OME II- 1 82 7. ( 3li^ de la collection. ) 100^ LIVRAISON. SH^#S#^SS##W w m w ^W'< REVUE ENGYCLOPEDIQ ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LliS SCIENCES ET LES ARTS. 1° Pour les Sciences physiques ct mathematiques et les Arts industrials: MM. Ch. Durix, Girard, NA.viEB,ilel'Iustitut; Ferry, Francoeur , Ad. GoN' niKET, A. MlCBEI.OT, DeMONTGERT, MOREAO UE JONKES , QuETELET , T. Kl- cuard. Warden, etc. 2° Pourles 5c/eHC<;inff<«rc//ej:MM.G£0FFR0y SAiNT-HiLArRF, de I'lnstitut; BoR-r UE Saikt-Vikcf.st, correspoudaut de I'lnstitut, Matuieu BosAfods, de Turiu; B. GAtLtOH , de Dieppe; V. Jacqcejiont, ejc. 3" Pourlus Sciences medicales ■•■ MM. BAt.LY,DAMlRON , G.-T.DoiH, Amedee DuPAD, FossATi, Gasc; Gerson, de Hambourg ; Georgetj LECRAifDj.pE KiRCRHOFF, d'Anvers; RiGOLi.oT Ills, d' Amiens . etc. 4° Viiixr \ss Sciences philosoplnqucs et morales,, politiijues, geographiques et hisioriques :'yi'il. M. A. Jui.LiEN, de Paris, Foudateur-Directeur de la Revue I'.iicjchpedique; Alex, de la Borde, Jojiird, de I'lnstitut, Artaud, M. AvKNEi., Barbie du Bocage Cls, Benjamin-Constant, Charles Comte, DEPPiNG,t)urAt;,CnNOYER-, Gdigniaut.Guizot, A. Jaubert, Ales.Lametb, Lanjuinais Cls, P. Lami , Lesueur-Merlin , Massias , A. Metral, Al:BERtM0NTEM0KT,EuSEBE SaLVERTE, J.-B.SaV; SiMOWDE DE SiSMOWDI, de Geneve; Warn KOENtn, de Liege, etc. DuriN aiiie, Berville, ^ouchene- Lefer, Criveli.i , Ch. Kenodard, Taillaniiier , arocats ; etc. o" Pour la LiUeratnreJ'rancaise et etraiij^ire, la Biljliograpliie , V Archeologie el les Beaux- Arts :'!!il^l. AiiDRiEtfS, Asiaury-Ddval, Emeric David, Lemer- ciER , DE Seglr, de riustitut; M"''' L.-Sw. Belloc; MM. J.-P. Eats, Bur- NOUF fils, Chadvet, Cui^.NEDOLLE, de Liege; P.-A. Coupin, Fr, Degeorge, Dcmersan,Ph. Goleery, Leon Halevy, Heiberg, Henrichs, E. Kereau, Al'ul'ste JuLLiENfils; BtRNARD JuLi.iEN ; Kalvos, de Zante; Adrien-Lafasge, J.-V. Leclero , Loeve-Veim VRs, A. Mahul ; MojfNARD , de L.iusauuc; C. Paganbl, H. PATtn , Pongrrvili.e; db EtiFKtNnERG, de Bruxelles; DE Stassart; Fr.Salfi, M. Scuninas, Schnitzler, Leon Thiesse, P. F. TiSSOT, VlLLENAVE, S. VlSCONTl , etC. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE , RUE d'eNFER-S. -MICHEL , iv° 18 ; ARTHUS-BERTRANB, LIBRAIRE, RUE HATJTE-FECILLE, W° I'i. AVRIL 1827. m s ^4f CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTtON. Depuis le moisdejanvier 1819, 11 parait, par annde, dou7.e caliiers de ce Recueil ; cbaque cahier , public le 3o du Riois, se compose d'en- viron i4 fetiilles d'inipression, et plus souvent de i5 ou i6. Oa souscrit k Paris, au Bureau central d'abonnement el d'expidition iadiqu^ sur le litre , ct cbez les libraires ci-apr6s : ARTHUS BERTBAND , rne Hautefeuille, n" a3; Au Mdseb ENcrcLopEDiQUE, CHEZ BossAWGE p6re,rue Richelieu , n'So; Rekoi;a.hd, rue de Tournon, n" 6; Prix de la Souscriplion. A Paris ^6 ir. pour an an; a6 fr. pour six mois. Dans les departemens. S3 3o A I'etranger 60 34 En Angleterre 75 4' Le montant de la souscriplion, cnvoye par la poste, doit dire adresse d'avance, fr.vkc de toht, ainsi que la correspoudance, au Dlrecteiir de la Revue Encxelopidiqiie , rue d' Enfer-Saint-Michel , n" 18. C'esl a la ra^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de lous genres et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dout on ddsirera rinsertion. On pent aussi souscrire cliez les Directeurs des posies et cbez les principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers. Trois cabiers ou livraisons forment un volume. Cbaque volume est termini par une Table des matieres alpkabetique et analytiqtie , qui eclaircit et facilite les recherclrts. Celte Table est tonjours jointe au I °'' cahier du volume suivant, i I'exception de la derni^re Table de I ann6e, qui est expediee isoldment k lous ceux qui peuvenl y avoir droit. On souscrit, seulement k partir de deux ^poques , du z"* janvierow du la/uillet de cbaque annee , pour six mois , ou pour un an. On trouve, kv bureau central, les collections desannees 1819, i8ao, 1821, 182a, 1823, 1824 ee 1S2S, au prix de 5o francs chacune. Cbaque annee de la Revue Encyclopedique est indf^pcndante des anndes qui precedent, et fofme une sorte d'/lrinuaire scientijique et litteraire, en 4 forts volumes in-S", pour la p^riode de terns inserite snr le litre REVUE ENCYCLOPEDIQUE A /cnrD. PAKIS. I)F, l'iMPRIMERIE HE RIGSOtTX, ruo del Francs-Bourgeois-S. -Michel, no 8, ^^ REVUE ENCYCLOPfiDIQUE, ov ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS I.ES SCIENCES , LES ARTS INDUSTRIELS , LA LITTERATURE ET LES BEAUX-ARTS ; PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET D'AUTRES HOMMES DE LETTRES. TOME XXXIV. PARIS. AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOP^DIQUE, RUE d'eNFER- SAINT -MICHEL, N° l8. AVRIL TO27. >< Toutes Ics sciences sout les rameaiix d'line meme tige. » Bacon. <■ L'art nVs^ autre chose que le eontr6le et le registre des ineilleures produc- tiuDs. .. A contrAler les productions (et les actions) d'na cbacun, il s'engeudre eiivie des bonnes, et mepris des mauvaises. » MOKTAIGKE. <■ Les belles-lettres et les sciences, bien eludj^es et bien comprises, sout des iustmrnens aniversels de raison, de vertu, de bonhenr. » REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DBS PRODUCTIONS LES PLDS HEMARQUABLES DANS LA LITTERATUIIE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, L^TTRES ET Ml^LANGES. LETTRE DE M. le capitaine anglais Edouard SABINE A M. JULLIEN, DE Paris : Resume des voyages entrepris par la Grande-Bre- TAGNE POUR PERFECTIONNER l'hYDROGRAPUIE DES MERS polaires arctiques (l). ^Monsieur , Vous desirez que je vous donne les moyeiis d'offrir a vos lecleurs une revue sommaire des expeditions entre- prises depuis quelques annees par la Grande - Bretagne (i) Ce Resum6 qu'a bien voulu rediger, d'apres notre invitation, M. le capitaine d'artillerie anglaise Sabine , qui est dans ce moment a Paris , nous a senible devoir interesser d'autant plus nos lecteurs que M. Sabine a lui-m^me accompagn^ , comme savant, deux des 6 RESUME DES VOYAGES au-dela dii eercle polaire arctique; que je fasse con- naitre le bul special et les resultats de chacune de ces expeditions. Je m'enipresse de vous satisfaire sur ces points, niais en me bornant aux objets geographiques, qui, a une seule exception pies, ont ete I'origine de ces entreprises. On s'etait propose la solution des deux questions sui- vantes : i** savoir s'il existait au nord de I'Amerique une communication navigable entre I'Atlantique et la mer Pacifiquej 2° savoir s'il est possible, par la navigation ou autrement , d'atteindre le pole boreal. L'examen de ces deux questions exigeant des recher- ches dirigees vers des points fort eloignes les uns des autres , elles ont servi de but a des entreprises differentes, et nous en traiterons successivement , en commencant par la premiere question , celle d'une communication navigable entre I'Atlantique et la mer Pacifique. La recberche dun passage navigable pour les vaisseaux marcbands qui allaient des ports de I'Europe en Chine , et dans la mer deslndes, para't avoir occupe le premier rang parmi les objets des voyages de decouvertes, faits vers la fin du xvi® siecle et le commencement du xvii*' ; cpoque digne d'etre citee dans les annales maritimes de la Grande-Bretagne pour ses entreprises aventureuses et commerciales. A cetteepoque, les diverses branches de 1 Ocean , les bales et les bras de mer, a partir du cap me- ridional duGroenland, d'un cote, jusqu'a la cote du La- brador, de I'autre ( limites de la recherche d'un passage navigable) , turent parcourus et examines par plusieurs expeditions pour la recherche du passage du nord-ouest, et a fait un troisi^me voyage au Greenland et au Spitzberg, pour des expe-r riences sur le pendule. (N.d.K.) FAITS AUX MERS POL AIRES. 7 expeditions, aux frais' de commercans anglais, qui en confierent la conduite a des na'vigateurs dont onnesau- rait assez louer la hardiesse et I'habilete, surlout si Ton a egard au peu de moyens qu'ils avaient a leur disposi- tion. Ces voyages firent successivement connaitre le de- troit et la bale d'Hudson, les detroits de Davis et de Cumberland, ainsi que la mer de Baffin , et demontre- rent la continuite de leurs cotes, les points suivans ex- ceptes; longeant la cote de la mer qui porte son nom , Baffin avaitremarque, au nord et a I'ouest, cinq entrees ou discontinuites de la cote, qu'il n'examina pas de pluspres. II leur donna les noms de W olstenholme Sound, Whale Sound, Sinitlis Sound, Jones 's Sound et Lancaster's Sound. L'expression sound ( entree ) differe de celle de baie en ce qu'elle ne designe pas necessairement une enceinte fer- mee. Deplus, I'extremite occidentale du detroitde Cum- berland etait entierement inconnue, et le detroit d'Hudson n'etait lui-menie quo tres-imparfaitement connu. Si, a la meme epoque, on ne fit point la reconnais- sance complete de ces points , on ne doit pas en conclure que les personnes qui s'etaient engagees dans ces re- cherches avaient desespere de trouver un passage par queiqu'unede ces entrees. Au contraire, la plupart des navJgateurs, sinon tous, regarderent conime tres • pro- bable la decouverte future de cette communication, et Ion trouve dans leurs ecrits les fails et les raisonnemens sur lesquels ils appuyaient cette opinion. Mais leurs voyages avaient eclairci suffisamment la question qui iriteressait les commercans , en demontrant a peu pres , que lors meme qu'il existerait un passage, il ne pour- rait etre d'aucune utilite pour le commerce : et pour d'autres objets de reclierches , les commercans n'etaient pas disposes a employer leurs fonds. 8 RESUME DES VOYAGES Tel etail I'etat de la question , lorsqu'oii la renouvela, en 1818. Dans I'intervalle , elle avait ete agitee de terns en terns , el avait doniie naissance a trois ou quatre ex- peditions navales , faites aux frais du gouvernement ; raais il n'en resulta lien qui soit digne d'etre rapporte dans line esquisse aussi rapide que celle-ci. En i8i4, la fin de la longue guerre dans laquelle la Grande-Bretagne avait ete engagee , lui permit de s'oc- cuper de recherclies qui of'fraient de I'attrait a un pu- blic eclaire, comme utiles ou simplement interessantes; et celle du passage du nord-ouest ayant fixe i'attention d'un homme dont le nom s'est depuis presque idenlifie avec elle, et qui, par sa situation, comme secretaire de I'amiraute , se trouvait dans le cas d'avoir tme inlluence considerable siir les actes du gouvernement, la recon- naissance des points qu'on n'avait pas encore explores, et oil le passage chcrche pouvait exister, tut entreprise avec des nioyens et avec une volonle perseverante qui promettaient de decider la question. Au commencement de iSiS, Vlsabelle, de 4oo ton- neaux, et V Alexandre^ de pres de 3oo , furent equipes , et confies a desofficiers de la marine royale, avec envi- ron 100 hommes pour les deux vaisseaux. Des moyens extraordinaires furent mis en oeuvre pour preserver leurs carenes du choc des glaces; ils iurent approvisionnes avec profusion de tout ce qui pouvait servir a la navi- gation dans des mers convenes de glace, ou contribuer alasante et au bien-etre des equipages. On leur fournit des provisions de bouche et du combustible en quantile suffisante pour passer I'hiver dans la zone glaciale, dans le cas on ce sejour serait devenu necessaire. Ulsahelle etait commandee par le capitaine Ross, chef de I'expedi- tion , et r Alexandre par le lieutenant Parry, depuis lAlTS ADX MERS POL AIRES. 9 si celebre comme capitaine commandant les expedi- tions suivantes. Ces vaisseaux quittererit I'Angleterre , en avril 1818, avec ordre de remonter le detroit de Da- vis, et de s'avancer au-dela, dans la direction choisie par le chef de I'expedition, pour la decouverte d'un pas- sage jusqu'a rOcean Pacifique. lis revinrent, au mois de novenibre de la meme annee , apres avoir fait , pendant I'ete, le tour du detroit de Davis etde la mer de Baffin, en remontant le long de la cote orientale, et redescendani le long de la cote occidentale. Cette nouvelle reconnais- sance de ces cotes servit au moins a demontrer I'exacti- tude et la fidelite des premiers navigateurs. Les cinq entrees qui avaient ete decouvertes, mais non pas exa- minees par Baffin, furent apercues de nouveau, mais de plus loin, a Texception de Lancaster's Sound, dans la- quelle I'expedition s'enfonca jusqu'a uiie trentaine de milles, etou elle trouvala reunion de toutes les circon- stances qui pouvaient faire soupconner I'existence d'un passage. Au retour du capitaine Ross, deux autres batimens furent equipes pour achever la reconnaissance de cette partie : c'etait VHecla^ bombarde, commandee par le lieutenant Parry, chef de I'expedition; et le Griper, corvette, sous les ordres du lieutenant Liddon. Ces vais- seaux fuient equipes avec le meme soin qu au premier voyage. lis quitterent la Tamise en mai 1819 , avec ordre dfe s'avancer dans le Lancaster's Sound; qX,, dans le cas ou Ton n'y trouverait point de passage, d'exami- ner completement les quatre autres entrees. Ainsi, a cette expedition etait reserve I'honneur de decouvrir la com- munication cherchee si long-tems entre les eaux de I'Allantique et cellesde I'Ocean au nord de I'Amerique; et comme la communication de ces dernieres avec I'O- lo R]&SUME DES VOYAGES cean Pacifique avait ete reconnue par le capitaine Cook, en 1771 , lorsqu'il passa le detroit de Behring, la liaison entre les eaux de I'Atlantique et de la mer Pacifique par rOcean qu'on sait exister avi nord de I'Amerique, vers le 70°"= parallele, cessa d'etre douteuse, et la question se reduisit a savoir si cette communication laissait un passage navigable. Des-lors, I'entree appelee Lancaster s Sound fut reconnue pour un detroit de 1 5o milles de longueur sur 3oa 4o de largeur, dune profondeur con- siderable , et la surface des eaux sans glaces. Les cotes , tres-elevees et presque perpendiculaires , suivenl a peu pres la direction est-ouest. Ce detroit, si digne par son aspect et par toutes les circonstances locales, de servir de canal de communication entre la mer polaire et I'A- tlantique, fut appele Detroit de Barrow. A la sortie du detroit, au commencement d'aout 1819, le progres des navigateurs vers I'ouest , dans la direction d^x detroit de Behring, fut momentanement arrete par les glaces j et ils employerent quelques jours a la reconnaissance dun canal, qu'ils appelerent du nom de S. M. B., alors Prince Regent. La reconnaissance de ce canal, poussee jusqu'a 120 milles dans la direction du sud, fit penser que la cote orientale etait celle du continent d'Amerique, ou que, si des canaux de communication entre les deux oceans, semblables a celui de Barrow, existaient plus au sud , Ton parviendrait , selon toute probabilite , a la cote du continent,, "en longeant le bord oriental du canal du Prince Regent. Au retour des"batimens dans le detroit de Barrow , les obstacles qu'ils avaient rencontres d'a- bord avaient disparu , et ils purent s'avancer a I'ouest, depuis le 90'' jusqu'au iio** de longitude occidentale ( merid. de Greenwich), en suivant toujours les cotes meridionales d'une serie d'iles , presque toutes situees FAITS AUX MERS POLAIRES. ii sur le meme parallele et comprises entre les y4 et 76° de latitude. Parvenue a la plus occidentale de ces lies , I'ex- pedition fut surprise par I'hiver qui se fit sentir beau- coup plulot qu'on ne I'avait pense; et avant la fin de septembre, les batimens etaient mis en siirete, c'est-a- diie, fixes par les glaces dans une rade de File qu'on nomma He Melville^ du nom de lord Melville, alors pre- mier Lord de I'amiraute. Cette expedition est aussi remarquable que la pre- miere qui passa I'hiver dans les hautes latitudes, en conservant I'equipage en etat de parfaite sante et d'ac- tivite de service. Les moyens que Ton prit pour occuper et distraire les marins sont bien connus, et il n'est pas necessaire d'en parler ici. Au retour de la bonne saison , les vaisseaux reprirent leur station a I'extremite occidentale de I'ile Melville (longitude occid. , 114°, merid. de Greenwich), dans I'espoir que la glace dont I'Ocean etait partout convert , excepte dans levoisinage des cotes, permettrait , a quel- que epoque de la saison de navigation, de se frayer un passage. Mais, a la fin du mois d'aoiJt, c'est-a-dire , apres avoir passe I'annee entiere , moins quelques jours , dans le meme lieu, cette esperance s'evanouit, et Ton fut force de reconnailre qu'il fallait chercher ime continuite de cotes pour obtenir une continuite de mer navigable. L'expedition revinten Angleterre, au mois de novembre de la meme annee, apres une absence de 18 mois ; et en Janvier 182 1 , 1'HecIa fut reequipee, ainsi que la Furie, navire du meme genre et d'un meme tonnage , qu'on lui donna pour compagnon de route. lis furent I'vm et I'autre approvisionnes pour quatre ans et confies a M. Parry, eleve au rang de capitaine, et seconde par le capitaine Lyon, nouvellementrevenu de Mourzuk, en 1* RESUME DES VOYAGES Afrique. Guidec par ce qu'avait appris I'cxperience de I'ex- pedilion precedente et certaine que, dans cette partie du nioins de lamer polaire quiexiste au nord de TAmerique, le voisinage dss terras of'fie la plus grande, sinon la seul« probability? de trouver une nier navigable, la nouvelle expedition fit voile , en niai 1821 , avec ordre de s'avan- cer dans le detroit d'Hudson , au lieu de celui de Davis, et de faire tous ses efforts pour atteindre la cote du con- tinent le plus pres possible du point ou sa continuite avait deja ete reconnue, c'est-a-dire, pres de Repulso- Bajr^ puis, de cotoyer toujours jusqu'a rocean Pacifique, si cela etait praticable. L' expedition parvint a la cote du continent au point designe , et trouva bientot un second canal de communication entre les deux oceans , auquel on donna le nom de Detroit de I'Hecla et de la Furie. Malbeureusement, ce detroit ne ressemblait point a ce- lui de Barrow; il etait, au contraire, resserre, et , par des causes particulieres et locales , tres - encombre de glaces. Durant deux saisons successives , I'expedition perse- vera dans ses efforts pour gagner la raer polaire, dont on etait peu eloigne, et qui fut reconnue pour etre de- barrassee de glaces par leS liommes de I'expedition qui traverserent la terre a pied de terns a autre pour faire des reconnaissances. Ce ne fut qu'apres avoir passe deux hivers presque dans le nieme lieu et consomme la moltie des provisions, avant d'avoir, pour ainsi dire, franclii le seuil du pas- sage, qu'on perdit I'espoir du succes; I'expedition revint ev. Angleterre, en 1823, apres line absence de pres de trente niois. Cependant, on ne renonca pas entierenient au projet de passer de I'Atlantique a la mer Pacifique; on pens* FAITS AUX MERS POLATRES. i^ qu'en faisant un detour par les detroits de Davis et de Barrow, et en descendant au sud, a travers le canal dii Prince-Regent , on pourrait parvenir a Textremite occi- dentale du detroit de I'Hecla et de la Furie( a I'extremite orientale duquel nos navigateiirs avaient ete arretes ). Dans ce cas , la cote du continent pourrait encore faciliter la navigation. Les memes navires furent equipes et con- fies au capitaine Parry. C'etait sa qiiatrieme expedition dans les regions polaires , et la troisieme dans laquelle il commandait. Son second, dans cetle derniere, etait le capitaine Hoppner, qui avait servi comnie lieutenant dans tous les voyages precedens. On mit a la voile , en mai 1824. Mais , comme I'expedition arriva cette fois un peu tard au canal du Prince-Regent , elle hiverna a Port- Bowen, surla cote orientale, a quelques milles de I'em- bouchure du canal. Au retour de la bonne saison , en 1825, nos voyageurs s'etaient avances de quelques miUes plus au sud que dans la premiere expedition , et aucune circonstance ne paraissait diminuer I'espoir du succes, lorsque le naufrage inopine de la Furie arreta leurs pro- gres. Etant prise par une bourrasque , entre la terre et la glace flottante , elle perit , serree entre les deux. On n'eut a regretter la perte d'aucun homme, et \Hecla revint, en automne , avec I'equipage des deux vaisseaux. Telle fut Tissue du quatrieme et dernier essai que le gouvernement anglais avait juge a propos de tenter pour naviguer de I'Atlantique a la mer Pacifique ; on ne pent lui refuser le merite d'avoir persevere dans une entreprise qui avait excite I'interet general , bien long-tems apres avoir ac- quis la certitude que Ion ne pourrait retirer aucune utilite de ce passage, quand meme on serait parvenu a le de- couvrir. II faut cependant reconnaitre que,,malgre le peu de succes de ces differentes expeditions , I'impossi- i4 RESUME DES VOYAGEvS bilite de condiiire un batiment tie I'Atlantique h. la mer Pacifique par Ic nord de FAmerique n'est nuUenient de- inontree; mais il est fort douteux que limportance du re- sultat fut proportion nee aux difficultes de I'entreprise. Pendant I'execution de ces travaux , on obtenait tous les documens juges utiles pour la geographie de I'Ame- rique septentrionale, au moyen d' expeditions par terre, qui seraient tout-a-fait etrangeres a la navigation, si elles n'employaient pas quelquefois des barques pour longer les cotes. Elles levaient la carte des limites du continent vers le nord, et fixaient la position exacte des points principaux. Tel fut I'objet de la mission du capitaine Franklin , en 1 8 19, 20, 21 et 22. La relation de son voyage fut accueillie avec un vif interet, et tous ceux qui avaient pris part a cette entreprise obtinrentles eloges que meri- taient leur heroique fei-mete et la Constance qui leur fit supporter des privations , dont 1 histoire des decouvertes n'offrait pas encore d'exemples. Les resultats geographi- ques de cette mission furent la longitude et la latitude de lembouchure de la riviere de la Mine de cuivre (Cop- per-mine river ) , et la reconnaissance des cotes entre les 109" et 1 15° de longitude ouest, espace d'environ 55o milles , en raison des sinuosites de cette cote. En 1824, le capitaine Lyon etait parti d'Angleterre pour executer les nienies travaux , depuis la baye d'Hud- son jusqu'au 109° de longitude ouest; mais, avant qu'il eut acbeve la traversee , son vaisseau fut tellemeut en- dommage par la tempete, qu'il fut dans la necessite de revenir en Angleterre, et cette entreprise fut abandonnee pour le moment. Le capitaine Franklin , et son ancien compagnon de voyage, le docteur Richardson, ne craignirent point. FAITS AUX MERS POL AIRES. i5 malgre les souffrances qu'ils avaient eprouvees la pre- miere fois , de retourner de nouveau sur les cotes de la mer polaire ; I'experience qu'ils avaient acquise les rem- plissait de confiance et leur donnalt la conviction qu'ils pourraient se preserver des desastres que Ion avail eprouves. Le capitaine Franklin se proposait, dans le cours de I'ete dernier, de reconnaitre toute la cote entre la riviere de Mackenzie, par i34° de longitude ouest, et le detroit de Behring, ou la corvette la Fleur { the Blossom), devait aller I'attendre, pour le ramener en Eui'ope par la route de la Chine. II esperait atteindre la corvette ; au mois d'octobre. Pendant ce terns , le doc- teur Richardson partait de I'embouchure de la riviere Mackenzie , et se dirigeant a Test , devait achever la re- connaissance de la cote jusqua la partie qu'ils avaient reconnue ensemble, en 1822. Le projet de Richardson etait, pour son retour, de remonter la riviere de la Mine de cuivre, et de se dirigervers le Canada. S'ils ontreussi Fun et I'autre , ce que nous apprendrons bientot , on aura le contour de tout le continent americain , excepte ce que le capitaine Lyon devait explorer , et nous ne dou- tons point que son expedition ne soit bientot renouvelee. Passons a la seconde partie de notre sujet, la possibi- lite d'arriver au pole nord , soit par la navigation , soit de toute autre maniere. Les tentatives faites pour re- soudre ce probleme ont pris naissance dansles ingenieuses hypotheses de quelques savans ; ils ont avauce que peut- ^tre les glaces , au nord du Spitzberg , qui de tems imme- morial ont empeche les navigateurs de s'avancer de plus de quelques rallies au-dela du 81* degre de latitude, n'etaient en effet qu'une barriere qui defendait I'entree d'une mer libre : et, en attendant que I'existence de cette \G RESUMfi DES VOYAGES mer fut prouvee, on lui a impose d'avance le iioni tie Bassin dii pole. Cette hypothese avanct5e par I'un des menibres inge- nieux et influens de la Societe royale de Londres , M. Dai- ries Barrington , lit decider la premiere expedition confiee au capitaine Phipps (depuis, lord Mulgrave ), en 1773. Ce «navigateur intrepide se fraya un passage a travers les glaces brisees et flottantes qui formaient I'ex- terieur de la barriere; mais il reconnut bientot que der- riere se trouvait un champ de glace compacte et solide, qui interdisait absolument la navigation , et qu'on n'y decouvrait aucune apparence d'eau liquide, dans tout I'espace qu'on pouvait apercevoir du haut de ses na- vires. Ses observations s'etendirent depuis le Greenland jusqu'a la cote orientale du Spitzberg. En 1818, lors- qu'on reprit la recherche d'un passage au nord-ouest, la tentative de 1773 futaussi renouvelee par la Dorothea^ commandee par le capitaine Buchan, et le Trent., sous les ordre^du lieutenant (aujourd'hui capitaine) Franklin. On n'a point public la relation officielle de ce voyage ; mais on pent dire , en somme, qu'il eut le meme resultat que celui du capitaine Phipps. En 1823, une troisieme expedition tenta de recon- naitre la nature et I'etendue de la barriere opposee a la navigation depuis le Spitzberg jusqu'auGroenland.Le capi- taine Clavering , commandant du Griper , corvette , chargee de transporter les pendules aux hautes lati- tudes, s'occupa de cette recherche pendant qu'on fai- sait les experiences au Spitzberg. Le resultat de cette reconnaissance ne differaitqu'en un seul point de ce que Ion savait deja par les premieres expeditions. Com me le capitaine Clavering avail du longer les glaces jusqu'a la cote du Groenland, pour debarquer les pendules au FAITS AUX. MERS POLAIRES. 17 point le plus boreal qu'il put attelndre , sans s'exposer au danger d'etre retenu pendant I'hiver, il acquit la certitude que le voisinage de la terre influe assez sur la tempera- ture de la mer pour maintenir, dans son voisinage, un petit espace de mer libre. C'est a cette cause que Ton peutattribuer I'existence dun canal de quelques milles de largeur qu'il trouva entre le Groenland et les glaces. La surface de ce canal etait seniee de debiis de »laces rompues , mais la navigation n'y etait pas impraticable ; la rupture des glaces etait I'effet de deux causes reunies- la cbaleur que la terre contracte durant les longs jours des regions polaires, et ie mouvement des marees. Leur action avait ete assez forte pour tenir ce canal ouvert jus- qu'au yG^ degre ; la cote continual t a courir vers le nord ; mais, comme la saison etait fort avancee, le capitaine Clavering dut retourner sur ses pas; ainsi, on ne peut savoir jusqu'a quel degre de latitude la navigation pour- rait etre prolongee vers le nord, en profitant des facilites fournies par le voisinage de la terre. Le probleme de I'existence d'une mer navigable au- tour du pole sera probablement resolu, dans le cours de cet ete , par la n-ouvelie expedition du capitaine Parry. On sait qu'il se propose de franchir a pied la barrierc des glaces, si ce n'est en effet qu'une barriere, et qu'il mene a sa suite des barques qui pourront liu servir dans le cas ou il trouverait cette mer, objet de ses recherches. Si la glace lui presente une surface conti- nue, sa course vers le pole sera poussee aussi loin que pourra le permettre la necessite de s'assurer les moyens de retour. Edward Sabinf. P.vKis, le 8 nvril 1827. T. w\\\'. — .Jvril 1827. -2 ,3 NOTICE ExTUAiTa"«« ouvtage, maintenant sous presse ^ intitule : Forces i'uoductives ft commerciai.es de i.\ France, par le baron Cliarlcs Dcpin, mcmbre de I'Acacleniie rles sciences. ( 2 vol. in-4''.) Lc baron Charles Dupin s'est propose de faire connaitre la nature ct la mesure des forces productives et commercialcs de la France; il a devoloppe ses recliorches a ce sujot dans une suite dc lecons qu'il a donnees et qu'il continue a VJthcncc royal de Paris. II a commence par montrer comment on pent .'•valuer ces forces et les reduire a la mcme unite de mesure. Ensuitc, il a prescnte des moycns generaux de les mieux em- |)loyer et de les accroitre, pour notre agriculture, notre com- merce et notre industrie. A ces recherchcs generales, il a fait succedcr la Reme in- dustrlelle des departemens. Il nous avail deja donne celle du departcment de la Moselle (voy. Rev. Enc.,t. xix, p. 5i7 ). 11 a bien voulu nous communiquer la description des forces productives d'un autre departcment, cclui du Nord, et nous aliens la publicr. Daus pen de terns, le tableau complct de ces forces sera mis par I'auteur sous les yeux du public, et fournira des moyens nombreux d'ajouter i la prosperite de la France. depaTlTEMent du NORD. Voici le departcment le plus populeux et lc plus riche en revenu territorial, quoiqu'il n'ait pas meme I'etendue d'uu departcment moyen. ^^^ ^^^^^ Snperr.cle totale 58 1,424 hectares. 622,482 hectares. Population totale 90^,l(>'y indivldus. 354,o83 individ. Siipeillcie pour 1,000 hab. . 642 hectares. i,758 hectares. Population par myrianietre. 15,768 individus. 5,688 individ. Beienu terrilorial. jolai;,^ 50,000,000 fr. » c. 18,906,976 fr. - c. Par habitant. 55 20 53 r.ir hectare 85 99 3o 38 SUR LE DtPARTEMENT DU NORD. 19 AinsI, dans le departement du Nord, la terre prodult presque !e triple dc la France moyenne : c'est u peu pres le rapport de la population. ffOftIK DEP. MOTEir. Contributions foncieres 5,357,787 fr. » c. a, 357,354 fr. » c. — personnelles et niobllieres, 940,826 4l3,73i — poor portes et fcnetres. . . 482,410 171,329 ToTAUx 6,781,023 2,g42,4i4 Irapots pour 1,000 fr. de revenu. . i35 i5o Impot par babilant.- 7 48 6 3o Voici , selon M. Cordier , la superficie et la repartition des terres dans le departement du Nord. Terres laboarables ensemencees. , . 287,773 bectares. Idem. en jacheres. . . 36,192 Prairies natnrelles 116,773 Id. artificielles 28,247 Jardios, potagers et pares 9,259 Maisons, luouiins, usines 6,939 Bois 60,664 Marals 5,6o3 Eanx conrantes, rivieres i>99'> Eaax stagaanles, etangs 2,124 Routes et chemins. 17,867 Terrains incaltes 7,880 Mines et carrieres iit Total. . . . 581,424 , Nonabre des maisons da dep' en i8r8. . 179,209 — des menages 1 58,63 1 — des babitans S3o,284 iyCredes, noiio. dep. uotsn. Frotnent ". i, 536,639 bectol. 598,839 hecfoi. Seigle et meteil 5oo,63a 252,2 ir Mais. » 73,281 Sarrasin 4,080 97,784 Orge 3t9,568 146,939 Pommes de tene 443,916 280,241 TuTAux. . . 2,8o4,835 1,398,595 2. 20 NOTICK Cerealfs par homiiie . . . 3li. o"? lir. 3li. 9.1 (if Avolne i,in8,6ao S-'i,ffC7 Proportion par cheval. . . 16 00 i3 a4 II resulte de ces doniK-es, que le d«partement du Nord peut exporter, annce moyenne, 200,000 hectolitres d'avoine, et doit importer au moins un million d'hectolitres de cereales propres a nourrir I'homme. II tire ses bles de soixante lieues a la ronde. Par consequent, il est, pour Ics departemens qui I'avoisinent , pour ceux de I'Aisne, de la Somme, des Ar- dennes, de la Meuse, etc., un consommateur opulent j qui contribue beaucoup a leur aisance. Ce departement n'ayant pas de vignes, sa consommation d'orge est considerable, pour fabriquer de la biere. L'impor- tation doit etre plus considerable encore, a cause de la grande etendue des distilleries. En 18x8, on a fjibi-ique dans le depar- fpment 1,020,882 hectolitres de biere, avcc : Orge. 56 1,438 hecrol. Houblon (,020,802 kilof;r. Charbon fossilf /|o8,32i hertol. Quatre-vingt-sept distilleries ont consomme : Blc 953,412 kilogr. Seigle 2,906,889 Orge 595,917 Escourgeon 918,199 Avoine 3 12,460 Sarrasin 139,281 5,876,158 Genievre fobrique 23,5o5 hectol. Charbon de tei;re consomme. . . 69,7 i5 no'lS et forks. kord. dep. movek. Bois et forets 57,o5r beet. 75,83t her*. Bois ponr t,ooo babitans 63 ^.t/j SUR LE DEPARTEMENT DU WORD. ai Le departement du Nord n'ayant pas le tiers des bois qui correspondent a sa population, consomme une grande quantite de houille; il en tire une partie de la Belgique, et I'autre de ses mines de Conde , de Fresne, d'Anzin pres Valenciennes (i). En 1818 , les mines de houille du departement ont doHDe 3,098, 296 hectol. Les mines de fer 1,124, 253 kilogr. liBs carrieres de marbre ids met. cubes. 13 1 foni's a chaux ont fabiique 397,915 hectol. en consommant 65,8 39 hectol. de charbon. ChevaUX- kokd db». Morsir. Totalite 73,639 28,170 Y compris poulaiDS nes en 1825. . . . 4,627 2,204 Chevaux pour 1,000 habitans 81 79 Idem, par myriametre £,266 432 Cette grande superiorite dans le nombre de chevaux du departement du Nord nous annonce que le labourage s'y fait principalement avec ces animaux. Races bovines. >IorK^. BcEufs • 5,o34 20, 258 Taureaux i)97i 2,549 Vaches 127,878 46,547 Genisses 87,546 10,192 ToTAux 172,429 79,546 Nombre de beles boviues pour 1,000 hab. 190 224 Le departement du Nord est, comme on va le voir, oblige d'importer environ moitie en sus des laines qu'il recolte, pour suflfire a la simple consommation des habitans. (i) VoY. la description des mines d'Anzin, Rcy.Enc, t. xxxm , p. 3o6. aa NOTICE ToUons annuelles. noun. nir. mik^n. Encaint: Merinos il,iGi kilogr. 8,4/18 kilu<;r. Metis 3,994 35,35 1 Indigenes 737)7 7 ^ 3 12,280 Lav^es sar le dos > 53,093' ToTAUx 744»o'-*7 4o'.)i'7'i Nombre de k!l. de laiae par i,uoo )i. 82c i,(55 Palenles. boku. pbp, motek. i8j4. . • - 493i4S3 206,693 1825 752,357 285,030 Accroissemeat pour 1,000 francs.- . . . 528 399 yoies commerciales. ■ »o»d. dep. moibi. Routes 599,747 met. 372.98911101. Kivieres et cauaux Davigables 481,800 108,162 Rapport des routes anx Toies navigables. i,ooo:8o3 1,000:290 Roate par inyriainetre io,3i5 ^,99^ Rivieres et canaos par myiiametre. . . ., 8;280 ii737 Ainsi , le departement dii Nord, proportion gardee, pos- sede deux fois autant de routes, et cinq fois autant de voies navigables que le dtpartement moyen. A'^oila I'une des sources principales de son etonnaDte prosperite. Population des villes 266,144 bab. 75,669 hab. Id. des canipagnes. . . . 639,620 273,414 Happort 416:1,000 273:1,000 Dans lo departemcnt du Nord , proportion gardee, la popu- lation des villes est presque deux fois aussi grande que dans la France moyenne, pour un menie nombre d'habitans de la campagne : c'est encore une cause de richesse et d'industrie. Le departemcnt du Nord a la forme d'une bande etroitc et longue, appuyee d'une part sur les limites du Pas-de-Calais, de I'autre, sur la frontiere de la Bclgique. II se termine, dui SUR LE DliPARTEMENT DU NORD. 2 V cote tie I'occid'ent, au rivagc de la mcr, ct tlu cote de roiient par la chaine de cotcaux qui couronue le bassin de I'Oise. Cependant , tout rarrondissement d'Avesne se trouve en dehors, de ce bassin, et fait partie du bassin de la Sanibre, au nord des Ardennes. Le departement du Nord se divise en sept arrondissemens,, qui sont ceux. de Dunherque , de Lille , de Camhrai , d! Avesne y iM Hazehrouck , de Douai nX. de Valenciennes; parcourons-les. En suivant le littoral de la mer, a partir de Calais, nous^ rencontrons d'abord la petite ville de Gravelincs, u I'embou- chure de I'Aa, laquelle se trouve en communication, par cette riviere, jusqu'a Saint-Omer, avec la ligne de navii;ation natu- relle et artilicielle qui sert de limite septentrionale au depai - tement du Pas-de-(Jalais. Nous arrivons ensuite a Dunhenjue , ie dernier de nos ports vers la Belgique, et le plus riche dc toute la cote de France au nord dc la Seine. Dunkerque est le debouche principal de la ligne de navigation interieure que nous venons d'indiquer. Cette ligne se compose d'abord du canal de Bourbourg , depuis Dunkerque jusqu'a I'Aa ; ce canal se prolonge , de I'autre cote de Dunkerque, jusqu'a Furnes, et de la jusqu'a I'Yser dans la Belgique. Un autre canal part de Dunkerque et vient i Bergues rencontrer une seconde ligne de navigation; c'est le canal de La Coin , a peu pres parallele a la premiere ligne , et qui va, comme celle-ci, depuis I'Aa jusqu'a Furnes. La population de Dunkerque correspond a rimportancc de la position de cette ville, pour la marine et pour la navigation interieure.Elle a plus de 24,000 habitans ; elle est le siege d'un tribunal etd'unechambre de cbmmerce; ellepossede un arsenal maritime qui jadis eut une grande importance. On connait le ce- lebre canal deMardyck, qui fut creuse par le marechal de Vauban pour conserver a cette partie de notre tcrritoire les avantagcs d'un port militaire, et que la honleusc jalousie des Anglais fit detiniire, apres la paix dcsastreuse de I'^ii'i. Plusicurs grands Quvrages de I'arsenal de Dunkerque out etc construits sous la direction de Vauban, de ce grand homnic dont nous verrons 24 NOTICK los travau.x biciifuisaiis ou protcoteuis sc deploycr dans toutes k's parties du vastc tenitoire que nous devons parcourir. Dnnkerque tronve une source de richesses dans la peche dc la niorue, an banc de Terre-Neuve, ct ses marins intrepides excellent dans ce penible metier. Elle possede un grand nonibr?- de fabriques : des savonneries, dcs amidonneries, des brasse- ries, des distilleries, des corderies, etc. Ues liancs do sable obstruaient rcntree du port de Dun- kerque. Une niagnilique ecluse de cliasse , executee par M. Bos- quillon, sous la direction superieure de M. Cordicr, a coupe k' banc des la premiere chasse. C'es't un service immense qu'on vient de rendre a ce port. La ville de Bergues , qui compte pres de 6,000 habitans, est un celebre marche pour les cereales du departement da Nord. Par de grands travaux hydrauliques, on a desseehe les niarais des Moeres, dans le voisinage de Dunkerque, et commence d'assainir le pays,' tout en creant une richesse agricole importante. Passoits a rarroudissement d'Hazebrouck. Nous arrivons d'abord a Cassel , ville d'environ 6,000 ames, batie sur une eminence, an milieu de la vaste plaine des Pays- Bas. Elle ofiVe un Panorama d'une immense etendue : elle renferme des brasseHes, des tanneries, des tordoirs d'huile. On y fabriqui- le papier, les chapeaux, les bas de fsl et de laine, la den- telle, etc. Dans la ville A'Hazebroiick , nous rejoignons uu des embiaii- chemens du vaste svsteme de navigation de la Flandre fran- caise. Le canal d'Hazebrouck debouche dans la Lys, apres avoir recii les eaux du canal de Nieppe , qui vient d'Aire. ^ partir d'Aire, la Lys est navigable et passe successivement a Saint-Venaut, a Armentieres , a Menin, sur les confins dc la Belgique. La Lawe.est navigable depuis Bethune jusqu'a la Lvs. Enfin, la Deulc. qui passe a Lill^, vient aussi se jeter dans la Lys. Bailleul est la \illc la plus indiistrieuse de lai rondissemeut. SUR LE DEPARTEMENT DU NORD. a5 d'Hazebrouck; die a plus de 9,000 habitans. On y fabriqu- Parvenus enOn dans cette ville celebre , Veuve d'un ppuple-roi , mais reine encor du monde , Vien exigea de son eleve que, pendant la premiere annee, il SUR DAVID. 37 s'occiipAt exciusivenient a dessiner d'apres I'antique et les yrands niaities. Qiioique David ne fut pas convaincu de I'uti- liu- de cette etude, il obeit. Bientot, ses yeux se dessillerent; le beau prit, sous son crayon, la place du fantasque, et apres un voyage a Naples ou il avail trouve le studieux antiquaire, M. QuATREMERE DE QuiNCY , scs idees prirent une direction tout-a-fait nouvelle. Les nombreuses etudes que Ton a vues a Texposition qui a eu lieu apres la mort de David, sent le re- sultat du conseil salutaire de son maitre. On a pu remarquer qu'elles conservaient quelque chose de sa premiere maniere ; son crayon n'avait pas encore I'habitude de I'antique. Ce fut pendant ce premier voyage que David fit une copie (le la Cene du Valentin, et la Peste de saint Roch. Dans le pre- mier de ces deux otivrages , toute la puissance du pinceau de David se revele ; mais on n'y trouve que son pinceau : le reste appartient au maitre qu il copie. Dans le second, au contraire, le peintre montre un talent et un caractere qui lui sontpropres. Ce tableau, expose a Rome, en 1781 ( il est maintenant au lazareth de Marseille), contient des beautes d'un tel ordre (ju'il lui valut d'unanimes applaudissemens. La composition est grande et pathetique; le saint Roch est d'un beau carac- tere; I'ensemble de la scene produit une vive impression. On remarque, entre autres figures, celle d'un pestifere dont la tete est enveloppee d'un linge, et qui attend la mort avec une (ermete stoique. Battoni qui tenait alors, en Italic, le sceptre de la peinture, vint voir cet ouvrage, et, frappe du merite qui y brille, il adressa a David des louanges dont celni-ci dut etre d'autant plus flatte, qu'en general, les Italiens, fiers du souvenir de leur gloire passee, sont peu disposes a rendre, justice aux talens qui honorent les autres ecoles. La peste de saint Roch valut a David un autre genre de succes auquel il ne dut pas eti'e moins sensible. Il avait execute ce tableau avec une sorte de mystere ; lorsqu'il fut termine, il engagea ses condisciples a venir le voir dans son atelier. Cette production assigfiait a David une superiorite si marquee sur tous sescamaradcs, que, soit par ctonnement,soita cause du nouveau :\» NOTICE svstiimc qu'il y avait suivi, soil cn(in, par.un secret sentiment (le jalousie qui les animait, pour ainsi dire, i leur insu, ils res- torent niuets devant son tableau. Giraiilt, sculpteur, prenant le premier la parole, dit a scs camarades : « Pourquoi ne con- venons-nous "pas tout simplcmcnt que c'est fort beau.). Cetto allocutioa fut suivie d'applaudissemens exprimes avec cettc vivacite et cot abandon qui n'appartiennent qu'au jeune age. De retour ;i Paris, en 1781, David executa son Belisairc qui lui valut, I'annee suivante, sou admission ;\ I'Academie royale de peinture , comme agrege. L'electeur de Treves acheta ret ouvrage ; depuis , il esf passe dans la galerie de Lucien Bona- parte. Poster ieurement, David a fait, avec quelques legers changemens , une repetition reduite de ce tableau ; elle portc la date de 1784; c'est celle que Ton voit au Musee (i). Trois ans apres, David termina ct presenta, pour son admis- sion a I'Academie , Andromaque plciirant la mort cf Hector. Dans ce tableau, le style devient plus severe; on voit que le peintre cherchait Jl se rapprocher de I'antique. C'est ainsi que Racine avait montre tout ce qu'il pourrait etre dans un sujet puise aux memes sources. Vers cette meme epoque, David fit, a la dcmande de M"« de IVoailles, un Christ pour I'eglise des Capucines a Paris. On raconte h. I'occasion de ce tableau { dans le Pausaniasfran^ais , p. iSa), une anecdote assez plaisante. « La marechale fut d'abord charmee de la beaute de cette figure; mais elle reconnut, enfin, dans ce Christ, un tres-beau garde fran^aise qui avait servi de modele. Sa religion en fut Alarmee; elle renvoya le tableau i I'artiste, en protestaiit qu'elle ne s'agenotiillerait jamais devant une pareille image. L'artiste eutbeau repondre que I'intention sanctifiait tout, et, pour la rassurer, lui nommer plusieurs nymphes d'apres lesquelles on avait fait des vierges; il y eut proces; on sent bicn que l'artiste (i) Cette repetition est de M. Fahrf. ; elle a 6\t exccutee sous les Vcux du maitre, et gravee par M. Mobe;.. SUR DA.VID. 39 lo yatjiia : It' droit etait tie son cute, conime le ritliculc; tic I'autre. » Dcpuis son rctour tie Rome, Davitl avait t-pousi; la (ille de M. Pecoul, architecte, entrepreneur des batimens du roi. Recu menibre de FAcademie, il eprouvait le besoin de re- tourner dans la capitale des arts; il t^tait arrtite dans ce projet par la tlepense qu'cntrainerait ce voyage. M. Pecoul avait montre, a I'occasion du inariage de sa fille, beaucoup de de- sinteressement et d'alfection pour David; il lui en donna une nouvelle preuve, en lui procurant les moyens d'executcr son projet. David partit, emaienant avec lui sa femme et I'un de ses eleves qu'il cherissait : Drouais qui venait de remporter le prix d'une maniere si brillante (i). Sous le regne de Louis XV, lorstjue M. de Marigny fut nomme inlendant de la maison du Roi , les arts etaient tombes dans un tel discredit que, pour les relever, on eutla pensee , bonne, sans doute, par I'intention, de commander aux pein- tres d'histoire, et aux statuaires les plus habiles, des tableaux et des figures en niarbre. Le prix et les proportions de chacun tie ces ouvrages furent expressement indiques; niais on oublia de designer une destination. Cette erreur qui, en se pcrpe- tuant, a eu de si facheux resultats, rendit la plupart de ces productions plus erabarrassantes qu'utiles aux arts et a la gloire de I'ecole. Les statues, notamment, etaient encombrees dans une des salles du Louvre , dite des j^ntiqucs , d'oii la revolution seule les a fait sortir. (i) L'auteur du Pausanias francah cite une lettre de David , ccrite aprfes la inort de Drouais , et qui semblerait prouver que ce fut , au contralre , le maitre qui suivit I'elfeve. Quoi qu'il en soil, je vais rap- porler cette lettre , qui prouve I'affeclion que David avait pour Drouais et la haute estiine que son el6ve lui avait inspiree. — « Je pris le parli de raccompagner, autant par altachenient pour mon art que pour sa personne; je ne pouvais plus me passer de lui; je profitais moi- mdme a lui donner des lecons , et les questions qu'il me faisait scront des le^ns pour ma vie : fai perdu mon emulation. » 4o Notice Un de ces tableaux tut commande a David qui executa le Scrment des Horaces (grave par M. Morel); il le termina en 1784, a Roirie, oii il out un succes complet; le vieux Bat- toni en lit les plus grands eloges (i), et reitera a son auteur le desirde le voir se fixer a Rome; mais David resista a cette priere, et le peintre, ainsi que le tableau, furent recus i Paris avee transport. Cette belle production eut une prodigieuse influence sur I'ecole et meme sur les usages; les costumes et les ameublemens changerent de style. Cette fois, ce fut le genie qui influa sur la mode : cette circonstance n'est pas indigne d'etre rapportee. A cette epoque, David eprouva des tracasseries qui pre- naient leur source dans I'envie et I'ignorance. Non-seulement M. D'Angivilliers, alors directeur general des bAtimens du Roi , lui fit un reproche d'avoir execute le Serment des Horaces dans une dimension plus grande que celle qui lui avait ete prescrite; mais encore il se permit de critiquer amerement cet ouvrage. Le tems a fait justice des ennemis de David, et le Serment des Horaces est reste ce qu'il est reellement : un tableau dans lequel on trouve des beautes du premier ordre , quoique I'ensemble ne soit pas k I'abri de toute critique. Le groupe de femmes, par exemple, rae parait une faute, sous le rapport pittoresque. Pour produire une opposition, I'artiste a voulu montrer, d'un cote, I'enthousiasme de la gloire faisant taire les plus doux sentimens; de I'autre, une mere, une amante, des enfans essayant en vain de trouver dans I'amour de la patrie le moyen d'imposer silence a une douleur qui n'est que trop legitime. En effet, que les Horaces soient vainqueurs ou vaincus, leur mort ou leur victoire fera toujours couler des larmes. Je crois que le peintre a meconnu les limites qui separent la peinture de la poesie. Le poete pouvait, devaitmeme faire (i) II dit a cette occasion a David : « Tu ed io, soli, siam piltori ; pel rimanente si puo gettarlo alfiumc. .. — Baltoni, en mourant, laissa sa palette el ses pinceaux a David. SUR DAVID. 4 1 entendre tour a tour les transports ties guerriers, et les dou- leurs de la mere et de I'amante; mais le peintre ne pouvait mettre en presence deux groupes dans son tableau , sans trou- bler I'unite d'effet et d'action. A la verite, le groupe des femmes est sacriliii a celui des guerriers; toufefois, il partage involon- tairement I'attention. Je crois done que c'est une faute. Au reste, quelle fierte dans ces jeunes guerriers! Ce ne sera pas en vain que Rome (i) leur aura confie ses destins. L' amour de la patrie, la gloire d'avoir donne le jour a des heros, voila ce qui anime le pere , et comme ces sentimens sont bien exprimes ! Un poete moderne a dit (2), en parlant de Corneille qui, dans sa tragedie des Horaces, a peint aven tant de grandeur les tems heroiques de I'ancienne Rome auxqr.els il a emprunte son sujet : « Ah! tu dois errer sur ces bords Oil le Tibre te rend hommage! Viens converser avec les morts Dont ta main retraca Timage. Viens, et , ranimes pour te voir, lis vont se lever sur tes traces ; Viens , grand Corneille , viens t'asseoir Au pied du tombeau des Horaces ! » Ces vers pouvaient s'adresser aussi bien a David qu'a Cor- neille; le genie de ces deux grands hommes me semble offrir une analogic remarquable; en puisant a la meme source, le peintre n'est point reste inferieur au poeto. Ce fut pour M. de Trudaine, qui perit avec son frere sur I'e- chafaud dans le cours de notre revolution, que David executa la Mart da Socrate ; comme ce fut a la demande du comte d'Ar- tois, aujom'd'hui le roi regnant, que, I'annee suivante, il fit les Amours de Paris et Heleiie. Socrate, entoUre de ses disciples, reccvant le breuvagc nior- (i) On sait que les historiens ne sont pas d'accord entre eux sur la. question de savoir de quel cote etaient les Horaces. (2) Casimir Delavigne : Adieux a Rome /,2 NOTICE tel dos mains du vali't dcs onze, est, sans conlri-dit, le plite bel ouvrage do David, sous le rapport de la composition. Le sage par excellence vient de prendre iin bain et s'est replace sur son lit de niort; le valet des onze, en lui presenlant la coupe funeste, detourne la tetc qii^il cache dans une de ses mains ; Ic bourrcau lui-meme a horreur dc I'injustice dont Socrate est la victime. Platon (i), place aupied du lit, et qui jusque \h. avatt recueilli ses dernieres paroles, se rctourne et reste abime dans ses douloui'euses reflexions. La douleur la plus vive s'est enipa- ree de tous les assistans et se manifeste d'une maniere aussi vraie que variee; mais le philosophe, reste calnie, etend une main vers la coupe et leve I'autre vers le ciel. Criton semhle frappe d'admiration; sans doute , Socrate vient d'annoncer qu'il espcre des dieux line recompense immortelle. S'il est per- mis de douter, par ce cpii nous a ete transmis de la doctrine de .Socrate, qu'il ait reellement enseigne I'immortalite de rame(2), du moins on peut croire qu'il I'avait entrevue et qu'il I'esperait. Dans tous les cas , ce sont les dieux que Socrate invoque , et les dieux, tels qu'il les depeignait, justes etbienfaisans. La pensee du peintre est done d'accord avec le caiactere moral du sage qu'il a represente. Dans Torigine, David avait peint Socrate tenant deja la coupe (i) On salt, par le dialogue intitule Phedoit , que Platon n'assista pas aux derniers momens de Socrate ; il 6tait malade. Cependant , c'est principalemeul par ce m^me dialogue que nous counaissons les diverses circonstances qui pr^cederent la mort de son niaitre , et les doctrines qu'il professa au moment ou il allait quitter la vie. II est vrai qu'il est difficile de rcconnaitre dans ces doctrines cc qui appar- tient recUemenl a Socrate , d'avec ce que Platon y a melc de ses propres opinions ; mais enfin on pardonnera d'autant plus facilement au peintre d'avoir suppos6 que Platon 6tait venu recueillir les dernieres paroles de Socrate, que c'est lui qui nous les a conservees, et que cette supposition lui fournissait les moyens d'introduirc une liclle figure dans son tableau. (2) Voyez la Notice sur Socrate, par M. Stapfek, insPrce dans Ia 8io^raf>hie univcrsclle. SUR DA.VID. /|3 quelui prcsentait le bourrcau. « Non ! non! lui dit J /iclie Cai- NiEE , qui moui'ut egalement victime de I'injustice des homtnes ; Socrate, tout entier aux grandes pensecs qu'il exprime, doit etendre la main vers la coupe; niais il ne la saisira que lors- qu'il aura fini de parler. k Si Ion retrouve dans les carnations du tableau des Amours de Paris et d'Helenc le systeme que David avait suivi dans tous ses precedeus tableaux, a I'exception du Socrate, systeme de convention et qui tenait encore aux premieres idees du peintre , on ne peut s'empecher aussi de reconnaitre qu'il y a de I'habi- lete dans la disposition du groupe , et un effet bien cntendu. Cependant, ce tableau est froid; on n'y trouve pas assez de passion : des scenes de cette nature ne convenaient pas au ta- lent de I'artiste. Je pense encore qu'il y a un defaut de tact , de delicatesse , a ce que Paris prenne le bras d'llelene pour I'attirer vers lui ; c'est sa main qu'il devait rechercher ; car c'est la main qui est I'heureux organe du mouvement de I'ame. Au reste , le reproche le plus grave que Ton puisse faire au peiutre, a ['occasion de cette composition, c'est qu'elle ne lui appartient pas en propre; c'est un eraprunt, et ce n'cst pas le seul qu'il ait fait. Brutus rentrant chez lui apres avoir condamne sex fils, est , comme les Horaces , un tableau execute par suite d'une de- mande fiiite au nom du roi. II fut termine en 1789. Pendant que les restes inanimes de ses enfans passent le seuil de saporte, Brutus est venu se refugier pres de la statue de Rome , sa patrie , a laquelle il a fait un sacrifice surhumain dont un pere seul peut comprendre toute I'etcndue. Il en- tend le bruit des licteurs, et, plonge dans les plus sombres re- flexions , il tourne la tete vers sa famille dont les cris le dechi- rent et I'importunent tout i la fois. Sa figure exprime une douleur farouche qui scmblait inexprimable. La mert; de ces infortunes jeunes gens, pres de laquelle se groupent ses filles eplorees, s'elance les bras etendus. Ici la nature parle scule , ct ses accens dechirent. Dans ce tableau, comme dans les Horaces, le peintre me /,/, NOTICE seiiiblc avoir depasso les liiiiites de son art : il divisc rinterot; const-quemment il I'affaiblit. C'ctait Brutus , ct Brutus seul > Le 29 mars, David fit hommage de ce tableau a la Conven- tion nationale; il prononca, h. cette occasion, un discours qui n'est rcmarquable que par les sentimens qui y sont exprimes et qui avaient guide son pinceau. I>es proscrits du 3i mai trouverent un veugeur dans une SUR DAVID 47 jeiine lille qui descendait en ligne droite du grand Cor- iieille : Marat peril sous le poignard de Charlotte Corday. Le i4 juillet, une deputation, dont Guirault etait orateur, vint exprimer les regrets du peuple a la Convention. « O crime ! dit-il, une main parricide nous a ravi le plus intre- pide defenseur du peuple. II s'etait constamment sacrifie pom- la liberte. Nos ycux le cherchent en vain parmi vous, repre- sentans. O spectacle aft'reux! il est sur un lit de mort ! oil es-tu, David ? Tu as tranamis h la posterite I'iraage de Lepelletier niourant pour la patrie : il te reste encore un tableau a faire... « « Oui, jc le ferai ! » s'ecria David d'une voix emue. David tint sa promesse; le 24 brumaire an 11, il vint egale- ment faire hommage a la Convention de ce nouveau portrait, en expriniant ses regrets , comme il I'avait fait a I'occasion de Lepelletier. Marat a la tete appuyee sur le bord de la baignoire ou il etait fjuand il recut le coup mortel; pres de \k est le couteau ensanglante qu'une main de fennnc n'a abandonne qu'apres avoir venge I'huraanite. Sa main droite touche a terre; une plume s'en echappe; I'autre, appuyee sur le dessus de la bai- gnoire, tient une lettre de Charlotte Corday.On y lit ces mots : « Du 1 3 juillet 1793. Marie-j4nne-Chartotte Corday au citoyen Marat. ^ (t II suffit que je sois bien malheureuse pour avoir droit a votre bienveillance... » Sur une petite caisse qui lui servait de table est une ecritoire, avee une plume et un assignat de trente sous pose sur un papier sur lequel est ecrit : « Vous donnerez cet assignat a cettepauvre mere de cinq enfans dont le mari est parti pour la defense de la patrie. « Sous le rapport de I'art, ce tableau est une production ex- tremementremai'quable;ily regnc une grande puissance d'effet et un eclat que Ton n'avait pas encore trouve dans les ouvrages de David. /i« NOTICE Les deux portraits de Marat ot do Lepelletier, auxqucls Tartiste a donne un caractere cmineniment drainatique, sont dc mt-me dimension : on voit qn'ils ont ete disposes pour t-tre en regard I'un de I'autre; mais i'homme habile se montre dans la maniere differente donf ils ont ete executes. Marat avail les habitudes d'un homme du peuple , quoiqu'il cut recu de {'edu- cation; Lepelletier appartenait a la haute classe de la societe dont il avait conserve les maniercs. II est facile d'apercevoir cette difference, au simple aspect des deux portraits. Celui de Marat, qui represente une nature hideuse et grossiere (i), est heurte, tandis que celui de Lepelletier est modele avec plus dc finesse; on y trouve une grace et une delicatesse de pinceau qui n'existent pas dans I'autre. Les jeunes Barra et Viala avaient peri en donnant des preuves d'un ardent rcpublicanisme. David , apres avoir deplore cette pertc a la tribune, consacra ses pinceaux au jeune Barra, et le representa au moment oii, frappe a mort, il tombe en mettant la cocarde tricolore sur son coeur. Ce tableau n'est pas acheve; mais I'ebauche que David a laissee est deja un chef-d'oeuvre de sentiment et d'expression. Apres que le 9 termidor eut renverse les echafauds du regime de la terreur, David fut emprisonne deux fois; au mois de fruc- tidor an 3, il fut autorise a restcr chez lui sous la surveillance d'un garde; enfm, le decret d'amnistie du 4 brumaire an iv lui rendit la liberte, ct il rentra dans la vie privee. Ce fut pendant sa derniere detention qu'il fit I'esquisse des Sabines et le portrait de sa mere qui vcnait le voir tousles jours. Rentre dans son atelier, David s'occupa exclusivement de son art. 11 termina en 1799 le tableau des Sabines {o?j , que Ton pent regarder comme le point culminant de son talent; on me (i) David a laisse un portrait de Marat, d'aprfes nature, fait quel- ques instans apr^s qu'il eut expire. Ce portrait, au crayon , est d'une effrayanle verite. (2) Grave par M. Massard. Voy. le compte rendu de cette gravurc tome xxxir de la Rev. Enc., p. 846. SUR DAVrD. 49 permettra done d'entrer dans im cxamon particulier dc cettc pioduction. Romulus avait deniande aux peuples voisins de former dcs alliances avee ses sujets; il sut dissimuler Ic depit qu'il eprouva de leur refus; mais, a unc ft'te magnifique ou ces memes peu- ples etaient accourus sans armeset sans mefiance, les Remains , ;i un signal de leur roi, tirerent I'epee et enleverent les fdles qui assistaient a ce spectacle; c'est le sujet que le Poussin a represente. Ceux de ces peiqiles qui voulurent vengcr cet ou- trage furent success! vement defaits et incorpores parmi les habitans de la nouvelle ville. Les Sabins mirent plus de terns a faire leurs preparatifs; mais deja les Sabines avaient eu des. enfans dc leurs ravisseurs et s'etaient liees a leur sort. Apres plusieurs combats ou les Roniains et les Sabins furent alterna- tivement vainqueurs et vaincus, les deux armees s'etaient avan- cees de nouveau I'une contre I'autre avec ime fureur egale, lorsqueHersilie,femme de Romulus, suivie desautres Sabines, vint se Jeter au milieu des combattans et leur tint le discours que Tite-Live a mis dans sa bouche. Tel est le moment que David a clioisi. Dans cetle melee qu'il a plaqee sous nos yeux, trois (igures occupent principalement le spectateur : Roniulas , Tatias et Hersilie. Les deux guerriers soot descendus de cheval pour se mesurer de plus pres ; le pre- mier balance son javelot qu'il est pres de lancer; sapose,sa lierte, sa beaute, indiquent le fils d'un dieu; tout decele en lui le fondateur de la ville qui doit subjuguer le monde entier; c'est lavictoire, sous les traits d'un guerrier. Tatius se couvre de son bouclier, et, I'epee a la main, il attend le moment favo- rable pour fondre sur son ennemi; mais, au moment meme ou la valeur des deux chefs va decider du sort des deux nations, Hersilie s'elance entre eux; ses regards, ses gestes sont supplians; les autres Sabines, accourues sur ses pas, deposent aux pieds des combattans leurs enfans, ((u'elles portaient dans leurs bras, ou arretent leurs coups en les mettant au devant de leurs lances. Leurs priercs, leurs pleurs, leurs cris ont calme la fureur des deux armees; le combat cesse : ici, un capitaine remain T xxxiv. — Jcril 1827. 4 io ?Jt)TICE lemct son epi'C dans Ic fourn-aii ; h\, iin chef sahiii fait sigrtc aux sit-ns de s'ari iter. On a rejn'ochc a David d'avoir rcprcscnte ontirrcnicnt niis It's deux principaiix personnagcs et quclqiies autros tin picniior plan , tels que ces deux jeiines ecuyers ;\ gauche et a droitc du tableau. David a puise son sujct dans un recit fabuleux, et il en a profile pour montrer son art dans toute sa bcaute : com- ment peut-on Ten blamer? La couleur de ce tableau manque d'eclat; mais la science du dessin y est portee an pins haut degre possible d'elevation. Ce ne sont point, au reste, des formes de convention qn'il a exprimees; c'est la nature, niais belle, avec clioix, telle que les ancicns I'ont representee. Bonaparte, chef de I'armec d'ltalie, avail fait proposer a David de venir a son camp, loin des agitations politiques, peindre les combats qui I'ont immortalise. David refusa. Apres !e traite de Campo-Foiniio , le general desira voir le peintre; a leur entrevue, il fut question de faire son portrait. « Je vous peindrai, dit David , I'epee a la main, sur le chamj) de bataille. » «Non, repondit Bonaparte; ce n'est plus avec I'epee que Ton gagne les batailles. Je veux etre peint calme , sur un chcval fougueux. » Lorsque la victoire de Marengo eut de nouveau fixe le sort de I'ltalie, Bonaparte, de retour ;\ Paris , fit venir David : « Que faites vous, en ce moment? lui dit le premier consid. — Je travaille au passage des Thermopyles. — Tanl pis, vous avez tort de vous fatiguer a peindre des vaincus. — Mais, citoyen consul , ces vaincus sonl autant de heros qui meurent pour leur patrie; et, malgre leur defaite, ils ont repousse pen- dant plus de cent ans les Perses de la Grece. — -N'importe; le seul nora de Ltonidas est venu jusqu'k nous, tout le reste est perdu pour I'histoire. « Bonaparte lui ayant alors renouvele la demande d(? son por- trait, David lui proniit de s'en occuper aussitot, et le pria de poser. « A quoi bon? repondit Bonaparte; croyez -vous que les SUR DAVID. 5 1 grands hommos du I'antiquite dont nous avons les images client pose ? — Mais, je vons pcins pour votre sieclo, pour des hommes qui vous ont vu , qui vous connaissent, ils voudront vous tiouvcr ressemblant. — « Ressemblant ! ce n'est pas I'exactitude des traits qui fait ia ressemblance ; c'est le caractere de la physionomie, ce qui I'anime, qu'il faut peindre. — L'un n'empeche pas I'autre. — Certainement, Alexandre n'a jamais pose devant Apelles. Personne ne s'informc si les portraits des grands hommes sont ressemblans; il suffit que leur genie y vive. — Vous avez raison. He bien ' vous ne poserez pas; je vous peindrai sans cela (i). " Ce fut alors que David fit ce portrait oii il representa Bona- parte, telque celui-ci I'avait demande dans son premier entre- tien : calme, sur un cheval fougueux, gravissant le mont Saint- Bernard. Sur le rocher sont ecrits les noms d'Annibal et de Charlemagne : I'histoire s'cst chargee d'y graver celui du vain- coDseits tit employe le pinceau ; son exemple a ^ong-tenls servi de faual, sou cloignement nous a etc funeste. Puissc la nouvclle ccolc qui scmblo avoii- voulu rtpudier scs pieccptcs et bcs exeniples, rcconnaitre cnlln qii'ellc est entree dans une lausse voie ou le talent menie, ainsi que le prouve le sort des Boucher et des Vanloo, ue pourrait produire qu'une gloire epheinere ! David, grand par son genie, grand par I'influence qu'il a exercee sur les arts en France , grand par les eleves celebres sortis de son ecole , a conquis une immortalite que rien nc pour- rait lui ravir. P.-A. CoupiN. 11. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. PaODROMO DELLA. MINERALOGIA VeSUVIANA , CtC. PRO- DROME DE LA MINERALOGIE DU YeSUVE , par MM. T. MoNTiCELLi, secretaire perpetuel de I'Academie royale des sciences de Naples, et Covelli, membre de la meme Academie. Tome I. Qiychtognosie (i). S'il nous cut ete possible de rendre compte a la fois de toutes Ics parties de rinimense travail de MM. Monticelli et Covelli, surle Vesuve,nos lecteurs auraientpu apprecier les services qiie ces deux academiciens se disposent a rendre a la mineralogie. Mais leur entreprise est celle d'une vie consacree tout entiere a un seul objet d'etudes , a des recherches difficiles et variees, a des descriptions ou I'exactitude la plus scrupuleuse est rigou- reusement exigee. Ce volume, qui traite des vdvaiivsxxs. simples, c'est-a-dire, d'une composition chimique homogene, et sus- ceptibles de se cristalliser, sera suivi d'un Traite non moins im- portant des agreges da Vesuve : et, si le terns le perniet, les auteurs font esporer un troisieme volume , ou les observations mineralogiques seront comparees aux phenomenes generaux du volcan, et I'ensemble des faits qui le concernent a ce que ■noqs savons sur les autres volcans plus ou moins actifs, ou qui ont cesse de bruler. C'est done une histoire naturelle complete des volcans que les deux auteurs auront faite , a I'occasion de celui qu'ils ont sous les yeux : et , quand meme ils seraient contraints a se boruer aux deux premiers volumes, leur tra- vail serait encore le plus considerable que I'on ait fait jusqu'a present en faveur de I'etude des phenomenes volcaniques. La nomenclature variera sans doute ; celle que les mineralogistes (i) Naples, iSaS. I11-80 de plus de 3oo pages, avec un atlas dc 1 9 planches grnvoes. Tnimater, largo Si°-Ferdinando , n" 5r. Go SCIENCES PHYSIQUES. eniploiont actuelloinont est trop c'trangcrc a la science, troj» contraire i ses progres pour que I'on y pcrsiste long-tems: mais Ics descriptions ne laissent rien d'equivoque, et les caracteres de chaque espccemineralcserout toujours facilesa reconiiaitre. L'ouvrage de MM. Monticelli et Covelli ne perdra done rien de son ntilite ni dc son merite. Ce fut en 1820 que les deux academiciens commeneerent les operations dont cet ouvrage est Ic resultat. En 1822, le.s nou- velles eruptions du volcan suspendirent le travail du cabinet : il fallait observer celui des feux souterrains. En iSaS, leVe- siive reprit son etat de repos ; mais nos savans furcnt encore distraits par d'autres occupations. On ne doit done pas etre surpris que ce premier volume n'ait pu paraitre qu'en iSsS. Les auteurs avaient adopte la classification d'apres la compo- sition chimique des mineraux, comme susce|)tible de se per- fcctionner, a mcsure que I'analysc chimique devient plus pre- cise et acquiert dc nouveaux moyens. II s'agissait done de refaire les analyses dc quatre-vingt-deux especes minerales , de nie- surer et dedecrire une prodigieuse variete de t'ormes cristallines, de les dessiner avec exactitude, autant qu'on pent Ic faire sur une planchc, en ne tracant qu'une seule figure pour rcpresenter les trois dimensions d'un solide. II est evident que ces repre- sentations ne suffiraient point , si elles etaient seules , et qu'elles ne donneraient pas toujours ce qu'il faut pour executer le relief des cristaux ; mais, elles ne sont que le complement des descriptions, et I'ensemble du texte et de la figure ne laisse aucune incertitude sur les plus petits details des formes les plus compliquees. M. Monticelli soupeonnc avec raison que les me- sures prises avec le goniometre d'Haiiy, le seul instrument qu'il cut pour mesurer les angles des cristaux, n'ont pas tou- jours ete aussi precises que 4es besoins dc la theorie le deman- daient: il n'a pu les prendre, dans beaucoup de cas, que sur des cristaux d'un tres-petit volume; et alors, il est impossible quel'adresse de I'operateur previenneles ecarts de I'instrument, etne laisse point subsister quelqucs crreurs. C/est a cette im- perfection des mesures que M. Monticelli est dispose a rap- porter certaincs discordances qu'il a obscrvees entre leresultat SCIENCES PHYSIQUES. 6t de son travail ct la thtorie d'Haiiy. Plein dc vent-ration pour le fondateur de la cristallographie, c'est avec regret qu'il de- couvre des formes non comprises dans cette theorie qui serablc fondoc sur unc base incbranlable , la geonietrie. Mais il ne s'a- git ici que dcqiielqucs applications particulicrcs de ccttc tlieo- rie ; uno Irgere alteration des mesiues a pn suffire poiu- qu'elles ne fussent point d'accord avec les regies generales, conlirmees par un si grand nombre de faits qu'il est impossible de ne pas les admettre. Il faut done, en effet, se defier de ['instrument qui a donne ces mesures. On sail que le goniomel»'e ne reussis- sait pas toujours entre les mains de I'liabilc etingenieux Haiiy, et que les modilications de la lumiere a la surface ou dans I'in- terieur des cristaux ne correspondent pas exactement, dans tons les cas, aux angles mesures par ee savant. On trouve, dans cct ouvrage, quatre-vingt-neuf formes de cristaux non decrites dans la derniere edition de la Minera- logie d'Haiiy. « II semble, dit M. Monticelli, que la nature a voulu que les cntraillcs du Vesuve fussent un laboratoire d'oii nous arrive cette prodigieuse variete de formes geometriques dont nous donnons la description. En jetant les ycux sur les prodnits de ce volcan, on sera de plus en plus etonne qu'il ait ete possible de reunir, dans I'espace de quclquesmilles caires, des roches de chaque formation, et le tiers, a pen pres, des formes cristallinesconnues.»Le travail, si long et si minutieux, de la mesure des angles formes par les faces et les aretes de tous ces cristaux n'epouvante pas nos auteurs; ils annoncent I'intention de le reprendre avec de meilleurs instruniens , et, selon toutes les probabilites , toutes les corrections de quelque importance sont faites en ce moment; ainsi, la cristallographie du Vesuve est terminee, a moins que ce volcan n'ait pu former, dans un intervalle de plus de trente siecles , toutes les com- binaisons possibles. des substances minerales soumises a Tac- tion de ses feux. IVous n'entrerons point dans I'enumeration de quatre-vingt- deux especes de mineraux decrites dans cet ouvrage, et des varietes de formes que leurs cristaux affectent : les sciences presentees sous cette forme ne sont point suceptibles d'ana- 6-2 SCIENCES PHYSIQUES, lysc; c'cst tin ensemble (jue Ton tlelriiirair, si Ton on dcta- ehait qnelqno paitio. Quaiif an systeme de elassilication snivi paries autcurs, c'cst celiii irof/«zV^ immateriels. Mais , telle est la nature qu'il assigne a ces pro- duits qu'autant vaudrait qu'il eut dit , comme Adam Smith , que les industries qui les creent ne sont pas du tout productives. En effet , les produits auxquels il donne le nom A'inunaterieh sont, d'apres ses propres paroles, des produits c/a/ ne s'atta- chent a ricn , qui s'evanouissent a mcsiire qa'ils naissent , qu'il est impossible d'accumuler, qui n'ajoutcnt ahsolumcnt rien a la richesse nationale , qu'il y a du desavantage h multiplier, et dont la nature est telle Jinalement que la depense qu' on fait pour les obtenir est improductive (i). Or, je demande ce que sont des produits qui n'ajoutent rien a la richesse sociale, des produits qu'il y a du desavantage a multiplier, des produits qui donnent aux frais necessaires pour les obtenir le caractere de consom- mation improductive? Ne vaudrait-il pas autant dire, avec I'auteur de la richesse des nations, que les createurs d'une telle richesse sont des travailleurs improductifs ? Le fait est que M. Say, qui a entrevu I'erreur de Smith , n'a pas reussi a la corriger, et qu'il n'est point parvenu a faire voir nettement comment les classes qu'il appelle productives de produits immateriels , sont en effet productives. M. Say a tort de dire que ce que produisent ces classes est detruit en meme tems que produit. Ce qui est detruit en meme terns que produit, c'est leur travail : il a cela de commun avec celui de toutes les (i) T'oy. liv. I*"", chap. i3; ct liv. iii , chap. 4 ^t suivans. ET POLITIQUES. 69 classes de travailleurs; mais rutilite qui en resulte rie Test cer- tainement pas. C'est faute d'avoir distingue le travail de ses resultats , que Smith et ses successcurs sont tombes dans I'eireur que je si- gnale. Toutcs Ics professions utiles , quelles qu'elles soient , font un travail qui s'evanouit a mcsure qu'on I'execute, et toutes creent de I'utilite qui s'accumule a mesare qu'elle s'obtient. II ne faut pas dire avec Smith que la richesse est du travail accu- mule ; il faut dire qu'elle est de I'utilite accumulee. Encore una fois , ce n'est pas le travail qu'on accumulc , c'est I'utilite que le travail produit : le travail se dissipe a mesure qu'ii se fait; I'utilite qu'il produit denieurc. Trcs-assurement,la Iccon que debite un professeur est con- sommee en meme tems que produite, de meme que la main d'oeuvre repandue par le potier sur I'argile qu'il tient dans ses mains; mais les idees incuhiuees par le professeur dans I'esprit des hommes qui I'ecoutcnt, sont un pi'oduit qui reste tout aussi bien que la forme imprimee a I'argile par le poller. Un mede- cin donne un conseil, un juge rend uue sentence, un orateur debite un discours, un artiste chante un air ou declame una tirade : c'est la leur travail; il se consomme a mesure qu'il s'effectue, comme tons les travaux possibles; mais ce n'est pas leur produit: leur produit est dans le resultat de leur travail; dans la sante que le medecin a rendue au malade; dans la mo- ralite, I'instruction , le goiit qu'on t repandu le juge, I'artiste , le professeur. Or, ces produits restent; ils sont susceptiblcs de se conserver, de s'accroitrc , de s'accumuler, et nous pouvons acquerir plus ou moins de vertus et de connaissances, de meme que nous pouvons amasser plus on moins de ble, de drap , de' monnaies et de toutes ces utilites que nous parvenons a fixer dans les choses. II est vrai que I'instruction , le gout, les talens sont des pro- duits immateriels . Mais, en creons-nous jamais d'autres? et n'est-il pas surprenant de voir M. Say en distinguer de mate- riel s et A' immateriels ^ lui qui a si judicieusement remarque que nous ne pouvons creer la matiere et qu'cn toutes choses nous 70 SCIENCES MORALES ne faisons jamais que pioduire dcs utilites? La forme, la figurc; la couleur qu'uii artisan donne a des corps bruts sont des choses tout aussi immaterielles que la science qu'un professeur commu- nique a des (itres intelligens; ils ne font que produirc des utilites I'un etl'autre, et la seule difference reellc qu'on puisse remarquer entre leuis industries , c'est que I'une tend a modifier leschoscs > et I'autre a modifier les hommes. On ne pent pas dire que les produits du professeur , du me- decin, de I'artiste ne s'attachent a ricn : ils s'attachent aux hommes, de meme que les produits du fileur, du tisserand, du teinturier se realisent dans les choscs (i). On ne peut pas dire qu'il est impossible de les accumuler : il est aussi aise de multiplier en nous-memes les modifications utiles dont nous sommes susceptiblcs, que de multiplier dans les choses qui nous entourent les modifications utiles qu'elles peuvent recevoir. On ne peut pas dire qu'il y a du desavantage a les multi- plier : ce qu'on ne peut multiplier sans desavantage , cc sont les frais necessaires pour obtenir une espece quelconque de pro- duits; mais, quant aux produits eux-memes, on ne peut sure- ment pas dire qu'il y a du desavantage a les accroitre : on ne voit pas les hommes se plaindre d'avoir trop d'industrie , de savoir, de moralite, de vertu, pas plus qu'on ne les voit se plaindre de posseder trop d'utilites de quclque autre espece. On ne peut pas dire que la depense faite pour obtenir ces produits est improductive : ce qui serait improductif , ce «erait les frais que Ton ferait inutilcment pour les crecr ; mais, quant aux frais necii&saires pour cela,ils ne sont surcment pas impro- ductifs, puisqu'il en peut resulter une richesse veritable et (i) Quelquefois ni^me , les produits de la premiere de ces classes de travaillcurs se flxent dans les choses , avant de se rt'aliser dans Fesprit des homines: le litteratem', le peintre , le musicien, n'expri- ment pas toujours leurs idoes par le chant ou la parole ; il leur arrive frequemment de les fixer sur la toile on sur le papier, par la peiii- nire, le dessin , I'lmprcssion, iagiavure, etc. ET POLITIQUES. 71 superieure ii scs fiais tie production : il n'est surement pas rare que des talens acquis vaillent plus que la depense J'aite pour Its acquerir; il n'est pas impossible qu'un gouvernement fasse naitre, par une administration eclairee de la justice, des habi- tudes morales d'un prix suptl-rieur a la contribution qu'il laut lui payer. On ne peut pas dire enfin tjiie ces produits n'ajoutent rien au capital national : ils I'augmentent aussi rtjellement que peuvent le faire des produits de toute autre espece. Un capital de connaissances ou de bonnes habitudes ne vaut pas moins qu'un capital d'argent; une nation n'a pas seulement des besoins phy- siques a satisfaire ; il est dans sa nature d'eprouver aussi des besoins intellectuels et moraux; et, pour pen qu'elle ait de culture, elle placera la vertu, I'instruction , les talens au rang de sesrichesses les plus precieuses. Ensuite, ces choses, qui sont de vraies richesses par elles-raemes, par les plaisirs purs et releves qu'olles procurent, sont, en outre, des moyens indispen- sables pour obtenir cette autre espece de valeurs que nous par- venons a fixer dans les objets materiels. II ne suffit pas, en cffet, pour produire celles-ci, de posseder des ateliers, des outils, des machines, des denrees, des monnaies; il faut de la securite, de la sante, de la science, du gout, de I'imagination, de bonnes habitudes morales; et les hommes qui travaillent a la creation ou au perfectionnement de ces produits peuvent , a juste titre, etre consideres comme producteurs des richesses dites materielles, tout aussi bien tjue ceux qui concourent di- rectement et physiquement a les creer. C'est done a tort , si je ne mc Uompe, que M. Say regarde les fonctionnaires publics, les officiers de morale, les profes- seurs, les artistes, et en gentiral tous les travaillems , dont I'industrie ne s'exerce que sur les hommes , comme produc- teurs seulement d'une sorte d'utilite fugitive, aussitot detruitc (jue creee, et ne pouvant rien ajouter a la richesse sociale. Ce <]ui est detruit en meme tems qu'cffcctue , c'cst le travail de ces industrieux : il a, je I'ai tlt-jil dit, cela de commun avec cclui des producteurs dc toutes les classes; mais, quant aux resultats 72 SCIENCES MORALES de leur travail; quant aux richcsses intellectuelles et morales qui sont leur ouvrage, elles sont reelles, durables, transmis- sibles, echangeables , tout comnie celles que nous altachons a des corps bruts, a la matiere inaniniee. On pent dire meme (|u'elles sont plus susceptibles de conservation et d'accroisse- nient que celles que nous parvenons a fixer dans la matiere; car nous ne pouvons user de celles-ci sans les detruire , ni les tr-ansmettre sans les perdre; tandis que les idees et les senti- mons sc perfectiooncnt par I'usage et s'accroissent par la com- munication. C'est pour avoir cru que les produits des industiies tres- nombreuses et tres-importantes dont je m'occupc en ce mo- ment sunt detruits en menie teiiis que produits que M. Say n'a parle de ces industries qne dans le dernier livre de son ou- vrage, et qu'il a mis au rang des consommations steriles les trais necessaires pour payer leur travail. S'il avait niieux vu en quoi leurs produits consistent; combien il est aise de les con- server, d<; les augmenter; combien les professions qui les crecnt ajoutcnt directement et indirectement a la I'ichesse sociale, il y a lieu de penser qu'il aurait parle de ces industries des son premier livre, et aurait voulu moatrer de quelle maniere elles concourent a la production. II ne se serait pas contente dc dire comment y participent les industries agricole, manufacturiere, commerciale; il aurait fait connaitre aussi la partqu'yprennent les industries scientifiques, litteraires, morales, politiques, et en general tons les arts qui s'occupent de la conservation on du perfectionnement des facultes de I'espece. II aurait parle du service des officiers de sante , des instituteurs, des fonction- iiaires publics de tous les ordres, et aurait fait voir comment ces classes particulieres de producteurs contribuent a la pro- duction. II aurait dit que le gouvernement est le plus utile des producteurs, quand il fait naitre dans la population des habi- tudes de respect poiu" les biens et pour les personnes , et ici se serait place tout naturellement ce qu'il ecrit sur la propriete ; qu'il est des destructeurs le plus funeste, quand sous pretexte de regler les travaux, il les asservit et les encbaine , et ici serait ET POLITIQUES. 7? venu I'examen qu'il fait du systeme rcglementairc , de la ba- lance du commerce et du regime colouial. Si, a raison de I'im- portance des industries politiques, il avait voulu parler de leurs frais de production, c'est-a-dire, de I'impot qu'il faut payer pour faire face a leurs depenses , il I'aurait fait encore des son premier livre , ct n'aurait pas pretendu que ces frais sont perdus , que la depense est sterile : il n'aurait trouve de sterile, dans cet ordre de consommations comme dans toutes les con- sommations reproductives , que la depense non necessaire pour obteuir leproduit desire. Le plus grand tort de notre auteurest d'avoir classe parmi les consomiriations steriles toute depense faite pour payer le travail des medecins , des gens de loi , des fonctionnaires , et en general de tons les industrieux dont les produits au lieu de se fucer dans les choses , se realisent dans les horames. Au reste, ce tort, il I'a en commun avec Adam Smith, et avec la plupart des economistes qui ont ccrit depuis I'auteur de la Richesse des nations. Si M. Say n'a pas bien determine le caractere des industries qui agissent sur les hommes , il u'est pas non plus parfaitement net sur I'une de celles qui ont pour objet de modifier les choses, sur I'industrie commerciale, qu'il a pourtant beaucoup mieux definie qu'on ne I'avait fait avant lui, et peut-etre meme qu'on ne I'a fait depuis la publication de son livre. M. Say observe, avec beaucoup de raison , que le commerce est une chose essen- tiellement differente des echanges; il fait voir que le commerce produit, et que les echanges neproduisent pas; que le commerce est une industrie, et que 1 action d'echanger n'en est pas une. Cependant , il confond presque toujours le commerce avec I'echange dans ses definitions. « Ceux , dit - il , qui aclietent des marchandises dans leur pays pour les revendre dans leur pays, font le commerce interieur. Ceux qui achetent des mar- chandises par grosses parties/'owr les revendre aux petits mar- chands , font le commerce en gros. Ceux qui les achetent en gros pour les rei'cndre aux consommateurs font le commerce de detail. Ceux qui achetent des marchandises hors de leur pajs pour les revendre hors de leur pays, font le commerce de trans- 74 SCIENCES MORALES port. Ccux qui achetcnt des inarchaiulises dans un tenis pour Us rcvenclrc dansun autre, font le commerce de speculation (i)." Dans toutes ccs definitions, commc on le voit, notie auteur fait consister le commerce a acheter pour revendre. Mais , s'il en est ainsi, rien ne le distingue plus des autres industries, et rien ne distingue plus les industries entre elles ; car toutes achetent et vcndcnt : le manufacturier achete des marchan- dises sous une ^oriae pour Ics revendre sousune autre, de meme que le commercant en achete dans un lieu yjowr les revendre dans un autre lieu. Cependant, peut-on dire que le manufacturier et le commercant exercent la meme industrie? Je sais bien que, juridiquement, on delinit le commerce Taction A' acheter pour revendre; niais ce n'est pas ainsi, d'apres M. Say lui-meme, qu'il faut le definir economiquement. L'industrie commerciale, pas plus qu'aucune autre industrie , ne consistc a acheter et a vendre; nuUe ne produit en achetant et en nendnnt. La fabri- cation produit en transform a nt ; le commerce, en transportant Le commerce exterieur consiste a transporter du dedans au dehors, ou du dehors au dedans; le commerce interieur, a transporter du dedans au dedans ; le commerce en gros, a trans- porter des fabriques dans les magasins des gros marchands; le commerce de detail, a transporter de ces magasins dans les boutiques : de quclque facon qu'on I'exerce, il consiste toujours a transporter , a approcher de I'acheteur : c'est lii, comme art , ce qui le caracterise, et non Taction A' acheter , de vendre , d'echangcr. II me semble done que M. Say n'est pas consequent a ses principes , et decrit mal les fails qu'il a lui-meme observes , quand il fait entrer les mots de vente et d'achat dans sa defi- nition du commerce. II n'y a pas plus lieu a parler d'echangc a propos de l'industrie qui trausporte, qu'a propos de l'indus- trie qui transforme : echanger et labourer, echanger et fabri- quer , echanger et transporter , cchan^cv et produire d'une ma- nierc*quelconque, sont deux actions d'une nature tout-a-fait (i) For. liv. I", ch. 9. ET POLITIQUES. 75 differente , et qui veulcnt absoluinent etre considertes a part. Je regrette que M. Say ne les ait pas complctement detachees I'une de I'autre ; et qu'apres avoir parle dcs industries et de tous les moyens des industries qui creent les produits, il n'ait pas traite separement de I'acte qui les fait seulement changer de mains et de tout ce qui a rapport a cet acte. Ce que M. Say dit des debouches, ce qu'il dit des monnaies, ce qu'il auraitpu dire des poidset mesures, cc qu'il ecrit au commencement de son second livre de la connaissance des valeurs se lie etroi- tement a la matiere des echanges. Pour pouvoir faire des echanges il faut des debouches, c'est-a-dire, il faut que les produits soient mis en presence d'autres produits contre les- quels rechange en soit possible ; il faut connaitre les valeurs ; il faut des poids et des mesures; il faut des monnaies, etc. Toutes ccs choses, qui n'ont de rapport direct qu'avec les echanges, devaient, a ce qu'il me semble, ctre reunies et or- donnees dans un livre particulier, distinct de celui oil notre auteur traite de la distribution des richesses et meme de celui ou il traite de leur production ; puisque , d'apres la nature des choses et d'apres lui-meme, encore une iois, produire et echanger sont des actes tout-a-fait dissemblables. Apres avoir observe que M. Say ne determine qu'imparfai- tement le cai'actere de plusieurs sortes d'industries, et ne se- pare pas assez I'industrie des echanges, jc regretterai, avec quelques economistes, qu'il ait assigne originairement plusieurs causes a la production , etvoulu que les richesses fussent nees d'abord, non pas seulement de I'industrie humaine, mais de I'industrie, des capitaux et des agens naturels. « II existe autre chose que du travail dans la creation des valeurs, dit-il... Une analyse plus complete prouve que la valeur des choses est due a Taction de I'industrie humaine, combinee avec celle des agens que lui fournit la nature, et avec celle des capitaux... L'industrie abandonnee a clle-meme ne saurait donner de la valeur aux choses ; il faut qu'elle possede des produits deja existans, et sans lesquels, quelque habile qu'on la suppose, elle demeurerait dans I'inaction ; il faut de plus que la nature 76 SCIENCES MORALES se mette en communaute de travail avec elle et avec ses iiistru- mens. » L'industrie, d'aprcs M. Saj', n'est jamais que pour im tiers dans la formation des richesses : il y a dans tout produit , une portion de valeur qui vient de la nature, et unc autre qui vient des capitaux. Je crains qu'en assignant ainsi plusieurs causes primitives a la production, M. Say n'ait mis quelque confusion la ou il voulait porter une plus grande lumiere. Je crois avec Smith que sa seule cause originaire, c'est le travail , ou bien TinduS" trie, pour me servir d'unc expression que M. Say trouve avec raison plus exacte. Si\rement, rintelligcnce et I'activite humaines ne sont pas la seule force qu'il y ait dans la nature. En dehors de celle-la, il en existe une multitude d'autres que I'homme n'a pas creees, qu'il ne saurait detiuire, dont I'existence est tout-a-fait distincte et independante de la sienne. II y a des forces morteset il y en a de vives. La durete, la resistance, la ductilite de certains metaux sont des forces inertes. Le soleil, I'eaUjle feu, le vent, la gravitation, le magnetisme, la force vitale des animaux, la force vegetative du sol, sont des forces actives. Mais, si toutes ces forces existent, rien n'annonce en elles qu'elles existent pour I'homme: laissees a elles-meraes, elles se montrent parfaitement indifferentes a son bonheur: pour qu'elles le servcnt, il faut qu'il les plie a son service: pour qu'elles produisent, il faut qu'il les force a prodnire. L'homme ne les cree pas sans doute; mais il cree I'utilite dont elles sont pour lui; il les cree , comme instrumens de production , comma forces productives. II est encore vrai qu'il a plus ou moins de peine a prendre pour cela : toute espece d'acier n'est pas egale- ment propre a faire une lime ; toute espece de sol ne se laisse pas rendre egalement apte a la vegetation ; mais il faut qu'il mette la main a toutes choses, et naturellement rien n'est arrange pour le servir. A quoi auraient servi, pour la produc- tion, les qualites du fer, si l'industrie n'eut imprime a ce metal des formes propres a rendre ses qualites utiles ? A quoi aurait servi le vent, pour faire tourner la meule, sans les ailes du moulin? A quoi aurait servi le magnetisme, pour diriger les^. ET POLITIQUES. 77 navigateurs , sans I'invention de la boussole? A qiioi servirait le soleil, pour faire germer les plantes, sans le travail qui pre- sente k la chaleur de ses rayons le sein d'une terre labouree et ensemencee ? Encore une fois , les forces de la nature existent independamment de tout travail humain; mais, comme agens de production, ellos n'existcnt que dans Tindustrie humaine et dans les instrumens par lesquels I'industrie s'en est emparee. C'est elle qui a cree ces instrumens; c'est olle qui en dirige I'usage. Elle est la source unique d'ou sont sorties, non pas les choses, ni les proprietes des choses, mais I'utilite qu'elle tire des choses et de leurs proprietes. M. Say a done tort , je crois , lorsqu'il dit que la richesse est venue originairement de la combinaison de trois forces : I'in- dustrie , les capitaux et les fonds de terre. II n'existait pas de capitaux, avant que I'industrie cut commence d'agir; les capi- taux sont de creation humaine; la terre elle-meme n'est qu'un capital : un fonds de terre n'est , comme un bloc de marbre , comme une masse de mineral, qu'une certaine portion de matiere, douce de certaines proprietes, et que I'homme a disposee, comme mille autres choses, de maniere a rendre ses proprietes utiles. L'homme n'a pas cree cette matiere, ni les proprietes qu'elle a, pas plus qu'il n'a cree la matiere, ni les proprietes de la matiere dont sont formes beaucoup d'autres capitaux ; mais il a cree I'utilite qu'il tire des uns et des autres ; il les a crees comme agens de production; et ces deux forces, que M. Say fait agir des I'origine conjointement avec I'industrie humaine, sont elles-memes des creations de I'industrie. Il ne faut pourtant pas conclure de la que la valeur des choses se regie, ainsi que le pretend Smith, d'apres la quantite d'in- dustrie ou de travail qu'on a repandue sur elles. La question de savoir comment se produisent les richesses et celle de savoir comment s'en etablit la valeur sont deux questions distinctes ct qu'on ne peut pas resoudre par les mcmes considerations. II est possible qu'une chose qui n'a coute que peu d'efforts se vende plus cher que telle autre qui a demande beaucoup de travail et de depense. Le prix d'un produit depend d'une mul- 78 SCIENCES MORALES titude dc circonstances , des qualites naturelles de la niatioic dontil est forme, du plus ou du moins de travail qu'il a fallu pour le faire, de la place qu'il occupe , du moment oii on vcut levendre, de la quantitequi en est dcmandee, de cclle qui en est offerte. « L'csperancc, la crainte, la malice, la mode, I'envie d'obliger, toiites Ics passions et toutes les vcrtus peuvent influcr, comme I'observe M. Say, sur lo prix qu'on en donnc et qu'on en recoit. » Mais, quellcs que soient Ics causes qui influent sur I'estimation des yaleurs, toujours est-il que c'est I'industrie qui les cree, et qu'ellc a etc primitivemcnt la source unique d'ou toute richesse est venue. Je ne nie pas qu'elle ne s'aide des capitaux et des terres ; mais je dis que ce sont la des instrumcns qu'cUc s'est faits ; le tort de notre auteur est de considerer ces choses comme cause premiere, tandis qu'elles ne sont qu'effets et moyens. A ces remarques sur la cause premiere de la production , j'en ajouterai quelqucs autres sur ses causes secondaires. La cause premiere de la production, c'est, disons-nous, I'industrie humaine; ses causes secondaires, ce sont tons les moyens que I'industrie s'est crees. Je suis force de dire que I'analyse que M. Say fait de ces moyens est a plusieurs egards incomplete. Je regrette d'abord qu'en parlant des connaissances que demande I'industrie , et notamment du talent des applications, dont il fait I'appanage special des entrepreneurs, il ne dise presque rien de cctte classe si importante de producteurs, dans lesquels I'industrie humaine toute cntiere poinrait en quel- que sorte etre personnifiee. II est vrai qu'il entre dans plus de details a ce sujet au § 3, chap. 7 de son second livre, ou , ayant a expliquer pourquoi les entrepreneuis ont dans les pi'ofits de la production ime part plus grande que le savant et que Tou- vrier, il est oblige de dire quelque chose des qualites que leur role exige. Mais ce n'etait pas en traitant de la distribution des richesses qu'il devait nons apprendre quelles qualites sont necessaires a un bon entrepreneiu' : c'etaitdesson premier livi'e, et lorsqu'il traitait de la production ; puisque la question de savoir s'il y aura ou n'y aura pas production depend avant ET POLITIQUES. 79 tout de la capacite de ceux qui entreprennent de produire. M. Say aurait pu reunir autour de cette classe d'industrieux ,tout ce qui constitue la puissance de I'industrie, et en parlant des choses necessaires a un entrepreneur, trailer de toutes les conditions indispensablcs au succes des entrepiises indus- trielles, tellcs, par exemple, que le talent des speculations, I'art d'administier, I'esprit de conduite, la connaissance pra- tique du metier, les notions theoriques , le genie des applica- tions, I'habilete en fait de main d'oeuvre, la necessite d'un capital, le choix d'un bon emplacement, la bonne organisation des ateliers, la puissance des moteurs et des machines, une division etendue et bien entenduc du travail, de bonnes habi- tudes personnelles , de bonnes habitudes civiles, etc. Je.'iuis on ne pent plus surpris,par exemple, que M. Say n'ait pas consacre un seul alinea de son premier livre a parler du talent des speculations, c'est-a-dire du genre de capacite ijecessaire pour juger, avant d'entreprendre im produit, si la societe en a besoin et s'il y aura possibilite de s'en defaire avec avantage. Je sais que ce jugement est ordinairement fort difficile a porter, et que les meilleurs calculs peuvent etre deranges ici par beaucoup de circons- tances accidentellcs. Cependant, a moins qu'on ne veuille approuver ce bon fabricant de Birmingham, qui a envoye au Bresil une pacotille de patins , ou ces autres speculateurs an- glais, qui ont expedie des services de porcelaiue a des popu- lations a pen pres sauvages, il ne faudrait surement pas dire qu'il n'y a, a cet egard, rien a calculer. II faut dire, au contraire, qu'il y a les plus grandes precautions a prendre. Je ne crois pas que le monde ait jamais ete place dans des circonstances plus propres a faire sentir combien est indispensable le genre de capacite dont je parle ici. Comment, au milieu de la paix la plus profonde et en I'absence de tout desastre naturel ou poli- tique, les affaires commerciales des paysles plusindustrieuxsont- elles de venues tout a coup si facheuses? D'ou vient la crise sin- guliere qu'eprouve I'industrie? On pent attribuer cette crise a bien des causes ; mais la principale , c'est incontestableraent la 8o SCIENCES MORALES multiplicite des mauvaises entrcprises et I'exageration des bouiios; la principale, c'est qu'on a mal specule. M. Say ne vout pas qu'on disc; qu'on a trop produit : on ne produit pas , dit-il, quand on fait des affaires ruincuses; on ne produit pas, quand on fait des produits qui no peuvent pas sc vendre. Soit; il ne faut pas disputcr sur les mots. Mais an moins est-il cer- tain qu'il est possible de faire des produits qui ne pourront pas sc vendre; de faire plus de produits qu'il ne sura possible d'en vendre ; de faire plus de chapeaux qu'il n'y a de totes , plus de lunettes qu'il n'y a de nez , qu'il est possible non-seulement de faire trop d'une chose relativement a d'autres, mais de faire trop de toutes choses; qu'il est possible enfin de forcer les affaires, de s'exagerer les besoins de la societe, d'abuser de la facilite d'entreprcndre, et M. Say le reconnait Uii-meme en plus d'un cndroit (i). De certaines causes sans doute peuvent favoriser cette disposition aventureuse ; mais certainement elles ne la creent pas. Co n'est pas parce que les banques d'Angle- terre avaient emis trop de billets que les specxdateurs de ce pays ont manque de prudence; c'est parce qu'ils manquaient de prudence qu'ils ont abuse des facilites cjuc les banques leur presentaient, qn'ils ont forme des entreprises sans etudier I'elat du marche, qu'ils ontpousse la production sans se rendre compte de I'etendue des besoins qu'ils avaient a satisfaire. Ce tort des entrepreneurs anglais est celui des speculateurs de tous les pays. S'il y a dans le monde beaucoup d'affaires mal conduites, il y en a davantage encore de mal concues ; et plus de gens echouent pour avoir forme de fausses entreprises que pour les avoir mal dirigees. Rien n'est done plus essentiel a un entrepreneur que de connaitre les besoins et les moyens de la societe pour la- quelle il travaille; et je suis surpris, je le repete, que M. Say n'ait pas donne une attention speciale a ce sujet. Les talens admiuistratifs et I'esprit de condnite sont encore un genre de capacite anquel, il n'accorde peut-etre pas, dans (i) yoy. surtout, dans le -vol. ii, p. i5o de cette 5' edition, la note qui est au bas de la page. ET POLITIQUES. 81 son analj'se, uno place assez marquee. II s'est iiiontre plus frappe dc I'impovtance dc ce nioj'cn dans scs lerons du Con- servatoire. « Dans Ic voyage que je viens de faire en Angle- terre, disait-il, il y a deux ans, en ouvrant son cours, j'avais principalement en vue d'observer les causes qui font en gene- ral reussir les entreprises d'industrie dans un pays renomme pour ses succes en cc genre, et j'ai ete confirme dans la per- suasion que la maniere d' adininistrer ces entreprises contribue a leiir succes beaucoiip plus encore que les connaissances techniques et les precedes d'execution pour Icsquels cependant on vante avec raison les Anglais. » Ce que disait alors M. Say justifie ma remarque actuelle, et montre combien il etait essentiel qu'il fit voir distinctcment I'influence de cette cause, et lui assignat une place particuliere parnii les moyens de I'industrie. Les chapitres ou M. Say parle des capitaux , des ma- chines, de la division du travail, signalent des moyens d'ac- tion assurement tres - considerables ; mais, comaient, apres avoir parle de ceux-la, reste-t-il muet sur plusieurs autres qui semblaient si dignes d'etre pris en consideration ? Com- ment, par exemple, apres avoir traite de la separation des occupations , ne dit-il rien de I'arrangement interieur des fa- briques ? Cet arrangement est pourtant une chose a la fois tres-importante et tres-distincte de la division du travail. La puissance du travail depend peut - etre moins des divisions qu'on lui fait subir que de I'ordre dans lequel on I'execute. Plus une fabrique est construite sur de bons plans , plus les machines y sont placees , plus les ouvriers y sont distribues , plus, en un mot, tout y est dispose dans I'ordre suivant lequel doit s'executer I'ouvrage, et plus I'ouvrage s'y execute avecfaci= lite. Un professeur eclaire, M. Clement, dans le cours dc chimie appliquee qu'il fait au Conservatoire, a eu quelquefois occasion de remarquer combien une disposition convenable de batimens et de machines etait pour le travail un moyen frap- pant d'economie et de puissance. « La difference est extreme, disait-il un jour, entre une fabrique a I'organisation de la- quelle a preside une prevoyance eclairee, et celle qui s'est T. xxxiv. — yivril 1827. G fii SCIENCES MORALES clov<'e en quclquc sorte par hasard ct suivant le caprice criirt iiiiutre ignorant. J'ai vu telle teintureiie oCi la main croeuvre c'tait quatre fois plus 7 d'inegalite. Ses remarques sur la maniere dont ces causes ct jjlusieurs aiitrcs agissent relativement h. la distribution des ri- chesses, me pai\aissent remplies d'interet etdeverite. Mais, si, daus le cas mt-me ou les choses servient laissees a leur cours na- turel, et ou tout se passerait sans violence, il y aurait encore de nombreuses raisons pour que les valeurs produLtes se re- partissent d'une maniere inegale entre tous ceux qni concour- raient h leur formation; jl y en a de bien plus fortes pour qu'il en soit ainsi, lorsque dLverses classes, de producteurs cherchent a accroitre par des privileges, des monopoles, des exactions les profits auxquels elles pourraient naturellement pretendre ; et il me semble que M. Say laisse son travail in- complet, en ne montrant pas I'effet que ces causes de perturba- tion produisent dans le phenomene que. son livre ii a pour objet de decrire. Je n'entrerai pas sur ce second livre dkns de plus longs details; mais j'ai a faire sur le dernier, relatif a la consomma- tion des richesses, une remarque fondamentale. M. Say, qui distingue, avec toute raison, des consommations reproductives et des consommations improductbes, fait dependre le caractere des unes et des autres d'une circonstance qui me parait etrangere a leur nature, et qui I'entraine, a mon avis , dans une grande erreur de classification. Ce qui distingue, d'apres lui , la consommation reproductwe de la consommation improductwe, c'est que la premiere crte des produits, maisjie satisfait aucun besoin, tandis que la seconde procure des jouissances, mais ne laisse apres elle aucun produit. En conse- quence, il met en rang des consommations steriles toutes les depenses, soit privees, soit publiques, qui ont pour effct de satisfaire des besoins, de procurer des jouissances. Ainsi, toute lii depense qu'un entrepreneur d'industrie fait pour conserver ses forces physiques, pour etendre ses facultes intellectuelles, pour perfectionner ses habitudes morales , pour elever les en- fans qui le seconderont un jaur,.sont des, consommations. im- productivcs. II est possible que, par cette depense, il satisfasse des besoins , il se procure des plaisirs ; mais il ne cree aucune 88 SCIENCES MORALES richessc : 1« vin que ce productcur boit pour it'jjarcr ses forces, pai: exemple, ne lui scrvira pas ensuite a I'aire de I'eau-dc- vic, etc. II en faut dire autant dcs depenses que tons les pro- ducteurs reunis font pour satisfairc dos besoins conununs, ct par exemple, pour nuiintenir I'ordrc dans la conimunaute, pour faire naitre parnii tous ses membres des habitudes de respect pour les biens ct pour Ics personnes , pour procurer quelque instruction aux classes qui naturellement n'en rece- vraient point. II est vrai que ccs depenses satisfont des besoins, et meme des besoins tres - imperieux ; mais voila tout : elles n'ontaucun effet ultericur, il n'en rcsulte aucun produit; elles sont sterilcs , nienie alors qu'ellcs procurcntun avantnge supe- rieur au sacrifice qu'cUes comniandent. Elles sont improduc- tives, encore bien qu'elles soient emincmment utiles eti[VLe\a. production ne puisse jamais ctre qu'une production d'utilite. Voila cc que dit M. Say, et ses doctrines a cet egard sont cellcs des meilleurs economistes. Je crois ces doctrines erronees. Surement, toute consomma- tion qui procure des jouissances n'est pas productive d'utilite ; maisune consommation n'est pas improductive, par cela seul qu'elle donne dcs jouissances. II est une multitude de con- sommations qui peuvent procurer a la fois plaisir et profit. L'homme laborieux, qui paic pour faire son repas ou pour ac- querir une idee utile , en meme terns qu'il sc donne un plaisir , achete une faculte, il repare ou augmente ses forces. Ce n'est pas la jouissance que donne ou ne donne pas une consomma- tion qui decide de son caractere, c'cst son resultat. Toutcs les fois que, d'une utilite detruite , il nait une autre utilite , supe- rieure en valeur i la premiere, la consommation est productive. EUe ne Test pas, s'il n'en resulte aucune utilite, ou s'il n'en resulte qu'une inferieure a cellc dont on a fait Ic sacrifice. Tout ce qu'un oisif depense pour la satisfaction de ses besoins est perdu : il n'en resulte que rentretion d'un homme inutile. Tout ce qu'un homme industricux donne a ses plaisirs , sans profit pour la conservation ou I'accroissement de ses facultes , est ega- leraent perdu : il ne reste rien de cette depense. Mais , ce que ET POLITIQIJES. 89 le meiiie industricax consomme pour I'entretien ou ['extension de ses forces, pour peu que les forces conservees ou acquises vaillent plus que la dcpense faite pour les acquerir ou les con- server, est consomme reproductivcment, cela est incontes- table. M. Say, a I'exemple de Smith et de beaucoup d'autres , parait ne doniier le nom de productlves qu'aux consonimations dont le resultat se realise dans quclque chose de materiel; mais c'est la , comme je I'ai fait voir plus haut , unc circonstance ab- sohimentindifferente. L'utilite produite peut ne se realiser dans rien de materiel sans que la production en soit moins reelle. Les connaissances qu'un industrieux acquiert an prix de son terns etde son argent ne s'attachent a aucun corps brut, et elles n'en sont pas moins une acquisition tres-precieuse. II en est de meme des bonnes habitudes civiles qu'un corps politique peut faire naitre dans son sein , au prix de la contribution qu'il paie a certains de ses membres qu'il charge de I'administration de la justice, etc. M. Say a done fait, sijc ne me trompe, une fausse classifi- cation dcs consommations productives et des consommations steriles. II devait je crois , mettre au rang des consommations productives toutes les depenses pi'ivees et publiques qui, en satis- faisant les besoins des hommcs , entretiertncnt ou augmentent leurs facultes, et ne compter parmiles consommations impro- duct'wes que les depenses faites sans necessite pour un objet utile , ou les depenses faites tout-a-fait inutilemcnt. Voila bien des reflexions critiques. Je ne sais si elles pa- raitront justes. Je souhaiterais au moins qu'on ne se trompat pas sur le sentiment qui les a dictees^Malgre ces reflexions , je n'en suis pas moins convaincu, avec M. de Tracy, que le Traite _ d'economie politique est encore le meilleur ouvrage qu'on ait ecrit sur la science qui en fait le sujet. II peut laisser a desirer sans doute : je souhaiterais , pour mon compte, quelques recti- fications dans ses principes, quelques additions dans leur deve- loppement, quelques changemens aussi dans la disposition des matieres; mais, tel qu'il est , et dans sa forme presente, je le trouve fort superieur a tout ce que j'ai lu sur ces matieres. Ce n'est j}0 SCIENCES aiORALES millemcn t ledeprccier quo do dire que la science n'y est I) i paifiiitpj 111 complote. Quolauteur, apros avoir traite un sujct, pout se flatter d'avoir mis les choses au point de ne rien laissor a de- couvrir ni a rectifier? II n'est donno a personne d'etondic sa vuc jusqu'aux dernieres liniites d'un ordrc quelconque de coii- naissances. Co n'est pas Irop do la duree des sieclos ot du con- coiirs de Ihunxanito tout entiere pour avancer un pen dans quelque esjicce de recherches que cc soit. Tout ce que pout rhomme le plus fort et le plus eclairo, c'est voir un pen plus loin ou un pcu mieux que ses devancicrs, ct proter scs epaules a ses successeurs pour voir un pcu plus loin ou un jK'u mieux encore. II est impossible de ne pas reconnaitre que M. Say a cu ce pouvoir, ct qu'il s'est place tres-bonorablement dans rechelle des progi es que I'csprit humain a faits en matiero d'economie sociale. Si Smith etait fort en avant do ses pre- decesseurs , M. Say est fort en avant de Smith, et il offrira aux esprits dignes de lui succeder le moyen de perfectionner encore une science aux progres de laquello il a ominemment contribue. B. C. DUNOYKR. Voyage dans la Russie meridionale, et particuUere- ment dans les proi>inces siiuees au-defa du Caucase, fait depids 1820 jusqu'cn 18243 par le chevalier Gamba, consul du Roi a Tiflis (i). Parmi les tableaux que la geographie et I'histoirc prosentent aux regards des hommes studieux et reflechis, il en est pen sans doute de plus interessans que ceux des contrees qui ayant jadis ete, et pouvant devenir encore le theatre d'eveneniens importans, niarquent, pour ainsi dire, les points extremes ou se touchent I'antique barbaric et la moderne civilisation. Si, aux avantages de leur position geographique , ces contrees joigoent ceux qui resultent d'un climat doux et tempore, d'un (i) Paris, 1826 J Trou-ve , imprimeur-hbraire , rue No!re-Dame- dcs-Vicloires , n** 16, 2 vol. in - 8" avec un atlas; prix , Go fr. , et 1 8 fr. sans I'allas. ET POLITIQUES. 91 territoire abrlte centre les rigueurs de I'liiver par de liautfs montagnes, ombrage de forets immenses, arrose de nombreiix cours d'eau et peuple de races igalement reniarquables par leur bravoure et par leur beaute ; alors, la cnriosite, rintcrot rcdoublent, et Ton se dcmande pourquoi les sciences, les arts et I'industrie humaine ont tarde si long-terns a eclaircr de lours lumieres, a embellir de leurs produits, des lieux ou la Provi- dence semble avoir pris plaislr a repandre a pleines mains ses bienfaits. II y a long-tems qu'on I'a dit: de tons les obstacles qui s'op- posent ail bonheur de riioinme, le phis difficile a vaincre est sans contredit I'injuste pretention qui le porte a exiger des plaisirs sans peine, des jouissances sans travail, et une obeis- sance passive de la part des etres faibles que son interet mioux entendu lui ferait un devoir de .proteger. De cet abus de la force resultent le relacheraent des liens sociaux et I'absence de protection publique, ou plutot de goiivcrnement. Cette reflexion s'applique, non-seulement a la plupart des pays ou le mahometisme domine, mais encore a ceux ou cette religion intolerante et exclusive etendit son influence, soit k la faveur du proselytisme, soit par Ic glaive, soit paries lois , alors surtout que cette influence est favorisee ( si Ton pent se servir de ce terme ) par Yinaccessibilite des lieux. Aussi , voit - on que les musulmans les plus farouches sont ceux qui habitent, en Europe, la chainc de I'Hemus; en Asie, cellos des Paropaniisades, du Taurus, et enlin I'isthme caucasien. Kid doute que , s'ils eussent fonde quolqucs etablissemens tant soit pen solidcs dans Ics Asturies, nous aurions aux portes de la France un exemple vivant des moeurs barbares qui caracteri- sent les Tcherkesscs, les Lesghiz , les Ossetes et les Cabardiens , et qii'il ne serait pas necessaire de recourir aux descriptions d'un observateur habile pour nous faire une idee de cos mceurs. Puisque heurousement il n'en est point ainsi, on doit savoir d'autant plus de gre a M. le chevalier Gamba des details dans lesquels il est entre rclativemcnt aux provinces situees au-dola ^u Caucasc, que loin d'aAolr pour objet de satisfaire une ga SCIENCES MORALES ciiriosite frivole et sterile, I'idee dominante de son ouvragc parait avoir etc d'offrir aux sciences, an commerce et ;\ I'indus- tiie du continent eiiropcen dc noiiveanx clemens dc succcs. En effct, on volt par une Inlrodiiction liistorique, rcraar- quable sous le rapport du style, que raiiteiir, frappe des inconveniens resultant, pour rindc|)eudancc dc I'Europe, de I'excessive puissance commerciale do lAngielerre , et seduit par les avantages que presenteraient des communications di- rectes par la mer Noire et par le Danube avec I'Asie, propose de fonder dans le centre et dans I'occident de celte vaste partie du raonde dos etablissomens colouiaux destines a procurer h nos manufactures des debouches libres et surs en cas de guerre maritime, et ii faire parvenir en echange, sur nos marches, les plus riches productions de I'lnde. L'isthme caucasien est la principale barriere qui s'oppose a la frequence de ces communications. Naguere soumis en entier a des chefs plus ou moins puissans, mais toujours ennemis entre eux, ce pays etait moins connu que ne le sont encore aujourd'hui plusieurs iles de la mer du Sud ou certaines solitudes reculees du Nouveau-Monde, lorsque I'influence toujours croissante des Piusscs sur les limites meridionales de leur vaste empire permit a des voyageurs, tels que Gulden- staedt et M. Klaproth , de recueillir des notions precises sur les pays compris entre I'Araxes et le Terek. Ce sont ces notions que M. Gamba s'est propose d'etcndre et de completer, et on peut Ic dire : pen de personnes, dans I'etat actuel des choses, etaient plus a portee que lui de s'acquitter convenablement de cetle tache. Protege par le gouvernement du Roi, favorise par I'empereur et par les ministres de Russie, honore de I'cslime et de I'amitie particuliere de M. le general Yermoloff, M. Gamba avait deja entrepris et termine un pre- mier voyage en Gcorgic, lorsqu'a I'epoque ou fut rendu I'ukase qui avait pour objet d'attirer dans ce pays le commerce et I'industrie de toutes les nations, il fut nomme consul dc France a Tiflis. 11 partit done de Saint- Petersbourg, le i^'^mars iSa-.*, et ET POLITIQUES. 9!^ traversant duuord an sud toute la Russia europeenne, ilparvint avec une extreme rapidite a Odessa, cette nouvelle Salenle qui fut redevable a un Fiancais de sa fondation et de ses premieres prosperites, et qui naguere, simple kerman, ou marche tar- tare, compte aujourd'hui 35,ooo habitans, population qui toutefois semble devoir restcr stationnaire, ou meme decroitre, tant que la France, I'Espagiie ct I'ltalie jouiront d'abondantes recoltes en cereales, et tant que le commerce de la nier Noire n'aura pas pris plus d'cxtcnsion. Profitant du depart d'une fregate russe , notre voyageur se rendit d'abord a Sebastopol, port militaire 011 la Russie compte une quinzaine de vaisseaux de ligne et un nombre proportionne de batimens plus legers. Cette force navale est tres-imposante sans doute ; mais ie defaut de salure des eaux de la mer Noire qui engendre une quantite prodigieuse de vers rongeurs, et peut-etre la mauvaise qualite des bois de charpente amenes a Kherson et a Nikolaiew par le Boristhene , nuisent beaucoup a la solidite et a la duree des constructions. De Sebastopol, M. Gamba vint debarquer sur la cote des Abazes a Sokhoum-Kale, qu'il indique comme situe sur I'em- placement de I'antique Dioscurias, ou les Romains, an dire de Strabon, entretenaient cent trente-quatre interpretes pour les besoins du commerce considerable qui s'y faisait. C'est la possession de Sokhoum-Kale, celle d'Anagri , au confluent de ringour et de Redout-Kale, a I'embouchure de la Khopi, qui depuis la paix de 1812, a fait I'objet des continuelles reclama- tions de la Porte ottomane. Apres avoir passe en vue de Kelassaour, d'llori et d'Anagri, I'une des colonies de I'antique Heraclee de Pont, la fregate russe jeta I'ancre a trois verstes de Piedout-Kale. Malgre la profondeur et la bonte du fonds, cette rade, a peine abritee par des caps eloignes, est loin de presenter une grande surete pendant I'hiver. La vitesse des courans qui, du Phase et de la Khopi , portent toujoui's vers le nord (1), et les bancs nombreux (i) En general, on peut dire que les courans de la mer Noire ^4 SCIENCES MORALES x]m se foiment •'. renibouchurc cic cctte dcrniere riviere, eri rencU-nt rontice Uus-difiicile. NLanmoius, il parait qu'an nioyen onibieuses variations. ET POLITIQUES. ^5 hVait (les motifs d'mie utilitc plus rc-cUe, et fut sans doiite suivi 't\e rcsiiltats plus importans (i). Le Phase a un quart ile lieue de lar;j;c-ur au fort do Rionskaia; c'est sur sa rive gauche qu'est placee la forteresse de Poti, dont la possession, par les Turcs, entrave la navigation du fleuve. Un pen plus loin, vers le sud, on trouve le Gouriel , pays remarquable par la fertilite des lerres et la beaute de la vegetation, mais qui, comma la Min- gielie et I'lmirette, est entiercment convert de forets au milieu dcsquelles on decouvre de magnifiques paturages et quelques portions de terre cultivoes. Ce pays , gouverne par un prince tribulaire de la Russie, offre avec la Mingrelie une grande res- semblance de langue, de moeurs et d'usages. Au sud-est du Phase est le pachalic d'Akhaltzikh , qui forme la limite occiden- tale de la Georgie et de Tempire ottoman. II est veritablement a regretter que M. Gamba n'ait pas eu la possibilite de recueillir un plus grand nombre de details statistiques sur la Mingrelie et la grande Abazie , pays dont I'examen eiit donne matiere a des observations importantcs sous le rapport des ressources que peuvent offrir ces provinces, et a cause du caractere belli- queux et vindicatif de leurs habltans. La description qu'il fait du cortege de la prlncesse de Min- grelie offre une peinture assez curieuse des moeuis feodales qui se sont perpetiiees dans ces contrees, et du bizarre melange de luxe et de grossierete qui distingue ces peuples. « Ce cortege se composait de dix a douze femmes attachees a son service; elles etaient u cheval, comme la princesse, et suivies de trente a quarante princes ou nobles egalement a cheval. Enfm, elle etait accompagnee d'un jjareil nombre de Mingreliens, hommes de service qui ont I'habitude de suivre a pied leurs seigneurs dans leurs voyages, quelle que soit I'allure de leurs chevaux, et meme de traverser les rivieres a gue, ayant sou- vent de I'caujusqu'a la ceinture. « Les femmes portaient presque toutes un nlanteau de drap c'carlate, et sur la tete un chapeau rond en feutre de meme (i) SxK.vB., L. 1 , p. 45, el L. XI, [). 4y8 et 499- gG SCIENCES MORALES couleiir, lolevu ties deux cotes par des gauscs, boide de galoiis et garni d'ornemens et de monnaies d'or ou d'argent. Ccs man- teaux et ces chapeaux ne servont qu'eii voyage et passent d'une generation a I'autre. La hnusse qui sei vait a couviir le cheval de la piinccsse Dadian, etait de brocard d'or et pendait jusqu'a terrc. Dans sa niarche, un seigneur mingrelicn , a pied, tenait son cheval par la bride. « En contraste de ce luxe oriental, Ics nobles qni precedaient la princcsse ayant achete a Kotais de I'esturgeou sale pour leur approvisionnenient, en j)ortaient un faisceau suspendu a ehaque cote de leur cheval, et les esclavcs, tout deguenilles, niarchaient picds nus. Un pope, ou pretre, a cheval, faisait partie de la suite ue la princesse; elle avait aussi avcc elle ses deux fils et leur gouverneur. Parniiles pietons, onremarquait deux secre- taires portant , comme les Grecs (i), a I'epoque de la prise de Constantinople par les Latins, un long encrier de cuivre a la ceinture. >' A I'orient de la Mingrelie, se trouve le royaunic d'Iniirette , dont Kotais ou Cotatis est la capitale ; elle I'etait autrefois de toute la Colchide ; mais il n'existe aucune trace de ses antiques constructions. Notre voyagcur y parvint, apres avoir visite Khopi, Sakharbct, Abacha , Maranc, et traverse la Tskeniskalc etia Goubitskalc. L'Imirette, qui comprend environ 800 lieues carrees en supctficie, est divisee en quatre districts : Kotais, Vacca, Schorapana et Radscha. Sa population s'elevait, en 1821, a 80,793 habitans. De Kotais, comme d'un point central, M. Gamba,accom- pagne d'une suite assez nombreuse, fit plusieins excursions dans les diverses parties de I'Liiirette, dont il deerit les localitcs avec plus de soin qu'il n'avait pu le fairc de la Mingrelie. Son ranglui donnant acces chcz les pi'incipaux seigneurs iniiretiens, il s'est trouve en position d'etudier leurs mceurs, leurs cou- tumeset le caractere de ces hommes a demi-civilises , qui sem- (i) Get usage est conimun a presque tons les hommes de plume, dans le Levant. ET POLITIQUES. 97 ijlcnt n'attendrc que les bienfaits d'un jjouvernement doux et legulier pour s'elevet au niveau des nations les plus policees de I'Europe. Selon M. Gamba, depuis le peu de terns que ces provinces sont souniises a la Russie, on remarque una amelio- ration notable dans les mceurs. « Nous eumes a Optcha, dit-il, plus particulierement I'occasion d'observer que, depuis que la vente des esclaves aux Tares a ete defendue, le pouvoir des seigneurs sur leurs esclaves a cesse d'etre accor-ipagne des formes odieuses qui lui ont merite les reclamations des philan- tropes : il n'est plus que I'autorite d'un chef de famille sur ses enfans, sur les mcmbres de sa tribu. Sauf quelques differences dans I'habillement et les ustensiles de chasse dont les seigneurs ornent leurs vetemens, dans I'ordre qu'ils suivent en voyage et dans leurs lepas , les princes, les nobles, les esclaves sont presque tons confondus; ils vivent ensemble dans una grande intimite , et le service des serfs envers leurs maitres parait tout entier de zele, de devoument et d'affection : aussi, la familiarite entre cux est extreme. » Quoiqu'il exisle encore une grande ressemblance entre les habitans de ces contiees sauvages, tels que Chardin nous les a representes,et tels que le voyageur nioderne les a vus, cepen- dant on a peine a reconuaitre dans ces Imiretiens , aujourd'hui si hospitallers, les descendans de cesbarbaresqui, non contens de vendre aux Turcs les prisonniers qu'ils enlevaient a leurs voisins , livraient leurs sujets et jusqu'a leurs propres enfans pour peupler les harems de I'Asie. II n'est done pas impossible qu'avant peu d'annees I'influence de la Russie et les relations commeiciales que les peuples de I'ancienne Colchide sont ap- peles a etablir avec I'Europe, aient fait entierement disparaitre les dernieres traces d'una barbaric incompatible avec le chris- tianisme, dont ils font profession. Independaniment de son journal, qui, ne renfermant que des notions eparses et locales, lui paraissait insuffisant pour mettre le lecteur en etat de bien eonnaitrc la Mingrelie et I'lmirette , M. Gamba a cru devoir joindre a son voyage un apercu histo- rique et statistique de la Colchide. Selon lui, « la Colchide em- T. xxxiv. — Avrit 1827. 7 98 SCIENCES MORALES brasse le bassiii qui couipioiid uiic partio de I'Abazie, a partir dii defile de Gagra jusqii'au flcuvc Cador, I'lmirctte, la Min- jjrelie et Ic Gouriel. Cette coiitive a environ 45 licuos de lon- gueur inoyenne, depuis la nicr Noiie jusqu'a la crete des mon- tagnes qui la sepaient de la Ivartalinie, ct 35 ;i /,o lieues de largeur moyennc, depuis le pays des Abazes et celui des Soua- nes jusqu'ati pachalic d'Alkhaltzikh. Elle a pour limitcs au nord, a I'orient et au sad, de haulesniontagnes, clau couchant, la met". » Elle fut suceessivoment souu^ise a Cyi'us qui en fit la conquete , a Blithiidate, a Polemon sous les Piomaius ; a Khosroes, si counu des Persans sous le nom de IVoucliirvan ; puis gou- verne par des rois, tributaires d'abord des empereurs d'Orient, et ensuite des sultans de Constantinople. Depuis cette epoque, I'hisloire de la Colcliide est couverte d'une profonde obscu- rite. Seulement, le nom de quelques-uns de ses tyrans et le I'ecit des ciuautes alioces auxquelles ils se livraient entre eux, ont surnage. D'apres ce qu'on salt, on doit peu regietter que riiistoire ne nous ait pas trausmis avcc plus de details les uonis et les faits de ces obscurs despotes, indignes de porter le iiom d'hommes et plus encore d'etre honores du titre de rois. Nous avons suivi , dans cette analyse , I'ordre trace par I'au- teur lui-meme dans la relation de son voyage, bien que sa navi- gation sur la mer Noire et son passage a travers la Mingrelie et I'lmirette soicnt posterieurs a son premier voyage en Geor- gie. Ce fut, eneffet, au mois de mai 1820 qu'il quitta Odessa, oil il s'etait rendu par TAutriclie, la Moravie, la Gallicie, la Podolie et la Volhinie, et qu'apres avoir sejourne quelque tems a Taganrog et a Novotcherkask , capitale des Cosaques du Don, il arriva a Mozdok. Continuant sa route sur Tiflis, il passa par Constantinoskoi, Elisabethskoi , Wladi-Kawkas (for- teresse solidemeut construite dans une belle plaine au pied de la grande cliaineduCaucase), Balta, Laars, et arriva au defile de Dariel, ou, pour parler le langage des anciens, aux portes cau- casiennes. La forteresse actuelle est separee par le Terek du vieux chateau de Dariel. C'est la , s'il faut en croire une tradi- tion conscrvec parmi les habitans, que vivait, dans le moyen ET POLITIQUES. 99 age, line princesse lUi noin de Daiia qui exigeait de forts peages ° 49' parallfele. II est a regretter qu'attendu la rapidite avec laquelle cet ouvrage a ^te imprime (I'auteurdevant hater I'epoque de son retour en Georgie), 11 se soit glisse dans le teste un certain nombre d'erreurs de ce genre , et que les noms propres inscrits sur la carte, ne presentent pas toujours une concordance exacte avec ceux qui sont mcntionnes dans la relation. ET POLITIQUES. io5 peuples giierriers dii, Caucasc. C'etait vraiseaiblablcment pic-s de la ville que se trouvait le defile etroit ou Ton avail place ces fameuses portes de fcr qu'iine tradition populaire croit ictrou- ver aiijourd'hui au nionastere do Gaclaeth , a quinze verstes de Kotais. M. Gamba porte la population de Derbend a sept ou huit millc ames, dont les deux ticis sont Goorgiens ou Persans. Cependant, d'apres lenouveau Dictionnaire geogiaphique pu- blic par MM Piquet et Kilian, cette population serait seule- ment de 4;000 habitans. On y compie, independamnient de la garnison et de radministration russes, six a sept cents Arme- niens, deuxou tiois cents juifs, et quclques Arabes descendans de ceux qui envahirent la Perse dans les premiers terns du ma- liometisme. II se fait pen de commerce a Derbend. Delivre de la fievre dont il avait souffert pendant tout Ic tems de son sejour dans cette derniere \ille, M. Gamba en partit le 27 octobre, et, suivi dune nombreuse escorte de Tar- tares, arriva chez le Tchamkal de Tarkou , qui lui fit la recep- tion la plus brillante. De la, il se rendit sur les bords du Terek , a Rizlar, ville batie en 1706 sous I'imperatrice Anne, pour reniplacer la forteresse de Sainte-Croix que les Russes avaient abandomee, puis atteignit Astrakhan, oil, apres un sejour de quinze jours, il partit pour Taganrog et Saint Petersbourg. C'est de cette capitale que M. Gamba effectua son retour en France, oil il s'est empresse de publier le resultat de ses ob- servations sur un pays qu'il a parcouru parurcnt ses premioios editions, <]u'il rondit do plus on plus elegantes ct soignees. On y volt , dit M. Renouaid, qui ceites est un juge competent, una composition egale etbien entendue,un tirage d'une belle coulcur, et pres- que toujouvs iinifoimc , avec une cncre d'une qualite si parfaite (ju'elle conserve encore tout le brillant de son vernis; bien supericure en cela ii cellc dcs rivaux pcrpetuels des Aide, Ics Junta de Florence, leurs contcniporains. II ameliora la forme des caracteres grecs et latins, et donna aux volumes un format plus commode et plus portatif. II ful aussi I'inventeur de ce caractere qui en Italic porte encore son nom , et qu'il iniagina , dit-on, d'apres I'ecriturc aulographe de Petrarque. Ce carac- tere est employe pour la premiere fois dans la precieuse edition us eu rcudrons quelquefois couipte daus la scctiou des Analyses. LIVRES ETRANdERS. — ETATS-IJNLS. 137 domient a riioinme une siiperioritc de forces encore iiicoiinue dans notre Europe ? Non : toutes ccs merveilles sont le I'e- sultat de quelques verites de plus, de quelques erreurs de nioins, et d'une sage liberie. On no les obtient point par des ordonnances de police , par des probibitionb , par des pri- vileges concedes aiix nns, tandis que le grand nombre est accable sous !c double poids des inipots et des chaines. Vent-on comparer un etat de I'Europe a la republique du nord de rAmeriqne ? qu'on laisse de cote les declamations, le vain bruit des paroles, et qu'on yienne aux choscs : que peut- on, que voudrait-on faire dans I'Etat dont il s'agit, tandis que I'Amerique traverse des chaines de montagnes par ses eauaux, ouvre a travers les forets des routes de plusieurs miiles de longueur, augniente sa marine, remplit ses arsenaux, eleve des forteresses, developpe en meme terns, avec une prodi- gieuse rapidite, tons les nioyens de force et de prosperite publique ? Nous regrettons qu'il nous soit impossible d'entrei' dans quelques details sur les divers projets, sur !a maniei-e dont-ils ont ete prepares et sur le mode d'execution : les rapports des ingenieurs ue sont pas susceptibles d'exiraits; il faut les lire en enlier pour en tirer quelque profit. Tous ces grands travaux n'ont ete ordonnes par le gouvernement ge- ueral tju'apres les plus mures deliberations, et une connais- sance bien complete de I'opinion des homnies de I'art et du vceu des citoyens. Loin d'imposer aux peuples la charge d'executer ce qu'il a concu pour sa propre gloire, le gou- vernement des Etats-Unis ne cede qu'avec une sage lenteur aux desirs manifestes legalement, et conformes aux inter»;ts et a la dignite du peuple americain : il est I'organe de la raisou publique. Ce n'est pas sans quelques regrets que nous reconnaissons quelques-uns de nos conipatriotes parmi les auteurs de ces nobles travaux executes par un grand peuple : mais nous apprenons avec plaisir, par ces memes rapports, que I'Ame riqiie pourra desormais se dispenser de recourir a des talens etrangers; son Ecole de JFest- Point ( voy. une Notice sur cette ecole , Rev. Enc. , t. :!iv , p. 5 ) lui fournit deja des ingenieurs tres-habiles, et dont quelques-uns ont merite d'etre houo- rablement cites dans les actes du gouvernement. 5. — Observations on the growth of the mind, etc. — Obser- vations sur Vaccroissenient de I'esprit humain, par Sampson Reed. Boston, 1826. In-8° de 44 P- Si la perfectibilite de riiomme n'est qu'une illusion de notre amour-propre, il faut avouer qu'on y resistc difficilement, et i33 LIVRES ETRANGERS. iju'oii se rcproclicrait mome tic ne p;is s'y abaiuloiiner qncl- ijiu'Cois. Cette peiisec consolante sest fortiliee j)ar Ics attaqiics uialadioitcs de scs advcrsaires ; on I'a poursuivie, siirloiit dans la deinicre oeiivie de Condoicet, dans le tfstaaifiit plii- losophique de ce vtritable ami de rhiinianite. Que cet ecrit •soit conseive precieiisement; le teiiis approche ou Ton essaieia tifie plus rtcUenicnt son lilie , di-s anccilotcs concernant i'liistorien Gibba/i. Sflon ]\I. ]Jntler, cons^wier douzc annc'es de la premiere paitie de la vie a IVtudc (\u greo et du latin, c'est en faire un deplorable emploi : cette opinion commence \ prevaloir. II rapporte (jue feu M. C. Souley s'adressa, pour la traduction d'une inscri|5tion i^recquc, recemment decouverte, a plusieurs erudits de profession. Les eriulits traduisircnt, mais chacun a sa maniere ; il y avait autant d'inscriptions diverses qu'il y avail d'erudits. Le docteur Parr n'en a pas moins la ferme conviction que la connaissance du grcc doit etie im des principaux objets lie I'ambition de rintelligence huniainc ; c'est ce qui resnlte de plusieurs passages de scs lettrcs. Parmi les reflexions que I'au- tcur joint a ses agreables souvenirs, nons citerons celle qui suit : « En cousiderant la nature et les operations des facnltes intellcctuell'js de I'liommc, il semble que Taction reciproque de I'ame sur I'imagination et de I'imagination snr I'amc n'a pas etc suflisammcrit examinee, et qu'une etude philosophiquc des auteiu's mystiques les plus ct'lcbres pourrait conduire a d'uliles observations sur cet important sujet. » La lectui'e de Malebranche en a deja beaucoup appris sur cette question. Un jeune professeur francais, M. Villemain, contrdjuera sans doute a niettre en faveur un genre d'etudes trop long-tems neglige. R. K. II — * La iCommedia di. Dante Aiighieri. — • La Comedie de Dante Aiighieri, avec des commentaires; par Ugo Foscoi.o. T. I. Londres, iSaf). In-S°. Nous empruntons cet article an Literary Chronicle , I'un des meilleurs journaux hebdomadaires j)ublies en Angleterre. Les circonstances politinues out fait de la lecture du Dante une sorte de besoin pour la nation italienne. Quand les senti- mens les plus genereux de Tame sont comme etouffes, on se plait a errer dans les champs do I'imagination avec un poete qui, done d'un genie brulant et d'une force indomptable tie caractere, chantait les vices et les vertus de son siecle, ot Ian- cant les foudres d'luie eloquence irresistible , faisait palir les laches et les tyrans : on aime a partager la fougue inipetucuse de cet homme extraortlinaire, qui, en peignant les crimes et les passions d'un petit nombre d'indivitlus, apprend a recon- naitre dans ses portraits I'idt^'al des crimes cl des passions ' allusion evidente a I'aff ranch issemcnt des esclaves. Dans la seconde, il fait parlcr Andre Chenier avec une male energie contre le despotisme : c'est, a la verite, contre le regime de la terreur que ses vers sont diriges ; mais, encore une fois, les censeurs sontombrageux, et I'application est facile. Ce recueil, depouille des plus agreables productions de M. Pouschkin, qui i5o LIVRES ETR ANGERS. ctaient les veritablcs et franchcs expressions de ses sentimens , contient ncanmoins encore dcs niorceaux d'uu niurite snpe- rieur; nous croyons pouvoir distingiuT Ics pieces suivantes; elegies: Ovidc , Andre Chcnier , Napoleon , la Mer; epitres a Licinitis , a Jouhovsky , h M. V...., a M. Dch'i^ ct jilnsieiirs au- tres. Quelqucs imitations du Coran sont aussi dignes d'eloges. Notre correspondant nous annonce une tragedie dii nieine aiiteur, intitulee Boris GodounojJ\ comme devant paraitre incessamment , et qui fait deja I'admiration de ceux qui Tout hie en manuscrit. V. Oiwragcs periodiqucs. 14. — * Sinn otetcheslva ; etc. — Le Fils de la Patrie , journal de litterature, de politique et d'histoire contemporaine, redige par MM. Crftch et Boulgarine. N"** 21-24. Saint-Pcters- bourg (voy. Rev. Enc, t. xxxiii, p. 164 ). Ces 4 cahiers, que nous allons rapidement passer en revue, terminent I'annee 1825. Le n" 21 contient d'abord la fin de la nouvelle alleinande, traduite deZscHORKE, dont les 19^ et 20* cahiers, annonces dans I'article auquel nous renvoyons, avaient donne le commencement. Voilii, dans ini volume d'environ 400 pages , un seul morceau qui occupe plus d'un quart de ce volume, au prejudice d'autres articles plus substanliels, ou du inoins originaux. — Le 2* article de cc cahicr est un extrait de XHistoire d'ltalie, de 1789 h 1814, par Ch. Botta, tra- duite de I'italien, et ayant pour litre : Siege de Genes , en 1800. — Le 3* article est la traduction de celui que M. Ch. Renouard a consacre, dans notre recueil, a I'ouvrage de M. Degerando, intitule : Du nerfectionnement moral (\oy. Ret'. Enc, t. xxvi, p. 671 ) ; cet article eommencait dans le cahier precedent. Un li^ article est sacrifie a une petite guerre de plumes entre un des redacteurs, M. Oucharof, et les editeurs de la Mnemosyne , et un 5*^ contient la revue des derniers evenemens politiques. Le n" 22 nous offre d'abord un fragment de I'ouvrage an- glais : the S/,etch boo/.. — Le 2* article de ce cahier est un fragment d'une lettre de M. Rileief, ayant pour titre : Quelques idees siir la poesie ; I'auteiir y jette un coup-d'ceil svir les debats des classiques et des roinantiques , auxquels les Russes ne sont pas restes etrangers, et qu'il appelle, comme nous, une querellc de mots. Son opinion et la notre sur cette quercUe oiseuse peuvent se resumer dans ces deux vers d'une comedie moderne : Delivres ii jamais d'une etroite prison, Sortez dc la routine, et 11011 de la raison. //<'.$ Deux Ecolcs , actc 2'', scene 7''. RUSSIE. i5i — Le 3*^ article du mcme c.ihier contient quelques critiques fondees sur le Dictionnaire francais-rus.ie de Tatischef, dont le libraire Glazoiinof a entrepris la reimpression. Ce diction- naire est la traduction de celui de rAcademie francaise , et I'aiiteur de I'article fait observer, avec raison, qu'en publiant line nouvelle edition de cette traduction, on aurait du la rec- tifier et la completer, au moyen du Dictionnaire de Boiste. Nous passons, sans nous y arreter, sur un article de polemique litteraire qui suit immediatement, pour signaler, sous le titre de Situation des Grecs , un resume asscz bien fait des trois articles que M. de Sismondi a consacres dans notre recueil a' Texamen des historiens de la guerre actuelle des Grecs (voy. Rev. Enc, t. xxvi, p. 382 et 7o3, et t. xxvii, p. 6i). Nous trouvons, apres un nouvel article de polemique litteraire entre les editeurs du Fils de la Patrie et celui du Telegraphe de Moscou , le recit d'une fete donnee a la princesse Galitzin, a laquelle un grand nombre de vers francais , dans le gout der ceux que nous allons citer, ont ete presentes : Le Ciel , vous distinguant de tant de mortelles , A , de toutes vertus compose votre dot ; Distribuez ces bagatelles , Vous possedez le plus beau lot. — Ou doit justement s'etonner que, dans un pays oii Ton a dit, avec raison, que se retrouveraient le gout, les belles manieres et la langue du siecle de Louis XIV, si les Francais pouvaient jamais en perdre la tradition , les redacteurs d'un recueil lit- teraire , qui devraient etre les mainteneurs du bon et du beau , chargent leurs feuilles de pareilles inutilites. Le 23"= cahier s'ouvre par un discours, en forme de sermon, prononce a I'occasion du renouvellement du choix de la no- blesse de Rharkof. Le "i." article est la Biographie de Lesagc , traduite de I'anglais, de Walter Scott, et le 3«, un fragment de I'ouvrage de M. Degerando, cite plus haut. Le 4'^ article offre un extrait d'un ouvrage de M. Bronevski , intitule : Voyage de Trieste a Saint- Petershourg , et le S'^la traduction, par M. Yakovlef, d'un article de journal allemand sur I'augmen- tation du son , au moyen de tubes acousliques, qu'on pent adapter aux amies, pour les employer aux divers signaux et rappels militaires. On nous permettra de nous arreter un instant a I'article suivant, qui reuferme quelques observations sur I'analyse que nous avons donnee des fables de Krilof traduites en -vers fran- cais et en vers italicns. Nous avons fait connaitre I'accueil que 153 LIVRES ETRilNGERS. cette analyse avail recue dans les journaux russes, qu'und'eus entrc aiitres (le Telef^raplie de Moscoii) a reproduite en entier dans ses feuilles; nous devons faiie connailre aussi les critiques auxfjuelles elic a pu donner lieu. On "nous reproche d'abord, connne supeiflue, notie definition de I'apologue, que nous avons quaiifie, avec Florian, de petit diame, qui a sun cxposiiion , son nopud et son denouement ; on observe que cette definition pent s'appliquer egalenicnt a tons les genres de composition : nous ne conteslons ])oint le principe; mais c'etait, en qnelqne sorte, une precaution oraloire, qui n'etait pas inutile, puisque ,nous avions a prouverque quelques-unes des fables de I'auteur manquaient a. cette condition cssenlielle du genre. On se recrie sur ce que' nous avons avance que les premiers poetcs russes, venus trop tard pour se creer une litterature toute nationale, avaient du prendre les lettres an point ou elles etaient parvenues en Europe: c'etait indiquer, d'une maniere detournee ,le penchant des auteurs russes pour les imitations des ouvragcs etrangers et le pen d'originalite de leurs produc- tions ; un de leurs compatriotes a pris soin de repondre lui- meme pour nons dans ce rccueil [voy. notre Analyse de \' An- thologie riisse , de M. Dnpre de Saint-Maure, t. xxxii, p. 377). On s'etonne, avec queUpie raison pcut-etre, qu'un etrangei jugcen dernier ressort le style d'un auteur pen conn uniemede la plupart des Russes; mais nous avons ete guides dans notre jugement sur le style de Soumarokof par plusieurs litterateurs nationaux distingues : nous avouons n'avoir pu le lire aisement, tandis que nous avons hi avec plaisir et sans aucune difficultc- les ecrivains russes de la meme epoquc, et notre critique lui- menie reconnait qu'on ne le lit guere aujourd'hui en Russie. En nous remerciant de I'entiere justice que nous avons vendue aux fabulistes Khemnitser et Dmilrief, on laxe d'un peu de severitc le peu d'observations critiques que nous avons adressees h Krilof, sur le tenioignage d'un poe'te son compatriote et son ami ; c'est vouloir reduire la critique a n'etre plus qu'un IVoid panegyrique. Pom- repondre an reproche que nous lui faisons de pecher quelquefois par le defaut de vraisemblance dans Taction, on nous cite quelques fables de La Fontaine, ou Ion trouve le meme defaut; mais c'est ime excuse banale. Et, lorsque sur autrui Ton veut se modeler, C'est par le beau cote qu'il Jui faut ressembler. On appelle de I'arret que nous avons portc sur les trois fables intitulees : la Soupe au poisson, le Cochon et Ic P eigne. II se pent que les images presentees dans ces trois fables ne bkssenf RUSSIE. — DANEMARK. i53 pas la diilicatesse de toiis les Riisscs; mais le g(jut fiaiicais c!e- vait cu faire justice, et nous avons insiste siirtout siir I'incon- venance des tableaux que nous offre la traduction. On nous signale enfin quelques-unes des imitations que nous aurions du, nous dit-ou, citer parmi les nieilleures : mais, d'abord, nous n'avons pas pretendu citer toutes cellcs dont I'execution est satisfaisante; ensiiite, les redacteurs d'un recueil qui ont ad- mis des vers semblables a ceiix que nous avons rapportes plus liaut nous ont peut-etie donne le droit de nous defier un pen de leur gout. Nous n'avons pas dissimule un seul des reproches , asscz peu importans, comme on le voit, que nous onl fails les editeurs du Fils de la Patric. lis ne veriont, sans doute, dans ces o!)servations, aucunc recrimination de notre part, mais le desir bien naturel de justifier I'accueil que nos travaux sur la litterature russe ont obtenu parmi eux.Ledernier article de ce aS" cahier est traduit de I'anglais, ct a pour titre : Caracteres des me mires el des orateurs Les plus distins^ues du Parlement d' Jngletcrre. Le iti'^ cahier contient: i° un fragment du Sketch book ; diRviNo; 2° la fin de la Eiograp/iie de Lesage ; 3" un article sur le Sjsteme de defense de la Grande-Brelagne , extrait de rouvrage de M. Cli. Dupin : Force militaire de la Grande- Bretagne ; 4" des extraits de journaux etrangers (francaiset prnssiens) relatifs 11 la mort de I'empereur Alexandre. On voit que nous pouvons appliquer aux editeurs du Fils de la Patrie eux-memes le reproche que nous avons fait aux ecri- vains russcs, en general, de manquer d'originalite; c'est un peu dans le but de les en convaiucre que nous avons euTimere tous les articles des quatredernierscahiersdc leur journal ])our 1825. Nous pensons, d'ailleurs, que cette niarche est tres-propre a faire connaitre I'esprit d'une litterature etrangere, dont les ecrivains periodiques doivent etre les rap|)orleurs fideles. Cependant, si par la suite, comme nous en avons I'espoir, nous avions un plus grand nombre de journaux russes a analyser, nous nous bornerions a citer ce que nous trouverions de plus utile et de plus interessant, pour remplir le peu d'espace qu'il nous est permis de consacrer dans ce recueil a nne litterature qui n'a pas encore acquis pour nos lecteurs le degre d'interet que peuvent leur offrir plusieurs autres litteratures de I'Eu- rope. E. Hekzau. UANEMARK. i5. — * Ursigt ower Nordens KregSK-cesen. — Apercu de I'etat militaire duNord, principalement decelui du Daneinark pen- i5/, LIVRES ETRANGERS. dant Ic nioyen age, jusqu'a Tcpoque do I'emploi de la poudre dans Ifs gucircs du Noid, par M. Jahn, capitaino an corps dcs cliasseursdeLaiicnboiirg. CopciihaLrnc, i.S26.In-8° do 480 p. La littcraturc liistoiiqiie du nord rcclan:ait dcpuis iong-tems tin expose coniplct dc I'ctat niilitairo dcs anciens Soandinaves. IVl. Jahn vient de rcmplir C(>tt:e lacuiie. La jircinierc section do son oiivrago tiaite dc la maniere dont se recrntait rarniee, et des differeutcs sortes Si Ton persistait dans I'usage de ces sortes de dedicaces, il faudiait au jiioins les adiesser convenablement, et choisir une classe ou un ordre particulier dc vegetaux pour le consacrer au botaniste qui, par des observations et des docouvertes interessantes dans cettc partie, aurait pu.meritei- cette sorle d'imniortalite. C'est peut-etre ici le lieu de dire quelques mots sur les noms imposes aux plantes par les liabitans des lieux ou elles croisscnt. Trop souvent, ce sont des mots peu sonorcs, peu agreables a iios oreillcs, conime on en voit des exemplcs dans I'ouvrage d'ANiiLET (^Histoire dcs plantes dc la Gaianc). Quel avantage nous donnent-ils pour la connaissance dcs plantes? Cependant, beaucoup de noms latins ct grecs furent originairement des mots d'une province; ils furent cmpruntes :i un dialectc, peut- etre a un patois, ce qui nc les a point bannis de la langue de la science. La mythologie a fourni aussi des noms tres-conve- nables pour I'liistoire naturelle; et cette ressource n'est pas epuisee pour la nomenclature botanique. i2. 1 8. — * fVorle aus dein Buche dcr Biicher, etc. — Paroles extraites du Livre des livres, ou Pcnsees du prince N*** sur la marche de I'univers et la vie humaine; puJjliees par le docteur Auguste - Guillaume Tai'pe. Dresde, 1824 ; Arnold. In - 8" de XVIII et 216 Images. Quoique tardive, I'annonce de ce livre, qui a paru il y a plus de deux ans, ne laisse jjas d'avoir une sorte d'i\ - propos. A I'epoque ou nous vivons, un prince qui fait profession de ])liilosophie, qui proelame et defend les principes de la justice et plaidc la cause de la litterature et des livres, en se presen- tant devant le public avec un ouvrage dicte par ua noble esprit d'indepcndance, rempii de sentiniens eleves, offre u plusieurs peuples du moins un spectacle instructif ct memo piquant. Place sur le theatre du grand raoude jusqu'a I'age de /|0 ans, pres de se voir charger dun role brillant apres avoir parcouru avec distinction dans sa palrie les carrieres mili- taire et civile, leprince N*** sesentit irresistiblement entraine loin du tourbillon du monde et des affaires, vers les regions calmes et pures des meditations philosophiqiu-s. II abandonna volontiers a d'autres la route des succes, afiu dc suivre lui- meme, .separe de la foule, lessentiers de la verite. II obscrva ALLEiAIAGNE. iSg dans dc longs voyages les pricipaux pays de rEuiope ; en les conipaiant, il acquit une connaissancc plus approfondie des homnies et des peuples ; les mouveuiens et les ressorts de la vie sociale fixeient principalement ses regards. Cost le fruit de ses reflexions et le resultat de ses observations que son tidi- teur, M. Tappe , a mis au jour. L'ouvrage, tel (jue nous le possedons, est en partic une traduction faite par I'editeur, i'auteiu" ayant ecrit ses pensees dans trois langues differcntes. Par le Livre des lU'res , i! eutend la nature ; racception dans laquelle il prend ce terme si vague, est dcteiuiinL-e par les quatrc mots de son epigraplie, Dieu , VUnivers , VOrdre , la Justice; le d(nelop[)ement des quatre idees qu'iis expriment forme I'ensemblc de sa philosophic. Partout il remonte, avec des sentimens d'adoration et de reconnaissance, au Principe intelligent de toutes choses. \JUnwcrs phvsique, intellectiiel et moral est, dans son ensemble, Ic reilet des attributs du Grand Etre et la manifestation conslante de son action. L'harmonie parfaite qui unit toutes les parties de la vaste machine du monde et en determine les lois, constitue Vordre, expression de I'unitu de rinlelligence creatrice. La grande diffeience qui separe, des etres inanimes on passivement soumis a la loi de I'instinct, les ctres libres etmoraux, rend neeessairc une de- nomination specialc pour I'ordre qui regit ces derniers : cet ordrc particulier qui preside a la destinee deshommes, comnie individus ou comme peuples, c'est la Justice, dans le sens le plus etendu de cemot; loi invariable dans ses effets, mais pour I'observation de laquelle Dieu a voulu toutefois le libre concours de I'homme et- de la societe. La s'arrete le systeme philosophique del'auteur, systeme juste dans ses parties prin- cipales, mais incomplet,puisqu'il ne nousmontre aucun moyen de faire rentrer dans I'hai monie generale une partie vaste et importante de I'univers, le desordre moral. Le ehristianismc seul a rempli cette grande lacune de taut de philosophies hu- maines, en satisfaisant aux conditions de la logique la plus severe et de la metaphysique la plus absolue. Or , dans le livre que nous examinons, la religion chretienne et son auteur ne sont pas meme nommes, si ce n'est dans I'eloge qu'a fait de ce livre le celebre professeur de Schloszer ( p. vii ), peu difficile sans doute en matiere de christianisme. Si nous ecrivions pour un journal specialement destine aux sciences phiiosojdiiques , nous entrerions dans quelques-uns des developpemens de la doctrine que notrc cadre nous a forces de reduire a sa plus simple expression : nous montrerions comment le prince N*** deduit de I'aspect varie de I'univers la loi dela plus vaste tole- c6o LIVRES ETRANGERS. lance ( p. i6 ); comment il condamne, au nom do riiannonie (111 monde ct dc la justice socialc, Tegoisme dcmagogiqiie, minisleiicl on couronne; qnicoiiquc attaque In vie de la societe dans I'linc de ses sources apparait, dans I'ordre moral, te! qn'un monstre dans I'univcrs physique. Nous verrions encore le noble eciivain combattie, avec la chaleur et I'elevation dc sentiment qui est an de ses caracteres, ce principedes recom- penses exterieures qui ne prod nit que la passion toutc terrestre des faveurs et des succes, passion que I'opinion dn monde et Ics travers de I'education substituent trop habitucllement h I'amour pur ct desinteresse du bien. Nous avons parle d'un systeme de philosophic; cependant, rien n'est moins systematiquc, en apparence, que la forme du livrc, objetdecetle analyse. D'apres iinc lecture superficielle, on ])ourrait le croire compose d'apliorismes detaches, et il semblc que les titres spirituels , mais bizarrcs, des chapitres soient malicieusement destines a inituire dans ccttc erreur le lecteur etle critique et a mellre leur .sagacite a I'eprcuve. Avec un pen plus d'attention, on decouvrc .sans peine que I'auteur n'appartient pas a I'ecole de ces ecrivains qui mettent tant d'esprit dans leurs titres qu'il ne leur en reste plus pour les ouvrages memes. Toutes les pensees de notre philosophe ne sont pas cgale- ment neuves; mais il a imprime a toutes son cachet, en se les appropriant par la meditation. Quelques-unes de cellcs que Ton a deja rencontrees dans les regions de la philosophic et dela Utterature se sont peut-etre glissees pour la premiere fois dans la region socialc oii ce livrc a ete compose. Nous regrettons de ne pouvoir en citer un grand nombrc, aiissi remarquables par !e fond que piquantes par la forme. Nous ajoutcrions a ces citations queiques observations critiques, afin de prouver a I'auteur par notre francliise la sincerite de I'estime que son volume nous a inspiree. En finissant, nous appelons de tons nos voeux la publication de sa correspondance inedite avec des hommes d'elat, des savans etdes artistes ; mais nous devonsen meme terns exprimer le desir que la correction typographique de la partic francaise soit mieux surveillee que dans I'ouvrage ec plus de succes que la litterature , et quel sereiit le inoyen de favoriser au ine'me degre Cetude des lellres anciennes ft niodcrnes ? Memoire qui a reinporte le senl accessil tlecerne a Geneve au mois de decembre 1826; par Adolphe Peschieb. Geneve, 1827 ; Barbezat et Uelarue. 