Tome III- 1 827. ( 35® de la collection. ) i o3® LiviiAisoiJf. REVUE ENGYCLOPEDIQ ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATCREj LES SCIENCES ET LES ARTS. i" Pour le» Sciences physiques at malheniatiques et les Arts iadasttiels : MM. Ch. Dupik, Gira.ro, NAViEB.de I'lustitul ; Ferry, Francoeor , Ad. Gom- niKET, K. MlCHEI.OT, D£ MoNTGERY, MoREAU DE JOHMES, QuETELEX, 'f. Rl- CHARD, Warden, etc. 2" PcmrU'S Sciences naturelles: MJI, Geoffroy Saikt-Hxi.aire, de riu. ruedesFrancs-Bourgeois-S.-Miil.el, n° K. /A'.-,-/ ,/ .'.rn.i 0 /' .Kr,/r,W/^S-, REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LES SCIENCES, LES ARTS INDUSTRIELS , LA LlTTERATtlRE ET LES BEAUX-AUTS; PAR U]YE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET D'AUTRES HOMMES DE LF.TTRES. TOME XXXV. PARIS. AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCI,f)PEDIQUE, RUE nV,NrER-S\INT- MICHEL , n" 1 8. jniLLrx T027. » Toutcj les sciences sont les rameanx d'une meme tige. » Bacow. « L'art nVst antrc cliose que le contrAle el Ic rcgistre dcs meillcures produc- tions... A contrdler les productions (et les actions) d'nu chacuu, il s'engendre envie dcs bonnes, et mepris des manraises. >> Montaigne. « Les belles Icttrcs et les sciences, bien etiuliecs et bien comprises, sont den instnimens universcls dc raison , de vertu, dc bonlicur. » REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES rRODUCTIONS LES PLUS KEMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. Precis historique sur Vetat actiiel de la Republique ARGENTINE ( BuENOS-AyRES ). II n'est peut-etre aucun des nouveaux Etats Aineri- cains qui soit aussi peu connu en France que la Repu- blique Argentine , quoique Ton compte deja pres de six mille Francais dans la seule ville de Buenos- Ayres. lis y sonl attires par les avantages que leur presente le pays, par Texcellence du climat, par la bonte des institutions , et par I'accueil qu'y recoit tout homme honnete etindus- trieux. On a done peine a s'expliquer pourquoi, jusque dans ces derniers tems, I'attention publique s'est si rare- ment portee sur le pays qui a ouvert la carriere de I'inde- pendance pour rAmerique du sud, et qui a ete le pre- mier reconnu par les Etats-Unis et par I'Angleterre. La seule raison plausible de cette indifference est I'absence de ces guerres longues et opiniatres que la Colombie , 6 PRECIS HITORIQUE par exeniple, a eu si loiig-tems a soutenir contre le5 Espagnols; car Ihomnic ne s'occupe guere que de ce qui I'emeut fortement, ct nos habitudes, depuis trente ans surtout, nous ont fait preferer la gloire militaire a des gloires nioins bruyantes et obtenues par des actions plus utiles a 1 humanite. Ainsi, le nom de Bolivar a presque seul absorbe lattentlon de I'Europe : puisse celui qui a obtenu le beau litre de Ubcrateur ne point justilier les inquietudes actuelles des amis de la liberte , mcttre ses actos d'accord avec ses paroles , et meriter que la posterite ratifie le jugement de ceux qui se sont trop empresses de le placer a cote du grand et modeste Washington ! On a publie , I'annee dcrnicre , sous le litre A'Esquisses fiistoriques, politiques et statistiques de Buenos- A jres et des aittres Provinces-Unies du Rio de la Plata (i), un ouvrage destine a faire apprecier la situation de ces contrees lointaines , jusqu'ici trop peu con- nues. Les personnes curieuses de les etudier sous leurs divers rapports, trouveront, dans ce livre, les renseignemens les plus authentiques qu'il a ete possible de reunir sur I'etat moral, physique et politique du pays, sur lasa^ect brillante administration de M. Bernardino RiVADAViA, sur les lois les plus importanles, et enfin sur la guerre actuelle enti-e Buenos-Ayres et le Bresil. Nous renverrons done le lecteur aux Esquisses, el nous reprendrons ce qui concerne Bucnos-Ayres, au moment ou M. Bernardino llivadavia a ete nomme le premier president des Provinces-Unies de Ilio de la Plata, dont le (i) Pai'is, T8-2fi; Pcnlhieu , li])raiie an Pahiis-Royal, galcrie de Ijois; et Guiraudet, imprimeur-cditeur , rue Saint-Honor^', n° 3i5. J fori vol. in-8" de 5,')6 pages, avec carte ; pi'ix, 7 fr. SUR LA RtPUBLIQUE ARGENTINE (Buenos Atcr«sj. 7 nom doit etre maintenant celui de Republique. Argen- tine. Nous reproduirons , sous diverses formes, dans ce Recueil, le tableau compare de la situation et des progres de cette partie de I'Amerique meridionale que nous examinerons aussi quelquefois dans ses rapports avec les autres nouvelles republiques. Nos moyens de correspondance nous permeltront de ne rien omettre d'important, el de ne rien dire que d'exact. Avant que la guerre actuelle eclatat,la Republique de Buenos-Ayres etait dans I'etat le plus prospere. Son in- dependance etait reconnue par les deux premieres puis- sances maritimes; elle entretenait des relations de bonne intelligence avec les autres Etats de I'Amerique , et des agens, plus ou moins avoues, dans d'autres contrees j elle recueillait avec securite les fruits de ses efforts, et jouissait des bienfaits de I'administration qui venait de finir. Les terres avaient beaucoup augmente de valeur, proportionnellement au prix qu'elles avaient auparavant; des compagnies etrangeres commencaient leurs opera- tions agricoles et industrielles ; la population de la ca- pitate avait augmente de plus d'un tiers, malgre les pertes reiterees que la revolution liii avait fait eprouver • le commerce etait tellement florissant que, pour citer un seul fait, d'apres les documens officiels fournis au par- lement d'Angleterre pour I'annee iSaS, le montant des marchandises anglaises importees dans la republique de la Plata s'elevait a plus de 97 niille liv. sterl. au-dela des exportations da meme pays pour les autres republiques de TAmerique du sud, et les produits importes de Bue- nos-Ayres en Angleterre depassaient de plus de nioitie les importations des autres republiques. Le congres s etait rassemble, apres un long isolenient des provinces cntre elles : il commencait a soccuper du code fonda- 8 PRECIS HISTORIQUE mental. Le gouvernement, persuade que le concours des etrangers etait neccssairo pour accroitre la civilisa- tion ct la population du pays, avait encourage I'emigra- tion par une loi lort liberale, qui atlirait dcja un grand nombre d'Europeens. On allait creer un gouvernement central, pour etendre sur le pays entier la prosperite dont la province de Buenos-Ayrcs avait joui presque seule jusqu'alors; tout enfin permettait les plus belles esperances, lorsque la guerre vint tout arreter, tout ajourner. Cette guerre a ete mal jugee par la plupart de ceux qui en ontparle, parce que sans doute quelques circonstances importantes n'etaient point A'enues a leur connaissaijce. Nous croyons devoir, par ce motif, nous arreter un moment sur les causes et sur les raisons que les deux pays peuvent alleguer pour justifier lesliostilites. La province de Montevideo, ou Bande orientale, a cause de sa position par rapport a la Plata et a Buenos- Ayres, a de tout terns etc disputee entre les rois d'Es- pagnc et de Portugal. Elle est d'une grande importance, occupant im territoire dont I'etendue est egale a celle des deux tiers de la France, admirablement arrose , tres- favorable a la culture des cereales , et non moins propre aux patui'ages. Le Portugal faisait surtout valoir en sa fiiveur que la Plata devait etre une limite naturelle, comme si la province du Rio - Grande , qui tei'mine le Bresil au sud , n'etait point suffisamment pour- vue de ces barrieres naturelles , qui fournissent des pretextes si commodes a la politique. L'Espagne etait forte du droit de premier occupant, qui avait toujours prevalu lors de la formation des colonies ; de plus, elle avait fourni la premiere population de la pro- vince, et avait bati Montevideo avec les lessources de niienus-Ayres. En outre, a mesure que cette derniere SUR LA REPUBLIQUE ARGENTINE (Buenos- Ayres). 9 ville acquerait de rimportance, la possession de Monte- video dcvenait de plus en plus indispensable; car la Plata , malgre ses quarante lieues de largeur a son em- bouchure, n'a que devix passages etroits et difficiles. Tun au nord et I'autre au sud; et quelques navires suffi- ront toujours pour bloquer cet immense fleuve et pour empecher tout commerce avec Buenos- Ayres. Aussi, I'Espagne n'acceda jamais aux pretentions du Portugal , qui tut enfin oblige d'y renoncer formellement. Tel etait I'etat des choses, lorsque la revolution eclata. Durant ses premieres annees, Artigas, qui s'etait insurge contra le gouvernement de Buenos- Ayres , sous le pre- texte de federalisme, qui parait devoir servir de moyen de ralliementatous les factieux de ces pays, s'etablit dans la Bande orientale, et la desola, en meme tems qu'il inquie- tait les possessions portugaises voisines. Jean VI , sous pretexte de garantir celles-ci de I'esprit de revolution , intervint dans la querelle d'Artigas avec Buenos-Ayres , et, realisant alors une fable de La Fontaine, il fit occuper Montevideo par un corps nombreux de troupes , en de- clarant toutefois qu'il le ferait retirer lorsque la tran- quillite serait retablie. Le gouvernement de Buenos-Ay- res, qui avait d'autres ennemis a combaltre, ne put alors que protester contre cette usurpation. Apres le depart de Jean VI pour FEurope, le general Lecor, homme plein de duplicite, organisa a Montevideo un congres, forme d'employes a la solde du Bresil et de personnes gagnees, par lequel il fit soUiciter la reunion de la pro- vince a I'Empire du Bresil. Don Pedro qui avait remplace son pere, accepta cet acte avec empressement, sans en examiner la validite. Tel estle titre depossession sur lequel il se fonde aujourd'hui. Mais cet acte obtenu par la ruse etla violence, de la part de personnes quin'avaient pas dc lo PRECIS IIISTORIQUE pouvoirs eft'ectifs pour legaliser la cession qu'ils avaient consentie, fiit depuis levoque par la libre representation tie la province :il ne pent done plus avoir la moindre valeur, d'aulant plus qu'il nefuinieme jamais sanctionne dans le congres du Bresil , et qu'il fut declare nul par les cortes de Lisbonne, en 1822. Montcviileo, supporiant impatiemment le joiig bresi- lien, sollicitait Buenos- Ayi'es et les provinces voisines de Taider a s'en affrancliir. Les sentiniens etaient una- iiinies surce point a Buenos- Ayres, et I'occasion parais- sait iavorable , lors du premier soulevement de la pariie septentrionale du Bresil; mais le gouvernement de Bue- nos-Ayi"es crut qu'il y aurait une grande imprudence a s'engager seul dans une gaerre contre un ennemi si su- perieur en forces et en ressources de tout genre. Ilresista done au cri public , et pour gagner du terns , il envoya a Rio-Janeiro D. Valentin Gomez, qui resta pres de deux annees dans cette capitale , ct la quitta enfin lorsqu'il vit qu'il n'y avait aucun moyen de terminer laffairepar la voie des negociations. Le gouvernement de Buenos- Ayres attendait la reunion du congres general , afin de les reprendre ou de commencer energiquement la gueiTCj si ses reclamations n etaient pas ecoutees. 11 y avait peu d'espoir a ce sujet ; car Don Pedro, ne deguisant plus ses projets ambitieux, et augmentant cliaque jour ses forces- avec les soldats etrangers qu'il faisait venir comme de pretendus colons , manifestait meme lintention de reunir au Bresil de nouvclles provinces, telles que ccUes d'Entre- Rios et du Paraguay, dont le dictaieur Francia avait resserre sesliensavee lui. Tout annoncait done uneguerre procliaine , lorsqu'au mois d'avril un officier montevi- deen, le colonel Lavallcja , indigne de I'envahissement (!e sa patrie, partit de Buenos-Ayres avec trente-troia SUR LA PiEPUBLIQUE APiGENTINE (Buenos- Ayres). 1 1 compagnons de ses projets , pour la delivrer du joug biesilien. Cette audacieuse entreprise eutle succes le plus prompt. Lavalleja se reunit au colonel Fructuoso Rivera , qui venait de quitter le service du Bresil, etau bout de peu de jours, la campagne se souleva toute entiere. La- valleja se vit a la tete de quelques milliers de soldats, dont le nonibre augmentait chaque jour par I'arrivee de citoyens determines a chasser les etrangers de leur terri- toire. Ce mouvement, auquel Buenos- Ayres n'avait pris aucune part, determina le general Lecor a envoyer prl- sonniers A RloJaneiro un grand nombre des principaux citoyens de Montevideo et a desarmer les autres habitans. II ne tarda pas a etre bloque par terre , apres avoir recu neanmoins un renfort de douze ou quinze cents hommes du Bresil. Pendant ce tems , les patriotes de la Bande orientale obtenaient de frequens succes dans la cam- pagne : un delachement de trois cents Bresiliens, ayant traverse la riviere Noire, et penetre jasqu'a Elperdedo, fut attaque et tellement disperse parun nombre egal de troupes d'Orientalistes, que, quelques jours apres Tac- tion, vingt-sept hommes seulement avaient rejoint le corps principal. Ainsi tomberent tous les pretextes dont le cabinet bresilien pretendait colorer son astucieuse po- litique. La question fut des lors resolue par le succes des patriotes ; et, de toute la province , il ne resta bientdt plus a leurs ennemis que Montevideo et la coionie du Sacrement. Un des premiers soins de Lavalleja fut d'etabiir un gouvernement provisoire et de faire convoquer ime re- presentation nationale qui , une fois reunie dans la ville de Florida, declara nuls et non avenus tous les actes d'incorporalion , de reconnaissance et de serniens de fidelite arraches aux habitans de la Bande orientale par le Portugal et le Bresil. 12 PRECIS IIISTORIQUE Ces evenemens exciterent une grande fermentation a Buenos- Ayres. Le goiivernement prit ties niesures de piecaution, et le congres declara qu'il etait lesolu de I'aire tons ses elforls ct d'exiger du peuple Ics plus grands sacrifices pour la conservation de I'honneur et de la di- gnile de la nation. Pendant que les habitans de la Bande orientale bat- taient les Bresiliens au Rincoii dc Ins Gallinas et a Sarandi, le congres admettait dans son sein les deputes de cettc pro- vince. Apres une demarche aussi solennelle, le gouverne- ment de Buenos-Ayres adressa a celui du Bresil une note dans laquelle il rappelait tout ce qui s'etait passe aupara- vant, et, exposant les faits avcc beaucoup de bonne foi et de franchise, il manifestait ledesir que les affaires s'arran- geassent a I'amiable, et faisait dependre le maintien de la paix de la determination du Bresil. Cette depeche n'obtint d'autre reponse qu'une declaration de gueri-e de Don Pedro qui protesta nicme, dit-on, qu'il per- drait plutot son trone que de consentir a rendre la Bande orientale. Buenos-Ayres repondit avec energie a la declaration de guerre; et , le i*^*^ Janvier 1826, le congres , a runanimite , autorisa le pouvoir exe- cutif national a repousser I'agression du Bresil par tons les moyens legitimes. Les hostilites pouvaient facilement etre empechees par I'Angleterre, qui meme etait dans une sorte d'obli- gation d'intervenir entre les deux pays , d'apres une an- cienne convention de lord Strangford. On ne pent com- pi-endre pourquoi elle nempecha pas I'effusion du sang , qu'en se rappelant que depuis long-tems elle n'a cessc de convoiter la possession de Montevideo, et que peul etre elle jugeait le moment favorable pour ses vues. G»- qui confirme cette opinion, c'est que Lord Ponsonby ^ SUR LA REPUBLIQLE ARGENTINE (Buenos-Ayres). i3 nomme ministrc plenipoteiitlaire a Buenos-Ayres, no fit qii'ahuser le goiivernement par de vaines esperaiices et d'inutiles protestations. A son arrivee, 11 proposa la mediation de I'Angleterre, sous condition que le Bresil renoncei'ait a la possession de la Bande orientale , et que Buenos-Ayres paierait unc indemnite. Le gouvernement republicain donna son assentiment , et sen rapporta meme a Lord Ponsonby pour la fixation de cette indem- nite; mais le negociateur, qui n'agissait pas avec la meme bonne foi, niit en avant de nouvelles conditions : il exi- geait que Buenos-Ayres renoncat formellement a la Bande orientale. Cette demande fut rejetee avec une noble indignation par M. Bernardino Rivadavia qui ve- nait d'etre nomme president, dans le mois de fevrier 1826. Sa nomination, faite a lunanimite des suffrages, moins trois voix , dans le congres , prouve la haute opi- nion dont il jouit parmi ses concitoyens, puisque les circonstances semblaient devoir faire preferer un mili- taire, etque Ton regarda cependant son election comme le gage le plus assure du succes de cette guerre impor- tante. Sa position etait des plus critiques, lorsquil entra dans le gouvernement. On manquait a la fois de troupes , d'argent et de marine, et il fallait, au milieu d'une mul- titude d'embarras de tout genre, oi'ganiser le pays, en froissant beaucoup d'inlerets particuliers. L'activite et les talens du chef de I'etat surent aplanir et surmonter peu a peu tous ces obstacles, quoique plusieurs des mesures les mieux combinees fussent quelquefois neu- tralisees par des circonstances imprevues, comme I'acquisition de I'escadre du Chili dont une seule cor- vette put arriver a Buenos-Ayres. Au bout de quel- ques niois , ses soins et ceux du general Ai.vear lA MtCTS HISTOHIQUE ourent organise I'armee reguliere la plus belle et k plus nombreuse qu'ait encore eue I'Anieriquc du sud, tandis que le brave aniiral Brown, a la tete de quelques I'aibles navires, empeclia I'ennemi, qui avail plus de 60 voiles, de tenter le bombardement qu'il projetait, et sortit victorieux de tons les engagemens qu'il soutint rontre des forces infiniment superieures. Pour reme- dier au besoin d'argent et a I'impossibilite de souscrire un emprunt en Angleterre, le gouvernement declara que tous les paiemens se feraient jusqua la paix en obligations de la banque nationale, et pourvut de cette nianiere a d'enormes depenses , quoique ce papier force perdit naturelleinent beaucoup de sa valeur. Apres avoir epuise tous les moyens de conciliation , apres avoir meme inutilement propose que les troupes des deux parties beliigerantes se retirassent de la Bande orien- tale pour laisser les habitans niaitres de decider de leur sort, on resolut de pousser avec vigueur les hostilites. Le general Alvear passa du ministere de la guerre au commandement de I'armee. Les intrigues bresiliennes avaient seme la division dans les troupes. II fallut tout I'esprit conciliant du nouveau cbef pour y etouffer la discorde, et peut-etre la trahison; il y reussit heuieu- ment, et la resolution de D. Pedro de venir se mettre a la tete de son armee, fortifia les dispositions d'union que les circonstances rendaient si necessaire. Le jeune Empereur avait I'intention d'operer un debarquement sur la rive occidentale de Buenos-Ayres et d'attaquer la capitals avec toutes ses troupes, grossies de celles de Montevideo. Le peril etait imminent; mais, loin de s'en effrayer, le peuple de Buenos-Ayres manifesta la plus grande energie et le plus admirable esprit public, par un grand nombre d'enrolemens volontaires et par d'a- SUR LA REPUBLIQUE ARCxEINTINE (BiENos-AYnFs). i5 l)oncl.intes souscriptions patriotiques. Get elan genereux avait eto provoqiie par la proclanialion suivante : nCitoyens, I'Empereur cki Bresil est sorti de sa capi- tale, le 23 novembre dernier, apportant et amenantavec lui tout ce que ses ressources ont pu lui fournir. II veut rednire la republique au dernier degre de degradation , en la forcant a abandonner la partie de son territoire qui est le point ou commencent sa surete et sarichesse. « Le gouvernement de la republique n'a rien neglige pour eviter la guerre; il n'a rien omis pour la terminer dune maniere honorable et avec des gaianlies pour les deux pays ; mais aucune raison n'a pu prevaloir, aucunc influence n'a pu moderer I'obstination d'un prince do- niine par la funeste passion des conquetes. II faut done que la vigueur de la defense reponde a I'injustice do I'agression et a la dignite de la cause. « Citoyens , jetez les yeux autour de vous; tout vous dlt quels sont vos devoirs, vos besoins et vos perils. Vous avez acquis de la gloire; vous possedez des lois, des jouissances ; vous avez acquis la liberte; vous vous etes donne une patiie , vous savez conibien elle vous a coiite ; mais vous ne savez pas encore ce que valent tons ces biens, car vous ne les avez pas encore perdus. « Citoyens, le sort vous a places dans une alternative aussi penible que glorieuse; mais le salut de la patrie est certainement dans votre union et dans votre enero^ie. Les braves de I'armee marchent a la rencontre de I'en- nemi, et les vaillans orientaux ont deja scelle de leur sang leur devise : Liberie ou la mort. Votre president remplira son devoir, et il commence a s'en acquitter avec toute la resolution que lui inspire la confiance qu'il a que tout Argentin remplira le sien. « Bernardino Rivadavia. » i6 PRECIS HISTORIQUE Mais D. Pctlro etait a peine arrive a I'armee, qii'il s'ef- fraya tie ce qu'il avait ose tenter et qu'il revint precipi- taninient dans sa capitale ou I'lmperatricc, sa f'cmme (princesse autrie contrc les Espagnols, en i574, s'cst rendue illustre par les savans distingues qu'elle a produits ou qu'elle a su ap- peler dans sou sein ; les Universites de Lici^c, de Gand, d'£/- trecht et de Grouingue ont egalement acquis des droits a I'estime et a la confiance des nationaux et des etrangers. On compte, de plus, dans les provinces septentrionales du royaume, trois Atncnccs, on colleges superienrs, qui n'ont ricn de commun que le nom avec les Athenees de France ct avec ceux des pro- vinces meridionales. Les Athenees hoUandais (\' Awstvrdain , de F/a/ic/.c)- t'l de Dcvcnter ressemblent, sous tons les rapports, aux Universites, si cc n'est qu'ils n'ont pas le droit de conferer le grade de docteur. Les Athenees de la partic meridionale du royaume, si nousexceptonseelui dcBruxelles, qui a pris depuis peu une plus grande extension, out quelquc analogic avec les gyninases ct les ecoles latines de la Hollande. Nous ne devons pas oublicr la nouvelle Institution theolo- giquefondee a Louvain, sous la denomination de college phi- DU ROYAUME DES PAYS-BAS. ly hsophique. La direction don nee a cette grande tcole normale et spcciale, destineo a rcni>eignemcnt ecclesiastique , ct mise en harmonic avec I'etat actuci des lumicres et les besoins d'une monarchie constitutionnclle , fait esperer Ics plus heureux re- siiltats. A la tete de tons Ics corps litteraires et scicntifiques du royaume, se trouve VInstitut royal des Pajs-Bas. L'organisation politique et republicaine dc I'ancienne Hollande, divisee en provinces souveraines, n'avait jamais pcrmis de creer une sem- blablc institution; on pliUot, la nccessitc d'encouragcr et de recompenser les hommes d'un merite superieur, en leur con- ferant le titre de membres d'une corporation investie d'un ca- ractere ofliciel, ne s'etait pas encore fait sentir. L'honneur de cettc creation appartient a Louis Bonaparte, qui s'en occupa, peu apres I'erection des Provinces-Unics en royaume de Hol- lande. II adopta presque enticrenient les reglemens, I'ordre et i;i division des travaux, les sections et classes de I'lnstitut de France. Apres I'abdication de Louis, on obtint de Napoleon la conservation de cet etablissement; et, a I'epoque de la regene- ration politique de la Hollande ct de la Belgiquc, le prince eclaire qui les gouverne conserva et protegea cette grande et belle institution. L'Institut des Pays-Bas, dont le siege est etabli a Amsterdam, est divise en quatre grandes sec- tions, subdivisees elles-memes en classes, dont la premiere s'occupe des sciences exactes; la seconde, de la langue, de la litterature et de I'histoire nationales; la troisieme, des langues savantes, de la philosophic, des antiquites et de I'histoire ge- nerale; la quatrieme, des beaux-arts. Chaque section com- prend environ trente ou quarante membres, elus a la pluralite des voix et au scrutin secret. Le Roi confirme leur election. Tous les deux ans, chacune de ces sections tient une seance publique, dans laquelle clle propose ct distribue des prix, et rend compte deses travaux. L'Institut compteplusicursillusti'cs (•traugers au nombie de ses correspondans et de ses associes. Los resullats avantageux de cette institution se font vivement sentir; I'h onncur d'en etre membie est hautement apprtcie; a 1° La metbode de Z(7^/Y7rtge est quelquefois en defaut, et donne, pour les racines imaginaires des equations. 40 SCIENCES PHYSIQUES, lies valfius fort uloigiiecs de la vcritc; a° la nitthotlc A'Eutcr est encore moins sure, exige des tatoiincmens laborieux et boUYcnt inutilcs; 3" M. Lcgc/ulre , en siiivant luie niaitlic pcu diflVrente de celle d'Eiiler, approche ccptndant Inancoiip plus de la verite ; mais sa nianiere de proceder n'est pas encore satis- faisante, et donne lieu a phisieurs objections ; 1° Biulaii ne leussit que dans un cas particulicr, tons Ics autres lui echappcnt. La nature de notre recucil nc nous pcrmet pas de suivre M. Poletti dans ses calculs analyticjues, ou tout est necessaire, et non sus- ceptible de reduction. II sembic que sa nietliode laisse encore quelque chose a desirer, et que Ton ne pent aidrmer, dans tous les cas, que ses ajjproxiniations donnent en cffet des va- leurs moins eloignecs de la verite. Ce soupcon meme est un motif pour que les geomctres lisent le Memoire de M. Poletti avec I'attention qu'exigent ces matieres ou le paralogisme est tres-voisin du raisonnement, ou des idees obscures par elles- nienies ne peuvent ctre expriniees que tres-diflicilement par la langue correcte de I'analyse matheniatique. Nous avons deja rendu conipte des experiences siir la propa- gation du remous , par M. Bidone (t. xxvii, p. 788). M. le chevalier Avogadro cntreprend de comparer la densitedes corps solides et liquides avec la grosscur de leurs molecules, et avec Icurs iiombrcs q(finitaires, et public un premier memoire sur cette question de physique generale. Les lectcurs devront sc rappelcr le memoire du nicme academicien stcr les masses des molecules, et la definition qu'il a donnee des nomhres affinitaires ; c'cst ainsi qu'il designe I'expression numeriquc des rapports entre les aflinites du calorique pour les corps de nature differente. L'auteur s'occupe d'abord de la loi de densite des corps solides. II observe que, pour un corps quelconquc, la densite est en raison dirccte de la masse de ses molecules, et en raison inverse du cube de la distance entre les centres de ces memes mole- cules. II scmble que la notion de densite devait etre appliquec aux molecules aussi bien qu'aux corps dont dies sont les ma- teriauxj car on ne peut admcttre que leurs elemens constitutils sont en contact immediat, cc qui les rendrait absolument inse- SCIENCES PHYSIQUES. Ai parables. II v a done aussi unc po?osite dcs atonies , en pienant ce derniei- mot dans Tacception cju'on lui donne aujourd'liui. La formule de M. Avoj;adro n'a qn'ini seul tcime, ctil serait difficile de concevoir comment elle pourrait en avoir plus d'lin. L'auteur y introduit denx arbitraircs dont il determine la va- leur par approximation , d'apres un nombre suffisant de fails connus. Mais, commc cos arbitraircs doivent etre des nombres cntiers, ou des fractions trcs-simplcs, Ics valours approchoes, fournies par le calcul , ne scrvcnt qii'a indicpier cos nombres ou COS fractions. Lc rtsultat dc cos recherches amene cette conclusion remarquable, que, dans certains corps (les metaux ductiles, par exemple), la densite est proportionnelle a la masse dcs molecules divisee par le carre du nombre afjinitaire . L'auteur vorifie son hypothese et sa formule, en les appliquant aux corps solides rcgardcs comme simples. Cos applications introduisent dans le calcul ot dans le raisonnement de nouvelles suppositions dont il serait a dosirer que les recherches theori- ques ne fussent point embarrassees. Ainsi, en admettant que les molecules dont la masse est regardee comme deteiminee par la nature meme des corps est celle des molecules gazeuscs , M. Avogadro suppose que pour former des molecules solides , il faut multiplier les premieres par une puissance du nombre 2 , ou tout au nioins par un nombre pair. Copendant, ni la geo- metric ni la mecanique ne dt-savouent les assemblages de nombre impairs. 3 molecules, par exemple, peuvent satisfaire aux conditions d'un equilibre stable : le nombre 5 jouit aussi de la meme piopriete. L'auteur ne s'est-il pas renferme dans un cercle trop otroit? Si son hypothese n'cmbrasse point la generalitc, ou pour mieux dire runiversalite des faits analo- gues, elle n'a plus les caractoros d'uno thoorio. M. Avogadro terniine son memoire par des considerations generales sur la loi des densites , et la nature de la formule qui represente cette loi. II ne dissimulc point les objections qu'on peut lui faire; il ne regarde point sa doctiine comme unc theorie demontrec. D'ailleiirs, un second memoire doit com- pleter I'exposition dc cette doctrine, et la soumettre au juge- raent des physiciens. 4 a SCIENCES PHYSIQUES. MM. RoYER ct Dumas out propose uno regie plus simple, cii apparcncc, pour calculcr la densitu ties corps solides [Journal tie Physique^ cahier de juin 1821 ). M. Avogadro fait voir que cettc regie sc reduit a I'hypothese que « la densite est propor- tionnelle a la masse moleculaire, ou a line partic aliquote de cette masse. » II pense que ce procede de caleul n'est pas sufli- samiiient I'tabli par Ics observations auxqucUes MM. Royer et Dumas I'ont applique : il voudrait que le choix de I'unite a laquelle on compare le volume dcs atonies n*c fut pas enticrc- ment arbitraire; il pense que, si le choix de cette unite n'est point assujiti a quclques conditions, on pourra toujours en trouver iinc qui soumette a une loi commune des faits, quels qu'ils soient, vrais ou faux, bien ou mal observes. Dans les cas simples, la mesure des effcts doit conduirc a la decouvcrte de la loi unique a laquelle ils sout soumis : mais, lorsque plusieurs causes agissent simultanement, les methodes de caleul nc peu- vent servir qu'a verifier une theoric, et ne la justifient point si I'analyse des causes est incomplete, et si la loi que chacune suit dans son action n'est pas connuc d'avance. MM. les professeurs Micuelotti et Gioisf.rt ont redige en commun un Memoire sur I'electricite qui se nianifeste lorsque le platine spongieux est mis en contact avec le gaz hydrogenc, et determine la combinaison de ce fiuide avec I'oxigene a une temperature infericure a celle de la combustion. Ils ont observe que si la masse du platine est un peu grande, si elle excede le poids de tiois grammes, les signes d'electricite disparaissent totalement; si, an contraire, on n'emploie que quclques deci- grammes de ce metal, les pailles d'un electroscope tres-sensiblc demeurcnt ecartees pendant tout le terns de I'experience. Les observateurs conjecturent que, dans Ic cas ou Ic metal est en cxces par rapport a I'hydrogene, la partic de sa masse qui n'agit pas chimiqucnient sc comportc commc conductcur, et dechargc continucUcment I'elcctroscopc. D'ailleurs, dans ce cas, les vapeurs de I'eau forniee par la combinaison de I'liydro- genc sont trcs - abondantes, et absorbent aussi relectricite a mesure qu'elle se devcloppe. SCIENCES PHYSIQUES. 43 On doit a M. Ic profcsscur Rossi tics Mcnioires d un tres- grand interot. Nous coinnicncerons par cehii qui nc sera pas nioins recherche par Ics simples curieux que par Ics savans; il est intitule : Dc nonnullis inoiistnwsitatibtis in intcrnis Iiumani corporis partibus. Parmi Ics monstruositcs intcricures du corps humain, M. le professeur cite quatre obstructions du vagin et trois autres faits non moins singulicrs , des membranes qui fer- maient exactement ou rcesophage, ou la trachee, ou le rectum. Celles-ci furent observecs dans des enfans nouvcau-nes, etque leur conformation condamnait a nc voir le jour que durant quclques momens; les sujets qui donnerent lieu aux premieres observations sont une enfant, une fille de dix-huit ans, et deux femmes mariees. L'une de ccUes-ci presente une serie de faits que nous ne pouvons nous dispenser d'exposer avec quelques details. Cette femme etait pauvrc, agee de vingt-huit ans. Un jour qu'elle etait tourmentee de violentes coliques, le docteur Be- rutti fut appcle a son sccours. II lui trouva toutes les apparcnces d'un prompt accouchement, et il allait proceder en conse- quence, lorsque i'inspection changea le cours de scs idees : la malade n'avait aucune trace de parties genitales; le docteur ne put croire a lapossibilite d'une conception; il attribua I'etat du ventre et les souffrances de la malade a une autre cause assez probable, et jugea qu'unc operation chirurgicale etait indis- pensable. En consequence, il fit transporter cette femme a I'hopital dont il etait premier chirurgien. Le concierge de cet hopital, qui n'avait pas ete prevenu, jugea d'abord comme M. Bcrutti, et envoya la malade a I'hospice de la Matcrnite. Ce fut la que M. Rossi la vit, et put observer tons les faits ulte- rieurs. La directrice de I'etablissement etait seule, lorsque cette malade extraordinaire arriva; les douleurs etaient exccssivcs, le danger imminent; le docteur Giordano fut appcle. II fut d'abord du meme avis que le docteur Berutti, et proceda sans delai a I'operation que celui-ci avait meditec. M. Rossi etait alors present. Les premieres incisions revelercnt I'existence d'un foetus, et apres des Iravaux ovi toutes les rcssourccs dc la /(4 SCIENCES PHYSIQUES, chirurgie I'uicnt employees avecune intelligence adniiiablc, on vit un enfant venu a terme, bien coiifonnu, niais qui, dans le cours des operations, avail rccu une blessurc a la tetc. II parait que eel accident fut la seule cause de sa mort; il vecut cepcn- dant assez long-teins pour reccvoir le bapteme. La mere fut {{uerie, ses parties genitales furent lemises dans I'etat nature! ; et, ce qui suiprit beaucoup M. Rossi, I'epoquc de cettc ouver- ture si long-tems fermee fut aussi celle de I'apparition des poils, non-sculement aux lieux ordinaires, mais sous les aisselles. Cette fcmme devint grosse et accoucha conime toutcs les autresj mais ses couches etaient laboricuses, sa sante declina, et sa nouvelle existence ne fut que de quelques annees. Jusqu'a la fin de sa vie, M. Rossi ne perdit pas de vue un phenoniene aussi instructif, et qui, s'il ne repand point un nouveau jour sur I'oeuvre mysterieuse de la generation , pent au moins cor- riger quelques erreurs , et nous apprendre a nous defier de cc que nous croyons savoir le micux. Jusqu'i present, les expe- riences de Spallanzani semblaient avoir decide que le contact et Faction chimique de la liqueur seminale du male etaient absolument necessaircs pour la fecondation; on voit ici que cette condition n'a pas ete remplie , et que cependant rien n'a manque pour la fecondation. Si la doctrine de Spallanzani n'est pas renversee de fond en comble , elle est au moins for- tement ebranlee; car, lorsqu'une theorie parait solidement etablie, un seul doute qu'ellc ne pent faire cesser est une puissaute objection. Les idees de M. Rossi sur le meme sujet paraissent trop vagucs, et ne pcuvent etre verifiees par Tobser- vation; nous nous abstiendrons de les developper. Mais les faits qu'il expose sont digues de la plus serieusc attention, ct doivent etre medites par les physiologistes , les legislateurs et les magistrats. La medecine legale a fait depuis quelque tems de si grands progres , elle a revele de si nombrcuses erreurs judiciaircs, que les jugcs seront desormais sans excuse s'ils negligent d'acquerir la connaissance des cas extraordinaires auxquelsleslois ne peuvent etre appliquees. Ccs cas sont moins rares qu'on ne I'imagine : le plus grand nombre doit se trouvor SCIENCES PHYSIQUES. /,5 clitie les cas ordinaircs pour Icsquels Ics lois soiit faites, et les grands ecarts de la nature sur lesqucls I'attention se porte sur-le-champ , et qui sont bicntot cnrcgistres dans les fastes d« la science. Un autre MLmoire du memo academicien est intitule : Obser- vations anatomico-pathologiques et experiences sur V hydrophobic et sur la rage. C'est, dit-il , Ic fruit dc vingt-huit ans de tra- vaux sur cette terrible maladie. L'autcur divisc son memoirc en deux parties : dans la premiere , il traite de I'hydrophobie spontanee, sans morsure d'un animal enrage, et la scconde contient les faits relatifs a la rage. Dans la premiere par tie, M. Rossi rapporte sept excmples d'hydrophobie spontant'c, toutes suivies de la mort, a I'excep- tion d'une seule. Dans ce cas unique , la malade etait unc femmc de vingt-trois ans , malheureuse dans son menage et melanco- lique. Outre les secours de la medecine qui lui furent promp- tement administres, et les ressources de sa jeunesse, elle dut peut-etre la conservation de ses jours a la diversion que de vives douleurs physiques opcrerent contre les souffrances mo- rales. Parmi les autres individus atteints par ce fleau, on compte autant de buveurs d'eau que d'ivrognes ; aucun exces n'est un preservatif. La seconde partie est pleine de faits remarquables, entrc lesquels nous sommes dans la necessite de faire un choix. Nous n'omettrons pas I'inconcevable discerncment qui avertit les animaux du danger qui les menace, lorsqu'ils sont en presence d'un individu attcint de la rage, de quelque espece qu'il soit, et quelque faible qu'il paraisse. M. Rossi en cite plusieurs exemples. Un gros cliien de basse-cour etait libre; il apei'coit un tres-pctit chien de dame et tremble de tons ses membres. Le redoutable ennemi approche, le gros chien se laisse mordre, le venin est introduit, il meurt enrage. On savait que le petit chien etait atteint de cette maladie ; on le poursuivait pour lo tuer, et I'iuspecfion do son cadavre fit voir qu'on ne s'etait point trompe. Un autre fait analogue peut servir d'avertissement k des 46 SCIENCES PHYSIQUES, pcrsonnos imjMt'noyantos qui laisscnt dcs aniiiiaux renfeinu-s dans liiir liabitation pciulant dcs absences plus on nioins lon- giu'S. Un chat rcnfcinic dc la sorto etait dcvcnii enrage, apivs qviatre jours de captivitc et dc privation d'alimons ct de boisson : M. Rossi (it ouvrir la chambre, et il y introduisit deux cliicns; ccs aniraaux, quoiquc tres-forts, sc comportorent comnic le chien de basse-coiir, et fiirent mordus par Ic chat, sans qu'ils eussent oppose aucunc resistance. L'observateur voulait se procurer ainsi deux chiens enrages, pour continuer ses rcchcr- ches sur Thydrophobic; il s'apercut bientot que sa tentative avait parfaitemcnt rc'ussi. M. le professeur donne, sous le titre de Conjectures , un resume des reflexions que les faits lui ont suggerees. II nc les regarde pas comme assez miuies pour etre presentees avec confiance aux meditations des savans; ce sont des doutcs qu'il expose, et sur lesquels il attend dcs eclaircisscmcns. II tcrminc son memoirc par dcs corollaires ou il etablit que I'hydrophobic est le premier degre de la rage, et pent n'l'-tre pas suivie du second, si le malade n'a pas ete mordu par un animal actucllc- ment enrage; cjue Ic cautere actuel, ou I'application d'un fcr rouge, est le rcmede le plus sur, principalcment lorsqu'il est prompt, et qu'il doit etre renouvclc, aussitot que les parties mordues redeviennent doulourcuses apres avoir ete gueries; que I'is brulures ne sont point elQcaccs si dies ne penetrent pas assez ; qu'en cas d'urgencc , il faut appliqucr le cautere sous la languc, et enlin, a la region eervicale oil la mocllc cpiniere est le plus a decouvert. M. Rossi ne desapprouve point I'emploi du genet des teinturiers {genista luteo-tinctoria) pour empecher que la maladie ne passe du premier degre au second, quoiquc ce remede ne meritc pas la confiance que plusieurs medecins lui accordcnt. II est fort eloignc d'affaiblir la confiance que les campagnards ont placcc dans rapplication d'unc clef beriitc siir les morsures des animaux enrages : la religion, la morale ct la medecinc, se trouvcnt cette fois parfaitement d'accord, et la derniere ne peut qu'applaudir a la prompte application' du cautere actuel, seul moven curatif dont elle ait constate SCIENCES PHYSIQUES. /i7 rcfGcacitc. En lisant cc memoirc, on est convaincu que I'au- tcur a bicn meritc ties sciences et dc rhiimanlte. Les travaux anatomiqncs de M. Ic D*' Belungf.ri ont encore cii pour objet la moelle epinierc : les fonctions dcs racines anterieures et posterieures ont etc detcrminees , ainsi que cclles des faisceaux ct de Icurs ramifiealions. L'observateur conclut que la moelle cpinierc eft divisec en six faisceaux, dont les uns sont des organes dc mouvement et non de tact, tandis que d'autres ne servent qu'a recevoir les impressions exterieures , ct ne communiquent point Ic mouvement. De la cause qui de- termine et maintient rindependance des fonctions , resultc un autre effct, c'est I'independance dcs maladies dont les divers organes peuvent etre affectes. On voit que si la France peut citcr les decouvertes physiologiques de M. Magendie, I'ltalic mettra dans la balance ce que la memc science doit a M. Bcl- lingeri. Mais le sort des deux savans n'est pas le meme; en Italie , les decouvertes ne sont pas proscrites , et c'est en raison du savoir que Ton choisit les professeurs. Avant ce memoire sur la moelle epiniere, M. Bellingeri avait communique a I'Academie le resultat de ses experiences sur Vantagonisme des nerjs. II n'est pas d'accord avec M. Magendie sur quelques details; mais cette divergence, assez ordinaire dans des travaux considerables, et d'autant plus difficiles qu'ils sont nonveaux, n'empeche point que les deux celebres pby- siologistes ne soient arrives, chacun de son cote, a des con- clusions conformes sur tons les points essentiels, et par conse- quent a des verites. Les trois memoires de M. Bellingeri doivent etre consideres comme le traite le plus complet que nous ayons sur les diverses fonctions du systeme nerveux. M. le professeur Bonelli a decrit six uouvelles especes dc lepidopteres diurnes , trouves en Sardaigne par M. De la Marmora. Elles ne sont point remarquables par I'eclat des couleurs ; mais aucune des productions de la nature ne peut nous etre indifferente ; et comme le dit M. Bonelli, c'est dcs objets le plus rapproches de nous que les musees et les livres devraicnt nous procurer la connaissancc. Grace a M. De la 48 SCIENCES PHYSIQUES. Marmora, nous conimcncons a pi'-iietror clans rinterieur de Iri Sardaignc ; cette grande ilc va dcvenir ctiropeenne , au moins pour Ics naturalistes. Quant a ses relations politiqucs, le mieux sera pour elle de rester dans I'Dubli qui I'a prtservee de nos dissensions et de tons les maux donl elles out ete la source. La niineralogie do la Sardaigne attire aussi I'attention de TAcademie de Turin. M. le professeur /Vc^or Michelotti a fait. I'analyse du plonib carbonate de Monteponi ; et quoiquc ce mineral presentc a pen pres les memes caracteres exterieurs que le plomb argcntifere de CIteronie, dans le departcment de la Charente , la coupellation n'y a fait decouvrir aucune trace d'argcnt. Nous sommes arrives aux Meinoircs dc la classc dcs sciences morales , historiques ct jiJiilologiqucs : nous y trouverons, conimc dans les travaux dont nous venons de parler, abondancc et variete d'objets instructifs. On y a compris un rapport de MM. BiDONE et Plana, pries par la classe de comparer le metre avec I'ancienne coudee trouvee a Memphis, et deposee au Musec royal egyptien. En effet, le sujet est historiqne, quoique les moyens employes pour comparer les deux longueurs soient une application dcs mathematiqucs. Suivant les deux geometres, la longueur de la coudee est de o", 523524^3, a la temperature de la glace fondante, ou zero du thermometre. M. Raymond a expose, dans un Memoire tres-etendu, les Principaux sjstemcs dc notation musicale iisites ou proposes clicz di\'ers pcuplcs , tant ancicns que modcrnet. Les recherchcs aux- quelles I'auteur s'est livre n'avaient point pour but d'amencr une reforme du systemc actuel de notation : il pense, au con- traire, que ce systeme « est peut-etrc le mieux approprie a son objet, et que vouloir adopter, pour tous les usages de la mu- siquc ecrite, quelques-unes dcs methodes proposees, ce serait faire retrograder cette partie de I'art vers son enfance. » C'est a cette importante conclusion que M. Raymond est arrive par un examen altentif de vingt-dcux sjstemcs qu'il expose succes- sivemcnt, avant de les comparer entre eux et avec les nota- tions ordinaires. II a suivi les traces de I'art chez tous le? SCIENCES PHYSIQUES. ijg peuples qui ont cu la penste d'ecrire non - seulement la pa- role , niais les diverses intonations de la voix. II a lecueilli tout ce que Ton pent savoir aiijourd'liui sur I'ccriture musicale dcs anciens, beaucoup plus compliquee que leurs chants, et qui imposait un travail bien ponible aux musicians charges de la dechiffrer (voy. Rei>. Etic, t. vi, p. 469, Notice sur I' art mu- sical chez les anciens). Les Romains, auxquels les beaux-arts ne doivent aucune des acquisitions qu'ils ont faites , se conten- terent d'imiter les Grccs, jusque dans leur mauvais systeme de notation musicale. Mais, apres I'etablissement du christianisme, lorsque la pompe des ceremonies religieuses put admettre la musique, il fallut chercher les moyens de rendre les chants uniformes, et par consequent leur notation plus exacte et plus facile; ce fut par \e plain c/iant que I'ecriture musicale se per- lectionna. L'origine du systeme de notation generalement adopte au- jourd'hui est certainement nioderne, et cependant, inconnue. On a tente, suivant I'usage , de suppleer par des hypotheses ;\ cette lacune dans I'histoire de I'art ; M. Raymond ne parle de cet abus que pour en faire sentir les inconveniens. Nous re- grettons de ne pouvoir placer ici un extrait assez etendu de son interessante dissertation, ou il a rassemble ce que Ton sait reellement sur les modifications successives de la premiere pensee de I'inventeur inconnu, et sur les additions que Ton v a faites. L'erudition qui rapproche ainsi les objets, afin qu'ils s'eclairenl mutuellement , est tres-agreable aux lecteurs qui en profitent sans s'exposer aux fatigues des recherches, et sans craindre les epines des discussions. En traitant du systeme de notation musicale des Grecs mo- dernes, M. Raymond prend pour guide M. Villoteau, qui le conduira jusque chez les Armeniens, et met ainsi a contribu- tion I'immense et precieux travail de la Commission d'Egyptc. D'apres I'ecriture musicale des Armeniens, il semble, dit notre auteur, que ces peuples « ont conserve quelques vestiges de la musique primitive, lorsqu'elle n'etait autre chose que la forme T. xxxv. — - /uillet iSij . /, 5o SCIENCES PHYSIQUES, accentuec, cadcnccc ct expressive que prcnaicnt les langucs vivifiecs par la pocsie et par I'organe intei-prete dc toiites les affections de I'ame. » En continuant i\ suivre M. Viliotcau, M. Raymond resume ce que Ton pent rocuciilir dans plusicnrs ouvrages sur la miisique des Arabcs, dcs Egyptiens, des Per- sans, des Syricns et des Clliinois. A Tcxception de ce dernier peuple, lous les autres font usage de Icur alphabet pour la notation du chant, et se rapprochent plus ou moins du system<- des Grecs. Les Ethiopiens et les Juifs d'Egypte ont aussi adopte des notations analogues, aussi embarrassantes, aussi imparfaitcs. M. Raymond passe aux systemes proposes, a differentcs epoqnes, en remplacement de la methode recue. Bernard Schmidt, oiganiste de Strasbourg, parait le premier sur la liste de ces reformateurs; il piiblia son systeme en 1577. Vingt- quatre ans plus tard , Joachim Burmeister proposa de substiluer des lettres aux notes que Ton employait alors. Ces deux ecri- vains furent plus heureux que Cruger , musieien de Brunswick , qui fut excommunie pour une sommc dc delits dont le plus grave etait cctte meme proposition, faite impunement par Burmeister. La France cut enfm son tour dans cette carrirre d'innova- tions. En 1677, le pere Souliaitty piiblia de nomii, a son tour, aurait verse le sien dans SCIENCES PHYSIQUES. 