug du devoir ne cesscrait point un seul iiislant de peser sur nous : les redacleurs du Journnl americain deducntion ne sont cer- tainement pas du nimibre de ces rigtirisies. Les meljiodes et les ouvrages d'education seront analyses el jugi's dans ce noiiveau journal. Les ecrivains qui s'occnpent en Europe de ces deux grands rnoyens de perfeclionnement social , seront curieux sans doute de savoir ce qu'on pense de lours ouvrages en Amerique; ils devront I'etre encore plus de recueiliir les faits inslruclifs qu'ils trouveronl dans ce recueil. Y. CANADA. 5. — Analyse d" un cntretien sur la conservation des ela~ blis semens du has Canada, des lois , des usages etc. de ses hahiians, par un Canadicn. Montreal, 1826; iraprimerie de James Lane. In-8° de /,G [)ages. Cet ecrit est altribuea M. Vicfr, avocat a Montreal. L'au- Icur affirme que I'enlrelien dont il presente I'anaiyse n'est pas une forme dont i! a vculu revetir ses pensees el ses observa- tions , mais un debat reel , dans leipiel il a discute avec un An- glais de bon sens les interets de la melropole et les droits de ses compatriotes. La politique anglaise, devenue plus sage et plus habile, dejiuis qu'elle a ete dans la neces-site de souscrire a I'indepeiidance de la majeure partie de ses colonies en A me- 'o8 LIVRES fiTR ANGERS, nque , lie fait peser sur celles rpii lui icslerit qu'iin joiig;\ peine semi; I'etatdcs Canndiens ne differe prcsfiue pas de la libcilc. iVos ancicns compatriotcs vculent lester tols qii'ils etaient , lorsque fAni^lelene prit possession dcleur pays; ils rcgarissant le moment oii la Pcninside etait engagce dans unc lulte opinialre conire Na]ioleon, lous les etats de FAmericiue espagnole levcrent a la fois I'etendard de la revolte. Le com- bat fill long el sanghint; enfin, la cause dela j-.islice Irionipha et les effi! Is d'Hidalgo au Mexique, de Saint-Martin a Buenos- Ayres, d'O'Higgins au Cliili, de Bolivar dans la Colombie fu- rent couronnes par !a victoice. Pendant ces gueries, les Americains souffrirent des maux i'louis. Les generaux royalistes commirent les exces les plus efirayans : Molina fit fioldement egoi-ger un cinquienie des liabitans de Quito; Salomon faisait tuer tons les prisonniets ; no LlVllES KTRAKGJiilS. Morillo et Morales pillaient el incend!;iient les villes; i Beri- nos, Puy ntfiisiller Soopersonnes ; soiisle comniandeineiil (ic Uenavides, les Iiuliens saccaj^'orciit a diverses f'ois les jjio- vinces nioridioriaies du Clliili, ct sous Ics ordrcs de Bowes, ile Yaiicz, de I\osi'He et de Paloino, 70,000 esclaves, encourages par TEspaj^neala revoltecontre leiirs mailre.s, livrerenMoulela province de Venezuela a la devastiilion el au carnage. Pour sureroit de inallieur la gueire ci\ile eclata dans les aiinccs rc- pubiicaines : (|uel(jues-uns de leurs chefs oubliant les inlerets de la jialrie pour dcs aiiiljiiions personnelles se diviserenl. Na- rino dans la IXouvelle-Grcnade, les fieres Carrera au Cliili, Lopez a P>uenos-Ayres , touiiicrenl leurs amies conlre leurs propies comjiaUiotes , ct lrein]it;rent dans le sang anieiicain des epees qui n'a\aienl ele tirccs (jue ])our eombailre et rc- porisscr les oppresseurs de !a jialrie. Mais cos mcAiiiteiligences, prescjue loujoiirs f'oMieiUecs par I'etranger, pouvaient retardcr niais non'eiijpeclier le Irioniplie de la liberie. La victoire d'AyaeiicIio, la reddilion du chateau de Saint - Jean d'UUoa , ai> Mexique; la jiriie de Caliao dans le Perou,- et la con(]uele de I'Archipc'l dc Chiloe par les trou])es du Chili , out arraclie a I'Espagne ses deinieres possessions dans I'Ame- riquedusud. La brocluue du commandant Baliarna est coneacrce au recit des opi'ralioris miiilaires f;ni ont ainene I'incorporalion de Cliiloe 6 la republicjue cliilicnne. On y lit ics details lelatifs a eelte cami)agne de (]uatre jours dans lacjuelle '2475 rejiubli- ,c;iins, comniandes parle general Freyre, batlirenl 32()f) roya- listes et les foreeicnt a leur abandonncr le dernier boulevart our la de- couverte d'un passage au nord-ouest, de rAtl3fin(jue a la Mer Pacifique; execute pendant lesannees 182/i, i8a5, jiar les vais- GRANDE- BRET AGWE. iii seaux de'S. M. brllanniquc, VHecla et In Fury, sous le comman- (lement du capiraine WiUium Edward Paeuy. Londres, i8a6 ; J. Murray. In-4° de 337 P'^g^'s, avcc cartes et planches," piix, 2 liv. 10 sli. Nous avoiis donne sur ce voyage (voy. /{cc. iTrtc. t. xxviii, p. 6o6), des icnseignemens dont I'ouvrage pulilie il y a pen de scinaines par le capitairie Parry, prouve Texaciiiude. I! , nous faudiait beaiicoiip plus d'espace r]u'il iie nous en est alloue dans ce recueil pour entrer dans Ions les details de cetto exj>c(lition, la(]ue!le, Lien que n'ayant point eu !e n.'sullat qu'on en altendait, ne meritepas nioiiis d'etre adniiree, coniine ■ une des plus belles entreprises de notre epocpic. Le volume qui en retrace loutes les parlicidariles ne y)eut inanqucr d'etre recu avec ii'tcrel; les inarins, les geograplies', les aslionomos , les botanistcs , et ceux qui s'occiqient de zoologie et de geolo- gic y trouvcronl dos renseignemens iirecieux , propres a eelai- rer quelq-ues-unr. des points douteux des sciences jdiysiques et natuielles. 8. — * Travels in Chile and La Plata , etc. — Voyages an Chili et a la Plata , avec des dt'tails sur la geographic , la sta- listique, le gouvernement , les finances, I'agiicullure, les inoeurs de ces deux I'ays; par John Miers , Londres 1826; Baldwin. 2 vol. in- 8" avec cartes , planches et gravtires; prix 2 liv. 10.* ; 9. — * Rough notes tahen during some rapid journeys across the pampas, etc. — Notes rapides prices ])end,int quehjues voyages a travcrs les Pampas et au milieu des Andes , {)ar le capiiaine F. B. Head. Londres, 1826 ; /. Murray. Li-B" de 3og pages ; prix , g sh. /, p. Nous nous bornerotis a indiquer ici les principaux snjeis dont se composent ces deux ouvrages, en nous reservant la taculie d'en parler avec plus de details dans notre section des analyses. Lc premier est compose de 24 chapltres et d'un appendice. Dans les cinq premiers cliapitres, M. Miers donne le reeit de son voyai,>e de Buenos-Ayres a Rlendoza , a travers les Pam- pas, decr;,t le sol de ce ]iays et les moeurs de ses habilans. Les 6^, 7* et 8^ chajulres condui-icnt ce voyageur de Mendoza a Valjiaraiso ; il liavcrse les Andes par le pas appele i'Us- pallata, et s'ariete quelque terns il San-Yago, capitaie du Chili. Les qualre chajiitres suivans sont consacres a la des- cription de cetle repubique , el le i3^ au pays ([ui la borne au sud, et qui est habite par les Indiens aborigenes. — Le second volume commence par une relation hisloriquo , des til LIVRES KTRAINGERS. Ovencmeiis arrives au Cliili et au Perou, depiiis 1810 jus- qti'en iSi5, qui remplit cinq cliajiitres. Les 17®, 18', 20*, zi^, 22* ct 23^ traitent du gouvcrnement , des finances, du com- merce, do I'agricullurc, ties mines do la republique du Cliili; Ii; igc de la religion et des iiioeurs de ses liaJjilans, etle 24'' et dernier offrd le tableau de la situation aclueilc des Indiens aborigenes. L'appendice cnnlient qncltjucs pieces oflicielles , de plus on inoins d'iniporlance. L'ouvrage de M. Head s'()ccui)e plus de !a ropublique de Rio de la Plata , que de celle du Cliili, ct son petir volume fonlient un grand nombie dc fails et de renseignemens que M. Bliers n'a memc jioint indtijui's. Ces deux ecrits meritent nne alicniion parliculiere. F. D. 10. — T/te original picltirc of London enlarf^cd and im- proved, etc. — DcscripUon de Londres, ponr servir de guide aux cirangers el aux liabitans qui veulent parcourir cette me- tropole de rcmpire brilannique, ainsi que ses enviions; par G. BuiTTON. Vutgl qualrienie edition corrigee et augmentee. l.ondres, 1826. ln-12 de 45)5 pages. L'auleur de cet ouvrage en a fait beaucoup d'aulres, et de plus iniporlans. On lui doit surtout une description des calhedrales del'Angleterre, etdeleurs antiquites, que Browne Willis avail commencee , mais qu'il ne put continuer. Ce grand travail assure a 1\I. Britlon non-seulement la reconnaissance iles artistes, mais celle des historiens et des antiquaires, car son livre est rerapli de reelierches el de fails que Ton ne Irouve point alUeurs, qiioi((ue I'auteur ne les ait inseres qu'aprcs s'elre bien assure de leur exactitude et de raulhentiuitc des temoi- gnages (jui les cerlifient. Ces connaissances diverscs reunies a la description de mo- nuuiens d'aicliileclure scraient ccrtainemenl du gout de lous les lecleurs, et determineraient peut-ctre a Irajisporler dans noire langne I'oeuvre de M. Brilton, si les speculations de la librairic ciaient plus encouragees. Quant a la description de Londres, comme c'est (irincipalement aux voyageurs (ju'clle est utile, et couime cenx (jui veulent visiter la Graude-Breta- gne n'ont rien de niieux a faire que roilic a M. Vcntouillac roiiilssion de ([ueltiucs-ims de no.s GRANDE BRETAGNE. 117 meilleuis auteiirs. (Voy. Rei'. Enc, f. xxv, p. 121.) II a en- tcndu notre critique et y a satisfait : Boileau et Les^ge frou- veront iine place dans ce clioix des classiqiies francais. F. D. Revue sommaire des recueils periodiques sur les sciences , les lettres et les arts , publics dans la Grnndc-Bretagne. — Douzieme article. (Voy. Rev. Enc, t. xxvii, p. 767-770, f. XXVIII, p. i49-i56, 799-80/1; t. XXIX, p. 1/1I-148, /(63-468 et 747-756, t. xxx, p. 1 a 1-126, 4 19-424, et t. XXXI , p. i24-i3i , 4o2-4o5 et 688-693. ) Suite des journacx hebdomapaikes. Littcralure. i5. — The Mirror. — Le Miroir, N° 216. Londres, samedi 3o septembre 1826; Limbird. In-8° d'une feuille, imprlmee sur deux colonnes , avcc vignettes et culs-de-iaiupe; prix, 2 pence (2 decimes). i6. — The Portfolio. — Le Portefenil'ie, iV° 19. Londres, samedi 3o septembre 1826; John Buncombe. In-8° d'une feuille, imprimce sur deux colonnes, avcc vignetles et ciils- de-lampe; prix, 3 p. 17. — The Evcry-day Booh. — Le Livre qnotidien, N° 92. Londres, samedi 23 septembie 1826; Hunt et Clarte. In-8" d'une feuille imprimee snr deux colonnes; prix , 3 p, 18. — The Seaman's Recorder. — Le Sonvenir du Marin. Londres, 3o septembre 1826; Jaques. In-8° d'une feuille, im- primee sur denx colonnes, avec gravures; prix, 3 p. 19. — The JVasp. — La Gue|)e, N° 1. Londres , samedi 3o septembre 1826 ; W. Jeffreys. Grand in-8° d'une feuille; i)rix, 4 pence. Ces cinq feuilles j'-qui terminent la lisle des recueils perio- dicpes publies a Londres , ne se distinguent ni par la rirhesse de leiir contenu, ni ])ar la longue duree de leur existence. Semblables, sous plus d'lin rapport, a ces insecles ephe- meres si admirablement decrits par Bernardin de Saint-Pierre, elles out des jcunrsses d'ltn matin et des decrepitudes d'un jour : les heures sont pour elles des semaines, et les semaines des annees dont rarement elles voient s'ecouler plusieurs re- volutions. The Saturday-nif;ht (le Samedi soir "), the Sunday- morning ( le Dimanche matin), the Nic-nac, the Gleaner ( le Glaneur), the Vehicle ( le Veliicule ), the i/a'd? ( la Ruche) , dont la Revue Encyclopedique annoncait, il y a environ un an, I'existence et la brillante sante (voy. t. xxiv, p. i33), ii8 LivRES Strangers. dorment niaintenant dans la tombe , ou depuis sont descendus encore, the Adventurer (rAventuricr), la Bonne Louche, the Freebooter ( le Corsaire), the Literary- Sketchbook ( I'Album litteraire), et ou tout recemment sont alius les rejoindre : Paul Pray , the Ass ( I'Ane ) , the Starchamber, the Bronze- Head {\d, Tite de bronze ) , the Legends of terror ( les Legendes terribles ), the Spirit of the times ( I'Esprit du tems ). Seul le Miroir a echappe an commuu naufrage ; contempo- rain de la generation qui \lent do s'eteindrc, il est le cente- naire de ceJle qui existe, et dont probablement il verra aussi la fin. Arrlvoe a son 216® numero, celte feuille a cerlainement Leaucoup perdu de cette vignenr dujeune age que Brougham signalait dans ses Observations pratiques sur V education du peuplc, et qui, joint a un gout pur et une instruction -variee, lui avait obtenu, suivant I'aliegation du membre du parlement anglais, plus de 80,000 abonnes. Mais chez elle, la vieillesse ne parait point escortee de tons les symptomes de la decrepi- tude : ses essais, ses contes, ses vers peu dignes des loisirs de I'homme raisonnable ou d'un esprit cultive, pourront conti- nuer long-tems encore a charmer I'enfance et a rccreer I'habi- tant du Lamean, tandis que le Portefcuille , compilation indi- geste d'ouvrages mediocres, etla Guepc, recueil d'epigrammes et de satires, iront bienlot augraenter le nombre des journaux decedcs. Le Souvenir du Marin n'est point, a proprement parler, un journal; c'est une collection hebdomadaire des principat^x naufrages et avenlures de mer, arrives dans les derniers terns: ainsl Ton Irouve dans le cahier que nous avons sous les yeux nn exlrait dii voyage de lord Byron en Sicile, en Corse et en Sardaigne; et le recit du naufrage' du paquebot V Antelope, que commandait le capilaine anglais Wilson, en 1793. Le Livre quotidien n'est point preciseuient rion plus un journal ; ce sont des notes recueillies sur chaque jour de I'annee, et dans lesquelles I'instruction est souvent presentee sous des formes agreables et interessantes. F. D. RUSSIE. 20. — * Moshovshoi Tclegraf. — Le Telc'graphc de Moscou, journal de litteralure, de critique, des sciences et des arts, publie par M. iVjco/cw PoLEvoi. ]N°^ 17 et 18. ( Septembre, 1825. ) II parait, tons les quinze jours, un cahier dc 6 a 7 feuilles, avec une gravure consacree aux modes. Prix de I'abon- nement pour un an , 35 roubles a Moscou , et 40 roubles dans le reste de I'empire. PtUSSIE. iig Le Telegraphe de Moscou a commence sa cairicre avec Tan- roe 1825, etil parait destine a dcvenir un des raeilleurs jour- naux russes. Un coup-d'ceil rapide jete sur les deux derniers cahiers recus a Paris, et dont nous aimons a devoir la commu- nicalion a la direction du Fiulletin univcrsel des sciences , fera jugerderinteiet et de la variete queTonyremarque. Ce journal est divise en qnatre -pSiV^ycs: Sciences et arts , Belles-lettres, Partie critique et bibliographique , Nom'clles et Melanges. La premiere et la deuxieme partie rcpondent a notre section des Memoires et Notices ; elles contiennent des morceaux origi- naux sur les sciences, les lettres et les arts. Quelques pages de la deuxieme partie sont exclusivement reservees a la Poesie. La troisierae represente, avec moins de developpemens, nos deux sections des Analyses et du Bulletin bibliographique ; elle renferme des annonces criti(iues et raisonnees d'un certain nom- bre d'ouvrages russes, et de quelques productions etrangeres. La quatrieme jiartie equivaut a peu pres a notre section des Nouvelles scientijiques et litteraires , mais elle laisse desirer une disposition et un choix de materiaux plus sevcres, plus satis- faisans. Un Supplement , qui a sa pagination particuiiere, reu- nit des nouvelles diverses, des anecdotes, et des articles pole- miques; raaisilparaitavoirpourprincipalobjet d'enregis'rerles Annales des modes, redigces tout a la fois en francais et en russe, ct empruntces, ainsi que les gravures , a nos journaux de Paris. La premiere jiarlie, sciences et arts, n° 17 ( p. 3-32 ) offre d'abord un fragment intitule , Passage du mont Saint-Bernard par Napoleon (i); ce morceau etait destine par son auteur, M. MouKHANOF , au Journal viilitaire ( Voy. Rev. Enc, t. ix, p. 371 ), recueil qui n'a pu se soutenir. M. Mouklianof rend une pleine justice a I'adresse et au courage de nos soldals, eC au genie de celui qui les conduisait. Le deuxieme article est une continuation de la relation du P'ojage de Bulloch au Mexi- que, en 1823 ; cetle relation , dont nous n'avons pas vu le com- mencement, n'etanlpasachevce,nous ignorons a quelle source elle a ete puisee. Un Iroisicnie article, traduit de I'allemand, donne des details fort intcressans sur le commerce des villcs anseatiques avec l' Orient, par I'in'.ermediaire de la Russie , dans les xiii'' , xiv^ , x\'= et xvi<^ siccles. — Le premier article de la section des Belles-lettres (p. 32-39) est la traduction d'une lettre du celebre Goethe sur la mort de lord Bjron;V au- teur n'y parle de lui-meme qu'a la troisieme personne. Viennent (i) II aarait fallu dire Bonaparte . 120 LIVRES l^TRANGERS. ensuile quelques poesies : cc soiit i° des yers pour un album par A. Pouschkine; i° une cspece d'liymne a la ville de Mos- cou , par VoLKor, au siijet des cmbellisscmcns dont elle a cte I'objet dans ccs dcrniers tenis; 3" iinc fable si{];nee des iniliales S. N. , doiit la moralite s'adresse aux eciivnins qui se donnent on .spectacle aiix sofs et aiix oisifs, en se livraiit, sans aticun profit j)oiir los sciences on jiour Ics leliies, a de vaines dis- cussions d'ainour-pr()])rc et a une jiok'niique qui degcnere souvent en une lutie lionteuse. — La Partik critique et bi- BLiocRAPiiiQUE(p. 40-70), presenle d'abord des observations sur V Introduction de M. LtMoNTEY aux fables russes de Krilof, traduites en vers francais et en vers ilaliens et poblii^es a Paris ]inr les soins de M. le conite Orlof. On y reniarque iort judi- cieusement qu'en lisaiit ce morceau de I'acadf'micien francais, on croit entendre une conversation spiriluelle , mais qu'on y cheicherait vainemcnt des connaissances positives sur le sujet qu'il traile (1). Du resle, les reproclies qu'on lui fait j^araissent dirigesavecpeu de bienveillance, nous dirons meineavec quel- que injustice, plutot cnntre la personne de M. le comte Orlof que conire i'auleur francais liii-meme, pnisfpi'on insinne (]ue celni-ci a ete juste el raisonnable tant qu'il s'est cnnfie a ce tact et a ce gout qui caracterisaient son talent , tandis qu'il s'est ^garc des qu'il s'est vu oblige d'obeir a une impulsion ctran- gere. Deux ouvrages russes seulement sonl analyses dans ce cahier, ce sont, 1" le t. viii des Mcmoires de I' A miraute [S'd'inX.- Petersbourg, iSaS; in-S** de Liv-^gS p. ) et I'Bistoire des peu- ples et des republiqucs de tancienne Grece, par K. Arsenief ( Saint-Pfctersbourg, iSaS. In-8° de v-/,64 p.). On pas^e en revue, dnns la partie etrangere, d'aboid un ouvrage du pro- fesseiir danoisDorf, intitule, Rolvelsk Lexicon ; puis le Foyaf^e de Peron aux terres nustrales, eclui de Clioiseul Gonffier dans la Grece, I'ouvrage du comte Forbin : Un mois a Fenise , ie Recueil de voyages publid par la Socicte de gcographie, le Bulletin Ae. la ineme sociele, \e Journal asiaticjue , une traduc- tion francaise de VEssai de Bacon sur la justice universelle , le Recueil general des anciennes loisjrancaises , les Annates ro- tnantiques , la France snui-ee , poenie, les Lettres de Sidi Mnh- >nond,\a quatrieme edition de VEssaip/iiloso/j/u'que de M.He la Place Sur les prohahiliies ., enfin les Meinoircs et souvenirs du comte de Si'gnr. Tous ces ouvrages sont annonces brievemcnt ( en 8 pages) dans I'ordre que nous avons conseive ici, quel- (1) Les critiques rnsses ont dit la rueine obose, avec plus de raison encore, de I'article du Journal des Debats sur le meme ouvraqe. RUSSIE. 121 qiies-iins mtme ne sont que incntionrics. On trouvc ensuite la liaduclion d'un artirle ile M. Cliezy sur le Bhagavad-Gita , jiu- blle en 1824 par A. V. Scli'.egel. Enfin , dans mi article sur qtielqucs jugeincn.'! (lesjottrnalistes cti angers a I'occasion d'ou- vrngiw publics en Russie , on leleve jiliisieiirs errents dans les- qiiclles sont tonibes (k's critiques franrais, et princi[>aleinent les cditeurs du Journal des voyages, en rendant compte du Guide du voya^eur h Mosrou , public dans celle villa en lan- gue francaise, y.ar M. Delaveaii, et traduit ensulle en russe, avec les mcmes f'autes. — Nous parlerons de la parlic des Nou- velles ft du Supplement qw exaniiiiant le cahier suivant : Ce caliier ( u° 18 ) coinpiend dans sa premiere ])arlie : SciKNCF.s ET ARTS (p. Sy-iBo), i" uu artirle tres-interessant de M. RoMANOF, intilnle: Plan d'un voyage des coles occidciilales de V Amerique septentrionale vers la iner Glaciate et jusqu'a la baie d'Hudsnri. TJne note du redacteur nous apprend que ce plan vicnt d'etre adopte par la Compagnie americaine , pour ajouter aux resultals obtenus i)ar les Franklin et les Parry. Le dc'jxieiiie article de celte section, qui par sa nature apjiarte- nait de droit a celle des Belles-lettres , est la Iraduclion lilte- rale du Discours dont notre collaborateur, M. Salfi, a cnriclii cettc nicnie edition du fabulisle russe que nous avons citce ci- dessns , discours bicn snperienr pour le fond des idees a celui de M. Lcmontey. Un article curieux , de M. StroIek, sur I'ori- gine et les coinmencemens de V imprimerie russe du inonnslcre de Rief(^ en 1619, iin denii-siecle ujires I'etablissement de celle de Moscou \ lerinine la premiere partie du n° 18. Ce niorceau est cxirait de I'introduclion hislorique au Catalogue des ma- laisrrits slavo-russes de la bibliot/ieqne du cointe T. A. Tolstoi ( Moicou, 1825 ; ii)-8° de Lxvn 81 1 p., avec atlas). — La se- eonde jjartie de ce caliier : Bki.les-lettrf.s ( p. i3i-i36 ) con- lientuti seul article; c'est nne Lettre de Loinonossof au comtc Schou\'idof, retronvee reccmnipnt [lar M. Moukliaiiof , et fjue Ton croii avoir oie ecrite en 175/1. Cette lettre est relative a la cri'aiion de I'lmiversile de Moscou, iiistituee par un oukase du 2/, Janvier suivant ( 1755). — Denxieme y)artie: Critique et BinLiOGRAPHiE (p. I 37-154). Nous avons a remercier person- nelleir.ent I'ciUteur du Telegrap/ie de Moscou, ])our la traduc- tion (pi'il a bien vouludoniier de noire analyse des Fables rus- sesde M. Krilof, insereedans le caliier dejuin 1825 dela Revue Encyclopedique {X.. xxvi, p. 717-736) et reproduite ])ar lui deux mols ajjres sa publi. atioti. Cependaut, s'il faliait en croire quelqiies auires jonrnaux russes, cet einpresseraent, si flaiteur pour nous , ne lui aurait pas perrcis de soigner assez le siylc d& laa LIVRES fiXRANGERS. SM tri)diiction; V Abeille clu JS'ord , rcdif;c par M. Bonlgarine, a. meme consacrc une colonne de son T\" 125(17 octobre i8a5) a relever une erreur, assez legerc, qui consiste dans la subs- titution du mot cinq au mot cent, dans celte citation de La Fontaine , « Une ample comedie a cent actes dU-ers », et non en cent actes dtWrs, comme I'ccrivent a leur tour les rcdacfeurs de \'j4bedlc. Quoi qu'il faille penser de ces negligenceslilteraircs, ou peut-elre de ces fautes d'impression , Tediteur du Telcgraphe de Moscou a dignement reinpli sa mission de journaliste, en raet- tant sous les yeux de ses lecteurs les pieces les plus importantes qui se ratlaclient a la publication des fables de M. Krilof dans Tetranger, publication qui doit interesser \ivement la gioire nationaie des Russes. II nous promet, et nous atlendons avec une vive impatience , son propre jugement dans une affaire oil Tautorite des ciiliques russes ne peut manquer de compter pour beaucoup dans la balance. — La partie bibliographique russe contient I'annonce raisonnee des six ouvrages suivans : 1° Reflexions sur relablissenient de la tutelle en general, et particulierement dans ses rapports a\'ec la legislation russe , par A. KoRsouNOF ( Kharkof, 1 SaS ; in-8° ) ; 2° Fables de B. Mas- loviTCH. ( Kharkof, iSaS; iu-8°de 207 p.); 3° Grammaire latine , par le professeur Kronebero. (Kharkof, iSiS; in-8° de III-326 p.) 4" Dictionnaire abrege de la langue latine. (Khar- kof, 1825 ; in- 1 6 de 97 p- ); 5** La Lyre , recueil poetique et national ( Moscou, iSiS; de vii et 85 p. ); 6° Mathilde , tra- duit du francais, dc Vernes de Luze. ( Moscou, 1825 ; a vol. in-i2 de Lxxiv-219 et 262 p.) Le premier de ces ouvrages recoit dele part des editeurs deseloges qui paraissent merites. Quant aux fables de M. Maslovitch , on en fait une critique egalement motivee; mais n'a-t-on pas tort de consacrer sept pages a I'examen d'un ouvrage si peu digne d'attention? On dit beaucoup de bien de la grammaire de M. le professeur Kroneberg, auquel on devait deja un bon dictionnaire latin. Celul dont I'annonce suit est juge beaucoup Irop incomplet, meme pour les jiersonnes qui comniencent I'etude de la langue latine. On n'emet point d'opinion sur le merite des chants na- tionaux rcunis sous le tilre de Lyre , et qui paraissent avoir tons rapport aux evcnemens dc 1812. La traduction ^e Ma- thilde au j\Jont Carinel, mentionnce dans ce cahier, est la se- conde que Ton ait faite, en Russie, de I'ouvrage de M. Vernes de Luze, annonce par nous en i822(voy. Rei>. Enc. , X. xiii, p. 678 ). Eile motiverait !e reproche que nous avons fait aux ecrivains russes de ne pas choisir avec assez de discernement les ouvrages etrangers ausquels ils accordent les hooneurs des RUSSIE. 123 la traduction. Les deux dernieres pages de celte secoode parlie sont consacr^s a relever, comme on I'a-vait deja fait dans le cahier precedent, quelques crreurs comniises par des journa- listes Francois dans lours articles sur la Russie. Depareils repro- cLes , qui se renotjvellent lous les jours centre nous dans I'etran- ger, devraient blen servir a preserver nos ecrivains de celte confiance et de cette legcrele qui les porle a traiter, sans aucun secours , des sujets qu'ils n'ont ])u assez mediier. Les rapports entre les peuples et les nioyens de verification sont devenus trop faciles, pour que les lecleurs puissent dcsormais regarder conime satisfaisanles des notions incompletes, dont on a pu, Jaute de mleux, se contenter pendant des siecles. II serait bien tems aussi que les auteurs et les critiques voulussent abandon- ner de folles pretentions a la science universelle, pour s'occn- per plus utilement de specialitcs. On ne sait jamais bien que ce que Ton a bien etudie, et quelle est la science aujourd'hui qui ne reclame pas toute la -vie el toutes les meditations d'un homme! Dans la marche rapide et progressive des sciences depuis quelques annees, les recueils pcriodiques ont deja rendu de grands services; ils pe;ivent en rendre encore, en marquant le dernier point de depart, et en dirigeant nos investigations Ters le but qu'on doit reellement se proposer. Si les belles let- tres et les sciences ne peuvent prosperer ensemble, bornons- nous auxchoses utiles, etnedonnons pas a des futilites un tems que nous ne pouvons meme rcserver pour des loisirs plus no- bles. Sous ce point de vue, nous blamerons les editeurs du Te- le graphe Ac f'aire occuper, dans leur quatrieme partie et dans \t\\v Supplement , par des on-cllt , par la chronique du jour, ou par des anecdotes surannees, jinc jilace que rerajiliraient convenablement des esquisses de niceurs el des nouvelles fa- vorables au progres des sciences et de I'indnslrie. Quant aux articles de polcmique, ausquels ils avaicnt promis de rester etrangers, nousenrenvoyons les auteurs a la fable contenue dans le n° 17, et dont nous nous sommes permis de developpcr un peu la moralite. Sans doute la place que nous consacrons a I'annonce du Te- legraphe de Moscou, en prouvant I'interet que nous inspire cette nouveileenlreprise litteraire, fera prendre en bonne part aux editeurs ros observations. IVous dcsirerions qu'ils enlras- sent en relation avec nous par I'echange de leur rrcueil contre le notre; ce serait nous raettre a meme de leur faire a notre tour des emprunts utiles, pour completer nos tableaux de la civilisalion comparee. E. Hereau. 12'. I.IVRES KTRVIVGERS. DA^EMARK. 21. — * ^Sermons par J.- A. Raff Ann, pasleiir de I't'-glise rc- forni«Se francjiisc de Co|ieiiliap;ne. C(>i)eiiliai;ue, iSuS; impri- iiicrie (ie ScKullz. In-S" de \iS pages. Voici les siijetsijue rauteiir a iraites dans lessix sermons que nous annoncons : i" le petit nomhre des elus; 2" consolations siir la mort de nos amis; 3" la reunion dans I'aulre vie; 4*^ le caractere dislinclif dii jirotostanl ( a Toccasion de la fete de la rcformalion ) ; 5" ic devoir de scrvir son pays; 6" la jenne lille clirciienne ( pour une ceremonie de confiiniation ). Tons ces sermons vespirent, d'un bout a I'aulre, la vraie ])iettj exempte d'ostentalion , la cliaritt- clireiienne, la tole- rance religieuse , et un sincere amour du procliain, (|uels cpie soieni son ]>ays, son rang, ses occupaJions dans la sociv'le et sa croyance. Tous cenx fpii font cas d'nne excelleiUe morale chrelicnne, cirangere a tout esprit de secte on de parti, recher- cheront ce petit volume, que nous n'hesitons pas a reconi- mander conune offrant une lecture agreable et instructive. Nous croyons devoir transcrire ici Vacant- propos de I'au- teur. «De simples exhortations, diclces par I'amour d'un pasteur pour ses paioissietts, ecrites pour diaque dimanclie au milieu des occupations varices duministere evatigelique, improvisees quelquefois qnand roccasion le demandait, recues avec indul- gence, econtees avec cditicalion , souvent demandces pnur etre lues, imprimces dans un but de bienf'aisance, tel est le contenu de ce petit recneil. C'est !our le honlieur et I'edi- icalion de ses paioiisieus , a qui il fournil une instruction aussi (lire que salutaire! 22. — * Theocrits idyllisi.e Digte. — Les Idylles de Theo- rite, traduiles par S. Meisling. Copenhague, iiSaS. In-8° de .VIII et 280 pages. 23. — * jEneidcn. — L'Encide de "Virgile , traduite par le neine. Premier volume contenant les six ])remiers chants. Co- )enliagne , 1824. In- 8" dc xx et 190 pages. Deja depuis long-tems les lilterateurs danois ont conimence I f'aire passer dans la langne de leur ]iays les ouvrages des au- eurs et des poetes de rantiquitc. II serait facile de fournir unc iste longne et delaillce de tons les ecrivains grecs et laliris qni Hit ete Iraduits en danois, soit en entier, soit en partie. II ipmble quecegoiil commence a reprendre; car les dix ou douze lernicres annees ont vu paraitre plusieurs nouveanx traduc- eurs, parmi lesquels se distingue avantageusemeni M. BIeis- :,ING, auleur des deux ouvrages dont les litres sent places en etp de cet article. II s'est impose una tache exlremernent dif- Icile, celle de remlre vers pour vers les textes qu'il entre- irend de tradnire. S'il est impossible que, par ce systeme, le joele original ne perde pas quchjue chose, il est incontestable ]u'il y perd beaucoup moins (]iie par le verbiage de cenx qui I'ont pour toute ressource conire les difficultcs qu'un deluge le mots, dans lequel le sens du poele est deiaye jusqu'a i'insi- oiflite, s'il n'est pas tout-a-fait efface. A notre avis, le tratluc- eur danois a rcnssi dans sa tentative, aiitant qii'il etait jios- iible; mais en voulant cnnscrver jjiirtont le metre des originaus, il s'est cree de nouveanx obstacles, peut-ctre plus difficiles a jiirmonter que les premiers. II a rencontre, a ])eu d'e.xcoptions [ires, riiex.imelre, jjonr lequel, seloi; nous, les langnes mo- lernes ne sonl ])oint faites. Pour ne pailcr que dos langnes du l>fori!, elles sont si abondainment jjourvues de consonnes» qtie,si Ton y rencontre partout des trochees et des spondees, il est trcs-di(fitile d'y trouver de \rais dactyles. A li verilc,. la langne danoise est un peu moins richement dotee de con- sonnes que la laugue allcmande; ntianmoins, nous croyons qu'il est presque impossible de faire des hexamctres danois. qui ne fussent ])as impitoyablement batonnes par un Ovide ou UM Virgile. Dans son introduction generale, ainsi que dans les intro- ductions speciales qni precedent cliacune des idylles, M. Meis- ia6 LIVRES ETRAtNGERS. LING a deploy^, uiie grande erudilion et fait preuve de con- naissances tres-variecs. II nous dit( p. 246 ) qii'il a placd, par de Ires-bonnes raisons, les deiix idylles intitiilees : Oa/)'est dans I'Orient qu'il Irouve les pins ancien^^es traditions. La Cliine, I'lnde, la Bactriane et I'Egypte eomposent le premier plan de ce vaste tableau. Les epoques forment coinme aulant de cadres dans lesqnels I'auteur }>lace tout ce que I'esprit hnmain pent presen- ter de remar<[uable ; il ne descend point toule la serie des terns a la suite d'un peuple, pour la jiarcourir de nouveau avec un autre. On voit tonjours slmultanemcnt lout ce qui , existait a la fois. Les apercus des fails son! suivis de conside- rations sur les institutions poliliques, et d'un tableau de ];» civilisation et de la lillerature. Ainsi , qnatre grandes epoques remplissent ces deux parlies. La premiere est inlitulce For- ivoltUvhe Zeit, ce que nous ne croyons mieux rendre que par ces mo Is, Tcins anterccitrs a I'ctat actuel du monde. La seconde ALLEMAGNE. lag ^poque UrweltUche Zeit seraitassezbien designee par les mots Terns primitifi ; il y est question des diverses races d'hommes, c'est-a - dire, des Caucasicns, des Ethiopiens, des Mongols, puis des premiers etats connus. La troisiemc epoque com- ])rend tout ce qui concerne le tems ou florissaienl les Jiiifs, les Perses et lesMedes; enfm, la quatrieme est celle de la donii- narion des Grecs sur TEurope du sud-ouest. C'cst,comme on pent bieu ie penser, la plusetendue des quatre; il n'y a pas de meilleure hisloire de la Grece. Nous n'ajouterons qu'une re- n\arqiie, c'est qu'il n'existe peut-etre pas un ecrit moderne sur les objets qu'il traite, que M. Scliiosser ait neglige de lire : les noms des savans francais et anglais se trouvent pour ainsi dire a chaque page dans son livre ; et s'il y a queique chose dc compa- rable a la vaste erudiiion doiit I'auleur'fait preuve, c'est I'esprit d'ordre avcc Icquel ila su composer un (out dont la lecture pent presenter aux gens du monde une instruction agreable, en nietne tems que pour les erudils el'e est un thermometre de I'etat actucl des recherches liistoriques. Ph. GOLBERT. 26. — He'storisc/ic Entixdchelung dcr Vrsachcniuid fVirkun- gen (les R/ieinbuncles. — Expose hislorique des causes et des effets de la confederation du Rhin; par le marquis Lucciiesini; traduit de I'italien. T. III. Leipzig, iSaS; Brockliaus. In-8". Quoique public originairement en Italic, cet ouvrage inle- resse particulieretnent les Allemands , puisque c'est i'hisloire moderne d'une grande parlie de I'Allemagne, ecrite par un ancien diploraate au service d'nne des principales puissances de ce pays. Le niarcjuis Jerome Lucciiesini, qu'il ne faut pas confondre avec son frere Cesar Lucciiesini, aiilcur d'une liis- toire litleraire de I'ltalie nu xviii" siecle ( Lucques, 1819, a part. ) , etaitne a Lucques en 1752; a I'epoqne du consu- lat et au commeiiccnieiU de rempirc , il elait ministre jilenipo- tenliaire de Pnisse a Paris; dans la suite il se reiira dans sa patrie, et il est mort en i8i5 a Florence. On voit par son ou- vrage que ce n'ef.iit pas un diplomale ordinaire; il avait t^te forme a I'ccole dcFredL'ric IL Toutefois, i! ne faut pas altendre de grandcs revelations de sa part: il ne s'est point ocarte dc I'ancienne reserve de la diplomatic; il ne dit rien qui pnisse le compioniettre : aussi ^on ouvrage a-t-il pu etre traduit et pa- raitre avec approbation de la censure allemande. La plupart. des faits rapporles par le ci-devant ambassadeur etaient dejii connus par d'autrcs ouvrages; souvent il se borne a faireson recit d'apres les iiiateriaux )iublies avantlui ; mais I'exposition des faits annonce do I'liabilete et offrc de I'interet. M. de T. xxxii. — Octobre 1826. o i3o LITRES Strangers. Lucchesini voit bien, ct jiige en hommc d'etat <5clair^ ; qnel- quefois pouitant il se croit cpcore au service de Prasse, ef exalte le gouvernement pnissicn , tout mililaire et despolifiue qu'il ctaitdu terns ou le marquis be troiivait a son service. En terminant son hisloire de la confederation du Rhin , rantenr jelle un coup d'oeil general sur I'rlat de rAUemagne depuis les Iraitcs dc paix de i8i4 ct de i8i5. II recoinmande aux princes et aux peiiples aliemamis d'etre nnis el de ne point separer leurs interets. Ce conseil est tres-bon. Pciit-etre I'ancien diplo- inate aurait-il duconseiller aussi aux grandes puissances de la confederation dene pas gener les pelits elats, leurs voisins, et de favoriser un peu plus le rtgime conslilulionnel, qui plus que les armees est capable de donner de la force a rAUemagne. 27. — fFahrheit ausJenn Paul's Leben. — Details veridiques sur la vie de Jean Paut.. Cah. i"^ avec deux fac-simile de I'c- criturede Jean Paul. Breslau, 1826; MaxetC'". 28. — Jean Paul Frieclrich Richter in seinen letztcn Tagcn. — Jean- Paul- Frederic Richter dans les derniers jours de sa \ie; par le D'' Richard- Otton Spazier. Breslau, 1826 j Max et C'«. Richter, qui preaait toiijours les noms de Jean-Paul , est un des ecrivains les plus originaux que rAUemagne ait produits; cepeudantil est a peine connu en France , et, autant que nous sacliions, aucun de ses ouvrages n'a ele traduit en francais. II serait difficile en effet de faire passer dans une autre langue , et de faire goiiter a une nation etrangere, les originalites du style de Richter, Ses hardiesses paraitraient de la temeritc, ses conceptions nouvelles passeraient quelquefois pour bizar- res. Richter appartient a cetie classe d'ecrivains que les An- glais ap])ellent humoristes ; a I'exemple de Sterne, il mele le sentiment a la gaite , et rattache a un fond souvent legcr des digressions empreintes de son genie; mais ce qui lui est ])arti- culier, c'est le gout our etablir que ce mot a ele employe en mauvaise ])a!t par les rcsles degenert-s des nations vaincues et subju- guees. Puis il ne m'est ])as hien deinonire que tous les passages dont I'auteurse serf pour attribuer ces tombes a une population ce'.tique soient bien ai)])licables; mais ce que personne ne con- testera, c'est la vaste erudition et I'excellent esprit de critique de M. Schreiber. IVous souhaitocs qu'il poursuive ses recher- ches. Fh. Golbery. SUISSE. 32. — Des maladies rhumaloides , par L.-A. Gosse , D. M. Geneve, 1826; Barbezat et Delarue; Paris, meme maison, rue des Grands- Auguslins , n° 18. In-8° de xviii et 4o5 p. Get ouvrage contient Tcxposilion d'une nouvelle doctrine mcdicale londee, non ])oint sur les alterations sensibles de nos organes, mais snr la cause prochaine de ces alterations. L'auteur ne propose pas une nouvelle classification des mala- dies , et il ne pretend pas non plus que sa theorie soit applicable dans tous les cas. Peut-etre avant d'etcndre ses idecs a toute 1<* SUISSE. i37 jialhologie, M. Gossc veut-il voir si on est dispose a les ac- cueillir. D'ailleurs il annonce son -volume corauie un simple mt-moire qui pourra elre suivi d'un veritable ouvrage : sans decider nous-nicme si c'cst niodesiie ou prudence, nous allons piesenler un expose rajiide de cette docliine. Un fluide imponderable, vraiseniblablemcnt analogue a celui qui a rccu les noms d'electrique, de galvanique, de magnetique, est I'agent des fonctions dites nerveuses. II a pour siege le sysleme nerveux , qui en est le regulaleur et le conducicur, et jiour point de depart la moclle alongoe. Ce fluide ])reside anx fonciions de tous nos organcs, il est surtout Fiigent de la calnricite. L'excitalion rtgulicre ct mo- derce qu'il exeice sur reconomie animale en conslilue 1 etat de saute: son accuinuiaiion dans quelque partie du sysleme nerveux y deSermine une irritation, une douleur propor- tionnce a rexcitnbilile de la partie, et ])cut-etre a la quan- tite du fluide accumule. Le passage brusque du chaud au froid est la cause la i^lus puissanie de cetie congestion. Presque toutes les maladies connues peuveiit resulter de cellc-ci, et des-lors elles prenilront le nom de i/niinatoidt's , parce que cetic designation scinble les ratlacher convenableitient n la forme la plus commune qui Icur serl de tyj>e , au rhumatisme. Tilles soiit les idees fondnmenfales de M. Gosse ; son travail dccele un talent partlcidior pour a])])liquer a la medecine jH'atique des theories encore liypollieiitiues. On lira ce vo- lume , sinon avec beaucoup de fruit, du moins avec ])laisir. H. HOLLARD. 33. — * Iilemens de la philosopliie de I'esprll humain , par DuGALD Stkwart, prolcsseur de ])liilosopliie morale a I'Llni- versiie d'Eiiiinbourg, etc., traduit do I'anglais. Tome IIP. Geneve, i825; Pasthoiid; Paris, meuiC niaison. In- 8'' de i.xii-3o6 pages. L'ouvrage de M. Dugald Stewart se trouve j"ge et re- sume djiis la preface fort bien ecrite de son traducteur ano- nyme. En p]iiloso[)hie, coninie en toute autre matieie, nos jiigemens ne sont que les resultais de nos coniparaisons , et notre opinion loueliant un systeme nouveau s'etablit sur ses rapports de coincidence ou de desaccord avec celui que nous regardons comme I'exprcssion de la veiile. II est facile de reconnailre que le critique de Dugald Stewart est dirige dans ses observations par les piincipes qu'il a jiuises aux iceons de M. Cousin. Mais ce morceau d'iulroduction , quoiqiie fort etendu, n'offre pas assez de devcloppemens pour donner une idee suftisante de I'ensemble de la nouvelle doctrine dont co >38 LI\RES ETR ANGERS. >iivant professeur est le plus celebre interpiete. Nous renvoyons Irs personnes qui lace d'une observation rigoureuse, niais ([ui n'en denote pas nioins de vasles connais- sanceset de tres-beaux talens philosopliiqucset lllteraires ( Voy. Rev. Enc. , t. xxxi, p. 827 ). Nons ne quiltcions pas cepen- dant cette introduction sans relever I'idee capilale icnferniee dans la phrase suivante, ct qui supi)ose I'exisience de deux mclhodes differenles d'observation duns la reclierche de la verile : « Les jiliis beureux efforts des sciences physiques n'oiit abonii, jiisqu'a piesent, C[u'a ramener un grand noinbre do fails paiticuliers a un, fait general, dans une ignorance peul- etre eternellc de la < anse unique ou du petit nombre de causes primitives d'oii sortent coiume efi'ets tous les phenoruencs qui constituent Telat present de runivers. Dans I'etude de I'esprit humain la force une, cause pi'eniiere de tous les jihcnonienes iulellectuels, est saisie des I'abord par la conscience. « Cetle cause, si nous avons bien compris, est reieinent actif de )a conscience qu'on appelle le moi dans cette ecole; mais nous ne voyons j)as pourquoi on ne le considererait ])as conime un effet, de meme que les autres phenomenes sur lesquels s'exerce I'esprit humain. Abordant I'ouvrage de BI. Dugald Stewart, qui est une espece de traite de logicjue oCi viennent se produire une foule d'idees tlrangeres a cetart, nous voyons d'abord ce philosophe passer en revue quelques vcritcs ])remieres , telles que la croyance dans la continuation des lois de la nature, en physi- que, et durant un meme raisonnement, la croyance dans notre idenlite et dans I'evidence de la memoire. II place les axio- ines des mathemaliques sur la m^rae ligne, et fait parfaitement reconnaitre qu'ils ne sont pas des principes, mais des elemens de la demonstration, presens a la pensee pendant tout son cours. Les vrais principes sont des faits pour les sciences na- turelles, des drfinilions, c'est-a-dire des descriptions d-' figure pour la geometric, ce sont enfin des hypotheses dans la juris- prudence. Ce chapiire est peut-etre le plus riche en observations in- genieuses ou profondesjil pourrait cependant ctre reduit en moins de pages : les raisonnemens n'en sont pas assez presses, et se ressentent du defaut de precision dans le langage et de rigueur dans les formes logiques. Com me tout I'ouvrage dont SUISSE. i39 il fait panic, il est edit avec nne certaine abondauce de style qui rcpand beaucoup de chaime sur ces matieres abstraites, uiais (\m pent nuire a I'instruction posiiive du lecteur. Ne pouvant suivre M. Dugald Stc-vvart dans tous les de- tails de son Iivre,Tioiissommes forces de nous botner a fjiielques lemarqiies succincles sur les points princip;iux (pii deviennent tour a tour les objels de ses savantes investigations. Dans le deuxieiTie cliapitre, il demonlre que cliaqne pas nouvcau dans nos decouvertcs offre a I'esprit une certitude intuitive, et , conlinuant ce snjet, il refute celte idee faussede Condiliac , que I'art du raisoniiement se reduil a une languebien faile, conmie si les inalieres sur lesqnelies s'excrce notre raison presenlaient toutes, ainsi que les niatlicmatiques, des idecs priuiilives susteplibles de definition et proprcs a etre enchainees avec leurs consequences dans des formuies exactes. S'il blame cette extension exageree qu'on a voulu donner a I'importance de I'art du langage, il ne lui reconnait jias moins le i)rivilege si precienx d'exprimer par des signes genciaux les circonslances que nous desirous comprendre dans nos raisonneinens , en cxcluarit loutes celles que nous \oulons ncgliger. Dans ia sec- tion qui traite de la demonstration matht'inatique, il repete on d'aulres termes et avec quelques uouvelles considerations analogues, tout ce qu'il a drja dit sur les axiomes, et nous j)rofitons (le cette occasion pour signaler le dcfaut de liaison ligouieuse dans I'oidre de ses propositions. Vient ensuiie une section tout entiere einployee a relever les inconveniens de I'application des malliematiqucs a la pliysique et a la meca- nique : inconveniens ([ui nous paraissent tres-legers, tandis que les avanfages de la coinbinaison de ces sciences sont inappre- ciables. Le cliapitre cjui traite de la logique d'Aristote est beaucoup trop long : il n'etait pas necessaire d'accuniuler tant de preuves pour faire senlir, ce qui est au reste gencrale- jucnl admis, I'inutilile de I'art du syllogisme dans la recherche de la verite. Toules ses observations sur les theories, les syste- laes , les hy])otheses sont justes; niais elles ne nous apprennent rien de nouveau. II n'a fait qu'ebaucher ce snjet si important. Deja , dans I'Encyclopedie, d'Alembert, developpant les idees de Newton, avait jete de grandes lumieres sur ces admirables artifices au moyen desqueis s'eleve et s'agrandit de jour en jour I'edifice encore bien frele des connaissances huniaines. M. Cuvier, dans son ouvrage plus recent sur les progres des sciences pliysicjues et na'.urelles , a presente les opinions ac- tueiles des savans a cet egard avec &a superiorile ordinaire. Le philosophe ecossais finit eufin par quelques reflexions sur Ho I.IVRES IilTRANGERS. rutilite de la consideration des causes finales dans les recher- ches scienlifiqiies. En iv^sume, ce livre abonde en preccptes excellens; il offre quelqnes ajierriis nouvoaux , et nous ne saiirions assez \c re- commander aijx personnos qui, \)av gout ou par devoir, s'oc- cnpent des etudes philosophiques. Au. Gondinet. ITALIE. 34. — * Storia del regno dei Goti e dec Longohardi in Ita- lia, etc. — Histoire dii regne des Goths et des Lombards en Italic, ])ar le chevalier Jean Tamassia. Eergime, iSaS-aS ; Mazzolcni; 3 vol. in-8". Ces trois volumes offrent un precis de I'liistolre des differens peiiples qui s'clevercnt sur les mines de I'empire romain. Dans le premier volume, I'auienr s'etend, trop peut-etre, sur I'ori- gine et sur les migrnlions des Golhs; il les peint sous la con- duite (i'Alaric envahissant I'llalie, convenaiit avec les erape- i-eurs d'y si'joiirner, et y fondant un royaume sous Theodoric. L'liisloire de ce royaume est exjiosee dans le dcuxieme volume. L'auleiir le monfre atlaqnu par Belisairc, et detruit enfin a la. inort de Tiuja. Bientot, les Lombards siuccdererit aux Golhs, et les Normands aux Lombards. Le troisieme volume contient I'histoire de ces deux derniers |)enples. Gibbon avait aniplement develo]>])e cettc partie de riiistoire de I'llalie; on doit savoir gre a M. Tomassia, qui la rcproduit avec ])lus de brievele, d'avoir mis a ))ro(il , pour en augmenter I'exactitude, les lu- mieres des criliijucs les plus rticens. F. S. 35. — Sentenze e dclti ineinornhili d'aniichi e mnderni au- tori. — Sentences et diti memorables d'auteurs anciens et mo- dernes. Bologne, 1826. In-12 de 29>, p. L'auteur de ce recueil est M'""' Sam fieri , et c'est a sa fille qu'elle le dedie : les meres pourront done, avec toute secu- rile, le mettre entre les mains de leuis enfans. On nc doit pas s'atlendre a voir ])asser en revue tons les auleurs, debitant chacun des sentences ou des mots qui le caracterisent. On en rencontre cepeiidant qiielqucs-uns aiixquels on ne pensait point, tels que L' Arelin, Machiavel, Napoleon, Boccace : mais parml les anteurs francais, ni Voltaire, ni Rousseau ne parais- sent nulle jiait. Hors de I'ltalie I'ouvrage de M'""^ Sampieri est tres-propre a fournir des snjets de traduction k ceux qui etudient la langue italienne; des pensees breves, saillantes, et que Ton retien^ ttisemcnt, sent un moycn de graver dans la memoirc les roots ITALIE. 1^1 qui les repicsentent : cet avantage iie doit pas ^tre iieglig<5 dans I'l'tude des langues , travail (|u'il faudrait abreger en faveur d'autres etudes encore plus fiuctneuses. Y, 36. — Lettere su Roma e Napoli. — Lcltres sur Rome el Naples. Milan, 1820; Stella. In-18. Ces letlres appartiennent sans doute a rauieur des lettres sur Varcse, que nous avons annoncees prtcedenimenl ( Voy. Rev. Enc, f. xxxi, ]). 720.) (i). La jeunesse de cet ccrivain inspire de I'inleret, et nous le voyons avec jjlaisir ne pas s'c'carter des sages regies qu'il s'est propose tie suivre. Revenu de ses voyages, il s'occupe a recueillir ses observations et ses souvenirs, au sein de la studieuse relraite oil il s'est renfcrme, ])our y Irouver ie calme que Ton desirerait en vain rencontrer dans le nionde. Ces disjjositions de I'auteur desarmeront sans doute ceux (]ui le trouveraient occujjb trop souvent de la jeune dame a qui ses lettres sonl ailrcsiees. 11 I'entretient des objets cnrieux qui I'ont frapjie dans son voyage a Rome et a Naples. II lui fait part de ses jjrcmieres impressions et de ses remarqucs a la viie tlu Forum , des toinbeaux de Rome antique, de la valiee d'Egeiie et dii Colysee. II n'oubiie pas les monu- mens de Rome moderne, et il compare entr'eux les grands hommes que I'llalie a viis briller a diverses cpoques. II pcint ensuiie Naples et ses environs ; Ba'ics lui rappelie la niort d'A- grippine, el Tapped da Vesuve ccllede Pline I'ancicn. Pompeia, Poeslum et Caseric I'occupent cnsuite; mais plnsieuis sujets sont seulement effleuros. A la suite de ces lei Ires se trouvent trois odes de Jules Genoi/io , Kapolitain, sur les monumens de sa ville natale et sur le lac Averne. F. S. 3-. — Essai sur la versijlcalion , par le comte de Saint- Led. T. 1*"''. Rome, i8'25 ; Salviucci ; T. II. Florence, 1826; Molini. 2 vol. in- 8° (le 5o2 et 209 ])ages. L'aiiteur de cet ouvrage avait fait des IMnscs les compagncs de ses liauies jiiospciiles. Doscendu noblement dii tione, il les a rainenees dans sa relraiie, et a senible croire qu'il n'avnit rien perdu. Excmplc de pliilosopiiie el de grandeur d'ame, trop ])cu rcniarque des contemporains, mais qui n'en fixera . pas moirps les regaids et les liominages de la poslerilc! M. le cnnite de Saint-Leu nous ajiprend, an coinmenccmejit de cet ouvrage, que c'esl lui c|ui, sons le voile de i'anonyme, proposa, dans le tenis, les queslions suivanles : Que'les sont (i) Ces rfcux ouvrages sont ger.er.'.lenient altiilmes en Ilali'e au fils dn relebre D.iiiHolo. lija LIVUES KTRiVNGERS. les difficuUcx qui s'opposcnt a t introduction du rhythme des anciens dans la pocsie frnnrnise ? Poiirquoi ne peut-on jiaa faire des vcrsfrancais sans riiites ? Le drfaut dejixiie de notre prosodie est-il un obstacle invincible ? Eu ce cm.s , pourquoi les niitres litn^ties y sont-elles parcenuesP etc. L'Acadeinie fran- caiie, cbargce ti'adjnger Ic })rix, couronna Ic Mcinoire de I'ahbe Scoppa , qui s'ctait effoicc de prnuver que les langues inodernes ont la quanlile metiique a I'egal de la grecque ct de la latiiie; qu'on pout inlioduire le iliYlliine de ces deux langues dans la versificaiion IVancaisc, et faire ainsi des vers francais snns rime; que ces vers seiaient jdus liarmonieux que les vers il'diens, etc. M. le comie de Saint-Leu, ne parta- geant point I'opinion de M. Scoppa, a cherche lui-ineme la solution des questions qii'il avail proposees. L'ouvrage que nous annoncons, et qui conlient, oulre ropinion personnelle de I'aulenr, un exirait de l'ouvrage ilalien de I'abbe Ba'ini , sur I'identile du rhyllime poeiique et du rliythine musical, a pour but de prouver que la prosodie fiancaise n'est pas assez deter- minee pour que notre versification ])uisse adojiter le metre des anciens; iiiais cin'elle pout, par la combinaison des accens prosodicjues, s'idcnlifier avec le rliytbme uutsical , ct qu'alois la rime, que Tauleur considere comme un ornement parasite , n'etant plus necossaire pour distinguer les vers de la jjrose, devrait ctre absoliiment proscritc. I^a nicihode que I'au'eur propose consisterait a distribiier les accents prosodiqucs couinie les lems frappes dans la musique, de tierce en tierce, de quarte en quarte, cu de quinte en f]uinte, c'est-a-dire dc denx en deux, oil de trois en trois, ou de quatre en quatre syllabes. Mais dans la niusi([ue les tems^ogaux entre eux, se composent ponrlant de notes incgales et dont le nombre est par conse- quent arbitraire, ce cpii ])roduit la diversite; tandis que dans la versificaiion les terns marques par les accens prosodiques auraient totijours le nieme nombre de syllabes; d'oii naitrait nne insupportable monotonie. L'anteur, presscnlant cette difficiilte, admet le melange des differens rhyihmes, c'est-a- dire que les distributions d'accens par tierce, par quarte et par quinte poiirraient se succeder d'un vers a I'autre, et quel- quefois dans le menie vers. C'est detruire d'une main ce qu'il a edifie de I'aulre. En effet, le rbythme n'est sensible que par sn conlinuite; il ne saurait varier dans ses parties constilutives. L'autcnr s'est donne la peine d'extraire de nos grands poetes beaucoup de vers qui lui paraissent conformes a sa methode. 11 a fail. plus : il a lui-meme compose, d'apres cetie methode, i'nn role sccondaire; el!e vient, d'ailleurs, conime tonics les passions huinaincs, s'arit'ter aux porles du tombcau. II p.irait que ranicur a vonlii donner .liiisi Iccliangea une classe de locleurs qu'un titre jilus grave aurait effrayes. 3(). — * Cominedic, etc. — Comedies du comte /. Giraud. Milan, iSaS-iSaG. IVIanini. 5 vol. in-8". Le siiccesdcs pieces de M. Giraiid est d'un bon aiigure pour iin genre jusqn'ici troj) peu cslime des Italiens. Dans ui; pays ou les passions sonl a la fois voliiptuenscs et ardentes, la co-iie- die a ele coiistamment sacriliee aux prestiges et au langage exprcssif (ie la niusi(|ue des operas. La rivaliie dos provinces, la divcrsile des formes et des usages , I'liabltiide des idiomcs locanx et ie manque d'nne langne i)ro|)re a la liaute societc s'op- posaicnt aux progres de I'art dramatiqiie en Italic. Ou doit sa- voir gre a M. Giraud d'avoir rcussi a siirmonler une parlie de ces obstacles. Lc Preceptetir dans I'cmbarras , comcdie qui a etc Iradiiile en francais, a fait apprecier la verve comiqiie de I'auteur. Nous poiiri-ioiis encore citer .sa comedic intiluice , Desiderio au dcsespnir , etc. , dont le fonds offre d'heureux in- cidens et des trails originaux. Les juges de I'art ontreprochea cet auteijr de ne pas a^se2 mcdiler le jdan de ses compositions; mais on s'est accordc a rcconnaitre en luile laknt de saisir les ridicules, et la /o/r turalistes de noire epoque , ou le; sciences naturelles sont culli- vees avec un si ctonnant esprit d'invesligation. Les differences que presente la struciare des os dans ces diverses races, offrent aiix; zoologistcs un vif sujet d'interet et d'etude. Depuis Camper, on s'est surtout beaucoup occupe de rechcrches sur la diversite des cranes. « Comme le crane, dit le savant auteiir de I'Duvrage que nous annoncons, differe selon les races, les autres os offrent aussi des caracleres particuliers... Toutefois , pour bien distinguer chaque os separe, il faut une patience et una penetration d'esprit pen communes. On reussit plus siirement lorsque, ainsi que dans le crane, d'autres os sont consideres dans leur rapport mutuel. Ce rapport est plus facile a saisir dans les os du bassin. » M. Vrolik examine les raisons de cette difference si visible entre les diverses races, et il presente a ce sujet des idees fort heureuses. Pour la faire ressortir davan- lage, il donne les figures des bassins d'un homme ef d'une femme d'Europe; d'un ncgre et d'une ncgresse; d'une femme boscliismanne; d'un homme et d'une femme de Java, et enfin d'une femme niestiche. Ces planches sont gravees et executees avec beaucoup de purete et d'exactitude. M. Vrolik, dont nous avons deja eu occasion de parler dans, la Revue Encjclopedique , e.n annoncant ses Memoires sur quelques sujets inleressans d'anatomie et de physiologic {yoy.^ X. XX , p. 607 ) , fraite la matiere qui fait le sujet de ce nouvel ouvrage avec lout le succes que Ton devait attendre de ses lumieres et de ses talens reconnus. Celte production, quoique tres-concise, est riche de reflexions neuves et judicieuses ; c'est une utile acquisition pour les sciences naturelles. DE KlRCK-HOFF. 46. — r * Guide des voyageurs dans les Pays-Bas et le Grand Duche du Rhifi,ctc. Treizieme edition , considerablementaug- mentee. Bruxelies, 1826; I'editeur, rue de Berlaimont , sec- tion VI, n° ii3i. In-i2 de 279 pa^es , avec une Carte geogra- pliique du royaume des Pays-Bas ; prix , 5 fr. Dans un moment ou le royaume des Pas-Bas, sous I'heureuse influence d'un gouvernement vraiment consiitutionnel , ami des lumieres et du bien public, voit sc developper tons les ele- raens de sa prosperite et forme un contraste honorable avec d'autres ^tats dont les chefs ne savent point comprendre les vceux raisonnables et les besoins des peuples , beaucoup de voyageurs eprouvent le dcsir de visiter et d'observer cette con- tree , si remarquable par Tiudustrie et le patriotisnie de ses habitans , et de voir comment deux populations bien distincles , les Beiges et les HoUajidais sont habilement fondus peu a peii i5o LI V RES ETR ANGERS, en un seul peuple , grace a des inslilutions qui assnrent Icur liberto et qui leur donnentune palrie commune. — Le Guide que cous annoncons, et (|uL se recoramande par le nombre d'editions qu'il a oblennes,coinprend, d'abord,nin precis liis- torique et gcographique des provinces des Pays-Bas jusqu'a leur erection en royaume, et des notions statistiques, qui dans quelques parties sont incompletes; puis, des observations, des instructions et des directions a I'usage des voyageurs, une nomenclature des raonnaies, poids et mesures des Pays - Bas, et leur rapport avec ceux des autres pays,un tableau des ca~ pitales et; des villes principales, une note des voitures publi- (]ues par terre et par eau , et des epoques de leur depart et de leur arrlvce; enfin , divers itineraires qui font parcourir dans tous les sens la Belgique et la Hollande, et auxquels on a joint de courtes indications sur les monumens, les etablissemens publics, les grandes manufactures et les objets les plusdignes de fixer I'attention dans chaque locallte. 47- — * Le Conducteur dans Briixelles et ses environs , con- tenant : i° I'histoirede cette ville, depuis son origine jusqu'au regne de Gulilaume I®''; i° le guide dans cette capitale ; 3° les renseignemens les plus utiles aux etrangers, avec les plans de Bruxelles et de la balaille de fValerloo ; par /. Gautier , avo- cat a la Cour superieure de justice de Bruxelles. Bruxelles , 1824 ; Berthot, libraire, Marcheaux bois. In-12 de 4o8 pages; prix, 5 fr. 48. — * Tableau statistique et historique d' Amsterdam , on Guide du voyageur dans cette ville ; par E. Maaskamp. Ams- terdam, 1821 ; E. Maaskamp. In-18 de Boo pages, a\ec\inplan d' Amsterdam , une vue de I'ainstel interieur et un panorama lithographic de cette capitale, de son port et de ses environs ; prix, 5 fr. IfQ — * Description succinate de La Haye et de ses environs , avec un nouveaii plan topographique.Iua Haye, i823; librairie francaise de Lyon. In-18 de 83 pages; prix, 4 fr. 5o. — * Guide des voyageurs dans la ville de Gand , ou No- tice historique sur cette ville, ses monumens et ses hommes celebres;par A. Voistn. Gand, 1826; H. Vandekcrckhove , imprimcur-libraire. In - 12 de 412 pages, avec un plan de la ville de Gand et de ses faubourgs. II contient une Notice histo- rique sur Gand , sur les monumens, sur les hommes celebres que cette ville a produils, et une description abregee de tout ce qu'elle renferme de curieux et surtout du beau palais de I'U- niversite qui fait le plus grand honneur au talent de M. Roe- landt, professeur d'architecture a I'Academie de Gand,et mem- bre de I'institut des Pays-Bas. PAYS-BAS. i5t Ces quatre Guides particuliers dans quatre villcs dignes d'e- tre \ isltees avec soin , servent de supplement et de complcinent naturel au guide general dans les Pays-Bas , et fournissent tous les renseignemens que les voyageurs qui visitent ce })ays peu- ventd&irer. M. A. J. 5i. — * Disputatio litteraria inauguralis qua. contineturV'Lk- TONicA PR050P0GRAPHIA, swe , etc. — Prosopograpkie de Vi^Pl- TON, ou Exposition du jugement porte par eel ecrivain sur tous les personnages introduits comme interlocuteurs , ou menfionnes de toute autre maniere dans ses ouvrages; par M. Guill. Groen van Prinsterer. Lugduni Batavorurn (Leyde) 1828; H. W. Hazenberg, Junior. In-S" d'environ 260 pages. 11 est bien rare qu'une dissertation, composce comme celle- ci par un jeune candidal, pour les epreuves qui precedent son admission au grade de docteur, soil un ouvrage solide et digne d'etre conserve; plus rare encore qu'un tel ouvrage offre en meme tems une lecture picjuante et agreable a ceux qui sent en etatde I'entendre. Tels sont pourtant les avanlages de cet elegant traife qui, avec celui dont nous parlerons bientot, ( voy. I'article suivant, ) a valu, en un meme jour, a son au- tenr les honneurs d'un double doctorat, en ])ljilosophie ( cs lettres comme nous disons ici), et en droit. M. Groen van Prinsterer parait s'etre voue a la profession de jurisconsulte, et nous verrons tout a I'heure qu'il y est entre avec distinc- tion : raais puisque son gout pour la critique litteraire de I'an- tiquite I'inspire si heureusement, nous desirous, dansl'interet de cette science , qu'il puisse lui consacrer par la suite de nouveaux loisirs, C'est une idee qui a dti plaire a tous les amis du divin Platon , que celle de leur offrir comme en une galerie tous les portraits dont ce grand peinlre a orne ses drames philosophiques ; car c'est le nom qu'il est permis de donner a ses plus beaux dialogues. On sail que cet auleur n'a jamais inspire de mediocres amours, et la societe si variee qu'il rassemble dans ses ouvrages interesserait encore, quand m^me elle leur appartiendrait exclusivement ; mals elle nous presente aussi en grande partie une elite de la civilisation an- tique, une foule de personnages celebres , plus ressemblans dans cette simplicity du costume ordinaire et plus vivans que dans I'histoire. Une telle matiere n'etait pas moins difficile que riche et attrayante. II fallait reunir pour la trailer dignement, I'etude approfondie du texle volumineux de Platon, et de ses nombreux commentateurs , celle de toute I'antiquite grecque, de ses poetes et de ses diverses ecoles philosophiques. M. Groen van Prinsterer a satisfait a ces conditions , sinon de maniere a i5a LIVRES STRANGERS. i I'galer ri(l(5e qu'il s'en forme lui-meme, comme il le cl!t dans son raodeste epilogue, de manicre du moins a surpasser beau- coup ce que Ton peut altendre du debut d'un jeune homnie dans ce genre de travaux. Avaut de passer a la descriptioa de ce livre , non sans rcgretter I'espace qui nous manque pour en faire connaitre les meilleures parties, nous ajouterons encore quelques mots aux eloges sincercs que sa lecture nous a sug- gercs. L'auteur, en se placant ainsi aux sources du plus pur atticisrae , lavait a reproduiie, non pas sans doute les gi aces si aimables et si nobles du plus grand des ecrivains, ce qu'il ne faut. demander a personne ; mais au moins I'aisance et le bon gout de sa nianiere. Aujourd'hui, en general, nos huraa- nistes coraposeiit plulot des phrases lalines, qu'ils n'ecrivent en latin, depiiis (pi'en France les etudes reelles ont fait di- vorce avec celte langue. II n'en est pas de meme au dela du Rhin, et particulierement chez les Hollandais dorit la langue, soeur cadette de I'allemande, pouvait moins que d'autres dis- puter au latin son ancien domaine scientifique. Le style ^e M. Groen, constamment clair et pur, rappelant I'ecole vrai- raent antique des Rubnken, des Valckenar et des Wittenbacb , se prele avec une facilile remarquabiea toutes les nuances de son sujet. Renoncant a traduire son autcur, il confirme et il embellit chacune de ses expositions par de tres-frequentes ci- tations grecques; et, a mesure que I'occasion s'en presente, il propose sur les texles d'excellentes emendations qui achevent de donner a son travail un mcrite philologique tres-remar- quable. Les trois ou (|uatre cents personnages dont le savant cri- tique avait a parler ne devaient pas paraitre indistinctement les uns a la suite des autres. Souvent les jiigemens partlculiers de P}aton sur les individus peuvent etre eclaires par ceux qu'il porlait sur les classes, les professions , les conditions , lessectes auxquelles ces bommes appartenaient. Ainsi, la connaissance des personnes interesse celle des cboses et des id^es , et reci- proquement. C'est ce que l'auteur a tres-bien coinpris; ses di- visions naturellement tracees lui permeltent de faire dominer I'esprit general de Platon sur la plupart des details individuels. Elles comprennent pour la premiere partie les personnages anterieurs a Socrate, partagcs en trois periodes : i" celle des tcms heroiques comprenant JEaque, Rhadamante, Amphion, Orphee, Musee, et plus tard Hesiode et Homere, ces peres de la philosophic et de la religion des Grecs; 2° celle qui s'etend depuis Homere jusqu'a la guerre persique, ou la poesie, la philosophic et la politique, commencent a prendre des rdles PAYS-BAS. i5^ separ^s, representees par Stasinus, St^sichore, Archiloqne , £sope, Sapho, Anacreon, Phocylides, Theognis, Simonide , Thespis, Epicharme, Lyciirgue , Solon, Pittacus, Thales , Ana- charsis, Epimenide.Pytbagoreetses premiers disciples; 3" en- fin, la periode qui nous conduit jusqu'a I'epoque de Socrate, coraprenant Cyrus, Darius, les illustres generaux atheniens, ensuite jEschyle, Pindare, Heraclite, Empedocle , Anaxagore et Democrite. La seconde partie , beaucoup plus etendue , se divise en sec- tions plus spc'ciales comprenant les diverses classes des con- temporains de Socrate et de Platon. Viennent d'abord les phi- losophes socratiques , pythagoriciens , eleates; ensuite , les sopliistes-pliilosophes, el les sophistes-rheteurs; les hoinmes publics, adniinistrateurs et generaux; les poeres tragiques et comiques,selon I'acception la plus etendue de ces deux genres; puis, les artistes, musicicns , sculpteurs , peintres, formant avec les malbematiciens une classe parallele a celle des mede- cins et des maitres de gymnastique , Tune appliquce a la cul- ture des ames, I'autre a celle du corps; enfin, un dernier groupe se compose des simples particuliers, botes, auditeurs, amis ou ennemis de Socrate et de Platon. Que de noms dans cette brillante revue rappellent les plus beaux et les plus nobles souvenirs de I'esprit liuraain! On s'apercoit que M. Groen van Prinsterer s'est livre a son travail avec amour : c'est pour nous nn motif d'esperer qu'il pourra le reproduire unjour avec plus de developpemens. Une erreur de detail, que nous lui indiquerons pour faire quelqne part a la critique, se trouve a la page 171 ou il parlc d'Eulyphron de Prospalte. Cette qualification Prosphaltius , tres-equivoque dans la construction de lapbrase grecque par le genitif, n'est point patronymique; elle se rapporte, ainsi que I'observe Heindorf ( sur le passage cite , meme page, ligne 21 ), a un des ])eti(s demes ou bourgs del'Attique, d'ou Eutyphron etait natif, et dont parlePausa- nias ( Att. cap. xxxi init ). 52. * Disserlatio juridica inauguralis de juris Justinianei prcestantia , ex rationibus ejus manifesta. — Dissertation sur le merite de la legislation de Justinien , demontre par ses prin- cipeset ses motif's; par Guill. Groen Van Prinsterer. Leyde, 1823. In-8° d'environ 100 pages. De tout tcms, les jurlsconsultes ont ete partages sur le me- rite de Justinien, comme reformateur, compilateur et abre- viateur du droit romain. L'historien Procope se contredit grossierement lui-mcme dans ses deux ouvrages sur le compte de Get empereur : Montesquieu ne parait pas faire grand cas de i5/, LIVRES ifeTRANGERS. ses Iravaux li^gislatifs; le celebre Savlgny,au contraire, luiac- corde liautemeiit son suffrage. Le blame ct la louangc lui ont ote prodigues par (I'aulres avec beaucoup d'exageration. Ani- luo d'un esprit d'irnparlialito et d'observation philosqphique, I'autenr de ce traile s'attache a exposer les services rendiis par Justinien a la legislation romaine; et, sans dissiniuler les de- fauts qu'ily aintroduits, il les tronve amplenient compensespar beaucoupd'utileschangemensconformesauxbesoinsdeson epo- que, et par de grands progr^s vers les vrais principes de morale sociale oil Ton reconnait I'influence du christianisme naissant. II s'occupe d'abord des motifs g(5neranx qui affectent I'enseui- ble du droit de Justinien : savoir, premierement, le respect pour C antique droit romain , tout en le degageant de ce que la decadence des terns ne pouvait plus supporter , d'un immense appareil de formes jadis nationales et de doctrines savantes, mais embarrassees ; en second lieu, le zele pour Je christia- nisme, motif d'un grand nombre de lois favorables a la dignite du culte, aux etabiisseraens de charite publique, a lastabiiile des mariages, a I'affrancliissement des esclaves et a la condition des femmes et des enfans qui s'etaient trop ressentis , dans I'ancieune legislation, du regime barbare de I'esclavage do- inestique : ce meme motif est moins biea entendu , lorsqu'il favorise I'accroissement de la propriete eccl^siaslique, et sur- lout lorsqn'il introduit dans les lois de Justinien la plus sangui- naire intolerance contre les heretiques, les manicheens , les paiens et les juifs; lorsque enfin il encourage avec une fa- veur particuliere la manie du celibat monacal, et que, par une erreur dont les consequences ont etc deplorables ( c'est un protestant r{ui parle), il oppose mille obstacles legaux au manage des pretres; troisiemement, enfin, Vesprit oriental, lesullal de la translation du siege de I'empire , consulte pour I'affermissement du despotisme et la formation de la cour , der- nier asyle de la grandeur romaine, mais dans I'ordre civil com- baltu puissamment par les institutions restees romaines de Justinien. Dans uneseconde par tie, I'auteur s'occupe plus longueraent des motifs particuliers qui regissent la legislation de Justinien, >tant sur diverses matieres deja enoncees, relatives au droit des personnes et a I'interet des mceurs, que sur la defense desmi- neurs, des pupllles, et des interdits , le maintien de la pro- priete et sa transmission par testamens , heritages , contrats , toutes choses que Justinien asimplifiees et delivrees d'un grand ijiombre d'abus de detail. Nous voyons ensuite les procedures rendues plus courtes et plus faciles; beaucoup de dcsordres LIVRES ETR ANGERS.— LIVRES FRANCAIS. i55 reprimes; les peines mieux appropriees aux delils, ettempe- rees dans ce qu'elles avaient de trop rigoureux. Enfin , I'au- teur parcourt rajjidenient un ccrlain nombre de bons regle- meus sur radministration du gouverneraent , de la justice et des iiTipots. Tel est le sommaire de cet ecrit ou I'oti troiive une erudition solide, etendue et judicieuse, comme dans le precedent ou- vrage , avec le meme talent d'execution. Tous deux , publics le rn^me jour , inspirent par ce rapprochement d'autant plus d'estime pour le jeune ecrivain qui a su faire marcher de front des travaux si divers. Le premier, plus agreable, plus impor- tant, nous parait contenir une sorfe d'engagement par lequel I'habile jurisconsulte est tenu de ne pas abandonner tout-a-fait les travaux litteraires. V-g-r. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. 53. — * Manuel complet du jardinier maraicher , pepinie- riste , botaniste,fleuriste et paysagiste ; par M. Zo«/i' Noisette, jnembre de plusieurs Societes savantes. Cinquieme et sixieme livraisons, formant la fin du tome III et la premiere moitie du tome IV. Paris, 1826 ; Rousselon , rue d' Anjou-Daupliine n° g. 2 vol. in-8" de 3 1 7 et 352 pages , plus le titre ; prlx de chaque livraison , 5 fr. et 6 fr. par la ])oste. (Voy. Rev. Enc, t.xxviii, p. 5i2 , t. XXIX , p. 782 et t. XXX , p. 746- ) Nous annoncons a la fols deux livraisons de cet important ouvrage, dont il ne reste plus que deux demi-volumes a publier; la seconde partie du tome premier est sous presse. La fin du tome III et le commencement du tome IV conliennent la suite de la description des plantes cultivees dans les jardins d'agre- ment ct connues dans le systerae de M. de Jussieu sous le nom de dicotylddones. L'auleur continue de donner les principes de culture convenablcs a chacune d'elles en les divisant en classes et en ordres. Quoique le systeme de M. de Jussieu soit genera- lement adopte, nous pensons que I'editeur fera bien de termi- ner son dernier volume par une table alphabetique qui facilite les recherches et empeche le Manuel d'etre subordonnc a une classification susceptible d'etre modifiee ou abandonnee. J. A.-L. S/j. — * Esquisse dela nature humaine expliquee par le raa- gnetisme animal. Paris; Denlu et Delaunay, libraires au Pa- lais-Royal. In-8", prix , 5 fr. i56 LIVRES FRANCAIS. Si les fails avarices par I'auteur ^taient admis, ils renverse- raient les lois {)hysiqiies rcconnucs jusqii'a present. II lui importait d'alleguer a I'appui de son systeme , des experiences Jiabilenient faites , et qui donnassent du poids ;i des asser- tions si nouvelles. Ces observations s'appli(juent a lout ce que I'auteur dit du niouvement , des rayons solaires, de I'air, de la tht'orie des sons, de la Inmicre, de la chaleur, de la vita- lile , de la spiritualite , etc. On ne saurait cependant lui refuser beaucoup de conse(]uencc dans ses raisonnemens, beaucoup d'ordre ou dc clarte dans le developpement de ses idees, et un style agrcable qui est assez rare dans les ouvrages remplis d'abstractions. Nous ne dirons pas quel est Ic systeme de I'au- teur, et son point de depart; il pourrait nous en blinier avec quelque justice, parce qu'il ne s'esplique lui-meme qu'apres avoir longuement dispose I'esprit du lectenr a recevoir I'idee nouvelle qu'il lui presente coiume elanl la verite. Nous ne pkr- tageons pas son opinion, niais nous nous garderons bien de Jeter du ridicule sur son travail; il serait peu genereux de dire d'un ecrivain ou d'un savant : il soutient une proposition inouie , a moins que I'espace no permette de rapporter en meme terns les motifs qui I'ont amene a penser ainsi. Les faits relatifs au m.agnt'tisme sont ici tels que dans les autres ouvrages fa- vorables a la realite de cetle liypotbese : ils sont surprenans, inconccvables, surnaturels. Les croire aveuglement, lesrejeter sans examen, ce serait peut-etre egalement prononcer avec legerete : nous croyons plus sage d'attendre encore. JE, 55. — * De V irritation consideree sous le rapport physiolO" giquc etpathologique ; par M. Broussais , D. M. Article faisant partie de la premiere livraison de V Encyclopedic progressive. Au bureau, rue Chanter eine, n° lo'; prix,2 fr. ( Voy. Rev. Enc, t. XXX, supplement du 88^ cahier. Avril 1826.) Les cinq articles qui forment la premiere livraison de \'En- cyclopedie progressive sont tous fort reraarquables; celui ou M. Broussais fait coiinailresa thc-orie niedicale, mcrlte surtout de fixer I'attention. Jusqu'ici cette theorie n'etait exposee que dans les deux nouveaux Dictionnaires de medec.ine , dans plu- sieurs recueils pcriodiques; mais , ces exposes, fails par d'au- tres medecins , plus ou moins pr«5venus pour ou contre la theo- rie elle-meme, ne pouvaient avoir le merite de I'originalite. Cette theorie a la verite se retrouve bien aussi dans les divers et nombreux ecrits de M. Broussais ; mais elle y est eparse , au lieu qu'elle est concentree et resumee d'une maniere substan- tielle dans Tarticle dont il s'agit. C'est un apercu rapide , mais •t peu pres complef, de toute la pensee de I'auteur; toutce qu'il SCIENCES PHYSIQUES. 1^7 a fait, lout ce qu'il a (lit , tout ce qu'il a ecrit , il I'a fait, dit. et -ecrit sous cette pensee doniinante. II nc j)eut qu'etre d'lin grand interet de la connaitre a fond. Cependant, comnie nous nous proposons d'offrir dans notre Rccue un tableau abregede I'etat actuel des connaissances medicales dans les prlncipales contrees du globe, et coniuie la doctrine de RI. Broussais oc- cupera dans ce tableau tine j)Iace proporlionnee a son impor- tance, nous n'insisterons pas ici , autant que nous eussions voulu le faire, sur cesujet. M. Broussais dit d'abord ce que c'est que V irritahilite , les irritans , Virritation ; il distingue avec soin Virritabilite de la sensibilite. La sensibilite apparlient au nioi , elle est la conse- quence de I'irritabilite qui appartient a tous les tissus orga- niques, animaux et vegetaux. Les modificateurs de I'irritabi- lite sont les excitans ; les irritans exallent I'irritabilite, I'elevent au-dessus ^11 dcgre normal et produisent Virritation, qui est I'otat morbide de Virritabilite ; celle-ci est douc du domainede la pbysiologie ; I'irritation, au contraire, source de toutesJes maladies, .nppartient a la pathologic. M. Broussais trace ensuite a grands traits I'liistorique de Tirritabiiite et de I'irritation; et il expose avec «n grand talent les principaux systemes qui qui se sonl totir a tour succede en inedecine. Apres cet aper- cu, oil ces di'vers systemes sont opprecies a leur juste valeur, M. Broussais jiasse a I'exposition de la theorie de I'irritabilite et de I'irritation et des dogmes principaux de la mcdeclne phy- siologique. Nous regrettons vivemcnt que rillustre })rofesseur n'ait pas donne a cette seconde partie un aussi grand, et raerae un plus grand devcloppement qu'a la partie historique. II semble qu'il ait cr.iiiit de trop parler de ses proprcs travaux. C'est la partie pathologique que i'auteur a le moins develop- pee. Cette espece d'oubli, si e'en est un, nous fait esperer que cet article ne stMa pas le seul que M. Broussais fournira a VEn^ cyclopedie progressive , et qu'il nous donnera de nouvclles oc- casions d'admitor son beau talent. L. 56. — Nouvelles regies sur fart de formuler ; par J/i, Briand, D'^M., etc. Paris, 1820; Bechetjeune. In - 8° de i32 pages; prix , 1 fr. 5o c. On doit deji)i plusieursbons ouvrages a M. Briand , et entre aulres un excellent manuel da medecine legale. Ce nonveau travail, dedie a M. le professeur Orfila, sera comme le prece- dent tres-utile aux eleves, auxquels il est destine; il manquait a leur bibliotheque. M. Briand expose d'abord la division des medicamens d' apres leurs effetsimmediats sur I'economie ani- male; puis, apre^ avoir etabli des preceptes generaux sur la J 58 LIVRES FRANCAIS. confection des formules , il entre dans Je detail des diverses preparations magistrales qu'on fait subir aux raedicamens avant de les administrer ; il expose ensuiteles regies a suivre pour les presciire , et indique les preparations dites ofiicinales et la dose des substances actives qui en font partie, cc qui ne se trouve dans aiicun Iraite de matiere inedicale. Quatre ta- bleaux synopfiqncs places a la fin du volume offrent une his- toire soininaire de chaque medicament et indiquent ses usages: Tin cinquieme est consacre atix eaux rainerales. H. H. 67. — Considerations chimiques et medicales sur I'eau de sellers ou de seliz naturelle , comparee avec I'eau de sellers fac- tice; par RIM. Caventou, Francois, Gasc et Marc. Paris, 1826. In-8" de 23 pages. C'est une consuliation demandee par le college de regence Uu duche de Nassau, que recomraandent les noras des signa- taires, tous honorablement connus. L'analyse chimique estde M. Caventou; il a surtout remarque que le gaz acide carbo- nique j)arait combine plus intimement dans I'eau de seltz natu- relle, qu'il se degage bien moins prompteraent , et non tout a la fois, comrae dans celle qui est prepaiee arlificiellement. On doit en conclure que la nature a des proccdes qui lui sent pro- pres , et qui, tant qu'ils nous seront inconnus, ne nous per- mettront qu'imparfaileraent d'imiter ses ouvrages. Cependant, les progres des sciences finiront, nous I'esperons, par dirainuer de plus en plus la distance qui separe encore les produits de I'industrie humaine, de ceux que nous devons a la liberalite de la nature , et chaque jour voit eclore une decouverte ousc dissiper un prcjuge. Aussi , nous avons ete etonnes de voir avancer encore, dans cette brochure, que, par une sorte de pouvoir occulte, les eaux thermales natureiles retenaientbien plus long-tems le calorique libre qu'elles contiennent , que les mcmes eaux minerales factices placees dans des circonstances semblables. Les experiences faites depuis quelques annees par M. LoNGCHAMPS ont raontre le peu de fondement de cette as- sertion, et prouvent que la chaleur des eaux thermales natu- reiles n'a rieu qui la distingue de la chaleur artificielle. RlGOLLOT^/i' , D. M. 58. — Bourbonne et ses eaux j/icnnales ; par M. Renard Athanase, D. M. p. Paris, 1826; Lagier. In- 18; prix, 3fr. Cet ouvrage conlient sous un ])etit volume un assez grand nombre de choses utiles. L'auteur ajoute les resultafs de ses propres etudes aux travaux de ceux qui ont ecrit sur le raeme sujet, et parmi lesquels M. Therrin , chirurgien en chef de I'hopital militaire de Bourbonne , merite d'etre cite avec dis- SCIENCES PHYSIQUES. iSg tinclion. I.es medecins trouveront dans ce volume des details interessans sur la composition chimique des eaux thermales de Bourbonne dont les proprietes medicales soni cgalement dis- cutees avec talent; les administrateurs du lieu pourront y pui- ser des renseigneraens utiles sur I'bygiene publique , et sur les rnovens a employer pour procurer aux maJades quelques dis- tractions necessaires a leur guerison ; endn toules les classes de la socicte y liront avec plaisir quelques apercus liistoriques et stalistiques d'un haut interet. Get ouvrage, ecrit avec clarte el meme avec elegance, se recommande par son but vraiment phi- lantropique et qui honore a la fois I'auteur et en assure le suc- ces. Latour, D. M. P. 59. — * Cours de geomettie elementaire a I'usage des eleves qui se deslinent a I'Ecole polytechnique et aux ecoles mili- taires;par .4.-7.-/^. Vincent , professeur de raafhematiques speciales dans I'Academie de Paris (college royal de Reims), etc. Reims, i8a6; Dclaunois; Paris, Bachelier. In-8° de 356 p. ; prix , 6 fr. En considerant qu'il existe deja plusieurs excellens traites de geometrie elementaire, on pent elre surpris qu'un jeune pro- fesseur se soit decide a en composer et publier un nouveau : et cependant les personnes qui liront le livre de M. Vincent trou- veront que cet ouvrage raerite les eioges et les encouragemens du public. C'est un traite tres-complet , fort bien redige, et qui ne s'ccarte jamais de la rigueur demonstrative. Le seul re- procbe qu'on peut faire a I'auteur est d'avoir rejete tousles problemes a la fin du livre ; mais il convient de ])eser les mo- tifs qui I'ont determine a ce plan avant de le condamner. Ces problemes sont tres-nombreux , bien choisis , et fort propres a donner aux eleves des idees exactes de la geometric et de ses rcssources. Les planches de I'ouvrage sont litliograpliioes , et quoique les figures en soient bien intelligibles, on prefererait qu'elles fussent gravees sur cuivre et plus espacees entre elles. M. Vincent donne des preuves, si toutefois il en etait besoin , de I'excellent enseignement qu'on donnait a I'Ecole normale, et renouvelle les regrets qu'on a dela suppression de cet ela- blissement utile et deja celebre. Je ne releverai pas ici quelques incorrections qui ont cchappe a I'auteur , et que sans doute il fera disparaitre dans une seconde edition. FRANca-UR. 60. — * Traite elementaire a I'usage du commerce et des finances , contenant des instructions precises snr Varithme- tique , les changes et la tenue des livres, suivi de quelques no- tions de geographic et de jurisprudence cornmerciales ; dedie a la Chambrc de commerce de Bordeanx, par L.-M.-C. Merle. i6o LIVRES FRANC AIS. Troisieine edition , revue , corrigOe et augmcntee. Bordeaux , 1826; Lavignc jeune, rue Porte-Uijeaux, n° 7; Paris, Baclic- lier. ln-8°; prix, 5 fr. M. Moile a fait de noinbrcuses additions a la premiere forme qu'ii avait donnee a son ouvrage; il I'a plus que double, et ne s'arretera ])as, dans les editions suivanics, a ce que celle-ci contient. II elendra les notions gcograp]ii(|ues, inullipliera les tables de poids el mesures, fournira aux calculs plus de dou- rees , et s'attachera de plus en phis a reunlr, a I'usage des nt^- gocians, ce que Ton ne peut liouver aujourd'hui que dans piusieurs ouvrages. Son -volume peul augmcnler encore, et tres-considcrablement, sans cesser d'etre portalif. L'utilite de son travail est attestee par la promptitude avec laquelle les deux editions prccedentes se sotit ecoulees; celle-ci merite encore plus de succes, et I'obtiendra; el a mesure que le livre sera plus complet, remjiressemcnt du public fera voir a I'auleur qu'il a suivi la bonne voie pour composer un ou- vrage v<5ritablement usuel. F. 61. — Table de Logarithmes a I'usage des negocians , par Felix Reishammer; troisieine edition. Paris , 1826 ; Dufour et d'Ocagne. In-8. de Sa el i3o pages; l>rix , 4 fr- 5o c. Cetie table donne les logarithmes avec ciuq deciniales des nombres compris entre i et 10400, et au moyen d'un tableau supplemenlaire on obtient meme ceux des nombres 10400 a 104000. Les nombres naturels soni places au liaut de chaque page, les fraclious se trouvent distribuees immediatement au dessous , et dans uue grande ])artie de la table surirois co- lonncs pour chaque nombre, ce qui donne en tout 128 frac- tions ordinaires; les logarithmes sont places sur la Kieme ligrie horizontale que ces fractions : la table est accompagnee de piusieurs tableaux propres a facillter les calculs de change , d'interet , d'escompte , et au commencement de I'ouvrage se trouve une instruction fort claue sur I'usage des logarithmes en general , et sur celui de cette table en particulier. On n'a jamais conteste I'exireme comraodite des logarithmes dans la plupart des questions que presente le commerce, niais doit-on preferer Icur emploi a celui de la regie a calcul que M. Jomard a fait connaitre en France il y a quelques annces? Nous sommes loin de le penser, et faisons des voeux pour que cet utile instrument soil enfin adopte par les commercans , que I'embarras et la mulliplicite des affaires entrainent souvent a des erreurs inevitables. L'etiule de I'iustrument exigerait sans doute plus de tems que celui de I'cmploi d'une table, mais cette perte serait bientot jdus que compensce. SCIENCES PHYSIQUES. i6i 62. — Manuel des amateurs desjcux de hasard ; par T*** , 'I'leve del'Ecole polyteclinique. Paris, 1826; BecLet aine. In-i8 de io5 pages; prix , 1 fr. aS c. Ce pelit ouvrage est divisc en deux parties : thcorie et appli- cations. La premiere compiend la formation du triangle de Pas- cal, les formules de permutations et de combinaisons ct la maniere d'en faire usage; muni de ces connaissances , le lec- tcur est introduit a la seconde partie, c'est-a-dire , au calcul des divcrses chances que presentent la roulette, le trente et (|uarante,la loterie et autres sources de revenu public; des observations generales le terminent. On saura gre a I'auteur our I'acquisition des droits. I^e jeune hommc prete serment d'obeis- sance aux lois, de devoument et de fidelite a la patrie. La jeunesse mancenvre deux fois par niois : elle est en scconde ligne. 3" La virilite , de 23 a 35 ans, manoeuvre une fois par mois, et forme la premiere ligne , en tenis de guerre. 4° La reserve , de 35 a 45 ans, en terns de paix , manoeuvre tous les trois mois. Le nom qu'elle porte indique sa destination en cas de guerre. 5° La maturite , de 4^ a 60, ne manoeuvre qu'une seule fois par an , et forme ime troisieme ligne. 6° Les ve- terans, de 60 a 70 ne font plus qu'un service d'honneur et a leur volonlc. En ras de guerre, leurposteesl aupres des aulo- jites centrales. 7° La vieillesse. Une place distingu^e lui est 170 IJVRES FRATVCAIS. reservce aux f^tes et aux asserablees pubiiques; c'cst elle qni rt'coit le serment de la jeunesse. L'artillerie ne fornierail plus un corps distinct; les villes auraient Icius canons et leurs canonniers. Le coi'ps du genie serait conserve et reuni a celui des ponts et cliaussees. La cavalerie serait fornice par inscription volontaire et organisee par cantons. M. de Franclieii ne parle point de retat-major des arniees, non plus que ile radministralion niililaire, qui re pent ttre iniprovisee en tenis de gueire, et qu'il fant ne- cessairement tenir prete en terns de ])aix. On sent que Texpo- silion d'un projet aussi vasic ne pent se passer de dcveloppe- niens etendus, de details, puisqtie c'est une macliine qu'il s'agit de inonler et de faire niouvoir, macliine qui, loin de se de- truire j)ar I'usage que I'on on lera , doit se perfeclionner de plus en plus, si les constructeurs out bien clioisi les materiaux , et si I'organisalion en est coinenable. Aux Elats-Unis, on con- serve en terns de paix un noyau d'arnice loiijours j)ret a recc- voir les miiices que Ton y incorporcrait au besoin. L'armee federaie des Suisses est ]ieut-elre le modele de I'orji^anisation quiconvient le micux a la force publique d'un 6tat, quelle que soil la forme de son gouveinement : on pourrait I'iniiter avec d'autnnt plus de confiance qu'elie a subi I'epreuve du tems , qu'elle est au niveau des connaissances acquises, accommodee aux moeurs europeennes, aux opinions dominantes, admissible partout, avec de tros-legers changemens. Quoi que disent les jiartisans des armees permanentes, on peul commencer des a jiresent leur suppression graduelle, insensible, sans sccousse iii danger, soit an dehors, soit dans I'interieur. Une autie \erite qu'on ne peut reproduire trop souvent, c'est que les etats qui parviendront a s'en passer seront les plus heureux etles plus respectcs. II parait que M. le general Sebastiani n'est pas de cet avis. Ce que M. de Franclieu dlt sur les armees navales ne suffit point pour que Ton puisse apprecier ses vues relativement a relle partie de la force j)ublique. II senible que la marine mili- taire ne ])eut admcltre des reductions aussi considerables que les armees de terre, el d'ailleurs , on sait qu'elle n'est pas non plus susceptible d'un accroissement rai)ide, et qu'il fant s'ini- poser en tems de paix quelqaes depenses pour maintenir la sureie des navigalcurs et I'honneur du pavilion. Mais quand meme M. de Franclieu aurait public de gros volumes, il est a peu pres certain que ses vues ne seront pas accueillies. II va droit au but, et s'occupe plus des interets generaux que des pretentions de casle, de profession ou de coterie : il s'enonce SCIENCES MORAI-ES. 171 avec une sincerite dont le ponvoir ne s'accommoJe point. En ecrivant comnie il I'a fait, el sur des siijets d'une aussi grande importance , on s'adresse plutot a ia posterite qu'a ses con- temporains; il faut borncr ses voeux a preparer le bien dans I'avenir, et ne point se flatter qu'on en verra I'accomplisse- ment. 72. — * De V esprit militaire en France , des causes qui contri- huent a I'eteindre , et des mojens de le ranimer ; par le lieute- nant-general Lamarque. DeuAicme edition, revue el augmen- lee. Paris, 1826; Anselin et Pochard, rue Dauphine n° g. In-8° de 182 pages; prix , 2 fr. 5o c. Un ouvrage qui est a sa seconde ('dition pent tire logardc comme juge: ii n'en sera pas ainsi de celui de M. le general Laniarque. Sa destinee ne sera fixcc et connue que par ies cve- neinens qui decideront du sort de la France. Il jiarait incontes- table que I'esprit miliiairc s'eteint parnii nous : I'esprit public n'est pas jjIus anime, et bienlot , le mot de patrie ne sera plus a noire usage, si ce n'est pour designer le sol natal. L'auteur propose des inoyens de ramener pai mi nous le gout du service militaire; ce n'est peut-etre pas le pluspressant de nos besoins. On ne peut se dissimuler que Vesprit militaire dont il s'agit dans cct ouvrage est un esprit de profession , et qu'il ne peut s'ailier a Vesprit public que dans un elat essenliellement guer- rier. M. le general Lamarque j)rouve fort bien que nos lon- gues guerres out affaibli I'esprit militaire : aurait - il bcsoin de la pais, pour se fortifier? Notre aulcur elabiit aiissi que Ies progres de la civilisation sont nuisibles a I'esprit militaire : il a raison, quelque sens que Ton allatlie au mot civilisation. En effet, il est evident que si la terre elait convene de socictes per- ifeclionnces auplus haul degre possible, iln'y aurait pins d'ar- njees. Les institutions militaires nd convienncnt qu'au long et difficile ])assage de la race humaine de I'etat de barbarie a celui de civilisation coraplete. M. le general Lamarque nous niontre a quels perils s'expose une nation qui marche imprudemment dans cette route de civilisation, sans prendre en nieme tems les moyens de se defendre, et il indique ces moyens pour la France acUielle : ici , les o{)inions se jiartagent, I'avis de l'au- teur ne sera pas generaleraent adoptc. Perfectionner , comme ille propose, rinslitution des armces jiermanenles, c'est per- petuer le melange de barbarie el de civilisation qui rend cette institution necessaire, etles vices sociaus qu'elle suppose. F'aire que le soldat puisse trouverdans le service militaire les avan- tages que toule autre occupation Ini aurait procures, c'est s'a- dresser dirctlenient a I'esprit de profession, ce grand ennenii 17^ LIVRES FRANCAIS. de I'esprit public. L'auteiir veut une organisation stable, et nous rassurcr conire Ic danger de voir I'arinee francaisc devenir parlementaire : nous sommes loin de cette apprehension , et lorsque nous meditons sur les institutions militaires qui nous coiiviendraient le mieux, toutes nos pensiies ont pour but de rendre VdiViXivc naiionale, francaise avant tout et par- dessus tout. Sans examiner si M. le general Lamarque a bien resolu les questions qu'il a trailces, on doit dire qu'iln'a pas aborde les plus importantcs de toutes; (]ue le mal auquel il veut porter remede n'est qu'un syniptome d'un desordre plus genera! et plus destructeur qui menace de s'etendre a toules les parlies du corps social; que Ton ne ]>eut esperer une veritable guerison qu'en altaquant le mal dans sa source, par des moyens qui ne peuvcnt eirereveles qu'a ceux qui auront considcre la France sous tous les aspects, au lieu de se borner a un seul. L'ouvrage de M. le general Lamarque est tel qu'on devait I'attendie d'un ofticier aussi instruit; mais il n'est pas encore tel qu'il nous le faudrait, ou nous ne sommes pas ce que son livrc exigerait pour executer ce qu'il propose. Si noire etat politique et moral peut obtenir quelque amelioration impor- tante , les projets de M. le general Lamarque n'y seront peut- etre plus assortis. En toute chose, il faut commencer par le commencement, et organiser la nation, avant de s'occuper de son armee. F. 73. — P races de T Evangilc i^partie morale et fiistorique). V^ ^^arUe. Paris, 182G; Touquet et Ci® , galerie Vlvieune. In-8° de i5o pages; prix , 2 fr. 5o c. M. Touquet est editeur d'une Bibliotheque populnire in - 3'Jb ( voy. Rev. Erie. , t. xxxi, p. 191). Les qua ire premieres livrai- sons avaient paru : la 5'"=, composee de I'Evangile , partie mo- rale et histoj-ique , a donne naissance a des debats judlciaires el a des discussions dontce volume a pour objet de rassembler les elernens et de conserver le souvenir. ]Ne pouvant nous li- vrer ici a I'examen des questions plus graves que difficiles qu'a soulevees cet etrange proces, nous nous contenterons d'indi- quer a nos lecteurs ce que contient la brochure que nous an- noncons. On y trouve a[)res un article du Drapeaii-Blanc qui a precede la saisie de l'ouvrage, I'analyse de I'inlerrogatoire du prevenu ainsi que celle du rapport du juge d'instruction a la chambre du conseil et de I'ordonnance de cette chambre qui renvoiel'edileur, M. Touquet, I'imprimeur et les libraires de- vant le tribunal de police correctionnelle comme prevenus d'outrage a la morale religieuse. Ici nous nous croyons obliges SCIENCES MORALES. 173 de reprocher a M. Touquet ime faute impardoiinable dans >in livre qu'on aurait droit de considerer d'apres son litre, comme un recueil de clocuinens officiels. II iie suffit pas de metti-e en note, comme il I'a fiiit page 12 « Ce nest pas la le texte , mnis hien le sens de Vintcrrogatoire. » Ce sont les textes que le )ec- teur veut avoir sous les yeux dans utie compilation de cetle na- ture.— Viennent, cnsuile sous la rubrique « Opinion publiquey> , les articles desjournaux de toute couleuranti'rieurs aux dcbats judiciaires; ])uis le comple rendu de ces dcbats, le rrquisitoire de M. I'avocat du roi Levavasseur et celui du princ pal ac- cuse , M. Touquet ; puis le plaidoyer que devait prononcer M^ Lucas, avocat de M. Terry, libraire, Tun des prevenus, lequel a fait defaut ; puis une nouvelie serie d'articles ou de lettres inscreesdans les journaux; enfin , plusleurs pieces rela- tives a la defense, et le texte du jugement. Le tout est precede d'une note assez curieuse, extraite du journal des Debats du i3 septembre 1826 et suivi d'une Biographic de M. Touquet-, tiree du Pllote etcontrelaquelle ce libraire parait s'inscrire en faux. Ce livre aura necessairement une suite; car le proces . Enc. , t. xxii, p. 173 , t. xxvii, p. 848 et t. XXIX, p. 24G ) , M. Destutt de Tra<;y pu- blic maintenant la setonde section ou plutot le Traite de la volonteet de ses effets. Ce Traite est divise en trois parties : dans la premiere , qui avail dcja paru scparee sous le litre de Traite d'econornie politique (^ voy. Rev. Enc, t. xviii, p. 646 ), I'auteur s'occnpe de nos actions; dans la seconde, il traite de iios senlimens, et la troisieme devait avoir pour ohjet la maniere esare derutillte; /(°de I'industrie fabricante y coinpris r.Tgriculture; 5° de I'industrie commercante; 6" de la monnaie; 7" n'flcxions sur les chapitres precodeiis ou intro- duction au cliajjifre 8 qui traite de la distribution denosri- chesses enfre les individus; g** de la ])opulalion ; 10" conse- quencei et dcveloppemensdes deux chapitres precedens; i i°de I'emploi de nos richesses ; 12° des revenus et des depenses du fjouverneineiit et de ses dettes ; i3° conclusion. Vient ensuite un extrait raisonne servant de table analylique. On tronve en- fin le coramencement de la seconde partie du Traite de la vo- l(mte, cbapitre du plus grand inleret et base de la partie mo- rale. Une note finale ajipi end qtie RI. Deslutt de Tracy souniet aujourd'liui le commencement de ce cinquleme volume au pu- blic , parce qu'il n'a plus I'esperance de I'achever. « Apres avoir developpe, dit-il, la nature et les consequences de' nos divers besoins , j'aurais ])eut-etre ose faire connaitre par quel- ques niorceaux detaches mes opinions sur Irois points inipor- lans , savoir : les idees religieuses, i'orf,'anisation de la societe et 1 'instruction de la jeunesse : mais rien de tout ccla ne m'est ]ilus permis et ce inorcean sera mon (lender ecrit. « Cette troi- sieme parlie devait servir d'inUoduction aux sciences pliv- siques et malliematiques; singulier rapport enire deux mcfa- pliysiciens celebres : Cundillac ne put de meme terminer sa langue des calculs. T. R. 75. — * L'art lie verifier les dates, depiiis I'an I'j'jojus- tju'a nos jours; formant ia conlinu;ition , ou Iroisieme parlie de i'ouvrage ])ubru', souscenom, paries religieux benediciins de ia congregation de Saiut-Maur. T. 1, 11, ill, v, ix. Paris, 1821-1826; Auibroise Dupont. 5 voi. ia-8° ; prix , 7 fr. Celle parlie , rt'digee par une societe de savans et d'honnncs SCIENCES MORALES. 175 de lettres, parnii lesquels nous citerons MM. de Lacretelte itnne , Hase , Saint- Martin , ^Ibel Remusat , IValckenaer , Eyries, Depping , Warden, La Bouderie , etc., est pubJIee ])ar M. (ie Courcelles, auteur dc divers ouvrages hisloriques et heraldiques. Lcs cinq volumes que nous avons sous les yeux comprennent la suite de la chronoloyie liistoriiiue des rois de Fiance, des rois d'Anglelerre, de la Hollande et des Pays-Bas, des empe- renrs et des diffcrens souverains de I'Alleniagne, des Suisses , de Geneve et de Mulhausen, la chronologic historique des Maures d'Espagne, la suite de celle des rois d'Espagne, des rois de Portugal, des rois de Sardaigne, la concordance des calendriers gregorien et republicain , et enfin la chronologie historiqne de I'Amerique. tt. 76. — * Annales historice illustrium principum Hannonice. Libritres. — Annales histori(]ues des nobles princes de Hainaut. Livres I, II, III. Par Jacques de Gutse; truduites en francais, avec le teste latin en regard, et accompagnees de notes. ( Le teste est public pour la premiere fois sur deux manuscrits de la Libliotheque du Roi. ) Paris 1826; Sautelet et compagnie. 2 vol. in-8° de viij-48 xij-/,9op.; pris, y fr. Jacques de Guyse fut uu bon religieux, ami de I'etude et fidele observateur des devoirs de son etat. II naquit a Mons, au xiv" siecle, d'une ancienne famille du ILiinaut, I'une des plus considerables de sa ville natale. Engage dans I'ordre des Eranciscains , il fut recu docieur en theologie, et professa cette science, ainsi que la pbilosopliie el les malhemaliques , pendant environ vingt-cinq ans, aux jeunes religleux et dans diffoienles maisons de son ordie. II consacia ses loisirs a I'etude de I'histoire et des antiquites du Hainaut, et composa , avec les exlraits de ses lectures, une chronique que Ton pour- rait appeler universelle, s'il ne s'elalt plus particulierement aitache aux annales de sa patrie. II donne I'liistoire de la Belgique entiere ; il y joint me.ne I'Hibtoire saintc, I'Histoire romaine, celle des Perses et des Grecs. Get ouvrage, fort im- portant pour les amateurs de i'liistoiie, est ])iiblie et traduit par ftl. le marquis de Fortia , I'un de nos l)ib!iographes les plus savans et les j)lus distingues, O. 77. — * Hisioirede la Coloinbie j par M. Lallement. Paris, 1826 ; Al. Eymery. Iri-8" de Sao pages; prix, 5 fr. L'histoire de cette immense contrce qui forme aiijourd'hui la republiqjie de Goloinbiene commence qu'a I'epoque de la con- quele; rcxi^tcnce anteiienre des peuples qu'elle adetruitsn'a laisse que peu de traces sur la terre, et leur sanglante cata- i7fi LIVRES FRANCA.IS. stroplie est presque le seul souvenir qii'ils aient lt?gu6 a la pos- teritdDepuis ce grand cvcnement, I'histoire dela Colombie se partage en deux epoques principales : le regime colonial et la revolution. — La premiere, qui comprend environ trois siecles, estslerile en evcnemens ; elle n'offre que I'affligeant spectacle d'un peiiple que son gouvernement retient a dessein dans le double neant de I'ignorance et de Tesclavnge. L'auteur a pense avec laison (|u'il serait sans aucun in;erct de raconter en de- tail radmlnistration de ces delcgues de la mctropole, dont la mission seniblait se borner a gtner les progrcs de I'intelligence Lumaine, anssi bien que le developpement des facultes pro- digieusement fecondes de la nature. II .se coritente de presenter un tableau rapide des iniquites et de la folic du regime colonial. Remontant jiisqu'a la decouverle, aussi feconde, dit-il, en prodiges de navigation qu'en heureuses temerites, il rappelle I'etat des naturels avant et ajjres les desastres de la conquete , et il monlre comment s'est forraee la population nouvelle. Dans la seconde partie de son liistoire, l'auteur recherche les causes immediates de la revolution , il fait le tableau de la si- tuation de la metropoie en i8d8 , et il suit en detail toutes les vicissitudes et tous les progres de I'insiirrection , depuis le jour oil elle eclata dans la Nouvelle-Grenade, jusqu'a la bataille de- cisive deCarabobo, et jusqu'a la proclamation de I'acte consti- tulionnel. Le dernier chapitre offre I'expose de la situation actuclle de I'empire. Peut- etre on pourrait relever dans cette histoire quelques inexactitudes inevitables en un parcil sujet; peut - etre aussi laisse-t-elle a desirer quelques donnees statistiques, quelques details de localite, qui, sans etre preci.sement du domaine de I'histoire, semblent cependant necessaires pour completer celle d'un pays jusqu'a present si mal connu. Cette remarque d'une critique un peu exigeante ne nous empeche pas de recon- naitre (|ue ces annales d'un peuple nouveau nieritent de fixer I'aitenlion des lecleurs, soil par I'intcret et I'importance des faitSjSoit par le talent de I'ecrivain qui les raconte; et I'his- toire de la fondalion d'une republique qui, des les juemieres annees de son existence , exerce deja une si puissante influence sur les affaires du monde americain, doit piquer vivement la curiosite. M. A. 78. — Resume de I'histoire des jesuites, depuis I'origine jus- tju'a la destruction de leur societe; suivi de considerations sur les causes de leur elevation et de leur chute, et d'un examen critique de leurs constitutions; par Ch. Laumier. Paris, 1826; Dupont et Roret. In-i8 de xii 564 pages; prix , 3 fr. 5o c. SCIENCES MORALES. 177 L'auteur declare, dans sa preface, qu'il a surtout apport(5 la plus grande bonne foi et la plus severe iniparliallte dans ce travail relatlfaun sujel qai , d'apres son opinion, n'ajusqu'i\ cc jour ete traile que par des partisans ou par des ennemis do cet ordre snr lequel on a tant ecrit. Certes, une telle qualite a toujours ete rcgardee comme le premier devoir de I'hislorien. Ayant done concu I'idee de son resume, il s'est attache avant tout a lire avec une scrupuleuse attention la pins grande partie de ce qui a ete ecrit pour ou conire les Jesiiites, ne voulant devenir ni apologiste, ni detracteur, guide seuleraent par un sage esprit de critique et par le desir de ne presenter a ses lec- teurs que I'esacte verite. Si tous ceux-ci n'approuvent pas ega- lement ses reflexions sur leshoinmes ct sur leschoses, dumoins ils trouveront dans sa narration de nombreux indices d'une ■vaste erudition, et peu de resumes ont offert une histoireplus riclie, plus variee, plus complete. Dans les deux premieres parties, il trace un fidele tableau de I'esistence des Jesultes sur tous les points du monde oil ils ont paru , plus ou moins puissans; il mele a cerecit general des details biographiques sur lesprincipauxpersonnages , specialementsur Ignace de Loyola, et analyse les constitutions de la soctete. Dans la troisieme partie, il traile des causes de la grandeur et de la chute des Jesuites, et dans le -viie et dernier chapitre, il repond a cette question : le retablu.temenl des Jesuites peut-il etrc utile a Veglise et a la societe civile? « Si les Jesuites ccnsentenl a introduire dans leurs constitutions les modifications que le terns et le progres des lumieres ont rendues necessaires, dans un monu- ment du xvi^ siecle, s'iis cessent d'etre Jesuites, pour n'etre plus que des raoines obscurs et ignores, ilseront ridicules dans le monde, a charge a Teglise, et inuliles a la cour de Rome , a qui ils n'offriront ])lus que les secours d'une milice impuis- sante et desarmec. S'ils apparaissent avec tout I'orgueil dont ils furent entaclies autrefois , avec toutes leurs pretentions ultra- montaines, qui leur furent si long-tems reprochees, ils seront dangereux pour I'Egliseet pour la societe civile. Leur appari- tion dans le monde chrctien eveillera mille inquietudes, rappel- lera miile souvenirs, et fera pousser mille cris d'alarmes. '< Qu'ils ne s'imaginent pas employer avec succes aujourd'hui celle politique adroite qui leur reussit autrefois: les preven- tions sont trop vieilles et trop fortes. On ne leur tiendra compte ni des vertus qu'ils posscderont, ni de celles dont ils feront etalage. Quelque rang qu'ils prennent, quelque place qu'ils occupent, partout ils seront dans une fausse position , parce que le monde les repousse. S'ils sont modestes, on les accu- T. xxTii. — Octobre 1826. 12 178 LIVRES IRANC/VIS. sera d'hyixci'isie; s'ils affectent de I'assurance, on diia quits soiit orgueilleiix; si, coniptant sur d'illuslres protections, ils inontrenl de I'orgueii , on les taxera d'insolence. lis seront d initant I'liis n)al accueillis, qii'ils sont generalement connus, plus scvcrement juges, et que ce qn'ils ont fait autrefois, et surtout ce qu'oti leur attribue , n'inspirera aucune confiaiicc en ce qii'ils jironieltront de fairc dans I'avenir. o II est des institutions que des siecles accueillent ; il en est dautresque Ics siecles repoussent; le notre n'est pas favorable au retablissement des cor])orations rcligieuscs, et la resurrec- tion des Jcsiiites serait un contre - sens politique, cpii choque- rait ouvertement toutes les idees reciies. » !,e style de M. Cli. Laumicr convient a I'liistoire; il est i.in)ple, precis, et souvent ties-energique. B — u. 7g. — * Resume de la doctrine des Jesuites , ou Extraits des assertions dangereuses et ])ernicieuses soutenues par les Je- suites dans leurs ouvragesdogmatiques, recueillies et publiees par ordre du Pailement, en 17G2. Paris, i8'i6; Bourgeois, rue d'Aiijon-Daupliinc, n" 8. In- 18 de 3yo pages; prix, 3 fr. Piiisque par nii concours de circonslances qu'il ne nous est pas donne d'apprecier et de developper ici, la sociote so voit forcee a la defensive contre les attaques hautement avouees d'une secte que repoussent nos lois et nos mceurs, on doit sa- voir gre aux auteurs qui, se faisant pour ainsi dire les rappor- teurs d'un proces dont I'inslructlon est si lente, donnent a I'o- pinion publique les moyens de prononcer en connaissance de cause un jugement qui , nous I'esperons au nioins , sera enfin sans appel. Mais en examinant le grand nombre de ces livres de tons les genres et de tons les formats, de ces brochures , de ces articles de jouriiaux , de ces consultations el de ces nie- moires destines a faire connaitre les maxinies de la Socii'ie de Jesus, n'avions - nous pas droit de nous eionner qu'on n'eiit pas reinonteaux sources originales, et public au moins tin ex- trait des assertions im])riniecs par ordre du parlemenl ( i ) , ou- vrage dcvcnu trcs - rare, et quesa cherte et rinconiniodile de son format rendaient trcs-difficile a consuller. Nous avons sous les yeux cet extrait quia, conimele dit I'editeur dans une pre- face destince a en faire connaitre le plan et la division , le ine- rite singidier d'etre fait avec des ciseaux. Nous ne pouvons (i) Voy. Rev. Enc., t. xxx, p. r8o (caLier d'avril iS'26),ouce regret est exprinie a I'occasion d'un petit ouvrage intitnle : Etiennes aux Jisiiiles. SCIENCES MORALES. 179 nileux faire connaitre le but de ce travail et la maniere dont il est execute, qu'en citant quelques passages de cette preface. '< Le premier chapitre, sous Ic titre d'unite de sentiment et de doctrine, etablit d'une maniere formelie I'adhesion detoute la Societe aiix principcs professes dans son sein. Dansles au- tres chapitres se trouve d'abord tout ce qui a rapport an pro- babilisnie et au peche philosophiqiie , doctrines qui peuvent etre regardees comme ies fondeniens de toute la morale j6sui- tique; puis Ies applications de cette doctrine au parjure , an vol , a Vimpudicite , a.\' homicide. ..l^aws, avons aussi evite avec soin tout ce qui n'etait pas tire dcs ouvrages dogmatiques... suppritne tout ce qui appartient a I'bistoire... et admis seule- luent Ies o[)inions publiees et soutenues comme probables par Ies jesuites , et encore dans ce genre , nous n'avons pas cru que tout ful a prendre dans Ies assertions : nous avons du nous conformer au gout et aux idees de notre siecle... Le Parlement pouvait autrefois faire un crime aux jesuites de leurs ideas sur la communion sacrilege, I'irreligion , I'idolatrie... Mais main- tenant quetoutes ces fautes sont regardees comme sortant de la juridiction sociale, qui pourrait donner la moindre attention aux declamations de la cour ? « Suit un tableau coraparatif des chapitres du livre des asser- tions et de I'extrait qui en est publie ; on y fait voir dun coup d'ceil quels sont Ies points de la doctrine des jesiiiies qui out ete juges moins dignes de I'attention des lecteurs. Cette citation un peu longue nous a paru necessaire pour donner a nos lecteurs une idee juste de cet ouvrage exccuti; avec une bonne foi et une moderation que nous ne saurions Irop loner, et dont rautlienticitc ne peut etre contestce, puis- qu'il n'est compose que de propositions avancees et soutenues par Ies auteurs Ies plus renomines de la Societe : nous nous absliendrons d'en rien citer ; I'embarras serait grand pour nous s'il fallait choisir eutre Ies assertions des Buzembaum , des Castropalao , des Eicobar, des Fagundez , des Gobat , des Larroix , des Sanchez ,d.e^ Suarez, des Taberna , des Tambou- rin, des Tolet , des Gregoire de Valence , sur le parjure , le vol et la compensation occulte, sur I'homicide, la simonie et la prevarication; et notre plume se refuserait a tracer leurs maxi- mes sur rimpudlcitv^, dont le cynisme a tellement elfraye le Par- lement qu'il n'a pas ose Ies traduire, retenue que reulteur a sagemenl imitee. Nous ne terminerons cependant j)as sans dire un mot des trois tables qui accompagnent cet ouvrage ; la premiere est une liste alpliabetique des auteurs cites (au nombre de 8i ) avec i8o LIVRES FRANCAIS. rinilicalion des differens points dcdoclrine sur lesquelson les a mis a contribution; la dcuxieme est nn catalogue cbronolo- gique deiaille des ouvrages cites dans ie resume; la troisieme est line table des cliapitres j;ar ordre des nialieres avee les noms des auteurs cites et des ouvrages anonynies. Ces trois tables, en facilitant les recherclies, complelent ce petit et utile ouvrage , que nous recominandons a lous ceux (]ui veulent avoir una connaissance exacte et certaine des doctrines avouces par la Soclete. Ph. D — s. 80. — * Histoire du rol Suint-Louis , par (te) sire de Join ville; nouve lie edition , preccdee d'une Notice historique , sur{le) sire de Joinville. Paris, 1826; Desanges. In-8° ouin-12 de 267 pages ; prix, 4 fr. in-8°, 1 fr. 5o c. in-12. Parnii les clironiques nalionales , auxquelles recourcnt maintenant lous ceux qui s'occupent un peu serieusement de I'histoire de leur pays , il y en a qtielques-unes, qui soit par leur brievete , soit par le caraclere du heros, soit par I'interet de la narration, ont merite d'etre plus connues , au moins de nom : il n'est personne en effet qui n'ait entendu parler de Thistoire de Saint-Louis, par Joinville , de celle de Henri IV, par Perefixe, conime de celle de Louis XI, par Philippe de Comines, comme de celle de la premiere Croisade , par Ville- Hardouin : ce serait done , selon nous , rendre un veritable ser- vice ala litferature francaise , et surtoul aux personnes qui ne pourront pas se procurer les belles collections publiees daus les derniers terns , que de choisir enlre nos chroniqueurs , ceux dont les ouvrnges ont reelleinent merite leur renommee. De ce nombre est I'histoire de Saint-Louis, que nous nous plaisons a annoucer aujourd'hui. La narration de Joinville est adressee a Louis Hutin , petit- fils de Saint-Louis : elle se divise en deux parties ; il est ques- tion dans la premiere de la vertu et de la piete du prince , dans la seconde, de ses hauls fails d'armes. C'est dire qu'on trouve d'abord une suite d'anecdoles qui paraissent rapportees selon I'ordrc des tems , et ensuite les evenemens qui par leur im- jiortauce appartiennent reellemenl a noire histoire. Toutcs les deux , et la premiere surtout , sont remarquables par cette peinture naive de sentimens (jui se trouve rarement dans les auteurs niodernes : Joinville raconte avec une sorte d'admiration que quant a la religion. Saint - Louis ne vou- lait pas qu'un laique dispulat avecjun heretique, de paroles , mais seulement de I'eapee de quoi il doit donner parmi le ventre dedens, tant comme elle y peut entrer. (p. 17) II trouve aussi ires-bien qu'un clerc a qui trois sergens , au Chalelef, SCIENCES MORALES. i8i avaient pris sa robe , soil revenu avec iine arbalete et un fauchon , les tuer tons les trois pour ravoir sa soutane (p. 40); et la ce n'est pas sans plaisir que nous voyons Saint-Louis , I'un ^des rois, da reste, qui, malgie qnelqiies faiblesses, ont le plus honore I'humanile , donner en passant une severe lecon a ces gouvernemens qui croient s'honorer beaucoup, en soulenant de tout leur pouvoir jusqu'aiix vexations des plus vils agens d'une police tracassiere : frnppe de la bravoure dc ce clerc , 11 le prend a son service ; et ceste chose vous foiz-Je encore , ajoute-t-il , pour ce que je well bien que ma gent voient que je ne les soutiendrai en nulles de leurs rnauvesties. Nous pouvons done dire avec vcrite, que ceiix qui liront I'histoire de Saint-Louis y trouveront a la fois beaucoup d'agr6- ment et d'instruction. Nous inviterons cependant les edileurs , s'ils publient un autre ouvrage de ce genre , a soigner un peu plus I'ortho- graphe : des lettres sent passees ou retournees; quelques-unes sont raises pour d'autres : le vieux francais exige dans la cor- rection des epreuves une plus grande attention (juenotre lan- giie moderne; au reste, lespersonnes peuhabituees a la lecture de ces anciensecrivains sauront gre aux nouveaux edlteurs des notes qu'ils ont placees au bas des j)ages , ou ils eclaircissent et corrigent quelquefois le texte , et du glossaire ajonte a la fin du volume; nous croyons encore qu'une table analytiquc des matieres n'eut pas ete inutile pour ceux qui aiment a se rappe- ler et a retrouver dans leurs details originaux, les anecdotes qu'ils ont vues indiquecs dans Millot, Henauli. et antres abreviateurs. ^ B>J. 81. — Notice historique sur les medecins du Grand Hotel- Dieu de Lyon, lue en seance publique de I'Adrainistralion des hopitaux, le 4 mai iSaS, par /.-P. Pointe , D. M. Lyon, 1826; Theodore Pitrat. In 8" de 54 p. La fondation du Grand Holel-Dieu de Lyon remonte a une epoque deja fort ancienne : mais M. Pointe ne commence sa liste des medecins de cet hopital qu'a I'an'nee i532, faute de documens suffisans sur les tems anterieurs. Cette liste s'ouvre avec le nom du joyeux historien des aventures de Panlagruel, Rabelais, qui concut a I'age de quarante ans le projet d'etudier la medeclne : un espace de 3oo ans environ rempli par 62 noms, le separe de Dumas, appelc a I'Hotel-Dieu de Lyon en 1795, et qu'une mort prematuree enleva a la science a I'age de qua- rante-cinq ans. Le travail de M. Pointe prouve qu'a Lyon I'honorable profession de medecin a trbuve dans tous les tem& i8s LIVRES FRANCALS. des lioniines caj)ables de reiuplir les iniportans et rigourcnx devoirs qu'elle impose. J. 82. — * Parallelede Tacite et de Cir.eron , par M. Maillet- Lacoste, professeur de litteraturc latine a la Faculte de Caen. Paris, 1826; Brunot-Labbe , libraire de lUniveisite, qiiaides Augustins, n" 38. In-8°. L'auleur considere trots parties dans leparallele de ces deux grands liommes, le carnctvre dtt citoyen, le genie de I'homme d'etat , le talent de I'ecrivain. Si, dans la premiere, il accorde la stiperioritc dii caractere a Tacite, il nous laisse cepeiidant pros'ernos devant Yiniage du consul qui hrava les poignards de Catilina pour sauvcr sa patrie , et du venerable vieillard qui, poursviri a oulrancc sur le sol de cette meme patrie , avanca paisihlement la tele hors de sa litiere pour recevoir la mort des mains de son client. La seconde partie de cet opuscule parair plus originale. On commence par s'etonner des ressources que montre I'auteur pour rapproclicr, comnie liomme d'etat, Tacite, qui n'a rien f.iit, du consul qui, le vremier cntie tous les Romains, recut le litre de pere de la patrie , et fut le seul qui le inerita. Toutefois , ce rapprochement est prcsente par M. Maillet- Lacoste el motive avec tant d'art, qu'on arrive , sans trop de surprise , a cede adroite conclusion , toufe en faveur de Tacite : n Telle est la mi)llifude des apercus politiques semes dans son liisloire, qu'avec celte histoire mulilee, il nous fait sentir en lui I'hoiTiine d'ptat ])lul6t que Ciceron avec son consulat si acllf, avec ses discours si innltiplios dans ie senat et dans le forum , avec tout cet ensemble si imposant sur les lois et sur les moeuis. Les consuls et ies empereurs ont passe; I'em- pire romain est fini; Tacite nous apjiarait au-dessus des consuls et des empereurs pour exercer jin eternel empire sur Ions les liommes qui aspirent a la science de gouverner les ])euples. » M. M.iillet-Lacoste parait avoir appris de Tacite hii-meme le grand art de tout peindre par masses et en resultats. Aussi sa brochure est-elle fort courle. Cependant la troisieme partie a plus d'etendue que les deux aulres. On y trouve exposes dans tout leur eclat, envisages sous tous lenrs aspects, com- pares dans tous lenrs rapports, ou plutot toutes Iciirs diffe- rences, ces deux modeles si grands I'un et I'auire, et cepen- dant si divers. Partout les traits saillans abondcnt. Je regret- terais, toutefois, de ne citer que par lambeaux cette brlllante panic du parallele, remaiquable surtont par I'enseuible, ou tout s'encliaiiic et se soulient ; et pour donner une idee de la SCIENCES MORALES. i8'j maniere d'ecriie de I'auleur , je clioisirai ce passage de sa premiere division^ qui me paiait plus susceptible d'etre lu et apprecie isolement. « La ^iremiere pensee qui frappe... c'est que Ciceron , qui a vecu daus une re])ublique, etait plutot fait pour une monarcliie, et que Tacite, qui a vecu sous une rao- narchie, etait plutot fait pour une re[>ub!iquc : parce que la douceur cntrait principalernent dans le caractcre du premier, t-t la force dans le caraclere dii second. Ciceron j)arlait de la liberie avec lendresse, Tacite avec respect. On entrevoit tou- jonrs dans Ciceron la vanite de rhoimne de leltrcs; on voyait toujours dnns Tacite la fierle du ciloyen. Ciceron aurait con- sidere I'indifference du ])rince ou du peuple pour ses ouvrages comme un nialheur plus grand que la servitude meme. Ce qu'il aurait le plus bai dans Doniiiien, ce n'eut pas ete le prince qui avait aviii le senat, mais le prince qui avait condainne les orateurs au silence. II n'aurait pas ele eloigne de pardonuer a un lyran , pourvu qu'il eti eut etc loue. Mais hatons-nous de le dire : il avait I'anie trop belle pour rester dans la flatterie; il aurait trop soufferl de demeurer toujours le courlisan d'un dcspole. Mille fois il aurait tente de s'en faire le conseiller, pour lui insinuer des resolutions genereuses. Apres de passagers egareinens, cette ame mobile et tendre s'elancail vers la vertu connne vers une belle pensee. L'ame sto'iquede Tacite y restait toujours attachee. Sans repousser les leniperamens que pou- vait conseiller la prudence, il voyait toujours derriere lui un asile oil il voulait rester inexpugnable, celui de I'honneur. II aurait consenti , enfin, a etre la victime de la tyrannic, pour pouvolr ensuite, en se relevant, la condamner sans rougir , etc. » M. Maillet-Lacosle fit paraitre , en iagues dcposant leur courroux et apportant leur plainte , non pas aux pieds, inais aux genonx de M. de Chateaubriand ! Celui - ci qui des bords du fleuve domine la montagne ! Des champs trahis par I'oeil dujour, corame on ledirait d'une grotteou un de ses rayons penetrerail a peine! L'oeil^.rr, non pas surun objct, mais vers deux objets opposes, etfixe tour a tour! etc. , etc. En Toila plus qu'il n'enfaut j)our caracterisercelte maniere d'eerire irapropre et vague a lacjuelle s'abandonnenl aujourd'hui tant de poetes. II esl jnsle de rcmartjucr que lY'piire que nous an- noncons a ^te coniposee en r 820 , que depuis M. Ailetz a prouve qu'il pouvait faire beaucoii]) mieux, qu'il y a dans son poeme sur la fievre jaune de Barcelonne, couronne jiar I'Academie en 1822 de tres-beaux vers de sentiment, enfin que, I'epitre menie qui est I'objet de nos critiques, offre plus d'un passage que nous pourrions citer avec eloge; nous avons reraarquc particulierenienl ces vers dignes du noble sujet qui les a ins- pires : Que dis-je? Un peuple esclave, anne de ses nialhears, Baigne ses fcrs de sang, et non plus de ses plenrs. Ses vainqueurs, oppriinant sa faiblesse servile, L'ont brise sons leur char corarae un roseau fragile; Mais, contr'eax si la tonibe a I'esclave onvre uu port, Ce peuple y descendra digne au raoins de la mort. C'est dans son desespoir que son salut reside ; Car dn glaive d'Olhman la colere bomicide, Aux vaincus n'a promis que la paix du trepas. Le soleil de Meranon, temoin de leurs combats, Prete encore nne voix aux marbres funeraires, Et les Grecs ont oni les tombes de leurs peres. Revivant pour reiourir, le grand Leonidas , Dcbout dans le cercueil, arme deja son bras, Et, partout soulevant le marbre qui la presse , La ponssiere se leve, et redevient la Grece. Ch. LITTER ATU RE. 19^ g3. — Les Ollomans et lex Grccs, poemclyi l(]iie par M. Do- RioN. Paris, 1826 ; iniprimerie de Firrain Didot. In - 8° da 22 pages; prix, i fr. 26 c. Toujours des chants de douleur siir le sort de la Grece, de celte inalheureuse patrie des arts et de la liberte ! Quand pourrons - nous enfin chanter , avec ses dignes enfans , I'liymnc de gloire et de bonheur ?... C'est en vain que I'A- cademie francaise ( dans sa seance annueiie du aS aout der- nier ) a propose ponr prix de poesie V Affranchissement des Grecs , cet appel ne sera pas entendu de nos poetes, tant qu'il n'aura pas ele ratifie par une conduite plus noble et plus gene- reuse de la part des puissances politiques de I'Eiirope. Quel ills d'Apollon pourrait forcer sa lyre h. celebrer Vajfranchis- sement d'un people qui est sous le couteau de ses bourreaux ? Qui oserail essayer de se faire une aussi conpable illusion ? Qui pourrait surtout se flatter de nous la faire partager ? Un pareil concours , ouvert par un corps litteraire (|iu a donne si pen de gages de son independance , ressemble presque a une cruelle derision. Couronnera - t-il lepoete qui, rempli d'une sainte indignation, oserait denoncer d'autres ennemis de la Grece et du vrai Dieu que les farouclies oppresseurs par qui les Grecs sont qualifies de rebelles? Non, tant de courage ne pent elre le lot que d'une Societe libre de toute influence etrangere; rAcademie a voulu tenter de ressaisir un peu de popularite en faisant quelque chose pour I'opinion publique ; niais nousn'a- vons pas oublie qu'il y a trois ans , dans un concours a peu pres semblable pour V Abolition de la traite des Ne-gres , cehiL des concurrens qui s'etait laisse le moins aller a chanter les douceurs decette abolition prononcee par la loi, mais toujours eiudee par le fait, fut oblige, pour obtenir le prix , de faire a de vaines convenances le sacrifice de ses plus beaux vers. C'est une idylle sur le bonheur de la Grece qu'il faut a 1' Academic ; lesmalheurs de cetle contree demandeut des accens de dtses- poic et de vengeance a toutes les lyres, des vceux a toutes les ame-s genereuses , des armes enfin a toute TEurope chretienne. Ces considerations nous ont un peu eloignes en apparence de M. Dorion; mais , si nous I'avons bien couipris, nous secon- dons ses iutentions en joignant notre faible voix a la sienne. L'amour-propre du poete doit ceder ici a un sentiment plus pur et plus desinteressc, le desir d'etre utile a la cause sacree du malheur et de la liberte ; quelque talent d'ailleurs que mon- tre un poete en celebrant une lutte aussi magnanime que celle de la Grece centre ses oppresseurs , il ne sera jamais , comme nous I'avons dej a dit, a la hauteur d'un pareil snjet, et toujours T. XXXII. — Octobre 1826. i3 194 LIVRES FRAIVCAIS. I'imaginaiioii du lecteur le devanccra. Notre critique se bor- nera done a engager Tauteur du poemc de Pabnyre conqnise , et d'autrcs poesies estimable^ (Voy. /{ec. Enc, \. xxvii,p. 537) a retrancher qiieiques longueurs dans le nouvel ouvrage que nous afinoncons , ct surtoul a revoir le passage sulvant : II peint celte nue euflainniee Que de Sinyine a Lesbos ont peicc de longs cris , Cos Uottes volant en fumee, Ccs arnaes, ces guerriers, vains et aanglans debris. (P. 5. ) Outre I'obscuritc qui rcgne dans Its deux premiers vers, il y a evidemment dans le second un faute de concordance qu'un amides Grecs peutblen pardnnner an cliantre deieurs exploits, mals que le grainniairieu doit signaler au j)oete. E. Hereau. gl^. — Fosux pour les Grecs. — M'msolonghi. — Proj'el de souscription en faveur des Grecs, presei;ti^ aux habitans de la ■ville de Brioude , par M. T***. ( Talairat. ) Biioude, 1826. Iniprimerie de Doucet. Trois quarts de feuille in-8° ; prix , 5o c. au profit des Grecs. Dans les depailemens comnie a Paris, les pocles celcbrent Ics malheurs et I'lieroisme des Hellenes, et ce qui vaut encore mieux, les hoinmes de loules les classes leur apporlent des of- frandes utiles. M. Talairat a pris aussi la lyre, mais sans oubiier que cette nation infortunoe reclamait des secours plus urgens que ceu.f dont les muses disposent. On doit le reraercier et de la souscription (ju'il a ouvcrte parmi ses compatriotes, et des vers que lui ont inspires de Irisles evenemens et des'senti- mens genereux. I. q5. — Memoire.i d'uii/eune Grec , stir les nventures de snvie cl sur les malheurs de son pays , traduits de I'italien sur I'cdition de Rome, par M. Jules Saint-Leger. Paris , 182G ; Rigaudit fils, editeur , rue de I'Ecole de Medecine, n" 4. In-8° de 201 pages avec gravure ; prix , 3 fr. Ces memoires se composent de quelqucs lettres , et de fragraens ecrits sur des I'euilies volantes , sans suite, sans date , que renfermait un porte - feuille a I'orlentale , Irouve par I'editeur sur le mole de Livourne , au moment ou il sui- vait des yeux un vaisseau ([ui faisait voile vers la Grece , et sur lecpiel il avait vu s'embarquer un Grec fugitif avec sa jeune epouse. II a traduil ceux de ces fraguu-ns qui lui ont paru offrir le pins d'interet, et les a places d'ai>rts I'ordre que les faits qu'ils coniiennent semblaient indiquer. Nous nous bornons a signaler a nos lecteurs la traduction fran^ LiTTfiRATURE. rgS ^aise de ces ecrits, qui devront exciter dans toules les ames gencreuscs , I'indignation , I'horreur et la pitic. Nous en citons un extrait : Le jeune Grec, deguise en janissaire, se prepare a quitter Constantinople avec son pere , cache sous les memes \etemens. « ... II me recommanda encore d'etre bien attentiJ'a tous sesmouvemens , et surtout a ne parler que le turc. INous partons , les rues etaient encore descries, et nous Jraversames le Fanar, sans eire apercus. Sur la place du serail (i), quelques groupes de janissaires commencaient a se former ; nion pere se mela parmi eux, en se tenant cependant un peu a I'ecarr. Bien tot toutes les avenues de la place se remplirent d'une foule erapressee a repaitre ses yeux du spectacle sanglant qui se preparait. Le bruit du canon annonce I'approche des vic- times. Les janissaires se prectpitent a leur rencontre , en j)Oussant des cris horribles , et prononcant tous les blasphe- mes que le plus barbare fanatisme pent inspirer ; nous les suivons. Au milieu d'une double rangee de gardes, s'avan- ceut mon oncle, son cpouse , deux de ses fils , avec plus de trcnte infortunes , des femmes, des vieillards , des cnfans confondus dans le meme sort, traines au meme supplice. Mes yeux se couvrirent d'un nuage. Mon pere m'entraina hors de la nniltitnde, trop occupee alors pour faire attention a nous, et me serrant forteinent le bras, il me dit : « Du courage, voici le monent d'agir. » Je le suivis du cote du bazar (2) , 011 les janissaires se portaient en foule au milieu des cris d'une joie feroce ; nous parvenons avec peine a nous faire jour. Grand Dieu ! quel spectacle frappe nos regards! Plus de cent cent cinquante des plus belles, des plus nobles filles de la Grece , iivrees a vii prix a une soldatesque furieuse , et con- damnees a un sort niille fois plus cruel que la mort qu'elles invoquent en vain! Ces jeunes vierges se tenaient etroltement enibrassces; animees par le courage du desespoir, elles osaient opposer leurs faibles efforts a ceux d'une horde barbare qui parvient bientot a les sej)arer. Alors, Fair retentit de leurs cris douloureux ; I'effroi, la lionte, I'horreur se peignent sur leurs trails. Prosternees aux pieds de leurs boureaux, dies invoquent la pitie , et ne Irouvent qu'insultc et que derision. Une seule etait restee debout , en apparence insensible a tout (i) C'est devant la grauiie poite du serail que ce font les executions. (2) Marche des esciaves, ou ancnn chretien ne pent all«r sans una per- mission expresse accordee rarement. ( Notes du traducleur. ) i«)Q LIVRES FRANCAIS. ce qui se passait aiitour d'elle ; ai.'ciin son ne s'echappait de scs Idvres , auciine crainte tie troublait ses regards. Lesyeiix eleves vers le ciel , Us mains croisees sur sa poitrine , pale, inanimee, clle seinblait apparleiiir doja aux etres cehestes, dont sa figure offrait I'iinage. Cependant les barbares se dis- putaient leur proie ; les injures, Ics coups completent ectte scene d'eponvante. L'ange de beaulo, qui m'avait fraj^pe, cherche a profitcr du tunailtc qui va toujoiirs eu croissant, pour s'ecliapper. Mille bras I'anctent, rencliaincnt. Un autre parii lie janissaii es I'arraclic a ccux qui I'avaient saisie. Une lutte saiiglanle s'engage. La niallieureuse \iclime, froissee , tneurtrie, ne pent plus resister aux tourmens qu'elle eprouve; s*"; yciiA. se t'enncnt , elle torabe sans niouvenirnt. Jc veux m'elancer vers elle , Un regard de mon pere m'arrete. Bienlot le combat est suspeiidu : on croit que i'infortunce a cesse d'exisrer , la foule se ]ioite d'un auire cole, trois janissaires se meilent en devoir d'emporler la Jeune lille inanimee. Mon pt-re saisit cet instant; nous fondons sur eux a rim])roviste; eloniu's de notre brusIus tard avec une certaine etendue , et de presenter quelques observations sur le sijle choral, genre de inusique entierement inconnu en France, et dont I'usage est une des causes principales de la popularilc de la inusique en Allemagne. La secoride partie comprendra les composiiions en style libre ou ideal, et se divisera en liuit sec- tions : Messes breves; Messes solennelles; Psaumes et Vepres; Antiennes, Offertoires et Motels; Hyinnes: Litanies; TeDeuin, Cantiques. Ccs diverses parlies de rof'fice seiont , pour la ])lupart, lirees des oeuvres d'auteurs tres-dislingucs , et jouis- s;inl en Allemagne de la ]iliis haute consideration. L'inslruc- tion et rexcellent gout de M. Choron sont des garans qui ne laissent rien a desirer. La messe que nous annnncons aujour- d'hni, et qui forme le n" i des Missce breves , est de redileur. F.lie est ccrite avec une grande purele d'harmonie et de me- lodic : Fexccnlion en est tres-facile. J'adresserai un leger re- proche a l'auteur sur la inaniere dont il traiie la ])artie intcr- jnediaire; il ne rein])loie en general que conime remplissage, ce qui la rend souvent pen chantante; ainsi 31. Choron a Iraite le Sanctus en imitations qui se font sans ccsse enire la basse et le premier dessus , sans que le second soil appele a rejielcr a son tour sa formule imitative ])our (]ue I'effet en soit plus pi(juaiit. Je troiive aussi un peu.de longueur dans V Agnus Dei, niais ces reproclies n'empechent jias celte messe d'tire un tres- bon ouvrage, dont on ne saurait trop recommander I'usage. Le recueil de cantiques est aussi d'un grand interet : il con- BEAUX- ARTS. 199 lient soixar.le-quatre morccaux. Cotte composition offrait un ecueil difficile a eviter. La plus giande partie dcs morceaux dont elle est formce se cliantant d'onUnaire siir des aiis, a la verite mal adaj)les, mais cxcoUens , il fallail remporler snr Ics compositeurs dcs aiis anciens. II suffit de clianter rpiclques airs de M. Cboron pour voir qu'en general il a lutle avec bonheur contre celte difficiille. Ces cantiques sont ecrils a deux dessus e: basse-laille; sa melodie est loujours placee a I'aigu , en sorte qu'ils pciivent aiissi etre execules a une ou deux voix. Lorsqu'on veut ies clianter a deux jxiiiics , et que Ton n'a pas d'acconipagnement instrumental, il faut avoir soin de rojeter la partie intermediaire qui n'esi que de rem- l)lissage, et de conserver Ies ])arties extremes. Je fais cetle remarque parce C|ue j'ai souvenl entendu des amateurs suppri- nier la jiartie accompagnanl la plus nrcessaire , el produire des effets deles tables en conservant Ies parties superieures qui souvent forment entre elles des quartes, la sixie ou I'oclave infcrieure n'existant plus. Le recneil de M. Choron presente un grand nombre d'airs reinar(]nables : j'en citerai un comme rnodele pour la condiiite de la melodie ; je veus parler du n" i3 , Grace, grace! suspens C arret de tes vengeances. Pat-nii Ies autres morceaux , Ies n°^ 17, 23 , 29, 'ii , 32, 34, 36, 38, 40, 47, 58, C4, m'ont paru meriter une mention particnliere. Le slyje adopte dans ces chants en ccarlait naturellement une harmonie rechercliee, pnisque Ies paroles se prononcent siniul- taneaient dans toutes Ies parties; ccpendani, pliisieurs nume- ros offrent de fort belles basses , el on en tronve une ej.eellenle au n° 39. Je reproclierai a M. Choron I'emploi trop frequent de cet elernel accord de sixle-quarfe suivi del'accord parfait, par la chute de dominante ; ceite fonnule de demi-cadence donne a la ninsiqne un air vieux et vulgaire : n'en usons done qu'avec sobriete. De certains critiques pourront aussi relever Ies faules de prosodie cpii se rencontrent assez fre(juemment dans Ies cjinliques de M. Choron : je serais tente , moi , de Ten feliciter. Assurement M. Choron n'ignore pas Ies regies de la prosodie , ])uisqii'il Ics a exposees lui-merae dans le troi- sieme volume des Principes de composition ; mais il sent que la melodie , forcee de subir Ies caprices d'un poeie non mu- sicien , perd une grande ])artie de son charme. Si Ies poetcs ne s'assujetissent pas a disposer leurs vers d'une manicre fa- vorable a la niusique, i! fant tolerer Ies fautes de la prosodie, lorsqu'clles ne^ produisent pas reellement un raanvais effet. Esperons que I'exemple d'un raaitre aussi liabi'.e et aussi ins- triiit que M. Cboron fera autorile , et que Ies compositeurs 200 LIVRES FRANCAIS. secoueront peu a pen les cLaines dont il plait aux poetes de les charger. J. Adrien-Lafasge. Mernoires et Rapports de Sorietes sacantes et cTulilite publique. 99. — * Seance publique de la Societe royale d' agriculture du departement de la Haute - Garonne , [enue le 1l^ juin 1826 dans la Salle des illustres, an Capilole. Toulouse, 1826; impri- merie de Douladoure. In-S" de 5o pages. Les discours prononces dans cette seance ne sontpas rassu- j'ans pour le midi de la France. On y parle de la detresse de L' agriculture , du decouragement des culiivateurs ; et contre un mal aussi grave, on propose un remede dont I'effet ne peut etre quelent, et memeincertain. II nes'agilde rien raoins que de sup- primer les jacheres , et par consequent de deraciner les ])reju- ges les plus tenaces, et de les reniplacer par des connaissances, car les bonnes m^lliodes agricoles, ainsi que les meilleurs pro- cedes de toule autre Industrie ne peuvent etre enseignes promp- teinent qu'en s'adressantal'intelligence, en t'clairantlesliommes induatrieux. Mais permet-on dans le midi de la France, plus que dans rinlericur et au nord que Tinslruction penetre partont? N'y a-t-il pas des obstacles insurraontables qui arre- tent la propagation de la lumiere? A ces obstacles contre les- quels les Societes d'agriculture s'epuiseraient en efforts inuliles, il faut en ajouter un autre dont elles peuvent triompher, car c'est dans leur propre sein qu'elles le rencontrcnt : si les doc- trines agronomiques j)rofessees par leurs membres ne sont pas d'accord entr'elles , elles n'inspireront point assez de confiance; on ne les adoptcra ni les unes ni les autres, de peur de faire iin choixmalheureux , on s'en tiendra aux anciennes pratiques. Et pour arriver a I'uniformile de doctrines, le seul moyen peut- c'lre est de se borner aux fails , sans essayer avant le terns d'en former une iheorie qui nepourraitetre complete, ni,par conse- quent, satisfaisante. Une thcoric n'etant autre chose quel'ordre naturel des faits, cet ordrene peut etre apercu, si des lacunes fre- quenteset etendues^eparent desobjets dont les rapports ne peu- vent etre simples, mais composes de tous les rap|)orts entre les objets intermediaircs. Dansle compte rendu des rapports sur les travaux de la Societe lu a cette seance par M. le secretaire ])erpetuel . on reniarque une citation assez longue d'un memoire de M. deSAi.iMBEKYsur la nutrition desvegetaux : cen'est point dans un style figure que Ton exprime des pensees justes, des notions exactes et applicables; nil'agriculture, niaucunart, ni MEMOIRES ET RAPPORTS. aoi iTieme aucune iheorie ne peuvent rien tirer ti'tin imilange d'i- fiees abstraifes et d'images pocliques ; ce n'est point airisi qu'il < onvient d'ecriie , ni pour les ignorans , ni pour les liorames instrults. Cilons a notre tour ce que M. le secretaire de la Sociele a dit, dans son rapport, sur les moyens de reinedier, aulant c]ti'il est possible, aux ravages de la grcle. « C'est a vous. Messieurs, que plusieurs departemens meri- dionaux \ont etre redevables d'une institution a la fois grande et genereuse que vous appeliez depuis long-tems de tous vos voeux , et que I'agiculture reclamait a grands cris. Vous savez (juel est ce fleau redoulable qui porte la devastation et la mort pai^es; ])rix, 2 fr. Sans liumilier les indiffcns, leiir f'ournir les secours gratuits de la pliariiiacie, de la medecine et de la cliirurgie, resserrer des liens de la societe louj ours prets a se rouipre parnii des hoinnies tropsouventexposes.audcsespoir, fonder des institutions declia- rile pour I'education des enfans paiivres , rejiandre , chez les ouvriers , I'esprit d'ordre ct de prevovance ])ar des associations dc secours inntuels, rap|)roclier enfin les riches des nialheu- reux en t^tablissant des relations de reconnaissance et dc bien- faiis entre deux classes qui n'ont que Imp de pente a \ivre dans un etat res])ectif d'isoleinent, ou memed'liostilitc; tel est, a peu [jres, le but de la societe philantropique qui, avec des moyens bornes, opere un tres-grand bien. On voit dans sou sein tons les i)arlis se confondre, et , de- puis le Roi et les princes dc la famille royale , jusqu'a des par- ticuliers dont le nom est tout-a-fait inconnu , chacpie homme bienfaisant veut contribuer a cetic oeuvre de cliarite, chacuu veut confier sa legere relribnlion a une societe qui trouve dans le zele de ses mandalaires, les moyens d'employ'er , avec beau- coup de discernenient et d'econoinie les dons de I'ojiulence. Peut-etre serait-il a desircr que I'iuipot preleve par celJe so- ciete , seulement sur les personnes les, plus riches et les plus charilables, fiit organise comme en Angleterre, en contribu- tion reguliere et j)eruianenle. Les gouverneniens donneraient alors plus d'attenllona celle branclie si imporlante de rcconomie publique, ct les functions de la society philantropique ctablie sur une plus grande -MilMOIRES ET RAPPORTS. 2o3 echelle recevraienl un immense developpemeiit. A I'aide de mesures sages et, progressives, on -pai'viendrait sans doule a detriiire, parmi la population ouvriere des grandes villes , i'esprit d'imprevoyance sans cesse alimente par les hopitaux , el excite au plus liaut degre par le jeu de la loteiie. Les lios- pices , si utiles lorsqu'ils sont rainenes a leur veritable destina- tion, et si bien tenns a Paris, grace au devouement a.dmirabie des sosurs de cliari'e, se borneralcnt a accueillir des hoinmes isolt's, subitenient alteinis par I'iiifortune, des vieillards et des enfans abandonnes. Tous les autres secours viendraient de la socicte pliilantiopiqiie, ou ])lul6t des associations d'&uvriers qui, ail moyen d'une legere cOtisation inensuelle, se prepa- leraientdes ressources pour les terns de m a la die , et s'assure- ralent meme des pensions ])()ur leurs vieux jours. Dans les socii'tes d'ouvriers de la ville de Loudres, le lerme nioyen du nombre des jours de malndie parait etre de quatorz.e dans I'annce, ce qui fait, a raibon de 26 jours par mois, un peu nioins du vingt-lroisienie du tons consacre au travail. Chaque individd devralt done mettre a la masse commune, pour rece- Toir pendant ses maladies le saiaire accoutume, un vingt-troi- sieme au moins du prix de son travail journalier. Nous voyons dans le rapjiort sur les socictes de ju'cvoyance, qu'a Paris la cotisation mensuelle s'eleve seulement de un a deux francs; cela, lie parait pas suffisant. Les 184 socictes de secours mutuels que reiiferme cetle capitale et dont jdus de la moitie ne re- monte pas au de!a de 1819, ont dija en caisse i,i24)OOo fr. et elles comprennenl plus de 17,000 ouvriers qui ainsi ne tom- beront pas a la charge de la ville, et n'entreront jamais dans les hopitaux. La societe phllantropique jireseutait au3idecembre dernier 812 souscripteurs ; elle n'en avail oompte que 766 en i824' Les ouvriers n'ayant pas manque de travail pendant un liiver peu rigoureux, elle a distribiie seulement 82,455 rations de soujie economique, dont 27,500 au prix d'un sou : elle ont coute a la sociele , tcrrae moyen, 1 6 c. 7. Les dispensaires ont soigne a domicile 3645 malades , dont le traitemeut revieut a i4 fr. 9 c. par personne : dans les hoidtaux, il s'eleve a plus de 60 fr. Depuis son etabiissement en i8o3, la soeiefe a fait soigner 40,427 malades, sur le nombre desquels i4i5 sont decedes. Dans las hospices la mortalile est plus grande. Etneanmoins, tandis que Madame, duchesse de Berry, accorde tant en son nom qu'au nom des princes, ses enfans, la somme de 9,000 fr. et landis que le Roi ajoute sur sa cassette un don annuel de 6,coo, un secours extraordinaire de 3, 000 fr.; le minisire de 204 LIVRES FRANOAIS. rinldrieur s'cst cru oblige de relrancher g,ooo fr. des i5,ooo que la sociele recevait de ce ministere depuis 22 annees : assu- rc'raent il n'cst pas d'economie plus mal entcudue. ^d. GONDINET. Oiwrages periodiques. loi. — * Annales de l'(t<:;ricidture Jruncaise, par MM. Tessier €t Bosc. Paris, iSaG; M"'" Hazard, rue de I'Eperon, n° 7. — II parait un cahier de 7 a 9 feuilles par mois , qui ferment 4 volumes par an. La souscription aunuelle est de 25 fr. pour toute la France, et 3o fr. pour les pays etrangers. L'agriculture est, sans contredit, I'art auquel on consaere le plus de reclierclies, de livres, d'institutions. Fait-elle des progres proporlianncs aux efforts de tons ceux qui la culli- vent? 11 semble que,malgre I'inunensite de sou objet, elle devrait marcher plus rapidement -vers sa peifeclion. Plusieurs niilliers de Societeseparsessur loulelasurface du globe publient tons les ans des memoires; les formes experimentalcs se mul- tiplient, et donnent nalssance a de nouveaux ecrits; les traites complets et les abrcges, les dictionnaires, les almanachs, tous les formats, toulos les ressources de I'art trpograpliique vien- iient au secours des arts de la culture : pourquoi done se plaint- on encore, et sans doute avec raison , que ces arts sont en- core dans I'cnfance sous le beau climat, sur le sol fortune de iiotxe patrie? 11 faut bien reconnaiire ici I'influence de cer- taines causes retardatrices. Tant que ces obstacles seront meconnus, on lultera vainement coutre leur resistance, ou si Ton parvient a la surmonter, ce ne sera qu'en prodiguant des efforts mal concertes et mal dirigcs, dont i'effet utile sera beaucoup au-dessous des peines qu'on aura prises. II semble que I'instruction qui nous manque, en agriculture, est prin- cipalement celle de I'application de I'oconomie publique a ce premier des arts : si les impofs sont repariis sur des bases fautives et d'apres des priiicipes vicieux; si des proliibitions , des monopoles et des lois fiscales genent la culture; si les transactions relatives aux proprietes territoriales sont sur- chargees de droits et de formalites, etc., le premier besoin de I'agriculture est celui d'une legislation equitable et protectrice, d'une administration sage, econome et prevoyante : la pre- miere instruction a repandre serait destinee aux hommes d'etat : les fermiers viendraienl ensuite , et profiteraient mieux des soins que Ton prendrait pour les instruire : Its voies seraientplus libres, et le but mieux connu; lorsque la lache du legislateur est accomplic, toutes les autres sont plus faciles. OUVRAGES P^RIODIQUES. 