111-8" de iv et 5o pages; prix, 2 fr. On a conteste I'a propos et I'litilile de la fjiiestion traiti'e dans cetle brochure. Un savant piofesseur, M. Hcmbeut, a pretendu , dans le Journal de Geneve , que la litterature n'etait point aussi completement negligee dans sa patiie (pi'on vonlait bien le dire. M. Pescliier s'etail ex|)iime ainsi : « On ne petit se defendre d'un sentiment de surprise en voyant (|u'a Geneve , oil I'industrie nationale fait chaijne joiirde nouveaux progies, oil le genie intcllecluel agr.;iKiit sans cesse le duniaine dis SUISSE. . 1 6() sciences et miiltiplie !es coiiquetes des arts, la liitcraiiire seiilc est fruiticnieiit acciu-illie ct seii)l)le frappee d'niRMiiortulle laii- giieur... W.'is poetes niaiKpient d'imauinalioii ct d'entliousiasme; iious sommcs inliabiks a manic r !c poii^naid de Melpomene, et a corrii^er en riant Ic siecle et s<.'S travers. Niil de nous n'a su prendre nn vol hardi vers les hauteurs de la poesie ly- riipie. » M. Humbert t epond « tpie la liOeratiire ne se borne pas a la |)oesie, qu'eile enibrasse le champ de I'histoire propremeut dite, et de Thistoire litteraire, le champ de relocjuence et le cliamp de Terudilion. » II ajoute : « Comaient se fait - il que I'aiiteur dn ftlomoire, appele a exposer et a devclopper I'etat actuel de la litterature genevoise , ait passe sous silence les reciierches hisloriqncs de MM. Si.smondi, Paul-Henri Mallet , Picot; les Ecrils poliliques de MM. Lullin de Chdteauvieux ei Eiienne Durnont; les traductions et les ouvrages orijjjinaux de Pierre Pre\'ost et de Charles Pictvt; les sermons de Cellerier pere ;\es travaux d'erudilion de MM. Cellerier Jils , Louis Vauclier, Adolphe Pictet, Andre Deluc? Tons ces ouviages , tons ces noms auxcjuels il failait juindre ceux de MM. Bons- tetten, He^s et Simond , prolesteiit hautement contra les de- tracteurs de notre litterature. Une ville ou Ton imprime sans interruption des ouvraj^es d'liisloire et de politique , d'erudi- lion grecque, latine et liebia'i(|ue; une ville oii relo(jucnce di; la chaire obtient d'eclatans siicces; une ville ou se public de- puis trenteans un desiiieilleurs journaux de rEurope(la Bihlio- tJieque britannique) : une telle ville n'est pas aussi dechue qu'on parait le croire; et quand nous ne mettrions dans la balance aucuu de nos artistes el de nos savans, nous pourrions encore livaliser de gloire avec loutes les villcs de France, fxccpte Paris. )' Personne ne refuse a la patrie des Saussure et des Pictet un rang honorable parnii les cites les plus eclairees de i'Eu- rope; mais, sans adoptt-r dans toute sa rigueur la proposition soutenue par M. Pescliier, on pent etre curieux de rtchercher avec lui a quelles causes doit etie attribuee I'absence d'inspi- rations poeti(]ues cluz les (jeuevois, et lire avec inteiet la pre- miere partie de son Essai, oii il Iraite de I'infltiencc du carac- tere national, des moeurs et des institutions sur la litterature de son pays. P^ut-elre, apres avoir prouve que la gravilc reflechie, que le penchant a la critique et a la laillerie sont les traits caraeteristicpies de la constitution morale de ses coni- patriotes; apres avoir demontre qu'a Geneve I'absence de be- nefices attaches aux tiavaux litleraires, le pen de considera- 170 LIVRES £TR ANGERS. tiou accorde ;\ rotiide de la littoratiiie, riiiftuonco dos idoes relii;iciiscs et do iVspiit de coterie , ie defaut de relations so- ciales eiitrc les deux sexes, luiiscnt au developpemciit des facultes poetiqnes, M. Pescbier ne propose-t-il , dans sa se- con(!(! partie , 'a pasete accorde aiix babitans des bords (ki Leman , les concours que propose M. Peschicr ne reveilleronl pas un entbousiasnie qui est resle muet si long-teuis devant les riantes collines du pays de Vaud et les cimes niajestueuscs du Mont- Blanc. Du reste, empressons-nous, li rcxemple de M. Humbert, de rendre justice au talent de M. Pescbier. Son Memoire, ecrit d'nn style aise , noble et elegant, prouve que les saines eludes litteraires trouvent encore des adeptcs parmi les babi- tans de Geneve. <*■ ITALIE. ay. — Rerum Polonicarurn, etc. — Des affaires de Pologue depuis la mort du roi Etienne jusqu'a la captivitc de Ma.ximi- lieu d'Autricbe; en un seul livre public avee des additions par Scbaslien Ciami'I, correspondant litteraire du royaume de Pologne, en Italic. Florence, 1827; J. Galetti. In 8" de xii et 108 pages. M. Ciampi continue a justifier par de savantes recberches le discernement de ceux qui Tout attacbe au service litteraire tie la Pologne. Nous avons eu soin d'indiquer scs nombreuses publications jjreeedentcs, relatives a cette contree: celleque nous annoncons aujourd'bui n'est pas moins precieusi;. Le ma- nuscrit original annonce treize livres,'ce qui indique qu'une por- tion considerable de I'ouvrage est perdue, ou peut-etre ne fiit jamais composee. II est anonyme, mais I'editeur donne des rai- sons plausibles pour I'attribuer a Jean-Michel Brulo , bisto- riographe d'Etienne Batbor, roi de Pologne. Le sujet de cette narration est d'ailleurs plein d'interet; elle renferme ce qui se passa a I'election de Sigismond, prince de Suede, qui suc- ceda au roi Elienne, mort Tan dc J.-C. i586, et qui eut j)our conCTirrcnt le prince Maximilien d'Autricbe. Cette cbronique ITALIE. 171 (I'liii toiiioin oculairt; ct bien iiifonnc doit otrc rangce dt-sor- niais ail nouibie dcs plus procieux mateiiaux que poiirra con- sultcr riiistorieii de la i'oloijne. A. M. 28. — * Proposta di alcune corrczioiii ed aggiitnte al T^oca- holario dAla Crusca. — Projct d(; quelques cortcclioiis et addi- tions pour Ic Focabutaire de la Crusca. T. III. Milan, 1824; I'usi et Stella. In-8". Se vend a Paris , chez Aillaud. Dans cct ouvraj^o, qui a ete jusqu'ici le sujet de tant de cri- tiques et d'un plus grand nombrc d'eloges, M. Monti a eu sur- lout pour objet de rectilier diverses erreurs trop long-tenis consacrees, et d'approprier la langue italienne aux nouveaux bcsoins du siecle et de la civilisation. Ce genre de recherches et de discussions n'est pas nouveau chez les Italiens; depuis le Dante, on les renouvelle de tems en tems avec la meine ar- deur que s'il s'agissait des interets les plus sacres de la patrie; sans doute, le culte de la langue nationale doit devenir bieu cher, lorsqu'il n'est pas permis de se livrer a d'autres soins encore plus graves et plus importans. On ne peut cependant so dissimuler que ces disputes, ainsi que tant d'autres, n'aienl scrvi ordinairenient qu'a multiplier les diflicultes et les contra - dictions. La plupart de ceux qui se melent a la qnerelle s'ecar- tent du sujet reel de la discussion, parce qu'ils ont oublie de le determiner, avant de commen-cer leurs att;iques. Combieii de livros et de debats on aurait epargnes, si Ton avait tran- quillement examine les questions suivanles : Quel est le genie dominant de la langue italienne? Dans quels ecrivains vraimenl classiques faut-il en chercher le veritable caractere? De tous les dialectes italiens et de lous les ecrivains de I'ltalie , quels sont ceJui ou ceux qui se sent le plus rapproches du type gene- ralement reconnu de la langue italienne ? Puisqu'on ne peut j)as arreter les alterations d'une langue, soumise, comme toute autre chose, aux lois du caprice et de la necessite , (juelle est la meilleure methode a suivre pour eviter dune part les abus de ce genre, et pour seconder, de I'autre, les progres de la pensee ? L'e.Kamen et la solution de ces problemes, exposes avec precision dans uu petit nombre de pages , feraient oublier la foule de volumes insignifians publics jusqu'a ce jour et pcut- etre delivreraient pour I'avenir les Italiens du relour d'uu pareil fleau. Tels sont les avautages que nous fait csperer I'ouvrage de M. Monti. En developpant les principes du comte Perticari, dont I'ltalie regrettera long-terns la perte, i1 a enrichi un sujet naturellement aride et fastidieux de traits vifs et piquans, de I'cmarques neuves ct judicieiiscs, propres il nous faire miens. 17* LiVREs Strangers. connaitre ft apprt'cier le vrni gtnie de la lan^iio i(alioime et (les ecrivains a qui cWc doit scs [)lus beaux modcles. Parfois, 1 auteur eiidx-IHt iin exanicn i^raminatical uti pcu svc. ot mono- tone par dos passai^cs (i'litu- cl()<|Ucnco roduir<\ Ouaiit au style, nous voii- drions pouvoir Ini donuer les memes eloj^'es qii'au r<)nd des idees, a r(Mis<-ml)le dn plan et a la partie materielle clu livre. On pcut rej)roclier a M. Cimoielli de I'affeetniion et de la raideur. Le lour de sa phrase nest pas en general assez lil)re , assez aise; et tout en paraissant s'attaclier a reproduire les formes de lan!;ai;e observees dans le xiv^ siecle , il nc laissc pas fi'employer parfois des expressions que I'aiilorite des bons eerivains n'a pas encore consacrees en Italic. Ces defauls nean- moins devant disparaitre . Enc, t. xxxii, p. !\ii); I'autre est une lepetition de ce qu'on a souvent debite sur i'ouvrage du celebre Cabanis : Rapport du physique et du moral de Vhornrne. L'abbe Bruni, auteur de ce iiienioire, oubliant les scntimens philosophiques et religieux dont I'ecrivain francais avait, de son vivant , fait I'aven dans une lettre adressee a iin de ses amis, etdepnis imprimee ( Paris, 182/1 ), s'efforee de donner a (pielques passages les interpreta- tions les plus odieuses , et qui sont en contradiction evidentc avcc tout le systemeintellectueljCt plus encore, avccla eonduite morale de Cabanis. Reconnaissant nne premiere cause eternelle et toute-pnissante,ce philosophe, aussi niodeste que sage,n'a jamais pretendu la qualifier et la determiner, an moyen des subtilites scolastiques qui prouvent seulement I'ignorance et I'orgueil de quelques docteurs. Aii lieu de se perdrc dans le chaos des dissertations, trop souvent vides de sens, sur la na- ture de la matiere, de I'esprit et des causes premieres, il s'atta- chait de preference a cette partie de la religion moins specu- lative et plus pratique qui se borne a honorer laDivinite, au lieu de cliercher a analyser son essence. Pourquoi done M. l'abbe Bruni se plait-il a confondre Cabanis avec Spi/iosn , Hobbes et d'aiitres ecrivains qu'i! appelle sophistes? Si Ton voulait user du memc systeme d'interpretation a I'egard de quelques phrases isolees, choisies dans les ouvrages dc ceux qui ont traite de I'esprit, de la matiere et des causes premieres, il en est bien pen qni echapperaient aux severes, niais injustes conclusions que Ton n'a pas craint de porter sur les doctrines d'un homme qui lionora son siecle et son pays. 32. — / Romani e i Francfsi, etc. — Les Remains et les Y\'t[XiC3i\s. Deuxieme edition. Udine, 1826. In-S". L'auteur, indigne des altaques que les etrangers dirigent sou- 176 LIVRES KTIIANGFJIS. vent contrcla f;lnirc littrraiie dcs Italit-ns, s'crforci' de comparer Iciii- iiKM'itc ,sciciuin((m; avcc rcliii drs Ffancais. II r('|)ro(Jiiit la plupart (Irs <)l)soivatioiis (iiic I'oii avail faitos avaiit liii. II /T!«t>/ Bartoli. Milan, 1826; Silvestri. In 12. Les Italiens fontbeaucoup de cas des ceuvres et du style du P. Bartoli, ecrivain distingue du xvii^ siecle. A Texeniple du celebre Redi, (|ui avouait avoir appris dans les ecrits de Bar- toli a connaitre les beanies de sa langue, MM. Monti , Giordani et d'aulres (jui jouissent d'une certaine autorite litteraiie, ont recommande de plus en plus I'etude de cet ecrivain. On a |)Ius tard imprin)e a Plaisance et reimprime a Turin, la longue His- toire de la societe des jesuites , jiubliee pour la premiere fois a Rome en i65o et 1673. Cet ouvrage comprend six gros vo- lumes in-folio; ce qui doit effrayer beaucoup de personnes, qui , tout en desiranl etre initiees aux secrets de leur langue par la lecture des beaux modeles, ne peuvent pas lui consacrer tout leur tems. Aussi, des critiques judicieux ont-ils fait un choix des niorceaux les ])his interessans de cet elegant histo- fiographc. Nous recommandons siutont les Prose scelte re- ITALIE. — PORTUGAL. 177 eueillis par M. Gamba. Le recucil que nous annon^ons peut egalement servir aux personnes qui otuilientla lanj^ue italienne. F. Salfi. PORTUGAL. 34- — * Colleccao de nodcias para ahistoria, etc. — Col- lection de notices pour i'liistoire et la geographic des nations d'outre-nier qui viventdans Ics possessions porlngaises, ou qui en sont voisines. Tome iv : n" i. Lisbonne, 1826; impriinerie de rAcademie oruin , et le savant lioliandais ie place an lieu nomme aujoiird'liiii JVoorburg , position que le geograplie Danville avait deja determinee. Un pave en mosai(pie , des debris de statues, un tamis en or, une grande qiiantite de niedailles d'art^ent de differens em- pereurs roniains , une lainpe, une xuiie cineraire , des bijoux et d'autres objets preeieux, etc., des niedailles du bas empire et des monnaies fiappees sous Charlemagne , jirouvent (|ue cet etablissement ii'etait pas sans importance, qu'il a subsiste jusqu'aux tems carloviugiens , et survecu h. la destruction du j)agauisme. On ne pent douter que des fouilies suivies dans cet endroit, et dirigees jiar des hommes instruits, ue procurent des resultats tres-satisfaisans et n'eclaircissent Ics incertitudes qui restent encore sur I'etenduc de cet ancien lieu de com- merce. N. L'h. l\i. — * Vlnvalidc , on l' Jmi dujeune age , par G. C. Ve- RENET. Amsterdam, iS'^G ; G. Porsiclje. In-i8 de xiv et 244 |)ages , avec six jolies gravures. ^Jlnvalide , ou V Ami du jeiine age , est un livre charmant; il respire la morale Ja plus pure , et je ne crois pas que M. de Jnssieu, I'auteur de Simon de Nantua , de Pierre Gibernc , ait ricn fait de mieux. Victor, officier-general , apios avoir cueilli des lauriers sur tons Ics points du globe, vit heureux a la cam- pagne , an scin d'une famille adoree; deux jolis enfans, Jules et Marie, sont eleves sous ses yeiix : le bon homme Gerard , ancien sergent, est devenu le factotum de la maison ; il s'oc- cupe du soin d'amuser les enfans dc son maitre; et, pour former leur jeune coeur, il imagine ime oplicpic morale qui leur presente , divisee en 24 tableaux, toute sa vie, liee par plusieurs evenemens a celle du general Victor. II en resulte un interet qui se gradue avec beaucoup d'art ; des reflexions tou- jours justes et naturelles en offrent lamoralite, satis aucuije trace de pedaiitismc. L'ouvrage est termine par une exceilente notice historique et geographique sur le Canada. A quelques mots inusites pres , on ne se douterait point que I'auteur ecrit dans une langue etrangere. Cet auteur est M. Verenet , liirec- teur d'un etablissement d'education a Amsterdam (i). Si co (i) Cet estimable instituteur , qui , pour mieux surveiller ses eleves , n'enadmetpas aii-dela de (rente, demeure a Amsterdam , Prinsgracht, eiitre le Ree et Beerestaat, n" 294. 1 86 LrVRES itTRANGERS — LIVRES FRAWCAIS. pensionn.1t ii'etail doja connii sons les rapports les plus avan- laj^enx, I'lnvaUdc deviendrait pour lui , jo pense, un excellt-nt prospectus. Stassaut. UVRES FRAN CMS. Sciences physiquex et natuielles. l\S. — De la medecine consideree comme science et cointne art; par P.-//. Duvivier, officier de la Lei,'ion-d'Houneur, etc. Paris, 1826; Gabon, rue de I'Ecole de-MeJecine. In - 8° de 3go pages; prix , 5 fr. An premier coup d'oeil , il semble que les questions trait^es dans ret ouvrage n'exigeaient pas les developpeniens que I'au- teur leur a donnes, et qu'elles poavaiciit etre traitees dans un memoire; mais M. Duvivier ne sera point blaciie pour avoir fait plus qu'on ne lui eut demande. Dans une introduction 011 les etudes qui doivent preceder et preparer celles de la medecine sont passees en revue, I'auteur impose auxetudians des devoirs severcs, etne fait ancune grace a aucune sortc d'ignorance. Le grec etle latin , la litlerature, ie dessin , la physique et la cliimie, ainsi que lesconnaissances malhematiques , dont ces deux sciences ne peuvent se passer, I'histoire naiurelle, etc. ferment un vaste frontispice a I'entrec du temple oil I'art de guerir sera revele a ceux qui auront subi les epr-euvcs de I'initiation. Cette dure neces'^ite de perdre un terns precieux a charger sa memoiie de mots fait regrettcr que notrc idiome n'ait aucun pouvoir elymologique, qu'il soit sans lessources en lui-meme, et toujours reduit a des empiunis; et loin que les grammairieus viennent a son secours, ils neservent (ju'a constater les pcrtes qu'il a faites, et les lambeaux etran- gers qui deguisent sa pauvrete toujours croissante. L'ouvrage est divise en sepl parties. La premiere contient I'exposition des diverses parties des sciences naturelles dont se composent les etudes niedicales, et de I'ordre a suivre dans la recherche et I'explication des phenomeues de la vie de Thomme. Dans la seconde, I'auteur s'eieve contre les systemes en medecine , et il n'a pas de peine a persuader que I'hypotliese la plus vraisemblable ne pent tenir lieu des obseivations qui ont seules le droit de constitucr ime science. Dans la troisieme, M. Duvivier s'attache a faue sentir la necessite de remonter jusqu'aux causes des maladies, eonnaissance absolumentneces- saire pour completer celle des effets, quel que soit I'objct de nos recherches. II passe cnsuite aux opinions einises par plusieurs SCIENCES PHYSIQUES. 187 iDi'decius sur les exanthemes ( eruption de la poau ) , et parti- ciilierement sur rexantlicine miliaire. Lestrois parties suivantes |)euvent etre considerees coinine la suite et Ic developpeiiieiit do celle ci. La septieme parait trop speciale pour le titre du livre; des details de registres iie sent point dn domaine de la seience, et ne menent pas assez surement a des considerations ^'enerales sur I'art. On ne pent regarderla plus grande partie de cette derniere division de Touvrai^e que comme Ic resume d'observations faites dans I'hopital du Val-de-Grace pendant an intervalle de doiize annees. Cesontdes doeumens dont I'art et la science proliteront egalement, mais qu'il eut pent - etre fallu rescrver pour \\\\ autre emploi. M. Duvivier tondamne avec raison les systemes en mede- ciiie : le meme arret devrait les frapper dans toutesles sciences applicables. Les systemes ne peu vent convenir que comme moyen muemonique, tels que Its methodes de classement, ou dans les sciences pnrement speculatives, s'il y en a de telies. Partout ailleurs, ils ne peuvent servir tout au plus qu'a iudiquer la direction des esprits; de meme qu'avant d'eiitreprendre une experience aerostatique, on lance un ballon d'essai, pour re- connaitre I'etat de ratiuosphere, et les vents qui y regnent. Y. 44- — Manuel de physiologie de ihomme , ou description succmcte des phenomenes de son organisation, par P.-L. Hutin, interne des hopitaux civils de Paris. Paris, 1826; M'"' Levi. In- 32; prix, 3 fr. LTd maiiuel est destine a rappeler des idees, ou a les fournir ail besoin. Les ouvra.^s de cette espece conviennent tres-bien aux arts, unpen moins aiix ic\ci\cei, faites ^ et nuUement aux !»ciences qui soni a faire. Un manuel de plijxioLogie ne pent etre un bon (Hivrage : celui-ci ne contredit point cette obser- vation. M. Hutin parait avoir lu les ouvrages de Barthez, de Dumas, de MM. Richerarid , Gall, Magendie , Ade.lon , et avoir cherche a donner I'extrait de leurs opinions. Mais, son livre, depourvu de developpemens convenables , n'offre qn'une compilation fort peu instructive. Nous conseilions, d'ailleurs, a M. Hutin de surveiller son style: la physiologie etant le roman de la medecine doit etre ecritc avec plus de grace que le recit de I'autopsie d'un cadavre. L'auteur avait plusieurs modeles a suivre, et il aurait pu chercher a imiter M. Richerand, dont I'ouvi'age est aussi estinie par les gens dt lettres que par les medecins. 45. — * De la litholritie, ou broiernent de la pierre dans la vessie , par le dorteur Civiale. Paris, 1826 ; Bechet jeunc, In-8" avec 5 planches ; prix , 6 fr. i88 LIVRES I'RANCAIS. Unedes ileconvi-rles Ics plus prccieuses tic; Tart chiriirgical t-st sans coiitredit la tilhotritie , qui consiste a broyer les picrres dans lavcssio,aii lieu do li'scniclircrpar une operation criielle. Quand on rcilL'cIiit an i;raud noinbre de iii,'isonncs (|ni sont atteintes par colic doiilonrcusc nialadic; quand on pense que , sur cinq pcrsonnes opurees, il en menrt deux, on pouri-a jui,'er de 1 imporlance de cette nouvtHe invention. Plusieurs essais avaient ele entrepiis jiour dissoudre la jiieirc par les reactifs chimiques. Mais les ai^ens capables de decomposer le calcul devaient aussi detruire le tissu de la vessie, et on a ele oblit;e d'y renoncer. D'ailleurs, pour employer le reactif convenable, il aurait fallu d'abord connaitre la nature de la pierre : ainsi , tout ranienait vers la methode du brisemcnt des calculs. On a rapporte quelques fails assez pen croyables de ma- lades qui, dans I'exces do leurs douleurs, auraient iuiagine d'introddire un instruuient ainie de limes, et qui seraient ainsi parvenus a detruire la pierre qu'ils portaient. Quand on con- nait toutes les difficultes de cette oj)eration, on ne sait trop ce qu'il faut penser de ces bistoires. Lc premier cliirurgien qui ait concu I'iilec d'un instrument destine a cet usage, est Gruithuisen, Bavarois , qui a publie ses vues sur ce sujet, en 18 13, dans la Gazette de Saltzbourg. « Mais ce projet, dit M. Percy, rapporteur de I'Institut, a peine ebaucbe dans un journal etranger, reste oublie dans le pays qui le vit naitre, est tout entier en lljeorie , en speculation, et n'a jamais en le moindre commencement d'execution , ni dans ses instrumens ni dans son emploi. « C'esl done a M. Civiale seul qii'appar- tient I'honneur de cette decouverte; car toute la difficulte etait dans I'execution des nioyens propres a cette operation, et dans leur application aux differens cas de la maladie. L'ouvrage de M. Civiale renferme I'historique de celte in- vention. II fallait d'abord arriver dans la vessie avec une sonde droite, alin d'executer les mouvemens necessaires au broie- ment. C'est cette premiere paitie de I'invcntion que M. Amus- SAT reclame , et qui se retrouve dans plusieurs essais fort ahciens. On est force d'admirer la construction de cet instru- ment, avec lequel on penetre dans la vessie par le canal de I'uretre; on saisit, on enveloppe, et enfin on broie sans aucun danger les calculs uriiiaires. Les observations que M. Civiale a deja faites sur I'liomuie lui out fourni d'utilcs ameliorations qui rendent I'operation presquc sure dans la plupart des cas. Cet habile cliirurgien merite les plus grands eloges pour le zele, le talent et la Constance qu'il a mis dans rexeeution d'un moyen operatoire si utile a I'luimanite. Am. Dlpau, d. m. SCIENCES PHYSIQUES. 189 /,6. — * Meihoilc nouveUe pour le traiternent des deviations (le la colonne vertebrate ; prccedcc d'lin examen critique des divers moyens employes par les orthopedistes inodernes; par le docteur C.-G. Pravaz , ancien eleve de i'Ecole Polytech- niquc, membre correspondant de la Societe de medecine de Geneve. Paris, 182- ; Gabon. In-8° de 220 pages avec quatre planches lilhograpliiees; prix, 4 fr. , et 4 fr. 75 c. par la poste. II est hors de doiite depiiis lon^- terns, que les sciences se pretent un mutucl appui, et que c'est de leiu- concours reci- proque que naissent les ouvrages qui approchent le plus de la perfection. Le livre que nous annoncons peut scrvir de preuve nouvelle a cette vcrite. L'auteiu-, ancien eleve de I'Ecole Po- ly technique, est bon matlu'-maticien ; et muni de ces connais- sances trop negligees par la pinpart des medecins, il s'est livre a I'etude de la medecine et a I'examen de la question qui fait le sujet de son memoire. UOrt/iopedie, ou I'art de redresser les deviations des membres et celies de la colonne vertebrale, est exploitee aujourd'hui par un grand nombre d'individus. De toutes parts on voit s'ouvrir de noiiveaux etablissemens consa- cres a ce genre de traitement; chaque jour, on voit paraitre des annonces pompeuses, des prospectus seduisans. A enjugerpar toutes ces publications , rorlhopedieserait arrivee au plus haut point de perfection, et bientot, Paris, la France, le monde entier ne presenteraient plus d'etres coutrefaits, estropies , bos- sus, boiteux : tous marcheraient droit, tous auraient une taille elegante, luie tournure agreable. Seduit par ces promesses,le public, qu'ilest si facile detromper, s'est empresse d'aller peu- pler les etablissemens qu'on lui annoncait; maisons de sante, couvens , pensions , etc, diriges j)ar des medecins ou des reli- gieuses, des hommes iustruits ou des charlatans, tout s'est rempli d'individus contrefaits , et la , liommes , fenimes , en- fans, vieiliards meme, tout a etc soumis a diveis traitemens cpii quelquefois ont reussi, mais qui, dans le plus grand nombre des cas, ont etc infiuctueux , lorscjuiis n'augmintaient pas le mal contre lequel on les emplovait. M. le docteur Pravaz s'est propose de soumcttre ces traite- mens a un examen approfondi, soit sous le point de vue phy- siologique, puisqu'il a pour butdc modifier la forme de quel- quesorganes, soit sous le point de vue mathematique, puisque cc sont des machines que Ton emploie le plus souvent pour atteindre ce but. Son livre, ecrit avec talent, avec esprit, laisse voir un peu trop d'indignalion contre les charlatans; de tels hommes ne meritaient pas taut d'honneur; ce n'est que du mepris qu'il faut opposer a leur perhde jactance, et c'est en I go LIVRE.S FRANC AIS. rep.indaut l;i Itimiore, en piihliaiu la vctitc qu'oii pent scii- lenicnt prenuinir Ic public coutic les cntrcprises du faux savoir et era celle qui dans le plus grand nombre des cas, n'agii'a que sur les puissances musculaires, soit pour ac-' croitre, soit pour diminuer leur energie. G. T. Doin, v. m. 47. — Almanack general de Medecine pour la ville de Paris (1827), par L. Hubert, chef dfs bureaux dc laFaculte, secretaire Aw jury medical. Paris, 1827 ; Gabon et compagiiie. In- 1 8 de 4^4 pages; prix, 4 fr. Get Almanaeh contient les nonis et les adresses de tous le--' medecins, les chirurgiens et les pharmaciens qui habitent Paris. On y trouve quelques details sur les institutions medi- cales etablies dans cette ville; sur la Faculte de medeciue, les ccoles pratiques, le jury medical, les ecoles d'accouchement et de pharmacie, I'Academie et la Societe dc niedecine, sur I'Athenee de niedecine, la Societe medicale d'eniulation, les Societes dc niedecine pratique , medico-pratique, anatomi- qiie, etc.; sur les jouniaux de niedecine, sur les hospices et les hopitaux. Une liste des publications de I'annee i8a6 parait assez complete. En un mot, cet annuaire ne sera pas sans utilite pour les malades , pour les nu'decins et pour les elev^'s. SCIENCES PHYSIQUES. 191 48. — Manuel theorique et pratique du savonnier, ou I'art dc faire toutes sortes de savons; par line reunion dejabrirans , fA rediiie par M""^ Gacon-Dufour et un projesseur de chirnie. Paris, 1827; Roret. In-18 de 296 p.; piix , 3 fr. Voici (in nianuel (|ui s'est mis an niveau de la science. A I'avenir, les reda''teiirs de ces sortes d'ouvrages seront sans excuse s'ils n'eclairent pas Icur sujet de toiites les lumieres de la tlieorie , ct s'ds nej^ligent de decsire tous les precedes de la pratifpie. II est vrai que le Manupl du savonnier est le fruit du travail de plusieurs cooperateurs, que chacun d'eux a fourni ce qu'il savait le mieiix, et qu'une main exercee a reimi ces niateriaux : mais cet exemple ne peut-i! pas etre plus generalement suivi? II est tres-peu de sujets qui exigent luie parfajte uuiformite de redaction; et quant a I'ortlre des matieres, il se revele aussi hien a plusieurs qu'a un seul, et, des qu'il est determine , cliacun des cooperateurs s'y coiiforme scrupuleusement, en ce qui le concernc. Ou peut done pro- poser le mode de redaction de ce manuel romnie un modele qui sera toiijours imite avec succes, et qui contribuera non- seulement a rendre Ic resultat meillcur, raois aussi le ti'avail plus facile el plus agr«;able pour les collaborateiirs. Nous n'eiitrerons dans aucuns details sur cet ouvrage, que Ton ii'hesitera pr>s de placer a cote des meilleurs ouvrages cOnsa- cres a I'industrie : nous n'y avons point remarque d'omissions, quant aiix procedes de I'art; et quant aux theories, il subiia ie ^ort des doctrines chimiques, dont la destinee est encore in- certaine. II y a lieu de soupconner que la nature est plus simple que nous ne ravens faite, ct qu'un tr^s-petit nombre d'elemens et de lois suffisent a la production des phenomenes spontanes, ou que nos arts out fait decouvrir. Jusqu'a ce que la chirnie ait pris une face nouvel'.e, ce Manuel du savonnier pourra demeiu'er tel qu'il est- F. 49. — * Du service des armces en campagne ; par le vicomte BE Preval, lieutenant-general desarmees du Roi. Blois, 1827 ; Paris , Ansetin et Pociiard. In-8°; prix, 5 fr. La plupart ties reglemens de I'armee francaise ne so^nt plus en harmonic avec son organisation, ni avec les progres que I'art de la guerre a fails depuis un siecle. C'est un fait dont tous les militaires les plus dislingues tombent d'accord. Le te- glement sur le service de campagne, qui est encore en vigueur, melange bizarre de preceptes empruntes au systeme mililaire du commencement du xvm^ siecle, et de dispositions adaptees i la constitution actuelle et a la methode de faire la guerre suivie depuis vingt ans, est plus propre A tntrftver le service 192 LIVRES FRANCALS. qn'a \c facilitor. Priietrc ties accidcns fiicheux qui poiirraient rt'Siiltcr c!c la confiisii)n ct do r(ipi)Ositi'.)u Je prt'sqiu; toutes ses dispositions, rofficier-grneral a qui rarnic'-o est deju rede- vable des rei!;lcmens sui- lo service nileiicur, a codcu I'idee de remedier a cet etat do choses. II appartenait a celui qui rccut les premieres lecons de Saint-Cyr ct de Moreaii , qtic .loubert et Sucliet honorerent de leur confianee, de recueillir tons les fruits de rexpirienee acqnise |)ar uiie gitcrre de vingt-eiiiq ans, et de presenter le |)rojet d'nne ordonnance qui posat d'une maiiiere invariable les regies du service dc cainpagne. Le Ira- vail de M. de Preval est un des plus importans qui aient parii depuis la jiaix. Son objet, en tracant les devoirs et les droits de tons, dans les cas les plus frequeiis a la guerre, est d'im- prinier a tons les mouvcmens de I'armee la vigueur et I'en- semble si tiecessaires pour assurer le succes des operations militaires. La premiere parlie, sous Ic litre modeste de Corn- rnentaires, offre I'examen analylique des divers articles du reglement dc Scboenbrunn qui out ele fondus dans cet ouvrage. On jugera de lour importance par ce seul fait : le reglement de i8og renfermait fySo articles; I'ordonnance projctee n'en con- tient que ^x'^\ , bien qu'ellc renferme des details sur la cavale- rie, les grand'gardes, les reconnaissances, les marches et les batailles, dont le premier ne faisait , pour ainsi dire, aucune mention. L'exan.'cn litlernl et ecrit des six reglcmens qu'on a mis successivement entre les mains de I'armee francaise, pen- dant Tesjiace de 75 ans, etablit clairement que fe reglement de 1792, modilie par celui de 1S09, n'est qu'une coiripilation indigeste ct incomplete des reglemens de 1788 et de 1778, cai- ques eux-memes sur ceux de 1755 et de 1753. Ces deux der- niers, publics a une epoque oi\ I'armee , commandec par une noblesse de cour aussi frivole qu'ignorante, perdait toute la consideration qu'clle s'etait acquise par ses travaux sous le regne do Louis XIV, ne pouvaieut etre que de fort mauvais types. Depuis, tout a change. L'organisation dc I'armee, le service de jour des generaux ct ofliciers superieurs, celui de I'etat-niajor, la castrametation, les tours de service et de de- tachemens, la maniere d'executer les reconnaissances et les marches, celle de combattre enfin, tout s'execute d'aprcs des usages opposes a I'esprit d'un reglement dont la conservation accuse I'incurie du ministere. Les observations du general Preval, appuyees sur des citations historiques, sont aussi pi- quantes qu'instructives. Par excmple, a I'occasion du eomman- dement par interim, il prouve que le ministre qui a accorde le rommandement en rase-campagne, a litre d'anciennete, aux SCIENCES PHYSIQUES. 19^ officiers suisses sur les ofliciers francais, est revemi siir une question decidee par Louis XIV en faveiii" de ces derniers, lorsqu'il ordonna que le service des Cent-Suisses fut commande par le lieutenant francais, quel que fut son rang. Un travail de la nature dc celui du general Preval est un veritable present fait a larmee. Le ministere le recevra-t-il avec la resolution de le mettre a I'essai dans nos camps tie Lu- neville et de Saint-Omer ? Nous n'osons I'esperer. Quoi qu'il arrive, cet ouvrage merite I'approbation de tons les niilitaires. K. 5o. — Manuel d'armement , ou reunion des reglemens, instructions, tarifs relatifs aux reparations, a I't.ntretien, a la conservation et a la visite des amies portatives dans les corps ; approuves par S. Exc. le ministre de la guerre, le 24 septem- bre 1826 ; suivi du Supplement aii manuel de tinfanterie , etc. Paris, i827;Anseiin et Pochard. In-^a de 276 pages, avec 4 tableaux et 3 planches; prix, 2 fr. 5i. — Manuel d' administration a I' usage des compagnies , ou extrait de I'ordonnance du 19 mars 1823, portant reglement sur les traitemens et les revues de I'armee , et sur Tadministra- tionj interieure des regimens; troisieme edition, augmentee de nouYcUes dispositions relatives an chauffage et au fourrage , etc. Paris, 18?.-; Anselin et Pochard. In-32 de 252 pages et i3 tableaux; prix, i fr. 5o c. Ces deux recueils d'un format dont on a dit tant de mal font partie de la Bibliotheque portative de Vojficier. Si Ton fait quelque jour''une procedure juridique contre les scandaleux in-32, ceux-ci pourront ctre produits comme temoins a de- charge. II est certainement fort utile aux officiers de porter partout avec eux un livre qui ne tient presque point de place, qui vient au secours de leur mcmoirc, rpi'lls peuvent consulter et etudier partout , sans qu'i! leur cause jamais aucim embarras. On voit, par les details contenus dans le Manuel d'armement , que I'art d'entretenir les armes est encoie pen avance. L'emeri et la briquc pilee enlevent la rouille et retablissent I'cclat du metal, cela est vrai : mais ces frottemens usent I'arme, et, s'il y a quelque moyen de les rendre moins necessaires, il prolongerait la duree de I'armement en terns de paix. Ce petit probleme n'est pas insoluble, ni pen digne d'attention. En general, I'administration militaire est reglee avec sagesse. Une aussi vaste machine ne peut etre retouchee souvcnt ; lorsffue son mouvement et scs effcts sont a pen pres satisfaisans, la stabilile pent etre preferable a quelques legeres ameliora- tions. Les matieics administratives appartiennent plus spccia- T. xxxiY. — Avril 1827. 1 3 i()ft Ln RES rUANCAIS. K-ment anx ordonnances, t-t les (l<'t;iils rclatifs ;i I'armemriit sont mieuN traiti's dans Ics instnii-lions; c'ost cc que I'on pent rcmarqner, on parcoiirant ccs deux pcfits reciieils. 52. — Traitc tlu'oriquc et pratique cles Latteries; par G.-xV. Lamy, capitainc au corps royal d'artillerie, aneicn eleve dc VEcole pofylerhnique , etc. Paris, 1827; Anselin et Pochard. In-8" do 9.8P pages, avcc 3 plnnclios; prix, 5 fr. 5o c. Denx traites dcs batteries ont cte public's, dans I'espace do qiielques niois. Cet einprcsseinent ;i repandre rinstriiction siir toutes les parties du service de rartilierie iie sera pent-etre pas meme rcmarque; on n'y verra que I'effet natnrcl du zele cpii aninie le corps cniier, et d'une loiiable emiiialion enlre les officiers. Dans lavant-propos de cet ouvrai^e, BT. Lamy dit que Xaide- memoirc, seid oiivrage que les officiers d'artillerie puissent con- suiter au sujet des batteries, est « insuffisant pour niettre le jeune ofllcier m etat de triu'er et de f.-iire constriiire loiite es- pece de I'.atteries. » Cela devait etre ainsi, et i'antiur de \' Aide- memoire aurait manque son but s'il avait ecrit pour cenx qui ont tout a apjircndre. Le litre de son ouvrage desii:;ne claire nient sa destination , et ne laisse point douler (ju'il ne soit fait pour cenx <]ui savent. Une autre observation pen ini|5ortante que nous ferons sur I'avant propos, c'est que la denomination de batteries permanentes ne semble pas juste. La fortification a consacre la signification du mot pennanent^ et cntre deux arts anssi necessaires I'un a I'autre, la fortification et Tarlillerie, il convient a tons egards que le dictioimaire technique soit comniun. L'auteur ayant destine son livre aux jennes officiers et sons- officiers d'artillerie, a pense (jn'il devait s'altacher encore plus anx details pratiques des diverses constructions de batteries, qu'a I'exposition des connaissannes theoriques. En effet, I'ien de plus difficile a faire , et le plus souvent ricn de plus stiperflu (]ue la theorie de quelque partie detachee d'un grand ensemble. A I'occasion des batteries, on ne voudra pas exposer ime tlieorie generale de rartilierie; et au sujet de celle-ci, passer en revue les prmcipes genei aux de I'art de la guerre. .Si l'au- teur avait doniie plus de devcloppement aux notions theoriques sur les dilTercns sujets dont il s'oceii])e, il aurait cntame plu- sienrs traites; les considerations generales sur les positions, la balisti(|uc, la fortification passagere, etc., seraient venues re- clamer de longs chapitres. Le besoin d'etre court a impose des I'elranehemens qu'un autenr ne fait point sans regret, et qui t'nibarrassent le lecleur, lorscpi'il les remaique. Sans examiner SCIENCES PHYSIQUES. igS SI M. Lamy auraitpu mieux faire, on profitera de son travail, tel qii'il est. II y a dans quelques descriptions un pen d'obscu- rite qne pen . La-dessus, M. Paganel le somme de citer un texte de I'Ecriluie, un Pere de I'Eglise, un theologien , ou quelque decision d'un coiicite njS LIVRES FRAiSCAIS. qui atteslent que le christiaiiisiiie etait uiiivcrscl avant la venue tlf Jc-siis-Christ; et pour niontrer que M. de La Mennais est hors d'etat de souteuir le eonibat et de foumir des aiUorites, son ledoutable adveisaiie prouvequela doctrine tie I'liiiiver- sallte du christianisnie avant Jesus-Christ 'i est contraire aux divines Ecritures, upposee ik la tradition unanime des Peres, aux decisions des conciles, au sentiment comniun des theolo- yiens; qu'elle a ete condamnee par la Sorbonne, par le cler^e de France et par le saint-siege, lors de I'affairedes ceremonies chinoises; qu'elle detruit de fond en comble le christianisme , sa divinite, sa necessite, son infliieiiee ; (lu'elle conduit au na- turalisme et a rindif'ference des religions. » M. de La Mennais s'egare encore dans une incnncevable anomalie, relativement a ce qu'il appelle I'autorite generale infaillible. II dit, dans son Essid sur i'indlffvnnce : « Soitez tie I'autorite, cberchez ime regie tie certitude, vous ne trou- verez que des motifs de doute , et vous verrez pen a pen I'edi- lice entierde vos croyances s'abimcr dans un vitle effrayant. Des qu'on la veut charger d'une vtjrittj quelconque, la rai'-tjn debile ploie sous le faix; incapable de se soulenir elle-meme, olle ne sail ce qu'elle est, ni si elle est; son existence nienie lui est un probleme qu'elle ne pent resoudre (pi'a I'aide de I'au- toritt- du genre hiunain ; et tout etre cree tjui ose dire : Je sui.v , n enonce pas un jugement, mais proteste de sa foi en un mys- tere im|)enetrable, et proclanie , sans le comjirendre, le pre- mier article du symbole des intelligences. « M. Pagaiiel n'a pas de peine a faire voir que celte doctrine detruit le tt-moignage de la conscience, le libre-arbitre , et rt^duit I'homnie a un t'tat complet de faiblesse et de nullitt-. II n'entre point dans notre dessein de presenter la liste com- plete des egaremens du subliine ^enie des terns mod ernes , de nilustre abbe, ni mt^me tl'analyser les rt^'ponscs de son savant adversaire; nous ne voulons pas priver nos lecteuis du plaisir de les lire en entier dans la brochure que nous leur annoncons. Elle est, en general, interessante et bien ecrite. Nous con- seillerons cependant a I'auteur de faire tlisparaitre, dans unc seconde edition, queltpies incorrections de style, et d'y metire un pen plus de metliode. Nous lui conseillerons anssi de corri- gerquelques fautes qui lui sont echappees pi^r inadvertance , telles que celle-ci : « Arius fut heretique, paice tjuil rt^sista opiniatrement au coneile de Chalctjdoine, qui Tasait con- damne. » Cest le coneile de Nicee tpii contlamna Ari'.is. Ne pourrait-on pas demander a M. Paganrl poMrcpidi il a defcre la doctrine tie M. de La Mennais a la cour dt Rome , aiv SCIENCES MORALES. 199 5ioii de la dcferer an snint-siege? Pouiqiioi il ;i c'rrit ccs inex- plicables j)aroles: « O t-t^lise roniaiiie! 6ci;liso |)riiici[)ale! e^lise ineie! c-tjlise aM-dfssns de toiitcs les ci^liscs , c'cst dn toi que noiis attendons la liiniiere qui doit diasiper ces teiicbies ! c'est _a toi senlc qii'il appartient de doutier la paix a l'Ejj;lise , et d'eleindre poiir j imais les di.scordes et IfS divisions (pie des esprits aidt^is et broiiillonsn;' cesseiit d'y semer! » Que siiiniQe cette interpellation au\ indiistiiels , coniine s'ils mettaient oh«taeie a la censuie des eireurs de M. I'abbe de La Mennais? <• Qu'y a-t-il de cominun cntre Jernsaleni et Atlienes? Creiisez des canaux, inveiitez des aiachiues a vapeur, tiacez des i-onles tant que vous voudiez; mais ne nous delouiTRz pas du veri- table but aucpiel doit tendie tout etie raisoiinable. » INousaimons bien inieux sa repouse a qnctques f sprits J aibLis (pii pretendent que ce se/dit prli'cr I'Ei^Usf d'lin dtfenseur, (pie de condamner la doctrine de I'aiiteur de XEssai sur I'in'.iijjcience. « De quel defenseur priv(,'iioni-jioiis I'Eijlise? Est ce dilTenure I'Ej^lise (jue d'y introduire le trouble et la division ? Quel dtTenseiir que celui qui vient dire ii trente millions de Francais : Votre ((ouvetnemetit est Lucoinpntihle avec la religion catholique I N'est-ce pas leur dire : Renoncez au catholicisme, ou bien a ce que vous avez de plus cher dans ce nionde. S'il s'eleve des cris •coulre los usurpations /^/fVewe/ue.v du clerj;(i , n'est-ce pas siu"- tout depuis (pie cet ecrivain a publid- ses ouvraj^es? Lab... 57. — * Nouveau prnjet de paix perpctucLle enlre tous les peuples de la chretientc , bas(;sur uiie (lc:liuiitation iixe et natu- relledes territoires natinnaux, et sur la jiropajiation des senli- mens reliyieiix et jdiilaiitropiques. Paris, 1826; Delaunay. 1 vol. in-8°, ensemble de looi pai^es; prix, iS fr. et 16 fr. par la poste. Leibnitz avail le premier coticu le plan d'une paix perpii- tuelle. L'abbii de Saint Pierre, I'uu des plus ardens apotres de rhumanitti, en r(iveillant cetle id(je pliilaiitropiqtie fut traitc^ de visionnaire. L'aiitenr de ce projet, sur des base-^ toutcs nou- velles, vient encore de concevoir ce reve dun liomme de bien, et, dans son zele pour le bonhcur du ijeiire liumain , il croit devoir indiquer a la sainte-alliance (si toutefois elle existe encore) les moytms a employer pour le mettre a execution. La surface de la terre est couveite de families politi(|ues, diffd-rant de religions, de m(jeurs, de lois , de souvenirs, de pr(^jui;es, de coulenr ct de caraclere. En se transportant aux extri-mitt^'s de la st^'iie dans I'ordre des socitJtes humaines, on serait tent(i decroire observer des associations d'litres denatures divcrses. D'un trait de plume lauteurren verse toutes ces vaines 20O LIVRES FRANCAIS. barritTCS, sans tenir compte de tant de fucheiix pr^cedens qui aiiraient embaiTasst- un esprit liniide; il divise, dc son autoritt; privee, le nionde ancien et nouvcau en qiiatie-vii)|4t-c)uatre etats(la France scule en conti(Mit qiiatrc), auxquels il assi^ne leurs prefectures, leius eveches ( car il ramene tout au catho- licisnie avec une facilite nicrveilleuse ) , lenrs baillatjes, leurs niairies , et jusqu'a leurs paroisscs : divisions presentees avcc beaucoup d'ordre dans une suite de tableaux synoptiques qui ne remplissent pas nioins de 140 pages. Ix' pape reste le chef supreme du mondespirituel et partage le j^ouvernenient de son vaste empire entre onze patriarches, residant a Benin , Jeru- salem, Paris, Saint-Petersbourg, Tobolsk, Nankin, la Mecque, Passir, Annieh, Mexico et Bahia. Pour dinger les relations cxterieures de tons ces peuples, prod ui ts innocens de son imagina- tion , I'auteur etablit trois dietes generales , I'une a Rome , I'autre a Mexico , et la troisieme a Nankin , sur lesquelles doniine une diete superleure et souveraine, dont il regie d'avanc<^ le budget, la composition des bureaux et les attributions {)rincipales. Le pape en est le president a vie. Domine par I'idee de I'unite, Leibnitz fondait une monarchic universelle : on ne concevait guere alors qu'un grand peuple put se conserver sous une forme politique differente. L'abbe de Saint-Pierre formait une especede congres europeen. Imbu,comme eux, desideesdeson siecle,mais bieu plus hardi que ses predecesseurs , iiotre au- teur prefere, pour son utopie, Je systeme federatif, qui finira peut-etre par regir toutes les grandes nations dii globe. Apres avoir etabli sur de nouvelles bases les circonscriplions des em- pires, il passe a leur constitution intime, et reforme avec une liberte parfaite toutes leurs institutions civiles. On peut dire que jamais imagination humaine n'a ouvert une carriere plus vaste a ses combinaisons. II arrive cnsuite a traiter des moyens d'exceution dans le partage des elats,a I'epoque du premier et peut-etre du prochain etabUssement dc la diete , et ce n'est pas le chapitre le moins curieux de son ouvrage. Tons les princes des families royales de I'Europe se trouvent pour- vus : les uns dans I'Afrique centrale, d'autres sur les rives glacees de la baie d'Hudson; ceux-ci vont dans I'lnde , ceux-Ia se rendent au sein de la Nouvelle-Hollande, d'autres enfin doi- vent aller gouverner nos antipodes, les habitans des iles de I'Oceanie. Aux princes de la Basse-Allemagne, il donne le titre d'archontes de la republique rhenane, etc. etc. L'auteur de ce plan de paix universelle fait preuve de grandes connaissances geographiques. L'activite de ses recherches ne s'est pas bornee a cctte science dans laquelle il dccouvre peut- SCIENCES MORALES. aoi ctre des rapports nouveaux; il la dirige encore, comme nons I'avonsdit, surtontes los questions fondanientalcs qui interes- sent I'ordre social. Ses intentions sont toujours pures et liono- rables; mals, il faut ravoiier, son systeme depasse toutes les limites des idees reciies. Ad. G. 58. — * Considerations sur la rnise en accusation des minis- tres , par M. Cottu, conseiller a la Cour royale de Paris. Paris, 1827 ; Ambroise Diipont. In-8° de 99 pages; prix, 2 fr. 5o c. Si cette brochure etait aussi ephemere que la plupart de nellcs que chaqne jour voit naitre et moiirir, nous pourrions nous dispenser d'en rendre compte dans ce lecueil; niais I'im- portance de la question quiy est traitee, les vues elevees qu'on y remarque, le nom et le caractere bien connus de son auteur, nous font un devoir de donner qnelques details sur cet ouvrage digne du succes qu'il a obtenu. La Charte, dans ses articles 55 et 56 , a etabli le principe de la responsabilite des niinistres. La Chambre des de|)utes a le droit de les accuser et de les traduire devant la Chambre des pairs ; mais I'accusation ne peut avoir lieu que pour fait de trahison ou de concussion. Quant au mode d'exccution , la Charte renvoie a des lois par- ticulieres qui speci/ieront , dit-elle , cette nature de deliis , et en de-termineront la poursuite. Ces lois particiilieres sont en- core a faire; et, quoique plusieurs tentatives aient deji ele operees , elles n'ont amene aucun resultat. Dans cet etat de la legislation , M. Cottu', apres avoir prouve que les ministres out ete mis en demeure par la Cour royale de Paris, et par la Chambre des pairs, de faire executer les lois qui proscrivent I'ordre des jcsuites et toutes les corporations religieuses d'hommes, se demande si cette circonstance de la non -execu- tion des lois toiijours en vigueur n'est pas \\n motif de mettre les ministres en accusation ? Apres avoir resolu cette question affirmativement et demontre : i" Que le fait d'incxecution des lois est un attentat a la rotistitution , spccialement et noniina- tivement defini par I'article 72 de la loi du 11 frimaire an viii , encore en vigueur en ce point ; 2° que le crime d'attentat a la Charte est defini dans I'article ii4 du Code penal; 3° que de meme qu'aux termes de la decision de la Chambre despairs, dans les affaires du marechal Ney, de Louvel et de la conspi- ration de 1820 , il saffit qu'un crime soit defini par le Code penal pour qu'il jiuisse eire considere comme constituant le crime de haute trahison ; de meme , il sufQt cpi'un crime soit defini par le Code penal , pour qu'il puisse etre considere par la Chambre des deputes comme constituant le crime de tra- hison; 4° enfin , que les ministres se sont ouvertement, volon- 2()2 LIYRES FRANCALS. lairemeiit, oLstincnu-iit , et de Iciir proprc avt-u , rcndiis con- pables do ce crime. M. Cotlii cxaiDine quel est le devoir de la Chambre des deputes, el il conclut par penser qu'elie doit, aux ternies des articles 55 et 5G de la Charte, metlic Ics mi- uistres en acnisalioii devant la Chambre des jiairs. Tel est le but de I'ecrit du ecuiragcux uiayislrat. Nous u'avons pas besoin d'ajouter ipie sa diseussiou joint a une graiide force de raison- nemeut, uu style auime qui eu rend la lecture tres-interessante. .De plus, I'auteur doiuie des details fort cuiieux sur I'accusa- tion des niinistres en Aiigleterie. Nous regrcttons de trouver, vers la fin de cette brocliurc , ceilaines opinions favorites de M. Cottu contre legalite garanlie jjar la Charte, et trop en harmonic avcc nos uioeurs actuclles pour cpi'il ne soil pas ne - cessaire d'uue yrande indepcndanee de caraclere pour la com- battre; on nepeut [ias se dissiuuiler, en effet , qu'il faut quel- quefois tout autant de couraj^e pour s'elever contre les pre- ventions populaires , que pour demasquer les iniques projets du pouvoir. Mais, tout en rendant cette justice a M. Cottu, nous ne saiuions partager qnelques-imes de ses opinions, qui paraissent avoir leur racine dans renthousiasme de cet ecrivain pour les institutions ant^laises. A. T. 59. — Discours d'un ern'oye de la Grcce aii premier Con- f^res qui jtigern convenable de I'aduiettre. Paris , 1826. Firmin-Didot. lu-S" de viii et 62 pages; prix, i fr. 5o c. Cet opuscule est une espece d'exercice d'eloquence , sem- blable a ceux que se proposaient les anciens rheteurs , pour se former a I'art de la parole. Mais le sujet est serieuv et leel ; ce ii'est point ici uiie discussion sur un theme imaginaire , dans lequel I'orateur tie chcrche qu'a faire briller la souplesse de la (halectique parmi des diflicuUes bizarres; I'oijjet de ce discours est tout posilif, il occupe tons les p(jlitiques d'Europe ; il n'y a de fic;ion que dans les circonstanees du discours. L'Europe n'a pas encore forme de cougres qui veuille admettre un envoye hU de la Grece ; si jamais on consentait a discuter dans une as- ^|| semblee diplomatique cette cause fameuse , I'auteur de cet ecrit fournirait de bons argumens au niinistrc qui serait charge des interets de cette contree. II commence jiar etablir les titres de la Grece a s'affranchir de I'opjiression , et a recouvrer son in- dependance; il discute les objections (pie la politique oppose il lu reconnaissance de ses droits; il montre (pu^ riudependauoe de la Grece est dans I'inleret des autres etats; que cette iiule- ])endance doit etre entiere et cor.solidee sous une forme repu- blicaiiu; ; car les moindres notions sur la situation physique de la Grece suffiisent jiour demoiitier conibien de diflice.ltes s'op- SCIENCES MORALES. 2o3 post'iit a IV'tablisseiiient d'uiiu mouarcliie absolue el dun centre unique dc pouvdir. 11 cite IVxemijle de la Suisse , des pro- vinces unies , petites republiques heurensenicnt delachoes de monarchies puissantes. Enfin , dans une eloquente peroraison , il accumule tous les arj^^nniens ies |)liis capables de faire triom- pher la cause qu'il defend. Le pretendu Giec auteiir de ce discours ecrit fort bien en francais, et son style decele son pays; niais, si Ion ne considerait que la chaleur de son zele, on pourrait le prendre pour un Hellene. M. A. 60. — * Essai historique sur la repuhtique de San- Marino ; par AuGER-S.\iNT-I]ippoLYTE. Paris, 1827 ; Delaforest. In - 8" de V et 325 pages; piix, 5 fr. En encourageant le zele des ecrivains qui consacrent leurs recherches a eclaircir I'histoire pariiculiere de certains cantons on de certaines vilks , nous avons souvent fait reinarquer cpie ces travaux, si modestes en apparence, presenlent pourtant beauconp d'utilite et d'interet. Coiiibien j)lus interessante doit etre I'histoire d'une boiirgade (|iii, situee dansle pays de I'Eu- rope que les orages poliiiqiies ont le plus souvent bouleveise , a su , depuis Diocletien jusqu'a nos jours, conserver sa libi rte et son independance ! Avec quelle attention on suivrait a tra- vers les sieeles le developpement d'institutions qui, sous leur faiblesse apparente, recelaient tant de force et de vitalite ! Malheureuseinent , depuis les details que la legeude nous donne sur la vie de saint Marinus, oti Marin, et sur les prin- cipes de liberie et d'egaiite evangeli(|ue qu'il transmit aux neophytes rassembles autour de son hermitage, -et ensuite de son tombeau, jusqu'au xii* siecle qui vit naitre les terribles quercUes des Guelphes et des Gibelius, la peuplade de San- Marino n'obtint presque jamais les regards de Thistuire; et c'est sans doute a cette obscurite meme que ce petit etat a du de pouvoir developper sa liberie et en consacrer !e litre par une longue possession. L'auteur de cet Essai s'est efforce de suppleer aux lacunes historiques par des conjectures, des inductions, des observa- tions generales, qui ne salisfont pas completement le lecteur. Mais, a partir du xu'' siecle, la vie politique des San-Marinois , s'eclaircil de jour en jour. Parmi les causes (pii ont conserve leur republique, on est d'abord tente de niettre en premiere ligne sa situation sur la niontagne aride etescarpee du Titan , et le pen d'avantages qu'offrait une pareille conquele. Mais , quelcpie favorable tine fut eette posilion, on reconnait bientot qu'elle n'etit point sufli pour sanver I'independauce de ce petit «lat, qui devait, dans I'esprit des eveques et des seigneurs de 20/1 " LIVRES FRANCAIS. la Pcniapolc, offi ir aiix peuplcs voisins iin cxoniplo porniciciix <'t qn'il i''tait bicii important dc faire disparaitie. II a fallu,eii effot, le conconrs dc plusieurs autres causes pour le soustraire aux attaques de tonte cspocc doiit il fut I'objet dc la part dcs cvccpics dc Monteji'ltrc, dcs seitjucnrs de Rimini, et enfin des Icgats romains. La plus influcntc do ces causes est dans le soin constant qu'eurent ses chefs dc ne jamais comiDcttrc ses desti- necs au sort des armes, de rcpondre a toutes les agressions par Ics voics judiciaires ou diplomali([ues. Lorsque Cesar Borgia niettait a fen et a sang tout le centre de I'ltalie, les San-Mari- nois, qui pouvaient etretentes de iui opposer la force, aimerent mieux recevoir le podestat qu'il leur ©iivoyait, sauf a le clias- ser aussitot apres la chute du t3'ran. Envahis a main armee par le Icgat Alberoni, et convoques dans leur eglise pouryjurer soumission a la cour de Rome, ils jiirerent fidelite a leur repu- blique et a la liberte, et en appclerent paisiblement au saint siege lui-meme. Combien de grands etats subsisteraient encore, si les illusions et I'orgueil de la puissance leur avaicnt permis de suivre une semblablc politique ! Celle de San-Marino fut toujours genereuse en meme terns queprudeute. Renommes par leur courage, ils n'y eurent jamais recours que pour la defense de leurs allies et pour le salut des proscrits qui cherchaient un asile dans leurs murailics. Au nombre des causes de leur con- servation, nous devons citer encore la protection desinteres- see et I'affection touchsute qu'ils trouverent toujours cliez leurs bons voisins, les dues d'Urbin,et, pour etrcjuste envers tout le nionde, I'esprit de moderalioii et d'equite que montrerent envers cux les papes, quand San-Marino se trouva enclave dans le tcrritoire de I'Eglise. Entin, et ce n'est pas la moins efficace des causes qui ont contribue au salut dc cette republiqne , San-Marino eut le bonheur de ne jamais produire aucun de ces hommes celebres qui mettent leur gloire a bouleverser leur pays et les etats voisins. Grace a toutes ces causes, la repu- blique de Saint-Marin subsiste depuis quinze cents ans. Lors- qu'a la fin du siecle dernier, I'armee franoaise envahit I'ltalie , Bonaparte deputa I'illustre Monge vers les San-Marinois, pour les assurer de la fralernite et de L'amitie de la repuhlique Jran- raise et leur offrir ses bons offices, si quelque partie desfron- tieres de Saint-Marin etait en litige , ou si meme que/que partie des etats voisins nnnconteslee leur etait absolurnent necessaire. Les republicains du Titan repondirent avec dignite a leurs noiiveaux confreres ; ils accepterent, comme un temoignago de bienveillance, un present de quatre canons ct de mille quin- taux de ble j mais ils refuserent sagement d'agrandir leur ter- SCIENCES MORALES. 2o5 ritoire. Ici finissenl pour San-Marino les fails historiques. Les cvcnemens subsequens boulcverserent pUisieurs f'ois I'ltalie ct le nionde entier, sans aUeindre cet heiireiix pays, le seiil peut- etrc- siir le sort tluqiiel la ruvolislicn francaise n'ait eu aiicune influence. Laconstitulion tIeSaint-Marin cstfortsim|5le:soi\ante conseillcrs elus a vie y sont investis de la puissance legislative ; le pouvoir executif etjudiciairc est confie a deux capitaines , nomnies pour six mois par uu mode d'election oii le sort est combine avec le choix; mais un conseil do douze membrespris parmi les soixanle forme une sorte de tribunal d'appel. Le peuple entier s'assemble tons les six mois, et tons les citoyens peuvent exercer le droit de petition devant cette assemblec na- tionaie nommee Jrringo , Harangue. On doit savoir gre a M. Auger Saint-Hippolyte d'avoir public cetEssai.Cejeuneauteursemontre par tout inspire par de nobles opinions etdessentimensgenereux.Lesespritsdifficileslui rcpro- cheront peut-etre des idees |)olitiqueset religieuses trop absolues, trop systematiques.Nourri deces idees, il en colore a son insu les eveuemens et met trop souvent sa pensee entre I'esprit du lec- teur et les faits. Qii'il se sonvienne qu'aujourd'hui c'est sur- tout la vcrite que Ton dcmande a I'histoirc; que les reflexions de riiistorien doivent toujonrs nailre du recit des faits , sans jamais les reinplacer, ni les alterer. M. Auger Saint-Hippolyte fora bien de revoir dans cet esprit son Essai historique. Alors, cet ouvrage, auquel nous lui conseillonsdejoindre quekjues-uns des documens qui ont servi a sa composition, pourra prendre une place honorable dans toutes les bibliothequ.es. Gh. 6i. — * Hisloire physique , civile el morale des enviionx de Paris , par Dulaure; xe livraison , ou iie partie du tome V. Paris, 1826; Guillaume. In-8", p. 241 a 470, avecgravures [i]; (i) Nous avons indique la partie statistique du commencement de ce volume, voici la suite : Septieme partie, Route d'Altemagne. Liv. If", Route de Paih a Meaux : chap, i, Coup-d'ail general (pag. 236-a44) > chap. II, Baubigny, Aulnay-les-Bondy , Villepinte, le Grand-Trem- hlay (p. 245-25r); chap, iii , Belleville, les Pres Saint-Gervais , Paiitin, Romainville, Noisy-le-Sec, Bondy, Livry, Vaujours (pag. 252-287); chap. IV (intitule par erreur chap, vi), Meaux ( 288-353 ). Livre II : Environs de Meaux, § i a 10, Juilly, Cuisy, Claye, Tril- bardou, Lisy, Jouarre, Trilport , Saint - Fiacre , La Ferte-sous- Jouarre, Chateau- Thierry (p. 354-393). Huitieme partie, Route de Melun. Liv. lei' , de Paris a Mclun : chap, r, Coup-d'a'il general (p. 394 ); chap. II , Bagnolet, Charonne , ^iaint-Mande, Yuicennes , Montreuil (3{)5-427); chap, iii , Fontenay-sur-le-Bois , Nogent-sur- Marne, Chelies, Lagny (p. 428-466). 2o6 LIVRES FRAKCATS. j>rix do chaque livraison , 7 fr. 5o c. (Voy. Her. Enc. , \. xxxit , p. 7 /,()). (Ictte ii*^ pattic s coiisacres, dans notre reciioil, ]>.tr M. Dnpin, a ccs granils ciloyens ( voy. Re^. Enc, t. ii, p 457; t. xiv, p. 273, et XXV, p. 5^2). Ces notices, en effct, ne sont antres que ces articles eux uienics; ce (|ui doit nous dispenser de leiir donner ici de ])!tis aniples eloges. Nous nous coiitenterons de rccom- niander ce peiit volume aux jeunes legistes; ils y trouveront d'excellens pr cceptes et d'admirables excmples. 11 est enrichi du Jtic simile d'une lettre du {general Foy a M. Dupin, qui lui avail envoye sa notice snr le chancelier L'Hopital. « J'ai In avec un vif plaisir, ecrivait cet ilhistre orateur, vos piqtiantes et judicieuses reflexions sur la vie du chancelier de L'Hopital ; elles me prouvent cpie jc n'ai pas eu si j^rand tort d'inviter nos grandeurs d'aujourii'hui a jeter un regard sur la statue du grand homme. » Ce trait rappelle I'un des plus beaux mouvemens ora- toires du general Foy. . A. T. 6'3. — * Notice historique sur fancien grand cirnetiere, et sur les cimclieres octuels de In ville d' Orleans , par M. Ver- GNAUD-RoMAGXEsi. Paris, iHaS; Seunefelder, inip.-lithographe. Orleans, 1827; I'auteur, rue Royale, n° 84. Ouvrage aw^o- graphie , compose de 7 livraisons, avec plans et dessins; prix, 10 fr. II existait a Orleans un grain! cimetiere, place primitivement hors de I'enceiute de la ville, mais qui, par suite d'agrandis- semens successifs, s'y trouva enferiiie. Ce lieu, consacre aux sepultures de tems immemorial, et nomme le Martroy aux corps, etait tres-beau et tres-orne, si Ton ajoute foi a la des- cription pompeuse qu'en fit un ecrivain en i5i7. II etait cntoure de galeries couvertes, et Ton celebrait roffice divin dans des chapelles balies de disti^nce en distance. II fiit devaste, lorsque le prince de Conde surprit Orleans. On acheva de le reparer eu iG^S- II servait alors de promenade et de lieu de plaisatice aux Orleanais, qui venaient cherclier de I'ombrage pendant Telc' sous les grands arbres qui croissaient an milieu, et qui trouvaient un abri contre In pluie sous ces longiu-s galeries, dont la forme et I'elevation rappelaient les cloilres d'un convent. Les ^rrandes ecoles, on I'Universite d'Orleans, qui jouissait deja de beaucoup de celebrite eu i5oo, et ou 2o8 LIVRES FRANCAIS. les etmliaiis allemands ctaicnt assez nombreiix pour former iiu corps, connu sous lo noni de la nation allcinande, avoisi- nait ic cimetiore, dont d( pendaifnt aussi plusicurs niaisons donnoes par dts parlicidiers i)our rentielicn des tombcs ct des chapcUcs. Des proviseuis ctaicut charij;es dc percevoir Ics rentes, et d'eii disposer le itiienx possible. Lcs comples de ces espeees d'intendans sont parfois fort curieiix; eti voici un passajjje rccueilli par M. Veri^naud : « i65i. Recu 55 sols pour line annee de rcdevance de la mnison de la inarmite renversee, attenanle au grand cimetiere et a la porte de la galerie Saint- Hubert. M Suivant une note qui a rapparencc d'avoir ete eerite vers ce teuis, et qui nous a ete remise, cette luaison rcsta peudant long-tcms inhabitee, parce que le (liable renversait toujours la inarmite, en quelque diambre qu'on la mil aujeu. Ce sort effrayait lous ceux qui etaient tentes d'y demeurer; le proprietaire, vers i53o, s'adressa aux chapelains du grand cimetiere pour ehasser le diable de cette maison : ils y vinrent faire les prieres et les exorcismes d'usage : et one le proprietaire ni les niens localaires ne virent plus le diable faire son sabbat. En reconnaissance, fut creee cette redevance de 55 sols en faveur du cimetiere. En 1776, une ordonnance du Roi defendit toute inhumation dans I'enceinte des villes; mais le grand cimetiere ne fut tout-a-fait abandonne qu'en 1786. On dressa proecs-verbal de toutes les inscriptions et epitaplies qui y existaient alois, et Ton rechercha meme, dans de vieux au- teurs, et dans des manuscrits, cclles qui dalaient de plus loin, et dont il n'y avail plus de traces. C'est dans cet acte fort detaille, et fuit avec soin, que M. Vergnaud a puise des ren- seignemens d'autant plus curieux que plusieurs noms et plusieurs epiraphes rappellent des faits et des circoustances his- toriques. Pour donner a sou travail encore plus d'autlienticile, M. Vergnaud a reproduit, par un procede fort ingenieux, jusques aux caracteres gothiques des inscriptions. II en a fait \efac simile, ainsi que de plusieurs passages des chartes et des actes auciens qu'il a consultes, et voici coamie il s'y est pris : tout le manuscrit ecrit a la main sur |)apier autographe (i) a ete transporte sur la picrre, et tire connne inqiression litho- graphique. C'est, jecrois, la premiere tentative de ce genre (i) Voycz , sur la nature du papier employe dans ce but par M. Vergnaud , son Memoire sur le marronnicr d'Inde el sur ses pro- duits , iiis<-rc dans le tome VII des Annaks de la Soclete royale des sciences, belles-lellres ct arts d' Orleans. SCIENCES MORALES. — LITTERATURE. 209 que Ton ait faite, et malgre quelques imperfections, elle me- rite d'etre sigiialee eomme iin moyen precieiix de sauver de . I'oubli plusieurs inonumens , etdc les transmettre a la posterite avec le moins de frais possible. M. Vergnaud s'occupe, en ce moment, d'lm nouvel ouvrai^e qui ne tardera pas aparaitre, ct qui completera la scrie de recherches et de travanx qu'il a faits : c'est un tableau de la ville d'Orleaus, de ses antiquites, de tout ce qu'elle renferme de curieu.x, avec un apercu des evenemens les plus remarqna- bles dont elle a ete le theatre, et (jui pretent tanl d'interet aux lieux qui en ont ete les temoius. L. Sw. B. Litterature. 64. — * Encyclopedic moderne , ou Dictionnaire ahres^e des sciences, des lettres et des arts, avec I'indication des ouvrages ou les divers sujets sont developpes et approfoudis ; ])ar M. CouRTiPf , ancien magisti'at , ct par une Societe de gens de lettres. Toma X.Paris , 1827; au bureau de rEncyciopedie , rue Neuve Saint-Roch, n° i!\. In-8° de 622 pages; prix du vo- lume, 9 fr. ( Voy. /lec. Enc, t. xxxii, p. 481). Les lecteurs seront satisfaits de la distiibutiou des matieres dans ce volume, de I'etendue relative des articles, de I'en- senible et des proportions de chaque partie. Comme a I'ordi- naire, chaque lecteur citera au tribunal de son opinion les ])ensees des ecrivains reunis pour composer cet ouvrage : il y ti'ouvera beaucoup a loner, desapprouvera quelquefois, con- servera quelques doutes, exprimera le regret de ne pouvoir completer, au moyen du livre, rinstruction dont il sent le besoin. Si les jugemens divers etaient recueillis et peses, car on ne pent accorder a lous le meme poids et la meme auto- rite, I'ouvrage serait definitivement et convenablement juge. Comme il n'est pas possible d'obtenir cette enonciation tidele de I'opinion publicpie , des aristarques s'arrogent quelquefois le droit d'y suppleer, de former ou de diriger eux-memes I'opinion , de tenir suspeudue au bout de leur plume la des- tinee litteraire des ecrivains contemporains. Nous n'avons pas, a beaucoup pres , une aussi haute pretention : nos vceux sont accomplis , si nos observations n'ont pas ete sans fruit , si elles ont pu contribuer a preserver de quelques erreurs et a diriger les esprits vers quelques vcrites utiles. Nous esprimerons done, comme lecteurs attentifs , les impiessions que nous ont faites certains articles de ce dictionnaire. Nous nous attendions a trouver dans I'article Dieu plus de philosophic que d'erudition, et en presence d'un aussi grand T. xxxiv. — Avril 1827. i4 aio ' LIVRES FRANCAIS. objot , nofre pcnst-e n'est dcsccnduc qu'avcc peine pour assister a line longue revue d'opinions ditcs pliilosophicpies , (i'argu- inens faibles ou faux , de noms qu'il est teuis de laisser dans I'oubli. Nous aiuions desire que la sublime notion de I'Ktre supreme fut niise a part, et qu'elle nc parut point avec le cortege des creations mythologiques. L'article Discipline militaire reproduit la proposition d'eniployer les soldats a certains travaux publics. «. Mettez , dit-on , entre leurs mains les nobles outils que les lei;ions ma- niaient aussi volonliers que leurs amies. " Ces nobles outils sont mis aussi cntre les mains des crimincls fletris par les lois. A'ous invoquez I'autorite des institutions militnires des Ro- mains ; vous oub'iez qn'elles etaient eminemment republi- caines. L'armee franeaise est celle d'une monarchic constitu- tionnelle ; !c monarque en est le chef supreme, mais en se conformant aux lois de I'etat. Quoi que vous disiez, les travaux dont vous voulez charger nos soldats n'ont rien de militaire , ou ne leur apprendraient que ce qu'ils savent aussi bien an bout de deux jours qu'apres dix ans d'exercice. Vous parlez de creuser des ports : combien d'ouvriers sont moissonnes par I'insalubritc de ces terres humides dont les emanations les affectent durant tout le jour ! Ainsi , ce ne serait plus seulement pour la defense de I'etat que tant de families seraient separecs de leurs enfans ; elles n'avaient i\ redouter poiu- eux qu'une mort glorieuse en presence de I'ennemi; il faudrait qn'elles les vissent exposes a perir miserablement dans des travaux re- serves ordinairement pour les criminels. Tacliez done de re- Tioncer aux anciennes habitudes , aux prestiges de I'histoire mal interpretee , ct ne perdez pas de vne que l'armee franeaise est celle d'un etat conslitutiomiel. Mais, en somme , les observations critiques auxquelles cclaircissent ce que I'autenr de la lettre pent avoir laisse d'obscurite sur quel- ques points difficiles de la langue chinoise. II faut les lire , si on veut se faire de ce systeme etonnant une idee fort exacte. M. Abel Remusat s'est interdit toute explication tropdevelop- pee, et a su resserrer dans un espace fort etroit une tres-grande variete de points de vue. * E. B. 67. — * Lettre sur la decouverte des hiero^lyphes acrolo- giques , adressee a M. le chevalier Goulianoff, membre de I'Academie rnssc, par M. J. Klaproth. Paris, 1827; Merlin. In-8" de 4^ pages; prix, 2 fr. 5o c. Cette lettre contient une des dticouvertcs les plus impor- tantes que Ton ait faites jusqn'ici sur les ecritures sacrees des Egyptiens. On sail que I'antiquite nous a laisse . sous le nom 14. 2ia HVRES FRANCAIS. A' Hirroglyphiques \\a oiivrage attribue a Horapnllon , dans lequel sont expliquces pliisieiirs dcs rcproscntalions rl'objcts physiques que Ton rencontre sur les nioniimcns dc TK^ypte. Os explications sont pour la plupart forcees; et en effet , elles doivent I'etre; car il n'cxistc soiivcnt , cntre I'ldee qu'on a vuulii exprimer, et I'objet clioisi pour- la representer, aiicun rapport logique. Nous n'en citcrons qu'un cxemple , celui de la coloinhe indiquant la Jcrocite. Le recueil d'HorapoUon a done etc severement juge par prcsque tons les savaiis qui so sont occupes de ces rechcrclies. M. le chevalier Gonlianoff , qui se livre depuis quatre ans a I'etude des anciennes ecritures tie I'Egypte , vient , |>ar sa decouverlc, de rendrc a cet ouvrage toute I'importance qu'il nierite. Partant de cette base, que le copte est a tres-peii de chose pres Taiicienne laiigue egyp- tieunc, il a reconnu que le nom copte dun objel j^hysique , destine, d'apres Horapollon, a lepresenter une idee donnee, comniencait par la nienie lettre que le nom copte de cetie idee ; el qu'ainsi , pour reprendre I'exemple cite plus haut, les mots c.olombe etye'/oc//*' connniencaient en copte par la menie articu- lation. Telle est ringenieuse observation de M. Gonlianoff, a laquelle n'echappe presque aucun des hieroglyphes cites par Horapollon. Mais, ce qui donne a sa decouverie un haut degre de certitude, c'est le cas oi!i un seul objet physi(juc etait destine a representer nn grand noinbic d'idees de nature tres-diverse. Ainsi , le vautour signifiait Junon, elevation , primaute , hit- mililc , sang , victoire , deux draclunes , connaissance de I'a- venir. Or, il se trouve que le nom copte de vautour commence par la meme lettre que tons ceux dont il etait consacre a Ggurer I'idee. Maintenant, on comprend comment les Egypticns, en possession de ce systeme, ont pu I'appliquer a la represen- tation graphique des noms propres , et on ne s'etoime plus de voir que , pour ecrire le nom de Cesar, ils aient pris trois objets dont les noms, dans leur langue, avaient pour initiales les lettres K , s , r. l^a. decouvcrte di; M. Gonlianoff rend raison de celle de M. Champollion jeune , et remplit une lacune que ce savant n'avait pu encore combler. On ne pent qu'engager M. Gonlianoff a conlinuer ses pt'ecieuses rccherches , et le feliciter d'avoir rencontre, pour les faire connaitre au public, un interprete aussi eclaire et aussi habile que M. Klaproth. i2. 68. — * Lecons elcinenlaires de diction jranenise , |)0ur « L'auteur examine succes- sivement rinfluence de ces cours; 1° sur les etablissemens ecclesiastiijuci ; a" sur les tribunaux , et sur les assemblers po- litiques ; y sur les hautes etudes destinees a former des pro/a- ai4 LIVRES FRANC AIS. seurs ; 4° •^"'' fecole rnyale tie chant et de declamation. Le discoiirs dans lequel il fait entrevoir les avaiUagt-s tic cette innovation est remarquable par la jiistesse des vues ct pai- leiir developpenicnt. NoiK ne chcrclierons ]Joint a faiic connaitre ici la tnt'thode du protesseiir pour former la prononciation, pour apprcndre a ])hraser, pour obtenir les inJkwions naturelles, ft ])our plairc aux youx par dei inouvcir.ons convcnables. M. Dubroca a choisi pour son traitc la forme du dialogue par demandes ct reponses. II ne fait point connaitre les motifs cpii Font deter- mine a adopter une forme dans laqnelle on pcut du moins blamer les longueurs. Voici I'alphabet que M. Dubroca pre- seute a ses elevcs: a , e , i, o , a , y ; b , c , d , f, g , /t , A , I , m , n , p , q , r, s , t, X , z,j, V. « Vous voyez, dit a ce snjet ee professeur, que j'ai fait un petit derangement dans I'ordre des lettres de I'alphabet, en placant en tete les voyeiles a, c, i, o, u,j. Pourquoi en effct lesseparer ?ne repr»;sentent-cllespasdc3 sons analogues entre eux, des sous qui font une classe pariiculiere? il u'y a aucune raison d'ordre ou d'utilite jjour I'ariangement que Ton vous a fait connaitre dans votre cnfance, tandis que, dans celui que je vous presente, I'anaiogie regie la marche de I'alphabet, etic conslitne divise en deux classes nattn-^'Ues. » II me semble que I'aveugle routine seule pouriait murmurer de cctte innovation. Mais, pourquoi M. Dubroca conserve-t-il I'ancien ordre des voyeiles? Pourquoi ne les c!asse-t-il point, a I'exemple du president Debrosses et de Court de Gebelin , selon leurs degres de retentissement, «, o, e, y ^ i, u? Pour- quoi ne point changer I'ordre des consonnes , pour les classer en den tales , gutlurales , etc? L'etude speciale de I'alphabet peut permettre de semblablcs modifications (pii rendent les de- tails d'une application plus facile. Notre alphabet mcthodique presenterait les lettres dans Tordre suivant : A, 0,i,I,Y,U, T, D,P,B,F,V,W, H,J,0,K,Q, R,L, M,C,X,S,Z. La seconde partie de I'ouvrage que nous annoncons ren- ferme des lectures dans ie genre simple, destinees a prouver I'utilite de I'art de lire a haute voix : ce sont de pelites nou- velles ecrites avec elegance, et dont le style porte quelquefois I'empreinte de linspiration du cceur. Ce volume est lermine par le charmant poeme de M. Fran- cois de Neufchateau, sur la inaniere de lire les vers, ouvrage qu'on aime - inais on y sent peut- etre plus freqiiemment encore la ujaniere de Delille dans le genre descriptif, qui avait gagne tons les ecrivains de I'epoque, sans qu'aucun d'eiix ait pu parvenir a atteindre cette elegance de style, cette melodie de versitication, et surtout cette ri- chesse de coloris qui distingue si eminemment le chantre de V Imagination et des Jardins. Legouve ne nous semble pas avoir ete plus heureux en cela que les nombreux imitateurs de Delille, et nous croyons qu'il faut surtout s'attacher a son poeme du Merite des fernmes , pour se faire une juste idee de la nature et de la portee de son talent poetique. A ce poeme, qui restera comme son premier titre a la gloire litteraire, il faut ajouter quelques autres |)ieces , telles que XEpilre aux fernmes, les Conseils a Jglnure, etc., on se retrouventle meme talent, ct le penchant bien decide qui semblait le ramener toiijours vers iin siijet de son choix, avec lequel son anie ct son esprit s'etaient si bien identifies. Fille, eponse et mere, aniie et amante tout a la fois, tels sont les rapports dans les- quels il a toujours vu et celebre cette belle moitie du genre bumain a laquelle il avait voue son existence, et dont I'intime nnion avec I'autre sexe lui a fait dire avec tant de grace et de verite : lis obtiennent chacun , dans uii echange heureux , Deux coeurs au lieu d'un coeur, deux ames au lieu d'une, Et sentent, partageant leurs craintes, leurs desirs, La moitie des chagrins , le double des plaisirs. De combien de bonheur les femmes n'ont-elles pas du en- tourer une ame si aimante et si devouee, ce defenseur si elo- quent de leurs droits el de leurs interets! Et si une seule avait fait exception, si une seule I'avait paye d'ingratitude, si , fou- lant aux pieds la vertu la plus necessaire a son sexe!... Mais arretons nous, ct respoctons la memoire de celui que « I'exces de sa sensibilite conduisit au tombeau , et que, semblable au poete de Ferrare, ses amis eurent la douleur de pleurer deux fois (2) ' » E. Hereau. 71. — * Poesies , par M""' finable Txstv. Deuxierne edition. (1) M. Duval, dans son Discours dc reception, en i8i3. (a) Le meme , ibid. ai8 LIVRES FRANCAIS. Paris, 1827; Ambroise Dupoiit et compagnic. Grand iii-18 ile ^| 3 /1 7 pages; prix, 6 fr. ^ Tons les amis des nobles sentimens et des beaux vers ont accncilli avec leeoiinaissance les poesies de M'"" Jinable Tastu, et nous avons iini notre suffrage an leiir, dans I'ana- lyse cpie nous leur avons consacree (voy. Rev. Enc, t. xxxu, p. 6/, 8 ). La seconde edition de ce recueil ne sera pas inoins recherchec par tons ceux qui sont scnsibles aiix charmes des pensees donees et pliilosophiques , des images gracieuses ou touchantes, revelues des plus brillantes conieurs de la poesie. lis aimeront a retrouver ici et a relire souvent une foule de pieces charmantes eparses dans |)lusieurs lecueils, telles que : le Serment des irnis Suixse.f , In Vcille de Noel, le Dernier jour de I'annee , I'Jnge f^ardic/i , la Mart , le Re tour a la chapelle , VEnfant de Canaris , Shalicspeare , etc. etc. — La nnise de M'"" Tastu sait varier habilenient ses tons et ses couleurs, et, penetrant dans les plus scciets replis de i'ame, elle nous associc t\ toutes les impressions quelle peint et que d'abord elle eprouve. N. 7a. — * Sedirn , ou les Negres , poeme en trois chants, par M. ViENNET. Deuxieme edition. Paris, 1827; Ponthieu. In-i8 de 1 3g p. ; prix , 3 fr. « Sur un rocher battu des flots amers , Cap orageux , qui de la Jamaique • Ferine le golfe ct domine les niers , Etait assis un baniii de I'Afrique. Tel qu'un demon echappe des enfers , L'oeii eclatant de plaisir et de rage, Le noir Sedim conlemplait le ravage D'un ouragan qui vengeait ses revers , Et devastait Texecrable rivage Ou son orgueil avait recu des fers. II sourlait au bruit de la tempete; Ce ciel en feu , ces tounerres grondans Dont les eclats se croisaient sur sa t^te , Ces airs eharges de nuages ardens , Ce jour de niort lui seniblait uue fete. • Tel est le debut de ce poeme, qui renferme, dans un cadre asscz etroit, la pcinture enei'gi(iue des souffrances physiques et morales qu'eprouvcnt les malhcureux esclaves , soil pendant le voyage des caravanes qui de I'iiiterieur de I'Afrique les conduisent a la cote, soit a bord des vaisseaux negricrs, soil enfui dans les colonics. C'est un nouveau litre que M. Viennetj a su acquerir a I'estime et aux suffra^jes des amis de riumianite,j litti?;rature. 219 dont la cause le tiouvc toiijouis au premier ran^' parmi ses dtTonseurs. Emporte par iine imlignation tiop bien motivec , peiit-ctrCjSOus le rapport del'art, a-t-il , dans ce comt poeine, tiop acciimule les details sinistres. Le pinceau dc M. Yiennet , leiuartiuable par la chaleur et la force, connait pen les demi- teintes. C'est un inconvenient assez grave dans les sujels serienx; I'esprit du lecteur, moins vigoiireiix rpie celni du poete, se fatigue de la conlinuite d'iuipressions vivcs que celui-ci veut lui coainuinifiuer. Le sarcasme, I'ironie, la raillerie caustique on piaisante, telles sont les parties les plus heureuscs du talent de M. Viennet. C'est dans Tepitre, dans la satire, dans le poenie iieroi-comique qu'il nous semble appele a obtenir les succes les plus brillans et les plus durables. Ch. 73. — Byronlennes ; elegies, suivies d'autres pieces ele- giaipies; par M. Eugene Gromieb. Paris , 1827; Delangle freres. In-8° de 83 pages; prix, 3 fr. Ces elegies lyriques se distinguent de cetle foule A' Harmo- nies , de Melodies , de Souvenirs dont la lilterature est comme inondee , par un ton moins einpliatique et un Inng.nge plus in- telligible. Les Byroniennes sont une serie d'odes irregulieres snr Byron, dont voici les titres : le Pressentiment, les Souve- nirs, le Deuil , les Funerailles, la Veilleefunehrc , la Volupte, le. Sort du genie , Lady Byron , I' Apotheose. C'est une medita- tion en neuf parties. On ne saurait trop rappeler aiix jeunes disciples des muses que celui qui compose des vers poiu- les produire au grand jour, et qui veut meriter des succes durables, doit consacrer de longues veilles a ses compositions poeliques; sans quoi il lie produit que des ebaucbes imparfailes sur la valeur des- (pielles une amitiecomplaisante pent bien abuser quelquetems son amour-propre, mais dont I'abandon du public ne tarde pas a faire justice. Quoique cette observation nous soit suggeree par la lec- ture des elegies de M. Gromier, qui ont quelque chose de vague et de froid , defauf inherent a la nianiere dontilaconcu et traite son sujet, nous aimons a reconuaitre que ses vers , souvent purs et harmonieux , annoncent en lui un veritable talent; ce talent, muri par la meditation et par les conseils d'une critique judicicuse et severe, ]iourra lui assurer plus taid une place honorable parmi nos poetes. Ses premiers essais, qui plairont sans doute a beaucoup d'aimables lectriccs , amantes des melancoliques reveries, sont dignes d'encourage- ment, et les avis meme que uous croyous devoir lui adresser lui prouveront \ la fois combien nous estimons son caracterc. 210 LIVRES FRANCAIS. bien superieiir sins iloute aiix pctites siisci-ptibiliros d'lin amour-propre, d'aiitant plus irritable que Ics auteurs sont pins niediocros . ot combion nous desirons qu'il prepare, d'ici a quelques aunees, iiii ouvrage dont le planet I'eNccution ne merilent qne des eloi,'cs. N. 74- — -Lt'-''' Hlbou.r , o\\ Ici Noclimanie , poeme heroiique en un chant, par Th. Villenave fils. Paris, 1827 ; Amb. Dupont. In-8° de 16 pages; prix, 1 fr. De images j'ai vu I'horison se voiler ; Le soleil dans sa course a paru reculer , Et les cliauve-souris , amanies Ae.% toiiebres, Prt'ludent sourdement a leurs concerts funelires ; Elles chassent le jour; les hiboux , a leurs cris, De Mont-Rouge envoles, s'abattent sur Paris. Des enfans de la nuit c'etait Thorrible fete, Et nagu^re ieur chef, dans Saint-Acheul cache, Mainienant au sommet du Pantheon perche, De la nuit sur le jour chante ainsi la conqu^te. Vient renumerasion des succes obtenus deja par les hiboux, qui, envoyes de Rome, out envahi Paris, ses palais et ses COHvens- Leur chef raconle qu'il a visite ce vaste edifice Ou Ton parle a la fois de fraude et de justice ; Ou la religion combat la liberte, Et fait de son manieau notre securite. A gauche , dans la salle , une vive luniicre Fit clignoter mon ceil et fenna ma paupiere. Tons ines freres et moi , nous etions fremissans ; Mais, au lourd battement de nos ailes poudreuses, luvoquant de la nuit les ombres genereuses , La clarte disparut , et nous etions trois cents. Mais le triomphe des enfans de la nuit n'est pas de loni;ne duree; aiix cris de la France en denil, Sur «u char lumineux parait la liberie ! Son front jeune est brillant de gloire et de beaute : Les lettres et les arts sont appuyes sur elle : L'escadron de la Nuit s'enfuit a tire d'aile. Apres avoir trace cette legere esquisse dn petit poeme do M. Villeuave fils, notis nous abstietidrons di; porter iin jnge- meut : les courtes citations qui nous ont ete permises siifliront pour faire apprecier u nos Iccteurs le talent du jeune poet« LITTERATURE. 221 dont nous avions deja sit^nale une premiere production ; VEpitre au.r Grecs el a lord Cochrane ( voy. Rev. Enc. , t. xxxii, pajj. 492). ^ . , , *• 75. — Epitre h M. Mely-Janin , a l' occasion de sa piece de Louis XI ; par A. Bignan, avec cette epigraphe : Les anciens sont les anciens, et nous sommes les gens de maintenant. — Paris, 1827; Lecaiidey. In-S" de 16 pajj;es; prix, i fr. a5 c. M. Bignan, apres avoir coinpliniente M. Mely-Janin sur le sncces de son drame, succes qiril regarde comme un coup de partie pour la cause des novateurs iitteraires, fait le procesan genre dit classique , et trace aux autciirs dramatiques la roule qu'ils auront desormaisa suivrc. Peut-etre la poesie n'est-elle guere propre a trailer iin sujet que la prose clle - meme n'est pas encore parvenue a eclaircir. Personnc toutefois ne contes- tera la justesse de ccs preceptes : Chercher la verite , ' Reunir la noblesse a la sitnplicite, Tracer dii coeur hiimain nne vive peinture , Dans sa candeiir naive imiter la nature , Aux grands homines , brulant du feu des passions, Avec nioins de discours pieter [dus d'actions , Marier, par les noeuds d'un accord energique , La muse de I'histoire et la muse tragique, Rabaisser nioins le peuple, elever moins les rois, Enfin, ressusciter nos heros d'autrefois, Honorer leurs vertus , celebrer leurs victolres , Et des vieux tems franc;iis cbanler toutes les gloires, Voila par quels moyens le talent novateur Repandra sur la scene un souffle iuspirateur. Les pensees et les expressions de M. Bignan , n'ont pas tou- jonrs, dans cette epitre, la meine clarte , ni la menie justesse. Ces defauts tiennent sans doiite au sujet. Mais ce qui appartient en propre a I'auteur, c'est une facture de vers toujours ferine, elegante et harmonieuse. Ch. 76. — Idarbas , on le pretre de Satitrne , episode tire du chant VIII'' de Regulus , poeme heroique , inedit, en 12 chants. Paris, 1827 ; Ponthieu. In-8° d'une feuille; prix, i fr. L'auteur du poeme de Regulus nous parait penetre du pre- cepte de Boileau : nous nous rappelons que deja , en i823, il a Ui un fragment de ce poeme, dans une seance de X Athenee des arts; et cependant, il ne croit pas pouvoir encore le livrer a Timpression. Nous aurious plnsieurs motifs d'applaudir a cette sage reserve. Peul-etre a-t-il ete chercher son sujet im pea loin. Nous demandons surlout aujourd'hui que ^22 LIVRES FRANCAIS. Ton nous intcresse i^ nOns-niemcs. II est vrai que retiide gene- rale cki cceur luimain est de nature a nous offiir ties lecons pour tons Ics terns et pom' toutes les situations de la vie; aussi I'episode que publie aujourd'hui I'auteur aiira-t-il, anx yeux de quelques lecteurs , tout Tinteret d'un a propos; et ce vers : Prdtres , vous nous devez Texemple des vertus pourra malheureusement trouver d'autres applications que celle qu'il en a faite au farouche pontife d'un dieu de vengeance et dc sang. E. H. 77. — La Mart du Connetahle de Bourbon ; tragedie en cinq actes; par M. ***. Paris, 1827; Pihan - Delaforet, rue des Koy«rs, n° 37. In-8'* de 69 pages; prix , 2 fr. 5o e. Le connelable de Bourbon avait vol. in-12; prix, 5 fr. Get ouvrage est dune conception tout-a fait originale ; M. Dalban s'est appropiie Irs persounages ries romans les plus celebrcs, et les a mis en rapport (h; connais'^ance et d'aniitie avec Celestine, jeune personne tlont il tiecrit les aventures. Celestine, avec des passions vives et teudres, prupies a exalter son esprit, a enflaninier son imagination , se Irouve bien placee ail milieu de tant dc porsonnages divers. Ses sentimens, ses pensees, ses actions sont a la liaiiteur du monde romantique ou M. Dalban I'a placee. Sans doiite , il n'etait pas aise de mettre dans une suite de scenes mobiles tant de earacteres d'une tiempe si variee, et traces par la main d'liomnies de genie, sans les allerer, ni les deiigurer. L'auteur a c|uelquefois ecarte avec un artifice lieureux une partie de ce qu'un parcil sujet avail d'iuvraisemblable dans le tems et les lieiix, les moeurs et les earacteres. L'interet se rattache principaleaicnt a son heroine, qui, parmi tant de personnages, se livre a tout ce que I'amour a de perilleux , quand il se joue de la raison. En mettant ainsi en scene les persounages des grands ro- mans qu'ont produits I'Angleterre, la France, rAllemagne et i'Espagne, l'auteur a neglige avec raison la plupart de ceux qui ont fait du bruit, mais qui sont pen dignes de leur renommee; ce qu'il y a de singulier, c'est que ce sont les heros de ces grands rornans qui dedaigncnt ces peisonnages mesquins, raysterieux ou fantastiqiies; ils les rejettent, pour ainsi dire, de leur sociele. Le style est distingue par la precision et par des tours hardis. M. Dalban reussit a tracer des portraits, a decrire les sites, les jeux et les fetes, a raconter I'enlevenient de jeunes beautes. Get ouvrage, soit par sa nature singuliere, soit par les personnages mis en scene avec Celestine a qui il airive des aventures merveilleuses, naturellement melees et liees aux principales aventures tirees d'autres romans, offre une lecture instructive et amusaute. On aime a renouveler connaissance avec les grandes families romantiques, et a connaitie ce qui arrive a la jeune fille qui en fait sa societe habituelle. A. Metral. 80.— La Caravanc dramatiqite , ou les Virtuoses aventn- riers; par Z-e'o/zarrf Gallois. Paris, 1827; Gh. Bechet, quai LlTTfiRATURE. 22^ des Augustins, n" 57. 3 volumes in-i 2 ornesde gravures; prix, 9 francs. Lesage ct Scarrou out peiut ce qu'on peut appelcr la no- blesse et la roture du tlieati'e, la troupe ambulante de la pro- vince, et la compagnif dc la capitale. L'auteur de ce roman €st descendii un cran plus has. Ses virtuoses, qui se rassem- blent en Italic pour aller chanter I'opera ilalien a Odessa , et auxquels il arrive , dans le voyage , et pendant le reiour , des aventures j)assablenient grivoises, commencent par etre bate- leurs poii>- »e procurer I'argent necessaire a I'entreprise , et fjiielques-uns retombent assez pres de ce premier metier. On peut juger du tableau parlc cadre; ce sont des j)eintures prises dans une nature degradee, des scenes de licence comique, de la crapule et de la misere. Les romanciers celebres que nous <;ilions plus haut, n'ont pas craint de reudre le cote trivial des choscs humaiiies; Voltaire, dans ses rouians, a egalement donne place a des details vultiaires et licencieux. Mais, ce qu'il peut y avoir, cliez ces auteurs, de contraire a la morale , y est en de la fable, par la chastete, ou tout au moius I'elegance du langage. Quand tout ■ccla manque, il ne reste plus que des rareurs de carrefour et d'estamiiset, ijui noffensent pas moins les regards dans la copie que dans le raodele. Otez a Cliarlet la verite naive et rinteiition spirituelle de son dessin, et Ton se detournera avec degout de ces compositions , qui chaimeut les plus delieats. Je eiains bien qu'il n'en soitainsi de ce nouveau roman; il n. h\ 5o c, ct par la poslo, 3 (V. xS c. o Heureux qui ( comme lui ) sait , d'une yo\x legere, Passer du grave au doux, du plaisant au severe. » On so rappcUc involontairenient cet adat^c dii legislateiir de iiotre Parnasse irancais , quaiid on voit le niome autemqui, dans les sommaires descriptifs dc la galeric de Lesueur, ct dans la \ie du Raphael dc la France qui vicnnent d'etre publics , a si bicn parle le lan^'age des arts , ct qui , s'elevant k la di.jnite de I'historicn , a redige la vie de Saint-Bruno avec cette sage ini partialite, caractere de la vraie philosophic; quand on voit, dis-je, ce nicme ccrivain deccler a la fois tant dc facilite , de grace, dc sensibilite dans sa nouvellc intitulce : Alhcric et Se- If^nie, DU Comme le tcms passe , a laqnclle on ne peut rcpro- cher que son excessive brievetc. Au restc, M. Charles Pougcns a, dcpuis long-tcms , habitue le public a cette espcce dc phcnomcne liltcraire. On I'a vu , tour a tour, elonncr I'Europc savante par I'crudition vaste ct profonde dont il a donne des preuves en publiant le Specimen de son Trcsor des origines , et Dictionnaire grammatical raisonne de la langue francaise (Pa- ris, 18 ig; imprimcrie royale. 1 vol. in-4°; piix, aS fr.), et son Archeologie , ou Vocahulaire de mots anciens tombes en de- suetude, et propres a etre restitues au Ian gage moderne (Paris, i8a5; veuve Desoer, rue des Poitevins, n° 12. 2 vol. in-8"; prix, 1 4 fr.) ; puis , devclopper toutcs les richesses d'un style pur, briliant, anime dans scs Quatre ages; faire couler de douces larmes dans scs Letlres dun chartreux ; nous faire sonrire par quelqucs traits malins dc scs Contes du vieilErmite de la rallce de Vauxhuin (Paris, 1821 ; veuve Desoer. 3 vol. in-12; prix, 7 fr. 5o c.) ; donner, sous le voile du roman , de sages lecons a nos criminalistcs , dans son Abel ou les trois Jreres (Paris , 1820 ; Mongieaine. 1 vol. in- 12; prix, 3 fr.); cnfin, aprcs s'etrc assure la reputation de con tcur aimable dans ses Lettres philosophiques (Paris, 1826; Louis, rueduPaon, n° 2. 1 vol. in-12; prix, 3 fr.), qui offrent tant d'anecdotcs incditcs d'un grand intcret sur Voltaire, J. -J. Rousseau , D'Alcmbert , etc. ; faire le charme de nos salons , par son agieable anecdote de Jocho , qui a obtenu un succes si briliant , et dont M. P. Mongie vient de donner une troisicme edition. On ne peut qu'admirer la flexi- bilite dc talent de M. Charles Pougens, ct faire des voeux pour qu'il public bicniot son Recueil de poesies , ct ses Dialogues philosophiques , qii'on assure etre maintenant sous prcsse. L**"*, dc la Societe philotechniquc. BEAUX-ARTS. 22? Beaux- Arts. B3. — * Album du deparlement da Loiret ; par M. C.-F. Vergnaud-Romagnesi, mcmbrc de la Societe royale des scien- ces , belles-lettres et arts d' Orleans , de la Societe du departement des Fosges , etc. Paris, 1827 ; Roret et Sennefelder, impri- meur litliographe. Orleans, I'auteur, rue royak', n° 8/|, L'ouvrage se composera de cinq livraisons; quatre ont deja paru. Prix dc chatjue livraison, de quatre dessins avec texte, in-felio, 5 fr. pour les souscripteurs ; 7 fr. apres la souscrip- lion ferniee. Pen de departcmpiis meritaient, autant que celui-ci, les honneurs il'na^ album : T\c\\e en edifices aDcieiis,en fragmens d'architecture et de sculpture, en souvenirs qui se rattachent presque tous aux faits les plus importans de notre histoire , le departement du Loiret offre aussi les sites les plus varies et les plus rians. Sa proximite de Paris, ses relations multipliees avec la capitale, I'etendue de son commerce, et par-dessus tout les bords charmans de la riviere qui lui donne son nom , y atiirentet y retiennent beaucoup d'etrangcrs. II est impossible, en effet, d'imagincr rien de plus ravissant que I'aspect du Loiret, caressant de ses eaux fi'aiches et pures les herbes, les fleurs, les plantes qui embellissent ses rives; des eglantiers converts de roses sauvages, des aubepines blanches y baignent leurs rameaux fleuris. Les orabrages epais de pares delicieux invitent a se reposer , et I'urbanite des liabitans est en harmonic avec les charnies du paysage. Les bords du Loiret ont un ca- ractere tout parliculier : c'est nne nature qui n'a rien de sau- vage ni de grandiose; sa fraicheur et ses graces ne sont pas memo exemptes d'un pen de coquetterie ; mais sa parure lui sied si bien, qu'on ne songe pas a I'art avec lequel elle est dis- posee. Le Loiret aide a comprendre les creations de la myllio- logic des anciens. On serait tente de chercher uno naiade sous les touffes d'herbes qu'on apercoit an fond des eaux, et de prendre pour la couroune de la nymphe les fleurs etoilees du nenuphar qui s'epanouissent a la surface. La naissance de cette riviere est aussi toute mysterieuse : elle sort de terre en deux endroits, sans qu'on puisse lui assigner une origine certaine. Elle coule lentement: on dirait qu'elle se plait a parcourir ses beaux domaincs. De terns en terns, elle s'ouvre une route a travers les bois et les prairies qui fenvironnent et va jfaire tourner un moulin dont le cliquetis se marie au murmure de I'eau et du feuillage. De channantes fabriques, elevees par de i5. 228 LIVRES FRANCAIS. riches i)roprietaircs, clans iin double but d'ai^rement ttd'utilitc, aniinent le site; ce soiit pour la |>liipart des nionlins a fariuc. LeLoiiet a aussiser. souvenirs historiqnes : en ifi'iG, sa source, et une partic de son cours appartenalent aux reliij;ieux de I'ab- baye de Saint-Mesininde ]Mixi,qui pretendaient posseder luie cliartre de Clovis, prouvnnt que lenr nionaslere avait ete fondii par ce roi en 5io , et dote par liii de tout Ic fcrrain compris entre la Loire et le Loirct. Ce fureut eux qui etablirent sur cette riviere les premiers moulins a can. Lors des fureurs de la li^ue, le due de Guise, cauipe devant Orleans avec son arniee, fut tue par Poltrot d'uu coup de pislolet , sur le coteau d'Olivet. Le chiiteaa de la Source a ete long-terns liabite par le vicomte de Bolini;broke, ministre de la rcine Anne, qunud il se retira en France apres sa dis!j;race. Voltaire vint I'y visiter , et lui lire son poeuK; de la Henriarle. Mais, en se ra]vprochant de la Loire , on rencontre des traces pins intercssantes du passe : Clery , doiit la jolie ei^lise i^othique fut batie jiar ordre et aux frais de Louis XI, en riionneur de cette celebrc Notre-Damc de Clery qu'il invoquait si souvent, ct on laqucllc il avait si merveilieuse foi et devotion qu'il lui voulut confier la garde de sou corps. II fut en effet transporte a Clery apres sa mort, et enterre dans I'eglise, d'oii le tirerciit plus tarcl les huguenots qui briserent ct profanerent sa toinbe. On lui eleva un noLiveau monument sous Louis XIII : c'cst celui qui sub- siste encore aujourd'hiii. Plus loin , et de Taiitrc (;6te, est Beau- gency , ou Ton voit une haute et large tour gothique, appelee dans le pays la tour tie Cesar, mais qui semble piiitot appar- tenir an uioyen age qu'a I'epoque des Romains. On presume qn'elle fiii'iait partie d'un ancien chateau fori, appartenarit an caidmal de Lougueville , seigneur de Beaugcncy, et petit-fils de Dnnois. La facade de I'liotel-de-ville, decocee de bas-re- liefs, de portraits et d'tme salamandi-e , semble dater dn regne de Francois I""'. Dans une petite rue , se trouve une masure sur laquelle on distingue qnelques restes d'ornemens, et qu'ou iiomme encore maison du temple: on croit que c'etait nne dependance des Templiers , qui avaient des possessions assez etendues dans cette province. Un des monuniens les plus cn- rieux de Gien est une maison qu'on suppose leur avoir appar- tenu, et qui fut baric, en io5o, par des juifs. Cette conjecture se confirme, lorsc|u'on se rappelleque Philip])e Auguste, apres avoir chasse les juifs de I'Orleanais on ils avaieul des syruii^o- gues moult belles et ^randes avec lieux secrets pour leurs mjs- teres ,et cacher leurs repaires, donna aux Templiers lesbiens BEAUX-ARTS. uag qii'il confisqua siir ce people errant (i). A qoelqucs liciies de Beaiigency, on troiive plusieurs dolmens, on pierres druidi- ques, entre autres le dolmen de ver, qui fait partie de la lii;ne tie ces monumens qui s'etend depuis Chartres jusqu'a la Loire. Ces masses iinposantes se rencontrent surtout au bord des vallees et dans Ics plaines: leurs dimensions, leiir antiquite, la nianiere dont elles sout posees, ct surtout la difficulte d'cxpli- quer comment et pourquoi elles ont ete transportees dans ies lieux qu'ellcs occupent, en font des objets de veneration ou de terreur superstitieiise pour Ies gens du pays, qni Ies nomment pierres levees, pierres de Gargantua , pierres des fees , etc. II serait trop long d'enumerer ici toutes Ies sources d'interet et de curiosile cpi'offre le departement du Loiret : I'empreinte du passe s'y tetrouvc a chaque pas. Soit res[)ect, soit amour pour Ies vieux us et coutumes, on n'y a pas trop aide la niarche rapide du terns. Beaucoup d'edifices sont tombes d'eux-mcmes , peu a pen , et leurs mines ont couserve un caractere de beaute et de grandeur. Avant qu'elles disparussent tout-a-fait, il etait important pour I'histoiie, pour Ies arts, d'en fixer I'aspect, de recueillir Ies traditions qui s'y rattachent, et c'est ce qii'a fait M. Vergnaud avcc autant de conscience que de talent. Grand amateur d'antiquites, il a mis un zelc infatigable dans ses re- cherches. Parcourautlui-memeapied lescampagnes qu'il decrit, visitant jusqu'au nioindre debris des vieux moiinmens, tiraut de la poussiere des archives de la viile , et de manuscrits qu'on lui a communiques , tout ce qu'il a cru propre a jeter du jour sur le passe, il a rassemble une foule de materiaux authenti- ques et precieux. J'ai entendu quelques personnes sc plaiadre de la secheresse et dc la precision des details; mais,j'avoue qu'a mes yenx c'est uu raerite de plus. Je prefere beaucoup ce genre simple et vi'ai aux ampliQcatious de college dont on nous accable. Les lecteurs de ce genre d'ecrits n'y chercheut point i'dique de donner, sous le rapport de la civilisation, nn a|)ercu de ses travaux, et d'appeler I'attention sur la publication periodique qui en pre- sente les resultats progressifs. R. Livres en langues etrangeres, impriines en France. 87. — • rta'ypc((pitit aaTfo'/of^iKyj , etc. — Geographie astrono- miqne, on Exposition abregee du systeme planetaire, com- posee en francais, par Leon Bezout, membre de la Socicte asiatique et de la Socicte de geographie de Paris , traduite en grec nioderne a I'usage des ecoles primaires de la Grece, par P. JoANNiDis, de Sniyrne. Paris, iSaS; Firmin Didot. In-12 de 60 pages. Get ouvrage est la traduction d'un livre deja ancien, dont nous ne pouvons que rappeler Ic plan. L'auteur counnence par defmir les termes et donner les eiemens de geometrie neces- saires i I'etude de la geographie. II passe ensuite u I'exposition rapide des corps qui composent notre systeme planetaire, et les rapportant tons a la terre que nous habitons, 11 fait con- naitre brievement les cercles et les points que les geographcs y ont traces depuis long-tems. Nous ne dissimuierons pas quo nous aurions desire trouver dans cat expose des notions quelquefois plus rigoureuscs : il y a moyen de faire comprendre les idees abstraites, memo aux en- fans : mais, c'est au maitre a se charger de ces developpemens; quant au livre, il ne doitcontenir que des principes rigoureu- sement exacts : ainsi , nous voyons avec peine qu'on a voulu ex- pliquer I'attraction des corps celestes en la comparantaveccclle de I'aimant; c"', si I'enfant ne connait pas les phenomenes magnetiques, I'explication est inutile ; s'il les connait, I'analogie LlVRES ETR ANGERS IMPRIMES EN FRANCE. 235 t'st si faible que I'idee qu'il en recoil est fausse, et un livrc imiet ne pent pas la redresscr comme line lecon orale. Nous avons aussi icmarqiic un tableau synoptique du volume dcs planetes. On y volt que Vesta, Junon, Ceres et Pallas, sont, la premiere 7 fois plus petite, les trois atitres, 128, 1,000 et 80 fois plus grosses que la terre; ces volumes appartiennent a Mars, Saturne, Jupiter et Uranus. Quelqucs soins dans la disposition typograpliique auraient evite ces errcurs. Ensuite I'auteur nous apprend qui' la terie est un million de fois plus petite que le soleil ; i! aurait fallu dire treizc cent mille fois; c'est '.m tiers en sus. Nous faisons remarquer cos legeres imperfections, dans I'interct menie des ecoles de la Grece, afiii que M. Joannidis les fasse disparaitre, si, comme nous I'es- perons, la pro]iagation de I'instruction elementaire dans ce beau pays rend bientot necessaire une nouvelle edition de eet ouvrage. B. J. 88. — * Essay on the nohilhy of the shin , etc. — De la no- blesse de la peau , ou du prejugc des blancs centre la con- leur des Africains et celle de leurs descendans, noir et sang- raele; librement traduit Aw francais, de M. Greooire, ancien evcquc de Blois , par Charlotte '^oots. Paris, 1826; Scticr, cour des Fontaines, n° 7. In-S" de 84 pages; prix, 2 fr. Un des plus illustres collaborateurs de la Jxeviie , dont nous deplorons la perte recente, M. Lanjuinais, a rendu eompte de I'ecrit dont nous annoncons la tiaduction (Voy. t. xxix , p. 523) ; il nous suflira de renvoyer nos lecteurs au jugement qu'il en a porte. Depuis que le venerable prelat, qui a con- sacre une partie de sa vie au soulagcment d'une race opprimee, a public cet ouviage, la legislation francaise sur la traiie a ete rendue moins defcctueuse , et Ton peut penscr que les constans efforts de M. Gregoire n'ont pas etc inutiles a la saintc cause qu'il a defendue. Telle est la puissance de la pensec propagee {)ar la presse , que, du fond de leur cabinet, les ecrivains peuvent contrlbuer a changer la destinee du monde et a ame- liorer le sort de I'humanite. Heureux ceux qui , comme M. Gre- goire , ont fait de leur plume un usage si utile et si honorable! M. A. 89. — * Memoirs of the life of the right honorable Richard Brinsley Sheridnn,e\.c. — Memoires du tres-honorable/J/c/iar^/ Brinsley Sheridan; par Thomas ^oov^v.. Paris, 1826; Gali- gnani, rue Vivienne n" 18. 2 gros volumes in- 12 avec por- trait; prix, 20 fr. Ne en Irlande en i75i, mort a Londres le 7 juillet 1816, Sheridan fat le piemier poete comique de son terns , et so 1^^6 LIVRES ETRANGERS flistingna , commc oratcur, clans loppositioti parlemcntaire oi'i fi^iiraient /"ox, Burke, cl d'aiitrcs hommes I'cmarquables. Son esprit ctajt iin melange d'insouciance et de vvvacite, d'activitc et de paresse. II excellait dans I'art de renvoyer a ses adver- saircs les traits qti'ils liii lancaient, ct les battait prcscjnc tou- jours avcc lenrs propres amies. Des qu'il appliqiiait seriense- inent son intelligence a I'examen d'une question, il en saisissait rapidement tontes les faces, et personne ne savait micux que Ini profuer d'un avantage. II n'avait pas luie conviction pas- sionnee , niais raisonnee et spiritnelle, qui lui laissait toutc sa liberie d'esprit, ct lui perniettait de ciioisir de sang-froid ses movens d'attaque et de defense. Son instruction elait tres- bornee, et il lui arrivait souvent de faire les recherches les ])lns simples, au moment meme ou il en avail besoin; mais il savait jusqu'oii il pouvait s'avenlurer, et allait rarement an ileli'i. D'aiileurs les debats parlementaires n'avaient pas alors la profoudeur et la gravite historique qu'ils ont enes depnis. Chaciin y portait son caractere, son style, et traitait les stq'ets en discussion avcc des pointes, des saillies, des reflexions on des sarcasmes, selon le toiu- de son esprit: c'est dans celte diversite qu'il faut etudier les grands caracteres de Tepoque , Fo.T , Pitt , Burke, Sheridan. La biographic de ce dernier est toute politique; non que sa vie privee soit depourvue d'inci- dens romanesques; mais sa carriere parlemcntaire se lie a de trop grands intercts, ct a une epoque trop importante, pour ne pas absorber toute I'atlention. Le fameux bill sur la com- pagnie des Grandes-Indes, propose par Fox a I'insligalion de Burke, etles accusations dirigees contre le gouverneiu'-general Hastings, furent I'occasion et le sujet du plus beau discours de Sheridan, the Bes^urn speech, ou il exposait toutes les exactions auxqueiles avaienf etc soumises les Bei^ums ou princesses d'Oude , mere et grand - mere du nabab regnant. Sur- vinrent ensuite la maladie du roi et la regence de la reine ; enfin, la revolution franeaise , accueillie avec transport |)ar les whigs d'Angleterre , puis delaissee et atlaquee par eux , a mesure (pie ses exces menacaient la canse de la liberie. Le niinistere jeta les premiers cris d'alarme. Burke se joignit ii iui, et desertant ses anciens drapcaux, s'eleva avec indigna- tion contre les doctrines qui puuvaient conduire a une telle anarchic. Fox et Sheridan defendirent long-tems les prin- cipes de ce grand mouvcment populaire , et fircnt <'.'inutiles efforts pour engager I'Angleterre a s'allicr a la France , ou du moins a rester neutre dans la vaste coalition qui se formait contre elle. Ii est curieux cK- voir, dans les debats de cetle IMPRIMES EN FRANCE. 237 epoque, la maniere dont on envisage de loin les graves ques- tions qui s'agitaient alors en France. La mort de sa femme et des inalheurs |jarticnliets empc- cherent Sheridan de prendre beaucoup depait. a la discussion snr la guerre. Une intiniite formee avcc le aiic tie Portland f ensuite prince regent) a I'epoque ou celui-ci flaltait Topposi- tion pour s'en faire un appiii, etait devenu pen a pen funeste a I'independance de Sheridan : uon qu'il reniat ouvcrtcment ses piincipes, ou qu'il eut encore accepteaucun emploi; mais le laisser aller, qui faisait le fonds de son caractere, I'amour du plaisir, un certain orgiieil d'etre adniis dans I'iiitiniite de I'heritier presouiptif de la couronne, lui fernierent les yeiix sur les dangers qu'il courait, et il ne les ouvrit que lorsqu'il n'etait plus tenis de s'y soustraire. Accable de deltcs, use par les exces, il n'eut plus d'autre ressource que d'accepter une place dans la maison du prince de Galles. 'De ce moment, il perdit toute consideration, et fut regarde comme un instru- ment du pouvoir. Il ue tarda pas a recueillir les fruits de sou devoument. Abandonne de son royal protccteur qui venait d'etre nomme regent, poursuivi par ses creanciers, sorti du parlemeut sans espoir d'etre reelu, il fut arrele et mis en prison pour dettes. Lintervention de que'.ques amis lui (it rendre sa liberie ; mais son ame et son corps avaient jierdu leur energie. Ses embarras angmcnteient : ses livres furent saisis; on vendit a I'enchere un portrait do sa fennne, peint par Reynolds. II tomba malade, et , la veille de sa mort, des huissiers vouiurent I'enlever de son lit et le transporter dans uuq maison d'arrel. lis ne renoncerent a leur projet que sur les representations qu'on leur fit,qu'ils s'exposeraient a voir mourir le malade en route. Un appel au public qui devoilait la situation de Sheri- dan ])arut dans le Morning Post, et reveilla les remords des nobles amis avec lesquels il avait dissipe les tresors do son esprit, son repos, sa sante et sa reputation. Le due d'York, le due d'Argyle vinrent s'ecrire a sa porte; mais il etait trop tard, le malheureux Sheridan n'existait ])lus. Toute la noblesse d'An- glcterre assista aux fnnerailles de celui <|ue la veille elle avait laisse mourir de misere. Quand de pareils exemples d'ingrati- tude et de froideur redonneront-ils aux iiommes de genie le sentiment de leur digniui et de leur independance ! Les memoires que M. Moore a donne au public sont peut- etre un pen prolixes. Il a puise largemeut dans les papiers de Sheridan ; et, s'il en a tire parfois des choses curieuses , il aurait pu souvent y laisser des details pueriies, dont I'imporlance s'etait evanouie avec le terns. Le style n'a pas uon plus la male 2l.8 UVRES ifcTRANGERS IMPR1M^:S EN FRANCE. soveriu'; de I'histoirc, iii Ic merile dramatique et le mouvement d'lmo biographic. t)n n'cmbi asse pas bicn toutc Tcpoqiie, doiit \c grand caractere est en qiielque sorte iioye dans una foule de petitcs circonstances, trop longuement c.\posces. lln dcs passages les plus cuiieiix est Tcxtrait suivant d'lin journal tenii par lord Ryron , pendant six mois de son sejour a Londres, de 1812a i8i3, ct dont M. Moore est posscssenr. C'est un jugement snr Sheridan. Samedi, 18 decembre 18 r3. " Lord Holland m'a raconto iin trait cnrieux dc sensibiiitc de Sheridan. L'autrc soir, chacun de nous exprimait son opi- nion sur liii, et sur d'autres hommes mnrquans. .Te dis, pour nia part, que tontcc que Sheridan avail fait, on tcnte de faire, avail lonjours ete la chose /7ar excellence ^ la medleure en son genre. II a ecril la mcilleure comedie [l'£cole du scandale) , le meilleiir op(:ra [la Duegne, bien superieure, selon -nioi , ;i I'opcra des Mendians); la meilleurc farce [le Critique), qui n'a d'autrc defautque d'etre une irop bonne piece pour une piece de second ordre; le meilleiir monologue ( cclui sur Gar- I'ick; et pour conronner le tout, il a pi'ononce le meillcur dis- cours oratoire (Ic celebre Begum Speech) qui ait jamais ele concu on entendu dans cc pays. » Quelqu'un rcpeta ceci a She- ridan le lendcmain , et en rentendanl, il fut emu jusqu'aux larmes ! — Pauvre Brinsley! si ce furent des larmcs de plaisir, j'aime mieux avoir dil ce peu de mots sincercs, que d'avoir ecrit I'lliade , ou d'avoir compose sa belle Philippique. Sa charmante comcdic ne nic fit meme jamais autant de plaisir que j'en eus a apprendre qu'un de mes eloges lui avail cause un moment dc satisfaction. » A. L. N. B. Les Memoires sur la vie de Sheridan ont ete traduits «n francais, par M. Pakisot, et pubHes chcz M. Arlhus Perlrand. (Paris, 1826. a vol. in-B"; prix, 1/, fr. Voy. Rev. Mnc. , t. XXX, p. 804.) IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. Etats-Unis. — Reclamation. — Lettre ecrite par un Ameri- r.AiN a M. JuLLiEN, D irecteu r de la Ret-ue Encjclopedique, au sujet de quflques assertions relat'n>es a I'esclavage dans les Etats-Vnis, contenues dans la Notice sur I' Amerique , parM.. de Sismondi. (Voy. Rev. Enc, t. xxxiii, p 17 — 40. — Janvier 1827.) — M. — J'ailu, dans votre cahier du mois de Janvier dernier, una Notice sur V Amerique qui porle la signature do I'honorabie M. deSismondi. Mais, dans I'intime persuasion ou je suis que ce grand ecrivain n'a etu guide que par dcs sentimens d'hurnanite, je regretlc que le defaut de renscignemens exacts sur I'etat actuel de notre pays ait pn lui faire commetfre des erreurs dont le resultat serait de donner une opinion pen favorable de mes concitoyens. Mon intention n'est point d'entrer des a present dans une discussion approfondie de la question; mais jecomple assez sur votre indulgence pour esperer que vous acrueillerez quelcjues remarques en reponse aux observations d('ja im- primees dans votre recueil. II est tres-firobable que M. Sismondi sera tombe dans une erreur fort commune parmi les Europeens. Le •gouvernement dcs £tats-Unis est une anomalie politique. Tandis qu'une grande partie du pouvoir reside dans les differens Etats qui composent la confederation, les lois du gouvernement general agissent directement snr le peuple. Cette particularite jette souvent dans ime sorte tie confusion et d'enibarras I'etranger qui etudic notre police et nos institutions. II y a deja bien des annees que le Congres a fait contre Tcsclavage lout ce qu'il etait possible de faire. En vertu de sou droit de controle sur le commerce de la nation, il prohiba I'importation des esclaves, et ce trafic fnt, pour le citoyen des Etats-Unis, assimile a la piraterie. Nous possedions alors, et nous possedons encore aujourd'hui des territoires immcnses sans culture, qui auraicnt certainement donne des produits, si notre Congres, imitant la politique desEtats europeens, cut voulu dans cette occasion augmenter les revenus j)nblics aux dcpens de I'humanite et de la justice. 2 4o AMfiRIQUE SEPTENTRIONALE. Si M. de Sismoiidi a clicrcht' dans Ics lois des Etats-Unis (jiiclqiies dispositions on favcur de I'csclavagi;, il n'a certaine- inent pu en tionver aiicune. Lo Congrcs n'a [)as le poiivoir de s'iinmiscer dans Ic regime intetieur dcs Etals. Ce pouvoir appaitient a cliatine Etat en particnlier ; d'ou Ton est jiorte a loner d'autant plus la eondiiite desinteressee des homnu's qtii ont adople volontairenieiit iine niesure direetemenl contrairo a leurs interets. Si M. dc Sismondi avait consulte les sta- tute boolm ( les lois ) de New-York, de la Pensylvanie, de New-Jersey, etc., etc., il se serait assure que ces divers etats ont, dans le fait, aboli Tesclavage. La reforme comiiienca dans I'Elat de Massachussetts ; ellc a procede graduellement vers le sud. L'o[)inion piibli(]ne, a laqiiclle tout cede aux Etats-Unis, a deja fait lie grands progres dans le Maryland, la Virgiuie et la Caroline seplentrioiiale. Le resullat ne sauiait etre doiiteux. Mais, coinnie dans ce pays tout est caletile bien plus pour I'viti- lite que pour Xcffc.t tlic'dtral , la inarche de ces Etats ne pa- raiti-a point assez rapide aceuxquisont plus soumisa rinfluencc de leurs sentimens que tie leur jugenienf. M. de Sismondi |)re- tendqu(,' rien n'a ete fait pour ameliorer la condition des noirs: il est dans I'erreur. Dans les etats libres, le uoir est libre; il jouitdes memes droits que le blaiic, a queliiues legeres excep- tions pres, qui proviennent de la nature des relations de tou* les Etats entre eux; ces exceptions meme sont le plus souvent des privileges en faveur des noirs. C'est luie race imprevoyante qui reste en grandc partie dans I'iguoraiice et la pauvrele. Fant- il des-iors s'etonntM' cju'un visage noir devienne aux Etats-Unis line espece de pieuvc? que sou possesseur est un liomuie sans education? Je couviens que cetle piesomption est quelquefois trompeuse. J'ai conuu moi-meuie ])lusieurs noirs trop loin. Mais les Americains doivenl affrancliir leurs esclaves et KTATS-UNIS. 24 1 moler Icur sang an Ifur (i), « s'ils vciiletit mtTiter restime du monde ; » par le mondi;, j'cntends la chretii'iite. "Voila une con- cession reniarqiiablf! dun Europeon a nn Americain. C'est Ini dire en substance : Noire injustice el noire ciipidite ont fait le nial ; ([iie voire justice et voire desinleressement le reparent. Bien plus, cola signiiie aussi : Quoique nous puissions, en verlu d'une ordonnance d'un gouvernenicnt d'aillcurs peuinteresse a cetle question , faire cesser ce fleau , nous ne nous sentons point dc force a le faire; mais nous I'attendons de voiis, Ame- ricains, qui valez niieux que nous; quoique le droit de staluer sur cet objel appartienne a cliaque Elat et se trouve par con- sequent dans les niains des niaitres d'esclaves eux-memes. Si vous n'agissez point ainsi , vous encourrez, comme punition , la perte de notre esliinc. Je remercie M. de Sismondi du compliment. Je ne nierai j)oinl cependanl (jiie mes compatriotes ne soient liommes, ajjis- sant par consequenlcomme lels, c'est-a-dire, sous I'influence de I'interel qui domine toute la race humaine. Sur ce point, ils doivent inspiier la commiseration de ceux du moins qui leur sont superieurs ; mais de quel droit ceux qui ne sent que leurs egaux prelendraieiit-ils les mepriser? Je ne veux point heurter cetle classe qui n'a jusqu'ici souf- fert que trop d'outrages, et il est difficile d'ecrire intelligible- ment sur le melange dc deux races sans offenser I'uue. Je ferai remarquer seulement que les philantropes d'Europe qui do- sirent former de telles unions peuvent le faire tres-facilemejit. Qu'ils n'altendent pas que les Etats-Unis, ou les mariages ne se contraclent point par calcul , donnent un tel exemple. C'est le trait caracteristique d'un Americain, peut-elre est-cc fai- blesse, de porter scs regards plulot vers le haut que vers Ic bas de I'echelle sociale. Cetle vanite sera bien comprise en Europe, oil, non pas la difference de couleur, mais le defaut de lettres (i) Non, la race des noirs ne doit point ^tre meh'e a celle des blancs. Que chacune de ces races s'atlache a se perfectionner, et que celle qui a fait le plus de progres tende une main secourable a celle qui reste en arriere : voila ce que decnandent la raison , rinteret com- mun , et par consequent la -vertu. Haiti sera destine a preparer et a maintenir la direction de la race noire vers I'ordre social moderne , jusqu'a ce qu'on ait transporte dans I'Afrlque mdme le foyer de la civilisation de cette partie du monde. Mais le melange des blancs et des noirs ne serait utile ni aux uns, ni aux autres, ni aux descendans de ces couples mal assortis. II est a desirer que cette verile soil de- veloppee dans un ccrit special , el fortement sentie , a Haiti aussi bien qn'en Amt^rique. N. d. R. T. xxxiv. — Jvril 1827. 16 ■ilii AMERIQUE SEPTEINTRIONALK. de noblesse , devient souvcnt uiic opposition insurinontable a (les unions d'ailleurs bicn assorties. M. de Sismondi pailc de la fl'rancli isscment des serfs d'En- rope ; mais il ne dit rien du tems qu'il a falln pour accomplir cette grande ceuvre. Les Etats - Unis marehent avec lentcur et prudence ;\leurbut; leur conduite politique est plus circon- specte quo theatrale ; aussi dotruiscni - ils rarcment ce qu'ils ont une fois etabli. M. de Sismondi a ete mal informe, quant an traitcmeut des esclaves dans lesEtats-Unis. Sans doute, ilyades abus; niaisen {general les esclaves sont au moius aussi bicn loges et vetus, et infuiiment niieux iiourris que la moitie des paysans d'Europe. J'ajouterai que I'od voit tons les jours en France, meme dans Palis, cette capitale si policee, des feiumes chargees de tra- vaux beaucoup plus rudes que ceux des negresses de I'Ame- rique. Gelles-ci tiouveut dans la maison de leiu" maitrc un asilc pour leur vieillesse, et on ne les voit point, objets de misere et de degont, imploier des aumones a I'entree des temples et au pied des autels. Passons a une autre opinion de M. de Sismondi :« Les Ame- ricains , dit-il , out deux choses a faire , non pas seiilement s'ils veulent meriter I'eslinu^ du nionde, uiais s'ils veulcnt vivre. « Lesinoyens qu'il propose pour nous sousiraire aux grands dan- gers qu'il prevoit, sont raffranchissement des esclaves et le melange des races. Or, il existe aux Etats-Unis environ dix millions de blancs et deux millions de noirs. Admettons, pour un moment , que la lutte prevue par M. de Sismondi ait lieu a main armee. Quel resultat peuvent esperer les derniers centre une aussi grande superiorite de forces physiques? Jene parle point des avantages intellectuels. Plus d'un million d'hom- mes, de i8 a ^5 ans, habitues au maniement des armes, con- naissant bien toute leur superiorite, forment aujoiud'hui la milice des Etats-Unis; et ce sont quatre mille de ces hommes qui repousserent avec unsi horrible carnage sir Edouard Packen- ham qui s'etait presente* devant la Nouvelle-Orleans avec un nombre triple de troupes soldees. Eu egard a la puissance phy- sique et morale, a I'aptitude, a I'attachement aux institutions, il n'est point de pays qui puisse fournir un million de defen- scurs plus devoues. Est-il done probable qu'ils cederaient cefte puissance qui fait leur gloire a une classe numeriquement et moralement si inferieure? Je pense qu'apres de nouvelles i"e- flexions, M. de Sismondi avouera qu'il a ete trop loin. Sept des dix millions d'Americains auxqucls il predit un danger aussi imminent, n'ont pas un seul esclave. Cependant, ils deplorent ET ATS - UNLS. — MEXIQ UE . -ifCr le Htaii qui afflige leurs voisins moins heureux, et seront toujoiirs prc'ts a les secourir de leurs ressources t-t de leurs |)i^rsonnes. Quant a uuscompatiiotes, qu'il me soil permis de dire, sans encoiirir le reproclic de vanite, qu'ils ont donne, durant les cinquante dernieres annees, des preuves de moderation, de sagesse et de fermete, qui sufQsent pour qu'on puisse, dans leurs operations futures, s'en lapporter a leur humanite et a lenr dis- cretion. Un citoyen des Etats-Unis. — Comites pour venir au sccours des Grecs. — Tandis que des etats chretiens liniitrophes de la Greee abandonnent ce pciiple nialheureux, qui lutte avec tant de perseverance contre tousles fleaux de la guerre et dela famine, I'humanitea traverse rOcean, et unerepubliqueamericaine conipatit efficacement aux souffrances des Spartiatesetdes Atheniensquiaspirent a retablir I'indepcndance et la gloire de leur patrie. On lit avec interet , dans la Gazette de Boston , une lettre de M. Edoiiard Everett, qui indique aux comites de secours la nianierc la plus utile d'employer les fonds reciTeillis par leur zele. Que Ton charge , dit-il , un vaisseau de vivi'es et de munitions de guerre. La famine est encore plus funeste a la Grece que 16. fer de Ten- nemi. Cette invitation ne demeurera certaincment pas sans effet; et, quand nieme les hostilites seraient suspenducs en Grece, les habitans de ce malheureux pays n'en seraient pas moins sans ressources jusqu'au moment ou ils auiont pu re- commencer leurs cultures, et fairc des recoltes. Que I'Ame- rique accomplisse done envers eux les saints devoirs de I'hu- nianite ; qu'elle supplee a ce qu'ime partie de I'Europe refuse de fournir a des voisins, dans la crainte de deplaire aux Turcs, pour conserver les bonnes gi'aces des etcrnels ennemis des chretiens. Mexique. — Progres de la cfi'ilisatioii. — Resume du Message du citoyen Guadalupe YicrORix , president des Etats - Unis du Mexique , adresse a la Chambrc des Reprcsentans et au Senat , a r ouverture solennelle des sessions du second Congres national. — Ce Message, redigc avec beaucoup de sagesse, attirera principalement I'attention de I'Europe par ce qui concerne les relations exterieures et le commei'ce. La Grande-Brelagne , la Pnisse , les Pays-Bas , le Wurtemberg et les villes anseatiques ont conclu des traites de commerce avec le Mexique, et leurs consuls y sont accredites : les agens commerciaux que le gou- vernement francais a essaye d'introduire n'ont pas ete recus, et ne devaient point I'elre, par des motifs que le Message ex- pose et juslifie completement. Le credit public se consolide ; i6. 244 AMfiRIQUE SEPT. — AMERIQUE CENTRALE. de jour ("ii jour, le rccouvrenicnt des impots dcvient plus fa- cile ; et bifnl6t, le rcvenu snrpassant Ics dopenses, il sera pos- sible dcsoulai;crlo.s con tribuablcs.L'adininist ration do la justice a pris une marche rcgulicre. II parait que- les troubles civils avaieiU cxccssivemeut niultiplic les vols : aujourd'hui la sur- veillance des magistrals et la force publi(|ue , reudue a sa des- tination, ont fait disparaitre cefleau. Le Mcxicpie n'est pas plus mal a cet ej^ard que ne le sont Ics etats les uiieux gonvcnies , au sein de la paix. dependant, la t;uerre n'a point cesse par- tout; il faut combatire encore sur les frontieres de I'etat de Sonora, oii les indigenes continuent les hostililes. Des inesi'.res sont prises pour organiser I'inslruction pnlijicpie; niais la po- i)ulaiion ne parait pas encore disposee a la recevoir. La race des conquprans ne s'est pas confondue avec celle dn penple conquis, et dii melange heterogcne de deux nations diverseset iiullement amies, d est bien difficile de former un peuple. La conduite du gouvernement mexicain merite les plus grands eloges; il aura merite la leconnaissance de tons les amis de Tliu- manite; et, si la lepiiblique qu'il aura fondee u'inscrit pas sur un monument venere les noms de ses fondatenrs , si leiu- me- moire n'inspire pas, a I'avenir, I'heroisme et le dcvoument patriotique , le Mexique aura meiite de retomber sous le joug espagnol. Les difficnltes (|ue les fondafeurs auront surmontees sont immenses; il en reste encore beaucoup a vaincre; le tenis du repos n'est pas encore venu pour les Victoria et les Boca- NEGRA. Le Message dit peu de clioses sur la marine mili- taire , qui sera quelque joiu* I'lm des premiers besoins de la nouvelle republique : il apprend que Ton a pourvu a I'eu- seigneuient des sciences navales; mais ce n'est pas assez, Les flottes du Mexique sont peiu etre plus necessaires a la conso- lidation et a I'accroissement de la nouvelle republique , que ses armees ne peuvent I'ctre en aucun terns pour defendre son in- dependance. Y. AMERIQUE CENTRALE. Guatemala , (Janvier 1827). — Etat general du pays. — In - struction puhlique. — Notre republique se felicite de plus en plus du bonheur d'etre nee dans un terns paisible, de n 'avoir pas ete dans la necessite d'emjjloyer au dehors son activiteet son energie. L'interieur de I'etat se trouve maintenant orga- nise conformement a tous les besoins de I'ordre social. Les travaux de I'administration publique procedent avec regula- rite. Nous serons peut - etre les premiers, parmi nos freres affraachis du joug espagnol, quisoient parvenus a repandrc AMERIQUE CENTRALE. — AFRIQUE. aA^ riiistruclion assez abondamment pour qu'elle ne puisse plus letrograder. Nos relations coaiinerciales s'etablissent, et nos ciiUiires en resscntent Tinfliience. L'avenir se presente a nous tcl qii'un beau joiu' aniionce par |e calme flu ciel ct I'alegresse de la terre : est-ce ainsi qii'il est entrevii par nos anciens op- jiresseurs? Le delire ne les a pas quittes; tandis qn'ils revent centre rAinerique des projets de vengeance ct de nouvel as- servisseiuent. Ionics les misercs viennent les assaillir a la fois, et la plus fiuicste de toutes , le gernie des discordcs civiles y est introduit pour une longnc suite de generations : I'Amerique est en surcte par la f;iiblesse ile son cnnemi, quand meme elle ne serait pas assez protegee par ses propres forces. E. AFRIQUE. Voyage du major Laing a Tombouctou. — Le major Gor- don Laing s'est fait connaitre par un premier voyage en Afrique, execute en 1822, dans les pays de Timanni, de Kou- ranko etde Soulimana (voy. Rei.'. Enc , t. xxxiii , p. 685). De- puis, ce hardi voyageur est parti, au commencement de 1826, avec la caravane de Tripoli , pour se rendre a la ville de Tom- bouctou , et pour explorer une contree qui fnt jusqu'a present inaccessible aux Europeens. Voici des uouvelles recentes de cet officier , que nous tenons de bonne source : elles pourront salisfaire en partie la curiosite des amis de la science. j)onr la chambre 'etablissement de la Societe des antiquaires date de 1572. L'archeveque Parker et sir R. Cotton en furent Ies deux principaux fondateurs. George II la consolida plus tard et ordonua que ile sages statuts pourvussent a I'emploi des re- venus d une maniere convenable aux progres de la science. Le (onseil de la Societe a le droit de faire imprinier Ies dessins et Ies notpsnecessaiiesa resplication des travaux deses mcmbres, et il pent, aussi sonvent qu'il le juge a propns , faire reunir ces documens en volumes, sous le titre de Recherches d'archeo- Lo^ie. I.a Sociele a une bibliotheque dont Ies livres sont pretes aux assoeies [fellows). Le local qui lui est reser.veest voisin de celui oil la Societe royale tient ses seances, et depend , ainsi que ce dernier, Ac Somerset-House , vaste hotel oil se trouvent )L'iinis jjlusieurs administrations et bureaux du gonvernement. Le mode de piesentation etd'admission est a pen pres le meme j)()ur la Societe des antiquaires que pour la Societe royale; niais Ies reunions de ceite derniere sont inoins frequentes. Presquc tons Ies recueils mensnels rendent conrpte deses tra- vaux, notamment le Monthly M.as;azine et le Panoramic Mis- cellany[ voy. /lec. Enc. , t. xxix, p. 752 ). Elle devrait entretenir des relations suivics avec la Societe royale des antiquaires de France , elabliea Paris, qui public tons Ies ans des Memuncs d'un grand interet (voy. Re\>.Enc. , t. xxxiii, p. :54o). F. D. RUSSIE. Saint -Petersbotjrg. — Etude des langues orientales. - — (Ictte etude, qui doit rendre de grands services par sa liaison avec I'histoire de Riissie ct le moyen age, et par Ies facilltes 25o KUROPK. qu'clU! appoitc tl(? 1105 joins dans lus rt'latious diplonialiqiies avcc I'Oi'icnl , a obtcnii ici do gi'anils encouragenn'iis , di'puis i!ii- ), et cpii a ele conCic a la direction eclairee, de M. Adf.luno. On y forme des interpretes , qui seront fort utiles dansles differcntesmissionsdiplomali(piesdcs Russes dans rOrient. 1^'Ecole militaire d' Orenbuurg-A misegale'ment an rang do ses etudes celle des langues arabe, persaneet tatare, et Ton y accorde une adentiou toute particuliere a cet enseignen)ent. Enftn, V Acadcttiie iin/jrriale des sciences a voulu faireenti'ei dans ses attributions I'etude des anliquites de I'Orient; el, pour repondre a ce voJU, on a etabli pros de^cetle academic nn Musee asiatique , dont cinq cents manuscrits arabes, |)er- sans et turcs, acbctes a Bagdad , ont forme le premier element. Ce musee a I'e^u depnis des accroissemens considerables. Deux notices du savant academicicn Fr/ehn, pnbliees I'une en 1819, etTautre an connnencemeut de 182G, font bien connaitre toules les richesses de cet etablissement. Plnsieur.s des manuscrils qu'il renferme sonl .lussi rares que curieux ; dans le noinbre sc Irouvent beaucoup d'ouvragcs historiques, et il .serait a sou- haiter pcut-etre qu'ils lixassent d<' preference I'attention des orientalisles, commo offrant une utilite plus reellc. M. J. H ScHNiT^LKR, auqiiel nons devons ces renseigncmcns , a pu- blic I'annee dcrnieie nnc notice assez detaillee sur cctte riclie collection, dans le no l^o du journal fraucais de Saint-Peters- bonrg. Nous y renvoyons les lecteurs qui seraiont curieux d'en appreudrc davantage sur un sujet que sa specialite ne nous permet ])as d'approfondir ici. — Instruction puhlique. — Le meme coriespondant r.ous informe que Ton prepare en ce moment en Russie un nou veau plan d'etudes pour les etablisseniens dependans do la Couronne ; la marehe de Tinsfruction pnblique , nous dit-il , pa- rait avoir lixe specialement I'attention de I'empereur regnant, qui a visile, en personne et sans suite, la plupart des insliluts imperiaux. Dc nouveaux livres elemcntaires doiveut etre com- poses, par des professeurs choisis, pour les differentes bran ches de riustruclion. Noire correspondant nous laisse igiiorer dans quel esprit celte niesure a ete prise. Deja, il y a quclqnes annecs, une refornio inlroduite en Russie dans renscigricincnt RUSSIE.— ALLEMAGNE. sSi avail afflige les amis sinceres 'le Icur pays, et pi ovoque mt-mc I'eloij^nement des hommes les plus capabies de donner unc bonne direction aux etudes. Si nous devions en juger par ce qui se prepat'c autour dc nous, certes nous pourrions concevoir quclques craintespourun pays qui n'cst jiasencoi(;aussi avance que le notre en eivilisatiou , et que les fauteuis dc I'ignorance ct du despotisme auraient plus de facilitc a faire rcculer dans celte noble cariiere. Mais nous aiiiions a mcttie noire confiance dans le caractere personnel d'un souverain trop eclaire lui- nieme pour redouter les iumieres. Nous trouvons d'ailleurs, parmi les professeurs appelts a diriger en partie Ic uouvel en- seigncment , un honime dont le nom , honorablement connu en Russie , parait devoir nous rassurer entierement : u M. Gretsch, dit notre correspondant, a etc charge par le ministre de I'in- struction publique de rediger trois cours de langue russe pour les ecoles paroissiales et priniaires, et pour les gynniases. 11 destine aux classes superieures sa grandc Grammaire, dont une nouvelle edition, entierement refondue, de sou Cours de litterature, forniera le complement neccssaire. ■" On ne pouvait faire sans doute un meillcur choix; depuis plusieurs annccs, ce litterateur s'occupc avec zele et avec succes du soin de de- brouiller le chaos d'une langne jcune encore, niais belle el harmonieuse. Attache fortenient aux interets de son pays, M. Gretsch n'a pu sans doute accepter une mission qui pour- rait le metlre en opposition avec sa vie entiere. £. Hereau. ALLEMAGNE. Dresde. - — • Reunion generate de naturalisles et de iiiedeci/is allemands.—'Lvi premiere idee des reunions annuelles pour les hommes qui cultivent les memes sciences ou les memes arts parait avoir etc coucue et executec en Suisse. La, les natura- iistes, les musicieiis, les philantropes, etc. , se reunissent tons les ans dans un lieu conveau; ils s'y livrent a des travaux ou a des exercices communs; ils echangcnt leurs idees, resserrent les liens d'amitii^qu'ils out formes dans les precedentes assem- ble<;s , et supplucnt ainsi au defaut dime grandc capitale, qui, dans quelques autres pays, est le foyer central des Inmieres. Depuis quelques annees, on a commence, en Allemagne, a Jmiter rexem|>le donne par la Suisse. Les medecins et les natu- ralisles out senti toute lutilite dc semblables ra[)prochcmens , dans un pays divise en un grand nombre de pctits etals, entrc Icsquels iic regne pas toujours le meillcur accord. Au mois dc septenibre 182(1, leur reunion annuelle a eulicu a Dresde; ellc avail eu lieu, I'anneo precedenlo, a I"'rancforl-sur-Mcin. On y comptait environ cent vingt mcmbres , venus de la Saxc, 9.5i EUROPE. lie la Prusso ct i!cs petits trats derAlIemagne; ninis aiicun n'ap- pnrtcnait a rAiitrichc. On prehenilait que cette puissance tou- joui's oiiibiai^t'usc n'avait voiilii pernu'ltre aaiicnii savant de se rcndre a cette asscinblec; cc qui s'acc-ordebien avon le systeine sfationnaire a(lo|)te par le tioiiveriieuieiit antrichien ct avcc sa crainte bienconmie de tout contact avec les himiercsdn dehors, Un tjrand nonibrc dans I'empres- sement d'un certain ]>arti , a qui ce changcment fournit un pretexte plausible poiu' eloigner des eniplois,les magistrats du pays, (pi'on supposerait incapablcs de se penetrer de la sagesse de la loi prussienne, et pour leur substituer de veritablcs Prussiens. Nous sonunes ttes-loin de supposer nn semblable motif aux emincns personnages qui dirigent les afiaires de cette monarchic; nous croycnis pintot qu'ils ont ele eblouis par le grand nom de leur ancien legislateur, Frederic II. Mais Fre- deric n'etait pas jurisconsulte , et les grands jurisconsulles de son terns ne jiouvaieut pas s'elever au-dessus des lumieres de leur siecle. lis ont done redige \\n corps nr ct'iix (lui s'occiipont (!es enfans iiulii^cns, Ic hut tic Vfillcr an tlovolopponient de lours facnlti's morales, aiissi bieu qu'a crlui de leurs facidtes Imdiistrii'llcs. Lc travail bicn diiijjr f'Sl , scion cc respectable ])liilantroi)e , lc ^land morens. Les coupes do bois ont couvert une partie du capital d'achat; le reslant sera rembourse pcu a pen, au moyen des pensions qui seront payees pour les eleves qui y lecevront leur education. Nous gagnerons ainsi avec le terns un asyle inde - pendantpour les enfans indigons. « Chaque generation d'enfans indigens qui aurait ete elevee suivantle plan que je voudrais voir realiser au moyen de co- lonies semblables a celle de Maykirch, donnerait un nouvel essor a la vie morale et iudustrielle des societes qui en joui- raient. Je ne puis dtcouvrir aucun autre moyen executable et egalement efticace pour acheminer vers la grande restauration evangelique qui doit etre I'objet de tous nos vceux et de nos plus grands efforts. » A. T. xxxrv. — Avril 1827. 17 a&8 EUROPE. ITALIE. Paleamf. [Ja/H'ivr 1827. ) — D/xottfe/tc d'tin ancien inonn- mcnt. — "Enconsli uisant un pout prcs do Syracuse et ;i qiic!quc distanced*; Trglise dt; Saint-lcaiijOu se trouvcnt Ics anciciincs catacombes , on a dLcouvort un inoniinient antique; c'tst unc elin'e on balnvaire. Sa largeiu' est de dix palmes; sa hauteur, jusqu'a la naissance de la voute, de sept; ctsa longueur dc donze. L'intcrieur est orne de peintures; deux enfans sont re- j)resentes sur la voute, et des fleurs et des oiseaux sur les pa- rois. La structure de la voute est cxtremement cnrieuse , en ce qu'elle est eoniposee de canaux carres entrelaces avec beau- coup d'art. Une portc que Ton a decouverte fait esperer , par la maniere dont elie est disposee , que Ton est sur la voie d'(uie suite de chambres et de nionnmens 011 Ton s'attend a ti ouver des objets intercssans. » Plaisance. — Societe philoclramatlquc. — Le gout pour les representations dramatiques se repand de plus en plus en Ita- lic. Des amateurs ontouvert, dans plusieursvilles, des theatres pour s'exerccr dans ce genre. Plaisance a forme aussi sa Societe pltilodrainatique y a I'exemple de celles de Milan, dc Co- logne, etc. La duchesse de Parme lui a donne un local conve- nable. On a commence les representations par Demt'trius , tragedie de Bettinelli. Les acteurs out repondu ;\ I'atlente du public , et fait conccvoir d'heureuses esperances pour I'aveuir. La nuisique, les decorations out ete executees avec beaucoup d'intelHgence. Le zelepour Ics beaux-arts dont se montreani- meecette nouvelle Societe aura sans doute des imitateurs dans les autres parties de I'ltalie. F. S. Necro/ogie. — Volt a. [^Alexandre) , directeur de la faculte philosophique de XUnwersite de Pa^'ie, Tun des savans qui out le plus eurichi les sciences physiques et perfectionne les melliodes d'experiences , qui dirigerent avec le plus de succes i'esprit d'observation, et prepaierenl les moyens de decou- vertes , a termine , a I'age de 82 ans son honorable carriere. Il etait ne a Come , en fevi ier i 7/1 5. A la fin de scs etudes elassiques, sa carriere etait indecise. Egalemeni attire par les chaimes de la poesie, et par le pres- seutiment des decouvertes tjue la physicpie etait sin- le point 1 de faire, il cultivait ;i la fois les sciences ct les lettres , et sa muse celebrait les nierveilles de la physique. Enlin, la science reniporta : deux niemoires, publics en 171)9 et 177 1 , placerent 'Volta parmi les physicicns les plus celebres de cette epoque. En i77'| , il fut uoiiime regent du Gymnase de sa ville nalale; ITALIE. iSy jnais rUniversile do Pavie nc pouvait se pa8s<;r d'un piofesseur aussi habile : elle I'appela , en 1779, pour occnper la ch aire de physique cpi'il conserva jusqu'en i8o/|. Ses longs travaux ayant affaibli sa sante, il f'ut contraint de renoncer h. Yen- seignement; mais I'LTniversite de Pavie neleperdit point. Lors- que ritalie fut soumise a I'Empirc franrais , Napoleon, qui savait honorer le genie, n'oublia point VoUa. Le voyage que rillustrc pliysicien fit a Paris, en 1801 , fat I'une des epoques les plus interessanles de sa vie. Mais, quels que fussent I'ac- cueil qu'il recevait des hommes puissans, les honneurs qii'on lui prodiguait, les prescns dont on I'accablait, c'etaient les savans qu'il etait venu chercher, et c'etait avec eux qu'il se plaisait. Ses poches etaient munies de petits appareils avec lesquels il repetait les principales experiences sur lesquelles ii a fonde sa theorie des phenomenes electriques. Apres son retoiir dans sa patrie , la fortune vint le trouver, quoiqu'il ne I'eiit point invoquee; il fut destine a rehausser la consideration du senat du royaumc d'ltalie , de menie que Lagrange , La- place , Monge et Berthollet repandaient sur le senat de la France reciat de leur immense renommee. Volla connaissait et sentait trop bien les douceurs de la vie privee, pour ne pas ambitionner le titre de pere de famille : eependant , il ne se maria qu'a I'agc de 5i ans. Heureux par les qualites eslimables de son epouse, il le fut encore plus a I'epoque ou ses enfans commencerent a lui niontrer ce qu'ils poiirraient etre un jour, lorsque les dons precieux qu'ils avaient recus de la nature etant conserves , et accrus par les soius d'un tel pere , ils continueraient sa noble et utile carriere , et serviraicnt, comme il leur en donnait rexemplc , la patrie, I'liuninnite et les sciences. De vives douleurs inter- rompirent ses jouissances paternelles; I'aine de ses enfans , I'orgueil et I'espoir de sa famille, lui fut enleve en 1814. Nous n'entreprendrous pas de faire I'enumeration des ou- vrages de Voita : la liste en scrait trop etendue; et, pour ne rien omettre , il faudrait compulser les recueils de toutes les Academies de I'Europe , qui s'empresserent de mettre cet illustre savant ss:r la liste de leurs associes. D'ailleurs, son nom est attache a ses principales decouvertes ; il a passe dans la nomenclature de la physique : cxprimons cependant le voeu que les memoires ou ses theories electriques sont developpees soient reunis en un corps d'ouvrage 011 Ton puisse les con- sulter, sans avoir besoin de recourir a des collections qu'on ne trouve que dans un petit nombre de bibliolheques. F. a6e EUROPE. ILES lONIENNES. CORFOU. — Cllinot. — Population. — Instrui-lion piihUqttc^ • — Uni\'crsiti', lycrc , hibliothrque , jardin hoianiquc. — Ecojf lie dessin el de sculpture. — ( Exlrait dune lettre du i'] fevrier 1827.) (i) — Les lies lonienncs, favorisoes du cliniat le plus heu- reux tie rEiirope, soiit dcciilcs dans tons los oiivragcs do goo- tjraphic, coiiimc tros-feitiK'S ct par consc'cjiicnt ties-riches. Des f'orets d'olivicrs couvreiit ks collines de Zacyntlie , de Leucade, de Paxo, de Coicyre; des vignobles a peite de viie tapissent les plainos et le has des montagnes; des jardins, plantes d'oiaogeis , de citronniers , de i^renadiers, cntourent les villes et les maisons dccampagne; de nombienx bosquets de cypres, des pins, qiielqiies palmiers s'elevent et entrecoupent de distance en distance ce tableau enchanteur. Dans les niois ineme de decenibre et de Janvier, les marches des differentes villes sont i-eni|)lis de flours (juaillenrs on no voirait eclore qu'au milieu du printcms. Le voyageur qui cotoie ce beau pays voudrait s'y aireter; celui ()ui s'y arrote quclques jours vou- drait y passer sa vie. Mais si, pour tout ce quia rapport au climat des lies, les reuseignemens qu'on vous donne ne nianquent point d'exacti- tude, il s'en faut de beaucoup qu'a I'egard de leur riehesse et de leur prosperite, les assertions de vos geographes soient dignes de foi. La population qui, en 17 So, etait d'environ a3o,ooo ames,est aujourd'hui reduite aux deux tiers a pen pres. Get enonnedecroissement n'est du ni a la guerre, ni a la peste, ni aux emigrations, ni au mauvais air; il n'a d'autre cause que la pauvrete. On voit tres-souvont des families tombcr des classes les plus elevees aux classes inferieures, landis que les chances d'un commerce tres-borne, ou des heritages accu- mules en elevent seidement un bien petit nombre. Les mariages diminuent chaque annee considerablement; et le seul phono- raene qui contraste en quelque sorte avec les suites ordinaires (i) En publiant I'interessante lettie de M. Kalvos . dont nuns n'avions recu aucune nouvellc depuis qu'il avail quittc Paris , nous devons liii faire coniiaitre , ainsi qu'a nos lecteurs qui partageront sans doute nos regrets, qive les trois leitres detaillces qu'il annonce nous avoir ecrites successivement de jMilo , & Hydra et de Napoli de Eomanie , et dont Tune renfermait, d'aprcs ce qu'il nous apprend, un Tableau statistique de la Grecc , ne nous sont point parvenues : il est extr^mement prohable qu'ellcs n'ont pas ete perdues , niais do- tournees de leur destination par les polices etrangeres qui , comme on le sail, ne respectent point le secret des lettres. M. A. J. ILES lONIENNES. 261 ait pas tirer parti dn sol qu'il habite, ui de son terns; si le proprietaire de/ionrvu d' in- struction est liors d'etat de diriger I'exploitation de ses terrcs; si le reste des ciloyeus ignore les sciences et les arts, ii fauts'en prendre a notre ciriiisation arrierce, plutot qu'a notre paresse. Nos huiles ne peuveiit entrer en concurrence avec celles de I'ltalie et de la Provence, parce que nous ne savons pas les preparer. Ignorant I'ait de faire du vin capable de supporter le transport, nous n'en produisons que pom- la consommation du pays. Et quoiipie noire raisi/i de Corinthe soit encore re- Ghcrclie, notre petit revenu est toujours depense pour nous habiller, pour acheter des bles, du betail, Aw bois, et pour meubler nos maisons. Nous avons renonce depuis long-tems a Tesperance d'accumulcr des capilaux, nous estimanl tres-heu- reux si nous avons de quoi vivre. Tout ce que I'ignorancc peut infliger a luie nation en contact avec des peuples avances daus les sciences et dans les arts, nous le souffrons, jcomme si notre sort etait arrete irrevocablenieut. Qnelques |)ersonnes nous ontconseille d'appeler a notre aide des artisans et des cultivateurs etrangers, et nous le ferions, si ce remede n'etait pas un paliiatif. Mais connne les habitudes et I'etat moral de notre population restcrajent les menies; conimc nous serious toujours incapables deconeevoir ies nioyens de bonheur, et par consequent d'admettre et de favoriser des etablisseniens utiles; au lieu d'adopter le plan propose exclu- sivement , nous avons prefere un autre projet qui doit reussir parmi nous, coinme il a reussi ailleur.s. C'est celui d'etendre I'instruction publique a toutes les classes : ie comnicnceinenl d'execution de ce projet est du a I'activite et a la perseverance dun getiercnx etranger. Lorsqu'cn 1820 , lord Guilford fit nne tournee dans les lies, pour examiner les nioyens propres a y faire prosperer divers etablisseniens d'instruetion publique, il ne trouva qu'un petit nombre d'ecoles, et ineme dans un etat deplorable. On y ensei- gnait le grec et I'anglais, I'aritlimetique et les niatliematiques; niais , quoique les inailres fussent habiles, le nombre des elevcs etait bien limite et dans nne lluetuation conslanle. Un systeme regulier et perfcctionne d'education elait necessaire. 