6'i i'Ocean. Adopter ccttc idee, on quelqwe chose de semblable. It fixer line date, quelle qii'elle soit, a ce phenomene, serait resoudre d'un trait de pluiiie le grand mystere de la creation; et M. Bory sait micux encore que nous tout ce que cette ques- tion renferme de delicat. D'ailleurs, Ics eaux dune de ces iners, en se gonflant demesurement, se seraient necessaire- inent etendues dans toutes les directions, selon Tabaissement ])roportionnel dea terres; et, comme les fleuves continuent, (lepuis une epoque inappreciable, a fournir leurs enormes masses d'eau, il n'y aurait aucun rapport entre le volume du trop plein et les voies par ou Ton suppose qu'il se serait ecoule. Le detroit de Gibraltar, le canal de Constantinople, sont, a ce qu'il me semble, de simples communications d'une mer a I'aii- tre, et non des dechargeoirs d'etangs. Comment se sont-elles I'ormees? L'action des feux souterrains, acet egard, n'a rien qui choque la vraisemblance. Mais la hauteur uniforme de lamer Caspienne, qui reeoit le Volga, le Terek, le Kour, I'Oural, la .Temba, la Rouma, etc., fleuves qui naquirent probablemenl le meme jour que le Danube, le Rhone et le Nil, nous auto- rise a penser que la Mediterranee et la mer Noire resteraient a peu pres dans leurs limites connues, nonobstant la fermeture des detroits. Cette opinion ne detruit en rien la possibilite du sejour des eaux salees sur des terrains aujourd'hui bien eloi- gnes de la mer, fait qu'on ne saurait revoquer en doute, mais qui tient a des considerations d'un autre ordre. Si I'etude de la geographic a des charmes, il faut avouer aussi que trop souvent la secheresse de certains details indis- pensables est devenue plus desagreable encore par la pesanteui du style de quelques hommes dont le serieux imperturbable ne se laisse jamais egayer, et qui jettent tout dans la meme Ijalance. II est probable que c'est la crainte de tomber dans ces exces qui a porte vers un exces contraire I'uu de nos geogra- phcs les plus distingues, M. Malte-Brun, dont nous deplorons la mort prematuree. Il adoptait parfois les notions les plus etranges, comme lorsqn'il affame que les Eskimaux pechent la baletne avec des hainecons d'or; ou bien, il se jouait de la pa- 64 SCIENCES PHYSIQUES, tiencc de son lecteur, on Ic lenvoyant de Scutari a Coiistaii tinoplc ct de Constantinople a Scutari, sans satisfaire nuUe part sa curiosite. M. Bory , trop instruit pour s'abandonner a cette cre- dulite deplacee, est aussi trop attentil'pour laisser de sembla- bles lacunes dans ses ouvraj^cs. On Ic lit toujours avec unplaisir nouveau. Il dcguisc I'aridite des details par rorii^iualite des reflexions; des Iccons utiles decouleut desesplus simples obser- vations; et le savant, ainsi que I'liomine du monde, ne saurait le consulter sans fruit. Les resumes geographiques, qui doi- vent encore agrandir sa reputation, seront bientot dans toutes les mains; nous les croyons indispensables aux personnes qui n'aiment que la veritable science, mais qui la veulent toute faite. R. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Traite de Legislation , ou Exposition des iois gene- rales suivant lesquelles les peuples prosperent , depe- rissent, ou restent stationnaires ; pai- Charles Comte , avocat a la coui" royale de Paris (i). L'espace qui nous est accorde est necessairement trop limitO pour que nous cssayons de donner une analyse de ce grand ouvrage. D'apres rimmense variete de fails qu'il contient , et de connaissauces qu'il suppose, il pcut moins qu'un autre etrc presente en raccoiu'ci dans un petit nombre de pages. D'ail- leurs , quoiqu'il n'ait point pour objet la jurisprudence , commc on pourrait le supposer d'apres son titre, mais aucontraire les Iois auxqnelles la nature a souniisrhomme, nous devonsavouer que nous manquons de connaissauces suffisantes pour oser pro- noncer notre opinion sur plusieurs des grandes questions qu'il a soulevees. Mais nous nous flattons dc pouvoir faire une chose agreablc aux lecteurs de ce recucil , et surtout utile a la societe humaine, «n detachant de cet ouvrage un livre important, un livre qui, a lui seul, fait un grand ensemble, et sur lequel nous desirons ardemment fixer I'attention de nos contemporains. M. Comte a consacre son quatrieme volume , contenant 536 pages, a son cinquieme livre, qu'il a intitule : '^De I'csclavage domestiqiie considere dans les fails qui Ic constituent , et dans les effets qu'il produit sur les facultes pliysiques , intellectuelles et morales des diverses classes de la population , sur les richesses , sur la nature du gowrrnement , et sur les relations des nations entrc (i) Paris, iSay ; Sautelet. 4 '^'ol- in-8° ; jirix , Zi fr. ( Vov- Rev. Enc, t. xxx , l8a6 , pag. 338 ). T. XXXV. — Juillct 1827. 5 66 SCIENCKS MORALES dies. — Dc qiielqucs genres d'associations qui sc rapprochcm de rcsclavagc. » Nous icgardons ce livre coinmc Ic traite le plus complet, Ic plus savant , le plus philosopliiquc qui ait jamais etc ocrit sur rosclavago et sur scs (k'-sastrciix cffots. Sans doute, riuuiianilc a (lictc- a plus d'uu philosoplic dV-ioquens plaidoyois contro (Otto institution si outrageantc i)our notrt; ospoco; inais jusqu'ioi Ics maitres d'esclaves avaient cru pouvoir Ics mopri- ser; ou mcme, ils se permettaient de les admirer sans conse- quence, parce que, disaient-ils , recrivain no connaissait pas les fails, parce que los plus belles theories se trouvaient, a {'application, inexecutables. Ici , au contraire, ce sont los faits qui nous sont prosentos, les faits dc tons les tonis, les faits do toutes los regions du globe, et ils le sont avec une precision , avec une exactitude, avec une authenticite , qiiine laissentpas I'ombre d'un doute sur leur accord, et sur les conclusions que Ton doit on tirer. L'esclavage est si loin des moeurs, des habitudes, mome dos souvenirs de la France, que beaucoup do gens rogardeiont un traite sur los funesles consequences do rcsclavagc du memo toil qii'un traito sur les orreurs du paganisme. Tout au plus croiront- ils que ce livre ne peut avoir pour objet que la legislation do (juolqucs lies eloignoes d'Amorique, et le sort d'une race pour iaquelle ils ne sentent point de sympathie. lis ont si souvcnt ontcndu ropoterque le christianismc a aboli l'esclavage, qii'ils ne font pas attention quo rosolavage n'a roelionient oto aboli on Anglotorro qu'ou i6Co, par lo statut 1 2 , ch. 24 (Charles II) ; dans le rosto de I'Europe occidontale qu'au xviii^ siecle , et qu'il n'a jamais cesse dans I'Europe orientale. Cependant, loin que la cause de I'abolition de l'esclavage soil gagnee, il s'est opore , il s'opere sous nos yeux une revolution , qui elevant tout a coup au rang des olats puissans et civilises de vastes contrees oil I'es- clavago est institiio par les lois, peut assuror la plus effrayante preponderance, dans la balance do I'univers, aux pays gouver- nes par des possesscurs d'hommes, sur les pays ou cette pos- session est interdite. En Russie et en Pologne, la grando masse do la population ET POLITIQUES. 67 cstesclave; die est dcmeme esclavc dans pres de la moitie des etats aiUrichiens ; ct jamais , autaut que de nos jours , la Russie et rAutriche n'ont pcse sur I'Europe. L'Angletcrre, la France, la HoUande, maintiennent I'esclavage dans leurs colonies, dis- pcrsces en Asie , en Afrique et en Amerique ; I'Espagne et Ic Portugal maintiennent I'esclavage dans ce qui leur reste de co- lonies. Dix, sur les vingt-deux Etats-Unis de I'Amerique, main- tiennent I'esclavage, ct ce sont Ics plus vastes, commc les plus heurcusemcnt situes. Dans toute I'lndc Anglaise, dans toute rinde ti'ibutaire de I'Angleterre , I'esclavage est legal, saus etre tres-commun ; enfin, dans presque toutes les republiques colossales de I'Amerique ci-devant espagnole, et dans I'empire duBresil, I'esclavage est encore legal, quoique ces etats nou- veaux aient pris , pour I'abolition future de I'esclavage , des mesures qui sont sans cesse attaquees, ou eludees par les pi'e- juges ou les passions des peuples. Voila cependant quels sont les etats qui formentaujourd'huila chretiente et le raonde civi- lise ! voila quels sont les etats qui dictent des lois aux autres ! Certes, quand le pouvoir souverain est entre les mains de tant de possesseurs d'esclaves , le moment n'est pas venu encore de dire que la cause de I'abolition de I'esclavage est gagnee : an contraire, nous devons plus que jamais recueillir les fails, les etudicr , leur donner de la publicite , pour detouruer les nations, qui se regenerent, de la continuation d'un si abominable sys- tcme. Nous allons nous efforcer de presenter , dans le moins de pages qu'il nous sera possible, I'enchainement des idees de M. Comte, et nous le ferons presque toiijours avee ses proprcs expressions, miime lorsque,pourplusde brievete, nous nenous astreindrons pas a I'indiqucr par un renvoi ou des guillemets. L'esclavage , quoique conserve chez quelques nations civilisees, a eu evidemment pour origine I'abus de la victoire chez des barbares. Les conquerans, au lieu d'egorger les vaincus, ont cru se montrer humains, surtout ont cru etre habiles, en leur conservantlavie,eten les faisanttravailler pour eux. M. Comte, comme le titre de son livre I'annonce, a entrepris d'examincr 5. 68 SCIENCES RroRALES quel avait vie Iv. rcsultat do cc calcul , quels ttaieiU Ics effets dc resclavagc sur les facultcs physiques, intellecluellcs et morales des uiaitros, aussi bien que des esclavos. II commence par rc- couuaitre que Ics orgaues physiques des maitrcs ne sont i)as tlcteriorcs par resciavage. Les causes qui paraissenl mainteuir la force physique sout I'usage d'une bonne noiuriture, par un exorcice suflisant, et par le choix des individus qui conscrvent la race. Or, les maitres, dans I'etatde barbaric, commc dans celui de civilisarion, paraissent reunir tous ces avantages. Leur nour- riture est toujoursassuree; I'habitude, legout duplaisir, la poli- tique meme leur font conlinuer tout au moins les exercices cjui les reudent propves a la chasse et a la guerre; enlin , a moins qu'un prejuge national ne les arrete , ils pcuvcnt s'unir aux plus belles d'entre leurs femmes csclaves , et en avoir des en- fans plus beaux que leurs peres. C'est ce qu'ont fait les Turcs et les Persans, qui ont ainsi constamment ameliore leur race. Mais Tcsclavage doit neccssairement vicier I'organisation physique des csclaves. Car ceux-ci n'ont d'aliiucns, de vete- mens, d'habitations, qu'autantqu'il plait aux maitrcs de leur en laisser. Tout exercice qui pent leur donner de la force, de I'a- dresse, du courage, leur estinterdit, comme etant dangcreux pour leurs possesseurs. Le petit nombre d'operations meca- niques auxquelles ils sont obliges de se livrer, dans I'interet de leurs maitrcs, ne pent developperque quelques-unsde leurs or- ganes. Ce devcloppcment ne peut meme ctre que tres-rcstrcint, parcc qu'un exercice force, excessif, accompagne de privation d'alimens, est unc cause de faiblesse , bien plus qu'une cause de force. Qu'on ajoute a ces considerations que les hommes asservis ne peuvent avoir pour compagnes que les femmes les moins belles, les autres devenant les concubines des maitres, et Ton concevra aisenient comment la partie asservie dugem-ehu- main a du tous les jours se degrader davantage. Mais le devcloppcment de I'organisation physique doit sur • tout se considerer, quant aux moycns qu'il donne a rhommc d'agir sur les choses, et de les rendre propres a pourvoir a ses besoins : or, Tesclavagc arrete ce develoi)pement industriei, ET POLITIQUES. Gg dans les niailres coninie dans les csclaves. Le prenii(T efiet que I'csclavage pioduit, a I'ogard dcs maitres est de les dispenser des travaux qui fournissent immediatement aux homines des moyens d'existence; le second est de leur faire voir ces tra- vaux avec mepris. Dans I'antiqiwte, une seule Industrie n'etait pas avilie aux yeux des maitres ; celle qui consiste a dresser , a louer, a acheter et a vendre deshomnies. Un des ancetres d'Oc- taveavait, disait-on, deshonore sa posterite, en faisant la banque; niais Marcus Caton achetait et vendait des hommes ; il vendait particulierenient les vieux qui ne lui rapportaient quepeu de profit, et qui pouvaient devenir iniitiles , et Caton etait le gardien des moeurs (i). Ce mepris pour tout travail manuel, qu'on nommait servile, etait universel cliez les Grecs et les Romains; il est universel dans les colonies , parmitoute la race des maitres. Meme le ma- noeuvre europeen, fletri commc malfaiteur, s'il devient posses- seur d'un homme, croit aussitut qu'il ne pent se livrer a un travail productif sans deroger a sa noblesse. Les HoUandais, qui savent si bien apprecier chez eux tons les genres de travaux utiles, eprouvcnt a Batavia , comme an Cap-de-Bonne- Espe- rance , pour toutc occupation industrielle un mepris et une aversion insurmontables. Les Anglais, a Sainte-Helene, a la Ja- ma'ique, et dans toutes leurs colonies, les Anglo - Americains dans les dixetats du sud, ont dc memerenonce a toute espece de travail. En Hongrie, en Pologne, en Russie, lesmaitresne travaillent jamais; les serfs ne travaillent qu'a laterre; on ne trouve quelque industrie que chez les Juifs, qui, deja accables par le mepris, ne peuvent en encourir davantage en sc rendant utiles. Ainsi, quoique I'esclavage ne vicie pas neccssairement les organes physiques des hommes qui appartiennent a la classe des maitres, il a pour effet d'en rendre I'exercicc nul dans tons les genres d'occupations qui sont necessaires a I'existence des peuples. Ce sont des instrumens qui non - seulement sont (i) Pi-UTARQiiE, -vie (/(■ >/. Calori, p. 4o2. ja SCIENCES MORALES inutiles an gciiie lumiaiii considero en majsc , niais qui ne servent i\ rindividu qui en est pourvu que par le mal qu'ils produisent pour une multitude d'autres. Si , par quclqui- j,'randc catastroplu- , la race des maitrcs disparaissait tout a coup d'un pays ou Tc'sclavage est adniis, il n'est aucun j^enre dc travail qui demcurat suspend u, auciine richcssc dont on ei'it a deplorer la perte. Rien ne ccsserait , que Ics supplices qu'ils inflii,^ent a leurs csclavcs. Autant le developpcmcnt industriel est arrete ehez les mai- trcs par Icur, mepris pour le travail, autant il Test ehez les es- claves par I'abrutisscment auquel Icurs maitrcs les reduisent. Les esclaves denos jours sontincapablcs de tout travail (|iii de- manderait de rintelligenco, dugout, dessoins. II est probable que les beaux travaux de I'antiquite romaine furent executes par des hommes formes a Tindustrie, pendant qu'ils etaienl Kbres, et que la guerre avait faits esclaves; car, des que le& Romains, avant conquis tous les peuplcs industrieux, ne pu- rcnt plus faire des esclaves que parmi les barbares, tous les arts, toute cspeced'industric, declincrent rapidenient ehez eux. et ils retomberent eux - memes dans la barbaric. Voyons en- suite, avec notre auteur, quel effet I'esclavage produit sur les facultes intellectuelles , soil des maitres , soit des esclaves ( Chap. IV, p. 54 ). Quant aux maitres, il faut distinguer entre ceux qui jouis- sent entre eux de la liberte politique et ceux qui en sont prives; fes premiers arrivent fort bien a developper celles de leiu's fa- eultes intellectuelles qui leur serviront a agir sur leurs egaux, tandis qu'ils ne developperont point celles par lesquelles ils pourraient agir sur la matiere : les seconds ne developperont ni les unes ni les autres. La paresse de I'homme lui fait prefe- rer la force au raisonnement, I'autorite a la persuasion, toutes les fois qu'il en a le choix; mais le citoyen des etats libres de I'antiquite ne pouvanl commander a ses egaux comnie il commandait a ses esclaves, etait force d'npprendre a les per- suader. II etudiait done I'homme, son egal, sur lequel il devait agir par la persuasion ; mais il n'etudiait pas la nature, sur la ET POLITIQUES. 71 quelle il iic dcvait agir que par les bras tie ses eselaves. 11 liii seinblait inutile de decouvrir le moyen de leur sauver uii peu de fatigue : aussi, toutes les applications de la science a I'industrie lui paraissaicnt une derogation. Lorsque le citoyen perdit sa liberte politique, il n'eut plus d'interet a etudier rhonime, il n'en eut pas plus qu'auparavant a etudier la na- ture; il rcnonca a un travail sans but, toutes les connaissances s'eteignirent, et le retour dc la barbaric en fut la consequence. Entre les colonies des Euiopeens , celles des Anglais sontles seules oil les colons aient obtenu de la mere- pa trie quelque pouvoir politique; cc sont aussi les seules oil ils aient senti le besoin d'un developpement intellectuel qui les rendit capables de persuader leurs egaux , d'acquerir sur eux quelque autorite paries seuls moyens qu'admette la liberte politique. Dans les colonies des autres peuples, que la metropole gouvcrne avec un pouvoir absolu, les maitres n'ayant tour a tour qu'a obeir et a commander, ont montre la stupidite qui est le propre des despotes et des eselaves; a la reserve des seuls individus qu'on a fait elever dans la mere-patrie, loin dii spectacle de I'cscla- vage. Notre auteur prouye , par des faits , par le temoignage circonstancie de tous les voyageurs, le mepris pour toute es- pece d'instrurtion des colons hoUandais du Cap-de-Bonne- Esperance , des colons francais de la Louisiane , des colons espagnols, dans celles de leurs provinces oil les eselaves sont Ic plus nombreux. Dans les Etats-Unis, conime il y a liberte politique, il y a developpement de I'intelligence chez les maitres. Mais les ci- toyens, dans les etats du sud, ne developpent que lesfacultes qui les mettront a meme d'agir sur les hommes ; les citoyens , dans les etats du nord, veulent agir et sur les hommes et sur les choses, et ils se partagent entre ces deux carrieres. Aussi , les etats du niidi ont donne peut-etre plus d'hommes propres au gouvernement. Washington , destine a combattre ou a gou- verner des hommes, pouvait naitre sur ime terre exploitee par des eselaves; mais Franklin, destine a eclairer le moiide, et a accroitre la puissance dc I'homme sur la nature, ne pouvait sc 72 SCIENCES MORALES developpor qnc daus nn pays ou Ics aits etaient exerces par dcs mains libras. Quant aux esclaves, I'offet immcdiat dc rosclavage est d'ar- icter en eiix tout dcveloppemcnt intellectuel. Aussi, dans les colonics d'Amerique, ou tons les travaux mamicls sont cxc-cu- tis par des csclavcs , les niaitrcs sont obliges dc faiic vcnir , des pays ou Tcsclavage n'cst point admis, tout produit indus- tiicl qui, pour ctre obtcnu, exige quehjue intelligence. Les inaitres peuvent employer leurs csclaves h. abattre et a ti'ans- jiorter des arbres; mais, s'il s'agit dc construire des navircs, il laut qu'ils envoient ces arbres dans les pays oil Ton trouvc des ouvri«i-s libres. lis penvcnt leur faire culliver grossiercn7entla terre, et obtcnir du ble par leurs travaux ; mais , quand il faut converlir ce ble en farine , on est oblige de I'envoyer daus des lieux ou Ton trouvc des ouvriers capables de faire des mou- lins. Les esclaves ne peuvent meme pas se Hvrer k tous les- soins qu'exige I'agriculture; ils n'ont ni assez d'intelligence , ni assez de soins pour cultiver des legumes ou des arbres a fruits. Enfiu, leur incapacite est telle que I'agriculture est en- core dans I'etat le plus barbare, et que les maitres font venir d'Angletein-e Ic charbon qui leur sert de chauffage, quoiqu'ils- aient les forets a six milles de distance. Quelquefois meme, ils en font venir jusqu'a la brique dont ils batissent leurs mai- sons. Les causes de I'incapacite des esclaves dans tous les genres d'industrie sont faciles a apcrcevoir. La main n'execute bien que ce que I'esprit a bien concu. Nos organcs physiques ne sont que les instrumens de notre intelligence; et, lorsque I'in- telligence n'a recu aucun developpenicnt, elle ne pent diriger que raal les organcs qui sont a sa disposition. Or, dans les pays oil resclavage est etabli, non-seulement les maitres sont incapables de developper les facultes intellectuelles de leurs esclaves, mais ils out presque tous une tendance naturelle a en arreter le developpement. Le besoin de la securite , plus fort que la passion de I'avarice, les oblige a tenir les hommes asservis aussi prej de la brute que cela leur est possible. Robiiv ET POLITIQUES. 7? ra]jjjorte (r) qii'un colon franrais de la Loiiisiane repetait sans cessequ'il ne craignait lien tant que ties nc-gresavec de I'esprit. II dit que toute son attention sc portait a empecher qu'ils^ n'enacquissent, et qu'iln'y reussissait que trop. Ces colons ne jugent pas autrement que ne jugeaient les Romains. Le cen- seur (laton ne voyait rien de plus dangeifux que des esclavcs avcG de rintelligence. Quand les sicns ne travaillaient pas, il ks condamnait a dorniir; tant il avait peur qii'ils ne s'avi- sassent de penser (2). Les Anglo-Amcricains des Etats du sud, qui sont aujourd'hui les moins ignorans et les moins brutaux, des maitres, repoussent cependant avec effroi I'idec de faire apprendre a lire a leurs esclaves. Les colons soumis an gou- vernement anglais ne voient pas avcc moins de terreur les efforts que font plusieurs liabitans de la Grande -Bretagne, pour donner quelques luniieres a leurs esclaves, et les clever a la religion chretienne (3}. Mais , si I'esclavage condamne les maitres a mepriser I'in- dustrie, et les esclaves a en etre incapables, y a-t-il quelque ressource pour une nation dans la classe de ceux qui ne sont ni maitres, ni esclaves? Won; car, dans un pays ou I'esclavage est etabli , un homnie qui n'appartient ni a la classe des maitres, ni a celle des esclaves, a moins qu'il ne porte ailleurs son in- dustrie, est oblige ou de restcr oisif, ou d'etre meprise. Si des hommes libres consentcnt quclquefois a travaiiler, ce n'est qu'autant que I'elevation du salaire compense le mepris atta- che au travail; et meme alors, un ouvrier libre achete des esclaves, ou disparait aussitot qu'il a fait quelques econo- mies (4). L'etat des proletaires, dans la republique romaine, repousses de tout travail, ou par le mepris, ou par la concur- (1) Voyage dans la Louisiane , t. in, chap. 68, p. 197. (2) Pj.UTARQDE, Vie de M. Catoii. (3) Voyez les debats de la cliambre des communes d'Angleterre , du 33 juin iSaS. (4) La Rochefoucauld, voyage aux Etau-Unis ; 2« partie, t. iv, p. 293, 294, 3° partie , t. vi, p. 75. 7', scip:nces morales rence dcs esclaves iles patricieiis, est iiii cxemplo rtiiiar(|uabl<' ft cffrayant dc la degradation et do la misere k laquelle I'es- clavage rcduit hi paitiede la nation qui ncseclasseniparmilcs maitros ni parnii les esclaves. Tels sont les efl'ets dc Tcsclavagesur I'organisatioii physique, liudustiie ct rintelligcnce. Scs cffets sur les nireius (i) sont bien j)Ius degradans encore. Une des premieres consequences morales quo I'esclavage produisit chez les Remains fut I'amour de I'oisivete. De I'absence d'activite intellectuelle et physique, et de la possession de richesscs acquises par le pillage, naqtiit une passion effVenee pour toutcs les jouissances sensuelles. La gourmandise et la voracitc des grands arriverent a im point dont il est impossible aujourd'hui de se fairc aucune idee. La terre fut ravagee pour fournir a leurs debauches, et les ri- chesses d'une province furent englouties dans un repas. La niaison d'un grand renfermant une multitude d'esclaves des deux sexes, les moeurs des niaitres eproavercnt promptcment les eflets qui dcvaient resulter d'un tel melange; I'histoire ro- maine fournit des exemples eclatans de la plus scandalcuse depravation. M. Comte en signale deux, dans les tems brillans de la republique: la condamnation de cent soixante femmes de senateurs, convaincues d'un complot pour empoisonner leurs maris qui les negligeaient pour des esclaves, et I'association d'hommes et de femmes, pour se livrer en commun a la de- bauche, decouverte I'an 5^9 de Rome; Ic nombre des cou- pables, dont les femmes forniaient la plus grande partie, s'eleva au-dessus de sept mille : pins de la moitie furent con- damnes au dernier supplice. Nous rcgrettons de ne pouvoir suivrc I'auteur, lorsqu'il montre la servitude romaine s'aggra- vant toujours plus avcc les progres de la richesse et du luxe; chez les maitrcs, les rations de vivres diminuant pour les esclaves et les suppliccs devcnant plus atroccs; les revokes, les guerres servilcs, les vengeances privees des esclaves, multi- pliant les dangers et pour chaquc maitrc ct pour tout I'Etat. (i) Chap. VI, p. 80. ET POLITIQUES. 75 Tdutcs les fois que dcs honinics sont condninncs a dcs tra- \aux sans relache et sans fruit, qii'ils ne sont maitres d'aucun de lours mouvemcns, et qu'ils sont constamment exposes au inepris, a I'insulte et a des chatimens arbitraires, la mort simple cesse d'etre une peine. II faut, pour qn'elle devienne redoutable, qu'elle soit accompagnee de tourmens qui excedent par leur intensite toutes ies douleurs repanducs dans le cours de la vie. 11 fallut done que les Romains qui voulurent punir do mort leurs esclaves, imaginassent des supplices propres a effrayer les hommes les plus fatigues de supporter la vie. Ces supplices ne pouvaient ctre determines que par les caprices des maitres, puisque les lois ne voyaient dans les esclaves que des proprietes. Le genre de supplice le plusgeneralement adopte fut de les dechirer a coups de verges, et de les clouer ensuite a une croix. Les tourmens de I'individu qu'on avait ainsi clone duraient plusieurs jours avant que la mort vint y mettre un termc, a moins que I'execateur n'eiit attaque, par pitie, quel- qu'une des parties essentielles a la vie. Les ecrivains qui nous ont donne la description de ce supplice ne disent pas qu'on en ait exempte les femmes, ni mcme les enfans de I'age le plus tendre, que Ton condamnait a perir, quand leur maitre etait mort par une cause inconnue. M. Comtepasseensuiteeii revue les colonies des moderncs (r), pour montrer que I'esclavage a produit dans toutes les memes effetsrl'intemperance, la dissolution, la ferocite. Nous nous ab- stiendrons deretracer iciles parlies les plus cffroyables de ces tableaux; ily a tropde souffrance a s'occuperdes tourmens de tant de millions d'etres humains qui a cettc heure meme ge- missenl dans la peine. Nous nous contenterons de quelques traits, pris dans ces divers chapitrcs, pour lesquels nous con- tiuuerons a eniprunter les tcrmcs meme de I'autcur. Toutes les fois qu'unc femme esclave a donne le jour a un (i) Chap. VII, p. loC), les Hollandah; ch. viii, p, i4o, les Anglais; ch IX, p. i5(), les An^lo-Americains; ch. x, p. 187, les Francais ;. ch. XI, p, 198, les Espagnolf. 7G SCIENCES MORAT-ES enfant, on a pu jiigor, par la coulciu- dc cot enfant, ii quelle espece d'honHiu- appartcnait son pere. II a ete d'antant plus dilficile dc sc tioniper sur les liaisons des niaitres avec leurs femnics asservies, qu'il n'y a jamais eu dc mariagc cntrc les blancs ct les noiis; tout enfant de sang mcle a ete le produit d'une union immorale , il a presque toujonrs etc le fruit de la violence du maitrc sur son esclave. En arrivant au Cap-de- Bonnc-Espcrance, dit Le Vaillant (i), on est surpris de la multitude d'esclaves aussi blancs que les Eui'opecns qu'on y voit. Cepcndant, jamais aucun blanc n'a etc reduit en es- clavage dans ce pays; les esclaves, au contrairc, y ont tou- jours etc d'origine ethiopienne. Des liaisons des maitrcs avec des fiUcs (ithiopiennes, sont nees des filles mulatres; de leurs liaisons avec celles-ci, sont nees des fdles moins foncees encore ; enfin , les traces dc sang ethiopien ont disparu , ct Ics esclaves ont fini par etre de la ineme espece que lours posses- seurs. Mais, dans ce changenient de race, il est un phcnonienc qu'il est important d'observer , parce que nous le retrouverons dans presque toutes les aulres colonies. Un colon n'affranchij pas les enfans qui naissent de lui ct de ses femmes esclaves. II exige d'eux les travaux et la soumission qu'il exige de tous les autres; il les vend, les echangc, on les transmet a ses heritiers, selon qu'il le juge convenable. Si un de ses en- fans legitimes les recoit a titre de succession, il ne fait entre eux et ses autres esclaves aucunc distinction. Un frero devient ainsi le proprictaire de ses soeurs et dc ses freres; il exerce sur eux la meme tyrannic, il exige d'eux les memes travaux, il les dechire du meme fouet, il assouvit sur eux les memes desirs. Cettc multitude d'esclaves blancs qui etonnent les regards d'un Europeen sont done presque toujours les fruits de I'adultere et dc I'inceste. Un voyagcur observe (i) qu'i^ cxistc si pen d'affcction entre les parens dans cette colonic, qu'on (0 T. i,p.76. (2) Barrow, t. i, p. l3o. ET POLITIQUES. 77 Toit rarenicnt deux freres converser ensemble. Comnunt 11 n frerc pourrait-il avoir de la tendresse pour iin autre, quand pent-etrc il a dix ou douze freres ct sceurs qu'il considere comme la plus vile des proprietes, et qu'il emploie a satisfaire les passions les plus brutales? Au Cap-de-Bonne-Esperance, le sol est pauvre; il est em- ploye a elevcr des troupeaux, et a produire les memes especes de grains qu'on rccueille en Europe. Aucun de ces produits n'exige de travaux penibles et continus. Les plus necessaires a la vie sont ceux qui exigent le moins de fatigue, et qui sc vcndent au plus bas prix. Aussi,en general, auCap, le travail de resclave n'est pas excessif, et sa nourriture est abondante. A la Guiane hoUandaise, au contraire, le sol est d'une grande fertilite; il est propre a produire du sucre ou d'autres denrees qui ne croissent qu'cnli'e les tropiques. Ces productions ob- tcnues par de longs ct penibles travaux sont generalement des- tinees a I'exportation. Comme leur vente est facile, les maitres sont interesses a exiger de Icurs esclaves un travail plus pe- nible et plus continu. Comme, d'autre part, les vivres sont rares ct chers, leur maitre ne leur en laissc que ce qui leur est rigoureusement necessaire pour vivre. Cette opposition n'existe pas seulement entre le Cap et la Guiane : I'csclavage, cruel et degradant partout, est cependant adouci , dans les pays de paturage, par de longs repos et une nourriture sufGsante : dans ceux ou Ton cultive les cereales, le travail est plus rude et plus assidu; il ne Test pas cependant au point d'empecher la population servile de s'accroitre. Dans les pays ou Ton cultive le cafe, le coton, le tabac, et surtout le sucre, le travail est excessif, la nourriture tout-a-fait insuffisantc, et la mortalite est fort superienre aux naissances. Les belles esclaves ont a redouter , non-seuiement les desirs <\n maitre ou du commaudeur de qui dies dependent, mais les chatimens atroces par lesquels ils cherchent souvent a vaincre Jeur resistance ou a la punir , et enfin la jalousie que les femmcs blanches concoivent centre elles. Une femme qui fait chatier line de ses esclaves cherclie surtout a la defigurer et a la rendre 78 SCIENCES MORALES hidcusc. C'est siir le soin qu'cllo lait appliquer Ics coups dc fouct , quekjuefois mome des coups de poignard. Stedmatj ra- conte qn'nnc dame Creole, aperccvant dans sa plantation une jeune et belle esclave, lui fit aussitot appliquer un fcr bru- lant sur le front, sur les joues ct sur la bouche, et ordonna qu'on lui coupat en nieme terns le tendon d'Achille. Elle (it ainsi en ini instant , d'une belle pcrsonne , une cspecc de monstre dc dif'formite (i). Aprcs des traits qui montrent combien I'csclavage corrompt aussiles moeursdans les Colonies anglaiscset Icsl£tats-Unis, I'au tenr cite sur lesderniers une loi plus odieuse encore, puisqu'ello €St reflecliie, que des acies oil Ton pent ne voir que I'explo- sion de passions liontcuses. II est expressement defendu a tout possesseur d'hommes , dc developper les facultes intellec- tuelles de ses esclaves. Celui qui serait convaincu d'avoir en- seigne i lire a I'un d'eux, serait puni d'une amende sept fois plus forte que celle qu'il encourrait en leur coupant les mains ou la langiic. Dans ce dernier cas, il ne serait condanine qu'a une amende de quatorze livres; dans le premier, il en encour- rait une de cent. Il est egalement defendu de laisser faire aux esclaves aucun trade pour leur propre compte. Toute reunion est interdite aux liommes asscrvis : un blanc qui trouve sm* un grand chemin plus de sept esclaves ensemble, est tenu dc leur administrer des coups de fouet, sans exceder viugt coups pour cliacun; et Tcsclave qui se defend centre un blanc est puni comme ayant comniis un crime horrible. Nul individu negrc ou de sang mele ne pent paraitre dans les rues, apres la tonibee de la nuit, sans une permission speeiale. Les delinquans, libres ou esclaves, sont enleves par une police militaire qui parcourt •ians cesse les rues, ctpunitselon lescirconstances(a). L'esclavage etait legal dans tontes les colonics espagnoles; mais dans toutes chiles qui ont fait des progres rapides vers (i) Sted.iian , voyage, a Surinam; I. ii , p. 170, 171; t. ill, l>. lor , 10 a. (2) Travels inCaiiada and tlie linked states, hy Francis Hai.l., [) /ia i- ET POLITIQUES. 79 la prosperite, Ic nonibre des negrcs titait 011 inCiniincnl petit, ou prosquc mil. La race coiiquise dcs indigenes , quoiquc soumise originaiicmcnt a iin regime tres-diir, ne fut pas rcduito en escla- vagc. Ainsi, a la reserve dc Cuba , ct d'uu petit nonibrc d'autres points produisant Ics denrecs des tropiqucs, et souniis au re- gime des plantations, le travail a ete execute, dans I'Amerique espagnole, par des mains libres; il a «3te honore, et cette seule circonstance a plus fait pour le bien de I'humanite que n'ont pu faire pour son mal Ic despotisme du gouvernenient, sa terreur dcs lumieres, la vigilance dc I'inquisition, ct toutes les precau- tions qui sembhiient prises pour arrctcr la civilisation. M. Comte prouve par uue serie de faits, que dans les colonies Hispano- Americaines, les progres de I'intelligence, de I'industrie, de la population et de la moralite, ont toujours ete, selon le diffe- rent regime de chacune, en raison inverse du nombre des es- claves, et de la severite de leur traitement. II semble qu'apres avoir prouve que resclavagcvicie la cons- titution physique des esclaves, qu'il rend les maitres incapa- blcs de tout travail, et les esclaves incapables d'un travail proportionne aux forces des hommes libres ; qu'il degoute les maitres de tout exercice de I'esprit, et qu'il I'interdit aux esclaves ; qu'il cmpcche la formation d'une classe moyenne , de gens qui ne scront ni maitres, ni esclaves, et que, quand ceux - ci existent, il les force a emigrer, qu'il cree des moeui^ infames et atroces chcz les maitres, et qu'en interdisant aux esclaves la volonte ou la direction de leurs actions , il ne leur laisse pas meme la pretention d'avoir des moeurs , on a deja prouve qu'aucune institution plus funeste que I'escla- vage ne pourrait etre introduite dans la societe. Ce n'est pas tout cependant; M. Comte examine I'influence qu'a cue I'escla- vage sur les garanties de la liberie privee pour les maitres, sur I'accroissenicnt des richesses, sur cclui de la population, sur la liberte politique et sur I'independance des nations; et, dans chacun de ces rapports nouveaux, il fait voir, par I'expe- riencc universcUe, que cette effroyable institution n'a pas ete So SCIENCES MORALES luoins luucstc aux luaitres qu'aux osclaves , chez tou!> les poiiplcs qui I'ont tolerce. Dans les pays oii I'csclavagc est admis, une cffroyablc cala- mitc menace sans cesse les hommes Jibres, parce que leur etat pent etre mis en question. En efiet, si une peisonne est presu- meelibrc jusqu'a ce qu'il ait ete prouve qu'elle ne Test point, comment les maitrcs parviendront-ils a fj;arder leurs esclaves? comment les pomsuivront-ils, s'ils prennentla fiiitc? comment sauront-ils dans quels licux ils se sontrefugies? Si, au contraire, tout individu est presume csclave, jusqu'a ce qu'il ait ete prouve qu'il est libre, comment les personnes libres ne seront - elles pas sans cesse exposees a etre traitees en esclaves (i) ? Chez les anciens , rien n'etait plus frequent que le vol dcs cnfans. Souvent, les esclaves se vengcaient ainsi de leurs mai tres ; ils emportaient dans leur fuite les enfans conlies a leurs soins, ou par vengeance, ou par cupidite, ou meme par ten- dresse. Mais, quand la miscre les pressait ensuite, ils les ven- daient. Les comedies antiques font sans cesse allusion a ces enlevemens. L'histoire de Virginie nous apprend que les per- sonnes adultt's, ct surtout les femmes, n'etaient pas a I'abii de questions d'etat, qui pouvaient leur enlevcrjuridiquement leur liberte et leiu- honneur. Dans les colonies anglaises, toute per- sonne d'origine ethiopienne, ou portant la plus legere teinte . i vol. in-8°. UTTERrVTURE. y7 renfermer avec mcthode, dans un seul volume, tout cc que M""' d'Ehienstroma voulu faire connaitre. Son livreest, en qiiel- que sorte, une histoire litteraiie , pittoresqucet niusicale dc la Suede, depuis Ic roi Rcgner Lndbroch composant son hymnc de mort jusqu'a Leopold celebrant I'inauguration de la statue de Charles XIII ; depuis les orgues de Jonax Columbus jusqu'au violon dc Bcn-ald; depuis le portrait de la princesse Ellena , fille de Magnus Ladulas , jusqu'aux batailles de Gustave-Adol- phe, peintes par Sandberg. L'ouvrage est divise en trois parties, distinguees meme par une pagination differente. Comme on devait s'v attendre, la section de la litternture est beaucoup plus longue qu'aucune des deux autres. Apres avoir donne, en pcu de mots, une idee des ecrivains les plus anciens, M'"= d'Ehrenstrom parle avec quel- que etendue des membres de I'Academie de Stockholm. N'avant pas la pretention de fixer les rangs entre des hommes tons tres-distingues, elle suitl'ordre de leur reception dans cc corps savant ; et iorsque la liste est epuisee , c'est I'ordre alphabe- tique seul qui la guide dans ses notices sur les auteursqui n'ont point rccu les honneurs academiques. Ou voit qu'une pareille disposition de son travail devait lui rendre bien diflicile dV-viter toujours la monotonie d'une no- menclature. Si trop souvent elle cherche a la deguiser sous I'eclat d'uu style iigure qui s'ecarle du ton de la critique et de celui de I'histoire, souvent aussi elle saitla rompreavec bonheur en jetaiit au milieu de ses jugemens des details biographiqucs pleins d'interet, des anecdotes curieuses et piquantes, qui donnent a plusieurs endroits de son livre le charme d'une conversation spirituelle, brillante de mots aimables et de traits heureux. Son admiration pour la Suede la trompe sans doute quelque- fois; car, ii I'entendre, presque tons les auteurs suedois se- raient de grands ecrivains. II lui faut de bien fortes raisons j)Our quitter le ton de la louange , comme , par exemple , I'indignation que lui cause la conduitc d'un critique suedois attache sans cesse a denigrer la litterature de sa nation. Ne pouvant ncec succes , dit - elle, dehiter dans le pays memc ses T. XXXV. — Juillel 1827. n 9« LlTTlilRATURE. attuqucs contrc ties niitctirs cstiincs , line cesse ( hcequ'on ptv- icnd ) dc Ics traduire en allemand ct d'cn fairc depnsitaires des journaux ineinc rccominandahlea. M""" d'Ehrenstrom voit,avef toutc justice, dans ce manege un crime de Icse- nation ; ct, mal- gre pUisicurs indices, elle nc pent en croire capable un Suedois. Certes, si cc monsieur a recllcment un si grand patriotisme , c'cst bicn dommage qu'il no soit pas Francais. II n'anrait pas besoin d'envoyer hors de France ses diatribes centre les ecri- vains qui ont fait si long ■ lems I'honneur de notre patrie : on les accueillerait fort bien dans certains journaux de la ca- pitale. Du restc , les tentatives des novaleurs , qu'on pourrait appelcr plutot les retrogrades, n'ont pas ote aussi heureuses en Suede que parmi nous. Le genre qu'ils avaient vouln etablir est aujourd'hui totalement abandonne , du mains par ceux qui ont asscz de talent pour suivre le mcilleur. Apres avoir dit qu'ils appelaient leur ccole Vecole phospliorique , jyjme d'Ehrenstrom ajoute avcc autant de juslcsse que d'esprit: « Je ne sais pas pourquoi; a moins que ce ne soit I'aveu naif, que, semblable au phosphore, elle ne donne que cette lueur pale et incertaine qui ne pent se montrer qu'a la faveur des opnbres de la nuit, ct qui demeure inapcrcue des que le jour parait. >> C'est a M. Wallmarck, redacteur du Journal dc la Utterature et des theatres, que notre auteur attribue surtout la defaite des p/tosp/ioriques dans leur invasion en Suede. M'"" d'Ehrenstrom s'arrete avee complaisance sur le regn« de GusTAVE III, qu'elle regarde comme Vepoque la plus brillante pour les homines de lettres et pour les artistes. On sait que ce prince fut le fondateur de l' Academic suedoise, et qu'il cul- tiva lui-meme la lilterature (i). Son Eloge de Lennart Tors- (i) Ses ceuvres ont ete publiees en francais sous ce titre ; Collection, des ecrils polklques , lilte'raires et rlramatiques de Gustave III , roi de Suede, su'n'ie de sa correspondance. 