2o5 Le recueil public ])ar MM. Tessier ct Bosc ne neglige point les applications de {'economic piiblique a rai!;riciiliure : on trouve quelques meinoires siir cct objet dans les caliiers publics celte annee; on remarquera principslement cehii de M. le comie de Rambuteau sur la restauratlon dea Jorcta. L'aitleur de cet excellent ecrit ne se borne pas a donner des avis a I'administralion jnibliquc : il s'adresse aussi aux proprietaires de terrains plantes en bois, et c'est du resultat de ses obser- vations et de ses experiences qu'il lenr fait part. 11 leur recora- mande la culture du meleze, comme I'un des arbres qui recoin- jiense le niieux des soins (|u'on lul donne , et il en cite plusieurs exenifiles reinarquables, et entre antres ce!ui-ci qu'il einprunte a M. Ch. Dupin. Des navires de 200 tonneaux cons- truits eiitlereinent en melezes, dont la plantation n'avait pas plus de 70 ans , a I'exceptiou de la quille qui etait en bois (I'ornie, furent lances a la mer, an port d'Aberdeen. Tirons encore de ce lueraoire une autre citation ou I'auteur promet de nouvelles recherches dont I'objet merite la plus grande atten- tion. « Le melexe ameliore d'une inaniere remarquable les terrains pauvres et steriles... Des terrains qui ne produisaient qu'une clielive biuyere ont change d'aspect par I'abri du nie- leze. Des graminees en assez grande abondance, ct une fougere de 4 a S pieds d'elevation sont un changeraent inattendu, et qui doit etre cite comme un encouragement , et comme ressource de paturage en Suisse. Get a-vantage est bien connu; mais il fait craindre I'entiere destruction des forels qui ne sont point ein- hanisees (raises en ban ), le parcours du belail s'opposant alors a toute reproduction nalurelle des arbres. Les semis de cliene ct de helre ont egalement reussi ik I'ombre protectrice du me- leze, et peuvent offrir, menages avec intelligence, un mode d'assolement a longues annees dont je me propose d'etudicr les progres et les avanlages. » ( Cahier de mars 1826.) Dans le cahier de Janvier , on trouve des notes de M. Bo?c sur deux manieres de fi'-conder les terrains crayeux de la Cham- pagne. La Socicte cenlrale d'agriculture, a laquelle ces notes ont ele lues, en a ordonne Timpression. Deux modes d'ame- lloration ont ete essayes avec succcs sur ces terres si rebelles a la culture; I'un ne convient qu'aux riches proprietaires, et I'autre est accessible a tous les cuitivateuis , et ce qui est digne de remarque , il est en nieme terns le plus ])rompt , le l)lus efficace , aussi bien que le plus economique. On avait cru long- tems, et I'erreur n'est pas generalement dissipeo, <]ue les meilleures terres avaient besoin de repos, et I'usage des jacheres est fond^ sur cette opinion : (juelqnes cultivateurs des aoG LIVRES FRANCAIS. environs de Reims, par une pratique direclement opposee, obtiennent de belles rccoltcs sur les plus niauvaises tei res du canton; ils ne les laissent jamais deconvertes, les forcent a se cotivrir tons les ans dc qiiclqucs cultures, et prrvienncnt a Ibrce de travail , les pertes ((u'elles feraient par I'eff'et des eaux trop abondantes, on des scchercsses Irop prolongees. L'exeniple de ces cultivatcurs aussi hablles que laborietix trouvera , de proche en proche, des imitaleurs; les plaines si nues ct si de- penplees de la Clinmpagne crayeusc n'attristeront plus les re- gards du voyageur; une belle vegetation les couvrira; des villages populeux y seront construits, pourvn que I'industrie ne sott point arretee dans sa marclie, et que I'administration consulte ses veritables interets qui, surtout en fait d'agricid- ture, ne peuvent etre differens de ceiix du peuple francais. Les redacteurs ont insere dans le cahier de fevrier des Oh- seri'ntlons de M. de Gasquet, exfrailes du bulletin de la Soriete d'agriculiure du deparlenient du Var. Get agronome s'est occupe de la inaniere d'f'valuer le reventi des propriete.i plantees en oliviers , dans le travail dcnouvelle rej/arlition de fim pot fonder. Piiisque MM. Tessier et Dose ont admis ce nienioire dans lenrs Annalcs , ils I'ont compris, et approuve ; quant a nous, noire intelligence ne va pas aussi loin. La seule chose qui nous ait paru claire, c'est que I'anteur appelle de tout son j)ouvoir , en faveur de I'olivier et de ses pi'oprietaires , le retour aux maximes et aux formes d'administration qtii subsistaicnt avant 1789, et que rien de bon ne pent ctre fait dans le departement du Var, tant que les rois de France ne seroiit pas, comme autrefois, comtcs de Provence. Mais I'es- pression de ces vikux ne dispensait pas M. de Gasquet d'etre plus intelligible dans ses calculs et dans ses raisonnemens : il resul- terait de ce qu'il dit que les proprietaires d'olixiers, au lieu de payer un inipot, devraient etre itidemnises; et il est bicn lente de reciamer le nienie privilege pour les vignes de la Provence. Comme ses raisonnemens peuvent etre appliques a presque toutes les productions du sol, s'il est fonde a le faire valoir en faveur de Tolivier, il faut en comlure que I'impot foncier est une erreur de Tadminislration publique, et qu'on , lie peut trop se presser de le supprimer. Toutefois, un ccrit aussi obscur ne permet peut-elre qu'une seule conclusion, c'est que I'auteur a cru avoir des idees , et qu'il s'est Irompe. Prenons notre revanche dans le nieme cahier : I'auteur ano- nyme d'nn Voyage agronomique , qu'il intitule Promenade ^ donne aux cultivaleurs meiiilionaux d'exceliens conseils expri- mes avec une aimable simplicite. Pour ecrire comme ce voya- OUVRAGES PERIODIQUES. 207 geur, il ne suffit pas de savoir beaucoup , d'avoir I'espril jtiste et de bien connaitre les ressources du langage; il faut encore cire hoinme oe bien, ami sincere de son pays et de I'liumanite. Ici, nous ne resistcrons point an di'"sir de titer. L'anteur continue la comparaison qu'il a commencee enlre I'education des vacbes et celle des oies. « Juscpi'a jireseiit, j'ai bien voulu employer le raisonnement pour convalncre nos aqiiilains; je vais les soumetti'e par I'autorite : je vais faire parler la sagesse des nations, le proverbe. Ponrquoi coini)arons-nous a une vachc a lait toute source oil nous puisons conlinuellemenl , et sans efforts? Wesl-ce pas qu'il est reconnu de tout tems que la vache est en effet la source la phis facile et la plus abondanfe de Taisance? Pourquoi le superstitieux enl'ant du Gauge veut- il mourir en tenant a la main la queue d'une vache ? N'est-ce pas (ju'il croit qu'un animal qui fait tant de bien a I'homme doit eire beni par le dispensateur de tout bien ? Ainsi, la raison et la superstition, qui est ici une raison, s'arretant malheu- reusement trop a une cause moyenne, confourent a montrer la -vache coranie le principe le plus fecond de la richesse de I'homme. Voila pourtant ce que Ton repousse en France, an sud du 45® degrc ! Qu'un riverain des Bouches-du-Rli6ne fler de son olivier, se nioque rle la vache: qti^'il insulte reguliere- mcnt deux fois par jour le Ponentais condamne a manger du beurre ; quoique son orgueil I't-gare etrangeinenl , on excuse jusqu'a un certain point sa folic : mais qu'un riverain de la Garonne, chez qui I'arbre de Minerve est remplace par le noyer, ou meme la rabiole^ os" rcpousser la vache qui remplace a elle seule , et avec avantage, I'olivier, la chevre et I'oie, voila ce qui souleve d'indigna.ion iin coeiir vraiment agricoJe. « Nous n'avons parle que d'un tres-petit nonibre d'articies, pris dans les trois premiers cahiers de ce!te annc'e; nous n'aii- rions pas moins a dire sur ])resque tons les autrei. Mais nous nous propoiions seulement de montrer que les Annales de V apiculture francaise cnwUvwxcnX a meriter leur reputation, et (ju'elles repondent parfaitement a la confiance que doivent inspirer les noms des redacteurs; notre tache est remplie. F. 102. — L' Ami des champs , journal d'agriculture , de bo- lanique et Bulletin litteraire du departement de la Gironde. Bordeaux, 1826; imprimerie de Laguillotiere. In -8° ; prix de I'abonnement, 10 francs par an. Ce journal fut d'abord plus agrlcole que litteraire : aiijour- d'hui, I'agriculture y tient pen de place, et la botanique y est traiteeprincipalement sous I'aspect litteraire : V Ami des champs devient tout-a-fait ciladin. Ce changement etait inevitable; un ouvrage periodique I'efiro'.ivera s'il acsocie les lettrcs a une 2o8 LIVRES FRANCAIS. science, on a quelqiies arts : bientot la clisette se fera scntir pour la science ct Ics ;irts , tandisquo les materiaux lilter.iires arriveront en abondance. On ne ])eut clone considerer aujour- d'hui VJmi de.i champs que ])ar rapjjort a la seconde partie de son tilre. Le Bulletin litteraire sera lu avecplaisir liors du de- parlement de la Oiroiuie, aussi bicn que dans la patrie de Montaigne et de Montesquieu, quoique les redacleurs nescient pas rornan'iques , et que leur correspondant campagnard se permeile de railler quelque peu Tecoie luoderne, et meme de donner des conseils que, sansdoute, les ecrivains a la mode se garderont bien de suivre : Je ne suis point un severe critiqae ; Qne chacan , a son gre, rirae coinnie je fais : Mais toutefois , qu'uu romantique , S'il veut plaire , parle francais. Y. io5. — * Le Lycee Armoricain. — IV™'' annee, 4i"^ llvralson. ( Mai 1826. ) Nantes ; iinpriinerie de Mellinet - Malassis. In-8°; prix de la souscriplion , lafr. par an, et i5 fr. par la poste. Ce nuincro de rinteressant journal breton est un de ceux ou les niateriaux sent le plus convenableinenl assortis, ou leur melange est un attrait de plus poiir le lecteur. On y lit surtout avec interet une notice sur le chateau s aux divcis dia- lectes allcmaiids, aiiisi qu'a riiiilueiice CNercee par Ciiailcma- gne siir la languoet surlcs lettres. llins les ])i'eii)ieres croisades, selon M. Sioeber , on vit des chevaliers allomands apprendre Ja gate science des chevaliers francaii>; inaib en Allemagtie ce genre eut a lutter conire la poesie grossiere dc I'honinie o33,28o,ooo Les mines de Lehigh , Schuylkill et Swatara n'ont jamais etc mesurees avec soin , mais on a quelque 1 aison de croire que la mine de Lehigh est beaucoup plus abondante que celle de Susquehanna. Toujours est-il certain qu'elles pourront suffire pendant des siccles a la consommation de I'Amerique et mcmc de I'Europe. Le jirix actuel est de 7 dollars le tonneau de 28 boisseaux dent le poids est de 80 livres anglaises ; mais I'an- nee prochaine, lorsque tons les canaux seront termines , le prix tombera probabiement a 5 dollars le tonneau. Les mines de charbon de ia Pensylvanie different de cclles que j'ai [>u visiter en Anglelerre et en Flandre , en ce qu'elies sont fort elevees au-dessus du niveau des rivieies : celle de Lehigh par exemple est a 1000 pieds environ au-dessus du fleuve , ce qui donne de grandes facilites pour la construction d'un chemin a ornieres: de plus, les mines d'Europe, a cause de la profondeur a laquelle se trouve la bonne houillc necessi- lent I'eraploi de machines tres-dispendieuses, tandis que notre liouille est la meme a la surface qu'a 3o ou 40 pieds au-dessous. Outre la liouille on y trouve encore une enornie quantite de charbon bitumineux dans les 25 comtes de cet etat situes a I'ouest de la Susquehanna ; a Test on ne connalt qu'un seul depot de cette maliere au])re5 d'Harrisburg. G. R. — Newark. — AJfranchissement et education des Noirs. — Lors de sa derniere visite aux Etats-Unis, I'illustre Kosciusko \ AM^RIQUE SEPTENTRIONALE. — AFRIQUE. ai3 remit au vent'rabie Thomas Jefferson, un tesfaitiont pap lequel il leguait une somme de i3,ooo dollars destinee a I'af- franchisseraent et a leducation d'esclaves africains. Le vceu de ce digne citoyenvient d'etre rempli par retablissemcnt de I'ecole Kosciusko, Koscius/.o-Schonl. La les enfans des Afri- cains recevront celle education qui, suivant les paroles du testateur , doit contiibuer h les rendre « nieilleurs peies, meil- leures meres , meilleurs fils ou meilleures filles. « F. D. — New- York.— Maison de r^/z/^^e.— Depuis quelques mois, les enfans, convaincus de delits peu graves sent rennis dans une piison parliculiere : c'est un batiment bien acre, situe au milieu d'un vaste terrain libre , enloure de murs, et oc- cupe en partie par des jardins que les jeunes detenus cultivent euA - memes , et qui fournissent les legumes necessaires a leurs besoins. Les garcons sont loges dans de pelites cham- bres separees , ou des ventilateurs conduisent de I'air chaud en hiver et de I'air froid en ete; un gardiea est cliarge de les surveiller pendant toutela nuit; du reste chaque chambre est fermee en dehors. Vingt-cinq d'entre eux sont employes a tisser; vingt-cinq autres font des souliers : en travaiUant ainsi neuf heures sur vingt - quatre , ils gagnent environ vingt- ctnq sons par jour la premiere annee, ct trente-six sous la seconde. C'est encore un des detenus qui fait le pain de retabiissement : quant au blanchissage , aux divers Iravaux d'aiguille et a la cuisine , c'est la part des jeunes filles qui habitent un autre batiment, bien defendu par une forte cloture, II y a en tout dans cette maison de refuge soixante garcons et quinze filles : ils sont propreirfent mis , et leur conduite est generalement satisfaisante. Dans les heures oil le travail est interrompu , on les habitue a un eserclce regulicr et salutaire : aussi , grace encore a un regime tres - sain , jouissent-ils tous d'une excellente sante. Quelques-unes des jeunes fUles tressent de la paille avec beaucoup d'art; elies ont orne les murs de leur chambre commune de divers echan- tillons de leur travail et des tableaux dont elles font usa^-e pendant les heures de I'ecole. ^. AFRIQUE. Sierra - Leoxe. — Traite des negres. — Colonisation. — Attaquee depuis pius d'un .lemi-siecle par les phiiantropes , reprouvee par I'opinion publique et prohibce par Ics lois de presque tous les pays, la traite des negres ne s'en con- tinue pas raoins avec une effroyable activite. La severite des 21 4 AFRIQUE. ])eines prononc^es contre les ncgiicrs n'a fait ((u'augnienter I'auilace des vciideurs dc cbair hutniiine et qu'accroiirc les miseres des malheureiix Africains. Le rapport euvoyc ai) nii- i)istere anglais par le gouvernement de Sierra - Leone conlient 4 cet egard des faits dignes d'attention. Pius de 20,000 Afri- cains captures ont ete depuis peu d'annces debar(]ues dans cette colonic. Ri'iiartis d'abord dans douze villages, sous la surveillance de missionnaircs et de maiires d'ccole, on a ete oblige ensuite, a cause de Icur augmentation conlinuelle, d'en attaclier une partic a des es])loitations parliculieres comma manoeuvres ou garcons de ferme : mais cette mesure raerae n'est plus suffisante, et bientot les babitations manqueront aux nouveaiix arrivans. Nous avons dans un precedent article (voy. Hec. Ehc. , X. xxvii , p. 891 ) fait connaitre la condition des negres captures par les croisieres anglaises, et places sous la surveillance des missionnaircs. L'education qui leur etait donnee a produit d'abord les plus beureux resultals. Mais le plus funeste climat de I'Afrique ayant reduit de raoitie Ic nombre, deja trop petit, des personnes chargees de leur instruction morale et industrielle, ils sonl tombes dans une oisivete qui raenacerait la colonic du plus triste avenir , si Ton n'avait recours a de prompts remedes. En placanl une parlie des Africains arraches a I'avidite des ncgriers comme serviteurs ou manceuvres chez des fermiers, on a deja ameliore la condition de la colonic. Le nombre des oisifs, qui s'elevait au i**^ Janvier 1824 '> 5,539, n'etait plus au 1^"^ Janvier 1S26, que de 2,737. Les depenses du gouver- nement anglais qui montaient a la premiere de ces deux epo- ques a 40,907 liv. st. , etaient reduites, deux ans plus tard, a 17,671 liv. Enfin plusieurs milliers de negres aupaiavant dans la misere et rabrutissement avaient ete rendus au travail et a I'aisance. Mais ce n'est pa* tout encore. II faut trouver les moyens d'litiliser les autres negres qui restent oisifs, et mettre la co- lonic a meme de recevoir les nombreux Africains que les croisieres anglaises y amenent chaque jour. Dans le rapport deja cite, le major-general Turner propose d'employer les negres a la culture du cafe et du colon, pour lesquels la terre de Sierra-Leone est toul-a-fait propre; d'appeler a cct effet des colons noirs des Indes occidentales et de les mettre a la tete de ces exploitations , qui auraient le double avanlage de procurer aux negres une condition meiileure, et de diminuer les depenses du gouvernement anglais. F. D. ai5 ASIE. Calcutta. — £cole de mt'decine pour les indigenes. — Get etablisscment a ete fonde en 1822, vers la fin dc radminis- tralionde lord Hastings, et sou- les auspices du gouvernement. Son premier direcleur , le D' Jamieson eianl mort peu de terns aj>res, e'est surtout a son successeur, le D'^' Rbeton, niedecin distingue et savant orientaliste , que sont dus les succes , obtenus jusqu'a present dans cetfe belie et uliie ins- titution. Peu de sciences ont fait nioins de progres parmi les Indous et les Mahometans du Eengale ou des Indes en general, que les connaissances medicales. Dans ce pays 011 le nombre des medecins europeens est tres-restreint, la plupart des habitans ne peuvcnt presquc jamais obtenir les soins qu'exi- geraientdes maladies difficiles a guerir; les Anglais eux-mcnies, et surtout les militaires, envoyes dans despostes eloignes, ne trouvent pas toujours a leur portee les secours de la mcdecine. L'ecole, ou maintenant les indigenes recoivent un enseigne- ment tres-superieur a celui qu'ils obliendraient de leurs igno- rans compatriotes , remediera indubitablement a bien des maux. Dcja, lorsde laderniere invasion du cholera-iaorbus , le zele et les tale^is des eleves de cette institution ont arraclie a la mort un grand nombre de victimes ; et plusieurs d'entre eux ont ete appeles a des fonctions medicales de quelque impor- tance. II, faut esperer que la compagnie des Indes , loin d'ac- cueillir sous pretexte d'economie, la proposition qui lui a dejii tie faite d'abolir cet etablisscment, lui accordera de ncuveaux encouragemens , et une plus grande extension. — Le laborieux D"^ Breton a deja public prcs de 20 ouvrages dans les diverses langues qui sont en usage aux Indes, en arabe, en persan, en Sanscrit , en indoustani , en bengaii , etc. On s'est servi a cet effet de la lithographic , qui permet de reproduire avec fidelite des caractere^ parliculiers a chaque idiome , et qui de- viendra, sans doute , un pyissant auxiliaire pour la propagation des sciences , et pour TavaEcement de la civilisation chez les Indous. Singapore. — - Navigation par la vapeur. — Une socieic vient de se former dans celte ville pour etablir, au raoyen de bateanx a vppeiir, une communication rcgidiere entre les divers ports de la mer des Indes. E!le fera con;truire et equiper enAngbterre, un premier batiment, destine a naviguerjus- qu'a Batavia , Malacca, Penanj et Calcutta. Plus tard, la com- munication pourra s'etendre a d'autres places, telles que Ran- ai6 ASIE. — EUROPE. ILES BRITANNIQUES. goon et Madras. On espere ain.si terminer en hiiit jours le trajet de Calcutta a Singapore, trajet qui jnsqu'a present demandait environ cinq semaiues , et en ajoufant Luit autres jours, on pourra relacher dans tous les jiorts intermcdiaires. Le prix de la Iraversee diminuera de moitie au moins. Outre Taiiment que le commerce des Europeens doit fournir a cctte navigation, on pent se faire une idee des ressources qu'elle trouvera parmi les indigenes , en s'arrctant aux donnees suivantes. Tous les ans, cinquanie a soixante bitimcns amenent de la cote de Co- romandcl a Penang plusieurs railiiers de peisonnes ; mais elles s'arretent dans cette derniere -vilie , a cause des pirates et des sables du detroit. Ces passagers ne peuvent aller au-dela, sans de longs detours et de grandes depenses, qu'ils «5viteront au moyen d'un bateau a vapeur bien arrac , dont la presence dans ces mers ne pent manquer d'effrayer et peut-etre de detruire les pirates. Ce bateau pourra prendre aussi, chaque annee, soit a Bata'/ia, soit u Singapore , environ 900 Malais qui se dirigent de ces vilies sur Penang, pour s'acheminer ensuile vers La Mecque. EnGn, outre les Chinois, qui voyagent sans cesse d'un porta un autre, les jonques et les vaisseaux europeens amenent, chaque annee, de la Cbine a Batavia, a Singapore et a Penang plus de 6000 emigres , dont une bonne partie se dlrige ensuite vers des lieux plus eloignes. — L'auteur du])rojet adopte par la societe de Singapore, est M. Morris, quia dcja fait construire, pour le gouvernement hollandais, un batiment a vapeur , destine a croiser centre les pirates le long des cotes de Java. ( Oriental Herald.) EUROPE. ILES BRITANNIQUES, — Resitltat des experiences du capitaine Sabine , sur la longueur du pendule. — Dans un voyage aulonr du monde entrepris par les ordres du gouvernement anglais pour les progres des sciences, le capitaine Sabine a mesure avec un soin extreme la longueur du pendule a secondes on treize sta- tions, sous diverses latitudes tres-eloignees; en combinant les resultats de ses experiences avec d'autres, le capitaine Sabine a trouve la valeur moyenne pour Taplatissement du globe terrestre de ^i—j- La tentative de determiner la figure de la terre par la variation de la pesanteur i sa surface a done recu sa parfaite execution sur un arc de meridien qu'on pent a peu pres re- ILES BRITANNIQUES. 217 garder coinme la plus grande etendue accessible. Les resultats auxquels ces experiences conduisent sont aussi concordans entre eux qu'il etait perniis de I'esperer d'une entreprise aussi ilifficile, et les combinaisons des stations sont trop \ariees pour admettre quelque erreur probable due a des compensa- tions fortuitcs. L'ellepticlte ^'— ^ qu'on obtient ne differe pas considerablement de j-rl,— valeur qu'on avait adoptee d'apres I'aulorite des plus habiles geomctres de notre siecle, en cora- binant ensemble la mesure des degres terrestres avec les ex- periences du pendule et les inegalitcs lunaires qui dependent de I'aplatissement : loutefois la difference peut etre consideree comme assez notable pour etre digne d'attention.. [Annales marilimes et coloniales.^ rRANCOECR. Statistique des tribunaux criminels d^ Angleterre depiiis 1810 jusqu'en iSaS. — Les tableaux suivans sont extraits du sixieme rapport fait a la Socletc de Londres pour l' amelioration des pri- sons. Quoiqu'ils n'aient pas le nierite de la nouveaute, puis- qu'ils s'arretent a i823,nous croyons devoir les reproduire jci, a cause de Timportance des meditations qu'ils provoquent et parce qu'ils procurent I'occasion d'examiner juscja'a quel point ]ieuvent etre exactes les conclusions que les moralistes en deduisent ordinairement. Le nombre des condamnations judiciaires, compare a celui de la population d'un pays, peut-il etre une mesure de la mora- lilc- des habitans? Des rapporls de cetle nature peuvent-ils donner une idee juste de la moralite relative des peuples entre iesquels ils sont etablis? Non. La moralite , comme lasa/ite, est le melange de bien et de mal qui constitue I'elat habituel de la societe que Ton considere : on la connaitra tres-imparfaite- icent, si Ton ne voit que le bien, ou si I'altention ne se porle que sur le mal. Une societe peut se trouver, et subsister long- tcnis dans un etat de civilisation oii les crimes et les vertus abondent, ou Ton voie i\ la fois, avec une egale surprise la 7)erversite la plus repoussante et le plus noble emploi des facultes de I'ame humaine. Dans d'autres circonstances, toutes les araes retrecies seront incapables de s'elever jusqu'aux crimes que les lois poursuivent : les Iribuuaux peuvent etre oislfs cliez une nation peu digne d'eslime, et fort occupcs chez un penple energique, ou Ton trouve les plus nombreux et les plus beaux exemples de toutes les vertus. Nous sommes loin de presenter les tableaux suivans, comme pouvant donner une mauvaise opinion du peuple anglais : les esprits justes n'en tireront, ponr le moment , aucune consequence , et altcndront qu'on ait resume et presenl<$ la sommc des bonnes actions. ai8 EUROPE. pour I'opposei' k celle des crimes , dans la balance de I'dquite. Mais ces ta!)leaux doivent etre conserves comrae materiaux pour riiistoire de la civilisation. Dans la rcdaclion de ces tristescalculs , on a introduit, selon I'usage , et ])eut-etre senlcment a cause de I'usage, des evalua- tions moyennes : que peuvent apprendre, et que signifient de pareilles suppuJations? II est vi-ai qu'elles plaisent a certains esprits amis de I'ordre, ne fiit-il qu'appaicnt : mais encore une fois, que signlfient-elles? Elles ne mettront sur la voie d'aucune amelioration dans le regime des prisons ; le legislaleur n'y decouvrira point les vices des Ij!^ et des procedures crimi- nelles; elles ne serviront ni les intcrets de la sociele, ni la cause de I'innocence accusee; elles n'ajouteront rien a I'espoir de rendre un jour utiles h la societe des hommes que la pru- dence fait sequestrer pour quelque tems. Ces transformations de chiffres ne servent reellement qu'a satisfaire le govit de quelques hommes pour tout ce qui porte une apparence de methode. Mais ces occupations improductives de la pensee ont plus d'inconveniens qu'on ne le pense : elles eloignent les meditations fructueuses, accoutument I'esprit a se conlenter d'un faux savoir, et retardent nccessairement les progres des connaissances reelles. Ces observations auraieut peut-etre du ne se presenter qu'a la suite des tableaux qui en sont Tobjet; les lecteurs en auraient d'autant mieux senti la justesse, ou les auraienC faites d'avance. Mais elles sont applicables a plusieurs autres statistiques morales , et c'est par ce motif que nous les avons developpees avec quelque etendue, a propos de la statistiquc des tribunaux crimlnels de I'Angleterre. Tableau des crimes et delits jugis en Angleterre , de 1810 a 1823. De 1810^11816. De 1817^1823. Tncendle i46 ■ — ■ — 2o3 Crimes et delits centre les inoears. . . 384 — — Iji37 Vols avec circonstances aggtavantes. . 5,253 — - — lo,365 Recelement i,o53 — — a,l55 Vol simple 31,996 — — 63,r59 Vol sur les grands chemins gSo — — i>772 Vol avec effiaaion (burglary). . . . i,447S 219 De i«i7 .\ 1823. - "Ts 68 72 149 56 1,160 Nombre annuel des crimes et delits. I8I0 — 5, 146 18II — 5,337 l8l2 6,576 i8i3 — 7,164 1 8 1/, — 6,390 i8i5 — 7,8 1 8 1816 — 9.091 Total. 47,522 De 1817 h. 1823. 1817 — i3,93a 1818 — i3,567 i8ig — 14,254 iSao — i3,7io 1821 — i3,ri5 1822 — 12,241 1823 12,263 Total. 93,082 Dei8ioai?i6. De 1817 il i823. Total des condamnations prononcees par les conrs de justice 29,361 — — 6a,o45 Condamnations a mort 4,126 — — 8,224 ' Executions 536 — _ ggj Moyennes annuelles. De 1810 ei iSiC. De 1817 a 1823. Delits 6,788 — — 13,290 Condamnations 4,294 — — 8,863 — a mort 589 — — 1,1 7^ Executions 76 08 Population en 182 1. . , 12,220,600. Les renseigiiemens que le comite donno sur I'Tilande, sont loin d'etre aussi complets. Voici les donnucs qui ont ele recueil- liespour Tannee i82'3 seulement : — 383 — 369 — 831 — 274 — 339 — 338 — 717 — 289 ■ — 43 — 41 — 104 — 35 — 9 — 28 — 49 — 16 bion. 6 — ^3 • 2,093,45^ 6. aS 9 aao EUROPE. Population. . . 6,846,949 Acquittemens. . . 16,419 Arrestations. . . 25,385 Restent a jager. . i,o43 Coadamiiallons. 7 192-^ Pour rjEcosse on n'a pu se procurer I'etat exact des individiis einprisonnes, parce que radiiiinistration de la justice est si prompte dans ce ]niys que les prevenus sont sur-le- champ jnterroges et relaclits, s'il n'y a point de j)ieuve contre eux. Le tableau suivant ne comprend que ceux qui ont ete traduits devant les cours de justice : x8>t. s8i*. 1833. TOTAL. anouelle. Mises en jngement. . 270 Condamnations. . . aSo Acquittemens 20 Condamnat. a mort. 13 Executions 9 Population 2,093,456. F. R. RUSSIE. Saint-Pete RSBOtiRG. — Societe d' encouragement des artistes. — Cette sociele existe depuis quelques annces. L'empereur Alexandre lui avait accorde un secours annuel de 5, 000 roubles (5,000 fr. environ). Eile encourage les artistes , elle fait souvent les frais de leur voyage a Rome, et elle facilite la venle deleurs productions. Elle vicnt d'ouvrir un salon , ou elie expose publi- quement les tableaux , les gravures , les lithographies, les sculp^ tures des artistes quelle a pris sous sa protection , et ou les ou- vragesd'autres liomnies de talent dansce genre peuveutaussietre adniis. Nous y avons vu plusieurs beaux tableaux, et les plus distingues ont bientot Irouve des amateurs : le public se porte avec plaisir a ce nouvel elablisseinent. L'enipereur Nicolas a augmentc de 5, 000 roubles le secours accorde a cette societe, en hii adressant, a ce sujet, une lettre tres-gracieuse pour I'as- surer de sa bienveillance. — Necroi.ogie. — Frederic-Theodore Schubert, iiele 3o octobre 1758 a Helmstett , dans le duche de Brunswick , cora- menca ses etudes a Greifsvald, dansle voisinage de Stralsund, et les acheva a Gfcltingue. Les lecons qu'il donna plus tard a quelques jeunes gens confics a ses soins ayantdirige son atten- tion vers les mathematiques , il en fit ensuite son etude prin- cipale. Arrive i Saint-Petersbourg en 1785, il y fut attache, RUSSIE. aax comme g^ographe, a 1' Academic des sciences qui, en 1789, le recut au nombre de scs membres. C'est alors, et dans les fonctions de professeur d'astronomie pratique, qu'il deploya toute son activite : ses cours oblinrent beaucoup de succes. II composa un grand norabre d'ouvragcs , et publia chaque annee le calendrier de I'AcadeiTiie. Ses travaiix ne reslerent point sans recompense : les tiois derniers monarques de la Russie se plurent a les reconnaitre. II etait decore de plusieurs ordres, et il a joui du rang de conseiller d'etat actiiel , ainsi que d'une pension considerable jusqu'a sa moct arrivee le ^ d'octobre 1825. Voici la iiste de ses principaux ouvragcs : Astronoinie theoredcjiie , publiee en 1798. L'auteur traduisit lui-merae en francais, a la priere de M. de Laplace, cet ouvrage qu'il avail compose d'abord en allemand , et cette traduction parut a Saint-Petesbourg, dans I'annee 1823 , en 3 vol. in-4°. — Astro- noinie populaire . Pulersbourg, i8o3; 3 vol. in-8°, en allemand. — Vermischte Schriflen. Opuscules varies. Stuttgart, 1823 ; 2 vol. in - 8°. — Les Memoires de I'Academie imperiale des sciences , et plusieurs journaux renferment aussi un grand nombre d'articles remarquables dus a F. Schubert. — Nicolas Fuss, ne a Bale, en 1754, y recut son educa- tion. A dix-huit ans, il fut envoye a Saint-Petersbourg par son maitre Daniel Bernouilli, sur la demande du celebre Euler, deja presque aveugle alors. Fuss vecut long-tems dans la maison de cet illusire savant, dont il etait devenu I'adjoint. L' Academie des sciences I'avait associe a ses travaux des 1776. En 1783, il devintmembre ordinaire de cette sociele; en 1800, il en fut nomme secretaire principal. Dans I'exercice de ces fonclions il a rendu d'eminens services, avec autant de zele qiie de lumieres, jtisqu'a sa mort, arrivee le 23 decembre 1825. 11 avait lu a TAcadeniie , sur diverses parties des niatheroatiques pures ou applicjuees, un grand nombre de memoires, dont quelques-uns ont ete Iraduits en plusieurs langues europt^ennes. Mais I'activite de cet acadumicien ne se bornait pas a ces tra- vaux : I'empereur Alexandre I'ayant nomme, en 1802, membra d'une commission cliargee de rediger des statuls pour I'Aca- demie, les universites et les ecoles de I'empire, et I'ayant choisi plus tard pour faire partie de la direction generale des ecoles qu'on venait d'organiser, M. Fuss rendit de grands ser- vices a I'instruction publique. L'histoire de I'Academie pendant I'annee 1825 offrira use biograjjhie detaillee de ce savant mo- deste et laborieux qui lui a consacre la majeure partie de sa vie, et dont la perte excite de vifs regrets. M. Fuss etait conseiller aaa EUROPE. d'etat actiiel, chevalier des ordrcs de Saint-Wladimir de la 3' classe el de Sainte-Anne de la 2^ clnsse, membre de la Sociele (5conomiqiie iinporialc, et des Academies de Berlin, de Stock- holm, de Munich, de Padoue, dc Naples, de Turin, de Bos- ton, etc. II laisse un ills qui, tres-jeune encore, ayant rendu deja dcs services aux sciences , a etc noram^ a la place de son pere, coinme acadeniicien ct comme secretaire pcrpdtuel. — M. Collins, jeune mathematicieu, a aussi etc noame membra ordinaire de I'Acaderaie. — Le conite Nicolas Roumanzoff, fds aine du vainqueur des Turcs, chancelier de I'empire, chevalier de tous les ordres de Russie et de plu'ieurs ordres elrangers, signataire de plusieurs acles politiqucs, entre aulres relativenient a I'lirection du grand- duclic de Varsovie en royaume de Pwlogne, portait a juste litre le nom de Mecene russe. Ses nombreuscs collections, accessi- bles aux savans, renfcrmaient des objels precieux de toute espece : il n'epargnait nl depenses ni efforts pour les enrichir de quelque nouveau trcsor littcraire. Divers ouvrages remar- qitubles avaient paru sous ses auspices; quelques-uns, comme la relation du voyage de RI. Kotzebue, ctaient dus unique- ment a sa libcralite eclairee. II a fait les fonds de plusieurs entreprises deja esecutecs, et de quelqFies autres qui ne sont ]ias achevecs. Parmi ces dernieres, nous cilerons le voyage d'un Alleniand en Russie, du tems de Michel Feodorovitch, voyage qu'ou traduit actuellement en russe , pour former le texte ou le commentaire d'un grand nombre de planches relatives aux moeurs et aux coutumes russes dans un siecle dont il reste si peu de monumens. Ces planches, trouvees a Dresde, out etelithographiees sous la direction de M. Adelung, coMseiller d'etat actuel et directeur de I'Ecole orienlale de Saint-Pctersbourg, savant connu par j)li)sieurs ouvrages phi- lologiques et litteraires, dont le j)lus recent porte le liire : Die Korssunschen Thiiren^ etc. : Description et explication des portcs nommees korsuniques de la cathedrale de Sainle-Sophie a Novgorod. (Berlin, 1828. iv, 164 p. in-^".) Cet ouvrage est dedieaucomte Roumanzoff (Voy. Rev. Enc, t. xxii, p. i4*^-) II s'elait declare le ivotecteur des savans dislinijues, et de toute publication utile a la science. Sa bibliotlieque venait d'etre enrichie du raanuscrit tres clcndu qui conlient les ma- teriaux que feu le savant professeur Lorxbach avait recueillis pendant sa vie tout entiere , dans !e dassein de puLlicr un dic- tionnaire syriaqne uioins in)parfait quecelui de Michaelis. Sur la proposition du cclebre oricntaliste BI. le conseiller d'ctal Fra/in , lechancelier en avait fait I'acquisition, aumoyen d'une somme RUSSIE.— POLOGNE. a.i3 assez considerable. Peu de jours avant sa fin, et deja bu lit de inert, le com te Roumanzoff rennit a M. Enig , academicien, la somine de i2,5oo roubles, pour compleler cellc de 25,ooo roubles qu'il avail destinee a la publicalion d'anciennes cliro- iiiques russcs , sous la surveillance et auchoix t'e I'Academie. Celte somme entiere a ete deposee a la Banque de Russie , sous le nom de capital du comte de Roumanzoff , pour etre employee selon rintention eclairee et genereuse du teslateur. J. S — a. POLOGNE. Statistique de Varsovie en i8a6. — Uetendue de Varsovie et du faubourg de Prague^ situe de I'aulre cole de laVistule, est de i56 arpens et 7 morgues polonais. La ville se divise en 8 arrondissemens qui contiennent 214 rues, 3,i32 maisons, 112 palais, 61 edifices publics, 5,8 18 fabriques et manu- factures. La valeur lotale desproprietes assurces contre I'incen- die estde 5/i,5i2,528 florins jiolonais (environ 34,000,000 fr.). Sa population estde 126, /133 Labitans, (62,85i liommes, et 63,582 femmes ) sans compter les gardes imperiale et royale, la garnison, ni les personnes qui n'ont point de de- meure fixe dans la capitale. On peut diviser ainsi cette popu- lation : noblesse, i5,3o6; ticrs-etat , 83,o83 ; juifs, formant une nation a part, privee des droits de citoycns, ay ant une langue et un costume particuliers ; et d'api-es les cultes : en 92,132 catholiques; /(Gggrecs; 5,170 lutheriens ; SgS refor- nies de la confession d'Augsbourg; 274 ecclesia.stlques reguliers catholi(jues; 282mcines; 94 religieuses; 3 rainistrcsprolestans; 6 ecclcsiasliques grecs et 5o juifs. On trouve inscrils sur les rcgistrescivils: i9,63i hommes maries; i9,3o3 femmes mariees; 2,176 veufs; 7,062 veuves; 3oi femmes et 209 maris divorces; 40,578 cclibataires; 34,092 filles. Les personnes les plus agees soi!t 1 de loi ans , i de 102 , i de io3 , 2 de 104 , i de io5 , 2 de 110 ans. Muuvement de la population. — En 1780 , la population de Varsovie etait de 70,000 ames; en 1784 de 96,143 ; en 1787 de 98,000; en 1792 de 120,000, ( ce ful ledernier moment de I'exisience de I'ancien royauine ) ; eii i8o5 , ( sous le gouverne- ment prussicn ) de 68,411 ; en 1810, ( sous le gouverneinent du duclie de Varsovie) 77,727; en i8i3,(le raenie gouverne- inent) 78,767; en 1816, ( goiivernement du nouveau rovaume de Pologne) 81,020; en 1817, 88,362; en i8i3, 96,362; en '^^^Q ) 99)06o; en 1820, ioo,338; en 1821 , 104, 356; en 1822, 116, 256; en 1823, 117,287; en 1824, 123,867; en i825, 2a4 EUROPE. ia6,433, toujours abstraction faite de la garnison et des indi- vidus sans domicile. Le nonibre des nouveaux-nes depassait celuL des morls de 5o3 en i8i5, de 589 en 1816, de 96 en 1817, de 17.1 en 1824- Le nombre des morts depassait celui des rouveaux-nes de 785 en 1818; de 1218 en 1819; de 372 en 1820; de 176 en 1821 ; de 97 en 1822 ; de 396 en i823; de 106 en 1825. Ainsi, depnis le retablisscment du royauine de Pologne , le nombre des morts a depasse celui des nonveaux- nes, a Varsovie, de 1840 individus. Ainsi I'accroissement de population que nous avons signale ci-dessus ne provient point de causes naturelles, — Institutions scientifiques et littcraires. — II existe i Varso- vie une societe roya'.e philomatique; une socicte pour rinstruc- tion elementaire ; un conseil de raedeciue; une direction des spectacles; im theatre national; iin theatre francais. L'univer- sile royale, frequentee par 600 etudians, est divisee en facultes de droit, de sciences admiijislratives,depliiiosophie,detheo]ogie, de philologie etde raedecine. Celte capitale jiossede en outre une Academic des beaux-arts, pour la musique, I'architecture civile, la peinture et la sculpture ; un seminaire catholique ; une ecole de construction des ponts et chaussees; une ecole pour I'art dramatique; une ecole forestiere; une ecole d'agiieullure; un institut des sourds et inucts sous I'inspection d'un digne citoyen , I'abbe Fal/,ows/d, createur de cet elablissement phi- lantropique, au soin duquel il a consiicre sa vie tout entiere; une ecole poly technique que I'onvientd'organisersur le plande celle de Vienne ; un institut pedagogique ; des ecoles mllilai- rcs, etc. On y compte 3 ecoles palatinales (colleges) du i"""' rang, et deuxdusecondrang;64 ecoles elementaires et plusieuisccojes secondaires; des ecoles du dinianche pour les jeunes ouvricrs; 5 ecoles bourgeoises ])ourlesjeunes gens, Spourles jeunes filles; JO pensions; iG ecoles primaireset 6 secondaires pour les de- moiselles ; 20 Imprimeries , outre celle du gouvernement ; 10 librairies considerables; une fonderie nonvelleinent ctablie par M. Gluc/(sberg, imprinieiir et libraire de I'universite, et four- nie de beaux caracleres francais de M. Firmin Didot. La bibliotheque nalionale compte plus de i5o,ooo volumes, outre uncabinet degravures qui s'y trouve reuni. La bibliothe- que de la societe philomatique, de 5o,ooo vol., possede en outre une collection de medailles, d'armes anciennes, et d'autres anti- quitcs nationales. On y voit une salle qui j)orte le nom du gene- ral Doinbrowsfii, oil sontdeposeesles nombreuscscuriosites que ce general a leguees a la Societe, enlre autres le grand etendard de Mahomet pris a la bataille de Vienne, i683, par le roi POLOGjN'E. — DANEMARK. aaS Jean III Sobieski, sauveiir de la capitale de I'Autriche (i). On trouve encore a Varsovie la bibliothequc du consei.'-d'etat; uri observatoire, un ja.rdin botanique, des cabinets d'histoire natu- relle et de physique; une galeiie de tableaux ([ui appartient au comte Ossolinsfii; une autre a Villanov, propricte des corales Potoc/,i , et au Chateau royal une troisieme, appelee la Salle de marbre; un cabinet de niedailles, etc. M. P. DANEMARK. Ensei^nement mittuel. — M. Abrahamson vient de publier son troisieme rapport annuel, sur les progres de I'enseigne- ment mutuel dans le royaume de Danemark (Copenhague, 1826. In-4" de 8 p.). Ce rapport est adresse au roi, ct conduit jusqu'au 3i decembre iSaS. II prouve que la nouvelle raethode obtient le plus beureux accueil dans les etats danois. Pour donner une idee exacte et succincte de ces progres , 11 suffit de remarquer qu'a la fin de I'an i8'23, premiere annee de la fon- dation des ecoles d'enseignement mutuel, il y avail en Dane- mark 2/i4 ecoles complutement organisees. A la fin de I'an 1824 le>ir nombre s'elevait a 6o5 , et aa 3i decembre de I'an iSaS on en comptait 11 43 en pleine actiyite, independamment de 564 autres ou Ton jn'eparait Tintroduclion de la melliode : on peut done prevoir avec certitude qu'a la fin de cette annee ( 1826) il y aura en Danemark plus de 1,700 ecoles completement organisees. Institution des soinrls - miiets. — Cette institution, dont M. Abrahamson est egalement I'un des administrateurs, pre- sente les memes progres vers la prosperile. On y compte dcja 86 eleves , et ce nombre sera bientot augmente. Un des insii- luteurs , M. Schon, a voy.ige aux frais du gouvernement, pour visiter les principaux instituts de sourds-muets de la France et de I'ltalie. II est incessamment attendu a Copen- hague. Lithographic. — L'importatiou de la lithographic en Da- nemark est aussi due au patriolisme de M. AiiRAHAMsoN. II j)ublie un atlas national, dont nous avons sous les yeux les 17 premieres cartes. Elles rcunisscnt, dans un petit format in-4°, toule la netlete ct I'elcgance desirables. Necrologie. — Baggesen. — Le Danemark vient de jierdre un de ses poiites les plus celebres et les plus spiritueJs. Jens (i) II exisle a Varsovie deux monumens eriges a ce heros. Le celebre Thorwaldsen en execute deux auties , consacres , le premier, au prince Joseph Ponialowski , le second a la memoire de Copernic. T. xxxn. — Octobre 1826. i5 aa6 EUROPE. £r/imanui'l Bkocvsks clait nc a Corsdr, petite ville de Tile de S<';lande , le i5 fevrier i76/|> d'une famille bourgeoise peu fortunee; aussi les talens et I'esprit de M. Baggescn formaient- ils seuls tout son patrimoine ; inais, il faut I'avouer, il etalt, sous ce rapport, tres-richenient dote. Aprcs avoir recu, dans une ecole publique, la premiere instruction, il fut adniis, en 1784, au nonibre des etudians de I'Univcrsite de Copenliague. Deux ans plus tard, en 1786, il dcbuta par un volume de coutes en vers , quifutsuivi, en 1791, d'un reciieil de poesies en deux volumes, sous le litre dCOuvrages de ma jeunesse ; ce recueil oblint un succes prodigieux et bien nieritc. C'est surtout dans ces trois volumes que M. Baggesen a mOntre coinbien il savait repandre d'agremens et de graces sur tous les sujets. II a public depuis beaucoup d'autres pieces fugitives, en vers et en prose; mais nous n'en connaissons aucune que nous puissions mettre au-dessus de ses ])remiers essais. Mal- heureusement il ncgligea bienlot sa langue malernelle, pour eciire dans une langue elrangere, et il a enriclii la litterature allemande de plusieurs ouvrages , dont nous croyons devoir nous abstcnir de parler (i). C'est aux Alleraands de les jiiger et d'en faire I'eloge qu'ils pourront nieriter. Baggesen a occupe successivenient deux chaires de professeur aux Universitcs de Copenliague et de Kiel. Par une getierosite extraordinaire, qui honore le gouvernement danois , il lui a ete permis de jouir pres(]ue toujours des emolumens de ces places, quoiqu'il n'en remplit pas les fonctious. Plusieurs illustres et riches particu- liers imiterent ce noble excmplc, ce qui permit au poete cos- mopolite de ])asscr le tiers de sa vie en pays elranger, sans avoir besoin d'y tliercher peniblement des moyens de subsis- tance. Attaque depuis quelques annees d'une maladie tres- compliquee , il crut trouver la gu^risou aux eaux de Bolieme. II s'y rendit ; mais senlant bientot TappToche de sa dernlere heure, apres huit ans d'une absence non interrompue, il voulut aller mourir dans sa terre natale ; mais cette resolution etait trop tardive : Baggescn ne put aller plus loin que Ham- (1) Piaggesen a publJe en langae allemande : i° Melanges poetiques. Ilainbourg, i8o3. 2 vol, ■ — a° Parthe/iais. Hambourg et Mayence, 1806. Deiixierne edilion. Amsterdam, 1807. — 3" Haidebliirnen {Flears de bi'uyeie ). Amsterdam , 1808. Ces poesies oat obtenu de brillans succes, suitout la Parthenaide, qui a ete tradalte eu francais par M. Fauriel. N. d. R. DANEMARK.— ALLEMAGNE. 227 bourf]f, ou 11 mourut le 3 octobre 1826, a I'age de 62 ans et 8 raois. II laisse deux fils : I'un , ecclesiastique, est ctabli a Berne; raiitre est railitaire au service du Danemarl. Hribfrg. ALLEMAGNE. Universites. — II existe dans toute I'etenduede rAllcroagne, pour line population de 36 millions environ, vingt-deux uni- versites dont nous donnons le tableau , en les classant d'apres I'ordre chronologique de leur fondation : Celle de Prague, la pins ancienne, fat fondee. ... en i348. — de Vienne i365. — de Heidelberg ( Grand-duche de Bade) i368. — de Wurzbourg (Baviere) i4o3. — de Leipzig (Saxe). . 1409. — de Rostock ( Mecklembourg-Schwerln ) i4i9. — de Fribourg (Grand-duche de Bade) i45o. — de Greifswald (Prnsse) 14 56. — de Bale (Suisse) 1460. — de Tubingue (Wurtemberg) i477' — de Marbonrg (Hesse- Cassel) 1527. — de Koenigsberg (Prusse ) i544. — de Jena (Grand-duche de Weimar) l558, — de Giessen (Hesse-Cassel) 1607. — de Kiel (Danemark).. , i665. — de Halle (Prusse saxonne) 1694. — de Breslau (Silesie) 1702. - — de Gcettingue (Hanovre) 1734. — d'Erlangen ( Baviere) 1743. — de Landshut (i) (Baviere) i8o3. — =■ de Berlin. 1 8 10. — de Bonn (Prnsse rhenane) 1818. De ce nombre 6 appartiennent a la Prusse ; 3 , a la Baviere ; 2, aux etats autrichiens; 2, au grand-duche de Bade; 2, a I'elec- torat de Hesse-Cassel; et une a chacun des etats suivans , la Saxe, le Wurtemberg, le Danemark , le Hanovre, les grands- duches de Mecklembourg-Schvyerin et de Saxe-Weimar, et la Suisse. Anjdurd'hui ces universites comptent ensemble i,o55 pro- (i) Le roi de Baviere vient d'ordoiner la translation de cette Unl- versite a Munich , capitale qui offre a I'instruction des ressources beau- coup plus nombrenses que !a petite villa de Landshut. aa8 EUROPE. fessetirs ct 1 5,7^6 dludians, distribu^s ainsi que I'iiidiqne ce second tableau: UNIVERSITIES. Prague. . . . Yienne. . . Heidelberg. Wurzbourg. Leipzig.. . . Rostock. . . FriboOrg. . . Greifswald. . Bale. ... Tubingne. . . Marbonrg. , Koenigsberg Jena .... Giesseu. . . , Kiel Halle. . . . , Rreslau . . . Goellingue. . Erlangen . . Landsliut. . Berlin . . . Bonn. . . . MOMliBE de KOMliRE TROFESSEURS. D ETUDIANS. 55 1,449 77 1,688 55 62C 3i 660 8i 1,384 34 aoi 35 556 3o 227 2 4 2l4 44 827 38 3o4 23 3o3 5i 432 3!) 371 26 238 64 1)1 '9 49 7 10 89 1,545 34 498 48 623 86 1,245 42 526 On comprend dans ce tableau non-seuleineiit les professeurs ordinaires et extraordinaires , mais encore lous les niaitres par- liculiers dont les cours se trouvent annonces dans les program- mes semestriels, L'Allemagne catholiciue, qui compte 19 mil- lions d'habitaus, environ n'a que six universitcs, tandis que rAllemagne protestante pour 17 millions d'habitans n'en a pas molns de dix-sept; on a calcule aussi que la proportion dcs hommes qui etudient est de 149 sur 25o,ooo habltans rfans les pays protestans, et seuleiuent de 68 sur le menie nombre dans les etats callioliqucs ; pourtant il est juste de fairc observer qu'on ne fait point mention ici des eccle&iasliques calholiques qui ne font point leurs etudes aux universiles, mais dans des seminaires. Plusieurs autrcs villes possedaient autrefois des universitcs ALLEMAGNE. aac> qui ont H6 successivement supprimees aux epoques suivantes: Celles de Mayeiiee fondee en i477j supprimee en 1790. — de Statlgart — — de Cologne • — — de Bamberg, en Baviere. . • — de Dillingen , en Baviere. . — — d'Altdorf, en Hanovre. . . — — de Rintela , dans Telectorat de Hesse -Cassel — — de Salzbourg , en Autrlche , — — d'Ingolstadt, en Baviere . . — 1784, i388, 1648, — — 1794. 1798. i8o3. i549, 1678, — — 1804, i8og. i6a3, l8og. 1623, — — 1809. i47'-». reunleacellede Landsbnt en i8o3. 1392, 1 reunles acelle l5o2, ( de Halle en 1816. — d'Erfurt, en Prusse — — de Wlttemberg, en Prusse. . — Celles de Paderborn et de Munster, appartenant toutes deux a la Prusse, et qui n'avaient chacune que deux facultes, celles de theologie et dephilosopliie, ont ete supprimees, la preiniere en 1818 , la seconde en 1819; mais celle de Munster a ete,ran- nee derniere, retablie avec les trois facultes de theologie, de philosopliie et de niedecine. //'. de Lucenay. Stuttgart. — Publication des OEm'res completes de Goethe. — La diole siegeanl a Francforl , rendant hommage an genie de I'auteur de Faust et c|e Werlher, a pris en sa faveur une ine- sure extraordinaire : clle lui a assure la possession de ses ou- vrages contre les contrefacons ou reimpressions dans toute retendue des elats appai tenant a la confederation germanique. Le poele a confie la publication des /^o volumes quefornieront ses CEuvres comiileies au libraire M. de Cotta, de Stultgart.il s'ytrouvera, outre beaucoiip dechoscs qui jusqu'a present n'a- vaient paru que dctacliees cl sans erisemble, plusicurs produc- tions nouvelles, tirees du [lortefeuille del'auleur. Tel sera I'or- dre adopte dans le classement des ouvrages , que I'on assistera en quelque sorte aux progres et au devcloppement de I'esprit du poele, que i'on pourra le suivre dans les recherches auxquelles il .s'esi livre lour-a-tour, et rcconnaiire Ionic's les routes qu'il a lentees. On trouver.i pen de changemens dans les details, car , (lit Goethe lui - meme : « ce qui ne me rcussissait pas du pre- mier jet, in'elait impossible a perfectionner dans la suite. >> En donnant a la fois plusieurs editions differenles, lelibraire faci- lite a chacun racf[uisi»'dn de la collection selon ses desirs et ses moyens. II y aura li'^' edition de pocbc in-i6, dont le prix s'elevera a 10 rixd. 12 gr. (environ /jO fr. ); quant au prix du lirage in 8° il variera scion le papier. 23o EUROPE. Cetle publication ne peut luanquer d'exercer quelquc in- fluence siir la litterature allcmande. On \oit en cffet avcc plaisir le plus grand ecrivain de TAllemagne suivre I'exemple deja donne par la France et TAnglfterre, en faisant paraiire le recucii de ses oeuvres sons ses propres auspices et sous sa propre surveillance. Goethe, il est vrai, s'abslient de criliquer les ])icn)iercs prodnctions de son genie, mais il les prescnle de maniere a lalsser entrevoir les variations successives qu'ont eprouvees ses idces et sa maniere de voir. Ainsi, on aura non- seulement une edition autlientique et reconnue par I'aiitcur, mais encore un prcserva-tif conlre les nicprises de ces critiques sans mission qui deja , du vlvaiil du poete, onl, par de fausses interpretations, represente sa vie sous un jour trompeur, de- nature sa j)liilosopliie et m^le aux beautes d'une pocsle aimable et pleine de sens, les reves syslematiques de leur imagination nialade. D f. Prague. — Conservatoire dc mnsique. — La I^ohenie est un pays musical; aussi a-t-on sentila nccessite d'y otablir une insli- tu-tion qui put dcvelopper les heureuses dispositions des liabi- tans pour la musique. Cependant ce n'est pas au gouvernement autricliien qu'il faut faire lionneur du conservatoire de Praf;uc: il a ete fonde et il est enlretenu aux frais de plusieurs particu- liers. II est vrai que cet eiablissement est dirige avec tant d'eco- nomie qu'il ne coiite peut-etre pas le quart de ce que coule le conservatoire de Paris, et neaiimoins il forme d'aussi bons cleves que les meilleures ecoles de I'Europe. Une centainc de jeunes gens y sont instruits pendant six ans ; ils y entrentsans connaitre un instrument ; les nieines niaitres qui leur enseignent les elemens, les perfectionnent ensuitc. lis ont au Conservatoire des cours de langues , de littti- rature , de sciences; en un mot ils recoivent une instruclion variee et a peu prcs complete. Pendant leur sejour a I'insliiu- tion , ils ne peuvent paraitre en public sans une autorisation du directenr : on ne veut pas que I'envie de briiler ou de ga- gner de I'argent niiise a leurs progres, ni cprils monlrent un talent a denii forme. On n'enseigne au conservatoire de Prague que les instrumens d'orcliestre , parre que le seul but de cette institution est de former de bons eleves pour la musiqtie d'en- senible : ainsi le piano et la harpe sont exclus; on pensc, soit avec raison , soit a tort, que ces instru^nfinsappartienncnt plu- tot a la musique de salon , et qu'il rslive|iile d'avoir un eia- blissement national pour fojmei des pianistes oudes har|>isles., D— G. ALLEMAGNE. 23 1 Nechologie. — LeDorteur Jean Gaspard Frederic Mj.'^so , recteur et premier profcssenr du gymnase (Je Sainie-Mnrie-Ma- deleine, a Brcslau, dont la Jiet'ue Encyclo^cdique a plusieurs foisfait connailreles productions savantes avec des cloges bien meriles, etait lie, le 26 mars iv^g, a Zella ou Celle de St-Blaise, Loiirg du duche de Gotha. II fut cleve sous les yeus de son pere ; ses premieres etudes eurent pour objet les langnes an- ciennes; avant I'age de dix-sept ans il avail deja lu ])lusicurs fois la plupart des classiques latins et traduit Ilesiode et Theo- crlte, Apres avoir passe qnelque terns au gymnase de Gotlia , il se rendit a I'universite de Jena , ou , pendant pres de cinq ans, il se livra a I'elude de la tlieologie, de la pliilologie et de la philosopliie, particuiierement sous les professeurs Ulrich et Schutz. Deretour a Golha, il y remplit une place de precepteur et futensuite, des 1783, place au gymnase decette ville d'abord comme agrege, puis comme professeiir. Appele a Breslau , en 1790, en qualite de prorecleur, il devint irois ans plus tard premier professeur et recieur du gymnase de Sainte-Marie- Madeleine, qu'il dirigea avecle plus grand zele el la j)lus grande activite, jusqu'a sa mort arrivee le g juin 1826. Comme poete, comme Iraducteur, comme liumaniste, comme crilitjue esthe- tique et comme historien, M. Manso s'est acquis une reputa- tion reelle et durable. Doue d'un gout ptir, il joignait a une connaissance approfondie des classiques anciens, une grande erudition, un jugement sain et beaucoup de sagacite. De bonne heure, il avail montre du penchant pour la poesie; ses liaisons avec le traducteur d'Horace , Frederic Schmidt, et les beautcs pittoresques du pays ou il liabllait , contribuerent a reveiller et a developper le talent qu'il avail recu de la nature. Parmi ses poesies on distingue : \ Jrt d'aimer , poemc didaclique en trois cbants, Berlin, I7g4;les Epitres au philosophe Garve , dont il fut I'ami intime, sur les calomnies contre les sciences. En outre il a public deux volumes de poesies diverses , sous le litre de Bosquets poetiques. Les plus connues de ses traductions en vers sont : les Georgiques de Virgiln, Jena, 1783 ; les Idylles de Bion et de Moschus ; YOEdipe de Sophocle , Gotha , 1785, el la Je- rusalem delivree , qui est restee incomplete , a moins que le complement ne s'en trouve parmi les manuscrits prccieux qu'il a laisses. Enfin, ses principaux ouvragesen prose sont : Essais sur quelques sujets de la mytliologie des Grecs etdes Romains ; Sparle , Essai pour I'eclaircissemenl de I'histoire et de la consti- tution de cet ctat ; la Fie de Constantin et les Ostrogoths en Jtaiie ( voyez pour ce dernier. Rev. Enc. , t. xxx , p. i3'2 ). Jh. de LUCENAY. a 32 EUROPE. SUISSE. gulicrs. Externcs, TOTAI — — 35 — I • — 36 21 5 — 26 46 - 36 — 8a 4a — 8 — 5o GENjfevK. — Instruction puhliqiie. — Dc'iiombrciiurnt desHu- dians. — Les detiiils suiv.ins se trouvcnt dans Je rapport prc- seiile par le coiiseil d'otut, au conscil rc])resenlatif, lors de la dernicie session. Le nombre des eludians attaches a I'Acade- B)ie augiHcnte cliaque annee. 11 sVleve maintenant A 194 , re- partis coiiime il suit dans ies aiiditoires : Auditoire de theologlc. . . ■ — de droit — de philosophic. . — de belles -let (res. ToTAux. . . 144 — 5q — ig4 Le college de Geneve conlient lonjours un nombre a peu pres ef^al d'ecoliers; il est actuellement de 457. Les deux ccoles prima ires coitiplerit 66 jeunes gens rune autre ecoleditede Saint- Germain , 5o. Les classes l.tncasteriennes , au nombre tie trois, recevaient, au raoisdejuin 1825, 824 garcons et i38 dies, L'enseignement niutuel, pour la musique, s'y continue avec heaucoiip de succcs. II ne faut pas oublier en consultant ce do- cument que la population du canton de Geneve ne s'eleve qu'a 40 ou 45,000 ames. Des lors la proportion des individus ad- mis aux bienfails de Tinsfruction a la population tolaleparai- tra evideuiinent plus favorable. — Academie. — L'enseignement donne dans I'Academie de Geneve avail eu, dans son origine, pour objet exclusif la Iheologie et le droit : des I'epoque du rrtablissemcnl de Ja rei)ijblique, le gouverneinenl concut I'idee de relever un l)eu les eludes scientifiqueset litteralres jusqu'alors considerees seulement commeaccessoires: dans ce but de nouvelles chaires Iiirent creees. Mais I'experience de quelques anaees apprit Lientot que cette premiere rnesure n'etait point suffisante : d'un cole, cette augmentation dans lechanip de renseignement des lettres et des sciences ctait a charge a ccux qui n'en vou- Ijient jioint faiie I'objet d'etu'des approlondics; de I'autre, die ne satisf'aisait point completement ceux que leur goiit portait vers ccs deux branches. On s'occupa d'ecarter ccs inconve- iiiens, et, snr le jircavis des corps academiques, le cnnseil d'e- tat sanclionna cctle annee une iiouvelle oiganisalion de I'A- cadt-mie. EUe coraj)fe aujounl'liui qualre facuUes : celle de SUISSE. :i33 theologie, de droit, des sciences, dcs lettres. Les deux der- nieres comprennent deux especes de cours , ceux de premiere et de seconde aniiees qu'ou appelle aussl etudes communes et ceux de iroisieme et de quatricme ;innees ou d'etudes speciales. Le programme pour I'annee academique 1826-1827 (6 novem- bie-24 mai ) donne I'apercu de 35 cours dont se compose I'en- scmble de I'enseignement. lis soul ainsi reparlis dans les quatre facultcs : — Theologie : Tlieologie dogmaliqiie, M. le profes- setir Cheneviere ; Histoiie ecclesiasliqiie , M. le professeur Vauchf.r; Theologie apologelique, M. le professeur Dudy ; Art de la cliaire, le mcme; Hebreu, M. le professeur Celle— bier; Antiquites sacrees, le meme; Critique sacree, le meme. — Droit : Droit romain, M. le professeur Rossi ; Legislation cri- iniiitUe, le meme; Droit civil moderne , M. le professeur Bel- i-ot; Droit commercial , M. le professeur Rigaud. — Sciences ; Etudes communes ; Hisloire naturel'e (bolanique clementaire), M. le professeur De Candolle; ( le cours d'liistoire raturelle elementaire dure deux annees; la seconde est consacrte a la zoologie) ; Physique et chiraie experimeni.de, M. le professeur A. De La Rive; Pliilosoj)hie ralioiinelle, M. le professeur Cuoi- ST ; Philosophie sociale,le mcme ; Malhematiques, M. le pro- fesseur Pascai.is; Mecanique, M. le professeur Maurice. — Etudes .yjf'c/w/t'.v; Histoire naturelle organique, M. le profes- seur De Candolle; Mineralogie et geologic, M. le professeur Nkcrer ; Physique experimeniale, M. le professeur A. De La Rive; Astronomic , M. le professeur Gautier ; Blalhemali- qucs, M. le professeur Pascalis. On jiromel pour Taniiee pro- chaine un cours de malhematiques supericur encore a celui-ci, et uu cours de niecanique auaiytique et de jihysique mathema- titpje. — Letlres ; Etudes cowwtJ^^ej ; Belles-lettres gcnerales, M. le professeur Boissieu; Archcologie, le meme; Litteratnre grecquc , MM. les professeurs Duvillard et Conte ; Litterature latine, les memes; Histoire, M. le professeur Conte ; Cours prcparaloires de niathemaliques, RIM. les professeurs Choist et RIaurice. — Eludes speciales. Histoire des Beaux - Arts, M. le professeur Boissier; Litterature grecque, M. le profes- seur Duvillard; Numismatiriue, M. le jirofesseur Picqt; Langue arabe , IVL le professeur Humbert. — Outre ces cours d'hiver , le programme fait mention de cours d'cid preparatoires ou d'ap])licnlion , qui dureni un pen plus d'un JDois ; lis ont pour objet la languc francaise , la litterature laline , les mathematiques elementaires , et la topographic et I'arpenlage. L'Academie confere ies grades de bachelicr et de docteur. On obtient le j)remier, dans les siences ou dans les lettres, apres avoir sulvi les cours des eludes communes; Ies 234 EUROPE. litres de ministre du Saint -Evangiie on de docleur sont ac- cord«5s, apres des exauiens et des cpreuvcs, aux eleves des di- verses facultes. Ce lapide apercu permettra d'apprecier, jusqu'a iin cer- tain point , I'ctat de I'enseignemeiit snperieur dans la ville de Geneve, et ies ressources qu'eile oft're a I'instruction. Des renseigneniens du meme genre sur Ies principales villes de I'Europe ou du Nouveaii-Monde amener.>iei)t des rapproclie- mens d'un haut intcret, et donneraient en quelque sorte la me- sure de!a civilisation des diverses contriies, du moinsdans un de ses eiemens Ies plus importans. Nous nous empresserons de nieltre sous Ies yeux de nos lecteurs tous ceux qui nous par- viendront. A. ITALIE. Florence. — Efficacite de I'ecorce de la racine du grenadier ( ptinica granatinn ) contre le ver solitaire ( toenia ). — Ce re- mede connu depuis assez long-tems ctait quelquefois ineffi- cace, sans que Ton put reconnaitre Ies causes ou Ies circon- staiices qui empechaient son action. Celle question a ete resoiue par M. BoiTi , premier cliirurgien de la maison du grand-due. II a constate par un grand nombre de fails qu'il faut clioisir Ies racines d'arbrisseaux jeunes, venus de semis spontanes dans Ies terrains montueux et incultes, et ne prendre que celles qui ne sont pas plus grosses que le pouce. On enleve tout !e bois, et Ton fail seclier I'ecorce , sans eni])loyer ni la clialeur du so- leil, ni celle du foyer. Pour administrer ce remede, on fait in- fuser dix drachines d'ecorce dans 20 onces d'eau pure; on fait bouillir le tout dai>s un vase de terre bien vernisse, jusqu'a re- duction de raoitie : puis onle laisse macerer pendant i 2 heures. On decante alors la decoction , pour radminislrer au malade, auquel on a fait prendre d'abord une medecine douce : !a de- coction doit etreadministree en trois portions, dansl'inlervalle d'une heure. R. Genes. — Monument profete en Vhonneur dupocteVEKTicAHi. — Le 21 aout de i'annee derniere, plusieursllaliens distingues se reunirent dans la maison de campagne du comte Negro, si- tuee dans Ies environs de Genes, pour y faire I'inauguralion d'un busfe de Jules Perticari, dont ils regrettaient la perte recentc. Aujourd'hui , le comte F. de Cassi vient d'annoncer le projet de consacrer a la memoire de ce poete enleve si jeune aux lettres et a I'amiti^ un monument public. II invite ses coinpatriotes a con- tribuer avec lui a une oeuvre qui Ies honorera cux-raemes. Poete lui-meaic, il fravaille depuis long-tems a traduire en vers la ITALIE. 235 Pkarsale deLucaIn, et il voue a I'execution de son noble dessein Targent qu'il espere tirer de la vente de ce poerae, attendu par les amateurs de la litterature antique , el sur lequel il a souveut consultu Perticari. Le monument aclieve, on y renfermera les noms de tous les souscripteurs, imprimes sur parchemin. Urbin. — Necrolocie. — Fw/wb CoRBOi.i Aquilini, pairice d'Urbin, et chevalier de I'ordre de Saint-Etienne, est mort, le i8 juin de cetteannce, a I'age de 64 ans.Il cultiva les beaux- arts, et honora toujours les lettres , et surtout ceux qui les professaient. Homme de bien , et citoyen devoue a sa patrie , il a eleve sa famille dans les vertus qu'il praliquait, et scs exemples ont ete encore plus puissans que ses lecons. Mais ce qui le fait regretter \ivement par ses concitoyens , ce sont les ouvrages executes ou entrepris par son patriotisme. On lui doit la route qui s'etend d'Urbin jusqu'a Pesaro , et qui facilile la communication de la premiere de ces villes avec les autres parties de I'etat de I'Eglise , et surloui avec les cotes de I'Adria- tique. II ne se lassa point d'insister d'abord aupres du gouver- uemeni du pape, et depuis aupres du gouvernement italien, pour qu'ils achevassent cet ouvrage iloiU il fut toujours le di- recteur. P.usieurs fois dans les terns de diselte, on le vit ouvrir ses greniers pour venir au secours dcs indigens. II introduisit dan£ sa patrie la culture de diverses plantes exoliques. Ilcon- tribua jtrintipalement a la fondation du lycee d'Urbin, et il etendit son zele au dela des bornes de son ])ays natal. Les Ita- liens nobles et riches , comrae Fulvio Corboli , devraient sefalre plus souvent un honneur de I'imiter. Reggio. — Necrologie. — Le c6mte/ert«PARADisi est mort , le 26 aout de cette annee, ag6 d'environ fi6 ans. Jeune encore, il se fit remar(iuer par une profonde connaissance des mathi^mati- ques, et parle gout le plus exquis enmatiere de litterature. Dans un age plusmur,il se distingua parmi les Italiens qui appelaient avec ardeur une amelioration nationale , et qui, desesperant de I'obtenir par leurs propres efforts, se resignerent a I'atten- dre de I'elranger. II se trouva done lance au milieu des cve- nemens polltiques que la revolution francaise a fait naitre en Italic. II devint Fadiniraleur de Bonaparte, et crut trouver en lui le liberateur de sa patrie. II obtinl les premieres dignites qu'etablirent les diverses constitutions imposees en peu de tems a la Lombardie; il fut I'un des membres du directoire de la republique cisalpine, s^nateur du royaume d'ltalie, presi- dent du senat, grand-ol'ficier de la couronne de fer, president del'inslitut , etc., etc. Dans toutes les vicissitudes politiques, jl conserva un esprit do moderation, qui le maintint sous les 236 EUROPE. diff^rens pnilis qu'on vit se succeder. 11 ne cessa dans aucun terns de ciiiHiver les sciences et les letlres; et il a uiontrc com- bien son anieetait au dessus des hoiineurs donl il avail elc re- yetu, lorsqu'il en ful dopouillc : son caractere est rcsle le nienie jusqu'au dernier monieut de sa vie. F. S. PAYS-BAS. LouvAiN. — College philosophiqiie. — Cette institution des- tinee a fournir a rautel des ministres di^nes de leurs sublimes foiictions, s'est oiiverle pour la scconde fois le i6 octobre dernier. On pensait que le nombre des elcvcs serait pen con- siderable, a cause des negociations entamces avec la cour de Rome, et que M. le comle de Cellcs est charge de poursuivre, negociations donl on atlendait le rcsnltat. Mais la diplomalie n'a ici rien a decider. Le College philosopliiqne est inebran- lablenicnt assis siir les bases que la sagesse du monarque lui a donnces, et I'intrigue, quelle qu'elle soil, ne prevaudra point conlre Ini. M. Dumbeck. a prononce a sa rentree du cours une disseifation litleraire d'une grande profondeur, et contenant le resume de la pliilosoijhie de I'liistoirc. IN' AMUR. — Societc pour l'encouraf;ement de I'instruction elemenUiite. — Cette Socicte a pour objet de propager , autant qu'ii depend d'elle, dans toute la province de INamur, et par- liculierement dans les campagnes, les uieilleures metliodes d'enseignoment , les ouvrages utiles a la culture des mceiirs et de I'esjirit, elc. A cette lin chaque merabre j)aie annuellement et d'avance une somnie qui ne pcut eire au-dessous de trois florins des Pays-Bas. I,a Sociele a fonde des ecoles, eta I'ou- vcrture des Ircons, eJle dislribue des livrcs classiques a uu prix si bas, que I'achat de tous ceux qui soiit de nec.essile n'e-xige qu'une dc'pense annuelle de 12 cenliemes de flor., en 3 ternies ])our la classe inferieure, aS — — 5 — — moyenne, 5o — — 6 — — superieure. Ces ouvrages, parmi lesqucls se Irouvent ceux de M. Jussieu , ciant classes par degn's d'enseignement , on ne doit se les jirorurer qn'au fur et a mesure, ce qui off're a la fois plus d'attrait et de facilite. Pendant I'annee qui vient de s'(icou)er, 38,2'36 livrets onl eie ainsi mis en circulation. La Sociele se propose en outre d'instiluer des hihliolheqiies mobiles comrae en Ecosse. Elle est dirigee par M. d'OsiALiNS , gouverneur de la province, president, el M. Arnould, secretaire, tine couiiiiission composee du general - major Van Boecop, de PA YS-BAS. — FRANCE. a37 M. Cambrelin, (locteur en mcdecine, et do M. Ernst, sub- stitut du procureur du roi, est charj;ee d'exaininerles comptes. De Reiffendkro. Amsterdam. — Necrotlogie. — Le 28 septenibre est mort dans cette ville M. AVinrel, connu par son rare talent dans la mecaiiique, surtout dans la partie de cette science qui s'ap- plique a la musique. Nous n'avons qu'a citer pour preuve de ses taiens le Componhim ou Y Improvisateur musical , qui , il y a peu de teins, a reuni les suffrages des connaisseurs, surtout a Paris, ou il a aussi ete offert a la curlosite du public. Plusieurs autres ouvrages de musique inecanique font lionneur a ses taiens. Dans sa vie piivee il etait trop modcsle, ct souvent d'autres se sent ajjproprie les inventions , dont Ptl. Winkel aurait pu se vanter. Le Metronome , qu'on ajipelle ordiiiairc- ment de Maelzel, devrait porter le nom de Winkel, car I'idee primitive en appartienta celui-ci: quoiqu'il soitvrai que Mael- zel ait perfectionne I'instrument invcnte par le mecanicien hol- landais. X. FRANCE. Cambrai. — Monument clevc a Fenelon (i). — L'auteur du TelemaquemourtU a Cambrai, le 7 Janvier i7i5 ,a cinq heurcs un quart du matin. L'inhumation se fit le 8, a cinq heures du soir , avec tout Tappareil usite; le corps fut depose vei'S I'enlree du choeur de I'egliie metropolitaine. Sur le marbre dont on le recoavrit se trouvait gravee une longue inscription en I'hon- neur du vertueux archeveque. En 1793, on manqua de pionib pour faire des balles. Le comiie de salut public iinagina de faire exhumer les cercueils de plornb qui pouvaient se trouver dans les eglises, et cette rnesure generale cut son effet a Cambrai corame dans la ])lnpart des villes de France. Cc fut en 1 80 1 que lenlinistre de I'interieur, desirant faire recueillir et conservcr les cendres de Fenelon, deraanda des renseignemens sur les lieux ou elles se trouvaient. L'autorite locale, dirigee par les conseils de la personne chargee quelques annees auparavant de surveiller I'exhumation , fit des recherches qui furenl suivies desucces. Des lors I'idee d'elever un monument a Fenelon fut (i) Nons empruntons ces details a une brochure publiee par M,. Lf Glat, et iiitltulee : Notice siir le monument a elever a Fenelon dans Te^H.'-e catheJrale de Camhral, precedee de quelques documens siir la ruort de ce prelat, etc. Cambrai, 1826; iinpr. de Berthoud. In-3° de 38 pages, avec une sravure. 238 FRANCE. presentee par divers administrateurs on liabilans de Cambrat; mais ce ii'est qu'en 1818 qu'cUe obtint un commencement d'execution. Une souscriptlon fut ouveite, mais comme ellene paraissait pas devoir siitTue aux frais de I'entreprise, le conseil municipal de Cambrai voia une forte allocation. M. Gaulhier, arcliitecte des hospices civils de Paris, fut cliarge des plans d'un mausolee a eriger dans la calhedrale et de la direction des travanx. En 1822, le projet fut aclieve et les travaux comnien- cerent : depuis plus d'une ann6e ils sont acheves. Le monu- ment se compose de deux coionnes et de deux pilastres d'ordre dorique sur un stylobate destine a recevoir le sarcophage. Le preiat est represente a denii couclie, au moment oil il varendre son ame a Dieu. Trois bas-reliefs decorent le devant dii sarco- phage et represenlent les traits suivans de la vie de Fenelon: I'education du due de Bourgogne; le pansement des blesses, apres la bataille deMalpiaquet; etla vache rendue a un paysan. L'edicule est couronne par un entablement doritjue, orne de pateres et surmonte d'une croix. Au dcssous de ['entablement sont suspendues des guirlandes, au centre desquelles se Irouve couronnee I'iniage symbolirjue de la foi. La statue et les bas- reliefs furent confies a M. David, jeune statuaire, deja re- nomme par de beaux ouvrages, et qui vient tout recemment d'obienir a I'Academie des beaux-arls la place vacanle par la mort de Stonff. I. Sociele.'i savantes ; Etablissemens d' utilite publique. Cambrai {Nord.) — Socicte cV emulation. — Prix proposes. — Dans sa seance du 6 aout dernier, la societe a arrele, ainsi qu'il suit, le programme de ses concours : Eloquence. «Donner une notice historique et litteraire sur les historiens qu'a produils le depar- tement du Nord, et spccialement sur Jean Frocssart , Enguer- rand de Monstrelet et Philippe de Comines ; dlscuter le merite respectif de chacun d'eux, et indiquer en quoi ils ontpu etre utiles a ceux. qui ont ecrit apres eux I'histoire de France. » Le prix est une medaille d'or de qiiatre cents Jrancs. — Poesie. La Societe n'indique point de sujet special, Elle decernera la Lyre d'argent a la meilleure piece de vers qui lui sera envoyee. On n'admettra que des ouvrages inedits, et qui u'auront pas encore concouru a d'autres Academies. Lesmeraoires et pieces de poesie devront parvenir sans frais , avant le xTtjuillet 1827, au secretaire perpetuel de la Societe. — Econornie rurale. La Society avait propose une prime de trois cents francs au cul- tivateur de I'arrondissement de Cambrai qui aurait presente DEPARTEBIENS. aSg I'etalon le plus apte i la propagation d'une race de cLevaux pouvant, serviraune arme quelconque de la ca valeric francaise. Lyon ( /J//d«e). — Academic dcs sciences, belles-lettres et arts. — L'Acadeniie a decenic des medailles d'encourageraent a M. Chapeau , D. M. , a M. Defrancois , employe du genie inilitaire, et a M. Culhat , aiicien fabricant. EUe propose les sujets de prix suivans : i° Eloge, en vers on en prose, de M. le major-general Martin, Lyonnais , inort aux Indes. Le prix sera une medaille d'or de 5oo fr. — 2° Prix foude par M. Raymond, ncgociant, ne a Lyon, domiLilie a Paris. Une medaille d'or, de 5oo francs, au meilleur discours developpant les motifs qui doivent interesser tons les peuples de la chreliente a la cause des Grecs. — 3° Prix fonde par M. Baboin de la Ba- ROLiERE.«Determiner lanieilleure organisation a donner a I'ecole dela Marlinierc, destinee aux arts et metiers, el princl])alenient a ceux qui ont des rapports avec les manufactures lyonnaises. Indiquer en consequence la nature et le mode d'enseigne- raent, soit des garcons, soit des fiiles, ct les avantages ou les inconveniens d'appeler de jeunes fiiles aux eludes de I'instilu- tfcn; le nombre, la qualite et le sexe des professeurs ou mai- tres, la division de I'enseignement en theorie el en pratique; la police et le gouvernement interieur de I'elablissement ; le nombre des eleves internes et des eleves externes; les avanta- ges ou les inconveniens de conserver ou de rendre public le secret des precedes; les essais de perfectionnement des pro- cedes actuellement connus , qu'on pourrait inlroduire dans I'enseignement. Co prix, propose pour 1826, etait une me- daille d'or de 3oo francs; le fondateur I'eleve, pour 1827, a 5oo francs. — 4° Prix fonde par M, Christin, et reconstltue pat M. le marquis de Ruolz. Une medaille d'or de 3oo francs au meilleur memoire sur une parlie quelconque de la statistiquedu departement du Rhone , ou de la ville de Lyon en particulier, — 5° Meme fondalion. « Quels sont les moyens de meltre les Brotteaux, territoire de la Guillotiere, a I'abri des inonda- tions.» Le prix sera une medaille d'or de 3oo francs. — 6" Meme fondalion. « Les resultats si heureux que Ton a deja oblenus par la ventilation pour I'assainissement de plusieurs etablisse- mens, tels que les hopitaux, les prisons, etc., faisant desirer d'en voir etendre I'application aux djvers besoins doraestiques qui la reclament, I'Academie propose de determiner : Quels sont les moyens ou puissances, qui peuvent produire la ven- tilation ? Quels sont les modifications a apporter dans la coa- feclion des appareils venlilateurs, fixes ou portatifs,snivant les circonstances ou il convient d'en faire usage? » Le prix sera une medaille d'or de 3oo francs. a/,o FRANCE. Tous les oiivragcs destines aiiconcours doivent t5tre envoyes francs de port, avant le 3o juin 1827. I.cs prix seront decer- nes en seance pnbli(iue, Ic dernier mardi dn niois d'aout 1827. A la meme epoque seront dislribm's Ics j)rix irenconragcinenl: fondcs par RI. Ic due de Pi.aisance , ct deslines aux artistes tpii auraient fait connailre quelque nouveau proccde avanlagenx ponr les mannfaclnres lyonnalses, tels que des nioycns pour abaisscr !e prix de la niain-d'a-uvre, ponr cconomiser le tcnis , pour perfectionner la fabrication, pour introduire denonvellcs branches d'industrie, etc. Balris , President; Dumas, Secret a ire p erpct u el. PARIS. Ikstitut. — Acacleinie des sciences. Seance du 4 septemhre 1826. — - M, Ampere lit une note sur une nouvelle experience electro - dynamique qui constate I'aclion u'un disque metal- lique en inouveinent snrune portion de conducteur voltaique pliee en helice. — MM. Molard , Di.pin et Ntwier font un rapport sur un nouveau metier a tisser toutes sorles d'otoffe-* , inventc par M. Ji/gustin Coront, inanufacluricr a Saini- Julien, ( deparlenient de la Loire); re rapport rappelle I'origine du 1'^'' melier a tisser toutes sortcs d'litoffes, par le seul mouven)ent de rotation continu dans le meme sens, pro- duit par un' premier moteur quelconque. On sait quecetic belle nincliine, due au celebre Vaucanson , a cte perfectionnee par M. Jacquard , dont elle porte aujourd'hui le nom. Les mouvemens qu'cUe excctite sans le seconrs de la main sont : i" le jeu des lisses ; 2" le lanccment de la naveite dans les denx sens; 3" le coup de chape ou du baltaiit et son repos pendant le passage de la navette ; 4" Taction du fiein de la grande cn- souple en opposition avcc le coup du battant; 5" la marche progressive de I'elof'fe a niesiire qu'elle se tisse. Dans cet ordre de clioses, le merile d'un metier a tisser ne pent consislcr que dans le clioix de diveis m«5canismcs employes ])ar les auteurs pour produire ces diveis offels. Les metiers de M. Coront sont d'une combinaison simple, faciles a excculer, d'un entretien peu dispcndienx et trcs-bien appropries a leur objet. ■ — Un echantillon d'etoffe, fabriquce sous lesyeux des corumissaires, est jiresente a TAcademie qui approuve les uiuticrs de M. Co- rout. — M. r.EoFFROY Saint-Hilaire lit un memoire inlilul : E.rposilion et explication des faits et des plienonu'nes de la rnonslruositc par excrs. Ce savant nalnralisle rnppelle d'aboid tout ce qui a etc (criX. sur ce siijet par les anatomis'es les plus celebres dti siecle dei iiier ; il expose ensuite les rcsultals de ses PARIS. 24 1 propres observations, qui confirment la lol du developpenient excentrifiue dcs orgaiies exposee avec un talentsi remarquable parM. Serres. — M. Audoin lit un rnemoire intitule : Essai sur I'histoiredescantharides. ( MM. Lalreille etDumeril, coin- missaires.) — M. Lobyer-Villerme lit un memoire intitule : Sur les causes principales de I'insaluhrite etde la mortalite dans les prisons et sur I'intensite dc V action de ces causes. ( MM. Sil- vestre, Fourier et Coquebert-Montbret, conimissaires. ) — Du LI. — On lit une note de M. Bouvard, contenant I'extrait d'une leltre qui lui est adressce par M. Gambart , en date du 6 septembre 1826. Celte note contient les elemens de I'orbile parabolique de la coinete que M., Gambart a decou- verle Ic i5 aout dernier. — M. Segalas annonce les resnltats de ses recherches concernant un moyen de simplifier I'opera- tion de la taille par ie haut appareil et de favoriser la gueri- son des fistules urinaires vesicales. — On presente un rnemoire, enitalien, de M. Hildenbrandt, intitule : « Esperimentifatd alio scope di ritrovare un metodo piu opportuno per conservare le preparazioni anatomiche et patologiche , e vantaggi che le ne ottenero, ( MM. Duraeril et Chevreul, commissaires. ) ■ — L'A- caderaie procede a I'eleclion d'un associe etranger , en rempla- cementde M. Piazzi. Au a"" tour de scrutin, M. De Candolle obtient 21 suffrages sur 41, et est proclame. Ses concurrens etaient MM. Olbers qui a obtenu 17 voix , M. Robert Brown 2,et M.. Besseli. — M.Geoffroy Saint-Hilaire presenleun monstre humain, recu la semaine derniere a Chaillot, parM. le docteur Masson. Tons les visceres abdominaux sont sortis de leur cavite ordinaire et font liernie au dehors. M. Geoffroy insiste sur I'observation qu'il a faite de brides tant en dehors qu'en dedans de la poche meinbraneuse confenant les visceres de la digestion. Les brides exterieures avaient attache le foetus aux membranes placenlaires, et les brides exterieures tenaient les intestins et le foie attaches a leur poche. Le tirageavait pese principaleraent sur les parties inferieures du sujet, etil en est r^sulte que les organes urinaires et ceux de la generation ont suivi les intestins dans I'exterieur. Aucun indice ni aucune ou- verture n'etaient apparens au dehors. — M. Ampere fait sous les yeux de I'Academie I'expc-rience qu'il avail annoncee dans la seance precedente. Elle a pour objetle mouvement qu'un dis- que metallique tournant dans un plan horizontal impriine a une partie du condiicteur voltaique pliee en double helice. Ce mouvement est entierement semblablea celui que le meme dis- que imprime a unaimant dans I'experience de M. Arago. Celle de M. Ampere prouve que cette sorte de mouvement peut ^tre T. XXXII. — Octobre 1826. 16 2/, a FRA.NCE. prodnit par la seule action de l'cleclricit6, sans qu'il soit ne- cessaiie d'employer un corps aimanle. — M. Mong?:z donne lecture d'un memoir e sur ]e milrier blar I'autre. Cette capsule nait d'une papille du derme, mais elle en est tout-a-fait distincle , selon M.F. Cuvier, qui differe en cela d'opinion avec M. de Blainville. Lorsqu'on ouvre I'etui du derme, on se tronve contenue la paroi inferienre d'une capsule nouvelle , et qu'on pcnclre jusqu'a !a papiile, on la trouve forraant un Ires-petit cone qui ne communique avec elle que par son sommet. M. F. Cuvier decrit cetle capsule avec le ])lus grand soin, et il prend ses exemples d'apies les observations qu'il a suivies et fait dessiner sur les grindes pennes remiges du marabou et sur les rcctrices du /locco , deux tres-grands oiseaux dont le.< plumes ont une structure differente, qu'il fait connaitre avec beaucou]) de dt'tails. Voici ce que I'auteur conclut de ses observations : 1° la structure de I'organe prodacteur des polls differe de cclai qui produit les plumes. 2" Tons les deux sp- cretent ou excreient une meme maliere cornee. 3*^ L'origine de cesorganesprodiictcurs est bien la meme : c'est-a-dire que leurs vaisseaux et leurs ncrfs proviennent d'une papille; mais que SI les poiis sont le rcsultat de la secretion d'un cone ou d'une seric de cones emboites, de nature cornee, les plumes ne proviennent pas rcellement d'une jiapille du derme; que ce dernier organe ne sert que de base seulemcnl a la papille pro- ductrice. 4° II y a cbez les oiseaux deux organes distincts : celui qui produit la plume en particulier ne se developpe qu'.n certaines cpoques; il n'existe que pour un terns, a pen pres coni-rae I'organe qui produit annuellement le bois du cerf et qui est crec, pour ainsi dire, a certaines epoques; il se deve- a/, 4 FRANCE. loppe et se dctruit en tot.ilile; tandis que la papille du derme persiste pendant toute la diiree dc I'existence de I'animal cIjcz lequel on I'obscrve. — M. Dupin fait un rapport siir I'ouvrage de M. le marquis de Poterat, intitule : Thcorie du navire. (Voy. Rev. Enc, t. xxxi, p. '^lo , aoAt i^iG.) En voici les conclusions : « On voit que i'ouvrage de M. de Poterat a ncces- site des recherclics laborieuses et profondes. L'auteur montre un talent ingi/nieux dans I'art de concilier les reclierches ap- proxiniatives de la theorie avec les fails de la pratique. II a fait disi^araitre des defauls graves d'un ouvrage celebre sous divers points de vue ; il a rendu aux eludes de la marine un veritable service, et nitrite la reconnaissance des personnes qui se livrent a ces etudes. » ( Appronve. ) — M. AniEtiNE presenie diverses preparations anatomiques. ( MM. Dupuylren et Blainville , conimissaires. ) — M. Teraube, medecin, presente la i''® partie d'un ouvrage intitule : Traite des habitudes contraires a la sante. (MM. Portal et Boyer, commissaires. ) — M. Lembert donne lecture d'un manuscrit intitule: Memoire sttr la me- thode endermique. ( MM. Duraeril et Magendie, commissaires.) — MM. Henscuel, freres, ecrivent de Berlin, en date du 4 septembre iSa6, pour annoncer qu'ils onl invente et confec- tionnc un papier sur leijuel I'ecriture ne pourrait etre enlevee , sans qu'il restat des traces de la falsification. A cetle lettre est jointe une declaration de M. Hermbstcedl , de I'Acaderaie de Berlin. (Benvoye a la commission dcja nommee.) — Du 1 oclobre. — M. Plana, membre de I'academie royale des sciences de Turin , est nomine correspotulant de la sec- tion de geometric, et M. Brunel (i), correspondant de la section de mecanique. MM. Comer et Latreille font un rapport sur le rncmoire de MM. Quoy et Gaymakd, relalif aux Mollusqucs et aux Zoo[>liy(es qu'ils ont observes dans la baie d'Algesiras. Dans cette relacbe de queiques jours , outre tout ce que MM. Quoy et Gaymard ont recueilli d'ob-^ jets dcja dccrits , ils ont observe vingt-sept especes qui ieur ont paru entierement nouvelles, et dont une partie Ieur a semble assez differente de tout cc que Ton connait, pour qu'ils aient cru devoir former dix genres nouveaux. « Ce Me- inoire dit , en terminant, M. Cuvier, rapporteur, est un heureux avant-coureur des travaux qu'ils se proposent d'exe- (i) M. BruTH'I , ne cii France, a quilte ce pays a I'epoqne de hi revo- IntioD. L'Anglcteire et les Etats-Uiiis lui doivent na p;ranrl nomlire de travanx et de niacliincs, leuiarquables par l.i liardicsse et la grandeur de Icxecutioa. cresi iui i\\\\ dirige la caustructJon du passage sous la 't'aniise. PATHS. 345 cuter pendant leur voyage, et ne peut qu'exciter a un hant degre les esperances que les natiiralistes out concues de celle entreprise. Nous proposerions de I'inserer dans le lecueii des savans etrangers , si les auteiirs n'eussent teinoigne le desir de le publier le plus tot possible. Nous proposons done seu- lement a I'Academie de teinoigner sa satisfaction a MM. Quoy et Gaymard. ( Approuve. ) — MM. Dumeril, Latreille et de Blainville font un rapport ties -favorable sur I'ouvrage de M. RoEiNOT Desvoidy , concernant les insecles qu'il nomme myodaires ( genre niouche de Linne.) L'auteur decrit 1800 es- peces de mouclies dont quatre cents sont nouvelles , et a toujours soin de donner I'bistoire des insectes avec la des- crip'tion de leur organisation. Le rapporteur le loue de cette innovation ; mais il lui reproche de n'avoir pas mis dans son style la simplicite qui convient a un ouvrage scien- tifique. Le travail de M. Robinot sera impriuie dans le recueil des savans etrangers, le plus tot qu'il sera possible, vu son importance. Plusieurs membres , en appuyant les conclusions du rapport, insistent sur la n^cessite d'encourager I'etude de la zoologie , trop negligee en France. Les conclusions sont adopt6es a I'unanimite. Ce rapport sera imprime ; on en rendra compte dans la section du bulletin bibliographi- que. — M. Chevreul informe I'academie que M. Ch. J. Dumas a decouveit un clilorure d'iode, doue de toutes les proprietes du Brome decrit dans un Meraoire prcsente a I'Academie par M. Balard. — -Ow 9. — M. Saintourens envoie de Tartas un ouvrage intitule : Defrichement et brisement des landes incultes. (MM. Bose et Silvestre, commissaires) — BI. Eroussais ecrit a TAcademie pour lui exposer la serie de ses travaux dans la pratique de la niedecine , et la prier de lui accorder son suffrage pour la candidature de la cliaire de medecine va- cante au college de France. ( Renvoy6 a la section de Me- decine.) — M. William Bolles adresse de New - York un instrument de trigonometric. ( MM. Malhieu et Damoiseau , commissaires.) — On annonce la mort du celebre Scarpa ,as- socie etranger de I'lnstilut. — MM. Bom'ard et Damoiseau font un rapport sur une nouvelle melhode pour determiner I'orbite des comctes , par M. MAiiROFF , conseiller d'etat en Russie. II eri resulle que I'auteur n'a pas atteint le but qu'il s'etait propose. — M. Delille , correspondant, lit un Memoire intitule : Recherches sur la nature ct V organisation d'un nou- veau genre de Coiiferves , I'acetabularia , clusse jusqu' ici parmi les conferves. — M. Lenobmand , professeur de Tcclmologie, a46 FRANCE. lit uii Mi'moiie rel.ilif k iinc etoffe d'une noiivelle espoce coiistruite par des chenilles, et il depose un ('cliantillon de ce lissu. II lui a eio envoyc par M. BREHEh'STREcuT, iiiventeur du precede qui sert a dinger le travail de ces insettes. (MM. Bosc et Lalreillc, coinmissaires.) — M. Geoffroy Saint-IIilaire lit un Meniolie sur cctle f|uestion : Si les cas varies des mons- truoxites sont exacteinent renfermi's dans de ccrtaines liinitcs fixes, et dans ce cas, si ces rnonstriiosites sont susceptibles d'une classijication rcguliere comrne les clres qui sont Cohjct de la ZQologie nOnnale. — M. Dumas lit un memoire sur quelques points de la theorie atomistique. ( M. Gay-Lussac, commis- saire. ) A. Michelot. — Acadeinie des beaux- arts. — Seance jjublique du 7 oc- tohre 1826. — Avant la distribution des prix remportes par les elcvcs des diverses sections de TEcole des beaux- arts , M. QuATKEMERE - UE - QuiNCY a lu deux notices sur Bonnard eX Hurlault , arcliitectes , menibres de 1' Aca- demic ; et M. Lebas , un rapport, dans lequel ii a apprecie avec beaucoup de gout les divers cuvrages envoyes ])ar les jiensionnaires francais a Rome, et qui ont ete exposes au ])ublic. Les prix ont cte decernes dans I'ordre suivant : — 1° Grands prix de peinture. — Sujet du concours : Damon et Pythias , au moment 011 ce dernier accourt avec empressement pour prendre la place de son ami. — i'^'' grand prix : M. Fe- Rou ( Eloi-Firinin), elcve de M. Gros. 2® grand prix : M. Dn- PRE {Francois-Xavier), «51eve de M. Lethiere. — 2° Grands prix de sculpture. — Sujet du concours: la mort d'Orion. — i^*" grgnd prix : M. Despkez [Louis), eleve de M. Bosio. 2^ grand prix : M. Jouffroy (Francois) , eleve de M. Ramey his. — 3 Grands prix d'architecture. — Sujet du concours : Palais pour 1' Academic royale de Fr.ince, a Rome. — i^"^ grand prix : M. Vaudoyer ( Leon ) , eleve de M. Vaudoyer, son pcre, et de M. Lebas. 1^ grand prix : M. Delannoy [Marie- Jn- toine), eleve de M. Delannoy, son jiere, et de feu M. Deles- pine. L'Academie a arrete cju'il sera decerne une mention honorable a M. Dommey [Etienne - Theodore) , eleve de M. Lebas. — 4° Grands prix de gravure en taille douce. — Sujet du concours : 1° Une figure dessinee d'apres I'antique; a° une figure dessinee d'apres nature et gravee au burin. — i'^^ grand prix : M. Giraud [Pierre-Francois-Eugene), eleve lie MM.Ilersent et Richomme. 1^ grand prix : M. Martinet (Achille-Louis),ii\e\c de MM. Pau(inet et Forster. — 5" Grands prix de composition musicale : flL Paris [Claude-Joseph) , eleve de M. Lcsueur, a obtenu \t premier grand prix i M. Gui- PARIS. a47 RAUD [Jean-Bciplisle),(i\k\e de M. Lesueur, et M. Bienaim^ {Faid-E/nile), eleve de MM. Berton et Fc-tis , ont oblenii le premier et le deiixicme seconds grands prix. — Le prix de la tete d'expression, fonde par M. le comte de Caylus, a ete reiiij)orle, en peinture, par M. Vandenberghe ( Charles- Auguste) , eleve de M. Gros; en sculpture, par M. Greve- Nicii [ Francois- Alfred^ , eleve de MM. Dnpaty et Cortot. Le prix de la derni-fij^ure peinte, fonde par M. de Latour, a ete ohtenu par M. Signol (£'/»i7e) , eleve de M. Gros. 31. La— BRocsTR '^ Francois-Marie-Theodore) , eleve de MM. Vau- doyer et Lebas, a merile la grande nicdaille d'emulaiion, prix du plus grand nonibre de succes en architecture; et M. Le- PRiNCE [Robert-Leopold), eleve do M. Xavier Leprince, une premiere medaille dans le concours de paysage historique. L Mouvement des posies. — On troiive dans I'ouvrage de M. Derjnede, intitule : Des pastes en general (voy. Rev. Enc. , f. XXXI, p. i8g ), Ics details suivans qui nous paraissent assez curieux pour trouver ici leur place. Le nombre des lettres taxces , qui circulent annuellement par la poste , est de 60 mil- liom ; celles qui sont expcdiees en franchise peuvent etre por- tees a pareil nombre; ce qui forme un total de 120 millions de lettres on paquets transportes par la poste. La petite poste per- colt annuellement , a Paris seulement, quatre millions et demi environ, a peu pros le sisieme du proiluit total des ])ostes. l,e maximum des receltes a lieu en Janvier, et le minimum en seplembre. On jette, tous les jours, dans les boites de la capi- tate 25 ou 3o miile lettres, donl 8 ou 10 mille [lOur la j^etite poste, et 3f> mille feuilles periodiques ou prospectus. On met an rebut, chaque annee , pres de il\[\,ooo patjuets pour Paris seulement. y^d. G. Publications prochaines. — M. Delaunay, libraire au Pa- lais-RoyaU vient de metlre en venteles ISouvcaux Principes d'Economie politique de M. de SisMOSBi, en 2 vol. in- 8°, prix, 12 fr. — MJ.-B. Say prepare une nouvelle edition de son Traite d'£conomie politique , augmeutee d'un volujnc. Kile paraitra dans le courant du mois de novembre. Theatres. — Theatre-Francais. — Premiere representa- tion de I' Argent , comedie en cinq actes et en vers, par M***. ( Jeudi 12 octobre. ) — Dalencourt est parvenu d'un etat voi- siu de la misere a la fortune d'un des plus riches capitalistesde Paris, et if ne songe qu'a augmenter, par denouvelles specu- lations , ses immenses capitaux. 11 prend part a toutesles gran- des entreprises; ii prete de I'argeut aux princes etrangers, etil a48 FRANCE. fait le destiii de la Bourse ; il arme des vaisseaux et il a une maison a Bordeaux, d'oii ])artent ses expeditions maritimes. Tout se resout en argent dans la pensee du banquier; s'il se refuse a une action lucrative raais honteuse, c'est ()u'il a cal- culi la valeur de la consideration publique et qu'il a trouve plus de profit a paraitre honnete homme; s'il aspire a siep;er dans la chambre des deputes , c'est que cet honneur augmentera son credit et son argent. Dalencourt est lie d'amitie et d'interets avec un nomm^ Cho- let, intrigant qui dix fois a fait et defait sa fortune; Clioleta ^te soldat, medecin, comedien, avocat, agioteur, negrier , et probablement toujours fcipon; ce dernier metier est mainte- nant sa seule ressource, etil ne songe qu'a profiler de !a soltc confiance de Dalencourt, pour obtenir la main de Jenny, sa fille , qui doit avoir deux millions de dot ; car on ne parle que par millions cliez notre banquier. Cholet hate cette union avec d'autant plus d'ardeur que des effets souscrits par lui, pour des sommes assez considerables , sont prets d'echoir ; sans compter que ses creanciers ont deja contre lui deux ou trois prises de corps. Si la peur de Sainte-Pelagie ne le rend pas plus tendre au- pres de la jeune personne a laquelle il ne dit pas deux mots pendant toute la piece , elle redouble son empressement a s'in- sinuer dans les bonnes graces de M. et de Bl® Dalencourt; il cberche des affaires au mari , et negocie potir lui un emprunt avec un M. de Neuboiirg , agent d'lin prince allemand;il ca- resse lescaprices de la ferame, dontil est Tinlermediaireaupres de I'agent de change , et pour laquelle il joue a la Bourse, sur les metalliques, et sur les actions des canaux. M"" Dalencourt, que le financier a epousee en secondes noces, est une jeune femme, egoiste et dissipee ; elle quete avec faste pour les mal- heureux , parce que c'est la mode, et elle a pour la fille de son mari une veritable tendresse de belle-mere. On se doute bien que Jenny eprouve pour I'intrigant une antipathic qui s'augmente encore de tout I'amour que lui ins- pire Jules de Belleville, simple commis dans la maison de son pere. Malheureusement Jules est pauvre et il fait de jolis vers; ce sont deux crimes irremissibles ; le banquier le chasse tout en faisant le plus bel eloge de son travail et de sa conduite. Avant d'etre instruit de ce facheux cvenement, M. de Belle- ville le pere vient demander au banquier la main de sa fille pour le jeune heritier de son nom ; c'est une sorte d'herltage dont on $e doute bien que Dalencourt sera peu jaloux ; mais M. de ipelleville, tout fier d'un nora historique, connu , dit-il , dans PARIS. a49 le Maine, et que reliausse encore le lustre de I'^rnigration , ne doute pas que Dalencourt n'accepte avec empressement sa pro- position ; et quoiqu'il ne fasse aucune comparaison enlre I'eclat des ricbesses et celui de la naissance , on voit que , grace a la dot de deux millions, le \aniteux et cupide genlillatre encanail- lerait toule sa race avec beancoup de joie. Dalencourt lui epar- gne cette morlifiante satisfaction , et lui declare que sa famille, qui a la noblesse des ecus , ne descendra point a I'alliance d'un gueux titre. Mais tandis que les affaires de nos amoureux s'erabrouillent, celles du banquler vont a merveille. II conclut, avecle baron deNeubourg, I'emprunt tant desire, et pour lequel il oblient la preference, moyennani un petit pot de \in de cinq cent millc francs, que le grand seigneur exige, en protestant duzele desinteresse qui I'anime pour le service de son maitre. Sa maison desormais pent compter sur la mienne , dit alors le pr^teur a I'agent du prince qui emprunte ; joli vers dont nous croyons avoir deja vu la pcnsee quelque part. Une autre affaire occupe Dalencourt ; nous avons dit qu'il aspiraltase faire nommer membre de la chambre des deputes ; son credit et ses richesses sont de beaux litres sans doute, mais il desire y joindre encore ceux que donnent la science fi- nanciere et la renommee des leltres. II voudrait bien publier une brochure sur le credit. Une pelile difficulte I'embarrasse j il s'imagine que pour publier un ouvrage il faut auparavantle faire; Cholelle detrompe , et promet de lui amener uncertain Tournefort qui lui fournira du talent et raeme du genie pour la bagatelle de quelques mille francs. Tournefort est un entrepreneur litteraire qui fait travailler des gens d'esprit dont il debite ensuite la marchandise. Pieces de theatre , ecrits politiques , biographies, poemes, tout est de sa competence. Une brochure sur le credit public coutera a Da- lencourt dix mille francs. Tournefort luifera inserer, par dessus le mnrche, une fausse nouvelle dans les journaux du soir. Un petit bruit de guerre servirait merveilieuseinent les cnmbinaisons du speculateurj et, pour lui faire plaisir, le jou naliste va mettre en hostilite je ne sals quelles puissances. Deux personnages de peu d'importance nous resteut encore \ faire connaitre au lecteur : une espece de ferarae de charge qui vole sa maitresse en totite surete de conscience, et un valet de chambre qui met la montre de son maitre en gage pour nourrir un terne qui s'obstine a ne pas sortir. aSo FRANCE. jMainteiiant que nous avons es(]uisse toules les figures du tableau nous allons achever li'cn niontrer I'ordotiiiance. L'iuconvcnient des sujets de diamo lels que celui de I' Argent, c'est que l.i marclie geucrale de I'actioii en est presqne connue tl'avance, et pour ainsi dire forcce. On attend vers la fin du troisicnie acte une double et inevitable peripelie, qui prdci- ])ilera le jnillionnaire du faite de la fortune et enricliira le pauvre que tout a I'lieure on dedaigiiait. C'est en effet ce qui airive ici. Le faux bruit de guerre seme jiar Dalencourt s'est trouve veritable, et, en uii coup de bourse, il jierd 6 millions; nialheur dont la rapidite n'est pas facile a coiuprendre; car la nouvelle veritable ])eut bien deranger les plans futurs du spe- culdteur, inais noii pas le ruiner le jour nieme ou il a specule dans le sens de la nouvelle. Au reste ce desastre n'est pas le seul tpii frappe Dalencourt; il recoit des lelires qui lui annoiicent hi j)erte de ses vaisseaux d'Anierique, et la fuite de son caissier de Bordeaux; des effels ont ete protcstes, et il peut craindre a tout moment une prise de corps. Dans cette extremiie, il ne voit d'autre ressource qne de presser le mariage de sa fille avec Cliolet, qui, de sou cote ( nous le savons deja ) compte sur celte alliance ])our ecliapper a Saitite-Pelagie. Cette situation comi- que prodult une srene excellente qui sans doute eut sauve la piece, si , depuis la fin du premier acte le public n'eut ete frappe de celte froideur (jui loiijnurs en parcil cas semblc engourdir son gout, ct le rendre insensible a des beautcs nial preparees. On se reunit poor la lecture du contrat ; le baron de Neubourg va riionorer de sa sit^nature; I'liomme de letlres-enlrepreneur apporte une oj)it]ia!ame, lout le raonde est rassemble, il ne manque plus qu'iine petsonne; Eh ! qui done ? disent le futur et le pere; mais Ui miiriee , reprend le notaire. On I'appelle, J et la ])auvre Jenny arrive bien tristement. A la lecture de " la clause du contrat qui constiuic une dot de deux millions, Cholet se rej)and en protestations de desinteressement ; mais sa joie se change bienlot en un violent depit, quand le notaire, continuant de lire, ajoute que Dalencourt fera la rente des deux millions' a Irois pour cent. C'est de I'argent comptant qu'il faut au fripon, et la querelle la ])lus injurieuse s'engage enire le beau-pere et le gendre futur; le notaire qui ne voit que I'argent dans loute cette affaire, calcule froidcnient que s'ils se raccommodeni il y gagne un contrat , et que, dans le cas conlraiie, son fils I'avouti pourra bien avoir un proces a suivre. Cejjendant Cliolet et Dalencourt, revenus d'un premier niou- vement de colere , songent qu'ils ont besoin I'un de I'aulre, ils se rapprothent ; Dalencourt donncra un million en especes, PARIS. 25 r Cholet se co/itentera de la rente de J'autre million ; les deux t'ontraclans s'erabrassent , et Jenny, les larmes aux yeux, s'e- crie : Comme je suis vendue ! Mais le marche ne se consomme })as ; tout a coup un garde du couimerce parait suivi de ses eslalliers ; Cholet n'altend aucune explication et saute par la fenetre. On emmene Dalencourt ; et sa tendre epouse , dont le premier soin est de mettre sa dot a convert, court chcz son nolaire ou chez son avoue. Mais landis que Dalencourt a ete mine avec une precipita- tion si ctrange , Cellevilie est devenu tout a coup possesseur d'une opulence qui n'est pas moins extraordinaire. II lui est arrive je ne sais quel heritage ; et son indemnile d'emigre , dont il n'elait pas question le matin , se troiive soudainement liqni- dee a un million. C'est alors que, gonfle du double orgneil de la naissance et de I'argent, il s'irrite conire son fils qui aime encore celtejeune fille , dont lui-memcayait sollicite I'alliance; el il ecrit au pere une letire remplie d'impertinences. Cepeiidant la situation de Dalencourt change de nouveau ; a peine entn; a Sainte-Pelagie, il a etc remis en liberte , grace aux soins de sa fille qui lui offre scs bijonx et le bien de sa mere , et a la generosile de Jules qui fournic on ne sait quelle caution. Une accusation de faux qui pesait sur Dalencourt re- ton)be sur Cholet, qu'on vient de conslituer prisonnicr a la Conciergerie ; ciilin les -vaisseaux d'Amerique ne sont pas petdus, et le caissiei" de Bordeaux a reparu; de sorte que Dalencourt se trouve encore dans une assez belle position pour ((ue Belleville revienne lui offrir son fils; le baron de Neu- boarg, I'emprunt du prince all^mand; et le poete, son epi- thalame. La piece finit par ces deux vers que prononce Dalen- court en conteuiplant les deux epous qu'il vient d'unir : Ce spectacle me plait; qn'il est toucliant et doux ! Mais helas! dans dix ans, vaudroiit-ils mieux que nons ? En faisant I'analyse de-cette piece nous en avons signale les beautes comme les defauts. On a vu c]ue I'auteurn'a pns lendu justice a son siccle en accusant toute la generation actuelle d'egoisine et d'avidile; il y a de rinvraisemblance et de la con- fusion dans la conduite de rouvrage"^; et les caracteres offrent (pielques inconvenances et manquent quelquefois de vcrite; celui de I'liomme de lettres entrepreneur nous semble surtout meriter ce rcproche. Les nombreuses corrections faites par I'auteur ont efface une partie de ces defauts, mais n'ont point jete dans I'ouvrage cette gaiic qui lui manque, et qui efait cependant indispensable pour faire gouler une comcdie dont aSa FRANCE. la donnce est triste et affligeante. Le style, ou I'on remarque de jolis vers ct des traits hetireux, estdenue deforce comique ; la peinture des caracteres et des passions deniaiule des coups de pinceau plus larges et plus vigoureusement touches. Un pre- mier acfe fort piquaut , qui avait bien disposu les spectaleurs, et la grande scene du quatricme acle font beaucoup d'hoiineur au talent du poete , et le public a reconnu , en les applaudissant, rauteur auquel le theatre francais doit la Mere rivale , V Edu- cation , et le Marl a bonnes fortunes ; pieces dont le destin a ^le plus heureux. M. A. — Theatre de l'Odkon. - — Premiere representation des Biographes , comedie en un arte et en prose, par M. Bambou (jeudi 2 1 septembre). — C'est un tableau episodique dans le- quel il ne faut chercher ni intrigue, ni action. Deux ou trois scenes dialoguees d'unemaniere piquante, et quelques figures esquissees avec esprit, voila toute la piece. L'auteur qui s'est fait nommer Bainbou , nous montre cet atelier de calomnies, ou xin. libraire fait travailler de vils ecrivains avec lesquels il tralique de diffamntion. C'est un spectacle qui afflige jdus qu'il n'amuse:aussi,malgre des details agreables, la piece a ele froi- deinent accucillie. Tout I'esprit du rnonde nesaurait tenir lieu de situations, et la coraedie nouvelle en manque entierenient. Le fond du sujet offre d'ailleurs peu d'interet, et si ce n'elait le plaisir d'applaudir au cliatiment de ces miscrabies, le public aurait bien pu ne pas revenir voir cette piece. — Premiere rejiresentation du Wlari impromptu ou la cou- tume anglaise , comedie en trois actcs et en prose; parM***, ( mercredi 1 1 octobre ). — Lady Dalton , jeune et jolie veuve , ruinee par Kaleb son intendant, qui lui a prete de I'argent sous le nom du juif Jonathan , se voit exjiosee aux plus rigou- reuses poursuites. La coutume anglaise, qui donne un second titre a cette comedie, veut que les engagemens pris par la femme tombent , si elie se marie, a la charge du mari; de sorte que lady Dalton refuse obstinemeut d'epouser sir Arthur qu'elle aime. Le pauvre jeune homme se desole, sans se douler que I'indifference de la belle lady le sauvede la prison, et que c'est par amour pour lui qu'elle va en cpouser un autre. Cet autre est un nomm^ Daniel , espece d'inlrigant que Nelly, femme de chambre de lady Dalton, rencontre parhasard, et auquel elle propose la main de sa maitresse, reduite a une extremite qui ne lui laisse pas le choix des moyens. Mais i! se trouve f[ue ce Daniel est un ami de Kaleb, qui arrive de Bristol sur I'invila- tion de celui-ci, tout expres pourjouer le role de creancier de Jady Dalton, attendu que le juif, homme depaille, vient de PARIS. 253 mourir.Kalebinscritlenomde Daniel dans des engagemens qu'il avail eula precaution defaire en blnnc. Cependant Daniel, nioins fripon que Kaleb ne ie croyait, se decideareslituer a la veuve uii bien qui lui a ete vole; et I'iiitendant dupe n'a qu'a faire retraite. Lady Dalton , qui ne craint plus de voir coucher son mari en prison , cpouse Arthur. Cette intrigue , dans laquelle I'auteur a du moins eu le bon esprit de ne meier que Ie nom de lady Dallon, (car elle-meme ne parait point dans la piece ) est aussi obscure qu'inconve- nante; c'est un triste moyen de comiqiie que ces complots de fripons subaltornes, ces longues conversations de deux per- sonnages qui traitent f'roidenient entre eux des affaires di- gnes du tabouret ou des galeres. Les invraiseiiiblances d'ail- leurs fourniillent ici ; et la niaiserie avec laquelle Kaleb se laisse duper n'est pas la nioindre de toutes. II parait que I'auteur aura ete seduit par la siisgulit^re situation de ce Daniel , qui se trouve tout a la fois et le pretendu et le creancier d'unejeune et jolie feuime qu'il n'a jamais vue, qu'il ne connait pas rneme de nom ; cette idee, developpee avecbeaucoup d'adresse, pouvait peut- etre fournir uu acle d'une gaite un peu foUe, mais assez pi- cjuanle; I'auteur a tout gate en delayant son sujet dans trois actes, I'absence des personnages auxquels on pourrait s'inte- resser n'est remp'acee que par un cynisme d'escroquerie de- goulant a voir. Cette piece mal accueillie des spectateurs a la premiere representation, a ete niieux recue Ie second jour; et I'auteur qui avail d'abord garde I'anonyine, s'est fait con- nailre au public; c'est M. Georges Duval, auquei ce theatre doit una comedie fort amusante, la Journee h Versailles. M. A. — • Opera-Comiode. — Premiere representation de Marie, drame lyrique en trois actes, paroles de M. Planard, musique de M. Herold ( 12 aout 1826 ). — La scene se passe en Suisse. Un ancien general est sur le point d'unir sa fille Emilie a son cousin Adolphe. Celui-ci aime depuis I'enfance Marie , que Ton croit jjeliie-fille d'un vieux soldat , trompette dans Ie corps du general. Marie repond a ramour d'Adolphe; toute- fois, comblee des boiites du baron et de labaronne, elle croi- rait manquer a la reconnaissance, si elle ne surmontait j)oinf cet amour sans espoir. La ceremonie du mariage commence. Ma- rie, qui doit presenter a la jeune epouse le bouquet nuptial, ne peut supporter cette situation crnelle : elle tonibe evanouie. Reconduite au chateau, elle netardepas a s'cchaj)per et presde la chaumiore du vieux soldat, elle rencontre Adolphe; dans le silence de la nuit, les jeunes anians se font les plus tendres 254 FRANCE. avcux. Mais ils ont et(5 enfendiis ; Marie est accablce de re- proclics j)ar son pere,c|ui lui ordonne de quitter sur-leclianip le pays. Dans son dcscspoir elle vent se f>rt'c.ipilcr dans le lac qui baigne Ics murs du clialcan, ses forces Tabandonnent, elle toinbesans connaissance. Cientot la foudre gronde ; Morie, re- venue a ellc-meme se jette dans ime bartpie, et s'y caclic. IJn meunier a qui cette nacelle appartenait emmene la jeune infor- tunee, et lui donneun asile. Cependant , grand effroi an cha- teau : on a trouve le cliapeau de Marie snr le bord du iar; Dieu ! s'erie la baronne, ma fille esl morte. Ccs ])aroles appren- nent au baron que Marie n'est autre cliose (pji'un enfant de sa femme, enfant de premier lit, et qu'il avait toiijours refuse de voir, parce qu'il avait ete renncmi du pcre. Adolj)lie oblient alors sans difficulte la main de Marie. On voit que ce drame, tire d'un autenr allemand, offre de rinleret, Dans les deux premiers actes, Taction marclie avec une grande vivacile. Si on peut louer M. Planard de ne pas avoir etc verbeux et emplialique, on doit lui reprpclier de n'a- volr pas pris le soin de placeiNL-a et la ces traits henreux qu'on rencontre si fre(]uemment dans les drames de M. Scribe, et qui fixent rallention du speclatcnr bieisjnieux que les trivia- lites debitees jiar le j)ersonnage qu'au boulevard on nomme Tiidis et que I'auieur de Marie n'a cru jiouvoir ecai'ter. Les roles de ce genre chantes par la voix de Iiaute-contre offrent souvent de grands avantages aux compositeurs pour lesmorceaux d'en- seinble, niais leur parlie pourrail bien etre conservce et don- nee a tout autre pcrsonnago. Quant a la rnusique de Marie , je dois avouer que lors de la representation de cet ouvrage, j'avais beaucoup depreveniions dd'favorables : je savaisbien que M. Hc5iold elait un musicien plein de talent, mais j'avais cru m'aperccvoir qu'il en faisait quel- quefois mauvais usage, menie dans ses meilleurs ouvrages , la Clocheite e\. les /?OJ'/r/Y'^; I'emploi trop frerjuent des inslru- mens bruyans raisen jeu sans motif rc^el ra'avait indisj)ose cen- tre M.Herold, et je craignais de relrouver ces defauts dans Marie ." j'ai ete fort agrciablement tronipc. L'ouveiture debute par la barcarole qui se chante dans la piece, et dontle motif gracieus pourrait ctre plus n^ui.V allegro est plein de vigueur, et la coupe en est trcs-lieureuse : cette symplionie est fort courte , ce qui n'est peut-ttre pas un def a conserver a s« T. xxxii. — Octobre 1826. 17 258 FRANCE. Les evenemens poliliques de i8i5 le rendirent bientot a la -vie privee. II retrouva avcc joie ses pinceaux, la consolation de sa vie , et qn'il n'avait quittes qu'a regret dans uii moment d'enthousiasme. Le Salon de 181/4 offrait encore un tableau de lui (i) ; avec les Promenades piiloresqiies qui avaient succedd aux Souveuirs ; on j)eut tlire que c'est le chant du cysnc--- lea- der fut enleve a sa famille, a ses amis avant I'age de Go ans, le laseptembre i824. La Carle d'ltalie en 52 feuillcs , et particulierement la pre- miere partie a ete a juste titre consid(;r<'e coinme la nielllcure qu'on eut sur cette contree. Son echelle d'une ligne pour 3oo toises ou de Tyr/rr: permettait d'interessans details. La riviere de Genes, une grande parlie du Piemont, toule la Lonibardie, les legations, la Toscane, nne grande partie de I'etat venitien et meine de rAutriche y sont fort bien traitees, et les imper- fections que Ton pourrait remarqner dans le reste du travail tiennent peut-ctre autant a rexecution vicieuse de la gravure, alors encore dans I'enfance surtout en Italic, qu'au dessin, cons- tamment fait sur les meilleurs materiaux. La parlie mathema- tique n'a point ele negligee, et Ton peul menie voir par les notes que les points ont etc discutes et que rautonr ne s'est decide entie plusieurs observations qu'apres un mur exaincn. Mais ce qui distingue particulierement cette carte, c'est le trace pittoresque, quoique parfaitement geometrique des mon- tagnes. Abandonnant toute persi>ective lineaire et rapportant tout a la projection liorizontale , il a fait pour jamais dispa- raitre dc nos cartes les clocliers en elevation , les arbres qui cacliaient les routes qu'ils devaient border, et les monlagnes sur les cretes destjuelles semblaient couler les rivieres qui devaient en baigner le pied : enfin il laissa a une juste entente du clair obscur, a une sorle de perspective acrienne, de faire senljr I'elcvation de ces monls dont ses meditations dans les grandes Alpes lui avaient fait tracer renchainement avec tant d'intelligence (2). Alexis Donnet. patrie les cnivres de la Carte de France de Cassini, qui furent si long- tems et si inutilemeut cherches par les allies. L. S. M. (i) Site des environs de Paris; il portait le n" 5o. (2) IJe capitaiue d'artillerie qu'il etait au commencement de sa Car- rie re , Baclcr d'Albe est devenu successivement chef de Latailloii et direc- teur dn Depot de la guerre de la repabllque cisalpine: puis, aitjudant- commandaut tt marechal-de-camp. 11 parcournt dans Ions ces grades I'Europe da Tui^e au Folga et de YEbre au Visuve. Le baron Bacler d'Albe etait ollicier de la Legion-d'honneur, chevalier de Saint-Louis, de la Conronne de fcr et de I'ordre de Saint-Henri de Saxe. L. S. M- PARIS. 259 Necrologie. — Athanase-Jean-Leger Jourdan, docteur €n droit et avocat. a la Cour royale de P;iiis, naquit le 29 Juin 1791, a Saint-Aubin-des-Chauines dans lancien Nivei?- nais. Apres avoir termine, aux ecoles centrales, ce qii'on ap- pelle ordinairemenl les etudes , il suivit les cours de 1 Ecole de droit de Paris, et montra de grandcs dispositions pour la ju- risprudence. II {'ut recu avocat le 27 decembre 1812, niais ne pensant pas que, pour etre arrive an terine ordinaire des cours, il eut rempli sa tache, il aspira au grade de docteur, qu'il obtint le 3i aout i8i3. Ses gouts le portant de preference vers renseignement , il ne parut que rarement au barreau ; mais il se livra avec une ardeur infatigable a I'etude du droit roniain, et a celle de I'histoire et de la philosophic. Son plus vif desir etait d'obtenir, par la voie du concours, une des chaires de la facuite de droit de Paris. Pour se former a I'art de I'enseignement , il rasseinblait dans son cabinet de nombreux eleves, qui venaient puiser aupri'S de luil'amour de I'etude et le goiit des recherches savantes. Mais avant de souger lui-raenie a se mettre sur les langs, il voulut assister a un concours comme simple auditeur, et c'est a son extreme assiduite aux exercices de ce concours que nous devons Touvrage intitule Relation du Concours ouvert a la Facuite de droit de Paris, pour la chnire de droit roniain. ( 2 vol. in-8°. ) M. Jourdan fut fiappe, comme plusieurs de ses amis , du peu de progres obtenns dans I'enseignement du Droit. Plein d'admiralion pour les grands jurisconsultes francais dn sei- zieme siecle, il ne desespera pas de ranimer, dans la patrie de Cujas, le gout des saines doctrines, en faisant substituer a I'etude des commentateurs celle des testes. Pour preparer cette rcforme im])ortante, il se mit en relation avec les plus savans professeurs des universites d'Allemagne , el cette corres- pondance devint pour lui une source de lumieres. M. Nie- buhr, etant a Vcrone , en 1816, avait decouvert dans la bibliolheque de la catliedrale de cette ville plusieurs vieux manuscrits sous I'ecriture desquels I'oeil attentif pouvait aper- cevoir quelques traces de fragmens de droit remain. Au moyen de precedes chimiques, habllement employes , deux ecritures successives disparnrent et laisserent voir distincte- ment un teste qu'on reconnut pour celni de Gains. M. le professeur Goeschen publia le premier une Edition de cette precieuse decouverte ; M. Clossius , de Tubingen, en apporta a Paris un exeraplaire. On pent affirmer que sans le zele eclaire de MM. Blondeau , Ducaurroy et Jourdan , la France aurait ete long- terns privee des resullats de celte importanle a6o FRANCE. publication; mais non contens d'avoir fait connaifre, par la voie de la Themis, toutes les circonstances relatives a la dc- couverte des Institutes de Gaius , ces habiles professeurs en ont public eux - meraes une exceiJenIc edition, et ils I'ont prise potir base de I'cnseignement liistorique du droit remain. A cet eff'et , ils ont reuni en un raeme volume, sous le litre de Juris civilis ecloga , les Institutes de Gains, celles de Justi- nien , les sentences de Paul , et les fragmens d'Ulpien, comme les meilleurs textes que les eieves puissent etudier. Une decouverte moins importante , il est vrai , mais qui n'etait pas sans interet pour la science , fournit encore I'oc- casion a M. Jourdan de montrer sa veneration pour les mo- numens de la jurisprudence romaine. Des qu'il eut appris que M. I'abbe Mai avait trouve dans la bibliotheque Vaticane de nouveaux manuscrits palimpsestes , contenant des textes ante-jusliniens , ilecrivit a ce savant pour prendre des arran- gemens avec lui relativement a I'editlon francaise qu'il de- sirait donner de ces Fragmenta Juris romuni Valicana. Cette negociation reussit, et, de concert avec les redacleurs de la Themis, M. Jourdan publia cet ouvrage, en reproduisant ligne pour ligne I'edition de Rome. Cet empressement, mis par qiielques professeurs de I'ecole de Paris , a s'associer aux travaux de savans etrangers , rappelle le tems oil les Cujas , les Pithou, les Dutillet, procuraient a notre patrie I'lionneur d'offrir de nouvelles sources d'instructions a tous ceux qui cultivaient la jurisprudence, I'liistoire et la litterature an- ciennes. Parmi les savans allemands avec lesquels M. Jourdan entre- tenait une correspondance suivie , nous citcrons le celebre Hauhold , qui lui temoignait souvent combien il eprouvait de plaisir en voyant ses efforts pour faire revivre en France le gout de I'etude de la legislation romaine. Ce fut sous les auspices d'Haubold qu'il publia une edition, des Tabulce chronologicce , I'un des ouvrages les plus utiles de cet illustre jurisconsnlte. II ne faut pas croire que M. Jourdan, entierement absorbs par I'etude des antiquites du droit romain , soit reste etran- ger aux progres remarquables de la science de la legislation. II suivait avec la plus grande attention le systeme de codifi- cation, tel qu'il se ddveloppe en ce moment dans plusieurs etats de I'Europe et de I'Amerique; il voulait qu'on appelat au secours de la legislation les lumieres de la pliilosopliie , et , nomme rcembre d'une commission chargee de preparer un projet d'organisation judiciaire pour les colonies , nous pou- vons assurer qu'il s'y fit remarquer par son ardour a combattre PARIS. a6i les deplorables pr^juges qui tendent a priver les possessions francalses d'outre-mer, des garanlies dont nous jouissons dans la metropole. Le gouvernement a utilise dans une autre occa- sion, les vastes connaissances de M. Jourdan; a une epoque ou Ton semblait vouloir serieusement travailler a la rel'orme des abus les plus graves qui se sont gllsses dans notre legisla- tion, il recut du garde-des-sceaux, M. de Serre , la mission de se rendre en Anglelerre pour y etudier I'organisation des justices de paix. En se liant avecplusieurs jurisconsultes distin- gues, il se mit a meme de connaitre a fond les institutions politiques et judiciaires de ce pays. Nous ne devons pasoniettre, en parlant des travaux de M. Jourdan , la collection des anciennes lois francaises, qu'il entreprit de concert avee MM. Isambert el Decrusy. II s'etait charge seul de la publication du rcgiie de Louis XVI, et il en a donne quatre volumes qui s'etendent jusqu'au mois de mars 1781. M. Jourdan fut aussi un des principaux redacteurs de la Themis; ses articles se font remarquer par une veritable science , et par une profonde conviction des doctrines qu'il professe. M. Jourdan passait doucement sa vie , au sein de ses paisibles etudes , lorsqu'une mort preraaturee est venue I'en- lever k sa famille, a ses amis, et a ses nombreux eleves. Deja il avail ete plusieurs fois en Angleterre pour y etudier plus parficulierement I'organisation de la justice de paix. Dans son dernier voyage, il avait pour objet d'y puiser des connais- sances sur la legislation coloniale ; ce fut sous les auspices du ministre de la marine qu'il partit pour Londres, au com- mencement de juillet dernier. II y logea chez M. Sutton-Sharpe, son ami , avocat a la cour de chancellerie , ou il se livra a des travaux excessifs pour remplir sa mission. Sa sante , qui etait alteree depuis plusieurs annees , devint plus mauvaise sous le ciel brumeux de I'Angleterre. Les premieres alfeintes d'une fievre ardente le deciderent a retourncr dans son pays, pour y chercher le repos dont il avait un si grand besoin. Mais, chez le reverend M. Norman , pasleur de Deal , pres de Douvres , auquel il avait ete rendre visite , son mal empira ; il fut force de s'y arreter. Une fievre cerebrale ne tar«da pas a se declarer, et sans doute elle I'aurait emporte promptement sans les soins qui luifurent prodiguespar I'hospitalite genereuse de M. et de M^e Norman. La famille de M. Jourdan et ses amis furent avertis trop tard pour aller partager les soins du vene- rable ecclesiastique qui I'avait accueilli. M. Cailloue,conseiller ^uditeur k la cour royale d' Amiens , appril le premier ce a6a FRANCE.— PARIS. tristo ev^neinent , et se rendit eu toute hate a Douvres ■ mais jieii d'lieures jivant son arrivee , le 27 aout, le malheureux Jourdan avait rendu le dernier soupir, siir une terre etrangere, loin de ses parens et de scs amis qui ne cesseront jamais de chcrir sa raeraoire. A. Taillandu.r , avorat aux conseils du Roi et a la Cour de cassation. — Talma (^ Francois- Joseph). — La scene francaise vient de perdre I'un des j)lus grands acleurs qui I'aient illustree , Talma a ccsse de \ivre le 19 octobre. Ne a Paris le i5 Jan- vier 1760, il avait debute au theatre le 27 novenibre 1787 ; et, diuant une cairiere de ])ri's de quaranle ans, il a montre sur la scene tout ce que peiivent er.fanter de jjrodiges, dans I'art de I'lmitalion dramatique, les dons les plus heureux, cultives par un travail assidu et une intelligence superieure. Quand la nature a dessine un homme dans de jusles pro- portions, qu'elle liii a donne des mouvemens faciles et gra- cieux , une voix sonore et sensible, une physionomie noble et mobile, elle n'a encore fait que la nioitie d'un grand acteur ; il faut qu'elle lui donne encore ce foyer interieur (|ui repand an dehors ses flammes commiinicatives, cette exquise irrita- biliic de nerfs, qui rend les sensations si subliles, si entrai- nantes , qui fait que, dans une grande assemblee, cet ebran- lement du systerae nerveux devient comme une contagion, et passe de I'acteur a cette foule immobile et attentive qu'il soumet a Tempire des emotions dont il est lui-meme agite. Talma etait doue de ce singulier privilege de se transformer, durant quelqnes hcures, en \\n autre homme; la puissance des sensations qu'il eprouvait etait telle qu'il ne restait plus rien de Talma , dans cet OEdipe, ce Neron , ce Charles VI. C'etait la le secret de ses succes d'enthousiasme, secret qu'il n'avait appris de personne, et qui ne peut etre devine que par un homme favorise d'une aussi heureuse organisation. La carriere dramatique de Talma, sa vie privee , ses rela- tions avec les pcrsonnages les plus distingucs de son siecle, son talent d'ecrivaiii, I'histoire de ses derniers niomens et de la pompe fnnebre dont une population tout enticre a voulu honorer ses resies, tout cela merile d'occuper I'attention pu- blique, et la Revue Ericyclopeclique offrira, dans I'un de ses prochains caliiers, une notice detailiee sur cet acteur emi- nemment original et qui tiendra une si graude place dans Thistoire de son art. M. A. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANSLEQUATRE-VINGT-QUATORZIEMECAHIER OCTOBRE 1826. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. 1. Lettre sur la pliilosophie de lesprit humain . . 3fassias ,Tp. 5 2. Du mouvement de la population en France, consirlere dans chaque departeinent A. D. lo 3. De la crise commerciale de I'Angleterre J.-^.Saj. 4o II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4- Traite pratique sur les cliemins de fer , par Th. Tredgold , traduit de I'anglais par T. Duverne J.-J. Baude. l\(^ 5. Le commerce au xrx*^ si6cle, par A. Moreau de Jonnfes. Regny. 5i 6. Histoire d'Alcxandre !'■' , par Alpli. Rabbe Avenel. 63 7. 1° Voyage historique et litteraireen Angleterre, etc., par Am. Pichot. 2° Lettres sur I'Angleterre , par A. de Stael-Hols- tein A. Taillandier. ^4 8. Chefs-d'oeuvre de Sliakspeare , traduits par A. Bruguiere , baron de Sorsum Chanvet. 8g 9. Essai sur lesNielles, par M. Duchesne aine. Emeric David. 98 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 106 ouvrages , francais et etrangers. Amerique sEPTENTRiojfALE. — Etats-Uitis , 4, dont I ouv. per. io4 — Canada , i 107 Amerique meridioivale , 1 108 EuKopE. — Grande-Bretagne, i3 , dont 5 ouvrages periodiques. no — Rrissie, i ouvrage perlodiqne 118 — Danemar/i , 3 1 24 — Allemagne, 8 lafi — Suisse, 2 1 36 — Icalie, II, dont 2 ouvrages periodiques i4o — Pays-Bas, 8 148 France, 54, savoir : Sciences physiques et natiirelles, i4 . . . . i55 — Sciences religieiises , morales , politiqiies et historlques , 17. . . i65 — Litterature, i4 l84 — Beaux- Arts , .2 198 — Memoires et rapports de societes savantes, 2 200 ' — Ouvrages periodiques ,3 2o4 — Livres enlangues etrangeres , imprimes en Prance, 1. 2oy 264 TABLE DES ARTICLES IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTfiRAIRES. Amerique septentrionale. — ttats-Unis : Nouvel agent meca- nique substitue a la vapeur. Philadelphie : Details statisti- ques sur I'exploitation de la houille. Newark : Affranchisse- ment et education des noirs. New-York: Maison de refuge, alt ApRiQUE. — Sierra /.eone ; Traite des nj^gres ; colonisation. . . 2i3 AsiE. — Calcutta : Ecole de medecine pour les indigenes. — 5i>2- ^a/)ortf ; Nayigation par la vapeur aiS EUROPE. Ilks Britanniques. — Resultat des experiences du capitaine Sabine sur la longueur du pendule. — Statistique des tribu- naux criminels d'Angleterre ai6 Russie. — Saijit-Petersboiirg : Socie\.6 d'encouragement des ar* tistes. — Necroloffie : Schuherl ; Fuss ; Roumanzoff aao PoLOGNE. — Statistique de Varsovie en 1826. aaS Danemark. — Enseignemcnt mutue! ; institution des sourds- muets ; lithographie. — Necrologie : Baggesen aa5 Allemagne. — Universites. — 5toffg-art ; Publication des ceu- vres completes de Goetbe. — Prague : Conservatoire de mu- sique. — iVe'cro/o^/e ; Man so IH7 Suisse. — Geneve : Instruction publique ; denombrement des etudians. Academie , aSa It A LIE. — Florence : Ef£5cacit6 de I'ecorce du grenadier contre le ver solitaire. — Genes •: Monument projete en I'bonneurde Per- ticari. — Urbin : Necrologie : Corboli. — Reggioj Necrologie : Paradisi „ 284 Pays-Bas. — Louvain : College philosophique. — iVamHr.-Societe pour I'encouragement de I'ii'struction elementaire. — Amster- dam ; Necrologie : Winkel a36 France. — Cambrai : Monument eleve a Fenelon. — Societes savantes et etablissemens d'utilite publique : Cambrai (Nord). Prix proposes par laSociete d'emnlation. Lyon ( Rhone ). Prix proposes par I'Academie des sciences I'i'J Paris. — Jnsdiut. Academie des sciences : seances du 4 s^p- tembre au 9 octobre. Academie des beaux-arts : seance publi- que du y octobre. — Mouvementdes postes. Publications pro- chaines. — Theatres : Theatre Franeais : premiere representa- tion del'ArgentjComedie. O^fe'ow.- premieres representations des Biographes , et du Mari impromptu , comedies. Opera-Comi- que , premiere representation de Marie , opera. — Necrologie : Bacler d'Albe ; Jourdan ; Talma s4o Ejr::^. Avis ATJX AHATEURS DE li L1TTERAT0RE ETRANGERE. On pent s'aclresser a Paris, par rentremise du Bukeao centrai- dk LA Rkvue Ej^cyclopediquk, a MM. Treuttf.l et Wuhtz, rue de Bourbon , n° 17, qui ont aussi denx malsons de librairie, I'une k Stras- bourg , pour I'AUemagne, et I'autre a Londres ; — a MM. Arthus BERTRA.Nn,rueHautefeuille, n'aS; — Rehouaed, ruedeTournon,n''6; — Levratji,!, rue des Foss^s-M.-le-Prinee,n° 3 1, eta Strasbourg; — Bos- SANGE/Jcre, rue Richelieu, n°6o; et a Londres, ponr se procurer les divers ouvrages etrangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- nais, holiandais, etc., ainsi que les autres productions de la litterature etrangere. Le prix de ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays Strangers ou ils se publient, augraente de 10 pour 100, pour frais de port , droit d'importation et de commission , etc. — La Direction de la Revue Encyclopediqiie n'a d'autre but, en publiaiit cet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui resultent de ses publications mensuelles, les communications scienti£iques et litteraires entre la France et les pays etrangers. AUX ACADEMIES ET AUX SOCIETES SAVASTES de tOUS ICS pOyS. Les Academies et les Societes savantes ex d'ctimte ptjbliqob, fran^aises et etrang^res, sont invitees a faireparvenirexactement,//-«nc de port , au Directeur de la Revue Encjrciopedique , les comptes rendus de leurs travanx et les programmes des prix qu'elles proposent, afln que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs. AuX jjCDITEURS d'OUVRAGES ET ATJX EIBRAIRES. MM. les editeurs d'ouvrr.ges periodiques , francais et etrangers , qui desireraient echanger leurs recueils avec le ndtre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'echanges , et sur uue prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages , nouvellement publics, qu'ils nous auront adress^s. AtJX EDITEURS DBS RECUEILS PERIODIQUES BIT ARGLETERHB. MM. les Editeurs des Recueils periodiques publics en Angleterre sont pries de faire remettre leurs numiros a M. Degeorge, correspondanide la Revue Encyclopedique a hondres, i!° 38, Norfolk-street, Strand, chez MM. De Cnisj-, Cabet et Marbot, maison de correspondance et de com- mission ; M. Degeorge leur transmettra, chaque mois , en echange, les cahiers de la jRecue Encyclopedique , pourlaquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour Taimee courante, soit pour se procurer les collections des anneesanterieures, de 1819 a i8a5 inclusivemeiit. AuX LIBRAIRES ET AUX EDITEURS d'oUVRAGES EN AtI.KMAGKK. M. ZiRGES, libraire a Leipzig, est charge de recevoir et de nous fairo parvenir tousles ouvrages publics en Allemagne, que MM. les libraires, les editeurs et les auteurs desireront faire annoncer dans la Revue Ency- dopediquc. Likhaires ckez lesqueis on souscrit dans les pays ETaANGKus. Aix-la-Ci.apehe, Laruelle Ills. Amsterdam, G. Diifutiv; — Dela- rlrtnx. ' . , Ancelle. .Suisse), Sawxliindei . JSt.-iui, Schlesiiiger. rienie , Clias , au cahiiiet litter laiie; — Bonrgdor^r. ftrrjr/n// , Th Koru. lini.rellfs ,,\vchar\'irrnr-, P'iattl, , Ftibonrg (Suissp) , Aloise Eggeu- rc Lisbonii" , i^.iul Mai'tin. Londres, Dulau et Conipagnie ; — < Treuttel et Wiu-tz; — Bossaii{.e. ; ^/rtt/Wtf , Deiinee; — Per»>s, Slilan, GJegler; — Visniara ; Bocca. Moscou, Gautier; — Biss pereel fits. Naples , Bt)rel ; — Marotta et AVriuspauclock. Ncucii&iel (Suisse), Gresler. New-yoik (Elats-tfnis), Tlioisnier- Desplaccs;— Berartl etMoiidou: — Behr ct Kahl. Noiu-eUc - Orleans , Jourclan ; — Roche , fibres. Palenne (Sicile), Pcilooiu* et Mii- ratori; — Boeuf (Cli.). Petrrsbonig, ' Saiid- Floreul ; — Graeli; — Wcyher; — I'lucliart, Stiiltgurt et Tiihliigen , Cotta. Utrecht, Van ScUoonhoveii. Todi, B. Scalabriiii Turin , Bocca. Varsoi'ii' ^ Glui.,* /i- vacisky. Vienne ( Autriclie ) , Gerold ; — Schauniboui'i: ■ *" ' .)aciier. COLONIES. Ciiiadeloni/t; (Pein'e-a-Pitro) , Piolet aire. He- de-France (Poi t-Louis) , E. Burdet. I\la)tiniquc , Tliounens, Gaujoux. OK SOUSCRIT A PARIS, Au Bu»E.vu UE KEOACxrojy, hbb d'Exf^k-S-vikt-Mtcuel , li" iS, ou doiveal ctre envoycs, francs de purl , les livres , dessiiis et gra- vures, doul on desire I'annonce, et les Lettres, Memoires, Notices oo Extraits destines a 6tre inseres daus ce lieciieil. Chez Treuxtri. et Wiirtz , rue de Bourbon ^ u° 17; Bey ;ir Ghavieu, quai des Augustiiis, n" 55; Charles Becbet, libraire-coinin'''' , quai des Auguslins, n" 07; DoNDEV-DupKE, rue Saint-Louis, u" 4''') au Marais: et jue Richelieu, n" 67; MoNGiEaine, boulc\a)d Poissojjiii. '' , EyjiEKY , rue Mazaiine, 11" 3o ; RoREX, rue Hauteheuilie, \\" la ; B.iCHEi.iER, quni des Augustins, 11" 54 ; Levr.vulx, ruedesFosses-M.-le-Prince, u° 3i , et a Strasbourg; A. Biriiotnif , rue de \'augirard, n* 17 ; DEJLAi-ifAY, Pki-icii'k, Ponthieu, au PalaiB-Royal: A tA TeNTI, CaBIKET LlXTERAlKE, tCnU par M. GAtj'Xit'.n. . mica iniiitaire Galerie de Bois , n" 1U7, axi Palais-Royal. yola. Les ouvragcs aunoucOt. daus la llevue se trouvent aussi chwlluRET , rue Huntefcnille , 11° VJ- ■ — '— i'AKis. HE 1. IJU'RIWiiBIE »E lUt.ii01,X, ^ME IV- 1826. ( 32* de la collection ) 95* LIVRAISON. S M HA--, m m REVUE '^' encyclopedique; ou ANALYSE RAISONNfiE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA I.ITTERATURE, lES SCIENCES ET LES ARTS. t" Pour les Sciences physiques et mathematiques et les Arts industriels : MM. Ampere, CH.DxjrHr, Fourier, Gi hard, NAvisR.de I'lnstitiit:, Coquerei.; Casaseca., de Madrid; Ferry, Frahcoeur , Ad. Goi^dinbt, Lf. Normakd, jjrofesseur de teclinologie; A. Micbei,ot, dk MoKTOERy , Moreau de Jomhes, I'oojLi.ET, QnETK.i.ET, T. Richard, Wardeh, etc. 2° VoMTles Sciences naturelles: MM. GEOFFROY-SAiKT-HitAiRE, de I'lnftitut; BoRY DE Saint-Viscewt, corrcspopdatit de I'fnstitut , V. Addooir, Mathieo BouAFODS, de Turin; Brohgniart £!s, Desmarest, Floureks, D.-M. ; B. Gaii-loic , de Dieppe; V. Jacqdemomt, etc. 3° Pour les Science* medicales : MM. Adelon, Ballt, Damiron, G.-T.Doirf, Amedee DtJPAn, EsQCtROi,, FossatIjGasc, A.GRiMAUD.d'Angers; Georget; DF. KiRCKHOFF, d'Anvcrs; Orfit.a; RiGOLLOT fils, d'Amiens. 4° Pour \es Sciences philosophiqties et morales, politiqiies , geographiquei'et kistoriques^fiSl. M. A. JcLLiEtf, de Paris, Fondateur-Directeur de la JiiMi^.' Encyclopedique; Deceramdo, Ai.ex. de ia Borde, Jomard , Lamjuinais, de riustitut; Agodb, Artaiid, M. AvEMEV., Barbie dd Socage fils, BEXJiMiw- CONSTANT, ChARIFS CoMTE , DePPING , AootPHE GaRKIER, GuiCNIAtlT, GuizoT, A. Jatjbkrt, Lafon de Laoebat, Alex. Lametb, Lakjuinais fils, P. Lami, Lescedr-Meri.iw, Massias, A. Metral; Meyer, d'Amsttrdam ; deNorvins, Parent-Real, Ehsebe SAt,vERTE, J.-B. Say,' Simowd'e de SiSMOlTDl, de Geneve, etc. Duptw atue, Berville, A. Beugwot, Boochek^.- LeFER, CRlVELI.'l,DonBlET-DE-BoiSTHIBAtILT, DoFAC , DdFRAYER , DUVER- GiER , CI'. Rknooard, Taillandiek, avocats, etc. 5" Pour la Litterature J'rancaise et etrangere, la Bihliographie ,X' Micheologie eileaBeaux-Arls .-MM. Amdrieux, Amaury-Dcval, Bertost,!. Dro/., Emehic David, Lemercier , Naodet, de S£Gi;R,de I'lnstitut; M'n^L.-Sw. Belt.oc; MM. Bariseac, BiANCHi, M. Berr, J.-P. Bals, Felix Bodin, BoSir6tiFfils, Cuawvet, Chf.wedolle, de Liege; P,-A. Conrin', Fr. Degeorce, DuMersaiV, Ed. Gaottier, Ph. Golbery, Heibero, Henrichs, E. Hereau, Acgcste J.rLT.iEN.fils; Bernard Jni.i.iEW;KAi.vos, de Zante; Adrier-Eafasge, J.-V. Le- CI.ERr,LoEVE-VEmARS, A.MaBDL,MaZOIS, AlBERT-MoKTEMONT, MoMNARt, de LausaDDe; Nicolo-Podlo,C. Paganel, H. Patiw, Pokgebvili.e; de Rei^- FENBERO, de Bruxelles ; Rolle, bibliothecaire de la ville de Paris; de Stas- SART, Fr. Salfi, M. Scbinas; ScHWEicHvEnsER , de StraisLourg ; Lsov Tbiesse, p. F. Tissot, Vernedil, Villen ave, S. Viscomti, etc. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE, Rue d'Enfer-Saiiit-Michel, n" 18; ARTHUS BERTRAND , rue Hautefeuille , n" a3; ' Au MusEEENCYci-opEDiQUB, CHEZ BossAiTGE p^re,rue RIchelieu , n" 60; ; Resouahd, rue de Tournon, n° 6; LONDRES. — Gkwerai, FoREiGir Agency Office, n* 38^, Ntu folk- street. Strand; Theuttei, etWurtz; Bossange; Dulao etcomp. ;| P. Rox.A»Di, n" 20, Berners-street , Oxford-sireet, NOVFJMBRE 1826. AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LEs 60usc«ii»TEtjRS dont I'abonnement expire lb 3 1 DECEMBBB PROCHAiN , sont invitcs a le faire renoc- vELKR iNCESSAMMENT , pour quc le scFvice des envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuisle mois de janvier 1819, il paralt, par ano^e, douze cahiei*. de ce Recueil ; chaque cahier , public le 3o du mois, se compose d'en- viron i4 feuilles d'impression , et plus souvent do x6 ou 18. On souscrit & Paris, au Rurenu central tCabonntm^nt et d'expdditiom indiqu^ sur le titre. Prix dt la Souscripthu. A Paris. . ....... 46 fr. pour un an ; a6 fr. pour six mois. Dans les departemens. 53 3o A r^tranger 60 34 La difference entre le prix d'abonnement, h Paris, dans les diparte^ mens et dans Fetranger, devant 6tre proporlionnelle aux fraij d'expe- dition par la poste, a servi de base a laiixation port^e ci-dessus. A ce sujet, la Direction de la Revue Encyclopedique croit devoir faire observer que , cette base ayant €t€ calcul^e d'apr^s le norabre de qua- torze feuilles promises mensuellement aux abonnes, les frais deport occasion's par i'augmentatiQn sucoeseiTe des cahiers soot rest^s enti^- rement a sa charge. Le montant de la souscription, envoye par la poste, doit 6tre adress« d'avance, fR/VNC db port, ainsi que la correspondance , au Directeitr de la Revue Encyclopedique, rue d'Enfer-SaiHt-Miehel, n" 18. C'est k la m^iiie adresse qu'on devra envoycr les ouvrages de tons genres et lee graVures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on (l^sirera I'insertion. On pent aussl souscrire chez les Directeurs des postes et ches les prlncipaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dana ks pays etrangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est termini par una Table do? matieres alphab'tique et analytique, qui ^claircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au 1" cahier du volume suivaot, a I'exception de la dernifere Table de 1 ann'e, qui est exp^diee isol'ment 4 tous ceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit , seulemejit k partir de deux ^poques , du i"^ Janvier on, du t"/uilleide chaque annee, pour six mois, ou pourun an. On trouve, xv bureau centra.!. , les collections des annees 1819, i8ao, 18a t, i8aa, 1823, 1824 ef i8a5, «u prix d« So francs cfaacune. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ov ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA L1TTERA.TURE, LES SCIEMCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. REFLEXIONS SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA GEOGRAPHIE; et Expose des principes d'apres lesquels on se propose de rediger de nouveaux elemens de cette science. On divise commnnevcieniVd iMoov^KVui-E^n geographic ma- themaiique , physique el politique. Onomet, daus cette enume- ration , la geographie pure , ou la division du globe en regions naturelles, liniitoes par les cotes el les portions les plus elevces de la surface terrestre. Cette description de la tene, devant servir de base aux geographies physique et politique , devrait les preceder. Weaninoins, on se borne , a cet egard , h quelques vues generales que Ton fait entrer dans la geographie phy- sique; et, si Ton voit reparaitre ensuite dans la geographie politique, donl elles sont un element indispensable, les divi- sions naturelles du globe, elles y sont morcelees, dans les cadres oh cette geographie les place, et subordonuees aux divi- sions arbitraires indiquees par les lignes qui separent les etats, T. XXXII. — Novembre 1826. 18 266 REFLEXIONS Cette iiiarche est pen conforme h ce que la raison semble pros- criro. Les divisions iiaturcUes soiit la base siir laqiielle loutcs les autres ontdunecessaircment s'clevcr : resultat des deinieies revolutions que notre terre a subies, elles ont un caraelere de persistance et de durce, tandis que les divisions politiques chaiigent avec les siecles, I'ai^randissement etla decadence des peuples, les caprices des hommes puissans. Convient-il de subordonner le travail do la nature a celiii de Ihomnie , de fonder sur des donnees arbitraires et variables la connais- sance des cliaines de montagnes, du cours des fleuves, acci- dens de la surface terrestre dont la diiree brave celle des siecles? Ne vaudrait-il pas mieux mettre en harmonie lesidees avec les choses, grouper des signes mobiles autour designaux durables, et suivre dans I'enseignement la marche indiquee par les fails? On obtiendrait ainsi les avantages attaches, dans tous .les genres d'instruction, a I'ordre des idees. En traitant la geo- graphic commc on le fait d'ordinaire, on tombe necessairement dans un cercle vicieux ; car on ne peut se dispenser, pour etabhr les divisions politiques, de partir de quelques donnees de geographic pure. Ainsi, par exemple, en tete de la geogra- phic de I'Europe , on enumere, sous le litre de geographie physique, les fleuves qui arroscnt cette partie du monde,et les chaines de montagnes qui la travcrsent. II suit de la qu'a- prtjs avoir place la geographie politique dans la geographic pure , on replace la geographie pure dans la geographie poU- tique; ce qui produit une grande confusion. Si le lecteur veut se fairequelque ideed'une chaine de montagnes, du cours d'un fleuve, il faut qu'il parcoure vingt cndroits differens du livre; henreux, si I'editeur a pris soin de noter exactement les ren- vois : car, il n'y a qu'un bon index qui puisse remedier.un peu a tant d'arbitraire et de desordre. Favorable a I'etude sous ce rapport essenliel de I'arrange- menl des idees, la methode que nous proposons le serait en- core a d'autres egards. EUe abregerait renseiguement , en presentant comma de simples applications de la geographie pure les geographies des differens Ages, qui forment actuelle- SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA G^OGRAPHIE. 267 ment autant de sciences diverscs , dont chacune cxige un tra- vail tout noiiveau. En s'occupant d'abord de la description de la terre,on poserait una base, oii Ton prendrait ensuite ses points de direction pour determiner les limites des etats et la situation des villes, mais a laquclle on ne serait pas oblige de revenir, lorsque Ton passerait de lageographie d'une epoquc a celle d'une autre. Les details geograpliiques seraicnt concus avec plus de facilite, ct conserves plus surement dans la nie- moire. Les divisions politiques nepeuvenlelre aisement saisies; elles ne presentent a I'csprit un ensemble qu'il embrassc d'une seulevue, qu'autant qu'elles reposcnt dans la pensee, sur des accidens de terrain qui servent a les coordonner entre elles, et c'est ainsi qu'elles pourraient s'imprimer faciiemcnt et profon- dement dans le souvenir : ce qui fait la principale difficulte de I'elude dela geographic, ce qui oblige d'y revenir souvcnt si Ton ne veut pas perdre le fruit de ses premiers travaux, c'est qu'elle presente un dedale de noms et de traits sur lesquels la memoire n'a aucune prise , parce qu'ils ne se rattachent i rien de sensible, et qu'ils sont, pour ainsi dire, jetes confusement dans I'espace , sans aucun lien qui les unisse ni entre eux , ni a une base qui puisse servir a les fixer ; mais, si I'attcntion se portait d'abord sur les formes de la surface terrestre, sur les lignes dessinees par le cours des eaux, elle graverait dans I'i- magination un tablea-u , auquel se rattacheraient ensuite les divisions arbitraircs et les details locaux dont on veut specia- lemcnt s'occuper. Ainsi , lors mcme que Ton n'aurait en vue que la geographic politique, il con vicnd rait de I'asseoir sur la base de la gcographie pure. Un eleve en apprendra ve- ritablement plus , en un mois d'etude , s'il travallle d'apres ce principe, que Ton n'en pourrait apprendre en une annce, si Ton sejette, comme on le fait d'ordinaire, dans une multitude de details, au milieu desquels on nesaisit aucun rapport natu- rel,qui puisse faire servir I'imagination a faciliterle travail de la memoire. Mais la geographie politique n'esl pas la seule que Ton doive se proposer dans I'enseignement ; la geographie physique, ou 268 REFLEXIONS la distribution sur les iliverscs parties da globe, dos pbeiio- mcnes luelcorologiques ct des elres, soil bruls, soil organises, merite aussi notrc attention (i). Cette science fournit au natu- raliste des donnecs importantes et qu'il est souvent appele a reclamer : ellea, par elle-iiacme, un interet parlicnlier. Grou- pant et distribnant sur la terre les planles avec leur physio- nomie, les fleurs avec leur coloris brillant, les animaux avec Icurs formes et leurs attitudes, ellc offre un tableau plein de variete, de grace et de vie. Elle nous fait remonter aux siecles anterieurs a toute tradition, h ceux mcme qui ont precede I'homme sur la terre , et soulevele voile dont sont converts les secrets d'un mondc qui n'a point en d'historien. Elle developpe a nos coeurs emus les dispensations d'une Providence attentive qui varie scs oeuvi'es, suivant les localites, pour !e plus grand bien de ses creatures (■/.). S'il est evidemment tres-avantageux et necessaire d'elever sur la geographic pure, prise comme base, I'edifice dc la gco- qraphie politique, a plus forte raison, doit-on subordonner celle-ci a la geographic physique, qui a des rapports bien plus intimes avec elle. Les geographes semblent avoir pris a titche de ne donner jamais a la nature , dans I'exposition de leurs idecs, qu'un rang inferienr i\ celui qn'ils donnent aux institu- tions humaincs. Apres avoir determine la direction des mon- tagnes et des rivieres, par des lignes qui circonscrivent les (i) Vu le peu d'iHiportance et dedeveloppement que Ton a donnt' , jusqu'a present, a la geographic pure, on I'a confondue avec la oeoaraphie physique : mais il convient de separer des objets essen- tiellement differens. (2) Envisagee sous ce dernier point de viie, hi geogmphie phy- sique pourrait former, sous le nom de geographic providenticUe , un objet special d'etude. La sagesse et la bonte de Dieu s'y mani- festeraient avec eclat et sous les traits les plus touchans. Nous di- vons cette idee au reverend pere Girabd , dont le nom doit 6tre si cher aux amis de rhumanite. Quel tresor inappreciable pour la jeu- nesse qu'un tel ouvrage, s'il I'exc^cutait lui-meme! SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA GEOGRAPHIE. 