11 fallait multiplier les ecoles, appeler un plus grand nombre d'elevcs, les rendre assidus, siniplilier la metliodc d'enseigncmcnt. En. 262 EUROPE. Fiance, en Angleterre, los classes inforiciircs dti peiiplc qui ont dcvaut. les yciix I'cxemple des classes siiporieiues, savent apprccier les avantai;es de rinstruction; niais, dans les iles loniennes, un seniblable mobile nianqnait entierement. 11 a done fallu entrer dans la maison dii simple ouvrier, visiter les differens villages, et, faiite d"exemples a presenter, employer la parole et le raisonnement pour persuader le penple et lui faire accueillir le bienfait d'unc culture intellectuelle et morale mieux enfendue. Aujourd'hui, I'etat des ecoles d'enseigncment mutuel presentc le tableau suivant : NOMS DES ILES. Corcyre Paxo Zacynthe Ccpbalonle Illiaque Leucade Cylhere , ToTAI. 48,737 3,970 4o,o63 49,857 8,200 17,425 8,140 176,392 NOMDRE d'ecolfs. 29 NOMhRE d'eleves. 40 363 i57 87 75 772 1,733 En meme terns que Ton prepare les classes inferieures a un changement heureux pour le moral et I'industrie du pays , on donne aussi des soins a la jeune noblesse qui nc recevait jus- qu'ici aueune espece d'education. On lui a specialement af- fectc , a Cephalonie , i quatre milles d'Argostoli , uri college situe sur une eminence , aupres d'une aneienne forteresse ve- uitienne. II domino d'une part la pleiue mer, au milieu de la- quellel'ile de Zacynthe semble unjardin flottant, et de I'autre, le port magnifique d'Argostoli, enfernie par les hautes mon- tagnes de I'lle. Le beau spectacle de la nature, uue Iranquillite parfaite, Tair pur, embaume par les coteaux en culture sur lesquels il s'eleve, s'associent admirablement aux Iccons qui doivent former cetle jeunesse , destinee a la diucclion des affaires publiques du pays. Une certaine douceur dans les niceurs, une sorte d'idolatrie pour tout ce qui est beau, une grande serenite d'espHt, sontnecessaires dans les hommes pu- blics ; et certes , remplacemcnt de ce college est tres-propre a inspirer des scntimens cleves, el a penetrcr le cceur des plus donees impressions. Ce n'est que dans I'automne de iSaS que XUnuvrsite des ILES lONIENNES. aG'S lies lonienncs fut ouverte. Elle est sitnee sur I'iiniueiise rochcr qui fait partie rlc I'lle , et picsque de la villc tli; Corcyre. On doit s'etoiiner d'apprendre que, cette aiinoe, on y troiive deja seize professeiirs , dont la pliipaiit sont dii premier ordrc. Ainsi, noire etablissement , lorsqii'il sera bieii apjirecie par la nation , pourra rivaliser avec les institutions du memo genre qui existent dans les autres contrees de I'Enrope ; et le voya- geur qui visitera notre patrie ne sera plus afflige, en trouvant les descendans des anciens Grecs ploiiges dans nne honleuse ignorance, et une population de 176,000 iimes dans le denu- inent et dans la niisere. Presque tons ces jeunes professeurs ont etiidie dans les universites les plus celebres , aux frais de lord Guilford; en sorte que nous avons reuni dans la notre un choix d'hommes inslruits , riches de connaissances tirees de I'Angleterre , de rAllemagne , de la France , de I'ltalie. Cette circonstance fait esperer que Vexclusivite dans les opinions ne sera point le caractere de notre education intellectuelle. Voici la liste des trente et une chaires que se sont partagees provisoirement les professeurs en activite : 3 5p(;ctack; d'un peuplc londii heureiix au moyen du pc rfectioii- iiement intellectiiel. A. Kalvos. GRfeCE. Rexume sornmaire de la situation militaire , Jinanciere , mo- rale et politique de la Grecc, au commencement de I'annee 1827. — Les amis de Thamanite recherchent avidement tout ce qui est relalifa retatattuel,aux vicissitudes el auxsucces de la noble nation grecque. Mais il arrive trop souvent (]ue les nou- velles concernant la Grece, publiees dans nos journaux, sont contradictoirics entre elles; ['espoir flatteur que tel journal avait fait naitre sV-vanouit le lendemain , au recit de catas- trophes inattcndues, qui sont elles -mcmes dementies quel- ques jours apres. La Berue Encyclopedique ne pent recueillir ces nouvelles et ces details du moment. Elle ne doit offrir a la juste curiosite de ses lecteurs que des documens positifs et cer- tains, des resultals, pour ainsi dire, historiques. Un rapide coup d'ceil sur les derniers cahicrs du recueil intitule : Documens relatifs a I'etat jircserit de la Grece (Paris, 1827; F. Didot In-8". ], redige d'apres les communications ducomite philhellenique de Paris, suppleera, pour le moment, aux renseignemens importans et officiels sur la statistique et Vetat moral actuel de la Grece, que nos correspondans nous avaient adresses depuis quelqucs mois , et qui ne nous sont point parvenus. ( ^07. ci-dessus , pag. 260). Le 5° numero des Documens publics a Paris ( decembre 1826 et Janvier 1827) conticnt d'abord un aper^u des princijwux everK;mens de I'an- nee 1826, dans lequel on fait apprecier le pen d'avantagcs qu'lbrahim devra retirer de ses tristes succes; puis des details sur les operations du corps de troiqjes regulieres forme sous les ordres du colonel Fabvier; enfin, des renseignemens sur la marine, la situation politique et les finances. Ibrahim, devenu maitre de positions pcu iuiportantes en elles-memes, a etc bientot force de les abandonner, et ses massacres de vicillards et de femmes, loin de decourager les Grecs, n'ont fait que ranimer en eux les sentimens de la vengeance et du desespoir. Epuise par les longueurs d'un siege sans profit , errant dans le Peloponese, battii dans toutes les rencontres, et particuliere- ment dans les plaines de Maina, Ibrahim dcmande de nou- veaux ren forts. L'expedition d'Eubee, dans laquelle les troupes regulieres du colonel Fabvier ont fait I'essai de la nouvelle taclique, n'a point rcussi. Ces troupes etaient encore trop neuves; cet echec, important smis le rappurt de I'effet moral rpi'il pmivait pro- a66 EUROPE. diiirc dans La natkm, a t;te homenscnient i'(*part'; sous Ics niurs irAtlic'iics. La maiiiie grecqiic s'est accrue, ot paroourt j)liis libremont Ics niers. Dcpnis la victoiie qu'elle a reniportoe dans Ics canx do Samos, la floUe oltoniane est inactive. Les Grecs n'eti font pas nioiiis dc grands preparatifs; la frogate anieiicaine, an- noncec nt, les linanccs, n'of- frcnt pas autant d'elemens de succes. Cependant les troubles inlerieiu's qui divisaient la Grece depuis le commencement de la guerre sont enlin apaises; les chefs oublient lenrs que- relles; les villes rivaies sc sont reunies. Jusqu'ici ces rivalites deplorables, la desunion des chefs, la gneire partout immi- nente, ont onlrave la niarche des diverses administrations qui se sont succedees. Aujourd'hui le gouvernement ])arait devoir s'etablir sur des bases plus solides. Mais I'excessive pauvrcte actuelle de la Grece n'offrc a cenx qui dirigent ses affaires que de faibles moyens d'execution. L'emprnnt contracte a Londres a ete epiiise par de nombreuses depenses : le compte rendu a lasseniblee nationale a prouve (ju'on avait calomnie les chefs, en les accusant de dilapidations. Un second emprunt est indispensable. « Les peupies chretiens de I'Europe, est-il dit dans cette notice, n'ont pas etc temoins impassibles des eveneniens de 1826. .Jamais I'opinion pnblique ne s'est manifestee avec plus de force en faveur de cette heroiique nation... Les gouver- nemens sont rcstes froids; mais les peupies se sont associes a la cause du christianisme et de la liberie. Noble protestation de i'lunnanite contre la politique!... Get elan genereux n'a pa.s ete sterile. Des somnies considerables ont ete reeueillics, des provisions, des munitions, des secours de toute espece ont ele expedies en Grece, et ont fait vivre les habitans au milieu de leurs desastres... La politique semblc pretc a faire quelqnos Lcntatives pour cette noble cause; mais qu'elle est lente ! Des depeches diplomatiqnes s'echangent froidement, landis que les massacres continuent... Genereux amis des Grecs, n'attendez pas une intervention qui viendrait peut-etre trop tard ; un |)eu d'argent encore, et la Grece sera sauvee... Ses soldats sont vainqueurs; ils ne deniandent que du pain pour lenrs fenimes et leurs enfans. » ( Voy. Rcr. Eric, t. xxxiii, p. C55 , mars 1827, la Notice sur r intervention des peupies en faveur des Grecs. ) L-a scconide division des Documens , intitulee : Fnits et tve- GRECE. 267 nemens juilitatres , prcsciite des details dun grand fntcret sur I'envoi ct raii'ivee des secours fournis par les comites fraiicais, allemands et suisses. Ici, les 110ms de d(;ux philhelleiies cele- bres, MM. Eynard et Bailly, se font particiiliercment reniar- qner. Le premier ecrivait de Geneve, dans le mois dc Janvier dernier... « Les differens envois de subsistances fails ponr le compte des comites francais, allemands et suisses, depnis le mois d'avril jiisqu'a la fin dc scptembre 1826, montent a envi- ron 4 millions de livres. Depnis le i'''' octobre dernier jusqn'au 5 Janvier 1827, on a cspedie en Grece, pour le conijite des comites suisses ct allemands, 2,140,000 livres de subsistances. En outre, le comite de Paris a fait envoyer dircctement envi- ron 1,200,000 livres... Deux commissions, composees d'etran- gers et de Grecs, ont ete nommees a Napoli ct a Hydra , ponr recevoir les subsistances, les distribuer, et empccher Icsabus... Des envois considerables de tout genre ont ete faits pour la marine grecque... Si les secours n'etaient pas arrives a lems , peut-etre la Grece n'existerait pins. " M. le colonel Heideck, I'un des officiers bavarois arrives a Napoli sur la goelette le Pegase , fait le rapport suivant : « Apres etre restes pres d'un mois a Zante, nous sommes enfin partis, le 29 novembre dernier, avec un convoi de vingt-six voiles. Le 5 decembre, nous etions a la liauteur de Spezzia, lorsque nous apercumes une enorme fregate qui paraissait nous pour- suivrc. Comme elle marchait beaucoup mieux que nous, aucun cspoir ne nous restait de lui ecliapper. Elle portait pavilion grec ; niais nous criimes y voir une ruse , et nous nous atten- dions a etre bientot pris. Qu'on juge de notre joie, lorsque nous reconnumes que cette fregate tant redoutee etait cffectiveinent grecque, et qu'elle arrivait de New^-York, apres cinquante- trois jours de traversee. Le mcme jour, nous entrames dans le port de IVapoli , avec cinq aulrcs balimens charges de subsis- tances. A notre arrivee, nous fumes salues par toutes les bat- teries des batimens du port et de la place. » Viennent ensuite des details sur les combats et les victoires de IvAKiiSKAKi , de Karatasso, et le recit des affaires partielles dans lesquelles le colonel Fabvier, souvent nomme avec eloge , se montre toujours le digne represeutant du caractere et du courage francais. La flotte egyptienne n'a apporte a Ibrahim que des vivres ; et cependant le montant total de scs forces ne s'eleve guere maintenant a plus de i5,ooo homines, avec les- quels il ne pourra rien entieprendre d'important, parce que les negres de la Nubie et de I'Abyssinie resistent mal aux ri- gueurs de I'hivcr. A Candie, les troupes de Mustapha-bey re- 268 EUROPE. fiiscnt de Itii obc-ir , s'il nc Iciir paie une snldc arrierce de sehei liiois. Dcpiiis ranivee de la fivgate americaine, on prepare vin^t-ciiH] dos meilleurs vaisseaiix grecs, munis de vivres ponv deux niois , et difiposes a nietlie a la voile aussitot apres I'arri- vee de loid CocunANi;. Ces batimens sont monies par des Hy- diiotes. L'amira! MiAtiLis a le comniandement de la fre^ate; il s'est mis en mer, accompagne du reste de la flotille , a attaque la flotto egypticnne , et s'est empare de i)]tisieurs batimens cliarge;s de mnnitions. D'imo autre part, I'amiral Sachturis a remporte quelques avanlages dans les eaux de Rhodes. Un evenenient heurenx pour les Grecs a egalcment eu lieu dans le cours de I'annee derniere. Plusieurs provinces , qui jusqu'ici etaient resiees soumises au joui^ ottoman, prennenl eulin les amies. Les Olympiotes out donne Je signal : leur de- putation a ete presentee au gouverncment grec. lis demandent des munitions de guerre et une trentaine de canons pour forti- fier le ditroit de Catherine, au pied de TOlympe, et fermer a Tennemi le passage de la Thessalie, Us promettent aussi d'en- voyer a Napoli des vivres en abop.dance. Dans le compte rendu des produits des souscriptions, qui forme la troisieme division de la notice, on voit avec interel que I'emploi des fouds verses par la philanlropie pour les mal- hcnrcux Hellenes a ete sagement dirige. Enlin, on remarque un compte sommaire des recettes et des depenses faitcs par le comite central de Paris, depuis sa formation, c'est-a-dire, depuis le mois de Janvier 1825 jusqu'en dccembre 1 826 , et dont nous aliens seulement presenter ici le resultat : Recette de iSaS et 1826 1,472,540 fr. 72 c. Depense des menie:> aunees 1,217,955 54 Kestant en credifs ouverts. . . 254,585 i8 OE. PAYS- B AS. Df^pdls de mrndicite et prisons. — Independamment des co- lonies de liienj'aisance ou les mendians valides convertisscnt, jKir des travaux habilement diriges, des landes et des bruyeres steriles en terrcs cultivees et productives, il existe encore, dans les Pays-Bas, sept depcks de mendicite. Le premier de ces etablissemens fut fonde , en (8o5,a Bruges, par les soins de M. Chauvemn , alors prefet du departement de la Lys. Les autres existent a Mom, a Hoogstralen, a Reehheirn , a Nairutr, a Hoorn , a la Cainbrr, pres Bruxelles. En 1821 , ces depots contcnaient plus,dc mille individus PAYS-BAS. 269 > Les donnees ou faits a citer en preuves doivent i-tre bien demontres ou susceptibles d'une 270 EUROPE — PAYS-BAS. — FRANCE. demonstration siiflisantc. liC ptix du concours est une medaillf d'or do 400 florins do llollande, valour roclle. On ])oiit re- pondre on hollaudais, laliii , IVancais, anglais ot on allctnand , niais souleniout on caractoro italion. Los roponsos doivcnt otre adrcssoes a la fondation Toylorionnc a Harlem , avant lo i^"" avril 1828, pour otre jugoes avant Ic 3i docenibre do la niomo auuoc. FRANCK Journauxdes departemens de Cancienne Normandif. (Voy. la Rf.vue des journaux des dvpartemens , Rei\ Enc. T. xxxiii , p. '272-276 et 5y()-5<)8). — L,AGazette deFrancecit agoo, connnecha- cun salt , do 1 1)6 ans ; lo Journal de Paris a passo la oinquantaine. Pcut-otro, le plus ancien detous los journaux do province est le joiunaldeCaon qui a portesuccessivomcnt los litres d'-^^''^^-^'^'^' la Bdsse-Normandie, A' Echo ct de Journal duCalvados. II touche a sa 43'°'^ann6o: serait-cc un ago critique pour les gazettes? Ce nc pourrait ctro sur ses succos que cetto fouille, qui parait le jcudi ot le dimancho, s'endormirait; car olio n'cst tiroe (|u';\ 25o exemplairos, et ses abonnos sont des Iiommes d'affaires interosses aux liypothequos, aux ventes forcoes et aux separa- tions do corps. Co journal, il est vrai, a ete contraint de n'a- voir aucune coulour, de n'adopter aucun esprit : un article assez insignifiant lui attira, il y a pen d'nnneos, la plus rude punition qu'ait subie encore la presse poriodiquc : un an do prison et 1,000 fr. d'amonde. II est exempt du nioins du fana- tisuie et des erreui's de V Observateur Neustrien, qui, fonde ;i Caen vers 1816, y a prolongo son existence scaudalouse jus- qu'en 1824. L'auciennoNormandie abeaucoup a se plaindre dos entraves niisos a la presse piiriodique. Celle-ci ne public, dans les ar- rondisseniens, que des afficlies judiciaircs qui seniblent evitor avec autant de reserve ou de crainto de parlor sur la littera- ture et les sciences que sur la politique. On ecrit fort pen a Cherbourg; neanmoins, des membies Ac V Acadcrnie de cctte villc y out fait imprimor reccmniLnt qutlques opuscules sur les antiquites de la pcninsule de la Manclio que la fouille d'af- fiches n'a pas annonces. II en est de mcme a Valognos , a Cou- taucos, a Saint Lo, a Bayeux quipossede la tapisscrie attribuoo a la reine Maltide et (jui viont d'etre encore I'objet d'une sorte de polemique. Memo sterilito dans les feuillos de VOrne et de VEure : celles d'Evreux et des Andelys sont, conimo los feuillos d'Alencon ct d'Argentan, consacroes aunotariat, a I'etat civil, FRANCE. — DEPARTEMENS. 271 aux failliles : parfois , ellcs s'aventurent a rapporler, mais trus- brievement , des proces dc police ou de Cours d'assises. Le Havre a eu Ic Phnre, fcuille comnierciale bien redigee et tpii procurait a la navigation el arindustrie des renseii^nemens prccieiix, faciles a reciicillir dans ce port ou affluent les na- vircsde toutos les coutrees de TAmerique et du monde entier. Le Phare a cesse dc parailre : il iie reste qu'un autre journal , qui est plus cclui de I'administralion que du commerce. Aux Ajfichett ct Annonces de Norinnndie a succedc immc- diatement le Journal dc Rouen, journal quotidien, qui est af;c ainsi d'environ Sg ans. Cette grandecitc cnlretient des relations journalieres si multipliees et si rapides avec la capitalc, qu'elle n'en parait ctre qu'un des faubourgs : sans doute, ces rapports ont influe sur le sort de plusienrsjoiu'nauxlitteraires et perio- diques qui sont tombes les uus apres les autrcs. Mais des sa- vans et des lilleraleurs distingues habitent la Seine-Inferieure et le Calvados. Caen est le point central des etudes et des pu- blications archeologiques des cinq departeniens de la Nor- inandie:les six Societes savantes que cette ville possedc tien- nent des seances particuliercs et des seances publiqiies, et chaque annee elles font paraitre des volumes de memoires et de notices. De uieme , Rouen renferme dans son sein quatre Societes academiques. Mais, ce serai t en vain qu'on cherche- raitpar les journaux de ces villes !cs nombreux ouvrages d'e- rudition, importans et curienx , que le patriotisme et la science ont publics dcpuis dix ans, sur I'une des contrees les plus belies et les pluscelebres de I'Europe : si quelques articles leur ont ete accordes, laudatifs ou supcrficieis, ils sont la pliqjart sans critique. Il est affligeant de le dire : les anciennes Ajfiches de la haute et basse Normaridie dtaient plus scicntifiques, plus interessantes que les journaux actnels de Rouen et du Calva- dos : soumises a la censure, elles etaient plus independantesde I'administration. Isid. L — n. LiANCouRT i^Oise). — Funerailles dc M. le due de Laroche- FOucAULD-LiANcotJRT. — Aux liominagcs rendus a la memoirc de ce vertueux citoyen ( Voy. Rev. Eric. , t. xxxiii, p. 881.), joignons la relation simple et touchante de la ceremonie de ses funerailles dans les lieux nicnie ou il avait exerce son active bienfaisauce. Tout s'y passa stiivant les inspirations de la plus juste reconnaissance; I'ordre y fnt observe , comme il aurait du I'etre a Paris, comme l(! vceu de toute la France en imposait le devoir a ceux qui n'ont pas perdu tout sentiment des con- venances. Cette relation est tiree d'une letlrc particuliere, ecrite i-j-). FRANCE. par lo venerable cure iIr Liancourt, M. Ff.rut, que M. lo due honorait do sa confiance et de son amitie. Liancourt, a avril 1827. Ma cliere I'aimy , je me halo de repondre aiix desirs de M. Dupin ; il suftit que lui et inon oncle me deniaiideiit quel- qiie chose qui concerne mon bienfaiteur, pour m'hiiposer le devoir de suspendre lai instant mes regrets. Ce fut le morcredi , sur les deux heures de I'apres-midi , (]u'on apprit ii Liancourt la mort de M. le due. Aussitot , la douleur la ])lus ])rofonde eclata par les pleurs et les geniis- seniens les ])lus vifs. Spontanement, toutes les niaisons , sans exception, fnrent pavoisecs de drapeaux iioirs ; les ateliers ; les boutiques fermes , et la plupart des travaux suspendus. Le jeudi et le vendredi suivans n'offrirent de toutes parts que I'ima^e d'une consternation generale. Les fideles que j'avais in- vites a la priere, ne quittaient pas I'eglise , et se plaignaient au ciel de leur avoir enleve leur pere. Le corps est arrive a Lian- court le vendredi a neuf heures du soir. On fut a sa rencontre a la distance d'un quart de lieue ; cent dix hommes etaient sous les amies; uiie foule considerable suivait; a I'instaut ou le corbillard parut , des oris douloureux se firent entendre , auxquels succeda un morne silence. Le terns etait affreux , i'obscurite profonde, la pluie tonibait par tovrens; et cepen- dant , personne ne precipita le pas , ni n'intcrrompit la mar- che. Ij'ordre ret;nait dans tous les rangs : c'est dans cette dispo- sition que le cor])s fut conduit a I'eglise et depose sur une estrade. Qiioiqu'on fut tout trempe d'cau, tous voulaient passer la nuit. Je laissai la liberie d'approehcr des restes vencrables de riiomnie de bien. Vers les onze heures, j'invitai les assistans a se retii'er, paice qu'il fallait retablir le cercuell qui avait ete brise dans sa chute a Paris. Le lendemain, des les cinq heures du matin , reglise etait occupee. Les obseques out eu lieu samedi a dix heures. La foule etait immense ; le meme ordre que celui de la veille a cte observe. Le recueiilement religieux n'etait interrompu que par les sanglots et les gemissemens. Apres les obseques, le corps a ete parte a sa derniere demeurc , qui est dans le pare. Les habitans avaient demande a la famille , pour derniere consolation , que le convoi Iraversat le village. Cette faveur n'a pas etc refusee. C'est ainsi que s'est passee cette lugubre ceremonie : depuis la deposition du corps dans le tom- beau , on ne cesse de le visiter encore. Dimanche soir j'ai pro- nonce I'oraison funebre ; les larmes et les gemissemens out repris leur cours. On pent dire que jamais ceremonie funebre DEPARTEMENS. 273 n'offrit un caractere plus imposant ni plus triste. Quol qu'en disent cei taines gens pour lesquels la vertu est une censure , la niemoire de M. le due est ineffacable dans le souvenir de noii liabitans, et sa inort a porte un coup funeste a mon bonbeur. » J. J. Ferry, cure. Socictes savantes I Etablissemens d'utillte publique. Lyor [Rhone). — La Socle te roy ale cV agriculture , efhistoire naturelle et des arts utiles de cette ville, a mis au concours les questions suivanles, pour i8'28 : Queltes sont les plantes qu'il terait avanlageux d'enfouir, comme engrais, dans nos climats ? Quelle est faction de ces plantes comparees a d'autrcs engrais ? Le prix, consislant en une medaille d'or de 3oo fr. , sera de- cerne dans la seance pubiique du niois de Janvier 1828. Les memoires doivent etre arrives avant le i^' decembre 1827. — Pour 1829 : Quelle est la theorie de faction des engrais , dans teiat actuel de nos connai.ssances ? La Societe desire que cette theorie soit appiiyee, autant que possible, sur des experiences et des observations nouveiles. Le prix , consistant en inie me- da'lle d'or de 5oo fr. , sera deccrne dans la seance publiqne du niois de Janvier 1829; les memoires doivent etre remis avant le i*"" decembre 1828. Les memoires doivent etie adresses a M. Groggier, secre- taire de la Sociele, ou a BI. le docleur Trollier, secretaire- adjoint. NiMES ( Gard). — Academic royale du Gard. — Cette Aca- demic avait propose pour sujet de prix : Vinfluence du regne de Louis XI sur I'etat de la France et de V Europe. Le prix a ele decerne au memoire de M. Pagezy de Bourdeliac , capi- taine au corps royal d'etat-major, a Montpellier. L'Academie propose pour objets d'un nouveau concours : \° un prix; d'economie politique : Quels sont les avanlages et les inconve- niens des hanques de pret, connues sous le nom de Monts -de- plete ? 2° un prix d'agricullure : Indlqucr les changemens physiques et chlmiques qu eprouvent les terres dans l' operation de I'ecobuage, el les directions que la pratique peut retirer de ces recherches. Les ouvrages destines au concours doivent etre adresses, francs de port, avant le i" mars 1828, a M. Alexandre Vincens, secretaire de TAcademie royale du Gard , i Nimes. PARIS. Institut. — Academic des sciences. — Seance du 26 mars. — MM. Ch. DiJPiN et GiRARnpresentent successivementdiverses T. XXXIV. ^177/1827. ^^ 274 FRA.NCE. observations vcrbnles, an siijct do roiivrago dc M. f.AMBi.ARDiF. Siir lo bairagc a l\'niboiicluiro do la Seine. M. Gnanl , apiV;s avoir examine avie le plus grand soin Ic projct de barrage, a etc eonduit a sc prononccr pour la negative. M. Dtipin pense que cette question, souuiise depuisquinzc niois a une eonnnis- sion d'inspectcnrs geneianx et d'inspecleurs des ponts ctcliaus- sees, n'est pas encore assez appiofondie, pour qu'on pnisse avoir une opinion arrctee. — M. Gfoifroy-Saint-Hilairf. annonce qu'ayanteu connaissancc dun article important relatil aux ornithorjnquc.i , et dont il resultc que ces animaux sont ovipares, qu'ils deposent leurs ocufs ct les couvrcnt dans des nids decrits en detail, il jugc ]>resentement inutile <\c fairo, conimc il sc I'etait propose, une quatrieme lecture sur la gene- ration des ornitborynques, attendu que le fait est suffisamment etabli. — M. Mathicu fait ua rapport sur ime borloge nine par I'eau, de I'invention de M. Blanc, de Grenoble. M. Blanc s'est propose de construire une liorloge qui put marcber sans avoir besoin d'etre remontee. 11 reciieillc dans un reservoir une quan- tite d'ean pliivialc suflisante pour faire touruer conslamment une roue a goiiets qui devient la roue motrice de son borloge. Voici comment M. Blanc a applique cette idee , qui n'est pas nouvelle, a ime borloge-modele de petite dimension. Sur le contour d'une roue de 3 ou 4 decimetres de dianietre, on a place 12 petits vases cylindri(}ues , ou godets. Cette roue est an dessous du reservoir , dont le fond est garni d'une soupape qui pent monter et desccndrc an moyen d'une tige vcrticale. Un godet est amcne sous le reservoir par lo niouvement de ro- tation; la tige de la soupape est soulevee par im petit plan incline dont le godet est garni; la soupape s'ouvre, le godet sc remplit et il abandonne la soupajie , qui se refcrme. Par suite du mouvement de rotation, le godet se vide, tandis qu'un autre se remplit ; I'eau contcnue dans les godets fait tourner conti- nuellement la roue qui communique son mouvement a I'borloge. Dans le modele, I'axc de chaque cylindre est dans le prolon- genient de la roue; il vaut beaucoup mieux que les godets soient inclines, afin (ju'ils conservent plus d'cau dans la posi- tion ou son poids agit le plus puissamment. La roue motrice fait deux tours par jour; ainsi a cliaque heure, un godet vient se remplir, tandis qu'un autie acbeve de sc vider. Supposons que chaque godet contienne un demi-litre et pese un i;2 kilo- gramme, la depense sera de 12 litres par jour et de 4^80 par an. Mais, dans nos cliniats ou les pluies sont frequentes , il suffit d'avoir un reservoir de i5oo litres qui alimenterait la roue mo- trice pendant phis de trois mois. A Paris, ou il tombe annuel- PARIS. 275 lenient une coiiche tl'eau de 5o centimetres, iin toit dc 9 me- tres de superficie siiflirait. Une sonnerie exigerait une seconde roue 1 5 fois plus puissante. i Nous pensons, dit en terniinant M. le rapporteur, que la Constance et le zele avec lesqiiels ce vieillard presque octogenaire a consacre son terns et ses faibles ressourcesauperfectionncmentd'unmecanismequipeuttroiiver d'utiles applications lui vaudront les encouragemens de I'Aca- demie. » ( Approuve. ) — M. Dupetit-Thouars lit un momoire pour scrvir a I'liistoire des arbres coniferes; premiere pariie y Precis d'un trailc de Belon. — M. le colonel Bory de Saint- Vincent, menibrc correspondant de rAcademie, lui adresse lenouvel onvrage qu'il vient de publier, intitule : i' Homme [i] ^ avec la Icttre dont nous donnons la copie et qu'a liie M. le baron Cuvier. « Monsieur et illustre confrere, je prends la liberte de vons adresser mon Exiai zoologiquc sur Vhomme y considerablemcnt augmente avec des notes explicatives qui ont porte a deux volumes unouvragedontj'cusl'honneur d'adresser la premiere edition a I'Academie, sous la forme d'une mince brochure. Daignez soumettre ce faible hommage de mon zele au premier de tons les corps savans. Vous m'obligerez, en lui faisant remarquer' une petite mappemo?ide jointe a mesdeux volumes; la nomenclature geographique s'v trouve etablie d'apres les considerations que j'ai developpees a I'article mer dii Dictionnaire classique d' histoire naturelle. Les montagnes n'y sont pas en outre jeiees au hasard,ainsi qu'on le fait encore dans un si grand nombre de cartes niodernes; mais elles sont soigneusement reparties, d'apres ce que j'en ai dit dans le tome XI du meme dictionnaire. II resulte de I'attention que j'ai portee a n'en point faire buriner ou I'existcnce n'en est pas constatee, que des espaces de terrain sur lesquels les histo- riens placent le berccau de grandes nations etaient encore converts par les vagues, aux epoques ou ces nations commen- cerent a se faire connaitre; qn'en remontant au terns ou quatre cents metres d'eau sculement grossissaient la masse de celles qui baignent aujourd'hui le globe, la surface terrestre de celui- ci se composait d'une douzaine de grandes iles, ou principaux archipels, sur lesquels nous engageons les zoologistes et les botanistes a chercher les points de dispersion et de dissemina- tion des especes'soit animales, soit vegetales;j'oseleur assurer (l) L'llommc (^Ilon/o). Essai zoologlque sur Ir genre humaia. Dea\ieme edition. Paris, 1827; Rey et Gravier. 2 vol. in-i8, avec wne^artc iiouvelle pour I'intelligence de la distribution des esppces d'hommes.i la surface du clobe terrestre. 276 FRANCE. les plus etonnans rcsultats de ce genre d'invcstigation; il fonr- niia les nioyens de dcinontier (jiie la phipart des tyjics dc faiiiilit-s et des genres natiirels sont encore gcneralement coninie can- tonnes dans les grandes iles primitives, taudis que les espcces ambiguesnc se troiivent guere que sur les espaces parlesqucls ces lies sc niirent en contact , a mesure que les eaux diuiinuaient pour laisser voir les contiuens actuels. Sous ce point dc vuo, la nicsurc des hauteurs de montagnes acquiert nn nouveau degre d'importance. » L'Academie accueille le nouvel ouvragc de M. le colonel Bory de Saint-Vincent. — Du a acri/. — MM. Latreille et Dumeril font un rapport sur une notice de M. Letelletier de Saint-Fargeau, relative a des generations hybridcs , parnii les especes du genre z)o/«- celle de Geoffrey. M. Lepelleticr avait deja constate I'existence d'une cspece hvbride ( c'est-a-dire, resultant de I'union de deux especes differeiites ), dn genre nyctago ( belle-de-nuit). 11 vent (itablir aujourd'hui qu'il existe dans un genre d'insectes a deux ailes , nomnie volucclle , des hybrides. Ces reunions ne peuvent etre revoquees en doute, puisque les insectes ont ete pris sur le fait par ini des fils de M. de Saint-Fargeau, et que M. Latreille , rapporteur, a ete lui-meme lenioin d'accou- plemens de ce genre. Deux jeunes naluralistes, MM. Cci reel ct Blondel lils, ont fourni a M. Lepelletier d'autres objets rclalifs a son sujet. Le rapporteur ne pense pas qu'il soil assez bien constate que les volucelles dont il est question soient d'especes distinctes,pour qu'onpuisse admcttre I'hybridite; etil estporle a croire que cc ne sont que de simples varietes. Neanmoins , les faits i-apportes par M. Lepelletier sont eurieux et propres i\ fixer d'une maniere rigourcuse les limites des distinctions spe- ciliques. Cette notice merite a cet egard d'etre favorablcment accueillie par I'Academie. (Approuve.)— MM. Coidier ct Deu- dant font un rapport sur la notice geognostique d'une partie du departement des Bouchcs-du-Rli6ne, de MM. Delcros et RozET,ingenieurs-geographes. En voiciles conclusions: « Nous avons examine avec soin les collections rassemblees par les auteurs, discute avec eux lenrs observations , et nous parta- geons entierement leur maniere de voir. Nous admettons avec eux que le terrain qu'ils ont decrit se compose : 1° d'un depot calcaire qui se rapporte a la grande oolite du Jura ; 2" d'un autre depot calcai>e identique avec le coral rag, qui est le gis- sement des hippurites, spheralites, connues depuis long-tems dans les collections, sans qu'on sache positivement a quel ordre de formation elles appartiennent, et anquel prelude une for- mation de gres calcariferes et de sable ferrugineux, comme en PARIS. 277 Aiiyletcrre ; 3" dun tlcptit de marnes et de lii^nites qui est iuialogiie a celui de Kimmeridge en Angleleiie, ct atix marnes d'Honfleur, de Bellesme, etc. Cette nouvelle observation tend a nous eclairer de plus en plus sur I'anciennete relative des nioins conserve toute son admiration pour Ic tableau qu'un grand peinlrenous a donne de ce sieclc des lettres et des beaux-arts. Dans sa reponse au recipiendairc, M. Villemain, exprimant le regret que M. Lemonley n'eut point fait paraitre de son vivant la suite de son histoire, I'accuse d'avoir imite ces Romains dont parle Tacite, qui n'lu'ouaient Leurs pcnsees que par testament. On pent repondre que M. Leniontey ne songeait guere a leguer des oeuyres poslliumes. II se hatait Icntement, lorsque la niort est venu le surprendre. Nous avons enteudii trcs-souvent M. Leniontey poursuivre de ses traits un pen caustiques ces historiens si feconds qui ne se donnent point de relaclie qu'ils ne nous mettent dans la conlidence de ce (ju'on savait avant eux et mieux qu'eux. « II faut fouiller le terrain, disait-i! : a quoi bon prendre la plume, quand on n'a rien de nouvcan a dire, et de quel droit vendre un ouvrage, avant nicme qu'il soil tci'niine ? " ■< L'histoire, lisons-nous dans son Essai, est une muse libie et hardie, qui doit quelquefois effaroucher... Pour reduire ma pensee a une expression populaire, je vais dresser I'inventaire de la France en 171 5, alin de pouvoir, cette piece a la main, faire la part des deux siecles avec la meme equite (]ue si trente generations m'en eussent dcja separe... Ce fut en coutemj)lant le regne de son aieul, que le due de Bourgogne concut des plans salutaires pour le bonheur de la liberte publique. Un roi, lieritier de son sang et de ses nobles pensecs, nous gouverne aujoind'hui ; et pen de choses lui restent a faire, |)our avoir execute sur le trone tout ct,- que cet adorable Dauphin meditait encore sur le bord de la tombe. " Cette maniere ne manque assurement ni de mesure ni de courage. Deux volumes au moins etaient prepares et acheves. En priver le public, au mcpris des intentions de I'auteur, ce serait lui derober tout ce que ses travaux eussent ajoute de considera- tion a sa memoire, ct voler l'histoire elle-merae, sans profit pour I'autorite. On a beaucoup parle de I'extreme parcimonie de M. Lemontey. II etait reserve a M. Fourier de la justifier, et de rompre un silence trop bien garde du vivant de cet homme de lettres : « Le tresor personnel de M. Lemontey n'etait autre chose, dit I'orateur, qu'une caisse d'epargnes toujours ouverte a I'amitie et au malheur; il a beaucoup epargne et beaucoup donne. » L'enseignement mutue! n'eut pas de plus genereux souscripteur; il aida constainment de tout son pouvoir cette ingenieuse melhode, (jui realise chez les niodernes une des plus heureuses pensees de Platon. Si les Ic- cons de sngesse et de morale que I'araiquite nous a transmises aSo I'liArVCE. av;(ient pu nous etre ravies, cette Europe aiijourd'hiii si floris- .s;inte aurait subi le joug musulinau. « J'en atteste, poursuit I'orateur, iine oontree culobre dont j'ai etudie I'histoire et Gontomple les inonnmens... L'E^'ypte envoie ses lils ravat^'cr le Peloponuse et la tcrre de Cecrops... Mais, que peuvent la force sans la juslice, le travail sans la liberte? L'ambition insensee des oppresseurs de I'Egypte seraconfondue. L'histoire nous reserve encore cette grande lecon. >> Placees dans la Louche de I'ancien secretaire do I'lnstitut d'Egypte, ces paroles prophetiques ont fait une vive impression. A ce discours plcin de choses, degage de tout luxe acade- inique non moins que de la recherche affectee des transitions, a succedo celui d'un inaitre en I'art de bien dire, M. Vxllemain, directeur de I'Academie. Aucun des prestiges et des calculs de I'eloquence n'a ete neglige par I'orateur. Cependant, on lui doit cette justice queles allusions sont venues le trouver plutot qu'il ne les a provoquees lui-meme; c'est naturellement et parce que son sujet le voulait ainsi, qu'il nous a parle de tolerance religieuse, de liberte civile, d'enseignenaenl populaire, de tons ces principes cnfin que, suivaut son observation, le genie hasarde d'abord dans les livres, et que le terns introduit len- teinent dans les lois. Ici, les bravos se sont meles aux applau- dissemens; ces applaudissemens I'ont suivi en Egypte, ou le jeune professeur d'histoire s'est place sans inferiorite a cote du recipiendaire. Forces de renoncer a rendre conipte de cette cloquente excursion, nous terminerons, ainsi que M. Villemain, en ap- plaudissant a « I'affermisseinent de ce droit de penser et d'e- crire, bienfait irrevocable de deux monarques, institution royale et populaire, que personne ne pourra desormais arra- cher a la France. » C'etait le tour de la curiosite. Tons les regards se sont portes sur le successeur de M. Villar. Un journaliste piquant deve- nait un grave acaderaici*"n , et rocateur se presentait sous le costume ecclesiastique. Ce costume, M. Feletz n'a point voulu le prendre pour occuper des places importantes qui lui efaient offertcs; il est juste d'cn faire robservatiou, A la volubilite de son debit, au peu d'cclat de sa voix', ou cut dit qu'il lisait un article de journal, plutot qu'il ne debitait un discours. Quoi- qu'on lui pretat une attention bienveillante, il a eu le dt'savan- tiige de n'etre pas entcndu. Nous avons appris depuis qu'il avail fait a rAcademie francaise I'aveu de I'admiration que, prcscpic ■4U sortir du berceau, il avait eprouvee pour elle. Tout a I'heure, liQUs ctioiis en Egypte, M. I'abbe Feletz nous a transporics PARIS. a8i ail milieu des fanfares des jeux floraux de Toulouse. Nous nous tn sommes echappes pour assister a de nombreux panegyriques, dont quelques mots parvenaient a peine jusqu'a nous. Un por- trait de La Harpe nous a paru bien trace. M. Feletz ne pouvait nianquer de nous entretenir aussi de ses travaux; les travaux d'un journaliste digne de ce nom ont quclque chose de ceux d'Hercule , puisqu'il s'agit de combattre I'hydre sans cesse re- naissante du mauvais gout. Le vainqueur se repose; les tems ont marche; la litterature a cede le pas a la politique, ou peut- etre en a-t-elle adopte I'esprit et revetu les formes. Mais I'espace fuit egalement devant nous, et nous n'avons rien dit encore du predecesseur de M. Feletz, du bon M. Vil-' LAR , academicien assidu, ancien membre de I'etablissement des Peres de la Doctrine chretienne , et qui travaillait de bonne foi a I'achevement du dictionnaire, sans s'apercevoir que, plus une langue avance, plus uu dictionnaire recule. On la loue d'avoir eu a propos le courage du silence. Meme a 1' Aca- demic, une necessite plus imperieuse encore impose parfois le courage de la parole. M, Auger, secretaire perpetuel, n'etoit point appele a la prendre; mais, d'un ton ferme et anime, il a dit, en s'adres- santaurecipiendaire : « Ms"^ I'archevequede Paris, engage dans une suite de fonctions pastorales qui consument tous ses in- slans, s'est vu dans I'impossibilite de venir repondre a votre discours. Cette explication, simple et franche comme la verite, m'a paru necessaire pour que le public se resigne a cette espece de fatalite, conune j'ysuis resigne nioi-meme. " M. le secretaire perpetuel a fait de la puissance du journalisme, sous le rapport litteraire, un tableau dont sa propre experience lui a fourui les principaux traits. Court et precis, sans rien laisser a desirer, il a obtenu de justes applaudissemens. Cette seance avail uu caractere particulier, celui de runion , de I'estime et de la con- fiance entre le public et TAcademie francaise. L'elite de la societe s'y etoit donne rendez-vous. Plusieurs membres de nos deux chambres etaient presens. Nous pouvons esperer desor- mais de bons choix et des travaux utiles. Oii les grandes pcn- sces et les seutimens genereux pourraient-ils trouver un plus noble asile que dans lu scin du premier corps litteraire de I'Europe ? R. — Acadernie des inscriptions et belles-lettres. — Danssa seanro du 20 avrll, cette acadc'mie a nomme deux correspondans : le premier est M. de Golbkry, conseiller a la Cour royale de Col- mai:, auteur des Anliquites d' Alsace, et d'un Commentaire latin sur Tib u lie , et I'un des plus auciens et des plus zclcs coUabo- aSa FRANCE. laliMiis de la Revue Encydopcdique , dans laqiielle i! est siii- lont If irprosi'iitant d'line partie de la litlciature allemaiule. J.e second est M. Duponckau, de Philadelphie, auteiir de J^ lecherclies profondes siir les lan^^'ues de I'Anieiiqne , a la fois 9 philologne, erndit, jniisconsulte et savant distingue, et que nous avons I'avantagc de compter au nombre de nos corres- pondans. — Seance publique annuelle des quatre Academies, du mardi a/, nvril 1827. — M. Dahu ouvre la seance par iin rapport snr le concours de 1826, ponr Ic prix fond;'; par M. he Volnev. ><■ La commission cliargee de Texecution de la fondalion faite par M. de Volney, a fait connaitre, dans son rapport du ik avril i8a5, les motifs qui I'ont deterniinee a remettre de nouveau au concours les inoyens de realiser les vues du fon- dateur, et cela dans les termes meme dont il s'est scrvi, en declarant qu'il entendait encburager tout travail qui aurait . pour but de doaner suite et execution a sa methode de transcrire les langues asiatiques en let t res europeennes, regulierernent organisees. Elle avait decide que ce concours resterait ouvert jusqu'a la iin de I'annee 18-26, ct que le prix, qui ne devait etre adjuge que le 2/, avril 1827 , serait double, et de la somnie de 2,400 fr. « Cinq niemoires out ete cnvdyes a la commission; elle a adjuge le prix au memoire n° 2, dont I'auteur est M. Schleyeu- MACHEu, bibliothecaire a Darmstadt , qui avait deja parfage le prix dans le coneonrs de 1822. « La commission rappelle que la question remise an con- cours, le 24 avril 1826, est « d'examiner si I'absence de toute ecriture, ou I'usage soit de I'ecriture liieroglyphique on ideo- graphique , soit de I'eeritnre alpliabetique ou jihonographique, ont eu quelque influence sur la formation du langage chez les nations qui ont fait usage de I'un ou de I'autre genre d'ecri- lure, ou qui ont existe long-tems sans avoir aucune connais- sance de I'art d'ecrire; et, dans le cas oii cetle question parai- tiait devoir etre decidee aflirmativement, de determiner en quoi a consiste cette influence. » Elle renvoie , pour les deve- loppemens de cette question, au rapport qu'elle a public le 24 avril 1826. Le prix sera de 3, 600 fr. Les niemoires seront ecrits en francais ou en latin , et ne seront recus (pie jusqu'au i"^"^ Janvier 1828. Ce terme est de rigueur. » Apres cette communication, M. Girakd, de V Academic des Sciences, a lu des Considerations generates sur les chemins de J'er el sur I'esprit d' association. Ce morceau, plein de vues rai - sonnablcs et judicicuses, n'avait pas neanmoins tout I'attrait PARIS. a83 que pourraient offrir des lectures faites dans line seance pu- blique, et surtout duos ll reunion annuelle ou I'lnstilut da France, represente par des orateurs choisis dans ses quatre Academies, est appelea faire connaitre au public I'espritcom- miin qui doit animer et diriger leurs travaux. L'oit^ane de V /Icadcmie des Beaux- Arts ^ M. Quatremkre ue Quincy, a lu^ ensnite un discours, qui a paru generalement fort long, sur I'uidversalite du beau ct sur la inaniere de I'enlendre. MM. Jo- MARD et Daru ont eu les honneurs de la seance. Le premier, membi'c de V Academic des Inscriptions et Belies- Lcllres, a III des Reinarques sur les decouvertes geographiques Jaites dans t Afrique centrale par le capitaine Clapperton et le major Denham, et sur le degre de civilisation des peuples qui I'habi- tent. Le seco:id a paye le tribut de \ Academie francaisc , eu lisant \c fragment d'un poeuie sur V astronomic {^description de la sphere celeste ) , dans lequel on a vivement applaudi des vers harnionieux , pleins d'images et de belles pensees. N. Socicte royale et centrale d' agriculture de Paris. — Seance publique annuelle , du 2/i avril 1827 , dans la salle Saint-Jean , a I' Hotel de la prefecture de la Seine. — Cette seance etait pre- sidee par le ministre de I'interieur, qui I'a ouverte par un dis- cours. M. DE CoRBiERE n'a point hesite de reeonnaitre qu'une institution qui a pour but de perfectionner le premier des arts producteurs, est digne de la protection du gouverncment et de la reconnaissance publique. — M. Challak, vice-secretaire, a ensuite rendu compte des travaux de la Societe, pendant I'an- nee qui vient de s'ecouler. Ce rapport, ecrit avec beaucoup de sagesse et de savoir, a fait apprecier i'importance des amelio- lations que la Societe introduit annuellement dans I'art agri- cole par scs nombreuses relations et par I'activiie qu'elleap- porte a faire connaitre et a propager les documens utiles. Le baron Sylvestre a lu deux notices biographiques sur deux membres de la Societe, niorts dans I'annee. L'une sur M. d' Andre ; I'autre sur M. Duchesne , naturalistc. Un grand nombre de medaillcs ont ete distribuees dans cette seance. Nous ne citerons que les medoilles d'or, dans I'ordre des rapporisjaits sur les concours. — 3 pour la substitution d'un assolement sans jaclieres a I'assolenient triennal : i*^ aM. Gau- THiER, de Genouilly ( Saone-et-Loire ); 2"a M. Gliillier, de Mont-Doucet ( Eure-et-Loir ); 3° a M. De Gasquet , de Lor- gues ( Var ). — 3 pour des ouvrages, memoires et observations de medecine veterinaire : i" a M. Dehan , de Luneville (Meur- the ) ; 2° a M. Marrel , de Vaureas ( Vaircluse ) ; 3" a M. Be- NARD, de Boulogne-sur-Mer (Pas-deCalais) ; — unea M. Des- u8/i FRANCE. 1, ANDES, pom- la traduction maiiuscrite dii tiaite dc Cnluinellc , De re rusticd ; — mica M. LAi.ouETTK,gard('-i;(iiieial dos lorrts tie Conscic'ux (Yosi^cs), pour ilcs aiiuliorations apporlt'os dans les forc'ts confiees a st-s soins; — une a M. Dubroca, tie Mu- gron (Landes), pour la culture du niurier blanc et reducaiion des vers a sole; — une a M. Basqiiiat-Mugrf.t, de Souprosse ( Landes), pour des semis et des plantations de pins d'Ecosse, de chenes-lieij;es et d'oliviers ; — une a M""-' la baronne Micoun, de la Charite-sur-Loire (Nievre"), pour des plantations conside- rables; — line a M. Isambkut , de Tivernon (Loiret) , jjour la suppression des jaclieres , letablissenieut d'un liaras et la cul- ture des plantes oleagineuses. Dubrunfaijt. N. B. Nous ajoutous ici la Notice des sujets de prix proposes parlaSociete[\); savoir: § 1. Pour eLre decernes en 1828. i"Pour rintroduction,dans un canton de la France, d'engrais ou d'aimn- demens qui n'y t-taient pas usites auparavant. a"^ Pour des essais comparatifs, fails en grand, sur diOerens genres de culture, de I'engrais terreux ( urate calcaire ) cxtrait des rnatieres liquides des vidanges. — 3" Pour la traduction, soit complete, soit par extraits, d'ouvrages et memoires relatifs a I'economie rnrale ou domestique, ecrits en langues etrangeres, qui offriraient des observations ou des pratiques neuves et utiles. — 4° Pour des notices biographiques sur des agronomes, des cultivateurs ou des ecrivains dignes d'etre niieux connus pour les services qu'ils out rcndus a I'agriculture. — 5" Pour des ouvrages, des observations pratiques de medecine veterinaire. — 6" Pour la pratique des irrigations. — 7" Pour des renseignemens sur la stalistique des irrigations en Fi'ance, ou sur la It^gislation rela- tive aux cours d'eau ct aux irrigations dans les pays etraugct s. ■ — 8" Pour un maniiel praticjue propre a guider les habilans des campagnes et les ouvriers dans les constructions rustitiues. — 9° Pour la culture du pommier ou du poirier a cidre dan'i les cantons oii elle n'est pas encore etablie. — 10" Pour la redaction d'un jnanuel ou guide des proprietaires des do- maines ruraux affermes. — 11" Pour la redaction de memoires ou instructions destines a faire cnnnaitre aux agriculteuis quel ])arti ils pourraient tii'cr des animaux qui meurcnt dans les campagnes , soit de maladie , soit de vieillesse , ou par accident, — 12" Pour la construction et relablissemeiit de machines do- mestiques mucs a bras, jjropres a egri'ner le trefle eta netloyer sa graine. — § II. Pour e'ire decernes en i8'io. — i3° Pour le (i) On pent se piociirer j^ratiiilemeiU les programes dotalll;s de laf plupart de ces prix chez M>">-' Huiiard, rue de rKjiorou , 11" 7. PARIS. 285 nieilleur raemoirc, fonde sur w^, le capilainc de vais- scaii Freycijjf.t, membre dc I'lnstitiit; scrutn tears, MM. de Proxy, membre dc I'lnslitut, etc., Morf.l dk VI^'nK, pair de France : mctnbrcs dc la commission ccritrnle, MM. Jullikn, dircctenr dc la Rctue Ejiryclopcdiquc ; Sue^r-Herlin, chef du bureau dc la topo2;rai)liie et dc la statistique de I'adminis- tration des douanes ; le capitaine de vaisscau Duperrey ; le chef dc bataillon au corps royal d'etat-major Denaix, aitache au depot i^eneral de la guerre. M. Societc (le la morale citrcticnne. — Scptiemc seance gcneralc nmiuclle , Ic jeiuli 26 avril 182'^. ( Rue dc Clcry , «" 21. ) — ( Voy. Rev- Enc, t. xxx, cahier d'avril 1826, p. 25/,-258.) — Cette societe , fondee en 1820, sous les auspices et la presidence du respectable due de la Rochefoucaui-d-Liancourt, dont tons les amis de I'humanite pleurent la pcrte recente, a dej;i sii^nale son existence, dcpuis sept annees, par beaucoup d'ap- plications utiles des principes de la morale dc I'evangilc aux relations si multipUees ct si diverses de la vie socialc* Les tra- vaux de ses nombreux comitcs ont realise, par des actes et par des bienfaits positifs, les resultats d'utilite que son litre, peut- etrc un pen vague, n'avait pu que faire enti'cvoir dc loin, mcme a ses fonda tears. M. le due dc Broglie, president, a ouvert la seance par un discours improvise, plein dc mesurc et de convenanee, dans lequel, apres un hommage simple et touchant a la memoirc de M. de la Rochefoucauld, il a I'appcle rcxistencc et les utiles travaux du coniitcdes Grccs dc la Societe de la morede chrcticnnc, qui a etc le precurseur et presque le gernie de la grande societe philantiopifjue enfaveur des Grccs, et du comitc grcc de Paris, a I'imitation duquel se sont formes, dans plusieurs paysetran- gers, d'autres comites philhelleniques qui rivalisent avcc lui d'emulation ct dc zelc. M. Ic president s'est ensuite fclicite du triomphe que la societe a obtenu par la promulgation d'une loi contre la traite des noirs qu'elle n'avait cessc de sollieiter. Le comitc pour I'aboliticn de In traite , dont M. Auguste de Staei. a etel'un des membres les plusactifs, aeontribuepuissamment, par ses reeherchcs et par les ecrits qu'il a publics, a eveiller I'attention du public ct cellc dc I'autorite sur Vinsufiisance des I P/VRIS. 287 dispositions legislatives qui avaient cu pour ohjct la prohibition (le cet infanie trafic. Si dcs speculatfurs crutis et avidcs le con- tinuent encore, les gc'ntrcux philanlropcs qui veulent ymcttro un terme ne se lasscront point de los combattre. D'autrcs victoires aussi pacifiques ct aussi bienfaisantes pa- raissent devoir etrc aussi les resultats successifs des travaux de cctte societe , savoir : I'abolition des niaisons de jeu et des loteries; celle de I'osclavage; peut-etre cnfin celle de la peine de mort; I'amelioration du regime des prisons; le patronage des orphelins et des enfans abandonncs ; la propagation de bons ecrits, moraux et religieux; la formation de pctites hiblio- iheques populaires a I'usage dcs enfans dcs ecoles et dcs fa- milies pauvres; I'extinction progressive de la mendicite; I'adop- tion de^ exercices gymnastiques dans tons les etablissemens d'cducation, d'apres les utiles exemples puiscs dans le gyni- nase normal, civil et militaire, fonde a Pans et dirige par M. Amoros, etc. Chacun des comites de la Societe de la morale chrctienne est organise pour obtcnir la reforme de quelqucs grands abus , on I'introduction et la propagation de quelqucs procedcs nou- veaux et pcrfectionncs, ct de queiques bienfaits publics. La conunission ccntralc, appelee a regulariser I'ensemble des mou- vemens, recoit la communication des travaux particulicrs des comites, dont il est rendu compte dans les seances mensuellcs ou tons les membres de la Societe sont admis. La piupart de ces comites out expose toui-a-tour, par la voix d'un de leurs membres, ce qu'ils out fait de plus important dans Fannee, et Ton a pu apprecier les services qu'ils rendent a riiumanite et a leur patrie. M. Mahul, Tun dcs secretaires, a fait d'abord lecture d'un rapport rempli d'intfcret sur les travaux et le but de la societe. Mais, voulant rajcunir un sujet qui avait deja ete traite avec succes dans les reunions publiques des annees precedentcs, il a peut-etre eu le tort de s'engagcr dans unc sortc de digression ou de dissertation metaphysique et presque religieuse sur la profession dc foi des membres, qui, danslc fonds, au lieu d'avoir une croyancc commune et parfaitement identique, veulent res- pecter, au contraire, la manierc tout-a-fait individuelle et independante dont chacun, dans les rapports intimes de sa conscience avec Dieu,concoit et honore la divine providence. On ne dispute jamais sur les dogmes ; mais on est toujours d'ac- cord et d'un avis unanime pour contribuer a de bonnes oeuvres. On a ensiute entcndu MM. Thayer ct Villenebve, rap- porteurs, I'un, du Com/te dcs funds ;Vantce, du Co mite des pri- 288 TRANCE. sons ; ct I'utilc Journal dcs prisons , par M. Appert, a ete cih'- avec eloge. — M. Carnot (lils de I'ancien depiiU;, general et ministre, grand et intogrc citoyen, mort dans I'cxil ), a lu un rapport tres- in tcressant, au nom dn Comitc cic cliarite ct dc bicnfaisonce , qui est devenu un precii'ux auxiliaire do la Societe phitantropiquc de Paris. — M. de Montalivkt, pair de France ( fils d'un ancien ministre de I'interieur, d'honorable memoire ), organe du Cumitc des orphclins, a prescnte un ta- bleau touchant des soins donnes, pendant I'annee 1826, i\ 34 enfans abandonnes, sans famillc et sans ressourccs, que font elevcr et instruire leurs jeunes protecteurs, tuteurs et patrons, niembres du comite qui fait avec confiance un appel a la jeu- nesse parisienne ct ala jeunesse francaisc pour agrandir la sphere de sa bienfaisante activite. M. Gicstai-e De Gerando , porteur d'un nom egalcment cher aux amis de la haute philosophic et a ceux des institutions et des ceuvres philantropiques, a donne, dans une facile impro- visation, quelques details curieux, quclquefoispeu vraisembla- bles, sur la fondation des cedes d'adidtcs, deja trcs-repandues dans la Grande-Lrctagne, ct que Ton commence a inlroduire en France. La seance a ete terminee par deux rapports remarquables. M. CouLMAN, au nom d'une commission chargee d'cxaminer Ics memoires envoy es a la Societe, sur la courage civil , ques- tion qu'elle avait proposec , a prescntc"- une sorte de pro- gramme du sujet, et a fait connaitre qu'aucim des memoires n'a etc juge digne du prix : le concours est proroge a I'annee prochaine. M. Ch. Renouard, avocat, dans un rapport I'empli dc vues philosophiqucs et genercuses, a rendu compte dcs rcsultats du concours sur la peine dc mort. Deux jeunes avocats, M. Lucas, de Saint Brieux, et J dolphe GxKyim , ont obtenu, I'un le prix, et I'autre ime medaille. Le premier vcnait d'etre couronne a Geneve pour la solution de la mcme question. Lorsque son ou- vrage seia imprime, nous rcproduirons, en I'annoncant dans ce Recueil, une partie de rexcellcnte analyse qu'en a faite M. Renouard. "L'abolition de la peine de mort, a observe le rapporteur, n'est encore qu'ime utopie; mais les libcrtes dont nous jouissons furent aussi pendant long-tcnis des utopies. » Et combien d'ameliorations, qui ne sont aujourd'hui que les reves de quelques hommes de bicn , seront, avant peu d'annees, in- troduites dans uos moeurs et dans nos lois ! Le genre humain est en marche ct continucra de marcher, malgre les hommes sots ou medians qui vondraient le faire retrograder. On doit PARIS. 289 plaindre les chefs de gouvernement et les prttendus hommes d'etat, assez depourvus dc philautropie et de lumieres pour redouter et pour gener Ic niouvement social , au lieu de le favo- riser et de contribuer a le dinger sagement. L'assemblec entiere, ou Ton remarquait un grand nombre ('e dames, a paru penetree d'un sentiment profond de satis- faction et de bienveillance, en ecoutant ces jeunes heritiers d'unc generation deja en partie descendue au tombeau, qui soutienncnt dignement la reputation de leurs peres, et qui nous offrent, dans la nouvelle generation de citovens , d'ad- ministrateurs, d'orateurs, de deputes , de pairs de France, destinee a paraitre bicntot sur la grande scene dii monde, des hommes genereux et eclaires, avidcs d'instruction et empresses de signaler dans toutes les carrieres de la vie sociale leur emu- lation pour le bien et leur activite patriotique. M. A. J. Socu'le pourl'enseignernent eleinenlaire. — Sennce generate du 21 mars i8'27. — Cette utilesociete, qui apour objetdepropager en France la methode de lenseigncment mutuel, vient de tenir sa seance generate annuelle , sous la presidence dc M. le i^cneral Df.ssole, pair de France. Apres un discours de M. le president, M.DE Gerando, secretaire-general , a fait un rapport sur lestra- vanx dc la snciete et sur I'elatde I'instruction populaire en France et dans plusieurs pays etrangers, pendant I'annee 1820. Feut- etre M. le secretaire-general a-t-il beaucoup trop adouci I'affli- geant tableau qu'offre en ce Vnoment notre patrie, sous le rap- port de rinstruclion du ])euple. Cependant, il faut avouer que le sort de Tcnscignement mutuel n'est pas entierement perdu en France. Effectivement , la societe est en corrcspondance avec environ deux cent quatre-vingts ecoles, dont trente a Paris, ou cette methode est en vigueur. On sait que, sur ces trente ecoles de la capitale, trois ont etc fondees et sont entretenues par la societe elle-mcme. M. Eiisrbc Salverte a fait connaitre erisuite I'etat des fonds. II en resulte qu'il faudrait, pour que la societe ne fut pas obligee d'entamer son capital, que le nombre des souscriptcurs s'elevat a 700, au lica de 45o, nombre actuel effectif. D'apres le tableau des depenses de la societe pendant I'annee qui vient des'ecouler, poiu I'entretien deses trois ecoles, on voit que les frais necessaires a I'instruction de ehaque enfant n'ontpas depasse la somme de 12 fr. ])arannee; encore faut-il deduirediverses depenses accessoires d'adniinistration. M. Bas- set a fait un rapport sur le concours ouvert en faveurdes ou- V rages populaires. Seize memoires ont ete envoy es, dont quatre ont obtenu des prix ; ce sont: une Histoirc dc France, par Jl""" de vSaint-Ouen; une hlyf^iene populaiie , par M. Arrnand T. XXXIV. JiTll i^i-j. 19 - 2(>o FRANCE. Smicfrotte; dos Contes nioraux , par M*""^ Cf.t/nart; ot la I.o- (erie royale lii'i'oih'e , par JVl. Quentin. M. Taim^ndier a lait foniiaitrc It; n'-siiltat dii rancours ouvcrt on iSaG />our le tneilleiir Almanack populaire. Siir qualifr ouvraf^es ciivoyLs a la socicte, aiicun n'a scmbif rcnijilir Ics conditions dii pro- {ijianime; mais doiix onl pani dii;nos dc mentions houoralilos <|ni ont etc deccrnees a lours antcnrs, P»IM. Suzanne, profcsscnr au colU't;c royal de CliarlemaLjnc, ct Jules Tardiko, qui appar- licnt a nnc fauiille honorableinent connnc dans Ics arts. I.a seance a etc ternjincc par un rapport snr I'ctat prospere des ccoles fondccs ct onlrctcnncs par la socicte, ct par Ic r'-non- \cllcmcnt (Ics inenibrcs du bureau. Nous faisons des vccux sin- ceres pour <|uc le nonibre des souscriptenrs de la socicte poiu' rensci^nement elemenlairc au2;nicntc , ct nous cni^agcons nos Iccteurs a joindre Icurs effoits a ceu.x des hoinmes gcncreux r|ui coniposent deja cctte socicte, afin que la France sc niainticnue au niveau des contrecs ou rinstruciion du |)euple est le plus florissantc. Pour ctre recu membre de cette socicte, il suffit de sc faire inscrirc chcz M. Cassin , rue Taranne, n" 12, ct do payer une sousci iption annueile dc aS fr. , |)our laqucllc on recoit d'aillenrs Ic Journal d' Education , pvdjiie sous les aus- pices et par les soins de la socicte. Y. A the nee des arts. — Seance publique du scniestre d'lnver, tenuc h r H6tel-de-Ville de Paris , lei^ Janvier \2i-i']. — M. Ramon, se- cretaire-general, a fait un rapport sur les travaux dc la Socicte, ct a donnc le piogramme des prix qui doivcnt ctre deccrnes au mois dc julllct procliain. On a lu cnsuite divers rapports sur des dccouvcrtes utiles, ou sur des ouvragcs seienlifiques et litteraircs publics dcpuis \>c\\ par des menibres de la Socicte. Parmi ccs dernicrs, on a I'cujarque une suite du Cours dc Litterature dc La Harpc , par M. Bouchareat , qui a obtenu le maxinnun des recompenses dc rAthcnec. La memc faveur a etc aceordce a M. Pkbrot, pour son Tableau coinparatif des principales montagnes da globe. On a cntendu avcc plaisir la lecture de plusicqrs pieces de vers dc MM. Miraut, Albert Montemont ct Desarnaup, ct d'un beau fragment du pocme de David , jjar M. Uenne-Baron. Lcs Kloges dc MM. Jioulard ct Boissy-d'Anglas, prononccs par MM. Ponce et Perkier, ont rcnouvelc lcs regrets qu'inspire la pcrtc de ccs honorables citovens. La seance a etc terminec par un concert vocal et inslruiijcntal execute par lcs artistes les jilus distingues. Z. Cours dc grec tnodeme, fait par M. Michel Schinas, profcs- scnr, sous lcs auspices et dans le local ordinaire des seances tie la Societe pour Ic pcrjectionnenient des nwthodcs (_ rue Taranue, PARIS. 291 11" 12). — L'oHvertiire de ceconrs, qui est continuu tous ^s liiridi , niercredi ft vendrodi, ;i se|>t lieurcs et demie du soir, a oil lieu, k- II avril , en presence d'uu aiidiroiif choisi, com- pose de Fianrais et d'etiangcrs, amis de !;i litterature et de la noble cause des decs. Le professeur, M. Scliinas, a prononce Tin disrours tres-remarquable , et que nous aurions desire pon- voir inserer dans notro Ileiue , si son otendue nous I'avait per- niis. On y trouve un precis historique sur I'idiome natif des Grecs, sur celte langue mere, appelee la langue des dieux, et immortalisee par taut de chefs-d'eeuvre, et sur les vicissitudes politiques dont le grec moderne porte I'empreintc. M. Schinas, en combattant avec une grande force de logique plusieurs pre- ventions injustcs, a fait ressortir Ics avantages que Ton peut retirer de la connaissancc de cet idiome, considere « comme un complement indispensable du grec ancien , et comme un flam- beau propre a eclairer pliisieurs avenues obscures de I'anti- quite. » C<^tte dissertation philologique ,doRt I'auteiir s'est plu a j)ayor im juste tribiit d'eloges a la menioire du savant hellenisto Jnsc tic Filloison, \\ M. Hase , professeur de grec moderne 'i la bibliotheque du Roi, et a M. Jules Dm-id, (lis du peintre de Leonidas, et qui a public deux importans ouvrages sur le grec moderne, sera sans doule imprimee tres-incessamment , et sera oonsultee avec fruit par tous les liellenistes, et meme par ceux qui, etrangers a cette etude speciale, ne le sont point aux con- siderations philosophiques et generales qui naissent de retudc des langues. ■ M. A. J. Ouverture d'une momie egyptienne. — M. Passalacqua , apros un long sejour en Egyptc , avait transports en France une belle collection d'anliquites qui vient d'etre vendue an roi de Prusse. Parmi les divers objets qu'elle renferme, on troiive i)lusieius momies, soit humaines, soit d'un grand nombre d'animaiix. Urie de ces momies fut ouverte, il y a environ un mois, et le manuscrit, sur papyrus qui y etait joint, fit connaitre que c'eUiient les i-estes de la fille d'un gardien du temple d'Isis. ( Voy. Rev. Enc., t. ixxiii, p. 872.) L'ouverture d'uric scconde momie etait amioncee, pour le 26 avril , a rampliitheatre de la Sorbonne. Une brillante reunion ties homnies les pins distingues dans les sciences et dans les iettres y assistait. M. le docteur Pariskt devait prononcer un discourssur I'origine et les causes qui out determine les Egyp- ticus a embaumor leurs cadavres; nous ignorons pour quel motif ce medecin y a lenonce la veille. Cedant anx instances -de divers savans, M. Juua Fontenelif, a consenti a preparer aga FRANCE. en quelques heurcs tin discoius d'oiiverturo que nous allons fairc connaitru. Ce chimiste , apros avoir expose que tousles peuples tie la terrc, dont la raison a ete cultivi'e, out pris soin d'houorcr Ics niorts, expose Ics divers motifs leiigicux qui avaient determine le pcuple egyptien a les embaumei . Ces mo- tifs, a-t-il dit, sont divers et eontradictoires. Ainsi TEj^ypte croyait a I'iinmortalile dc I'ame; elle joij^nail a ce dogine admi- rable cehii de la metempsycose, d'apres lequel les ames hu- maines etaient soumises a un double genre de transmigration. Mais, si, d'apres icur opinion meme, I'ame est distincte du corps, et si, a la sortie de ce corps, elle doit ou voyager dans les astres, ou se cacher dans I'organisation dun animal, qu'im- porte pour le corps qu'elle vient d'abandonner? Les Egyptiens tombaient en meme terns dans uuc contradiction bieu evi- dente; ils croyaient que, tant que le corps subsistait en son entier , I'ame n'enjLtait point separee. Mais cette induction, dit M. Julia Fontenelle, est dementie par la pratique meme des embaumemens, puisqu'on detruisait I'integrite du corps en enlevant le cerveau; or, s'il est un organe dont la presence soil necessaire pour assurer celle de I'ame, c'est assurement celui- la. Le savant professeiir s'est attache a demontrer que les Egyp- tians out ete conduits par une necessite physique ii I'embaume- ment des cadavres, etqu'ils ontcntoure cette coutume d'idees religieuses pour la faire adopter. Dans cette partie de son dis- cours, il s'est eloigne des scntimens de tons les auteurs; voici les faits sur lesquels il a cherche a etablir son opinion. Les inon- dations du Nil couvrent, chaque annee, pendant quatre mois, presque en entier, toute la partie de I'Egypte cultivee; il est done evident qu'on dut placer les viUes, les bourgs et les vil- lages sur des lieux eleves. Puis, si Ton examine cette contree, a I'epoque de sa plus grande prosperite, sous le regne de Sesos- tris, on voit que, sur un sol de 2,25o lieues carrees, d'apres le judicieux Danville, on y comptait, terme moyen des geogra- phes, 6,222 personnes par lieue, ce qui devait donner 35o,ooo cadavres par annee , en supposant un mort sur quarante vivans : calcul qui est conforme a I'obscrvation, II fallait done se debar- rasser de ces cadavres, en les enterrant ou en les brulant. Ces deux moyens elaient impraticables; car il eut fallu les ense- velir autour des lieux habites, ou dans ceuxqiie le Nil submer- geait; et des lors, il etait evident que la decomposition de ces cadavres, en alterant la purete de I'air, serait devenue pour ce peuple un germe de destruction. Quant au second, le manque de bois y mettait un obstacle insurmontable. Un moyen plus commode dut s'offrir aux Egypliens; le sol de cetle belle con- PARIS. 293 tree se trouve parseme de lacs de natron (sous-carbonate de soude ); et, comine ce sel jouit de la propriete de preserver les substances animales de la putrefaction, on dut naturellement etre conduit a saler ainsi les cadavres. Apros avoir emis cette opinion, Torateiir fait connaitre les trois divers modes d'eni- baumement des Egy|>tiens, tels qu'Herodote et DiodoredeSi- cile les ont decrits; il indique ensuite les attitudes qu'on donnait generalementaux moniies; savoir : 1° cellesdeshommes ou des nouveau-nt'S avaient les bras etendus le long du cor{)s; 2° celles des femtnes dun certain age avaient les deux bras croises sur la poitrine, ou bien nn seiil bras ainsi place et I'autre etendu le long du corps ; 3° les jeunes fdles avaient les deux bras etendus le long du corps, mais I'avant bras replie et les deux mains reunies au-dessous du pubis; l\^ les mains gauches des momies etaient ordinairement serrees, et les droites elendues; les bagues ou amulettes etaient toujonrs a la gauche. M Julia Fontenelle etablit ensuite la difference qui existe entre les moniies egyptiennes et les momies grecques. Celles-ci sont reconnaissables par la difference du style des peintures qui les ornent, et surtout par des inscriptions ou des manus- crits sur papyrus ecrits en grec; leurs bras, leurs jambes, et jusqu'anx doigts des pieds et des mains sont entieremenl enve- loppes et separemeut, tandis que les momies egyptiennes sont enveloppees en forme de gaine, sans aucunc extrcmite appa- rente, quoique au-dessous des bandelettes exterieures les bras et les jambes soient quelquefois enveloppes scparement. Apres avoir parle dequatre genres de tombeaux egyptiens, le professeur est revciiu encore sur cette opinion , que des vues hygieniques avaient seules prescrit les embauniemens jusqu'a trois cents ans apres Jesus-Christ, epoque alaquelle on aban- donna cette pratique. Pendant cette longuo periode, dit-il , la peste fut inconnue en Egypte; et maiutenant, d'apres I'opiniou deMM. DesgenettesetLarrey, elle y est endemique. Beancoup de personnes ont doute que I'usage des embaumemens fut ge- neralement adopte par toutes les classes du peuple egyptien. Cependant, il est demontre que le nombre des momies renfer- mees dans les catacombes d'Egypte a ete immense; une des preuves les plus evidentes de cette verite, c'est que les Arabes, etablis dans le voisinage de ces catacombes, emploient depuis des siecles comme combustibles les corps et les caisses des momies. Le nombre des momies d'animaux de toule espece etait incalculable; on comptait les ibis par douzaines dans les cata- combes de Sakkara, pres Memphis. Grace auxcurieusesrecher- ches de M. Champollion jeune , a dit M. Fontenelle, nous pouvons vous anuoncerque, dans cette enceinte ou tant d'ha- njf, ' FRANCE. biles ft oloqneits professcurs vienneiU jonnieJlcmcjU pi (ipjt^'i-r lo feu sacfti des sciences et des Icttres, soiit deposits ks reslcs d'Hii de CCS pritresei^ypfieiis, chez lesqiiels ellcs seinhlent avoir ))ris naissaiico, et quo rarcheolot;iio precite a iceoiiuu etrc Pliarc, fds de Macsainonii, maiiioiUe, ou bien pretie d(' la premiere caste, attache an ciiite de la deesse Netphe, la Rliea c'j^yptieiine, mere d'Osiris et d'Isis. L'orateiir a lerniiiie sor> iliscoiirs par line allocution sur la libi'ite dont les sciences, les leltres et les arts ont bcsoin pour se propatjer. 11 a saisi cette occasion pour remeicier le monarquc d'avoir rassure deux fois la France alarniee, en lui j^arantissant la ])Uis |)re- cieuse de ses liberies, celle de la prosse. L'ouvcrture de la moniie a eu lieu aussilot apres ce discours. La tete etait rasee, coinme celle des pretres egyptiens; les e.'io- veux etaient d'une couleur jaune; il en elait de meme ties poils de la barbe, qui avaicnt pres de deux lii^nes de longueur. Les dents belles, blanches etbien rangees, sendjlaicnt annoucer que Pliare est mort a I'age de /(O ou 5o ans. Le cr;ine etait tres- dur et tres difficile aseier; il a ete troiive vide, tandis qu'ordi- iiairement il est rempli jiar des bandelettes ou de I'asphalte et des aroiiwtes; la dure-mere et la pie-mere etaient dessechees et bien conservees. Les mains etaient posees sur le corps et arrivaient juscpi'au pubis, h peu de chose jires comine celles cruK;tlia. PARIS. -zQff IVii^aoiouiE. — M«')ruEAu , ele la Sa/thc [ Louis- Jacques) , piolessenr lioiioraire cle la Fncultc dc Medecine .^ »t niembre titiiiaire df V Acndcmie rojale di: Medecine de Paris, ne a Montfort, pres Ic i\Ians , Ic 28 Janvier 1771, mort a Paris, d'line inaladie de i)()ili iue, lo i3 juin 182G. Bl. Moicau avail fait ses etudes au collei^o dc I'Oialoii 0 de la viUc diiMans; deveiiu eleve de I'ucole dc nicdcciiie de la capitale , il ohtint au con- cours une place d'uflicier dc santc, partiL pour I'armee, et reviut bicssc a la main droitc. La publication dc (juelqucs ou- vrages utiles le lit nommer successiveinenl sous-bibliolhccaire, bibliolliccaire et professcur de I'ecolc dc nicdeciiic. Il dut a une ordonnance particidicic dc Louis XVIII Ic rclablisscmcnt en sa faveur d'luie cliairc dc bibliographic medicale. La com- mission d'instructiou pubiiqucy rcunit rcnscij^nemcnt de I'/iw- toire genernle de la medecine. Un de ses nieillcurs ecrits est YHistoire de I'Erole de Medecine de Paris, depuis son origine jusqu'a sa suppressio!i : il v fait prcuve de bcaucouj> de savoir et d'une graudc generosite de caractere. Laborienx ccrivain, professcur habile, praticicn consomme, ii est mort gcnerale- nient regrette. R. — Alexis DE S. -Michel, nc a Lorlent, le i4 dcccmbre 1795, debuta dans la carricre dc's Icttres par unc piece dc vers couron- nee a 1' Academic d'Orlcans, eu 1 8 1 1 . Cc picmicr succcs enhardit sa jeime muse. II sc livra prcsquc uniquement a la lecture dcs pocles etrangcrs, et relcgaiitc imitation dcs poesies d'Ossian, par M. Baour-Lormian, rcnllanmaa pour Ic bardc ceossais qu'il vou- lait etudier et couuaitrc dans s;i languc originate. II s'occupa avee passion d'Ossiau, sc procura les traductions mcme Ics plus inexactes dc rHomcre du ]Vord, les IVagnicns oiiginaux, les dissertations, les commcutaiix's de sir John Sinclair, avec lequcl il eutretiut unc coricspoudancc active , et qui I'alda dc ses hunicres. Enliu, joignant a la verve du poete la patience d'un antiquaire, il parvinl, apres un travail dc douzc aunees, a completer unc traduction en vers francais de toutes les poesies d'Ossian, la plus complete, la plus exacte, et peut-etrc la plus poetique que Ton ait encore faite. Cct ouvragc posthiuiic est jusqu'a present inedit; les amis de la belle poesie doivent en dcsirer la pidjlication. Au milieu des details immenscs dc ec grand travail , le mo- deste et laborienx Saint-Michel publia quelques pieces de vers, qui .sc rapportaieni presque toutes a son etude favoriti-. En 1816, il fit paraitie lui petit poemc intitule : la Guerre de Bhurn; et en 1820, mi autre ])Ocme, intitule: Fingal , dont quelques fragmens, inseres dans V Ahiinncnh di s Muses, furent cites avcc 3oo FRANCE. eloge dans les t'cuilles publiqnes. Fingal fut suivr, en iSau, d'liu autre poeme, la Fierge dc Groa. C'etait une tradition po- piilaire (jiie le chantre de Fingal otait alle recueillir dans une lie, situoe pen loin dcs cotes do la Bretagne. M. de Saint-Mi- chel avait appris I'anglais, les dialectes ecossais et gaelique; il voyageait souvent a pied , pour s'instruire par des conversations avec les pasteurs et les paysans, de queUpies vieux dits (ju'il lui importait de connaitre. Aussi serviable que niodesto et instruit, il suspendit son grand travail , pour tradiiire , en societe avec M. Loeve-Veimars, les ballades anglaises etecossaises dont ce jeune litterateur a publie luie collec- tion estimee ( voy. Rev. Enc. , t. xxvii , p. BSg). L'excessive modestie de Saint-Michel ne permit pas a son ami de le citer et de faire connaitre la part qui lui ajipartenait dans ce travail. Cet hoiiiniage au genie national du nord fut le chant du eigne. L'infortune Saint-Michel mourut, a la flour de I'age, huit jours apres son union avec une jeune personne qu'il chorissait depuis son enfanco. Ses amis conserveront long-tems le souvenir de sa candeur, de sa droiture et de sa bontc. C>. — CoTELLE [Louis- Barnahe), professeur a la faculte de droit de Paris, mort le 29 Janvier 1827. — La Kei'ue Ency- clopedique , qui inserit sur ses tablettes necrologiques les noms de la plupart des homnies dont les travaux ont contribue a la gloire litteraire et scienlifique de laFVance, et a cello des autres nations, doit faire une mention particuliere de M. Cotelle, doyen d'age de la faculte de droit de Paris, et auteur de plu- sieurs ouvrages recommandables. Ne a Montargis, departe- mcnt du Loiret, le 11 juin 1752, M. Cotelle montra des sa jeunesse du gout pour I'e'tude de la jurisprudence. D'abord avocat, ensuite jiige-bailli au canal de Briare, il fiitnomme, a I'epoque de la creation des eeoles centrales, |)rofosseur de le- gislation a I'ecole du I.oiret. Il etait conseillcr a la cour d'Or- leans, lorsqu'en 1810 deux chaires nouvellement otablies dans la faculte de Paris furent mises au concours , ainsi (]u'une troi- siemechaire, devenue vacante par le deces e rc'tour en Fr.inoo, il a iiiontro niu- habilcic el iino intclli- Heiice j)cu commtmos dans I'cmpU)! ct la jodaction aste etablissement , il n^a eleve qu'une im- mense parte cochere. II lui serait meme indifferent que (i) Oa doit altribuer sans doute a la precipitation qui accompagne souvent la redaction des articles destines aux ouvrages periodiques , I'omission qu'a conimise M. Dunoyer en ne citant pas, en meme temps que son propre ouvrage, les qiiatre volumes du Traiid de Id- gislalion , ouvrage concu sur les mdmes bases theoriques que le sien , et public dernierement par M. Ch. Comte son ancicn coUaborateur. A M. DUN OYER. 5 rauteur de la Monaichh francaise eiit cte quaUfie de foil dans dcs journaux iDonarchiques , ou qu'// prc- tcndit clre le descendant de ChaHemngne. 11 ne recherche pas non plas si lainour de ce publiciste pour les tourelles et les creneaux est en raison de Vaccucil plus ou mains vif que lid Jont les Jw/nnies de la feodalite ^ dont it rechaujje le zele, dnnt il jiatte les souvenirs (i); rien de semblable ne vient alors sous sa plume. 11 expose des idees , les discute ct les juge avec plus ou moins de bonlieur, nials toujours avec calme et dignite. Serait-ce un privilege attache aux travaux et au genie de Saint-Simon, de jeter 1 esprit de ses adver- saires dans la confusion et de leur insplrer des passions aveugles ? Ce fut du molns le privilege de tous les genies superleurs. Devant eux, on vlt les doctes du terns perdre contenance, et vaincus jusqu'au fond du coeur par la puissance de la raison, invoquer, dans leiu" desespoir, des sentimens destructeurs de toute science et de toute philosophle. Envlsagees sous cet aspect , les rltaques personneDes auxquelles Saint-Simon est en butte, loin d'alarmer ses disciples , se presentent comme le com- plement oblige de son existence philosophique. Nous nous dispenserons done de repondre a cette partle des attaques de M. Dunoyer contre Saint-Simon ; mais 11 ne nous est pas permls den user alnsl pour certalnes imputations qui tendent a presenter ce phllo- sophe comme un queteur habitue au charlatanlsme de la bassesse. Celles-cl exigent une reponse direcle; la void : on ne repand ses idees , on n'lmprlme , ou n'exerce une action sur le public que par un ensemble de moyens qui tous s'obtiennent a prlx d'argent. Salnt- (i) Expressions de M. Dunoyer relatives a Saint-Simon. 6 IltPONSE DES R£dA.C1'ELI11S DU PilODUCTEUR Simon a commence par mettre sa fortune au service cle ^es idees; c'est-a-dire , du bien public, tel qu'il le con-t qevait. Tant qu'il a possede que|quc chose, il n'a de- mande les secours ni la cooperation pecuniaire de personne j il a fourni a tout , sans jamais compter, ni avec lui-meme, ni avec les" savans et les ecrivains qu'il ins- truisait et qu'il dirigeait. Ses moyens personnels epuises, il s'est loyalement adresse a des bommes riches et amis du bien public; il leur a montre son but, qui devait etre aussi le leur, et il a reclame leur cooperation finan- ciere. Nous le demandons a tous ceux qui ont coimu son caractere ; Saint-Simon n'a-t-il pas ouvert des sous- criptions , fait des appels de fonds aux industriels , dans le but , le but unique de propager un systeme d'idees qu'il croyait essentiel au bien public ? Saint- Simon n'etait-il pas tellement preoccupe par ses idees qu'il leur sacrifiait toule autre consideration , et qu'il eut mille fois donne sa vie pour elles ? Si Ton ne peut repondre qu'aflirmativement a ces questions, il ne nous reste plus qua deplorer qu'un ecrivain digne par sa moralite d'apprecier a fond des intentions desinte- ressees, n'ait pas concu que Ton pouvait quelquefois rencontrer de la droiture sans circonspection et de la probite sans pruderie. Mais , batons-nous de quitter cette premiere partie de la discussion, et imposons - nous la loi de ne plus apercevoir ce qu'il y a de personnel dans les attaques dirigees centre Saint-Simon. Deja nous avons eu I'oc- casion d'adresser a ceux qui ont critique notre doctrine une reponse que nous repetons toujours avec peine , parce quelle peut etre prise pour une orgueilleuse re- futation de notre part, ou pour un humble aveu de I'obscurite de nos idees. Cette i^'ponse est celle-ci : A M. DUNOYER. 7 Voiis n*at'cz pas conipris. Heureusetiient pour nous, ilans cetle circonstance , les erreurs de notre adver- saire portent sur des points tellcnient clairs , et d'unc si grande importance, qu'elles seraient inconcevables , si Ton ignorait la puissance qu'exercent sur nous d'an- cienncs habitudes. Chaque nouvelle idee adoptee par Ihumanite ne s'est fait jour qu a travers niille obstacles , parmi lesquels 1 aveuglement des plus fermes defenseurs du pr^juge detruit n'etait pas le moins redoutable. Si M. Dunoyer n'a pas coinpris votre doctrine, la I'aute en est a vous , nous dira-t-on ; oui , sans doute , ct nous I'avouons sans peine. La faute en est a nous; car les idees que nous developpons sont neuves , et, par cette raison^ elles sont encore plus difficilesii(jxposer qua comprendre. M. Dunoyer s'adresse a Saint-Simon et au Pioduc- tciir. II leur reproclie coUectivement d'avoir concu la societe d'une maniere incomplete, en ne la composant que de savans, d'artistes et d'industriels ; il demande ce que Ton pretend faire du reste : des niagistrats et des gens de loi , des militaires , des predicateurs , des hommes d'etat. A part les predicateurs , sur lesquels nous nous expliquerons bientot , nous rappellerons a M. Dunoyer que ces ditferentes classes d'hommes plus ou moins utiles qu'il vient de designer, font paitie de ce que nous avons appele les non producteurs ; que, quel que soitle litre sous lequel on designe ces derniers, il est du plus haut interet de ne pas les confondre avee les producteurs (savans, artistes, industriels), par le motif que leurs fonctions. et leur genre d'utilite et d'importance sociales suivent une marche dccroissantc , exactement proportionnee a la mai-che ascendaotq des 8 llEPONSE DES REDACTEURS DU PRODUCTEUR producteurs ; nous laissons done a ces noit producteurs leur titre et leurs fonctions de goiifcrnans (i). Quant aux producteurs , savans , artistes et indus- triels, nous sommes etonnes que M. Dunoyer ne nous ait pas plus vivement attaques qu'il ne I'a fait, ayant si peu compris ce que nous voulions designer par ces expressions. Selon lui, Saint-Simon ne coniprenait sous la denomination de savans que les hommes professant les sciences physiques et mathcmatiqucs ; il entendait par artistes ceux qui prof essaient les beaux-arts ^ et par in- dustries, ceux qui professaient les arts et metiers de toute sorte. Les savans , selon Saint-Simon , sont di vises en deux classes principales : savans livres^ a I'etude des corps bruts; savans livres a letude des corps organises. Loin de borner la qualification de savans aux pliysiciens et aux mathematiciens , loin de refuser le titre de sa- vans aux publicistes et aux moralistes , nous les pla- (i) Nous nous sommes assez souvent expliques sur la maiiicre dont nous cnvisagions Taction des gouvernans; pour ie moment il suffii de dire que nous renfermons sous ce titre general de gouvernans , les classes occupees de malntenir I'ordre social, quel qu'il soit, paries moyens rcpressifs de police. Ce sont ces classes qui nous paraissent soumises k una loi de dccroissance politique constante ; mais nous sommes loin d'en conclure que \v societe puisse jamais se passer de direction ; nous prelendons meme que le progres de I'espece humaine, sous le rapport politique, consiste (dans les termes les plus generaux) ea ce que Taction aaministrative et directrice subordonne cliaque jour davantage a son aulorite, les fonctions de police. Cette vcrite est con- firmee par Tinfluence politique croissante des producteurs , qui se rapprochent sans cesse de Tepoque oii Tadministration et la direction sociales leur seront confiees exclusivement : alors la societe sera trfcs-^ peu gouvernee, il est vrai, mais elle sera savamraent dirigee et utile- ment administrce. A M. DUNOYER. 9 (jons sous la denomination i^enemle de phjsloiogistcs ii"), dans la seconde classe et en tete du corps savant tout entiei; renversant ainsi la hierarchic scientifique ac-' tuelle , dans laquelle les mathematiciens et les astro- nomes se presentent an premier rang. Les artistes ! M. Dunoyer s'est encore mepris sur ce que nous voulons designer par cette expression , puis- qu'il demande avec ingenuite ce que nous ferons des predicateurs : he bien, il est ecrit, mainte et mainte fois ecrit , que le predicateur avec le poete sont a la tete des artistes, comme les physiologistes marchent a la tete des savans. Le lecteur le moins attentif n'a-t il pas vu , dans les ecrits de Saint-Simon et de son ecole , que ce mot d'artiste designait tons les hommes qui s'adressent aux sentimens et qui determinent les actes passionnes ? Et cependant, pour parodier plaisamment cette partie de notre systeme , M. Dunoyer, par une inexplicable confusion d'idees ou de langage , la decora de I'adjectif artifico , comme si nous songions aux arts et metiers , quand nous parlous des artistes ; ou bien comme si artifex signiHait autre chose c^uartisan ! Les industriels! memes meprises, memes erreurs que sur le reste ; ce ne sont pas seulement les gens exer- cant les arts ei metiers que nous nommous industriels ; (i) Toutefois , nous pensons que cette denomination ne sera appli- cable a ces deux classes de savaiis que lorsqu'ils auront adopte pour leurs travaux \z mc'thode que nous avons appelee positive. D'ailleuis , c'est dans les ecrits de I'ccolc que Ton peut apprecier les raisons qui nous ont determine a donner une si grande extension au mot phy- siologiste. 11 nou^ suffit de declarer ici que les publicistes particulie- remeni doivent jouer un role bien important dans une doctrine dout le but JcientiGque est dV'Iever la politique au rang des sciences d'ob- servation. in REPONSE DES llEDACTEURS Dll PRODUCTEUll cc ne sont pas sculeiiicut \c.s J^abricans ^ ci^ sont encore les nc'gocians et Ics banqiiicrs, les banquicrs (i) que M. Dundyer oublie, et que nous plaeons en tc-te clu corps industrjel. Inconccvable fiitallte ! nous parlons des savans , ct priucipalement des publicistes , des moralistes , des pbysiologistes : M. Dunoyer n'y voit que des niathema- ticiens, des astronomes et des chiniistes; nous parlons des artistes , et nous mettons en premiere ligne Ic pre- dicateur et le poetej et M. Dunoyer nous deniande cc que nous ferons des predieateurs... Nous parlons des iiulustricls , et nous nous etendons longuement sur la destination des banquiers et des bonques; nous faisons voir comment leur organisation est specialement des- tinee a dinger la production industrielle, par Tin- fluence morale du credit, a en ordonner et en com- biner les moyens ; et M. Dunoyer ne voit , dans ce que nous appelons I'industrie, que des artisans. Enfin, c'est I'idee saillante , la consideration doniinante qui lui ecbappe, chaque fois qu'il nous juge et nous traduit. II est juste d'avouer cependant que M. Dunoyer ne nous prete pas I'intention d'exclure les banquiers des rangs industriels ; mais, a la maniere dont il nous fait parler des industriels en general, et des banquiers en particulier, il montre qu'il n'a vu dans ceux-ci que des niarcliands d'argent assimiles aux artisans, et qui! a meconnu la distinction que nous avions faite entre les principales branches de I'industrie. (i) Et ici nous entenduns bien inoiiis parler des hanquicrs , d'ajjirs ridi'C qu'ou s'eii fc.rnie viilgaireiiient , que du systeine de credit, tcl qu'il sera realise par rorganisaliou des Lauques , dont nous avons donne deia une exposition dutaillce dans Ic Produclcur. A M. DL^NOYER. 1 1 Nous appnyons sur ce point, parce qu'll nous pa- jait indispensable de s'entendre sur la signification du mot indiLstriel , surtout avec un adversaire qui pense, comme M. Dunoyer, que toute la valeur du systeme de Saint -Simon consiste dans la frequente repetition de ce mot , c'est-a-dire , consiste en fort peu de chose. Non , la valeur de ce systeme ne tient point au mot industriel ^ ou a tout autre, conmie M. Dunoyer en parait convaincu. Lorsque nous disons les industriels ^ le systeme industriel , nous employons des expressions qui n'ont de prix qu'en ce qu'elles resument une serie tout entiere d'idees. Le mot , il est vrai , exprime la chose avec bonheur, et c'est pour cela que le senti- ment public I'a consacre ; mais ce nest pas de I'in- vention du mot que nous faisons gloire a Saint-Simon. A cette occasion , M. Dunoyer se jette dans des re- cherches d' erudition pour constater I'origine du mot industriel ; il en appelle au Vocabulaire de Wailly; nous n'avions nullement besoin de cette autorite pour savoir avec tout le monde que le mot industriel existait bien avant que Saint - Simon lui donnat une signification neuve, appropriee aux nouvcaux besoins de langage qu'engendrait sa nouvellc conception politique. Qui n'a depuis long-tems entendu parler des arts industriels ? et qui pourrait aujourd'hui confondre cette epithete avec I'idee que Saint-Simon a attachee a ces expres- sions, les industriels , V industrial ismc? Dans le premier cas, industriel est pris adjectivement , il n'a qu'une ac- ception excessivement restreinte ; tandis que , dans le second, il est pris subsiantivenient ; il designe soit une classe de citoyens , soit un ensemble d idees j dans son application aux personnes , il designe , tout a la fois , une capacite productive et une aptitude politique ; il . ■>. UEPONSE DES RfeDACTEURS DU PRODUCTEUR assicne ties droits ct dcs devoirs sociaux clairenient o determines. En adoptant cetle expression , M. Dunoyer est bieii loin de lui attribuer la n^eme valeiir que Saint-Simon et le Productcur lui ont donnee 5 il en fait le syno- nyme de bonte , d'utilitc , de morale, de liberie, de vevtu, expressions metaphysiques fori, obsciues en cUes- memes, qu'il defmit les unes par les autres, et qui forment une serie de pleonasnies. Ici , nous deman- dons avee etonnenient pourquoi M. Dunoyer tient si fort aux mots industriel, induatrie, indmtrialismc ^ qui ont dans son langage un si grand noinbre d'equivalens 5 lui qui pent, sans compromettre son systeme, rem- placer la qualification d industriel par cellos d"honnete bomme,cle bon citoyen? Que ne dit-il, les lionnctcs- gens , les bans citojens , au lieu de se servir d'une expression qui I'expose a voir ses productions cun- fondues avec les folies de Saint-Simon et de son ecole? qu'il suive en cela I'exemple de M. Charles Comte , son ancien collaborateur. Celui-ci vient de publier des ide'es identiques dans le fond a celles de M. Dunoyer, et il n'a pas eprouve le moindre embarras a s'abstenir du mot industriel , comme caracteristique de- son sys- teme. Aussi bien, dans le singulier conllit qui s'eleve, nous n'avons pas, comme M. Dunoyer, la liberie de lui faire liommagc de nos pretentions; pour nous, le mot est inseparable de I'idee, il est sacramentel , c'est notre unique locution, et nous ne pourrions nous I'in- terdire qu'en faussant notre pensee. II nous serait permis de borner notre reponse u ce que nous venous d'exposer, et nous sommes en droit, des a present , de recuser M. Dunoyer comme in- competent, attendu qu'il s'est complelement uiepris A M. DUNOYER. i3 sur nos principales definitions , sans lesquelles il lui est impossible de comprendre la doctrine qu'il a en- trepris de Juger. Cependant, il n'est pas indifferent de siiivre la critique dans quelques points de detail, soit quelle s'adresse a Saint-Simon , soit quelle s'adresse au Producteur. En ce qui touche les publications personnelles a Saint-Simon , il est remarquable que M. Dunoyer s'in- genie opiniatrement a separer ses travaux de ceux de ses coUaborateurs qui se sont places sous sa direction a diverses epoques ; il va meme jusqu'a nous distinguer de Saint-Simon, attribuant a nos efforts un merite etune valeur qu'il n'accorde point a ceux du chef de notre ecole, et cela, malgre toutes nos protestations, bien que nous ayions declare en toute occasion que les idees capitales de notre systeme , la base et le point de depart de nos travaux , nous les devious a son genie. Quant aux autres disciples de Saint-Simon , a ceux dont M. Du- noyer reconnait le merite incontestable , le public attendra sans doute qu'ils aient pris la peine de de- savouer un patronage officielleraent accepte par eux , poui penser que Saint-Simon se produisait a la faveur de leur talent , et nous pouvons affirraer d'avance qu'aucun d'eux ne fera publiquement cette renonciation. Du reste, pour expliquer a M. Dunoyer les contra- dictions qu'il apercoit dans la tendance des divers ou- vrages de Saint-Simon, nous conviendrons que ce phi- losoplie n'a pas du ses idees a une subite illumination ; qu'il est passe successlvement dun apercu a un autre , jjerfectionnant sans cesse I'ensemble et les details de son systeme, et laissant a sa mort beauroup a faire dans la voie qu'il avait ouverte. Si M. Dunoyer avait bien voulu s'adresser a nous, et »4 REPONSl': DES REDACTEURS DU PRODUCTEUR nous intorroger sur Ics contradictions quil remarqiic dans les idees de Saint-Simon, de cot liomme qu'il reconnait doiK- <■/'«« sens tres-profond , d^uii esprit par- ticidicreincnt propre aux speculations philosophiqiies ct politiques , nous lui aurions blen volontlers evite les embarras qu'il se donne el les suppositions hasardees auxquelles il a recours. II ne se serait plus demande quels ctaient, entre les savans, les artistes et les indus- triels, ceux auxquels Saint-Simon donnait la preference; car I'ecole lui aurait appris qu'il preferait chacune de ces classes tour a tour, selon I'objet politique qu'il avail en vue. 11 donnait la suprematie aux industriels, lors- qu'il s'occupait plus particulieremeUt de la constitution du pouvoir temporel ; il la donnait aux savans et aux artistes pour la constitution du pouvoir spiriluel ; s'il considerait ces diverses classes du point de vue le plus general, il les placail sur la menie ligne d'importance eld'utilite. M. Dunoyern'aurait point davantagereproche a Saint-Simon de n'avoir ecrit que des prospectus; car, en avouant que Saint-Simon n'a produit que des pros- pectus, des plans de travaux , des introductions, nous lui aurions peut-etre fait comprcndre que c'est pre- cisement la ce qui fait le merite des travaux de ce pliilosoplie , et qu'eu egard a I'etat des idees au dix- neuvieme siecle, il n'y avail rien de plus important a produire que des prospectus qui fussent, comma sont les siens, la generalisation de toutes les idees decou- vertes depuis trois siecles, dans toutes les directioixs parliculieres , et qui pussent devenir le point de depart dune nouvelle ere scientifique et politique; et, a defaut de ces explications que la nature de cet article ne nous perniet pas de developper niaintenant , si M. Dunoyer persistait a voir dans ces prospectus un iudicc de folic , A M. DUNOYER. i5 nous lui dlrions, pour excuse clu moins, que cette folie , Saint-Simon la devalt aux Iccons de D'Alembert, son premier maitre de philosophie qui lui avait donne le precepte et lexemple des prospectus. Nous lui dirions enfin que nous , disciples de Saint-Simon , a qui M. l)u- noyer parait accorder quelque consideration , nous voyons dans ces prospectus les fondemens necessaires dun ensemble de travaux qui appellent aujourd'hui les efforts combines de toutes les capacites intellectuelles. Ces explications auraient encore empeche M. Dunoyer de confondre les diverses productions de Saint-Simon; car il aurait alors apercu les caracteres particuliers qui etablissent entre elles de grandes divisions. 11 aurait appris qu'il fallait les distinguer sous deux rapports generaux , savoir, comme critiques ou organiques , selon le but special de chaque ecrit, et comme complets ou incomplets , selon leur date plus ou moins ancienne. II se serait facilement explique comment, de i8i4 a 1 82 1, Saint -Simon a public quelques ouvrages de polemique critique ; cela tenait a des circonstances momentanees et graves, dans lesquelles il voyait la so- ciete effrayee par des menaces de retrogradation ; mais , des que i'liorizon politique s'eclaircissait , il abandonnait la direction critique et rcproduisait avec une nouvelle force ses vues d'avenir, son systeme fondamental. Dans cette direction principale, ses travaux de 1800 a iSaS se lient sans interruption; et, a dater de 1821, il a quitte la critique sans retour. Sous un autre rapport, M. Dunoyer aurait vu dans la marche suivie par Saint- Simon , I'explication de la variation de quelques-unes de ses idees ; cela resulte naturellement de Fimpossi- bllite , pour tout homme qui travaille, de faire tout a la fois : de 1796 a i8i4, premiere serie de travaux, iG REPONSE DES REDACTEURS DU PRODUCTETJR elaboration d'un systeme cle phllosopliic generale , fondee sur la vue historique de la marclic de I'esprit liuinain ; en resultat , constitution provisoire dune theorlc des sciences. De i8i4 a 1824, seconde seric de travaux plillosophiques et d'econoniic politique; en resultat, constitution dune theorie de I'industrie et des sciences, ou systeme scientifique industriel. Depuis 1824 jusqu'a sa mort, arrivee en 1826 , troisleme serie do travaux , dont lachevement donneralt pour resultat la constitution dune tlieorie des sentiniens et complete- rait le systeme ; non point le systeme sclentijico-artifico- industriel, mais le systeme ou la philosopliie de Saint- Simon, pour appeler les clioses par leur nom. Suivons M. Dunoyer dans sa critique du Producteur qu'il s'efiorce de distinguei des travaux de Saint-Simon, et que nous , redacteurs de ce journal , nous declarons etre lie aux precedentes publications de ce pbilosopbe , si intimement , qu'il doit en etre considere comrae l;i consequence et le developpement naturel. M. Dunoyer reniplit deux pages de phrases qu'il a , dit - il , extraites du Producteur. Nous sommes bien obliges de croire , sur sa parole , que tous les mots qu'il y a fait entrer sont dans le Producteur; mais il a pris soin d'isoler et de combiner ces phrases de manleie a ce qu'il nous devlent impossible d'y leconnaitre uos idees. C'est veritablemeiit un abus inoui de la I'acuiu; de traduire les nlces d autrui , et nous n'avions pas donne cet exemple a M. Dunoyer, en nous occupant de son livre. Pourquoi nous fait-il dire que nous rombattrons tuit- joiirs \e principe de la concurrence ? n'a-l-il pas vu expose avec detail dans /c Producteur, que la concur- rence avait un bon et un mavivais resultat ? Le per- I A. M. DUNOYER. 17 tectionneinent des procedes d'une part , et la baissc des salaires de lautre ; qu'il fallait accueiliir le premier et se garantir du second. 11 en a fait de meme do nos principes sur les banques , en nous pretant une idee directement opposee a la notre : il faudrait^ nous tait-il dire, que ^ dans chaque branche d^ Industrie ^ il y cut des associations de capitalistes qui ne Jissent des avances quaux entrepreneurs et aux enlreprises qui en meriteraient '. Des capitalistes qui jugent si une entre- prise industrielle merite d'etre encouragee! jamais cette proposition n'a ete avancee dans le Producteur ; car, pour nous , les capitalistes , a ce titre seul , sont des oisifs ; et tout ce que nous avons ecrit a pour objet de demontrer que les oisifs, quels qu'ils soient, dolvent etre depossedes de toute influence et de toute direction a regard du travail et des travailleurs. Hatons-nous d'aborder le point principal de la refu- tation , la coniparaison du systenie critique avec le notre. Loin de repousser la theorie liberale de notre adver- saire, nous I'accueillons , mais en lui accordant une valeur secondaire , en la subordonnant a une con- ception philosophique phis complete, nous disons a M. Dunoyer, en nous servant de ses propres expres- sions : Vexamen , la concurrence , la liberte individuelle sont sans doute d'excellentes choses ; on doit meme les considerer comme des conditions essentielles E Li LOIRK-IKFEr.IRURE , £T DE LA SOCIETE DB GEOGRAPBIE. Wchic an Eoi. •Cet ouvrage, iinprime par autorisation du Roi a I'Imprimerie Royale, forme 2 volumes de planches, format in- folio, et 4 volumes de texte, format in-8". II est orne de gravures representaut les costumes de differenfcs peuplades , et comprendra : i" la relation du Voyage et I'explication des planches; 2° les observations astronomiques et meteorologiques, et le journal de route; 3" la description des objets d'histoire naturelle; 4° des renseignemens sur le pays de Dinka, situe sur le flenve Blanc, sur les noirs Cbeloukhs et les moeurs et asages des differens peuples de ces contrees , avec la liste des rois de Sennar , de Chendi, etc.; 5" le recit de l''exp6dition d'Ismail- Pacha en Nubie. La partie in-folio representaut les anciens monumens, se composera de i5o planches; i45 sont pnbliees et trois volumes de texte. L'ouvrage sera acheve dans le conrant de juillet prochain. La liste des Souscripteurs sera imprimee a la fin de l'ouvrage. On peut s'inscrire jusqu'au 20 juillet, / M. DE LAGARDE, rue Mazarine, n" 3; Chez j DE DURE freres, Libraires du Roi et dela Bielio- \ THEQUE DU Roi, rue Serpente, n*^ 7. PRIX DE I.'onVRAGE COMPLET : Papier fin nom de Jesus . . 3oo fr. Papier velin nom de Jesus. . 52.5 — avec epreuves coloriees. . 56o fr. Papier fin format atlautique . 4^0 — avec epreuves coloriees. . 480 Papier velin format atlantique avec epreuves coloriees. . . 85o Les 4 volumes de texte pris separement des planches, 3o fr. , et 35 fr. avec figures coloriees. On pourra se procurer aussi separement les cartes geographiques formaut un atlas de douze feuilles in-folio. Extrait d'an Rapport sur les materia ux recueillis par M. Cailliaud^ pendant son dernier voyage en Itthiopie , oil a Meroe^ par wie commission composee de membres de r Institute et designee par S. Exc. le ininistre secretaire- d^etat de Vintcrieur. La commission chargue d'examiner les materiaux recueillis pai- M. Cailliaud, de Nantes, dans son dernier voyage en Ethiopie , et de donner an avis sur les moyens les plus convenables pour en assurer la prompte publication, a fait une revue exacte et detailleede tous les objets qui composent la collection de ce voyageur, et a recu tous les lenseignemens qu'elle a crus necessaires pour eclairer son jugement. Ce sont les resultats de cct examen qui font I'objct du Rapport qu'elle adrcsse a S. Exc. le ministre de I'interieur. Les circonstances qui ont permis a M. Cailliaud de remonter le cours du Nil jusqu'a lui jjoint plus recule que ceux ou se sont arretes tous les voyageurs qui I'ont precede dans ces contrees, sont de nature a iie pouvoir se renouveler de long-temps. A la faveurde I'expeditionqu'Ismail-Pacha, fds dugouverneur d'Egyple, lit eii Nubie dans I'annee 1821 , M. Cailliaud, sur les connaissances duquel on complait pour la decouverte des mines d'or , a pu suivre I'armee, et atteindre avec elle le ternie ou elle s'arreta. II a eu toutes lesfacililes necessaires pour faire des observations astrono- miques, noter la direction des routes, tenir compte des distances, prendre des vues, dessiner des monumens, lever des plans, copier des inscriptions; et, comme il s'etait prepare par des etudes spe- ciales a ce second voyage, les resultats qu'il en a tires sont du plus haut interet pour la geographic, les arts et la connaissance de I'aTitiquite. Pour apprecier I'importance de ses materiaux geographiques, il faut se rappeler que M. Gau, dont lebel ouvrage sur les antiquites de la Nubie a ajoute tant de faits nouveaux a ceux dont I'expedi- tion d'Egypte a procure I'acquisition, s'est arrete sur le Nil, a Ouadi-Halfa, a la hauteur dela seconde cataracte ; que Kobbe dans le Darfour, a 16 degres de latitude nord, est le lieu le plus meri- dional on le voyageur anglais Browne ait j)u penetrer en 1793, et que Bruce , partant de Sennar et traversant le desert pour se rendre surlesbords de lamer Rouge, ne s'est pas eleve au-dela du i3° 1/2 degre. Or, M. Cailliaud est parvenu jusqu'au lo*^, environ cent trenle lieucs plus loin que Sennar et dans la direction de la branche principale du Nil, sur laquelle, ])ar consequent, il a pu recueillir des renseignemens precis et se procurer des notions dcpuis long- temps desirees des geographes. Cette partie de sa route est done entierement nouve;lle et nc saurait manquer de fixer I'attention des savans. M. Cailliaud parait n'avoir rien neglige pour repondrc dignemeut a leur allcntc. Il a tenu, pendant tout son voyage, un journal exact dc sa marche, et marque avec soin les directions ( 3 ) d'apres la boussole, et en teaant compte de la declinaison. II n'a pas mis tnoins d'attention ii io, no contieni rien au-dossus de Ouadi Haifa, et c'est precisement le point ou commcncenl les investiga- tions de M. Cailliaud. Ainsi les deux relations sc completeront Tunc par I'autre, ct en y joignant Ic grand ouvrage public par la Com- ( 4 ) mission cri'gypto, on possudora la seric non intorrompuc ot presqno complete ties monumrns places (hins la valiec du Nil depuis les rivages dc la Meditenancc jiisqu'au fond dc I'Ethiopie. Le nombrc de cenx que M. Cailliand a decrits est d'environ unc centaine. Phisicursse distingucnt par dcs caracteres particuliers, et la com- paraison qu'on on pent taire avec les monumens d'Egypte et de la Nubic infcrienre touchc a d'importantes questions sur i'histoire des arts et les antiquites. Du nombre des plus remarquables sont les temples dc Naga et de Soleb , les pyramides de Baikal et de Chendi, lien ou toutes les probabilites se rennissent pour placer la celebre presqu'iie de Meroe. Telles sont encore, sous un autre rapport, les mines qui se trouvent ;\ Soubah, an iS" degre de lati- tude ; rcmbouchure du Rahad et dn fleuve Blanc, le point le plus meridional ou on ait trouve des monumens antiques, et le lieu le plus recule snivant toute apparence, oii les anciens aient forme des etablissemens durables. La commission ayant eu occasion de comparer quelques dessins de monumens qui ont ete pris en Egypte et en Nubie par le voya- geur fran9ais d'lme part, et par MM. Waddington et Belzoni dc Taulre, «;— Treutlel elWurlz; — Bossauge. Madrid , Denn6e ; — Per6s. J>y(7rtn,Giegler;— Visnnira;— Bocca. A/ojcoM, Gautier; — Riss prrcellils. Naples , Borel ; — MuroUa ct Wanspaiulock. Henchaiel (Suisse), Grestei-. New-York (6lats-Uuis), TLolsnier- Desplaces; — B6rard et Mondou; — Behr et KaliL Noiivctk - Orleans , Jourdan ; — Roche , freres. Palerine (Sirile), Pedonne et Mu- ratori; — Boeuf (Ch). Petershourg , Saiiil -Fluient ; • — Graeff;— Weyher;— Pluchart. Rome , de Ronianis. Stuttgart ct Tiihii/giie , Cotta. 'fodi, B. Scalabriui. Turi/i , Bocca. T^nrioi' !V,Glucksberg;—Zavadsky Fieiine ( AutricLe ) , Gerold ; — Schaumbourg ; — Schalbache: m COLONIES. ! Guadeloupe (Pointe-a-Pitrc) , Piolet aine. Ih-^de- France (Port-Louis), E. Burdet. JUartiniqiie , Tiiounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Jib LLiKEAU DE KEDACIION, HOK b'EnFEU-S AINT-JMlCH r.L , U" l3, ou doLvent etre envoyes , francs de port , les Sivres , dessius et gra- vures , dont on desire I'annonce , et les Lettres , Meraoires , Notices ou Extraits destines a etre inseres dans ce Reciieil. AuMusEEE>cycLoPF.mQUE,che7,BossASGE pere, rue Richelieu, n° Go ^ Chez Treuxtel et Wuetz , rue de Bourbon , n" 17; RnY et Gr avier , quai des Augustins , n° 55 ; Charles Bechet, libraire-conim'''' , quai des Augustins , u° 5y; J. Resouard , rue de Tounion , n° 6 ; KoRET, rue Hautefeuille, n" 12 ; A. Baudoui JT , rue de Vaugirard , p" 17; Dei.auh.».y, Pei.icier, Ponthieti, ljl Tenth, Cabiret Litte- RAiHE, au Palais-RoyJil. ^A LONDRES. — Fobeigs Library, ao Berncrs-street , Oxford- street; Trehttei. et WiJRTz; Bossange; Dui.au etcomvagnir. Tfota., Lea oiivrages auuonces dans la Revue se trouvcut aussi cbcz Koret , rue Uaiitcfeuillc , n" i2. PARIS. Tie L IMrHIMERIK I>E RIOROUX, rue des Kr.'incs-EouigL'oisS.-JliiUel , u" 8. '"^i; Tome II-1827. ( 34® de la collection. ) lOI^ LTVRAISOJV. REVUE ENCYCLOPEDI ou ANxYLYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATtTRE, LES SCIENCES ET LES ARTS. l" Ponr les Sciences physiques et mathemat'icjues et Ics Arts industriAs: MM. Ch. Duri>", Ojrard, Navier, de I'lustitui ; Ferry, Frakcoeur', Ad. Gos^ DisET, A. Micatr-OT, deMoktcery, Moreac ue Johhes", Quetelet, T. Ri- chard, Warden, etc. 2° Pour les Sciences natitreUes: MM. Gbofprot Saiht-Hilairb, de I'Instltut; B0R1 DE SAlKT-VrNCENT, correspondaut de I'lustitut, MaThieu BowAfods, lie Turin; B. Gaillon , de Dieppe; V. Jacqcemomt, etc. 3" VoutI'cs Sciences medicares; MM. Bally, Damiron, G.-T.Doiit, Amedee DoPAn, FossATi, Gasc; GERSoy, de Hamhourg; Georget; Legrasd; uk KiRciiHOPP, d'An'ers; RcooLLOT Cls, d'Amiens , etc. 4° Pour les Sciences philosopliiques et morales , pnlitigues, geographiques et hisloric/ties:'M.\l. M. A. JuLHEH, de Paris, FonJaleiir-Directeur de la Fufiie Encydnpedique; Alex, de LA Borde, .'oM iRD, de I'lostitut, Art.itjd, M. AvKNEL, Barbie du Bocace' CIs, BkaJAMtN-CowsTAST, Charles Cojite, Depping.Bcfai;, Ddsoyer, Gcigiciact.Guizot, A. Jaobert, Alex.Lame'ih, Lasjuisais ills, P. Lam:, Lesueur-Merlin, Massias , , A. .Metral, AliiertMostemont.Eusebe Salverte , J.-B. Say; Simoitoe de Sis'mondi, de Geivi'fe;\VARNK.orNtG, de Liege, etc. DuriK aiue, Berville, Boucbese- Lepei\, CatvELH , Cli.REPronARD, Taillaudier, avoe.its, etc. 5' PoVr la Liileralure'J^rnncaise et etrangere, la Bibliographie, V Archeologie et les Beaux- Arts .■til'Sl. Akdrieux, Amauky-Duval, Emeric D.vvin, Lemer- ctER , nE Segue, de I'lnstitut; M'"^ L.-Sw. Belloc; MM. J.-P. Bris, Bor- NouF fils, Chauvet, Chenedolle, de Liege; P.-A. CouriN, Fr. Degeorge, Dumersan;Ph. Ooleery, corrcspoudant de I'lustitut; Leow HALEVY,HEtBERG, Henricbs-, E. Hereau, Augusts /ullies (lis; Bernard Julheh; K.ALvos,dc Z.iute; Adries- Lafasge ,J. - V. Leclerc, Loeve - Vemiars, A. Mahul; MoNSARD.de Lausaaue ; C. Paoanel, H. 1'ati?j , Pongf.rville ; dk Beif- FKNBERG, de Bruxelles; dkStassart; Fr.Salfi, M. Scbmnas, Schnitz- LER, LeOM TbIESSE, P. F. TlSSOT, VtLLENAVE, S. ViscoHxr, etc. A PARIS, AU .BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOP^DIQUE , RTJK i>'ekfer-s.-michei.,-n» i8 ; ARTHUS-BERTRAND, LIBRAIRE, kue qauxe-feuillb, n° 23. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Oepuis le moisde Janvier iSrg, il parait, par annde, douze cahier* (ie ce Recueil ; chaque cahier , publiii le 3o du mois, se compose d'en- viron i4 feuilles d'impression, et plus souvent de iS ou i6. On souscrit k Paria, au bureau central dC abonnement et d'exprditton indlqu6 sur le litre , et chez les libraires ci-aprfes : ARTHUS BERTBAND , rue Hautefeuille , n» a3; Ao Mus^K KNcycLOPEDiQUE, CHEZ BossAiTGE p6re,rue Richelieu, n" 60; Renocabd, rue de Tournon, 11° 6; Prix de ia Souscription. A Paris. 46 fr. pour ud an; a6 fr. pour six mois. Dans les departemens. 53 3o A r^trangcr 60 34 En Anglelerre 75 , 4a Le montant de la souscription, enroyd par la poste, doit ^treadress^ d'avance, pbastc de port, ainsi que fa correspondance , au Directeur de la Revue Encfclopidique , rue d'Enfer-Saint-Michel, n" 18. C'est k la m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on d^sirera rinsertion. On peut aussi souscrire chez les Directeufs des postes et chez les principaux Libraires, k Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est termini par une Table des maiieres alpkabitique et analylique, qui ^laircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au i" cahier du volume suivant, 4 I'exception de la dernifere Table de I'ann^e, qui est exp6di^e isolement a tous ceux qui peu vent y avoir droit. On souscrit, seulement k partir de deux ^poques , du i" Janvier ou du i"fuilletde chaque ann6e, pour six mois, ou pour ua an. On trottve, ttj BURBin CBirTRA.L, les collections des annees iSrg, i8jo, i8ai, xSaa, x8a3, tSiiet i8a5, au prix de 5o francs chacune. Chaque annee de la Revue Encyclopedique est ind^pendante des annees qui prdcfedent , et forme une sorte d'^nnuaire seientifiifne et Uttiraire, ea 4 forts volumes in-S", pour la p6rtodede terns iascrit^ sur le titre i REVUE ENCYCLOPED[QUE, on ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS JiE.>U BO UAIILES DANS LA. LITTERATURE, I,ES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. DE LA GREGE AU COMMENCEMENT DE L'ANNEE 1827. iVous avonsessaye a plusiciirs reprises, au printems de I'an- *iee 1826 , d'attirer les yeux del'Europe ct dc la chretiente siir Ics scenes d'horreur dont la Grece etait le theatre (i). Nous nous soinmes alors efforces de faire reconnaitre cjue le sultan des Turcs marchait a I'extermination de tous les hommes qui dans rodent appartienuent a la meme race et a la meme reli- gion que nous , de tous ceux qui peuvent s'elever a la meme civilisation. Ce Mahmoud, si feroce par caractere, qui , pour iicencier sa propre armcu , n'a trouve d'autre moyen que de la faire massacrer; qui, I'autrc jour encore, parce qu'une balle a frappe un homme de sa suite, a fait perir tout I'equipage du vaissean d'oii il la supposait partie , envoyaut a la mort (i) Voy. Rev. Enc, t. xxviir (decembre iSaS), pag. 674, Tartlcle intitule : la Grece apris sa cinquieme campagne , auquel on a joint une note indicative de tous les articles inseres jusque-la sur la Gr^ce. — Voy. aussi Rev. Enc, t. xxxiii, pag. 655, etci-dessus, p. afiS. T. XXXIV. — Mhi 1S2'}. 10 3o6 DE LA GRECE des centainos diimocons pour attcindrc un scul coupablc ; ce Malimoud , disions-nous, ne pourrait s'abstenir de pour- suivre la nation grccquc jiisqu'a sa dcrnierc extermination. Nous annoncions qu'apres en avoir lini, il serait oblige de li- vrer a la nieme boucherie les Valaques , les Moldaves , les Ser- viens, les Bnlgares, les Montenegrins, eeux des ArnaiUes I't des Bosniaques qui pi'ofessent le ehristianisme, enfin les Arnie- niens, si memo, accoutume qu'il est a tucr toujovu's , il epargnait ses propres Musulmans. Nous nous sommes adresses tour a tour au publie fran- cais et au public anglais , au moment ou les mines de Misso- longlii, baignees d'un sang si genereux, fumaient encore (i). Nous avons alors demande a TEuropc , ou d'entendre la voix de I'humanite et de la religion, ou tout au moins d'entendre celle de son propre interet. Nous avons montre combien la continuation de ces effroyables boucheries etait dangereuse, et pour le repos interieur des etats , parce qu'elle revoltait I'o- pinion , et pour le repos exterieur , parce qu'elle conservait des semcnces de guerre pretes a eclore , et pour la balance poli- tique qu'elle empechait de se fixer. Aujourd'hui, au moment ou nous reprenons la plume, nous craignons a toute heure d'ap- prendre qu'Athenes ait subi le sort de Missolonghi ; que les superbes monumens qui faisaient I'admiration du monde, et les valeureux descendans de ceux qui nous laisserent ces pro- diges, et les braves qui les ont si long-tems defendus, aient tons peri dans un desastre commun. Nous savons, en effet, que Griziotti , a la tete de millc soldats grecs , est bloque dans 1' A- cropolis, depuis le 3o juin dernier, par Kurschid Pacha, qui commande quinze mille Turcs dans la Grece orientale : nous savons que le genereux Fabvier, apprenant que les assieges manquaient de poudre, a eu la hardiesse de penetrer jusqu'ii eux le I*'' decembre , avec cinquante officiers Philhellenes, (i) Voyez le Courrier Francais, des i6 mai , 5 et 12 juin, et 1 3 juillet ; the Representative , du i" juin ; the New Monthly magazin e , I'f juillet; et Oriental Herald , aout 1826. AU PRINTEMS DE 1827. 307 ct cinq cents soklats, qui, au lieu dc prendre aucun bagage, avaicnt chacun rempli Icur havresac de poudre; niais il n'a point pu sortir avec ses braves, ainsi qu'il I'avait compte, et comnie tout combustible manque dans la citadelle , comme elle ne contient plus un logemcnt qui soit a I'abri des injures de I'air, ces hommes, presque nus, ont horriblement souffert du froid durant cet hiver si rigoureux. Pendant huit mois , la garnison n'a cesse d'eprouver toutes les miseres d'un blocus • Le Turc, qui dejoue toutes les negociations Alf PKINTEMS DE 1827. 317 par tk's lenteurs affectccs, ne saurait entendio que cc langagc. Lois un'ine quo Ic sang aura cesse tic coulcr, tout ne sera pas I'ait sans doute; et Ics puissances, aprus avoir assure a la Grece le droit de vivre, regardciont peut-etrc comme une partie dc leur tache I'etablissement du gouvernement sous lequel elle vivra. Lcs Grecs ne sont plus en mesure de se rendrc difficiles sur les conditions. Que leurs personnes, que leurs proprietes soient en surete, et ils auront fait un heureux echange, et ils travailleront avec ardour a se relever de leurs desastres. Mais I'Europe, pour soupropre intoret aussi Ijien que pour son hon- neur, pour garantir son repos, pour favorisor son commerce, doit ambitionner de leur donner un gouvernement qui, le plus tot possible, les ramene a la vie civile, et leur Passe chercher leur subsistance et leur gloire dans I'industrie, non dans les entrc- prises hasardeuses. Pendant quatre siecles, la Grece a ete sou- mise a une effroyable tyrannic; pendant six ans, elle a ete livreo a des bandes de bourrcaux; il lui faut, pour la paix de toute I'Europe, un gouvernement sage qui la calme, et non un joug oppressif, qu'elle cherchcrait bientot a rejcter avec de nou- velles convulsions. Avant tout, il faut que son gouvernement soit tel que peut le supporter un pays pauvre, car la misere dc la Grece est a pro- sent epouvantable; a peine y trouve-t-on une viile, un village, un hameau, qu'il ne faille pas rebatir en entier, et dans un pays sans gouvernement, il n'y a pas de maisons isolees. Presquo tous les troupeaux ont ete dotruits; lcs orangers, les oliviers les vignes, les ceps de raisin de Corinthe, ont ete coupes pour etre brulos, ou ont etc si long-tems laisses sans culture qu'a moins de couteuses avances on ne pourra les retablir. Les champs demcures en friche devront ctre defonces de nouveau; presque tous les instrumens d'agriculture ont oto dotruits, pres- que tous les mag.asins sont vides, presquo tous les capitaux sont dissipes. Gertes, cc n'cst pas avec cette penurie que la Gi'eco peut payer im tribut a la Porte, et defrayer en outre le luxe d'une cour. On assure qu'il a ete question plus d'une fois de lui donner un roi , issu de quelqu'une des families royales d'Europe. 3i8 DE LA GRECE Mais, outre quo cc serait un sujet do discordc pour les puis- sances mediatrices, ce serait faire a la plus favorisee un tristo present. On nc pout plus rien prendre a la Grece; pour v re- jjner, il Taut desorniais y apportcr dc I'argcnt : et menic alors , eelui qui connnandera nc sera pas niollcment eouchu sur des roses. Apres tout , le pouvoir ne sc crec pas : il faut que scs elemcns existent dans Ic pays ou on I'etablit. Or , dans la Grece , les sculs eleniens qui existent sont ceux d'une aristocratic lo- cale. Les impots ne peuventetre percus, la justice nepeutetre rendue , la milice ne pent etre armee et conimandee, les interets municipaux ne peuvent etre defendus que par les autorites locales qui preexistent deja. Ces autorites locales seront encore long-tems le vrai, le seul gouvernemcnt; ce sont elles qui font dc la Greoe luie federation, et qui la mainticndront telle, soit qu'on lui donnc un roi, un hospodar , ou un senat. Le pouvoir central que les mediateurs luidonneront, ou ne gouvernera que par I'entremise des aristocraties et des autorites locales, ou tombera, s'il veut entrer en lutte avec elles. La faute, si e'en est une, n'en est pas a la Grece, ou Ton trouve plus d'inlelligence, plus de disposition a la civilisation (jue dans presque aucunc autre partie de I'Europe ; la faute en est a la Turquie qui I'a long-tems demoralisee; la faute en est a la chretierite qui I'a laissee six ans en proie aux plus horribles calamites. Dans cette lutte terrible, les passions violentes ont detruit les habitudes de I'obeissance. Si elle se prolongeait encore long-tems, I'anar- chic pourrait jetcr de si profondes racines qu'il faudrait des siecles pour ramener enfin la societe a un etat paisible. Il ne faut done point se flatter qu'au moment ou les hostilites cessei'ont, la Grece devienne semblable a I'un des etats polices de I'Europe. II faudra beaucoup de tems avant que de nou- veaux capitaux relevent les habitations, raniment I'agricultiue, l'industrie,le commerce; avant que le gouvernemcnt soit regu- liercment obei , que la force publique soit organisee , que les impots soient payes, que les tribunaux fassent respecter les lois. Jusqu'alors, pcut-etre sera-t-il necessaire que des garni- sons anglaises, francaises et russes, dans quelques-unes des AU PRINTEMS DE 18.7. 3iy principales villos, protegcnt lus Grecs, et contre Icurs voisins, t'l, centre eux-niemt's. Cfpendant, tons ces liommes impctueux ct desordonnus, qui out graiuli an milieu dcs troubles, rentreront les uns apres les autres dans la vie civile, ou disparaitront dans rombrc. Chaque aniiee, Taj^riculture, I'industrie, le commerce, acquerront plus d'importance, et creeront de nouvelles notabi- lites , moins dangereuses que celles des capitaines de clephtes : la Grece enlin arrivera a I'ordre legal et a la civilisation , et elle benira les puissances et I'Europe qui I'auront aidee a y rentrcr. Que ces puissances poursuivent done avec Constance, avec vi- gueur, surtout avec celerite, Toeuvre dont elles se sontchargees. Si leur langage est ferme, s'il estappuye par des actions ener- giques, il ne leur faudra que pen d'argent et peu de semaincs pour arreter sans danger une suite de calamites qui ont fait I'effroi de I'humanite et la honte de notre siecle. Si leur conduite est faible et pusillanime, les Turcs, qui ont toujours cru tout gagner en gagnant du terns, les tromperont, et pendant les ne- gociations poursuivront la guerre. Cependant, ce que I'Europe doit faire aujourd'hui, si elle difi'ere, elle sera toujours forcee de le faire plus tard , avec plus de difficultes et de dangers , et moins de succes; car, quelque effrayant que soit le commence- ment de cette septieme campagne, quelque calamiteux que soit I'etat de la Grece, quelque rapide qu'y soit la destruction de la race humaine, la lutte n'est pas prcs de finir, et le danger que fait courir au monde civilise un peuple reduit par une atroce proscription au plus affreux desespoir, irait croissant, pendant des annees encore, jusqu'a ce que le dernier des Grecs fut extermine. J.-L.-L. DE SiSMONDI. NOTICE SUll LE DEPARTEMENT DE LA MAKNE. Noiisaimons a fixer tour ii tour rattention do nos Icctcurs suf tjuclques partiej dc la France , pour y signaler Ics progres dc I'industrie et de la civilisation, et nous parcourons ainsi, pen a peu, avec Ic iiieme esprit d'observation, a mesure que I'occasion sen presente, les diffcrentes contrees du globe. Nous avons deja donne Irois Notices detaillces , I'une sur le dvpartcment de la Moselle [Rev. Enc, t. xxix, p. 517); I'autrc .sur la Corse ( Rev. Enc, t. xxxii, p. 56i ) ; la troisienie sur le dc'jmrtement All Nord (voy. cidessus pag. 18). Un Precis sur la topographic, les monumens, les produotions et le commerce du departemcut de la Marne, sur les mceurs et le caractero de ses habitans, parait aussi devoir presenter un interet particulier. Division topographiquc et population. — Le departenient de la Marne se partage en cinq arrondisseniens , dunt les chefs-lieiix sont Epernay, Reims, Vitry, Sainie-3Ienehould , et Chalons. Sa population, portee a 3 11,017 habitans, dans le recenscment dc i8o5, n'etaitplus, en 1820, que de Bog, 444 individus. Celte difference a pour cause I'invasion etrangere , ou beaucoup d'j paysans champenois sacrifierent noblement leur vie pour la tlefense de la patric. Description topographique. — La riviere qui lui donne son nom coui^t du levant an couchant, ct ie coupe en deux parties a peu pres egales. CcUc du nord, exceple les environs de Saint-Thierry et de Fismes, est un pays presque sans ver- dure et sans eau. Le regard s'y prolonge sur des terres sle- riles, sans pouvoir s'arreter sur un buisson; seulement, et a de longues distances, s'elevent de chetifs hameaux, composes de cabanes couvertes de chaume , et dont la couleur grise se con- fond a I'horizon avec les herbes seches de la plaine. Nul inouve- meut au dehors , partout regne le silencej occupe de travaux NOTICE SUR LE D^IPARTEMENT DE LA MARNE. Sai sedentaires pour les manufactures, le villageois quitte rarcment sa demeure. Aux environs de Vitry, et surtont an milieu du bassin d'l^'per- nay, la scene change. Ici, despraiiies imnienses suivent, comme une echarpe de verdure, les sinuosites dc la riviere; la, des coteaux, charges de vignes et d'arbres fruitiers, presentcnt I'aspect riant d'un jardin cultive. Au sommet descoUines appa- raissent les chenes majestueux de la foret de Montchcnaux. Un spectacle ravissant au mois de mai on d'octobre est celui d'Eper- nay, aper^u du haut des belles tcrrasses dcM. de la Boulave, au village d'Ai. II semble que la nature ait voulu parer ce vallon de toutes ses richesses : on marche , en le parcourant , de surprise en surprise; mais , arrive aux delicieux bocagos de Saint-Martin d'Ablois , I'admiration s'epuise , a la vue des fontaines du Sourdon. On y voit gravees sur le hetre le plus eleve plusieurs pieces de vers en diverses langucs. On a traduit de I'italien celle qui suit : La Piie/e. Le chant cesse, il est nuit. Le pieux solitaire A beni du hameau le peuple rassemble ; Et du pied des autels a son humble ehaumi^re, Le pauvre qui pleurait retourne console. Et moi , jeune orpheliu , seul duns le saoctuaire , Je n'ose cncor I'ahandonner ; Dans mon foyer desert je n'ose retourner, Je n'y trouverais plus ma mfere ! Helas ! il m'en souvient : dans ses yeux expirans, Lorsque I'ange des morts eteignit la lumiere , O vierge , disait-elle , exauce ma priere ; D'un fils abandonn6 protege la mis^re ! Les orphelins sent tes enfans. Moi , je t'implore aussi toi qu'implorait ma m^re. Sur I'enfant qu'elle aimait verse un regard d'amour. Je ne demande pas les tresors de la terre ; Je ne veux que I'cspoir de la revoir un jour... T. xxxiv. — Mai 1827. 21 322 NOTICE Momuncns gothiqucs. — En quittant les belles scenes, de la nature pour nous occuper des travaux des honimes , nos pre- miers regards se portent sur la cathedralc dc Reims, regardee avec raison comme un chcf-d'oiiivre d'architectiuc gothique. Un poete, en parlant dii Jupiter de Phidias, disait qu'il avait ajoute au respect des peuples pour les dieux ; on pent donncr au temple du Sacre un eloge semblable. II n'existe point en France de monument de ce genre qui egale en beaute cclui de Reims; il frappe dune meme admiration les artistes et Ic vulgaire. La fondation de Teglise de Saint-Remi remonte aux premiers ages de la monarchie ; ses colonnes h I'interieur ont les belles formes de I'architecture grecque. Aupres de ce mo- nument s'eleve un des plus magnifiques hopitaux que possede la France. Reims a vu s'achever recemment son H6tel-de- Ville , commence sous le regne de Louis XIII, et qui ferait houneur aux architectes les plus habiles de noire siecle. On peut comparer ses promenades aux plus belles qui existent dans les autres villes de France, Paris et Versailles exceptcs. L'eglise cathedrale de Chalons n'est remarquable que par sa position sur un souterrain creuse par les Druides. La,lespretres des Gaules venaient , tons les mois, reciter des poesies, et offrir des libations de sang humain au dieu Teutates. Au-dessus de son autel etait la statue d'une vierge, avec cette inscription : Virgini pariturce. Un autre monument druidique, compose de douze pierres enormes rangees en cercle autour d'une trei- zieme, se trouve entre Germiers et Nogent. Aux environs de Reims , une butte circulaire, appelee le Mont d' Arenas , est le dernier vestige d'un cirque roraain. L'arc de triomphe, que Ton apercoit aupres de la Porte-Mars , fut eleve a Cesar par les Remois, ses allies. Les traces du camp d'Attila aupres du village de Cheppe sont encore faciles a dis- tinguer. Momuncns modernes. — Une colonne j^uneraire, placee entre Valmy ct Chalons, porte cette inscription : « Ici sont marts les braves qui ont saave la Prance, an 20 scptembre 1791. Un soldat, qui avait I'honncur de les commander, le iWare'c/^a/ Kellermann, SUR LE DtPARTEMENT DE LA MARNE. 323 due de Valmy, a voulii que son cosur fut place au milieu d'eujc. » Parnii les beaux edifices modernes du departement de la Marae, on cite I'Hotcl do la Prefecture, a Chalons, regarde comme le plus niagnificjue du royaume. Ses jardins , baigncs par la Marne, s'etcndentjusqu'aux promenades du Jard , que Ton admire encore apres avoir vu celles de Reims. Histoire , lots poUtiques et lois civdes. — De rexamcn des choses, passons a celuides liommes. A I'exemple de leurs pores, les Champenois sent en general prudens; mais, dans I'occasion, ils savent allier la bravoure a la prudence. Cesar, qui se con- naissait en hommes , les associait a ses troupes dans les eloges qu'il donnait a leurs exploits. A aucune epoque de leur histoire, ils n'ont abandonne le soin de leur liberte; et les Romains, qui avaient su les vaincre, renoncaient a les dompter. Sous le gouvernement des comtes de Champagne , les villes du departement de la Marne avaient encore des constitutions republicaines. Si Reims eut a souffrir le despotisme de plusieurs archeve- ques, il dut a qnelques-uns d'entre eux ses institutions les plus sages. Le pouvoir des municipaux a Chalons fut maintenu , au mi- lieu d'une foule d' obstacles ; la servitude n'y fut jamais honteuse, parce qu'elle ne fut jamais volontaire. Des traces du jury se trouvent dans une vieille charte, donnee a Meaux, en 1226, aux habitans de Fimes. « Si quel- qu'un de la coramunaute, y est-il dit, a fait mal, le chef pent le bannir aussi long-tems qu'il paraitra juste , a lui et a ses jures. A I'exception du vol, du rapt et du meurtre, tons les crimes seront justiciables du chef et de ses jures. » On pourrait citer beaucoup d'autres preuves de leur carac- tere independant , que le terns n'a point affaibli, et qu'ils mani- festent encore, a I'epoque des elections (1 ). (i) La nomination d'un de nos deputes les plus distiugues par sa probite politique et par son eloquence ( M. Royer-Collaru ) , est une preuve honorable de I'esprit de sage independance et du patriotisme cclaire des habitans du departement de la Marne. (N. d. R.) 21. 3ia4 NOTICE Sciences e$ arts. — Si los habitaus ont conserve la fermcte des Francs et des Cattes, leurs aieiix, ils ont aussi conserve long-tcnis rindifference de cos barbai-es pour Ics sciences ct pour la litterature. On doit an clergc, qui avait a la fois pins de licliesses, d'instruction et d'influoncc que los autres classes de la societe, d'avoir protege les lettres et Ics arts; et sans doute un pareil service merite notrc reconnaissance. liC clcrg»'; seul avait fonde , dote et dirige I'ancienne Universite de Reims. II negligea trop, il est vrai, I'ctude des sciences naturelles, des inatliematiques, de I'histoire, de la langue grecquc, et surtout cello du droit; niais , il a on le coinage, en luttant contre Ic torrent, do combattrc le mepris que Ion faisait de I'instruction, et il a entretenu le feu sacre, de sorte que le bien qui se fait aujourd'hui est en partie son ouvrage. Puisse- t-il avoir le bon esprit de favoriser encore le progres des lamieres ! Los avantagcs de I'instruction se font mieux scntir main- tenant aux babitans de la Marne : ils sont plus eclairt's sur les interets de Icur commerce, de leur bonheur, et meme de leur religion. Temoins, durant la revolution, des effets de I'ancienne ignorance sur les mceurs et sur les sentimens religieux, ils reclamerent, pour les seminaires ou se forment les pasteurs qui doivent gnider le peuple , des etudes solides et completes. Enrichis par I'emploi des metiers anglais dan^s leurs fabri- ques, par retablissenient des machines a vapour dans les fila- tures, et par I'adoption d'un nouveau systeme d'agriculture, ils cessent de regarder comme iuutiles les sciences qui ont prepare ces succes. A I'idee de perdre leur Ecole des arts et metiers, ils furent tons saisis d'effroi. Les lecons de physique et de chimie, donnees an College royal de Reims par le savant M. Chenou, ont amene plusieurs ameliorations dans le travail des teintures. Ceux qui, par un projugc deplorable, regardent I'instruction du peuple comme inutile, ou meme comme dangereuse, ont reconnu, du moins, que I'ensoignement public des mathe- SUR LE DfiPARTEMENT DE LA MARINE. 3a5 niatiques pratiques, donne jadis an College, avail forme d'ha- biics contre-maitres, ainsi que des ouvriers intcUij^cus dans les ateliers. Quant aux honimes dc bon sens , et assurement ils eonipo- sent parini nous la majoritc , ils desirent, dans rintciet de leur patrie et dans leur interet particulier, que les ecoles nationales forment d'habiles mathematicieus pour la construetioa de nos vaisseaux, de nos places fortes, de nos chemlns, de nos canaux; d'habiles jurisconsultes pour nos tribunaux, ties ora- teurs eloquens pour les conseils du prince et pour la tribune ; des pasteurs eclaires pour la defense de la religion : ils deman- dent enfin des lumieres et de la science, parce que, sans elles, il n'y a pour notre pays, ni gloire, ni puissance, ni bonheur a esperer. Un ami eclaire des bonnes etudes, M. Nicole, avait promis d'exaucer leurs voeux : le blen qu'il voulait faire avait pour gage celui qu'il avait fait. Nous ne I'avons point oublie. Anime des memes sentimens , le Conseil municipal de Reims a demande au Roi I'etablissement dans cette ville d'une Aca- demie et d'une Ecole de droit. On coinptc sur le ministre actuel de I'instruction publique pour appuycr la demande de la ville. Parmi les partisans de I'instruction, nous devons placer la Societe academique de Chdlons , sans cesse occupee d'objets d'utilite publique : elle a etc secondee par le prefet actuel , dans sa direction toujoius sage et patriotique. Industrie. Culture des -vigncs. — Les progres des lumieres preparent les succes de I'industrie. L'industrie parmi nous se partage en deux branches distinctes : les etoffes et les vinsj qui furent long-tems sans reputation. Un roi de Bolieme, appele Vinceslas, eu s'enivrant tons les jours avec les courtisans de Charles VI, reunis a Reims, niit nos vins en credit parmi les gourmets. Francois P"", Henri VIII et Henri II avaient chacun un commissaire residant a Ai, pour s'assurer le meiiieur vin. Le sire d'Ai etait un litre que se donnait parfois le bon Henri. 3a6 NOTICE Encourages par ces cloges qui promcttaicnt de grands bene- fices, les Champenois accrurent I'etendue de leurs vignobles, et choisirent dc nicilleurs plants, qu'ils cultiverent avec plus dc soin : a datcr du regne de Louis XIV, ils furent en possession de fournir les tables les plus delicates. L'ariondissement de Reims a 22,682 arpens de vignes, qui produisent, annee commune, 80,728 pieces de vin, dont le prix ordinaire est de 40 a 1 5o fr. L'arrondissement d'Epernay a 40,000 arpens de vignes, qui produisent 36o,ooo pieces, dont le prix vario de 200 a 5oo fr. La valeur d'un arpcjnt de vignes de riviere, aux environs d'Epernay, est de 4,000 a 10,000 fr.; il en est que M. dc la Boulaye evahie 20,000 fr. Le prix dcs vignes de la mon tagne, aux environs de Reims, est moindre de ~. On recolte, armee commune, dans ces arrondissemens, 5,4oo pieces de vins fins, dont la moitie au moins s'expedie pour I'Angleterre, I'Alle- magne et la Russie. II en coute 1,200 fr. pour planter en vignes surla montagne un arpent de terre.Unejeune vigne ne donneau- cunproduit pendant trois ans,et son produitn'est complet que la sixieme annee. Sa duree probable est d'un siecle et demi. Les frais de culture s'evaluent a 212 fr. ; le benefice sur un arpent est, annee commune, de 88 fr. Sur les bords de la Marne, un arpent de vignes, cstime 4,000 fr. , coute annuellement 334 fr. pour frais de culture; il produit pour 728 fr. ; ce qui laissc un benefice de 386, ou 10 p. 100. Toute j)erte evaluee, I'interet nc s'eleve pas au-dela de 6 ou 8 pour 100. Les vignes, arrachees en Champagne par ordie de Domitien, y furent replantees par Probus. Les nicilleurs plants sont origi- naires de TErmitage; on les doit au cardinal de Tournon. Apres avoir long-tcms essaye d'abriter la vigne contre les gelees du printems, on s'est avise, depuis quelques annees, de placer aupres des ceps de vigne, et du cote du soleil le- vant, des branches de sapin ou des joncs desseches : I'ombre que donnent ces ramcaux protege le ceps contre Taction trop prompte de la clu'leur. On doit celte decouverte a M. Moet, riche pioprielalre d'Epernay. SUR LE DfiPARTEMENT DE LA MARNE. iav La reduction dos droits d'ontrce en Anglcterre est un veri- table bienfait pour la Champagne. La Channbre de commerce de Reims I'avait desire depuis long-tems , et Ton aime a croirc que notre gouverncmcnt n'a pas etc etranger a cettc reduc- tion de droits onereux , et qu'il obtiendra des avantagcs analogues pour d'autres branches dc I'industrie francaise. Lc systeme souvent prohibitif des douanes se ressent, h beaucoup d'egards, des terns d'ignorance et de barbaric. Le ministere acquerrait des droits a notre reconnaissance , en obtenant du gouvernement beige qu'il modifiat la mesure prise contre I'admission par terre des vins de Champagne en Belgique. Uu autre abns est de percevoir le menie droit sur le vin dans les annees d'abondance, et dans les annees oii la recoUe est faible. Culture des cereales. — Le produit des vignes compose la richesse principale du departement de la Marne , ou le sol est en general ingrat, malgre les soins donnes a sa culture. Depuis quelqucs annees, les plaines de Vitry, aussi bien que celies de Fimes , peuvent former une heureuse exception ; les terres arables se sont accrues du tiers, et I'avenir est plein d'esperances dues i la decouverte d'engrais fossiles, a I'accrois- sement progressif des prairies artiHcielles , a la multiplication des troupeaux , a la suppression graduelle des jacheres , et i I'emploi de nouvelles cereales. Les champs des villages de Cernay, de Chepy , jadis incnltes et deserts, sont couverts de sainfoin; le seul canton de Suippe compte 1 1,000 moutons; il en est de meme i Courtizols, pres Chalons. De pareils faits ont frappe les cultivateurs intelligens des environs de Reims, de Vitry, de Caurelles, de Bourgognc et de Pommaque. Chaque annee amenc dc nouveaux essais en prairies, et la |ilupart sont heureux. On a peine a concevoir le changement rapide qui s'cst operc dans la fortune des villageois depuis t rente ans. Un habile agricultcur de Reims, M. Petit -Hutin, apres 3x8 NOTICE avodr deja obtemi des succcs inouis, s'en propose dc plus grands encore par son habilete a composer ses engrais. M. Barrois, k Ijouet, est parvenu a remplaccr Ic feiblepro- duit du scigle par cclui dii ble de Polognc, plus abondant, et dont les produits sont moins incertains. L'aucienne routine a conserve quelques partisans ; elle s'obs- tine encore aujourd'hui , malgre I'evidence des faits qui la com • battcnt, ;\ proddre des cereales qu'ello donne a vil prix, au lieu do multiplier les prairies artificielles , dont la valeur est plus considerable. Changer en prairies les tcrres arables qui bordent la riviere, et qu'on appello ajaux , serait une amelioration importante pour I'agriculturo. Le trop long sejour des terres placees dans les ecuries pour y recevoir les urines des bestiaux , a des inconveniens pour leur sante; il en resulte une maladie terrible, appelec /Jo«m- ture. La cloture complete des fenetres dans les etables a aussi des inconveniens. Lo plAtre, utile ru.x terres compactes qui produisent des cereales , est remplace avec avantage par les cendres sulfu- reuses, dans les terres legeres oii croissent le sainfoin, la lu- serne et la pimprenelle. On pretend que les fleurs des prairies artificielles ou Ion a seme des cendres sulfureuscs sont un poison pour les abeillos. L'inconvenient serait grave pour certains cantons, et speciale- ment pour celui de Ville-sur-Tourbe, oil Ion compte souvent jusqu'iV 5,000 ruches. Nous sommes persuades que Ic systemc des baux a long terme , adopte en Angleterre , aiirait une influence heureuse sur I'industrie agricole de la Champagne. Enfin, nous proposons, a la verite avec im laihle espoir de succes, I'etablissemcnt de/cn/ici cxpcri/iicntnlt's dans le depar- tement de la Marne. Au soin des terres arables et des prairies, sc joint celui des bois que Ton plante dans les terres sablonneuses impropres a tmite autre production. Le canton de Fimcs les a multiplies, SUR LE DEPARTEMENT DE LA MARJNE. Sag depuis cinqiiante ans, dune maniere prodigieuse. Leur eten- due, depuis cette epoque, est au nioins sextuple. Les sapins ont etc cultives avec succes ^ Soudron ; le pasteur du village, M. Grallois, en a donne I'exemple. Ecury-sur-Coolc en a profile , aussi bien que Marson et Courtizols. A la tete des novateurs agronomes , on place M. Loissow , depute de notrc departement. Le retour des eaux dans les Fontaines taries en plusieurs endioits depuis les defrichemens des forets, I'assainissementde I'air aux environs des nouveaux bocages, sont des resultats qu'on se promet des nouvelles plantations. Industrie manujacturiere. — Le succes brillant de I'industrie £^ricole ne peut se comparer toutefois a celui de I'industrie manufacturiere. Libre des entraves que lui donnait I'ancien re- gime, elle a deployo toute sa puissance. Chaque annee ajoute a son activite et a ses benefices. Elle doit son essor principal a M. JoBERT , regarde i Reims comme le pere du commerce. Le grand avantage de Reims, a cet egard, est de trouver ses laines en France, et d'en tirer a peine un treizieme de la Saxe; celles du Leicester-Shire, dites do Bakevcll, seraient seules a sa convcnance ; mais le droit dont elles sont frappees a leur sortie d'Angleterre equivaut a une prohibition. Ces produits, varies a I'infini, sont des tissus merinos et des schalls de cachemire, inventes par MM. Ternaux et Jobert, des draps fins et commims , des casimirs , des flanelles noires et blanches, des tissus de poils de chevre, des duvets de cygne, des toilinettes , des voiles , des couvertures , et enfin des cir- cassienncs. Ces dernieres etof'fes, inventees par la maison Jobert et Ter- naux, sont d'une extreme legerete, et conviennent aux pays chauds, a I'Espagne, a I'ltalie, a TAmcrique. La vente en eut ete immense, si la politique du ministere nous eut permis d'en- trer, sur les nouveaux marches, en concurrence avec les An- glais. Les circassiennes ont remplace en France les nankins des Indes, achetes aux Anglais. Sous ce rapport, la fabrique de Reims a servi les jntcrets de la France; c'cst une remarque qui 3 Jo NOTICE n'a point <^chappe au Roi, lors tie sa vbitc a I'cxposilion des produits de I'industrie rc-inoise. En 1824 » i,25o, 000 kilogrammes de lainc, cstimcs envi- ron 4>ooo,ooo fr. , travailles snr 2869 metiers par 1 5, 000 ouvriers, que paient 180 fabricans, ont prodiiit une valeur de 25 i 3o millions. Le commerce de Suippe, et celui de 25 vil- lages cnvironnans , est I'auxiliaire de celui de Reims. Chalons commence a reparer le mal que lui a fait la I'evocation de I'edit de Nantes. M. Mergez y a etabli une belle filature de colon ; il la dirige avec cctte habilete qu'il a montree dans les camps et dans les cabinets diplomatiques. On emploie aujourd'hui des metiers anglais dans la fabrique des etoffes; dans les grands ateliers , le mouvement est donne par un manege, par des cou- rans d'eau ou par la pom])e a feu. La France doit a MM. Ternaux et Jobert, Fonsardin et Co- kerill , la premiere (iiature mecanique de laines peignees et de laines cardees , imitees depuis avec tant de succes. M. Assy Prevoteau, dans sa manufacture , a le premier fait usage du charbon de terre, amene de la Belgique; la diminution dans le prix du combustible a permis dc livrer les prodiiits a des prix moins eleves. Un service d'un autre genre est celui que M. Arnould-Se- NARD a rendu au departement par I'etablissemcnt de la banque il Reims. Les besoins actuels du commerce de la Marne sont I'etablis- sement d'un canal ou d'un chemin en fer, qui communique de Reims a la riviere d'Aisne , et la prompte reconnaissance des nouvelles republiques de I'Anierique du sud, ainsi que I'adop- tion a I'egard de I'Espagne et de la Grece , d'un systeme qui nous permette dc retablir avec ces deux pays nos ancienncs relations de commerce. Rien n'est plus utile au commerce que retablissement du conscil des |)rudhomnies qui concilie , chaque annee, plus de 2,000 affaires, et cntretient I'union cntre les chefs des manufactures el les ouvi iers. Une refornu- dans la jiarlie du code commercial qui ccmcerne les faillites.. SUR LE DjfePARTEMENT DE LA MARNE. 33 1 est r^clamee imperiensement dans I'interet du commerce de Reims et de celui de beaucoup d'autres villas. Caractere , mceurs et usages. — En admirant les progres de I'industrie agricole, manufacturiere et commerciale en Cham- pagne , on est amene naturellement h loner rintelligence et I'ac- tivite de ses habitans. On ne trouve nulle part des cultivateurs plus laborieux et des ouvriers plus inventifs. II faut avoir suivi les penibles travaux des paysans dans les basses vignes, et connaitre les ingenieux precedes de notre mobile industrie, pour apprecier h. ieur juste valeur les belles qualites de nos compatriotes. Leur amour pour le travail a maintenu parmi eux , en ge- neral, des mceurs simples et assez pures; les crimes y sont rares; I'activite que demande le commerce a repare le mal cause par la revolution. L'ignorance alors etait complete ; ceux qui la favorisaient avaient reussi a abrutir ime partie de la po- pulation; le retour de I'instruction promit le retour de la vertu. A I'influence du travail et des lumieres se joindra celle de la religion, si le clerge nouveau, disciple de I'ancien, cmploie a precher I'Evangile le tems qu'il perd trop souvent en declama- tions politiques, s'il n'oublie pas que les hommes qui derniere- ment ont fait le plus de bien a la religion parmi nous , etaient des pasteurs eclaires , toleians et pacifiques. Aux efforts des prctres doivent se joindre ceux des chefs de manufactures; plusieurs sans doute attachent a I'accomplisse- ment de ce devoir la plus haute importance. II est deja telle manufacture qui a son maitre d'ecole et son aumonier pour les enfaus; ou la premiere communion se fait avec la pompe convenable; oii les manages, sauve-garde des mceurs , sont encourages. On espere que la maison de M. Jobcrt, a Bazencourt, aura des imitateurs. On pourrait, je crois , contribuer a la reforme des mceurs, en retablissant pour les ouvriers d'anciens exercices tombes en desuetude, comme colui de I'arquebuse , le tir, les jeux de paume et la course. Nos magistrals pourroient a peu de frais donner de I'attrait a des reunions oii le desordrc est presquo 33a NOTICE impossible, et I'i^erver, dans Tinterot do la vertu, unc pailie de I'argent prodigue parfois aux besoins ridicules du luxe ct de la vanite. Les villages qui sc font Ic plus remaiquer pai' la severite de leuf couduite, sout Vitiy-le-Biule, Sompuis, patrie dc M. Royer- Collard, Saint-Ouen et Lignou. Lo memc elogc est du aux pays voisins des Aidennes, ou les males veitus de nos a'ieux se sout eouservees dans toiite Icur franchise. Au milieu de villages oil les usages et les coutumes sout a pen pres les raemes, celui de Courtizols , situe pres de Chalons, presente une physionomie toute particuliere; il a son langage a part; le patois des habitans est celui des Suisses, avec lesquels ils out d'aillcurs plus d'un rapport. Grace a leur industrie , une contrec autrefois sauvage est devenue feconde. Ue riches moissons confincnt a de rianles prairies; des vergers, ceints d'aubepine taillee en palissade, cnvironnent des habitations jetees comme au hasard au milieu des peupliers et des saulcs. Avec un pen d'iniagination et de conflance dans les recits des anciens du pays, on y retrouve en effet la Suisse avec ses cha- lets et SOS bocages. Lorsqu'il se fait un manage a Courtizols, la jeune fiancee, revetue d'une robe noire que ceint une echarpe blanche , est couduite a I'autel par ses proches, qui tiennent a la main les cxtremites de ses rubans ; on porte en son nom a tous les voi- sins des gateaux arrondis , que Ton appclle les premiers hon- ncttrs. A la mort des epoux, d'autres serout cnvoyes de meme, et alors ils s'appellent les dcrniers honnears. Apres la ceremonic fiinebre a lieu la lessive du mort; les voisines vont, I'une apres I'autre, lacoiffe pcndante, laver le linge de leur voisin deeede, tandis que sa veuve et ses enfans pleureut assis sur le bord dc la riviere. II est rare qu'unc jeune fille epouse un etranger. Son clioix alors a besoin d'etre ratifie par ses compagnes, qui couronncnt de guirlandes la porte de sa demeure , et adoptent ainsi le nouvel epoux dans la graudo famille. SUR LE DEPARTEMENT DE LA MARTVE. 