5 vol. ■ Stockholm, l8o3-i8o5. Une autre edition, en suedois, et formant 6 vol., parut de i8o6 LITTIiRATURF.. 99 Tcnson remporta I'un ties premiers piix decernes par la Societc savante qu'il avait creee. Plusieurs fois le theatre de Stockholm retcntit des applaudissemens sinceres donnes a ses tragedies- C'etait sans doute un spectacle interessant que de voir un Gus- tave reproduircsiir la scene Gustave Vasa et Gustave-Adolphe. D'ailleurs , devcnir le concurrent des poetes est certaiiicment pour un roi la meilleiirc manierc d'cncourager lenrs efforts , lorsque le prince ne se donne aucnn avantagedans la lice, ct qu'il n'appelle point sa siiperiorite politique au secours de son talent. Or, Gustave, bien loin de vouloir dominer sur leParnasse/jar droit de naissancc , a])plaudissait franchement aux succes de ses confreres en Apollon; et I'anecdote que je vais transcrire niontre que pour temoigner son approbation il savait employer les formes les plus aimables et Ics plus ingenieusement deli- cates. '< l-.orsqn 0(/in cut sa premiere representation, en 1790, le roi ecrivit a Leopold le billet suivant : h'auteur fie Siri Brabk deinande a Vauteur (rOoiy itn billet de parterre ; c'est la settle place qu'il ose reclamer. Sa majeste envoya en memo terns line branche de laurier, cueillie sur le tombeau de Virgile ( lors du voyage du roi en Italic , en 1787 ). Elle sestfaiit?e , dit-il, entre mes mains , elle renaitra entre celles de Leopold. Une branehe de laurier, attachee par un gros diamant, suivit en effet le bil- let du roi. » La prediction de Gustave s'est verifiee. Leopold, obtenant d'eclatans succes dans les genres les plus divers , a merite le surnom de Fvltaire du Nord. C'est du raoins ainsi que I'appelle M'"« d'Ehrenstrom qui lui consacrc un article assez etendu et seme d'anecdotes curieuses. Parmi les autres ecrivains dont I'auteur parle avec le plus d'eloges, je citerai Michel Bellman, poete lyrique plein de nalurel, de verve et de gaite ; Kellgren , qui s'est exerce avec un egal bonheur dans la satiie, dans I'elegie et dans la poesie dramatique; le comte Gustave de Gyllenborg k qui Ton doit des poemes descriptifs sur chacune des saisons, une epopee intitulee le Passage des Belts , et des fables charmautes; Magnus Lehnberg regarde comme le crea- teur de I'eloquence suedoise; le comte d'Oxenstjerna qui a 7- loo LITTfiRATlJUF,. truduit avec une elegante lidtlite le Parades perdu de Milton ; Franzen egillement celebre comme poete et comme orateur; et Tt:gnerc\iic M'"" d'Ehrcnstrom a|)pelle VOssian dc hi Scan- din a vie. Si je n'ai ])ii qu'indiqner a peino qiielques traits et qiielques nonis ejjars dans la section de litteiatuie, a plus forte raison ne pnis-je suivre I'aimablc auteur dans la seconde partie, inti- tulee Theatre et Musirjue. Ella y revient soiivent sur des ecri- vaios dont elle a deja parle, y expose I'etat des theatres a Stockholm, et nous donne line liste, un pen longue peut-etre, des musiciens, des actenrs et des actrices qui ont reussi en Suede. Les amateurs meme ne sont pas oublies. Quoique cer- tains morceaux de cette section ne manquent pas d'interet, je crois devoir me borner a faire observer que presque toutes nos tragedies, presque toutes nos comedies celebres ont ete traduites en suedois, et que Gustave III, lorsqu'il voulutdonner de I'eclat aux spectacles de sa capitale et y repandre les vrais principes de la declamation theatrale, demanda a la France nne tioupe dramatique dirigee par Monvel. Je remarquerai aussi que, d'apres M""^ d'Ehrcnstrom, le gout de la musique a' fait depuis peu de grands progres en Suede, ou les soirees musicales sont h la mode, et deviennent chaque jour plus nombreuses. Quant a la section qui traite des arts da dessin , c'est la sur- tout que le style est souvent ambitieux et vague. On reconnait presque a chaque page I'etude , I'imitation des Lettres sur I'ltalie, ouvrage charmant, mais modele dangereux, ou Dupaty cache sous les prestiges de I'imagination la plus brillante et d'un esprit plein de finesse et de ressources, I'ignorance des principes et meme des procedes des arts. Mais M">« d'Ehrcn- strom tronve aussi, quoique bien plus rarement que Dupaty, des formes heureuses et des traits remarquables; et, si le connais- seur peut desirer une appreciation plus exacte, plus precise , du talent des artistes dont elle nous entretient, les gens du nrionde liront avec plaisir ses descriptions poetiques et animees. Elle distingue surtout parmi les architectes le comte Nicodeme LITTER ATURE. 101 fie Tessin , le baron d'Adlercrantz , et le Francais Desprez qui etait aussi un peintre estime. Dans le nonnbre des statuairei dont elle examine les travaux , on remarque parriculierement Tobie de Sergell qui fut membre de notre Institut national , qui decora le monument erigc par Gustave III a noire Descartes , et dont la reputation est fondee sur un grand nombre de beaux ouvrages; M. Gustave Guthe , auteur d'une statue de Meleagic regardee comme un chef-d'oeuvre, M. Bystrom connu surtout par sa prodigieuse facilite; et M. Fogelberg, qui se trouve ac- tuellement a Rome, oil il a merite les eloges du celebre Torvald- sen. II parait que les professeurs Sandberg , Hasselgrcn et ffestin sont , avec M. Krafft, eleve de David , les meilleurs peintres d'histoire dont la Suede puisse s'enorgueillir. Elle a ete beaucoup plus feconde en peintres de genre et de pay- sages. M'"'= d'Ehrenstrom consacre un long article aux scenes familieres de Laureiis qui vient de mourir a Rome, et dont elle vante beaucoup la composition sage en mcme terns qu'ani- mee, les expressions profondes, les effets de lumiere heureu- sement inventes et habilement rendus. Elle loue beaucoup aussi les paysages de Fahlcranz et les vues de Jean S'dvenbom. ('e dernier etait eleve de Joseph Vernet. Si son maitre avait donne un grand exemple d'ardeui' pour les etudes de I'art qu'ils cul- tivaient tous deux, il en donna lui im bien singulier de I'atten- tion la plus imperturbable. On sait que notre fameux peinti e de marine, assailli sur une frele barque par un violent orage , examinait avec enthousiasme le spectacle de cette mer dont les vagues , qui faisaient trembler les matelots , n'etaient pour lui que de beaux modeles. Voici maintenant le trait de Savenboni raconte par M™'' d'Ehrenstrom. « Il fut tellement cnthousiaste de son art, que, le 19 aout 1772, assis sur le toit de I'hotel du senateur conite de Feiscn , occupe a copier la belle perspec- tive du port, il nc s'ctait pas meme doute de la revolution que Gustave III lit eclater ce meme jour. En entrant chez lui le soir , il fut tres-etonne d'en entendre parler, et ses amis le furent doublement de son ignorance. Lui, qui sur son toit avait dominc sur toutc la ville de Stockholm, n'avait ni vu ni loa LllT^RATLRE. LMitendu les troupes qui niarchaient tambour battaiit, ni la foule qui se pressait en parcoiuant les rues. « Je puis aflirmer, en nie resumant, que, malgre les imper- fections quej'ai signalees dans ces iVo//cM, M'"" d'Ehrenstrom y montre des connaissances litturaires trcs etendiies, le gout dcs arts, un esprit aimable ct lin, et une imagination heureuse qui souvcut revet la pensee dcs plus vives coulenrs. Jo tcrmi- nerai par unc renwrque qui doit interesser les lectcurs de ce Recueil. Au moment oil Ion sc plait parmi nous a dtnigrer notre litteralure, nos arts et nos guerriers, les amis dc la patrie voient avec plaisir que la plupart des pieces les plus applaudies sur le theatre de Stockholm sont des traductions d'ouvrages francais, que plusieurs des peintrcs celebres en Suede ont etndie sous nos maitres, que le plus illustre des sculpteurs suedois, charge d'elever dans son paysle monument funerairc d'un Francais, a represente le talent de Descartes sous I'image dun genie ecartant le voile qui couvrait le globe terrcstre et I'eclaii'ant de son flanibeau, enfin que les encoura- gemens les plus clicrs^ a cet artiste ont etc les: bienfiiits d'uu hommc que le vote libre dn peirple est venu cltercher sous les drapeaux de la France pour le iK>rter au trone de Gustave Vasa, de Gustave-Adolphe et de Charles XII. E. PuiLipPE-AuGcsTE , po'cine licro'ique en doiize chants ^ par F. A. Parseval , mernbre de lAcaclemie fran- caise (i). Les Francais n' ont pas la tele cpique : ce mot deja ancien, sonvent rc'pcte , se trouvc a pen ])res rccii comme une verite , ou comme un arret fatal. Mais cetto verite est-clle demontrec ? mais cet anet est-il done infaillible? (i) Serondp edition; Paris, 1826. Aime Andre, quai dcs Augas- lins; Pontliieu, Palais-Royal a toI. in- 18 de 267 et de sqS pflftc*. Prix, 8 fr. LITTER ATLRE. lo^ Parce que le siecle de Louis XIV a vu des essais mallunifux j parce que ( sans parler du traducteur Brebeuf , plus entle que Lucain), Scudery fut sans verve et sans gout, Chapelain dur et sec , Saiute-Garde aussi barbare queson heios, Saint-Amand platement ridicule, le jesuite Le Rloine sans frein dans une imagination vivo et bardie, faut-il admettre (jue, dans Ics tems de Corneille et de llacinc, on ne pouvait fairc une epopee superieure aux poeincs A'Alaric, de la Pucctle, de Childehrand, de Moyse sauve et de Saint- Louis? Les ecrivains mediocres se precipitent en foule dans los plus hauts sujets, quand trop souvent le genie reculc devanl eux. Quel est le rhetoricien imberbe, qui, aprts avoir rime des am- plifications de college, n'ait reve le sujct d'une tragedie ou le plan d'un poeme epique ? Voltaire est le premier de nos grands poetes qui ait vouUi donner a la France une epopee. Mais il etait bien jeune encore quand il composa Ic poeme de la Ligiie , devenu depuis lo IJenriade; et, quoiqu'il I'ait retravaille a fond, dans le cours d'une longue vie, il est pcrmis de croire (jue, s'il I'eiit com- mence plus tard , lorsque son genie briila de sa force ct de son eclat, le plan eut ete plus fortement concu , Taction plus atta- chantej et, sans doute, I'interet qui n'est guere que dans la beaute des vers , serail cntre plus vivement dans le sujet. Cependant, un siecle s'est tout entier ccoule depuis I'appa- rition de la Hcnriade, et aucun ouvrage du meme genre n'a pu I'effacer. Louis XV n'avait pas voulu permettre que la Hcn- riade lui fut dediee; et ce poeme national fut imprime .\ Lon- dres , a Geni^ve, a Amsterdam, avant de I'etrc dans Paris. Mais voici un trait singulier dans I'hisloire de la civilisation. Lorsque la statue du grand Henri a etc retablie sur le mole du Pont- Neuf, Louis XVIII, pour mieux bonorer Ic chef de sa dynastie, a fait enfermer les chants ht-roiques dont son aieul avait refuse la dedicace , avec les proces-verbaux et les medailles du mo- nument. Le xviii^ siecle vit eclore, languir ou raourir un asscz grand nombre de poemes epiques. Les femmes meme oserent embou- io4 LITTIlRATURE. cher la trompette des htros. Mme Dubocage fit la Colombiadc, I't traduisit cu vers Ic Paradis perdu. Mais qui pcut reconnaitn- en die ci's transports diviiis dont Voltaire la disait aniniee? Un madrigal n'est pas un jugement. On rcgrette que Thomas n'ait pu achever la Pctriide. Cependant , si Ton admire, dans cet ouvrage, des vers forts de pensees, de grandes images , quel- ques belles descriptions, et des traits qui saisissent, on sent, dans I'ensemblect dans le mouvemcnt de cette grande machine, que Ics ressoits sont trop londus, que Taction se developpe penibloment, ct qu'il faut dans le poete epique autre chose que \(>s magna sonaturuni. Depuis trente ans , il a paru en France plus de trente epopees. II est, en general, plus facile de les compter que de les lire. Ce n'est pas que plusieurs ne contiennent des beautes remar- quablcs. Le public a surtout distingue la Caledonia de M. Au- gitste Fabre, qu'il serait injuste de confondre avec tant de poemes qui ont eu le pire desttn. La Caledonie restera, dans jiotre litterature, comme un des plus heureux essais qui aient ete fails, depuis un siecle, dans le genre le plus difficile. Les poetes de notre epoque se montrent trop presses de jouir : il en est qui, jeunes encore, ont fait imprimer deux epopees dans un cspace de terns plus court que celui dont Horace veut qu'on dispose pour corriger un scul ouvrage. .le citerai, sans le nomnier, un ecrivain qui s'est rendu fameux , ct qui disait auxjournalistes, ily a quelques annees : « Annon- ccz done que j'ai enfin donne un poeme epique a la France. « Mais, ses amis lui refuserent cette satisfaction : c'eut ete donner un ridicule , el le partagcr. Il est deux genres de poesie qui paraissent devoir reussir difficilement dans les leltres franraises , VJjwlnguc et VEpo- pee. Pour I'apologue, le terns du succes est passe; pour Tepo- pee, ce tems n'est pas encore venu. M""" la princesse Constance OE Salm a fort bien explique pourquoi les fabulistes qui onl paru en si grand nombre apres La Fontaine, n'ont pu donnei- a Icurs recueils tine veritable celebritc. « Cot effet est trop cons- tant, (lit-elle, pour n'avoir pas uno cause positive et indepcn- LlTTfiRATURE. io5 dautc du plus ou moins de talent » ; et cette cause est assignee avec un esprit d'observation ou la finesse s'allie avec la pro- iondeur (i). II serait aussi facile d'expliquer pourquoi, parmi plus de cinquante poemes epiques qui ont ete publics en France, depuis deux siecles, aucun, sans excepter la Henriade, n'a pu remplir la premiere condition de I'epopee , celle d'atta- cher par I'interet de Taction ; poui-quoi Ics regies tracees par Aristote, et delayees par le Bossu, quoique fidelement suivies; pourquoi les grands modeles , constamment et pent - etre trop constamment imites , n'ont pu donner a notre litterature le seul chef-d'oeuvre qui lui manque encore. En disant ce que doit etre un poeme epique, Boileau semble avoir explique pourquoi nous n'en avons pas : c'est le vaste recit d'une longue action. S'il n'est pas difficile de trouver cette lorigue action et d'en faire im vaste rtcit , il est beaucoup moins aise de rendre cette action interessante et ce recit attachant dans une suite de quinze a vingt mille vers alexandrins coupes en hemistiches egaux, uniformement suspendus par la cesurc, et qui doivent a des rimes regulieremcnt suivies une harmonic dont la richesse meme dcvient cnfin une fatigue. L'epopee Se soutient par la fable , et vit de fiction. Mais la raison repousse la fable hors des sujets pris dans I'his- toire moderne. Le merveilleux y perd son attrait et son em- pire. Rien n'est trouve froid comnie les personnages allego- riquesintroduitspourremplacer Icsdieux d'Homere. La P'erite, la Politique et le Fanatkme , porsonnilies dans la Henriade , v paraissent presque aussi etranges que le sont, dans les fables de La Motte , dame Memoire et dame ImaginationrCc n'est pas au-dela des tems hero'iques que tout prend impunemcnt un corps , une dnie , un esprit , un visage. Minerve ne pcut plus re- presenter la sagesse, Venus la beaute; et, quand Voltaire a voulu transporter, des Lords fortu/ies de l' antique Idalie , aux campagncs d'Jvry, TAmour arnie de scs Jlcches dorecs , pour v (i) Voy. Rev. Ene., t. xxxiii, Janvier 1827, j). 252-253. io6 LITTER ATU RE. faire uaitre soudain du prodigue scin dc la tcne obtiUsantc , un bois de myites enlaces , qui dans Its Ucux d'alentour etendcnt leurfcuilUigc, ct anetent , par dcs liens secrets, ccux qui passcni tons Icur fatal onibiage , il n'a pu lendre aO» bois de myites enchanUs par I'Aniour, aussi iiitrrossaut que la foret du Tasse enchantee par les csprits de I'cnler, ct il n"a rcussi a produiro d'autre charme que celui des beaux vers. Comment oserait-on montrcr aujourd'hui , dans une tem- pete, Neptune, qui gourmandc Ics Jlots , ou Jupiter, armddeson tonnerrc? et, ccpendant Boileau a dit : C'cst la ce qui surprend, frappe , saisil , attache. Sans tous ces ornemetis , le vers tombe en langueur; La poesie est niorte ou rampe sans vigueur; Le poete :i'est plus qu'un orateur timide, Qu'ua froid Iiistorien d'uue fable insipide. Cet arret est terrible : il pourrait cxpliquer comment la poesie epique vivant de fictions chcz les anciens, et ne pouvant en vivre chez les moderncs, tant d'essais out etc malheineux. Mais Boileau n'a-t-il pu se tromper sur les conditions rigourcuscs de I'epopec, comme il s'cst trompe, en juyeant la Jerusalem delivrce? le legislateur du Parnassc a cu beau condammer le nouveau genre de mervcilleiix employe par le Tasse : le Tasse est reste assis le troisieme parmi les poetes «'piques. II reste, pour les poetes francais, deux grandes difficultes a vaincre : le degout du siccle pour rallegorie, et principalement la monotonie inevitable de plusieurs millicrs de rimes sans en- trelacement, toujours accouplees ct suivics dans Ic vastc recit d'une longue action; difficulte que peut-etre n'eussent pu sur- monter entierement Homerc ct Virgile qui nc connaissaient pas la rime, Milton qui la dedaigna , I'Arioste ct le Tasse qui I'employerent, mais en alternant, pour briscr leur uniforinite, des sons d'aillcurs pleins et sonores. C'est sur la scene seulcment, et dans dcs drames de quinze ou dc seize cents vers, qu'on sent peu la fatigue des rimes sui- vies:le dialogue ct I'action la font a peu pres disparaitre, mais elle restera inevitablement attachee a tout recit en douze Ll'lT^llATURE. 107 ou vtngt-quatie chants, tant qu'ou n'essaiera pas de briser celte longue uniformite. Qu'on cesse doncde dire que Ic Francois n'a pas la tetecpiqnc. Si Telemaque et les Martyrs etaient en vers, la France n'aurait- cUe pas deux graades epopees? qu'on dise done seulement : la lec- ture suiviededouzeouquinzeniillegrauds vers a rimes masculines ct feminines, tombant toujours deux a deux, est dilficile etpe- uible. Qu'on disc encore que le merveilleux mythologique est use , que I'allegorie ne pent le remplacer, et qu'il est tems enfm de chercher des routes nouvellcs, au lieu de se trainer servile- nient sur les traces dcs anciens. Le succes ne peut plus etre promis au talent qui n'osera point innover. M. Parseval a ose, dans son Philippe- Juguste , pas assez peut-etre; mais enfin il a introduit dans I'epopee un nouveau genre de merveilleux. Ne pouvant admettre dans son sujct I'intervention des dieux du paganisme, et reconnaissant que les personnages allegoriques imprimaient Icur froideur a Taction, il a imagine de mettre en scene et de faire agir les fees qui, suivant les superstitions de cette epoque, cxercaientsur la des- tinec des mortels, I'influence que les hommes out toujours placee hors de la nature, enlre la terre ct le cicl. M. de Chateaubriand avait mele au merveilleux du paganisme qui mourait, celui du christianisme naissant : M. Parseval a mele au merveilleux Chretien celui des vieilles traditions. La fee Melusine est, contre Philippe-Auguste et les Francais, ce que Junon est dans I'Eneide contre le fils d'Anchise et les Troyens. La fee reunit le pou voir et Ics enchantemeus de Circe, dc Medee et d'Armide, elle anime toute Taction; les autres fees lui obeissent eomme a leur souveraine, les demons lui soiit soumis , die fait agir le demon de la volujite ct le demon des volea/is. Min^, independamment des sortileges et des noirs prestiges de Melusine, Tauteur a cherche d'autres machines epiques dans les champs du merveil- leux. Sainte Genevieve est opposee a Melusine; elle detruit ses prestiges. Tantot, elle prie pour la France au pied du trone dc TEtcrnel, et Tastre de Philippe brille alors dans le ciel. io8 LITTKRATURE. Tantot, de.scendue sur la terre, elle apparalt dans un songc an roi qu'c'lle iiistruit des dangers • L'Eglise trop long-tems inactive etsans force, » A detourne les yeux d'un coupable divorce .. C'est I'interfit du cial , I'inter^t de la terre, .> C'est le voire surlout qui m'anirae aujourd'hui >. Et toi, toi, si tu veux que le del te pardonne, " Roi superbe, flcchis LITTERATIiRE. ii5 >• Francais, Dieii vous defend de suivre ses drapeanx ; •> Obeissez, ou Dieu qui peut encor I'absoudre, " Va souffler sur son troue et le reduire en poudre. • II parlait; et brulan! de puuir tant d'orguell, Les guerriers du moaarquc atlendaient un coup d'oeil ; Mais sa voix les reticnt, et s'adressant au pretre : « Sedilieux , enfin ton coeur s'est fait connailre ; » Du ciel en inspire faisant parler la voix , ■> Tu defends aux sujets d'obeir a leurs rois ! » Enfin, qu'ost voire clief ? puisqu'il faut qu'on le nomine, » Ce pontife arrogant n'est qu'iin pasteur de Rome, » Qui doit lever au ciel ses innoceutes mains, » Et ne les employer qu'a benir les humains. " J'userai contre lui de justes reprcsailles ; '• S'il m'altaque, j'irai jusque dans ses murailles » Le combattre au milieu de ses suppots tremblans , » Et lui faire expier ses ordres insolens. Et le prince ordonne au lugat de portei- sur-le -champ a Rome cette reponse : « Oui , je pars, dit le pr^lre indigne , furieux , » Mais tu n'oubliras pas mes terribles adieux » Peuples, grands, chevaliers, vous n'avez plus de maitre ; " Fuyez, de votrc roi Dieu s'cloigne aujourd'hui, » Et brise le lien qui vous attache a lui. » Voyez fondre sur vous, ainsi que sur sa tete, » Des maledictions I'effroyable terap^te ; » Oui , Dieu vous ab.indonne; oui , ce Dieu vous maudit , » Sur la France, a ma voix , il lance I'interdit. ■> Cieux, devencz d'airain ! Bienfaisante rosea, » Refuse tes tresors a la terre embrasee ! !» Livree aux feux briilans, aux insectes rongeurs, » Terre, desseche-toi ! Courez, fleaux vengeurs, » Frapper, exterminer la France criminelle, » Tant qu'un roi reprouve dominera sur elle ! » Que I'autel a ma voix eteigne ses flambeaux , " Et que I'Eglise aux morts ferme lous ses tombeaux.» Cette poc'sie est forte , sans cesser d'etre historiqiie. M. de Parseval semble avoir pris pour guide le sage Fleury, dans son T. XXXV. — Juillet 1827. 8 ii4 LriTKI^ATllRE. Utstoire ecclcsiasC/(jite. Le legal deploie la biillc fatale, il la lit d'lme voix tonnantc devant le peiiple cpoiivante ; el soudain Le pr^'lat sur I'autel s'cmpare cl'un flambeau, Le renverse et I'etciiit, ct bientot dans le temple, Les prt^tres, que partout I'oeil effrnye contemple, Jetlenl, par In fureiir saii)lemerit egarcs, Tons leiirs babits pompcux, tous leiirs voiles sacres, Renversenl rantel nicme, et dcs crapes funebres Sur les chnsses des saints clenclent les lenebres Des pr^lres en fiireur entendez-vous les cris ? « Fuis, monarque dochu, fuis la terre ou nous sommes: » Rejete par I'Eglise, horrible a tous les hommes, ■1 Tu n'cs plus ni Francois, ni citoyen, ni roi ; " L'onde et les feux sacres sont interdits pour toi. » Les grands ot les chevaliers se pressent antour dii monarqnc lis conrent sur le legal : A la Ineur du glaive il s'ecrie indigne : « Frappez, egorgez-moi, mais Philippe a regne » Contre un roi reprouvc lout devient legitime ; » Guerriers, servant ce roi, vous parlagez son ct ime : >. Mais portez-lui les coups par le ciel ordonnes, » Et vos plus grands forfaits seront tous pardonn^s. » Ainsi le fier legat crie, cxhorte et menace ; II tend sa gorge an glaive et redouble d'audace. Philippe retient un farouche transport. " Arrdtez, du legal qu'on epargne les jours; » Je le veux, a-t-ii dit, laissez vivre ce pr^tre ; .» Qu'il soil un factieux, un fanatique, un traitre, » Et parle au nom du ciei que sa voix fait nientir ; >> Mais qu"il n'usurpe point la palme du martyr, » Protegez-le; soumis a mon ordre supreme, » Derobez-le aux fui eurs du peuple et de lui-m^me. » Tout est ici dramatique , plein de verite , dc vie et de mouve- nicnt. Noire poe'e trace ainsi les effets de I'intcrdit: . . . Des pr^tres partoui le peuple abandonne , Sons I'interdit fatal baisse un front constern^; liTTKRATITRF. ii5 L'enfant qui nait, frappc du tcrriLle anatli6nic, Ne vient plus se laver aux sources du bapttnie 1^ chreticn N'obiient plus le pardon par un sincere aveu, Et le pretre interdit la clemenceason Dieu. O vierges ! qui d'amour lauguissez des I'aurore , Lc soiren soupirant vous languirez encore, N'esperez plus d'hymen L'huile sainte aui mourans n'apporte plus ses dons, L'ame n'a plus d'espoir, Dieu ii'a plus de pardons, Le niourant plus d'aslle, etl'enfer avccjoie Dans sa flamme eternelle ensevelit sa proie. .T'ai beaiicoup cite, il serait facile de beaucoup citer encore : car CO ne soiit ni Ics beaux vers, ni les grandes images, ni le talent descriptif, ni I'art du recit, ni la ricliesse des comparai- sons qui manqucnt dans le poeme de M. Parseval. On y recon- nait son vent Televe de Deliile; mais on y trouve aussi des traits ^ui peuvcnt paraitre forces plutot que forts. C'est ainsi que, decrivant I'explosion d'un volcan sous-marin qui lance, em- brase et brise dans les airs la flotte de Philippe-Auguste , le poete dit : Partout des corps huniains pleut la grele vivante, Et Tocean devient un immense tombeau Dont la flotte brulante est ['horrible flambeau. .Te n'aime point Albion qui soudoie des Fianiands la foiidre mercenaire, niPhilippc-Auguste terrassant Aes hjdres etouffees , ni un front laboure de venerables rides, ni Genevieve qui, rayon- nam a. cote de I'astre de Philippe, Etincelle de joie , ets'enivre d'amour. Ce ne sont pas la toutes les laches qu'on pourrait remarquer ; mais je n'ai pas dit non plus toutes les beautes dont le poeme abonde. Je citerai, en finissant, cette belle comparaison aver un essaiin d'abeilles, Ae^ nombreux bataillons qui deja ras- sembles a la voix de Philippe Auguste, Sous les niurs de Paris plantent leurs pavilions. Tel un essaim leger d'abeilles diligentes, ii6 LITTKRATURK. Colons a^riens, peuplades voltigeantes, Bourdoiinesur des flcurs, on, guide par le vent, Monte en coloime ailce, en tourhillon vivant, Environne sa reine, et, nation fidele , Partout vole, travaille, et combat avec elle. L'epoquc n'est pas encore Ires-eloignce ou un poeme oi)ique, attendu dfpuis long-temps, dont raiUciir avail hi, il y a dix ans, des fiagmens, qui liirentjustcment applaudis a une seance publique de rAcadeniie francaise, aiirait occiipe, ])cndant plu- sieurs mois, les amis des leltres et Ions les organes de la Re- nommec. Mais, dans les tenis singulieis ou nous vivons, si I'epopee de M. Parseval n'a pu passer inapercne, si les suf- frages qu'elle a obtenus ont uecessite deux editions rappro- cliees , on pent dire neanmoins que ce succes a manque de quelque eclat, et que le poeme de Philippe- Augiistc a ce memo besoin qu'a en le heros , d'etre mis a sa place par le terns. Un autre poete, M. Viennet, a traite le mome sujet, sous le titre de Fhilippide. Mais son ouvrage, que le public ne parait pas desormais devoir altendre long-terns, n'est pas touta-fait hero'ique. Plusieurs chants recites dans des assemblees pu- bliqnes, avec un succes soutenu, ont fait connaitre que la Pliilippide n'est ni dans le genre de I'epopee antique, ni meme tout-a-fait dans celui des cbantres de Pioland et de Jeanne d'Arc. Cette composition vraiment originale etincelle de verve , de traits comiques, hero'iqucs, philosophiques, satiriques , quelquefois meme burlesques, souvent plaisans, toujours in- genieux. Ainsi, le Philippe- Au^uste de M. de Parseval, et la Philippide de M. Viennet, sont deux ouvrages tout-a-fait diffe- rens , et on les lira , sans pouvoir les comparer. VlLLENAVE. 111. BULLEim BIBLIOGRAPHIQUE. IJVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. I — Theory oj concentric spheres, etc. — Theorie des splieres concentriques, du capitaine Symmes, exposce par m« citojen des Etats-Unis ; preuves qui etablissent que la terre est creuse, ouverte vers les poles, ft liabitte dans I'interieur. Cincinnati, iSaS.In-ia dc 168 pages. Ce petit livre pent etre, siiivant les dispositions ou le carac- tere des lecteurs, un motif de consolation, ou un sujet de re- grets : il fait voir que le Nouvcau-Monde a ses reveurs, aussi bien que notre vieillc Europe, et (|ue, sur les bords de I'Ohio , coinme sur les rives de la Seine, des fiiiseurs de systemes per- dent du tcms, et en font perdre. Quelques eloges imprudens sufliscnt pour les encouragcr, leur enthousiasme devient con- tagieux, ils font des livres, ils ont des disciples : tout ce vain bruit Gnit avec eux ; mais ils ont retardc les progres de la veritable instruction. Lorsqu'on ne sauia jjlus s'il fat un tems oil Ton parlait d'expansion cn-dfca de I'Atiantique et d'un mondc creux, dans I'autre continent, on ne soupconnera point quels furent les obstacles qui purent arreter la pcnsee hu- niainc, et rcnipeclier d'arriver a la connaissance d'un si grand nonibre de verites aceessiblcs depuis long-tcms, et qui ne de- vraicnt plus etre ignorees de personne. Cependant, si le monde elait reellerneiit tel que M. Symmes I'imagine, ce serait nn voyage fort interessant que celui du cajjitaine Parry vers les pules, oil d'iniportantcs decouvertes recompcnseraient aniple- n>ent Tintrepide navigateur. Cincj splieres creuses, emboitees I'une dans I'autre, habilables sur Icius surfaces concave et con- vexe, et separecs par une atmosphere dont la nature ne peut ^i) Nou5 indiqiions par un asterisque (*) , place a cute du titredc cliaqiie ouvrage, ceux des livres etrangers ou francais qui paraisseut digues d'une atten- tion particnlicre , et uons eu reudrons qiielqticfois compte dans la section des Analyses. ii8 LIVRES ETRANGERS. differiT dc colic que nous lespiioii';, puisquc toiitos ces cou- ches tliiides comiuiiuiqucnt necessairement entie eiles ! com- ment peut-on ileiliiiie de ces hypotheses I'explicatiou des |)iin- cipaiix ])henonienes, et de procht; en proche , Vcxpliccilion unh'crsi'tlc? (I'est dans le petit livre pubiie ii C^incinnati que nos compatriotes ponriont I'apprendre de lueaie cpie les Anierieains ctudieront si boa leur seml)I(!, dans I'onvrage d'nn Francais , les efl'ets lie V expansion. II parait que le uonibre des Synimcsistcs est, en raison de la populalion, plus i^rand au\ Etats-Unis, que n'est en I'raiice cclui des scctateurs du systeme auqucl nous faisons allusion. Peut-etre niemc, le systeme americain a-t-il en sa faveur une suiieiioiite numerique bien decidee; ct de part et d'autre, les inventeurs sont d'avis que les questions de cetto nature doivcntetre re^olues a la plura'.ite des voix. Mais une philosophic, pleiiie de zele pour la gloire de I'csprit hu- main, le diriijerait vers une plus noble destination, et ne lui pernictlrait point de consonuuer loute son activite en vains amuseinens.Qu'onse rappelie le tort que le systeme deDescartes fit si lonij-tcms a la saine physique : et cependant, Descartes lie se bornait point a exercer son imagination; il savait ob- server, mesurer, (;ombiner les forces et calculer leur cffet; il elait un profond i,'eomeire. Par une inconcevable fatalite, aucun des reformateurs de Newton ne vent prendre la peine de s'in- struire en mathematiques, et c'est avec ce foncis d'ignorance qu'its se presentcnt pour resoudre les plus hautes questions de la mecanique celeste. Une lettre inseree dans notre cahier pre- cedent ( p. 557 ), attribue a M. Davy, an sujet de ce systeme de I'expansion, une opinion qui n'est certainenient pas celle de I'illusire chimiste : ses expressions alterees par la traduction ne peuvent etre les interprctes de sa pensee. D'aillcurs, fait- oa I'eloge d'un systeme universel quand on dit que /« raison- nemens en sont souvent ingenieux? Aucuiie ceuvre du genie n'est ingenieiisc, on ne la jamais rabaissee jnsqu'a cctte epithete: mais le calembour la merite quelqucfois, les formes dont Te-v- pritrevcl ses futiles conceptions doivent etre ingenicuscs, sous peine d'etre de mauvais gout, ou des'cvanouir. La demarche im- posantede la raison n'inspire que le respect; rinipression qu'elle laisse est une conviction profonde dans iaqueile rintelligenee se complait, parce qu'elle sent Ic prix de I'acqiiisilion (ju'elle vient de faire; ce sont des verites (pii lui ont ele reveiees. Mais, apres avoir In les productions de I'^.v/j/yV applique aux sciences ou a la litterature, on se retrouve tel qu'on etait, a peu pres comme a la sortie du theatre : ni la tete, ni le coeur n'ont rien acquis. Ferry. ETATS-UNIS D'AMERIQUE. iiy Ouvragcs periodiqucs. 7. — * Le Propagntear loiiisianais , journal hebdomadaire du Cerclc social, public- et imprimij par^r/oMrtrr/LouvET. Nou- velle-Orleans, 1827; i5 n°* ( 6 jaiivier — i4 avril ). On s'a- bonne ;i Paris, au Cercle littcraire, Palais-Royal, n" 88; prix pour uii semestre, 18 fr.; pour I'annce 36 fr. Di; tous Ics Francais qui s'etaient otablis dans la Louisiane , il ne rcstait en 1712 que vingt-huit families, lorsque le trop celebrc Law , se cliargeant du privilege obtenu par le ban- quier Crozat , forma ime compagnie si fameuse encore. Les bords de I'Ohio , ou nagiiere I'illustre La Rochefou- cauld vit errer dcs hordes anlhropophages , sont converts de fermes qui deviennent des villages, et de bourgs qui vont devenir des villes. Une cite ou abordcnt, a /|00 niilles de la mer, des navires de3oo tonneaux, conserve le nom dt-s Natc/iez. C'est dans I'Amerique du nord que la puissance de la vapeur a deja produit la plus admirable revolution. Par elle a etc vaincu le fougueux Mississipi , dont I'anteur d'>d/to/rt a decrit superbement la sauvage majesle. II portait des 1820 plus de 20 bateaux a vapeur : aujourd'hui, 100 steamboats , de 100 a 5oo tonneaux, franchissent en 14 jours les 2000 milles qui separent Pittsburg de la Nouvelle-Orleans; et moins d'lm mois suKit pour le retour des mariniersqui ue Topuraient (|u'en s'em- barquant poui- New- York et en traversant toute la Pensylvanie. L'atlniinislration de la Louisiane a resoUi de pcrcer iin canal du Mississipi au lac Pontchartrain , pour seconder le commerce aveo les Florides et lui autre canal a travers les Attakapas, alin de hater , par le lac Baretaria , les relations avec le Mexi- que, dont la ilistance par terre est d'environ i3oo milles. Depuis I'incorporation de la Louisiane dans I'Union ameri- caine , le commerce a apprecie I'heureuse position de la Nou- velle-Orleans, qui est devenue le grand entrepot des I^tats de I'ouest avec les Antilles, I'Amerique du sud, et avec I'Europe. Le climat de cette ville perd de plus en plus de sa maligne influence : grace aux soins de I'administration et a I'aisance dont jouissent les habitans , les mois d'aoiit et de septembre ont cesse, depuis deux ans, d'y etre morbiferes. La population est deja de plus de /,o,ooo individus, independamment des etran- gers qui y affluent a la fin de I'automne. Du seul bayou de Saint-Jean, 9^7 navires emporterent eu 1816 seize miile ton- neaux de produits des Florides; et 1,000 bateaux et barques arriverent charges de I'ouest du golfe a la Nouvelle-Orleans. L'exportation de cette ville pour I'Europe fut, en 1818, do 120 LIVRES ETRANGERS. 78,126 baiiitjues dc tabac, et dc 80,409 balles do colon. Pour rhacune dos annocs iSaS el iSaG , on rvalue a 58, 000 ballcs de colon Louisianc Ics anivagcs au Havri', ct ii 95,000 ballcs coiix de Liverpool Cetlc anneo, I5ordeaux et IMarseille out recu u» grand nouibre de naviies e.xpedies direclenient de notre an- ciennc colonie, qui fiit plutut codec cjiie vendue, en 1802, pour ;^5 millions. Mais la Louisiane parait destinee a elre, dans I'antre hemi- sphere, une Douvclic Fiance. Sa populations'accroit incessani- ment des Fiancais (]u'y ciivoie ])rinci|)alemont I'ancienne Nor- mandie.LapUipartdeshabiiansparlentnotrelanjj;iie,conservent nos mosurs, adoptent nos modes. La liberie regneen souveraine siir les bords du Mississipi. La Chambre des represenlans a applaudi, le 2 Janvier, I'elocpient discours prononce en faveur des Grccs par lesavanl M. Edoitanl Livingston. Celte lej^iisla- ture a decrete, le 12 fevrier, cprutic sonime de 10,000 dollars serait offerJe a la fiile survivante de Thonuis Jefferson. Ainsi , Li reconnaissance et le palriotisme onl preside a I'anniversaire nalional dela vicloire rempoi tec le 8 Janvier 181 4 par le general Jackson sur I'armee anglaise. Jackson ct patric , telle est I'exclamation que I'edileur dn Pwptigatciir dil avoir entendu repeter souvent, dans le voyage qu'il a fait a la fin de 1826 , depuis la baie d'Hudson jusqu'a la Nouvelle-Orleans. En effel, les extraits qu'il donne des joiir- naux du midi de I'Uniori, qui ne pnrvionnent ])as en France, indiqiienl que I'opinion publique de cette partie du pays porte ce general a la presidence. L'election ne doit pas se faire avant vingl mois; et deja I'opposilion conlrc I'administration ac- luclle compte , sur 253 votes, pres de 180 en faveur de M. Jack- son, el moins de 80 pour la reelection de M. Q. Adams. Ce- pendant sa presidence hate la tres-|)rochaine exlinction de la dette nationale; et par rachevcment de cinq vaisseaux de ligne, de sept fregates et de six corvettes, la marine sera forte de 73 batimcns de guerre. Celte lutte, deja passionnee, va devenir violenle. Le Propagatenr, (^iwhuxo jacksonistc Irop prononce, gardera sans doute la moderation francaise que les ennemis de notre presse periodicjue ne pourraient lui contester, s'ils com- paraient, avec la discussion conslitutionnt'lle donlnoiissommes temoins, la polemique theologiqne on litterairc, si brutale et si prodigue d'injures et d'outrages dans les siecles precedens. La peine du pilori vient d'etre abolie pour ]es pcrso/i/ics blan- fhes dans la Louisiane : I'etat du Maine , d'autres legislatures, s'occupcnl egalement de reviser lenrs codes criminels et d'ou- vrir de nouvcUes routes, C'est ainsi qu'un gouvernemenl libcial ETATS-UNIS. lii adoucit les moeurs, facilitc Its commuuications entre les hom- ines , ct dispose les esprits aiix etudes approfondics des sciences et axix jouissances des bcai:x-arts. Au terns du vasselage colo- nial, et sous la domination espagnole, aucun Orleanais n'avait de bibliotheqiie; la lecture inenie des i;azettes le fatii;nait; la seiile eco'e qui fut auSorisec ne comptait i^uere que cinquante eleves. Mais, depuis 25 ans, iilusieiirs imprimeries et maisons de librairie ont pu s'etabiir a la IVouvelle-Oileans, et leur in- duslrie s'accroJt incessamnient, en repandant nos livres les plus noiiveaux dans les Etats voisins. Charmes unmomentdes jeuxdela physique experinicntale, les Orleauaisontete emerveillesdu spectacle encoie nouveau pour eux d'une ascension aerostatique.Le vasieMississipi, des lacs, des praii'ies Ireinblantes n'offraient pas seals des danj^crs : les foicts de cypres qui entourent la ville recelcnt encore des crocodiles et des serpi'ns. Cependant, le 25 fevrier 1827 , IM. Eugene Ro- bertson s'est eleve, avec autant de succes qu'alN'ew-York , du milieu de la population augmentee d'une foulc nombreuse ac- couriie des conlrees voisines. Apres avoir plane a une hauteur de 6,000 pieds et parcouru une espace de sept milles, il est descendu pres du fleuve , d'oii il a ete raniene comrae en Iriomphe dans la ville. Nous avons parle des succes de I'opera ilalien a New-York { voy. Rev. Erie, t. xsxii, p. 798). Ses artistes n'ont pas execute leur projet de donner des representations a la Nouvelle-Or- leans, quoiqu'ils y eussent trouve un meilleur' orches'.re De- criee a Paris par certains dilettanti, la musique francaise fait les delices des Louisianais. Leur theatre seraitenvie de plusieurs de nos grandes viiles, qui n'ont pas une troupe d'acteiirs aussi nombreuse et aussi riche en talens. Si le public ne veut pas du melodrame, il ne parait pas aimer les chcfs-d'auivre de notre scene tragique et comicpie. Trois jours par semaine on repre- sente a la Nouvclle-Orleans les pieces les plus estimees des re- pertoires de nos theatres seconciaires. A la Dame blanche, qui a fait fiu'eur, va succcder Robin des bois. Lesjournaux qui auraient tant hate les progres de la civili- sation, si le despolisnic et la superstition n'avaient cmpeche ou |)aralyse leur influence, serviront dcsormais a ju;^er de la position de chaque etat dans la societe universelle. On porte a pres de 600 le nombre des ouvraj;!es periodiques de I'Ame- rique du nord. Chillicothe , dans I'etat de I'Ohio, avail en 1800 uiK> gazette hebdornanaire et a peine 120 maisons. New- Lexington (Etat d'Indianajue comptait pas encore 5o n.ai- sons, quand, en i8i5, one imprimerie y publiait VJigle dr Ill LIVRES KTRANGERS. Fouest (Weslfi-u Eai;lo ). En 181.S, les 1,100 habitans de Franc- fort, dans le Kentucky, possodaicnt trois joiiinaiix. Alors ll^Ltat de I'Ohio en publiait quatorze. Trois do ccs t^azcttcs, sorties des presses de Cincinnati, avaient ciiacune i,5uo abonncs, et la population du comtc ne s'elcvait pas a 20,000 individus. Eniin, dans Ic pays des Illinois, la ville de Saint-Louis, pou- plee de inoins de 2,000 iimcs, iaipriine la Gazette du Missouri. A la fill du dernier siecle, le !j;()uverneur espat^nol de la Nou- velle-Orleans permit d'y etablir une impriiiierie pour la publi- cation du Monitrur dc la Loulsianc. Mais, ju.Sf|u'a 1802, cettc feuille liebdoniadaire, (juoiqiie assez bien redij;ee, n'avait pu compter a la fois 80 abonnes. Diverses gazettes ont paru t!e- puis. Mais la redacliou du Journal du Commerce est restee mau- vaise : \' Jrgus sonnncille et fait dormir : Ic Journal francais-cs- pagnol-ariglais est niort peu apres I'apparilion du Profjagatcur louisianais. Co rccucil liebdoniadaire est la continuation du Reveil (\\\ti le memo editeur, M. EdouardhowET foiida a New- York en 1 825 ( voy. Rev. Enc. , t. xxix, p. ! 33). II est eyalemenl: consacre a la littcratui-e, a la politique, a riniluslrie, aux sciences et aux beaux-arts :[ilan quin'est pas encore rigoureuse- mcut sui vi. Coninie par le passe, le redacteur a fait des emprunts considerables a la Rcvuc Ef/cjclo/jedii/ue ; mais il donne aussi, dans chaque numero, des extraits des journaux des Etats du sud dc I'Uuion, et il saura saus doute profiter de sa position rapprochee du Mexique, des Antilles et de la Colombic. Si le Propagateiir doit reproduire pour la Lonisianc beaucoup d'ar- ticles publics en France, il procure dcy'a des renseignemens utiles sur une parlie de rAnierique, nouvelle encore pour les sciences, importanle jiour la politique 5. 