26y etats, ils classeut, par royaumes et par provinces, los pierres , les animaux, les plantes, comme si les elres hruts ct Ics etres organises avaicnl ete repartis sur le globe, en vertn des arre- tes des congres et des caprices des contjnerans. Ce n'estpour- tant que dans les divisions naturelles de la surface terrestre que nous pouvons distinguer les lois qui president a leur distribu- tion. Les substances niinerales suivent , dans leur gisement , les chaines de montagnes, les lignes marquees par les bassins. Les liabitans de I'air , de la terre et des eaux que le Createur a ap- peles a partager avec nous ses innonibrables bienfaits , recon- naissent, dans les climats, les expositions diverses, les chaines elevces qui couronnent le globe, les rivages qui en dessinent les formes, leur veritable patrie et leurs barrieres naturelles. La culture, la civilisation , Tindiistrie modiQent jusqu'a un cer- tain point ces premieres bases , mais dans des limites determi- nees, et I'etude mcme de ces modifications, etude qui, se liant a I'histoire de I'liomme, offre un grand interet, suppose la connaissance preliminaire de I'etat du globe , tel que la nature I'a livre a Tactivite de I'esprit huraain. Cette union de la geo-^^ graphic physique et de la geographic pure se fait particulie- rement sentir, lorsqu'on lit les ouvrages de M. de Humboldt. Ce savant illustre a d'ailleurs enrichi ces sciences de tant de faits importans, il leur a donne un si grand developpement ct un si puissant interet, qu'elles reclament maintenant un travail elementaire , qui puisse mettre a la portee du plus grand nom- bre des lecteurs la connaissance de ses ouvrages et servir de base aux travaux des jeunes gens qui se destineraienta suivre de si nobles traces. M. De Candolle a bien voulu nous communiquer line idee qui s'associe admirablement a notre projet de faire roposer sur I'etude preliminaire de la surface terrestre I'enseignement des diverses branches de la geographic. Il pense qu'il serait con- venable d'avoir une carte de geographic pure, fortement dessinee, de maniere a pouvoir lui superposer des cartes transparentes de geographic physique, de geographic poli- tique, cartes qui ne contiendraient que les points et les lignes 370 REFLEXIONS dont on voudrait speeialement s'occuper. La carte de geogra- phic pure domeureralt la base unique de toutes Ics autres, comnic la terre est la base de toules Ics divisions dont cUe peutctrele tliealre(i). La geographie est uue science que Ton apprend moins pour elle-meme, que parce qu'elle est indispensable pour acquerir d'autres connaissances et pour pratiquor difforens arts. Si nous I'envisageons sous ce nouveau rapport, nous senlirons encore davantage la convenance de lui donner pour base la geogra- phic pux-e; et nous reconnaitrons en meme teiris que la geo- graphic physique, dcja si interessante par elle-meme , doit etre associee dans I'enseignement a la geographic politique, si' Ton vcut relirer de cette dernicre les fruits que Ton doit en attendre. L'usage peut-etre le plus general de la geographic, est de rendre la lecture de I'histoire plus facile et plus profitable. Mais, combien elle atlcindra mieux ce double but, lorsqu' elle- meme reposera sur la connaissance des divisions naturclles du globe et des principales circonstanccs physiques qui sont en rapport avec ces divisions! Ne suivra-t-on pas plus aisement et avec plus d'interet le detail des operations militaiies, si Ton a une idee claire des accidens de terrain qui en sont un element essenliel? ISe com- prendra-t-on pas mieux, par exemple, la marche d'Annibal, si Ton connait la nature, les formes, les passages des Alpes? Ne se rendra-t-on pas un compte plus satisfaisant de la lutte hero'iquc que I'Helvetic a soutenue contre I'Autriche, de celle que la Grece soutient aujourd'hui contre rempire ottoman, si (i) Dans son Essai eleinentaire de geographic botanique , insere dans le i8"= volume du Diccionnaire des sciences natiirelles , M. De Can- DOI.LE appelle de ses voeux un ouvrage du genre de celui dont nous nous occupons. <> Assez long-tems , dit-il , dans les livres elementaires consacres a I'etude de la geographie, nous n'avons vu que les diviT sions politiques et les travaux des homraes. » SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA GEOGRAPHIE. 271 Ton a dans I'espril; un tableau de ces re!j;ions, theatre de tant de glorieux combats? Lhistoire developpe a nos regai'ds la marche de la civilisa- tion; ragrandissement et la decadence des nations qui ontsuc- cessivement occcupe la scene du monde ; les idees, les moeurs, les gOHts, le caractere, les institutions et les destinees des peiiples divers. Mais , comment pourra-t-on se rendre compte de ces grands resultats qui en sent I'ame, pour ainsi dire; comment en retirera-t-on les instructions importantes que Ton doit s'en promettre , si on ne les saisil pas dans leur rapport avec les causes qui les ont produits? Et ces causes, ne faut-il pas les chercher, surtout, dans la nature, la forme et les pro- ductions du sol, quimodifient la culture du pays, le genre de ■vie et les intercts des habitans ; dans les eaux dent le cours favorise cu entrave les communications; dans I'influence du climat, c'est-a-dire, dans des circonstances de geographie pure et de geographie physique ? Par des raisons du mcme genre, les recits des voyageurs se liront aussi avec plus d'interet et de profit, quand on les aura fait preceder de I'ttudo de la geographie pure; et les connais- sances nouvelles que Ton y puisera , viendront, toutnaturel- lement, se classer dans le canevas qu'un travail preliminaire leur aura prepare. II est superflu d'entrer dans de plus grands details; il ne faut qu'un peu de reflexion pour se convaincre qu'en adoptant la methode que nous proposons, Ton obtiendra, a tons egards , d'une maniere plus sure et plus complete, les avantages que Ton pent esperer de I'etude de la geographie. Voyageurs, natu- ralistes, negocians, hommes voues a la science militaire, tons, ainsi que les simples lecteurs, puiseront dans la connaissance de la geogra[)hie pure et de la geographie physique, des se- cours pour aider et diriger leurs travaux. Nous pourrions donner a ces reflexions I'autorite de I'expe- rience, en montrant que les hommes de genie, qui dans leurs ecrits ont ete appeles a tirer quelque parti de la geographie, I'ont envisagee dans I'esprit que nous vcnonsd'indiqupr,qu'ils 27a REFLEXIONS ont fait reposer sur unebase large de geographic pure , Iciirs vues scienlifiquos, politiqiies on conimerciales, et que c'est a cctte precaution qu'il faiit attribiier, en tres-grande panic, la clart6, 1'interet et la haute ulilite de leursouvrages. Entre une foule d'exemples que nous pourrions alleguer ici , en voici deux qui vont rapprocher deux noms destines a paraitre sou- vent ensemble. Cesar, an commencement de la guerre des Gaules, veut donner une ideedu pays, theatre siu' lequcl il va exercer son genie. II le fait en un petit nombre de traits (i). Mais, combien ce court expose est plus instructif, pluslum^- neux, que tout ce que peuvent contenir sur le mcme sujel les traites ecrits d'apres la routine! Et quelle en est la cause? C'est que Cesar a presente les divisions poliliques de la Gaule dans leur rapport avec ses divisions naturelles. Ainsi il nous offre un tableau qui nous frappe, que nous saisissons d'un coup-d'oeil, que notre memoire retient aisement, et a I'aide duquel nous suivrons sans peine et sans confusion les details de son recit. Comme Cesar, Bonaparte commence Thistoire de son expe- dition d'ltalie par decrirele theatre de ses operations; niais il le fait avec beaiicoup plus d'elendue (a), et cet admirable tra- vail, envisage indcpendamment des considerations militaires qui en sont le but, nous offre une description de I'ltalie bien superieure a celles que renferment les geographies ordinaires de ce pays, et confirme tout ce que nous avons avance. L'au- teur nous donne une idee lumin6use de la configuration, du relief, des principaux accidens du sol. A ce tableau se ratta- chent aisement les limites qui circonscrivent le climat et ses principales varietes; les bornes des etats que leur liaison avec des lignes qui font image, determine d'une maniere facile et imprime profondement dans la memoire ; enfin, des vues d'une haute politique, qui decoulent si naturellement de la geogra- (1) Voyez les Commentaires de Cesar , liv. i, ch. 1. (2) Mhnoires pour servir a I'histoire de France sous Napolion. T. Ili, chap. 4. SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA. GEOGRAPHIE. 273 phie pure dii sol , qu'en lisanl, I'on pent croire qu'on les aurait decouvertes soi-meme sans difficultc. Dans son Memoire sur la cons-titution physique dc tltnlie , insere dans le 1" volume dii Voyage d'ltalie par M. De la Lande , M. de Saussure prend pour base de ses observations la geographic pure du sol, comme Bonaparte la prend pour base de ses considerations militaires et poliliques. Si i'on reunit ces deux ouvrages, quelle belle esquissen'a-t-on pas de la geogra- phie de I'ltalie , et corabien il serait a desirer que Ton eut uue semblable description de toutes les parties de la terre! Terminons par un exemple trop reinarquable pour que nous puissions le passer completement sous silence, mais qu'il suffit d'indiquer pour faire sentir tout le poids qu'il donne a DOS reflexions ; c'est VEssai politique de M. de Humboldt sur la Nouvelle-Espagne , oul'on voit naitre, de la description du sol, des idees d'une haute importance et des vues d'une rare fecondile. L'idee d'une geographic pure n'est pas nouvelle. Buache I'avait eue, et son Atlas , public vers le milieu du siecle der- nier, en offre I'execution (i); mais les vues systematiques qu'il a melees a une science qui consiste essentiellement en faits, et les progres dela geographie, dans ces derniers tems, rendent maintenant cet ouvrage inutile , quelque lumineux que soient d'ailleurs les principes sur lesquels il est fonde. Les idees de Buache ont exerce quelque influence sur les travaux des geo- graphes qui lui ont succede; on a des lors mis generalement plus d'importance a la description de la terre ; on a meme fait dc cette description la base de quelques geographies particu- lieres, et M. Malte-Brun esquisse, dans les introductions de son bcl ouvrage, les traits goneraux quiappartienneot encom- mun a la partie du monde dont il va s'occuper. Mais le travail dont nous devons plus particulierement faire ici mention, est (i) Nous ne parlons ici que des ouvrages qui ont paru en France. Nous avons appris derni^rement qu'il en existe, en langue alie- inande, sous cenom de Geographic pure , que nous avions cru nouveau. 274 R15:FLEXI0]SS celiii de M. Lacroix, dans son Introduction h la Geographic mathematique et physique. Coinme Buache, M. Lacroix a senti la convenance de traitor la ideographic pure, independamment de toute geographic appliquee. Les progres de la science , dont il a profile, et I'etendue de ses connaissances particulieres as- signent a son ouvrage un rang trcs-distingue, et il est surpre- nant que Ton n'aitpas encore mis en oeuvreles idees excellentes, d'apres les(iuelles il propose de reformer I'enseignement de la geographic, idees que nous allons chercher a resumcr. Les parties les plus elevees de la surface terrestre sont indi- quees par les lignes de partage que Ton tire entre les sources des eaux qui coulent dans des sens opposes. A I'aide de ces lignes qui se confondront necessairement avec les chaines de montagneset les plateaux, on pourra circon'scrire I'espace qui fournit des eaux a une portion de mer, a un fleuve ou a I'un de ses affluens, et ces memes lignes, combinces avec les sin\iosites des rivagcs de I'Ocean , formeront une division naturelle dela surface terrestre. Faisant le tour des conlinens , on reconnai- tra d'abord les golfes et les caps que dessinent leurs rivages. Puis , avec le secours des diverses pentes marquees par le cours des flenves, on tracera de grandes divisions dans I'interieur meme des terres ; et pour nous borner ici a ce qui concerne la portion do I'ancien continent qui comprend I'Europe etl'Asie, elle offre deux classes de pentes, les unes tournees vers I'ex- terieur du continent, les autres vers les mers interieures. Les pentes de la premiere classe se distinguent par la direction ge- nerale des fleuves qui les arrosent, ce qui les divise en occi- denlale, septenlrionale, orientalc et meridionale. Les pentes de la seaondc classe sont dirigees : i" vers la Mcditerranee et les niersadjacentes; 2° vers la mer Baltique et ses golfes; 3° vers lamer Caspienne; 4° vers la mer d' Aral. On designera, sous le nom de Plateau central de C Asie , \m ^tAnA cs\>:icc com- pris entre les pentes septentrionales, les pentes orientalcs et les pentes meridionales dirigees vers I'Ocean, et les bassins du lac d'Aral et de la mer Caspienne , espace qui forme la partie la plus elevee de I'ancien continent. Ces considerations SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA GEOGRAPHIE. 275 partagent la surface de I'llurope et de I'Asie en dix grandes regions ; savoir, cinq a I'exterieur , en comptant pour deux la pente occidentale de I'Ocean, I'une du detroitde Gibraltar a« Categat, et I'autre du Calegat an Nordkin 3 et cinq a I'inte- rieur, en joignant aux quatre bassins des mers que nous avons nommecs, le plateau central de I'Asie. Les bassins des cours d'eau compris dans chacune de ces regions en fournissent de moins ctendues que Ton pent cmbrasser dans des descriptions particulieres. L'exanien des lignes qui separent les bassins fait counaitre les cretes de montagnes et les bandes elevees du re- lief de la surface tcrrcstre. La division des regions et les cours d"eau donnent des moj'ens faoiles de determiner la position des villes. Quand on aura decrit ainsi les diverses regions natu- relles et les bassins qu'elles comprennent, uu simple resume suffira pour faire connaitre les divisions politiques, en rap- portant , sous le titre de chaque puissance , le nom des regions naturellcs , on celui des bassins soumis en entier on en partie a sa domination. Rien ne sera plus aise que de modifier ce re- sume a la suite des evenemens politiques , pour faire connaitre les changemcns qu'ils ont occasionos. Tels sont les principes sur lesquels repose le plan de M. La- croix : si Ton desire en avoir une idee plus claire et plus eten- due, Ton voudra bien consulter I'ouvrage d'ou nous les avons extraits (1). Tout en prenant ces principes pour base, nous pensons qu'apres avoir subdivise les continens en vcrsans ct sous-ver- sans qui tircnl leurs noms des mers 011 se rendent les eaux qui les arrosent, il convient de grouper ces portions detachees dans le rapport qu'indiquent leur rapprochement snr ie globe et la forme des terrcs dont clles font partie. Par exemple : en se tenant strictement a I'ordre indique par M. Lacroix , on commencerait par traiter de lapartie occidentale del'Espagne; et ce lie serait qu'apres avoir parcouru tons les pays de I'Eu- (l) Introduction a la Geographic matliematique et crititfue, et a la Geographic physique ; par S.-P. LiCROix. Deuxieme edition, p. igS-aSS. ^76 R]£flex. sur l'enseignem. de la geogr. rope ct (Ic I'Asie dont les canx se rendcnt a I'Ocoan , que pas- sant aiix pcntes qui se diligent dii cote de la Mediterranee, on viendi-aiti parler de la partic oiientale de I'Espagne que I'E- bre arrose. Mais on n'obtiendrait pas ainsi tons les avantages quel'ou pent attendre de I'etude de la geographie pure, et nous esperons ne pas nous eloigner des vucs du savant auteur que nous avous pris pour guide , en modifiant sou plan de ina. niere a rapprocher ce que la nature a rt-uni. Ainsi , apres avoir signale, dans nos premieres divisions, le versant occidental et le versant septentrional de I'Espagne du cote de I'Ocean , et I'oriental du cote de la Medirerranee , nous groupons ces trois sections, sous le litre de Peninside d'Espagne ,iil nous les par- courons immediatemcnt I'une apres I'autre. Cette methodepa- rait seule pouvoir etre nommee Methode naturelle, puisqu'elle fonde ses divisions sur I'ensemble des rapports etablis par la nature; elle donne aux terres une partie de rimportance, qui, sans ce nouveau rapprochement, paraitrait, mal a propos , donnee exclusivement aux eaux; dirigeant particulierement I'attention sur la forme des continens, elle est plus favorable au travail de la niemoire; enfin , ce qui est plus cssentiel, elle se rapproche davantage des divisions politiques, dont I'edifice doit s'elever sur la base d6 la geographic pure, et surtout des distributions de la geographic physique , qui s'allient si natu- rellenient Ji la description de la terre et lui donnent un puis- sant interet. F. il/. Z. Naville, pasteur de I'Eglise reformee. DU MOUVEMENT DE LA POPULATION EN FRANCE considSr^ dans chaque departement. SECOND ET DERNIER ARTICLE. ( Foy. ci-dcSSUS, p. IO-4o.) Les quatre premiers tableaux qui suivcnt ne sont que le releve du tableau general, conlenu dans le precedent article. MOUVEMENT DE LA POPULATION EN FRANCE. 277 DEUXIEME TABLEAU. Classeinent des departcrnens d'apres le nombre des manages correapondant a 1000 de population. FRANCE. DEPAKTEMEHS. 3. 4. 5. 6. 7- 8. 9- 10. 22. 23. 24. 25. 26. Seine Cher. . Seine-et-Marne. . . Allier Seine-et-Oise. . . . Aisiie Oise , Haule-Vienne. . . Loir-et-Cher . . . , Gironde Loiret Enre-et-Loir Marne Cliarente-Inlerienre. Yienne Indre Ardennes Ilaule-Saone. . . . Ardeche. .Sarlhe Aube Boucbes-da-Rhone. Corse Yonne Haule-Garonne. . Landes Vaucluse Loire 8,81 8,67 8,62 8,25 8,ai 8, 16 8, 16 8,09 8,08 8,08 8,07 8, o5 8,02 7.87 7,82 7, 79 "5 72 68 64 63 61 61 59 57 53 52 + 1,97 + 1,58 + 1,44 + ',39 -j- 1,02 + 0,98 + 0,93 + 0,93 + 0,86 + o,83 -f- o,85 -i- 0,84 -j- 0,82 + 0,79 + 0,64 + 0,59 -f o,56 + 0,52 + 0,49 + 0,45 + 0,4 1 + 0,40 + o,38 4- o,38 4- o,36 -r ",34 + <',3o + 0,29 378 MOUVEMEIN'T DE LA POPULATION DEPARTEMENS. 29. 3o. 3i, 3a. 33. '34. 35. 36. 37. 38. 3,). 40. 4i. 42. 43. 44. l^j. 46. 47- 48. 49- 5o- 5i. 52. 53. 54. 55. 56. 57. 58. 5f). 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66. 67. Poy-de-Dome. . . Saone-el-Loiie. , . Fihotie Nord Droine F.nre Ill3-et-Vilaine. . . InUre-et-Loire. . . Finistcre II.iut-Rhr.n Meuse Maine-et-LoIie. . . Doi'dogne Lot-et-Garcrtine. . . Soinine Correze Piis-de-Cilaii!. . . . C6tes-du-Nord. . . Meuilhp Cole-d'Or Moselle Gard .*. . Pyi'enees-Orientales. Basses-Alpes. . . . Eus-Rbin Vosges , Creiise Ifprault Aude Iseic Morbihan Doubs Gers Hauie-Loire Chaiente Hautes-AIpes. . . . Tarn-et-Garonne. . . Calvados Tarn St)!' lono nirptBEilcE avec de la ((Halite popiilalion. 47 + ",24 7,43 + 0,20 1, 40 + 0,17 7, 35 + 0,12 7,34 4-0,11 7,33 + 0,10 7,3i + 0,08 7.29 -f 0,06 7,.2S + 0,0 5 7, I r — 0,12 7, lO — o,i3 7, oS — 0,1 5 7,oS — o,i5 7,08 — o,i5 7, 06 — 0,17 7,o5 — 0,18 7, 04 — 0,19 7, 00 — 0,23 6,99 — 0,24 P, 99 — 0,24 6,98 — 0,25 6,9s — 0,25 6,97 — 0,26 6,96 ■ — 0,27 6,95 — 0,2s 6, 92 — o,3r 6, 92 — 0,3 1 6,88 — 0,35 6,87 — o,36 6,81 ■ — • 0,42 6,65 — o,5S 6,61 — 0,62 6,6i — 0,62 6,60 — o,63 6,56 — 0,67 6,53 — 0,70 6, 5o — 0,73 6, 5o — 0,73 EN FRANCE. 279 DtPARTEMENS. 68. Am 69. Var 70. Nievre 71. Deux-Sevres. . . 72. Loire-Inferienre. 73. Lozire 74. Orne 75. Lot 76. Arriege 77. Basses-Pyrenees. 78. Hiiute-Marne. . 79. Mayennc. . . . 80. "Vendee 81. Jura 82. Caolal S3. Haute.'i-Pyrenees 84. Seine-Inlerieure. 85. Aveyron. ... 86. Manchc. . . . . Sur 1000 do population. Maiiasres- la tntalito tie la France. — 0,76 — o,So — 0,81 — o,S8 — 0,94 — 1,00 — 1,06 — i,i3 1,25 — 1,25 — 1,34 — 1,42 — 1,55 — 1,56 — 1,65 — 1,91 — 1)96 — 2,09 — 2, 1 8 Dans ce tableau, le departement de la Seine occiipe le premier rang; on verra ( tableau 11 ) conibien cet ordre est different, quand on considere le nombre d'enfans qui pro- viennent de chaque mariage. Si on prcnd les termes extremes , on trouve, pour 1« departement dela Seine, 1 mariage sur 109 individus, et t sur 198 pour celui de la Manche. Le rapport moyen pour la France est de i a i38. a8(. MOllVEMENT DE LA POPULATION TROISIEME TABLEAU. Classeinent ties dvpartemeus d'apres le nombre des naissances corrcspondant a i ooo de population. FRANCE. DEPARTEMENS. MlIi.J Loire Vaiiclase Bas-Rhin Pyreuees-Orientales. . . . Haute-Viennc Cher . Allier Bourbes-du-RLone. . . . Hant-Rhin Noril Hautes-Alpes Indre. . . Aisne. . . .'•.••'.^■'. ..'.'. H ...... Loirel .-' ; ;i'V '.'if"; Rhone rinislere Corn'zp .;'';•'.'-. '. Landes i,\'sUO.']. Moselle Seine Seine-et-Marne. . . . Gard Basses-Alpes Morbihan Cotes-da-Nord. . . . Sdone-et-Loire Isere Marue ■ft-' Sur loou de population. Naissances lotales. 3 1, 59 la totalite dc la Fiance. 38,95 + 7,36 38,33 + 6,74 3:, 85 + 6,26 37,83 + 6,24 37,63 4- 6,04 37,59 + 6,00 37,37 + 5,78 36, 86 + 5,27 36, 60 + 5,01 35,92 -f 4,33 35,90 + 4,3 1 35,82 + 4,2 3 35,37 + 3,78 35,36 + 3,77 35,28 + 3,69 35,25 -{- 3,66 ■34,84 + 3,25 ! 34,83 + 3,24 34,80 + 3,2 1 '34.65 -f 3,06 34,47 + 2,88 34,37 + 2,78 34,36 T 2,77 34, 32 + 2,73 34, 22 + 2,63 34,08 + 2,49 33,94 -f 2,35 33.73 + 2^14 i EN FRANCE. 281 DfiPARTEMENS. 29. Drome So. Haute-Saone 3 1. LoJr-et-CLei' 32. Ardeche 33. Meurthe 34. Mense 35. Ardennes 36. Haiite-Garonne 37. Herault 38. Creuse 39. Euie-et-Loir /[O. Doubs 41. Cliaienle-Inferieaie /^1. Aude ■ 43. Vendee 44. Loiie-Iufericure 45. Seine-Infeiieure 46. Aid 47. Var 48. Aube 49. Haule-Loire 50. Tarn 5 1. Pas-de-Calals 52. Puy-de-D6rae 53. Ille-et-Vilaine 54. Soinrae 55. Vosges 56. Sarthe 57. Seine-etOIse 58. Indre-et-Loire 59. Cote-d'Or 60. Mayenne 61. Cbareule 62. Arriege 63. "Yonne 64. Corse 65. Lozere 66. Olse 67. Vienne T. xxxii. — Novembre 1826. Sar 1000 avcc de la tolalite de population. la France. Naissances totales. 33,71 + 2,12 33,69 + 2,10 33,61 -{- 2,02 33,54 + 1,95 33,28 4- 1,69 32,97 + 1,38 32, 55 T 0,96 32,48 + 0,89 32, 26 + 0,67 32, 22 + 0,63 31,95 + 0,36 3 1, 94 + 0,35 3i,85 + 0,26 3i,58 — 0,01 3i, 53 — 0,06 3i,.35 — 0,24. 3r, 27 — 0,32 3i, II — 0,4s 31,09 — o,5o 30,93 — 0,66 30,89 • — 0,70 3o, 86 — 0,73 3o, 82 — 0,77 3o, 75 — 0,84 3o, 63 — 0,96 3o, 63 — 0,96 30,59 1,00 3o, 58 — 1,01 3o, 09 - i,5o 3o, 07 — 1,52 29,93 — 1,66 29,89 — 1,70 29,76 — 1,83 29,75 — 1,84 29,42 — 2,17 29,24 — 2,35 291 17 — 2,42 29, 14 — 2,45 29, i^ — 2,48 aSa MOUVEMENT DE LA POPULATION DEPARTEMENS. 68. Jura 6g. Gironde 70. llordogne. . . . 71. Niiivre 72. Hautc-M.Ti'ne. . . 73. MaJne-et-Loire. . 74. Hautcs-Pyrenees. 75. Aveiion 76. DeuxSevres. . . 7 7 . Basses- Pyrenees. 78. Lot 79. Cantal. . . . ' . 80. Tarn-et-Garonne. 81. Gevs , 82. Manche 83. Euro 84. Orne 85. Lot-et-Garonue. . 8G. Calvados popul.ilion. Naissanccs tolalcs. 28, 93 — 2,C6 28,93 — 2,66 28, 89 — 2,70 28, 87 — 2,72 28,64 — 2,95 28, Gi — 2,98 28,27 — 3,32 28, o3 — 3,56 27,90 — 3,C3 27. 74 — 3,85 26,78 — 4,81 26, 29 — 5,3o 26,03 — 5,56 25,37 • — 6,22 25, I I — 6,43 25,08 — 6,5i 24,97 — 6,62 24, 18 — 7,41 22,93 — 8,66 Les lermes extremes donnent pour le departement de la Loire, i naissance sur 25 f habitans, et i siir 43 ~ pour le Calvados. On a, pour la France entiere, i sur 3i |. EN FRANCE. QUATRIEME TABLEAU. a83 Classeinent des depnrteinens d'apres le nornbre des deces repondant a looo de population. FRANCE. DEPA.RTKMENS. 28, Finislere Boiicbes-du-Rli6ne. Vaucluse Seine Moibihan Pyrenees-Oiientales. Loire Landes Hantes-Alpes. . . . Loiiet Haiite-Vienne. . . . Haiite-Garonne. . . ^ai- C6tes-du-Nord. . . Ain Gaid Cliarente-Inferienre. Cher Ille-et-Vilalne. . . . Pihone Allien Bisses-Alpes. . . . Aude Vendee I.ozi're Saone-et-LoIre. . . Noid. . Heraalt Sur 1000 de population. Total des duces. 25, 23 36, 3t, 3i, 3o, 58 20 83 75 33 5i 24 17 96 92 86 73 58 55 45 43 40 i8 1 3 83 27,81 27.37 29. 29> 29, 28, 28, 28, 28, 28, 28, 28, 28, 28, 28, 28, 27, 26, .27 .23 ,06 79 DtFIE ..... a\ ee la lota lite || c e la F ance. + 10,99 + 6,35 + 5.97 + 5,60 + 5,52 + 3, 10 -I- 4,28 + 4,01 + 3,94 T 3,73 -L. 3,09 + 3,62 + 3,5o + 3,35 + 3,32 + 3,22 + 3,20 _I_ 3,17 + 2,95 + 2,90 JL 2,()0 O. 2,58 -r 2,14 -r 2,14 4- 2,04 + 2,00 -r 1,83 + 1,56 284 MOUVEMENT DE LA. POPULATION DEPARTEMENS. 29. 3o. 3r. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 4r. 42. 43. 44. 45. 46. 47- 48. 49. 5o. 5i. 52. 53. 54. 55. 56. 57- 58. 59. 60. 61. 62, 63. 64. 65. 66. 67, Marne Scine-Inferienre. Dordogiie. . . . Indrp Correze Tarn Seine-et-Oise. . H.uite-Loire. . . Meurthe Seine et-Marne. I'.aut-Rliin. . . Loir-et-Cber. . . B.ts-Rhin. . . . Drome Alsne. Corse Jura. . . . . . Isere Mense Ardeche. . . . Puy-de-D6rae. Doubs Avc'iron. . . . Snmiue. . . . 0!se Eiire-Pl-Lolr. . . Ardennes. . . . Tarn-et-Garonnc. Moselle Gironde Lot Euro Charente Haule-Saone. . . Cote-d'Or Arrief;e Pas-de-Calais. . . Mayenne. . . . Cantai de population. Tolnl Ci deces. 26,63 26, 2 I 26, 19 26, 1 1 26, 10 26, oi 26, 02 20,99 25,99 25,86 25,83 25, 82 25, 77 25, 73 2 5, 63 25, 62 25, 41 25, 23 25, 08 2 4- 82 24i 61 24, 52 2.^,4 4 24.32 24>"4 23, 74 23,69 23, 5o 23,32 2 3, 29 23, 14 22, 98 22, 92 22, 5o 23, 43 la toialile la Fiance. + 1,40 + 0,98 + 0,96 4- 0,88 + 0,87 + o,So -}- 0,79 + °''6 + 0,76 4- 0.6 3 -{- 0.60 + 0,59 4- 0,54 + o,5o 4- 0,40 4- 0-39 4- 0,18 + 0,00 — 0,1 5 — 0,41 — 0,62 — 0,71 — 0,79 — 1,19 — 1.49 — 1,54 — 1,73 — 1,91 — 1.94 — 2,09 2,25 2,3l 2,46 — 2,53 2.6;| — 2,66 — 2,73 — 2,81 EN FRANCE. DEPARTEMENS. 68. Tonne 6g. Aube 70. Loire-Infurleure. 71. Geis 72. Vosges 73. Nievre 74- Vienue 75. Ciciise 76. Lot-et-Oaronne. 77. Haule-Marue. . 78. Indieet-Lolre. 79. Maine-et-LoIre. 80. Dfus-Sevres. . 8 I. Calvados 82. Manclie 83. Saiihe 84. Oiiie 85. Basses-Pyrenees. 86. Haules-Pyrences Sur 1000 dc population. Total des deces. 22, 41 22, 20 22, 14 21,90 21, 80 21,38 21, 29 21, 26 21, 06 21, o5 2 I, 02 20,93 20, 75 20, 49 20, 28 20, 07 19-90 19,81 18,67 DIFFEBENCE avec la tolalite — 2,82 — 3,o3 — 3,09 — 3,33 — 3,43 — 3,85 — 3,94 — 3,97 — 4,17 — 4,18 — 4,2 1 — 4,3o — 4,48 — 4,74 — 4,95 — 5,r6 — 5,33 — 5,42 — 6,50 Les termes extremes domient : pour le Finislere i deces sur 27 |- habilans, ct i sur 53 ■- pour les Hautes-Pyrenees. Pour la France euliere, le rapport est de i a Sgy. 286 MOUVEMENT DE LA. POPULATION CINQUI^ME TABLEAU. Classement ties departemens cTapres I'accroissement de population repondaitt a looo de population. FRANCE. DEPARTEMENS. 19- Bas-Rhin Moselle, . , . . Creuse Ilaute-Saone. . . Ilaut-Rhin. . . . Sarthe Ai.sne Iiuire Hautes-Py rentes. Aliier Loire , Loire-Inferieure. Cher ladre-et-Loire. . Nord Ardennes. . . . Vosges Correze Aube Ardeche Haules-Alpes. . Isere , Hautc-Vienne. . Seine-et-Marne. . Pas-de-Calais. . Eure-et-Loir. . . Drome Basses-Pyrenees. 6, 36 2, o8 + 5,72 1,48 -f 5,12 o, o6 + 4,60 0,99. + 4,56 0, 77 + 4,41 0, 5i + 4,'-i 9.74 + 3,38 9.71 + 3,35 9,60 + 3,24 9i 54 _- 3,iS 9.44 -- 3,08 9, 21 -f 2,85 9. 19 + 2,83 9, o5 + 2-.69 8,86 + 2,5o 8, 86 + 2,5o 8,79 + 2,43 8,74 + 2,38 8,73 + 2,37 8, 72 -f 2,36 8, 72 + 2,36 8,71 + 2,35 8,71 -f 2,35 8,61 + 2,25 8,25 + 1.89 8,21 + 1,85 7,98 + 1,62 7.93 + 1,57 EN FRANCE. 287 DEPARTEMENS. 29. Meuse 30. Vienne 3i. Loir-ct-Cber. . . . 32. Maine-et-Loire. . . 33. Haute-Marne. . . . 34. Pyrenees-Orientale; 35. Nievre 36. Doubs 37. Mayenne 38. Meiirlbe 39. Cote-d'Or 40. Dcux-Sevres. . . . 4i. Aniege 42. Rbone 43. Vaucluse 44. Maine 45. Tonne. ...... 46. Saone-et-Loire. . . 47. Charenle 48. Hautes-AIpes. . . . 49. Basses-AIpes. . . . 50. Loirct 5i. Soiniue 5i. Piiy-de-Dome. . . 53. Card 54. Gironde 55. C6tes-da-Noid. . . 56. Heranlt 57. Boucbes-du-Rhone. 58. Oise 59. Orne 60. Seine-Infeiienre. . 6i. Haute Loire. . .' .' 62. MancUe 63. Tarn 64. Aude 65. Vendee (16. Sei'nf-et-Oise. . . . G7. .Cantal , Sur looo avec de la toialite de popal.nlion. la France. .\ccioissement de population. 7,89 + 1,53 7,82 + 1,46 7' 79 + 1,43 7,68 + 1,32 7,59 + 1,23 7, 5o + i,i4 7' ^9 + i,i3 7, 42 + 1,06 7>39 + i,o3 7,29 + 0,93 7,23 + 0,^7 7,2 1 + o,85 7, 16 + 0,80 7,i5 -r 0,79 7,i3 + 0,77 7, 10 + 0,74 7,01 + o,65 6,85 + 0,49 6,84 + 0,48 1 0,37 6,73 6,55 + 0,19 6,40 + 0,04 6,3i — o,d5 6, t4 — 0,22 " 5, 92 — 0,44 5,64 — 0,72 5,64 — 0,72 5^,47 — 0,89 5,28 — 1,08 5, lo — 1,26 5, 07 — 1,29 5,06 — r,3o 4,90 — 1,46 4,83 — 1,53 4,83 — 1,53 4,21 2,l5 ■ 4, 16 — 2,20 4,07 — 2,29 3,87 — 2,49 a88 MOUVEMENT DE LA. POPULATION D^PARTEMENS. Sur 1000 24 -h 89,78 + 79.82 + 77.9" + 73,73 + 72,42 + 69,41 + 68,18 + 66,25 + 65,5i + 64.73 + 58,33 4- 54,32 + 45,o5 4- 42,91 + 40,94 4- 39,57 290 MOUVEMENT DE LA POPULATION D^PARTEMENS. 29. C6tes-dn-Nord. . . 30. Heraiilt 3i. Gaifl 32. Oisc 33. Loirel 34. Vauclnse 35. Haules-Alpes. . . , 36. Basses-Alpes. '. . . 37. Manche 38. Girondc 3(). Pyrcnees-Oiieutalrs 40. Puy-de-Doine. . . 4 1. Saoae-et-Loire. . . 42. Rhone 43. Orne 44- Soiuine 45. Maine 46. Meurihe 47. Cher 48. Chai-cnle 49. Hanle-Vienne. . . 50. Loir-el-Cher. . . . 5r. Drome 52. \onne 53. Mense 54. Arrie 87 — 70,61 724, 38 74, TO 7 17) 77 80,71 7U, 24 — 84,24 712, 71 — 85,77 706, o5 — 92,43 700, 82 — 92,66 699' o3 — 99'45 680, 81 — 1 17,67 075, 9S I2 2.5o C70, 02 — 128,46 6fio, 24 — i38,24 659, 85 — i38,63 656, 38 — 142,10 On voit clans ce tableau qu'iin scul dc'-partement , cclui du Finlstei'e , donne plus de deces que de naissauces. Dans tous les autres departemens, los naissances I'emportant sur les deces, annoncent une augmentation de population. Le depar- tement de la Sarlhe, dans Icqiiel cct excedant est le plus grand, se placei'aitau premier rang dans I'ordre de I'accrois- sement de population, si dans I'estimation de cet accroisse- ment nc devait pas entrer un second eltmcnt, celui des nais- sances, repondant a une population donnee. La combinaison de ces deux elemcns assigne au departemcnt du Bas-Rhin le plus grand accroissement de population. ig» MOUVEMENT DE LA POPULATION SEPTIEME TABLEAU. Classement cics depaitemens d'apics le nombre des naissances fetnelles repondant a looo naissances mdles. FRANCE. DEFAIlTBMEItS. Enre Yonue Main'e Rhone Ain Cotes-dii-Nord. . . , Seine Hanle-S.ione Hanle-Garonne. . . Aiide Vai- Aisne Isere. . , Corse Eure-ct-LoIr. . . . BQucbes-du-Rbone. Memlbe Basses-Alpes. . . . Indre Jura Charenle-Inferieare. Loir-el-CLer Vaucluse. Gai'd. . . . . . . . Ari'iege. ..... Calvados Pay-de-D6me. . . . Landes Sur tooo Daissanccs males. Naissances femelles. 938, 13 970, 86 + 32,73 970, 83 + 32,70 9')7, 89 + 29.76 9''7, 19 + 29,06 9O4, 83 + 26,70 961,64 4- 23,5i 96r,29 4- 23,16 9^9.78 + 21,65 959. 47 H- 21,34 953, 12 + 14.99 932, 68 + 14,55 902,48 + 14,35 950, 4o + 12,27 949' 42 + 11,29 948,94 + 10,81 947-92 + 9,79 947,56 4- 9,43 947,39 + 9,26 946, §4 + 8,71 945,98 4- 7,85 945,77 4- 7,64 945, 00 4- 6,87 944,53 + . 6,40 944, 17 4- 6,04 943,44 + 5,3i 943,40 + 5,27 943,38 4- 5,25 943, 12 4- 4,99 EN FRANCE. 293 29. Ardeche 30. Hanle-VIeane. . 3i. Ardeiiues. . . , 32. Heiault 33. Nord 34. Haute- Marne. . 35. Finistcre 36. Maine-el -Loire. . 37. Saone-et-Loire. . 38. Bas-Rhin. . . . 39. Aveiron, . . . 40. Loire-Infeiieure. 4 I. Cautal 42. Veudee 43. Seine- Inleiieuie. 44- I'as-de-Calais. . 45. Tarn 4(5. Mayenae . . . . 47. Cieuse 48. Oiue 49. Oironde. . . . 50. Lot 5 I. Oise 52. Vosge.s 53. Loire 54. Manche 55. Douhs 56. Morbihan. . . . 57. Corrtze 58. Drome 5g. Tara-et-Garonne 60. Aube 6r. Hanle-Loire. . . 62. Souime 63. Indre-el-Loire. . 64. Gers 65. Charente. . . . 66. Dordogne. . . . 67. Moselle Sur 1000 avic naissances la totalite males. de la France. Naissances fciuetles. 942, 92 + 4,79 942 92 + 4,79 942 84 + 4,7: 942 55 + 4,l2 941 72 + 3,59 9'ii 56 + 3,43 941 22 + 3,09 941 19 + 3,06 940 6f) + 2,47 940 24 -j- 2,1 t 939 92 + 1,79 9^9 74 + 1,69 9^9 60 + 1,47 9^9 39 + 1,46 93s 66 + 0,53 93s 40 4- 0,27 938 18 4" o,o5 937 89 — 0,24 9^6 73 — 1.40 935 87 — 2,26 935 70 — 2,43 935 23 — 2,88 934 83 — 3,3o 9>4 62 — 3,5i 933 96 — 4,17 933 5i — 4 62 933 o5 — 5,08 933 00 — 5, 1 3 932 17 — 5.96 932 06 — 6,07 93r 32 — 6,61 930 92 — • 7,2t 930 83 — 7,3o 929 55 — 8,58 929 34 - 8>79 928 2i — 9,90 927 ta — II, or 926 81 11,32 926 20 — 11,93 294 MOUVEMENT DE LA POPULATION DEPARTEMEIVfS. Cote-d'Or Loicet AUici- Denx-Sevres. . . . , Hautes-Pyreiiees. . Hautes-Alpes. . . . Illect-Vilainc. . . , Seine-et-OIse. . . . Haut-Rhin Pyrenees-Orieiitales. Sarthe Meuse Vienne Cher Basses-Pyrenses. . . Nievre Lozerc Selne-et-Marne. . . Lot-et-Garoane. . . naissances mules. N.iis'.aT fc.ncU 9.5, 93.3, 919- 918, 918, 9i7> 9'7> 916, 914 912 9" 9"7 905 885 Sr5 S73 8G8 3i 83 55 45 52 24 95 27 "7 ,82 57. 82 37 ,67 ,35 ,84 ,32 ,Si la tolalilc 94 785, 21 783, 780, 775, 771^ 766, 765, 7fio. 759' 754, 752, 749^ 744, 74i, 740, 740, 738, 736, 7 36, 735, 732, 73i, 730, 728, 728. 726. 723, 722 la toialilu de la France. + 36,5i + 34, 1 8 4- 29,86 -j- 27.83 + 21,88 4- 2I,3o + 15,09 + 12,97 -f 8,38 + + 8,01 3,28 119" — 1,43 — 6,58 — 10,76 — 1 5,35 — 16,20 — 21,18 — 22,01 — 24,54 — 27,36 — 29,83 — 32,5 r — 37,16 — 40,7 I — 4 ',00 — 4i,38 — 43,79 — 45, o3 — 45,25 — 46,20 — 49,59 — 5o,5o — 5f ,62 — 53,45 — 53,59 — 55,38 — 58,52 — 59,00 EN FRANCE. 297 =11 DfiPARTEMENS. Snr 1000 naissances males. avec la Ictalile de la France. 68. Pas-de-CaIai.s. . . 69. Aisne 70. Mayenne 7 I. Indre 72. Ardennes. . . . 73. Vienne 74- Deux -Sevres. . , 75. Maine -et- Loire. 76. Haut-Rhin. . . . 77. Loire-Inferieure. 78. Vosges 79. Basses -Pyrenees. 80. Hautes- Pyrenees 81. P.as-Rhin. . . . 82. Indre-et-Loire. . 83. Moselle 84. Haute-Saone. . 85. Sartbe 86. Creuse Deces males. 722, 58 720, i5 714, 80 712, 88 711.93 699, 54 695, 88 6go, 5o 689,35 684,05 679, 20 676,82 675, 87 670, 94 670, 89 654, 69 65i, 28 644, 16 612, 26 — 59,35 — 61,78 — 67,13 — 69,05 — 70,00 — 82,39 — 86,o5 — 91.93 — 92.58 — 97.88 — 102,73 — io5,ii — 106,06 — iro,99 — II 1, 04 — 127,24 — i3o,65 — 137,77 — 169,67 Le rapport moyen donno par ce tableau entre les naissances et les deces males, est a peu pres de 4 >' 3. On pent voir dans le tableau suivant que ce meme rapport entre les naissances et les deces feinelles est de 6 a 5 , tandis que le sixitnne tableau moutre que le rapport de la totalite des naissances a la totalite des deces est de 5 a 4 j mais plus exac teinent , on trouve, en prenant un nombre egal de naissances males, de naissances totales et de naissances femelles, que les deces respectifs sont entre eux dans le rapport des nombres 46, 4? et 48. T. XXXII. — Noveinbre 1826. •jjH MOUVEMENT DK LA POPULATION NEUVIEME TABLEAU. Classcment des fh- parte mens d'upres le nombre de dcces fcmelles rcpondant a looo nnixsancesfcineU.es. FRANCE. DEPARTEMENS. Fiuislere Lozere Ille-et-Vilaine. . . Caiiliil. . . . • . C.ilviidos I'ain-et-Garonne. Doidogne. . . . Morbilian. . . . Jura Eure Ain Lot-ct-Garonne. . Haute-Garoime. Vendee Gers Seine Var Lot . Seine-et-Oise. , . . Aveiioii Tarn f.liarenle-Infei ieure. Bourbes-du-RLone. Aiide Corse Seine-Inferieure. . , Hautes-Alpes. . . . C6tes-du-Nord. . . Sur 1000 naissances femcUes. Dec^s feraelles. 8i6, 12 [o37, 989. 968, gSo, 936, 93fi, 934, 927, 9"''. 9'C, 9 '2, 9>2, 9'Oj gro, 908, 904, 898, 8y7, 89S, 893, 893, 885, 879. 8fi6, 863, 861, 847, 841, + 172: -1- i5i, 4- i34 -|- 120. -f" 120, + 118 + rii -{• 100 4- 100 EN FRANCE. ^!>y DfiPARTEMENS. 29. Gard 30. Oise. 3 1. Puy-de-D6me. . . 32. Loire! 33. Mariche 34. Heranit 35. Pyreaees-Orienlales 36. Oroe 37. Basses- Alpes. . . . 38. Landes Sg. Sonirae 40. Vaucluse 41. Clia rente 42. .S.)6nc-et-Loire, . . 43. Gironde 44- RboQe. ... . . . 45. Haute-Vienne. . . , 46. Miiyenne. .... 47. Dcux-Sevres. . . . 48. Doubs 49. Arriege 50. Drome 5 1. Loire 52. Meurlhe 53. Meiise 54. Nipvre 55. Cote-d'Or 56. Loir-et-Cher. . . . 57. Maine-et-Loire. . . 58. Seiae-et-Marne. . . 59. Allier 60. Vienna 6r. Correze 62. Cher 63. BarsesPyreuees. . . 64. Nord 65. Eure-et-Loir 66. Isere 67. Vosges , Sur 1000 avec la lolalite de feinelles. la France. Deci-s femelles. 840, 14 + 24,02 839, o5 + 22,93 837, 3i + 21,19 835,67 -J- 19,55 833,66 -r 17,54 832, 04 + 15,92 83o, 80 + 14,68 83o, lo + 13,98 829,75 + i3,63 828, 77 + 12,65 S18, 73 -4- 2 61 818, 49 + 2,37 817, 18 + 1,06 80S, 34 — 7,78 806,49 — 9,63 799-85 — 16,27 797> 34 — '8,78 793,42 — 22,70 792,56 — 23,56 792,29 — 23,83 792, i3 — 23,99 787. 70 - 28,43 786, 14 — 29,98 784, 36 — 31,76 782, 47 — 33,65 781, 21 — 34.9t 780, 74 — 35,38 779' 39 — 36,73 77-'>' 07 - 4i,o5 773, 28 — 42,8i 768, 36 — 47,76 766,35 — 49,77 762, 73 — 53,3q 756, 75 - 59,37 755,57 — 60,55 755, or — 6f,i I 754,30 — 61,82 75o, 18 — 65,94 748,56 — 67,56 [\oo MOUVEMENT DE LA TOPULA-TION DlfePARTEMENS. Indre Ardennes. . . . Haiite-Marne. . Pas-de-Calais. . Ardeche. . . . Loire-Inferienre. Indre-et-Loire. . Marue Aisne Haut-Rliin. , Haiile-Loire. Aube. . . . . Cieuse. . . Haute-Saone . . Tfonne Kas-Rhin. . . . Moselle Sarthe Hantes-Pyrenees. Sur looo naissaiiccs femelles. Dcces 745, 744. 742, 742, 729. 7 '-9. 729- 729. 728, 723, 716, 711, 7 10, 701, 693, 691, 686, 669, 643, avec la totallte de la France. 70,29 71,33 73,45 73,5i 86,39 86,66 86,80 86,83 87,^9 92,35 99.85 104,4" io5,48 I i4,4o 122,45 124,83 129,56 146,37 172,88 La comparaison des deux tableaux qui precedent etabllt la mortalite relative des deux sexes, estimee par le rapport des deces aux naissances. On voit qu'elle est plus grande pour les fenimes. Si on parcourt ces deux tableaux, on rcmarquera qu'a quelque rang qu'on s'arrete, le nombre des deces femelles est superieur a celui des deces males pris au meme rang; mais ce coup-d'oeil ne suffirait pas pour a-voir une appreciation e.xacte de la mortalite relative dans chaque departenient. Le douzierne tableau est consacre a cette fixation. Nous partons de 1000 deces males, et nous etablissons le nombre de deces femelles qui, aegalite de naissances, repondrait a cetre supposition. EN FRANCE. DIXifeME TABLEAU. 3oi Classelnent des departeinens d'apres le noinbre d'enfans naturels respondant a looo naissances totales. FRANCE. U£FABTJIJUEI4S. 23. 24. 25. 26. 27. 28. Seine Rhone Seine-Inferieure. . . Calvados Nord Bouches-du-Rhone. Loiret Gironde , Pas-de-Calais. . . , Sarthe Ilaute-Saone. . . . Hautes-Pyrenees. . Marne. Meuithe Isere '. Basses-Pytenees. ... Soinme . Doubs Loir-et-Cher . . . , Creuse Moselle Manche Var Loire-Infeiieure. . . Bas-Rbin Aisije llaut-Rbin Pyrences-Orlenfales. Sur 1000 nais&ances tolales. 3<;a MOUVEMENT DE LA POPULATION DEPARTEMENS. 29. Eure-et-Loir. . . 30. Gers 3 1. Eure 33. Landes 33. Vosges 34. Canlal 35. Cole-d'Or. . . . 36. Haule-Garonne. 37. Drome 38. Seine-et-Oise. . 3g. Allier 40. Indie-et-Loire. , 4 1. Ardennes. . . . 42. Yonne 43. Seine-et-Marne. 44. "Vaucluse. . . . 4 'J. Meuse 46. Lot-et-Garonne. 47. Haule-Maine. . , 48. Mayenne. . . . 49. Oise 5o- Aube 5i. Maine-el-Loiie. 52. Coneze 53. Lot 54- Indre 55. Charente. . . . 56. Haute-Vicnne. . 57. Saone-et-Loire. . 58. Aude Sg. Heraolt 60. Nievre 61. Jura 6a. Orne 63. Aveyron 64. Dordogne. . . . 65. Arriege 66. Tarn-et-Garonne, iiiii' 1000 naissances toiales. IS'ombre d'enfaiis nalurels. 64, 00 63, 79 63, 22 63, 22 63, 96 61,98 61, 32 6r, 29 60, 00 59,88 59, i3 58,(19 58, 61 56, 80 56, 77 55,75 54, 1)4 54, 5o 52, 64 52, 60 52,55 52, 39 52, 14 49, 26 49,02 48,71 48,37 48, i3 47.9° 47' 76 46,62 46, 17 45,77 45,73 45,56 44, 74 42,86 42, 42 la tntalilc de la France. — 4,07 4,28 — 4,85 — 4,85 — 5,11 — 6,09 — 6,55 — 6,78 — 8,07 — 8,19 — 8,94 — 9.38 — 9.46 — 1 1,27 — II, 3o 12,32 — i3,i3 — 13,57 • — i5,43 — i5,47 — i5,52 — i5,68 - — i5,93 — 18,81 — i9,o5 — 19,36 — 19.70 — 19.94 — 20,17 — 20, 3i — 21,45 — 21,90 — 22, 3o — 22,34 — 22, 5i — 23,33 — a5,2i _ 25,65 EN FRANCE. DEPARTEMENS. 67. Basses-Alpes. . . . (iS. Puy-cIe-Dome. . . 6g. Cbaiente-Inferienre 70. Cher 71. Lozere 72. Deux-Sevres. . . . 73. Corse 74. Finistere j5. Hautes-Alpes. . . . 7(1. Tarn 77. Loire 78. Haule-Loire. . . . 79. Morbihan 80. Cotes-du-Nord. . . 81. Vienne 82. Ain 83. Card 84. Aideche 85. Illo'-et-Vilaine. . . 86. Vendee Sur 1000 DtrrEEExcB avec naisoances la tolallte lolales. la France. Kombre d'enfaus natuiels. 42, 40 — 2.T,67 4r,65 — 26,42 41, 19 — 26,88 40, 23 — 27,84 37.97 — 3o,io 37,86 ■ — 3o,2 r 37,77 — 3o,3o 36,07 — 32,00 33,92 — 34, i5 33,77 — 34,3o 32,78 — 35,29 31,82 — 36,23 30,87 — 37,20 27, 76 — 40,3 1 27, 33 — 40,74 27, 10 — 40,97 23, 72 — 44,35 23, 19 — 44,88 22, I I — 45,96 17,67 — 5o,4o Le departement de la Seine, par sa grande population et par le grand nonibre d'enfans iliegitimes qui y nai.ssent , ou qui y sont amenes des departemens voisins, eleve le terme nioyen bien au-dessiis de ce qu'il serait sans cette dispropor- tion ; aujsi voyons-nous dans le tableau ci-dessiis que pen de de|)arlemens atleignent ce terme, et que le plus grand iiombre reste beaucoup au-dessous. Les extremes donnent pour le departement de !a Seine i enfant naturel sur 3 ~ nais- sances, et pour la Vendee i sur 56 j. Le rapport moyen pour la Franca entiere est de i k 147- 3o4 MOUVEMENT UE L\ POPULATION ONZIEME TABLEAU. Ctasseinent des departemens d'apres le nombre de naissances d'enfans legitimes ropondant 04 1048,68 10/(6, 22 1046, 16 1044, 3i 1040, 39 loSg, 87 io35, o5 io33, 58 io32, i6 io3o, 33 1029,99 1029, 44 1029, o5 1027, 72 1022, 81 1019,67 1019, 67 ioi8,33 ioi4, 29 lo 10, 78 1008, 22 + 27,41 + 27,16 + 22,65 + 20,08 + '9'94 + i9.«4 1 9. 1' -- 18,09 + 17.94 + 17,34 + 13,98 + 12,33 + 8,36 + 8,00 + 6,67 + 6,09 + 5,81 + 5,3r t 4,95 2,49 + 2,43 -r o,58 — 3,34 — 3,86 — 8,68 — 10, i5 — 11,57 — 1 3,40 — i3,74 — 14,29 — 1 4,68 — 16,01 — 20,9a ■ — 24,06 — 24,06 — 25,40 — 29,44 — 32,95 — J5,5i / EN FRANCE. 3o9 D^PARTEMENS. 68. 69. Rhone Nord Herault Gironde Cher Aude Ain Aisne Charenle-Inferieiire. Anbe Landes Ardeche Corse Seine. Hautes-Pyrenees. . Var Hante -Loire. . . . Marne Yonne Dect-s femelles a egalile de naissances. loofi, 23 ioo3, 87 ioo3, 49 joo3, 33 1002, 89 999, 28 988, i4 988, 09 983.93 983.84 9:5>69 973.73 972, i5 968, 46 951, 72 946, 78 912, 20 860, 58 838, 22 avec la totalHe de la France. 37,5o 39,86 40,24 40,40 40,84 45,55 55,59 55,64 59,80 59,89 68,04 70,00 71,58 75,27 92.01 96,95 i3i,53 i83,i5 2o5,5i Ce tableau ,met en evidence Texccs de la mortalite des fcinmes, non-seulementpour les departemens consideres dans Icur ensemble; mais encore, avec tres-peu d'exceptions, pour cbaqiie departement pris isolement. La mortalite etant plus grande et les naissances moin- dres pour les femmes, il en resulte une double cause de superiorite dans I'accroissement de la population male. Aussi trouve-t-on, en comparant les deux accroissemens qu'a egalite de naissances, ils seraient dans le rapport de 1000 k 84 3, ct que I'inegalite des naissances eleve ce rapport jusqu'a 1000 a 791. 3io MOUVEMENT DE LA POPULATION TREIZIEME TABLEAU. Classcment des departemcns d'aprcs le nombre desfilles aban- donnees stir looo qui devraieiit I'etre d'apres le rapport des naissances mdles aux naissnnces femelles. FRANCE DEPAKTEMENS 1 . Seine-el-Marne. . . . 2. Creuse 3. Jura. . 4. C.orreze 5. Keine-et-Oise 6. Oise 7. Loire 8. Hante-Vienne g. Mayenne 10. Airii'ge . 11. Basses-Alpes 12. Tonne I 3. Eure-et-LoIr 14. Allier 1 5. Aube 16. Saithe 17. Ardeche 18. Jlaine-ct-Loire. . . . rg. Tndre 20. Loii-et-Cher 21. Seine-Iafericure. . . . 22. Lolre-Inferieure. . . . 23. Ardennes 24. Cote-d'Or 25. Haut-Rhiu 2G. Vaucluse 27. Ome 28. Moselle Au lieu de loo filles qui jvi-aipnt ctie baiiclunnres. Filles ahandoiinees ii68,5i ri58, oS 1 1 32, 04 1118, 5t I 106, 25 logS, 18 iog2, 34 io8g, 36 io85, 00 1078, 02 1077, 04 1076, 3g 1075, 6t 1074, 1 1 io63, 57 1062, 5o 1060, 80 io5g, 24 io56, 3o loSz, 79 1047. 5i 1046, 60 1045, 72 1042, 1 1 1039, 26 io33, o3 1037, 06 xo34, 12 + i5i,5i + 145,08 + I ig,o4 + in5,5i + 93,25 + 85, 18 + 79.34 + 76,36 + 72,00 + 65,02 + 64,04 + 63,39 + 62,67 4- 61, 1 1 + 5o,57 + 4g,5o + 47,80 + 46,24 -f- 43, 3o + 39.79 4- 34. 5t + 33,60 + 32,72 + 2q,i r + 26,26 4- 25,o3 + 24,06 + ai,i2 EN FRANCE. 3ir DEPARTEMENS. Ba sse3-Py renees. Soiume Haule-Garonne. Nord Aude Corse Tarn Pibone Lot-et-Garonne. Lot Saone-et-Loire. . Ain Calvados. . . . Dordogne. . . . Gironde. . . . . Pas-de-Calais. . . Seine Aisne Maine Moibihan Puy-de-D6ine. . . Lozere Indre-et-Loire. . . Drome Vosges IVieuse Bouches-da-Rhone. Nievre Loiret. Vienne. Isere. . Haules-Alpes. . . , Ch.irente-Iuferieare. ATciion Ciintal Gard Meuiihe. . . . Ille-et-Yilaine. Tarn looo fiiles qui la avec totalite devnilent etre de abuiiduiniees. la France. Fillcs al)aiKlonnt-es leellcnient. io33, go + 20,90 1028,99 + I 5,99 1028. o5 + i5,o5 1027, 1 1 + 14,1 1 1026, 52 + i3,52 I023, 5i + 1 0,5 1 I023, 12 + 10,12 1022, 06 + 9,66 1022, 40 -r 9.40 loig, 83 + 6,83 loig, 53 + 6,53 1019, 09 + 6,og 1017, 69 + 4,69 ioi5, 48 + 2,48 1008, 43 — 4.57 1008, 18 — 4,82 1007, 29 — 5,71 1006,61 — ■ 6,39 looo, 78 — 7,22 1004, 91 — 8,09 1004, 60 — 8,40 1004, 44 — 8,56 1004, 20 — S,8o ioo3, 77 — 9.23 lOOI, 78 — 1 1,22 998,52 — 14,48 994, 98 — 18,02 993, 1 3 — 19.87* 993,04 — 19.96 989-9' — 23,09 989,60 — 23,40 986, 99 — 26,01 986,68 — 26,32 9^5, 49 — 27,5r 983,11 — 29.89 979.56 — 33,44 979. i3 — 33,87 977.89 — 35,11 976,88 — 36,12 3l2 MOUVEMENT DE LA POPULATION DfiPARTEMENS. Eure. . Haute-Loire. . . . Haule-Maine. . . Var Tarn-et-Garonne. . Doubs Charenle Cotes-dii-Nord. . . Haute-Saone. . . . Herault. Landes Denx-Sevres. . . . Finistere Bas-Rhin Gers Pyrenees-Oiientales Cher Hautes-Pyrenees. . Vendee ioo;t fillos qui 1,1 tolaliU' <:eyiai.nt cue ahaiidoiiuees. la de France Filles abondonnees .eellemenl. 975,42 — 37,58 973,02 — 39,98 970,62 — 42,38 968, 40 — 44,60 958,28 — 54,72 954,86 — 58, i4 951.47 — 6t,53 948, 52 — 64,48 947,53 — 65,47^ 943,61 — 69,39 932,35 — 8o,65 931,60 — 81,40 930.67 — 82,33 909' 70 — io3,3o 909, 38 — 103,62 903, 4t 109,09 895,44 — 1 17,56 886, 81 — 126,19 877, 99 — i35,oi Oq concoit le grand nombre de combinaisons auxquclles se pretent, et les elemens donnes, et les rapports determines; mais ces recherches, plus on moins importantes, amencraient des details qui seraient deplaces dans un ouvrage tel que celui-ci. II est cependant un fait assez remarquable que nous avons cru ne devoir pas oraettre, malgre I'etendue peut-etre trop considerable de cet article : il resulte de la comparaison des naissances males et fernelles prises parmi les enfans natu- rels, on trouve dans le treizieme tableau, consacre ^ cet ob- jet , que leur rapport s'eloigne dune maniero sensible de cclui des naissances considerees dans leur ensemble. II serait absurdedesiipposer que pour cette classed'enfans la nature s'e- EN FRANCE. ^iS carte de la loi generale qu'elle suit dans la reproduction des deux sexes. Cette aberration, en effet, n'estqu'apparente, et elle disparait, quand on distingue les enfans abandonnes des enfans illegitimes. Beaucoup d'enfans, quoique nes en ma- nage sont, surtout dans les grandes villes, livres a la com- miseration publiqne, et dans tons les departemens plusieurs enfans naturals sont eleves par leurs auteurs. Dans I'un et I'autre cas, la defaveur tombe generalement sur les Giles. On ponrra cependant remarquer dans le tableau ci-dessus des departemens dans lesquels se manifeste une predilection contraire. Quoique nous ne produisions pas les donnees sur lesquelles sont fondes les resultats que nous venous d'offrir, on peut compter sur leur exactitude. Pour dresser ce tableau nous avons pris pour base looo fiUes qui devraient etre abandon- nees d'apres les rapports des naissances, et nous avon5 mis en en regard le nombre de celles qui le sont reellement. Dans un autre article nous etablirons la mortalite relative des deux sexes, aux differentes epoques de la vie. A. D NOTICE SUR DE BEAUFORT, VOYAGEUR EN AFRIQUE (i). Lorsqu'un voyageur instruit , devoue, intrepide, en un mot ne pour les decouvertes, arrete tout k coup au milieu d'une carriere brillante, vient h succomber a la fleur de I'age et dans (i) Cette Notice, hommage offert a la memoire d'un jeune voya- geur, qui a succombe victime de son zfele dans la perilleuse entre- T. XXXII. — Novernbre iS'iS. ai 3i4 NOTICE la force tin talent, la Socicid de Geographic , fraftpee dans un de ses niembres les plus recoinmandabtos, doit donner le signal des regrets publics ct d'un veritable deuil. Jamais Iribut de douleur ne fiit plus legitime qu'envers rinfortuiie de Beau- fort, mort sur le Haut- Senegal, le 3 seplembre iSaS, au moment oti il venait d'accomplir avec succes une exploration importantc. Son nam avait deja retenti en Europe, et il I'ignorait. Ses premieres missions remplies, il allait peut-etre revenir i Saint-Louis, pour y prendre de uouvelles forces, et se porter ensuite sur le Niger de Mungo-Park avec toute son activite. C'est dans cet instant meme qu'il a ete frappe subite- ment, la veille du jour ou sont arrives les secours et les inslru- mens qne le gouvernement de la colonic lui envoyait, par ordre du Roi. Apres avoir parcourn le Kanrta et le Bambouk , determine par des observations astrouomiques la position des lieux principaux sur la Gamble et entre les deux fleuves, visite les cataract.es de Felon et de Gowina, prepare une carte du cours de la Faleme, recueilli une ample moisson d'objets ou d'observa lions d'histoire naturelle, niesure frcquemment la pression del'air et la temperature, observe enfin les pheno- menes magnetiques et electriques, il croyait n'avoir rieu fait encore qui fut digne d'etre cite; et cepcndant, presque tons ces travaux etaient a faire avant lui. Sa mort imprevue nous prive des souvenirs qu'il avait rapportes de ses voyages, et cette perte est irreparable; mais il a consigne dans sa corres- poudaucc des faits interessans : tout n'a pas peri avec lui; son nom reste attache a une giande an)eliora,Uon de la carte d'Afriquc. C'est lui qui, en faisant et en repetant plusieurs fois des observations de longitude a Bakel , a rapproche de I'Ocean, le Hoiit Senegal des cartes , de plus de deux degres : prise pour laquelle il s'etait devoue, a ete hie par M. Jomard , a la Socictc de Geographic, dans sa seance geueiale annuelle du 3i mars 182G, et a excite le plus vif altendrissement dans un auditoire nom- bieux et clioisi. N. d. R. SUR M. DE BEAUFORT. 3i5 ii a rcuclu ainsi tres-probable qii'il y a line egale reduction a fairepoiir la distance dc la mcr an Dioli-ba. Scs observations dn baroinetre out prouve que le Senegal et la Gambia , dans les cent dernieres lieues de leur cours, ont line pente extre- mement faible, et que la capitale du Kaaria est pen elevee au-dessus du premier de ces fleuves, d'ou il a meme infere que Tombouctou est peu eleve au-dessus de la mer. On lui doit la connaissancc des obstacles que presenle a la navigation le Senegal superieur; dccouverte affligeante sans doute, mais aussi c'est nnc illusion dissipee : la demonstration d'une erreur n'est-elle pas une verite de plus ? Je ne m'astreindrai pas a suivre le voyageur dans toutes ses excursions; il suffit ici de faire ressortir les principaux fruits dc ses recherches et de justi6er les regrets dont il est I'objet. J'essaierai de les pre- senter dans celte esqiiisse tracee a la hate, quand j'aurai fait connaitre la personne meme de cet estimable officier. Henri-Ernest Chevalier Grout de Beaufort , fils d'un ancien capitaine au regiment Dauphin, est ne a Aubevoie, pres Gail- Ion, departement del'Eure, le aS fevrier 1798 (i). Des son enfance, il sc fit reniarquer par des qualites rares, un caractere intrepide, un cceur humain et genereux, et par un gout tres-vif pour I'etude. A I'age de 5 ans, dit-on, il s'habituait a souffrir la douleur, sans se plaindrc; mais ce courage etait sans rudesse, et I'on remarquait ses tendres soins pour une aieule infirme dont il aiinait a guider les pas chancelans. Son maitre le punit Tin jour avec durete pour une faute qu'il n'avait pas commise; le jeune Beaufort supporla la peine, sans proferer une seule plainte, et revcla son innocence par une fermete incroyable. Autant il lisait avec plaisir la vie des grands hommes, autant il aimait dans ses jeiix a imiler leurs actions; tons ses gouts etaient au-dessus de son age : nialgre ses s'ucces il etait aime de tous^ ses compagnons , nul ne lui portait envie. Tout le monde etait edifie de sa charite; il portaii aux pauvres tout ce (i) Son {)&re, Jean-Louis Chevalier Grout de Beaufobt, est mort en i8i3. 3,6 NOTICE qu'il possedait, et il n'amassait d'argent que pour eux. Si I'ardeur de son caraclere remportait quelquefois au-dela des bornes, il se jetait dans les bras de eelui qu'il croyait avoir offense, el il oubliait lui-meme toutes les injures qu'il avail revues. En 1812, il antra a recole de marine h Toulon; trois ans apres, il fit la campagne de I'Archipel, sous les crdres de M. de Riviere , et il parcourut Ic Levant, pendant trois annees. Son voyage en Grece ne fut pas sans fruit pour son instruc- tion ; il servit puissamment a developper son gout naturel pour I'observatiou. Attentif a saisir les traits caracterisliques des homines et des choses, il reussissait a les reproduire; et, si la parole n'obeissait pas assez promptement a sa pensce, il aclievail de se faire comprendre a I'aide du crayon qu'il maniait avec aisance. On aimait k entendre ses rccits parce qu'il raconlait avec vivacite ce qu'il avait senti avec force, et parce qu'il jugeait avec sagacite , mais sans esprit de systeme. A. cette epoque , il se porta avec ardeur vers I'etude des sciences naturelles, et surtout vers celle de la structure du globe. Des sa premiere jeunesse, le simple aspect des rochers excitait en lui un violent desir de penetrer dans la connais- sance approfondie des phenomenes geologiques. Il n'etait pas etranger aux applications savantes des malhematiques; le calcul des probabilites I'occupait avecinteret, sans le detourner des observations astronomiques, si necessaires a un voyageur pour fixer la position des lieux qu'il pareourt; c'etait la le principal objet de ses exercices. II en avait acquis I'habitude, quand il partit, la premiere fois, pour le Senegal , en 18 19, en qualite d'enseigne de vaisseau de la marine royale. Il observa dans le meme tems que d'autres officiers, la longitude et la latitude de Bakel. Un autre observateur, habitant et indigene dii Senegal , M. A. Partarrine, confirma leurs calculs; et main- tenant, on ne conserve plus de doutes sur la distance de ce poste a la mer, lieu suppose si long-terns trop a Test, de plus de 2 degres. Ce premier voyage en Afrique dura environ trois aus et contribua beaucoup a Tacclimater. Temoin de la mort SUR M. DE BEAUFORT. "^i- de plusieurs Francais qui s'occupaient dc projets de decou- vet tes, entre autres de Prosper Rouzee, il attribuait leur sort it rimprudence ou a une mauvaise constitution; et il se croyait h I'abri des atteintes du climat. Sans doute le devoument et I'ardeur du jeune Rouzee lui inspirerent alors, a lui-meme le dosir de penetrer dans I'interieur de I'Afrique ; mais il lui manquait beaucoup de choses pour entrcprendre cc perilleux voyage avec fruit; il le sentit, ot repassa en France pour y acquerir des connaissances uouvelles, pour y obtenir des instrumens et une mission. De 1821 a iSaB, il passa lout son tenos a Paris, occupe d'etudes de botanique, de zoologie et de mineralogie, et de la lecture des voyages en Afrique; 11 suivit des cours de chimie et de physique, et se livra a I'etude de I'arabe. Ses jours etaient consacres a frequenter Ics cours, Ics musees et Ifs bibliolheques, ct les nnits a rediger ses notes. A voir sa simplicite calme et sa modestie, on n'aurait pu deviner quelle ardeur secrete I'animait. Le premier plan qu'il soumit au mmistere, se ressentait un peu de son enlhousiasme; il fallut le restreindre dans dc justes bornes. Ce n'est pas sans peine qu'il abandonna ses idees favorites; il avait espere d'abord que son expedition deploierait un grand appareii, et qu'arrive au coeur du Soudan , il pourrait dinger ses com- pagnons de voyage. Tun vers le Benin, I'autre sur le cap de Bonne-Esperance, un troisieme vers Madagascar, sereservant de se porter lui-meme sur Ip Nil superieur. 11 n'etait pas pos- sible alors d'admettre ces idees gigantesques; M. de Beaufort partit avec une mission plus modeste, et cependant muni de toutes les ressources qu'exigcait im voyage dans I'interieur. Instrumens, provisions, marrhandises, encouragemcns pour lui-meme, il obtint tout de la protection genercuse du mi- nistre de la marine, et surtout, ce qui etait si precieux pour lui, I'estime et I'affection meme de M. le baron Roger, com- mandant pour le Rol au Senegal. Le 4 novembre 1823, il partit de Rochefort; a son arrivee, il fut recu cordialement par le gouverneur, qui bientot ouvrit la carriere a son ardeur impaticute. Vers la fin de Janvier i8a/i , il se mit en route 3i8 NOTICE poui' la Ganibic , muni des instructions et des documens Ics plus utiles. Ses lettres nombreuses, dalees de jauvier, de fevrier et d'avril renferment des details plcins d'interet sui les resultats dc cette premiere excursion. Je n'en rappellerai qu'une senle circonslance, parce qu'elle est honorable pour lui, en menie terns qu'elle fait eclater la generosile de la veuve de Bowdich et du commandant anglais de Sainte-Marie : c'cst qu'a la mort de ce savant voyageur, cette respectable dame, si connue elle-meme par son rare devoument, fit don a M. de Beaufort des instrumens de son mari ; bien sure qu'ils etaient remis en de dignes mains. lis n'y sont pas restes sans fruit; mais lielas! pour bienpeu de tems. II observa plusieurs latitudes et longitudes sur sa route ; il se porta jusqu'a Balankou (ou Banankou), h peu de distance de la Faleme , et ;\ Kou- kongo, k I20 licues de la bouche de la Gamble, visita les Mandingues, observa plusieurs productions du regne vegetal ( I'arbre k bearre, I'huile de pahne, et cet autre arbre sin- gulier qui prend feu spontanement et allume de grands incen- dies (i), et dont il est meme imprudent de transporter le bois avec soi. Selon lui, les plantes veneneuses sont rares, malgre I'opinion contraire, les legumineuses et les malvacees, tres- communes. II eut soin d'observer la hauteur barometrique des lieux, de decrire les roches principales et leurs gisemens, les insectes , les animaux divers , enfin la physionomie des habi- tans. Le 26 mai, il etait de retour a Bakel, apres avoir coufirme le rapport de Park, savoir que la Faleme, quoique rapide, est navigable bien plus loin qu'on ne pensait. C'est le contraire pour la Gambie; sur ses bords, I'indigo est indigene, et I'or y abonde. Les habitans de OuUi , ceux du Kaarta et les Serra- colets transportent egalement de I'or dans les marches. Plus on s'eleve, ou plus on s'enfonce dans I'interieur, plus on observe frequemment les deux palmiers des boids du Nil. II en est de meme , quand on change de latitude. Chose singulierc! pour le regne animal et pour les productions vegetales, le Senegal res- (i) II le regards comme tin Pandanus. ' SUR M. DE iJEAUFORT. 3 19 semble plus au Nil qvi'a !a Gambie. Quant a la gcof;rapliie , il faut ajoutec que les positions de la Gambie, clans la carte de Park, sont de beaucoup trop orientalcs : c'est un point capital qui parait maintenant eclairci. A Bakel, uotre voyageur multipliait les observations baro- metriques pour obtenir line hauteur moyenne propre a faire connaitre I'elevation du lieu, et il reconnut, non sans surprise , que celte partie du Haut-Senegal , ainsi que la Gambie, est tres-peu au-dessus de I'Ocean. II trouve ainsi I'explication de la longue stagnation des eaux et des qiialites de I'air da-QS. la mauvaise saison. 1] ,i;i)ii!^i Jl visita ensuite le Bondou; il remonta la Faleme plus liaut que ses predecesseurs et rennit les elemens suffisans pour une carte du cours de cette riviere. L'automne de 1824 fut consacre a I'exploration du Kaarta ; il determina la position d'Elimane, sa capitale actuelle , et il y ren- contra un Francais, voyageur entreprenant, recemment mari^ a la fille du roi. De la, e/i 10 jours seulement ,, un homme a pied peut se rendre a Sego, c'est-a-dirc sia- le grand fleuve appele Niger par les niodernes. Le mon)ent n'etait pas encore venu pour lui de franchir cet intervalle ;' et cependant, il avail le precieux secours d'un Maure devone, qui s'etait charge de raccompagner a Sego , meme jusqu'a Tonibouctou; il en venait, et il se proposait d'y retourner par la meme route (r). Notre^ voyageur, deju en chemin sous un tel guide, fut indignement pille, et il crut que son denument ne lui permcttait piis de contiuuer un tel voyage. On peut dire que la fatalite seule empecha un succes auquel il touchait deja de si pres; mais il n'y avail pas renonce. Pourquoi faut-il que la Societe de Geographie n'ait qu'une palme funebre a offrir a sa niemoire , au lieu de la couronile qu'elle pouvail se flatter de placer, (i) Voy. \e& Memoires de la Societe de Geographie, t. 11. Ce guide, appele Mbouia , lui avail ete adresse par M. Hugon, coniiilandant de la colonie, en I'absence de M. Roger, et d'aprcs le d^sir de ce dernier. 3io - NOTICE aujourd'hiii meme sur sa tete , si un destin plus heureux I'avait, cotnme Denham et Clapperton, ramene sain et sauf dans sa patrie! Revenu encore line fois h Bakel, il so porta, vers le mois de fevrier, dans le pays de Casso, et il parvint ensuite a la cataractc de Felon etjusqu'a celle de Gowina; la premiere, visiteepeuauparavantpar le voyageur qneje viens de designer, €t la seconde, encore inconnne aux regards des Eiiropeens. C'est dans ces courses qu'i! reconnut les difficultes que pre- sente malhcureusement la navigation du Senegal. Enfui, il entreprit I'exploration du Bambouk ; c'est la plus ijnportante excursion de son voyage : elle a procure la deter- mination des principaux lieux de ce pays interessant, et les niateriaux d'une carte beaucoup plus exacte que ce qu'on possede jusqu'a present. L'indication plus precise des mines du Bambouk, pays si riche en or, est un des resultals dont on lui sera redevable; elle interesse la colonic du Senegal qui, de tout terns, a tente d'etablir des relations de voisinage et de commerce avec ce royaume. Plus penible, peut-etre , et surtout moins brillant pour M. de Beaufort qu'urte course a Tom- bouctou, le voyage de Bambouk avait une utilite plus imme- diate; il entrait d'ailleurs dans sa mission, et il fut entrepris et cffectue avec une abnegation, un courage, une pcrscve- r^mc^au-dessus de tout eloge (i). M. de Beaufort rentra au poste fran^ais, dans le mois d'aout, en bonne sante. II hesitait s'il retournerait sur le Haut-Senegal , ou bien s'il vicndrait a Saint-Louis se rcposer de tant de fatigues. Le reloiir de I'expe- dition qui va, tous les ans, a cette epoque, de Saint-Louis a Bakel, lui fournissait nne occasion commode; mais, oubliant combien cette saison est meurtriere, et determine surtout ^ Uttendre les reponses des hommes qu'il avait envoyes sur divers points de Test, il se decida a resfer au poste, et il s'ap- pliqua avec ardeur a mettre en ordre ses papiers. Funeste (i) Expressions dont se sert M. le baron Rogbk, dans ta lettrp du 4 decembre i8a4- SUR M. DE BEAUFORT. 3ui resolution, courage inutile ! Le 3o aout, a la suite d'un rhume , 11 fut attaque d'une fievre ataxique ceiebrale; le 5* jour, il etait enleve k son pays et a la science. Voici en quels termcs M. Roger raconte ses dernieis instans. « Presque aussitot I'in- vasion de la inaladie, le dclire s'empara de lui, et il ne reprit plus ses esprits jusqu'au moment de son deces, arrive le 3 sep- tembre dans la matinee. Ainsi, ce jeune homme siinteressant, si actif, cessa de vivre, sans pouvoir rien faire connaitre ni de ses projets, ni de ses souvenirs, a I'instant meme ou avaient cesse pour lui les fatigues et les dangers, lorsqu'il pouvait jouir de ses succes et des recompenses qu'il avait meritees! Ainsi se termina d'une maniere encore une fois fatale une expedition que le gouvernement avait si puissamment encouragee, qui nous avait fait concevoir de si belles esperances, et dont I'auteur se signalait par des prodiges de zele, de courage et d'activite ! » Une autre Icttre du Senegal ajoute qu'un violent desespoir s'empara du mallieureux Beaufort, et que, dans les acces de son delire, il cherchait partout desarmes pour mettre fin aux douleurs, aux tourmens qui I'accablaient. L'idee affreuse de perir sitot et si jeune, sans avoir rendu a sa patrie les services qu'elle attendait de son devoument, a contribue, n'en doutons pas, a precipiter la catastrophe ! Voici un fait qui ajoute, s'il est possible, aux regrets qu'elle doit exciter. L'expedition partie de Saint-Louis lui apportait des instrumens et des secours de tout genre pour son entre- prise, et ramenait son compagnon de voyage long-tems malade a Saint-Louis; elle parvint, le 4 septembre, a Bakel; c'etait un jour trop tard... M. Montesquieu n'arriva que pourrendre les derniers devoirs a son ami (i). J'ajouterai que, passant a Dagana (a pen pres au tiers de la route), il y tronva un raedecin ami de M. de Beaufort; etonne que celui-ci restata Bakel, pendant la mauvaise saison et apres tant de fatigues, le med>ecin lui fit recommander de (i) II est aujourd'hui dp retour a Paris. 3-22 NOTICE descendre promptemeiit ;\ Saint-Louis; tardive recommanda- tipn! Pen de terns apres, rcvenn a Dagana, M. Montesqnicn le cherche pour rinformcr do la triste noiivellc : inais en vain, le medecin hii-niemc venait de succomber, le nicme jour, frappd de la jneme maladie! Au retour de I'exploration de Bambouk, Boanfort n'eiit pas sans doute le terns d'ecrire en France pour en faire con- naitre les resultats; mais il ecrivit une seule leltrequi sufiirait pour honorer sa memoire. Tout autre, peut-etre, aurait adresse, au ministrc, sans perdre un jour, inie relation de son voyage; lui , prend la plume pour adresser une supplique au Roi. « S'il a ete assez heureux, dit-il, pour faire quelques decoavertes, pour annoncer a des peuples inconnus le noni du roi de France et la puissance francaise, la seule recom- pense qu'ii ambitionne est que la faveur royale s'etende sur un frere cheri, sur une tendre more, veuve et sans fortune, dont il etait I'appui (i). « C'est la derniere lettre qu'il ait ecrite en France; elle est du i5 aout. Oh! que celui-la est bien fait pour servir et illustrer son pays, qui est aninie de si genereuscs pensees; el qui, a peine echappe des perils, et dans I'ivresse du.succes, sacrifie jusqu'a la gloire il la piete liliale ! Toutes ses lettres a sa faniille sont empreintes des niemes sentimens : en trahir les secrets, serait en quelque sorte cf- fenser sa memoire; mais il sera permis, pour peindre d'un trait son coeur et ses principes de vertu, d'enlprunter deux lignes a sa lettre d'adi^u : « J*ai prie Dieu de m'eclairer, de me donner la force de faire le bien dent ma mission est suscep- tible; j'espere qu'il m'accordera sa protection pour remplir les conseils si sages que votre lettre conticnt : humanite envers ses inferieurs; douceur, justice, soins enVers ses collegues... Ne vous inquietez pas sur men compte. Dieu veillera sur nous... » Hill *;(.i>!)ii"'i'*(! J'"i ' (i) II avait toujours eii pour ce jeune frtre les soins d'un p^re pour son fils. SUR M. DE BEAUFORT. 3^5 Sa simplicile repoiissait tout ce qui etait contraire a la verite : il detestait I'affectation en toute chose, et surtout dans les ouvrages de I'esprit; son gout le portait vers les produc- tions ccrites avcc la chaleiir d'une ame fortement penetree. « II se defendait de I'orgueil comme d'une honteuse faiblesse. « Sou langage etait simple, comme ses gouts, ses mosurs et son exterieur, quoique soiivent anime, profond et energique. Sa voix etait constamment douce et sa physionomie caliiie, a moins qu'un sentiment vif et gcnereux ne vint animerses traits et le son de sa voix. II se plaisait avec les enfans, et sa bonte se peignait dans le plaisir extreme qu'il eprouvait en prenant part a leurs jeux. One la reconnaissance publique, vertueux et modcste Beau- fort, adresse a votre memoire les honimages que vous n'avez pu recevoir de vos compatriotes ! qu'elle inscrive votre nom a cote du nom de Bowdich, ncn loin du nom de Park dont vous avez foule les traces glorieuses , et de tant d'autres vic- times deplorables d'un lieroique devoument. JoMARD, memhre de I'lnstitut. II. ANALYSES DOUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. L'art de la fortification appliquee a la defense des places de guerre dun diametre de six cents tolses et au-dessus, par lequel on donne les moyens d'aug- menter considerablement la force de resistance, et de dimlnuer les frais de la construction des grandes forteresses ; dedie a S. M. rEmpcreur (T Autriche par le prince Ernest d'Arenberg (i). Nous devoiis remercier I'aiiteur de cet ouvrage et du pre- sent qu'il nous a fait, etde ce qu'il a choisi notre langue pour exprimer ses pensees sur la fortification. II iivre ainsi, avec una confiance pleine de dignite , les fruits de ses meditations i I'examen des hommes les plus eclaires sur cette partie de l'art de la guerre, anx ingenieurs francais. II fait plus; il soUicite leur decision. Apres avoir expose rapidement les differentes causes qui, dans la guerre de siege, ont mis I'attaque si fort au-dessus de la defense, M. le prince d'Arenberg s'enonce ainsi : « Le but de cet ouvrage est d'essayer de remplacer, par des avantages d'une invention nouvelle, les defauts essen- tiels qui sont la cause principale de I'inegalite de lalutte. Ce projet est soumis au jugement impartial des mililaires qui reu- nissent I'experience a la thcorie. Sans avoir fait une etude classique de la science des fortifications, le service dans I'in- fanterie ra'a procure I'occasion de nie trouver aux sieges re- guliers de diverses places fortes d'Allemagne et d'ltalie , no- tamment de la forteresse de Manheim en 1 795 , de Kehl en (i) Vienne, i8a4; Strauss. — Paris, Anselin et Pochard. Grand Jn-4° de i5a pages avec 18 planches; prii, ao fr. SCIENCES PHYSIQUES. 3a5 1796, (\e Mantoue et de Coni en 1799, et de connaitre ainsi les operations de chacune des periodes de l'atta(|ue. Frappe de I'immense superiorite qu'elles donnent a I'assiegeant, j'ai tache d'en decouvrir les causes, etiulie et cherche I'art, moins dans ce qn'il est que dans ce qu'il devrait etre, d'apres les pro- gres del'attaque et I'etat de laballstique nioderne, et cruaper- cevoir la possibjlite et les moyens de remedier a I'insuffisance des systemes suivis, insuffisance attestee par les essais nou- veaux que Ton tente en ce moment pour ameliorer la defense des forteresses qui se constriiisent dans divers etats de I'Eu- rope. » Un livre tel que celui-ci ne pent etre juge superficiellement apres une simple lecture ; il veutetre medite, discute suivant une methode rigoureuse , mis h I'epreuve du calcul. II est en- tre les diverses sorles d'ouvrages des rangs , des preseances fondees, des convenances de differens ordres ou degres dont les ecrivains periodiques eux-memes ne devraient jamais se dispenser, et dont I'oubli n'est point excuse par I'obligation d'ecrire vite et a jour fixe. Sur les doctrines politiques ou mo- rales , I'opinion se forme sur-le-champ , les raisonnemens pour ou contre arrivent en foule : avec quelque habitude d'ecrire, on se sent en etat d'improviser une dissertation lumineuse , approfondie. Les productions litteraires sont appreciees plus rapidement encore : le premier regard, le tact le plus k'ger apportent a I'intelligence ces impressions delicates qui ont recu, fort mal a propos , le nom du plus lent de nos sens materiels. Malheur a I'homme de lettres, si ses ouvrages n'electrisent point le lecteur, s'ils laissent la liberte de les juger de sang- froid ! Lesecrits sur les sciences exactes n'ont besoin que d'etre compris : presque toujours , c'est la faute de I'ecrivain, s'il im- pose a des lecteurs suffisamment prepares I'obligation de me- diter eux-memes sur le sujet qu'il a traite , s'il ne presente pas, dans un ordre convenable ses idees, ses raisonnemens, les fails nouveaux et les resultats dont il veut repandre la con- naissance. Parmi les ouvrages savans, les meilleurs sont ceux dont il est le plus aise de faire I'analyse. Mais , lorsqu'il s'agit 326 SCIENCES PHYSIQUES. d'inventions dans Ics ails, ct surlout dans I'art militaire oil Ion lie peut cousulter iramediatcmont rcxpcricnce, on sent la nc- cessite d'un exasnen prolonge, fait par les maitres de I'art, et dont les ecrivains periodiques iic pcuveut etre que les inter- pretes. Les connaissaiices applicables aux usages les plus im- portans des socioles mcritcnt des cj^ards partlculiers : il ne suffit pas que I'ouvrage de M. le prince d'Arcnberg soit prone dans lesjournaux, place dans les bibiiolheques, etudieparles ingenieurs : si les idees de I'auteur sont jiistes, elles doivent passer dans reuseignement de la for tilJca lion, et diriger des a present quelques travaux dausles places fortes. II conviendrait done a tous egards qu'elles subissent une discussion officielle, que I'autorite competente Icur impriaiat le sceau de son ap- probation, si elles la nieritent, on leur fit perdre, au moins en France, le credit qu'elles pourraient conserver , si uu juge- ment solennel ne les avaient point condamnees. Quant a pre- sent, nous devons iiousLorner aexposer le systemc de I'auteur, sans cnoncer aucune opinion sur scs proprietes militaires , ni sur les economics qu'il peut offrir , nous omettrons les details qui ne pcuvent etre compiis sans le secours du dessin. L'introduction que I'auteur a jugee necessaire pour que ses lecteurs pussent mieux saisir I'enaemble de ses projets, est , en grande partie, I'histoire du systeme bastionne, II n'y est point question de quelques modifications au systeme de Cor- montaingneproposees par des ingeniems modernes; et en effet M. le prince d'Arenberg pouvait se dispenser d'en parler , puisqii'elles ne sont que des modifications, et que siiivant lui , c'est le systeme tout entier qu'il faut changer. Le premier chapitre contient renonce et le developpement de h\y\t propositions « dont I'ensemble forme le probleme gene- ral a resoudre, celui du trace de la fortification reguliere. C'est dans ceslimites que se trouvent renfermes les. trois sys- temes de la nouvelle methodc. » Les propositions dont il s'agit sont les conditions auxquelles tous ces systemes devront satis- faire. Le systeme fran^ais y salisfait a pcu pres aussi bien que les nouveaux , si ce n'est a une seule (laseptieme dans rouvrage) SCIENCES PHYSIQUES. 327 que raiitcur enonce ainsi « Renforcer la place d'line double enceinte, en observant les conditions suivantcs : 1° que les frais de construction ne soient pas considerables ; 2"^ que toute la force et toutes les dispositions de la fortification pour la defense eloignee soient au profit de I'enceinte exterieure et que I'enveloppe interieure concourre meme k sa defense; 3° que I'enveloppe interieure jouisse des avanlages d'une de- fense inclependante et rapprocliee; 4° que I'espace inlerieur de la vill6 n'en soil pas sensiblement retreci, ni la circonfe- rence de la place beaucoiip plus eteuduc que dans les places a simple enceinte du systeme de Cormontaingne. » Cetteseconde enceinte proposee par I'autcur est une des innovations capi- tales qu'il veut introdiiirc dans la fortification. Un autre changement non moins important transforme tout le trace. Le premier systeme de I'auteur est compose des par- ties suivantes : les bastions sont coupes, c'est-a-dire tronques au saillant. Cette troncature, que Ton nomme front du bastion, est couverte par une lunette dont les faces sont paralleles a celles du bastion , niais avancees de deux toises. La demi -lune a laquelle on restitue son ancien nom de ravelin est retiree vers I'interieur , et ne deborde point les cotes du polygone de la fortification. Les brisures de la courtine sont substituees aux flancs dans la fonction de defendre les fosses et les faces du bastion :mais \e front et le fosse qui le separe de la lunette ne sont vus d'aucune partie de I'enceinte; I'auteur propose deux moyens de pourvoir ;\ leur defense par des ouvrages casema- tes. Tons ces cliangemens obligent evidemment a douner au chemin couvert une forme assortie a celle des ouvrages qu'il enveloppe. On y forme , entre deux lunettes et parallelement au cote du polygone, une place d'arme capable de contenir une batterie de dix pieces de douze. L'auteur y attache une giande importance , et la regarde comme « une partie princi- pale de la defense des fronts. » L'enceinte interieure est formee par le prolongement des courtines brisees, jusqu'a leur ren- contre mutuelle, avoc un fosse de deux toises qui les separe du bastion qui setrouve detachc.'Dews. bastions consecutifs sont 3a8 SCIENCES PHYSIQUES, joints par uae/ausse braie qui differe en pliisieurs points d« I'ouvrage qui porle ce nom dans I'ancienne fortification ; elle reniplace la tenaille dans le systemc francais. Suivant I'auteur, ce nouveau trace possede les avantages suivans : I'enceinte interieure et son fosse n'oecupent que la place ou serait le rempart du corps de place, dans le systenie francais; il est presque impossible debattre en breche le front du bastion ; uue breche ouverte dans la face du bastion « serait vne de revers par la courtine et la fausse braie, et la perte du bastion n'entrainerait pas la prise de la place ; » I'occupalion des fausses braies serait inutile a I'assiegeant, s'il parvenait ct s'y loger ; enfin, la seconde enceinte est encore intacte, lorsque la premiere est au pouvoir de I'assiegeant. M. le prince d'Aren- berg n'a pas calcule , d'apres les methodes connues , le tenis que durerait I'attaque de I'enceinte exterieure; il se contente de I'estimer d'apres quelques donuees tirees de I'ouvrage de Bousmard (i) : il y a lieu de peuscr que cette partie des opera- tions du siege serait terminee beaucoup plus tot qu'il ne le croit. En adaptant^ I'enceinte interieure, les tours bastionnees de Vauban , et au moyen de quelques changemeus dans le chemin couvert, ou de quelques modifications de la lunette et du ra- velin , la resistance des deux enceintes est encore augmentee. L'auteur propose aussi quelques additions au systeme de Cor- montaingne qui lui procureraient une partie des avantages de la fortification nouvelle : mais les dimensions adoptees par I'ingenieur francais se pretent difficilement a ces modifications ; il faudrait, pour en tirer le plus grand avantage, que les bas- tions fussent plus rapproches, et par consequent plus petits. Le second systeme n'est propose que dans des vues d'eco- nomie , et l'auteur se borne a une explication tres-courte ; les figures suffisent pour donner des notions exactes de ce pro- jet , ofi la fortification reduite a une seule enceinte est regar- dee comme incomplete. Avant d'exposer son \.rois\kme Systeme complet, M. le prince d'Arenberg discute cette question mili- (i) Paris, 1819 ; Anselinet Pochard. 4 v. in-8° et atlas ; prix, 40 fr. i SCIENCES PHYSIQUES. Sag taiie et politique : convient-il de fortifler des villes populeiises , ou vaut-il mieux constriiire des foiMeresses militaires ? II pen- che a regret versla premiere opinion , fait quelques objections a la seconde, et composant avec Tune et I'autre, il propose line sorte de moyen terme, unc place forte construitea neuf et capable de contenir huit cent soixanle-huit inaisons, outre quatre - vingt-deux edifices publics. Tous les batimens y se- raient isoles, a douze toiscs les uns desautres, et par conse- quent les dangers d'unbombardement seraicnt peu a craindre: d'ailleurs, une telle place n'aurait point d'habitans qui ne I'cussent choisie librement pour y fixer leur demeure. Quant aux villes deja construites et dont on voudrait faire des forte- resses , elles ne perdraient pas de vue ravertissemcnt que leur ont donne les malheurs de Lubeck , causes par une enceinte trop faible pour la meltre a convert d'une attaque inqDetueuse, et la sagesse de Francfort , qui a fait raser ses fortifications. II ne serail pas prudent de conqiter sur la stabilitc de la politi que actuelle : la paix n'est pas mieux garantie aujourd'hui qu'elle ne le ftit a aucune autre epoque. Dans le troisieme systeme de I'auteur, le fosse deVenceinte tenaillee est defendu par des tours casematees demi - circu- laires, placees aux angles rentrans. Le bastion coupe An pre- mier systeme est converti en redan coupe ; c'est-a-dire que les flancs sont supprimes. La lunette est agrandie et rapprochee jusqu'au prolongement de la coupure du redan, et I'auteur la nomme demi-lune. Ces deux ouvrages sont places vis - a - vis Tangle rentrant des courtines, a la place occupeepar la demi- lune etson reduit, dansle systeme de Cormontaingnc. 'LAfuusse braie est supprimec; le ravelin se trouve place vis-a-vis Tan- gle saillant des courtines, la largeur du fosse entrc cetouvrage et le redan coupe permet a Tassiegeant etabli dans la demi-lune de battre en breche le corps de place. II n'y a done veritable- ment qu'une seule enceinte : I'auteur n'a pas entierement satis- fait a la septieme condition, on ne peulregarder sou troisieme systeme couune cow/j/c^f, dansle sens qu'il attache ace mot. Mais celte forme de fortification n'en merite peut-etrc pas moins une T. xxxii. — Novembre i%i(\. 22 33o SCIENCES PHYSIQUES, altenlion serieuse : Ics dcfauts qu'on jieiit hii rejiroclicr se troU- vent aiissi dans les ouvragcs dos inj^cuiems Ics plus oslimcs. II s'agit moins de comparer enlrc eux Ics projols do M. le prince d'Arenbcrg, q;ie d'cxaminer s'ils offrcnt quclqncs avantay;es reels, soit dans la defense, soil dans la coHstniction. Lcs lec- leurs pourrout etre ertibarrasscs a I'inspcctioTi dcs plaiiclics on Ic troisieme syslcnie est represente. Dans lcs j)tofils, les fosses sont de profondeur inegale, ct cetle difference de niveau n'est pas indiquee dans les plans. Le texle nc dissipe point cette ob- scnrite, en sorle qu'on est reduit a ignorer comment I'auleur a dispose le fond des fosses. Son troisieme systeme est celui <|u'il eslime le plus : apres avoir etabli par des raisonneinens (jui lui paraissent decisifs, et des evaluations qii'il s'attache a rendre au moins t res-probables, que les difficultes de I'aitaque de ses forlificationspeuveiit rebuterl'assiegeant le plus obstine, il iraite la question des frais de construction, et compare les maronneries d'un front donstruit d'ajires son projct h celles dii front dememe dimension dans lesysleme francais. L'economie parait etre de son cote ; mais le mode de comparaison n'est pas suffisanl. II fallait un devis ou les differens prix fussent specifies suivant la nature dcs ouvragcs; les casemates, par exemple, coiitetit plus qu'un simple revetement, etc. Dans le troisieme systeme de Vauban , les frais de construction sont ]>li'.s que doubles qiioicjue !a surface exterieure des maconne- ries ne soit pas augmeutee, a beancoup pres, dans le meme rapport. Il reste done encore trop de calculsa faire, tiop d'a- nalyses comparatives it terminer pour que Ton puisse admettre ou rejeter les projets de M. le prince d'Arenbcrg. Son Iivre al- tirera certainement I'attentiun desiugenieurs de toutes les na- tions, et provo(|uera d'uliles rechcrches, effet qui n'appar- tienl qu'aux ccrits on les verltes abondent, tt^qui laissentau moins entrevoir quelques decouvertes. Lorsque les maitres de I'art auront prononce leur jugemeut sur les opinions de I'au- teur, quand meme ils les conciamneraient, il serait encore utile de les connaitre, et de les eHulier dans cet ouvragc. Fr.RHY. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. ESQUISSES DE PhILOSOPHIE MORALE, par M. DdGALD- Stewakt, professeur a I'Universite d'Edimbourg ; tradult de I'anglais , sur la quatrieme edition , par Th. JouFFROY, ancien maitre de conferences a I'Ecole Norniale (i). Elemens de la Philosophie de l'esprit HUMAiN, par Dugald-Stewart, professeur, etc.; traduit de Tan- glais. Tome III (2). Par un privilege peu commun parmi les ecrivains ph^loso- j/hicjues , il est donne au cclebre professeur d'Edimbourg d'etre compris et d'etre goute de tons ceiix qui lisent ses ouvrages : sa reputation deja ancienne s'accroit en France de toutes les pertes d'line doctrine qui s'etcint de jour en jour, et qui n'a pii encore suffisamment y ctre remplacee faute de tems, d'examen, et surtout de liberie dans I'enseignement. Un autre avantage precieux accorde a cet ecrivain, c'est celui de n'avoir rencontre que dcs traducteurs habiles, tels que M. Prevost professeur geuevois tres-distingue, pour les deux premieres parties de sa Philosophie de Vesprit huinain , M. Buchon pour son Histoire abregee des sciences metaphysiques , morales et politiques ; et en dernier lieu les deux nouveaux interpretes (i) Paris, 1826; Johanneau. i vol. in-8" de I'iPi pages, avec une preface du traducteur de cur pages. (■2) Geneve et Paris, iSaS. (Cet ouvnige, malgrc sa date, n'a ete public que cette annee, et quelque tems apr^s le precedent.) Pas- choud. I vol. in-8° de 807 pages, avec une preface du traducteur, de LViii pages. 332 SCIENCES MORALES dont nous allons parler, digncs eux-itiemes de figiirer parmi les niaitrcs, si les talons philosopliiques n'etaient aiijourd'hui, aiipres de certaines autoritts, iin objet d'aversion ou de su- peibes dtdains. Chacun d'eux a enrichi sa traduction d'unc preface tres- etcndue et tres-rcmarquable : le premier, M. Th. Jouffroy, est deja diijnenient apprecie a Paris de toutes les persounes qui s'occupent des niemes etudes auxquclles il parait setre con- sacre cxclusivement. L'aulre n'a pas juge a pro])Os de se nommer, mais un passage de la preface de M. Jouffroy nous apprend que nous devons a M. Farcy, ancien eleve de I'EcoIe Normale , cetle suite de la traduction coinmencee par Prevost et le morceau preliminaire plein d'inleret qui I'accompagne. En proiitant de cetle revelation comma nous croyons en avoir le droit , nous echapperons aux formules lentes et incommodes qu'on ne pcuteviter quand on, s'adresse a un ecrivain anonyme, et nous aurons de jjIus la satisfaction de vengcr le merite trop niodeste d'un oubli injuste, soitenvers lui-meme, soil envers un etablissement auquel il a fait houneur et que des vandales ont detruit. Pour revenir au philosophe ecossais, avaut de faire con- naitre les deux parties de ses oeuvres qu'on nous doune en fran9ais, nous offrirons d'abord uue idee de son talent et de sa maniere telle que nous la trouvons heureusement retraceo par M. Farcy ( Pref. , p. l ) : « M. Dugald -Stewart est un des membres les plus distingues de cette ecole ecossaise qui s'est perpetuee avec gloire depuis Reid jusqu'a nos jours, et qui entreprit, en opposition aux idees sceptiques de Hume et de Berkeley, de legilimer les notions du sens conimun, et de les developper en doctrine; ecole sans faste , mais non pas sans genie, et qui compense par la simpllcite d'exposition, par I'excellence de ses intentions morales et ses leyons d'utilile pratique, ce quilui manque peut-etre du cote de la profondcur systemalique et de la rigueur des formes. M. Dugald-Stewart, dans sa logique, offre ces divers caracteres. On ne trouve pas dans son style celte austerite qui effraye sans doute lorsqu'on ET POLITIQUES. 333 lie vcut que s*aj)procher des matieres pliilosophiqnes, niais qui plait aiix esprils disposes a une etude profonde, parce que rattention en est plus fortement exeitee , ct que les formes du langage, quoique plus obscures au premier aspect , conime toute langue speciale , soiit pourtant plus expressives et phis claires quand on est en possession des idees qu'elies repre- sentent. M. Dugald-Stewart s'applique a tout ramener a I'ex- pression la plus generalement recue, et son idee en contracte quelquefois un peu de vague : disons que quelquefois aussi son expression fait decouvrir alors le vague de sa pensee. Avec une circonspection aussi calme dans I'expression du fond mcme ilu sujet que dans le choix des formes, il se garde d'engager son lecteur dans une discussion approfondie de toutes les questions qui se presentent, et d'ejjuiser la mati^re. Persuade que c'est beaucoup d'iexposer avec nettete un certain nombre d'idees justes et plus on moins etendues, il omet expres cer- taines questions, se contente pour d'aiUres d'indiquer les points obscurs ; arrive a nnc question qui, dans le but parti- culier qu'il se propose lui parait plus importante, il s'y arrete, la traite dans tons ses details, en donne une solution plus exacte ou tovite nouvelle, et revient a sa demarche calme, a son expression elegante et facile. » Telle est en general la maniere dont ce ])hilosoplie est ap- precie par les esprits formes dans les habi«tudes plus i^jrtes et plus austeres de I'ecole germanique, a la tete de laquelle M. Cousin s'est place en France. II serable toulefois que cettc 'icole encore pen nombrcuse se soit propose de popidariser parmi nous les ecrits de Dugald-Stewart, tant a cause du me- rite reel de ses expositions et de ses recherches ingenieuses , que comme moyen de transition entre les doctrines du sen- sualisme qu'il a combattues , et celles de la liaute metnpliysique dont il n'a point ferme les voies, comme I'avait fait la secte sensualiste, mais dont il a pluliit evite d** sonder les abymes. Une telle maniere d'envisagcr les ouvrages d'un maitre sans appartenir a son ecole, ce zele a les repandre, attcsle une disposition imparliale, exemptc de preventions exclusivcs, qui 334 SCIENCES MORALES honore egalcment ceiix qui Tont concue et ccini qui en est I'objet. D'un autre c6te,quand on snnge a rabaissemcnt ou sunt tombees dans nos etablissemens publics Ics etudes de ce genre par suite de rincurie et des apprebensions de I'autorite, Ton a peine a concevoir comment elle ne s'emj)resse pas davantage d'accueillir ct de consacrer a I'usage classitiue, des ouvragps tcls que ceux de Dugald-Slewarf od biillent d'uuc clarte constante et douce, a ime tgale distance des tiuebrcs sceptiques et des lueurs souvent dangercuses de I'esprit syste- niatique, les lumiores du sens eommun appliquees aux plus simples et aux plus salulaires principes de logique, do morale et de religion. L'elegance et la clarte ditlactiques qui distingucnt le talent du venerable profcsseur d'Edimbourg, faciles a remarquer nieme dans ceux de scs ouvrages ou il se livre avec le plus de complaisance a Tenlrainement des details, se font surtout admirer dans les Esquisses de philowphie morale qu'a tra- duites M. Jouffroy. La premiere edition porle la date de 1793 : I'auteur charge alors du cours de philosophic morale se borna dans ce premier ecrit a donner le plan de ses lecons ei a exposer sous chaque litre un rapide sommairc de sa doctrine. C'est un veritable modele de manuel elemcntaire renfermant , outre la morale proprcmeut dite, tons les cadres d'une philosophic complete qu'il a depuis travaille a remplir dans son grand ouvrage. On ne pent observer sans un veritable interet la marche simple et uniforme de cet excellent esprit reste fidele a ses proprcs desseins pendant une si longue carriere, grace a la solidite de ses premieres vues qui nous sont retracees ent suggerer a i'esprit ou lui dormer ^occasion de fanner les idees simples ou notions de nombre, de terns, de causalite, d'^existence , d'identite personnetle et qiielques au- tres.— De la perception externe se distingue la notion de notre dme a I'aide d'idees purement relatives, savoir pour I'une les qualites sensibles , pour I'autre les operations inteilectuelles. Ces deux ordres de faits sont si differens entre cux qu'il est impossible de ne pas considerer I'ame et le corps comme des objets de connaissance tout-a-fait distincts, quoiqu'ils presen- tent habituellement une connexion tres-intirae... « Plusieurs theories ont essaye d'expliquer le secret de cette union. Mais il est evident que le mvstere est au-dessus de notre portee , el que les lois qui reglent I'association du corps ct de I'ame sont seules accessibles a notre intelligence. » Enfin relative- ment a cet autre myslere de I'existence reelle d'une matiere qui ne nous est presentee que sous le voile des phenomenes sensibles, M. Dugald-Stewart, a I'exemple de Reid , rejetant I'antique iheorie des idees ou especes sensibles , et celle de Leibnitz sur I'hannonie preetablie , tranche le noeud par les aphorismes du simple bon sens, en considerant notre convic- tion sur ce point comme un fait de noire nature qui ne s'ex- ET POLlTiQUES. 3^7 plique par aiicun autre. « Nous no devons pas, dit-il, niettre en question la realite de ce que nous pcrcevons, puree que nous ne pouvons reconcilier ce fait avec les theories philoso- phiques qu'il nous a plu d'adopter. » Voila bien des traits caracteristiques de cette ecole prudente et reservee. Viennent ensuite, 3° Y attention , principe de nombreux plie- noinenes, par laquelle nous insistons volontairement sur les pensees et les impressions dont nous avons conscience. 4° La conception qui nous permet de renouveler en nous-memes avec plus ou nioius de vivacite en I'absence des objets, les im- pressions qu'iis nous ont cansees, ou meme quelquefois de res- sentir par anticipation ou par supposition quelques effets de leur presence. 5° U abstraction qui est Ic pouvoir de concen- trer notre attention sur certaines qualites ou circonstances des clioses, ct de composer des classes en divisant des indi- vidus complexes selon leurs proprietes communes. Cette fa- culte, mere du langage, presente une riche matiere a I'obser- vation philosophique. 6" U association des idees, sujet qui a particulieiement exerce la sagacite du philosophe ecossais dans ses Elemens , etc. C'est cet enchainement par lequel une idee en attire une autre dans notre esprit en vertu de relations, soit spontanement observees comme celles de ressemblance , d'analogie, d'opposition , de contiguite dans I'espace et dans le tems, soit logiquemcnt constatees comme celles de cause et d'effet, de moyens et de lin, de premisses et de consequences. L'habitude est surtout un agent remarquable de I'associalion des' idees , susceptible de donner lieu a des considerations d'^une grande importance praticjue, ainsi que I'influence indi- recte mais assoz etendue que la volonte pent exerccr sur la serie de nos idees. 7*^ La meinoire dont les v.^rietus meritent I'attention des observateurs. ^'^ lu' imagination , faculte com- plexe , composee dc la conception, de I'abstractioii et du jugement ou du gout. 9° Eniin la faculte qui comprend le jugement et le raisonnement dont I'auteur traite en une seule ct meme section. Le jugement, acte de I'esprit par lequel, d'apres I'ancienne definition adoptee ici, une chose est aftir- 338 SCIENCES MORA.LES mee on niee d'une antre chose , presenle deux sortcs d'ovi- dence, suivant unc distinction que I'auleur regarde commc purerncnt logique. Premierement, Vemlence intuUivc; nous la tiouvoDs dans les axiomes, dans les temoignages de la cons- cience, (!e la perception et 3g contrer d'abord dans ses litres ccs mots fameiix par tant de debats, V activite pcrsonnelle , la riohnte , la liberie. Ainsi jele presqu'a la manicre dii poele, in medias res , il enumere, sons le norm de principes aclifs de notre nature, les circonstauces qui, faisant partie de notre coostitntion, influent sur notre volonte, et il les reduit aiix cinq chefs suivans : appelits, desirs, affections, amour de soi, et faculte morale. Apres line exposition rapide des nppetits , vient une ana- lyse des desirs , espece de mobiles qui ne sent ni corporels ni periodiques comme les precedens. lis se distinguent en dcsir de connaissance , desir de socieie , d'estiine, de pouvoir, de siiperiorite ; sans compter les desirs qui pouvent eire factices, de meme que certains anpetits. Toutes ccs divisions donnent lieu a d'excellentes remarques que nous regrettons de ne pouvoir reproduire. Nous en dirons an tant de la section qui suit sur les affections bienveillantes et malveillantes. L'amour paternel et filial, les affections de parente, l'amour, I'amitie, le patriotisme, la philantropie, la reconnaissance, la pitie, telles sont les principales affections bienveillantes de notre nature, dont I'auteur observe avec interet les proprietes ge- nerales et les admirables causes finales. Du reste, il ne s'in- qniete pas s'il doit les considcrer toutes comme principes ])rimitifs ou fails irreduclibles de notre constitution, quoiqu'il lui paraisse ires-probable que plusieurs de ces affections ren- trent dans un meine principe qui se inodife divcrsement selon les circonstances dans lesqueUes il agit. « Quoi qu'il en soil, ajoute-t-il, malgre I'importanco qu'on a quelqiiefois attachcc a ce probleme, ce n'est la qu'nne question d'arrangement. » Toutcfois en s'occupant des affections malveillantes , M. Du- gald-Stewart voit sortir du ressentiment, comme d'une lige unique, la haine, la jalousie, I'envie, la vengeance, la misan- ihropie. II distingue le ressentiment /«5f//2t7//dn ressentiment delibere , I'un s'appliquant immediatement a une injure sans songer encore a I'intention, I'autre excite par la consideration de cetle intention quand elle est malfaisanlc. Ces differens degres de principes aclifs, a partir des appe- Zko SCIENCES MORALES tits, elevent success! vement la nature liuniaine vers la sphere morale. L'amour de soi Ten rapproche encore davantaj^e, en ce qu'il conslitue ce desir constant de bonheur, cet esprit sys- tematiquc qui donne u notre conduite un certain ensemble bon on mauvais, une tendance unique accompagnee souvent de sacrifices penibles; caractere etranger a la conduite des animaux, si tant est que nous puissions leur appliquer rigou- reusement cette expression. Parmi les systemes de conduite fondes sur Tamour de soi , les systemes ego'istes, sans indiquer plus d'attachcment a notre piopre bonheur, sont ceux dont les principes nous donnent plus d'indifference pour le bon- heur d'autrui. Nous arrivons enfin au plus noble de nos piincipes d'ac- tion, a la faculte morale. Apres avoir demontre par des considerations generales que ce principe ne pent se resoudre comme I'ont voulu quelques philosophes, ni dans I'inferet bien entendu, ni dans les habitudes de I'education, I'auteur s'occupe successivement de la perception ( ou jugement ) du juste et de I'injuste , des emotions morales , et de la perception du merite ou du demerite de I'agent. Pour ce qui louche d'abord la perception du juste et de I'injuste , Hobbes, le pre- mier, en fit le resultat de I'etablissenient des lois civile?, fon- dees elles-menies sur Tensemble des interets individuels; Cudworth en rapporte I'origine a la meme faculte qui dis- tingue le vrai du faux, confondant ainsi le bien et le vrai; mais sauvant du moius la distinction absolue du bien et du mal, effacee par Hobbes. Locke, d'apres sa doctrine de deri- vation, fondee sur la sensation et la reflexion, ne pouvait guere echapper aux consequences immorales qui font de la justice une affaire d'education et d'habitude. Hutcheson , aug- mentant le n ombre de nos sens, inventa un sens mora/ charge de percevoir le juste et I'injuste comme I'odorat et i'oui'e percoivent les odeurs et les sons; sysleme qui, nialgru les intentions de son auteur, reduisait la morale h n'etre que contingcnte, precaire, individuelle. Enfin, Price en revint a rapporter a I'entendement la distinction morale, comme I'avait ET POUTIQUES. 34 1 fait Cudworth, en insistant sitr rorig'malite, rindependance , I'evidence inttiitive des idccs dii jtisle et de I'injuste, qu'il con- sidera comme simples ct indecomposables. M. Diigald-Stewart leconnait hautement ces caracteres de la perception morale, ct la rapporte a la raison dans ce sens general, dans lequel on ini rapporte tres-legitimement beaucoup d'autres jiigeniens iiituitifs tels que ceux dii nioi identique, de cause, etc. En second lieu, Ics emotions que cause immodiatement le spectacle des bonnes et des mauvaises actions, et qui ont fait donner au vice et a la vertu les noms de beaute et de diffor- mite morales, meritent toute I'att-ention des artistes et des pliilosoplies; mais ces derniers ont trop souvent neglige de les distinguer de la perception morale. Enfin, \a. perception du incrite et du dcinerite , qui accom- pagne en nous la pratique ou simplement la vue des bonnes et des mauvaises actions, est ducrile par I'auteur avec une grande nettete de sens. Son exposition meme de la faculte morale le dispense de prouver que les lois en sont obligatoires : il ne parle de cette obligation que pour refuter quelques doctrines qui y sont conlraires, entre autres celle qui, rapportaut a I'ordre divin la necessite de la vertu, tombe dans le cercle vicieux lorsque nous demandons a notre tour d'ou provicnt la necessite d'obeir aux ordres du Createur. Aux cinq ordres de principes actifs que nous avons par- courus, il faut joindrc quelques autres principes que I'auteur considere comme secondant d'une mauiere plus favorable que nuisible le developpement de la faculte morale, mais qu'on aurait tort de confondre avcc elle; nous nous contenterons de nommer ceux qu'il donne pour les plus importans; savoir, le respect humain, la sympathie, le sentiment du ridicule, et le gout dans son rapport avec la morale. En terminant cet examen deS" facultes actives de Thomme, notre philosophe marque ici la place du debat eleve par les fatalistes contre le libre-arbitre; mais il evite de s'y engager dans un ouvrage sommaire comme celui-ci. 34a SCIENCES MORALES Nous passons a I'application legitime de nos facultcs ac- tives, ou aux differentes branches du devoir que I'auteur partage suivant I'anciennc division : devoirs envers Dieu, covers nos semblables, envers nous-mcmes. Pour connaitre les premiers selon les lumieres naturelles, il faut recliercher quels sont nos rapports avec I'auteur de notre existence et de la nature. Cette recherche est elle-meme un culte ou un devoir. Newton avail dit en enumerant les attributs infinis de Dieu: n II dure a jamais, il est present partout; et cxistant toujouis et partout , il constitue la duree fit I'espace. » Le docteur Clarke fit de cette proposition une preuve formelle en disant que I'espace et le tems ne sont que des conceptions abs- traites, mais obligees des attributs d'un etre necessairement immense et eternel. Reid et M. Dugald-Stewart admirent ccs efforts du genie pour s'elever h la preuve metaphysique ou a priori de I'Etre infini; mais ils preferent s'attacher a la preuve plus simple, plus commune, dite a posteriori, celle qui remonte de I'effet a une cause, et de I'effet combine pour une fin particuliere a une cause intelligente. L'autorite de ces deux inductions a ete contestee par le plus subtil des dialec- ticiens modernes, David Hume. Pour le refuter, ainsi que quelques autres sceptiques, I'auteur entre dans quelques d6- veloppemens ou nous retrouvons son excellente melhode accoutumee; mais nous pensons que la theorie de M. Cousin sur le moi actif et intelligent, renverse avec plus de puissance tout I'echafaudage sophistique oppose a la notion de cause. Nous concevons d'apres notre propre constitution inte- rieure, que I'Auteur des choses doit avoir les attributs moraux de bonte et Ae justice , et nous demandons i\ I'ordre des choses de justifier cette conception. Quant a la bonte de la Pro- vidence, 1 'existence du mal a cote de tant de preuves de ses intentions bienveillantes, est une difficuUe qui a souvent pro- voque les efforts des philosophes tlieologiens. Les ims ont fait de cette vie comme I'enfer ou le purgatoire d'une vie an- tericure dont nous ne pouvons nous souvenir : c'est la doc- ET POLITIQUES. 3/, 3 trine de la preexistence. Les aiitres reconiiaissent deux prin- cipes co-eternels et independans, cc sont les manicheens. Enfin les opt'imistes cioient avec Platon que touf est Lien dans le tout, et que le mal moral imputable a I'homme doue de libeite n'est point incompatible avec la bonic de Dieu qui I'a permis. Qtielques autres optimistes restent indifferens an bien et au mal qu'ils jugent egalement necessaires. M. Dngald- Slewart appuie de plusieurs sages considerations I'oplimisme platonicien, et il insiste en faveur de la predominance des deux especes de bien sur leurs contraircs. Venant ensuite a rinduction d'un etat futur, il la tire de la nature immaterielle de I'ame, et ensuite de notre constitution morale avec ses desirs de Timmortalite, ses remords, ses conceptions de I'infini, sa perfectibilite, I'extension indefinie de ses connaissances, ses tpreuves durant les maladies et la vieillesse, ses jugemens contraires a I'ordre actuel des affaires humaines, enfin ses analogies comparees a I'ordre du niondu materiel oil tout s'enchaine en un vaste systeme, ou rien n'est brusquement interrompu. Dans la maniere dont I'auteur sait faire valoir le concours de ses preuves, il ne cesse pas d'etre ncuf et original quelque eloigne qu'il soil de rechercher I'ori- ginalite. Disons mieux, une expression si piu'e et si simple appliquee a de telles pensees tient beaucoup du sublime d'un bon catechisme. De ce qui precede se deduisent aisement les obligations religienses de I'homme; sans pretendie que la morale soit fondee sur ces obligations, il est facile de remarquer quelle haute direction elles lui donnent en I'attirant vers la source di; toute perfection et de lout amour, quels encouragemens en la placaut sous la garantie d'un protecteur et d'un remu- nerateur; enfin, quels motifs de resignation au milieu de toutes les sonffrances de cette vie. La seconde branche des devoirs comprend tons ceux que I'etat social nous fait contracter envers nos semblables. M. Du- gald-Stewart combat la manie d'unite systematirjuc par laqnelle on a pretendu deliver tout devoir du principe d'utilite generale 344 SCIENCES MORALES et toute vertu ilii clusir d'etre utile, en leur assiynantcomnie line source commune la bienvcillance, ou, selon d'autres, I'amour de soi, plus ou nioios modific. 11 peiise quo les obligations de reconnaissance, de veracite, de justice, n'admettent pas tant de calculs, et qu'en fait de determination morale, c'est peut- etre pour Dieu seul qu'il faut admettre le motif de la plus grandc utilite generate. Toutefois, la bienveillance ne lui semble pas moins conteniren principe un ordre de devoirs tres-etendu, quoiqu'il n'eii fasse point /ow/e /« ^o/, et jiartageravec lay«fi«'ce G\\z.veracitc tout le domaine des devoirs sociaux. Pour devenir un objet d'approbalion morale, la bienveillance doit etre una disposition constante et arretee a faire le bonheur de nos semblab'es, et non pas seulement une simple affection. Du resle il est facile d'enumerer toutes les verlus qui reproduisent le principe dont nous parlons sous tant de formes diverses. Qu'estce que Xvl. justice? « Ce mot, dans son acception « la plus etendue, designe cette disposition eu vertu de la- « quelle toutes les fois que notre caractere, nos passions, notre " interet sent engages, nous nous delerminons a agir avec « impartialite, independamment de loule consideration par- te ticuliere. « Cette disposition comprend, i" la bonne foi qui reprime la parlialito du caracteic et des passions dans nos jugemens sur autrui, et dans la controverse; 1° Xequite ou Vin.tegritc , qui reprime la partialite interessee ( ici I'auteur se plaint que I'analyse du droit naturel ait ete denaturee par les savans qui I'ont voulu calquer sur la jurisprudence civile : il en fcrait plus volontiers une partie de la politique); 3° en dernier lieu, la veracite dont le principe, independamment de son utilite evidente, tient en nous a ime sorte de besoin in- stinctif comnie la credulite, et dont I'absence suppose toujours quelque mefait ou quelque vice anterieur. Reste enfin la troisieme branche des devoirs, c'est-a-dire ceux qui se rapportent a nous-nietnes. Toutes ces belies consi- derations du respect que la sainte personne humaine, libre et raisonnablc, so doit i\ elle-meme et a ses egales, qu'on se souvient d'avoir entcndues aux eloquentes lecons de M. Cousin ET POLITIQUES. 345 il y a quelques annees, toiites ces considerations, dis-je, qui serviraient si bien de base aux theories de la justice et des devoirs envers nous-menies, laissent par lenr absence, il faut I'avouer, quelque vide en cette partie; et cette absence d'une plus haute pensee metaphysique, il eiit ete possible a M. Jouf- froy d'y suppleer dans sa preface, s'ii n'eut mirux aimc en faire une dissertation fort bonne en elle-meme, mais cntiere- mcnt a part, sur I'observation psychologiquc. Ccltc remarque, qui ne peut s'appHquer egalenient a la preface de M. Farcy, devra reparaitre plus tard, mais elle s'cst ici presentee plus sensiblement qu'ailleurs. M. Dugald-Stewart met au rang des devoirs envers nous-memes, la prudence, la tempeiance , le courage, conime lu'ccssaires a racconiplisscnicnt de nos de- voirs sbciaiix, et a \'oeu{ Les empereurs romains avaient toujours trouve dans les Gaules des terres vacantes a distri- buer a leurs soldats. Les guerres desastreuses qui avaient accom- pagne la chute de I'Empire avaient detruit un grand nouibre de families de proprietaires , et augmente considerablenient le fonds des doniaines dont le prince pouvait disposer. Toufes les fois qu'un soldat franc se retirait du service.... il ne devait pas etre difficile de le satisfiiire, en lui conctdant une de ces fermes vacantes... etc. » ^oy. chap. 5, pag. 196 ct suiv. 354 SCIENCES MORA.LES -^ Icvantins , regnc sur un pays plus elciidu que la France do Clovis , et habite par cinq millions de sujets qui abhorrent son joug. Clovis avait peut-etre quinze mille guerriers. Toutes les reunions dout nous avons parle ne pouvaient guere avoir I'leve plus haul ses forces... Sa domination s'etendait sur environ huil mille lieues carrees, habitees aujourd'hui par huit millions d'honmies, tout au moins, mais qui n'cn contenaicnt probabloment pas alors plus de six ^ huil cent mille. Le dey d'Alger, aussi bien que Clovis, est seulemcnt le chef electif d'une milice insubordonnee , taiidis qu'il regne despotiquement sur les Maures, ou les peuples conquis. Comme le roi des Francs, le dey d'Alger quitle rarement sa capitale, dans la- quelle, ou pres de laquelle des janissaires sonl toujours reunis en corps d'armoe : cependant ses ordres, et ceux du moindre Effendi, sont reveres dans toute la Mauritania. Le poids de I'armce souveraine se fait sentir jusqu'aux extrcraites de I'eni- pire, justement parce qu'elle est reunie; landis que, si les janis- saires aujourd'liui, si les Francs autrefois s'etaient disperses dans les provinces, si chacun , redevenu laboureur, s'etait trouve place au milieu du peuple conquis, et ^ de grandes dis- tances de ses compagnons d'armes, il aurait ete bientot accable par le nombre de ceux meme auquel il aurait pretendu com- mander. « Il y a certainement dans ces reflexions une portee d'esprit et de raison peu commune : c'est ce dont conviendront sans i)eine ceux meme qui n'adopteraient pas dans toutes leurs ap- plications , I'ingenieux rapprochement et les vues originales de rhistorien. II s'attache ensuite a faire connaitrc les lois et les formes d'admiuistration en usage chez les divers peuples bar- bares alors etablis dans les Gaules. Ce vaste sujet, souvent Iraite, mais encore assez obscur, cxigerait peut-etre un on- vrage uniquement destine ;\ I'approfondir , eta Teclairer sur toutes ses faces. Du moins ici, comme partout, M. de Sismondi mele a I'expose des fails et a I'analyse des choses , beaucoup d'aper^us I'emarquables qui lui appartiennent en propre. II raconte avec brievete les gucrres de Clovis centre les Bour- ET POLITIQUES. 355 guignons, et centre les Visigoths da midi ('e la France. Le re- snltat de ces gnerrcs, bien qu'elles n'aicnt pas etc toujoiirs hourenses, fut un tcl accroissenient de puissance et de renom- niee pour I'ambitieux Sicambre, qne tons lesautres petits prin- ces de sanation, depuis long-tems eclipses, se trouyerent enfin comme etouffes ct ensevelis sous Tamas toujours croissant de son aulorite et de sa gloire. Cependant I'hypocrite et soupconneux conquerant ne les voyaitqn'aveconibrage. Ce n'etait point assez pour son ambition de posseder sans partage tout ie fruit de ses armes et de sa po- litique , il voulait le Icguer a ses fils sans obstacle et sans con- currence. Suivant I'usage des Francs, on pouvait, apres sa mort, choisir pour son successeur tout prince d'extraction royale qui paraitrait a la nation le plus digne d'etre eleve sur le pavois; le royaume qu'il avait fonde pouvait passer ;\ ses collateraux. II concut I'liorrible dessein de les faire tons perir, et mit sans retard la main a I'ceuvre. Ragnacaire qui , en s'unis- sant a lui contre Syagrius, avait etc le premier instrument de sa haute fortune; Cararic, qui commandait dans une petite ville du pays des Morins ; et, avant tons , ce Sigebert que notis avons vu blesse a la bataille dc Tolbiac, tomberent en peu de tems; Ragnacaire, sous la propre main du roi, qui lui abattit la tete d'un coup de hache, et detruisit toute sa famille; Ca- raric, sous lefer desbourreaux; Sigebert, sousle poignard dc son propre fils, secretement excite par Clovis, qui le fit pres- que aussitot egorger lui-meme, recompensant un parricide par un nouvel assassinat. Quand il fut ainsi parvenu a eteindre toutes les families merovingiennes, quand la derniere goutte du sang royal eut coule, il affecta d'etre effraye du delaisse- ment oil il se voyait lui-meme et oil s'aliaicnt trouver ses enfans. « Qui prendra ma defease? s'ecriait-il ; quelle surete y a-t-il pour mesjoursPjen'ai plus de parens! (i). » Cesplaiutes etaient un piege; il voulait ainsi decouvrir s'il lui restait encore un (i) Voy. Gkegoirk de Tours, liv. ir, ch. 4'* i et Aiaioiw, liv. V^^ y chap, 23. 356 SCIENCES MORALES coup tie hache on de poijinard h donner. Mais, suivant I'ex- pression de I'auteur dcs Origines ii") , personne ne reyendiqua thonneur dangereux d'etre dii sang royal. Hors la famille re- gnante, la race des rois cheveliis etait bien reellement eteinle. Toute cette partie de I'histoire de Clovis n'est pas seulement atroce, mais d'une atrocite vile et abjecte, puisqu'elle est par- tout souillee de trahison, de parjure et d'hypocrisie. Cepen- dant, conime Ic barbare( car quel autre nom lui donner desoi- niais?) se itiontrait, du reste, tres-favorable aux intercts des serviteurs de Dieu; comnie ii etait a la fois tres-liberalement pieux, et tres-pieusement liberal; comine c'etait ce meme prince qui disait a son armee : Surtout respect aux eglises : pourrions-nous obtenir la vicfoire si nous avions le mal- heur d'otfenser monseigneur Saint-Martin? un successeur du saint eveque de Tours, Gregoire, saint comme lui, a pris soin de nous apprendre que chaque jour , Dieit fesait tomber sous le glaive de ce prince quelqu'un de ses ennemis , et etendait, chaque jour, les limites de son royaume, parce qu'il marchait avec un cceur droit devant le Seigneur. Chose plus revoltante encore! I'abbe Dubos, il y a nioins d'un sie- cle (a), coinparant I'assassinat de tous les coUateiaux de Clovis au fratricide de Romulus, osait direque tantdejcrimesn'avaient pas ele moins necessaires a retablissement de la inonarchie que le meurtre de Remus a la fondalion de Rome. Comment un homme d'honneur, car Dubos etait generalcment estime; comment un ecrivain distingue, contemporalnde Montesquieu , a-t-il pu souiller son livre d'une pareilie infamie ? Il avait ete employe avec succes dans differentes negociations, et tenait apparemment a sa reputation d'adroit politique. Or la per- verse mais habile et contagieuse politique de Machiavel avait long-tems appris a I'Europe, et elle enseigne encore a des ge- (i) Tome ler, page ai. (a) Son Histoire critique de I'etablisseinent de la inonarchie francaise dans les Gaii/es , formant alors 3 vol. In-4'', parut en 1734 , et obtint un des plus grniids succes qu'ait janiuis eus un ouvragc de ce genre. ET POLITIQUES. 35? nies plus fins (ju'on nc emit, que toute notion tin jnstc et de riioiincle, que tout sentiment moral doit etrc subordonne a ce que notre grand et bon Corueille lui-meme appelle, avec tant de respect, les pratiqucx de cour , et la raison d'etat. Tout cela est deplorable sans doute, et n'excuse pas du tout, mais ex- pli<]uc, I'odieuse reflexion de Dubos. On est efftaye d'entcndre, a une epoque et chez im peuple eclaires, un homme d'ailleurs estimable, et dont les ouvrages, pen vulgaires, onteu la vogue et I'autorite, avotier de seniblabUs maximes : quelles ne de- vaient pas etre la morale, la conduite avouee des chefs das nations? a qnoi ne devaient-ils pas se croire autorises paries conseiJs publics ou secrets d'une leWe politique? Heureusement le terns est passe de s'en faire honneur au grand jour. Quel serait maintenant I'histoiien qui oserait adopter ou meme de- fendre la phrase gothique de Dubos? Quant aux paroles de Gregoire de Tnurs, elles sont bien moins inconcevables. D'abord, elles ne se rapportent point, dans son livre, d'uDe maniere positive et directe, aux atten- tats de Clovis; et il est au moins presumable qu'cUes ne s'y appliquaient pas du tout dans sa pensee. En second lieu, il faut remarquer, avec M. de Sismondi, qu'an terns ou vivait Gregoire, la saintete consistait bien moins dans les vertus que dans la purete de la foi ; que les bienfaits accordes a I'Eglise etaicnt un meilleur titre pour gagner le ciel que les bonnes actions ; et qu'enfin c'etait aux miracles non aux ceuvres qu'on reconn^issait les bienheureux. Or, les miracles ne man- querent pas a Clovis. L'historien cite, dans le nombre, la colombe qui lui apporta la sainte ampoule avec laquelie il /ut sacre a Reims. C'cst, je crois, baptise qu'il fallait dire, car rien ne prouve suffisamment que Clovis ait jamais ete sacre. Gregoire n'en parle point; et j'incline, quant a moi , pour I'opiuion du savant et judicieux Fleury, qui perise que la ceremonie du sacre ne s'est introduite parmi nous qu'apres le huitieme siecle. Quoi qu'il en soit, le concile d'Orleans, assemble en 5i i par les ordres de Clovis, fournit line occasion a I'tglise de se 358 SCIENCES MORALES rccompenscr tres-rHagnifiqiicmcnt pour tons les services qu'clle avail rcndus au prince. Lcs premiers canons assurent au sanc- tuaire le droit itasile pour les homicides, les adulteres, les yoleurs. « D'autres reglent I'usage des donations immenses qui avaient ete faites au clerge; ils declarent ses biens-fonds exempts de toules les taxes publiques, et les droits que I'Eglisc avail acquis sur eux imprescriptiblcs. » M. de Sismondi observe que c'etait donner aux immunites ecclesiastiques une exten- sion qu'cUes u'avaient jamais cue auparavant; et sa remarque est d'une justesse incontestable, du moins a I'egard d'uu point capital, I'exemption des charges publiques, car d'ailleurs, je crois me souvenir que, sous les derniers empereurs, le sacer- doce avail deja obtenu , ou s'etait attribue, tous les autres privileges consacres par les canons du concile d'Orleans. Ce concile fut le dernier evenement remarquabie qui preceda la mort de Clevis. 11 n'avait que quarante-cinq ans, et il mou- rut, apres trente annees de regne. Ses quatre fils, Thierry, Clodomir, Childebert et Clotaire, partagerent entre eux son royaume; et, suivant Agathias (i), ils firent ce parlagc par villes et par peuples , de maniere ^ ce que les quatre pans fussent a peu pres egales. Notre his- torien ne veut point que le bon plaisir de Clovis ait dispose de son vaste heritage. II presume que les Francs avaient trop bien conserve les habitudes democratiques d'une armee sou- *veraine, rassemblee, chaque annee, en Cliamp de Mars , pour se regarder eux-memcs comme la propriete d'un maitre, trans- missible a ses descendans, dans les proportions etablies par ses dernieres volontes. « Peut-ctre, au contraire, ressentaient- ils quelque jalousie du pouvoir que s'etait attribue Clovis , et se plaisaient-ils a I'affaiblir; pcut-etre voulaient-ils, comme dans la Germanic, avoir toiijours le choix entre plusieurs princes prelcndant egalement au pouvoir et a la gloire, pour se ran- ger sous les dra])eaux de celui qui meriterait le mieux I'hon- neur de Icur commander. » Les bases d'apies lesquelles parait (i) Continuateur de Procope de Cisar^e. ET POLITIQUES. 359 s'etre fait ie partage sont pour M. de Sismondi line preu\e que les Francs navaient nullement compti- sur leurs rois pour gouverner leur monarchic ; il jiige qu'oii n'avait cherche, dans aucune des quatre divisions du territoire, ni rapports de la capitale avec les provinces, ni moyens de defense reguliere au-dehors et de protection au-dedans. Suivant lui, « I'autorite personnelle des fils de Clovis etait reconnne tout au plus dans les quatre residences royales (Paris, Orleans, Soissons et Metz ) : n La, chaque roi, ajoute-til, adnoinistrait railitairenient la justice... II etait entoure de gardes, et il faisait execnte¥ par elles ses volontes sous ses yeux. Cependant en general la royaule consistait unlquement pour lui dans le luxe et les richesses dont elle lui donnait la jouissauce... L'etat n'atlen- dait de personne I'exercice d'aucune autoi'ite. Le peuple, aban- donne a lui-meme, n'etait gouverne que le moins possible, et, en terns de paix, la monarchie n'existait pas(i). » Voili com- ment nofre historien, presque aussi hardi qu'habile, motive cette assertion qu'il avait precedemment avancee : « L'unite et la souverainete residaient tellement dans I'armee, que les Francs, pour demeurer un seul peuple, ne sentirent pas menie le besoin de se donner un seul chef. » Ce qu'il y a du moins de certain, c'est que jamais la nation ne fut plus \xxi\Q, jamais elle ne fut plus puis s ante ^ plus redoutee des etrangers , jamais elle n'etendit plus loin ses conquetes , qu'apres ces dangereux partages, qui semblaient pouvoir detruire I'union, et par-la meme ebranler la puissance des divers peoples qui foi'maient alors la monarchie, ou les monarchies des Francs. En effet, le demi-siecle qui s'ecoule de I'avenement des quatre freres jusqu'a la mort du dernier survivant, Clotaire P'', terns d'opprobres et de forfaits pour la famille regnante, est, au contraire, pour la fortune toujours croissante des Fran9ais, une epoque de trioniphes et de prosperite militaire, telle que n'en avait conriue jusqu'alors aucune des nouvelles nations de (i) On se souviendra que j'ai pris I'engageraent d'exposer, sans les discuter encore , les opinion!! de I'auteur. 36o SCIENCES MORALES rEuiopo. La chroiiologie devient alors si confuse, elli" se fonde ou s'appuic sur tant de conjectures souvcnt contradictoires, que riiistorien abandonne, avec toute raisuii, suivant moi, I'ordre Irop arbilraire dcs dates, pour suivre Tordre des faits. 11 raconte d'abord respedition de 5i5, contre les Saxons debarques dans I'Armorique, sous ta conduite d'un prince danoi.?. Tallies en pieces par Tbierri, et son jeune fds Tbeo- debert, a peine cnlre dans sa quinzieme aunee, ils rendirent les captifs, abandonnerent I'imniense butin dont ils avaient deja charge leurs vaisseaux; et, par une resolution qui rap- pelle, a quelques ej^ards, le miracle de Tolbiac, ils s'unirent a la monarcliie des Francs, sans toulefois nnoncer a aucun des privileges qui faisaient d'eux un peiiple litre. A Test de ces deux nations, venait de s'elever un nouveau ioyaume. Les Thuringiens, reunis aux Varnes et aux Herules, s'efaient repnndus des bords de I'Elbe et de I'Undstruts jusqu'a ceux dn Necker. lis avaient envahi la Hesse , ou pays des Catles , un des peuples francs , et meine la Franconie. Ces gracieux conquerans, qui out encore de nos jours des rivaux, meme en Europe, « apres s'ctre fait donner des otagcs, les avaient fait perir par difft'rens snpplices; ils avaient pendu les enfans aux arbres par les pieds; ils avaient livre a la niort plus de deux cents jeuhes filles, tantot en les liant \\ des chevaux fougueux, tantot en faisant passqr sur elles les roues de leurs chars, et distribnant eusuite leurs membres brises pour nourriture a leurs cliiens et a leurs oiseaux de chasse. « C'est dommage ([ue ces gentillesses aient treize cents ans de date. En verite, on croirait lire les exploits de quelquc armee turque, digne sujel de sympathie pour 1' Observateur autrichien, M. de Sismondi conjecture, avec beaucoup de vraisem- blance, que ces atrocites furent le motif qui dctermina les Francs de Germanic a se re'unir a ceux des Gaules , afin de troucer en eux des defenseurs. Les Thuringiens cux-mcmes, apres deux batailles decisives gagnees sur eux par Thierri et Clotaire; apres le massacre de leur chef, Hernianfroi, et le ra- vage de leur pays , se reunirent aussi a la monarchic des Francs , ET POLITIQUES. ^6i et leurs dues , pendant deux, siccles , marcherent sous les eten- dards des Merocingiens. 'Les Bavavoi'i , et ceux des Allemands qui, vivant aussi sous des dues hercditaires, habitaient encore la Souabe, ou s'etaient rcpandus dans la Rhetic ct dans la Suisse , paraissent s'etre ranges volontairement sous ces me- mes etendards, avant le milieu du sixieme siecle. « Ainsi, con- tinue I'historien, se forma le nouvel empire qui fut ensuite connu sous le nom do France Orientale, et qui comprit la plus grande partie de la Germanie. Non moins barbares que les peuples qu'ils soumeltaient a leurjoug, les Francs, satis qu'on eut pu le prevoir, reussirent a porter la civilisation dans cette partie septentrionale de I'Europe, qui avail toujours repousse les lois et les amies des Romains, et a repandre rinfluence des Gaulois, leurs sujets, sur les Germains qu'ils s'etaient associes. » Quelle que fut d'ailleurs I'etendue de ces conquetes eloi- gnees, elles n'egalaient cependant pas en importance, et n'ont pas egale en duree, celles des fils de Clovis dans les limites de la France actuelle. La monarchic des Bourguignons tombee sous leurs coups (532-533 ), et demeuree sous leur sceptre; le Rouergue, et une partie du diocese de Beziers, enleves aux Visigoths(534 ) ; enfin, la cession de la Provence, promise par I'Ostrogotli Vitiges( 536 ) , confirmee par I'empereur Justlnien (540), acheverent de ranger sous la domination des rois francs presque toutes les Gaules romaines , a I'exception de la Septimanie (i): et, lorsque Clotaire I^'', survivant a ses trois freres, eut reuni leurs etats aux siens, il se trouva possesseur d'un des plus puissans royaumes qui jamais aient existe. ; Cependant au milieu de tant de triomphes, s'annoncaient deja les orages qui , sous les regnes suivans , devaicnt agiter la monarchic : on venait de voir eclater la premiere guerre civile des Francais. Sans doute, bien avant cette epoque, leurs rois, cherchant a se depouiller I'un I'autre, s'etaient tendu re- (1) Ou Premiere Narbonnaise , qui etait encore au pouvoir des Visigoths. T. XXXII. — T^oi-embre i8i6. a4 36i SCIENCES MORALES ciproquement des embuches. Sans doute aussi, les diverses armees qui marchaient sous leurs drapeaux, avaient profile de l«urs divisions pour piller, a tour de role, quelques provinces francaises (i). Mais , observe M. dc Sismondi, /a nation eiait demeuree indifferenle dans ces qiierelles. Contentc de nc rccon- naitre pour chefs, ou pour candidats a la couronne, que des princes chcvelus , peu semblait lui importer que ce fut tel ou tcl autre des desceudans de Merovee qui exercat la puissance royale sur telle ou telle autre partie du territoire. « Elle regar- dait les frequens massacres des princes de la maison regnante comme la condition necessaire des monarchies, et elle n'avait pas permis jusqu'alors q>ie Ic sang d'un francais fut verse pour la cause personnelle d'un roi. Mais apres le milieu du sixiemc siecle, les conquerans germaniques commencerent a perdre le caractere de soldats souverains pour prendre celui de sujets. lis avaient acquis dans les Gaules un domicile stable; ils ap- prenaient Ji considerer leurs rois comme dominateurs des pro- vinces, et non plus setdement des armees, et ils s'interessaicnt dejii a I'etendue respective des etats des differens freres. Les habitudes , poursuit I'historicn philosophe , se prennent et se changent quelquefois avec une grande rapidite parmi les peu- plcs barbares, par cela meme qu'ils n'ont point de traditions precises, point d'histoire et point de droits inrontestables. Un demi-siecle Icur parait une duree infinie, et ce qu'ils out appris lifaire la veille, ils croient I'avoir fait toujours. » Chramne, fils aJne de Clotaire, qui lui avait conile le com- mandement de I'Auvergne, excite en secret par son oncle Childebert, se revolta. 11 s'empara de quelques villes, et re- poussa meme une arniee que son pereenvoya contre lui. Chil- debert, de son cote, se jeta sur la Champagne et la ravagea. Mais au retour de cette incursion , il tomba malade et mourut, laissant en proie aux fureurs de Clotaire le coupable et nial- (i) Temoin , entre plusieurs autres exemples, I'incursion de Thierri dans I'Auvergne, qui s'etait donnee k Childebert, et les r»- vaees (J"'y exerc^rent ses troupes , vers I'ann^e 533. Et POLITIQUES. 363 heureiix prince dont il avail arme le bras. Chramne cheicha tin asyle aupres d'uncomte Conobre, cliefde la Petite -Bretagrie, qui formait encore alors une souverainete independante de nos rois. « Clotaire qui, suivant la rcmarque de M. de Sismondi, avail rarement conduit ses arrtiees contre les enncmis de I'etat, se mil a la tetedes troupes qui poursuivirent sou fils. Conobre et Chramne vinrenl a sa rencontre avec I'armee des Bretons; mais ils furent vaincus et Conobre fut tue. « Alors, dit Gregoirie de Tours, Chramne pril de nouveau la fuite; il avail des vais- seaux prepares sur mer, mais comme il tardait, pour meltre en surete sa femme et ses filles, il fut atteint par les soldats de son pere, arrete el charg^ de liens. On le conduisit au roi, qui ordonna de le bruler avec sa famille. En consequence, on les enferma dans la chaumiere d'un pauvre hommc. Chramne fut etendu sur une cscabelle, et lie avec le linge des autcls qu'on nonime I'oraire; apres quoi. Ton mil le feu a la niaison, €t il y peril avec sa femme et ses filles. Le roi Clotaire par- venu a lacinquante-unieme annee de son vegne, se rendilen- Suite avec de riches presens aux portes du temple de Saint- Martin. Arrive a Tours aupres du sepulcre de cet eveque, il confessa toutesles actions dans lesquellcs il avail a se rrprocher quelques ni.'gligences ; ct , priant avec de grands gen)issemens, il demanda au saint confesseur d'obtenir la misericorde du Seigneur pour ses fautcs , et d'effacer par son intercession tout ce qu'il avail pu commetlre de deraisonnablc. Peu apres son retour , etanl a chasser dans la foret de Cuise, il ful surpris de la ficvre , el il revinl a son palais de Compiegne. Comme il elait cruellemenl tourmente de la fievre, il s'ecria : Qit'en pensez- vous ? qu'est-donc que ce roi des deux qui tue ainsi les grands rois de In terre! Dans celle souffrance , il expira (i). C'elait un an et un jour apres le supplice de Chramne. Clotaire, qui avail eu sept fils, en laissail apres lui quaire, qui, comme ceux de Clovis , se parlagerent le royaume. Mais !a se borne, ou doit se borner le parallele. La France, loin de (t) GnEooii;n un Tours, liv. iv, cite par M. de Sismondi. 36/, SCIENCES MORALES s'agrandir sous leurs regnes par de nouvellcs conqu6tes, ne conseiva pas meme toujonrs cc qu'elle avail deja conquis. Les turpitudes de la race royale se multiplierent sans interruption at sans liiuite. Les mneurs de la cour on des cours, si je puis, sans anachronisme, user de cette expression , ne cesserent plus de se corrompre et de s'avilir. Une depravation abjecte et fe- I'oce descendit du prince aux homines puissans, et de ccs hom- mes jusque dans la foule. En revanche les affaires, lesinterets du derive continucrent d'allcr a merveille. De cette epoque date la fondation d'une multitude d'eglises. En meme terns, Texemple des guerres civiles donne sous les regnes precedens cut pour imilateui-s tous les rois. Notre historien s'etonne que, le service des Francs etant presque volontaire , on ait pu les entraincr dans cette longue scrie de ravages et de massacres par lesquels des freres se pro- posaient de di'pouiller leurs freres , sans ojjrir en recompense h ceux qui combattaient pour eux , ni de plus amples privileges , ni une plus entiere protection de leurs droits. II a peine a con- cevoir le motif qui les engageait a prendre les amies. Mais ne I'cxplique-t-il pas lui-meme infiniment mieux qu'on ne I'eut fait jusqu'a lui, lorsqu'il dit dans un des chapitres suivans : '■ Les sujets de chacun des rois se croyaient permis de piller ceux du roi voisin, et leurs possessions etaient tellcmcnt en- tremelees que, des Lords du Rhin au\ Pyrenees, il n'y avail pas un village qui ne ful rapproche de quelque frontiere , el expose aux invasions de quelque ennemi. Les grands voyaienl dans ces partages I'avantagc de se mettre plutol a I'abri de la colere des rois en passant dune domination a I'autre. lis confiaient leurs fcmmes, leurs filles et leurs tresors an sanc- tuaire des eglises; et, avec un corps de gens amies qui se de- vouaienta leur fortune, ils gagnaient aisement les etats voisins. Plus les seigneurs avaient acquis de puissance, plus de telles luttes entre les rois el Ifes chefs de I'aristocratie devenaient frequentes, etc. etc. » Entre toutes ces guerres odieuses, et toujours funestes ^ la nation, les plus curicuses, les plus atroces, les plus importantes ET POLITIQUES. 365 dans DOS annales, furent celles qu'alluma la rivalite de deux femmes pleines de heaute, d'effroyables passions, de genie ; toutes deux tres-justement, maishorriblement celebres, Frede- gonde elBrunehault. M. de Sisinondi me parait avoir redouble de soin pour retracer leur longue lutte. Elle offrait des parlies brillantes; et tant de revolutions qui viennent si brusquement changer la fortune des deux reines, et la destinee des princes qui obeissent a leurs fureurs, forment bien cerlainement une des epoques les plus dramatiques de notre histoire. Aussi ne faut-il pas s'etonner que plusieurs de nos poetes I'aient deja portee sur la scene. L'ame de ces evenemens lerribles, qui ne manquent pas tou- jours de je ne sais quelle grandeur sauvage, Brunehault a ob- tenu ou subi les jugemens les plus contradictoires : Etienne Pas- quier, dans ses Recherches , Montesquieu, AtvclsX Esprit des lois , I'ont justiliee a quelques egards , excusee a certains autres. Cordemoy, Vely, et surtoul I'espagnol Mariana, en ont fait I'apologie en forme. Mais la foule des romanciers, des phi- losophes, des historiens, I'a presque toujours jugee avec un sentiment d'execralion qui laisse peu de place a la justice. Tel est, entre autres Gaillard, dont, tout recemment encore, I'historien anglais du moyen age, M. Hallan, vient d'adopler sans restriction, I'arret sans pitie, sans niesure, et partant sans equite. N'oublions pas que c'est sous la domination de ses vainqueurs et de ses bourreaux , que cette fenime si coupable a ete peinte. Assurement son portrait n'a pas du etre flatte. M. de Sismondi a su se defendre des preventions, des conjec- tures, des declamations. II deteste la perversite de Brunehault, dont les crimes, toutefois, ne lui paraissent point passer la mesure des forfaits ordinaires a la race de Clovis ( et j'ajou- terai trop peu rares parmi ces rois Visigoths dont descendait la fiUe d'Athanagilde ) : mais il s'empresse de rendre temoi- gnage a la force de caractere, et aux qualites eminentes qui distinguent, entre toutes les tetes couronnees de son tems, cette reine encore fameuse par des omrages dignes d'un e'dile 36t^ SCIENCES MORALES ou d'un consul romain , et, continue Montesquieu (i), n^e avt* un genie admirable pour les affaires. C'est, en effet, qu'ou me passe I'expression, le plus liabile homme d'etat u la luaniere ilont I'entend Machiavel, que prescntent nos annales sous la dynastie merovin^iennej comme le fondatcur de cette dynas- tic, Clovis, en a etc, dans la raeme doctrine, le plus habile conquerant. II csJ heuieux pour I'liistorien d'avoir saisi et re- trace avec tant de bonheur, c'est-a-dire d'habilete, la physio- nomie barbare, mass imposante de ccs deux ^randes figures. Je ne connais jusqu'ici personne qui ait eu I'art de les faire rcvivre aussi completement qu'il I'a fait. La revolution qui niit un terme a la regence male , hardie et insolente [i) de Brunehault, donna toute la monarchic a Clo- taire II, fils de Fredegonde, et apparemmcnt de Chilpcric. Ce fut I'epoque de quelqiies reformes dans I'ordre politique et dans I'ordre civil; et ces reformes ont etc, ou du moins ont pu de- venir I'origine de plus d'un changcment memorable. Ce n'cst point ici le lieu de discuter I'acte celebre sous le nom dc Consti- tution de Clotaire, dont I'objet fut de reprimer les usurpations da pouvoir royal, en prescrivant des limites a I'influence de la cour. Cet edit passe pour avoir ute trcs-favorable a I'eglisc et an penple : il fut surtout tres-utile aux grands. Le langage de nos historiens, le choix des denominations qu'ils emploient suffiraient seuls pour avertir des progres qu'avait deja faits, et qu'allait faire bicntot, avec plus de rapidite, une aristocratic toujours croissante. Ce nicme Gregoire de Tours qui, sous le regne de Clovis, ne marque aucune distinction cntre les Francs qui suivaicnt les drapeaux du fondateur de la monarchic, nous montre, sous les regnes dc scs fils, des Optimates. Nous trou- vons dans Fredegaire, des Proceres en Austrasie , des Farones en Bourgognc; et, deux siecles apres, Farones, Proceres et Optimates , sont devenus, dans la nouvcUe redaction d'Aimoin, les Grands , les Prelats , la Noblesse. (i) Liv. XXXI, chap. !«>■ (l) MOHTESQUIEU. ET POLITIQUES. 287 Associe k rempiie, du vivaut meme de son p^re qui I'avait fait roi d'Austrasie , Dagobeit, qui lui succeda, fiuit par reu- nir, comme lui, et comme son bisa'ieul Clotaire I^*", toute la France sous son sceptre. On doit a ce prince la conservation desanciennes lois des Francs, des Bavarois et des Allemands, qu'il fit reunir et publier. On apercoit sous son regne quelques progres dans la vie civile; les arts cbcrchent h renaitre; des monumens moins grossiers s'elevent; on croit demeler les traces d'un essor , ou d'un reveil de I'induslrie et du com- merce; mais quand on veuts'en former une idee, tout manque; aucun renseignement n'est venu jusqu'a nous. Les tenebres,. deja si profoudes de cette premiere race , commencent a s'epaissir toujours plus; et, lorsque, aprcs la mort de Dago- bert(i), vient tout a coup a cesser le recit de Fredegaire, on ne trouve plus pour guides dans cette confuse nuit, que ces faiseurs de petites chroniques, dont un illustre publiciste a dit avec tant d'equile, qu'i'/j savaient a pen pres de I'/iistoire de leur terns ce que les villageois savent aujourd'hui de celle du notre. A la suite de Dagobert, arrivent, comme des ombres, aussi pales que fugitives, les files de ces rois faineans dont le nom seul excite le degout. C'est ici que trouvent place, en toule justice et rigueur, ces paroles de M. de Siymondi, dans le vo- lume precedent : « C'est un phenomene fort etrange que cette succession coiistante d'enfans nes d'autres enfans. II semble que Ton ait a faire a une race differente de celle du commun des hommes. Tout merovingien etait pere h, quinze ans, etait caduque h. trente. Livres des leur enfance, a une debauche effrenee , ils perdaient en meme terns dans la crapule les forces de leur corps et celles de leur ame : leurs vices annon9aient d'avance I'appioche de I'age ou le pouvoir aurait du leur etre confie; mais ces vices ies rendaicnt incapables de le saisir ja- mais : la mort les surprenait an milieu de leur ivresse, et Is sceptre passait presque sans interruption d'un roi mineur a un (i) Quatre ans apr^s (64a). 3G8 SCIENCES MORALES autre roi mineur. » Ne serait-il pas permis, toulefois , ne serait-il pas juste d'obscivei" qu'une partie du mepris qu'ils inspirent a pii venir du manque absolu dc vrais nionumens historiques? N'ont-ils rien fait, parce qu'ou n'en a ricn dit? La question mcrite qu'on la propose. En savons-nous beaucoup plus sur ces maires du Palah qui finirent par les dctroner ? Les maires ne furcnt pas seuls a profiler de leur faiblesse. L'heredile, long-tcms bornee a la puissance royale, avait Qni par s'etondre a toutes les charges et a toutes les grandeurs. Nous voyous partout les Francs administres et conduits aux combats par des dues liereditaires. Apres les guerres civiles des rois, eclatent celles des grandes families. Dans le nombre, on a vu poindre, et s'elever a cote du trone, celle qui doit le dominer, meme avant de s'y asseoir. Elle enfanle un grand capitaine. Charles Martel sauve la France et peut-etre la chre- tiente. II laisse, en mourant, a ses fils, Carloman, Pepin et Griffon, son heritage, ou le royaume dont il avait fait trois parts. Pepin, reste seul, se lasse d'un vain fantome de roi; et, par I'autorisation du Saint -Pcre Zacharie, donne a Childe- ric III la tonsure, et prend sa couronne. Ainsi cette dynastie de Clovis, qui avait tant fait pour I'Eglise , enfermee dans son dernier rejeton en un couvent de Saint-Omer, finit par I'avis d'un pape, etsous les cise.iux d'un raoine. Cependant, au milieu des luttes excitees par I'ambition des grands, et parmi les guerres etrangeres, la nation avait i-ecou vre ses forces, son energie et son ardeur martiale. Ce fut done a cette epoque d'usurpations et d'anarchie , quand tout ecLap- pait a la couronne, que toute chose se disposait pour qu'une main forte, ressaisissant tout, put ajouter a ce tout ancien, infmiment plus encore : en un mot, ce fut des lors, que se pre- parerent , sans pourtants'annoncer encore, lesbeauxjours pas- sagers , mais eclatans , de la dynastie carlovingienne. Ce sera le sujet d'un prochain article. Quoique celui-ci soit deji long, je n'ai pu, on le sent bien, faire connaitre qu'imparfaitement jusqu'a quel point M. de Sisnaondi est parvenu a debrouiller le chaos de nos premieres ET POLITIQUES. 3 69 annates; mais je crois du moins avoir indique sa maaiere de fouiller , d'envisager et de trailer ce difficile et vaste sujet. II y a beaucoup de reflexions dans cette partie de son histoire. On pourra regretter, ou se plaindre qu'elles interrompent fie- quemment le cours de la narration ; on pourra meme souhaiter que I'ouvrage fut quelquefois plus complet, plus abondant et plus riche dans les recits. Je prierai de considerer deux choses: premierement, si les fails de troisicme etdequatrieme classe, les anecdotes, les petits details, negliges ou ecarles par I'his- torien, ne sont pas toujours, ou presque toujours, sans au- thenticite ou sans importance, futiles ou fabuleux :en second lieu , si dans les tenebres de ces terns recules, au milieu de tant d'opinions confuses et discordantes , il serait possible , ou meme sage de s'interdire toujours la marche de I'examen et les formes de la discussion. Je demanderai surtout si ce qu'exige, en pareil cas, une instruction serieuse, ce que des lecteurs eclai- res attendent avant tout, et par dessus tout, d'un ecrivain philosophe , n'est point ce coup d'ceil ferme et sur jete sur I'ensemble des tems et des choses; ces vues generales qui mon- trent en raccourci, mais qui font saisir en masse des institutions ecroulees, des mceurs, des habitudes detruites; et, pour tout dire, I'esquisse, ou, s'il se pent, le panorama d'un siecle et d'une nation. Au surplus, si les reflexions abondent dans y Histoire des Francais , elles sont en general importantes et remarquables. M. de Sismondi est de ces ecrivains qui, lors meme qu'on ne pcnse pas comme eux, font penser; et c'est un rare merite. 370 SCIENCES MORALES HiSTOiRB DE liA REVOLUTION u'Angleterrk , depuii V avenement de Charles /'''" jusqu^a la chute He Jac- ques II ; par M. Guizot. Premiere partie. Tome I (i). C'cst i la Revolution dc 1640 que I'Angleterre doit sa 11 berte, sa grandeur et sa puissance. Sans la resistance du Par- lement centre le pouvoir absoiu , et sans Ics guerres civiles qui en furent la suite inevitable, I'Angleterre ne se serait jamais elevee au premier rang dcs nations civilisees. Tombee, comme les peuples du continent, sous le joug d'une administration arbitraire et malhabile, son influence dans les destinees du monde ne se fiit mesuree que sur I'etendue de son territoire; I'lle de la Grande-Bretagne n'aurait joue qu'un role secondaire dans les debats des rois de I'Europe. Si les Anglais ont eu I'honneur de voir leurs institutions proposecs comme modele a toutes les nations, si leurs flottes ont vegne sur les mers, s'ils ont fait, peneher la balance partoutou ils ont mis leur or dans un des plateaux, ils doiventen remercier lesparlementairesqui n'ont pascraint de soutenir les droits dc laliberte sur lecbamp de bataille, comme dans la chambre des communes. Et cepcn- dant, chose qui semble bizarre, 11 manquait un historien a la Revolution d'Angleterre. Les Anglais jouissaient des conquetes de leurs ancetres, sans rendre de justes honneurs aux combats qui les avaient assurees ; vivant au milieu desbienfaits de I'or- dre legal, ils nourrissaient en quelque sorte une sainte repu- gnance pour les guerres civiles du xvii^ siecle, et ne com- prenaient pas comment, pour I'etablir, le desordre avait ete necessaire. Hume reglait les opinions sur la Revolution, el Ton sail combien il est partial en faveur du parti des Stuarts, ou injuste a I'egard des defenseurs de la liberte. Les citoyens de la Grande-Bretagne avaient a rehabiliter leur glorieuse Revo- (i) Paris; Bechet ain6, libraire, qua! des Augnstlns, n" 47- Prix, 7 fr. et 6 fr. pour les souscripteurs a la Collection des Memoirei relatijs a la Revulution d' Angleierre v^\ est completement termini. ET PPLITIQUES. 371 Union; cette dette vient d'etre acquittee par un ecrivain qui hoDore la France , coinme pour prouver que dans les combats, soutenus au nom de la liberte et de la dignite humaine, il n'y a rien d'exclusivement national, etque, quand Ic cceur bat aux jnemes sentimens , on est citoyen de la nieme patrie. L'histoire revet a chaque siecle des formes differentes, se- IcMi les divers besoins qu'elle est appelee a satisfaire. C'est ainsi que dans le siecle dernier, elie etait surtoutphilosophique. Delivres a peine du joug d'antiques prejuges, nos peres clier- chaient a les poursuivre dans le passe, comme ils les avaient vaincus dans le present ; l'histoire etait dirigee centre toutes les erreurs qu'avaient onfantees, soit la superstition religieuse, soit I'ignorance : ramener a leurs causes naturellcs et raison- nables des evenemens jusque-la mal compris, tels etaient le but et la mission de I'historien. Aujourd'hui les prejuges liisto- riques contre lesquels se revoltaient nos peres, nous inquie- lent pcu, parce qu'ils sont detruits dcpuis long-terns. II y aurait pou de plaisir pour noUs a hitter contre des squelettes qui tombent en poussiere avant qu'on les louche. Mais nes au milieu des lutles politiques, les oreilles encore frappees du bruit du combat, nous saisissons avec avidite le rccit des re- volutions, la peinture de leurs agitations, de leurs orages, de leurs vicissitudes. Nous aimons qu'on nous raconte comment se leve un drapeau pour la liberte, comment on triomphe , ]iar quellfs fautes se perdent les fruits de la victoire, et quels efforts parviennent a les jreconquerir : notre terns est le mo- ment favorable pour l'histoire des revolutions. H y a dans les tableaux qu'elles nous prescntent, non-seuleraent lecon et eij- seignement, mais jouissance vive, plaisir de spectacle; I'his- lorien reveille nos plus ardentes et nos plus intimes emotions-. Aussi avec quel empressement n'avons nous pas accueilli et les uombreux memoires publics sur la Revolution francaise , et les belles histoires de MM. Thiers et Mignct! UHi.ttoire de la /{evolution (f Arigleterre a pour nous le meme iateret, parce qu'elle repond aux memes sentimens. Cost pour ainsi dire une feuvre nationale que M. Guizot a entreprise ; en lisant son 37a SCIENCES MORALES livie, dont la lecture est si attachante, on prend pour des con- citoyens les hommes de I'autre cote de la Manche; on pent sympathiser avec Pym et Hampden, comme avec La Fayette et Mirabeau. Ce fait seul prouverait combien est reelle et profonde I'ana- logie que M. Guizot a si bien etablie, dans sa preface , entre les deux revolutions. Si dans la guerre entre Charles P' et le long Parlement, il ne s'etait agi que d'inlt-rets religieux et de dogmes thcologiques, notre siecle , a qui cerles les discussions de la theologie sont etrangeres, ferait - il cause commune avec I'armee du pays conlre les soldats de la couronne ? En verite, nous ne comprenons pas comment on a pu dire que le but de la Revolution d'Augleterre a etc surtout religieux. Sans doute, comme la Revolution s'est faite auxvn""" siecle, au milieu des querelles de religion , les passions religieuses ont du se meler aux passions poliliques et la reforme politique a dii emprun- ter les forces de la reforme religieuse, et par consequent sou- tenir ses pretentions; raais la religion a-t-elle etc la cause , ou le but du soulevement de la nation contre le roi? Pour se convaincre de la faussete de cette opinion, il suffit d'ouvrir les registres du Parlement, de regarder ses actes. Quel est le ca- ractere des bills votes par le parti national, et des griefs dont il demande le redressement ? Le Parlement condamne loutes les mesures arbitraires du gouvernement de Charles, les mo- nopoles, la taxe des vaisseaux, les arrestations illegales , les procedes des cours d'exception; il punit dans Sti-afford le despotisme; pour assurer par des garanties les droits qu'il a conquis, il obtient les parlemens triennaux ; dans toutes ses mesures il n'y a rien que de politique, et il poursuit nne re- forme qui, pour emprunter les paroles de M. Guizot, » est un voeu unanime,independant de toute condition sociale , de toute opinion religieuse.* Quand la guerre eclate, c'est pour soute- nlr la reforme politique que le Parlement leve des armees; mais alors, comme pour faire la guerre il faut de la force, il est oblige de s'adresser aux passions populaires. Puisque le peuple est presbytcrien et fauatiquc, il faut qu'en recompense ET POLITIQUES. 