333 Ce,charmant village, place comme un Oasis an milieu des tleserts de la Champagne, est demeure long-tems etranger an luxe. Ses bergeres y etaicnt simples , comme les fleurs des champs qui composaicnt leur parure ; mais enfin Texemplo du voisinage a produit son cffct. On s'est accoutume pen a pen a I'idec d'un changemcnt d'abord condamne; auprcs du danger d'innover, on a vu I'avantage d'anieliorer , et des schalls ont paru a Couitizols. Le Champenois , en general , est d'un caractere simple ; il donne aux solides qualites du coeur rimportance qu'on donne ailleurs a la finesse de I'esprit. C'est en bon sens qu'il a recu toute sa part d'imagination ; et , s'il est embarrasse parfois dans les choses futiles, il ne lest jamais dans les choses serieuses. Son langage est franc comme sa conduite ; au milieu des orages politiques , on a pu le trompcr, et jamais le corrompre. Le departement de la Marne a donne le jour au ministre Colbert ; a Perrot-d'Ablancourt , traducteur de Virgile ; a I'historien Velly; a l'Eveqiie de Pouilly, auteur de ]aT/t(-arec des sentimeus agrcahlcs ; au naturaliste Pluche; enfin, au rhe- teur Le Batteux. Deux femmes celebres, Adricnnc Lecoti- VREUR et Marion De Loume, sont nees, I'une a Fimes, et {'autre a Chalons. AXOT DE MaIZIERE. LE TOMBEAU DUNE JEUNE PHILHELLENE; ELEGIE Adressee a Madame Anna WHEELER , Irlandaise , amie DEVOUEE DE La CAtlSE DE9 GrECS , SUR EA MORT DE S.\ FiLLE HENRIETTE (i). C'est aupics du tombeau do ta GUe cherie, Trop malhcureuse Anna , que mon Ame attendric, Interrogoant Ic del sur ton triste avenir , Et voulant de tes maiix calmer le souvenir , Depose ccs conscils de la philosophic, Par la mort clle-meme adresses a la vie. (i) Cette Elegie a ite lue, dans la seance publique de la Societc philotechnique de Paris , le dimanclie 6 niai 1827. L'auteur a voulu a la fois payer un nouveau tribut a la cause de la Grece , ct offrir un dernier hommage a la memoire d'une amie de cette noble cause , d'une jeune Irlandaise qui habitait depuis quelques annees a Paris avec sa mere, et qui a succonibe , dans sa vingt-quatri^me annee, a une nialadie de langueur prolongee pendant plusieurs mois. Elle est morte a Passy , le 12 septembre 1826. La m^re et la fille , pour lesquelles la terra liospitali^re de notre belle France etait devenue comme une seconde patrie, etaient unies par le double lien d'une affection niutuelle et profonde et d'une longue communaute de souffrances. Elles vivaient uniquement I'une pour I'autre : jamais I'echange de la tendresse maternelle et de la piete filiale n'offrit le spectacle d'u.ie amitie plus intime et plus touchanle. Elles avaient des sentimens eleves ; elles cultivaient avec succes la poesie : renfermees dans le cercle etroit et obscur de leur modeste existence , ravagee par de grands malheurs , elles honoraient d'une sorte de culte d'enthousiasme et d'amour leur poete national , Lord Byron, et la nation heroique a laquelie il avail consacre ses chants , sa fortune et sa vie. I£ TOMBEAU DUNE JEUNE PHILHELLENE. 335 Tout perit ; rien ne pent echappcr au trepas. Les plus nobles vertus, les plus divins appas Ne sauraient affrauchir de cette loi fatale Qui nous appelle tous sur la rive infcrnalc. Ton ainiable Henriette, au printems de ses jours, A vu la mort cruclle en terminer Ic cours. Dans ses derniers instans, sa mourante paupiere, Pour te revoir encore , implorait la lumiere. Mais tes soins maternels , tes sanglots , ni tes plcurs N'ont pu du del jaloux desarmer les rigueurs. Henriette eprouva, dans sa dernifere maladie, une douce et -vive satisfaction que voulut lui procurer sa mere. Un ami zele de I'inde- pendance de la Grfece conduisit aupres d'elJe le fils de Canaris ct deux interessans orphelins , envoyes de Missolonghi au Comite grec de Paris qui s'est charge de leur education. La vue de ces enfans, qui portaient le costume de leur pays et qui s'offraient a I'imagination de la jeune philhellfene comme les representans de ces guerriers citoyeiis dont I'lieroisme et les malheurs occupaient toutes ses pen- sees , ranima pour quelques instans cette ame ardente et genereuse qui devait bientot quitter la terre. Dans la solennite litteraire de la Socicte philotechnique , les trois objets des dernieres affections de la mfere d'Henrielte, la France qui a recuellli et qui conserve les restes mortels de sa fille, la poesie dont elle a plus d'une fois eprouve les nobles inspirations, la Gr^ce dont les exploits, les dangers, les voeux et les esperances font encore palpiter son coeur, semblaient celebrer de concert les vertus etla mort prematuree de la jeune etrangere. Sa mere infortunee, sur la terra natale oii eile consume desormais dans une solitude profonde et dans un deuil eternal les tristes annees de son existence fletrie , eprouvera du moins une sorte d'adoucissement a ses peines et la seule consola- tion que I'amitie puisse lui offrir, en apprenaiit qu'un temoignage public d'interet a ete accorde a sa fille bien-aimee, dans une assemblee nombreuse et choisie oil beaucoup de dames francaises , de meres et de filles, associees a son deuil, ont depose quelques fleurs, etpeut- ^tre aussi quelques larmes , sur la tombe de son Henriette. M. A. J. 336 LE TOMBEA.U Ellc n'ost plus. Bicntot, nous tomberons commc ellc; Bicntot, tu rejoindras ta compagne fidele. Le celeste sejour ou tu dois la revoh" De ton ame accablee est Ic plus doux espoir. Et toi, jcune Bcautc qu'enivrc cncor la vie, Toi, d'un monde trompcur rorncment et I'cnvic, De cc froid monument tu dotourncs les yeux. Suspends do tes concerts les chants harmonieux ; Vois cette mere en deuil. De ta mere eploree Demain, peut-ctrc, aussi, tu seras separec. De ce voile encliantcur dont I'eclat nous seduit La depouille est promise t\ retcrnclle nuit ; Et la terrc et la mort, dans leur barbare joie, De la charniantc Emma feront aussi lour pioie (i). Jounesse, amour, boauto, talens, puissance, orgueil , Tout vient s'aneantir dans le fond d'un cercueil. O Mort, dont le nom scul, solennel, redoutable. Cache un profond mysterc, un abime effroyable, Le croateur du monde a soumis a tes lois Les generations dcs peuples et des rois. Tu fVappos tour k tour la faible ct tendre enfance ; La brillante jeunesse, heurcusc d'osperancc ; L'age mur, egare dans ses vastes projets , Qui d'un long avenir en attend le succes ; Le vieillard, suspcndu sur le bord de la tombe. Qui sous lepoidsdes ans s'affaiblit et succonibe, (i) La jeune et brillante Emma, (dont rauleur a pris soin de taire ici le veritable nom ) conipagne et amie d'enfance d'Hen- riette, associee pendant plusieurs annees a son existence , niais appelee a un genre de vie tout different par I'adoption d'une pareule fort riche , n'avait point rt^siste nu changement de sa fortune. Restee en Angleterre , fifrc de sa beaiite, enivrce des Iionimages d'un monde frivole, entrainee dans un lourbillon de fcjtes continuclles et de plaisirs bruyans ou Ton trouve plut6t I'^tourdisscment que le bonheur, elle n'avait mionU'6 , dans ces demiers tenis , qu'nne froide indifference pour son amie qui luttait contre la maladie et la mort sur une terre etrancere. D'UNE JEUNE PHILHELLENE. yi- Mais cpii tient a la vie, et par un vain efCort, De sa debile main , vent repousser la niort. Mais, cette mort enlin , ce gouffre, ce mystere, Cette supreme loi qu'aiix enfans de la terre Imposa I'Eternel , dans leur obscurite , Semblent nous reveler notre immortalite. Unc secrete voix au fond du coeur nous crie : Dans un monde meilleur, dans une autre patrie , A I'abri des mechans et de leurs noirs complots, La vertu doit trouver un eternel repos. Ce repos desire, je I'attends, je I'implore ; Je me confie au Dieu que I'univers adore. D'un ceil calme et serein j'envisage le jour Qui doit m'ouvrir I'entree au celeste sejour : Sous d'immenses travaux je sens que je succombe; Que, pour moi, desormais, le repos, c'est la tombc : Bientot, j'y rejoindrai ma mere, mes amis; J'aurai donne du moins mes jours a mon pays. La mort sera pour moi le terme d'un voyage, La fin de mes douleurs, le port apres I'orage. Mais, quand notre ame enfin s'envole vers les cicux, Un instinct, un desir , puissant, mysterieux, Nous enchaine a la terre; et, faibles que nous sommes, Nous invoquons encor les jugemens des hommes; Nous esperons transmettre aux siecles a venir De nos travaux mortels I'immortel souvenir. La gloire meme,helas! illusion brillante, Et qui scmble du tems braver la faux tranchante, N'est qu'un pliare allume dans la posterite, Un fantome trompeur de I'immortalite, Ephemere tlambeau, dont la faiblesse humaine Poursuit dans I'avenir la lueur incertaine. La gloire, trop sou vent, par d'injustes arrets, A paru consacrer d'heroiques forfaits. • Un snperbe vainqucur, les mains de sang fumantes, Vit tomber a ses pieds des nations tremblantes; T. xxxiv. — Mai 1827. aa 338 LE TOMBEAU Et d'indignes Hattcurs, lui drcssant des autels, Pioniiront a son nom dcs lauricrs immortels. Lui-memc, ambiticux d'une longuc niomoire, Sur son trone , agrandi par quinzc ans de victoire, D'avancc il contcmplait une race de rois, Tous issus de son sang, heriticrs dc scs droits, Et vingt peuples, soumis a leur obeissance , Sur vingt siecles encor etendant sa puissance. Un scid jour, dissipant ce rove de Torgueil, A renverse son trone, a crcuse son cercucil. Ce vainqucur ct sa cour sent dans la nuit profonde:, La , vont descendre aussi tous ces maitres du monde Dont I'insolent orgueil, la foUe vanite, Ont fait taire autour d'eux I'austere verite. La verite survit, et s'assied sur Icur tombe; Et, par son ascendant, leur gloire croule ct tombe : Trop heiucux desormais, dans reterncl oubii Si leur nom ignore demeure enseveli; Si , dcs siecles futurs trahissant la vengeance , L'histoire les protege au moins par son silence. Ton Henriette, Anna, digne objet de nos plcurs., Des peuples opprimes partageait les douleurs, Detestait les tyrans, cherissait sa patrie, De Shakspear, de Byron adorait le genie. Pour la cause des Grecs et pour la liberto Son coeur, comme le tien, a souvent palpite; Ce noble cceur, forme sur un noble modele, Au culte des vertus resta toujours fidele. Il te souvient du jour oil ses yeux attendris Aimaient a contcmpler le jeune Canans Et les deux orphelins que des remparts d'Athenes Avail conduits en France un ami des Hellenes (i). (t) M. le lieutenant de vaisseau Saint-Haouen , dont le perc , fen M. le baron de SiiNT-HiouEu, contre-amiral , est inventeur d'un nou- veau systeme, ingcnieux et perfectionne , de Telegraphic universclle, de jour et de nuit, de terre et de mer. (Voy. Rri.'. Fur., t. is, j.invier iSat? I D'UNE JEUNE PHILHELLENE. 339 Comme elle applaudissait du geste et de la voix All recit des combats, des vertus, des exploits pe ces Grecs generciix, dont la noiivelle gloire Semble de leurs a'ieux recommenccr I'histoire , Et qui de Miltiade et de Leonidas Font, a nos yeux surpris, revivre les soldats! Son ceil etincclait d'uno celeste flamme; On lisait sur son front les secrets de son ame. Elle invoquait le ciel, les ombres des heros. « Reveillez-vous, biisez les marbres des tombeaux, « Disait-elle ; les Grecs veulent vivre sans maitres. « Venez les inspirer, manes de lenrs ancetres! « Themistocle deja renait dans Canaris; < « Le farouche Ibrahim fuit devant Botzaris. « Un enfant d'Albion, ressuscitant Tyrtee, n Byron, barde sublime, a la Grece enchantee « Dans un vers prophetique est venii rappeler « Les antiques vertus qu'elle doit cgaler. n Que ne puis-je moi-meme, aiix champs de I'Hellenie, « Combattre pour les Grecs, pour leur sainte patrie; " Partager leurs efforts, leurs perils glorieux, 1 Et suivre de Fabvier les pas victorieux! » Tels furent les regrets que sa bouche eloquente Versa dans notre sein : deja faible et mourante, Elle oubliait ses maux et son propre danger. « Grand Dieu ! sauve les Grecs, daigne les proteger! » Tel fut son dernier voeu. Telle fut la priere Qu'elle adressait au ciel, dans son heure derniere. Tes genereux desirs ne seront point trahis, Henriette; les Grecs sauveront leur pays; Et moi-meme, avant peu j'inscrirai sur ta tombe : « La Grece est affranchie, et le Croissant succombe. » Toi, dans I'heureuxsejour de I'immortalite, Ttf beniras le Dieu qui fit la liberte. M.-A. JuLLiEN, fi^(? P«rm. p. 214, et t. XVII, p. ifia, 433. — t. XIX, p. 5o6, Soy, 762. — t. xxviu, p. 941. 1. XXIX, p. 309. t.XXX, p. 557. t. XXXI, p. 852. ) 22. II. ANALYSES D'OUYRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. MeMOIRE SCR LES GRANDES ROUTES , LES CHEMINS DE FER ET LES CANA.UX DE NAVIGATION, tracluit cle 1 ol- lemand de M. de Gerstner , et ]irecede d'une introduction par M. Girard , membre dc I'lns- titut (i) A la fin dii xiv* siecle, rcmpercur Charles IV nieditait le projet de rcunir par un canal, ce cpii par parcndiese siippo- scrait a I'invention des ecluscs plus d'anciennete qu'on ne lui en accorde generalement, le Danube a la Moldaw. Une navi- gation continue aurait ainsi lie les rives du Danube a celles de I'Elbe, la mer Noire a la mer du Word : voisine d'un point culminant dont les eaux se deversent dans deux grands flcuves cpii partagent I'Europe en deux parties a pcu pres ('-gales , la capitale de I'empire d'Allemagne aurait occupc; le centre de cette grande ligne ; et , si Ton considere que la boussole etait encore une nouveaute, que la mer Noire et la mer Caspienne etaient alors sur la route des Indes, on concevra que Char- les IV ait reve la transformation de Vienne en capitale du monde commercial. Ce projet, sur lequel I'attention a eterap- pelee sous plusieurs de ses successeurs, a ete repris plus se- rieusement, mais sur une echelle bcaucoup plusmodeste, au commencement de ce siecle. Sans souger a transformer le Pra- ter en bazar de I'Orient et de TOccident, on s'est borne, et Ton a sans doute eu raison, a compter sur la circulation des mar- chandises entre la Boheme et I'Autriche. C'est dans cet etat de (i) Paris, 1827 ; Bacbelier. i vol. in-S"; prix, 6 fr. 5o c, et 7 fr. 5o c. par la poste. SCIENCES PHYSIQUES. 34 1 choses que M. de Gerstner a ete charge par les etats de Bohcme d'etudier le projet de jonction du Danube a la Moldaw : il a apprecie sans enthousiasnie et sans prejuge le but propose; ct mettant en presence les divers moyens de I'atteindre que four- nissaient les routes ordinaircs, les cherains de fer et les ca- naux, il a montre sous des points de vue nouveaux, les proprie- tes particulieres a chacun de ces moyens de communication. Ce sont ces travaux , dont I'interet ne se boine pas aux rap- ports entre Vienne et Prague, dont nous devons la traduction a M. Terquem, et la publication a M. Girard : ce dernier, sous le litre raodeste A' Introduction , a fait preceder I'ouvrage de M. de Gerstner de recherches beaucoup plus generales sur les avantages respectifs des trois modes de communications iate- rieures qui sont aujourd'hui I'objet de tant de debats instruc- tifs. La question, consideree dans son ensemble, a ete traitee avec un avantage marque par M. Girard; I'auteur allemand ecrivait, en i8i3, avec un bon sens, un talent d'observation et unc sagacite rai'es ; mais il ne pouvait pas se constituer, comme notre compatriote , le rapporteur de tout ce qu'il a ete recueilli , depuis quatorze ans , de fails remarquables lant en France qu'en Angleterre, sur les canaux et les chemins de fer. Avant de suivre M. Girard dans cette inleressante discussion, indi- quons an lecteur les questions qu'a specialemenl eclairees le savant rapporteur des etats de Boheme. M. de Gerstner voit avec raison dans tout transport une operation mecanique a laquelle concourent deux agens ( un vehicule et la voie sur laquelle il s'exerce), dont Taction se com- bine , et dont les effets sont necessairement relatifs. On sent que , suivant les circonstances ou Ton place I'objet a transpor- ter , les effets de la pesanteur et du frottement qui constituent ici les resistances avaincre doivent etre fort differens, et qu'une meme force est plus ou moins efficace, suivant I'adresse avec laquelle on en dispose. L'attenuation des resistances et lemeil- leur eniploi des forces, sur les routes, les chemins de fer et les canaux, ont ete I'objet desrecherches de M. de Gerstner, etc'est sous cc rapport important que serecommande specialenient son 342 SCIENCES PHYSIQUES. ouvrage : ses calculs , ou la science s'allie a la simplicite , sont toujours d'une clarte parfaite ; il ne neglige jamais d'en rappro- cher les conclusions des resultats dc Texperience. S'il propose qiiclques nouveantes , il a soin d'appuyer les calculs qui I'y ont conduit sur des experiences speciales aux(juclles on ne peut reprocher que d'etre faitcs en petit, mais dont, il faut le dire , les donnees concordent plus d'une fois avec celles d'autres ex- periences faites en grand , et dont M. de Gerstner n'avait pas connaissance. C'cst dans I'ouvrage meme qu'il faut cherchcr les observa- tions curieuses de I'auteur, et ses deductions pleines de sagacite, sur les resistances qui resultent du frottemcnt des roues, de la pression des terrains mous, de celle du pave, des pertes de force qu'occasionent les chocs. Si c'etait ici le lieu de faire res- sortir I'utilite de ses vues par une application, nous chcrche- rions quelque route importante dont I'administration neglige Tentreticn, et nous nc.serions pas fort embarrasses pour trou- ver des exemples; nousverrions que souvent I'etat de la route rc'duit d'un quart, d'un tiers, I'effet utile de la force d'un clie- val; qu'alors la depense d'un collier, qui est d'environ 5 fr. par journee, donne le produit qu'on devrait obtenir avec 3 fr. 75 c. ou 3 fr. 33 c. ; qu'ainsi il y a une perte moyenne de I fr. 46 c. par journee de cheval occupe sur cette route : nous multiplierions cette somme par le nombre probable des jour- nees de chevaux charges pendant une annee, et nous veri'ions qu'il en resulte une somme souvent decuple de celle qui aurait sufti pour tenir la route dans un etat de viabilite parfait. Nous ue disons rien de I'interet du capital originairement consacre a la confection d'une route raal entretenue, et qu'il faut ajouter aux pertes queM. de Gerstner sait evaluer avec taut de pre- cision. Les pentes des routes, qui constituent aussi une resis- tance, peuvent etre I'objet de considerations analogues, etune economic mal entendue dans le trace est souvent une cause d'augmentation enonne dans les frais de circulation. Nous n*; saurions trop recommander de pareils calculs au.x prefets et aux autres fonctionnaires qui adniinistrent les fonds des routes : SCIENCES PHYSIQUES. 343 s'ib pi-enaient quelquefois la peine de calculer ce que leurs negligences ou leur ignorance content au pays, lis seraient les premiers a s'en effrayer , et tacheraient sans doute de s'en corrigcr. Ceux qui parcourent les routes ne pourront faire retomber sur I'administration chargee de les entretenir tout le tort de leur mauvais etat, que lorsqu'ils aui'ont adopte les vehicules qui les menagent le plus. M. de Gcrstner conseille, par des considerations puisees dans la seule economic des forces, de diviser les chargemens; il prouve, et tons les jours de nou- veau.'i. faits viennent confumer son opinion , qu'on ne pent ob- tenir le maximum d'effet utile du cheval qu'en I'attelant isole ; que le poids de la voiture croit dans une progression plus ra- pide que celui du nombre de chevaux dont elle est attelee ; qu'enlin le roulage par voitures a un cheval est le plus econo- mique (cette rcmarque a deja ete faite dans ce recueii, t. xxxiii^ p. 777 ). On sent combien I'application du principe fort simple de la repartition du cliargemtnt, avantageuse en elle-meme , scrait favorable a la conservation des routes : nous ne saurions irop recommander a nos lecteurs les reclierches de M. de Gerst- ner sur les voitures destinees soit aux routes ordinaires, soit aux chemtns de fer ; il n'a omis d'etudier qu'un seul moyen d'economiser les forces, c'est la suspension du chaigement sur des ressorts, aujourd'hui reconnue pour un des plus eflicaces- L'elevation des terrains qui separent le Danube de la Mol- daw, I'appreciation des quantites de marchandisesqui circulent dans le pays, ont determine I'adoption d'un chemin de fer; M. de Gerstner en a dirige I'execution : une partie du chemin est enfonte , une autre en fer forge , une troisieme en bois ; une experience de pliisieurs annees doit donner aujourd'hui des lumieres precieuses sur I'economie de I'etablissement et de I'cn- tretien de ces trois divers modes , et nous en protiterions deja, si les relations etaient aussi multipliees avec I'Autriche qu'avec I'Angleterre. C'est dans cette derniere contree que M. Girard a tiouve les principaux elemens de la discussion a laquelle il s'est livre. Les 344 SCIENCES PHYSIQUES, circonstances dans lesquellos il convient tl'ouviir iiiie simple route, sont tellement diffurentos de celles ou Ton pent hesiter cntrc un canal et iin chemin dc for, qu'il ne pent cxister, a propremcnt parlor, de dcbat (jue siir la proc-minciice a accor- der a I'une de ces deux dernieres voies ; aussi , les routes or- dinaires u'occupent-elles, dans le travail de M. Girard , que I'espace qui devait leur etre reserve pour que ce travail lut complet : nous ne suivrons pas I'auteur dans I'historique qu'il trace de I'origine des canaux et des chemins de fer et des per- fectionnemens qu'ont eprouves ces deux modes de communica- tion, etnous aborderons les consequences qu'il deduit de I'ex- pose des fa its. M. Girard etablit d'abord, par des moyennes prises tant en France qu'en Angleterre , que le trainage d'un tonneau de mar chandises, qui, sur une route ordinaire, revient a o f . 400 pai kilometre de distance, se reduit a o f. o43 sur un chemin de fer, et i\ o f. 016 surun canal; maisilnepensepas,comnie beau- coup de nos compatriotes, qui adoptent peut-ctre un peu lege- rement des opinions emises de I'autre cote de la Manche, que Teconomie de I'etablissement des chemins de fer permette tou- jours de compenser, par la moderation des peages dans lesquels I'entrepreneur d'une commwnication realise I'interet du capital employe, les frais d'entretien et un benefice legitime, cette difference des frais de trainage. Nos lecteurs savent que M. Trkd- ooLD(voy. Hec Enc, t. xxxiv, p. 22*2, cahier d'octobre 1826) pense aussi que les canaux ou les chemins de for sont prefera- bles, dans de certaines limites determinees par la quantite de marchandises qui circulent sur une ligne. D'accord avec lui sur ce principe, M. Girard differe d'opinion sur I'application. M. Tredgold a pose en fait, comme base de ses calculs, que la construction d'un canal coute deux fois autant que celled'uu chemin de fer : cependant M. Tredgold etablit lui-meme que le kilometre de chemin de fer a double voie revient, en An- gleterre, a 74,535 fr. D'un autre cote, une moyenne prise sui les depenses effectives de I'ouverture de 684 lieues de canaux , en Angleterre, donne pour prix moyen du kilometre 100,77-2 fr. SCIENCES PHYSIQUES. 345 Ell France, les deux tcrnies de la comparaison seiaient bien differeiis : le kilometre dc chemin de fer a ete recem- uient evalue, eutre le Havre et Paris, par M. Wavier, a 1 1 8,000 fr. et entre Lyon et Saint-Etiennc, par MM. Seguin, a io3,3oo fr. L'experienee dejii aequise porte a considei'er ces estimations comme assez exactes. Le canal de Languedoc a coute, monnaie de notre tems, iii,856 fr. le kilometre; celuidu Centre 97,068 fr. et il ne faut pas perdre de vue que si le premier a ete exe- cute avec un luxe tout royal, et au milieu de difticultes qui souvent etouffent au berceau les nouveautes les plus utiles , I'autre est I'ouvrage du gouvernement; en sorte qu'on pent supposer que des compagnies executantes pourraient aujour- d'hui terminer a bien moins de frais des ouvragessemblables; le grand canal du lac Erie a la riviere d'Hudson, que I'etat de New-York vient d'ouvrir sur une longueur de 146 lieues, a coute 76,414 fr. par kilometre, et Ton sait combien la journee de travail est plus chere aux Etats-Unis qu'en France. Ces faits, et beaucoup d'autres que M. Girard discute avee cette sagacite piquante qu'on lui connait, conduisent a penser que, lors meme que la substitution des machines a vapeur aux chevaux realiserait, sur les chemins de fer, des economies de trai- nage vivementcontestees, pour ne rien dire deplus, les chemins defer n'auront jamais chez nous I'importance que le bas prix du fer et le haut prix de la main d'ceuvre tendent a leur donner chez nos voisins : des cireoiistances speciales pourront leur donner, dans quelques localites, un avantage marque sur la navigation artiGcielle, etleslignesdontsesont occupesM. Beau- nier , MM. Seguin , M. Navier , peuvent servir d'exemples; mais leur succes ne porlera aucun esprit bien fait, a convertir en generalites ce qui resulte de la reimion de faits particuliers. C'est en adaptant sans prejugc a chaque localite le mode de communication qui lui convient le inieux , qu'il faut imiter ces messieurs. N'envions point aux Anglais la preeminence de tei ou tel procede : connaissons leur pays, mais surtout etudions le notre; et pour rentrer dans I'un des sujets de cet article, qui pretendra que les habitans des bords de la Seine, du Rhone, 346 SCIENCES PHYSIQUES, tie la Loire, de la Garonne, doivcnt avoir le meme systenie de navigation interieure que ceux d'un pays dont la j)lus forte riviere n'equivaut pas a la Marne? Si M. Girard avait voulu etendre sa discussion a ce point de vuc, il aurait fait voir com- ment ces canaux , dont il prouve la fiequente supcriorite, peu- vent a leur tour etre laisses pour la navigation iluviale : il aurait pu nous montrer I'administration des ponts et chaussees poursiiivant son canal de Nivernais au milieu des transes du eommevce, qui tremble que, quand le canal sera fini' on n'in- tcrccpte, pour le forcer a y passer, le lit de I'Yonne par lequel les bois de chauffage du Morvan arrivent a dix. fois meilleur marche, on que Ton n'adoptc, pour la navigation de la Loire, des combinaisons presque aussi hasardeuses. Ce gaspillage des plus vastes ressources, en presence des besoins les plus urgens, aura son terme ; un jour viendra, ou les grands projets de tra- vaux publics seront I'objet d'enquetes, comme dans cette An- gleterre dont leshabitans onttropde connaissance desinterets de leur pays, pour ncgligcr en aucune circonstance de bien constatcr les faits pris pour point de depart. Notre administra- tion n'en est point encore la; die est conuneles pauvres, qui ne s'apercoivent pas des privations auxqucUcs ils sonl accon- tumes. Nous serions bientot dans «ne meilleure voie, si les eciits du genre de ceux de MM. de Gerstner et Girard etaient plus re- pandus : des etudes scrieuses exercees sur des faits positifs, sur des siijets intimemcnt lies a la prosperile du pays, sont les plus propres a repandre ces lumieres generales, seule base so- lide de la liberte du pays , et les resultats economiques du succes ne sont certainement pas les plus precieux. L'ordre et la concision sont frequemment dedaignes par les ecrivains allemands; aussi, nous serions peu surpris que les compatriotes de M. d« Gerstner eussent neglige de remarqutr que ce merite est un de ceux de sesrecherches. Si cette omission a etc ccmmise, nous la reparons avcc grand plaisir. Les faits nr s'enchainent pas avec moins de clarte dans le memoire df SCIENCES PHYSIQUES. 3a^ M. Girartl (i). L'attention generale dont ces recherches seront ccrtaincmeut I'objct, imposaita raiiteurlc devoir de ne negligei' auciin des moyens d'y porter cette lucidite qui fait saisir d'un coup d'oeil les I'apports de quanlites les plus eloignes; c'est dans cette conviction que nous nous permettrons une critique qui serait bien indifferente s'ii s'agissait d'un livre futile. Les recherches sur les transports , publiees par M. Girard , embras- sent la France, I'Anglcterre, rAlleniagne ; et les mcsures des trois pays apportent quelquefois aux comparnisons que veut faire le lecteur, un obstacle qu'il leve an moyen des tables de reduction qui se trouvent dans le livre , rnais qui ne laissent pas de detourner l'attention. II serait a desirer que toutes les quan- tites fussent exprimees, sans distinction de pays, en mesures metriques : les mesures sont un veritable langage ; leur diver- site introduit dans les relations des homines une sorte de frottemcnt analogue a celui qui resulte de celle des dialectes. Notre admirable systeme metrique est sans doute le plus glo- rieux ouvrage de I'Academie dont M. Girard est membre; il est fait pour devenir, comme notre langue, Tinterpretc des peuples eloignes ; il sera I'etalon commun de toutes les mesures del'Europe, et un auteur dont le nom seul fait rechercher les ecrits, a plus de tort qu'un autre lorsqu'il neglige une occa- sion de repandre ce systeme. /.-/. Baude. (i) Ce memoire se vend scparemeiit sons ce tilre : Recherches sta- les iviites , les canaux et les ehemins de Jer. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Philosophie de la guerre, par le colonel marquis lie Chambray, auteur de \ Histoire de V expedition de Bussie (i). La publication do ccl ouvrage a souleve quelques passions <-t fait dn bruit dans nos journaux. On a vu paraitre unc multitude de critiques plus vehcnientes que raisonnees, quoique k's opinions de I'auteur puissent et doivent souvent elrc contes- tees. On a blame le litre de son livre , attaque ses doctrines , cxprime des doutes sur I'exactitude des fails dont il invoque le temoignage. Dans la chaleur dela discussion, les convenances n'ont pas toujours etc observecs. Comme nous avons garde le silence au milieu de ces demtles, il nous est impose dc parler avec la moderation que sujjpose un exauien attentif et prolonge. Nous ferons tous nos efforts pour que Ton rcconnaisse que nous avons evite soigneuscment d'attribucr a I'auteur aucune pensee qui ne soil point dans son livre, et que nos observations n'ont d'autres motif ni d'autre but que I'amour de la verite et les progres des sciences. La Philosapliie dc la giicrrc est divisee en cinq chapities, oil I'auteur a traile successivement des armecs ct des troupes , — des inoyens d'enflainmer le courage des soldats , — du general,- — du coinniandeincnt des arniees , — des places fortes. L'espace nous manque pour passer en revue toutcs ces matieres, et encore moins, pour les discuter avec une etendue conveuable ; nous nous borncrons done aux objets les plus importans , et de preference i ceux qui ont excite les plus fortes reclamations. i\) Piiris , I1S27; Ainbroisi' Diipoiil , rue Viviennc , 11" ((>; Anstiiu ct Pochard, rue Dr,ii|ihiiie , 11" ij. In ;;" do 2(>y pages ; prix , 5 fi . SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. 34y Le premier chapitre est de ce nombre, ainsi quo \c litre de rouvrage. Commencons par examiner ce que devrait ctre ime philosopliic de la guerre , et si I'ensemble de nos connaissances nous met en etat de I'ecrirc. La philosopliie d'une science comprend des principes ou verites fondamcntales, et des methodes de raisonnement. Dans certains cas trcs-rares, elle precede la science et la dirige; le plus souvent, elle ne vient qu'a sa suite : ainsi, par exemple \a philosopJiie de I'histoire naturcllc est encore a faire, qnoique l«s livres et les musees soient deja remplis des immcnscs richesses de la science. Dans tons les cas, une philosopliie considerc son objet sous I'aspect le plus generaUet le plus ctcndu; elle le comprend tout entier, mais sans entrer dans aucuns details qui empecheraient de saisir I'ensemble qu'elle veut montrer. Line seule lacune, xmc application particuliere , lui feraient perdre son titre et ses droits. La Philosophie de la guerre s'etend done essentiellenient a tout ce qui est rclatif a ce grand acte des nations et des govivernemens. M. de Chambray en a retranche ce que Ton pent regarder commc I'apanage de la politique : il ne definit point la guerre, ne parle point des causes qui peuvent la rendre necessaire et legitime; il ne traite que des moyens et de la maniere de la faire. Dans ces limites , qu'il n'aurait pas du se prescrire, il s'est environne d'un cercle encore plus etroit, et ne s'est occupe que des armees, telles qu'elles sont aujourd'hui. II n'a done traite qu'un certain nombre de ques- tions particulieres, et son livre n'est pas la philosopliie de la guerre. Arretons-nous encore un moment sur le meme sujet, en raison de son importance. Les guerres peuvent etre de natures tellement differentes que la maniere de combattre le soit aussi. Les querelles des peuplcs ne peuvent etre videes par les memes moyens que les demeles suscites par la politique vulgaire. L'in- fluence que cette verite doit exercer sur les institutions niili- taires sera d'autant mieux sentie que I'art social fera plus de progres, et que Ton en fera de plus heureuses applications. Les societes ne peuvent rester telles que nous les voyons : trop 35o SCIENCES MORALES de causes dc changemens subsistcnt des ;\ present, ou sont preparees pour ravenir. Quand meme plusieurs Etats de I'Eu- rope retroi^raderaient dans la carriere de la civilisation, le e;enie dn iiial n'v aurait obtenu qu'un triomphe passager. Nc desesperons point de la raison huinainc : dans tons les tenis, et malgre les efforts de I'obscurantisme, quelquos rayons de lumiere s'echappcront a travers les nuages dont on cherche a nous enveloppcr; ils sufliront pour diriger notre marche, on ne reussira point a nous egarer. Avancant avec precaution , affermissant chacun de ses pas, I'esprit humain ne s'engagera point dans les routes etroites et sinueuses ou d'imprudens con- seillers voudraicnt le faire cntrer. Nous savons que les perfee- tionnemens de I'organisation soeiale ne sont pas independans les uns des autre* ; que de bonnes institutions militaires et un code de lois dictees par la raison meme ne conviennent point aux niauvaises constitutions. Pour le corps social, comme pour les litres vivans, les plus heureux developpcmcns sont ceux on toutes les parties croissent a la fois, dans les rapports deter- mines par leurs fonctions. Si I'une de ces parties se consolidait avant le tems, elle generait Taccroissement des autres, et altere- rait tons les rapports; le corps serait mal constitue, difforme. On s'attendait a trouver dans unc philosophic de la guerre la question des arinees permanentes traitee sous ce point de vne. C'est pent-efre par cette question que I'ouvrage devaitcom- mencer. A quelque solution que I'autcur fut arrive, elle aurait ete I'une des bases de ses doctrines militaires. Et certes, un tel sujet n'etait pas au-dessous de ses meditations. Les evenemens qui s'accomplissent sous nos yeux permettent de croire a I'exis- tence future d'un peuple puissant par I'etendue de son terri- toire , les ressources de son industrie , I'excellence dc son administration interieure, surtout parses lumieres et ses qua- lites morales et civiques. Chez ec peuple, la voix de la patrie retentirait dans tons les cceurs, et tons ses enfans voleraient a la defense de la mere commune , si I'etranger osait I'atfaquer. Ce peuple, essentiellement ami de la paix, et sur de n'etrc jamais vaineu, n'abaisserait pas sa dignite jusqu'aux prt'-cau- ET POLITIQIJES. 35i tions de la faiblesse. Quelles seraient ses institutions militaires ? Une philosophic de la guerre qui ne repond point a cette question ne peut etre regardee comme complete. A coup sur , I'heureuse nation dont on se plait a presager I'existence et les destinees n'aura point un systeme d'armee permanente, a I'imitation de I'Europe. L'effet inevitable de ce systeme est de river les fers du genre humain, dc rcndre inutiles, au moins en grande partie, les dons precicux de la Providence, les moyens de bonheur qu'elle nous a prodigues. L'Europc scmble destinee a donner au raonde cette lecon qui sera perdue pour elle-meme, a moins que des Etats prevoyans et bien conseilles ne fassent au systeme des armees permanentes des change- mens graduels qui en preparent la suppression. Si la Philo- sophic de la guerre n'indiquait point ces changemens et I'ordre suivant lequel il faudrait les effectuer, elle negligerait I'une de ses importantes attributions. M. de Chambray ne s'en est point occupe. Son titre est trop vaste, et s'etend beaucoup au-dela du sujet qu'il avail reellement en vue. On ne peut refuser d'admettre que la science de la guerre, consideree dans ses principes et ses methodcs de raisonncment ( il n'est pas inutile de rappeler cette definition de \n p/iiloso- phie d'une science ), prend quelques-uns de ses principes dans I'etat des societes qu'elle est destinee a defendrc, et qui lui fournissent ses moyens. Et qu'on ne pense pas que nous insis- tons plus qu'il ne le faudrait sur I'emploi pen convenable d'un mot, sur les pretentions trop ambitieuses du titre d'un livre ; notre but est beaucoup plus serieux. II s'agit d'etablir ou de rappeler des veritcs fondamentales, et qu'on ne neglige point impunement; de faire entendre une protestation perseverante et solennelle contrc les actes qui leur seraient opposes. Deja, dans la Chambre des pairs, quelques-unes de ces verites ont ete proclamees par des voix eloquentes, au sujet des tribunaux militaires ( Discours de MM. de Broglie, Pasquier... ); mais toutes n'y ont pas ete dites , et ne pouvaient I'etre : c'est par ce motif que nous nous obstinons a les reproduire. On peut juger maintenant combien il serait difficile de com- 352 SCIENCES MORALES poser an ouvragc qui justifiat le litre do Philosophic tic la giicrrc. Si le genie surniontait toutes les (lifliciiltes; si, apres avoir eorrige beancoup d'erreurs et rempli de iiombreiises lacunes dans ee que nons croyons savoir, il s'elevait jusqu'aiix decouvertcs qui cai'acteriseraient un tel ouvragc, on hesitcrait encore sur le titre qu'il convicndrait de donner a line produe- tion si precieuse : on craindrait de I'exposcr a la defavein- que le mot philosophic a trop bicn meritec. De quels dangereux abus n'est-il pas responsable! II a perdu le pouvoir d'exprimer des pensees justes. Depuis trop long-tems il excite de steriles debats, accredite les erreurs, revet les sophismes de formes imposantes, cause plus de dommagcs qu'il ne fut jamais en etat de faire de bien, lorsqu'il occupe la seule place qui lui convienne. On ne peut s'empecher de souhaiter qu'il dispa- raisse pendant quelque terns de tous les ouvrages nouvcaux ecrits dans notrc langue, et qu'il n'y revienne que lorsqu'il sera debarrasse de tout ce dont les esprits faux I'ont surcharge, lorsque nous en aurons une definition precise et unique. Mais , comment le remplacer a la tete du livre que nous examinons? Le mot theorie ne convient pas tout-a-fait; I'officier encore novice I'emploie pour designer les ordonnances et les instruc- tions dont il doit charger sa memoire : dans notre langue formaliste et minutieuse, il est quelquefois plus diflicilc de trouver le titre d'un livre que d'en composer plusicurs cha- pitres. Nous n'avons encore parle que de ce qui n'est pas dans I'ouvrage de M. de Chambray; il est tems de venir a ce qu'il contient. Commencons I'exaraen du ])remier chapitre. La critique ne I'a pas epargne ; nous ne serons pas toujours d'ac- cord avec I'auteur , et nous pensons memc que, sur plusieurs points, sa conviction est moins profonde qu'il ne I'imagine : quelques observations de plus auraient peut-etre amene d'aulrcs conclusions. M. de Chambray ne craint point d'affirmer que les troupes nicrcenaircs sont generalement les meilleures, et que, pour composer d'exccUentes armees, il fauf preferer les soldats ET POLITIQUES. 353 etrangcrs a ceux du pays. II ne croit point que I'influence du patriotisme puisse etre un moyen de succes militaires assez durables pour qu'on en ticnne compte dans les combinaisons d'un plan de campagne. «Les troupes combattent moins vail- lamment au milieu de Icur pays, de leurs foyers, de tout ce qu'elles out de plus cher, que lorsqu'elles ont I'offensive, qu'elles sont eloignees de leur territoire , et qu'ellcs se trou- vent au milieu de nations ennemies. » L'auteur ne pouvait esperer que ces propositions seraient ecoutees paisiblement et sans reclamation ; elles ont essuye plus de critiques que tout le reste de I'ouvrage , dont on s'est beaucoup moins oc- cupe, peut-ctre a cause de I'impression qu'avait faite la lecture du premier chapitre. Pour faire voir que les troupes mcrcenaires sont preferable s a cellcs qui ne font qu'un service temporaire, et pour le prouver par I'autorite des faits , l'auteur commence par I'enu- raeration des qualites du bon soldat et des bonnes troupes ; puis il ajoute : « Les qualites dont je viens de parler sont plus souvent le partage des militaires qui font leur etat de la pro- fession des armes , que de ceux qui ne servent que pour un terns limite, et dont la pensee est toujours fixee sur I'epoque a laquelle ils pourront quitter le service; de ceux qui sont Gelibataires , que de ceux qui sont maries et qui ont des enfans; de ceux qui n'ont d'autre famille que leurs compagnons d'armes, qui ne connaissent d'autre cloclier que leur drapeau, que de ceux qui ont des interets autres et plus puissans que les interets de leur carriere militaire. C'est dire assez qu'a egalitc d'age, de vigueur, de qualites naturelles, d'instruction, les militaires mercenaires sont les meilleurs : a plus forte raison doit-on faire le meme eloge des troupes mercenaires; elles ont d'ailleurs ordinairement I'avantage de compter un plus grand nombre d'anciens militaires, et par consequent, de militaires qui ont fait la guerre. L'histoire prete au raison- nement un appui victoricux. >< En transcrivant tout cet alinea, notre projet a ete de le sou- inettre a un examen detaille et scrupulcux , afin dc montrer a T. xxxiv. — Mai 1827. 23 354 SCIENCES MORALES quels inconvcniens s'expose un auteiir qui nc suit point, eu traitant des sujets graves, I'orche des idees et la methodc d'exposition qui resulte de cct ordrc ; qui n'est pas assez cor- rect dans scs expressions , et qui neglige de definir avec exac- titude les mots qu'il detourne plus ou moins de leur acception vulgairc. Que signilie, jiar cxoniple, I'epitliete mcrcenaires qu'il emploie ici sans neccssite ? Dans noire langue , cette expression est toujours prise en mauvaise part ; etcependant, M. de Chambray n'a certainement pas voulu fletrir les troupes auxquelles il I'applique. L'homme qui subsiste de son travail donne I'equivalent de ce qu'il recoit; il n'est point mercenairc ; il satisfait aux clauses d'un contrat raisonnable, et garanti par les lois. Nous n'avons point de terme dont le sens reponde exactement a la pensee de I'auteur, il fallait une periphrase. L'auteur a peche par lui excessif amour de la brievete; de peur d'etre long, il est devenu non pas obscur, mais in- correct. Mais fallait-il autant d'efforts, de pages et d'erudition his- torique pour etablir une verite aussi palpable que celle-ci : En tout ce qui cxigc un apprcntissagc , l'homme (jui cxcrce depuis long-tems set profession est plus habile que I'apprenti ? On I'aurait accordee sans contestation. Mais il fallait prouver avant tout que les societes ne peuvent se passer d'hommes qui font de la guerre un metier : il fallait ime definition de la guerre , des observations generales sur ses causes, ses procedes et ses ressources. Folard, qui savait aussi quelque chose de ce metier, dit que, dans un pays coupe, lorsque les paysans prennent les amies, ils sont quatrcfois plus mauvais que des soklats; ne depend-il pas toujours d'une nation que son ter- ritoire soit coupe d'un bout a I'autre , et que la majorite de sa population soit tres-mauvaise , dans le sens que Folard donne a ce mot ? L'armee dont M. de Chambray s'est occupee serait organisee et composee dans tous ses elemens pour les besoins de I'attaque , ce qui ne la rendrait pas moins propre a la de- fense; elle serait incontestablement meilleure que toute autre; c'est celle qu'il faut a un conquerant : mais il est au moins ET POLITIQUES. 355 douteux qu'une grande nation nc puisse point s'en passer; et, si elle ne lui est pas neccssairc, il conviendrait d'examiner a quel prix elle sc procure cettc sorte dc supcrflu. Ce n'est pas seulement une question dc finances qu'il s'agirait de trailer : les developpeniens intellectuels, I'industrie ct la morale y seraient aussiinteresses. Dans des matieres aussi compliquees, le raisonnement a besoin d'un guide tres-sur; cette fonction etait reservee a la Philosophie dc la guerre ; celle de M. de Chambray ne s'en est point acquittee. Apres les explications que nous venons de donner, il estpeut- etre superflu de discuter les faits sur lesquels tout I'edifice eleve par I'auteur semble reposer, encore plus que sur les raisonne- mens. Cependant, nous nous imposerons encore cette obligation. II n'est pas hors de propos, ni sans importance d'apprecier certains temoignages historiques, et de les reduire a leur juste valeur. Par des motifs qui, dans aucun cas, ne peuvent justifier un historicn, plusieurs de nos histoires militaires seniblent ecrites sous la dictee des etrangeTs : leurs auteurs ont prefere les exa- gerations et les mensongcs des bulletins des ennemis aux men- songes et aux exagerations des bulletins francais. M. de Cham- bray a fait quelques choix malheureux dans ces materiaux falsifies ; voici ce qu'il dit au sujet de la bataille de Jemmapes : « Les troupes qui combattirent a Jemmapes etaient animees du plus ardent patriotisme : elles furent viclorieuscs , mais leur nombre etait quadruple de celui de leurs adversaircs; et nean- moins la victoirc fut disputee. » Ainsi, les Autrichiens auraient fait, non pas la faute, mais la sottise de livrer bataille, avec moins de 10,000 hommes, contre ime armee dont ils avaient eprouve la valeur, com- mandee par des generaux qu'ils ne meprisaient point. Les officiers de cette nation ont trop de discernement pour sous- crire a cette critique ; ils ne voudraient pas qu'on put leur reprocher d'avoir compromis aussi mal a propos le succes d'une campagne. Quant au nombre des troupes republicaines, qu'on s'est plu, dc part et d'autre, a exagerer jusqu'a I'extravagancc, 23. 356 SCIENCES MORALES voici line cchelle tie reduction qui rapprochcra de la verite. L'armee dc Valence, qui s'ilhistra sur les boids de la Meuse, n'eut jamais i5,ooo homnics effectifs. La division de cette armee qui fit le siege du fort de Namur n'etait guere que de 3,000 homines, ct fit prisonniere une gai-nison plus nombreuse que les assiegeans, et , entre autres, le superbe regiment de Kinski. M. de Chambray rend justice all patriotisme qui ani- ihait alors les troupes iVanoaises : il pouvait ajouter qu'elles possc'daient, des cette epoque, les talens qui repandirent tant d'cclat sur les campagnes suivautes. Au siijet de la prise du fort de Namur, placons ici une anec- dote caracteristique et toute francaise. L'auteur de cet article la tient de I'officier du genie qui concut le projet et dirigea I'execution de ce beau fait d'armes. Si des lecteurs iin peu severes jugeaient qu'un recit de cette nature interrompt mal k propos une discussion grave et toute de raisonnement, l'auteur de Tarlicle invoquerait Tindulgence que son age o-btient ordi- nairement pour la manic dc conter. Ce fut en hiver que Ton atlaqua le fort de Namur; le froid etait vif , et les travaux de la tranchee tres-penibles. Un jeune soldat de I'un des bataillons de Paris s*y fit remarquer par une valeur brillante et une Constance a toute epreuve : mais , des que rarmee put passer quelqucs jours sans travailler ni com- battre, les forces du jeune gucrrier declinerent, et son secret lui echappa : c'etait une jolie marchande de modes de Paris. Aux fails que l'auteur cite en faveur de ses doctrines mili- taires, on pent en opposer d'autres qui les contredisent formel- lement; et, sans les emprunter aux republiques de I'antiquite, ni a la France republicaine, on en trouverait un bon nombre dans I'histoire des Etats-Unis d'Amerique. On rappellerait, par exemple, la defaite des troupes anglaises tres-me/rennircs , dans le sens que M. de Chambray donne a ce mot, ctqui furent presque detriiites, pres de la Nouvelle-Orleans, par des milices tres-inferieures en nombre. I! faut convenir cependant que les faits de cette espece occupent beaucoup moins de place dans I'histoire que ceux parmi lesqucls M. de Chambray n'avait qu'a ET POLITIQUES. 35? choisir : mais en quel terns et en quels lieux de la terre a-t-ou vu des peuples qui eussent une patrie, des miliccs nationalcs et point d'armee permanente? En morale, en politique et en fait d'art militaire, les tems passes ne nous offrent que I'inutile repetition des memes actes, la perseverance des usages, la ser- vile imitation de ce qui fut, la haine des innovations : voila ce que Ton nomme les lecons dc I'histoire. On sait que dans le monde physique, pour decouvrir les lois de la nature, il a fallu varicr les experiences, donner a I'esprit d'analyse les moyens d'observer separement Taction des causes divei'ses qui concourent a la production des phenomenes. L'etude du monde moral et politique est encore plus difficile; les questions y sont plus complexes, et se pretent mollis a I'arvjlyse. II faut done au moins recueillir le plus grand nombre possible d'experiences tres-differentes les unes des autres, au lieu d'enregistrer cent, mille fois les momes resultats obtenus des mcmes donnees. Si I'histoire avait continue comme ellc a commence , les siecles se seraient ecoules en pure perte pour notre instruction. EnQn, on vit paraitre la Grece , Rome , Carthage , et avec beaucoup moins d'eclat, la noble et malheureuse TSumance : ce fut alors que I'histoire fut I'ecole des peuples et de ceux qui les gouvernent. Lorsque la terre fut remise presque tout entiere sous la puissance de monarques absolus, les annales historiques re- prirent. leur monotonie primitive : on aurait pu se dispenser de les ecrire. Une nouvelle ere a commence: c'est a celle-la que la posterite demandera des faits : I'histoire va recouvrer son importance, si elle est ecrite avec discernement et sin- cerite. L'art de la guerre et la politique exercent Tun sur I'autrc une action reciproque ; les acquisitions et les pcrtes leur sont com- munes, au moins en partie. L'liistoire des tems qui ont precede le xviii^ siecle offrira moins d'instruction a Thomme de guerre que celle de notre terns, majgre la haute reputation de plusieurs generaux et la superiorite de plusieurs eerivains de I'antiquite auxquels nous sommes redevables d'excellens ouvrages sur l'art mihtaire. Lespreuvcs historiques tirees de tiop loin ontbeaucoup 358 SCIENCES MORALES pcrclii de Icur aiUorit('' ; I'an teiir do rouvrage que nous cxaminons leur accordc iinc conliancc que Ics lecteurs no paitageront pas. Le second chapitre est, a quolques egards, une continuation dii premier : I'auteur y traitc specialement des moycns d'en-^ Jlammer Ic courage des troupes. II parle , comme teuioin , des o missions militnires que I'on fait actueilement en P'rance, » et il montre que leur effet ne pent etre utile, et que tout s'oppose au bien que Ton cspere obtcnir par ce moyen. « On voit que les missions militaires tendent a introduire la desunion et I'insubordination dans les corps : niais ellcs peuvent encore produire d'autres mauvais effets. II regne dans I'armee francaise, et surtout parmi les sous-ofiicici's et les soldats, des mceurs et des usages qui s'y conservent depuis long- tems par tradition , que les rccrues embrassent bicntot , qui sont tres-differens de ceux des basses classes de la societe dont ces recrues sont generalement tirees, et qui produisent, sous le rapport militaire, les plus lieureux effets. Le point d'honneur, par exemple, regne dans les troupes francaises; c'est une des causes qui les rendent susceptibles d'etre enflani- mees par une proclamation, par un mot heiu'eux , et qui contri- buent a leur donner cette valeur impetueuse qui les caracterise. Que mettrait-on a la place du point d'honneur? les sentimens religieux? je ne le crois pas possible... Actueilement, I'esprit d'armes et I'esprit do corps se sont fort affaiblis dans I'armee francaise; c'est le resultat de la formation de noiivcaux corps, a la suite d'un licenciement, et du changement que la nouvellc forme du gouvernement opere insensiblement dans les mceurs. Chacun s'isole; il reste le point d'honneur: conservons-le soigneusement. » A ces observations penibles sur I'etat moral de I'armee francaise, I'auteur ajoute, dans une note, que « notre consti- tution militaire n'est actueilement d'accord ni avec la consti- tution civile, ni avec I'etat de la societe. Voila principalement pourquoi la carriere militaire est beaucoup moins recherchec actueilement qu'elle ne I'avait toujours ete avant la restaura- tion. J'entrcrai dans quelques developpemens i ce sujet, dans ET POLITIQUES. 359 un volume de Melanges que je me propose de publier inces- sammeut. » L'importance du sujet et les besoins du moment exigent que cetle publication ne soit point differee. L'armce eprouve un malaise qui rebute les meilleurs sujets : si Ton ne sait, ou si Ton ne vcut point arrctei' cctte contagion, les corps ne conserveront point d'anciens soldats, si ce n'est quelques hommes peu capablcs de leur faire honncur. Au reste, la nation tout entiere n'est pas plus heureuse que I'armee : tons les elemens do force et de prosperite publiques sont atteints a la fois. II semble qu'une inexorable puissance du mal ait saisi la France dans sa colere, et veuille I'entrainer jusqu'au dernier degre dc niisere et d'opprobre! L'Espagne aurait la triste consolation de nous voir tombes a son niveau ! M. de Cham- bray n'a que trop bien pressenti I'cffet que le systeme actue! ne manquera point de produire sur I'armee; et, comme mili- taire, il jette le cri d'alarme, dans un ouvrage sur la science de la guerre: s'il avait traite un sujet moins special, il aurait sans doute exprimc d'aussi vives apprehensions sur le sort de toute la France. La Revue Encyclopedique a contracte I'obliga- tion de generaliser ce qui peut etre presente sous un aspect general; elle en a pris I'habitude; en etendant a la France ce que I'auteur a dit de Tarmee fran^aise , dans le second chapitre de cet ouvrage, nous croyons interpreter iidelement ses opi- nions : elles sont dignes d'un bon Francais. Dans les chapitres suivans, M. de ChamJjray sc rapproche de plus en plus des opinions communes; mais on doutera que les matieres qu'il y traite appartiennent a la Philosophie dc la guerre, excepte quelques idees tres-justes sur les qualites et le caractere du general d'armee et du chef de parti. On admettrait aussi quelques-unes de ses vues sur I'influence et I'utilite des places fortes : mais dans un ouvrage tel que celui-ci, il faut avoir toujours raison, et par consequent, rester dans les limites de ses attributions. Un litre plus modeste aurait desarme la critique sur plusieurs points, et beaucoup adouci la censure de ce que Ton n'aurait point approuve. Avant d'ecrire la Philoso- phie de la guerre, attendons que la science sociale aitau rooins 3'J(. SCIENCES MORALES t'bauche la sienue. Tous Ics pas vers une saino philosophiu sont marques d'avance par I'ordre des idees; si Ton s'iecartait de cctto direction , il serait impossible d'atteindre le but. L'esprit hiimain procode maintcnant avcc unc sagesse dont on nc soup- ronnait point qu'il fut capable, rt qui est iin nouvcau bienfait de la Providence : TEurope sc charge de mediter les theories, et le TVouvcau-Monde fera les experiences. Malgre les vceux impies et les audaciciises tentatives des partisans du privilege, du pouvoir despotique et de I'oppression des peuples, les gou- vcrncmens finiront par connaitrc leurs veritables interets , et sc conformeront aux interets generaux. Puissent nos descendans, plus hcureux que nous ne le fumes, joindre la part de bonheur dont nous fumes prives a celle qu'auront preparee le progres des lumieres et les ameliorations politiques ct sociales dont rauix)re se laisse entrevoir a travers les nuages qui obscurcis- sent encore Botre horizon. Cet espoir consolateur ne nous a jamais quitte axi milieu des orages politiques, et nous sou- tiendra jusqu'a la fin de notre carriere. Ferrt. COMPTE GENERAL DE l'aDMINISTRATIOIV DE LA JUSTICE CRiMiNELLE EN France , pendant Vannee iSaS , presente au Pwi par le garde des sceaux ^ ministre secretaire-d etat au departement de la justice (i). II faut savoir gre a I'administration, lorsqu'elle daigne initiei- le public aux grands resultats dont elle seule peut posseder les documens authentiques. Deja plusicurs magistrals ont donne ce noble exemplc; parmi eux, M. de Chabrol, prefet du departement dela Seine, tientsans rontredit I'un des premiers rangs (2); et voici aivjourd'hui M. le garde des sceaiix qui vient, par des calculs positifs, offrir au moraliste et a I'hommc (i) Paris, 1827 ; de I'lmprimerie royale. Inr4°- (2) On peut voir, Rev. Enc, t. xij , p. 55 , et t. xjti , p. 49 , les analyses des Recherclies slalislicjues siir la v'tlle de Paris et le deparlement de la Seine, par M. le c.omte de Chabrol, prefet de ce departement. 1 ET POLITIQUES. 36 1 d'etat iin nouveau champ sur lecjuel s'exerceront sans douttr leurs conjectures et I'application de leurs theories dictees par I'amour du bien et par le desir de concourir a ramelioration de leurs semblables. Toutefois, avant de mcttre sous les yeux de nos lecteurs les details curieux que nous allons extraire, nous exprinicrons le regret que le veritable public nc puisse pas plus jouir des recherches de M. le garde des sceaux, qu'il ne lui est possible de profiter de celles de M. de Chabrol. En effet, les cahiers in- 4" qui contiennent ces publications officielles , imprimes a grands frais a I'lmpriinerie royale, sont distributes a quelques pairs de France, a quelques deputes, a plusieurs grands fonc- tionnaires de I'etat, et ne parviennent que tres-difficilement a ceux qui, cependant, ont un interct non nioins puissant a explorer ces tableaux statistiques. Pourquoi I'administration ne fait-elle pas vendre une certaine quantite d'exemplaires de ces iinportans ouvrages? Elle en tirerait un double profit, car elle rentrerait ainsi dans une partie , et peut - etre meme dans la totalite de ses frais, cc qui allegerait d'autantle budget de I'etat; et enfin le veritable public, celui qui travaille, qui paie, qui compare, qui lit, aurait la facilite de se procurer pour son argent ce qu'il ne peut maintenant obtenir qu'a I'aide de protections dans les bureaux, et il joindrait ses efforts a ceux du Gouvernement pour arriver plus efficacement au but que Ton se propose sans doute en mettant au grand jour ces documens precicux. Le succes obtenu par les diverses statistiques de MM. Charles Dupin, Darn, Benoiston de Chateau- neuf, etc. , prouve assez le gout des hommes eclaires pour ces utiles travaux, et I'empressement qu'ils mettent a les acheter et a les mediter. Le nombre des tableaux qui formcnt le compte general auquel cet article est consacre s'eleve a soixante-treize, qui se divisent en trois classes : La premiere comprend toutes les accusations qui ont et6 portees devant les cpurs d'assises ; La seconde, les jugemens des tribunaux correctionnels: SB-'. SCIENCES MORALES La troisi^me , ceux des tribunaux de simple police. Telle est, en effet, la division gent-rale de radministration de la justice criminelle en France. Nos lecteurs n'ignorent pas probablement que les coins d'assises ne prononcent que sur des crimes emportant des peines afilictives et infamantcs, c'est-a-dire la mort, les tra- vaux forces k perpetuite ou a tems, la deportation, la reclu- sion, qui n'est jamais moindre de cinq ans, le carcan, le bannissement, etla degradation civique (art. 7 du Code penal). Les tribunaux correctionnels sont appeles, au contraire, a ne prononcer que sur des debts emportant des peines moins severes, telles que remprisonnement, qui ne pent exceder cinq annees, I'interdiction a tems de certains droits civiques, civils ou de famille, et I'amende ( Code penal, meme article). Quant aux tribunaux de simple police, leur juridiction ne s'etend que sur les contraventions punissables de cinq jours au plus d'emprisonnement, et d'une amende qui ne pent depasser 1 5 fr. Ainsi, c'est d'apres la penalite applicable a telle action re- primee par la loi que la juridiction criminelle se determine, et que cette action est qualifiee crime, debt ou contravention. Les Cours d'assises duroyaume ont juge, en iSaS , 5,653 ac- cusations. Dans cenombre, i,547 portaient sur des crimes contre les personnes, et 4,106 sur des crimes contre les pro- prietes. Comme plusieurs individus ont quelquefois etc compris dans une meme accusation, ilen resulte que 7,234 accuses ont ete traduits aux assises. Le tableau xlv marque le rapport du nombre des accuses avcc la population. Ce rapport, calcule pour I'annee 1825, et pour tout le royaume, est d'un accuse sur 4?2ii habitans. Calcule pour chaque departcment, il varie depuis un sur 27,342 habitans jusqu'a un sur i,ooi. Le premier de ces deux rapports appartient a la Correze, le departement ou il y a eu le moins de crimes en iSaS. Apres ce departement, vient celui de la Charente, qui n'a eu qu'un, accuse sur 9,929 habitans. ET POLITIQUES. 363 Lc departement de la Seine offre un accuse sur 1,02a ha- bitans. Cost a pen pres la memo pioportion que dans le de- partement de la Corse, ou ronconipte un accuse sur 1,001 ha- bitans. Mais, si ces deux departemens se rapprochent en ce point , ils different sous un autre rapport bien digne de re- marque. A Paris, sur ibo accuses, lo seulement ont ete pour- suivis pour des crimes contre les personncs; 90 I'ont ete pour des crimes contre les proprietes. Dans la Corse, au contraire, 76 accuses sur 100 ont ete juges pour des crimes contre les personnes. En prenant les six departemens ou se trouvent les plus grandes villes de France, Paris excepte, on voit que lendmbre moyen des accuses a ete plus ou moins depasse dans les de- partemens de la Seine-Inferieure, du Rhone et des Bouches- du-Rhone, et qu'il n'a pas ete atteint dans ceux de la Loire- Inferieure, du Nord et dela Gironde. Dans tons ces departe- mens, il y a eu beaucoup plus de crimes contre les proprietes que de crimes contre les personnes. Dans cinquante - huit departemens, parmi lesquels il faut compter tous ceux qui composent le ressort des Cours royales- d'Amiens, de Rennes, d'Angers, de Bordeaux, de Limoges, de Riom, de Bourges, de Dijon et de Pau, le terme moyen n'a pas ete atteint. Il a ete depasse dans vingt-neuf. Les individus accuses de crimes contre les personnes, dans toute la France, compares au nombre total des accuses, sont dans le rapport de 29 sur ico. Ce terme moyen a ete depasse dans trente-ncuf departe- mens, parmi lesquels figurent tous ceux qui composent le res- sort des Cours royales d'Agen, de Montpellier, de Nimes et d'Aix. Dans neuf de ces departemens, tous meridionaux , le nombre des crimes contre les personnes excede celui des crimes contre les pioprietes. Ce sont les departemens du Lot, de I'Ariege , des Pyrenees-Orientales, de I'Herault, de la Lozere, de I'Ar- dechc, de la Haute-Loire, du Var et de la Corse. 364 SCIENCES MORALES Sur les 7,234 accuses, 2,640 ont etc acquittcs et 4,^94 con- damnes, savoir : A la peiae de mort T76 Aux travanx forces a perpetnile 35 1 Idem a terns "ja?! A la reclusion 1,370 Au carcaa 6 Au baunissemeut i A la degradation civique a A I'emprisonnement, avec ou sans amende. 1,359 Enfin 58 accuses, ages de moiiis de seize ans, oDt ete condamnes a rester detenas pendant nn certain nombre d'annees dans une maison de correction. .... 58^ T0TA.1. 4,594 Nous allons passer maintenant a la nomenclature des crimen, commis par ces 4,594 individus condamnes. Crimes contre Ics personnes. Crimes et delits politiques i Rebellion 70 Faux temoignage et subornation 4* Assas^nat ( meurtre commis avec preme- ditation ou de guet-apens) 142 Empoisonnement ai Parricide 5 Menrtre (homicide voloutaire sans preme- ditation) 191 Conps et blessures 319 Coups envers des ascendans 44 Mendicite avec violence 1 Bigamie i3 Avortement 9 Infanticide 78 Crimes envers les enfans; enlevement et detouruement de mineurs, etc 8 Viol el attentat a la pudeur 106 Viol sur des enfans au-dessous de i5 ans. 71 Total i.oaa, I ET POLITIQUES. 365 Report i,03 2 Eafans ages de moins de if) ans, detenus dans des inaisons de correction pour crimes centre les personnel 4 Total 1,026 ■Crimes centre les pix>prietes. Concussion et corruption 17 Incendie d'edifices ■l!^ Tncendie d'autres objels 3 Destructions , degradations , degats de proprietes mobilieres et immobilieres. 5 Fausse monnaie iS Contrefacon de sceaux, martcaux, etc. . 4 Faux par supposition de personnes. ... 22 Faux en ecritures de commerce loS Autres fanx i63 Banquerontes frauduleuses 90 Vols dans les eglises 29 Vols sur un chemin public 80 Vols doinesliques 698 Autres vols a,2i8 Extorsion de lettres de change, obliga- tions on signatures 19 Soustraction et suppression de titres et actes 3 Bris de scelles . 2 Importation de marchandises prohibees. . i Total 3,5 1 4 Plus , 54 enfans au-dessous de r6 ans, con- damnes , pour divers crimes contre les proprietes, a etre renfermes dans une maison de correction (i) 54 Total des condanines pour crimes contre les proprietes 3,568 (i) Voici pour quels crimes ces 58 enfans ont ete condatnnes : Menrtre 1 366 SCIENCES .MORALES Report 3,568 Total des condaain^s pour crimes contre les personnes i,oa6 Reunioa des deux totaux 4)594 Les tableaux xlvi, xlvii ct xlviii exprimcnt, par des frac- tions diicimales, la proportion des acquittcs et des condamnes, calcules pour tout le royaume, pour chaque departemcnt et pour chaque espece de crimes. On y voit que, sur loo accuses piis dans toute la France, 36 ont ete acquittcs et 64 condamnes, savoir : 44 ^ des pcines infamantes, lorsque les jures ont admis les accusations telles qu'elles ctaient presentees, et 20 a des peines correctionnelles, soit que les jures aient ecarte les cii'constances aggravantes qui donnaicnt aux fails le caractere de crimes, soit que les Cours d'assises aient reduit les peines en vertu de la l^i du aSjuin 1824. Les divers departemens offrent i cet egard une telle inegalite que, s'il en est plusieurs ou la repression est suflisante et meme forte , il en est d'autres ou elle pourrait paraitre faible et inef- ficace. Ainsi dans le departemcnt du Nord, sur 100 accuses , a5 ont etc acquittcs et75 condamnes, savoir: 71 ^ des peines infamantes, et 4 a des peines correctionnelles. La Cour d'assises de la Cote-d'Or n'a acquitte que 19 accu- ses sur 100; et elle en a condamne 81 , savoir : 77 a des peines infamantes et 4 a des peines correctionnelles. Mais, dans le departemcnt des Basses-Alpes , sur le meme nombre de 100 accuses, pris pour terme de comparaison , 68 Report I Avortement i Viol sur des enfans au-dessous de i5 aus. ... 2 Incendie d'edifices 5 Vols dans les eglises 2 Vols sur un cbemiu public 3 Vols domestiques 8 Autrea vols 36 Total 58 ET POLITIQUES. 867 on t etc acqiiiltcs ct 3a condanines, savoir : a3 k des peines infamantes, et 9 ci des peines coricctionnelles. La Cour d'assises de la Haute -Loire a acquitte 58 accuses sur 100 ; niais, sui- les 42 condamnes, 19 seulement I'ont ete a des peines infamantes. Les proportions varient entre les extremes dans les divers departemens. Mais, si des circonstances locales influent sur le nombre des acquittemens et des condamnations, la nature des crimes n'y apporte pas moins de differences ( tableau xlviii ). Par exemple , les accusations de bigamic, qui sont ordinaire- ment prouvees par des actes authentiques, et qui ne sont d'ail- leurs susceptibles d'aucune modification , sont presque toujours accueillics : i3 accuses sur 16 ont ete condamnes a des peines infamantes ; ce qui est dans la proportion de 81 sur 100. Dans les rebellions , au contraire, sur 100 accuses, 12 seu- lement ont ete condamnes a des peines infamantes, et 17 a des peines correctionnellcs : 7 1 ont ete acquittes. Les accusations de coups et blessurcs se changent souvent en simples delits. Sur 100 accuses, i5 seulement ont ete condam- nes a des peines infamantes, 34 n'ont subi que des peines cor- rectionnellcs, et 5i ont ete acquittes. II en est de meme dans les accusations d! infanticide : sur roo accuses, 19 ont ete condamnes a des peines infamantes, 44 ont ete acquittes, et 37 , declares coupables seulement d'ho- micide involontaire , ont etc condamnes a des peines cor- rectionnellcs, dont le maximum est de deux ans d'emprison- •nement. En general , la repression est moins forte pour les crimes contre les personnes que pour les crimes contre les proprietes. Le nombre des individus acquittes a ete de moitie dans les ac- cusations de la premiere classe, et de 3i sur 100 seulement dans les autres (i). (i) Une partie de ce qui precede est tiree du Rapport au Hoi , place en t^te des tableaux dont il s'agit. 368 SCIENCES MORALES Jusqu'ici, nous n'avoiis parle que de la justice crimimllc, c'est-i-dire , de cclle qui so distribue dans les Cours d'assisos. Nous passons mainlenant a la justice correctionnelle qui n'ap- plique que dcs peines qui n'entrainent pas avec ellcs rinfamie. Lc nombrc total des affaires correctionnclles s'cst eleve, pendan*^ I'annee iSaS, h. 96,0615 et, comme plusicurs indivi- dus ont quelquefois ete compris dans la menie prevention , le nombre des personncs qui ont subi des jugemens de cctte na- ture, dans cc laps de terns, a ete de 141,733, parmi lesquels 23,482 ont ete acquittes et i i8,25i condamnes, savoir : A remprisonneuient d'un an et plus. . . . 5, no 1 Idem de moins d'un an. . . 17,454 j 22,564 A Tamende seulement q5 582 Capitaines de naviie iuterdits de lout com- niandemeDt 5 Total i i8,25i Les sept huitiemes des affaires correctionnelles ont ete ju- gees dans les trois premiers mois qui se sont ecoules depuis le delit, et les juges d'instruction ont termine dans un moindre rspace de tems les quatre cinquiemes dcs procedures dont ils etaient charges. II n'est pas inutile d'ajoutcr que, sur le nombrc des affaires soumises a la juridiction correctionnelle, dans la menie annee, figurent 57,002 debts forestiers, poursuivis centre 86,861 individus. Esperons que le nouveau code forestier pourra re- medier a de si graves abus. Enfin, un avant-dernier tableau (le lxxii^) est destinee au.x tri- bunaux de simple police. On y voit que 113,269 personncs ont ete condamnees par eux, en i825, a un emprisonncment qui, comme nous I'avons dit, n'a pu cxcedcr cinq jours, et 5,822 a une amende moindre de quinze francs. Maintenant, si nous voulions extraire de ces tableaux synop- tiques toutes les reflexions qui en naissent naturellement, quelle instruction ne pourrions-nous pas en tirer ! Mais il faut attendre quelques annees encore, et examiner comparativemcnt les dif- I ET POLITIQUES. 869 Terences qui existeront sans doute entre les divers totaux que nous avons indiqucs , et ceux qui viendront par la suite , pour asseoir des conjectures sur raccioissement ou la diminution des crimes qui afiligent la societe, et pour rcmonteraux causes morales qui les produisent. Pour le moment, il nous parait curieux de rapprocher ce compte rendu de la justice criminelle en France, pendant I'annee 182 5, d'un compte analogue redige pour la merae annee en Angleterre. Nous puisons les renseignemens que nous allons donner dans un ouvrage fort curieux intitule : Statistical illustrations {\ ay. ci-apres Bulletin bibliographiqae , p. 407, I'annonce de cet ou- vrage), dont la 3^ edition vienl de paraitre a Londres, et qui nous semble renfermer des documens officiels , quoique cependant les calculs n'y soient pas d'une exactitude bien rigoureuse. En Angleterre, y compris le pays de Galles, mais I'Ecosse et rirlande exceptees, 14, 4^7 individus ontete prevcnus de divers crimes pendant I'annee i8i5. Parmi eux se trouvaient 11,889 hommes ct 2,548 femmes. Sur ce nombre d'accuses, 9,964 ont etc condamnes, 2,788 acquittes, et i,685 ont vu les parties plaignantes se des\ster a leur egard, ou ont etc renvoyes de toute prevention par les grands jurys. Les condamnations ont eu lieu pour les crimes suivans : Vols de nuit avec effraction (^«r°-/arj) 276 Vols de betes a comes (^stealing cattle) .... 24 Vols de chevanx i65 Vols de raoutons 104 Emission de faasse monnaie 174 Faux 1 8 Violation des lois sur la chasse {game loivs). . 109 Escroqueries (^fraudulent offences) 176 Vols avec effraction dans les maisons ( house breaking ) 112 Vols sur les grands chemins g3 Receiement d'objets voles l3i Menrtres 12 Simples vols , 7)292 T. xxxiv. — Mai 1827. 24 370 SCIENCES MORALES Les peincs ont ete ainsi rtparties : Emprisoonement pins on roolns }oug 6,973 Deportes ponr sept ans (a Botany-Bay). . . . 1,419 Depones ponr qiiatorze ans. . . , 129 Deportes pour la vie 126 Condamnes a niort r,o36 (l) La premiere reflexion que fait naitrc cette statistique de I'ad- ministration de la justice criniinclle, en Anj^leterre, pendant I'annee iSaS, c'est la multitude de peines capitales prononcees, eti egard aux autres condamnations. On est viveinent afBige lorsque Ton voit h^s cffets de cette vicille legislation qui pro- digue la mortpour des delitsqui souvcnt nedevraient cntrainer qu'une simple peine correctionncilc. Douze Anglais seidement ont ete convaincus d'avoir repandu le sang de leurs semblables, et cependant plus de mille ont ete condamnes a mort! Empres- sons-nous de rappeler que les moeurs et les sentimens de la nation viennent racheter I'inflexiblc durete d'une loi qui re- monte a un autre age. Snr les i,o36 individus condamnes a mort, 5o ont etc executes et les autres ont vu leur peine com- muee, et remplacee par la deportation ou par I'emprisonnement. Una autre reflexion s'offre encore a noifc dans I'examen du resultat des poursuites criminelles qui ont eu lieu en Angleterre, compare a celui que presente le compte rendu de M. le garde des sceaux. Jusqu'ici, on a ete generalement persuade que les crimes etaicnt plus multiplies de Tautre cote du detroit quo dans notre patrie. II nous parait cependant, par le rapprochement que nous avons fait des deux statistiques, que la balance est a peu prt's egale, si nous pouvons toutefois prendre pour point de comparaison I'examen d'une seule annee. (i) II est evident qii'il y a dans ces nomenclatures des crimes et des peines phisieurs omissions, car le total de la premiere ne s'elfeve qu'a 8,686, et celui de la seconde a 9,683, tandis que le nombre des condamnes a ete, comme on Fa vu, de 9,964. ET POLITIQUES. 371 Dans le but de procodcr a un parallele aussi exact que pos- sible, il nous fant, pour la France, additionner le nombre ge- neral dcs condamnes par les Cours d'assiscs aux condamnes a reniprisonnement par les tribunaux corrcctionnels; car nous avons vu par la serie des crimes commis en Angleterre, que beaucoup d'entrceux, tels que les simples vols, les debts de chasse, les vols debetail, de chevaux, etc. , seraient juges par nos tribunaux correctionnels. La totalite de ces condamnes s'eleve a 27,1 58; ainsi en les comparant a la population gene- rale de la France, que le dernier recenscment ofiiciel porte a 31,845,428 habitans,on trouve uncondamne sur 1,172 habi- tans. Si maintenant nous comparons a la population de I'An- gleterre, qui s'eleve a 12,220,600 ames, les 9,964 condamnes en 1825, nous trouverons un condamne sur 1,226 habitans. Ce calcul incontestable paraitrait meme faire pencher la ba- lance en faveur de 1' Angleterre; mais si Ton rt'flechit qu'il est certains dulits juges par nos tribunaux correctionnels, et qui, en Angleterre, rentrent dans la competence des juges de paix ou d'autres juridictions dont les jugemensn'ontpasete compris dans la statistique que nous avons sous les yeux, laquelle n'em- brasse que les affaires soumises aux jurys, on demeurera con- vaincu que I'etat moral des deux pays est a peu pres le meme. Pour arriver au resultat que nous venous de presenter a nos lecteurs, nous avons suivi une autre niarche que M. le garde des sceaux. JVous ne comprcnons pas en ef fet comment il a mis en rapport avec la population de cbaque dtj)artcment de la France le nombre des accuses, et non cclui des condan/ncs.h'ac- cusation n'est qu'une simple presomption deculpabilite, tandis que la condamnation en est ,une demonstration legale. Esperons que M. le garde des sceaux continuera de faire publier, d'annee en annee, ces tableaux synoptiques de I'admi- nistration de la justice criminelle. L'experience devoilera dans ce travail des lacunes et des defauts auxqucls on pourra facile- mcnt remedier ; deja meme on annonce pour le prochain compte rendu la distinction des sexes et I'indication du nombre d'hommes et de femmos accuses et condamnes; mais cc n'est 24- 372 SCIENCES MORALES pas \k seulomcnt qu'il faudra s'arroter. Ainsi, conime nous I'avons deja dit, nous pensons qu'on devra niottre en rapport, non pas le nombre dcs accuses qui sent traduits devant les cours d'assises , avec la masse de la population , mais tous les condamnes, tant criminellcmcnt que correctionnellement. II serait a desirer anssi qu'uu tableau fit connaltre le nombre d'affaires dans lesquclles les jures, aux termes de I'artiele 35 1 du Code d'instruction eriminelle, et de la loi du 24 mai 1821, par le partage qui existe entre eux, rendent necessairc I'ad- jonction de la cour d'assises. Nous aurions voulu encor« qu'independamment des con- danuiations prononcees par les tribunaux de police correction- nelle, jugeant en premier I'essort, on ei'it indique celles qui ont ete conlirmees, en appel, par les cours royales et les tribu- naux des departemens; placant ainsi en regard et lesjugemens de premiere instance et ceux d'appel. Pour qu'uu tableau de ce genre fiit parfaitement complet, il faudrait qu'il fut termine par I'indication des recours en cassation et par le nombre des arrets casses par la cour supreme. Enfin, il aurait ete aussi du plus haut interet de faire con- naifre dans quelle proportion, Ic droit de grace et de commu- tation a etc exerce par le roi dans la meme periode , et surtout d'indiquer les diverses professions des individus traduits en justice, et le nombre de ceux qui ne savent pas lire. Les resultats les plus generaux que nous tirerons de ce compte rendu consistent a faire remarquer que, dans une seule annee, les trois juridictions criminelles ont prive de leur liberie 32,980 citoyens , non compris les condamnations de meme nature pro- noncees par les tribunaux militaires et maritimes, et par les coiiseils de discipline de la garde nationale, et ont fait verser dans les caisses du fisc, la somme de 208,951 fr. , provenant des araendes,non compris celles qui ont ete prononcees simul- tanement avec des condamnations d'emprisonnement, ni les frais de justice mis a la charge des coudamnes. Nous ferons remarquer encore que, sur les 44)Ooo communes dontla France se compose et qui possedent toutes un et souvent ET POLITIQUES. 373 plusieurs ofQciers de I'etat civil, 117 delits relatifs a la teniie des actes de ce genre, ont seulement ete punis dans I'annee 1825 ; preuve incontestable qu'il n'y a nuUe necessitc de re- mettre dans les mains du clerge, desregistres d'une aussi haute importance, sous le vain pretexte que les campagnes ne peu- vent offrir assez de personnes suffisamment instruites pour s'acquitter dignement de ce devoir. Les partisans de la loi du sacrilege n'ont pas manque d'in- voquer en faveur de cette loi la multiplicite des vols commis dans les eglises. Or, sur 10,196 vols reprimes dans I'annee dont nous nous occupons , combien pense-t-on qu'il en a ete commis dans les eglises?... 3i ! En verite , un si petit nombre meritait-il cet appareil sanguinaire qui scinble nous avoir ramenes a la legislation du moyen age ; lorsque Ton salt d'ail- leurs qu'aucune intention sacrilege n'est reellement entree pour rien dans Taction de ceux qui ont commis ces vols. Enfui , depuis qnelqiuis annees les ennemis de la liberte n'ont pas cesse de s'elever contre ce qu'ils ont appele la licence de la presse. Sans doute, M. le garde des sceaux, lorsqu'il a pre- sente aux chambres une loi qui a excite I'indignation publique, croyait avoir la certitude que les delits de cette nature etaient multiplies a I'infini , et que les tribunaux , lasses des condam- nations nombreuses qu'ils pi'ononcaient contre des ecrivains temeraires , demandaient une prevention tellement forte qu'ou vit enfin cesser de pareiis abus. Mais la redaction de ses ta- bleaux aurait du le detrompcr entierement a cet egard. En effet , si nous ouvrons le compte rendu au Roi par ce ministre , nous y voyons , que, dans cette annee 1825, le tribunal de police correctionnelle de Paris n'a eu a prononcer que sur 25 affaires de ce genre, et ceux des departemens seulement sur deux. Disons-le done en terminant , les calculs ofliciels du gouver- nement decelent assez I'esprit de ces lois deplorables qui portent la douleur dans Tame de tout bon Francais. Sans doute , le nombre des criminels est trop grand pour ne pas afifliger profondement les amis de Thumanite ; niais en le comparant 37 't SCIENCES MORALES au spectacle que prcsentait la France avant la revolution (i),, et qu'offrent encore tons los pcuplcs qui out une lejjisla- tion severe a I'exces, on sera plus que jamais convaincu que la durete ties lois penales n'est pas le plus sur nioyon tie rentlre les hommes meillcurs , ni tl'assurer la juste repression ties delits et des crimes qui cpouvantent la societe. A. Taillandier. (i) II est incontestable qu'autrefois les crimes etaient plus multi- plies qu'ils ne le sont aujourd'hui. M. de Chateaubriand , dans le dis- cours qu'il se proposait de prononcer a ia Chambre des Pairs sur le projet de loi relatif a la police de la presse, et qu'il a fait inipi imer, en die une preuve memorable , d'apres le temoignage de Flcchier. En effet , dans les plus beaux tems du r^gne de Louis XIV, en i6(55 , on trouve que 12,000 plaintes pour crimes de toutes les especcs furent portees devant les commissaires royau\ a ce qu'on appelait les grands jours d' Auvergne. Flccbier, en rapportant ce fait , raconte que I'accu- sateur et les temoins se trouvaient quelquefois plus criminels que I'accuse. « Un de ces terribles chilelains, dit-il, entretenait dans des tours , a Pont-du-ChAteau , douze scelerats devoues a toutes sortes de crimes , qu'il appelait ses douze apolres. » L'abbe Ducreux , editeur desouvragesdeFlechier, rapportea cetteoccasion ['execution d'un cure condamne pour des crimes affreux, et il deplore I'etat 011 1'ignorance et la corruption des moeurs avaient fait tomber la societe a cette cpoque : il y cut dans un seul jour plus de trente executions en effigie. Un autre ecrivain ecclesiastique (MassiUon) , dans un de ses discours syiio- daux, nous prouve, comme nous le disions touta-l'heure , que les registres de I'etat civil etaient plus mal tenus autrefois par le clerge qu'ils ne le sont aujourd'hui par les maires. 11 s'exprime ainsi : » Nous avons ete, dans nos visites , scandalise de la negligence de plusieurs cures sur un point aussi essentiel (les litres de I'etat civil) : les slatuts du diocese, les ordonnances de nos rois, les peines rigoureuses qui y sont portees centre les contrevenans, I'interet m^me public, ne les touchent point ; les baptemes , les mariages , les certificals mortuaires , c'est-a-dlie tout ce qu'ily ade plus sacre, ce qui fait toute lasurete cle I'etat et de la religion, tout cela n'est ecrit que sur des feuilles vo- lantes, sans ordre, sans soin , sans precaution ; des litres si augustes et si saints sont disperses a I'avenlure comme des papiers de re- but, etc. » ET POLITIQUES. ^75 Garanties a demander a l'Espagne; par M. db Pradt, anclen archeveque de Malines (i). li y a une grandt- question sociale et politique au fond de cet ecrit: le droit ct intervention. Le celebre publiciste a, comme de coutume, apporte dans la discussion ses vues fecondes et etendues, sa penetrante sagacite, son esprit vif et iugenieux ; mais cette fois, il ne nous semble pas avoir resolu la question dans le sens rigoureux des principes qu'il a si souvent et si eloquemment defendus ; et peut-etre I'envie de voir plus promp- tement triompher la raison et la liberte I'a rendu un instant, eta son insu, inJidele a ces deux objets de son culte. Le hon- teux etat de I'Espagne , la deplorable complicite de la France dans cette honte, sont bien capables sans doute d'avoir influe sur I'argumentation de I'habile ecrivain , et ont pu faire flechir la rectitude habituelle de son raisonnement. Nous osons croir«?^ qu'il aurait ete conduit a une solution differente, s'il eiittraite la question sous un point de vue general, ct si elle se fiit pre- sentee a ses ycux degagee de ces circonstances singulieres qui la compliqucnt et I'enibarrassent lorsqu'on la considere seule- jnent par rapport a I'Espagne. La Recue Encjclopcdique s'abstient ordinairement de s'oc- cuper de la politique du jour; elle separe, autant qu'il lui est possible, toutc question fondamentale de ces incidens du mo- ment, qui, eninfluantjiisqu'ii un certainpoint sur les dispositions de celui qui ecrit, laissent nioins de liberte a sa raison. Aussi avons-nous balance un instant a examiner un point de doc- trine qui se trouve lie si intimement a un evenement actuel , car nous avons bien senti que la discussion en devenait plus epineuse; tandis que si nous avions a trailer d'une maniere abstraite le cas de I'intorvention , il ne nous serait pas difficile de montrer qu'elle ne saurait etre legale entre les nations, in- dependantes de dioit les unes des autres, que dans le cas d'un (i) Paris, 1827. Bechet aine; 1 vol. in-S" tie viii et 160 pages. Prtx , 3 fr. 5o c. 376 SCIENCES MORALES peril manifeste dont un pcuple serait menace par un voisin; c'cst alors une consequence de la defense personnelle. Voyons cependant comment I'autcur envisage la ques- tion, et en qnoi la solution a laquelle il arrive nous scmblc s'eloigner de ce que dous croyons la verite, en morale et en politique. n Le terns de tromper Ics hommes est passe , il faut qite Ton sache que tous les gouvcrncmens nc sont que les produits dcs \olontes nationales, et n'ont pour objet que I'utilite des peu- pies. » Ces paroles ne sont point d'un obscur artisan de revo- lutions; elles ont cte prononcees dans le congres du Brosil, par Tempereur don Pedre lui-memc, fpii vient d'en faire I'ap- plication au Portugal. M. de Pradt, qui les rappclle, les raj)- proclic de cette recentc declaration du roi d'Espagne : « Que jamais il ne sc departira du pouvoir absoln dont le cicl I'a rendu depositaire; et que ceux de ses sOJets qui pourraient craindre dc le voir rien relacher de cette preciense et incon- testable prerogative, peuvent se reposer sur lui du soin dc la preserver de toute atteinte. » De ce rapprochement, notrc pu- bliciste conclut qu'il y a incompatibilite sociale cntre I'Espagne et le Portugal. » En effet, dit-il , ces deux pays se disputent-ils quelque chose dans I'ordre materiel? Rien, absolument rien. Dans I'ordre moral et social? Tout. » Or, cette incompatibilite peut amener la guerre en Europe; la possibilite d'une guerre donne le droit de deraander des garanties. Tel est I'ordre d'idees dans lequcl raisonne I'auteur , et que nous allons snivre un instant pour faire connaitrc son livre. M. de Pradt remarque d'abord que « si, comme espagnole et portugaise, cette qucrelle est de nulle importance, comme danger imminent et toujours present pour le maintien de la paix, elle devient trcs-grave, elle est europeenne. » Puis, il fait cette distinction, dont on pourrait sous quelques rapports contcster la justesse, que, quand deux etats se disputent \\n territoire, les parties seulesprennent part au debat, car scales elles sont interessecs au resultat; mais, quand il s'agit d'opi- nionSj tous ceux qui les partagent deviennent parties, et It ET POLITIQUES. 377 debat n'a plus seulement des bornes territoriales ct materielles, mais ne connait d'autrcs limites que celles ou s'arrctent ces opinions. II convient , au reste, qu'il n'a jamais rencontre de question plus compliquee; et pour en faciliter la solution, il pose comme axiomes incontestables : « 1° La haine des institu- tions, principe de la querelle enlre I'Espagne et le Portugal; 2° le voeu et Ic besoin de la paix en Europe; 3° I'opposition de I'Espagne a raccomplissement de ce vceu et de ce besoin. » De ces trois propositions M. de Pradt conclut la necessite de demander des garanties a I'Espagne, et comme, selon lui , ces garanties ne peuvent etre prises que dans I'ordre moral , il examine « I'ordre de moralite qui regit I'Espagne. » Afin de le rendre plus clair et plus explicite , il fait rcmonter son examen jusqu'a une epoque reculee. II compare le gouver- nement et I'etat de I'Espagne sous les deux dynasties des mai- sons d'Autriche etde Bourbon. « Si une longuc suite de jours, dit-il, a constamment ramene les memes effets, par la meme il sera evident que les memes causes rameneront des effets sem- blables. « Or, la hideuse misere de I'Espagne, son profond avi- lissement, sous le regne de Charles II, ne peuvent se comparer qu'i la misere et a I'avilissement dans Icsquels le regne de Ferdinand VII I'a de nouveau plongee, et M. de Pradt se de- mande quelle est cette nature des choses qui represente sans cesse les memes resultats, etqui, de siecle en siecle, de dynastie en dynastie, frappe I'Espagne des memes fleaux. Cette cause constante des memes calamites, notre auteur la trouve dans les moines et les camarillas , dans le jesuitisme et le favoritisme, qui out devore les institutions , et se sont faits , pour ainsi dire, institutions eux-memes. « Voila ce qui a donne a I'Espagne cette physionomie de degradation qui I'expose a des jugemens defavorables , parce qu'ils sont mal bases. L'Espagnol rentrera dans le plein exercice de ses qualites, lorsqu'il rentrera dans la jouissance de ses institutions, p Or, I'Europe aun grand interet a obtenir ce resultat. Mem- bre de la grande famille europecnne, au lieu de lui porter un tribut d'utilite proportionne ii ses facultes, I'Espagne n'apporte 378 SCIENCES -MORALES plus i I'Europc que des embarras; elle est en tote des sollici- tudes inquietcs de cette contree. Depuis la restauration de 1823 , rEinope a du s'occuper sans cessc , connnc sans fruit, de la direction du cabinet de Madrid, et dc la situation intericure de I'Espaj^ne. II iuiporte de mettre fin a un tel etat de choses. On ne deniande rien a I'Espagne dans I'ordre materiel; pas lui village , pas un ecu; niais on vent des garanties contre le retour d'actes pareils k celui qui a cause le mouvement dont le sol paeilie de I'Europe a ete ebranle. Se borner h reclamer du gou- vernement cspagnol des promesses, on un changement dans le personnel du cabinet, ce seraient la des garanties illusoires. On sait ce que valent les promesses du gouvernement cspa- gnol; on a vii quel fruit on retire des mutations dans son nii- nistere; les hommes changent, et les choses restent. Tant qu'il y aura una constitution en Portugal et un despotisme monacal en Espagne; tant que, dans cette derniere contree, le parti ennemi des institutions pourra continuer de correspondre avec les inimilies anti-constitutionnelles de tons les pays, qu'il pourra y compter des ajjpuis, qu'il se croira sur du cceur du prince, qu'il attendra ime justification de la part des evene- mens; tant que tout cela ne sera pas efface, detruit, renverse de fond en comble*, compter sur la paix, c'est batir sur le sable. La tranquillite de I'Europe, I'etat intellectuel et moral de cette contree demandent I'abolition de ces deux grandes difformites socialcs, le despotisme et le monachisme espagnols. Ce n'est pas plus de la sociabilite que de la religion, pas plus du bien- etre pour I'Espagne que de I'appui pour I'Europe : I'un et I'autre ont fait d'un corps robuste un etre decrepit, prive de raison comme de force, qu'il faut sans cesse surveiller, guider et re- lever de ses chutes. Tel est I'enchainement des propositions qui amenent I'auteur a I'examen de cette question : Droit ■ Le droit de I'Espagne est incontestable ; celui de I'Europe , nous le nions; il y a, selon nous, entreces deux propositions, reuniesici dans une meme phrase, toute I'enorme distance qui separe le juste de I'injustc. Sur quoi fonde-t-on cc pretendu droit de I'Europe? sur le danger qui pent resulter pour les autres peuples de Vincendie qui devore I'Espagne, sur la crainte qu'inspirent ses manoeuvres perturbatrices, sur la de- pense qu'occasioneraient les precautions que I'etat de la penin- sule semble prcsorire aux autres gouvernemens. Or, pour bicn apprecier la valeur de ces divers argumens , ne sufiit- il pas de remarquer que ce sont precisement ceux-la dont le dcs- potisme se sert pour opprimer un peuple qui aspire a recou- vrer ses antiques libertts? La contagion morale est un pretexte 382 SCIENCES MORALES si facile ;i invoquer! Mais, cc qui est tout simple dansle Ian- gage captieux du despotisme, ne scmblc-t-il pas etrange dans la bouche d'un dufenseur des vcritablos doctrines sociales ? II n'est pas sans danger d'etablir ainsi des analogies entre les ob- jets dc I'ordre physique et les propositions intellectucUes ; on se trompc aisement par ces sortes de comparaisons; elies sont pleincs de picgcs et de surprises. La raison en est simple; c'est qu'il n'j"^ a pas, chez les hommes, dans les perceptions de I'cs piit, la meme conformite que dans les perceptions des sens Ainsi, par exemple, I'incendie d'unc maison IVappe tons les re- gards, c'est un incendie aux yeux de tout le monde, et il n'est personne qui n'y reconnaisse un danger manifeste pour les maisons voisines. Mais, sur I'introduction de principes nou- veaux dans un etat social, il y a toiijours une grande diversity d'opinion; les uns presagent des sources de prosperite ou les autres ne voient que des menaces de perils. II est evident que la contagion et I'incendie sont des figures beaucoup plus capa- bles d'embrouiller la question que de I'^claircir. Quant aux de- penses que commandent des mesures de prudence, elles sont occasionees par des craintes reelles ou imaginaires; dans ce dernier cas, de quel droit faites-vous subir a un voisin la peine de votre pusillanimite? Et dans la premiere supposition, toute la question se reduit encore a savoir si I'argent est plus precicux que I'independance, et si le respect des droits d'autrui, garant du respect des votres, ne vaut pas bien quelques sacrifices. Le seul cas , nous le croyons, oiil'intervention soit permise, .; c'est lorsque les troubles de I'etat voisin voiis menacent , non fl pas d un peril eventuel et conjectural, mais d'un danger mani- feste et declare. Et sans sortir de la peninsule, nous tronvons un exemple frappant pour scrvir d'autorite a notre doctrine. L'Angleterre a pu craindre que ses interets en Portugal ne fus- sent blesses par I'effet des mauvaises dispositions du gouver- nement espagnol. Qu'a fait I'Angleterre? A-t-elle envoye des soldats en Espagne pour y combattre I'absolutisme ? nullement. Elle s'est mise en mesure; puis, elle a contemple avec calme et dedain la politique equivoque, la marche tortueuse ethypo- ET POLITIQUES. 383 crite dii cabinet dc Madrid; si ce cabinet eutfait ouvertement quelque demonstration hostile, TAngleterre aurait eu deslors le droit d'intervenir contre un parcil systeme, et Ton sait qu'elle ne neglige pas son droit. Quant a son intervention en Portugal, c'est la une autre question, ou plutot il n'y a pas de question. L'Angleterre exe- cute un traite, elle vient au secours d'un ordfe legalement etabli et reconnu de toute I'Europe, excepte de quelques re- belles; elle n'agit meme pas activement contre ces rebelles, et Ics dispositions malveillantes de I'Espagne out seules motive sa presence en Portugal. M. de Pradt convient qn'un grand respect est du a I'inde- pendance dcs nations ; mais il ajoute qu'il ne doit pas etre pousse jusqu'a la superstition. Cola est vrai, et c'est justement le point de la difliculte. Oil finit le respect? Ou commence la superstition ? Voila ce que chacun decidera a sa maniere, si on ne pose pas une regie certaine. Or, selon nous, la regie, c'est le respect de I'indrpendance des autres, jusqu'a ce qu'il existe pour vous un peril mnnifeste et declare. Si voiis vous relachez de la rigueur de cette regie, vous abattez vous-memes le puis- sant rempart des principes, et tout estabandonne al'apprecia- tion arbitraire des opinions de chacun. Le danger est grand de faire la moindre concession sur les principes ; si la justice et la raisan les violent une fois a bon dessein et pour un but utile , I'ambition et le despotisme s'en prevaudront, et les violeront dix fois pour attcindre un but coupable. Et lorsque notre au- teur ecrit: " Ce serait meme une question bien digne d'examen, que celle de savoir si, au milieu du niveau general qu'etablis- sent et propagent en Europe les relations ouvertes entre tous ses habitans, une difference notable pent s'y maintenir.o Nous conviendrons que cette question pent etre en effet I'objet des speculations du publiciste; mais, si on la donnait comnie un argument en favour de la puissance qui s'armerait pour de- truire, par la force, cette difference notable, il faudrait bien convenir aussi que la Turquie, I'Espagne et la Russie ont le droit de venir imposer des lois a I'Angleterre, on la doctrine 38/, SCIENCES MORALES du droit divin pent rtre punie de la peine capitalc; que les monarchies representatives ont le droit d'abolir la republique dans la federation dcs cantons; et qu'cnfin , d'apres le mcme principe , 11 faut que les republicains d'Amerique effacent le seul empire qui reste au milieu d'euxj Certes , personnc ne niera qu'il ne soit avantagcux pour une vaste partie de la civi- lisation de ne renfermer que des gouvernemens analogues; mais c'est un bienfait qu'il faut attendre du tenis; et quelle que soit son utilite, on ne doit pas le dcmander a la force. L'argu- ment d'utilite est au service de tout le monde, on pent en niesu- ser aussi facilement qu'en user, tandis que I'argumentation par les principes ne pent etre u I'usage que de la justice et du droit. La raison du celebre publiciste est .si droite et tellement d'instincte, que, lorsqu'il se trompe il fournit lui-meme des ar- gumens contre ses erreurs ; chez lui , la verite percc encore a travers des nuagcs passagers; et Ton dirait qu'il ne pent s'ega- rer sans avertir le lecteur dc suivre avec precaution ses traces. Ainsi, lorsque, pour appuyer son opinion a I'egard de I'Es- pagne , pour prouver que la condition dc V independance n'est pas srparable de cellc d'une jouissance sans incommodites pour les aiitres , M. de Pradt ajoute : « De quels pretextes, dans les trois partagcs successifs de la Pologne, se servirent les puis- sances du Nord ? jV'est-cc pas de celui des incommodites tou- jours renaissantes d'un voisinage turbulent chez une nation constituee anarchiqucmcnt ? » II est bien evident qu'il apporte un exemple excellent pour refuter son argumentation. Lui- meme affirme qu'il est loin d'exprimer le voeu de rien de sem- blable ; de plus, il remarquc ailleurs, avec sa sagacite accou- tumee , que c'est I'intervention qtii a tout gate recemment en Italic et en Espagne : « Si on laissait agir leurs facultes natu- relles, dit-il, ces deux pays seraient tres-secourables pour I'Eu- rope , dans la nouvelle tache qu'elle a a remplir , tandis qu'ils .sont pour elle comme s'ils n'existaient pas, ou meme quelque chose de pire , comme on le voit pour I'Espagne. » Enfin, M. de Pradt condamne en propres tcrmes le principe d'intervention : .. Intervenir, dit-il, c'est juger et e.xecuter la sentence portee ET POLITIQUES. 385 par soi-meme : I'intervention amicale, mediatrice, est toujours licite; ft la plupart du terns, clle est aussi utile qu'honorable et humaine ; raais il ne pent en etrc de meme de I'intervention militaire. » Or, comment cela peut-il se concilier avcc I'objet avoue du livre que nous examinons : « Dans cette position , a dit I'auteur des les premieres pages , je n'ai pas du balancer a declarer qu'il faut faire ii I'Espagnc I'application du principe : salus populi ; que I'Europe doit etre considerce commecc peo- ple dont les interets sont siiperieurs a ceux du despostisme et du monachisme, et que. plutot que de courir Ic risque d'une guerre generate , et d'une guerre d'opinion , il faut forcer I'Espagne a changer son mode de gouvernement. » S'il etait permis a chaque etat d'exarainer le principe consti- tutif des autres , il n'y aurait plus de paix possible. C'est une faculte que s'arroge assez souvent la violence; gardons-nous bien de la revetir d'une apparence quelconque de legalite. Souvenons-nous, entre mille exemples, que c'est ce pretendu droit d'investigation d'un gouvernement sur I'autre qui a reuni la premiere coalition europeenne contre la reforme politique de la France , et qui a dicte ce manifeste de Brunswick , monu- ment eternel de demence politique. Souvenons - nous que le salus populi, qu'on invoque aujourd'hui contre I'absurde despo- tisme de Ferdinand VII, a etc naguere invoque contre la cons- titution liberale des cortes. N'est-il pas trop evident que ce pretexte legitime a I'avance toutes les entreprises du premier ambitieux qui voudra conquerir des provinces, du premier despote qui voudra abattre des libertes. Le salus populi remet manifestement les destinees du monde aux mains de la force; c'est souvent elle, en effet, qui dispose de nous, et c'est un etat de choses dont il faut bien subir les consequences, mais que nul n'est oblige de reconnaitrc en principe. Maintenant que nous avons tache de montrer en these gene- rale toute I'illegalite de I'intervention, toute la necessite de rindependance nationale, nous reconnaitrons qu'il y a iciune question partirulierc, et que notre intervention de 1823 enEs- pagnepresente une complication qu'il convientdedemeler. C'est T. xxxiv. — Mai 1827. i5 386 SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. ce qu'a trcs - bien remarque M. dc Pradt : « Lorsqvi'un gouver- nementa rccu Tetre d'une main otrangorc, dit-il, lorsquc plu- sicurs foisil acte replace et maintenu par dcs appuis du dehors, ses restaurateurs n'ont-ils pas un droit de tutellc mitigee, et ne sont-ils pas autorises a redresser ce qu'ils ont crec , en un mot leur propre ouvrage, et a le ramener a I'accomplissomcnt des intentions qu'ils avaicnt en faisant Ics frais dc ccttc restaura- tion ? L'Espagne est dans cette situation compliquec : son gou- vernement ne vient pas d'elle ; deux fois elle lui a echappe , deux fois on la lui a remise. II y a la, et pour elle etpour les autres, quelque chose au-dela du droit commun. » Cela est vrai, et c'est une nouvelle preuve du danger de violer les prin- cipes; quand une fois on s'est ecarte dc ce droit commun, ilcst plus difficile qu'on ne croit d'y revenir. Ccrtes , nous ne sommes pas disposes a reconnaiti'c pour legitime le droit que s'est arroge la France d'intervcnir dans les demeles du pcuple et du prince espagnols ; il n'y avait pas meme , selon nous , I'ombre du droit , puisque ces de- meles, toujours pacifiques, n'avaient produit qu'un nouvel etat de choses plus legal que le precedent. Mais , une fois que notre intervention a detiuit cette situation legale et paisible, qu'elle a mis I'Espagne dans un etat pire que celui on elle etait aupa- ravant, que nous avons, en quelque sorte , participeaux mal- heurs de ce peuple, en le livrantlie et garrotte aux vengeances qui I'ont decime ; lorsque, temoins inactifs de toutes ces choses, nous sommes encore la en armes, il semble qn'il devrait etrc permis, qu'il serait juste et huraain de reparer des in fortunes qui, sans nous peut-clre, n'existeraicnt pas. Et d'ailleurs, d'a- prcs quels principes I'autorite royale recuseiait-cUe une inter- vention qu'elle-m^me a nagueres invoquee? Elle a viole la regie fondamentale du droit des gens, elle ne pent plus se refugier sous ce puissant abri. Nous avons vaincu ce peuple en appa- vence au profit du prince, nous n'en avions pas le droit; nous n'avons pas le droit non plus d'imposer la moderation au prince, dans rinteret du peuple. Mais, si cette fois encore la legalite se trouvait blessee , I'humanite du moins serait satisfaite. M. AVENF.I.. LITT^RATURE. Resume de l'histoirl dk la litterature italiexne , par F. Salfi, ancien professeur dans plusieurs uni- versltes d'ltalie (i). L'auteur ne se dissimulc pas les nombreux inconveniens dc cette mode des Resumes qui s'est emparee de notre littera- ture. Tandis quils contrihuent dun cote aux prngres de la civi- lisation, dit-il dans une courte preface, ces Resumes pourraient, de I'autre, nuire aux progres de I' instruction speciale, en presen- tant des fails et des idees inexactes et incompletes , et augmenter ce faux savoir qui est encore plus dangercux quune ignorance absolue. La justesse de ces reflexions frappera tons les bons esprits. Toutefois , le danger cpi'elles signalent n'cst a craindre que si les auteurs des abreges de ce genre, etrangers a la ma- tierc qu'ils traitent, et ne commencant a I'etudier qu'au mo- ment de prendre la plume , proportionnent I'etude qu'ils en font a I'etendue de leur ouvrage pluttit qu'a la grandeur du sujel. Ce n'est pas a I'instant meme ou des connaissances entrent dans notre esprit que nous pouvons facilement les classer dans un ordre lumineux, les presser sans les confondre, les resserrer sans les mutiler. Elles ne se pretent sans peine a nos combi- naisons, elles ne sont completement a nos ordres, que lors- que, par un long sejour dans notre pensee, elles se sont, pour ainsi dire, familiarisees avec nous. Rien de plus utile qu'un recueil d'abreges, si les directeurs de I'entreprise pouvaient confier la redaction de chacun des traites qui devraient y trouver place a un homme de talent qui en eut approfondi le ([) Paris, 182G ; Louis Janet, Jiljraire, rue Saint- Jacques, ii" Sg. 2 vol. in-iS; prix, 6 fr. 25. 388 litti^:rature. siijet. Ayant d'avance considere los objcts sons toiitcs lours faces, rautcui" saisirait a Tinstant cello qu'il doit offrir do preference an public; habitue a roflecliir sur tous les rapports de cos objets entre eux, 11 n'aiirait pas de peine a choisir le rapport le plus general et le plus frappant; il abrogerait tout, sans rien affaiblir. Malheureusoment, on ne pent csporor qu'une vastc collection soitecrito tout entiore avec cctte supiriorito : c'cst deja beau- coup de trouver un tel merite dans quelquos-unes de scs parties, ot nous devons feliciter les editeurs des Resumes d'lustolics litteraires du bonliour qu'ils ont eu de pouvoir remettre en si bonnes mains I'ouvrage que nous annoncons. Habile poete italien, ancien ])rofesseur dans plusieurs universites dc sa patrie, choisi pour continuer le beau monument que M. Gin- guene elevait avec tant dc gout et de talent a la gloire de ritalie, et que cet illustre ocrivain n'avait pu achever, M. Salfi n'a eu besoin, pour composer le Resume dc Vhistoire de la iitterature italienne, que de rappeler ses souvenirs, de choisir dans les fruits de scs etudes et de ses travaux ce qui pouvait etre le plus goneralement utile. Aussi, nous a-t-il donne un livre remarquable, fort de science et d'analyse, et ou Ton ne trouve ni lacunes, ni longueurs; un tableau complot et (idele on la petitesse des dimensions n'ote prcsque rien a la ncttete des plans, ni a la ressemblance des figures. On a goneralement divise par sieclcs I'histoire litteraire d'ltalie. Apres quelque hesitation, M. Salfi a cru devoir adopter aussi cette division. Mais, s'olant apercu que le caractere de la Iitterature avait oprouve un changement vers la 75^ annoe de chaque siecle, c'cst a cette annee qu'il fait commeucer chaque periode, excepte toutefois la premiei^, qui s'etend de I'an 1000 a I'an 1275. (^e long espace n'offre que la naissance de la langue et de la Iitterature italiennes, et I'influence des poesies arabes et provencales, bientot delaissees pour I'etude des anciens. Dans la seconde periode (de 1275 a i375), cette etude porte ses fruits. Au milieu des tenebres de la barbaric, trois grands hommes rallument le flambeau des arts. Dante, Petrarque et Boccace remplissent ce siecle par eux-memes ou LITTERATURE. SSy ))ar Icurs imitatcui's. La peiiode suivante (i375 a i475),vit s'cteindre le genie. L'enthousiasme pour les anciens, qui avail: forme les trois ilUistres ecrivains du xiv^ siecle, ne forma plus que des commentateurs. Une investigation, en quelque sorte materielle, des productions de I'antiquite fut presque la seule occupation de I'ltalie, et la langue italienne meme ceda la place a la langue latine dans presque tous les ecrits. Vers lA?^, la pensee originale sc reveille; on s'apeixoit qu'il faut etudier les anciens pour les egaler, et non pour se borner a des com- mentaires, et que la langue de Dante merite les memes hon- neurs que la langue de Virgile. Au milieu d'une foule d'elegans ecrivains, d'habiles versificateurs, de poetes ingenieux, appa- rait bientot le dcvin Arioste ; I'histoire, la politique, s'elevent au niveau de la poesie, et Machiavcl lutte de genie avec le chantre de Roland. La comedie, la satire, la poesie didactique, I'eglogue, presque tous les genres de litterature prennent un rapide essor , et ritalie se pare chaque jour d'une nouvelle gloire. Quoique la cinquieme periode ( de i575 a 1675) soit illustree par la Jerusalem du Tasse, par les odes de Chiabrera, de Guidi, de Filicaja, et par quelques autres productions tres-remarquables , ce qui la distingue est la corruption du goiit, introduite par Marini, et devenue presque generale. Vers I'annee 1675, 1'ecole marinesque est renversee ; les chefs-d'oeuvre de notre litterature commencent a exercer une grande influence sur la litterature italienne; les ouvrages philosophiques se multiplient; la langue acquiert plus de precision ; Goldoni conduit la comedie sin* les traces de Moliere; Metastase porte le drame lyrique au plus haut point de perfection , et Victor Alfieri apprend des Grecs et de Corneille a faire de la tragedie I'ecole des vertus publiques ou se regenercnt les nations. L'historien suit avec beaucoup d'art toutes ces vicissitudes des lettres dans sa patrie. On ne trouve ni secheresse dans ses exposes Aes periode s les plus steriles, ni confusion dans ses tableaux des epoques les plus riches. Oblige de nous faire parcourir rapidement un immense sujet, il compense le terns qui lui manque par le choix des points de vue ou il nous place. 390 LITTlLftATURE. Si, clans un voyaj^'c, voiis nc pouvez examiner en detail iin pays que vous desirez connaitre, vous ne vous arrotez que sur les hautes montagncs d'oii vous decouvrez en un moment les vallons qui les entourent. Ainsi, M. Salfi, nous conduisant aux grands hommes qui s'elevent au-dessus de leur siecle, nous montre d'un cote leurs faibles devanciers qui tenterent vaine- ment de parvenir a la hauteur oil ces genies ont porte leur art, ctdcrautrc, leurs imitateurs serviles qui le font rcdescendre par degres. Les lecteurs eclaires distingucront surtout Tcxamen des travaux dc Dante, d'Arioste, de Metastasc ct d'Alfieri. II serait difficile , ce nous semble, d'apprecier avec plus de justesse en si peu de pages, Ic talent de ces grands ecrivains, les secours qu'ils recurent, ct I'influence qu'ils ont cxercee : et Ton doit remarquer que, pour les deux dcrniers, M. SaKi ne pouvait plus etre aide par M. Ginguene , dont I'histoire s'arrete a la fin du XVI® siecle. Parvenu a notro epoquo , I'auteur cesso de parler de chaque ecrivain en particulier ; il laisse i\ la posterite le soin de mar- quer le rang des hommes qui peuvent encore ajouter a leurs titres litteraires. II se borne a jeter un coup-d'oeil sur I'en- semble de la litteraturc, et principalement sur la direction qu'elle parait suivre. Il pcnse qu'on general les poetcs et les prosateurs de nos jours se proposcnt un but plus important, plus utile a la nation, que cclui vers lequel se dirigeaient la plupart de leurs devanciers. Mais lis sont divises en deux camps : les uns soutiennent les doctrines des anciens et des grands hommes de la France et de I'ltalie modcrne ; les autres se sont ranges sous les bannieres de celte ecole noiwel.le, origi- iHiire de FEspagne et de I'Jngk'terre, qui, s'etant emparee de I'AUcniagne , fait tous ses efforts pour envahir tout le reste de I'Europc civilisee. Ces disputes sont plus vives en Italic que partout ailleurs , et M. Salfi croit devoir consacrer les derniers chapitres de son livre Jl examiner les pretentions et les argu- mens des deux partis. Cette dissertation est peut-etre ce qu'on a ecrit de mieux sur les elassiques et les romantiques , et bicn des gens, en France, comme en Italic, devraient en faire leur LITTfiRATURE. 391 jjrotit. Du lestc, si M. Salfi doiine I'cpithete de itouvelle a riiiie de ces ecoles , c'est uniqutment , ce nous semblc , parce qu'aucun des vieiix romantiques n'a soutenu cettc sorte de guerre ou de revolution litteraire at'ec autant de liardiesse et de suite que Ics romantiques de nos Jours. Car, du reste, il salt aussi bicu que personne que ceux qui out ossaye de remettre cette ecole en credit ne I'ont presentee comme una nouveaute que pour se donner I'air d'avoir invente quelque chose. Souvent dans son livrc il prend soin de faire remarquer les vaines tentatives lenouveleos a diverses epoqucs pour renverser les lois du gout et de la raison, et dont la plus heurcuse en apparence, celle de ce Marini qui serablait destine a creer une ere nouvelle dans la litterature italienne, n'aboutit qu'a rendre le nom de ce poete un objet de scandale chez les Italiens. C'est a M™« de Stael que M. Salfi attribue la derniere impor- tation du romantisme dans la patrie du Tasse et de Machiavel. File forma un petit nombre d'adeptes, dont la troupe s'est proniptement grossie. lis sont pleins d'ardeur, et leurs adver- saires ne leur cedent point en vivacite. M. Salli trouve trop de violence dans les reproches que les deux partis s'adressent mutuellemcnt. On voit bien dans quel camp il se rangerait, s'il croyaitla guerre necessaire ; mais, desirant un accommo dement qui permette de tourner I'activite des esprits vers des objets plus utiles a son pays, il cherche surtout a monlrer la facilite de cet accord. « Souvent, dit-il, en les comparant les uns aux autres, on dirait qu'ils iraitent !e nieme abus qu'ils se reprochent leplus; car les romantiques eux-memes, qui se font gloire en theorie de ne suivre I'exemple et I'autorite de personne , imitent bien plus en pratique les modernes que les classiques ne le font des anciens ; et Schiller et Schlegel ont sur les uns la meme autorito que Sophocle et Aiistote sur les autres. Ceux meme qui affectent le plus de raisonner avec independancc, n'ont rien avance que n'ait auparavant debite quelqu'un de lours chefs; cequiprouve pUitot I'esprit de parti que I'amour de la verite, et qu'au lieu de s'affranchir de tout joug litteraire, ils veulent plutot substitucr I'autorite de quelques modernes a I'autorite des anciens. » 3y2 LirmiATURE. Apres avoir montrc que les romantiques les plus arden!* h (Ic'clanicr contre k's regies, sont obliges par la force dc& choscs de terminer ccs declamations par etablir de nouvcUcs lois iitteraires, I'auteur se demande ou Ton ponrra trouver la regie supreme, qui doit guider dans le choix entre les regies que reconnaissent les classiques et cellos que pro- clament Icurs adversaircs. II pense qit'on ne peut la decouvrir qu'en etudiant le veritable but de la litteraturc ; ce qui le con- duit a examiner les opinions des deux ecoles sur la maniere d'imiter la nature, sur I'cmploi des differcntes sOTtes de mer- vcilleux, sur la fidelite plus ou moifis scrupuleuse de la poesie aux traditions historiques, et sur les trois unites, objet des plus vives discussions. Ces points imporlans sont traites avec beaucoup de gout et de logique. En reconnaissant, an sujet des unites , qu'il serait ridicule de sc refuser aux perfection- ncmens que I'cxperience pourrait porter a introduirc dans la poeti(jue des anciens , I'auteur rappelle que k's Grecs eux- memes en ont donne I'excmple, en modiliant quelques-unes des lois de leur theatre, et que la plupart des poetes drama- tiques vraiment distingues chez les autres nations ont imite cette. sage liberie; puis, il ajoutc : « Mais les romantiques, mecontcns de cette sorte de mode- ration, se sont jetes dans un exces oppose; ils ont nieme tire de ce peu de liberie que se sont accorde les classiques , des motifs pour justiGer leur licence excessive, an moyen d'uii ^orite assez connu dans I'ecole des sophistes. Si Ton peut, a-t-on dit , s'ecarter quelque peu de la regie , ne peut-ou de meme , en observant toujours la meme moderation , s'etendre jusqu'a I'immcnsite ct a I'infini. Il en resultc qu'on pourrait prendre pour sujet d'une piece I'histoire du genre humain, et lui donner pour scene tout I'univers, et pour duree rindui ; et qu'on ne prcnne pas pour une exageration ce qui ne serait qu'une con- sequence legitime d'un systeme qui determine I'espace et le terns suivant la natui-e de Taction elle-meme. Dans cette hypo- these , en faisant du genre humain le protagonistc de la fable, on pourrait representcr au premier actc sa creation et le pre - LITT^RATURE. 3g3 micr etat de son innocence; au second, son peche et sa peni- tence; au troisieme, sa corruption successive et sa punition par le deluge ; et successix ement , sa redemption au quatrierae acte, et le dernier jugement au cinquieme. L'unite d'action et d'interet ne manquerait pas i cette piece, et neanmoins elle paraitrait assez ridicule. C'est la cependant ou nous amenerait une certaine maniere de raisonner. » M. Salfi n'est pas moins heureux dans sa defense des poetes qui puisent encore les sujets de leurs ouvrages drainatiques dans les annales de I'antiquite, lorsqu'il nous dit avec une noble energie : « Nous soinines-nous tant eleves par nos lu- mieres au-dessus de leurs vertus sociales ( des anciens ) que nous ne puissions plus tirer aucune lecon de leur exemple et de leurs maximcs? Mais, avant de nous feliciter de cette pre- tendue superiorite qui berce sans doute notre amour-propre, nous croyons que la longue experience que nous venons de faire, malgre les progres de notre civilisation, devrait nous rendre un peu plus reserves a cet egard , et nous faire du moins sentir que, si les modernes se sont perfectionnes sous beau- coup de rapports, ils ont assez degenere sous plusieurs autres pour pouvoir encore proGter tant soit peu de I'histoire des anciens. » Cette dcrniere citatj.on prouvera que M. Salii ne professe pas non plus le romantisme politique, qui voudrait elever au-dessus des institutions de la Grece et de Rome le systeme theologique etfeodal du moyen age, et qui, plus dangereux que le roman- tisme litteraire, nous laisserait bientot, s'il parvenait a se pro- pager, sans aucun moyen de defense contre ces juntes theolo- giques et feodales qui nous menacent de toutes parts. M. Salfi a trop de portee dans I'csprit pour partager les erreurs de ceux qui pensent servir la liberie en critiquant ses plus nobles exem- ples, en outrageant ses plus dignes apotres. H nous resle a parler du style de cet ouvrage. II offre sou- vent beaucoup de rapidite et de precision, des formes heu- reuses et piquautes. On y trouve , il est vrai , des incorrections : niais ces fautes qui, dans un ecrivain ne en France, prouve- 394 LITTERATURE. raient Ic vague ou rincohereiice des idees, indiqucnt scultinciu dans M. Salfi que la pcnste s'est presentee ti lui en italien, el qu'il a ete quclquefois embarrasse pour la revetir des formes de notre langue. Aussi, n'en est-on nuUement cheque. Peu d'etran- gers sont parvenus, meme apres un tres-long sejour parmi nous, a nianier notre idionie avec autant de bonheur. Des pages entieres du poete italien ne seraient point desavouees par nos prosateurs distingues. Z. lu-RiAO-Li , ou LES DEUX CocsiNES ; roiuan chinois , traduit par M. Abel Remusat; precede d'line /'r^^act', ou se trouve un parallele des romans de la Chine et de ceux de V Europe (i). L' apparition d'un roinan chinois, veritablement chinois, est lui evenemcnt remarquable dans les fastes de la litterature. II est bicn remarquable encore qu'un savant distingue dont les plus serieuses occupations remplissent la vie, se soit donne la peine de traduire d'une langue herissee de difficultes, un simple roman , genre de composition auquel on hesite encore i\ donncr un rang dans la litterature francaisc. Pourquoi M. Abel Re- musat , voulaut faire connaitre a I'Europe une antique nation cachee aux extremites de I'Asie, n'a-t-il pas traduit ))refera- blement quelque ouvrage d'histoire ou de philosophie !' (;'cst ff- —Revue nord-americaine Loston, 1827; T. Gray. Londres, John Miller. In-8« Au snjet de V Anmiairc que nous veiions d'annoncer, nous dovons faire remarquer a nos compalriotes avec quelle rani- dite les ouvrages penodiques se nudtiplient et se repandeut aux Etats-Unis. C'est dans 3a Re.ue noLan^erieaine q'ue no s avons trouve le prospectus de ce.te nouvelle publicaLn • un nulre journal nous a xAA,,e a Philadelpbie , et la meme ville possede deja plusieurs autres journaux consacres aux sciences natu- relles a la medcc.ne, aux arts. Tandis que ces jeunes produc- tions de la presse penod.que croissent et se developpent les phis anciennes, lo.n de pcrdre leur vigueur, en Jcquierent chaqtiejour une plus remarquabie, comme nous pouvons en jugcr par la Revue nord-americainc, dont ciiaque rahier vient augmenter la juste celebritc. On no lui replochcra poim comme a quelques Revues anglaises, une partialite qui lesho: iiorerau le patr^ofsme, s'il en etau inseparable. Mais les pas- sions hameuses ne savent pas imiter I'expression des senti- mcnsmagaanimes; pour ne point confondre deux langa^es s. d.fferens 1 un de 1 autre , il suffit de les avoir en.endus nne /foC> LivREs Strangers. soule fois : les Revues amoricaincs ne parlcnt <|U(: ccliii dn patriotisme. Au lien de citer les excellenS articles de celle que nous avons sous les yeux, exprimons le regret d'en avoir trouve, dans le cahier de Janvier de cotte Minee, un, mais un seul, qu'il cut follu ne pas inseror dans lui recueil aussi digtre d'estime : c'ost le septieme; il s'agit dc V Ornltliologie tic Wilson, ct de ccllc de M. CIt. L. Bonaparte. Le redaclcnr avoue qu'i! n'est pas au courant de la science dont il va parler, qu'il ne s'en est point occupe : mais, dit-il, « plus d'un aulcur a parle de sujets qu'il ne comprcnait, point : ]3ourquoi les redacteurs de Revues u'auraient-ils pas le meme privilege?" Nous ignorons si le pu- blic americain se laisse trailer avec aussi pen d'egards; mais celni de I'Europe ne le souffrirait point. D'ailleurs, apres avoir use aussi largement de la complaisance des lecteurs, il ne fallait pas leur imposer une autre contribution tout aussi forte, en remplacant I'instruction qu'on ne leur donnait pas par une philosophic triviale,dcs pensees rebattues, et qui lemplissent cinq mortelles pages, avant quele redacteur arrive au sujet de rarliclc. L'Amerique ne manque point de naturalistes dont la plume est guidee par un gout tres-sur, une litterature tres- ornee; c'est a ces hommes qu'il doit etre reserve de nous par- ler, dans les journaux, de Wilson et de son digne succes- seur. Mais a cet article pres, Tequitablc critique ne trouvera qu'a louer dans la Revue nord-americaine : si nous avons signale la tache que nous avons apercue , c'est parce (pi'il ne tiendra qu'aux redacteurs d'evitei- a I'avenir ces insertions de contrebande : il suffira qu'ils se tiennent sur Icurs gardes, et qu'ils ne perdcnt pas de vue qu'on lesjuge au dela des mers, ainsi que dans leur pays. F. ASIE. 94- — * Bydragen, etc. — Materiaux pour la composition dt- la Flore de I'lnde Neeilandaise; par M. Blume, D. ]M.,elc; i6<'et 17" livraisons. Batavia , 1826; imprimerie du gouverne- ment. In- 8°. Ces deux livraisons sont les deinieres qui out paru dc cet important ouvrage; et, commc les precedentes, elles ont ctf accueillies avec empressement par tons les botanistes. Nous venous de reeevoir la suite des planches des orchidees de Java, destinecs i accompagner cc recueil : elies sont toules d'uiie beauteremarquableet d'une grandepurete de dessin. M. Blume est de retour en Hollande,et il ne tardcra pas a donner laFlorf complete de I'Inde Neerlandaisc. Les honorables suffrages que ASIE.— GRATMDE-BRETAGIVE. 407 ce savant a deja oblciius doivent I'exciter a haicr aiitanl que possible cette impoitante publication, vivement desiree par ies amis de la botaniquo. Plusicurs savantes Compagnies de I'Europe ont cxprime toutl'interet qu'elles attachaientaiix tra- vaux de M. Blunie : la Societe grand-dacak' de inineralogic d'lena, voulant lui donner luie marque particuliore de sa haute estime, vicnt de I'admettie au nombre de ses membres honoraires. De Kirckhoff. EUROPE. GRANDE-BtlETAGNE. 95. — * Statistical illustrations. — Rccherches statistiques sur le territoirc, la pojjnlation, Ies rcvenus, Ies impots, Ies nnances, le commerce, la consommation, Ies faillites, le pau- perisme et Ies crimes, dans Tempire britanique, compile et ])ublic par ordre de la Societe de statistiquc . Londres, 1827; Ridgway. In-8° contenant pres de 200 p., principalement composees de tableaux. Voila un in-S" de 200 pages tcllement serrees et oil I'espace est si bien mis a profit , qu'il contient la niatiere d'un gros in-/|°. Ce n'est done point par son volume qu'il en faut juger, mais par le nombre dcs matieres et I'etendue des documens, dont le titre de I'ouvrage n'embrasse qu'une faiblc partie. Les au- teurs ont senti que I'interet des recherchcs statistiques ne con- siste pas principalement a donner des nombres qui ont rapport a une certaine epoque en particulicr, mais a nietlre le lecteur a portee de faire des coniparaisons d'nne epoque avec une autre, et de tirer des conclusions par le moyeii des rappro- chemens. Ainsi, quoique leur travail ait surtout pour objet les annees 1824 a 182O, leurs documens remontent souventjusqu'a (juarante annees en arriere, et meme davantagc. Malheureusement, on a lieu de craindre que leurs immenses recherclies n'aient eu quelqucfois pour objet de venir a I'appui dune opinion adoptee d'avance. lis sont dun parti c|ue Ton pourrait appeler/«.s.v/w/iYrj et qui est persuade que I'Angle- terre recule au lieu d'avancer dans la carriere de la prosperite. IVous croyons qu'ils auront de la peine a ranger a leur avis • les personnes qui savent que I'accroissenient des populations depend de raugmentation des produits, et qu'une misere croissante aurait poiu- symptome infaillible une diminution dans le nombre des bommes. On en appellera a leurs propres /,o8 LIVRES KTRANGERS. tal)leaux qui accuscnt pour rAngleterrc, en faisant abstraclion de I'Ecosse ct dc I'lrlande, line population, Dans I'annce 1710, do 5, 2 Z| 0,000 ames, Et dans lannce 1820, de i2,2i8,5oo. lis auront bean dire qne Ics liomnies d'nne nation penvont etre a la fois plus nombrcnx et plus niiserables, ils pcrsnade- ront difficilement que Ics families indigentes elevent d'autant plus d'enfans qu'elles eprouvent une ijcne plus grandc. D'autres ienseii;nemens, fournis par le nienie ouvratjt;, ne contredisent pas nioins les principcs theoiiques qne ses anlcurs pretcndent sontenir. Par exeniple, on y voit qu'en 1^83 la quantite de chandelles consommee en Ani^lctene a etc de 48 millions de livres; et que, quaraute ans plus tard, en iSaB, cette quantite s'est elevee a 97 millions. A la verito, une con- sommation plus considerable pourrait avoir pour cause une population plus grande et aussi pauvrc; et en effct, si la con- sommation de cliandellcs a double depuis 1783, les etats de population des trois royaumes accusent de meme une popula- tion a pen pres double; mais, ce qui montre que celte popula- tion a augmeute en aisance en meme tems qu'en nombre , c'est qu'en 1783 elle consommait 184 mille livres de bougies, et qu'en 1823 elle en consommait 871 mille. Une population qui augmente dans la proportion d'un a deux, et qui consomme dun objet cher, suivant une progression de un a quatre et trois quarts, fait supposer qu'elle est non-seulemcnt plus nom- breuse, mais plus riche. C'est encore gratuifement que les auteurs pretendent que la longueur moyonne de la vie humainc decroit en Angleteire depuis 40 ans. Les faits qu'ils citent pour prouver cette asser- tion ne la prouvent en aucune facon. Les deces qui out eu lieu a Londres an - dessus de I'age de 60 ans ont ete plus nom- breux, dans ces dernieres annees, que precedeniment; en su]iposant le fait constant, il prouve, an contraire, que la vie moyenne est plus longue; car il faut bien que lous ceux qui -sont nes paient leur tribut a la nalure; et, lorsqu'il pent moins de pcrsonnes dans les premieres periodes de la vie, il faut bien qu'il en meurc davantage dans I'agc avance. Ce qui est bien plus frappant et que les auteurs n'ont pas remarque, c'est que le nombre des naissances et des deces n'a point augmente dans la meme proportion que la population ; indica- tion bien forte que I'etendue de la vie moyenne ct I'art de vivre ont fait des progres. En effet, il faut moins de naissances et d? deces pour former un nombre donne de persoimes, quanu. GRANDE-BRETAGIVE. hoc) ces persoiincs ont \me duree ino3'enne plus lontjue. Coitc verite est d'ailleurs ctablie par des c'X|)crieriC(.'s plus dircctes. L'autre fait cite par les autcurs a Tapjiui de la nieme tliose prouve c'galement coiitrc eiix, ct par la niome raison. Lcs deces , dans la viile de Birmin|^liam , ont ete, a la fin du siecle der- nier, relalivemcut a la population totale, comme i a 09; et dans les 5 annees terminees en 1819, les deces, dans la nienie ville, ont ete comme i a /jO. Qtiand le nombie des deces diminue et que la po|)ulation aiiyuiente, la vie movenne est neccssairemcnt plus loui^ue. II serait a desiier que les auteurs de statistiques fussent plus verses dans I'ecorioniie politique. - Connaissant mieux la correspondance des causes et des effets, ils jugeraient plus sainement de rimpoitance ou de la non- importance des faits qu'ils doivent recueillii'. Sous ce rapport, on aurait bien d'autres reproclies a adresser aux auteurs de la statistique que nous avons sous les yeux. Au surplus, iin re- cueil d'inforniations qui contredit Ic systemc de ses avteurs, n'en montre que mieux I'exactitude et la bonne foi de leurs recherches. Nous ne craignons pas d'avouer que les pubiicistes qui s'occupent de ces matieres (et quel ]iubliciste, s'il vent meriter ce nom, ne doit pas s'en occuper?) trouvcront, dans le volume auquel cet article est consacre, un ample rccucil de documens utiles. .T.-B. S. 96. — * Noticias sccrctas de America solve cl cstado naval, militar y politico de los reiiws del Peru, etc. — Notes secretes sur I'Amerique, concernant I'etat naval, niilitaire et politique du Perou et du pays de Quito, des cotes de la Wouvelle- Grenade et du Chili; le gouvernement et Ic regime particulier des pcupladcs indienncs; la cruelle oppression et les attentats des corregidors et des cures; les abus scandaieux introduits panni ces babitans par lcs niissionnaires; leurs causes ct les motifs de leur continuation pendant trois siecles, ecrites fidele- ineiit d'a]n"es les instructions de S. Exc. le marquis dc la Ense- iiada , premier secretaire d'etat, et presentees sous la forme de rapport secret a S. M. C. Ferdinand VI , par Don Jorje Juan et Don Antonio de Ulloa, lieulenans-gejieiaux de la marine royale, membres de la Societe royale de Londres, et des Academies royales de Paris, Berlin et Stockholm; pidjliees pour donncr une idee cxccte du gouvernement des Espagnols dans I'Amerique meridionalc, par David Barry, et divisees en deux parties. Londres, 182G; Taylor. Grand in-4° de xiii et 707 p., avec deux beaux portraits des auteurs. Ce litre seul fait eprouver un vif desir de connaitre I'ouvrage des deux lieutcnans-generanx espagnols. Des notes secretes sur 4io LIVRES ETR ANGERS. les abiis du gouveincmt'nt local de rAmeriquc im'ridioiialc ]>endant trois sic'des , ct des notes ecrites cousciciirieuseiiicnt j)ar des homines doiit les talens ct la bonne (bi Iciir ont nie- lite line reputation honorable; des rcnseigncmens recueillis par denx savans distini^iu'-s, pendant nn sejour dc plus de neuf annees dans le pays dont ils parlent, qu'ils ont parcourii dans toutcs les directions, qu'ils ont examine sous tons les aspects ])hysique, politique et moral, qu'ils ont jugo sans crainte , sans prevention, sans nu'nagement, sans flatter aueun amour- propre, pas memc le leui', puisque le rapport dont ils s'occu- ])aient devait rester secret; des maturiaux rassembles par deux hauls fonctionnaires, dans un but d'lUilite ct de justice, pour etre presentes a un monarque et a un roiuistre qui ont donne des preuves de leur volonte sincere pour le bien ; enlin , des informations qui sont les resultats d'unc communication intime avee toutes les classes de la sociote, aupres dcsquelles les au- teurs jouissaient de toute confiance et de toute consideration, ne sauraient trop se recommander ;\ cenx cjui aiment et,qui re- cherchent la verite. Si Ton ajoute a ces divers genres de nierite un style toujours simple et correct , des observations judicicuses ct profondes, on reconnaitra quo cet ouvrage reunit a I'interet et a I'agrement des details qui peignent des moeurs et des usages curieux par leur nouvcaute ou par leur bizarrerie, des vues politiques d'une haute importance. DonJorjcTuanetDon Antonio deUlloa partagerent, en i735, les travaux des astronomes francais Godin, Bougaer et La Con- damine, qui avaient pour but de determiner la valeur d'un degre terrestre sous Tequatcur, ct de resoudre dcfinitivement la ques- tion de la figure du globe. Leur taclie scienlilique ayant etc lem plie, ces deux illustres voyageurs consacrcrcnt tous lours soins aux recherches politiques, d'apres les instructions qu'ils avaient lecues a cet egard du gouvernementcspagnol.Le theatre de Icurs observations comprend tout le vaste territoire du Perou, ct toutes les contreesdependantes derancienne presidcnce ou cour royale de Quito, depuis la riviere Guayaquil jusqu'a Barbasoas , et s'etendant d'ailleurs tres-loin vers Test. 1-a premiere partie de leur travail est consacrec a rex|)Osition exacte et minutieuse des forces de terre et de mer, a I'examen de I'etat des places ct des forteresses, des arsenaux et de toutes les branches du service naval ; la description des cotes depuis Panama juscju'a Chiloe appartient aussi a cettc j)remiere division de I'ouvrage, (pii ne pent manquer de fixer Tattention des homines livres a Tetude de I'liydrograpliic ( t de la topographic. La secoiidc paitie est sans contredit d'une utilitc phis gcneralc, d'un inlcict I I GRANDE-BRETAGNE. /.ii l)lus vif , et meritc a plus juste title dV'tre prise en considera- tion par les nouveaux gouvernemens d'Amerique, dont les administres gemissent peut-etre encore en partie sous les abus de toute espece qni devoraient leur patrie a cette honteuse epoque. Le dernier cbapitre de la premiere partie donne des details sur la contrebande qui se faisait presque ouvertement sous la protection des preposes et des juges eux-memes : on y recon- nait les traces de la corruption qui avait envalii toutes les branches de I'administration, et les faits qui s'y trouvent de- voiles devraient ouvrir les yeux sur les obstacles et les diffi- cultes qui s'opposent dans ces pays a I'elablisseinent d'un bon systeme de douanes. Apres avoir hi les details relatifs aux autres parties de I'administration (inanciere, livrees aux inten- dans et aux corregidors , souillees par les abus et par I'effron- tcrie avec laquelle ces fonciionnaires avaient etabli I'arJntraire comme element necessaire de toute antorite, on devra craindre qu'un peuple souniis pendant si long-tems a de pareiiles vexa- tions ne soit tout-a-fait corrompu et ne se pi'ete bien difficile- nient a toute mesure de reforme. La lecture des neuf chapitres de la seconde partie confirme ces tristes soupcons; on y voit I'execrable tyrannic que les gouverneurs et les corregidors exer- faient sur les malheureux Indiens; I'infame immora'iite, le degoutant cynisme des prctres seculiers et reguiiers qui ne voyaient dans la religion qu'un instrument de fraude et d'op- pression pour ecorcher leurs ouailles, deja impitoyablcment tondiies par les autorites civiles : on reconnait les sources de cette haine concentree centre les Espagnols etablis en Ame- rique qui fermente aisjourd'hui chez les Creoles, haine qui fermentera encore dans les coeurs long-Iems apres Tissue de la querelle soutenue en faveur de I'independance nationale. En lisant le litre de cette jjrodnction singulicre, on ne peut se defendre d'un mouvement d'indignation contre un gouver- nement qui, instruit de I'existence et des veritables causes de tant d'injustices , a pu laisser passer tant d'annees sans y porter remede. Mais a mesure que se developpe le recit des faits, on voit I'impossibilite ou devait se trouver ce menie gouvernc- ment d'extirper le mal annuel il avait Inisse prendre de si fortes racines : aussi, faute de pouvoir le combattre, cherchait-on a cacher le scandale. II est probable que, sous le regno fcrme, eclaire et paternel de Charles III, les ministres ayant eu sous les yeux le tristc tableau trace par Juan et Ulloa, avaient concu I'inlention de rcprimer beaiicoup d'abus, au moyen de nou- velles instructions adressees aux intcndans et aux corregidors. 4ia LIVRES KTR ANGERS. ct dc qiiclqiics autrcs dispositions saj,'es vt bienfaisnntes. Mais rette grando ri'i;»'iicialioii , nioral(,' ct polititjiic, il I'aut le rc- pctor, no |)Oiivait pas otre enlrcpiisc avcc siicccs jiar h; i;ou- vcriifmcnt c\v la mcrropole, (inclque bicn intentioiuie qu'il put <;trc ; ospc'rons (in'elle si.Ta accompli^ par Ics ^fiuvcTiicmens Hationaux aiijomd'hui ctablis dans clinciin rnvinccs oj Coloiiibiu, clc. — Voyages dans rititericnr dela Colouibie; par lecolo'.ul /.-!'. Hmvulton. Londrcs, 1827; Jobn Murray. 2 vol. in-8^% avec line carte ct &i'\>\. gnunircs . Un voyagcur raconte qu'd traversa ioule la Murcic, dcpuis Carlhagenej'.isqu'a Madrid, sans tiouver un scul ndroii-, nieuio dans li'S bouii(]ucs dc perrurpiiers. Faut-il s'elojiuer de I'elat irignorance ct de misere dans Icqucl est plongeo I'AuK'ricjue , qui a rccii sa civilisation de rEsjKigne? L'imnicnsite dcs njcrs n'a ])as elo vine barriere coutrc riniportalioii dcs liabil tides cas- tillanes au sein dcs etals du nouveau conlinenl. Qu'on parcourc I'Espagnc, ou bicn la Colombic ; non sculemcnt ou y entcndra parlor le nieme idiomc) niais on y renconlrera les mcmcs co\i- tunies, les ni^^unes vices, le mcnie melange de bonnes et de mauvaiscs {jualites. Les provinces dc la nouvelle rcpuldiqui; sont aussi pauvres cpie cellos do rancicnnc monarchic , xiou qu'ellos nianipn?nt de rcssources, mais parcc que Ics liabitans sonlinhabilcs a les mettrc en oeuvre : I'apalhio castillaniie s'cst nationalisee cbez le Llanem dcs bords de I'Orcnoquc, aussi bicu que clicj le montagiiard dcs vastes C^udilliOres. Qu'on visiip GRANDE -BRETAGNE. 4i3 la caphale dc I'Espagne on cellc cie la Colombie, la maniere d'y vivtgraplie de 31osi:oii pent se flattei' d'un succes toujours croissant, s'il continue a rein|)lir ses feuilles d'une maniere aussi satisfaisante , ct s'il peisiste dans la louable resolution d'eviter desormais cette poleniiquc, oisense quand elle n'est pas nuisible, dans laquelle il avait ete entraine et dont les deux nouveaux cahiers que nous, venons d'examiner n'of- frent plus aucune trace. E. Hereau. SUjfcDE. 106. — Swedisclic VolksharJ'e. — Harpe suedoise populaire , avec des airs graves; par /.-i. Studach. Stockholm, 1826; Rumstedt. In- 12. MM. Geyer et Afzelius avaient deja public un recucil de chan- sons suedoiscs, en trois volumes ( Stockholm, 1814-1816 ) : ce recucil doit etre complete bientot par un quatrieme volume. M. vStudach a recueilli de son cote et traduit en allemand vingt- quatre chansons, repandues en Suede chez le peuple , dont quelques-unes paraissent fort ancienncs et (latent du tems du paganisme, tandis que d'autres qui roulent sur des sujels reli- gieux prouvent qu'elles ont etc composees apres I'inlroduc- tion de la religion chretienne dans le nord. Voici les titres do quelques-unes: Madeleine, le Roi Eric, la Vision, la Che- vriere , Elisii'e, la Religieuse , Ic Dragon, Rymer le brigand, etc. Ces chansons ne sont ni meilleures, ni pires que tant d'au- tres chansons popnlaires des diverses nations de I'Europe; on y trouve beaiicoiip de naivete; quelqtiefois de la poesic; dcf SUEDE. — DANEM ARK. 4a3 jucorrcotioMS cl des longueurs. L'editeur a donne Ics airs notes dime demi douzaine de ces pieces. C'est iin soin qu'on a neglige dans d'autros recueils de ce genre, et qui a son utilite. La poesie populaire des Suedois offre la meme particularite quecelle des autres peuples scandinaves. Outre la rune, die esl assujetie a V alliteration , on a la repetition des memes sons syllabi- ques dans deux vers qui se suivcnt; particularite que I'on re- trouve aussi en partie dans Ics anciennes romances espagnoles. 11 serait diflicile de decider comment ce jeu de syllabes se re- produit dans la poesie populaire des deux extremites de I'Eu- rope; mais, peut-etre, en cherchant ])ien, la trouveralt-on egalement dans les pays intermediaires qui s'etendent des Pyre- nees a la mer Baltique, ct alors i! ne faudrait plus y voir qu'un effet nalurel du goiit general dn pcuple pour la repetition des memes sons dans la poesie clumlante, et ralliteralion n'aurait rien de plus etoumnt que la rime. L'editeur a ajoute frois morceaux de poesie islandaise qui n'ont pas precisement de rapport avec les chansons suedoises qui precedent; ils sont d'ailleurs connus depuis iong-tems. Le premier est un fragment de XEdda. L'auteur la intitule Sagesse d'Odin. Dans I'Edda, ce niorceau porte le titre de Havamd ; c'est une suite de sentences detaehees. L'editeur en donne une traduction allemande, accompagnee de notes explicatives dans lesquelles il compare ces sentences a celies des poetes de I'an- tiquite classique. Le second morceaii , tire egalement de I'Edda, est le Canticjue an soldi , que traneicns manuscrits attribuent a Sacinund Ic Sage, qui adressa, disent-ils, ces exhortations dans sa vieillesse a son iils. Enfin , le dernier raorceau , le Lys est un fragment dun cantique qu'un moiue norvegien, nomme Eystein, envoye en Islande au xiv'' siecle, adressa a la vierge Marie en langue islandaise , qi!e l'editeur appelle partout la langue norraena , nom sous lequel elle etait en effet designee par les Scandinaves. Depping. DAIS EM ARK. 107. — Klcine thcologische Sdiriften, etc. — Opuscules theo- logiques, parM. Munster, docteur en theologie, predicateur a I'eglise de la cour, menibre de la direction de I'universite et des colleges de Danemark , chevalier de I'ordre de Dane- brog, etc. Copenliague, 1826; Gyldendahl. In-8° de 4ib p.; prix , 3 ridles (environ 14 fr.). Les traites que renferrae ce recueil ont deja ete publics, les uns separement, les autres dans des recueils periodiqucs; mais ils paraissent, pour la premiere fois, en allemand. C'est a I'au- /|24 LIVRES ETRANGERS. teiir liii-mcme qu'on est lodcvahle dt- cottc traduction : ce qm noii!i offre la nieillfiire j^aiaiuic; d'niu' parfailc coiiforniilr avcc Ics idc'es de I'oiigiual, confoniiitr d'aiitant plus im|)ortantccjue jDliisipuis dcs siijcts sont dii rcssort de ia philosophie. Scion I'ordro siiivi par I'autcur, on trouve dans cc rocueil \n\ momoirc sur I'usai^c que Justin le n:artyr a fait des quatre Evant;iles; un discouis preliminaire sue I'Epitre de St. Paul aux Galates; une discussion sur I'autlienticite dc I'Epitre aux He- brcux; un nienioire sur le premier fiejour de St. Pierre a Rome; 1U1 discours preliminaire sur I'Epitre aux Philippins, suivi de notes pour eclaircir le texte; une dissertation inaugurale sur les derniefes auntes de St. Paul, composee en latin; une dis- cussion sur la notion de la fui ; des observations sur I'art dit prcdicateur; un discours prononce a la seance publique de I.i Socictc bibliquc de Danemark ; enfin, \\n !triic\e sur le fameux. drame de Lc.s.v///^, intitule : Nathan Ic sage. La discussion sur la notion dc la foi parait etrc celle qui excite le plus haiU interet. L'anteur, apres avoir passe en revue Icsdifferentes deGnitions qu'on a donnees de la notion de la foi, de])uis les anciens philosophcs grecs, jusqu'a nos jours, etablit que I'intention immediate par laqnelle nous distiuijuons le vrai. ti'avec le faux, est ce qui conslitue I'idee de la foi. L'auteui' apporte ime i^raiidc clarte dans ses rccherches, en etablissant des distinctions subfiles entre des notions qu'on a souvcnt confondues. Dans le dernier article sur le drame de Lessint;, I'orthodoxic de JM. Minister se niontre en oppositiott avec I'heterodoxie de Lessing. Nous croyons que tons les parti- sans de la litterature allemande doivent s'interesser a I'opinion portee sur le chef-d'oeuvre de Lessing j)ar un auteur qui fait toujours preuve d'une sage moderation et d'uue erudition pro- fonde et variee. B. 1 08. — * NordisAe Kcempehistoricr , etc. — Hisloires d'anciens guerriers du Nord, traduites de I'islandais par M. le profes- seur Rafn , secretaire de la Socivte dc litterature ancienne du Nord. Copenhague, 1826; Brummcr. 3 vol. in-S". li est impossible d'acquerir une connaissance exacte d'un peuple moderne sans avoir lecours «t I'hisloire de ses ancetres qui !ui ont transmis une foule de lois, d'usages et de coutumes dont les lois et les usages nouveaux portent encore souvent I'empreinte, nialgre les nombreuses ameliorations que les terns y ont apportees. C'est dans celle conviction que M. le profes- seur Rafn a extrait de quelques nianuscrits islandais, et tra- duit en danois pliisieurs clironiques ou saga, dont il offre an public un recueil fort int«';ressant. Pen de pays possedent autani DANEMARK. 4x5 de ressources pour les recherches historiques que la Scandi- navie. Leslslandaisseplurent lon!j;-tciins a consigner dans leurs t'crits le recit des actions mt-morablcs de leurs contcmporains, et a leguer a la postcrite le tableau des nioeurs et des usages des siecles oii ils vivaienf. On conserve dans la bibliotliequede I'universite de Copenha^'ue un riche depot de ces vieux nia- niiscrits; niais le texte islandais abonde tellement en fibres poetiques , qu'une etude approfoudie de la langue est indispen- sable pour en debrouiller lesens; et les parchemius deposi- taires de ces precieuses traditions sent dans un tel etat de veliiste qu'il est tres-difficile de les decliiffrer. On doit done savoir gre au savant iaborieux qui n'epargne aucune fatigue, aucun travail , porir transnietlre a scs compatriotes la connais- sance de ces ecrits, non-seuiemcnt dans une langue qui leur soit familiei'e , mais encore dans un style pur, simple et naturel, tel ([u'il convient au sujet. Les anciennes chroniques islandaises peuvent se diviser en deux classes principales : i° les chroniques mythologiques et les chroniques historic o-rom antiques ou les fails historiques sont enlremeles d'aventures fabuleuses et de descriptions poetiques; a° les ouvragcs purement historiques qui contienncnt le recit des evencniens survenus depuis le regnedu fameux roi Harald Haarfager [ Harald a la belle chevelure ). L'ouvrage que nous annoncons nousdonne une suite des saga dela premiere classe. Le premier volume est compose de trois livraisons, dont la pre- miere contient le saga de RoJf-Krahe ; la seconde, le Folsunga- Saga, ou I'histoire de Sigurd Fafnerhanc ; la troisieme, la chro- niquc de Ragnar Loclhroh , suivie de fragmeus des histoires des rois danois etnorvegiens depuis h'ar Vidfadnie ]\i?>^\\\a Harald Blaaland { Harald aux dents bleues ). Le second volume, com- pose de deux livraisons ^ contient I'histoire de Didrik de Bern (Theodorich le Grand de Verona). Le troisieme volume, com- pose de trois livraisons, coniient les chroniques de In decoii- verte dc la Norvege , de Half , de FrithioJ Ic harcli, d'OErivarod et de Heri'ocr, suivis d'un fragment de I'histoire dc la bataille de Broi'alla. Plusieurs de ces saga sont accompagnes de notes con- lenant des observations sui- les institutions et les coutumes du tems ; ime table historico-geographique des raatieres tcrmine l'ouvrage. Si c'est une veiite reconnuc que les mceurs, les usages et les institutions dun peuplc doivent fixer prtncipalement I'attention de I'observateur, de preference au recit des falts et des eve- nemens , on conviendia que ces vicilles legendes pourront devenir la source d'un grand nombre d'invcsligatioDS tres- 426 LIVRES ETR/VNGERS. curieiises ) surtout relativoment a la niythologie danoise, dojit plusienrs savans de I'Allemagne s'occupcnt depuis qiielqiie terns avec zele. B. ALLEMAGNE. 109. — * Hellas oclergeographisch-antiquarische Darstcllung des alien Gricchenlandes. — Description ii;eopraphiqiie de I'ancienne Grece et de ses colonies, par Fr. Kruse, professeiir ^ rUniversite de Halle. T. I, i'« partie. Halle, 1826. ln-8". Dans I'introduction, ou s'attache a dctetniiner quelles con- trees ont ele plus particulieremcnt designees par ies auteurs, sous le noni de Hellas ; le resle dii volume est consacre a trois des principaux elats de la Grece ccntralc, dout la description est au niveau des connaissances actuelles , M. Kruse ayant c'tudie Ies relations des derniers voyageurs aussi bien que Ies plus anciens textes. C'cst ime veritable stalistique dans laquelle la topographic des nionlagnes, des fleuves, des plaines est jointe a I'indication de la popidation et des jiroduils de la terre, auxoJjservations sur le climat et snr I'histoire naturellc. Athenes, comme on le pense bien, a etc'; I'objet des soins par- ticuliers de I'auteur. Nous devons citer, comme tres-remar- quables, la contestation elevee contre I'opinion de Leake au sujet de la situation de I'Odeon de Pericles; juiis, la descrip- tion des f/cvwt^i- maritinies et des trois ponts du Piree, de Munychoe et de Phalere. Ces differentes localites , y compris Athenes, renformaicnt 10,000 maisons, tandis qu'aujourd'huiil n'y en a pas au-dela de 1,600. La navigation autour de I'Attique est d'un grand interet. Les recherches Ies plus exactes concer- nent Sanium, Prasies, Brauron, RLirathon , sa plaine et ses monuinens. Le territoire sterile et resscrre tie Megare, i'ideu- tite de la ville moderne avec I'ancienne occnpent ensuite le lecteur. De la on passe en Beotie, vaste bassin enioure de monlagnes et situe au nord de I'Atliqiie et de la Megaride; beauc£>up d'auteurs se sont attaches a le decrire; les plaines de Platee et de Cheronee , le lac Copais, le Cephyse, I'Asope ont ete souvent visites. Les mines de Thebes et celles d'Or- chomene, Coronee, Labadie, etc. , embellisscnt de leurs sou- venirs cetle partie du livre de M. Kruse, qui joint les nonis moderncs a ceux de I'antiquite, et qui partout releve avec exactitude, niais sans aigreur, les fautes de ses devaticicrs. M. Kruse est auteur des excellentes Annates de geograpfue et d'antiquite de la Germanic orientale, et nous avons deja en- tretenu souvent nos lecteurs de ses travaax. Ph. GoLoiiKv. 