11 faut avoir Tame bien pen chaste pour decouvrir ainsi du nial dans Ics choses les plus innoccnies, et celte j)reoccupalion du peclie rappelle la morale du Tartu fe. II u'y a pas jusqu'aux albums qui, comma exportation francaise, a ce que j'imagine, n'eveillent le coiu-roux de I'auteur satirique. II est malheureux qu'il ait depense si mal a propos son indi- gnation et sou talent; card y a du mordant et de la facilite dans plusieurs parties de son ouvrage. L. Sw. B. 7. — Stray leaves including translations from the lyric podts of Germany, etc. — FeuiUels epars ct traductions de quelques niorceaux des poetes lyriques allemands, avec de courtes no- tices sur leurs ouvrages. Londres, 1827; Treuttel et Wiirtz. \\\-ii de 1 65 pages; prix , 6 sh. L'auteur de cc petit volume ne s'est pasnomme ; mais sa de- dicace au poete (Tu. Campbell), qui a chante les douceurs de I'esperarice ; son ode inlroductrice au chardon, la fleurnatio- nale des Ecossais , et quelques chansons originales , ccritcs dans le dialecte de I'Ecosse, prouveut qu'il est ne dans cctle ])artie septeiitrionale de la Grande-Bretagnc. Aussi, excelle-l-il dans ses chansons ecossaises, qui mallieurcusement sont en pe- tit nombre. Sans annoncer la brillanle imagination de Barns, elles respircnt sa douce melancolie, et sont ecriles avec fa- cilite. Les morceaux originaux en pur anglais ne nous paraissent avoir ni la meme harmonic , ni le meme charme que les pieces ecossaises : mais les traductions de I'allemand possedent emi- iiemment le merite de la difficulte vaincue. L'allemand , il est vrai, est la base de I'anglais, et raffmite des deux langues est telle qu'on pent souvent traduire mot pour mot, et meme con- server ie metre de I'original; cependant, ce travail est infiui- ment plus facile, quand il s'agit de traduire un poete anglais en langue allemande, parce que celle-ci se plie sans peine a toutes sortes d'inversions que I'anglais n'admet point. L'auteur s'est essaye avec les meilleurs poetes lyriques de I'Allemagne, tels que Goethe, Schiller, Hcelty, Gleim, Voss, Claudius, F. Stolberg, iiS LITRES ETR^NGERS. Herder , Scilu\, 3Iatliisson , Uliland, Langbeln ; et quoiqiie ce ne soit pas toujoius avcc le mtMne succes, cc qui eiait impos- sible , nous aimous a rcconnaitre son talent pour la tiaduclioii poetique. L'cspace nous manqnc pour justilier notre clogo par lies citations; nous citerons seiilemunt la premiere strophe de I'ode de Scliillcr a ses amis, p. 5 , dour M. D. BoL'eau nous a donneunc traduction litterale francaise dans son Linguiu (voy. Rei-. Enc, t. xxxni , p. iSg). « Mes amis, il ya eu desepoques plus bi illantes que la notre , on ne saurait le nicr; une i^enera- tion plus noble a existe sur le globe; quand meme I'iiistoire n'en dirait rien, mille moniimcns tires dti sein de la terre en feraienl Ibi. Mais elle est passee , elle a disparu , cette race fa- vorisee, ct nous, nous existons. Les moiiiens sont a nous, et les vivans ont leiirs droits. « D. R. 8. — * Fal/iland. — Falkland. Londres , 1827; Colburn. In-S" de 264 pages; prix, 9 sh. 6. p. Degoute de lu sociefe des hommes dont il a eprouve les fausses amities ; revenu reniier conte se passe dans les Pyrenees, pendant I'automne de 1822, epoque feconde en faits et en personnages remarquahles, du moins sur ce point de nos frontieres (juoccupait alors I'armee francaise, sous le nom pacifique de cordon sanitmrc , mais prete, en realite, a entrer en Espagne au premier ordre. Les handes dc In foi , tantot victorieuses, tantot fuyant devant les constitutionnels, remplissaient les montagnes a mi-cote du Mont Perdu. Dans luie solitude aride et desolee, s'elevait une petite cliaumiere habitee par une famille de cagots , nom que Ton donne dans le Beam, aux malheureux affliges d'enormes goitres, comme les cretins du Valais. Cette infirmite les rend I'objet d'une pitie melee de degout ; ils vivent isoles, comme les lepreux d'antrefois, mendieiit presque tous; et leur aspect hideux, leitr misere, fortifient encore les prejuges de terreur et de superstition qu'ils inspirent generalement. C'est au milieu de cette race proscrite que notre voyageur se trouve jete par les circonstances, et Ton ressent d'avance que la hatte des cagots doit devenir le theatre d'evenemens importans, et le rendez- vous des chefs du parti royaliste,ou du parti constitutionnel. Quoi (|u'il en soit, nous ne nuitons pas a I'interet de ce conte en essayant de I'analyser; nous croyons en avoir assez dit pour exciter la curiosite, et nous pouvons predire qu'elle sera satisfaite. Voir n' est pas croirc est une curieuse anecdote, plai- samment racontee, et dont les details piquans viennent a propos soulager I'esprit des idees penibles que le sujet prece- dent pent eveiller. La fiancee da conscrit, qui forme le 3* vo- lume, s'ouvre d'une maniere charmante; le caractere du jeuno (i) Grancles routes et cltemins de traverse, etc., par T'A. Geattan , traduitsde Tanglais , sur la troisieme Edition , parM™"/;. Sw. Beli.oc. Paris, 182? ; Renouard. 3 vol. in-ia. T. XXXV. — Juillet 1827. g i3q LIVRES ETRANGERS. Lacourlollc, colui d'Isambcit, quoiqiie ce dernier soil peut-etre un peu romancsque, rappellent bien raiinto 1812, ct cctte soif de cloire militaire qui cuflainmait alors loutes les jeiines tctes, et les faisait coiirir ;i uiie niort rertaine avec la mcmeivresse qua line fete. Le passage do Bonapaste aiix environs d'Ainiens, et la revue des tronpes en garuison, sont caracteristiques , comme tableau des nioeurs ct des habitudes du tenis. On aime et on admire cette pauvre Vali'rie, tout on regrettant de la voir se dcvouer a un homme si faible que Lacourtelle. Isam- bert lui convicndrait niieux qu';i Henriette, dont la fausse exaltation est im peu trop charj^ee , et dont la coquetterie va parfois ju>.qu'a Tiinpudeur. Pour en (inir avec la critique, je reprochcrai aussi a I'auteur un defaut dans lequcl il letombe souvent: c'est d'alloni;er son rccit par des explications intitiles, et dc ne pas laisser a ses lecteurs le soin de completer les ta- bleaux. Unc indication {a hint) suffiten pared cas a tout lec- teur un peu intelligent, et il ne faut jamais choisir son public parmi les sots.Le style, toujours elegant, est parfois trop bril- lante, et sent un peu la recherche : on voit que Tauteur est poete, et que ses inspirations poetiques le poursuivent jusque dans la prose. A. S. Ouvrnges pchiocUques. 10. — * Tlic monthlY repository , etc. — Les Archives men- suelles, i\° 4. Londres, avril 1827; 3 Walbrook buildings. In 8"* de 90 pages; prix, i sh. 6 d. II. ^ The Christian reflector , etc. — Le Miroir chretien, n° 28. Liverpool, avril 1827; Wright. ln-8° d'une feuille et deraie; prix, 4 p- Nous avons deja parle des principes professes par les uni- taircs, dont ces deux journaux sont les organes, et qui, I'evan- cile a la main, proclament que Jesus de Nazareth u'etait qu'un homme, constitue de la nieme maniere que les autrcs hommes, suiet aux niemes infirmites, aux nienies erreurs et aux mcmes faiblesses; que desccndudela familledeDavid, le filsde Joseph et de Marie naquit, grandit, vecut, paria, sentit, agit, souffrit, mourut de la meme maniere que les autres hommes. En con- formite d'une ancieune prophetie, il fut choisi et nomme par Dien, pour enseigner au monde une nouvelle morale, dont le but etait de retablir I'egalite parmi les habitans de la terre, de detruire les privileges du peuple juif, et de placer les gentils qui embrasseraient la nouvelle croyance sur le memo pied que la posterite d' Abraham. Charge de reveler a la race humaine la grande doctrine d'une vie future, dans laquelle les hommes GRANDE-BRETAGNE. i;t seraieiit recompenses suivant leuis oeuvres, il ii, cJisenl-ils, ac- compli cette mission, par I'inspiralion de Dieii ; mais il n'a plus maintenant auciine relation avcc ce monde, et c'est, selon ces refonnateurs, un attentat a la gloire de I'etre supreme, seul digne d'un culte religicux, que d'accorder au Christ des priercs et des louanges qoi ne sont pas autorisees par I'evan- i?ile. Le calholique romain, I'anglican, le calviniste, le quaker tolerant et le methodiste rigide s'elevent egalement contre la doctrine unitairiennc. C'est principalement en Ameriquc que se popularise la doc- trine des unitaires; dans ce |>ays, le reverend doeteur Chan- NINO, le plus eloquent des predicateius anglais, dont le Mi- roir chretien donne les sermons, en explique les principes et en repand la croyance; la, les unitaires ne sont point, comma en Angleterre , soumis a I'eglise dominanle, et Ton n'y voit point de ces protestations scandaleuses contre le mystere de la trlnite que des unitaires, violentes dans leur opinion religieuse, deposent sur I'autel du pretre anglican qui celebre leur ma- riage. T}ie Monthly repnsitoiy contient une de ces protestations, faite dernierement dans une eglise de Londres, par un couple unitaire. Quoique persecutes dans leur croyance, ces reforma- teurs sont tolerans : on trouve , dans ce meme journal, des plaintes sur I'etat d'oppression dans lequel sont laisses les ca- tholiques d'Irlande. En resume, ce recueil est ecrit avec talent et bonue foi, et la litterature y lempere souvent I'aridite des discussions theologiques. F. D. 12 — Monthly Rcvie\\', etc. — Revue mensuelle, n"' 2i et 22. Londres, mai et juin 1827. In-S" de 10 feuilles; prix 3 s. 6 d. Le plan de cet ouvrage period ique, I'un des plus anciens et des plus estimables qu'on public a Londres , a cte depuis le commencement de cette annee sagement modifie pour ce qui regarde la litterature etrangere. On donnait autrefois, pour cette partie, un cabier delache d'analyses qui paraissait tons les trois mois: de cette maniere, leslecteurs restaient toujours en retard quant a la connaissance des ouvrages remarquables qii'on impnme en Europe et en Amerique. Ce systeme a etc change : la litterature etrangere trouve a present sa place dans les cahiers de ehaque mois, dont la dimension a ete augmentee a cet effct. La Revue mensuelle continue a presenter des esquisses pi- qnantes sur les livres nouveaux dignes d'attention. Cesjuge- mens se font remarquer par un caractere d'independance et d'impartialite, aussi bien que par la finesse et la purete du gout. Les volumes de mai et de juin contiennent une serie 9 1^1 LIVRES ETRA.NGERS. d'articlfs rccoiiimaiidables. Les voyages dcrnicremenl entre- pris dans la Lauonic, dans rAfii(iue ft dans les ilos de Sand- wich, par IMIVI. 'JVio//ij}S()/ii CapcU Broo/,c ct lord Bjron , y sont annonces dc niaiiieie ;'i doiincr iino idee clairc; ct piucisc dcs diffiTcntt's rcij;ions que cos liomnifs liahilcs ct intrcpides ont parcoiiriu's. Les noiivcaux Melanges litloraires dcM. yU/c- main y sont I'objet d'lin exanicn severe, niais juste , qui n'ex- clut point Ics »'li)ges dus aux l)rillans talcns de cet ecrivain. Un essai rapide ct bien dessine dc I'etat de la, potisie en France, depiiis le comircnceiiicnt de ce sieele, a ete inserc, a roccasion des poesies de M""^ Tastu et de M"'«' Dnfrenoy. L'ariicle sur rhisloire des tribunaux secrets dans Ic nord de rAUcmagne, de M. Lnevc- P'ciniars, oifrc un morceau curicux et inleres- sant, c|ui sera hi avec plaisir par tons eeux qui aiment a faire d'utiles comparaisons entre ce qu'etait I'Europe il y a quclciues siecles, et ce qu'clle est de nos jours. En continuant a remplir aussi bien son cadre, ce recueil ne manquera yjoint de s'as- surcr de plus en plus la fa\enr publiqiie et de contribuer u repandre avec siicces les doctrines les plus favorables aux progres des lettres ct aux interets du g(-ure bumain. B — i. RUSSIE. ■l'^. — * Polnnic istoiitcltcslioip , etc. — Description complete historiuue, medico-lopographiquhysico-chimiqHes, et des tableaux coinparatifs dans lesquels il est facile do voir que les eaux rainerales du Caucase, loin de ceder aux sources minerales les plus connues de i'Europe, doivent etre preferees a plusieurs d'entre elies, tant a cause des proprietes de leurs ])arties constituantes , que par rapport a Teflet qn'elles pro- duisent. La premiere partie de cette desciiption est consacree a I'his- toire des eaux du Caucase depiiis le xiii^ siecle, a cclle des expeditions scienliliques qui y ont ete faites, a I'indication des medecius et des chimistes qui se sont occupes de leur examen , et a la description yeo^nostique et physico-topographique des sources chaudes sulfureuses. La scconde partie contient I'ana- lyse ehimique de.; parties constituantes de ces niemes sources. La troisieme offre ime hydrographie comparee , c'est-a-dire uiic comparaison des eaux du Caucase avec celles d'yVix , d'Enghien, de 13ade, du Piemout, de Wisbaden, de Marienbad , de Carls- bad, deToepiitz, de Spa et de plusieurs autres, avec des ta- bleaux synoptiques, I'indication des plantes (jui croissent pres de ces differentcs eaux, et des observations nieteorologiques. La quatrieme traite de I'usat^e des eaux curatives depuis les terns les plus anciens, et de I'usago interieur et exferieur des differentes eaux du Caucase ; elle offre un apercn des maladies ( an nombre de 91 ) cpi'on peut trailer par le nioycn de ces eaux , et I'hisloire des maladies qui meritent une attention par- ticuliere. I^a cinquieme partie contient la dietetiqueet des ins- tructions necessaires a'ux malddes qui se rcndent an Caucase. Entin, dans un supplement , on trouve les notices les plus re- centes sur la decouvertc des nouvelles sources curatives; des indications hygieniques et la description de la route de Peters- bourg aux eaux du Caucase. Cet ouvragCjl'un des j)lus utiles qu'on ait publics en Pvussie pendant I'annee i825,seia bientot connu, comme il merite de I'ctre, hors des frontieres de la Hussie, par une traduction allemande, entreprisc par un me- deciii eclaire qui a fait lui-meme un voyage au Caucase. i.'j. — Na sooroiigeiiie pamlatnika Lomonossovou. — Vers a I'occasion du monument qu'on se propose d'elever a Lomo- nossof, dans la ville d' Archangel; par le comic Dmitri Khvos- TOF. Saint-Petersbourg, iSaS; imprimerie du departement de I'instruction publique. In-8° de 3o pages ; prix , 1 roub. 5o kop. LoMONOssoF est regarde h juste titre comme le pere de la i34 LivRES Strangers. lilteratmo nissf; on sc propose, pour consacrei- par nn acte tie reconnaissance publique les services qu'il a rcndus aux. sciences et aux lettres, de lui clever un monument pres dii lieu de sa naissance (i). Le comte Ruvostof , le plus fecoud des poetes lusses, et (jue Ton pourrait surnommer le chantre de lacirconstance, s'est enipiesse de puhlier, a cette occasion, une espece d'ode de vingt stioplK's(accompagnee de 16 notes) sui' le monimient qu'on va eUver au prince des poetes el des prosateurs lusses. Le produit de la vcnte de cet opuscule doit etrc ajoutc tout entier , d'apres le desir de I'auleur , a la somme qn'on retirera de la souscription destinee a couvrir les frais de I'entreprise. Nous suivrons a I'egard de cette production I'exemple des jouruaux russes, qui se sont bornes a loucr le but dans lequel elle a ete coniposee. P. R. E. ALLEMAGNE. i5. — * Jieitriige zur poUtisclien Gesetzhmide im ostreichi- schen Kaiserstaate. — Materiaux pour servir a la connaissance de la lej^islation politique de I'empire d'Autriche ; publics par J. L. Ehrcnrcich , comte de Barth - Barthenheim. Vienne, 1826. 2 vol. in-8". 11 faut lire ces materiaux pour savoir combien la liberie eprouve encore d'entraves et de restrictions sous le i;ouver- nemenl d'Autriche, et dans quelles vieilles ornieres se Irainent ceux qui conduisent les affaires publiques de cet empire. L'era- percur Joseph II avail le projet de renverser le sysleme go- thique qui regit la monarchic autrichienne. Ses intentions etaienl cscellenles; 11 auiait voulu detruire toutd'im coup les prejuges et les restes de barbaric qui tenaient une grande panic des liabitans en arriere de la civilisation moderne; il aurait voulu faire participcr ses sujets aux avantages doijt jouissenl les peuples cliez lesquels il y a le plus de lumieres et de liberie civile et religieuse ; mais ce souverain ne possedait pas assez lui-meme I'arl si difficile de gouverner. En entrepre- nantles reformes Irop brusquemenl , il n'avait pas assez d'egard il Petal arriere des Autrichiens ; ceux qui rentouraient ne le secondaient pas bien ; le clerge et la noblesse exercaienl encore une trop grande influence. C'est ainsi que les reformes s'execu- (i) LoMONossop , mort a Saint-Petersbours; en 1765 , etait ne en 1 71 1, dans un village pres de Kolmogori, villa de district ( dans ie gouvernement d'Arkhaiigel), situee a environ mille verstes de Saint- P^tersbourg. ALLEMAGNE. i35 lerent raal. L'enipereiir se decoiuagea ; son regne fut d'ailleurs court, et trouble par des guerres et par des insurrections ; ses successeurs reprirent en grande partie les vieux erremens. II n'y a que les jesuites qui n'aient pas ete retablis; mais d'autres ordres religicux en ticnnent lieu. L'ouvragc du comte Barth-Barthenheim renferme , centre la volonte de I'auteur, une censure manifeste du systeme suivi par le gouvernement autrichien ; car la legislation vicieuse et surannee qu'il mainlient y est mise a nu. Nous y trouvons d'abord la constitution politique des Israelites dans la pro- vince sous I'Ens , ct paiticulierement dans la ville de Vienne. Joseph II, par son faineux edit de tolerance, date de 1782, avail etabli la liberie legale de tons les sujets autrichiens, quelles que fussent Icur origine et leur religion. Personne ne devait eprouver le moindre obstacle dans I'exercice d'une In- dustrie licite. Cct edit n'a pas ete aboli, mais on va voir com- ment on I'execute. Les jnifs ne peuvent demeurer dans les cam- pagnes. La permission d'habiter Vienne n'est jamais pour eux que precaire et personnelle; ils n'y peuvent acqucrir aucune maison, ni aucune propriete fonciere. Ils peuvent preter de I'argcnt sur des proprietes de cette nature, mais ils ne peuvent prendre liypotheque. On leur refuse le droit de bourgeoisie et de maitrise : ceux que I'empereur eleve au rang de baions n'obtiennent point pour cela le droit de sieger dans les etats de la province. La friperie et le colportage, le commerce de la poudre et du salpetie, sont interdits a tous les juifs. II semble que 31. de Bartli-Barthcnheim emploie I'ironie , lorsque , parmi les droits des juifs, il cite ccliii de s'habiller comma les Chre- tiens , et le droit de sorJ:ir a volonte et meme de voyager. Pour- quoi ne pas parler aussi du droit de respirer le meme air, et de boire la meme eau que les chretiens ? Malgre sa predilection pour le gouvernement d'Autriche, I'auteur est oblige de con- venir qu'// existe qiidque difference entre la liberte religieuse des chretiens et celle des juifs dans cet empire ; il en accuse les idees religieuses et les prejugcs des israelites. Mais les pre- juges n'existeraient-ils pas plutot chez les hommes d'etat qui maintiennent ce systeme absurde? M. de Barth-Barthenheim pretend a tort que le Talmud a prescrit un lei isolement da peuple juif, et lui a inspire un tel mepris pour les autres peuples et pour leurs institutions, qu'il n'a jamais ete pos- sible de le fondre avec les autres nations , meme dans les pays oil il a ete le plus favorise. Si M. le comte obtenait du gouver- nement ou de la police autrichienne la permission de faire un voyage en France fear les Autrichiens ont besoin dune per- 1 36 LivRES Strangers. miision pour voyager a I'lUr.inger) , il verrait que celte fusion n'cst pas si impossible qu'il le cioit, pourvu que la legislation u'oppiiiiie j)as los isiaelites , et qu'elle leur accorde les monies liioits qii'aiix chietieus. L'autetir convient aussi que les juif's, on Atitriolie, connuencent roeliemcnt a profiler dos linniores de rinstriiction, et que le gouvernement a ordonne la revision dcs lois jirovinciales qui les conrernent. Dans I'etat actuel do la j)oliu(|ue autrichienne, il ne faut pas s'attendre a do grandes roformes dans la legislation oxistantc; mais, si on leve seule- aieut une partie de I'injuste inlordiction qui pese sur les juiCs, ce sera toujours un gain pour I'liumanite. Dans un second momoire , laiitour fait connaiire la legis- lation relative aux droits do bourgeoisie et de natioiialito. Cetle legislation est euriouse, moins par les droits qu'elle accorde tjue par les devoirs qu'elle impose : la qualite de sujet autri- chien est une charge que Ton ne qiiitto pas comme on veut. Quiconque emigre sans permission est menace non-seuleraent de la perte de ses droits civils, mais encore de la confiscation de ses biens, pourvu toutefois qu'il n'ait pas d'enfans. Si I'emigre ne laisse pas de biens sur lesquels le fisc puisse se venger, il est saisissable comme un criminel ; et si Ton par- viont a le faire rentrer en Autrichc, il est condamne a trois ans de travaux forces. Les jeunes gens qui emigrcnt avant leur 20* annec, ct qui renlrent de bon gre en Autriche , sosit exempts de toute persecution. Un edit de i7pose que le lecteur est deja familiarise avec la geometric et avec son application a la formation d'un tableau perspectif ; etmontrc qu'on pent trouver les apparenccs dues aux projections des ombres par des constructions directes. Get opuscule, digne de cet habile ingenieur, deja avantageu- sement connu par des travaux utiles, atteint parfaitement le but propose : les amateurs de geometric et de perspective le liront aveu profit et interct. Dans uu petit nombre de pages, les problemes les plus difficiles sont resolus avec uneclnrteet une simplicite digues d'eloges. Les nombreuses operations gra- phiques de la determination des ombres projclees ysontre- duites a leur plus simple expression. Francoeur. 1 1 . • — Reponse aux Considerations de M. L. de C. , sitr Vetat actiiel dc la Grece ; par J. G. de Lunzi , de Zantc. Geneve , juin 1827. In-i2 de 3o pages. Les Considerations auxquelles repond cette brochure ont paru dans les Archives gencvoises , et ne sont qu'un commen- taire de lettres publiees sur les Hellenes, par le docteur Gosse. Pen favorables a leur cause, elles ont blesse le |)atriotisme d'un Grec qui ne pent, dans sa position, employer d'autre arme que la plume; c'est en exposant la verite sur son pays qu'il veut le servir. La Grece, selon lui , loin de pouvoir egaler I'orgueil du chene , est forcee d'imitcr la souplesse du roseau. Il sail que le roseau plie et ne rompt pas; mais il voit avec peine qu'independamment des Turcs , cette belle et malheu- SUISSE. i/,i reuse contree semble avoir pour adversaires line foiile de pii- blicistes qui prononcent d'un Ion d'oracle sur sa destinee , qui lui prescrlveiit la nianierc de se conduire, et lui assignent sa part de civilisation. Lcs uns repetent sans cesse : reunissez- vous, et conibaltez. Assurement , observe I'auteur de la Re- ponse, si Ton donnaif aux Grecs nn ch.imp de bataille oii ils pussent se rassenibler, on verrait ce qu'ils sont capables de faire; mais les combats les epuisent; Ic giierrier qui succombe laisse dans leuis ranjj;s un vide irreparable, et le gain de dix batailles n'est qu'unc faible compensation de la perle d'un Botzaris. Scoutris a vaillament combattu , en s'ccriaiit : « Nos poitrines sont nos seuls retranchemens conUe de vils Arabes. » Mais cet heroisme aveugle a coute une armcc a la Grece. Cost le but qu'il faut envisagor, et ce but est la conservation et Tindependance. Le terns seul et la Constance peuvent lasser les Turcs. La Grece a des rochers, des defiles et des montagnes. Des guerillas defendent un semblable pays ; des tacticiens peu- vent hater sa mine. Mais les Grecs sont divises , dites vous : rii-n n'egale le scan- dale de leurs querelles et de leurs emportemens. Tel est leur caractere, poursuit leur impartial defenseur. Mais pourquoi exagerer ? <> On se dispute , le soir, il sen\ble qu'on va s'egorger; le matin, on marche a I'ennemi, on I'attaque de concert, et tout est oublie. » Parle-t-on de piraterie ? Sur les quaranle barques prises par le commodore Hamilton , il n'y avait pas un seul Hellene. Les Grecs ont d'autres occupations que la pira- terie : puisse-t-elle ne pas etre leur derniere ressource ! '< Et comment, sans argent , faire mouvoir une flotte com- posee de navires appartenant a des particuliers , et disposer de matelots qui ne vivaient que de commerce? Quand une nation n'a point d'argent , et la Grece en manque, les soldats ne recoivenl rien. Chacun se retire chez soi, pour tacher de vivre et de faire vivre sa famille. Le chef qui ne peut paj'er sa troupe n'est plus chef. » Les Franrais se rappellent qu'on fait des miracles avec du papier-monnaie; mais la Grece est loin de ce degre de civilisation financiere qui apprend .t sauver d'abord et a miner ensuite un peuple par de pareils moyens. L'auteur n'oublie point de faire la part des gencreux etrangers qui sont alles pour combattre dans la patrie de Leonidas , et celle de ces aventuriers , pretendus philhellenes , qui n'y ont paru que dans I'espoir de s'enrichir. Ces derniers ont su tres- mauvais gre a leurs amis de ce qu'ils etaient si pauvres , et ils n'ont point su resister aux largesses dn Pacha d'Egypte. Lord Byron a cherche la gloire ; et le colonel Fabvier, Thonneur. = i',4 LivRES Strangers. Ell dtTinitive , iiotre judicieiix lonien sc dc-fle de la pro- tection dcs foils, qu'oii paif toiijours trop chorement; mais, sans argent, sans armecs , quelle icssonrce reslc-t-il done aiix Hellenes , et centre ceux qui les detniisent , et centre ccux qui les jjrotegeront peut-etre ? La Constance et Ic tems sont des remedos un peu lents , et qu'on n'est pas toujonrs en niesure d'employer. La generosite par souscriptio/is a ses refroidissc- mens , ses entraves el ses mecomptes. L'autcur a bean se defur des conceptions et des arrant^emcirs de la diplomatic, n'est-ce pas sous un joug tnt(laire que les Sept-Iles respirent? II faudra bicii que des puissances rivales preniient cnlin un parti a Tcgard de la Grece. Sur les ruines tant de fois renouvelees de I'an- tique Athenes , ['Europe ne laissera pas s'elever une autre Alger. R — n. ITALIE. 22. — Menioria storico-naturale snlF arrossiniento straordina- lio, etc. — Memoire d'hisloire naturelle sur la coideur rouge que conlractent, dans quelques circonstanoes extraordinaires, certaines substances alimentaires , comme on I'obscrva en 1819, tlans la province de Padoue; par T^ince/it Sette, me- decin attache a la delegation provinciale de Venisc, elc. Ve- nise, 1824. laiprimerie d'AlvisopoIi. In-8° de G2 pages. Le fait qui a donne lieu a ce memoire est rcrnarquable a plusieurs egards; le naturaliste et le philosophe y trouveront un snjet de meditation. Unc preparation alimentaire que les Italiens nomment /^o- limta, faite avec de la farine de mais, du sel et de I'eau, Iraitee suivant les procedes ordinaires, et deposee eu un lieu qui servait depuis long tems a cet usage, se trouva chargee de points rouges, an mois d'aout 1819. L'alinient suspect fut jete dans la basse-cour; mais celui que Ton prepara pour le lendemain eprouva la meme alteration. On commenca des lors a soupconner que ce tlommage etnit une oeuvre de Tennemi du genre liumain; I'archi-pretre vint benir I'interieur de la maison, et surtout de la cnisine ou le malelice s'elait declare: ce fut en vain; la couleur suspecte ne disparut point. Les jeunes, les prieres de la famille desoiee, les messes qu'elle fit celebrer ne furent pas [)lus eflicaces. Jusqu'alors, cetle famille avait garde le secret; mais elle ne put derober son infortune ;\ la curiosite des voisins, et des ce moment, on ne la vit qu'avec une sorte d'liorreui- et d'eftVoi; ses amis les plus iutimes I'abandonnerent. L'autorite administrative chargea M. Sette de prendreconnaissancedesfaits.Larumeurpubliqueallaittoujours ILA.LIE. 145 croissant, et la maisoii ou le plieiiomene se passait ttait sans ceA'.c environnce de cuiiftix. On avait devine la cause de ces goiittes dc sang duut la polenta du cctte famllie etait couverle: flic se noiirri$sait alors de vieillcs faiines (ju'elle avait refusces aiix malheureux, pendant la famine de 1817; la vengeance divine se deciariiit cnfni. II fallut que IvI. Setle pi'ccedat avec beaucoiip de prudence, car la contagion morale, prete a se I'cpandre, etait plus a craincire que I'aiteration de la polenta dans un petit uombre de maisons particulieres. Le medecin naiiiraliste paivjnt, apres beaucoup de recherches, a deter- miner le caracfere specifique de ce phenomene qui n'etait qu'une moisissure, encore inobservee jusqu'a cette epoque, et dont la couleur seule avait cause lant d'aiarmes. C'estainsi que la science se montre doublement mile, en nous faisant pene- trer plus avanl dans les secrels de la nature, et en substituant aux craintes superstitieuses des precautions fondees sur la connaissance du danger reel. L'homme devientraisonnable, se conduit avec sagesse, et au lieu de redouter les persecutions de I'esprit infernal , il eleve avec confiar.ce ses voeux et sa priere vers la divinite, source de tous les biens. F. 23. — La dlvinita della cattoUca religinne provata con la convcrsiune dc S. Paolo, etc. — La divinite de la religion calho- lique prouvee par la conversion de saint Paul, avec un discours moral sur l'homme et la religion, par M. le comte C/iar/es Maggi. Deuxieme edition , corrigee par I'auteur. Brescia, iSaS; Valotti. In-S". Lytlleton, apres avoir professe quelque ferns le deisme, se livra fi de nouvelies et sericuses recherches sur les questions qui se Irouvent traitees dans son ouvrage intitule : Preuve in- dependantc dc loute autre dc la verlte de la religion chretienne. M. Maggi, qui a toujours respecte la religion de ses ancetres, s'est propose de donner un plus grand developpement au plan de I'ecrivain anglais, et de demontrer, par les memes nioyens, la verite de la religion catholique. Il s'est borne, dit-il , a considerer son sujet en phiiosophe; et il esperc que ses raison- nyniens pourrout 1 amener a sa croyance beaucoup d'incredules et de jeuues gens egares. 11 ne faut pas le confondre avec la foule de ces theologiens qui out plus de zelc que de savoir, et qui ordinairemeut ont recours aux injures et aux calomnies , a defaut d'autres argumens. Notre auteur rend toujours justice au caractere et au talent de ceux qn'il attaque ; ce qui le rend plus propre a convaincre ses adversnires. Le Discours moral sur thomme et la religion est ecrit dans le nieme esprit. La plupart des docteurs catholiqucs devraient du moins apprendre, T. XXXV. — Juiilet xZi". 10 l/,6 LIVRES ETRANGERS. dans I'ouvrage de IM. Maggi, a imiler ce ton de moderation et de tolerance qui est surtout convcnable dans ce genre de discussion. F. S. 24. — *Saggi cco/ioniici, etc. — Essais econoniiqnes dc M. Fran- cois Fuoco. Premiere serif. T. I. Pise, iSaS; Sebastiano Nistri. in-8° de SaS p. 'I J'ai embrasse dans ces Essais, dit I'autcnr, tons ies lienx, tons Ies tcms, toutes Ics nations. La solitude et le silence qui acconipagnent nne fortune contraire, ont ete favorables a nies travaux. Dans la contemplation dun tableau si vaste, n;on imagination n'a ete e.xcitee ni par le desir de la gloire, ni pai' Ies seductions de I'amour-propre , ni par Ies suggestions de la cupidile; mais par I'amour dcs liommcs. J'ai recherche ce qui etait bon et vrai avec ardeur et avec sincerile. J'ai interroge la nature, plulot que I'histoire; Ies phcnomenes qui scprescnlent, plutot que ceux qui nous ont etc rapportes... Loin des faits qui n'existent que dans le vague des abstractions, ou Ton voit tout, ou Ton trouve tout et d'ou Ton ne rapporte rien , je me suis attache a la chaine des evenemens, m'efforcant de re- monter toujours .'i ces veritables causes, (jui, seules ou com- binees, constituent Ies elemens d'un ordre quelconque, et auxquelles nous voyons Ies dostinees humaines etroitement liees. » Nous nous sommes permis cette citation pour donner a nos lecteurs une idee de la bonne foi de I'auteur et du but qu'il se propose; et parce que, nc pouvant adopter en tous points sa doctrine, nous avons voulu du moins laisser voir le cas que nous faisons de sa methode et de ses intentions. Le volume que nous avons sous Ies yeux et qui s'annonce comme le premier d'une longiie serie (i), contient deux essais , dont le premier est intitule : Exposition d'une nouvcllc theorie de la rente de la lerre. Le second est intitule : Metaplijsique de I'economie politique ; mais, en realite, il ne contient qu'une theorie fort detaillee des besoins de I'homme, considere soit dans son individualilc, soit comme faisant partie du corps social. La nouvelle theorie dc la rente, on |)rolit des fonds de terre, n'est autre que la theorie que Ricardo a publiee en 1817. On salt qu'elle consiste essenticliement a considcrcr le travail de I'homme comme I'unique source des valeurs qui composent (i) L'auteur renvoie un developpemcnt au cinquiime essai de la premiere serie, et le premier volume que nous avons recu ne con- tient que deux essais. ITALIF. 147 Its richesses ties particuliers ct de !a societe. Selon liii, la co- operation des fonds de terre et des forids capitaux najoute rien a ces valeurs, tt, par consequent, u'est point productive. On voit que c'est exactement la contre-partie du systeme des economistes francais du siecle dernier, qui soutenaient de leur cote (jue le travail de rhomme ne prodnit rien, et que c'est la nature qui iseule est productrice de nos richesses. II est permis de croire (pi'il y a de I'exces dans Tun et I'autre systeme; et comme, de part et d'autre, on est anime des meilleiues intentions, comme Ion n'a daulre but que de decouvrir la verite, et comme on la cherche seulement dans la nature des choses, il est probable que ces dissentimens ne viennent que du defaut de s'entendre ct de considerer la question sous son vrai point de vue. Peut-etre sera-t-elle enfiii posee dans un grand ouvrage que I'auteur de cet article espere pouvoir publier I'annee prochaine. En attendant, M. Francesco Fuoco expose cette partie du systeme de Ricardo avec beaucoup de developpemcns et I'adopte completement. Qu'elle aitete embrassee par la plupart des compatriotes de Tauteur, cela doit peu surprendre : on sail que les Anglais aiment mieux soutenir une erreur nee dans leur lie, qu'une verite qui leur vient d'ailleurs; mais, a une ou deux exceptions pres, nous ne croyons pas que la meme doc- trine ait ete adoptee par aucun autre atiteur sur le continent. EUe est fondee sur des deductions fort seches et fort ennuyeuses, et apres qu'on a pris beaucoiqi de peine pour entendre le sens de son auteur, on trouve que sa maniere de voir n'a pas I'im- portance qu'il lui attribue. Nous rendrons compte des autres volumes de M. Fuoco, a raesure qu'ils nous parViendront. J-B. S. aS. — Jlberigo. — Alberic, tragedic de Pierre-Martyr Ru- scoNi. SondriT, iSaS. ln-8°. 26. — Guido dclla Torre , etc. — Guide de la Torre, tragedie du conite /.-^. Carrara Spinelli. Milan, 1826; G. Ferrario. In-8°. 27- — Mariannn , etc. — Marianne, tragedie de Jc runic Ckvm. Milan, 1826. In-8''. Ces tragedies ne sont, comme on pent le verifier en consul- tant nos Tahlettes bibliographiqucs italienncs , ni les seules, ni les meiileures que I'ltalie ait produites depuis peu. Mais la noble tendance que prouvent ces divers essais nous donne des esperances fondees pour I'avenir. L'auteur X Alberic appar- tient a I'ecole des classiques. Mais, lors meme qu'il eut profile de leurs eonseils et de leurs exemples pour I'emploi des i48 LIVRES KTRANGERS. ressorts que demande le genre tiaj;iqi)e, il en aurait pcnln I'elfet par !a nature meiiie de son snjct. Albcric, frere d'Eccclin, tvrau dePadoue, assicije dans un chaleaii par ses onnemis, tombe ontre les mains d'un Iraitre : il est traiiic a la queue d'un clieval, au milieu de I'armee ; sos fils sont coupes en pieces et leurs membres disperses; sa femmc et ses deux lilies, depoulllt'es de lenrs vetemcns jnsqti'ii h ceinture, snnt bruli'os vivantes. Quel tableau a prescnicr sur la scene qu'une pareillo boucheric, et (piels efr<.'ts I'art pouvait-il en tirer ? — L'aiileur de Gaiclo dc la Torre a le nierite d'avoir puisc son sujet dans riiisloire nioderne; mais il n'a pas craint d'altercr les details d'un evenement geni'-t alemcnt connn par ses compatriotes. II a entoure le fait principal d'incidens et de circonslances qui se trouvcnt en opposition manifesto avec les traditions popu- laires; ce qui tend a iiidisposer les spectaletns contre tout le restc de la piece. — Marianne leproduit le snjet deja traite en France par Tristan I'Hermite et par Voltaire, et en Italic, nn siecle avant ce dernier, par Louis Dolce. M. Calvi est rcste bicn an-dessous de ses tlevanciers; il est pointre, et son cxemple vient en queUpie sorte confnmer I'opinion de Leasing qu'il ne siiffit pas d'etre peintre pour ctre poete. 28. — • Alcune iscrizioni, etc. — Inscriptions de Louis Muzzt, menibre de diverses academies, etc. Rome, i825; A. Ajani. In-S". On doit la publication de ce recucil d'inscriptions a M. Fer- dinand Malvica, qui, dans un discours preliniinaire, s'est ap- plique a en faire ressorlir \v. merilc. L'us.'»ge ridicule de com- poser les epigiaphes en latin s'est long-fcms conserve jiarmi les litterateurs italiens. Il etait vraiment singulicr de voir sur les monumens consaeres aux plus chers souvenirs de la mo- derne Italic, des inscriptions tracees dans nn idiome inconnn au plus grand nomhre de ses habitans. M. Loiv^ Miizzi vient de i)rendre rang parmi les Italiens qui protestent depuis long- tems contre cet abus. II ne faut pas cioire cependaiit qu'on n'ait jamais compose d'epigraj)lics italiennes avant cette re- formc ; nous pourrions nieme en citer cpielques-iines , et eritre autres celle que L.-B. Fico mit en Jete des deux premieres editions de sa Science naavelle , publiees en 172^ et 1750. Par Tune, il consacrait son ouvrage aux Academies de I'Europe; par I'autre, il le dediait a Clement XII. Nous rappelons d'au- lanl plus volonliers cette circonstance, cpie tout ce qui ajipar- tient a cet eerivain nous jiarait digne dc ['attention du ]>ublic. Toutefois, e'est M. Muzzi qui le premier a mis en vogue I'usage des inscriptions lapidaires italiennes. 11 leur a donne I'elegance, ITaLIE. — PAYS-BAS. liy la simplicite et surtout le ton pathetique et religieux, devenu si rare parmi les modernes. II faut esperer que son exemple ne restera pas sans imitaleiirs. F. S. Oiwrages periodiques. 29. — * BibUoteca itaUana , etc. — Bibliotheque italienne , n"" cxxv et cxxvi. Milan, 1826. In-8°. On remarque particiilierement, dans Ics deux cahiers que nous annoncons, outre beaucoup de morceaux scienliliques et litteraires, dignes d'interet, deux arlicles de critique j)liiloso- phiqiie du piofesseur Ballltasnr Poli sur la craniol(ij;ie, et lelaiifs a I'ouvrage du celebre D'' Gall , piibiie a Paris de 1822 a 1825. L'auieur donne une iilee a^sez exacte de la doctrine du savant physioloijiste sur les fonctions du ccrveau; ii deter- mine ses principt-s , le dcgre 011 la science est parvcnue, et il fait entrevoir les services cju'elle peut icndrc. Son examcn est divise en trois parties. Dans la premiere, il expose I'origine, les progres, les raaximes fondamentales et la metliode de cctte science nouvelle. La seconde partie est une crtliquc de la craniologie, oil sont disciitees les objections principales qui ont etc faites contre le systeme du D'' Gall. Dans la troisieme, M. Pdli releve les avantages de ce systeme, auquel il reconnait les merites de la nouveaute, du la verite, de la certilude et de rutilite. Ce niemoire sera recherclie par ceux qui desircnt elte inities dans cette thcorie nouvelle , surtout par les Italiens, qui, si Ton en croit I'auteur, ne s'occupent pas assez de ce nouveau genre de recherches pbysiologiques. F. S. . PAY8-BA.S. 30. — * lnjlacnce du commerce sur la prosperite du rojaumc dcx Pajs-Bas, etc.; par M. J. Warin. Bruxelles, 1827. Iii-8° de io4 pages, avec deux cartes. S. M. le roi des Pays Bas avait fait |)roposcr a la seconde chanibrc des etats geneiaux ini projet dc kii contenant quelqucs changemeus dans le tarif des droits d'eiitree, de sortie it de transit. Lors de la discussion de ce projet , M. Wariu, membre de la chambre, a prouonce, le 21 mars 1826 , le discours qui reuiplitles vingt-deux premieres pages de cet ouvrage, tandis que le reste contient des notes explicatives, avec beaucoup de details interessans sur plusieurs points de statisiique du royaume. La lutte eiure les provinces agricoles, maniifaclurieres et i5u LIVRES tTRA-WGERS. conmierciales, a propos du systenie tli-s inipols , n't-st pas iiou- velle. Cc sont toujoiirs !es promieies qui v«H;lent charger If commerce d'impois; cc sont dies qui desirent dcs niesures prohibitives afinde voir assurer des debouches aleursproduils, et qui redoiitPiit et cherchent a eloigner la concurrence des etrangers. C'est une verite trop souvent meconnue , que « le commerce est an agent qui met en valeiir Ics autrcs industries ; le commerce vend, aciiete , revend , echange , upporte et trnnsporte; c'est lui qui met tout en mouvement. » On a dit quelquefois, que le haul commerce ne sert qu'a enrichir un petit nombre d'indi- vidus. Rien de plus faux. Le commerce est , au contraire, de outes les grandes branches d'industrie, celle qui tend enii- nemment k repandre une aisance plus generale dans toutes les classes de la snciele. Ce sont ces principcs que M. AVarin a defendus, et qu'il a tente de prouver par des faits ties-curieux. Un de ses calculs statistiques , qui offrent le plus d'interet, est relatif aux impots. En general, les habitans des Pays-Bas paient lo ~ florins par tete, a tiire d'impots, susceptibles d'etre calcules par tete et non compris les droits provinciaux et communaux, etc. Mais ce rappoit varie bcancoup dans li-s diverses provinces. Le Luxembourg ne paie que l^ -^ florins par tete; Limbourg , Drentlie et le Brabant septentrional paient 7 florins. Les provinces riches par leur agriculture etpar ieurs fabriques, comme la Flandre occidentale, Naniur, I'O- ver-Yssel, le Hainaut, la Gueldre, Liege et la Flandre oricn- lale, donnent tout au plus 8 ^ florins ; Anvers, Groningue et le Brabant meridional 1 1 a 1 1 ^ florins ; la Zeelande, Utrecht et la Frise, 14 t florins, i5 et i5 ~ florins par fete. Mais c'est laHollande seule qui raj)porte 20 florins par tete !! Yoila les effets du commerce, (ju'on tache d'avilir , ou dont on refuse de reconnaitre I'importance. « Prenez garde . NJY. et PP. SS. , dit M. Wariii, page 1 1, de ne pas tuer la poule aux oeufs d'or. » Pour les droits d'entree , de sortie et de transit, les deux provinces de la Hollande et d'Anvers setiles ont rapporte 61 y sur centdu produit total, de sorte que les autres provinces ne fournissent que 38 ^ pour cent sur ce meme produit ( voycz page 12 ). " L'etendue de terrain qu'occupent les provinces de Hol- lande et d'Utrecht, deduction faite des grandes etendues d'eau qu'elles renfermeut, est d'environ un dixieme du territoire de toutle royaimie : leurpopidation est, a celle du royaume, comme i5 ^a loo; et leur part dans le montant des contributions s'eleve a 3o centiemes , page 16. »» Voila , dit en terminant M. Warin , ce quest le commerce pour les Pays-Ras. Ghacu.i PAYS -B AS. i5i coucoit combicii il csl dans Tinteret des provinces agricolcs <;t industriciiscs do iie pas laisser larir cette source feconde de prosptTilepiibliqiie. » Lcs dix premieres notes, p. 23 - 53, sonl consacrees a des eclaircisseniens ct a des tableaux qui servant a prouver la ve- litedes principes enonces dans les discDurs. La note ii""=, p. 54-89, concerne un projet de separer la ville d'Amsterdam du Zuiderzee, par vine digue avec des eel uses piacee dans I'Y. M. Warin, d'accord la-dessns avec les habitans d'Amsterdam , enumere toules les consequences fachcuses qui resulteraient pour cette ville d'une pareille mesure. Dans la nole i4, p- 93, i'auteur cite a Tappiii de sa doctrine ini passage remarquable de I'excelient ouvrage de M. Sttl ( de Op/,omst en bloei de.r verceni^de Ncderlandcn , p. ay-S/j ) sur I'influence du com- merce relativement a la prosperite des Pays-Bas. X. 3i. — * Jaarboehje ovei' 1827. — Anniiaire pour 1827, public aux frais de S. M. le Roi des Pays-Bas; par Lobatto. La Hayc , 1827 ; imp. de I'etat. In 12; prix, Ho cent. 32. — *Jnnuaire de la pnndncc de Limboiirg, i-edige par la Societe des amis des sciences , lettres ct arts. Annee 1827. Maes- tricht, 1827; Nypels. In-i2. Nous avous deja parle, I'annee precedente, de I'Annuaire de M. Lnbatln , dont le plan est a peu pres semblable a celui de V Annuairc du bureau des longitudes de France. On y trouve des renseignemens sur les mouvemens des corps celestes, sur les monnaies , sur les mesures de loute espece , sur la statistique des principales villes du royaume, etc. Il serait a desirer que Ton connut les formules sur lesquelles out ete bases les calcids desmarees; Tauieur annonce qu'elles lui ont ete communiquees par M. DcKaivter. Differens tableaux presentcnt des rcsultats curieux sur la hauteur des eanx de plusieurs rivieres de la Hollande , aux differenles I'poques de I'annee, Cette partie du recueil pourra etre consultee avec fruit , et presentera par la suite un ensemble d'observations d'une grande utilite. Nous aurions desire plus de details sur les observations barome- triques et thermometriqucs qui sont rares pour le pays. On doit an general Krayenhof quelques observations sur I'aiguille aimantee, faites a Nim.egne. La declinaison de I'aiguille , de- terminee an moyen d'une boussole a repetition de Lenoir, a ete trouvee de 21" 41' 26", par deux cent soixante observa- tions faites pendant treize jours , du 11 an 23 octobre : ces observations avaient lieu pendant dix minutes qui precedaient et dix autres 0,88 Juillet 0,83 0,85 Aout 0,89 0,88 PAYS-BAS. 1 53 Septembre 0,97 0,94 Octobrc 0,98 0,99 Novembre o>99 °>9^ Decembre 0,97 0,9a Des observations pareilles out ete faites aussi depiiis par M. ViLLERME, qui a cmbrasse datis scs calculs plus de i3, 000, 000 de naissances , et qui est egalemeiit parvenu aux memcs conclu- sions, en prcnant ces nombrcs snr difftTens points du globe. IJ yln/iiiaire de la proi'ince de Limbourg est redige h. peu ])res sur le nieme plan que celui qui se publie a La Haye ; niais, lidele a son litre, il donnc des renseignemens tres-etendus sur la province de Liaibouiy, en s'occupant moins des autres par- ties du royaume. Tons les pbenomenes astronomiqnes sont cal- cnles pour la ville de Maest'.icht. On a recueilli avec soin les renseii;ncmens concernant les mesures ct les monnaies qu on employait avant I'introduclion du nouveau sysleme metrique; on a prescnte aussi un apercu statisticjue de la province. Plu- sieurs notices traitent, soit des monumens de la ville de Maes- tricht , soit des elemens do notre systeme plant'tairc. Nous Irouvons ici, ce quo nous dcsirions dans le Jaarhochje, des observations motcorologiques recueillios avec soin et d'apres les nieilieures methodes. 