373 de son appui, le Parlement lui donne le triomphe des opinions presbyteriennes, de meme qu'en France on donnera au peuple I'abolition des droits feodaux, et le partage des terres. La re- volution anglaise revet la sombre couleur du fanatisme reli- gieux; njais le veritable caractere n'en est pas moins essentiel- lement politique, et lorsqJTon penetre au dela desapparences, on trouve que le principe en est , cotnme dans la Revolution fran^aise, le besoin de la nation, devenue majeure, de faire elle-meme ses affaires, et de prendre partau gouvernement. La Revolution anglaise fut done surtout un drame poli- tique, et un drame complet,puisque i688acheva ce que 1640 avait commence. Ce n'etait plus en 1G88 ni les hommes, ni les passions du long Parlement; mais tout en agissant par d'au- tres sentimens, et en tenant un autre langage, les adversaires de Jacques II ne faisaient, pour aiasi parler, qu'accomplir I'entreprise dont ceux de Charles I^'' avaient cte les premiers auteurs. On triompha des dernieres resistances du pouvoir royal, et Ton assura au Parlement, c'est-a - dire au pays, la possession paisible du gouvernement, qui avant 1640 avait appartenu aux monarques, et qui, depuis le long Parlement avait flotte, selon les evenemens, des mains du roi a celles de la nation. Alors la paix fut etablie, et Ton put dire que la revo- lution etaitterminee; car lebut national qu-i, cinquante annees plus tot, avait souleve I'Angletcrre, etait atteint. La Revolu- tion n'avait eclate ni pour satisfaire les opinions des presbyte- riens , ni pour realiser les reves des niveleurs; la cause des niveleurset des presbyteriens n'etait pas cellede I'Angleterre : le-vTKu national etait ecrit dans Va petition des droits , ou dans les premiers actes du long Parlement, et il futconsacre apres I'expulsion des Stuarts. En voyant, en 1689, la constitution de leur pays , Hampden et ses amis auraient ete satisfaits. Voila deja plusieurs mois que le premier volume de VHis- toire de la Revolution d'Angleterre a paru, et I'opinion publi- que n'attend plus un jugement; il ne reste au critique qu'a constater le succes , et a en dire les causes. C'est une mission 374 SCIENCES MORALES peu laborieiise, et quiconque a lu le beau livre de M. Guizot doit la remplir avec plaisir et reconnaissance. M. Guizot, comme nous I'avons dit, nous semble avoir ad- mirabkniont compris le veritable caractere de la Revolution anglaise;il n'a pas ete moins heureux dans rexposition des fails, et dans la peinture des evenemens. II sait a la fois expli- quer et raconter, eclairer I'esprit et plaire a Timaginalion. Le simple recil des faits, sans explication, sans reflexions propres h riiislorien , ne pouvait convenir a une histoire comme cellc dela Revolution d'Angleterre. La forme de chronique sied bien k quelques epoques, oil les aventures individuelles, les com- bats et les fefes sont presque toute I'histoire ; mais comment , avec un pareil systeme, introduire le lecteur dans le secret des agitations politiques ? Comment lui faire comprendre I'etat de la societe, ou les causes qui mettent en mouvement les pcu- ples, et qui amenent la victoire on la ruine des partis? Et cependant, sans la connaissance de ces causes, qu'est - ce que I'histoire d'une revolution? M. Guizot a su allier le caractere philosophique et le caractere pittoresque de I'histoire. SoO 1^ livre est un admirable modele de I'exposition philosophique de la sifjiiation d'un pays. Onze r«nnees s'ecoulerent pendant les- quelles Charles P'' gouverna sans parlement. Pendant cet cs- pace de terns I'histoire d'Angleterre ne presente pas de guerres importantes au dehors, et pas de discordes civiles au dedans. Si on ne cherche que des faits qui aient un nom, et dont le de- veloppement prele a un recit dramatique, I'histoire semble morte et sterile; et cependant quel terns parait plus fecond, si on jette uu regard sur le mouvement de la societe ? C'est pen- dant cesannees en apparence sivides et si uniformes, que Char- les P"" essaie d'etablir son despotisme, et que I'Eglise d'Angle- terre s'efforce de constituer sa tyrannique independance ; c'est au milieu de ce silence general que se forment les passions et les interets qui tout d'un coup, en 1640, apparaissant au grand jour, vont trouver des representans, ainsi qu'un champ debataille, et pour ainsi dire revelir un corps et prendre un ET POLITIQUES. 3:5 nom. Detournez vos regards en 1629 et jetez les de nouveau sur I'Angleterre en 1640; reconnaitrez-vous la societe? Ne senti- rez-vous pas qu'un grand changement s'est opere ? II faut que I'historien voiis en rende compte, ou bien il ne remplit qu'im- parfaitement sa mission. Mais comment pourra-t-il satisfaire votre curiosite, si ce n'est par une exposition gcnerale, qui ne sera pas dramatique parce que la realite elle - mcme ne Test pas, et qui ressemblera a de la philosophie parce que le pro- pre de la philosophic est d'expliquer, et que ces terns ne souf- frent que des explications et non des recits ? Ceux qui ne veu- ient que du pittoresquc doivent alors fermer I'histoire : ce n'est pas pour eux que les evenemens se sont passes. M. Giiizot ecrit I'histoire en philosoplie et en publiciste, quand il n'y a place que pour la politique et la philosophie; il ne neglige pas non plus le cote dramatique des faits, du moment que les evenemens deviennent plus animes, et que les individus jouent un role. C'est ainsi qu'il peint en quelques traits la sortie de Charles I^'' du palais de Whitehall, oii il ne devait plus rentrer que pour monter a I'echafaud; lescircon- stances de sinistre presage qui accompagnerent la levee de I'etendard royal a Nottingham; la mort de Hampden et celle de Falkland, ce patriote du parti de la cour, ce lord dout I'ame si pure et si belle, profondement affligee des niaux qui nienacaient la patrie, semblait ne pouvoir plus denieurer sur la terre, quand la terre allait etre livree a la fureur et aux exces des partis. Le proces du comte de Strafford est aussi un admirable morceau; quoi de plus dramatique et de plus touchant, que les derniers momens de Strafford, dans I'his- toire de M. Guizot, lorsque le malheurcux ministre, aban- , donne de son maltre, passe devant la maison de Laud, sur le chemin de I'echafaud, et demande la benediction de I'arche- veque, qui doit subir le nieme sort quelques annees plus tard ? Mais ce qui surlout montre dans M. Guizot la fidele obser- vation de la realite historique, et ce qui est pour ainsi dire la partie d'art de I'execulion de son livre , c'est son attention a ne donner aux hommes qu'il met en scene que I'importance 3:6 SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. qu'ils ont reellement k I'epoque oil il est amene a parler d'eux. C'est aussi Ic som qu'il prcnd de placer los evenemens phitot dans I'ordre ou ils ont frappu les csprits, qiie clans celui ou ils se sont passes, et a les depeindre conformcment a rimpr'es- sion qu'ils produisircnt sur les contemporains, mais non pas d'aprcs lejour sous Icqtiel ils apparaissent d'abord a I'hislorlen et alaposlcTitt'dc'jamisdans le secret dudeiioiiment. Le person- nage de Cromwell offre unexemple dela maniere dont M. Guizot introduit leshommes sur le theatre : on le voit grandir a mesure que la revolution avance. Au parlement de 1G29 , il se montra une fois; mais « ce n'etait qu'un liomme inconnu , mal vetu , de grossiere apparence , qui denoncait avec fureur et en mauvais langage , Tindulgence du roi pour un predicafeur obscur, plat papiste , disait-il. » Dans les debats du long parlement Cromwell n'occupe qu'un rang secondaire; il se distingue seu- lement par son zele infatigable, et son activite dans les comi- tes. Au commencement de la scconde campagne, la destinee qui I'attend commence a sc nianifester quand il s'entretient avec Hampden de I'organisation des troupes, et quand il forme ses quatorze escadrons d'hommes pieux, auxquels il recom- niande de ne pas manquer le roi s'il se trouve a leur portee : mais ce n'est encore ni le chef de I'armee, ni le protecteur. II n'a paru qu'un volume de VHistoire de la Re\ioludon cVAn- gleterre : il nous condilit depuis I'avenement de Charles I^"^ au trone, jusqu'au moment ou la revolution echappe au parti mo- dere qui a commence la guerre, pour passer en des mains plus hardies et sous des chefs plus violens. Quand on arrive a la fin de ce volume, on est tente de reprochcr a M. Guizot de I'avoir public seul. II doit s'en prendre a lui-meme de ce re- proche; c'est I'interet repandu dans le premier volume qui fait tant desirer le second. T. D. LITTERATURE. Anthologie russe , suivie de Poesies originales, par P.-J.-Emile DupRE DE Saint-Matire (i). Les Russes ont-ils une llttcrature ? telle est la question que s'entendent faire tous les jours les personnesqui ont etc a nicme d'entretenii" des relations avec ce peuple si jeune, et deja si avance sous tant de rapports en civilisation. « La naissance des lettres, ainsi que le dit M. Dupre de Saint -Maure dans son Introduction, ne date reellement que de Pierre I®'. Avant cette cpoque, les Inmieres se concentraient dans les n'lonasteres; le haut clerge russe se distinguo, dans les tems recules, par quelques bons ouvrages. On cite les Annates du irioine Nestor, ecrites dans le xi^ siecle , et qui doivent etre regardees comme la base fondamentale de I'histoire russe. Ces Annales eurent des continuateurs jusqu'en 1700. II y a aussi une Vie des saints^ des Instructions religieuses ; un Voyage de I'ahbc Daniel dans la Palestine (2), une traduction des Livres Saints , en langue slavone, par des Peres de I'Eglise grecque ; des Contes et des Poernes herolques, entre autres celui qui est intitule : Recit de la campagne du prince Igor contre les Polovtsis, et qui date du xii^ siecle. » Mais, comme I'ajoute I'auteur de X Antho~ logie russe , « quelques lueurs, qui se font jour a travers une epaisse nuit, et a de longs intervalles, ne peuvent dissiper les (1) Paris , 1823 ; Trouve. i vol. in-S° de xlv- 36o pages ; prix , 8 fr. (2) Ce voyage , dont le manuscrit est a la Blbliolheque de la ca- thedrale de Sainte-Sophie, a Novogorod , a pour litre : Palomnih , Hi Khojdenie Daniila roushia zemli igoumena, T. XXXII. — Novembre 1826. aS 378 LITTfiRATURE. tciiebros de I'ignorance; la hiiiiiere arrive tard chcz un peuple encore donue de ccs etahlisscmcns miles, qui sont, pour ainsi dire, les phares de I'csprit humain, ct qui servent de points de ralliement aux facultes intcllectuelles, comine aux elans de rimagiualion. » Ajoutons toutefois a co tableau une consideration pniseedans rcxcelient onvrage de I'liistoricn russe Karanizine(i). « II y eut un terns j dit-il (2), oil fondee, agrandie par le pouvoir nionar- chique, la Russia ne le cedait en rien , sous le rapport de la force et de la civilisation , aux premieres puissances euro- peennes, ctablies par les nations germani(|ues sur les debris de Tempire d'Occident. Sous un sysleme d'uniforniite , avec le caraclere, les lois, les usages et les constitutions recues des princes varegues on allcmands , elle s'elait montree dans la nouvelle organisation politique de I'Europe, avec des droits reels a la consideration des sou verains. Elle avail I'inappreciable avantage de se trouver sous I'influence immediate de laGrece, seule puissance qui n'ei'it pas ete renversee par les barbares. Sous le regne d'Yaroslaf-le-Grand (1263-1272), affermie dans le christianisme et dans I'ordre politique , elle avait des pretres pour eclairer les consciences, des ecoles, des lois, des institu- tions commcrciales , une armee nombreuse, une flotte, une mo- narchie et la liberte civile. Et cependant, qu'etait I'Europe, au commencement duxi* siecle ? le theatre de la tyrannic feodale... La division de notre patrie en apanages , scs nombreuses guerres civiles, epuiserent les forces et arretercnt les progres des lu- mieres en Russie. L'invasion de Rati (3) acheva de la boule- (1) Voy. cahier Atjuillet dernier, t. xxxi, p. 24a , la Piotice abr^gee sur la vie et les travaux de Karainzine , par M. Tolstoi. (2) Histoire de Riisssie, par Karmmziute; traduction de MM. Saint- Thomas et Jauffret ; T. v, chap, iv , p. /|43 et suiv. (3) Bati fut un des prlncipaux chefs tatars qui envahirent la Russie, et qui la tinrent sous leur domination, de 1224 a 1462 , c'est-a-dire pri^s de deux siecles et demi ; il ^tait petit-neveu du celebre Genghiskhan ( et non petit-fils , comme le dit M. Dupr6 de Saint-Maure, dans une note de son Anthologie , p. 48 ). LITTER ATURE. 879 verser... Les t^nebresde la barbarie, en obscurcissant I'horizon de la Russie, nouscacherentl'Europeau moment ou les decou- vertes et les bienfaits de la civilisation s'y multipliaient de jour en jour... » Ainsi retardes dans leur marche, les Russes durent faire ensuite des progres d'autant plus rapides , lorsqu'ils eurent recouvre leur independance, qu'exempts des longs tatonne- mens auxquels le genie des autres peuples avaitete soumis , ils n'eurent qu'a prendre les letlres au point oil elles etaient par- venues chez les nations voisines. Aussi , pent on dire hardiment que la lilterature n'a pas eu d'enfance en Russie ; des ses pre- miers pas , elle s'est montree belle et vigoureuse, etlcNord n'a reellement eu, comme le dit M. de Saint-Maure, ni ses Tristan, ni ses Jodelle. A peine y compte-t-on un Tredia- KOvsKY, professeur tres-erudit et disciple de RoUin , qui s'e- gara completement, en voulant suivre la carriere poelique, pour laquelle la nature ne I'avait nullement destine (i). Ce fut vers Ian i553, un siecle apres sa decouverte, que I'art de Timprimerie fut importe en Russie; onze annees s'e- coulerent encore avant I'apparition du Livre des Ajfolres (Apostol), le premier ouvrage, en langue slavone, public \k Moscou. Depuiscette epoque jusqu'a I'annee i8i3, oncompte (i) Tredia.kovsky entreprit, entre autres ouvrages poetiques, une traduction en vers de dix-huit syllabes du Telemaque de Fe- nelon , sous le titre de Tilemakhlda. L'imperatrice Catliei'ine, 'dans ses soirees de rHermltage , infligeait aux personnes de sa cour la penitence de reciter une tirade de ce poeine bizarre ; et e'etait , ajouteut celles qui se rappellent aujourd'hui avec plaisir avoir as- siste a ces soirees, la penitence la plus severe a laquelle on put les soumettre. Ce meme litterateur venait d'achever une traduction , en a6 vol. de Thistoire ancieiine et de I'liistolre romaine de Rolha , lorsqu'un incendie detruisit son manuscrit. II ne se laissa point decourager, se remit a I'ouvrage avec une nouvelle ardeur et refit une seconde traduction , qui a ete publiee a Saint • Petersbourg (annees 1749-1762, et 1761-1767 ). ?8o LITTERATURE. suivant line Bibliographic nisse (i), 1 3,^49 ouvragoslmprimes en Russie , soit en langue slavone , soit en langue russc. Un Essai d'histoire Utteraire de. la Russie, 'lonne par M. Gretch, dans Ic iv^ volume d'uu ouvrage que nous avons annonce re- cemment (a) , renferme des notices, a la fois biograpliiques et bibliograpliiqites, sur pres de quatre cents auteuis russes; et, dans ce iiombre, on pourrait en citer unc soixantaine qui se sont reellemeiit dislingues. Le plus ancien des annalistcs russes, Nestor, avail deja marque dans le xi" siecle ; il cut un digne continuateur dans le patriaiche Nikon , qui vint environ cinq cents ans apres lui. Sous Pierre I'^'", I'etablissement de plusieurs ecoles jHibliques et la fondation d'une Academic des sciences , aupres de laquelle il appela un grand nonibre de savans etran- gers , vinrent donner un grand essor a la civilisation, et pre- parer les nierveilles des regnes suivans. C'est a cctte epoque, de la seconde moitie du xvi^ siecle alaseconde moilie du xvii^, que se rattachent les Iravaux des princes Kantemir et Khilkof et du conseiller d'etat Tatischef, le premier dans la /poe'^/e satiiique et les deux autres dans Vhistoire. Mais c'est sous le regne de Catherine II que les lettres bril- lerent, dans le Nord, du plus vif eclat. Les trente annees de ce regne doivent ctre regardees comme le grand siecle litteraire de la Russie ; elles sont a ce pays ce que fut a la France le siecle de Louis XIV. L'imp6ratrice elle-meme donna Texcmple a ses (1) Essai de Bibliographic nisse ( Opoulte rossiiskoi bibliografii ) , ou Dictionnaire complet des ouvrages, tant originaux' quej traduc- tions, qui ont eti5 publics, en langue slavone on en langue russe, depuis I'introduction de rimprimerie en Russie jusqu'a I'annce i8i3; par Basile Sopikof. Saint-Petersbourg, 1814-1821. Cinq vol. in-S". (2) Get ouvrage , en quatre volumes , dont nous n'avons annonce que la derni^re partie , publiee a part, sous le titre d'Essai d'histoire abrdgee de la litterattire russe ( Voy.' Rev. Enc. , t, xxvill , pag. 470) , estun cours coraplet de rbetorique , de versification et de litterature russes, avec un choix demorceaux des meiilc-iirs ecrivains, en prose et en vers, qui fait honneur au gout et a I'erudition de son auteur. LITTERATURE. 38 1 sujets; elle s'etait dcja montree tour ci tour sage legislateur, grand capitaine, habile diplomate, la philosophie et les lettres la compterent bienlot an nombre de leiirs plus cliers adeptes. Pierre V, dit ailleurs I'histonen que nous avons deja cite au commencement de eel article , voulut nous elever a la civilisation; Catherine vit en nous des hommes ci- vilises, et sa conduite avec son peuple fut la consequence de cctte noble opinion qu'elle avail con^ue de lui. Aux noms de LoMONOssoF , regarde generalement comme le fondateur de la lilterature russe, des poetes lyriques Petrof et Popovsky, du poete tragique Soumarokof, du poete epique Kheraskof, qui s'etaient deja fait remarquer sous le regne d'Elisabeth, viennent se joindre, pendant cos trente gloricuses annees, ceux du gra- cieuxBoGDANOviTCHEjdu fabulisteKHEMNiTSER, des deux poetes comiqucs Fon Vizine et Kniajnine , des trois poetes lyriques Derjavine, Kapniste et Kostrof, dont le premier est regarde tout Ji la fois comme le Pindare, I'Horace et I'Anacreon russe, des deux historiens Scherbatof et Boltine , et de beauconp d'autres auteurs estimes, dont rcnumeration parai trait sans doute trop longue au lecteur, privee des details qui seuls pour- i-aient la rendre interessante pour des Francais. Si nous ajoutions encore a cette lisle celle des ocrivains mo- dernes qui honorent le plus la Russie, et parmi lesquels se distinguent plus particulierement MM. Binitrief, Karamzine, Krilof ,Joukovsky , Batiouchehof, Katenine , Gneditche , Merz- liafiof, Izmailof, Voe'ikof, les deux Pouchekine, les princes Chikhmalof Chakhovskoi et Viazemsky , Chichekof, Nele- dinskj-Melelsky, Oline, Dolgoroukj, Ozero/et. Miionof[i), et si (i) La Russie a perdu , depuis quelques annees , ces trois derniers ^crlvaiiis. Le prince Dolgobouki ( Voy. fiei-. E/ic. , t. xxvii , p. 583 ) s'etait distingue dans I'epitre et dans la satire; Milonop avail obtenu les plus grands succes dans ce dernier genre de lilterature, et pro- jnettait un Juvenal a la Russie. Quant a Ozerof , niort en 1816, jlge seulement de 46 aiis, il avail deja surpasse lous les poetes tragiques, 38a LITTfiRATURE. nous pouvions surtoutexposer leurs litres h I'estime et t\ la re- connaissance publiques, onpcnsebien que nous ne serions pas embarra-sses do repondre a cette question par laquelle nous avons commence notre article : Les Russes ont-ils une litte- rature? Cepeudant, comment se fait-il que cette litterature soit encore si peu connue des autres nations de I'Europe ? Essayons de remonter aux causes de cette indifference, d'au- taut plus frappante pour la litterature d'un peuple qui est entre avec nous en partage de la civilisation, que la litterature des autres peuples de I'Europe semble nous absorber tout entiers, au point de nous faire negliger I'etude de nos ecrivains classiques. J'ai deja dit que les Russes, arretes dans leur marche par les circonstances les plus contraires aux progres de la civilisa- tion et des lumieres, avaient du prendre les lettrcs au point oCi elles etaient parvenues chez les nations voisines, lorsqu'ils fu- rent enfin delivres du joug sous lequel les Tatars les retinrent si long-tems. Mais, de cette obligation ou de cette facilite de recevoir une litterature toute faite, n'a-t-il pas pu naitre un grave inconvenient, et ne devrait-on pas attiibuer a cette cause le defautqucl'onpeut reprocher en general aux auteurs russes, je veuxdire, le manque d'originalite, de cette qualite qui seule pent faire vivre rme litterature au-deli de I'epoque ou elle a exerce son influence ? Je crois deja voir I'amour-propre natio- nal s'elever centre moi pour repousser cette supposition, que les Russes regarderont comme injurieuse , et qui pourrait bien me faire accuser de prevention. Je vais done laisser parler un de sa nation. On pretend que I'envie peut s'attribuer en parlie la mort de cet liomme, doue d'une sensibilite aussi exquise que notre imtuortel Racine. M. de Saint-Puiest , dans le volume qu'il a con-» sacie au thedtre russe, et qui fait partie de la Collection des chefs- d' csuvre dramatiques T^uhWes par le libraire Ladvocat , a entrepris de faire connattre k la France deux des meilleurs ouvrages d'Ozerof* Fingal et Dmitri Donskat. .— Karamzine viyait encore quand cet ar- ticle a ete 6crit. LITTER ATURE. 383 de leiirs compatriotes ; ils ne declincront pas, sans doute, I'autorite d'un homme egalement verse dans les deux littera- tures ct tjiii a occupe long-tems, en Russie, un poste impor- tant dans I'instruction publiqne. Ceque Ton va lire est I'extrait d'une k'ttre adressee a un Francais qui a fait un si'jour de dix annees en Russie, et qui, depuis, a consacre une partie de ses loisirs a I'elude d'une langue el d'upe litterature a laquelle il a du souvent des plaisirs reels. « Lentreprise que vous a^ez con^ue de reunir en un seul corps d'ouvrage les diffe- rentes poesies russes que vous avez deja traduites et celles que vous vous proposez de faire passer dans votre langue, est sans doute le moyen le plus naturel de vous frayer une nouvelle route dans la carriere litteraire , el la concurrence qui s'etablit en ce moment pour altcindre an meme but doit amener une emulation qui pent tourner a votre profit. Vous desirez que je vous indique nos productions originales, afm d'eviter I'incon- venient dont vous vous etes apcrcu , quelque tems apres vos premiers essais. Je ne vous dissiniulerai pas qu'une parcille tache excederait mes faculles, et je crois meme que celui qui s'en chargerait s'imposerait un travail de plusieurs annees; car il exigerait la connaissance de toiUes les langues de I'Europe, ainsi que celle des differentes lilteraturesque nous avons mises a contribution. Les Russes ne se sont pas bornes a traduire , h. imiter et a copier les auteurs francais ; ils ont fait des emprunts a toutes les nations de I'Europe, et n'ont pas dedaigne meme les Orientaux. S'il s'agissait de relever ce qui leur ajiparlicnt , la besogne ne laisserait pas d'etre longne, difficile et tres - fasli- diense. Je craindrais meme que le resullat ne compromit notre gloire. Je pense, quant a moi, qu'ii I'exception de quelques poesies Ae Lomonossof, d'un grand nombre de celles de Dei- javine , de plusieurs fables de Khemnitser ct de Krilof , la lit- terature russe n'offre rien qui puisse nitriter les bonncurs de la traduction; et,si nous posscdons d'autres chefs- d'ceiivre que nous admirons avec justice , ce n'est pas le merite de I'in- ventiou qui leur assure les suffrage* des bons jugcs , majs celui 384 LITT^RATURE. (le I'elocutiou, de la nouveautc dcs tours, de I'ingenieux em- ploi des diverses formes de notre langue (i). N'est-ce pas la , d'ailleurs, le merite eminent de La Fontaine, de Racine, de Boileaii, ct plus tard de Delille? Le reproche que nos autcurs ont encouru , c'ost de n'avoir pas puise aiix nicmcs sources que ces grands gcnies, de n'avoir pas chcrche a s'identifier avec les premiers modeles, et d'avoir imitu les imitatcurs des an- ciens. Quand on fait fant que de voler un grand ecrivain, di- sait Voltaire , il faut le tuer; et nous n'avons gucre de ces illustres criminels qui puissent se larguer de parcils assassi- nats... (2). J'irai plus loin; je soutiendrai mcme que lameilleure version des pieces originalcs de noire Tyrtee (3) comproniet- (i) On pourrait njoiiter encore a ces quatre auteurs originaux que cite notre correspondant russe , Khernshof, auteur de deux poe- mes epiques : la Rossiade, ou la prise de Kazan, dout VAinhologie de M. Dapre de Saint-Maure contient ( pag. 1S2 a '224 ) une analyse fort bien faite, due a la plume d'un Francais, M. JSazaine, general- major au service de la Russie , et Vladimir , ou la religion cliretienne etablie en Russie , et d'un poeme historique, la hataille de Tchesma. — Bobrof, auteur d'un poeme descriptif sur la Tatiride. — Les poefes tragiques .SbH/naro/fo/", Kniajnine , Ozerof^ Krloiikofstiy , et le poete comique Fone-P^izine , auxquels on doit les tragedies de Kkoref, Sinav et Trouvor, le faux Dmitri; Rosslavle , T'ladislavle ; la mart d'Oleg , Dmitri Donsho'i; Pojarsfty , Elisabeth ( fille d'laroslaf ) , et les comedies du Brigadier et de V Enfant gate ( en russe : Nedorossl) , toutes pieces, comme on voit, dout le sujet est national. — Enfin , piusieurs autres auteurs dont les productions , d'un genre moins eleve, sont puisees egalement dans I'histoire russe ou dans les moeurs et les usages de leur nation. Bien entendu que nous ne parlons ici que des poetes ; car , dans les autres branches de la litterature cultivees par les Russcs , uous trouverions geaeralement plus d'ecrivains originaux. (2) Ici, le correspondant russe entre dans quelques details sur \' Anthologie de M. Dupre de Saint-Maure , qui nous a semble etre I'objet d'un jugement un peu severe de sa part. (3) II est question ici du poete Joukovsky , auteur d'un poeme. LITTfiRATURE. 385 trait sa celebrite ; car, en le depouillant de son coloris, suppose que la compensation dedommageat de la perle, que trouverait- on dans la conception , la niarche, le plan, la conduite et I'e- cononiie de ses plus belles productions ? On ne verrait qu'une imagination dereglee, beaucoup de niauvais gout , et, somme totale, des monstruosiles (i). Apres cela , je vous kisse a penser s'il gagnerait a etre.traduit. Nous avons un jeune poete , Alexandre Pouchchine , qui s'est deja fait counaitre par des productions on I'on aper^oit I'empreinte d'un grand talent et d'une verve originale ; mais ses poesies sont eparses dans differens journaux , et les meilleures ne sont point encore sor- ties de son portefeuille , quoique les copies s'en propagent rapidement et circulent furtivcnient dans nos societcs. Ce Pro- tee moderne , car il sait revetir toutes les formes , promet un poete du premier ordre... (2) » Les lecteurs nous sauront gre peut-etre de ces considera- tions'generales dont nous avons cru devoir faire preceder I'exa- men d'un ouvrage consacre par son autcur a uue litterature, jjour ainsi dire, toute neuve en Europe, ou du moins connue d'un tres-petit nonibre de personnes. Depuis long-tems, d'ail- leurs , nous leur avions promis une Notice sur la litterature public en 181 i, sous le titre du Barde an camp des giierriers riisses ( Pevets vo stane rousshikh njoinof) , qui lui a valii , de la part de I'empereur Alexan^.re , une pension annnelle de 4)O0o roubles ( 4)Ooo francs ). (i)CeiTidmepoete, quiestqualifiederomanf/yneparses compatrioles, a surtout imite Jes auteurs allemands. C'est lui qui a mis en honneur parmi les Russes la ballade , dedaignee depuis long-tems en France, mais qui compte de nombreux partisans en Augleterrc et en Alle- magne , oii du reste ellc n'a point les memes formes que cbez nous. (2) Voy. Rev. Erie. , t. xxs , cahier de fiiin , p. 819-821 , I'annonce du dernier poeme de cet auteur, !a Fontaine de Eakhtchesara'i , tra- duii en vers francais par M. J.-M. Chopin, et cahier d'aoai, t. xxxi, p. 4o6, I'annonce de la publication du Recueil de ses poesies. 38G LITTfiRATURE. russe ; les dulails siiccincts tians lesquels pous vcnons d'entrer et ceux que nous avous tlt'ja donncs, il y a un an, ant ([ue des sujcts d'un etat quelconqiie peuvei)t etre delii-s du sermcnt de fidelitt; envcrs nn chef liere(i(]tie. Le savant O'Lcary avait, des rannee suivante, disciite ce point d'liistoire et repondu viclorieuscment a I'objection; depuis elle a etc ressassOe par rignorance et la malveillance ; le prelat irlandais rclaircit de nouveau cette niaticre et refute i'objection des adversaires du cailmlicisme. Son outrage presente en outre un tableau de decisions rendues par les papes Alexan- dre Vll, Innocent XI, Alexandic VIII, le clerge de France el les iheologiens , conlre la doctrine abominable des equivoques et des restrictions mentales. Une reflexion se presenle ici naturellenient : au dela du Pas- de-Calais on piiblie des ouvrages lumineux , tels que celui de I'eveque Doyle et des ouvrages plus remarquables, plus savans encore qui ont pour auteurs des Esjiagnols et des Portugais refiigies, particalierement ccux du celebre Villanueva, et pre- ciscmeiit a la nieiue epoque la France est inondee d'ecrits attentatoires a la puissance politique, et qui nous i>rcclient sans relache I'infaillibilite papale. Une cabale conjuree et qu'on ne reprime pas, s'efforce per/as el nefag d'asservir la souve- raineto nationale en accordant un pouvoir au nioins indirect sur le teiuporel au chef de I'eglise ; tandis q».e le divin fonda- teur du christianisme a declare que son royanme n'est pas de ce monde. Mais une tourbef'analique et turbulente qui s'agite, qui fait du bruit pour attircr I'attention publique, n'est pas plus I'eglise catholique que les sectateurs de Soulhcot et de Brothers ne sont I'eglise anglicane. , A la suite du livre de M. I'eveque Doyle est inseree une declaration de Irente archeveques et cveques d'Irlande sous la date du a5 Janvier i8'i6, par laquelle ils domient [lour la centienie fois peut-etre un dementi forniel aux calomnies qui accusent les catholiques d'adorer les saints , d'enseigner c[u'on n'est pas tenu de garder les promesses faites aux heretiques , que ie pape peut annuler le serment de fidelite a la puissance temporelle , que croire a son iafaillibilite est un dogme, qu'il n'a aucun pouvoir, soit direct, soil indirect, sur le temporel des mtions , etc. etc. etc. Des accusations de ce genre ne peu- vent etre rcpctees que par I'ignorance volontaire ou par la plus itisigne roauvaise foi. 1 1 3. — The Censor. — Le Censeur, ou Replique a rhistoire GRANDE BRETAGNE. SgS de la reforine protestante en Angleterre et en Irlande de JVill. Cohhett. Liverpool, i8^25. In-12. Get ecrit, dont nous ne connaissons qne les deux premiers nnmoros,ne donne pas une haute idee du talert de Taiiteur. Dcs plaisanteries sur la canonisation future de Will. Gobbet penvent amnser un moment des lecteurs ])rotestans , mais ceux qui cherchent la verite, deraandent des discussions approfondics et non de pareilles puerilites. G. ii4.' — * Cartas de un Americano sobre las ventnjas , etc. — Lettres d'un Americain sur les avantages des gouvernemens republicains federatifs. Londres, 182S; Gallero. In 8'\ Lorsque de grandcs (pieslions politiqiies agitent la societe, et interessent de pres I'independance et la prosperity des peii- ples, on doit louer le zele du jdiilosophe qui cherche a les ecliiirer de ses himieres et de son experience. L'Amerique est aiijourd'lmi divisee en deux partis qui, apres avoir epuise tons les argumens propres a soutenir leurs opinions, sont sur Ic point de se mesurer sur le champ de bataille. Ge ne sont pas assurement des hommes qui veulent un xo'\ netto , ni dcs lionimes qui d/'sirent un roi constitutionnel : ilssont lous par- tisans du gouvernement republicain : mais ils discutent s'il doit otre fonde sur un systenie de centralisation, ou de simple federation, II n'y a point de doute que, dans ces jours malheureux ou un general espagnol proclarnait, a la face du xix^ siecle , qu'il fallait subjugiier I'Auierique par les memes moycns employes il ya quatre siecles, pour la concjuerir, le systeme central etait commande par la circonstance. Quand il s'agit de se battre, il ne faut pas perdre son terns a raisonner; il faut deposer le gouvernement de I'etat dans le plus petit nombre de mains possible, afin que la marche des affaires, poussce par une iinpulbion unique, ait loule la rapidite et toute la force qui pent en assurer le succes. Mais les Lommes onblient ordinaire- ment que tout est relatif en poliiique, le bien comme le nial : « lis croient que ce qui a etc bon dans des terns de troubles, doit I'etre aussi dans des tems de calme. II est cependant permis de penser (jue I'Amerique, deli\ree enfin de toute crainte d'une nouveile altaque cle la part de I'Espagne, doit s'em- prcsser de se soustraire a cette centralisation de pouvoir, qui, en arretant les progrcs de son perfectionnement social , pent tot ou tard lui devenir funeste. « Telle est I'opinion de I'auteur anonyme dent nous annon- rons I'ouvrage, II se raontre le defenseur dn systeme federal : et il apporte dans la discussion une raison si severe, un esprit ^95 LIVRES ETRANOERS. si limiiuciix , uiie experience si consommee dans les questions lie ce t|;enre , que son triomplie ne peut nous parailre douleiix. Le tableau comparatifentre les federations anciennes, ellesfedd- rations modcrnos aitage en petits etats independans, qui, reunis entre eux par un lien capable de leur garanlir la paix et la sxirete extcrieure, puissent veiller, cliacun de son cote, a ameliorer leur condition interieure, et a se placer par des soins assidus et dirccis sur le cliemin de la prosperite et de la veritable puissance. Car cnfin on ne veut etre libre que pour elre heureux. Or ne serail-il pas etrange de vouloir qiie les habitans de Caraccas, par exemple , pour etablir dans cette ville une universite, un college, un hopital, fussent obliges de marcher pendant deux mois, de traverser une terresauvage au milieu des tigres et des serpens, pour aller en demander I'autorisation a Bogota? Nous faisons des vceux pour que cet ouvrage penefre et se repande dans toule I'Amerique, afin d'dclairer ccs peujjles jeunes et vigoureux sur leuis veritables interets, et de les desabuser de ces doctrines funestes qui out coute tant de larmes a rhumanitc. B — i. ii5. — Honor O'Hara. — Honor O'Hara, par miss A.-M. Porter. Londres , i8a6 ; Longman. 3 vol. in - 12; prix , I I. It sh. 1 16. — Alia Giornata. — Alia Giornatn, on A la Journee, par lady Charlotte Campbell. Londres, 1826; Saunders et Otky. 3 vol. in- 8°; prix, I 1. 1 1 sh. 117. — * Our filiafie. — Notre Village; esquisses de scenes et tableaux charapelres, par miss Mary Russel Mitfokd. GRANDE-BRETAGNK. 397 Londres, 1826; Wliiltaker. In-8" dc 3ii pages; prix, 8 ih. G pence. Le nom de miss Porter n'est point inconnu a la France; son Don Sebasden , les Freres Hongrois et quelques autres de ses nombreux ouvrages, traduits dans notre iangue, ont etabli sa reputation parmi nous comme ocrivain agreable et fecond. Mais compare a ses premieres productions, son dernier roman, Honor O'Hara pa rait froid, monotone et sans conleur; il an- nonce dans ie talent de I'auteur, un dcclin qui affligerait les lecteui's de romans, si d'autres ecrivaiiis ne -venaicnt offrir de nouveaux alimens a leurs loisirs. Parmi les successeurs de miss Porter, on ne doit pas oublier de compter lady Charlotte Campbell qui, dans jdlla Giornata , a cote de qnelques defauts, a fait preuve de beaucoup de faci- lite , de gout et de scnsibilite. Peul-elre y a-t-il dans son livre trop de personnages et pas assez d'iucidens ; on' y trouve de superbes descriptions de la nature sous le beau ciel de I'ltalie, mais pas assez de vigueur dans la peinture des passions qui animent les figures italiennes que I'auteur met en scene; toutes les pages y respirent unc juste indignation contre le double fanatisme politique et religieux, mais elles ne sont point tou- jours exemptes de declamation, d'enflure et d'obscurite. C'est I'ouvrage d'un debutant, mais d'un debutant hal)ile, et qui saura profiler de la critique , pour se rapproclier de la perfection. Celui qui aime la vie champetre, qui se plait a converser avec I'habltant du hameau, qui ne dedaigne ni de prendre part a ses plaisirs, ni de compatir a ses miseres, lira I'ouvrage de miss Mitford. Tour a tour gaic et pathetique , elle interesse a I'histoire des divers habitans de son Village et sail preter de seduisantes descriptions aux environs de sa chaumiere : ses re- miniscences du jeune age, ses souvenirs de I'ecole; les aven - tures du sac de velour noir; son histoire des locataires de Beechgrove; le portrait du parrain, et plusieurs autres mor- ceaux, meriteraient d'etre traduits dans noire Iangue. C. R. D. Ouvrages periodiques. 118. — * The oriental Herald , etc. -^Le Herautdel'Orient , et Journal de litterature unlvcrselle, conteiiant des articles originaux sur differens sujets , et spccialement sur le gouver- vement et les affaires de I'Inde : dirige par James S. Buckin- gham, auteur des Voyages en Palestine , etc. Londres, 1826. LoQgmau. Onvrage perioHique mensuel , in - 8" de 12 a i''> ^(j8 LIVRES ETRA.NGERS. feiilUcs d'impression. Prix, 5 sL. par caliier. ( Voy. Hev. Enc. , I. XXX, page 34/i.) Si nous jugeoiis de la collection complete des cahiers do de ce joiin-al, pax- cclui du inois de juillet dernier, nous y trouverons beaucoup a louer. Le clioix et la varielo des ar- ticles justifient bien le litre; quoique les affaires do I'Orient y soienl Iraitoes avec plus d'ctcndne que ce qui concerne I'Eu- rope,et mcme que les questions gencrales , cependant les lecteurs qui ne prendraient aucun inteiet a' ce (|ui se passe loin d'eux, liraient avec satisfaction un assez boa nonibrc de pages de ce rccueil. Ueux Mcnioires intercssans , Tun siir le droit d'ainesse , et I'autrc sur In gyinnastique , ont plus de rapport a FEurope qu'a I'Asie ; les observations sur la Bihlio- theque orientate de d'Herbelot appartiennent egalement a ces deux parties du monde. Mais , dans dans ce caliier, quelques circonstnnces jiarticulieres au direcleur du Hcraut de I'Orient ont multiplie les articles relatifs auxlndes orientales. M. Buckin- gham etait I'diteur Au Journal de Calcutta ; force a revenir en Europe, apres avoir eprouve de tres - grandes pertes , il a trouve , suivani I'usage anglais, d'honorables ressouices dans la generosite d'un grand nombre de ses compatriotes auxquels il paie son tribul de reconnaissance. A ccs particularites, qui ne sont point , corume on pourrait le croire, des fails pure- ment personnels, niais dans lesquels on remarquera des trails de caractere national (jui devraient nous servir d'exemple dans des circonslances analogues , que Ton joigne un precis des debats de la chambre des Indes orientales sur plusieurs objets, panni lesquels les plus impoitans sont des plaintes contre les magislrats de Bombay , dont la severite , dans cer- tains cas, a paru exceJer les bornes prescrltes par leslois, et un coup d'ceil sur les ecoles de medecine pour les naturels des possessions anglaises dans I'Inde. Les magistrals de Bom- bay ont obtenu le droit de faire distiibuer un certain nombre de coups de fouet aux individus qui Icur seront designes par un assez grand nombre de tenioignages dignes de foi , pour que la conscience du juge soit en repos ; et I'on salt que la con- science d'un juge de profession nes'alarrae pas facilement. Les depenses pour repandre les connaissances medicales parmi les Hindous ont cte reduiles, et il est a craindre que Ton ne montreaussipeu dezelepour la [)ropagation generaledeslumie- res, sauf quelques excejjtions, comme nous leverrons plus loin. Beaucoup dc details sur le service des armees , auquel on fait d'assez graves rcproches , sur les molifs de mccontcn- GRANDE-BRETAGNE. 399 tement que Ton doniie trop souvent aux troupes du pays ; sur radministration civile , qui ne fait pas loujours le bien que Ton serait. en droit d'altetidred'elle; loules ces censures qui pa- raissentfondees, inaisqui exigent une discussion coiilradictoire, font voir que cc recueil ne flatlc point le gouvernement de !a conipagnie des Indes orientales; cejjeniiant 11 ne le blame pas toujours. On lit avec interet dans ce cahier la relation des teiilatives heureuses faitespar sir Alexander Johnsion pour introduire la procedure par jury dans les possessions anglaises de Ceylan (Voyez T. xxxi, y). 5); comment il fut aide dans ce projet par le roi de Tanjore ; I'union de blenveillance, d'estime et de secours pour le bien , cimentee entre le phi- lantrope anglais et un prince bindou , sincerenaent ami de ses sujels; I'hommage qu'une artiste anglaise, mislriss Damer s'empresse de rendre aux verlus de ce prince, en Itii en- voyant I'un des chefs-d'oeuvre de son ciseau (celte d.ime est sculptrice); de nouvclles preuves de I'utillte des lumieres dans toutes les classes, et surtout dans la classe moyenne , etc. Ce dernier article , sans etre un des plus longs de ce cahier , sera pent- etre le plus goule des lecleurs europeens. Nous autres Francais , habitues, comrae nous le sommes , a un certain ordre dans la redaction des ouvrages meroe pen serieux , nou5 reprochons a la ])Iupart des ecrits periodiques anglais leur demarche incertaine, mal tracee , qui marque le but et s'en ecarte , y revient pour s'ecarter encore. De la des redites fatigantes , des lenieurs desagrcables. II serait pour- tant si facile d'eviter ces defauts de redaction ! et si les jour- ralistes de la Grande-Bretagne, voulaient ecrire avec plus de soin et de raethode , leurs estimables productions feraient, mcme hors de I'Angleterre , plus de partisans a la saine philo- so])hie dont ils sont en general les interpretes. Quelques ar- ticles du Heraut de V Orient sont redigcs tl'une manicre trcs- satisfaisante : raals il en est un certain nombre qui eussent ete beaucoup plus courts , et cependant meilleurs , si les re- dacteurs avoient pris la precaution de disposer leurs mate- rjaux dans un ordre qui les dispensat de revenir sur leurs pas. Y. Revue sommaire des rectieils periodiques sur les sciences , les lettres et le-s arts, publics dans la Grande-Bretagne. — Treizieme article. ( Voy. Rev. Enc, t. xxVii, p. 767-770; t. XXVIII, p. i4g-i56, 799-80/1; t. XXIX, p. 141-148, 463 -468 et 747-756 ; t. xxx, p. 121-126, 419-424, t?t 4oo LIVRES fiTRANGERS. t. XXXI , p. ia4-i3i, 4o2-/',o5 et 688-693, et ci-dessus, p. 117-118.) Appendice. Nous indiquons dans cet Appendice, les journaux nouvelle- ment publics, et ceux que nous avons omis dans les articles precedens; nous aurons soin aussi de signaler ceux qui out cesse de parailre; et nous terminerons notre revue par le ta- bleau des recueiis periodiques imprimes a Londres a la fin de 1826. Journaux tkimestriels. 1" Sciences et Arts. 119. — Bristish Farmer's Magazine. — Le Magasin du Fer- mier anglais, N° i. Londres, novembre 1826 ; Ridgway; In-S" de 8 a 10 feuilles ; prix , 4 sh. 120. — The Gardener's Magazine. — Le Magasin du Jardi- nier , N° 4- Londres , octobre 1826 ; Longman. In - 8° de 8 a 10 feuilles ; prix , 3 sli. 6 pence. Le premier de ccs deux recueiis remplace le Magasin du Fer- mier, the Fanner's Magazine , qui a cesse de paraitre. II est redige par la plupart des anciens redacleurs de ce dernier ou- vrage dont il a adopte le planet leraodede publication. Corarae le precedent il se compose d'arficles originaux sur I'agricuiture et sur les nioyens d'amtliorer cette branche importante de la richesse des natiojis. On y donne Tanalysedes onvragesnou- veaux sur cette science etdes renseigneraens sur I'etat desbes- tiaux, des terres, des moissons dans les divers comtes des trois royaurae. Le but du Magasin du Jardinier est de repandre les connais- sances theoriques et pratiques, relatives a I'horticuUure. Les sujets traites dans le premier volume de ce recueil sont nonibreux et interessans. Les articles sont fournis par M. Lou- don, ou tires des ouvrages et des journaux etrangers. 2" Jurisprudence. 121. — Kings-Bench Reports, etc. — Rapports de la Cour du banc du roi. "Londres, novembre 1826 ; Clark and Sons. Grand in -8° ; prix , 7 a 9 sh. 122. — Chancery Reports, etc. — Rapports de la Cour dc la chancellerie. Londres, 1826 ; Clark and Sons. Grand in - 8° ; prix , 7 a 9 sb. 123. — Common pleas Reports , etc. — Rapports dela Cour GRANDE -BRETAGNE. Aoi des Common pleas. Londres, novembre 1826; Butterworth. Grand in-8° ; prix , 6 a 8 sh. 124. — Court of Exchequer s Reports , etc. — Rapports de la Cour de rEcliirjuier. Londres, 1826 ; Brook. Grand in - 8° ; prix ,6a 8 sh. laS. — Court of assize's Reports , etc. — Rapports de la Cour d'assises. Londres, novembre 1826; Clark. Grand in - 8" ; prix, 739 sh. 126. — Vice-chancellor's court's Reports , etc. — Rapports de la Cour du vice - diancelier. Londres, novembre 1826; Clark. Grand iu-8° ; prix ,739 sh. ^' Les monumens, dit M. Rey, dans son excellent ouvrage des Institutions judiciaires de l' Angleterre , les monumens oil sont consignees les dispositions eparses de la loi commune anglaise , car on sail qu'elles ne sont point reunies dans ua code separe, sont : 1° les registres des plaidoyers , procedu- res et jugemens , appeles records; 2° les livres dans les- quels on rapporte les decisions juridiques, qu'on iiomme re- ports; 3° les ouvrages des jurisconsultes. Parmi ces trois sortes de monumens, ajoute M. Rey, les llvres de reports sont d'un plus grand usage , parce qu'ils sont moins volumineux que les records, parce qu'ils contiennent les opinions des juges , et enfin parce qu'ils sont mis par I'impression a la portee du public. » L'usage de ces reports date du regne d'Edouard IL Us con- tiennent I'histoire du proccs, le sommaire de la defense, et la decision des juges. Jusqu'au teras de Henri VIII , ils furent faits par ordre du roi et avec assez d'exactitude. On les nom- mait year book , llvre annuel, parce qu'ils se publiaient a la fin de chaque annee ; mais depuis , ils sont rcdiges par de sim- ples parliculiers, et sont tres-defectueus. Ils paraissent tons les trois raois et forment deja une collection de plus de 200 vo- lumes, lis ressemblent en quelque sorte, au Rccueil cV arrets , publie par M. Sirey. 3° Sciences morales et religieuses. 127. — The British Critic, etc. — Le Critique Anglais, N" 5. Londres, octobre 1826; Maveman. In-8°; prix, 6 sh. Le British Critic est redige par des pretres Ires-orthodoxes de I'eglise anglicane. Voici la composition de son dernier nu- mero ; il fera connaitre son esprit et son plan : i°Sur les miracles pendant les trois premiers siecles; 2° Me- moires de M""? de Genlis ; 3" Histoire de la republique d'An- 4o2 LIVRES ETRANGERS. gleterre, par Godwin; /,° Davison et Moleswoitli , snr le sacri- fice ; 5" Vie et correspondance du major Cartwright ; 6° Troi- sieme voyage du capilaine Parry ; 7° Histoire naturclle de la Lible ; 8° Voyage en Russie et en Siborie, par Holman ; 9" Voyages en Ilalie; 10° Romans nouvcaux; 11° Indes Bri- tanniques; i2°Etat de I'aslroiioiiiie pialique en Angleterre ; 13** Ouvrages de Coleridge et de Lcighton. 4° Politique et Littcrature. 128. — * The quarterly metropolitan Magazine. — Le Maga- sin trimestriel nutropfiliiain, N° 3. Loiidrcs, 1826; SimplJn et Marsliall. In-S"; \n\x,6 sh. Une des plaies Ics plus honteiises de la presse anglaise c'est le manque de conscience de la plupart de ses journaux. Ici, comme en France, c'est bien moins le mihile modesle et sans appui qui oblient les elogcs, que la mediocrile intrigante et vaniteuse; et Londres presente , aussi bien que Paris, I'affli- geant spectacle d'ecrivains scrvilemeni licvoues aux interets d'une coterie, d'une caste , on d'une faction. II fallait toute I'independance et tout le courage que donne la jeunesse pour oser atfaquer les lion tenses manoeuvres des folliculaires modernes, pour oser devoiler la parlialilc des journaux en vogue, et livrcr au fouet vengeur tie la criticpje les articles mcnicurs des faiseurs de reputation. Celte larlie bardie est celie c]u'o:it cntreprise les jeiines ccrivains rcdac- teurs du Magasin trimestriel inetropolitain. — Une critiijue severe et indejicndarite distingue leurs ccrits : Miss Landon, louee avec tarit d'exageration par la Literary Gazette, recolt de nos jcunes Aristarques des conscils senses el dunt son beau talent ne saurait que profiler ; et le Blachwood Maga- zine est justement rcpris jtar eiix, pour ses personnalites et ses injures ; la Quarterly Rei'lew , pour ses pi'eveniions natio- nales , et la Literary Gazette, pour sa partialite el son igno- rance. Les auteurs du Magasin Trimestriel n'C'\c\enl pas leur nation , a llinstar de quelques-uns de leurs compalriotes, en ealomniant le caractere et en rabaissant la gloire des peuples leurs voislns. La litleratiire anglaise recolt dans leur journal de nombreux eloges , mais elle n'est point arrogammcnt ])la- cee aii-dessus de loutes les litteratures de i'Eurojie. La France n'a point surtout a reclamer conlre les jugcmens portes sur son histoire politique et litteraire. Notre revolution, si sou- vent calomnice en Angleterre, trouve de chauds defcnseurs dans les ccrivains du journal que notjs annonoons; et notre GRANDE-BRETAGNE. 4o3 poesie, si deJaignee sur les Lords de la Tanilse, a souvent ete tradulte avec un rare bonheur par I'un d'eux, qui , I'exposant ainsi a I'examen deses corapatriotcs, contribuera, sans dotite, a la reliabiliter pairai eux. Nous recommandons a nos iecteurs le quarterly metropolitan Magazine , ii^ y trouveront une lec- ture agreable et variee : the new School of Cochneyism leur apprendra que V Ecole du vicomte U Arlincoun a des succur- sales a Edimbourg et c^ Londres; the Age of Folly leur prou- vera que I'Angleterre coiume la France abonde en originaux de toules les especes; le conte A' Eros et cT yinteros les interes- sera viveraent; et s'ils veulent enfin se rejioser de certains articles assez lourds et de pur remplissage, ils n'aurontqu'a lire aussitot les Veillees du facelieux Pcn-Y^-Less. 129. — * ElRepertorio Americano ^ etc. — Le Repertoire Ame- ricain, N° i. Londres, oclobre 1826; Bossange. In-8° de 820 p. avec 2 gravures; prix , lo sh. i3o. — * Correo literario y politico de Londres, etc. — Cour- rier lilteraire et politique de Londres, N" 4. Londres, octobre 1826; Ackeriuann. In- 8" de 100 pages avec huit gravures; prix, 7 sh. « Les editeurs du Repertoire, est - il dit dans les Loisirs des emigres espagnols, N° 3i, (Voy. Rev. Enc, t. xxxi, p. 686.) sont les raenies Americains, qui en 1823, publierent la Bibliotheque Americaine. Aujonrd'hiii, comine alors ,Ieur objet est de defen- dre la liberie et I'independar.ce des nouvelles republiques, et de repandre les luiuieres et les connaissaiices utiles parmi les habitaris de ces pays. — Les premiers cahiers de la Bibliotbeque furent recus avec faveur et la coniinuatlon de cet ouvrage, irop long-tems interrompu, ne pent manquer d'obtenir les meines encouragcniens joints a un plus heureux succes. « Pour nous , qui portons le plus vif interet a nos freres de I'autre hemisphere, nous nous rejouissons de voir un travail de celte nature, entrepris et execute par des citoyens ameri- cains; car nous pensons , que dans les circonstances actuelles, eux seuls peuvent trailer avec connaissanee de cause des af- faires d'Amerique, dire avec franchise les vices des nouveaux gouvernenicns et indiquer avec bonne foi les reformes qu'il convient d'y apporter. « Le premier numero du Repertoire nous donne lieu d'es- perer queses edileurssauront remplir cetteimporlante mission; ils sauront dire la verite dans leur proj)re cause, et ne se laisseront aveugler ni par cette admiration excessive, ni par cetle envie haineuse , que certains ecrivains manifestent pour les jeunes etats amcricains. Le choix des matieres contenues 4o4 LivREs Strangers. dans ce premier nnniero, annonce du gout, du savoiret de Ja conscience. Dans la premiere section destince a la litterature et aux beaux-arts, on remarqiiera un article sur Vagriculture (tela Zone Torride, diverses observations philosopliiijues sur la convenance et les nioyens de simplifier et de rendrc uni- forrae I'orthographc espagnole , et la notice d'un tableau his- torique, reprcsenlant la premiere entrevue des Peruviens et des Espagnols. Qn'il nous soit permis d'observer, a I'egard de ce tableau , que le fait auque! il est consacre elant sinon faux , au moins douteux , nous avons ete etonnes de le voir presenter coinme certain et incontestable. — La seconde section se com- pose de traductions et d'extraits d'ouvrages sur les sciences physiques et mathematiques. — La troisieme est reinplie par des articles relatifs aux sciences morales et poliliques, par des documens sur I'liistoire d'Amerique el par un bulletin ( extrait presqu'en entier de la Revue Encjclopcdique ) des livres recemment publics et qui peuvent offrir de I'interet aux Americains. Parrai les nombreux articles qui composent cette derniere section , deux surtout merjtent une mention parliciiliere : I'un sur I'titat actuel de I'inslruction publique dans TAmcrique espagnole , et le second sur rouvrage inedit de M. Restrepo intitule : Histuire de la revolution de Colom- 6/edontIe Repertoire donne pltisicui's extraits, que peut-etre, on aurait pu mieux choisir. En effet, pourquoi rappeler sans cesse les horreurs conimises dans I'autre hemipliere par le general Morillo ? Les deux armees n'ont-elles ])oiiit egalement a se reproclier de telles cruautes? Ces horreurs ne sonl - elks pas malheureuseraent les consequences inevitables de toutes les gijcrres civiks? 11 eut done ete a desirer qu'aii lieu de ces scenes affligeantes, les editeurs du Repertoire Americuin eus- sent extrait de Touvrage de M. Restrepo des passages plus agreables et plus utiles, comme par exemple ceiui qu'on dit se trouver dans Tintroduction, sur la stalistique acluelie de la Colombie, et sur les changemens introduits dans cette repu- bllquc depuis I'expulsion des Espagnols. » — Nous n'avons eu qu'un seul instant sous les yeux le recueil dont les Ocios owx. rendu compte , et nous n'avons eu que le tems suffisant pour reconnaitre ([ue la Revue Encyclopedique avail ete souvent mise par lui a contribution. L'article de M. De Pongerville ■mr les etudes de Virgile de M. Tissot et le Tableau statistique du commerce de la France , par M. Moreau ue Jonnes, y ont ete traduits en entier. L'ouvrage de M. Jullien sur V Emploi du tems lui a fourni aussi une trentaine de pages d'extraits , et noris y avons In avcc plaisir un eloge des vers du menie auteur GRANDE-BRETAGNE.— RIJSSIE. 4o5 sur la vie humaine , que deja un journal de Londres avait Ira- diiils en ^ers anglais. Avant la publication dn Repertoire Americain , le Courrier Utleraire et politique ctait, de tons Ics journaux publies a Lon- dres , cclui qui s'occupait le plus specialement des affaires d'Amerique. Redige par M. Mora, I'un de ces nombreux Es- pagnols que le despotisme a proscrits de leur malheureuse ])ati'ie, ce journal a obtenu un succcs raerite. Comme pro.sa- teur et comme poelc", M. Mora ne peut redouter aucune riva- lite contemporaine. Son hymne a Bolivar, son ode a la Vic- toire , etincellent de verve et de poesie ; sa traduction espagnole d^Jvanhoe est digne de Toriginal lui-meme. Admirateur de la gloire americaine, partisan du systeme republicain, M. Mora ne neglige aucune occasion de nous faire connaitre ces jeunes elats dent il semble avoir adopte les succes et la gloire. Ses notices biograpbiques du vice -president Sanlander , du mi- nistre Michclena , du general Miller, sont I'histoire abregee des principaux evenemens de la guerre americaine. M. Mora ecrit principalement pour I'Amerique , pour des peuples jeu- nes dans les sciences et les lettres : aussi ces articles sont - ils moins profonds qu'instructifs, plus aniusans que serieux, ])lus a la portee des masses qu'il veut eclairer qu'a I'usage des sa- vans qui n'ont que faire des iecons des journaux. La Revue Encyclopedique a souvent fourni des materiaux a M. Mora , qui dans son dernier cahier, a aussi traduit de I'anglais, I'ar- licle sur \' Histoire de la Revolution francaise , par M. Mignet , que nous avions ecrit pour le quarterly metropolitan Maga- zine. Frederic Degeorge. RUSSIE. i3i. — Nevs^ii almanakh. — Alnianach de la Neva pour I'annee 1826; publii: par E.Aladin. Saint-Petersbourg , iSaS; imprimerie du departement de I'instruclion publique. In-i6 de xxii-'33o pages, avecgravure, vignettes et musique gravee; prix, 10 roubles. i32. — MosliOvsJdi almanahh dlia prekrasnavo pola. — Al- manach de Moscou pour I'annee 1826, a I'usage du beau sexe, public par Serge Glinkoi. Moscou, 1825 ; imjjrimeriedel'Uni- versite. In-i6 de 295 pages, avec gravures. Saint-Petersbourg, Smirdiue; prix, 10 roubles. i33. — Calendar Mouze. — Calendrier des Muse.« ])our I'annee 1826; publie par A. Ismailof et P. Iarovlef. Saint- 4<>6 LivRES Strangers. Potcrsboiirg, i8a6. In-iG de 180 ct iGo pages; piix, 10 loti- b!cs. i34- — Onranin , harmanna'ia litiijlxa. — Uranie, almanach pour I'annoe 1826, a I'lisage des amateurs de la litterature russe, ]>ublie par M. Pocoin.\E. Moscouct Saint-Pctersbourg, 1825. In-iGde3o3 pages; prix, 10 roubles. On veil que les abiiaiiatlis, genre de publication qui se fiit en AUemagne avec tantdt; succes et dans iin noinbre toujours croissant, commencent aiissi a faire fortune en Russia. lis sont cependanl beaucoup ])lus utiles dans rimmensc monarchie russe, oil la lillorature e^t encore dans son enfance, qii'en Al- lemagne, oii ellc a 1 ecu de prodigieux developpemens et oil ces ])ub!ications annuclios n'offrent qu'nne occupation oisense et unc leclure souvent insipide. Dans ce dernier pays, les alina- naclis sont une affaire de luxe, uiie espece de jeu lilteraire; en Russie, au contrail e , ils peuvent servir a eveiller le goiit de la lecture, a occuper utilement des classes entieres quijusqu'a prciCKt out dedaigne la culture des lettres, a favoriser les pro- gres de la Utierature naiionale et a offiir aux jeur.es poetes et aux litterateurs un point de reunion el une occasion etti, conseiiler 4ia LivftES Strangers. aulique et lii:»toriogra})he dii duchd- de Saxe-Golha. Gotha, 1826. Hennings. In - 8° de 2G6 pages; prix, i rixd. ou ( 4 fr. ) II n'clait jias facile d'exiraire dcs anriales do la niaison Er- neslinc I'liUtoire spociale dime seiile de ses brandies, forinant clle-nieme plusieurs lignces, et d'en tracer une exposition claire et precise : l'a»itcur a rempli sa taclie avee habilete. II commence ]>ar la principaute d'Allenbourg , dont I'hisloiie parlagee en cinq divisions, nous la prescnte tour a tour sous la souverainete immediate dcs rois et des einpereurs alieraands, sous Ics margraves, Ics electeuis et les dues de Saxe, sons des dues particiiliers qui la gouvernerent conjoinlement avee la principaute de Gotha. II passe ensuite aux principaules de Saal- feld, de Cobourg, de Hildbourghausen et de flleiningen : dans les divisions suivantcs ii traite de la principaute de Gotha sous la domination des rois de Thuringe, des landgraves de Tliuringe, des landgraves de la branche de Meissen ; puis de Gotha , sous leselecteurs et les dues dc Saxe, forraantun etat particulierdont il enuiTiere les divers dues de Frederic I^' a Frederic IV. Mais M. Galletti ne s'cst ])oint occnpc seulemenl dcs souverains, il a trace le tableau de I'elat interieur et civil de ce pays, et ila recueilii des documens inieressans sur les institutions et surla statisliqne. Cet ouvragc offre , dans les circonstances actuelles , un nouvel interet, puisque le proces relalif a la succession d'Auguste, dernier due de Gotha-Altenbourg, n'est point en- core decide. Une table clironologique des princes de cette maison qui ont regne, et une liste « des livres qui out celle histoire pour objet » (c'est le titre que donne a cette liste I'auteur lui-mcme) term.inent le volume. J", de Lucenay. 142 — Demagoiiie der Jesidtcn — Demagogic des jesuites ; essai politique et historique, par Olto de Deppen. Allenbourg, 1826. In-8° de 202 pages. Le litre de ce livre n'est pas tout-a-fait exact. L'atiteur a voulu prouvcr que I'inslitution des jesuiles est iramorale et a une tendance revolulionnaire, dangereuse pour les etats et pour les princes. Selon M. de Deppen, les jesuites sont dema- gogues parce qu'ils tendent toujours a s'emparer du pouvoir, et a souinettre a leur volonte toutes les autoriles et toutes les nations. Cependant on enlend ordinaireraent par demagogic les efforts revolutionnaires quise font par le peuple, ou en sa faveur. L'auleur a divise son ouvrage en deux sections. Dans la premiere il veut prouver Vimmoralite de V institution jesui- tique ; dans la seeonde il expose sa tendance rdvolutionnaire etles dangers de cet ordre pour les souverains. Depuis la fon- dation de I'ordre, I'auteur voit et sigoale les efforts des jesuites ALLEMAGNE. /,i3 pour fonder leurraonarchleuniverselle, etpour etablirun dial dans Tetat. M. de Deppen ne s'occupe pas des congregations d'aujourd'hui; les fails qu'ilcitesont liistoriques, el concernent les ji'suiles d'autrefois; niais il a dedie son ouvrage a tons les princes et a tons les peuples, et parliculierement a la confe- di'ralion gernianicjue; il a vonhi faire sentir aux princes evan- geiif]iies( pioleslans ) ies intrigues dont ils sont menaces de la part des jcsuites , qui selon les expressions de I'aulenr, recora- mencent a appeler a grands oris les tenebres, a declarer les lumieres ennemies des princes, a decrier le lutheranisme conime la source des revolutions, et a provoquer tanlotahaute \'oix, tantot en secret, des persecutions a feu et a sang contra les heretiques. 143. — D'' Fessi.er's RiicliblicJie auf seine siehzi^jdhrige Pilgerschofi. — Coup d'oeil du D'' Fessler sur sa carriere sep- tuagenaire, legs pour ses amis et ses enneinis. Breslau, 1826. In-8°. M. Fessler est un historien distingue, et I'un des meilleurs ecrivains vivnns de son i)ays ; mais c'est en meme fems un de cescaracteres excenlriques dont I'Alleniagne et I'Anglelerre uous offrent beaucoup d'exemples; ct pour que personne n'i- gnore ses sfngularitt's, il a pris soin de les faire connaiire lui- meme dans I'esjjece de biographic on de confession qu'il -vient de faire paraiire. Quand Tauleur aurait ecrit un roman il n'au- rait peut-etre pas accumule plus d'aventures; et les siennes quoiqu'elles pussent ctre plus amusantes, ne sonl pas sans interet. Fessler est ne en 1755 dans un bourg liongrois appele Czu- rendorf oh son j)ere etait aubergisle: les jesuitcs s'emparerent de lui dans son enfanre, et le rendircnt un j)eu bigot scion la coulnme de I'ordre. Ilecrivit un panegyrique de Saint-Ignace, et redigea un livre de prieres en lalin. Cependant il aiina aussi les classiques, ce qui ne I'empecha point de se faire capucin. Une foisenferme dans sa cellule, et livre a I'elude de Fleury et de Muratori, il se dogouta de la vie nionacale, ct fit la cour a la feinnie d'un tailleur. Apres s'etre brouille avec les capucins ses confreres qui le condaninerent an ])ain et a I'eau , et lui enleverenl ses livres , il fit la connais- sance du secretaire d'etat Molinari , celui - ci lui facilita I'acces du grand monde : Fessler fut appele a expliquer les metamorplioses d'Ovide a une jeune comlesse, et il lut chez elle les livres jirohibes par les capucins. Dans la descriplion de ces t^te-a-tete du capucin Fessler avec une jeune conitesse il y a quelque chose qui rappclle les Confessions de Ronsseaii, it Ik LIVRES etrang£;rs. Sur ces entrefaites I'empereur d'Autriche Joseph avail com- mence ses grandes reformes. Fcssler denonca les abiis des cou- vens et fit paraiiie une brochure sous le litre : Qu'est-ce que I'empereur ? Sa hardiesse exusix'-ra les capucinsses confreres: jamais on n'avaif vn tant d'audace cliez un moine scraphique. On vouliit Tensevelir tout vivan* dans Icscachots, ou des in- fortunes gomiss.aent depuis cinrjuante ans et I'taient lombes dans la denience. Une connnission iniperiale vint mettre fin a cesabns; on forca les nioines a profiter un peu des lumieres du siccle, et Fessler a la lete de 70 capucins martba par les rues de Vienne pour se rendre aux cours jmblics de I'univer- site; tout le inonJe etait aux fenetres pour voir passer cet etrange cortege. Fessler se debarrassa de ses chaines en se faisatit nommer professeur des langues orientaies a Lemberg. Mais ecliappe aux capucins il fut en butte aux persecutions des jesuites : une tragcdie qu'il fit joucr dans cette -villc, fut dcnoncee par eux a la police; Fessler deja brouille avec bien des personncs, s'enfuit a Breslau, aiipres de son libraire Korn. Accueilli au chateau du conjte de Schonaicli-Carolath , il voyagea avec la faniille de ce seigneur et enibrassa le protes- tantisnie : puis ayant trouve dans une petite ville voisine une ferame qui iui plutil j'epousa, pour divorcer au bout de quatre ans. Ayant alors perdu son protecleur, il fut reduit a vivre du produit de sa jiliune; niais son esprit remnant ne put se con- tenter d'une occupation paisible : en Silesie, Fessler fonda la ligne des Evergetes; a Berlin il etablit Tine societe philantro- piqne,semita la tete d'une inslitulion potir les jeunes nobles iivoniens, entreprit de reformer les loges maconniques, s'attira des ennemis , et des persecutions de police; et cniin, jiour la seconde fois, le ci-devant capuein en Ira dans les liens du ma- riage. Une pension du gouvernement prussicn anicliora sa situation et Iui permit menie de faire I'acquisition d'une maison de campagne. Mais il n'etait point arrive au lerme des vicissi- tudes qui dcvaient agiiersa vie: I'armi'e de Napoleon envahit la Prusse, et la petite proprieSe de Fcssler fat devastee. Charge du soutien d'une fenime et de quatre enfans, il accepfa avec empressement, apres avoir erre ca et la, I'offre d'une cliaire de langues orientaies et de pliilosophie a Petersbourg, ou I'empe- reur le nomma aussi niembre d'une commission cliargee de la redaction des lois. Maiheureusement Fessler n'etait pas homme a rester long- terns en jdace : il s'etablit successivement dans plusieurs villes de Russie, et se Cxa enfin dans la colonic des (rcfcs nio:aves a Sarpeta , oil il tomba dans la misere. En i8ig ALLEMiiGNE. l^i^ la fortune parut lui souriie de nouveau : appel<5 a la t^te des affairi's ecclesiastiqiies proteslanles d'une panic de la Russie, ii recut la consecration commc eveque. Elevc ;i cette dip;nite apres avoir jierdu sa seconde femme il en opoiisa une troisienie, se fit de nouveaux cnnemis, et comraenca , selon son aveu , a considcrer le monde comme une ■vaste enceinte divisee en trois sections : dans la premiere il ne voit que des enfans, dans Ja seconde des malades, et desfous dans la Iroisieine. C'est ici que s'arretent les confessions de rccrivain septua- genaire. Ses aventures qu'il n'a pas pris toujours soin de pre- senter sons un jour bien favorable pour lui, ne lui auraient valu pent elre ni une grande reputation , ni beaucoup d'eslime de la part de ses conlemporains, si au milieu de taut de courses et de changemens il n'eut compose quelques beaux ouvrages qui feront toujours honneur a la litlerature allcmande. Tel est son Marc-Aarele , ouvragebistorique dans leqiiel I'auleur a I'exemple de Marniontcl dans son Belisaire, developpe une haute philosophie dansun style eleve et elegant. Sa plus grande entreprise liiteraire, YHistoire de In Hongrie, sa patrie, en dix volumes est aclievee depuis pen : cetle publication est encore trop recente pour pouvoir etre bien appreciee; toutefois on a pu juger par les premiers volumes le grand talent que Fessler a employe a ecrire I'liistoire d'un pays qui de bonne lieure s'est donne une constitution, et a su maintenir une sorfe d'inde- pendance tout en obeissant a des mailres soit indigenes , soit ctrangers. Fessler est encore cil6 parmi les bons ecrivains maconniques. 1 44- — Mein Antheil an der PoUtil-. — Ma Carriere poli- tique. Congres de Vienne. T. III. Stuttgart , 1 826 ; Cotta. In-8°. L'auteur qui nous revele sa carriere politique, est le baron de Gacern, ancien minislre ])l('nipotentiaire du roi des Pays- Bas et grand-duo de Luxembourg a la diete germanique. Dans les seances de cette diete, le baron osait s'affranchir du Ian- gage enigmatiqiie des autres diplomates rcsidant a Francfort; il s'exprimait aiissi francliement qu'un simple citoyen, et tpel- qucf'ois il disnil des cLoses que le public approuvait, parce qu'elles s'accordaient avec I'opinion dominanle et I'esprit du siecle. Un si mativais exemple ne pouvait elre tolere; on en- gagea le roi des Pays-Bas a remplacer son reprcsentant par un dipiomate ]di]s iniiie a la coutnme; et M. de Gagern fut mis a la retraite. Dans ce loisir force, I'ancien ministre a forme le projet de nous faire connaitre la part qu'il a prise aux affaires poliilques de son tems; cette part n'est pas bien importante; il n'a joue qu'un role tres-subordonne, et, comme son ouvrage 4i6 LIVRES ETRANGERS. parait dans I'enceinle de la confederation germanique, il ne faut pas s'altendre a de grandes r<5velatioiis : s'il en avail eu si faire, son livre n'aurait pas etc public a Stuttgart ni a Franc- fort, et encore moins a Berlin et a Vienne. Dans le premier volume, I'anteur a entrelenu le public de ses missions sous le rcgne de Napoleon ; son scjour a Paris occupe line place considerable ; M. de Gagern y esquisse les portraits des liommes marquans du jour : ces portraits sont interessans, mais ils offrent peu de trails nouveaux. II en est a peu pres de nicme du second volume. L'auteur nous parle un peu des intrigues mises en jeu au congres de Vienne, mais c'est uii point dont le public est depuis long-tcms instruit par les jour- naux et les ouvrages publics en France et en Angleterre. II avoue qu'en commandant a negocicr pour son maitre le roi des Pays-Bas, il eut soin de se pourvoir d'un excellent cui- sinier. Aussi le diplomate trouva le congres fort coulant en affaires. M. de Gagern ne fait pas precisement I'apologie du congres; seulement il le trouve excusable. II ne vent pas que le congres soit cause de lopposilion que Ton voit regner main- tenant en Allemagne , comme ailleurs, entre les interets anciens et nouveaux , entvc I'instruction et les freres ignorantins , entre la civilisation et les rnoines, entre la justice et la police. Je cite les expressions de l'auteur. II est encore d'avis de ne pas imputer au congres le luxe et la prodigalite de plusieurs cours d Allemagne , le traitement indigiie qu'on a fait suhir a des homines de tnerite remplaces par des hommes mediocres , ni V ascendant quont pris la bigotterie , I'hypocrisie et le mys- ticisme. D — c. 145. — Frederici Creutzeri oratio de civitate Athcnarutn omnis humanitalis parente. — • De la cite d'Athenes, mere de toute civilisation rdiscours de Fred. Credtzer. Francfort-sur- le-Mein, 1826. In-8°. Ce discours fut prononce par le savant autenr de la Symbo- lique, dans le terns ou il quilta I'Universite de Heidelberg pour celle de Lcyde. Aujourd'hui que tons les regards sont tournes vers Athenes, il le fait reimprimer. Heureux le docle pays oil un discours latin peul avoir deux editions, sans epuiser la bourse de l'auteur ou du libraire! Cetie edition est dediee a MM. Haseet Raoul- Rocliette. M. Creutzer remonte jiisqu'au tems d'Ogyges ; mais c'est uniquement pour y cliercher des Gomparaisons de la vie sauvage a I'clat jilus heureux que Ton dut a I'arrivee des colons d'Egypte dans I'Altique. II passe de Cecrops aux instructions que Musee recut en Thrace, a celles qu'Athenes dut a I'ile de Crete. Car Epimc-nide, s'il ALLEMAGNE. 4i7 en faut croire Plutarquc , \int de Crete a Athenes, oii il prcpara retablissement ties lois -" -^e Cimon est pour M. Creutzer I'objet d'un b'eau tableau des progres des arts. Les prfntres Polygnote, Micon , Pansenus orneni le portique de lenrs ou- vrages; lis y peignent la bataille de Maraihon. Phidias execute ses immortels travaux : Minerve prend posscs'^ion de la cifa- delle, et le Jupiter Olympicn, dans lequel Paul-Eniiie crut voir le dieului-meme , nait de son ciseau. Eschyle, Soi)liocle, Euripide, sont Atheniens ; Pindare est fait ciroyen d'Athenes, dans laquelle il aurait du naitre. Apres avoir cite Aristophane , l'auteur passe en revue les orateurs (lu'on ne pent tous nom- mer, les bistoriens qui n'ont pas nioins que les orateurs con- tribue a la gloire de Jeur patrie : a cote des noms d'Isocrate, de Deinosthene, d'Eschine, elle pent nietlre avccorgucil cenx de Thucydide, de Xenoiihon, de I'hilochore. Et , si la philoso- ])hie altire nos regards, la patrie de Socrate, de Plalon, ti'A- ristote aura-t-elle rien a envier aux au'res cites ? Sous les rois deMacedoine, remi)ire lilleraire d'Athenes s'elendii avecleurs conquctes. Sous les Roniains, elle fiK I'ccole oit veiiaient s'in- strnire les maitres du monde. Chrelienne, celte cite n'avait d'abord rien jiertlu de son eclat ; mais lii main flutrijsante des Barbares lui a enleve tout son lustre, cnnime elle va detruire ces derniers vestiges. Le discours de M. Creulzer n'est point une dcclaniaiion academique : moins moiieste, il aurnit pu lui donner le litre de Precis de Vhistoire Utteraire cV Athenes , car c'est ua cours d'enseignement complet sur ce beau sujet. 4x8 LIVRES P'TRANGERS. i^fi. — Veberden Chremonideischen Krieg. — M^moire sur la gTierre ChremonicUenne; par B. G, Niebuhr. Bonn, 1826. In-8°. II y avait dans Allienee un passage inexplicable, un passage dont, Casanbon desesperait, et I'ignorance ou nons elions de sa veritable significatioa nous cacliaif Texislence de toute une guerre cnire Atlienes et la Macedoine. M. Niebnlir, si cclebre j)ar son liistoirc roinainc, vient de trouver la solution de cette difficulte ; I'objct de I'ccrit qu'il publie est de faire con- nailre le resullat de ses recherclics a cct (^gard. Athenee riit (ju'en toute autre cliose les Grecs sont egaux; mais que dans la guerre Cliremonidienne , les Alheniens avaient bien fait voir qu'eux sculs savaient le chennin qui conduit les hommes nu ciel. II s'agissait d'abord de trouver un Chremon ou un Chremonide , qui eut donne son nom a cette guerre; ensuite il faliait exa- miner jusqu'a quel point on j)ouvait rattacher a son souvenir I'explication de ce passage. Stobee a donne ])lace dans son recr.eil , a quelques fragniens de Teles, auleur moraliste qui a prec(''dc Plularqiie : ce Teles avait ccrit un traile sur I'absence, ou plutot sur le mallieur de fuir sa patrie : son but clait de consoler de nouibienx exiles, et pour- se servir d'illustres exemples, il fait remarquer que beaucoTip d'liommes sont parvenus dans les pays etrangcrs a un liaut degre de ]>uissance ot de prospcrite, qui chez eux seraienl demeures sans impor- tance. II cite Lvciniis, qui commandait a Atlienes pour Anti- gone, Hipponiedon, le Lacedemonien , qui gouvernait pour Ptolemee la cote do Thrace; enfin Chremonide, qui, dit-il , n'aurait pas eu a sa disposition taut de richesseset une si grande flotle, s'il fut rcste dans Atlienes. Cette flotte ctait celie de Ptolemee Evergete, comme M. Niebuhr parvient a le prouver a force d'orudition. Cette dissertation contient d'ailleurs une foule de reraarques tres-judicieuses, propres a eclaircir plu- sieurs points d'liistoirc. 1/(7. — * Ferienschrifien. — Recreations des vacances; par Charles Zell , docleur en ]ihiloso])hie, et professcur de litle- rature ancienne a I'Univcrsite de Eribourg. Fribourg, 1826 ; In-8°. Si je traduis mal ce titre qui litteralement signifie Ecrits des vacances , j'en rends la pensee plus exactement. M. Zell , dont les lionorables travaux sur Aristote et sur beaucoup d'autres auteurs sont justement estimcs , a choisi pour sujet de ses oc- cupations pendant ses vacances plusieurs sujets d'archeologie et de philologie qui peuvent interesser tout le nionde : car au lieu des vers grecs et latins, il en donne de charinantes imita- ALLEMAGNE. 419 tlons allemaiides. L'lin des traites de M. Zell classe et coor- donne les chants eroliqties de Catulle, selon que les amours plus ou moins heureuses de ce poele lui paraissent assigner telle ou telle place a une clegie ; ce qui donne lieu a de courtes notices placees entre les traductions des diverses ])ieces. Un inorceau qui nous a paru tres-agrcable fif;ure a la tete du vo- Jume; il traite des anberges des Grecs et des Remains. IVI. Zell remonte jusqu'anx usages hospitaliers des terns heroiques : alors, selon lui. rien ne pouvait determiner retablissement des -auberges; car les voyages n'etaient point le resultat du com- merceou d'aulres affaires. Sparte, par la nature m^me de ses institutions , dut rester fort long-lems avant d'en connaitre I'u- sage, tandisqu'a Atheries tout , au coniraire, tendaita leren-. die necessaire : nous parlons ici des aubcrges destinees aux ctrangers ( ■^rav^oKua ) et non des o/vavsy ou boutiques de vin , non plus que des y.a,T!y,>.iitt. ou cabarets : un membre de I'areo- page qui aurait mis le pied dans un de ces derniers lieux, n'au- rait plus r te recu par ses collegues. TJn passage d'Aristote fe- rait penser a M. Zell que des la j)lus haute antiquity les au- bergcs avaient des enscigncs, si le silence d'Aristophane et d'autres aulcurs qui ont ecrit sur la vie commune des Athe- niens ne'jetait beaucoup de doute dans son esprit. A Rome, la clientele s'etendait a des cites enlieres; chacun avait son pa- tron : aussiest-il douteux que retablissement des aubergesyait eu lieu fort anciennement. Quant aux cabarets , il y avait une sorte d'infamie attachce a la personne de ceux qui les tenaient et qui cncouraient par cc fait une exclusion honteuse de cer- tains droits. Les lenones ou maitres de mauvais lieux n'etaient pas plus deconsideres. On suit avec interet M. Zell dans ce qu'il dit de la caupona , de la taberna, de la popina ; il donne une jolie imitation de la copa qu'on atlribue a Virgile , une anec- dote curieuse sur Adrien, et (juelques details comiques sur les decrels de Tibere relatlveraenl aux mets qu'il etait permis de servir dans les popince : la carte du restaurateur n'efait pas longue. — Une seconde dissertation est consacree aux chants popiilaires de la Grece ; Tauteur examine d'abord ce que c'etait que hi pcean ; il en cite des cxemples; puis il passe aux chants heroiques, sources de I'histoire et df I'epopee, aux chants d'a- raour, dont i! nous est reste si peu dechoses, a ceux de I'en- f ance et surtoui a ceux de I'hirondelle usiies a Rhodes, et qu'on retrouve dans Athenee. Que ne pouvons-nous analyser toutce niorceau ; mais ce serait une injustice envers les auf res. Les pro- vcrbes succedent aux chants populaires. Nousne pouvons en- trcrici dans le detail des origines piquantes que lenr Irouve 4:io LIVRES liTRANGERS. i parfois M. Zcll. Les doliccs ties bains de Baice , leurs vertus sanilaires, sont I'objet d'usic autre dissertation. Eufin, dans les deux dernlcres , iauteur considere Aiislotc comiiie niaiire d'Alexandre, el s'occupe dcs moeurs dans la relij,'ion popu- laiie des Grccs. Ce dernier inorceau est donne sous la forme d'un discours. En lisant les dillerenles pieces de ce recueil , on les prendraii pour des ouvra^res d'agremcnt ; luais ie savolr est reserve pour les notes qui cependant sont furt coui tes. P/l. de GOLBERY. SUISSE. 148. — Elemens de calcul a V usage des ecoles de la cain- pagne du canton de Fribonrg , ouvrage prescrit par le Conseil d'cducation. Fribourg, 1826; Filler. In-12 de 271 pages. CeTraite d'arllh met i que pratique a ete compose pour repandre I'instruciion dans les canipat;nes, d'apres I'invitation du Conseil d'cducalion de Fribourg : il nous parait tres-propre a remplir son objet : Ions les exemples sont tires de I'econoinie doines- tifjue. Ues cnfans cleves par celle inethode a la fois siniple et fecoude doivent en conserver I'habitude saiulaire de rainener tout a I'anaiyse du calcul dans les pelits budgets de f'aniille ; et I'csprit d'ordre, contracte dcs la jeunesse, est jdus important qu'on ne pcnse. Les personnes qui voudraient appliquer cette methode en France anraient a reinplacer les mesures suisses , variables d'un canton a un autre, par notre nouveau sysleme melrique uniforme pour lontes nos provinces. Ad. G. 1/19. — De rOrigine authentiqne el divine de V Ancien Tc^ia- «2f«;; discoiirs accompagne de devcloppenicns et denotes; par /. E. Cei.lerier fds, ancien pasleur, professeur d'hebreu, de critique et d'antiquites sacrees a I'academie de Geneve. Ge- neve, 1826; Clierbuliez; Paris , Scrvier. In-i2de v et 282pai^cs. Nous avons, sur le sujet important de ce nouveau livre, des ouvrages nombrcux et en bien dcs langues, ecrits par les catlioliques et par divers protestans. L'ouvrage de RI. Celierier, connu si avantagt'usenient par d'autres ecrits estiroablcs en faveur de la religion chietienne, mcrile d'etre d'autant plus recherche , qu'il est egalement propre a I'instruciion des catlio- liques et a celle des rifonncs, et qu'on y Irouve toule la pre- cision, la clarte, desirables, avec une foule d'observations par- ticulierement propres au teins oil nous vivons. II y a beancoup a profiter dans ses notes relatives aux ecrits plus ou moins hetcrodoscs deM. Eichhorn et de M. Benjamin Constant, et de fll. Salvador sur la legislation de Moise. L. i5o. — * Reglement pour les ecoles de farrondissement dv SUISSE. — ITALIE. 4»i Moral au canton de Fribourg. Fribourg, 1826 ; Filler. In - la de 3o pages. On peut j'lger de Tesprit pliilantropique qui animait les redaclt'urs de ce reglement par I'iirticie 3 , ainsi concii : « Tods les enfans demeiirant dans la circonscriptlon d'une ecolesoiii tonus d'y aller depuis i'age decinq ans au plus tot et de sept aiis au plus tard, a moins que leurs parens ne pour- voient autrement a leur education. « Nous \oyons plus bas que (les amendes sont infligees aux ]»arens qui negligent de remplir ce devoir. Plut a Dieu qa'il en fut ainsi en Fiance. On ne serait pas clioque, au centi-e du pays le plus eclaire du globe, de I'ignorance grossiere des liabitans des campagnes , et le mouvement qui enlraine les societes raodernes dans la voie des perfeclionnemens s'etendrait jusqu'aux derniers de- gres de I'echelle sociale. * Ad. G. ^ ITALIE. i5i. — * Dissertazioni ed altri scritti , etc. — Dissertations et autres ecrits de M. le D"" Jacques Tommasini,. profcsseur de clinique meilicale a I'Universite de Boiogne, relalifs a la nou- velle doctrine medicale ilalienne; recueillis dans plusieurs ou- vrages periodiques ou inedifs, avec des notes de I'editeur. Boiogne, iSa/J ; Nobili. 4 vol. in-8°. L'importance meme de cette collection nous force a I'annon- cer siinpleinent. Essayer de faire connaitre, sans pouvoir y consacrer assez d'espace, ces discours et ces memoircs ou sont examinees, au milieud'observations nombreuses, plusieurs ques- tions relatives a la medecine pratique, ce serait alterer les doctrines de I'auteur, en les presentant incompletes et separees des faits sur lesquels il les fonde. Voici du moins les titres de quelques-uns de ces morceaux : Sur la necessile, en medecine, de joindre la philosophic a I'observation ; sur les tievres contagieuses; sur Li dignile de la m«5decine en Italic ; sur les effets de la digitale pourpree ; sur Taction conlra-stimulantede queiques medicamens; prospectus des residtals obtenus dans la clinique medicale de Boiogne. Les raedecins qui voulaient connaitre les opinions de cet es- timable professeur auront maintenant I'avanlage de trouver reunis sous le meme format, ces ecrits qu'on ne pouvait con- suiter que dans des ouvrages periodiques devenus tres-rares. FossATi, D. M. iSa. — * Colleiione de classici metafisici, etc. — Recueil de* 4aa LIVRES STRANGERS. metaphysiciens ctassiques. T. LIII. Pavie , 1826 ; BizzonL In- 1 2. Ce vaste rccuell qui embrasse les outrages des metaphysi- ciens les plus distiiigues, el dont nous .ivons fait plusieurs f'ois meulion, est toujoias public avec le uicnie siicces par les soins de "^IM. fosei/h Gknnani, Louis Rolla et Drfcut/ente S\ccni. Parmi les deiniors ouvrages, on Irouve X Histoire dcs nioeurs ct de I'instirtct dcs aniinaux dc P. G. Joseph Virey , traduite pnr Fr. G. B.; les disrours du conitc L. Cicognaha sur le Beau , et quelques morceaux choisis sur V Ideologic ])ar M. le comle de Tracy, traduits par M. Joseph SACciri. L'oiivrage de Virey est precefle d'utie introduction qui contient I'lsisloire de quel- ques opinions ]ihilosophi(|ues sur I'aine des betes. L'auieur passe en revue les opinions les plus remarquables des anciens et des niodernes, qu'ilapprecie avec beaTicoupde franchise et sans prejuges. 11 laisse voir qu'il en sait plus qu'il n'en dit, tout en indiquant la route qu'on devrait suivre dans Texaaien de ces opinions sidifferentes. Cediscours a etc reimpriiue a part, sous le nom de M. Defeudente Sacchi, en j8'25 , a Pavie. Le tx-aite de M. le conUe Cicognara etait deja connu et a""i)precie depuis long-teras. J^'auteur a beauconp aineliore son travail d.ins cetle nouvellc edition. Probablenient les directeurs de cette collec- tion ne mauqueront pas de publier ausii le traite de M. Delfico sur le meme sujet ; cet aiitcur possede assez de litres pour figurer entre M. Cicognara , et I'inforlune Pagano , son ccncitoyen, dont on a egaleuient rcimprirac les essais sur \q Goiit , etc. Nous a»ons rencontre des phiases pen correctes " dans quehiucs uns des ouvrages traduits. On aurait du les evi- ter , a cause de Timporlance de I'enlreprise , et de I'effet qu'elle produil sur les Italiens. lis cullivent depuis quelque leinsavec ardeur I'ideologie , coinme le prouvcnt les divers ou- vrages qu'ils ont publics sur cetle science; et la collection des metaphysiciens classiques a contribue sans doute a cette nou- \elle fermentation d'idees qui se fait rcuiarquer dans I'lialie. i53. — Delia sintesi e dell' analisi , etc. — De la synlhese et de I'analyse. Discours de M. Paul Costa. Cologne, 1824; Marsigli. In-4". On a beaucoup parle dcsinethodesde lasyntheseet de I'ana- lyse, et beaucoup j>rotite de ia derniere : cependant M. Costa trouve encore des inexactitudes dans sa definition et dans quelques prelendus procedes de I'analyse. U s'efforce d'en de- terminer les vrais caracteres avec pr(5cision, et de rectifier quelques-unes des idees ile Coadillac. II dit qu'analyser un corps ou un objet materiel, n'est pas la menie chose rpi'ana- IT AUK. 4^3 lyscr une idee; que, si Ton decompose dans la premiere ope- ration, on lie fait que composer dans la seconde; et d'uneidee incomplete qu'on avail auparavant on taclie de s'en former une plus ou inoins coniplexe, ou ineiiie complete. On compose, ajoute-t-il, en jjortant successivement rattenlion ou sur les fails, ou sur les simples souvenirs et sur les ideos, ou menie en raisonnant. De ses jireiniores observailons , M. Costa passe a d'autres remarques d'une grande importance sur le langage ideologique; il les exjjose et en prouve I'exactitude dans une dissertation particuiiere. Son discours est adresse a M""^ Therese Malvezzi; ce qui prouve qu'en Italic les sciences les plusseveres ne sont pas aussi ctrangeres G LivREs Strangers. cueil des d^couvertes et des voyages ]>ar nier fails par les ts- pagnols, depuis la fin du xv« siecle , conlenant plusieurs docu- mens ineiHts pour servir a llilstoire de !a marine castillane et des etablisseniens espagnols dans les Indes occidenlales : mis en ordre par Don Martin- Fernandez Navarrete, ditecteur par inlciim du depot liydrograpliique , mcinlMe de TAcademie royaleespagnole, et de celle'dliibtoire, etc., etc. Madrid, iBaS; de riinprimerie royale. 2 volumes grand in - 8" de 606 et de 455 pages. M. Navarrete, I'uu des ecrivains espagnols les plus distin- gues de notre epoque, s'est dc^ja fait avantageusement con- nailre par deux editions. Time de I'iinmortel clief-d'ceuvre des Cervantes, I'autre des charmantes poesies de Melendez et par les notices qu'il a consacrees a ces deux grands gunies; il s'est acquis une reputation bien merilee par un travail plus impor- tant, insere dans le S*' volume des Memorios de la rent Acade- mia de la historia et qui a [icur objet la part que les Espagnols ont prise aux croisades et I'mfluence de ces c.\|)editions sur le commerce et I'art de la navigation ; mais I'ouvrage dont nous annoncons les deux premiers volumes est d'un interet plus grand encore pour les Espagnols et meine pour les etrangers. L'introduction, ecrite par M. Navarrete est un chef-d'oeuvre de precision ; outre les notes les plus instructives on y trouve les renseignemens les plus curieux et les plus positifs sur I'ori- gme, les progres ct le perfectionnemenl de la marine de la couronne de Castille, surtout depuis le regne dc Ferdinand, au xit™'^ siecle , jusqu'a I'epoque oil les propositions hardies de Colomb furent accueillies par la reine Isabelle : on y voit nai- tre la puissance maritime de I'Espagne dans les deux grands etats Chretiens, I'Aragon et la Castille, long-tems avant que leur reunion cut forme les premieres grandes n.asses de la mo- narchie de Charles V; on y voit les republiques d'llalie solli- citant I'appui des Barcelonnais et irafiquant avec eux; I'artil- lerie employee pour la premiere fois sur mer , au siV siecle par les Castilla^is pour battre les Anglais devant La Rochelle; le rol Pierre-le-Cruel s'embarquant pour commander sa flolte en personne, exemple que n'avait encore donne aucuu roi de I'Europe moderne; les Espagnols deployant jjartout une ener- gie etouffeeaujourd'liui sous la funeste influence du f.inalisme: on entrevoit enfin dans cetle preface instructive les premieres notions que Colomb pouvait avoir sur I'existence de I'hiJmi- sphere occidental et qu'il avait jmisees dans les renseignemens et les traditions de plusieurs navigateurs espagnols qui auraient derouvert les premieres traces du Nouveau-Monde et seraien* ESPAGNE. 4»7 to^rne parvenus a I'lie Saint-Doininguc avaut qutj Coloinb I'eut decouverte. On pent ajouter la plus grande confiance au jugement cri- tique que M. Navarreie porte sur les principaux historiens qui nous ont transmis les details de ccs premieres expeditions en Auierique; il en signale cinq dont les recils sont foiides sur les rapports de temoins oculaircs , ou sur des ronseigneniens fournis par Coloinb et ses compagnons : ce sont; Arulrti Ber- naldez , Pedro-Martin d' Aiiglesia , Ferdinand Colomh , fils de Christophe , Gonzalo Fernandez de Driedo , et Teveque Bar- thelenii Las Casas. C'est de ces ouvrages rares et inedits que M. Navarreie a soigneusement extrait tout ce que la droi— ture de son esprit et sa vaste erudition ont juge propre a ses desselns : il est a remarquer que des monuniens aussi precieux pour riiistoire de TAmerique , des Moluques et nieme des Phi- lippines sont resles ensevelis de])uis des siccies sous la pous- siere des archives dela Peninsule et n'cn soitent qu'a I'epoque la plus malheureuse de ses annales; il semblerait que la triste Espagne cherche par la un dcdomniagement a ses inalheurs presens : il est seulement a regretter que M. Navarrete qui se uionire partout au-dessus de la lache de simple coinpilateur, se soit un instant ecarte de la bonne route en accusant amere- ment la philosophie et les idees liberales de la revolution qui procure a I'Anierique son independanee, sans epargner meme ses^compatriotes qui ont succonibeen voulant rendre I'Espagne a ses liberies : nioins severes envers M. Navarrete, nous nous empressons de I'excuser de ces boutades en pensant qu'il ecrit sous I'influence du gouvernement acluel de sa patrie , car son ouvrage a ele iniprlme jiar ordre exi)res de S. M. catholique. Les deux premiers volumes de son recuei! contiennent une histoire aulhentique des quatre voyages de Christophe Colomb depuls 1492 jusqu'a i5o4:on y trouve non - seulement des rapports olGciels et deslettres ecritespar Colomb lui-nienie et par ses compagnons de voyage au roi Ferdinand et a la reine Isabelle, mais aussi des actes secrets , des instructions particu- lieres de la cour d'Fspagne sur Tadministration des pays de- couverts, des pieces diplomatiques et des ordonnancesreglant les foiictions du grand-amiral de Castille, enlin des renseigne- mens curieux sur quelques evenemens incertains ou controu- ves de la vie de Colomb. Toutesces pieces ont ete scrupuleu- sement copiees sur les orlginaux ctsur les manuscrits raemede Don Bartlielemy Las Casas qui sont resles deposes soit a I'ar- chive de Simanca , soit a la bibliotheque royale , soit enfin danscelles de quelques grands d'Espagne dont les ancetres ont /,28 LivRES Strangers. eu line part plus ou moins directe aux ev^nentens que Ton rnpporte. Les recherches auxquelles s'cst livre M. Navarrete lui ont revele I'existence fVun grand nonibre d'autres pieces qui seraient propres a jcter nn grand jour sur I'histoire de I'Europe depuis le regne de Ferdinand et d'Isabelle jusqu'i ravonement dcs Bourbons au trone d'Espagne , puissante mo- narchie qui par son agrandissement et sa decadence rattacha pendant plus de trois siecles a ses propres deslinecs celles de la plupart des etats de I'Europe. M. Navarrete pnnonce que des deux volumes suivans I'un sera consacre aux dccouvcrtcs et a la colonisation de la Cote- Ferme et de la Floride et I autre aux expedilions de Fernand Cortes et de ses conipagnonsd'arines. Les autres volumes dont on ne fixe pas le nombre, comprendront les expeditions a la riviere de la Plata, au detroit de Magellan, au Chili, au Pc- rou, a la Californie, et meme aux iles Moluques et aux Phi- lippines. P. Mendibil. PAYS-BAS. 1 G I . — * Siir les Meteores , par J. G. Garnier , jirofessear de maihcraaliques et d'astronomie a I'universite de Gand; Gand , 1826. Va'iikerkove fiis. In-8° de 72 pag. La meleorologie est une des pariies de la physique qui doit exciter d'aiiiant plus vivement notre attention , qu'elle a pour objet i'tUude de phenome-nes a I'influeuce desquels il est impossible de nous soustraire entierement. Cependant c'est aossi I'une des parties qui s'est le moins ressentie des progres nombreux qu'ont fails les sciences dans les derniers tems. II serait cependant injuste de dire qu'elle est demeu- ree entierement stationnaire ; les ingenieuses recherches du docteur Wels sur la rosee , I'explication de I'ascension et (le I'abaissemeiit des nuages par M. Fresnel, les recher- ches de MM. Arago, De Humboldt, Fourier, etc, sur les temperatures , celles de MM. de Laplace , Bouvard sur le baroraetre, les rapports entre les apparitions des aurores boreales et les oscillations de I'aiguille aimantee si bien cons- lalees ]iar M. Arago et une foule d'autres recherches non moins curieuses prouvent assez qu'on cherche a faire marcher de front toutes les sciences. M. Garnier a done rendu un ve- ritable service , en reunissant dans un ineine ouvrage tout ce que Ton a fait dans ces deiniers tenis poui' ajouter aux con- naissances meleorologiques. Son livre sera lu avcc interet par les gens du monde , et les savans raemc pourront le consulter avec fruit. Q. PAYS-BAS. /,-29 162. — Geniecnzarne Brieven over ?ict Scht^'eiiinger Zechail. • — Leltres fainilieres sur les baius de jner a Scheveningiie; par M. ^.MoEL. Amslerdam , 1824. In-8" de 2i5 pages. M. le docteur Moel, coiinu par plusieurs ocrils siir les scien- ces medicales et naturelles, cherche, dans cc petit ouvrage , a faire ressortir tous les avantages des bains de mer elablis a Scheveningue , pies de La Haye. Afin de concilier tons les in- terets, il previenl en tete de son ecrit qu'il le destine non- seulement aux raalades et aux derai-malades, inais meme a ceux qui, joulssanl dela meilleuie sante possible, ne cherchent aux bains fjue des delassemens et des plaisics. Les etablisse- uiens de Scheveningue commencent a clre tres frcquenles. On s'occupe a en construire de sembiables a Zandvooi-l , aulie vil- lage maritime pres de Harlem. X i63. — Armorial du royaume des Pays-Bas , contenant les armes des families nobles de la Belgiqtie et de la Hollande; j)u- blie par M. le chevalier de Neufforgi., el liiliograjiliiij parr M. JoBARit, lithographe du roi. Livraisons i-viii. Bruxelles , 1826. Get ouvrage aura \iiigt-cinq livraisons, contenant chacune six feuilles et cinquante-qiiatre armoiiies, et il sera termine ])ar une description indiquant I'oiigine, les litres, etc. des differentes families nobles, de manierea former le nobiliaire du royaume des Pays-Bas. Personne n'etait plus eu elat d'entreprendre ce Iravail (jue M. DE Neufforge, I'un des hommes les plus vejses dans la science heraldique , et qui joint a ses connaissances tout le zele necessaire pour faire les recherehes (ju'exige une telle en ire- prise. Pour trouver une armoirie , Ton etait oblige jnsqu'a i)re- sent d'avoir recours, et souvent infructueusemenl, aux nom- breux recueils genealogiques, tous faligans jjar leur longueur. Au moyen de I'ouvrage que nous annoncons, I'on ponrra se dispenser de I'actpiisilion d'une quanlite de livres heraldiques fort chers, et qui de jour en jour deviennent pins rares. Afin de recueillir les veritabies armoiries, M. de Neufforge n'e- pargne aucune recherche ni aucun soin ; il a conjpulse des litres originaux autiientiques et des manusrrlts dignes de foj qui se trouvent dans divers depots publics on dans des collec- tions particulieres (|ue les pro])rietaiies ou conservaieuis Ini ont permis de consulter. Les huit premiers cahiers de ee recueil que nous avons sous les yeux soul d'xine purete de dessin et d'execnlion qui ne laisse rien a desirer. Nous y avons remarque les arinoiries de plusieurs families dont les noms sont connus dans !c mondc 43o LITRES £TRANGERS. litteraire, et qui ont parii plus d'une fois danslaTJecMe encycto- pcdlque, tels sont ceux de MM. de Keverberg, de Stassart, d« Kirckhoff, de ReiJJenberg, dc Robiano, de Camberlyn, etc. XXX. iG4- ■ — ' Behnopte Geschiedenis , etc. — Histoire abr^gt'e des leltres et dcs sciences dans les Pays - Bas , depuis les tcms les plus recall's jusqu'aii commencement dn dix-neuvieme siecle , par N. G. V^an Kampen , m^ partie. Delft , 1 826 ; J. Ai.- LART. In-8° de 523 pages. Les Pays- Bas, terre de la liberie ct de I'induslrie, ont produit sur une surface pen I'lendue une multitude d'homnics Celebres , et meme un grand nombrc de genies puissans tpii ont commande a leiir siecle, et dont I'influence se fait encore scntir. Les sciences m.ill.ematiques s'enorgueillissent a juste litre de Gregoire de Saint-Vincent, de Stevin , de Ch. Huy- ghens. Quels crudits Teniportent sur les Hemsterbuis , les Ruhnkenius , les Wittenbacli , et avan-t eux sur Juste-Lipse et sur cet Erasme qui joignait a des connaissances prodigicuses , cet csi)rit fin qui les degage de ce qu'elles ont d'auslere , et cette gaiele pbilosopbique qui allaquait par le ridicule dcspre- jugesque la raison ne pouvait dcracinerPLa science de la nature a sesDodonce, sesLecluse, sesBoerhnave, ses Camper ; la juris- prudence se vanle desVinnius, des Binkersboeck , etc. ; la plii- losophie, de Spinosa. Et que de richesses litteraircs a cote do ces nonis celebres ! il nous suHIra de dire que la Hollande pos- sede encore aujourd'btii un dcs talens les plus veritabiemenl poellqties qu'il y ail en Europe , je venx parler de Biiderdyk, entraine malheureusement' dans des opinions indignes de sa superiorite, el qui seinblent porter avec elles lenr puniliou enegarantson iniaginalion riclie, inquiete et brulante, malgre les glaces de I'age. Nous voiulrions que , dans une liistoiro litteraire, on montrat quel est le type original du peuple dont on retrace les progres ou les defaites , qu'on en indiquat les diverses alleralions et que I'on donnat de rindivldualite aux cpoqucs comme aux personnel. M. Van Kampen s'est con- tenle de recueillir des fails. Dans ce dernier volume , il ne nous donne (|ue des supplemens et des corrections qui ren- voienl aux deux prccedens. II s'est surlout altacbe a faire reparation a ses conipatriolcs du midi qu'il se reprochait d'avoir trop dcdaignes , et il I'a fait avec tant de bienveillance, qu'iis auraient mauvaise gr^cc d'insister sur les inexactitudes Sissez nombreuses , niais legercs , qui lui sont echappees. Df, Reiffknbf.rg. PAYS -B AS. /,3i i65. — Karahterschets van Lord Byron als Mensch en als Dickter. — Essal sur Lord Byron , considered conime homme et. comme poete ; siiivi de details sur son dernier st'jour en Grcce. Delft, 1826. In-8°de 244 pages. Cel ouvrage est fait d'apres des niateriaux puises pour la pliipartdans des ouvrages anglais, allemandset francais. La pre- miere partie depeint le celebre Byron comme homme et ])oete. L'anteiir a fait usage dela notice du celebre Goethe : Eeytra^ zum Andenken Lord Byron's. La -vie de Byron et ses efforts pour le relablissement d'une sage liberie politique et religieuse sur le sol sacrc de la Grece, sont trop connus pour que nous nous y arretions. Quant a son genie poetique, nous avons suitout etc frappes dc I'opinion emise par son rival Walter Scott, et rap- portce dans I'ouvrage que nous annoncons ( p. xxxvii ) : « Son genie etait oussi fertile que varie : la plus riche produc- tion n'epuisait pas son esprit, mais au contraire semblait nugtnentcr ses forces. « Le jugeraent d'un autre critique, M. de Miiller dans ses Zeitgenossen , se trouve a la page cxxxiii. Les poesies de Byron ont ete fort appreciees des leur premiere apparition dans notre pays : aussi cette biograpliie a-t-elle ete accueillie avec beaucoup d'interet. 166. — Dichtbloemen , etc. — Fleurs de poesie; par M. L. RiETBF.RG. Rotterdam, iS^S. In-8° de viii et de 0.01 pages. M. Ptiefberg est un des plus grands admiraleurs et le dis- ciple de feu M. Feith qui , il y a environ une cin(]uante d'an- nees , etait un de ceux qui ont le plus contribuc a la regene- ration de la poesie nationale. La poesie de M. Piietberg nous rappelle, sous beaucoup de rapports, son illustre niaitre,quoi- que toutefois on ne puisse lui reprocher de I'avoir copie. Nous distinguons, dans son recueil, deux poemes : I'un sur la Con- science , Tautre sur X Atnourde notre prochain. 167. — Ilandleeding voor Venamelaars van Ncderlaiid- sche Historiepenninger. — Manuel pour les amateurs des nie- dailles bistotiques des Pays-Bas; par G. Van Orden. Leyde, 1825. InS^ de 398 pages. Get ouvrage , d'nne grande utilite pour la numismatique et I'histoire des Pays-Bas, contient la description d'une quanlite de medailies, qui nc se troavent pas raentionnees dans les ou- vrages de Bizot , de Van Loon , ou de Van Mieris. Comme la secondc classe de I'lnsiitut royal des Pays-Bas s'occupe aujour- d'hui specialement de la recherche des raedailles non mention- nees daus les ouvrages susdits, cet ouvragc-ci a sans doute le merite de I'a-propos. M. Van Orden est membre correspon- dant de cette classe. X. 43 a LIVRES STRANGERS. Outrages pcriodiqties. 1 68. — * Bfdragen tot de natuurhundigc t-Vetenschapptn. — Re- cueil consacreaux sciences naturclles; par MM. H. C. Van Hall, W. Vrolik et G. J. Mulder. Amsterdam, 1826; iniprimerie de Van der Hey et fils. ln-8°. II parail une livraison de 1 1 a 1 2 feuilles tons les trois mols. Ce rectieil se publle, depuis le raois de mars dernier; il est j)arvenu deja a sa troisieme livraison. Les r«5dacleurssonl tons les trois des medecins pleins de merile et de ztle, et tpjoiqjie jeunes encore, ils sesont deja fait connaitrc avanlageuscment, dans les sciences liaturelles, ])ar des ccrits Ires-recoriiman- dables. La physique, la cliimie, la geo!ogie,la mineralogie, la botanique, lazoologie et ranatomiecomparee sont les objets qu'ils se sont propose de trailer. Leur recueil est divise en deux sections; la pren-.iere se compose de memolres originaux, et la seconde, d'analyses d'ouvrages et de nouvelles scientifiques. Dans la premiere section des Irois caliiers qui ont paru, nous avons s])ecialement remarqus un memoire sur le genre des saules et la famiUe naturelle des araenlacees par M. Du- mortier; une notice snr les especes indigenes de Rizomorplic , par M. Van Hall; des observations de M. Vrolik. sur des vers trouves dans les veines et I'arlere pulmonaires , les branches dela trachce-artereet le jjarenchyme des poumotis du luarsouin (Delphinus phoccena) ; Vamdjse chimique des concretions ou calculs arthritiques , faile par M. Van der Boon Mesch; les essais sur la vitesse du son, par M. Moll, et la description systematique de quelques insectes des j)rovinces seplentrio- nales des Pays-Bas, par M. J. Van der Hoeven. Si ce recueil offre toujours une suite d"aussi bons articles, nul doute qu'il n'obtienne un grand nonibre de lectenrs et les elogcs de tous les amis des sciences. 160 — * De Nederlandsche Hermes. — \J Hermes des Pays- Bas. i<"' cahier. Amsterdam, oclobre 1826; iinprimerie de Weslerman. In-8" de 6 feuilles d'impression. II paraitra une livraison tous les mois. Volci un nouveaa journal dont on nous adresse le premier numero; il est consacre au commerce, a la navigation mari- time el a rindusUie. On pourrail s'otonner que, dans un pays commercant comme la HoUande, ou Ton compte [dusieurs rc- cueils pericdiques destines a faire connaitre I'clat et les pro- gres des sciences, des letfres, des arts et de J'pgricuUure, 011 LIVRKS ETRANGKKS.— LIVUES IR.VKrMS. A'Vi ne i)ossedat pas encore un parcil journal. M. Westerman merite des eloges pour en avoir entrepris la publication. Ce premier caLier feit bien auf-urcr tie ce recuell. Nous y avons suvtont distingue un Apercu sur Cetat acluel des Poys- Bas el un Memoire sur le commerce de I'indigo. Dk RlRCKHOFF. LIVRES FRANCA IS. Sciences physiques et naturelles. 170. — * OEuvres completes de Buffon : Supplement. — His- toire des progres des sciences naturelles , depuis ■i']Sg jusqu'a ce jour, par M. le baton Cuvier , couseiller d'etat , secretaire perpetuel de rAcademie des sciences , etc. Tome premier. Paris, 1826; Baudouin freres , rue de Vaugirard , n" 17. Delangle, rue du Battoir, n° 19 In-8" de 869 pages; prlx , 8 fr. Des que lo second \oiume de cet onvrage aura paru, nous nous empresserons d'en ofirir.\ nos lecieurs une analyse de- taillee. Heureusemenl, nous loutlions au moment impatiem- ment atiendu dans le monde savant, oil M. le baron Cuvier aura public tout ce beau travail. Dans le premier volume , I'auteur s'arrete a Tannee 180S; et de cclte epoque a 1789 et a 1826, rintervalle est le meme. Ce nouve! ecrit de M. Cuvier est bieii place a ia suite des oeuvrcs du plus eloquent des natu- ralistes; il presente a Tespril humain I'un des spectacles les plus interessans (ju'll puisse coiilcmj)lei', celui de Tespace cju'i! a parcouru dans la carriere des decouvcrtes , I'eiihemble des \eriles qui sont le prix tie scs nobles efforts. Quoique nous ayons a revenir sur ce jtrtmier volume, nous ne pouvons nous abstenir de citer des a present quelques extrails dn resume qui le termine. Le iecteur se souviendra qu'il fut ecrit en 1808. « Tel qu'il est, ce tableau suffira suns doute ])onr donner une idee de ce qne les sciences ont fait, etde ce qu'elles peu- vent fairc encore pour I'ulilite immediate de la socieic. « Conduire I'esprit liuinain a sa noble destination, la con- naissauce de la verile; repandre des idees saiiies jusque dans les Classes les moinselcvees du peiqde; soustraire les liomrties a Tempire desprcjuges el des passions; faire de la raison I'ar- bilre el le juge supreme de I'opinion publique , voil.i I'objel essentiel des sciences; voila comment elles cojicourent a avancer la civilisati'ni , et ce qui doit leur meri'er la p.roiection des A34 LIVRES FRANCAIS. gouvcrneiiiens qui veiilent reiidre leur puissance inebranlabic, en la fondant sur le bien-ctre commiin. " Si I'oti vcut done reporter les yeux sur ce qui precede, et considenr sous raspocf, que nous vcnons d'indiquer , les efforts des lioiiinies dont nous avons i>arle, nous esperons que Ton y trouvcra la prcuve de ce que nons avons annoncj des I'abord, qu'il n'cst aucune des brandies des sciences naturelles qui ne doive les atigmcnlnlions les j)liis sciisiblcs a ceux qui les ont culliveesde notre loins; qii'il n'en est aucnne qui n'ait actpiis une multitude de faits ])recleux , de vues nouvelles, et que la ])lupart ont eprouve dans Irurs theories des revolutions impor- tantcs qui les out simplifiees , eclaiicies, et leur ont fait faire des pasovidens vers la verite Telles sontles princi])ales de- couvertcs physiques qui ont iilustre cetle epotpie. Quellesespd- rances ne donnent-elies pas elles-nicmes! combienn'en donnc par surtout I'esprit general qtii les a oecasionnees, et qui en promct tant d'autres jjotir I'aven-ir! toutcs ces hypotheses, tou- tes ces supj)osilions plus on moins ingenieuses qui avaient encore tant de vogue dans la premiere moilie du dernier siccle, sont aujourd'hiii repoussees par les vrais savans ; elles ne procii- renl ])as memea leurs auteurs unegioire jiassagcre.L'experience seule, I'expcrience juecise, faite avec poids, niesure, calcul et comparaison dc toules les substances employees et de loules les substances oblenues, voila aujourd'hui la seule voie legitime de raisonneiiiensel dc deiuonsi rat ions. Ainsi, quoique les scien- ces naturelles echap]>ent anx apjilications du calcul, elies se font gloire d'etre soumises a I'esprit malliematique; et par la niarclie sage qii'elles ont invariablement adoptee, elles ne s'es- posentplus a faire de pas en arriere : toutes leurs propositions sont etablies avec certitude, et deviennent autant dc fouderaens solides pour ce qui reste a construire. n IVous demandons avec confiance a tout lecleur impartial si cette direction de I'espiit humain n'est jias celle que la Revue Encyelopediqitc a suivie avec perseverance, et dont eile ne s'est jamais ccaitee. F. 171. — * Encyr.lopedle portative. Botanique. Second volume, conlenant la phsjiologie vcqetole, la pathologiecl la geographie botanique , la biographie i\u ho\ams\e , une bibliogra/)hie ,un vocabuliiire ; et orne de planches; par /.-P. Lamouroux,D. M. , ctCBAii.LY DE Mf.rlif.ux. Paris, 1826; au bureau dc I'En- cyclopcdie portative, rue dn .Tardinet Saint-Andre, n° 8. In-i8 ; prix , 3 fr. 5o c, et 3 fr. pour ceux qui prennent la collection. Nous avons annonce, il y a peu de tems , le ])remier volume de cct ouvrage dans lequel M. le docteur Lnmouroux a mis a SCIENCES PHYSIQUES. 435 toutes les porti'-es les clemcns de la plus aimable des sciences. Le deuxieme volume vient dc jiarailre : debarras'e de I'cxpli- callon loijjours un peu faligante dune infinite de tcrmes or- garographiques, il offre une icclure jjIds attrayante que celle du premier, sans etrc pour cela moins insfrJiclive. M. Bailly de Merlikux, cliargo de trailer de )a physiologic et de In pathologic vcgeUiles, a mis a profit les dccouverlcs les plus rccenles en physique et en cliiinie. 11 s'en est liabilement servi ])our expliquer, en grande partie, les fonciions vitales des plantes. II i)asse tour a four en revue la germination, I'ab- sorption des gaz et des liquides, la circulation on la marche de la scve, I'elaboration et Tassiniilation de ce fluiile. M. Bailly donne jjour cause a I'ascension des liquides, non-seulemenl la capillarite des vaisseaux seveiix , inais encore la force dilalante du calorlque. Cettc force augmeniant I'epaisseur des parois des vaisseaux cnpillaires , resserres d'aillcurs de tons coles par Tenveloppe exlcrne du vegetal, n il en resuile, dit M. Bailly, page 5o , un ret recissement de ces tubes qui doit accroitre leur action : des lois on ne sera plus surpris de voir les vegelaux prendre plus d'accrolssemenl dans les parties qui soni plus frappees des rayons solaires, comme Duhamel \'a constate. » II doit c'galementresulter de cette action une augmentation en longueur, et le devcloiijjeniont de ])artics nouvclles a Textre- niite de!) deux systemes acrien et ferrestre de cliaque vegetal. Quant a I'accroissement en diamelre, M. Bailly semble pariager I'opinion de RI. Dupelit-Tliouars, si bien developjiee par ce naturaliste dans scs essais sur la vegetation; opinion qui de- vient sensible a tous les yeux par la jolie experience represen- tee, figure 9. L'auteur passe cnsuite aux fonctions de dcperdition telles <|ue les secretions, la transpiration et cnfin les odeiirs relative- ment auxquellcs M. Bailly av.mce one opinion qui nous parait avoir besoin de preuve!< experimentalcs. Tout£n reconnaissant que les odeurs sont pres(|uc toujours accompngnees d'huiles essenliclles el volatiles dans les organcs odorans des jilanles , il n'en attribuc pas moins leur existence « a des conditions mo- menlanees d'irritabilite capable dc donner lien a divers mou- vemens fnii nous transmetient cerlaines sensations. ■» Les fonctions reproductives sont, sans contredit, la partie la plus intcressanle Ae]a physiologie vegetale ; et raalgre toutes les assertions eniises depuis quelque tcnis pour en ratlacher les curicux phenomcnes au simple dcveloppeu'icnt des parties, la sexualitii des planles n'en est pas moins consideree comme une yefitc constanle, et reconnue jiar les jdus jtidicieux observa- 435 LIVRES FRANCAIS. teurs. On airae a suivre M. Bailly dans les preuves qu'il donne de cetle verite. Nepouvant sans doule laitacher a aucune fonttion de rela- tion analogue a la sensibilile, ou a la contractilite animale, les plienomenes, que presentetU la sensitive et une infinite d'autres plantes, M. Bailly a expose dans un chapitre a part des considerations fort interessanles sur la vitalise et I'irritabilite des vegelaux. Nous devons ])ayer un jusle tribut d'eloges a 1 esprit d'observatior. et de doute philosophique qui regnent dans ce cliaj)itre de vingt pages. La patholo^ie vcgctale est encore i creer. Aussi M. Bailly ne nous oKre-t-il qu'une lisle d'affections sans description et sans tralteinent, divisee en : i" lesions exlernes et 2" lesions internes par exces de force ou pardebilite. On doit neanmoins liii savoir gre de la maniere dont il appelle I'attention des ob- servateurs sur cette parlie de la science. Appel^ a rediger la portion de I'ouvrage relative a la geo- graphic botanique , M. le docteur Lamouroux , tout en len- dant justice aux travaux iniportans des naturalistes voyageurs qui s'en occupenl, semble regarder cette partie de la science comnie a peine ebauchee. Le pen qu'il nous dil sur I'origine et la propagation des vegetaux a la surface du globe, nous fait regret ter que son travail ait ete renfernie dans des borncs si etroites. « D'iin- nienses nappes d'eau, des deserts de sablesmouvans, des rochers nuds et arides, tels ont ete sans doute, » dit M. Lamouroux, page 171, a I'-'S^ *^^ 7^ ^"^' Nous terraineruns en reniarquant, puisque I'occasion s'en presente, que nous avons vu avec plaisir citer au nombre des auteurs \ivans le docteur Rasori, fondateurdela doctrine italienne du contre-stimulisme, quoique la biographie universclle des freres Michaud lui eut deiivre un acle de deces en lui consacraut un article dans son trente-septienie volume. Rigoli.ot,, fi's. /r- 1 76.- — *Cliniqiie de la maladie syphllitique, par M. N. Deve r- GiE, docteur en medecine et en clururgie des facultes de Paris et de Goettiiigue, chirurgien-raajor demonstrateur a I'hopital du Val-de-Grace ; avec atlas colorie, representant tous les symptomes dessiiies el graves d'apres nature et la belie collec- tion de pieces modelees en cire de M. Ditpont aine, naturaliste; 3^ et 4^ livraisoiis. Paris, i8'26; F. M. Maurice, libraire; 2 cahiers in- 4° avec planches. Cliaque livraison, composee de 3 feuilles de texte et de cinq gravures, coute 8 fr, (Voy. Rev. Erie. , t. xxxi, png. 439. ) Apres avoir prouve dansles deux premieres livraisons, qne la maladie venerienne etait connue des la plus haute anti(juite, I'auteuraborde ime question iinportante et encore indeciseparmi les medecins, et cheiche a reconnaitre si la maladie provient d'un virus particulier intruduit dans I'economie animale par absorption. II est facile de voir que deja il partage sur ce point I'opinion de plusieurs medecins erudits qui rejettent !a croyance a ce mode de contagion. M. Devergie montre d'abord rincohcrence qui existe entre les diverses definitions du mot T. XXXII. — Novembre 1826. 19 Ua LIVRES FRANCAIS. v/ru.f adoptees par les historiens, suit rapidement Ics progres de9 sciences, qui, faisant justice des; fausses hypotheses creees par I'iguorance des lois (jui rcgissent ('organisation humaine, ont iait disparaitre un grand norabre de ces virus presidant au developpeinent des maladies contagieuscs. 11 remarque que sur les quatre qui subsistent encore, les virus vac.cin , vario- lique , syphilitique el rahieique , deux sont vigoureusement attaques et succoraberont probablement quand les nouvelles experiences el les falls rccens recJieillis avcc soin depuis plu- sieurs annees seront en assez grand norabre pour delruire les prejuges anciens et enracines qui existent sur la nature de ces deux maladies. Nous ne pouvons suivre I'auteur dans le developpement des questions qu'il cherche a resoudre ; mais nous pouvons assurer f[ue les fails qu'il invoque contre Texistence du virus sont pro- pres a faire pencher la balance en faveur de son opinion. Les aulorites qu'il cite luipretent encore unferme a ppul. En general, les quatre livraisons rrndues publiques assurent le succes de I'entreprise; elles suffiscnt deja pour faire juger le talent de I'au- teur, qui parailun praticien distingue. Les gravures augmentent le merite de eel ouvrage , qui, comme I'a annonce le docteur Broussais, prendra rang panni les ecrils les plus distingucs sur ce genre de rnaladie. Z. 1 ']']. — Nouveau Fonnulaire de /?or^e coiitenant la prepa- rati{^ et I'emploi de tous les nouveaux medicamens , m« Ta- bleau sjnoptique des substances incompatihles ; I'extrait des programmes des operations chitniques et pharmaceutiques , executeesaux jurys niedicaux, sous la presidence de M. lepro- fesseur Chaussier; par E. de Montmahon, D. M. , etc. Paris , 1826; Compere jcune. In-32; prix ,2 fr. Le petit Formulaire que M. de Montmahon vient d'ajouter iitoutes les compilations de ce genre qui se succedent si rapi- dement depuis quelques annees , est caique sur oelui deM. Ri- chard dont il n'est reellement qu'une edition modifiee ', cette conforniite est une recoinmandation aupres des personnes qui connaissent le travail de ce dernier auteur. H. 178. — * Observations astronomiques faites a t Observaloire royal de Paris , publiees par le Bureau des longitudes. Tome 1. Paris, 1825; Bachelier. In-folio de plus de Aoo p.; prix, .^o fr. Le volume (jue nous annoncons est le resultat de dix annees d'observations faites a I'Observatoire de Paris par MM. Boii- vard, Jrago , Mathisu et Nicollet. M. Gumbart , qui s'est fail un nom par ses recherches sur les cometes a I'Observatoire de Marseille, a cgalement })ris part a cet iinmeuse travail, qui est SCIENCES PHYSIQUES. 443 iiri veritable monument eleve aux sciences astronomiques. II sei-alt superflu d'insister ici sur les garanties que presente une pareille serie d'observations faites avec des instruniens d'une grande dimension et d'une execution parfaite, el par une reunion d'hommes aux talens desquels le monde savant se plait depiiis long-tems a rendre un juste Inommage. IVcus nous bornerons done a donner une simple exposition deschoses que contient le volume qui vient de paraitre. Par une decision du Bureau des longitudes , toutes les obser- vations faites a I'Observatoire de Paris, depuis le commence- ment de ce siecle jnsqu'au i*'' Janvier 1810, avaient ete inse- rees dans differens volumes de la Connaissance des terns. Par une nouvelle decision, il fut resolu d'imprimer desorroais les observations astronomiques a part dans le format in-folio. Le volume public aujourd'hui sera done le premier de la collec- tion; il nc renferme que des resultals purement numeriques; ce sont des observations faites a la lunette meridienne, au quart de cercle mural, a la machine parallactique, etc. , depuis le i*"" Janvier 1810 jusqu'au 3i decembre 1819. Le Bureau des longitudes se reserve de faire paraitre plus tard les observa- tions au cercle r^petiteur. Dans une introduction courte et lumineuse, placee en tete du volume, se trouvent differens rcnseignemens qui tendent particulierement a faire connaitre les instrumens qui ont servi aux observations. Nous n'avons pu mieux faire que d'en ex- traire plusieurs details pour composer cet article. La premiere partie du recueil qui ne renferme pas moins de 220 pages, presente les observations faites a la lunette meridienne. On y trouve consignees jour par jour et dans cinq colonnes, les cinq observations successives d'un ra^me astre, faites aux differens fils de la lunette meridienne; et une sixieme colonne contient de plus les passages conclus. On a eu soin d'indiquer aussi le mouvement diurne de la pendule qui est reglee sur le terns sideral. L'instrument qui a servi a faire ces observations, est une lunette achromatique de deux metres et demi de longueur et de onze centimetres d'ouverture , qui fut commandee a Ramsden et achevee par Berge, son suc- cesseur. Le reticule est compose d'un fil horizontal et de cinq fils verticaux egalement espaces. La porte oculaire est mobile , et les fils sont eclaires au moyen d'une lampe dont la lumiere penetre par I'axe. Le grossissement de la lunette n'atteint pas tout-a-fait cent. On verifie la direction meridienne au moyen de deux mires dont I'une est placee au nord sur la facade meri- dionale du palais du Luxembourg, et dont Tautre, au midi de Uh LIVRES FRArs'CAIS. robservafoire, est placee sur une pyramide ele\ee en 1806 dans la plaine de Mont-Rouge. On Irouve encore dans celte premiere parlie du recueil , les observations des (Eclipses et des occullaiions dcs etoiles. Ces observations ont cte faites avec dcs lunettes de ililfc-rentes grandeurs, construiles par les meillenrs artistes. Quant a la pendule, ellc est de MM. Lei)aule jxjre ct fiis, elle a reniplace avec avantage, en 1812, d'autres pendules de Ferdinand et de Louis Berllioud, dont on se servait depuis phisieurs annces. Pour prendre les diilances meridieniies au zenith , I'Obscrva- toirc posscdait deux quarts de cercle niuraux , auxquels on a supplee, depiiis 1823 , par un excellent cercle construit par le cclebrc artiste Foriin. Le premier quart de ceicle qui sort a faire les observations du cote du midi, est de I'arliste Bird; il a deux metres cl domi de rayon ; la lunette , qui est de meme longueur, a 60 iniliimelres d'ouverlure, et son grossisscraent est de 70 a 80 fois. Lc limbe, couiine la plupart dcs instru- mens du meme artiste, j)orte deux divisions : I'une en go degrcs qu'on nppelle i/iier/cu/e , parce qu'elle est la plus rap- procliee du cenlie; I'autre en 96 parties, qu'on nomine ej:te~ rieure. Ciia(iuc degre de la premiere est divise de cin(i en cinq minutes; et cliaqne partie de la sccoiide est subdivisee en 16. Le second quart de cercle, construit par Sisson , est jjlace sur la face occident.-de du massif (|ui porte le premier. II est des- tine aux observations du cotii du nord. II a un metre 62 cen- timetres de rayon , et la lunette grossit environ 60 fois. Le systeme des divisions interieure et e.\tcrieure du limbe est le incme que cclui du quart de ceicle de Bird; c'est le meme instrument que Leinonnier pieta a Lalande, en i-Si, pour faire a Berlin les observations corresj)ondan;es a celies de Lacaille au cap de Bonne-Esjieranco , et qui ont scrvi a de- terminer la parallaxe de la lune. Les distances au zenith sont ciassces selon les dates des observations, et imprimees dans trois colonnrs. La premiere renferme Ics dcgros, iiiimites et sccondes donnes j)ar la division interieure reduiie; Jaseconde conlient le rcsultat des observations en grandes divisions du limbe, en pa 1 ties de ces divisions, en revolutions du micro- metre dont rinstrument est niiini, et en parties de revolutions; enfin, la troisicme colonne piesente la division exteiieure rt'duiie en degrcs scxagcsimaux. On a donne encore, a cote de chacune dc ces observations, les hauteurs du barometre exprimces en millimetres et cenliemes de millimetres, ainsi SCIENCES PHYSIQUES. 4 45 que les temperatures en degres de la nouvelle division cente- fiimale, donnees par les thermomelres exterieur et interieur. La troisieme et derniere ])ai'lie du recueil est destinee aux observations de la inacliiiie parallactiqne, construite par Bellet, et placee sur la plate-foune sn])(rieiire de I'Observa- toire. Les dianietres des cercles (jui composent cet initruraent lie depassent pas 35 cenlimetres. La lunette a un ineire de long et 65 inillimelres d'ouverture avec un grossissement de 4o a 5o fois. Cette macliine paraliaclique sera remplacee desorinais par un equatorial de grandes dimensions (jue M. Gambey a construit. C'est avec le premier de ces deux instrumens que I'on a fait les observations des cometes, celles de la libralion de la lune, etc. Les dernicres observations sont partagces en trois series, et se rapporlent toulcs a la taclie conniie sous le nom de Manilius. La premiere seiie a e!e faite conjoinlement par MM. Bouvard et Arago; eile s'eterul du i*'' mars i8o6 au 24 juin <^G la mciiie anni-e ; la seconde a etc faite par M. Bou- vard ; et la troisieme par M. Nicollel qui mit en ceuvre tous ces precieux materinux dans son mtmoire sur la Vibration de la lune, lu a I'Academie des sciences le 7 decembre 1818, et inscre dans la Connaissance des terns. On pourra y voir de quelle importance sont ces observations pour la tlieorie astro- nomique, d'apres ce que Ton avait jusqne lii. Conime I'observe M. Nicollet , « un travail nouveau etait necessaire, il ne s'agis- sait plus que d'avoir de bonnes observations nouvelles pour I'entreprendre. A la priere de M. de Laplace, ajoute ce savant , M. Bouvard, en 1806, commenca, avec M. Arago, une nou- velle suite d'observations de la libration , qui fut interrompue par la ])rolongation de la meridicnne en Espagne. M. Bouvard ayant rcpris !e travail seul, le continua jusqu'a la fin de 1810, et com])osa nn reciieii precieux d'observations uniques dans son genre, rclativement a rastronomie observatrice de Tojio- que actuelle, et qui sera pour son auteiir un nonvcau titre a la reconnaissance des savans. » Les observations de M. Nicollet seront egalement apprc'-cices, et acquierenl un nouveau prix par I'usage qu'il en a fait dans son memoire. L'analyse rapide que nons venous de donner du recueil public par le Bureau des longitudes, suffira sans doute jiour faire concevoir son imj)ortance et ])our faire dcsirer la suite d'une collection aussi utile pour le progies des sciences. 179. — * Ml' moire sur la mesure cl'un arc tie parallele moyen entre le pole et I'equateur, par MM. Brousseaup et Nicollet. Paris, 1826; Huzard-Courcier. In-8" avec une carte. Extrait de la Connaissance des teins. ^46 LIVRES FRANCAIS. On connait les travaux immenses et les nombreux voyages eutrepris par les astronomes dans la vue de determiiier la figure et la grandeur de noire globe : on sait que le resultat de toutes ces recherches est que la lerre, c|u'on regardait d'a- bord corame un ellipsoide de revolution aplali vers les poles, s'eloigne asse^ sensiblementde cette forme. Les mathematicicns ont alors imagine d'estimer sa courbure sur differens points, au inoyen d'ellipsoides osculateurs qui se conlondenl sensible- iuent avec elle dans une petite etendue autour du point d'oscu- lation; mais ces ellipsoides ne peuvent etre determines qne quand , pour le lieu dont il s'agit , on connait les courbures de la terre dans le sens du meridien et du |>arallele : or, ou avail deja plusieurs mosures d'arcs de meridiens j)rises avec autant de perseverance que de talent; rnais on avail encore a desirer desmesures precises d'arcs de paralleles. Une grande triangn- lation entreprise dans le midi de la France par les ordres tlu minisue de la guerre, donna a M. de Laplace I'idee de ralta- eher a cette operation militaire la mesure d'lm arc du 45'= pa- rallele ayant son origine occidentale sur les bords de I'Ocean ])res de Bordeaux et son exti einlte orientale a Fiume , en Istrie. Les travaux furent commences en 1811, d'apres la proposition de ce savant illusire, et confies aux soins du corps des inge- nieurs geographes. «M. le colonel Brossier, qui dirigeait les operations geodcsiques au-dela des Alpes, eut ordre, d'une part, de s'entendre avec M. le colonel Brousseaud, charge des mesures qui devaient traverser la France et la Savoie pour se Her a celles de I'ltalie; de I'autre, M. le colonel Henry, qui executait la triangulation de la Suisse, recut celui de la ralla- cher au travail de M. Brousseaud, par Geneve et le somniet des Alpes. Ces differenles entreprises furent d'abord poussees avec aclivite. En Italic, on avail obtenu une serie de triangles qui , a])puyee sur la base mesuree pres de Turin , par les astro- nomes de Milan, s'etendait de Fiume jusqu'a Rivoli. En France, le colonel Brousseaud, parti de la meridienne de Dunkerque, avail conduit ses travaux jusfju'aux froniieres de la France et de la Savoie, et eleve tons les sigiiaux necessaires a la triangu- lation des Alpes. Enfin le colonel Henry avail mesure une base en Alsace , observe ses triangles jusqu'a Geneve, et se disposait a operer sa jonctiou avec M. Brousseaud, lorsque tous les tra- vaux furent suspendus par suite des evenemens politiques de i8i3 et 1814. Pour completer I'ensemble de ces operations, il restait done a remplir deux lacunes; I'une entre la meri- dienne de Dunkerque el I'Ocean , I'autre entre les Alpes et Turin. " La premiere ful remplie par M. Brousseaud, pendant SCIENCES PHYSIQUES. 447 l«s annees 1818, 1819 et 1820; et la seconde par une commis- sion austro-sarde quiaclieva les operations goodesicjues en i8v,3. On avail ainsi forme un reseaii de 106 triangles du premier ordre, compris enire la tour de Cordouan el Flume. 90 de ces triangles avaient ete releves paries ingenicurs francais, et le surplus par les rnembres de la commission austro-sarde. Ce reseau couvrait un arc de ])arallele de ramplitudc de iS** Sy'. De nouvelles operations geodesiques, ordonnees par le gou- vernement autrichien , font esperer qu'on I'etendra jusqu'a Orsowa et elles ajouteront ainsi 8" de longitude aux iS^^que Ton a dcja. Pour appliquer ces mesures geodesiques aux recherclies qui concernent la figure de la terre, il fallail comparer Tare ter- reslre mesure avec Tare celeste qui lui correspond; I'opera- tion devenait alors purement astronomique, MM. Plana et Carlini, membres de la commission austro-sarde, s'occuperent en 182 1 de la determination astronomique de la partie de Tare qui traverse le Piemoni et la Savoie; et sur leur invita- tion, le Bureau des longitudes de France et le ministre de la guerre nommerent deux savans, MM. BrouSseaud et Nicollet, pour concourir a la determination astronomique des longitudes dans la partie de Tare du parallele, commun a la F'rance et a la Savoie. On se reunlt done a Chambery, le lo du mois d'aout 1822, et I'on convint d'employer la melhode des/ewx instantanes qui repose sur la connalssance exacte du terns absolu a chaque station d'ou Ton observe ces feux. Vingt-six jours de courses penibles a travers des chaines de montagnes et sur une etendue d'environ cent lieues furent employes pour le choix des stations et des empbcemens des signaux. MM. Gaiitier et Piclet de Geneve, prirenl atissi part aux ob- servations, pour suivre les signaux qui devaient leur efre donnes du sommet du Colombier. II resulte de tons ces travaux et de la discussion approfondie des erreurs dont peuvent ctre affectees les sommes des angles des triangles de la cliaine qui couvre Tare de parallele compris entre Marennes el Padoue, que I'amplitude astronomique de cet arc a ete trouvee de o** 5i' 56". 248. On avalt trouve pour la valeur geodesique du nieme arc o'' 5i' 57".34. La difference etait done o** o'. I'.oga. En determinant le spheroide qui satis- fait le mieux a I'ensemble des observations de longitudes, il en resulte une correction de — o".i275 sur I'amplitude astro- nomique; ce qui reduit sa valeur corrig^e a o'' 5i'56".i2i. D'ou Ton tiie 77866™. 75 pour la valeur la plus probable du degre du parallele a la latitude de 45" 43' 12". Si Ton combine 448 LIVRES FRANCAIS. la valeur precedente du degre avec les degr«5s des meridiens mesures dans differens pays , pour en dcduire I'aplatissement du globe tenestre, on irou-vera en France -jy^-^ , en Europe ^,-^ , au Perou^^-y^, et dans I'lnde ^^-j-;-. En prenant un resultat moyen entre les rrsultats preceiiens, on tiouve que raplatiisciuent general dii globe est ~->-TT- Si I'oncalcule i'apla- tissement du sphcroidc en France, en ne conibinant ensemble que les portions du meridian et du parallele comprises dans I'etendue de cc royaume, on trouvera-jy-^-j-j- pour i'aplatis- sement. MM. Brousseaud et Nicollet, les deux auteurs du travail que nous annoncons, ont eu soin de presenter dans plusieurs tableaux tous les details relatifs a leurs observations et la des- cription des instruniens qu'ils ont employes; ils ont egalement signale les ingenieuis geograplies qu'ils avaient eu pour coope- rateurs dans leurs tiavaus;cc soiit MM. Le Camus, Savary, de Lavarende, Largetau , Delavigne et Pellegrini. Nous ne pouvons mieux faire sentir Timportance de ccs operations el la reconnaissance que Ton doit aux savans qui les ont dirtgces qu'en citant les mots suivans extraits de I'analyse des travaux de TAcademie des sciences pour iSaS. « Le travail reraar- quable dont les commissaires ont rendu comjJte est le premier de son espece qu'on puisse regarder comine execute sur una etendue suffisante pour fournir des donnees propres a una comparaison des arcs de parallele et du mcridien , conforme au cas de la nature, ou a la figure et aux dimensions reelles du sphcroide. Les memorables expeditions faitesdausle siecle dernier pour determiner cette figure et ces dimensions, sont generalenient connues; on peut meme les compter jiarmi les entreprises scientifiques qui jouissent de la plus universelle cclebrite; et on n'oubliera pas que le gouvernement el les savans francais occupent le premier rang parmi les promoteurs et les cooperaleurs de ces memorables travaux. » L'Academie des sciences a ordonne que le memoire lu par M. Nicollet serait public dans le recueil des savans etrangers; elle a de plus exprimc le desir que S. Exc. le niinistre de la guerre ordonnat la publication de loutes les pieces propres a donner une connaissance delaillee des operations. Sur ce desir emis par TAcademie et sur la proposition faite par M. le directeur du depot de la guerre , S. Exc. a oi donnc I'impression de tous les documens relatifs a I'execution de la mesui'e du ])arallele moyen , qui sont inseres dans le neuvieme numero du Memo- rial. A. QUETELET. r8o, — Dictionnaire des irtventions et decom'crlcs depuis h SCIENCES PHYSIQUES. 449 commencement du mondejusqn'a. nos jours . par N. Boquillon. Paris, 1826; Audin.In-i2 avec planches; prix, 6 fr. L'idce de renfenner en nn volume toufes les inventions humaines , c'est - ^- dire d'une cncyclopedie dans un petit format, serait sans douts une folie, et les personnes qui sup- poseraient, d'apres le titre du petit ouvrage dont il est ques- tion, que M. Boquillon a vouhi tenter une telle entreprise se tromperaienl compleiemcnt. Ce laborieux ccrivain ne s'oc- cupe que des origincs de cliaque invention, et le but de ses recherclies est de nous faire connaitre a quelle epoque et par qui fut (lecouvcrte telle ou telle cliose utile. II inano^^ue sans doute dans sen ouvrage beaucoup d'arlicles importans, mais dans une seconde edition qui devlendra promptement neces- salre, les observations qu'aura reciies rnuleur le niettront en etat de conipletei son heureux essai. II sollicite la critique avec une noble candeur dans une preface fort bien faite, qu'on assure manquer dans certains exemplaires, et que nous en- gageons les acquereurs a reclamer du libraire si par hasard on la leur avait soustraite. Entre auUes fails curieux recueillis dans le Dictionnaire de M. Boquillon, on trouve que les bas, dont la fabrication donne un si grand mouvement daus le commerce de I'Europe, sont d'invention tres-moderne. Les plus grands princes allaient pleds nus dans leurs souliers a la poulene, centre lesquels out tant declame les predicaleurs et les ecrivains qui, dans leurs beaux romans historiques, nous vantent si fort ce bon vieux tems oii le roi n'etait pas aussi com- modement loge que I'est aujourd'hui un bonnetier de sa capi- tale, ne ncis disent pas commentetaientchausseesces chatelaines et nobles dames auxquelles ils font sans cessc baiser les pieds par leurs galans heros. Les bas furent extremement rares en France jusqiie sous Henri III, 011 une paire en soie tricotee a I'aiguille fut portee comnie un objet de luxe par le roi aux noces de sa soeur avec le due de Savoie. Ce ne fut que sous le minislere de Colbert qu'un serrurier norraand inventa le metier a I'aide duquel une parlie aujourd'hui indispensable de notre cos- tume devaitdevenir si commune. Le nom de ce bicnfaiieur de nos janibes est demenre inconnu; on salt seulement que, fier de sa decouveite, il remit au ministre une paire de bas au metier pour etre offerte au roi afin d'obtenir quelque privilege equivalant alors a nos brevets d'invention. Tel est le malheur attache a la dignite royale que ce Louis XIV, tout absolu qu'il etait et tout grand qu'on le proclame, fut dans cetie circonstance dupe de son valet de chambre, qui, pour 45o LIVRES FRANCAIS. (juelques pieces d'or donn^es par Its bonnetiers du tenis, ha- bitue's a faiie Iricoter les bas de Saort a I'economie rurale. Pour ces mal- heurcux esclaves de I'honirae, il y a beaucoup plus de remedes que de maladies, ce qui nc rend point leur condition meilleure. SCIENCES PHYSIQUES. 457 Au reste , cette legere critique de (luelques ])arlies du llvre de M"' Celnart ne fera certainement aucun fnit a I'ensemblc : on voudra I'avoir dans tousles menafjcs, a la viile comme a lacam- pagne, on le consultera souvent et Ton s'en trouvera bien. F. 1 86. — * Systeme des connaiisances commerciales. — Matieres premieres , ou traiie general et raisonne, iheorique et pratique des substances utiles aux sciences, aux arts, a I'econoiiiie do- nicstique ct anx diverses j)rofessions commerciales et indus- trielles; par M.-A. Ci.aye. i''^ livraison. Paris, 1826; Renard. In-8°; prix , 1 fr. Nousavons sousles yeux la premiere livraison de cet ouvrage; nous y trouvons un plan develo])pe el un commencement d'exe- cution. L'auteur se propose d'examiner dans son livre toutes les substances mises en circulation jjar le commerce et qu'il de- signe sous le nom un pen -vague de matieres premieres. II adopte la division naturelle des trois regnes et il commence par trailer le regne vegetal. Dans cette derniere etude il pre- sentera,dansautant de sections differentes, les racines, les liges, les feuilles, les fleurs, les vegetaux entiers ( phaneroganies ), les cryptogames et les excroissances, et il designe chaque vege- tal par les noms qu'il porte dans les classes de Linnee et dans les families de Jussieu. Le but principal de M. Claye etait de donner, aux hommes qui s'occupent de commerce, des notions suffisantes pour ap- ])recier la valeur vcnale des ])ro(iuils et pour apprendreii dis- tinguer les diverses qualites par lous les caraclercs que I'ex- perience a reconniis. Certes 11 pouvait, en se renfeimant dans ce cadre, faire un livre tre5~ulile et il etaif. trescapable de le bien faire; mais il parail, si nous en jugcons par la premiere livraison et parsontitre un pen ambitieux de systeme; il parait, dis- je, vouloir faire de son ouvrage une espece de cours d'his- toire natuielle. Nous ne saurions approuver cette marche qui ra I tache,sansord re et sans metli ode, lout es les sciences natuielles a I'linc des nombreuses professions qu'elles sont appelties a eclairer. Certes je ne doute point que la botanique , la plivsio- logie vcg^tale, la mineralogie , la geolngie, etc., ne ])uissent fournir au negociant des documens precieux sur la qualite des produits , qui sont I'objet de son cominerce; mais avant (ie lui ])arler le langage de ces sciences, il faut I'initier a leur c'tude, et lui offrir iesmoyens de I'entendre. M. Claye dont nous ap- precions d'ailleurs les connaissances varices dans les sciences nalurelies aiirait sans doute mieux fait de ne point les proili- guerdans son livre, et nous croyons qu'il aurait rendu un phis grand service a I'industrie, en se boruant a indiquer tout sim- ■X. w\ii. — No^'emb'e iSxG. 3o 458 LIVRES FRANCAIS. plenient les caracleres commerciaux des diverses substances. An rcste la premiere livraison conticnt au milieu de qnelques longueurs plusieurs articles, entre autres sur I'ellebore, le curcuma , la garance, etc., qii'ou lira certainenient avec beau- coup d'interct. DUBRUNFAUT. 187. — Resume geographique de la Grece et de la Turquie d' Europe, par G.-A. M. , citoyen grec ; orne d'une carte, par M. Perrot. Paris, 1826; Amhroise Dupont , rue Vivienne n° 16. In-i8de6i6 p., prix, 5 fr. el 6 fr. parla poste. Get ouvrage fait partie de la rdbliolkvqne portalive de geo- graphie physique , politique , elc. , publice sous la direction de M. RoRY OE Saint -Vincent. L'auteur le dcdie a M. Pouqne- vil!c , auquel t)n doit les raeillcurs ecrits modcrnes sur la Grece. « J'aurais pu, dans ma profonde affliction , sollicitcr, yjar une deilicace offerte a qiielque homme puissant, un adoucissement aux niaux personnels qui rcsultent pour moi du deuil general des iieux qui m'onl vu naitre : mais qu'aurais-je ri deraander aux grands de la terre, puisquils dcmeurent sourds aux cris de doulcur de ines fieres veufs, orplielins, martyrises? » II n'esi plus lems de discuter la question grammaticale relal«ive au tilre de celtc iiouvelle Bibliotheque pottative : I'execulion est commencee, le mot resume est en pleine possession du titre de chaque volume; qu'il y reste done , mais sans tirer a conse- quence, ni se faire de cette usurpation un droit a de nouveaux envahissemens. On remarque dans ce petit volume, que des methodes descriptives manquent encore a la geograpliie phy- sique, et (p)e malheure5iseu)ent, on y supplee par des hypo- theses et des denominations qui ne sont pas des connaissanccs. Nous devons le dire , !a description des monlagnes de la Grece, telle (pi'elle est dans ce resume, on ne sera pas comprise, ou laissera beaucoup de doutes sur son exactitude. On est done forc^ hi regarder cette partie de la geographic de ce pays, comrae pcu avancee, et devant etre presentee sous un autre point de vue. Quant a la nature vivante de cette contree, on avait tout ce qu'il fallait pour en offrir un tableau fidele ; on en a profite. L'histolre de la Grece et de I'empire turc est aussi presentee, en ce qui a rapport a la geographic, avec I'etendue et les details convcnables. La geographic politique aura sans doutc besoin de subir des changemens, lorsque le sort de la Grece sera decide; on n'a pu que decrire ce qui etait avant la guerre actuelle , et la Grece triomphante ou terrassee ne ressemblera nulleraent a ce qu'elle etait au mo- ment ou elle comraenca le combat. Mais cet inconvenient etait inevitable; et d'ailleurs, il sera Ires-interessant de counaitre cc (;u'etait le peuple grec et ses oppiesseurs , ct de comparer la SCIENCES PHYSIQUES.— SCIENCES MORALES. ZiSg Grece esclave des Turcs a ce qu'elle deviendra , sous un joug moins pc-sant. Toute cette partie de I'ouvrage est telle que les lecteurs la demandaient. F. 1 88. — * Voyages et decouvertes dans le nord et les parties centrales de lAjrique , au travels du grand desert, jusqu'au lo^ degre de latitude noid, et depuisKouka, dans le Bornou, jusqu'a Sackatou, capilale de I'empire des Felatah; execuies pendant les annees 1822 , i823 et 182/I , par le major Denham , le capitaine Clappertok, et feu Ic docteur Oudney; suivis d'un Appendice coiitenant un Essai sur la langue da Bornou , les vocabulaires des langues de Timhouhtou , Mandara , Be- ghartni, des traductions de ninnuscrits arabes sur la geogra- phic de I'iritericur de I'Afrique etc. ,■ des documens sur I'histoire naturelle de cette contree; traduit de I'ang'ais par MM. Eyries et de la Renaudiere, membres de la commission cenirale de la Sodete de geographic, etc. Paris, 1826; Arthiis Bertrand et Mongie aine. 3 vol. in -8° de 400 pages chacun environ, avec un atlas grand in-4°; pi'ij' , 33 fr. Ce titre f;iit assez connaitre Timportance des documens geographiques contenus dans I'ouvrage que nous annoncons. Tous ceux qui s'interessent aux progres des connaissances humaines en attendaient impalietnnient la publication. lis sau- ront gre a MM. Eyries et de La Renaudiere de ce nouveau service rendu a la science qu'ils cultivent. Nous rendrons prochainenient compte de cet interessant voyage dans un ar- ticle que nous avons promi's a nos lecteurs sur les nouvelles decouvertes faifes dans I'interieur de I'Afrique. Ch. 1 89. — Le Moderne Conductcur aux environs de Paris , etc. ; par M. D., geographe. Paris, 1826; Terry, Palais -Royal, n° 235. In- 1 8; prix, 2 fr. Ce guide des etrangers, des promeneurs et des curieux qui desirent connaitre |es beaux sites des environs de la capitale, dans un rayon de Iniit lienes, est divise en six cliapitres, qui donnent la description des villes, des principaux bonrgs, des villages, deshameaux et des cliafeaux remarqiiables, des mo- numens et des elablisscmens publics. On y trouve encore, outre des details siir I'industrie agricole etmanufacturiere, I'indieatiou des fetes et des foires, enfin la designation et le prix des places des voitures et des luessageries. L. S. M. Sciences religieuses, morales, politiques et historiques. 190. — ■ La Religion chretiennc autorisee par le tcmoignage des anciens auteurs paiens ; par le Pere Dominique d.^ Colo- 4Co LIVRE.S FRAWgAIS. NiA, de la Coin]>8gnie de J(5sns. Seconde edition, revue et pre- rodi'e d'lirie Notice historique , par M. I'abbe eurs du christianisme; qu'ila decoiivertet rassiembleennombre presqu'infini des preuves jusqu'a present negligees, d'un grand et principal fait historique transmis par Rloise, de I'anlique dis- persion deshommes, pari is d'un centre ou berceau unique dans la haute Assyrle, de la repandus sur toute la lerre, ayant em- porte avec eux et conserve jusqu'a present dans les hierogly- phes, les chiffres et les nombres, les constellations, les elemens comrauns de leurs arts et de leurs sciences. Quand on a donu^ a ce livre le terns et I'attention tres-soutenue qu'il exige pour etre bien compris dans toutes ses parties, on presume volon- ticrs (]ii'il aura des adversaires, mais que dans ses assertions fondamentales, il ne sera point solidement refute. On ne i)eut dissiuiuler une inconvenanie qui est echappee a I'auteur; com- ment, dans une ])olemique soutenue en faveur de la religion chretienne, contre une philosophie destructive, s'es,\.-\\ perrais de louer d'une maniere absolue certains ecrivains qui profes- sent publiquement le gouvernement arbitraire, I'intolerauce civile, et la destitution papale des rois pour opinions reli- gieuses? Est-ce ([u'll n'a pas remarque dans les productions de ceux qu'il exalte , ces fameuses doctrines antichretiennes, an- fiscciaies, qui de nos jours multiplient les incredules et font les apostais? Laissons- la ces questions accessoires , pour don- ner quelques details sur les travaux de I'auteur. Ce n'est ])aslegerement qu'il a forme sa theorie; depuis plus de huit annees il la midite sans cesse, et la corrobore journel- lenicnt jiar des fails certains ou pardes apercus nouveaiix. Des 1821 , il a piiblie i'analyse de ses memoires lus a TAcadeniie des scietites de Paris, sur I'origine de la sphere et ^dge des zo- dutques egyptieris , ouvrage sur lequel M. Delambre fit un lupport favorable, plusieurs fois imprime: en 189.6 , il a lu a cette nienie Academie , et public ensuite un autre Memolre sur i ongiiit' commune des chiffres , chez tous les peuples. II tient prepares d'autres ouvragcs du meme genre ; il nous promct 462 LIVRES FRA-NCAIS. des memoires i° sur les constellations de tous Ics peuples, oil if inontrera dans les anticjuiics orientales de I'Asie les constella- tions des zodiaques trouves enEgypte; 2" sur les fixations des solstices ct des equinoxes , chez tons les peuples ; 3° sur Cecri- turc ell'astronomiebahyloniennes ; 4" sur le calendrier chinois Youe-ling, tire du Li Ki, livre classique, etd'ou se formerent les plus anciennes idolatries ; 5" sur I'Assyrie consldcree comme le pays priniitif ou originaire, comme le vrai tlieatre des plus ancienues histoires de la Chine et de plusieurs antres ; 6° en- fin , sur la pierre ou idole bahylonienne apportee en France par M. Michaux , le naturaliste , el que feu M. Hager jugea eire un zodiaqiie. Le livre important qu'il nous donne aujourd'hui, a pour objet de prouver que chez tous les peuples connus les chiffres et les lettres ont la menie origine, ainsi que toules les ecritures et les anciens elemens des sciences, et qu'ils sontprovenus des hieroglyphes del'Assyrie, conserves dans les liieroglyplies de la Chine , de I'Egyple, et generalenient de I'Asie oricntale. II faut distinguer Y introduction dn corps meme de I'ou- vrage : elle commence par un expose des premiers tiavaux de I'auteur, et par une es({uisse de i'histoire mosaique et as- syrienne retrouvce selon lui dans les plus anlit|ues histoires de la Chine et de I'Egypte. On y trouve d'abord une serie d'ar- gumens les plus singuliers et les plus nouveaus, tres-dignes d'attention , et dont le but est de montrer que la haute Assyrie est le vrai, I'unique prototyjie de tous les pays appeles du mi- lieu dont on rencontre tant de vestiges dans les monumens de I'antiquite, snr une grande partie de la terre. Vienncnt ensuite les anciens fails historiques jusqu'a present crus chinois ou egyptiens, tellement rapproches et expliques qu'ils paraissent vraimenl se confondre. L'auteur termine son introduction par rindication et la critique des plus savans ouvrages modernes allemands, anglais et fran^ais sur les hieroglyphes , sur les di- vers monumens bieroglyj^hiques , sur lenrs explications , et prouve ainsi, que sur ces objets , il est vraimenl a toute la hauteur de son siecle. Nous Ini devons cette justice qu'il s'est plii a teraoigner sa reconnaissance et sa haute estime a nos deux illnstres savans MM. Abel Remusut et Champollion jeune. Quant a I'ouvrage principal, il nous semble fournir de fortes preuvcs que les hieroglyphes d'Asie et d'Egypte , sont la premiere origine des chiffres et des lettres des nations divcrses, et qu'on y retrouve les elemens des arts ct des scien- ces, des prejuges, des errenrs et des idolatries de I'antiquite SCIENCES MORALES. 