1 1 o. — * BasUlcorunt titulus : dediversis regidis juris antiqui, etc. I ALLEMAGNE. 4 27 — Titrc des Basiliqnes : des diverses regies du droit ancien, mainteiiant restituc eti son entier d'apres un mnnuscrit de la bibliotheque de Coislin, par le professeur Charles AViTTE.Brcs- lau, 1826. In-8° de xxvii et 46 pages. Le recueil de droil connii sous le nom de Basiliqnes est nn code renfermant les lois romaines appropriees aux mceurs grec- qiies et ecrit dans cette latigue. Basile, le Macedonien, apres ses victoires contre les Sarrasins, commenca cetle grande en- treprise; mais, comme il mournt sans I'avoir terminee, sou fils, Leon le savant on le philosophe conlinua son ouvrage et I'acheva. Constanlin Porphyrogenete, qui succeda a Leon, revit ce nouveau code, et en a publie une derniere edition qui est restee le seul texte ofticiel, conime dans le droit Justinien, le Codex repetitce picelcctionis . Ce vaste recueil a ete appel^ Basi- liques, ce qui pent egalement signilier : constitutions imperinlcs ( de B«(r<>i£t)ff, roi on empereur ) , ou constitution de Basile ( dii nom BosyMswf , Basilius ). Cujas et d'autres jurisconsultes ont tire le plus gr^nd parti de I'etude de ce recueil. Malheureu- sement, il n'est pas arrive complet jusqu'A nous. On sail que les Basiliques se composaient de soixante livres: or, I'edition de Fabrot, en 7 vol. in-folio, n'en contient que trente-nenf; en y ajoutant les quauc nouveaux publics par Ruhnheii et Reitz, il en reste encore dix sept inedits. Depuis plusieurs aauees, on annoncait que M. Pilat, de Vienne, se proposait d'en donner une edition complete, et qu'il voulait pubiier en nienie terns pkisieuis traites du droit grec-romain, jusqu'a pre- sent inedits; niais il parait que ces divers travaux n'ont pas vu le jour. M. AVitte, qui a fait des recherches etendues sur ce monument important de la legislation greco-romaine, annonce, dans la preface de son ouvrage, que deuxde ses com|)atriotes, MM. PiLAT et HuuTVPALKER, ayant promis successivement de communiquer a lenr pays les richesses d'une bibliotheque t'trangere, et n'ayant point rempli leur promcsse,il veut repa- rer, autant qu'il est en lui, cette infidelite si contraire a I'exac- titude des savans allemands. Montfaucon a le premier donne connaissance du manuscrit de la bibliotheque de Coislin. Denys Godefroy avail deja publie les deux litres : De divcrsis regulis juris antiqui et de T'cr- borunt signijic.atione , el Fabrol avail aussi compris ces memes litres dans son edition des Basiliques; mais il ne semble pas que ni I'un ni I'aulre aicnt connu le manuscrit de la bibliotheque de Coislin. Malgre cette circonslance, Fabrot est loin de me- riter les injusles reproches de M. Wittequi, a I'exemple de beaucoup deses compatrioles, Iraitc d'une manicre fort cava- 4a8 LITRES ETR ANGERS. Here los savans franrais. Dans sa preface, ecrite en lalin tudes- qiie, il accuse le laborieiix editeur des Basiliques de precipi- tation etde negligence dans son travail. Fabrot, dit-il , pretend avoir consnlte deux intcrpretes grecs, Michel Attaliote et Theodore d'llerniopolis. Or, le premiernc parait pas, du moins dans I'edition de Lowenklaw, presenter un texte plus pur et plus exact que les auteurs consulfes par Godcfroy. II examine ensuite (|uel!es obligations Fabrot pent avoir au second , et il"~ offro an lecteur un passage de I'inlerpretation grecque qui lui a ete communique ])ar M. Hase, pendant son si'jour a Paris. M. AVitte dans les deux dernieres pages, rend comple de son propre travail. 11 |)ubiie le texte grec, tel qu'il la copie sur le inannscrit, ne se permettant de corriger que les fautes evi- dentes, et plarant dans les notes, les variantes que jjresentent les editions antericures et les autres manuscrits qu'il a com- pares. Il donne la version latine de Reitz , avec quelques legers changemens, et Iraduic suivant la methodcdece jurisconsulte, les endroits qui n'avaient pas encore ete publics. II n'a point neglige de cousidter aussi les scholies des Basiliques. En fin , M. Wilte annonce qu'il ne pent donner au public, d'apres le mcme manuscrit, le titre dc verb, signific. , n'ayant pas eu h; terns de le copier pendant sou sejour a Paris; mais M. Pilat lui ayaut fait present dc son travail sur les Basiliques, il n'hesi- tera pas a le communiquer au public, si son premier essai obtiout un accueil favorable. Nous faisons des voeux pour que M. Witte puisse tenir cctte derniere promesse. En effet nous avons compare le litre qu'il vient de publier a ceiui qui est contenu dans I'edition dc Fabrot; et , quoique nous soyons loin departager les preventions de notre auleur centre ce juris- consulte, nous n'en reconnaissons pas moins qn'il a rendu uu veritable service a la science, en publiant un texte pins pur et plus complet de I'un des litres les plus importans de la legisla- tion romaine. A. T. III. — Pantheon , etc. — Pantheon de I'histoire des peuples germains, par Eincst'Mviic.u. Fribourg, 1827. 4 cahiers in-fol. avec de belles planches. L'auteur, dans son introduction, annonce qu'il se propose de rappeler les hauls fails des aieux de sa nation, le caractere ferme et vigoureux des anciens Germains. Il s'occupe ensuite a tracer ce tableauavecun patriotique cnthousiasme: son style est plein d'images et fortde pensees. On n'accusera pas M. Munch de prolixite : il franchit , en irois pages, lout le nioyen age ; peut- etremontre-t-il, dans les dernieres lignes, un pen tropde licrte nationalejpeut-etrefallait-illaisseraundeclamaleurcelebrecette ALLEMAGNE. 429 inconvenanio comDaraisori de Paris avec Baby lone. Toutefois, on aurait tort do ju;j;er M. Rliinch siir ce seul trait; car il est bien eloigne de vouloir perpetiier les preventions et les haines nalionales. Son ouvrage commence par une description geographique de I'ancicnne Germanie : il determine ses limites; il reconnait les peoples qui Tent habitee, leur origine, lenrs qualites morales et physiques. Le Saxon lui parail plus propre a la vie domestique et agricole; le Sneve est exclusivement guerrier; le Goih est phis porte a la civilisation. Les idees religieuses, I'etat moral el politique, sont presentes sous un nouvel aspect, avec talent et avec erudition. Ce n'est pas sans profit, ni sans plaisii', cpie les savans liront ce premier cahier dans lequel les hommes du monde pourront aussi puiser une instruction degagee des epines de I'archeologie. Dans le second cahier, on lit un article intitule : Hermann le Cherusque , dans lequel la defaite de Varus et I'expedition de Germanicus sont lacontees sans discussion topographique ; ou plulot, c'est une biographic d'Arminius; car I'article lui est consacre en entier et nous retrace tout ce qu'on sait de ce heros de la' liberte. Le troisieme caliier est consacre a Civilis le Batavc : on y trouve ime belle gravure representant le serment des conjures rassem- bles dans les bois. Enfin , c'est Alaric et son entree dans Rome qui, dans le quatrieme cahier, rappellent le triomphe des peuples barbares sur le plus puissant empire que le monde ait jamais vu se former. Nous ignorons combien de cahiers publiera M. Munch; mais ils ne peuvent manquer d'obtenir un grand succes. P. Golbery. 1 1 a. — Gcschichte der Jungfrau von Orleans. — Histoire de la Pucelle d'Orleans, d'apres des actes authentiques et d'apres I'ouvrage francais de M. Lebrun des Charmettes, par Fre- deric de la Motte Fotiqoe. Berlin, 1826; Schlesinger. 2 vol. in- 1 2. Le baron de la MoUe Fouque s'est montre jusqu'a present le partisan le plus zele du moyen age qu'il y ait en Allemagne. II n'y a pas de chevalier qui ait rompu autant de lances pour la dame de sa pensee, que le baron a compose de romans et de contes pour uous presenter le moyen age comme I'age d'or, comme I'Eden de la race humaine. Mais ces poetes qui ont des idees tout arretees sur certaines epoques, sont rarement ca- pables de bien ecrire I'histoire. Aussi , quand on a vu M. de la Motte Fouque se coustituer rhistorien de Jeanne d'Arc, on n'a pas bien augure de cette entreprise. Le fait a justifie les craintes du public. Ce n'est pas que I'histoire produite par le poele de Berlin manque d'interet;il est trop habile contour 43o LIVRES ETRANGERS. pour gater un sujct aussi intercssant ; mais on est plus exigeant pour I'liislorien que pour le conteur. M. de la Motte Fouque a annonce que son ouvrage serait redige d'apres dcs actesauthen- tiques; or, on ne voit pas qu'il ait consulte d'autrcs matcriaux que les ouvrages imprimes. Un historien de nos jours ne pent pas admettre les prejuges du xv^ siecle; cependant le nonveau biographe de la Pucelle voudrait se persuader, et faire croirc aux autres qu'il y a du merveilleux dans les inspirations de cette fille. « Ne penetrons pas avec trop de euriosile dans de pareils niysteres, dit-il ; ne respectons-noiis pas le demon fa- milier encore si probleniatique de Socrate? Pourquoi n'aurions- nous pas le meme egard pour des manifestations dc la DivinitePo En plusieurs endroits de son ouvrage, I'auteur raisonne avec la meme force; dans un passage, il renvoie ses lecteurs a I'eler- nite pour avoir la clef du mystere de la Pucelle d'Orleans. Ce qui engage surtout M. de la Motte Fotique a croire que Jeanne avait des revelations , c'est qu'elle parlait commc la Bible , sans I'avoir jamais lue ! 1 13. — l3as Lchcn unci die fVcrkc Albert Diirerx. — Vie et OEuvres A' Albert Barer, par Joseph Heller. T. II , avec lig. Bamberg, 1827; Kunz. Si nous parlons du deuxieme volume de cet ouvrage, sans avoir fait mention du premier, il faut s'en prendre a I'auteur, qui jusqu'ici n'a pas encore fait paraitre le commencement de son travail , destine a la vie du celebre artiste allemand. Dans le second volume, le seid qui ait encore paru, se trouve une notice tres-detaillee des ouvrages d'Albert Durer, ou Ton fait connaitre successivement ses dessins, ses tableaux, ses ou- vrages plastiques et ses gravures. Un troisieme et dernier volume contiendra des additions a cette notice, ainsi que les rectifications que I'auteur espere oblenir des personnes qui possedent I'oeuvre d'Albert Durer. 114. — Heinrich von Kleists gesammrltc Schrlften. — OEuvres <{'Hcnri de Kleist , recueillies et publiees par Louis Tieck. Berlin, 1826; Reimer. 3 vol. in-S". Deux poetes du nom.de Kleist se sout distingues dans la litterature allemande : I'un dans le dernier siecle, I'aufre dans le siecle actuel. Le premier, Ewald Kleist, s'est fait une grande reputation par son poi-me sur le printems et par ses odes; Henri de Kleist s'est adonnc a la carriere dramatique. Plusieurs de ses pieces, drames et tragedies, font partie du repertoire du theatre allemand. De cc nombre sont les drames : Catherine de Hcilhrnnn , In Cruche cassce , Ic Prince de Honi- i>ourg. Henri de Kleist est, dans ses compositions poetiques, ALLEMAGNE. — ITALIE. 43 1 plus inegal que son homonyme; mais en revanche, il est plus original, et il a des bcaulcs plus saillantes, si toufefois on pent comparer dcs pieces de theatre a des poemes descriptifs et a des odes. Henri de Kleistecrivait aussi tres-bien en prose, ainsi que I'atlestent ses coutes et ses nouvelles qui composent le troisieme volume de la collection de ses ceuvres. On a traduit ])lusieurs fois en francais Ic Printems d'Ewald Kleist. On n'a encore rien traduit de Heuri de Kleist, elil est douteux que le public francais goutat ses dramcs et ses contes, a cause des incidcns bizarres dont ils sont remplis. Cependant, ce poete est estime en Allemagne, malgre ses ilefauls, et il occupe un rang distingue dans la littcralure de ce siecle. D-g. ITALIE. 1 1 5. — Planlarum in Lariensi provincia lectarum enume- ratio , etc. — Enumeration des plantes recueillies dans la pro- vince du Lario, presentee aux botanistes par M. Joseph CoMOLLio, oil prodrome d'nne Flore de Come. Come, 1824; imprimerie de G. P. Ostinelii. In-8°. M. Pollini avait deja decrit phisieurs plantes de la pro- vince de Come , dans sa Flora Vcronensis. M. Comolli a de beaucoup aiigmente leur nombre, dans sa Flore que nous annoncons. Depuis 1821 jusqti'en 1824, il avait deja recueilli i3oo especcs dans la province de Come. 116. — • Lettcre ad una giovane sposa. — Lettres adressees a une jeune epousc. Milan, 1826. L'anonyme garde par Fauteur n'est pas pour nous un voile lellement impenetrable que nous ne puissions reconnaitre dans cet ouvragele style de M. Dandolo, dejaconnu par ses Lettres a Hcrnilnie, et par celles stir Rome et Naples , dont nous avons parle dans ce recueil (voy. t. xxxii p. i i'l i). Ces nouvelles lettres renferment les conseils d'une dame agee et instruite par I'ex- perience a une jeune et nouvelle epouse, son amie. Elles rou- lent sur divers sujets : la confiance entre deux epoux, I'amour- propre, la jalousie, la toilette, les repas, la danse, la conversation , I'economie domestique , la religion , le beau nionde, la campagne, etc. L'aimable corrcspondantc parle aussi des livreset des connaissances litteraires quipeuveut convenir a sa jeune amie; sur ce point, elle s'appuie de I'autorite d'un manuscrit de son mari qui, a Ten croire, est phis verse qu'elle dans ces matieres. Ce nouvel opuscule nous parait plus interessant que les premiers essais du meme auteur , et nous fait esperer qu'il ne s'arretera pas encore dans }a voie du perfectionnement. 43a LIVRES ETRANGERS. 117. — * T frnmmcnti de sci lihri della repiiblica di Marco Tidlio Cicerone, lyolgarizatl , etc. — Frai^nu'ns des six livres de la repiiblique de M. T. Ciceron , traduits par M. le prince Z).Pit77eODESCALCHi,desducs dcSiriiiio,etc. RomCjiSaG. In 8". L'ltalie n'a pas attendu lonj;;-lems une traduction des fn:^- mcns de la rcpublicpie de Ciceron, reeemment decouverts par RI. I'abbe Mai. Le prince Odcscalchi , qui nous a donnc souvcnt I'occasion de faire une mention honorable de ses travaux, s'est charu;e do celte traduction, ct i'a dedice a son frere, le prince Innocent Odescalchi, due de Sirmio, comme un ouvrage digne d'etre medite par celui qui doit diriger I'administration d'une principaute, et prendre part aux seances de rassemblee nalio- nale de la Hongrie. Ce que I'auteur dit a son frere s'adiesse naturellement a tous ceux qui se trouvent, ou qui pouriaiciit se trouver dans la meme position. Aux fragmens de Ciceron, decouverts par M. I'abbe 3Iai, il joint ceux (|ue saint Auj^'ustin, Nonnius et Lactance nous avaient transmis dans leurs ouvra- ges , ainsi que le Songc de Scipion , conserve par Macrobc. Le style de la traduction est noble et clair ; tenant un juste milieu entre la licence et la servilite, il approche de I'eiocution cicero- nienne, autant que le yenie de la languc italicnne le permet. Le savant et modeste traducteur a cm devoir engager deux autres savans distingues, M1\L Louis ]>iondi et Salvator ^■e.tti, a prendre quelque [)art a son travail. On trouve en tele de I'ouvrage un beau portrait de Ciceron, execute d'apres un ancien buste qui cxistait dans Ic cabinet des dues Mattel, et que J\I. Odescalchi a profere en s'appuyant sur I'opinion du celebre antiquaire E. Q. Visconti [Iconographic latine). La beaute de {'edition est digne du merile de I'ouvrage. F. S. 118. — * Poesie di Giuseppe Parini. — Poesies de Joseph Parini. Milan, i8'26; iniprimerie des classiques italiens. In-32. Reproduire dans ce moment les poesies de Parini, c'cst rendre un veritable service aux amis des Muses et des saines doctrines litteraires. On distingue parmi los productions de ce poete les petits poemes sur les parties du jour, dans lesquels les ridicules et les travers de la haute societe sont mis en scene et frappes a mort par les traits d'une ironic adroitement menagee et coiistamment soutenue; c'est la satire de moeurs la plus iugenieuse que Ton connaisse en Italic. Les ar.tres pieces de ce poete ne laissent pas d'offrir un grand interet; on remarque, eu general, dans son style, de la variete, de I'elegance et ime correction (|ui n'exclut ni la chaleur ni le sentimentjon reconnait souvcnt dans samaniere cclle d'lloracc. I ITALIE. 433 A ce litre seul, Parini mcrito de scrvir Joni;-tcms cle guide aux jciines poetes qui s'appliquent a I'etude des inlands maitres, et qui cherchent des succcs durables dans un art pour lequel « U n'est point de degrc du mediocre au pire. » (]_ Rossetti iig. — Schcrzi extemporanci latlni , etc. — Impromptus, composes en latin; par i'avocat Faustin Gagliuffi. Verone, 1826. In-S". Les improvisations du celebre M. Gagliuffi le placent au rang des latinistes les plus instruits. S'il fallait prouver que la facilite d'improviser tient moins au genie de la langue italienne qu'ci cchii des Italiens eux -menies, on pourrait ciler les vers latins de M. Gagliuffi et de pliisieius de ses eompatriotes. Les morceaux reunis dans le recueil que nous annoncons ont ete composes pendant les voyages du poete en Suisse, a Munich et a Verone. L'un des plus remartjuables fut improvise a Munich, pendant que M. Gagliuffi visitait le cimeliere de cette ville. C'etait le 2 novembre; et le peuple afflnait de toutes parts pour offrir les voeux de la piete aux manes de ses ancetres. Dans la foule se trouvait le roi de Baviere , qui, sans suite et conduisant son enfant par la main, se promenait, entoure de I'amour etde la veiK'ratinn de ses sujets. A ce touchant spectacle, le poete ceda au besoin d'exprimer son admiration par des vers cpi'il 'recita sur-le-cham|) a M. Schcrcr, bibliothecaire de la ville, et dont voici les dcrniers : Ecquis hie? oravi. — Rex nostcr. — Inermis? — Amicus. Proh deus ! et regi gratulor, et populo. 120. — Espcriiiiento dl melodic liriclw. — Essai de melodies ly- riques. Milan, 182(1 ; A. Lamperti. In-S°. IVous annoncons cet ouvragc , moins a cause de I'interet qu'il inspire, que pour detromper le public qui, surpris par la bizarrerie du titre, pourrait y cbercher en vain de la nuisi- que. Cc ne sont que des vers qui souvent manquent meme de cette harmonie dont s'est fait gloire jusqu'ici la belle poesie italienne. Mais, comme sur ce point le gout depend ordiuaire- ment de I'organisation des oreilles, quclqucs personnes ont remarque dans ce recueil de vers, je ne sais quelle harmonie nouvelle qui les a enchantees. Elles I'ont trouvee d'accord avec la beaute des images et le coloris poetique; elles ont signale, dans un journal , comme traits d'originalite ce que d'autres ont pris pour les sympromes d'un esprit malade. Nous convenons volontiers que I'originalite pent se I'encontrcr dans les sottises de tout genre; mais, ce dont nous ne pouvons pas nous rendre raison, c'est de voir tin des meilleurs journaux de I'ltalie , T. XXXIV. — Mai 1827. 28 434 LIVRES ETRANGERS. yjnthologlc dc Florcnct: ( N" 7 1 , p. 2^5 ), nous citer, dans I'in- tention dc faire valoir ces poesies, dcs moiceaiix qui scinblcnt choisis dans unc intention contrairc. Pour meiiter les elopes decci-tains romantiquos, ilfaut done debitor les iieux communs les plus uses et les plus prosaiques; il faut done employer Nous avoiis deja eu plusiein-s occasions, (lit I'auteur , de faire remarquer, chez les femelles de singes, ccttc disposition a la confianceetcebesoind'affection qu'on ne reucontie quecomme une exception chez les males; mais c'est sans raison (ju'on a dit que ce besoin so manifcstait plutot pour un homme que pour SCIENCES PHYSIQUES. 443 une femnie. Ces animaux sont ties - susceptibles de jalousie, ou pluloc d'uii sentiment qui a I'apparence exterieure de cette passion ; car elle nc pent existei' chcz les animaux avec les niemcs caracteies que chcz Ihomme ; niais ils I'expriinent in- independamment de lout rapport de sexe. » — Le vnvet [c.py- gcrytlirus ) est encore un smi;e vert qui aura ete confondu avec le callitriclic et le malbrouck, et dont M. F. Cnvier fait uue espece separee. L'individu deceit est le premier qu'ait pos- bcile la menaij;erie. M. De Lalande en a rapporle plusieurs de son voyage an Cap, on il les a constamment trouvcs dans les forets, sans y rencontrer ni le grivct, ni les deux autres especes dont nous avons parle. « Les mammiferes, en general, mais surtout les sinL,'es, epi'uuvent des chant^emens si considerables dans leur developpemcnt, et les caracteres qui distinguent les especes entre elles soiit qui'lquefois si peu sensibles, et ecliap- pent si facilementa rattcution du naturaliste, qu'il n'est guere possible de les etudier avcc succes que dans lesein d'une inena- gerie.» Telles sont en parlie les reflexions que suggere a M. F. Cuvier la difdculle (|u'on a eprouvee si longtems a distinguer les differentes especes de singes verts. Ces reflexions , fruit d'une longue experience, prouvent aussi que les menageiiesne sont pas uu objet de luxe, qu'elles coutribuent puissamment aux progresdc la science, et qu'on dnii une vive gratitude aux gouvernemens qui les entretiennent et a tous ceux qui les en- richissent de leurs dons. La menagerie royale a possedeun asscz grand nombre d'in- dividus de I'espoce des maUiroiichs (c. cyno.snrits). II n'est point d'animaux plus agilcs. lis faisaicut entendre raVementleur voix, qui n'est qu'un cii aigre et faible , ou un grognemeiit sourd. Les males, dans leur jeuuesse, etaientassez dociles; mais des que riige adulte arrivait, ils devenaient niechans ; les femelles res- taient plus douces. Le malbrouck , quoique tres-irritable, est Ires-circonsjject et n'altacjue que par derriere. Conimc toutcs les guenons du 2""<'groupc, on ne peut jamais I'apprivoiser entierement; iles qu'on lui impose une contrainte prolougee, sa vivacile disparait, il dcvient triste, etbientot il mcurt. La figure de Buffon et celle de Scopoli ne donnaient pas une idee exacte de cette espece , representee maiutenant avec la plus grande fidelite. Le patas ( c. ruber ) est une des especes les plus rcmar- quabk-sdu \i(:\\\'^ giicmm, a cause de sa couleur d'un roux uni- forme el briliant. Les deux /j«/fl.f que M. F. Cuvier a possedes, quoique fort jeunes, etaieiit deja raecbans; ils avaient tous les defauts des guenons, mais aussi toute leur penetration. Buffon 444 LIVRES FRANCAIS. a donne une tres-bonne description de ce singe ; mais la fignre est fort iucorrecte. Ce cclcbre naturaliste est le premier qui ait fait coiinaitre Ic mangabcj a collier ( c. wtlnopicus ) , qii'il re;;ar(lait comme une simjile variete du mangabey , et dont M. Geoffroy Saint- nilaire a fait avcc raison une espece distincte, sous le noin iX wtldopicus , donnant Axiinaiigahry i.^us collier celui (\iifiiligi- nosus. Ces deux especes se resseniblent par le caractere conimc par les couleurs; iis ont cela de particulicr que la |)lupart de leurs impressions s'expriment par les mouvemcns de leur fi- gure, et surtout par la maniere de relever leurs levres ct de montrer leurs dents. M. F. Cuvicr pense que le uuingabcj a collier que possedait la menagerie venait de la cote occidentale d'Afriijue, an niidi du Cap-Vert. Les six planches de cette livraison ne le cedent en rien a celies qui ont deja paru, par I'exactitude et le soin avec les- quels les figures sont ilessinees et coloriees. A la dimension pres, on croit voir lesanimaux eux-memes. A. Michei.ot. 127. — * Histoire generale (les hypoxylons , par F.-F. CnE- VALiEu. Troisicme livraison. Paris ( sans date), Firmin Didot. 10-4°; prix de la livraison, 9 fr. En rendant compte (voy. Rev. Eric, t. xxxi, p. 4?) de I'excellent livre ou IVI. Fee traila iin point important de I'his- toire dcs ecorces officinales, nous avions saisi cette occasion pour citer obligeamment les deux premiers eahiers de I'ouvrage dont le troisienie parait aiijourd'hui. Etant du petit nombre des bolanistes qui, ne dedaignant |)as la cryplogamie, savent qu'il n'cst peut-etre pas dans toute I'Europe deux douzaines d'amutcurs d'liypoxylons, nous avonspu, sanscroiie etrehostile envers M. F.-F. Chevalier, ajouter foi a des bruits d'interruption que motivait d'ailleuis nn retard consi(leral)le dans la marche de son operation. Nous deplorames, ce fut notre expression, qu'une entreprisc a laquelle nous donnions des eloges n'obtint pas de siicces : « car, disions-nous, il est plus important (|u'on ne pense, en histoiie naturelle, de fixer I'existence de tons ces avoiions de la creation, par lesquels la puissance creatrice semble avoir commence et termine I'execution de ses plans mcrveilleux. » Comme, dans I'article que nous rappelons, nous avions surtout donne des eloges a M. Fee, I'historicn des hyjioxylons y vit une assertion dictee par t esprit de coterie. Nous aurions voiilu pouvoir transcrire ici \ Avis au lecteur , oju M. Chevalier nous traite de la sorte, afin qu'en le comparant avec la maniere polic et eneourageante dont nous avions j)arle de lui, on put juger conibien mal a propos les gens qui s'oc- I SCIENCES PHYSIQUES. 445 cupent de pctites clioses sont c|iielquefois susceptibles de {^randes coleres. Existerait-il des aufcurs a qui le bien qu'on dit d'eiix ne saurait suffiro , si Ton n'y ajoiUait la critique de leurs maitres 011 de leurs eniules? Quoi(]iie M. F.-F. Chevalier, hislorien des liypoxylons,.ait si mal apprecie lesbons precedes qu'on avait ens pour lui, nous ne'deviendrons pas injustes a son egard ; nous continuerons a donner des eloges aux plan- ches qui aocompagnent ses caliiers. Lcs cinq dernieres I'em- portent encore, s'il se peiit, sur les precedentcs; elles font le plus grand lionneur a M. Dumenil (jui en a peint les figures. Nous voudi'ions pouvoir dire le meme bien du texte; mais on n'y trouve que de vagues et vcrbeuses descriptions, oh Ton n'eut jamais pu rien reconnaitre, si le pinceau ne fut venu an secours de i'auteur. M. Chevalier s'y moutre fidcle a son sys- tenie d'alteration dans les noms des objets. C'est ainsi qu'il appelle opcgrapha cicalricida N , I'espece qu'Acharius, long- teins avanc lui, avait fait conuaitre sous le nom de cicairisans. Ailleurs, M. F.-F. Chevalier decrit sans synonymic , et comme si elles etaient scs propres decouvertes, des especes qui furent beaucoup mieux decrites parses devanciers; ainsi, son opcgrapJia exccntrica est le grapliis torluosa d'Acliarius ; son opcgraplia undidosn est le veriosa de Persoon ; son raincalis est le serpen- tina Ach. ; son stizorina , le nana de M. Fee, etc. C'est particu liereinent de ce dernier savant que M. Chevalier parait tenir a ne pas ciler le nom. L'historien des hypoxylous ne sait-il pas qu'en histoire naturelle ce genre de reticence est moius pre- judiciable a celui qu'on pretend en rendre victime, qu'a celui qui se le permet. Quoi qu'il en soit, M. le D*" F.-F. Chevalier promettant d'annexer a son grand oiwrage une histoire du quina et de la cascarille, nous devons I'avertir que ni I'un ni I'autre ne sont un bois, comme il le dit, mais des ecorces, et que la cascarille n'a pas de tronc, encore qu'il imprime, p. Sg, en parlant de I'une des especes qu'il a travesties : '< Habitat ad triincitm crotonis cascarillcE. » 12S. — * Algiics de la Narrnandie, recueillies et publiees, la partie des articulees, par M. Roberge, et la partie des inarti- culees , par M. Chauvin, de la Socic'ie Lirineene de Caen. Caen, 1827; Chauvin, rue des Chanoincs, n" 28. Cet ouvrage parait par livraisous in-folio, compose de aS plantes chacune, et du prix de 10 fr. Comme il n'est rien en ce bas monde 011 Ton ne puisse trou- ver a redire, nous somines tentes de chicaner d'abord les au- teurs du magnifique et excellent ouvrage que nous venons annoncer, sur I'impropriete de son litre , parce que le mot al- /,/,6 LIMIES FRANCAIS. gue, dans le sens qu'ils lui donnent, doit etre banni de la science , commo fen le savant I.amouroux, ami de M. Cliau- vin , I'a prouve dans iiotre Dictionruiirc classif/uc d'/iistoirr natarcUe ( t. i , p. 2i3). La collection qui s'annbiice sous de si beaux auspices, forme un ouviage tres-bien place dans line bibliotheqne de luxe; nulle planche, fut elle le jiroduit des pinceaux de nos Rcdoute el de nos Tiirpin, nc pounait etre comparee, pour I'exactitude et la beaule, a des ecliantillons naturels. On avail essaye a Edimbourg un travail du meme genre. Conime tout ce qvd se public dans la Grande-Bretagnc, il etail d'un prix excessif, presque extravagant; et, comme desyMc^.v ne sont pas des objets de negoce, i'ouvrage ou i'on s'en occnpait a si haut prix, n'a point eu de cours. MM. Ro- hergc et Chaiu'in ont mis leur prix an plus bas, ct la beaute de leur livre au plus haut ; on ne pent doiiter qu'ils n'obtiennent un grand succes. Qniconque habitant I'interieur des terres, y possedc un herbier, et veut compleier ses collections, ne pent se passer des alguesde la Norniandie. « Certe publication nou- velle en France, dit le prospectus, paraitra par livraison, et se coniposera d'envirou douze volumes on fascicules in-folio, papier velin. Chai]ue fascicule, elegamment cp.rlomie,contien- dra vingt-cinq especes de plantes croissant dans la mer ou dansles eaux douces, dont la nioitie articulees et I'autre inar- ticulees. Disposees avec tout le soin jiossible, elles seront fixees immediateuieut sur le papier meme dn fascicule, avec une eti- quette imprimee, portant le nom de la i)lanle et une synony- mic nssez etendue pour pouvoir rccourir a tons Ics ouvragea d'algologie. » B. de Saint-Vincent. 129. — Manuel de inineralogie , ou Traite elementaire de cctte science, d'apres I'etat acluel de nos connaissanccs; par M. Blondeau. Dcuxienic edition , enlieremcut refondue par M. le docteur Julia Fontenelle. Paris, 1827; Roret. In-8" de 460 pages, avec figures; prix, 3 fr. 5o c. En annoncant, dans I'un de nos deruicrs cahiers , I'appari- tion du Manuel de mineralogie public par 31. .Drapiez( voy. Ret>. Enc. , t.xxxiii, p. 767), nous disions qu'on ne pouvait en conscience citcr un bon maniiei analogue preceileuiment im- prinie. Cetouvrage, que taut de faules rcndaieut veritabiement illisible, et qu'un premier essai de correction n'avait rendu qu'un pen moins imparfait, a ete totalement revu. L'editeurdes manoels, qui n'epargne rien pour que tons ses volumes soient dignes his uns des autres, s'est empresse de faire le sacrifice d'une edition qui deparait sa collection; et M. le docteur Julia Fontenelle s'est charge du nouveau travail, dans lequel il a ete SCIENCES PHYSIQUES. 44? seconde par M. D. , dont rinitialc traliit I'incognito de I'un de nos naturalistes les plus profonds et les plus nniversels. Le noii- vel oiivrage est diviso en sept parties : la premiere, sous le UXre Ae Mctalloidcs , coniprend I'etade des nietaiix ranges se- lon la classification de M. /'//cwrtrf/; la seconde, intituiee des Metalloxides , traile des oxides metalliques ; la 3'"'', des com- bustibles lion metalliques, sous le iiom de combustidcs ; la 4'"<' , des substances acides; la S'"''^ des substances salines ; la 6'"'= , des aerolithes ou pierres tombees dii ciel, ainsi que du fer meteorique. Les auteurs ont joint a ce chapitre line liste chro- nologique des pietrcs tombees depuis la plus haute antiquite jusqu'a ce jour. La 7™° traite de.s roches , et les auteurs y ont suivi les traces de Werner deja un pen vieillies dej)uis qu'ou s'occupe avec tant d'ardeur des etudes geologiques. On pent dire que ce Manuel , regenere par MM. D. et Julia Fonlenelle, estau niveau actuel de la science et contient une multitude de choses sous un petit format. B. i3o. — Agriculture et jardinagc enseignes en douze lecons, contenant des notions nouvelles sur I'irrigation des prairies, sur les engrais, sur la maniere d'uliliser les tourbes , '- 5o c. cartonne. La multiplication et le debit rapide des ecrits sur I'agricul- ture et le jardinagc doivent nous rassurer sur les destinees de ces arts aussi aimables que necessaires; on ne les iiegligera point, et dans la guerre declaree a I'industrie, ils obticndront quelque sauve-garile. Le premier des deux ouvrages que nous annoncons est plulot d'un jardinier que d'un agronome; mais il n'omet aucune culture, et ne neglige point celle des fleurs: le second se borne a son titre, et le remplit. L'auteur du pre- mier ouvrage a renni, dans une introduction, les connaissances geiu'rales sur les diflerens sols et sur les engrais, et il a puise a de bonnes sources; mais, lorsqii'il fait des emprunts aux au- teurs anglais, on voudrait qu'au lieu d'une traduction littcrale, il prit la pensec du livre, et qu'il I'exprimat non- seuiement en langue francaise, mais en agriculture de notre pays; qu'il 448 LlVllES FRANCAIS. substituat aiix cxpicssions techniques etrangeres les equiva- leiisdansle vocabiilairo ara- graphe sur les orangeries, \es serres c/iaudcs et les couches. Dans la nienie lecon, page 121 , on paric pour lapreiiiieie fois du sol, do la position et du plan d'un jardin. En mars, ou a la 3" lecon, apres un paragraphe sur les cJienillcs, on parle de plantations, onplanlagc. 11 n'est pas ([uestion de la vigne avant le mois de juin, ni de la greffe avant le mois de juillet, etc. Quelques-unes des opinions de I'aultjur auraient besoin de preuves plus fortes que celles dont il ler appuie : on croira dinicilcmenl, par exemple, que « la pratique de tuerles abeillcs est la plus avantageuse aux [jroprietaires et a \'£tat.» Que faut-il done penser de cet ouvrage? On dira que I'auteur a rccueiili de bons materiaux, mais (ju'il ne les a pas mis a leur place, et que, de terns en terns, ii n'a pas etc assez diffi- cile sur le choix : que malgre ces defaiits dont nous devons convenir, un lectcur attentif jieut tirer un bon jjarli de son livre, ctclasser sans peine, en raison de leur merile. c'cst-a- dire de leur utilite. Us notions qu'il en tirera. En agriculture, il n'y a point d'ecrit dont on m; ])iilsse faire I'eloge : on doit leur appiiquer, avec bien plus de justice, ce qu'on a dit dcs ouvrages d'liistoire (i). Les rangs sont plus serrus entre les agronomes qu'entre les gens tie lettres. (i) Omiiis hlsloria est hona. La forme senlentiense de cette pensc-e I'a plus accreditee que sa justesse : on ne jugera point aussi favoral)le- SCIENCES PHYSIQUES. /,/,9 M. Miirnull sc plaindra pt-iit-etre de ce lapptochcinont dcs rangs : il dita qu'apres avoir fait avec mi soin diligent iin tra- vail ininiuicux dans Iccpicl il n'etait soutcnii que par I'espoir d'etre utile, il a droit a quelques eloges : les lectours sc cliar- geront de cette dette, et nous ne doutons point qu'ils no I'acquittent avec empressement. F. 1 32. — Expose des variations ntagnctirjiics ct atmosphvyiques da globe terrcstre , avec des tables et des cartes de la decliiiaisonet do I'inclinaison de Taiguille aimantee, etc. ; par J. Quinet, an- cien coinmiss. des guerres. Paris, iiSaG; Beraud, inij)rinicur, rue du Foin St. -Jacques , n^ 9. Iu-8° de i65 p.; prix, 2 fr. 5o c. Cet oiivrage n'est qu'nn prospectus, on memoire prelimi- iiaire, d'mi livre dans lequel seront analysees toutes les con- naissances (ju'on a acquises sur les phenonienes niagnetiques dans les divers lieiix du globe terrestre, et oil Ton presentera les theories et les calculs qui sc rapporteut aux luis dcs inouve- mens de Taiguiile aimantee. On y troiive un resume exact de tout ce qu'on a observe en ce genre. L'ouvrage sera utilement consultc par les personnes qui font de ces sorlcs de pheno- nienes le sujet tie leurs rechercbes, parce que tons les faits connus y sont reunis et rapproches avec beaucoup d'ordre et de clarte. Le mode et la periode des variations magnetiqucs, leurs relations avec la temperature des lieux, la situation des courans maritimes, la hauteur des grandes marees, les va- riations atniospheriques, lessaisons, I'etat du barometre, etc. , sont suceessivemetit exposes. II sera facile au lectcur de faire la part des verites dues a I'observation, et des idees systema- fiques de I'auteur; et, quel que soit le parti qu'on adoptera sur ces dernieres, les premieres seront du moins avantageuse- ment nieditees. Du resle, pour juger le systeme dont il s'agit, il faut attendrc l'ouvrage que M. Quinet doit publier; la loi qn'il donne, p. i5 , sur les inclinaisons de I'aignille aimantee y sera sans doute demontree, ainsi que divcrses notions qui au- raient besoin de plus de developpemens pour etre bien com- prises. Fraivcoedr. I '13, — Manuel de chiniic anmsanle , ou NouveUes recrca- nient certains liistoriens de nos jours, meme sur la foi de cette sorte de proveibe. II serait tems de soumettre a una revision nn pen se- vere une bonne partie de nos richesses proverbiales , et d'en separer ce qui est tout-a-fait hors de verile. En les examinant de prds, on en trouvera pliisieurs dont i'autorite ne tient, comme Je dit Montaigne, q»l'a la barbe cheniie cl aux rides de itisage qui les accnmpagiie. T. xxxiv. — Mai 1827. 29 45o LIVRES FRANCAIS. tions c/i/iiiujurs , coiitcnant uiic suite d'cxpoiienccs ciiricuses tt instiuctivcs on chimic , crane oxcciitioii facile, et iic pri'seiitanl auciiri danger; par Frederic Accum, professeur de cliiniie appliqiiee aux arts ct manufactures; suivi de Notes inleres- santes sur la physique, la chiniie, la niineralogie, etc., par Samuel P\RK.T.s, niemhrc de la Soeicle rorale ; traduit de I'ari- ij;lais par /. Riffault , ex-regisseur des poudros et salpetrcs. Deuxieinc edition , revue soigneuseineiit sur Ic texte anglais, et augmcniee de planches pour bieii comprendre les appa- reils , etc., par A.-D. Vergnaud, capitaiue d'artillerie, etc. Paris, 1827; Roret. In-i8 de 3io pages, avec une planche; prix, 3 fr. Ce petit ouvrage est le resultat de la cooperation dc quatre auteurs; car M. Riffault nc s'est point borne au role de tra- ducteur, il a certainement perfectionne le travail de M. Accum; et M. Vergnaud aura, de meme, fait plus que rcvoir cettc nouvelle edition. On pent done s'attcndre a y trouver non- seulement iine grande abondance de matieres, iine variete sans laquelle i! n'y aurait point <\' amusement , et dc I'instruc- tion qui n'empcche point qu'on ne se soit reellcment amuse. Vindication et les details de 107 experiences dont quelques- uues appartiennent a la physique, 35 notes sur des objets de physique, de chimie, d'histoire naturelie, et sur plusienrs procodes des arts et des manufactures; enfin , un vocabulaire de chimie : voila ce que coutient ce petit volume. Nous avons examine serupuleuscme.'it le vocabulaire, 011 la necessite d'etre court ne dispense point de I'obligation d'etre exact, ou chaque mot doit etre a sa place, la rcmplir et ne pouvoir y etre supplee par aucun autre : il faut I'avouer ; avec la meilieure volonte possible, la critique a etc reduite au silence. F. 134. — * Traite d' hygiene apjAufuee a V education de la jeunessc , par le docteur Simon, de Metz. Paris, 1827; Villeret et compagnie, libraires. In-8" de /J 48 p.; prix, G fr. 5o c. On a fait tant de traites d'hygiene dans lesquels on s'est con- teute de copier les auteurs anciens, et de divisor en six classes tout ce qui pout exercer une action quelconque sur le corps humain; on a si souvent donne pour regies de conduite aux Francais dos terns modernes, des conseils qui pouvaient con- vcnir aux pouples de la Grecc antique, ou de I'empire romain, qu'on aime a rencontrer un ouvrage ou Ton sort de Torniere accoutumee. Le D"^ Simon a senti que les traites comjilets d'hy- giene, conmie on les appolle, ne contiennont guere que des preoeptes genoraux, trop snjetsis varier dans lotu" application , pour fju'on puisse cs|)<''rer les voir se n'pandre; il a pcnse que SCIENCES PHYSIQUES. 45 1 ie moment est venu dc leimir en autant d'ouvrages distincts CO qui j)eut coiivenir a chacunc des giandes divisions de la vie, et il s'est borne a tiaoer Ics lois hygieniques applicables a lajenncsse, etsurtout a lajeunesse male, a cette jeimcsse qni peuple DOS colleges, nos ecoles, nos iiniversiles. Ce n'est pas aux jeunes gens eiix-meraes qn'il s'adresse, il n'aurait pas ele ecoute; mais c'est aux peres de famiile, aux instituteurs, aux chefs de maison d'education qu'il donne des avis dont la sagesse et I'exactitude sont dignes d'eloges. Les chajntres intitules : Des aliniens et des hoissons ; des mdiwemens ; des maladies dit sy Sterne neiveux ; les paragraphes : de V habitude, de la curiosite, de la masturbation , meritent particulierement d'etre medites. lis abondent en observations profondes, en apercus ingenieux; I'auleur s'y montre tout a la fois medccin instruit, philan- thrope eclaire , moraliste indulgent. Son livre est une bonne action digne d'etre imitee par ceux qui se livrent a I'etude de I'hygiene, et nous fait esperer que nous aurons bientol des traites d'hygiene appliques a I'education des jeunes filles, aux fonctions du mariage et de la maternite, et anx diverses pro- fessions, etc. etc. La matiere est assez riche pour que chacune de ces divisions puisse donner naissance a un traite important. Quant aux traites complels, on ne devra songer a en faire que loisque chacune des branches de I'hygiene aura ete completc- ment exploree, et ce moment est probablement encore eloigne. G. T. DoiN. 1 35. — * Traite des gastralgies et des enteralgies, ou maladies nerveuses de Vestomac et des intestins ; par J.-P.-F. B arras, nie- decin des prisons et du bureau de charite du ii^ arrondisse- ment. Paris, 1827; Bechet jeune, place de I'Eeole-de-Mede- cine. In-8° de 36o pages. ; prix, 5 fr. ; et G fr. par ia poste. Le sort de cet onvrage est remarquable, et fortifie I'espoir des nombreux amis de toutes les verites utiles qui ont confiance dans les progres de la I'aison. On a vu se repandre avec unu prodigieuse rapidite les doctrines medicales de M. Broussais , fondeessur(|uelques verites, mais systematiquesdans beaucoiip de points. Nees en Trance, elles ont envahi les deux mondes, endepitdes jalousies nationalesetdesrivalitesd'ecole. M. Barras, que des circonstauces heureuses ont soustrait a la methode ' curative de ce systeme , a mis tons ses soins a I'observer dans ses effets; et les resultats de ses observations luiontfoumi les materiaux de cet ouvrage, consacre specialement aux maladies qui lui sont trop bien connues par sa proprc experience. Dans un premier memoire , insere dans la Bibliotlieque medicale , en i8i3, il fit I'histoire d'une nevralgie dont il avail ete atteint , 29. 452 LIVRES FRA.TVCAIS. du traitemont qui Ini avail etc present, dos ofTots desastreux que ce trailenient prodiiisit, de la toiistance et de la resigna- tion dont il donna I'cxemple, et do la resolution qu'il prit enfin dc suivre le regime qui le gucrit ties maux qu'il avail originaire- menl, et de ceux que les rerncdes Ini avaient fails. Cette nar- ration claire, sincere, methodique, importante dans tous ses details, non moins instructive par les faits inoraux qu'elle re- vele que par les connaissances dont elle enrichit la uiedecine pratique, porta la conviction dans tous les esprits. Le memoire, accueilli par les journaux' consacres a la niedecine dans les pays etrangers, circula partout, Iraversa Ics niers, et alia in- quieter les partisans de la doctrine de M. Broussais jusqu'au fond de I'Amerique, d'ou nous viennentaujourd'huides observa- tions provoquees par celles du medecin francais, et qui les confirnient pleinement. Ainsi, malgre I'appareil inqiosant d'luie iloctri/ii: iinh'crscllc , capable de tout oxpTKiuer , do resoudre loutes les questions , de diriger d'une maniero uniforme la cure de toutes les maladies, il suffit que la verite se montre avec bi sioq)licite qui la caraclerise pour qu'elle soil rceue avec cni- pressement : nc desesperons pas de la raison bumaine. Tandis que le memoire de M. Barras faisait le tour tlu monde, au profit de la medecine observatrice et pratique, I'auteur con- tinuait a recueillir des tails; son premier travail sc completait, el les materiaux nouvellerncnt rassembles avaient d'avance uno place assignee, un emploi convenalde pour la solidite de I'e- dilice. C'esl ainsi que cct ouvrage s'esl forme , pour ainsi dire , de lui-meme, par I'enchainement naturel des idees et la sorte d'attraction qu'ellcs exercent les unes sur les autres dans les •esprits droits et sans preventions. On en conclura sans peine que la lecture d'un livre fait ainsi ne pent etre penible. En ef- fet, il n'est pas necessairc d'etre medecin pour le lire avec plai- sir et prolit. Ceux qui se livrent a rimportante etude del'ame bumaine peuvent puiser utilement dans ce Traite les notions que I'auteur y a mises, sans avoir le projct d'en oceuper ses lecteurs a propos Ae gastralgic , mais paice qu'elles resultaient necessairement de I'cnsemble de ses observations. Nous n'entrerons dans aucun detail sur ee que les connais- sances medicalesdevront au travail de M. Barras : il nous serait impossible de dire assez pour les medecins. Mais nous ne pou- vons nous dispenser de placer ici quelques observations sur la theorie gpncralc dc la medr.cinc , telb; que plusieurs savans me- decinsl'ontconcue. Unc theorie generaie est I'enscmble des faits geru'iraux. Lorsque ces faits sont de nieme nature, la theorie j)cut servir immediatcment aux applications : telle est, par SCIENCES PHYSIQUES. 453 oxemple , cello cles mouvemens celestes. Mais, si les fails ne sont pas de meme nature, la theorie generale ne pent servir qii'a la creaiion de tlicorics particidieres, ou les fails de meme nature sont coordonnes, oil leiirs lois sont exjiosees ; et c'est de ces theories €[^^61' on pent faireusai;e. On ne peat douterquela niede- cine ne soil dans ce cas : rien de plus complique que les corps vivans, et I'homnie Test encore plus qu'aucun autre etre done de la vie. II y a done necessairement pluralite de principes et de lois, et par consequent, pluralite de theories. De la comparaison de ces theories entre elles, resulterait la tlieorie generate. ¥.1 com- ment I'aurait-on faite, dans I'etat actuel des conuaissanots? La physiologic n'est qu'ebauchee; le mystere de la vie est encore environnede tenebres, ainsi que la cause et les lois decetteclasse de phenomenes. Alions par ordre, et en fait de raedeciue on s'egarera moins en suivant les traces de I'observation exacle ct consciencieuse, qu'en marchant sous la direction de I'esprit de systeme, guide toujours dangereux. F. i3fi, — * Clinuiue de la maladie syphilitique , par M. N. De- VERCIE , professeur au Val-de-Grace , etc. , avec atlas calorie , representant tons les symptomes dcssines et graves d'apres na- ture, ct la collection de pieces modelees en cire de 31. Dtipout aine, naturaliste. 5"^ et 6"^ livraisons. Paris, 1827; Maurice, rue de Sorbonne, n° 5. 2 vol. grand in-4°. Prixde chaque livraison, 8 fr. (Voy. Rev. Eric, t. xxxii , p. 44 1-) A mesure que les livraisons de cet utile ouvrage se succedent, ie lecteur suit I'auteur avec plus d'interet. II aime ;i trouver les opinions sur la nature de cettek maladie contagieuse analysees avec soin, et la maniere judicieuse avec laquelle elles sont dis- cutees lui doniie deja une conviction presque certaine. Les observations recueillies pendant une longue carriere militaire servent de base aux raisonnemens de I'auteur, qui trouve dans ses recherches historiques la contirmation de ce qu'il avance. Les Get 7"^ livraisons que nous annoncons terniinent I'histoire de la tlieorie du virus sy|jhilitique : la 8*^ completera sans doute I'introduction d'uu ouvrage deja estime dans lemonde medical. Nos lecteurs pourront s'en convaincre par la citation suivante, empruntee au savant redacteur des Aimales de la medecine physiologiqae (fevrier 18271 : « M. le docteur Devergie , princi- pal redacteur de ce precieux recueil , ne laisse rien echapper de ce qui pent concourir a faire estimer a leur juste valeur les differens moyens par lesquels on peut detruire les maladies reputeesvenerieimes ou virulcntes.Nous ne disons rien des des- sins colories qui enrichissent ce bean travail: quelque parfaits qu'ils soient, lis en font le moindre meritc : ce qui nous frappe 454 LIVRES FRANCAIS. le plus , cc sont dcs obscnvalions Lien ciiconstanciccs de diffe- rens genres dc giicrison, ct siutoiil dcs cuies completes de cas extrcmcment graves, sans le concours desspeeiliqucs si vantes, inais par la seiile vertii dii ti-aitement antiplilogisliquo. » Z. 137. — Trnite dcs articulations clu r/iet'nl ; par F.-G.-J. Ri- GOT, chef des travaux aiiatoniic|UPS a I'ccole royalo vuteiiiiairc d'Alfort. Paris, 1827; ]5eclut jeune, jilace de I'Ecole de-Me- deciue, n" 4- InS" dcii() pages; prix , 1 fr. 5o c. Le modeste aiiteur de cet oiivrage commence par un actede justice. C'est, dit - il , dans les lecons du savant Girard, sitot rnlcve a ses eleves et si jnstement regrette, (pi'il a pris les ma- teriaux qu'il met en oeuvre. Ildivise son Traiteen trois parties: dans la premieie, il divise les articulations cnimmobiles, semi- mobiles ct mobiles, et ce premier classenient est encore subdi- vise d'apres les formes diverses que Ton ol)servc dans la struc- ture du cheval. L'auteur passe cnsuile aux moyens d'union et de mobilite dcs os. Apres res descriptions sommaircs et gene- rales, il s'oceupe , dans la seconde partic , de la description particuliere de cliaque articulation. La troisieme partie a pour objet \esfaitsses articulations, quel'aiiteur iiom\x\c accidentelles. 11 a cru ne pouvoir mieux faire que d'eniprunter les propres expressions de M. Breschet, et de transcrire Particle insere dans le Dictionnaire de medecinc. On voit que M. Rigot ne s'est occupe que des interets dcs eleves de I'ecole a laquelle il est attache , et qu'il leur a sacrifie toute cspece d'amour-propre. i38. — Cours elementaire et annlytiqiie d' equitation , ou Re- sume des principes de M. Dam'cr^ne ^ suivi de questions et d'observations relatives aux haras, par M. le M"* Ducroc de Chabannf.s. Paris, 1827 ; Ansclin et Pochard. In-8° do i52 p. , avec une planche ; pnx , 3 fr. ; et 3 fr. 75 c. par la ])oste. L'auteur de cet ouvrage appelle d'un jugement severe qui I'a condamne a Saumur et au ministere dc la guerre, et c'est de la Cour supreme de I'opinion publique qui! attend une decision moins rigoureuse. II faut que les doctrines du pro- fesseur aient paru bien fausses, puisqu'elles out entiaine sa destitution. Malheureuscment, le snjct qu'il a traite est du nombrc de ceux sur lesquels le public sc reconnait incompe- tent, et qu'il renvoie aux premiers juges. Les journaux, or- gancs habituels de I'opinion publique , en fait dc livres, feraieni vainement I'eloge de ce que les maitres do i'art n'ont ]ws ap- prouve; on ne les croirait jioint, et cotte incredulile serait assez fondee. D'ailleurs, il faut avouer que, pour des lecleurs ordinaires, I'ouviage de M. de Chabanncs laisse beaucoup a SCIENCES PHYSIQUES. /,55 (iesiiei. II est clair, luais insuflisaiit; assez Lien ecril, mais pen instriictif. Quelqnefois rcxprcssion manque de jnstesse. Les observations (le M. de Chabannes sur les haras contie- disent pinsicnis opinions geneialcment admiscs; il cnt falhi ne pas se borner a de simples affirmations, mais appiiyer Ic raisonuement par des faits. Snivant Tauteur, le cheval arabe ne merite pas I'estime qu'ou lui accorde ; les croisemeiis de races ne produisent point uu l)on effet; cependant, il fait ie pins bel eloge du clieval espagnol , ipii provient dn croisement dn cheval arabe avec la race indii:;ene de la Peninsnie. II assure qu'un etalon ne pent avoir la faculte de procreer plus grand que lui , qu'une telle faculte est evidcmment contraire k la raison : on objectera (|ue le ninlet provenant dun ane et d'nne jument est evidenmient plus grand que son pere. M. de Cha- bannes ne pronve j)as assez ce qu'i! avance; il oublie que pour^ changer des opinions revues, il faut ])lus d'efforts que pour elablir une verite nonvelle, et qu'ou reussit bien raremcnt , si ce n'est en faisant voir que Ton a doublement raison. Y. iSg. — * Pratique du Toise geoinctrique , ou Geometric pra- tique, ^Av M. H^snKTiOT , inspeclenr do I'Academie de Gie- noble. Avignon, 1826; Seguin aine. In- 12 de 273 pages avec 10 planches; prix, 3 fr. 75 c. , et 4 f»'- 60 c. par la poste. M. C/t. DupiN a dit avec unegrande verile, daus sa Geome- tric nppliquee aitx arts , qu'en executant les travaux les mieux combines, les ouvriers obeissent, ou par instinct, ou par ob- servation , ou par la force des choses , aux regies que la science impose; et il a cherche, avec un zele vraiment digne d'eloges, a dirigcr leur attention vers les connaissanees theoriqucs les plus elementaires, an moyen d'ecoles semblables a celles que le doctcur Birkbeck fonda le premier a Glasgow, en 1802, et dont Ic succes iuoui a communique, dans ce pays, une im- pulsion salutaire a I'instruction de la classe indusfrielle; mais en creant nn cours normal de geometric appliquee, I'acade- micien francais n'a pose que des jalons sur cette route destinee a conduire notre Industrie dans la voie la pins large des per- feclionnemens. Son cours ne s'adresse guere qu'aux personnes dont I'esprit est exerce aux abstractions, ou du nioins il exige , de la part des professeurs charges de le faire suivrc, des developpemens tres-etendus, que !a brievete du terns, jointea un cadre trop resserre, ue Ini ont permisque d'indiquer. Com- ment des auditeurs ctrangcrs a ces matieres pourraient-ils saisir instantanement les lecous rapides de M. Dupiu, lors- qu'elles comprcnuent souvent, outre les applications qui y sont traitees, la moilie d'un livrc dela Geometric de Legend re ? 456 LIVRES IRATNCAIS. Unc parcille tache est «h idemment aii-dessus de leurs forces. L'indusliic a done lieu d'attendre une serie de Iraites elenien- taiies sur les ])oiii!s de contact, de la piatiquc et de la tlieoi ie dans ses diverses professions. II est reserve a noire epoqiie de comblcr le vide immense que laissait I'ancien systeme d'edu- calion , dans leqiiel on separait , comme incompalibles , les sciences des arts et metiers, et meme des lettres; |)rejugc dont la source remontait aiix siecles anterieurs, oil les savans ne communiquaient ni avec les classes laborieiises, ni avec les gens dii monde. Parnii les professeurs charges, dans la phipart de nos grandes villes de province , de propagcr le nouvel en- seignement, il se tronve un grand nombre d'anciens elevcs de I'Ecole polyteclinique, qni y consacrent gratuitement une pai- tie do lenr tems ; et ce devoument n'etonne point de la part des eleves do cette ecolc, oil Ton cnltivait a la fois les phis liautes sciences et les plus nobles sentimens. C'est a enx prin- cipalement a fournir ces jiremiers elemens d'lme bibliollietjue populaire, qui manquent encore a la France, malgre la prodi- gieuse quanlite de livres produils cbaque annee par I'activite universelle des esprits. La earriere que M. Dupin leur avait tracee avec tant de distinction vient d'etre ouverle par M. Des- nanot, homme anssi savant que inodeste, dont les soins ont dirige avec nn rare talent Teducation mathematiqne de plu- sieurs d'entre eux, et qui, dans ses fonctions successivcs d'ins- peeteur de differentes academies , a ete a meme de juger com- bien les eleves savent pen mettre a profit, dans I'usage de la vie, leurs connoissances theoriques. Quoiqne habitue a dirigcr ses meditations siir les points les plus eleves de la science, il n'a pas dedaigne, dans des vues de bien public, de composer le livre le plus elementaire de geo- nietrie llieorique et applicjuee qui puisse etre confie aux mains des inslituteurs primaires, des ouvriers , des proprietaires, pour mesurer sans instrument leurs proprietes, des artistes, des arpenteurssurtout, et meme des eleves des colleges royaux. Desirant le mettre a la portee de toutes les bourses, et cepen- dant lui conserver toute son etendue, il a employe I'edirion compacle et la justification in-8" sur le format in-12. Dans cct ouvrage se trouvent, en caracteres differens , trois traites dis- tincts : le premier, forme des articles imprimes en gros carac- teres, enseigne la pratique des operations usuelles les plus faciles. On y apprend a mesurer les lignes, a tracer des per- pendiculaires et des paralleies , a toiser les superficies, avec les details de I'arpentage ; on y trouve la construction et i'usage du niveau de macon , la manicre de divisor la circonference eit SCIENCES PHYSIQUES. /jSy parties et^ales, de mesiirer les liij;nes et les surfaces suivaiit leur niveau, de Iracer qnclqnes triangles ainsi que les niouliires, les volutes, les ovales ct les anses de panier. Ccs articles, cou- sideres a part, u'exigeut d'antre ccniiaissance que celle des quatre regies de rarithmelique. Lo second traite, renfermant: les articles en gros et nioycns caracteres , offre des jirocedes de pratique jiitis etendus, en nieme terns que les principes theori- (jiies les plus faeiies presentes avec uiie graude siniplioite. Pour le bien comprendre, il suffit de posseder les regies de trois et I'extraction de la racinc carree. Si Ton considere I'ouvrage en- tier, on a un traite raisonne du toise geometrique, contenant, outre ce qui ])recede, d'aulres applications plus relevees, telles que la maniere d'orienter un plan, le jaugeage des tonueaux, la mesure des coips solides, la reduction des anciennes me- sures carrees et cubiques en mesures nouvelles, le developpe- ment de quelques surfaces, le moyen de tracer une meridienne sur un plan horizontal, etc. etc. La sinipiicite de I'exposilion n'a jias toujours permis de donner aux points les plus delicats des demonstrations tons les developpemens et toule la rigiieiir que seraient en droit d'exi- ger des niathematiciens de profession ; niais I'aulcor a conserve ])artoiit a ses raisonneniens les formes les jilns logiqucs, et I'anaiogie eclaire siiffisamment, la ou des considerations trop abstraites n'ont pas du tronver leur place. Suivant la seule marche qui puisse etre employee pour des intelligences peu exercees, il a adopte la metliotle synlhetiqne, qui va sans cesse du conuii a rinconnu : qii0)<]ue moins feconde que la methodc analytii]ue, elle lui est de beaucoup preferable pour im ou- vrage de la nature de celui-ci. Cette geometric appliquee , redigee snr im plan nouvcaii, est sans contredit le livre le plus facile a lire (|ui existe sur Ift niatiere. Nous savons que M. Desnanot eherehe depuis long- tems a ramener la niecanique rationnelle a des formes plus elementaires. S'il parveuait a faire enti'er dans le domaine de I'algebre les parties les plus applicabies dc cette science diffi- cile a aborder a cause de I'emploi continuel du calcul inlinite- simal , il rendrait un nouveau service a I'education et a I'indus- trie. Puisse I'exemple d'lionuues aus>i zeles ct aussi instruits que MM. Dupin et Desnanot, etre suivi par leurs emules! et bientot les sciences abstraites ne borneront plus leurs bienfaitsa fortifier I'intelligence des jeunes geus; mais elles les accoutu- meront encore a lirer de leur instruction premiere toute Tuti lite praticpie que peut comporter leur ])Osition dans le monde. III! homuie d'uii talent superieur, a qui ses vastes connaissances et sa position de secretaire de I'Academie assage Danphine. In-12 de 382 pages, avec 6 planches; jJrix, 4 fr. 5o c. M. Stuart a eu I'heurcusc idee do reunir I'hisloire do la 46o LIVRES FRANCAIS. machine a vapeur a sa description, ct par consequent, den composer nne liistoire descriptive. Phisienrs personnes encore vivantes ont vu I'enfance de cc cluf-d'oeiivrc de I'indns- irie liumaine, ont assiste a ses developpcniens snccessifs, ont observe les circonstances qui ies ont amenes. Les faits qu'elles ont recueiilis, exposes dans leur ordre naturel, qui est ici celui des terns, forment a la fois une liistoire et une descrip- tion. L'ouvrai:;e de M. Stuart a subi, en Angleterre, I'epreuvi- de trois editions : on peut done le rej^arder connne adople ])ar I'industrie britannique, et ie recevoir avec conliance dans les ateliers francais. Les editeurs de cette traduction y ont joint une theorie snccincte de la formation et de la force des vapeurs, en raison de la temperature, et uu appeiidice ou Ton trouve la description de quelques cliangemens faits a la ma- chine de Woolfe par MM. Aitkin ct Steel; mais ces corrections et ces additions ne paraissent j)as aussi importantes que les inventeurs I'ont annonce. Les machines « rotation de Stiles, auxqiielles on aurail pujoindre celledont les Aiinulcs dc chiinic ct dc pliysiqiie ont donne la description, et qui est d'ori- gine francaise,la machine de M. Manoury-Lescot et celle de M.Brunei, terminent Tappendice. Dans les Obscrratio/is generalcs siir les machines ii vapeur , les fourneaux, les chaudieres et leurs appareils de surete sont d'abord les objets de quelques remarques. On passe ensiiite aux differens systemes de machines a vapeur, et I'ordonnance royale relative aux machines a haute pression , et les deux instructions qui en sont la suite, sont transcrites en entier. L'ouvrage est tcrmine par deux tables, dont I'une indique la force elaslique de la vapeur a differentes temperatures, et I'autre les prix des machines fabriquees a Charenton , dans les ateliers de MM. Manby et Wilson (vov. Rev. Enc, t. xxxi , p. 824), et a la Garc, par MM. Aitkin et Steel. Dans une autre edition, car cct ouvraijje en aura plusieurs, il sera utile de mettre ie calcul des machines a vapeur, en con- siderant cet a{j;ent non dans I'etat d'equilibre, suivant la me- thode paresseuse que Ton suit ordinairement, mais dans Petal de niouvement dans un canal de dimensions variables , et coupe par une multitude d'eti'anglemens, en tenant compte desdilfetenlcs vilessesqu'il doit y ])reudre, etdes modifications qu'il y siibit. De ])lus, une table des matieres sera necessaire pour la commodite des recherches. Ferry. I A 4- — * L'Art da Teinturier, suivi de I'ylrl dii. Teinturicr dtgraisseiir , par M. Bergues. Paris, 1827; Malher et comj)a- gnie. In-ia; prix, '3 fr. 75 c. L'art de la leinture est sans contrcdit lu i)lus iniporlaut des arts SCIENCES PHYSIQUES. 461 chimiques : toutcs ses operations soiit fondees sur le jeii des affiiii- tes, et il ii'est point dart dont les progrt-s soient plus iutimement lies aux progres des sciences chimiques. Nous avons deja, sur cette branclie do lindustrie, plusieurs traites importans : les ou- vrages de Bcrthollet et de Vitalis , en France ; ceUii dc Bancroft, en Anglelerre; ceux de Herinstrcdt , de Leach et de Dingier, en Alleinagne, attestent les piogies de la teinture, comme art et comme science. Mais nous devons convenir que, malgre ces ouvrages et malgie les grands travaux des savans, il reste en- core une infinite de points a eclaircir dans I'art de fixer les couleurs; il reste beaucoup de mordans k decouvrir, beaucoup de teintes et surtout de tcintes soiides a obtenir pour diverses especes de tissus. C'est en propag«ant la connaissance des sciences chimiques dans les ateliers que nous jjourrons esperer, pour cet art important , de grandes et d'utiles recherches. Dans i'ouvragc que nous annoncons, I'auteur ne se propose pas et ne devait pas se proposer ce resultat : son cadre est trop res- serre pour donner de grands developpemens aux doctrines scientifiques, et il est destine a une classe industriellc qui mal- heureuscment n'est point encore en etat de les comprendre. M. Bergues s'est attache a donner brievement la description des meilleures methodes connues pour colorer les divers fils textiles. Les precedes sont decrits avec clarte, ils sont generalement bien clioisis; et lorsque rauteiu- trouve I'occasion de presenter des considerations techniques, il le fait en homme instruit et qui est bien au courant de la science. L'ouvrage presente les divisions suivantes : 1° de la teinture; 2" de I'atelier du tcinturier; 3° des couleurs et des principes colorans; l{° des substances composant les fils et les tissus; 5° de la preparation des etoffes; G" des mordans et de leiir preparation ; 7° de la coloration des laines. A la fin de I'ou- • vrage, on trouve un traite de la preparation de la laclake ou lacdye, d'apres Bancroft; et un art du teinturier degraisseur, qui occupe a lui seul pres de 3 feuilles. L'auteur aurait pcut- etre mieux fait d'employer cette place a fournir qiielques no- tions siir rimpression des indlennes, etc. , art qui presente plu- sieurs points de contact avec celui de la teinture; tandis que I'art du degraisseur n'a gucre de rapports avec I'art du teintu- rier que pour quelques petits ateliers de Paris et de la province oil Ton s'occupe de reteindre et de remettre a neuf de vieilles etoffes. DuBRUNFAUT. 145. — Manuel theoririue et pratique du Vinaigricr et du Mnutardier, par M. Julia-Fontenelle. Paris, 1827, Rortt. Iu-i8; prix, 3 fr. et 3 fr. 5o c. par la poste. La fabrication du vinaigre merite d'etre classee parmi les 46a LIVRES FRANCAIS. arts cliimiqius, dc-puis qu'on est parvenu a extrairc cet acide dii bnis par la carbonisation. La fabricalion du vinaigro pro- venant des li(|uciiis fcrmentces ctait connuo dt-s Israelites et dc pliisieiirs aiitres nations dc I'Orient. On sait que Booz disait a Ruth :«Verscz quelques gouttes de vinaigre dans votre bois- son.» Mal^recette antique orii^ine , cet art ne fut qn'ompyrique jus(]ira la naissancede la chimie pncumatique.C' est de ce point que M.,lulia-Fontenelle est parti pourexposer la theorie des fer- mentations vineuse ct aoetique, les divers phenomenes qui se snccedent pendant qu'elles ont lieu, ct les causes qui les pro- tluisent, les favoriscnt ou les retardent. Tout I'art du vinai- grier repose sur ces principes fondanientaux ; Tauteur a cru eependant devoir y ajouter les procedes siiivis chez plusieurs nations jiour cette menie fabrication; et, apres avoir donne one analyse des principaux vins de la France , il expose le mode que Ton suit pour la fabrication du vinaigre de bois. L'ouvrage dc M. Julia-Fontenelle est termine par un apercn lumineux sur I'art du moutardier et par un memoire sur la fermentation vineuse, que I'auteur avait deja hi a I'Academie royale des sciences. Le Manuel dont nous venons de donner line idee differe beaucoup d'une foule de scniblables produc- tions; il est ecrit avec methode, et riche de fails; il fait con- naitre enlin toute I'influence qu'a exercee et que pent exercer encore la chimie sur ce genre de fabrication. Am. D. 1 4G. — • * Exsai sur la Construction des routes et voitures ; par R.-L. Edgeworth , traduit de I'anglais, ,et augmente d'une Notice sur le systcme dc Mac Adam; suivi de considerations sur ' les voies publiqucs de la France. Paris, 1827; Anselin et Pochard. In-8" de 477 pages avec planches; prix, 8 fr. Ce livre, pleinde faitsinslructifs, d'observationsprofondes, se recommande a I'aitention de toutes les personnes ([ui s'oc- cupent d'econoniie publlquc et parliculierement des membres des conseils generaux et des ingenieurs des departemens : nous en rendrons un coinpte detaille, a cause de I'importance du siijet et de la maniere dont il est traite. J. J. B. 1 47, — Instruction sur la reconnaissance des rivieres , a I'usage de Vlicole d' application du corps royal d'etat-inajor. Paris, 1827; Anselin et Pochard. In-8° de 23 p., avec une planche; prix, I fr. L'auteiu- de cette brochure a fait plus que son litre ne le suppose, quoiqu'il ne consideie point les rivieres sous tons les points de vue militaires, mais seulement comme lignes de de- fense. Apres avoir expose ce que I'ofhcier charge d'une recon- naissance doit obsei'vcr sur le lit des rivieres, les gues, la na- SCIENCES PHYSIQUES. /,G'3 (lire chi fond et les abords, etc., il passe aiix diverscs operations dii passage dune riviere execute offcnsivement , lorsqu'on ne pent la traverser a gue, et aux moyens de defense qu'on pent opposer il I'ennemi (jiii voiidrail effectucr les menies operations. Dans line autre broclnire intitulee : liislruction siir les routes, siir les chemins en fer , sitr les canaux ct les jiviercs , le meine auteur a traiie des rivieres considerees comme iignes de com- munications militaircs. On en a rendu compte , dans le caliier precedent, page igS; niais le redacteur de I'artiele me parait s'etre tronipe sur la destination de I'ecrit ct ie but de I'autenr. II a perdu de vue qu'il s'agit d'une instruction a I'usagc de I'Ecolc cC application du corps dc I'etat-niajor ; que les officiers de ce corps ont bcsoin de faire provision de notions gene- rales , et non de faits particuliers ; que des fails de oette nature ne sont cites que coninie exeuiples de I'application des preeeptes. L'ouvrage dont il recommande la redaction n'auiait point de rapport avec I'enseignement dans une ecole, et ne serait que metliocrement utile aux officiers en tems de paix , nullement en tems de guerre. Ce n'est pas dans un livre, mais sur place que rnflicier d'elat-major doit prendre ses donnees statis- tiques : rien ne pent le dispenser de reconnaitre, dans I'occa- sion, I'etat actuel des lieux et des choses. Y. 148. — Rapport verbal fa it a I'Jcadcmie des sciences dans sa seance du 19 ntais 1827 ; par M. P.-S. Girard. Paris, 1827 ; imprimerie dc P. Renouard. In - 8° de 16 pages. ( Ne se vend pas). M. Pattu, qui s'est charge de I'etude de la partie inferieure du canal maiitime du Havre a Paris, a propose d'elever les eaux dc Tembouchure de la Seine au iiioyen d'un grand bar- rage a pierres perdues, (|ui aurait 9,174 m. de longueur, suivant la ligne de Honfleur a Harfleur, 10 m. de hauteur moyenne et 10 m. de largeur a la siqjcrficie. Aux deux extremites se trou- veraient de grandes tcluses. A 1,700 m. de distance au large, un brise-lame de 6,000 m. de longueur, eleve de 3 m. au-des- sus des hautes marees, defendrait le barrage des coups de la mer. li'espace intermediaire servirait dc rade ; et en arriere du barrage, la Seine formerait un bassin parfaitement tranquille, quelesnaviresdu plus fort tonnage sillonncraientjusqu'a Rouen dans tons les sens. Le premier aperru de M. Pattu porte la de- pense de ces travaux a nn pen plusde 38 millions; mais ce n'est point sous ce rapport que les a examines M. Lamblardie; il a seulement recherche quels en seraient les effets sur la bale de la Seine et sur le port du Havre. C'cst ce travail dont M. Cirard a rendu a rAcadcmie le coii.pte le plus inslructif et le plus in- 464 LIVRES FRANCAIS. tercssant. II est ilifficilf ilc no pas concluroavec liii de I'exposi- (le !a iiiaiche des iiiaioos, dcs obseivations faitos siir la nia- niuro donl. la niodilic la direction dcs cotes, que le i)arra{;e n'aurait d'autrc cffct quo d'olcver la nier dcvant le Havre dcr manicre a inondcr la plaine a lest de cette ville, et de faiie pcidre u ce port I'avantago de conserver la mer pleine pen- dant deux lieures. Quelle ([uc soit Tissue de rentrcpiise dii canal maritime, la Compai^uio qtii en a commence Tetiide aura rendu un grand service an pays, en entrant franchement dansla voie de discus- sion ct de publicite, liors de laquello les capitalistes nc san- raieut trouver aucune securite. La lumiere ne pent manqucr de soitir du cliocd'opinions, des rccherches de faits qu'a pro- vocjues ce projet. Ou ceUe conception giganlesque sera aban- donuee, sans avoir absorbe aucun capital important, ou elU; sera mise a execution avec ime connaissance approfondie des obstacles qu'erle doit rencnntrer. Dans ks deux cas, les au- teurs du projet auront montre a lenrs compatriott-s quelle roule ils doivent tcnir dans les grandes entreprises de ce i;enrc. 'j.-J. B. iln). — * Description ;!u canal de St. -Denis ct du canal St. - Martin, par M. R. E. Devilliers, ingenieur en chef des ponls et chaussees, membre de la commission d'Egypte, etc. Paris, 1827; Carilian GaHuy- In- 4° de G4 pages avcc 14 planches; prix, 20 fr. II ne faudrait ])as jugcr de I'importance des travaux d'arts que vient d'cxecuter IVI. Devilliers pour la compagnic des canaux de Paris, d'apres la forme niodeste de I'ouvrage qu'il' public aujciurd'hui. En effet, les deux canaux de St.-Dcnis ct Sl.-Martin sont destines a exercer la plus grande influence sur le commerce et la prosperite de eetle grande ville. Aumoyen de cette double communication, qui lie la haute et la basse Seine, la navigation evitera le passage de quinze pouts, sous lesquels le remontage n'est pas toujours praticable; et un trajet de !io,ooo metres sc trouvera abrege de 18,000 metres. On pourra en toute saison y garer plus dc i,5oo bateaux; au nioyen des eaux de I'Ourcq , nombre d'usiues pourront etre alimentees sur toute la iigne des deux canaux. Enliu , les egouts dela capitalescront facilementlavesetentrelenus toute I'annec. Si Ton joint a ces grands avantages la distribution des eaux de rOurcq, fournissant a tons les besoins de 750,000 individus, soit soiis le rappoi't cconomiquc, soit sous celui de salubiite , soit poiu- I'industrie, soit pour la surete de la ville, on jugera aiscment des services rendus par les auteurs et les promoteurs SCIENCES PHYSIQUES. /,6!i Quand j'ai visite j)our la premiere fois la Grande-Brctagne, le people, plein d'insolence et d'irritation, venaitde couvrir de boue la voiture de S. A. R.. le prince regent, ayant Castlereagh pour ministre. Aujourd'hui, le meme souverain a reconquis I'a- mour de ses sujets: il est cberi , il est revere, depuis qu'il a franchement accepte la marche nouvelle de son ministere , et snivi les progres de civilisation reclames par I'interct de son royauuie. Voila la revolution (jue j'ai vue de mes yeux; une revolution plus grande encore s'est operee sur le continent europcen. » Nous sommes forces de nous arreter precisement aux pages les plus digues d'etre citees, et sur lesquelles ou meditera le plus fortement. De ces meditations qu'un ecrit aussi remar- /,7o LIVRES FRANCAIS. quable va provoquer partoiit , en France ct chcz Ics ctrangcrs, on veiia iiaitrc qnclques o])inions divcij;ent.es; snr plusicius points, on nc soia pas du inenic avis quo M. Dupin: niais , en tout ce qui est fondamental, ou sculenient d'luie importance majouT, la plussatisfaisantc unanimite rc;unii-a tousles honimes iiistruits, toutes les ames nobles et fortes, toutce qui nierite quelque estime dans la generation ascendante et dans celle qui s'eteint. Les maux sont bien connus; les reniedes convenables sont indiques, on ne doute point de leur efficacite : mais les niedccins ne veulent pas les emplo}'er; leur interet( mal en- tendu) vcut que nous restions nialades. F. iSa. — Apcrcus atntistiqiies pour scrvir a la discussion du pro- jet dc hi sur la prcsse ; par w\\ jeiuic pair. Paris, avril 1827. In-8". Le projct de loi sur la presse n'a ete qn'uue des nombreuscs manifestations d'un systeuie d'abrutissement de I'espece hii- maine, danslequel uue fiiction odieusc voit avec raison la con- dition principale de son existence. Tant que cette faction join- dra le pouvoir a I'envie de mal faire , rien de ce qui pent eclairer sa marche n'csta negliger : il est done encore terns de citer I'apercu qu'iin jeune pair soumettait a ses nobles collo- gues, quelques instans avant que M. dc Peyronnetvint annoncer le retrait du projet de loi. Le depot preventif do cinq jours, adopte par la Chambre des deputes pour arroter le dobordement de pctits formats se- rtocMj; dont nous sommes inondes, an dire des ministres, eut frappe: eniSaS, eni8a6. Ouvrages de theologie 586 p'JS de sciences et d'arls i>97i 2,364 de litterature 1,6 ig i)707 de jurisprudence. . . 889 611 d'histoire i,i3o 1,299 Total 5,695 6,926 On voit toute I'etendue du danger dont on voulait nous pre- server. II resultc du rapprochement de ces divers nombies , que ,dans la classe merae des formats suspects, pour cent ou- vrages de chaque cspece, publics en i8'25, il sen est public, en 18.26 : Outrages de theologie 161 de sciences et d'arls iiy de litterature io5 de jurisprudence '87 d'histoire iiS SCIENCES PHYSIQUES. 471 Aiiisi , commo Ic remarqni; Vaulenr, jjIks la matierc est scricuse et morale , ])las Ic chijfre tie 1826 est fort coinparntivement an chiffrc correspondant tic iSaS. La marche de la piosse jK'-rio- diqne signale des faits analogues : on pentenjuger par I'etat iles journaux qui paraissaient a Paris, au commenccnient des annees 1822 et 1827. Matleres religieuses 2 9 Journaux politiques quotidiens ii 12 Feuilles semi-periodiques politiques 5 5 Annonces , affiches , avis divers 2 12 Theatres 5 9 Bibliographic 4 4 Commerce, Industrie, finances 2 10 Jurisprudence 12 20 Malieres administratives 6 ,7 Medecine i3 -/.t. Rlusique 8 5 Melanges (sciences , arts, littcrature) y j y Education 2 forels, des pontsct-chaussees et des mines L'orijanisation et la force des differens corps des arniees d(! tcrre et de mer y sont egaleinent nientionnees, ainsi que raccroissemciit pro- ^ressif du ])ersoniiel de rarniee de lerre et des vaisseaux et fregales, depuis i445 jusqu'en \'6'ik- D'autres articles font connoitre : 1° la composition des etats judiciaire et ecclesiastique; 2° rinstruction publicjue, et les principaux etablisscmcns (jui en dependent, les nionuuKtns et les etablissemens consacres aux sciences; H" les resullats ex- traits de la carte de M. Cli. Dupin, sur I'insiruction priniaire , I'industrie nationale , I'ecole polytcclini(]ui! , facademie des sciences; 4° les academies ; 5° les etablissemens commons a lout le royaurje; 6° lesordres royatix; 7° I'industrie ayricolc, manufacturieie, et leurs diffi'rens produits evalues en francs; les totaux des importations et des exportations pendant 1823, la balance en faveur de la France ; enfin les recettes de I'iitat en 181H, 18 1 y ct 1823, et les depenses en 1824. Quclques inexactitudes se sont j^lissees dans la redaction de ce tableau. 1° Le sol forestier de la France est evalue a 7,072,000 hectares, taudis qu'il n'est que de G,5oo,ooo hec- tares (1), comme le rapport et la discussion sur le code fores- tier I'ont fait connaitre aux Chanibres. D'awtres differences se font egalement remarquer quant aux autres evaluations jiar nature de propriete, dont rensemble forme la superficie totale de la France. 2" \JEcole des C/iartres , (pii est presentee comme elablie specialemeut a la Bibliotheque royale , u'existe plus depuis environ qualre ou cinq aus. Avant sa suppression, (i) En nombre lond. T^'evaluation reelle est de fi, 5-2 1,470 hectares (Memoiial forestier. Heibin, 1824) On s'occupe d'un Iravail sur le sol foreslier qui eu donnera , autant que possible , la superlicic ma - ihematique. SCIENCES PHYSIQUES. 473 file (lait coin])use«.' de deux ssctioiis, dont I'lme etait atta- rht're a la Bibliollicqno, et rauirc aux Archives dii royaume. 3" Doiiaiii'S... les employes suhalternes sont enregimentcs, C'est lino erreur : il n'existe point de regimens de douanes; les pre- j)Oses sont repartis dans cliaqiic direction par brigades, con- trules et inspections. Quoique ce tableau contienne \\n grand nombre de docn- inens utiles, il nous a parn qu'il eiil ele susceptible encore de ])resenter les lenseignernens snivans, qni ont ete omis : i° la nouiencialitre des eaiix niinerali'S de la France, et leur iiatine cliiiiii(|iie; 2" les niarais salans et saliiis, sur iesquels certaines stalistitfiies des prel'ets donnent des renseignemens precis; 3° les cinq prefectiu'es niaritimes, creees en 1826 par ordon- nance royale; 4° l^i designation des bonnes villes de France. Quoi (|u'il en soit de ces reinarqnes, cet intetessant tableau sera apprecie par toules les personnes jalouses de saisir, pour ainsi dire, dun coup d'oeil la generalite des details qui font connaitre Tinventaire de notre belle France, consideree sons tons ses aspects. 1 54. — " J das geographique et sUitistique des departcwens de La France. Paris, 1826; Jiaudouin. Prix de chaque carte enluminee, 1 fr. 80 c. prise separenient, et i fr. 25 c. pour les souscripteurs a I'atlas entier ( voy. Rev. Enc. , t, xxxui, p. 542 ). Cet alias, nialgre des imperfections ile detail, se continue avec un sncces populaire, (lii a son mode de publication, et a la mediocrite de sou prix. Les deriiieres cartes publiees sont celles des departemens de I'Ain , de VAisne, des Basses-Alpe.s, de V Ardcche , des Ardennes ^ de la Charente , du Cher, de ia Crease, de la Dordogne , (XEure-el-Loir, du Finisiere , du Card , de I'Oise, du Puy-de-Doine , des £asses-Pyrenetis, nca que, dans son fait, il n'y avail point delit de calomnie, parce que les inculpations etaient dirigees eontre le clerge en general , et non eontre un ou plusieurs individus , et (ju'elles ne portaicut point sur des fails precis. Le ministere public ayant appele de ce jugement devant la cour supreme , M. Bost soutint son accusation avec le mt'nie courage et la meme perseverance. 11 survint un jugement ])ortant que , de sa part, // n'y avail point action et calomnie ; mais qu'il elait coupable d'injiucis graves et de pi'.roles oulra- gentcs , et qu'il elait condanme , en consequence , k une amende SCIENCES MORALES. A77 tie mille lloiins. Le public, qui avait pris iinvif intereJ ^ cos debals, accompagna le jugement do queicpies huecs. 1 5g. — Lcttrc a M. P. -A. Stapfer, $ar le systcinc de Kant , i'X sur \e problem c e/t; I'csprit hiunain , par le baron Massias. '< Newton ctait iin trop t^rand |)hiiosophe pour ne point sentir que la metaphysiqiie e^t la bas(! de nos connaissances, et qu'il faut chercher dans el!e des notions neltes et exactes de tout. » ( D'Alemp,eiit, Eiicf eloped. , Disc, preliininairc. ) Paris, 1827; F. Didot. In- 8"; prix, i fr. Cette lettre est une reponse aux deux articles de M. Stapfer, relatifs an problemc de V esprit hiunain , et inseres dans la Revue Encycl(>pi'diax* sicclc : « Soyous plcins de foi, mais de cette foi hauti- ct desinteressee, qui ne croit qua ce qui ne rap])orte pas; nos devoirs sont-ils en presence de nos interets, courons si vite aux uns que nous en oublions les autres? » Sans doulc , une morale aussi pure ne leur paraitra pas bien conlagieuse ; mais au moins devraient- ils se contenter de trailer de niais politiques ceux (jui regar- dent comnie un devoir de repandn; et de suivre eux-memes ses inspirations, et devraienl-ils iaisser vivre dans I'impenitence finale ceux qui se proposcnt jiiutot Xhouncnr que les honueurs pour but de leurs efforls ct de leurs travaux. Aussi M. Saint-Prosper n'ambitionne-t-il pas absolument !e suffrage de nos Iiommes d'etat. « L'ecrivaiu, dit-il , qui se circonscrit dans la faveur Aw. moment n'a pas la conscience de sa mission; il vise au succes pliiiot qu'a la verite : au contraire, il faut ecriie niaintenant avec la certitude de u'etre lu que plus tard. » Et , de fait, nos hommes d'etat et leurs projcls desas- ireux passeront (i); mais, Xhounenr et Xuidepcndnnce nationale sortiront victorieux de cette derniere lutte, et des honueurs publics scront dus aux ecrivaius qui auront combattu pour cette noble et saiute cause. E. Hereau. 1 6i. — Traile de V arbitrage en matiere civile et conunerciale ; par M. MoNGALVY, avocat aux conseils du roi et a la Cour de cassation. Paris, 1827; Ambroise Dupont. ln-12 de m et 279 pages ; prix , 3 fr. 5o c. Les dispositions de nos lois sur V arbitrage sont de celles qui meritent le mieux et (|ui out aussi le plus besoin d'etre deve- loppees. Cen'est pasqu'il faille faire un crime au legislaleur de leur brievete et de leur insuffisance; il s'en est referesur pres- (pie tous les points aux regies generales observees dans les tribunaux. Mais ces regies peuveut etre ignorees de bcaucoup de personnes, pour lesquelles un iraite special et complet de- vient des- lors dune incontestable ulilite. Nous n'avous guere que des elogcs a donner a ce'.ui (\\\c. nous annoncons. La doc- (i) Get article, ecrit quelques jours avant le retrail du projet de loi sur lapresse, n'a pu ^'tro imprime plus tot, vu raliondaiice des materiaux pour cette [lartie de notre bulletin Inbliographinue. N. I). IV SCIENCES MORALES. /,8i tiine (Ic r.TUfeiir est sainc; son style clair, clt-gant et precis. II joint, (le plus, partotir les conseils aux preceptes. Seu'.ement nous pensons qu'il cut pii clianger quekpie cliose a sa marche; que le litre du conipromis, parexemple, cut du suivre celui de I'arbitrage en general, et qu'il eut fallu d'abord indiquer (|uelles personncs peuvent conipromettre, et sur quoi; que le titredu tiers-arbitre eut du etre fondu dans celui des arbitres en general; les meincs conditions de capacite, de recusation, de prise a partie, etc., leur etant communes. Mais cetle dispo- sition ne nuit que fort pen a la clarle de I'ensemble. La theorie des preuves aurait pu aussi etre plus complete. Je ne me livre, du reste , a ces critiques que pour donner plus de poidsa ceque j'ai avance de favorable a cet ouviage, qui pent, dans tout ce qu'il contient, etre consulte avec confiance. J'cngage I'auteur, si, comme je I'espere, il en fait un jour une publication nou- velle, a y joindre quelques formules de proces-verbaux et de compromis. 162. — Code de la Cliasse , par M. /. Houel, avocat a la Cour royale dc Rouen. Paris, uSaS ; Ponthieu. \n-? 1819.) Paris, 1827; Dupont; Ponthieu. In-8° de 26 p.; prix, 60 c. L'espece de coup d'etat qui a frappe la garde nationale, et qui a detruit en un instant cette belle et salutaire institution, a donne I'idee de reimprimer cet opuscule. L'auteur explique, dans un avertissement , le motif de cette reimpression, a laquelle les circonstances actucllcs donnent un triste a-propos. M. La- meth cherche dans les tems les ])lus recules I'origine de ces gardes bourgeoises qui ont surtout fleuri dans les pays oil floris- sait la liberie. II nous les montrc, naissant avant I'ere chre- tienne, survivant aux violences de la conqucte, lorsque les Romains respectaient les droits des municipes, chez les pcuples vaincus. Bientot les cites, sortant de la barbaric par I'affran- clussement des communes, reclamcnt le droit de se garder clles- niemes; et plusieurs d'entre elles ont conserve jusqu'en 1789 le privilege de ne recevoir aucimc troupe dans Icurs murs. Cette epoque fut celle dc la regeneration de la garde civique ; mais on ne tarda pas a dcnaturer cette inslimsion, en I'nssimilant, T. xxxiv. — 31(n i8c>.7. ji ijga LITRES FRANCAIS. autant que possible, a la troupe tie ligne; taridis que la garcle rationale, "qui n'est autre chose que la nation cntiere, moins les vieillards, les pioletaircs et les individus en etat de domes- ticite, " ne doit dependie que de rautorile civile. I-a i;arde na- tionale, comme renlend M. I/ameth, est la reunion des citoyens valides qui ontuioins de soixantc ans. D'apres un releve exact prt'sente a I'Assemblee constituante en 1790, le nombre des gardes nationales montait a 2,950,000, et la population a aug- mente, dcpuis, d'un sixieme. Notre aiiteur voudrait que cette grande masse des citoyens valides reeut une organisation tout- a-fait urbaine ; il ])ense que « le principe fondameutal de I'exis- tence d'une garde nalionale , si Ton veut que sa force nc puisse pas etre dirigee contrc la liberte, doit etre qu'elle ne forme pas iin corps dans la nation, pas meme dans un departemcnt, dans line sous-prefecture, ni dans un canton. » Toutefois, il ajoute que dans les grandes villes, et particulieremcnt a Paris, la garde nationale aurait besoin d'une organisation particuliere ; mais que, dans tons les cas, elle doit etre unitpiement soumise a lautorite municipaie. Get opuscule est I'ouvrage d'un publi- ciste eclaire, d'un excellent citoycn , et Ton reconnait, dans I'experience qu'il decele, comme dans les scntimens qui y sont exprimes, I'un des plus anciens et des plusfideles defenseurs de notre liberte constitutionnclle. M. A. 164. — Observations siir les obsnralions de M. le colonel mar- quis DE Carrion-Nisas, relatives (I I'ouviage intitule: de I'Esprit railitaire en France. Paris, 1827; imprimerie de Tastu, rue de Vaugirard , n° 36. In-8° d'une feuille. Lorsque nous avons rendu compte de I'ecrit de M. le lieute- nant-general Lamaf.quf.( voy. Reo. Enc., t.xxxii, p. 171 ),nous avons fait quelques objections. En annoncant les observations de 31. de Carrion-Nisas snr le meme ecrit ( voy. Rev. Enc, t. xxxiii, p. 788), nous avons aussi manifest^ quelques opinions opposees a celles de cet ingenieux ecrivain. La replic]ue de M. le general Lamarque donne lieu de penser que la lice sera long-tems occiqiee par ics deux chamjtions. Egaux en force et en courage, egalcment inaccessibles a la peur et soutenus par I'espoir de vaincre, ni I'un ni I'autre ne voudra que le combat demeure indecis. Que feronsnous done, nous simples specta- teurs, desiuteresses dans ccs debats, el convaincus de leurste- rilite pour toutce qui lend aux ameliorations les plus desirables? Uesprit militaire que I'uu porte sur sa banniere est Yesprit de profession , et ne pent se fortifier qu'aux de|)ens de I'esprit pu- blic. L'aiitre champion est le defenseur de Ves/nit de caste, autre niauvais genie qui n'cxerce que trop de pouvoir sur nos SCIENCES MORALES. 483 institutions. Que pouvons-nous done souhaiter, sinon que le general porte des coups mortels aux raisonnemens du colonel, et que celui-ci obtienne le meme triomphe sur les raisonne- mens du general? Nous exprimerons pourtant un voeu plus con- venable, dans les circonstances actuelles : que la voix de la patrie soil entendue de tons ses enfans. Un voile de douleur I'enveloppe; le present lui est odieux, et I'avenir I'epouvante: si les maux dont elle est accablee s'aggravaient encore, elle ne vivrait plus que dans nos souvenirs et nos regrets. S'il n'est question que de I'art niilitaire, ou nieme de I'esprit miiitaire en general, ou d'applications a d'autres pays que le notre, nous ecouterons, et nous discuterons de sang froid : mais, des qu'on parlera de la France, nous demanderons que Ton s'oc- cupe avant tout de ses besoins les plus urgens, et que tout le reste soit ajournejusqu'a ce que ses blessuresles plus profondes soient cicatrisees. La question de sa vie ou de sa niort n'est pas dans I'armee, mai\% Aan^X^ constitution de I'Etat, dont I'armee doit recevoir sa forme, son caractere, son esprit. Notre ma- niere de proceder tient peut-etre a notre caractere; mais elle ne fait pas honneur a notre raison. Chacun de nous travaille avec zele an grand edifice social , perfectionne selon ses idees et ses gouts la petite partie dont il s'cst charge, apporte son chef-d'oeuvre et fait tons ses efforts pour Ic mettre en place , sans examiner s'il convient a I'ensemble, et si la construction est asscz avancee pour le recevoir, assez solide pour en sup- porter le poids. Appliquons-nous a mettre plus d'ordre dans nos idees et notre conduite; et quant a present, ne pensons point a des reformes d'organisaliou miiitaire, avant que nos institutions fondamentales soient affermies. F. i65. — * Compte rendu au Consril gener'al des hospices et hopitaux civiU de Paris , sur le sendee des alienes trnites dans les hospices de la vicillesse (hommes ct femmes) pendant les annees 1822, 182"^ et 182/i; par le membre de la commission administrative specialemenc charge des hospices. Paris, 1827; M™" Huzard. In^i". (Ne se vend pas.) Nous avons rendu compte , en 1823 ( voy. Rev. Eric. , t. xx, p. 287-294), du rapport fait au Conseii general d'administra- tion des hospices de Paris, sur le service des alienes traites dans les etablissemens dependans de cette administration, par le membre de la commission administrative charge des hos- pices, M. Desportes. Nous avons indiquc succinctement les immenses ameliorations introduites dans ce service, depuis 1 80 1 jusques en 1821, et nous avons signale quelques details statistiques sur le nombre et la classification des insenses en- 3i. 484 LIVRES FRANCAIS. tretenns clans Ics hospices do Paris a cette dernieic epoqiie. M. Dcsporles a continue son ini|ioitant. travail, ct Ic consoil general dcs hospices a fait iniprimcr, sons ic titre qui est en tete de cet article, le compte qn'il Ini a rcndn dii mouvenient de cette classe d'inlortnnes, pendant les annees 1822, 1828 et 1824 , et des ameliorations i'aites dans leur service , pendant ces trois annees. Quclqnes faits, tires de ce nonveau rapport , nous paraissent devoir interesser nos lecteurs. Le nonibre des alienes existans dans les hospices de Paris le 1" Janvier 1822 (itait de homines, femmes. 7(14 1726 II en a ete admis , dans le cours des \ \ trois annees i<»)^ I i4i2 I II en est sorti par deces , guerison on I G6 j 1 20 autrement 1029 / 1292 / 66 lao lien restait le 3r decembre 1S24 83o 1846 La proportion de la mortalite, calculee sur le nombre des deces, comparalivement au nombre des alienes existans an i*^"" Janvier, reuni aux entrees effectives dans le cours de I'annee , a ete , pour les hommes , pour les fenim. En 1822, de I sur 6 — 89 10 ■ — 87 En 1S23, de I sur 6 — 69 10 — En 1824, de i sur 8 — 32 11 — 7^ Tenne moyen, i sur 7 — 24 10 — 82 La mortalite dcs hommes a done ete, terme moyen pour les trois annees, plus forte de 2-58 que celle des feinmes. Un tableau, sous le n° 8, indique la classification, par age, des alienes admis durant les trois annees; il en resiilte que les periodes de 20 a 29 ans, de 3o a 3g, et de 40 a 49, sonl celles qui offrent le plus grand nombre d'admissions. Sur les 2,5o7 alienes admis dans les trois annees, 1485 (itaient presumes curables, et 1022 incurables. II en a ete gueri 689 et 175 Ce qui donne le lernie moyen de i sur 2,16 et i sur 5,84 Terme moyen pour la totalile , i sur 2,90 En reunissant toutefois, cc qui serait plus exact, au nombre des alienes admis dans les trois annees le nonibre de cenx qui existaient dans les hospices, le i'^'' Janvier i82'>, , la propor- tion des guerisons ne serait plus que de i sur 5-78. La pro- portion des guerisons dans les deux sexes est a tres-peii de chose pres la memc. Le tableau n° 9 fait connaitre les differentes professions des alienes admis. Pour tirer de ce tableau des inductions utiles, SCIENCES MORALES. 485 il faudrait connaitre les rapports du nombre des individus qui exercent cliaqiu; piofession. Sous les n"** 12 ct 1 3 sont com- pris les tableaux qui indiquent les causes presuinees do I'alie- Dation des individus admis. Nous avons deja fait remarquer, dans uotre precedent article, que, pour lui grand nombre d'individns, cette classilication est tros-liypothetique. Pour pouvoir d'ailleurs etablir quehpie rapprochciueut , relativeinent aux causes d'alienation entre les deux sexes, il faudrait que les niedecins des deux hospices, destines, I'un aux liomnies , et I'autre aux femmes , adoplassent une classification analogue , ce qui n'a pas ele fait. Ainsi, M. le D*" Esquirol a indique , pour uu grand nombre de femmes, I'alienation conuue liere- cUtaire ; et M. le D'" Pahiset n'a pas miiuje adniis Vhcredite comme cause d'alienation pour leshommes, quoique certaine- nient elle ait du agir sur tut nombre d'entre cux plus ou moins grand. On pent, toutefois, nialgre les inqierfections de ces tableaux et les inexactitudes qui s'y peuvent trouver, en tirer des conclusions importantes sur les funestes elfets des exces et des passions. Le nombre des alienations causiies par I'abus du vin et des liqueurs fortes est d'un 9^ pour les hommes, et de pros dun 20*^ pour les femmes, sur le nombre total des adu)issions. La guerison de I'alienation devient j)lus incertaine et plus difficile k mesure que la nialadie est plus aucienne. Ainsi, sur 8(>4 alienes renvoyes gueiis, 74^ I'ont ele dans la premiere an- n(';e de leur admission ; 67 dans ia seconde ; 3 1 dans la troisiemc; H dans la quatrieme; 8 dans la cinqnienie; 3 dans la sixieme, et 2 seulemeut dans la sepliemc. La moyenne pioporlionnelle de I'age de tons les alienes decedes dans le cours de 1822, 1823 et 1824 , a etc de 52 ans et 1 mois. Pendant Ic cours des trois annees auxquelles se rattachent les tableaux dont nous venous de presenter les principaux re- snllats, plusieurs ameliorations out encore ele apportees dans 1<* service des alienes conlies aux soins de radniinislration des hospices de Paris. Le nombre des servans et le niobilier ont ete augmentes; de nouvelles baignoires ont ete etablies; divers batimens ont ete repares, et quel{]nes consiructions nouvelles ont accru le nombre des places et donne plus d'aisance pour le classement des insenses. D'autres ameliorations plus impor- tantes sont encore projetees. Mais on ne parviendra jamais, dans des etablissemens anciens, ou Ton est gone jiar le defaut d'emplacement et par la disposition acluelle des batimens, a mettre a profit, i>our la classification et le traitement des plienes, les precieuscs knnieres qii'out j)rocurees les recherches de nos savaus et une cxjierience de vingt annees; et M. Des- 486 LI V RES FRANCAIS. FORTES, apres avoir indiqiie les losultats que prrsciitcnt les divers tableaux qn'il a redii^es, tcriuine son rapport en insis- taiU (]e noiiveaii siir I'ulilitc de lornior pres do Paris, pour les insenics, un nouvel liopilal qui, cree d'un seul jet, puisse servir de modelc aux dopartenicns, et menie a I'Europe. Nous desi- rous vivement que ses voeux soicnt accueillis. En attendant, le rapport que nous venous d'anaiyser est uue nouvelle preuve du zele constant avec Icqucl M. Uesportes consacre ses soins a I'administration qui lui est confiee, et novis souhaitons qu'il tontinue a recueillir eta publicr des docuniens qui, en fournis- sant des donnees statistiques interessantes, peuvent etre d'une i^rande utilite pour le sonlagemeut d'une classe de malheiu'eux qui merite toute notre pitie. Edoitard Laffon de Ladebat. i66'. — * Consiihratioiis stir la Riifsic , V Autriche et la Priisse, et sur les rapports de ccs trois ])uissances avec la France ct les autres etats de I'Europe ; par M. J. Aubernon , ex-prefet. Se- c.onde edition. Paris , mars 1827 ; Ponthieu. In-S" de 189 pages; prix, l\ fr. Ce n'est pas la fortune c|ui gouverne les evenemens poli- tiques : ilsont, comnie lesplienomenes physiques, leurs causes, leur fdiation , ieur connexite ; ils murissent dans I'oinbre , ils se prcpareirt insensiblement , pour eclater a la premiere occasion favorable. Le veritable observateur ne s'occupe pas tant des circonstances qui surviennent que des causes qui les ont prodnites. II pense moins l\. I'etat actuel des choses qu'aux influences progressives qui doivent exercer leur action sur I'.i- venir. Dans eel ouvrage, I'r.n des plus remarquables qui aieut ete publics dcpuis quelques annees sur la haute politique, M. AuBERNOPf , analvsant avec une grande sagacite et des con- naissances positives etendues la situation actuelle de TEurope , cherche a recoimaitre le role qu'y joue la France, et le rcMe plus glorieux que ses forces morales et matcrielles niieux dirigees I'appellent naturellcment a rcmplir. II trouve que , depuis douze ans, cUe est soumise a ce qn'il appelle la politique de surveillance et de garantie des trois grandes puissances du Nord , politique suivie avec Constance depuis le premier par- age de la Pologne, opere a leur profit en 1772, et qu'elles ap- pliquent encore aujourd'hui sur tout le continent. II prend a son origine, vers le milieu du xviii*^ siecle, et observe dans ses developpemens successifs jnsqu'a nos jours cette politique toute moderne dont le but est de demembrer et de detruire les etats faibles, selou les simples convenances geographiques des etats forts; et, pour etayer ses principes par des faits, il etablit, dans trois chapitrcs qu'on ne saurait assez niediter , la direction SCIENCES MORALES. 487 politique tie la Russie, de la Piusse et do I'Autriche, en expo- sant les necessite* qui les dominent et en montrant I'esprit de suite qui a preside a leurs continuels agrandissemeus. Conunencaut par la derniire, il estd'abord frappe de I'he- terogeuL-ite des peuples qui la composent, et paruii lesqu<;ls ceux qu'elle a le plus receniment ajoutes a ses anciennes posses- sions lui sont pcu affectionnes. Differant de cliinat, de moeurs, d'origine, separes par de hautes niontaiijues, places a de t^randes distances, ils ne peuvent avoir ni les raenies besoins a satisfaire, ni les nienies interets a defeudre. Soumise a I'influence souve- raine de la haute aristocratie qui diriij;e la chanceilerie de I'eni- pire, I'Autriche n'en conlient pas nioins des principes de de- mocratic, presque inapercus dans la llongrie ct la Gallicic, dcja considerables dans ses provinces allemandes et predominant dans la Lonibardie. Le tiers-etat de la partie centrale de la mo- narchic commence a se penetrer des idees constitutionnelles qui fermentent dans tout le reste de rAlleuiagne ; niais ses dis- positions a cet e!;ard se ressentent de la douceur d'un t^ouver- nement ami de I'ordre et de reconomie. L'auteur peint les hesitations er les per|)lexites de sa diplomatic, luttant a la fois contre la civilisation qu'elle vcut arreter dans son cours et contre la puissance russe qui la deborde dc toutes parts. En etudiant les elemeus de sa popidation , il y voit treize millions de Slaves , parlant la meine langue que le peuple russe , issus de la mcme origine, et disposes, a ce qu'il croit , a se reunir a leurs auciens freres. Ici nous croyons devoir combattre ses as- sertions. Peut etre est-il vrai de dire que les deux millions de Slaves schismatiques repandus dans !a Hongrie , qui recon- naissent le tzar pour leur souverain dans I'ordre spirituel, se- raient disposes a passer sous sa domination; il est probable aussi que les Slaves polonais de la Gallicie changeraient de maitres sans repugnance; mais, a coup sur, les Slaves des bords de I'Adriatique , ceux des autres provinces de la monar- chic, n'ont,quoi qu'il en dise, ni les moeurs, ni les gouts russes. M. Aubernon , dans tout le cours de son livre, nous semble accorder a I'identite de race une influence fort exageree. II en est des peuples comme des hommes : quoique sortis de la meme souche, ils perdent , apres quelques generations, les sentimens de familie, etdevieunent etrangers les uns aux autres, souvent meme cnneniis. Passant a la Prusse, il nous represente I'esprit de cette na- tion cree par Frederic II , qui lui communiqua sinudtanement deux impulsions contraires : celle de la guerre, source de sa grandeur et mobile unique de sa pohtique; celle des luuiieres. 488 LIVRES FRANCAIS. i laqiiclle clle doit de niarclier a la tc-tc de rAllemai;i)(> pioKs - tante , circonstancc favorable qui I'a etablit- la rivalc «lc I'Au- triche dans le protcctorat de la confederation gennaniqne. De lii ressortent les einbairas de la faussc position dans laqiielle cette double direction la place. D'une p."\rl, clle vent conque- rir pour arroudir son territoire disseminesur un trop j^rand espace et pour acquerir le rany veritable de grande puissance que son ambition et son activile, joinU-s a ralliance de la Rus- sie, lui out fait obtenir accidentellement ; mais clle ne pent s'a- grandir qu'aux depens des petils etats dont elle affecte de se montrer la protectrice. Dun autre cote , elle favorlsc I'inslruc- tion et le developpement des liuiiieres ; mais elle desire avant tout rester iidele au systeme politique russe qui est le triomphe de la force physique sur la civilisation. Tout ce chapitre , comme le precedent, est rcmpli de faits curieux, de vues neuves et iustes. Nous sommes cependant etonnes qu'apres avoir saisi avec taut de discernenient les principes de force et de faiblesse que recelecelte puissance, I'auteur n'ait pas apprecie danstoute sa portee I'influence progressive et deja si marquee de ses pen- chans constitutionnels. La Prusse renfermc presque aulant d'e- lemens de liberte constilutionnelle que la France : les lumieres y abondent, I'egalite est entree fort avant dans ses moeurs; les services et Ic raerite conduisent presque seuls aux emplois pu- .bics; les charges et les impots sont reparlis egalement sur tous. Son gouvernement pent vouloir suivre le systeme de la Russie, c'est-a-dire, le triomphe des anciennes doctrines sur les opi- nions nouvelles; mais ses peuples feront bientot entendre leur voix toule-puissante, et son cabinet sera force de s'allier aux monarchies constitutionnelles conlre le colosse du Nord. Arrivant enfin a la Russie, I'auteur expose ainsi les faits qui servent de base a son opinion : « Environ cinquante millions de Russes, de Cosaques, de Polonais , de Lithuaniens, de Ser- viens colonises, sont de race slave; ils constituent la force et I'ame de I'empire... Reunis en une seule masse, sous le nicrae sceptre, ils atlirent a eux, par la force naturelle des choses , les populations des empires voisins... La Russie est le centre de cette race nombreuse qui touche a la fois ;i la mer Blanche et a la Meditcrrauee, aux deserts de la Siberie et aux campagnes fertiles de I'ltahe, veritables Huns civilises qui reparaissent et reviennent s'etablir plus regulierement en Euiope, et au.xquels toutes les autrcs races semblent destinees a obeir. « Sans repeter ici nos remarques ciitiques sur cette influence que M. Auber- woN attribue a I'ideutite de race, nous ferons observer que les Lilluianieus , Its Polonais , hs Musulmans des provinces ire, et, s'il faut en croire Montesquieu, la liberie des femmes s'allie naturellement avec la monarchic temperee. On y disserte dans les societes sur les evenemcus politiques, et le nienie piibliciste a emis cette pensee qui s'applique mer- veilieusemeiit a la Russie du xix'"'= siecle : « Dans iiugouverne- ment despolique, il est egalcment pernicieux qu'on laisonne biea 011 ma!;il suffit qu'on raisonne pour que !e principe du gouvernement soit clioque. « Des arts naguere incoimus , des connaissances jadis ignorees, y iutroduiscnt de nou veaux gouts, de nouveaux desirs, de nouveaux besoins. L'industrie et le commerce , ces etcrnels ennemis de la guerre, y sont proteges ; car c'est du travail des peuples que les gouverneniens modernes tirent toutes leurs ressourccs, et I'extension des rapports d'e- change et de trafic, en muUipliantct en resserrant les liens qui unissent la Russie aux autres nations, rendra a la longue son bien-ctre dej)eudant de leur prosperite. Une nouvelle ere com mencera done bientot pour elle. Pour appclcr Ihistoire a I'appui des considerations prece . Ago LIVRES FRANCAIS. denies, rauteur di-veloppe avec une grandesuperiorife deviies et an talent de narration remaiquable, dans nn aiitrf chapitre, la marclie suivic par la Russie, la Prusse ot rAutriche , dans les partakes siicccssifs de la Pologne. Cette partie de son tra- vail forme a elle seule un excellent tableau hisloriqiie. 11 met eusuite sous nos yeux Ic conflit de la politique russe et de la politique anglaise aux prises, sous le voile de la diplomatic, sur tous les points du continent : Tune, parson intervention armee, u saisissant les peuples dans son etau de for; c'est la force toute nue; » I'autre, « semant au sein meme de Toppres- sion des germes de civilisation et de bonheur ; » et il nous fait voir la situation critique de la Prance, flottant sans direction fixe entre ces deux syslemes opposes. Son livre se termine par un post-scriptunt sur les circonstanees actuelles; mais il est fa- cile de reconnaitre que les dernieres parties de cet ecrit ont ete composees avec trop de precipitation : elles ne se maintiennent pas a la hauteur des premiers chapitres. Lorsqu'un ecrivam etudie les docunsens ctles faits, comme M. AuBERNON, lorsqu'il consulte a la fois I'histoire et I'etat pre- sent des peuples, il pent ne pas prefer la meme attention a toufes les faces sous lesquelles leur avenir s'offre a I'observa- teur ; mais il est sur du moins de ne pas s'egarer dans de vaines declamations, et ses recherches fournissent de nouveaux raa- terianx a la politique, ceite science si importante dont I'etude reflechie embrasse les plus grands interets del'espece humaine. An. GONDINET. 167. — * Histoire generate du mojen age, par C.-O. Dks MicHKLS, professeur d'histoire au college royal de Henri IV. Tome premier, contenant le demembrement de I'empire re- main par les barbares du Nord et par les musulmanSjl'ttablis- seinent de la religion chrei'.ienne et du mahometisme, et la formation d'un nouvel ordre social. Paris, 1K27; L. Colas, libraire, rue Dauphine. In- 8° de 5o4 pages; prix , 7 fr. Lorsqu'en 1823 nous avons rendu compte du Tableau chrO' nologique de I'histoire du mojen age, public a cette epoque par M. Des Micliels, nous nous sommes exprimes dans des termes qu'on nous pardonnera de rappeler, parce qu'ils sont propres a faire com])rcndre I'esprit et le merite de cette nou- velle pidjlication. 'c M. Des Michels, disions-nons, a parfaite- ment reussi a ranger, dans un ordre clair et methodique, les annales confuses du moyen age. Les faits si multiplies de cette epoque se trouvent classes dans son livre de la maniere la plus heureuse , et toujours accompagnes de leur date precise. Le developpement successif des institutions, le mouvement des. SCIENCES MORALES. 4'Ji idees, le proxies des liimieres, la niarche de la civilisation, y sont retiacees avec line brievete plcine de sens. C'est line ex- eellentc table dcs niatieres d'lme histoiic, qii'on ne pent trop rngagei- M. Des Micheis a composer ( voy. Rev. Enc, t. xvii, p. 35g-'56o ). >. Le vjoeu que nous formions commence a s'ac- complir. Ce premier volume sera suivi de trois nutres, qui conduiront I'histoire generalejusqu'ala fin duquinzieme siecle, « jusqu'a cette £;rande epoqiie,dit I'anteur, oi!i le moyen age se lermine par la dtcouverte de I'Ameriqiie et de I'lnde, les con- quetes des Turcs ottomans ct I'expidsion des Musulmans de Grenade, la reunion des royaumes espagnols et I'agrandisse- ment colossal de la maison d'Autriche , les guerres d'ltalie et la naissance de I'equilibre europecn , la ruine de la feodalite et retablissenient du pouvoir absolu dans tous les etats, I'inven- tion recente de I'imprimerie et la reformation lutherienne qui se prepare. » En rapprochant cette annonce de celle que ren- ferme le litre que nous avons transcrit, on apercoita la fois le point de depart de I'auleur et le terme qu'il se propose d'at- teindre, et il est facile, dcjuger qu'il a su renfermer VHistoire du wojert <7i,'e dans ses iimites naturelles, a vantage conteste a qiielques productions estimnbles ou la meme matiere etait traitee. Ce merite est uuc consequence naturelle de la maniere dont M. Dcs Micheis a compose son ouvrage; il I'a prepare long- terns paries travaux de I'enseignement, il I'a plus d'une fois repasse tout entier dans ses cours; enfin, il I'a expose pour les ecoles, sous une forme methodique, et dans un tableau abrege. 11 se trouvait ainsi dans la disposition oi^i Buffon veut que Ton soit avant de prendre la plume, ayaut de son sujet et de tout ce qu'il renferme une vue distinctc. De la, cette conception nette et arretee de I'ensemble, ce plan vaste et sagement cir- conscrit, la distribution naturelle, la juste proportion des idees et des developpemens, beaucoup declarte et de precision, un mouvement de style facile et rapide. M. Des Micheis s'excuse, dans sa preface, d'avoir donne quelque etendue au tableau de I'etablissement et des progres du christianisme , ainsi qu'a celui de I'etat des lettres et des arts dcpuis Theodose-le-Grand jus- qu'a Charlemagne. Le lecteur ne se plaindra pas de ce defaut, si e'en est un; car ces deux morceaux sont d'un grand interet, et il ne parait pas qu'il fut possible de les reduire sans leur faire perdre beaucoup. L'auteur y a fait usage des excellens travaux de MM. Cousin et Villemain, sur I'ecole philosophique d'Alexandrie et sur I'eloquence des peres de I'eglise au qua- trieme siecle. En general, on s'apercoit facilement, a la lecture de ce Uvre, que l'auteur est au courant des recherches re- 49a LIVRES FRANCAIS. contes dc l;i science ct dc la ciitiquo, et que, selon I'esprit actuel des etudes historiques, il n'est pas moins faniilier avec les monumeus originaux dc I'histoire. Par une innovation licu- leuse, il les cite en note, au commencement de ehacun deses cliapitres, et il leur cmprunte souvcnt jjes citations fort cii- rieuses. Ce livre, qui ne semble destine quh I'insti'uction, se trouvc en nienie tems fort agreahle, bien different en cela de beaucoup d'ouvrages, qui, promettant le plaisir aux depens de Tulilite, ne donnent souvcnt ni I'un ni Tautre. Destine specia- lenient aux ecoles, il n'y restera point renferme,ct il prendra lionorablenient sa place dans la bibliolheque des savans et des gens du mondc. H. P. 1 G8. — Histoire de France mnemnnisce ; par A. BERBRUGGEr. , ancien collegiie de M.-J. Paris. Paris, 1827; M""' Levi, quai des Angustins, n" aS. In-18 de 3()6 pages ; i)rix, 6 fr. L'ouvrage que nous annoncons doune les mcvens de retenir les epoques historitjues. Pour obtenirce resultal, I'auleur rem- place les chiffres des dates par des articulations ( ou consonnes effectives ). Aiusi, pour se rappeler que Charlemagne, en 804, transplanta 100,000 families saxonnes en Ftandre, il traduit par les articulations v , s , r les trois chiffres 8, o et /i. II forme un mot de ces trois articulations, en les combinant avec des sons (ou voyelles effectives ), qui n'ont aucune valeur nume- rj(]ue pour les mneuionistes. Les mots visir, xnsiere , Vescr, etc. seraient susceptibles de representer 8o4- L'auteur choisit, par- mi ces mots , celui qui a plus de rapport avec rcvcnement dont il veut retenir la date. Vcscr doit etre prefere a visir et a vi~ sicrc , si Ton considere que les Saxons transplantes en Flandre habitaient au-dela du Vcscr, fleuve qui separait les Saxons- Ostphaliens des Westplialiens. Une fois ce rapport apercu, il est facile de retrouver la date ; ear celui quiinterroge met sur la voie sans le vouloir, lorsqu'il dcmande en quelle annee Charlemagne a transplante cent mille families saxonnes en Flandre. Le moyen est fonde sur la liaison des idees. Telle est denotre esprit la marche volontaire : Nulla pensee en nous ne lauguit solitaire ; L'une rappile V aulrt; , et, grdce aux noeuds secrets Par qui sunt allies les diffcrens objcts , Jsn images sans fin une image est feconde. ( Delille. — U imagination ). La miHliodc mnemonique, qui presentede grands avantages, doit exciter ratlenlion des hommes eclaires qui s'occupent de ces matiures; c'est le moyen de la conduire a sa ])erfeetion. SCIENCES MORALES. /.^i Dans un tems ou Ton ne dedaigiie rien de ce qui est utile , il n'est point a presumer que Ton neglige uti proccdo dont on pent tirer un si bon parti pour les progres dc i'instriiction particuliere et publique. L. 169. — * Annaks inilitaires dcs Francais , depuis le com- mencement de la revolution jusqu'a la lin du regne de Napo- leon, publiees par/.-Z). Magallon. VIP livraison. Campai^nes de France en 1814 et i8i5. Paris, 1827; Chaumerot. In-lia; prix, 75 c. ( Voy. Rev. Enc. ,1. xxxin, p. 798. ) 170. — * Histoire de la guerre dc la Pdninside , sous Napo- leon, precedee d'un tableau politique et militaire des puis- sances beliigerantes; par le general Foy, publiee par M'"" la comtesse Foy. Paris, 1827; Baudouin freres. 4 vol. in-8" dont le I*"'' scul vient de paraitre; prix , 6 fr. 5o c. Ic vol. Rien de plus utile pour lireavec fruit I'histoired'une guerre que de connaitre d'abord la composition des armees qui sedis- putent la victoire, I'esprit qui les anime, les qualites qui les distinguent, lecaractere des chefs qui les fontmouvoir, etl'etat des peuplcs dont elles soutiennent la querelle. Ces conuais- sances , expliquant beaucoup de faits qui sans elles paraitraient obscurs, indiquentlescauses desevenemens, etrendentbienplus aise d'en saisir, d'en suivre avcc exactitude les consequences nombreuses. Frappe sans doute de ces considerations, le gene- ral Foy a faitpreceder son histoire du tableau des quatre puis- sances dont les etendards s'eleverent a la fois dans les champs de la Peuinsule. Le premier volume qui vient de paraitre est consacn; : 1° a retracer la situation politique de la France, le caractere de Napoleon, et surtout I'organisation , la force phy- sique et morale de ces arniecs admirables que la liberte fit sor- tir tout a coup du sein de la nation francaise, et qu'un despote, nialheurcusement trop habile, entrainait alors dans une lutte si contraire a leur premiere vocation ; 2" a decrire les disposi- - tions de rAngletcrre a noire egard , la discipline de ses trou- pes, leur recrutement, leurs qualites, leurs defauts, et les va- riations survenues dans I'etat militaire de la Grande -Bretagne. Les hommes meme qui se sont long-tems occupes de ces divers objets trouveront encore a s'instruirc dans la peinture que nous en a laissee le general Foy; ct aucun Francais accessible aux sentimens patriotiques ne pourra lire sans emotion plu- sieius passages, particulieremcnt celui ou I'auteur retrace avec enthousiasnic le devoument et les vertus de nos phalanges re- publicaines. On reconnait partout dans son livre le militaire habile, I'observateur judicieux, I'ardent ami de la liberte. Lors- que les derniers volumes auront paru , nous donnerons nnc analyse dc cet ouvrage important. J. R. 494 LIVRES FRANCAIS. 171. — * Manuscrit ile mil hnit cent doiizc , contenant le pre- cis des eveneniens do cotte annee, pour scrvir a I'liistoire J'ai adopte, dit M. d'Asfeld, le plan de 3Iarcliangy, dans son Tristan Jc vdyn^cur, el cnvelo|)pe nion sujctd'unc intrigue amoureuse , qui, en iui servant decadre, in'a scnible devoir le rendre plus aiiiine. « Ce plan ne meritait guere d'etre imite; nous croyons surtoutque I'auteur, etant |)ossesseur des manuscrits deM. de Richelieu, auraitpuinspirer uninteret plus pur etplus vif, en les publiant tels qu'ils sont, et en y joi gnant ses propres souveniis, et les choses curieuses que ses nombreux voyages Iui out fait connaitre. II y a , pour le lec- teur, un veritable mecomptc a se trouver place au milieu d'eve- nemens et de personnages dont plusieurs sont reels, tandis que les autres ne doivent leur existence qu'a une fiction; on ne sail jamais ce qu'il faut croire, ni a (pii Ion a affaire; c'est une continuelle contrariete. Au reste, eel cxtrait ^.n grand ouvrage que prepare M. d'As- feld est public au profit d'une famille malheureuse, que prote- geait M. dc Richelieu, et a Lvquelle ce nom iilustre ponrra etre encore utile, grace a I'ingeuieuse bienfaisauce de Tauteur. On y trouvera un precis dc la vie du dernier due de Richelieu; de- puis sa naissance jusqu'a son arrivee a Odessa; ses voyages en Italic, en Allemagne, a la cour de Joseph II, a celle de Cathe- rine, ses liaisons avec I'emigration fraucaise, sa presence dans I'armee russe au siege d'Ismael, son passage en Siberie. Les particularites curieuses sur les divers lieux ou le voyageur s'arrete, sont accompagnees de details interessans sur les per- sonnages qu'il rencontre, et dont plusieurs out obtenu, a divers litres, plus ou moins de celebrite; tels que le comte A' Albany, Potemhin, M'"<= lirudcncr, et beaucoup d'autres. L'anleur suppose que ce 'recit est tire d'un manuscrit du jeune Ivan, ofiicier au service de Russie, qui, par I'humanite de Richelieu, fiit sauve encore enfant du massacre d'Ismael. Sous ce nom , M. d'Asfeld trouve I'occasion d'exprimer ses sentimens de reconnaissance pour M. de Richelieu, auquel il declare avoir des obligations personnelies. S il faut en croire les conjectures que peuvent faire naitre son livre, M. d'Asfeld aurait recu dans sa jeunesse des im- pressions contraires aux idees qui dorainent aujourd'hisi dans la societe. Eleve au milieu de I'emigration , il en aurait d'abord accueilliles prejuges et les maximes; niais, enfin, une raison droitc et un occur genereux Ini ont fait comprendrc tout ce qu'il SCIENCES MORALES.— LITTERATURE. 5oi y a dc nccessaire et d'admirable dans vu regime veritablement constitutionnel, et il a adopte de cceur et de conviction des idees d'ordre et de liberie conformes a la civilisation an milieu de laqiielle nous vivons. II n'est reste a M. d'Asfeld, des pre- mieres impressions de son enfance, que des sentimens d'estime on de reconnaissance pour certains hommes qui ont ete plus ou raoins m. Enc, t. xxxii, p. 772 et 773.) JVous trouvons, dans cette dernieie livraison, outre vingt- c'.nq lettres de differentes personnes, deux gravures represen- tant les dessins de deux eventails dont ii est question dans le recueil des lettres de M""" de Sevigne ( 1. 11 , p. 69, lettre 149; edition de J.-J. Blaise). 183. — * Six ntoisen Russie. — Lettres ecrites a M. X. B. Sain- tines, en 1826, a I'occasion du couronnement de S. M. I'empe- reur;par M. Ancei.ot. Deuxieme edition. Paris, 1827; Dondey Dupre. In-8° de iv-426 pages; prix, 7 fr. 5o c. i83. — Six viois siiffisent-ils pour connaitre un pays? ou Observations sur I'ouvrage de M. Ancelot, intitule : Six mois en Rnssie; par J. T y. Paris, 1827; Lcdoyen. In-8''de 32 pages. Apresetrc convenus qu'un sejour de six mois chcz un pcuple ne sufdt pas pour permettre a un ecrivain de se prononcer sur ce peuple avec connaissance de cause, et que nous ne devons pas nous autoriser de I'exemple de lady Morgan, de Kotzebuc et de quelques autres voyageurs a notre egard, pour motiver la legerete de nos jugemens en vers les pays qui nous les ont en- voy es, nousprendrons acte, en faveur de M. Ancelot, de I'aveu que nous avons trouve dans la brochure de M. J. T y, qui reconnait lui-meme « qu'il eta it difficile de faire un meiileur ouvrage sur un pays objet de tant de calomnies, surtout dans une tournee aussi rapide. " Ce eriticpie consciencieux et eclaire, dont les initiales ue cacheront qu'a moitie le nom pour beaucoup de nos lecteurs, s'est cru du reste oblige de prendre la plume pour repondrc, dit-il, an vreu de quelques ])ersonncs ce, Francais, tu dedaignas ton ilhistre richesse; 6o6 LIVRES FRANCAIS. Et cependant pour toi , prodigue de pr^sens, La gloire accuimila des siecles en vingt ans. Saisis, enfant des dieux , ta lyre harmonieuse ; Ceins d'un double iaurier ta t^te radieuse. L'autcur donne rexcmple, ct chantc successivement la fon- dalion de la monarchic franoaise, la conversion de Clovis, les fmcius de Eredegonde, la defaite des Sarrasins par Charles Martel , Jerusalem conquisc par les croises , le combat des Trentc , Jeanne d'Arc, I^ouis XIV , Napoleon, et le berccau du due de Bordeaux. Le recueil est termine parun tableau de la France ancienne et de la France moderne. M. Poirie Saint- Aurele fait preuve d'un vrai talent dans la plupart de ces pieces. Sa muse n'est point amie des n-minis- cences; ses meilleiirs vers sont a lui; la langue poetique qu'il cmploie n'est point la languevulgairc du Parnasse tVancais. En un mot, sous le rapport de I'exprcssion et de I'originalite du style, le premier ouvrage de M. Poirie Saint-Aurele me parait superieur au second. Je cite avec plaisir ces vers , a la fois ele- gans, harmonieux et riches d'images : L'aimable et pulssante Lutece , Clicre aux amours comme aux heros, Leve sa t^te enchauteresse, Semblable au palmier de Deles. Cest ia que le dieit cPAonie Fixe I'asile du genie Et le temple brillant des arts ; La voltige, toujours sacree. La colombe de Cytheree Parmi les glaives et les chaps. Je transcris egalement avec plaisir ces vers dans lesquels Charles de Valois exprime ses remords, apres le suppliced'E'i- guerrand de Marigny : Sous ce paisible chaume Je ■vols crrer encor son lividefantome. Ses yeux, tantut briilans, tantot ensanglantes, Me couvrent tout entier d'effroyables clartes. Implacable Enguerrand , helas ! dans ta justice , En pesant mon forfait, pese aussi nion supplice, Pese aussi mes remords. Injuste envers Valois, Serais-tu sans pilie P Tu n'es mort qu'une fois, Et je meurs chaque jour; chaque jour de ma vie S'eleint dans les horreurs d'une longue agonie. Ton plus cruel bourreau, decliu d'un vain orgueil , T'a souvent envie la paix de ton cercueil... LITTERATURE. Soy L'ecueil del'ori}^inaIiteest!a bizarrerie: I'atitenr des Veillees francnise.t n'a pas tonjoiirs su I'eviter. En celobraiit les exploits des croises , il s'exprime ainsi : Hecatombe sacree ! oui, voire sang diriii Du superbe Orient a conquis les couionnes ; Des ondes de I'Euphrate aiix rives du Jourdain, C'esl du sang des Francais iiu'ont ja'dli lant de trdnes. L'oiivrage dont nous annoncons la troisieme edition est moins reniarquable par la composition que par le style. Ses cadres ontpresque toujours la nieme forme. L'auteurne connait point I'emploi des tons varies. Les niaciiines poetiqnes qu'd met en jeu sontsouvent hors de proportion avec les sujetsqu'il traite. De notre tems, quclques talens remarquables ont etc ecartes de la bonne route par la flatterie. Il serait facheux que fli. Poi- rie de Saint-Aurele preferat la louange k la critique. Sa muse peut pretendre a de brillantes destinees, et doit mepriser le chant des syrenes. Puisque I'antpur des Veillees ainie a citer les classiques latins auxquels il emprunte des epigraphes pour toutes ses {)ieces, qu'il mc pern)ette, en terminant, de trans- crire ce passage d'Horace : Vir bonus et prudens versus reprehendet inertes; Culpabit duros ambitiosa rccidet Ornamenta , parum claris luccm dare coget; Arguet amb'igue dictum, mutanda noiabii... Bues. i85. — Les Carolines, ou Quelques fleurs pour unecouronne poetique, j)ar J. E. Paccard. Paris, avril 1827; Pelicier et Chatet. In-8" de 8 pages; prix, 1 fr. 186. — Ibrahim PacJta a la contre-opposition , satir-j jiar M. L. Brault, auteur de ])Oesies politiques et morales. Paris , 1827 ; Amb. Dupont. In-S^de 106 pages; prix, 3 fr. M. Brault a fait de grands progres, depuis la publication de ses poesies politiques et morales f Voy. Rev. Eric, t. xxxii, p. 188) : son expression est dcvenue a la fois plus vive et j)lus elegante ; il excelleaiijourd'hui a stigmatiser d'un vers plaisant ime faute ou un ridicule politique , et reussit souvent a trans- former en tableau poetique la peinture assez triste des bevues de nos liommes d'etat. Le lectcur en pouria juger par le mor- ceau suivant : « De jour en jour plus mince et mise au lamlnoir, La charte , qui s'cpuise, a fait son codicile : 5o8 LIVRES FRANCALS. Au lieu d'un parlement vous aurez un coiicile ; Pour institutions les peres frt-s-beiiins. lis n'ont point de la cour desappris les chemins , Nl comme a la puissance on peut lier les mains. Dans celles des heios ils out plante des cierges ; Les grands sent leurs valets, ies rois sont leurs concierges. Et le peuple , nourri du pain des missions , S'aligue avec amour a leurs processions. Ce bon peuple est si bon ! II n'a plus la memoire Ni de sa liberte , ni meme de sa gloire ; II ne se souvient plus qu'il fit trembler les rois ; II suivait les drapeaux , 11 suit le porte-croix. La verge des bedeaux lui suffit sans gendarmes ; D'un careme eternel il goute tons les charmes... La piaisanterie s'allie heureusementaii coloris poetiquo dans ce morceau, et la satire dc M. Braidt en offie plusicurs autres . Enc, t. xxx, p. 526). Le succes de cet ouvrage a ele rapide, puisque le voila, en im an, arrive a sa troisieme edition. Les Etats de Blois, suite des Barricades , ont des leur apparition, excite un aussi vif interet. C'est Ic meme sentiment de verite historique, la meme vivacite de coloris, la meme simplicite de dialogue. Les deux princi- pales figures du tableau sont Henri III et le due de Guise; Henri III, qui, frivole, superstitieux et lache, sans manquer cependant d'esprit, iii de fierte, supporte avec impatience le joug insolent sous lequel il se sent avili; Guise, mieux deve- loppe que A&ns les Barricades , liautain comme un grand sei- gneur , actif et populaire comme un chef de parti , patient comme un ambitienx qui est sur de son fait, galant et intrepide comme un preux chevalier; se plaisant a insulter le roi, dont il prend le role, sans toutefois se degager entierement envers lui des formes exterieures du respect, et se laissant entrainer vers les enibuches de ses assassins, par calcul d'honneur, et presque de prudence, malgre les avis et les pressentimens qui I'assie- gent de toules parts. Les querelles des pages de I'un et de I'autre j)arti, I'audience donnee par le due aux mcmbres des etats, i'agonie de la vicille reine Catherine, la confession du roi, la conmiunion des deux rivaux ; les propos de Pasquier et de Montaigne, qui, an milieu de la foule attiree par cet etrange spectacle, deviseut philosophiquenient; les instances des pa- rens et des amis de Guise ]iour I'eclairer sur les perils qu'il court, et I'insouciante legerete de son tils, le prince de Join- ville ; I'anxiete de Henri , lorsqu'il dresse I'embuscade, ses ruses pour tromper Dieu, le trouble prophelique de Guise; les scru- pules du meurlrier Loignac, qui, apres avoir tue le due, craint 5i2 LIVRES FRA-NCAIS. de se daniuer, s'il tue son frere le cardinal; I'embarras dc Henri y.onv proliter do I'assassiiiat qu'il a reyarde coinme une victoire, Ic uoin du roi de Navarre jete en ttirniinant, comme pour annonccr do nonveaiix evenemens ct ini nouveau drame; toutcs ces scenes, qui sc succedent avec rapidite, no laissent pas un seul instant rcfroidir I'interet. Elles instruiscnt sur les faits, et font coniprendre les personnai^es, micnx que bipn des volumes de menioires. 11 reste a I'aulenr, pour completer sa trilogie , de publiei' le tableau de la mort de Henri HI. Son exemple pent apprendre a beaucoup de nos jeunes ecrivains, qu'il y a dans la verite plus de poesie, d'interet dramatique, et d'attrait pour la curiosite, que dans les moeurs tietives ct conventionnelles qui encombrent notre litterature et nos thea- tres. C/t. Renouard. 191. — * La Dame dc Saiut-Brls , chroniques du terns de la ligue(i587), par M. de Mortonval, auteur de /'>rn-ii«g'e- nio , etc. Paris, 1827; AmbroiseDupont. 4 vol. in-12, formant ensemble gSB p.; piix, \i fr. Parmi les ecrivains qui se sent livres en France au genre du loman historique, M. de Mortonval est I'un de ceux qui parait avoir obtenu les suffrages les plus unanimes : et Ton pent aflir- mer qu'il les a mcritesaplusd'un titre. L'interettoujourssoutenu de ses ouvrages, I'exactilude dans la narration des faits histori- ques, I'observation exactedu costume, !a verite des caracteres, la vivacite habituelle de son style lui ont assure des succcs dura- bles. Nous devons done nous feliciter de le voir abandonner I'Es- pagne, ou il avaitpris les sujetsdeFray-Eugenio et du comte de Villamayor, pouf nous faire connaitre noire patrie,a la manicre dc Cooper et de Walter Scott , soil dans la Dame de Sainl-Bris , soit dans le roman qu'il annonce comme devant en etre la suite. Le fait historique autour duquel se groupcnt les evenemens imaginaires qui rcmplissent le premier de ses ouvrages, est la conference de Saint- liris entre Catherine de Medicis et Heini IV. Rien de plus favorable qu'une conversation animee pour peindre des caracteres dont I'histoire n'offre que de legeres esquisses : aussi, le quatrieme volume de la Dame de Saint- Rris a-t-il autant d'interet que les meilleures peintures de Walter Scott. Quant aux autres personnages, le principal est Diane, dame de Saint-Bris, attachee au parti d'Henri IV, aussi remarquable par sa beaute que par ses vertus; Peliu de la Mothe, son neveu , que le romancier semble avoir jete la comme un exemple de vertu, au milieu des vices et des crimes qui rentourent : Duhallol, capitaine au service d'Henri IV, plein d'honneur ct dc loyaute, et qui abjure aux pieds de Diane les LITTER ATURE. — BEAUX-ARTS. 5i5 cgaiemens et les folies de sa jeunesse; cnfm, le baron d'AlIegie, rcprt'sentaiit des fiireurs et de rcxaspefation des guerres civlles. Adressons, en finissant, iin conseil a M. de Mortonval. Nous ne saurions voir dans iin ronian historique une ceuvre destinee a naitre et a moiirir dans la meme annee. Le Voyage d'Ana- charsis, qui appartient an mcme genre, vivra sans doiite Inng- tems encore, grace au merite remarquable dn style; car, c'cst toiijonrs le style qui fait vivre les ouvrages. Et je n'entends point par le style, comme on le croil comnuinement, la cor- rection des phrases et Tobservatioti des regies de la syntaxe : ce u'est la que la parlie materielle, qu'on apprend dans les ecoles ; niais I'expression, la variete, la convenance, la rapi- dite, voila ce (pii ne s'apjirend pas , et ce que le travail et une heureuse nature peuvent seuls donncr a I'ecrivain. Si M. Mor- tonval possede les premieres qualites, il conviendra que la derniere, la rapidite de Taction, lui mantpie entierement. I'our- quoi vouloir meriter le reproche de bavardage (pi'on a fait avec raison a Walter Scolt? Quatre volumes sont-ils done ne- cessaircs au succes d'ua roman ? H. J. iga. — * Galerie de Lcsucur, ou Collection de tableaux re- presentant les principaux traits de la vie de saint Bruno, fonda- tetir de I'ordrc des Chartretix ; faisant suite au musee de Filliol ; dessinee et gravee par Georges Malbeste; accompagnte de Sommaires descriptifs et de Notices stir la vie de saint Bruno , et sur celle de Lcsiieiir , par Charles Pougens, niembre de ITnstitut et de plusieurs academies etrangeres : dedie a Ms"" I'archeveque de Paris. Paris, i8'.«7. In-4" orne le eluitre des chartrenx. M. Geuce fait obsei-ver, avec raison, que Felibien et Perrault ne rapporteiit point cettt^ cireonstance; j'ajouteiai que M. Miel a attribue I'oi'igine de ccs peinturcs a un evencnicnt foituit ct fort remarquable que j'ai cite dans ce recueil (t. xix, p. 192 ), en rendant compte d'une collection de nieme nature, publiee par M. Prosper Laurent. 11 me semble que, puisque M. Pougcns publiait sa notice posterieuremen t a eelle de M. Miel, il aiuait du, s'il n'adaiettait pas son opinion, la combattrc et faire connaitre les motifs sur lesquels il s'appuyait pour ia rejeter. L'ouvrage que j'annonce est, pour le graveur, une entreprise de longue haleine, et qui a du lui couter plusieurs annecs de travail. Si la dimension qu'il a donnee a ses planches ne lui permettait pas de rendre toutes les finesses du caractere du maitre, elles offrent, an moins, nn moyen de le suivre dans sa marche, et d'observer le gout, I'habilete, le sentiment qui re- gnent dans ses compositions. En laissant echapper a sa plume elegante et facile les notices et les sonuiiaires descriptifs qu'il a joints a ces gravures, M. Pougcns a, co.mme a son ordinaire?, verse les tresors de son eiudition, en indiquant, a la suite des notices, les sources nombreuses ou Ton pent puiser poui' con • naitre, avec plus de details que ne comportait cet ouvrage, le saint auq;iel Lesucur a donne une nouvelle illustration, et le peinlre dont la renommee est de'sormais inseparable de celle du saint. Sans doute , si je prenais ime a inie les assertions de I'ecrivain, je pourrais bien en combattre plusieurs; mats il ne faut pas oublicr que, prive de la vue, M. Pougcns ecrit sous I'inspiratiou de ses souvenirs. Cet ouvrage n)e ])arait avoir u\ie double destination. II con- vicnt aux artistes qui trouvent dans les productions de Lesucur un siijet continuel d'admiration , de meditation et d'etude; il convient aussi aux pcrsonnes qui aiment a unir, dans I'objet de leur piete, les oeuvres du genie et des sujets d'ediHcation. A cc double titre, la collection publiee par M. Malbestf. ne peut manquer d'obtenir un succes que ses longs travaux lui meritent a tous egards. P- A. BEAUX -ARTS. 5i5 ig'i. — * La Chine, mcnurs, usages, costumes, arts et me- tiers, etc., d'apres Ics dcssins originaux dii P. Cnstlglioiie, du peiiitie chinois Sii Qua , de //''. Alexntxlve, Chambers, Dud- ley, etc., par MM. Df.veria, Regmer , Schaai,, Schmit, "ViDAL, etc.; avec des iVb//co" explicalivcs ct wne Introduction, par D. B*** deM\lpiere. lo" et ii*^ livraisons. Paris, 1827; I'editeiir, rue St.-Dcais,n" 188. 2 caliiers grand in-4'; prixde chaque livraisoii, i5 fr. ; par tsouscription, 12 fr. (Voy. Tiev. Eric.., t. XXXIII, p. 268.] Depuis que nous avons sii;nale aux amis des arts I'ouvrage ulation agricole; mais ses tentatives viennent constamnient echouer devant I'apalhie , I'incurie , les prejuges et I'igiioraiice jjiofonde des habitans des campagnes : les agronomes eclaires peuvent seuls en tirer quel- que fruit. Sans negliger les recherches (]ui se rapportent anx autres sciences, tons les deux mois elle public uu bulletin des- tine princii)alement aux memoires qui traitent de I'agriculture. La littcrature y tient aussi sa place, et chaque annee , deux prix, I'un de prose, I'autre de poesie , sont ofterts aux nour- rissons des muses, a titre d'encourage;nent. Le cahier (|ue nous avons sous les yeux est tout entier con- sacre a la seance solennelle du mois de novembre dernier, M. Coster, prefet et president de la Societe, a prononce un discours sur les avantages de rinstruclion jointe a une educa- tion religieuse. II a donne en meme terns un apeicu rapifle de I'ctat actuel de I'agriculture et de I'industrie dans le departe- ment. Auteur lui-meme d'amelioralions notables, on voit qu'il a etudie en honnne instruit le pays qu'il est charge d'adminis- trer. M. Ardant aine, I'un des secretaires, a fail ensuite un rap- port sur les travaux de la Societe pendant le a""" semestre de 1825 etle I*"" semestre de 1826. Parmi les membres dont il si- gnale les miles travaux, on distingue MM. deMontbron, connn dans le uionde savant par plusieursouvragesde lilteratureet d'e- rudition ; Jtidhe de la Juihe, Pradier, Navieres, Guii.libert; GoNuiNET pere, membre de toutes les Societes de medecine de France et deplusieurs Societes eirangeres; Mazard, Maurice Kv.- MEMOIRES ET RAPPORTS. Sai DANT, Manes; elevc distingue de rancienneEcolePolytechniqup; Bouillon, Boudet aiiie; ALHTAuaine, secretaire de la Sociele pour la partie des sciences qu'il cultive avecsucoes; Andrieux, auteur d'une rhetorique esti(iiee;etPLAGNE, professeurde chinaie a Poiidichery. On y remarque avec interet que M. Barny a planleplus de cent niilie pins dans sa propriete sur les buttes de Clrammont, hauteurs qui bornentle Limousin, sur la route de Paris, et dont le sombre aspect attriste I'iuiagination du voyageiu". Ces collines arides ne rappelleroat jamais les monts |)oeti{|ues de I'Ecosse, tout recemment plantes de melezes; mais si cet exemple etait imite, leur apre nudile se revetirait bien- tot de forets productives. On y voit aussi que MM. Alluau et Manes, dans une coiuse scientifique, ont decouvert deux subs- tances nouvclies dans cette province dcja si riciie en mine- rau\ : \ Itetdroslte et \ hureaaUte [^ fer et manganese sulfates ). Les essais de M. Guillibert pour acclimater le murier blanc en Limousin , ou ce precieux vegetal etait, a ce qu'on croit, ja- discounu, ne nous paraissent pas devoir amener des resultats aussi imporlans que ceux qu'on en cspere. II est prouve par r^jxperience que le murier blancpeut etre cultive dans la partie centrale du royaume. II I'a ete pendant long-tcms enTouraine. Les refugies francais le porterent meme en Prusse , ou il se Irouve encore. On en voit egalement quelqiies bouquets dans la region alpestre. Si i'ediication du ver a sole a etc abandon- nee dans ces divers pays, c'est (]ne la production de la sole est desavantageuse ati nord de la ligne qui court de Lyon a Boideaux: les soies dii midi sont preferees dans le commerce. La France est tributaire de Tetrangei', il est vrai, pour le tiers de la consonimation de ses fabriques; niais elle doit chercher dans ritalie et dans Tlnde des qualites superieures a celles que produit son terriloite. Cette importation se trouve auresSe deja pres(]ue compensee par I'exportation de nos soies indigenes en Auglcterre, et nos provinces du midi peuvent multiplier a I'in- fuii la production de cette denree, graces a leurs nouvellles plantations de Oiiiriers dans les vignobles. Les efforts de la Societe pour introduire le pommier acidre dans le departement neseront probablement pas moms inlructueux dans leurs con- sequences que ceux de M. Turgot , a I'epoque oil il etait inten- dant de la province. Cet excellent administrateur , si riche d'ailleurs de liunieres superieures et de grandes vues econo- miques, etait parvenu a transplanter en Limousin I'arbre de la Normandie; mais il ne pouvait pas y transporter egalementle climat qui le favorise : aussi, ses fruits y perdirent-ils leur acidite apres quelques aanees. 5'22 LIVRES FRANCAIS. M. Aniirikux lit iin rapport fort bicn ccritsiir los ouvrages tie prose cnvoyos au concoiirs, cr dent aucun n'est jugt; digue ties suffrages de la Sociotc. Aprc-s liii, M. Aumant rciul compte des pieces do vers qui se dispiiteiit la palnie j)oeti(]ue. D'apres les exttaits qu'il en donne, ces productions nous seniblent ap- prccii-es avcc beauconp degout et peiit-etre un pru de bienveil- lance. L'Aristarque de la Sociclu a fait, il est aise de le iccon- naitre, une etude particuliere de la langue de la critique, qu'il nianie avec facilite. Un censeur severe pourrait bien condani- iier les agremens souvent prodigues sons sa plume exercee ; nmis, en retrauchant quekjnes fleurs parasites, il rendrait hom- niage i^l'elegancc soutenue de son style. Les compositions qu'il nous fait connaitre n'offrent pas inie poesie riclie et brillante , ce ne sont pas des tableaux savaninicnt colories; sans s'clever au sublime de la peusee et de I'expression, elles contieiinenten grand nombre des vers agreables et des pensees ingenieuses, delicatement rendues. Le prix n'a eependant pas etc decerne. Nous detaclierons , parmi d'autrcs niorceaux non nioins dignes il'attention queiques vers d'une de ces pieces, intitulee : La Paitvn: Mire : ils nous ont paru exprimer le langage du coeur, ce melange lieureux de seiisibilite, de grace ct dc naturel qui fait le charme de la poesie elegiaque : Pour apaiser le mal qui me tourmente , Votre amitie s'epuiseen efforts superflus; Vos tendres soins , votre bonle touchante Ne sauraient rappeler un bonheur qui n'est plus. Comme vous , j'ai pris part aux f^tes de la terre , Je fus heureuse un jour ; niais le tems du plaisir S'est echappe , plus prompt que la vague legere , Devant le souffle du zephir. Trois ans sont ecoulcs, et je te pleure encore, Toi qui Cs un instant le bonheur de mes jours : O fille tant aimee , 6 mou Eleonore ! Qui pourrait de mes pleurs interrompre le cours ? Contre de vains plaisirs j'echangerais mes larmes ! Oh! Non, non, laissez-moi gemir; Yous ne connaissez pas les charmes Des pleurs que vous voulez tarir. Dans vos jeux, malgro moi, je chercherais ma die; ' l.a Ij're cnlre mes mains freniiralt de douleur : Mieux vaut pleurer en pais au seiii de sa faniille , Que d'epaitdre si loin les secrets de son coeur. Plaisirs, grdces, amours, doux n'ves de la vie, FaulAuies plus legers que I'air pur du matin , Detachez de ce front la gulrlandc chcrie Donl rhvmcn autrefois embcUit mon dcstin. OllVRAGES PERIODIQUES. 523 Portez vos f^iveurs passag^res A cclles pour qui brille un ciel toujours serein , Et dont Jes jieines ephemeres Ne vont pas jusqu'au lendeniain. Ad. G. Outrages periodiqucs. Suite ue la Revuk des Journalx des uepartemens. ( Voy. t. xxxiii, p. 272 — 276, 396 — 598 ; et ci-dessus p. 270 — 271.) En continuant cette revue nous mettrons en premiere ligne les journaux que Ton nomme poliliques. Ceiix qui se consa- crcnt specialcment a quelques divisions des connaissances hn- maines, viendront ensuite, et les humbles feiiilles d'annonces fermeront la niarche. Les circonstances actuelles assignent a la politique un rang a part, eminent, et reclanient pour elle une attention presc]iie exclusive. Par une inconcevable fatalite, notre malheureuse patrie senible,sous quelques rapports, des- tinec a partagcr le sort de I'Espagne. Le mouvement retro- grade qui lui est imprime devient si rapide que la masse de la nation ne pent le suivre, que I'union Aw corps social est ronii)ue, que I'on ne peut voir sans inquietude la direction qui nous est tracee, le but vers lequel on nous entraine. La ])olitique appliquee h la France est aujourd'hui I'affaire principale de tous les Francais, elle occupe tousles esprits. Parmi les journaux qui transmeltent les informations dont on ne peut se passer, il en est malheureusement qui n'ont rieu de francais, et qui, lies par un pacte infernal avec les enuemis de la patrie, travailleut avec acharnement a I'avilir et a la miner. Nous ne les nommerons point, c'est assez les designer Quant a ceux qui combattent avec nous pour la sainte cause de rhumanite, qui defendent I'honneur et les droits de la France ses institutions, sa consideration au dehors et au dedans, I'union les travaux utiles, la propagation des lumieres, nous n'omet trons sur cette liste que ee que nous n'aurons pu connaitre plus nous citerons de cesdignes organes de I'opinion publique, plus nous ranimerons ses esperances, en lui faisant connaitre sa force; et certes, elle a grand besoin d'etre rassuree. Afin de terminer le plus tot possible cctle consolante inspection, nous continuerons a prendre ce qui sera le plus a notre porter, sur- tout dans les departemens. igS. — Journal da departcmcnl dc I' Aisnc, politique, litterairc, commercial , agroriome : a.nnnnces et avis divers. Laon, rue Ser-' ruricr, n" 3(J. Ce journal parait, les martli, jeudi et samedi de rhaque semaine. Prix de I'abonnement, 3o fi-. pour I'annec ; 1 5 fr. jxnu" 6 mois, 8 fr. par trimestre, franc de port. 5a4 LIVRES tRA-NCAlS. Les rcflactenrs dii journal de I'Aisne ont I'habitude de con- sacrer qiielqncs li^iies a ce (nie Ton nommc ici nonvcllcs dc la coiir, lesqiielles soiit, conimo chacun It* salt , a pen pros les memes duiant tout uii icgne; ellcs se reprodiiisent tons les jours sous la meme forme, et on ne les lit ^uerc, meme dans la capifale. II parait que ccrtaines convenances, propres au >£' Salverte, qui enlreprend de uudtiplier sur le sol francais un arbre precieux pour noire Industrie, et qui s'accommode tres-bien de notre climat. 201. — Fcuille cVannoncc.s de Riom , siege de cour royale. Riom , imprimerie de Salle fds , proprietaire-editcur. Cette feuille repond a son titre, et s'accpiitte d'abord de ses obligations; mais elle va i)ltis loin. Si elle se bornait a des affi- ches locales, elle serait etrangere a la Revue Encjclnpedique. Nons trouvons de terns en terns dans ses pages des extrails dc jugemens d'ouvrages sur des questions d'un interet public, en un mot, des pensees, des voeux, une tendance qui placent les redacteurs de cette feuille dans les rangs des vrais amis de notre patrieetde I'humanite. Ilsne secroiraient pas assez Fran- cais, s'ils n'inseraient point quelques vers, pour deguiser un peu I'aridite du sol qu'ils exploitent : on en trouve done sur des sujets tres-divers, dcpuis la chansonnette jusqu'a Tode et I'ele- gie, et en general, on applaudit au gout des redacteurs. N. 202. — Jurisprudence de la cour royale dc Corse; par M. Se- MiDEi, avocat a la cour. Bastia, 1827; imprimerie de Jean Fabiani. In-8°; jirix de I'abonnement , 12 fr. par an pris a Bastia; et i3 fr. 5o c. franc de port. Presque toutes les cours royales de France voient leurs ar- rets publics dans un recueil spt'cial, (jui sert a constater I'etat de la jurisprudence adoptee par elles sur les diverses questions qu'elles ont eu a juger. Jusqu'ici la cour royale de Corse etait privee de cet avantage; mais I'ouvrage que nous annoncons parait devoir remplir cette lacune. Nous formons des voeux sinceres pour que cette entreprise soit encouragee comme elle le merite , et nous felicitous M. Semidei d'avoir realise cette idee, si propre a eteneu de Mexicains savent lire; le nombre et Ics sucxes des journaux donnent une assez juste niesure du degre d'inslruction reiKUidue dans iin pays. L'un de nos journaux, Ic Soleil [el Sol) ,^\\h\'\e Acs obser- vations meteorologiques dont les physiciens de TEin-ope pour- ront profiter; mais ces registres des variations de I'atniosphere ne donnent qu'une idee bien imparfaite de notre cliuiat, de la gi'ande et belle nature qui deploie ici toutes scs nierveilles. Lorsque notre nation atteindra I'age viril, elle ne nianquora point de savans, et surtout de naturalistes. E. AMERIQUE MERIDIONALE. CoLOMBiE. — Bogota (1827). — Situation morale dc la Rcpii- bliqiic. — Enresumantce que I'annee qui vient dc s'ecouler a fait pournotre republique,nousavons peu d'eloges a esperer, quelques motifs de regrets, quelques inquietudes pour I'avenir. Cen'est pas que les comptes rendus par les divers ministeres nc soient assez satisfaisans; mais, malgre ces apparenees favorables, la paix publique a ete troublee, les liens de la federation relaches, les uislitutions les plus necessaires ajournees. La nation, qui dc- vrait marcher a pas de geant dans la carriere de la civilisation, est demeuree stationnaire, et comme indifferente aux grandes destinees que des citoyens magnanimes lui ont preparecs. Quelle est la cause de ce pheuoniene moral et politique, et comment pourrait-on contrebalancer son action ? On le dissimulerait vainement, les elemens de la force publique manquent encore dans ce pays. Ces elemens, dans ime republique , sont une po- pulation homogene , laborieuse , eclairee : les fondateurs de I'Etat ont donne la forme, avant de perfectionner la matiere; le plus difficile est encore a faire. Dans cet etat de choses , la republique ne pent se suflire a elle-meme; ses progres seraient trop lents; elle a besoin d'attiror dans son sein des etraugers habiles, et elle ne pent les acquerir, si elle ne consacre point de la maniere la plus solennelle I'independance religieuse. Lorsque les protestans de toutes les nuances auront des temples a Bogota, que I'israclite y aura bati sa synagogue, que le quaker y tiendra ses pieuses conferences, la population croitra par I'afflueuce des etrangers; elle s'ornera de tout ce que les arts peuvent ajouter a la nature ; elle pourra montrcr alors les im- menses ressoiu'ces dune nation capable d'executer les grands travaux qui assainiront son lerritoirc, pcrfectionncront la na- AM'tRIQUE MliRID. — ILES BRITANNIQUES. 53 1 vii^a'iion de ses fleiives, ofganiseront ses moycns de defense, etcndioiit son commerce. II semble quelle poiurait faire, pout- la piopai/ation des lumieies, plus qu'elle n'a fait jusqu'a pre- sent; et I'une des conditions auxquelles il faut satisfsiire pour qu'unc nation soit veritablement eclairee, c'est d y etablir la tolerance religieuse la mieux garantie et la plus illimitee. R. EUROPE. ILES BRITANNIQUES. Marine militaire anglaise. — Nous empruntons au dernier ouvrage public par M. Ceja/- More AD, vice-consul de France a Londres (i), I'etat suivant, qui montre les progres extraor- dinaires de la marine militaire anglaise, depuis iGSa jusqu'au 1"' Janvier 1827. N ombre et nature des vaisseaux anglais, depuis 16S2 jusqu'en 1827. NOMBRK DE CANONS ANNEES. 