11 resulte de ces observations , que le max'unuin de temperature des douze mois de I'annee a ele de 38°, 8 eentigr. an mois d'aout, et le minimum de — i7°9) f'u mois de Janvier; de sorte que I'intervalle de I't'chelleparcourue est de 56",7. Les moyennes des douze mois sont 11 ",'25 a ncuf hc'ures du matin, i3°,75 a midi; i4",i6 a trois heures du soir; et io°,59 a neuf heures. Quanta la pression atmospbe- rique , observee a ia liautcur ile 10 metres, ^77 millimetres au-dessus de zero an pont de la Mouse, le maximum de sa valour a ete de 77*^,753, en Janvier, et le minimum de ']i'^,c)Oi, en novembre. Les moyennes de I'annee, observees aux monies heures quo le ihermoiiiotro, out ete, 76,832; 75,812; 75,776; 75.822. On a compte deux cent deux jours de pluic, de iieige ou de grcle ; et la quantite d'eau tomboe , estimee en centi- metres de hauteur, a ete 74,/|73. Ces resultats nous ont paru assez importans pour etre donnes avec quelque developpe- ment; car, comme nous I'avons observe pins haut, on manque goneralement de bonnes observations moteorologiqnes pour notre royaui; e. II est parle, dans \' Annua ire , d'une grcle extraordinaire, qui causa, le 3 aout 1826 . de grands ravages dans la province. Les grelons avaient jusqu'a 6 centimetres de diametre , et prt- sentaicnt ime strucluro toute particuliero. 11 est aussi fait men- i54 LIVRES ETRANGERS. tion dun oiage, pendant lequcl la foudre , en tombant sur mm troupeaii de cent cinqMante cinq inoutons, en plein champ, en tua d'un seul coup soixante-cinq, dont la lainc fnt epar- pillee au loin. Quetelf.t. 33. — * Resume de I'liistoire de.i Pays - Bas ; par Frederic , l)aron de Reiffenberg , professeur de philosophic a I'LUiivei- sitc de LoMvain , membre de I'Academie des sciences et belles- letlres de Bruxelles et de plusieurs Societes savantes , etc. Bruxelles, 1827 ;Tariier. '>. volumes in-18, ou 2 volumes in-3ji. L'editeur a fait deux editions, et sur differens papiers, de cet ouvrage, destine a deveriir classique. C'est le seid, ecrit en francais, ou )es deux grandes divisions du royaumesoicntreu- nies. Jiisqu'a Charles-Quint, les annales des I'ays - Bas offrent une espece de dedale. II est plus difficile (pi'on ne pense de passer sans secousse dune province a I'autre , de repandre quelque interct sur une nomenclature de potits souverains se faisant pcrpetuellemeni la guerre; enfin, de sacrifier a I'unite, sans lui saciifier des details indispensables. Malgre ces diffi- cultes, I'auteur a dispose les evenemens de maniere a ne rien omettre d'essentiel, et a les caracteriser d'une maniere frap- pante et pittoresque. >Sa division est simple et naturelle. II compte hnit epoqiies qu'il resume en quelques mots. Premiere epoqiic. Depuis les terns les plus recules jusqu';\ Charlemagne; avant J.-C. — 76/1 de J.-C. Conquetes des Romains; — Inva- sions des Francs. Denxieme epocjite.Dcpu'is Charlemagne jusqu'a la reunion du Hainaut et de la Flandre. 754- 1067. Origine de la feodalitc ; — Les grands fiefs rendus hereditaires. Troisiemc epoque. Depuis la reunion du Hainaut a la Fiandre jusqu'a ce qu'il se range avec la Hollande sous les memes souverains. Jo()7-i3oo. Croisades ; — Affranchissement des communes. Quatrieme e/joqiie. Depuis la leunion de la Hollande au Hai- naut jusqn';"* Philippe-le-Bon. 1 3oo-i436.Progres du commerce etde la civilisation. Cinqiiieme epoque. Depuis Philippe-le-Bon, jusqu'a la revolution arrivee sous Philippe II. i436 - i555. Renaissance des lettres; — Reformation; — Systeme politique del'Eiu'ope. Sixieme epoque. Depuisla revolution duxvi"^ siccle, jusqu'a la paix de Munster. i 555-1 648. Refus d'allcgeance ; — Republique federative; — Colonies. Septieme epoqite. Depuis la paix de Westplialie jusqu'a la revolution brabanconne. 1G48- 1790. Guerre de la succession ; — Traite des barrieres; — Le stathouderat rendu licreditaire; — Ebranlement de I'ordre so- cial. Huitieme et dernicre epoque. Depuis I'envahissement des Pays-Bas par les Francais, jusqu'au regno de Guillaume P''. 1790-1826. Democratic; — Despotisme milifaire; — (iouver- PAYS-BAS. 1 Sr. rn*mtnt national. Sous ct-s divisions sont reunis tons les details propres a donner dc la physionomie aux individus ou aiix siecles, et amarquer la marche del'esprit public. La narration *>st rapide, animee, proprea captiver I'attention, et rechanffce par une philosophic ennemie de toute intolerance, meme de rintolcrance de la raison , si ces deux mots peuvent se trou\ er ensemble. L'auteur a dedie son Epitome a M. Felix Bodin , a;i- quel on doit le module des resumes du meme genre. Cette de- dicace est noble etcourte. <> Asscz d'ecrivains, dit M. de Reif- I'enberg, se font les courtisans de la faveur; je ne veux I'etre (|ue du talent et de I'amilie. » Get homme de lettres annonce une Histoirn nhregee dc la littcrature des Poys-Bas ; et en effet le iibraire Janet, de Paris, en a deja distribue I'annonce. a.. 34. — Leonard en Lotjc. — Leonard et Lotje, poeme; par E. fV. Van Dam Van Isselt. Breda, 1827; F. B. Holliugems Pvpers. In-8°. ...I'avais depuis lonij-tems, dit I'aiiteur, le projet d'essayer mes forces en composant un |)Oeme 011 je pusse mettre en ac- tion les classes inferienres de la societe. .le resoliis d'emprnnter im sujet a Tune des inondalions qui ravagent si frt^quemment la belle et riche parlie de la Gneldre , situee entre le Khin et le Waal. Je ne pensais pas alors que les tableaux que creait mon imagination se reprodniraient bientot sows mes yeiix en realite. » M. Van Dam Van Isselt a fait imprimer son travail, et en a consacre le produit an sonlagement des ma-lheureuses victimes de la derniere inondation; et il a fait ainsi a la fois nn boii ouvrage et une bonne action. Q. 35. — Hulde, etc. — Hommagea M. Koopmans; par MM. .V. MuLLER et /. nE ViRKS. Amsterdam, i8'27. In-S" (le i38 p, M. Koopmans, professeur tie iheologie au semiuairedes Ana- l)aptistes a Amsterdam, membre de la 3'"'= classe de I'institut royal des Pays-Bas , est mort le 5 septembre 1826, a I'age dc 57 ans. Les deux orateurs dont nons annoncons les dis- conrsoiit paye uu juste tribut d'hommagesa la memnire decel homme de bicn, quis'etaitconcilie la bienveillance et I'affection generales. La plupart des ecrits de M. Koopmans sont du do- maine de la pliilosopliie; toutefois, il n'etait pas attache pliitol a telle ou telle secte; il apparlenait a propreinent parler a la classe des eclectiques, et cliercliait de bonne foi la verile, (jnelles que fussent I'ecole et la bnnnierc ipii la lui prescn- taienf. X. i56 LIVRES FRANCAIS. LIVRES FRANCA IS. Sciences physiques et nalurcllcs. 36. — * Essai geologiquc ct mineralogique sur Ics environs (i'Jssoire, ct principolcnicnt sur la niontagnc i diverses modifications tic sa surface doivent etre, non-seule- ment decrites, niais mesiirees. Si dcs observateiirs inett'-orolo- giqiies etaieiit ri-pandus partoiit od leiir, operations seraient iililes, ct s'ils ri'ciieillaient soii^neitscment les donnces neces- saires a ces operations, on aurait tout ce qii'il faiit pour une excellente ideographic physique, pour une topographic aussi exactc qn'instructive, et quelques details do phis donneiaient des cartes do cadastre. Jiisqn'a oe que ces travaux prelimi- naires aient ete completenient executes, les observations nie- teorologiques, teUes qu'on les fait anjourd'hui, seront a peu pres inutiles pour arriver a une tlieorie. C'est dans IV'crit dc M. Morin que les obscrvateurs dcvront prendre, pour la con- suiter souvent, la liste des questions auxquelles ils auront a repondre; cette liste est beaucoup trop etendue pour qu'il nous soit possible de I'inserer ici, et cependant tout y est necessaire. I.e premier memoire contient des considerations generales sur les causes des mouveniens de I'atmosphere et sur les effets de ces mouvemens. II nous a paru que I'auteur n'y avait point tenu compte, autant qu'il le faudrait, de la continiute du fluidc, de la forme ct de la direction du mouvcnient d'une portion de ce tluide soumise a une impulsion particuliere, mais qui ne peut se deplacer sans agir sur ces parties qui n'ont pas recu cettc impulsion. La meteorologie est, avant tout, une appli- cation de riiydrodynamique ; c'est done au trop petit nombrc d'hommes qui ont cultive cette science qu'il est reserve dc per- fectionner I'une des divisions de la physique les plus iiiipor- tantes et les plus usuellcs. On sera tente, a cet egard, de rendre grace aux evenemens qui ont disperse sur toute la terre des eleves de I'Ecole poly technique; et a coup sur, on saura gre a M. Morin, I'un de ces eleves, de se consacrer, eomme 11 le fait, a la meteorologie, tout en se livrant aux antres travaux dont il est charge. F. 4o. — Manuel d'hygiene , on I'art de conserver sa sante; par M. Morin, D. M. Paris, 1827 ; Pioret. In-i8 ; prix, 3 fr. « C'est, dit I'auteur, d'apres tout ce que nous avons conserve des leconsdu professeur Cliaussier, que ce manucl theorique et pra- tique a etc redige : apies avoir hi et medite les autres traites qui ont paru, nous ne devons pas craindre de le considerer commc regie d'etude a suivre pour ne |jas s'ecarter dcs veritables con- siderations medicales, et tomber dans les systemes; c'est aussi pourquoi nous avons puise dans la semeiotique generale dc la santc, et surtout dans la table synopiique de la digestion, les bases fondamentales des developpemens dans lesquels nous T. XXXV. — Jitillct 1827. II i6a UVRES FIIA.NC;AIS. soiHiiics entres dans le corns de cet oiivrage. • Cet echantillon du livre de M. Moiin poiirra doinier a nos lecteurs une idee de I9 maniere d'ecriie do ce niedeciii, ct Icnir indiquer le plan et Je but de son oiivrage. H — n. 41. — Hygiene dcs colleges et des maisons d' education ; pai- Ch. Pavet de Courteille, M. D. Paris, 1827; Gabon. Iu-8° < Si ces auteurs eussent etc medecins, dit- jl, et qu'ils eussent traite nion sujet, ils n'auraient sans doute rien laissc a desirer...; je m'applique a reniettre en vigueur leurs sages mesures; je ne cherche que la refonne des abus et des routines dont on uc veut pas sortir, soil par paresse, soit par un amour aveugle du passe. » Pourquoi, apres ces phrases pleines de sens, I'auteur semble-t-il meconnaitre que I'espcit d'amelioration n'est que I'esprit d'innovation bien dirige? M. Pavet a cru devoir consacrer un chapitre a I'histoire de I'origlnc des colleges avec pensionuat. Tout en approuvant beaucoup les etudes bistoriques qui ontpour objet les sciences et les institutions qui s'y rattachcnt, nous ferons a I'auteur le reproche d'avoir sacrilie au vain plaisir d'etaler une erudition facile , et cela pour arriver a ce resultat : que I'antiquite ne pa- rait pas avoir possede de colleges avec pensionuat, et que I'ori- gine de ces etablissemens ne remonte qu'au rogue de Saint Louis. M. Pavet nous apprend que, depuis la fondation du premier pensionuat, par ce grand monarque, les institutions du meme genre, tant privees que publiques, se sont multipliees jusqu'a nos jpurs ; du reste , il nc nous dit pas ce qu'ctaieut ces SCIENCES PHYSIQTJES. ^G^ etablisscraeiis sous le point de vue liygieniqiie, et c'est ce qu'il imporlaildc savoir. Pciit-elie cut-il cte conduit a examiner si la reunion d'un grand nombre de jeunes gens soustraits eutie- rement aux soinset a ia surveillance de leiirs parens pour etre conlies a des raercenaires, n'est pas plus prejudiciable a leurs moeurs qu'utile a leur instruction, et si les colleges d'externes ne leur seraicnt pas prcferables, sous le premier rapport, sans leur etrc inferieurs, sous le second? L'examen de cetle ques- tion, hien qu'etranger au sujct de ce livre, ne sort pas dc la competence du medecin hygienislc. Ce chapitre est termine par I'esquisse dun college modele, tel que le voudrait M. Pavet; ce medecin pense qu'il serait beaucoup plus avantageux , sous le rapport moral et sanitaire, de placer les colleges a la cam- pagne ; ils ne pourraient, il est vrai, recevoir ([ue des pensiou- naires; mais c'est precisement en cela que, selon notre auteiir, ils approcheraient le plus de la perfection desirable. On voit ici qu'il repond implicitement a la question que nous propo- sions tout a I'heure. Le chapitre deuxieme est consacre a des considerations sur I'age et siw I'etat physique des enfans qu'on doit envoyer au college. Quant a I'age, c'est celui de 9 a lo ans que I'auteur conseille; il signale une constitution trop faible, des affections hcreditaires , telles que les maladies du cceur ( combien M. Pavet en a-t-il vu a cet age? ), la phthisie et surlout Tepilepsie comme s'opposant a I'envoi des enfans au college. La construction et les dispositions inlerieures des dortoirs, les repas, les exercices corporels, les jeux, les punilions, I'influence de I'cducation de I'esprit et du coeur sur I'etat physique des enfans, uu apercu general des precautions* a prendre potu" les malades, im autre apercu des maladies qui predomincnt dans les colleges, I'infir- merie, les lits, les latrines, etc. , sont I'objet d'autant de cha- pitres plus ou moins faibles. Tout ce que dit M. Pavet des vctemens et de la nourrilure, est une application en general assez sage des preceptes hygieniques (jui conviennent a tout le monde. Le chapitre, consacre a la gymnastique et aux exer- cices corporels , est assez interessant. Plus loin , I'auteur recom- mande avec raison de ne point se contenter des certificats de vaccine, mais d'examiner soigneusemeiit les bras des enfans j lors dc leur entree au college, et de passer en revue a certain jour fixe I'etat sanitaire des ecoliers. En lesumcS cet ouvrage renferme de fort bonnes choses; mais ce n'est qu'une ebauche legere d'un travail important qui exigera des connaissnnces a la fois generales et approfondies. A. B. 4a. — * Traite de la moelle epiniere et de ses maladien , con- 1 67, LIVRES I'TIANCAIS. tenant 1 histoire anatoniiqne, pliysioloijiqiie et patholop;iqne de ce centre nervrnix chcz I'hommo; par C.-P. Oi.i.iviF.n, d' Angers. Deu.tu'iiic edition. Paris , 18^7 ; Cicvot. 2 vol. in 8", avec trois plau(;hes; prix , 12 fr. L'insiiflisance on la vanite dcs doctrines niedicalos qni se sont snccede depnis vingt sieclcs, le vice de tons les systenics qui, en yeneralisantontre mesnie dcs prineipes inconteslables, sont (Icvenns fanx en devenant exclusifs , ticnnent A une cause dont riiistoire nous niontrc partont rinfluence. Soit diifaut dc capacite do I'csprit hnniain, soit tencLuico de I'imagination a s'exagerer I'iniportance des apercus qu'clle forme, on a tou- jonrs consiitiie la science sur mi petit nombrc de fails, on sur nne consideration speciale et retrecie de la plnpart dcs faits connus. Le besoin d'nne doctrine complete fait scniir celni d'nno methode pins severe. La necessite d'end)rasser , en cher- chant la verite snr nn snjet cpielcon(|ne, I'ensemble des obser- vations qni s'y rapjiortent, de les considercr dans les diflerens points de vnc sons lesquels elles penvcnt se presenter, ne sau- rait etre conteslee. Dc la, la necessite de circonscrire I'objet de ses recherches pnnr en mienx embi-asser I'ensemble, et ponr en sciiiler tons les details; tic la Timportance vraiment capitalc des monOL^raphies. Cello que nons aniioncons, aprcs avoir etc conroiinee par une acadeniie de medecine, rccnt dn public I'ac- cueil le pins flaltcnr. La nonvelle t'-dition se presente, honoree dcs snffrai^es de I'fnstilut de Franco, et enrichie d'additions qui doivent Ini concilierceiix dn public: I'antenr n'a rienneglii;e jjourlesmeriler.La description anatomitpiede la moclloepinicre, tracee d'apres ses propres recherches et les travanx les plus recens des anatomistes francais et etrani^ers , forme le tableau le pins complet que nons ayons snrcet objet. On y remarf[ue differens details anatomiques dont la connaissanco jiernK't d'ex- pliqner plnsieio's particulariles j\is(|ne-la fort obscures de I'liis- toirc des maladies dc la moelle. La partio physiolog'i(|ue ras- semble dans un espace pen etendn les resultats d'nne nudlituile d'expericnces tentees ])Our devoiler les foncliuns dccetorgane. L'auteur ne perd jamais I'occasion de faire servir les decou- vertes physiolo^jjiques anx pro^^res de la palholot:;ie et de ralta- cher I'nnea I'antre deux branches d'nne memo science qu'onnc saurait scparer sans frapper I'une dc mortet rauire desterilite. La troisieme jiarlie de I'onvrage qni est de bcaucoup la plus elendne et la i)lns inqiortante ( sur les maladies de la moelle ) est anssi cellc qui a recu le pins d'aut^menlalions et de perfec- tioniiemens. Dans I'impossibilite de les signaler tons, nousindi- as refuit IVcwton, if!6 LIVRES FRANCA.IS. la iheorie de la Itimiere, celle dc I'electricite , etc.? Et tous ccs createiirs de doclrines nouvelles, mnnqiiant fotalement dcs ronnaissancfs indispensabies pour cotnprcndrc ce dont il sV.mssail, ii'ont pii qiiimaginer, ou plus exactcment, ri';ver des systetncs sur lesquels il est impossible que I'homme instruit s'atrete uu moment. Des conceptions de meillenie appaience, parce qu'e'iles sout plus habilement exposees, mais qui ue sont pas niieux fondees, [)cuvent etre un objct d'etude pour un tres- graiid nombre d'hommes peu iustruits; cette direction des esprits ne peut cerlainement les conduire a aucun bien. C'est ainsi que nous avons vu, en Europe, de sinceres partisans des compensations et de I'expansion, et que I'Amerique conipte aujourd'hui meme de nombreux sectateiirs des poles a jour, et dcs spheres enchassees I'une dans I'autre. Les savans n'etu- dient point ces beaux systemes , et cependant, ils les jugent tres-eqnitablement; des qu'ils out recoiniu que la pretindue doctrine no repose que sur des principes nial compiis, ou d'une evidente faussete, que faut-il de plus pour justiiier la condamnation? Les lois excusent le meurtre dans certains cas de flagrant delit ; aurait-on plus d'egard pour la conservation our la partie arithme- tique de son ouvrage. Les reflexions qui la precedent annoncent un homme toul-a-fait elranger aux plus simples notions de I'economie politique. 46. — Gnomofnquc graphiqac, par.T. Moi.let. Troisieme edi- tion. Paris, 1827; Raclielier. In 8'' de i23 pages avec plan- ches ; prix , 3 fr. 169 LIVRES FRANCAIS. Toiiles U's (iiicslions de j^iioinuiiique out etc coiisidcrL-t's par M. Mollct comiiif cIl's a))plications de la geometrie desciiptive, science qui , comme on Ic snit, excliit toiite espece de caloid; il residtetle celleinclhode ([ue la solution dcs problemes utiles, on seulciiuiit cnrienx, que oc livic lenfernie, a pris la forme la ])lus facile a conceviiir pour ceux qui n'ont, en ijconietrie et en astronomic, tjue des connaissnnces pen eteiulues. Du reste, on n'y trouve rien de bien neuf, et la seule parlie ustiellc de la science y est traitee d'une maniere complete. M. Mollet est deja coiinu par des oiivraj^es utiles; celui-ci est un titre de plus a la reconnaissance des jeuncs gens qui sc livrent ii I'etnde des sciences. T. Richard. 47. — * Manuel d'astronomii' , ou Traite elementaiie de cette science d'apres I'etat actuel de nos connaissances , con- tenant I'expose comjjlct du systeme du monde, etc.; par ]\I. Bailly, membre de ]>lusieurs societes savanles ; sccondc edition, revue, corrigee et auj^mentee. Paris, 1827; Roret, I vol. in-18 de 3oo paj^es, avec quatre planches gravees; prix, 1 if. 5o c. La premiere edition de cet onvrage a ele I'objet de fortes critiques; on y indiquait de graves erreitrs, des passages inin- telligibles , (|ul , extraits d'autres traites, mais prives des expli- cations indispensablcs dont on les avait accompagnes , se trou- vaieut sans exactitude, ou ponvaient donner des idees fausses. L'editeurafaitrevoircet ouvrage avecsoin; et,cedantauxjustes observations de quelques hommes instruits, il en a fait dispa- raitre lesnombreuses absurdites qu'on y avait signalees. Dans cet c'tat, ce livre peut hitter avec avantage contre ceux qu'on a ecrils en ce genre sur les sciences ; mais il y a bien sujet de craindre qu'cn voulant rendrc I'astronomie facile a concevoir, on n'y soil parvenu qu'en omettant les parties compliquees, et qu'on n'ait fait qu'elfleurer la matiere. Cest du moins beaucoup que d'en avoir ote des erreurs. 48. — * Train- deVeclaii age ; par ^. Peclet, ex-professeur de sciences physiques an college royal de Marseille, et de chi- niie appliqueeaux arts, membre deplusieurs Societes savantes. Paris, 1827; Maiher et C'"= , libraires , passage Dauphine. In-8° de 3a4 ])ages accompagne de dix planches gravees en taille douce ; prix, 8 fr. 5oc. Les lam])es etaient autrefois construites sur des bases sivi- cieuses qu'on n'en tirait qu'une Inmiere rougeatre, enfumeeet puante; aussi , ces appareils d'eclairage etaient abandonnes aux gens du peuple , aux cuisines , aux reverbcres dcs i ues ( car souvcnt Ic service public est le plus mal fait ) et aux lieux. SCIENCES PHTfSIQUES. 169 de passage obscurs. Mais, depiiis que les sciences physiques se sont interessees aux progres ties arts, le mode d'eclairage a lout-a-fait change. On n'eclaire pins gueie les intericnrs et ct iiieme les salons les plus biillans que par la combustion de riuiilc, ou du gaz, excepte dans quelqucs circonstances ou I'on \cnt etaler le faste de la richesse , et ou Ton prefere allumerun grand nombre de bougies. Maintenant , I'eclairage est unc science assez eteiidue ; il etait digne de I'habile professeur qui public le traite que nous anuoncons, de s'occu]>er d'un sujet aussi utile, et il faut I'avouer, bien pcu connu theoriquement, avaut les nombreuses experiences qu'il a tentees. M. Peclet a fait sur I'eclairage un excellent livre, qui non-seulement est a la hauteur des connaissances physi(|ues, mais qui sous certains rapports les devance et les elend. Apres avoir expose dans unresiuiie succinct les lois de I'op- tique, et analyse les diverses sources d'ou nous tirons la lu- mierc , I'auteur traite de I'eclairage par la combustion des graisses, de la bougie, de I'huile et des gaz; il explicjue le nie- canisme des iiombreux ap]iareils employes a ses usages. C'est surtout sur la forme et les dimensions des bees que ses recher- ches sont ingenieusement dirigees. Les appareils destines a mo- difier la lumiere, et principalement la construction des phares, elevee de nos jours a un si haut degre de perfection jiar les travaux de M. Frcsnel , font le sujet de I'exampn de M. Peclet. On trouve dans son ouvrage une serie d'experiences tres-bien faites pour juger des avantages des diverses esjjeces de lampes, de la depense qu'elles entraineut, de la quautite de lumiere qu'elles donnent, etc. E,nfin,il arrive a cette consequence que les lampes a mouvenient d'horlogerie sont preferables a toutes les autres; que I'eclairage par le gaz est encore plus eclatant et plus economique ; que les bees sinombres sont meilleurs que tons les autres, surtout lorsqu'ils offrent im large passage a I'huile et a la meche, que les lampes astrales sont d'un Ires- mauvais usage , et ne donnent pas une clarte proportionnee a la depense; que les lampes hydrostatiques de Thiloricr peuvent le disputer aux lampes mecaniques pour la beaute de la lu- miere, meme avec une moindre depense; que la bougie est le plus cher des eclairages, etc. L'ouvrage est termine par un Jppendice oii M. Peclet expose les divers moyens dont on se sert pour se procurer du feu. Je ne trouve a reprocher a I'auteur de ce traite que d'avoir omis quelques objets, tels que la lampe sans flamme de M. Davy , par un courant de vapeurs alcooliques ; la lampe de Proust, •ii pen rcpandueet si digne de I'etrepour rusage economique, 170 LIVRES FRArfCAIS. ct pour manager les vues qui ne peuvent supporter une trop viveclarte; la lamps mecanique de Wagner, etc. Mais ces ic- geres omissions seronl facilemeut reparees; car on doit s'at- tendre que cot excellent ouvrage aura plusicurs editions. Francoeur. /if). — Ixcciieil de theories ctrangercs stir le niaiiicment du sabre, on I'escrime a c/ici-cd , cxtiait des leglemens d'exercices pour la cavalerie autricliicnne, prussienne et hessoise; traduit de Tallemand ])ar un ojficier general.. Paris, 1826; Anselin et Pochard , rue Daupliine, u" 9. Ia-.S° de 47 pages; prix, i fr. Nous avons differe de ])ar!er de ce petit ouvrage, parceqiie sa publication avait doime lieu a quelques debats auxquels il ne pouvait nous convenir de prendre part. II paiait que ces contestations sont terminees, et que rien ne s'oppose plus a ce qu'on disc librement son avis sur ['cicri/nc a c/icval. Cctte partie de Part des comb.Tts ne ressemble point, chez les modcrnes, a ce qu'elle etait aux terns de la chevalerie , les amies ont change, et la nianiere de les employer a dusuivre ces change- mens : si les chevaliers de la table roude revenaient sur la terre et prenaicnt rang dans les armees actuelles, ils auraient a faire un nouvcl apprentissage, et peut-etre j)erdraient-ils beaucoup de leur reputation. Les extraits d'ordonnances , reiuiis dans ce recueil,ne sont pas de meme date. L'ordonnance qui regie I'instruotiop. de la ca valeric autriehienne est de 1806, A la fin de la cinquieme section du second chapitre, api'es avoir expose comment Ic cavalier doit se servir de son sabre contre un ennemi arme d'une lance, l'ordonnance autriehienne ajoute : (). — * La Charte turque , ou Organisation religieuse, civile rt mill lair e de I' empire ottoman; suivie de qnelqu.es reflexions sitr la guerre des Tares contre les Grecs , par M. Grassi [Alfio]^ ofiicior siiperieur, chevalier de la Legion-d'Honnenr Deuxiemc edition. Paris, 1826; Ambroise Dupont, rue Vivienne, n** 16. i vol. in-S" de 907 p.; prix, 14 fr. Get oiivrage est une espece d'analyse du Coran, que I'au- teur nomme une Charte inviolable. Loi religieuse et civile a laqnelle Ic souverain et les snjets ne peuvent rien changer, le Coran, est imrauable comme la fatalite doiit il fonde la doc- trine. Selon M. Grassi, I'aiitorite seule dn Coran est despotique dans I'enapire; le sultan n'est que le premier esclave de cetle loi inflexible. Toutefois , il n'e.st pas necessaire d'en avoii- fait line etude bien profonde pour comprendre cjue, dans sa rigi- dite meme, elle laisse une assez vaste latitude a la volonte de oelui qui en est le vivant organe. II faudrait un long article pour faire cnnnaitre, avec un pen de lidelite, une organisation sociale assez compliqiiee, et sur laqdclle des prejuges et des (lemi-connaissances ont repandu grand nombre d'idees qui ne sont pas tonjours exactes; nous n'entreprendrons pas cette tiiche difficile. Nous remarquerons seulement que cette Charte musulmane, pour laquelle-rauteur professe beaucoup d'eslime, est, a nos yeux, le plus deplorable fleau qui ait afflige la civi- lisation; loi visiblement contraire a I'esprit de la nature hu- maine, elle a traile I'liomme en brute, elle I'a confondu avec ces especes de creatures fjui ne sont snsccptibles d'aucnn per- fectionnement; elle lui dit chaque jonr : Tu seras ce que furent les peres, je ne te permets d'etre ni plus habile, ni plus instruir, ni plus vertuenx. Une pareille lo! , proclamee par un peuple conquerant, entraine les plus funestes consequences; I'Europe les a subies pendant bien des siecles, ct les subit encore; les barbares (jui ont coriquis la Chine ont adopte une civilisation moins imparfaite que la leiir; partout oCi les Turcs doniinent, la barbaric domine avec eux ; et cette vaste plaie qui s'etend snr I'Europe, I'Asie et I'Afrique, doit long-tems devoier encore tons les geiines de civilisation que Ion essaiera de re- paiidre dans les contrees qu'elle afflige. T. XXXV. — Juillet 1827. 12 178 LIVRES FRANCAIS. Aprcs qiielqties notions preliminaires sur les Tiircs et sur ToiLianisation gcnerale de I'empire, I'aiiteur expliqiie I'organi- sation niilitaire ct civile; I'administration de Injustice et celle des finances; les usages de la polygainie et do rcsclavage. II ajoute un extrait de riiistoiie des successenrs de Mahomet jusqu'ii la deposition d'Adiinet III. Des notes jointes au tcxte occupent environ le quart de I'ouvrage, (jui amait pu, selon nous, ctre reduit a un scid volume. Les cent dernieres pages sont eonsacrees aux reflexions sur la guerre des Grecs contra les Turcs. L'auteur porte a cette cause sacree tout Tiuleret qu'elle est digne d'inspirer; il pense que I'appui de la sainte alliance eut mal servi la cause de I'in- dependance ; et il examine sep^rement ee que pouvaient faire, dans ce grand debat, les diverses puissances, la Russie, I'Au- triche, la Prusse, Rome, la France et I'Anglcterrc. II pense que c'est de la France surtout que la Grecc doit attendre nne protection efficace ; panni les raisous fort justes qu'il en donne , il y en a une bizarre: «He, de qui a-t-elle plus droit de re- clamer un soutien, dit-il, que du souverain auquel elle devrait appartenir, et qui a des droits sur son sol? » Ce pretendu droit, l'auteur le fonde sur je ne sais quelle investiture donnee jiar le pape Alexandre VI a Charles VIII, en vertu tl'une cession d'Andre Paleologue. Cela ne merite pas trop d'etre discnte, mais notre auteur apporte d'autres niotits qui sont plus dignes d'atlention ; ct il voudrait surtout que la Grece sortit de la lutte oij eile est engagee, independaiitc et constilutiounelle. C'est, en effet, ce qu'il faut desirer pour elle, dans son interet, comme dans celui de I'Europe. M. A. 57. — * Meditations ct pensc'es philosophiqucs et religicuscs ; par P. - Ernile Vkrgniaud. Paris, 1827; Ladvocat, quai Vol- taire. In-8° de viij et i55 pages; prix, 3 fr. La lecture des Meditations de M. Vergniaud est attachante. Elles respirent un certain parfum de vertu et d'antiquite que Vauleur, de son propre aveu , parait avoir jjuise dans la lec- ture des psaumes. Le caractere general de sa comjiosition est une douce simplicite , qui parfois neanmoins tombe dans la niinutie. Mais, ce qui distingue suitout la premiere moitie de son opuscule, c'est une purete et uncharme de style inexpri- mables. M. Vergniaud me parait avoir pousse aussi loin qu'il peut aller I'empire de la prose. Cependant, je ne saurais par- tager a cet egard I'illusion qu'il semble s'etre faite : « Je me nourris, dit-il, depuis long-tems de la lecture des psaumes, et j'ai cru que cette mauicre rapide d'exprimer sa pensee par un trait vif vX par des phrases cndencees avec art pourrait avoir SCIENCES MORALES. 179 beaucoiip de charme. » Uii tel genre, ajoute-t-il, s'ii etait bien traite, aurait quclque chose du pouvoir de la poesic, sans en avoir la monotonic et les entravcs. La poesie, malgre ses en- traves et sa monotonie , c'est-a-dire , sans doiile , malgic ses difficiiltes et ses rimes , ou peut-etre meme a cause de ses diffi cultes et ses rimes, aura toujours dans les oiivrai,'es d'ima;;;i- nation un avantaj^e immense sur la prose sa rivale. Et je n'en voudrais pour preuve que les Meditations mcmes de M. Yer- gniaud, auxquelles je me plais a rendre cependaut toute la jus- tice et a payer tout le tribut d'eloges qu'elles meritent. II y regno, malgre I'habilete de I'auteur et le fini de son travail , un certain air d'embarras et d'etrangete , qui paifois ferait croire que ces petites pieces sont Iraduites. Je sais bien que cet effet pent tenir au pen d'habitude que nous avons de la prose revetant meme avec bonheur des idees poeliques; mais je crois ausni que cette derniere forme de style ne saurait a%'oir au memo degre, surtout dans notre iangue, les allures vives, fieres, energiques et tendres de la poesie. — Quant aux pensees et aux caracteres qui forment la deuxieme partie de cette brochure, leur merite est, selon moi , bien inferieur a celui de la premiere moitie. Ce sont moins des pensees et des caracteres que des reflexions , et des peintures souvent justes, toujours morales, mais auxquelles il manque ce ca- chet d'originalite , cette forme piquante toujours empreinte dans les ceuvres de LaBruyere, dePascal , deLaRochefoncauIt. — Enfin, je ne dirai rien du plaidoyer contre un pretre apos- tat qui lermine cette brochure, si ce n'est que I'auteur eut |)eut-etre mieux fait de le supprimer. II est certains essais qui pen vent etre utiles et aifxqucls par consequent il est bon de se livrer, mais dans la confulence desquels il ne faut pas toujours mettre le ])ublic. Cc plaidoyer me parait manquer par le rai- sonnenient ; ct maliieureusemeTit on n'y trouve guere twa du raisonnenient. Or, dans la position ou I'auteur s'etait volon- tairement place, je m'atlendais a le voir developper particu- lierement la question morale qui certes presentait une riche matiere a son imagination. IM. Vergniaud, comme moraliste et comme ecrivain , nous parait done de precieusesqualites; mais il a besoin encore d'eUides fortes et surtout serieuses. B. L. , cH'ocat. 58. — La vaccine justijtee, ou le pere de famille et son medecin; par M. Dudon, D. M. Paris, 1827; L. Colas. In-18 de io3 pages; prix, 5oc. , et 40 fr. le cent. 59. — Les Soirees du dimanclie , ou le Cure de village; lecons i8o LIVRES FRANCAIS. de morale pratique ; pai' M'""= Elixnheth Celnart. Paris, 1827; L. Colas. In-18 de 108 pages; piix, /|0 c. ; et 3o fr. Ic cent. 60. — Histoirc de F ranee ; par M'"" df. Saint-Ohen. Paris, 1827; L. Colas. In- 18 do 176 pai^es, orne de gravures en bois representant les tetes de nos rois; prix, 60 c. et 5o fr. le cent. 61. — * Explication morale desproverbespnpulairesfrancois; par M. Basset. Paris , 1826; L. Colas. In-8° de iv et 95 pages; pri.x , 40 c. et 3o fr. le cent. On sait que la SocieCe forniee a Paris pour la propagation et le perfcctionnement de I'e/ise/gr/emcnt elcmentaire a pense de puis long-tcms (jue la publication d'ouvrages de morale ou de science , mis a la portee de loutes les intelligences et de toutes les fortunes, elait I'un des moyens les phis effieaces pour re- pandie le gout de I'instruction. Deja plusiiurs traites ont paru sous ses auspices, et nous en font esjjerer d'autres. Ceux que nous annon9ons aujoind'hui, et dont les trois premiers ont etc couronnes, rappelleront a nos Iccteurs de quelle nature sont ou doiveut etre les sujets dont la societe desire specialemeuC s'occiiper. L'hygienc dont les principes nous apprennent a meiiager les forces de notre coips et h lui couserver nne sante robuste, a d'abord attire son attention; un prix a etc decerne a I'auteur de la Vaccine justifiec. M. Dudon etablit, dans cet opuscule, les prenves historiques de I'utiiile ou })]ut6t de la necessite de la vaccine; il combat les objections presentees par la rou- tine , et s'attachea detruire les idees concues par les pcrsonncs qui jugent d'apres le non succes de la fausse vaccine; il apprend a distinguer celle-ci de la veritable, enumere les avantages de cetle decouverle, et resume toutes les raisons qui doivent en- gager les parens a ne point negliger ce moyen d'assurer la vie , la sante et la beaute de leurs enfans. Les Soirees da dimanche forment un petit cours do morale : un pretre desservantde la curede Vaugirard rassemble, ehaque semaine, les enfans de sa paroisse, et en leur racontant des histoires morales, cherche d Ics diriger dans le sentier du tra- vail et de la vertu. De I'interet et im style pur et anime sup- pleent facilement an pen d'originalite du cadre adopte par I'auteur. UHistoire de France a ete , comme les deux ouvrages prece- dens, couronnee par la societe d'education. J'avoue cependant (]ue ce petit livre ne me parait pas altcindre parfaitement le but qu'on doit se proposer dans les etudes historiques. Les dates, et les noms des rois sout certainement ce cpi'll y a de moins SCIENCES MORALES. i8i impoitani; mais K-s iisaijes, les lois, les superstitions el les erreurs ties hommes, ri siirtoiit la marche de la civilisation , la proi^ression dii bien-etre et des Itimieres, Ips rapports constans entre le bonlieur des nations et la tranqiiillite des gouvcrne- mens, entre la moralile des princes et la soumission des peo- ples : tels sunt les objets anx(|iie!sil faut s'attaclicr de preference et dont il n'est pas question dans I'histoire de M"*" de Saint- Ouen. Millot et M. Felix Bodin ont donne d'excellens modeles dans ce genre : mais il faudrait un talent bicn rare pour mettrc leiu's ouvrages a la portee de I'enfance. Si Ton ne vent au con- traire lui presenter qu'un tableau abrege des epoques et des principaux fails, M'"^ de Saint-Ouen a parfaitement reussi, et son petit livre sera lu avec fruit et avec plaisir par les enfans. J'arrive an dcinier de ces ouvrages, celui de M. Basset, X Explication morale, des proverhes populaires francais. Apres I'avoir lu, on s'etonnerait justcnient qu'il n'ait pas obtenu le prix que la societe decerne aux bons livres, si Ton ne savait que cette societe, par un scrupnle bien louable , exclut du concours les membres qui composent son conseil d'administration. Par ce motif, M. Basset n'a pu obtenir le prix que lui deeerneront sans doutc les lecteurs. II a divise son ouvrage en chapitres : au commencement de cliaque chapitre, sont indiques les pro- verbes qui doivent en faire le sujet. Mais on aurait grand tort de croire que cette explication est seche, froide ou ennuyeuse; elle sc trouve presque toujours enclavee dans un conte, dans utie historietle , dans un fragment de sermon : toutes les parties s'enchassent avec un art qui lai'.se a peine apercevoir le dessein forme d'avance d'amener dans le coute la citation du provcrbe annoncc. Si i'on ajoute a cela uu style vif, enjoue, pittoi'esque, une critique fine et douce de nos trasers et de nos ridicules, on conviendra qu'il est difiicile de donner a la sagesse une forme et des coideurs plus attrayantcs. Je ne sanrais comparer le petit livre de M. Basset qu'k ce petit chef-d'oeuvre de Fran- klin, la science du bonhomme Richard , auquel il ressemble, j)ar sou but, la petitesse de son format, le grand nombre de choses qu'ii contient, et surtoul par I'originalite de son style : esperons que les soins de laSociete d'education rendront ce petit ouvrage populaire comme celui de I'iniprimeur americain, et fourniront a I'auteur I'occasion de donner une suite k ses proverbes. B. J. Ga. — * Institutes de Gaius, recemment decouvertes dans un palimpseste de la bibliotheque du chapitre de Veroiie; et tra- duites pour la premiere fois en francais par J.-B.-E. BonLKT, avocat; avec des notes deslinees ^ faciliter I'inlelligence du i8a LIVRES FRANfJAIS, textc. 3""^ livraison on commentaire. Paris, 18-27; Mansutfils, rue de I'licole-de-Medocine, n" 4 bis. In-8" de 108 pages (217- Ha4); piix de la livraison, 2 fr. 5o c. (Voy. Ref. -Erie, t. XXXII , p. 469 et 73o.) G3. ■ — Systeine de Finances et d'cronamie pnhlique , appli- cable aux divers goiivernemens de rEiirope et dii Noiiveaii Monde, (lar RI. Dksaubiez. Paris, 1827; Renard. In-8^ de 3oo pages; prix, 5 fr. Co projct de finance, car ce nest que ccia, consiste sommai- rement a onvrir, dans toutos les grandcs villcs du royaiiine , des cnisses ou chaque individu pourrait porter la somme qu'il jiigerait a propos de placer en rentes viageres, sous la condi- tion que , si la ]5crsonne sur laquelle on aura place existe aprcs vingt ans, I'intoret de la somme placee sera de 3o pour cent, cliaquc annee, aussi long-tenis qn'elle vivra. 11 serait permis a tout particulier qui aurait place dc transporter son fonds sur telle autre tete qu'il voudrait designer, pourvu que le gouver- nement fut averti quarante jours avant la mort du titulaire. Alors , le nouveau titulaire ne toucherait les 3o pour cent d'in- teret , qu'a commencer vingt ans plus tard ; mais I'ancien titu- laire recevrait deux et demi pour cent d'interet pour tout le tems ecoule depuis le placement originaire. — L'auteur croit ce jilan si avantageux qu'il y voit un rcmede a tons les maux; mais il y a des diflicultes auxquelles il ne parait pas avoir assez pourvu : comment devraient faire pour vivre les individus qui n'auraient point de fonds capital a placer, et ceux qui ayant un capital n'en touclieraient aucan interet pendant vingt ans ? S. 64. — Les dangers d' line prolongation de la liherte absolae de la presse , dentnntres par les sophismes de ses defenseurs , ou la refutation du dernier discoitrs de M. de Chateaubriand , avec le texte entier de ce discours en regard [1); \i!