4^53 sur toule la terie. On dira que I'ouvrage jjourrait elre plus methodique, que les plirases de I'auieur sout beaucoup irop longues, et que les inversions y sont trop frequenles; qu'il nait de ces defauls beaucoup d'obscurites pour leconiinun des lecteurs. C'est que I'auteur a dit trop de choses en 170 pages , et si, pour cette surabondance de choses et d'idees noiivelles, il encourt quelque reproqhe, c'est en un sens un rcproche gloricux et que nieritent fori pen d'ccrivains. Plus on ainie les elymologies savantqs et lumineuses qui sont multipliees dans cetessai, et plus on doit engager I'auieur a se lenir en garde contre les etymologies hasardees et tout - a - fait improbables qu'il s'est quelquetois permises. Celle de date qu'il fait venir de Toth ou de Taaut, personnage allegorique , inventeur des caracteres, celle de paille qu'il fait venir de poime paraissent Irop inexactes. Ijk'sivjiXMS, de I Institut 192. — *OEiures completes deDnscAUTES, publiecs par Fictor Cousin, professeur suppleant de I'histoire de la jiliilosophie moderue a la faculle des lettres de I'Academie de Paris , uiaitre de conferences a I'ancienne ecole normale. T. XI. Paris, 1826; Levrault. In-8^ de viii-/t6o; prix du volume, 7 fr. 5o c, ig3. — * Essai sur la psychologie , comprenaiil /« theorie du raisonnement et du langage , tontologie , I'esthetique et ia di- ceosyne. Paris, 1826. Reyet Gravier. In-S" de xiv-453 pages; ])rix , 6 fr. L'auteur anonymeafait d'uliles additions a ce memoire qui devait concourir a Copenhague. L'Academie des sciences de cette ville avait propose, il y a deux ans , celte question : Quelle est la veritable notion de la psychologie? Relativement a la plupart des sciences, une questionsemblablepresente de gran- des difficultes. Chaque science reste incomplete , si elle ne de- vient pas universelle , du moins indefiuiment. 11 n'y a qu'une science, puisqu'il n'y a qu'un monde. L'intelligencede i'homme est obligee de diviser une conception unique, et de cboisir, dans un tout fortenient coordonne, quelques parties dont la distinction vague ou arbitraire sera toujours fausseen un sens. C'est un inconvenient que, malgre I'etendue de ses connais- sances et la clarte de sa raethode, l'auteur de cet essai n'a pu eviter de rendre tres-sensible. Si on laisse a la psychologic I'etendue qu'il luidonne, a plus forte raison ne pourra-t-ou separer de la geographie, I'astrononiie, ia geognosie, la geodesic, la meteoro- logie. Si la diceosjne, si la classification des verlus et !a descrip- tion des vices sont du domaine de la psychologie, c'est y placer la morale qui entraiuera la politique, et meme I'enchainement des croyanccs religicuses pour lesquelles I'amea tant de pen- 464 LIVRES FRANCAIS. chain , ot que d'ailleui s on peut regarder conmie se rapportant surtout a I'etat de rAme au-dela de su condition actuelle. La difficult^ csl ici d'autanl plus grande qu'il n'exisle pas, a pro- preinent parler, une science de lame, nne science dupiincipe qui aiiiine les corps vivans. Appeler psychologic la science de rentendemcnt, et in erne la thcorie du raisonnement , c'est , en s'ecartant du sens piiinitif du mot 4"''aJ'?i ^i clairenienl diter- niine par I'acception du mol -^u^acrts , rie plus etudier ce jirin- cipe, mais une serie d'effets de ce principe, et ne I'observer <|ue dans les etres raisonnans. Si I'auteur, qu'on n'accusera pas d'avoir retreci son sujet, se laisse condnire ainsi jusqu'a I'este- thique, ou notion du beau , jusqu'a la theorie du mouvement, jusqu'a la nomenclature de la niineralogie ou de la botanique; si, dans la ig""" section, etdans la note 25™", on volt au nom- bre des sciences psychologiques la rhetorique, la logi(iue, la morale par^netique , I'apologiie, la morale dramatique, et jusqu'a I'art de composer des romans, il faudra bien y joindre la metaphysique, (\\n elle-meme se ratlache a tontes les scien- ces, puisqu'elle se retrouve partout dans I'exercice de la pen- see. Ou finiront alors les sciences psychologiques? Mais, si on prend le parti de faire a I'auteur, et a d'autres savans de I'exemple desquels il s'autoriseraitau besoin , assez de concessions ])our que I'ontologie , par exemple, depenuede la psychologic, oucn d'autres ttrmcs, pour que la science de I'elre fasse parile de la science d'un elre; alors on ne pourra voir qu'avec plaisir la multitude de questions abordees danscet essai d'une maniere rapide et tres-souvent lumineuse. 11 serait impossible d'en suivre ici Ja marche; I'analyse serait ])resque aussi etendue que le memoire meme, dont la concision est un des premiers merites, mais qui enCn est moins un iraile sur I'ame , qu'une classification raisonnee des sciences. Arrive a I'examen de la doctrine transcendantale , I'auteur n'y voit qu'une reproduction plus defectueuse de I'ancien sys- teme des idecs innces. En effet, s'il fautun incident particulier pour reveiller dans I'esprit la notion pure dont il n'avait point connaissance, au lieu d'assurer que cette idee esistait sans qu'on put s'en faire une idee, autant vaudrait ne voir dans cette disposition a I'admettre qu'une aptitude de noire esprit destin^ asaisir les consequences invariahles de perceptions ac- cidentelles. L'option entre les divers systemes a eel egard fai- saitpartiede la seconde question ])roposee ])ar 1' Academic de Copenhague : doit-on admettre la distinction que des savans ont voulu etablir entre la psychologic empirique et la psycholo- gic rationnelle? L'auteur qui admet cette distinction, et qui SCIENCES MORALES. 465 Texplique, iie parle de Condillac qu'a>ec pi e-iileclion. Mais *on eloigiieinent pour un systeiiie de raisonnemeiit dans lequel nil prelendrait ^entir plu'ot que raisonner, ne le rend pas ir- religieux; il s'exprinie a cet|egard sans equivoque ( note 25e ]. D'un autre cote, en esaminant le Phedon , sous le rapport des notions preexistantes que les sensations revelllcraient seule- ment, I'auteur , qui parait toujours judicieux et impartial, apprecie ce celebre dialogue d'une manlero bien differente de ceux qui avaient, et qui ont encore tous les jours, la naivete d'y voir une belle demonstration de I'ininiortalitc de I'ame , et d'y trouver invincibleuient etablie une doctrine que par lual- heur Platon n'y a point soutenue. Dans cet essai, le raisonnement est suppose telleiuent inse- parable du langage , (jii'on peut a peine concevoir comment les homraes ont jamais raisonne. « Sans langai;e , point de rai- sonnement. » II a done et« indispensable que les idees fussent exprimee.s par des signes convenus; mais, consment a -t-on realise , comment a-t-on projele cette convention sans des idecs prt'cedeniment admises, ou meme communiquees ? Cependant, la })arole est eff'ectiveir.ent ])0ur I'intelligence le plus grand nioyen de devclopijement. C^onime le dit I'auteur, I'effort des organes serait bientot epuise ( ou en queique sorte decou- rage),sl, faule de signes, nous etions reduiis, conime pa- I'aissent I'etre les aniuiaux, a ne nous occujier des objels absens qu'en travaillant a en ramencr les images par le seul secours de nos sens interieurs. Selon I'aiiteur, les sciences nesont que des langues bien faites, et la richesse , ainsi que la clarle de la langue d'une science deviennent la seule mesure de I'exactitude et de la richesse des connaissances que cette science a jjour ob- jel. Aussi condamne-t-ii ceux qui, pour paraitre profonds, ou pour divaguer impunement, affectent de doiiner a des termes deja usites un sens nouveau. On peut ajouter que diverses langues, belles d'ailleurs , mais non assez positives, ne j)u- rent hater les progres de la civilisation, tandis que la cl-arte de la langue moderne la ])lus rc'pandue en Europe, aura beau- coup de part aux ])rogres intellectuels du genre humain. S. 194. — * OEuvres de Joseph Droz, de I'Academie francaise. Paris, 1826; J. Renouard. 2 vol. in-8°dexii-527 et SaS pages; prix , I ;', fr. M. Droz occupe un rang distingue panui les ecrivains les plus utiles de notre epoijue. Ses ouvrages , dictes par une phi- losophie douce et aimable, ont toujours ite f'avorablement accuelllis par le public, et la Revue Encjclopectique n'a point neglige d'en rendre un conipte detaille a ses lecleurs, loutes 466 LIVllES FRANCAIS. les fols que I'occasion s'en est i)resenlee. La collection de scs oeuvres, que I'on [uiblie aujourd'hui, eit divisee en deux volumes. On trouve dans le premier : VExsai sur Van d'etre heiircux y ( voy. Rev. Enc , t. xxvii, p. 19S ); YEloge dc Mon- taigne; les Etudes sur le beau dans les arts , ( voy. Rei'. Enc, I. XXXI, p. 507). Le second volume contient : De la philosophie morale , [\. Rev. Enc, t.xxi, p. 53o) ; les Applications de la mo- rale ii la politique (v. Rev. Enc, I. xxx, p. G55); une Notice sur Michel de L' Hospital; el le Discoursde reception ii l' Academic jrancaise ( voy. Rev. Enc , t. xxvii , p. iy8 ). Les analyses de- taillees que nous avons deja consacrees a ces differens ouvra- ges, et leur nieiite bien connu, contribueront sans doute a faire recherchcr par tons les amis de la morale et de la llttera- ture , Tcdition nouvelle dans laquelle ils se trouvent tons reunis. J. 195. — L'Observateur au xix® siecle , ou de I'homme dans ses rapports moraiix, et de la societe dans ses institutions po- litiques; par A,-J.-C. Saint-Prosper. T. Ille, premiere par- tie. Paris, 1826; N. Picliard. In-12 de iv et 69 pages; prix, I fr. 5o c- et par la poste i fr. 75 c. DejarouvragedeM.Sairit-Prosperavaiteterobjetdepiusieurs aniionces dansce recueil, lot s(;ue, a I'occasion d'une <7H«iWu y appoiler, cfia \ient sans doute aus&i d'uii pi ogres dans les idees. M. Saint-Prosper s'tst place avanlageusement tlansla classo des gens do Ictlrcs, de ces liommes ([ue les princes , pour mc bervirdeses ex)>ressions« ont long - teius regardes comnie une ilepense de bon gout,et (ju'ils considereiit aujourd'Iiui comme des enneniis qui enibarrassent ou des allies qui coutent. » IVous I'engagoons a conserver son indcjiendance, a fuir av(!c un egal soin et le pouvoir et les coteries litteraires qu'il a si bien de- peintes; et, s'il elalt tente de se laisser ])rendre a Tappat de cerlaines louanges, nous lul repeterions ces paroles, que nous lui einpruntons et qui sont d'une application si fre(|uenle au- jourd'liui : « Dans la litterature et les aris, i! faut marcher seul pour arriver a la gloire , et encore le genie lui-mcme ne la ren- contre-t-il qu'a la lin de sa carriere. Certains homnies ne savent pas attendre ; en consecjuence, ils se fornient en coleries, et enfantent cliatjue uialiu de petits succes qu'ils he distribuent tour a tour. Du reste, ne laissant aucune veritable creation, a force de reussir en detail, ils meurent tout entiers.u E. Hereau. ig6. * —La Legislalion civile, cominerclale et crlrnlnelle de la France , ou Comnientaire et coinpleiiient des Codes J'rancais , fires, savoir : le Coinmentaire, de la conference avec le texte des Codes, et , entre eux , des proces-verbaux en yiarlie inediis du Consed d elat qiii contiennent la discussion du Code civil; des proces-verbaux enticrenient incdits de la discussion du Code de commerce, du Code de procedure, du Code d'instruc- tion criminelle et du Code ])enal; des observations, cgalement inedites, de ia section de la legislation du Tribunal sur les projets des trois premiers Codes, et de celles des commissions du Corps legislaiif sur les deux derniers; enfin, des exposes de motifs, rapports et discours fails ou prononces, tant dans I'assemblee generaie du Tribunat, que devant le Corjis legisia- tif; le Complement, des lois antiirieuies auxcjuelles les Codes se referent; des lois postcrieures (jui les elendent, les modi- fient; des discussions dont ces lois sont le resultat; des ordou- iiaticcs, decrels, avis du Conseil, et autres actes da ])ouv()ir cxecutif et reglementaire destines a en procurer Tcxecution. Le tout jjrecede de ])rolegomenes, ou Ton expose, dans une pre- miere partie , le mode de porier la loi qui etait en usage lors de la confection des Codes, et cjuels travaux preparatoires il a produils; oil, dans une seconde , on trace I'histoire generaie de chaque (."ode. Par M. le baron Locre. T. \" . Paris, 1826. Treutiel et Wurtz. Iri-8° de 640 pa^*^*? P'''^ "i" volume, 7 fr. pour les souscripteurs, et 9 fr. pour les non-souscriptcurs. SCIENCES MORALES. /,69 II nYtait pas inutile He rapporter ce litre, dans son entier, nialgre son etenduc, paicc qu'il contient, a liii seu], une ana- lyso de I'important ouvrage que publie M. Locre, et qui doit se composer de 20 a ili volumes. Nulle part il n'existera une Jiistoire anssi complete et aussi instructive de nos Codes. Les prolcgomenes, que contient ce premier volume, offrent des parlicularites cnrieuses sur les evenemens qui se rattachent a cette histoik'e de notrc legislation raoderne. Lorsque M. Locre, sortant du simple role de ra])porleur, presente des reflexions en son nom, Ton voit qu'il appartient a cette ecole de I'empire, a laqtielle le souvenir et la frayeur des execs de la revolution inspiralent contre nos assemblees politiques beaucoup de de- fiances et d'alarmes; et qui s'cfforcait de ramener aux an- ciennes habitudes de la monarchic le gouvernemenf nouveau. Cette disposition d'esprlt appellera particulierement notre attention, iorsque nous rendrons de cet ouvrage un compte ]>liis etendu. Nous nous contenteron'' , quant a present, de feliciter I'auteiir du zele avec lequcl il entreprend une pidili- cation dont I'ulilite doit etre immense, et que nul autre que lui ne pouvait cnlreprendre, pnisqne ses anciennes fonctions de secretaire - general au Conseil d'et.'it ont place enire ses mains des discussions qui, sans lui, seraient, enpnrtie, restees inedites. II est d'cin grand interet que M. Locre continue a nommer les orateurs qui ont pris part aux discussions, ainsi qu'il a eu le bon estirit de faire dans tout ce premier volume. ]^es debats sont par-la plus dramatiqnes et plus instrnctifs. C'est meme le seul moyen pour qu'on les suive avec fruit, et que Ton comprenne les developpemens que chacun a pu don- ner a ses idees. Une discussiotT dans laqtielie les noms des ora teurs restent en blanc, est nrcessaireuient vague, fatigante, decoioree. C. R. , avocat. 197. — Institutes de Gains, recemment decouvertes dans un ])alimpseste de la bibliotheque du ehapitre deVerone, et Iraduite pour la premiere fois en francaia par f.-B.-E. Boulet, avocat a la Cour royale de Paris, avec des notes destinces a faciliter I'intelligence du texte. Paris, iSa'i; Mansut , rue de I'Ecole de Mcdecine, n" [^ bis. Le premier commen-taire est en vente ; les trois aiitres livres parailront de 1 5 jours en 1 5 jours, de sorte qu'en Janvier ]>roi;l)ain I'ouvrage entier aura paru, Prix du !*"■ conmtenlaire , 7. fr. 5o c. ; prix de I'ouvrage entier devant former un volume in-S"* de 5oo pag. environ, 7 fr. 5o r. L'o!ivrage qne nous annoncons, dcooiivert recemment en I'alie par des snvans de I'yVlIeniagne, est prccisement le li-re elementaire de Droit romain qii'a Rome les professeurs (rt«/c. 470 LIVRES FllANCAIS. cessores ) ineltaient entre les mains de la jeiinesse, comine on le voit dans nnc conslilution de lustinien : et c'est meme dans ces Institutes de Gains que cet empereur piiisa la plus grande partic de cellcs auxquelles il attaciia son nom. Elles ne nous etaient guere connues que par les fragrnens epars dans le Uigeste , et par ce qu'en renferrae le Breviarium Alaricianum , lorsqu'en 181G, M. Niebuhr dechiff'ra dans un palimpseste de la bibliotlieque dii cliapitrede Verone les premieres pages du livreqni fut cnfin restilueen entier par les travauxdeMM. Goes- CHKN , Bf.krer et HoLWEG. Aussitot apres la publication de cette decouverte , on s'empressa d'adopler dans Tenseigne- ment du Droit romain ce nouveau classique qui nous presen- tail les elernens d'une h'gislation anterieure a celle de Justinien de plus de trois siecles, et dont les divcrses branches cesserent d'etre en harmonic, quand cet empereur vint a y introduire une foule d'innovations, dont quelques-unes elaicnt incohe- rentes avec ies anciens principes. Cependant les difficultes du lexte exigeaient pour les elcves I'intcrpretation que vient de tenter M. BonJet; dans des notes explicntives , il ernet des conjectures qui tendent a suppleer iiux lacunes qui parfois se renconlrent encore dans I'ouvrage. II est done a esperer que, grace ace nouveau travail, les notions nouvelles dues a la decouverte des Commentaires de Gains se repandront de plus en ])!us ciiez nous, et que les elcves ne manqueront pas d'adopter nnc traduction f'aile pour eux, a laquelle vient se joindre un texte d'une correction remarquable, etqui repre- sente le manuscrit de Verone avec une fidelile rainutieuse. H. 1 98. — * Jurisprudence et style du notaire , jjar MM. Masse et L'Heebette. Tome VHP, contenant le formtdaire. Paris, 1826; Wnree oncle el fils aine. In-8° de 692 pages; prix du volume, 6 fr. Voici le dernier volume de Tun des plus nouveaux et des meilleurs ouvrages que nous possedions sur la science im- portante du notariat. L. 1 99. — * Nouveaux principes d' liconomie politique , ou de la Richesse dans ses rapporls avec la population ; par /. C. L. Si- MONDEDE SisMONDi , corrcspoudant de I'lnstitut de France, etc. Seconde edition. Paris, 1827 ( 1826 ) ; Delaunay. 2 vol. in- 8* de XXIV - i 1 4 et 5o6 pages ; prix , 1 4 fr. Les questions les plus importanles que puisse off'rir la science de I'tconomie politique out eto, a diverses reprises, le sujet d'une discussion ouverte ft soutenue dans ce recueil par deux ecrivains egalement distingues. Aujourd'hui , I'un et I'autre presentent au public, au lien de dissertations detachees, Ten- SCIENCES MORALES. /,7i serable de leurs doctrines, deja connues, il est vrai , depuis plusienvs annees , raais muries, et lectifiees pen l tire en quel- ques points })ar de nouvelles observations et par nne plus iongue experience. A. I'annonce de I'ouvrage de M. jje Sis- MOTVDi, dont nos lecteiirs ont pu •voir dans un de nos derniers cahiers une sorte de progr;inime ( voy. liet'. Enc, torn, xxxi , pag. 608), nous aiirons bienlot a opposer nne nouvelle edi- tion du Traite ct Economic politique , de M. ,1. B. Sav. Peut- efrc alors esssaierons nous de rappioclier dans un article de- taiile, et d'apprecier coinparativemenl les opinions (ie ces deux ^ceiebres cconomistes. N. 200. — Tableau des prisons de Marseille, precede d'un coup - d'ani rapide sur I'etat acluel , physique et moral de cette ville; par ?I. Segaud, docteur en medecine. Marseille, 1826 ; Achard. In - 8° de 80 pages; prix , 2 fr. 5o c. pour les sonscripteurs; S fr. pour ceux qui n'ont pas souscrit. On voit avcc ])laisir dans I'ouvrage de M. leD' Segaud que par suite desnombreuses ameliorations qu'a subies Ie regime des prisons de Marseille , elles contiennent moitie moins de malades qu'autrefois. On n'est pas moins agreablement sur- pris d'ap])rendre que Ie nombre des prisonniers est reste sta- tionnaire malgre raccroissement extraordinaire de la popu- lation de cette grande cite. Ces details sont precedes d'un resu)ne de I'histoirc de celte ville depuis I'epociue de sa fonda- tion par les Plioceens. Sans nuire a I'el^gance de la diction , on poiirrait y relrancher une foule d'epithetes sonores et parasites, bien naturelles sous un ciel poetique, mais qui n'ajoutent rien au merite de cette petite composition lit- teraire. Des documens precieux sur I'etat actuel de Mar- seille ciirichissent en outre cette brochure. En homme eclaire, M. ie docteur Segaud se plaint vivement du luxe desordonije dont Ie torrent gagne lontes les classes, et qui, dans son ex- ces, n'est pas moins funestc a la morale piibliquc qu'aux for- tunes particulieres. li nous coiifie a ce propos que les belles Provencales ne se font pas scrupule de mettre cinq et six milie francs sur des habillemens de mousseline, sillones de dentelles. Ajoiitcz-y les cacbemires avec tout ce qui s'ensnit, et la toi- lette de ces dames ne doit pas etre pen couteuse pour les j)eres ou pour les maris. Chacun veut se distinguer dans ce monde : I'aniour-propre sera toujours Ie dieu Ie plus fete des humains : les femmes et les bommes, les ignorans et les habiles, les jeunes e.t les vieux tous viennent incessainment sacrlfier a ses autels. Ad. G. ■xo I . — * Les Jesuites modernes , pour faire suite au memoire lil'x LIVRES FRAISCAIS. de M. le comte de Montlosier ; pnrM. Vahbc McirUalMAh.cEr HE i.A KocHE-AKNAun. Paris , 189.6; AmbroJse Dupont. In-S" crsonncs. De plus, la chaleur du style, qui sans eire toujoiirs exempt de declarnalion, est en general rapide et anime, a dii contiibuer a exciter I'intei'et. Nous exposerons ici le plan et le but de cet ecril. Parnii les jesnites, qui se troTivent repandus en Franre, quelf]ues-uns sont parvenus a jouer un role dans les affaires poliiiqnes; d'au- f res , en s"einparant de I'educntion ponrront excrcer une cer- taine influence : voila les hommes dont M. de La Roche-Arnaud vient nous entretenir. II les classe par ordre alphabelique, et raconte star chacnn d'eiix ce qu'il sait on pretend savoir; tuais coinme il n'apporte en [)reuve (jue son propre teinoi;,'nage, nous devons avoucr que ia nioimlre demgation f.uffirait jiour 1 infirincr. Meme en consitlerant cet oiivrage comine trcs-veri- dique, il faut diie que, dans celte gnlerie de portrails, tout n'est pas a lire : il n'y a qu'uti petit iiombre de jf'-suites dont la biographie soit reellement interessante. On a parle du ])ere de Seville; niais c'est moins comme ji-siiite que eoninie preirepro- fessant tnie religion toute j)liiloso;)bique, toute allegorique : on a pjiile des jieies Cloriviere, Ronsin, Chanchon , et d'an- Ires; iri, la ma lignite pub! i que a rie plus eveillee que sntisfaiie: qu'on !eur reproche tant tju'on vonura de la dnrcte, de I'inso- lence , du i'anatisine, de I'oigueil; e'en est asscz sans doulc ])our les fuir, niais cela ne les rend pas coupables envers la sociole. Le pere G*** est nioitis, bieii traite; sa qnalite de su- perieur de Mon!-Rouge en fait un personnagc iinporlant, et le despoiismecju'il exeree sur scs suborilonnes est de[>eint avec 1 des conleurs assez sombres j)our effrayer ceux qui savent jus- I qu'ou pent aller le fanatisine. Transciivons nrielquc- lignes de ce passage : « II est, dit I'aureur, nor. loin du ])alais des Bnur- bons , aux porles de la capitaie des Francais et au sein de la nation la j)lus genereuse et la plus civilisee; il est un homnie (i"! On nous assure que M. de La Roche-Aruaud n'a pas encore reru Je^ ordies. SCIENCES xMORALES. 473 sans armes , sans puissance, sans argent , sans dignites , saus re- putalion , sans gloire, qui gouveme a son gre des homines qui vont etendre son empire dans toutes ies provinces : sa volonle, un .'•etjl regaid menie jieuvenl mouvoir mille bras armi'-s de poignards pour assassifier Ies princes et detruire Ies empires. Depnis dix ans, Ies provinces se rempiissent de scs esclaves re- doniables, et tous Ies jours, de plus terribles encore sortent de ses mains... « Dans nn apparleinent obscur de Mont-Rouge, tous las huil jours, a I'entrce de la nuit, Ies novices se rendent, a ia suitedu pere G"** , aux pieds des statues d'lgnace et de Francois-Xa- vier, pour entendre Ies mysteres de la Societe. La , chaque novice est oblige de denoncer toutes Ies fautes et Ies discours de ses confreres ; chaque novice a son lour, a genoux devant Ies statues de ses fondaleurs, est oblige de declarer ses gouts , ses penchans , ses defauts, son caractere et ses dispositions a I't'gard de la compagnie. lis jurent tous d'imreoler leur volonte pi opre , de se sacrifier pour le blen de la societe , de n'epargner rien pour exterminer la race des mechans , et d'abatire aux pieds de leur j)ere Ignace toutes Ies couronnes de I'univers. lis vont a la suite de leur Pere-Maiire fouler aux pieds Ics vanites du nionde representees par un roi rev^lu de ses oriiemens royaux , environne de sceptres brises,de couronnes fracassees, et de debris de troncs : tout autour, on volt Ies nations du luonde chargees de chaines, figurees par trois animaux, le taureau , le lion et I'aigle, et par un genie sublime qui represenle en particulier Ies nations de TEurope. » .)e re transcris pas ce qui suit; I'auteur ne le doniie que comme uu ou'i-dire : il est facile de voir que j'ai du laisser de cole tout ce qui se ra])portait personnellenient a tel ou tel indi- viilu. Le but general de la societe, cette conspiration ))er- n)anenle conlre Ies peuples, apparait assez dans ces ligiies auxquelies le silence des jcsuites senible dormer un caractere d'auihenlicite: puissent-ellesapprendreaux gouvernemenscom- bien il'serait urgent de prendre, a I'egard de cette dangeieuse corporation, des laesures propres a mettre un teriuea ses enva- hisseiTiens et a nous rassurer sur notre avenir : puissenl-elles , en leurraontrnnt la persistance de cette societe dans Ies [irinci- pes qu'on lui a reproches de tout teiiis , Ies engager, sinon a sevir centre elle , au moins a lui retiier cette pi election sans laquelle Ies Inmieres toujours croissantes du siecle et Ies progres de la raisoii en auraient bienlot fait justice, et auraieni sulfi pour dejouer ses tenebreuses manoeuvres! B. J. 202. — Qu'est-ce que M. T abbe de La AJe/inais? Paris, T. xxxii. — Noi>€mbrc 1826. 3r /,74 LI V RES FRANCAIS. 1826; Dclaunay. In -8° de 40 pages; piix, 5o c. , et 65 c. par la poste. Le livre de I'liidifference en nialiere de religion resterait comme nn monument caractcrisli(]ue de noire t-jjoque, qnand nienie il n'en seiait pas un dcs onvragcs les plus rcniarquables, par la liautcur des penstes, IVloquence ef la force du style. Malgre I'liorreur (jue lui inspirenl. toulcs !cs opinions })luloso- pliiijues tant aiicicnnes qne modcrnes, M. dc La Mennais a ele oblige': d'cmployer la inethode philosopiilque elle-meme pour asseoir son systeme. Qiioique le catliolicisme de M. de La Men- nais ne ressemble pas au cliristianisme lei que I'eiilendaient nos peres, et qtieson syslome prete le flane, selon nous, en bien des eiidroils , ce n'est ])as une laison de suspector sa bonne loi, et encore moins d'admeltre un derangement dans ses f'acuites infellecluelles. L'auteur de cctte brochure est done alle tro]) loin dans les consequences de sa dialcctique severe. II n'en fait pas moins preuve d'un talent exerco dans la conlroverse, en rap- prochant quelfjnrs proj)osilions isolees de i'ecrivain qu'il atta- que, et ei! les opposant avec beaucoiip d'art les unesaux antres: niais, quand on veut combattre un tel atblele , il faut I'embras- scr corjis a corps pour le terrasser. Ad. G. ao'i. — Precis historique des jiilts qui ont eu lieu ^ lots dc la CO fi version de S. A. le prince de Salin-Scdin de la religion ca- tholiqiie romaine au culte chrelien evansielique de la confession d'Augshourg , le 17 mai 1826, suivi des motifs de ce cliange- ment de commumion (imprime par ordre et aux frais du prince). Paris, 18-26; imprimerie de (Irapelet, rue de Vangi- rard, n° g. Iii-8° de 71 p. ( Ne se vend pas. ) Dans cet exjiose plein dc moderalion, M. le prince de Salm- Sa!m se plaint d'nne inesure inhospilaliere prise a son egard pa'.' les autorilcs francaises , a I'occasion de son cliangcment de religion ; mesure dont il ne nous ap[)arlient pas de recbercher ici la legalile et la conslitutionalite, mais dont ra]iplication, devenue assez freijuente, mcriterait bien, dans I'inleret de noire honneur nalional , de fixer un moment I'attention des publicistes el des citoyens. B. L. 204. ^- Operation dcvoilce du sieur Ouvuard, relalivement aux marches de Bayonne, et aux dilapidations des deniers de IVtat, qui en ont ete les suites; par M. de B-exvr^pm^e. Seconde edition. Paris, 1826; Auguste Bartbeleray. In-8° de 80 ]iages; prix , 2 fr. Les transactions de Bayonne sont dignes des regards de riiistorien a cause de leur connexion inlime avec nos nou- SCIENCES MORALES. 47 5 vellesmoeursparlenientaires.M. de Beaurepaire, danscet ecrit, s'adresse principalement aux personnes qui desirent connaitre toutce qui a etc public sur ces fameux marches , et qui trouvcnt de I'interet aux plus petits details de la -vie de M. Ouvrard. Sa brochure pourrait elre moins abondante on assertions hasar- dees et plus riche en documens |)osilifs; le style, plus correct et moins vehement; mais, dans sa forme acluelle, elle ofl're au lecteur des faits inleressans que peut-etre ne trouverait-il pas aillenrs. Ad. G. 205. — * Bibliotheque portative de I'Officier. — Considera- tions Sur les causes de la grandeur des Remains , et de leur de- cadence ; par Montesquieu. 1 vol. — Histoire des Ret'olutions de la repuhlique romaine ; parVEuxoT. 4 'vol. Paris, 1826; Anselin et Pochard. 5 vol. in-Sa de Boo a 4oo pages environ chacun; prix du Montesquieu, 2 fr. ; prix da Vertot, 9 fr. Celte collection, dont nous avons deja annonce plusieurs volumes ( voy. Rev. Enc, torn, xxx , pag. Sojj), se continue avec aclivil(5 : destinee aux miiitaires, elle a ete accueillie par eux avec beaucoup de favcur. Le besoin general d'une instruc- tion plus solide et mieux nourrie qu'eprouvent aujourd'hui toutes les classes de la societe, ii'cst point resle elranger aux citoyens que la patrie appelle dans les rangs de notre armee. On avait essaye deja de le satisfaire en creant dans plusieurs corps des ecoles d'enseignement muluel, qui exisient, je crois, encore en parlie : la formation de bibliotheques portatives dans plusieurs regimens, e-ntretenues aux frais des officiers et des sous-officiers, et au moyen de cotisations volontaires, inerite encore d'etre citee ; mais on poiuTait peut-etre desirer qu'elles fussent aussi ouverles aux simj)les soldats capables d'en profiler. Les editions somplueuses, les lourds volumes a grands formats ue pouvaient convenir a des hommes presque toujours errans et qui doivent craindre les erabarras d'un ba- gage considerable : c'est done en partie jiour I'usage des biblio- theques reginientaires, que les edileurs de cette nouvelle collec- tion font imjirimer , dans un format commode , un choix de bons ouvrages sur I'art militaire, sur I'histoire, et sur les di- vers sujets qui peuvent procurer a rofdcier unc lecture ins- tructive. » 206. — * Histoire de Brelagne , par M. Daru , de 1' Aca- demic fran9aise. Paris , 1826 ; F. Didot. 3 vol. in-8° de 448 , 896 et 4iy pages; prix, 1 8 fr. An moment oil nous recevons eel ouvrage, long-tems an- nonce, el i.Tipatiemment altendu , nous croyons ne pouvoir mieux faire connaitre le but de I'auteur, et le plan qu'il se 476 LIVRES FR\NCAIS. propose de suivre , qu'en emprutilant ses j)ropres pnroles. « Quand on veut sc faire uno juste idee dcs inoyens par les- qiit'ls se sont formes ces grands empires, qui ont eiiglouli t.tnt d'aufres elats, il ne faut passe teiiir immobile au jioint qui est devenu Ic cenlre de la monarciiie ; on s'exposerait a juger Ics evrneinens avcc partia'.ile, parce que, sans s'en aper- cevoir, on Gnit par ce oreilles. Mais lems preventions jalouses ne tar lerent pas a s'effacer devant ses combinaisnns rajjides et hardies. Rcsolu 78 LIVRES FRANCAIS. de faire sortir Ics Francais de la position critique ou ils se trou- 'vaient encore cngai;;es, apres line lutle Jongue et opiniatre, pendant iaqiielle lis avaienl eu a siirmonter a la fois i'apret^ (i'un climal rigoiueiix et I'acharnenient dc nombieux ennemis, il prcnd ces torribles rcj)id)Ilcains couveits de liaillons, mais animes d'une vaienrcuse audace; des sa premiere proclamation, il leur promel gloire, honneurs , ricliesses, et, sewl parmi les grands capitaines qui dirigeaient alors nos cohortes intiepi- des, il ose omettre les mots naguere magiques de palrie et de llberte ; bravaiit les obstacles et confiaiit dans sa deslinee, il se porle en avant , et lout s'abaisse devant Tascendftnt de son genie. Au lieu de lui donner des ordres, le gouverneinent en recoit des conseils ou des secours. Bientot nous le verrons, sans autre guide que les desseins mysterieux de son ambition deniesuree, annoncer a ces directeurs eplicmeres des traites de paix ou des declarations de guerre, ia destruction d'etats anciens ou ia creation de repnbliques noTivelles. Guerre , diplo- inatie, administration, tout est uiene de front dans sa niarche audacieuse. L'ltalie frappee de stupeur rcste immobile a I'as- pect des combats de geans qui se livrent dans son seln , loujours prete a subir le joug du vaitiqueur : elle ne s'cveille enfin que lorsqu'aux cris d'independance et de liberie , ses j)puples emus raj)pelent a leur souvenir les prodiges de ieurs aricetres. Si M. Sninline revet quelquefois ses descriptions d'une cou- leur poeti<|ue, on ne doit pas lui en faire un rcproche : (]Uoi de plus propre a enflanimer I'imaginatiou que crs combats livres au souimet des monlagnes, siir les penchans desabimes, au bruit des canons dont les echos mulliplient les bruyans eclats. Dans les documens nombreux qu'il a pu consulter, en ecrivain habile, il a su choisir les details les plus propres a emouvoir le cneui' ou a frapper I'altention ; maisun merile bien rare etfjui a plus de prix encore a nos yeux, c'est celui de I'im- partialite qui aninje toulcs ses pages. S'il se complait a cele- brer la bravoure eclafante de nos soldats, leur discipline admirable dans les champs du Piemont , leur desinteresscment joint a taut d'aiilres vertus giierrieres; riiistorien s'elevc avec indignation coiitre les horribles exces auxquels se porterent ces memes hommes a leur entree sur le territoire de Genes, alors meme qu'ils n'etaieiit plus en butte aux besoins et aux privations. Sa plume toujours fidele a I'equite, retrace egale- ment les grands traits de nos adversaircs qui ne montrerent jamais plus de Constance et de valeur que dans ces premieres campagnes, pendant lesquelies les nations en sus])ens n'osaient pas encore decider quels ^taient les premiers soldats du monde. SCIENCES MORALES. /,7y Parnii les ouvragps de ce genre, declines awx lecteurs peu ja- loux de puiser dans les dociimcns originar.x les matiiriaux de notre liisioire conlernporainc , le reSTime de M. Saintine nous a paru devoir occujier un rang ti es-distingue. II est le prodnit d'un travail consciencieux et d'tin talent exerce dans Tart d'ecrire. Ad. Gondinet. 208. — Annales militnires des Francais , depuis le coni- niencement de la revolution jusqu'a la fin du regne de Na- poleon; publiees par M. Macallon. 2% 3e et 4'^ Hvraisons ou volumes. Paris, 1826; Chauiuerot , an Palais- Royal. In-32; prix de cl)a(|ue livraison , 75 c. NoTis avons annonce preccderunieni la premiere livraison des Jnnales militnires de M. Magallon. {S .Rev. Enc, t. xxx, p. 787.) L'execuiion de cette premiere parlie avait meriie des eloges, par la maniere claire , niethodifjue et concise de I'auteur; les livraisons suivanfes ne liii sont pas infcrieures : ellcs com- ])rennent Ics Guerres de la revolution, V Expedition d'Egjpte ct de Syrie, et la Cainpagne de Saxe en 181 3. Nous n'a- vons pas besoiri de rt'peter qu'il ne s'agit point ici d'une .seche compilation que Ton ferait a coups de ciseaux avec les grands ouvrages qui ont paru sur la matiere ; le travail de M. Magallon porte un cacliet parliculier ; c'est une com- position tres-abrcgoe, il est vrai, mais rcsul'ant de fails que I'auteur sait raconter a sa maniere, en leur donnant encore de I'interet par le talent du style, I'a-propos des reflexions et I'art des cnchainemens ou de la classification. On reinarqne iurtout ces qualites dans le volume des guerres de la revolu- tion, qui, par I'abondance des choses , exigeait plus d'efforts de la part de I'ecrivain pour ne yioint di'})as3er la dimension des aulrcs parties. Le \olume de I'Egypte , par la fecondite et le merveilleux des cvenemens , meritait peut-etre un peu ])lus d'etendue que M. Magallon ne Ini en a donnee. Dans une collection destince, comme ce!le-ci, vula modicilo de son prix, a penetrer jusque dans les cliaumieres, et ou il faul, selon nous , frapper I'imaginalion du vulgaire par )a neltete et I'cnergie des recils, nous engageons I'auteur a se j)river moins rarement de la ressource des bidletins et des proclamations : c'est la que Ton retrouve a nn si Laut degre Teloqueni c militaire , si breve de sa nature, et si entrainante a la fois, telle en un mot que Napoleon I'avait creee, piiisque I'antiquite ne peut nous opposer aucun modele d'une sem- blable vigueur. Albert-Montemont. 209. — * Biographic universelle et portative des contcmpo- rains , ou Diclionnaire historique des honimes celebrcs de tou- 48o J.IVRES FRANCES. tes les nations, morts et \iv;in>i , en un seiil volume in-8°. Liv. viii-xii. Paris, iSafi; au bme.iu de la Bio!:;r3|ihie, rue Saint- Anilre des-Arcs , n° 65; Ledentu; Ch. Bechet. 5 livraisons in-8° fonnatit il^S j)ages( 353-6oo ); prix de ia livraison, 2 fr. 5o c. ( voy. Rei'. Erie. , t. xxxi, p. 482). Nous avons dcja annonce successivement I'apparition des premieres livraisons de celto biograpliie; et tout en condam- nant ce genre d'ouvrages, nous avons <>le contrainlsdc donner des eloges a celui-oi. Les autcurs et I'cdileur rivalisent de zele, et font j)reiive de confcience et de celerite dans i'exet iition de leiirs t'ngagemens. Les cinq nnni<^MOs qni viennenl de paraitre, contiennent par le hasard de I'oidre alphabelique ])lusieurs noms celebres: on y remaiqn" entr'autres celni sous leqtiel est traili'-e I'hisioire de toute la famille Bonaparte, et qui merite la plus grande attention. U est peu d'exemples d'une imparlia- lile jiareilie a celleciul rcgne d'un bout a I'aulre de ces articles qu'il etait difficile d'ecrire sans passion. L'autenr ne dissimule pas Icsfautes, mais il n'insulte point au raalheur. Si les redac- teurs de la Biograpliie portative mar( henf toujours du merae j)as, on pent promellre a leur volume lesucces le mieux me- rite. B. 210. — Resume tie I'histoire des papes , dedie anx manes de Clement XIV, par A. -J. Bouvet de Cresse. Paris, 1826; Langlois fils. In- 18 res choisies de Saint- Real, dans cplte jolie collection, se compose de Don Carlos , nouvelle his- torique, de la Conjuration des Espagnols contre Venise ( eu 1618 ) el d'un Iraite sur la valeur ; le 2">« volume renfermc la Conjuration des Gracques , Mariui- et Sylln , Epicharis , et le traite sur la Navigation des Romains. « Je trouve peu digue de I'auleur d'un aussi bon oiivrage que la Conjuration de Venise, disait La Harpe, d'avoir contribue plus qu'auciin aiiire a ac- creditcr un genre de composition aussi frivole que celui de ces Nouvelles historiques , qui furer.t si long-tems a la mode dans son siecle , et qui lieiireusement sont tombees dans le noire " Que dirait ce critique celebre, s'il pouvait revivre aujourd'liui, on voyani a quel point ce genre raixte a repris faveiir parmi nous? Grace a la nianie qui s'est einparee du peuple iniilaleur, toujours si nombreux dans la republique des litires, nous sommrs menaces de ne plus voir paraiire un seul ouvraged'i- niagirialion , ce qui ne serail qu'uiie jouissunce perdue; luais , ce qui devient plus grave, nous ii'aurons bienlot j)lus une seule histoire qui ne soit defigurec. Ce reproche , auquel Saint- LITTtRATURE. 485 Real liii-m^me n'a pu echappcr entierement, ne doit pas lui ctre adrfssp au sujet de sa Conjuration de Venise ; les details d'niie conspiration aussi sinfjuliereque ceile qu'ilecrivait etaient de leur nature asscz romanesqites pour qu'il n'eut rien a iinagi- iier de ce cote. II s'est applique seuleraent ales revetir de la forme et de la couleur dramali(|ues, aux(juelles ils se pietaient niervciiieusement, et il a fait un ouvrage qui a mcrite, sinon d'etre mis a cote, et mcme au-dessus des ecrits de Tacite , comme I'ontpretendu quelquesadmira'.eurs enlhousiastes, mais d'etre hi et consulle des gens de gout de tons les siecles. On ne pent en dire autant de ses aulres ouvrages, et Ton s'etonnera juslement que les editeurs de la collection des Classiques aient cru devoir reproduire dans ses OEuvres choisies des morceaux qti'ils avouent eux-memes lui avoir etc fatjssement attribues , et dont ils n'ont pas laisse de composer leur second volume. Ce reproche, le seul que nous ayons eu a leur adresser jus- qu'ici, peut s'appliquer encore a leiir publication des OEtn-res cJtoisies de Destouch.es. Le premier volume, ou nous trouvons le Philosophe marie et le Glorieux , renferme les veritables chefs - d'oeuvre dramatiqnes de I'autenr; a I'excejition de la Fausse Agnes, qu'il faiit j)lut6t considerer comme uney^rc^ que comme uiie veritable comcdie, les autres pieces dont ils ont compose les 2'"" et 3™^ volumes ne sont pas restees au rc- j)ertoire, et ne meritaient pas d'entrer dans un choix , ou i'on pouvait admetire de preference quelque autre aulcnr, telsque D'Alembert , Diderot , Duclos , Fontenclle , Helvetius , La Motte, Marmontel, Thomas, et aulres qui n'y sont pas encore entres , et qui ne paraissent pas devoir y occuper la ]iiace qu'ils reclamaient , puisquc le nombre de volumes (jue les cditenis se sont prescrit est presque rempli. E. H. 2i6. — * OEuvres completes de Voltaire : torn. II et III dii Theatre. Paris, 1826; Raudouin freres. 6 livraisons in-Sa; prix de la livraison , 60 cent. ( f'oy. ci-dessus p. j 86. ) 217. — * Poesies , par W^^ Amahle Tastu. Paris, 1826; imprimerie de Tastu ; Ambroise Dupont el C'" , rue Vivienne, n° 16. Grand in-i8 de3/|2 pages; prix, 6 fr. Le nom de M™'' Amable Tastu est connu depuis long-tems de tons les amis des beaux vers : la publication de ses po('sies qui seront incessamment suivies d'un second recueil , inlilule .• CA/■o«^'(7«ei■ de France, nous fournira bientot I'occasion de jiayer a son aimable muse le tribut. d'hommage auquel. elle a lant de droits. a. 218. — Elegies et melanges par , Theophile Lodin-Lalairk , 486 LIVRES FRANC AIS. de plusieurs societi-s savanles. Parts , 1826; Delaunay. In-8* de 1G4 p.; pii^j 4 fr. Qiielciiics-uiies dc ces elegies semblent |)romettre un assez heureux talent , formii eii partic par I'etude de la litterature antique, mais qui nianqtie pcut-elre d'originallte. C'est un dcfaut c|u'on doit repioclier a la jiiupart de nosjeunes ccri- vains. .Te cite ici, par exemple, une piece intitultie : Le Pauvre dcs cainpagnes , que I'auteur regarde comme I'une des meil- leures. Malhenreux que le sort condamne a la misere, Wapproche pas du toil oil le mecbaut piospere ; Puis, si tu sens encor, trop emu d'un afTront, De honte et de douleur se colorer ton front; Si, dans rabaissemeut dont ou te fait un crime , llu coeur pur te permet un orgueil legitime. Va plulot dans la case ouverte a tons les vents, Dout un pain noir nourrit les pauvres babitans ! lis t'offriront du moins un coin de leur chaumiere , Tu fouleras pres d'eux la paille bospitaliere , Et meme tu verras leur tendre charile Korapre avec toi ce pain qui leur a tant coute; On si d'un rude biver la disetle importune Tout a coup les a fails tes egaux d'iufoitune, N'attends point de leur boucbe un reprocbe odienx; lis plaiudront ta misere en detournant les yeux. Le cruel ! j'avais faim : d'une voix lamentable J'implorais les debris ecbappes de sa table : X Qa'ainsI les ouragans epargnent tes rallous, Qu'une foret d'epis orabrage tessillons, Que tes norabreux troupeaux, repandus dans la plainc, Accroisscnt tes tresors du tribut de leur laine; Puisse , de la demeure ccartant les cbagrins, Le Ciel te menager des jours purs et sereins; Puisses-lu, fier du tilre ft d'epoux et de pere. Voir croitre tes enfans sons I'aile de leur mere, Et balancer un jour a ton foyer assis, Dans tes bras paternels les enfans de tes fils! » Qa'ai-je obtenu ? Les noms de lacbe et d'imposleur : Da seuil il m'a cbasse comme uu vil tnalfaiteur; Et contre moi, lances, ses dogues en furie Ont menace mes pas jusque dans la prairie. Et cepeudant I'oiseau cbante la fin du jour : II faut rentrer a jeun dans mon triste scjour; Toute une longue nuiiii faut que je devore Le tourment de la faim et cet outrage encore ' B— u. 219. — * Fables nouvelles, dediecsa S. A. R. M""" la Dauphine, • LITTfiRATURE. , /,87 par M. Jauffret. Deuxitme edition, revue et augmentee, avec ceite epigraphe : Ducentes ad seria nugce. Paris, 1826; Becliet aine et compagnie, an Palais-Royal. 2 vol. in-8", avec le portrait de I'auteur et 8 gravures; prix , 10 fr., et 12 fr. par la poste. La premiere edition des Fables de M. Jauffret f'ut publiee en i8i5, cliez Maradan, peu de terns avant Irs cent jours. L'epoque, il faut I'avouer, n'elait guere favorable a la poesie; el cependant ce recueil ne tarda pas a assurer la reputation de son auteur, dc'ja connu par ses CJiarmes de i'enfance et des Plaisiis de V amour maternel , idylles pleines de grace et de delicatesse. Des eloges unanimes lui furent accordes, et parrai ses plus ardens panegyristes, il eut la satisfaction de compter Dussault, I'un des tcrivains qui se dispulaient alors le sceptre de la critique, el dont les jugemens etaient regardes comme les oracles du gout. « Je pensc, disait celui-ci, dans le Journal des Debats , que les Fables de M. Jauffret doivent etre rangees parini celles qui se souiiennent le mieux a cole des agreables apologues que nous devons a I'auteur A'Estelle et Gaiatee ; peut-eire meine, si le plaisir qu'elles ni'ont fait n'est ])as un augure irompeur, lejugement et les suffrages du public, dont je ne veux pas a cet egard prevenir la decision, ne niarqueront-ils pas entrele rccuell de M. Jauffret et celui de Florian une distance assez considerable pour que le nou- veau fabuliste puisse craindre de n'obtenir que la troisieme place. » C'elait, pour ainsi dire, le mettre immediateraent apres La Fonluiue. « Ses sujels, ajoutait-il, sont generalement bien choisis et inleressans; ses moral itc's sont ])iquanles, sa versification est harnionieuse , naturelle, facile et riche. » A I'appui de cette opinion si favorable, Dussault citait le debut d'un apologue oii I'auteur decrit le Carnaval ( liv. i^r^ fab. iv), peinture assez gracieuse , mais dont les couleurs, selon nous, appartiennent beaucoup plus au conte cju'a la fable. II le louait aussi de reproduire quelquefois les sujets trailes par La Fontaine, et de replaccr sous nos yeux les personnages avec lesquels le Bonhomme nous a familiarises; et il rai)]iortait , comme exemplc, la fable des Deux Savetiers (liv. x, fab. i'"'), une des meilleures en effet du recueil de I'auteur. II allait meme jusqu'a preferer a la version du maiire limitation que M. Jauffret a faite de la fable d'Horace, le Rat des champs et le Rat de ville , sujet sur lequel M. Andrieux s'est egalement exerce avec bonheur, Les editeurs de cette nouvelle ])ublication ont rcproduit tous ces jugemens en tete de leur premier volume, et ne i;ous perinettent pas ainsi de nous elendre /1 88 LIVRES FRANCAIS. davaiitage sur les anciennes fables de Tauleur; nous ne pour- rions rien ajouter anx cloges dont elles oril eiel'objet, et il vaut niieux reserver la critiijue pour celles que nous avons a faire connaitie. Aux deux cents fables cjui forinaient Ics dix livres de sa premiere edition, M. Jauffret en a ajoute cent une autrcs , reparlies en cinq livres nonveaux. Le sujct de la plujiart de ces fables oppartient a I'auteur, et c'est un merite doni il faut liii savoir gre; quant a celles qu'il a cru jiouvoir refaire apres La Fontaine, et qui sont en plus grand nombre celte fois que la precedente, nous craignons qu'cllcs no soient jugoes severemeiit par les gens dc gout, qu'une pareille pre- tention doit rendre encore plus difficiles a contenter. Le Retour clu Bucheron (liv. xi, fab. xvii ) , le Lion et le Loup [ibid. , fab. XIX ), le Roi et le Charlatan (liv. xm , fab. xvi"), les Deux Beletlet et la Chauve-souris [ibid., fab. xviit), etc., leur paraitront sans ompeux auto-da-fe, que les inquisiteurs obtinrent la faveur de celebrer a Madrid, une descriplion plus detaillce, em- j)runtee en grande partie a une relation fort curieuse d'un familier du saint-office, Jose del Oluio. D'autres faits histo- riques occupent quelque place dans ce reman et se rattaclient a I'intrigue invenlee par I'auteur. Ainsi, a cote de Charles II, rie sa mere, Marie-Anne d'Autriche, de la reine Marie- Louise, du premier rainistre Yaienzuela, que M. de Mortonval fait reparaiire, malgre I'histoire, sous le nom de Fray-Eugenlo et sous les traits d'un rnoine habile et anibitieux, on voit figurer plusieurs personnages d'imagination : le fils du diic de Medina- Celi, don Luis, professant des opinions philosophiques, peut- ctre trop etrangeres a son pays et a sa position; Natalia, son araanle, dont la noble origine n'cst reconnue qu'au denou- ment, et qui se trouve long-tems confondue avec de pauvres gens que rinquisilion persecute; Santos, fanfaron ridicule dont le portrait n'est qu'une caricature peu originale; Maria, qui, chretienne et devote, airae passionnement un mari juif, et se livre follement a toutes les pratiques de la sorcellerie : tels sont les principaux acteurs de ce reman, qu'on pourrait appeler de circonstance, a une ejjoque cu Ton recoinmence a hruler les hereliques et les juifs, et oil certains pretres s'obsti- nent a introduire dans la politique lenrs intrigues et leurs pretentions mondaines. On lira done le rouvel ouvrage de M. de Mortonval, dont le nom rappelle de favorables antece- dens, tout en regrettant que ie besoin de le puJjlier en moment opportun I'ait empeche de miirir son plan, et de finir avec plus de soin les diverses parties de ce tableau historique. a. 226. — Les Jeudis dans le chateau de ma tanle ; par M. Brks. Paris, 1826; Lefuel. 8 caliiers in-i8, renfermes dans unejolie boife; prix, 16 fr. Un chateau des environs de Fontainebleau rt^unit tous les jeudis dans ses rians jardins ou dans iin pavilion de plaisance les enfans de M""^ de Rosamont et leurs amis. Tous les amuse- mens, tous les jeux de la canipagne sont tour a tour passes en revue par cette joyeuse societe. Les occupations, ou plulot les delassemens de chaque jeudi occupent un cahier, divise en LITT£rATURE.— BEAUX-ARTS. AgS qaatre sections. Ce cadre a fourni I'occasion a I'auleur, M. Bres, connu deja par des productions fort agreables du nieme genre, de meler a la descriplion de plusieursjeux, quelques vers sj)i- rifuels echappes a sa muse, et d'embellir ses elegans cabiers d'un grand noinbre de jnlis dessins. En un mot rien n'a ete ne- glige pour rexcicution de cet elegant ou\rage. N. Beaux- Arts. ii'j. — * Voyage a Athenes et a Constantinople ; ou collec- tion de portraits, vues et costumes grecs et ottomans, peints d'apres nature, en 1819; lithographies a Paris et colories , par Zo«M DuPRE, eleve . Enc.y t. xii , p. 5, une Notice sur t enseignement du chant, etc.) M. A.J. 23o. — * Cantiques religieux et moraux , mis en musique, par J. Adrien-Lafasce. Paris, 1826. In -8° (format de guilare ) de 24 pages. Nous avons plusieurs fois cmis le voeu que quelques rausi- cienshabilesconsacrassentune pavtie de leurs loisirs a composer pour les enfans el pour I'eglise des chants faciles et proprespar la meme a devenir populaires : nous sommes heureux de pou- voir ajouler aux derniers ouvrages de M. Choron (voy. ci-dessus p. 198) les cantiques deM. Lafasge. lis sont aunonibredesept, a trois voix , avec la basse continue chiffree, ce qui en rend I'ac- compagnement cgalemenl facile sur le violoncelle ou sur le piano. Nous avons remarque avec plaisir que I'auleur a cherche dans ses chants religieux a ramener aulant qu'il a ])U, sans nuire a la facilite de I'execution, le genre dc musique que les com- positeurs du moyen age avaient spccialement affecle au chant d'eglise : il a multiplie les imitations et les fugues; ii a evitc ies enjoiivemens et les licences qui se son! si bien inlroduits dans le chant religieux, et lui ont tellement otc son caractere, qu'aujourd'hui lorsqu'un opera ne reussit pas, sa musique est adaptee a une messe. II n'en est pas ainsi des nouveaux cantiques; ils sont tous BEAUX-ARTS. — MEM. ET RAPPORTS. 5oi eminemment religieux, surtout le quatrieme ( en sol mineur), qui menace le pechenr delamort, et le sixieme (en fa mineur), qui exprime Ics sentimens de contrilion d'un pecheur repen- tant. Nous espcrons que M. Lafasge rcproduira panni ces caniiques un Tanluin ergo, qu'il a fait graver isolernent et dans un autre format, mais dont la veritable place se Irouve dans le recueil qu'il public aujourd'hui. Nous exprimerons en finis • sant le vceu qu'il trouvc des paroles un peu plus pocliques que celles qu'il a puisees dans les recueils des missions : les vers y sont qiiclquefois d'une puerilile qui detruit tout le cliarme de ses chants : nous lui indiquerons comme un recueil riche en belles inspirations les cantiques sacres de Lefranc de Pom- pignan. Malgre la plaisanlerie de Vollaire, peut-etre ne serait-il pas difficile de se procurer quelques imitations des poetes chreiiens, dont on chante encore les bymnes dans nos eglises. B.J. Memoires et Rapports de Societes savantes et cUutilite puhlique. 23 1. — * Societc hiblique protcstante de Paris : VII^ Rapport annuel, avec Appendice. Paris, 1826; imprimerie de Smith. In-S" de VIII et 200 pages. M. W. , assesseur americain de la Soclete bibllque de Paris, observant, il y a trois ans, I'influence des Ecritures snr I'etat intellectuel de Thomme, regardait, disait-il, comme la plus grande idee du siecle, ce soin de dislribuer dans presque toutes les regions un livre solennel ou sont inscrlts, parmi les autres moyens de perfectionnement on de bonheur, les droits, ainsi que les devoirs mutuels des gouvernemens et des peuples. Dans le rapport fait celle annee, on assure raeme que la lecture de la Bible a fonde la liberie de I'Angleterre, et en a decide la prosperite plus efficacement que la charte et toutes les institutions. Au sommet de Tedifice bibllque est placee, comme le dit M. de Stael, la Societe britannique. Des cette epoque elle comptait 838 societes auxiliaires, et 2,000 associations. Elle avait opcie ou faciliie I'impression de la Bible en cent qua- rante idlomes, et le prodnit annuel des souscriptions pour ces travaux etait de deux millions et demi. Au nombre de ces asso- ciations il s'en trouvait cinq cents composees uniquement de dames. C'est un pasteur du departement du Bas-Rhin qui a suggere I'idee tres-feconde d'organiser des Societ«s bibliques de femmes : il y en a mainttnant jusque dans le Sunderland. « En cela, dit le rapport de la Societe protestante de France, 5oa LIVRES FRANCA.IS. les feitimes se dislinguent par un zole actif et ingdnieuXj qui leur ouvre egaleinent la demeure du riche ct du pauvie. » Or, les coUecteurs , est-il dit ensuite, sont aux Societ^s bibliques ce que le sang arleriel est au corps lnimain. Le nombre des Bibles distribuees par la Societc britannique, avant I'annue prcsente, a etc de 3,722,987. Les Etats-IJnis, la France protestante et d'autres pays, surtout \ers le nord de I'Eiirope, siiivenl cette impulsion donnee par Londres, il y a environ vingt deux ans. Des Bibles sont dislribuees jusque sur les deux rivages dii grand Ocean, dont les iles ineme ne sont pas oubliees. L'arcliipel de Sandwich en est abondamment fourni; une cargaison en a etc expediee pour Madagascar, el, dans des retraites souterraines, au milieu des frinias du Green- land, on apprend a lire afin de tirer parti des Bibles recues d'Europe. L'annee derniere on a impriiue en espagnol i,5oo Bibles destinees a I'Amerique du Sud. La Socl(5te biblique des Etats-Unis a mis en circulation 8,000 Bibles, dont le caractere extremenicnt lisible fera la consolation des vues faibles. L'Ecri- ture est traduite en chinois et en russe moderne, ainsi que dans lelangage des Malais, des Chingulais, des Peruviens, des Esquimaux. Dans un seul di'partement francais, l'annee i825 a donne naissance a trente-neuf nouvelles Societes bibliques. Durant la septieme annee de sa geslion, du i^'' avril 18x5 au 3i mars 1826, la Societc protestante de Paris a expedie pour les dcpar- temens plus de 4,000 Bibles, et pins de 5, 000 Nouveaux Tes- tamens. « Le comite de Paris aspire, dit-il par I'organe de M. C n, un de ses censeurs, au moment oil il pourra placer une Bible dans les mains de chaque calechumene faisanf sa premiere communion, dans la pocJie de chaque ouvrier par- tant pour exercer sa profession loin du lieu natal, enfin dans' le havre-sac de tons les soldals et de tons les matelots. » Outre !e rapport general que public annuelleraent la Society biblique protestante de Paris, elle fait imprimer, chaque raois, un bulletin , soit, dit-elle, pour rendre ses coraptes avec exac- titude, suit pour mieux persuader une ])arlie des personnes qui voient encore d'un ceil froid cette entreprise, a laquelle pourtant plusieuis catholiques meme ont pris une part active. ^. 232. — * Memoire de la Societe d' emulation de Cambrai. Seance jmblique du i6aout iS25, sous la presidence de M. Pas- cal-Lacroix , lieutenant colonel en retraite , etc. Cambrai, 1826; Berihoud, Place au Bois. In-8° de 298 pages. Ce recueil est un bon ouvrage qui merile I'atlention de tous MEMOIRES ET RAPPORTS. 5o3 les amis lies sciences et des lettres. Le volnme de iSaS public cette annee conlient iin memoire de M. Corne , avocat pres la cour de Douay , siir la Ullerature consideree dans ses rapports avec la constitution politique des differens peuples. La societe a decei'ne le pi'ix d'eloquence a cet excellent ecrit; sans avoir lu les raemoiics des concurrens , on est tout dispose a confirmer le jugem^nt en faveur de M. Corne. On n'adoplera pas toutes ses opinions; il en est que Ton peut attaquer avec une assez £;rande force de raisonnement. On pensera, par exemple, (]ue la comedie est plutol le tableau que IVco/edes mceurs; on dira aussi que dans une republique, I'orateur lient sa mission de la jiatrie , et non de lui-raeine; tous soni assembles et deli- berent au nom de tous, etsi de graves erreiirs sont commises, ce qui n'arrive que trop souvent, les fautes sont communes a tous. Dans le gouvernement representatif , M. Corne nous dit fort bien ce qtie I'orateur devrait etre ; mais sur une foule de discours prononces aux tribunes dites nationales, combien y en a-t-il qui nianifestent ce noble caraclere ? a la tribune repre- sentative, les discours veritablement eloquens sont ceux qui oxposent et defendent les droits detous, qui lenr pretent I'appui des cliarnies de la diction, de la force du raisonnement, de la puissance entrainanle d'une ame pleine d'une conviction intime et d'une genereuse resolution. En un mot a celte tri- bune, comme dans les conseils des monarques et dans toutes les assemblees deiiberantes, les meillcurs discours sont ceux qui pourraient etre prononces dans une rcpublique. L'auteur lui-meme est certainemenldecet avis, quoiqu'il ne le disc point expressement. Sa profession politique est toute entiere dansle petl de lignes que nous allons citer, et omx z\X^x f aire provision decon- naissances. Je dirai encore une fois ce que j'ai vu de nouveau et d'admirable sur la terre, si je ne suis pas propre a lire dans les cieux. C'est ce que j'ai fait aussi, dans mes notes, snr le soramet deshaufes montagnes, ou j'ai vucouler de leurs sources inconnues, les eauxdu Pvio-Grande qui se perd a San-Bias, dans la mer Pacifique, celles du Santander, qui vit perir a ses embouchures dans I'Atlantique le dernier rejeton , je crois, du despotisme mexicain. Vous avez beancoup charge, messieurs, sur mon Ignorance en astronomic : cela etait inutile; car je la declare moi-merae dans mon livre, et avec une telle franchise que pen de mes lecteurs se sentiraient la force de m'imiter. C'est un des points de mon ouvrage , ou je croyais pouvoir esperer quelques cloges des ames bien nees, surtout dans un terns ou Ton rencontre plus souvent la presomption et le men- songe que la vcrite et la raodestie. Mon livre se rcssent partoutde la precipitation avec laquelle 5 1 4 AMMiQUE SEl'TENTRlOiVALE. il a tile ecrit; mais il offie nnssi Texomple d'uneactivitc, d'une promptitude peu communes. J'ai pense qu'il ne fallalt pas ru- miner long-tems siir un ouvragc concernant une decouverte, comrae celle-ci, et que la jalousie, qui commen^ait a se re muer, pourrait avoir prise snr le silence prolonge de I'auteur; d'aulant plus (|ue le public paraissait deja impatient de voir accoucher la montagne. J'ai cru aiissi qu'il elait interessant dp faire connaitre sans retard le cours entier ( qui etait egalemeni inconnu) de ce grand fleuve, an moment on I'univers vient se coloniser dans ces contrees, el (piand IV'tranger malheu- reux pourrait Irouver une htureuse existence dans les res- sources inimcnses que la grande vallce qu'il arrose , et les tri- • butaires considerables qwi y aboutissent, offrent a la navigation interieure, et consequemment a I'agricnlture, aiix arts el au commerce. C'est ce que j'ai fait, et, j'ose dire, avec quelque exactitude : et le cours des rivieres tribntaires y est aussi ulile- ment indique. Je puis vous assurer qne je n'ai offert au public cjue ce que j'ai vu. 11 n'y a '^o\i\\- de part a faire a [imagina- tion : si quelquefois elle a passe la nier, ce n'a ete que pour emprunter des comparaisons c|ui m'ont semble utiles; et les formes et les dimensions reellcs des objcts ne different de mes descriptions , que dans ce qui aurait ])u les rendre insipides et monotones. Enlin, la circonstance d'avoir ose imprimer a grands frais nion ouvrage sur la scene meme de Taction , en presence de nies juges inexorables, et sans meadier ni sous- criptions, ni prolecteurs , offre une grande preuve, j'espere, d'une assurance, d'un desinteressement , et d'une certaine no- ble independanee, qui sont uu peu exoliques parmi les faiseurs de voyages, de cartes, etc. Vous me montrez pour modele M. de Humboldt. C'en est un bien grand, certainement; maisje suis tente de croire, qu'avec toiite la provision , tous les tresors de connaissances qu'il pos- sede, ce grand savant n'aurait peut-etre \)aspousse un pas plus loin que I'endroit, oii je laissai mon ami le major Long, et ou je m'abandonnai tout seul , dans des pays sauvages, impenetia- bles, a des betes feroces et a des hommes plus feroces que les betes. II y a une Ires-grande difference entre illustrer des lerres qui ont etc decouvertes depuis long-tems, ou Ton trouve partout des moines, qui doniplent les pays et les i)euples avec beaucoup plus d'adresse que Napoleon avec ses armees invin- cible s , et decouvrir des terres entierement inconnues, envi- ronnees de toutes les horreurs d'une solitude eftrayante. Atiro e il parlnr dl morte, altro e il morire. Au surplus, M. de Hum- boldt marchait sous I'egide et la faveur de mandamientos. del ETATS-UNIS. 5i5 Rey , delconsejo , dc los vireyes , cajniones glcs ^ filciddcs, cahil- dos, fraUes , curas, etc. , porre siir les aiies de la renomrace , qui honore partoiit son nora et ses talens; tandis que inoi, pauvre pelerin, isole, el personnage obscur , je n'avais que nion gous- set, mon latin et ma Constance qui m'ouvraient les portcs et les cherains a travers les dangers, les obstacles et I'inhospila- lite. — Resumons. Cette decouverte, in'a-t-on fait I'lionnciir de dire, el de publier, est une des ])lus interessanles, si Ton calcule rindicalion fidele et exacte du cours entier du grand fleuve et des noins de loulcs les rivieres qui y affluent. L'en- treprise, si Vow considere tout ce qui peut, en pareilles cir- constances, frap])er le courage et les uioyens d'un promeneur solitaire, qui taclie d'cmployer le moins mal possible des ferns de proscripiion et de caiamites, est une des plus hardies. Mon Hvre offre des clioscs, quelques-unes enlierement nouvelles, d'autres propres a lectifiei- des crreurs, el utiles jjour I'liistoire de riiomme, et pour celle de la nature; el toutes en general assez curieuses. Si la Rerue Encyclopedique n'a pas cm y irouver d'autres meriies, que cens qu'elle ajugesdignes deson accessit, sa parcimonie est justifiee. Mais pourquoi, messieurs, m'affliger de doutes et de reticences presque humilianles!.. M. Beltrami a-t-il bien vu ! etc. , etc.. Quelle prenve avez-vous du contraire pour me signaler ainsi devant le public? II n'en est pas des affai- res de fait, conime des affaires lilteraires et scienlifiques; il ne s'agit point icide theories, de systemes, d'opinions, el si , pour detruire des fails , on n'a pas des fails a opposer , ou du moins des probabilites, ilfaut, jecrois, s'abstenir de lesrejeter, princi- palemenl quand I'ensemble d'un ouvrage est en harmonic avcc une quanlitede lemoignages, quirepandent partoutl'evidence... Je snis plus fonde a demander, comment on a eu la patience de me lire. Au moment ou , renferme dans une maison solitaire aupres de la Nouvelle-Orleans, sur le bord du grand fleuve , je coordonnais mes notes eparses, eciites en grande partie sur une ecorce d'arbre , le redacteur de V^rgits re cessait de cen- surer d'avance mon livre. Apres I'avoir In , il en fit I'eloge. Je desire que la meme cause puisse produire sur vous les raemes effels. Je le desire seulement pour jouir de I'entiere estirae des membres de ce grand tribunal universel, que je venere comme le plus cclaire et le plus liberal du monde. Si la decouverte des sources du Mississipi etait due a I'un de vos savans euro- peens, la premiere annonce qui en serait publiee irouverait partout des echos pour la rdpeter; mais elle ne parait avoir aucune valeur etant faile par un homme qui a])partient a ime malheureuse nation, denationalisee... Beltrami. 5i6 ASIE. — EUROPE. ILES BRITANNIQUES. ASIE. Ratavia. — Fahrique cY indigo introduite dans Vile de Java. — M. Van Grithuizen, d'Ufreclit , agronome distlngn^, sou- mil, en iSaS, un mcmoire manuscrit sur rindif!;o a I'un de nos collaborateurs,M- le chevalier deRiRCRHOFF,d'Aiivers. Coinnic il s'agissait principalement f]ans cc meinoire de la culture de rindigo dans I'lle de Java , M. de Kirckhoff I'adressa avcc ses rernarques a V Acadcmie des sciences et des arts deBatai'ia, dont il est menibre. Cette compagnie le j'igea tellement important qu'elle nomma une commission pour examiner les divers points traitt's par M. Van Grithuizen, el cliargea specialement M. le docleurBLUME,directeur du jardin debotaniquede Builenzorg, de lui en faire un rapport detaille. Par ce ra])port , qui nous a ote communique, nous apprenons qu'il exisle actuellement dans I'ile de Java trois fabriques d'indigo tres - florissantes, dont deux se trouvent dans la residence de Paccaiongang, et la troisieme i)res de Tangerang a sept lieues de Batavia, Celte derniore fournira cette annc'e au moins deux cents caisses d'in- digo , et les proprietaires font les plus grands efforts pour efendre de plus en plusleur etablissement. 11 parait que I'indigo de Java est exirait de I'anis [indignfera tinctoria ). M. Blume fait observer que depuis quelques annees on a cherche a le relirer de i'arbre appele : wrighlia tinctoria, mais c|ue la quan- tite qu'on en extrait est peu considerable, malgre ce qu'en ont dit quelques savans. *" EUROPE. ILES BRITANNIQUES. Statistique. — Population. — Les derniers recenscmens pro- curent les donnees suivantes sur la population de la Grande- Bietagne. Le nombre des individus de I'age de i5 a 60 ans.en etal de porter les armes est de 2,744j>^47- Celui des mariages est annuoUement d'environ 98,030, et Ton a reinarque que sur 63 de ces unions, il n'y en avail que 3 qui fussent steriles. Le nombre de femmes mariees est au nombre total des indivi- dus du sexe comme i est a 3 ; et le nombre des hommes ma- ries a celui de lous les individus du sexe inasculin comme 3 est a 5. Pour 3 veuves, on ne comple qu'un veuf; mais on a cal- cule que 7 veuves se remariaient , tandis que 4 venfs seulement formaient de nouveaux liens. — Dans les campagnes le nombre moyen du nombre des enfans nes de chaque mariage est de 4 j ILES BRITANNIQUES. 617 il est de 7 pour 2 inenages dans les villes, Le nombre des ju- meaux est a celui des naissances ordinaires comma i est a 65; et les naissances d'enfans males, aux naissances d'enfans du sexe feminin comme 96 a 95. — Le nombre de deces est d'envi- ron 332,708 chaqueannee; ce quifait pres de 23,592 par mois, 6398 par semaine, 914 par jour ou a peu pres 40 par heure. Les deces des femmes sunt a ceux des hommes dans le rapport de 5o a 5/i- D'apres les calculs fondes sur les etats de mortalite, la moitic des hommes atteignent I'age de 17 ans, et un seal individu sur 3,126 parvient a I'age de loo ans. (^Bulletin des sciences : Section des sciences geographiques .') Commerce des bles en Europe. — Extraitdu rapport de M. fVil- liam Jacob, imprime par ordre de la chambre des communes. — • Les circonstances presentes de I'agriculture et du commerce de I'Europe, les interets nombreux et complexes qui se rattaclient a la grande ([uestion de la libre importation des grains etran- gers dans les ports d'Angleterre, nous font un devoir de pre- senter ici les resultats auxquels M. Jacob est parvenu : nous rappellerons a nos lecteurs qu'un homme qui, comme lui, vova- geait avec la tache officielie de recueillir ces informations, a ete place de maniere a pouvoir se procurer les renseignemens les plus authentiques que comporte ce genre de recherches. Des calculs exacts fails en Prusse et publics par M. Jacob prou- vent que la quantite de cereales de toute nature acluellement en magasin dans toute I'Europe , n'excede pas 3 millions 680 mille quarters, environ 12 millions d'hectolitres, distribues comme suit : En Allemagne 58i,ooo en Prusse 776,000 en Pologne , 58i,ooo en Danemark 194,000 en Angleterre 58o,ooo dans les Pays-Bas 388,ooo dans la France, I'Espagne, le Portu- gal et les ports de la mer Noire. .58 1,000 Total en quarters (1) 3, 680,000 Or la consommation annuelle de I'Europe est d'cnviron 600 millions d'hectolitres de grains, a raison de 200 millions d'ha- bitans et de trois hectolitres par individu. 558,ooo quarters (t) Le quarter de froment pese environ 440 livres poids de uiarc. II eqiilvaut a peu pres a 3,2 hectolitres. 5i8 EUROPE. lepresenteiil done a pen pies la consomiuatiou europeeniie de thaque jour, et la provision indiquee ci-dessus celle de sept jours environ. Ce document prouve le peu de fondement de ropinion exageroe qu'ont beaucoup de gens du surplus de la produciion des cereales sur leur consomniation. II peut y avoir enconibreiDCiit local par defaut de debouches faciles et de communications coramerciales suifisantes, niais en masse il y ;i a peine de quoi rassurer contre la jjossibilite d'une disette : une seulc mauvaise recolte dans uii des grands etals europeens suffirait pour provoquer des besoins et des demandes fort au dessus de ce que pourraient fouruir lea bles actueilement en- magasines. Pour ce qui concerne I'Angleterre en parliculicr, M. Jacob estime qu'il n'y a gueres dans les ports du Continent que 5oo,ooo quarters de grains qui pourraient eire avantageuse- ment importes en Angleterre, c'est-a-dire tout au plus de quoi suffire a sa consommation de dix jcurs. { Bibliotheque universelle de Geneve. ) Necrologie. — Charles Mills, fi!s d'un cliirurgien dis- tingue de Greenvi'ich , naquit en 1788. Destine d'abord au barreau, il I'abandorina pour se iivr^r sans reserve a la cul- ture des lettres, vers lesquelles I'entraiiiaient son gout et ses talens. Son premier ouvrage, VHistoire da mahometisme , pu- blic en 1819, commenca sa reputation, que VHistoire des Croi- sndes vint ensuite confirmer tt agiandir. On avait reprochd a son premier ecrit de robscurile et de la diffusion, on ad- mira la vigueur , la concision et la clarte du second. M. Mills , avant de trailer un sujef, s'ctalt fait une habitude rigoureusede le mediler longnement, de I'envisager sous toutes ses faces, avec une scverite mathematique , et lorsqu'enfinil avait forme son ojjinion , il employait toule la masse de ses connaissances pour I'etablir et la consolider. Cetle remarque s'appliquepar- ticiilierement aux Voyages de Theodore Ducas , en Italic , a. Vepoqiie de la renaissance des lettres ; ou^rage interessant, dont Tauteur du Jeune Anacharsis , avait indique le sujet, mais que le public anglais n'apprecia pas a sa valeur. Les voyages de Ducas furent suivis de VHistoire de la chevalerie , le meilleur , le plus important des ouvrages de son auteur , qui des son a|)parition cut un succes conqilet, et dont la pre- miere edition s'ccoula presque aussi rapidement qu'un roman de Walter Scott. Mills travaillait a la revision de ce livre lors- que se dcciara la maladie qui I'a enlevc le g oclobre dernier. P. B. 5i9 PiUSSIE. MiTAD. — Societe courlanchiise pour la Iktcralure et les arts. — loi" seance (6 tnai iSaS). Les collections de celte Sociele out encore ete consid^ rablenient augmentees par toufes sortes de dons qu'on lui a faits, et j/armi lesfjuels nous citerons les suivans : M. le baron de Hahn lui a offert cinq belles me- dailles de Florence en bronze du terns dcs Medicis, et un inconnu a envoye plusleurs monnaics tres- rares, doiit quel- ques pieces chinoises; enfin M. Thomas Arboc, capitaine de vaisseau danois, a fait hominage d'un beau colyrnhus gla- cialis , empaillc, etc., M. le D*" Lichtenstein a hi, dans cette seance , uiie disserlation de M. Braunschweig , directeur des ecoles du gouvernement , snr la statistique des etats et ceile de la terre en general ; cette derniere, selon lui, est a la premiere ce que I'histoire universelle est a I'histoire speciale d'une na- tion. Pour raieux approfondir son sujet, I'auteur examine le but d'un etat, la veritable signification de ce inot, et il en deduit des consequences tres-iiiteressantes. M. le D'' Traut- VETTEU, regent au Gymnase acadcuiique de Mitau, a fait ensuite lecture d'une savante dissertation ayant pour titre : Solution du probleme qui a pour objet de reunir, en lisant le grec , la quantile a V accent, et de les faire sentir tous deux a la fois. Nous nous abstenons d'insister sur cet opuscule d'un savant modeste et laborieu.x ; les pliilolo^ues en jugeront bien- tot par eux-uiemes, puisque la dissertation sera inseree dans un journal philologique allemand. M le D"' Lichtenstein soumit eiifin a I'assemblee un tchao medius , dans son plumage d'aulomne, et un autre, dans celui du printem* : ce savant, naturaliste soutient que cet oiseau forme une espece particu- liere , et que c'est a tort qu'on I'a considere comrae un batard du coq de bruyere et de la poule de bois. 102^ seance (11 juin) et loS"^. Ces deux seances ont ete consacrees exclusivenient aux affaires particulieres de la Societe et a I'election de quelques nouveaux membres. La 104*^ a ete publique ; elle a eu lieu le i5 juin, a I'occasion des fetes de la Saint-Jean , epoque ou les habitans de toute la province viennent affluer a Mitau, C'etait la 5" seance publique. Le secretaire en fit I'ouvertuie par un comple rendu des tra- vaux de la Societe durant I'annee qui venait de s'ecouler, des dovelopjiemens qu'elle avail recus et des nouvelles liaisons qu'elle avait forniees. II rendit un dernier Loiiirnage a ia me- rnoirc de cinc] membrcs que la inort avait euievcs a la Societe, depuis sa derniere assemblOe publique, et rappela les princi- 5ao EUROPE. pales circonstances de leur vie. M. le D,i Lichtenstein fit lec- ture de Quelques reflexions sur la race blanche humaine , et sur la race letlonne en particulier. L'auleur lie pense pas que notre espcce descende d'un seal couple; il la ramene, au con- traiie, a plusieurs sources diffcrentes. La race du Caucase en est une, seion iui et Rudolphi ; s'appiiyant de ses recherches anatoniiques et ostcologiqucs, il la divise en quatre nuances ou \arieles tres-distinctes : savoir, I'orientale, I'antique, la slavone et la finoise. Les Letlons , a Ten croire , appar- tiennent a la nuance orientale , toute la structure de leur corps les distingue des Slavons ; quelqucs legeres ressemblantes ne sont qn'accidentelles. Apres Iui, M. Schnitzler, de Stras- bourg , presenia a rassemblee la nouvelie r<5daction de son Essai d' line introduction ei V etude de Vhistoire , qui sera publiee dans les Annales de la Societe. Apres avoir fait lecture du plan de celte dissertation detailiee, il en clioisit plusieurs parties et developpa ses idees sur le but et la veritable ten- dance de I'liistoire. Celte leciuie ayant dure pres d'une heure et deinic, les autres travaux furent ajournes. Avant de lever la seance, le secretaire proclaina les raembres nouvellement elus : ce sont M. de Locris, secretaire perpetuel de la Societe economique livonienne, et M. Hummel, conseiller aniiqne et horanie de Icttres , a Saint-Pelersbourg; MM. les generaux Carbonnier et Suchtelen et le capilaine de vaisseau comte ToLSToi , avaient ete noinmes membres honoraires. io5e seance ( i'^'' juillet). Un grand nombre de dons avaient de nouveau ele offerls a la Societe; nous ne citerons qu'une piastre mexicaine d'lturbide et une piece de 20 creuzers frappee en 1809 par ordre du niallieureux Hofer, por- tant les arroes du Tyrol avec la legende : Gefiirstete grafs- chaft Tyrol. Apres avoir annonce tons ces envois a la Societe, le secretaire a donne lecture d'une traduction allemande me- trique du premier chant de VEneide de Virgile, par M. le I)"" Kruger, pasteur a Bruske, qui travaille a une traduction complete de ce poeme epique. II rend au celebre Voss toute la justice qui Iui est due; mais il essaie d'etre plus intelligible et plus correct. Deux autres memoires furent aussi presentes par le secretaire : ils avaient tons deux pour autcur M. Zigra, jardinier-botaniste a Riga. Le premier contenait des Remar- ques sur les ejjets que produit la gelee sur les arbres fruiliers ; le second traitait des Progres de la culture des jardins dans le nord, surtout aux encirons de Riga. Riga a beaucoup gagne depuis 1812, sous ce rapport, et ses progres sout d'aulant RUSSIE. 5a 1 plus elonnans que le sol sablonnenx dont elle est entouree semble devoir rester robelle a toute culture. 107* seance ( 2 septenibre ). M. de Rf.ckz, conseiller d'etat, a ouverl cette seance, en I'absence du secretaire. Parmi les offrandes faites k la Socicte, nous cilerons I'ouvrage suivant que son niodeste auteur, qui a ■vouiu garder ranonyme, lui a envoye : Ansichtcn uberdie Ursac.lien und die wahrscheinliche Dauer der fVohlfeilheit allcr Landexerzeugnisse, etc. : Vues sur les causes et la duree probable du peu de prix qu'ont les pro- ductions acluelles de la terre , surtout en Livonie et en Esthonie, avec I'indication de quelques moyens pro])res a soulager le cuhivateur et le proprletaire. Dorpat, iSaS. In-8°. M. le pas- teur KoEHLER a donne ensuite lecture d'un Memoire sur les mceurs , ['education et la vie des Romains du terns d' Horace , par M. le D'' Foersteu, insliluteur a Riga. Tons ks faits qui ferment la base de cetle disserlaiion sont erapruntes aux poesies d'Horace, qui sans doute renferment une infinite de donnees eparses sur le siecle d'Auguste et sur les Romains de cette epoque. M. le D'' Lichtenstein a lu un Memoire sur la medecine populaire ; il veut qu'on reunisse dans un cadre borne ia inorjjliologie, la biolo^'ie, la ]>liysiologie et la diete- tique pour en former un'ensemble compacte, destine a presenter des notions fondamentales et elementaires, dont la connais- sance est neccssaire a tout le nionde. — On a entendu avec un vlf interet une dissertation de M. le D'' Trautvetter sur les Thermopyles en Thessalie , veritable et antique capitale de la Grece. L'auteur rajipelle que les Thermopyles etaient le lieu ou les deputes de toute la Grece se rassemblaienl pour former le tribunal des amphictyons; il rapporte a la rivalite entre la Thessalie et le Peloponese les inimities qui divisaient les Grecs, et nommeraent Acliille et Agamemnon, et il fait plu- sieurs aulres rapprochemens tres-curienx. II donne aussi lec- ture du 3' chant de la traduction de I'Eneide par M. KRiioER. 108° seance (7 octobre ). Le cabinet de medailles, celui d'histoire naturelle et la,i)ibliotheque ont encore ete conside- rablement enrichis; parmi les livres, nous citerons le second volume du Dictionnaire russe de M. Oldekoj) ( voy. Rev. Enc. , t. XXX, p. 716 ) et un tres-bel cxemplaire de la Wilkina-Snga , dite : Historia JVilhinensium Theodorici Veronensis ac Nijlua ■ gorurn^ opera Johannis Pcringskiold. Stockholm, 17 15. In-foU Apres avoir donne lecture du proces-verbal , le secrt'taire lut la traduction des odes ta, i3, 14 et i5 du premier livre d'Horace par M. Rutenberg, et piesenta une longue disser- T, xxxii. — Noi'embre 1826. 34 Saa EUROPE. talion politico-physique de M. le D' de Brincken, dent le litre recherche se refuse a la traduction. M. de Schrotter , conseiller d'etat, communiqna a rassemblee une lettre de M. Ic general Carbonnier , datee de Pelersbourg, dans laquellc ce sa- vant ingenieurdonne d'amples explications suria statuette en de boissycomore queM. le comte deMedein a rapporlee d'l'^gypte. II !ui assigne unc epoqiie anterieu^'e ^ celle ou nous vivons , d'environ 4000 ans, et il appuie son opinion, calquec siir les principes de M. Champollion jeune, de prenves si fortes qu'elles entrainent avec elles une soric de conviction. Le ge- mral altendait sur ce sujet les reraarques de MM. Cham- pollion, auxqncls il avait envoye nnfac-siinile des hicroglyphes qui couvrent la statuette. M. Schnitzler developpa ensuitc Ic plan d'un Nouvel examen de Vorigine et des voyages de Cadmus le Phenicien , fragment d'un tableau co.uiplet de la colonisation de I'ancienne Grece. S'appuyant sur de nombreuses autorltes , il doute , avec MM. Kanngiesser ( Grundriss der Jlterthumswissenschaft) et Muiler((^/ouT I'histoire deBaviere, M. Buchner; pour la stalis- tique et la geographic, M. Mannert; pour I'histoire ecclesias- tique, MM. Hortig et Daellinger; pour I'histoire litteraire , M. Siehenhees ; pour la philologie , MM. Ast etT/iiersch ; pour les langues orientales, M. Allioli; pour le Sanscrit, M. Otmar Frank ; pour la theorie du beau et I'histoire de la litterature, M. Sendtner; pour les langues italienne, francaise et anglaise, MM. Maffei , Claude et Fich. II reste a nommer les deux professeurs d'histoire generale et de litterature. — Aux cours que nous venons d'enumerer se joindront les lecons que plu- sieurs savans de la capitale se sont offerls de donner sur plu- sieurs branches des sciences. — L'ordonnance se termine par ces mots : « Nous esperons que lerecteur et les professeurs de notre universile se rendront dignes de la confiance que noui ALLEMAGNE. 837 leuravons accordce, en meltaut tons leurs soins a entretenir et a exciter ramour des etudes scientifiques pannlla jeunesse; car c'est le plus sur moyen de bannir des univeisitcs la rudesse et rimmoralite. Ilsacquerront ainsi des litres inconteslables a la reconnaissance royale et a celle de la nation entiere. u. Leipzig. — Librairie allemande. — La derniei'e foire de Leipzig a reuni une grande masse de livres. On y a compte 338 boutiques de Hbrairiej et ie norabre des publications nou- velles s'est eleve a 2ia5. Le catalogue general indique 239 ouvrages en langues etran- geres; 160 en latin, 87 en grec; i56 ouvrages traduils, dont 54 du francaiset 65 de Tan^'lais. On a vu six editions differen- tesdes OEmres de fValter-Scott, donluneen langueanglaise. Le nieme catalogue annonce 327 ouvrages de iheoiogie, 21 ou- vrages consacres a des sujets philantropiques, 167 ouvrages liistoriques, 116 depoliliqueetde jurisprudence , 87 classiques anciens, 39 de mathematiques, 88 de physique, iSg de me- decine, 44 de geographic, i5o ouvrages elementaires, 5o grammaires, 208 dictionnaires, 11 poenies epiques , 58 poemes lyriques, 38 ouvrages dramatiques, 186 romans, 69 volumes d'atlas , et 27 ouvrages sur des sujets divers. N. Berlin. — Theatres. — Le directeur d'un des thealres de celte ville a eu I'idee singuliere de faire mettre en action par des personnages vivans divers tableaux connus, en accompa- gnant cette pantomime de morceaux de musique analogues a la situation. Cette representation a offert le couronnement f/'^/>o//o« d'apres le conseiller Schinkel, accompagne d'un duo de B.-A. Weber, tire de son opera A'Epiincnide; Joseph devant Pharaon , d'apres Raphael , accompagne de la celebre romance de Joseph en Egypte , de Mehul ; Moise sauve des eaux, du meme Raphael avec unchoeur de Naumann ; la Ventedes ^^mours d'apres un bas-relief d'Herculanum , accompagne par le grand trio de YArmida de Rossini; un autre debris d'Herculanum represenlant Mars, la Victoire et des Bacchantes a etc soutenu par un choeur A'Uthal, de Mehul; une processiondes Musesa\ec un choeur de Naumann; le prince de Geldern condamnant son pere a la prison , d'apres Rembrandt , a etc accompagne par nn choeur de M. Gate! ; Raphaiilet sa inaitresse , d'apres Picot, par une barcarole de M""' Gail; le joueur de violon de Van Steen, par un choeur de paysans , de C.-M. de Weber; les Consents francais, d'apres H. Vernct , ont paru au son d'une marche fran- caise. Ce nouveau genre |de spectacle a paru plalre beaucoup au public de Berlin. ViENNE. — Theatres. — PInsicurs productions musicales ont iaS EUROPE. l)aru sur \eJosephstadt theater. Ces divers ouvrages, sans ^Ire de premier ordre, ont ete bien accueillis du'piiblic. Deux operas de M. Wenzel Muller, inailre de chapelle et compositeur de ce thedtre, ont particulierement (ixe I'attention. lis ont pour titre J])ollo unci tier dichter ( Apollon et le poete ) et Die reise in 's bad[ le Voyage aux eaux ). J. A. L. SUISSE. Progres de I'enseignement industricl. — La Suisse imite la Fiance , et multiplie les ecoles d'^arlisans. Le resultat de ces excellentes institutions ne sera passeulement un accroissement de connaissanccs , mals un perfectionnement moral, une bonne education procuree a la classe industrieuse. A Lausanne , M. Mercanton continue le cours qu'il a commence Tannoe derniere. ( Voy. ^ec. Enc, X. xxx , p. 567 ) MM. Hounzirer ct Herose ontassure ponr Arau la perpetuite de leur bienfait ( Voy. Rev. Enc, t. xxxi,p. 81 5) ; aux 25,ooo fr. d^ja dnnnes par le premier, il vient d'ajouter la meme soninie, et I'inslitution , fondee et dctee par ces gcnereux citoyens, pent etre rcgardee comme completee et capable d'opcrer tout le bien que les fonda- teurs ont en vue. L'ecole de Berne est oiiverte, et suivie avec tant de zele, que le local est trop eiroit pour.les assisians. Le mois de Janvier 1827 sera marque a Zuricli par I'ouverturede YInstitut technologique : une vingtaine de professeurs et d'ins- tituteurs enseigneront toutes les parties des sciences usuelles , et dirigeront les eleves dans les applications. Les cours ne seront pas tout-a-fait graluits; mais la tresmodique retribution payee par les eleves n'en exclut aucun, et ne suffira point aux frais de I'etablissement •, le surplus est assure par une sou.scription. Ces quatre Ecoles ne mettentpas encore la Suisse au niveau de la France quant au nombre proportionnel ddtablissemens et d'eleves, et la France elle-meme n'a pas encore fait usage de toutes ses ressources pour I'enseignenient industriel. Esperons qu'une louable emulation liatera , dans les deux pays , le mo- ment oil tous les besoins de cette nature seront satisfaits, et surtout , qu'on ne perdra pas de vue que I'instruction clemen- taire est indispensable pour le succes de I'enseignement in- dustriel. F- Lausanne. — Instruction publique. — Jcadernie. — Les cours de cette Academic se divisent en 4 auditoires. Celui de belles-lettres comprend les cours de religion , d'antiquites ro- raaines, d'interpretation d'auteurs latins, de litterature fran- caise, d'interpretation d'auteurs grecs et de mathemaliques, SUISSE. — ITALIE. 629 confles aux professeurs Dutoit, Bridel , Monnard , Leresche et Develey. L'auditoire de phdosophie compte 10 chaiies diffe- lentes occupces par 8 professeurs : M. Gindroz , pour la plii- losopbie rationnelle et la logique; M. P/V/o/^, pour le droit naturel; M. Dutoit, pour I'eloquence roniaine; M. Dufournet, pour le Nouveau Testament grec; M. Monnard. pour I'inter- priitation d'auteiirs grecs; M. Develej, pour les malhema- ticpies; M. Gillieron, pour la phyisque; et M. Mercanton, pour la chimie etla mineralogie. A rauditoirede droit sq rattachent 6 cours : ceux de pliilosopliie ralionnelle, de littcrature fran- caise, de droit civil, de droit criminel, de droit naturel et de droit public du canton, que font MM. Gindroz , Monnard , Secretan, Porchat cl Pidou. 10 cours forn^ent l'auditoire de theologie : ils ont pour objet les antiqultes judai'ques t|ue pro- fesse M. Dufournel ; les devoirs dupastenr; la catechese ; les sermons; I'lioniildtique (ces quatre cours sont fails par BI. Le- resche); la litteratuie francaise, professee par M. Monnard; le Nouveau Testament grec; la langue hebra'ique ; I'exegese (les deux derniers cours sont confles a M. Dtifournet ; ) et la theo- logie morale , dont la chaire est occupce par M. Fabre. Le cin- quieme auditoire ne compte encore qu'un seul cours , celul de zoologie , d.onl s'esl charge, depuis plusieurs annees, M. le professeur Chavannes. (Voy. ci-dessus les notices sur les uni- versites do Geneve et de Munich, p. 232 et 525. ) a. ITALIE. Brescia. — Athenee. — Programme du pi ixbiennal pour 1 827 1828. — "Delerminercequefutrarchitecture sous la domination des Lombards; rechercher si elle cut uneorigine jiarliculiere ; ^tablir ses caracteres distinclifj, surtout dans la construction des temples, la distribution des plans, la decoration extcrieure et inlerieure et le choix des materianx : enfin , designer les principaux monumens qu'elle a produits. » — Les savans de toiites les nations sont inAites a concourir. Les memoires de- vront etre ccrits en italien, en latin ou en francais, adresses aa president de I'Athenee en decembre 1827. Le prix sera de- cerne au moisde mars 1828. — En publiantce programme, les re- dacfeurs AenJnnales unii'crxelles de statistique, etc., de Milan , exprinient le vceu patriotique de voir concourir au meme but, avec une activite soutenne et une perseverance qui ne sera pas jnfructueuse , tons les etablissemens formes par souscription en Italic , pour la propagation des arts , des sciences et des It'ttres. Dans ce terns, disent-ils, « ou I'industrie est partoul 530 EUROPE. fill luoiivenieut, ou I'on volt une geiicreuse rivallli'; de zele pour rutlllt^ publique aiiimer toutes les classes de toutes les nations, on ne pent douter ir les plaisirs de la scene, mais parce qu'il s'atta- chait avant tout a plaire au grand juge des actions humaines. Sessoins religieux furent recompenses par la paix de I'arae, el una ferme confiance qui lui fit sentir avec delices le moment de passer a une meilleure \ie. II en jouit maintenant! sa famille et ses amis sont seuls a plaindre. Que son nom ■viva long-tems, et transmelte le souvenir et I'exemple de ses vertus. M. D. PAYS-BAS. Gand. — Universite. — MM. Lemaire et Bergsma, qui avaient ete norames professeiirs extraordinalrcs j)our les arts industriels, viennent de prononcer leurs discours dinaugu- ration. M. Lemaire avail ecrlt le sien en langue latine : il a considere successivemcnt I'utilite du dessin lineaire et I'en- chainemenl philosophique qui existe entre les arts meca- niques et les arts liberaus, En s'attachant a fairc ressortir les avantages que Ton peut tirer du dessin lineaire, il s'est ap- ])uye de I'autorite de M. Lacroix, qui pensc avec raison qu'en popularisant le dessin comme Iccriture, a laquelie il sert de supplement, les arts mecaniques feront des progres immenses. C'elail aussi I'opinion de I'illustre Monge, qui est cite egale- ment par M. Lemaire, ainsi qua M. FrancaMir , donl le traite de dessin lineaire, d'apres la methode de reriseignement nui- tuel , est lone avec tant de justice pour les services qu'il a deja rendus aux classes inferieiwes de la societe. Q. Liege. — Ecole de Geoinetrie et de rnecanique industrielle. — Le 7 novembre de cette aniiee occupera desormais une PAYS -B AS. 533 place honorable dans les annates de I'industrie iiegeoise; il etall designe pour I'ouverture du cours de aiecanique indus- trielle fait par M. Dandelin, professenr a I'universite de ceile ville, en faveur dos artistes et des artisans. Cette premiere seaijce avail attire un concoiirs nombreux de magistrats, de professeurs, dc manufacturiers et de negocians; les homines les plus eclaires de foules les classes assistaient a cette solennite. Le discoiirs d'ouverture a parfaitement repondu a I'attente generale : nous regrettons de ne jjoiivoir en citer que la fin : « Et vous , mes chers amis, a dit M. Dandelin , en s'adressant aux ouvriers, vous a qui sculs seront consacres tous nos efforts , vous voyez maintenant que la ])lace que vous occupez dans I'ordre social n'est pas aussi basse que, peut-etre, vous I'avcz souvent pense ; les citoyens que lenr age, leur rang, leurs dignites et leurs talens rendent si respectables, sont rassembles ici pour vous montrer I'interet qu'iis prennent a votre sort, que cet aspect vous encourage, et vous ennoblisse a vos pro- })res yeux. Citoyens et ouvriers , soyez a la fois I'un el I'autre. Rappelez -vous surtout que les uiceurs et les vertus sont des moyens encore ]iius surs que les connaissances pour etre ho- iiores et heureux. Souvenev-vous que, si, parnii les arts que vous exercez, il en est qui peuvent vous conduire a la for- tune, il n'en est point qui piussent vous dispenser des devoirs que vous avex a remplir envers vos camarades, voire famille et votre patrie. Rappclez-vous enfin que, si les lumieres eclai- rent la route que nous devons suivre, la vertu , la religion et la morale peuvent seulcs nous donner la force d'y perseverer. « U» jeune proicsseur, M. Dormal, qui a deja commence avec succes un cours de mt'caniquea]iplicjuee,dans ia grande et belle fonderie de W. Cockerille , a Seraing, pres Liege , ou sont em- ployes plus de deux mille t[ua're cents ouvriers, est vivement sollicite d'aller faire, deux fois par seinaine , un cours sem- blablea Namur; plusieurs personnes zelees pour lesprogres de Tinstruction viennent d'y former une societe particuliere dans la seule vue de procurer a la population ouvriere et laborieuse de leur ville les bienfaits de I'enseignement induslriel. F. J. Bruxellf.s. — Fiinerailles de David. — Le jo octobre , les depouilles morlelles de David ont etc transfi-rees sur un char funebre,attelede six chevaux, an cimeiiere del'eglise de Sainte- Gudule, hors ia porle de Louvain, et dejjosees dans le mo- deste tombeau qu'on lui a erige. Les crepes etaienl portes par MM. Navez, Stapleaux , Rude, cleves du grand maitre , et par M. Thomas fiXs, qui reraplacail M. Odevaere, indispose. M. Ra- 534 EUROPE. mel a lu sur la tombe le discours compose par ce dernier, doiit nous donnons quelcjues extraits. « Des sa premiere jeunesse, David fit pressentir I'indppen- dance de son genie et la revolution cju'il etait destine a faire dans la pcinture. Vien, son mailre, avait sans doute marque par plus de sagesse et de verite que ses contemporains ; il avait baniii de ses ouvrages lo fracas etle devergoiidagederancienne academic; mais, si ses tableaux n'offraient pas Ics defauls et le mauvais gout a la mode, Vien n'avait pas la force de genie necessaire pour creer des beautes classiqucs : on lui a I'obliga- tion d'avoir niontre I'ecueil; mais c'est David qui non-seuie- ment enseigna le moyen de I'eviter, mais d'en j)reserver a jamais I'ecole, en donnant pour exemples des productions di- gnes du siecle de Pericles. « Enfin le tableau, qui devait renverser les systemes ct le gout deprave parut. Le serment des Horaces fit une impres- sion qui est encore dans toute sa force. Un jour nouveau luit . f pour la peinture. A peiue le chef-d'oeuvre est-il deroule, qu'un ancien condisciple et ami de David, peintre distingue lui- meme, lui ecrit a Lyon ou il s'arreta quelques jours, suivaut de pres son tableau : « Vous venez de realiser tout cc que j'avais reve en peinture; on ne peut aller plus loin : on ne vous ega- lera pas :je renonce a mon art, » etil tint parole. Cependant, s'etant mis avec celte production sur les rangs pour obtcnir une place de professeur a TAcadcmie , il fut ret'ust5; son talent , disait I'areopage, n'est point academique. Le voile qui cou- vrait lous les yeux n'etait pas encore dechire! « Je ne vous parlerai pas. Messieurs, des regrets des amis des arts, en voyant David, dans sa carriere legislative, ne rien produire en peinture pendant quelques annees; car le magni- lique dessin du Se?ment du jeu de Paume ne fut que trace sur la toile, et quelques letes furent seulement ebauchees; je ne rappellerai pas, dis-je, ces terns oii David, en ex*5cutant un petit nombre de portraits liistoriques, sembla trop oiiblier son art, si I'envie et la calomnie deja attachees a ses pas, n'avaient poursuivi dans I'homme public le grand peintre recreateur de I'ecole. '< II n'est sorte de crime qu'on ne lui impuliit, et la jalousie , sous le beau masque de la justice, alia jusqu'^ soUiclter des accusations, ])ar forme de souscription , afin qu'ellc put arriver aubienheureux moment de n'avoir plus rlen a craindre de ce pinceau redoutable aux mauvaises doctrines et a la me- diociite. Ou faisait colporter des listes ou chacun mettait ses griefs et sa denonciation. Un seul artiste acquit de la gloirc PAYS -B AS. 535 dans ce monument de baine; il y liaca ces mots : David estcou- pable de me snrpasser en talent. Helas! combien de fois, dans les epanchemens de ramitie,ne m'a-t-il pas decouvert son aine tout entiere ? Je n'oublieini jamais ces mols que I'histoire doit recueillir : « La nature n'est-elle pas la uiemepour tous les honimes? s'il elait vrai que j'eusse commis tontes les horreurs dont on ni'accuse, me verriez-vous sans remords me livrer a mon artavec cette tranquillite d'esprit qn'il exige? » C'est alors que je le piessai d'ecrire ses Souvenirs, ainsi que le fil Benve- nuto Cellini, d'eclairer la postcrite sur une foule de choses que lui seul pouvait connaitre etde ne pas supporter, au moins sans y repondre, le poids de la plus noire mechancete. Sa re- porise etait loujours: le tcms rendra acliacun ce qui lui est du... « Puisse Tequitable histoire le venger de la calomnie, et pre- senter dans son vrai jonr une carriere qui dans son cours a tantillustre les arts! Puissent les grands principesdu beau, que David pratitiua avec tant de succes, et qu'il enseigna avec tant de zele, nc point se perdre par ie desir de I'innovation, qui fait souvent chercher I'original pour n'atleindre quelebizarre ou le maniere! Puissent \is arts enfin ne plus s'ecarter de la route ([ue David, d'apres les anciens, d'apres les grands hom- mes du xv^ et du xvi° siecle, leur a tracee', etle respect et la reconnaissance pour la memoire de notre illustre malire durer a jamais. « N. Amsterham. — Vente d'un cabinet d'histoire naturelle. — H. Winkelman, de Vries, A. Brondgeest, E. M. Engclberts, et C. F. Roos, courtiers a Amsterdam, se proposent de vendre publiquement, au mois de juin de Tannee prochaine, 1827, le celebre et magnifique Cabinet d' histoire naturelle, consislant en papillons de nuit et dejour, escorbots et autres inscctes , en oiseaux conserves, coquiCles , ecailles , coraux , petrifications , mineraux , etc., recueillis et laisses par feu le sieur J. Joan Raye, seigneur de Breuhelerivaard. — On peut s'adresser pourle Catalogue , qui est %ou^ presse , etqui paraitra d'avance, aux memes courtiers , et a MM. lesfreres Van-Cleef, libraires, a La Haye et a Amsterdam. Necrolocie. — ^SwAAN. — Lcs Pays-Bas viennent de perdre un de leurs savans les plus distingues : M. Swaan , recteur des ecoles lalines et professeur de cliimie et d'hisloire naturelle a I'ecole de inedecine de Hoorn, membre de plusieurs Socieles savantes; decode a I'age de Si ans. M. Swaan, donlle nom a ete souvent mentionne honorablement dans la Revue Encyclo- pedique , s'est fait connaitre par un grand nombre de disser- tations scientifiques , d'analyses d'ouvrages et de notices lit- ^'^6 FRANCE. teraires , repantlnes dans (lifftTcns recueils pi'-riodiques de fm Hollaiide , et juii' une sage refutation de I'onvrage anti -liberal [Conlre I'esprit da siecle) de M. Da Costa. II etnit un des prin- cipaux redaclcurs du journid de la Societe de medccine de Hoorn [\oy. Rev. Enc. , t. xxxi, p. 726 ). On Ini d'lit encore des traductions liollandaises, faiies en societe avec M,ie doc- teiii" Jorritsina, du Memolre de M. le chevalier de Kirrhhojf sur Vophthalinie de I'armee des Pajs-Bas , et de la dissertation du menie aiiteur^'wr I'air atmospherique et sitr son influence sur I'dconomie animale. II devait aussi ])ublier incessamment une traduction Lo'.iaiidaise du Rccucil de fables Ac M. le baron de Stassait, (jui etait a peu pres achevee au moment ou la morl I'a frappe. ' Z — z. FRANCE. Metz. {^Moselle). — Enseignement industriel. — Mi Bardin, professeur de forlifuation a i'Ecnle d'artillerie de cette ville , vient d'ou\rir pour les ouvriers un cours de dessin georae- trique. Le professeur, aprcs avoir explique a ses auditeurs les avanlages de ce cours, a lerminc en ccs mots son discours d'ouverture : " Artistes ct ouvriers, reconnaissez avant tout I'existence d'une grande pensee dont vous elcs I'objet : celle de vous instruire et d'anieliorer votre position. Concue depuis long-tems en France et en Angleterre, c'est dans ce dernier pays qu'ellefutmise d'aborda execution. Grices soient rendues au celebre Charles Dupin , (|ui nous a forces d'imiter enfin nos rivaux. Regardez maintcnant autoiir de vous; conlemplez I'etat actuel de la societe humaine, c! voyez cou\bien il vous est fa- vorable! Lemarteau est pariout; on refait tout; proiiuire et ameliorer |iour augnienter le bien-etre general et son bien-etre particulicr, est le but de cha(|'aehomme; et cette activite, cette fermentation universelle caraclerise notre siecle. Qu'on ne croie pas que ce soit la une mode qui , comme telle manie des terns anlerieurs, doive passer : c'est uno maniere d'etre, un etat de choses mis a la place d'un autre , et que de nouveaux besoins devaient necessaircmcnt amener. Cet etat de choses a produit I'esprit d'association ; cet esprit , si fertile en miracles, se repand en France avec rapidile. Faites que, naturalise dans nos coutrees, il vous Irouve meilleurs, plus instruits, plus habiles, prcts onfin a profiter des bienfails qu'il porte avec lui. Faites que, dans les diverses positions oii le sort et vos efforts pourront vous placer, on distijigue I'artiste ou I'ou- vrier de Melz, a sa bonne conduite , a son adresse, a son in- telligence, k son instruction. " DEPARTEMENS. — PARIS. 53? Societes savanles. Aix. — (^Bouches-du-Rhonc.) — Societe des Amis des sciences, u trouver un en- nemi a I'liomme qui avail siege dans touScs nos asseuiblees, et qui , dans toiites, avalt prononce hautement, et souvent fait prevaloir ses opinions. Jusqu'a la revolution, M. Boissy-d'Anglas ne fut connu que par des essais en litterature (i), qu'un style simple, noble et pur, et I'expression de sentiinens eleves rendaient remarqua- bles. Mais ses succes dans les lettres, qui eussent suffi a la gloire d'un autre, ne sont rien pour la sienne ; les circonstances le piacerent en jiosition d'agir; et des lors, I'ecrivain a pali devanl I'liomme. Nomme depute aux etats-gcneraux par la senecliaussee d'Annonay, il s'enrola sous dcs drapeaux qu'il n'a (i) Deux de ces premiers essais ont ete conserves dans les Etudes lilleraires et poetiqiies d'un f^ieillard, ou Reciieil de divers Merits en I'ers et en prose, par le comie BoissY u'Anglas. Paris, iSaS; Erasnie Klefi'er. fi vol. in - 8°. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxv , p. 5i3. ). Ce sont deux epitres , I'nne a La Harpe, et I'aulre a M. Pieyre. La versiliciilion en est gracieuse, facile, et Tamoiir des beautes de la nature, dn pays natal, et d'une vie simple et champetrc, telle que M. Boissy-d'Anglas snt se la creer pour rbcureux soir de sa v!c, s'y fait parlout seniir. Le plus remarquable de Sfs aotres ouvrages est son Essai siir la -vie, les ecrits et les opinions de M. de Maleshcrbes. Paris, 1819; Trenttel et Wijrtz. 2 vol. in-8° avec Supplement. ( Voy. Rev. Enc, I. i , p. 283.) PARIS. 555 jamais desertes, et le premier il declara que le tiers-etat seul constilunit la veritable asserablee nalionale. Apres la separa- tion de I'assemblee constituante, il fut uomme procureiir-ge- neral-syndic du departement de I'Ardecbe, et mainlint I'ordi'e et la pyix dans cette partie de la France oii il est adore a si juste titre. Avant de (juilter Annonay pour remplir les fonc- tions de depute a la Convention nalionale, il donna une des nombreuses preuves de son courage et de son liuraanite. Une troupe de soldats s'etait eraparee de cinq pretres t;ui allaient etre egorges, torsque M. Boissy les arracha des mains de cette soldafesque, et, aide de quelques citoyens animcs par son esemple, defendit au peiil de sa vie, pendant dix heures en- tieres, la porte de la prison ou il avail trouve un refuge pour ces nialheureux, et d'ou il les lit evader la nuit meme. Depute a presque toules les assemblees qui se sont succedi- si rapidenient, tribun, senateur, cominissaire extraordinaire dans les provinces et aupres des ]iuissances coalisees, pair de France, toujours, partout, il fiit I'anu du faible, le censeur et I'adversaire des mesures videntes, I'inebranlable soufien de la liberie de la presse, de la liberie de conscience , de la liberie in- dividuelle; I'ennerai, jamais reduit au silence, des inaisons de jeu, desloteries, des confiscations, de I'iramoralite enfin, sous toules ses formes (i). II savait, et prouva souvent, a la tribune, ou la plume a la main, que Ion pouvait assurer i'ordre sans multiplier les peines, et mainlenir la justice sans ensanglanter son glaive (2). Fidele au principe que jamais Thomme de bien ne doit se retirer des affaires publiques dans les tems de trou- ble, parce que c'est fuir un danger utile, et ceder la puissance a des furieux ou a des scelerats, il fit, dans les places elevces qu'il remplit, tout le bien qui se pouvait faire. Les regnes divers, les phases mobiles de noire revolution ont trouve ses (i) Discours a la Convention, prononce le 3 mai I7g5, pour deman- der la reslitulion des biens des condainnes par le tribunal revolution- naire , et I'abandon de toute confiscation. Ses travanx au Conseil des Cinq-Cents, dont il fut I'un des secretaires, eurent pour but d'assnrer la liberie de la presse et des jouraaux, la liberie des culies, de faire abolir la loterie, les inaisons de jeu (reclamation qu'il renouvela, en 1822, dans )a Chambre des Pairs), d'oblenir la radiation des emi- gres, etc... (2) II presenta, le 26 juin i8t5, a la Chambre des Pairs, le projet d'une loi en 16 articles sur la liberie individnelle; lol qui assnrait les nioyens de inaintenir I'ordre et la trauqnillite publique, sans porter at- teinte a la liberie des individus , et par laquelle la silnation des detenns •etait ameiioree. T. XXXII. — iSoi'dnbre 182G. j6 554 FRANCK. ])rincipes aussi incbranlablcs que sa moderation ct sa vertu. II nc (ievia pas de sa noble devise : « Fais hicn, ct Inisse dire. » Raconter loules les ciiconslances on il a dcployo sa bonle ct son enei'gie , parler des emigres qu'il a sauves, des revolu- tionnaires qui avaient porte la violence et la fcroclle de leurs passions dans dc Iroinpcurs essais de liberte, et qu'il a defendus aux jours des reaclions, cc serail exccder Ics bornes d'une simple notice; niais, on ne pent uomnicr M. Boissy-d'Anglas, sans rappeler la fameuse journee de prairial oii la dignile de son caractere parut dans tout son eclat. En 1795, M. Doissy-d'Anglas, alors inembre du coniile de saint public, ctait charge de la partie des subsistances, ct s'occupait avec activite des approvisionneniens qu'une defiance generale rendait difSciles. Les agilateurs de partis opposes s'elaient reunis dans leurs manoeuvres pour provoquer unc sedition dont chacun espcrait tirer parti dans le sens de ses opinions ct de ses interets : deja, en germinal, JM. Boissy avail ete iiiterrompu, au milieu d'un rapport sur les subsistances, par les cris d'une populace furieiise qui envahissait la salle des seances, en demandant du pain et la conslitution de vfi. Apres un mois de troubles et de mouvemens partiels, I'insurrection s'organise d'une maniere plus redoulable. Lc i'''' prairial, la Convention est investie; ses gardes sont disperses, les portcs forcees : une multitude d'hommes, de femmes, d'enfans, sc precipilent dans la salle, amies de fusils, de couteaux, dc sabres, et de lout ce qui peut servir leur fureur. Le president Vernier, Andre Dumonl, avaient I'un apres I'autre quitte lo fauleuil : Boissy-d'Anglas s'y place. Les cris, les menaces, les vociferations, les coups de fusil eclatent de toutes parts; toute la rage du people est dirigee siir lui : il lui o[)pose une resis- tance calme ct une contenance impassible. Une nouvelle troupe refoule celle qui comblait deja I'enceinle, se fait jour juscju'au president, et lui pres^nte au bout d'une pique la tete sanglante du depute Feraud qu'on venait d'egorger dans les corridors : M. Boissy se leve, et s'incline avec respect devant les restes dc son collegue massacre. Enfin, apres six Iieures d'un effroyable tuniulte, la force armee disperse ces furienx, qui fuient devant les baicnnettes, et se sauvent par toutes les issues. M. Boissy ne fut point blessc; plusieurs coups de feu avaient ele diriges contre lui, mais la foule et la confusion ne permeltaient pas de viser jusie, et ])ersoiine n'osa frappcr de pres. Lui aussi pouvait dire qu'il y a loin du poignard du sci-lerat au coeur de riiomme de bien. S'il etait permis, si pres des cendres encore chaudes de ce grand et excellent liomme, de jetcr les ycux sur sa vie inic- I PARIS. 555 lieurc, si Ton iic craigiiait d'augmenler cncoie la douleur si poignante iVuiie famillc digne de lui, tjuel tableau toucliant offrirait le simple lecit de ces journees c|ue sa bonte et son amour de I'etude rendaient si pleines et si heurcuses! et que d'affeclions I'entouraient 1 il sympatliisail; avec les vieux, avec les jeunes : sa raison snperioure eclairait les nns , et son aimable gaite rapprochait de lui les aulres. AussijSnu elogele plus grand, le plus vrai, c'eslla mnniere doiit il estregrelte dans les nuances de besoin et de sympathie de chacun. Cetle lendre admiration ne se bornait pas a son cercle particulier , des qu'il paraissait dans un lieu public, a la vue de sa belle et venerable figure qu'encadraient si bien ses longs clieveux blaucs, les plus jeunes demandaient son nom , un conteuiporain rej)ondait, et un murmure flatteur circulait de rang en rang. Qui peindrait la douleur de ses coni})a!riotes, en lecevanl les precieux restes qu'il a legues a sa ■ville natale, et qu'un de ses fils, au desespoir, a conduits lui-meme a Annonay! il y avait si peu de tems qu'ils avaient cek-bre par des fetes bril- lanles sa joyeuse arrivee au milieu d'eux. Cette annee meine, il avait liabite Annonay dans la maison jiaternelle, religieuse- menl conservee par lui, dans toute son ancienne simplicite; et chaque jour qu'il passa au milieu des siens ( car la aussi il ne rencontrait que des visages amis, que des coeurs devoues), chaque jour fut marque par des rejouissances nouvelles. Que sont des louanges ccrites aupres de la joie et de la douleur de toute une population ? Le nom de cet horame aussi adorable dans la bonhomie et la candeur de sa vieprivee, qu'admlrable dans ses verius publiques, n'en dit-il pas plus, seul, que tous les fades panegyriques prodigues a tant de memoires, souvent maudites par les conteraporains, et oubliees de laposierile? Les actions de M. Boissy-d'Anglas appartieunent a I'histoire si feconde en evenemens de notre revolution , et en sont une des belles parties. Tous ceux qui I'ont connu comme individu, le regret teront long-tems : dans bien des coeurs son eloge est trace raieux que je ne le puis ecrire; et ne fnt-il pas fait hautement par la nation cntiere , lorsque soisaute-treize departeraens a la fois I'elurent pour depute. II disait, en riant, avec sa char- mante bonhomie : « ils ne savent ce qu'ils font , ils mc nomment plus que Roi. » Devant ces acclamations generales, il f.iut se laire; car les paroles sont bien faibles aupjes depareils faits(i\ L. Sw.-B. (i) Voycz, pour leu details ijue Tespace ne iioas a pas peruiis de dnn- nei- ici, la ISiogniphie iioiiveUe des contemjwrains , par MIVI Arkatilt . Jav, Jocy , etc., t. Ill , p. 112 el suiv. 556 FRANCE, — PiNEL [Philippe), membre de I'Academie dcs sciences, medecin en chef dc I'Hospice de la Salpi^triere , professeur hoiioraire a la Faculie de niedeclnc , chevalier de la Legion- d'Honnenr etde Saint-Michel. — Pinel , ne le ii avril 1745 a Saint-Paul, piesde Lavaiir, d.ins le dejiarteiuent dii Tarn, prit d'abord ses grades de medecin a Toulouse (1764), puis une seconde fois a la faciilte de fllontpeliier. II passa quelqiies an- nees dans cette ville , ou il fournit a ses besoins, en donnant des lecons de malheraaticjues et en ecrivant des theses pour plusieurs de ses condisciples. Arrive a Paris en 1772 , I'ensei- gnement des malhemalicjues ct cpielques travaux pour des libiaires forraerent d'abord ses seulesressources. C'est en 1781, qu'une traduction de la Metlecine pratique de CuUen, puis une edition des ceuvres de Daglivi qu'il enrichit de notes, comnien- cerent et etablirent sa reputation. L'opinion ques'etaient faite de ses talens les Portnl, les Desault, les Chaptal, les Cabanis, les Bei'thollet , les Fourcroy, etc. , et I'ainitie qui le liait avec ces hommes erainens dans les sciences, Ini enrent bientot ouvert la carricre des emplois. L'administration des hospices lui confia d'abord la division des alienes, a Bicetre, puis quelques annees apres, Fun des plus grands emplois de ses services, celui de la Salpetriere , sous le titre de medecin en chef de ce vaste etablissement. Cependant on vint a reorganiser I'enseignement de la me- decine a Paris , et des anciennes ruines sortit I'ecole foiidee par Thouret et Fourcroy, composition presque montimentale j)ar le nombre de grands talens qui en faisaient partie. Pinel fut I'un des professeursde cette ecole. Sa position devint telle enfin, qxi'elle reagit a son tour sur ses destinees , en fournissant a sou talent les plus riches moyens d'elude ; je veux parler des faits, des observations, de tout ce qui compose les elemens de ses detix principaux ouvrages , la Nosographie philosophique et le Traite de I'alienation mentale. Lorsque fut public le premier de ces ouvrages , la chute du systeme de Boerhaave avail laisse dans la science un vide qui la plongeait dans une sorte d'anarchie. Errans et sans guide , les eleves et les jeunes ])raticiens ne savaient ou trouver le fil qui devait les diriger dans le labyrinthe des maladies : la No- sographie parut (1798), et par I'esprit philosophique qui en fait la base , par les formes empruntees a I'liistoire naturelle qui en constituent le plan , I'auteur donna a I'observation me- dicale une impulsion qu'elie n'avail jamais eue, memc du terns de Boerhaave. Les premieres elincelles de son genie avaient diija fourni a I'ijnmorlel Bichat ridec-mere et feconde dc la PARIS. 557 distinction des tissus; mnis depuis, les idees plus arretees de la nosograpliie, des descriptions techniques, des divisions qui forcaient de mienx signaler les analogies et les differences des diverses affections, des apcrcus ingenieux sur le siege des maladies, preparerent ces liavaux iminenscs sur I'anatomie pathologique , quenotre epoque a vu s'effectuer, et que, tons les jours, elle voit s'accroitre au profit d'un art si precieux pour la societe. Ce fut surtout dans ia classe des piilegmasies que Ton remarqua I'heureuse application de la methode severe de la nosograpliie, et la sans doute sont deja !es racines d'une doctrine recente, qui doit peut-etre una partie de son eclat a la retraite forcee de notre collegue. Avant que I'illustre auteur de la Nosographie fut parvenu a ramener ainsi en France le gout des bonnes etudes et de la medecine d'observation, il y avait deja prepare les esprits par la publication de son Traile de V alienation mentale. L'Acade- raie conserve le souvenir de quelques parties qu'il en dctacha , qu'il imprima dans ses raemoires , qu'il hit dans ses seances solennelles. Ces lectures, que le public a toujours accueillics avec le plus vif inter^t, avec le sentiment d'une profonde emotion, et en y attachant I'idee d'un immense service rendu al'humanlte, nous apprirent a la fois et ce qu'on avait an- cienuement imagine de raieux a I'egard des alienes , et ce qu'a- vaient enfante a leur sujet la peur et I'ignorance presorap- tueuse , les deux plus grands fleaux de la societe , quand ils sont reunis et qu'ils s'aggravent I'un par I'autre. II n'y avait eu , en effet, de prevu que le danger des communications : et comme on n'avait voulu se refuser a auciine des consequences d'une sequestration severe, de I'emprisonnement le plus ri- goureux. Ton avait admis, et Ton avait I'autorite de I'usage pour admetlre (ju'on pouvait trailer des malades en crimlnels. Tel elait le sort des alienes detenus a Bicetre, tel etait le sort de ces infortuncs par toute la terre , quand Pinel fut appele ;\ leur conferer ses soins. Son ardente pliilantropie en fut re- voltee; aussi ces malades qu'on lui avait livres enchaines ou confines dans des cachets infects , quand il passa au service des alienes de I'aulre sexe, il les remit a son successeur, libres, jouissant du bienfait de I'exercice, et devenus I'objet des soins les plus charitables et les plus paternels. A cette meme epoque, il existait aussi a Bicetre" d'autres infortunes. D'affreux pioscripteurs les attendent un jour pour les conduire en des prisons bien plus redoutees : Pinel les reclame, il les retient, il les declare en trailement a titre d'in- senses, et parmi ceux que son courage, que son verlueux dc- 558 FRANCE.— PARIS. YOiJincnt viennent dc protcger, sort des occi(?siasli(|ues, quel- ques nns d'uii ordre uleve, aujoiird'hui |)rouius at»x loiiclions de I'cpiscopat, S'ii fallait ciicr hien d'aufrcs infortunes alors ainsi consoloos, nous rappellerions I'lisile que Piiiel a donnea Condorcct , action doiit il jiarlnge I'lionneur avec It- respec- table M. Boyer. Le luedecin , devcnii. chef d'l'oolc pour n'avoir jamais em- ploye qtte le flambeau de I'observation el de I'exjjcrieiicc dans I'enseignemenl et. la jjralique de sen art, s'etait par-la ouvert les porles de rAcadeniie (ies sciences. On n'altendit point qu'une ])lacc specialemeiil destinee a la racdecitic deviiit va- cante : rcmpressement fut aussi vif que legitime. M. Pinel suc- ceda a BI. le baron Cuvier, devenu, en i8o3, secretaire per- petuel de TAcademie. II avait ecrit sur raiialomie comparee, et meine sur la zoologie , consequemment sur les matieres spe^ dales de la section ou il fut place. II ne s'eu etait cependant oc- cupe que dans des momeiis de loisir, qu'a litre de recrea- tions : mais ces sorles de delassemens etaient ceux d'un esprit supericur. et ils lui avaienl crec des droits tellement inconles- tables , que les rivaux de ce grand academicien s'empresserent de les reconnailre et de Icspubiier eux-memes. Pinel a connu les afflictions de la ■vieillesse ; mais <]uelques charmes en onl pourtant adouci ramerlunie : ce fut la flatteuse idee de confier I'liistoire de sa vie aux souvenirs, et les pro- ductions de son genie au savoir, aux coinineniaires eclaires de la ])iete filiale. L'aine de scs fils suit la carriere de la niedecinc et s'est deja fail connaitre par plusieurs dissertations sur les maladies de rence])hale. Geoffroy Saint-Hilaire , de I'lnstitut. N. B. M. PiNF.L est mort le 25 oclobre dernier. Des depu- tations de I'Academie des sciences , de la Facultc et de I'Aca- demie de mcdecine , un grand nombre de raedecins et unc fouJe de femmes de I'hospice de la Salpelriere ont accompagne son cercueil au ciraetiere du pere La Chaise. Des discours furent prononces sur sa tombe par MM. Paiisct, Roslan, Au- douarfl, et Geoffmy Saint-Hilaire. La notice ))recedenle est extraile du discours de ce dernier, collegue de I'illustre medc- cin a I'Academie des sciences. TABLE DES ARTICLES CONTENDS DANS LE QUATRE-VINGT-QUINZIEME CAHIER. NOFEMBRE 1826. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. r. Reflexions sur renseignement de la geographic. F.-ni.-L. Naville. . 2fi6 2. Du mouvement de la population en France, ( 2" article). A. D. . 9.76 3. Notice sur de Beaufort, voyageur en Afrique. Jomard, de I'lnstitut. . 3i3 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. L'art de la fortification, par le prince Ernest d'Arenberg. Perry. . 324 5. i" Esquisses de philosophie morale, par M. Dugald- Stewart; ouvrage traduit de I'anglais par Th. Jouffroy. 2° Eleniens de la philosophie de I'esprit huniain, par Diigald- Stewart; ouvrage traduit do I'anglais r — g — r. . 33i 6. Histoire des Francais, par J.-C.-L. de Sismondi (2'' article), * 34^^ 7. Histoire de la Revolution d'Angleterre , par M. Guizot. T. D. 370 8. Anthologie russe, par P.-J.-E. Dupre de Saint-Maur. E. Hereau. . 877 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de i3o oiivrages , francais el ctrangers . Amerique SEVTEJJTRIONALE. — Etats-Vitis , 3. — Mexiqiie,!. . . 387 AsiE, 1 3y3 Europe. — Grande-Bretagne, 19, dont i3 ouvrages periodiques. ibid. — Rnssie, 6, dont 2 ouvrages periodiques 4o5 — Danemark ,4 409 — Allemagne, 7 4'! — Suisse, 3 420 — Italie , 9 421 — Espagne , i 4*5 — Pays-Bas, 9, dont 2 ouvrages periodiques 428 France, 67, savoir : Sciences physiques et nalurelles, 20 ... . 433 — Sciences religieiises , morales , politiques et historiques , 2a. . . 4^9 — liueratiire, i5 [\&l — Beaux- Arts, 4 495 — Memoires et rapports de socicles savantes, 2 5oi — Ouvrages periodiques ,2 5o5 — Livres enlangues etrangercs , impriines en Prance, 2 507 5Co TABI.K DES ARTICLES IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Amertquk SEPTENTRIONA.LF.. — Pecliciies dc Tcrre-Ncuve et de L.ibrador. — Etats-Unis ; Ncw-Yorh : Ascensions aerostatiques. — Lettre ^crite aux redacteurs de la Revue : reclamatioii ; decouverte d'un ancien manuscrit niexicain 5ii AsiE. — Batavia : Introduction de fabriques d'indigo dans I'lle de Java 5rfi EUROPE. Il,ks Britakkiques. — Statistique : population. — Commerce des bles en Europe. — Necrologie : Charles Mills ibid. RussiE. — Slitau : Societe courlandaise. — Moscou : Societe im- periale pour Fbistoire et les antiquites russes 5 19 DANEMiRK. — Publications procbaines 824 Allemagne. — Prrisse : Culture dela soie. — Munich : Universite. — Leipzig : Librairie allemande. — Berlin : Theatres. — Vienne : Theatres SaS Suisse. — Progrfes de I'enseignement industriel. — Lausanne : Instruction publique ; Academie SaS IxALiE. — Brescia : Alhenee ; programme d'un prix bieonal. — JMilan : Tbeatres. — Verone : Necrologie : Delbene Sag Pays-Bas. — Gand : Universite. — Liege : Ecole de geometrie et de mecanique industrielle. — Bruxelles : Funerailles de David. — Amsterdam : Yente d'un cabinet d'histoire naturelle. — Necrologie : Svpaan _, SSa Franc^. — -IMeCz : Enseignenient industriel. — Societes savantes : Aix : Societe des amis des sciences: Prix proposes 536 Paris. — Institut. Academie des sciences : seances du 16 octobre au i3 novembre. — Societe pbiloteclinique. — Alhenee royal. Cabinet des medailles .t la Bibliotheque du Roi. — Industrie : Objets d'etrennes. — Theatres : Theatre Francais : premieres representations de Rosemonde , trageclie , et d'une Aventure de Charles V, comedie. Odeon : premiere representation de la Niece et le Pupille , comedie. — Necrologie : Lauth ; Boissy d'Anglas; Pinel 537 AV1» AUX AMATEURS DE LA LlTTliRATUaB l^TilANCJbRK. On peut s'adresser a Paris , par rentremise du Bubbad cektbal u« i-A Rbvue EjfcvcLopEDiQUB, a MM. Trbhttel et WiiBiz, rue de Bourbon, n" 17, qui out aussi deux maisons de librairie, I'une a Stras- bouig, pour rAJletnagiie, et I'autre a Londres ; — a MM. Arthu* Berthahd, rueHautefeuille, n° a3; — Rendu ard, rue deTouruon.n'* 6; — Levrauix, rue de la Harpe, n" 81, et a Strasbourg ; — - Bos- SAMGB/'erc, rue Richelieu, n^eo; et a Londres, pour se procurer le« divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo* nais, hollandais, etc., ainsi que lesautres productions de la litterature etrangfere. — La Direction de la Revue Encjrclopedique a'a d'autre but, en publiant cet avis, quede faciliter, par tous les moyens qui resultent de ses publications inensuelles , les communications scientifiques et litteraires eptre la France et les pays etrangers. AUX ACADEMIES ET ADX SOCl^TXS SAVABTES de tOUS ICS pajTS. Les AcADEUiBS et les Societes savartes ex d'utilite pdbi.iqob, fran^aises et ^trang^res, sont invitees a faire parvenir exactetuentj/ronc de port y au Directeur de la Revue Encjrcl«i^,Grieshaiiuner; — G.Zirge*. Liege, Jalheau pere. Lisbonnc , Paul Martio. ■.^■'t :ians les v\y% ktrancers. lotdres, D-,i lu • I Compagnie; — Treuttel '■ '•Vrrt/; — Bwisaiige. Madrid, Dl ..; , . ; — Per{;s. Milan, Giegler; — Visniara;Boccii. Moscoii, Gautier; — Riss pt'reetlils. Naples , Borel 5 — Marotta el Wanspaiulock. Keuchatel (Suisse), Grester. New-York (Etats-Unis), Tlloisnier- Desplaces; — Derard etMondou; — Belir etKulil. Nouvelle - Orleans , Jonrdan ; — Roche , frfres. Palerme (Sicile), Pedoniie et ]\Iu- ratori; — Boeuf (Cli.). Petersbourg , Saint - FloiPii' Graeff;— Wejher;— Plu. 1. , Stuttgart ct Tnbingiie , Cotfa. Utrecht, Van Schoonhoven. Todi, B. Scalabrini. Turin , Bocca. Varsovie , Glucksberg ; — Za- vadsky. yienne ( Autricbe ) , G6rold ; Schautnbourg ; — Schaibacber. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Piirc), Piolet ain6. Jle-de-France (Port-Louis), E. Burdet. H/urtinique , Thounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Au Bureau dv. KEDA.CTioJ!f, bub u'LiFER-SAisT-MicHEi, , n" 18, ou doivent ^tre envoyes, francs de port, les livres, dessins et gra- vvires , dtmt on desire I'annonce , et les Lettres , Menioires , Notices ou Extraits destines a dtre inseres dans ce Recueil. Chez Treuttei. et Wiibtz , rue dr Bourbon , n^ 17; ' , RcY EX GRiViER, quai des Au^uslins, n* 55; Charles Becuet, libraire-comm" , quai des Augustins, n° Sy; DoKDEY-DuPRK, rue Saint-Louis, n" 46» au Marais; et rue Richelieu, n" 67; MoMGiEalae, boulevard Poissonnifere, n" 18; Eymehy, lue Mazarine, n" 3o ; RoHET, rue Hautefenille , n" la ; Bachelier, quai des Augustins, n" 54 ; Levratji,t, rue des Fosses-M.-le-Prlnce , n" 3 1 , et a Strasbourg ; A. BauSdo-uin , rue de Vaugirard , n» 1 7 ; DeladnaY, Pelicier.Pomhieu, au Palais-Royal; A LA. Teste, Cabihet Litteraire, tenu par M. GAuriEB, ancie3 iiiilitaire , Galerie de Bois , n" 197, au Palais-Royal. Ifota. Les ouvragcs anuonces dans la Revue sc trouvent aussi cbez RouET , rue HantefeoiUo, u° la. PARIS. ^DE lIMrRIMERIE BE RIGKOVX, rue do3 Francs-l*oui-geois-S.-51ichel , n" 8. ioMK IV-i8-2G. ( ?)2'^ de la collection. ) 96* LlVnAlSON. ^55ij^S REVUE ENGYCLOPEDIQU ANALYSE RAISONNfiE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMAIIQUABLES dA.NS la MTTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. i" Pour les Sciences physiques et inathematiques ft les Arts industiiels: MM. Ampere, Ch. Duns, Fourier, Girard, NiviER.de I'lustitutiCoQtiEaEi.; Casaseca, de Madrid; Ferry, Frakcoeur , Ad. GoNniWET, LrKorManu, professeur lie technologie ; A. Micbei.ot, db MoNXGEa-f , IVI0REA.U ue Jostkes, {'ouillet, Quf.tei.et, T. Bichard, Warden, etc. a* VauvXes Sciences natiirclles: MM. GEOFPROY-SAmT-HiLAtRB, de I'lnstitut; Bory de Saint-Vinceht, corrcspondaut del'Iustitut, V. AtJDOniN, Mathied BoNAtoDs, de Tuiiu; Brokgniart Ills, Desmarest, Flocreits, D.-M. ; E. GAii.ton , de Dieppe; V. Jacquemont, etc. 3' V OUT Ua Sciences medicales ■■ JIM. Adrlon, BAi,i,y,DA.MiRO]!r, G.-T.Doiif, Amedee DuPAn,EsQUiROl.,FossATX , Gasc; Ger.so:t, de Haml)Ourg ; A. Gri- MACD, d'Angers ; Georget; Legrakd; de Xxrckhoff, d'An-vers; Orvii.a; III GOLr.or Ills, d' Amiens. 4° Pour \es Sciences philosophiques et morales, poUtiqiies, geographiques et /nstoriques.-tiLlfil. M. A. /uLtiEN, de Paris, Fondateiir-Directeur de la Revue EriCYclopidique; DeGERAKDO, Ai.EI. DE T.A BORDE, .'O r. ARD , LAS JUINAtS, de rtastitnt; Agous, Aatadd, M. A VENEI., Barbie lit Bo~AGEfils, Benjajiin- ('onstant, Charles Comte, Deppihg, Adolpde Carrier, Gcigniaut, Gdizot, a. Jaobert, Lafom de Ladebat, Ai.ex. Lameth, Lasjoinais lils, P. liAMi, LESUEUR-MERtiN, Massias, A. Metrai. ; Meyer , d' Amsterdam ; deNorvims, Parent-Real, Edsebe Salverte, J.-B. Say, Simonde de StsMONDi, de Geneve, etc. Dcpin alue, Berville, A. Beugnot, Bouchene- LeFER, CRIVEt,LI,D0UBLET-DK-B0ISTHIBAtILT, DdFAU , DuFRAYER , DuVER- GiER , Ch. Benouard, Taillandier, avocats, etc. 5* Pour la Lillerature francaise et etrangire, la BihUographie , \' Archiologie exXes Beaux- Arts :^\isl. Abdrikux, AMAtJRY-DovAi,, Berton, J. Droz, Emerio David, Lemercier , Natjdet, de Segur, de I'lnstitut; M^eL.-Sw. Beli.oc; MM. Bariseau, BiANCHi, M. Berr, J.-P. Bres , Felix Bodin, BurnoufIU*, ChauveTjChknedolie, de Liege; P.-A. Coupin, Fr. DegeorgeiDumkhsan, Ed. Gauttier, Ph. Golbery, Eeirerg, Uenrichs, E. Hereax;, Augusts JuLLn!N,fils; Bernard Julhen;K.alvos, deZante; Adrien-Lafasge, J.-V.Le- clerc,Loeve-Veimars, A.Mabdl,Mazois, Alrert-Montemont, Monkard, de Lausanne; KicoLO-PocLO.C. Paganel,H. Patin, Pongerville; de Eeif- PfcHBERG, deBruxelles; Rolle, bibliothecaire de la vllle de Paris; dk Stas- sART, Fr. Salpi, M. Scbinas ; S<;hweighAoser , de Strasbourg; Leok Thiesse, P. F. TissoT, Verkeuil, Villenave, S. Yisconti, etc. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE, Rue d'Enfer-Saint-Michel,n° 18; ARTHUS BERTRAND , rue Hautefeuille , n" a3; Au MusEE EWCYCI.OPEDIQUK, CHEZ BossAHGB p6re,rne Richelieu, Rknouard, rue de Tournon, n" 6; LONDRES. — Gbrer At Foreign Agency Office, n" 38, Norfolk- street, Strand; Teeuttei, etWuRtz; Bossange; DulaU etcomp. ; P. RojCANDi, n" 30, Berners-street , Oxford-street. DECEMB'RE 1826. AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LEs SOUSCRIPTEURS liont I'abonnement est expire LB 3 1 DECEMBRE DERNiEK , sont iiivltes a le faji'e renou- vsler incbssamment, pour que le service Jes envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis Je moisde Janvier 1819, il paratt, par ann^e, douw caliiers de ce Recueil ; chaque cahicr , publi6 le 3o du mois, se compose d'en- viron i4 feuilles d'impression , et plus souventde 16 ou i8. On souscrit k Paris, au Bureau central efabonnement el d'expidituui indiqu^ sur le titre. Prix de la Souscription. A Paris 46 fr. pour un an; 26 fr. oour six mois. Dans les departemens. 53 3o A I'etranger 60 34 La difference entte le prix d'abonnement, a Paris, dans les departe- mens et dans retranger, devant ^tre proportionnelle aux frais d'expe- dition par la poste, a servi de base a lafixation port^e ci-dessus. A ce sujet, la Direction de la Revue Encyclopedique croit devoir faire observer que , cette base ayant et6 calcul^e d'apres le noniLre de qiia- torze feuilles promises mensuellement aux abonnes, les frais deport occasion's par I'augmentation successive des caliiers sonl restes entit-- rement k sa charge. Le montant de la souscription, enyoy' par la poste, doit dtre adresse d'avance, fkakc de pokt, ainsi que la correspondance, au Directeur de la Revue Encyclopedique , rue d' Enfer-Saint-Michel , n° i8. C'est a la m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tons genres et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on d'sirera I'insertion. On pent aussi souscrire cliez les Directeurs des postes et chea les prlncipaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers. Trois caliiers ou livraisons ferment un volume. Chaque volume est termini par une Table des matiferes alphabetique et analytique, qui ^claircit et facilite le» recherches. Cette Table est toujours jointe an I*' cahier du volume suivani, a I'exception de la dernifere Table de 1 ann'e, qui est exp'di'e isolement k tous ceux qui peuvent y avoir droit. Ou souscrit, seulement k partir de deux ^poques , du i"' Janvier ou ti^ I " juillet de chaque ann'e , pour six mois , ou pour un an. On trouve , au bukkau ce!»tr»l, les collections des annees 1819, l8jo, 1821 , 182a, i8i3, 1824 ef 1845, au prix de So francs chacune. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES TxAlSONNEES DES rRODlIOTIOrfS LES PLUS KEMARQUABLES DANS LA LITTERATUIIE, LES SCIEKCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. NOTICE SUR LA CORSE. Nous avions promis de presenter pcu h. pen a nos lec- teurs line sorte tie stalistique agricole , indiistriclle , com- mercialc, litteraiie et morale ties principanx tieparleniens de la France, a mesiire que nous en aurions I'occasion. Une pre- miere Notice, rt'dig('e par M. Cn. Dupin, sur noire industrip. nntioniUe , eten parliciilier siir ses produitset scs pro^res dans un seul doparliment, celui de la Mose/ic [\oj. Rev. Enc. ., t. XIX, p. 5i7-5'i5), devaitetresuivio d'articles dii inenie genre snr riiidiistrie consideree coniparalivcment dansnos differeiites provinces, si noire savant collaborator n'avait pas ete cnipe- ch«5, par dis travaux pins imporlans , d'acqnitter ju'^fpi'ici i'en- gagenient contracle dans la Notice cpie noips M'nons de men- lionner. — Qiieiqnes ims de nos corr<'S|)oiidans , a Nantes, a Bordeaux, a Toulouse, a Marseille , a Lyon , a Clialons - sur- Marne, aStrasbourg, a Lille, a A.miens, etc., nons aideronta executer cette partie de notre plan qui consiste a faire mieux connaitre la France aux Francais eux-mcmes et aux etrangers, T. XXXII. — Deceinhre 1826. * Zj 562 NOTICE comme nous lachons de faire mieux connaitre les difft-rentes nations les nnes anx aiitris. Car toutes les contrees du globe , dont les habitans ferment une grande er meme famille, unie par tant de besoins et d'intercts communs, separee par tant do prejiiges, d'obstacles et de coutumes qui tiennent encored I'ancienne barbaric, et tousles fails importans qui interessent la prosperile publique doivent etre successivement passes en levue dans nos Tablettes uniwrselles de la civilisation compa- ree , veritable Encyclopedic periodiqiie et progressive ; nous avons donne cette denomination a notre Recueil , il y a plu- sieurs annees pour en niieux caracteriser la nature et le but , et nous avons vn avec plaisir que la meme idee , si feconde en developpemens et en inoyens d'execution, a fourni le titre et le sujet d'un ouvrage qui , different du noire a beaucoup d'cgards , doit ueanmoins remplir une destination analogue. Comme nous voyons s'augmenter chaque annee le nombre de nos correspondans zeles et instruils , I'execution de notre plan pourra s'ameliorer deplus en plus, et nousaccomplirons avec lenteur, mais avec perseverance, la tache difficile que nous avons entreprise. Aujourd'hui, nous devons a I'obligeance et au patriolisme eclaire d'un habitant de la Corse, dont nous regrettons d'etre obliges de taire le nom, les details que nous allons offrir sur cette contree, qui merite de fixer I'attention et I'iuteret des es- prits observateurs et des amis de I'humanite. M. A. J. Il est des peuples qui, dans le developpement de leurs fa- cultes naturelles ou acquises , et dans le choix des moyens propres a accroitre leur prosperite, ne demandent que de n'etre point contraries par le pouvoir, et lui tiennent compte des obstacles qu'il n'apporte pas a Texercice de leur industrie legitime. II en estd'autres qui persistent plus ou nioins long-tems dans des habitudes stationnaires; auxquels il ne suffit pas d'une protection puissante et d'un regime bienveillant; mais qui, pour entrer en partage des bienfaits de la civilisation, ontbe- soin d'etre aides et encourages par leurs aines dans la voie du perfectionnement social. Cette derniere remarque s'applique avec assez de justesse aux habitans de la Corse, rcstes en quelquc sorte une nation a SUR LA CORSE. 563 part , sous les divers rapports qui echappent a Taction de s lois generales, et a rinfluence d'une administration renfermeedans les limites du droit coramun de la metropole. L'accession d'lin pays a un autre etat estconsideree naturel- lement sous les points de vue d'utilite et de convenance pour I'etat qui acquiert , d'avantages et d'inconveniens pour le pays reuni. L'utilite dont la Corse pouvaitetrc a la France, quant a sa puissance navale et a ses relations de commerce dans la Me- diterranee, est une question de haute politique qu'il ne con- vient point de trailer ici. Les avantages que les naturels ont retires de cette reunion sont sensibles et considerables. On doit mettre en premiere ligne : le bienfait d'une justice eclai- ree et impartiale , la presque nullite des impots, le numeraire que font circuler dans I'lle les traitemens des fonctionnaires publics et la solde des troupes ; enfin , la construction a frais immenses d'une grande route qui etablit une communication facile entre le deqa et le dela des nionts , et entre les deux villes principales de la province, du rivage nord-est a la cote sud-ouest. Malgre ces avantages, dont le sort de la population sous le gouvernement des Genois , pendant plusieurs siecles , a du faire sentir d'autant mieux le prix , la Corse est restee fort en arriere des autres departemens de la France, On doit en assigner deux causes : la nature du sol , le carao- tere particulier des habitans. L'ile, formee de groupes de montagnes qui s'elevent des deux extremites an centre , se prete difficilement a la culture. Les plaines malsaines qui longent la cote de Test sont, il est vrai, d'une fertilite prodigieuse; mais le territoire en est re~ parti entre les communes dont les chefs-lieux et les hameaux sont situes sur les hauteurs voisines. Les cuUivateurs qui habi- tent ces plages dans la saison des labours et des semailles, ne peuvent sans danger y faire un long sejour , pendant les mois de juin,juillet, aout et septembre. Les moissonneurs, dans le court periode de la recolte, sont souvent attaques de fievres per- 564 NOTICE nicieuses ouchroniques rebellcs. On n'y pourrait done faire d'e- tablissemcns pcrmancns qu'a la coiidilion de s'cn eloigner poiidiiiit iin tiers de ranuce; ce qui nuira toiijoiifs a leur piospeiite. La population fixee snr Ics monl.igncs y est prossoe ct comme cntassec dans des Lourgs ou lianicaux, dont la situa- tion, excellciitc quant a hi qualitu de I'air ct des oaux , ainsi que sons Ic rapport de la defense en cas de g\ierrc, se refuse generalcnicnt aux developpcmens ntcessaires a ragricidluro. Ce defautd'espacp, de cours, de granges, d'ctablcs, de tout ce qui cousiitue ailleurs raccessoiro indispensable de la maison rustlque , rend I'existencc h la campagneaussi gonante pour les cultivateurs, qu'incoinplete et maussade pour les proprietairos aises. Les dangers auxquels on se tiouve expose dans une si- tuation tant soil pen isolee, au nioindre evenenicnt qui cree uneinimilie, ou dans les circonstances qui affniblissent Tac- tion de !a force publiqne, detourncnt la pliipart des habitans de s'etablir dans des formes, ou de placer les maisons de plai- sance a quelque distance des villages. Le laboniciir quilte, le matin, son eiroite demeure pour aller travailler au loin. II cmploie un terns considerable a chercher ses boeufs, qui out vague pendant la nuit dans les fourres [ma/>is). Les tcrres etant extremcmenl morcelees, il consomme une grande partie de ce qui resic de la journee h transporter sa cbarrue dun petit champ a un autre, et a fran- chir les ravins et les cscarpcmens qui separcnt ses heritages. Cette charrue et le mode d'attelage sont d'ailicurs encore tres-grossiers. La neccssitc d'abandonner a cux-memes, faule dc fourragos, ou de batiniens d'exploitation, les animaux de labour et les betes de somme, entraine un inconvenient qui devicnt a son tour la source de querclles journalieres, de proces, el d'ani- mosites Irop souvent sanglaules. Ces besliaux penetrent , en effet, dans les terres oiivertes, ou dans les cnclos toujours mal fermes, ct y causent en quclques lieures plus de dom- mages que leur travail n'a donne de profit au maitre durant SUR LA CORSE. 565 pliisieurs jours. On ne peut calculer non plus les ravages qu'oc- casionent les tronpeaux, dans leur passage de la montagne a la plaine, et de la plaine a la montagne : occasion perpilucUe de rixes entre los colons ct les bergers. La Corse est I'un des departeiDcns de la Fiance oil le Code rural est le plus impa- ticnimcnt attendu. La ciillure de la vigne a fait de grands progres depuis quclques aunees : ncanmoins, elle presente encore pcu d'avan- tages an propiielaiie et au pays en general, les transporis etant Ires-didiciles a cause dn nianvais etat dcs cheniins com- niunaux. Le prix de la main - d'oeuvre est d'ailleurs trop eleve, en Corse, pour qn'on y puisse soutcnir la concurrence avoc les produits des vignobics du midi du continent, qui fournisscnt en parlie a la consommalion des villes marilimes de i'ilc, et principalement de Baslia. Tous les travaux qui component una cerlaine fatigue, tels que les defiichemens, les dessechemens, I'exploitation des forets royales, etc., sont raremcnt executes par les habitans. C'est le pans re et robuste Italien des campagnes de Lucques ct de Piombino qui \ient, chaque annec, a lontrce de I'hiver, s'occnper des travaux que le Corse dcdaignp,.ou ne se croit pas en etat d'entrcprcndre. Plusieurs de ccs elrangers sont aus'ji employes a la simple culture des champs et de la vigne. Ces gens, dont la douceur et la patience egalent la sobriete, retournent, au prinlems, dans Icnrs foyers, empor- tant les economies faites sur leur salaire, dont le prix jncyen est de trente-cinc[^ sous. On concoit que le grand canal du Helder a Amsterdam ait etc crcuse recemment par d'autres mains que celles dcs riches ct industrienx Kollandais; mais on ne voit pas powrquoi I'iiabilant de la Corse laisse ecouler ainsi au dehors des sommes d'argcnt dont le relour dans Tile est si difficile. En calcidant dans I'annee le nombre des jours que I'habitant pauvre des campagnes el des villes passe inoccupe, on est porte a croire que le service des Lucquois n'est point necessite par le manque de bras. L'olivier semblerait uue source de richesses pour le pays, 566 NOTICE ou il est si repandu et ou il croit avec uiie si grande facilite; ily est exempt de la gelee, dont le midi de la France a periodi- quement tant k souffrir. Le produit, convenablement fabrique , en pourrait etre d'une excellente qiialite : des speculateurs proven^aux en ont fait I'experience, en 1828 , ou la recolte fut assez abondante pour renibourser, avec profit, les frais des raoulins qu'ils vinrent etablir dans le voisinage de Bastia. Mais malheureusement cette recolte peat h peine , une fois tous les cinq ans , fournir un objet d'exportation. Faut-il I'attribuer au peu de soin qu'on prend de I'arbre partout ailleurs qu'en Balagne ? il n'y sent guere la serpe que pour etre employe en bois de chauffage ; on lui donne rarement des facons hors de I'enceinte des champs , et bien plus rarement des engrais. On ne prend aucune precaution dans la recolte du fruit pour menager les pousses de I'annee suivante. Il est vrai que I'olivier est expose, en Corse, a deux flcaux : 1° les vents terribles du sud-ouest (libeccio); 7.° I'invasion d'un insecte qui devore la pulpe du fruit; ce qui arrive presque toujours lorsque I'ete s'dst passe sans pluie , ou quand le iiiois d'octobre a ete trop chaud (i). II faut croire que I'education des vers a soie a trouve, en Corse , des obstacles iuvincibles. Presque tous les muriers propages par les soins de M. de Marboeuf ont disparu. Ceux qui restent temoignent cependant que cette branche impor- tante de I'industrie meridionale n'a pu etre negligee ou aban- donnee faute de son aliment principal. La Corse est done pauvre, et doit probablement I'etre encore long-tems. Cette pauvrete est, au reste, purement relative. Les simples besoins de la vie y sont aisement satisfaits. La faim et le froid sont des souffrances inconnues aux plus indigens de I'lle. Dans (i) Plusieurs personnes pensent que I'espece d'olive originaire- ment introduite dans File n'est pas celle qui conviendrait le mieux au climat , et qu'on la remplacerait avec succes par celle qui croit sur la cote d'Afrique ou en Calabre. SUR LA CORSE. J67 plusieurs cantons les chataigniers fournissent, pour plus de la moitie de I'annee, une nourtiture aussi agreable que saine. Les troupeaux qui parcourent les parties incultes de I'lle donnent outre du laitage et des fromages delicieux, une laine, grossiere k la verite , mais qui pent se passer de teinture, et une chair fort delicate. Les pores sont extremement multiplies et en- tretenus a peu de frais. Le gibier est presque partout abondant et facile a abattre. Partout, d'ailleurs, le villageois est proprie- taire de quelque morceau de terre, ou il trouve, avec un travail de quelques jours, la subsistance de sa famille. Les arbustes qui couvrent les trois quarts de la superficie des montagnes donnent gratuitement a tons le bois necessaire an chauffage et a la cuisson des alimens. Chaque paysan est loge chez soi, d'une maniere souvent peu commode, il est vrai, mais il s'y plait d'autant mieux qu'il y est maitre absolu> les femmes etant tenues, en Corse, dans une grande depen- dance et dans une sortc d'inferiorite; ce qui fait que les maris ne repugnent point h les charger des travaux les plus pe- nibles (i). Si done les habitans savaient jouir pleinement et tirer parti des bieus que la nature a places autour d'eux , on pourrait les considerer comme I'un des peuples les plus heureux du globe. Mais la Corse , qui interessa I'Europe eutiere i ses plaintes fondees contre la tyrannie des Genois, la Corse, apres plus d'un demi siecle d'une administration equitable et douce, est encore malheureuse; et aujourd'hui la cause de ses douleurs est toute entiere dans sou propre sein. L'esprit de jalousie , les haines qui partagent en plusieurs fractions ennemies les habitans de la plupart des villages de I'interieur, corronipent tous les bienfaits de la Providence, et (i) En considerant la maniere dont les femmes sont traitees •en Corse, et les loisirs qu'elles procurent aux hommcs, on ne pent gufere expliquer I'espece de chagrin dont mie famille est geiierale- ment affectee a Ja naissance d'une Clle; a moins qu'il ne soit I'effct d'une pilie anticipce sur le sort qui Tattend. \ 5<.8 NOTICE obscurcissent, en quelqiie sorte, d'un voile sombre le plus beau ciel qui puisse cclaiicr une contree. Les rcsuUats de celte maladie morale sont conmis : ils sent ecrits dans les sou- venirs de presque loutes les families et dans les archives des tribimaux. Les fureurs des vengeances sont loin sans doule d'etre por- tees iiiijourd'luii au point oil olles s'excrcaient sous la domina- tion (les Genois, qui, dit-on, en trafiqunient; mais I'esqtiisse fidele des guerres intestines dont tm si grand nonibre de vil- lages sont encore le theatre; le tableau des agitations que d'anciens ressentimcns, des rivalilcs locales, des inimilies et des antipathies hereditaires, et le caractere naturellement iras- cible des Corses, entretiennent dans les pays du centre, prou- verait combien il est difficile encore a Tadministration d'y creer un bon esprit public. Depuis la revolution, on a repris dans les campagnes, au deia du Cap-Corse, I'ancien usage d'etre toujours arme; usage que les niesures rigoureuses , mais necessaires alors, adoplees par M. de Marbociif avaicnt totalcment aboli. II en resiille que beauconp de querelles qui , ailleurs se videraient sans ef- fusion de sang, iinissent par des coiips de fusil, de pistolet on de stylet. Ces meurtres et ces blessures raniment des inimilies , qui mcme dans ces derniers temsont aneanii, dans certains ■villa- ges, des families enticres par une suite d'affreuses represailles. II est juste da remarqucr, neanmoins, que les homicides prcmedites on t etc beaucoup plus rarcs pendant lecours des deux dernieres annees. Sursoixante-dix-sept affaires portees a la cour criminelle durant les si.