100 80 74 60 5o 38 20 0 0 TOTAL. a a a a a a a ij . 120. 98. 78. 64. 58. 46. 36. l652. I I .. 1 II II 33 44 102 1676. 4 8 1 1 12 10 28 i4 59 148 I«85. 5 17 3i 10 10 35 1 1 60 179 I70I. 6 3o 27 18 4 40 44 87 256 I714. 7 29 26 19 5o 24 42 5o 247 1727. 7 29 24 i8 46 24 29 45 233 1744. 6 3o 26 3i 35 3o 40 104 3oo 1756. 5 20 48 36 33 38 45 i34 320 1760. 5 20 43 59 28 32 83 142 4l2 1705. 5 18 56 57 21 12 82 157 407 1770. 3 17 61 54 10 9 70 141 367 1775. 4 20 64 43 12 7 79 io5 340 1780. 4 21 67 5i 20 24 86 174 490 1785. 5 26 72 46 17 48 91 95 471 1790. 6 26 72 42 17 45 89 181 478 1795. 9 29 78 40 20 71 91 i55 5io 1800. 1 1 3o 97 45 24 97 91 352 7 57 i8o5. 12 25 io5 39 21 106 85 4i4 807 1810. i3 34 160 36 16 i58 88 533 1048 i8i5. 17 26 149 22 20 160 65 425 884 1820. 28 22 99 10 i3 "9 62 260 6i3 j 1827. 26 23 81 12 23 117 127 197 606 ■■^^ ■^^^ ^^^^ (t) Chronological Records, etc. — Archives cbroiiologiqucs de la 532 EUROPE. Liverpool. — Hospice dcs habits ileus. — Cct t'tablisscment (hibieiifaisance fut foiulc, on 1709, sous le nom A' licolc de dia- ritc , et ne fut iiislitiii! d'abord (jiic pour quarante jeuncs f;ar- cons, etdixjeuncs lilies, quidevuient y ctie instriiits et liabillos. En 17145 oil constiiiisit iin batiment beaucoiip plus vaste, atin d'ajoiiter le logeuu-nt aux autres avantai;es dont jouissaieiit deja les enfans admis dans celte ecole; et, en i8o3, lenonibre des pensioniiaires fut poite a cent. La plupart des enfans I'ecus dans cette institution sunt dcs orplielins, privcs dc leurs parens par les nan(VaL;es trop frequens aux(|uels est exposee une popu- lation (jui comple un ^rand nonibre de niarins. L'etablissement contient aujourd'luii 336 pensionnaires, dont 2/|2 garcons, et 94 lilies. Dc ce nonibre, 86 enfans sont orplielins de pere et de mere; 'j.'i!\ sont orplielins de pere on de mere seulenient; et 26 ont encore leius parens, mais dans un etat d"indii;encc. lis sont admis a lage de liuit ans, et entretenus jusqua leur qua- torzienie annee. On y eiiseij^nc aux gaicons la lecture, I'ecri- ture et rarithmetique : eeux qui se de.->tiiient a la marine sont , de plus , instruits dans I'art de la navigation. Les lilies y apprcn- nenl a lire, a ecrire, a coudre, a filer, a tricotcr, et a s'occiqoer dcs soins du menage. L'enseignemeut mutuci est la methode employee par les inaitres. Le service divin se fait dans une salle de l'etablissement. Tons les enfans sont veins uniformement de drap bleu; ce qui explicpie le noui actuel de ce!te institution. Les frais s'elevent aujourd'hui a pres de 5,ooo livres sterling , par an ( environ !25,ooo fr. ) et sont snpportes entierement par les donations et les dons gratuits dcs habitans de Liverpool. Parmi les ])ersonncs qui ont contribue avec le plus de genero- site a fentrctien dc cette niaison , nous cilerons : M. W. Clayton, qui a souscrit pour une somme de 1,000 (25,000 francs ); la famille Cleveland, ])our 1,700 livres sterling; et M. J. Harrachs , pour 3,022 livres sterling. Les enfans sont I'objet de soins vraiment paternels : on admire surtout une exquii;e proprete dans leurtenue, d'autant plus digne de re- mar(jiie qu'on la rencontre asscz rarement dans les maisons de charite; et ce qui frappe encore davantage tons les visileurs, ce sont les manieres decentes et polics de ccs intercssans or- marine royale et marchande de I'Anglctcrre, depuis les tenis les plus reculi-s ( 827) , jasqu'a Tcpoque actuelle (1827), d'apres des aocuinens ofliciels, etc., par Cesar Moeeau, meinlirc ch.^ plusieius so- cietes savanles , clc. Londres , 1827 ; Treuttel el Wurtz. Un caliier iii- folio oblong , lilhographie, de 85 pages ; prix , 2 liv. st. 2 sli. M. (^csar Moreau, a qui Ton doit d'imnienses reclierclies stalistiques du nieme genre, conteniies dans piusicurs ouvrages antcrieurs, vient d'(5tie nomme membre de la Socieli royale de Londres. ILES BLITANWIQUES— RUSSIE. 533 phelins. A. ce derniei" trait siirtout, on roconnait que la surveil- lance de cette institution n'est pas confiec a des agcns niercc- naires, mais aux citoyens les plus cstimables de Liverpool (i). D. Alhert. RUSSIE. Prnprlete litu'rciire. — Droits d'autcnrs en llassie. — Sans exa- miner ici Icquel convient mieux aux lettreseta la societed'avoir pour depositaires et propai^ateurs dos Iiunieres des hommes qui se vouent jjargout, et dans le scul but de la gloire, aux nobles occupations dc I'esprit, ou ceiix qui fondent sur ces occupations leur existence journaliere et I'espoir d'une fortune a venir, reconnaissons que, dans un pays recenimeut entre eu partage de la civilisation, ou le peuplc c^t encore trop occupe de ses besoins materiels pour accorder beaucoup aux jouissances de rimagination , et oil par consequent la classe des lectenrs doit etre pen nombreuse, ua noble penchant ct le desir de plaire ou d'etre utile a son pays ont pu seuls creer des auteurs. C'est dans les hants rangs de la so(;iete, la nienie ou s'etaicnt ren- contres les premiers lectenrs, qii'ont du se former aussi les pre- miers auteurs; ils n'ont dii ambitionner quo le desir de se faire lire a leui- tour. Aussi voyous-nous qu'en Russie les ecrivains les plus distingiies et ceux surtout dont les travaiix ont com- mence riliustration litteraire de leur nation apparticnnent tons a la noblesse ou a la classe des dignitaircs ; car il faut remar- quer, a I'avantage de la Russie, que les lettres y ont toujours euvert le chemlni des honncurs. Apres les Kantemir , qui leur ont prete I'appui d'lm grand nom, les Lonionossof, (|ui se sont eleves par elles, nous avons vu , a une epoque plus rapprochee de nous, les Derjcwin et les Dmitrief, dignes continuateuis de leur gloire. grandir en consideration sociale, en proportion, pour ainsi dire, avec raccroissement de leur genie; mais aucun d'eux n'avait pense a tirer de ses travaux litteraires un moyen d'existence , et surtout ime position indepcndante dans le monde. A mcsure que les lumieres se sont repandues dans la societc, a mesure que la masse des lecteurs s'est augmentee en se recru- (i) Le Comile (les orplieims de la Societe de la morale chretlenne, compose d'un certain nombre de jeunes gens, qui remplissent avec zele la bienfaisante deslination qu'ils ont choisie , produit , a beau- coup d'egards , quoiqiie par des nioyens differens , des resultats toui-a-fait analogues a ceux que notre correspondant nous signale dans la belle institution de Liverpool, {f'^oj. cl-dessus, p. aSfi , le Compte rendu de la seance publique annuelle de la societe de la morale chretienne. ) 534 EUROPE. lanl peu a pen daiis tous les ran^s , Ic bcsoin de coiiimiinicjucr scs idees est dcvcnu plus imptTieux, ct des hoinmes qui, iies dans \ine condition inferieure, avaient consacrt- ics plus belles amines de lenr jeunesse a se creer un fond d'instruction solide, ont pu continuer a se livrer entiurement aux Icttrcs en donnant a leurs travaux line direction utile pour leurs compatriotes et en meme terns fructueuse pom- eux-memes. En un mot, la cul- ture des lettres est devenue une profession honorable en Russie : puisse-t-elle n'y devenir jamais im metier! Une classe nouvelle s'elevant ainsi dans la societe, il a bien fallu rechercher quelles seraient ses conditions d'existence, et de quels droits elie serait inveslie par les lois de I'etat. Mais, si la chose n'est pas facile, meme en France, si les garanties que la loi y accorde anx gens de lettres et a la propriete litteraiie ne sont pas encore bien etablies, nialgre les reclamations conti- nuelles de ceux que cette question interesse directement , a plus forte raison doit-on croire qu'elle est impossible a resoiidie dans un pays oi\ la nation a obtenusi peu de concessions encore de la part du pouvoir, etou les lettres sont rei^ardees conjme ces uecessites du luxe sur lesquelles on ne saiuait laisser peser des charges assez fortes. Voyons cependant, avec im journal russe(i), quelles sont les donnees que Ton a pu recueillir jus- qii'ici sur cette question interessante. Laissant de cote les ratechismes et les livres elementaires , que la louable sollicitude du gouvernement met a la portee des foitunes les plus nicdiocrcs pai" tous les moyens qui sont en son pouvoir, et d'un autre cote, les livres de propheties, de songes, dont I'influencc doit balancer celle des ouvragcs plus utiles, chez un peuple encore ignorant et superstitieux; laissant de cote, disons-nous, ces deux especcs de hvres dont le debit est egalement assure, si nous etablissons ime proportion entre les ceuvres piirement litteraires et les travaux qui ont la science pour objet, nous trouverons qu'elle est toute a I'avantage des premiers. Le celebre aoteur de VHistoirc de Russie, feu Karam- sin, le premier qui ait retire un aussi grand avantage pecuniaire de ses travaux dans ce pays, a recu, dit-on, de son libraire la somme de 80,000 roubles ( 80,000 fr. ) , pour la deuxieme edi- tion des neuf premiers volumes de son excellent ouvrage. Mais, s'il est vrai , comme on I'assure , que les produits de la vente entiere de cette edition se soient eleves a la somme de 1 65, 000 roubles, I'editeur n'aurait pas encore fait un trop mauvais mar- che; et loutefois, la proportion entre son benefice et celui de (i) Le Teligraphc de Moscoii , avrll i8a6 (n" 7), p. uoS-nl,. \ RUSSIE. 535 I'auteur seiait plus juste et plus satisfaisante qu'elle ne Test goncralemont en France. La j ontaine de Bahhtchisaral , poeme du jeune Pouschkin, dont nous avons plusieurs fois entretenu nos lecteurs, a ete paye 3,ooo roubles a son auteur; c'est-a- dire, sur le pied de 5 roubles par vers : les Casimir Delavigne et les Lamarline ne lirent pas un nieilleur parti en France de leurs productions poetiques. Mais, a cote de ces exemples beau- coup trop rares en Russie, on a celui d'hommes estimables, entiercment voues aux speculations de la science, qui se ver- raient souvent atteints par le besoin au milieu de leuis investi- gations laborienses, si le gouvernement russe, interesse a sou- tenir de tons ses nioyens ce nouveau genre d'illustiation, ne venait a leiu' secours. Une remarque assez interessante, et qui servirait a constater le gout des lecteurs en Russie, c'est que, tout au contraire de ce qii'on a [)u remarquer en Fi-ance generalement, les editeurs et coUaborateurs de recueils periodiques sont assez bien par- tages dans la distribution des sommes que le besoin de la lec- tiu'e met eu circulation; ce qui devrait amener une concurrence utile poiu- le public. La retributiou ordinaire des traducteurs est de u5 u i^o roubles pour une feuille d'impressiou. Quelques libraites et quelques auteurs ne rougissent pas, il est vrai, de ne donner et de consentir a n'accepter quelquefois que lo roubles pour la meuie proportion de travail; mais, aussi, de quelle nature pent etre ce travail I L' Academic russe, de son cote , paie ordi- nairement la feuille de traduction de 4o a 60 roubles, et les compositions originales de 60 jusqu'a 100 roubles. La propriete litteraire, en Russie, n'a pas non plus de bases certaines, et ce point de la legislation y attend encore toutes les lumieres et tnute la soUicitude d'une administration bien cutendue et vraiment paternelle. L'article ii3 du reglement de rAcademie Imperiale des sciences ( af) juillet iSaS) fait cepen- daut defense a tous les imprimeurs de I'empire russe, sous peine ielles on pent trouver la base d'une legislation protectrice des interets et de la gloire des ecrivains. J.a gloirc litteraire, moins brillante peut-etre, mais plus solide que la gloire mili- taire, assure le bonheur des Etats, dont I'autre ebranle quclque- (1I II faut entendre sans doute par grande coniedie, la comcdie de caractire, et plus has, sous le titre de comedie seulement , la comedic (i'iittrigite , eiitre Icsquelles il est juste d'adniettreune distinction. RUSSIE. — ALLEMAGNE. 537 fois les bases, en leur donnant pour appiii une force aveugle, qui souvent pent etie detournee de son veritalDle l)ut. E. Hereau. ALLEMAGiN'E. IMuNiCH. — Snr I' instruction dii clcrge dans le royaume de Baviere. — De tons tenis, ['instruction ecclosiastitpic a etc I'ob- jet de la sollicitiuie des princes allemands. IMais, c'cst depuis un demi-siecleqirils ont travaille plus activcment a Tanieliorer, afin que le clerge i)ut se niainteuir a la hauteur a laqiielle la civilisation du pcuple s'elevait graduellement. On connait les reff)rmcsop(';rees a cet egard enAutriche, sous Marie-Therese, sous Joseph II , et menie sous Tenqjcreiu- actuel. C'est surtout dans d'autres parlies de TAllemagne meridionale qn'on a vu I'enseignement ecclesiastique s'organiser d'une maniere large et conforme aux besoins moraux et intellectuels du xix™<= siecle. Le grand duche de Eade, le Wurtemberg et la Baviere, ou cet etat de choses s'est etabli, en ressentent aujourd'hui les resultats bienfaisans. Dans ces pa5's, le clei'ge, devenu vrai- nient notional, cxerce sur toutes les classes de la societe une influence egalemeut salutaire. — Nous donnerons quelques ren- seignemens sur I'instruction ecclesiastique dans le royaume de Baviere, eu egard aux principes etablis dans la constitution bavaroise et aux dispositions du concordat de 1817 (1). Commenccns par renonce de quelques principes du droit public du royaume de Baviere qui deterniinent la nature des rapports entre le Ckrge et I'Etat. 1. La religion catholique est la religion de I'Etat; mais les autres culies sont libres. Tons lescitoyens, quelle que soit leur confession, ont les memes droits civils et politiques, et sout egalement admissibles aux fonctions et aux emplois publics. 2. Les articles du concordat conclu aven le saint-siege sont, dans leur application, subordonnes aux dispositions contcnues dans la loi fondamcntale , et surtout dans \ edit sur les affaires religieuses annexe a cette loi. 3. Tout ce qui regarde I'enseignement public et les etudes est considere, en Baviere, comme faisant parlie de la police administrative supreme [Oberste Staatspolizej Gewatt), etrentre dans les attributions du gouvernement: les autorites ecclesias- tiques ne peuvent intervenir que lorsqu'il s'agit d'introduire (i) Ces rcnseignemens nous ont ete tiansiiiis, en langue aliemaude, par un membre distingue du clerge de Bavifere. 538 EUROPE. tie nouveaux catechismes on des manuels de religion. Elles n'ont pas memele droit de publier un iiouveau catechisme, sans unc approbation specialc dii roi. /). Les autorites ecclesiastiqucs iie j)eiivent, dc Icur propre chef, proscrire auciin ouvrage commc contraire a la religion. C'est le gouvernenient qui prononce cette proscription , apres avoir examine et reconnu dangereux le livre qui lui a ete de- nonce par le clerge. 5. Les autorites ecclesiastiqucs n'ont I'adniinistration que des affaires purement religieuses , par exemple , de ce qui rcgarde les rites diiculte, radministration des sacrcniens et les affaires matrinioniales cntre calholiques (les nullites dc mariageetles separations de corps). Mais, dans ces niatieres memes, elles ne peiivent faire cxecuter aucunc de leurs decisions, sans avoir obtenu le placet rojril , dont les mandeniens de careme eux- niernes doivent toujours etre revetus. On pexit consulter, snr ces differcns points , I'excellcnt Ma- nuel fie droit ccclesiastiqitc de M. Bukivdel, profcsscur de droit public a rUniversite de Wurzbourg, public en 1823. C'est un des ouvragesles plus importans que rAllemagne ait produits de nos jours. L'ultramontanisine et les fausses doctrines dont on veul inonder I'Europe y sont combattus de la nianiere la plus victorieuse. Les etudes tlieologiques en Bavieresont organisees de la ma- nierc suivante: — § I. — Les jeunes gens qui se vouent a I'etat cc- clesiastique doivent suivre d'abord descours d'etudes prepara- toires dans les ecoles publiquesdu royaiune, dc iamememaniere que ceux qui se deslinent aux carrieres du droit, de la mede- cine, etc. lis doivent, en consequence, avoir successivement frequente toutes les classes d'un gymnase royal, et avoir obtenu, apres les examens prescrits, I'aulorisation de passer a unc uni- versite. Ceux qui ont fait leurs etudes preparatoires dans un pays etranger, ou sous des niaitres particuliers, doivent egale- ment se faire examiner par les professeurs des classes supe- rieures du gymnase , afm d'en obtenir un certificat qui Icur ouvre I'entree de I'universile. Parvenus a I'universite, les can- didals en theologie doivent frequenter les cours de philosophic et des lettres, tels qu'ils sont pi'escrits pour les autres etudians. Ces cours couiprennent la logique,la metaphysique, les ma- -themati(|ues, ia physique, I'histoirc universelle, les lilteratures grecqne et latine. Ajjies avoir teruiine chaque cours, I'eleve doit subir un examen et obtenir lui diplome qui attesle sa fre- romus, subir les eprcuves snivantes : 1" obtenir un certilicat du secretaire de I'universite qui aiteste qu'ils ont termine d'une maniere distinguee leurs etudes uni- versitaires, tant en philosophic qu'en theologie, et que leur conduite a toujours etc irreprochable; — 2" ils doivcnt subir, devant la Faculte de theologie, unexamen rigoureux, consis- tant non-seulenient dans des questions orales, niais encore dans des compositions ecritcs; — 3'' ils doivcnt composer une dis- sertation inaugurale, et ladefendre publiquement devant toute I'universite. La Faculte de theologie a, dans I'univei'site, les memes droits que les autres Facultes : les professeurs qui en font partie «ie- gent dans le senat academique, et sont places sous la curatelle des universites, de nieme que tons leurs collegues. Leur nomi- nation ne depend aucunement des autorites ecclesiastiques. Ils ne doivent compte de leur enseignement et de leurs doctrines, ni aux eveques, ni aux vicaires-generaux. Si ccnx-ci pensent que les professeurs cmettent des opinions heterodoxes, ils ne peuvent que les denoncer an ministere , en fournissant des preuves a I'appni de lenr denonciation. § III. — Les theologiens qui ont termine leurs etudes acade- miques peuvent seuls etre admis dans les seminaires episco- paux. Ces derniers ne sont pas en Baviere organisers d'apres les dispositions du Concile de Trente. Ce sont des ctablisscinens dans lesquels le jeunc theologien vient se preparer a Texercice de la pretrise. Il y apprend la lithurgie, la theologie dite pas- 54o EUROPE. torale; n s'exerce dans la predication, dans la catochisation ; en nn mot, il sc rend faniiliore la pratique de toutes les fonc- tions du pasteiir. Cependant, tons les seminaii'es dc la I'.aviere ne sont pas etablis sur ce i)lan : dans phisi(!urs pays, qui ont etc reunis reccmment a co loyanme, i'ancicnne organisation des seminaires s'est mainteniie. — Les theologiens doivent en general payer lenr jjension dans ccs etablisseuiens ; niais il y a un nombre determine d'admissions ij;ratiiites (i). La reception des theolojjiens dans les seminaires episcnpaux ou clericaux se fait de la nianiere suivante : — A la iin de cha- qne annee scolaire, un concours est oiivert pour ladmission de jeunes candidals an seminaire ecclesiastique. — Des exa- mens out lieu devant une commissiun composee des professeurs dc la FacuUe de theoloi^ie, du regent du seminaire, et presi- dee par un consciller delcgue par le ^ouvernement. Le sous- regent du seminaire rempiit dans la commission les fonctions de secretaire. — Les concurrens doivent remettre a cettc commis- sion tons les certificats qui leuront ete delivres depuis lenr en- tree an gymnase jusqu'a I'epoquc de racheveraent de leurs etudes academiques. lis doivent, en outre, fournir des certifi- cats qui attestent qu'ils ont toujours en une conduite irrepro- chable : et pour etre admis gratuitement, ils doivent ])roduire les preuves de rinsuffisance de leur fortune, etc. — L'examcn roule sur toutes les parties de I'enseignement que les jeunes gens ont cuilivees. S'il se trouve assez de places vacanles, les eleves en theologie sont admis an concours. — La commission du concours nMiiet a I'eveque ct au chapitre un rapport sur le merite des differenscandidats. L'eveque clioisit ceux qu'il vent admettre; mais I'admission ne pent avoir lieu qu'apies que le ministre de I'interienr a donne son asscnliment. — C'est du mo- ment de leur reception au seminaire que les tlieologiens reve- tent I'habit ecclesiastique. 5 IV. — Les chefs des seminaires sont nommes par l'eveque : mais ils doivent, comma personam reguv innjestatigratce , etre atlreees par le roi. Les jennes ecclesiastiques doivent demenrer au seminaire pendant deux ans. Ceux des candidats qui n'ont pas acheve leiw conrs de theologie, le finissent en continuant de frequenter I'universite. Le regent et le sous-regent enseignent eux- memes dans les seminaires la theologie pastorale, riiomeleiique, etc. Les jeunes gens s'y fortilient encore dans les sciences dont la connaissance (i) A Wnrzbourg, par exemple , les achnissions graUiitcs sont au nombre de u3. ALLEMAGNE. 5/,r leur est necessaire, par des repcHitions, des discussions siir los diverses branches de la theoloyie, et dos exerciccs aiixquels I'e- veque assiste souvent. lis cinivent, d'aprcs iine disposition ex- presse d'un edit royal, assister, pendant un semestre, a des lecons de pedagoi^ie et d'instruction elenicntaire. Les theolo- giens sortent du seminaire lorsqu'ils ont recu les ordres sa- cres. § V. — Les jeiines pretres doivent exercer les fonctions de vicaires, pendant liuit ans, ou du moins , et en vertu d'linc dispense, pendant six ans, avant de pouvoir as|)irer a uiie cure, lis sonf, tons les trois ans, examines par le -vicariat. Les cures ne soiit accordees qu'a ceux qui s'en sont montres dit^nes dans un concours ouvert par le gouvcrnement et tenu sous sa direc- tion. Les juges du concours sont le conseiller du cercle et les professeurs de iheologie qui y sont specialement appeles : le couimissaire du gouverncnient preside ; I'eveque est invite a v envoyer un delegue. Les epreuves de ce concours se font par ecrit : chaquc concurrent doit prononcer nn sermon devant la commission et faire la catechisation. La duree d'un sembiable concoiu-s est de trois ou quatre jours. Chaque commissaire en particulier classe les concurrens, scion Tidee qu'il s'est formee de leurs talens. Les notesdes commissaires sont ensuite reunics et envoyees an ministre de I'intericur, qui distribue les jcunes pretres en six classes, d'ajires leur degre de merite : ceux qui composent les trois premieres classes peuvent aspirer aux cures. Les cures sont en meme tems charges de la surveillance de I'ecole de leur cure, conformemcnt a I'instruction generale du gouvernemeut. lis ont ainsi la qualite d'inspecteurs d'ecole , et sont responsables euvers le gouvernemeut, comme fonction- naires publics. Nous esperons que ces details suffiront pour foire connaitre et apprecier I'etat de rinstruction du clerge dans la Baviere. Nous aurions pu nous ctendre davantage; mais nous avons prefere nous borner aux points les plus importans. W— K— G. Prague. — Tltcdlre boheinlcn. — Pendant long-tems, on a tenle vaincment de faire disparaitre la langue bohemienne, et d'y substituer rallemand, (pu est I'idiome du gouvernemeut autrichien. Comme les Bohemiens sont en majorite dans leur pays, ils ont conserve leur langue nationale, et le gouverne- ment a fini par sentir que ce serait peine perdue, de travailler a I'aneantissement de I'idiome parle dans un royaume entier. A Prague, la langue bohemienne est celle des deux tiers de dela population, et ily a cerlainenient un tiers quine comprend ,542 EUROPE. point lallomand. Ccttc jjartie de la population ctait privoe de la joulssance cln spectacle. Tout rcceunncnt on a jngc a propos de fonder un theatre bohemien. Un M. Strpnrie/; a eutrepris d'organiser ce theatre. Plusieurs pieces nouvciles ont eie ecritcs pour cette scene nationale; d'anlres ont ete traduitcs de rallcinand. On a aussi arrani^c plusieurs operas, ciitre autres cv\m dc Joseph , musique de Mehul. La troupe se compose en j)artie d'enfans. Sans (ioiite elle sera mieux romposee dans la .suite, surtout si la partie riclie de la population de Prague en- courage ce premier effort pour la fondation d'un theatre vrai- ment national. D. SUISSE. Arau. — Instruction publique. — Le Canton d'ylrgovie est incontestablement an premier rang de ceux oil reducation publique a recu un grand developpcment. Sur une elendue de 38 milles carres, et sur une population de 1/16,000 ames, divisees en 118 paroisses, ce canton renferme , outre la grande Ecole cantonale d'Arau, sept colleges sccondntrcs , on gym- nases, dans Ics villes de Lauft'enbourg, Zurzach, Rrougg, Bade, Bren)garten, Lenzbourg et Zoffinguc. De cessept colleges, celni de Bade, qui fleurit depuis ^ept ans, est organise sur une plus grande echellc que les autres, et il a lecu de plus riches dota- tions. Sept n\aitres, dont quatre pour la philologie et les ma- thematiques, et trois pour la musique, le dessin et I'ecriture, y enseignent dans six classes latines, et dans deux classes alle- mandes instiluees pour les jeiuies gens qui n'apprennent pas le latin. L'un des quatre professeurs de philologie est recteur pen- dant deux ans; sous sa prcsidence, les autres niaitres forment une chambre collegiale a laquelle est attribuee une competence delerminee. Le nombre des ecoliers varie cntre 60 ct 80. Chaque annee, il en part 8 a 10 pour les Academies suisses, ou les Universites allemandes. L'cxistence du College de Bade est assurce par un fonds capital de 200,000 fr. de Suisse ( Boo, 000 fr. de France). Depuis qu'on a pu attacher a ce bel etablissement I'habile maitre de gymnastique M. AEBi,l'auto- rite municipale a cocsacre aux exerciees gymnastiques un local spacieux. On forme peu a pen une bibliotheque collegiale, qui possede actuellement plusieurs centaines de volumes. Une collection de mineraux a ete donnec derniercment a M. le pro- fesseur Federer, a I'usage de son cours d'histoire naturelle; ce savant s'occupe d'enrichir I'herbier qui appartient au college. En reconnaissance des services qu'il a deja rendus a I'instruc- tion publique , et qu'il lui rend en qualite de recteur, la com- SUISSE.— ITALIE. 5/,3 mime ile Bade liii a offert le droit de bourgeoisie d'tine maiiicre infiniment honorable. [Nouvelti.ite Vauchis.) ITALIE. Florence.— ^fa^/pw/e des Georgopldles. — Sennce du ~ Jan- vier. — Le D"" Joseph Giusti lit un Memoire interessant sur le jiroblcmc relatif a la convcnance d'appliqucr a queiqiics pro- fessions, et siirtout ;i celle du droit, le principe do liberte adopte dans les arls -fiberaux. Le professeur Joachim Tadiiei lit un memoire sur les methodes a employer pour la eonst-rva- tion des engrais. II ajoute an systeme de Donat des conside- lations et des moyens qui lui appartienneut. M. Emmanuel Uepetti presente des reflexions sur la recolte de I'liuile et sur ia culture de la vigne dans les Maremmes de la Toscane, etc. . — Hociete toscane de geographic , de statistiquc et d'his- toire naturelle du pays. — Seances du 3i decembre 1826 etdu 28 Janvier 1827. — Les qualites personnelles, le merite distingue des membres qui composent cette nouvelle Societe patriotique , et leur zele ardent pour le progres des sciences qui font I'objet de son institution, promettent a cette Societe un a venir brillant et des succes durables. — EUe a commence par publier un extrait ana- lytique de I'ouvrage tie M. le comte de Chabrol sur la statis- tique du dtpartement de Montenotte , qu'elle presente comme modele des travaux dont elle va s'occuper. Parmi les premiers essais qu'elle a deja recus, on i-emarque une carte topogra- phique, physique, mineralogique et statistique de la vallee qu'on nomine du Casentino, et 46 vues a I'aqua-tinta faites par le D'' Zuccagni Orlandini, et representant les sites les plus pittoresques de cette |}artie de la Toscane. Les marques d'interet donnees par le grand-due anx chevaliers Julien Frul- lani et J'^incent Antinnri qui ont ete charges de lui faire part des projets et des travaux de I'Academie, ont particulierement excite le zele et echauffe le patriotisme des academiciens. Sardaigne. — Necrologie. — Dominique- /ilbert Azuni , ne a Sassari, en 17(30 , est mort vers la fm de Janvier de cette annee. Verse principalement dans les diverses parties de la science du droit, et surtout dans celles qui concernent le commerce maritime, M. Azuni fut appele a remplir plusieurs emplois pu- blics sous les divers gouverncmens qui se sont succede a Genes, et qui ont apprecie son zele et ses luinieres. II fut successivement senateur et juge au Tribunal de commerce maritime a Nice, president a la Cour imperiale de Genes, membre du Corps legislatif en France, juge au Tribunal supreme du consulat de Cagliari, piesident de la bibliotheque de I'Universite royale de 544 EUROPE. cette ville, et memhi'c; de plusieiirs Academics. On a dc liii divers ouvrai^cs qui prouvcnt que ses connaissances etaicnt fort ctcnducs. Le preniief paiiit en 1795, sous le tide de Sistema universale dc' principii del cliritto iiiaritirno dell' Eurojia , qui fut tiaduit en franeais en 1798 ; I'auteur le letoucha cnsuite, et le pubiia a Paris, en i8o5 , sous le litre de Droit maritime, de I'Europe. II a donne aussi un Dictionmiire univer.sel raisonne de la jurisprudence coinmercialc , tres-cstime par ceux qui cultivent cette ])arlie dii droit public. * ^ puiirrait citcr un grand nonibie d ojMiscules et de mcmoircs qu'il lit paraitre sur divers sujets d'erudition, toujours en rapport avec I'objct de ses etudes favorites , tels que sa Dissertation sur I'Origine de la Boussole et ses Memoires pour sert'/r a I'Histoirc des voyages des anciens navigateurs de Marseille , etc. Ses vceux Ics jjlus ardens etaient pour la prosperite de son pays; nous en avons une preuve incontestable dans le dernier ouvrai;e qu'il a laisse, Sopra t amininistrazione saintaria in tempo di peste (sur I'administiation sanitaire pendant la duree de la peste); Cagliari, 1820. F. Salfi. PORTUGAL. LiSBONNE. — U Accidernie rojalc des sciences de cette ville , qui recoit la Revue Encyclopedtque, et qui doit adresser desor- mais ses memoires, ou un resume de ses tiavaux annuels, an bureau de redaction de ce Reeueil central de la civilisation , comme le font la pliipart des auires Societes savantes de I'Fu- rope, a nomme, dans sa seance du i'"'' fevrier i^t.'] , mcmhre correspondanl , M. Marc-.4ntocne Jvli^i-eix, de Paris, auteur de YEssai sur Cemploi du terns et du livret pratique intitule Bio- metre , ou regulaleur de la vie, et lui a envoye, avec luie lettre portant I'invitatioii de continuer ses travaux , un di|)16me si^ne du marquis d(; Borba, vice-president, et dc BI. Joseph- Marie Dantas, secretaire , antenr de plusieurs ouvrages annonces precedemment dans notre Bulletin hihliographique (Voy. ci- dessus , ]). 177). Ecs communications mutuellcs de plus en plus actives et multipliees, entre les hommes genereux et eclaii'es et les amis des sciences de tons les pavs , sont lui des caracteres distinctil's de notre epoque et contribuent puissannnent a faire avancer la civilisation. Le moycn comnnm et central de cor- respondance scientidquc et litteraire, etabli {)ar la Revue Ency- clopedique , devicndra d'aiiiatit jilus fecond en resullats bons et utiles, que cliaque i;rande Academic, sort" de corps repiesen- tatif de la litterature du peiiple autjuei clle apjjnrlient, profi- tera de ce moyen qui lui est offert pour donner imc plusgrande PORTUGAL. — PAYS-BAS. 545 publicite a ses travaux, et pour entrer ainsi en relation avec les corps litteraires, ou avec les savans et les ecrivains des autres nations. Les eclianges des productions do !a pensee, conime les eclianges des productions de la terre et de I'indus- trie, miiltiplient les vaieurs ou les richesses intellectuelleset in- dustrielles, et communiquentune plus grande activite aux indi- vidiis de toutes les classes, et une genorcuse emulation pour suivre les bons exeuiples, et poui- transporter d'un pays dans «n autre des institutions utiles et des vues de bien public. N. PATS-BAS. Anvers. — Academic royale des henux-nrta. — Cette Aca- demie , qui a beaucoup coutribne a repandre parmi les Beiges !e goiit des arts , et qui a forme dans son sein une foule d'ar- tistes celcbres, peut etre regardee comme une des plus an- ciennes et des plus ceiebres de I'Europe. Elle fut fondee au commencement du xv^ siecle, sous lenom de Confrerie de Salnt- Luc. En i5io, elle recut le titre A' Acadernie de peinture et de sculpture. PhillppelV, roi d'Espagne et des Indes, lui accorda, par un decret date du 6 juillet i66'3, le titre A' Acndetnie rnyale , et en niemc tems huit lettres de franchise, qui furent vendues au profit de la compagnie. Maximilien de Baviere et Charles de Lorraine ont egalement repandu leurs bienfaits sur cette Aca- demic ; enfin, les noms de Marie Therese, de Marie-Christine etd'Albert, sont consignes dans ses archives, et lui rappellent. aussi d'illustresprolecteurs. Sousle regne de Napoleon, auquel on reprochait de ne dispenser les graces et les favours qu'aceu.x qui Taidaient a reculer les limites de sa gloire, elle fut encore protegee et beaucoup amelioree, surtout pendant I'administra- tion deM. dH Herhouville , prefet a Anvers, oii il a laisse d'hono- rabies souvenirs. Cette ecole, d'ou sont sortis un grand nombred'artistes aux- quels I'ecole flamande doit une partie de son illustration ( tels que Quintin-Matsis, Judoce Van Cleve , Corneil'e de Vriendt , Matkieu el Paul lirille , Adam Fan Oort , Jacques Jordaens , Martin de Fos , Octave Fan Fecn , Rubens , Abraham Jans- sen , etc. ) jouit de la protection du roi actuel des Pays-Bas ; elle arecu de lui un nouveau reglement dont les sages dispo- sitions y ont introduit de nombreux pcrfeetionneniens. L'en- seignement sedivise enplusieurs classes : i" celle de peinture; a° celle de sculpture, qui comprend I'art du statuaire et celui de Tornemaniste ; 3" celle de gravure ; 4° celle d'architec- ture. II y a, en outre, des cours d'histoire et d'antiquites, d'a- T. xxxiv. — Mai 1827. 35 5/,6 EUROPE. hatoniio pittorestjue, etc. L'instiiiction est ijratuitr, ot conduit ri'lcvedepuis les piemicrs principes jusqu'aii Icrmc des etudes nece-ssaires a I'artislo. On distribueanniiellcment des niedailles aiix vainqueiirs des differcntcs classes; et tons les deii.K ans , il y a uri concours pour le grand prix, auqnel ne sent admis que les jeuncs gens nes dans le royaimie. L'el^ve conronne jouit pendant quatre ansd'nne pension de 2,5oo francs, qui lui procure les nioyens de continuer ses etudes dans les pays etrangers, et specialement en Italic, ou, comme les laureats de r Academic de Paris , le.s jeunes Beiges vont passer trois an- nees, an milieu des chefs-d'oeuvre antiques et modernes qui s'y trouvent encore reunis. La direction de I'Academie d'Anvers est maintenant con- Qec a M. Guillaumc Herreyns, celebre peintre d'histoire, qui partage avec Andre Lens la gloirc d'avoir restaure la peinture historiquedansrecoleflaraande. D'autresartislesdistingues sont charges des diverses parties de renseignement. Un beau local, oonsacreacet etablissement, renfcrmeunmuseecontenant, outre une galcrie de statues moulees d'apres I'antique, et une riche collection de tablcaii.K ou Ton voit entre autres les trois plus beaux tableaux de Quintin-Matsis, vingt tableaux de Rubens, six d'Octave Van Veen, six de Van Dyck , sept de Jordaens , quatorze de Martin de Vos, etc., etc. Le jardin est orne d'epi- taphes des principaux artistes qui ont vecu aux xv® etxvi^ sie- cles. On y arrcte surtout avecinteret ses regards sur un tertre eleve, surmonte du buste colossal de Rubens, chef dc cette ecole. Dans sa seance de fevrier, \' Academic des beaux arts d'An- vers a nomine membres etrangers M. le D'' Jer, Van Rensse- LAER, Tun des directeurs de \ Academie americauie des beaux- arts de Necx' - York ,. et le colonel Trombeli., piesident de la meme Academie. De Kirckhoff. FRANCE. Clermont (Puj-de-Dome.) — Installation d'une Chambre de commerce. — Etat de Vindustrie manufacturiere ct de la canali- sation dans le deparlement du Puy-de-D6me. — La ville de Clermont aobtenu , vers la (in de 1826, une Chamhre de com- merce, dont la circonscription embrasse tout le departement du Pny-de-D6me, et qui a etc installee , le !\ septembre der- nier, par M. le comte d'ALLONviLLE, conseiller d'etat, prefet de ce departement. Ce magistral eclaire, ami des arts et des sciences, a developpe, dans son discours d'installation, cc point important de la doctrine d'Adam Smith, si savamment expli- FRANCE.— DliPARTEMENS. fJ/i? qiiee par le celt'bn; rcononii'Jte, M. J. B. Say, «qii'en maticre d'industrie et de commerce, le veritable dc^voir dii gouverne- ment est de faire dis routes, de creuser des ports et des ca- naux. » Cette belle doctrine, mise en pratique par I'Anf^leterre , qui lui doit les rap.ides et inniienses progres de son industrie, a conduit naturellement M. d'Allonville a entretenir ses audi- teurs des grands avantages que doit procurer a la France en general le systeme de canalisation du royaume, concu sous le regne de Louis XVIII, et poursuivi sous le gouvernement ac- tuel ; et des avantages locaux et particuliers que I'Auvergne doit retirer de I'ouverture projetee d'un canal lateral ala riviere d'Allier, qui prendrait naissance an confluent de I'Alagnan, viendrait baigner les muis de Clermont et irait ensuite se joindre, a Ih'iare, au canal lateral de la Loire. On voit d'un coup d'ccil combien I'execution de cette belle ertreprise serait avatitageuse a la ville et au departement , puisquelle oEvrirait aux habitans, dans toutes les saisons, des moyens de communication par eau avec toutes les parties de la France, et ime navigation ascen- dante que I'AUier, dans son cours iucertain, ne saurait procurer. M. Paul Blanc , banquier, president du tribunal de com- merce, dans sa repousc au discours de M. le prefet, s'est attache a demontrer que le genie de la paix, si favorable au developpcmcnt derincbisiric, fait chaquejour sentir de plus en plus sa puissance; et que Tagriculture et le commerce, que Sully appeiait lesmamelies d'un etat, doivent trouver une protection constante aupres des gouvernemens. Dans I'etat actue! de notre industrie, une chambre de com- merce nous etait devenue indispensable. Le departement du Puy-de-D6me renferme une population d'environ 600,000 ha- bitans. 11 est essentielleiiient agricole , dans cette partie de la plaine que Delille, notrc illustre compatriote , a saluee du nom Ae fertile Lirna^nc. La ou le sol se refuse a pourvoir a la subsistance des hommes, d'excellens paturages permettent d'elever de nombreux bestiaux , ou bien I'industrie manufactu- riere occupe les bras oisifs, et repand ses produits jusque dans le Nouveau-Monde. Nous decouvrons chaquejour des richesses mineralogiques qui eveillent les 'speculations des capitalistes, et ees heureuses decouvertes vent donner lieu a la formation de grandes usines, a I'instar de celles qui sont en activite a Saint- Etienne. La position centrale de notre departement range, pour ainsi dire, soussa domination, plusieursdeparteniensen- vironnans, et les rendlributairesde notre commerce etde notre industrie. La ville de Clermont, placee entreLvon et Bordeaux, est destinee a devenir lui jour luie ville d'entrepot. II etait ^5. 548 FRANCE. done l)ipn juste qn'olle obtint unc institution qui doit influcr puissammcnt sur la prosperite do la contrec. Nous aimons ;\ declarer que nous en sommcs redevabics a rautoiito dcparte- mentalc. Deja nous hii devious uno ccolede dcssin ct de {geometric dont les succes rapides sont constates, et grace a laquelle I'ou- vrier, sortant de I't'troit sentier dc la I'outinc, pourra mettre en pratique les principes dcl'art, ct se penetrer des connais- sances ))reliuiinaircs, sans lesquelles il est impossible d'arriver a la perfection. C'est en exercant une si heureuse influence et en re|)andant de semblables bienfaits, que les autorites supe- rieures et locales peuvcnt meriter I'affection et la reconnais- sance des citoyens, les attacher plus fortcmcnt au prince et a la patrie et reiuplir leur noble destination. D. Socictes savnntes ; Elahlissemens d'utlUtc puhUquc. Macon. — Societe d'a^^riculture , sciences et belles-lettres. — Cette societe vieut de mettre au concours, pour 1827 , I'utile et importante question suivaute : « Indiquer, pour rem- placer les travaux forces, une peine qui, en satisfaisant aux be- soins de la justice, laisse moins dedegradation dans Tame du con- damne; proposer les mcsiires a prendre provisoi-rement pour que les forcats libei es ne soient plus livres a la misere par I'opi- nion qui les repousse, et que leur presence ne menace plus la societe qui les recoit. » Le prix sera une medaille d'or de 3oo francs. Les memoires des concurrens devront clvc a.i\veis{:'& , francs de port , a. IM. le secietaire perpetuel de la societe, au plus tard dans Ic mois d'aout 1827. Chaque memoire devra etre accompagne d'une leltre close, contenant le nom de I'auteur et la repetition de I'epigraphe placee en tete de I'ouvrage. PARIS, Institut. — Academic des sciences. — Du iZ nvril. — On lit unc letlre de M. Darnaud, qui annonce qu'on fait usage, depuis un terns immemorial, dans une partie de la Grece, d'un rcmede contre I'hydrophobie, et que cette pratique, qui consiste dans des incisions profondes faites sous la langue, procure une gue- rison rcgaidee generalement comme certaine. ( MM. Portal et Magendie, eommissaires. ) — M. Arago communique une note manuscrite de M. le profcsseur Delpecu qui annonce avoir remarque que ie gaz ammoriiacal etcyanogene, les acides sulfureux et hydrosulfuriques s'ecartent de la loi de Mariotte, d'autant plus qu'ils sont plus pres de leur point de liquefac- tion; et que le gaz hydrogene, comprime jusqu'a 20 atmo- spheres, a ete sensiblcment d'accord avec I'air. — MM. Lntreille PARIS. 549 €t Dunieril font iin rapport sur un Memoire de M. Leon Du- Fouu , intitule : Recherclics anatnmiqaes sur les labidoitrcs , pre- cedees de quclqiies considerations sur I'etablisscnwnt d'un ordre pnrticulier pour ces insectes. « Ce travail est interessant et toiit- a-fait netif pour la majeure partie des details auatomiques qu'il renfernie, ct dont la description est t res- facile a suivre, ;< I'aide des figures grossies et parfaitenient dessinecs par I'auteur. Les insectes labidoures , reunis sous ce nnm , qui signilic queues en tcnailles , ne comprcnnent <]ue Ic seul genre Ae% forjiculcs ou pcrce-oreilles , genre anomal qui dilfere beancoup par sa structure et ses metamorphoses de tous les coleopteres coiums, et sous d'autres rapports, des orthopteres. Apres des details fort etendus sur la structure a|)parcn[e des pcrce-oreilles , M. Dufour donne une exposition complete et methodiquc des caracteres tires dela conformation des parties exterieureset de la structure des principaux organes. II decrit ensuite les fails d'anatomie qu'il a observes sur les deux especes prineipales : i" \a Jorficule gigantcsquc, <\\\\ se trouve tres-communement sur le littoral de la Mediterranee et sur les rives des fleuves du midi de la France; et 2° Xaforficule nuriculaire on pcrce-oredle ^ qui fait tant de ravages dans nos jardins. IVous regrettons que M. Dufour n'ait pas consacre un cliapitre de cette mouographie anatomique aux organes du mouvement, et surtout, qu'il n'ait pas fait connaitre le mecanisme des ailes membraneuses de ces insectes, qui se plient et se plissent admirablement, et qui s'('tendent avec rapidiie, et comnie par une espece de ressort, lorsque I'insecte les fait agir. Quoi qu'il en soit, ce tF-ivail n'eu est pas moins ties-important; il ajoute de nouveaux droits a la reconnaissance que les naturalisSes doivcnt deja a M. Dufour pour le talent, le zele et la perseverance avec lesquels il cuUive toutcs les branches de Thistoire naturcUe, ct plus particulierement la botanique et I'entomologie. » L'Academie adopte ce travail pourle faireinserer, avec deux planches, dans le recueil des savans etrangers. — M. Bouvard preseute un Memoire sin- les observations meteorologiques faites a I'Obser- vatoire roposent a I'Academic de remercier M. Morin de la communication qu'il lui a faite de son analyse, et de I'inviter a joindre aux travaux du nieme genre qu'il pourra lui adresser a I'avenir des echantillons qui permettent a I'Academie de pro- nonceron dernier ressort sur les resultats soumis a son examen. — MM. Poinsot , Anijierc et Caiicliy font un rapport sur le memoire de M. Rocue , rclatif an mouvemeiit de rotation d'un corps solide antour d'lm point fise, ou autour de son centre de gravite. Les commissaires penseiit que, dans le memoire de M. Roche , les resultats que Ton pourrait considerer comme nouveaux se dediiiraient assez facilement des methodes deja connues, mais que la difliculte du sujct et les connaissances dont I'autenr a donne des preuvesdoivent engager I'Academie a lui accorder des encouragemens ( approuve ). — M. Poisson lit un memoire sur le mouvement de rotation de la terre. — Da 7 7nai. — M. de Freycinct communique I'cxtrait d'une lettre de MM. Quoy et Gaimard, datee du port .lackson le /( decembre 1826; i)s annoncent le jirochai'i envoi d'un me- moire et d'lme assez grande quantite de tiessins. — M. Arago communique uu memoire qu'il a recu de M. Boussingault sui' la composition de I'or natif argentifere. — BI. Moreau de Jon- NEs lit une notice sur les serpens venimeux imporles vivans des contrees d'outre-mer. M. Magendie remarque a ce sujet que I'emploi des vcntonses est borne, et (jue seu! il serait insufli- sant. — On pcocede a I'election d'un academicien libre pour remplacer le due de La Rochefotjcauld. Au i'^' tour de scrutiu M. Dara obticnt 5.5 suffrages, M. Cassinii'i, M. Laniande^ , M. Desgcncttcs F), M. le general Rognati; le scrutin de ballo- tage entre MM. Daru et Cassini donne 3i voix a M. Cassini ct 3o i\ M. Daru. M. Cassini, president a la Cour royalc de Pa- PARIS. 55 1 lis, est proclame academicieu libre. — MM. Amg()K\ Diipin font un rapport siir Ic nn'^nioire de M. Poncelet, capital ih- dii trtnie, intitule : Cours de ntccanifjue applique mix maddnes. « M. Pon- celet est avantageusemenl connu par ses rechcrches geome- triques sur les proprietes projectives des figures, par d'autres memoires approuves par I'Academie, et par des perfeclionne- mens de roues hydrauliques, auxquels vous avcz d<'ccrne le prix de niecanique, en \%%k- Enfin, il est inventeur d'un ponl- ievis dent I'execution semble ne rien laisser a desirerdans la iheorie et dans la pratique pour la simplicitc de la structure et la facilite de la manoeuvre. — Il presente ci I'Academie la pre- miere partie du cours qu'il fait a I'Ecole royale de rartilleric et du genie, ii Mctz; elle se rapporte a la tlicorie generaie et au calcul des moteurs et des machines , consideres comme simples agens de la transmission du uiouvenient et des forces. La seconde partie, qui sera speciale pour renseignement de I'ecole de Metz, traitera des principales machines employees dans les travaux de I'artillerie et du genie... Le memoire de M. Poncelet est une production remarquable par la rigueur de I'esprit qui en a trace la marche , et par les simplifications operees pour rendre moins difficilcmeut applicables a la pra- tique des calculs reserves pour la plnpart a des speculations transcendantes. On reconnait, dans cot ouvrage, la niiithode et le savoir d'un ancien eleve de I'Ecole polylechnique, et le caractere general imprime par les elevcs de cette ecole aux ap- plications de I'analyse et de la geometric a la mecauique; ca- ractere qui distingue les recherches et les traites classiques de MM. Poisson , Foinsot et Navier , sur la statique et sur la dy- namique; de MM. Biot , Malus , Fresncl et Didong sur les ap- plications de la geometrie a la physique; de MM. Hubert et Marcstier sur les applications ii la composition, au calcul des machines de la marine. — H y 2 pen d'annees encore, on re- prochait a la France de n'offrir au monde savant que des theo- ries de mecanlque, sublimes sans doute, mais presentees comme les lois ideales d'un monde abstrait qui n'avait presque rien de commun avec les realiles du travail des ateliers et des manu- factures. Nos maltres de I'lJ^cole polytechnique nous onl en- seigne la route pour rapprocher la science des besoins de nos arts; et pour tirer de leurs hautes decouvertes des consequences faciiement et frequemment applicables a toutesles operations de I'industrie. J'aicite, ditM. le rapporteur, les noms les plus recommandables des hommcs qui ont ouvert cette carriere nouvelle, ou M. Poncelet nous montre qu'il est tresdigne dc marcher, et ou il vient de fairc des pas remanuiablcs et nom- 55a FRA]NCE. breiix. En rcsuiiiant notrc opinion sur le cours de M. Poncelet, nous pensons qu'il ost dii^iie de I'approbation de I'Acadt'mic , et nous proposei ions dc rinsercr dans le recncil dcs savans etrnngcrs, s'il n'appartenait pas au ministre de la guerre de deciderla publicationlilin)iteedecette production.!- ( Approuve). — Conformcnient a rintcniion du ministre de rintt'rieur, une commission avait ete iiommec pour prendre connaissance dcs faits relatifs a la mort de M. Drachc , tue a Rouen , par la mor- sure d'un serpent a sonnettes. M. Diimcril presente le rapport <1e cefte commission. 11 s'eleve ^ ce sujet une discussion a la- quelle plusieurs membres prennent part. On propose d'insister expressement sur la micessite d'une disposition piohibitive, et sur I'incertilude presque inevitable des autrcs moyens de pre- munir la societe contre cette sorte de danger. L'Academie adopte ce premier article, sauf redaction. On propose aussi dc fixer certaines exceptions qui permettraient dans des cas deter- mines I'elude scicntifiquede ccs animaux ,etqui excmpleraicnt de la mesure prohibitive le commerce utile des viperes em- ployees dans les pharmacies. — ■ Da \l\. — M. Aragn lit une lettre que M. Despretz lui a ecrile, et dans laquelle ce jihysicien rend compte de quelques experiences dcstinees a piouver que la compression des li- quiiles donnc lieu constammenta un degre appreciable decha- leur. II a trouve que I'eau soumise a une pression de vingE atmospheres degageait un cenlieme et demi de degre. II com- munique ensuite I'extrait d'un nouveau memoire de MM. De XA Rive et Marcet, de Geneve, sur la chaleur specifique des gaz, qui , d'apres ces physiciens, est la meme dans tons les gaz soumis a la meme pression. — M. Clever de IMaldicny lit un memoire sur la lithotritie. II en restiite qu'apres avoir subi septfois I'operation de la taille, il s'est detei-mine a se soumettre au broiement de lapielre dans la vessie, et a ete traite avec un plein succes par M. Civiale. Ce dernier a annonee , dans la meme seance, que, sur [\'i malades qu'il a operes, /i2 out ete radicalement gueris, sans que le traitement ait ete accompagne d'accidens facheux. (Voy. ci-dcssiis, p. 187). A. Michelot. — Academic Francnise. — M. Royer-Collard, I'un des plus honorables defenseurs de nos liberies, I'un des orateurs les plus distingues qui aient encore parn a la tribune legislative , a ete nomme a I'unanimite, le ig avril,mcmbrc dc I'Academie francaise , commc successeur de BT. de Laplace. Vingt - six membres, parmi lesquels on rcmarquait M. de Segur, a penic retabli d'une grave indisposition , siegeaient a la seance. PARIS. 553 Socictd asiatiqne [dc Paris). — Seance publicjue ajinucUe, tenue le 3o avril 1827, sous la prcsidence de S. A. R. Mgr le nuc d'Or- LEANS (dans le local ordinaire des seances dc la Societed'encoura- gement pour I'lndiistrie nationale, rue duBac, n" 42). — On a entcndu siiccessivement le rapport des ti'avaiix de la Societe fait par le secretaire M. Abel-Remusat; un menioirede M. Champol- LiONJeune sur Ics resultats hisloriques de la decouverte del'al- pliabet des liieroglyphes ; vin menioirede M. Sdlvestre de Sact surla dalede I'introduction de I'ecritnre chezles ArabesduHed- jas; eniin, unenouvelle chinoise, traduitepar M. Stanislasiv- lien. Lc rapport dc M. Abel-llemnsat a ete econte avec une vive curiosite. I!a presente le resume des travaux de la societe, depuis Tepoque de sa fondation, en 1822. Huit ouvragcs importans completemcnt acheves, pkisieurs autres commences, en outre dix volumes de niemoires, dont il parait un cahier par mois, sont des preuves evidentes de I'activite laboricuse de cette compagnie. Il noiis semble tres-remaiquahle que des travaux, aussi pen populaires que ceux dont elle s'occupe, puissent s'accomplir de nos joins, on tant d'interets si divers et si pres- sans se partagent les esprits; et, quant on pense que ce resul- tat est dii a I'esprit d'association, on ne pent que faire des voeux pour (ju'il fasse des progres parmi nous. Apres un examen complet des produclions qu'on doit a la Societe asiatique, M. Abel-Remusat a passe en revue les divers onvrages relatifs aux lettres orientales qui ont paru en Europe et dans I'lnde. Ce n'est point la partie la nioins curieuse de son rapport; et Ton aime a voir quelle direction suivent ces etudes dans les diverses contrecs ou ellcs sont cnltivecs. An reste, ce rapport paraitra procliainement, et nous avons la conviction intime que les personnes qui, sans s'occuper de langues orientales, s'interessent a tout ce qui pent augnienter le domaine des con- uaissnnces humaines , le liront avec un vif interet (1). Societe philotechnicjiie. — Scaiice publiqucsetnestrielle. — La paisible culture des sciences, des lettres et des arts; des tra- vaux utiles et nombreux; des succcs soutenus depuis plus de trentc annees, ont merite a cette societe libre linleret qui s'at- taclie aux Academies nationales. La seance etait presidte par M. Gerville. L'auditoire etait Lrillant, et la salle Saint-Jean remplie. Dans le rapport des travaux faits depuis six mois par les societaires, le secretaire (i) I.e Rappoil des trnvanx de la Soriete astal'ujuc se publle annuel- nuellement a part et se distribiie , dans le local ordliKiiie dc ses seances , rue Taranne, n° la. 554 FRANCE. general, M. Villenave (i), a prouvu pal- uii seiil fait, quelle etait retcnduc de ces travaux : il resulle, a-t-il dit,(lii volume des Tables du Journal de la Uhrairie pour 1826, que des ou- vrages de quaranie membres dc la societe y sont annonces, et que deja de noiivelles publications, faites par vingt-huii d'entrc eux, se trouvcnt cnregistrees dans les 34 nuiiieros dii memo journal qui out paru dcpuis le niois de Janvier. Cette methode de louer par les fails devrait etre generalcment suivie, dans les seances acaderaiques, commc la moins suspectc et la plus honorable. Lc secretaire geneial a cite nominativement les travaux de plus de cinqiiante dc ses collegues. Il etait diffi- cile de caracteriser, en quelques pages , avec des traits rapides, concis et saillans, toutes les parties de ee vaste ensemble, et d'en faire uu tableau fidele sans secheresse et sans ennui. Des applaudissemens imanimes, souvent repetes, ont temoigne que les difficultes inseparables du sujet etaient heureusement vain- cues. Des reflexions d'un interet general , et des sentimens qui avaient partout de I'echo, ont obtcnu des acclamations dont les rapports academiques sont ordinairement peu susceptibles. Les lectures ont donne a cette seance un interet long et sou- tenu. M. .TuLLiEN a lu nne lilegie, intitulee : le Tombeau d'une jeune Phdhellenc. (Voy. ci-dessus,pag. 'i'^/iOSi les convenances nous interdisent ici la louange, I'auteur nous perniettra du inoins de rapporter qu'il a recu, au milieu de beaucoup d'ap- plaudissemens , le plus toiichant de tons les eloges : il a emu les dames pliilhellencs dc Paris, en peignant les donees vertus et la mort d'une philhellene etrangere. Une Ode sur la campagne de Russie, par M. Bionan, a etc trouvee pleine de chaleur, de mouvemcnt, d'ifiages fortes ou grandes, etde ces traits qui ont vivement saisi les auditeurs, parce qu'ils avaient d'abord saisi dans I'inspiration lo poete lui-meme. M. Febve a lu ensuite de sages et ingenieuses reflexions sur I'Art oratoire. Le public savait, et it a souvent temoigne (i) M. ViLLEJV.vvE , professeiir a VJihcnee royal de Paris , y fajt un Cours d'hisloire liUerairc de France. Depuis quatre ans ce cours ob- tient un succi-s flatteur et nierite ; I'auteur reinonte aux sources , consulte les originaux; et c'est avec d'heureuses pxplorntions faites dans le vieux doinaine de notrc litttrature , qu'il parait souvent iieiit el toujours mteressanl. Son travail, grand el utile ouvrage, doiit I'iin- pressiou est de plus en plus desiree , n'est pas seiilemeiit I'liisloire ues sciences et des lettres en France, c'est aussi cellc dc I'csprit liuniaiu et de la civilisation. PARIS. 555 parses suffrages, que I'habile professeur traduit lui-meme en exemples les regies en les donnant. M. Leon Thiesse a fait connaitre un passage de sa traduc- tion en vers de la Pharsale, le Discours de Cesar a ses soldats, apres le passage du Rubicon, suivi du discours du centurion Lelius. On a applau^i , u plusieurs reprises, un travail qui offrait non-seulenient une poesie forte sans enflure, niais aussi une version fidele dans son elegance, et qui promet enfin a un poete de I'antiquite , malbeiueiix parses traducleurs dans notre langue, un interprete dignc de lui. Nous rappellerons, a ce sujet , I'observation faite dans le rapport, que notre litterature doit deja ou est destinee a devoir a des membres de la Societe philotechnique (MM. de Pongerville, Bicnan et Thiesse), les meilieures traductions en vers du poeme de Lucrece, des Metamorphoses d'OviDE , de Vlliade et de la Pharsale. Des notices sur trois membres, morts depuis six mois , (MM. Pagakel, Le Bouvier des Mortiers et Mauduit La- rive), ont ete lues par le secretaire general, et ecouteesavec cet interet qui se nianifeste dans les grarides assemblees, quand on 5' parle de personnages dont le souvenir meritc d'etre conserve. II est plus lacile de i ever le bonheur et la gloire de son pays que d'interesser a ee reve ceux qui s'affligent de ne pas le voir realise. Le Reve de M. Leon Halevy a generalement plu , comme une allegoric ingenieuse , oCi des sentimens genereux animent une poesie facile, brillante et legere. L'Eloge de LegomlJ- nicnt necessaire de reducation morale ct intellectuclle , sont maintenant constates; et tout ce qu'avait promis la llieorie a ele realise par rexpericnce. La perseverante activiledu ])rofes- seur ne s'est point ralcntie; et pour justilicr, par de noiivelles preuves de son zele, la condance et ia [)ro!cction que le goii- vernemcnt Uii accorde, il se ])ropose de placer a la jirocliaine exposition des produits de riiiduslrie une collection complete de niodelcs representant, sur rechellc commune d'lin pouce ])ar jjied , pour les uiacliines, et de trois lignes par pied, pom- les accidens du terrain, tons les instrumens et tons les moyens qu'it emploie dans ses lecons. M. Amokos cspereprouveiainsi ; i" que toutes les formes donnees a ces machines ont pour ob- PA.RIS. 557 jet 1(; developpement gratluel et progressif de I'homme, depuis sa tcndre onfunce ( 2 a 3 ans ), jiisqu'a I'age le plus avance; — 2° que ces machines represcntpnt, ])oiir I'ait militaire, tons Ics obstacles que \''an pent etre appele a vaincre, et, pour I'etat civil, tons les cas possibles d'uii danger imminent a eviter on d'un service ntile ii rendrc. En uffet, on y trouvera des bar- riercs de toiites les elevationset detoiUes les formes imnginables, des mnrs de jilnsicurs hauteurs, des caurtines, des chateaux , des ponts volans et elastiques, des echelN^s de loutes les tlimen- sions , des cordages, des perches, des mats fixes ou vacillans , des fosses , des planches, etc. etc. En devcloppant toutes les forces et toutesles facultes du corps, I'agilite, la souplesse, la velocite, etc. les instrnmens, ou plutot lesexercicesauxquelsils donnent lieu,affermissent la sante; les machines qu'on cm|)loie scrvent a corriger siniplementet natu- rellement un grand nombre de vices de conformation, parce qu'elles sontcomposees.comme la machine humaine, d'une mul- titude de leviers, de poulies, de ressorts, de filets, d'arcs , de cordages, etc., plus puissans que les articulations, les os , les muscles, les tendons et les ligamens des hommes; et commc on «st le maitred'appliquer la puissance que I'onveut aux cas qui se presentent (car les dynamometres, les romaines ou cadrans dont on sc sert dans cette methodc, mesurent tout ) , il est dif- ficile de se tromjier dans I'applicatiou des moyeus indlques par la nature elle-meme, par I'art (jui la suit, eolaire par ses indi- cations et fonde sur des faits positifs , sur les lois de I'organi- sation et les principes de la physiologic. La maison de M. Amoros, ou sont deposes provisoirement les modeles, dontnous venous de parler, est situee rue Malar, 11° i5, an Gros-Cailloii, etest ouverte, tons les jours, de midi a 5 henres , a tons les membres des corps sa vans et de rinstruc- lion publiqne, aux medecins, aux generaux, aux officiers, et aux autres personnes qui voudront les examiner, avant qu'ils soient presentes a I'exposition publique des produits de I'in- diistrie. I. Eettre adressee a M. le Fondateur-Directcur de la Revuf. Encyclopedique.— PrtnV, 22 mars 1827. — Opinion de sir Humphrey Davy en faveur de quelques parties du sjstenie unii'crsel de M. Azais. — Monsieiu', je voiis prie ile donner place, dans votie Rccueil, a la note suivante, qui est extraite du Philosophical Magazine , cahier de Janvier 1827, p. 33. C'est le cclebre savant sir Humphrey Davy qui I'a placee dans son rapport a la Societe royale de Londres. « Dans le systeme universel de M. Azais, non-seulement tons 558 FRANCE. les phcnomrnes S. /tJditinn a la Notice siir David. (Voy. ci-dcssus , p. 56.) — II est tro]) vrai que les eufans de David ont sollicitc en vain rautoiisatiou de rapporter le corps de leur pere en France ; mais le rcfus a ete en- suiie initige. Le coeur du peintre le phis grand du xviii'' siecle, etaans doule de tout le .\ix« , a ete rendu a sa patrie et a la capitale des beaux- arts ; il a pu 6lre depose au cimetiere de I'Est , a gauche et pres de la chapelle : le Luste de David s'eleve sur le monument qui lui a etc erige en 1826, a cotede la tombe de sa veuve. Aurait-on seiili enfin que la veneration pour les tombeaux n'a jamais ete plus profonde , et que nos mceurs tant calomnices s'indiguent de toule injure laite aux morts ? Helas ! dans cette enceinte oii la mort precipile incessamment, et sans distinction , des hommes que la naissance aussi avaient rendus egaux , I'esprit de parti per^iste encore a designer ini cole droit et un cote gau- che : des families considerables veulent que I'opinion politique divise ni^me des cad.ivres ; et le niarbre funeraire est charge quelquefois d'ex- primer les passions miscrables des vivans. Les tombeaux de Voltaire et de Rousseau ont sub: un outrage hon- teux pour ceux qui I'ont commande. Peu apris que le venerable Sta- nislas Girardin cut vainement reclame les restes de son maitre, ces tombeaux furent enleves du caveau principal de I'ancien Pantheon. On renonca du moins au dessein de jeter aux catacombes, on dans lecoin le plus oliscur d'ua cimetiere , les restes de ces phllosophes immorlels dont le genie eclalrera toujours les hommes genereux des deux mondes : ils ont ete caches dans un trou qu'on a espere der iber, ptir un miu epais , a la foule qui cliaqae jour [)asse dessus. Mais, reveler le gise- ment dc ces restes precieux , jie seralt-ce pas les exposer a une nouvelle profanation:'... Sachons attendre. laid, L — n. TABLE DES ARTICLES CONTEKUS DANS LE CENT-UNIEME CAHIER. MAI 1827. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. 1. De la Grece au commencement de I'annee 1827. J.-C.-L. de Sisniondi. 3o5 2. Notice snr le departement de la Marne. Anot de Ma'tziere. 820 3. Le tombeau d'une jeune philhellene, elegie. M. A. JiiUien, de Paris. 334 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Memoire sur les grandes routes , etc. , traduit de I'allemand de M. Gerstner, et precede d'une introduction par M. Gi- rard, de rinstitut J.-J. Batide. 34o 5. Philosopliie de la guerre, par M. de Cliambray. . . Ferry. 348 6. Compte general de I'administration de la justice criminelle eu France, pendant I'annee 1823, presente au Roi par le garde des sceaux . A. Taillandier. 36o 7. Garanties -a«M de port f au Directeur de la Revue Encyciopediqtie , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'eiles proposent , afin que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible i ses lecteurs. *■ Aux editeurs d'odtrages et AUX LIBRAiaSS. MM. les^dlteurs d'ouvrages p^riodiques, fran^ais el Strangers, q[ui d^sireraient echanger leurs recueils avec le notre, peuvent compter sur le boa accueil que nous ferons a leurs propositions d'^change , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages , nouvellemeut publics, qu'ils nous auront adress^Si Aux BOITEURS DBS RECUEILS PBRIOOtQUBS BIT AltGLETBRBB. MM. les ^diteurs des Recueils p^riodiques publics en Angleterre sont pri^s de faire remetfre leurs numiros iM.Ds&EORGE, correspondantdela Revue Encyclopedique a Londres, n" ao, Berners-street, Oxford-street, che» M. Rolandi ; M. Uegeorge leur transmettra, chaque mois , en echange, les cahiers de la Revue Encyclopedique, pour laquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour I'ann^e courante, soit pour se procurer les collections des anaeesanterienres, de 1819 k i8a5 inclusivemeDt. Aux LIBRAIRES ET AUX £dITEUHS d'oUTHAGES EK ALLEHAGirE. M. ZiRGES, libraire a Leipzig, estcharg6 de recevoir et de nous fairs parvenir les ouvrages publics en AUemagne , que MM. les libraires, les editeurs et les auteurs desireronl faire annoncer dan* la Revue Ency' clopidique. i&^j^iS m m IS LiBUAiRES c/iez lesquels on souscrit dans Ics pays etrangers. Aix'la'Chapelle, Laruelle Cls. y4msterdam, Delachaux ; — G. Du- four. Anvers , Ancelle. Arati (Suisse), Sauerlander, Berlin, Schlesinger. Berne , Clias ; — Bourgdorfer. brcslau\1h.TLovn. BnixeUes, Lecliarlier; — Demaf; — Brest van Kerapen; — Berihot. Bruges , Bogaert; — Dumortier. Florence, Pialti. Fiibonrg (Suisse), Aloiise Eggen- dorfer. Fraricfor:-sur-3Icin , Scliaeffer ; — Brouner. Gn«(/, Vandenkerckoven Ills, Geneve, J.-J. Pasclioud; — Bar- bezat clDclarue. La Uajc, les freres Langenhuysen. iMiisanjie , Fischer. ici/)5(5',G)ieshaiiimer; — C^irg^s. Liege, Desoer. Lisbonne , Paul Martin. Loridres, P. Rolandi , Dulau et C"'--;— Treuttel et Wiirtz; — Bossauge. Madrid , Dennce ; — Peres. iiy/7«;/,Gipglcr;— Vismara;— Bocca. Moscoii, Giiutier ; — Riss pfere et lils. IVoft.'es , Borcl ; — Marolca et Wanspandock. JVeiichutel (Suisse) , Grester. A'eiv-Yor/t (Etats-Unis), Thoisnier- Desplaces; — Berard elMondon; — Behr et Kahl. Noiicelle -Orleans , Jourdan,; — Roche , freres. Palerme (Sicile), Pedonne et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch.). Pctersboiirg, Saint - Florent ; — Gracff; — Wejher; — Pluchart. Rome, de Romauis. Stuttgart et Tubingue , Gotta. Todi, B. Scalabriui. Turin , Bocca. /^a?,jo('iV,Ghicksberg',— Zavad-sky. Fie/irie (AutricLc), Gerold ; — Schaumbourg ; — Schalbiicher # COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-P!tre), Piolet aine. Ilc-de- France (Port-Louis), E. Burdet. HJartinitjuc , Tliounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Au BuRF.ATJ OR REDACTIOlf, HUE d'EafER-SaINT-MiCHEI, , 11<> l8, oil doivent ctre envoyes , francs de port , les livres , dessins et gra- vures , diint on desire I'annonce , et les Lettres , Memoires , Notices ou Exiraits destinds h 6tre inserJs dans ce Recueil. AuMusEE Encyclopedique , chezBossAKGc pcrc , rue Richelieu , n° Go ; CuRZ Tfeutte-l e* Wiiivxz , rue de Bouibon , n" 17; RiiY v.T GiiAViER, quai des Augusiins, n" 55; Ch.irles Bechet, libraire-comm'^'^ , quai des Augustins, n" 07 ; ■J. RRjfouARn,rue de Tournon , n" b j RouET, rue Hautefeuille, n" la ; A. BAunouiif , rne de Vaugirard, n° 17 ; Dei-aunav, Pklicier, PoNTHir.u, la Tekte, Cabiitet LixtiI- RAiKB, au Palais-Roj'al. A LONDRKS. — Foreign Lirraky, 20 Berncrs-street , Oxford- street; Tkeutiei. et Wurtz; Bossakge; DuX.au ETCOMriONIE. I^-'ta. Leg ouvragcs aonouccs dans la Revue sc trouvcnt aussi cbcz Roret , rue Hautefeuille, u" xa. PARIS. !)£ I. IMPRIMERtE^t RlGWOrX, rue des Kjaiics-Bourgeois-S.-MivUi.l, n" i. liE 11-1827. ( 34^ t^e la collection. ) 102*^ LJVRAISON. REYUEi^ ^^T1.k^ ENGYCLBPEDI ANALYSE RAISONNEE DES PPiODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA tITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. i" Pour.les Sciences physiques et mathematiques ct les Arts industries : MM. Ch. Duriif, Girard, Wavier, de I'lnstitut ; Ferry, Frakcoeur , Ad. Gon- PINET, A. MiCHELOT, DE MOMTGERX , MoREAU DE JOKHES, QcEXEIJiT, T. Rl- CHARD, Warden, etc. 2* Pour les Sciences naturelles: MM. Geoffrot Saiwt-Hii.Airf, de I'lnstitut; BoRTf DE Saiht-Vikcent, corrcspondaut de I'lnstitut, Mathiep Bonafocs, de Turin; B. CltLi-OM , de Dieppe; V. Jacquemont, etc. 3* Vouiles Sciences medicates : MM. BallYiDamiron , G.-T.Dois, Amedee DuPAu, FossATi, Gasg; Gerson, de Hambourg; GeorgEt; LegraiTd; de KtRcknoFF, d'Anvers; RiGOLLOT fils, d' Amiens , etc. 4° Pour les Sciences philosophiques et morales, politiques, geographiques et /iisloriques:M.yi. M. A. Jullien, de Paris, Fondateur-Dlrecteur de la Revue EncycUipedique; Alex, de la Borade, Jomrd, de I'lnstituty Artaud, M. Avehel, Barbie do Bocage ills, Behjamin-Constant, Charles Comte, DErPIKG.DuFAU, DUKOYER, GdIGNIAUTjGuIZOT, a. JADBERT, ALEX.LAaiETB, Lanjuikais £1s , p. Laj'i , Lesu.icr-Merliii , Massias , A. Metral, Albert MoKTEMONT, EusEEE Salverte, J.-B..Say; Simohde deSismomdi, de Geneve; Warnkoenig, de Liege, etc.DnriN alne, Berville, Bouchene- Lefer, Cbivelli, Ch.EEPfoUARD, Taillandier, avocats, etc. 5" Pour la Literature francaise et etrangere, la Bibtiographie , V Archeologie et les Beaux-Arts = '^1^1. Audbieux, Amaury-Doval, Emeriu David, Lemer- cier , DE SeGur, de I'lnstitut; M"-': L.-Sw.'Belloc;sMM. J. -P. Bre3,Bor- KOUF Cls, CuAuvET, Chehedolle , de Liege; P.-^jpouPiN, Fr. Degeorge, DuMERSAr(;PB. Golbery, correspondant de I'lnstitut; Leon HALEVY,HEtBERG, Hehricbs, E. Hereac, AtJGusTE JoLLiENfils; Bernard Jclliek; KALVos,de Zaute; Adrien- Lafasge ,I. - V. Leclerc, Loeve - Veimars, A. Mahtjl; D. P. Mendibil ;MowifARD, de Lausanne ; C. Paganel, H. Pat in 1 Ponger- ville; deReif ff.nbero, de Bruxellcs; deStass^rt; Fr.Salfi.M. Scbnihas, ScuNiTz LEE, Leon Xbiesse, P. F. Tissot, Villenave, S. Visconti, etc. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPfiDIQUE , »UEu'EJiFER-S.-MICHEI,,'N'' 18; ARTHUS-BERTRAND. HBRAIRE, EUE DAOTE-FEUILLE, N° 23. jt JUIN 1827. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le molsde Janvier 1819, il parait, par annde, douze cahiers de ce Recuell; cliHque cahier, public- le 3o du mois, se compose d'ea- viron i4 feuilles d'impression , et plus souvent de i5 ou 16. On souscrit k Paris, au linreau central ctabonnement et d'exp^dition indiqu^ sur le litre , et chez les libraires ci-apr6s : ARTHUS BERTRA.ND , rue Hautefeuille, n" a3; Au Muses encyclopedique, cuez Bossangb p^re^rue RicUelien, n" 60; Renouakd, rue de Tournon, n" 6; Prix de la Souscription. A Paris ^dic. pour un an ; 16 it. pour six mois. Dans les departemeus. 53 3o A I'^tranger 60 34 En Augleterre 78 4* Le montant de la souscription, envoye par la poste, doit ^tre adress^ d'avance, prakc db port, ainsi que la correspoudance, au Directeur de la Revue Encydopedlque , rue d'Enfer-SaincMichcl, n" r8. C'est a la m^me adresse qu'ou devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra faire auuoncer, ainsi que les articles dont on d^sirera rinsertion. On peut aussi souscrire cliez les Directeurs des postes et ckea les principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pays Strangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque Tolume est termini par une Table des matieres alpkabSuque et analytique , qui ^claircit et facilite les recherches. Celte Table est toujours jointe an i" cahier du volume suivant, a I'exception de la derniere Table de I'annie, qui est expedlee isol^menl a tous ceux qui peuvent y avoir droit. Ou souscrit, seulement k partir de deux ^poques , du i" Janvier ou du lafuilletde chaque ann^e, pour six mois, ou pour un an. On trouve, lu bureau oentraj., les collections des annees 18 19, 1810, 1821, 182a, 1823, 1824 et 1825, au prix de 5o francs chacune. Chaque anaee de la Revue Encydopedlque est Independante des «nnees qui precedent, et forme une sorte (V -^unuaire seientiftque et Utteraire, en 4 forts volumes iu-8°, pour la periode de tcms inscrit* •ar le titre REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES rKODUCTIONS I-ES PhV^ KEMARQUABLES DAiVS LA. LITTEKATURE, LKS SGIEWCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, I.ETTRES ET MELANGES. REGHERCHES SUR LES CAUSES DE LA MULTIPLICATION DES PAUVRES, ET SUR LES MOYENS DY REMEDXER. Observation. — La Socletti des sciences cle Harlem avail mis au concours ia question suivantc : « La multiplicity des panvres qui pese sur quelques etats de I'Europe peut-ellc etre attri- bnee, reellement et avec raison. a une trop grande population, en I'aisoii des moyens de subsistancc? » IJue medaille d'argent fut decernee a M. le conitc Frederic Sraubek, pwfesseiir des sciences poUliqiies et administrative s a I'Utufcrsite dc Farsovic , membre de la Societe royale des amis des letlres de la memc ville , auteur d'lin memoire qu'il a bien voulii nous adresscr, et dent nous allons donner un extrait. Maigre Ics guerres longnes et sanglantes qui ont ravage le monde , a la fin du dernier siecle et au commencement de ce- lui-ci, apres une epoque on tontes les passions ct tons les fleau.v semblaicnt avoir conspire la destruction de la race humaine , T. xxxiv. — Juin 1827. 37 570 SUR LES CAUSES nous la voyons rcparaitre dans tome sa vigueur. La population toujours croissantc, ct hors de proportion avec Ics moyens de subsistanee, fournit sans cesse des instrumons, etpresque dos motifs, aTesprit de conquele : on scrait tente de croire qu'une partie du genre humaiu est destinee a perir sous les coups de I'autrc ; que les guerres sont un nial necessaire. Serait-il done vrai que le Createur, en soumettant la teric a I'liomine, n'a point donne I'assurance que cette terre , fertilisee par le travail de rhomme, pourra suffire a la subsistanee de ses cnltivateurs el dc leur race? Est-il possible, dans I'ordre physique, que les accroissemens de la population nc soient pas subordonnes a ceux des productions du sol ? C'est a la pliilosophie qu'il ap- parlieut de resoudre cette importante question; rhouime d'etat s'empare de la solution, et I'applique aux circonstances et aux lienx sur lesquels il exerce son action : le publiciste cssaie aussi d'entirer des consequences, et de les faire servir, soitan bon- heur, soit au soulagcment de rhnmanite. C'est dansccs inten- tions et avec cette esperanceque nous avonsredige ce memoire. Commencons par des rccliorches siu' la cause des progres de la population. En considcrant les choses sons un aspect general , nous voyons que chacuue des classes d'etres dont I'univers se com- pose tend non-seulemcnt a se conscrver, maisa occuper le plus grand espace possible, et que cette tendance universelle est une des lois de la nature. L'homme, comme etre intelligent, n'y serait-il point soumis? Adraetlre la negative, ce serait dire que la race humaine est destinee a disparaitre , comme les especes dont I'organisation imparfaite lutte vainement contre les empie- temens continuels des especes raieux constituees : loin de pla- cer cet etre intelligent a la tete dcla creation, ce scrait lui at- tribuer une infc'riorite reelle. Si ronabandoiine ces considerations abstrailcs pour se borner al'obscrvation, on verra que les voi'ux et les efforts de I'hommo ont ici bas un double objet , son bien-etre actuel , et un micux-etre dans I'avenir. IMais on scrait loin de la verite si Ton affirmait que les progres de la popidation exigent que DE LA MULTIPLICATION DES PAUVRES. £71 ces deux conditions soieiit remplies en meme tems. Le soin de I'avenir appartient a I'intelligence, a la raison; I'inslinct qui ]iorte a la propaj^ation de I'cspece est tout physique, et n'a point de rapports neccssaires avee les facultes intellectuelies. Une classed'hommes reduits a la miscrc pourra s'affaiblir et de- generer, en raison des besoins qu'clle epronvc ; mais elle se per- |ietuera; et, si quelques fleaux particuliers ne viennent pas la decimer, si la famine et les maladies qu'elle entraine nc pesent pas sur elle, on y verra, comrae dans les autres classes, que le nombre des naissances y balance au moins le uombre des morts, et presque toujours qu'il le surpasse. Ce fait, qui sur- prend et effraie ceux qui n'en ont pas recherche la cause, est mis hors de doute par I'experience de foutes les nations civi- lisees. L'indigence , fut-elle generale, ne serait done pas une cause de depopulation. Mais I'industrie humaine, plus puissante qucl- quefois que la nature, a trouve des moyens de conservation que la nature ellc-meme semblait avoir refuses a I'homme. Met- tons en premiere ligne la decouverte et la pratique universclle de la vaccine. On sait combien de dangers environnent le bcr- ceau de I'enfant ; on sait que le tems ou I'homme est le plus menace de perdre la vie commence pour lui des sa naissance, et dure jusqu'a I'age ou il acquiert le sentiment des biens et des maux de Texistence. Cette multitude d'enfans que la petite verole enlevait autrefois, conservee aujourd'hui par la vaccine, etablit deja une tres-grande difference entre les anciens etats de population et ceux d'aujourd'hui. Une ailtre source, beau- coup plus abondante qu'elle ne le fut jamais , vient aussi re- pandre sur la terre un plus grand nombre d'habitans : elle ne merite pas moins que la vaccine d'etre observee dans tout ce qui s'y rapporte , dans son influence et dans ses resultats. Qu'importe, dira-t-on, que des enfans naissent, et que ia vaccine les conserve, si les besoins dont ils vont etre assieges les condamnent a perir? Pour discuter cette objection, il faut commeucer par fixer le sens des mots. Le premier et le plus pressant des besoins de rhomme, c'est de se nourrir : celui 37. 57a SUR LES CAUSES d'i'tre vctu ot dV-trc logi'; ne vient qii'apres,ot a qiiolqiic dis- tance. En ceci, la nature a beancoup fait pour respece hu- maine, et rindiistrie nc s'est pas bornee a multiplier les dons do la nature; elle a su les choisir, les combiner, Ics rendrc a la fois plus agreablcs et plus utiles. L'homme consomme moins d'alimcns, eu raison de sa masse, que la plupart des animaux (ju'on peut lui comparer; il vit de peu, supportc long-tcms la I'aim, si elle n'cst pas extreme, et danscct etat de gene, memo de niiiore, aucune de ses facultes n'cst suspendue, ni tres-alTai- blie. J.Iais, a(in de prev^nir les disettes et le cortege de maux ((i\i les accompagne, la pomrne de terra est venue s'offrir. Ce tubercule si nourrissant, si salubre, d'un produit si abondant et si assure, (jue des preparations faciles convertisserit en sub- stance alimentaire non moins durable que les cereales , foiu'nit une ressource precieuse aux classes indigentes, et une garantio contre la disette. Quelque extension que sa culture ait verue depuisquelques annees, elle est encore bien eloignee de sa li- mitc : on peut done afiirmer que les causes d'une disette reclle, et par consequent d'une famine qui atteindrait les pauvrcs , nc sont point a redouter, et qu'elles ne devicndront mena- cantes (ja'apres une longue suite d'annees , et peut-etre de siccies. Mais la difficnlte subsi.ste encore, el I'objeclion n'a rien per- du de sa force. Puisque les besoins de l'homme sont aussi bor- nes; puisque des plantes plus nutritives, et d'un produit beau- coup plus abondant que cclui des aneienncs cultures, occupent de jour en jour une plus grande partie du sol , pourquoi, dira- t-on, plusieurs etats de I'Europe se plaignent- ils du nombre cxcessif de pauvres qui pese sur les habitans aises , et qui semble accuser les vices de I'etat social? Essayons d'expliqucr cetle apparente contradiction. La nourriture n'cst pas le scxd bcsoin de l'homme. S'il est hors d'etat de se procurer par lui-meme tout ce qui lui est ne- ccssaire, s'il est force de recourir a la bienfaisance de ses sem- blables, il est pauvre. Il lui faut done on un funds, productif d'un revenu , ou des occupations ronstantes et reguliercs qui DE LA MULTIPLICATION DES PATJVRES. 57^ en tienncnt lieu. S'il nc pent obtonir quo par des travaux for- ces et precaii'cs cc (jui liii niauquc, sa situation n'cst pas scii- lement la pauvrete, mais la misere. 11 vivra cependant, paice que les moyeus de subsistance qu'il n'aura pas tires de son travail lui vicndiont par une autre voie. Pour qu'une nation ne fut point chargce dc pauvrcs , il serait done necessaire qu'aucun des individusqiii lacomposent ne fut sans proprieles, ou sans une Industrie lucrative, en un mot, que les richessis fussent convenablement distribuecs entre tous, au lieu d'etre accumulees entre les mains d'un petit nombre de propriii- taires. La philosophic et la politique ne considerent pas I'espece humame sous le niiJme aspect. Le coup d'a'il general etbien- veillant du philosophe embrasse a la Ibis toute la terreet ses productions : voila le domaine de I'homme. Tous les hommes epars sur cette terre, leiu's facultes, leur industrie; voilii les proprietaires du globe. La politique morcele I'espece iiumaine; elle eree des nations, les isole les unes des autres, subdivise les nations memes, etablit des castes , des corporations, etrcn- fermc Tindustrie dans des liniites plus ou moins etroites et presque toujours nuisibles. C'est ainsi qu'une population nom- breuse, accumulee sur un sol frappe dc sterilite, peut se trou- ver depourvue de subsistances , tandis que les rares habitans d'une autre contree dont les cultures ont prospere nc savent que faire des produits dontlabondance les accable. C'cst ainsi que I'ordre politique peut intervertir I'ordre naturel , priver les hommes dc droits que la philosophic ne peut s'enioecher de reconnaitre et de proclamer, et les condamuer a vivre dans la misere, comme Tantale au milieu des eaux, sans pouvoir at- teindre aux biens que la nature et les arts prodiguent autour deux. Ainsi, le giand nombre de pauvres que Ton voit a regret dans plusieurs Etats dc I'Europe n'est point le rcsultat de la disproportion entre la quantite de subsistances et la popida- tion. Veut-on s'en convaincre? II suflit de jeter les yeux sur riiiimcnse etendue des lorres qui restent en friehe, parce que 574 sun LES CAUSES rit-n ii'y attire le ciiltivateuf, ot (ju'il s'y tiouverait surchaitjc- ties deurccs quf Ic sol aurait produitus. Obscrvons, d'ailleurs, (jiie les annees d'abondaiice sont (jiiclqnefois un flt-an pour ['agriculture, et que le defaut de consomraation cause fre- quemment des maux plus graves que ceux qui peuvent naitre d'line disette non simulec ; que si les subsistauccs sont rares dans uiic partie do I'Europe, ellcs sont surabondantes dans un autre pays; ct que, pour retablir I'equilibre entre les consom- niations ct rapprovisionnement de tous les marches, il ne faut que debarrasser le commerce des entraves qui, presque par- tout, railentissent, suspendcnt ou pretendent diriger son mou- vemcnt, au prejudice de tous les peuples. Mais il ne s'agit pas seulement de dissiper une illusion : essayons done de la rem- placer par des realites, et d'assigner les veiitables causes qui en- Iretiennent et tcndent pcut-etre encore a augmenter ladetressc d'une grande partie de la population dans cpielqucs ttats que Ton serait porte a regarder comme etant hors des atteintes de la i)ativrete. Comparons d'abord I'un i\ I'autre, quant aux ressources en ;,ubsistanccs, un peuple agricole a un peuple manufacturier , un paYS fertile et peu peuple a un territoire etioit et charge d'habitans. II est clair que le premier jouira d'une plus grande independance, et que s'il eprouve quelques momens de gene, ee sera dans les tems d'abondance , lorsque I'excedant de scs jjroduits ne trouve point d'ecoulement au dehors. La popu- lation y sera done toujours suffisamment nouri-ie, si ce n'est dans ces tems de famine generale dont I'histoire ne rapporte (|ue de tres-rares exeniples. Les peuples commercans qui cul- tivent peu, et qui se procurcnt par voie d'echanges une grande partie de leuis aliiuens , ne peuvent jouir d'une aussi grande independance : ils ii'ont que trop a redouter I'accroissement d'une population que la rupture ou seulement la suspension des I'elations commerciales , les systemes de douanes et de prohibitions adoptes par les Etats voisins peuvent reduire ii la plus extreme misrte (iV Un peuple rultivatcur pent voir avec (i) Ces relations eutrc les peuples sont quclquefois interverties , DE LA MULTIPLICATION DES PAUVRES. 575 plaisir les progres de rindustrie de scs voisins; d;ins le mome cas, le pcuple manufacturier s'alarmera : il a besoin d'lme industrie exclusive, d'un inonopolc; son bien-etre, son exis- tence mome, y sont attaches. Malgrc cctte opposition d'interets et de tendance entrc les Etats agricoles ou comnieicans, Ic norabre des pauvres pent y etre dans le mcme rapport avcc la population. Et memo, en observant les chost;s d'un pen plus pres, et plus en detail, les distinctions que nous venons de faire s'evanouissent, ainsi qu'on va le voir. Dans les Etats agricoles, les terres sont entre les mains d'un petit nombre de proprietaircs qui les exploitent 011 les font exploiter, comme des manufactures, en raison du debit dcs produits : le reste de la population , c'est-a-dire la plus grande partie, subsiste par son travail, ou, plus exactement, par le salaire affecte a ce travail. Si le commerce exterieur lan- guit, si les produits du sol ue peuvent s'ecouler, le travail est suspendu, et les salaires diminuent : la classe laboricuse est reduite a la pauvrete, et bientot a la mendicite. Plus cctle partie de la population sera nombreuse, plus elle sera mise- rable; car les proprietaires du sol ne reglent leurs cultures que sur des speculations ou les cultivateurs ne sont pas com- pris, dememe que le manufacturier etend ou restreint scs fa- brications, seulement en raison des dcmandes qui lui sont faites, et se determine rarement a laisser encombrcr les nia- gasins pour ne pas suspendre le travail, et pour conserver a ses ouvriers leurs moyens ordiuaires de subsistance. II im- porte pen que I'instrument du travail soit la charrue ou la na- niais seulement dans des oirconstances particulieies. On a vu , par e.xemple, des vallees suisses du Jura, toutes manufacturi^res et tr^s- peuplees, venir au secours des vallees francaises, et fournir des grains a leurs liabitans , livres exclusivement a i'agricnlture. La sortie de toutes les subsistniices clait alors severenient prohibee en France ; iiiais les Suisses ne crurcnt pas devoir user de reciprocite. ^N. D. R.) 576 SUR LKS CA^USES vctte :1c sort de rouvrier est, clans tons les cas, souniis aux nu'nu'S causes du variations, aux menies dangers, aux memcs alternatives de bien-etre ou de detresse. II n'y echappe pas nienie dans les pays d'une faible population , sur le sol le plus fertile r dans tons les Etats, quelles que soient la constitution, la fertilite du sol et la nature des richesses publiqucs ou pri- vees, la cause dc la pauvrete est rinc'galitedes fortunes. Quoi- que nous soyons convainciis de eette verite, nous n'en somnies jjas moins eloignes des funestes doctrines des niveleurs : nous uc proposerons jamais de sacrifier les droits de la justice ii de j)retendus interets de I'humanite. Mais c'est une verite aussi iniportante qu'irrecusablc; la misere qui pese sur une si grande partie dc la race hiniiaine est le resultat necessaire d'une ex- cessive inegalite de fortunes. En developpant les preuves de cefail, nous I'cniplirons une tuciie ]jenible; heureux s'it nous est possible d'entrevoir quelque remede a tant de niaux, et d'opposer quelques idees consolantes aux tristes realites que nous voyons partout. On ne pent eviter que les richesses territoriales, ainsi que toutes les autres, se concentrent plus ou uioins : ainsi, chez toute nation (jui rcconnait le droit de propriete, le sol n'ap- partient pas u tons, et pent se trouver entre les mains d'un tres-petit nombre de possesseurs. Ceux-ci n'ont pas a craindre de manquer jamais de subsistance; leurs fonds sont toujours productifs. II n'en est pas de meme des autres sortes de fonds : iis peuvent etre frappes de sterilite, si leur produit n'est pas deniande. Mais ils ont I'avantage de pouvoir etre entre les mains de tous, sans qu'il en resulte aucun partage, de s'ac- croitre indefmiment , si les demandes assurent Tcmploi delcnr produit, de n'avoir d'autre limite que cclle de la consomma - lion. Le seul fonds productif qui soil reparti egalement entre les hommes, c'est le travail. II pent etre une source de richesses pour ccux qui savent le faire valoir; mais sa valeuret ses pro- duits varicnt , selon les forces intellcctuclles ou physiques; et deplus il suppose on d'autres ca])itaii\ , ou luie demande : DE LA MULTIPLICATION DES PAUVRES. 677 rhomme le plus laboricux est condamnc a I'inaction s'il man- que de maticre, ou d'instiumcns, 011 d'eniploi. Sa position est done precaire : il eprouve lebien-etreou le besoin; il est riche ou pauvre, selon la volonte d'autrui. Si le salaiie de son tra- vail journalier ne suffit qu'a sa subsistauce journaliere, il ne pent soi'tir de lapauvrete : si les economies qu'il a pu fairesont absorbees par les tems de disette, il reste pauvre, et les alter- natives de bien-etre etde malaise qu'il eprouve ne rendent pas sa condition beaucoup meilleure que celle de I'homme reduit a vivre au jour le jour. S'il y a quelques moyens de remedier aux maux dont la pauvrete est la source, on ne peut les trou- ver que dans le taux des salaires et dans la facilite des econo- mies. Faire que le prix du travail soit au-dessus des besoins journaliers de Thomme laborieux, repandre le gout de I'ordre, provoquer les epargnes, et leur assurer une garautie (i);tel est le but des efforts de tons les amis de Thumanite, le devoir de tons les bommes d'etat. Le taux des salaires depend du rapport entre le travail de- mande et celui qui est offert. Si la demande reste la meme , la somme totale des salaires n'augmente pas, et peut meme di- niinuer par I'effet de la concurrence. Ainsi , la part de chaqutj travaillcur diminue en raison du nombre des partageans, quel- quefois meme plus que ce nombre ne semble I'indiqner. Si, de plus, la force des machines est en concurrence avec les bras de rhomme, le champ du travail se resserre de plus en plus , au prejudice de la classe qui ne subsiste que par le travail des bras , a moins que la consommation des produits n'augmente en meme tems, et ne demeure constamment au niveau des moyens de produire. Mais la consommation interieure atteint promptement deslimites qu'elle ne saurait depasser: c'est done au commerce exterieur qu'il faut aplanir la voie, au lieu de (i) La precieuse institution de la Caisse d'epargnes et de prevoyance, dont M. le due de La RocHF,poirc.\.ui.i)-LiAj(counT fu' I'un des foii- dateur.s ii Paris , est I'un des plus pnisr.ans remedfs a opposer au.v niaiix et aux dangers signalcs dans ce Mt'moiie. (N. d. R ) 578 SUR LES CAUSES I'entraver par des lois prohihitivos, 011 par dcs dispositions Gs- cales. Pour Ic plus grand Ijicn do toutes Ics nations indus- trieuses, il faudrait quo toute la surl'ace de la torrc fut un mar- che oil chacun ('talcrait librcnicnt ce que Ics bcsoins locaux n'auraicnt pas absorbe. Mais, comment amener tous ics gou- vernemens a renoncer d'un commun accord k leurs systemes de douane, aux actcsde navigation, a ceslois dont le but appa- rent est dc favoriser I'industric nationale et le commerce intc- lieur, et dont I'effet reel est de lever un impot ? Quand on ne j^eut ouvrir de nouveaux debouches aux pro- duits du travail, il est au moins facile de prcscrire des limites a la fabrication , aux procedes des fabriqucs , h. I'exercice et aux developpemcns de Tindustric. Car il est incontestable que la multiplication et les perfectionnemens des machines, I'accumulation des objets fabriqucs et rcncombrement des ma- gasinsjraccroisscment de la population laborieuse, Icconcours d'une cessation presque totale des travaux manufacturiers et d'line disette prolongee, sont un des plus grands dangers que puissent courir les nations qui ont devance toutes les autres dans ia carriere de la civilisation. Si I'on avait epuise toutes les rcssources d'une administra- tion prevoyante, s'il etait bien prouve qu'uu pays ne peut fournir a tous seshabitans une subsistancc assuree et suflisante, le seul parti qui reste a prendre est d'encourager I'emigration. II nc s'agit point ici de ccs voyages lointains conseiUes par le desespoir ou par de foUes esperances, mais de fondations de colonies projetees avec sagesse, pourvues de moyens d'cxecu- tion bien calcules, confies a des directeurs eclaires et prudens. Il reste encore siir la terrc assez d'cspaces non cultives, etqui, par la douceur du cbmat et la fecondite du sol, sembleut inviter de nouveaux habitans a proiitor de ces dons dc la nature. Les capitalistes ne peuvent faire un meilleur emploi de leurs fonds. En les consacrant a fonder de nouvelles colonies, ils s'assurent des revcnus imperissables , en meme terns qu'ils aria- chent a la miserc des hommes qui ne pouvaient trouver le bonheur au sein dcs societes aclucUes. II nc serait pcut-etre DE LA MULTIPLICATION DES PAUVRES. 579 pas necessaire d'allcr bien loin, ni de traverser les luers pom trouver des lieux convenables a ces nouveaux etablissemens; I'Eiirope n'en est pas depourvue, et de vastes et nombreux de- serts peuvent encore y etre transformes en pays enibellis par la culture, et surtout par la felicite du cultivateur. L'accroissementde la population n'est done pas encore trop rapide; et, si quelques nations se trouvent surehargees , elles ont les moyens de placer utilement ce superflu qui les fatigue. Defricher, etendre le domaine de la culture et du commerce, fortifier le pouvoir de I'homnie sur la nature , garantir a rhomme une equitable independauce, debarrasser les relations entre les peuples des entraves, si aiuUipliees aujourd'hui, qui les rendcnt rares ou difficiles, perniettre leplus libre exercicede lindustrie et la plus libre circulation de ses produits : tels sont les moyens de laisser a I'liomnie tous les biensqu'il pent recevoir de la na- ture, et d'y ajouter ceux qu'il tiendrait de la societe, si les voeux des pliilantropes etaient exauces. N. Qdelqdes vues sor l'Ecolb de David, et sur les PRINCIPES DE LA PEIjNTURE HISTORIQUE. Vers la fin du xviii^ siecle, la France, qui depuis long-tems ue connaissait plus que la gloire des lettres , recouvra tout-a- coup celle des arts. Un artiste rejeta les faux systeiiies des Aca- demies, levint a I'etude de la nature, et, trouvant un public sensible aux beautes males et vraies , fit aussitot revolution. A cette epoque d'energle nationale, les grands peintres naissaient dans son atelier, comme les grands capitaines dans nos camps; et, lorsque les chefs-d'reuvre de la Grece antique, conquispar les emules des Cynegire et des Miltiade, vinrent, sous les dra- peaux de la victoire , se reunir dans nos murs, ils y tiouverent des artistes digues des Phidias et des Xeuxis. Mais ces jours de gloire furent rapides : la liberie les avail produits; ils s'e- teignirent avec elle. La France enchainee par le despotisme, succomba sous les coups de ceux qiu- la France libre cut faci- 58o QUELQUES VUES lemcnt vainciis. La incmc annc-e vit les soldats de Wellington depouiller nos nnisees des luodcles dc I'ltalic et de la Grcce , et les deputes d(! iios departemens envahis exiler dans les pro- vinces anachees a la France, I'liomme a qui nous devions rhouneiir de produiic aussi des niodoles. Au lieu de se presser, dans lesrevers, autour des restes de notre gloire, des Trancais ont des-lors pris a tadie d'insnlter tout ce (jui avait j{.'te quelque eclat sur la palrie. Nos institu- tions, notre litterature, out ete sacriliees a cclles des peu|)les vainqueurs; et comnie notre superiorite dans les arts etait uni- versellement reconnue, les plus ijrands efforts out ete dii'ii;es contre nos artistes et leurs iecons. Rien n'a ete epargne jiour decrier recole dc David. Les salons, les journaux , les autcnrs de brochures se sont evertues pour'nous apprcndre que nous avions eu tort d'en etre orgueilleux, el que nos seigneurs les etrangcrs ttaicnt bien bons de nous regarder, en peinture du moins, corarae leius maitres. Jusque- jji, on ne s'etait point avise de croire qu'il y cut une ecole anglaise ; niais , puisqiie Wellington nous avait battusa Waterloo, il fallait bien (jue les peintres de Londres fussent meilletirs que ceux de Paris , et les elevcs que David avait egares ont recu le conseil de chcrcher la bonne route sur les pas de M.\I. Lawrence et Constable. Les grands artistes qui nous restaient ont dedaigne de repondre a de pareilles declamations, lis ont eu toit. Cette ligiie de- vait etre conibattue des ses premieres tentatives. Depuis, elle a pris chaque joiu" luie iiouvelle force, on du moius un<; nou- velle audace : elle menace de depraver pour long-tenis le gout national ; elle prepare avec Constance la contre -revolution dans les arts. Tout Francais qui n'cst point etrangcr a Icur culture doit s'opposer a un sembable dessein. Telle est la raison qui me fait prendre la plume. Ce n'cst pas la gloire de David que je pre- tends defendre; I'auteur de la Notice sur sa vie (voy. ci-de.ssus , p. 3/i)s'est habilement acquitte de ce soin ; d'ailleurs, Us at- taques du mauvais goiit sont sans force contre les iliuslralions deja consacn'es; n)ais elles [)euvent retarder les succes des ar- SUR L'ECOLE DE DAVID. 58 1 tistcs qui marcheiit avec talent dans la route du bean : elles pcuvcnt surtout, en cgaiant cenxcjni entrent dans la caniere, k's priver dc la gloire qu'iis auraient peut-etre meritee. C'est done I'esprit dc TecoU; dc David , ce sont ses principcs que j'es- saierai de justilier, puisqu'on Ics accuse ; de retablir, puisqu'on Ics altere; de lappclcr, puisqu'on les oublie. Les critiques elevees contre ce grand pcintre peuvent se re- duiic a trois chefs principaux. Preniierement, on lui reproche un systeme ar.adeiniqnc contrairc au dcveloppenient de tout genie original : jc prouverai sans peine (|ue ce fut lui qui de- truisit en France le systeme acadeinique. En second lieu , on I'accuse de manquer de naturel et de verite : je montrerai que I'ecole francaise n'a rien produit de completement vrai que sous sa direction. Enlin, sesouvrages, ni ceuxde ses disciples, ne presentent, dit-on, Aucwn cnractere de nationuUte : on verra que c'est a lui seid (|ue nous devons une ecole nationale. Le systeme academique, systeme froid, mesquiu et faux, coiisiste a chercher Ics sujets bizarres, les effets de lumiere singuliers, les attitudes theatrales ; a tourmenter la composition pour trouver des oppositions forcees entre les groupes,des contrastes pen naturels entre les dgnres ; a se raettre dans I'es- prit un certain nombre de formes qu'on retrace sans cou- sulter le ntodelc; a donner de I'importance au travail mecanique, a etaler les coups de brosse qu'on prolonge avec affectation, on contourne avec comjilaisance , comuie des ornemen.s d'ecriture a la Muraour. Ce systeme etait en vogue dans le xviii" siecle. David le renversa par ces mots : Point de systeme : renoncez a toutcs les pretendues regies sur I'agencement des groupcs, sur les contrastes; oubliez tons les axiomes sur les effets de lumiere, sur les oppositions, siu' les rrpnassoirs. Cha- que sujct demande une ordonnance differcntc et un caractere particulier. L'agencement des groupes depend de Taction des personnagcs. Tout travail du pincean est bon, s'il reproduit la nature, et le meilleur est celui qui ne se laisse point aperce- voir. David poussa meme trop loin la hainc de toutes ces doc- trines des ecolcs. A force de chercher la simplicite, il ne donna 582 QUELQUES VUES pas toiijoiirs i ses compositions Telegance dont il aurait pu Ics parer; et I'cnvie d'cviter Ics masses d'ombre iut cause que ses tableaux manquerent souvent do profondeur. Ce serait uiie chose curieuse que de rappj-ocher des accusa- tions dontil est aujourd'hui I'objct, les reprochcs que lui adres- saient, il y a quaiante ans, les partisans dn systenic acade- mique. Cct homme qu'on nous presente maintenant comme un imitateur servile , etait alors traite de novateur audacicux qui renvcrsait toutes les lois de la peintare. L'energique simplicite du groupe des Horaces revolta tons les savans du metier. Com- ment, disaitl'un, ne voyez-vous pas ces trois figures, tontes trois dans la meme attitude, toutes trois de profil ? C'cst une regie sans exception que, sur trois personnages groupes en- semble, I'un doit etre vu de face, I'autre de trois-quarts on de profil, I'autre par le dos. II pent y avoir quelque talent d'ex- pression dans ce groupe; mais, a coup sur, c'est I'ouvrage d'mi homme qui nc sait pas composer. — Vous avez beau, criait un second, me vanter le style de ces picds, de ces mains, la science anatomiquc qui s'y deploie! Que les medecins les ad- mirent, s'ils vculcnt! .T'y cherche, moi qui suis peintre , j'y cherche , et vainement , ces touches molles et suaves, ces coups de pinceau hardis qui decelent I'habile artiste. Ces cxtremites peuvent annoncer dans I'auteur un anatomiste; mais elles prouvcnt qu'il ne sait pas pcindre. Tels etaient les discours des pretcndus connaisseurs du terns. Si quelqu'un cut alors an- nonce quebieutoton accuserait David d'avoir impose des lois tvranniqucs, contraires a la simplicite, a roriginalite de la composition, person nen'aur ait voulu y croire. On n'auraitpas cru davantage que nous entendrions rcprocher a ce grand maitre d'avoir cntraine ses contemporains dans une route op- posee a la verite. Cette qualite, la plus precieuse de toutes, etait complete- ment negligee en France, depuis la mort de Lebrun. On se contentait d'esquisses , de croquis plus on moins spiritucls. Tousles artistes, peintres et sculptcurs, n'avaient plus qu'un dessin de pratique , et tracaient de memoire des formes no- SUR L'ECOLE DE DAVID. 583 cessairement incorrectes et fausses. L'un desplus fameiix, s'in- dignant r]u'on liii parUU de modele , s'ccriait, comme les hommcs qui pretendent aujourd'hiii soiitenir dcs idt-es nou- velles : Un peintre n'a besoin que desatcte et de ses pinceaux. Seol, entre quatre murs , il produira un chef-d'ceuvre , s'il a du genie. II est aise de voir ce que pouvaient devenir des eleves imbus de pareilles lecoiis. On leur apprenait si peu a mettre de la verite dans leur travail que, bien loin d'etre capables d'imiter la riature, ils ne savaient pas menic copier fidelement, pas nieme calquer avec exactitude. II existe des caiques de plusieurs tetes des fresques du Vatican , faites par differens peintres alors celebres, ou Ton ne peut rcconnaitre le carac- tere dti dessin de Raphael. Vien sentit le premier la nccessite d'etudier la nature pour ctre naturel. II parvint jusqu'a la nai- vete, il trouva la route du vrai , mais ses forces ne lui permi- rent pas de la parcourir ; il ne put que la montrer a David : et, seulemcnt pour la lui avoir montree , il merita un nom immor- tel et une place dans le premier corps de I'etat , devenu mal- heureusement depuis un instrument d'oppression , mais destine d'abord a renfermer tous les hommes connus par de grands services. David, joignant I'exeniple au precepte, donna aux lecons de Vien I'autorite d'un immense talent. Legislateur de la pein- ture, il repetait sans cesse a ses disciples ces paroles du legis- lateur de notre poesie : « Rieu n'est beau que le vrai , le vrai seiil est aimable. » Notre art, leur disait-il, n'est que I'imitation de la nature; c'est done la nature qu'il faut sans cesse etudier. J'aime mieux une fidelite timide qu'une hardiesse infidele. Le savoir ne doit ser- vir qu'a faire comprcndre la nature, et non point a la rcm- placcr. Observez-!a dans le modele pour la structure du corps; dans les rues, dans les salons, dans les champs, pour les mou- vemens et les expressions. Quand vous etcs hors de votre ate- lier, fixez dans votre esprit ce que vous voyez de plus remar- quable , et a votre retour, roportez-le sur un livre de croquis. C'est le plus sur, peut-etre le scul moyen, d'eviter les attitudes 584 QUELQUES VUES acadcmiciucs et theatrales, dc mctlrc dans vos oiivrages du na- turcl ct do I'cxpicsslon. Di'tractcurs dc David, il existc encore iin grand iionibrc de ses eleves, unc loule d'honimes (jui I'out cntcndu parler de son art, demaudez-leiir si ce pen dc lignes ne renferme point le resume de sa doctrine, et voyez ensuite si de pareils principes n'etaicnt pas Ics plus propres a former des peintrcs remarquablesavant tout par le naturel ct la verite. Aussi, tcl fut d'abord lo resultat de sos lecons. Avant lui, recolc francaise ne pouvait s'lionorer d'aucun ouvrage com- pletemcnt vrai dans I'executiou, si cc n'est peiU-etre quclque figure de Philippe de Champagne. Lcsueur est admirable par la verite de la composition et des attitudes ; mais il a mis dans les details trop peu d'etude pour hss rendre parfaitement vrais [i). Lebrun u'a que des masses; son modelage est niou , etses formes manquont de linesse. Le Poussin lui-mcme, tou- iours aussi exact que noble dans les mouvemens et dans les expressions , se contente quelquefois dans les formes d'un apeupres excellent. C'est dans les Horaces (\\xc nous avons vu pour la premiere fois une verite entiere, la nature meme mise sousnosyeux. Ce merite brilleegalement dans les compositions des plus illustres eleves de David. Pvegardcz le Philoctete de Drouais , les Pcstijeres de Jaffa , la Coupole du Pantheon ; re- gardez V J tola, et surtout le Deluge qu on a qualifte du dernier exces du systeme de David. Oui , c'est le dernier exces du sys- teme de David , car c'est la perfection de la verite. La figure princfpale surtout produit une illusion complete. Sous la peau, .souple et transparente comme dans la natme, vous voyez se mouvoirles muscles les plus exterieurs, vous sentez leur con- tractilite, vous touchez, pour ainsi dire, I'elasticite des tendons, la tension des aponevroses; sous cctte premiere couclic, vous aperccvcz encore les muscles des couches plus profondes, vous (i) Cfs imperfections ne dolvent (I-lre imputees qua I'etat de sa forlime. L.e prix qu'il recevait de ses tableaux ne lui permetlait [-as d'y consacrtr le tems et Xca depenses necessaires pour en cKitiicr loutes les partiFs. STJR L'ECOLE DE DAVID. 585 voyezleufs fibres, comme celles des premiers, resserreespax' I'ef- fcrtet parl'effroi; enlin, soussesmusclesinterieurs, voiis sentez toiitle squelette, vous suivez ses courbures, voiis jiigez de sa force et de sa legerete. J'ai revu dernierement ce tableau ex- pose, dans le grand salon dii Louvre , a cote du chef-d'oeuvre de Paul Veronese qu'on regarde avec raison comme un pi'o- dige de verite. Certainement, I'ensemble des Noces de Carta est plus vrai que celui du Deluge, parce que Paul Veronese etait grand coloriste et que Girodet ne I'etait pas : mais , parmi toutes les figures du peintrc italien, aiicune ne pent etre com- paree a celle dont jc viens de parler. Cette figure est, pour la v«'rite parfaite, le chef - d'osuvre de toutes les ecoies, excepte peut-etre quelques groupes du Jiigement dernier de Michel- Ange dont je ne connais que des gravures peu soigneusemcnt terminees. Que nous importent, du'ont les adver^aires de David, que nous importent les details, la perfection d'une tete ou d'uue main 1 C'est la verite de la scene entiere que nous cherchons dans un tableau , et qui seule pent nous emouvoir. Eh quoi ! Messieurs, pouvez-vous etre emus, si ce ne sont pas des figures humaines qu'on place sous vos yeux ? L'ensemble d'une scene peut-il avoir de la verite, si les acteurs ne sont qu'un amas de couleurs et de formes bizarres, et pent- on nier que I'exacti- tude de I'imitation ne soit la qualite la plus indispensable pour nous interesser? La ndelite de la composition estbien moins importante, et David aurait pu s'en ecarler sans cesser pour ccla de meriter les eloges que je viens de lui donner. Mais , bion loin qu'il s'en i carte, ses compositions sont aussi vraies que son cxurution. Vous vous etonnez ; vous allez me citer les Sabines : he bien ! c'est precisement dans l \ol in-8° de xxvi , 768 et 720 p. ; prix, if) fr. SCIENCES PHYSIQUES. 395 Vient ensuitc la tache dii physiologiste; il doit etiidier quel ^'enre d'effcts pioduit siir nous celte foulo de corps nuisibles; ef fets qui varient, non-seulemcnt selon la nature proprc a chacun d'eux; mais encore selon la voie qui s'est offerte ileur introduc- tion. Ainsi, une meme substance pcut donner la mort d'line uianiere differenle, selon quelle a ete portee dans I'estoinac , injectc'C dans les veines on aj)i)liquee sur unc blessure recente; tautot elle euflamme violcmment Ics organes de la digestion , tantot, apies avoir etc absorbec, elle agit sur Ic systeme ner- veux, produit une veritable asphyxie ou une profondestnpeui"; tantot, se melant au sang, elle le coagule et tarit dans sa source le principe de la vie. C'est en s'appuyant sur ces deux ordres de donnees qu'on pent arriver aux resultats qui importent le plus a Ihumanite et au naaintieu de I'ordre social; sauver, s'il en est terns encore, ia vic- tims dune erreur ou dun lache attentat, ct eclairer la justice, en lui fournissant la preuve inaterielle du crime qu'elle doit punir. Lorsqu'on arrive anpres d'une j)ersonne emjx)ison«ee, deux choses sont a faire : premierement, eliminer la substance vene- neuse, ou la forcer de subir une nouvelle conibinaison qui en change les pioprietcs, qui !a rende innoccnte en la neutrali- sant. C'est-la ce que doivent prodiure les antidotes projjieinent dits, oules contre-poisons,etlachimie seulenousapprend que!s sont ceux qu'il convient d'eniployer : secondement, reinedier aux accldens qu'eproiive le malade, aux affections morbidcs que le poison a fait naitre. C'est sur un sujet doue de vie qu'il faut agir; des considerations d'une autre espece dirigcront Ics soins du medecin, et les donnees de la chimie deviennent insuf- fisantes. Mais elies reprcnnent ieur importance, lorsqu'il faiit proccder a I'examen des niatieres rejetees par le malade, ou reoueillies dans ses entrailles apres qu'il a succonibe. Alors, toutes les ressourees del'analyse la plus delicate sontinvoquees; et, se servant d'une mcthode d'elimiiiation comparable a celle usitee en algebre, le chimiste parvient a decouvrii', a recon- naitre jusqu'aux plus petiles quantites de substance vcneneuse, et il les reconnait a des caracleres tranch»"s rt a i'ahe i de toutc SgS SCIENCES PHYSIQUES. incertitude. Dans un sujet aussi grave, des indices, des prc- somptions ne peuvent etre d'aiicune valour. Tel est I'objet de la toxicologie , branchc importante dos con- naissances medicales, qui existait a peine, lorsqu'en jSi4 tt iSi5, M. OrliJa publia Touvrai^e dont nous annoncons la troi- sieuie edition. 11 ne se contenia ])oint, comnie la plupart des ecrivains, de rasseniblei- dans une compilation inethodique tout ce (jue Ton pouvait savoir alors sur les poisons; il relit en quelque sorte la matierc, et sc I'appropria, en soumettant tout ce qui est veneneux a de nombrcux essais, et en variant de toute maniere ses experiences, faites d'ailleurs sur un nieme plan, alin qu'clles fussent comparatives. Des milliers d'animaux, des chiens surtout, plus rapproches de I'cspece humaine par leur conformation interieure, furent sacrilies a ses recherches, et il en resulta que ce qui, avant Ini, etait confns s'eclaircit, <]iie les erreurs s'evanouirent d'elles-memcs , sans qu'il prit meme soin de les discutcr ; qu'une foule de faits nouveaux vinrent piendre rang dans le domaine de la science, et que des nioyens simples, faciles;\se procurer, furent, d'apres son indication, ge- lu'-ralement admis , conime les contre-poisons qu'il fallait admi- uistrer , dans certains cas determines, au lieu de substances inca- pables de soulager , et meme nuisibles ,j usqu'alors mises en usage. Le grand merite de cet ouvrage, que toute I'Eui'ope s'em- prcssa d'adcpter, appela sur M. Orfila les plus honorabJes re- compenses. II lui dut d'occnper suecessivement, a la Faciiltede Paris, les chaires de meclecine legale et de chimie. Depuis, dans ses lecons, dans les traites de medecine legale et de chimie qu'il fit paraitre, dans les grands ouvrages auxquels il coojiera, il u'a cesse de s'oceuper des poisons, de recommencev ses ex- periences, lorsqu'elles ne parurent pas assez concluautes, d'cn inventer de nouvelles, de recueillir et demcttre a prolit toutes les observations qui pou vaient se rattacher a ses travaux de jue- dilection, et Tedilion nouvcile de sa toxicologic geneiale a I'avantage de presenter le dernier resultat de toutes ses re- cherches. Ot ouvrage est trop generalement connu pour qve nous regardions comme utile d'en offrir lanahse. iVous pre- I SCIENCES PHYSIQUES. 597 ferons, pour piofitor de I'espace qui nous est accorde, nous livrer a quelques considtrations sur unc partie de la toxicoloi^'ie quine nous parait pas avoir atteint le doi^'ie de perfection dont elie est susceptible; nous voulons parier de ceilc qui s'occiTpe des poisons vegetaux. Depuis dix ans environ , la chimie a fait dans leur analyse des pas .immens<;'s; une f'oule d'elemens dits organirjucs , erees par la seule force de vie assignee aux plantes, composes, a la verite , euK-memes de trois a quatre corps veritablement e!i':- mentaires, combines en diverses proportions, ont ete decoii- verts et se (listin|^uent entre cux par des proprietes chimiques non nioins remarquable.s que celles qui signalent leur presence sur nos organes. II n'cst plus douteux que tout(^ plante venc— nense ne doive son energie a la presence d'un ou deu\ de res elemens qu'il est au pouvoir dii ehiiniste de trouver, et dont I'etude importe cssentiellement an toxicologue. Comme il doit entrer dans le plan de ce recueil d'offrir de tems en terns a ses lecteurs iine sorte d'invcntaire ou d'arrete de compte de I'etat oiise trouve,a une epoque donnee, quelqu'un des nombreux ra- nieaux de I'arbre eucyclopcdique , j^oiir qu'on puisse plus tard juger s'il est reste ou non stationnaire , nous allons presenter un tableau rapide des decouvertes cle la chimie relatives aux prin- cipes veneneux des vegetaux. II nous sera facile de voir ensuile cc qui reste a faire a la science pour employer utilenient ces precieuses donnees. Ces elemens organiques piuvent etrc divises en plusicurs classes; nous mcttrons dans la premiere ceux dont la decouverto a excite !c plus d'etonnemcnt. Se con7portant avec Ics acidrs a la unuiiere des alkalis anciennement connus, on leur a donne le nom A'alffalo'ides, et la plupart sent le resultat d'une combi- naison quaternaire. A cette classe appartiennent la morphine, qui, retiree du pavot , jouit des psincipales proprietes de I'opium ; Xcinctine que contiennent les ipecacuanlia et quelques violcttes ; \:t. stvychinnr. K'X. la hnicine , ordinaircment reunies dans la noix vomique ; \^fet-c de Saifit-Ignnce , la fausse angustureet I'affreux poison des javans , connu sous le nom d'lipax tiente ; la verntiine. 5^8 SCIENCES PHYSIQUES, qui distingue la famille dcs colcliiques; la dclphinc obtcnne dcs tjraiiies de la stnphysaigre; la solan'me, qui existe non-seultMiicnt dans diveises especes du genre solanum , niais qui a c-te trouvt-e aussi dans la belladone. Aiipres d'eilc doivcnt se placei 17;/o^- ruiminc , la daturinc , Vatropinc siir losquelles tous Irs chimistes ne sont pas d'atcord , et qui pourraient n'otre qu'une niemc substance logerenient modifiee, puisqu'on a rencontre {'atropine dans la datura, la jusquiame, la morelle , aussi bien que dans la belladone, toutes plantes vireuses de la famille des solani-es; la matiere aniere et regardee comme alkaline de I'aconitum Ivcoctonum ; cclle qui a ete trouvee dans I'upas anthiar , poison celebre des Imles orientales; enfin , la picrotoxine qui, une des premieres, a ete signalee dans la coque du levant, mais ;i la- quelle on conteste actuellement sa propriete alkaline. Nous rangerons dans la seconde classe les substances presque toutes ameres qui ne saturent pas les acides. Telles sont la colo- cynthine ^ qui donne a la coloquintc son affreuseamcrtume; pr^s d'cUe se placeront la bn^onine , pi'incipe drastique de la bryone, et Xelatin, retire du sue de concombre sauvage ou elatc'rinne , qui appartienncnt tous trois a la famille des cucurbitacees ; la .•iciUitia^ associee dans la scille maritime a un principe acre et Tugace ; la matiere amere nauseeuse des aristoloches; celle du dompte-venin et en general celle desapocyiiees; famille h laquellc on rapportele celebre tanguindc Madagascar, qui renferme, outre la taiigui/ie hrnne et aniere, une substance acre cristallisable. La troisieme classe renfermera les resines et certaines sub- stances cristallines qui s'en rapprocbeut. Tels sont le caniphrc , la naiTotinc ou principe de Derosne, depuis long-tems reconnuo dans I'opium , et dont les proprietes sont encore douteuses, la digitaline, pen connue, et qui aurait cela de remarqnable d'etre insoluble dans I'ether, tandis que Its medecins font un frequent usage de la teinture etheree des feuilles de digitale; la resine de jalap et celle des aulres plantes de la famille des convolvula- cees, qui se distinguerait aussi j)ar son insolubilite dans I'e- ther; la resine de la gomme-gutte unie intimement a un principe colorant, et enfin la matiere resineuse amere de la gratiole. SCIENCES PHYSIQUES. $99 Nous iiidiquerons dans la quatiieine et dcrniere division les principes volatils, odorans, qu'on rapporte, soil aux huiles cssentielles, soit aux acides. Ainsi, les amandes ameres, les feuilles du laurier cerise contiennent de I'acide hydiocyanique , ou du moins ses clemcns lapproches sous forme d'liuile vola- tile. L'eilebore noir doit ses proprietes a un acide odorant susceptible de satiirer les bases, et on a trouve que le principe acre, volatil, cristallisable des anemones, qui appartienncnt a la meme famille, etait aussi un acide qu'on a nomme anemnnique . Les euphorbiacees , qui se dislinguent par leur grande acrete conticnncnt-elles egalement un acide qui leur soit propre ? On met en doute Texisteuce de I'acide crotonique dans I'huile de tiglium ; mais Telement acre, volatil, qu'elle lenferme doit avoir de Tauaiogie avec celiii des huiles d'euphorbia lathyris et de ricin , avec celui qui rend la pomme de mancenillier si dange- reusc ; il se rapproche pcut-olre, soitde I'huile essentielle vesi- cante, soit de la substance acre, cristallisable que contient le sue lactescent de I'hura crepitans ou sablier , toutes plantes de la meme famille. Le principe vesicant des daphnes est une huile volatile qui se change facilenient en resine, et non un alkali nomme daplinine. C'est egalenient une huile essentielle acre qui distingue le tabac, et la grande cigue doit sa puissance vene- neuse a une huile tres-odorante, fugace, que ses extraits ne contiennent plus. Nous indiquerons encore le principe acre et volatil de la chelidoine, celui de I'arum , qui se dissipe si faci- Icinent, et enfin celui qui se mele au gaz hydrogene carbone que le toxicodendron exhale, lorsque le soleil a quitte I'horizon. Ce n'est que depuis quclques annees, nous le repetons, que I'habilete des chimistes,employantdes precedes nouveaux, nous a mis a meme d'etudier tous ces corps et d'apprecier d'une maniere rigoureuse les phi'-nomenes qu'ils developpcnt sur les eires vivans; mais, si Ion en excepte un petit nombre, qui, employes en medecine, out ele de preference cssayes, ou sur lesquels des proces criminels ont appele des recherches spe- ciales, la plupart attendent encore qu'on leur donne I'attention qu'ils mcritent. 11 est supcrflu d'iusister sur leur importance Coo SCIENCES PHYSIQUES, relntiveincnt an point do vno scientifique; mais il pent etio boii do montrer qiicllo est riitiliti- pratique de ces dccoiiverles. La coniiaissaiiCL- des pioprietts cliimiqiies dc cos substances toutcs venenciises et causes immodiatos des qualites dnngereuses des plantes qui les contiennent, conduit directenient aux moyens de les neutraiiser, de former avec eiles des combinaisons qui soieut sans action sur notre economic. Cepcndant, il n'est encore que tres-peu des iionibreux elemens que nous venons d'enu- mcrer sur lesquels on sache attcindre ce but. II est connu, par exemple , que I'iufusion de noix de !j;alle precipite I'emetine en une sorte de tannate insoluble, qu'il est utile de I'employer dans rempoisonnement par I'opium; mais cette infusion ne produirait-elle pas un cffet semblable siir I'atropine, sur la colocvuthine, sur la bryonine, sur d'autres substances ameres? La pliipart des alkaloides nc peuvent-ils pas ctre araeues a former des sets inactifs? Ne peut-on satnrer les acides, sapo- nifier les huiles Acres ; et , puisqu'on a appris que la narcotinc n'avait plus la meme action, selon qu'elle est dissoute dans I'huile ou dans un acide, choisir pour les corps neutres des dissolvans qui en diminuent I'energie? La solution de tous ces desiderata serait nn grand service pour I'humanite; mais ce n'est qu'en multipliant les experiences , en tourmentant sans relache la nature qu'on peut lui arracher ses secrets; et encore pour les lui faire reveler, il ne suffit pas de I'interroger aii hasard : il faut savoir d'avance ce qu'il convieut de lui dcmander. Autrefois, lorsqu'il s'agissait de constatcr quelle avait ete ta cause d'un empoisonnement , quand on avait reconnu qu'il etait du a des substances vegetales, on ne pouvait aller plus avant;, ct une determination plus exacle etait impossible. Actuellem.ent, on parvient a retrouver et a distinguer pres d'uiie dizainc dc ces elemens organiques. C'est un grand pas de fait, et nous ne (loutons pas que des travaux ulterieurs ne fournissent ies moyens d'en reconnaitre le plus grand nombre. Cependatit, la toxicologie prcscnte encore une lacune impor- tante, difficile a remplir, mais qui interessc cmincmmeiit la surete publique. II peut arriver que la justice n'ait I'eveil sur UD crime que long-tems apres qu'il est consomme. La lombe I SCIENCES PHYSIQUES. Cmi vecouvre, depuis des mois, depiiis des annecs, la victiinc (rmi empoisonnemcnt; la putrefaction s'en estemparee; I'exhiima- tion ordonnec par les magistrats aura-t-elle qiielqne iililitc ? Sera-t-il possible de se reconnaitre an milien d'organes convertis en line pulpe fetide ? Comment constater dans ces rcstcs hidciix. en pleine decomposition, la presence du poison qni a cause la niort? Les experiences qu'il faudrait tenter pour resoudre ce probleme non-seulement sont tres-repugnantes , mais elles sont perilleiises : ce nest pas sans un veritable danger qu'on s'cxpose aux emanations putrides, aux odeurs infecles qu'cxlialent alors les ca• Distinction fausse , pour le dire en passant ; car I'homme n'a pas plus cree de fond en comble I'usine que la ten-e; il n'a faitj dans I'usine, comme dans la terre, que disposer et mettre en jeu pour une certaine fm les forcps que lui presentait la natiue , et il n'est, dans I'lin de ces cas, ni plus ni moins crealeur que dans I'autre. Mais avancons. L'auteur, dis-je, n'a pas donne une idee suffisamment exacte du travail. Il distingue des travaux utiles et productifs et des Iravaux qui sont improductifs, encore bien qu'ils soient emi- nemment utiles. A I'exemple de Smith et d'autres economistes , il soutient que les travaux des fonctionnaires publics, ties avocals, des mederins, des moralistc:;, destinee a etre echangee. Tandis qu'il distingue le commerce de I'agriculture, il ne le separe pas de la fabrication, et il confond sous le nom d'indastrie commerciale celle qui trans- forme les choses et celle qui les transporte. 11 ne parait pas avoir vu, ce que M. Say a pourtant si clairement ctabli, que le commerce produit en transportant les choses , en les appro- chant de I'acheteur. Il confond perpctuellement le commerce avec les echanges; et, tandis qu'il omet dc montrcr comment le commerce produit, il veut prouver que les echanges pro- duisent, et^ revient ainsi sur une erreur qui paraissait a peu pres abandonnee, 11 determine mal, a ce qu'il me scmble, la nature et les fonctions de la monnaie. II voit en elle le signe, le gage, la mesiire des vaieurs, ct elle n'est ni un signe, ni un gage, ni une mcsure. 11 en fait Vintermediaire da commerce , et elle est seulement fintermediaire des echanges. 11 dit qu'cn facilitant le commerce, elle preserite un heiwfice h tout le mondc (i) Voy. ci-(Iessus, p. 68 — 73, le compte rendu du Tralte d'eco- nomie politique de M. J.-B. Sat. 6o(i SCIENCES MORALES ft aiii^incntc tine riclicsse qui s'augmentait dcjh sans die; ef puisciu'cllc ne facilito que Ics t-changes, on ne pent pas dire qu'clle contribuc a creer nne richcsse que les echanjj;es ne creent pas. La monnaie n'est pas un instrument de production , ellc est I'instrument des echanges, qui sont de bien dcs manieres sans doute fiivorables et mcme nceessaires a la production, mais qui directement ne produisentpas. En somme, je rcproche- rais ici a M. de Sismondi de mal dclinir les echanges et la mon- naie qui en est I'instrument, de ne pas distinguer les echanges de I'industrie, et de ne pas montrer comment les diverses industries produisent. Au tort de donner des idees pen exactes de la nature des divers travaux, I'auteur ajoute cclui de ne pas donner des moyens du travail des idees assez completes. En effet , il n'expose nuUe part le role que les capitaux jouent dans le phenomene de la production. II ne consacre pas trois pages a parler de I'in- fluence de la separation des occupations et de celle des ma- chines. A peine accorde-t-il quelques lignes a celle des con- naissances scientifiques. Il ne dit rien des talens d'application et d'execution. Encore moins parle-t-il des autres elemens de puissance qui devraient etre compris, comme je I'ai fail voir ailleurs , dans une analyse bien faite des moyens de I'in- dustrie (i). Au reste,si I'exposition que M. de Sismondi faitdecesmoyen;!. n'avait que le defaut d'etre incomplete, il y aurait peut-etrc quelque injustice a relever ce defaut avec trop de soin; car il s'est moins propose, visiblement, de donner une analyse tres- developpee dcs pouvoirs du travail, que de montrer I'abus qu'il est possible d'en fairc, I'exces oii la production pent etre por- tee, ct Ic danger d'un regime de liberie el de concurrence qui, excitant au plus haul degre les facultes de I'industrie, est la chose du monde , observe- 1- il , la plus propre a rendre la production excessive. L'objet essentiel, le cote original (\i\ livre de M. de Sismondi , (i) Voy. ci-dessus , p. 78—8/1, Ic coni|Je rciitlu dii livic producteurr. soni rilot arretrs par la dlHicuIlt- ET POLITIQUES. 6i3 our reparer le nial qu'clle a fait. D'accord ; mais dire qu'elle I'st necessaire pour reparer le mal qn'elh^ a fait, c'est avouer bieii forniellenient qu'elle a fait du mal, qu'elle est naturelle- nient nuisible, et je demande ce que devient , apres cet aveu, la doctrine de M. de Sismondi : qu'// n est pas vrai <]ue le goii- vcrncnicnt ne tloivc pas se meler du progres clc la richesse, qu'il di)it rcglcr Ics wotivcmcns dc I'iridustric , mettrc des born es a la concurrence , etublir un ordre qui ne Icussc personnc en souffrancc et dans V inquietude sur son lendcnmin , etc. Toiites ces proposi- tions de notre auteur sont clairement condamnees par les der- nicres phrases de son livre. En resume, M. de Sismondi a signale un mal tres-reel, la souffrance des classes les plus nombreuses au milieu du deve- loppement dc la richesse et du progres de tous les arts. Mais il est evident que ce mal ne vient pas du systenie qu'il a entrepris de combattre, c'est -a- dire du systeme qui tend .\ donner le j)lus d'extension ct d'activite possible a tous les agens de la production , et qu'il y remedie fort mal en demandant que le gouvernemcnt interviennc pour moderer I'activite des produc- teurs et pour regler equitablement le partage des produits. Le gouvernement ne s'est que trop mele de ces choscs , et tout ce qu'on peut raisonnablement lui dcmander, c'est dcre- pirer, avec le moins d'inconvenicns possible, le mal qu'il a fait en s'en melant ; c'est de revenir sur des systemes de legis- lation qui tendent de mille manieres a ecraser les faibles,h dei)ouiller les miserables, ct qui sont la vraie cause de I'ex- treme inegalite avec laquelle les fruils du travail se rt'partis- senl , et de la peine qu'un petit nombre d'accapareurs trouvent a se defaire des amas de produits que la violence a accuniules dans leurs mains. M. de Sismondi impute au systeme de la libre tpiicurrence, qui n'est etabli nullc part, des maux qui sont le fruit du monopole, encore eu vigueur partout, et dont !es ef- ET POLITIQUES. 621 fets, meme apres que tout piivilege aura ett- aboU, continuc- ront k se faire sentir long-tems. M. de Sismondi a encore eu raison de signaler Tcspece d'abus qu'il designe par les mots d'exces de production , et que les An- glais expriment avec plus de justesse peut etre par celiii d'oi'er- trading (exces d'affaires, exces de commerce). Quand tous les obstacles mis par la legislation au progres des classes infe- rieures, et parsuiteal'agrandissement des debouches, seraient detruits, cela n'enipecherait pas qu'on ne put faire encore bien des foUes entreprises, (ju'on ne put donner a beaucoup de fa- brications et de commerces line extension desordonnee, et que ces exces n'eussent des consequences tres-filcheuses. Mais notre auteur a egalement eu tort d'attribuer a I'industrie meme cet abus des forces de I'industrie, et de demander qu'on niit des bornes aux progres de I'industrie pour empecher qu'on ne fit abus de ses forces. Enfin , pour etre juste envers 31. dc Sismondi , je dois dire qu'il ne s'elcve pas contre les progres de I'industrie d'une ina- niere generale, et qu'il coudamne seulement tout surcroit de production qui n'est pas provoque par un accroissement de demandes; qu'il n'cst pas absolument ennemi des accumulations de capitaux et des inventions nouvcUes, et qu'il dcmande seu- lement que, pour etendre ies pouvoirs prodiictifs du travail , ou attende que la societe ait besoin d'une plus grande quantite de produits; qii'en un mot, il se borne a pretendre que cliacun doit s'abstenir de produire davantagc jusqu'a ce (jue les autres aient acquis plus de moyens d'acheter. Mais, en meme tems , je dois observer que si chacun voulait attendre, pour faire de uouveauxproduits, que les autres lui cussent donne Texemple , la richesse demcurerait necessaircment stationnaire. Il faul siircment tenir compte de I'ctat du niarclie, etse garder, par exemple, de porter dans un pays miserable des cargaisonsd'ob- jets de luxe qu'il n'aurait ni le desir ni le moyen d'acheter ; mais il faut songer aussi que le meilleur moyen d'eveiller Tin- dnstrie d'un penple, c'est de lui donner des besoins, de lui of- fiir des produits qui le tentent, qui no lui paraissent pas trop 6m ov.i£NCES morales coutcux, et qui I'cxcitent a faire de son cote quclqiic chose (I'litilcqiril j)uissc offrii on cchange aux autres nations. An total , M. de Sisniondi ne mc parait pas avoir etc heu- reux, et il re pouvaitpas Ictrc, dans son projet de reformer la doctrine de Smith et d'asseoir reconomie politique sur una nouvelle base. Tout ce qu'il dit contre le systeme de la libre concurrence, et en general contre tout cc qui tend a accroitre les poiivoirs productifs du travail, me semblc porter absolu- nient a faux. Mais il a soulcve des questions tres-importanles; et, quoique jc ne puisse admettre la solution qu'il en donne , je n'hesite pas a dire qu'il a rendu un grand service en forcant les leconomistes fk s'en occuper. II etait impossible, d'ailleurs, qu'un homme aussi instruit et d'un talent aussi distingue ecrivit les deux volumes qui font le sujet de ces remarqiies sans y consigner beaucoup de faits precieux, un tres-grand nombre de vues utiles; et ces volumes, dans lesquels je ne saurais trouver, je I'avoue, un veritable traite d'cconomie politique, renferment pourtant beaucoup de choses dont la science peut faire son profit. On lit surtout avec infiniment d'interet et de fruit les recherches developpees dans le livrc in Sur la Richcssc a^ricole , et notamment les deux chapitres oii I'autcur expose les consequences des lois destinees a empecher la vente, le partage et la libre circulation des proprietes territoriales. B. C. DUNOVER. \ ET rOLlTIQUES. SaS Voyage dans l'Afriqxje occini-TiT a^i.^, pendant les an- nees 1818, 1819, 1820 et 1821, depuis la Gambie jusqu'au Niger, en travevsant les etats de Woulli, BoNDOU, Galam, Rasson, Kaarta et Foulidou; par le major William Gray et feu Dochard , chirurgien d'etat-major; enrichi de Fues pittoiesques ct de cos~ tumes lithographies ; tvaduit de I anglais par madame Charlotte Huguet (j). Voyages et decouvertes dans le Nord et dans les par- ties centrales de I'Afrique , executes pendant les an- nees 1822, 1828 et 1824, par le major Denham, le capitaine Clapperton et feu le docteur Oudney ; suivis d'un appendice^ avec un atlas grand 10-4° j traduit de I'anglais par MM. Eyries et de Larenau- DIERE (2). Le piemicr dc ces deux ouvrages n'offre pas tout I'inte- ret que le litre semblerait promettre. Bien que les pays que MM. Gray et Dochard ont parcourus eussent deja etc visites par quelques voyageurs europeens, on pouvait espurer que les nouveaux explorateurs nous transmettraient sur ces contrees des notions plus etendues et plus certaines. Mais leur journal , presque entierement rempli du detail minutieux des contra- rietes qu'ils ont eprouvees sur leur route, n'offre qu'un petit nombre dc fails et d'observalions propi'es a nous faire connailre les moeurs des habitans el leurs progres dans la carrierc de la civi- lisation. Ajoutons qu'il y a quelque inexactitude a annoncer que ce voyage s'est etendu jusqu'au Niger. M. Dochard, detache de I'expedilion , est bien parvenu sur les bords de celte riviere ; mais le major Gray, retenu par les obstacles sans nombre que ([) Paris, 1826; Pontbieu. i vol. in-S" ; prix, 11 fr. (2) Paris, 1826; Arthus Berlrand et Mongie aiiu-. 3 vol. in-S* avec un grand .iilas in-4''- Prix, 33 fr. 6a4 SCIEINCKS MORALES iii oppost'iontsuccessivement riilmami de Bondou et le loi de Ivaartn , n'a point depasscccttc deiniirc contrce , et sa relation nc conticnt qu'un recit tres- soinmaire du voyage de M. Do- chard dans Ic Bambara. C'est done en vain qn'on chercherait ici des notions sin- les moeurs ct la civilisation de cette partie de I'Afriqiie, sur ls»quellc Mungo-Park nous avait di'jh donnc des details si interessans. M. Dochard fit d'inutiles efforts pour obtenir une audience du roi deSego. Ceroi, qui avait pourtant promis de faire un bon accuoil a I'oxpodition, qui menie lui avait envoye un guide, preteudit qu'il ne pouvait recevoir les blancs, avant que la paix cut etc retablic entre lui etses voi- sins , et Ic voyageur anglais se vit contraint de revenir sin- ses pas , sans avoir menie pcnetro dans la ville de Sego. Plus tard , le major Gray essaya vainement de parvenir jusqu'au Bambara .\ la tete de I'expedition. Le roi de Kaarta, apres avoir recu de lui des presens considerables et promis soleunellement de pro- tegor son passage, finit par lui intimer I'ordre de rcbrousser chemin. Comnie cet ordre efait porte par un detachement nom- breux et que toute resistance eAt ete impuissante, le major Gray, aprcs quatre ann^-es d'efforts et de patience, dut re- prcndre le clicmin de la cote, sans avoir atteint le but dc I'ex- pedition, qui etait d'ouvi'ir des relations de commerce entre vSierra-Loone et le Bambara. Parmi les obstacles qui Tontarrcte, il faut mettre en pre- miere ligne I'introduction recente de I'islamisme dans les pays qu'il avait a parconrir. Facilement egare parses pretres dans la premiere ardeur de sa conversion, le peuple de ces contrees voit avec une sorte d'horreur les chretiens, qu'il traite de cq/irs, ou idolatres. Ces marabouts vont jusqu'ii persuader a des princes ignorans que I'aspcct des chretiens donne la mort. Ainsi, tandisque la vraie religion proclame que tons les hommes sont freres, le fanatisme, pour les asservir, s'attache a les di- viser,k les parquer, pour ainsi dire, entre des barrieres de prejuges et de haines. Un autre obstacle puissant aiix efforts de notre voyageur , r'est I'avidite insatiable des chefs du pavs. Un pouvoir sotivcnt ET POLITIQUES. 625 conteste qui n'a pour appui que la bienveillance passagere des hommes influens, qui n'est d'ailleurs conlenu dans aucune delimitation geographique , ni enlretenu par aucun impot re- gulier, est naturellement porte a ranconner Tolranger, sur- tout quand la diffeience de couleur et de religion offre un pre- texte a la mauvaise foi. De pareils gouvernans , en fait de commerce, en sont encore a la fable de la poule aux oeufs d'or. Enfin, le major Gray doit, je crois, imputer en partie les difficultes qu'il a eprouvces aux preparatifs irop considerables qu'il avait fails pour les vaincre. Une ccntaine d'hommes ar- nies , trainant a leur suite des chameaux , dcs betes de somnie et des porteurs charges de bagages, devaieni exciter partout la defiance et la cupidite. Leur marche devait etre embarrassee par la difficulte des chemins, par la rencontre des Jovrens , par les maladies, par la penurie des subsistances. Dans les voyages, comme dans les expeditions militaires, un grand nombre d'hom- mes etun materiel considerable creent souvent plus d'obstacles qii'ils n'en font surmonter. Parmi les faits remarquables contenus dans le voyage de MM. Gray et Dochard , celui qui frappe le plus souvent le lec- teur, c'est la rencontre d'une multitude de villesnaguere floris- santes, et dont le sol est anjonrd'hui couvert de ruines , et quelquefois d'ossemens ou de cadavres. Malheur au pays ou I'homme est une marchandise venale ! L'avidite du gain porte le-. enfans de I'Afrique a se faire depeuplc apeuple, de village a village, une guerre d'extermination. Tel est I'effet dela traite! Si les crimes qu'elle fait conimettre a bord des batimens ne- griers ont souleve I'indignation de tout ce qui porte un coeur (I'homme, ceux qu'elle cause dans I'interieur de I'Afrique sont encore plus rcvoltans et plus funestes. M. Gray a vu plusieurs fois des expeditions revcnir du saccagc des villes , trainant a leur suite leur deplorable butin. On ne pent rendre, sans les transcrire en entier, ce que de pareils recits ont d'affreux et de dechirant. Mais, si ce spectacle desole la pensee, si des supers- titions sans nombre, entretenucs et exploitees paries mara- bouts, tendcnt a maintenir un voile epais sur I'intelligence dg 6a6 SCIENCES MORALES cfs peuples, on ne voit pas sans tressaillir d'espciance quclqucs points luniincux briller parmi ces tencbres. L'industiie a dejii fait dans Ics pays visites par nos voyageurs des progres asse;* lemarquables; les ouvricrs et les coinmercans sent chez eu^ la classe la plus honoree, et c'est menie dans cette classe que les princes choisissent ordinaireincnt Icnrs ministros. Quelques na- tions, surtout parmi ics Foulahs, ont un gouvcrnoment asscz libre; la justice est rcndue chez cux avec solcnuitc, et leurs assemblecs politiqucs uc nianquent ni do dignite, ni d'cloquence. Le Bondou , le Raarta ont un gouvernement nionarcbique, tempere par quelques institutions populaires. La royautc y est elective dans certaincs families ; mais coanme , i)ar un singulier usage, les lois perissent avec le monarque, les interregnessonl desastreux. On remarque dans le Bondou un commencement d'impot regulier : I'almami pcrcoit le dixieme des produits territoriaux et une taxe est imposee aux marchands europeens qui traversent le pays ; nouvel indice que les obstacles qu'a ren- contres le major Gray avaient pour principale cause hi deliance qu'excitait une expedition aussi considerable. La plupart des villes du Bondou ont des ecoles pour les enfans destines i pro- tesser I'islamisme; mais ces ecoles sont tenues par des imans qui n'enseignent a leurs eleves qu'a lire et a transcrire Ic Coran. Les,ecoliers sont regardes comme les serviteurs du maitre, qui pent les employer aux offices les plus bas. La lecon tinie , ils parcourent le pays en niendiant; et lorsqu'ils trouvent a tra- vailler, leur salaire est toujours le profit du pretre qui les instruit. Je ne quitterai pas notre voyageur sans dire un mot de la rencontre qu'il fit dans le Galam, ouKajaaga, de la flotte fran- caise qui remontait le Senegal. Le major Gray, sc trouvant alors dans une situation facheuse, eut recours au commandant francais, et obtint sans peine de lui et de tousles autres offi- ciers de la flotte, des secours, des services et des temoiguages d'interet de toulc espece. On aimc a voir deux nations eiiro- peennes signaler ainsi I'lieureusc influence de la civilisation parmi des peuples a demi-barbaresqui, inslruits de nosrivalili's, precedentes, ne ponvaient dissimiiler lour etoimemont. ET POLITIQUES. 627 Je voudrais, par egard pour le sexe du tradvicteur, pouvoir , en terminant, donner des eloges a son travail. Mais la verite, i'inflexible verite m'oblige a dire que ce travail offre des incor- rections et des inexactitudes sans nombre. L'orthographe an- glaise a ete generalement conservee aux noms de peuples et dc localites ; encoi-e la manierc d'ecrire ces noms varie-t-ellea chaque instant. Quelquefois aussi , en donnant on en refusant mal a propos I'article a certains noms , le traducteur semble avoir pris des villes pour des royaumes , ct vice versa. Cette double meprisc a lieu surtout plus d'une fois relativcnient au royaume de Bambara , et a Sego sa capitale. Beaucoup d'autres inadvertances,qu'il serait trop long de relever ici, rtpandent parfois de I'obscurite sur le recit de ce voyage , que le narra- teur anglais aurait de son cote pu presenter dans une forme a la fois plus claire et plus interessante. II n'en sera pas moins lu avec quelque fruit par tous ceux qui dirigent une curiositc philosophique vers cette partie pen connue de notre globe. Nous allons maintenant suivre des voyageurs plus heureux dans leurs entreprises. lis doivcnt en grande partie leurs succes au credit tout-puissant dont I'Angleterre jouit aupresdu pacha de Tripoli, et a I'influencc que ce pacha exerce lui-meme jus- que vers le centre de I'Afrique. Partis de cette ville avec une caravane de marchands arabes, MM. Denham, Clapperton et Oudney, se rcndirent par Sockna a Mourzouk , capitale du I'czzan. Les deux derniers firent de la une excursion dans le pays des Touariks, situe a I'ouest dc Mourzouk. LcsTouariks sont des peuples errans , qui paraissent etre de la race des Ber- bers. Leurs iTKEurs et leur caractere different essentiellement de <;oux des Arabes. Le Touarik est belliqueux , mais froid ; il a plus d'intelligence que d'imagination, et parait pen sensible aux charnies dc la pocsie. Ses coutumes ont quelque rapport avec celles de I'Europe ; les femmes jouissent, parmi les Touariks , dc beaucoup de liberte et d'egards. La langue de ce peuple forme un idiome particulier; et, si Ton s'en rapporte a nos voyageurs, seul parmi tous les autres peuples africains , il aurait une ecriturc qui lui serait propre. Mais il est difficile dc rccon- (5a8 SCIENCES MORALES iiaitre les elemens d'lin alphabet dans les caracteres (ju'ils nous ont transmis. A I'est du Fezzan, sont rc-pandues les peuplades des Tibbous, peuple qui parait etre de la mcme race que les Touariks , mais qui a un caractere et des usages differens. Plus doux, moins aventureux et moins intelligens, les Tibbous sont souvent en butte aux incursions et aux ravages de ces redoutables voisins. C'est entre les contrees qu'habitent ces deux peuplades qu'cst tracee. a travers le desert, la route qui conduit du Fezzan au Bornou , ou Barnou. C'cst un espace d'environ dix degres de latitude, presque entieremcnt couvcrt d'un sable mclu de sel , et ou le voyageur est heureux de rencontrer de tems on ttms quelque puits , quelque source, ou quelque vallee dont la vege- tation indique I'ancien lit d'un torrent. Cet espace est, pour ainsi dire, jalonne par les cadavres des ninlheureux esclaves negres, qui, traines de toutes les parties du Soudan au niarehe de Tripoli , cxpirent en route de fatigue , de soif , ou de faim. A la rencontre de ces objets hideux qui se trouveut a chaque instant devant ses pas , I'Europeen frissonne ; mais I'Arabesou- rit. Son mepris pour I'espece negre le rend tout-a-fait insen- sible aux souffrances de cesinfortunes, qui, a ses yeux, comnie a ceux dunegrier, n'ont qu'une valeur commercialc. Nos voyageurs atteignirent enfin les bords du lac de Tchad. Ce lac, situe entre le 12^ et le i5* degre de latitude nerd, est une decouverte importante dont la geographic leur est re- devable. II a environ 60 lieues de long sur 40 de large : il recoit plusieurs rivieres considerables, et ne parait avoir aucun ecou- lement. Autour dc ce lac sont situes au nord le Kancm, au sud-est le Begliarmi, au sud le Loggoun, a I'ouest le Bornou. Les habitans de ces differens pays sont negres et ils professent I'islamisme, a I'cxception de ceux du Begharnii. Ce lac ren- ferme encore quelques lies, qui sont la demeure d'un ]>euplc independant, tres-habilc dans la navigation, trcs-avide de pil- lage, mais en meme tems humain et donnant la liberie et le droit de cite a ses prisonniers. Ces insulaires s'appellent Us Riddomahs. Le Bornou , pays fort otendu , et assez commer- KT POLITIQUES. ^ 69.g (•ant, etait autrefois gouverne par des sultans. Mais I'autorite reelle appartient aujourd'hui a un cheikh, natif du Kanem, qui, a la tete d'une troupe de ses compatriotes, a chasse les Felatahs , pcuple voibin qui avail conquis le Bornou. Ce cheikh, en jjroclainant pom- souverain le frere du dernier sultan, I'a reduit a la condition de nos rois faineans. L'entourage de ce sultan indique assez bien son etat de degradation. L'etiquette de sa cour veut que tons ceux qui Tapprochent aient des tur- bans et des ventres enormes; et ceux de ses oHiciers a qui la nature a refuse ce dernier ornement, sont obliges d'y suppleer par un embonpoint postiche. Son equipage de guerre est tout- a-fait grotesque et prouve bien qu'il ne parait a I'armee que pour servir d'instrument aux projets du cheikh. Celui-ci parait etre un homme superieur ; belliqucux , politique , instruit , juste, clement, il protege le commerce, goute la civilisation, et n'au- rait rien de barbare , s'il n'excedait les bornes de la severite dans les punitions qu'il inflige aux femnies dont la conduite prete au scandale. Son influence s'etend fort loin et s'ac- croit de jour en jour : les voyageurs anglais Font vu reuiiir a sa domination le peuple des Mongowis dont il avait battu I'armee. II est vrai que les fusees des Anglais avaient beaucoup ajoute a la reputation de magicien dont il jouit. Kouka, resi- dence du cheikh, est une ville considerable. Le Bornou en possede douze autres, et un grand nombrc de villages; mais, s'il fautenjuger par les mines dont il est convert, il a joui autrefois d'une prosperite encore plus grande. Le Bornou est un pays plat, tres-sujet aux inondations et mal sain pendant I'ete; il est pourtaut fort peuple. Les Arabes Chouaa, qui res- semblent beaucoup a nos Bohemiens par leur physionomie et leurs habitudes, y exercent une grande influence. Quant aux Bornouens, ils sont doux, polls , timides, sobres, et mediocre- ment industricux. lis ne cultivenl presque ni fruits, ni plantes potageres, et vivent de farine dc millet, assaisonnee de miel et de graisse; mais leurs villes, en general bien baties, offrent beaucoup d'habitations commodes et meme elegantes; et, quoique tres-simplement vetn , ce peuple montre du gout pour 63d SCIENCES MORALES les marcharidises otrangorcs. II somble dispose ii la civilisation; et le clieikh actiiel est tits piopre a developper ce penchant. Nos voyageurs lui ayant roproche de tolerer la vcnte des es- claves : « Vous dites la verite, leur rcpondit-il , nous sommcs tons fds d'lin meme pere... niais, que devons-nous faire? Les Ai-abescpiiviennenticine veulentqiie des esclaves. Pourquoi no nous envoyez-vous pasvos inarchands? mainlenant vous nous connaissez. Qu'ils amenent leurs fenimes avec eux et vivent parmi nous. Qu'ils nous enscignent, ce dont vous m'avez si sou- vent parle, a biitir des maisons, a construire des canots et a faire des fusees. » Le Loggoun , pays voisin dans lequel M. Denham a fait un voyage, semble a quelques egards plus avance dans la civili- sation que le Bornou; on y tiouve des villes bien baties, un peuple poli et industrieux., une monnaie metallique, monnaie dont le cours varie au gre du sultan, on de ses ministrcs, qui en baissent le taux quand ils ont a recevoir et I'elevent quand ils ont a payer. Nos financiers n'apprendront pas sans interet que cette variation donne lieu a un jeu de bourse. Toutefois,nous devons ajouter que les moeurs du Loggoun paraissent tres-cor- rompues. Deux sultans, le pere et le fds, s'y disputent le pou- voir; et ils furent Tun et I'autre etonnes de ce queM. Denham refusait de leur procurer du poison dont ils voulaient recipro- quement faire usage pour mellrc un terme a leur rivalite. Le major Denham profita d'uue ghrazzic, ou expedition des Arahes qui I'avaient accompagne a Kouka , pour s'avancer avcc eux dans le Mandara, pays dont le peuple, habile a tra- vailler le fer, porte a la guerre des arinurcs semblables a celles des Romains. Les Arabes, auxquels s'etait joint un corps nom- breux de Bornouens et do Mandarans , se porterent ensuite vers Mosfi'ia , ville des Fclatalis, qu'ils avaient desseia de sac- eager. Mosfeia est situcc au sud de Kouka, sous le 9*= degre de latitude nord; c'est le point le plus meridional qu'aient atteint nos voyageurs. Heureusement pour le pays , I'expedition n'eut aucun succes; la ville etait sur ses gardes; les assaillans furent ET POLITIQUES. 