(r M.-A. Madrolle. Paris ( sans dale); Adrien Leclerc et C'". In-8° de xxviii et 141 pages; prix, 2 fr. 5oc., et 3 fr. par la poste. Suivant M. Madrolle, tous les crimes viennent de la liberie de la presse. Lui objecte-t-on, avec M. de Cliateaubriand , que les crimes ont precede de 5438 , et sous la monarchic fran- caise , de 982 ans, la decouvcrte de I'imprimerie? M. Madrolle repond que, si les horreurs de ccs tems reculcs ne peuvent (i) Le discours de M. de CMteaubriand ne se trouve point place en regard , comme Je titre de cette brochure I'indique inexactement; il se trouve coupe et interrompu jinr lis reflexions , plus ou nioins iiistes, jilus ou moins piquanles, de M. Madrolle. I SCIENCES MORALES. 18:? etre imputecs a riniprimeiie non encore decouveite, elles doi- vent I'titre aux equivakns de riniprimeiie, c'est-a-dire a Vecriture et a la parole ( )>. xx, 39,41, ^9 ), qui sont une impri- nierie abregee. Si I'on objecte que, meme depuis I'invention de cet arl, la presse n'a jamais ote libre et quo les crimes n'ont cependant jamais manque, M. Madrollc repond, I'histoire a la main ( p. 87 et 38 ) :que la presse i\a jamais ccsse d'etre libre ( du moins en fait ). Eniin, si Ton oppose a la iiecessite de con- jurer ce//eau par des lois proliibilives, ou plutot preventives, le droit emane de Dicu lui-meme qui lii>ra Vhomine a son franc rtz-ZiiV/f f suivant I'cxpression.deM. de Chateaubriand ) ; « II faut Lien, dit M. Madrolle, que la liberie absolue de la presse ne soil point legitime; car ellc n'a jamais existe , p. xvii ( du meme endroit ). Le pretendu principe invoque par quelques publi- cistes est done une erreur. Le vrai principe sur cette maliere, '< c'est le devoir impose par Dieu meme au pouvoir de regler les actes materiels de la pensee de ses sujets, c'est-a-dire les journaux et les livres ( p. 4 et 5 ). » Qiie si Ton trouve quelques inconveniens a abandonner ainsi a I'autorite le monopole de la pensee, « elle abien, dit M. Ma- drolle, le monopole du comiiiandement, des lois, de I'impdt, de la conscription; elle peutdemander la propriete, la liberie, la vie, et il lui scrait interdit de rugler la parole solennelle, I'imprimerie universeile , c'est-a-dire I'instruction ou la des- truction publique!... Vous avez beau dire , ajoute-t-il, le pou- voir Ae punir la parole criminelle emporte toujours le droit de Vctoujfer. « M. Madrolle ne veut point cependant que Ton etouffe la parole, ni la presse. II veut qu'on en laisse I'usage aux bons. Partout il veut que Ton distingue. « Vous parlez, dil- il a M. de Chateaubriand, vous parlez toujours vaguementde liberies, oubliant quele citoyen uc doit avoir que celle debien, jamais cclles de malfaire... La presse, lorsqu'ellc est entre les mains des bons , est une puissance contre les mechans , comme elle est une puissance contre les bons, lorsqu'elle est entre les mains des mechans ( p. 49 ). « Or, quel serail le j^ige entre les mechans et les bons? Quel serait le supreme regulalcur de la pensee et de la parole? ]\I. Madrolle nous I'apprend : ce serait \egUse universeile, c'est-adire le ciergc, le pape ( p. i4i, i4» 36 ) , car il n'y a que le pape (jui soil infailliblc. « Voulez-vous , dit-il, connaitre les maux qui vou^ travaillent, lisez les mo- nitoircs des eveques, et ]cs bulles du successeur d'u/i Dicu qui surement ne se trompe et ne trompe jamais. » Voila quel est le fond de la pensee et de la doctrine de M. Madrolle. Je n'ai fait, pour la recomposer, qu'exauccr la priere que dans sa pre- i8/, LIVRES FRANflAIS. ("ace il adrosse a ses lecteurs : j'ai rcimi, j'-ii classe dans rnn pensce les diverses parties do sa refutation pour rapprecici-... «t j'cspeic nc in'otre point tronipu. II nc me lesterait plus, pour acliever do faire connaitre sa brochure, qua rapporter quel- <]ues-imes des boutadcs dont il ponrsuit Ics ccrivaiiis, Ics jour- iiaux, Ips t'crits ct lenrs defcnseurs. Partoul i'auteur fait eclater son ajiproljation pour tons ces mojens extremes que la fin et I'intentiou justifient si bien. Parlel on de la creation d'un tri- bunal revolutionnaire? il faut toujours en effet , dit-il, an mi- lieu d'une sociele iin ttibiinal eclairc et severe pour punir les innemis du peuple ou pour punir les ennemis dcs rois. « II n'y a rien do plus meurtrier que riudiilgence (dit-il aussi un pen plus haut, page 46). Cite-t-on Robespierre s'elevant contrc la licence des ecrits et demandant qu'on brulat les nu- meros du journal de Camille Desmoulins, et celui-ci repon- dant eneri:i;iquement que bruler n'cst pas repondre : « Crla est mieux, dit M. Madrollc (p. /19); car ccla estdcwanto'^e. On voil que c'est en attendant mieux qu'il s'amuse i\ refuter M. de Cha- teaubriand. Cen'est point qu'il redoute la discussion; il necraint pas une lulte publique entre la religion et I'impiele... mais pourvu que la justice soit an milieu ( p. 106 ). Du leste, M. Ma- drolle ne veut laisser a la presse aucune espece de consolation. II ne souffre point qu'on fasse son eloge, ni qu'on lui inqiute aucun genre de bienfait; ct, si M. de Chateaubriand s'avise de pretendre que c'est principalement aux gens de lettres que nous sommes redevables du retour des Bourbons, « les 600,000 hommcs amies sous les ordres d'Alexandre ont bien ete, dit M. MadroUe, pour quelque chose dans le retour de la iegiti- raite ( p. 57 ). >> Qu'on ne croie pas an surplus, d'apres la der- niere partie de ce qui precede, que M. MadroUe soit un mediant homme; il demande bien ( p. 84 ) la peine de mort contre la conspiration des epigrammes; mais cc n'est la qu'une menace j « car la monarchic ne tue pas, elle ne punit meme pas (p. i36). » Aussi, cettc approbation aj)])arente dounee aux mesures les plus acerbes n'empeche pas M. MadioUe de s'exprimer ainsi , p. XI de sa preface. « Nous croyons, dans toute la sincerite de notre coeur et avec toute la certitude de notre esprit que le hon parti, ou, si Ton veut, le pM-ti cat/ioti/jite , dans une societe , doit, avant tout et sous peine de crime, aimer le parti con- traire, par la raison toute simple qu'il I'a suscite. Sujets, minis- Ires, roiSjfideles, pretres,depouillons jnsqu'aux derniers ves- tiges de I'orgueil; soyons eclaires, ayons du talent, soyons humbles, soyons charitables, comme le Dieu que nous pre- tcndons servir nous en fait un devoir^ et, an lieu d'avoir lout SCIENCES MORALES. i85 ie iiionde pour cntienii, nous I'aurons pour lecrue! Tous los grands liberaux, MM. de Chateaubriand, deMonllosier, Royer CoUard, Benjamin Constant, Etienne , Fievec, Keratry, de Salvandy, Cauchois Lemaire, Guizot, Dubois, de Pradt, n'ont d'armes que cellcs que nons leur avons donnees; ils doivent la victoire a nos fantes. Le plus !j;rand malheur des hommes, et .surtout de I'autorite, cV-st I'ignorance de la toute puissance de la charite; et, si la revolution menie nous arriv*', e'est nous qui I'aurons faite. » Boucheine Lefer, AforrtA 65. — * Rei'ue de I'Histoire universelle modcrne, ou Tableau sommairc et chronoiogique des prineipaux evenemens arrives depuis ies jjremiers sieeles de I'ere cliretienne jusqu'a nos jours; ouvrai^e contenant des recherches snr Ies traditions, I'origine, Ies moeurs, le caraclere , Ies usaj^es, Ies institutions religieuses , politiqaes et civiles ; le coniniercc et I'industrie de differentes nations, en particulier des Arabes , Mogols , Per- sans, Indons , Chinois, Japoriais , Turcs , Abyssins , Grecs iiioderncs , Esjiagnols , I'ortugais, Italiens , Venitiens, Floren- lins, Allemands, Prussicns , Hollandais et Suisses, Francais, Anglais, Russes , Danois , Suedois et Norvegiens , Polonais, etc.; habitans de I'Amerique du nord et du siid , Ktats-Unis de I'Ameriqiie septcntrionale, republique d'Haiti et pays du sud, lels que Mexi(pie , Perou , Colombie, Buenos-Ayres , Chili, Bresil, Paraguay, etc. etc. ; avcc un Appcndicc contenant des acles politiques et historiques de differcns siecles. Paris, 1827 ; Verdiere. 1 gros vol. in-12; prix, 12 fr. Apres un litre si detaille, il ne nous reste rien a dire sur le contenn de cet ouvrage ; observons tontefois qu'il offre nioins nn tableau de I'histoire bniverselle moderne , qti'ime suite de resumes des annales de tous Ies peuples, depnis .Tesus-Chrisl jusqu'a nos jours. L'auteiir n'a pu se prescrire un cadre aussi etendu et aussi complet que celui qu'ont adopte Ies coilabora- teurs de la collection des Resumes historiques. Il a dii ecarter bien des nouis obscurs et des evenemens secondaires ; mais il s'est applique avec un rare bonheur a niontrer chez chaque peuple Ies progresde la civilisation : ses apercus souvent neufs nous out senible toujours justes, et il est aise de reconnaitre (ju'ils resultent de la lecture attenlive des historiens et des memoires originaux. C'est unc idee heureuse rl'avoir donue place aux Grecs modernesdans le tableau des nations : en effet, c|u'il Iriomphe ou qu'il succombc, ce people heroiquc n'en oecupei-a pas moins un rang distingue dans I'histoire ; s'il n'a l)as encore fnnde son independauce , il a deja assure son im - uioi lalite. L un des sentimens Ies plus honorables qn'aient ma i86 LIVRES FRANCAIS. iiit'este (Icpiiis lonij-tems Ics peuplos civilises est I'interet ener- ^ique qu'ils ne ccssent tie prendre aux affaires de la Grece. L'auteiir de la Revue historique ra|)pelle cct intenit avec lant de noblesse et de force , qu'eii le retra^ant il raugmente. Nous I'engageons a completer son travail , en publiant la Revue de I'Histoire universelle ancienne. On lui doit deja une excellente traduction des Antiquitcs romaincs d'AnAM, c't les notes dont il a einiclii sa version attestent une connaissance profoiide des annales de I'antiqiiite. Crussoi.le-Lami. Q)^. — * Histnirc dc Nonnandie, par Ordcric Vital, nioine do Saint-Evront, publiee pour la premiere fois en francais , par M. GuizoT , profcsseur d'liistoire inoderne a I'Academie de Paris. Caen, 1826; Mancel. Paris, Briere. 3 vol. in-8°; prix, G fr. le vol. 67. — * Les dues de Norma ndi'e, par Giiill. dc Jumiege, suivis de la vie de GuiUaume le conqaerant, par Gaillaiime de Poi- tiers; publics par M. Guizot. Caen et Paris, 1826; Briere. In-S"; prix, 6 fr. Dans le xi* siecle, les Normands accomplirent de plus grandcs choses qu'aucun autre peuple dcl'Europe. Guillaume- le-Batard conquit rAnglcterre; les fits dc Tancrede de Haufe- ville conquirent les Denx-Siciles; Robert Guiscard, I'un d'eux, porta ses arnies vietorieuses dans la Grece, ct vit fiiir devant lui dans la meme annee les empercurs d'Orient et d'Occident. Bohemond, fils de celui-ci, fonda la princi])aut»'! d'Autioche en Syrie. Les Normands, enivres de tant de gloire, essayerent aussi d'en transmettre le souvenir a la posteritc par leiirs eciits. Aueune partie de I'Europe n'a fourni, dans le xi*^ et le xii^ siecles, autant d'liistoriens en pioseet en vers, on des ecrivains plus animes de renlhousiasme de leur siecle; on retrouve en eux toute la vie du moyen ai^e, et souvent des pensees, un talent de peindrc, une eloquence barbare, qui, dans un meil- leur siecle, auraicnt fait d'eux des ecrivains du premier ordre. Ordcric Vital, qui vecut de 1075 a 114I) est im des plus volumineux de ces ecrivains, mais non pas un des nieilleurs. II intitule lui - meme Histoire ecclesiastique I'ouvrage que M. Guizot public sous le titre d'Histoire de Normandie, et le premier volume de celte traduction nest en effet qu'un abregc de riiisioire de reij;lise depuis Jesus-Christ jusqu'au xii*^ siecle. Dans le reste de sa narration , Orderic Vital rassemble tons les faits qui sont venus a sa connaissance; ceux qui se rap- portenl a la Normandie, ceux qui se rajiporUnt a son ordre, cclui des benediclins , ou a son couvent dc Saint-Evront , lui pa- I SCIENCES MORALES. " 187 raissent toujours les premiers en importance. Diffus , depourvu de critique, et plus encore de melhode, il est assez fatigant a lire; toutefois, il contient une foule d'anecdotes precieuses, souvent piquanlcs, sur les personnag'^s de son terns, et son recit, dont il est difficile de concevoir I'ordre, repand plus de lumiere sur I'histoire de France et d'Angleterre, pendant toute la duvee de sa vie, que ceux d'ecrivains qui liii sont fort supe- rieurs. M. Guizot a rendu un grand service aux lettres, en le traduisant et le publiant. Duchcne, il est vrai, avait donne une edition de I'original latin, dans sa Collection dcs ccrivaiiis de Normandie; mais elle elait tres-fautive. D'ailleurs, on ne sait point combien la lecture dcs ecrivains barbares en latin est rebutantc, et combien il est difficile de demeler le merite d'un livre compose dans une langne que son auteur ne faisait que baibutier. De volumineux extraits d'Orderic Vital avaient ete publics dans les tomes ix, x, xi et xii des historiens de France; mais, baches en minces fragnicns, selon le systeme barbare adopte par les auteiirs de cette collection, ils ne donnaient aucuue idee de I'original. L'Histoire des dues de Normandie jiisqu'a Gnillaume-le- Conqiierant inclusivement, par Guillaume de .fumiege , et celle de ce menie couquerant par Guillaume de Poitiers, tons deux contemporains, sont des recits egaiement curieux de ces terns obscurs; ils sont ecrits avcc plus d'ordre, avec plus d'unite, et ils sont par consequent ]>lus agreables a lire. Pent-etre cepen- dant ne font- ils pas si bien connaitre les evenemens et les hommes que le bavardage d'Orderic Vital qui, racontant au hasard et sans passion tout ce qu'il vient d'apprendre, se tient plus pres de la verite. S. 68. — Observations sur la Polognc etlcsPolonais , pour servir d'introduction aux Memoires de Michel Ogiusfd. Paris, 1827; Ponthieu. In-8° de v et I'^g pages; prix, 4 fi'- Nous avons annonce dernierement ime liistoire des services renduspar les Italiens danslacelebrecampagne de Russie(voy. Rev. Enc, t. xxxiii, p. 189). C'est de cet ouvrage iuleressant que sont extraites et traduites les Observations sur la Pologne et les Polonais. L'auteur a divisc son sujct en quatre chajiitres : il trace, dans ie premier, un precis de I'histoire de la Pologne jusqu'a la campagne de 1812; le second contient des observations sur letat dcs sciences et des arts dans ce pays; le troisieme est consacre aux notions geographiques; enfin , dans le quatrieme se trouvent des apereus sur I'agriculture, les manufactures et U; commerce de la Polognc, ainsi que sur le caractere el les i88 LIVRES FRANCAIS. inoeurs de ses habitans. L'ucrivain italieii paralt avoir puisu aiix rneilleures sources; aussi Ton peut consulter son travail avec confiance. Dans la premiere partie, on parcourtles annales tie la Po- logne qui embrassent I'espace de treize sieclcs; et cctte illusire repub!;que,d'abordconquerante el fiere desa haute prosperite, puis vaincuc, demembree, enfiii aneantie, prescnte do grancies lecons, que la posterite doit recueiliir. On aime a rapprocher les grands souvenirs dcs Bolcslas , des Casimir, des H'ladislas , et les nonis celebres dcs Czarniecki , dcs Zolkiewshi , des Chod- kiewicz , de ceux Acs Radziwill , des Oginshi, des Poniatoa'ski, des Koscitiszko , qui se couvrirentde gloire , a I'epoque memo- rable oil une force usurpatrice I'emporta stir le plus heroique devoument. En examinant le chapitre, qui expose I'etat des sciences et des arts,aux differentcs epoques dc I'histoire polonaise, nous trouvons une loiigue serie de savans qui fleuiirent depuis le xiii""= siecle jusqu'a nos jours : Vitdlio , qui le premier fit con- naitre a I'Europe la science de I'optique; Martin, de Pologne, Kadiuheh , Brudzcwshi qui preparerent le chcmin a Timmortel Kopcrnik , leur compatriote, les Orzechowski , les Zamojski , les Sarbicwski , les Kromcr, les Sarnicki, les Starowolski , qui illustrerent leur pays par dcs ouvrages ties-reniarquables. Ce ne fut done pas sans fondcment que le celebre Evasme , de Rotterdam , dans sa letlre a Scvcrin Bonar , disait de la Pologne : " C'est dans ce pays que la philosophic possede d'excellens disciples; c'est la qu'elle forme ces citoyeus polonais qui osent etre savans. » Enfin , les savans <\\\ sicclc de Stanislas-Augustc PoniatovFski, eurent aussi des droits incontestables a la recon- naissance de leurs concitoycns pour le zele qu'ils montrerent a servir la patrie. Mais malheureusement, a I'epoque ineme oil les sciences et les arts reprcnaient leur splendeur en Pologne, le sort politique de ce paj's etait fixe. I,es apercus sui' I'agricullure, le commerce, rindustrie, ainsi que sur les mceurs dcs habitans, jettent de nouvelles lumieres sur une dcs contrees les plus inleressantes de I'Europe, el ne pourronl qu'exciter ^ un haul degre rattentiou et la curiosite des lecteurs. C. 69. — * Lettres du loc de Pologne Jean Sohieski, a la reinc Marie Casimire, pendant la campagne de Vienne, traduites par M. le comte de Plater, et publiees par N. A. de Salvandy. Paris, 1826; L. G. Michaud, place des Victoires, n" 3. In-8°; prix, 5 fr. Singidier exemple de la reconnaissance des coars! En x683, SCIENCES MORALES. 18;) 3oo,ooo Tiircs envaliisscnt la Hongrie , ils se repaDclcnt dans les Etats hereditaiies d'Autrichc; la capitale , que rcmpert-ur abaiidonne , est vaillamment defendue par Staremberg, mais ses remparts vont croulersous rarlillerieottomane; les troupes de I'empiie n'oscnt tenter de la seconrir; tout a coup une ar inee polonaise, oonduite par Sobieski, se presente, Vienne est saiivee. Les campagnes devastees puisent dans le sang des inlideles la lertilite cpii doit reparer leurs desastres; Strygonie ouvre ses portes, la Hongrie est restiluee a I'algle autrichienne; et, avant qu'nn siecle suit ecoule, I'Autriche demembre la Pologne , et 5o ans plus tard , I'Autriche porte parmi les Turcs la taciiqne euro|ieeniie qui avail seule mis un terme aux incursions de ces barbares. Ceux qui ne veulent pas voir meme nne imprudence dans I'instruclion militaire donnee aux eternels ennemis de la chretiente, peuvent etudier, dans les lettres de Sobieski , quelle etait, a la fin du xvii'' siecle , la puis- sance de la Turqiiie. Les vainqueurs recueillirent sur le champ de balaiile de Vienne Ho canons de /jS, 60 de '24, i5o d'un nioindre calibre; 4o mortiers, 100,000 tentes , 9000 chariots de munitions; ils trouverent dans un seul magasin de Tennemi de quoi charger de biscuit 5o,ooo chariots; et le butin fut d'une telle richessc qu'une foule de simples soldats chretiens se paraient apres la victoire de ceintures montees en diamaus, ou vendaient a vil prix ces magnifiques depouilles. Sans doute, la Tiirquie est bien decline de cette prosperite. Mais d'ou vient sa decadence? De ce que I'organisation militaire se deteriorait chcz les Musulmans, tandis qu'elle faisail parmi les chretiens de continuels progres; parce (pie, tandis que nous rempla- cions par le fusil a battefie le vieux mousquet a meche, et les piques par la baionnelte, I'armement des Turcs n'eprouvait aucun chnngement. Leur faire part de nos progres , n'est-ce pas vouloir leur rendre la puissance qu'ils eurent autrefois? lis sont trop appauvris, dira-t-on. Mais c'est en perdant la victoire qu'ils ont perdu la richesse: s'ils ressaisissentlesmoyens de vaincre, ils retrouveront les moyeus de s'enrichir. Le cabi- net autrichien pousse envers eux I'oiibli des injures aussi loin qu'il poussa envers la Pologne I'oubli des bienfaits. Du reste, son ingratitude n'attendit pour se manifester que la fin de ses craintes; et des le surlendemain de la victoire, les Polonais purent presager ce qu'ils devaient attendre des Autri- chiens. Les plaintes de Sobieski a ce sujel sont certaincment ce qu'il y a de plus interessant dans ses lettres. L'enthousiasme pour ses troupes et pour lui fut d'abord general; les princes I'embrassaient, les generaux allemands lui baisaient les mains igo LIVRES FRANCAIS. et los pieds; les habitans de Vienne se pressaient autour de Itii pour toucher de leurs levres ses vetemcns. Mais deja leurs transports etairnt coniprimcs par les chefs; le conseil de rempcrcur deliberait siir rcliquettc qui devait etre suivie dans rentrevuc dc ce prince et de vSobieski. Apres ces graves dis- cnssions , Tentreviie a lieu. Cest le vainqiieur ile Mustapha qui coinpiinicnte rempereiir, celui-ci repond froidenient, et ne daii;ne pas seidenient porter la main a son chapeau, lorsque ie his de Sobieski, prescnte par le heros, vieut saliior sa ma- jeste. Le chef de rAutrichc passe en revue les Polonais , sans leur adresser iin mot, nn sii;;ne de remcrciment. Ces braves voient ceux qu'ils viennent de sanver leur refuser meme les moyens de poursnivrc le sncces. « Nos maladcs, ecrit Sobieski, sont couclies sur du fumier; nos blesses, dont le nombre est assez considerable, ne penvent pas oblenir de bateaux pour descendre la riviere jusqu'a Presbourj;, ou je serais plus a meme de les cntretenir a mes frais... On pille nos bai^at^es; on nous cnleve de force nos chevaux qui etaient restes au dela des montagnes et avaient de la peine a nous rejoindre... Comme beaucoup des notres se pressent vers la ville poiu' y trouver quelque nourritnre, parce que Ton meurt de faim dans lacam- pagne, le commandant de Vienne a donne I'ordre dc ne pas les laisser entrer et de faire feu sur eux... Aujourd'hui, nous avons I'air de pestiferes que tout le monde evite, tandis que, avant la bataille, mes tentes qui, Dieu iDerci, sont assez spacieuses, pouvaient a peine contcnir la foule des arrivans... Maintenant, il ne nous reste plus qu'a gemir en voyant perir notre aimee, non pas sous les coups de I'ennemi, mais par la faute de ceux qui nous doivent tour. « Ces citations peuvent donner une idee des details instructifs et attachans (]u'on trouve dans plusieurs des lettrcs de Sobieski. Z. 70. — * Fie (le Napoleon Buonaparte , Empercurclcs Frnncais , precedee d'un Tableau preliniinaire dc la revolution fiancaise, par Sir Walter Scott", traduite de I'anglais. Paris, 1827; Treultel et Wiutz. On public a la fois deux editions de cet ouvrage; I'une en 9 vol. in-8" sort de rimprimerie de Crapclet; prix, 63 fr. L'edition in- 12 aura 18 vioumcs, dont le prix est fixe a 54 fr. II a paru 6 vol in-8° et 12 in-ia. Les volumes qui ont deja paru contiennent, outre le tableau preliminaire de la revolution francaise, la vie de Napoleon, jusqu'a la paix avec rAutrichc, en i8o<). Nous consacrerons incessammentplusieiu-s articles d'analyse a cet ouvrage, et nous I'examinerons avec I'attention que merilent la celebrite de SCIENCES MORALES. 191 I'aiiteur, et surtout le nom du grand personnage dont il ecrit I'histoire. M. A. ■J I. — Memoires dc D. Juan Van Halen , chef d'etat-niajor d'une des divisions de I'armec de JMina, en 1822 ot i823. Pre- miere partie contenant : le reck de sa cnptivite dans let cachots de r inquisition d'Es])agne, en 1817 ef 1 8 1 8 ; f/(? son evasion, etc.; accompagnee do pieces justi/icatii'cs. Paris, 1827 ; J. Renouard. In-8° de 336 pages, avec un portrait de I'auteiir et des/«c- simile des signatures des inquisiteurs; prix , 6 fr. Ces meinoircs iourniront d'uliles materiaiix pour I'histoire de la derniere revolution d'Espagne. D. Juan Van Halen, apres avoir ete dans sa jeunesse attache a la personne du monarque ephemere impose a son pays par Napoleon, se rendit plus tard dans les rangs de I'armee nationale et patriotique, qui, secondc'e par les Anglais et ])ar la fortune, repoussa au-dela des Pyrenees les guerriers que Soult et Sachet avaient si long-tems conduits, a la victoire... Le recit de ses a ventures, les divers incideus de son emprisonnement et de son evasion forment le sujet du volume que nous annoncons, et qui offre tout I'altrait d'un roman. On y lira surtout avec interet les details d'nne entrevue avec Ferdinand , le tableau de I'interieur des balimens dc I'in- quisition, et le touchant episode de Ramona , simple servante, que sa seusibilite, son devoument desinteresse et son courage elevent bien audessus de son humble condiiion. a. 72. — Biographic des artistes dramatiqucs des theatres royaux.Vav'iS. i''^ livraison (Academic ro^'ale de musi(|ue) 1826. — 2^ livraison (Theatre royal Italien) 1826. — 3*^ livraison (Theatre Francais) 1827. In-8°. Les deux premieres livraisons de 255 pag. , chez Ponthieu et chcz Bechet ; la 3*^ de 176 pag. , chez Carba, et an bureau dc la Galerie biographique, rue de Seine Saint-Victor, n° 7; prix, 6 fr. Je n'aime point les biographies des contemporains; ce sont pour I'ordinaire, des apologies on des satires. Rarement les biographes si presses echappent a ce double inconvenient; qnand meme ils le voudraient, le ponrraient-ils? La vie des hommos publics ne sauiait etre equitablement appreeiec, avant d'etre fiuie. On prendre d'ailleurs les niafeiiaux ?Si Ton n'est pas decide d'avance a dechirer le heros , c'est le plus souvent a lui- nieme qu'on demandedes notes, et je laisse a penser comme on est bien informe. Peut-etre,cependant, parrailes individus dont on peut ecrire la vie, les artistes dramatiques sont-ils les seuls pour lesquels on puisse faire une exception, surtout si Ton se borne, comme I'ont fait les auteurs dn livre que nous annon- iga J.IVRES FRANCAIS. cons , a l'hi-.toiie dcs roles joiies , a la vie pmemcnt draniali'iue. Cetle portion do ri'xisteiicc d'un acteiir, qui si- passt- aiix vcu\ dii public, pent, sans inconvenient;, etie ecrite de son vivanf. Mais I'ecri vain ne doit pasouLlierqu'il se place en face d'ainours- propres extreniemeiit irritablis, et cependant ii faut qii'il se decide, s'il vent etre utile, a faire bonne justice. Les deux premieres patties de cclte biographic, qui, nous le croyons, ne sont pas des memes auteurs que la derniere (RIM. Laugif.r et Mottet), nous ont semble beaucoup trop louanijeuses. La troisienie penche encore du cotii de relo^e; niais , du nioins, il y a plus de critique, et plusieurs artistes nous ont senible ap- precies avec gout et discernenient. Nous eonseillons aux au- teurs de ne point emprunter aux joiunaux de province des jugemens, tels que celui-ci : « M""^ Valimonzey me semble douee de qualites opposecs : belle comme Venus , noble connne Junon, imposante comme Mincrvc , elle possede une voix foi te et sonore, une ame vive et passionnee, etc. » Quaire Jiages ecriles sur ce ton d'engoument pour une actrice mediocre, sont ap- preciees a Paris a leur juste valeur,et [leuvent discrediter un livre oil la critique doit se montrer impartiale pour eire instruc- tive. Nous nous liatons d'ajouter que peu d'articles meritcnt ce rcproche, et que les personnes qui s'oecupent du theatre trou- veront ici reunis bcau'oup de renseignemens sur les debuts et les divers roles oii les acteurs se sont distingues La prochaine livraison contiendra une Notice sur TaJma. 73. — ■ * Collection des pri/icipaitx discours ct choix de rap- ports et opinions prononces a la Chanihre dcs pairs , et a In Chamhre dcs deputes , recaeillis dans un ordrc chronolngiquc , avec un precis historicjue ; par M. Cadiot. Paris, 1827. Mar- celin Cadiot , editeur, rue des Malhurins Saint-Jacques , n° G Session de i8i5, tome 1*^'', 356 pages, et session de 1827. Tome le', 4ao pages; prix de ces deux vol., 7 fr. 5o c. Depuisquelegouvernement representatif estetabli en France, une grande partie de notre histoire se passe dans nos chani- bres legislatives. Ce ne sont done pas seulemcnt des discours que doit nous offrir un j)areil recueil , s'il est complet ; ce sont les fondemens de notre droit public , les regies de noti e jus- tice criminelle, les elemens de nos finances , les litres de nos libertes ; il semble que , pour aiteindre ce but, il seraii neces- saire de tracer comme une histoire suivie de chaque session, dans laquelle on trouvcrait I'analyse des differenles discus- sions , les discours les plus dignes d'etre conserves en entier, ou qui ont exerce I'influence la plus directe siu' les revolutions; enfin , le~. fiagmens des opinions remartpiablcs j)ar quehpies SCIENCES MORALES. — LHTER ATURE. i ,y, traits d'oclat, ])ar (iiii-lqius viies noiivelles on ciuelques arj.;ii- mcns decisifs. Le recueil dont nous annon^ons les deiix pre- miers volumes ne nous semble pas rcmplir entierement Tidce cpie nous nous formons d'un ouvrage de ce genre ; I'auteuv s'est borne a reunir quelques discours prononres dans les deux Chamhres ; mais ce clioix nous a paru fait aveo assez de gout et d'impartialite ; il sera tres-utile a ceux qui voudront s'instruire sur les grandes questions traitees dans nos asseu;blee> legislatives. Le premier volume renfermc le conunenccmenl de la session de i8i5; et I'autre , une partie de la session qui vient de finir. L'editeur fera marcher ainsi de front le passe ct le present , de sorte que le recueil , continue chaque annee, offrira I'ensemble des discussions legislatives, depuis la res- (auration. 74. — * Discours de M. Benjamin Constant a la Chamhrc iics dtputes. T. L Paris, 1827 ; Amb. Dupont. 2 vol. in-8"; prix , 7 fr. On n'a publie jusqu'ici que le premier volume de cette col- lection d'un des orateurs les plus distingues qui aient defendii les libertes nationales, a la Chambre des deputes, depuis I'eta- blissement du gouvernement constilulionnel. Lorsque le second volume nous sera parvenu, nous tacherons d'apprecier, comme elle le nieritc, celteimportante publication. M. A. Littcraturc . 75. — * Grammaire francaise , a I'usage des eleves par; M. Leterrif.r. Deuxieme edition. Paris 1827 ; I'auteur, rue du Val-de-Grace , n° 1; Delalain. In-12 de vi et i58 pages; prix, 1 fr. 23 c, tt i fr. 5o e. cartonne. Nous annoncions, en septenibrc 1826, la premiere edition d'lme Grammaire analytique , vcritablement mise a la portee des enfans ( Voy. Rcc Enc., xxxi, p. 764 ); I'annonce d'tme seconde edition prouve que le public a juge de cette gram- maire aussi favorablcment que nous. Toiitefois I'auteur a in- troduit de grands cliangemens dans son livre : des definitions modiiiees, des developpemens ajoutes a certaines parties, lui jilan tout autre que le i)iemier en font presque luiouvrage nouveau:nous devons done le faire connaitre avec quelques details. Les matleres, ainsi que I'iiulique un tableau svnopticjue place en tete de I'ouvrage, sunt reparties dans I'ordre suivant : mots isoles, syntaxc, analyse, nrtliographc. Chacunc de ces par- ties admet a jjcu pres les memes divisions (|ue nous avons dcja fait connaitre, si ce n'est que retymologic se trouve rejetec a la fin du livre, et rentre dans le domaine de Torthographe. T. XXXV, — Juillet x'^i'j. i3 19', LIVRES FRATV^AIS. Ce n'est pas sur cc cliangomcnt de plan que nous adressc- rons nos observations a I'autcur : qiioique moins rigourenx peiit-i'tro que lo premier, il est toiij;)urs bon et satisfaisantponr la memoire ft le jiii^ement: niais, i-n changcant quelques diTi- nilions, ct la classification de certains mots, en se pressant trop de composer avec I'lisafze ( conime il le dit dans sa pre- face), nous pensons qu'il a nui aux succ(^s futiirs de son livre, et a I'influcDcc qu'il devait avoir siu' renscij^'nement. Aiiisi, dans la premiere edition, la Grnmmaire etail In science des clemens ct clcs proccdcs LIVRES FRANCAIS. cii i'cUiulanl ;i cFautrcs proJuctiuns dii nuuiic auleiir, ct noils croyoiis smiuut que Ics deux traj^c'tlics dc Laurence ft di; Pn- lia:cne ne sout point dc nature a lelevor la [('putation cpie Le- :;oiive avail coninu'iico a se faiio, conirac pni-le iia;;i(|iK', ])ar ses denx pieces de In Mart d'Abcl et iX Epiehdvis ct JScian , niais que ses aulres ouvrages drainatiques n'ont point sontcnue. La ti-n^edie de Lauicnci; et Orzano paiait avoir i-le faile, tlans I'inlenlioi) de (oiiinir un iiouvcau role a M"c Raucourt, qui a\ait contiihueau succes i.\i' la Moit d'Abcl , dans le role dViir. Eiie vint apres celle de Qitiiitiis J'aljtiis ( t. i des 02uvres de I'auteur), fut representee an theatre Louvois, que cetle actrice celebrc diriLjeait alorS; et n'eut qu'tin succes fort epheniere. Cet ouvra^e avait pour base uii amour inc(;slueux et rappelait XOEdijie et la Si'iiuraiins <\e Voltaire, avee Icsqucls il ne pou- vait lutler ni pour le plan, ni pour le style. Quant a la piece de Polixene, dout nous ne sachions pas qu'aucun criti(|ue ait parle, dont M. Bouilly lui-meme ne dit pas un mot dans sa Notice et qui nous parait etre entierement inedite, elie porte la dale de 1784 , dans le volume que noiisavons souslesyeux; I'auleur, qui etait ne en 1764 , avait done 20 ans, lorsqu'il la eoinposa. Co fut probableinent scm coup d'essai, puiscjue In Mori d'Jbel no parut que Iniit ans apres, et nous n'avions pas besoin de calculer Its dales, ])our reconnaitre dans cet ouvrage la main inliabile d'un jeune homnie auquel sa confiance dans les autcurs screes ne pouvait lenir lieu de t^enic. Suecesseur de Delille a la ehaire de poesie laline(au College de France), « ce ne fut, dit son editein-, qti'ajjres un long travail ct apres avoir recueilli les conseils des homnies leltres ciu'il frequentait, tpie Legouve se nionlra , non sans une defiance extreme , a la ti ibune 011 lanl dc grands la'.ens I'avalent precede. » On a cru devoir rassenibler ici des extraits de ce cours; ils occupent les pages 281 a Sa'i, c'est-a-dire, ])res de la nioitie dii voliunc. Tout en reconnaissant qu'ils renlerment des pre- ccptes utiles, ainsi que des leflexions jusles, quoique rarement neuves, et que son auleur y fait preuvea la fois d'erudilion et de gout, nous pensons (pi'ou y irouve trop de lieux communs, et que ce moiceau n'l'tait guere projire a sorlir des classes. IVous ignorons a quelle epoque fut compose le poeme sur Ic Dix-septiemc Steele, qui termine ce voltune des OEiwres ineditcs de Legouve, ct dont nous n'avions jamais entendu parlcr; il est probable qu'il aura ete presente a quelque eoncours aeade- mlque et qu'il n'aura pas Irouve desjuges plus disposes que nous il Ic eouronner. C'est ici I'occasion de revenir sur une opinion que nous avons deja avancee dans ce recneil an sujet I LlTTKRATUllE. 197 tie CCS solcnuites lilleraircs. Lcs borncs clans lesquelles on ci'oit devoir restreindie les conciirreris, etles entravesciu'on y ajoiite encore en l(Mir prescrivant d'avarice iin snjei, eloigneroiit son- vent les meilleurs ouvraj^es de ces conconrs, ou la patience et I'adresse remportent (]iieli|ncfois siir le genie; et , sans soriii- denotresnjet, n'est-il pas fachetix, par excniple, (jue I'onvrago sur Icfjuel ye foude la repniatiou de LeL;oii\e, qne le poenie <]ii J\Jcrtle des fcniif/cs eni'in ui; j)ut, par sa forme et ses dimen- sions (i), se presenter pour dispnler une palme que tant de motifs se reuniraicut pour lui faire decerner jjar acclamation! E. Hereau. 78. — * Traduction noiu'elie des OEnvrcs de lord Byron , pre- cedee de~ sa Vie, avec Notes ct Commentaires., par Alexis- Paulin Paris. — Don Juan. Paris, 1827 ; reditenr, rue Poupee, n° 16. 3 vol. in-18; pri.x , 3 fr. chaqne volume. La coUectiou com])lete formera i /» vol. Don Juan est sans contredit le plus etonnant des poemes de Byron. Nulle pari 11 n'a deployc une observation aussi pro- foiide, aussi etendue, une aussi grande flexibilite de talent. I! n'y a pas ime expression, pas nne image qui ae soit enjpreinli; dime piquante malice, d'une grace ravissante, ou d'tme sond)rc melancolie, selon Tinspiralion du moment, selon que le recit eveille ces diverse? sensations. Le lil delie des pensees n'est prescjue jamais completement rompu : on suit pas a pas la marcbe de cet esprit puissant, a travers les digressions aux- quelles il se laisse alter, comme nous passons rapidement d'une idee a une autre dans nos vagues reveries, et cette intimite a lacjuelle nous admet un si beau genie a nn cbaiine incNjjii- mable. (Quelle admirable:' 'satire de la nature humuine, ou plutot de la corruption sociale ! Cai', ce sont les oeuvres vicieuses des honnnes que Byron hait et meprise : les oeuvres du Createur le ravissent, I'enlevent a ce monde perverti, et rendent le repos a son ame. II s'arrete avec bonheur pour contempler un beau site, pour peindre les joies de la jeunesse, de I'ignorance de tout mal. Alors, son cceur s'ouvre a des impressions donees; mais, si quelque souvenir amer vient a s'evciller, il repousse tout ce qui pent le rattacher a la vie, et se rit de son attendris- semeiit comme d'une faiblesse. Aucun ouvrage de Byron n'est plus difficile a traduire que Don Juan. La finesse des mots,leur aprc ironic, ii'ont, pour ainsi dire, point d'equivalens. L'expression est si beureuse- (i) Le poeme du Mdritc. des fcmmes a ()58 vers, et les lois acade--^ miques n'en accordent aux concuireiis tjue 25o a 3oo. i,)» LI V RES IRANCAIS. snent tiouvi^e pour If sfiitiincnr, qu'il scmble impossible d'y lien siibstitiKT. Ariiver a iiiu' traduction coniplotc mo parait inipossiljle; mais il est bioii d'essayer. Nous avons deju beaucou|> gagne a la nouvelle tentative i\f M. Paris; il nous devoilc des beaut«''S inconiiues jusqu'ici, on ties-imparfaitcmcnt renducs. On voit qu'il a mis dans son travail loute la conscience d'un adaiiraleur sincere de Byron. Tamals unc pluase, uu mot, ne sout elagues : le s<'us est toujours conserve, (jueiquefois peniblemcnt, il est vrai, mais complet. Il y a dans plusicurs passages de la facilite et de i'elegance. Ues notes tirees des Conversations de Byron , par Medwin, et do plusietws auties ouvragcs, expli- quent les passages ou le poete fait allusion a ses mallieurs. L'nc Vic dc Byron, placce en lete de ses reuvres, contient plusicurs details authentiques et curieux. Enfin, cette traduction se re- commande par sa Hdelite, la ncttele de I'impr'ession, la com- modite du format, et nous ne doutons pas qu'elle ne trouve grand nombrc d'amalcurs. Louise Sw.-Bei.loc. '](). — * Poesies, par Jean Polonius. Paris, 1827. Ainie- Andre. In-8° de 116 pages; prix, 3 fr. La premiere des pieces de ce recueil , intitule Retotir aux Muses , indique le sentiment dont le poete est preoccupe. Il avail abandonne les Muses ])our TAmour, qui avait long-tems regnc sans partage sur son ame, ce qu'il exprime dans ces vers ; Non , ne vous vantez pas que TAmour vous enflamme , S'il vous permetencor d'autres voeux, d'aiitres soins, S'il vous laisse du terns pour epier voire Ame, Pour songer a la gloire et cbercher des tenioins. Cette passion exclusive ayant cesse de rcmplir sa destinee, il a besoin de combler le vide immense qu'elle a laisse dans fon ame; il revient aux muses, aces nobles consolatrices de I'homme dans toutes les positions de la vie. Essayons, dit-il, Essayons de la gloire au defaul de I'amour ! Mais, que cliantera-t-il sur cette lyre long-tems restee muette? A qui demaudera-t-il la gloire ? a cette meme passion qui a fait lout a la fois ses deiices et ses tourmens, a cette passion qui a immortalise Tibulle, Properce, Petrarcjue et tant d'autres poetes. Faisaiit un retour sur lui-meme et sur le passe , il pein- dra les agitations dont I' Amour avait rempli sa vie. II n'est pas tcUement deyage de sa rhame qu il u'ait le ressentiment des LITTERATURE. 199 blessures tju'elle lui a faiU's; niais, arrive dans le port, il jngera plus sainement du naiifrage, et nous I'entendions dire : J'ai besoin de tromper I'ennui qui me devore , De redonner la vie a mos r(?ves perdus, Ue venir contempler, fouler, soiider encore Les cendres du volcan dont la flamme ii'est plus. A.ussi, tout son recueil , a I'exception de trois ou qiialre pieces, est enticronjent consacrt; a iin sentiment nnicjue; I'a- maiit n'a fail place au poete qu'en s'idenlidant avec lui. 11 en lesulte peut-etre un pen de monotonie, non pas que le sujet ne flit susceptible de plus de developpemens, memc a une epoque ou la masse des lecleuis deniande au poete de I'oceu- per des inteiets generaux plutot que de ses seutimens par- ticuliers; mais parce (jue I'auteur senible n'avoir eprouve que I'amour doux et tranquille tel qu'oa le connaitdans le Nord , et non I'amour inquiet, violent et jaloux, commo il Test pres- qiie toiijours chez les pcuples du Blidi. Et que Ton ne croic pas cette distinction arbitraiie de notre part; elle est motivee jjar la qualitii meme de I'auteur, qui se cache sous le nom de Poloriius. Nous trouvons, en effet, ces vers dans Tune de ses jiieces, intllulee : Souvenirs du Nord: Tantot la lance au bras, le Cosaque intrepide, Debout, le corps penche sur son coursicr fougueux , Passait comme Teclair, et, dans son vol rapide , D'un tourbillon de neige enveloppait nos yeux. Tantot venait un Russe, a la demarche lente ; A sa ])arbe, a ses cils , tout lilanchis de frimas , On eut cru voir marcher une image vivante De I'hiver, vieux tyran de nos rudes climats. A cette description pocti(]ue et fidele, mais surtout a cette expression de iws rudes cUntats , il est impossible de nn'-con- naitre un homme du Nord dans la ptrsonne de I'auteur. Mais, si nous ne devons pas nous etonncr qu'un Rtisse possede toutes les linesscs et toutes les ressources de notre langue a un degre assez eminent pour que son ouvrage ne fut desavouc par aucun de nos poetes modernes, il ne faut pas non ])Ius s'etonner qu'il ait laisse echapper quelques-unes de ces fautes et de ces incorrections qu'un long sejour en France aurait pu seul lui apprendre a distingner. Devrons-nous ranger dans cette classe cette faute de versilication que nous trouvons dans ce vers de la p. a3 : Que la foule I'entende et ne la voie pas , 200 LIVRES FRANCAIS. et ([ui est rcprodulte plus loin , p. 88 , dans cet aiitic vers : Sur leur Hone effrnlc Ics rois? Api»rendrons-nous i rautoiir que Ve iniu-t, precede d'uiie autre vovello a la fin des mots, ue pcut compter pour une syl- hibe, et (ju'll faut toujours le faire suivre d'nn autre mot com- iiiencant c^alcment par uiie voyclle, poui- qu'il s'elide avec elle? La repetition de cette fautc pourrail faire penser on que le vcrsiiicateur ignorait la regie, ou que le poete I'a dedaignee, a Texemple de nos romanliques. Apres cetle li'i^ore observation critique que nous devious a I'auteur, surlout en sa qualite d'etranj^er, nous n'avons plus que des eloges i lui accordcr, et nous voudrions pouvoir dis- poser d'assez d'espace pour ciltr en enticr son Baiscr, celie de ses pieces qui uoiis a parn la mbles pensees et quelques beaux vers. II i'ecrie : Venez voir triompher I'inimortelle amazone, Tro.is cents ans d'esclavage out fletri sa cnuronne; Sous rcmpreiiUe des fers coiitcmplez sa beaute. Mais, a TEurope indifferente, Monti ant ses bras nieurlris, son front ensanglante, En vain la Greee , auguste supplianle , Redemande sa gloire avcc sa liberie. Pour delivrer cette autre Helena, Le monde ne voit pas trente rois accourir. Le cirque s'agrandit dans rEurope chrctienne. La Grece, pour ses fils, est une immense ar^ne Oil TEurope , de loin , les regarde mourir. LITTERATURE. 