\ premiers mois de 1826 , on n'a comple que six assassinals, dont deux reraontaient a des epoques assez eloignees. Les vols figurent dans cette liste en plus grande proportion qu'on nc I'avait observe precedemment Les viols, rapts et attentats a la pudeur des fi-mmcs, trop nonibreux en 1825, et presque tons commis par de tres-jtunes deiinquans, se sont reproduits en molndre quantite (i). Ce dont on s'afflige (i) On ne compte en ce moment dans les prisons de la Cour de SllR LA CORSE. 669 avec raison, c'est la hardiesse des faux temoignages, pour ou centre les accuses. II faut avoir assiste aux seances d'un tribu- nal criminel en Corse, pour se faire une idee de la perplexite ou doivent etre les jugos, lorsque, le corps du delit etant con- stant, ils sc trouvent , au niilifu de depositions contradictoires et egalenient precises, dans la penible apprehension de con- damner un innocent, ou d'encourager le crime par I'acquitle- ment d'lin accuse que poursuit la clamour publique. Une loi qui proliiberait le port d'armes paraxt franchement desiree par la niajorilc des habitans; niais I'execulion n'en se- raitpas peut-etic sans de graves diflicultcs. L'ile recele encore un grand uombre de coutumaces qui echappent aux recher~ ches de la force armee. 11 s'en irouve parmi eux qui, pen- dant piusieurs annees, ont ele le flcau du pays , et sont charges d'une multitude de condamnations capitales. Si leur existence dans les relraites inaccessibles ou ils sont contraints de se ca- cher est sans danger actuel pour la tranquillite publique, ils continuent d'etre un sujet de terreur pour ceux avec lesquels ils sont en etatd'inimitie flagrante ou couvcrte. On ne pourrait ainsi laisser les habilans paisibles a la merci de ces malfai- teurs, dans une contree oij, par la configuration du sol, la force publique ne pent proteger partoutle ciloyen. Un pays ou I'institolion du jury n'a pu eire maintenue, ou le port d'aruics devient nne cause des plus grandes cala- miles, ne tirerait vraiseniblablement pas un grand fruit d'une loi de responsabilile des communes, dont I'objet serait de faire peser sur tons la solidarite civile des crimes commis dans cha- que territoirc. Lcsactes d'hero'isme quisignalerent les habitans de la Corse dans leur lutte contre Icurs anciens tyrans fourniront toiijours des pages admirables a I'histoire. On n'oublicra pas non plus justice criminelle que neuf accuses de d61itseinportant peine afflictive et jnfamante. Ceux dont la procedure s'instruit dans les divers tri- bunaux d'arrondissement n'excfedent probablement pas ce deraier uombre. 570 NOTICE SUR LA CORSE, que lorsque le continent francais n'offiait que des bourreaux et des victimes, lorsque les autels y etaient renverses dans le sang de leurs ministres, la Corse repoussa avec une genereuse energie les proconsuls et les echafauds, et n'interrompit pas un instant les ceremonies de son culte. U lui reste a s'exercer desormais a toutes les vertus de la paix, sous les auspices d'un gouverncment juste, eclaire et pa- ternel, et sous I'influence de cette religion sainte qui veut que I'homme travaille el prie , et qui est toute d'amour, de bien- veillance et de pardon. L'attachement des habitans de la Corse a la France est sin- cere, quoique, par I'eloignement des lieux, par la difference dulangage, par la diversite des habitudes et des usages, ce sentiment ait peu d'occasions de se manifester. Une administration aussi douce et aussi desinteressee quest celle qui regit le pays doit se concilier necessairement I'affec- tion des naturels. La conflance qui s'accroit et s'etend chaque jour davantage entre le gouverncment et les notabilites de I'ile, est le gage de I'accueil que recevront toutes les mesures le- gales tendant a faire partager aux habitans de ce departement insulaire le bonheur dont jouissent leurs compatriotes du continent. La France le doit, ce bonheur , a la soumission que chacun y professe pour les lois , au respect des personnes et des pro- prietes, et au developpement spontane de toutes les industries dont le resultat est de faire tourner au profit de la sociele en- tiere les efforts diriges vers le bien-etie de la famille et des individus. . 571 EPITRE A M. VANDERNAT (W/ de T*.), Auaeif jaiNisTRE de la republique batave, Retire dans one solitude pbilosopbique , pcu loin d'Utrecht (i); PAll UN FRANCAJS, AMI DE LA LIBERTE. Des humaines grandeurs tu connais la chimfere, Vandernat; a la cour d'un monarque ephemere (a) Enchaine malgre toi, ills de la liberie, Tu sus aupr^s d'un Roi garder ta dignite. Spectateur afflige des maux de ta patrle , Sous trois maitres divers tu la vis asservie : Tu plaignis ses douleurs, et ton cceur genereux Pour son independance osa former des voeux. Mais le sort des combats, I'influence fatale De la reine des mers abaissant sa rivale, Firent associer , par un bizarre choix, Deux peuples differens de langage et de lois : Les Beiges nes Francais , les antiques Bataves Sous un maitre commun devaient languir esclaves. (i) On n'a point cru devoir publier les veritables noins,ni de I'homme respectable auquel cette Epitre est adressee, ni du lieu qu'il habite ; car on aurait craint de troubler , meme par un hommage d'estime et d'affeclion devenu public, la douce tranquillity dont il jouit, et de contrarier le systfeme de bonheur qu'il s'est fait, d'aprfes une longue et triste experience des hommes et des affaires humaines, et qui consiste dans I'application de cette maxime d'un ancien sage : Cacher sa -vie et se taire ( latere et tacere ) , a laquelle notre sage Hollan- dais ajoute cet autre precepte qu'il aime surtout a pratiquer : Faire le bien sans paraitre. (a) Louis {Bonaparte) ,'Ro\. de HoUande, en 1806 et 1807. Quoique son r^gne n'ait eu qu'une trfes-courte duree, ses qualites personnelles et le sentiment patriotique avec lequel il avait cherclie a servir les interets du pays qu'il se trouvait appele a gouverner, ont laisse des souvenirs durables d'affeclion et de reconnaissance dans les cceurs de beaiicoup de Hollandais. fiPITRE Ainsi, dans I'lnterct de son ambition , L'avait prescrit aux rois rorgueilleuse Albion (i); Et ce nouvel etat, fiontieie politique, Bastion avance du monde britannique, D6s son berceaii , courbe sous un joug Stranger, Crce par les Anglais , devait les proteger. Mais un Prince eciaire, liberal, magnanime, S'est fait independant pour ^tre legitime. Des deux peuples unis, conCes a ses soins, II respecte les droits , il comprend les besoins : Par lui , la liberte sur son trone est assise. II a su menager de I'une et I'autre cgiise Les inter^ts, les droits et les pretentious; Eteindre les partis, calmer les factions ; S'affrancbir a la fois et de Rome et de Londre, Et par I'aniour du bieii reunir et coiifondre, Dans un seul sentiment, a force de bicnfaits, Les cceurs reconoaissans de ses heureux sujels. Toulefois, Vanuernat , retire loin du monde, Tu vis aupres d'Utreclit dans une paix profonde. Affranchi des liens de nos societes, Tu fuis les faux plaisirs, le vain bruit des cites : (i) L'histoire impartiale ne manquera point de condamner et de fletrir plusieiirs actes de la politique anglaise, devenue complice d'uu sjsteme d'o])pression et de partage des nations , llvrees ou vendues comme de vils tronpeaux, a I'epoque m^nie ou I'on venait de pro- .J clamer raffrancliissement et rincle[)endance des peuples qui avaient 5 contribue a renverser la domination colossale de Napoleon. Cetle politique, si pen digne d'une nation eclairee et genereuse, et contre laquelle les vrais Anglais ont eux-memes proteste avec indignation, fut surtout le caractere distinctif du minislere a jamais deplorable de Cast'.ereagh quis'est fait lui-m^mejustice. L'inlention du poete, intcr- prete austfire de la verite , qui croit devoir signaler ici cette politique fausse et funeste , n'est point de confondre la noble et lioncrable nation anglaise, qui a donne de si grands exemples, avec un gouver- nement qui abusait alors de son influence pour trahir les esperances de I'Europe et du monde civilise. A M. VANDERNAT. 573 Tu jouis de tol-meme et de ta solitude ; Tes livres et tes champs sont ta pluscli^re etude. Tu contemples de loin les mobiles tableaux Des scenes delavie,et ces pcuples iiouveaux, Qui, sur les bords heureux de la jeune Amerique, Surles debris de Sparte et de la Grece antique, A la liberie sainte elevant des aulels, Planlent pour I'avenir des lauriers immortels.' Leurs succes font ta joie , et ton ame charm^e Aime a voir chr.que jour graudir leur renommee. Tu geinis des erreurs et des iristes debats De ces congres fameux, ou quelques polentats, Aveugles instiuuiens d'infldeles ministrcs , Font servir leur puissance a des projets sinisfres. Puis , oubliant les cours ct les faules des Rois, Tu reviens a tes champs , tu revieus a tes bois : C'est la qu'on vit heureux. Dans tes vertcs prairie* Deux jours j'ai promene mes douces reveries. J'etais libre de soins, d'embarras , de Iravaux ; J'ai connu tout le cliarme et le prix du repos. Le repos , le bonheur veulenl un sanctuaire Qui derobe la -vie aux regards Qu vulgaire. Qu'il est doux de pouvoir, dans un site euchanteur, Admirer la nature et son divin auteur ; De pouvoir contempler dans sa magnificence D'un horizon iointain la perspective immense, Les troupeaux bondissant dans les vasles guerets, Les chemins sillonnant les antiques foi-^'ts, Etcescaaaux, creuses par riumiaine industrie, Qui repandeut au loin la richesse et la vie, Et ces nobles valsseaux, domiuateurs des mers , D'un vol audacieux parcouiaut I'univcrs ! Heureux surtout celui qui , content desoi-m^me, Sans crainte et sans reniords , attend Theure supreme; Qu'eprouva le malheur, sans jamais le fletrir; Qui par I'art de bien vivre apprend a bien mourir ! Comme toi , Vanuernat, ermite volontaire, Aux profanes regards je voudrais me soustraire, M'affranchir des liens qui m'enchainent encor, Et laisser men esprit reprendre un libre essor. 574 EPITRE Vivre, c'est respirer, c'est jouir de son ^tre; C'est aimer, c'est sentir, c'est vouloir, c'est connaitrc; C'est agir dans sa force et dans sa liberty ; C'est exercer enfin la noble faculle D'elever jusqu'au ciei son ame et ses pensees , De puiser des lecons dans les choses pass6es , D'unir la prevoyance avec le souvenir, Et d'eclairer ainsi la nuit de I'avenir. De tons ces biens la vie est I'heureux assemblage ; Mais des plus grands bienfaits I'homme corrompt I'usage, Et par un art cruel detruisant son bonlieur , De sa propre infortune il est souvent rauteur(i). Vandernat , j'en ai fait la triste experience : J'ai moi-m^me enchain^, fletri men existence ; J'ai prepare toujours les maux que j'ai soufferts. Esclave revoke , je veux briser mes fers : Mon bras les a forges. Ma force defaillante Succombe sous le poids de ma chahie accablante. (i) Malgre les objections et les reclamations d'un grand nombre de personnes, qui, je crois, se font illusion, cette doctrine pbilosophi- que , que « la pUipart des maux qui affligent les homines leur viennent d'eux-meines » est fondee sur I'experience et I'observalion. Chaque homme est , sous un point de vue , son plus grand et son plus dan- gereux ennemi. Chaque homme a ses defaufs; mais denx defants contraires Distlngaent les humains par deux grands caracteres. Le BON a ses defants qui ne font tort qa'a lui : Les defauts da mechant sont mortels pour autrni. Si les hommes les plus malheureux veulent ^tre de bonne foi et descendre au fond de leur conscience, ils reconnaitront presque toujours qu'ils ne doivent point accuser la nature, le sort, la fortune, la societe, la Providence; mais qu'ils doivent s'accuser eux-m^- mes. L'acte de contrition des catholiques, term ine par ces mots : Mea culpa, med maxima, culpa, exprime une verite philosopbique qui trouve son application dans beaucoup de circonstances et dans toutes les conditions de la vie. Nos infortunes ont le plus souvent leur cause dans nos propres fautes. Chaque homrae est Partisan de sa destinee. A M. VANDERNAT. 575 Je veux la liberie , j'implore le repos : lis sont mes seuls tresors, apres mes durs travaux. Au sein de I'ainitie , dans un modeste asile , J'ai besoin de trouver un sort doux et tranquille ; Et, si je puis enfin m'abriter dans un port, Ty gouterai la vie, en attendant la mort. M.'A. Jvi,LiEii , de Paris. NOTICE BIOGRAPHIQUE ET LITTERAIRE STIR M. Antoine- Alexandre BARBIER, Chevalier de la Legion-d'Honneur, Ancien Admiaistratear des BIbliotheqnes particulieres dn Roi, et bibliolhecaire du Conseil d'Etat (i). jintoine- Alexandre 'Kkv^hiE^ , naquita Coulommier.s( Seine- et-Manie), le ii Janvier 1765. II fit avec succes ses humani- tes au college de Meaux, et les termina en 1782. Des ses pre- mieres aunees , on remarqua en lui une grande ardeur pour le travail : done d'une memoire excellente, d'une intelligence et d'une vivacile d'esprit pen communes, ses progres furent rapides. Son pere, qui avait fait lui-meme de bonnes etudes, voyant les heureuses dispositions de son fils , desirait I'en- voyer a Paris pour qu'il y fit ses cours de philosophie et de theologie; mais la nombreuse famille dont il etait charge etait un obstacle a ses voeux. Un grand-oncle , riche et genereux , nomme Thomas De- sescoutes, offrit de contribuer k la depense ; son offre fut ac- (i) Cette Notice , que nous avons promise a nos lecteurs, en leur annoncantlamortde M. Barbier(voy. Rev. Enc.,t. xx\iu , p. 990) se trouYC aussi au commencement du 4* volume du Dictionnaire des anonymes , qui paraitra , en Janvier , chez. Barrois I'aine, rue de Seine, n" 10. 576 NOTICE BIOGRAPHIQUE ccptee, et le jeune Barbier vint k Paris, au scminaire Saiut- Firmin. Lorsqu'il eut acheve scs etudes, ses siipeiieurs, qui I'a- vaicUe Bibliotheqiie d'ttn homrne de gout , les tomes S et 4 de la premiere edition de son Diclionnaire des ouvrages anonymes , sa Dissertation sur les traductions Jrancaises de I' Imitation de J. - C. et son Supplement a la Correspondance litteraire de Grimm. En effet, il snt toujours troiiver le terns de revenir a ses <;tudes cheries , qni ont (ait le bonheur de toute sa vie; c'est ainsi qu'outre les autres ouvrages qu'il fit paraitre, comme auteur etcommeediteur, et dont on trouvera la liste a la suite de cette Notice, il ne cessa de cooperer, des 1796, a difle- rens journanx litteraires. L'utilite fut constamment le but de ses travanx, comme de ses recherches bibliograpliiques ; il aimait ;\ se rappeler qn'il avail signale de nombreux pla- giats (i), qu'il avait decouvert et releve diverses erreurs lit- feraires(2y, et qu'il etait parvenu a retiouver et a publier des pieces que Ton croyait entierement perducs, tellesque la Bal- lade de La Fontaine sur Escobar , la Lettrede J. - J. Rousseau a Grimm, quelcjues Opuscules de Voltaire et de Condorcet , le Memoire inedit de Louis XIV sur V inconduite du marquis de BarhezieuT , etc. , etc. (3). II entretint une correspondance litteraire avec les savans les plus distingues dela France, dela Suisse, de I'ltalie, dela Bel- gique , de I'Allemagne et de I'Angleterre. Beancoup de per- (i) Numeros fi8, 4^5 , 691, 991, laSa, ia35, 1282, 1793, aaSi » 2f)43, 3076, 3i37, 4043, 485a, 5ooo, 5393, 5766, 5986, 7894, 7714, 8o5 1,8492, 12778, 14842,17060, 17572,18102,18252, 19082, 19095, 19974, etc. , du Diet, des Anonymes. (2) Tome I , pages xi, xvi, xix, xxxi, xlviii , et numeros 2810, 3o33 , i38i8, 14765, 15407, i546i , i586r , i593i , 16529 , 16701, 1786a, etc. . du Diet, des Anonymes. (3) Numeros 9342, i3a29, i55a3 et aafii r du Diet, des Anonymes , et Revue EncycJopedique , t. xxvm , j). 337. SUR M. BARBIER. 589 sonnes le consulterent aussi tr^s-souvent , et il repondit lott^ jours h chacune d'elles avec une complaisance peu commune et une etendue de savoir qui faisaient cherir sa personne et admi- rer ses rares connaissances. '< Quoique serieusement occupe , notre savant bibliothe- caire, ainsi que I'a remarque M. Tourlet (i), accueillit lou- jours de tres-bonne grace toutes les personnes que leurs af- faires, ou meme la curiosite, amenaient vers lui. Les hommes lettres et les amateurs pouvaient en etre recus avcc une haute distinction, mais en general, lous ceux qui le visitaient s'en retournaient charmes des agremens de sa conversation, de la douceur de son caractere et de Turbanite de ses mceurs... Il se montra toute sa vie done d'uue belle ame, d'un esprit droit, d'un occur facile a s'epancher, oitoyen probe, philosophe ai- mable, homme de lettres sans jalousie, savant modeste et labo- rieux; ecrivain impartial, critique habile, mais exempt de toute passion haineuse. La generosite , I'honneur et la delica- tesse des sentimens ne fiirent pas chez lui des vertus emprun- tees, mais un don de la nature. II sacrifia constamment son interet a ses devoirs ; il fit le bien sans ostentation. II servit ses amis, ou ceux qui lui etaient recommandes, avec tout le zele dont il etait capable, et souvent par des demarches qu'il se serait epargnees pour lui-meme. » « Fersonne aussi , d'apres le teraoignage de M. Mahul (2), ne fut plus sincerement ami des lettres et des lettres. L'etude faisait son unique delice; il ne chercha jamais ailleurs, ni de- lassement, ni recreation. Quiconques'annoncait corame occupe de quelque travail litteraire ctait certain de trouver a I'in- stant, dans le savant bibliographe, empressement, confiance et facilife. Sa memoire etait , d'ailleius , un repertoire non naoins vaste et non moins bien ordonne que les nombreux eta- blissemens coufies a sa garde. Aucun fait bibliographique des terns modernes n'y etait egare; la plupart du tems, il posse- (l) Voy. Moniteii r du 3 Janvier 1826. (a) Vov. t. VI de V ^nnuaire Necrologiqiie , ann^e i8a5. Sgo NOTICE BIOGRAPHIQUE dait oil il avait vu les manuscrits, les autographes, les excm- plaires d'auteiir, de tout ce qui fait question ou anecdocte dans la science bibliographique. Sous ce rapport, son entre- tien etait aussi curieux qu'instructif (i). » Apres les grands chanijemens polititjues survenusen France, dans les annees i8i4eti8i5,M. Barbier conserva la place de bibliolhecaire du Conseil-d'Etat; mais, an lieu du litre et de I'emploi de bibliothecaire parliculier du nionarque, il eutcclui d'administrateur dcs bibliotheques parliculieres du roi. Ce fut a cette epoquc qu'il crea en quelque sorte la bibllo- (i) Nous ajouterons ici un portrait du bibliographe , que M. Bar- bier a trace dans VE/icjclopedie inocieriiede M. Courtin (t. IV , p. Sgl), el oil i! semble s'etre peint lui-uieme : « Le bibliographe digne de ce noni sera celui qui, pieferant les bons ouvrages a ceux qui ne scut remarquables que par leur rarete ou leur bizarrerie , aura puise une veritable doctrine dans les nieilleurs auteurs anciens et niodernes , et saura communiquer aux personnes qui lui feront rhonneur de le consulier, les renseiguemeiis les plus capablcs de les bien diriger dans les etudes auxquelles elles voudront se livrer. Les recherches diverses dont il se sera occupe lui donneront en outre la facilite d'assigner a cliaque ouvrage la place qui lui convient, ou de retrou- ■ver eel ouvrage dans une collection de livres, quelque nonibreuse qu'on la suppose, pourvu qu'elle soil rangee suivant I'ordre des ma- ti^res. On n'apprecie pas assez ce talent, qui ne peut^tre quelle fruit d'une immense lecture et de profondes meditations. En effet, les livres sont presque aussi multiplies aujourd'hui que les productions de la nature ; et, comme le genie de rbomuie, necessairement borne, ne pent faire eclater , dans les sujets qu'il se propose de trailer ,ren- cbaiuenient et la regularite que Ton admire dans les diverses espece* d'(5tres crees, le bibliographe doiteprouver , dans le classement des travaux de I'esprit liumain, plus de diflicultes que n'en rencontre le iiaturaliste dans la classification des ^tres. Un bibliographe, tel que ie le depeins ici, mcrite aussi le jiom de bibliophile , c'est-a-dire, amateur delivres, et il ne faut pasleconfondre avec les bibliomanes, qui ne s'altachent qu'a certains livres rares el chcrs , ni avec les bibhotha- phes, qui ne possedent des livres que pour euxmemes, sans vouloir les communiquer a leurs amis. » SUR M. BARBIER. 691 iheque placee dans la galerie du Louvre (i), en reunissant la bibliotheqiie du Conscil-d'Etat a celle du prince, qui jusqu'a- lors avait etc dans un local a part, et en les angmcntant consi- derabltment. Par ses soins elle s'enrichit successivement de pUisicurs collections fort precieuses , et pendant les annees 1816 a 1819, il en redigea le catalogue , ainsi que ceux des bi- bliotheques des chateaux royaux. Pen de tcms apres, il forma en (juelques mois une bibliotheqiie au ministere de la Maison du Roi , et en fit egaiementle catalogue. Comme administrateur des bibliotheques particulieres du roi , il eut a donner son avis et a fairc des i-apports sur la plu- part des demandes de souscription qui furent adressees, de 1814 a 1822, aux differens ministresdelaMaisonduRoi.il s'aciiuitta de ses fonctions avec la plus exacte inipartialite. On sait, par exemple, qu'il procura une souscription tresavanta- geuse a la Biographic universelle, quoiqu'il eut public relative- ment a cet ouvrage un Examen critique assez severe (2). En 1819, M. Barbier , lie dcpuis douze annees avec M. Jul- lien, s'associa, d'apres son invitation, a la redaction de la Revue E ncy dope clique ^ et fut I'un des premiers et des plus utiles collaborateurs de cet ouvrage destine a presenter une suite de tableaux progressifs de la litterature et de la civilisa- tion comparees. Dans la meme annee, il se chargea de refaire ou de retoucher les Notices litteraires des principales editions et traductions de la Collection des classiques latins, publiees par M. Lemaire. Tout en marchant sur les traces des Fabri- cius, des Heyne, des Oberlin, des Schwabe , et des Valpy , il (i)Elle est appelee aujourd'hul Bibiiotheque du Cabinet du Roi. On trouve des details sur cet etablissement et sur son fondateur , dans le tome 2 , p. 871 , de 1 ouvrage suivant : a Uiblicgraphical, antiquarian and piaCiiresi/ue tour in France and Gcrma/y, by Rev. Tk. Fr. Dibdin. London, 1821 , 3 vol. iu-8°; et dans le t. 4 , p- 45 , de la traduction de cet ouvrage par Theod. Licqukx, et G. A. Crapelkt. Paris , i8a5, 4 vol. in-8". (a) Voy. Rev. Enc, t. i, p. i45- 5<)i NOTICK BIOGRAPHIQUE chercha snrtout .^ donner, sur les traductions francaises de« classiques anciens, iles details ignores ou negliges jusqu'A co jour, et dans plusieurs de ccs noticed il redressa des errenis ou des inexactitudes, reproduites dans des ouvrages d'ailleuis tres-estimes. En 1821, M. Barbier, qui, dcpuis la publication de la pre- miere edition de son Dictionnaire des ouvrdges anonymes j n'avait point passe un seul jour sans y faire des corrections et des additions tres-considerables, en commencala reimpression, qii'il regardait lui-meme, nioins corame une nouvelle edition quecomme un ouvrage tout-i-fait nouveau. li faut lire, dans le premier volume, pnblie en 1822, le Discours prelirninairc , plein de details curieux et instructifs sur I'histoire litteraire , pour avoir une idee des recherches et des travaux auxquels I'auteur s'est livre afin de donner a son Dictionnaire toote la perfection desirable, travaux qui sem- blent avoir du excederles forces d'un seul homme. C'est dans I'avertissement qui le precede (i) qu'il se felicitait de I'hen- reuse situation ou il se trouvait depuis long-tems. « En me li- vrant , dil-il , a ma passion pour les recherches litteraires, je remplis une partie essentielle des fonctions dont je suis charge. Quelles obligations n'ai-je pas a M. le marquis de Lauriston , ministre dc la Maison du Roi, qui me fournit tous les jours les moyens d'accroitre mes connaissances par les augmentations dont il enrichit le precieux depot confie a mes soins!» Ce fut cependant pen de semaines apres avoir donne ce fe- raoignage public de reconnaissance, qu'au mois de septembre 1822, par une decision dc M. de Lauriston , alors ministre de la Maison du Roi, M. Barbier se vit enlever a des fonctions qu'il remplissait depuis plus de 27 aas, avec leplus grand desin- teressement, avec un plaisir, un zele et unescieuce bien rares. Par une fatalite singuliere, sa destitution vint le frapper pen de tenas apr^s qu'il eut recu la decoration de la Legion - d'Hon- (i) Voy. p. 1 1 1 du t. I du Dictionnaire des /tnonjmej. SUR M. BARBIER. 5g^, nelir; et dans le moment meme ouilvenaitde publier le pre- mier volume de la seconde edition de son Dictionnaire des ouvrages anonjmes , de cetouvrage qui avait fonde sa reputa- tion, et qui lui avait valu plus d'un ilkistre suffrage tant en France que dans les pays etrangers. Quoiqu'il parut supporter cet evenement inattendu avec courage et avec philosophic, M. Barbier dut etre tres-sensible a cette mesure qui le separait d'une bibliotheque importante formee par lui, ainsi que des autres etablissemens qu'il avait crees dans les differens chateaux du domaine de la conronne, et oil il Irouvait au besoin les li vres necessaires a ses infatigables recherches. Arrache aux habitudes de toute sa vie, il ne tarda pas a tomber dangereusemcnt malade. Sa sante parut cependant se retablir , et il reprit la suite de ses travaux ; on le vit meme redoubler d'ardeur dans ses dernieres annees. En 1823 et 1824, il fit paraitre les tomes 2 et 3 de la se- conde edition {\u Dictionnaire des outrages anonymes.Kn 182 5, il s'occupa du Supplement general place en lete du 4* volume; il y reunit encore, aux anonymes qu'il avait decouv^rts, les supplemens qui se trouvaient , a la fin de chacun des trois pre- miers volumes. Dans la meme annee , il classa entierement le manusorit de la Table des Pseudonjmes et celle des Auteurs , et revitpour la partie bibliographique , les deux premieres li- vraisons de la Biographic Universelle classique , redigee par le general Beauvais et une Societe de gens de lettres , et publiee par M. Charles Gosselin. Versle milieu de 1825 , sa sante donna de nouvelles inquie- tudes a ses nombreux amis. Depuis sa disgrace, malgre sa fermete et son calme apparent, il n'avait fait que languir. Le chagrin minait sourdement cette constitution qui semblait auparavanl promettre un siecle de vie. Les secours de I'art, \ei soins de la tendresse filiale et de I'amitie lui furent prodigues ; mais ils ne retarderent que de quelques mois le terme fatal. La mort vint le surprcndre pen de jours apres qu'il eut T. xxMi. — Deceinbre 1826. 3y 594 NOTICE BIOGRA.PHIQUE revii la dernieie epreuve de la Table rles Pseudonymes. L'ha- bitiide, oil pliitot ramour imperieux du travail le poiirsuivit jusque dans ses derniers momens. . Ce fut le 5 dccembre 1825, a I'age de soixante ans , que ce savant et laborieux bibliographe-litlerateur termiua una car- riere pleinc d'honneur et do f,'loirc. Sa perte a ete d'aiitant plus vivement senile dans la repu- bliqiie des lettres , que ce qu'il a ecrit n'est qu'une faible partie de ce que promettait encore I'etendue de ses connaissances. Une plus longue cafriere lui eut permis sans doute d'ajouter a sesimportantes productions beaucoup d'autres ouvrages dont il est a craindre que nous ne soyons prives, parce qu'ils exi- geaient des recherches sans nombre , et toute la vaste erudition qu'il avait acquise au prix de tant de veilles (1). Louis Barbier Ills aine, de la Bibllotheque du Cabinet du Eoi. Liste des ouvrages de M. Barbier. I. Catalogue des livres qui doivent III. Catalogue de la bibliotheque composer la bibliotheque d'un du couseil-d'etat. Pan.? , impri- Lycee ( redige a la demande de rnerie de la Republiquc, an XI M. Fouraroy ) ; Paris, impri- (i8o3): 2 tomes , un vol. in-fol. merie de la Republique , an XII \\ u'a ete tire que deux cents exem- (l8o3); i«-l2, 43 P- — 2* edi- plaires de ce catalogue, done quinze tion,revueetaugmentee(l8o4) sur tres-beau papier; il deyait avoir / / „ une table qui n'a poiut ete imprimee V.p. 58i du t. XXXII de la Revue. II. Preface et table des divisions IV. Catalogues servant a indiquer du Catalogue des livres de la les principaux livres qui peu- blblioth^que du conseil-d'etat. vent composer les differentes Paris, an XI ( i8o3); in-^" , bibliothfeques d'un homme d'e- 54 p. tat, d'un magistrat et d'un ju- (i) Parmi les ouvrages que M. Barbier se proposait de publier et qu'il a enricliis d'un grand nombre de notes manuscrites , uous cite- rons : 1° La Ribliotheque des Romans de I'abbe Lenglet Dufresnoy ( voy. p. Ill de I'avertissement du Diet, des Anonymes et le n° iSSgy ) ; a" les Lettres stir la profession d'avocat, par Camus ( voy. n» loSS^ du Diet, des Anonymes). SUR M. BARBIEPx.. . riscoiisulte , d'un militaire , d'un niinistre des cultes. Paris, r8o4, i«-8°. ( se trouvent a la suite dii Dictionnaire biblio- grapbique portatif , par Deses- sarts ). V. ( Avec M. Ch. Pougens. ) Ca- talogue des livres de la bibiio- theque de S. E. le comte de Boutourliii. Paris, i8o5, i«-8°. Cette bibliothcque a ete coosumee paries flammes, lors de I'iucendie de Moscou, en i8i2. Voy. n" 2064 da Vict, des Anonyines. VI. Dictionnaire des ouvrages Anonymes et Pseudonymes composes, traduits et publies en francais ct en latin, avec las Doms des auteurs , traducteiirs et edileurs, accompagnes de notes historiques et critiques. Paris, 1806-1808, 4to//«-8°. a° edition, revue, corrigee et considerablement augmentee. Paris, BarroisCaine, 1822-1827, 4 vol. in-8° avec portrait. La premiere edition coutenait r2,4o3 articles ; la seconde en contient 2^,64 ■^i. VII. Nouvelle Bibliothcque d'un homme de goiit, entiCrement refondue , contenant les juge- mens tires des journaux les plus connus et des critiques les plus estimes, sur les meilleurs ou- vrages qui ont paru dans tons les genres , tant en France que chez I'etranger. Parit , 1808- 1810 , 5 to/. in-&°. Le nom de Desessarts u'a ete mis sur le frontispice de cette edition que parce qij'il a partage les frais d'im- pression avec M. Barbier. Dureste. toutes les augmentatious sont de Cfl dernier. M. Barbier devait rediger un sixie- me volumepour iudiquer les meilleurs ouvrages relatifs a la morale, 3 la po- litique, aux bcieuces et aux arts. VIII. Dissertation sur soixante traductions francaises de I'lmi- tation de Jesus-Cbrist , suivie de Considerations sur I'auteur de rimitation ( par M. Gence ). Paris, Lefebvre, 1812, in-li, de xviij et 285 p. M. Barbier a laisse un exemplaire de cet ouvrage charge de beaucoup de corrections et additions. IX. Examen critique et Comple- ment des dictionnaires histori- ques les plus repandus , depuis le Dictionnaire de i)/o/er/ jusqu'ci la Biographic VniverseUe , inclu- sivement. T. le"" ( A. -J. ). Paris, Bey ei Gravier , 1820, w-8°. L'auteur a laisse en manuscrit la plus grande partie du second volume de cet ouvrage, qui sera probable - ment public apres I'achevement de la Biographie Uiiiverselle. X. M. Barbier a revu, pour la partie bibliograghique , les deux premieres livraisons du Dictionnaire historique ou Bio- graphic Universelle classique , par M. le general Beauvais , et par une societe de gens de let- tres. Paris, Gcsselin, 1826, //2-8°. A partir de la troisieme livraison , M. Louis Barbier, fits aine, a ete charge de contiuuer la partie de cet ouvrage precedemment confiee a son pere. Liste des editions publiees par M. Barbier. I. Voyage de Paris a Saint-Cloud par mer, et retour de Saint- Cloud a Paris par terre ( par N^el); nouvelle edition, revue, corrigee et augmentee d'uue notice sur l'auteur. Paris, 1797, a part. in-iS. ^9^ NOTICE BIOGRAPHIQUE II. Le Mnringe fles fleurs, en vers latins, par Demetrius de La Croix, a vec la traduction fran- caise et des notes; quatrieme edition. Paris, 1798, iVi-ia. III. Lettres portugaises , nouvelle edition ( avec une notice histo- rique sur I'auteur de ces letlres, leiir fraducteur et leurs diffe- rentes editions , par I'abbe de Saint-Leger , et des notes par A. -A. Barbier ). Paris, Delance , iSofi , in-11. IV. Les ecrivains de I'Histoire Auguste, traduits en francais par deMoulines; nouvelleedi- tJon, revue et corrigee , avec une notice snr la vie du tra- dncteur. Paris, 1806, 3 vol. iii-11. V. Journal hislnrique, ou Memoi- res critiques ct litteraires, sur les ouvrages dramatiques et sur les evenemens les plus memo- rabies , depuis Tan 1748 jus- qu'en 1772 inciusivement ; par Ch. CoUe, avec une notice sur sa vie et ses ecrits. Paris, 1807, 3 vol. iii-i", Le mauuserit autographe de cet ouvrage se trouve dans la bibllotbe- que de M. Barbier. On y remarque plusieurs morceaux qui n'ont pas ete imprimes. VI. Memoires sur la bbrairie et sur la liberte de la press8,par de Lamoignon de Maleslier- bes. Paris , 1819, in-8°. VII. Supplement a la correspon- dance litteraire de MM. Grimm et Diderot. Paris, 1814 , i'i-S°. Voy. 11° 9342 et 13229 du Diet, des Anonymes. VIII. Voyage antourde ma cham- bre , suivi du Lepreux de la cite d'Aoste, par le comte Xa- vier de Maistre ( avec une pie- face et des notes, par le comtf Joseph de Maistre, fr^re de I'auteur ). Nouvelle edition. Pa- ris, 1817, iSar , i8a3 , in-iB. IX. Memoires sur le comte de Bonneval, par le prince de Ligne. Nouvelle edition , revue, corrigee et augmentee. Paris , 1 8 17, w-S". X. Nuuveau supplement au Cours de Littdrature de La Harpe. Paris, 181 8, /«-8°. XI. Correspondance inedife de I'abbe Ferdinand Galiani avec Mmcd'Epinay, etc. Paris, Treut- tel et JFilrtz, 18 i8, 2 vol. in-8°. Xll.Considerationssurla France, par le comte Joseph de Mais- tre , nouvelle edition, la seule revue ct corrigee par I'auteur; suivies de I'Essai sur leprincipe generateur des constitutions jjoiitiques. Paris , Potey , i8ai, /«-8°. XIII. Lettre de Volney a M. le baron de Grimm, suivie de la reponse de M. le baron de Grimm a M. de Volney, en date du I Janvier 1792. Paris, iSaS, in.8°. Ces lettres sont preeedees de I'avis suivant : « Lorsque je publiai, ca 1 8 14, le Supplement ct la correspon~ dance du haron de Grimm, je posse- dais la Reponse , iinprimee sous son nom , a la teltre de HJ. de y^olney i cette piece est d'une extreme rarete : reu- nie aux opuscules du celebre corres- pondant litteraire, elle cut sans doute douue au Supplement un interet tout parliculier; mais il repugnait a ma delicatesse d'affliger un savant aussi recommandable que M. de Voluey. Aujourd'hui qu'il n'est plus , je crois pouvoir completer les opuscules de Grimm. M. de Volney laisse asscz de litres a I'estime publique pour le veu- ger des sarcasmes d'un ancien ami , que les cirronstances les plus extraor- SUR M. BARBIER. ^97 pieces de Condorcel, Paris, i8o4, 2 1 vol. in-8°. Voy. n" i5523 du Diet, iles Ano- nymes. diuaires avaient metamorphose eu ira- jilacable ennemi. U ra'a paru conve- iiable de reproduire ici la lettre qui a occasione l"eDergique reppuse. Plu- sieurs persounes pensent que cette Rejjonse est uue piece supposee , et elles ne sont pas eloiguecs de I'attri- ^ g ^^^^ legrettons de iie pouvoir buer ail comte de Rivarol. Je serais ^i^^er ici , a cause de son eiendue, la /ijir charme que la presente reimpressiou rf^j articles inseres par M. Baibiei- dans le contribuat a en falre counaitre le ve- Mercure , le Mogasin , les Annates ct la ritable auteur. .. Mevm Encydopidlque , les Ctassiqucs taiins de M. Lemaire, et I Encjclopedie modernt XIV. M. Barbier a public plu- je ji. Comtin. sieurs volumes des OEnvies com- Liste des principaux outrages mannscrits de M. Barbier (i). Notice raisonnee des ouvrages, cueils ci-dessus designes. La reuuion letti-es, dissertations, publics de res divers morccauxdeva.t former J 1 • environ I2 volumes iii-o". scparement ou dans les jour- uaux par I'abbe Mercier de Notice raisonnee d'une petite col" Saint -Leger, depuis J'annee lection de livres rares achetes sur les quais de Paris, avec leur prix d'acquisition. In-fol. Catalogue d'une Bibliotheque Na- poleonienne. i8o8, in-fol. ses papieis et I'indication des Catalogue d'une Bibliotheque his- ouvrages de sa composition ou toriquede 3,ooovolumes. 1809, autres qui se sont trouves char- in-fol. ges de notes de sa main , avec On trouve en tete de ce volume uu le uom des personnes qui les Rapport a Napoleon, et an apcrcu out acquis d la vente de sa bi- de la depeuse que devait occasioner bliothfequeouquilespossedent. Hu^P'-essiou de ces 3,ooo volumes et -' ^ du terns uecessaire ixiur cette im- pression. Voy. page 585. 1760 jusqu'en 1799. Redigee en grande partie par lui-ineme et continuee par A.-A. Barbier, qui y a joint la notice de quel- ques nianuscrits Irouves dans 1799, in-4°- Dictionuaire de critique et de lit- teraiure, ou choix du Noiivel- liste dii Parnasse , des Observa- tions sur les eci its modernes , de I'AriKee lilCeraire, et des aiitres ouvrages periodiques, de I'abbe Desfontaines et de Freron ; de- puis 1731 jusqu'en iyy6, epo- que de la mort de ce critique. In-4°. Ce volume contieut par ordre al- phabetique Tindication de tous les articles a prendre dans tous les re- Catalogue alpbabetique des No- tices biographiques qui se trou- ■vent dans les journaux sui vans : Annales catboliques, Annales de la religion , Ami de la religion, Choix des journaux, Chronique religieuse. Decade phllosophitjue. Journal de la iihrairie, Magasin encyclope- dique, Revue Encyclopedique, Saison du Parnasse, Spectateur dn Nord. In-fol. (1) La bibliotheque de M. Bar'uier, composee en grande partie de livres relatifs a rHist2o SCIENCES MORALES alimens qu'elle donne, car pile cree mif indigence nouvelle ol factice; clle fait contracter I'habitiulo de I'oisivete, qui engen- drera nne pauvrete reellc aussitot que le secours sera con- somme ; elle enseigne a celiii que Ic travail ponvait relever a ses propres yeiix , a sc degrader par la faineantise, et a dorober les secours dont son frere souffrant ne saurait se passer. Mais, coniment faire celte distinclion? les npparcuccs sent si trom- penses ! Comment faire? Allez voir le pauvre chez hii; exa- minez vous-meme sa position et celle des siens , sans vous laisser abuser par les recits souvent mensongers qui, dans vos maisons ou sur la voie publique, tendent des pieges a votre pitie. Ce moyen est bien simple. Que cependant nos lecteurs repondent s'il n'est pas vrai que beaucoup d'entre eux n'y avnient jamais songe. S'iis sont animes d'unc vraie bienfai- sauce, I'auteur les aura soulages du poids d'une perplexite bien penible. Qui d'entre nous n'est pas journellement assailli , jusque dans son domicile, par ces solliciteurs que Ton est embarrasse pour placer parmi les indigens ou parmi les escrocs? Leurs recits sont parfaitement arranges; leurs rccommanda- tions sont honorables et nombreuses. Refuser est bien dur; donner est peut-etre une faute. Ecoutez le conseil de M. Dege- rando : « Consentrz du moins, dit-il , a une premiere epreuve tres-simple : demandez a ce malheureux qti'il vous donne son adresse precise , et annoncez-lui que vous irez le voir. Peut- etre il aura disparu , sans meme vous repondre. Peut-etre vous a-t-il laisse une adresse; mais vous allez; vous questionnez;. .. il est inconnu au domicile indique. C'esl ce qui nous arrive tous les jours. >> Le litre de Visiteur du Pauvre est done bien choisi. II s'ap- puie sur I'idee fondamentale du livre , et contient le plus im- portant precepte de la science de la cliarite, qui exige que Ton fasse, dans ses applications, usage de I'esprit d'examen , et que Ton exerce activement sa raison. Quellcs persoiiues doivent etre appelces aux fonctions de visiteurs du pauvre ? tout le monde ; car c'est la un devoir de ET POLITIQUES. Gai morale. Et du moins , qiiand on ne s'en acquitte pas soi-meme, faut-il ne pas jcter ilodaigneiisement ct sans examcn une aumone qui pourrait ne faire que du mal. La prudence present de s'en rapporter alors, ou a uc ami plus zele que nous, ou aux societes et aux administrations de charite , quoique ce ne soil la que remplir bien imparfaitement un devoir pour I'accom- plissement duquel autre chose est uecessaire que ces dons echappes aux mains d'une moUe bienfaisance. En visitant soi- meme, on suppleera a ce que ne peuvent pas faire les |)ersonnes chargees de I'administration des secours publics; on verra d'un autre point de vue qu'elles ; on les soulagera eu les eclai- rant. Quelques heures prises de loin en loin sur nos momens perdus suffiront a consoler plus d'une infortune veritable; et c'est ainsi seulement que I'aumone, utile aux vertus de celui qui la repandra, poinra parler a son coeur, reveiller sa sympathie, lui enseigner la resignation, la patience, le main- tien de sa dignite. La visite des pauvrcs doit se tracer des regies. Son premier soin est de reconnaitre les caracteres de la veritable indigence; de remonter a ses causes, de s'assurer si elle provient d'une im puissance de travail, durable ou momentanee, partielle ou absoiue; si le travail est insuffisant, ou bien s'il manque tout- a-fait. II faudra classer les pauvres par I'etendue, la nature, la duree de leurs besoins, afin d'etre ^claire sur la proportion et la quotite des secours, sur leur espece, sur leur prolonga- tion et leur mesure. L'etude des maladies morales est I'une des parties les plus essentielles de la mission du visiteur, qui doit mettre tous ses soins a les prevenir ou a y porter remede. Une sorte d'apostolat lui est confie par la Providence pour relever le pauvre a ses propres yeux, pour le sauver du decourage- ment et I'empecher de mettre en oubli la dignite humaine, pour I'entretenir dans les esperauces de cette religion qui appelle bienheureux les affliges, lui faire comprendre la noblesse et aussi I'utilite de la vertu, lui laisser sentir les lecons du malheur, s'il se Test attire par sa faute, ecarter 62ft SCIENCES MORALES de liii, par une suvcritc bien entenduc dans la distribution des scconrs, Ics niaux dc I'intemperance ou de la paresse. On ne pent travailler ainsi a ramclioration morale du pau- vre , ni nieme diriger iitilcment les secours qu'on liii destine, si Ton n'est point parvenu a savoir obtenir sa confiance; con- dition difficile, et qui exige de nombroiises precautions et un long iipprentissage. L'educatiou des enfans pauvres est placee par M. Dege- rando an nombre des plus grands services que Ton puissc rendre aux families et a la sociote. Nul n'etait plus en etat que lui de tracer a cet egard d'utiles directions. II nientionne suc- cessivement les salles d'asile que Ton essaie en ce moment d'introduire i Paris, pour recueillir en depot, pendant les heures de travail des parens, les enfans tropjeunes pour fre- quenter les ecoles ; les ecoles elementaires , contre lesquelles conspirent a la fois et I'ignoranceinsouciante de la phipart des parens, et I'lmprevoyante cupidite dequelques autres, etl'e- go'isme inconcevable de certains hommes qui , tout en se disant sages, protestent contre les bienfaits de I'education populaire; les ecoles d'adultes ; les controls d'apprentissage et le place- ment des jeunes ouvriers ; enfin, les lectures populaires. Le choix etlamesure des secours a distribuer donne lieu a plusieurs observations importantes de pratique et de thoorie. L'auteur combat a plusieurs reprises les idees de Malthus sur le rencherissement des subsistances par I'effet des distributions gratuites, sur les causes de cessation du travail, et sur I'encou- ragement que ce grand economiste reproche aux institutions cliaritables de donner a la population dans les classes pauvres; mais les deux ecrivains sont d'accord pour signaler les maux qu'entraine luie bienfaisance indiscrete et irreflechie , pour s'elever contre les taxes des pauvres qui , convertissant en prescriptions legales et en impots des devoirs de morale, fo- raentent la faineantise. Tous deux gemissent sur les suites fu- restes du luxe des etablissemens de eharite, fleau capable de faire autant de pauvres que la disette. D'assez longs develop- pemens sont consacres a composer le budget du pauvre et a ET POLITIQUES. 62^ en disciilcr Us elcmens avec iineseverife beaiicoup plusgiande que celle des niembres cle I'opposition les moins complaisans , lorsqn'ils controlent les budgets des ministres ; viennent ensuite des tableaux fort detailles snr les maladies des indigens, que I'auteur suit dans leur convalescence. Les etablissemens publics qui offrent un asile dans I'infir- mite, la vieillesse, I'abandon oii la maladie ; ceux qui procu- rent du travail , et les institutions de bienfaisance, occupent trois chapitres. Aux encouragemens les plus pressans en faveur des caisses d'epargne, et des assurances surlavie, sejoignent des plaintes trop meritees sur les facilites funestes des monts- de -piete, sur les pieges trompeurs des tontines, et surcette infame loterie que Ton decore audacicusement du nom de lo- terie royole. M. Degerando parle des pauvres qu'ellc fait; on pent consuller nos presidens de Cours d'assises et de tribunaux correctiounels sur les crimes qu'elle provoque. Puisse le con- cert des maledictions de tous les gens de bien la poursuivre jusqu'a ce qu'elle tombe I Puissent nos legislateurs se lasser enfin de voter un inipot coupable, dont le retour periodique, souillant chacun de nos budgets , renouvelle d'annee en annee la honte de la France, dans le tresor de laquelle cet argent entre ^ un litre aussi legitime que celui auquel la bourse des dupes passe dans la poche des escrocs ! Comment repondre a cette objection terrible qui ni'a ete opposee par un raalheureux de- vore de cette passion ? <> Si c'etait un crime de mettre a la lote- rie , le gouvernement nc la protegerait pas. » Que ceux qui consentent aumaiutien d'une telle loi, sechargent, s'ils I'osent, de trouver une roponse .\ faire ! M. Degerando demontre que Ton tentera vainement de re- primer la mendicite , si , avant tout , Ton n'a pas pourvu , par des institutions convenables, ii ce que le pauvre trou- ve, on le travail, s'il est en etat de travailler , ou le secours, s'il ne le peut. La plupart du tems , on en a agi autre- ment , et Ton a voulu commencer par oii seulement on pouvait finir; rarement on a fait preceder, comme on I'au- rait du , leS reglemens centre la mendicite par un bon re- 6a4 SCIENCES MORALES gime de secoiirs a domicile. Le grand art de radministration, c'est de se niettre en harmonie avec Tactivite individuelle , c'est de I'aider et de s'ea aider. En Angleterre, rautorite pu- blique s'est exagere ses devoirs en ce qui concerne rassistance des pauvres a domicile ; elle a voulu operer , par la seule puis- sance de la loi, tout ce que I'on pouvait attendre des efforts spontanes dictes par le zele individuel. En Italic, I'autorite, prodigue de ses dons, a cru ne pouvoir assez multiplier et do- te r les asiles publics; mais elle a entierement neglige d'aller rechercher et soulager le pauvre dans sa demeure. Ces deux svstemes, diaraetralement opposes, ont tous deuxmultiplie les indigens, et paralyse la bienfaisance particidiere. Beaucoup d'eloges sont dus, au contraire , u I'organisation acUielle des secours a domicile dans la viUe de Paris. Un bureau de cha- rite est cree dans chacun des douze arrondissemens, et est as- siste d'un nombre indetermine de dames et de conimissaires, qui, avec les douze administrateurs de chaque bureau, rem- plissent les fonctions de visiteurs du pauvre. La surveillance et I'assistance des indigens se trouvent ainsi reparties entre un grand nombre de personnes, qui se partagent les soins, else commuhiquent le resultat de leurs observations. L'espritd'associatiou , applique aux ceuvres de charite, mul- tiplie I'efficacite des efforts individuels. II est bien h regrelter quenos departeraens de France offrent si pen de socieles con- sacrees a des objets d'interet public, ou meme d'utilite locale, et notre legislation manque de justice aussi bien que d'adresse lorsqu'elle entrave I'esprit d'association. Paris commence a presenter un assez grand nombre de societes, donl plusieurs sont devenues florissantes. Les lecteurs habituels de la Revue Encyclopediqne n'ont besoin ni qu'on les leur nomme , ni que nous nous arrelions a indiquer I'objet de leurs travaux. Lon- dres surtout est riche en societes de ce genre : M. Gustave De- gerarido, qui s'honore en suivant les traces genereuses deson pere, a public recemment le tableau des Socieles religieuses, charitables et de bien public, que oette ville renferme ( Voy. Rev. Enr. , t.xxiv, p. 44a). Mais, quelle que soit I'utilite de la ET POLITIQUES. 6i5 bienfaisance collective, elle n'exclut pas la bienfaisance indi- viduelle, avec laquelle au contraire elle doit toujours se con-^ cilier. L'ideal consisterait a faire en sorte que chaque famille pauvre put se trouver sous la protection duue famille aisee , y rencontrer son visiteur, son tuteur officieux. II y a dans Paris vingt-sept mille maisons environ, et environ aussi vingt- sept mille menages indigens. Si Ton suppose une distribution des indigens dans les combles des maisons habitees par des gens aises, corabien se trouveraient simplifiees les difficultes qu'on eprouve en voulant pourvoir aux besoins du pauvre! Cette fiction serait en quelque sorte realisee, si toutes les per- sonnes qui peuvent exercer I'office de visiteur du pauvre se faisaient un devoir de le remplir. Cette analyse, dans laquelle nous avons ete obliges d'omettre beaucoup d'idees intermedial res, suffira cependant pour faire pressentir tout I'interet de cet ouvrage. Compose pour un con- cours ouvert par I'Academie de Lyon, il a obtenu, en 1820 , le prix propose sur la question suivante : «Indiquer les moyens de reconnaitre la veritable indigence , et de rendre raumone utile a ceux qui la donnent, comme a ceux qui la recoivent. » En i8ai , I'Academie francaise lui a decerne le prix fonde par M. de Monlyon pour I'ouvrage le plus utile aux moeurs. L'au- Seur a, depuis, augmente sonlivre d'un grand nombre de deve- loppemens, et cette troisieme edition peut, sous beaucoup de rapports , etre consideree comme un ouvrage nouveau. Ch. Renouard, rtwcfl?. HiSTOiRE DE tA Saint-Barthelemy , cTapres les chro-> niques, memoires et manuscrits du XVT siecle (i). L'histoire ne date veritablement en France que d'un demi- siecle; car , si Ton excepte le vieux Mezeray, Voltaire est le (i) Paris, i8a6; Urbain Canel. la-S" de 498 pages; prix, 7 (r. T. xxxn. — Decembie 1826. 41 HiO SCIENCES MORALES premier qui ait ecrit, avec un esprit independant , des annales hisloriques; encore peut-on lui reprochcr de s'etre ecarte > comme tant d'autres, de la route de riiistorien , en denaturant eertains faits pour les raconter selon ses vues, souvent syste- matiques. Les historiens de nos jours sont du moins plus vrais, et j'oserai le dire, |)lus penetres de leur vocation. M. Audin, qui se prepare a publier una Histoire de Catherine de Medi- cis , dont celle de la Saint-Barthelemy, qu'il vientde mettre au jour , n'est qu'un fragment, ou du moins nn episode, parait ap- pele h prendre place parmi les annalistes les plus veridiques de notre tems. Son livre est celui d'un narrateur elegant et pur , d'un compilateur patient et infatigable. Son histoire est attrayante par le style et par les details. Au, milieu de ses re- cherches precieuses, I'auteur a evite egalement et les nom- breuses discussions theologiques , dont ses devanciers ont sur- charge lenrs racmoires, et le denombrement completet presque individuel des victimes du 24 aout 1572, comme n'a pas man- que de le faire le sieur Varillas. La premiere partie de I'His- toire de la Saint-Barthelemy est surtout fort remarquable. Le debut , le tableau de I'Europe a I'avenement de la regente Catherine de Medicis, sont d'une louche forte ethardie. Celui de la cour de France , a cette epoque de debauches et de sang, ne laisse rien a desirer. Le lecteur est transporte , a chaque page, dans les tours du Louvre, ou dans lesmursde Elois. II voit , il suit le faible Charles, sonodieuse mere, qu'en- vironne un serail de jeunes fillcs , de parfumeurs , de necro- manciens , de baladins et de tartufes. La perfide reconciliation de cette infame cour avecle vieuxamiraldc Chatillon, est peinte des couleurs les plus vives et les plus vraies ; puis on vient a la scene sanglante de la Saint-Barthelemy , tracee avec une vigueur qui fait fremir; la fin deplorable du jeune monarque termine ce recit que, malgre I'effroi qu'il inspire, on trouve encore trop court. II est trop court , en effet, puisqu'il nous laisse mille choses i regretter. D'abord , on y cherche en vain les causes positives de cette grande catastrophe , sans example dans les annales du ET POtlTIQUES. 6a7 montle. L'auleur , je ne sais par quel menagemeiit , evite sans cesse de nous faire voir I'aurore de ce jour sanglant. II nous represente, il est vrai, une cour haineusc, hypocrite, ivre de vengeance, et preparant de loin son atroce complot; etil re- sulle de son tableau que la soif de venger de vieilles injures, decoree du nom de politique, fut le seul motif du massacre de trente mille reformes. « On a trop !ong-tems, dit I'auteur , ac- cuse la religion de cette horrible journec; il faut que le sang relombe sur qui I'a repandu, et la religion n'en versa pas une goutte », etc. (page 4)- Et plus bas : « Catherine fut bien aise de couvrir de voiles sacres cet attentat politique :elleseule le me- dita et I'accomplit. Charles meme ne fut que I'instrument de cette femme etrangere. Ce fut pour sauver quelques lambeaux d'un pouvoir expirant qu'elle eut recours a ces sacrifices hu- malns, etc. » Voila qui est positif; I'auteur avancc, comme une chose prouvee aujourd'hui, que la Saint - Barthelemy fut une oeuvre purement politique. Or , il est difficile de le croire. II y entra , j'en conviens , une noire perfidie ; mais il y entra autre chose aussi. Les Guise, et tant d'autres qui agissent dans ce dranie, n'eurent point la seule politique en vue; et les six vic- toires remportees par Coligny, sa vigoureuse resistance aux armes catholiques et la prise de Meaux ne sont pas les pre- mieres causes de ce massacre dont se rejouirent un grand nombre de devots et de pretres, dont le Vatican s'applaudit , et pourlequel on chanta un Te Deum. N'est-ce pas lefanatisme le plus aveuglc et le plus affreux qui a tout fait? Charles IX., si indecis , si long - tems incertain , eut - il donne I'horrible signal sans le fanatisme qui le poussait au crime et qui lui procurait un grand nombre d'auxihaires et de complices ? Le peuple, dans cette nouvelle croisade, eiit - il si prompte- ment saisi la croix et le poignard , si le fanatisme ne I'eiit ar- me ; si on ne lui eut rappele des pretres catholiques massacres, des statues des saints mutilees, des nionasteres, des eglises renverses par des huguenots ? Les assassins catholiques ne se preparaient-ils pas par le jciine et la priere a cette grande 6iS SCIENCES MORALES lihation de sang? N't'St-ce pas tlans le clerge et chez les jesuiles que pa Saiut - Bai-thclemy trouva des apologistes? et, quaiid mome la regente aiirait elIo-rticme*te exempte de fanatisme , ce n'pst pas moins le fanatisme qui a ob^i ; sans ce puissant mobile , les bourreaux eussent manque a cette furie. Un autre regret que nous eprouvons, en lisant I'histoire dc la Saint-Barthelemy, c'est de ne pas trouver, a la suite de I'e- pouvantable description qui fait I'objet du livre, de quoi nous reposer ou nous consoler un moment de tant d'horreurs , par le recit de la noble resistance de quelques gouverneurs de pro- vince, et leur refus d'obeir aux ordres sanguinaires de Char- les. Nous reclamons de M. Audin ces noms devenus chers h la posterite, et qu'il a eu le tort grave de passer sous silence : ceux de Gordes , Chabot-Charni , de Tendes , Saint-Heran , Mande- lot et pUisieurs autres, et surtout celui du vicomte d'Orthe, commandant de la place de Bayonne, de ce vieux soldat qui ecrivait courageusement au roi, « qu'il n'avait trouve dans sa garnison que tons ciloyens et braves soldats , mais pas un hour- reau. « La generosite de ce grand homrae, celle ducomte de Tendes, furent recompensees par le poison, et I'auteur , qui enumere tant de meiirtres, ne donne pas un regret a ces glo- rieuses victimes ! Et ce venerable eveque de Lizieux , Jean Hennuyer , n'etait - il done pas digne de la mention de I'histo- rien , lui qui sauva plasieurs milliers de calvinistes , action d'autant plus admirable que son ctat sembiait lui faire alors un devoir du fanatisme et de I'intolerance ? Le portrait du jeune roi Charles IX est d'une ressemblance parfaile dans le tableau de M. Audin ; mais on demande au- jourd'hui, dans les peintures historiqnes, un certain fini qui manque a celui-ci. Charles est bien faible, bien aveugle par Catherine ; nous le voyons tant soit pen poete et libertin; mais tout cela n'est que le profd : c'est un raccourci de Louis XI ; ce n'est pas encore le portrait de Charles IX. Ce roi que Brantome traite de «fort parfaitet universel, » que Chenier ex- cuse en quelque sorte du grand massacre qu'il ordonna, of- frait les contrastes les plus bizarres dans ses moeurs et son ca- ET POLITIQUES. 629 raotere. II s'agrandit ou se rapetisse a chaque pas. Quelque part ou nous le suivions , nous ne voyons plus le meme homme ; courageux, hardi, bouillant, genereux , si sa mere n'eut pas ete la pour le retenir, Charles eut presque I'enfance d'uu heros. Ce caractere d'audace et d'aclivite se soutint dans sajeunesse, et le jeune monarque cherchaita user cet exces de vie a la chasse, son exercice favori, sa passion domi- n ante, passion, disons-le en passant, qui etait au - dessus de ses forces physiques , et qui abregea ses jours, comme ce dis- tique du terns en fait foi : Pour aymer fort Diane et Cytheree aussi , L'une et I'autre m'ont mis dans ce tombeau icy. Rien ne pouvait moderer son ardeur, selon nos anciens histo- riens « haissant estrangement la chambre, tousjours hors la maison lorsqu'il faisoit beau, en compagnie, en action, jouant a la paulme qu'il aymoit fort, s'y efforcant par trop k sauter, a jouer au paillemail; bref, ne se plaisant qu'en pliisieurs vio- lens exercices. Faict-il mauvais tems, ou de pluye ou d'un extreme chaud, voila le monarque faisant querir messieurs les poetes Ronsard, d'Orat, Baif, dans son cabinet, devisant et composant avec eux, ou faisant du grec avec le bonhomme Amyot, son precepteur. » Au bal, au carrousel, au sermon, k la messe, partout le meme enthousiasme. Au conseil, voila un roi de vingt ans qui etonne des vieillards par sa fermete et son eloquence :1a reine-mere parait ; c'est un enfant qui pleure et qui demande pardon d'etre un grand homme. Peneti'ons dans les detours du palais : nouveaux contrastes. Le roi s'occiipe « avec I'ardeur des plus robustes marechaux et forgerons qui furent aux forges, a dresser des canons d'harquebouses, et faire jusqu'i I'escu, le double ducat, le teston et autre monnoye. » Bientot cet homme de fer quitte le marteau et I'enclume pour devenir un Heliogabale. Ces contradictions, ces dissonances entraient necessairement dans le cadre de M. Audin , et nous sommes en droit de lui dire qu'il n'a dessine qu'au trait ce grand buste d'enfant. 63o SCIENCES MORALES Nous aurions voulu aussi voir se grouper autour cle Char- les, tie Catherine, tie Coligny, d'autres figures tl'un haul inleret; cclle du roi de Navarre, par exemple, de Henri IV, qui est cache dans I'un dcs coins les plus obscurs du tableau. Cela seinble etrange. On nous le montre comnie pen sensible au massacre tie ses freres. II cut peu de pouvoir en celte cir- constance, je le sais; mais il fallait montrer au lecteur son impuissance, afin qu'il ne I'accusat pas d'une neutralite crimi- nelle. Enfin, le tableau de la mort du roi est aussi un peu court; les details qui s'y trouvent deja font dcsirer ceux qui manquent. L'agonie de Charles IX, qui fut longue et doulou- reuse, presente une peinture assez frappante du passage du fa- natisme a la piele, dont la mort de Louis XI nous offrait deja un exemple remarquable. Cette peinture du pecheur couronne qui entrevoit la tombe etun avenir menacant, ferait un grand effet aupres de celle descourtisansquiabandonnent et assiegent tour a tour le lit du mourant, selon qu'une lueur d'esperance les fait agir. Suivrait enfin I'etat d'insensibilite, si voisin de la mort, oil tombe le roi, et durant lequel sa mere vient lui apprendre que Montgomery, ce meur trier involontaire de son pere , est arrete; a quoi le prince', clement enfin au bortl du cercueil, repoiid : « Ce dont bic-n me fasche! », car il aurait voulu qu'il s'echappat. Que M. Audin nouspardonne ces critiques. PI us son ouvrage est curieux et interessant, plus il nous a semble qu'il etait de notre devoir de lui indiquer les passages qu'une seconde touche pent rend re meilleurs; c'est par ce motif que nous ferons une derniere observation. Fidele a I'ecole historicjue moderne, dont il s'est hautetnent declare I'apotre , M. Audin a dedaigne dans son recit ces reflexions de I'auteur lui-meme, dont nos vieux historiens sont si prodigues ; reflexions qui tendent presque toujours k faire connaitre la pensee particuliere de I'ecrivain , ou sa conviction intime, ou la couleur qu'il lui a ete commande de donner a certains fails. Ce deluge de petits a parte etait surtout de mode au tems ou, au lieu d'historiens, nous avions lies historiographes. M. Audin ne dit pas une seule fois i\ ET POLITIQIJES. 63 1 I'oreille de celui qui I'ecoute : Voila ce que j'ai voulu dire, comprenez-vous bien cela ? je pense ainsi et je vous prie de penser de meme. II raconte, il peint, il cite; voila tout. Les reQexions,qu'il se permet tres-rareraent,sont breves, a la ma- niere de Tacite; quelques- lines meme sont empruntees a ce grand maitre, qu'il parait avoir consulle autant que les char- tres etles chroniques. Mais, dans ces reflexions, il nous a sem- ble entrevoir une teinte singiiliere. Si M. Audin s'eleve quel- quefois, ou plutot s'il descend a la critique , ce u'est pas encore I'historien de notre age qui vient juger des faits obscurs ou equivoques avec les lumieres de la philosophic moderne et I'experience de I'epoque; o'cst un chroniqueur du xvi^ siecle, xm disciple du vieux Ramus, qui cherche dans les idees sco- lastiques, et jusque dans la bible, la solution de ses scrupules. En un mot, M. Audin s'est fait I'homme des anciens jours; et il me semble qu'il renonce quelquefois trop completemcnt a son siecle. Peut-etre, au reste, le succes qu'obtient I'ouvrage de M. Audin , n'est -il que le resultat de cette sorte d'abdicalion morale; car bcaucoup de lecteurs veulent juger par eux-memes, au risque de juger nial. Tout le monde voudra contempler la cour de Charles IX dans le miroir fidele que M. Audin nous presente, surtout lorsqu'il en aura fait disparaitre ces taches legeres que nous i-egrettons de trouver dans un des livres les plus consciencieux que Ton ait publics depuis long-tems. Loeve-Weijiars. Voyage a Maduid {^Aout et Septembre 1826); par. AdoJphe Blanqui (i). Les plus hideuses maladies donnent souventlieu aux obser- vations medicales les plus curieuses , a celles qui avancent (i) Paris, 1826; Doudey-Dupi-e pere et fils , rue Saint- Louis, n" 46, au Marais; et rue de Richelieu, n° fiy. 1 vol. in - 8" dt? a5o pages; prix, 5 fr. et 9 fr. papier velin. 632 SCIENCES MORALES Tartde guerir. De nieme, pour avoir de justesidees des maux qui travaillent lessocietes , pour vemonter ileurs causes, pour en decouvrirle remede, il est boii que quelquesvoyageurs aient le courage de s'enfoncer dans les pays qui declinent, d'obser- ver de pres les miseres , les horreurs , cortege oblige des mau- vaises institutions. On se souvient que Lady Montagu confesse qu'avant d'avoir voyage en Turquie, elle n'avait ancune idee d'uu ordre de choses oii Yon ne saurail decider qitel est le plus miserable du mattre ou des esclaves. C'est une instruction qu'a voulu seprocurer M.Blanqui rela- tivemental'Espagnejquerinterventionarmee, je nediraipasde la France ( qui a blame I'entreprise ), niais d'un certain parti en France, a plongee dansl'anarchie et la misere. Malheureuse- ment, la police espagnole a empeche que I'instruction deM. Blan- qui et la notren'aient ete aussi completes qu'elles auraient pu I'etre. Cette police a borne la course dn voyageur a Madrid ; elle I'a prive des observations qu'il aurait pu recueillir a Cadix et sur le littoral de la Mediterranee, qu'il se proposait de parcou- rir ; mais , telle qu'elle est , sa narration , tracee par un homme jnstruit, portant I'empreinte de la bonne foi, et decelant tou- jours les sentimens philantropiques de I'auteur, ne laisse pas d'etre extremement curieuse. A pres I'avoir lue, on ne peut faire autrement que de s'ecrier : Je ne savais point encore dans quel etat de degradation et de misere I'arbitraire, la paresse orgueilleuse et le monachisme avaient plonge I'Espagne. Notre voyageur est d'abord frappe de I'aspect de ces fonc- tionnaires publics en guenilles qui demandent I'aumone en meme terns qii'ils exigent I'exhibition de son passeport et la visite de ses hardes; il est frappe de la tristesse , du delabre- nient et de la malproprete des maisons, tres-dignes au surplus de leurs habitans. Se presente-t-on poury entrer, Ton vous demande: Quivala ? aquoiilfaut repondre: Ave Maria. L'on vous replique : Sans peche concuc ; et vous passez. Les pretres, les moincs en costumes divers, promenent dans les hameaux leur oisivete. Sculs ils sont bien vetus et bien noiirris ; ils jouis- sent des biens de ce nionde , en echange des mandats qu'ils ET POLITIQUES. 633 fournissent sur I'eternite; quoi qu'ils fassent, ils sont toujours entoures des signes de la plusprofonde veneration. M. Blanqui a dej«k consigne dans les journaux la reception qui lui fut faite par les agens de la police de Madrid. On a su par la les communications peu protectrices de cette police avec celle de Paris. II nous fait connaitre dans son livre quelques nouveaux de- tails. A f-a seconde visite au secretaire de I'intendance de po- lice, Vinyolas, il insista pour savoir les causes du traitement qu'on lui faisait eprouver : « Monsieur, reprit en souriant le secretaire, le general Cambronne, voire compatriote, se trou- vait un jour en Italie avec un detachement de huit cents hom- mes, et il fit demander cinq mille rations au maire d'une petite commune oil ses troupes devaient passer la nuit. Quoi! ge- neral , lui dit ce fonctionnaire, vous me demandez cinq mille rations, et voUs n'avez que huit cents hommes ! — Monsieur le maire , repliqua le general, je ne parle jamais politique. — M. Blanqui, vous dirai-je a mon tour, dispensez-moi de parler politique. « Ce fut son dernier mot. Au mois de septembre 1826 , la police de Madrid fit afficher une ordonnance sur les spectacles , dont voici un article copie et traduit litleralement : « Tout individu qui se permettra d'a/>- plaudir ou de siffler pendant la representation, de faire des signes aux personnes des loges, et meme a sa soeur, sera con- damnd, pour la premiere fois, a servir pendant six ans comme soldat ; et en cas de recidive , il sera erivoye aux galeres pour dix ans. » Les jeunes gens de France ne sont pas encore traites aussiseverement que cela; mais il ne faut desesperer de rien. Voici une de ces anecdotes qui caracterisent une epoque et un pays : n Un voyageur anglais me racontait que, pendant son sejour a Seville, il y a peu de mois, il fut accoste par un Espagnol d'assez haute stature, qui lui demanda sa bourse en Fe menacant de le poignarder s'il hesitait : « La voili , dit I'e- Iranger; mais vous faites un triste metier et dans un lieu bien dangereux.)' L'Espagnol, en le reconnaissant pour un Anglais, changea brusquemcnt de langage , et lui dit ces propres pa- 634 SCIENCES MORALES roles : « Monsieur, ma vie depend de vous; prenez mon adresse et venez me voir demain ; il ne tiendra qu'ii vous de me faire pcndre ou de me rendre un grand service. Venez, venez sans crainte. » En effet, I'Anglais parut au rendez-vous; etil y trouva liuit enfans qui s'arrachaient quelques restes d'ali- raens grossiers avec toutes les demonstrations d'une faim de- vorante. Leur pere ( c'etait le voleur ) offrit alors a I'etran- ger deconcerte par ce triste spectacle de lui rendre sa bourse ; et il se fit connaitre pour un magistral destitue , en declarant que le d^sespoir etalt son unique ^ressource. On peut se rap- peler I'interessant episode du roman de Tom - Jones dont le fond est le nieme que celui de cette histoire ; mats , en anglais, celte anecdote est dans un roman , et Taction a pres d'un sie- cle d'anciennete ; tandis qu'en Espagne le fait est de nos jours et rapportc par un temoin oculaire. Les destitutions, qui sont les causes principales de ces infor- tuneSjSont le fruit i\es purifications (\\\e Ton doit obtenir pour conserver un emploi , ou mcme pour eviter des persecutions. M. Blanqui rapporte textuellement les instructions donnees par la junte de purification a ses delegues. Entre autres dispo- sitions , elles veulcnt qu'on denonce tout journaliste ou ecri- vain qui auraitdirige I'opinion publique dans le sens conslitu- tionnel, contrelcs principes de la morale, c'est-a-dire , contre Yobeissance ahsolue au roi et aux autorites etablies pour la defense de Vautel et du trone ( bonne definition de la morale ). L'avenir est, comme le passe, dans les attributions des dele- gues de la junte de purification. lis doivent s'informer si le patient est capable defaiblir un jour en public dans ses bonnes opinions politlques. On voit qu'il fautdenoncer jusqu'a l'avenir! Ce qu'il y a de deplorable, c'est que toute la portion mi- toyenne et eclairee de la societe, ayant etc en general celle qui a donne son assenliment a I'ordre legal et constitutionncl, est celle qui aujourd'hui se trouve en butte aux persecutions des reactionnaires qui font mouvoir la classe ignorante etfanatique. Cette classe, abrulle de longuc main par les prctres, et vivant d'aumoncs, redcmandc aujourd'hui les tortures dc I'inquisi- ET POLITIQUES. 635 tion et ses auto-da-fc {i^&^e ii9)j ^' retluit !es negocians in- diistrieux, les medecins, les liommes de loi, les savans , lous les amis eclaires du bien public , a gemir et h fremir. Le pays se depeuple petit a petit de tout ce qui pouvait faire sa felicite et sa gloire ; nos villes du niidi sont encombrees de refugies espagnols, tous plus ou moins interessans et plus ou moins i plaindre. On citerait difficilement, en Espagne , dit M. Blan- qui, un seul homme distingue par quelque don eminent de I'esprit qui , depuis la restauration du pouvoir monacal, ne soit en disgrace ou en exil. Le celebre botaniste Gasco est a Londres, ou il s'occupe a rediger la Floie de la Tamise ; I'ar- tiste a qui Ton doit les belles anatomies en cire de I'hopital Saint-Charles , et qui seul pouvait soigner leur conservation , a ete destitne et proscrit en qualite de constitutionnel. C'est a ce parti qu'appartiennent encore les personnes les plus recom- mandables de la noblesse, des proprietaires, des marchands , et les gens aises de toutes les professions, qui ont ete obli- ges de rester. Les plus prudens gardent le silence ; les autres bornent leur improbalion a un geste , ii un sourire ironique , toutes les fois que Ton parledevant eux du regime apostolique. Les officiers qui ont commande sous les cortes, les veterans de la guerre de Tindependance , renferment leur profond ressen- timent. « Je n'ai pu entendre sans emotion , dit notre voyageur, les sauvages recits de ces vieux officiers qui croyaient com- battre pour leur patrie et qui fremissent d'avoir vaincu pour des capucins... Les hommes qui ont vu nos deux revolutions assnrent que cet etat participe de la terreur de 1793, et de celle de 1816 ( page 141 ). « Le regime actuel de I'Espagne ne tient nul compte de cequi milite en faveur des actes du regime precedent. « Le roi d'Es- pagne a dine de I'emprunt des cortes , dit M. Blanqui ; sa fa- mille, ses amis en ont personnellement profite... S'il faut en croire des bruits fort accredites a Madrid, I'armee de la Foi elle-meme aurait eu sa part de I'emprunt... Cela n'empeclie pas qu'on ne fasse banqueroute aux preteurs. Un autre fail gc- neralement connu est celui- ci, auquei on peut etre surpris 636 .SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. que Ferdinand n'ait pas eu plus d'egard. Pendant le regime constitutionuel , une princesse de son sang liiiayant demande son consentement pour acheter un bien d'eglise qui etait i sa convenance, le roi lui dit : Achelez, achetez ; vous avez raison. Apres la reslauration de Cadix , le clerge etant rentre dans ses proprietes, sans en excepter celle dont la princesse se plaignai ' d'avoir fait racquisLtion , Ferdinand lui rcpondit : Pourquoi ^'avez-vous achetee ( page i3o) ? Notre voyageur se plaint des disparates que presentent la magnificence des denieures royales et la pauvrete de leurs ameublemens. II est surtout clioque de celui de la chanabre a coucher du roi; unlit en acajou fort ordinaire , une toilette plus mesquine encore, deux fauteuils de forme ancienne et deux carreaux de velours , achevent le triste assortiment de cette chambre ou ton dit que le roi dort. Celle de la reine est egalement tres-modeste. « Cette interessante princesse, dont tous les jours ne sont pas files d'or et de soie, est logee- au palais d'une maniere indigne d'elle. Faute de documens cer- tains, je m'abstiens toutefois d'aucune conjecture sur sa posi- tion. Ce que je sais, c'est que personne ne lui refuse le respect et I'iuteret qui s'attachent au malheur ( page 127 ). » Au total, on pent regarder le voyage de M. Blanqui comme une confirmation de tout ce qu'on a appris de I'etat actuel de I'Espagne. On s'apercoitqu'il a bien vu, quoiqu'il ait vu rapi- dement; et Ton sent qu'il rend compte de ses impressions avec sincerite; ses narrations ont a la fois de la naivete et de I'es- prit; I'anecdote du fils de Murat, attire liors des lignes de Gibraltar par un billet doux suppose, et jete dans un cachot, est curieuse et n'etait qu'iniparfaitement connue. Ce livre pre- sente d'autant plus d'attrait a la lecture, qu'il est parfaitement imprime. D. LITTJ^RATURE. Anthologie russe , suivie de Poesies originalesy par P.-J.-Emile Dupre de Saint-Maure (i). SECOND ET DERMEa ARTICLE. ( Foy. ci-dcSSUS, p. IO-40.) II est assez singulier que la plupart des ecrivains qui jusqu'ici ont entrepris de nous faire connaitre la litterature russe soient eux-memes restes presque entierement etrangers a la langue d'un peuple au milieu duquel ils vivaient, et dontl'etude sem- blait devoir etre une conditiou indispensable pour leur travail. M. Hennequin, professeur a Moscou , qui a public, de 1821 a 1822, un Cours de litterature , ancienne et moderne , ou Ton trouve du reste d'excellentes choses (2) , remarque , p, ix de son Discours preliminaire, qu'il a cede aux instances des personnes les plus distinguees en admettant les poetes russes dans sa galerie; raais qu'il ne saurait connaitre parfailement la litterature russe, et que les notices qu'il a repandues dans son ouvrage sont dues a des nationaux. M. Reiff , de Neucha- tel , qui a essaye de traduire en vers francais quelques-unes des fables de Krxlof, dit positiveinent , dans sa Preface, « qu'ayant entendu des Russes vanter les productions de ce fabuliste, avec cette chaleur que I'etranger prend quelquefois pour de I'enthousiasme , ou pour I'explosion de I'amour-propre natio- nal , i! a regrette souvent de ne pas savoir la langue russe afin (i) Paris , 1823 ; Trouv6. i vol. in-S° de xlv- 36o pages ; prix , 8fr. (2) Voy. Rev. Enc, t. xxv, p. ySi a ySS , I'article que nous avons consacre a cet ouvrage. 638 LITTT^RATURE. de poHvoir applaucUr avcc connaissance de cause ( i ). » « Pour suppleer, ajoute-t-il, a mon ignorance, et pour satis - faire mon desir , j'ai pense qu'unc traduction litterale et pres- que inlerlineraire, dans laquelle on aurait indique les tours, les expressions familieres, les idiomes (2), les adages natio- naux employes par I'auteur, scrait suffisante pour ma curio- site , et que jc ne perdrais que le charme des vers, I'harmonie des sons de la lyre. « Plusieurs ecrivains nationaux, et parti- culierement M. Labanof , se sont empresses de se rendrc h son desir. II est Hicheux que tant de peine et de complaisance n'ait abouti qu'a nous procurer une esquisse, pale etsans poesie, de quelqucs-unes des meilleures pieces du celebre fabuliste russe. M. le comte Orlof a fait , a Paris, pour Krilof, ce que M. La- banof avait deja fait pour lui a Saint-Petersbourg, et nous avons un volume de fables, dont plusieurs imitations sont tres-heureuses. Pas un des nombreux imitateurs fran9ais et ita- liens, peut-etre, ne connaissait les premiers elemens de la langue dont il avait a reproduire un des chefs-d'ceuvre, et c'est un grave inconvenient; mais plusieurs d'entre eux etaient reel- lement poetes, quelques-uns memo avaient obtenu des succes reels dans le genre de poesie auquel se rattachent les produc- tions dumodele qu'on leur avait propose; et, s'il n'est pas sorti de ce brillant concours un ouvrage propre a nous donner une idee satisfaisante du genie de I'auteur russe auquel ce monu- ment litteraire est consacre, du moins nos bibliotheques pos- sedent un ouvrage tres-curieux et dont plusieurs parties font honneur a nos poetes modernes les plus distingues (3). (i) Nous ne savons trop du reste comment concilier cat aveu de M.Reiff, au sujet deson recueil de fables, qui n'a pani qu'en 187,2, avec la publication anterieure d'une Grammaire russe a I'usage des ctrangers , imprimee ea 1821 , qui porte son Rom et qui a obtenu I'approbation de I'Academie russe ( voy Rev. Eric. , t. xx , p. SSg-Spo, I'annonce de cette grammaire ). (2) C'est idiotismes sans doute que i'auteur a voulu dire. (3) Voy. Rev. Enc, t. xxvi , caliier dejuin i825,p. 717-735, un examen raisonne de cet ouvrage. LlTTERATURE. 689 « La bonne foi, dit a son tour M. Dupre de Saint-Maiire, doit etiie la premiere qualite de I'ecrivain; j'avouerai done franchement que j'ai entrepris cet ouvrage sans savoirla langue russe. Une piece de vers , ou j'avais rendu assez fidelement la pensee de I'auteur, d'apres une traduction en prose francaise, suggera I'idee a quelques amateurs des letUes de me demander une suite a ce travail; ils m'offrirent de m'en aplanir les dil- ficultes. C'est alors que , puissamment aide par ces litteratevus , egalement verses dans les deux langues , je commencai avec ardeur , mais nou sans defiance de mes forces, le recueil que je livre an public. J'obtins des traductions litterales ou les inversions, les tours hardis de la langue russe etaient rigou- reusement conserves; et, pour etre plus sur de la fidelite des traductions, j'osai les reclamcr des auteurs, pouvant compter surl'excellence des materiaux, quand ils m'etaient fournis par les architectes eux-memes. » N'otons pas a M. Dupre de Saint- Maure cette persuasion ; felicitons-le plutot d'avoir trouve les encouragemens et le secours que d'autres, animes du meme desir et du menie zcle que lui, ont cherchc long-tems inu- tilement, etjugeons son ouvrage dans un esprit d'indulgence que commandent egalement sa modestie etsa franchise. II s'agit de distinguer dans cet ouvrage quatre parties , dont les trois premieres coneourenl au meme but, et la quatrieme s'y rattache egalement, quoique d'une maniere moins directe. Ces quatre parlies sont Y Introduction , les Notices biographi- ques sur les auteurs russes dont les productions sont entrees dans le choix de M. Dupre de Saint-Maure, ses Traductions om plutot ses Imitbtions, et\espoesies originates que lui ont inspirees un ciel etranger et des habitudes nouvelles. Nous avons cite, au commencement de cet article, un passage de Y Introduction de M. de Saint-Maure. Ce morceau, que I'auteur appelle lui- meme un expose rapide de la litterature russe, est ce qu'il y a de mieux sans doute dans son ouvrage. On y trouve des con- naissances reelles , des jugemens ca general sages et bien motives, et le style convenable ausujet; on pourrait y desi- rer seulement un ordre chronologique plus severe. Ce court aper^u historiquc suffira, comme il I'a pcnsc, pour dofiner »< 64o LTTTERATURE. ses lecteurs une idee assez juste d'une litterature trop peu con- uue en Europe, et qui, en inoins d'un siecle, s'est eniichie do la meilleure partie des productions des anciens et des moder- nes, en y ajoutant quelques creations nouvelles. Les Notices biographiques sont au nombre de seize : dix-sept poetes russes figurent dans V AnthoLogie de M, Dupre de Saint- Maure; il n'a pas juge sans doute a propos de joindre une no- tice a une epigramme assez mediocre que lui a fournie M. Kozlof; mais Ton trouvera, dans V Introduction , Ion?, les renseignemens desirables sur ce poete interessant, dont un de nos coUabora- teurs a recemment annonce une production d'un genre plus releve (i). Les autres poetes mis a contribution par I'auteur sont, dans I'ordre oh il les a places, MM. Dmitrief , Batiouschkof', Basile POCSCHKINE, OZEROF, JoDKOVSKY , GneDITCH, Ic COmtC KhVAS- TOF (2), ^/eXflrtt/re POUSCHKINE , KhEMNITSER , VOEIKOF, Kan- TEMiR, DerjavinEjDavoidof, Bobrof , Kheraskoe et KrIlop. Les divers genres de litterature que ces poetes ont cultives, I'epoque differente de leur vie, tout est confondu dans cette partie et dans les Imitations, pour lesquelles M. de Saint-Maure ne parait avoir suivi d'autre ordre que celui dans lequel les renseignemens et les traductions litterales lui sont parvenus. La plupart des details contenusdans ces Notices sont erapruntes du reste a I'ouvrage de M. Gretsch, dont nousavons parle plus haut; I'auteur fran9ais n'a eu d'autre peine que de les coor- donner et de les rediger, travail dont il s'est acquitte avec beaucoup de gout et de discernement. Mais, c'est sur les Imitations elles-memes que nous devons porter notre attention. EUes sont au nombre de trente-quatre, dont deux en prose : le Poete au Chatirdach , fragment d'un (1) Voy. Rev. Enc, t. xxx, cahier de j'ttin , p. 717-719- (2) Ce venerable doyen de la litterature russe vient de nous faire parvenir plusieurs poemes , dont nous rendons compte dans le m^me cahler de laBevue ( Voy. ci - apr^s , Bulletin bibliographique , article RussiE ) , quoique la premiere publication de I'un d'eux remonle a Tannic 1804. LITTERATURE. 6/, i poeme de Bobrof sur la Tauride, et Les denx pedieurs, idylle de M. Gneditch. On ne pouvait d'ailleurs demander a M, de Saint-Maure plus de variete qu'il n'en a mis dans ces imita- tions; poemes historique, tragique et lyrique, odes, epltres, satires, ballades, idylles, fables, epigrammes et chansons, tons ces differens genres ont ete abordes par lui avee le meme desir sans doule de bien faire. Mais une telle entreprise eiit exige presque no genie universe); pen d'auteurs ont, comme Voltaire, ce privilege d'exceller dans plusieurs parties de I'art d'ecrire; et comment attendre d'un seul traducteur qu'il reu- nisse tous les differens genres de talent dont ses modeles ont fait prenve? Une Anihologie, pour etre parfaite, demande- rait le concours de plusieurs traducteurs en etat de lutter avec les auteurs originaux. Un poete, quo! qu'aient pu dire quelques critiques modernes qui semblents'attacher a tout con- fondre et a combattre les principes les mieux sanctionnes par I'experience, un poete doit etre traduit par un poete , et Ton ne peut reconnaitre meme comme tel, dans aucun genre, que celui qui s'y est adonne par gout, et comme pousse par une impul- sion irresistible. Au lieu de la diversite de tons et de couleurs que Ton devait rencontrerdans I'ouvrage que nous annon9ons , on n'y trouve qu'une teinte uniforme et un peu pale. En general , il semble que M. de Saint-Maure s'est trop hate , ou plutot que son unique soin a ete de faire vite. II avait pris, dit-il , en Riissie I'engagement de publier son Anthologie a une epoque determi- nee ,etil prouve, comme il I'observe fort bien lui-meme, nque le tems ne doit jamais etre compte a la poesie , qui vent rester libre et n'obeir qu'a ses inspirations. » Son travail Ta occupe deux ans; nous I'engageons, s'il vent lui donner foute la per- fection dont il est susceptible , a faire une etude de la langue lusse et a passer dix annees a lerevoir avec soin. C'estle pre- cepte de Boileau que je lui rappelle; c'etait la tout le secret de ces maitres de I'art que les bons esprits admirent encore au- jourd'hui; la niediocrite orgueilleuse peut seule affecter de dedaigner un pareil moyen de succes. Quelques parties de ce iccueil soul poiirtanl plus salisfai- T. XXXII. — Dcccmhre i8'25. Aa 6iia litti5:ratijre. sautes quo les autrcs; on sent que I'auteur les a traitees avec predilection. Nous sigiialerons,entre autres morceaux, le Tasse mourant, de M. Batiouschkof; Vode du celebre Derjavine sur la mort du prince Mestchersky ; enflu, les Adieux de la reine dc Kazan a sa capitale , lors de la coneut etre lemeilleur plaid oyer qui ait defendu eel te cause. On y remarque 1 attitude ferme et calme qui sied si l>ien a la raisou persecutee, a la vertn aux prises avec I'adversite. Enire le ton de sagesse et de conciliation de cos eveques anglais, et I'orgueil , les preten- tions et I'intolerance de quelques mandemens publics par des eveques francais, le contraste est si frappant qu'on serait tenle de croire que les premiers u'appartiennent pas a la incme reli- gion qij€ les seconds, et que le veritable esprit du catliolicisrae s est rcfugie en Anglctcrre. A la suite de cette declaration, on iit une adresse des calboliques anglais a leurs coinpatriotes proteslans : le ineme esprit a dicle I'une et Tauire, et le rai- sonnement y est egalenient fort , I'expression aussi moderee. n Nous supportons commc vous toutes les charges dc I'etat ; nous sommes enfans de la niemepatrie, et nous defendons ses lois et ses institutions avec aulant de devoument que vous- memes : nous demandons a y)artagcr avec vous tons les droits attaches au litre d'Anglais. Nous demandons que les loiscesscnt d'etre hostiles conire nous. Tons les aus , nous sommes dans la necessile de renouveler ces reclamations humiliantes ; innocens, nous subissons une peine , et nous sommes confondHS avec les coupables : faudra-t-il nous resigner a supporter perpeluelle- ment une injustice aussi evidente? Le soupcon mal fonde dont nous sommes les victimes ne cedera-t-il jamais a la confiance que devrait inspirer notre conduite pendant un si grand nombre GRANDE -BRETAGNE. 667 d'anndes de surveillance? Tant que nous serons fideles a bos sermens religietix, les portes de la constitution nous seront fermees : si , renoncant a notre foi , nous devenons parjures et apostats, nous soinnies trailes avee faveur, le sanctuaire de la constitution nous est ouvcrt, les places les plus cminentcs et les fonctions les plus honoiables sont accessibles pour nous ; on ne craint point de remetlre ontrc nos mains les balances de 1.1 justice, le dejiot de la morale publique. Que Dieu nous aban- donne, si jnmais nous aclietons , au prix de noire lionneur, aucun de ces avantages, quelque grands qu'ils puissent etre. Au raoraent du danger, lorsque notre pays reclamera notre secours, nous serons dnns vos rangs, et notre sang coulera avec le voire pour la defense dela commune palric; nous pe- rirons avec elle , si elle est condamnee a perir; sielle est lieu- reuse , qu'on nous admette au parlage de sa prosperite : nous n'ambitionnons aucune sorle de preeminence, religieuse ou politique. » R. Revue sommaire des recueils periodiques sur les sciences , les leltres et Ic-s arts , puhlies dans la Grande-Bretagne, — Qnatorzieme et dernier article. (Voy. Rev. Enc, t. xxvii, p. 767-770; t. XXVIII, p. i49-i56, 799-80/1; t. XXIX, p. 141-148, /|63-A68 et 7/17-756; t. xxx, p. i2i-ia6, /i 19-424, t. XXXI, p. i24-i3i, 402 -4o5 et 688-693 , et ci-dessus, p. 117-119 et 399-405.) SUITE DE L'APPENDICE. JOURNABX MENSUELS, Sciences religieuses et morales. aSi. — The general baptist Repository. — Repertoire gene- ral des Baptisles. Londres , 1826; Sherwood. In -8° de 2 feuilies ; prix, 6 pence. 262. — The christian Moderator. — Le Moderateur Chre- tien , N° 8. Londres, deccmbre 1826; Wilson. In - 8° de 2 feuilies el demie; prix, i sh. 253. — The congregational Magazine. — Le Magasin de la Congngation , ]N° 4- Londres, 1826 ; Holdsworlh. In- 8° de 3 feuilies; jirix, i sh. 254. — The New- Jerusalem. — La Nouvelle Jerusalem, N° 3o. Londres, octobre 1826 ; Palmers. In-8° de 2 feuilies , prix , 6 pence. a55. — The anti-slavery monthly Reporter. — Rapport roenuissance intellectuelle, qui fait trembler les rois mtMues, qui prouve quels vains fanlomes sont la richesse et les honneui's lorsqu'ils n'ont point pour base la verlu , qui devoile la fraude et le vice; il n'est point extraordinaire , di- sons-nous, que de lels hommes soient assaillis tour a tour par fous les partis, et qu'on leur reproche d'agir par des mo- tifs d'interet, lors meme erie. — Materiaux pour un almanack po- pulaire. Ayant observe que le pcn])]e ne lit guere d'autre livre que ralmanach, Houwakl a |)ensequ'il f'allait lui presen- ter des verites ulilcs sous cette forme favorite. — Epilogue pour la Iragedie de Marie Stuart de Schiller : n'ayant ])as Irouve assez satisfaisante la fin de cette tragedie, telle qu'on la joue sur ies theatres allemands, Houwald a compose cet epilogue, poiir exposer Ies remords d'Elisabeth. Ace sujet, on a fait ob- server a I'auteur que Schiller n'a pas reprcsente Marie Stuart comine enlierement innocenle; et qu'en consequence c'est agir contre le but de ce poete que de faire suivre par le re- pentir un arret qu'il a voulu attribuer a de grandes fautes cora- mises. — Parmi \ei pieces Ijriques , il y a des elt^gies qui font honneur a Houwald, par exemple : la Tomhe demon enfant, le Printems, la Rose blanche, la Nuit du premier jour de Van , la Migration des dmes. D— G. 281. — Ueber das Zeitolter Lycophrons des Dunleln. — • De I'epoque a laquelle vecut Lycophron I'Obscur; par B.-G. Nie- BUHR. Bonn, 1826. In-8°. C'est a juste litre que Lycophron a ete surnomme Vobscur ; il n'est pas un de ses vers c[ue Ton puisse comprendre sans le secours des interpretes et des grammairiens. M. Niebuhr a un double motif pour conserver cette epithete : d'abord il par- tage I'opinlon commune relativement aux enigmes de cet au- teur; en second lieu, il veut le distinguer enfin de Lycophron le^agique. II est impossible , dit M Niebuhr , qne Lycophron , auteur de la fameuse Cassandre , ait vocu a la cour de Ptole- mee Philadelphe ; la preuve en est liree du poeme meme. On y designe comme ayant fait la paix avec >in peuple qui r^- gnait sur terre et sur mer, ce Ptolemee dont la marine sur- passait de beaucoup celle o'e Rome. Ce n'est point ainsi qu'fiu- rait parle un poete courtisan; il n'aurait point vante, au detriment du prince qui le payalt, une puissance inferieure. Alors la bataille navale que Duilius gagna u'avait point acci-u Ies forces de Rome; car elle ne fut livree qu'en la 26* annee du regne de Philadelphe, et la victoire des iles Egates suivit sa mort de six ans. II aurait done fallu que Lycophron fut aussi maladroit que inenteur, pour louer Ies Remains aux ALLEMAGINE. 685 depens de son maitre. Dira-t-on que ce ful un poeme de cir- constance, a ["occasion d'un traite? Mais on ne voit pas apres (|uelle guerre eut ete compose ce singulier poeme de circon- stance , aussi pen intelligible alors qu'aujourd'hni. D'ailleurs les vers oii il est question de Rome s'enchainent avec ce qn'on ■vient de dire d'A^lexandre, s'ils sont relatifs a des evcnemeris poslerieurs a ce roi de six generations. Oii prendre sis gene- rations dans les cinquante premieres annees qui se sont ecou- Ices depuis ce prince? M. Niebuhr nous montrant done dans notre LycopLron un poete d'un terns ou, bon gre malgre, il fallait louer Rome, designe Philippe , roi de Macedoine et fils de Demetrius , comme devant recevoir I'application de ce passage. TJn scoiiasle d'Alexandrie avait deja etabli une distinc- tion entre les deux Lycophrons, laissant au siecle de Ptolemee le poele tragique , et donnant Yobscur a une autre epoqne; mais Tzelzes s'en est moque mal k propos, et Fabrieius a re- pete legerement le blame inconsidere de Tzelzes. M. Niebuhr , qui ne laisse echapper aucune occasion de jeter du jour snr les peuples de I'ltalie, s'empare dune meprise de Tzelzes, pour enrichir leur histoire d'un nom de plus. Alexandre-le- Molosse , tue en lialie, fut ectange apres sa mort ])our le ge- neral Lucanien Tarpinius. En rapprochant de ces donnees an passage de Tite-Live, on acquiert la certitude de la bevue de Tzetzes, qui ne voyait que des Remains en Ilalie , et que des Macedoniens dans les troupes d'Alexandre d'Epire. Que ne pouvons-nous indiquer tout ce que cette brochure renferme d'utile pour la connaissance de I'anliquite ! En terminant , nous annoncerons du niolns que nous avons recupresque toutes les feuilles de la seconde edition de I'Histoire romaine de M. Nie- buhr; que deja la traduction est sous pressc , et que bienlot le public francais pourralire cetouvrage, un des plus importans que notre siecle ait vu paraitre en AUemagne. Ph. de Golbery. 1^^.■ — Ergehnisse cler bisherigen Forschungen iiherdie Echt- heit des Mozartschen Requiem. — jResultat des recherches faites jusqu'a ce jour pour determiner rauthenlicite du Requiem de Mozart. Mayence, 1826; Schoetl. In-8" de xxiv et 96 pages, plus 6 pages contenant le titre et la table avec une planche de musique. Un journal ( le Mercure du dix-neuvieme siecle ) , qui d'ail- leurs offre sur les theatres lyriques de France des articles fort spirituels et infiniment superieurs, quant au savoir et a la cri- tique , a la plupart de ceux des autres feuilles, soutenait dernie- rement que les allemandsavaient en musique un enthousiasme en dehors. A notre avis, cette opinion etait plus que hasardee : G86 LIVRES ETRANGERS. an contraire , les Allemaiuis aiinent k se rendre compte de leurs sensations; on rencontre ires-souvent chez eux des musiciens pleins d'l riidition et des amateurs dont le jugeraent pent ^tre compte })Our qnelque chose :aussi leiir litterature luusicale, la plus abondante de loiites, s'enrichit-elle ciiaque jour de nou- veaux oiivrages presque toujours intcressans et utiles. Celui que nous annoncons a pour but d'eclaircir la difficulte musi- cale relative au Requiem de Mozart, et de determiner quels sont Ics niorceaux de cct ouvrage dont Ptiozart est rceliement I'auteur. Tout porte a croire qu'une anecdote, mala propos reproduite par tous les biographes dn ceiebre compositeur alleinand , et d'apres laquelle il serait mort empoisonne aiis- sitot ajires avoir termine son Requiem, a ete inventee par les marchands de musique , apres la mort de cc grand genie, dans le dessein de speculer sur sesouvrag^s qu'ils refusaient durant sa \'ie. Quoi qu'il en soil, il parait que le Requiem etait loin d'etre termine quand Mozart cessa de vivre : ce fut Siissmayer qui coiniileta la partition, avec le sccours de quelques ouvrages de Handel, et s'acquitla de celte lache difficile avec un rare bonheur. Toutes les questions que pouvaient faire naitre Tori- gine de cet ouvrage et I'etat oil il a ete public, sontr^sumees dans I'ecrit que nous annoncons, et accornpagnces de nom- breuses pieces juslificatives : c'est un excellent commentaire pour I'cdition du Requiem qu'on va publier, et dans laquelle sera faite la part de cbacun des auteurs qui ont fourni les ma- tcriaux de ce chef-d'oeuvre. La publication de cette brochure est due a M. RocntiTz , editeurde la Ccecilia, I'un des meil- leurs journaux de musique de rAllemagne. J. Aurien-Lafasge. SUISSE. ^S^.-^ Meditations lyriques , par/. Imbert Galloix. Ge- neve, 1826; Paris, Ponthieu. In-8° de 48 pages. L'auteur des Meditallons poetiques aspire a Toriginalite ; il pretend n'avoir flatto que scs senlimens et ses pensees. Voici dans quel style il les exprime ; Le choc de la pensee epoavante mon ame; On dirait que le vin, dans mes sens aghes. Excite encor les facnltes Qui me consument de lenr flamme. Tour a tour je palis , ou je lis sans raison; Tour a tour je me sens berce par la folie, On je vois avec peur, sur mon noir horizon, Grandir le spectre alfienx de la melancolie. SUISSE. — ITALIE. 687 284. — Saint-Ignace et Napoleon, dialogue pliilosophiqiie en piose; par le meme; Geneve , iSaS. In-8°. L'auteur tient obstineraent a son idee d'une individualiie privilegiee ; \\ introduit sur la scene deux acteurs qui ontjoue iin grand role dans I'histoire, et leur fait rendre compte de tons les actes de leur vie , en les motivant sur Icur organisation toute-pulssante. Les interlocuteurs deraisonnent; et le dialo- gue est insignifiant. B — u. ITALIE. 285. — * Nuoi'i elementi delta fisica del corpo umano , etc. — Nouveaux elemens de la physique du corps humain, d6- djiits des observations les plus recentes sur I'anatomie et sur les phenomenes vitanx de rhomme el des animaux, par Etienne Gallini. Troisierne edition. Padoue, 1826. 2 vol. in -8°. L'etude des lois de la vie est sans contredit la plus impor- tantc dont on puisse s'occuper; mais il faut avouer aussi que la science des j)henoinenes viiaux est I'une des moins accessi- bles a i'intelligence humaine : temoins les nombreux systeines de physiologic qui se sont tour a tour succede et renverses : les humoristes qui, comrne Galien , faisaient jouer aux liquides le role le plus important de I'organisme; les mecaniciens qui , a I'exemple de Boerhaave et d'Hoffmann, ne voyaient dans les corps vivans que des machimes hydrauliques , des leviers et des poulies; \es animistes qui, comme Stahl, faisaient dependre le jeu de nos organes de I'influence d'un agent etranger auquel ils donnaient le nom dV/we ou de principe vital; les alchimis- tes qui , suivant les erremens de Van Helmont , regardaient le corps humain comrae un laboratoire de chimie , seraient bien etonnes de voir traiter aujourd'hui de chimeres ce qu'ils re- gardaient de leur terns comme des fails incontestables. N'en sera-t-il pas de meme un jour des nombreuses theories qui se disputent encore le domaine de la science des lois de I'or- ganisation? An milieu de ce dedale, qui peut se vanter d'avoir saisi !e fil d' Ariane? Parmi les physiologisles modernes, la plu- part regardent les phenomenes vitaux , la sensibilite, I'irrita- bilite, etc. , comme le resultat necessaire de I'organisation , de la meme maniere que I'elasticite , la pesanteur specifique, etc., dependent de la situation nioleculaire des parties constituantes des corps. Mais ces lois vitales sont-elles des modifications de lois physiques et chimiques , et parait-il necessaire de supposer un principe etranger a ces lois generales pour rendre raison 683 LIVRES fiTR ANGERS. des fonctions des differentes parties des corps vivans? M. Gal- lini croit pouvoir etablir:i" que les forces inherentes aux parties solides des corps vivaiis sent des modifications parti- culieres et assez connues des forces generales de la nature; 2° que les actions de ces forces, qni sont les actions vitales, reglent les mutations auxquelles sont soumis les fluides ani- maux, soil en vertu des impulsions qu'ils recoivent, soit en verlu de I'afGnite que leurs elemens peuvent exercer entre eux ; 3° que I'influence de I'Ame snr le corps ne consiste que dans la plus ou moins grande attention qu'elle donne aux actions des parties solides, et surtout aux actions des fibres du cerveati. L'auteur pense que I'etude de I'anatomie comparee est le moyen d'investigalion le plus sur pour arriver a la demonstration de ces propositions. II est certain qu'elle est d'un grand secours dans ces recherches; mais les experiences directes sur les ani- maux nous paraissent meriter plus d'importance que ne leur en donne M. Gallini. Elles sont meme les seules qui puissent trancher la difficulte d'une maniere decisive dans un grand nombre de cas. Les experiences de M. Magendie et de tous les physiologistes qui se sont occupes de ce genre d'etude ont fait faire a la physiologic plus de progres que toutes les reveries metaphysiques n'en avaient fait faire pendant des siecles. Nous ne rangeons pas I'ouvrage de M. Gallini dans cette derniere classejapart quelques subtilites, quelques abstx'actions, dont il scrait difficile de determiner la valeur et I'application , les Elemens de physique humaine meritent d'etre consulles par les medecins el les physiologistes qui veulent approfondir toutes les opinions emlses sur cette partie fondamentale de la science. C. 286. — Anno di climca esterna , etc. — Annee de clinique externe de i'archi-hopital de S. M. I. et R. , avec deux memoi- res anatomico-physiologiqnes sur deux foetus monstrueux, par Philippe UccELLi, professeur d'anatomie, de clinique ex- terne, etc. Florence, 1823. 2 vol. in-S" avec planches. La reforme des doctrines medicales , en Italic, a faitnaitre des argumentations d'un genre nouveau sur la preference a etablir parmi les differentes methodes de traiter les maladies, quipeut acquerir un jour I'evidence mathematique. M. le pro- fesseur ^ayo/-* avait, en 1808, une clinique a I'hopital militaire de Milan ; ses confreres I'accusaient, a cause de ses opinions, de faire desexperiences dangereuses. On ne parlalt quedu nombre exhorbitant de malades qu'il perdait dans ses infirmeries. II crut devoir publier , dans un simple prospectus, le resultat d'un seirestre de s^i clinique, avec des observations. Pe nouveaux ITALIE. 68g t^crits attaquerent le prospectus, jusqu'j't ce que le professeur publiat, en 1819, les resultals de sa pratique dans le grand Iiopital civil, pendant trois annees consecutives. Les critiques suivirent la publication de cet ecrit. De lout ceci, ct au grand avantage du public, il est resulte cette -veritc incontestable, que « le medecin qui, dans des circonstances semblahles , et pendant une pcriode assez longue de terns, aura constamment une nioindre rnortalite, parait avoir la meilleure theoric pour la pratique. » M. le professeur Toniraasini publia les resultats desaclinique dans I'universite de Bologne, et plusieurs autres ni»5decins ont suivi son exemple. Sans discuter ici la valeur et Timportance de ce genre d'argumentation arithmetique, il nous suffit d'observer que les chirurgiens n'avaient pas encore pris I'initiative de cette sorle de demonstration scientifique. M. le professeur Uccelli, qiioiqu'il n'ait pas donne un ta- bleau numerique de ses resultals , ayant omis les maladies chroniques, nous offre neanmoins un compte dctaille du trai- tement de ses malades durant le dernier seraestre de 1821 , et le premier de 1822. L'auteur a enrichi son ouvrage de beaucoup d'observations pratiques d'un grand interet, par lesquelleson -voit qu'il n'est pas seulement un grand praticien , mais qu'il est aussi un professeur distingue en chirurgie. Une chose remarquable dans cet ouvrage, c'est I'heureuse appli- cation que le professeur a faile a la pratique de la chirurgie des doctrines medicalcj de son celebre ami M. le professeur Tommaslni. II a suivi la methode antiphlogistique pour le traitement des inflammations qui s'associent a presque toutes les maladies chirurgicnlcs, et specialement dans les contusions, fractures et commotions cerebrales , employant les saignees et les medicamens internes aux doses convenables : par de tels moyens, il a obtenu les resultals les plus favorables. On voit par ce que nous venous de dire, combien il importe que le chirurgien soit en menie teins son medecin. Nous croyons devoir faire ici mention d'un lit que l'auteur a invenle pour panser les lesions des parties posterieures , et pour changer de lit avec facilite les malades qui se trouvent dans un etat dangereux. Une planche, avec une note explica- tive, se trouve dans I'ouvrage meme, auquel nous renvoyons nos lecteurs. Fossati, D. M. 287. — Discorso sull' utilith politica degli studi. — Discours sur I'utilite politique des etudes ; par Joseph Zappulla. Naples, 1825 ; Giordano. In-8». On pourrait regarder un pareil ouvrage comme un indice de la mauvaise constitution du siecle et du pays auxquels il T. xxxii. — Decembre 1826. 45 690 livres,i!;tra.ngers. appartient. L'auteur voudrait ildlruire lesprejuges funestes de ceux de ses concitoyens qui dedaignent I'instruction. II .-mrait du s'atladier surtout a leur faire distinguer ics etudes ulil<\s de cedes qui iie tendeiit qu'a multiplier les esclaves el les hypo- crites. L'auteur a ose indiquer (juelques \erites essentielle ; et Ton remarquera qu'ii a dedie son livre au roi. 288. — * Meinoire geographique et numismatique sur la par- lie orientale de la Barbaric, appelee AJrikia par les Arabes, suivi de recherches sur les Berberes atlaiiliques, aiiciens liabi- tans de ces contrees; par le comte Ch.-Oct. Castiglioni, etc. Milan , 1826; iinpriinerie I. et R. In-8°. Nous avons dejW parle d'uu travail du raeme auteur snr les mciJailles cufiijues du musee I. et R. de Milan. Dans le me- moire que nous annoncons , M. Castiglioni s'est propose de determiner avec plus de precision qu'on ne I'avait fait en- core, I'origine et I'liistoire des villes qu'on rencontre dans la j)artie del'Afrique, appelee proprement par les Arabes Afrikia. II cite d'abord les noms de cellos qu'on trouve inscrites sui- les niedailles arabes parvenues jusqu'a nous. Ces villes, dont il s'occupe ensuite specialeraent , sont, entre aulres, Afrikia on Mahdia, Abbas ia , Cairo an ^ Mansoura , Tunis, Tripoli Alger ,. W s'efforce d'en faire connailic I'an- tiquite et les vicissitudes, en relevant de nombreuscs er- reurs commises par les voyageurs et par les geographes. Se livranl aussi a des reclierches curieuses sur les Berberes atlan- tiques , il soutient , comme un fait incontestable, que les Arabes donnaient ce noma tousles peuplesqui habilaient pres des frontieres de I'empire romain dans cette partie du nionde. La langue de ces peuples a paru tres - pauvre a l'auteur. II pease qu'elle differe beaucoup plus de I'arabe que les langues scmiliques, c'est-a-dire, I'hebraique , la chaldaique et la sy- riaque; niais qu'elle a beaucoup d'aualogie avec la famille de ces langues, quant a la construction primitive, a la conjugai- son des verbes, et a la li.nison des particules. II remarque, de plus, que les Arabes divisent les Berberes occidentaux en cinq peuples, savoir les Gomara, les Haouara, les Zenates, les San- hagia, et les Musamedes. M. Castiglioni se raontre loujours savant, lors meme que ses recherches ont peu d'iuiportance. 289. — ^Saggi di belle lettere ilaliane , ecc. — Essais sur la lilteratuie italienne; par M. Cimorelli. Naples, 1826; Tra- maler. In-4". M. Cimorelli n'a publie que la preface de ses Essais. II de- bute par col te epigraplie : J/t inagnis voluisse sat est. C'est pcomettre beaucoup, mais avec une retenue qui inspire plus dc confiance. D'apres la division annoncee, l'auteur se propose ITALIE. 691 de donner nioins unc histoire qu'un traite de la litterature italienne. La parlie liistorique sera I'objet du premier Essai. Dans les trois autres , il sera traite specialeraent de la pocsie et de la prose iialienne; puis, de cette langue en gen(5ral. Tout rouvrage comprendra six volumes. Nous en rendrons comple lors de leur publication successive. 290. — Canzoniere , etc. — Recueil de Canzoni de Melchior MissiRiNi, avec rex[)lication de I'allegorie. IMilaii, i825;Sil- veslri. In-i2. Le y)rincipal merite de ces Canzoni (odes) est ie style, em- prunte par M. Missirini aux ecrivains du xiv*' siecle que les Ilaliens appeilent le trecento. Un des amis de I'auteur , M. Vis- conti,a Irouve un plus grand et un nouveau merite dans la pretendue allegoric des amours du poete. II assure que I'objet de la passion de M. Missirini n'a ^te que la vertu celeste qu'il iui a plu de personnifier. Le bon sens et le gout des lecteurs feront promplement justice d'une assertion si bizarre. 291. — * Del Veltro allegorico cli Dante , etc. — Du Levrier allegorique de Dante. Florence, 1826; J. Molini. In-8°. Get ouvrage semble d'abord uniqueraent destine a conimen- ter un passage de la Divine Comedie de Dante ; mais I'objet en est plus etendu. L'auteur est M. C. Troya, Napolifain , corame il le declare Ici-mcme dans la petite preface de son ou- vrage. II se propose piincipalement de prouver que le Veltro, le Lecrier allegorique Aw Danle,n'etait ni le Christ altendu par les millenaires, comine I'ont pretendu Boccace et Benvenulo ourront se connaitre les uns les autres , et se com- miiniquer reciproquement leurs decouverles et leurs travaux. Les savans professeurs qui ont concu cette genereuse pensce temoignent Tintentiondc marcher sur les traces des auteurs des Annates de legislation, publiees pendant trop pen de terns a Ge- neve (3 vol. in-8°, 1820-1822); el certes, ilsnepoui-raientchoisir un meilleur modele. La science de la legislation, en effet, ne T. XXXII. — Decembre \%i6. ijfi 7o6 LivRES Strangers.— LivRES francais. consiste pas seulemont dans la simple application dcs lois ci- viles; elle a pris un essor plus eleve; elle erabrasse la theorle de « tout ce que le legislateur ])eut ou doit faire pour la gaian- tie du cltoyen, pour la protection de sa vie, de sa liberte , de ses droits, de ses proprietes, pour le devel»])pement de ses facultes morales; tout ce qu'il doit faire, tout ce qu'il doit eviter pour la conservation et I'accroisscment de la fortune privce et publique. • Les trois livraisons de la Bibliotheque du jurisconsulte que nous avons sous les yeux jusiifienl pleine- raent I'intention manifestee par les auteuis. De savantes dis- sertations de M. Destrivaux sur I'histoirc nationale consideree dans ses rapports avec I'ctude de la loi fondamentale; des articles sur divers ouvrages de droit romain par M. Warn- K.OEN1G , qui unit les rccherches d'une erudition patiente et laborieuse aux vnes d'une pliilosophie eclairee ; enfin, des considerations pleines d'intcret de M. Birnbaum sur le droit criminel de la Grande-Bretagne et sur la Jegislalion de la republique de Colombie, suftisent pour faire apprccier toute rutillle, pour ravancenienl des sciences morales et ])oliliques, du recueil que nous annoncons. Un seniblable ouvrage mancpie peut-etre encore a la France ; les comraencemens de la Themis nous avaient fait esperer que cettelacuneseraitreniplie;maiselle n'a pas tardo a prendre une autre direciion , et a resserrcr uu cadre qui d'abord semblait devoir contcnir de nonibreux do- cumens sur le droit public et sur la haule legislation. Dans ces circonstances, nous faisons des voeux pour que la Bibliotheque du jurisconsulte obtienue dans noire palrie tout le succes quelle merite, et nous engageons les fondateurs de cet esti- mable ouvrage a faire des efforts pour s'attacher des corres- pondans francais qui puissent les seconder dans leurs travaux et concourir avec eux au noble but de I'amelioration des lois et de la science du droit. A. Taillandier. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. 3o6. — Elemens de mineralogie oppliquee aux sciences chi- miques ; ouvrage base sur la methode de M. Berzelius , con- tenant I'histoire naturelle et metallurgique des substances nii- nerales, leurs applications a la pharmacie, a la medecine et a I'economie domestique ; suivi d'un Precis elementaire de geo- gnosie; par /. Girardin et H. Lecoq , pharmaciens internes des hopitaux civils de Paris. Paris, 182S ; Thomine , rue de la SCIENCES PHYSIQUES. 707 tiarpe, n° 78. 2 vol. ln-8° de xxviii-522 et xvi-490 pages, Bvec des planches; prix, i4 ff-. et 18 fr. par la poste. Cet ouvrage, specialement destine aux personnes qui s'oc- ciipent des sciences chimiques, renferme les notions les plus precises sur la mineralogie , la geognosie et la nieialliiigie. Le but des auteurs a ete de presenter un expose snccinci de la science, en la degageanl de tout ce qui ponvait en rendre I'etude aride pour les cominencans. Leur methode , claire et precise, est celle de Berzelius pour la description des cspeces minerales ; pour les etudes geognostiques, partie la plus diffi- cile de leur traite, Ms ont forme, des savantes recherclies , epar- ses dans les niemoires de M. de Humboldt , Brongniart, Beu- dant , etc., qu'il etait tres-difficile aux cornmencaiis de se procurer, et dont la lecture suppose deja des connaissances assez avancees, un traite dont la simplicite facilite singuliere- raent I'etude d'une science aussi vaste. L'ouvrage est d'ailleurs divise en quatre livres. Le premier comprendles principes generaux de la mineralogie, I'etude et la comparaison des divers systemes, dans les differentes ecoles. Le second reiinit la description de toutes les especes minerales, leurs caracteres physiques, leur composition chimique, leur maniere d'etre dans la terre et les procedes suivis pour leur preparation. Le troisieme comprend tons les elemens de la geognosie. Enfin , dans Ic dernier livre se Irouvent decrits tons les procedes d'exploitation en grand des mctaux el: toules leS etudes de dociniasie necessaires a la connaissance de chaque metal en particulier. Z. 307. — Des avantages de la plantation des inilriers pour I eleve des vers a sole ; par M. -4'. Puvis , ancien officier d'ar- tillerie, membre du conseil general du departement de i'A.in. Bourg, 1826; Bottier. In-8" de 89 pages. M. Puvis, deja coimu par plusieurs ecrits reiatifs ^ I'agri- Gullure, et particulierement par son Traite s^ la Marne (voy. Mev. Enc, t. xxx, p. 469), a pour objel de montrer, dans cette nouvelle production , que , si le travail des soies et I'edu- cation de I'insecte qui les produit est nne des plus puissantes sources de la prosperite de la France, la culture du murier, qui est necessaire a la nourriture dos vers, est aussi I'une des plus lucratives. II envisage sous toutes les faces cette interes- sante (piestion , et montre que I'accord doit s'ctablir enire ragroiiome qui cidlive te murier et celiii qui se livre a I'edu- cation des vers a soie; I'un est indis])ensable a I'aulre , puis- qu'on ne peut songer a faire de la soie dans un pays ou le murier n'existe pas , et que rcciproquenient nul ne peut con- 7o8 LIVRES FRANCAIS. sentir a cuUlver eel aibre dans uiie contrec ou Ton ne trou- verait pas a vendre la f'euille : car il est rare que Je cultivuteur du niurier sc livre aussi a I'educalion des vers. AiitaiT. done il imporle au gouvernement que I'industrie relative a la jiroduc- tion de la soie preiine de I'ctendue, antanl il doit cliercher a mulliplier le inurier. Get ouvrage sera lu avec fruit jiar les persouncs que ce sujet inleresse, et il coutribuera a repandre en France I'une des plus utiles cultures qui conviennent a son climnt. F. R. 308. — * La physique ct la chirnie appUquees a la medecine ; par John Ayrton Paris. Paris, 1826 ; Baudouin. In- 8°; prix, 9 fr. , et II fr. par la pobte, II serait difficile d'analyser I'ouvrage de M. Ayrton Paris , parce qu'il est lul-meme une analyse tres-succincie de notions usuelles de physique et dc chiraie. Ce traite, quoique parfaite- ment au niveau des cnnnaissances actuelles, ne saurait con- venir qu'aux personnes deja initlees a la science; c't'St plutot un ineinento pour Ics nicdecins qui veulent revoir ce qu'ils avaient deja appris, qu'un ouvrage propre a diiiger dans leurs etudes des eleves aiixquels 11 faut des demonstrations claires, dctaillees , precises, plutot qu'une serie de propo- sitions, seches et ar.ides. En un mot, re traite est utile aux hommes instriiits, comme celui de M. Orfiia Test a ceux qui veulent s'instruire. On pour! ait mettre cette epigraplie en tete du livre de M. Ayrton : anient meminisse periti; je crois que les mots j««/oca' f/«c««; seraient dcplaces. C. 309. — * Discours siir les ameliorations progressives de la sante , par Bera^d. Paris, 1826; Gabon. In-8° ; I'lis , 2 fr. 5o c. , et 3 fr. par la posta. Personne ne semble plus capable que M. Berard de bien resoudre le probleme qu'il s'est propose, de la same publique par les progres de la civilisation : ce probleme etait de son ressort. M. Berard est un medeein instruit, habitue aux me- ditations du genre meme le plus metaphysique. Mais, livfe peut-etre trop exclusivement aux (ravaux de son cabinet, il a raoins de rapports avec les horauies ct avec leurs besoins. Professeur d'hygiene a la Faculte dc medecine de Montpellier, il a choisi pour discowrs d'ouvcrlure le sujet important qui lui a fourni le litre de son ouvrage. Nous I'avoiis lu avec attention; et, sans pretendre le juger, vu la nature et I'im- portance du sujet, nous allons en offrir un abrcge rapide. L'auteur signale d'abord les opinions opposees a la sieune ; il previent qu'il les attaque par des methodes indlrectes et directes, suivant son expression. Commencant par les pre- mieres, il fait voir que I'homme est ne pour la societe : il le \ SCIENCES PHYSIQUES. 709 deraontre par rexamen tie son organisation et par celui des faculles de son ame. Entre autrcs preuTCs de la destination de Thomme a la vie soclale, les plus remarquables sont tirees de sa faiblesse physique coinparee aux divers ages de la vie avec celle de» animaux; de la snperioiite de son intelligence, et des avantages qu'il retire de la civilisation pour sa conser- vation et celle de son espece. Ces considerations sont suivies d'un coup d'oeil sur les bienfaits de I'agriculture , si iKtimemcnt liee aux progres de la civilisation. L'auteur signale I'antique Egypte, I'ltalie , I'Espagne, la Gaule et TAnierique seplentrionale. Partout il voit les nations s'etendre et se rnulli]ilier, a mesure que la terre, perdant son aspect sauvage, transforrae ses marccages et ses forets en prairies et en plaines ferliles. « La civilisation n'cst que I'accroissement et le trioniphe de I'indiistrie et de la ])aix, tandis que la barbaric ou I'etat sauvage n'est que le triomphe de la force, de la violence et de la guerre. » Cette pensee, dont nous ne saurions trop louer la justesse, est fort bien developpee dans les paragraphes suivans, ou l'auteur saisit Tocrasion de refuter I'opinion de J. -J. Rousseau sur I'exercice des facultes inlellectuelles considerees comnie cause de degradation, et oij il proclame avec entliousiasnie les bien- faits de I'industrie et des beaux-arts qu'enfanta Tunion sociale, Ici suivent a I'appui de cette derniere proposition, gerierale- ment resolue par I'affinnative , plusieurs jiaralleles des in- fluences politiques, anciennes et niodernes : paralleles dans lesquels l'auteur a deploye beaucoup de savoir. La seconde partie du discours est consacree a Texamen des questions ren- ferniees dans ce que M. Berard appelle les methodes directes. II passe en revue les releves comparatifs de la inortalitc en Angleterre, en Suede, en France, dans les principaux liopi- taux des capitales de I'Europe. Nous regrettons, a ce sujet , que l'auteur n'ait pas eu a sa disjiosition I'excellent travail sur la statistique du deparlement de la Seine public par M. de Chabrol (voy. Ref. Enc, t. xxi, p. 49). Ce chef-d'oeuvre de recherches, de patience et d£ hautes conceptions, deviendra a I'avenir entre les mains des economisles, des medecins el des moralisles, un guide sur, un compendium indispensable. Toutefois, M. Berard a ])uise dans des sources pures et sa- vantes. II continue ensuite ses applications sur I'influence coui- paree des conditions opposces dans i'homnic libre et dans 1 esclavc. Ses esemples sont empruntes a I'histoire ancieipne, surlout .T celle de I'antique reiue du monde, et a I'histoire des contemporains. Apres avoir examine la mortalite des campagnes et des 7IO LIVRES FRANCAIS. villes, il pense qu'elle va en dimimianl. Ce court parallele est suivi de reflexions beaucoup plus otendues sur la vie probable et la vie iiioyerine; i'auteur Tappnle de nouveaii d'exeinples empruiiles a I'liistoire des tems anciens et des terns modcrnes. Les causes qui limitent la population, envisagees philosophi- quenient; I'exaraen de scs progres ou de s;i diminution chez divers peuples de la terre , a diverses epoques de leur vie poli- tique; enfin, un examen des formes exierieures, ou plutol un parallele pittoresque de I'analomie des peuples sauvages et civilises, completent ce travail. Une evaluation proportionnelle des forces physiques entre les hommes de diverses nations, toujours dans le but d'appuyer les avatitages de la civilisa- tion, devait occuper, et occupe en effet une place dans cet ouvrage. Malgrc les assertions de quelques voyageurs et quelques experiences de Peron, nous persistons a reconnaitre dans certains peuples du Caucase , dont nous avons vu des sujets d'une beaule rare , le privilege de conserver le type des races europeennes dans toute leur purete. La constitution des peuples demisauvages est en general plus saine et plus robuste que celle des peuples Souniis aux influences souvent corruptrices de la civilisation. Les jeunes Maures presentent , (|uoiqu'a I'age de dix-huit ans, une fraicheur de teint (ju'on est etonno de rencontrer sur les cotes d'Afrique , el qui frappe par le contraste avec les figures blemes de nos grandes cites. L'infliience du climat, I'habitude d'etre toujours expose a Pair et a la lumiere, jointe aux fatigues de la vie, contribuent bien plus a enlaidir les sauvages et les peuples demi-civilises que leur condition niorale et politique. L'lionorablc professeur presente un tableau methodique des rappor'.s des maladies avec la civilisation , des sources de celies qui sontrepulees contagieuses, et de leur diminution progres- sive , a niesure que la sociote se perfectionne. Nous qui avons vu tant d'epidemies et de maladies si diverses, depuis frente- six ans de pratique, nous avons en de frequentes occasions d'appr«5cier la justesse des idees de I'auteur a cet egard. Nous nous sommes convalncus que beaucoup de maladies, designees comme ppstileniielles, ne I'etaient point. Les nonibreuses pestes de Paris dans los premiers siecles; celles d'ltalie , de Londres; celles de Hollande , et notamment celle de Nimegue decrite par Diemerbroeck, etc., n'etaient a nos yeux que des maladies par infection locales. La malproprete, la misere , les desordres civils, la ferocite des conquerans et des guerriers, les boues des villes, le defaut de paves, retroitesse des rues Joriueuses, un mauvais regime, tout concourait a dcnaturer SCIENCES PHYSIQUES. 711 les couches inferienres de I'atmosphere et a deteriorer les in- dividus. Oi', la civilisation a fait disjjaraitre ces sources ii- condes de maladies epidemiques que leur intensile finissait par rendre contagieuses. Une (ievre de inauvaise nature \ient de ravager la HoIIande, beaucoup de parties des Pays-Bas, quelcjues-unes de nos cotes, comnie a Dunkerque et dans les environs de Marseille. Nous avons voulu en ajjprecier la nature, ce qui a motive notre voyage en HoIIande et en Belgique, sans mission, quoi qu'en aient dit les journaux. Nous avons visile les hopitaux et les etabiissemens de bienfaisance; et la, nous nous sommes convaincus que la maladie de la HoIIande et de la Belgique n'etait qu'une fievre lenforcee partout par des causes locales, et par queUjues circonstances qui lui donnent un caractere de continuite et de malignite. Avant de partir , noiis nous etions apercu dans les deux hopiiaux de la Pitie et de Cochin , a Paris, (]ui sont soiimis a notre direction, que la fievre internilltente elait devenue epidemique depuis le mois de juillet et d'aout; que, dans le grand nombre que nous en avions traitc, plnsieurs avaient pris le caractere pernicieux ; et le genie epidemique a ete si prononco que meme les hauteurs de Meudon n'ontpas ete epargnees. Dans la Ht)llande, la civilisation ne pent rien aujourd'hui contre ces causes, parce que le pays est frequem- meiit submerge, qu'il est tout coupe de canaux, qu'il est tou- jours bai.<;ne dans I'eau. Mais I'industrie huraaine a fait tout ce qu!elle peut, et il est a croire que, dans le x^ siecle, les pro- vinces de Groningue, d'Over-Yssel , de Frise, celle de HoIIande , les environs d'Aiusterdara , etc. , auraient perdn la moitie de leur population , sL le souffle epidemique s'y etait repandu comrae il est arrive dans la derniere saison. En France ou les causes d'insalubrile sont presquc toutes deiruites, nous avons eu, a quelques points pres, peu de pertes a depiorer; et il faut I'attribuer aiix bienfaits de la civilisation. M. Berard se livre ensuite a I'examen des rapports de raul- tiplicite et de gravite que les maladies ont avec divcrses classes et differentes j)rofessions. Nous conviendrons avec I'auteur que la medecine diminue chaque jour la morlalite parmi les ouvriers, en indiqaant les meilleurs moyens bygieniques. Mais que d'efforts ne reste-t-il pas a faire? et qu'il reu'irait un grand service a I'liiimanite celui qni , portant un ceil in- vestigaleur dans les manufactures, tronverait le rooyen de remedier aux inconveniens graves que le travail y entretient! II faut voir , par exemple , nos hopitaux pour coroprendre combien les preparations de sous-carbonate de plomb pro^ 712 LIVRES FRANCAIS. (Iiiisent de graves desordres. Quelle violence dansles douleurs! conibien de paralysies des mains, des pieds, etc.! La civilisa- tion n'a pas diminue cos inaux , elle les a engeridres; elle n'a pas encore liouve les inoyens d'y rem(^dier, ii faut qu'elle les cherche, puisqu'elle a fait le inal. Apres avoir invite aux plus douces esperances, apres avoir apprccie les opinions contradictoires des auteurs, sape dans leurs fondemens ]es prtyugex , \ei dcclainations jnelancoliques , M. Berard s'ecrie : que du sein des siecles ccoiiles, que du milieu de cette confusion apparente que presente I'histoire , I'espece humaine ecoute uue voix qui emnne du cie!, et qui lui crie que le plus grand bonheur est attache au developpe- jnent de toutes les facultes , morales et physiques , nous louons I'auteur de cette pensee et des heureux developpemens qui I'acconipagnenl ; elle nous reconcilie avec riionorablc profes- seur, qui a effleure trop legerenient deux grandes questions, Tunc de geologic, sur le changenient de temperature du globe; I'autre de physique et d'agriculture , sur I'influence que les forets exercent dans cerlains mouvemens de I'atmosphere, dans son etat hygrometrique et dans le developpement de la chaleur. D'apres la maniere dont ces points importans sont traites , nous serions tcnles de croire que I'auteur a plus ecoute son esprit, son erudition et sa brillante imagination que I'Tiistoire de la nature. II ne s'est pas assez reporte aux grands bouleversernens du globe. II avait cependant un bel exeniple sous les yeux; car M. Marcel de Serres, son collegue et son voisin, vient d'ouvrir de nouvelles catacombes aux meditations des savans. V. Bally, d. m. 3 10. — Traite d'hjgiene dornestlque , redige d'apres les principes de la raedecine physiologique , par P. J. Vidalin , D, M. P. Paris, iSaS ; IW-^ Delaunay, libraire, rue Saint- Jacques, n" 7i.In-i2; prix , 3 fr. 5o c. On doit se defierdes ouvrages qulannoncent pompeusemenl sur leurs litres la pretention de mettre la raiidecine a la portee des gens du monde , et meme de faire descendre cette science si difficile au niveau des intelligences les plus ordinaires. Mais un livre qui a pour but de repandre les connaissances neces- saires a la conservation de la sanle , connaissance qtie tout homme devrait posseder, merite d'etre accueilli favorabiement. Tel est le caractere de I'ouvrage de M. Vidalin. II pense , et nous partageons son opinion , que Ton devrait ouvrir des cours publics d'enseignement pour I'hygiene. L'auieur, adoplant une division toute physiologique , con- sidere les agens hygieniques , scion qu'ils sont proprcs : i a SCIENCES PHYSIQUES. 7^3 la \ie vegetative , ou aux organe* qui cnlretiennenl notre exis- tence ; 2° a ]a vie relative , ou aux organes qui nous mettent en relation avec les objets exterieurs ; 3'^ enfin, aux organes de la repi'oduction. Cette division est tres-convenable , et M. Vidalin en a bien reropli les cadres. Ses jireceptes sont en general conformesa ce qu'ont enseigne les professeurs modernes d'hygiene. Nous y avons trouve consigne un fait qui , d'apres les observations de M. Segalas, a occupe une partie d'une des seances de TAcademie de medecine. — C'estl'elat tuberculaire de la plupart des vaches de Paris; et si M. Vidalin ne croit point avec M. St-galas que le lait de ces vaches puisse etre unc des causes de la phtliisie, malheureusement si frequente et si rueurlriere a Paris , il Ic regarde du moins comme tres-mal- sain ; et il est difficile de ne pas etre de son avis. Cependant, notre auteur n'a pas tonjours atteint le but annonco par son tiire. II oublie souvent qu'il a promis un traite d'hygiene domestique , et , sous ce point de vue , son style , souvent poinpeux et prctentieux , ne convlent pas au sujet. M. Vidalin , malgre ce tort, c[ul nous parait grave, n'en a pas molns fait un ouvrage dont la lecture doit etre recom- mandee. A. L. d, m. 3ii. — Mcmuel de matwre medicale , ou description abre- gee des uicdicamens; par H. JiZ/we Edwards , D. M, et P. Va- VASSEUR, D. M. Paris, iSsS; Compere. In-ia de xcvi et 488 pages ; prix , 5 fr. 5o c. , et 6 fr. 5o c. ])ar la poste. Les auteiirs de cet ouvrage ont eu Tart de renfermer beau- coup de choses sous un petit volume; on y trouve indiques avec precision et exactitude les caracleres botaniques des ]}lan- tes nicdicinales, et al'articledechaqueniedicanientjsesproprie- tes physlrussic[ue; en cela loin de contribuer a I'avancement de la ma- liere niedicale , ils I'ont plutot fait retrograder. RlGOLLOT fils, D. M. Hi 2. — * Traitd des maladies chirurf^icales et des operations quileur coiiviennent ; par M. le baron Boyer. T. XP et dernier. Paris, 1826; Migneref. In- 8°; prix du volume, Gfr. Ce volume termine I'important ouvrage que public depuis quelques annces M. le professeur Boyer. Comme les prccedens, il est romarcpiable par une logi(]ue severe, le choix des obser- vations, et la clarte du style. L'auteur traite des maladies de k) main, de celles du pied, de la rupture des muscles el des SCIENCES PHYSIQUES. 7i5 tendons. II consacre atjssi un cliapiire a I'amputalion desniem- bres, soit dans leur continuile, soit dans leiiis articulations; une discussion approfondie des divers precedes qui se parta- gent les suffrages des chirurgiens; les raisons solides qui justi- iient la preference accordee aux ims et la proscription des au- tres; la plus grande lucidite dans les descri])lions ; tout fait leconnaitre le savant chirurgien, le pralicien consomme. Enfin, les petites operations do chirurgie occupent la fin de ce Iraite, si vivemenl desire de la generalite des praticiens , et dont le comraencenient a dejci enriclii leurs bibliotheques. Latouk , I). M. p. 3i3. — * Manuel d'hygiene et de medecinc pratique des /jrisons ; par Pierre Claude Coi^oMnor ,D. M. Chaumont (Haute- Marne), 1824. In-8° de 4* pages, avec un Tableau synoptique des maladies observees, ])en(lant I'espace de trois annees, 1818, i8ig, 1820, dans les prisons de Chaumont, et avec un/7/«« ge- neral des maisoiis de justice et de correction de cclte ville; prix, 4 ff. Se vend au profit des prisonniers; on letrouvea Paris, au bureau de la Societe de la morale chretienne , rue Taranne. 11° 12. 3 1 4. — * De la paraljsie consideree chez les alienes , re- cherches faites dans le service de feu M. Royer-Collard et de M. Esquirol; par L.-P. Calmeil, D. M. P., premier interne enmedecine, a la maison royale des alienes de Charenton. Paris, 182G; J. Railliere. In-8° de 446pages; prix , 6 fr. 5o c. , et 8 fr. 5o c. par la poste. Dans Tinimense serie des infirmites humaines, il en est quel- ques-unes que Ton a long-tems negligees , parce que les reclier- ches auxquelles elles peuvent donner lieu n'offrent pas d'utilite pratique evidenle, et qiii cependant sont acluellement jugees dignes d'interet , car, eiudiees avec soin , elles peuvent jeter quelque jour sur les obscurites qui enveloppcnt les functions cerebrates et en general celles que Ton assigne au systeme ner- veux , objet encore de tant d.'inceriitudes, malgre les travaux recens des phystologistes. .Sous ce point de vue le sujet trait^ dans I'ouvrage que nous annoncons etail nouveau et merilait un cxamen approfondi. Si I'on se transporle dans les asyles 011 sont reunis les alie- nes, on en remarcpiera, stirtoul parmi leshoninies, une portion dont la langue est embarrassee dans ses mouvemens et la pa- role semblabie a celle des gens ivres; leur demarche est peu assurcc etchancelante : ce sont ceux-la qui joignent au desordre des facultes inlellectuelles une maiadie dont la sour/^c est ^ga- lement dans le cerveau , que M. Calmeil a decrite avec exacti- tude et qii'il a particulierenient designee sous le nom de para- 7i6 LIVRES FRANCAIS. lysie {veneiale des alienes. Les infirmites de ces malheiireux s'accroissent incessamment, a peine a-t-on I'espoir d'en sau- ver quelques - uns et ils perissent presque tous dans I'etat le plus deplorable. M. Calraeil en donne 62 observations detail- lees qu'il a recueillies a la niaison royale de Charenton ; il dis- tingue trcs-bien cette espece de paralysie de celle qui resulte d'une attaqued'apoplexie , d'une hemoirliagie cerebrale ou de toutc autre cause; il rapportc celle qui fait I'objet de son ou- trage a une phlegniasie chroniqiie qui occupe surtoutla sur- face du cerveau; mais quelle est au juste la liaison qui existe entre cette affection et celle qui produit la folic dont elle est accompagnce ? C'est ce qu'il n'est point encore parvenu a eclair- cir coinme il I'avoue avec une bonne foi dont nous ne saurions trop faire I'eloge , lorsque nous voyons chaque jour les auteurs des memoires les plus insignifians trancher avec lant d'assu- rance les questions les plus difficiles. Rigollot fils. d. m. 3i5. — Memoire medico-philosophique sur la boisson alco- olique , par M. /'eV/o: Vidalin. Paris iSaS; M"'= Delaunay. In-8"; prix , 75 c. Si M. Vidalin n'eut dirige ses traits que conlre I'eau-de-vie et les autres boissons qui contiennent de I'alcool dans de grandes proportions, telles que le rhum, le rack, le ge- nievre, etc., nous eussions volontiers adopte son opinion; mais nous ne saurions nous joindre a lui pour accuser nos bons vins de France de tojis les crimes que I'auteur parait leur inipuiei', et nous ne pouvons croire avec lui que le vin ait contributi a la decadence de I'empire remain. M. Vidalin veut bien convenir, et nous en prenons acle , que les sages de la Grece buvaient du vin et en lalssaient boire a leurs disciples. Pythagorecependanten interdit I'usage; Platon le defend aux femmes et aux ertfans, et ne le permet qu'aux hommes adultes. M. Vidalin ne reussira point a nous persuader que le vin est un poison dangereux , ni que I'eau est une boisson eininem- ment reparatrice. C'est bien assez de lui accorder qu'elle est saine , et que son usage est bienfaisant. II a tout-a-fait raison , quand il sign.ile les dangers , non pas seulenieut de I'abus de I'eau-de-vie , mais meme de son usage modcre; et nous som- mes disposes a croire avec lui que les exemples bien constans de combustion spontanee ne se trouvent que quelque teins apres la decouverte de I'alcool , faite au xiv'' siecle, par Ar- naud de Villeneuve. Mais nous rejetons la consequence dii syllogysme mis en avant par notre anteur. L'alcool est un poison , or, les vins contiennent de Valcool ; done , les vins sont des poisons. Ce raisonnement equivaut a ceiui-ci : Tacide SCIENCES PHYSIQUES. 717 sulfurique est un poison; or, certaines limonades con- liennent de I'aclde sulfurique ; done ces limonades sont des poisons. Nous nions encore que les abste'mes, ou ceux qui s'abs- tiennenl de boire du vin, soient les liommes les plus foris, les plus vigoureiix ; en effet, c'est dans les regions un peu septentrionales qu'on trouve les homines les plus robustes , el c'est dans ces inemes contrees que Ton fait le plus d'usage des eaux-de-vie les plus fortes, telles que le genievre, ou I'eau-de-vie de grain. A. L. v. m. 3 1 6. — * jlrichrncHique elementaire , theorique et pratique; par P.-T. JouANNo , professeur de mathematiques speciaies au college royal de Pontivy. Paris, 1826; Bachelier. In-8° de 199 pages; prix, 3 fr. 5o c. , et 4 fi"- 5o c. par la poste. Dans ses Iraites eleinenlaires , aiijourd'hui trop peu appre- cies , Bezont a donne le secret d'lnitier de jeunes intelligences a I'clude des mathematiques, beaucoup moins difficile qu'on ne le pense cominunement. Est ensuile venu M. Lacroix, dont les travaux out tie si utiles a renscignement, ctqui , sans s'eloi- gner precisement de la marche philosopliique de son prede- cesseur, a du rendre plus abslrail le langage de la science, en donnant plus de rigueur aux demonstrations. Plus tard , M. Franccsur a elimine de ses ouvrages la plupart des cas par- liculiers, exercices utiles sans doule, mais peudignes d'entrer dans un cours ecrit. Par la, il s'est rapproche , selonnous, de la bonne methode qui consiste moins a surcharger la roemoire des eleves qu'a exercer leur intelligence. Soit que le sysleme actuel des examens poup I'ecole polytechnique et les autres ccoles speciaies ait force les professeursdes'attacherprincipale- ment aux details , soit par tout autre cause, les auteurs les j)lus suivis de nos jours paraissent avoir perdu les excellentes traces de Bezour, et Ton cherche vainement dans ieurs ouvrages quclques reflexions sur la me taphysiquede la science. M.Jouanno nous parait avoir suivi une meilleure voie : scsexemples, sans etre trop uonibreux, sont bien choisis, et la theorie occupc une place convenable dans son livre. '^d. G. 317. — * Astronomic elementaire par A. Quetelet , meOi- bre de I'Academie de Bruxelles. Paris, 1826; Malher et C'° , passage Dauphine. In-12 cartonne de 332 pages, avec des planches; prix , 4 fr. -25 c. II a paru depuis plusieurs annees divers traites dont le but etait de mettre I'astronomie a la porlee des gens du raonde. La plupart de ces livres, sous le litre de Resume d'nstronomie -^n 32 lecons , de Dictionnaire d' astronomic , etc. , fourmilleac d'er- reurs. Ce sont des compilations faites par des personncs ctran- 7i8 LIVRES FRANCAIS. gores a la science, el qui n'ont pas senti la difficult^ de ieni cntrepiise. Le nouvel oiivrage que nous annoncons sera dis- tingue des premiers ; on reconnait tout de suite que M. Qiietelet est initio ublie de 1804 a i8o5. Les changemens survenus depuis pres de vingt ans dans la situation de la France, notamment depuis sa delimitation actuelle et la division de son territoire en 86 departemens , font assez sentir la necessite d'un nouveau dictionnaire geogra- phlque destine a offrir le tableau de son etat actirel. M. Giraull: de Saint-Fargean annonce qu'il a consulte, pour son travail, unc infinite d'oTivragos, independamment des observations qu'il a faites sur les lieux et des nofes precieuses que lui ont fournies les chefs des diverses administrations, alnsi que des geographes et des voyageurs ; qu'il a sacrifie les phrases et les periodes a rexaclitude et a la precision ; qu'il s'est donne tous les soins imaginables pour verifier par lut-meme I'exactitude des faits ; qu'il s'est aide de tout ce qui a paru depuis quelques annees do plus digue fl'attention sur la geographie de la France; que les cartes les plus exactes sont en outre restees eontinuellenient sous ses yeux , et qii'enfir. tout ce que I'on tronvera d'interessant dans son Dictionnaire a ete vu par lui ou puise a des sources authentiques. Avant de porter un jiigement sur cet ouvrage, nous attendrons la publication de la deuxieme partie, et nous nous ferons un devoir de I'exarainer avec soiri , et dans I'interet de la science. L. S. M. 324. — * Carte generale de la Perse et des contrees limi- trophe s , accompagnee d'un Essai historique et statistique sur ce royaume , d'un Apercu geographique sur les divisions poli- tiques actuelles des pays coinpris entre I'lnde anglaise, I'eTn- pire chinois et les limites orientales de I'Europe et de I'Afrique, et suivi d'un Tableau statistique du royaume de Perse , com- part aux principaux etats du sud-oiicst, de I'Asie ; par Adr. Brue et Adr. Bai.bt. Paris, 1826; Brisu, rue des Macons- SorbonnejU^g. In-plano d'ltne feuillc, papier velin; prix, 5frl La guerre C[ui a eel ate si subitement, et d'nne manicre si inopinee, entre la Perse et la Russie, .ijoute un nouvel inter^t aux pays qui en soni. le theatre, et Ton desire connaitrc tout ee (|ui a I'apport a des contrees depuis long-tems rendues cc- le coniredisent queiqtiefois , il etait difiicile de deleiniiner d'unemaniere cerlaine les dispositions penales encore existan- tes, celies qui onL ete abrogees, ou celles qui n'ont subi que de simples modifications. A quclles longues et penibles reclier- ches n'claieiit pas soumis les magistrals et les jurisconsultes, forces, pour decouvrir le teste d'une loi, de compulser soit des recneils inexacis et incomplels, soit les anciennes collec- tions d'edits, de declarations, d'ordonnances des lois de France et d'ariels dn conseil-dclat qui doivent encore <5tre executes , soit le volumincux recueil du Bulletin des lois. C'etait done rendre a la science uii immense service que de reunir en un sen! corjis loutes les lois criminelles qui ne soni jias coni- ])rises dans les codes jienal et d'instruction criminelle. MM. Gar- nier et Chanoine out entrei)ris et \ieiiner)l d'achever cct im- portant travail. II est le complement de tous cenx qui ont ete publics sur ces codes, et il presente avec eux un ensejuble com- plet de la It^gislalion jienale. Leur collection est divisee en deux parlies principales : la premiere renferme les lois, decrets,ordon- nances et reglemens en vigueur , autres que le code d'instruction criminelle, sur la competence, en maliere criminelle, duconseil- d'elat, des cours, des iribuuaux, des commissions militaires etmaritimcs, etc.; les lois, diicrels, ordonnances et reglemens sur I'organisation et la discipline judiciaires, sur I'organisation du corps de la gendarmerie, enfin tout ce qui est relalif aux tiais de justice en malieie criminelle. La seconde parlie contient les lois p'jnales en ■vigueur, au- tres que le code penal , sur les eanx et forets, la police rurale, medicale et sanilaire, la peclie, la cliasse , les contributions in- direcles, la navigation interieure ou exterieure, la peche mari- time, la presse, les manufactures, les mines, les poudres et salpetres, I'universile , etc. Pour la serie des lois des deux parties , les auteurs ont suivi I'ordre clironologique; niais ils se sont attachrs a elablir entre toutes les dispositions legislatives une concordance a I'alde de laquelle cLacjue loi se trouve rapprochee de celles avec lesquelles elLe est en rapport. Cettc concordance existe dans les notes placees au bas des articles. Ce travail a ete fait avec une scru- puleuse exactitu.de. Dans les notices d'arrels , redigees avec soin et concision , et placees au bas des articles auxquels les arrets se rapporlent , les auteurs ont presente un tableau complet de la jurisprudence ,de la cour de cassation , sur toutes les matieres inscr°es dans 75a LIVRES FRAiNCAIS. Touvrage, ct cbaque arr^t porte aTec lui {'indication de la source d'oii il est Ur6. Lorsque les questions relatives a la legislation criminelle n'ontpas ete dccidees par les arrets, les auleursrapportent les opinions des jurisconsultes, ou ils en font un expose rapide, lorsqn'ils ne peuvent pas titer lenrs propres expressions; quand les questions sont resoiues ])ar des circulaires emanecs des ministeres ou du parquet du procureur general pres la cour royale de Paris, les auteurs en donnent I'analyse, ou la date , ou meme le texie. L'ouvrage est suivi de deux tables : 1° une table chronologique gencrale ; 2° une table des raatieres par ordre alphabeiique, a faide de laqueile on irouvera sur le champ toutes les dispositions de detail. L'ouvrage que nous annoncons se recommande autant par le soin qui a preside a sa composition, que par son impor- tance et son utilite; ii devienl necessaire a lous ceux qui se livrent a une etude serieuse du droit. H. R. 333. — * Traite des assurances et des contrats a la grosse ^/'Emerigon , confere et mis en rapport avec le nouveau code de commerce et la jurisprudence ; par P.-S. Boulay-Paty. Nouve Lie edition. T. I. Rennes, 1827; MoUieix; Paris, Charles Bechet, In-4° ; prix,' 18 fr. II appartenait a M. Boulay-Paty, plus qu'a tout auti-e juris- consulte, de publier une nouvelie edition de I'excellent Traite des assurances d'Emerigon. En effet, eel auteur s'est acquis , par ses prec^dens ouvrages , une juste reputation dans le droit commercial el maritime. ( Voy. Rev. Enc, t. xiv, p. 626 et suiv., et t. xxviii, p. 875. )L'iine des parties les plus difficiles de ce droit est sans contredit celle qui coucerne les assurances et les contrats a la grosse. Avant Einerigon , Valin avait, dans son commentaire sur I'ordonnance de la marine de 1681 , donne quelqucs regies sur ces transactions qui apparticnnent au droit des nations. Mais I'ancienne legislation ayant ete rem- placee par le code de commerce qui nous regit actuellement, il etait devenu indispensable de coordonner les lextes de ces savans cominentateurs avec le nouveau code et la jurisprudence a laqueile il a donne naissance. Telle est la tache entreprise par M. Boulay-Paty. Nous reviendrons sur ce travail, lors- qu'il sera termine. Pour le moment, il suffit d'annoncer que 1 ancienne edition du Traite des assurances d'Emerigon man- quait entierement dans le commerce , et que le peu d'exem- plaires que I'on trouvait dans la circulation etait d'un prix eleve. Sous ce rapport, la simple reimpression de cct ouvrage aurait ^te un veritable service rendu a tons ceux qui cultiveot SCIENCES MORALES. 733 la science du droit; coinbien ce service n'est-il pas plus grand encore, lorsqn'un editeur aussi experimenle en cette inatiere ([ue M. Boulay-Paly, a bien voulu y ajontcr des notes et des concordances qui n'ont pu qu'enrichir le texte et le rendre d'une application plus facile. A. T. 334. — * Code des colons de Saint - Doniingue , conte- nant, etc.; par Ch. Vanusel , jnrisconsulte , et A. Champion DK ViLLENEUvE, avocat. Pai'is.iSaS; M'"" Vergne, libraire- edileur, place de I'Odeon, n° 4- 1 vol. in-S" de x et 348 pages; prix , 5 fr. Ce volume, plus particulierement destine aux anciens pro- prielaires de biens fonds, depossedes par snile dela revolution survenue a Saint-Domingue , a leurs conseils, ainsi qu'aux per- sonnes chargees de la repartition de rindemnite stipulee par une convention recente, sera aussi parcouru avec inlcret par une autre classe de lecteurs. II nous presente d';ibord un Precis chronolog/que de rhistoire d' Haiti, depuis le 4 decembre 1492, cpoque oil cette ile fut decouverte par Chrislophe Colomb , qui lui imposa alors le nom d'Hcspaniola , jiisqu'ari 27 avril 1825, date de la reconnaissance faite par S. M. Charles X, en faveur « des habitans actueh de la partie francaise de cette ile , de I'independance pleine et eniiere de leur gouvernemenl. » En- suite, vient un autre resume chronologiqne des lois et consti- tutions qui regissaient autrefois la partie francaise de cette co- lonie. Puis, (a la fin du volume ) se trouve I'analyse du rapport fait au Roi par une commission chargee du travail preparatoire qui a du servir de base au projet de loi relatif a la repartition des i5o millions ; analyse qui est preced^e 1° de I'expose des motifs de ce projet de loi, lors de sa presentation a I'une et a I'autre chambre ; 2° de I'avis des commissions nom- mees par chacune d'elles; 3° de la discussion dans les deux chambres; 4° enfin, de la loi, telle qu'elle existe, et des or- donnances royales rendiies pour son execution. Jene regrette- rais guere , dans ce volume, que I'ordonnance ou le traite d'emancipation, piece historique de la plus haute importance , et le texte du projet de loi dont les dispositions neanmoins se trouvent , a la rigueur , suffisamment reproduites dans la dis- cussion. Outre les grandcs questions de droit public qui nais- sent de I'emancipation meme et de la forme dans laquelleelle a eu lieu, on voit surglr des textes et des discussions que nous avons ici sous les yeux, un fait qui ressortait deja suffisam- ment d'une autre discussion analogue et non moins fameuse , fait qui, selon nous, est J)ien digne de fixer I'attention des eco- nomistes et des publicistes, et qui meritera de fixer un jour 734 LIVRES FRANCAIS. celle de rhistorien; c'est !e mepris que semblent afficher , ert general, nos homines d'etat pour la propriety purement mo- biliere,el leur predilection marquee en faveur des propri^- taires terricns tt rattme urbains. Bouchene Leffr, nvocat. 335. — Jurisprudence de la Cour royale d' Orleans , par M. Colas de la Noue , doyen des conseillers a la cour royale d'Orleans. Paris, 1826; Charles Bechet. 