63 1 battus et disperses; Ic major Denham, blesso, depotiille , dut son salut a une succession de miracles. Peu de terns apres, MM. Clapperton et Oudney partirent pour le Haoussa, pays situe a I'oiiest du Bornou, et maintenant occupepar lesFelatahs, peuple laborieux, intelligent, affable, et dont les inoeurs paraissent s'etre adoucies depuis ses con- quetes. M. Oudney, deja nialade, succomba bientutaux fatigues de la route et aux atteintes d'un climat brulant. M. Clapper- ton, continuant son excursion, traversa un pays tres-bien cui- tive et visita plusieurs villes populeuses. Les principales sont Cano , place tres-commercante , dont le marchc est pourvu de plusieurs objets fabriques en Europe; et Sackatou, capitale du Haoussa et, a ce qu'il semble, de tout I'empire des Felatahs. Cette A'ille, dont le nom signifie halte , parait avoir ete fondee en i8o5. Elle est bien batie et beaucoup plus pcuplee que Cano, dont pourtant M. Clapperton porte la population de 3o a 4o mille ames. Sackatou est la residence du sultan Bello , prince distingue par des connaissances assez remarquables en histoire, en geographic et meme en theologie chretienne. II a remis a M. Clapperton un manuscrit arabe de sa composition, accompagne d'une carte, et contenant, sur I'interieur de I'A- frique et sur I'histoire des peuples qui I'habitent , des details qui pourront exercer la sagacite de nos erudits. Bello admire I'invention des journaux. L'insurrection de la Grece, son an- tique gloire, le feu gregeois, I'ancienne domination des Maures en Espagne, I'expedition des Francais en Egypte, la conquete de rinde par les Anglais, sont quelquefois le sujet de ses re- flexions et de celles du cheikh de Bornou. Arrive a Sackatou, M. Clapperton se trouvait a cent lieues environ au sud-est de Tombouctou, a cent cinquante lieues a I'ouest de Rouka, et a la meme distance au nord du golfe de Benin. II voulait poursuivre sa route vers cc golfe et vers le Niger; mais les difficultes toujours renaissantes que lui opposa le sultan le determinerent a revenir a Kouka, ou il rejoignit le major Denham, et bientot I'un et I'autre reprirent le chemin de I'Europc. 632 SCIENCES MORA.LES Leur, relation , traduite avcc beaiicoup dc soin par MM. Ey- ries et de Larenaudiere, cnrichit d'un grand nonibre de fails Mouvcaux la geographic, i'histoire naturoUc , ct meme I'etudc des langues. Mais le cours ctr renibouchure du Niger, Tun des objcts priiicipaux de toutcsces expeditions, n'en sont pas restes moins problematiqucs. Lcs renseigneineus que MM. Denham et Clapperton ont recueillis sur ce fleuve sont vagues ct con- tradictoires ; et la carte du sultan Bello, qiii, sous les noms dc Rouai-a et de Chai'y, le conduit jusque dans le lac de Tchad, ne fait qu'augmenter le nombre des hypotheses invraisemblables dont il est I'objet. Nous n'avons pu donner qu'une idee bien incomplete des notions nouvelles que va repandre le voyage dc MM. Denham et Clapperton. Pour faire connaitre a nos lecteurs tout ce qu'il renferme d'interessant et dc curieux, il cut presque faliu Ic transcriie en entier. Desirant suppleer a ce que cette courte analyse offre de trop superficiel, nous tarherons de donner, dans un article a part, une idee generale de I'ctat actuel de la civilisation de I'Afrique , et nous nous permettrons en meme tems d'indiquer les moyens que, suivant nous, lcs nations eu- ropeennes devraient mettre en usage jjour hater les progr.es de cette civilisation. Chauvet. HisToiRE DE LA. Fronoe , par M. le comte de Sainte- AULAIRE (l). L'etude dc I'histoire passee est la consolation dc ceux qui sont acteurs ou seulement temoins de I'histoire contemporaine; ellc est aussi I'instruction plcine de charme de ceux qui vont se trouver appelcs a devenir a Icur lour les continuateurs de I'histoire. Ceci explique le gout decide pour les sciences histo- riqucs qui se developpe dans nos monarchies representatives. En depit des mots, I'etat etant devenu, a quelques egards, (i) P-nris, 1827 ; Baudouin frpies. 3 vol. in-8°. Prix, ai fr. ET POLITIQUES. fi''.''. Kne sorte de rcpublicjue, chacun protend s'en occuper, an nom de son droit, on plutot au nom de son devoir. Par suito de cette popularite acquise aux travaux historiques, ractivitc dcs esprits se tournant vers eux, a fait imaginer divcrses ma- niercs de presenter leiirs resultats. La methode philosophique qui consiste a coordonncr Ics faits dans un systemc, et a deve- lopper leurs consequences, a dii etre negligee. Elle convenait a I'epoque on iin monde encore enfant demandait a recevoir des lecons. Desormais , le public n'est plus dans cet age qui eprouve le besoin qu'on Ini apprcnne. On sait a quoi s'en tenir sur les doctrines politiques. Co qu'on vcut, c'est desavoir les faits, dont la connaissance charmo ot feconde I'csprit, en meme tems quelle aide a diriger la conduite. De la est no le systeme pittoresque d'ecrire I'histoire dont celle des dues de Bourgogne , par M. de Barante, offre I'un des plus brillans exemples. L'Histoiro pittoresque de la Fronde etait deja toute faite dans les moinoires nombreux et tres-spiritijols des priricipaux acteurs de cette tragi-comedie. Ici il n'y avail point de vieux clironiqueurs a retirer de la poussiere des bibliotheques, pour en extraireles faits d'un veritable interet,et les revetir d'lin style facileinent intelligible. Gondi , Guy-Joly, Gourville, Lenet , M"'" de Moteville, M"" de Montpensier, plusieurs autres en- core, ont tout vu, tout dit et fort bien dit, dans un langago qu'un peu de vetuste pare d'un nouveau charme. Mais, si les tomoins oculaires sont toujours curieux a ecouter, ils doivent naturellement attacher beaucoup d'importance aux circons- tances qiri les regardent, et negliger cellos qui leur furent etrangeres. C'est a I'historien qu'il appartient de recueillir leurs depositions divcrses, pour composer un tableau complet et regulicr de tous cos olomens. Ainsi, par exemple, les delibe- rations interieures des parlemens et la Fronde des provinces avaient etc laisseos de cote par les gens de cour, a qui nous devons presque exclusivement les raemoires sur I'epoque dont il s'agit. Ceux qui ecrivirent apres la Fronde oubliaient les provinces desormais oclipsoes par la cour oii la noblesse olnt T. xxxi v. — Jnin 1 8a 7 . ', i G34 SCIENCES MORALES domicile, tlepuis Louis XIV. Quant au Parlcment, raneanlis- seinent ou I'avait plongo la puissance loyale lui avat-t fait pcrdre, aux youx du public, une grandc partie do son impor- tance; et le registre dc ses dclibtralions politiques etait neglige comme une piece de greffe. Le nouvel historicn de la Fronde n'a eu garde de dedaigner ces parties esscntielles de son sujct. 11 nous transporte frequemment au sciu du parlement de Paris, et secomplait tour a tour, ou a dessiner la figure imposante du piemier president Mole, ou a faire rossortir les traits un jieu comniuns du tribun IJroussel. A I'occasion de ces deliberations du Parlement et des doctrines politiques qu'on y trouve pro- fcssees, M. de Sainte-Aulaire se croit oblige de se defendre u'une accusation, a notre avis, pen meritee. II craint qu'on ue le suppose domine par la preoccupation de retrouvcr dans le passe les clioses de son tems. Les formes exterieures sont bien diverscs, sans doute; mais le fonds de la querelle du Pai'lement contre Richelieu et Mazarin n'etait-elle pas la defense du regime legal, en ce qui concerne la liberie des personnes et la levee dcs impots, contre I'arbitraire ministoriel? IV'y a-t-il pas ime constitution entiere dans les articles arretes par I'assemblec connue sous la denomination de Chambre de Saint-Louis, tcnue durant I'ete de 164^ (i) ? A la verite, on raisonnait raal a I'epoque dc la Fronde; les chefs agissaicnt communement, bien plus dans des interets (i) Nous nous borneroiis a cilcr les deux suivaiis : Art. III. « Ne seronl failes aucunes impositions et taxes , qu'on vertu d'edits et declarations bicu et dnement v.riflees ^s-cours sou- veraines, avec liberie de suffrages. II est defcndu a toutes personnes de fuire et contiuuer aucune levee des denieis et impositions de taxes , qu'eu vertu dVdits et declarations vcriGees es-dites cours, a peine de vie. » Ai-t. XIX. « Ancun des siijets du roi , de quelque qualite et condition qu'il soit, ne pourra etre detenu prisonnier, p;iss^ vingt-quatre beures, .sans etre interroge sulvanl les ordonnances, et rendu h son juge na- lurel, a peine d'en repondre en leurs propres et prives noms , pat les geuliers, capitaines ettous auires qui les cletiendronl. » ET POLITIQUES. G35 trintri^'ue et trambition, que par suite de quehjuc idee gene- rale de bicn puljlie. Mais tn^la ne change rien a la nature des clioses; cela n'ompeche pas de distinguer tres-nettement unc Intte entre le pouvoir dcs ministres, converts du nom du Roi, ct la magistraturc , Ics bourgeois, les grands surtout, qui defendent leurs personnes et Icurs bicns , si Ton vent menic, leurs passions et leurs pretentions, contre les erreurs ou les violences des conscillers du nionarqne. Seulement, il y avait dans la constitutioia politique de ce tems-la nn element im- portant que n'admet point la notre ; c'etait la resistance onverte et ;i main armee, contre I'autorite royale abusec ou paralysee par son ministre. Les pi'inces, les parlemens, les corps de ville ne faisaient aucune difHcuUe de se soustraire a I'obeissance par la voie des amies; et neanmoins, ils conscrvaient la preten- tion de rester fideles au Roi. C'etait en criant vice le Roi qu'ils tiraient des coups de canon sur les armees royales, a I'effet de delivrer S. M. de la servitude ou elle etait retenue par le car- dinal Mazarin. Cette maniere d'agir etait la tradition vivante du regime' feodal, qui, admettant la suzerainete du Roi, la bornait a des redevances d'argent et a des hommages. Au reste, il faut sc garder de croire que les reflexions meme justes, les rapprochemens mrme exacts, abondent dans I'His- toire de la Fronde. Sauf quelques rares exceptions , cette his- toire se compose d'un recit simple et bien tissu des evenemens de Tepoque, emprunte aux temoignages les plus authentiques. Je dois dire que la lecture m'en a paru fort attachante; et ce- pendant , I'auteur a pris plus d'une fois le parti de supprimer des details trop minces, ou trop licencieux, qui peut-etre lui auront semble devoir rester en dehors d'un grand tableau his- torique. On s'apercoit meme qu'il a mis quelque soin a evitei- I'anecdote, qui semblait mcnacer de le deborder. On s'cn etonne d'autant plus, qu'cn realite, I'histoire de ces terns ne ressemble pas mal a un chapelet d'anecdotes; ce qu'on sait de I'esprit elegant et ingenieux de I'auteur laisse penser qu'aucuu autre ne les aurait mieux contees que lui. ai. dc Sainte-Aiilaire n'a pas mis Ic meme soin a «.;viter les /.I. 6iG SCIENCES MORALES noms propres. II ii'cn est peut-etre pas an entre ceux qui, a cettc epoque, ctaient aux premiers rangs parnii la noblesse francaise, qui ne soil prononce par I'historien de la Fronde. Habiluollement, chacun dc ces nonis est accompagno, lors dc sa premiere apparition, d'lmc courtc note genealogique. Cette innovation a fait quelque bruit. Los nns ont senti chatoiiillev leur fierte hereditaire ; tandis que les vanites ct les susceptibi- lites modernes entraient en insurrection. L'illustration des noms est un avantage positif; la jalousie qu'elle inspire prouverait aw besoin sa riialite. II ne faut pas la confondre avec les brevets de noblesse. De ceux-ci, il ne resulte que des pretentions, qui s'evanouissent aussitot que la loi et I'opinion ccssent de les soutenir. Quant a l'illustration, c'est sans doute un avantage, et tres-grand, que de la recevoir toute faitc avec la vie; niais il en est de meme, jusqu'a un certain point, de la ricliesse; I'une ct I'autre sont au concours : il ne faut que de la gloire, dc la vertu , de I'habilete pour les acquerir legitimement. Aussi , les i^cns de nitrite se consolcnt dc cette maniere d'etre de la societe luiniainc, tandis que d'aulres s'en descspercnt. Si c'est un mal- lieur, il faut s'y resigner; car Dieu fit ainsi Ic mondc. Le droit de propriete conserve la ricliesse; la gloire et la consideration sont encore mieux gardees par la niemoire des hommes. La loi ancienne etait injuste, en ce qu'elle favorisait avec partialite le noble au detriment de cclui qui ne I'etait point. C'etait unc iniquite evidente de porter aide au fort ct d'opprimer le faibie. La raison d'etat sur laqucUe elle s'appuyait n'etait pas suffisante; car aucune ne doit prevaloir contre la justice. La loi nouvellft a bien fait de detruire les privileges artificiels ; mais la Revolu- tion voulait I'impossible, quand elle decretait la suppression du prestige de la gloire hercditaire et de la popularite des noms historiqiu's. On pent dire encore en favour de I'innovation dont il s'agit, que ceux qu'elle interesse directcmenlrocherclicront rouvrag<; avec une curiosite assez vive. A I'egard dc ceux qui n'y auraionr pas le meme interot, on dira qu'ils connaissent pourtant la pin - part do oes noms de famille, pour les avoir rencontres phis. ET POLITIQUES. 6^7 d'une fbis dans les salons on dans les alfaires. Des lors, ils sontvivement avertis qu'ils lisent I'histoire domestique ; cette histoire, dont les moindres details <';ineuvent on plaisent. Le noni des Sainte-Aulaire est au nombre de ceiix qu'on rencontre dans la nouvelle histoire de la Fronde, qui nc fait en cela que repeter les memoires du terns (i). D'ailleui's, nous n'avons pas besoin de dire combien I'auteurse montre degage de toule sorte (i) Trompe par la prononciation , bicn des gens dlsent , et la Siographic universelle ecrit : Saint-/4ulaire. C'est une inexactitude ; 011 doit ecrire Salnle-Aulaire , conformement au dictionnaire de Moreri. En effet, on ne connait point de saint de ce nom , mais hien une sainte, appelee aulrement JE«/a/ie. ( Voy. \e yocabulaire hagiologique de Claude Chastellain , dans les Etymologies de la langue francaise de Menage.) Le nom de Sainte-Aulaire se rencontre trois fois dans Ja nouvelle Histoire de la Fronde. 1° Plulippe de Sainte-Aulaire , dame de la Force , mere de Jacques Nonipar de Caumont , mareclial de France ; elle fut luee en meme terns que son marl , le jour de la Saint-Barthelemy ( t. 11, p. i34 ). a" Le marquis de Sainte-Aulaire, pre- mier ccuyer de M. le prince (de Conde). II avait epouse la fiUe du president Perault , de la Chambrc des coniptes (t. iii , p. 26 ). C'est ;i propos de celul-ci qu'un journal un peu malicieux (/a Pandore du ■afi avril 1827), ramenant le lecteur a la page 10 du m^me volume, Tarrdte sur cette observation ecrite a propos de mariages d'antres seigneurs de la cour, avec des fiUes de magistrats : « II n'ost pas sans inter^t de remarquer combien etaient frequenles les alliances entre les plus grands seigneurs et les families de robe. » 3° Un M. de Sainte-Aulaire est uomme parmi les gentilshommes qui furent invites aux obseques de Francois de la Tour, vicomte de Turenne, celcbrees en i532. — Le nom de du Roure, le plus precieux a M. de Sainte- Aulaire apres le sien propre, revient aussi plus d'une fois dans This- toire de la Fronde. Marie-Madeleine de Vignerot , nidce du cardinal dc Richelieu , cpousa Antoine de Beauvoir du Roure. Le cardinal , dont on counait I'ambition, avait eu la pretention de lui faire epouser Louis de Bourbon, comte de Soissons ; il fut plus heureux a I'cgaid d'une autre de ses nieces, cousine germaine de la marquise du Roure : celle-ci ( Clemence de Maille-Breze ) epousa Louis de Bourbon , prince de Conde ( Ic grand Conde ). (i38 SCIENCES MORALES de piejiiges. Personne n'ignore Ics principes de sa vie publiquo. D'un cote, s'il ne niuconnait pas le fait incontestable do la Here independance dcs derniers heritiers de la feodalite, on vemarqiie qu'il s'arrete avec une complaisance paiticulierc sur la partie de son tableau ou sent places les pailcmens; c'est la qu'il se plait a signaler, ;\ travers les petitesses de I'es- jnit de corps , la moderation et la justice , la veritable fidelite, le dernier boulevard des libertes nationalcs. Beauconp de portraits se pressent dans cette galerie histo- rique. L'interct, en general, est du cote des frondeurs. lis avaient pour banniere la resistance a I'oppression d'un mi- nistre absolu, sans generosite ct sans vertu. II y avait de quoi seduire les esprits fiers et les grands cosurs. Les ambitieux de petite dimension se tinrent constamment adherens h la cour ; on risquait peu et Ton pouvait beauconp esperer dans cette vole. M. de Turenne fait exception dans ccs rangs : il s'y montre honnete et habile homme; mais il faut en convenir, un peu pale. On aime mieux M. le Prince, malgre ses hauteurs et ses incartades; je ne parle jxis seulement de ses brillans talens militaires, de son courage personnel, dc son incroyable activite; il seduit encore par la fiere opiniatrfete de sa rebel- lion et par les ressources qu'il improvise pour la soutenir. Per- sonne ne sait, commc lui, s'attirer le devoument sans avoir de quoi le payer, et par le seul prestige de sa personne. Ou remarqncra d'ailleurs , qu'a cette epoque , les droits publics etaient loin d'etre fixes comme ils le sont aujoiu'd'hui; en sortc que la rebellion d'un prince du sang, sous une minorite, ne choquait pas trop les idees recues, etmeme elle avait beau- coup d'antecedens. Aussi voit-on une bonne partie de la no- blesse et de la bourgeoisie suivre cette cause; souvent les couis souveraincs cUes-memes la sauctionnerent au uom des lois. La palmc de I'esprit et de I'habilete reste au coadjuteur d<; Paris. Cet homme qui dut quelquefois etre juge bien severe- ment durant sa vie, aujourd'hui tout le monde Testimc, on I'aiine, ou radmirc. Ce caractcre me parait destine a grandir ET POLITIQIIES. 63<) encore. Sous la monarchie absolue, telle qu'elle se conserva depuis la majorite de Louis XIV jnsqu'a la Revolution , on nc dovait comprendre qu'a demi les Memoires du cardinal dc Retz. Aujourd'hui que le secret du gouvernement n'est plus d'eblouir par I'ostentation et d'entrainer par la force, mais dc menager tons les interets et de seduire toutes les passions, il faut relire les Memoires de Gondi. On y verra I'art d'obtenir la majorite dans le parlement, dans les salons et jusque dans les I'ues. Non pas que Ton doive souhaiter a qui que ce soit d'etre condamne a vivre au milieu des agitations turbulentes et pen morales de ces tems-la ; mais , enfin , puisque les pas- sions des hommes doivcnt au fond toujonrs rester les memes, il ne pent pas etre indifferent de savoir, comment un habile a su les maitriser, dans des conjonctures si diverses. Le cardinal de Retz etait sans doute lance bien en dehors des devoirs de son etat; mais, cela une fois accorde, que de choses il reste a louer en liii! Que de grace et de souplesse dans son esprit! quelle finesse de vues! quel tact pour juger les hommes! quel gout decide pour les gens de merite , et quel parfait dedain de la mediocrite! II faut memeajouter, afin d'etre tout-a-fait juste , que la conduite du coadjuteur fut generalement plus loyale que celle de la plupart de ceux qui intriguaient sur la meme scene; surtout, on ne saurait trop le louer de sa fidelite dans ses engagemens politiques; la On de sa carriere fut d'ailleurs pleine de dignite et serieusement chretienne, sans aucun me- lange d'hypocrisie. Les femmes jouent un role tres-important et tres-aimable dans la Fronde; M. de Sainte-Aulaire se plait a les peindre et y reussit fort bien. Les grandes dames de ce tems aimaient, autant qu'aujourd'hui, a causer de politique, et meme dies s'en melaient directement beaucoup davantage. Combien Cle- mence de Maille est courageuse et fidelc a la cause de son epoux \ Quoi de plus romanesque et de plus heroique que son voyage a cheval, au travers des montagnes dc I'Auvergne et du Perigord , pour aller soalever la ville et le parlement de Bordeaux en faveur du prince de Conde renferme dans Vin- 64o SCIENCES MORALES cennes! Que M'°« de Lonfjiievillc est iiitrepide et spirituclltr! M""" do Longuevillc qui a fait dire au noble et spirituel auteui- des Maxiincs : Pour meriter son ccBur, pour plaire k ses beaux yeux, J'ai fait la guerre au Roi ; je I'aurais faite aux dieux. Cette femme qui avait balance un moment le pouvoir de Louis XIV, s'en vint mourir a Port-Royal , dans la pratique des plus austeres vertus chretiennes; ce sont la dc beaux earac- teres et de grandes destinees. Une chose etonne; c'est d'observer combien la Fronde s'effaca vite, raeme de la memoire ; en sorte que, peu d'annees apres sa terminaison , cette guerre, qui avait failli mettre la couronne a la merci des vassaux et peut-etre des bourgeois, ne faisait plus dans I'opinion commune que I'cffet d'un tapage de rue. Cette bizarrcrie s'explique. Nous avons vu nous-memes quel- que chose de pareil. Notre Revolution a ete sans doute bien autrement grande et memorable que la Fronde; he bien, qu'on so transporte par la pensee , dans les salons des Tuileries, a peu pres vers 1811 ; n'est-il pas vrai que la Revolution se presen- tait alors aux esprits, semblable a un orage, dout il ne reste plus qu'iui souvenir, aussitotque leciel est redevenu serein et que la terrc est sechee. On se trouvait serre dans les cercles de la cour impcriale contre des hommes qui moins de dix annecs auparavant, avaient tout etourdi ou bouleverse; personne n'y songeait plus; eux-memes I'avaient mieux oublie que les autres. TXapoleon avait refrappe la France au coin monarchique , et I'empreinte democratique dc la Revolution avait disparu sous sa vigoureuse pression. C'est ici un des caracteres des hommes de genie; quand ils gouvcrnent le monde, ils absorbent le j)asse, remplisscnt le present, et envahissent I'aveiiir. Toutefois , la Revolution avait aussi da genie, c'est pourquoi clle ne s'cfi'a9a que momentanement. La pression dc la gloire et dn despotisme ayant cesse, I'empreinte de la liberie a reparu j)lus vive (jue jamais. II n'en fut pas dc mcmc a I'egard de la I'lOiule, (jui, sous aucun rapport, nc saurait etre conipareo ET POLITIQUES. 6/,i a notre revolution. Elle a disparu une fois pour toujours, et ne reste plus que dans rhistoire. Nous pensons qu'elle n'avait jamais ete racontee avec plus d'interet, de bon sens et d'art, que dans I'ouvrage de M. de Sainte-Aulaire. Le style est d'une correction parfaite et d'une elegance exquise. Le lecteur dedaigneux et inexperimente n'innagine pas tout ce qu'il faut de travail, de force de tete et de sagacite avant de parvenir a former un tableau net et complct de cette masse de fails, epars en mille endroits, doiit se composent les materiaux d'un ouvrage historique. Aussi, ce genre de composition cst-il place, a bon droit, dans les pre- miers rangs de la hierarchic litteraire. L'a'ieul de I'historien de la Fronde , le poete octogenaire dont Voltaiie a celebre I'esprit dans le Temple da Gout (i), entra a I'Academie francaise, avec quelques madiigaux, ingenieux sans doute, mais qui, apres tout , n'etaicnt que d'agreables bagatelles. Cette academic qui, par le choix recent d'un philosophe illustre, semble an- noncer I'intention de conquerir enfin les merites les plus eleves de notre tems, dont elle se privait mal a propos, va se trouver desormais en presence de I'embarras du choix. Mais ce tour- ment ne sera que flatteur pour la docte compagnie; et d'ailleurs, entre des celebrites rivales , les convenances et les souvenirs pourront faire incliner la balance. A. M. (i) L'aise, le tendre Salnte-Aulaire , Plus vieux encor qu'Anacrcon , Avait une voix plus leg^re : On voyait les fleurs de Cythere Et cellos du sacre vallon, Orner sa tele oclogenaire. LITTERATURE. Sept Messeniennes nouvelles, par M. Casimir Dlla.- viGNE, de rAcatlemie francaise ; a*^ edition (i). Le talent de M. Casimir Dclavigneest ne au milioii des orages politiques; les desastres de la patrie, les doulcms nationales ont ete Ic premier entreticn de sa imise : le bruit des amies etrangeres , la chute des dynasties , ont servi comiiie d'accoui- pagnement i\ sa lyre. Place entre les regrets d'une gloire pas- see, et les csperances d'une libeite future, sa voix a pris cet accent tendre et fier qui exprimait tour a tour les allfliclions dii present et les consolations de I'avenir. C'est ainsi que, parlant le seul langage qui convint a k situation de son pays, M. Ca- simir Delavigne est devcnu sans effort le poete de I'epoque. La France retrouva ses propres sentimens dans les ouvrages de I'ecrivain ; elle les accueillit avec une sympathie toute niater- nelle; et, s'applaudissaut elle-nK-me dans M. Delavigne, elle n a point cesse de s'associer aux prosperites soutenues de son talent, de jouir des brillans triomphes qui I'ont progress! ve- inent eleve aux premieres dignites litteraires. Quelques espi'its jaloux, profitant des preventions de parti , ont essaye, nous ne I'ignorons pas, de protester contre cette celebrite si legitimemcnt acquise. Plus d'une fois, on a tente d'opposer a I'auteur des Messeniennes des renonuiiees faites a la hate, et, pour ainsi dire, improvisees. Aux beautes pures et de tons les tems quietincellent dans ses poesies, on s'est efforce de comparer des beautes pretendues , fruit de la n)ode et dii ea[)rice, de bizarres conceptions qui pouvaient seduire un ins- (i) Paris, iSay. Ladvocal. i vol. iii-8' de 240 pages , avec deu.\ jilunches de musiqiic ; ])iix, 9 fr. LITTERATLRE. 643 tant par leui- singularite, mais dont I'illusion s'effacait au plus leger examen. Le poete de la liberte et de la plulosophie a etc mis en parallele avec Ics poetcs de I'absolutisme ct de la devo- tion; Tecrivain utile a eteoppose auxversificateursfutiles ; mais, comme il n'y avail rien de national dans cette lutte de I'envie , I'opiuion ne s'y est point trompee ; et la reputation de M. De- lavigne s'est accrue par Timprudente rivalite que Ton preten- dait clever contre lui : il a grandi de toute la faiblesse de ses rivaux. Quel ecrivain dramatique appartenanta la generation noii- velle pourrait, en effet, etre compare a I'auteur des Vepres Sicilicnnes et du Paria , des Coinedie.ns et de I'Ecole dcs Fieil- larcls ? Quel poete lyrique raoderne oserait disputer la palme au poete des Messeniennes? Oil trouver un ecrivain plus heu- reux dans le choix de sessujets, plus fidele a la pucete du Ian- gage, plus eloigne des traditions du.faux gout, plus riche, plus pompeux dans sa poesie? Non que nouspretendions absoudre les vers de M. Delavigne de toute espece de defaut : quel ecri- vain en est exempt, a comraencer par les maitres de I'art ? II suftit qu'il laisse bien loin derriere lui ceux que Ton pretend lui op- poser, pour que notre opinion soit justiGee. 11 su flit que son rang soit fixe ; ce point etabli , la critique rentre naturellemenl dans son domaine. On se rappelle que les premieres Messeniennes etaient desti nees a consoler nos afflictions , a I'epoque de I'invasion etran- gerc. Les infortunes de la Grecc et les revolutions de Naples ont inspire les secondes ; I'ltalie, la Grece encore, la liberie americaine , les funerailles du plus grand orateur de la France constitutionnelle, tels sont les divers sujets des Srpt 3Icsse- nienncs noiwclles. C'est le fruit d'un voyage poetique sur le sol classique des arts ; M. Delavigne a chante sous le ciel d'Horacc ct de Virgile. Cette contree, feconde en souvenirs , qui reveille lant d'id^es de grandeur et de misere, qui, aprcs avoir ete pnissante et libre, sous les faisceaux republicains, a ete puis- sante encore, mais esclav£, sous la tiare; ce sol qui deux fois a regne sur I'univers, et qui sc presentc an voyagcur , charge des 6f^^ LITTKKATLRE. inonuinens et des debris de viiigt cpoques, dont il conticnt, pour ainsi dire, la vivaiUe histoirc, est encore, par son ciel , fies paysagcs, ses edifices et ses annales, Ic plus digne d'exciter une noble curiosite , le plus riche en poetiques inspirations. Oux qui ont eu le bonheur de le visiter en conservent un sou- venir d'orgueil et d'amour qui ne s'efface point; ceux qui ne I'ont point vu lui vouent un culte d'imaginalion, le cherchent dans les beaux ouvrages qu'il a inspires, I'iRterrogent dans I'esquisse inaniniee de ses nionunicns, dans los recits de ses voyageurs, et le rccomposant en quelqnc sorte dans Icur pen- see, se consolent, par cette douce fiction, de I'absencc de la realite. Plus heureux, M. Casimir Delavigne a pu voir cette terre sacree, la parcourir, evoqucr ses beros; comparer ce ciel toujoiirs eclatant, au ciel terne de nos regions hyperbo- rees; il a pu chanter I'ltalie en Italic mcine. Aussi, ses vers nouveaux portent-ils un cachet particulier; on y trouve cette facilite, cette abondance poetique, principal caractere des im- provisations italiennes. Les images y sont riches, brillantes; les comparaisons y abondent; on diraitqu'elles coulent d'une source intarissable. Mais, en meme tems que cette maniere nouvelle seduit par sa magnificence, pcut-etre n'est- elle pas sans quelque inconvenient dans la langue francaise, dans une litteratiue ou Ton exige une juste proportion entre les mots et les idecs; ou Ton met les pensees avant I'harmonie. Les nou- velles Messeniennes ont pu paraitre aux lecteurs difficiles nioins substantielles que les precedentes; etil s'est meme trouve des critiques qui en ont faitim rcproche a I'auteur, ne voulantpas entrer dans la situation oii il etait en les ecrivant. La premiere Messeniennc est intitulee le Depart. L'auteur I'a conipost'c a bord dc la Madone , laissant crrcr sa pcnseesur les objets divers qui s'offraient a ses regards; il adresse d'a- bord des adieux asapalrie, decrit la marche du vaisseau qui le porte, donne de nouvcau un souvenir a la France; et, co- loyant cnsuite les rives escarpces de la Coise, il se livre a uiic excursion episodiquc sur I'homme qui , s'ecliap[)aut do se, nionta^incs, d'oljscuroffiricr deviut le souvcraiu dc la France , LITTER ATURE. 6/, 5 iiuposa ses lois i I'Europe, t-t peril pour avoir donne dcs fcrs a son propre pays. Quels soni ces monts Iiardis, ces roches inconuues? Leur pied se perd sous I'onde, et leur front dans les nues. C'est la Corse!... 6 destin , faible enfant sur ce bord , Sujet a sa nalssance, et captif a sa mort, II part du sein des mars ou plus tard ilsuccombe, Celui dont la grandeur eut, par un jeu du sort, Une lie pour berceau , pour asile et pour tonibe Oil va-t-il cet enfant qui s'ignore lui-m^tne? la main des vieux nochers passe sur ses cbeveux Qui porteront un diademe. lis lui montrent la France en riant de ses jeux Ses jeux sepont un jour la conqu^te et la guerre; Les bras de cet enfant cbranleront la terre ; O toi, rivage liospitalier, Qui le recois sans le connaitre, Et le rejeteras sans pouvoir I'oublier, France! F'rance! Voila ton maitra! Louis, Yoila ton heritier! Oil va-t-il ce vainqueur que ITtalie admire? II va du bruit de ses exploits Reveiller les echos de Tbfebe et de Palmyre ; II revient; tout tremble a sa voix. Republicains trompes, courbez-vous sous I'empire! Le midi de sa gloire alors le couronna Des rayons d'Austerlitz , de Wagram, d'lena. Esclaves et tyrans, sa gloire etait la n6tre, Et d'un de ses deux bras qui nous donna des fers, Appuye sur la France, il enchainait de I'autre Ce qui restait de I'univers. Non, rien n'ebranlera cette vaste puissance?... L'lle d'Elbe a mes yeux se montrc et me repond : C'est la qn'il languissait, Toeil tourne vers la France, Mais un brick feud ces mers : « Courbez-vous sur le pom '. " A genoux ! le jour vicnt d'eclore ; » Conchez-vons sur celle armc inulile aiiiourd'bui! C,'t6 TJTTERATURE. >■ Cachez ce lamlieau tricolore >• (I'est sa voix ; il aborde, et la France est a liii. 11 la joue, ilia perd ; rEurope est satisfaite; Et I'aigic qui, fombant aiix pieds du leopard, Change en grand capitaine un lieros du hasard , lUusIre aussi vingt rois dont la gloire muette N'eiit jamais retenti dans la postcrite; Et d'une part de sa defaite II fait k chaciin d'cux une immorialite. Cottc premiere Messenienne, edatante de poesic, est plutot le recil d'un voyage, qu'un morceaii compose. L'auteur pro- cede a la maniere de lord Byron , qui exprime ses pensees dans I'ordre on plutot dans le desordre ou elles se presentent a lui , sans se donner la peine do les distribuer, et sans s'informer si I'esprit du lecteur sera dans une disposition conforme a la sienne. N'approuvant point ce confus abandon, dans le poete anglais, il nous s'erait difdcile d'y applaudir dans M. Casunir D(^lavigne; mais c'estun defautque de grandes beautes de de- tail lui feront aisemcnt pardonncr. , II y a plus de composition et d'originalite dans la seconde Messenienne, intilulee : Trots jours cle Christophe Colomb. he sujet est heureusement clioisi , et le cadre prcte singulierement aux mouvemens passionnes et dramatiques. Christophe Colomb, parti de I'Europe depuis plus de deux niois , est environne de son equipage en revoke; on exige qu'il revicnne sur ses pas , qu'il renonce a ses perilleux projets ; des representations on en vient aux menaces; le desespoir ose conspirer sa mort. Ce n'est qu'a force de sollicitations et de prieres que Colomb ob- lient trois jours de delai, apres Icsquels, si la terrene parait pas , il promet de retourner en Europe. Combien il dut souffrir, pendant cos trois journees d'angoisscs et d'esperances ! Comptez les battemens de ce cceur oppressii Qui s'elevc et relombe, et languit dans I'attente, Ce coeur qui tour a tour brulant ou sans chaleur, Se gonfle de plaisir, se brise de donleur; LITTER ATURE. C/,7 Vous compreiulrez alors que, durant ces jouniees, II vivait pour souffrir des s'leclcs par momens. Vous direz : Ces trois jours devorcnt des anneas, Et sa gloire est trop chdre au prix de ses tourmens. Ob ! qui peindra jamais cet ennui devorant, Ces extases d'espoir, ces furcurs solitaires D'lin grand homme ignore qui lui seul se comprend , Fou sublime, insulle par des sages vulgaires ? Tu le fus , Galilee! Ab! meurs infortune, A quel borrible effort n'cs-tu piis coudamne, Quand pAle, et d'une voix que la douleur altere , Tu demens tes travaux , ta raison et tes sens ; Le soleil qui t'ecoute , et la terre , la terre Que tu sens se mouvoir sous tes pieds fremissans... . Colomb s'eudort; et , tandis que ses matelots deliberent et tiennent la mort suspendue sur sa tete, uri songe lui presente I'avenir de celte Amerique qu'il va decouvrir. Cet avenir se compose de deux tableaux habilement contrastes; I'un repre- sente les honeurs de la conquete, le fer et I'incendie proinenes dans les villes, le fanatique Valverde mcnacant les vaincus de son redoutoble crucifix, Guatimozin etendu sur un brasier ar- dent; ensuite, les peuples red 11 its a I'esclavage, perissant par milliers dans les vapeurs infectes des mines, ou ils arrachent peniblement un or qui , apres avoir servi le despotisme espa- gnol, ira grossir les tresors de Rome. Le second tableau, aussi consolant que le premier etaitlugubrc, montrc une vaste repu- l)liqiie sortant de ce chaos ensanglante; I'exces de I'opprcssion amenant par le desespoir la revoke, et par la revoke la liberte ; Washington rappelant les vertus antiques; Franklin eclairaut les classes populaires; et enfin les Etats-Unis offrant une nation formee de vingt nations, brillaute de jeunesse, de gloire et de prosperite. Un noble et touchant episode, dont I'histoire con- temporaine legucra le souvenir a I'admiration • ■< L'etendue pent ajouter au merite merae des productions qui paraissent d'abord la dedaigner... ( dans la musique ) guide par I'amour du chant, on saisira peut-etre un motif agreable; mais le succes leger d'une romance ne prouvcra point qu'on doive tenter des compositions dramatiques (p. 21 ). La grandeur ou l'etendue, dit encore M. Droz, est un cadre imposant que le talent choisit; diverses qualites lui servent a le remplir avec succes. » Ces qualites sont la verite dans I'imitation ; la simplicite, soit qu'il s'agisse de poesie, de peinture, de sculpture, de mu- sique ; la variete , I'originalite. « Le vrai nous cause un plaisir independant de son utilite , ct meme dc toute reflexioo (p. 23). L'immortalite n'appar- lient qu'a des ouvrages vrais, parce qu'ils sont les seuls dont les hommes pourront, dans tons les siecles, reconnaitre la G56 BEAHX-ART.S. bcautc, en les coi»j)arant avco le inodelc; t'teinel (p. aS ). Lc statuaire qui vi-ut cicer iinc ligure enchantercsse , choisit, cor- rige, reitnit dcs traits epars. Son ouvrago surpassc la verite , pai'co qu'iin ensemble si beau n'existait nulle part ( p. 33, 34 ). Un melange de beaute naive et de bcaute idcale est la source des eftcts les plus rnchanteiirs ( p. 35). » « Pourquoi les ouvrages qui portent I'empreinte de ces qua- lites ( la verite, la simplicite ) inspirent-ils un sentiment d'ele- vation trcs-vif aux ames digncs de connaitre le beau? C'est, je pense, qu'une iime naturellement grande nourrit deja ces qua- lites en elle-meme. Vraie, simple dans ses actions et dans ses discours, elle revoit avec lierte dans les monnmens du genie les qualites dont elle a pris le goutet I'liabitude ( p. 4^ )»• Apres avoir traite separement de chacune de ces qualites qui luiparaissent constitucr le beau dans les arts, I'anteur remarque qu'un ouvrage, en les reunissant, poiirrait laisser a desirer en- core cc qui donne a la beaute son cliarme le plus heureux, et il consacrequatre chapitres a une qualite supreme qu'il appelle ie complement dii beau. « On concoit le beau, dit-il, a son plus faible degre, lorsqu'on suppose ses elTets bornes a flatter les sens. On le voit exercer plus d'empiic et hriller avec plus d'eclat, lorscju'il reveille des sentimens, des idees. On le contemple dans toute sa puiissance, quand ses prodiges, fruits des inspirations de la sagesseet du genie, concourent a nous rendre meilleurs. Charmer les sens est im moyen dont le talent dispose pour remplir la mission qui lui fut confiee : son but est d'iraprimer a toutes nos facultes une noble direction (p. 109). >- Le Iccteur voit, par ces citations, que I'autcur, dans les cha- pitres ou cette partie de son systeme est developpee, va trailer duchoix du sujet et de I'expression. En effet , dit-il , c'est d'une idee morale que resulte le complement du beau. « Les oeuvres de I'Eternel, en deployant a nos yeuxleur grandeur, leur sim- plicite et leur variete, auraient pu ne causer que I'admiration; c'est I'empreinle d'un pouvoir bienfaisant et sage qui les rend attendrissantes. Quand je regarde le Tcstaincnl d'Eudamidas... , BEAUX-ARTS. 657 inon ame s'eleve, elle est emuc , et je cede a tons les sentimens qu'inspirent le talent et la philosophie du Poussin ! oh ! que cet homme de genie savait bien que I'art n'atteint point son but s'il se borne a flatter les sens ! Trop souvent les peintres negli- gent les grandes impressions qui doivent naitre du choix des sujets et de la manicre de les concevoii... Ah ! ce n'est pasainsi qu'on c'tudiait dans la Grece : les artistes convcrsaient avec les j)hilosophes, apprenaient d'cux a connaitre, a peindre le coeur humain; et les philosophes apprenaient des artistes a sentir tout le charme de la beaute ( p. ii3 ). Qu'un homme fnie les routes vulgaires, que dansune douce retraite il cultive I'amitie , les arts et la philosophie, il recoit les nobles inspirations d'ou naissent les pages eloquentcs et les passions genereuscs. Fermer son coeur aux viles ambitions est le premier moyen pour s'elever il la source du beau. I/amoiu* des arts sert aussi la vertu; il chasse les vains projets, les noirs soucis qui troublent et cor- rompent la multitude. A Dieii ne plaise qu'un fastueux appareil semble necessaire pour inspirer des affections que I'homme le plus simple pent connaitre et cherir? Mais quand la societe se deprave, quaud les desirs interesses et les passions basses fermentent dans son sein, le temple des arts est un asile ou Ton peut so garantir encore de la contagion (p. i2i-i25 ). » Aprcs avoir expose cette theorie sur I'expression consideree comme le complement du beau, I'auteur en fait I'application , Les sujets revoltans ne convien.. G58 HEAUX-A.RTS. ncnt nullenieiit aiix aits tin dcssin. « Je in'ctoiiiie qu'on traite de soniblablc sujets. S'exercer sur des sujots affreux, c'est s'cntourer d'images liijjubrcs , et se creer uii monde phis triste • Un autre ])assage a attire notre attention; il est concu en ces termes : « L'ingenicuse mythologie des Grecs offre des multi- tudes d'allegories dont je vois a regret que la tradition s'efface. Nous ne connaissons guere qu'un des mariages de Vuleain, et nous en faisons un sujet de plaisauteries. Vulcaiu eut pour conipagne Venus, parce qu'il presidait aux arts; et quand la beaute lui fut infidele , I'Olympe I'unit a la plus jeune des Graces (p. lAo )■ » Ces lignes que nous ne devons ni louer ni critiquer, nous out rappele quelques mots vivementimprimes dans notre memoire, et traces long-temsavant que M. Droz publiat son ouvrage; les voici : « A ces diverses fables on en pent joindre une autre cga- lement instructive, c'est celle des deux mariages de Vuleain. Ce dieu epousa d'abord Venus ou la beaute. Venus lui fut infi- dele... Constamment amoureux du beau , le dieu des arts obtint alors pour epouse la plus jeune des Graces (i). » II y a une telle ressemblance entre ces deux passages, et pour la pensee, et meme pour I'expression, que nous ne saurions trop en felicitcr I'auleur de I'ecrit le plus ancien. Que ce soil (l) Ffclicniips siir /'art staliia'ire , p. 3j. BEAUX-ARTS. 663 ici une simple rencontre, ou line reminiscence, cet ecrivain doit sans doute se sentir lionore de ce qu'im homme d'autant de gout que rautcur des Etudes sitr le beau a concu la meme idee que lui, ou a daigne adopter la sienne. Nous esperons tou- fefois qu'on nous pardonncra notre remarque ; car un antiquairc a si rarement I'avantage de saisir un apercu neuf, qu'on nc saurait cxiger de lui qu'il en abandonne la propriete. Une raison particuliere motive d'aillenrs notre observation: c'est que I'auteur des Recherclies stir I'art stntuairc a soumis a I'Academie royale des inscriptions et belles-lettres, le i3 juin 1823, une Dissertation stir ?'ttlcain , dont I'idee de ce double mariage forme une des bases, et qu'il ne doit pas paraitre avoir fonde son travail encore inedit sur un rapprochement dont il aurait emprunte ;\ autrui la pensee. Il a mi^me donne, dans ce memoire, de nouvcaux develop- pemens a son premier theme, en croyant toujours n'etre que I'interpretc des anciens. Vulcain, a-t-il dit, etant devenu, dans la mythologie grecque, un embleme de I'art humain, n'exercait plus qu'une faible partie de la puissance divine. Son art s'exer- cait sur Ics corps, et nullement sur lesesprits. Il imitnitl'appa- rence de la vie; mais il ne creait pas la vie elle-meme. Quand il cut modele la figure de Pan4oi'<^5 i' s^ trouva hors d'etat de I'animer; il fallut qu'une divinite d'un autre ordre introduisit une arae dans ce produit de I'art imitateur, qui etait d'ailleurs d'une perfection achevee. Aussi Vulcain etait-il boiteux, et Ton voit ici une des raisons de sa difformite. Malgre le defaut de son organisation, ce dieu concut une vive passion pour Minerve, embleme de la pensee divine. L'union de ces divinites etait impossible. Cet hymen ciit ebranle la puissance de Jupiter; car, si Vulcain ou I'art humain eiit possede I'intelligence su- preme, il ne se serait plus contente de modeler des statues ou de fabriquer des automates; il aurait cree des etres vivans, inteUigens,animes,deshommes, des mondes : I'ordre deschoscs eut ete change. La fillc du dieu supreme, I'organisatrice de I'univers, rcjeta done le fol amour du dieu boiteux. Vulcain, repousse par Minerve, adressa ses hommages a 6r>/, BEAUX-ARTS. Venus. Cette dtiesse i-tait devonne rcmblonu,' do la beaiUe. Eu cette qualitc, ellc se devait ii toiite la nature. ]Vul etie nepou- vait la posscder exclusivemeut, et dans chaque espece , tons ies iudividus ne pouvaicnt obtenir ses faveurs avec la memo ple- nitude: ello accueillit le dicu des arts, I'aima peut-etre un mo- , ment, niais lui fut inlidcle. II aiirait du s'y atteudre, memo comme artiste; car, bien que Tart ne cesse d'adorcr la beaute, comment se flattcrait-il de parvenir a une perfection continue qui est au-dessus de la puissance de la nature clle-meme? C'cst alors que, devenu amoureux de la Grace, il s'unit du lien le plus heureux avec cette attrayante divinite. Constamment aupres de son epoux dans Ies forges de Lemnos, la Grace le conseillait; die dirigeait son ebauchoir ou son marteau; et chaque ouvrage de I'artiste immortel manifestait le gout de sa riante compagne. La Grace, epouse de Vulcain, n'est pas celle qu'un moderne a dit etre plus belle encore que la beaute : cette grace est la convenance on le convenable, de qui un ancien di- sait cpi'il est le seul beau a la portee de I'lioninie. Ces allegories ne furent point imaginees dans le menie tems et par la meme personne. Une premiere donna naissancc a un<; seconde. Mais le poete, I'artiste ou Icphilosoplie qui Ies reunit toutestrois, montra sous cette J^rme iiigenicuse ce qui con- stitue le veritable esprit de I'art, sa perfection et ses limites. Du reste, on voit bien que ce ne sont la que des fables se- condaires. Vulcain, Venus, Ies Graces, remplissent de plus hautes fonctions dans Ies mytlies primitifs. Mais on sait aussi combicn la poclique Grcce deposa d'instruction, de preceptes de morale , et d'utiles theories , dans cct emploi qu'on pent dire puremeut philosophique de ses niylhes religieux. Nous ne porterons pas plus loin ces developpemens, car c'est dcja parler trop long-tcms de nous-memes et de notre propre travail. Que le lecteur qui ne connait pas I'ouvragc de M. Droz, laisse la notre analyse; qu'il jugc par liii-menie cct interessanl ecrit, sescloges surpassoront Ies notres. Emkric David, incmbre dc I'Institut. I [II. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. IJVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. 206. — * Indian treaties , and laws and regulations relating tn indian affairs, etc. — Traites avec les Iiidiens, lois ct reifies concernarit les relations avec ces peuples, suivis d'un appendice oil Ton expose la condiiitc de raiicicn congres a I'egard dcs differentes tiibiis indigenes, et dc pltisieiirs aiitres documons siir \c meme siijet, rassembles et rediges d'apres les oidies dii niinistere de la guerre. Washington, 1826; Way et Gideon. In-8° de Sag pages. Bes peuplades non civilisces, et pins on moins opposees aux progres de !a race europeenne elablie en Ameiiqne, n'occnpcnC pas moins le goisvernemcnt des Etats-Unis que scs relations avec lEurope tout enliere. Les dociimens recueillis et publics par le ministere de la guerre ne se bornent pas an lems qui s'est ecoule depuis la naissance de la republiqiie; on y trouve aussi pliisieurs faits anlerieiu-s a cette lieurcnse epoque, afin do niicux faiie connaitre le caractere des indigenes aniericains, leiir nianiere de faire la guerre, lenr situation et lenrs disposi- tions an moment de la ruptiire enire les colonies ct la metro- pole. Des que la guerre fut declarce, Faliiance des Anglais avec ics sauvages, etles ti'Oj)hees de cherclurcs d'Americains reunics €t exposees dans la salle dii conscil de guerre anglais, font un hideux contrastc; avec la coniluite pleine d'hnmanite du pre- mier congies , des fondateurs dc I'independance. On lit anssi avec beauconp d'inleret le disconrs (pie le president Maiiison tint a plusienrs chefs de tribns sauvages, a la reprise des hos- tilites entre I'Angleteri e et les Etats-Unis, en 1812. On acqniert nne connaissance exacte des conventions entre ces tribus et le gouvernement des Elats-Unis pour la cession de lenrs tcrri- (i) Nous indiquons par un asterisquc (*) , jilace a c6f.c rlu litrcJe cliaqiie oiivrage, ceux dcs livres etrangers ou iraacais qui paraissentdigncsd'nne attf r- tidu particuUere , et nous en reudi-ons qiiclquefois rompte daus la section des Analyses. T. xxxiv. — ■ Juin 1827. /|3 C66 LiviiES Strangers. toires, ct en general, de la maniere de proceder envers ces homines qn'on se plait ;i nommcr Ics cnfcins de la nalure , el qui, ccrtps, n'«n sont pas I'ornement. On y rcmarque Ics iav;iges excrces parmi ces hordes par des fleaux anienes d'Eiirope : le plus fiincslc et le pins corriq^tciir est peul-etie I'usagi? de? ii(jnciirss|)irilneiises. Des details srir la conqiai^nie anglaise pour le commerce des foiitriires repandent de nouvelles luinieres sur les piocos dont ies tribnnaiix d'Europe ont etc long terns oc- cupes ail snjel des pretentions de cettc compagnie. Enfin, on voil les Ainericains d'Europe en guerre avec les anciens posses seurs de lour continent; et, au premier conp-d'oeil, on croit reconnaitre d'un cote I'lisurpation et ses injustices, de I'autre tons les droits a une defense legitime. Mais, apres un exanien plus aticntif, le purti de la civilisation est celni (jn'on adof)le, ft on fait des voeux pour qu'elle surmonte tons les obstacles, dans le Nouveau-Monde comme dans celiii o^ des haibares d'une autre cspece entravent sa niarche et prelendeni I'arreter. Get ouvrage est \m des plus instruclifs que Ton ait publics sur TAnierique; et, comme il porlc tons les caracttnvs dc I'liis- loirc, il est une des sources ou Ton viendra puiseravec connancc des notions sur un etat dc choses dont il ne restera bicntot plus de vestiges. Les anciens habitans de I'Amerifjue disparaitront comme les Permiens, les Tongouses et les Vogouls Au nord de I'Asie: il est terns de rassenibler sur leur existence des donnees certaines ct aulhentiqiies : telies sont celles que contient ce ro- cueil. F. 20". — * Tlic appeal fur suffering genius : a poetical address for the benefit of lite Boston Bard. — Appel pour le genie souf- frant : reclamation poetique en faveur du barde de Boston ; par Daniel BKYAy. AVashington, 1826. In-S" de 72 pages. Ce petit poeme est un appel plein de chaleur ii la pitie et it la charite publiipies : un poete dcmandepour un autre poete un lit et dn pain. Ce n'est pas avec la froide indifference d'un critique que I'o;! pent lire ce cri de detresse. M. Bryan , dans des vers empreints d'une tremblante anxiete, met a nu la inisere de I'homme qui a celebre les gloires de I'Ameriquc : i! raconle la vie entiere du barde de Boston. Cofiin , devout- au maliieur des son enfance, recueilli par des parens eloignes, mangea le pain amer de la charile presque en naissant. Pauvrc sans etre dans la classc des pauvres, et par consequent repousse de Joutes les .sympathies, de toutes les joies ( car, dans I'organisation de TAmerique comme dans la notrc, c'est en dehors de toutes les classes de la sociele que se trouvent les vrais malheurcux, les parias du monde civilise ), il chercha des consolations en lui AMERIQUE SEPTENTRIONALE. 667 meme, etles Irouva dans les inspirations de sa muse. Des ciianls remplis d'energie, une odecitee par M. Bryan , et dans laquelle la liberie de la Colonibie, fillc de ccUe des Etats-Unis, appa- rait rayonnante d'esperanccs , ne furent pas ecouti'-s d'lin niondo oCi le poete, pauvre et delaisse, n'avait ni riches protecteiirs, ni proneiirs salaries. Un moment, aclouci par les revcs de son imagination, son nialheur s'augmenta de toiite ramerlume qui suit des esperances trompees et dctruites. Ce futen Angleterre, loin de son pays natal dont il aurait pu etre I'orgucil, que pour la premiere fois ses vers furent cites avec admiration : mais il etait trop tard. Accable par le chagrin, atteint d'une maladic fie langueur que la pauvrete aggrave encore, Coffin est mou- rant pres de sa vieille mere quil a retrouvee, et a qui il n'a i ta offrir que sa misere. Voila les vers touchans que le malheuroux lui adresse, et que la gencreuse admiration de M. Bryan nous a conserves : o Que t'apporterai-je, mere cherie, quand je recevrai encore une fois tes lendres embrassemens .. quand jc sentirai mes joues mouillees des larmcs d'une mere qui revoit son Ills? que t'ap- porteraije?... des riehesses, de la gloiie? les perles, les pierres precieuses, enfouies sous les vagues, ou dans la terre? de Tor?... jen'en ai point... et la flamme de la gloire ne brille trop souvent que sur la tonibe! Ton fils ne t'apportera ni richesscs, ni renom- mee, ni pierreries, ma mere! Pauvre, en verile, serait une pareillc recompense pour touleta tendresse,pour tons tessoins! mais je t'apporterai ce que toi et le ciel ne repoussercz jamais, un corps epuise, la proie des pales douleurs... un courage abattu... un coeur brise... » Helas ' ce n'est ici ni une fiction , ni une cxageration poetique , mais la dechirante verite; et de pareils accensdoiventeveiller la sympathie de tous ceux qui honorent le genie , qui lui ont du des consolations et des jouissances (i ). Sans doutc, I'Amerique s'em- pressera d'adoucir les derniers momens du malheureux ptiete, de I'entourer de temoignages d'estime et d'affection; mais, n'apprendra t il pas qu'il a des amis an loin, que des ames ge- uereuses s'interessent a lui? N'aura~t-il pas, avant de mourii', (i) La Direction de la Revue encyclopedique saxne a payer un Iribut .i I'homme de genie malheureux, en ouvrant une souscription au profit de M. CoFFi3« , et en souscrivant elle-meme pour nne somnie de 20 fr. Les personnes qui voudraient prendre part a cetle souscription , pour- ront faire deposer leurs offrandes a notre bureau , rue d'Enfer Saint- Michel, n° 18. N. n. R. cr.8 LivnEs Strangers. line liicnr de colte gloire qii'i! a payee si cher ? « La pauvrcrc d'nii humme de talent, a dit M'"« de Stael, est loiijoiirs une honorable circotistancc desa vie; la iriillieme partie de I'esprit qui rend ilhistre snfiirait aise:nent pour faire reiissir tons les calculs (!e I'avidite. II est bean d'avoir coiisacre ses f'acultes au ciilte dc la gloire, ct i'oii ressent tonjours de resiime pourcenx dont le but le pins chor est au- dela dn toinbean. >. Louise Sw.-Belloc. Oiwragcs pcriodiqaes. 208. • — * The amcrican quarterly rcviav. — Revue americaine trimestrielle. N" i. (Mars 1827.) Pliiladelphie, H.-C". Carey et J. Lea; Londrcs, John Miller, New bridi^e street ; Paris , Ga- lii,'nani, rue Vivicnne. Prix de la souscription, 5 dollars (26 fr.) poiu' I'annee. On regrcttait depuis long-tems, en Amerique, disent les edi- teiirs do cette nonvelle revue ( MM. Carey et Lea), que la branche cadettc de la famille aiii^laise n'eut pas complete son eujancipalion , et qii'cile Cut encore dans la depcndantx- tie la branche ainee , quarit aux ouviagcs periodiques consacres anx divisions des connaissanccs huinaines qu'un penple librc doit cnlliver ])Ius specialenient ])our ses besoins, sa surcte et sa gloire. C'est a rempiir cctle l.icune que le nonveau recueil est destine. On proniet de le rendrc inslructifet «/»«.?«/??, en pre- nant ce dernier mot dans le sens le plus raisormable; car on ne s'instruirait point dans un livre cnnuyenx. I-e premier cahier d'ime pubiicalion nonvelle est ordinaiiemcnt im essai : quehpiefois, les redacteins out fait des efforts extraordinaires, et choisi les matetiaux les plus precieux; et aiors, les pnblica- tion^; suivantes sont uw |)eu au-dessonsde la premiere : d'aiitres fois, il a fallu sc presser, publicr lout ce que Ton a pu rassem- bler; dans ce cas, I'oiivrage se perfectionne graduellenient, les redactenrs aehevent leur apprentissage, et obtiennent enfin un .succes durable ct merito. La Brvue trimestrielle ( Quarterlj review ) americaine n'a debute ni de I'une ni de I'autre maniere ; surchargee de materiaux, elle a du en ajourner tie tres inle- ressans : les edites'rs exprimcnt le regret de n'avoir pu inserer une notice sur W'connmie politique tlu president Cooper , ct une autre sur les anciennes productions dramatiques des poeles anglais. II a fallu, disent-ils, suivrel'ordre des terns et des da- tes, regie a laquellc ils derncurcront fideles. Mais, pour satis- faire antant qu'il est possible aux demandes des auteurs, ils ont grossi pour cette fois, leur cahier de 60 pages : a i'avenir ils feront en sorte de ne pas exceder le nombre de a5o pages. I AIVIERIQUE SEPTKNTR. — AMKR. MERID. 6G9 Ce premier cahier n'est pas nioins varie qu'aboiidant. P.irmi les treize articU'S qu'il renfernie, on lira siirloiit avoc plaisir les ologes d'Adams et de Jefferson prononces dans Jes differens Etats de I'Union; on rechcrchera les details siir les journaux secrets du premier conjures, fondateur de Tindepeiidanee ; les Americains pourront etre curiciix d'apprendre conuiieiit I'au- teiir d'une foule de romans estimes a traite I'liistniie de Napo- leon, et a presente I'iinmense tableau de la revolution francaise. On voit avee un sentiment penihle les debats que la construc- tion de deux fref;ates pour les Grecs a excites en Amerique, et la "vue de I'inleret prive lultant contre ceux de I'humanite don- nerapeut-elreii quelquesetrangers une opinion peuavantaj^euse dii caraclere des repuldicains de I'Amerique du nord. Deux articles de legislation, I'un sur la doctrine des ronliats, I'autro snr les lois americaines, meritent d'etre lus paries philosophes. On abregerait volontiers rarlicie sur ie gros volume de M. Ran- king et sur ses opinions relalives a qiteltiues fossiles : on trai- terait peut-etrc avee nioins d'indulgence un autre article sur les reveries de M. Symnics. — Mais, en blamant quelqnefois , ct en louant le plus souvent, on (inira |)ar avoir tout hi, et le cahier suivant sera desire : les redacteurs aurout done atteint leur but, el fait un ouvrage dignc d'estime. N. AMERIQUE MERIDIONALE. 209. — Arengn , etc. — Harangue prononcee par le doetcur don Gregoiie Funes, sur la victoire de Ayacucho. Buenos- Ayres, iSaS. \n^ii de 27 pages, awe it/ie notice biogm/diique sur le general Sucre, ne, eu 1795, aCumaiia dans la province de Venezuela. 2 10. — Discinso , etc. — Discours prononce a Chaicas, au premier annivcrsaire de la victoire de Avacucho, par le doc- teur Pierre- J ntoine ToRB-zs , vicaire-general de Tarniee libera- tiice. Bnenos-Ayres, 1826. In-8" de i6 pages. 211. — Froyetto, etc. — Projet dc constitution pour la re- publiquede Bolivia, precede du discoursdu liberateur. Buenos- Ayres, lSsG. In-8° de 82 pages. F.UROPE. GRANDE-BRETAGNK. 212. — * J rompcndious Introduction to the study of the Bible , etc. — Introduction abregee a Telude de la Bil)lc; par 670 L1\RES ETRANGERS. Thomas Hartwell Horne ; avec des cartes et [)liisieurs grn- vitris. Loiidifs, 1827; Til. Cadell. In-S" de SaG pages. Ce livre est I'analysc d'lin oiivioge on qiiatro voliimes dii nieme autoiir, intitule : Intradticlion a Vctiule crUiquc ct a la sciriict; des saintes ecritures. II est ecrit avec clai'le et pi-ecision. et it jieut evi.'er de longues et fastidieiises rtchetclies. Ceiix qui desiront coiiiiaitre la verite loiichant la reli(j;ion revclec poiir- roiil le consuiter avec frnit; les pieiives de la religion chre- tienne s'y tiouveiit placees dans un nieilleiir ordie (jiie dans beaucoiip d'ouvragcs dii meme genre , etsont accompagnees de docinnens ct de reflexions que Ion ne trouve point ailleurs. Ce voliimocontient un Appendlce &\. une Table des inatierrs qui en rendent la lecture plus facile. Lanj... 21 3. — Catholicism in Austria, etc. — Le Catholicisme en Atitri he, on Epitome des lois ecclasiastiques de ['empire au- trichien, snivi d'une dissertation snr les droits ct les devoirs du £;ouvernement anglais a I'egard des caiholiques d'lrlande \ par le comte Ferdinand Dal Pozzo. Londres, 1827; Murray. In-8°; prix, 9 sh. 6 p. Panni le grand nombre d'ouvrages, de pamphlets et de dis- cours publics sur la question catlioliquc, on distinguera I'ecrit de M. Dal Pozzo. II n'a ricn de commun avec ces milliers de brochures dont les autcurs ont traite le meme sujct avec une monotonie vraimeut fatigante. M. Dal Pozzo , ne voulant ni altaquer ni defendre les membres de Teglise dc Rome, cvite d'enlriT dans la discussion des doctrines du catholicisme, et laisso de cote touteespece de conlroverse; maisil recommande an gouvcrnement anglais, avec la chnleur de la conviction , de suivre Texeniple de rAutriche, dunt il decrit minutieuscmeiit la politique religieuse ; il I'cngage i» placer sous son patronage I'eglise catholique irlandaise, et a prendre, d'accord avec les eveques anglais de cctte communion, les mesures necessaircs pour restreindre I'influence du pape et pour empecher I'eta- blisscment en Angleterre de tons ordres, couvens et socieles religicuses. II s'efforce de prouvcr, par des fails, puises dans I'histoire ecclesiastique, que les souverains non catholiques ont toujonrs eu le droit de surveiller et d'administrer les affaires de Icurs sujcts catholiques; que rempereur d'Autriche jouit cntieremont de ce droit a I'egard des nombreuses communau- t6s protestautcs qui existent dans I'etendue de ses etats. Par la, (lit M. Dal Pozzo, le pouvoir temporel et abusif du pape serait completement annule; et alors, ajoute - l-il, les catholiques pourraient olitenir svus danger Irs memes privileges que les Anglais prolestans, et parlager les cmplois reserves jnsqu'ici a GRAIN DE-BRETAGNE. 671 res derniers. Nous doiitons qu'iin tel arrangement, qiielque r;iisonn;ible qu'il paraissc , pnissn convenir aux consciences tiiiiorces des cathoiiques anglais et irlundais; et si nous devons 1-11 jui^fr par certains symptomes (|ui se nianifestent sur rhon- zon poliiicjue, il n'y a aucune probabilite qu'il doive salisf.iirc aucun parti, et qu'ii soil, suitout, procliainemcnt mis a exe- cution. a I 4- — ^ Summary of the hiws peciiUurly affecting protcs- iant dissenters , etc. — Sommaire ties lois specialement relatives aux protestans dissidens ; par /o,?. Beldam. Londrcs, 1827; Cutterworlh. In- 12 de 196 pages; prix , 6 sh. L'Angleterrccompte uue quantite tres-considerable de sectcs t oligieiises qui, siiparees del'egliseanglicaue, ou de la religion dominante, sont frappecs par un grand nonibre de lois |)arti- culieies qui prononceut contre elies des exclusions odieuses , (111 qui les soumettcnt a des formaliles vexatoires. L'ouvrage de M. Beldam contient toutes les lois, tons les acles et regle- mens relatifs ii ces sectes dissidentes, lesquels etaient jusqu'a present enfouis dans une multitude innombrable de volumeset de documens parlenicnlaires qu'il etait fort difficile de se pro- curer. L'auteur a fait preceder le texte de chacune de ccs pieces d'un resume historique qui en fait connaitre I'origine , et qui expose les motifs de ces lois et de ces actcs. Ce livre est uu acle terrible d'accusatiou contre I'Angletcrre, i! devoiie I'in- tolt'raiice de son eglise et la faiblesse de son parlenicnt , qui a satictionne jusqu'ici ces arrets d'un aveugle et degradanl fana- tic me. 21 5. — * History of the Indian Arcliipehigo , etc. — Histoire de I'Archipcl iudien, contenant des details sur les moeurs, les arts, le langage, les institutions, !a religion et le commerce dc ses habitaiis ; par Jolm Crawfurd. Nouvelle edition. Londi-es, 1827; Parbury- Allen. 3 vol. in- 8", avec carte et gtavures; prix , 2 iiv. St. 12 sh. 6 p. Get important ouvrage est divise en neuf livres , precedeii d'une introduction, dans laquclle l'auteur decrit sommaire- ment la presqu'iie de Siunatra et les vingt - trois principalcs lies qui coniposcnt I'Archipel indien, etdont I'etendue territo- iiale est d'enviion 820,000 milles carres, superficie huit fois plus grande que celle des trois royaumes-unis. Le premier livre fait connaitre its differens peuples qui ha- bitenl les nombretises lies de I'Arcliipel indien, et qu'on divise en deux grandes classes : les hommes decouleur noire etceuxde couleur cuivree ; les uns et les autres de races aborigencs , mais entierement differens de complexion, de moeurs et de carac- 67a UVRES ETRANGERS. t^ro. — L<'S second et froisie/iw /irrcs c\po^ent\'iU\t oh sont ar- rives les arts et Ics sciencos dans cctte parlie dc I'Asir. On y troiivc dcs dL'tail* sur les velemeiis employes par ccs insidaires ; sur les instnuiieiis de guerre uont ils se scrvent, sur le'iirs con- naissances en arilhmttiqiie, en yeogr.ipliie, en navigation , eii medecine , en mnsique , etc. — Lc qiiatri'^nie lirre est consacre Ji rcxplicalion de I'etat actnel dc I'atiricnlture oliez les penples de rArchipel indien. L'aiiteiir fait connaitre les ricliesses parli- culicres de chaciine des lies qui le eomposont, et entre dans d'asscz longs details siir le genre de culture et riiiiportancc de leurs principalcs productions. — Do savanles recherches snr les langues et les litteratures des habitans de Java , de Malaca et et de Celebes, remplissent le cinqnieme livre. Presque toutes les lies de I'Archipel ont leur idiome et leur litterature propres; la langue parlee par le peuple de Java est la |)lus riche et la plus perfectionnte. — Le sixieiue livre traite de la religion, (|ui est un melange de paganisme el de mahoirtetisme. I,e sacrifice des venvps est en usage dans la plupai t des iles de I'Archipel. «A Bali, dit M. Cravrfurd, cette pratique barbare est porlee a un exces rnconnu meme sur le continent indien. » L'histoire de I'Archipel, et particulierement celle de I'lle de Java, de Celebes et de la presqu'ile de Malaca, forme la maliere du scptieme Ih're. Cette histoire remonte aux terns de I'emigration de differentes peiqilades de I'Asie dans les lies de la Sonde, et s'etend jusqu'a- pres la conquete de ces iles par les Porlugais, les Hollandais et les Espagaols. — 'Le hiutienie livre traite des institutions poli- tkjues qui regissent les diverses nations de rArcliipel. Chaque lie a son gouvernement special; et dans plusieurs, le dcspo- tisme semble s'accroitre avec la civilisation. Enfin , le ncuvieme ft dernier livre est consacre au commerce, que M. Cravrfurd distingue en commerce de I'lnde avec t'Inde, et de I'lnde avec I'Europe et TAmerique. Cet ouvrage, redige sur le meme plan ([uc celui du celebre Raynal, mais moius vaste , ecrit avec simplicite, rem])li dc renseignemens precieux et qui paraissent exacts, oine de gra- vures , de plans et de cartes qui eclaircissent le texte, ne laisserait rien a desirer, si lapartie statistiquen'y etait pas trop negligee. 216. — * Leigh's new picture of London, etc. — Nouveaii Tableau deLondres; par LEicH.I.ondrcs, 1827; Samuel Leigh. In-i8, rclie, de496 pages, avec lui plan de I,ondres, une carte des environs et io5 gravures; prix, t) sh. Ce n'est point iei une simple reimpression de I'ouvrage pu- blie par 31. Liijjh , en 1824. On Irouvt dans cettenouvelle cdi- I GRANDE -BRETAGNE. 673 tioii la tlescriptioii de plusienrs edifices publics qui, tcls que le pout sous In Tamise, !e palais du roi au pare Saint-James , celiii du due d'York, ete. ii'existairnt ))as , il y a quelqties an- nees. On y ti'ouve aiissi des renseii^nuusens plus couiplets sur lesi;lal>!issemens commerci;itix, soit-nli Piques et de bienfaisance de la capitale de I'enipire britimnique ; enfin, les !j;ravures ct les cartt's, jointes au tcxie , sontbeauooup mieuxext'eutees que ceiles de la premiere edition. Cepcudant, ce Nouvf^au Tableau de Londres n'a pas encore attaint le d'^j^re de perfecliou auquel il pourrait ctre porte : on y remarcpie un grand nombre de lacunes , particuliereinent dans I'enumeratian des Societes savantes et philanlropiques , et Ton I'cgrette queM. LeiL'li ait tropsouvent negliiie, dansses donnees statistiques, de fairt; usai^e des docuuiens soumis a I'exanien du parlement anglais, pendant les dernieres sessions, doeuniens soigneuseuient recueiilis par I'auteur des Parliamen- tnrj abstracts , analyses dans rexcellenl ouvrage public par la Socu'te de statistiqacde Londres , sous ce litre : Statistical il- lustrations of the british empire (voy. ci-dcssiis , p. 407), et aux- quels nous avons eu nous-memes quelquefois recours dans les reeherclies statislicjues sur la ville de Londres, que nous al- iens presenter. Suivnntles recensemens falts dansle courant de I'annee der- niere, Londres possedait alors 80 scpinres on places publiques , g, 000 rues, ruelles, ou culs-de sac; 1 65, 000 maisons habitees; i3,aoo non habitees et 3,2oo batiniens en construction. Cette vilif comptait, en 1821, i,27/'i,8oo habitans formant SaSjSgij families, dont 8,853 employees a I'agiicullure, et 199,912 au commerce; 116, 834 autrcs families n'appartenant a aucune de ces deux classes comprenaient 117,000 individus a la charge des paroisses, 14,000 mendians, 1 i 5,ooo voleurs ou filoiis , 3,000 receleurs et 3o,ooo filles publiques. La population ac- tuelle de Londres est , d'apres la moindre evaluation , de i,3oo,ooo habitans: I'exeedant des naissances sur les deces a ete, pendant les six dernieres annees, de 29,991. La population do Londres a consomme , pendant les douze mois de 1826 : 46(), 168 sacs de farine; 250,973 quartiers de froment; i58.92o boeufs ou vaches; i,485,o8o moutons ; pres de 1,700,000 bariques de biere forte. Ainsi, Londres consomme par jour, 1,277 sacs de farine, ou environ un sac par mille personnes ; 088 quartiors de ble, ou un quartier de 2 hecto- litres J- par i85o personnes; 4^5 boeufs ou vaches, ou i par 2,950 personnes; 4)Of>^ moutons et agneaux , ou i par 3i4 personnes; 4,63o bariques de biere, ou 1 baricpie de j hec- 674 LIVRES liTRANGEElS. tolitrc 66 litres par 276 personnes. D'apr^s !es calculs de M. Leigh, il faut ajouter a ces consoinmatioiis : 21,000 vcaux ; -iOjOno pores; 11,000 tonnes ilebenrru; i 3,000 tonnes dc fro- ma;;e; nne valeur de 645,000 livres sterling en legumes do 400,000 livres sterling en fruits; de 80,000 livres sterliugen vo- lailles; et de 646,000 livres sterling en hiit; les eaux-de-vie; les vins; les poinnics de terre; et la uiaree, qui, dans une des der- nieres annees, a fourni : 4^,446 sautnous frais , 3,076,700 ma- quereaux, 1,954,600 honiards, 3, 366, 407 liarengs, ete. La population de Londres n'exeede que d'environ un tiers lu population de Paris; et pourtant, si Ton compare la quantitede denrecs consoniniees par I'une et I'autre de ces deux vilies , on trouvera un cxcedant considerable dans la'premiere. Ainsi , le nombre de gros betail vendu anniieDement a Smitlifield-Market est double de celui qui entie a Paris, et la quantite de moutons et d'agneanx neeessaire aux besoins de la population de Lon- dres depasse des trois quarts la quantite qui suffit aux habitans de Paris. On minque de bases positives pour etablir aucune omparaison relative a la consonimalion des grains. Sil'ons'en rappoite neanmoins a des evaluations approximatives, c'est Paris qui fait en ce genre la plus grande consommation. On lit daus les Rcchcrchcs statistiqacs |)ubliees par les soins de M. de Chabrol , que Paris consomme par an, 547, 5o8 sacs de faiine: ce qui donne i i3,88o,ooo kilogranmies de pain; tandis <|ue , suivant I'ouvrage de I\I. Leigh , Londres n'en emploierait qii'en* viron 1,000,000 de quarticrs, dont les quatre cinquiemes em- ployes a la fabrication de pain ne produiraicnt que 1 5, 000, 000 iort?, c'est-a-dire, Ics recueils qui contiennentles decisions juiliciaires(voy.iJt'('.^/?c., t. xxxii, p. 400). An inoment ou il ecrivait, en effet, aucun journal relatif a ia haute legislation n'avait encore etc public dans co pays; tandis que la France, rAlicniagne et les Pays-Bas en possedaientdeja plusieurs. 11 faut done regarder celui que nous annoncons aujourd'hui comnie iine heurcuse innovation. Le Jurist nous parait devoir reuiplir dignement son utile mission. Le premier cahier que nous avons sous les yeux lenferme d'interessans articles, parmi ies societes savanles, dans lesc]ue!s se trouveut decrites des planles rares et nouvelles. Comme leurs predecesseurs, ils ont adople, pour basede I cur classification, lesysieme sexucl; mais ils out incli(pie sons c'liacpie genre la famille nalurelle, a laquelle il apparticnt, et lorsque cela etait neccssairc, ils ont note scs caracleres, soit generiques, soit specifiques, avec un pen plus d'etcndue. Mais on ppurra leur rcprocher d'avoir Irop facileinent adopte qiielques soi-disant nouveaux genres, sans attendrc la decision du tems et de rcx])L'rience des botanistcs les plus ins!ruits; ef aussi d'avoir euipioye mal a propos la terminolo- gie que tpiclques auteurs modcrnes ont voidu introduire, et qui nous semble inferleiire a I'ancienne, a cause de fob curite et de la singidarite souvent pen liarmonieuse de ses denomina- tions. Au reste, dans celte Flora Grrmaiiicn , qui comprend enfin toutd'Allemagne, sent enuniereesaSaS especes j)bai!erogames, distribuees en G/iS genies. Et comme ces plantes ne sout pas restreiules a nos divisions geograjdnipies et croisscnt parlout oil le cliinat et le sol sont il'unc meme nature, cet ouvrage pent aussi servir de guide dans d'autres pays qui produisent, a pen d'cspeces piHJs, propres a chaqne coutree, ces memes vt'getanx. Si- 224. — • * Keisc (Inch die Sclux'ciz, Italicn, Frankreich, Gro.ss- Britanicn itiid Holland. — Voyage en Suisse, en Italic, fn France, dans la Grande-Bretagne tt en Hollandc, pour connaitre les ALLEMAGINE. 68 '^ hopitaiix, les methodes de tiaitement et I'etal medical ilc ces pays, par leD' C. Otto. Hambourg, 182 5. 2 vol. ia-S'*. AI. Otto est un medecin alleniand etabli a Copcuhague , qui , en 1819 et 1820, a visile une partie do rEmope pour sc perfectionner dans son art. Les observations qti'i! a recneillies dans cetlc excursion sunt redigees fivec bcaiicoiip de franchise. Sans passer les bornes dune critique moderee, lautrur dit, sans Teinte et sans exageralion, ce qu'il a trouve a loner ou a blamer dans les hopitaux , dans d'autres institutions niedicales, ce qu'il pense des systemes des medecins attaches aux hopi- taux, de leurs cours publics, etc. — Aux hopitaux de Padoue, M. Otto trouva une malproprete degoutante. A Venise, la maison des orphelins et des enfans-trouves lui parut pitoya- blenient tenue. II loue les niedecins de Rome; maisil a emporte ime idee peu favorable des pharmacies. La maison des alienes, a Avcrsa, tant vantee dans les gazettes napolitaines, ue saiisfit point notre auteur. II pretend que, sous la domination fran- ^aise, le malaria de Rome augmenia beaucoup, parce qu'on abattit inconsiderement des edifices et des murs qui suffisaient pour proteger un quarlier ou tme rue contre rinfluence de cet air. L'universite de Genes n'avait que i5o etudians lors- que I'auteur passa dans cetle vilie. A celle de Turin, le gou- vernement roj'al , immediatement apres la restauration, fut assez irrefleehi pour renvoyer une vingtaine des professeurs les plus eslimes. L'hopital de Lyon parut a M. Otto plus remarquable en dehors qu'en dedans. Les prisons sont, selon lui, mal teniies. La maniere de soutenir les theses de medecine a Monlpellier est qualiliee de ridicule : I'auteur fut siirpris de la proprete de rh(j|)ital de Toulouse. A Paris, M. Otto signale la desunion et la jalousie qui regnent entre quelqties profes- seurs de medecine; un des plus habiles chirurgiens de Paris est laxe d'inhumain ; q^iclques professeurs sont representes comrae un peu bavards. II pense que les etudians en medecine a Paris negligent trop I'etude du latin. En Angleterre, I'aulcur trouve auiant de charlatanisme qu'en Trance; les medecins anglais lui parurent pouitant plus modestes. It decrit avec de grands details les hopitaux de Londres, d'Edimbourg, de Du- blin, etc. , et revient par la Hollande dans ses foyers. Ses ob- servations, souvent superlicielles , renferment beaucoup de chosesconnues et quchiuesjugemeus hasardes, rnais I'ensemble est interessant. D-g. 225. — * Franz von SicAingcns Tbaten, Plane, Freundc und Ausgang. — Vie de Francois de Sickingen , ses projets et ses 44- C84 LIVRES ETRANGERS. amis; par M. Ernest Munch. T. V^. SliUlgarl ct Tubingue, 1827; Cotta. In-8" do xviii et 366 pages. 226. — * Olympia t'lihia Morula Ji(r)trag, etc. — Olyinpia Fill via Morala; bioi;iaplui' appartenaiit a I'histoiie littoraiic till pays de Bade; jjar U: ineiiic. Fiibourg en Biisgau, 1827; Warner. In-8° de 70 pages. 227. — * Die SclncLsd'ie ilcr altcn iiitd ncucn Kortes , etc. — I-es deslinces des ancicnnes et nouvcUes cortes d'Espagne;par le mcnie. SUittgart, Mctzler. T. I, 1824 > de viii et a66 pages, T. II, 1826 , de vui et 38<) pages. Nous avons fait connaiire , il y a quelque terns a nos lec- teiirs ( voy Rev. Enc, t. xxxiii, p. 177-180) le vaste projet liltciaire aiiqiiel se rattaclic la publication du premier des trois oiivragcs que nous nnnon^'ons. Celle-ci, consideree en elle- inente, est iin service reel n;ndu a la litterature historique. Quoiciiie Francois de Sickingen ait joue un role impoitant, et iiiaigre ses relations avec Gojtz de Beilicliingcn , Tjlricii de Hutlen ct Luther, toutes les parties de son histoire n'etaient pas sulfisauTnienteclaircies aux yeux du public alleinand; quant aux Francais qui ne connaisscnt cet illustre personnage (jui; par leurs historiens, on peut aflirmer qu'ils n'en ont (ju'imt? idee ineomplele et meme erronee. Si Francois P"", alors qu'il aspirait a la couronne impcriale d'Allemagne eut la nialadresst? de se niepr<'rulre sur le caractere et I'influence politique et morale de Sickingen, Gaiilard , I'historien de ce prince, ne fut guerc plus heureux; le celebre chevalier n'apparut a ses yeiix que comme im a venturier ( voy Hist, de Frti/icoi.s- ler ^ \. J). Cet aveiilurier, f|ui eiit seconde les vues du roi de France, si ce niouarque avail su restimer au lieu de se borner a le feUr et a le salarier comme un agent, coulribua puissamment a faiie pas^cr dans les mains de Charles Quint le sceptre de remjjire. On ne posscde quepeu de doiuKes sur la jeiuiesse de Sickin- gen et sur I'epocpic de sa premiere apparition dans le monde politique; il faut savoir d'aulant plus gre au biographe d'avoir ajoiile aux aiiciennes notices ilC nouveaux details puises dans les documcns ofliciels ( p. i/,-i7). M. Mimch trouve le terns , non-seulemeut tl'ecrire beaucoup de livres, niais de rassembler les maleriaux necessaircs pour les rendre utiles et solides; c'est ainsi que Tccrivain consciciieieux se distingue du fabricant. L'habitudede puiser aux sources oflicielles Uii permet d'eclaircir en passant des points iiiiparfaitement connus qui appartienneiit a riiistoire politique ou litteraire; il V a , parexemple, decou- \ert (p. I2f)) que Francois de Sickingen est I'un des auteurs ALLEMACNK. 685 lies faiTunises EpistoUe obscurortim viroruin [\) qui |>ainissent iivoir ete ecrites en graiule parlie dans son chateau d'Ebern- bonrg, en commun par lui, Uliich de Iluttcn ct pkisieuis de leiirs amis. Ce genre de recherches conduit I'auteur a des ri^sultats neufs siir des parties plus importantes , ou du nioins i des vuesplus completes et plus grandes snr des objets que I'on ne faisait qu'en- trevoir. Lecliapitre vingt-troisieme sur la conference des cheva- liers a Landau , en iSaa, en fournit la preuve. On soupconnait bien que ceite ligue de chevaliers entaches de liberalisme n'etait pas etrangere a la reformation ; mais il n'appartonait qu'a I'ecrivain qui nous a devoile le caractere de Sickingen , au- teur et chef de la ligue, d'exposer dans tont Icur jour les rap- ports de cette noble alliance et de la marche generalc de la civilisation. On pourrait etre tente de presumer que le bio- graphe, comme il arrive trop souvent, a pris le role de pane- gyriste; on se tromperait. Si M. Munch partage avec les ames genereuses le besoin d'admirer, il y associe, avec les esprits bien fails, ce besoin de verite qui domine tons les autrcs. S'il ilefend la gloire de son lieros , ce n'est jamais aux depens de la justice : cette assertion^'a besoin d'aiitre preuve que la fide- lite avec laqnelle I'auteur a saisi I'individualite de son heros, empreinte du caractere del'epoque ct de riiiflucnce des grand.s evenemens qui imprimaient alors a la civilisation uu mouve- luent si decisif IM. Munch est ami tie la liberie et defenseur des jirerogativcs que le Createnr a depariies a la nature luunaine; Francois de Sickingen ne le fiit pas moins; et cepcndant, combien I'hislorien est eloignedese substilucr a celiii dont il fait I'histoire, ou de croire a I'identite de lour raaniere de penser, de voir et de sentir! Sickingen allachait phis dc prix a la no- blesse personnelle dii ccenr qu'a la noblesse heri'ditaire de la naissance; les droits de Thumanite reriiportaient dans son esprit surlesprivilegesdesa caste. Les abbes historiensdu xviii"* siecle et quelques ecrivains superficiels du xix? n'eussenl pas manque d'en faire un philosoplie de I'ecolc de Voltaire, ou un philan- tropede nos jours. M. Munch est fort eloigne de meconnaitre a tel point son office : il ne fait pasdu liberalisme, il ecrit I'his- toire. Son personnage n'est pas un liberal, c'est un chevalier du xvi^ siecle qui met son heritage fcodal au service dc la cause de rhunianite ( voy., entre aulres, p. 107, 108 ). Si Fran (i) M. Munch a public uiie nouvelle edition dc cet ouvrage , sii- pcrieure, sous divers rapports , aux editions anterieures. 686 LIVRES STRANGERS. cois (!c Sickingeii. s'offre a notre estime avec un caractere noble et fcrme , avec uu profond amour de la justice , avec uiie fidelite inviolable a la verite iine fois reconniie; a cote du ta- bleau de CCS vertus, lauteur nc craint pas de pcindre celte arrogance clievalcresque, qui franchit, dans le fen de la pas- sion , les iiniites du droit et dc TcMiuite ( p. io5 , iu6 ). L'histo- ricn nous montre, dans son personnage, un jwilisan de plus en i)Uis fervent de la reformation , pret a faiie pour Luther tons les genres de sacrifices ( p. 167-181 ) , mais il s'en faut qu'il Iiii prete !es idecs larges de la pliilosopliic chreticnne d'aujour- d'hui : la liberte des cultes, la charite cmbrassant les besoins de tous les peuples, I'abolition de tout genre d'csclavage, sont des objets aussietrangers a ce chevalier, ne I'an 1481 , que les progres recens de la chimie. La purett; de I'Lvangile est sa pre- miere pensee, aprescel!e-la , une seule semble I'occuper, c'est I'aversion pour ce qu'il appelle, dans son energique langage, la sale dorninntion des pre'trcs (p. 1 8y ). « Je connais I'csprit de ees gens, lui fait -on dire dans un c'crit de Hutten compose sous ses yeux , et pcut-elre avec sa participation; je connais leurs artifices; inais c'est pour leiir jjerte (pi'ils contiaueront a s y complaire. Ce qui auparavant etait profondement cache se trouve expose maintenanl aux yeux du monde entier. Leurs tromperies sont devoilees , leurs ruses Irahies, leurs cachettes decouvcrtes. Ces iniserables avaient deligure la religion; et seduit les honimes a tel point qu'ils semblaient molns elre des ministres du Christ que les pretres d'une superstition etrangere. Mais aujourd'hui, les esprits sont eclaires et les nuages se dissipent » (p. 1 91-194 )- Si ee passage semble offrir une couleur tro]) fraiche , la faute n'en est pas a I'historien du iG*" siecle , niais a I'histoire dc I'ande grace 1827. Du reste, Siekingen, malgre les forces dont il disposait, s'abstenait de toute action hostile centre ces sorles d'enncmis, dans Tesperance que leur impunitii niomentanee les rendrait encore plus insolens ( p. j68 j. La biographic (pie nous analysons preludant a un grand ouvrage qui embrassera I'histoire dc la reformation consideree sous touies ses faces, il nous paiait important d'ajouter qiicl- ijues mots encore sur la maniere dont I'auleur saisit les traits generaux de la physionomic du siecle. Lorsque nous etudions attcnlivenient le livre de M. Munch, le siecle de son hc'ros se presente a nous, comme la crisc de la lutte morale cntre le moycn age et les terns modcrnes , comme la fin dc la longue transition du regime feodal a I'existence forte et h'-gale du tiers-etat, comme la crise de I'emancipatiaii ALLEIVIAGNE. 687 definitive des peujtU's <|iii, a peine sorlis do tutcllc , dc'j)loieut cette raison et cclU' vigucur civile dont on \eut faiie nujour- d'hui ini motif d'interdiction L'eijjoisine poliiiciiic, suite dti niorcellement feodai des Etats , re^ne encoi*;; cependant , en opposition avec Ini s'elevent des idees pins l.nges , et I'on apercoil, painii ies petites |)opidalions de lAlleniagne^ un desircenlns de consolideileur existence dans 1 unite d'lni grand L'tat, on par luic ('cdeialion republicaine. L'enipiie germaniqne, en efl'et, ne satisfait pas a ce besoin; il oftVe Ions Ies symptomes de la (iissolntion : le diet est sans puissance, Ies ininces sans pa- triotisme, iesvilles sans devoument, le peaple sans subordination (p. 54,55, 57,96) Panni Ies puissaus niaitfes des vienxdonjons, nevenx des anciens oppresseiirs de leurs sujets, se ironventdes def'ensuins (ies dr.iits et des franchises du j)euple, Sickintjen se presente ici snr !e premier plan. Dans cet etat de chose s'offre a nos yeux le singniier spectacle de seigneurs faisant la guerre a des villcs pour venger Ies offenses des jjarticuliers; le carac- tere de ces liittes est bien celni dn siecle , nn melange de ge- nerosite et de ronille feodale; le preux et loyal chevalier, qui s'arme dans le seul inleiet de la justice, ne croit pas meme devoir pallier certains exploits, nobles souvenirs des brigan- dages chevalerescpies du nioyen age. M. Munch ne neglige aucun de ces petils details si piecieux qui ajontent a la verile locale et rendcnt la pliysiononiie du siecle plus parlante. Apres cela, il n'cst pas besoin d'ajonter qu'il voit dans I'histoire le tableau des peuples, et non-seuiement Ies intiigues, mais en- core Ies vices et Ies vertus des tetes couronnees. Le style de I'auteur, facile et souvent anime, emprunle qnelques-unes des graces et des tournnres vives du longage du xvi^ siecle. L'etendue de cet article nous oblige de nous borncr, pour Ies deux aiitres ouvrages, a nne simple indication. Le second raconte Ies destinees d'luie femme de leitres, dont la vie fut une suite de malheurs nublement supi)ortes par la piete chre- tienne , qui donna une trempe pins forte a. son talent. JJIiistoire des Cortes Espagnoles a ete composee d'apres un grand nombre trouvragcs ecrits siu- ce sujet et d'historiens de I'Espagne; Ies trois langues espagnole, francaise et allemande, et pour Ies terns moderncs, Ies journaux, ont ouvert a I'auteur Ies nombrenses sources ouil Ies a du puiser. La composition est la partie faible des travaux historiques de M. Munch. Presse par le lems , cet estimable ecrivain scmble souvent se borner an travail preiiminaire qui rassemble lesma- teriaux, et se dispenser de la peine de Ies disposer avec art. ft88 LIVRES ETRANGERS. Tropsemblableen ce point aiix ancicns chroniqiieurs aUcii)an(l«y t'tsuisses, il fond ensemble ]a nariation et les relations aullion- tiqnes qui Uii scrventde base (voy. Vie dc Sickingcn, ch. 8, sc- condemoitic; ch. io;ch.i/(, p. i95,etc.). La partie documentaie, rejetee dans des notes, satisfcrait les investigateuts de profes- sion ct n'entraverait plus le mouvement dramalique de I'his- toire , qui n'est point un Uixe de I'art, mais le complement de la verite. (L Monnaru. ai8. — * Geschlchte dcr slaviscltcn Spracltc und Literatur. — Histoire de la langue et de la litterature slaves, par Paul-Jos. ScHAFFAniR. Bude, 1827. In-8". La race slave est tres-nombreuse en Europe : les Riisses, les Polonais , les Bohemiens, les Esclavons,les Croates , les habi- tans de la Carniole, de la Carinlhie, les Illyriens, etc. en font ])artie. Cliacun de ces peuples a sa langue, on dii moins son tlialecte particulier; plnsieurs possedent aussi une litferatJire. M. ScHAFFARiK H cntrcpris une sorte de precis et de mannel stu' cct objet. II classe les peuples sous le rapport de leurs langnes : il signale les particidarites on le genie propres a chacun des jdiomes slaves; il fait rcmarquer les differences par lesqnelles se distingiient les dialectes , dont quelques-uns se subdivisent meme en plusicurs varietes. C'est ainsi que I'auteur passe en rev lie une vingtaine de langues el de dialectes. Il indique les travaiix litteraires qui ont ete entrepris pour chacune de ces langues, les grammaires, les lexiques, les recueils de poesies, les livres populaires, etc., en sorte que ce manuel est rempli de renseignemens instruclifs pour ceux qui veulent faire des re- cherches sur les diverses families de langues. L'auteur paiait posseder une graude erudition philologique et bib!iogra])l)ique. Il est vrai que les Allemands liii avaicnt deja prepare la voie par le Mithridatc d'AnELUNO et de Vater, et par d'autres grands recueiis sur les langues. D — o. SUISSE. 229. — * Ueber die Forziige der gegenscitigcn Brandasseftd- ranzcn vor Pramiengesell schaften. — Des avantages des assu- rances mutuelles confre I'incendie sur les societes a primes ; par le profcsseur C. Beknouilli. Bale , 1827 ; Neukirch. In- 12 de 63 pages (Voy. ci-dessus, Rev. Enc, t. xxxiii; fevrier 1827, p. 3/|<)-368, wne Notice sur les assurances , par M. Francoeur). L'auteur de cettc brochure pese avec impartialite les avan- tages et les inco!!veniens de chacune des deux nianieies d as- surer les proprietaircs contrc les ineendics. Dans les societes u primes, lorsque le donunage est tres-cousiderable, le capital SUISSK. 689 peut (itre englouti , ct la Societe rester debitrice onvers les assures. Ce danger est presqiie nnl dans les assurances mu- tiielles, oil, en cas de grands dommages , il suffit de doubler, de tripler, de decupler la contribution de chaque assure ; mais, en revanche , ceiui qui se fait assurer par une societe a primes ne paie jamais que la mcme contribution, au lieu que celui qui est assure dans la/e societe mutuelle ne peut jamais etre cer- tain de la contribution qu'il devra payer, altendii qu'elle oint d't'^alcdans raiicicii mondc v.t i\ui, detoiis les dons qu'clle avail rt'(-iis de la nature, n'a pordu ()ue la salu- brite de son cliinat. Elle poiirra done voir icparaitrc sa popu- lation et son antique rcnommco. A rexempie do Pouzzoles, les belles platnes de Pcvstuni , la voluptueuse Syburis , Heraclee, Brindes, Otrante, Salpc , Corlone , Mctnpontuni et Manfre- donia retrouveront leur ancienne splendeur, et ranimeront nos campa^nes actuellement desertes. F. u3i. — * Corso clcnu'.ntarc dl chiinica, etc. — Cours elcnien- taire de ehimie ; par Pliilippe Cassola. Naples, 1826; iin- primerie francaise. 4 vol. in-8°. Nous avons annonce les trois premiers volumes de cet utile ouvrage (voy. Rev. Enc, t. xxx, p. /|Z|8). Le quatrieme et dernier est consacre \ la chimie organiqiie , vegetale et animale. C'etait une tache difficile, de renfermer dans nn seul voliune tout ce qui a ete ajoute de nos jours a la chimie or;;ai)ique , par lesnombreuses decouvertes des honimes dxtraites ib!iotheque Magliabecchi , a Florence, un manuscrit qui a ete reconnu pour le carnet , ou memorial de lecture du celebre Boccace. ITALIE. 695 Ce ciirieux moiuinient, outre qu'il jette qiielquc jour sur di- verscs circonslances de la vie d'un grand ccrivaiii , nous montre combien il fut docte ft laborienx. On y trouve aussi beaucoup de particiilariics non moins precieuses, sur une epoqiie qui fut I'aurore 8 paj^es; ]ii'ix, 6 fr. ]Voi!S dirons pen de chose de I'ouvrage de M. Boyer , preci- sement parce cjue les lecteurs auront tout lieu d'en clre satis- faits, et qu'on pent I'offrir avec conliance a ccux qui savont, aussi bieii ([u'a ceux qui veulent apprendre. Conune les sujets que I'auteur a traites sent Ires-elendus et d'un ii;rand interet dans leu IS details, une analyse aussi abregee qu'on put la faire nous jetterait liors des Hmites que nous devons nous imposer. Boruons-nous done a rccommander la lecture dc ce manucl, et a communiquer a nos lecteurs (juelques observations sur la nianiere dont I'auteur en a dispose les diverses i)arties. On sanra gre a M. Boyer de la mesure precise et du choix des connaissances ehimi(|nes qu'il a fait entrer dans nn ouvrage snr des arts ou les [)ioprietes chiiniques des materiaux produi- sent les resultats les plus iuiportans. La bcaute des formes ct le boa gout des orneuiens penvent sediiire au premier coup- d'ocil : mais le prestige s'evanouirait bientol, si cette elegance et cct eclat n'ctaicnt point associes a nn nierite d'une autre cspece , et |)lus precieux par les services que nous eu tirons. Dans quelques traites 011 la chimie etait nioins necessaire, les auteuis n'oiit point cru pouvoir se dispenser de debuler par une theorie de cettc science, luxe de savoir dont les arts ne profilent point. L'etude des sciences ne pent quepeixlre, a me- suic ([ue Ton multipliera les mauvais abreges qui ne soat que d'informcs troncatures. En rctrancliant loule erudition superfine, I'auteur a conserve une histoir(! succincle des arts qu'il decrit; les lecteurs en ex- priineront aussi leur salisliiction. En tout, la critique instruc- tive trouvera beaucoup h louer dans ce manuel, et tr^s-peu de choses a reprcndre. Il serait peut-elre plus commode que les SCIENCES PHYSIQUES. 71 5 ilciix volumes n'eu lissent qu'un seul , ce que le format in- 1 a aiirait rendu possible et rin-H° tics-faciie. Les reclierciies soiit tonjours plus expeditives dans un seul voiuine que (Jans deux. , F. . ; 257. — * E^sais de G<^'Og}ap/iir mcthodique ct comparative ^ accompagnesde Tableaux /ustorajiics faisant oonnailre la suc- cession dcs differens etats du monde, depuis les tems les plus recules jusqu'a nos jours-, et suivis d'une T/if!ona du terrain nppliquec aux reconnaissances vdlilaires ; par 51. A. Dexaix, ancien .Q)i. — * lledeniptlon du genre hainnin , nnnoncee par Ics tra- ditions ct Ics croynnccs religicuscs ,Jigui-ce par les sacrifices de tons les peuples ; oiivrage qui sort A'appcndirc aux Soirees de Saint-Petcrsboiirg ; traduit de rallemand de B.-J. Sciimitt ; par M. R.-A. HENIllo^f, avocat a la Cour loyale de Paris. Paris, 1827; J.-J. Blaise. In 8"; prix, 5 fr.,et 6 fr. par la posle. Vers la fin du dix-seplieme siecic, le savant Huet, cveque .6 IJVRES FIIANCAIS. traces du calnie de son coeiir. Sa science egalait sa piete. Jamais un pauvi'e ne se piesenta devant hii satis en lecevoir des eoii- solations, des conseils ou des secoiirs. Coimric il avait peu dc relations avec le people des environs, ei conmie on le voyait descendre dans le val , a la tete des relit;ieii.\, seulcnient qiiand line tjrande catastrophe glacaitlescoL'urs d'elTroi, les liahitansde la plaice liii attribnaient des |)ouvoirssun)aliircls. On faisait une espece de mat^icien d'un homine si vertueiix. ( pai^'c !>3. ) » Tel est le sai,'e qui va donner ses instruclious a un jeune homme force par la tcmpete de chercher un asile dans I'anticpic monastero. Ce jenne liomme est Rienzi, patricien romain , poursuivi par les inquietudes d'linc ame avide de la verite, et par les tourmens d'un sceplicisuie absohi. Voilii en quels ternies il presenle la situation de son espiit ; « A quels t;iuiies nies maitres m'avaient-ils remis, avant de me lancer dans le nionde ? des hommes ii;norans on sordidcs ont doiiue a la relijiion les traits liideux dc leur ame. Un moiue intolerant a etendu son nianleau entre Dieu et moi. Que savais-je des sciences dont les lois admirables et positives recliiient notre juycment iH agrandissent notre ame? de I'histoire , dont I'experience est la meilleure lecon de la posterite? de la theorie des lois, dont un citoyen eclaire aime a conuaitre les bases , en nieme terns qu'il obeit ? de la theorie de la morale, dont les regies ont sans doute quelque appui dans notre ame? de la theorie des arts, dont les monumens m'entoiircnt des men enfance, et reveillent en moi un brulant desir de conuaitre la source et les lois du beau? (page 43.) >. Les theories sublimes du nouveau Thermosiris sont renf'er- mees dans quatorze entrctiens dont nous ne pouvons donner ici qu'une idee bien imparfaite. Partout, c'est le genie et I'amc de Piaton, instruit daiss la science moderne et analysant avec bonne foi, mais non toujonrs avec succes, les apercus d une riche imagination; ou ]i'ait6t, ces entreticns sont un fort resume de la philosophic kantiennc, rcctifiee dans quelques ])arties de ses aventiu'euses inventions, purgee des doules (ju'elle enfante et de la barbare termitiologie qui Tenveloppe d'obf.curite. ' L'auteur commence par demander qu'on lui fasse une con- cession. « Crcons, dit il, un eire purcment sensitif, et eomme son intelligence sera tout-a-fait absente, il arrivera que cet homme, possedant la plenitude de ses sens, va voir, c.iUcndrc, toucher v\.v,recises eutrc le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel , limites dont la dtiter- rnination restera toujours comme un probleme immense a resondre, chaque jour ces inqirndens prost'litcs des prtiten- tions ultramontaines chcrclient a etendre la juridiclion ecclt;- SCIENCES MORALES. 73 e iiastique aux depens de la puissance stculierc; par leur ardenr et par leur ambition , ils forment une cspece de faction dans la communion a iaquelie ils appartiennent. La doctrine elle-meme, c'est-a-dire, le catholirismc , gouverne en apparence la majeure partie de la nation francaise ; niais, en etudiant attentivement les opinions individuellcs, on s'apeicoit qn'au lieu de marcher sousles bannieres de Rome, la pliipart suivent, prcsque a leur insii,des drapeanx opposes; car chacun raisonne sa religion, comme sa morale , par consequent pmtestc sons certains rap- ports ; et c'est un des caractcres de notre siecle, qui prouve cvidemment que la societe, prise en masse, e?,\. pratcstonte , si non de nom, du moins de fait. L'autre ecole, dont la Rci'itc protestantc , et M. B. Constant, dans son ouvrage sur la religion, sont les principaux organes, est basce snr le protestantismc^ dont elle exagcre encore le prin- cipe fondamental d'examen; elle ne voit , dans la religion, qu'un sentiment ducoeur, danslequel elle fait etitrer jnsqu'aux illusions de la melancoiie, jusqii'au romanlisme de la littera- ture. C'est le scntinirnt religicux (\\\\ etablit secretement le com- merce intime de riiomme avec Dicu, et sur ce sentiment com- mun a loutes les croyanccs et a tons les ages de I'humanite reposent ce qu'elle apj)elle les convictions religieuses, en d'au- tres termes, les diverse^ formes que revet la religion pour s'of- frir a I'imaginntion deshommes. EUeproclame que chacun ne doitconsulter d'autre autorite que ses Inmieres naturelles pour commenter les livres saints : du reste , la religion etant proi^rcs- su'c comme lout ce qui se rappovte a I'houmie, elle etablit que le cnlte doit s'ejiurer avec ledogme et sc rapproclier sans cesse il'un spirituaiisme de plus en plus parfait : elle reconnait cnfm que la morale subsiste en dehors du sentiment reiigieux qui la forlifie sans lui servir de base. Resfea savoir si chaque hommc isole n'a pas un sentiment dependant de son education, de son inleret, de ses opinions), chaque opinion produit en effet un sentiment analogue); et, si par consequent ces formes tonics spiritueiles ne finissent pas p;ir se reduire a des reveries sans ulilite pratique, dont on ne pent lirer que bien difficilement des principis fixes pour la conscience du peuple. Ces deux doc- trines sappuient egalement sur I'Evangile; et cependant, Tune prescrit I'unite de foi ou de soumission a V autorite , tandis que l'autre consacre le principe diametralcment cpjjosc, I'unite d'independance indivitluelle. Dans I'espace immense qui les se- pare , viennent se placer, a des distances plus ou moins eloi- gnees de ces deux eglises, la multitude infinie des sectes qui se partagent le monde et qui se multiplieut si etonnammeut de 47. 73a LIVRES FRAjVf.AIS. nos jours qii'aux Etals-L'nis on compte sonvent, dit-on, plu- sieiirs chefs do sccto dans mie seule villc, et nienie dans nne scule famille : l'Ailoniai;ne, la Riissic, la Siiisso, I'YVngleterre en volent paiailru aussi chacjiio joiir de nouvcanx. Toutes ces coniiininions (iniront sans doiite un jour par se reunir a la suite d'nni- transaction an)'al)le on forcce : c'cst toujours la en de- finif ivf \'j dernier teraie des discussions liumaines. A latjuelle de ces doctiinosappartient I'auleur de cette politique religicusc et pliiloso|)hique? II (iefiiiit /a religion « lacroyance a un Etre supreme, puis- sant et actif, que Ton reconnait la necessite de servir, « et il ajoute, sans aulrc explication, que« k- sentiment religicux s'e- tend comme rinfini sur lequcl il doit se soutenir. » II dit en- snite que « la religion consiste nioins dans I'observation des pratiques exlerieures qui , quelqnc respectables qu'elles puis- scnt etre, ne sauraient la constituer, que dans la grande pen- see de I'eternite que le souverain regulateiudii monde a gravee dans le ccBur de tons les honnius ; » et plus tard , que« la fai- blessehumaine a besoin de pratiques I'cligieuses. » Ici « les ha- bitudes morales ne sont que les suites de la croyance; >• la « il faut agrandir la religion, en l-i degageant de plus en plus des pratiques qui ne lui sont point essentielles, et surtout en la restreignant au domaine de la morale. " Plus loin : « nous rcconnaissons I'importance d'un culte jjublic et rinsuffisance de la religion naturelle comme religion de I'etat , parce que n'e- tant (|u'un sentiment sans regies ecrites, elle ne sanrait sup- pleer politiqueni(;nt a aucune pratique religieuse. « Si Ton a compris ce qui precede, on doit trouvcr, ce nous semblc, qu'il y a inconsequence dans les opinions de I'auteur; et Ton est assez embarrasse de savoir en quoi consiste au juste cette religion regardee par lui cependant comme un instrument po- litique necessaire au gouvernement d'un etat. Quanta la philosopliie, il nous serait difficile encore d'ex- primer les idees de I'auteur avec precision et nettete. II emet partout les principes les plus genereux, la morale la plus pure, les sentimens les plus nobles. Si tons Icshomrnesavaient, comme lui, ramourprofonddc I'ordreet du bien public, et ])Ossedaient les memes lumieres, ils seraient bientot d'accord ; mais ils n'e- coutent en general que la voix de leur interet ou de leurs pas- sions : c'cst la une verite de fait que Ton ne peut malheureu- sement revoquer en doutc. Dans tout le cours de son livre , la moderation est recommandee comme une des premieres ver- tus politiques : il .s'cloignc egalement de toutes les opinions ex- Iremes auxquelles il suppose peut-etre plus d'influence qu'el)es I SCIENCES MORALES. 7^5 n'en ont reellenient : leur action est bien faible sur line gene- ration qui di^sire marcher, mais non pas coiirir dans la route des peit'ectionnemens sociaux. II cundanine justement I'csprit de faction « qui non - seiilenient ne veut pas raisonner , mais meme ne veul pas peraietue le raisonnement aux autres; » despotisme intolerable , quand on se laisse maitrlser par ces seides intellectuels « anssi esclaves des prejiii^es de leur fac- tion qu'ils le seraient d'un despote nieme», selon I'heurense expression de Montesquieu. Enlin , M. de Morogues parait avoir voulu composer son ouvraiie sur le niodeie de YEsprit des lots , et ce n'cst pas la faute de ses excellenles intentions, s'il est reste a une tres grande distance de son immortel prede- cesseur. Ad. Gonuinet. 267. — * Du perfeclionnemcnt des etudes legates , etc. , par Joseph Rey, de Grenoble. Paris, 1827; Treuttel el Wurtz. In-)i° de 108 pages; prix, 2 fr. Personne ne saurait se dissimuler I'immense lacune que laisse dans rinstruction des jeunes legistes renseignement , tel qu'il existe dans nos ecoles. Non-sculenient , les etudes n'y sont point a la hauteur des besoins et des interets de la science, mais elles ne s'y trouvent pas meme au niveau de I'etat actuel de notre legislation, dont une grande partie y deuieurc en quelque sorte vierge et intaete. Loin decomprendre I'examen comjiaratif des legislations et des institutions etrangercs, elles n'cmbrassent pas memo I'expose de nos institutions politiques el judiciaiies. Wous sommes done sur ce point, comme sur tant d'aulres , bien eloigues de la pcrfecliou. Au reste, I'Angleterre, I'ltalie, I'Espagne, ne sont guere, a cet egard , dans une situation plus favorable que la France ; TAIlemagne et les Pays-Bas sont les seules contrees oil renseignement du droit public et prive se presente sous un aspect satisfaisant. (Voy. iit'c Erie. t. xxxiir, p. 290, un article sur \' Enscignenicnt des sciences administratives en AUeinagne). C'est ce qui resulte du tableau sommaire que M. Rey commence par tracer de la marche de I'enseignement dit droit dans toute I'Europe ( la Russie exceptee ), etmeme aux Etats-Unis d'Araerique. — Mais I'Angleterre va bientot sans doute , par la creation d'une universite nouvelle , remonter au rang qui lui appartient parmi les nations cavilisees. Quant a Ja France, si brillante sous d'atitres rapports , si riche meme a cet egard des travaux de ses publicistes, de ses jurisconsiiltes, de ses philosophes, esperons qu'on ne la retiendra pas long-tems stationnaire dans une carriere qu'elle ne demande qu'a par- courir en cntier. Quoi qu'il en soit , le terns est venu de me- snrer des yeux cette carriere ct de s'cffoixer de rcculer les b 734 LIVRES FRANCAIS. iimites ctioitts dans lesqiiellcs rcnseignenient public du droic, c'est-a-(lirc, de la science la plus utile peut-etre aiix proxies et au bonheiir du genre hnniain , se trouve aujourd'hiii circons- crit. C'est ce que vient de tenter M. Rey. II nous offre a cet effet un plan d'etudes , n)etbodique, vaste, et plus que complet. — Dans unc premiere section , il expose quelles S'hU Ics con- naissanccs prealnbles, necessaires pour aborder le sanctuaire de la science des lois. Ouire les etudes communes qui doiveiit faire et qui font ordinairement parlie d'une boime education, il indique certaines branches d'inslruction , parmi lesquelles nous romarquerons piincipalement Vcco/to/nie, ou I'observation des resultats de toutes les actions humaines considerees sous le rapport de la produrtion des biens ; la morale qu'il distin;^ue de la philosophic j^enerale; V ideologic , la statistirjue, et enlin Vo/tato/iiie et \a plijsiologic. L'auteur insiste aussi parliculicre- iiient et avec raison, sur la ni'cessite de I'ctude de la langue et de la litteratiue latines : mais il me permettra de trouvor moins essentiellc I'etude la langiie yrecqiie dont, au rest(!, je n'en- teuds ])as conlester Vulilite. — La sccondc section comprend les etudes introductives , lesquelles embrassent , mais sepaiement, Vhistoire et la titeorie du droit. Pent etre M. Rey n'a pas mis une grande importance a I'ordre dans lequel les divers cours qu'il propose sunt presentes. J'aimer.ais par exemple, que la theorie du droit en precedat I'histoire, afui de rendie plus f'ruclueuse I'etude de cette derniere. — Une troisieme partie est consacree aux etudes textuelles ou positives. Peut-etre n'cst-ce pas ici que devrait figurer le cours de notre ancieu droit coutumicr. Mais onne saurait contester I'utilite de la plnpart des cours indiques par l'auteur, et dont la majeure partie n'existe point. On peut en dire autant des etudes pratiques qui composent sa qaatrieme et dernihe section et auxquelles il n'est supplee qu'impaifaite- ment par les eleves, au moyen de conferences partieulieres et de travaux chez les praticicns. Un tcl plan d'etudes formeraita coup sur des legislateurs, des publicistes, et des jurisconsultes accomplis. En attendant, c'est aux hommes instruits, laborieux ou patiens a combler par leurs travaux et par leurs ouvrages le vide affreux que presente en France rcnseigi>ement public du droit. B. L.,Avocat. iV. B. Depuis que l'auteur a compose cetle brochure, c'est- a-dire , aiiisi qu'il nous I'apprend, depuis 1S19, I'ecole de droit de Paris s'est appauvrie par la suj>pression du cours im- portant de droit administratif (\n\\ mentiontie comme existant. 268. — * Conipte general de fadnii/nst/atio/i de la Justice Cri- minclle en France , pendant I'annee 1826, presente au Roi par SCIENCES MORALES. 735 le Garde dcs Sceaux , ministrc-secretaire d'etat au departcment de la Justice. Farh , 1827; imprimerie royale. In-4" cle i85 p. Le compte general de radmiuistration de la justice criminelle, pendant I'annee iSafi, a siiivi de pres celui de I'annee iH'iS, dont nous avons enlretenu les lecteurs de la Rivue dans notre dernier cahier ( Voy. ci-dessus p. 3tiij et suiv. ). Nous y remar- quons pUisieurs des ameliorations que nous avions desirees, telles, par exemple, que revaluation du nombre des pourvois en cassation et des arrets casses, I'indicalion des juijemens d'ap- pel en matiere correctionuelle , la division par sexes, etc. Es- perons que chaque annee rendra cet important travail de plus en plus complet; esperons surtout qu'il presentera un spectacle bien consolant poiu- I'ami de I'liumanite, celui de la diminution sensible dcs crimes et des delits. En attendant, nous sommes forces d'avouer qu'au lien de diminuer, les actions reprimees par la loi ont etc plus multipliees dans la dcrniere annee (]ue dans la precedente. En eflct, nous avons vu que les Cours d'as- sises avaient juge, dans Ic courant de iSaS , 5653 accusations comprenant en tout 7^34 accuses. En 1826, le nombre des ac- cusations s'est elevea5,8i2, et celui des accuses a 7,691, ce qui presente une augmentation de 357 accuses, ou d'un vingtieme. Le rapport du nombre des accuses avec la popula- tion, dans chaque departement a varie, en 1826, depuis i sur i5,8oH jusqu'a 1 sur i,23o. Le premier de ces rapports appar- tieut au departement de la Creuse, celui de tons ou il y a eu le moins de crimes I'annee dcrniere, et le deuxieme, au departe- ment de la Seine. Le di'-parlement de la Corse au Ton comptait, ea 1825, nn accuse sur 1001 habitans, n'en a eu, cetle annee, que I sur i,3So. La proportion entre les crimes contre les per- sonnes, ct les crimes contrt: les proprietes, dans tout le royaume et dans clia(]ue departemenl, est restee a peu pres la meme qu'en 1825. On sail que les premiers cle ces crimes sont beaucoup plus multiplies dans le midi, et les seconds dans le nord; soit qu'on doive attribuer la cause de cette difference a I'influence du climat , a I'etat dc I'instruction primaire, ou enfin a I'inega- lite de riclu'sse qui se fait remarquer entre la I'rance du nord el celle du midi. Sur les 75i)i accuses , 6988 etaient presens , et Co3 ont etc juges par continnace. Parmi les accuses presens, 2640 ont ete acquittes, et 43'i8 ont ete condamnes, savoir: A la peine de inoit i5o .\iix truvaux forces a perpetuile -iSi Aux travaux forces a tenis i'3y A la rcclusion laaS Au cjrcan 5 aSo3 736 LIVRES FRANCAIS. Report a8o3 Au bannissenient i A la degradation civique. i A reniprisonneinent avec ou sans amende.. . 1487 Enfiu oG accuses, Ages de uioins de iG ans, ont etc condamnes a raster detenus pendant un certain nombre d'annees dans une mai- son de correction 56 Total .~4348 Quatre tableaux indiquent Vd'^e et le sexe des acciist-s, dis- tinguos suivant la iiatme dcs crimes qui leur etaient imputes, etsiiivant ledepartemeiit ou ils ont cle juges. Un cinqiuume fait connaitfe le resultat pour les accuses de chaque ageet de chaque 8cxe. Le nombie proportionnel dcs femmes traduiles devaut la Cour d'assises est de 18 sur 100; il est de 21 dans les iribimaux de police coiiectionnelle. Dcpuis I'age de disccincment jus(|u'a treule ans, le nombre des accuses va toiijours croissant dans les deux sexes: il diminue sensiblement apres cet age. Aussi , le nombre des accuses de moins de trente ans forme plus de la moitie ( o,53} du nombre total. Trois tableaux font connaitre le nombre dcs arrets cassus , les motifs et les effets de la cassation. Siu' 5, 812 arrets contra- dictoires ou par conlimiace rendus par les Cours d'assises, en 1826, i,i5i ont ete defercs a la Cour de cassation, qui a statue sur tous les pourvois; et 74 seulement ont ete casses en tout ou en partie. Nous passons niaintenant au compte sommaire de la police correctionnelle, nous reservant de revenir tout a I'heure sur ramelioration la plus notable, selon nous, de cette nouvelle statisticjue. Les tribunaux correctionnels ont rendu, en 1826, 108,390 jugemens. Ce nombre, compare a celui de 1825, donne un excedant de 12,229; niais il laut en deduire les 3,969 jugemens du tribunal de la Seine, qui n'etalent pas compris dans le compte de 1825. Le veritable excedant, qui est ainsi rediiit a 8,260, se compose de 6,0/19 delits forestiers, et de 2,211 delits ordi- naires. Sur les 169,740 prevcnus qui ont ete traduits en police correctionnelle, 25,356 ont ete ac((uittes, et 1 34,384 out ete condamnes a remprisonuement ou a I'amende. Un tableau (lxxvii) marque le resultat des poursuites pour les prevenus de chaque age et de chaque sexe. On y voit que, parmi les in- dlvidus des deux sexes qui ont ete condamnes a plus d'un an d'emprisonnemcut, il en est 282 qui n'avaient pas encore ac- compli leur seiziOme annee, et parmi ceux qui ont ete condaui- SCIENCES MORALES. '737 nes a moius d'un an, 838 de 16 a 21 ans, 769 individus ont ete condamnes a un an et plus d'emprisonnement ; 2864 a moins d'un an. Enfin , sur les 108,890 juj^emcns des tribunaux cor- rectionnels, jugoant en prcmiet'e instance, 5,o3i ont ete atta- ques par la voiedel'appel; 2.705 ont eteentierement conGrmes; 2,326 ont eprouve divcrses modifications. C'est a Paris qu'a ete commis le plus grand nombre de debts de la pressc. Lc tribunal de la Seine, sur 184 prevenus impli- ques dans 69 affaires relatives a la presse ou a la librairie, en a aoquitte 85 ; 53 ont ete condamnes a I'amende, et 46 a I'cmpri- sonnement et a Tamcndc; sur 43 ouvrages attaques (livres, journaux ou memoires) 34 ont ete condamnes. Les tribimaux de simple police ont condamne a I'amende 114,314 individus, et 5,432 a remprisonucment Les presidens des assises adressent an garde des sceaux , apres chaque session, des rapports officiels sur les affaires qui ont ete souniises an jury. Ce ministre y a puise des renseigne- mens fort ciuieux sur les motifs apparens des crimes capitaux et sur les inslrumens qui ont scrvi a les commettre. Celte inno- vation nous parait avoir une haute importance : inais pourquoi, apres avoir signale et eiuimere les funefites resultats de la cu- pidite, de TadnUere, des dissensions domestiuues, de la jalou- sie, de la haine, de la vengeance, avoir oubiie de citer le jcu parmi les causes apparentes et meme evidentes des crimes que la loi punit ? II est bien difficile de croire cependant qu'aucune victime de la funeste passion du jeu n'ait ete conduite, en 1826, sur les bancs des Cours d'assises. Serait-ce parce que le gouvernement qui protege, sans doute a regret, d'infames etablissemens, et qui en lire un abject produit, craindrait de fournir des amies contre lui, en presentant sous les yeux du public le tableau des desordres qu'ils produisent? En resume, le compte de I'administratiou de la Justice cri- miuelie, en 1826, nous montre que les moeurs ont ete loin de s'ameliorer, dans le cours de cette aunee. II en a ete de meme en Angleterre. L'annee 1825 avait vu 9,964 condam- nes; il y en a eu 11,095 en 1826, dont 1,200 a mort. Quels sont les motifs de cette augmentation sensible? C'est un pro- bleme qu'il serait bien difficile, sinon im|)ossible de resoudrc. A. Taillandiek. 269. — De la necessite d'un changement de ininisterc ; par M. CoTTU, conseiller a la Cour royale de Paris. Paris, 1827 ; Ambroise Dupont. In-8° de 72 pages; prix, 2 fr. Le courageux magistral poursuit la noble tache qu'il a en- treprise de censurcr avec vigucur la marche tortueuse et retro- 738 LIVRES FRAN(^:AIS. grade dii miiiisteio actuel.Nous regreltons bien vivenieiitqii'aii niilii'u ties ideos saiiies qui remplisst'nt cette nouvtlle brochure, M. Cotlu soit encore revenu sur ce deplorable systeme d'aris- tocratie qu'il avait deja indique dans pliisicurs dc ses ecrits: inais, ce qui nous rassure, c'cst que I'honoiable inagistrat, nialgie tout son tali'nt, ne parvieudra jamais a rendre popu- laire une doctrine qui est si peu en harmonic avec les moeurs et les habitudes de la France nouvelie. ~ 270. — Biirbaric ct Civilisation , ou Plaidoyer pour !es Grecs , pai- M. Peysson, avocat; avec citte epigraphe : « Continuons a sccourir les Grccs ; Jiiiissons I'ceiwrc que nous avons coinmen- ct'c. HI. Eynard. » Paris 1827; a la Librairie universelle, rue Vivienne, n° 2. In-8° de iG p.; prix, 60 c. [Sc vend aa profit des Grccs. ) La lecture du titre, I'epigraphe choisie par I'auteur, la des- tination des fonds que doit produire la venlc de cet opuscule, aunoiiceiit assrz dans f|ut'lle inlention il est ecrit. Nous ne croyons pas qu'il soit neccssaire d'en presenter Taiialyse a nos lecteurs; ce n'cst i)asa oux (jiie ce plaidoyer s'adrcsse; la cause des Grecs est gagnee dans leurs coeurs. Puisse-t-il etre lu et medile par ceux qui se nionirent encore ennemis de ce peiiple heroique et malheiireux! 11 pourra contribuer a les ramencr a des sentimens plus justes et plus hnniains. OE. . 271. — * Anticjuites roinaines , ou tableau des moeurs , usages et institutions des Ro/Jiains, etc.; par Alex. Adam, Recteur du grand college de la ville d'Edimbourg. Dcuxieme edition francaise. Paris, 1826; Verdiere. In-i2;prix, 9 fr. Le but de I'auteur anglais, en exposant dans ce traite tout ce qui a rapport a la religion, aux fetes, aux spectacles, aux jeux et aux exercices, aux mariages et aux funerailles , au gou- vernement, aux lois, a la magistrature et a la procedure, a la tactique et a la discipline , a la marine , A I'agriculture, aux edi- fices, aux habillemens , aux poids, mesures, et monnaies des Romains, o'a |)as ete de tracer seulement un tableau dcsmceiu's et des usages ropitius ct quietus; I'auti'e, qu'oii y trouvait iin yiand nombre de savans en I'tat de piofesser, ac doctoruiii divini ct huinani juris pcritoruni copia. « Les liistoricns de Pro- vence, qui, en general, dit I'auteur, ont aftril)ue I'etablisse- ment de I'universite d'Aix an pape Alexandre V, n'ont pas rendu a Louis II tout I'honneur qu'il inerite : c'est lui qui con- cut la pensee de ce bienfait. » En 1462, fut instituee dans eettc iiniversite une cliaire d'anatomie, ct en i5io, six medecins y furent agreij;es, etc. M. Henricy continue ce tableau historique jusqu'a I'etablis- sement de I'universite actuelle; suivant toujours I'ordre chro- nologique, ii'affirmant rien qu'il ne le prouve , il discutc et eclaircit ce qui etait obscur, tantot appelle a son aide les his- toires generales, tantot leur offre au contiaire des niateriaux ])uises dans des depots manusciits, et rend constamment hoin- mage au savoir et aux talens des professcurs et des docteurs les plus illustres de toutes les epoques. II exprime, en ternii- nant son travail, un regret bien legitime, c'est que cette Iiniversite qui compte parmi ses eleves ou ses professeurs, Gassendi, Fabrot, Tournefort, Peiresc, Garidel, Lieutaud, et plusieurs autres personnages celebres dans tous les genres d'etudes , se trouve aujourd'liui reduite a n'enseigner que la theologie et la jurisprudence. La Notice sur I'origine de I'lmprimerie n'est pas moins inte- ressante. En 1572 , radministrationmunicipale de la ville d'Aix, qui etait en nieme terns celle de la province, vouliit atliier a Aix Louis IJarrier, imprimeur d'Avignon, et lui offiit notam- nient de le loger dans une maison appartenante a la ville, ou s'as SCIENCES MORALES. 75 1 lant^iies aiiciennes, mais oncore habile a ronigcr tant If fond (/lie le style des otivmgcs ecrils cnfrani-ais. D'Estienne David est (iescendue la faniille de ce noni, qui a imprime I'histoire de Provence d'Honoro Bouche , ceiie de Ganfridi, I'histoire de la viile d'Aix de Pitton, celle des p!an(es de Garidel, etc. L'impriinerie fut etablie a Marseille en i594> par Pierre BTascaron, pere d'Antoine, celebre avocat an parlenient d'Aix, et aieul de Jules, orateur sacre. En 1670, fut fondee ii Mar- .sciile nne imprimcrie en langue armenienne , qui subsista jus- qu'en iGS/|. AjIcs posseda pour la premiere fois une imprime- rie, en 1647; Toulon, en 1704. " Les annates de notre ancienne province, dit I'auteur eu finissant, ne ni'ont foiirni aucuns documens. Je les ai trouves dans les archives publiques, dans les ecrituresdesnotaites, etc. La fidele representation des actes que j'ai extraits deces depots poiivait seule etablir, mais par des details arides et minutioux, la verite de faits epars, eloignes de nos jours, et qu'aucun me- moire du tems u'avait recueillis. J'ai snivi dans cet examen, {[iioique sur un sujet bicn moins important, etavec desmoyens bien inferieurs, I'exemple des hommes de lettres occupes a decouvrir repoc|ue de I'invenlion de I'iniprimerie, le lieu qui la vit naitre, le nom de celui a qui nous la devons, et ses pre- miers travaux. Si cliaque departement publiait des documens jiositifs sur I'origine et la suite des etablissemens d'imprimerie qu'il a formes, I'histoire de la typographie pourrait acquerir la connaissance de faits interessans et ignores jusqu'aujour- d'hui, dout proliterait I'histoire des letlres, inseparable de celle de la typographie. » On doit savoir gre a 31. Henricy d'avoir public sur deux branches de I'instruction publique un travail exact et soigne , aussi complet que les materiaux le permettaient , et qui joint a I'avantage de I'ordre et de la jirecision le nierite modeste de la brievete. II serait a desirer que ce savant et judicicux ecrivain coniposat avec la meme methode nne histoire de la ville d'Aix, sa patrie : c'est ;i lui de suppleer a Taridite , pour ne pas dire au vide du scolastique Pitton. D. 281. — Les Favorites des rois de France , d'apres les sources les plus authentiques, par A.-H. Chateauneuf. Deiixi^me edition. Paris, 1826 ; Jehenne. 1 vol. in-12; prix, 6 fr. Cette galerie des maitresscs de nos rois, depuis le regne de Charles \'II, jusqu'a celui de Louis XV, est compose de trente et un articles biographiques. « On y voit tour a tour I'aimable Agnes Sore.l , qui par un trait d'csprit reveille I'ame enivree d'un roi perdant gairacnt son royaume, et la hclle Frrronicrc...^ ^5a LIVRES FRANCALS. la touthante L* . 282. — * Memoircs da Venitien J. Casanova de Seingalt, extrails de ses manuscrits originaux, publics en Alleniagne, par G. de Schutz. T. VII. Paris, 1827; Tournachon-RIolin. In-S" de 2^7 p.; prix, 3 fr. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxxii, p. 757, I'annonce des volumes precedens. ) Casanova n'avait neglige aucune des ressources de plaisir qu'offrait de son terns la voluptueuse Venise; il s'etait aban- donne, avec loute I'ardeur de la jeunesse, a une foule d'intri- gues amoureuses ou diverlissantes ; il frequenlait la bonne et la mauvaise societe, et partoiit il s'ex])rimait avec une egale libcrte, menie sur des siijets fort delicats a trailer en pre- sence d'un gouvernoment ombrageux et puissant. Il s'etait done fait des ennemis, jaloux de ses succes aupres des femnies et de quelques patricicns ; il pretait enfin a leurs delations , par I'in- consequence de sa conduite ct de ses discours. Un matin, le SCIENCES MORALES. 755 Diesser-grandc, ou chef de police, se ]ire.sente chez liii, s'em- pare de tons ses papicis, de ses livrcs, parmi lesquels lloiace, I'Ai'ioste, Pc'trarcpie, rArctin, ct pliisieurs iDaruisciits sur !a magie et la cabalistiqiie attirerent siirtout Tattontion de ce fonctionnaire dont les instructions etaient lies-jirecises et tres- completes. Trente on (juaiante sbires condnisircnt ensuite Casanova de gondole en i^ondole, et apies nne muliitnde de detonrs dans divcis canaux, jiiscpi'au paiais du doge, oil il fut I'emis entie les mains de i'inspectcur charge de la surveil- lance des plombs , prisons dont disposaient les inquisiteurs d'etat, et oii, sans signifier aux condamnes racciisation et les charges qui pesaient sur cux, sans, les interroger, sans leur procurer auciin moyen de defense ou de justilication, ils faisaient enfermer, quelquefois pour la vie, les mallieu- reux qui avaient deplu aux sorabres et niysterieux regula- teurs de la pretcnduc repubiique. II faut lire, dans les Me- nioires de Casanova , le recit des sensations qu'il y eprouva tour a tour. Tourmente par nne chaleiir suffocante (I'ar ces prisons, comme leur noni I'indiqiie, sent situees dans les greniers du paiais ducal, iinmediatenicnt sous des toits reconverts en plomb); agite par une crmlle incertitude sur les veritables motifs de sa detention ; reduit a une affreuse solitude et n'ayant obtenu, pour charmer ses penibles loisirs, que la permission de lire la Cite inystu/ue de la saeiir Marie d'Jgrada , produclion fantasque et dereglee d'une imagination en delire, Casanova ne put rcsisler a tant de miseres. Son esprit s'cxalla jusqu'a partager les foUes reveries de la sainte espagnole, et son corps epuise reclama bientot les secours les plus urgens. Apres sa guerison, commenca pour le prisonnier une ere nouvelle. Avec la sante, il recouvra le courage et la resolution necessaires pour tenter une entreprise bardie, et ce n'est point sans un vif interet que Ton suit alors cet homnie indiistrieiix et pcrseverant dans tons les efforts qui lui procurerent enfin son beureuse delivrance, malgre les obstacles sans nonibre qui seniblaient lui defcndre de I'esperer. Cenouveau volume des curieux memoires de Casanova ne sera pas lu avec moins d'empressementque les premiers : on y puisera surtout d'litilesrenseigrtemens sur les epoiivanlables pratiques de la celebre inquisition d'ciat. Une seule citation suffirapeut- ctre pour prouver qu'a bicn des egards elle merite de jjrendre place dans la haine des hommcs, a cote de cette inquisition religieuse dont la malheureuse Espagne, trop long-tems sa victime obeissante, est menacee de voir renaitre le funeste regne. Casanova decrit les prisons soutcrraines , qui, aussi bleu 754 LIVllES FRANCAIS. que Ics j)lonibs, I'taicnt a ]a disposition des niagistrats, aulcuis df son arrestalion. « On Ics appellc li'S pints, jiarce qu'clles so troiivent a deux pieils aii-dessous du niveau de la mer, qui y penelre a travers les baneaiix pai' !csc]ueis arrive iin faible icflet de luniiere. Lc piisonnier qui ne vent point rester toute la journce dans I'cau de mer est oblige dose placer surdes tre- teaux qui lui servent en nieme lems de lit. C'est la q\i'est elendiie sa paillasse. C'est la qu'a la pointe du jour on depose son eau, sa soupe et son pain, et il doit se hater de le manger; sans ccla , les enorines rats d'eau qui habitent avec lui ces horribles re- paires les lui arracheraient des mains. On compte , cependant, nn grand noinbre de criminels, condauines a y ])asser le reste tie leur existence, quiy ont attcint un age fort avance. « Et Ton ne benirait point unc revolution qui, en Fiance, a detruit la Bastille et aboli les lettres de cachet, qui, en Espagne, avail reussi a renverser lc Saint-Office, et qui, a Venise, a fait dis- paraitre, avec I'inquisition d'etat, sc:^ p/oniOs et sesi jjuits , infames inventions du despotisme oligarchique , aussi detestable que le despotisme d'un seul ! 2(33. — * Mcnioircs auto'^rapha. de M. lc prinrc dcMoTXTBKK-EY, ancien secretaire d'etat au departement de la guerre sous Louis XVI, grand d'Espagne de premiere classe, prince du saint Empire, grand prefet des dix villes imperiales d' Alsace, lieutenant-general des armees du Roi, etc.; avec un facsimile deson ecriture, etc. T. III. Paris, 1827 ; Alexis Eymery. In-8" de 364 P-; pi'ix, 7 fr.; et 21 fr. les trois volumes (voy. Rci: Enc, t. xxxii, p. 480). C'etait un pays bien malheureux que cclui on I'auteur de ces Memoires put obteiiir quelque influence sur les destinc'cs tl'un grand j>euple. SI. de Monlbarej^ est le veritable representant de I'ancien regime : egoistc, frivole et vain, il nous apprend, en trois volumes, comment il s'y prit pour accroitre I'eclat de sa niaison , pour consolider la fortune qu'il destinait a I'heritier de son illnstre nom, et pour assurer a sa liile une biillante alliance avec un petit souverain de I'Allemagne. Les interets de la famille de Montbarey i'occupaient bien plus serieusement que les affaires de la France ; et, s'il se detourne quelquefois du recit de ses importantes negociations avec la conr de Vienne, dont il reclamait le litre de prince du saint Empire et la noble chaine de la Toison d'Or, c'est nioins pour nous entretenir des hantes questions de la politique, que pour nous raconter ses liaisons avec telle on telle petite bourgeoise, ou pour enuinerer les diverses acquisitions qui vinrent grossir pen a pen le do- maine de ses peres. Sans donte, des memoires peuvcnt sc passer SCIENCES MORALES. 755 de I'autontc des grands noms ou dcs grands cvenemens; ils j)euvent plaire par la pcinture naive et fklclc d'un caractere original ; ils pcuvent exciter le plus vifinteret par Ic senl charnie de details euipnintes a la vie domestique. Mais le personnage qui veut ainsi absorber I'attention des lecteurs doit se presenter avec un esprit et des qualites qui manqiiaient a M. de Mont- barey. Le public ne se montrera pas desireux de reeevoir ses insipides confidences ; et, s'il ne rejette pas entierenient les volumes qui attestent la triste mediocrite et le deplorable egoisme du ministre de la guerre de Louis XVI , c'cst qu'il pourra y puiser un petit norabre d'anecdotes ou Ton retrouve I'empreinte d'une epoque de notre histoire, curieuse sous beau- coup de rapports pour le philosophe et Ic moraliste. Nous choisissons la suivante. Lorsqu'a douze ans M. de Montbarey sortit du college, il savait un peu lire et ecrire, et avait quelques faibles notions de latin ;a la faveurde son nom, il obtint I'enseigne colonelle du regiment de Lorraine, et des lors s'ouvrit sa carriere militaire, qui devait paisiblement le con- dnire aux premieres dignites de Tai'mee, ci)mine tous les gen- tilshommes ignorans , mais bien nes et bien proteges. Peu de tems apres, i! etait au camp du marechal de Saxe, ovi des offi- ciers, a peine echaj)pes aux plaisirs de Paris, avaient aitire apres eux tous les embarras d'un luxe effrene. briliante. Cctte ferinete d'ame qu'on sent partout dans son livre y attache un charnie particuiier. On rcconnait la double influence rle I'exaltation reiigieuse qu'elle nourrit pendant quelques annces de sa jeunesse, et de I'im- pression que produisit snr elio, des son enfance, la lecture des Vies de Plutarque, de ce Manuel da politique , ou tout riieroisme des nations libres est, en quelque sorte, renni, pour former eternellement des citoyens et des heros. Les preceptes de I'Evangiie et les exemples de tant de grands hommes, niedites long-tems par une ame forte et un esprit ardent, devaient rendre faciies ce devoument et ce courage, dont s'etonnent ceux qui furent occupes de bunne heure de froids calculs, on des fntilites de salon. Aussi , c'est la fai- blesse, la pusiilanimite que M°"^ Roland poiusuit sans cesse. Elle repete de mille manieres que le courage pent seul rendre un ciloyen vraiment utile a son pays. C'est le cnraetere, dit-elle, qui constitue ce qu'on peut appeler un liomme ; c'est le caractere qui diris^e les revolutions, influence les asscmhlees et gouverne la Joule. L' esprit est mains querien en comparaison. Le despotisme , dans sa longuc proscription, nc nous avait guerc laisse que de r esprit; voilii pourquoi notre revolution va comme il plait a Dieu , ou au (liable. Si jM™'' Roland parlait ainsi de la generation de 80, que dirait-elle done de la generation presente ? Elle ne Irouve- rait point d'expressions pour rendre sa pensee. C'est une raison de plus pour croire que son livre peut etre utile , dans un mo- ment oii tant de personnes affectent de soutenir, malgre tant d'experiences contraires, que les idees font tout et que les sen- timens ne sont rien. II ne faudrait cependant pas lire ses Mcmoires avec une foi aveugle et sans reserve. Quand le tableau d'evenemens si com- pliques est trace par quelqu'un qui fut dans le drame acteur et victinie, on peut rarement se flatter d'y trouver partout ime justesse parfaite. M'"<' Roland est quelquefois injuste; mais on aurait tort d'en accuser son caractere. Ce n'est point le ressen- timent qui I'egare : son erreur est un tort de sa raison. Elle a juge les intentions ou la conduite de tel ministre, ou de tel de- pute, de la meme maniere que , sans aucun interct personnel, tranquille aux environs de Lyon , elle s'etait si etrangement me- prise sur le talent de Ducis et de Thomas. Son esprit, qui a de la 7 ',8 LIVRF.S FRANCAIS. penetration ot do la portc-e, n'cst pns toiijoiirs exempt <\c bizar- rerie. Mais ce letter defaiit no pent en affaiblir a nos yeux les qualites ; de meme que les ineorrections freqnentes de son style no tloivcnt point empecher d'en sentir la vivaciti' piquante et I'henrense eneigie. Les (rois editions donnees par MM. Raudouin sont enrichies d'une bonne Notice par M. Rarriere, d'nno suite de Lcltres adrefsees h M. Rose par M""^ Roland, de quelques morccaux inedits , et de plusienrs /«VVo' o///(vW/« qni offrent plus d'un genre d'inleret. On remarcine surtoiit, parnii ces eclaircissemcns Instoriijucs, une circulciirc de Roland aux diffcrens corps adini- nistrdtifs , sous la date dii I'i aout 1792 ; un extrait du coniptc rendu par ee miuistre, le 2H seplembre de la uieme aniice ; son rapport a la Convention sur I'etat de Paris ( 29 octobre 1 792 ) ; et le compte de ce qu'il avail depense sur les cent mille livres raises a sa disposition pour repandre des ecrits utiles, docu- ment tres-curieux (]ui conanence par ces mots : « Les niiuistres de la republique , responsables de tons leurs devoirs , le sont specialement de rexaetUude et de la (idelite de leurs eoinptes de depenses. — Chaqne individu payant ses contributions , a droit de connaitre rem])loi de leurs produits. Le ministre qui , autorise a disposer des deniers publics, oserait avancer que Ton peut f'aire certaines depenses pour le bien general sans etre lenu d'en rendre compte, et que la nation peut n'en pas con- naitre quand il s'agit d'operer son salut, ressemblerait au boiu- reau de don Carlos, qui, par une ironie atroce , disait a celtc iufortunee victime : Soyez lrari(]uille , ce qu'on fait est pour votre bien. » E- 285. — * yic du due do La Rnclicfoticcmld-Liancoiirt ( Fran- cois-Alexandre-Frederic) , par Frederic Gac'tan , conite nr. La Rochefoucauld , son fits. Paris , 1 827 ; Delaforest , libraire , rue des Filles Saint-Thomas , n° 7. In- 8" de 108 p. , avec un portrait de M. de La Piochefoueauld-Liancourt; prix, i fr. La vie d'un homme vertueux , d'un generenx citoycn qui, pendant une carriei'c de plus de quatre-vingis ans, n'a jamais eesse de cousacrer toutes ses facultes, avec devoument et avec zele,au service de sa patric et de ses semblables , doit laisser des traces durables dans la memoire des hommes. II s'agit moins encore dc payer un Iribut de reconnaissance, d'estime et d'affection respectiieuse a un seul individu, et d'acquitter ainsi une sorte de dette, morale et sacree, que de ranimer, par \m grand et noble exemple, I'amour dc la vertu et une emula- tion salutaire pour le bien. Au lieu de prostitner trop souvent la branche deriiistoire, SCIENCES MORALES.— LITTER A.TURE. ySg conmie sous le nom de Diogr(ij)1ue , en la f.iisant.servir d'organe et d'instnimeiit aiix passions hainetises ct nialfaisantes, aiix venjj;eances et aux fiireiiis des partis, mix diffamalions de la calomnie, pomqiioi les I'ciivains qui aiment a rcchercher et a reoueiiiir les actions individnelles des personnages contempo- rains, ne s'attaoiient-ils pas de preference a etndier et ;i j)ro- duire au grand jour la vie des lioaniK^s qui, comme Tiirgot , Mukshcrhcs , Nt'c/>cr, Moiitliyon , et d'aiitres pliilanlropes pra- tiques, heritiers de leurs vertus, ont honore la France et servi I'humanite? — Tel fnt siutout le respectable citoyen dont la vie a fourni le sujet de Touvrage que la piete filiale vient de consacier a sa nienioire; nous reviendrons sur cet ouvrage, a I'occasion de la Notice que nous devons puhlier sur I'lionimc verlueux dont il retrace les bonnes actions: il nous suflit an- jouril'liui de le signaler a I'attentlon de nos lecteurs et de tous les amis de Ihunianite. M. A. J. LitCeraturc . 286". — * Rcsumt^ dc Rlietnri(jtie , oil (V Art orntoire , par L. Malepeyre, avocnt a la Cour royale de Paris. Paris, 1827; F. Malepeyre, libraire, rue Git-le-Cceur. In-18 de 342 pages; prix, 3 fr. Voici comment Tauteur de ce Resiane termine son ouvrage: « J'ai rempli la lache que je m'etais prescrite; j'ai presente une analyse rapide et complete des ])rincipes de la Rhetorique. Je m'estimerai heurcux , si , en simplifiant ces si'.jets importans, j'ai pu contribuer a rauimer le gout de relof)ucnce dont I'etude doit aujourd'hui entrer esscntielleuient dans le cadre detoute education liberale. » Ce fragment fait connaitre le but que M. Malepeyre s'est propose. L'utilite d'un travail (pii remplirait les conditions enoncees ci-dessus ne pourrait etre contestee. Mais M. Male- peyre presente-t-il les divers objets d'etiide dans un ordre con- venable? fait-il I'emploi de ces methodes analytiqnes qui sem- blent devoir etre si utiles dans un Resume? son btvle enfin offre-t-il I'application des preceptes ? Pour reponclre a la premiere (juestion , je crois ne pouvoir mieux faire que d'exposer I'ordre des matieres traitees r.u commencement de rouvrajre : Da gout. — Dc la critique, du genie, des plaisirs du goiit , die sublime. — Da sublime de diction. — Du beau, et des autres plaisirs dugout. — Naissance et progres du langagc. — Naissance et pmgres de la composition. — Consti action du langagc. — Da style, de la clarte etde la precision. — Dc la structure des phrases. — De la construction de la phrase. — Dc la 760 LIVIIES IRANCAIS. construction dcs phrases , ct dc I'linrmonie. — Origine ct natuvd da hingiigc figure. — Dc la nirtaphorc. — De I'hypcrbolc , etc. Je crois qiu- la mctliode drmniiderait un ordre diffcient dans l(\s maticres. Trailer da goiit dans le premior chapitro d'imc rhctoriqiie, n'ost-ce pas cnmniencer par on il faudrait linii? Des observations siir la crituptc, sur Ic genie, sur les plaisirs dugniit, snr Ic sid)linie, ne supposerit-elles pas retiide des di- verscs parties do i'art ? Pent-etreun esprit melhodicine voiidrait-ilcpierouvrage com- mencat par le cin(]uieniechapitre, intitule: Naissance ct ]>rogrcs du langagc. Je remarque eneore que les ehapitrcs intitnles: Dc la structure des plirases , et dr la construction de la pluasc ^ scm- blent former doidjle empioi. La iiiethode est deveniie pour ainsi dire une scienee exacte; elle enseii^ne a marcher du connii a I'inconuu ; et traitor du goiit des le debut d'un cours de rheto- i-itpic , c'est commencer I'etude des matliemaliques par le calcul differentiel. M. Malepeyre possede d'excellens materiaux. II a medite snr les ouvrages des maitres. Ses leeons ne sont pas dx-s repeti- tions dc chapitres extraits des nombrcnses rhetoriqucs fran- caises. Pour trailer du sublime, il a consulte I'ingenieux ouvraj^e A'Edinond ]htrc/;c sur cette maticrc. Lorsqu'i! parle de I'origine du lan^a^^e, on reconuait qu'il a uieditc le profond systenie du president Debiosses;el, dans tout son ouvrage, I'auteur prouve qu'il a In avee fruit les rheteurs de I'antiquile, Jristote, Denis , Ciceron et Quintilien. M. Malepeyre possede done les connaissances m'eessaires pour faire un hon traite de rhetoritjue. Hugues Blair a etc son guide; mais ce guide u'etait pas sur, relativement a Tespecc de niethode indispensaVjle dans un Iraite elementaire. Le stylo de I'auteur est-il toujours une heureusc application des preceptes ? Je repondrai a celte question , en iransciivant quelques phrases du Resume de Rlictorique , page 141^ : Les discours destines a etre prononces doirent etie plus copitux que les ecrits destines ii etre las. L'adjectif latin copiosus ne pent pas etre traduit litferalem.ent dans ce sens. — Pag. 235 : Ne per dons jamais le souvenir de cette verite que, malgre que nous puissians sowent nous complairc a nous ecouter parlcr , etc. Parmi les exemples que presente le traite, ne pourrait-on pas demander la suppression de celui-ci:t< jjn coeur ardent et des passions bouillautes n'envoient an cerveau que des niiasmes d'orgueil et de vanite ? » M. Malepeyre, en tachant de caracte- riser le talent de Mirabeau , aurait-il dii citer avee eloge cette phrase: >< Puisque vous n'aimez pas I'ironiejye vous lance Ic plus profond mepris? <• LITTER/VTURE. 761 Oh ne lit pas neanmoins sans fruit I'onvrage que nous annon- 9011s. Mal^rc ies defauts que j'ai cru y recnnnaitre , le Rt^suine de Rhetorifjue peut titre utile aux jetuies gens qui pretendcnt aux divcises palmes de I'tloquence. Le chapitre qui Iraite de I'origine du iangage resume d'une maniere satisfaisante Ies meiileurs ecrits sur cctte matierc. Si I'liistoire de ri''io(]uence chez Ies anciens laisse desirer plus de inethodc , si Ton est surpris de voir I'auieur caracteriser le talent de Dunioslhene avanr. d'avoir parle de Pericles , le resume des progres de I'e- loquence fraticaise n'offrc point de defauts de ce genre. Je crois que I'ouvrage de M. Malepeyre pourrait devenir excellent, au moyen d'un changement dans I'ordre des ma- tieres. Quant aux negligences de style , une seconde edition Ies fera disparaitre. Bres. 287. — * OEuvres completes de M. le vicomte de Chateau- BRiAND, pair de France, membre de I'Academie franeaise, vii^ et vin« livraisons. Paris, 1826; Ladvocat. 4 vol. in-8"; prix de la livr. , i5 fr.. ^,^^oy. Rev.Enc., t. xxxiii, p. 809). Ces deux livraisons se coinposent : i" Des tomes xviii et xvm bis , conlenant Ies 18 derniers livres des Martyrs, Ies re- marques sur cet ouvrage , Ies jugemens dont il a ete I'objet , et des fragmens d'un poeme latin, intitule : Constantin , ou I'ldo- Idtrie renversec , par le pere Mambhun , jesm'te ; 2" des tomes xn et xiii , contenant Ies 2«^, 3« et 4*^ parties du Genie du Chris- tianisine. II est inutile de donner de nouveaux eloges a la ma- niere dont I'editeur rem|)lit ses engagemens. Nous nous conten- tflrons de dire que cede eutreprise se poursuit avec un succes toujours croissant , et nous esperons pouvoir consacrer bientot un second article dianaljse hux eeuvres du premier de nos ecrivains vivans. r 288. — * lilegies iintinnales et satires politiques, par Gerard; deuxieme edition. Paris , 1827; Delauuay, Ponthicu. In-8° de 128 pages; prix, 4 f'"- Sous le titre d'elegies et de poesies diverses, M. Gerard re- prod uit ici quelques pieces dunt nous avons deja parle (voy. Rev, Enc, t. XXXIII, p. 255 et 81 5); il en ajuute ileiiouvelles dont plu- sieurs ont encore pour objet I'cloge tie Napoleon. Sous le titre de satires, nous voyons vcparaitve \e Caisinirrd'u/i gra/id /m/n/ne , une Epitre ii M. de Villl'le , inseree dans le Mcrcure , en iBau et la Repetition, dont nous allons parler avec quelque detail. .T'ai dit , dans mes premiers articles , ce que je pensais de ia vocation de Bl. (ierard : ce qu'il a fait jusqu'ici ne m'a pas laisse croire qu'il fut |)ropre a la haute poesie lyrique. Vai- neiuent dira-t-il qu'il sent fortement ce qu'il exprime : c n'est T. \XNtv. — Jain 1827. 4!) 7(12 TJVRES FRANC/VIS. pas assoz pour Ic lectc-iir, qui vent d'abord (pTon I'intt'ressc , et qui est en ilroit d'cxigor que lo pocte , an lien ile so livrer a nne re\erie ct a des exclanialions qui ii'amnscnt que lui , cn- vironne , an contraire , un sujct unique et bien determine de tont le cliainic de I'iir.aiiinaliou rt de la poesie. Notre Re- ranj^er, a qui IM. (lerard parait dedier son iivre, est maitrc dans net ait : on pent voir eomiueut un sujet sc tieveloppe sous sa plume; comment il a sou eomniencemont, son milieu et sa (in; quelle giadation S(^ Irouve ohservee cntre ces diverses parlies : aussi , (lit on que notre celebre chansonnier travaille scs chansons, comme Rousseau ti-availiait ses odes. Che/ M. Gerard , on ne sait le plus som ent sur quoi ronlent ses vers (i'excepte relei;ie intitnlee : Fontainchlcnn , ou , sou- tenn par I'histoire, il a raconte en vers lui jieu faibles, mais qui ne sont pas sans interet , les adieux de Bonnparic a sa garde). Point de sujet bien decide; pirtant, point d'invention; car, que tronver, si Ton ne sait pas bien de quoi Ton vent parler ? Point de plan, puisqu'il n'y a rien a disposer. Reste done rj;e du Rliin de Boileau , etle Vat-vcrt Ac Cresset. II n'eu est pas de meme ici : les principaux personuages de tous leurs poeines sont toujoiirs les enemes , toujours dans la meme situation , toujours arrivaiit sans intrigue, et piesque sans liaison a un denounient que ricn ne motive. Les niemes idees se reproduisent souvent ; des formes meme de details sc retrouvent exactement copiees. On a tort de jjresenter si iong- tems au public des plaisanterics dont la fraicheur et I'origina- lite disparaissent, apres uue |)rcmiere lecture. On me dira que, sous le rap|)ort de I'eloculion, nosjeunes auteurs meritent toujours les memes eloges. Cela est vrai , et je eonviens que le style est toujours la parlie brillaute des deux uouvelles satires. Mais, qui pourrait ne pas reconnaitre avec moi que ce dont on pourrait faire un eloge pour d'autres , n'est plus assez pour deux poetes qui ont deja acquis une juste celebrite. B. .1. 201. — Deux JesaiUqucs , satires en vers francais , par HypoUtc Fleury. Paris, 1827. In 8° de 3 1 pag.; prix, rx f. 5o c. Ccs satires, inspirees par un sentiment honorable , prouvent que I'auteur ne mau(]ue ni d'erudilion , ni de talent poetique. Peut-etre en fouillant dans les souvenirs du passe pour y trou- ver partout la condamuation de cette societe ambilieuse , ne s'est-il pas assez souvenu que depuis la revolution et la ebarte, la question du jesuilisme s'etait agrandie, ctque, pour cju'elli^ inspire de beaux vers, c'est en citoyen de la nouvelle France, et non en magistral de I'ancieune , qu'il faul aujourd'hui la trailer. f^- 292. — Testament des Ministres, reve de deux bons Fran- cais , mis en pot-pourri par Em. Debraux et Ch. Lkpage. Paris, 1827 ; Amb. Dnpont. In-S" de 24 pages; prix, i tV. 2y3. — La petite Dragonnade dmiuai des Orfevres , pot-pourri dedie aux elevesde TecoledeMedecine, par les me/iies auteurs. Paris, 1827; Amb. Dupont. In-8° de 24 pages; prix, i fr. De I'esprit, de la gaite sur des sujets beaucoup trop graves, telles sont ces deux brochures. En les lisant , ils nous scmbl«" entendre LL. EE. s'ecrier avec Mazarin : lis chantcnt! ils paiciont. ,n4. — *J la Colonne de la place Vcndome , Ode , par l'ic:or LITTERATURE. 765 Hugo. Dcuxleme edition. Paris, 1827; Amb. Dupont. In-j8 de i5 pages ; prix, i fr. M. V. Huj^jo est peut-etre de nos poetes vivans celui qui a k- j>lus d'eiiergie, d'elevation et de veritable enthousiasme. Lors- qii'il saisit la lyre, il cede, on le sent bien , a une inspiration irresistible. Ainsi , au bruit tie Tinsiilte faite a nos guerriers dans le salon de I'ambassadeur d'Autriche, nne indignation toute francaise s'est emparee de lui, et il a adrcsse au plus noble monument de nos vicloires sa poetique protestation : . . . N'eatends-je point, avec de sourds murmures, De tu base a tou front bruire les armures? Colonne! 11 m'a semble qu'6blouissant niesyeux, Tes balaillons cuivres cherchaient a redesceiidre. . . . Que tes dcnii-dieux , noirs d'une heroique cendre, liilerrompaient soudain leur marcbe vers les cieux. C'est ainsi que M. Htigo entre dans son sujet. Nous n'entre- prendrons pas de le suivrc. Son ode est riche de pensees elevees et de grandes images. Peut-etre manqne-t elle un pen de niou- vement. On y remartjue aussi les memes taches (|ue dans les autres poesies de I'auteur : des idees obscures , des expressions cl'ime simplicite affectee , des vers rocailleux, une sorte de rouille qui s'attache a I'eclat briilant de son style; mais ces inegalites semblent inherentes au genie lyriqnc. ]Ve les re- trouve-t-on pas chez Pindare et chez le Psalmiste? Ch. 2g5. — Chansons noiivellcs ct inedites , par Eniile Debraux. Paris, 1827; librairie francaise-etratigere , Galerie-de-Bois , Ho "^33. In 3^ de vii et i58 pages; prix, i fr. aS c. Qiielques personnes ont, de nos jours , reproche a la chanson d'etre devenue trop philosophique et de n'etre plus elle-meme. Nous ne concevons pas ce reproche : pour qu'd fiit juste , il faudrait qu'il y eut un type de chansons, modele dont il fut dOfendu de s'ecarter. Or, a toutes les epoques de notre histoire nous avons vu la chanson suivre et quelqnefois outrer I'esprit uu terns. Aimahie parlois, mais presque toujours insipidc dans la bouche des troubadours, elle n'a pas tartle a devenir epi- grammaliqne , surtout au terns de la ligue. Sous le regne de Louis XIV, la chanson n'est qu'un anias d<' fadaises , (]uaiid elle n'a pas pour objet quelque ridicule du grand roi. Elle devient licencieusi! sous le regent, et resie telle, pendant le regiie de Louis XV; mais la branche des chants epigram- matiques trouve an)ple matiere a s'exercer aux depens des maitfesses du monartjue. A la ii'-volution , la chanson est ('innmo rejKiqiH', Jantof sublime, lantot si'-diticusc et iijceii- 766 LIVRES FRANC AIS. diaire : sous r«'mpirc on chcrclie .\ s'etourdir sur la pcrte de la liberie , ct Ton chanle tout en vivant au joiir le jour; ce fiit Ic meilknir terns du bon Desaugiers , le phis rond ot Ic plus gai tie nos chansouuiers , qui liendrait encore le sceplre , si Fai- lure de la chanson n'avait change avcc I'esprit public. En ce tenij , le rot d' I'fetot vint protester conire rempereiu- des Fran- cais. Rcrnngcr avait paru , il avail cree la veritable chanson du dix-neuviemc siecle. A la suite de re grand poete , se sont places, non sans bonneur, piusieiirs jeunes ccrivains, parnii lesquels on trouve aux premiers rangs M. Emiie Debraux. Nous avons dans le toms annonco son premier recucil, el nous avons joint qnelqi'.es critiques a nos eioges : nous voyons avcc plaisir que 31. Debraux a parlage noire opinion sous plusieius rap- ))orts. Ainsi, uous I'cngagions a etre plus severe sur le choix de ses rimes , et a imiter sous ce rapport , comme sous les autres , I'excellent Berangcr : les rimes du nouveau rccueil sont en general d'une grande richesse. Les morceaux qui nous ont le plus frappe sont: De'cic /loi/s protege encore; Pliisje lueUlis, plus j'ai d'aijioitr ; le Champ dc bntaUlc ; Mes vieux sabots ; enfin, la J'ein'e da soldat ., oil Ton trouve des beautes et des longueurs. M. Debraux a eu tort d'inserer dans son nouveau volume des pieces de circoiisiance ecrites a la hate , et par consecpient avec beaucoup de negligence, telles que la uiorl dc ccttc malhcarense loi de justice ct d' amour : mais c'est surtout en fait de chansons que Ion peut citcr les vers d'Horace. Uh'i plura nilent , non ego paitcis Offendar maculis. J. Adrien-Lafasge. 