201 >!. AlcxatRlte Guiraiid avait deja dit : «■ Ce sont toujours dcs (.hiclitns qui combalteiU; niais autrefois, du moins , c'ctait I'Eiirope paieune qui rempHssait Ics amphitheatres ! » X. 8x. — * Alacbeth, tragedie lyrirpie en Irois actes , repre- sentee pour la premiere fois sur le theatre de rAcademie royalc tie nuisique, le 29 juiii i8'27. Poeme , M***; Musique , M. Chi;- LATvD ; choregrapliie, IM. Gardel. Paris, 1827. Barba. In-8° de 44 passes ; prix , 2 francs. Les auteuis qui ont voulu transporter sur noire scene le drame de Macbeth scmblent n'avoir pas bien saisi la pensee du poete ani^lais. Le but de Shakespeare a ete de monlrer la naiisance et le developpement progiessif d'uue passion crimi- nelle dans une ame naturellemcnt vertueuse. Du moment que Macbeth a accepte I'esperance du trone que les sorcieres ont fait briller i\ ses yeux , une irresistible fatalite s'empare de lui; tout ce qui gene son ambition est devoue a la mort qui doit eiifin ie frapper lui nieme. C'est peine perdue que de vouloir soumeltre un pareil sujet aux regies de notre theatre. Sa nature est de se composer de plusieurs actions disiinctes , et separeos j)ar de certains intervalles. Aussi , la Iragedie de Ducis , malgre de grandes beautes de detail, n'offre-t-elle qn'un ouvrage in- compiet et tronque. L'auteur anonyme de I'opera (]iie nous acmoncons n'a pu echapper a cet inconvenient. Parmi les dif- ferentes actions qui comjiosent la piece de Shakespeare , il s'est borne a presenter le meurtre de Duncan, et IVIacbclh est puni immediatement apres ce meurtre. Ainsi les sorcieres ont beau lui dire: Macbeth, tu seras roi ! Macbeth ne regno pas. On ne le voit |>as entraine de crime en crime, et malheureux par le succes meme de son aftibition. Mais il faut convenir que cctte peinture excede les bornes dn genre iyrique. L'opera de Mac- beth est, du resle , conduit avec art. Duncr.n , qui ne parait (ju'un moment, ne laisse pas d'interesser. L'aetion est rapide ; le style, par son naturel et par sa vigueur, decele une main exercee. L'apparilion des sorcieres , au moment de la mort de Duncan , est un trait heureux et bien approprie au genre. C. 82. — * Le Rodeur franmis , ou les RToetirs du jour, par R. DE KouGEMOJfT. T. VI. Paris, 1827; Pichon-Eechet, quai des Augustins n° 47. In- 12 de 29^ pages; prix, 5 W. II y a deja quatre ans que nous avous atiuonce dans ce re- cuei! le 5" vol. du Rorlnir {Yoy. Rev. Enr. , t. xviii, p. 41 1-412), et nous terminions notrc article , en cngageant M. de Rouge- inont a poursuivre une carricre dans laquelle il avait obtenu ensons qu'il cut ete mieux place dans la galerie morale de M. Bouilly. Les deux meillenrs cha- pitres de ce volume, ceuxoiiM.de Rougemont a retrouve tout son talent, sans doute aussi parcc que les sujets lui en etaient plus fauiiliers et mieux connus , sont le li" et le 12'', qu'il a UTTER A.TURE. — BEAUX- ARTS. ao5 intitules : une Lecture ar son professcnr ot ami , Pastou , fondatcur do I'F.cole de la lyre harnionique, professeur dhaiinonie, do violou , de unitai c, eto. ; aneien artiste du theatre royal Italien. Paris , 1827. L'auteur, rue de la Viilliere , n° 3. Gr. in-8", grave sur planclies , de 338 pagf s ; prix , 36 fr. En considerant les innombrables difficultcs qu'offre i I'etu- diant I'art de la miisiipie , on doit ctre suipcis qu'im aussi giand iiombre de personnes s'y distinguent par des talcns varies. Les charnies (jne ce be! ait lepand sur vos loisirs disparaissent devant les obstacles qu'y trouve a chaque instant celui qui en commence leiude. Ces difficultcs tiennent surtout aux otivragcs, et quelquefois memo aiix maitres qui se chargent de cet en seignement, parce que la clarte de Texposition lenr manque presque toujours , et (]u'unc methode embroiiillee vient encore compliquer des elemcns denues de simplicite. Le desir dc reiidre renseignement de la niusique plus facile, et pour ainsi dire populaire , a fait naitre diverses niethodes, qui se sont recommandees par des aporcus nouveaux et inge- nieux. Celle de M. Wilhem doit etre citee au premier rang, et elle serait peut-etre sans rivale , si le savant auteur ne I'eut un pen trop chargee de details qui prouvent son erudition et la multitude de ses recherches, maisqui cmbarrassent inutilement I'eleve. Le mclophistc de Galin , qui a obtenu des succes nom- breux, a ses partisans et ses detracteurs , ainsi que les nie- thodes de M. Choron , de M. Cuelard, et celle de M. Massi- MiNO : lorsque d<'S hommes de ce merite occupent leurs loisirs a rendre plus simples les principes de la musique, il en faut conclure que les precedes suivis jnsqn'ici manquent de clarte, et (|ue la multiplicite des signes et Icur usage cmbarrassent les commencaus et arretent leurs progres. C'est ce qui a porie ces habiies artistes a creer des notations nouvelles , plus raiion- nelles que les precedentes. Mais ces signes adoptes de tout le monde , il faut toujours en venir a les connaitre et a les em- ployer avecla rapidite qu'exige I'execution musicale, puisqu'il serait impossible d'cn empecher I'nsage. Il faut done que le BEAUX-ARTS. 207 maitre condiiise scs disciples a lire, a chanter, on a joiier snr un iiistiimiont toiito piece tie musiquc , c'est-a-dire , qii'il fatit ((lie ceux-ci decluflVent enfiii, sans prescjiie y songer , et par la seule puissance de Texcrcice, avec la vitesse de la pensee inenie , des pages coiivei tes d'line nitiltitnde de signes plus conipliqiies Ics uns que les aiUres, et cela en donnanta cliaque son line dtiree rigoiireiisemcnt determinee. Que devient done lapprentissage qu'ils ont fait de syniboles, plus simples , si I'on veut , que ceux qu on est convenn d'employer, niais abso- lument inusites. II faut qu'ils les oublient pour en appiendre d'autres ; travail plus rebutant et phis difficile que s'ils ne coi;- naissaient pas de siijnes nioins conipliques. La noiivelle me- thode qu'ils onl suivie n'a done fait que retardcr leiirs progres. Ces niolifs pnissans ont frappe tons les bons esprits; aussi ces uouveUes methodes^ raalgre l'es|)rit philosophique qui les a conciips se soutiennent dilficilement. M. Pastou , qu'iine loiigue etude des priiiei|)es de I'art a guide dans ses recher- ches , a imagine une methode qui , sous le litre de /jrc; liarmo- nufue , a fonde uue ecole nouvelle , oil les succes ont ete in- contestables et publics. II a en I'ai t de ne se servir de nouveaux signes, d'une langue nouvelle, qu'autant que cela etait neces- saire pour faire comprendre la musiqne, telle qu'on est accou- tume a I'ecrire. Ce n'est pas une difliculte de plus qu'il offre a ['esprit de ses eleves ; c'est , au contraire, un guide fidele qui ouvre et debarrasse la carriere. II serait impossible d'exposer ici une methode dont toute la vie est dans les details : c'est dans I'ouvrage uienie que Ton doit en trouver rensemble et en apprecier I'utilite. On pent regarder ce livre comme un excellent ouvrage d'eiiseignemeut , qui fera honneur a son savant autcur. Francoeur. 87. — * Cantiques religieux et inoraux , mis en musique a trois parties ( voix egales 011 inegales), avec basse-continue ad libi- tum, a I'usage des colleges, etc. ; par /. Adrien Lafasge. Paris , i82t; I'auteur, rue dii faubourg Saint- jMarlin, n° 114. 3me li vraison, n° 16 a 21, pages !^c\ a 72 ; jirix, 4 fr. 5o c. M. Lafasge a promis que les six livraisons de ses Cantiques seraient publiees , dans le courant de I'annee 1H27; et la troi- sieinc a paiu , avant la fin du slxieme mois de cette annee. Cette ponclualite doit rassuier les souscripteurs qui liennent beaucoup a recevoir des recueils complets , et qui out en, sous ce rapport, a se plaindre de la plupart des editeurs de nuisique. lis auront encore a se loner du choix des pieces que M. Lafasge a mises en musique : sur les six morceaux qui composent !a nouvelle livraison, quatre sont en francais, et les paroles sont aoS IJVRES FRA-NCAIS. de J.-B. Rousseau, do I'abbc Laltaignant, de Jean Racinr cl de Saint-An^c. Lcs morccaiix latins sont mic antienne a saint Joseph el un affcrtoire a trois voix sans accoiiipagnement. Co dernier canliqiie est surtout icmarqiiahle par la douceur et la melaiieo'.ie dii cliant principal, et en nieme lenis |)ar le travail de i'harinonie. Nous no repeterons pas icl les eloges qne nous avons deja donnes a cettc collection : nons rappellerons seiilcment (]ne le reciieil de M. Lafasgc offrc- deja \\\vj,\. et un canti(]iies d'nne exeealion facile et :imusante, et la religion, comprenant la dogmaliquc, la morale chielienne «t riiistoire de la Bible. On excrce les eleves a rediger des themes sur ces differentes mntieres. 3" JSeiiseigncment des langues : dans ces lecons, on commu- nique aux elev(?s les regies de Tetymologie, de la syntaxe et de i'orlhogr.Tphe; on y joint des exercices de style, de decla-' mation, et meme d'improvisation. Les manuels dont on se sert sont ceux de Heinsius et dc M. ff^. Wittjier, jirofesseur a I'licole. Le dernier de ses ouvrages vient dc paraiire a Hei- delberg, 1827. II y a dc phis un cours elementaire de languc francaise : bien qu'il soit f.icidtatif, ce cours est siiivi avec assiduite. It" h'arit/aiietir/iie, le calc/il de tete cl par c/iiffres , d'apres la methntle de Pestalozzi. M. Wiltmer a aiis>i piiblie un nianuel sur cette partie. Sluttgard, iSj.o; chez Cotta. 5" La gf'o/iictrie , premiers eiemens jusqu'aux parallelo- grammes, d'apres le manuel de Wucuerer et la methoJc de Pestalozzi. Ce cours est donne par M. Maier. 6° L'/iistoire et \a. geograpltie , par le professeur ScHMiinKG. Ce cours comprend I'liistoire ancienne et la description des diverses parties du nionde. 7° Uhistoire naturelle , qui consiste dans la zoologie en cH^t: ;5. 7x8 EUROPE. meme et dans ses rapports avec la technologic; la botariiquc, avcc dcs applications a ragricultiire, a rhorticulturc et A la cnltiire dcs arbres. Piofesseur, M. Ecrelle, qui a compose mi nianucl sur cotte jiartic. 9" L'enseignement de la musifjiw , du chant, du plain-chant et An piano. On y enseigne encore ;\ jouer de plusieurs autres instrumens. Seconde annee. — 1° Le coiirs de pedaj:;ogie se transforme en une exposition dcs diverses mvtliodes d'cnseigncment , et s|je- cialement de la metlmde lancnstcricnnc , on d'cnseignr/nent niu- ttiel. Les eleves les plus avances sont exerces dans I'ecole pri- maire de la ville de Rastadt, sous la direction de M. Witlmer. 2° Yi' cnscignemcnt de la religion est continue. 3° Euseigneinent de la langue allemandc , theorie du style; explication de passages choisis extraits des mcilleius auteurs. Les eleves s'exercent par des amplifications sur des sujcts de morale, de pedagogic, ou sur des matieres puisees dans les habitudes de la vie civile. On les forme aussi par des exercices dans le style epistolaire. 4° Uarithmetique est conlinuee jusqu'aux logarithmes; on y joint I'a/g^eirejusqu'aux equations du second degrc. 6'* ha. geometric est conduite jusqu'aux elemens de la trigo- nometrie. On fait sur le terrain des essais de geometric pra- tique. 6° Le cours d'/iistoirc , pendant cette seconde annee, com- prend I'histoire moderne, et la geographic a pour objet les etats de la confederation germanique , et le grand-duche de Bade en particulier. 7" Des notions generales Ae physique et de chimie destinees a fournir aux eleves les moyens de combattre avec succes les prejuges populaires. 8° Le dessin et le dcssin lineaire , sous la direction de I'ar- chitecte du cercle. 9° L'enseignement de la calligraphie et de la miisique est con- tinue. On donne par semaine deux legons sur chacune de ces differontes branches. Le directeur actuel de I'etablisseraent est M. Holdermann, cui'e primaire de Rastadt. in. Pensionnat. — Le pensionnat est entretenu, au moyen des fondations generales pour I'instruction ( Schul-Fond) , et par les fabriques des cglises et des chapclles , auxquelles est imposee robhgation de participer aux frais qu'exige I'elablis- sement. Les eleves externes doivent se maintenir a leurs depens ; mais un grand nombre de ces derniers jouissent de bourses ALLEMAGNE. — SUISSE. ag qui leiir sont conferees par les communes. Le pensionnat est sous la surveillance du directeur de tout I'etablissement ; il y a un second surveillant, pris ordinairement parmi les inslitu- teurs de I'Ecole de Rastadt. La nourriture se compose, pour le dejeuner, d'un sou de pain ; pour le diner, de soupe, de legumes at d'une demi- livre de viande, excepte les jours maigres; pour le souper, de pommes de terre et de viande, trois fois par semaine. Le dimanche, cnacjue eleve recoit un verre de vin. Le moment du lever est fixe a 6 iieures en hiver , et a 5 hemes en cte, Le travail journalier ne cesse qu'a 6 heures du soir. Parmi les dix professeurs qui enseiguent a I'Ecole nonnale, huit sont en meme tems professeurs au Lycec; il n'y a que MM. HoLDERMANN ct WiTTMER (i) qui sout cxclusi vcment attaches a retablissemciit. Les iustituteurs du grand-duche de Bade sont choisis de preference parmi les eleves de I'Ecole norniale de Rasladt : la reputation dont elle jouit est telle, qu'il est rare de tiouver dans le grand-duche un instilnteur cpii n'en ait pas suivi les lecons. C'est aiusi que se repand un enseignement uniforme par lout ce pays , qui compte on million d'habitans. L. A. Warnroenig. SUISSE. Lcolcs des arts et metiers a Aarac et a Zurich. — ■ C'est h notre cpoque, si fertile en grandes ameliorations, qu'il ap- partenait de porter les lumieres de I'instruclion jusque dans les derniers rangs de cette classe ouvriere , qui , long-tems ignorante et dcdaignee , s'efforce aujourd'hui de s'elever dans (i) Get etablissement est surtout redevable de I'etat florissant oii il se trouve au z^le et a I'activite de M. Wittmer, qui a consacre toute sa vie a rinstructioa primaire. Apres avoir aoheve ses etudes sous la direction du celebre professeiir Schwartz, a Heidelberg, il elablit, en i8o4, un pensionnat au chiteau de Kislau, pres deBruchsal, ancienne residence dc I'eveque de Spire , ou , I'un des premiers en Alicinagne , il enseigna d'apres la methode de Pestalozzi. Les succ^s qu'il obtint lui acquirent une si grande reputation dans le pays , qu'en 1809 on lui confia la direction d'une ecole modele a Rastadt, ainsi qu'une chaire a reta!)lissement dont nous avons parle. En 1810 et 18 n il fut envoye, aux frais du gouvernement, a Yverdun , chez le celebre Pestalozzi ; ce qui a beaucoup contribue a lui donner I'ex- tr^me habilete dont il fait preuve dans ses fonctions. M. Wittmer est auteur de plusieurs ouvrages sur I'instruction elementaire , fort esti- mes en Allemagne. a3a EUROPE. restime generale ;\ la mcmc hautoiir que liudustrie tlont eUe suit Ics progres. Nous avons deja signale Ips heureuses tenta- tives faites en Angletcrre , en Frnnce, dans les Pays-Bas, en Allemagne et en Suisse , pour y introduire un enseignement indnstricl approprie aux besoins dcs manufactures et des ateliers : i^ cote des nonis de I'Anglais Birkhcc/; et de M. Cliarlcs Dupin , nous avons cite ceux de MM. Hcrose et Hoiinz'dcr , citoyens d'Aarau , a qui cette ville doit la fondation d'nne ecole des arts et metiers (Voy. Ret'. Eiic, t. xxxii, p. 628). Get utile etablisscment a etc oiivert il y a pen de terns , ainsi que I'annonce im prospectus ou se Irouvent exposes le j)lan et Vorganisalion dcla nouvelle ecole. Son but, y est-il dit, est de procurer aux jcuncs gens qui se consacrcnt a la carriere indns- trielle les connaissances sans lesquelles ils ne pourraient pre- tendre a cultivcr les arts avec succes, ni surtout a perfec- lionner leurs procedes et leurs produits. La Suisse possede , il est vrai , un grand nombrc d'ecoles et de colleges ; mais I'en- seignement y est particulieretnent destine aux professions sa- vanles, et Ton s'est fort peu occupe des manufacturiers , des fabricans, dcs artisans, qui, apres les cnltivateurs , forment sans coutredit la portion la plus considerable et la plus impor- tante de la population. Aussi se plaint-on de I'ignoranee gene- rale des ouvriers, et de I'etat de decadence et d'inferiorite ou sont tombes dans cc pays presque tons les metiers. La fonda- tion de I'ecole d'Aarau est un premier pas vers un ineilleur ordre de choscs. Les jeunes induslriels y tronveront, a I'age de quinze ans , ot au sortir des institutions priniaires 011 ils auront appris la lecture, recritiire, le calcul , les elemens de ia geometrie , de riiistoirc naturelle et de la geographic , des lecons d'arithmeli(]ue et d'algebre, de geometrie et de trigono- metric appliquees aux arts , de mecaniquc , de physicpie , de chimie, de technologic, de dessin , de modcloge : des instructions sur les devoirs de I'artisan et des cxerclces d'ecri- tiue completent ce cours d'enseignement , confie a trois pro-' fesseurs principaux. Les fondateurs offrent trente places gra- tuiles aux fiis des bourgeois de leur ville natale; les jeunes gens de la campague ou des autres cantons, seront admis , ■ moyennanlune retribution annuellc de /jS Fr. dc Suisse (60 fr. ■ de France). Une commission de cinq niembres est chargee de *■ la surveillance et de la direction superieure : elle est actuelle- ment presidee par M. Henri Zschokke , auteur du prospectus, auquel des ecrits remarquables et un patriotisme eclaire ont merite depuis long-tems I'estimo dc tons ses concitoyens. La ville de Zurich marclie dans la meme voie que lechef lieu SUISSE. — IT ALIE. a^i du canton d'Argovie. Des citoyens y ont forme unc association dans laquelle Ics nns apportent le tribut de leurs connaissances reientifiques, et Ics autrcs les sccouis pecuniaires que ncces- fiite rcntreliea d'un college tcchnologique , oil Ton recoit a I'ago de seize ans et inoyennant une legere retribution , les elevcs des ecoles savanSes qui nbandonncut leurs etudes classiques pour se voiier plus specialement an commerce ou a I'industrie. C'est aussi depuis les premiers mois de cette annee seulement qu'ont ete oiivcrts les cours de cette institution, qui compte parmi ses professeurs les savans les plus distingues du canton. L'enseignement y est divise en deux classes : la premiere com- prend rarithmetiqne commerciale et les logarithmes , la geo- metric appliquee , la mecanique pratique , I'histoire abrcgce des trois regnes de la nature, la geographic physique et ma - ihematique , la physique, la tcchnologie , la geographic ou plutot la statistique commerciale et industrielle des differens peuples, les langues allemande et francaise , la calligraphic , le dessin , et des excrcices manuels empruntes a divers metiers. A la seconde classe apjiartiennent Talgebre , la trigonomctrie, les theories de la mecanique , la zoologie , la mineralogie , la botanique , la nhimie ap))]iquee , la geometric descriptive, rarchitecture civile , Ic droit commercial , les langues et les litleratures allemande, francaise, italienne , anglaise, et enfin Tart de modeler. Ainsi I'impulsion donnee en Angleterre et en France par quelques philanti'opcs se communique peu a peu aux diverses paities du continent : Lausanne, Berne, Geneve et Bale, ont deja des instituts technologiques pour la jeunesse, ou des cours scientillques mis a la portee des ou- vriers adultes. Ces bienfaisantes creations, tout en portant d'heureux fruits sur le sol oi!i elles se trouvent deja trans- plantees , ne peuvent manquer de propager I'influence du bon exemple jusque dans les cantons voisins , qui comptent , surtout ceux d'Appenzell, de Saint-Gall ct de Neuchatel , une nom- breuse population manufacturiere , bien digne dexercer la zele de la philautropie. » ITALIE. Chambery. -— Donation enfaveur des science.';. — M. le comfe de BoicjfE a fait dernierement a \ Acaclemie des sciences de cette viile, dans laquelle il est ne, un don de 2,400 fr. Cette societe savante, qui compte dans son sein plusieurs savans distingues, se livre depuis quelque tems a des recherches d'un grand interct sur la geographic physique de la Savoic. — Fondation de bicnfaisance. — Le meme philantrope, qui •i3% EUROPE. inarclie sur les traces de iiotre veneiable cumpatriote, AI. cle Motithyon, iion conltnt tic fonder line rente annuelle de douze rents livres neuves en faveiir des prisonniers indigens de la province, et de faircles fonds necessaires pour fournir jnsqu'i Irois cents chemises par an a ces infortunes , dont I'affreux de- nument n'avait emu jusqu'ici la commiseration ni du clerge redevenu opulent, ni des autoriles eiviles, vient d'insliluer , a ses frais, un /lu.tpice pour les alii-nes , organise sur le modele des mcilleurs etablissemens de ce genre. II a fait I'acquisition, pour cet objet, du local dun ancien convent, dit Ic Bettnn, dans la jolie vallee de la Rochette, a six lieues de Chambery, <'t assigne pour I'entretien de I'liospice un capital de 400,000 livres neuves. On travaille aux reparations de I'edifice, qui seront terminees avant un an. I. Naples. — jircheologie. — Fouiltes de Pornpei. — On a fait, le 5 juit! dernier , en presence du roi et de sa famille, nne fouille extremement riclie par la quantite et la nature des objets qui en fluent le resultat. Le lieu choisi pour I'operation etait une maison dans laquelle on avait decouvert precedemment une tres-belle fontaine en mosaique, bordee de coqiiillages. Du milieu de la vasque, s'eleve une petite colonne en marbre, sur laquelle est place un genie de bronze, tenant dans sa main gauche un oiseau aux ailes deployees, du bee duquel devait sortir I'cau pour de la retomberdans la vasque; et un masque de theatre en marbre, inscrule dans le fond de la niche, versait de son cote une autre parlie des eaux. Sur le devant d'lin des pieds de la fontaine etait une petite statue de bronze, assise, ayant a la main gauche une corbeiile et sur la tete un bonnet , elle semble represenler un berger phrygien cou vert d'unc courte tunique; mais elle n'appartient pas a la place oil elle a ele trouvee. Sur le piiidestal de marbre est un bean morceau de sculpture qui figure un enfant a demi nu, couche et endorini, serrant dans une de ses mains un petit panier. 11 a pres de lui un vase rcnverse; ses vetemens sont dune forme extremement bizarre. Sur ie devant de I'autre pied de la fontaine est une espece de cariatide de marbre. Les parois de la muraille sont ornes de peintures tres-ele- gantes, qui , a en juger par les accessoiies symboliques, sem- bletit representer la naissancc de Bacchus. Dans le parvis est un fourneau do fer oxide avec son tre|)ied, surmonto de quelques debris de vases de bronze. — Dans les deux chambies situees a cote du parvis, on a decouvert un grand nombred'objetsinteiessans dont les principauxsont deux forts bracelets en or, avec des picrres vertes dans le milieu, ITALIE. a33 dix monnaies iiiipc'iiales egaleinent eu or, une inomiaie d'ar- gent de petit module , plusieurs vases de bronze elegaus, et iin tres-beau candelabra du meme metal. . Si ies fouilles de Pompei etaient conlinuees avec une grande activite, sous I'infliience dune voionte forte, par le concours trunnombresufiisant d'ouvriers bien diriges, etsous la surveil- lance de savans antiquaires et d'ai tistes animes du veritable esprit (pii devrait presider a de semblables investigations, la ville antique serait tout entiere decouverte d'ici a quelques annces; ct, an lieu de parties detachees qui ne font qu'irriter la curiositc sans la satisfaire, on pouriait en visiter et en ob- server I'euscinble. Quoique la pronipte terminaison de cede vaste entreprise , digne d'un roi ami des arts, et dune nation vive, spirituelle, passionnce pour le bean, dut enlrainer ime avance de fonds considerable (pour laquelle i! serait facile de former une so- ciete d'actionnaires), le resiiltat definitif offruait, dans I'abon- dance, la varicte et la valeur des produils, et an moyen de ra{fl»c!ice des elrangers qui viendraicnt admirer cette conquete de notrc siecle sur Ies siecles passes, une amjile compensation des depenses: et la gloire de raclievement de ce grand travail suffirait a rillustration d'un regne. OE. Milan. — Necrologie. — Le chevalier Charles de Rosmini , ne a Roveredo, d'une noble familie, en 1763, est mort d'apo- plexie le 9 juin de cette annee. Dans ses premieres etudes , il profita de sa bibliotheque domestique, contenant 16,000 vo- lumes choisis, et de I'amitie du chevalier Clementino Van- netti , un des savans Ies plus eslimes de son tems. Le jeune Rosmini debuta dans sa carriere par im leoueil de vers (Rove- redo, 1783), et par quelques opuscn/es en prose sur differens siijels. 11 publia ensuite quclt]nes Considerations sur deux Discours de d'Alembert, relatifs a la poesie, avec un essai de vers (Roveredo, 1786). Sa Fie d'Ovide parut d'abord a Ferrare en 1789, et fut reimprimee a Milan en 1821. Get oiivrage se fait remarquer par I'eruditidn de I'auteur et par I'interet (le ses rcciierches. M. Rosmini avail entrepris dere- diger une biographic des ecrivains de Trente et de Roveredo; mais il n'a public que X Introduction de ce travail, et ime Notice sur Christophe Bucctti , de Rallo, un des nombreux poetes italicns du xvi^ siecle. An lieu de la continuation de cet ouvrage, il donna successiveraent une Fie de Senequc , Ies Mc moires sur la vie et Ies ear its de Clement Baroni-Cavalcabb , le Modele du parfait jjrecepteur , dans la vie et la methode d'educalion de Victorin de Feltre, Ies tics de Guarino do a34 EUROPE. Verone, et ci<* Francois Filclfo de Toleuliiio , et Vhistoire d« Jcan-Jacqucs 'J'ru'ulce , siirnomme le Grand. Tons ces ouvrages rcnfcriiiciU (U-s notices exaclcs et cnrieuses, ct des dociimeiis jusqu'alors inedils que I'auteiir a su tirer de diverscs archives. Nous liii dev'ons aiissi la publication de quclques iiianuscrits aparlenant a des ecrivains du xvi^ sieclc, et siirlout la Fie dc Guidabdldc /''' de Montcfcliro , due d'Uibin, redigee par le litterateur et mathematicien Bcrnardin IJaldi. Le dernier ouvrage qui a fermiue la vie litteraire de M. Rosmini est son Histoirc dc Milan, imprimoe en 1820, en 4 vol. in-4°, riche en pl.inches et en documens. Nous avons donue une analyse de celle histoire, sans adopter lii les eloges excessifs ni les cri- ti(jucs trop severes dont clle a ete le sujet (voy. Rev. Enc. , t. XII, p. 395). On assure que I'auteur en a laisse !a conti- nuation depuis 1 535 jusqu'en 17/iO, epoque de la niort de Charles YI; et Ton espere qu'cUe sera piibliec par ses heri- tiers. Ceux qui mcsurent le nierite d'lm savant par le nombre des academics dont il a fait partie, pourraicnt en compter jusqu'a vingt-deux dont M. Rosmini etait meinbre, et entre autres I'lnstitut royal d'ltalie et I'Acadeinie de la Crusca. II remplit tonjours les devoirs de sa religion et de la morale; aima passionnt'ment les lettres, et lionora ceux qui les culti- vaient comme lui. Nous avons puise les materiaux de cet article necrologique dans une Notice sur Rosmini par son ami le savant /. Labus. Fr. Salfi. GRECE. GxECE. — Extrait de la Lcttre d'lin Francais qui est enrSle sous les drapeaux grccs. — yippel aux Phillicllenes. — C'est lorsque les genereiix efforts des Grccs jiour conquerir leur independance sont pres d'etre coiironnes du succes; c'est lorsqu'ils sont sur le point de sortir vainqueurs de celte lulte, si longue et si honorable, qu'd importe de ne pas laisser re- froidir le zele que les nations chretiennes ont mis a les secourir. On ne saurait trop le repeter, la faim est, de tons les en- nemis des Grccs, le |)ius redoiitable, le seul peut-etre qu'ils ne puissent terrasscr. Ne viendra-t-on pas a leur aide ? leurs pres- santcs soUicitalions ne trouveront-elles que des cosurs froids et inscnsibles? Les comiles j)liilhelieluiques ont fait, il est vrai, de grands sacrifices; mais ont-i!s fait tout ce qu'ils au- raient pu faire? Le systeme d'apjirovisionncment qu'ils ont adopte ne s'cst-il pas trouve trop dispendieux et hors de pro- portion avec leurs moyens ? Les fouds sont insuffisans pour faire face a des besoins qui se renouvellent sans cesse, dont on peut prevoir, mais non fixer le terme. » I GRfeCE. — ESPAGNE. — PATS-BAS. i'i5 Uiie ressoiirce alimentaire s'est presentee ; elle est ^cono-' miqiie, at pent rendre d'immenses services; et cependant, on I'a negligte jiisqu'ici. Nous croyons devoir la rappeler a I'atten- tion des Philhellenes. Par una ingenieuse combinaison de la substance animale et vegetale, M. Gimbernat est parvenu a faire nii biscuit tres-suljstantiel, d'line longue conservation, et qui renferme, sous une forme commode et pen volumitieuse, line nourriture agreabie, saine et reparatrice. Le jirocecle est lellcment economique, (jue M. Gimbernat n'evalue qu'a pres de trois, et au plus cinq sous , la quanlitii necessaire pour nourrir, pendant un jour entier, I'homme le plus vigoureux. II ne s'agirait que d'etablir a la proximitc de la Grece tine manufacture pour conftctionncr en grand cette espece de biscuit. Une souscription est ouverte, pour cet objet, a Geneve , au bureau du journal de Geneve, on Ton pourra prendre con- naissance da projet et de tous les renseignemens nllerieurs. N. ESPAGNE. Mandement contrc les journaux francals et anglais , et contre les livres venantdes pays etrangers. — L'archeveque de Tolede, Ms'' Inquanzo , vicnt de faire piiblier dans son diocese un mandement qui met a \indcx presque loute espece de livres autrcs que les livres de prieres. Tout ecrit en languc etran- gere, toute traduction d'oiivrages etrangers, tous les journaux francais et anglais sont impitoyablement prohibes en masse par S. Em. , qui , quant aux journaux, ne s'en est pas tenue la dans son mandement; car il defend , en outre, sous peine d'excommunication , I'entree dans les cabinets de lecture qui .se sont etablis ici depnis quelnue terns , et de plus, la lecture des oeuvres de BI. Llorcnte, de ceilcs de Sampere sur les revenus de I'eglise d'Espagne, et jiisqii'a la traduction des psaumes de David, publiee I'annee deiniere et dediee au roi. Notre mi- nistre des affaires etrangeres, a la demande de rareheveque de Tolede, a prie les nicmbres du corps diplomatique de ne point communiquer les journaux qu'ils recoivent de leur pays. PAYS -B AS. Harlem. — - Societe hollandaise des sciences. — Extrait du pro- a-RAMMP. pour I'annee 1827. — Cette Societe a tenusa 74'ne seance annueile, le 19 mai. Elle a couronne : 1° un memoirc coiitenant la description d'une nouvelle maniere de reprimer les sources d'eau, dans les puits profonds, destines a la construction des grandes ecluses, dont Tauleur est A.-F. Goudrtaak, conseiller aiG EUROPE. d'etat, inspecteur-geneial dc I'etat hydraulique du royauine; ■— 2" un mt-nioirc concernaut les effels du froid rijj!oureiix de iSaa sur les arbres et les plantes, par J.-B. Oberdieek, mi- uistre de I'evangile ^ Barchwick pres Luneburg; — 3° un me - moire sur la decadence du commerce en HoUandc, etiesmoyens tl'y remedier, par M. Van Ouwerrerr de Vries a Amsterdam. La Socicte a recu una repunse en allemand sur les deux questions suivantes , avant pour devise : Zyirurt x.a\ lu^Kstn , Matth. VII, 7. « Quel est I'etat actuel des ronnaissances concernant Ic mou- vement des sues dans les plantes? Quelles sont les observations et les experiences, qui fournisstnt (juelque luiniere sur la cause de ce mouvement, et sur les vaisseaux ou les organes dans lesquels il a lieu? quelle utilite peut-on tirer de la connaissance acquise i cet egard pour la culture des plantes? » La Societe a rcconnu dans ce memoire les talens el I'erudition de I'auteur; mais elle s'est apercuc qu'il n'a pas eu asstz de tenis pour I'achever; ce qui a fait piendre la resolution de prolonger le tcrme duconcoursjusqu'au i^"" Janvier 1829. — L'auteur pourra obtenir copie des observations faites sur ce memoire, en en- voyant son adresse au secretaire de la Societe. La Societe a reproduit les questions suivantes, auxquelles on doit I'epondre «('«/// le i"" Janvier 1829. — Comme on ne fai- sait usage, il n'y a que peu d'annees, de la pompe pneuma- tique, que pour des ex[)eriences physitpies, et comme on se sert maintenant tres-utilement de cette machine dansplusieurs fabriques de I'Angleterre et de I'Allemagne, soit pour faire bouillir I'cau au moyen d'une chaleur beaucoup moins forte : procede qu'on a commence a introdiiire dans les raffineries de Sucre, en Angleterre, suivant I'invention de Howard et Hodg- son; soit pour faire mieux penetrer la matiere colorante des teinlures dans les etoffes qu'on veut teindre, dans des chau- dieres fermees, moyennant la pression de I'air atmospheriqne, qu'on y introduit, apres avoir fait rarefier I'air qui etait dans la chaudiere, la Soriele demande : « Dans quelles autres fabri- ques ou manufactures on pourrait, d'apres des principes phy- siques, iutroduire avec avantage I'usage dc la pompe pneuma- tique pour I'un ou I'autrc but? » « Quelles sont les maladies du corps humain, dont on pent dire que, d'apres des princi[)es physiques et chimiques, on les connait et qu'on est eu etat d'en couclure, quels sont les re- medes les plus efficaces contre ces maladies, et de quelle ma- niere iis operent dans le corps humain , pour les guerir? » Attendu que Ton n'emploie pas uuiquement la vapeur comuie PAYS-BAS. 23-; force motrice dans les machines a vapeur, mais qu'oii sen seit meme, avec heaucoup d'avantage, a pliisieuis effets comme dans les blanchisseries de fil, dans les series chaudes pour la ctiltiire des plantes, ainsi que dans !a preparation des alimens, la Societe demande : « Peut-on jnger, sur des priucipes bien fondes, dans quelles fabriques, ou a quels usages domestiques on pourrait employer la vapeur ? » Comme les differentes branches d'histoire naturelle sont de- venues, depuis plusieurs annees, trop elendues pour etre en- seignees dans leur entier dans une annee academique , on demande : < Quel choix on pourrait faire dans I'enseignement de I'histoire naturelle, afin d'en trailer seulement ce qui pent etre utile, tant dans la vie commune qu'a d'autres egards? « Quelques medecins ont pense depuis long-tems, que plu- sieurs maladies de la peau sont causees par de tres-petits in- sectes, invisibles a I'oeil nu, sous I'epiderme , tandis que d'au- tres n'admettent pas cette opinion. La Sociele desire savoir: « sur quel fondement on a adopte I'existeiice de ces inscctes sous i'epiderme, ou quelles observations y ont contribue? Et en cas que cette supposition soit fondee : qu'est-ce (ju'cn en pourrait deduire pour ameliorer le traitement de quelques maladies cutanees? >> Comme on a fait des observations qui paraissent demontrer que le developpement des graines, qui ne sont pas des der- oieres annees, ou des plantes etrangeres, venues de loin, pout etre favorise et excite par des substances oxigenees, tandis que les memes substances n'ont pas eu le mcme effet dans d'autres cas, on demande :« Existe-t-il des moyens, suivant des experiences bien verifiees , dont on puisse se servir aveC succes pour favoriser le developpement des graines? S'il en est ainsi : quels sont ces moyens, et de quelle maniere doivent- ils etre employes? » La Societe a propose, cette annee, les questions suivantes, pour y repondre avant le i*"" Janvier 1829. — u Quels sont les effets etl'utilite des bains de mer par rapport a quelques mala- dies? Quelles sont les maladies contre lesquelles on peut s'en servir avec succes? Y a - t - il des maladies, dans lesquelles on peut attendre avec raison plus d'effet des bains de mer que des autres medicamens? » La theorie, par laquelle on suppose, en chimie , que toules les actions chimiques des corps sont I'effet de I'clectricite, etant adoptee de plus en plus, on demande : « Un examen critique de tout ce que I'experience a prouvea cetegard, afin qu'onen puisse conclure : si Telectricite seuledoit etre consideree comme a38 EUROPE. la cause de tonte action chimiqiie, ou bicn si Ton est encore oblige dc snpposer une foice particuliere, connue sous lenom d'ajyjnitc cliinii(]iic ? « Que sait- on actnollement au suji;t de I'originc dc ces ma- tieies vertes ct auties, qui se produiscnt dans les eaux stag- uanlcs, ou a la surface de ccllcs-ci ct d'autres corps? Doil-on, d'api cs dos observalious bleu decisives, considercr ces uialieres coiume dcs productions vcgetales , ou comnic des vegetaux d'une structure plus simple? Doit-ou ics rapjiorter a la mcme espece, ou pent - on en inditpier la dillercncc par dcs carac- teres specifiques? Quellcs sont les observations qui rcstcnt encore a faire, surtout par le ujoyen d'inslrumens niicrosco- piques, pour perfuctionncr la conuaissance de ces etres ? » On desire (|ue ce sujct soit cclairci j>ar dcs observations rei- ti'rees et que les objets observes soicnt decrits ct figures exac- tcment. « Quellcs sont, dc|)uis la publication dc Touvrage de M. De- CANDOi.LE, Essni sur les proprictcs medicates dcs plantcs , com- pnrecs ovcc Icnrsfornics extcrieurcs ct Iciir classificution iinturcltc, ( S"" edit., Paris, 1816) les observations ct les experiences, par lesquelles la theorie cxposee dans cet ouvrage est con- firmee et eclaiixie? Quelles sont les cNCcptions et les contradic- tions qui reslent a resoudrc a I'ei^ard de celle tbeorie ? » Les arbrcs coniferes differaiit cousiderablcnicnt des autres arbres, tant dans leur structure et dans la maniere de croilre que dans les nialieres qu'ils renferuient et dans d'aulrcs nro- prietes, on desire: « TJne comparaison exacte de la structure dcs arbres coniferes avec celle ties autres arbrcs, ctque par dcs recherches idterieures on taclie dc demontrer, jusqu'a quel point cette difference de structure pourrait servir, soit a ex- pliquer les autres proprietes des arbres coniferes, soit a en dc- duirc des proceples utiles a la culture de ces arbres? » « De quelle maniere la eeniire de toiube auL;uiente-t-elle la fcrtilite de quelques terres, faudls Cju'onsait (ju'elle ue contient que tres-pcu des prineipcs qui peuvent princip:dement servir d'alimens aux jilanlcs? — De quelles qualiles sont ces terres, dont on sait par Texperience, que la fertilile pent etre au^men- tee par la cendrc de tourbe? — Pour quelles terres est - elle nuisible ? » « Quelle est I'orijiine des blocs de rochcs graniliques ct au- tres primitives, que Ion tioiive de differentes dimensions, ot en tres-grande abondance, dissemiues dans les plaines ct dans- quelques terrains sabionneux du royaume des Pays-Bas et de rAllemiagne septentrionale? Est-il possible de s'assurer par unQ PATS-BAS. — FRANCE. ajg compnraison exacte de ces blocs de granit et des cailloiix des terrains sablonneux avec Ics parties composantes des forma- tions geologiques, observees en place, que les j)remiers faisaient aiiparavant partie des derniores; et comment peut-on dans le cas affirmatif rcndre raison de leur transport vers nos piaines et vers cellesde rAlleniagne septentrionale?« La Societe desire que I'on indiqiie, autant que possible, quels sent ies differens endroits ou ces blocs ont ete observes , et de quelle maiiiere ilsse trouvent disperses; que Ton decrive exactement leur nature et Iciir composition mineralogique, qu'on la compare avec les parlies integrantes d'autrcs forma- tions , et qu'enfm Ton pese scrupuleusement les consequences, qui avec plus ou moins de probabilite peuvent etre deduiles des fails observes. La Societe a propose encorecinqautres (pieslions nouvelles, mais qui ont seulement rapport aux provinces septentrionales du royaume, et dout on ne peut attcndre des repouses de I'e- tranger. ( La suite au cahier 2->rochain }. FI1A.NCE. Bagneres-de-Bigorre [Hau(es-Pyrenees). — Eanx minerales. — Les chemins qui conduiscnt a toutes les caux thermales du dcpartement sont enlierement repares. Jamais on n'a mis, dans notre ville, plus d'cmpressement a disposer cc qui peut etre agreable et commode pour I'usage des etrangers qui nous visiteront cette annee. Le magnifique etabiissement de Frascali est prcsque double par les elegantes constructions que son pro- prietaire , M. le clievalicr de Lugo, y a fait ajouter depuis pen. Bagneres, grace a ses bains, est la seconde ville du dcparte- ment. Les eaux de la Gutiere sont particulierement connues pour leurs vertus contre les maladies ncrveuses , les paralysies, les rhumatismes; on les prend depuis le i8^ degre jusqu'au 34*", suivant le besoin. Bagneres recoit annuellemeut plus de six miile etrangers, qui viennent y cliercher la sante. Frascati a ses bals, ses concerts, malheureusement aussi ses salons de jeu , ses fetes et son athenee. Greoulx [Basses- Alpes). — Eaux minerales hydrosulfu- reuses thermales. — Des restes de monumens antiques prou- vent que les Roraains avaient reconnu I'heureuse influence des eaux de Greoulx, ou ils avaient construit des bains. L'etablis- sement thermal moderne etait loin d'avoir Timportance que son heureuse position et la bonte eprouvee de ses eaux sera- 24o FRANCE. blaicnt liii promcltn'; tlcpnis long-lfiiis, Us nicdeciiis 1 1 Ics malados desiraient lui voir prendre \\n accroissemcnt propor- tioniie ail iiombrc des bait,'neiirs qui le freqiuntml. Co vceii sc trouve niaintfiiant rnnpli, au moyen des augmentations de batimcns ot des ameliorations bien entendues qui ont eti; faites par le proprietaire daus tout ce qui tient a I'application des eaiix en bains, douches, bains de vapeur et boues miiierales. La composition chimitpie L Prugneaux, officier de cavalerie. La premiere societeetend ses assurances a quatre departemens, la Meurthe , la Moselle , la Meiisc et les Fosges ; la seconde y joint les deux departemens du Rhin, ceiix de la Haitte-Marnc et des Ardennes. L'exemple qu'elle doune n'a pas encore obtenu beaucoup d'imitateius; il semble meme que les sectateiirs des paragreles I I DEPARTEMENS. ,',r essaieot de former une opposition, ct do pcistiatler an public que li-s assurances n assurcnt ricn. Pour rc'potidre a Cftie assci- tiou un peu plus que hasardee, Jes compajjuics de Nancy pu- blient uii alnumacli , qui est en meine (cms un compte rendu et une instruction. Esperons que la parlie la plus eclairee du public finira par dirigcr celle qui ne lest point, et que les sages precautions des assurances entreront generalcment dans les habitudes de notre economic domeslique. Les associations contre les ravages de la grele ne sont pas une nouveaute pour la France. Sous le gouvernement im|)e- rial , une societe s'elait forniee a Toulouse, sans aulorisation : Ic gouvernement lui ordonna de se dissoudre; mais il concut la pensee de generaliser pour tonte la France ce que Ton avait ossaye d'execuier au pied des Pyrenees. Le Conseil d'etat fat charge de preparer ce travail, et il s'en acquitta de maniere a repandie un nouveau jour sur I'importante question des assurances par associations. 