2 forls vol. gr. in-8°; prix, 14 fr. II n'est persoTine qui veuille nier I'atiHte des recueils des- tines a constater les decisions judiciaires des cours du royaume. Les lois hiiinaines ne peuvent pas etre tellernent claires , pre- cises et concordantes, qu'il suifise d'ouvrir les codes qui les renferment , pour connaitre la maniere dont elles dolvent etre entendues et appliquees. De la , provient la ncoessite , pour le jurisconsulte , de se tenir an courant des arrets qui sont i-endus journeilement dans une raullilude d'especes differenles : il y trouve le meilleur commentaire des lors civiles et crimi- nelles. Sous ce point de vue, M. Colas de la Noue a rendu un veritable service, en reunissant la substance des arrets enianes de la Cour donl il est le doyen. Voici de quelle maniere ce magistrat a procede : pour la facilite des recherches , chaque affaire, disposee par ordre alphabetique de mntieres, est placc-e snivant sa date. Chacune de ces divisions coniient un sommaire du sujet. Cet expose historique de la legislation prcsente , dans un cadre resserre , des observations judi- cieuses. line serie de i56i numrros renferme environ quinze cents decisions diverses, qui soni loujours prccedees des points principaux en discussion , developpes selon I'importance de la contestation ; I'auteur a donnc I'analyse de plusieurs proces celebres juges Souverainement , apres renvoi de la Cour de cassation a la Cour i-oyale d'Orleans. Nous ne dissimulerons pas que le travail de M. Colas de la Noue aurait eie plus utile si , au lieu de la substance des arrets , il en eiit contenii le texte; car, lorsqu'un jurisconsulte voudra etudier la juris- prudence de la Cour d'Orleans sur une question quelconque , il ne lui sisffira pas de la connaitre vaguement; il lui faudra encore recourir au texte mcme , et I'onvrage que nous an- noncons ne pourra Ini servir que comme une eseellente (able des matieres indicative de tous les points de droit qui ont et«^ juges par cette Cour. A. T. 336. — * Essai sur la defense des etats par les foriijicalions ; par uu ancien eleve de V Ecole polytechnique. Paris, iSa^. Anselin et Pochard, rue Dauphine , n" 9. In-8<* de 3i2 p.; prix , 4 fr- 5o c. « Nous offions (juelques conibinaisons d'idces de t;ucrre .'i SCIENCES MORALES. 7-^5 ia discussion ])ublique; elle est le plus sur raoyen pour per- fectionner les sciences , et celle de la guerre est trop irapor- tante pour qu'on neglige ce secours... Notre but est d'etre utile; nous y avons consacre nos vellles , et I'exjjerience nous apprendra si nous avons porte nos vues troj) haut. )> L'auteur a divise son ouvrage en 8 livres et 178 chapitrcs. Des sections aussi multipliees ne favorisent pas le travail de la pensee. On aiirait voulu que le mot continuation ne fut pas, jusqn'a trois fois consecutives , le litre d'un chapiire regarde comme distinct , tandis que le chapitre , partage en qualre subdivisions , ne contient pas plus de 7 a 8 pages. Mais ces observations, (jue notre critique n'a pas du omettre, ne nous arreleront pas long-terns ; veiions au sujet de I'ouvrage , et aux idees de ranfeiir. Dans le premier livre , les places fortes sont considerees en elles-memes pour la df-fcnse des etats. L'auteur arrive aux conclusions suivantes : IJne place forte n'a d' action absolue que sur le terrain battu par son canon. — Les circonstances oil cette seule action pent assurer la possession absolue d'un pays sont extremement rares , et ce inoyen de defense doit etre repute irnpraticable. C'est condaraner a I'inutilite les nom- breuses places fortes qui garnissent nos froniieres, et il faut avouer que les services dont elles sont capables ne sont pas encore connus par des epreuves decisives. Celles des deniieres guerros ne leur sont point favorables ; niais ces guerres mixtes nesont pas celles dont les resuhats peuvent fournir a Tart nii- litaire des donnees et des preceptes; il serait trop difficile d'en separer ce qui est I'effet des passions politlques. Dans les der- nieres canipagnes , quelques sieges soutenus avec gloire n'ont point influe sur les operations de I'ennemi. L'ulilite des places fortes sur iine ligne de frontieres de plusieurs cenlaines de lieues est une question encore debattue; l'auteur la resout negativement ; mais ces raisons pouvaient etre ])lus deve- loppees, et laisseront des doutes dans beaucoup d'esprits., Les deux livres suivans sont consacres a I'exposition et a Texaraen des divers systeines que Von a cherche a ctablir entre des places et une arinetc , pour la defense des etats. Tous ces systemes ont I'inconvenient de supposer que I'attaque ne variera point ses procedes , que I'art demeurera tel qu'il est. On llmite les cas ])ossibles a ceux que les circonstances oil Ton se Irouve peuvent faire deconvrir, et c'est d'apres ces illu- sions que Ton construil des places pour des siecles de diiree. L'auteur fait voir qu'aucun des anciens systemes ne peut ga- 736 LIVRES FRANCAIS. rantir un 4tat centre une armee d'invasion, telle que ceiles que Ton fait moiivoir anjourd'hiii. Dans le quatrieme livre , I'auteur pose la question a rd- soudre , et fait conn^iitre la solution qu'il croit avoir trouvee : c'est leprojet d'une gmnde place cent/ale , dont il discute tous les elemens ; sa grandeur, ses arsenaux et ses magasins , sa garnison, son emplacement et ses abords sont examines suc- cesslvement. Le livre suivant contient I'application de ce projet a la France : entrons dans quelques details sur ce que I'auteur propose. Le lieu qu'il designe coiiime remplacemeiit le plus conve- nable pour une place centrale, est le Delta forme par la Loire et I'Allier. Ces deux rivieres , et des affluens dont les eaux seront derivees et retenues , seront les fosses de celte place, renfermant une surface de loo lieues carrees, dans une enceinte de /|5 lieues. En jetant les yeux autour de-cette vaste enceinte, on y voit rennies les principales ressources de la France en •vivres et en armes , la facilite des transports , et gcneralement toutce qu'il faut a une armee nombreuse. Ce camp retranche, dispose et pourvu a loisir, recevrait les forces nationales , serait I'asile du gouvernement et des citoyens qui viendraient s'y meltre en suretc. L'auteur s'attache h domoutrer que celte . position fortifiec n'aurail a redouter ni un siege , ni un blocus, qu'elle mettrait I'armee nalionale en etat de prendre Toffen- sive , maigre la superlorite numOrique de I'ennemi ; en un mot, qu'elle atteindrait completement le but de la defense. Le sixieme et le septierae livres exposent les proprietes de ce nouveau projet, et les comparent a ce que Ton peut attendre des systemes de defense proposes ct lentes jnscju'a present. Le huitieme livre est le plus important de cet ouvrage, et a plusieurs egards , celui qui rassenible le plus d'idees nou- velles , et qui provoqucra le plus fortement I'attentioii du lecteur. L'auteur entre dans le detail des moyens d'executer son projet, afin de prouver que ses vues ne sont pas de st^riles speculations. L'armee se chargerait de tous les ou- vrages en tene; les depenses que Ton fait aujourd'hui pour I'entrelien des places existantes suffiraient pour construire les revetemens de la place centrale, et des casernes pour cent mille hommes; ce que le budget assigne pour les batimens militaires fournira les magasins a poudre , si chers dans les places ordinaires , et qui , dans la place centrale, ne couteront pas plus que les edifices d'habitation ; une multitude de de- penses seront supprim«5es ou diminuees, en sorte que, sans SCIENCES MORALES. -?,: auginenter les cliarges de I'etat , les travaux de la place cen- trale seront achevts , et de plus graiuies econoiuies commen- ceronr a faire sentir les avantages dn nonveaii piojet. L'acqui- sition dii terrain occupe par la place centrale sera soidee par la vente dii terrain beaucoup plus vaste que couvrent aiijour- d'hui nos 170 forteresses ; les magasins et les casernes des places supprimees se transfonneront en edifices de la place centrale ; lout eel ctalage plus fastuenx qn'utile sera trans- porle sans frais aux lieux oil il cessera d'etre onereux, el irou- vera sa veritable destination. Apres avoir cree cetle place cen- trale , I'auteur passe a son organisation interieure : « Elie est, dit-il , iin arsenal complel et unique de guerre ; on y fabri(]ue tout , an moral conitne au physique. Telle esi I'idee dont il faut ])artir. Cest la que Ton envoie , encore bruts , les liommes et les materiaux ; c'est la que le travail doit angmenfer r.'i])i- dement lenr valeur. » L'auleur passe successiveri;ent eti revne I'etenduo des ressources que Ton trouvera dans cetle }>lace pour rinstniclion des ir^iupeS , pourune administration clair- voyante et econorae , pour le perlectionnement du regiine miliialre, dont il jiense qu'on nc s'est pas encore occupe dan's le sens (uie les progrcs des idees, des arls et des institutions doivent indi(|uer aux homines de guerre qui ont conserve I'habitude d'examiner ce quise passe hors de leurs attributions, et qui savent en profiler. Ces considerations font sortir noire auteur des discussions purement militaires, et I'entrainent dans recononiie politique. Ses chapitressnr le gouvernement mili- taire , sur ce qu'il nomme. module des goucememens (expres- sion obscure, et que la lecture du cliapilre ne fail pas assez comprendre) , sur le dcspotisine et sur le principe des gonver- nemens , attestenl qu'il a medile , comme citoyen , sur les plus graves questions de I'ordre social. Ce qu'il nomme principe des gouvernemens se reduit a cette veritc : II y a dans toutes les nations line certaine volonte generate que Von ne choque pas impunemcnt. C'est une maxime, \\n principe de conduite pour les gouvernemens, et non la base sur laquelle I'autorite directrice de» societes est fondle. Le mode de gouvernement militaire qu'il propose est sans exemples dans I'hisloire; il n'a pas ete mis a I'epreuve , et rien ne fait pressentir que Ton puisse y arriver par sine suite d'ameliorations snccessives. On ne voit pas assez clairement si cette grande reforme politique opererait snr I'armte , la nation el I'indiistrie , les heureux effels annoiicts dnns cet ouvrage. Le lecteur nest pas con- vaiticn, mals inquiete; mecontent de ce qu'il croyait savoir , il cherche ca qu'il faut subslitne.- a cqh notions dont il se T. xxxii. — Dccemhre 1826. ,'.8 738 LIVRES FRANCAIS. dcfie, et n'entrevoit pas encore comment il j)ourra changer cette penible sitnaiion. Le siijet de cet ouvrage est tres-vaste ]>ar lui-jneme , et I'auteur, loin de le circonscxire , ajonte en- core a son etendue : il elail d'autant plus difficile de renfermer tant de choses dans un scul volume, que toutes ces choses se tiennent I'une a I'autre, et qu'il fallait moniier leur encliaine- raent. Des omissions auraient interrompii les liaisons neces- saires, obscurci, affaibli le raisonnement : il iailait done se reduire , sur tons les ob)ets , a la plus extreme brieveie. De la , la fatigue dii lecteur dont la pensee n'est pas preparee, ])ar une longue meditation snr le raerae snjct, a suivre une exposition anssi rapide. On sera fort eloigne de rcgretter, comme I'auteur , qu'il n'ait pu parrenir a presenter ses idees d'une mnniere en- core plus breve. La conclusion generale, dont nous ne pouvons nons dis- penser de transcrire un extrait, fera connaitre le style de Tauten r. « On croit avoir demontreque tout ce qui a ete propose jus- qu'a ce jour est insufHsant. On pense surtont que, les preuves fussent-elles fausses . la conclusion n'en doit pas moins etre gardee, parce qu'elle est I'opinion des Rohan, des Turenne , des Vauban , des Frederic, des Napoleon, des Gassendi. La place centrale est le nioyen qu'on a offert : on a rassemble en sa faveur lous len raisonnemens possibles, moins encore pour convaincre les aotres que pour se convaincre soi-meme... On a ehercbe quelle influence ce systeme pourrait avoir sur la na- tion ; tout s'esl presente so>is un aspect avantageux. On a sur- tout appuyt' sur ce que cela ne mettrait pas la patrie sous le joug de I'armee. On n'eut point aborde cette question, parce que soldat, eleve ou ami de bien dessoldals, on connaissait leur coeur et le sien. On se fiit concentre dans I'etude de son art et dans ramour de son pays. Mais les incriminations ten- dent i» aneantir I'armee; et avec elle disparaitrait bientot la patrie; on a frerai a cette idee, on s'est jete en avant avec phis de feu peut-etre que de raison ; mais n'imporle, on a signale le danger... Le motif principal qui anirae I'auteur est son amour pour son pays. Mais, plus exclusif que tant de gens, il ne peut consenlir a se /aire talar , pour se dispenser d'e'tre francais. L'amour est pour le pays , I'huraanite seule pour I'etranger; et d'ailleurs, plus une nation est forte par elle- meme, plus elle pent donner carriere ^ sa generosite , sans avoir ^ craindre pour ses neveux. » L'auteur de cet ouvrage n'evitera point le sort conimun a tons ceuxqui exposent les fruits d'un travail long, atlentifet SCIENCES MORALES. ^"icj cotisciencleux ; il sera jnge prpcipitamment , et souvent ]tat I'irri'flexion. 11 a reimi la matiere de deux ouvrages distincis en api)arence, inseparables dans le fait, I'organisation de la force publique et son emploi dans I'interieur de I'etat , contre tous les ennemis qui peuvent menacer soil I'ordre public et la securite descitoyens, soit la dignile et I'independance nalio- nales ; c'est en ineditant sur cette seconde j)artie qii'il s'est ^leve jusqn'a la premiere , et qu'il a tente de resoudre le pro- bleme de rorganisalioii sociale. La solution qu'il propose ne garantit point aux societesle maximum de bien-etre dant elles puissent jouir : eile se borne a leiir offrir une longue duree du minimum d'inconveniens , ou de ce qui iui parait approcher de ce terine. Mais, comme cet etat n'est pas une iimite et varie- rait encore, il reste a examiner si , apres avoir ete sotiraise pendant des siecles au systeme de gouvernement militaire imagine par I'autenr, une nation retrouverait encore la route du perfeciionnement definitif, et si elle pourrait s'y remettre. Les traces de I'cducation des peuples sont presqueineffacables : si I'on porie nn peu loin ses regards dansl'aveuir , on sera dis- pose a supporter les maux inseparables d'ufie suite d'essais infructueux, plulot que d'adopter un systeme d'equilibre dont la dtiree ne sert qua prolonger iVnfance des nations, a retar- der les progres de la raison, qui dans les sciences politiques et morales ne s'appnie que sur des faits , et veut des experien- ces. Si nous perseveions dans I'etat actuel des choses, I'auteur nous presage une faclieuse destinee , et ses previsions ne sont peut-^lre que trop fondees ; et, si nous suivons la direction qu'il nous trace, nous voyons assez distinctement ce que nous perdrons, et tres-confusementce que nouspourrons gagner. Le litre de cet ouvrage eioignera peut-etre les lecteurs qui ne sont pas miliiaires ; ils auraient tort : cette lecture convient a tous les hommes capables de I'attention qu'exigent les liautes meditations politiques, et il est a desirer qu'ils s'occupent au moins du dernier livre. Des qn'ils auront commence a lire , ils sentiront la necessite de suivre I'ordre des idees de rauteur, depuis la premiere pagejusqu'a la derniere, et leur opinion ne sera pas fixee par une premiere lecture, quand meme ils se- raient a la fois militaires et politiques. Ce livre veut ^tre etu- die; quelque peine que cette etude puisse couter, on ne la regrettera point, si elle est continues jusqu'au bout. Comma nous n'avons pas eu le tems de I'achever, quoique nous ayons lu avec beaucoup d'attention , et plus d'une fois, nous nous bornerons a recommander cet ouvrage a ceux ([ui peuvent Iui consacrer tont le tems qu'il merite , et qn'il ne fera pas perdrie. F. 74o LITRES FRANCAIS. 337. — * Economic politique , ouvrage Iraduil de I'allemanrf, do M. ScnMALz, par Henri Joiiffroy , conseilK^r au service de Prussc, revu et aiinote sur la traduction par M. Fritot, avo- cat a la cour royale. Paris, i8a6; Artlms Bertrqnrl. In-iS" de 36o pages; prix , 14 fr. , et 17 fr. par la poste. Pour lesecrivainsallemands,reconomie politique n'a elel<>ng- temsautrecbosequerartd'adminisirerlesetais. Cettemar.iercde I'eiivisager a elti rejetce par les econotnistes ang!;iis tt f'raiicais de la nouvelle ecole, cominc Irop yeu scieniilitiue. En efiet, una science ne saurait etre autre chose que I'cxposilion des lois general^s qui gouvernent la matiere , independaniment des volontes liumaines ; an lieu que les systemes d'administration nc sont que des prineipes poses par des homines, des regks qui varient, avec les hommes et avec les formes de gouverne- ment. Peu a pen, les plus recommandables des ecouomistes ailemands, Jacob, Hujtland, Lotz , se sont rapprochcs des methodes anglaises et fiancaises, et ont developj)e les princi- I)es qui naissent de la nature des choses. II parait que I'auteur du present ouvrage vent de menie participer aux progres qui ont ete faits , quoique , dans jine dedicace qui sert de preface , il s'ex])rime en ces termes : » J'eta- blirai ce principe eminent (ju'en toute ciiconstance la droilure et I'tiquile constituent toute la science du gouvernement. « II est bien evident , en effet, que lui-menie ne considere pas ia droiture et I'equitc commc une science, et qu'il entend par I'economie politique autre chose que la science du gouverne- ment, puisqu'il definit les richesses, caracterise les besoins , etudie la nature des nionnaies, etc. : toutes choses (]ui existent , quel que soit legouvernement, et ne sont pas fondees sur des vertus , telles que la droiture et I'equitc. Sous le nom de projessions , Tauteur traite successivenient des trois grandes branches de I'industrie, c'est-a-dire , de I'agriculture, iJes arts et dii commerce, et de ce qu'il appellc les accessoires du commerce , tels que les courtiers , la naviga- tion , les capitaux et interets , le commerce des effets pu- blics, etc. Cette partie de I'ouvrage renferme beaucoup d'ob-. servations justes et applicables. Sous le titre de richesse nationale , il fait connaitre ses vue& sur ce qu'il appelie le systeme de Colbert ( celui que Smith norame mercantile , et Say le systeme exclu.sij) ; sur le systeme de Quesnay ou des economistes : et sur celui d'Adarn Smith. M. Schinalz se declare franchement en faveur de la doctrine de Quesnay : « Pour moi , dit-il ( p, 266 ) , je fais humbleimtnt /'nveu que le systeme de Quesnay me parait etre le seul veri- SCIENCES MORALES. 741 iable, et j'ai la conviction intime que tot 011 tardil triomphera partout. » II le compare ausysteine aslrononiiquede Copernic, taudis qne celui de Colbert resseinble, dit-il, a rastronoiEie de Ptolemee . et celui de Smith a Tastrononue de Ticho-Brahe. C'est au lecleur a apprecier la solidilc des raisoiis et des comparaisons que renferme I'ouvrage de M. Schmalz dont une simple notice ne ])eut donner qu'une idee vague. Le vo- lume annonce n'en forme au reste que la premiere partie. J. B. S. 338. — * Precis elemenlaire d'Econoinie politique , precede d'une Introduction historique , et suivi d'une Biographic des economistes , d'un Catalogue et d'un Vocabulaire analytique , par M. Adolphe Blanqui, professeur d'histoire et d'cconomie industrielle a VEcole speciale de Commerce. Paris, 1826; au bureau de VEncyclopedie portative, rue du Jardinet-Saint- Andre-des-Arcs , n° 8. In-i8; prix , 3 fr. A une epoque ou Ton s'occupe beaucoup d'economie poli- tique, et ou cliacun n'est pas a portee d'acquerir les ouvrages d'Adani Smith et de M. J. B. Say, qui sont le depot des verites fondamentales de cette science, il jjaraitra sans doute agreable au public de pouvoir se procurei' une analyse succincte de la doctrine de ces grands maitres , ecrite avec agrement et d'un style familier. Tel est I'avanfage qu'on peut rencontrer dans I'ouvrage de M. Blanqtii. «Tout ee que ses plus habiles prede- cesseurs , dit-il , en pariant de ses maitres , avaient entrevu d' utile, Smith I'a protive , il I'a mis au grand jour ; il est parti des faits pour arriver aux principes. » II caracterise egalement bien les services que M. J.-B. Say a rendiis a la science. « Dans la iheorie des debouches qu'il a crees , en montrant qu'on n'achetait des produits qu'avec des produits , il a , ajoute M. Blanqui , iuteresse chaque nation a la prospcrite de toules les autres. Ce principe , en detriiisant le germe des rivalites nationales, cKeicera une influence immense sur les destinees du nionde. » Nous n'entreprendrons point tie fairc un resume d'un re- sume ; niais nous remarquerons que ce petit ouvrage , qui louche en passant toutcs les grandes q'lestioDS de I'economie sociale, est trcs-propre a iniiier la masse du public a des ma- tieres auxquelles il est reste jusqu'a ce jour singulierement eiranger , et qui sont exposet's ici avec clarte. La France peut mainlenant se vanter d'avoir plus quo I'Anglelerre de ces jjetits trailes elcmentaires qui popularitent toutes les con- naissances utiles, raeme I'ecoiiomie politique , I'une de celles ou elle se croyait sispcrieure aux autres nations. T. T. 74a LIVRES FRANCAIS. 339. — Consultation sitr la denonciation adress^e a la Cour rojale par M. le comte de Montlosier ; avec cette epigraplie ; Primus in line civitale docuit in conservandd ci%'ium libertata esse privatum neminem. ( Cicebo , de republicd ] ; par M. Isam- BERT. Paris, 1826; Ambroise Dupont et C'% libraires, rue Vivienne , n*" 16. In-8°; prix , 2 fr. 5o c. , et 3 fr. par la poste. Toutes les fois qu'il y a un grand intcr^t a defendre, lors qu'il s'agit de preserver la patrie ou I'humanite d'un grand malheur, les liberies publiq-ies on privees des alteintes de I'in- justlce ou de I'arbitraire, on est toujoiirs sur de rencontrer M. Isambert au nouibre on en t6te des coinbaltans. L'liono- rable union d'un beaucaractere et d'nn beau talent met tousles voBux de son cote et fait naitre loules les sympathies en sa fa- ■»eiir, dans les luttes ou il se trouve engage par suite des de- voirs de sa noble profession. II df.iit, par consequent , bien iiaturelde Ic voir repondre a I'appel de M. de Montlosier, ce veteran de la fidelile , qui, avec tant 'le raisons, se serait cru I'ennemi de son pays et de son roi, s'il eut pu etre I'anii des jesuites , ou le coupable fauteur de leur rentree , d'abord fur- tive et clandestine, et I'approbateur de leur existence aussiil- legalement que solennellemeni: avouee. M. Isambert examine et pese avec la pins scrupuleuse at- tention les quatre griefs ou faits princii)aux qui sont la ma- tiere de la denonciation de M. de Montlosier. II procede a cet cxameii avec toutes les lumieres de son excellent esprit, si sage, si reserve, siparfaitement penetre de toutes nos lois, aussi familiarise avec notre droit piiblic ancien qn'avec noire droit public moderne, tel qu'il se trouve modifie par la charte. 11 presenle des moyens nouveaux d;ins un sujet que Ton croyait epuise; il expose sous un nouveau jour des argumens dcja con- nTis ; il discule avec inipartidlile , il resume avec concision, il conclut avec fermete. Les gardiens de nos lois, les depositaires de nos franchises nationales ne ponrront fermer les yeux a tant de lumieres ; ils ne ponrront demenrersourds a de si salu- tairesaveiiissemens donnes par des voix eio(|uentes. La magis- trature francaise, riche.de I'heritage des plus grands exemples et des plus glorieux souvenirs, sera sans doule fidele a elie- meme , et a nos antiques liberies religieuses , de tout terns regardees comme le Palladium de la monarchic. P- S. N'onrettons pas ri'ajouter que la Consultation de M. Isambert est aussi revetue de Ir signature de plusieurs ju- risconsulfes dont les noms sont chers au public. Les uns ont fidher^ purement et simplement; les autres, avec des observa- SCIENCES MORALES. 74^ Vions addilionnelles fl'iin tres-grand poids et susceptibles de fr^quentes applications. 3/,o. — Consultation sur la denonciation adressee a la Cour rojale par M. le cornte de Montlosier ; par M. Devatix, ( au nom dii barreaude Bourgcs ). Paris, 1826; Ambroise Dupont et C". In-8" ; prix , 2 fr. , et 2 fr. 5o c. par la poste. L'exemple du barreau de Paris ne pouvait resfer sans imi- tafeurs, dans les graves questions si habileraent disciitces par M. de Montlosier, et sonmises par lui a nos jurisconsultes. Ces questions ont ete I'objet du plus serieux exanien , d'un exa- luen dont la parfaite independance s'esl signaiee par la diver- site memedes aspects sous lesquels les objetsont ete envisag(5s. Les avis ont ete divers, et Ton s'en est prevalupour dire qu'ils elaient opposes. Quelques sages ont propose de diriger de preference I'attaque sur un point, I'accusation sur nn seul grief. On en a conclu que les aiitres points etaient abandonnes, et que M. de Montlosier, en perdant trois sur quatre , ne tar- derait pas a etre poursui\i et battu jusque dans son dernier retranchement. Les journaux de la faction ennemie des lu- rnieres ont crie victoire, sans en avoir obfenn les avant.^ges. Les redacteurs de ces journaux pensaient sans doute queleurs allegations ne seraient point verifiees par leurs lecteurs. lis n'auraient certaineraent pas donne, et ne donneraient pas leur signature a la Consultation riu barreau de Bourges dont ils ont paru vouloir se faire un trophee momentane. lis ont mieux aime accorder a cette production quelques eloges vagues que ti'en presenter des citations. Si nous disons que le barreau de Bourges s'est borne a attaquer la Societe de Jesus , et son exi- stence iliicite, c'est qu'il a crn que ce grief doniinait tous les^ autres comme principe, comme cause et comme soutien. En isolant cetle Societe, dont Texistence e«t la plus dangereuse des anomalies, surlout au roiiieu de nos institutions, les juris- consultes (|ui ont reilige cetle Consultation, ont eu la pcni."ee d'attaquer le syslenie dans sa base, persuade* qu'ils sont que, sans lesjesuites,riendecc(lontse plaint M. de Montlosier n'an- rait lieu. Nous sommes fort dispost's a ci oire (jue cette marche est la meillenre, la jtlns sage, et (|u'elle n'esi pas la moins cou- rageuse ; car on salt que ce sont des ennemis bien reels qn'ils entreprennerit de combattre. Si c'est a la faveur ou en favcnr des tenebres que ces enne- mis s'avancent, et avec des raovens tenebreux qu'ils s'effor- cent de s'etablir. c'est avec des arines lumineiises que le bar- reau de Bourges se fait un devoir de les combattre, et de resoudre les questions suivanles : 1° I'association mentionn^e :')V LlVKt.S J'RAi\C;A.lS. dans la bulie du pape Pie VH, du 7 des ides d'aoAt 1814, est-elle la lueme fjue teile abolie par les arrets des paileinens et par les edits des rois de Frame? 2" Ces arrets et ces edits sont-ils encore en vigueur? i" La dissolution d'une telle So- ciete est-«lle coiBniandee j)aF les lois? 4" Sous quels rapports I'existence meme el les actes de cette Societe peuvent-ils elre iiicriinines? — Pourresoudrecesquestions, lesauteursdela Con- sultation se livrent a une analyse historique des arrets et des edits concernant I'iiistilut et la Socieie de Jesus. Ne pouvant nous- niemes rt'duii e cetle analyse tres-blenfaite, nous soinmes obliges d'y renvoyer noslecteurs. Nous croyons que la lecture entiere de cette interessante production est utile pour afferruir dans leur opinion ceux qui sont deja convaincusdes daggers, coinnie de i'Lliegalite d'une Societe trop celcbre , (|ui aH:;heve de sc signa- ller pai* ses malignes influences. Get ecrit ne sera peut-ttre pas moins tilile pour ramener a des vues sages (pielques jeuues ccri- vains, plus familiarises avec nos theories phik)SO|>hiques qu'a- ■\»ec nos vieux anteeedens histo-riques. Le aieritc de I'ecrit dont Hous, rendons ici un coinpte sommaiiej est d'offrir un resume rapide et juelhodiqite de ces anteeedens. Les uns ne reliront pas sans plaisir , les autres ne liront pas sans fruit J'extrait dd la biiUe de Clement XIV du 21 juillel 1773, ni I'arret du parlement de Toulonse du 2 juin 1767, prononcant I'exclusion des jesuites du royaume. Par le nicme acte, cette Cour souve- raine supplie le roi d'interposer ses offices aupreS du saint siege pour procurer Fextinction totale de cetordre per.nicieux. Si nous voulions inotiver notre opinion en faveur de cet eerit par des citations, nous n'eprouvejions que i'euibarras duchoix. ISouS' dirons seulenient qu'il porle les signatures les plus houG^- pables, a la tete desquelles se trouve celie de M, Devanx, de- puite du Ciier , qui, par ses talens, ses lumieres, ses eloquens disGOUis a la tribune, a pris rang: j)arnii nos plus c^lebres pu- blicistes. T. 3'4i. — * Atlas historique i glinealogique , chronologiqite et geos^raphique , et particulierenient I'Europe politique en 1826, point elre coniparee a I'Europe politique en 1812; par A. Le^ sie>B(it: coiute de Las Cases). Paris, 1826; Leclerc, acque- peu* de loute I'edition, boulevard Saint-Martin, n" xi. Prix de I'atias CDUiplet, 140 fr. C'est toujours une laehe agrcable que d'avoir a rendre Gompte d'lin ouvrage bon et utile. En lecreant, I'auteur a rendu service a Phuuianite, et le monde en irait raienx si le bien de Fhutoat^ite etoit constarament le premier mobile des actions hnmaiines. L'atlas liistorique et chronalogique de M. de Las SCIENCES MORALES. 745 Cases occn})e sans tontredit iin rang distingue panni les pro- ductions dont nous parlons. Vingl-cinq annees d'un succes iirillant et soiuenu , non-seulenient en France, niais dans le nionde enlier, partout oil les arts et les sciences repandenl leiirs bienfaisantes liimieres, ont fonde la gloire de I'ouvrage et de son autenr, qui se recommandc jilus encore par ses ver- tiis et ses (|uaHtes personnelles qi)e par son nierite litteraire. Celui qui a telleinent facilile I'elnde de I'histoiie et I'a si bien doveloppce com me science, est encore appele a servir de mo- e soil I'utilile de ces q-natie premieres cartes liisto- riqnes , elle est encore surjtassee par celle des suivanles. L'auteui' consacre a chaque peuple en parficuHer une carte geographique et une ea plusienrs cartes historiciues et getif-a- logiijues. En observant la carVe geographique, on voit combien Ions les genres d'interet s'y irouvent lennis. On y rcmarque les lieux on furcnt Hvrees les batailles les plus celebres , ou furent signes les trait«''S de paix (jui on! influe sur les destinees des peuples; la marche des guerres les plus fameuses est trae^e ]>ar uri ruban colorie. Rien de ce qui est propre a chaque pays inl'est otibiie. Sur la carte de France, ])ar exeraple, on voit la 746 LIVRES rRA!VrA.IS. configuration des grands fiefs on provinces; chacun porte I'an- nce a laquelle il a cte reuni au domaine priraitif de Hugues- Capct. Des coiileurs diffcrcntes indiifuent la inaniere dont ces reunions se sont faites, par conqnete, par heritage, par achat, (raiteou mariage. Le textedes marges est le developpemeni; de ce que jiriiseiite la carte , de sorte que le lecleur n'a (ju'a suivre e'l ne jieut prendre Jine idee fausse , en confnndant des noms de ville ou de jirovinee. Les cartes historiques et genealogi- <|ues offrent la filiation des sourerains d'un pavs. Les rois , les reines , ]>rinces et princesses, ant chncun leur marque dis- tinctive. Les branches collaterales sont indiqnees ou develop- pees, selon leur importance historique ; cc qui donne en an instant les rapports des diverses families et la mesurc de leurs pretentions .'i des successions, qui ont trop souveut fait ensan- glanler les provinces surlesquelles elles n'aiiraient du verserque desbienfaits. II est de ces points historiques difficilesa saisirdans les livres, et que Ton ne parvient a comprendre qu'avec des reclierches el une attention lout-a-fait penibles qui degoutent trop souvent de I'ctude. Telies sont les causes de ces intermi- nables guerres des Francaisen Italic qui ruinerent notre tresor, epuiserent uos provinces, conduisirent iin de nos rois dans une forteresse d'Espagne; et cette inextricable Inite des deux roses qui coiita la vie a pres de cent princes du sang et devora un million d'liommes. Dans I'liistoire de ces troubles, chaque chef se dit le h-gitime, appelle les autres des usurpatcurs; et en definitive, ledrlusieiirs de mes an- ciens compagnons d'armes que j'ai j>ublie cetle relation ecrite u la tranchee ineme... J'ai cherche a remplir cette tache avec d'aulant plus d'inlecet qu'elle m'a donne I'occasion , en four- nissant des materiaus exacts aux ecrivains qui entreprendront I'histoire gennrale de la guerre d'Esfjagne, de refuter par des faits irrofragables divers ouvrages qui ont paru sur ces sieges , dans lesquels on a , sans respect pour la verite , critique les ope- rations des Francais et donne la j>ahne a leurs etmemis. » Voici done nn officicr du genie qui rend compte de ce qu'il a fait, en presence (les temoins oculaires, en presence des enneinis qu'il a coiubaltus, et qui n'oiit pas ete les derniers a lire cet ouvrage. II est penible de le dire : les pretendus historiens dont I'auteurse plaint si justement, nesont pas toujours des Anglais ou des Espagnols ; \\ en est qui se disent Francais. Une courte Introduv.tcon , tres-digne d'etre hie, rappelle les evenemens militaires qui precederent le siege d'Ollvenca. On y trou\e I'un de ces traits de devouemont qui ne surprennent point de la part de nos olficiers de I'artillerie et du genie, mais qu'on se plait a rclire. La place capilula , apres dix jours de tranchee ouverte; une garnison de 4i4i hommes effect i fs fut faitc prisonniere:les Anglais pretendent qu'elle y fut contrainte par la famine; notre anteur dement cetle allegation , qui se trouve formelleraent contredite par les circonstances du siege. Environ trois mois plus tard, la place fut reprise par I'armee anglo-portugaise, apres une attaque de 8 jours soutenue par tine garnison de 370 Francais. La prise de Badajoz par I'armee francaise est un des plus beaux fails d'armes qui ont illustre les injustes et funestes SCIENCES MORALES. 75^ **uerres de Napoleon contre I'Espagne. Une garnisoii de 9000 fiomtnes, soutenue par la population de la ville, qui prit une part active a la defense ; en dehors , des forces ennemies, supe- rieures en rionibre a I'armee de siege; la rigueui- de la saison , la difficulte des communications , rcloignentent oil Ton se trouvalt du centre des opeiatioiis de Tarmee , It-s pluies continuelles , les debordemens du fleuve, tous ces obstacles furent vaincus. Une arniee de secours , sortie du Portugal , fut delruite en vue de la place, sous le canon de I'un de ses forts, i^a place capitula , apres 3S jours de trancheeouverte; la gar- nison , forte encore de 7880 hommes, deposa ses armes et fut conduite en France. Le siege de Campo-Mayor fut une consequence de la reddi- lion de Badajoz; dans la defense de cette derniere place, les Espagnols avaient mis liors de service des pieces de gros ca- libre qu'il fallait remplacer aux depens de I'ennemi. Ce troi- sieme siege fut termine proraptement ; mais les Francais aban- donnerent la place a rii[)proclie d'un corps considerable d'A.nglo-Portugais. Dans une caiapaf^ne d'hiver de 80 jours , un corps de i3 a 14,000 hommes avalt traverse la Sierra-Mo- rena , penetre jusqu'a hi haute Estramadure, pris trois places et un fort, et battu les Espagnols a la journee de la Gevora : 25 drapeaux, 200 pieces de casion et 17,000 prisonniers fu- rent les trophees de ces victoires; une puissanie diversion en faveur de I'armee de Portugal commaiidee i)ar Massena en fut le resultat. Mais les armes francaises ne furent pas toujours aussi heureuses , quoique nos soldats acquissent encore plus de gloire : cetle forteresse de Badajoz, conquise avec tant de bra- voure, vit bientot I'ennemi sous ses raurs. Un premier siege , entrepris avec des forces suffisantes , n'eui aucun succes; il fallut I'interrompre et le recommencer un mois jjIus tard , apres quelques revers essuyespar I'armee francaise: il dura trois mois,etne reussit point. Enfin, un troisieme siege , com- mence I'annee suivante , ne reussit que par I'un de ces hasards qui ont souvent une si grande part dans les evenemens mili- taires. Une place encore en mine, a la suite de trois sieges, avec une garnison insuflisante et mal pourvue de vivres etde munitions, tint 11 jours contre toutes les forces reunies des Anglais, des Portugais et des Espagnols. Apres des prodiges de valeur et d'habilete qui illustrerent les defenseurs, le gene- ral Wellington avnit ordonn6 la retraile; I'audace d'un gene- ral anglais, secondee par quelques negligences et quelques fautes commises par le commandant du chateau, font reassir i'escalade ^ et cette partie de I'enceinte tombe au pouvoir de 756 LIVRES FRANCAIS. Tenneini. Le» An^lnis avaient pris la place; les Espagnols la saccagerent : I'liisloireconseivera , pour Ja honte de cetfe na- tion, le lecit des atrocites qui deshonorerent la fin de ce siege. L'awtevii's'est abstenii de tuut ce qui ne tenait pas imm^dia- lenient a son sujel : rexactittide liistoii(]ue est le caractere de ret ecrit. Des iioies instriictivcs , jointes au recit de qncUjiies fails, seronl reclierchties par lousles luilitaires. L'anteur a soin de ne rien oiiieltre quand il parle des services lendus par ses compagnons d'armes ; et, commeon peui s'y attendre, il ne se traite pas lui-meine avec la memeequite que ses caniaradi's; il ne parle de lui (|ue lors(]ue les clrconslances I'exigent absolu- ment. II blame le bombardeinent des vilies assiegees, non- seulement parce que c'est presque toujours un nial sans restdtat inilifaire, raais parce qu'il cause uue enoime consommation de projectiles et de ])oudre dont on eut pu tir'er un parii plus uiile. A la troisieiue defense de Badajoz, les Francais regret- terent beaucoiip les munitions que ie bombardement de cetle place leur avail consomniees : I'anuee alliee la traita plus inal en- core; leurs bonibes acheveren t la ruine des edifices, et la barbaric des vainqueurs exteriuina la plus graude partie de la popula- tion. Y. 3^8. — * Histoire de don Juan d'Autriche; par M. Alexis DuMESNiL. Paris, 1826; Anibroise Dupont, rue Vivienne , n° 6. In-8° de viii et 2o5 p. ; prix , 4 fr., et 5 fr. par la poste. Don Juan d'Autriche a triomphe ailleurs qu'a Lepan le ; mais celte vicloire a laquelle il doit toute sa celebritt^, fut sans con- tredit le ])lus brillant et le plus utile de ses exploits. Comment le louer des efforts trop heurcux qu'il fit pour consommer la ruine des Maures de Grenade, peuple industrieux , eclaire , brave, inoffensif, maismahometan ? Comment le justifier d'a- voir etc combattre, et plus souvent tromper, dans les Pays- Bas,au profit du despotisme et de I'inquisilion ? Ces enlre- prises honteuses et dcloyales, qui environneni et deparent une grande action, prouvent evidemment arens , il ])ut , des sa premiere jeunesse , donner I'essor a son humeur aventureuse. Venise ne suffisait point a son ambition : aussi, a I'age de trente ans, avait-il parcouru une partie de I'Europe, et, dans les six volumes de ses Me- moires <]ue nous possedons deja , le lecteur jjeut le suivre tour a tour a Naples, a Rome, a Constantinople, a Corfou, a Venise, a Milan, a Parme, a Paris et a Vienne. Cette pre- miere partie de sa vie nous introduit rarement dans ces cer- cles de la haute societe ou se raeuvent les personnagcs histo- 758 LIVRES 1 KANCAIS. riques, quoiqu'ellenous fasse d«?ja connailre le cardinal Aqua- viva, le renegat Eonneval, Crcbillon, Fontenelle, la duchesse (I'Orleans (aieuledu due d'Orli'ans actuel ) , le inarecbai de Richelieu, la marquise de Pompadour, Louis XVetMetastase. Casanova , laiit soil peu joueur et libertin , preferait assez souvent ses jilaisirs a son inlerct; et avant de se pousser dans le grand nionde par son esprit, ses lalens et meme ses four- beries, il avail recherche avec ardeur une societe plus libre et plus gaie. Mais ses aventures galantes, ses debauches dans les casino de Venise , ses intrigues avec les danseuses d'Ancone et de Milan , ses parlies fines a la porte Maillot, ses relations de grande route avec des nioines faineans de I'Etat de I'Eglise, ses exploits dans tous les brelans de I'llalie, ses tours de passe- passe pour tromper des patriciens de Venise ou des paysans de Cc'sene : tous ces details sont revetus des touleurs du tems; tous ces tableaux de genre, dessincs d'apres nature, appartienneiit a I'liistoire des mceurs; et la maniere originale et anim(^e du peintre leur ])rete un charme et un inler6l tout jiarticuliers. Quelques citations confirmeraient cette opinion , si les bornes de ce recueil ne nous obligeaient de renvoyer a I'ouvrage raenie. Malheureusement , le inanuscrit original de Casanova , ecril en francais et relrouve il y a peu d'ann^es dans un chateau de la Bohenie, n'esl encore connu que par la Iraduction allemande de M. Schutz, ecrite du resle avec un voritable talent : aussi, les recils de I'aventurier venitien ne nous parviennent-ils que refroidis encore ])ar le travail d'un second interprete , qui , craignant sans doute d'exciler le cour- roux et les poursuites de certains censeurs trop meticideux , a dii retrancher ca et la beancoup des passages dont I'absence niiit a I'effct general du livre. u. 35 1. — * Memoires de Michel Oginski sur la Pologne ct les Polonais , depuis 1788, jusqu'a la fin de i8i5. Paris, 1826; Ponthieu; Geneve; Barbezat «t Delarue, libraires-editeurs. '1 vol. in-8'';prix, 14 fr. L'auteur de ces Memoires ne saurait ctre eonfondu avec le grand nombre de ceux qui ecrlvent, soit pour affaiblir de irop jiistes incul|)alions, soit pour se faire un merile aupres des diffcrens partis (jui gonvernent I'opinion , soit j)Our se signaler dans la carriere litteraire. Ne en Pologne , peu apres ravenenient an trone de Stanislas Poniatnwski, et temoin , des son enfance, des troubles et des agitations interieurs qui menacaient I'exislence de son pays, M. le gomte Oginski etait appele par sa naissance et sa fortune aqx premiers emplois de I'^tat; il fut eleve dans ces prin- SCIENCES MORALES. 769 t^il-es qui fonl prefcrer ia liberie et rindependance de la jiutrie a tout inteiet personnel; m;iis le sort, qui corabla sa jeunesse de bienfaits, le reduisit ensuite, dans I'age niur, a la situation la plus deplorable. Avec raueanlissemenl de .sa ])airie , il perdit une fortune brillante , toules ses relations de faniilie, el nieine jusqii'a I'espoir ecu , et )es everieniens qui se soiit succede avec rapidite dans I'espace de cinqnanle ans. L'ouvrage est divise en buit iivres : le premier est consacre au -tabitiiH 2. — * Mes Souvenirs d'Egypte , par M""" la baronne de MiNUTOLi; publics par M. Raoul-Rochette, membre de rinstitut. Paris, 1826; Nepveu. 2 vol. in-i8, ornes de gra- vures; prix , 8 fr. M™" la baronne de Blinutoli , Allemande de naissance , public ses Souvenirs d'Egypte. Elleles ecrit dansnotre langue , et pour sediiire tout-a-fait des lecteurs francais , elle les Tail impvimer k Paris nieme, en deux jobs volumes; elle preiid jiOur editeur un de nos spirituels academiciens; celui-ci veut bien revoir le style; il ajoute un preambule crititjue, et traliit la modestle de I'au- teur, en nous revelant qu'elle est jeune et jolie. On conviendra que voila bien des moyens de succes pour I'Inleressante narra- trice. Aussi sommcs-nous convaincus que I'avertissement de de M. Raoul-Rochette, l'e[)itie dedicatoire de I'auteur et sa preface suffiraient pour exciter la curiosite. Certes, I'etendue ui le nombre des pages ne font rien au merite d'un ouvrage ((uelconque, encore moins d'un voyage. II pent arri\er, menie a un gros livre, d'elrc instructif, a un petit d'etre ennuyeiix , etvice versa; teraoin la mordante epigrainme de Lebriin. Qr, celui de I'airaable Allemande instruit sans ennuyer, plait sans etre frivole; et il est facile d'en tomber d'accord , sans on con- clure necessairement, comme fait son savant editeur, dans ses lignes legeres, qu'ou a eu tort,avant elle, de decrire et de figurcr les antiques ouvrages de I'lnde et de I'Egypte, ceux de Rome et de la Grece, euQn les nionumeiis du moyen age et de lout age, dans un format plus grand que Tin- 18. On pent, on doit convenir du merite de I'auteur, parce que c'est uu bom- mage rendu ;\ la verite , plutot qu'un tribut paye a la galan- terie ; mais sans accorder pour cela a M. Raoul-Rochette ( qui avec raison se plaint de cc que I'ort tronipe aujourd'hui jus(|ue dans une preface) , que le grand ouvrage de la commission d]igypte , ou le voyage presque aussi grand, dit-il, de M. le SCIENCES MORALES. 761 cornte de Forbin, rivalisent de dimension avec les pyramides; sansliiiaccorder non])lus, que les inoeuri. des femmes d'Egypte, et les habitudes des harems avalent echapjxi jusqu'ici a tous les voyageurs. Qui empechait done de rendre toute justice a ce qu'il y a de bon et d'inleressant dans les Soucenirs , sans leur sacrificr nn peu durement les relations de tant d'observa • teurs qui ont foulo le sol de I'Egypte depuis deux siecles, sans faire non plus ie ])roces capital a tous ces jiauvx-es in-folios. Nous ne ferons pas souffiir M"' de Minutoli de cet exces de galanterie , et nous passerons a I'examen des Souvenirs, sans oublier a quel sexe est destine ce livre. Nous nous empresse- rons de reconnaiire que les Souvenirs soni ecrits avec j^oul et facilite, d'un style clair et sans pretention. L'auieur n'y traite guere que des sujels graves; niais, sous la plume d'une feinnie, ils prennent une teinle plus douce et moins sericuse : ceux qui ont vu les lieiix , les individus et les choses , reconnaitront ici la couleur locale. Cet aveu vaudra pour I'auteur mieux que ♦ ous les eloges ; car un voyage comrae le sien est un poi trait, la ressemblance en est le premier merite ; et comment en bien juger, sans avoir vu I'original ? Nous avons trouve, par exemple, de la fidelite dans le portrait des Arabes et des nia- riniers du Nil. La nierae verito d'observation se fait remaiquer dans celui des danseuses, dans le tableau abrege du Kaire; d'a^lleurs, peu de choses neuves sur les singularites de la ville et de la citadelle, sur les bains, les diverlissensens et les nia- riages des habitans, sur les esclaves et snr la caravane de la Mecque; mais aussi , rien de hasarde. Le recit de deux visiles dans les harems de Damielte est loin de raanqner d'inleret. On lit avec plaisir de lelles descriptions, ore paru , I'auteur ayant eu I'avanlage de ri-iinir les conscils et le concouis des savans de France et des autres pays les plus distingues par leurs connaissances philologi(jues. Nous rendrons un compte delaille de cet important travail, que le plan, aussi vaste qu'ingenieux d'apres lequel il a etc con^u et jedige , doit faire regarder comme une introduction naturelle et indispensable de tout ouvrage de geographic el d'bistoire 764 LIVRES FRAN(;MS. fTenorales, et comnie le complement n^cessaire des atlas de ]MM. Las Cases , Kruse , Buchon, Mancy, et des tableaux his- toriques de I'Asie de M. Klnproth. Z* 354- — * E.ssai sur le pali , lan^ue sacree de la presquHle an dela du Gange , avec six planches lithographiees, et la notice des rnaniiscrits palis de la bibliotlieque du roi ; par E. BuR- ■sovv et Chr. Lassen, mcmbres de la Societe asiatique de Paris. Paris, 1826; Dondey-Uupre pere et fils. In 8° de 228 pages ; prix, 12 fr. Ce volume fait 1111 grand honneiir a la Societe asiatique de Paris, et surlout a I'eruclilion profonde, a la patience ct a la rare sagacitc des deux jeunes auleurs; il est divise en quaire cbapitrcs : le premier Iraite de ['importance du pali et de I'elat des connaissances des Europeens sur ce sujet; le second est consacre aux alpliabels palis; le troisieme, aux caractercs prammaticaux du pali et a I'histoire de son originc. Les re- chercbes sur les manuscrits indiques dans le titre ferment un curieux appendice, et le volume est terminc par une table des inots palis, avcc la version francaise el par les six planches lithographiees. Voici les principaux resultats de tout I'ouvrage hislorique : 1" Im pali{ nom dont I'elymologie reste inconnu j de.signe la langne religieuse et scienlifique de I'ile de Ceyian et de toute la presqu'ile de I'lnde au dela du Gange ; 2" celte langue est un ancien dialecte du Sanskrit, prcsqiie identique avecle dialecte moderne du rnagudh ou du Behar , contree du Bengale oil naquil Bouddha , 1000 ans avant notre ere ; 3° cet idiome fut apporte a Cleylan dans I'etat de langue niorte , des le quatrieme et le cinqtiieme siecle avant J.-C. par des Boud- dhistes , beretiques indous emigrant pour se soustraire aux violentes persecutions des Brahinanes. L. 355. — * Exercices orthograpkiques , ou Cours pratique et theorique d'orthograpbe usuelle , par M. Bonifack , institu- teur. Paris, 1826; Maire Nyon , quai Conti , n° 8; I'au- teur, rue de Tournon , n° 33. — Premiere partie , premier cahier : Vocabulaire des mots a difficultes orihographiques. In-i8; prix , 70 c. — Deuxiemc partie : Orlbograplie , dite d"usage, enseignce par des regies fondees sur la raison et sur I'analogie. In-i8 ; prix, 70 c. Je ne parierai pas ici de la premiere partie du cours de M. Boniface. La metbode des cacographies a ele depuis long- tems blaiuee par de bons esprits , el je suis etonne que I'au- teur I'ait adoptee. La seronde parlie merite loute rattenlion des graiiimairiens : elle est extraiie d'un grand ouvrage dans lequel M. Boniface a consigne , avec les reniarques transmises LITTERATURE. 765 par ses predecesseurs , les observations qii'il a pu faire lui- meme pendant dix annees de recherches et d'enseignement. On pense generalemcntf]uerorthographeabsolue,ditcd'iisage, ne peut guere s'acquerir ([u'a force de lire et de conipulser Irs dictionnaires. C'est contre cette opinion que notre graminai- rien s'eleve aujourd'liui : rassembler des mati'iiaux disseniines dans une foule d'ouvrages, organiser une science qui etait pour ainsi dire a f'aiie , I'appiiyer sur des bases solides , etablir des regies fixes dans des choses soumises a I'usage, poser des principes invariables et en deduire des consec|uenres rigoureuses , telle est la tache qne s'est imposee M. Boniface, et dans laquelle il a roussi, du nioins en grande jiartie. Tontes les regies generales d'orlhographe absolue rentrent dans cintj classes : les regies generales, celles de famille ou de derivation, celles de transformation, celles de localite , et celles d'analogie. Ces jn-incipcs gcneraux ctant etablis et explif]ues, M. Boniface parcourt successivement les voix , les accens et les articulations , et il examine en detail comment ils peuvent et doivent etre represeiites dans I'ecriture par les voyelles, les signes d'accens et les consonnes. Les regies qu'il prescrit sont an nombre de cent (juiuze , assez conrtes, faciles et sujeltes a peu d'exceptioiis. Tout en rendant justice au merite et au savoir de M. Bo- niface , je ne puis me dispenser de faire observer qu'il n'a pas envisage son sujel en grand, et que son ouvrage jieche par le plan general, qui n'est pas assez conforme a I'ordre logique. Les details lalssent aussi quelque chose a desirer. Pourquoi ne inultiplie-t-il pas le's exemples qui cclairent toujours raieux que les preceptes ? Pourquoi , lorsqii'il ne cite qn'un ou deux mots a I'appui des regies, accumule t-il dans les exceptions une foide de mots barbares et inusites , que I'enfant aura beau- coup de peine a apprendre et qu'il oubiiera promptement ? Pourquoi n'a-t-il ])as groupe les regies autour de quelques points fixes, au lieu de les astreindrc a sulvre I'ordre alpha- betique et I'ordre des chiffres qui n'olfrent aucune ressource a la memoire ? Quoi qu'il en soit de ces legeres observations , il faut savoir gre a M. Boniface d'un travail enlrepris dans I'interet de la jeunesse, et le louer d'avoir si bien reussi. vSon traite d'or- lhographe usuelle , sera apprecie par tous ceux qui desirent voir multiplier les moyens d'enseignement , et qui jugent du merite d'un livre par sou utilite. Leterrier. 356. — * Traite de versification latine a I'usage des classes 766 LIVRKS FRA.NCA.1S. S(ip^rieures , par L. Quichfrat, ancien prot'cssctir de rli.-to- rique. Avec cette epigraphe : Unde parentur opes : quid alat, formetqne poetam; Quid deceat, quid noQ : quo virtus, quo ferat error. HoRA-T. Ars poet. Paris, 1826; Bredif. In-12 de xiv et 244 P- > prix, 2 it. 5o c. U ancien professeur de rhetorique , auteur do cet excellent traitc , est un jeiine homme en ctat de rendre encore dc longs services a I'Universite , qui dans son propre interet ne lui iaissera pas sans doute conserver avatit le teins les appa- renccs d'un ('infirite. Du reste , cette qualification de I'auteur pourrait d'autant plus facilemcnt faire illusion sur son age, que ce livre est surtout remarqnable par I'experieuce con- sommee qu'il suppose dans le genre d'enseignement dont il traite. Cette partie des etudes classiques , lorsqu'on sail la faire gouter anx jeunes gens , devient pour enx I'une des plus agreables; elle sert souvent a faire cclore des talens dislingues, et toujours a former I'oreille et le gout au sentiment de la poesie. Sans doute , nne predilection trop exclusive accordec a ce genre de travail , offre beaucoup d'inconveniens ; mais il V aurait trop d'injustice a I'exclure , en lant qu'il favorise la lecture et I'inlelligence des poetes. M. Quicherat s'est applique a faire connaiire aux jeiines gens , par unc multitude d'obser- vations et d'exemples, tous les accidens du langage politique, ,toutes les formes qui le rendent propre a donner du di'j^ve- lopperaent et de I'eclat aux idees , I'emploi legitime et Tabus de toutes les licences de syntaxe et de versification, de loutes les figures de mots et do pensees dont il est susceptible. Un gout tres-pur, d'innombrables souvenirs des meilleurs auteurs, et une grande sobriele de paroles dans I'expose des regies et des remarques critiques , sont des merites que sauront apprd- cier tous les maitres et les eleves intelligens qui ferorit usage de ce traite. Nous en appellerons poiirtant a I'auteur lui-iiieme sur une seule de ses observations , que nous trouvons un peu trop rigoureuse envers Yirgile : « En defendant de finir un vers par un monosyllabe , dit-il , nous avous d'avance con- damne la cesure au sixieme pied. Exemple : Turn pietate graved ac mentis si forte ■virum qaem Couspexere, silent. II nous semble que la regie a tort devant une telle excep- tion , et que I'cffet admirable de la conpe du second vers, J remarqu6 ailleurs j>ar M. Quicherat , est parfaitement prepare LITTilRATURE. 767 par le tour un pen irregTilier du premier. — Mais nous n'avons encore parle <|iie c)e la premiere division de ce livre , ou se Irou vent reduites en 124 pages seulement , toiites les meilleures observations sur la forme et le ycnie du style poeliqne des latins, de maniere a intt'resser les lecteiirs les plus habiles . ainsi qu'a fortifier singulierement rinstruclion dc la jeiinesse dans cette partie. La seconde division , d'une egale etendue , Iraite de toutes les varietos de la ractrique latine, et sera peut- etre ]>Ihs utile encore. Par une etrange negligence, il arrive ordinairement dans les classes qu'api'es avoir fait tourner anx eleves des milliers A'hexametres , et quelques douzaines de pentametres , e.t meme apres leur avoir fait expliquer et ap- prendre par coeur les odes d'Horace , on les laisse terminer leurs etudes sans qu'ils comprennent rien a la structure des ■vers et des strophes lyriques ; et , comme on oublie malheu- reusement aussi de leur faire lire Terence , I'lambe draraatique ne se distingue pas davantage pour eux de la sim])le prose. II n'en couterait pourtant que peu de prcceptes et quelques exercices faciles pour les familiariser avec ces differentes formes de versification , dont I'ignorance leur fait perdre tant de beautes , surtout dans la lecture des lyriques. Mais on man- quail d'un bon manuel approprie a cet objet : M. Quicherat y supplee , dans sa seconde partie , d'une maniere aussi claire et aussi precise que savante et complete. Nous nous plaisons done a reconnaitre que , par cet ouvrage, il rend un veritable ser- vice aux eludes frangaises ; et , s'il existait ," ce qui serait fort a desi^er, plus de commerce enire les diverses nations pour I'echange des meilleures melhodes d'enseignement , nous se- rions peu surpris de voir ce petit livre repandu et adopte a I'etranger aussi bieh que dans nos colleges. V — g — r. 357. — Leltres sur la rhetorique , dediees a M"^ Blanche de I'Aigle; par A. Carbon. Paris, 1826; Dondey-Dupre. In-S"; prix, 3 fr. 5o c. M. Carbon n'a pas pretendu donner un tralte qui ajoutat aux forces de I'esprit humain , en reculant les bornes de I'art d'ecrire; il a fait seulement ce qui avait ete fait pour la mylho- logie, et raemepourdes sciences plus arides. Mais, en s'adressant specialement aux femmes , qu'on suppose ne s'etre pas occupces deretudedeslangues,onse condamne a tirerdes seuls ouvrages francais tous ses exemples. Du moins, I'auteur en a fait un heureux choix, en montrant neanmoins pour Bossuet et Mas- sillon, pour Jean-Baptiste et Racine, une predilection qui I'a entraine a negliger d'aulres grands ecrivains. , En rangeant ses lecnns, ou ses chapitres, sous le litre de 768 LI V RES FRANC AIS. Icttrcs adressePi a nne femnie necessaiien>crit jeune et duuce, aiiiiable et geni' reuse , jolie et spirituelle, il parail difiicile d'eviter quelqucs fadeurs. Mais M. Carbon en est moins pro- digiie que la pliipart de cenx iju' le prtcederent anpies des Emilie et des SopLie. Rarement, inais qiiclqiiefois pourtant, il compare ia maniere de distiibiier les j)arties du disconrs a rarrangemenl que le gout exige dans uii cabinet de toilette; rarement, mais quelquefois , une rose lui rappelle ie teint de M"'' Blanche; rarement aussi, mais quelquefois, il dit a ses lectrices : je vais ni'enipresser de vous faire connaitre un nior- ceau que vous connaissez deja ires-bien. On pounait deiuandei' a M. Carbon comment des leitres , ou des notes qui, selon lui, ne n>eritaient pas d'etre presen- tees a M""^ Blanche, ont mcrile d'etre presentees au public, ou en general aux femnies qui nieltent cjuelque importance a la culture del'csprit. Au leste, eiles ne jugeront pas aussi seve- reiuent un livre (jui ne sera i)as sans utilile. Si ces sortes d'ou- vryges, abondans en citations, ne paraissent pas avoir coutc beaucoup de travail, du moins celui-ci est redige avec un soin judicieux. Nalurellement I'eloge doit s'y rencontrer plus sou- vent que ie blame; mais enGn des occasions s'y son! presentees de citer sans approuver : Bossuet lul-meme y est critique , pour avoir risque une sorte de hardiessc qui luanque en effet de la dignite convenable dans des oraisons funebres, et si souvent observee dans les siennes. Ces lettres, d'une longueur assez egale, ont chacune pour objet une des parties de i'art du rbeteur ou plusieurs parties secondaires. Rien d'essentiel n'y est oublie sans doute, puisqu'on y trouve jusqu'a la disjonc- tion, la conjonction et I'hypotypose. Les divers genres de su- blime occupent seuls quatre lettres. S. 358. — * UEuvres de Macrobe, traduites par C.-H. De Rosoy, ancien censeur adjoint au prytannce deSaint-Cyr. T. L Pans, 1827 ( 1826 ); Firmin Didot. In-8° de 5io pages avec deux planches ; prix , 7 fr- Macrobe est un auleur latin du v""* siecle de I'ere chreiienne. On voit, par ses ouvrages, qu'il etait fort verse danslalangue grecqiie et la langue latine, dans I'histoire et les antiquites , qu'il aimait a recueillir en vers et en ])rose les opinions, les fails relatifs a I'ancienne religion, les petites anecdotes, les bons mots, les trails de moeurs, les etymologies grecques et iatines, et des questions de grammaire sur les deux idiomes qu'il connaissalt. II a ecrit particulierement sur les systemes de religion philosophique, astrologique, sur les pratiques et les thi^ories de la religion tant secrete que popuiuire de I'ancienne LITTfiRATURE. 765 idolJktrie, sansjnmais dire un mot du christiardsme. C'est dans- c«fle disposition d'espritque, vonlant travaiiler a former I'es- })rit el le canirdeson filsEustaclic, il composa trois ouvraees qui sont parvenus jusqu'a nous: i" un commentaire en deux livres sur le fragment de Ciceron , intitule ;/e Songe de Sci~ piofi ; 2° les Salurnales en sej)t livres, espece de repertoire religieux et litteraire, dans lequel il a recueilli d'anciennes opi- nions et d'anciennes pratiques religieuses , des dits et fails meraorables , et des extraits de livres, j)en connus m^me de son tenis; 3° un petit traite des differences et des analogies entre les verbes grecs et ?es verbes latins. Jusqu'en 1795 , Macrobe ne fut guere connu et consulteen France que par nos erudits; et jamais on ne I'avait traduit en langTie francaise. Mais, Dupuis, dans ses volumes intitules: Online de tous les cultes, fit un grand usage des Merits de Ma- crobe, et s'en aida particulieremnnt pour reduire toute la theologie au culte du soleil, en quoi , de meme que Macrobe , ii a de beaucoup excede la verito hislorique. Alors , Macrobe fut rccberche en France, on pourrait dire en Europe ; on vou- Iiit consulter sestextes, et Ton desira en avoir une traduction francaise. On s'attendait a posseder bieritot celle que M. Ma- hul a pi'oparee; mais il a ete prevenu pa!* M. de Rosoy, dont le travail merite a un hant degre I'estime publique. Nous arons examine son premier volume avee beaucoup d'attention, et reconuTi que sa A'ersion est savanfe, claire, elegante et fiilele. Sans doute, il obtiendra nne place distinguee dans la plupart des bibliotheques. LaNjuibtais, de I'Institut. 359. — * GEuvres completes de Marie-Joseph et d' Andre Chk- Nip.R , revues, corrigees, augraentees et mises en ordr.e par M. Z>.-C/'. RoBEBT. 9""= et lo""" livraisons, composees des OEk- vres anciennes d' Andre Chemf.k {Melanges et Politique) et du T. V des OEiivres anciennes de M.-J. Chenier ( Politique'']. Paris, 1826; Guillaurae. a vol. in-8°; prixdechaque, 7 fr. 5oc. pour les souscripteurs , et 9 fr. pour ies non-souscripteurs ( Voy. Rev. Enc. , t. xxx, p. 816-819 ). Cette belle edition des osuvres des deux Chenier est deso^'• mais complete (i), et le rapprochement curieux des deux vo- lumes qui la terminent meriierait seul d'oceuper plusieurs pages dans noire recueil, si nous ne devions de preference les consacrer al'exaraen desouvrages nouveaux qui se pressent , , (i) 11 faut y joindre un portinil de M.-J. Chinier, delivre gratis aitx isouscripteurs, et qui se veatid 10 fr. k ceux qui n'ontpas souscrit. T. ssxir. — Decemhre 1826. 5o 77« LIVRES FRANCAIS. a I'epoqne du renouvellemcnt de I'annee. Ce rapprocliement, nous invitons nos lecteurs a le faire, et nous pouvoDS les assu- rer d'avance qu'ils y trouveront un grand intcr^t. II n'y a presque rien de lilitraire dans ces deux volumes, et nous en aurious meme place I'annonLe dans notre sectioa des Sciences morales etpoUtiques , si le nom des deux auicurs ne reveillait pas surtout des souvenirs poeiiques. Des peiisees d'nne autre nature se raltachent encore aujoiird'hul a Icurcar- riere publique; nials ils n'ont rien que d'honorable, et nous avons vu la caloninie reduite au silence devant les fails que de coiirageux defenseurs ont apportes pour venger la memoire des deux freres^ egaleuient outrages par I'odieux soupcon que Ton a voulu faire peser sur I'un d'eus. De nouvelles preuves en favcur de cette verile ressortent de la lecture attentive des divers ecrils politiquesechappes a la plume de Marie - Joseph et a celle d'Andre Chenier. Nul doute qu'a une autre epoque, et dans d'autrcs circonslances que ceile ou ils ont vecu , il n'eut existe entre les deux freres d'aulre dissemblance que celle qui devait resultcr naturellement de la difference de leur genie ; I'un aurait emprcint ses cieuvres de cette energie qui embrasait son ame et de cet esprit jjhilosophique qui reglait sa raison , I'autre aurait marque les siennes du cachet de la grace et d'Tine douce sensibilile. Le premier, nous le croyons, dans quelque position qu'il se fut trouve, aurait ecrit pour eclairer et in- slruire ses compatriotes ; le second, pour leur transmettre scs sensations, toules aussi pures que celles de la J eune Captive dont sa lyre melodieuse a redit les plainles si touchantcs. Mais, jetes tous deux dans une sphere orageuse, ati tourbillcr. de laquelle la nullite seule pouvait echapper, le choc violent des passions et des interets divers qui froissaient aiors la societe a du faire ressorlir davantage I'opposilion de leur caractere. Cependant, tel n'a pas ete le dissenliment de leurs opinions politiques qu'on put etablir entre eux une ligne de demarca- tion bien prononcee et les placer, coinnie on a cssaye de le faire, dans deux partis entierement opposes. Certc, I'aiiteur du pucine intitule le Jeu clePaiimene pouvait etreun cnnemi de la liberie; mais un de ses amans les plus desinteresses fut sans doute ce- iui qui ne s'abaissa pas devant le pouvoir qui allait la metlie au tombeau. Si quelque niiance s'est fait renaarquer danslcurs discours et dans leur conduite , il faut done la cherclier dans la difference de leurs jicnchans. L'ame honnele et simple d'An- dre, assez eclairee pour vouloir le bien de sa })ntrio et pour voir qu'il ne pouvait exister avec Ic regime qui !a gouvernait , a pu cependant se laisscr cffraver , n Taspert dt-.s jraclinus vio- LITTER ATURE. 771 lentes et des inalheiirs inseparables d'une lutte aussi pronon- cee entre «n nouvel oi-dre de choses et un systerne oppose, qui avail pour lui la sanction dii tenis; I'ame energique de Marie- Joseph Chenier fut nioins exposee a prendre le change sur les veritables intentions des enneinis naturels de la Revolution, et partagea plus franchement et avec plus de secnrite les espe- rances qu'elle devait faire naitre, malgre les exces de ceux qui trahissaient !a liberie en feignant de la servir. La distinction que nous venons d'etablir, on la trouvera sans doute suffisam- inent justiiiee par I'exanien de la Lettre d'Andre Chenier au Journal de Paris sur la Societe des amis de la ConstitutioniV oy. ses OEuvresanciennes, p. i57),etdelaRej)onse deM. -J. Chenier inseree au Moniteur du 4 raars 1792 (Voy. ses OEuvres anciennes, t. V, p. 21 ). C'esl de cette epoque que datent les legeres discus- sions politi(]ues qui s'eleverent cutre eux et qui les eloigne- rent I'un de I'autre pendant quelques niois. L'injustice et I'a- niniosite des partis ont essaye depuis de profiler de cetle querelle pour caloninier egalement, nous le repetons, la me- moiredes deux IVeres, rehabilitee aujourd'hui devant le tribu- nal de I'opinion publit[ue par les temoignages les plus irrecu- sables et les voix les plus ^loquenles. Les soins d'un editeur instruit et zele viennentd'elever aux deux Chenier nn monument digne de leur gloire et de nos hommages. Ne les separons plus desorinais dansnotre ebtiine et dans nos souvenirs , et que chacun d'eux recoive de nous le ti ibiil d'eloges qui lui est du , I'un pour sa candeur et sa bonte, I'autre pour son devoument a la cause du ])eup!e, tous deux pour leur courage civil et leurs talens lilteraires. E. Hereau. 36o. — * L'Eloge de la Folie , par Erasme; traduction nouvelle, par C.B. de Panalbe. Paris, 1826; Rorel. la- 8" dp IV et 270 pages; prix , 6 fr. Les ouvrages d'Erasine ont eu le sort de tous ceux qui ont ete <'crits par les modernes dans unelangue morte : les Scaliger. les Rnpin , les Vuniere sont , comrae Pctrarque dans ses oeuvres latines sur lesquelles il fondait I'esperance de toute sa gloire , au meme rang a pen jires que noire Polignac avec son Anti- Lucrece. On ne pardonne guere, et Ton a raison, a ces ocri- vains qui , incapablcs de faire quelque chose de neuf dans leur langue , s'imaginenl suppleer a ce defaut d'invention, en enfilant des phrases dctachees de Virgile ou d'Horace, 'le Plaule ou de Terence. Qu'iis se resolvent done a n'etre jamais Ins que par des erudils; les gens du raonde n*y perfiront pas graud'chose. Cependant , dira-t-on, si quelque honiaie dc 772 LIVRES FRANCAIS. lalent s'est scrvi d'nne laiigiic morte, s'il a exprimc dcs pen- sees fortes et philosophiques, dans un cadre agreable et sous dcs formes loujours eu'gantes , le condamrierez-vous sans appel seuleinent pour n'avoir pas employ^ I'idiome de son pays? Je ne le coiidamne pas; j'expose les faits : Erasme liii-meme, dont je viens d6 tracer le portrait , lu'est pas lu : ce n'est pourtant pas faute de gaite, ni de hardiesse, ni de pliiloso- phie; raais ses ouvrages sont enveloppes dans la proscription gencrale qui pese sur les auteurs latins modernes : le nionde ne les lira que dans des traductions. 11 serait, an reste, difficile de renconlrer niieux en ce genre que le travail de M. de Panalbe. UEloge lie la Folie est sans contredit I'ouvrage le plus gai d'Erasme, quoiqu'on puisse lui reprocher quelques longueurs. On sail quel en est le plan. La Folie, apres s'etre excusee de faire elle-meme son cloge, assure qu'elle seule rend les hommes heureux : et pour le prouver , elle passe en revue toutes les conditions : en effet , depuis ceux qui se livrent avec ardeur a la cliasse, aux jeux, aux beaux-arts, jusqu'a ceux dont les sciences font I'occupalion speciale; depuis les theologiens et les moines jusqu'aux rois et aux princes, aux eveques et aux papes, quel est rhomme qui ne se rend pas ridicule par I'es- time exclusive qu'il porte a ses travaux ou a sa personne ? Quel est celui qui ne trouve pas son bonheur dans cette vanite puerile? La Folie avait done une vaste carriere. Erasme s'est rendu son digne interprete , en repandant sur tout son ouvrage wv.c gaite et une philosophie bien rares de son tems : c'est surtout en parlant des theologiens, des moines, des rois, des cardinaux et des papes, qu'Erasme montre a la fois une raisoa profonde et un grand courage. Toutefois, nous ne saurions partager les craintes que semble concevoir le tra- ducleur. Loin de nous , s'ecrie-t-il , I'idee de nous associer a ceux qui exploitent le scandale '. . . . nous protestons d'aiance contrc toutes autres interpretations , si le malheur dcs circon- stances voulait que I'on en fit qui nous fussent defavoraldes. Oil en serions-nous, bon dieu! si la traduction d'un livre aiissi innocent que celui d'Erasme etaii; appele un scandale ; fi un traducteur n'avait pas seulement k repondre de son interpre- tation, mais encore de celies que Ton en pourrait faire! B. J. 3Gi. — * Lettres de madame de Sevigne, de sa famillc et de ses amis; avec portraits , vues et /he simile. Paris, 1820 ; J.-.T. Blaise. 10 vol. in-8" de aoo a 400 pages chacun. 362. — * Meinoires de M. de Coulanoes , suivis de Lettres inedites de madame de Setigne, de son fils, de Cahbc de Coulanges, d' Armiuld-d' Andillj, A' Arnauld-de-Pomponnc , LlTf^RATURE. 773 de Jean de La Fontaine , et d'aulres personuages du meine siecle; publies pai- M. de MoWMERQDii, conseiller a la Cour royale de Paris. Paris, 1820; le inerae. i vol. in-8° de xii et 5i2 pages. Prixde ces oiize volumes qui contiennent ensemble 9 portraits , i5 vues ct ii fac simile : 100 fr.; satines, 1 10 fr.; papier velin, figures lettres grises, 200 fr. — L'edltiou in- 1% formant i3 volumes avec 4 portraits^). ^ fac simile ^n vend 42 fr. ; sur papier velin, 84 'r. 363.- — * Lettres (le madaine de Sevicne, de sa f'amille et de ses amis: Lettres inedites , portraits, vues ei fac simile. V^ livraison. Paris, i8a6; J.-J. Blaise, rue Ferou Saint-Siil- pice, n" 24; prix de la livraison, 6 fr.; et 12 fr. sur papier velin. II y aura trois livralsons. ' L'edition des leltres de M""^ de Sevigne, publiee en 1820, par M. Blaise, doit aux soins d'un editeur consciencieux et aux notes inleressantes fournies par MM. de Monmerque et de Saint- S urin le succes honorable qu'elle a obtenu. Le sup- plement offert anjourd'hui aux acquereurs des onze premiers vohimes completera leur collection de portraits et de fac simile , et leur procnrera quelques additions nouvelles de lettres encore inedites. La premiere livraison, qui est dejk mise en vente, se compose du portrait de M"^ de Coulanges ^ de la vue du chateau de La Seilleraye, et des./ac simile de T^crilure de M™«« de Coulanges et de Villars. u. 364. — Voyage de Chapelle ef Bachaumont , suivi de leurs Poesies diverses; du Voyage de Langitedoc et de Provence, par Lefranc de Pompignan ; deceluid'^/>c;««epar Desmahis; de celui du chevalier de Parny ; precede de Memoires pour la vie de Chapelle , d'un Eloge de Bachaumont , et d'une Preface par de Saint - Marc Paris, 1826 j Constant-Lctellier. In-S" de IX et 332 pages; prix , 7 fr. pap. saline; sur velin, 14 fr. II se trouve des gens qui rep^tent d'un air capable : « Ce qiie je n'aime pas dans Boileau, c'est qu'on y sent trop le travail : ce qui me deplait dans Racine, c'est la peine qu'il se donne pour acquerir une telle perfection de style. « Bien raisonne ! excellens Aristarqucs! Lisez done Chapelle et Bachaumont ; vous trouverez des vers qui n'ont pas coutc grand travail : jugez-en par cette description d'unrepas : La denx perdrix furenl tirees Dentre les denx croutes dorees D'un bon pain roll, dont le crenx Les avail jusque-la seirees, Et d'na appelit vigonreux 774 LIVRES FRANCAIS. Toutes deux fureut devorees £t nous iirent mal a tous deux. Voiii\ ce que , sur la parole des autres , nous regardons connne un bon ouvrage. Voila I'heureuse negligence que des critiques d'un gout inoderne opposent avec confiance aux chefs-d'oeuvre de notre Parnasse! Mais, que dirons-nous des vers imprimes a la suite de ce Voyage, et places sous le nom denos poetes voyageurs? Rien, si ce n'est qu'ils deviendront , pour ceux du moins qui ies li- ront, le tombeaude la reputation poetique des deux epicuriens. On y a joint trois autres relations de voyages. La deruiere est la seule quioffre quelques details en harmonic avec nos inoeurs : I'hoireur pour I'esclavage , Ies senlimens d'hnmanite et de pi- tie pour Ies negres qu'il trouvait a I'lle Bourbon, on( inspire aParny des vers dignes de lui; mats son ton contrastc olran- gement avec la gaite pretenlieuse des auteurs precedens. Si I'cditeur voulait dans ce genre donner aux lecteurs qnelqne voyage reelleraent gai, el que la philosophic et I'elegar.ce du style rendissent egalement agreable a tout le monde , 11 avait le voyage de Voltaire a Berlin , et cclui de Cresset a La Fleche : du moins , ces spirituelles productions lui auraient epargne Ies trop justes critiques que nousadressons aux auteurs dont il a recueilli Ics opuscules. B. J. 365. — * Voyage dans lemidide la France ; par M. Pigault- Lebrun , et M. /^ictor AuGiER , avocat , membres de la Socicte philolechnlque. Paris, 1826; Barba; Ambroise Dupont. In-8°; prix , 5 fr. Les romans et Ies pieces de theatre de M. Pigault - Lebrun sont generalement connus et apprecies. Depuis quelques an- nees il travaille a une Histoire de France , dont cinq volumes ont dejc^ ete publics, et ou le merite du fond est releve par le style original et piquant qtii caracterise les autres productions de rauteur(Voy. /?e('. £/2c,, t. xxiv, p. 461, et t. xxxi, p-A??)- Le Voyage que nous annoncons n'est sans doute qu'une distraction , au milieu de travaux plus serieux ; mais , si M. Pi- gault-Lebrun et M. Victor Augier, son gendre, ont eu princi- palement en vue leur plaisir en entreprenant ce voyage, il est juste (le reconnaitre que, dans le recit qu'ils en font, lis n ont point oublie celui du lecteur. La peinture des mceurs moridio- nales, la descrijjiion des inonumens qui abondent dans les i>ays qu'ils ont parcoiuus; des anecdotes curieuses , des episodes inleressans ; cnfin , des hypotheses neuves et ingenieuses sur les revolutions du globe cpii ont pu changer la nature et I'as- litt£ratlre. 775 pect des lieux qu'ils ont visites : tels sunt Ics objets f|ui (out la niatiere de ce volume. Les auteurs, suivaiit un usage qui sem- ble avoir ete cons;icre pour ces sortes d'ouvrages, oiU rnele leiir relation de prose et dc vers. lis ne nous ont point mis ditns le secret de leur composition , et dela part que chaciin d'eux a pu y avoir. Mais, s'il nous est permis de soulever ce voile , nous dirons que la prose vive, legere , quehjuefois meine un peu brusque, et toujours seinee de traits heiireux ou de re- flexions philosophiques , semble porter lecnchet particulierde M. Pigault-Lebrun et traliir sa maniere habituelle. Si nous ne nous trompons pas dans notre conjecture, les vers seraient done de M. Augier; et, s'il y en a quelques-uns dont les pen- sees sont pent - etre un peu trop communes, il y en a aussi de tres-spirituels, et tournes tres-elegamment. Partis de Valence, le 4 septembre dernier, les voyageurs ont parcoura successivement Monteliraart, Orange, Carpentras , Avignon, Aix, Marseille, Toulon, et sont revenns parNimes, le Font-Saint- Esprit, Viviers et Rochemaure. Les antiquites roniaines d'Orange, et surtout celles de Nimes auxquelles oii ne peut rien comparer; les beaux etablissemens publics que renferme Avignon; I'admirable fontaine de Vaucluse ; Aix et son ecole de droit; Marseille et la Mediterranee; Toulon, son port, son bagne, sou arsenal ; Viviers el les anguilles du Rhone; Rochemaure et les traces de volcan qu'offrent ses en- ■virons; voila sans doute de quoi piquerla curiosite du lecteur. Nous ne jiouvons qu'indiquer rapidement les objets que les auteurs tie ce voyage passent en revue. C'est dans leur livre qu'il faut en lire la description. Ce livre n'est pasde ceux qui promettent plus qu'ils ne tieanent. On y trouve a la fois du plaisir et de I'inslruction. I. 366. — * OEuvres poetlqiies de M"" Dufrenoy , precedees d'une notice sur sa vie et ses outrages, par M. F.-A. Ja\'. Paris, 1827 (1826); Moutardier, rue Git-le-Coeur , n° 4. In-S" de xLviii et 842 pages, avec nn portrait et des vignettes; prix, 10 fr. et II fv. 5o c. par la poste. M"'= Dufrenoy s'est attachee surtout au genre dans leiquel Pamy, auteur divin a ses yeux, lui paraissait avoir egale Ti- bulle; mais en suivant leurs traces sans les imiter precisement, elle a ouvert, scion ses propres expressions, un nouveausen- fier a I'elegie. Des treize livres qui fornient ce recuei! enfin complet, quatre contiennent des epitres, des romances , des odes et A&wx poi^mes de peu d'etendue, dont le premier a ete couronne par I'Academie francaise; les neuf autres livres se composent uniquement ^elegies. A rexccptioa de six qui 776 LIVRES FRANC AI5. n'avaient pas «J(e impriinecs, dies sojit Irop coiuiiies poor qu'il soitbesoiu deciter quelqoesuDS de cesancieiis inorce.iiix, luodeles d'une purete classique, et d'un seutiinent naif, on d'unegrdce variee. ludj^pendainment de la heautc dc I'execulion typograpbi- que.deux avantages distinguent cetle edition de celles qui ont j)i«5c^de ; ce sunt des pieces jusqa'alors incdites, et ia notice placee en tete dii volume. Cette notice est de M. J;iy ; des liens de famille Iiii fournissaient a cet egard les renseignemens Ics plus sfirs, et il en a fait , avec concision , un choix judicieux et sc'vere. A lajustesse, a la correction elegante, au gout a lu fois nature! et raiscnne, qui distinguent les ecrils de M. Jay , se joignent ici un interct parliculiei", uae nuance de trislesse indirectement expriraee, un regret ineffa^able our... retracer les scenes diverses d'une vie con- stamment agitee, ses alternatives de bonne et de mauvaise fortune, ses longues peines,... pour nous devoiler le mystere des creations po(5liqucs qui ont fait sa gloire plus que sou bonheur. s Les observations sur la vie et les ouvragesde M"i^ Dufrenoy, et le discours remarquable prononciS sur sa tombe par M. Tis- sot, font bien connaifre le talent eleve,les belles qualites, Its inclinations , les habitudes de la rivale de Calulle et de Painy: A la place des memoires dont elle n'avait ccrit que les premiers feuillets, on possede du moins Textrait de ce qa'elie y eutinst're, exlrait sans doule aussi fidele quon pouvait le Jenter en trente pages, et en n'ayant pour secours, exceple ce (|ui concernait les annees voisines de I'enfance , c^ue le souve- nir de conversalious coufidcnlielles , ou quelquesTioles lltlc- raires. Ledilionacluellerenferme, de plus quecellc de.1821 , Ircize pieces qui apparlicnnent pour la piupart aux dernieres annees. de I'auteur. Ce sonl: une vpiire adres^eea sa beile-lijic, ijiitre LITTliRATURE. 777 toute dictce par le coeur, uiais oil i'exugeralion n'etait jjbs a craiudre; une autre epitre ,sur Ic bonheur de i'etude dans les diverses situations; une troisieme, tres-agreablement ecrite, et couronnee a Canibrai, en 1824; une elegie historique inti- fulee : Alcee ; trois autres elegies, la Convalescence, Elle , et a masoeur ; trois odes, a Dieu , CloliUle , et la-rlelivrance d Ar- gos ; des stances elegiaquesaM. C; d'autres stances a Beranger, avec ce doux refrein : Mes vers , soopirez sa disgrace ; Comme ou leger zephyr, glissez sous les verroni, Beranger etait alors retenu a Sainte-Pelagie. Enfin, le dernier de ces inorceaux est un poeme de 180 vers, pour ceiebrer le devoument des medecins fraucais a Barcelone. En voici le noble debut : France, terra fecoude en geneieur courages, Tes rois, tes citoyens, tes guerriers et tes sages, S'olfi ent de sieole en siecle a I'univers surpris ; D'une gloire sans tache ils dispntent le prix, Mais les premiers d'entr'eux sout les niortels sublimes Qui , de I'humanite volontaires victimes f De tendresse pour elle out des tresors ouverts. Plus loin , les soeurs de Sainle-Camille Opposant !a priere an poison devorant , ... Vont, jour et uuit, da malade expiraut , Adoucir les douleurs , purifier la couche ; La parole de Dieu, si douce dans leur boucLc, Arrive plus touchante au coeur desespere, Qu'un pur rayou des cieux a soudaiu eclaire. Le sujet de rode a Dieu dlfferait de ceux que M""" Dufrenoy avait Iraites presque generalenient; il est difficile d'ailleurs de concilier le genie pindarique et le talent elegiaque. Cepcndant ou avait deja pa reconnaitre , en 1816, dans I'elegie sur la destruction de Jerusalem , ({ue I'aufeur savait renconirer les pieux accens d'une sorte d'inspiration celeste. Voici quelques. strophes de cetle ode nouvelle : Sous lou ailc. Seigneur, innoceus et trauquilles , Daus un repos sacre s'ecoulaient lous ines jours ; Xes egards importuns, et les devoirs fulLIes jNeu iroublaleni point le cours. Quelqaes essais beureus uie proiuiient la gloire ; 778 LI V RES J RANCAIS. Mais , volage , elle eclinppe au coeur eiiorgiicilli: J'ai vu tie beans, laleiis oflerts a la nifinoiru , Et tombes dans I'oubli. L'ainitie mefixa; vive, tiJele, teiidre , Elle a fait ma verlu dans Irs adversiles; Mais les bonimes, former de ponssleiv et de condrt Sont d'un soufHe einpoiie.s. S'appuyer sur leurs joins , c'est balir sur le salilc ; Le trepas lu'a ravl plus d'un noble mortel. Amilie, gloire, amour, ici-bus riea n'est stable, Dien seul est elernel. 367. — * Amours mythologiques , traduits erar- chie , yporte un caraclere haineux et vindicatif; nne dame de .Sedenart qui , douee de toutes les graces de son viexe, s'est affi- liee aux jesuites et trafique de son amour afin d'obtenir pour ia coterie qui I'emploie des revelations importanfes; enfin, un Clenord, jesuite lui - meme , qui se plaint du gouvernement pour exciter, recueillir et envenimer les plaintes et les impru- dences desautres. Ainsi, i'espionnage se montre sous toutes les formes : hideux et repoussant dans ses vils agens, plein d'at- traits chez M™" de Sedenart, plus sombre, plus cruel rhez les autres, ii est cgalement odieux partout. Quanta la fable du roman, elle est composee avec beau- coup d'adresse : Framond a seduit el epouse la femnie d'un habitant du midi , nomme Ladorel ; cet homme , entre dans la police, se trouve le superieur de Framond , qui ne le connait point et dont il veut se venger a tout prix. II ne reussit que trop bien ; et Framond ayant, par une fausse denonciadon, cause la mort de son fils, dont il ignorait I'origine, decouvre enfin la verite et termine par le suicid« une vie d'opprobre et debassesses. Au reste, les autres espions de loutordre triom- phent , et ce sont les gens de bien qui perisseut. En comparant ce roman a ceux que M. de Lamothe-Langon a deja publics dans le ni^me genre, on ne pent meconnaitre on T. XXXII. — Decembrs i8a6. 5i 786 LIVRES FRANCAIS. progres sensible : des caracteres traces d'une main jjIus ferine, beaucoup plus d'art dans le jeu des eveneiuens, et par conse- quent tin interet toujo\irs croissant ct bien superieur k celui qu'on trouve dans M. le Prejet et dans la Province a Paris : qu'il noas soil cepeiidant pennis de rappeler a I'auteur qu'en litteralure, c'estsurlout le style qui fait vivre long-tenis. Con- seillons-lui aussi de ne point viser obslineiiient aux quatre vo- lumes qui paraissent etre de rigueur dans nos romansactuels, comnie cinq actes dans nos tragedies. B. J. 375. — * Le Rocker, ( roman nouveau , par une dame alle- mande ). Paris, 1827; Achiile Desauges, rue Jacob, n° 5. In-iade VI et286pages;prix, 4 fr.(Se vend au profit des Grecs.) La scene tie ce ronian est en Allemagne, sur les conBns de la Boheme et du luargraviat de Baireuth, dans I'antique cha- teau de Liebenstein. La relation qui en fait le sujet remonte au xiv* siecle. Lheroine est la jeune et belle Berthe , restee orpheline au printems de son age , et qui avait jure a sa mere jnouranle « de n'accorder sa main et sa foi qu'a nn honrme dont le cceur ne fut ni jaloux , ni inconstant. » Aussi fait- elle subir de longues epreuves au jeune comte Adalbert de .Hochberg, devenu eperdument amonreux d'elle, qui lui pro- met une tendresse exclusive, une fidelile inviolable, et qui succoiube neanmoins aux pieges d'une fort belle veuve, Ma- thlide d'Anspach, coquette adroite qui s'euorgueiilit de son trioinphe. Cependant Bertlie devient la femine d'Adalberl. Mais il est un rocher niagiqne auquel une fee voulut attacher la vertu de reveler en songe a cclle qui s'endort sur son soni- met les pensees les ])lus secretes de celui qu'elle aime. Un ei- niite consulle par Berthe lui fournit ce moyeii dangereux de s'eclairer sur les vraissentimens d'Adalbert. La confiance arra- choe du coeur trop sensible de Berthe lui coule la vie, et son niari, qui n'ctait coupable que d'une inlidelite passagere, ne tarde pas a la suivre dans la tombe. Ce roman , qui renferme plus d'une lecun donnee aux femmes, dont une curiosite iui- prudente et indiscrete cause souvent les malheurs, est ecrit avec simplicite, avec purele, avec grace. La lecture eri est tres-attachante, et la destination que lui a donnee I'aulenr anonyine, donlla prefacenous revele lesexe etia patrie, ajoute encore a son prix. M. A. J. Beaux- jirts. 376. — * Museedes Antiques , dessineet grave par P. Bouil- lon ; dedie au Roi, Paris , 1826. 3 vol. in-folio , papier jesus vi'iin; prix, relie, 75o fr. par souscription. Cariedela Charie, BEAUX- ARTS. 787 libraire-edileur, rue de I'Ecole de medecine , n° 4 ( Voy. Rev. Enc, t. i", p. 5i3.Mars 1819). Quoique cet ouvrage , devenu classique pour les artistes , soit connu et juge depuls long- tems comme une des belles collections de gravuies qui aient ete publiees en France, nous croyons cependant, au moment ou ii vient d'etre termine , devoir le rappeler au souvenir de ceux qui cultivent ou qui aiment les arts. Les trois volumes, dont il se compose, con- tiennent tousles morceaux de sculpture antique qui enricbis- sent les galeries du Louvre. On y trouve aussi les originaux si celebres que noire Musee possedait lorsque cette collection fut commencee et qu'il a perdus depuis ; cette circonstance ajoute un nouveau prix a I'ouvrage et le rend , pour ainsi dire , le repertoire de tout ce que le ciseau antique a laisse de plus parfait. Dans cette immense et magnifique collection, gravee a I'eau- forte , ces statues si belles de proportions ; ces candelabres et ces vases, ces tombeaux et ces autels, si elegans de formes et si riches d'oruemens pittoresques ; ces busies , ces bas-reliefs , tous ces monumens, enfin, qui nous donnent une si haute idee de la purete de gout et de la fecondite d'imagination des an- ciens, sont rendus avec une correction, un sentiment et un fini d'autant plus dignes d'eloges que c'est le meme artiste qui, joignant aux taiens du dessinateur ceux dugraveur,a execute a lui seul un ouvrage aussi considerable. Le texte , qui accompagne cette collection , a ete redige par M. de Saint- Victor , qui s'est aide des conseils de quelques - uns de nos plus celebres artistes. Esperons que M. P. Bouillon , peintre distingue, qui pendant une quinzaine d'annees a consacre a cette belle entreprise son talent et ses soins , en sera dignement recompense j)ar le succes que le suffrage unaniraedes amis des arts doit lui assurer. A — d. 377 . — * Voyage pittoresque et militaire en Espagne [Catalogne) parM. C. Langlois, capitaine aide-de-camp de M. lemarechal Gouvion Saini-Cyr ; precede d'une Notice chronologique, histo- rique et militaire De la Catalogne, et accompagne de Notes ex- plicatives sur les balailles, communiquees par M. le marechal Gouvion Saint-Cjret lesgenerauxZJe Caen,Larnarque,Souham, Petit, etc. Dediea S. E. Mgr. le marechal Gouvlon Saint-Cyr, pair de France. Paris, 1826; Eugelmann et C''=, rue Louis-Ie- Grand, n° 27. Dix livraisons format grand in-folio, composees, chacune, d'une grande bataille, de trois vues pittoresques en- richies de scenes populaires et militaires , et de quatre pages 788 LIVRES FRANCAIS. de texte. Prix de la livraison , 1 2 fr. sur papier de Chine ; 9 fr. sur papier blanc. Lorsque les evenemens poliliques forcerenl rarmee fran- caise a deposer ses armcs, on vit, non sans surprise, une foule d'offJciers qnc la vie des camps semblait devoir Eloigner de fonte autre carriere, diriger Icur activite vers diverses bran- ches d'indiistrie, on se llvrcr a des etudes nouvelles. I'lnSieurs consacrerent leur vie a la culture des arts. M. Langlois est de ce nombre ; il echangea son epee coiitre un ])inceaii : c'(5tait egalement une maniere honorable d'actperir de la renommee ; sous les yeus et avec les conseils de M. H. Vernet, devenu son ami, il ne tarda pas a se faire rercarquer. II avait fait la guerre en Catalogue ; mais, quel (jue fut son desir de voir et d'observer , il ne lui eiait gnere possible de s'eloigner des po- sitions occupees par nos troupes, ni de quitter lescolonnes en marche, sans s'exposer a une niort certaine. Cependant, les progres avauces de la culture, I'industrie etle caractere parti- culier des habitans , uu ciel pur el brulant , des raontagnes imposanies, des paysages riches et varies qui font de la Ca- talogue un des pins beaux pays du monde, kii avaient laisse nn vif desir de revoircette province. II profiia de la derniere guerre en Espagne pour realiserce vceu : avec le setours de M. le general Reizet , gouverncur a Barcelone, il parcourut la Catalogue dans tous les Sens. Pen- dant six raois, il visita tous nos champs de balaille, de 1808 a i8i4 , ainsi que les points militaires oil , sous les marechanx de INoailles et Berwick, et dans des tems plus anciens encore, les Francais se sont illustres ; joignant aux observations d'un militaire experimente celles d'un peintre habile, il a dessin^ tous les lieuxqui se rattacheiit a la gloire de la France, ou qui rappellent des fails memorables. Les dessins, au nombre de quarante , qui doivent compo- ser la collection que j'annonce, ont ele choisis comme les plus interessans. MM. Villeneuve , Joly, Bichebois etautres, auxquels M. Langlois s'est associe jiour les reproduirc par la lithographic, sont des artistes d'un talent reconnu. II a dcja paru trois livraisons de cet ouvrage, el I'oii pent affirmer qu'«lles sont de nature a salisfaire les gouts les plus difficilcs. Les planches qui les composent remplissent bien le litre de cette collection; ce *ont effeclivemenl des vues pitto- resques et militaires, execiJlees avec autanl d'esjjrit que de talent. J'aientendi! des militaires distingues vanter beaucoup cet ouvrage; j'ajouterai a ces eloges que, sous le rapport de I'arl ou de linti^ret des lieux ct des raonumens, les planches BEAUX-ARTS. 789 sont ^galementdignes de I'attention publique. Cetteeiilreprise, dont j'entretlendrai de noiiveau nos lecteurs loisqu'ellp sera plus avancee, iie pcut done manquer d'obtenir un grand suc- ces. — Les editeiirs ne disent pas encore quelles seront les per- sonnes cliargees de faire connaitre , de la meme maniere, les aiitres parties de I'Espagne; niais les materiaiix abondent , et I'on pent s'en rapporter a eux du soin d'en tirer parti. P. A. 378. — * Les Roses ; par P.-/. Redoute , peintre de flenrs ; avee le fexte, par C.-A. Thory. Edition in-octavo. Livraisons 35'°^-39™=. Paris, 1826; Panckoucke. 5 cahiers in-8" conte- nant chacun 4 planches; prix de lalivraison 3 fr. 5o -j. ( Vov. Rev. Enc. , t, xxxi , page 5io). 379. — * OEuvres completes de Palladio; nouvelle edition contenant les quatre livres, avee les planches du grand ouvrage ^Octave Scamozzi et le Traite des Therines; le tout reclifie et complete d'apres des notes et des documens fonrnis par les premiers architecles de I'Ecole francaise; par Chafuy, ex-of- ficier du genie maritime , ancien eleve de \'£c.ole poljtechnique ; et Atnedee Beugnot , architecle de Paris. Paris, 1826 ; Cor- reard, rue Traversiere-Salnt-Honore, n° 33. — L'ouvrage se composera de trente livraisonsin-folio, composees chacune de dix planches et d'environ deux feuilles et demie de teste. Prix de chaque liviaison, 6 fr. 3'aidt'ja aiinonce les dix premieres livraisons decet ouvrage ( Voy. i?ec. Enc, t. xxxi, p. 217 ) ; depuis , il en paru sept autres ; celie entreprise marche done rapidenient vers sa fin. Les sept dernieres livraisons que j'ai sous les yeux n'ont pas moins il'interet que les precedenfes. La variete des edifices que presentcnt les planches est veritablement prodigieuse ; ils of- frent des inodeles et des conseils dont on trouvera souvent a faire une heureuse application. C'esl , dans tous les cas , une etude extremement profitable. Appele a seconder I'opuleuce Tenitienne dans un tems oil cette republique rivalisait de puis- sance avee les plus grands etats, Palladio montre, tout a la fois de la fecondite et de Tinvention dans ses moyens, de la ri- chesse d'imagination dans les details , de la noblesse el de la severite dans le style. Ces heureuses qualiles, il a eu Toccasion de les deployer dans des constructions detout genre ; il a eleve despalais, des eglises , des maisons de ])laisance; il a conslruit des ponts; il fut meme charge d'ordonnerdes fetes publiqnes, comme celle , par exemple , qui fut donnee a Henri III , lors al qui est la base de I'cdition. II rappelle le litre de Consolateur doniie au docleur trcs-cLretien Jean Gerson , chuiioelier (ie I'eglise et de I'Universite de Paris. On sc souvient de la Harangue a Charles VI, dont I'edition de leu M. Bou- Jard a fait connaitre dans ce recueil (voy. Rev. Enc, t. xxxui^ p. /(/(S ), les remontrances loyales, prononcees par Gerson , comine organe de la fille ainee des rois de France. M. Gence n'a pas non plus, en lete de V Iniilatioii ^ imlique le nom de cet auteur, qu'il declare toutefois , dans uiie inscription lapi- daire, etre Gerson , et avoir mis au jour ce livre si consolaiit , sous I'infortune regne de Charles VI. L'objet principal du savant editeur-critique a ete de fixer les variations perpe- tueiles du teste, et de le ramener aux lecons les plus gene- rales des exemplaires manuscrits les plus anciens des divers pays. C'est ce qu'on lit avec interet, dans une preface ecrite en latin , avec elegance et concision. M. Ger^ce parcourt d'abord rapidement et signale les editions des differens siecles, corri- gees soil arbitrairement, soit d'apres un ou plusieurs ma- imscrits , mais presque toujours avec des cliangemens intraduits par un esprit de partialite ou par un esprit de corporation reiigieuse. II expose ensuite son plan, el annonce qu'il a recueilli dans une Description hiswrique , entre beaucoup de manuscrits qu'il ne fait que designer, environ soixante, tant manuscrits qu'tditions anciennes, dont il compare et discule les variantes au bas des pages de I'edition. Ce travail n'a pu etre le fruit que des plus longues et des plus studieuses recherches. Quelques remarques pbilologiques avaient dej-oi ete faites sur X Imitation ; mais M. Gence est le premier qui donne des notes critiques sur le texte , entierement collationne etrevu; elles sont rcdigees avec simplicite et brievete, et nourries, comme Touvrage, des citations de I'Ecriture et des Peres a Tappui des anciennes lecons, et en ouire, des variantes non raoins j)leines d'onction, deVInlerneilc Consolation francaise, qu'il regarde comme un second texte. Sous ces divers rapports , elles ne surchargent ni ne deparent le texte latin d'un ouvrage qui n'est pas simplement un manuel de piete mais un livre emincm- ment moral, et d'une philosophic jugee par M. Boissonade ( Journal de V Empire , 1 2 mai 181 1 ) comme superieur a celle d'Epiciete et de Seneque. Les boriies tie cet article ne nous permettent pas d'enircr dans le d(''tail des manuscrits relatils a la iongue contestation sur I'auleurcisur Touvrage. On tr()uve,a cesujct, desdocumensi LIVRES ETRANGERS IMPRIMIS EN FRANCE. 797 r.urieux dans la Description historique qui precede I'editioti que nous annoncons. li nous suffira de designrr le manuscrit , dit de Gerson , qui, enlre autres raolifs , determine I'attribu- tion du texfe a I'auteurde ce nom. Le manuscrit d'Arone,juge du XV"' siecle , et dont on offre un Specimen parait confirmer cette attribution, l.'edilion de M. Gence coutient una Table ascetique et un Index criticus des matieres trailees dans ces notes. Un Index gramrnaticus des mots et. des locutions termine et complete la critique et I'interpretation du texle. Nous crovons que re volume, sons ces divers rapports, et relativement a son objet, merite d'etre adopte par les Univer- sites de la chretiente , et admis dans les bibliotheques da France et de I'Europe. Louis Barbier, de la Bibliothrque du Cabinet du Roi. 385. — * Das Elsass. — L'Alsace, ou Dgscription historique et topographique des deux departemens du Rhin. Strasbourg, 1826. In-8°, avec des dessins. Get ouvrage est maintenant termine. L'auteur, M. Adf- scHLAGER, 3 pris soip d'cn faire paraitre en lueme terns ime traduction francaise. La liste des souscripteurs, imprlmeo au commencement de ce volume , fait voir quel prodigienx succes a obtenu cette eutreprise, dans un pays ou le i)atriotisme est porte au plus haut degre dans toutes les classes de la societe. Deja nous avons rendu corapte de la partie historique de ce livre (voy. Rev.^Enc. , t. xxv , page a^i); elle presentait, avec moins de secheresse que ne pourrait le faire un simple re- sume , toute la seiie de nos annales. Nous avons aussi fait con- naitre ce qui concerne la statistique du Hatit-Rhin : celie du Bas-Rhin est cosnprise dans cette livraison , et accompagne une carte tres-bien faite, mais oil les noms de lieuxsont tene- ment presses (pie ceia seul suffirait pour indiqner la richesse territnriale de la province. Nousnegligeons ici les details geo- graphiques, topographiques etmanufacturiers, qui cepeudant sont d'une grande i«mportance; mais nous engageons nos lec- teurs a jeter un coup d'oeilsur le chapitre des beaux-arts et sur celui des sciences : on y verra quelles sont, sous ces deux rap- ])orts, les richesses de Strasbourg. La liste des savans de<'ette vilie et de leurs ouvrages prouve tre- -bienrassertion de M. Auf- schlager; il affirme qu'apres I'Academiejde Paris, I'Academie ou rUniversite de Strasbourg est la premiere de France. II n'a pu se nonimer lui-meme, etjl n'a pu dire de combien d'ouvragcs utiles il a enrichi I'education; mais , ii'eut-il fait que ce livre, il aurait une belle place a reclamer parmi ses compatriotes. Ph. DE GOLBERT. IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. Can An A. — Montreal. — Societe pour f encouragement de Teducatioii et de I'industrie. — II vient de s'organiser a Mont- real , sous ia presideiice de sir John Johnson, iine societe dont le but est de repaudre I'inslruction et I'industrie parmi ies sauvages et Ies pauvres du Canada- Cette societe est affiiiee a celle qui est etablie a Londres pour le meme objet; elle recomniande la formation de sous-comites et d'associations de dames, et reclame la cooperation des honiraes de toutes Ies communions religieuses. Elle promet de respecter Ies droits des consciences, el d'accorder a toutes Ies sectes une egale assistance. F. D. New- York. — Progres des Beaux- Arts. — Rousseau, s'il etait temoin des progres des beaux -arts dans Ies republiques d'Amerique , ferait-il repeter par Penn Ies paroles qu'il a pre- tees a I'ombre de Fabricius : « Quel est ce langage etranger ? quelles sont ces moeurs effeininees? Hatez-vous de renverser ces amphitheatres , brisez ces marbres , brulez ces tableaux, chassez ces esclaves qui vous subjuguent, ct dont Ies funestes arts vous corrompent. » La rausi(|ue principalement hate Ies progres du gout dans toute I'Amerique : on applaudit Ies ope- ras de Mozart et de Rossini a Buenos-Ayres, a Rio- Janeiro, a Lima et a Mexico ; et I'Amerique du nord possede un opera italien. Ce fut le 29 octobre 1825 que ce theatre fut ouvert pour la premiere fois. Le public de New- York s'y porta en foule : le JBarbierAe Rossini a trouve dans d'autres capltales des specta- teurs plus eclaires, mais nulle part aussi enlhousiastes. Le direcleur Garcia justifia sa reputation europeenne; des son debut M"'' Garcia ravit Ies Americains par son jeu plein de grace, et par la purete de sa voix ; et bientot parut a cote d'elle M'^^Barbieri, eleve du Conservatoire de Paris. On cn- tendil tour a tour ilBarbiere, Amante astute, Tancredi, Ottello, don Giovanni et Cenerentola. Garcia composala musique d'un opera intitule ia Fille de I'air, qui n'a point reussi. AMtRIQUE SEPTENTRIONALE. 799 New-York possedele tableau du^^c^e par David. Unsculpteur itaiien, M. Causaci, a profit^ de ranniversaire du 4 juillet pour exposer, snr la place publique de I'Hotel-de-Ville , le modile en piatre d'une statue equestre qu'on doit eJever a Washington. On a beaucoup critique sa composition; le cheval, quisecabre, comnie celui de la statue de Pierre l"^ a Saint-Pelersbourg; I'attitude du personnage, imite du Louis XIV de la Place des Victoires, quoique Washington soil plus celebre comme legls- lateur et homme d'etat que comme guerrier. Mais, nous qui ne sommes appeles ajuger des monumens que lorsqu'il n'est plus possible d'en corriger les defauts, nous devons approuver le bon sens americain qui, comme jadis a Alhenes, provoqne la critique du gout, avant de modeler le marbre ou de fondre le bronz«. M. Causaci a I'espoir d'etre charge par le congres d'executer ce monument : honneur fait pour inspirer le genie de tout artiste qui est appele a acquitler la dette de la recon- naissance nationale, et non pas a repaitre I'orgueil supreme d'hommages adulateurs que paient souvent malgre eux de mal- heureux contribuables. New- York a joui aussi du spectacle d'ascensions aerosta- tiques (Voy. ci-dessus page 5ii ). Ni le voisinage desmersqiii ceignent ses murs, ni ies dangers de I'equinoxe n'ont empeche M. Robertson^\s de s'elever dans les airs, meme la nuit. Le 20 septembre, il est parvenu a une hauteur telle que le feu d'arlifice de soq ballon a ete apercu en mer par un navire eloigne de I'i lieues. Ces experiences ne seront pas inutiles pour la science : nous esperous que M. Robertson nous trans- raettra les observations qu'il a deja faites , el qu'il va continuer dans les cliraals d'Amerique. II est arrive a present a la Nou- velle-Qrleans. Cest aussi dans cctte ville toute francaise, quoique capi- tale d'un etat de I'Union , que doit passer I'hiver la troupe des artistes italiens : au printems, ils iront etablir I'Opera a Mexico. Menace d'une ruine prochaine dans la capiiale de I'Europe, ce theatre est sllencieux a Paris , (andis que ses chan- teurs principaux donnent de brillantes representations sur les bords du Mississipi , dans une cite (jui, il n'y a qu'un siecle , ne comptait que 4j00o habitans, et qui jouit a present des ressources du commerce le plus etendu et de tous les plaisirs du gout. Les beaux-arls, amis de la liberte, vonf perfectionner la civilisaliou des republiques americaines , et commencent a s'exiler de quelques contrees de la vieille Europe. Isid. L — N. 8o0 ANTILLLES. Haiti. — Port-au-Prince. — Romans envoyes de Paris. — On impriine (ians cette ville une Feuille de commerce dont nous avons sous la main le n° 33 ( 18 aout 1826 ) , qui con- tient des aunonces utiles et m^me un article litteraire tres-blen redige. C'esl un compte rendu de I'oiivrage intitule : De la noblesse de la peau , par M. I'eveque Gregoire. Mais, a cote de ces notices interessantes , il en est une qui fait contraste : un M. Gaux , libraire , avertit le public qu'il vieiit de recevoir une grande quantite de romans ., qu'il offre en lecture a des prix indiques. Des romans ! c'est une denree abondante a Paris : ils circulent dans les mains des oisifs et des peiilesmaitresses, dont ils n'eclairent pas Tintelligence , dont ils sont loin d'ameliorer les mceurs. Des romans! genre de litterature a peu pres ephemere; car, apres quelques an- niies revolues, le lout s'engloutit dans le fleuve de roubli , a tres-peu d'esceptions pres ; la ])lupart meme ne survivent pas a I'annee qui les a vus naitre. Des romans ! dans un pays ou il est si n^cessaire de repandre de bons livres sur la religion, les mceurs, les sciences, les arts, d'exciter au travail et d'e- clairer ce travail par les lumieres ! Des romans ! dans un pays que sa circonscription insulaire doit rendre puissance mari- time , el qui n'a pas encore une seule ecole d'arts et metiers, d'hydrographie,de pilotage, de chimie appliquee auxarts, da constructions navales , etc. E. Martinique. — Saint-Pierre. — Traite des noirs. — Le seul commerce en vigueur dans cette ile est le commerce des esclaves, qui procure des profits enormes a ceux qui s'y li- vrent. Ou debar(iue beaucoup de noirs dans notre ile, ou ils sont vendus publiquement aux habilans. Au dernier marche , leur prix otait de 2,5oo fr. par tete. Aprcs avoir debarque leurs malheureux esclaves, les vaisseaux negriers font voile pour Saint-Thomas, ou ils s'approvisionnent de nouveau de marchandisespour lacoted'Afrique.Un seulvaisseauafnit trois fois le trajet dans lesdnuzederniersmois.Depuis cette epoque, nous pouvons evaluer rimportatioi) des negres a 10,000 ; mais la mortalile est fort grande parmi eux, pendant la navigation, a cause des precautions que Ton est oblige de prendre pour n'^tre point decouvert. Dans un des derniers,^voyages, un negrier a fait Jeter a la mer a5 negres vivans, parce qu'ils etaient atiaques d'une espece de maladie de tele qui paraissait poirvoir devenir contagieuse. — Esperons que la nouvclle lol AMERIQUE M£RIDI0NALE. 8oi j»nnoncee aux chambi es legislatives de France fera cesser cct odieiix trafic, veritable Clime de lese-huniaaite. F. AMERIQUE MERIDIONALE. Chili. — Institut national. — La commission des fonds de rinstitut national a demande au gouvernement I'autorisation de negocier un eraprunt de 6,000 pesos ( 3o,ooo francs) , afin de subvenir aux frais d'achats de livres, de machines, et d'autres objets necessaires , pour ouvrir dans la capitale de cette republique des cours de physique, de chimie et de mi- neralogie. F. D. Beesil. — Colonisation ( Voy. Bev. Enc. , t. xxx , p. 836 }. — L'arrivee de la cour portugaise au Bresil, en 1808, ouvrit une nouvelle ere a I'histoire de ce pays. Ce grand evenement convertissalt une colonic long-tems opprimce par une avare metropole , en un royaume ou la maison de Bragance, ban- nie d'Europe, venait chercher un refuge et un nouveau trone. II fallait done elever la nation bresilienne a la dignite d'un l)euple libre et independant : abolir les lois de fer qui pro- hibaieiit I'introductioii dans le pays des arts et des manufac- tures , detruire une multitude d'anciens abus et de vieilles superstitions, renforcer enfin sa population blanche d'un cer- tain nombre d'individus actifs et industrieux. Mais c'etaient de trop grandsjacrifices pour les ministres de Joao VI : enne- ntis jures de tonte reforme , ingrais envers la lerre qui leur donnait un asile , ils fermaient les yeux aux Juraieres du siecle, et cachaient au nionarque les besoins du pays. Quelquefois, entrainespar la force des choses, ils brisaientun anneaudela chaine d'oppression; mais bientot ils en forgaient un autre plus dur et plus iourd, et le Bresil restait courbe sous le joug. II est vrai (jue ses ports etaient ouverts au commerce etran- ger ; mais des lois d'exception el des reglemens de douane aneantissaient les lieureux resultatsdu commerce. Aucun bien ne s'effectuait sans qu'il ne ful aussitot compense par quelr que mal. Cepeiidant, le besoiu d'line augmentation de population se faisait sentir de toutes paits ; et les ministres ne purent diffe- rer plus long-tems I'execution d'une mesure hautement re- clamee par la situation d'un pays vaste et riche, mais prive de bras. Le ministre i'Jguiar fut done charge d'y attirer des co- Ions et de les y etablir convenablement. Mais, imbu des pre- juges de la tyrannic metropolitaine, il voyait d'un ceil de jalousie le deveioppement du Breeil , au milieu des embarras T. XXXII. — Drcembre 1826. 62 8oa AMERIQUK MfiRIDIONALE. par lesquels ees collrgties et liii-in^me chcrchaient a entraver sa jiiarclie. Bion loin de jn-otller rle la j^nerrc c[iji alors toiir- incntait I'Eurojic , ct qui favorisait I't'iiiigialion de families paisiblcs el iiidustrieuses et tie savans <|;ii ne deinandaieot (ju'a eiuichir de leurs travaux uii pays iieuf , il iie porta point scs regards au-dela des iles Terceires. La premiere expedition d'li;ibilansde ces iles eiit lieu aux frais du Iresor public : mais , coninie ces sujets du Portugal sc meiiaient de leur gouverne- i^ent , les gens pauvres se hasarderent seals a abandonner leur palrie pour traverser l'Atlanti(jiie. Rien ii'avait etc- jtre- pare , et les colons arriverent lorsque deja Ton ne peitsait plus a eux. Le ministre negligent confia cette affaire a I'inten- dant general de police P. F. Viannn , d'odieuse niemoire. Apres une iraversee dc 60 jours, dnrant Jat|uelle ils eurent a supjiorier toutes scries de privations , jetcs comme des ballots de niarchandises dans le fond des vaisseanx , les colons reste- rent encore i5 jours a I'ancre, dans la rade de Rio Janeiro, sans cspi'rance d'arriver a la fin de leurs tourinens ; niais voyant cliaque jour jeler a la mei', depuis lour depart de leur palrie, meme dans le port de la capitale, les corps tie leurs corapagnous qui mouraient de faini et de niisere. Apres cette hoirible quaraiitaine, et sur les instances reileri'es des capi- Vaines des vaisseaux, les colons furent debarques dans un rna- gasin de sel. La ils Inrent entasses sur la terre qui lour servait de lit. Les fernmes , les enfans , les malades niemes, tout etait confondu dans ce local iusalubre. En peu de jours, ils furent prives meme du morceau de pain <|ue la police leur fourins- saii , et ils devinrent de nouveau la proie de la faim , du deses- poir et de la inort. Reduits anx derniores extremites, ils abandonnerent I'effroyable asiie qu'un gouvernenient avare ieur avait assigne, et cbacun alia de son cote imc)lorer la cha- rite publique. Les habilans de Rio Janeiro ne furent pas sourds a la voix de la nature. lis reciirent dans leurs niaisons ces infortunes, et les etablirent en partie dans leurs terres. Qnelques-nns, totalement demoralises par le malheur, se livrerent aux exces du crime, et fournirent a la police (|ui les avait lant negliges un nombre plus considerable de voleurs. Tel fntlesort de tant d'individus qui, irompes par les pro- messes du gouvernenient , avaient aba'ndonne ieur patrie et des inoyens d'existence assures. Tandis que d'Aguiar iraitait avec tant de cruaute ou d'in- differente les colons qu'il avait fait recruler dans les lies Ter- ceires , le m\n\s\ve de Linhares y charge du deparlement des affaires ctraugeres, projefait I'etablissement d'autres colonies. J BR]^SIL. 8o3 ^Sur I'avis et d'apres les insf.inces reit^rees de M. /. E. d' An- drada, qui habitait alors Lisbonne, niais avec qui il etait en relation et qu'il consultait pour la direction des affaires du Brusii, ce ministre s'occupa de Irois ditferenles expeditions: une de Chinois pour la culture et la preparation du the ; la seconde de Suedois ))oiir la fabrication du fer des mines de San-Panlo; et la troisieme de chaineaux d'Afrique dont il voulait naturaliser la race dans le pays. Mais la mort I'eni- pecha d'accomplir ces projets. Son successeur Galveas , homme faible et maladif, ne crut jioint son honneur inte- resse a rejeter les plans formes avant son arrivee au ministere : et si les colons qui arriverent ne furent pas employes conve- nablement , du raoins iis n'eprouverent pas le sort deplorable de ceux qu'avait apjieles le ministre d'Aguiar. La mort de Galveas, qui eut lieu en Janvier 1814 > fit pas- ser son porle-feuille entre les mains du chevalier Araujo da Barca. Ce diplomate ainiait les sciences et les arts , et son ele- vation au ministere fut le ])i'esage d'un heureux avenir pour les colonies i{ui laiiguissaient decouragees. En effet, dans les comniencemens, il prit des mesures qui jjaraissaient repon- dre a I'attente publiqae. Mais bientot tout cessa, peut-dtre parce que I'etat de sa sante ne lui permettait point de s'occuper des inferets de la nation. Les chameaux tomberent sous la surveillance de ce meme intendant de police dont nous avons signale les liaiits faits. Aussi humain envers ces pauvres ani- maux qu'a I'egard des malheureux colons des iles Terceires, il fiuit par envoyer I'ordre d'egorger ceux qui avaient resiste a la faim. Les Chinois furent repandus en partie sur la mefairie de Santa-Cruz, propriete du roi , distante de quatorze lieues de la capitale; en partie sur la terre de Lagoa qui sert de pepi- niere, a deux lieues de Rio Janeiro. Quelques-uns d'entre eux furent charges d'entretenir les jardins du ministre. Les uns et les autres conimencerent a cuitiver le the. Get arbustecroit dans cette partie du Bresil avec une force de vegetation j)ro- digieuse, et donne deux recoltes ])ar an. lis construisirent des fours, et, pendant quelque tems, la cour de Joao VI eut pour sa consommation le thd le plus parfait et le plus aromatique qu'on y eut encore gou'.e. L'orgueil et la jalousie des grands ne permit pas (ju'on etendit la culture de cette plante utile : ils tenaient a jouir seuls de cet agreabie uionopole. On cacha au public les pro-cedes de* Chinois, et on consentit a peine a laisser voir les arbustes en fleurs , en ayant soln toutefois de n'eu point laisser prendre de seraence. Cependant, peu a pen, le 8o/» AM15;RIQI]E MfiRIDIONALE. llio royal , M'etnnt plus soiitenu par la mode, perdit la faveur des coui lisans. La protection qii'on accordait aux colons chi- nois diininiia insensibiemeiit ; les produits devinrent de moins en moins considerables; et lo dedain pour ces industrieux etrangers succeda a la vogue dont iU avaienf ele I'objet. Enfin , la mort dii minisire mit un termc a I'eiablissement, et les ou- vriers, privcs de leursalaire, furent obliges de chercher dans d'antres cccupations les nioyens de pourvoir a lenr subsis- tance, lis se repandirenl dans le pays, et ils s'atlacherent a differentes branches d'indiistrie , avec cetle aclivite leute, inais assidue, (]ui caraclerise leur nation. II est a reniarqucr qu'il n'y a p«s d'cxemple jnsqu'a ce jour qu'aucun de ces Chi- nois ait ete non-seidement condamne, mais meme implique dans ancune affaire civile ou criminelle. Le gouvernement actnei a pris des inesnres pour propager la culture du the sur divers points du Bresil ; luais, comme il n'a point employe ceux qui seuls auraient su la rendre fruc- tueuse , tons ses efforts onl ete inutiles. Le charge d'affaires du roi Joao VI a Stockholm ayant recu I'ordre de son gouverneuient d'engager uneculonie jioiirrex- ploitation des mines de San-Paulo, ne s'acquitia point avec le soin necessaire de la mission (pj'il devaii remplir. Plus oc- cupe des recommandations de ses amis que des besoins de la nation , il expedia pour Rio Janeiro nne coionie composee d'individus de toutes les classes, parmi lestjuels il s'en Irouvait cependant quelques-nns qui avaient deja travaiJle dans des fonderies suedoises. Le directeur de la coionie n'etait pas lui-m^me de la profession requise; mais, comme il n'etait pas sans talent, il ne resta pas tout-a-fait inu'ile. L'arriv^e de ces colons a Rio Janeiro, ou ils etaient attendus avec impatience , semblait promellre au pays une sonrce nouvelie de ricUesses. Le Bresil est fecond en mines de loute espece , et celles de fer y sent snrtout si Dornbreuses que de tons cotes on ren- contre d'abondantes veines abandonnees ou mal exploitees. Les ministres accneillirent avec affabilite les colons suedois, qui obtinrenl d'abord tout ce dont ils avaient besoin; mais bientot I'intrigue et I'iguorance vinrent arreter leurs opera- tions et detrnire le nonvel etablissement. Les malheureux c|ui y etaient attaches furenl compietement abandonncs. Le di- recteur passa irois ans a la cour a balayer la poussiere des antichambres , rcclamant I'execution du traite conclu entre Ini, ses comj)agnons et le gouvernement ; ses efforts furent vains ; les ministres repondaient toujours , quand par hasard lis daignaient se montrer, qu'ils ne pouvaient rien faire. AMERIQUE MfiRIDIONALE. — ASIE. 8o5 On voit encore aujourd'hui a Sorocaba , province de Snn- Paulo, la fabrique de fer appelee la fahrique suvdoise. Ellc consiste , outre Ics outils necessaires , en quatr» pelits fours de fusion et de precipitation, appeles en alleinand Blau-Offen, qui n'ont que neuf palnies de liaulcur, et peuveii! tout au plus donner en viugt-quatre hemes six arr(;l)es de fer. Main- tenant, dans le ineme edifice, qui est d'une magniHcencc inu- tile, il y a une itiitre fabricjue de deux j^rands fours apjjuves Tun contie I'auire , avec des forces de raffinrge , le tout en bon etat. Cette fonderie est construite siir le plan de lellB qui a ete elevce en Portugal par I'ancien directeur des mines de ce royaunie, I'illustre Jose Bonifacio d'Jitdrada. Tel a etc le sort des premieres colonies etablies au Bresil. Dans un autre article, nous nous occuperons de relies qui furent fondees par Fillanova Portugal, celui de tous les rai- nistres du Bresil qui fit en ce genre les speculations les plus desastreuses. Nous passerons ensuite a celles dont relablisse ment dale du jjonvernement imperial. M. ASIE. Perse. — Commerce. — Majgre route I'irnportance du com- merce de la Perse, on n'a jusqu'a present en Europe (jue des notions fori incompletes a ce sujet. Les ncgocians de Clonstan-, tinople en connaissent pen l:i marche; les Anglais sont la seule nation qui fass« directement le commerce avec la Perse, par le port de Benderbuchir, sifue sur le golfe Persiqae , oil ils vendent leurs marchanriises argent coraplant, ou les echan- gent contre de la soie. La masse des affaires qu'ils font sur ce point est considerable. La fete dite Nourouz, que Ton celebre a Tauris, a Teheiau et dans toute la Perse, a la fiii de fevrier, est le moment le pjus favorable pour la vente des marchandises europeennes; la foire qui a lieu a cette epoque dure un mois entier. C'est en juin (ju'il faut \enir a Sultanieh, pendant le sejour qu'y fait annuellemeutleschah. Cette ville eslle seulendroitde la contree ou les marchandises se vendent argent complant, car il ne s'v fait aucun cchange. ATauris, au contraire, lesprincijiales ope • i-ations sefoni au moyen d'echanges; cej)eadant, ies draps d'or et d'argent, ainsi qu'un petit nombre d'autres marchandises d'Europe , s'y paienl coniptant. La Perse recoit de Constanti- nople lessoleries, les draps d'or et d'argent et les autresobjets de fabrique francaise, pour Tachat desquels trois tents marchands de Taurii font chaque annee le voyage; le prince Abbaz- Mirza eonsacre ordinairement ao,ooo tomans (environ 3ao,ooo roubles assignations) a ce genre de speculations. 8o() ASIE. — EUROPE. ILES BRITANNIQUES. On corapte environ 600 verstcs de Tiflis a Tauris. Celtc route, que les convois de niarchandises pnrcourent en 22 a 3o jours, et que Ton pent faire a cheval en 6 a 10 jours, est traversee par une infinite de j)etiles rivieres ct de ruisseaux , qu'il faut passer a gue ; ce qui occasione beaucoup de diffi- cultes a Tepoque du dt^gel dans ces rnontagnes; toutefois, le cheniiri n'est jamais daiigereux, et I'on trouve partout a se procurer des vivres. Les caiavanes ineltent 10 jours pour se rendre de Tauris k Sultanieli, oil I'on pent aller a cheval en 3 jours. Les Arm(5niens expedient annuellement de Russie en Perse , par Tiflis et le Ghilan, pour 1,600,000 roubles de marchan- dises russes , dont les principales consistent en verreries et cristaux , en grosse mousseline, dilc mite ale , en sucre raffine, nankins et indiennes, en draps communs, etc. Ces marchan- dises sont transport^es par nier d' Astrakhan a Leukoran , d'ou elles sont envoyees a Tauris a dos de cheval. II arrive annuellement a Tauris par Erzeroum, 10 a 12 caravanes de Constantinople. D'apres les registres des douanes, la Perse recoit par cette voie pour 4 a 5oo,ooo tomans (6 a 8 millions de roubles assign.) de marchandises anglaises et francaises , et elle expedie en retour de la sole ecrue, des chales de Cachemire et de Kerman, du tabac, de I'indigo el du poivre. On fait pcu venir de Smyrne, parce qu'il faut y payer complant les marciiandises. Deux a frois cents chevanx apporfent ann-uellement de Tre- bizonde a Tauris, des verreries, des faiences, de la porcelaine et des draps ordinaires. De Benderbucliir, on recoit du sucre, du cafe, de I'indigo, des indiennes, des couvertures et cotonades anglaises, pour des sommes considerables. On porte a un million de tomans (environ 16 millions de roubles assign.) la valeur des mar- chandises qui arrivent a Teheran et a Tauris par cette voie. Les chales de Cachemire sont cgalement ap[)ortes parBendcr- buchir, parce que la route de ferre est dangereusc. Enfii), par Bagdad, il s'introduit aussi beaucoup de mar- chandises anglaises et francaises ; dans la seule viile de Tauris, on en recoit par ce debouche pour 100,000 tomans (1,600,000 roubles assign.). [Bulletin des Sciences.) EUROPE. ILES BRITANNIQUES. Navigation. — Perjeciionnement des chronometrcs . — L'a- mirautc avait offerl deux prjx annuels, I'un de 3oo, et le se- ILES BRlTANiNIQUES. 807 cond de 200 livres sterling aux fabricjius donl les chioaomctrcs presenteraient le plus f;rand degre d'cxactitude. Les concur- rens fiient leur dejiot a I'observaloire de Greenwich; les cliro- nomelres y furent entretcnus etessayes, et leurs variations notees avec soin. Les resultats da dernier concours ont ete I'un et I'aiitre en f'aveur de M. French; I'extreme exactitude qu'il a su donner a ses instriiinens est, nous le croyons, sans esemple. L'un d'eus a varie par jour de 0,6 de seconde , ternie moyen sur un essai de 12 mois, et I'autre d'lin peu nioins d'une seconde , pendant le ineme tenis. — De nouveaux I'enst.'igneuiens (jue nous avons jm obtenir sur la marclie de ces chronometres, depuis qtie ces j)rix ont ete accordes , donnent les resuHals suivans : Variation du premier, apres quinze mois i",o'] Variation du second, apres dix-sept mois o",63 Ainsi, le navigateur qui anrait ete a la Chine et serait revenu avec le premier, n'aurait conmiis, dans revaluation de la lon- gitude, qu'une erreur dun demi mille environ: et apres avoir fait le tour du monde avec le second, il ne se serait tiompe que de 5o a 60 perches. R. Statulique. — Les renseignemens suivans sontexirails d'un article de notjre correspondant de Londres , M. Fnuleric Deoeorge , insere dans les Ocios de Es/umolcs emigrados. Les lies britanniques on\ une superficie de 71,281,907 acres, ou 111,377 imiles carrcs, divises en terres Labourables. Prairies. Incoltes. totai. Angleteire. . . . 10,200,000 14,200,000 7,982,400 32, 332, 400 Galles 900,000 2,600,000 1,252,000 4.752,000 Ecosse 2,5oo,ooo 2,55o,ooo 17,204,507 a2,254,5o7 Irlande " » » ii,g43,ooo Total, i . 71,281,907 Elles contiennent, suivant le recensement de 1821 : Chcfs-iieax de corate. Paroisses. Mdisoiis. I Angleteire 40 9)8Go 2,o36,3i7 Galles 12 833 140,820 Ecosse . 33 948 356,536 Irlande 3a 2,244 1,185,490 Total. .... 117 i3,885 3,719,163 Et possedent, sans compter les armees de lerre ctde raer qui . 8o8 EUROPE. au mois de janviei' dernier, etaient fortes de 820,000 soldat^ et 3o,ooo raarins , une population do 20,874,159 &n»es. Enfans au-dessus de x5 ans. Hoaiines. Femmes. Males. Femelles. total. Angleterre. 3,263,780 3,310,899 2,220,899 2,266,859 11, 261, 43; Galles. . . . 202,186 229,125 148, joi 137,826 717,438 tcosse. . . 580,495 7i8,33o 4"3,o59 . 391,574 2,093,456 Irlande. . . 1,941,927 2,067,727 1,400,000 1,392,139 6,801,828 Total. . 5,987,386 6,526,116 4,172,259 4,188,398 20,874,139 Formant 4, 253, 416 families reparlies de la maiuere suivante : Manufaetariers AgricuUeurs. et commercans. linprodactifs. total. Angleterre. . . . 773,723 1,118,295 454,690 2,346,717 Galles 74,225 41,680 3o,8oi 146,706 6cosse i3o,700 190,264 '26,997 447,961 Irlande 219,529 327,647 764,856 i,3i2,4i6 Total. . . 1,198,186 1,677,886 1,377,344 4,253,4i6 En 1812 ,97 1,913 habitaus etaient a la charge des paroisses , qui leurpayaient unesommeannueliede 6,656, io5 liv. sterling, equivalant ii 1,061, 438 quartiers de ble ; en 1824, le paupe- risme comptait environ i,5oo.ooo families, et la somme de- pensee pour elles etait egale au prix de 1,860,000 quartiers debl^. Le commerce d' importation et cV exportation de la Grande- Bretagne a presente les resultals suivans, pendant les deu.\ annees : 1824. 1825. Itnportations. ... L. st. 35,937,936 44,137,482 Exportations. . . . 57,845,459 56,335,5i4 A. la fin de 1824 , la marine marchande des trois royaumes se composait de BStimens IS'ombre de a voile, a vapeur. tonneaux. inavins. Angleterre. ... i6,466 1,981,685 i23,332 l^cosse. . ; . . . 2,961 266,975 f 9,63 1 Irlande. 1,376 73,293 6,779 2o,8o3 160 2,321,953 i49,7"42 ILES BRrrANNIQUES. — RUSSIE.— DANEMARK. Soy Les revenus de la Grande-Bretagne s'eleverent, en iSaS, a Z, si, 49,552,493. Depuis 1790, \dL population de I'Angleterrc s'est augmenlee de plus d'un tiers; la plupart des produits de ses manufactures ont sextuple; son commerce ^'importation et d'esporla'ion a triple, et son revenu a plus que double. Cependant, a la fin de 1825, cette puissance avait en emission pour environ 5o millions de billets de banque; savoir : Banque d'Angleterre. . . L. st, 18,200,000 Banques des provinces. . 3o, 000,000 Et sa dette nationale s'elevait a la somme effrayante de 893,783,282 livres sterling : (22 milliards dc francs). RUSSIE. Froduit des mines d'or de t Oural. — On a beaucoup exagere le produit des nou\elles decouvertes faites dans ces mon- lagnes, oii Ton eut cni , suivant les recits des voyageurs , qne d'immenses pactoles couierent autrefois , en deposant leurs ri- chesses dans les sables. M. liRDMANN, voyageur plus veri- dique et meiileur observaleur , rapporle qu'en iSaS le produit total de ces nonveiles mines, lant de celles de la couronne que de ceiles des particuliers, iut de 4j5o8 iivres russes, ou en- viron 1970 kiiogrammes, que !e depart doit reduire a peu pres a 1200 kilogrammes, au litre des monnaies. Airisi le pro- duit net de ces mines ne peut guere s'elever au-desstis de 3, 3oo, 000 francs. Suivant M. Erdmann, le nombredes ouvriers employes a la recherche de !'or, enfans pour la plupart, s'ele- vait a 1 1,000. Le voyageur a joint a sa relation une notice sur les autres mines de I'Oural, extraite de I'ouvrage de Hermann 8ur ces montagnes : il eut fallu puiser a des sources moins an- ciennes. Hermann decrit avec exactitude la nature et le gise- ment des minerals; mais, quant a I'exploitation , les choses ont considerablement change , depuis la publication de son livre , vers la fin du sieclc dernier. F. DAW EM ARK. CoPENHAGUK. — Jubile de I'Universite. — L'Universite de Copenhague a celebre, cette ennee , le millieme anniversaire de I'introduction du christianisme dans le Danemark. Du 24 au 3o mai , plusieurs tlieologiens prireiit le degre de docleur, et soutinrent une these tur I'histoire sacree ou ecclesiaslique. Le professcur Petersen^ scion la coutume des Universit^s du 8io EUROPE. iiord , avail fait parattre iin programme de la fete , snivi d'uiie dissertation savantc. II avait pris pour snjet : Vrtat de la ci- vilisation dans Ics tcins hero'iques de la Grece. A celte disser- tation etailjoinlc la biographic rles candidats qui devaienl etrc crees docteurs. Le 3 jnin, il y cut unc atilre fete dans I'rglise tie la Trinite : le professeur Moeller , doyen de la facnltc de theologie , y prononca un discours ou sermon , dans le double butde celebrer la creation des nonveaux docteurs , el le sou- venir d'Anchaire, premier missionnaire chretion , qne les eglises de Danemark, de Suede et de Holstein regardent coinnic leur fondateur, et qui porta, il y a maintenant mille ans , I'Evangile dans les pays du nord y erigea les premieres eglises , y etablit les premieres ecoles, et forma des disciples ze]^& et jiabiles, parmi lesqiiels Rimbert, son biographc , est un des plus disfingues. 11 n'etaif pas aise de trouver des rapports entre les docteurs de I'an 1826 et ces premiers terns du cliristia- nisme : cependant, I'orateur, employant la transition admise en rhetorique,a passe de I'epoqucou il n'y avait que des pretrcs et des moines, a cclle ou Ton a invente des distinctions et des grades dans la theologie. Apres ce discours, le recteur a pris la ])arole ; il a entrepris de prouver que le christianisme favo- rise les Inmiei'es et la science. L'orateur, en parcourant les diverses epoques de I'histoire de notre ere, n'a pas dissimule que, dans le moyen age, le christianisme s'est montre sou- vent hostile envers les sciences naturelles : uiais, a-t-il dit , ces sciences se livraient alors a des ecarts dangereux : I'alclii- mie , I'astrologie et une medccine superstitieuse servaient les passions humaines. II nous semble pourtant que ces prefen - dues sciences, loin d'etre persecutces, etaient au contraire en grandc faveur dans les cours et dans le nionde, ct que c'etait au contraire contre les Galilee que Ton dirigeait des poursuites. La fete s'est terminee par I'execution d'un choral dont les paroles etaient du professeur Moeller, et la nuisique de Berggreen. D — g. Langue danoise. — Voltaire , dans le siecle dernier, entre- prit d'introduire quelques innovations dans I'orthographe de la langue francaise. II eul des adversaires, rneme des dctrac- teurs ; il en a peui-ctre encore : cependant nous voyons que son orthographe est aujourd'hui adoptee par tous les bons ecrivains de son pays. Les Jangues , comme toutes les choses humaines , soul sujettes a des alterations ; et peut-etre les ecrivains du xx'' siecle ne regarderont plus comme classique I'orthograplie de ceux du xix*. La langue danoise a aussi subi beaucoiip de chaiJgpMiens en ce qui regardu son orlhograplie; DANEMARR. — ALLEMAGNE. 8 1 1 rnais il en reste encore a faire , et nous voyons avec plaisir que des savans d'un grand merite s'en occupent. Nous avons sous les yeux plusienrs ouvrages sur cette raatiere ; mais nous nous abslenons de les coniprendrc dans notre Bulletin bibliogra- phique , parce que des details de ce genre sur une langue si peu repandue n'offriraient aticun inleret a la grande niajorite de nos lecteurs. Nous croyons neanmoins devoir indiquer un ouvrage sur celte matiere , d'environ l^oo pages , par ie savant et celebre voyageur, M. le professenr Rask, a Copen- hague, dont roi>inion et les idees sur les langues en general, et sur sa Inngue inafernelle en particuiier , ne pourront pas manquer d'etre regardees comme importantes , et d'un tres- grand poids. Nous avons egalenient sous les yeux trois autres brochures sur le meme sujet , et dont I'anteur est M. N. Pe- TERSRN, attachd a I'lnstruction ])ublique. Elles ont egaiement fixe I'atiention de ses compatriotes. Quant a nous , nous adop- tons presque entiereinent I'avis de ces deux estiiaables auleurs; mais quelques-unes des innovations qu'ils proposent, quelque justes qu'elles soient pour le fond, nous paraissent inadmis- sibles pour la forme; et nous croyons qu'elles rencofitreront des obstacles insurmonfables. Quoi qn'il en soit, ils ont rendu Tin veritable service a la langiie de leur pays, et nous les prions d'agreer en particuiier I'expression de notre reconnaissance. Heiberg. ALLEMAGNE. Erfurt. — ■ Bibliotheque populaire. — 1! existe h Erfurt un etablissement qui pourrait etre imite avec succes dans beau- coup d'autres lieux : son but est d'instruire en les amusant , les enfans dont les parens n'ont pas le moyen de se procui er des livres. C'est une bibliotheque ou cabinet de lecture pour la classe pauvre. Une Socicle d'amis de lajeunesxe etdes progres des linnieres s'est reunie pour former une collection de livres , qu'elle prete aux enfans, sous la responsabilite de leurs parens, a raison de cinq cenlimes le volume, et de dix centimes lors- que I'ouvrage est ornc de ])lnnches. Le produit de cette mo- dique retribution est employe aux petites depenses de I'eta- blissementela I'achat denouveaux livres. Le elioix des ouvrages est fait avec soin par les directeurs qui ont fait un appel aux parens de la classe aisee , en les priant de concourir a la pros- perite de I'etablissement par le don des livres qu'ils ont achetes pour leurs enfans, et dont ceux-ci ne font plus usage. Apolua. — Constructions etfondations d'utilite publique. — Les liabilans de la petite ville d'ApoIda viennent de ce- 8i2 EUROPE. lebrer le jubile semi-s^culaire du regne du grand-due de Saxe-Weimar, d'une maniere qui m^rite d'etre connue. Cette memorable solennite n'a pas ete martjuee par des feles et des rejouissances qui n'appartiennent qii'au terns present , inais par des inonumens durables et dignes du respectable souverain dont ils honorcront la raeinoire. Une rue imjirati- cabJea ete reparee et nommee rue Saint- Cliailcs; une fonlaine, erigee sur la place du niarche, a recu aussi le nom d'un prince revere; enfin, on a arrete la construction d'une nouvelle ecole primaire. Pour I'execiition de ce projet vrainient patriotiqne, il a ett; ouvert une souscription volontaire qui a procure 600 rixdalers (environ a4oo fr.j, somme considerable pour une ville de ioooames, qui, d'ailleurs a beaucoup souffert des circonslances presentes. J'', de Lucenav. Berlin. — Beaux-nrt.s. — Monument nurnismatique , ou collection complete en medailles des chefs- d aeit\'re de sculpture d* AntoineQk^oy k , ojferte aux amateurs des arts , par souscrfp- tion. — II est inutile de repeler ici I'eloge de Canova : ses immortels chefs-d'oeuvre I'ont place au prciniei' rang des sculp- teurs luodernes, et c'est lendre a I'arl un service reel que de perpetner et de propager ces beaux modeles, objets de I'adriii- ration de notre siecle. La collection sera coinposee de qualre-vingts medailles, re- parties dans huit series egales, et iiui paraitroiU successive- ment. Ces medailles seront en bronze dore, exccutees avec le plus grand soin , et accompagnees d'une notice impiimee en quatre langues. La nvedai'le ([ui portera I'effigie de Canova , sera double de celles qui f'ormeront la collection. Le prix de la sou- scription e.st tie 10 ducats en or de Hollande ( environ iiofr. ), pour chatjue serie , p«yes d'avancc. Dis amateurs cclaircs qui desireraiont encourager cette entreprise en prenant plusieurs souscriptions ( quatre ou cinq ) , seront regardes comme fon- dateurs de cetle collection, consacree au genie, et dediee aux amis des beaux-arls. M. le D"" DE Lau ben, charge de la direction de Tentre- prise, annonce que la premiere scrie jjaiaitra, aussilot que les souscriptions auront convert les ])remiers frais. On pent souscrire , a Paris, au bureau de la Revue Encyclo- pediqiie , an Musee encyrlopedique , chez M. Bbssange pere, et chez MM. Treultel et Wurtz , libraires. Z. SUISSE. Geneve. — • Enseignement industriel. — La Suisse n'a pas SUISSE. 81 3 etela derniereinuiicherdausla voieque I'Angleterrea ouverte, et dans laquelle ia France fait dcja d'heureux progrcs , grace a I'activite patrlotique de M. Ch. Dupin. Nous avons annonce I'etablissernent des coursdestines aux classes indiistrielles a Lau- sanne, a Berne , a Zurich, a Arau (voy. ci dessus, p. SaS). Main- tenant , M. Jb. MoRiN, pharmacien a Geneve, annonce qu'il commencera , en Janvier 1827, un cours de physique et de chiinie industrielles. Ses lecons auront pour objet Taction de la chaleur et de la vapeur^ et la fabrication de la fonte, du fer et de I'acier. «. Argovie. — Legislation. — Formation d'un code civil. — Le canton d'Argovie, pays remarquabie par les hommes dis- lingues qui I'liabiteut , et par de nombreux ctablissemensd'in- dustrie et I'etat ])rospere de I'agriculture, renfcrmait deja dans son sein plusieurs elcmens de prosperite. Forme, au commen- cement de ce siecle , des debris de la puissance bernoise, de I'ancien comte de Bade, des baillages libres, et du Frickthai donne a la Suisse (en i8o3 ) par la France qui I'avait elle-meme recu de I'Aiitriche, lors de la paix de Luneville, ce canton avait vu cliacune deses parties conserver aiors, suivant I'usage, son ancierine legislation. Les lois bernoises, celles d'Autriche et le droit coutumier regissaientseparement quelques districts du canton , et la jurisprudence offrait le meme dedale et les men)es difficultes que la legislation francaise avant I'elablis- scnient du co^e civil. Lo besoin de la codification { voy. Rev. Enc, t. XXXI , p. 626) se faisant sentir avec Torce, le gouver- nement toujours attentif a ce qui ])eut contribuer au bien-etre de ses commettans, s'est empressede faire ses efforts pour rem- plir la iacune qui esistait, et a decrete Telablissemenl d'un code civil general pour le canton. Le projet en est redige par une commission composee de jurisconsulles et d'liommes d'etat, discute dans le petit conseil, livrc a i'impression et distribuc aux membres du grand conseil, afin qu'ils puissent preparer leurs observations sur ce sujet. Lors de la reunion du grand conseil, le projet est soumis ii une nouveile discussion; les modifications que cliaque membre juge necessaires sont reje- tees ou admises, a la majorite des voix. Ainsi fut fait le })re- mier livre ; il traite du droit des personnes, de meme que la premiere partie du code civil francais qui, dans beaucoup d'endroits, parait avoir servi de modele. Cependant, il cxiste des differences notoires, et quelques-unes d'elles paraissent d'autant plus sensibles qu'elles sont plus opposees aux princi- pes que nous avons adoptes. Le travail que les legislateurs avaient a executer etait plein de difficultds. lis devaient concilier ensemble toutes les lois ei» 8i4 EUROPE. ■vigiieiir alors datis le canton, ct ils se sont vus obliges de faire quelques concessions aux idces recues cbez eux ; c'est ainsi qu'ils ont admis le divorce. Un seul excmple pourra faire compren- dre les conseciuences que cette aduiission peat avoir. L'insti- tution ilu divorce, dans I'Argovie , divise ia societe en deux parlies a peu pre* egales en nombre, inais qui ne jouissent jias de celle egalite de droit que tout citoyen d'un meme pays de- vrait avoir uevant la loi qui le gouverne et le protege. Car la difference de religion a introduit des manieres de voir oppo- sees , en ce {|ui concerne le divorce. Les protestans , convaincus qu'un lien indissoluble, qui peut compromettre le bonhrur de toute la vie , convient nial a noti e nature si fragile , et a la mo- rale qui est eu danger, si I'iniprudence d'un moment ne peut jamais etre reparee, regardentle divorce coniine licite, tandis que les catholiipies veulent que le mariage, considere comrae sacremeiit spirituel, ait un effet indestructible dans cette vie. Quel fut le resultat de cette divergence d'opinions? La loi a reconnu aux membres de I'eglise protestante la faculte de di- vorcer et de convoler (art. iiii), et aux catholiques, lepouvoir d'operer seulement la separation de corps et de biens [Schei- dung von Tisch unclBeti) (art. 119). La loi ne s'est pas arretee la ; elle ne pouvait empecher les niariages mixtes; une pareille dis- posilion aurait revolte tout le moiide , et ces inariages amenent de frequens changemens de religion, qui sont susceplibles de porter le trouble dans les families et d'operer de continuelles scissions. 11 fallait done regler le cas de divorce dans les ma- riages de cetie nature, et Ton a decreteque chaque ])artie au- rait a observer les lois imposees aux autres membres de sa religion (art. 120 ). Sans doute, cette disposition singuliere annonce le respect du legislateur pour la toi religieuse de tous les ciloyens de I'Argovie. Mais il aurait pu atteindre le meme but, sans par- tager en quelque sorte les habitans du canton en deux classes distincles. Le moyeiile plus sim[)le eiait de laisser uniquement a la conscience des epoux le droit de reclamcr la dissolution de leur mariage, en prenant de sages precautions pour que ce lien sacre ne put pas devenir le jouet des passions et des ca- prices de ceux qui I'auraient cortracle trop legerement. Toiitefois, nous devons ajouter que la constitution du canton d'Argovie a pris le plus grand soin jiour que les deux commu- nions jouissent des memes droit set soientegalement representees tlans les divers corps de I'etat (i). Telle est probableinent I'oii- (i) On peut voir cette constitution dans la Collection de MM. Dufau Duvergler et Gnadet, t. ir, p. 563. (Voy. Rev. Enc, t. xxv, i>. 55.) SUISSE. — IT ALIE. 8i5 gine (le !a double loi qui va rt'gii' ce canton relativement au divorce. Quoi fiu'il en soil , c'est un grand pas de fait dans la civilisation, que ce code civil promulgue dans I'Argovie, mal- gre les defauts dont il porte I'enipreinte , et Ton est en droit (I'esperer que ces defauts disparaitront successivement lors- qu'on songe aux progres toujours croissans des hiniieres et des connaissances utiles dans cet heureux pays , ou, d'apres de sages ordonnances, les parens sont obliges d'envoyer leurs en- fans dans les ecoles primaires. C. T. ITALIE. Turin. — Societe royale d agriculture — Seance du 26 novemhrc i8'26. — M. le marquis de Lascaris a presente la broie mecani- que de M.Zfl/b/-e.i7avec quelques perfectionneinens; M.BoNAFODS, un aiouliu a bras jiroduisant 12 livres de farine par heure; M. le comte Framcesetti, plusieurs echantillons de tourbe et de lignite, decouvertes en Pieiuont. M. le professeur Carena a lu un niemoire sur les paragreles, dont I'efficacite lui parait encore problematique. M. le docteur Cantu a lu une note sur Topiuni indigene et sur I'application des eaux sulfureuses a la incdecine viiterinaire. M. Bonafous, au nom d'une commis- sion, a fait un rapport sur un luemoire de M. Cattaneo, de Voghera , dans iequel ce dernier propose de substituer la feuille du bronssonelia papyrijera a celle du murier blanc, et de grelfer ces deux arbres I'un sur I'autre. M. le professeur Gio- KERT a termine la seance en signalant les efforts que Ton fait dans les pays du iiord pour propager I'education des vers a sole , (voy. ci-dessus, p. SaS) et il examine jusqu'a quel point I'ltalie doit redouter la rivalite etiangere. B. Florence. — Academic des Georgophiles. — Seance puhlique du il^ septemhrc. — Apres la lecture du rapport historique sur les travaux de I'annee, par le secretaire, M. le niar(|uis CdwcRiDOLFi, on a entendu I'eloge de Pierre Faroni , raalhc- maticien , mort en 1826'. — Societe medico-physique. — Seance du 17 septemhre. — Le professeur Pacini, de Lucques, a envoye deux memolres iinprimes et inedits sur les dommages causes par Tabus du remede de Leroy. — M. Buzri donne lecture d'uri discours sur les maladies des yeux , et surtout sur la trichiasi. PtI. BoNCi lit aussi ([uelques morceaux sur les causes qui retardent les progres de la mcdecine, et parmi lesquelles il signale les doc- trines mystiques transcendantes qu'on s'efforce d'introduire dans cette science. F. S. Naples. — Decouvcrte d'un manuscrit latin. — On mande 8i6 EUROPE. que Ms' Angela Mai, a qui la Bibliograpliie doit deja plii- sieurs conquetes, a d^couvert, dans )a BibJiolheque royale de Naples , le inanusciit d'un ancien geoponique latin , rcmar- qnable par la purete du style et rintcret des matieres qu'il traile. Nous ferons connaitre cet ouvrage a nos lecteurs lors- qu'il sera imprime. B. Necrologie. — Jean Castinelli naqiiit a Pise, en 1788. II avait a peine onze ans lorsqn'il fut oblige de snivre sa faniille pour thercher avec elle un asile en France, en 1799. Cet evenement lui procura les avantages d'une instruction soignee qu'il recut au college de Soreze, ou se troiivaient a cette epoque deux illuslres litterateurs italiens , Philippe Pananti et Vrbain Lampreui. Pour s'exercer a la culture des lettres , les eleves Ics plus avances avaient forme une sorte d'academie, sous le noin de Lycee d'emulation , dorrt le jeune Castinelli fut Domnie secretaire, a i'age de dix-sept ans. Rentre en 1806 dans sa patrie, il sentit la necessite d'etudier sa propre langue, qu'il avait jusqu'alors remplacee par la langue francaise : la connaissance de ces deux idiomes lui permit de bien apprecier lenr merite comparatif et les rap- ports divers qui existent entre eux. Malgre son gout pour les lettres, il suivit les conseils, et embrassa la profession de son pere, Joseph Castinelli, savant jurisconsulte. Cefut soussa direc- tion qu'il coraposa un premier Essai sur les lots des Roinains relatives au commerce. Il se proposait aussi d'entreprendre un traile complet , qui manque encore a la jurisprudence , et dans lequel il coniTitait examiner le Droit commercial et maritime, tel qu'il existe et tel qu'il devrait etre. Ayant perdu son pere et son frere Francois, qu'il niraait tendrement, ii eut une longue maladie que des malheurs et des sentimens honorabies augmenterent de plus en plus, et il inouruf le i^' octobre 1826, age de trente-scpt ans et neuf raois. On a de lui, outre I'ou- vrage dont nous avons parle, un Eloge du general Spannoc- chi , et divers articles inseres dans V Anthologie. II a laissc des mannscrits encore plus importans, les uns presque acheves , les autres ebauclies, tels que deux Comedies , quelques Me- moires sur le theatre et sur le romantisme , un Precis de I'his- toire de la republique de Pise , etc. F. Salki. BoLOGNE. — Necrologie. — Marchesi , vulgairement Mak- cHEsiNi (Louis). Ce chanteur, le plus celebre peul-etre «le tous les castrats italiens, vient de mourir, a I'age de quatre- vingt-cinq ans : il etait ne a Milan en 1741, et non vers 1 755, coiiime le pretend Fayolle, dans le Dictionnaire des musiciens. Fils d'un trompettiste milanais, Marches! s'adonna d'abord a ITALIE. Si'; I'fUude du cor; mais, port6 vers un genre dans lequel il devait obtenir le premier rang, jaloux des hommages d'admiration dont etaient corables les sopranistes de cetle epoque , il se rendit a Bergame , ou il se fit opercr. II recut des lecons de Fioroni , du sopraniste Caironi) du tenor Albuzzi , et ne tarda pas a etre adinis parmi les cleves de la cathedrale. II se rendit a Rome, en 1774 > et debuta dans un role de fcmme (une loi de ce tems defendait anx femmes de paraitre snr la scene dans les etats du pape (i). En 1775,1! revint a Milan etjoua long- tems les seconds roles ; a cette epoque, si fertile en chanteurs excellens, les acteurs du second ord're regardaient comme un bonheur pour eux de se Irouver chaque jour en scene avec des talens transcendans, et ils devenaient souvent les rivaux de ceux qu'ils avaient commence par regarder coiumc leurs mai- tres. En 1779, Marchesi quitta I'emploi de second, et parut a Florence dans le Castore e Polluce, de Liancbi , et dans VAchille in Sciro , de Sarti. Ce dernier role lui acquit une reputation extraordinaire; il se surpassa dans le deiicieux rondo : Mia speranza io pur vorrei , et Ton n'a pas de peine a comprendre que depuis il ait tant de fois repete ce morceau. Je I'ai enteudu chanter a ua musicien tres-habile qui I'avait appris de Marchesi; et, comme je m'extasiais sur la beaute de I'air et I'expression que lui donnait le chanteur, il s'ecriait , comme Eschine parlant de Demosthenes : Que serait-ce, si T)ous I'aviez entendu lui-meme ? De relour a Milan, Marchesi devint I'objet de I'admiration universelle ; rAcademie fit frapper une raedaille en son honncur, et tous les chanteurs le prirent pour modele. II se fit entendre ensuite sur les theatres des principales villes d'ltalle; puis, a Vienne, h Berlin, a Peters- bourg, et enfin a Londres, oii il resta deux ans. Retire du theatre depuis 1790 , il retourna en Italic , ou il v^cut comble d'honneurs et de richesses. L'excellence de sa methode de chant a etc si connue et si admiree, que tout ce que Ton pour- rait dire a ce sujet ne saurait exprimer les sensations qu'il faisait ^prouver : Crescentini a pu seul donner une idee de la purete de son expression , du bon gout de ses agremens, de la nettetu dc sa voix. Marchesi etait de plus excellent acteur, talent bien rare dans les bons chanteurs , et que , seul parmi les castrats , il a su porter a la perfection. Nous ne pouvons ter- miner cet article necrologique sans regrelter ce tems ou I'ecole (i) Cette loi a ete renouvelee il y a nn an; inais il tie parait pas qu'elle ait ete mise en vigueur jusqa'a ce jonr. T. xxxii. — Decetnbre 1826. 