29G. — Trois fables sur la giraffe , par M. Jauffret ; avcc une litliograpliie reproscntant la giraffe , unc Notice historique sur cet auimai , et une traduction en vers latins de la jiremiere fable, par M. Adolphc Jauffret. Marseille, 1827. Paris, Pichon-Bechet , quai des Auguslins , n" 47- In-8° de j 2 pages; prix , 1 fr. 25 cent. La Fontaine , qui parait avoir si bien etudie les nioeiirs des animaux qu'il a mis en scene, n'a point admis la giraffe a figurer parmi les pcrsonnages de ses fables, non qu'ellc ne put sans doute tlonner lieu a des ra|)proelicmens ingenieux , mais parce que ses habitudes ne lui etaient point suflisanunent connues. Un fabidiste nioderne, M. Jauffret, dont nous avons annonce il y a (juelquc terns le recucil (voy. Rev. Enc. , I. xxxii , p. .'187), [)Uis heureux en ccla ijne le maitre, a eu reoenunent roeeasion d'observer a I^Farseille cet auinird curieux donl I LITTERATURE. 76 Levaillaiit nous avait apporto la (U'-pouillc d'A.fiif|iio , ot que nous allons bientot posscdcr vivant an Miiseniii. II a pris, pour ainsi dire, la nature sur le fait, et trois fables sent le rcsultat de son investi!j;ation. II faut csjiorer que eette conquete en liistoire natuielie nous vaudra d'autres etudes poeticjues, de la part mcme de M Jauffret , qui nous senible n'avoir fait qu'esquisser son sujet dans ces trois fables , oii nous n'avons prestjue pas trouve d'artion. La premiere surtout , dans laquolle il a qualifie assez plaisamment sa giraffe de Type vlvant du genre roniantique, ne peut guere etre consideree que comme un prologue , ([u'il a teruiine par cctte moralite : La capitale est un sejour diviu ; La , plus qu'aiileurs , que I'on soil homme ou bete , Qui vient de loin et porte liaut la tete, Est assure de faire son chemin. 297. — * Clioix de. romansfrancais. — Mademoiselle de Cler- mont; par M'™ DE Genlis. Paris, 1827; Werdet et Lecpiien , rue du Battoir, n° ao. Un vol. In-!^2 de xxii-i56 pages, avcc fig.; prix 3 fr. , et 3 fr. 5o c. par la ])oste. Yoici le second roman, ou plutot la seconde Noin'elle mo- flerne que les editeurs comprennent dans leiir jolie collection, et leur clioix ne pouvait inieux tomber que sur Mademoiselle de Clermont, digue de figurer a cote de Zai'de et de la prin- cesse de Cle^'es. Cette nouvelle historique obtint le plus grand SHCces lorsqu'clle parnt pour la premiere fois; et ce sucees, qui ne s'est point ralenti, est assez justifie par la simplicite du plan, la purete du stvlc, la grace des details et la verite des nioeurs que ]>!'"<= de Genlis s'etait propose de pcindre. Sans doute, les editeurs vou(irout nous donner aussi la Duehesse de La Valliere , du meme auteur, ct les lectenrs leur sauront gre de leur faire renouveler connaissance avec cette femmc si fai- ble ct si tcndre , plus inlercssante et plus niallieureuse encore que M""^ de Clermont. Cette dernicre nouvelle est piecedee d'une Notice de M. Chaalons n'AaGii , consacrce a retracer I'eloge non de I'ouvrage, mais de son auteur. D'accord avec le panrgyi'isle, lorsqu'il se borne a rappeler les tilrcs litteraires de M'"* do Genlis; nous no pouvons partager son opinion a I'egaid des animosites que le talent de cette femtne celebre lui a, dit-il, atlirees. Tout le monde a rendu justice a ce talent; et I'envie meme eul ete reduite au silence, si M'"" de Genlis ne lui cut '()8 LIVRES IRAN(;A1S. fourni mi pietexte pai- ses attacpH's violentes el souveiit iii- jiistes, contre ia pliilosopliie et coiilii^ les philosophes , qiiVIU; n'avait pas toujours jugcs avec tant de scverite. M""' de (icniis, dont le talent semble n'avoir point vieilli, a \v inalheiir de ne plus etie dc son siecle par ses sentiuiens et par ses opinions. Heureiiseinent pour sa reputation, la poslerile ne voudra se souvenir que des ecrits que lui ont inspires son esprit et son coeur; elle oubliera ceux que lui ont dictt's de fachcuses pre- ventions; et parnii ces derni• Serait-ce troji presiimer du coiirai^e et de la vertu de M""' de Genlis que de luioffiir rexenifde d'lin La Rochefoucault ? ne peut-elle iniiter que dans ce qu'il a de reprehensible ceiui de ces philosophes du siecle dernier , contie lesquels elle sex- prime avec taut d'acharnement? Tant dc ficl entre-t-il dans I'Ame des devots. K. H. 2y8. — Adelaide, ou la Fille du magisler ; par M. ***, avec tette epigraphe: Quid femina jjo^sil I Deuxieiiie edition. Paris, 1826 ; Lecointe et Durey. H vol. in- 12, foimant ensemble viii et 677 p.; piix, 7 fr. 5oc. Fille d'un inslituteur, orpluline de bonne heure et tres- ambitieuse, I'heroine de ce roman cherehe a profiter de ses (graces, de sa beaiite , de ses talens pour seduire lejeune Alfred d'Orbel , et Tauieuer a I'epouser. Elle fait en eflet naitre cet amour, en Itii faisant eroire qu'elie est d'une grande faniille, reduite a Tindigence par une suite de malheurs. Mais, encher- eliant a enflammer le jeune d'Orbel, elle devient aniourcuse elle-meme, avoue toutes ses ruses et angiueiite par cet aveu \.\ passion d'Alfred. Cepeudant, la famiile du jeunc homme et diverses circonstances font naitre des obstacles (jui sont sur- LITTERATURE. 769 jiiontes par la ctmstaiice Jes deux amans, et surtout par la pro- tection dti marquis dc Franclieu, phiiosophe liberal, qui lutte coutre sa soeur , more d'Alfretl , et qui finit par decider Ic iiia- riaj;e de celni-ci avec Adelaide. Dans la premiere partic de ce ronian, riieroine se niontre sons un joui' si pen avantageux qu'on ne pent s'interesser a elle : la fin est incontestablement nieillciire. Mais les defauts d'nn style tres-neglige en rendent la lecture pi'nible. L'auieui- a cru que les phiases de la conver- sation, repelee mot a mot, donuoraient a son romati la viva- cite du drame. Cettu eireiir, conimune a ceux (jui n'out pas rhabitude d'ecrirc , produit un eflVt contraire a celni qu'ils se pro|)osent. Rien de plus froid et de phis traaiant que la con- versation depouillee du i)restige de Taction el dn jeu des per- sonnages. Aussi , les romanciets (jni Temploieut out-ils soin d'en siqjjjrimcr toutes les choses i!iutiles,et de n'appuyer (jue sur les fails priucipsnx. Ajoutez h cela un li-es-grand nombre de fautescontre lalangueet plusienrs caracteres tres communs: tels soiit les defauts que nous devons reprocher a cet otivrage. Tons les lecteurs, du rcsfe , applaudiroiit aux honorablessen- limens de Tauteur, et a la gaiele mo([ueuse de son style, poiu'vu qu'clle ne degenere pas en veritable charge, comme dans ce passage ( t. 11 , p. 98 ) : <■ Certain gentiliatrc an nez de perro- quet, a restomacd'aiilrnche, et an cou de cigogne,qui secarre en jesuite a rabat cramoisi . pense comme une buse, chante commc un corbeau , jase comme une pie, mange comuie uu vautour, raisonne comme une oie, danse comme un butor, marche comme une cane, et veut aller sur sa jambe de coq faire le pied de grue chez I'aigle des ministres... Mais je crains que notre becasse, en debarqnant devers I'ile des cygnes , ne se fasse plumer par quehpie cormoran. « B. J. 299. — Le Pasteur dc Rcmbo, nouvelle, par M'"^ de V***. Paris, 1827; Ch. Bechet. In- 18 de 124 p.; piix , i fr. 5o c. Ce Pasleur de Rembo est le fils d'un oflicier francais, zele calviniste, refugie pies de I,aiisanne apres la revocation de I'edit de Nantes, Dans un voyage en Italic , ou son pere Tavait accoinpagnc pour le recommander a un onc'ie puissant, \\n sentiment irresistible qii'il eprouvc pour la premiere f"ois I'en- ehaine aupres d'une femme celeste dont il a du la rencontre au hazard. Mais cclte femme est mariee; rarnour d'Ernest, que partage en secret celle qui I'a fait naiire, est coupable et peut (itre fun(fste a tons deux; il prt'nd le parti tie fuir un danger devtMiu de jour en jour pins imminent. II s'arrache precipitam- ment de Rome, i;t arrive a Naples, ou bientot la nouvelle de la rnort de M. Morelli liii parvient. Agata desormais est libre. 770 LIVRES FRANCAIS. c'est elle-ineiiK! qui le lui apprend; niais ollc fait de la convot - sion (I'Etiiost a la t'oi roniainc ia conciiiion d'tiii rapprochcmotit aiKjiu'i tinl autre obstacle ne s'oppDSc pins. Ricn ne |n'iit chan- ger cctlc resolution; die combat a la Ibis sa passion ct ccile dr. son aniant, ct iiieiirt do clias^rin do n'avoir jjii rainciicr an but qu'elle dcsirait. Son mallieurcux amant, qn'iine conviction in- time, autant que la promesse faite h son pcre, avait rctcnu dans la religion qui I'avait vu naitre, est frappe de cetlc niort, et accordo aux miincs do son amanle ce que I'espoir de la pos- sedern'avait pu lui arracher aupres d'cllo. II abjure sa croyauco, enlrc au seminairc de la Roche, ct o])tient bientot aprcs la cure do Renibo, dans la vallco de Chaniouni. Nous vivons a uiie epoque ou les conversions sout a I'drdre du join-. Cette petite Nouvelle pourra done fairc fortune au- pres de (juelques personnes; mais en ne supposant a Tautcur quo Tintenlion de plaire ct d'intcresser , on jjcut encore assu- rer qii'eilearoussi. JE. Hereau. Beaux-jlrts. 3oo. — * Relation d'un voyage dans la Marinariquc , la Cyre- naicjue ct Ics oasis d'Aadjelah et de Maradeli ; accoinpagne de cartes geograpliiqites et de planches rcpresentant les monumens do ces contrees, par M. J.-R. Pacho. Ouvrage public sous les auspices de S. Exc. le ministre de I'intorieur ; dedie au Roi. Paris, 1827 ; Firmin Didot. ln-4" de xxxii et 81 p.; prix, 10 fr. Les explorations d'un voyageur savant et courageux dans une contree pres(|ue inconuiie de nos joins, et a laquelle ncan- moins se rattachent des souvenirs historiques d'un grand in- teret, meritent de fixer I'attention de tous ceux qui s'intores- sent aux progres de la geographic ct a ravanccmcnt des sciences liistoriques. Dans louvrago que nous anuoncons, rhistoirc ancienne , ses monumens, I'histoire naturelio du pays et les niceurs do ses habitans actuels ont ete etudies et decrits avec soin; plusieurs positions geographiques ont etc determinees, et M. Pacho nous parait jusqu'a present, avoir rcmpli avec exactitude la taehe penible qu'il s'etait imposee. La premiere livraison que nous avous sous les yeux se com- pose d'un volume de tcxte , comprcnant une bonne iiUroduc- lion historique , et I'itiueraire du V(jyageur depuis Alexandrie jusqu'aux limitcs de la Cyrenaique, avec une tres-belle carte geographique, et uu cahier de planches ou sont figures diffc- rens monumens de la Marmarique. N. L'H. 3oi. — * OEiuTc dc Jean Goujon , gravoe au trait d'apres ■les statues et ses bas-reliefs, par M. Reveit., accompagne d'un BEAUX- ARTS. 771 textc explicatif siir chacun des monumens qii'il a embellis de ses sculptures, et precede d'un e.isai sur sa vie et ses oiivra^es , par M. J.-G. ; rcciieilU et publie par M. Audot. Paris, 1827; Audot. Grand in-S" de 8 p. de texte, avec cm^ planches-. L'ou- vrage sera publie en 20 livraisons de 5 planches chacune; prix de chaque livr. , 4 fr. Cette premiere livraisoncontient la description des sculptures du chateau fi'Ecoucn,qnefitexecuter dans cette magnifique resi- dence le connetable Anne de Montmorency, I'un des courtisans de Francois F'' qui suivirent avec le plus d'ardeur les traces de ce prince, ami et protectein- des beaux-arts. Les cinq [)lanches reproduisent les dessins de deux Renonimees qui se trouvaient dans la cour dii chateau, d'nne fii^nre de la Victoire placee dans la salle des Gardes, et de deux statues representant la Force et St. -Jean, qui ornaicnt la chapelie. L'execution de cette premiere partie du monument que M. Audot se propose d'elever a la memoire du celebre sculpteur du xvi^ siecle, promet aux amateurs de ce genre d'onvrages une acquisition precieuse pour leurs bibliodiequcs. Nous reviendrons avec quelque etendue sur les li\rraisons sid3se(|uentes. N. 3o2. — * Manuel complct , thcoricjue et pratique , du dessina- teur et de I'imprinieur-lithograpJtc; seconde edition , revue, cor- rigce, augmentee et ornee de donze lithographies; par A. L. Bregeaijt, lithographe brevetedeMs"" le Dauphin. Paris, 1827; Roret. In- 1 8 de 176 pages; prix : 2 f. 5o c. A une epoque ou robsciiranlisme s'achaine conJre les pro- duits de la presse, et lorsqu'on est fonde a penser que ses at- taques , a peine suspendue? par la force de lopinion , se repro- duiront a la pren)iere occasion favorable, il iniporte aux amis des lumieres de s'inslruire des procedes de I'art de la litho- graphic, qui est peut-etrc destine a sauver la civilisation des attcinfes qu'on lui porte, et ii conscrver a la posterite la con- naissance de fails que tout semblc vouloir etouffcr ou dena- turer.Il est si facile de se procurer des appareils delitliographie et d'imprimer soi-meme les oeuvres dont on a interet de con- server le souvenir, fpi'il doit ctre inqiossible a I'ami de la verite de ne pas conservcr I'espoir de la voir enlin tiiomphei'. Ce n'est pas sous cet aspect que M. Bregeaut envisage I'art dont son manuel expose les procedes : ce sont surtout les beaux dessins dont la lithographic faitl'objet de ses descriptions. Mais comme cette partie de I'art est la phis difficile , c'est elle aussi qui merite le plus d'attention. La midti])lication des manuscrits n'est pourtant pas oubliee dans cet utile ouvrage, qu'on doit vecommander sous tons les rapports. M. de Lastkyiue a publie 77a LlVRtS FRA.NCAIS. dans son interessant Journaldcs connaissances usuellfs ( Voy. Rev. . Enc, t. XIX, p. 858.) Ics pioccdesles plus simples pour la repro- duction des livrcs; et desormais, a I'aide d'une prcsse ])eu eou- ttuse, |)cu voUiniineuse ct facile a nianoeuvrer, chacun pourra lirer soi-meme de noiiibreuses copies des ecrits qu'il voudra lepandre. On reuiarciiie dans le nianuel de M. Bieijcaut des lithographies de divers genres; nous attirerons I'altention sur celles qui i eprcsentent de la topographic et des armoiries, sujets quiavaieiit d'abord paru etre I'ecueil de cet art admirable. Francoeur. Mcmo'ires et Rapports de Societcs savanles , littcfraircs et d'utilite publiquc. 3o3. — * Seance puhliqtie et meinoires inedils de la Societe acndemique dii drparteinent de la Loire - Infcrieare. Nanles, 1826; imprimerie de Mellinet-Malassis. In-8" de 180 pages ; La Societe acadcmifjue de Nantes A tenu sa seance piiblicpie annuelle le 17 decembre 1826, dans la graude salle de I'en- seignement miituel. Le departement de la Loirc-Inferleure est conlie a uu administrateur eclaire, et, cequi vaut encore niieux, a uu homme de bien , tpii connait le prix de I'instrutlion, etla repand par tons les moyens qui sont en son pouvoir. Et que penseia-t-on du president de I'Acadeniie, RL Ic tlocteur d'AR- i;r.EFEuiLLE, qui, dans le discours d'ouverture, ose rendre hommage a la sublime et persuasive eloquence de J. -J. Rous- seau, qui a preserve les t^nfaiis an berceau des funestes cffets de renimailioltemeut, el qui, par les immenses services rendus a I'education, a meiile la reconnaissance de toutes les meres de famille ? Avec uue tel'e direction, la Soeietc acadcniique est dans la voic des Iravaux utiles et des perfeetionnenuns. On en a porte ce jugcment, apres avoir enlendti Ic rapport du secre- taiie general M. le dooleur Laennec. Parmi les 3Iemoires inseres dans ce petit volume, on lit un rapport tres-l)icn fait sur les nioidins inecani(jues iXi^M. Quen- tin-Durand; les commissaires ne recommaiulent point cetle machine , qu'ils ont etudiee avec soin et mise a IVpreuve. TJn memoire de M. Tollenare sur la broje niecauiqiu; de MM. La- forest , ferait tomber, s'il etait plus repandu, le voile qui convre encore, au moins en partie, le mysteie decctte entre- prise dont les arts economiques ne relireront aucnn prolit- On doit au-isi a M. de Tollenare une autre note sur le feutre em- plove au doublage des navires. Un rapport sur le meme objel par des commissaires de la Soeiele, conlirir.e de plus en plus OUYP.AGES PERIODIQUES. -^-Z les avantages tie ce perfeclionnement introdiiit clans la cons- truction dcs vaisseaux. TJn autre cominissaire a fait iin lapport sur la pressc nnn- taisc de M. Bertrand Fourmanu ; le rapporteur compare cette machine aux presses actuellcs, et fait voir qu'ellc nierite la preference, non-seulement comme machine, maisaussi par le- legance de sa forme. On recherchera, dans ce recueil, des ob- servations de M. le docleur Marion de Pboce sur quelques oiseaux pelagiens , ct une note de M. Mal^rd sur le pellcrin , poisson de la famille des p/itgiostomcs , habitant des niers gla- ciales, et dont un individu a ete pris a i'embouchure de la Loire. II etaitsans doule tres-jeune, n'ayant pas 2,'" 5 de lon- gueur, et ne pesant que 200 livres, tandis qu'un individu, pris en 1787 pres de Saint-Malo, avait plus dc 10 metres de loni,s et pi"es de 8 metres de tour. La commission nommee pour examiner les pieces envoyees a« concours de poesie a fait son rapport. Le sujet propose etait le fait d'armes connu en Bretagne sous le nom de Combat f/ex tivnte : le prix n'a pas etc decerne. Pour 1827 et 1828, les prix proposes n'appellent dans la lice que des concurrens du pays ; il serait inutile d'en inserer ici le prospectus. Outrages periodujues. 3o4. — * Journal general d'annonccx , 'I'objcts d'arts ct dc librairie; Iroisieme annee. Paris, 1 827 ; au bureau , Palais-Royal, galerie de pierre, n" 33. II parait les mercredis et samedis de chaque semaine; une demi-feuille in-8"; prix, i5 {\\ par an , avec les tables ( voy. Rev. E/ic. , t. xxx, p. 74^). 305. — * Journal dcs artistes , annonces et comptes rendus des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravurc, lithographic, poesie et luusique. II parait tous les samedis, une feuille in-8°. Paris, 1827; au bureau, rue de la Tabletterie, n° 9. Prix, 5 fr. pour irois mois, 10 fr. pour six mois, 20 fr. [)our I'aunee. 306. — * Revue musicalc , redigee par une societe de musi- ciens, compositeurs, artistes et iheoriciens, et publiee par M. Fetis, professeur a VEcole royale de musiqiir et bibliothe- caire de cet etablissenient. Paris, 1827; au bureau, rue Mon- tholon, n° 24. H parait tons les mercredis une feuille et demie in 8"; prix, pour six mois, 20 fr.; et pour un an, 46 fr. ; 22 fr. et 44 fi- pour les departemcns. Nous reunissons ces trois ouvrages dans une memeannonce, parce qu'ils sont specialement destines a ceux qui cultivent les beaux-arts. Nous les avons ranges d'apres la date de leur ap- parition. 774 LIVRES FRANC AIS. La Rnnic Ericyrlopcdique a doja paric clii premier de ccs (•crits pt riodiqucs , dont ollc a si;;nali; I'lUiliU'. Nous souhai- tions alors que cet ouvrai^e fiit enliereinent consacre a lamii- sique ; uti pared voeii est niainlenaiit inutile, pui^que nous possedons un journal de niusique qui ne laisse presque rien a desirer. Le journal j;eneral d'annonees continue a donner I'an- nonce exacte de la musiquc, des gravurcs, des cartes , publiees en France; il offre aussi un choix parmi les principalcs nou- veanles bibliographiques. Quant a ses articles de fond, iis sont pres(iuc tons relatifs a la musique. Les notices sur les compo- siteurs sont d'ordinnire traduites du jonrnal anijlais The Har~ monicon, qui lui-menie les emprunte fiequcmment t\\x Diction- nairc des nmsicicris de Faynlle. La plupart des auti'cs articles sont fournis par des amateurs qui, ne possedant poiist en mu- sique de connaissanccs |iosilives, debitent, avee im ton d'assu- rance vraiment eornique, une foule d'erreurs dont les artistes instruits out fait justice depuis long-tcms. Enfin, je relrouve frequernment dans le Journal gc/icral d'annonees les articles que je fournis a la Remr Encjclopedifjuc ; bien entendu pour- tant que je n'ai jamais fail teiiir a Marchesi le propos que lui preteleytiM7-rt«/dont nous pinions ('3^ annee n°/i)- On s'apercoit trop que ce qui manque a cetecrit, c'est un diiecteur musi- cien. Nous sommes aussi forces d'avouer que, bien que le titre annonce des tables annucUcs, nous n'en avons puint encore recu. Les editeurs out d'autant plus tort, que leur feiiille sup- p!ee, pour quclques personnes, et dans quelques parties, a {'excellent Journal de la librairie de M. Beuchot; or, tout le monde connait I'importance des tables annexees a I'ouvraj^e de ce savant bibliographe. Passons au Journal des artistes. Quoique, par son titre, il semble consacre a tous les beaux-arts, ils ne convient guere qu'aux peinlres, aux sculpteurs, aux architectes et aux gra- veurs, en un mot a ceux qui s'occupent des arts du dessin. 11 n'y est question des poetes et des musiciens qu'en passant et par occasion; m:iis les peintres et les amateurs y liouveront d'excellens articles sur toutes les parties de leur art. La theorie des beaux-arts en general a ete exposee avee une grande su- periorite dans une suite d'articles de M. Niquevert. M. yilex. Lenoir a donne , relativement it la peinture sur email, sur porcelaine, sur verre et sur glace, des reflexions d'un grand interet. On reniarrjue aussi I'examen etendu de I'exposition de la Socictc des amis des arts; des obsci vations pleiues de gout et de raisuu sur les passages de Paris; enlin, on lit, dans les derniers numeros, le commencement d'un examen de I'elat des OCVRAGES PERIODIQUES. 775 arts en Europe qui en fait vivement desirer la continuation. Les pcinlrcs ont mainteuant leur journal : les musicieus ne sent pas moins heureux , rumme nous allons le voir. Voicieufin nn veritable Jutirual dc musique :\qs artisTes francais saurout mainlenant a (jiii adrcsserleurs reclamations; ils scront juices |)ar leurs pairs, et no scront plus exposes sans defense aux atlaques de certaincs feuilles qui traitent Ac peclans et de crnqiie-notes Ics musiciens inslruits qui relevent leurs bevues. La France musicale sera represenlee, et les etrangersne haus- seront plus les epaules en entendant nos journaux raisonner snr la musique. La nouvelle Rcvi;c repandra des notions precises et instrurtives sur les differentes parties de I'art, et rauiencra le gout de la litterature musicale dechue depuis long-tems en noire pays. A %'rai dire , il n'y a jamais eu en France de journal spe- cialement consacre a la musique, Le journal niensuel, commence en 1770 par le laborieux abbe Franicry, n'a eu qu'une courte existence; la Correspondnnce dcs amateurs en 1802, et plus tard, les Table l tc s dc Polyinnic , n'obtinrent aucun sucecs : enlln , il n'a paru que cjueiques numeros d'lin Journal lyrique, fonde en 1818 ou i8ig par MM. Paris et Ed. Corbiere ( de- puis redacteur principal de la Nacelle de Rouen ). Les connais- seurs se iroiivaient reduits au Journal d'annonces dont nous avons parle ci-dessus , et qui sera toujours utile, en cc qu'il enregistrc toutcs les productions musicales deposees au bureau de la librairie et devient d'une grande importance pour le com- merce, ainsi que poiu' la bibliographic de la science. II appar- tenait a M. Fetis de diriger un ouvrage vraimcnt digne de I'attention du public. Possesseur de materiaux peniblement rassembles pour la couqjosition d'un Dictionnaire historique dcs musiciens et pour une Histoire gcnerale de In musique; pro- fesseur distingue, bibliothecaire du conservatoire, auteur d'ouvrages tlieoriques et pratiques qui ont obtenu un succes merite , M. Fetis se trouvait a memc de donner- a son journal non-seulementrinteret dela circonstance, niais encore d'cn faire un repertoiie aussi curieux qu'ulile. Nous avons sous les veux les quaforze [)remiers caliiers de ce recueil ; ils sont rtmplis d'arli- cles d'une haute importance. Ceux qui meritent, selon nous, une attention particidiere, ont rapport a I'histoire de la mu- sique; M. Fetis y rend compte du depouillement de plusieurs manuscrits inedits. Il nous revele Tcxistence d'un recueil de chansons itititulees Li rondel Adan , doni I'auteur Adam de le Rase, celebre trouvere, poete ef uiusicicn, est aussi le plus aucieu auteur d'opera-comique qui soit connu : on a de lui un 77(> LIVilES LTRANGERS 0[)era intitiilt', Li gceiis de Robin ct dc Marion. Dans un autre iirtitlc, nous apprenous (]ne les vandrvilles a refrain, tels quo \ciJiof/sJ/oris, \esffiridnnduinrs, cxistaicut avant le milieu du ijuinzicMue siecle; ce (]ui est constate par un nianiiscrit tie la bibliotlieque dii roi ( cote 535 du supplemmt ). D'aiitrcs articles fort inleiessans ont rapport a I'etat aclucl de la inusique; d'au- tres aux melliodes mises cu usa^e depuis quelqnes antiees pour a!)rei;er le tenis des etudes nuisirales : nous reproche- rious a M. Fetis de n'avoir point parle de celle qui consiste dans rapplicalion de renseiijnenicnt muluel a la n]nsi(|iie et dont riDventenr est IVl. B. Wilhem , si, d'apres I'invitatiiin de M. Fetis lui-meme, nous ne nous elions ehar!j;es de reparer cette omission. Avant de terminer cet article, nous ne pouvons uous empe- cher do nous leliciter en voyant que pen a pcu il s'etablit uu journal si)ecial pour chaque braiiclio des connaissances liu- maines. J- Adrien-Lafasce. Livres en langues clrangeres, iinprinies en France. 307. — * Colecciori dn cldsiros cspanoles. — Collection de classiques espagnols. — OEuvrcs rlioisic.s dc Micliel-Cerrantes ; nonvclle edition classique , corrigee et cnrichie de not limmortel aiiteur cle Don Quicliotte est assez generalement connu pour qu'ou nous dispense d'entrcr ici dans I'exameu tlutaille des beantes de cette admirable production. Nous nous bornerons done a donner ici (|iic'lques details sur cette nou- veile edition en langue espagnole de ses divers ouvrages. L'edition qui oecupc a juste titre le premier rang parmi toutcs celles qui ont paru jusqu'a present, est celle de I'Aea- demie royale espagnole de 1780, en /( vol. in-4°. Le celebrc typographe espagnol Ibarra eleva un monument a I'auteur Hv Don Quichottc tout-a-fait digue de sa renommee, a laquclle il s'associa en quelque sorte par les soins ct la perfection qu'il parvint a donner h son travail. L'Academie i'cnrichit de la F^ie de Cervantes et de V Analyse de Don Quichotte , par le savant academicien don Vicente de los Rios. On doit a cette meme societe litteraire trois autrcs editions en 4 '^"ol- in-S", publiees a des epoques diffetentes, avec moins de lu>ce typo- grapliique , et par consequent accessibles a un plus grand nombre de leeteurs. La derniere ]>arut a Madiid en 1819, L'Academie y joignit la Vie de Cervantes , par don Martin de Navarrktf. : clle la choisit de preference a celle de Los Rios, a cause des details curietix et des particularites remplies d'in- teret qu'elle contient sur le celebre auteur. La meme eflition rcnferine un grand nombre de notes, d'index ct de eonimen- taires, pour lesquels on a profite des savantes remartjues de I'Anglais Bowi.es, qui [xdilia en 1781 une edition fort cstimee a Salisbury, et des travaux de don Juan Antonio Pellicer, bibliothecaire du roi, a Madrid. Dans l'edition que nous annoncons, etqni foime 6 volumes, M, d'ARRiETA a inserc la Vie de Cervantes , par Navarrete, \' Analyse de Don Quichotte , ])ar los Rios, et des notes sur le texte, par Pellicer, en faisant toutefois des changemens aces divers auteurs. II a retranche on modifte certains passages du premier, ou il a cru remarquer de I'obscurite ou de la diffu- sion ; il a ecarte certaiues opinions paradoxales tmises par le second , lorsque , epris des beautes de Don Quichotte et du genie de Cervantes, il osa avancer (jue ce poele avait en I'intention d'imiter r7//(7c/6' d'Homere, ou, tout au moins, que voulant suivre les traces de Virgile et du Tasse, il avait songe b. fair-e un poeme htroico-barlesquc. Enfin, M. d'Arrieta a juge conve- nable de supprimer plusieurs notes de Pellicer, qti'on s'est accorde a regarder comme de pen d'importance. M. d'Arrieta s'est permis une innovation essentielle, et que peut-etrc meme T. xxxxv. — Juin 1 8i,7. jo 7 78 LIVRES ETR ANGERS plusieurs persoimes seront tenti'es de dtsapprouver, en invo- quant I'espece de respect religieiix que Ton doit aux grand* geiiies, dont on aime <^ conscrver les ouvrages dans toute leiir intcj^ritc originale, el meme avec leurs legeies imperfections. Celte innovation consistc dans la suppression de diux episodes celebres de Don QuichoUe, le Ciirioso iinpcrtineiitc, et le Ca- pita/i cautii'o. II n'est poiirlant pas difficile de justifier cetle demarche hardie par linutilitc de ces episodes, et leur manque de rapport avec Taction principale, qu'ils rendent plus lenteet plus enibarrassee. Notre editeur a cru devoir les transporter dans les Novelas ejemplares dont nous allons pnrler. M. d'Ar- vieta a fourni personnellement dcs notes historiqiies, gramma- ticales et critiques, pour rendre la lecture de Don Quichotte pliis facile; car il est bon de faire observer qu'on y trouve une foule de passages et de locutions qui seraient inintclligibles pour les Espagnols cux-raenics, sans les remarques jointes au texte. Les 7'"*, S'""^ , et 9"^ volumes des OEuvres choisies de Cer- vantes coiiticnncnt les Novclas ejemplares, qui se sont fait re- marquer par la veiilc des caracteres et par les giaces du style, et qui ont merite a leur auteur, dc la part de Tirso de Molina, le surnom de Bnccace e.ipagnol. Cervantes avait reconnu en Italie que les formes elegantes ct spirituclles de ces sortes d'ouvrages, alors fort en vogue, ne pouvaient compenser les defaufs essentih-ls dont ils etaient entaches. Loin de contribuer ;\ corriger les vices 011 les travers de la so- ciete , ils alarmaient souvent la pudeur; quelquefois ils re- pandaient des opinions et des erreurs funestes : en general la frivolite ou la licence etaient les traits distinctifs de ces com- .positions. Cervantes, au contraire, se proposa dans ses Novelas de travailler a la reforme des mceurs, et d'entourer la sagesse dc tons les attraits qu'on avait pretes jusqu'alors a la peinture des vices. L'epithete ii' ejemplares qu'il leur donne, annonce ses intentions a cet egard. Les Novelas sont divisees en deux classes, les serieuscs et les gales. Les premieres sontr/ Curioso imperdnente (le curieux mal avise); el Capitan cautivo. (le Capitaine en captivite); ce sont les deux episodes retranches par I'editeur du roman de Don Quichotte; el Amante liberal (I'Amant genereux ) la Espanola i/iglesa ( TEspagnole An- glaise); la Fiierza de la sangre (la Puissance du sang); las dos Doncellas (les deux Demoiselles). Dans les secondes, on trouve /« Tia fingida (la Xante supposee), anecdote veri- table, arrivee a Salamanque, en 1576. Cette nouvelle, qui parait mainleoant pour la premiere fois, est ecrile avec beau- IMPRIMfeS EN FRANCE. 779 coup do jjidce et de liigercle. Le recueil est leimiiie par Ics pieces suivantes : la Gitanilla de Madrid (la petite Bohe- mienne de Madrid) ; Rinconetcy Coi-tadillo, \e. Licencie Vidiiera, el Zcloso eslrcmcno\ (I'Habitant d'Estramadiirc); Xllastrc fre- gona , el Casamicnto cnganoso ( le Mariagc troinpenr ) ; el Co- loqicio delos Perms ( le Dialogue entre les Chiens); XAdjimtc al Parnasn (la lottre an Parnasse). Le iC"' volume, intitule Thecltre , ne renfernie que deux comedies de Cervantes, I'editeur n'ayant pasjuge a propos d'y inserer six autres pieces qui appartiennent cepcndant a I'auteur de Don Quicholte, mais qui sont en general pen dignes de son "talent. Elles n'ont jamais ete jouees sur les theatres nationaux, quoiqu'elles soient imprimees depuis le terns de Cervantes. Les deux ceuvres dramatiques que Ton a reproduites ici, dans lesquelles il y a moins de defauts saillants, sont: la Numcncia et la Entretenida. Le vclnme contient, en outre, un certain nombre de petites pieces iegeres sur les moeurs populaires. Cervantes reussit beaucoup mieux dans ce genre, 011 sa verve trouve niainte occasion de se manifester par de plaisanfes descriptions et par des traits fort comiqnes. Ces Entreincse.t ne souffriraient pourtant pas de nos jours I'epreuve de la rc- ])resentation , parce que les mosurs et le langage ont ete singu- lierement modifies par le terns, ct peut-elre aussi parce qu'on est devenu plus diflicile depuis I'introduction des Saynetes, qui sont de pelits tableaux gais, mais plus analogues que les an- ciens Entremeses aiix moeurs et a la civilisation actuelle du peuple espagnol. M. d'Arriela se plait a temoigner sa reconnaissance a don Joaquin Maria Ferrer, pour les secourspecuniaircsqu'il a bien voulu accorder a sa vaste et coiiteuse entreprise. Pour noire part, nous nous empressons de les ft'liciter Ions deux de I'utile emploi deleursejour siirime terre etrangcre, consacre encore aux interets de la gloire litleraire de leur pays. \JHistnire de la conquete dit Mexique par 8olis forme trois volumes. II ne s'agit point maintenant de juger cet ouvrage avec toute la severite de la critique. On sait (]ue Solis, comme historien, ne fut pas toujours aussi bien informe qu'il aurait du I'elre , el qu'il faut consulter d'aiitres auteurs lorsqu'il est {juestion de fleterminer la verile historique d'une maniere pre- cise. On a dit que son lii'toire n'etait qn'un roman : I'arret nous parait trop severe. Quoi qu'il en soit, il a uu grand me- rite sous le rapport du style; et, malgre I'usage un pen trop frequent des antliiteses, Solis est regarde comme un des ecri- vainsqui ont su le mieux conserver la purete et la grace de la langue casiillane. MT^niFi,. 5o. te v4V «/«^ «<« «-V< v^ ■» ^ IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES, AMEllIQUE SEPTENTRIONALE. Etats-Unis. — Kentuky. — Etahlissemens de M. OwEfr, — On apprend avec peine que la genereuse entreprise clii philantrope anglais et de ses associes americains n'a pas eii de succes. (Voy. Rev. Enc, t. xxxi, p. 8oi). Elle ne |)Oii- vait reussir que par un parfait accord entre les membres de I'association , et son nom meme [harmony) rappeiait sans ccsse a I'union des vues, des volontes et des efforts: malgre toutos les precautions, la discorde s'est introduile, et il parait que la sociele est dissoute. II ne reslerait done a M. Owen que I'essni tente en Angleterre : et, si les causes qui ont fait echouer cehii d'Amerique n'eparguent point I'inslitulion anglaise, on sera fonde a pcuser que I'etat actuel des soeietes humaines ne se ])rete point encore au regime des grandes communautes, qu'il faut se borner a perfectionner ceiui des families et de la patrie qui les reuuit en corps de nation. Apres tout, le genre humain ainsi constilue jouit deja de qnelques biens, et pent sen assurer de plus grands encore; les moyens d'anieliora- tion sont conms, et le terns les amene, quoique lentement. Mais, qu'on ne perde pas dc vue les projets de M. Owen; on doit, des a present, les regarder comme une soile debut dont il faut approcher aussi pres qu'on le pourra, quoiqu'on dcscs- pere encore de I'atleindre. — Colonisation des negres par la societe de Pensylvanie. — Premier rapport aiuiucl fait ii cctte societe, le g avril I1S27. — L'etablissemeut de Liberia, sur la cote occidenlale do I'Africjue, repoud aux vues des pliilan tropes qui I'ont fon- dee. ( Voycz Rev. Enc., t. xxiv, p. 5). Le docteur Jolin- fF.VEACo, agent de la societe pres de cette colonic, a vu naitre en peu de terns une prosperite qui augmentera confi- nucUement, sous la protection des vaisseaux de guerre des Etats-TJnis. Mais Tinhimc commerce de la traite ne diminuo point; c'est des ctablissemens formes sur les cotes, sur le meme plan et dans les mcmes vues que celui de Liberia, que le doc- teiir cspere Ic plus pom fane cesser les ravages dcce fleau de CTATS-UNIS.— AMIlR. MERID. 781 Ihutnaiiite. II fait connaiire les maladies aiixqucUes Ics uoii- veaux debarques sont exposes dans ces climats brttlans , le traitcinent et les reiiiedes qui leur convienncnt, les soins que la convalescence exige. Ces instructions et ces documens pleins fl'interet sont contenus dans une brochure d'une feuille, inti- tulee : The first report of the board of managers of the Pcnsyl- vania Colonisation Society, iinprimee a Philadelphie par ordre de la societe. N. AMERIQUE MERIDIONALE. Btjenos-Ayres. — Gouverncment; Instruction pullique ; Fi- nances ; Liberte de la presse , etc. — Extrait d'une lettre en dale du 5 mars 1827, adressee i\ M. Degeobge, correspondanl de la Revue Encyclopedique a Londres. — « Notre gouverncment marche avec une energie dont s'etonnent ceux qui connaissent les nombreuses difficultes au milieu desquelles il est place depuis sa naissance. Tout en soutenant la guerre, il s'occupe avec ar- «leur des ameliorations a apporter dans les institutions de la republique et dans I'education du peuple. Nous possedons une Universite dans laquelle on vient de me conlier la chaire de lit- terature espagnole ; un College des sciences ecclesiastifjues, fonde surlesprincipesjansenistes,maisj«squ'ici peu frequente; lui autre College destine ci I'enseignement des sciences morales, dont les cours sont tres-suivis, etsurtoutune Ecole normale d'enscigne- ment mutucl , dirigee par M. Baladia , Espagnol. Cette ecole fournjt debons maitres aux diversesecoles de la republique. La Bibliotheqae nationale contient deja ])Uis de 3o,ooo volumes. La Caisse d'epargnes double, chaque annee, son capital. Nos deux Hopitaux sont admirablement tenus. On monte en ce mo- ment un laboratoire de chiniie. M. Bellemare, Francais, an- cien magistral dans son pays, vient d'ouvrir dans cette capitale im Cours de droit conuncrcial , et un autre de droit cnnnncl. Enfin, nous aurons bientot dans notre ville Xiclairoge par le gaz ; le gaz que nous dcvons employer sei-a extrait de Ihuile de cheval, substance oleagineuse que Ton \ire de la chair du cheval, ou plutut de la jument. M. Moreno, professeur de chimie, est charge de la direction des essais et des travau.K ])reparatoires relatifs a cette importante operation... II faut que vous sachiez (|ue les jumcns sont quclquefois le fleau de nos campagnes. Le non)bre en est si grand qu'on est souvent oblige de leur fairc la chasse comme a des tigres. Cet!e pro- tligieuse multiplication des chevaux provient du prejuge qui suppose ace que Ton monte la femelle de cet utile quadrupede. Les ameliorations projctces ou commencecs par le gouver- 78a AMIlRIQUE M^RlDIOiNALE.— POLYNfiSIE. iiemoiit sont nombreuses, mais I'intcrriiption du commerce en ralentit bcaiiconp les progres : le papici-moiinaie pcrd consi- dcrablenientj et Ics niarchandises sont hors do prix. — J'ai commence la pulilication d'un Journal ; jc piiblieiai aiissi ime Rci'ue trismcstnelle , pour laquellej'aurai besoin do votre assis- tance. • — De mon cote, je ne negligerai rien ponr tenir la Revue Encyclopedicjae au couraut des progres de I'esprit liu- jnain dans cette parlie du nionde. Je m'occuperai bientot d'un tableau general de ce pays, que je vous adresserai. Je vous eii- vcrrai aussi des details sur les Iravaux geographiqucs de I'abbe MuGNOz, savant americain qui nierite d'etre eonnu de I'EuroiJe, ou, pour le dire en passant, Ion salt tres-peu de chose sur la si- tuation deces con trees... Jesuis convaincu que, de toutesles repii- bliques tiansatknliques, ccUe de Buenos-Ayres est la plus eloi- gnee des idees et des erreurs de son ancienne metrojjole. Les couvens ont ici disparu ; le clerge n'excrce aucune funeste in- fluence : c'cst un pretre qui est ici professcur d'ideologie, ct scs Iccons degoiUent les jeunes gens des absurdites theoiogiques. Notre niinistre de I'interieur est aussi im pretre, et ses idees, ses priucipes, ses talens le lendent digne de seconder les vues de bien public de noire respectable president (M. Rivadavia, <)ai a dcmeure long-temps a Paris). — On nc porte a Buenos- Ay res ni litres, ni crachats , ni decorations. Les honimes publics y sont d'une popularite tout a-fait republicaine : on pent voir a toute heure les ministres et menie le president. La liberie de la piesse est entiere, et il n'en resulte aucun mauvais effet. La paix est le seul bien qui nous manque, el Ton est fonde a espercr que les dernieres victoires dues a nos braves armces nous la procureront bientot. J-J. M. POLYNESIE. Fol.nn rf'OwHYHEE. — On savait , depuis long - terns que cette lie du grand Ocean est d'origine volcanique, et que les feux soutcrrains ont projete son immense massif, dont I'uit e a plus dc 656 lienes carrees. Kotzbue a meme mcsurc les deux enormes pics qui s'elevent aux extremites nord-est ot sud-ouest de son plateau central; ct ccs deux anciens volcans sont au nombre des plus hautes montagncs du globe, puisque I'une, le Monna-Roa, semble avoir une elevation de /,,8oo metres, c'est- a-dire, cxcedant celle du Mont - Blanc ; et que I'autre, nommt'C Mouna Kea,ou la Montagne-Blanche,ayant une liauteurde 5,738 metres, est ^ peine surpassee par le Cliimborazo. Mais, le foyer Vokaniqne dont les phenomenes continiient dc se 9uecedei' POLYN^SIK.— ASFE. 78^ avec lapliistffrayante activile n'avait point encore ete explore ou decrit paries Eiuopeens. L'occasion en a etc saisic par le lieutenant Malden, pendant I'expedition de la fregate anglaise. la Blonde, chargee de porter aOwhyhee les restcs du souverain de celte ile, mort a Lundres, en iSa/j, ainsi que sa femme et plusieurs personnes de sa suite, qui avaient ete atteintes de la rougeole. Le cratere n'est point situe au sommct dune montagne , comme la phipart de ccux des volcans des deux hemispheres; il git au milieu d'une plaine de cinq a six lieues de circonfe- rence, eievee de 3, 000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Il a pres de trois lieues de tour ; sa profondcwr, depuis son cercle exterieur jusqu'a une Crete circulaire de rochers noirs , qui s'e- levent dans sacapacite, est de 9^2 pieds; il y en a environ 400 de plus, depuis cette crete jusqu'au fond; ce qui donne a ses bords une hiuiteur de pres de 1,000 pieds. On distingue dans cet abime, a travers les colonnes de flarame, de fumee et de vapeurs sulfureuses qui en sorteut continuellement, une cin- quantaine de cones, qui se projeltent de 20 pieds jusqu'a 70, et qui vomissent , par leurs fissures, desflammesou des laves li- qttefiees. Ce volcan est appele Kirauea ; les indigenes en font le sejour d'luif! decsse, qn'ils nomment Pcle , et dont le pouvoir leur inspirail une telle terrcur, qu'elle etait le principal obstacle a leur conversion au chrislianisme. Un acte d'intrepidite les a delivres de leurs vaines craintes. C'est une jeune femme, epouse de I'un des chefs principanx, qui a cu la gloire de detromper ses compatriofes. Elle a eu le courage de descendre au fond du cratere, et d'y braver le courroux dela fausse deesse, en adres- sant du milieu de cet abime des prieres au vrai Dieu. M. de J. ASIE. Traditions orientates adoptees en Europe. — On sait que beaucoup de fabliaux des premiers lems de la renaissance des leltres sont d'origine orientale, et que leur introduction dans la lilterature de I'Europe est due aux invasions des Arabes et aux expeditions des croises. 11 parait qu'au nombre de ces fables et de ces traditions, il y en a qui remontent encore a des ('•poques plus reciilces. Sir fFilliam Ouself.y, celebre orien- taliste anglais, a reconnu , comme appartenant aux plus an- ciens ouvrages des peiiples de I'Orient, plusieurs anecdotes fabuleuses , preiees ii Alexandre-le-Grand par Julius Falerius, auteur latin du iii^ou iv^ sieclc de notre ere, dont lecelebr* I 784 ASIE. — P:UR0PE. Angelo Maio a doiinc unc edition lort cmieiise. 11 a retrouvc i)arciilL'ment dans les ecrits des Porsans et des Indoiis les oii- i^iuaux d'une miiltitiide do conies popnlaires, dont Icseciivaiiis tltixiv ot du XV*' siorle s'otaicnt attiibuerinvenlion, on dont ils n'avaicnt pas iudiqiie la sourer^ aslatiqne. Tcls sont lu fi"^" conte dn Dccaaition de Boccace, plusienrs liistoiros des Gesta Roinn- /loiiun , rcrniite dc Painell, Ic santon Bai-bisa , le conte de ^\'hittington et son chat, le siijet de la piece de Shakespeare : Taming of Vie Shrew , etc. II est cuiieux de retronver dans les contiees de I'Asie une foule d'inventions, dans les arts el dans les sciences, dont les peuples modernes se faisaienl lionnenr ; et aussi d*apprendri> qn'une niultitnde de conceptions litte- raircs, foiles ou bizarres, que nous attribuions a nos ancelres, renionteut, dans les pays de I'Orient, a I'enfance des socieles huniaiues. M. ue J. EUROPE. !LES BRITANNIQUES. Expedition polaire dirigee par le capitaine Parky. — De|)nis le depart de VHccla, on attend avec impatience des nouvelles d'llammerfest , ou nos hardis voyageurs vont se pourvoir de rennes, attelaj^e iiecessaire pour les traineaux qui doivent les conduire au but de Icur expedition. Le port d'llammerfest a j)iis, depuis quelqucs annees, nne importance ^ laquelle on ne soupconnait pas cpi'aucun lieu de la zone f:;laciale put jamais prelendre. La ville y est dans un etat d'accroissement ra- pide, ft le luxe des pays temperes n'y est pas inconnu. C'est de la que nos voyageurs commenceront leur tentative, dont le succes parait infaillible; car loutce que la prevoyance et les ai-is perfeclionnes pouvaient faire en leur faveur leur a ele liberalement fourni. Le combustible est de I'alcool tres-pur, capable deresister au plus grand froid : unepinte de ce liquide pent donner quatre gallons d'eau provenant de la glace fon- due, chauffer les niets , etc. ; un appareil tres-convenable met a ])rolit presque toule la chaleur degagee par la combustion. Le biscuit est reduit en poudre, etla viande preparee non seu- lcn>eni pour sa conservation, mais ])oiu' qu'eile puisse etre apprelee le plus promptement possible, en lui conservant loutes ses pro|)rietes alimentaires. En arrivant au Spitzbeig, on fera choix d'un emplacement pour le vaisseau , qui sera conlie au liciiitenant du capitaine Parry , avec le nombre dliomnu's necessaire j)our les manteuvres. Le reste de 1 equi- ILES BRITAINNIQUES. 785 page sera parlage en deux divisions, donl la premiere ira droit au pole, sons la condiiite dn chef de I'expedition : elle sera subdivisee en deux sections dc dix liomnies et deux olficiers; chacune sera poiirvne d'un bateau tpii puisse, au besoin, rouier sur la glace, on etrc coiivcrii en traineau. Elle aura des provisions pour 90 jours, et on raltcudra au point de depart jusqu'a 120 jours. La seconde expedition, sous les ordres du capitaine Forster, officier tres-inslruit, tentera de relever tonics les cotes du Spitzberg, et fera les observations aslronomiqnes neccssaires pour fixer la position des points les plus reniar- quables de cette ile. Le bureau des longitudes a foiurni d'ex- celleus instrumens pour ce travail. F. Progres des ameliorations socialcs. — Legislation et adminis- tration publicjue. — L'une des causes les plus puissantes de la prospci'itc de I'Angletcrro, celle qui accroit et assure sa siipc- rioritc sur los penples du continent, c'est une imperturbable perseverance a multiplier, agrandir et perfcctionner les ele- mens de la richesse publique et de la civilisation. Rien ne de- loiu-ne de cette tache radministration et I'autorite communale; et, si les calamitcs de Tanner; derniere ont ralcuti les entre- prises qui avaient ce triple objet, elles n'ont pu cependant en arreler completement aucune. l.e parlemcnt a lendu , en i8a(>, 24 lois pour favoriser raccroissement de Tagricullure ; 6 rela- tives ii I'industrie nationale; 4 pour la navigation; 83 concer- nant les commimications intcrieures, et 4? pour Tanielioration des villes; en tout 164 bills, |)Our desobjets d'utilite publique, Les actes relatifs a I'agrlculture ont priucipalement pour but d'enclore les terres vagucs des communes, et de les mettre en valeiu'. Des six actes concernant I'industrie, trois ont pour objet la navigation et les pecheries; deux se rnpptjricnt aux travaux hydrauliques, et lui a rencoui-agement des manufactures irlan- daises. Parmi les lois rcndues pour anforiser les ameliorations dans les villes, il y en a 1 1 pour des edifices utiles, 17 pour la construction d'eglises , de ponts, de marches, etc. ; 5 pour des ouvrages hydrauliques; i pour un nouveau pave; 5 seulcment ou i/() sont relatifs a la melropole. Les actes pour la naviga- tion s'appliquent moitie i I'etablissement dc noiivcnux (]iiais et de chantiers de constructions na vales , et moitie a des amelio- lations dans ses ports. Enlin, parmi les bills rendus pour le jjerfectionncment des routes et I'extension des canaux navi- gables , il y en a 64 pour ouvrir et confectionner autatit dc chemins publics, qui vont ctrc ajoutes a ceux du royaunu-. On a autoiise pareiilement la construction de 12 chemins dc fcr et de 6 nouvcaux canaux. 786 EUROPE. Qtiel(]iio grand que pataisse le noinbre do ces entreprises , suitoiit au milieu d'liiie criso commerciale et industrielle, il est inoindre de moitie dcs demandcs faites an parlement, pour des travaux analognos. On a refuse ou differe d'accorder I'au- torisation necessaire a 19 entreprises relatives a rai:;ri culture, a 12 coneernant I'industrie, ;\ 11 pour des comnuinicationsinte- rieures, a 6 relatives a la navigation, et a 21 ayaut pour objet diverses ameliorations dans les villes des provinces. On a bor- ne sans doute les entreprises a celles qui sont le plus urgentes, Ic moins liasardeuses, et donl les depenses sont le mieux as- siuecs. En 1828 , on en avail autorise 235, ou presque un tiers dc plus; c'est plus qu'aaucune autre epoque. Endressantlc curieux tableau de ces entreprises qui attestent les efforts de I'Angleterre pour s'elever an premier rang des peuples civilises, nous trouvons qii'eu 3o aus , il y a eu 4,600 lois rendnes pouc faire enclore des communes, dessecher des marais, creuser des canaux et des ports , etablir des chemins de fer et des marches, construire des edifices publics, etc. etc. II est a souhaiter que Ion puisse un jour ecrire ainsi I'histoire de la legislation des peuples de I'Europe , et compter, par le nombre des lois, celui des bienfaits qui ameliorent la vie domestique et perfection- nent letat social. A. Mokeau de Jonnes. RUSSIE. Moscou. — Uitii'crsite. — Un chaugemenl tres-louable, selon nous, et fonde du moins sur un juste orgucil national, a eu lieu dcpuis pen dans cetle universile. Autrefois, la plupart des cours y etaient faits par dcs etrangers, surtout par des Allemands, et non dans la langue du pays. Cette langue vient enfin de reniporler sur I'allemand et le latin, et devra desor- mais etre employee de preference dans I'enseignement. On voit, par le programme des cours academiques de I'annee sco- laire (1826-1827), que le plus grand nombre de ces cours ont du etre faits en russe; et, depuis le depart de M. Schloet- ZER, qui a ete admis a la retraite, et la mort de M. IIorFMANN, celebre botaniste , les seuls professeurs allemands jouissant d'une reputation europeenne qui soient restes aiipres de I'uni- versite sont MM. Loder, Fischer et Reuss. C'est en faisant de la langue russe la langue de renseignenient qu'on pourra seulemcnt parveuir a lui donner ce qui lui manque encore, sous le lapport de I'expression scientifique, auquel son genie n'est nullement rebelle, comme on a paru le croire jusqu'ici. M. le professeur russe Davuidof avail donne I'exemple, en ouvrant I'annee scolaire par un discours, en langue nationale, RUSSIE. — GRfeCE. 787 siir la possibilile de la philosophic comme science, discouis aussi reniarquable par la clarte du langage que par la profon- deur des idecs. Nous apprenons, avec regret que les principes metaphysiques developpes dans ce discours, etsans doute mal interptetes par d'ofUcicux detracteurs, ont deplu a d'augusles ))ersonnes, et que le savanl professeur a recu sa demission. Cepeudant, la censure, qui avail du sans doute en prendre connaissance, a pennis aux jouruaux russes de fa ire I'eloge de ce discours, qui a ete imprinie et qui se vend a Moscou et a Petersbourg (i). — Bibliotheque imperiale. — Cette bibliotheque avait ete en- tierement consumee lors de I'incendie de Moscou, en 1812, et Ton avail a deplorer surtout, entre autres ouvrages et ma- nuscrils prccieux, la perte de ceux ou M. Raranizin a puise on grande partie les documens de son excellente histoire, qui seule peut offrir quelques dedommagemens de cetle perte [No'^. ci-dessus, p. 740). La raunificeoce de feu lempereur Alexandre n'a pas laisse long-lenis sans bibliotheque publique cotte anrienne capitale de la Russie, 011 les sciences et les letlres ont tant de partisans paisibles et modestes. Une biblio- iheque parliculiere, achetee par ses ordres a Munich, a forme les premiers elemens d'un vaste depot, auquel ont ele joints tous les doubles exemplaires d'ouvrages que possedaient les autres bibliotheques de I'empire, et aujourd'hui cette nouvelle collection , enrichie des dons de plusieurs particuiiers , se compose deja de 3o,ooo volumes, dont M. Fr. Reuss vient de dresser le catalogue (2). On trouvera sur I'ordre et le classe- nient adoptes par ce bibliolhccaire un article detaille de notre correspondautM. J. Schnitzler dans le n'' i36 (annee 1826) du Journal de Saint- I'tlcrsbourg. E. Hereau. GRECE. Situation de la Grecc. — Sccnurs enmyes aux Grecs. — P'oyase philantropique de M. Evr^TARn, cw Jnglctcrre, pour ranimer le zele (1) O vozmojnosti pidlosophii kali naould , etc. — De la possiLIiltc de la philoaopliie comme science ; discours pronouce a I'Duverture des cours de I'universite de Moscou, le 12 mai 1826 , par Jean Da- vuiDOF, docteur et professeur en philosophle. Brochure in-8° de 3 1 pages; prix, 3 roub. 5o kop. (3 fr. 5o c.) (2) liaspolugcnie i/il/tiot/teki , etc. — Methode qui a ete suivie pour rarrangement de la bibliodieque de I'universile de Moscou ; par M. Fr. Reuss, professeur de chimie et biblimhccaire. Moscou, i8a6 ; imp. de I'universite. In-8 de xxvi-2 ^- pages. 788 EUROPE. firs amis da cctte walhcurcusc nation. ■ — A dofaiU de nouvclk-s rccentus et positives venues diicctenieiit de la T.rece, ct puisqiie nousavons acquis la triste conviction (|iic les comniuiiications ties innoccntes dune coirespondance, toute dc cliarite et de pliiiantropie,nesontpointrespecteespar les polices deplusieiirs j;onvernemeus qui se disent chretiens [^'oy. ci-dessus, Avril 1827, note de la p. 260); puisque la froide et cruelle insensi- bilite de la diplomatic europeenne laisse prolonger les scenes saiijjslantes et atroces qu'une volonte forte et imaniine pouvait ptevenir ou du moins arreter; au moment 011 la magnanimc t,'arnison de lAcropolis veproduit les prodiL^es lieroiques qui ont imprime nn si £;rand caractere an memorable siege de JMissolonghi, rKJelement retrace par im liistoiien digne decelte noble cause (i); hatons-nous de consacier encore quelques pai;es k la nati(jn inforlunee que nieconnaissent et que sacri- lieul des Cabinets, etrangers aux scntimens de justice, de pitie, d'admiration qui agitent la conscience des ])eup!es. L'liommc qui occupe aujourd'liui Ic piemier rang parmi les Philliellenes, et dont la bienfaisance active a depuis long-terns associe son nom et sa legitime et honorable celebrite au nom et a la gloire de la Grece, M. Evnard, qui a deja souvenl ays veulcnt la delivranct' des Grccs ; Ics monax-qnCs s'into - resscnt a leiif suit; un tl'eux s'est di'ja declare oiivcrtcmcnt leur profcctour. I.c noble roi de Bavieke a cuvoyo siir sa cassette pai'ticnlierc plus de 100,000 fr. ; niais il a plus fait encore , en pcrmettant a ses officiers d'aller servir la Grcce , en conscrvant leur paic , leiir grade et leur uniforme. En Prussc, enSaxe, en JFtirtemhcrg , eu Hollande, les gouvernemcns en- cour?.gent les souscriptions; en France, on les tolcre; mais !e zele et la charite des dames franraises a su les solliciter , et les honinies les plus distingues et du plus liaut rang sont a la tete de tout ce qui so fait pour cette cause. En Suisse , le peuple eU masse, riches, pauvres, feiiimes, enfans, viennent porter leur offrando. Cette croisade dc charite a procure les nonibreux secours qui viennent d'etre envoyes. L/i cause i^rccqtic est gdgnee ; car il n'y a plus que quelquc.*; fanatiques ignorans qui peuvent vouloir qu'un peuple chretieii retourne sons resclavage, qui araenc Tapostasie, Ic viol et Its massacres. La cause grecrjue est gagnce ; car le terns est venu ou la politique eclairee, prudenle et ferme de votre gotivernenieiit va decider cette question (riiumanite, d'accord avec les autres puissances. Faisons des voeux pour que la j)lus prompte deci- sion vienne empecher de nouveaux dosastres. Ayons toule confiance dans la sagesse de vos ministres , et soyons assiu'es qu'ils veulent franchcment et loyalement I'en- liere indepeudance de la Grece, sous la protection de loutes les puissances. Si vous jugez , monsieur, que les details que je viens dc vous dontier peuvent elre utiles a la cause des Grecs, je vous laisse Tarbitre de ics faire connaitre a vos compatrioles, de la ma iiiere que vous croirez le plus convenable. J'ai i'honueur d'etre, etc. Etnard. » ITALIE. Turin. — Acadeinie Pliilliarnionique ; Ecole gratuite de chant. — Celte Societe date de I'annee i8i5. C'elait d'abord uro simple reunion de jeunes amateurs; mais bientot elle prit \\\\ nouvel essor, en s'associant d'habiles artistes. Des dames Ini preterent les charmcs dc lenrvoix, et Ton vit les concerts de I'Academie philharmonique attirer I'attention des personnages les pins (listiiigues dela capitale du Piemont. Des I'annee iXa'^, le gouvei nenienl hii avait accorde uue assignation annuclle sur le tresor de I'LItiiversiie. Il vieut recemnjcnt de I'autoriser ITALIE. 79? a t'tablir dans son scin une ecole gratidie de chant , dont ia creation sera siiilout avanfagcuse pour Ics pcrsoniies sans for- tune qui, ne pouvant ohicnir leur admls,sies dans !a hierarcliie cliautante. Quelle que soit I'ulilite de ce r.OHVel ('talilisseniesit, nous croyons (jue les fondatenrs de la societe philiiarmoniqiie nc se detourneront pas du luit qn'ils se sont d'abord propose, et qiic, [)oiirsuivant Icurs propres etudes , ils s'aliacheront ii perrc-ctionner les ])roce'!es et a pro- pager le i^out d'un art auqiiel nous devons Ics plus sgreahles delassemeus, ct (jiii exerce nieme une influence morale ires- piiissanfe. Oa trouve sur la lisle de leurs associes, parmi d'autrcs nonis bien conuiis, ceiix du celebrc Mayer et de niesdames Pasta et Otto, dotit les talens onf souvent conlribue a rclever I'eclat de leurs reunions. Le repertoire des pieces (|ui s'y exe- cutcnt se comi)ose, pour la partie du chant, d'airs et dc scenes des mcilieurs opens italiens, ct pour la |)ariic inslrumenlale , des chefs-d'ffiuvie des maiires de Ions les pays. L'esprit qui a preside au choiv ile ces diUereus morceaux nous a parii exempt de cct egoisme loc.ilou national, etroit el excliisif, qui repousse sans examen les productions i\u genie, iorsqu'cHes sont eiran- geres; ainsi, dans I'ordre de leurs travaux, comme dans ce.'ui de leur repertoire , les membres de rAcademic pnilharm<;nique de Turin ont donue une ])lace aux compositions de Mchul , de Nicolo , de Spontiiii et dc Boyeldlca , a cote de cellcs de Pner, de GciteratU, tie Maycrbccr, de Morlaccid , dc Paci/n, de Mcr- cadante , ct d'autrcs auteurs contcmporains a la tcte desquels figure le celebre Rnsxi,-:!. C. R. IVecrologie. — Pise. — Le chevalier Andre Vacca Beelin- GHiERi, ne en 1772, est niort le 7 septembrc 1826, apres avoir acquis, comme chirurgien, une repntntion eijalc a celle des Scarpa ct d''S Cniiignn. Francois Vacca son pere oiait un niederin fort distingue, ennenii de toutes les hypotheses dont la science a cte dc tout terns cmbarrassce; aussi contribua- t-il par ses conscils a detcnniner Ic choix de son fds, qui se livra de i)reference a I'exercicc de I'art cliirnrgical , parce qn'il le considerait comme siijct a moins d'crrcnrs et de fausscs conjectures qne la medcciuc proprcment dite. Aclif, ferme, entrepreuant , Andre Vacca porta ses nobles dispositions dans ses etudes. A peine cut-il fiui ses premiers cours en Italic , que son pere I'envoya en France pour se perrcclionner. II passa par Turin , ou le celebre Vassali-Eandi reconnul en lui les premiers indices de ce qu'il devait etre un jour. Dans Ics premiers terns de son sejour a Paris, il se laissa surprendre par I'appat T. xxxiv. — Jain 1827. 5i 794 EUROPE. du j<;ii , el pcrdit tout son argent : mais il sut piofiter tie cctio premiere lecon , et roparer sa fautc par iin travail assidu. 11 .suivait avcz zoic Ics cours de cliiniri^ie, et rccherchait avec emprcssenient les lecons et h's conseils de Dcsault, de Sabatici , dc Bnycr, de Jiaudeloquc , de Pincl et de M. Dubois. Qiiclqiies- uns de ses jirofesseiirs dcvinrent bientot ses admirateurs et ses amis. II fit a cette epo(|iie iin voyage en IloUande avec Dc- sault, et plus tard, so rcntlit en Anglelerre ou I'appelait Ic desir de voir les celebres^r//et7. Hur/tcr.Dc retour en Italic, en 1791, il se rangea sous la banniere de cede ecole que Redi , Bclli/ii, et Cocclii avaient deja rendiic celebre en Toscane. A vingt et iin ansil eerivit ses observations siir le traite de chirurgie que \c docteiir Bell venait de i)ublier. La prise de la Bastille et les aiitrcs eveuemens dont il avait etc le temoin en France eurent ime influence marquee sur ses opinions politiques; il fut place a la tete de la garde nationale de Pise , et ent part a la prise de Viareggio. Contraint ensuite, comme tanl d'aiitres Ilaliens, de quitter sa patric et deehercltor un asilc a Paris, il prolita de eelte disgrace honorable pour acquerir de noiiveiles connaissanees. Son ami Desault n'elait plus. II tacha de se dedommager de cette pertc en sulvant les lecons de Pcllctan et du jeuno Bichat , qu'on regardait deja comme le premier physiologistc de la France. Rentre clans ses foyers, runiversite de Pavie voulut luide- cerner les niemes houneurs (]u'elle avait deja rcndus a Mnsca- gni et a Bninacci , et kii lit offrir de I'admeltre an nombre de ses professeurs. Vacca prefera la cliairc de chirurgie a I'univcr- site de Pise, a laqiicllc il fut promu en i8o3. Dans ses lecons son zele e^alait tonjoiirs ses lumiercs; il n'elait occupe que du perfec- tionnement de I'art et des progres dc ses eleves ; et jamais il ne perditde viieles interets de I'humanite souffrante; souveut meme il venait an seeours de ses maladcs en les aidant de son argent. La noblesse de ses sentimens le fit respecter de tons les gouver- nemens qui se sont succede dans sa patrie. Enfin , apres avoir eu a pleurer la perte de son perc, celle de I'lin de ses enfans, et de son in time ami Francois Caslinelli , il monrut age de 5/( ans, dans sa maison de campagne, a Orzignano , pen loin de Pise , ou il avait eleve vm temple d'une elegante architecture, dedie a Minerve medicalc. T/annonce de sa mort a repandn le deuil dans le cceur de ses amis, de ses disciples et de tons ses conci- toyens. Ses funeraillesont etc failes avec pompc, eton lui pre- pare un monument dignc dc sa reputation. MM. les professcms Barzelotti et Rosini ont rendu les dcrniers devoirs a leur coUegue dans des disconrs publics a Pise. ITALIE. — ESPAGNE. 795 Vacca a laisse plusieurs mumoires snr ses diverses decou- vertes et siir les methodcs relatives a son art. Indepcndammeut de ses observations sur la chirmgie de Bell , on a encore de lui plusieurs traitus sur les maladies venerienncs, snr le perinee, snr la fracture des cotes, snr Tanevrismc dn jarret, et specia- lement snr la ligature des artcres, sujct long-temps controverse cntre le celebre professeur Scarpa et lui. — Une partic des de- tails que nous venons d'offrir a nos leclenrs est tiree d'une longue el interessante Notice, (jue nous avons Ine dans X /into- logie de Florence, excellent recueil, qui est une sorte de Revue specialc de I'ctat des sciences, de In Utter ature et des arts en Italie , commencee a I'exemple et d'apres le plan de notre Revue Encyclopedique. F. Salfi. ESPAGNE. Valekce. — Societe royalc economique . — L'etablissemeut de cettcsociete remontea I'annee 1776. Elle fait imprimer tons les ans la liste dc ses membrcs ; nous avons sous les youx celle de oette annee, qui sc termine par un apeicn des travaux dc la societe et de robjet de son institution. Fischer en parlail ainsi qu'il suit, ail commenceniont de ce siecle : « C'est la premiere des nombreuses socictes pairioliques d'Espagne (on en comp- tait alors 62); ellc jouit d'lui revcnii assure et possede, pour ce qui conccrne I'economie, une bibliotheque considerable ct assez bien choisie. Elle distribue annuellenient uu certain nombre de prix. Les programmes embrassent successivemeut toutes les questions relatives an pcrfectionnemeni ile I'agricnl- tiire et de I'industrie. Auxtitulaires,dont le nombre actucl est de cent trente-trois, sHccedent deux classes de societaires de mtrite ct d'honnenr. Dans la premiere, tigurent les membrcs choisis parmi les plus anciens lalioureurs des quatre arrondisseraens de Valence. On y trouve, comme associes etrangcrs, les noms de Jctincr et de Pestalozzi; celui de M. de Lasteyrie est sur Ics denx listes. M. Amoros, inscrit en 1807 sur cello du nierite, n'a point perdu son rang; il est nieme designe en qualitc de directeur de i'institution gymnastique fondee parses soinsaParis ct adoptee par le gouvernement fraiioais. Les O" Donnell, !es Castanos, les Cisneros, sont egalement insciits sur celte lisfe; et an raiiieu d'eux, on remarquc le marechal Molitor. Viogt dames sont preposees a rcnseignement gratuit. Six d'entiy- elles sont s))6.- cialemcnt chargees de procurer, aux frais dc la societe, un etablissemenl convenable a vingt filles pauvres. La socieio a 796 EUROPE. fondo line chaire d'agricuUuie; inais il parait qu'elle u'esl pas reniplie en ce moment. Propat^'er reiiseit^neinciit primaiic, ameliorer rindiistrie, fa- vorisor Ics manuractures, Ic ccmnicrcc, la navit;nlion, Ics pcchciies ct lY-coDoniie ruralc : telles sont les oljligalions que la socii'to s'est iinposces par scs statiUs, rcvcttis on 1785 de rapprohatiou royale. Rien n'cst chango; six commissions se parta^ent le travail, savoir : i** d'aijiiciilturtt et d'cconomie agricole; — 2" de commerce ct de iDaniifactiirc; — 3° d'in- dustrie ct dcs aris; — 4" d'cdiication; . — 5" des sciences nalu- relles, avec un cabinet des jirodiiits regnicoles ; — 6° d'objcts divers. — Le dirccteur general preside le eomite d'agriciiltiire. Un cabinet d'histoire natiuelle et luie collection de machines indiistrielles sont reunis a retablissemenl. Ces details, dans lesqiielsnousaimonsa entrer,conti-ibueront ))eiit-cireamoderer la severile dcs jngemens que Ton croit devoir anjourd'hui porter sur I'Espagne. La nation est inlinimeiit meiileure que son gouvernemeiit. L'liniversite de Valcrice a fourni I'.ne foule d'homines celebres; ses ecoles ont forme les medtcins les plus estimes de la Peninsule. Taehons d'oublicr que I'un des dcr- niers archcveqiies de Valcsce a fait muliier la preeieuse collec- tion de statues et de bustes antiques qui decore la bibliotheque publique; et que I'annee derniere, I'inquisition aencore deploye ses rigueurs. Rappelons-nous plutot que, dans son Tableau de I'Espngnn inodcrnc, imprime en 1796, noire honorable compa- triote, M. Bourgoing, nous proposait alors pour modele la societe economiquc de Valence. R. PORTUGAL. LiSBONNE. — Extrait d'ltne lettre adressee a M. le directeur de la Revue Encyclopedique. — Peruiettez-moi de vous sou- mettre quelques reflexions sur les deux derniers ouvrages con- cernant le Portugal , publics a Paris. Le premier est un Caurs metliodkjiie de geographie clenicntaire de MM. Blanchet et LouRMAND, que vous avez annonce avrc eloge dans votre ca- hierde fevrier 1826 (t. xxix,p. 5j5), et qui renferme cependant quelques erreurs dans les jiassages relatifs au Portugal. Pu- blic en 1825, devait-il contenir une evaluation aussi fautive que celle de 4,000,000 d'habitans pour le montant de la po- pulation du Portugal? La mention de la riviere des Amazones devait-elle etre omise dans la nomenclature des fleuves les plus considerables du Bresil? Les auteurs devaient-ils con- server cette phrase copiee servilement sur les auciens on- ESPAGNE. — PORTUGAL. 797 vrages: « Le Brcsil appartient nil Portugal, qui y erivoie un vice-roi >> ? Dans le secoiifl ouvragc, dont I'auteur, M. Bort Saint-Viit- CENT, jouit d'unc reputation curopcenne, on lit, t. iii, p. i8g: B Lc Portugal a des academies, des universites, des biblio- thecpies piibliqiics et des collcclious scientifiques, et n'en est pas moins la pariie de I'Europe la plus ignorante et la plus superstltieuse. » Avant de porter ua jugeiiirnt aussi severe et qui blesse I'a- mour-propre de toute une nation, il.nie semble que le savant ecrivain aurait du nous inieux observer. II pouvait au moins consulter les ouvrages de notrc academie, dans la bibliotheque de I'lnstitiit de France, a laquelle ils ont ete adrcsses. Je ne sais non plus comment expliquer I'assertion suivanle, contenue dans la page 190 du mcme ouvrage. « On ne possede pas de carte geodesiquement levee de la eontree. » L'autearne connait pas apparemment la carte publiee a Lisbonne en i8o3, et dont une contrefacon a ete faite en Angleterrc. II est vrai qu'elle n'est pas complete; mais el!e meritait une mention tres- honorable. On y Irouve trente-deux points determines astro- nomiquement et geodesiquement, sans compter quelques autres, anterieurement determines, tels que Coimbre, et formantune espece de ix-sean triangidaire dont la niaille est assez petite. Precedemment, en 1799, on avait dessine, an depot de nos cartes hydrograpliiqnes, celle de nos cotes maritimrs, faite sur des observations a'-ii-onomi(|nes et geodesiques, en sorte qu'on y trouvait dix points calcules snr des observations astro- nomiqnes et seize sur des observations geodesiques; ce qui donnait un point a pen pres sur I'ex'ension de hnit lieues. Cette carte servit probablement do base a celle qui fut publiee en 1812 , avecl'addition des sondes... lYous avons aussi la grande carte militaire du pays, publiee a Lisbonne en 1808, ayant plusde quatre pieds anglais de longueiu-; et je pourrais encore en citer quelques autres moins remarquables... Agreez, etc. Dantas. PAYS- B AS. Bb.uxeli.ES. — Societe de Flore. — Exposition publir/ue , ait mois dejevrier 1827. — Le Catalogue des plantes qui ont con- couru a cette exposition, le nombie et les nonis des concur- rens, et le proces-verbal du jury qui a decerne les prix ne sont point des objets sans importance, comme un examen su- f)erliciel pourrait le faire penser. Los recherclies du fleuriste, a comparaison raisonnee de la beante des fleurs, le.s moyens 798 EUROPE. de Ics coiiseivcr ot de les ptrfectionncr, Ics t^ouls que fait iiaitre ct qu't-ntretienl la vue de cos oiucmeiis de la luituie, ct liiifluence de C(>s gouts siir les habitudes suciales : ces ma- tieres ne soiit pas indignes des lueditalious du philosophe. Parnii les amateurs qui ont pris part a ce eoncoiirs, ou icinaiqiie des Francais, des Anglais, des Ameiicains et dies Italians. La rose a conserve sou enijiire; la rose, dite unique (Ic Provence, de la collection de M. Vanhaelewick a obtenu le prix, a I'unanimite. Deux autres roses et deux C(7<;r«.v ont me- rite une mention particuliere. Mais la plante la plus remar- quable par soir eclat et sa beaute n'etait pour tant pas un rosier, iiiais un pceonia sujfi uticusa , expose au nom de S. I\l. la reiiie des Pays-Bas. Le prix de la collection la pins riche en plantes rares et bien cultivees a etc partage entre MM. A^\n Volden et Van der BIoelen : mais, sans le degat occasione par la gelee dans la collection de M. Verlenwen, de Gand, lors da trans- port de cette ville au lieu de I'exposition, la commission pcnse que cet amateur I'aurait cmporte sur tons les concurrens. Les expositions telles que eelles ci peuvent etre assimilees a cclles des produits de I'induslrie, sous quelques rapports; et sous quelcpies autres, a celle des produils des beaux-arts : dies offrent aux peintres et aux fabrieans les meilleurs mo- deles qu'ils puisscnt imiter, lorsqu'il s'agit de representer des fleurs. F. Verviers. — Industrie locale. — La ville de Verviers est dans une des positions les plus favorables a I'industrie manufaetu- riere- Le genre de culture du pays qui I'entoure, les livieres, les ruisseaux qui coulent dans ses environs, la proxiniite des houilleres, le bas prix dc la niain-d'reuvre, I'activite de s(?s habitans, tout concourt a en faire une des \illes les plus in^j dustrieuses de I'Europe. Les coUines du canton de Verviers sont toutes couvertes dc pres-gazon, enclos de haies et divises en petites pioprietes; division reconnne extremement favorable a I'accroissement de la population, et sous plusieiirs rapports, aux progres de I'agii- culture et de I'iudustrie. Dans cliaque menage rustique, la femnie sufiit aux soiiis qu'exige la vacherie; et le mari, aiusi que les enfaris, travail- lent, une grande partie de I'annee, pour les manufactures de drap. Cette circonstance , jointe a I'ltabilude de se nourrir dc ponimes de terre, que le pays produit en abondance, entre- lient la niain-d'ceuvre a bas piix. Cependant, les fabriques de Verviers ont etc les premieres, sous le regime francais, .^ emi)loyer les machines a fder el les I PAYS-BAS. 799 auties machines qui economisent le travail. Elles out etc favo- lisees en cela par les nombreiises chutes d'eau que presenteril Ics rivieres de Vesdre, de Spa, fapoleon etendaient sans cesse leurs debouches, el les fabriques s'augmentaienl en proportion. C'est alors que furent elablis ccs vastes ateliers, ces nombreuses usines, ees machines de loute tspece que Yon y admiie aujourd'hui. La reunion de la Belgique a la Ilollande, en la separant de la France, iit evanouir cette j;rande pros])erite. Les fabriques de Verviers pcrdirent leurs priiicipaU-s relations conuiierciales, et le uouvel etat des choses ne leur ofiVit aucune coniprnsation, Presrpie toutes les puissances de I'Europe reponsserent leur!» produils par des prohibitions ou par des droits excessifs, qui equivalent a des prohibitions. La veute de leurs dra|)s ne leur fat pas meme exclusivement assuree dans le roj'aiune des Pays-Bas. Guide par un systeme de liberie eommerciale qui a cause, dans le courant du xviii^ siecle, la ruiue des fabriques de la Hollande, et qui a beaucoup contribne a la decadence de son commerce, le gouvernemeut des Pays-Eas laisse entrer, moyennant un droit tres-faible, les marchandises etrangercs, et la prevention, la vanite, d'ancienucs habitudes profilent de celte circonstance i>our consomnier les draps des nations voi- siues, au prejudice des fabricjues nationales. D'un autre cote, oh avail es|)ere que le conunerce maritime de la Hollande , a I'ouvcrtu.re des mcrs, offrirait ini deboiiche aux fabriques de Verviers; mais cet espoir ne s'est pas realise, le commerce hollandais n'cst pas sorti de son inaction. Cependant, loin de se laisscr abattre par tant de revers, les fabri(pies de Verviers redoubierent d'efforts , et, par I'eco- nomie qu'eiles out apportee dans les manipulations, elles sont parvenues a pouvoir, par les has prix de leurs draps, conserver ceux de leurs debouches doiit les lois prohibitives ne les ont pas privees. C. FRA^■(.:E. — DEPARTEMEI>fS. 80 1 FRANCE. Jardin dcFrouiont, pies Ris [Seiric-et-Oise). — V Hortlcidturr, , oil la cultiii'c dii champ clos, on i'agrictilture du niaiioir , suit les progres des autres sciences aL^roEomiqnes en France. Ln jardin de plantcs exotiqiics ct niultijjlcs est depuis qnelqiie lems etabii a Fromont, pies de Paris; le ptoprietaiie, M. Soulakge- BoDiN, diiige lui-meme les travaux; cet etablissement, qui Tenferme des series cli:iiides mai^nifiques etriclicment fournies de plantes rares, est nn dt-jjot central et methodique des pro- ductions les plus rechcrchecs de la botanique; c'est. iin vasie atelier de niuIlipHcation qui presente, reiiui a I'ordre, a I'lj- tcndue et a la variete des coliections , le mouvement de rindus- trie la plus active et la plus feconile en procedes nouveaux ct avoues pnr la pratique. La coi;ser%'ation des types et la repro- , i niai 1827. — MM. dc Frr.ny , Molard et Girard , font un rapport sur tui PARIS. • 8o3 niodelc de train do voiture a quatre rones , presente par M. Van Hoorick , inspccteur c;ent'ral des haras. « Au lieu d'at- tacher invariablomeiit entre cux la fleohc et k's deux lisoirs, I'inventeur forme cette floche d'un cyllndre de I'cr qui est sus- ceplible de toiirnei' dans quatre especes de viroles de nieme metal , dent deux sont aupliquees sur le iisoir d'avant et deux sur le Iisoir d'arriere. Cela pose, on coucoit que si I'une des roues de la voiture se souleve pour francliir un obstacle, son essieu pourra drcrire un certain arc en tournant autour de la flechc , sans que I'essieu de I'autre train participe a cc mouve- ment de rotation. Ainsl, la voitiue et son charj^oment resteront toujours soutenus sur trois I'oues, et elle ne pourra verser , si la verticale nicuee par le centre de gravite de la charge to- tale tombe dans le triangle forme par les points d'appui des ti'ois roues. M. Van Hoorick a fait I'application de la fleclie mobile a une caleche qui a franchi une chaise ordirjaire sans etre renversee; et cet obstacle surpasse de beaucoup en hauteur ceux qu'on rencontre sur les routes. L'administration des mes- sageries I'oyales va faire coiistruire plusieurs voitures a fleche mobile, dont I'adoption parait a Tacadeniie tres-avantageuse. » ( Approuve. ) — M.Jj-ago communique im memoiie de M. Cow- PER, professeur a Kasan , qui examine differentes questions relatives au magnetisme du globe terrestre. — M. Giron de Btjzareingues, correspondant , lit un memoire intitule : Ex^xi- riences et obseivatiotis sar la reproduction des anlutaiix dames - tiques. — M. Delesscrt lit pour M. Delille , professeur a Monl- pellier , et correspondant de racademie, un memoire intitule : Descrijition d'lut riouveau gc/irc de la famille des cucurhiiacees , jolifoUa, de M. Loget , natuialiste a I'ilc tie France. — D(i 28 mai. — ■ MM. Gaj-Ltissac et Thenard font un rapport sur nu memoire de M. Poljdore Boullay , concernaut les iodures doubles. Les travaux de ce chimiste I'ont conduit aux resultats suivans : 1° les iodures ujetalliques peuvent se partager ea iodures qui jouent le role d'acide et en iodures qui jouent le role de base ; les j)remiers s'unissent aux seconds , de ma- niere a reproduire des especes de sel. 2" II existe des com- poses d'acides hydriodiques et d'iodures inetalliques semblable.s a ceu.x que Ton a reconnus entre I'acide hydrosulfurique et les sulfures alcalins; entre I'acide hych'osuilurique et quejques fluors. 3" Les iodures et les chlorures sont eapables de se com- biner les uns avec les aulres; mais ils forment des conibinai- sons qui n'ont que Ires-peu de stabilite. 4" Ces dilfeiens corps , pour la plupart, se combinent en plusieurs proportions, etces proportions sont toujours deiinies; le bi-Iodure de inercure. 8o4 FRANCE. par cxeniplc , se combine en trois proportions avec Ics iodures des metaux alc.ilins , do telle sorte que les trois composes soot representes par lui atomc d'iodiue alciilin, i'aisant fonction de base, avec 1,2, J5 atonies de l)i-iodure de mercnrc faisant fonction d'acidc. » Lo travail de M. P. Boullay , approuve par Tacademie , sera insere dans le reeneil des savans etrangers. — MM. Tlicnardci Cha'irul foni un lappoi't snr le memoire d<; M. de IJoNASTRE , qni a ponr titre : Coinbinaison des Iiiiiirs vula- tilcs. L'acadcmie engai^e Tauteur a eoa)plel('r son travail. — Seance da. 4 juin. — M. ^y/Y/go donne lecture de I'extrail d'liiie leltre que M. I'ingenieur Bruull a ecrite a RI. Delessert, eoii- cernant les dernieres dispositions qui ont ete prises a la suite de raceidcnt survenu dans la construedoi) du jiodI sous la Tamise. — M. Cagxar-d Dii Latour lit une note intitulee : Des deux genres de vibration de la glotte artijiciellc. — Seance ptiblirpie annucUe du. 1 1 juin. — P.I. Broijgniart, pi'esi- dent, aouvert la seance par la distributif)n des ])rix de I'annee I S27. — i" Le prix de matli('niatitjues a etc decerne a MM. Colla- DON et Sturm, de Geneve, pour leur menioire sur cette question : 1° « Determiner par des experiences midtipliees la densite qu'acquieient les liquides, et speeialemenl le niercure , I'eau , I'alcool et I'ether sulfurique , par dfScoaipres->iuns eqnivalentes an |5oids de plusieurs atmospheres; 9," Mcsurer les elTets de la chaleur produite par ces compressions. " 2° Prix d astronomic , fonde par M. de Lalande. — L'Aca- demie a partage le prix entre M. Poks , directeiir de I'Obser- ■vatoire de Florence, et M. Gameatvt , directeur de I'Obscrva- toirc de Marseille, qui ont deeouvcrt , observe ou calcule les trois dernieres cometes. — L'Academie ret^retle de n'avoir aucun moyen d'cxprimer tout le prix qu'elle attache aux inte- ressantes recherches aslronomiques dont s'occnpe M. Vai.z , de Nimes , avec une constance et une habilete dignes des plus grands elot;es. 3" Fondations deM. de Montyon. Prix de physiohgie corperi- mentalc. — Le prix a ete decerne an M^emoire de M. Jdolphe Brongniart, qui a pour objet la generation des vegctaux , avec 27 planches , dessinees par rauleur. L'ouvrage de M. DtiTRocHET , intitule : De I'agent imnwdiat da mouvcnwnt vital devoile dans sa nature ct dans ses effets , a aussi fixe Tat- tcution de la Compagnie, comme rempli d'olwervations inle- rcssanles ct d'experiences ingenicuses; niais raimonce de quel- qucs-unes etaiit tres-recenle, et toutes n'ayant pas ete lepetcps, rAcademie a conserve a I'auteur le droit de represcnier son ouvrage an concours prochain. li" Prix en favrur de ccux qui auivnt perfectionne I'art de. PARIS. 8o5 gucrir. — L'Acadcmie , malgrc le iiieritc tres-dislingue de plusieiirs des ouvragcs soiimis a son examen , n'a cm pouvoir decerner que deux prix : I'un, dc 10,000 fr. , a MM. Pelletier ft Caventou, a qui I'ait de j^tierir est rCi;!uva!)io eographiqiie et statistiqiie de la Fiance. L'ediUnir est M. Alexandre Raudouitj. 1" Nniwcna grand prix de sciences natarellcs. — L'acadeiiiic propose comnie siijct du prix qui sera distribiie dans la seance pnbliqiie du premier Unidi disart , honime iion luoins aJmirablc par sa IjientV.isance que par sou savoir. — M. Cordieu a cominuniquo iin extrait dc son nie- moiro snr la Icaipt'ratiirc intcricmc dii j;lol)e. I.e terns n'a pas pormis d'rntendrc! I'ologo de M. Piiicl , par M. Gcnrge Cvyiv.-R. A. Michelot. Sociitc ])our I'ensc't^nemcut rlemcritnirc. — Prix propose. — Le concours ouvert par cettc Socictc pour Xcnitillcur nlmanach pnpnlaiie, ost proloiigu jiisqu'au i*'' scptonibrc 1827. Parmi Ics ouvragos qui ont concoiiru en 1826, aucuii n'a ele jnge digne dii prix ; mais deux ont obtenu dos medailles et des men- tions honorables, qui ont etii decernees a MBI. Jules Tardieu et SUZAKKE. Nous transcrivons ici une partic du nouvcau programme : — Lc prix sera decerne a I'oiivragc qui , en conservant la forme d'ahnanach, redige dans iin style simple et eoncis, reunira le ehoix d'instriictioiis le micux approprie aiix besoins du penple. La Soeiete ne pretend pas imposcr aux concurrens des condi- tions exelusives. Eile !es engage seulement a faire un heureux choix de siijels jiropres a instruire, interesser et amuser les Iccteurs des classes pen eclairecs. Le but du concours n'est pas en eiTet d'obtenir des almanachs qui ne puissent conveuir c]u'anx personnes instruites ; les concurrens devront bien se penetrer de I'idee qii'ils ecrivent pour le pcuple ; c'est-ii-dire qu'ils devront faire des efl'orts pour presenter leurs instructions sous des formes tres-simples et en mcme tems recreatives. lis pourront calquer en quelque sorte ceux de ccs almanachs qui ont obtenu le plus grand succes, en substituant toutefois des notions utiles et des anecdotes instructives et morales, aux pi-ejuges ridicules et aux recits scandalenx qui remplissent trop souvent des compositions. Ainsi, la Soeiete indique comme des sujets susceptibles d'etre traites sommairemcnt, les avantages de la caisse d'epargnes , les bienfaits dela vaccine, les dangers du jeu et de la loterie, I'inconvenient des emprunts dans les Moiits-dc-Pictc, I'indication des remedes approuves par les meilleurs medecins centre I'asphyxie et I'apoplexie, de la ma- uierederappeier les noyes a la vie, etc. Les concurrens ne doi- vent voir dans I'enoneiation de ces sujets que des indications que la Soeiete abandonne a leur sagacite, sans entendre les leur prescrire , en tout on en ])artie, s'iis croyaient mienx rem- plir son intention, en adoptaut une autre marche. YI Alinanach populnirc devra etrc vendu au plus ijas ])rix possible; la So- eiete desire qu'il ne depasse point Tetendue de i5o a aoo pa- ges, format in- 18. PARIS. 809 La Societe propose pour ce travail, deuxprix, dontlc pre- mier sera une medaille d'or de la valeur de 200 fr. , et le second une medaille d'or de la valeur de i5o fr. La Societe, desirant que los ouvragcs couroniies soient re- pandus gencialement et au prix le plus modique, se reserve le droit de les publier. L'auteur aura de son cote la nieme faculte, II pourra faire prendre copie de son manuscrit, niaissans de- placement (i). N. Reunion agricole et indiisinelle a Saint-Ouen, chez M. Ter- NAUX, lejeiidc 3i niai 1827. — Depuis pres de huit annees que M. Ternaux I'aine, ex -depute de Paris, s'occupe d'cssais sur la conservation des grains ilans des silos, ou fosses souterrai- nes (i), scs experiences ont ete suivies avcc un interet toujours croissant. Le terns le plus favorable est venu embellir, cette annee, la reunion a Ja fois economique , agricole et manufac- turiere, et surtout patriotique, qui se renouvellc tous les ans a Saint-Ouen, sous les auspices et dans la belie habitation de noire respectable compatriote. Plus de trois mille personnes de tous les rangs, qui se sont succede depuis neuf lieures du matin jusqu'a cinq heures du soir, ont pu examiner a loisir les grains contenus dans les silos, construits successivement par M. Ternaux, depuis 1819. Ces silos, au nonibre de huit, con- tiennent plus de quatre mille sacs de grains. On avait em- ploye pour les construire de la maconnerie, jugee necessaire pour former la voute et la fermer hermetiquement; aujour- d'hui, M. Tei'naux a cru avoir acquis assez d'experience de ce mode de conservation pour tenter d'employer seulement de la terre , de la paille, un peu d'argile et de chaux hydraulique; ce qui rend ce nouveau silo si peu dispcndieux et si simple, qu'il devient a la portee de I'intelligence et de la bourse des habitans de la campagne les moins fortunes. (i) La souscriplion annuelle, pour devenir membre de la Societe pour I'instruction elcmentaire, est de sS francs; les menibres ont droit d'assister aux seances du conseil el de recevoir le Journal d'edu- cation, public sous les auspices de la Societe. Tous les dons sont en outre recus avec reconnaissance chez M. Lahure, notalre, son treso- rier, place de TEcole, et chi-z M. Cassin , son agent general, rue Taranne , n* 12. (i) La conservation des grains dans les silos remonte a des terns trfes-recules. Quinte - Curce rapporle que les peuples du Caucase ren- fermaient leursrecoltes dans des fosses qu'ils nommaicnt syros. II pa- rait constant que le ble soustrait a I'influence de Fair atmospherique peut se conserver indefiniment ; mais 11 faut pour cela qu'il soil pre- serve de toute humidite. N. n, R T. xxxiv. — yJ/flj 1827. 5a 8io FRANCE. Autant que nous avons pu en ju{jj«M', les frais de oe silo ne doivcDt ^as s'clcvef a 8i)0 IVancs; ce c(ui portPiait ii iin pen uioiiis d'uii iVanc par lu'Ckjlitic Ics I'lais do premier etabli.s- sniiciit. Eu conservanl aiiisi le bie pendant dix ans, iin l.eoto- lilro lie couterait que lo centimes de frais de conservation; et par ce luoycii, se trouverait encore mieux resolu im beau pro- bleme d'ccouoaiie domestitiiie et airricole, pnisqnc la conser- vation et les IVais qu'cntraiuo ce nouvoau mode ne s'eieveraient pas a ])lns de 6 on 7 pour 100, tandis que, par les nioyens employes commnneinenl, ils s'clevent a 20 pour 100 de !a va- leur; anjoiird'luii, ils ne reviendraient qii'a 6. Aiiisi comme le dit M. Tertiaux, il s'ayit d'etre on de ne pas etre, de conserve!- ou de ne pas conserver , puisqu'iine speculation , (pii est avan- tai;cuse eu sacritiant 30 pour 100 pendant six ans, ne le serait plii-i, s'il fallait en saciider 120. La question consi-^te actuellement a savoir si les cereales se conseivcnt mieux dans les silos (pie dans les grc'niers. Quelques persoiuK'smcttent encore en doiilece fait, et s'appuieat snrles e^^periencesmemefaites pai'M. Ternaux, mais tres malapropos, selon moi; car il fant observer (jue ce pliilantro|je n'a point clierclie des prulits dans les essais qu'il a ("aits d'une nianiere si liberale et desinteressec, mais les nioyens d'etre iilile aux au- tr(;s, et de s'eclairer par I'experience; il s'est expose volontai- rement a lous les inconveniens (pii pouvaient resulter de ce mode de conservation. Ainsi, soit pour avoir ouvert trop sou- vent les silos, soit pour les avoir laisses a moitie vides pendant piusieurs mois, soil pour avoir conserve des i,'rains qui avaient deja soulfert, parce que la fermelure avail ete negliijee, soit pour s'etic servi des silos on il savait qu'il y avail des infiltra- tions et des cliarancons, comme le constatent les proces-ver- baux qui out ete dresses a eel egard, il y aurait manque de bonne foi d'arguer de ces accidensque I'experience fcra cesser, et de se refuser a I'evidcnce. En examinanl les Irois cent cinquante sacs de ble qui, apres avoir ete renfernies pendant pres de trois ans dans les silos, et nne annee dans le grenier, se trouvaient dans un etat de con- servation assezsatisfaisant pour pouvoir etre encore renfernies dans im silo, un public uombreux a pu acquerir ime entierc conviction de la bonte du moyen de conservation propose. Le nouvcl ensilage de ces 35o quinlaux, ainsi que celui de a5o autres de grains des annees iSaS et iSaS, ayant demandc un laps de terns assez considerable, ce tems a ete employe a vi- siter les res la doctrine de M. Gall. Les lecons ont en lieu dans wa salon depeuilant de I'appartement du ct'lebre physiologistc, et sa riche collection cranologique a servi aux demonstrations. Dans son discours d'ouverlute, le professeiu' a ia])pele a ses auditeurs que les dticouvertes les plus belies et les pins utiles ont (ite gent^ralement recues froidement par le public, qui sou- vent les a repoussc^es d'abord sans examen : il a fait senlir tpTil est prudent et necessaire de vt-rifier les faits snr lesquels se fondent les nouvelles doctrines , et d'en faire une elude rt'fltj- chie, avant de porter im jugenient quelconque snr lenr ensem- ble; puis, il a fait rapplication de ces maximes generales a la 52. 8ia FRANCE. physiologic dii cerveau, et en particulier aux idees nouvclle- iiient emisessur les fonctions de cet organe. Les premieres lecons ont etc consacrees a la physiologic et a dcs deuioiistratioiis de la structure et des fonctions de diffe- reiites parties du systeme nerveux et des sens exterieurs. II s'est attache ;i prouver que nos dispositions, on qualites primi- tives el fond;imentales, sont innecs, et que les circonstances varices rlu monde exterieur agissent sculemcnt pour les modi- fier, niais ne les font pas naitre. 11 a ensuite proiive que la manifestation de ces qualites ou facultes ne pcut avoir lieu independamment de I'organisation j que le cerveau est I'organe exclusif pour cette manifestation, et que les maladies et les vices de cet organe empechent ou modi- lient la manifestation de ces menies facultes. II a combattu victorieusement les reproehes faits a la nouvelle doctrine par quelques personnes, de tendre au materialisme, au fatalisme, et d'etre contraire au libre arbitre. Dans les lecons suivantes, il a etabli en principeet demontre qu'a I'aide de I'etuile du cerveau, on pent trouver une sortede mesure dcs facultes inteilectuelles. II a prouve la pluralite des organes cer«braux , en developpant cette idee : qu'il existe un organe, une masse certbrale differeiite pour chaque fonction essentieilemeut differente. II a expose les moyens de decouvrir les fonctions des differcntes parties du cerveau, ct de deter- miner les qualites et les facultes fondamentales de I'inteliigence, ainsi que le siege de leurs organes; et il a explique comment la forme exlerieure du crane de I'homme indiquant le develop- pement des differcntes parties du cerveau , on pent ctre induit a juger, par I'inspection de I'ctat de telle ou telle partie du crane, de la capacite presumee de I'organe eorrespondant et de son aptitude a telle ou telle fonction. II a fait connaitre les f icultes ct leurs organes jusqn'a present decouverts, en s'ap- puyant sur les recherches nombreuses faites dans les differcntes classes d'animaux, depuis les moins parfaits jusqu'a I'homme, et en faisant rcmarquer la gradation observee par la nature dans leur organisation cerebrale, toujours en rapport avec la manifestation de leurs forces instinctives et rationnelles. Les dernie^res lecons ont cu pour objet la fixation de la ligne de demarcation qui separe I'homme de la brute, et I'exposilion as le tableau sousles yeux , et consequcmment le moyen de couipa- rer. D'ailleurs, ce sont des laches legercs, ct dans rensemblc de cette gravure, on retrouve le talent que M. Desnoyers a deja deployo dans ses preccdens ouvrages. P. A. Necrologie. — De Giraudin [Louis-Stanislas- Xavier), mort le 27 fevrier 1827, a I'age de 6a ans, avait eu pour parrain un roi philantrope , et pour premier instituteur un philosophe dont il n'oublia jamais la devise : vitani iinpcndcre vcro. — Son nom appartient a I'liistoire de la lutte des amis dc la liberie legale contre les partisans du pouvoir absolu , ct doit, par consequent, occuper une place honorable dans les tablcttcs nccrolnglques de noire Recueii cenlial de la civilisation. — En exil , en pri- son, dans les camps , a la cour, dans I'adniinistration publique, comme prefet de I'un de nos plus riches departemcns ( la Scinc- Infericurc) , il fut toujours, comme dans la Chambre des de- putes, cc qu'il avait etc en 1792, a TAssemblce legislative , et depuis, au Tribunal, le constant defenseur des liberies pn- bliqucs. Le 2 mars, MM. Petou, maire d'Evreux, Vatout, elevede M, Girardin dans la carriere administralive, Alexandre Lameth, si honorablemeut connu comme publiciste et comme philan- trope, ont, tour a tour , prononce sur son cercueil des dis- cours de regrets et d'adieux ; nous nous bornerons a citer les paroles de ce dernier : « Nous avons encore a regretler un homme de bien , un depute fulele et courageux. Permettez-raoi d'offrir le tribut de la douleur aux manes d'un ami dont la mort vient d'accroitre les grandes pertes que la palrie a faites en si peu de tems... Nomme di-pute par le departement de la Seine-Inferieure , et reelu par I'honorable fermete des citoyens de la ville de Rouen, Girardin sut se pi'netrcr de la dignite de son auguste mission. Fort de sa conscience, et se livrant a la perspicacite de son esprit , il ne craignit point d'aborder les questions les plus difficiles. Ses discours ne resterent jamais au-dessous dc la franchise; ils la depasserent quelquefois; mais ses intentions etaient si droites, sa diction si spirituelle et si originale, qu'elles lui valurenl le piivilege de tout dire. II a cu sans doulc des adversaires, il n'eut jamais un eunemi... De puis long-tcms malade, ctson etal s'aggravantpar sa pres ence PARIS. 8a I assidue k I'assemblee et par les monvcmens qui y agilaient son Ame, Girardin fiit fryppe d'une attaque d'apoplexie : il ue se dissimula pas un seiil instant que tout espoir de guerison etait siiperflu , et il ne tcnait plus a la vie que par le charme des scn- tiniens de famille , par sa reconnaissance pour une tcndre epouse,qui, pendant pres de deux ans , ne s'eloigna pas un moment de son lit de douleur; pour des enfans, des proches , des amis, dont il connaissait la sincere affection. Rassurc; par I'emploi qu'il avait fait de la vie, il vit sans effroi I'approche de la mort, et ses derniers voeux furent pour sa patrie... Cher Stanislas ! la France n'oubliera pas (on nom ; elle te decerne les memes honneurs qu'a tes compagnons de gloire civique (i). Repose en paix entre leurs cendres venerees , et que la mort meme ne separe pas trois amis fideles, trois genereux defen- seurs d'une cause sacree... Heureux cehii qui pourra obtenir une place aiipres de vous! » L'eloquence de Girardin avait un caraclere particulier d'ironie et de sarcasme; mais elle ema- nait d'une conviction profonde ; cette conviction semblait I'ani- mer encore a ses derniers momens. Tons scs voeux etaient pour la France. Il laisse un heritage qui n'est pas sans gloire ; I'un de ses deux fils a epouse M"'= Gaudin, fille dun ancien et honorable ministre des Uiiances. Le departement de la Seine-Inferieure, dont les habitans se regardent comme faisant aussi partie de sa famille, vicnt d'ouvrir une souscription pour clever un monu- ment au depute qui fut sou prefet et au citoyen qui fut son depute. ( I ) Camille Jordam et For. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE CENT DEUXIEME CATJIER. JUIN 1827. 1. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Recherches sur les causes de la multiplication des pauvres. Le comle Scarbeck. Sfip a. Quelques -vues sur I'ecole de David J.-R. A. 579 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 3. Traite des poisons, ou Toxicologic g^nerale, par M. Orfila. R'lgoUot fils. 594 4. Nouveaux principes d'economie politique, par M. Sismonde deSismondi B.-C. Dunojer. 6o» 5. I ° Voyage dans I'Afrique occidentale, par Gray et Do- chard ; 2° Voyages et decouvertes dans le nord et les parties centrales de I'Afnque, executes par Denham , Clapperton et Oudney Chauvet. 6i3 (i. Histoire de la Fronde, par M. de Sainte-Aulaire. . A. M. fiSa 7. Sept Messeniennes nouvelles, par M. Casimir Delavigue. Leon Thiesse. G/[i 8. Etudes sur le Beau dans les arts, par M. Joseph Droz. Emeric David. 653 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 102 ouviages , francais el ctrangers . Amerique septentrionale. — Etats-Unis, 3 , dont i ouvrage periodique 665 Amerique meridionale, 3 669 Europe. — Grande-Brctagne, 8 , dont i ou-vrage periodique. ibid. — Riissie, t. — Suede, 2 , dont i ouvrage periodique 678 — Alltmagne, 6 681 — Suisse, i 688 — Icalie, 8, dont i ouvrage periodique 691 — Pays-Bas, 6 697 France, 64, savoir : Sciences physiques et naliirelle: , 18. . . . 708 — Sciences religietises , morales , politiqiies el historiques , 1^. . . 720 — Litterature , 1 4 7^9 TABLK DES AnTICI.F.S. SlS — Beaux- Arts , 3 nio — lUemoires et rapports de socictis snvantes , i -j-i^ — Oin'rn^es periodi(iues , 3 yjS — Livrcs en lani^iies efrangercs , iinprimes en Prance ,\ nnp, IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AaiEKiQUE SEPTENTiiioN A LE. — Etats-Unis. — Kentuhy : Etablis- semeiis de M. Owen. — Philadelphie : Colonisation des negres. 780 Amerique meriuionale. — Biienos-Arres : Gouvernement ; Instruction puhlique ; Finances; Liberte de la presse. . . . 781 PoLYNESiE. — Volcan cVOiv/ij/iee 78i AsiE. — Traditions orientales adoptees en Europe 783 EUROPE. Ilks Britanniques. — Expedition polaire. — Progr^s des ame- liorations sociales : Legislation at administration publique. . 784 RussiE. — 7(/ojcoH .• Universite ; Bibliotheque impcriale 786 Grece. — Coup-d'oeil sur la situation de ce pays 787 Italie. — Turin : Academic philharmoiiique. — Pise. Necrologie : Vacca Beringhieri 7q2 Espagke. — A'fl/e/ice ; Societe royale econoniique 795 PoRTUGAJL. — Extrait d'une lettre a M. le Directeur tie la Revue Encyclopcdique 796 Pays-Bas. — liriixelles : Societe de Flore. — Verviers : Industrie locale 797 FiiANCE. — Jardin botanique de Fromont , pres Ris (Seine-et- Oise ). — Societes savantes : Bordeaux ( Gironde ) : Academic royale. — ifowen ( Seine-Inferieure) : Societe d'emulation. . . 801 Paris. — Institut. Academic des sciences ; Seances du2i mai au 4 juin. — Societe pour I'enseignement elementaire : con- cours pour la redaction d'un almanach populaire. — Reunion agricole et industrielle a Saint-Ouen. — Cours de phreno- logie. — Telegraphie nautique de jour et de nuit. — Recla- matiou. — Theatres. Odeon : premieres representations de rOncle Philibert, et du Mariage par procuration , comedies. — Beaux-Arts. Architecture : Pont sur la Seine. Grayure. — — Necrologie : Girardin 802 TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABETIQUE DES MATIERES DU TREINTE-QUATRIEME VOLUME DE LA REVUE ENGYGLOPEDIQUE. AvRiL, Mai, Juin, 1827 (*). OjT a reuni aux quatre mots indicatifs dcs quatre crandes divisioks dc ce Recueil : I. MEMOUIES , NOTICES ET MELA?JGES ; ' ir. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES CaoiSIS; m. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE; IV. NOUVELLES SUENTiElQUES Er LITTER AIRES; le detail et le renvoi des articles qiii s'v rappoitent; puis, on a caracteri.se ces articles, a la suite du uom de leurs aiitenrs, par I'une des quatre abreviadoui ci-apres : M. (MEMOiRts et nonets ); A. (analyses); B. (Bur.LETi3N- eikmo- grai'hique); N. (socvEr.r.Es scih^riFiooF.s et litteraibes). La desi"ua- tion C, apres les noms propres, iudique les coUaborateurs de la Revue lorstru'il S'agit des articles qu'ils out fournis. Au lieu de comprendre sous la denomination generate sciences et arts comme dans cos qiialre ta/^/es des matieies de I'aunee iSig), I'iudicatioii dcs differeutes sciences dout traitc ce volume, on a cru devoir, pour rendre les re- cberches plus faciles, et pour mieux caracteriser le eut pl)iloso'^)liique de la Revue Encjclnpedique, ouvrir un coinpte particulier et special, en lettres ca- pitales , nou-seuleiueut a chacuue des branches dcs counaissances Immaines AGRicuLTUiiE, ANATOMiE, ctc. ; a ciiacun des ek-mcns esseutiels de la civiU- sation ct des moyens principaux de commuuicatioQ eutre les Jioiniues ; acaue MIES ET SOC'IETES SAVANTES; DiCTIONNAIRES ; E^IS EIG^'£ JIENT MUTUEL- ilfSTRucTiON ruBLiQCE; jouRNAUX; theatres, etc. ; mais encore a ciiacuu des pays dout il est fait mention dans ce Recueil : de maniere qu'on puisse rap- prochcr et comparer tour a tour, soit I'elat des sciences et des e'einens dp lu civilisation duns cliuque jiars , soit les nutinns eiles-memes, sous ies diffe-en, 669 ,781. SF.rXF.NTR10NAI,E , I jfi , 239, 4o3, Sag, fifiS, 780. AwM-YSBs (IT.) d'ouvragcR nlle- inanJi : Mfcmoire sur les grandes VTIQIIK routes , etc. , par Oershicr (/. J. liatide) , 340. - d'ouvrages anglais : Vie Jc J. Drjdeu , par Walter Scott {Louise Stv. lielloc) , 107. — Voyage dans rAIVitiue occiden- tale, etc., jiar (^iiay et Do- chard, tiaduit p:ir31""'C. IIu- guet. — Voyages et decouverles dans le Nord et dans les parties centrales de TAfrique , par Denham , Clapperloii et Oud- nev, traduit par Eyries et La- reuaudiere {Channel), 623. - d'ouvrages chinois : lu-Kiao- Li , ou les deux Couslnes, re- man traduit par Abel Kemusat {Henri Duval) , 3g4- - d'ouvrages francais : Traite d'economie politique , pai- J. B. Say (B. C. Danoyei), fi3.— Voyage dans la Russie nieri- dionale, par Gamba {P. A. J. , qo. — Annales de I'iniprimerie des Aides , par Ant. Aug. Re nouard {Salji), 122. — Philo- sophic de la guerre , par da Chambr.iy {I'enj), 348. — Compte general de I'adminis- tration de la justice en France , etc. (./. Taillandier), 3()o. — Garanties a demander a I'Es- pagne, par de Pradl {Aveiiel), 3-5, — Resume de I'histoire dc la litieraiure italienne v par F.SaKi (Z ) , 387. — Traile des poisons, etc.; par Orfila {Ri- gullol fils), 594- — Nouveaux principes d'economie politique, etc. , par Simonde de Slsmondi {/J. C. Duiwjer), G01. — Histoire de la Fronde, ])ar M. deSaiute- Aulaire {A. />/.), 53-2. — Sept Messeniennes noiivelles , par Casimir Dclavigne {Leon Thics- sc) , (142.— Eludes sur le bean dans les arts , par Jos. Droz {Emcric-Dafid) , (i53. - d'ouvrages (Vrt//e«.f -■ Prodi on:e de la iniiieralogie du Vesuve , [jar Monticelli et Covflli {Fcr- rj-). 59. Ancelot. Six mois en Russie , 5o4. Angjletekrk. f^oy. Graa'de-Bre- T\GNE. Aiinales de riinprimerie des Aides, par Ant. Aug. Renouard , A. , 132. — militaires des Francais , etc. , par J. D. Magallon , 493- Annuaire fclatistiquc , adminis- tiatif et ctmimercial du depar- teraent d .Eurc-et-Ijoir , 47'^- Aktiquites, 184, 258, 291. — romaines, on Tableau des nioeuis , usages et iii-stitutions des Romains , par Alex Adam, 738. Aj)ereus statistiqiies pour servir a la discussion du projet de loi sur la prcsse, 47"- .Appeal {The) for snfferins; genius , a poetical addres , etc. , by Da- niel Bryan , 666. Aragon (M"n<' Alexandrine). Voy. Aikin. Arbitrage, ^oy. Mongalvy. .Archkologie. P'oy. Antiquites. Archipel indien. f'oy. Crawfurd. AKCHITfCTURE, 8 I 6. Am ukahiatique , 54i. MILITAIUE , 191, 19'i, I94t 348, 418, 462. VETfcRINAIRE, /l54. Articulations du cheval. T'oy. Rigot. Arts industriels , xgi, 460, 461 , 713, 714. Ascetique. Voy. Sciences reh- GIEUSES. Asfeld (L. T. d'). Foy. Haslani- Glierai. AsiE, 406) 783. Assurances mutuelles ( Sur !es avantages des ) contre I'in- cendie. sur lessocietes.i primes, par C. Bernouilli , 688. AsTRONOMiK , 459, 804 ■ 807. DES MATIEBES. 817 AthemAb dci aits de Paris, igo. Atlas geograpliique et statistique des depaiteniens de la France, 473. — de Lesage. Voy. AUemagne. Aubernon (J. ). Considerations sur la Russie, I'Autriche et la Prusse , 4&fi. Auger-Saint-Hippoljte. Essai liis- torique sur la republique de San-Marino , 3o3. Autriche. Voy. Aubernon. Avenel(M.), C.-A. , 37$. Azais. f-'oy. Davy. Azuui (Dominique- Albert). Voy. NicROLOGIR. B tlaratiriiiy (£.). Eda i Piri , etc. , 678. Barl)arie et civilisation , ou Piai- doyer pour les Grecs , par Pejsson , 738. Uarcit (John), The life 0/ Edward Jenner, 4 1 5. Barras (J. P. F.). Foy. Gastral- gies. Barres du Molard (V. de). Nou- \eau syst^me de ponts a grandes por(ees , etc., igS. Barricades (Les), scenes histo riques, 5 10. Barriere. yoj: BerTiUe. Earthelemy. foy. Congres. — J'^oy. Soiree. liarloli (Dariitle). Dcscrizioni geo- giajiche e storxhe , etc , 176. Batteries (Traite drs). f-'oy. Lamy. Baude (J.-J.) , C— A., 34o. Bayard et G. de Wailly. L'Oncle Philibert , corned ie , 814. Beaux-arts, 227, 5i3, 563, 579, 653, 770, 773, 816. liildam's (Jos.). Smnmary of the laivs pectdiarly affecting proles- lant dissenters , 67 1 . Belles- Letthes. Vor. Littera- TURE. Belloc (M"" Louise Sw), C- A. 13i8 TABLE AN IO-. — B. . jIo , 668, et les ar- ticles sigiics L. Sw. B. Bevbrugger (A.). Histoiie dc France nincnioiii.see, 492. Bergery (C. !>.). Geomefrie des coiirhesappliquee a I'industrie, /i58. Bergnes. L'art du Teinturicr , 4G0. Bcrnoiiilli {C). Ucber die Vorzi'ige tier gcgrmviiriigcn Brandasse- ktiranzcn , etc., (iS8. Beriier (Cnnstant). Voy. Fran- C()'S8 de Rimini. B«rville et Piarricre. Collection dcs memolres relatifs a la re- volution francnise , 7^(1. Bes (Mil--). Tcte d'etude lithogra- phiee d'aprrs Girodet , 56 ^. Bestiaux ( Sur Tusage de garder les) renfcrmcs dans les etables , etc. , par Van der Cliys , 179. Bezout (Leon). Geographic as- trononiiquc , traduiie en grec modcrne, par P. Joannidis , 234- Bible, f'oy. Hartwell Home. BiBLioGRAPHiE , i3fi , 4o3 , 665, Bililiomappe , ou Livre-cartes , ig6. BiBLTOTHEQUE dc Ceplialonic , 2')4. — impcriale de Moscou , 787. Bignan. Voy. Epitre. Bigot de Morogues. Voy. Poli- tique religieuse. BioGRArniE, 34 J 107,206, 235, 4i5, 43o, 497» 49^^) 683 , 694, 695,753. Blondeau, Voy. Manuel de mine- ralogie. Bli'ff{N. J.), et C. A. Pingerhiith. Compendium Fiorce Germaniite , 681. Bin me. Voy. Flore. Ikiinvilliers ( E. ). Principes et morceaux choisis d'eloquence judiciaire, etc., 21 5. Bonafoii'; (Mathien). Dc r<-dnca- ALVTlyUE lion dcs vers d soie , etc., 706. Bost. Voy. Proces. BoTANiQUE , i55 , 406, 43l , 444 • 445 , 68 r. Boltin (Seb.). Voy. Almanach du commerce. Boulgarine. Voj. Gretch. bowling's Servian popular patry, 675. Boyer. Voy. Manuel du Porce- lainier. Brauh (L.). Voy. Ibrahim Pacha. Brayer. L'Acadenile des sciences de Paris couronne son ou- vrage sur le departement de I'Aisne, 8o5. Bregeaut (A. L.). Manuel du des- sinatcur, 771. Bres, C— B. , 214, 4 f'Sr. — Bresil , i38. — Buenos-Ayres , 6C9. — Danemark, i53 , 4^3. — Etats- Unis. i36, 4o3,fi65. — France, 186, 442, 703. — Grande-Bretagne , i4" » 4o7» 669. — Indes orientales , ^od. —Italic, 170, 431,691. — Pays- Bas , 179 , 437. 697. — Portu- gal , 177. — Russie , 149 . 4r9 , 678. — Su^de , 422 , 679. — Suisse, 688. Burdet. Gravvire de I'Amour quii- tant Psyche , par Picot ,819. Burnouf (J. L.). Voy. Tacite. I Bntlcr (Ch.). Voy. Reminiscences. J DES MATIERES Byroniennes ; elegies , suivies d'autres pieces elegiaques, par f _- '^romier, aig. Eiige Canal Saint -Denis. Voy. Devil- liers. Can.vux, i36, 463 , 464 , 540. — foj". Instruction. — f^oy. Gerstner. Cmtiques religieux et nioraux , mis en musique, par J. Adiien- Lafasge , 23o. Caravane dramatJqne (La) , ou les Virtuoses aventuriers , par Leonard GaDois, 234- Cariteas , 725. Carolines (Les), on Quelques fleurs pour une couronne poe- tique , par J. E. Paccard , 507. Carrion-Nisas (Colonel). Voy- Ob- servations. Carte pliysique, polltiqueet com- paree de la Turquie d'Europe , par 'P. J.Lameaii, 719. Cartier. Voy. Violon. Casanova de Seingalt. f'oj. Me- moires. Cassola {PhHipi>e). Cnraoelementare di chiinica . fit) 2. Cataracle. yoy. Gondret. Catholicism in Austria , etc. , by Ferdinand Dal I'ozzo , 670. Clanlincourt (A. A. L. de) , due de Vicence. I'oy. Nkcrologie. Caventou. T'oy. Pelletier. CavoIean.L Acad em iedes sciences de Paris couronne son OEno- logie francaise , 8o5. Celestine, ou rHeroine de roman, par P. J. B. Dalbnn , 224- Celnart (M'>«-). Manuel du Zoo- phile , 70). Cervantes (Michel). Voy. Garcia d'Arriela. CesaroCli (Notizie intorno alia I'ita e alls opere tli) , fig^. Cliambray (Colonel de). Philo- sophic de la guerre , A. , 349- Chambre de comtnerce de Cler- mont (Puy-de-I)6me), 54G. Champollion le jeune. foj. Hie- rogiyphes acrologiques. Changement de ministerc. Vor. Cottu. Chansons nouvelles et incdites , par Emile Debraux, 765. Chant. Voy. Musique. Chasse , 48f' Chateaubriand (V. de). OEuvres completes ,761. Cliateauneuf (A. H.). Voy. Favo- rites. Chauvet. C. — A., 623. Clia-.ivin. Voy. Algues. Chemins de fer. Voy. Instruction. — Vor. Gerstner. Chevalier (F. F.). Histoire gen^- rale des hyjioxylons, 444- Chimie. Voy. Manuel. — (Cours de). Voj. Cassola. — (La) enseignee en 26 lecous, par Payen , 706. Chine (La) , mceurs , usages , cos- tumes , etc. . par Deveria , etc. , avec des Notices explicatives par D. B. de Malpiere , 5i5. Chirurgie. Voy. Sciences medi- CALES. — (Recueil d'observations sur la) des Francals , par Suringar , »79- Chronologte, igfi. Ciampi (Sebastien). Des affaires de Pologr.e, depuis la mort du roi Etienne, etc. , 170. — Examen critique de Thistoire de Demetrius , fils d'lwan Wa- sllie\vltch , C)qX. — Voy. Manuscrit autographe. Ciceron (M. T.). P'oy. Odescalchi. Cimeticres de la ville d Orleans. Voj. Vergnaud-Romagnesi. Cimorelli. Saggi di belle lettere ila- liane . 172. Civiale. L'Academie des sciences de Paris lui dcierne le prix de Tart de guerir, 8oj. — Voy. Lithotritie. OiO TAliLK AT CIV!LISATlo^ (Progr^s de la) au Mexique , 2/\'i. Cl.Tpperton. Toj. Denliam. Glassiqiies espagiiols (Collection (ie), 77(1. Clav.ireau (A.). Le tombeau , poeme traduit de Feith , 44"- Cliniqiie de la maladie syphili- tique , par N. Deveigie, 453. Code prussien. Son introduction dans les provinces du Rhin , a53. — de c'liasse, par J. Houel , 481. Creur (Jacques), /^o/. Ternaux. Cohzione [Ktiova) di opiiscoli lettc- rarj , etc. , 175. Colladon et Sturm , de Geneve. L'Academic des sciences de I'ai'is leur dccerne le prix de matheniatiques , 804. Colleccao de noticias • ara a his- toriii , etc. , 177. CoLOMBIE , 4l2- — (Notes sur la), 4o3. — Situation morale de cette re- publique , 53o. Colonisation des negres , par l.i s(.ciete de Pensylvanie , 780. Comites etablis rii;x Etats-Unis pour venirausecours des Grecs, 243. Commerce , 54^ , 717- ComoUio (^I.). Plaiitaniin in Lariens' /jroi'iiicia lectannn eniimeratio , e;c. , 43i. Conipte gciieial de I'administra- tion de la justice en France : pendant I'annee iSaS, A. , 36o. — pendant Taniiee i8a6 , 734. — rendu sur le service des alienes traites dans ies hospices de Paris, 483. Congris (Le) des niinislres , ou la Revue de la garde nationale , par Bartlielemy et Mcry, 7G3. Constitution (Projet de) pour la rcpubii(jue de Bolivia, tifig. Constitutious et regies de la con- gregation des pr^tres , sous le ALYIJOUF. titre du Saint - R^denipteur , 1 68. Construction des routes, f^oj-. Edgeworth. CoNTES. f^oy. ROMAMS. Coquerel (Charles), C. — B. , 744. Coquilhat (J. P.). yoj. Enseigiie- nient universel. Correspondance choisie de Fre- deric-Henri Jacob! , 164. Cortes ( Les anciennes ct nou- velles) d'Espagne , etc. , par Ernest Munch , 684. Cotelle (Louis-Barnabe). f^oj. Ne- CKOLOGIE. Cottu. Considerations sur la niise en accusation des ministres, 201. — De la neoessite d'un cliange- ment ci<' miuisteie , 737. Coupin (P. A.), C— M., 34. Cours de grec moderne , fait a Paris par Michel Schinas, 290. Courtin. T'oj. Encyclopedic mo- derne. Courtray (De). P'oy. Oplithalmie. Cousin (Victor). I'oy. Proclus. Covelli. I'oy. ProJromo. Coxe (William), f^oy. Espague. Ciawfnrd [Joliii). Hiuory of the Indian Archipelago , (171. Crivelli , avocat , C. — B. , 232. — (Li=^), C— B. , 725. Cui,TE. f'oj. Sciences beli- GIEUS;iS. ' • Cuvier (FreJeiic). f'^oj. Histoire naturclle. D Dalhan (P. J. B.). P'oy. Celestiue. Dal J'ozzo (i'.}. yoy. Catholicism. Dame (La) de Saint-Bris , chro- niques du terns de la Ligue , par de Mortonval , 5i2. Danemark, 1 53, 423. Dantas Peieira (J. M.). foy. P.cri- tos. — Discours. — Reclamation. DKS MA Dante Allghieri. F'oj . FoiColo. — Foy. Rossetti. David (Jacques-Louis). I'oy. No- tice ueciologique. — l-'oy. Ecole. Davy (Sir Humphrey). Sou opi- nion en faveur de quelques parties du systeine universel de M. Azai.s , 557. Debraux (E:mile). roj. Testa- ment des ministres. — Vojr. Dragounade. — Voy. Chansons nouvelles. Decouverte d'un aucien monu- ment aux environs de Palerme, a58. DicouvKKrES geographiques (Re- marques sur les ) faites dans I'Afrique centrale , etc. , par Jomard , 717. Degeorge ( Frederic ) , C — B. , Delavigne (Casimir). ^or. Messe- niennes. Denaix (A.). Aoj. Geographic. Denham (Major) , Clapperton et Oudney. Voyages et decou- vertes dans le Nord , etc. , de I'Afrique , traduits par Eyries et Larenaudiere , A. , (123. Depots de mendicite et prisons dans les Pays-Bus, 268. Depping , C. — B. , 4'i3. Descriptions geographiques et historiques , tirees des oeuvres du P. Daniel Bartoli , 176. Des Michels (C. O.). Histoire ge- nerale du moyen age , 490- Desnanot. Piatique du toise geo- metrique , ou Geometric pra- tique , 455. Desnoyers. La Vierge tenant sur ses genoux i'enfant Jesus. Gra- vure d'apres Raphael , 8iy. Dessin , 459 , 770. Devergie (N.). f^oy. Clinique. Deveria. Voy. Chine. Deviations de la colonne verte- brale. f^oy. Pravaz. Devilliers (R. E.). Description du riERES. 83i canal de Saint-Denis et du ca- nal Saint-Martin , 464- Diction fraijcaise. Voj-. Dubroca. DicTioNN.viRE de la Crusca. foj: Pioj.o hi. Discours prononce a Charcas a I'aniiiversaiie de la victoire de Ayacucho, par P. A.Torres, (Kiy. — prononce dans I'Academie royale des sciences de Lis- boane , etc., par J. M. Dantiis- Pereira , 177. — d'un envoye de la Gr^ce au premier congres qui jugera convenable de I'admettre , aoa. — prononce sur la lombe de M. Gossuin, etc. , 498. Divof (De). Voy. Histoire de Russie. Dochard. ^oy. Gray. Doin(G. T.), C— 'B. , 190,451. Dragonuade (La petite) du quai desOrfevres , par Em. Debraux et Ch. Lepage, 764. DbOIT. f^oy. JuKISPllUUENCE et Legislation. canojvique, 670, 671. PUBLIC , l83. Di oz (Joseph). T'oy^ Etudes. Dryden (John), /-'oj. Scott (Wal- ter). Dubroca (L. ). Lecons elemen- taires de diction francaise , 7.12. Dubrunfaut , C. — B. , 46'- — N., . 284. Ducroc de Chabannes. Cours ele- mentaire d'equitation , 454. Dulaure. Histoire physique , ci- vile et morale des environs de Paris, 2o5. Dumersan , C. — B. , 517. Duuoyer ( B. C), C— A. , G3 , 602. Dupau(Am.), C— B. , 188. Dupin. Dissertation sui- la vie et les ouvragesde Potliier, 2o(). Diip n (B. Charles), f^'j. Forces productives. "^* TABtF. ANaLYTIQUE — SilualioD progressive des forces de la France, 467. Duponceau. t^oj): NoaiisiATioNS ACADE.111QUES. Durer (Albert). Foj-. Heller. Durivau. E.\anien de I'enseigne- meiit dit uiiiversel qui a pris naissance dans les Pays-Bas 437. Dusson ( L. ). Foy. Psaumes de David. Duval (Henri), C— A. , 894. Duvivier (P. H.). yoy. Medecine. E EcoLE de dessin et de sculpture fondee a Cephalonie , 264. — rurale d'enfans pauvres fon- dee a Maykirch, pres de Ber- ne, parM. de Felleuberg, 2 55. — de David (Quelques vues sur 1') , et sur les principes de la peinture bistorique , M. , $79. ficoNOMiE P01.ITIQUE, 18, 569. — (Nouveau.x principes d') , etc., par J. C. L. Simonde de Sis- iTiondi , A. , 602. — (Traite d'), par JeanBaptiste Say, A., 63. -;— KURALE, I79 , 255, 708, 70(1. EcossE. yoy. Gramue-Bretagne. Ecrilos de Jose IlJaria Dantas Pe- reira , i33. Eda , nouvelle finlandaise, en vers russes , par Eugene Bara- tinsky, 678. Edgeworlh ( R. L.). Essai sur Ja construction des routes et des voitures, 462- Education (Principes d') physi- que , intellectuelle, morale et religieuse, par W. Nevvnham , 4i4. 6gi.ise (fipoques de 1') de Lyon , 475. Elegies nationales et satires poli- tiques , par Gerard ,761. Eloquence junici A ire. for. Boin- villiers. Emeric-David, de I'liistitut, C— A., 65.3. Empis. Foy. Lambert Symnel. Encvcloj'edie uioderne , ou Dic- tionnaire abrege des sciences , etc. , par Courtia , 209. Ekseignemejnxindustkiei,, 455, 458. — UNivEHSEL. Foy. Durivau. — Lettre a M. M.A. Jullien , sur I'applicalion de cette nictliode , etc., par J. P. Coquilhat, 698. Enthousiaste (L') , coniedie en veis, par J. Leonard, 223. Epitre a M. Mely-Janin , a I'oc- casion de sa piece de Louis XI , par A. Bignan ,221. Equitatiom. yoy. Duroc de Clia- bannes. EscLAVAGE , 239. Espagne, 143, 493, 795. — (L') .sous les rois de la niaison de Bourbon ; menioires ecrits en anglais par W. Coxe, et traduits par A. Muriel, 745. Esperimeiito di melodic liriche , 433. Esprit humain (Observations sur I'accroissement del'), par Samp- son Reed , 137. Essai sur cette question : D'oii vieut que les sciences et les arts sont cultives a Geneve avec plus de succes que la litera- ture , etc. , par A. Peschier , ifiS. Etat niilitaire (Apercu de 1') du Noid , princi|)a!euie)it de ctlui du Danemark , etc., par Jahu, . i54. Etats (Les) de Blois , ou la niort de M.M. de Guise , scenes his- toriques , 5i i. Etats-Unis , i36, 239, 4o3 , 529 , 665 , 780. Etude des langues. Vor. Picot. Etudes legales. Foy. Rey. — sur le beau dans les arts , par .Joseph Droz , A. , 653. Eure-et-Loir ( D(5[)arlL'nieiit d }. T'oy. Aunuaire statistique. Expedition polaire diiigec par le capitaine Pairyi 7^4- ExrosiTiow publique de pl.intes, a Bruxelles , 797. — • des inodcles des machines em- ployees au gymiiase de Paris , 556. Eynai'd. Son \oyage piiilantro- pique en Angleterre pour ra- ni nier le zele des amis des Gi ecs, 787- — Sa lettre a sir James Mackin- tosh , 788. Eyries. Voy. Deuham. F Fables (Trois) sur la giraffe , par Jauffret , 7(16. Fain (B.). Manuscrit de mil buit cent douze, etc., 4ya, 202, 243, 738. — (Situation de la) , 787, 790. — Resume de sa situation mili- taire, financiere, nioraleet po- litique, 265. — (De la) au commencement dc I'annee 1827, M., 3o5. — (L'ancienne). Fny. Hellas. Gregoire. De la nolilesse de la peau, traduit en anglais par Charlotte Ncjoth , 235. Gregory (G. de). iMcmoire surle veritable auteur de limitation de Jesus-Christ , puMie par Lanjuiiiais ,721. Gretch et Boulgarine , ledacteur'- du Fils de la Patrie , journal russe, i5o. Gromier ( Engine ). foy. Byro- nienr.es. Guatemala. Elat general du pays, 24.4. Guatimoco Guatimocin , tragedie espagnole, par J. F. de Ma- drid , 527. Giierin. For Richomme. Guiraud. Foj. Virginie. GvMKASTIQUE , 55fi. H Hamilton's (/. P.). Travels ihronyh the interior provinces ofCo'owbia, 41 2. DES MATliRES. 8:^5 Harangue pionoiicee par D. Gre- goire Funes , siii' la victoire de Ayacucho , (ifiy. llarpe suedoise populaire, etc. , par J. L. Studach, /,22. llartwell Home {Thomas). A com- pendious introduction to the study of (he Bible , 669. Maslam-Ghf'ia'i , sultan de Cri- mee , on Voyage et souvenirs du due de Richelieu , par L. T. d'Asfeld , 499- Heiberg (7. /,.). Oin TFaadevillen , etc., i54- Hellas , oder geographisch-aiuiqiia- risvlie Darstellung des alien Grie- chenlarides , to/j Fr. Kruse , 426. Heller (Joseph). Das Leben iind die Wet-he Albert Dttreis , 43o. Hemsterliuis (Francois). I'oy. Ot- tema. Henricy. Notice siir I'ancienne universite d'Aix , 74y- — Notice sur I'origine de Tim- prinierie en Provence, 749- Henrion (R. A.), yoy. Redemp- tion. Ilpreau (E.), C. — B. , i53, 217, 25 1, 4^2, A^o, 5o5, 537, (579, 743, 770. — N., 53;, 787, et les articles signes e. h. Hiboux (Les) , ou !a Noctimanie , poeme heroique , par Th. Ville- navo, 220. HiEROGLYPHEs acrologiques (r^ettre sur la decouverte des), adressee a M. Goulianoff , par J. Klaproth ,211. — Analyse critique de la lettre ci-dessus , par Champoilion le jeune, 5o2. Hirudinees (Famiile des). f^oy. Monographic. Histjoike, 143, l53, ifi2, l63, 170, 176 , 2o3 , 207, 3o5, 4'8, 493, 494, 495 ,497,499.^83, 84- — ■ deSicilc. f'oy.Sclun. — de I.I littcrature italieiine. f^'oj. Salli. — de la l.ingue et de la littcra- ture slaves, par P. J. Schaf- farik , fiSS. — NVTUr.F.LLP. , 704. — des mammiferes, par Geoffroy Saint-Hilaire et F.Ciivier, 442. Hong HIE, ifi(). HORTICUI-TURE, 71)7, 80I. Hospice des habits bleus de Li- verpool , 532. Houel (J.), rof. Code. Hubert (L.). f'oj. Almanach de mcdecine. Huguet ( M'ue Charlotte ). For. Grav. Humboldt (Gulllaume df). Lettrc a M. Abel Remusat, 211. Hutin (P. L.). Manuel de physio- logic de rhomnie, 187. Hydrographie, 5. Hygiene (Traite d') appliquee a I'education de la jeunesse , par Simon , 45o. Hypoxylons. yoj: Chevalier. I Ibrahim Pacha ;i la contre-oppo- sition , satire par L. Brault , 507. idarbas, ou le Pretre de Saturne, episode tire de Regulus, poeme heroique incdit , 221. Ideometrie , ou Langage pasigra- phique , 2 ID. Iles Iokienkes. Etat general de ces iles, 7.G0. Imitation de Jesus -Christ. I'oy. Gregory. Tmprimerie , 122. — en Provence. Foj . Henricy. IkPES ORIEJITALES, 4ofi. IiuUaii treaties . andlmvs and rcgn- ALYTlyUE lalions reialiiii; lu indian a/fairs, rtc, r>fi5. IjVDUSTr.IE, 809. — locale de Verviers , 708. — mauufacturiere du departe- nieiit du Puy-de-Dome , 54^. InllammatidP.s (Des) speciales du tissu muqueux,])ar P. Bretoii- neau , 708. Information required by a resolution of the House of representatives , etc. , I 36. Instruction dii clcrge dans le royaumc de Baviere, 537. — I'liiMAiRE. ^17-. Raingo. PUBLIQUE, 244, 24g , 25o , 260, 294, 78f- — dans le canton d'Argovie, 542. Instruction sur les routes, sur les chemins de fcr, sur les ca- naux et les rivieres, ig5. — sur la reconnaissance des ri- vieres, etc. , 4^'- Iiivalide (L') . ou TAini du jeune age , par G. C. Verenet , i85. Iri-ande. Foj: Grande - Bue- TAGKE. Isabeau. ?'o>-. Perspective pra- tique. Isographie des honimcs celebres , ou Collection de fac-simile de lettrc'S autographes, etc. , 5i5. Itax-ie, 170, 258 , 43i, 543, 682 , fi:_I,792. lu-Kiao-Li. ou les deux Cousines, roman chinois, traduitpar Abel Remusat , A. , 394. Jacobis (Friedr. Heinr.). ytiiserles- iier nriefvechsel , ifi4- Jacotin (Colonel), f'oy. Necro- I.OGIE. John. Ursi.^t oner Kordens Kregs- I'aesen , i53. Jardin de plantes exotiques di~ P'romont ,801. Jardinnge. f'oj-. Agriculture. - - T'ox. Merault. — Voy. Horticultuie. Jaiiffret (A 43o. — Ancienne classique , 5o3, 526. — Anglaise , 107, 4 1 5, 417,^75, 67(>. — Belgique francaise, i85 , 44o. — Bohe- mienne, 54 i. — Chinoise , 394- — ('olomhienne , 527. — Da- noise , i54. — Espagnole, 77!i- — Des Etats-Unis, 4o5 , 666, 668. — Francaise, 209, 212, 2i5, 216, 217, 318, 219, 221 222, 223, 224, 225, 295, 297, 334, 5oi, 5o4, 3o5, 507, 5o8, Soy ,5io,5ii, 5i2, 56o, 56 r, 642 , 695, 759, 761, 763 , 764 , 765, 766, 767, 768, 769, 814 , 8 1 5. — Hehraique , 527. — Helvetique -francaise , 168. — Islandaise, 424- — Italienne , 144 I i4^- i7f> ly^i 175, 176, 387, 43i, 432, 433, 435, 695, 696. — Portngaise , 177. — Russe, 149, i5o, 4t9, 678. — Servienne, 675. — Slave, 688. — Suedoise, 422, 679. ^'80. Living [Tlic) and the (lead , etc. , 4l5. Lois (Sommaire des) relatives aux profestans dissidens , par Jos Beldam , 671. Londtes. Voj: Leigh. DES MATItnKS Lycek de Cephalonie , a63. M Machine a vapeur. f'oj. Stuart. Madrid (J. F. de). Fo^-.Guatimoc. Magallon (J. D.). ^oj-. Aiinales niilitaires. Magnetism!, , 449- Maizlere ( Anot de ) , C— M. , 820. Maladies mentales. Voy. Voisiii. Matbestc (Georges). Voy. Galerie de Lesueur. Malepeyre (L.). f'oy. Rhetorique. Malpiere ( D. B*** de ). Voj. Chine. Manuel de physiologic de rhom- me , par P. L. Hiitin , 187. ■ — de chimie amusante , etc. , par F. Accum , traduit de I'anglais par J. Riffault , et publie par A. D. Vergnaud , 44>). — du dessinateur et de I'impri- meur-hthographe , par A. L. Bregeaut , 771- — de niineralogie , par Blondeau , puhlie par Julia- Fontenelle , 446. . — theorique et pratique du vinai- grier, par le mdme , 461- — du Zoophile , ou I'Art d'elever et de soiguer les animaux do- mestiques , par M""; Celnart , 703. — - du savoniiier, par M^e Gacoa- Dufour, 191. — du serrurier, par le conite de Grandpre , 7i3. — du porcelaiiiier, du faiencier et du potier de terre , etc. , par Bover, 714- — d'armement , igB. — d'administration a I'usage des compagnies, igS. Masuscrit antographe de Jean Boccace de Certaldo , Irouve et commente par Sebastien Ciampi , 694. 839 — de mil huit cent douze, etc. , par le baron Fain , 494- Mariage (Le) par procuration , comedie en vers, 81 5. Marime, 1 38 , 418. — militaire anglaise, 53 r. Massias (B.). Lettre a M. P. A. StapfcT snr le syst^me de Kant, et sur le prohleme de I'esprit humain , 477- — C— B. , 728. Mathejiatiques , 4^5, 458 , 4^9 . 71a, 804 , 8o(>. Mecanique, 459,807. Meuecine. f^oy. Sciences me- mCALES. — ( De la ) consideree comme science et comine art, par P. H. Duvivier, 186. Melodies lyriques. P^oy. Esperi- meiito. Memoires , Notices, Lettkes ET Melakges (I. ) : Resume des voyages faits aux mers polaires {Edward Sabine) , 5. — Notice sur le dc'partement du Nord {Charles Diipin) , i8. — Notice necrologique sur J. L. David {P. A. Conpin), 34. — De la Grece au commencement di' I'annee 1827 {J. <■■■ L. de Sis- inondi) , 3o5. — Notice sur le dcpartement de la Marne {Anot de Maiziere, 820. — • Le tom- beau d'une jeune philhellene, elegie (/17. J. Jnilien) , 334. — Recherches sur les causes de la multiplication des pauvres,etc., {IV.), 56y. — Quelquesvues sur I'ecole de David , etc. (/. H. A.), 579- , , .. . — ET Rapports des Societcs sa- vantes et d'utilite publique en France, 281, Sig, 772. — sur la cour d'Elisabelh , reine d'Angleterre, par Lucy Aikin , 497- , — du Veuitien J. Casanova de Seingalt, publies par G. do Schutz, 75s. TABLE ANALYTIQUE 840 — - autographes de M. le juiiice de Montbarey, 754. — (Collection des) relatifs a la revolution fiancaise, par Ber- ville et Barriere, y56. Memoirs 0/ the life of the R. H. Ri- chard lirinsley Sheridan hy Tho mas Moore, 235. Mendicite , 2G8. Meiault. L'art du jardinage dans la culture des arbres fruiiiers et des plantes potageres , 447- Mercier (L. S.). Voy. Mort (La) de Louis XL Meks pOEiiRES , 5, 784. Mery. Voy. Congrf-s. - Voy. Soiree. Message du citojen Victoria , president des Etats-Unis du Mexique , adresse au congrcs national , 243. Messeniennes (Sept) nouvelles , ]5ar Casimir Delavigne , A. . ()42. Metral (A.) , C— B. , 224. Mexique , 243, Ssg. Michelot (A.) , C— B. , 444. — N., 2-8 , 552, 808. MlNERALOGIE. Voy. MaUUcl. — du Vesuve. Voj. Prodrome. Jliseen accusation des ministres. Voy. Cottu. Mitford {Miss Mary Russel). Dra- maric scenes , 67r). I^Inemotechkie , 4'J2. Momle egyptiennc ( Ouverture d'une) , a Paris , 29 r . Mongalvy. Traite de I'arbilrage en niatiere civile et conimer- ciale , 480. Monge (G). f'oy. Brisson. Moiinard (C), €.— B. , ifio, G88. Monographie de la famille des hirudiiiees, par Alfred Mo- quiu-Tandon , 704. Montbarey (Prince de). Voy. Me- moires. Monticelli (Theod.). In agnan pti- teolatium camposqiie phlegrceos commcntariiim , etc. , 6yt. — Voy. Prodrome. Moore (Tli.). "Voy. Memoirs. Moquin-Tandon ( Alfred ). Voy. Monographic. MoKAl-E, iS5. Moreau ( Louis - Jacques ). Voy. NlicBOI.OGIE. Moreau de Jonnes (A.) , C. — N. , 78(5. Mort (La) du connetable de Bour- bon , tragedie , par M***, 222. — (La) de Louis Xl, roi de France , drame bistorique , par L. Seb. Mercier, 5oy. Mortouval ( De ). La Dame de Saint-Brls, 5 12. Munch {Ernes ty Fran: Ton Sichin- gens Thatcn , Plane , etc. , 683. — Olyinpia Fulvia Morata , etc. , 684. — Die Schicksale der alten und neucn Kortes , 68/]. — — Gtschichte des Aufstandcs der hellenischcn Nation , 162. Pantheon der Geschichtc von Deiitschlands Vblker, 428. Miinster. Kleine theologische SchriJ- ten , 423. Muriel (Don Andres). Voy. Es- pagne. C. B. ,77y. MUSIQUE , 23o , 295, 433.517, 773. — sacree a trois el quatre par- ties , etc. , par F. L. Perne, 5.7. — • des anciens. Voy. Perne. N Navier. De I'entreprise du pont des Livalides , 466. Navigation , 81 j. Netvnham {IV.). The principles of physical, inlelicctiial , moral and religions education , 4'4- NeckoloG IE : .Jacques-Louis David, peiulre d'histoire, a Bruxelles, 34 , 566. — Alexandre Volta , directeur de la Facultc philoso- DES MA piiiquederUnivcrsito dcPavie, 258. — Louis -Jacques IfJorean , de la Sarthe, niedecin, a Paris, 299. — yl lexis de Saint-Michel , litterateur, a Paris, 2(19. — Louis- Darnabe Cotelle , professeiir a la Faciille de droit de Paris , 3oo. — Le Colonel Jacotin, a Paris, 3oi. — Dominique- Albeit Azuni , publiciste,en Sardaigiie, 543. — Armand-Aiigustin-Lnuis de Cau- laincourt , due de Vicence , a Paris, 563. — Andre Vacca llertin- ghieri , professeiir de cliirurgie, a Pise, 793. — Loiiis-Stanislas- Xavier de Giiaidin , menibre de la Cham])re des deputes , a Paris , 820. Nominations acadejiiques : Gol- bery^ de Colmar, et Dtiponceau , de Philadelphic, memhres cor- respondaiis de I'Academie des inscriptions et belles-lettres de Paris , 281. — Maic-Antoine Jitl- lien , de Paris, membre corres- pondant de I'Academie rovale des sciences de Lisbonne , 544- — D' Jer. J an Rensselaer et le colonel Trombell, de New-York, membres etrangers de I'Acade- mie royale des beanx-ai'ts d'An- vers , 5 |6. — Royer Collard , membre de I'Academie fran- caise, 552. Nootk ( Charlotte ). Essay on the nobility of the skin, by Gregoire , 235. Notes secret essurl'Amcri que, etc., publiees par David Barry, 409- Notice necroiogique sui- Jacques- Louis David, peintre d'histoire, M.,34. — sur le denartement de la Marne, M., 320.' NoUyELLES SCTENTIFIQUES ET LIT- TERAiKES (IV): Afrique, 245. — AUemagne, 25i, 53^. — Asie, 783.. — Buenos-Ayres, 781. — Colombie, 53o. — Espagne, 795. — Etais-Unis, 239, 529, 780. — T. XXXIV. TIKtlFS. 84 1 France, 270, 54^, 80 z. — Grande- Bretagne , 247, 53i, 784. — Gr^ce , 2^5 , 787. — Gua- temala, 244. — lies loniennes, 9.60. — ilalie, 2.j8, .143, 792. — Mexique, 243, 529. — Paris, 273 , 548, 802.— Pays-Bas, 268, 545, 797. — Polynesie, 782.- — Portugal, 544. 79f>. — Russie, 249, 533, 786. — Sardaigne, .'143. — Suisse, 255 , 542. NUMISMATIQUE , 298. o Objects {7'ke), advantages and pleasures of sciences , etc., l4o. Obser\ateur (L'lduxix*^ siecie , par Saint-Prosper, 479- Observations sur les observations de M. de Carrion-Nisas, rela- tives a I'csprit inililairc en France , 482. Odescnlchi (P.). I frammenli de' sei libri delta republica di S[. T. Cicerone, I'olgarizati , etc., 432. OEuviiE de Jean Goujon, ~ic>. OEuviiES de Proclus, 52fi. — d'Henri de Kleist, 43o. — CHoisiES de Michel Cervantes , 776. — COMPLETES de Taclte, traduifes par Burnouf, 5o3. de Chateaubriand , 761. d'Etienne Jouy, 5o4. de Legouve ,216. Olympia Foy. ^Muncb. Oncle ( L' ) Pbilibert , comcdie en prose, par Bayard et G. de Wailly, 8r4. Ophthalmie ( Coup-d'oed sur 1') qui attaque particulierement les militaires des Pays-Bas j par de Courtray, 180. C)pusculeslitteraires ifaliens. /^or. Colezione, — theologiques , par Munster , 423. Orfila. yoy. Poisons. Obnithologie , 704. Orthopedie , 189. J 5 S.\i Oltema (J.-G.) Mi'inoire sur les services reiidiis ft In pliilosopliie, par F. Hemsterl.uis , 697. Otto(C.).Iieise diirch die Schwez, etc, 68a. Oudney. f^oy. Denliam. Owen. Dissolution de la Societd philanthropique qu'il avail for- m^ea New-Harmony, 780. P Paccard ( J.-E.). f^oy. Carolines. Pacho (J. -R. ). Relation d'un voyage dans la Marmarique , la Cyrenaique , etc. , 770. Paganel (L'abbe). La doctrine de M. l'abbe La Mennais deferce, comme destructive du christia- nisme , au corps episcopal de I'eglise de France , etc. , 197. Paix perpetuelle ( Nouveau projet de) entre tons les peuples de la cbretiente, 199. Papier-monnaie. Voy. Parnell. Parini (G.) roy. Poesie. Paris, 2o5, 273, 548, 803. Parisot. Memoires sur la vie de Sheridan , traduits en francais, a38. Parnell {Henry). Observations on paper money, i^i. Parry (capitaine). f'oy. Exjiedi- tion polaire. Pasteur (Le) de Re!nbo,iiouvelle, par Mme de V***, 769. Pauvres ( Mult-plication des ). Voy. Recherches. Payen. La chimie enseignee en i& lecons, etc., 706. Pays'-Bas, 179, i83, 268, 437, 545,68?., 697, 702,743, 797. Peinture, 43o- — historique. foj. Ecole de David. Pelletier et Caventou. L'Acadeniie des sciences de Paris leur de- cerne le prix de I'art de guerir, 8o5. Pensees du prince N*** sur la marche de I'univers et de la vie bumaine, publiecs par A.G. Tappe, 1 58. TABLE ANALYTIQUK Perne ( F.-L. ). Voy. Musiquc «a- cree. — (Notice des travauX de) siir la mnsique des anciens , etc., 517. Perrot. foj. Tableau comparatit'. Perspective pratique comprenant la perspective lineaire et ao- rienne, etc., par Isabeau , 459. Pescliier ( Adolphe). Voy. Es-^ai. Pevrot. J^oy. Repertoire. Peysson. Foy. Barbarie et civili- sation. Philologie, 432, 5o3. Piiix.osopHiE , i4o, i58, 4771697, 725. — (Elemens de), par F. J. H. Genty, 724. — de la gnerre , par le colonel do Cliambray, A., 349- Phrenologie, ( Cours de ) fait a Paris par le D'' Fossati ,811 Physiologie, 137, 804, 807. — f^oj. Manuel. — de I'horame. To/. Hutin. Picard. Voy. Lambert Symnel. — Voy. Repertoire. Picot, peintre. Voy. Burdel. Picot (G. F.). Nouveau system- pour I'etude des l.inf^ues, 5oi. Plantes de la province de Laiio. For. ConioUio. Pluralite ( De la) des mondes et de la nature du soleil , par De ***, 45y. POESIE, 218, 219, 22t , 334, 4*2 , 440, 5o5, 507, 642 , (166, 675 , 678 . 679, 695, 761, 763, 764, 765, 766. DHAMATIlJIIE, I 44 » '4^1 '54, 222 , 223 , 295 , 297, 5o8, 5o9 , 527, Sr.o, 561,676, 814, 8i5. Poesie di Giuseppe Parini , 432. Poesies populaires des Serviens , traduites en vers anglais, par Bowring, 676. — russesd'AlexandrePouschkin, 1 49- — dc Mme Amable Tasiu ,217. Poirie Saint-Aur^le. foy. Veille.-s. Poisons (Traitedes), ou Toxico- DES MATIERES. logiegeiieiale, etc. , |)ar Orlila, A., 594. Polevoi (Nicolas). Le Telegraphe de Mo.scou, 4iy- Politique, 166,199,201,^02, 375, 479, 481,48a, 486, 737, 738. — religieuseet phllosophique , ou Con.stitutioii morale du gouver- nement , par Bigot de Moro- gues , 728. PoioGNE (Des affaires de) , etc., par S. Ciaiiipi, 170. PoLVNESIE. 782. Pons, de Florence , et Gambart , de Marseille. L'Academie des sciences de Paris leur decerue le prix d'astronoinie, 8o4. Pont sur la Seine, 816. — des Invalides. Voy. Navier. PoNTS ET CHIUSSEES, l36, igS , 340, 462 , 466 , 8 i6. — a grandes portees. Voy. Barres de Molard. Porcelainier. Voy. Manuel. Portugal, 177, 544) 796- Posonienses epheinerides politico- statisticae ,166. Potliier. Voy. Dupin. Potter (De). ^bj. Lettres. Pougens (Charles). Voy. Alberic et Selenie. — Voy. Jncko. — Foy Galerie de Lesueur. Pouschkiu (Alex.). Voy. Poesies. Pouzzoles ( Terrltoire de ). Voy. Monticelli. Pradt (De) Voy. Garanties. Pravaz ( C. G.). Metliode nou- velle pour le traitenient des de- viations de la colonne verte- brale , 189. Preval(V. de). Du service des armees en campagne, 191. Prisons , 368. Pkix decerhes: par rAcademie de Vauclnse, 2.J1; — par I'lns- tilut de France, 282 ; — par la Societe royale d'agriculture de Paris , 383 ; — par la Societe 843 de la morale clir^tienne de Pa- ris, 388 ; — par la Societe d'en- seignenient elementaire de Pa- ris , 289 ; — par I'Academie royale de Bordeaux, 801; — par la Societe d'emulaiiou de Rouen , 801 ; — par I'Acade- mie des sciences de Paris, 804. — PROPOSES : par la Societe tey- lerienne de Harlem, 269; — par la Societe royale d'agricul- ture de Lyon, 273; — par I'Aca- demie royale du Gard, 278 ; — par rinstitut de France, 283; — par la Societe royale li'Agri- cultnre de Paris , 284 ; — pa«' la Societe d'emulation de Rouen , 802 ; — par I'Academie des sciences de Paris, 8ofi; — par la Societe d'enseignement ele- mentaire, 808. Problemede resprithumain. Voy. Massias. Proces du ministre Bust, 47'*- Proclus (CEuvres de), publiees par Victor Cousin , 626. Prodromo della miiieralogia pern- I'iana , per T. Monticelli e Co- vein. A., 59. Progr^s des ameliorations sociales dans les iles britanniques, 785. — moranx de la race noire des Etats-Unis, 629. Projel de loi sur la presse. Voyez Apercus slatistiqucs. Propnsta di alciine correzioni ed aggiiinte al Vocabolario della Criisca , 171. Propriote litteraire et droits d'au- teurs en Russie, 533. Prusse, Voy. Aubernon. Psaumes de David, en hebreu , mis en lettres francaises, etc. , par L. Dusson , 827. Q QuijyET(.l.) Voy. Vaiiations nia- gnetiques. Ra/n, Nordifhe Kaempehistoiicr, 424- .S/,4 Uaingo ( G. li. J. ). Coins coinplet crinstruction primaire, 701. Precis de I'histoire des Pays- Bas, etc., 702. — — f'ojr. Geographie elemen- taire. Rapport verbal fait a TAcademie des Sciences, etc. , par P. S. Gi- rard, 4^3. Reclierches sur les causes de la multiplication des pauvres, etc., M.,569. Reclamation d'uii Americain au sujet de quelques assertions re- latives a I'esclavage dans les Etats-Unis, 289 — de M. J. B. Say au sujet d'un article de la Revue relatif a son Traite d'economie politique , 559. — de M. Dantas au sujet de deux ouvrages concernant le Portu- gal, publics a Paris, 796. — de M. Eusebe Salverte au sujet du Philiiite de Moliere , par Fabre d'Eglantine , 814. Reconnaissance des rivieres, f'oj. Instruction. Rectifications rcclamees par le capitaineEdouard Sabine, 2C)5. — relatives a una notice sur la gravure en medailles, 298. RtCUEILS PERIODIQUES. f^Oyez JOurnaux. Redemption du genre humain , anuoncdeparles traditions, etc.; traduit de ralleniand de B. J. Schmidt, par R. A. Henrion , 720. Heed ( Sampson "1. Obserracions on the growth of the mind , 187. Rcgulus , j)oeme iuedit. Voyez Idarbas. Reiffenberg(De),C. B., 184,440, 698 , 7o3. Religion. Voy. Sciences ueli- GIEIISES. Reminiscences of Chtirhs Bnllcr , i43. Remusat (Abel). Voy. lu-Kiao-li. Renouard (Ant Aug.). Aunales TABLE ANaLYTIQUE de I'imprimerie des Aide, A.I aa. --(Cliarles), C. B., 5i2. Repei'loire du TlieAtre fraticais, avec des commentaires ; edition de Picard et de Peyrot , 5o8. Report of the examination which has been made by the board of cni^ineers , etc. , i36. — of the board of internal improve- ment, etc., ibid. — From the sccrelaij of war, with that of the board of enginers, etc., ibid. — from the commissionners appoin- ted to revise the statute law of the state of New-York, 4o3. Reunion a York pour faire abolir la coutume qui vent que les veuves indienncs se briilentsur le bucher de leurs maris , 247. — generale a Dresde de natura- listes et deniedecinsallemands, 25l. — agricole et industiielle a Saint- Ouen, chez M. Ternaux , 809. Reveil. T^oj. Gonjon. Revolution francaise, 756. Revue des jouraaux des deparle- mens de France, 270, 523. — sommaire (suite de la) des Societes savantes, etc., de la Giai.de-Bretagne, 249. Rey (Joseph). Du perfectionne- ment des etudes Icgales, 733. IIhetorique (Resume de ) , ou d'ait oratoire, par L. Male- peyre. Richelieu (ducde). ^'o^.Haslam- Gheraii. Richomme. Gravures de I'Andro- maque de Guerin, 818. Riffault (J.) Toy. Manuel de chi- mie. Rigollot Ills , C. — A. 594. — B. , 710. Rigot ( F. G. J.). Traite des ar- ticulations du cheval, 4^4. Robcige. Voy. Algues. Roland (M-ne). Memoires, 756". Ilorui (HIppolyte). rov. Jnridic lion. DES MATliRES. 845 Roinani (/.) e i Francesi, ijb. Romans, i85, 224, u25, 394, 4i7, 5io, 5ii, 5i2, 767, 768, 769. — ( Choix de) franrais, 7^7. Rossetii {Gabr.'). La Divliui Comme- dia di Dante AUghieri , con coin- inento anaUlico , 1^6. — C. — B. 433,435 , 694. Pioujoux (Oe). Foy. Histoire d'An- gleterre. Routes (Instruction sur les), 193. Royer CoUard.^cy-.NoMiNATioNs ACADEKIIQUES. Ri;ssiE, 90, i49j 249 , 4i9> 5o4 , 533, 678, 740, 786, Foy. Au- bernon. s Sabine ( Edouard ) , C. — M. 5. — N. 295. Saga ( La ) , ou Histoire de Fri- tbiof, poeme suedois, parEsa'ie Tegner , (179. Saint-Michel (Alexis de). Vojez Necrologie. Saint-Prosper. Foy. Observateiir. Saint-Vincent ( Bory de), C. — B. , 446. _ Sainte-Aulaire (C. de). Histoire de la Fronde, A 652. Salfl(F.),C.-A. , 122. B., 177, 434.437, 697. — N., 544, 795. Resume de I'Histoire de la litterature italienne, A. , 386. Salverte (Euscbe). Foy, Reclama- tion. San-Marino(RepubIique de). Foj. Auger-Sain t-Hippolyte. Savonnler. Foy. MnniiL-i. Say (J. B. ). Voy. Economie [)oli- tique. Foy. Reclamation. Sciences dramatiques , sonnets et autres jioemes, par miss Mary Russel Mitford,676. Schaf/arik ( P. J. ). Gescliichte der slavischen Sprache iind Lileratiir, 688. Scheffer ( Arnold ). Resume dc rhistoire de HoUande, 743. Scherzi exleuiporanei lalirii , per F. GnsUuJfi,t{\-i. Schinas (Michel). Conrs du grec moderne, 290. Schleyermacher, bibliothecaire a Darmstadt . L'Institut de France lui decerne un p)ix, 282. Schlossers Universal-historische Uc' bersicht , 160. Schmidt (B. J.) Foy. Redemption du genre humain. Schnitzler ( J. H.) , C. — N. , aSo. Schutz (G. de). Foj. Memoires de Casanova. Sciences medicales, 180, 186, 187, 190, 45o, 45 1, 453, 594, 682, 707, 708, 710, 711 , 804, 811. MORALES ET POI.ITIQUES, 63, 197 , 348 , 475 , 602 , 720. PHYSIQUES , 59, 186, 25l, 340, 44 a, 594, 7o3, 806. RELIGIEUSES, 168,197, '32, 423 , 669, 670, 720, 721. — (But, avantages et plaisirs des), i4o. Sciiia (Dom'm.). Prospetto della sto- ria leteraria di Sicilia nel secolo XF 111, etc., 173. Scott ( Walter ). The Life of John Difden , A. 107. ScULPTUKE, 770. Secours envoves aux Grecs , 787. Selim , ou les Negres, poeoie par Viennet , 218. Semidei. Jurisprudence de la Cour royale de Corse, SaS. Seirurier. Foy. Manuel. Service (Du) des armees en cani- pagne, par le vicomte de Prc- val ,191. Siivigne (M'"'^ de ). Lettres inedi- les , 5o4. Seyniour ( Fanny ), C. — B. 677. Sheridan (Richard Brinsley). I'oy. Memoirs. — Foj. Pai isot. SiciLE , 173. — ( De la ) et de ses rapports a\ec I'Angletcrre , etc. , 746- Simon. Foy. Hygiene. Sismondi (.J. C. L. de), C. — 31. , 3o5. H4(> TiBLE AN — yoy. Iicuiiuiuie politique. Six niois en Russie. Lettres ecrites en 1826, par Aucelot, 5o4. — — suf(isenl-ils pour conn;utre uu pays? Observations sur I'ou- vrage ci dessus, par J. T....y, 5o4. SOC'IETES SAVANTiiS ET u'uXILITE I'UBLIQUE : — en Anglelerre : Societe des An- tiquaires de Londres, 24y- — en I'alie : Societe philodraina- lique dePlaisance, aSS. Acade- niie des gcorgophiles de Flo- rence, 54.). — Societe toscane de geographic , de statistique et d'histoire uaturelle dii pays , 543. — Academic philharmoni- que de Turin , 792. — en Espagne : Societe royale economique de Valence, 795. — en PorKigat : Acudemie royale des sciences de Lisbonne , 177, 54-i- — dans les Pajs - Bus : Societe ,, teylerienne de Harlem, afig. — Academic royale des Beaux- arts d'Anvers, 545. — Societe de Flore, de Bruxelles, 797. — en France ( dans les departe- inens ) : Academic de Vaucluse, 23 [. — Societe royale d'agri- cnlture, d'histoire naturelle et des arts utiles de Lyon , 273. — Academic royale du Gard, 273. — Societe royale d'agriculture, sciences et aits de Limoges , 519. — Societe d'agriculture , sciences et belles-kttres de Ma- con, 548. Societe acadeniique du departement de la Loire-In- ferieure , 772. — AcaJemie royale de Bordeaux, 801. — Societe d'emulation de Rouen , 801. (a Paris) : Institut : Academie des sciences, 273, 548, 80a. — Academie fran^aise, 27S , 552. — Academie des inscrip- tions et belles-lettres , 281. — .Si\'ince puldique annuplle des .\LliTiylJE quatre Academies, 282. — Socie- te royale et centrale d'agricul- ture, 283. — Societe de geogra- })bie , 285. — Societe de la mo- rale chretienne, 286. — Societe pour I'cnseignemeut elemen- taire, 289, 808. — Societe asia- tique, 553. — Societe philo- technique, 553. Soiree ( unc) chez M. de Peyron- net, ou le i6 :ivril, par Barthd- lemy et Mery, 763. Solis. Histoire de la conquete du Mexique, 776. Soitlhejr {Robert). History of lite peninsular war, 14 3. Sprcngel(C.). Caroli Linna-i sy,lema I'egetabitiiirn, i55. Stapfer (P. A.). I^oj. Massias. Stassart , C. — B., 186, 44 1. Statistical illustrations of Great- Bri- tain , 407. SXATISTIQUE , 18, 166, 260, 320, 407, 467, 470, 47I1 473, 672, 8o5, 807. — de I'arrondissement de Falaise, 475- Stuart ( R- )• Histoire descriptive de la machine a vapeur , etc. , 459. Studach ( J. L. ) Swedische Folks- harfe , 422. Sturm. T^oj. Colladon. SuEUE , 422, 679. Sucur-Merlin, C — B. 473, 719, 7J9. — N. , a46. Suisse, 168, 255, 542, 682, 688. Siiriiigar. De Gallorum chirurgia. obsei vationum sylloge , 179. Syphilis, foj. Clinique. T Tableau coinparatif des hauteurs des prlncipales montagnes du globe , par Perrot, 718. Tableau geographique et statisti- que de la France ,471- Tacite, OEuvres completes, tra- duction nouvelle , par J. L- Burnouf, 5o3. Taillandier(A.), C. — A., 3fio. -^ R.,737. Tappe ( A. JV. ). Worte am clem Bucheder Biicher, i58. Tastu (M'ue Aniable). Poesies, aiy. Technologib. yoy. Akts imdus- TKIELS. Tegner ( E. ). Frithiofs Saga , 679. Teinfurier. foy. Bergues. Telegraphie nautique de jour et de riuit, 8i3. Ternaux. Voy. Reunion agricole. Ternaiix ( C. H. ). Dissertatio de Jacobo CcEur, i63. Historia relpubUcce Massilien- sitttn , ibid. Testament des ministres, r^ve de deux bons Francais , par Em. Debraux et Ch. Lepage , 764. Theatres : de Paris, 295, 56o, 814. — Bohemian a Prague, 54r. Theologie. fqx- Sciences keli- GlEUSES. Thiesse (Leon), C— A. , 64a. Tieck ( L. ). Heinrich vo/i Kleists gesummelte Schriflen, 480. Toisegeometrique. f'o/. Desnanot. Tombeau (Le) d'une jeniie phil- hell^ne; ^legie, par M. A. Jul- lien. M., 335. Tombeau (Le) Poeme , traduit de Feitli,par A. Clavareau, 440. TOPOGKAPHIE, 2o5, 320. Torres (P. A.), yor. Discours. Toxicologie. f^'aj. Poisons. Traditions orientales adoptees en Europe, 783. Tradoctioms : — en anglais: du francais, 235. — du servien, 675. — en daiiois : de I'islandais, ^2/\. — en francais : de rallemand , 340 , 720: — de I'anglais , 238, 449,462, 497,623, 739, 745 : — du chinois, 894 : du latin , 5o3 : — du russe, 740. — en grec moderne : du francais , 234. — en italien : du francais , 695 : — du latin . 432. — en latin : du francais , 766 : — TliRES. 847 de I'hebreu, 617 : — Je I'ita- lien , 168. Trombell ( Colonel ). foy. Nomi- TIONS ACADEMIQUES. TURQUIE, 719. TYrOGKAPHIE , 122. u Univeusites : — des lies loniennes, a Cepbalo- nie, 262: — (ancienne) a'Aix , 749 : — de Moscou , 786. V Vacca Berlinghieri (Andre), f^oy. Necrologie. fan der Chys. De pecore etiaih in cestate in stabitlis rctinendo, etc. , 179- Van Rensselaer (Jer. ). foy. No- minations academiques. Variations magnetiques (Expose des)etatniospheriquesdugli)be terrestre , par J. Quinet , 449- Vaudeville (Du) considere comnie genre de poesie draraatique , par J. L. Heiberg , i54. Veillees ( Les ) francaises , p.;r Poirie Saint-Aurele , 5o5. Vcrcnet (G. C). roy. Invalide. Vergnaud (A. D.) f^oy. Manuel de chimie. Vergnaud-Roniagnesi. Notice hii-- torique sur I'ancien grand ci- metiere, et sur les cinietieres actuels de la ville d'Orleans, 207. — • — f^oy. Album. Verneilli - Puiraseau. Histoire de I'Aquitaine, 744- Vers a soie. foy. Bonafous. Veuves indiennes. ^oy. Reunion. Vicino (^Felice). La morte di Socrafe, 695. Victoire de .Ayacucho. ^^oy. Dl'i- cours. — Foy. Harangue. Victoria (G.). Foy. Message. Vie de Jean Dryden. par Walter Srott , A. 107. — etOEuvrcs d'Albert Durer, par J. Heller, 43o. 8/(8 TABLE AN — d'Edward Jejiner, par J. Baron, 4i5. — de Francois de SIckiiigen , etc., parE. Munch, 683. — (Notices sur la) et les oiivrages de Melchior Cesarotti , fiyS. — du due de La Rochefoucauld- Liancourt, par Frederic-Gaii- tan , comte de La Rochefou- cauld , 758. Viennet. Voy. Selini. Villeiiave(T. H.) f-'oy. Hiboux. Vinaigrier. ^oy. Manuel. Violon (Essai historique sur le), par Cartier , 296. Virginie, tragedie, par Guiraud, 56o. P^ii'ian Grey, 4 '7- ( The continuation of) , ibid. ■' ( y4 complete Key to ) , ibid. Voisin (F.). Des causes morales et physiques des maladies men- tales , etc. , 707. Volcau d'Owhyhee , 782. Volta (Alexandre), /^oj-. Necko- LOGIE. Ar.YTIQUE Voyages : — ( Resume des) eufrepris par la Grandc-Bretagne pour perfec- tioiincrrhydrographiedesmers polaires arctiques, M. .'). — dans I'interieurdela Colomble, par J. P. Hamilton , 412. — dans I'Afrique occldentale , etc. , par W. Gray et Dochard, A. , 623. — et decouvertes dans le nord et les parties centrales de I'Afri- que , etc. , par Denhain, Claj)- perton et Oudney, A. , 6a3. — du major Laing a Tombouc- tou, 24^- — dans la Marmarique, etc., par J. R. Pacho , 770. — dans la Russie mcridionale, par Gamba , A. , go. — du due de Richelieu, 499. — en Suisse , en Italic, etc. , par C. Otto, 683. w Wailly (Gustavede). Voy. Bayard. Warnkoenig , C. — B., 166. FIN DE LA TABLE DIT TOME XXXIV. ERRATA DtJ TOME XXXIV. CflAi'er (/'avril. Page i5, ligue 12, mettez une virgule au lieu du poiiit- virgule , apres le root corvette; p. 107, 1. 25, de suite, lisez : tout de suite; p. i52, 1. 3r, d'unpeu de , lisez : de quelque; p. |65, I. 3, Rennarus , Use?. : Reimarus ; p. i']!x., I. 3;, IMiceli, lisez : Micheli; p. 175. I. 8, colezionc , \\s,ez : collezinne ; p. 207, 1. 16 , mettez une virgule apres le mot tableau; p. 222 , 1. 5 , mettez une virgule , au lieu du poiut-virgule apres le mot a-pmpos; p. 223, 1. 4t> son caraclire , lisez : ce caractere ; p. 229, 1. 87, dc suite, lisez : tout de suite ; p. 237, 1. 40 . a doiine, lisez : a donnes. Cahier de M.*.r. P. 35/,, 1. 34, o