5'^ 8i8 EUROPE. italienne poss^ilait toujours iine douzaine de chanteiirs du premier ordre et une centaine du second. Ce terns etait aii&si celui oil elle produisait une foule de coinpositenrs, presqtic tous liabdes et savansiniisiciens. Maintenant, on n'y renconlie plus de chanleurs de premier ordre , sauf una ou deux excep- tions ; les compositeurs y devlennent de jour en jour plus rares, el les eludes musicales s'y aff'aibllssent de plus en plus : on pourrait assigner bien des causes a celte decadence; mais nous ne craignons jjas de dire (|u'il serait facile d'y porter remcde el de rendre a I'ltulie musicale son ancienne splendeur, snns retablir une coutume barbare qui, degradant I'humauite, est incompatible avee nos roceurs actuelles. J. Adrie.w-Lafa4ge, PAYS-BAS. Amsterdam. — Institut ties sciences, de litterature et des beaux-urts. — Prix proposes par la i''""" classe , dans sa seance publique du 29 aoiit 1826. — Comnie il n'a point (5te envoye de meraoire pour le concours sur la question d'histoire pro- posee en 1822, dont le terme avail ete prolongc jusqu'en 1824, fa classe le proroge de nouveau jusqu'au i'^' decenibre 1827. La question est celle-ci : Quelles sont , surtout d'apres les monumens historiques , les revolutions qua suhles le sol du royaume actuel des Pays-Bas , relativement aux hois , tour- bieres, dunes ^ rivieres, lacs, et en general a toute sa superficie ? — Elle remel aussi pour la meme epoque la question de lit- terature remier prix i,5oo .^ ^ deuxieme prix 1,200 4° Pour la decouverte d'un outrenier f'actice. . . . 6,000 5° Pour un memoire sur les laines proj)res a faire des chapeaux communs a poils 600 6"^ Pour la decouverte d'un etaraage des glaces a miroir par un precede differeut de ceux qui sont connus 2,400 7" Pour le perfectionnement des materiaux em- ployes dans la gravure en laille-douce i ,5oo 8° Pour la decouveite d'un metal ou alliage moins oxidable que le fer et I'acier, et ])ropre a eire em- ploye dans les machines a diviser les substances molles alimentaires 3, 000 9° Pour la construction d'un moulin propre a i\i- toyer le sarrazin 600 10° Pour I'introduction des piiils artesiens dans un departement 011 il n'existe pas de ces sortes de puits , tiois medailles d'or dc 5oo fr. chacune i,5oo 11° Pour I'iroporlalion dans le royaume, de ( PARIS. 829 planies utiles a I'agrLculture, aux arts et manufac- tures , premier prix ajOOu deuxleme prix 1,000 Sent remis a I'annee 1828 , les sujets de prix suivans : 12" Pour le pcrfectionnement de la teinture des chapeaux 3, 000 f. i3° Pour la decouverte d'un procede tres-econo- mique pour faire de la glace 2,000 Ces prix, en y reunissant ceux qui doivent etre decerncs en 1829 et en i83oet les iiouveaux que la Sociele a proposes dans cetlc seance forment une somme de 11 5, 000 fr. On a pu remarquer que depuis le dernier concours , I'esprit des programmes de la Societe a ete beaucoup mieux saisi qu'il ne I'etait precedemment ; aussi les recberches des concurrens ont-elles ele basees sur les principes d'une saine theorie , ce qui doune les plus jusles espcrances pour la solution des pro- blemes industriels proposes par la Societe. M. Merimee a lu ensuite un rapport sur le concours ouvert pour la decouverte d'une substance se moulant comme le platre et capable de resister aux impressions de I'air, autant quelapierre; une mention tres-honorable a ete accordee a M. DE Dreux , architccte, rue Tailbout, n° 9, qui a fonde un grand etablissemenl , ou il suffit d'un seul jour pour mouler une statue aveg une matiere plastique de sa composition. Le meme meuibre a rendu compte des rcsullats du con- cours pour la fabrication du papier d'ecorces de murier. M. Santiago Grimaud, Espagnol , s'est livre avec succes ii cette fabrication ; exercant sou Industrie hors de France, il ne pent pretendre au prix propose ; mais la Societe a pense qu'elle stimulerait le zele de nos fabricans en donnant a cet etranger une marque de sa satisfaction , et lui a decerne une medaille d'or de deuxieme classe et le tilre de membre corres- pondant. Le prix, qui est de 2,000 francs, est remis ^ I'annee pro- chaine, Les conditions du programme relatif au perfectionuement des fonderies de fer , n'ayant point ete rigoureusement rcm- plies, le prix n'a pu etre accorde; mais , sur le rapport de M. Gaultier de Claubiy, la Sociele a mentioniie tres-honora- blement les fontes de MM. Boignes; il leur aurait ete decermJ unemedaille d'or de premiere classe, s'ilsnel'avaientdeja ob- tenue au precedent concours. Leurs fontes rivalisent avec celles des Anglais; msis le programme demandait que le procede 83 () FRANCE. suivi par les ccncurrens put servira lous les minerals. La So- ciete a scjili tjue , sous ce point de viie, tin senl fondeur ne pouvail alit'indrc le but; elle remet cettc imporiante cpiestion au concours avec des rnodifica lions apjiortces aux conditions a remplir, et qui permetlront a un pins grand nombre de nos proprietaircs de fondcries d'allcindre le but proposed. On sait que ce prix est de 6,000 fr. Le prix jjour le perfeclionnenient des fonderies de fer et le moulage d«s pieces de fonte destincei a recevoir un travail ultcrieur, est egalenicnt remis a I'annce 1829; il estdeia ineme valeur que le precedent. Sur le i.Tp]iort de M. Bosc, le prix de 5oo fr. propose jiour un semis de ()ins d'Ecosse a ete dicerne a RI. Le Roy Berger , imprimeur-iibraire a Boulogne ( Pas-de-Calais ). Le meme sujet de prix est mis au concours de i8a8. M. Pail- liet a lu un rapport du plus grand interet sur la faJjrication des cordes a boyaux propres anx instrumens de niusique. Le rap|)orteur a rappele qu'cn J819 la Sociele avait pro- pose deux ])iix snr Part du boyaudier : i'un pour la deconverte d'un procede chimique au moyen duquel on ])ul preparer les inteslins des animaux, sans maceration, et en s'opposant a la putrefaction ; I'autre pour la deconverte el la description d'un })rocede simple et eciniomiijue au moyen duquel on put fabriquer avec les inlestins dc nos moutons des cordes d'ins- trumens , et surtout des chanterelles egales, a ceJles de Naples. Le premier de ces prix ful remporte par M. Labarraque qui rcsolut completetnent la question. Quant an second ])rix , qui avail ete remis au concours, ii a ^le dispute , celle annee , par deux concurrens : ce sont M. Sa- varesse-Sarra, de Grenelle pres Paris, et M. Savaresse, de Ne- vers, son frere. D'apres les experiences ef les essais auxquels leurs cordes ont ete souinises, les conimissaires de la Societe ont reconnu, dans leurs produits unc grande superiorile sur ceux du jirccedent concours, et ils ncilarent que les freres Savaresse sont tres-])res d'obtenir des chanterelles aussi bonnes que celles de Najiles, mais qu'il leur reste encore nn dernier effort a faire ])our y arriver d'line maniere certaine dans ieur fabrication ordinaire. En consequence il a ete acconie a M. Sa- varesse de Nevers , uue medaille d'or etnne somme de 5oo fr.; et a M. Sav,iresse-Sarra , qui doil eire mis snr le meme rang , una somme de 5oo fr. seulement , parte qu'il a deja oblenu la grande medaille d'or au dernier concours. Ce concours est ouvert de nouveau pour 1 828. M. le vicomte PARIS. 83 1 Hericart dc Thury a fait un rapjjoit lies-luniineux sur le prix propose pour I'application de la ;)resse hydrauliqiie a I'ex- traction cies huileSj du vin et en general de tous les sues de fruits. Le pris , qui etait de la valeur de 2,000 fr. a etc adjuge a M. Halleste , ingenieur-inecanicien a Arras. Les perfectionnemcns que M. Hailesle a ajoutes a ses ma- cliines, sonl de la plus grande iin[)ortance. II a reinplace le robinet de distribution par un syslt-nie de soupapes ([ui, com- bine avcc un coin double et un levier a bascule, mis en inou- vement par une vis sans fin, reraplit parfaitement toutes les conditions de ce nicme robinet. Ces presses procnrent un benefice de 4 pour cent, indcpen- dammenl de la grande econouiie dc main-d'ceuvre, et quoique leur prix soit de 6,000 fr. , il est bien inferieur a celui des presses anglaises; puisqu'une de ceJles-ci rendue et posee a Lille, revient a la somme de 1 1,700 fr. Nous croyons devoir ciier ici un fait qui est une nouvelle preuve du ges eclaires, fit concevoir a M. Muller le projet de faire , cet hiver, le meme cours a Paris. Le prospectus detaille qu'il en a public renferme un tableau sommaire de cette litteraiure que le professeur se propose de considerer dans cinq epoques differenles, depuis le iv'' siecle jusqu'a nos jours : i" Du iv** au viii" siecle , ou cc qu'il ap])el!e I'^poque bardo-gothique , de- puis Ulfilas jusqu'a Otfried (360-768); 2'' I'epoque des Francs, depuis Chnrlemagne jusqu'aux erapcreurs de Souabe , ou de- puis Otfried de Weissembourg jusqu'aux Minnesinger ou Trou- badours (768-1137); 3° depuis les enipereurs de Souabe jus- qu'a la fin du xiv^ siecle , ou depuis les Troubadours jus- (|u'aux maitres-poetes (i 137-1399) ; /(" depuis la fin du xiv^ siecle jusqu'au xvi^, ou depuis les maitres-poetes jusqu'a Liither (1399-1517) ; 5" depuis la reformation jus(|u'a la res- tauralion politique de I'Allemagne , ou depuis Luther jusqu'a Goetlie (1517-1826)... Dans la premiere seance de ce cours , qui eutlieule 21 decembre , M. Muller s'est attache a prouver I'imporlance de I'etude deslilteratures en general. 11a tres-bien montre que Ton ne pent guere apprecierune litterature quel- conque, sans la comparer aux autres litteratures contenipo- raines et qu'il est impossible de connaitre et de juger I'elatde culture d'une nation , sans s'occuper en meme tems de I'etat des beaux-aris. II dtablit un parallele enire les litteratures allemande et f'rancaise; il signale les obstacles et les prejuges qui enipechent qu'elles ne soient appreciees avec impartialite. Dans la seconde seance , M. Muller s'est occupe d'une ma- niere aussi nouveile et interessante qu'inslructive , des deux premieres epoques. II a rappcle I'ancienpoeme d'Hildebrand et Hadnbrnnd; il a parle d'Ulfilas, restaurateur de I'ecriture dans PARIS. 83; le moyen 4ge ; d'Olfried , poete allemand du ix* «iecle , etc. , en citant des fragmens traduits de leiirs ouvrages, et en ajoii- tant des apercus curieux sur I'etat des beaiix-arts el; des pa- ralleles avecles littcratures italienne, espagnole, francaise, an- glaise et scandinave de cetle epoque. Ce cours prometlait mi interet peu comniun, et nous regrettons que des circonstances indepeiidantes de la volonte du professeur, comrne de celle de ses audileurs , I'aient oblige de discontinue!" sou cours et de quitter Paris. Le pro.tpectus annoncait , pour la seconde et la cinquierae epoque , des observations sur les couimeiiceinens de la reformation; sur les progres de la nation alleniande , arrivee a un plus haut degre d'iulelligence ; sur les besoins, les esperances et les efforts de I'Alleinagne pour un nouvel ordre de choses; sur Luther et Melanchton; sur les jesuites , etc... M. Muller nous a prouve , dans ces deux seances , qu'il a des connaissances tres-etendues , non-seulement sur la Ulterature de son pays , mais aussi sur les littcratures des autres peuples et sur I'histoire litteraire en general , science qui est beaucouj) trop negligee en France. Z. Dissemination dans plusieurs pensions de Paris des jeunes Egypliens em'oyes en France pour y terminer leur education. ( Voy. Rev. Enc, t.xxxi, p. Sag). — MM. les Effendis, chefs des jeunes Egyptiens envoyes en France pour leur instruction, voulant accelerer leurs progres dans la langiie fmncaise, et craignnnt qu'iis ne pussent acquerir assez jiromptenient la con- naissance pratique de cette langue, lant(|u'ils seraient reunis et qu'iis con tinueraient a s'enlrelenirhabituellement en t re en x dans leur propre idiome, ont resotu d'isoler les elevcs et de les re- parlir deux par deux dans diverses pensions de Paris. La , comme ils n'auront de relations qu'avec des Francais,ils se- ront dans I'heureuse necessite de parlertonjours notre langue, et lis ne tarderont pas a se la rendre familiere. C'est alors seulement qu'iis pourront entendre avec fruit les leconsde no* j)rofesseurs de sciences, et qu'iis seront en etat d'etudier nos livres classiques. lis ne s'occupent guere a present que du fraucais , de I'ecriture, du dessin et de rarithraetique. Plu- sieurs eleves qui ont des dispositions naturelles , prennent aussi des lecons de musique; les plus avances coramencent les premiers elemens de geometric. Mouvement de la population en France. — M. Villot, chef du Bureau des Archives du departetnent de la Seine , et M. le docteur Villerme ont fait paraitre, dans le cahier de Janvier 1826 du Bulletin des sciences , section des sciences geogra- phiques, un tableau comparatif des priucipatix resultats slu - S^8 FRA.NCE. tistiqiies de chaque (lopartfiTient dc la France. Cc i|iii cnri- cciiit! le raonvement dc la population, dans le lableau dont il s'agit, a gtc fait sur une moyenne de cinq annees, de 1817 it 1 82a ; on a etabii les calculs coinme pour les recherclies qui ont ele publiees sur le m^me sujet dans les cahiers d'octobre et novembre dernier de la Revue Encyclopcdique [^ ^"Y- ci - des- siis,p. 1 0-40 et 276-31 3) d'apresdes publications officiellesoudes jeuseignemens atitlientiqucs. A.ussi , est-on frappe, en cornpa- rant les rcsultais de I'un ct de I'autre travail, de les trouver pa ifailement analogues, on ijotirrait dire seniblablcs; et cela , malgre la forme differente sous laquelle ils sont presentes, et ([uoique la periode qu'ils embrassent ne soit pas exactement la Hieme. En effet , dans I'un et I'autre travail , les df'parleraens se placent dans le jneme ordre , soit pour le rapport des nais- sances a la population totale, soit pour celui des naissances illcglfimes aux naissances legitimes, soit pour la fecondite des maiiages, etc. Cette conformite depose en favenr del'exactitude des deux travaux , qui se servent ainsi mutnellenient de preuve et de controle. Nous devons ajouter que I'auteur des tableaux de la Revue Encyclopedique a elabli un plus grand nonibre de combinaisons que MM. Villerni^ et Villot. Theatres — Theatre francais. — Premiere representation du/e««e il/arj, comedieenSactes et en prose; par M. Mazeres. (Vendredi 24 novembre.) — Nous avoiis vu rccemraeni a I'Odeon, dans VEcole des Veuves, un mariage mal assorti; une fenime jeunc encore epouse un mart plein d'excellentes qualites, mais beaucoup plus jeune qu'elle. Bientot ce mari devient volage; entraine par un ami perfide , il se livre a toules sortes d'ecarts ; mais enfin il revienta de meilleiirs sentimeiis, et, penefre de remords, il obtient son pardon. La piece est triste, et celte heureuse conclusion n'esl point d'accord avec I'intention mo- rale du drame. II sembleque le seul denoument raisonnable d'un pareil sujet serait une separation, raais ce denoument s'eloignerait de nos habitudes draroaliques. Dans le Jeune Mari la meme idee est traitee d'une maniere toute differente. Une femme sur le retour epouse un mauvais sujet dont elle est eperdument amoureuse, et qui n'accepte cette union (jne pour faire payer ses dettes et avoir un rang dans le monde. Bientot la discorde est dans le menage, mais tout s'arrange encore, et la bonne intelligence des deux epoux termine aussi cette piece. Ce denoumeut n'est pas beaucoup meilleur que I'autre, crpendanl on voit assez clairemenl qu« PARIS. 83;> la consequence necessaire d'une union ridicule, la S(-paralioii, ne se fera guere atiendre. M. Mazeres n'a d'aillcurs envisage* son sujet que du coti; ])iaisant; c'est en cela suitout que sa piece diCfere de VEcole ties f^euves. Voici ce qu'il a imaging: Beaufort, jeune officier congedie de son ri'ginicnt, ])nur sa mauvaise conduile, et qui a des detles comme un inai'quis, quoiqu'il ne soit que chevalier, a cpouse la veuve d'lin president, el avec elle cent miile livres de rente : a la verile, il est separe de biens; mais enlin la douairieie a pave ses dettes, horniis une seule qu'il n'a pas , encore ose reveler; elle fait a Monsieur une jiension, elle lui donne un cabriolet, un groom el un doraestique, elle I'appelle son Oscar. Voici la conlre-partie ; niadarae veut elre appelee mon Herminie; elle Sonne son mari connne nn laquais, eiie I'emmene dans sa caleche lorsqu'elle fait ses visiles, el I'y laisse croquer ie niar- niot, tandis qu'elle monte cliez le president on cbez son no- taire; elle lui permel d'entrer cbez sa niarcbande de modes, mais c'est pour le charger de ses cartons, de ses etoffes et de paqiiets de toule sorte. qu'elle ne veut pas exposer a la inal- adresse de ses gens; en un mot, Oscar est adore, niais reduit au plus complet esclavage. Madame de Beaufort, aussijalouse qu'amoureuse , accable son niari des marques de la tendresse la plus tvrannique; il n'ose jeter un couj) d'oeil sur une jolie femme; il ne lui est pas meme permis de recevoir ses plus intimes amis.^Celte souniission humiliante n'est ]/as trop vrai- seinblable de la part d'un si mauvais snjet, el elle bii donne pendant les deux premiers actes un air de caricature. M™'= de Beaufort » cbez elle une niece qu'elle vent unir a un M. Duperrier, frere de son premier epoux, recevenr-general , et vieux liberlin qui se marie pour garder son emploi, parce qu'on lui a fait insinuer que pour I'bonneur de la morale il ne convenait pas qu'un fonctionnaire public resist cclibataire. II y a pour M'^'' de Beaufort double jirofit dans cetfe union; elle eloigne de cbez elle une jolie jiersonne, et elle arrange un proces commence avec le clier beau- frere. Cependant un ancien camarade de Beaufort, M. Surville, arrive de son regiment, pour demander la main de Clara, dont il est amourenx dcpuis long-tems. II conqjie sur son ami pour le proteger anpres de M""' de Beanfori , mais le pauvre bomme a bien d'aulres affaires. La detle dont il n'a pas encore ose faire confidence lui lombe sur les bras; ce sont des lellres de change qu'il a faites a M""" Amanda, dan- sense de I'Academie royale de musique, et pour le painient desquelles on lui luande qu'une prise de corps a ot6 obtenue. 8^0 FRANCE. Avant de parler pour son ami, Oscar parle pour lui-mfimc ; il cajole son Herminie,les protestations sentiraentales , les transports du bonheur present, les regrets d'lm pass6 ora- genx, amenent enfin a la revelation de la prise de corps; mais il est de certaines dettes qii'Herminie a jure de ne jamais ac- qnitler, elle vent absoluinent savoir le nom du creancier; le crcancier est une creanciere, et voila juslement les creances qu'Hcrminie ne paie pas. Oscar la quitle de fort mauvaisc humeur, et blentot on apprend qa'il est a Sainte-Pelagie. Grand desespoir de la sensible epouse; Tamour excuse tout; elle se hate de payer et de faire lever I'ecroii. Cependant Oscar avail trouve a Sainte-Pelagie de joyeux convives, il y sablait d'excellent Champagne , il etait plus libre en prison que dans son menage; aussi n'v revient-il qu'a regret. IMais dii moins il a pris de bonnes lecons a Sainte-Pelagie; les conseils de ses compagnons d'infortune ;et les fumees du Champagne lui donnent une audace inconnue jusqu'alors; il se revolte, il s'insurge, il veut etre le maitre de la communaute, il cite des articles du Code, il invite a diner pour le lenderaain tons les mauvais sujets ses anciens amis; ce sera un rep.^s de corps; enfln pour tout combler, il dit des douceurs a M"" Delby, veuve d'nn ancien prefet et amie de sa femme. A force d'ira- pertinences, il pousse a bout son Herminie , qui, pour couper court a toutes ces tracasseries, se decide a aller vivre dans sa terre au fond du JBourbonnais, oii, pour se consoler de sa solitude, Oscar se promet de faire beaucoup de bien aux paysans et aux paysancs. Clara epouse Surville, et M""^ Delby, le receveur Duperrier. Cette dame Delby dont nous n'avons point parle , parce qu'en effet elle ne tient nullement a I'lntrigue, est un person- nage episodique assez original ; elle a la nianie des places ; jeune encore et veuve d'un prefet , elle epouse un vieux rece- veur-general, et elle sera encore la premiere du departement, car elle sera la plus riche. II y a dans ce role de femme en place de robservation et de la gaite. Une vieille femme sentimentale et follement amoureuse d'un vaurieii qui lui obtit en esdave , on I'insulte en des[)Ote; un jeune mari qui feint un amour qu'il ne sent pas, et qui caresse cette vieille epouse, pour lui faire payer les billets qu'il a souscrits a une tiiinseuse, offrent un spectacle assez triste et ineme un pcu degoutant; inais il y a tant d'esprit , de vivacite , de verve dans le dialogue, que ce fond disparait sous une bro- derie si plqnante el si gaie. Cette fable est peu vraisemblable, les convenances y sont assez lual observees et elle peint dej PARIS. 841 tncears qui, si elles ne sont loul-a-fait etraiigeres a la bonue societe, n'y font du moins qu'une t res-rare exception, mais on rit presque conlinuellement; el le juge qui rit est si indul- gent! Le succes n'a pas ete un insiant douleux ; I'auleur a ete nomme aus applaudisseniens du parterre, et si la reflexion traite un peu severement I'auteur, il est completement absous par le premier inouvement. M. A. — Premiere representation de Marcel, tragedie en cinq actes, par M. de Rougemont (mardi 28 novembre. ) — Se- daine, qui a compose plusieurs pieces bien faiies sans avoir jamais fait une bonne piece, et qui, s'il n'avait pas le genie du theatre, en avait du moins le metier, a laisse un Alarcel dont la police n'a jamais permis la representation. Cette piece n'avait rien pourtant qui put effrayer le gouvernement. Les moeurs du tems et la situation politique y sont completement defigurees, ou plutot Sedaine n'a pas meme songe a les jiein- dre. II a suppose un niariage secret, une naissance myste- rieuse ; enfin, il a transforme cette grande catastrophe poli- tique'en une affaire de famille, et le petit roman qu'il a imagine n'est pas sans intcret. Dans le nouveau Marcel, au conlraire, c'est la politique qui doinine; et la faible intrigue d'amour iiouee ji.ir I'au- teur n'a aucune influence sur les evenemens et occupe fort peu le spectateur. La scene s'puvre dans la demeure du prevot des rnar- chands, a l'H6leI-de-viile. Le poete nous montre I'ancienne amitie de Marcel et de Maillard, deja ttes-refroidie par la diversite d'opinion; Maillard tente cependant un dernier effort pour ramener le prevot des marcliands au parii du Dauphin , qui, corame on sait , est regent du royaume, pendant la cap- tivite du roi Jean, son pere. Marie, flile de Marcel, est unie par les liens d'untendre amour aufils de Maillard , Olivier, qui sert dans les troupes du Dauphin ; elle s'afflige d'une dissen- sion qui lui ravitt oute esperance de bonheur; car les repro- ches n'ont point louche Marcel; il excite une sedition dans laquelle le comte de Clermont, niinistre du Dauphin, est assas- siue, et ce mcurtre est le signal des t)1iis coupables cxces. Bienlot, un envoye du roi de Navarre, Charles-le-Mauvais, dont Marcel est la creature, apporte a celui-ci le fraite par le- quel le prince s'engage a payer au prevot le prix dc sa Iralii- son , s'il consent a lui livrer une des porles de Paris. Mais te complol semble un instant dejoue; le Dauphin est parvenu a entrer dans la ville, et I'oti apprend qu'il sera bientot au palais des Tournelles. Le troisieme acte se passe dans cc palais, oil 8/, a FRANCE. \tt prince parair, en aniioncant le pardon et I'oubli dii passe; les principaux conjures se soni prosteriii's dcvant liii; Marcel viontanssi, en apparence ])our faire sa soiiinission , mais en eff'et pour gainer du lenis. II lierit. au Daupliin des discours pleins de noblesse et de fermete, il si^'nale Its niiseres du |)en- l>te et ia lyranriie dcs grands , et s'exprime avec ce generenx courage qui n'ajjpartlent (pi'a ia vertu. Le Dauphin, trompe par cet air de franchise, pardonne au pr^voi, el vcut se montrer ail peuple , acconipai^.nc de celui qui tout a I'heure etait le chef de la rebellion. Dans I'acle suivant, Marcel ras- semble les conjures a rH6lel-de-Ville pour se iaver du soup- con que sa promenade avec le Daupliin fait peser sur lui, et il tacbe d'engager Olivier dans son parti, lorsque Maillard parait. Celiii-ci reproche a Marcel sa nouvelie Iraliison ; niais Marie, pour justifier son pcre , se livre en otage entre len mains de Maillard, qui remniene. Le devounient meme ([u'il au- rait vouiu peindre Hdelement cette epoque, il est probable qu'elie ne I'aurait (las peruiis. Sans doute, ces tems desastreux furent niarf|ues par de giands exces populaires ; mais les crimes de la noblesse furenl grands i.ussi, etil elait tems que le peuple s'armat enSn contre elle de ses droits legitimes et trop long- tems foules aux piefis. La censure s'honorerait en permettant a un pnete de peindre avec franchise la situation reciproque de ces deux classes de la societe. Un autre reproclie pour lequel la censure ne peut pas sans doute fournir d'excuse a I'auieur, c'est une eonstante infidelite dan^ la peinture des mceurs locales. Cliangez les noms , et vous ne saurez plus dans quel siecle, ni chez (|uel peuple vous etes. Ce prevot des marchands de Paris, en i358, sera aussi bien un Manlius, ou un Catilina. Ce peuple du 14* siecle n'a rien qui le distingue du peuple d'a present ; les idees de ces gens-la sont celles du jour , et tous les personnages con- servent cette diction solemnelle, cette habitude de tirade, ce dialogue de convention qui Irop souvent sont comme obliges sur notre theatre, et que certains poetes respectent a I'egal des regies d'Aristole. ( hjant a la versifica'ion, elle ne manque ni de purete , ni d'elegance ; si elle laisse a desirer plus d*- couleur , on y ren- 844 FRANCE. contre du moins de I'energie , fie nobles pensees, et des vers assez bien frappcs. La piece, ecouteepaisiblement pendant les quatre premiers actes , a ete un moment en danger, dans la scene oil Ton delibcre siir le prince qui conviendrait a la France, et I'auteur n'a pas ete nomine sans opposition. Cette tragedie ne semble deslinc« qua un petit nombre de repre- sentations. — Okeon. — Premiere representation du Cachemire, comedie en un acte et en vers, par M. Ildouard. ( Sumedi 16 decem- bre.) — Clara , qui a obtenu le prix du Conservatoire, et qui donne des soirees musicales , est aimee d'Olivier, jeune graveur qu'elle paie d'un tendre retour; niais la discorde va brouiller nos amans avant que I'hymen les unisse. C'est un cachemire, ardeniraent desire par Clara , refuse par Olivier , qui met le trouble dans ce menage futur. Au milieu de la quereile, arri- vent le comte russe Koutisoff et le financier Duprez, qui tous deux courtisent la cantatrice. Inslruit des desirs de Clara, le Russe se hate d'cnvoyer ce cachemire tant souhaite ; on attri- bue ce cadeau a Duprez , vieil avare (|ui n'a pas la moindre envie de se raettre en depense. La jalousie d'Olivier qui pro- pose un due! a Duprez , la colcre de Clara humiiiee de I'in- jure a laquelle son inconsequence I'a exposee, rempllssent cette intrigue , qui se denoue par la letraite des deux galans et la reconciliation des jeunes amoureux. I! y a quelques traits spirituels dans cet ouvrage ; niais cela ne suffit pas pour le succes d'une piece on Ton ne trouve ni action , ni nceud , ni iuteret, ni gaite, et surtout pas la moindre entente de la scene. On disait cependant que le nom d'Edouard, prononce au milieu d'un orage de sifflets , cachait trois auteurs, dont deux ont deja travaille pour le theatre. M. A. Be aux-Arts. — Sculpture. — Le monument eleve a Malesher- bes, au Palais de Justice , daus la salle dite des Pas Perdus, est maintenant tout-a-fait termine, et offert aux regards du pu- blic. Le propre des actions genereuses est de toucher tous les coeurs. Comment n'etrepasemu en voyant un vicillard, bravant une mort certaine , quitter sa retraite , pour donnerau Roi qui I'avait honore de son estime et de son amitie, le temoignage le plus eclotant de son dcvoument? C'est une belle figure historique que celle de ce magistral, qui, dans les terns de ])rosperite, avait su faire entendre au Roi des conseils pleins de force et trop mal ecoutes; mais qui, au moment du danger, oublia tout pour se rajjpeler seulement qu'il y avait une vie- PARIS. 845 time qu'il fillait essaycr de derober au sort cruel qui I'at- tendait. Malesherbes, dans le tnonument eleve a sa meraoire, est debout : il tient un manuscrit dans sa main gauche; son autre main annonce qu'il va prendre la parole : le voila devant le tribunal (jui vent assumer sur sa tete la responsabilite du ju- gement de Louis XVI. En avant, el de chaque cote du porti- que sous lequel est la statue, sont deux figures allogoriques: I'une represente la France qui offre une couronne a Males- herbes; I'autre, la Fidelile, lourne sa main vers lui, comme j)our le montrer en esemple. Dans le soubassement du porli- qne est un bas-relief ou Ton voit Louis XVI, dans la prison du Temple, donnant a ses defenseurs ses dernieres instruciions. La statue principale est trop petite pour I'espace qu'elle de- vrait remplir, et par relation avec les deux autres : on a voulu remedier a cet inconvenient en la placant sur un piedestal; iiiais I'oeil n'en est pas plus satisfait. Cetait, au reste, une statue toute faite que Ton a desire employer; maintenant qu'elle est en place, on a pu reconnaitre que Ton s'etait trompe. Cette statue est de M. Dusiont ; elle offre un caractere precieux d'individuaiite , mais , peut-etre, n'y a-t-il pas assez d'elan. La France et la Fidelite sont de M. Bosio : on y recon- nait un homme habitue a disposer habilement ses compositions ; il m'a paru que , consme il s'agissait d'un sujet francais et moderne , il n^avait pas cru devoir donner a ces statues la ineme elevation de caractere et de style que Ton pourraitexiger dans un sujet lieroique. Je pense que, sous le rapport de I'art, il eut ete a desirer que Ton retrouvat le staluaire nourri de I'antique et du beau ideal, c'est-a-dire de la nature dans tout ce qu'elle offre de plus parfait. Au reste, Texeculion est rera- plie de grace et de finesse , cela n'etonnera personne. Quant au bas-relief, il est de M. Cortot. J'en ai deja parle (T. XXVIII, p. 98S ); je ne puis que repeter ce que j'ai dit : que c'esl un ouvrage aussi bien pense que bien execuld; malheureusement il est peu eclaire. Quoique I'ensemble de ce monument laisse a desirer, c'est cependant jin bon exemple qu'il faut suivre ; la France peut s'enorgueillir de ses grands hommes en tout genre; honorons- les, c'est nous honorer nous-memes. — Gravure. — LorsqueM. Heksent exposa , en 1822, le ta- bleau dont le sujet, puise dans le charmant episode de Ruth, lui avait ete designe par le feu roi , on reconnut le peintre qui sait imprimer a ses productions uu charme, une grace ct un int^ret qui lui ont valu de justes applaudissemens. La lete de >S.',6 FRANCE. la jeiine veuve est d'une expression charmante, pleine de con- fiance, (le candeur et d'abniulon; on voit (|ue c'est la bien- veillance et la protection de Booz qn'elle implore. » Je snis Ruth, votre servante, Ini dit-elle, lorsqu'il s'apercoit qu'une feinnie est couchee pres de Ini : 6tendez votre couvertiire sur inoi, parce que vous etes le plus proche parent de nion man. « Effectivement , Booz etend sa couverture sur les epaules de Ruili, mais d'lm air grave et conforme a ce que lui fait dire riiistorien sacre : « Ne craignez rien , je ferai tout ce que vous m'avez dit ; car tout le peujile de cette ville sait que vous etes une feinme de probite. » M. Alexandre Tardieu, I'un de nos plus habiles artistes , et connu j)ar des travaux importans qui ont marque les di- verses epoques de sa carriere, vient de graver ce tableau, Le plus bel eloge qyc Ton puisse faire de cette estampe, c'est de dire qu'elle reproduit fidelement le tableau, et qu'on y re- troiive partout le talent du graveur anquel eile est due. Prix , 48 fr. avant la lettre et 24 fr. avec la letlre. — Les Sabines de David , par M. Massard. — H existe une analogic assez frappanle entre Corneille et David : tous deux ont pnise leurs princijjales et leurs plus belles inspirations dans I'histoire de ce peuple-roi, dont les destinies seront un objet elernel d'eionnement et d'admiration; tous deux excejient a rendre des scenes fortes, a exprimer des sentimens energiques. Quelle belle scene, par exemple, que cette lutle ou Rome pre- lude a la conquete du monde enlier! Conime le desordre est bien exj)rime! Mais, dans cette melee, trois figures occupent principalement ie spectaleur : ce sont Romulus, Tatius et Her- silie. La valeur des deux chefs allait decider la victoire; Hersilie s'elance entre eux et termine le combat. Je me propose d'entrer dans un examcn plus apjvrofondi de ce tableau, dans la Notice que je publierai sur David; ici, il s'agit pariiculierement du graveur. M. Massard, place an premier rang de I'ecole par phisieurs planches >';in ont oblonu un Ires-grand succes, a moiitre dans ce nouvel ouvrage nne grande habiletc de burin; les travaux sont co!;duits avec autant de finesse que de talent. Le dirai-je? II me serable, cependani , que David n'est pas reprodnit tout entier ; je trnnve aussi que les ombres sont un pen noires : en grneral, le tableau est clair, argeniin. M. Mas- sard a eraint que sa pinnche n'eut pas assez de ressort , voila pourquoi, probableinent , il a donne pins de vigueur aux ombres. Au reste , le puLdlc a ete, avec raisou, plus sensible aux beautes de celle gravure que frappe des remarques que je viens de faire, et ille a obtenu un sueces complet ; toutefois, PARIS. 8/, 7 une partie doit en eire attribuee au peirjlre dout le genie eclnie pai'tout dans la belle composition que M. M;issard a reproduite. Cette planche coute, sur papier de Chine ou sur papier blanc, avant la lettre, 280 fr. et 240 fr. ; sur papier de Chine et sur papier blancavecla letlre, i^o fr. et 120 fr. — Lilho^raplue. — Eneide; suile de composilions dessinees au trait par GiRODET, et lithogr.ipliiees jiar MM. Aubry-le- COMTF. , CHATII,Lf>N , COUNIS, COUPIN, DaSSY, DkJUINNE, Delorme , La.ncrenon, Monanteuil et Pannetier , ses clevcs. Douze livraisons coinposees de six planches, format grand in-foiio, p^ipier vslin. Prix de chaque livraison, 20 fr. s.ur papier de (]hine, et i a fr. sur papier blanc. Paris, 1826; chez Noel aiiie, rue de Vaugirard, n** 34- II est des ouvrnges cpi'il suffit d'annoncer pour attirer et fixer Fallen I ion publi(jue : celui-ci est de ce genre, (lirodet « fait pen de tableaux; cependiint , on savait (|u'il travaillait continuellenient. On connait niaintenant, et on a ])m apprecicr rimportance el le nierite de ces travaux qui lui ont assigne Ic rang partioulier qu'il doit occuper dans noire ecole. ^JEneide est une de ces collections cue ses eleves ont pu- blit'es comme un temoignage de leur affection pour la nieraoire de leur maitre. C'est l;t que Ton voit ce grand peintre, saisi d'enthousiasme a la lecture du sensible Virgile, prendre ses crayons et reproduire dans ses compositions tout ce que le poete offre de plus heureux. II suit pas a pas son modele , re- trace toutes les scenes, prend tous les tons, observe toutes les nuances ; la poesie et la peintiue ont lies rapports tres intimes, sans doule ; mais elles eraploient des moyens differens : Girodct se raontre tout a la fois j)oete et peintre dans la nianiere dont il traduit Virgile. Depuis que j'ai entretenii I3 public de cet ouvrage ( "^oy. t. XXIX, p. 9o5), il a paru six nouvelles livraisons; la dixierae est sur le point d'etre publico; avant peu , le public jouiia de rensemblf de cette belle collection , I'uiie des plus iinporlantes dont les arts puissent se glorifier. Dans les livraisons ciue j'an- nonce, on remarfjuera , sans doute, avec un vif interet -.Junon propo.iant a Venus de rnarier Enee la^cc DiAon ; on verra avec quel bonheur le peinli'e a su saisir le caradere ]>ropre a cha- cune de ces deux deesses. Didon irnplorant Fasxisiance de xa see ur pour re ten ir Enee : « /, Soror , atque hostein supnlex off are sapcrhum. » Dansle poete, Didon estseule avecsa s(ciir, lors(|n'clle Iiii tient le distours dont je viens de rapporter tin vers; mais, en peinlure, ie sujet de leur entrelien ne pouvait pas etre cxprimii; pour !c faire coinpreudre; pour faiie sentir 84S FRANCE. I'objet de la douleur de Didon, Girodet montre fenee s'«51oI- gnant; inais c'est aiix Dieux qii'il obeit, c'est a regret qu'il abandonne Didon; aussi il s'eloigne lentemcnt. Avec quel art le peintie ici traduit le poete ! Lc songe de Didon , a la fin du iv' chant ; Sa mort ; Enee consultant la sibylle de Cuines; Enee ass aim par des monstres , aux portes des enfers; Caron rece- vant dans sa barque Enee et la sibylle ; Enee traversant le Styx , que Girodet a personnifie d'une maniere qui saisit I'lmaglna- tion ; le Tartare , dontles sujiplices sont -representes avec une effrayante eiiergie; Tui-nus rem^ersant Bitias et Pindarus , sont aiissi des compositions que I'oti pent meltre a cote de tout ce qui est connu. Quand Girodet n'aurait fait que I'Eneide , sa gloire serait assuree. Lorsque cette collection sera entierement publiee, je me propose de faire un nouvel article dans lequel je mettrai Vir- gile et Girodet en regard I'un del'autre; ce sera rapprocher deux beaux genies, et je pense que ce travail sera digne de quelqu'interet. — La madone de Saint-Sixte ; par Raphael; lithograpliiee par M. AuBRY-LE-CoMTE. — Ce tableau fut execute pour le maitre-autel du monastere de Saint-Sixte, a Plaisance; les moines de ce couvent ayant eprouve un besoin pressant d'ar- gent, le vendlrent au loi de Pologne, en 1764; c'est celui que Ton voit niaintenant a Dresde. II existait a Rouen une abbaye celebre fondee , dans le xi* siecle, sous rinvocalion de Saint-Amand, eveque; cette coni- munaute , qui avait le titre d'abbaye royale, eut pour pre- miere abbesse une fille du due de Normandie. En i5o8, I'ab- besse soUicita et obtint , du cardinal Georges d'Amboise , un tableau pour une chapelle dediee a la Vierge. Ce cardinal s'adressa au peintre celebre dont le nom et la reputation etaient alors, comme encore aujourd'hui , dans toutes les bouches. Raphael lui envoya un tableau semblable a celui qu'il avait fait ou qu'il fit ponr le monastere de Saint-Sixte. Ce sont les memes figures : la Vierge et I'enfant Jesus, un saint, une sainte et deux anges places au has du tableau; seulement, le saint est presente avec des attribuls differcns : dans le tableau de Dresde, execute pour le monastere de Saint-Sixte, il a pres de lui la tiare; et dans celui de Rouen, il a une mitre. II est evident que, comme Raphael n'avait ni le portrait du pape Saint- Sixte, ni celui de Saint-Amand cveque, il inventa une tete qui fut, tour a tour, Saint-Sixte et Saint-Amand. Quel est I'originalde ces deux tableaux ? Quelle est la repe- J PARIS. 849 tition? Un premier fait incontestable, c'est que celiii de Rouen a dte place dans la chapelle pour laquellc il avait etc destine , du vivant meme de Raphael ; ii est , en outre , niieux conserve parcc qu'il n'a ete deplace qu'une fois, lors de la suppression dcs couvcns. On avait rcconnu qu'il existait une difference dans la dimension de la loile ; niais voila que , tout r^cemmenlj le roi de Saxe ayant appele M. Palmarola , celebre restaura- teur de tableaux , pour fairc des reparations a celui qu'il pos- sede, M. Palmarola a reconnu que Ton avait remploye une parlie de la toile , et il est reellement d'une dimension absolu- uient semblable a celui de Rouen. L'embarras augmente; raais s'il est impossible dedire quel est celui des deux qui a ete fait le premier, si tousdeuxsontentierement de ia main de Raphael, ii est certain, toutefois, qu'iliesa terminesl'un et I'autre. Raphael avait des eleves fort habiles qui peignaient ses compositions d'apres ses cartons ; puis , il y mettait la derniere main. C'est ainsi que la plupart des ouvrages qui portent son nom ont 6te executes; et certes , c'est avec raison qu'on les lui attribue, puisquc c'est sa pensee, et qu'il en a surveille et termine I'exe- cution. Le tableau de Dresde a ete grave par Miiller le fils ; c'est un chef-d'oeuvre de gi'avure ; raalheureusement , le carac- tere de Raphael n'a pas ete completement rendu. M. Aubry- le-Comte a ete charge de lithographier celui de Rouen. C'est la plus grande planche qui ait encore ete faite en lithographic; elle porte 27 gouces de haut sur 20 pouces de large, ce qui est immense. M. Aubry-le-Comte avait, en outre , une double difficulte a vaincre; il fallait rendre Raphael, et soutenir lari- valite de Miiller. Les deux planches ne sont pas absolument semblables; plusieurs circonstances s'y opposaient : d'abord , Miiller n'a pas fait sa gravure d'apres le tableau , mais d'apres un dessin qui n'etait pas fidele; ensuite, les moyens de la gra- vure et de la lithographic different; mais celle de M. Aubry- le-Comte est de nature a lui assurer une juste reputation. II y a deploye un tres - grand talent et une entente particuliere du genre qu'il cultive avec tant de succes. Le fonds lumineux oil se meuvent les tetes des cherubins qui entourent la Vierge, est admirablement rendu ; la tete du saint est ferme ; le systeme de travail suivi pour rendre les draperies, fort bien entendu ; les tetes d'enfant , au has du tableau, ont de la finesse ; enfin, c'est une estampe qui fait beaucoup d'honneur a M. Aubry-le-Comte qui I'a executee, et a M. Noel I'aine qui I'a imprimee. Elle coute sur papier de Chine , 80 fr. avant la lettre , et 5o fr. avec la lettre ; sur papier blanc , avec la lettre , 40 fr. — - Une Odalisque par M. Ingres , lithographice par M. Su- T. xxxir. — Decembre 1826. 55 85o FRANCE. DBE. — Les nianirs dcs Orientaux olfreiit dos circoiistances qui soiitde naturca frapjier viveraent riniagination des homines du Nord. Qui de nous , par exeraplc , ne s'ost souvent trausporte , par la pensee , dans ces Larem oil sont enfennees de belles feni- mes, privees, pour ainsi dire, do tout commerce avec le* hommes, et dont le coeur s'ouvrirait d'autant plus vivement aux donees joles de I'amour, qu'elles les ont desirees long- teras , sans pouvoir jamais s'y livrer. Abandonnees a elles- memes, occupeesdu seul soin de conserver leurbeautc (jui s'e- vanouit sans profit, elies passenl leur vie sur un sopha ou au Lain ; dans leur aslie inviolable , leur pudeur , que ricn n'a- larme , leur permet souvent de quitter leurs vctemens pour se derober a la chaleur d'un climat accablant. M. Ingres , dont le talent a tant de finesse et d'elcgance, a represente une de ces odalisques, au moment ou sonant du bain, elle vient de s'etendre sur un lit de rcpos. La pose a une sorte de mollasse voluptueuse; la tele , colffee avec beaucoup de gout, est d'un cliarmant caractere; les accessoires , peints amerveille, sont d'unc ricliesse qui s'accorde bien avec les nioeurs locales. Si Ton considere ce tableau attentivement , on y trouve cette individualile d'un talent qui ne suit que lui- ineme , et c'est a mes yeux, ce qui lui donne du prix. M. Su- dre s'est surpasse dans la lithographle qu'il en a faite ; sa planche , execulee sous les yeux du peintre, reproduit fidele- ment, et avec beaucoup d'habilete , toutes les parties de ce tableau. C'est, sans contrydit, une des plus belles productions de cet art nouveau qui marcLe, a pas de geant , vers la perfec- tion. Celte estampe coute , avant la Icltte, sur papier de Chine ou sur papier blanc, 36 fr.; avec la lettre, 24 I'r.sur papier de Chine, et 18 fr. sur papier blanc. — Une Bai^neuse de Girodet , lithograph iee par M. Au- BRY-LE-CoMTE. — Lcs arts d'imagination veulentune enticre liberte : les artistes, par exemple , ne developpent jamais si completement leur talent, que lorsqu'lls s'abandonnent a une soudaine inspiration. Dans le nombre des ouvrages echappes ainsi au pinceau de Girodet , il en est un : Une Baigneuse, duns lequel on retrouve, au plus haut degre , toutes les qualites qui caracterisent son talent. Cependant, il a ete execute, pour ainsi dire , sans intention. Un modele posait, il lui a plu : il en a peint le buste ; et, comme son imagination allait toujours au dela de ce qu'il voyait, il a fait de ce modele une jeune fiUe sortant du bain, occupee du soin de relever une draperie dont elle va s'envelopper. Que les contours de ce beau corps PARIS. .S5i oiU de delicatesse! coinme le dessin est, tout a la fois, savant ct delicat! J'ai dit que c'etait M. Aubry-le-Comte qui avait lithogra- pliie celte ptanche , etcela me dispense de touteloge. Elle couJe 8 fr. snv papier de Chine, et 6 fr. sur papier blanc. P. A. — Portrait du docteur Gall, par M. Carloni , peintre ilalicn, (jui habite maintenant Paris. — Le celebre docteur Gall, merae dans I'opinion de ceus des medecins et des savans qui sont le jTsoins disposes a adopter sa doctrine sur les rapports cntre la conformation du crane et les facultes morales et intcllecluelles, a rendu d'imporlans services aux sciences physiologiques. La re- putation europeenne de ce grand mddecin a deja fait multiplier ses portraits et ses bustes. Mais un de ses eleves, honore de son amitie particuliere et livre a des recherches analogues pour continuer et faire avancer encore la science de I'homme physi- que el moral , BI. le docteur Fossati , de Milan, ciesirant con- server line resseniblance plus exacte de son illustre ami, pour la transmettre a la poslerite, qui ne sera pas moins curieuse que les contcmporains du docteur Gall de connaitre la forme de sa tete et I'expression de sa physionoraie, qui annoncent un observaleur profond et un esprit eminerament philosopliique , a confie a son compatriote, M. Charles Carloni de Rome, le soin d'cn faire le dessin, et ensuite d'en lithographier le por- trait. La figure est representee dans un etat de calme et de re- flexion; le docteur a les mains posees sur un buste , sur lequel on voit des reliefs indiquant les organes cerebraux; la ressem- blance est parfalte , et Ton ne peut rien desirer de plus vrai. Le docteur observe, pense; il est vivant. — On trouve cette belle lithographic cliez I'aiileur M. Carloni, rue Neuve-Saint-Au- guslin, n" 4i' Piix, 5 fr. et 7 fr. sur ])apier de Chine. I. Antiquites. — Medaille egyptiejine. — On vient de faire frap- per a Paris une belle medaille (1) qui interesse surtoutMM. les souscripteurs associes pour la seconde edition de ia grande description de cette contree celebre. Nous transcrivons ici la (i) Le prlx de chaqne medaille seia, en bronze antique , de trekte FRANKS. Cette matiere obtient un tel degie de durete, qu'elle raie le caivre et le couperait. La medaille sera enferniee dans une boite d'acajon doublee en drap. La medaille en bronze dore au mat sera dn prLs de QUARANTE FRANCS. Par le nouveau mode employe pour la dornre, ces 'medailles ressembleiit parfaitement anx roedailles en or pur. En argent, ieprix sera de cinquat^te francs. — N. 15. Les noms devant ctre inscrits success! vement , MM. les souscriptears soat pries de les adrcsser, avec Icars prenoms et qnalitcs, I'ue des Poitevins, n° i4. 85a FRANCE. notice que M. Champollion - Figeac a rcdigce pour I'explica- jiou de cette belle medaiile , doiit nous donnonsaussi ledessiti. II n'est pas de grand evenementparmiles liomnies qui iierevele I'incertitude de leurs previsions : les calculs de la politique jettent uue armee sur les rives du Nil , et les sciences seules profitent de sa corquete. Dans leurs annales, les irois dernieres anoues du dix-huideme siecle seront toujours comptees au nonibre des plus m^morables; c'est I'epoque de la resurrection de I'Egypte ancienne et nouvelle, et ce fnt le genie de la France qui opera re miracle. Les contrees que la victoire occupait litaient aussi- tot explorees par le conipas du geometre , le crayon de I'archi- tecte , les instrumens du physicien , le inarteau du geologue , et la science de I'antiquaire. Trois annees d' observations qui braverent tous les perils avec une Constance qui demandaitplus que du courage, suffirent pour connaitre tout enliere cette patrie primitive des sciences et des arts, pour etudier ses prc- ceptes antiques et ses coutumes modernes, exhumer ses pro- digieux monumeus , ses tombeaux memes ; et quand la victoire eut change de banniere, I'armee ^revit le sol de la patrie , n'apporlant que les souvenirs et les honneurs d'une campagne oil chaque soldat avait etc plus qu'un homuie. Mais les savans de I'expedilion ne perdirent de toutes leurs conquetes quv I'occasion d'en faire de nouvelles. lis rapporterent dans leur havresac, car lis furent soldats aussi, la plus etonnante reu- nion de documens historiques qu'il ait ete donne aux voya- geurs litteraires de former. — Cette moisson etait facile , il est vrai, dans des champs ou I'abondance des monumens donne a I'Egypte entiere I'aspect d'un seul musee; mais facile seule- ment quand des obstacles constans , I'ardeur du climat et la vigilance offensive des Arabes laissaient quelque relache a un devoument qu'ils semblaient exciter encore. La France recut avec joie les precieux resultats de si nobles efforts. II lui res- tart du raoins la plus belle partie de I'Egypte, les monumens des Pharaons. Une pensee , genereuse conime toutes les vues qui avaient concouru a cette brillante acquisition, rallia toutes les volon- tes i)arliculieres dans une commune renomroee : la France I'adopta dans I'interet de sa gloire, et la Description de I'Egypte s'eleva comrae un monument que tous les arts modernes con- sacraient a I'honneur des arts de Tantiquitc. Cet ouvrage, sans modele, cornmc sans rival, porte avec lui-meme lespreuves dc son origine : un gouvernement qui connait son siecle et (jui manifeste sa science par la protection cclairee de toutes les grandes conceptions, peuvait seul coraprendrc ce que I'accom- plissement d'une telle enlreprise ajouterait a sa propre dignil(5 ; PARIS. 853 car la splendeur des arts en est aussi un des plus expressife caracleres, et le roi Louis XVIII, fidtJe a rhonneiir de la pa- Irie, voulut que le monument fut termine : et comme pour multiplier les litres de la France a la gratitude de I'Europe savante, S. M. ordonna qu'il serait reproduit par les seins et le zele de M. Panckoucke. Telle est I'origine de cetie seconde edition de la Description (le I'Egypte , en tout conforme i la premiere , tableau fidele de I'etat ancicn et de I'etat mod^rne de cette contree a jamais celebre, qui conserve les types des plus anciennes institutions bumaines , et les traces des efforts primitifs de I'intelligence sociale ; qui nous cacha long-tems en enigmes graphiques ses opinions et ses croyances , et qui a ]>erdu le litre de myste- rieuse , depuis qu'un de nos jeunes savans francais , penetrant tons ses secrets ]:-ar la dccouverte de I'alphabet do ses Liero- glyphes , a devoile sur ses temples, ses palais et ses tonibeaux , les noras de ses dieux , ceux de ses rois , les epoqnes les plus anciennes de son bistoire, la date de ses monumens et I'en- sembie de ses pratiques civiles et religieuses. C'est encore la P' ranee perpetuant ainsi, par des succes inespdres , ses succes precedens sur ies rivages du Nil. Le souvenir de ces pacificfues conquetes doit etre precieux a tous les coeurs fraiicais : les consacrer par une medailie , c'est rendre hommage tout a la fois a la valeur de nos armees , aux senlimews du prince auguste qui cherlssait leur gloire , et qui protegea aussi celle de I'antique Egypte, des qu'elle fut alliee aux trionipbes de la France. Ce voeu de MM. les sous- cripteurs associes pour cette seconde edition, est honorable pour tous , pour I'etat comme pour le citoyen ; et c'est pour I'accomplir que M. Panckoucke a reuni ses soins a ceux de qiielqucs personnes erapressees de le seconder dans I'ex^ciition de cette medailie nationale. Sa composition ne peut nianquer d'interesser tous les gouts, et son ty])e de plaire par sa singu- larite memc. Pour la premiere fois, I'alphabet des hieroglyphes est employe sur un monument ; mais ce monument est relatif a rEgyi)te ; il ne peut qu'y gagner plus de fidelite , et ccl avan- tage dedommagera amplement des difficultes d'exccutiou qu'il a presentees. C'est d'ailleurs un liommage public au zele inge- nieux et perseverant qui a ouvert cette voie nouvelle aux sciences historiques et a la plus legitime curiosite. La face de la medailie montre le genie militaire de la France, portant de la main gauche I'enseigne gauloise et I'olivier de la paix , et soulevanl , de la droite , le voile qui enveloppait i'figyptc. Cette lontrce est personnifiec par la figure d'une 854 FRANCE. femmc triste et surprise , coiffee de la il^pouille d'un vautour ; le serpent sacre (I'lirneus , I'agathodenion , le bon genie) cleve )a tete sur son front. Elle est appuyee du bras droit sur im crocodile du Nil; derricre elle, s'eleve le palmier du desert; dans sa main droite est le sistre , et devant elle un compas , symbole de ses progres dans ies sciences niatlitniatiques. L'in- scription qui est a I'exergue marque I'epoque de la renaissance de I'Egyple par I'effet de I'expedition francaise : calua vic- TRICE ^GYPTVS KEDIVIVA. MnCCXCVIlI. Le revers est tout egyptien dans son type : line ligne per- pendiculaire passant par le scarabee et par la croix-ansee , divise ce type en deux parties ; I'line est occupee par huit divinites males; I'autre par liuit divinites femelles, figurees Ics tines et Ies autres d'apres Ies monurnens, et jiortant cha- cune la coiffure consacree qui la caracterise. Elles sont rangees sur deux faces dirigeos dans tin sens oppose , et se terminant vers la croix-ansee. Une inscription hieroglyphique est en avant de chaque figure ; c'est son nom egyptien dans ce genre d'ecriture, fidelement transcrit aussi d'apres Ies monurnens et avec la valeur positive de chaque figure determinee dans I'al- phabet decouvert par M. Champollion le jeune. L'ordre des figures s'ouvre sur Ies deux cotes du scarabee, sa tele etant dirigce vers le centre de la medaille. A la gauche sont Ies divinites males : i"' figure. Le Dieu Jmon-Re a tete de belier (Amon-Soleil , le Jupiter Amnion des Grecs), et le principe male dans la cos- mogonie egyptienne. Inscription lue de gauche a droite : AMNRE. — %^ figure. Le dieu Cnouphis a tete de belier ( Nef , Nouf et Noub). Autre forme du dieu Anion , crealeur de i'univers. Les quatre signes hieroglyphiques se lisent noum , dieu, lenom decepersonnage s'ortliograpliiant aussi Chnounis : on le frouve sur les pierres basilidiennes. — 3° figure. Le dieu Soufi 'A tete de crocodile (le Cronos, Saturne), le dieu du Tems , dont le crocodile elait rembleine. Son noin est com- pose des trois signes svk , suivi de I'animal consacre au dlew. — 4^ figure. Le dieu Phlha-Soharis a tete d'epervier, repar- fiteur des araes dans les trente-deux regions celestes. Son nom est compos*; des signes ptah. skri. — 5' figure. Le dieu Cnouphis-Nilus a tete de belier; mantfeslation d'Aramon par le symbole dn fleuve Nil , avec son nom on caracteres syrabo- lico-figuratifs. — 6'. figure. Le dieu Tkath , deux fois grand , nu le second Hermes a t^te d'ibis, fondaleur de toutes les institutions sociales de I'Egypte.. Son nom synibolique est I'imagc meme de I'ibis sur uric enseignc. — 7^^ figure. Le dieu PARIS. ' 8r)5 Pooh (le dieu Lune) a tete d'epervier, nomine Ohen-Sou. — '6' figure. Le dieu Phre a tete d'epervier ( le Soleil } , debout. Trois caracteres forment son noni : re , dieu. A la droite du scarabee sonl les divlnites feiuelles : i^** figure. La deesse Neith (la Minerve des Egyptiens), Ic principe femelle dans leur cosmogonie , et la mere des dieox. Son uom est tmou , la mere , dame du del. — a^ figure. La deesse Seven (Ilithya , Juuon-Lucine), diviniie proteclrlce de la maternite. Son noin est ecrit svn , deesse. — 3' figure. La deesse v^/zowXe (Vestal, la compague d'Ammon-Cnouphis. Sou nom se lit ank. , deesse. — /»* figure. La deesse Tiphe (Uranie , le Ciel ) , de la famille d'Ararnon. Son nom synibolique se lit TPE , dame du ciel. — 5' figure. La deesse Alhor (Aplirodile , Venus) a tete de vache , fille du Soleil et epouse de Phtha , iiourrice des dieux. Son nom est symbolique. — 6^ figure. La deesse Sate (la Junon egypfienne , presidant a la region infe- rieure). La deesse etend ses grandes ailes, et porte la croix ansee dans sa main gauche. — 7*^ figure. La deesse Bouto (Latone) , les tenebres premieres qui precederent la lumiere ; et Bouto a le titre de grande mere generatrice du Soleil. — 8** figure. La meme deesse Seven (Ilithya ou Junon-Lucine) qui est au n° 2 ; mais celle-ci est debout et a une tete de vautour, oiseau qui etait le symbole de la maternite, et Seven en etait la divinite protectrlce. Son nom se lit seven, mere. Deux symboles cel^res dans les representations cgyp- tiennes ^ se font remarquer sur deux points opposes de la medaille , le scarabee et la croix-ansee : le premier, dont I'analogue vivant se retrouve dans la Haute-Nubie , exprinie I'image du monde ; et le second , I'idee de la vie divine., ana- logue a celle de rimmortalite de Tame. On sait que la croyance egy|)tienne , malgre sa bizarrerie a])j)arenlc et le grand nnmbre de ses divinites figurees , fut foridee sur les deux dogmes primitifs de toute morale , I'existence d'un dieu unique et rimmortalite de I'arac qu'attendaient les recompenses ou les pelnes ; et , si Ton considere que les divinites figurees ne sont qu'nne sorte de personnification malerielle do toutes les qua- lites du Grand-Etre , on s'expliquera ainsi leur nombre , la variete de leurs attributs , de leurs insignes, et Ton sera peut- ' elre tente de regarder a cette partie considerable de I'organi- sation sociale d'un peuple celebre pour sa sagesse , avant de la condamner sur les folles railleries d'un poele lytin ou sur les folles interpretalious que I'esprit de systeme ou une erudition laborieuse peut-etre , mais cependanl insuffisante, quoique pretentieuse , avait inutilemenl accuraulees sur ccs cniguics 85G FRANCE. inythologiqucs. L'alphabet des hieroglyphes en ;i lout recem- ment donno le luot ; el notro niedaillc en est la prcinierc ap- plication faite par Ics arts moilernes : elle prouvcra , je pensc , que rantiquite ^gyplienne figuree se prete aussi bicn que d'aulrcs a la composition dcs monumens. Les empereurs ro- raains piacerent dans Rome meiae des obelisques hieroglyphi- ques eleves en leur honneur ; le style de I'ait egyptien est asscz special pour lie pouvoir etre supplee par aucun autre quatid il s'ai^it d'Egypte : ne peut-on pas esperer que I'exemple donn»5 par M. Panckoucke excitera , par ses succes memcs , a des imitations analogues? la munificence royale s'est assez mani- festee en faveur de I'nntique Egypte , pour que I'art mcme du sicclc des Pharaons consacre u» jour les blenfaits de Charles X. M. Barre, par la scrupuleusefidclite des signes et dcs figures dans la gravure de cette medaille , a prouve qu'un burin habile et excrce peut faire revivre et approprier a nos idees actuelles les mcilleurs types de I'art egyptien , et les reproduire dans toute leur harmonic. X. J. Champollion Figeac. iV. B. L'edition de la Description de V Egypte devant etre terminee dans tres-peu de terns , MM. les souscripteurs sonl pries d'adresser a I'cditeur, a Paris , rue des Poitevins , n" 1 4 , tranc de port , soil directement , soit par ses correspondans , lenrsnoms, prenoms, titrcs etqualites, pour etre inscrits sur la MEDAILLE cu hronze qui leur sera livree avec la derniere livraison. Les noms , prenoms , seront ecrits de la maniere la plus distincte , afin d'eviter des erreurs qu'il serait impossible de reparer. Le nom du souscripteur sera inscrit au centre du revcrs de la medaille. Necrologie. — Tkeuttel [Jean - George.) — Dans noire cahier d'aoiit ( t. xxxi, p. SGj) ), nous avons donne I'extrait d'une Notice touchanle sur le veritable bienfaiteur du Ban de la Roche, le pasteur Oberlin. Nous avons egalement a deplorer aujojird'hui ia perte de son ancien condisciple et ami, M. Treuttel, qui lui avait consacre cette mcme No- tice, si pleine d'interet, en ouvrant une souscription , pour |)orpetuer , par un etablissement d'humanite la memoire et les bienfaits de ce respectable pliilantrope. M. Jean-George Treuttel, I'un des chefs de la maison Treuttel et Wiirtz , ori- {^inaire de Strasbourg , doyen d'agc du consistoire do la con- fession d'Augsbourg a Paris, I'un des fondateurs des Societes hibllq»ies et de la Morale chretienne , vicnt de terminer son honorable carriere, le i h decenibre dernier , a I'iige dc quatre- PARIS. 85^ v'lngt-deux ans. L'elablisscmeut de couiinerce Je ccilemaison, entrepris avec son digne neveu, M. AViirtz, c(;tblissement qui lionore la librairie de France, d'Allemagne et d'Atigleferre, pai- les soins zcles avec lestfueis ses chefs n'ont cessc dc le ditigej' vers les progrcs de rinstruction morale et de lasaine liltcra- ture, a ete du principalement a I'espiit d'ordre eta la pru- dence t'clairee et active de M. Treiitlel. II a constamment em- ploye une parlie de sa fortune a des oeuvres d'utilitc pubiique et a des actes de bienfaisance. Nous citerons cntre autres , une ecole d'enseignement muluel elemenlaire , et une inaison de retraile pour les vieiilards, fondees par lui et par sa respec- table epouse a Groslay; une cooperation principale a la fonda- lion du culle du temple des Billeltes , a Paris ; des secours pro- cures a la commune du Ban de la Roche, dans une annce de famine ; des bienfaits repandns, dans des tems desastreux, lors des'^incendies et des inondations, en Alsace, et ailleurs, etc. Nous ne pouvons qu'indiquer ces actes dont les details appar- liennent a I'eloge funebre et hislorique de 31. Treuttel. Sa mort a ete, comme celle d'Oberlin, un sujet d'affllction sincere ])our tons ceux qui I'onf connu. Un grand nombre de raembres de son eglise et de I'eglise catholique , du commerce, et des diverses Societes philantropiqiies ont accompagne sa cendrc au lieu de sa sepulture dans le sein de sa faraille, a Groslay. Plu- sieurs discours, non-seulement des pasleurs, mais du maire entourji des officiers municipaux , des notables et d'autres habitans de la commune, ont retrace avec attendrissement les vertus et les bienfaits du defnnt; et la publication qui doit en etre faile , offrira aux peres de faraille, aux chefs d'etablisse- mens, et aux chretiens des divers cultcs, un exemple a suivre, et un rare modele a imittr. J.-B.-M. Gence. — Malte-Brun ( Conrad), ne dans le Jutland, au mois de decembre 1776, mort a Paris, le 14 dccembre 1826. — ^11 fut sans contredit le premier des geographcs dc rcpoqne. Une notice nt'crologique etendue , que nous nous proposons de consacrer a sa memoire, fournira la preuve de cetle assertion, par la simple analyse des travaux de ce savant qui ne fut cependant d'aucune academie, mais dont les ouvrages font indispcnsablement parlie d'unc bonne bibliotheque, oil ceux de tons les academiciens ne sont pas egalement bien places. Quelle que fut , aureste, la celebrite du geographe dont le Danemark el la France ont egalement a deplorer la perte , nous crcyons que la profondeur et la variele de ses connaissnnces lui en meritaient une plus considerable. C'est encore un fait que 858 FRANCE.— PARIS. nous demonlrerons , en essayant d'exposer les causes qui em- ])echerent de hii rendre une entiere justice. Mais, I'impression de notie caliier ctait trop avancee pour qu'on y put admettre un article digne j)ar son etendue de la memoiie de M. Malle- Btun , quand la nouvellc de sa mort nous est arrivee. B. deST.-V. Rectifications. — La Notice sur la Societe helvetique dc musique , que nousavons annoncee dans notre cahier du mois d'aout dernier ( Voy. t. xxxi , p. A^o ) , sans en noninicr I'au- teur, est de M. Deserre , greffier du tribunal d'appel , a Ge- neve, etl'un de nos corrcspondans. — Le docteur /. - B. Monfalcon , medecin de I'Hotel-Dieu de Lyon et membre du Conseil de salubrite du departement du Rhone , est I'auteur du Precis de I'Jusloire de la medecine et de bibliograpliie medicate [VSiVis, 1826 ; Bechel jeune. 1 vol. in-i8, papier velin) dentil a ete rendu conipte, dans notre cahier de novenibre dernier ( Voy. ci-dessus , p. 4^9 )• Quelques exem- plaires de cet ouvrage ne portent point de designation d'auteur; toos ks autres sont augmentes d'une Notice bibliographique sur M. Monfalcouy par M. Ladeveze, medecin , a Saint- Galmier. TABLE DES ARTICLES eONTENUS DANS LE QUATRE-VINGT-SEIZli:ME CAHIER. D^CEMBRE 1826. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Notice sur la Corse O. 56i 1. Epitre a M. Vaiidernai M.-.'i. JutUen, de Paris. Sji 3. Notice sur iM. Ant.-Ak'.x. Barbier (avec son portrait.) Louis Barbier, fils. SyS II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Philosophie chimique , par L.-C.-M. Leboullenger. Ferry. SgS 5. Les Landes en iSr-.G, par J.-B. B Y. 6o3 6. Le Visileur du Pauvre, par M. Degerando. Ch. Renouard. 617 7. Histoire de la Saint-Bartheleini - . Loeve Weimars, 625 8. Voyage a Madrid , par Adolphe Blanqui . . . D. 63r 9. Antholo^ie russe, par P.-J.-E. Dupre de Saint-JVlaur. E. Hereau. 637 10. Poesies, par ^1"°= Amable Tastu Chauvet. 648 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de i38 ouvrages , francais el ctrangers. Amekique septentrionale. — itats-Unis , 5 653 Amerique'mep.idionalb, 1 657 Europe. — Grande-Bretagne, 33, dont 17 ouvrages periodiques. 639, — Riissie, 5 , dont I ouvrage periodique 671 — Danemarh , 1 676 — AUemagne , 10 678 — Suisse, 2 ■. . 6BQ — lialie, II, dont 2 ouTrages periodiqaes 687 — Portugal , I 696 — Pays-Das, y , dont a ouvrages periodiques ibid. France, 8o,savoir : Sciences physiques et naturelles , 19. . . . 706 — Sciences religieuses , morales , politiques et historiques , 28. . . yaS — Litterature, 23 763 — Beaux - Arts , 5 786 — Ulemoiies et rapports de societes sayantes, 2 791 — Ouvrages periodiques , I '794 — Livres en langues etranghres , imprimis en Prance , 7 795 86o TABLE DES ARTICLES IV. NOIJVEIXES SCIENTIFIQUES ET LITTEllAIRES. Amerique septentrionale. — Canada : iMontrcal. Societc pour I'encouragrment de I'cducation. — Etals-Unis : New-York. Pro- gn">s des beaux-arts 798 Antilles. — Haiti: Port-au-Prince. Romans ehvoycs de Paris. — Martinique : Saint-Pierre. Traite des nniis 800 Amerique meridionale. — Chili. Instiliii natioiini. — /jV«.7. Colo- ni'-atioti 801 Asie. — Perse. Commerce 8o5 EUROPE. Iles BBtTANNiQUEs. — Navigation : Pei feclioiinenient des chro- iiomc'tres. — Statistique 8o(i RussiE. — Pi'oduit fle.s mines d'or de I'Oural 8oy Danemakk. — Copenhagtie : Jubile de I'Universitc. — Langue dani)ise ibid. Ai.LEMA&NE. — Erfurt: Bililiotlieque populaire. — Apolda : Constructions et fondations d'utilite publiqne. — Berlin : Beaux-aris : monument nnmismatique 8f' Suisse. — Geneve : Enseignement industiiel. — Argovie : Legis- lation , . . 812 Italie. — Turin : Societe d'agricullure. — Florence : Academie des Georgophiles. — Naples : Decouverfe d'un manuscrit latin. — Necroiogie : .Tean Castinelli ; Marcbesi 81 5 Pays-Bas. — Amsterdam : Institut des Sciences. — Education des sourds-muets. — Beaux -arts : Nouveou tableau de Van Bree .* 818 France. — Toulouse: Exposition publique des objets d'arts et d'industrie. Socidtes savantes: Camhrai: Sociel6 des amis des arts; Macon: Societe d'agricullure, des sciences, etc.; Prix propose. . . . -. 8ai' Paris. — Institut. Academic des sciences : seances du 20 novembre au II decembre. Academie francaise : Nominations. — Societe d'encouragement pour I'industrie nationale. — Societe de geo- graphie. — Cours de lilterature allemande. — Dissemination dans plusieurs pensions des jeunes Egyptiens. — Mouvement de la population en France. — Theatres : Theatre Francais : premieres representations du Jeune Mari , comedie , et dc Marcel, tragedic. Odeon : premiere representation du Cache- mire, comedie. — Beaux-arts : Sculpture; Gravure; Litho- graphie; Portrait du D'' Gall. — Aniiquitis : Medaille ^gyp- tienne (avec Hue gravure.) — Necroiogie: Treuttel ; Malte- Brun. — Bectificatiors 8«-> TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABETIQUE DES MATIERES DU TREINTE-DEUXIEME VOLUME DE LA REVUE ENGYGLOPEDIQUE. OCTOBRE , NOVEMBRE, DeCEMBRE 1826 (*). On a renm aiix qiiatre mots indicatifs des quatre grandes nrvisroifs de ce Recueil : I. MEMOnUES , NOTICES ET MELANGES ; ir. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES CHOISIS; HI. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE; TV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES; le detail et le renvoi des articles qiii s'y rapportent; puis, on a caracterise ces articles, a la suite du nom de leurs auteurs, par I'uue des quatre abreviations ci-apres : M. (memoires et notices) ; A. (analyses); B. (bulletin biblio- GRAPHiQDE^ ; N. (nodvelles scien tifiqces et litteraires). La designa- tion C, apres les ni»ms propres, Indlque les collaborateurs de la Revue, lorsqu'i) s'agit des articles qu'ils ont fonrnis. An lieu de comprendre sous la denomination generale sciences et arts (eomme dans nos qualre tables des matiires de I'annee 1819), I'iudication des differentes sciences dont traite ce volume, on a cru devoir, pour reudre les re- cbercbes "plus faciles, et pour mieux caracteriser le but pbilosopbique de la Revue Ettcyclopedique , ouvrir un compte particulier et special, en lettres ca- pitales, non-seulemeut a chacune des brancbes des conuaissances bumaines, agriculture, anatomie, etc.; a cbacun des elemens essentiels de la civili- sation et des raoyens principaux de communication entre les bommes : acade- mies et societes SAVANTES ; DICTIONNAIRES ; ENSEIGNEMENT MUTUEL; INSTRUCTION PUBLIQUE; JOURNAUX; THEATRES , etc. ; mais encore a cbacuu des pays dont il est fait mention dans ce Recueil : de maniere qu'on puisse rap- procber et comparer tour a tour, soil I'etat des sciences et des elemens de. la civilisation dans chaque pays , soit les nations elles-memes, sous les differeus rapports sous lesquels on a eu occision de les considerer. Vbrahamson. Rapport sur les 1 AcacU'mie de Geneve , a3a. progr^s de renseigiiement mu- — de Lausanne , SaS. fuel en Danemark, 225. Academies. A'. Societessavantes. (*) On souscrit, pour ce Recueil scientifique et litteraire, dont il paralt un cabier de quatorze fenilles d'impression , tons les mois, au Bureau central d'abonnement, rue d'Enfer-Saint-Michel , u" 18; cbiz Artbus Bertrand, rue Hiiiiteleuille , n" 28, et cber Renouard, rue dcTournon, u^ 6. Prix de la souscription : k Paris, 46 fr. pourunau: dans les departemens, 53 fr. ; Go fr. dans retranger. T. XXXI t. 56 SG% TABLE ANALTTIQDK Adrien -Lafasge (J), C. — B. , aoo , 666, 68() , 791. — N. , 355, 818. — f^oy. Cantiques religleux. Aerostatioic , 5ii. Affranchissement et education des Noirs , aia. Afhiqhe , ai3, 459. Agathocles , ou Leltres ^crites de Rome et de la Grece , par ]yime £ie Montolieu, 783. Agent mecanique (Nouvel) subs- titue k la vapeur , decouvert par Samuel Moray, an. Agriculture, 201 , 204, aoy, 400 , 438 , 707, 791. Ajax furieux (Sur 1') de Sopliocle, par Charles Immermann, 68 f. yiladin (£■)■ Kei'skii Ahnanahh , 4o5. Albert-Montemoht, C. — B. , 479. Albrizzi (M»'« Isabelle) , nee 'Teo- tochi. Ouvrages de sculpture et de terre cuite d'Antoiue Ca- nova , 692. Alienation mentale, 7i5. Alia Giornata , by lady Charlotte Campbell , 396. Allemagne , 126, 129, 227, 411 , 525, 678, 680, "811. AUetz ( Edouard ). A Chtlteau- briand , sur le genie poetique de ses ouvrages, 191. Almanach des Dames , public a Paris , 190. • — de la Neva , public a Peters- bourg , 4o5. — de Moscou , 4o5. — des Muses, public a Peters- bourg , 4o5. — public a Moscou sous le litre dUrania, 406. — dedie aux Dames ,49'- — philanlliropique , etc. , par Eugene Cassiii , 727. Alineone , tragedia , per Constan- tino Piccoli , 425. Alsace (L') , ou Description bis- torique et topographiqne des deux d^partemens du Rhin » 797- Amerique mehidionale , 108 , III, 657, 801. SEPTENTRIONAI-E , I04 , 211, 387, 5ii , 653 , 798. Amman. Die Ein/ii/iriing der Ber- liner Hof-Kirchen Agende , etc. , 678. Amour (L') et les Tombeaux , par David Bertolotti, i43. — (L') de la Patrie. Kqr. Clava- reau. Amours mytbologiques , traduits des Metamorphoses d'Ovide , par de Pongerville , 778. Amsterdam. Pay. Maas,-Kamp. Analyse de la lumiere , deduite des lois de la mecanique ., 718. Analyses (11) d'oiwrages anglais: Traite pratique sur les chemins de fer et les voitures destinies a les parcourir, par Th. Tred- gold (/.-/. Eaude) , 46. — Chefs- d'OEnvre de Shakespeare, tra- duits par A. Brugui^re , barou de Sorsum (Cham-et) , 8g. — Esquisses de Philosophic mo- rale , par Dugald-Stewart ; et Elemens de la Philosophic de I'esprit humain , par le m^me (r-^-r),33r. — d'ouvrages/rawcflw ; le Com- merce au xix'' siecle , par Alex. Moreau de Jonn^s {Regny), 5i. — Histoire d'Alexandre I*'', par Alpb. Rabbe {Avenel) , 63. — Voyage historique et litte- raire.en AngleterreetenEcosse, par Amedee Picbot. Lettres sur I'Angleterre , par A. de Stael- Holstein {Taillandier) , 74. — Essai sur les Nielles , gravures des orfivres florentins du xv° si6cle , par Duchesne aiiii'; ( Emeric David) , 98. — L'art de la fortification, par le prince Ernest d'Arenberg(ii'<'rfj), 324- — Histoire des Francais , par Simoiide deSismondi, 2" ar^ 1)ES MATliRES. ticle(*), 346. — Histoire de la Revolution d'Angleterre , par Gui7.ot (r. D.) , 370. — Philo- sophic chimique , ou Notions generales sur la Physique et la Chimie , par L. C. M. Leboul- lenger {Ferry), SgS. — Les Landes en mil huit cent -vingt- six, par J.-B. B. (I'.) , 6o3. — Le Visiteur du Pauvre , par Degerando((7A. Renouard), 617. — Histoire de la Saint-Barthe- lem,y {Loeve-Jf'cimars) , 62 5. — Voyage a Madrid, par Adolphe Blanqui (£).j , 63 1. — Poesies, par Mme Amable Tastu {Chau- vct) , 648. — d'ouvrages russes : Anthologle russe , etc. , par Dupre de Saint-Maure (E. Hereau), Znn, 637. Anatoiiie , 148. Ancien Testament (Del'origine authentique et divine de 1'), par J. E. Cellerier lils , 420. Akgleterre. yoy. Grande-Bbe- TAGNE. Annales^du Lycde d'histoire na- turelle de New-York , 656. — historiques des nobles princen de Hainaut , 175. — militaires des Francais, depuis le commencetnent de la revo- lution , etc. , par Magallon , 479- — d'ltalie. Voy. Coppi. Annuaire historique , universel , pour 1825 , etc. , par C. L. Le- sur, 75l. Anthologie russe , suivie de poesies originales , par P. G. E. Dupre de Saint-Maure, A., 377, 637. Antilles , 800. Antiquites , i35 , 690, 85r. Archeologie, 98. Architecture, 453, 789. Arenherg (Prince Ernest d') 1'oy. I'^ortification. -| 86 i Argent (L'). Com^die en vers, 247. Arithmetique , iSg, 420. — elementaire, par P. T. Jouaa- no , 717. Armorial du royaume des Pays- Bas, par de Neufforge , 429. Arpestage, 720, 721. Art dbamatique, i3r. MILITAIRE, 169, 171, 324, 734. — (L') de formuler. Voy. Briand. — ( L' ) de verifier les dates , depuis I'an 1770 jusqu'a nos jours , 174. Ascensions aerostatiques a New- Yoyk , 5i r. AsiE, 2i5 , 393 , 5i6 , 8o5. Assurances ( Traite des ). Voj. Boulay-Paty. AsTRONOMiE , 442. — elementaire , par Quetelet , 717- Atbemek de Brescia, Sag. — de Paris, 544. Athenes (De la cite d') , m^re de toute civilisation ; discours de. F. Creutzer, 416. — Voy. Dupre. Atlas ethnographique du globe , OU Classification des peuples anciens et modernes , d'apres leurs langues , par Adrien Bal- bi , 763. — historique, genealogique, etc., deLesage(comtedeLas Cases), 744. Aubry-le-Comte. Lithographie de la madone de Saint-Sixte , pai- Raphael , 848. d'une Eaigneuse de Girodet, 85o. Audouin de Geronval. Manuel de I'imprimeur, 455. Augier ( Victor ). Voy. Pigault- l.ebrun. Avenel (M.). C— A. , 63. Aventure (Une) de Charles V, on la Rosiere par ordonnance., TABI.F. ANVLYTIOUK 86/, comMie eii vers , par Laliite , 55o. Ayrton-Paris (John). La physique et la chimie appliquees k la m^decine, 708. B Bacler d'Albe (L. A. G.). ^07. Necrologie. Baehr (Felix), foj: Plutarque. Baggesen (Jens Emmanuel), fojr. Necrologie. Bailly de Merlieux. ^oj. Encyclo- pedie portative. Bains de mer (Lettres sur les) , a Sclieveningue , par A. Moel , 429- Balbi (Adrien). Foj. Atlas ethno- graphique. — ^'oj. Carte de Perse. HaUarna. Relacion de todas las operacioiies de la esciiadra i ejer- cico espedicionario sobre Chiloe, etc. , to8. Bally (V.), C— B. , 712. Bambou. Foj. Biographes. Bakbakie , 690. Barbier ( Antoine-Alexandre). P'oj. Notice biographique. Barbier (Louis), fils aine, C. — M., 575. —B., 797. Barbier (Le) de Paris, par Ch. Paul de Kock, 784. Barre. For- Medaille egyptieiine. Bassins (Considerations sur la di- versite des) de differentes races Iiumaiues , par M. G. Vrolik , 148. Bataille (La) de Marengo , me- lodic guerriere , 780. Bcitimens a vapeur (Compte som- maire "relatif aux) destines a I'expedition delord Coclirane, ii5. Baude (J.-J.) , C.-A., 46. Beaufort (Notice sur) , voyageur en Afrique , M. , 3i3. Beaurepaire (De). Operation de- voilee du sieur Ouvrard, etc., 474- Beaux-ahts , 98 , 198 , 495 , 692 , 786, 8i2, 84,4. — leurs progr^s aux Etats-Unis , 798- Belles lettres. Foy. Littera- TURE. — (Essai sur les) d'ltalie , par Cimorelli , 690. B.elloc ( M'"'= Louise Swanton- ) , C. — Les articles signes L. Sw. B. Beltrami, f'or. Reclamation. Benthani (G.). Foy. Catalogue. Berard. Fojr. Discours. Bergmann. Magasin pour I'his- toire de la Russie, 407. Bertolotti {D.). j4inore e i Sepolcri, 143, Beugnot (Amedee). Foj. Palladio. Bible , 4'o 1 420, 524- BiBLioGRAPHiE , io4 , 387, 439, 594,653. Bibliotheque populaire etablie a Erfurt, 8ii. — portative del'officier, 475. BIenaim6 ( P. E. ). L'Academie des beaux - arts de Paris lui decerne le deuxieme second grand prixde composition mu- sicale , 247. Bignan. Fof. Venise. Biographes ( Les ) , comedie en prose , par Bambou , 252. BioGRAPHiE , io5 , 114, i3o , i33, 181 , 182, 3i3, 4i3 , 43i, 575 , 654, 655, 757. — universelle et portative des contemporains , en un seul vo- lume, 479- Blane ( Gilbert). Voy. Nomina- tions ACADEMIQUES. Blanqui (Adolphe). Voyage a Ma-, drid , A., 63i. — foy. Economic politique. Bl.vson , 429. Bluine. Bydragen tot de Flora -van Nederlandsc^e Indie, 3()3. .^oileau. L'Art poetique , traduit en vers russes , par It Khvastof, 671. Boisson alcoolique. Voj. Vidalin. Boissy -d'Anglas. Voy. Necro- 1.0GIE. Boniface. Exercices orthogra- phiques , 764. Bonnechose (E. de). Voy. Rose- nionile. Boquillon (N.). Voy. Dictionnaire des inventions. Rose. Voy. Tessier. BoTANiQUE , 207, 393, 434* 437, 789- Bouchene-Lefer, C. — B. , 734. Bouillon (P.). Voy. Musee des Antiques. Boulay-Paty (P. S.). Traite des assurances et_ des contrats a la grosse , d'Emerigon , etc. , 73a. Boulet (J. B. E.). Voy. Institutes de Caius. Iloulferdt (G.). Voy. Navigateurs. Bourbonne et ses eaux ther- males , par Renard Athanase , i58. Bouvet de Cresse (A. J.). Resume de I'bistoire des Papes , 4S0. Boyer. Traite des maladies chi- rurgicales , etc. , 714. Brault (L.). Poesies politiques et morales , i88. Bres ( M. ) , C— N. , 548. — B. , 704. — Voy. Jeudis. Bresii. , 8or. Briand (J.). Nouvelles regies sur I'art de formuler, 157. Brhtoiis (G.). Original picture of London , 11 a. Broussais. Voy. Irritation. Brousseaud et Nicollet. Memoire sur la mesure d'un arc de pa- rallele moyen , entre le pole et I'equateur, 445. Brue (A.). Vojy. Carte de la Perse. Bruguiere (A.) , baron de Sorsum. Voy, Chefs-d'reuvre de Shakes- peare. DES MATIERES. 865 corate Brunei. Voy. Nominations aca- DESIIQUES. Bruxelles (Le Conducteur dans) et ses environs , par J. Gau- tier, i5o. Bryan ( Daniel ). Le lai de la reconnaissance , recueil de poemes ecrits a I'occasion de la visite du general La Fayette aux 6tals-IJuis , 389. Buffon. OEuvres completes. ]^.di- tion de Baudouin fr^res , 433. BnLLETIN EIBLIOGRAPHIQUE (III.) : Allemagne, 126 , 411 , 678. — Amerique meridionale , 108 , 657. • — • Amerique septentrio- nale, 104, 387, 653. — Ca- nada, 107. -J- Danemark, 124, 409, 676. . — Espagne, 4^5. — Etats-Unis, 104, 387, 653. — France , i55 , 433 , 706. — Grande-Bretagne , no, 393, C59. — Indes-Orientales , 3g3. — Italic, i4o , 4^1, 687. — — Mexique , Sgo. — Pays- Bas, 148 , 428 , 696. — Por- tugal, 696. — Russie, 118, 4o5 , 671. — Suisse, 1 36, 420, 686. Burke (Edmond). Voj. Prior. Burnouf (E.) et Ch. Lassen. Essai sur le pali , langue sacrce de la presqu'ile au-delii du Gauge, etc., 764. Byron (Lord), considere comme homme et comme poete , 4.31. Cabinetdesmedaillesde laBiblio- thtque du Roi , a Paris , 546. Cachemire (Le) , comedie en vers , par Edouard, 844- Cagnazzi. Su i nalori delle misure e dei pesi degli antichi Romani , etc. 145. Caigniez.^ Voy. Niece. Calcul ( Elemens de ) a I'usage des ecoles de la campagne du can- ton de Fribourg, 42". 866 TABLK ANALTTIolIK Calmeil ( L. P. ). Vof. Paralysie. Calomero ( Le), petit poenie du conite Folcliino Scliizzi, 425. Campbell ( Lady Charlotte ). Voy. Alia Giornata. Canada J 107 , 798. Canova ( Aiitoine ). Voj. Monu- ment numismatique. yoy. Albrizzi. Cantiques (Clioixde)mis en mu- sique,parA. Choron , ii)8. — religieux et nioraux, mis en niusiqueparJ. Adrien-Lafasge, 5oo. Camoniere. Foy. Missirin-i. Capelle ( P. ). Manuel de la typo- graphic francaise, 750. Carbon (A.). Letires sur la rhe- torique, 767.. Carloni. Portrait lithographie du docteur Gall , 85r. Carriere politique ( Ma) , par le baron de Gagern , 4 ' 5. Carte de la Perse et des contrees limitrophes, etc. , par Ad. Brue et A. Balbi, 723. Casanova deSeingalt. Vqy.Schinz. Cassin (E. ). Voj: Almanach phi- lanthropique. Castiglioni (Ch. Oct.). Voj.Me- moire geographique. Castinelli ( Jean ). Foy. Necbolo- GIE. Catalogue des plantes indigenes des Pyrenees et du Bas-Lan- guedoc, etc., par G. Benthani, 437. Cattanco ( A. ). Giornale di farma- cia-chimica , 148. Caventou. yoy Eau de Selters. Celierier fils (J. E. ). yoy. Ancien Testament. Celnart ( M"""). Manuel d'econo- niiedomestique , 455. Censeur ( Le), ou roplique a I'liis- toire de la rel'ornie ijrotestante en Angleterre de W. Cobbett, 395. Champion de Villeneuve ( A. ). yoy. Code. ChampoUiou-Figeac (X. J. ), C. — N. 856. Chanoine (J. S. ). yoy. Lois d'iii- struction criminelle. Chansonnier ( Le ) des GrAces , 779- Chajvt , 198 , 5oo. Chapelle et Bachaumont , Voyage et Poesies diverses, 778. Chapuy. yoy. Palladio. Chateaubriand ( Vicomte tie ). OEuvres completes, 187. — yoy. Alletz. Chatining ( Dry Remarks on the character and writings of John Milton ,654. Chauvet, C— A. 89 , 648. Chefs- d'oauvre de Shakespeare , traduits par A- Brugniere, ba- ron de Sorsuni, revus par Ch6- nedoUe, A. 89. dramatiquesde Collin d'Har- leville, 187. Chemins de fer ( Traite pratique sur les ) , et les voitures desti- nees a les parcourir, par Th. Tredgold, traduit de I'anglais par T. Duverne , A. 46- Cht^nedolie (De). yoy. Chefs-d'ceu- vre de Shakespeare. Chenier (Marie-Joseph et Andre). OEuvres publiees par D. Ch. Robert, 769. Chilt , III , 8or. Chimie , 598 , 708. — ( Traite abrege de ), et de ses applications aux arts , par Des- marest, 438. Chirurgie. yoy. Sciences medi- CALES. Choron ( A. ). foj. Cantiques. — Corps complet de musique re- ligieuse, 198. Chronique rimee ilanoise, reim- primeed'apresl't'ditionde i495, et pubiiee par C. Molbech , 410. Chiionoi-ogie , 174. 744- Chronoin^tres ( Perfectionnement des 806. UKS MATliRES. / di belle lettere ita- 86-7 Cimorelli. Sa^ liane , 690. Clapperton. foj-. Voyage en Afri- que. Ciassiques francais ( Choix de ) , imprime a Londres, ilfi. oil Biblioth^que portative tie I'amateur. Iiditiou de De- bure, i85, 484. Claiidii, Taurinoisis episcopi , ine- dUorinn operum specimina, etc. Atict. A. Rudelbach , 409. Clavareaii ( Aug. ). Les Harnio- iiies de la Nature , poeme , suivi de rAmoiir de la Patrie, 702. Claye ( A. ). Systeme des coiinais- sances commerciales , 457- Clinique de la maladic syphiliti- que , par N. Devergie, 44 1- — ( Annee de ) externe , etc. , par Philippe Uccelli, 688. Cobbett ( W. ). Voy. Censeiir. Cochrane ( Lord ). Voy. Palma. — ■ — Voy. Villenave. Code des colons de Saint-Domin- gue, par Cli. Vaimsel et A. Champion de Villeiietive, 783. — civil pour le canton d'Argovie, 8r3. ^ ^ — de commerce pour les Pays- Bas. Voy. Hooft. Colas de la None. Jurisprudence de la Cour royale d'Orleans, 734. College (Remarques sur le plan d'un ) que Ton projette de fon- der a Philadelphie, par John Sanderson , 653. — de Geneve, 232. • — • philosophique de Louvain, 236. CoUeztone de' classici mctajisici , 421. Collin d'Harleville. Voy. Chefs- d'oeuvre. CoLOMBIE, 175. — ■ Voy. Lallemant. — Voy. Lois. Culombot ( P. C. ). Manuel d'liy- glfene et de mddeclne pratique des prisons , yjS. Coloiiia (Le P. D. de). A'oj. Reli- gion chretienne. Colonisation du Bresil, 801. — de Sierra-Leone, 2i3. Comedies du comte J. Giraud , 144. Commerce , 4o, iia , 4^* > 4^7 , 702 , 732. — Voy. Merle. — de la Perse , 8o5. — d'importation et d'exportation de la Grande-Bretagne, 808. — ( Le) au xixe siecle , par Alex. Moreau de Jonnes, A. 5r. — des bl6s en Europe , 517. Conducteur ( Le moderne ) aux environs de Paris , par D., 4^9. Confederation du Rhin (Expose historique des causes et des effets de la ) , par le marquis de Lucchesini, 129. Congrfes de Vienne, 4i5. Conservatoire de musique de Pra- gue, 2 3o. Considerations sur la tolerance accordee aux femmes publi- ques, par S., 167. Constantinople. Voy. Dupre. Constitution ( Projet de ) pour la republique de Bolivia , presen- tee par le liberateur Bolivar, 558. Consultation sur la denonciation adressee a la Cour royale par M. le comte de Montlosier, etc., par Isambert, 742. — sur le meme sujet , par Devaux, Coppi ( A. ). Aniiali d' Italia , 424- Corboli Aquilini ( Fulvio ). Voy. Neckologie. Cordero de S. Quincino. Recensio numinorum I'etenim , etc. 146. Corse ( Notice sur la ) , M. 56r. Cosenza. Teatro comico italiano inedito, l44' Costa ( P. ). Delle iintesi e del'' anah'si. Alii 868 Coulanges ( Dc). Mcinoires, suivis de Lettres inedites de M""-' de Sevigue, etc., publics par de Moninerquc , 772. Cours de lilterature allemande, comparee aux autres litteiatu- res , par Clir. Muller, 836. Courtin. fo/. Eiicyclopedie mo- derne. Cousin (Victor ). For. Descartes. Creiitzeri ( Friderici ) oratio de civi- tnte Athenariim omnis htiinanitalis parente , ^16. Crimes et delits juges en Angle- terre ,218. Crise commerciale(De la) del'An- gleterre, M. 4o. — ' — ( Reflexions sur la ) de I'An- gleterre , par A. F. Estrada, T la. Crivelii, avocat , C. — B. 5o6. Crussolle-Laini , C. — B. 757. Ciierpo de leyes de la Republica de Columbia , 657. CuiTE. Voy. TheolOGIE. Cuvier ( Frederic ). foy. Nomi- nations ACADEMIQUES. — Histoire des progres des scien- ces naturelles , depiiis 1789 jus- qu'ci cejour, 433. D DaNEMARK, 124, 225, 409, 524, (176, 8og. Dante, yoj. Troya. Dainiou ( P. C. F. ). Ensajo sobrc las garantias individuates , uog. David , peintre. Ses fuiierailles a Bruxeljes, 533. — Voy. Massard. De CandoWe. Voy. Nojiin atious academiques. Decouveutes , 211 , 388, 448, 8i5. Decriisy. Voy. Recueil general. Defense ( Essai sur la ) des etats par les fortifications , 734. Degeorgo (Frederic) , C. — B. loH, TABI.r. ANAI.YTiniir. 1 10, 390, 4o5 , et les articles signes Fr. D. Degcrando. Le Visiteur du pauvre, i65, A. (117. Delanuoy ( M. A. ). L'Academie des beaux-arts de Paris lui de- cerne le second grand prix d'ar- cbitecture , 2/,f), Delbene ( Benoit ). Foj. Necro- 1.0GIE. Demagogie der Jesuiten , von Otto von Deppen, 4ia. Denliani ( Major ). Foy. Voyages en Afrique. Deppen ( O. de ). F'oy. Demago- gie. De Rosoy. Foy. Macrobe. Descartes, OEuvres completes, pu- bliees par Victor Cousin, 463. Deschamps. f^oy. Landes. Desmabis. Voyage d'Eponne, 773. Desmarest. Voy. Cbimie. Desprez ( L. ). L'Academie des beaux-arts de Paris lui decerne le premier grand prix de sculp- ture , 246. Destouches, Voy. OEuvres clioi- sies. Destutt de Tracy. Voy. Ideologic. Devaux. f'oy. Consultation. Deyergie. Voy. Clinique. Dictionnaire universel du droit fnincais , par J. B. J. Pailliet , 167. — des inventions et decouvertes depuis le commencement du nionde, par N. Boquillon , 449- — de la langue d.inoise, par Mol- bech. Publication prochaine , 5a4. — de la geo'grapbie pbysique et |)olitlque de la France, par Ci- rault de Saint-Fargeau , 722. Digiiite ( Dela) de I'homme et de rimportance de son origine icl-bas , etc. , par Edouard Dii- boc , 700. Discours sur les ameliorations progressives de la sante, 708. — sur rutilite politique des etu- I1F.S MA des , par Joseph ZappuUa , 689. Dissertations et autres ecrits dc Jacques Tommasini ,421. Doctrine ( Resume de la ) des je- suites, 178. Donnet(A. ), C— N. a58. Dorion Voy. Ottomans. Dot (La) de Suzette , par J. Fie- vee, 782. DqjIb's ( James ). Essaj on the en- thoUc claims , SgS. Droit. Voy. Jukisprudknce. canoniqub , 678. francais , 167 , 468. NATUREL. 725. PUBLIC, 12(1 , 209. ROMAIN , 469. Droz ( Joseph ). OEuvres , 4fi5. Ouboc ( E. ). roj. Dignite. Dubrunfaut. C— B. 489, 458. Duchesne, yoy. Nielles. Duel ( Le ) , comedie en prose par Leon Halevy, 187. Dufau ( P. A. )", C— B. 493. Dufrenoy ( M">e j. OEuvres poeti- ques, 775. Dulaure. Histoire physique, ci- vile ^t morale des environs de Pari I "49- Dumersan, C. — B. 146. Diimesnil ( Alexis ). Histoire de don Juan d'Autriche , 756. Dupin ( Charles ). Geometric et mecanique des arts et metiers , 45o. Effets de I'enseigncment po- pulaire de la lecture , et de I'e- criture , etc. , 729. Duplat. foj. Vues pittoresques. Dupre( Louis). Voyage a Ath^nes et a Constantinople; collection de lithograpl'.ies , 495. Dnpre ( F. X. ). L'Academie des beaux-arts de Paris lui decerne le second grand prix de ptin- ture , 24''- Duprede Saint-Maure ( P. J. E. ). P^oy. Antholonjie rnsse. TIKRKS. ^GiJ Dureau de Lamalle, de I'lnstitut, C.-B.499- Dutrochet. Recherchessur la mar- che de la, s^ve dans les plan- tes, etc. , 539. Duval ( Georges ). Le Mari im- promptu , comedie, aSa. Duverne ( T. ). f'oy. Chemins de . fer. Duvillard de Durand. Nouvelie formule pour trouver la hau- leur des lieux par cellos du ba- romfetre et du thermomttre, 161. E Eau de Selters (Considerations chimiques et medicales sur 1' ) «u de Seltz naturelle , etc. , par Caventou , Francois, Gasc et Marc", 1 58. Eaux thermales. /^cy. Bourbonnt'. EcoLH Kosciusko de Newark , 2 r 2. — de m^decine pour les indi- genes, etablie a Calcutta, 3i5. — de geometric et de mecanique industrielle , etablie a Liege , 532. EcOMOnilE DOMESTIQUE, 455. POLITIQUE, 40, 5 I. — ( Nouveaux priucipes d'), jjar J. C. L. Siraonde do Sismond; , 470. — ouvrage traduit de I'allemand , de Schmalz, par H. Jouffroy , 740. — ( Precis ^lementaire d' ) , etc. , par A. Blanqui , 741. — ^<>y- Sismondi. — Voy. Sav. EcossE,74. Voy. aussi Gv.Kin3ie.- Bretagne. Edouard. Voy. Cachemire. Education, 106, 423. Edwards (II. Milne). Voy. Ma- ._ uuel de maliere medicale. F.GLISr. GALMCANE, 726. Egypte , 760. Egyptiens (jeunes) envoyes en 870 Prance pour y terminer leur education , 83^. Eyrifes. Foy. Voyages en Afrique. Elegies et melanges', par Theo- phile Lodin-Lalaire, 485. EtOQlJEIVCE, 4'6. DKI;ACHAIRE, 11^. Emeric-David, del'lnstitut, C. — A., 98. Emerigon. Voy. Boulay-Paiy. EucYCLOPEnrE moderne,ou Dic- tionnaire abrege des sciences , des lettres , etc., par Courtin, 481. — portative. Botanique, par J. P. Lamouroux |et C. Bailly de Merlieux , 484. fineide (L') de Virglle , traduite en danois par S. Meisling , laS. — suite de compositions dessi- nees au trait par Girodet, 847. EjNSEiGNEJtEUT ( Reflexions sur 1') de la gi'ographie , M. , aGS. IMDUSTKIEL , 729. Ses progr^s en Suisse, 5^8. dans les Pays-Bas , 532. a Metz, 536. a Geneve , 8ia. — MUTUEi. , fiSy. — popuLAiKE. yoj. Dupin. Entretien (Analyse d'un) sur la conservation des etablissemens du Bas-Canada, etc., 107. Environs de Paris. Foy. Conduc- teur. — Foj. Dulaure. Epitre a M. Vandernat (W. de T.), par M. A. Jullien, M. , 571. Erasme. L'Eloge de la Folic; tra- duction nouvelle par C. B. de Panalbe ,771- Ergebnisse eler Forschuiigen i'tber die Eclitheil des Mozartschen Requiem ,685. ESCLAVAGE, 212 , 2l3. foy. aussi TraITE DES MOIRS. ESPAGME , 425 , 63l, 787. Xlspion (L') de police, roman de TABLE ANALYTIQUK moeurs ; par E. L. B. de Lanio-' the-Langon , 785. Esprit et Conferences des loi.^ d'interdt general, etc., 5o5. — ^militaire ( De 1') en France, par le general Lamarqne, 171. Esquisse de la nature humaine expliqnee par le magnelisme animal , i55. Estrada ( j4. F. ). Reflections on the present mercaniile distress of En- gland , 112. Etats-Umis , 104, 387, 5 1 1, 653, Ethicis (De) priiicipiis hue usque iHilgo tradilis disqiiisitio , aiict. , A. Rudelbach , 4o9- Ethnographie, 763. Etrenkes, 190, 49i» 494 > 546, 77&- . , . Exposition publique des produits de riudustrie locale, a Tou- louse ,821. F Fables nouvelles , par Jauffret, 486. — (Recueil de ) , par J. J. Vala- niont, 490. Feletz (L'abbe de). Voy. Nomi- nations academiques. Femmes (Moyen pour faire coii- tribuer les) a la folicite publi- que, etc., par M'"<= de Luna FoUiero , 4^3. — publiques. yoy. Considerations. Ferou (E. F.). L'Academie des beaux-arts de Paris lul decerne le premier grand prix de pein- ture , 246. Ferry, C. — A., 824, 598. Fesslers Riickblike auf seine sieben- zigjdhrige Pilgerschaft , 4'3- Fievee (J.). La Dot de Suzettc, 782. Finances , J^oy, Merle. Fleury (L'abbe). f^oy. Tabaiaud. Flore (Fragniens pour la compo- sition de la ) de I'lnde n6erlan- daise, par Blume, SgS. Folchino Schizzi. Foy: Calomero. Force ascendante ( Siir In ) des fluides, etc., par Edmond Ge- net, 388. Formulaire (Nouveau ) de poche, par E. de Montmahon , 44^- Fomiule ( Nouvelle ) pour trouver ]a hauteur des lieux , par Du- villard de Durand, i6r. Fortification (L'art de la ) par le prince Ernest d'Arenberg, A. , 324. Fossati, C. — B. , 148 , 421, 689. Fourier. Fty. Nominatiows aca- 11EMIQUES. France, 10 , i55 , 287, 276 , 34fi, 433 , 477, 4/9 ! 536 , 625 , 706 , 722 , 748 , 774) 821, 837. Franclieu ( Le comte de) a M. le general Sebastiani , sur Torga- nisation et la distribution de la force niaterielle, i6g. Francoeur, C. — B., i5g , 162, 164 , 217, 720, 722. Francois, /^'oj. Eau de Selters. Fray-Eugenio, ou TAuto-da-fe de 1680 , par Mortonval , 494- Froost. Reconnaissance geologi- que des environs de Philadel- pliie ,104. Fuss ^ N. ). /'oj. Necroi.ogie. Gagern {^Freyherr'von). Nadonal- geschiclile der Deulschen , G80. — Mein j-liuheil ait der PoliciA , 4i5. Gall (Docteur). yoy. Carloni. Gallcsio (G. ). For. Vers. Cnlletti ( /. G. A.'). Geschichte der Piirstenthiimer der Herzoge von Sachsen , 4 I ' • GftUini. Niwfi clemenli della Jisica del corpo timano , 687. Galloix(J. Imbert ). Meditations lyriques, 686. Gand. Foy. Voisin. tiAres. 871 Garanties individuelles. yoy. Dau- nou. Gamier (J. G. ). Foy. M^teores. Gamier du Bourgneuf (J. A.). Foj. Lois d'instruction crimi- nelle. Gasc. Foj. Eau de Selters. Gautier (J.)- Le conducteur dans Bruxelles et ses environs , i5o. Gelder (J. i>an ). Fcrhandeling over het Ferband der naturlyke en zedeljhe IVetenschappen , 701. Gence (J. B. M.). L'Imitation de Jesus-Christ, 796. — C. — N.,857. Genealogie , 744- Genet (E.). Memorial on the up- ward forces of fluids , etc. , 388. Geodesie, 161, 216, 445. Geoffroy Saint-Hilaire, de I'ln- stitut, C — N.,558. Geograi'hie, III, 164, 265 , 458, 459 , figo , 722, 723, 744i 835. Geological survey of the environs of Philadelphia , bj Froost, io4- Geometrie elementaire. For.Yin- cent. — et mecanique des arts et me- tiers et des beaux -arts, par Charles Dupin, 45o. — pratique a I'usage du peuple, etc., par J. W. Karsten, 697. Gerard ( L'abbe). Fojy. Philoso- phie. Girardin. Foy. Mineralogie. Ciraiid. Comedie , i44- Giraud (P. F. E.). L' Academic des beaux-arts de Paris lui decerne le premier grand prix (le gravure, 246. Giraud (J. B.). La m^me acade- mic lui decerne le second grand prix de composition musicale, 246. Glrault de Saint-Fargeau. Foy. Dictionnaire. Girodet, peintre. Foy. Eneide. — Foy. Aubry-Ie-Comte. Glinhot (^Scrge). Moskovskii alina- nakh , 4o5. •^7-i TABLE AN Goethe. OEuvies compleles , 129. Golb^i y ( Ph. ) , C— B. , rag , i36, aro, 4ao, 685, 797. Gondinet (Ad.), C. — B., 140, 167, ao4, 479. Gosse (L. A.) Ues maladies rbu- niatoides , i36. Gkammaikr, 764» 794- Gbande-Bretagme , 40, "4, no, lis, ai6, 370, 31)3 , 5ifi, fiSg, «ofi. — ( Renseignemens statistiques sur la) , 807. GiiAVUBE. 845, 846. Grece, 193, 194, 458, 492. Grecs ( Aux) et a lord Cochrane, par Th. Villenave, 492. Grenadier. Efficacite de I'ecorce de sa racine coiitre le ver soli- tjiire, 234. Groen I'ait Prinsterer. Dispntatiu Utteraria inaiigiiraUs qua conti- netur PlaConica Prosopogranhia , i5x. — Disserlalio juridica iitaiiguralis de juris Jtistinianei prcescantia, etc. , i53. Guerre chremonidienne (Sur la), parB. G. Niebuhr, 4/8. Guide des voya^eui-s dans les Pays-Bas et le grand duche du Rhiti, 149. — dans Bruxelles, i5o. — dans Amsterdam, ib. — dans La Haye, iB. — dans la ville de Gaud, it. — de I'etranger a Londres et dans ses environs, par J. W. Lake, 164. — du mecaiiicien , etc., par Su- zanne, 162. Guizot. foy. Histoire de la revo- lution d'Aiigleterre. Giijse (J. dii). Annales historic il- Jiisirium principum Hannonice , ,75. H Hainaut( Princes de). ^oy. Giiyse. Haiti , 733 , 800. Halevy (Leon). Voy. Duel. Hamilton. OEuvreschoisies, iSO. Harmonies (Les) de la nature. yoy. Clavareau. Haiighlon ( Graves Chamnej). Mn- iiava dharina Znslra , etc. , 664- /lead ( F. B. ). Rough notes taken during ionic rapid journeys across the Pampas , etc. , i r i . Htiberg, C. — B. , 126, 411. — N. , a27, 524, 8n. Hereau (E. ), C. — A. 377, 637. — B., 123, 186, 194, 468, 490, 676, 760, 771, 783 , et les ar- ticles signes E. h. Herold, / oy. Marie. Hersent, peintre. Voy. Tardieu. HiEKOGLYPHES ; ^^O. HlSTOIKU, 108, 129, 174. 175, i83 , 407, 4 1 o, 4 1 8, 479 , 680, 744, 75o, 751, 754, 758 , 760. — universelle ( Coup d'ceil gene- ral sur r ) de I'ancien moude , par F. C. Schlosser, 128. — des revolutions de la republi- que romaine, par Vertot, 475. — de Colombie, par Lallement, 175. — du r^gne de Henri VIII , par Sharon Turner, 662. — de la revolution d'Angleterre , pnr Guizot, A., 370. — d'AIexandre \" , empereur de de ioutes les Russies , par Alph. Rabbe, A., 63. — nationale des Allemauds , par le baron de Gagern , 680. — de la Baviere , par Conrad Mannert , 681. — des priucipantes des duos de Saxe, etc., par J. G. A. Gal- letti, 4i •• — de don Juan d'Autriche, par Alexis Dumesnil, 75fS. — du regfie des Goths et des Lom- bards en Italic, par Jean Ta- rn a s!;ia, r4o. — de la Sardaigne, par Joseph Maniio, 424- - ( Resume de 1") tlesp<8'l. — abregee de la litterature des AUemaiids, par E. Schroeter , 30(). — de la littei-ature des Pays-Bas, par Van Kanipen , 43o. — (Precis de 1') de la mede- cine , etc., 43o. NATURFtLE, 433, 535 , 65fi. Hollard (H. ),C.— B., 137 Hommage aux demoiselles, 4<)i- Hooft. Vcrzammliiia -van Jdt'jzert over het JVetbock van Koophan- del, 70a. Horace (Les odes d), traduites eu francais par Emmanuel Worjms de Romilly, 484. Houille ( Details statistiques sur Texploitation de la ) , 211. Hoinvalds T'ermischtc Srhri/tiii , 683. DKS MATliRLS. 8 7 !'> HulVland.^'i')'. Nojiikvtions ac.v- DE.MIQUnS. Hilnengraber (Tombes dites ) re- cemment decouvertes eu Biis- gau, par H. Schreiber, i35. Hygienk, 7i5, — (Traite d' ) domestique , par P. J. Vidalin ,712. I lu-Kiao-li, ou les Deux Cousines, roman chinois , tiaduit par Abel Remusat , 493. Ideologik (Elemens d) , par le comte Destutt de Tracy, 173. Idylles (Les) de Tbeocrite , tra- duites en danois, par S. Meis- liiig, taS. Imilaiiune (De) Christi , libri qiia- tiioi , etc., 795. /mrtiennann {Ka/l). Ueber den ra- senclen ^jax des Sophocles ,681. Imprimerie , 720. Incisa de Saint- Etienne. ^or. Medailles antiques. I^des orientales , 21 5 , 393. Indigo(Fabrique) introduite dans I'ile de Java , 5 tfi. Industrie ,4^2, 516,821,827. Ingres, f'oy. Sudie. Institiit. Voy. SoClliTES. — national de C^hili ,801. Institutes (Les) de Mnnon , en Sanskrit , publiees par G. C. Haughton , 664 — de Gains , recemment decou- vertes dans un palimpseste , et traduites e>.i francais , par J. B. E. Boulet , 469, 73o. Institutions judiciuires (Des) dc I'Angleterre , cumjiarees avec celles de la France, par Joseph Rey, 73(). I«STKUCrlON ELEMENTAIKE, 236. — POPUI-AIKE , 65y. PRIM.VIRE, 4'0- -- riBi.iQUE, '.(lu , 7.36, 528, 653. roy. aiissi :'P.c.ot.v.f, , Ui»l- vEUStTEs , etc. Syi'l TAllLE Al Inventions , 4'i8. Ihlande. f'^oy. Grande -Bre- TAGNE. Irritation (De 1') consideree sous )e rapport physiologique et pathologique , par Broussais , i5fi. Isainliert. Voy. Recueil general. — f'^oj. Consultation. Ismailof ( A. ). Calendar Mouze , Itai.ie, i4o, a34, 42'> 4^4 > 529, fi87, 8i5. — Voj. Coppi. Itineraire du royaume des Pays- Bas , 698. Jakdinage , i55 , 400. Jauffret. Vov. Tables. Jesuites, 176, 178,412,471, 742, 743. — (Les) modernes , pour faire suite au memoire de M. de Montlosier, par I'abbe Martial Marcet de la Roche-Arnaud , 472. Jeudis (Les) dans le chateau de ma tante, par Brts , 494- Jeune Mari (Le), comedie en prose, par Maz^res, 838. Jeux de basard. ^oj. Manuel. Joinville (Sire de). Histoire de Saint-Louis, 180. Jomard , de I'lnstitut , C. — M , 3i3. Jouanno (P. T.). Arithinetique eleinentaire , 717. Jouffroy (F.) L'Academie des beaux-arts de Paris bii decerue le second grand jirix de sculp- ture , 24fi- — (Herri). T'^oj. Economie poli- tique. — (Th.). /-'o^-. Stewart. Jourdan (A. J. L.). Fox. Necro- I.OGIE. — Foy. Recueil general. JoURNAUX et JtECUEILS PEBIODI- ALYTIQIJF. QUES , publi^.s en yingleterre : Revue sonimaire des publica- tions periodiques , 117, 399, ^67. — The oriental herald , 397. — The Quarterly Review , — publics aux EcaCs-Unis : Ame- rican Journal of education , ci Boston , 106. — Annals of the Lyceum of natural history of ^ew-Yo,k, fi56. — )iublies en France : Annates de I'agriculture francaise, a Paris, 204. — L'Anii des cbamps , a Bordeaux , 207. — Le Lycee Aiinoricain , a Nantes , 208. — Espri t et Conferences des lois d'inteiet general, a Toulouse , 5o5. — L'Anii du bien , a Mar- seille, 5o6. — Journal gram- matical et didactique de la langue francaise , a Paris, 794. — publics en Italic : Annali uni- versali di medicina , a Milan , 1 4'). — Giornale di farmacia- chimlca , a Milan , 148. — An- nali unii'ersali di tecnologia, etc., a Milan, 692. — Annali iiniver- sali di stacistica , etc. , a Milan , 694. — publics au Mexique : La Eu- terpe ,, periodlcn de literatura , cicncias y artcs , 890. — publics dans les Pays-Das : Ilydrageu lot de natureskundige IFctenschappen , a Amsterdam , 432. — De Tiedcrlandsche Her- mes , a Amsterdam , 4-^2. — Bibliotheque medicale, etc. , a Bruxelles, 705. — Bibliotbeque du jurisconsulte , etc. , a Liege, 705. — publies en Portugal : O 'velhu liberal , a Lislionne , fiyfi- — ])ublies en Ilussie : IlIosAoi'skoi Telegraf, 118. — St.-Petersbur- gische Zeitschrift , 40'). — l^la- gaziufiir Riisslands (rcschichte, a Mrtau , 4"7- — r-'estnik Evro' pui , a Moscou, 674. .Jubile de I'llniversite de Copen- hague , 8oc). — semi-seculaire du regne dii grand-due de Saxe-Weiniar , celebre a Apolda , 8 n . — (Le) , poeme latin, par Jacques Moliogiiier, 5io. JuUien (M. A.), foiidateur-direc- leur de la Revue Encyelope- dique, C— M. , Syt. — B. , 700 , et les articles signes M. A. J. JURISPKUDENCE , 104, l53, 167, 172, 400, 705 , 73o, 742 , 743. — et style du notaire , par Masse et I'Heihette , 470- — de la Cour royale d'Orleans , par Colas de la Noue , 734. Justinien. f^oy. Groen van Prins- terer. K KarakterscheCs "van Lord Byron ah Mensch en ah Dichter, 43 1. Karsten (J. W.). yoj. Geometric pratique. Khvastofr (Comte) , poete russe. f^oj. Boileau. — Voy. Promenade. — f^oy. Navigateurs. Kirckhoff, C— B. , i4g, 433, 697. — N. , 55 1. Kock (Paul de). Le Barbier de Paris, 784. Koscitis/io School, at Newark, 2 I 2. Krtig. Folgen des Uebertritls eines protestatitischeii furs(en zitr Ka- cholhchen Kirche , 678. Lacroix (S. F.). Manuel d'arpen- tage, 720. La Fayette (General), f^oy. Bryan. Lafitte. T'oy. Aventure. La Haye (Description succincie de), et de ses environs , t5o. Lake (J. W.). Guide de I'etranger i\ Londres, ifi4- DES MATIEUES. ^-jS Lallcmeni. Histoire deColombie, 175. I.amarque (Lieutenant-general). yoj. Esprit njilitaire. La Mennais (Qu'est-ce que I'abbe de) ? 473. • Laniothe-Langon (E. L. B. de). Foj. Espion. Laniouroux (J. P.). f'oj. Ency- clopedle portative. Landes (Les) en mil liuit cent vingt-six , etc. , par J. B. B. , a joindre au projet de canal propose par M. Deschamps, A. , 6o3. Langue danoise , 5s4 1 810. — francaise. yoy. Marie. — pali. yoy. Burnouf. — Zend. yoj. Rask. Laoglois (C). f^oy. Voyage pitto- resque. r^anjuinais, de I'lnstitut, C. — B., 4fS3, 736, 7fig. La Plata , in. Las Cases (Comte de). f'oy. Atlas historique. Lassen, yoy. Burnouf. Latour, C. — B. , 109, 715, 794. Laumier (Ch.). Resume de I'his- toire des jesuites , 176. Lautli. ^oy. Necrolo&ie. Lavis des plans, ^oy. Puissant. Lay {The) of gratitude , etc. , by Daniel Bryan , 389. Leboullenger ( L. C. M. ). fqr. Philosopliie ciiimique. Lecoq (H.). yoj. Mineralogie. Lefranc de Pompignan. Voyage de Languedoc et de Provence , 773. Legislation, 126, i53 , i68 , 5ot) , 657, 658 , 702 , 73o , 732, 733, 8i3. — (La) civile , commerciale et criminelle de la France, etc., par le baron Locre , 468. Legris. f'oy, Mecanique nianuiac- turiere. Lehaitre(M.). ^'or. Logique. '"^7'' TABLI AN l.e IMoimaud (L. ijeb.) , C— B. , ifi4- Lerinier. Mcmoires sur I'etahlis- sement d'uiie usine hydrau- lique.yig. Letcere sit Roma e Napoli , 141. Letenier, C. — H., 765 , 795. Lettre de M. Massias a M. Jul- lieii, M., 6. — de M. Wauters, a M. de Kir- cklioff , 819. Letfres de M""^ de Sevigne , 772. — ni6meonvrage, suivide Lettres inedites de cet auteur, 773. — sur rAnglcterre , par A. de Stael-Holsteiii, A., 74. — d'un Americain , sur les avan- tages des gouvernemens repu- blicniiis federatifs , 395. L'Herbette. f^^oj. Jurisprudence. LiBRAiKiK, 229. — allemande. Foire de Leipzig, 527. LlTHOGHAl-HIE , 429 , 495 . 847, 848. — Ses j)rogres en Daneniark , 225. LiTTEBATURE allemande, i3i , aoQ , 418, 68 c , 683. — an- cienne classique , I25 , 484 > 778. — anglaise, 74 , 89 , 117, 396 , 397, 402 , 666, 668. — belgique francaise, 702. — chi- noise , 493. — des Etats-Unis, 389. — francaise, 116, i85, 186, 187, 188 , 190 , 191, 193, T94 , 196, 208 , 247i 252 , a53, 482, 484, 485, 486, 490,491, 49a , 493 , 494 , 5o4 , 548 , 55o, 571 , 648 , 769 , 771, 772, 773, 774,775, 778, 779, 7*^0 ,78 1, 783,784, 785,786,838, 841, 844- — helvetique-frincaise , 686 , 687. — hollandaise', 43 i. — ritalienne, i4o , r^i, i43, 144 I 4^5 , 690 , 691 . — latine , 5o7, 5 10, 684, 768, 771. — mexicaine , 390 , 5i i. — russe, 118, 377, 4o5, 4o6, 637, 671, 672, 674. — sanskrite , 664- ALYTIQUE Liturgie(Sur rintrodurtiou de la nouvelle) , a Berlin , etc. , par Amnion , 678. Lloreitte's (^.). Jliitory of the in- (jtiisiiion of Spuin , 66a. Lucre. I'oy. Legislation. Lodin-Lalaire (T.). Voy. Elegies. Lofeve-Weimars, C. — A. , 625. LoGiQUE (Traite elementaire de), par Michel Lehaitre , 184. Loi naturelle. Voy. Marne. Lois (Corps de) de la republique de Colombie , 657. — francaises (Anciennes). Vojr. Recueil general. — d 'instruction criminelle et pe- uale , par J. A. Gamier du Bourgneuf, et J. S. Chanoine, 730. Londrcs (Description de) , pouv servir de guide aux etrangers , par G. Brilton , 112. — yoy. Lake. Longueur du pendule. T- oy, Sa- bine. Louis, f^oy. Ni^ce. Lnccki-ilni. Hisforische Enhvicheliing dfr Unachen iind Wirkungen des Rheiiibiindes , 129. Ivucenay (J. de), C. — N. , 229 , 2! I , 4 ' 2 , 525 ,812. Lumiere (Analyse de la) , etc. , Luna FoUieio (^Signora Cecilia de). a/ezzi onde far contiibuire le donne alia luiblica felicita , etc. , 423. — f^oy- Musique. Lycophron I'Obscur (De I'epoque a laquelle vecnt) . par B. G. Niebuhr, 684. M Maaskamp (E.). Tableau slatisti- que et historiqued'Amsterdani, i5o. Macdonald {A.). The notation of i music sim/tlified , 664. DES MAT]iRE$> Macrobe. (OEuvies de), traduites parC. H. de Rosoy, 768. Magallon. Voy. Annales mili- taires. MaGNETISME ANIMAI,, i55. Magre (P.). Foy. Pilote. Mai ( Angelo ). For. Manuscrit latin. Maillet-Lacoste. Foy. Parallele. Maison de refuge de New-York , ai3. Maladie epideraique de la Ho!- lande. Foy. Mulder. Maladies (Des) rliumatoide.s , par L. A. Gosse, i36. — chirurgicales. Foy. Boyer. Malesherbes. Foj. Monument. Malte-Brun. Foy. Neckoi-ogik. Mannert {Conrad). Die Geschichte Baierns, 681. Manno (G.). Sioria di Sardegna 4a4. Manou. Foj. Institutes. Manso. Foy. Necrologie. Manuel de matifere medicale.etc, par H. Milne Edwards, at P.) Vavasseur, 713. — d'hyglfene , etc. , par P. C. Colombot , 715. - — d'arpentage, par S. F. La- croix , 720. - — de la Typographie fran9aise , etc. , par P. Capelle , 720. — dujardinier maraicher, etc., par Louis Noisette, i55. — de I'economie domestique , par M'"'' Celnart , 455. — de I'imprimeur, par Audouin de G^ronval , 455. — des amateurs des jeux de hasard , par T***, 161. Mamdsckit latin decouvert dans la Biblioth^que royale de Na- ples, par Angelo Mai , 81 5. — mexicain (Decouverte d'un au- cien), 5 1 1. — danuis , 824. Marc. Foy. Eau de Selters. Marcel , trag^die par de Rouge- niont , 84i. 877 Marchesi , dit Marchesini (Louis). Foy. Necrologie. Mari (Le) impromptu , ou la Cou- tume anglaise , comedie en prose , aSa. Marie, drame lyrique , paroles de Planard , musique de He- rold, 253. Marie. Journal grammatical de la langue francaise , 794. Marne ( De la). Du syst^me de la loi naturelle , consid^ree romme une heresie de la re- ligion chretienne . 725. Martinet (A. L.). L'Academie des beaux-arts de Paris lui decerne le second grand prix de gra- vure , 246. Martinique, 800. Massard. Gravuredes Sabinesde David, 846. Masse. Foy. Jurisprudence. Massias. Foy. Systime de philo- sophie. — Foy. Principes de litterature. Mathematiques, i59, 160, ifii, 45o , 7'2o, 721. Maz^res. Foy. Jeune mari. Mecanique, 1(12 , 211 , 45o. — - manufacturi^re (La nouvelle), par Legris, 452. Medaille egyptlenne frapp^e a Paris, et gravee par Barre 85i. Medailles antiques ( Catalogue des) de la collection de feu I'abbe lucisa de Saint-fitienne , par Jul. Cordero de S. Quin- tino , i4fi. — historiques (Mauuel pour les amateurs des) des Pays-Bas , 43i. Medecine. Foy. Sciences me- DICALES. — (Precis de I'histbire de la) et de bibliographic medicale, par J. B. Monfalcon , 439. I Meditations lyriques , par J. I. ! Galloix, 68fi. 58 878 TABLE ANAXYTIQUE Meislirig {S.). Theociiis idyltiske Digte , 125. — .ieneiden , laS. Melanges, par Ilouwald, 683. Memento des archhectes at inge- nieiirs , des entrepreneurs, etc., par C. J. Toussaint, 453. Menrtoire sur la vie del'honorable Edniond Burke , par James Prior, ii4- M^moire geographique et numis- matiqiie sur la partie orientale de la Barbaric , appelee Afri- kia , etc. , par C. O. Casti- glioni , 690. Memoires , Notices, Lettkes ET Melamges (I. ) : Lettre con- tenant le resume du syst6nie de Philosophic de M. Massins, 6. — Du Mouvement de la Po- pulation en France {A. D.) , 10. — De la crise commerciale de I'Angleterre (/. B. Say), 40. — Reflexions sur Tensei- gneraeat de la Geographie {F. M. L. NaviUe), 2(55. — Du mouvement de la population en France. Second article {A. D. ) , 276. — Notice sur de Beaufort, voyageur en Afrique. {Jomard) , 3 13. — Notice sur la Corse ((I"), 561. — Epftre a M. Vandernat {M. A. JuUieri), 571. ■ — Notice biographique et litteraire sur M. A. A. Barbier {L. Barbier, fils atiie) , 6yS. ET Rappokts de Societcs sa- vantes et d'utilite publique en France, 200, 501,791. du Venitien J. Casanova de Seingalt, par G. de Schntz , 757- ■. . de Michel Oginski sur la Po- logne et les Polonais , 708. autographcs de M. le prince de Montbarey, 480. de M. de Coulanges, 772. . d'un jeune Grec , traduits de I'italieu , par Jules Saint-Le- ger, 194- Memoirs of the historical Society of Pensyh'ania , 654- MendibiI.(P.), C— B., 428. Menees (Les) ecclesiastiques dans le royaume de Saxe , 678. Merle ( L. M. C. ). Trait^ ^le- tnentaire k I'usage du com- merce et des finances, 159. Mesure d'un arc. Voy. Brous- seaud. Mesures (Sur la valeur des) et dfs polds des anciens Romains , par Cagnazzi , i45. Metali.ubgie , 719, 809. Metaphysique, 173, 4^1' 422- Meteores (Sur les), par J. G. Garnier, 428. Mexique , 390. Michelol ( A. ) , C— N.. a4fi , 542 , 827. Miers {John). Travels in Chile and La Plata ,111. Mills ( Charles ). Voy. Neceo- LOGIE. Milton (John). T^oy. Chauning. MiwERALOGiE (Elcmens de) ap- pliquee aux sciences chimi- ques , etc. , par J. Girardin et H. Lecoq , 706. Mines d'or de I'Oural, 809. Minutoli (M™e |a baronne de). Mes souvenirs d'Egypte , pu- blics par Raoul-Rochette , 7(10. ItJissirini (M.). Canzoniere ,691. Mitford {Miss Mary Russet). Our Village , 396. Moel [A.). Brieven over het Schcve- ninger Zeebad , 429. Molbech {C). Den Danshe Riim- krijnike , 4^0 > 524- Molrogiiier (/.). Jiibileiini carmen , 5io. Monfalcon(J.B.). Voy. Medecine. Moiimerque ( De ). Voy. Cou- langes. Montbarey (Prince de). T'oy. Me- moires autographcs. Montesquieu. Considerations sur les cau.spR de la grandeur des Romains, elc. , 475. DES MATIliRES. I Montgaillard (L'abbe de). foj. Histoire de France. Moritmahon (E. de). P'oy. Formu- la ire. Montolieu (Mme de). ^or. Aga- thocl^s. Mont-Valerien ( Le ) , suivi du Pelerin, etc. , i83. Monumens historiques de I'Alle- magne , etc. , par G. H. Pertz , 680. ^Monument eleve a Malesherbes , au Palais de Justice de Paris , 844. — en I'honueur du poiite Perti- cari , pour dtre erie^ aux en- virons de Genes, 234- — eleve a Cainbrai , a la me- inoire de Fenelon , 287. — numismatique , ou Collection en medailles dcs cbefs-d'oeuvre de sculpture d'Antoiiie Ca- nova ,812. MoRAiE , i65, if>7, 409, 5o(i , 6,7. Moreau de Jonnes (Alex.). Le Commerce au xix" siecle, A., 5i. , Morey (Samuel), f'oy. Agent me- cani'que. Mort (La) de Henri III , ou les Ligueurs, draine en plusieius scenes , par Charles d'Outre- pont, 780. Mortonval. f'oy, Fray-Eiigenio. Mozart. Sur I'authenticite de son lieqiiiem , (iS5. Mulder en Roelants. Bjdrage tot de Geschiedeiiis der thnns hcrr- schende Zic/ite , 6g6. Muller (C). r^oy: Cours de litte- rature allemande. Murier. Voy. Puvis. Miisee des Antiques , dossine et grave par P. Bouillon, 786. JVIusiQUE, 23o , fi85 , 790. — ( De la) a Naples, surtout parmi les femmes , par la si- gnora Cecilia de Luna Fol- liero, 499- 879 — religieuse (Corps complet de) a trois voix , 198. — simplillee. Voj. Macdonald. N Naples, yoy. Rome. Napoleon. Foy. Saint-Ignace. Navanete ( M. F. ). CoUeccion de los -viages _>• desciibrimieiitos , 425. Navigateurs(Les) russes, poerae, par le comte Khvastof , traduit en vers allemands par G. Boul- ferdt, 672. Navigation, iC4, 806. par la vapeur, ii 5. • pour etablir nne communi- cation reguliere entre les divers ports de la mer des Indes, 21 5. NaviUe ( F. M. L. ) , C— M. 2^5. Necrologie : Frederic Theodore Schubert ,Ae Helmstett, profes- seur d'astronomie , a Peters- bourg , 220. — Nicolas Fuss , de Bale, secretaire perp6tuel de I'Academie des sciences de Pe- tersbourg , 221. — Le comte Nicolas lioitmanzoff , chancelier de remoire de Russie, 222. — Jens Emmanuel Baggesen , poete danois, a Hambourg , 225. — Jean Gaspard Frederic Manso , professeur a Breslau, 281. — Fulvio Corboli Aquilini, patrice d'Urbin , 235. — Comte Jean Paradisi , 235. — JFinhel , me- canicien a Amsterdam , 237. — Racier d'Albe , geographe , a Pa- ris , a55. — Jourdan , docteur en droit, a Paris, aSg, — .Tal- ma , cetebre tragedien, a Paris , 262. — Charles Mills, littera- teur anglais, 5i8. — Benoii Del- bene, secretaire perpetuel de , I'Academie d'agriculture , etc. , de Veronc , 53o. — Swaan , pro fesseur a I'ecole de medecine de Hoorn (Pays-Bas), 535. — Lo W Lauth , a Strasboui g , 5ii. 88o — Le comte /ioissy d'j4nglas , pair de France , ;i Paris , 55 1 . — Le docteur Philippe Piitel , a Paris, 556. — Louis Marchesi , chanteur itaiien, a Bologne , 8i6. — Jeati Castinel/i , juris- consulte a Pise, 8l6. — Jean George Tretitiel, libraire a Paris, 856. — Conrad IMalte - lirun , homme delettres, a Paris, 857. Neufforge. P'oy. Armorial. Nicollet. T'oj. Brousseaud. JSiebiihr ( B. G. ). Ueber das Zei- talter Ljcophrons des Diinkeln , 684. Uebcr den Chreinonideischvn Krieg, 4 1 8. Ni6ce( La ) et le Pupille , come- die en prose, par Caigniez et Louis , 55o. Nielles ( Essai sur les ), gravures des orfevres florentins du xv*^ siecle , par Duchesne , A. 98. Noisette ( Louis ). Voy. Manuel du jardiiiier. NOMIJf AXIOMS ACADEIHIQUES : De CandoUe , associe etranger de TAcadeniie des sciences de Pa- ris , 241. — Plana et Brunei , correspondans de la m^nie Aca- demic , 244- — (-ilbert Blane , a Loudres, et le docteur Hufe- land, a Berlin , correspondans de I'Academie des sciences de Paris, 539. — Frederic Ciivier , membre de I'Academie des sciences de Paris, section d'a- natoinie et de zoologie, 8a5. — Fourier , et I'abbe de FeleCz , raembres de I'Academie fran- caise, 837. Notariat. /'ty. Jurisprudence. Notice sur Jean Fr. Oberlin , pas- teur a Waldbach , ySy. — biographique et litteraire sur Antoine-AlexandreBarbier, M. 575. — historiques sur les medeciiis du grand Hotel-Dieu de Ly"" > par J. P. Poiute , 181. TABLE ANALYTIQUF Notre Village ; esquisses des sce- nes et tableaux champdtres, par miss Mary Russel Milford, 396. NoiIVELLES SCIENTIFtQUBS KT i-iTTERAiREs(lV): Afrique,ai3. — Allemagne , 227, 525, 811. — Amerique m^ridiouale , 8or. — Amerique septeiitrionale , at I, 5ii, 798. — Antilles, 800. — Asia, arS , 5i6,8o5. — Br6- sil, 801. — Canada , 798. — Chili , 801 . — Danemark , 2^5 , 524 y 809. — 6tats-Unis, an , 5i 1 , 798. — France, 287, 536, 821. — Grande-Bretagne , 216, 5i6 , 806.— Haiti, 800. — In- des-orientales , 2i5. — Italic, 2.34, 529, 8i5. — Paris, 240, 537, 8a3. — Pays-Bas, 236, 532, 818.— Perse, 8o5. — Po. logne , 223. — Russie , 220 , Sig, 809. — Sierra-Leone, a i3. — Suisse, 232, 528,81a. NUMISMATIQUE, 146, 43l , 546, 690, 812. o Oberlin ( J. F. ). yoj-. Notice. Observateur ( L' ) au xix^ siecle, ou de I'homme dans ses rap- ports moraux, etc., par A. J. C Saint-Prosper , 466. Obscrvationsastronomiquesfaites a rObservatoire royal de Paris, 442. OEdtres de Macrobe, 768. — de Joseph Droz , 465. — cHOisiEs de Hamilton, i85. de Saint-Real, 484. de Destouches, 484- , — COMPLETES de Buffon. Edition de Baudouin frferes , 433. de Descartes, 463. de.Palladio, 789. de Voltaire, in-Sa. Edition de Baudouin freres, i8fi, 485. __ — de Marie-Joseph et d'Andre Chenier , 769. — — ^ de Chateaubriand , 187. de Goethe, 229. — POETiQUES de M™« Dufrenoy, 775.. Oginski ( M. ). Memoires sur la Pologne, 7.58. Oldekop ( A. ). Journal de Saint- Petershourg, 406. Omodei ( A. ). Annates univer- selles de medecine , 146- Opuscules de J. B. Vermiglioli , 691. Organisation ( Sur 1' ) et la dis- tribution de la force mat^rielle, par le comtede Franclieu, 169. Origine ( Essai sur 1' ) unique et hieroglyphique des chiffres et des lettres de tous les peuples, par Paravey , 4^0. Orthographe. f^oj. Boniface. Ottomans ( Les ) et les Grecs, poemelyrique par Dorion, igS. Oudeney ( Docteur ). Fo^. Voya- ges en Afrique. Outrepont (Charles d'). Foj. Mort ( La ) de Henri III. Ouvrard. ^o/. Beaurepaire. Gelosia corretta ope Pacini. 53o. Pailliet (J. B. J. ). Dictionnaire universel du droit fran^ais , 167. Palladio. OEuvres completes , pu- bliees par Chapuy et Beugnot , 789. Palma's {A.) Summary account of the steam boats of lord Cochrane' s expedition, 11 5. Panalbe. T'oy. Erasme. Paradisi ( Comte Jean ). f"/. Ne- CROLOGIK. Parallele de Tacite et de Cic^ron, par Maillet-Lacoste , i8a. Paralysie (De la) consideree chez les alieues , etc. , par \,. P. Cal- meil, 713. Origine. ). L'Academie des Paravey. yoy. Paris ( C. J. DES MATlijlES. 881 beaux-arts de Paris lui d^cerne le premier grand prix de com- position musicale, a46- Paris , 240 , 587 , 748 , 823. Parny. Voyage , 773. Parry ( fV. E. ). Journal of a third voyage for the discovery of a north-west passage , etc., no. Patu de Saint-Vincent. Voy. Vue.« pittoresques. Pauvrks, 617. Pays-Bas, 148, 236, 428, 532, 696 , 818. — Voy. Guide des Voyageurs. — Voy. Itiueraire. — Voy. Armorial. — Voy. Van Kampen. — Voy. Medailles historiques. Pdcheries de Terre-Neuve et du Labrador, 5ii. Peinture , 820. Pf-rse , 723, 8o5. Pertz [G. H.). Monumenta Germa- nics historica , etc. 680. Perticari. Voy. Monument. Pharmacie, 148. Philadelphie. Voy. Froost. Philipon de la Madeleine ( L. ). Voy. Ramsay. Philologie, laS, i33 , i5i, 182, 676. Philosophie , 5 , i5i , 463 , 4''5, 466, 700 ,701. — ( Ij^lemens de la ) , par I'abbe Gerard, 726. — chimique, ou Notions genera- les sur la physique et la chimie, par L. C. M. Leboullenger , A. ,598. — ( Elemens de la ) de I'esprit hu- niain , par DugalJ Stewart , 137, A 33i. — MORALE ( Esquisses de ), par lem^me, traduites de I'anglais par Th. Jouffroy , A. 33 1 . Physiologie, r55, i56. Physique, 388, 598, 718. — ( La ) et la chimie appliqueep a la medecine , par John Ayr- ton. Paris, 708. TABLE ANALYTIQUF. — (Nouveaux elemens fie la ) du corps humain, etc., parfitienne Gallini, 687." Pichot ( Amedee ). Voyage en An- gieterre , A. 74. Pigault-Lebrun, et Victor Augier. Voyage dans le midi de la France, 774- Pike ring ( O. ). Reports of cases ar- gued and determined in the su- preme judical court 0/ Massachu- ssetls , 104. Pilote ( Le ) americain , traduit de I'anglais par P. Magre , 164. Pinel ( Philijipe ). Fq/-. Necroi-o- GIE. Pinkney. foj: Wheaton. Piccoli. Foy. Almeone. Plaidoiries et arrets de la cour supreme de Massachussetts, par Octave Pikering, 104. Plana. P'oy. Nominations acade- MIQDES. Planard. f^oy. Marie. Plantes indigenes des Pyrenees. f^oy. Catalogue. Platonica prosopographia. Voy. Groen van Prinsterer , tSl. Plutarchi Philopceinen , Ftaminins , Pjrrhns , ed. T. liaehr , i33. PoESlE , 188, 190, tgi, 193,194, 377, 389, 4o5 , 4ofi, 435 , 43i , 485 , 486, 490 , 491 , 49*, 5o4 , 571, fi37, fi48, 671, 672, 68«, (191 , 702, 778, 779, 780. — DKAMATIQUE , 89 , l3l, I 44 » 187, 247, 262', 253, 425, 548, 550,681,780, 838, 841 , 844. Poesies de Mnie Amable Tastu , 485, A. 648. — politiques et morales , par L. Brault, 188. Poetiv ecclesinstici , Son. Pogodine. Ourania , Karmannaia knijka , 4ofi. POIDS ET MESUKES , I 45. Pointe. f\y\ Notice historique. Poleifo'i { N. ). Moskoyskoi TelegraJ, 118. PoLICK , 167. POLITIQUH , 395 , 4"2 , 4'5 , 689, 696. Poi.OGNE, 223,758. Pongerville ( De ). Vor. Amours inytliologiques. Pontier ( P- H. ). Memoire sur la connaissance des terres en agri- culture , 438. PoNTS ET CHAUSSEES , 4^ , 6o3. Population (JVIouvenieni de la) en France, consideredans chaque departement, M. lo, 276, 837. — de la Grande-Bretagne , 5i(). Porter [Miss A. M.). Honor O'Haru, 396. Poktugai. , (196. Postes ( Mouvement des ) en France , 247. Piincipes de litterature , de plii- losophie, de politique et de mo- rale , par le baron Massias, i85, 482. Prior [James ). Memoir of the life and character of the R. H. Edmund Burke , 1 14. Prisons , 2i3 , 715. ■ — (Tableau des) de Marseille, etc., par Segaud , 47'' Prix DECERNES .• par I'Academie des beaux-arts de Paris , 246. — Par la Sociele d'eniulation de Cambray, 5o3. — Par la Soci6te d'encouragement de I'industrie nationale de Paris, 83i. — Pai- la Societe d'agriculture de Douai , 791. — PROPOSES : par la Societe d'a- griculture du departement de la Haute-Garoune , 200. — Par la Societe d'emulatiou de Cam- brai , 238. — Par TAcademie des sciences de Lyon , 239. — — Par I'Ath^nee de Brescia , Sag. — Par la Societe des amis des sciences, des lettres , etc. , d'Aix, 537. — Par I'lnstitut des sciences, d' Amsterdam , 818. — Par la Societe d'agricul- ture, etc. , de ^acon, 723. — Par la Sociel6 d'encouragement. DES MA pour I'industrie nationale de Paris , 828. —Par la Soci^te de - geographic de Paris , 835. — Par la Societe d'agriculture de Douai, 791. — Par la Societe de medecine de Bordeaux, 794. Proces de I'Elvangile, 172. Promenade ( La ) de mai a Ca- therinehof, parle comteKlivas- tof, 671. — aux lies de Yelaguine et Ka- mennoi , par le m<5me ,672. PsTCHOLOGiE fEssai sur la\ etc. , 463. Puissant (L.). Principes du figure du terrain et du lavis sur les plans et cartes topographi- ques, 721. Puvis ( A. ). Des avantages de la plantation des muriers pour clever des vers a soie , 707. Quelles suites pourra avoir I'en- tree recente d'un prince protes- tarft dans I'eglise catholique , . par Krug, 678. Qu'est-ce que I'abbe de la Men- nais ? 473. Quetelet ( A. ) ., C— B. 448. — Astronomic elementaire , 717. Quicherat (L.). Traite de versifi- cation latine , 765. R Rabbe (Alph.). Histoire d'Alexan- dre P', A.,63. Raffard. f^oj. Sermons. Ramsay. Voyage de Cyrus. Nou- velle edition publiee par L. Philippon de la Madeleine, 196. Raoul-Rochett©. Voj. Minutoli. Raphael, yoy. Aubry-le-Conite. Rask (R.). De I'anciennete de la langue zend , ct de I'age et de TliRES. «^8^ I'authenticite du Zend-Avesta . 676. Reclamation de M. Beltrami au sujet de son ouvrage sur It-s sources du Mississipi, 5ii. Reclamations ( Essai sur les ) des catholiques, adresse au comtc de Liverpool par James Doyle, 393. Recreations des vacances, par Charles Zell, 418. Recueil general des anciennes lois francaises , par Jourdan, Isam- bert et Decrusy, j 68. Recuetls periodiques. yoy. JoURJfAUX. Redoute (P. J.) Fbj. Roses. Reglement pour les ecoles de I'ar- rondissenient de Morat au can- ton de Fribourg , 420. Regny. Rapport fait a I'Academie de Lyon de I'ouvrage de M. Mo- reau de Jonn^s sur le commerce au xixe siecle, A., 5i. Reiffenberg (De), C. — B. , 43d , 681, 70X.— N., 237. Reishammer ( Felix). Voy. Table de logarithraes. Relation des operations des ar- mees de terre et de mer envoyees dans I'archipel de Chiloe, etc., par Ballarne, 108. — des sieges et defenses d'Oli- venca, de Badajoz et de Campo- Mayor, etc., 754- Religion, yoj. Theologie. — chretienne (La) autorisee par le temoignage des anciens au- teurs paiens, par le P. D. do Colonia, 45'). Remusat (Abel). T^oy. lu-Kiao-li. Renard Athanase. Voy. Boiir- bonne. Renaudlere (De la), ^oy. Voyages en Afrique. Renouard (Ch.), C. — A., 617. Report [Twinty first) of the briiish and foreign School-Society, 65^. Resume g^ographlqiie de la Grece 884 TABLE AN et de la Turquie , par G. A. M., 458. KEsuBiis HisToniguEs. yoy. His- TOIKE. Revolution d'Angleterre , 370. Revue somm.iire des recueils periodiques publics dans ia Grande - Bretagiie, 117, 899, 667. l{ej' (Joseph), foj. Institutions judiciairps. Rhkxorique. J-^oy. Carbon Ri- chard (T.), C— B., 161. Richter ( Jean Paul Fiederic ). Details veridiques sur sa vie , i3o. — dans les derniers jours de sa vie , par R. O. Spazier, ibid. Rielberg (£. ) Dichterbloeinen , 43 1. Rigollot fils, C B., i58, 441, 714 , 716. Robert ( D. Ch. ). Voy. Chenier. Roche- Arnaud (L'abbe Martial Marcet de la ), Voy. Jesuites. Rocher (Le), roman nouveau, par une dame allemande, 786. Roelants. f^qy. Mulder. Romans , 196, Sgfi, 493, 4g4, 78 i, 788,784,785,786. — - envoyes de Paris a Port-au- Prince , 800. — francais ( Clioix de ), en fio vo- lumes ,781. Rome (Lettres sur) et Naples, i4i. Romilly (E. Worms de). Foy. Horace. Rosemonde, tragedie , par Emile de Bonnechose, 548. Roses (Les), par P. J. Redoute, avec le texte par C. A. Thory, 789- Rosetti, C. — B. , 144. Rougemont. Voy. Marcel. Roumanzoff ( Comte Nicolas ). J''oy. Necrologie. Rudelbach (A.). Des principes de morale , etc., 409. — Notice sur les oeuvres inedites et sur la doctrine de Claude, 409. ALYTIQUK — Sur les symboles et les figures de I'Ecriture sainte , 4io- RiissiE, 53, 118, aao, 4o5, 519 , 671, 809. Sabine ( Capitaine ). Resultat de ses experiences sur la longueur dtppendule, a 16. Saint Ignace et Napoleon, 687. Saint-Leger (Jules), ^oy. Me- moires d'un jeune Grec. Saint-Leu (Comte de). foy. Ver- sification. Saint-Marc. Voyage de Chapelle et Bachaumont , 778. Saint-Prosper (A. J. C. ). roj. Observateur. Saint-Real. ?'o)'. OEuvresohoisies. Saintine (X. B. ). Resume general de I'histoire militaire des Fran- cais, 477. Salfi (F.), C— B. , 146, 4a4, 69a. -N.,8i6. Salm-Salm (Prince de). Precis historique des faits qui ont eu lieu lors de sa conversion , 474- Sampieri (M™c). Sentences m6- , morables d'auteurs anciens et modernes , i4o. SaKTE PUBUQTJE, 708. Sanderson' s Remarks on the plan of a college , etc. , 653. Sardaigne. Voy. Manno. Say (J. B.) Traite d'econoniie po- litique. Nouvelle edition, 247. — C— M., 40. Schlosser (F. C). U/iiversal/iiifo- rische Uebersicht der Geschichte der alien Welt, liS. Schmalz. Foy. Economic poli- tique. Schreiber ( Heinrich ). Die neiient- deckten Hilnengrdber irn Breisgan, 1 35. Schutz ( G. de ). Memoires de Ca- sanova de Seingalt, 757. Schrocter {£.)■ Kiirzc Geschichte dcr DF.S MAT ichdnen Literatur der Deutschen , j 209 S85 Schubert ( F. T.). Vor- Necro- 1.0GIE. Scieuce du gouvernement , par C. S. Zachariae, 126.' Sciences MiimcALBS, i36, i46, 148, i56, 157, 234, 421,439, 441, 442 , 524 , 687, 688 , 696 , 705, 708, 712, 713, 7i4> 71^, 716 , 793. . MOHa.LES ET POLITIQUES , 5l, i(S4 , 33i, 459 , 617, 667, 701, 735. PHYSlyUES , 4s, 148, l55, 324, 432, 4^3, 598, 701,706. RELIGIEIISES. A'oJ. ThEOLOGIK. Sculpture , 692 , 812 , 844- Segaud. f^oy. Prisons. Sentenze e detli memorabili d'anti- chi e jrtoderni autori , 1 40. Sermons par J. A. Raffard, I24- Sevigue ( M«"= de ). foy. Lettres. — yoj. Coulanges. Shakspeare. J^oj. Chefs-d'oeuvre. Sieges, for. Relation. Sierka-Leone, 2l3. Sisniondi (J. C. L. de). Nouveaux principes d'economie politique, a47- — Histoire des Francais, A. , 34fi- SoCIETES SAVANTES ET d'utII,ITE PUBLIQUE. — aux Eiats - Urn's d'Amtriqiw : Societe philosophique de Phi- ladelphie, 387. — Societe hislo- rique de Pensylvanie, fi54. — en Canada : Societe pour I'en- couragement de reducation et de I'industrie , nouvellement or- ganisee a Montreal, 798. — en Anglftene : Societe de Londres pour I'amelioration des prisons, 217. — Sociele des ecoles anglaises et etrang^res de Londres, 659. — Societe royale asiatiqued'Angleterre et d'Irlande, 663. — en Riissie : Societe d'encoura- gement des artistes de Saint- Petershourg , 220. — Societe courlandaise pour la litterature et les arts de Mittau, Sig. — Societe impcriale pour I'his- toire et les antiquites russes de Moscou , 523. — en Italie : Societe royale d'a- griculture de Turin, 8i5. — Academic des georgophiles de Florence, ibid. — Societe me- dico-physique de Florence, ibid. — dans les Pays - Das : Societi fondee a Namur pour I'encou- ragement de i'instruction ele- mentaire, 236. — Institut des sciences , de litterature et des beaux-arts d'Amsterdam , 818. — en France ( dans les departe- mens): Societe royale d'agri- culture du departement de la Haute-Garonne, 200. — Society d'emulation de Cambrai, 238 , 5o2. — Academic des sciences , belles-lettres et arts de Lyon, 289. — Societe des amis des sciences, des lettres, etc. , d'Aix, 537. — Societe des amis des arts de Cambrai , 822. — Societe d'a- griculturc, sciences et belles- lettres de M;\con, 7 23. — Societe centrale d'agriculture, sciences et arlsdu departemcntduNord, seant a Douai, 791. — Society royale de medecine de Bor- deaux, 793. — (a Paris ) : Institut royal : Aca- demic des sciences, 240, 537, 723.— Academic francaise, 827. — Academic des beaux-arts, 246. — Societe philautropique, 202. — Societe biblique protes- tante, 5oi. — Societe philotech- nique, 642. — Societe d'en- couragement pour I'industrie nationaJe, 827. — Societe de geographic , 835. Sole ( Culture de la ) en Prusse, 525. 59 S.S6 TABl K ANaLTTIOUK SouMU»-KT-MUKis (Institution des) de Copeiihague , ai5. — (Education des) dansles Pays- Bas,8i8. Souvenirs d'Egypte , par M'"<^ de Minutoli , 760. Spazier(Ii. 0.).Jenii Paul Fric- J/ich Riclttcr in stineii letzlen Ta- gen , i3o. Stael-HoUtein (A. de). Lettres sur I'Augleterre , A. , 74- SxArisruiLK , 10, i5o, in, 27fi, 5i(i, .Tfu, 694,807, 837. — de Varsovie ct du faubourg de Prague ,223. — des tribunaux criminals d'An- gleterre, 217. Stewart ( Dugald ). ]i;iemens de la philosophic de I'esprit huniain, 137. — Esquisses de ])hilosopliie mo- rale , traduiles de I'anglais par Th. Jouffroy, A., 33 1. Sudre. Lithographic d'une oda- lisque , d'apres Ingres , 849- Suisse , i 3() , 232, 4'^o, SaS, 680, 812. Suzanne. Guide du mecanicien, 162. Swaan. l^oy. Necroi.ogie. Sjinbolis {De) ac typis scriptnrtv sac a; dissertatio , and. A. lUidel- hach , l\\o. Syntlit;se ( De la ) et de I'analyse. Discours de Paul Costa , 422. Syphilis. Voy. Ciinique. Systtme des connaissances com- merciales , par A. Claye , 457. — de philosophic (Resume du ) expose dans les ouvrages de M. Massias, M. , fi, T Tabaraud. Histoire de I'Assem- blee gcnerale du clerge de France en 1682, suivie du Discours de I'abbe Fleury , 726. TabU de I.ogaritlimes a I'nsage des ucgocians , par Felix Rois- hammer, ifio. Tableau des principaux evc'ne- meiis qui se sont passes a Reims, depuis Jules-Cesar jusqu'ii IjOuis XVI , 750. Tailhuulier (A.) , C— A., 74. — B. , 706. - N. ,262. Talai.r.it. Voy. Vceux pour les Grecs. Talma. I'oy. Necrologir. Tamil ssia. Storia del regno dci Goti e dci Lorrgobardi in Italia , 140. Tardieu (Alexandre). Gravure du tableau de Hersent , ayant pour sujet I'episode de Rudi, 845. Tastu (Mmc Amable). Poesies, 485 , A. , 648. Technologie , 45o, 452, 692. Voy. arissi iNnusxniE. Teissier ct Bosc. Aunales de I'agri- culture franc.'iise , 204. Terres en agriculture. Voy. Pen- tier. Theatre coniique italien de J. C. Cosenza , i44- The\t,res : de Paris , 247, 548 , 838. — de Berlin , 527. — de Vienne , 527. — de Milan , 53o. Theologie , Religion , Culte , etc. , 393 , 394 , 401 , 409 , 410 , 4^0 > 459 , 473 , 474 » 507, 662 , 664 , G78 , 725, 726, 795- Thory (C. A.). J'or. Roses. Tieck' ( Lndwig). Dramatuigische BlcUter, i3i. Tommasini. Dissenazioni ed altri scritli ,421. TOPOGUAPHIE , I 12, 149 l5o, in4 , 459 , (igfi , 721 , 797. Toulouzan. L'Ami dubien, 5o6. Toussaint (C. J.). Voj: Memento. Tkauiictions : en allemand , du russe, 672. — en anglais , de I'espagnol , 662 ; du Sanskrit , 664. — en danois , dn grec , ia5 ; du latin , 125. UF.S MaTIEF.es. 88- — en espagnol , du francais, 209. — en /raiicais , de I'^.tlemand, 740, 757; de I'anglais , ^G , 89, 137, 164, 33i , 45g ; du hollandais , 697; de ritalieii, 194 ; du latin , 4^19 , 780 , 76S , 771 , 778 ;du russe, 377. — en russe : du francais ,(171. Traite des Koins ,,2i3 , 800. Transactions of the american philo- sophical Society, 387. — of the royal astatic Society . 663. TredgoKl (Th.). T'oy. Chemins de fer. Treuttel (J. G. )• ^oj- Necro- LOGIE. Trombone, f^oy. Vimeux. Troya. Del Veltro allegonco di Dante ,691. Turner's (Sharon). History of the reign of Henry the Might, 662. TuRQUlF. , 458. Typogbaphie, 455,720. u Uccflli. Anno di clinica esterna, etc., 688. Umtriebe (Diegeist/ichen) im Koenig- reiclie Sachsen , 678. Univeksites : de Munich , 525. — de Gand , 532. — de Co- ])enhague, 809. — qui existent dans toute I'eten- due de I'Allemagne, 227. Usine hydraulique. ^'oy. Ler- mier. Valaniont (J. J.) Voy. Fables. Van Br6e , peintre hollandais. Tableau de marine , 820. Van Kampen (N. G.). Histoire abregee des lettres et des sciences dans les Pays-Bas, 43o, Fan Orden {O.), Handleding 'voor Venamclaars i>an ISederlandsche Riitoriepenniiiger, l\'i\ . Vanusel (Cli.). Voy. Code. Varsovie. I'oj. Stati.stique. Vaudoncouit (Geneial de). His- toire des campagnes de i8i4 et i8i5 en France, 753. Vandoyer ( Leon ). L'Academie des beaux-arts de Paris lui de- cerne le premier grand prix d'architecture , ?.46. Vavasseur (P.). Voy. Manuel de matiere niedicale. Venise , poenie lyrique par Bi- gnan , 5o4. Vente d'un cabinet d'histoire na- tnrelie a Amsterdam , 535. Ventouillac ( L. T. ). Choix de Classiques francais, 116. Venniglioli. Opiiscoli ora insiemc raccolti , etc. , 691. Vers a soie. Foy. Puvis. — solitaire. T'oy. Grenadier. Vers du comte George Gallesio , 425. Versification (Essai sur la) , par le comte de Saint-Leu , i4i. — latine. yoy. Quiclierat. Vertot. Histoire des Revolutions de la repuliliqne romaine , 475. Vidalin (Felix). Memoire medico- philosophique sur la boisson alcoolique, 7rfi. — (P. J.), ray. Hygiene. Vie de Theobald Wolfe-Tone, ecrite par lui-mcme, io5. Vies de Philopoemen , de Flami- nius , dc Pyrrlius , par Plu- tarque, 1 33. Viger. Analyse d'un entrctieii sur la conservation des etablisse- mens du Bas-Canada , etc., 107. Villenave (Th.). Anx Grecs et a lord Cochrane , 4<)2. Vimeux (J. J. Firmin). Meihode complete pour le trombone , 790- Vincent (A. J. H.) Coins de geo- metrie elemenfaire, etc., i5y. 8^3 TVBI.E ANAI.YTIQUE DES MATIERES. Visiteur ( Le ) dii pauvre, pur De Geraudo , i65 , A. , 617. VoBux pour les Grecs. — Misso- longbi, etc., par T***, 194. Voisiii (A.). Guide des voyageurs dans la vlUe de Gand , i5o. Voltaire. OEuvres completes, 186, 485. Voyage ( Troisi^me ) pour la decouverte d'un passage au nord-ouest , de rAtlantique a la mer Pacilique, par W. E. Parry, no. — a travers les Pampas et au mi- lieu des Andes , par F. B. Head, m. — au Chili et a La Plata , etc. , par John Miers , i n. — historique et litteraire en An- gleterre et en Ecosse , par Anie- dee Pichot, A. , 74. — pit Robert , Souther, lisez : Robert Southey; p. 8a , 1. Z-x,fut invoquee , lisez : fut invoqiiee ; p. 122, 1. I , redige , lisez : redigee ; ibid., 1. derniere , les hoiineurs des , iisez : Ici honneiirs de ; p. l53 , 1. 29 , Prosphaltius , lisez : Prospaluiis; p. lC>8, 1. 21, Winche , lisez : Fincke ; p. lyS, 1. 10 , ef ce/ui du principal ac- cuse , lisez : ec la rcponse du principal accuse ; p. i85, 1. 38, mettez une virgule a la fin ; p. 193 , le n" 93 est le second article designe par ce nombre; il aurait fallu inettre n° 94, et aiusi de suite; p. 198, 1. i3, serci divise , lisez : sera compose ; ibid., I. 5, par en has, sa, lisez : la; p. 199, 1. 8, sa , lisez : la; ibid., 1. i5, accom- pagnant , lisez : accompagnante ; ibid. , 1. 3o , par, lisez : sur ; p. 202 , I. 20 et 21 , des liens , lisez : les liens ; p. 2o3 , 1. 2 par en bas , un don annuel, lisez : au don annuel; p. 223, 1. a3 ,j"ifs , lisez : 28, 044 , juifs. Cahier de kovembre. Page 378, lig. a6, /e.^/brce^, lisez : ses forces; p. 383 ,\. 6 , en Russie , lisez : dans ce pays ; p. 4i3 , 1. 39 , apres le mot Molinari , mettez iin point et virgule au lieu d'une virgule ; p. 414, dernifere ligne, Sarpeta , lisez: Sarepta ; p. 4 '5, 1. 10 , mettez une virgule apres les mots Ses aventures ; p. 427 ,1- 36, Espugne , lisez: Espagne; p. 485, 1. 1^ , preference , lisez •.preference; p. 5oi , 1. l3, il faut une virgule apr6s le mot Pompignan , et un point apres ces mots : malgre la plaisanterie de Voltaire; p. SSg , article 8 de la Table, Dupre de Saint-Maur, lisez : Dupre de Saint-Maure. Cahier de decembre. Page 638 , lig. derniere de la note 3^, apres ces mots de cet ouvrage , ajoutez : deja cite ; p. 646 ,1. 4> •J" traduc- tion , lisez : la traduction anglaise ; p. 647, 1. 6 et 7, la poesie legere ne reussit pas a M. de Saint-Hluure , lisez : AS. de Saint-Maure ne reussil pas dans la poesie legere ; ibid. , 1. g , ^a negligence , lisez : la negligence; ibid. , 1. 22 , lefonds , lisez : le fond ; p. 665 , I. 39 , nuances , lisez : muances ; p. 674 , ligne premiere du n° 271 , Vestnick Erropui , lisez : Vestnik Evropui; ibid., 1. 21 , schetvertes , lisez : tchetvertfis ; ibid. , note 2 , meme faute; p. 676 ,1. 8 , a mise , lisez : a mise ; p. 676, premiere ligne , supprimez le dernier mot ; p. 686, 1. 19 , Handel, lisez : Handel ; p. 697, 1. 9 , par en bas, tot untvan't , lisez : tot nuC van't; p. 701 , 1. 9 , par en bas, naturtyke , lisez : natiirljke ; p. 7S2 , 1. 25 , on et il peint , supprimez : on ; p. 784 , 1. 2, a lui donner, lisez : a lui accorder ; p. 856,1. 12 par en bas , Teritable , lisez : vene- rable; p. 859, article 9 de la Table , Dupre de Saint-Maur , lisez: Dupre de Saint- Mauie. AVIS ESSENTIEL AUX. SOUSCIUPTEURS DE LA ReVUE EnCYCLOPEDIQCE , concernant les Tables decennales, ou Repertoire GENERAL des iiiatCeres contenues dans les quarante PREMIERS volumes DE CE RECUEIL , pOUr leS DIX PRE- MIERES annees pe sa pdblication , depuis et compris Van iSigj'usqu'a Van 1829 exclusivement. ( Voy. les AVIS , places a la suite de nos tables des matieres, des tomes XXV (Janvier, fevrier, mars iSsS) et xxviii (octobre, novembre, decembre iSaS). Quoiqiie les Tables des matieres [h-imcstrielles) , placees a la fin de chacun des volumes de la Revue encyclopedique , aient paru siiffisantes a la plupart de nos lecteurs pour les re- cherches qu'ils veulent y faire immediatement , nous avonscede a la demande d'un assez grand nombre de personnes qui ont exprime le desir d'avoir une Table generale , coniprenant un cspace de cinq ou de dix annees , et destinees a presenter un resume alphabetique et analytique des matieres traitees dans nos archives de la civilisation comparee, c'est-a-dire, des tra- vaux importans entrepris ou executes chez les differentes na- tions, des principales productions publiecs et des progres obtenus dans les differentes parties des connaissances hu- maines; enfin , des etablissemens d'utilite publique en tout t^enre fondes, pendant cet intervalle de terns, avec indication des nonis des savans, des publicistes, des litterateurs, des artistes et des ecrivains qui ont pris part a nos travaux. — Nous nous sommes arretes a I'idce de publier des Tables decennales , dont la redaction est confiee a un homme de lettres , r.uquel ce AVIS KSSEWTIEL. 89 I genre de travail est deja familier, puisqu'on Ini doit des Tobies des matieres , fort estimees, des OEuvres completes de Voltaire et de J . J. Rousseau. Nos Tables decennales , qui formeront en quclque sorte des archives de I'liistoire de I'esprit hiimain , pendant Ics dix annees qu'elles doivent euibiasser, seront publiees, dans le courant de I'annee 11829, \a. Revue Encyclopedique devant alors entrer dans la onzieme annee de ses publications raensuelles. Un Prospectus particulier fera connaitre, plusieurs mois d'avance, I'epoque de publication, le plan et le prix de ces tables, pour lesquelles on est invite neanmoins a se faireinscrire, pendant I'annee courante, sans aucune avaitce de paiement , afin que Ton puisse en faire tirer un nombre d'exeniplaires , proportionne a celui des souscripteurs. Nous saisirons cette occasion pour faire remarquer a nos lecteurs, que la Revuf, Encyclopedique, qui s'est engagee a leur donner seulcment c/uatorze feuillcs d'impression , ou 224 pages par mois, pour le prix annuel de rabonnement ; ce qui produiroit, tous les trois mois, un volume de 672 pages, a public, EN 1826, quatre forts volumes, savoir : T. XXIX. — ( Premier trimestre ) g/i4 pages. T. XXX. — ( Second tiimestre) 964 p. T. XXXI. — ( Troisieme trimestre) 888 p. T. XXXII. — ( Quatrieme trimestre) 892 p. En tout 3,688 pages, ou mille pages , c'est-a-dire , deux forts volumes excedant le nombre promis et du, d'apres les conditions de la souscription. Nous avons, de plus, donne quatre portraits et une gravure. Les amis des connaissances utilcset del'humanite continueront sans doute d'encourager une entreprise de bien public , con- duite depuis liuit annees avec une entiere abnegation de toute vue d'interet personnel, et rapportee uniqucment au but que Wr^r^ 89a AYIS ESSEKTIEL. se sont propose^ les fondateiirs : L'enscignement mutitel des nations, aa nioven d'une correspimdance puhllque ct perlodiquc cntre les hommcs eclaires de tons les pays. La Direction de la Rcinee Encjclnpediquc. Paris, 3 1 deceinhre i8a6. 2 FEB.95 L Avis ACX AMATEURS DS LA LITTiiRATURE ETKANCiRK. On peut s'adresser i Paris, par rentremise du Bubbau cektbai. dji LA Rkvuk Ejccyclopediqub , a MM. Treuttei, et Wiifiiz, rue de Bourbon, n° 17, qui ont aussi deux maisons de librairie, I'une d Stras- bourg-, pour I'Allemagne, et I'autre ^ Londres ; — a MM. Ahthu» Berxeakd, rueHautefeuiile, n" a3; — Resouard, rue deTournon,n° 6; — Levrault , rue de la Harpe, n° 81 , elk Strasbourg; — Bos- sxsGv. pere, rue Richelieu, n°6o; et a Londres,pour se procurer le$ divers outrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russcs, polo- . nais, hoUandais, etc., ainsi que lesautres productions de lalitierature etrangfere. — La Direction de la Revue Encjrclupediqtte n'a d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tons les moyens qui reeultent de ses publications mensuelles, les communications scientifiques et litteraires entre la France et les pays etrangers. AUX ACADiMIKS ET AUX SOCI^TES 8AVASTES de tOUS les pOjS. Les AcADESiiES et les Societes savaktes bt d'utii,ite puBiiQaB, francaises et etrangeres, scut invitees a faire par venir exactement,/rflnc de port , au Directeur de la Revue Encyclopedique , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposeut, alin que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs, AuX EDITEDRS d'OXJVHAOES ET AOX LIBRAIRES. MM. les editeurs d'ouvrages p6riodiques, francaiset etrangeis, qui deslreraient echanger leurs recueils avec le notre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^cbange , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages , nouvellement publics, qu'ils nous auront adressee. Aox EDITEURS DBS RECUEILS FBRIOBIQUBS EK AII6I.ETBRBE. MM. les Editeurs des Recueils p^riodiques publics en Angleterre sont pries de faire remettre leurs numeros k M. Degborge, correspondantde la Revue Encyclopedique a Loudres, ts" 38, Norfolk-street, Strand, chez MM. De Crusy, Cabet el Marbot, maison de correspondance et de com- mission; M. Degeorge leur transmettra , chaque mois , en echange, les cabiers de la Revue Encyclopedique , pour laquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour I'annee courante, soit pour se procurer les collections des anneesanterieures, de 1819 a i8a5 inclusiveineut. AuX LIBRAIRBS ET AUX EDITEURS d'oUVKAGES EK AJ-LEM AGKJ'. M. ZiRGES, libraire h Leipzig, est charg^ de recevoir et de nous faire parvenir tous les ouvrages pubU6s en Allemague , que MM. les libraires, les editeurs et les outeurs desireront £aire annoncer dans la Revue Ency- dopedique. 'j^Ss^. LiBaAiRES cAez lesquels on souscrit dans les pays ktrawgers. Aix-la-Chapelle, Laruelle fils Amsterdam,, G. Dufour ; — Dela- chaux. Anvers , Ancelle. Aran (Suisse), Sauei lander. Berlin, Schlesinger. Berne , Clias , au cabinet liUe- raire ; — Bourgdoifer. Breslan, Th. Korn. Bruxelles, Lecharlier; — Denial; — Brest van Kempea; — Berthot. Firtiges , Bogaert; — Dumortier. Florence, Piatti. Fnbourg (Suisse) , AloTse Eggen- dorfer. Francfori-sur-Mein , Schaeffer ; — Bronner. Gaitd , Vandenkerckoven fils. Geneve, ,T.-J. Pasclioud ; — Bar- bezat etDelarue. La Haje, les fri>res Langeuliuysen. Lausanne , Flsclier. Lcipzig,Gr\e&hammcT; — jG.Zirges. Liege, Jalheau pere. Lisbonne , Paul Martin. Londres, Dnlau et Coinpagnie; — Treuttel etWiiriz; — Bossaiige. Madrid, Denn^e ; — Peres. Milan^ Giegler; — Visniara; Bocca. Moscoti, Gautier; — Riss peieet tils. Naples , Boiel ; — Marotta et Wanspandock. Neuchatel (Suisse), Grester. Neiv-York (Etats-Unis), Thoisnier- Desplaces; — Berard et Mondon; — Behr et Kahl. Nouvelle - Orleans , Jourdan ; — Roche , freres. Palermo (Sicile), Pedonne et Mu- I'atori ; — Bosuf (Cli.). Petersbouig , Saint - Florent ; — Graeff; — Weyher; — Plucbart. Stuttgart et Tuhingue , Colta. Utrecht, Van Schoonhoven. Todi, B. Scalabrini. Turin , Bocca. Varsovie , Ghicksiberg ; — Za- vadsky. Vienne (Autiiclie), Ceroid; — Scliaumboui g ; — Schalbacher. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pilrc) , Piolet aliie. lle-de-France (Port-Louis), E. Burdet. Martinique , Thounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, An BuBEAU DE HEDACTiojv, RUE u'Ewper-Saint-Michel , n° l8, ou dolvent dtre envpyes , francs de port , les livres , dessins et gra- vnres , dont on desire raimonce, et les Letlres, Memoires , Notices ou Extraits destines a ^tre inseres dans ce Recueil. Chez Trkottel bt Wurtz , rue de Bourbon , w" 17; RiiY Bi Grayikr, quai des Augustins, n" 55; Charles BicHET, libraire-conim" , quai des Auj^uftins, n" 57; DowuEY-DupKE, rue Saint-Louis, u° 46, an Marais; et rue Richelieu, \\° 67; MoNGXEaine, boulevard Poissonni^re, n" 18; EvMERY , rue Mazarine, n"> 3o ; RoHET , rue Hautefeuille , n" 1 a ; Baciielikr, quai des Augustins, n° 54 ; Levr.vult, rue des Foss6s-M.-le-Prince , n° 3 1 , et a Strasbourg ; A. Baudouin , rue de Vaugirard ,11° 17; Delatxmay, Pex-icier, Pokthieti, au Palais-Royal; A LA Tenxe, Cabinet Litteraire, tenu par M. Gautikk, ancien militaire , Galerie de Bois , n" 197, au Palais-Royal. Nota. Les ouvrages annoncts daus la Revue se trouvent aussi eliezItoRET , rue HautcfeoUle, n" 12. PARIS. • — BE 1,'lMrRIMERIE DE RIONOOX, rue Jes Francs-Bouigeois-S. -Michel ,