11 sentit que les garanties obtenues par ce nioyen seraient dautant plus utiles et d'autant moins onereuses aux assureurs qu'elles embrasseraient nne plus graude etendue, et s'approchcraient le plus de la regularite dans la somme des dommages rcpares. Cependant, il est des contiees oil le fleau de la grele est plus rare, et d'autres ou il exerce plus de ravages : il u'eut pas etc juste d'obliger les proprietaires favorises de la nature a venir au secours de ceux qu'elle traite moins bien. Mais, en etablissant des degres assez niultipiies entre le maximum et le minimum des peites causees par la grele, rien n'etait plus conlorme a la raison (jue de proposer aux proprietaires des terrains d'un meme degre de s'associer pour reparer en commim les accidens survcnus a quelques-uns d'entre eux. D'ajjres les recberches faites par le Conseil d'etat, la France aurait ete divisee en dix regions, dans I'etendue desquclles les chances de la grele sont a pen pres egales pour chaqne localite. I-a Societe d'assurance clc .Nanry s'est formee dans I'une de ces divisions, et se propose de I'embrasser dans toute son etendue. Vovons si ses offres sont reellcment utiles aux cnllivateiM's, et si le prix de I'assu- rance est equitable. Les recoltes assurees sont divisees en deux classes , en raison du douimage plus ou moins grand que la grele peut leur causer. \.es fonrls (le garaniie pour la seconde classe, celle qui est la plus exposee, sont doubles de ceux de la jiremiere ; mais les frais d'administration sont les memes pour I'tine et I'autre. Tout compris, le taux annuel de I'assurance est, pour une recolte estimee 2,000 fr. , de i5 U-. pour la premiere classe , et T. XXXV. — Juillet 1827. t6 a/, a FRAIVCE. de ?.5 fr. potir la secoude; ou, en pienant le rapport dc I'assw- rance ii la recoltc estimee, la cent Irente-troiGieme partiepour la premiere classe, et la (iiiatre-viriglicme pour la seconde, Ainsi, le ciillivateiir assure n'aura p.nye qu'une seule recolte dans I'cspace de i33 ans s'il est question dc ccreaies, ct dans I'espace de > Supposant en general que le niveau des rners a effectivement eprouve un abaissement lent et progressif , depuis I'origine des choses , l'auteur entreprend d'expliqucr la maniere dont se sont formes les terrains ter- tiaires des environs de Paris, et eeux qui leur font suite, soil jusqu'ii la Loire , soit jusqu'au dela de la Manche, dans les environs de I'lle de Wight. Voici le resume de ce systeme d'ex- plieation. Premiere epoque. Une mer paisible et profondc depose les deux varietes de craie qui constituent les Lords et le fond du grand bassin tertiaire dont il s'agit. Seconde ('poqac. Par suite de I'abaissement progressif de I'Ocean , le grand bas.sin devient un golfe dans lequei des affluens fluviatiles for- ment des breehes erayeuses et des argiles plastiques , qui sont bienlot recouvertes par les depouilles marines du premier cal- raire grossier. Troisieme epoque. Les depots sont interron)pus par line commotion qui brise et qui depiace visiblement les couches. Le bassin devient un lac sale, traverse par des cours d'eau volumineux venant altcrnativement de la mer et des con- tinens , et qui presente les melanges , les enchevetremens qui ca- racterisent le deuxieme calcaire grossier, le calcaire siliceux et les gypses. Quatrieme epoque. Irruption d'une grande quantite d'eau douce chargee d'argiles et de marnes , au milieu des- (juelles il se forme encore quelques depots de coquilles marines bivalves. Le bassin n'est plus qu'un immense etang saumatre. Cinquicinc epoque. Le bassin cesse de comniuniquer avec rOcean, et le niveau de ses eaux s'abaisse au-dessous de celui des eaux marines. Les depots vaseu.x des eaux continentales continuent. Sixieme epoque. Irruption accidentelle de I'Ocean qui depose les sables et les grcs marins superieurs ; imme- diatcmcnt apres , le bassin presque comble ne coiitient (jue'des eaux donees pen profondes ; il reroit moins d'alUuens; il s'y etablit des vegetaux et des animaux lacasti"es; lcs meulieres a46 FRANCE. et le calcaire d'eau douce se deposcut. SejHieiiie cjmkjuc. La succession dc ccs operations diverses est tenninee par le cata- clysme diluvien. « L' Academic ordonne que le travail de M. Constant Prevost sera imprime dans le Rccueil dcs savans strangers. Du i6/uillct. — Au nom d'une commission, M. G. Cuvieb. fait un rapport sur les os recueillis dans les grottes d'Osselles , pres de Besancon. L'etendue de ce raj)port , compose entiere- ment dc fails , ne nous permet pas d'en donner ici un cxlrait. — On procede a ['election d'un mcmbre de la section de mine- ralogie . en rcmplacement de M. Raniond. Au denxieme tour de scrutin , sur 5o votans, M. Bcrthicr obtient 28 suffrages, M. de Bonnard 21 , et M. Constant Prevost i. M. Berthier est proclame. L'Acitdemie est informee de la perte qu'elle vient de faire dans la personue de M. Fresnel, membrc de la sec- tion de physique. A. Michelot. Academic francnisc. — Prix decerne. — Dans sa seance du 19 juin , I'Academie francaise a decerne \eprix d'eloqucnce, dont le sujct etait VEloge de Bossuet. Elle a cru devoir le par- tager eutre M. Saint-Marc Girardin, professeurau college de Louis-le-Grand, et M. Patin , maitre de conferences a I'an- cienne Ecole normale, bibliolhecaire de Saint-Cloud. Quel- ques acadeiniciens se sont opposes a ce partage , en faisant observer qu'on alTaiblit le merite de la victoire en nietlant la couronne sur deux teles, et que cet usage , qui depuis quel- ques annees sembie prevaloir dans les decisions de I'Aca- demie, est favorable aux complaisances, et oj)posc a une jus- tice rigoureuse , premier devoir du juge. L'avis de la majorite a prevalu, et les deux I'aureals auronl chacun leur moilie de prix. Deja M. Patin, en 189.2 et en 1824, avail partage le prix pour VEloge de Le Sage , et pour celui de J.-A. dc Thou. — Academic dcs inscriptions ct belles-lettres. — Seance pu- blique du 27 juillct. — Cetle seance, presidee par M. Abel Remusat, a etc d'abord consacree a I'annonce des sujets de prix proposes pour les annees 182S et 1829. L'Academie de- cernera, eu 1828 , une medaille d'or de la valeur de i,5oo fr. au meilleur niemoire sur le sujet suivant : Tracer le tableau dcs relations commerciales de la France et des divers Etats de V Europe meridionale aocc la Syrie ct I'Egypte , depuis la deca- dence de la puissance des Francs dans la Palestine , jusqu'au milieu du 16* siecle; determiner la nature et tetendue de ces relations ; fixer la date de I'etablissement des consulats en Egypte et en Syrie; indiquer les effets que produisirent sur le commerce de la France et de I' Europe meridionale avec le Levant la decouvertc PA.RIS. a/, 7 du passage par le Cap cle Bonne-Esperance et Vetablisaeinent des Purtugais dans I'Inde. — Les questions mises au concours pour 1829, et pour lesquelles TAcaclemie offre deux niedailles de la meme valour, sont les deux suivantes : i° Rechercher quel fut I'etat politique dcs cites grccqucs dc t Europe , des ties et de V Asia mincurc , depuis le commencement du 1^ siecle avant notre ere , jusqu'a I'etablissement de I' empire de Constantinople. — 2° Pre- senter V exposition exacte dit sjstcme de plulosoplue connii sous les noms de nooplatonismc, philosophic oclectique ou syncre- tisme, quia etc enseigne par les philosophes de I'ecole d' Alexandria et des ecoles conteniporaines , notaniment de celles d' Athenes et de Rome , depuis In Jin du second siecle de I'ere cliretiennc » jusqu'ii la conquete de I'Egypte par les Arahes. — M. Pouquk ■ viLLE a lu ensuite un Memoire historique et diplomatique sur le commerce et les etablissemens francais au Levant, depuis Van 5oo de J. -C, jusqu'a la fin du 17^ siecle. Oa aurait desire que le notivel academicien, qui a deja plaide avec taut de talent, d'energie et de perseverance la cause des Grecs, saisit ici I'occasion d'exprimer publiquement en leur faveur les vceux ardens de tous les amis des sciences et de Thumanile, qui de- ploreiit la froide immobilite des cabinets de I'Europe specta- teurs impassibles, depuis six annecs , de I'assassinat prolonjj;e de cette nation heroique. — Unc Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Boissy d' Anglas , redigee par son collegue, le venerable M. Dacier, secretaire perpetuel, qui assistait a la seance, a ete lue par M. Abel Remusat , et a obteiiu des ap- plaudissemens inerites : double hommage rendu a Thoninje de bien dont on celebrait la memoire, et au spirituel academicien qui acquittait la dette de sa conipagnie. — M. Naudet a lu des Observations sur les premiers tenis de la litterature latine , oil Ton a remarque des ajjercus ingenieux et un tableau histo- rique et litteraire trace avec talent, et plein d'interet. — La seance a ete tcrminee par la lecture, qu'a faite RI. Quatremerk DE QuiNCY, d'un Memoire de M. Mongez sur le passage des Alpes par Annibal, et sur Vemploi du vaiaigre pour briscr les pierres. — L'heure avancee n'a point permis d'entendre la lecture d'un Memoire sur le siege de Potidec , par M. Gail. Academic des beaux -arts. — Nomination. — M. Lemot , dont la mort recente avail laisse une place vacante dans cette Academic, a pour successeur M. Pradier. Ce statuaire, dont le merite est bien connu, a ete nonime , le 23 juin , par 1' Aca- demic. MiVI. Laitie , Ramey et Esparcieux ontobtenu quelque.s voix, N. a48 FRANCE. Societe d' Encou) agcnifnt pour I'industrie nationalt;. — St'anca ^t'niralc du ^3 nuii 1837. — Cette societux poiu- la piospeiite de rinslitution. On a precede ensuite a la distributiuii des medailles d'encou- ragenient. Siir le rapport de M. Gaultier de Claubuy, une medaille d'or de i""^ classe a etc decernee a la compagnie des forges et fonderie de la Loire et de I'lsere. Ces iisiiies penvent elre citees conimc des modeles a imiter par ceiix qui sont dans le cas de nionter de grands etablissemens ,et comme nnc preuve eciatante des progres de notre Industrie, pnisqii'ozi n'y em- ploie que des matieres de notre sol et des ouvriers francais. Une medaille dor de nieme ordre a ete decernee, sur le rap- port de IM. Tessier, a M. Mathieu de Dombasle, fondalenr de I'etablissement agricole de Roville (Meiirthe). C'est la pre- miere ecole rnrale qui ait ete creee en France, sur un plan analogue a celui de 1 inslitut agricole de M. Felienberg; hono- ree de la protection de MS'' le dauphin, elle a deja ])roduit des resnltats tres-satisfaisans, en servant elle-meme de niodeie a d'autres institutions du nienie genre et en faisant abandonncr la routine. M. P. Saulnier aine, ingenieur mecanicien , rue Saint- Ani- In-oise-Popincourt, a Paris, ancien eleve de I'ecole des arts et metiers de Chalons, et ensuite de Fcrdinaiid Beillioud, a obtenn une medaille d'argent pour les perfectionnomcns qu'il a ap- portee dans les machines a fabricjuer les rubans de cardes et dans la confection des bruches de fdature. Ou Uii doit aussi ime machine a refendre, dans laquelle I'axe ne s'echauffe ])()int, malgre la rapidite de sa revolution. M. Molard flMe a fait le rapport sur les travanx de cet artiste. M. Champion, fabricanl de tissus impermeables, rue Gre- neta, n° G, a recu une medaille de bionze , ])0!n' ses taffetas hygicniquci dont les avautages ont ete exposes par M. Payen. Enfin, sui- le rapport de M. Gaultier de Claubry, des. mentions honorables ont ete accordees : i" a MM. Saint- Andhe , PoiSAT , Caplaiiv et compagnie ; et Lebel, pour avoir fait, dans leurs etablissemens d'afliuage de matiert? d'or et d'argent, situes , I'un a Paris, et I'autre a Belleville, I'appli- cation des moyens de salubrite proposes par M. d'ARCET; -•"a MM. Vernet //t^re,?, de Bordeaux, pour leurs lapis de pied peints c|ui reuui'^sent a la modicite des prix une grande solidite , et une grande variete de dessins. La seance a ele terminee par le reiioiivellement d'liue parlie aSo FRANCE. dii coiiseil d'adminislration , du bureau en eiiiier ct des co- raites par tiers. Le bureau a ele reelu en totalite. M. Acassk , notaire, a ete nomnie Irtsorier, a la place de M. de Monlamant, decede. MM. Les duos de Montmorency et de Praslin rem- placeiU , dans Ics fonclions de censeurs , MM. les dues de La- KOCHEFOUCAULD et dc Cauore. — Voici la liste des nuuveaux menibres attaches aux differens comitcs. — Coiumission des fonds : MM. Molinier de Montplanqua; le marquis de Levis-Mirepoix ; Bordier. — Comite des arts mecaniqucs : MM. Hachette ; Gambey. — Comite des arts c/iimif/ues : MM. Gaultier de Claubry ; Payen. — Comite des arts cco- nomir/ues : MM. Pouillet ; Vallot ; Gourlier. — Comite d'agriculture : M. le baron de Mortemart-Boisse. — Cnmite de commerce : MM. Busche ; Bertin , negociant; Rey, fabri- cant de cliales. L'approche de la grande exposition qui doit avoir lieu incessammeut au Louvre , a empeche la plupart des fabricans et des artistes de concourir a celle qui accoinpagne d'ordinaire les seances gcnerales de la Societe d'encouragenient. ]\ean- moius , ses sailes offraient encore un assez grand nombre d'objets dignes de fixer I'attention. M. Wagner , horloger-mecanicien du Roi , rue du Cadran , n° 39 , avait expose uiie tres-belle horlogc a quarts et a equa- tion , d'une execution parfaite , destinee a I'eglise de Saint- Romain , a Rouen. M. Montaignac , directeur de la fabrique de chaines-cables de MM. Raffin et compngnie, a Nevers , a fait hommage du dessin de I'appareil qu'il a imagine pour apprecier la force des cables en fer et en clianvre. Get appareil est employe avec succes dans retablissement qu'il dirige, et va etre etabli dans le port du Havre. II consiste en une prcsse bydraulic|ue qui fait force sur un des bouts de la chaine, tandis que I'autre bout est attache au bras vertical d'lui fleau de balance rouiainc de 22 metres de longueur, qui, jjar son poids, forme la resis- tance , et sert a donner une limite exucte et positive ^ I'effet que I'on veut faire subir au chainon ou au cordage. MM. ScHLUMBERGER , perc et lils, et Breidt ont mis sous les yeiix de la Sociele des fils de lin files a la mecanique , dans leur etablissement de Creil , el des echantillons de tissus avec ces memes fils. On remarquait encore a cette exposition des porcelaines dures , allant au feu, des creusets , des capsules et /i- d'une moutiire anssi ele- gante que commode, et qui ont I'a vantage de resister aux plus glands vents , fabriques par M. Hubert-Desnoyers , rus du faubourg Saint- Martin, n° 74; des lampes hy- drostatiques de M. Thilorier ( Adrien ) , fabriquees par M. Maistre , lanipiste , rue de Richelieu, n° i3 , et approuvees par la Societe. Le principe nioteur de ces lampes, dout la lumiere est dcgagee de toute interposition, consiste dans Taction reguliere et successive d'un liquide qui se trouve partout, et qii'on peut renouveler facilement et a pen de frais. Les autres objets exposes scront detailles dans le Bulletin dc la Societe. G. Enseignemeint biutuel. — La Societe d'education de Paris vient de dresser son budget pour I'annee courante. Jamais les ecoles qu'elle a fondees dans la capitate ne furent plus floris- santes , ni plus fiequentees. Mais cette prosperile elle-meme , par le siircroit de depenses qu'elle entraine pour un j^lus grand nombre d'enfans, parait menacer la fin de I'annee d'un deGcit qui necessiterait , pour etre conible , I'alienation de capitaux sacres , puisqn'ils sont le patrimoine du pauvre. C'est afin d'echapper a cette extremite qu'un appel est adresse au public, ami de I'instruction et des lumieres. Ce deficit, que Ton prevoit avec douleur, est le rcsultat, non de la prodiga- lite ou du desordre, mais du besoin chaque jour croissant parmi le peuple d'nne instruction plus generaie et plus etendue. Jamais depenses ne furent ordonnees avec plus de pievoyance et de severile que cellcs de I'utile societe dont nous parlons ; mais peut-elle refuser la porte a Tenfant que sa pauvre mere vient y conduire ? et quand cet enfant sait lire et ecrire, ne se laisse-t-on pas facilement entrainer a le conscrver un ou deux mois de plus, afin de lui donuer aussi les notions elemen- taires de rarithmetique , si usuelles et si necessaires ? Ainsi , le deficit de la Societe d'education , loin d'etre un 25a FRAjNCE. sigiie cic decadence , est iiii sii:;tie de pcospeiire ; il tenioigiie- ([lie scs ccolfs sont plus snivits que jamais , ct (|ii'on est sur d'y troiiver lout ce que eliaoiin a besoin de savoir pour vivie avcc facilite ct avcc piobile. Cliaque aunee , plus dc oitzc cents enfans dcs dciix sexes appiennent , dans les ecolcs cntretenues aux (Vais de la Sociele de Paris, a lire, a ecrirc , les elemens (Ic rarithmetique , du dessin lineaire , du chant. Celte instruc- tion revienta unc depensc de 9 fr. /(O e. par chaipie enfant : pour chaque sonmie de 9 IV. /|0 c. , voila anfant de creatures humaines, nos freres devant Dieu , arrachecs aux vices , on dn uioins a rabrntissement, et promises a la verlii et pcut-etre an bonheiM". En outre , la meniesociete onconrai^c et sonlicnt j)ar ses niodestes liberaliles une foide d'ecoles des departemens ; enfm , par sa correspondance et par ses ecrits , elle jjretc a la cause do i'enseignonient nintiud en France une force morale a taquclle il est perniis d'attribuer, en |)artie , la fermete avec iaipielle cet enseiijnement sc sontient encore , a notre connais- sance, dans 70 deparlemens , et dans plus de 260 ecoles. Une inslilution si jirecieuse merite au |)lus haut degre d'etre soiitenue jiar I'assistancc du [niblic. Cepeiiclant elle ne con)pte (pi'nn peu |)his de qnatre cents soiiscripteurs , dont la sous- cription annnello , lixee a 25 fr. par individu , et jointe aux rentes que possede la Societe , eleve son actif a la somme de i7,i5o fr. C'cst avec cetle somme limilee que sont obtenus depuis donze annees les residtats indiqiies ci-dessus (1). Ces resullats seraient bien plus que doubles a I'instant ineme , si , an lieu de (]uatre cents sonscriptcnrs , la Societe en rcunissait mille. Peut-on croire que le nombre des amis effeclifs de Tins- truction elementaire doivc etre borne a ce nombre? Non; evidcmment il y a ici une ne^li^enco inexplicable de la part et lorsqu'ils se sentent menaces de quelqiies ravages, '^M qu'ils descendcnt au scin tenebreux de celte montagne pour y ^B mettre en siuete lenrs personnes et leurs richesses; car ils sont certains d'avance que I'ennemi ne s'engagera pas scul dans ce dedale immense, et que, si parhasard quel(]i;es guides s'offrent a I'y conduire , il n'osera pas se fier a leur fidelite. A I'tpoque dout nous tracons Thistoire, et durant le sac mcme tlont nous venous dc parler, les boingeois, en se cachant dans ces som- bres asiles, parvinrent a se derober, avec une parlie de liMirs biens aux pnursuiles des Espagnols et des AUemands. » PARIS. »S5 M. Crussolle-Lami a parle du prince d'Orange avec le res- pect et '.'admiration que conimandent les services rendiis par ce grand citoyen a la liberte hollandaise. Etait-ce patriotisme, clait-cc ambition , de la part de Guillaume? Voila una question dc'licaie qui a etc souvent debattue, et que le professeur nous semble avoir eclaircie avec bonheur. «... Supposons-lui, si I'on veut, a-t-il dit, des vues anibiiienses, dont il ajournait raccomplissemcnt; soupcounons-le de n'avoir cede le sceptre an due d'Alencon qu'avec I'esperance dc le rcssaisir un jour : dans celtc hy|>othese meme, c'est encore I'interet sacrc de la libtrte publicpie, et non ses intcrets piopres ou ceux de sa fa- mille, qu'il veut garantii. Ce n'est point a lasouverainete per- sonnelle, an pouvoir absolu qu'il aspire, a la maniere des usurpateurs vulgaires : car voycz comme il restreint etroite- menl I'autorite du prince; comme il elend celle du peuple et de ses rcpresentans; avec quel soin il propage dans toutcs les classes de la socicte les institutions, les habitudes, les enei'gi- quessentimensd'une nation souveraine. Pouvait-il se prometire de restaurer , pour son propre compte, les abns du pouvoir qu'il cuconscrivait avec taut de rigueur en le conferant a un autre personnage? Ses concitoyens seraient-ils assez aveugles, par une fausse admiration de ses bienfaits, pour lui perniettre de leur en ravir louslesfruits? Et voudrait-illui-memeechanger le credit et la gloire d'un liberateur centre les ephemcres et vaines jouissances d'un tyranPNon. Son audiilion, plus haute et plus clairvoyante, n'eut voulu qu'im pouvoir honorable et solide , cunsacre a la liberte nationale et, pour ainsi dire, con- fondu avec elle. Mais, encore une fois, aucune deniiirche solcnnelle, aucun manifeste public avant sa moil n'a rcvele dans Guillaume le desir de regner; et, s"il est vrai qu'il I'ait concu enlin , il avail du moins attcndu que le peuple et la no- blesse des provinces de Zelande et de Hollande I'eussent long- (ems siipplie d'accepter la couronne. En la lui offrant, ils sa- vaieut bien qu'eleve a cette dignile par le suffrage de sa nation, il n'en userait qu'au proiit du commerce et de la liberte. L'his- toire a tiop de lionteuses et fimestes ambitions a fletrir, pour ([u'elle n'excuse point celles qui n'ont etc que bienfaisantes : le liberateur des Pays-Bas, conduit, porte, ou,pour ainsi dire, pousse an trone par la reconnaissance de ses conipatriotes, na point offert le spectacle de ces usurpations violenles qui ter- nissent a la fois la gloire d'un peuple et celle d'un grand homme. » ]\ous desirous, avec tous ceux qui ont suivi les lectures de M. Crussolle-Lami, qu'il ne differe point de publier un ou- vrage historique que recommandent a la fois I'importance du sujet et le talent avec lequel il est traite. S. J ^6 FRA^NCE. ILcolc dc coiivncrcr. — Trohii-nic seance (lit canscil tie pcijecliori- ncnicnt. — Get elablissement a etc cOYicii et fonde dans cles vucs {:;raTn!rs ct nobles. L'inQiienre de son orij^inc conlrebalancera pftit-L'tio avt'c siicces Ics diiections qui lui scraient etranyeies. Le commerce ne demandetiiK! surete et protection : si lesi^ou- vemeinens y ajoutont I'inestimable bienfait de la liberie, toates tes ressoiirces de rindustrie se developpent rapidement, et le commcrce entretenant I'activite dn travail, I'etat s'cnricliit, les fortunes privees s'elevent, I'aisance se repand dans toiites les classes. Quelle que snit la forme du gouvernement, il est line mesure de liberie qu'il fant laisser an commerce, et sans lliquello il ne saurait prospercr; cette menie liberte est neces- saire ;\ tons ses etablissemens, a ses ccoles. II est bien a desi- rer que celle du commerce francais conserve , dans tons les terns, la forme quelle a rccuc dc ses fondateurs, qu'elle ne receive d'impulsion que des forces conimcrciales, que sa direc- tion soit determinee uniqucment par le but de son institution. La troisieme seance du conseil de perfectionnement a fait co'ncevoir les plus consolantcs esperances : qu'il soit i)ermis ii ce'bel etablissenicnt de faire le bien dont il est capable , et Ton ain-a la certitude que la France ne manquera pas de negocians qni riionorent aux yeux de tons les peuples. Dans cette me- morable seance, tlcu.x discours tres-instructifs ont ete pro ■ nonces, I'un par M. C/irtr/ci- Dupin , etl'autrepar M. Blanqui, jcune proffsseur charge du cours d'economie politique. Le prefnier est relatifa la balance da connnercc , et terminera , sans doute, les debats relalifs a cette utopie rl'economic |jul)lique. - — 'Le second discours presente une comparaison entre Tetalde la civilisation industrielle , en Angleterre , en France et en fespagnc. L'lm et Tautre'sont dignes d'etre niedi'es par tons les lionimes qui pensent; nous y reviendrons, alin de nous iissurer les moyens de les faiic connaltre avec I'etendue qu'ils exigent. Celui de M. Blanqui doit etre accompagne de quelques observations; car, en moutrant, conime le professcur I'a fait, la gravite des dangers (|ui menacent I'Espagne, il convicnl d'exposer les moyens de salut qui lui rcstent. Le succes d'un enseignement est constate par celui des eleves ; I'ecole du commerce ne peut que gagner en eslime et fn renoinmee, cliaque fois qu'elle est soumise a I'epreuve des exattiens. Ceux de cette annee ont ele tres-satisfaisans , et les juges etaient tro[) eclaires j)our n'ctre pas un peu difficiles a cotitenter : MM. Ciiaptal, Terivaux, /. Laffitte , J.-l>. Say, Ch. IhjpiN , GiiKRiN DE FoNciN, Tlteodorc Jouet et Loiiix Marchand composent un jury d'instruction commerciale au- PARIS. 0.57 lussatisfaisantes. M. Geoffroy de Saint - HiLAiRE , de I'lnstitut, qui etait alle a Marseille poiu- recevoir la girafe qu'il a depuis accorapague.e MRIS. 161 jtlsqu'a Paris, en veillant avec soin h sa conservatiou, a fait snr eet animal plusieiirs rapports intercssans a I'Acadtmie (Ics sciences, et a piiblie depuis pen snrle meme sujet une Notice iiUiiulee : Sur la girafe. Paris, 1827. In-8° de i3 pages. F. Economie poUtlqac. — Doiuuics. — A M. Jullien dc Paris , directciir df la Rci'iie Encydopcdlqtic. — Monsieur, j'ai In avco un extreme interet, dans votre caliier dc Janvier 1827 (Voy. Rev. Erie, t. xxxiii , p. 32i), une lettre ecritc par im anonyme^ qni reporte ['attention de vos lecteurs snr dcs prix ))roposcs par plusienrs philantropes, et entre autres, par un M. G., qui ne se fait paint connaitre, et que voiis avcz an- nonces dans votre cahier daout 1826 (t. xxxi, p. 559-56 1 ). Le prix de 3,ooo h. propose par M. G. est destine a I'au- tenr du meilleiu' memoire snr cettc inq)oitanle (juestion : « Quel scrait ])niir la France le systcme de doiianes le plus con- vemiblc a I'etat du- commerce , de I' Industrie et de Vaos plus anciens abonnes. — Economic poUtiquc. — Lkttuk a M. Julmf.n , Dii'cc- leur de la Rcvuc Enryclopedique. — Monsieur, Permeltcz- nioi de vous adrcsser quclqnes observations sur I'analyse de mcs Noitvcaiix principcs deconoiuie politique inscrce dans votre dernier cahicr (voy. Rev. Enc, torn, xxxiv, p. 602). Cc n'est point pour combattre la criticinespiritnellc de M. Dn- noyir, ce n'est point ponr occupcr de n)oi vos lectcurs que je prends la plume : j'esperc n'avoir jamais donne, ne devoir jamais donncr, a I'avenir, occasion de m'accuscr de susccp- tibilite litttraire. C'est, an contraire, sur rassenlimcnt de M. Dunoycr a dcs veritcs qui me paraissent de la pins hauie importance pour la societe humaine, que je desire fixer I'at- tention. II y a peut-etre de ma faute, si j'ai toujours tte combattu sur ce que je n'avais point dit; peut-etre aussi la faute en est-elle tout entierc aux questions <|uc j'ai soulevces. J'ai attaque des principes qn'ou diNait absolus, auxquels on ne voulait admettre aucuni; niodificalion; j'ai fait voir ou ils niene- raient, en les prenant a la derniere rigueur ; on en a conclu qne je ne les admcttais dans aucim cas, queje voulais les de- truirc. On me repond comme si j'eiais I'enncmi des proyres de I'indiistrie, de ccux de la population, de la concurrence, de la liberte du commerce, de la proiluciion enfin. Rlais je n'ai jamais voulu monlrer que les limites au-dela desquelles, dans im momei.t donne, ces bieus |)euvent se changer en maux. Ainsi I'tcole de Ricardo a donne comme uu principe absolu, vrai dans tons les terns, incontestable, (pi'on ne pouvait jamais produire a la fois trop de loiite chose; (pi'on ne devait meme jamais dire cpi'on produisait trop d'une chose en particulier; mais qii'il fallait dire alois (ju'on ne produisait pas assez d'une autre chose correlative, qui devait aclieter la premiere. C'est la Ie principe que j'ai, je dois Ie dire, combattu Ie premier. M. Dunoyer Ie combat aussi peremptoirement. « Le pi inciiie tres-vrai et Iros-lumineux, dit-il, qne la production ouvro des debouches aux produits, n'enipcche aucunement qu'il ne soi* { PARI.?. i65 possible de faife irop de cpitaines chores, et ra^we if op d« tomes choses... et Ics execs oil Ton tombe a cet egard , ont Ic"» consequences les plus desastreuses. » Je n'en demande pas davantage; et, si j'aiDene des esprits tels que le sicn a modifier ainsi le principe que j'ai coiubaltu, mes efforts n'ont pas ete inutiles. Mais est-il vrai (]uc j'attribiie « I'abiis qu'on pent faire des poHvoirs de I'industrie a ces pouvoir's mcmes, a tout ce qui t'avorisc la production, a la concurrence des producteurs, a I'activite, a I'economie, ;i raecunuUation des capitaux, aux machines , aux nouvelles inventions , au conseil d'accroitre et de perfectionner toules ces choses? » Certes, je croyais, au contraire, avoir dit bien expressemenl ce que (lit M. Dunoyer : « Ce n'est pas dans nos nioyens de produire qu'il faiit chercher la cause de I'abus que nous faisons de ces moyens, c'est dafis la difficulte d'en faire un bon usage, c'est dans I'ignorancc oil nons sommes de la bonne maiiieie de les employer. » Moi aussi, j'avais (lit, t. i, p. "i^g: « Chaque iuvenlion dans les arts, qui a multiplit- le pouvoir dti travail de I'homme, dejM.is celle de la charrue jusqu'a celle i\e la machine a vapeiir, est utile; mais elle n'est ntilement employije que dans son rap- port avcc la consommation... Ce n'est pas la faute dii progres de la science niiicanique, mais de I'ordrc social, si roiivFier qui ac(iuicrt le pouvoir de faire en deux iieures ce (|u'il faisait auparavant en douze, ne s'en trouve pas plus riehe, et iie s'en donne en const'qucnce pas plus de loisirs, mais s'il fait au confraire six fois phis d'ouvrage qiril ne lui en est demaiid('. » P^t de nouveau, t. ir, p. fi'Vi : « Je firie ipi'on y fasse attention; ce n'est point contre les machines, ce n'est point centre leS decouvertes, ce n'est point contre la civilisalion que portent mes objections; c'est contre I'organisation moderne de la so- ci(jt(', organisation qui, en do'-pouillant I'homme qui travaiile de toute autre propri(!'te que ceiic de ses bras, ne lui donne aucune garantie contre une concurrence, contre une folic en- chere dirigi^-e a sou prejudice, el dont il doit nijcessairement L'tre victime... Ce n'est pas la dt'couverte qui est un nial ; c'est ie partage injuste que I'liomuie fait de ses fruits '-. M. Dunoyer dit : « Ignorance du marchi:', extrcime difficulti* de le connaiire, difiiciiltc! non nioins grande de se propor- tionner i ses besoins qiiand on le connaitrail, faussc idee tfue les besoins et la consummation n'ont pas de bornes , voila ce qui pousse les chefs d'industrie a exagerer les affaires. » ,Te n'ai pas dit autre chose; j'ai senlemcnt cherche a montrer com- ment une organisation tout ai tificielle de la soci€te maintenait a 55 FRANCE. celte ignorance, et decevait sur les Jnterets prives; d'oit j'ai conclu qti'il ne fallait pas dire aiix gens qui se sentaieut genes : « Etendez vos enlreprisos; niais, au contraire : Sachez precise- ment dans quelle direction et jusqvi'a quel point il vous con- vient de les etendre. » Si je reconnais ici mes principcs dans ceux de M. Dunoyer, enmbisn j'ai plus de plnisir encore a les retrouver pins loin , lorsqu'il dit : « La facilite de vendre ne tient pas seulement a la qnantite des clioses produites, ni a la bonne proportion existante entre ces choses; elle tient surtout a la maniere dont dies se repartissent dans la societe , a mesure qu'elles se font... Car les debouches, ce sonl les hommes ayant quelque chose, et par la maniere dont les fruits du travail se repartissent, ces hommes sont rares partout. » Certes, si mon livre a un but, s'il a unc direction, c'esl de signaler le parlage inegal de la richesse , comme faisant perdre a la societe les avantages de cette richesse, comme diminuant la consommation, et par elle la production ; c'est aussi de montrerque, si dans plusieurs pays on voit une liaison entre les progres de I'industrie et les soulfrances des classes ouvrieres, on doit presque toujours I'atlribuer a de mauvaises lois. Je n'ai pas regarde I'economie politique comme une branche du gouvernement, mais bien comme la science d'apres laquelle le gouvernement doit se conduire. Dans tout cet ouvrage , comme je I'annonce des les premieres pages, j'ai pris le moX. gouvernement dans son aceeption la plus large; j'ai donne ce nom a I'ensemble des pouvoirs existans dans la societe. Mais, toules les fois (pic j'ai invoque son inter- vention comme necessaire, j'ai rccouru uniqucment a la puis- sance legislative; je I'al dit expressement a plusieurs reprises, et j'ai du le dire, puisque mon but etait surtout de faire re- parer par ie pouvoir le mal que le pouvoir avail fait. M. Du- nover ine refute, comme si j'avais voulu charger non la legis- lation , mais radministration, dc la mission generale de gowcrncr tous les trnvaux de la societe. Je n'ai pas propose une seule me- sure generale on speciale qui put encourir ce rejjroche; et apres tout, j'en ai propose fort peu, d'ancune er.pece. Je sen- lais, je sens encore que la legislation devrait etre reformee d'apres les notions de reconomie politique; que les lois sur les successions, sur les partages, sur les societes, sur les comman- dites, sur les hypotheqnes, sur le recouvrement des dettes, sur les mariages, sur la puissance paternelle, sur les panvres, sur les etablissemens de charite, nont pas nne influence moins directe sur la distribution de la richesse, que cclles sur la PARIS. 267 (louane; mais je sentais aussi qu'un examen dc la legislation, dans scs rapports avec les proi^res de I'aisance generale, etait iin ouvrage qui deniandait en niome tems I'titendiie de connais- sances d'un jinlscoiisulte, les meditations d'un tconomiste, ot I'amour dc riiumanile d'lin homme dc bien. Je ne nie suis point scnti la force de renlreprendre; je snis loin davoir prelendu epuiser les questions que j'ai abordees : cest beaucoup si j'ai fait reflecliir sur quelques noiweanx principes. M. Dunoycr, tout en ine refiitant, a adopte un assez grand nombre de ceux qui me sont chcrs pour que je puisse m'applaudir de mon succes. Je suis, etc. J. C. L. de Sismondi. Geneve, 5 juillet 182J. Reclamation. — M. Denaix nous adresse nne letlre au sujet du compte qui a etc rendu dans noire dernier caliier [voy. t. XXXIV, p. 7i5), de ses Essais de geographic inethodlque ct comparative , ct il nous invite a publier la Conclusion du rap- port fait a I'Academie des sciences, le 25 join dernier, par MM. dndreossy et Lacroix sur cet important ouvrage. — On trouvcra cette conclusion dans I'analyse des travaux de I'Aca- demie des sciences, que nous avons soin d'offrir chaquc mois a nos lecteurs. (Voy. ci-dessus , p. 243 et 24/1.) Theatres. — Theatre franc ais. — Premiere representation des Trois quarticrs, comedic en 3 actes et en prose, par MM. Picard et Mazeres (samedi 3i mai). La censure des theatres a ete raisonnable une fois, et voici ime comedie vive et piquante, dont les personnages ont des figures c'e connaissance , et par- lent non plus ce langage de convention si rebattu au theatre, mais la langue du monde et de la societo , celle rpie nous en- tendons chaque jour dans les salons , et qu'il nous etait in- terdit d'entendre a la scene. II faut (jue cette verite du dialogue ait une grande puissance, car elle a obtenu un brillant succes a un ouvrage dont elle est presque I'unique merite, et qui ne se distingue , ni par I'invention da sujet , ni par la disposition des incidens. — Un nommc Desrosiers , negociant qui a fait une riche fortune dans I'Amerique du sud , de retour dans sa patrie, songc a s'y etablir; et il a charge un certain Despres , son ami, de lui irouver une femme. Intrigant decore, parasite qu'on recoit a sa table, mais dont on fait pcu de cas, Despres voit toutes les societes , et il est recu sans consequence au fau- bourg Saint-Germain , et a la Chaus.see-d'Antin , comme dans la rue Saint-Denis. Cest la qii'il a jete ses vues pour niarier son ami Desrosiers, et il I'a presente a M. Bertrand, negociant fort a son aise, et qui a une foit jolie fille. Tout est deja cou- 9.68 FRAMCR. venii pour I'linion projetee ; il no manqUe phis que I'assen* timent tie Gcorijetie, qui aime en sfciet nn des conimis tie son perc. Mais voila que Desrosicrs apprentJ que Irois vaisseaux qu'il croyait peidus, sont entrt-s tlatis le port. Sa fortune est doublee, et son ambition s'accroit d'autanl ; le commerce de la rue Sainl-Denis est trop humble desormais pour sa nouvelle position , il aspire a la haute finance; il se degaL^e avec M. Bertrand ; aiissi bien Despres a surpris le secret des deux amoureux; on les marie, et Desrosiers part pour la Cliaussee- d'Antin. — Nouvel acte, nouveau quarticr, nouvelle intrigue; nous soinmes chez lebanquier Martigny , riclie rapitali^te , (\m ce jour-la donne une ftHc magniiicjue; il espcre v voir una jcune comlesse dont il est amoureux, et a laquelle il n'ose parlcr d'amour, car il ne se doute ]>as qu'il est aime. II craint fl'ailleurs que les prejuges de naissance et les idees golliiques dont la famille de la comtessc est engouec ne soient im obstacle a cette union. 11 y a cependant des gens raisonnabics dans ceile famille; i\n jeune vicomte, cousin tie la comtesse , tt co- lonel, appele a Paris pour ses opinions, est ami de Marligny, et amant de Jenny, soeur du baiiquicr; mais la graude fortune de cehii-ci rempcche d(! Ini demander sa soeur. C'est celle soeur que Despres s'cst imagine de faire epouser a son ami Des- rosiers ; il I'introduit chez Martignv qui agree sa recherclie, au grand deplaisir de la pauvre Jenny. Mais heureuscmerit que, dans sa conversation avec le banqnier, Desrosiers apprend que, pendant sa longue absence, il a fait un heritage consi- derable , par la mort d'un parent dont il n'avait pas de nou- velles. Le voila millionnairt; ; cpie lui importe desormais la finance ? C'est parmi la noblesse tpi'il vent mainlenant se lancer. Despres approuve cette sidjite ambition, et nos gens parlent pour le faidionrg Saint-Germain. — Nous y voila chez une niarcjuisc dont le ton et les idees caracttl-risent assez bien tes ridicules d'une cerlaine |)ortion de la societe. Despres lui presente son protege; riminense fortune tie celui-ci impose a la qualite de la marquise; elie fait pen de cas de I'liommc, mais elle esUme beauconp son argent; il servita d'ailleurs a rtjparer les affaires de t(mte la famille : elie en fait i^rcsque sur le clian)p Temploi. La marquise ne balance done pas a pro- meltrt! sa niece. {]ette niece est precisement la comtesse dont Martigny est amoureux , et Ton eoncoit tjue cette circonstance n'avance pas les affaires de Desrosiers. Cependant le moment tie lui est pas defavorable; il y a im peu de froideur entre les denx amans, une bagatelle les a brouilles ; la comtesse n'a pas ete au bal elirz Martigny, et celwi ei vient pour avoir une PIRIS. 269 explication. Cette scene d'amoiiretix est fort bien faite, et ratiteiir y met fort adroilement eii jeii Ics ridicules et Ics pre- tentions de la financt;, comaie cfux de la noblesse. Cependant Ics deux amans se raccoinnii)dent; et celte fois ce n'est pas Desrosiers qui refuse. Un autre incident achcvo d'ailhurs sa mesaveniure ; ks trois demoiselles dont il a demande la main tians la nieme joiiriiee, ont etc cievees dans la mcme pufision ; leunies au denoiiinent, clles se coufient ies preten- tions singulierement volai;es de I'arrivant des mers du snd , qui va cherclier fortune ailleurs ; et lout le monde est salisfait , car il se fait imc noce dans cIkujuc qnartier. — Nous Tavuns dit, colte fable est sterile , mais Ies details piquans abondent , surtout dnus ies daw derniers acles, car le premier est com- mun; il n'offrc qu'uii tableau un pen use que Ies auleuis n'ont point rafraiclii par cpiclque louche vii^oureuse; Ies coideurs sont plus fraurhes et plus vivesdans ies deux aiitrcs, et la fian- chiso du comicpie, la verve du dialo|j;ue, demandent !,'race pour Ies defauts gra\cs de I'ouvrat^e, et lui out oblenu une vo;;ue qu'on u'expliijuera pas pent eire dans une vinj^taine d'annecs , mais cpie Ton coniprend si bien aujourd'hui que nous sonimes prives, au iheaire, de celle verite de mceuis dont la peinture est, selon nous, I'un dcs cliarmes Ies jjius allrayans des representations drauialiques. M. A. TS^ECROLOGiE. — Le baron Ramond (Louis-Francois- Elisabeth), monibre de I'lnstitut (Acadi'mie dcs sciences), comniandeur de la Le^ion-d'Honneur ; ne a .Strasi)ouri; , le 4 Janvier 1755 niort a Paris, le 14 mai 1827. Avocatavant la revolution, M. Ramond, done d'un esprit fin et vif , et d'une heurcuse reutiion de talens divers , avait joint a TeUule dcs lois celic de plnsieius laui^jues, et une con- naissance approfondic des sciences nalureltes. Les Pyrenees furent le premier theatre de .scs observations; il les pa r- courut en natiuaiiste et en observaleur. Bientot il voya- f,'ea en Suisse, et son premier ouvrage fut une traduc- tion : mais , entre ses mains, cetle traduction , les Lcttres dc JViUiain CoxE sarin Suisse, (]ui parureut en 1782, devinrent un ouvraLje tout nouveau , et fondoreut sa reputation. Kn 1780, il publia ses observations sur les Pyrenees, et les fermina par une comparaison savanie entre les Pyrenees et les Alpes. M. Ramond voyaj^eait a pied , seul et se livrant sans reserve , dit-il lui-meme, anx habitans du pays. Douze ans apres, Vinfaligable uaturaliste fit imprimer son P7>jage au Mont- Perdu. II avait fait , pendant long-tems, d'inuliles efforts pour a70 FRANCE. — PARIS. en franchir !e soniniet , repute jusqu'alors inaccessible : il v parviiu , en tournant la montagne clii cote de l'Espai;ne. Cc fut dans la premiere seance tenue par sa dasse a I'lnstitnt, qu'il reiuiit compte de cette perilleuse expedition , et Ton n'a pas oublie I'impression que produisit son style pittoresque et anime. Depute de Paris a rassemblee Rationale Ictjislative , en 1791, M. Ramond s'etait oppose a la spoliation des emigres , et a la proscription des pretres insermentes. Plus il aimait la vraie liberte , plus il combaltait les violences et les exces qui pouvaient la conipromettre et lui susciter des ennemis. Les persecutions I'attendaient ; il vint chercher un refuge dans scs niontagnes , qui ne pureut Ic soustraire a une captivite de quinze niois. II reparul en 1794 » et occupa quelqiic terns la chaire d'histoire nalurelle a I'ecole centrale des Hautes-Pyre- nees. Mais radniiiiistration publique le reclamait, et , depuis i8o6ju3qu'en 1814, il remplit les fonctions de prefet du Puy- de-Domc. C'est la qu'en terminant ses travaux^ geologiques les plus iniportans , il a pronve (]ue Ic vrai savant ne nuit point au bon administrateur. Ecrivain eloquent, soit qu'il traile de la science des gouvcrneniens , soit qu'il decrive les grands phenomenes de la nature, geologue, botaniste et pliysiricn exact, sans obscurile et sans secheresse , I'dlustre academicien aimait par dcssus tout la verite qu'il defendit constamment avcc une genereuse cnergie. II jouissait encore de toutcs les faculles brillantes de son esprit au moment ou la mort est venue le frappcr; et dernierement encore, on le vit, jiendant ])lusieurs seances de I'Academie , exciter le plus vif interet par la lecture d'un Memoire riche d'observatious aussi pro- fondes qu'ingenieusement exprimees. Le 16 niai i8'27 out cu lieu les funerailles de M. Ramond, oil deux: de ses coUegucs, M. Brononiart, president de I'Aca- tlemie des sciences , et M. Miebel , membre de la meme aca- demie , ont prononce des discours sur sa tombe. R. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE CENT TROISIEME CAHIER. JTJILLET 1827. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Precis historique sur la Republique Argentine. . f^araigne. 5 s. Coup-d'oeil sur les principaies institutions scientifiques et Iltteraires des Pays>Bas flan's Gravenwen. ij 3. Notice biographique sur Lanjuinais (avec son poriruit). HI.- A. Jullien. »7 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. M^moires de I'Academie royale de Turin ( ouvrage italien ). Ferry, 37 5. Resume geographiquede la Peninsuleiberique, par M.Bory de Saint -Vincent R. Sy 6. Traitc de legislation , par Charles Comle. J.-C.-L. de Sismondi. 65 •J. Souvenirs de la Revolution francaise, par Helena-Maria Williams, traduits de I'anglais Wh. 87 8. Notices sur la litterature et les beaux-arts en Suede, par Mjrianne d'Ehrenstrom E. 96 9. Philippe-Auguste, poeme heroique par F.-A. Parseval. Villenave. loa III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 94 oiivrages , francais et ctrangers. AiwEKiQUE SEPTENTKIONALE. — Ecais-Uiits, 3, dout 2 ouvrages periodiques U^ EuKOPK. — Graiide-Bretagne, 9, dont 3 ouvrages periodiques. n3 — liiissie, a i32 — Allemagne, 5 , dont i ouvrage periodique i3^ — Suisse, 2 j/j — Icalie, 8, dont i ouvrage periodique iAA — Pays-Bas, 6. . I^^ France, 69 , savoir : Sciences physiques et naturelles , 26. . . . i5o — Sciences religieuses , morales , politiqties et historiqiies , ig. . . itt — Litterature , 9 jq3 — Beaux- Arts , 4 ao3 a^a TABl-t PES ARTlCthS. — Memoires ei rapports de societes saf antes , i . sn8 — Onvrai-es perioditjiies , a jog — Livres en lam^iies etrnngercs , irnpriines en France , 4 2' ' l\. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRKS. Amerique septentrionale. — Etms-Uiiis. Ci>nnecriciit : Mine de for nauf. — Sousciiption en favour des Grecs. — Mexiqne : Instruction publique 316 EUROPE. Ilrs Britanniqufs. — Oliw : Enseignement industriel ; Nouvilles preiives tie I'ntilitc do riiislruction popni.iire. — Legs dun Angl.tis etabli au Beugale en faveur du rcdacteur du Heratit de V Orient VI9 RussjE.. — Hisioiie natuielle : Insecte tros-iar*. — Saint-Peiers- boiiig : Reclamation 244 A.LUF,MAGNE. — Grand-Diic/te de /lade : Ecole norniale ctahlie a Rastadt. 2a5 Suisse. — Ecoles des arts et metiers a Aarau et ii Zurich. . . . a-jg Italie. — Chainbery: Donation en faveur des sciences ; Fonda- tion de bienfnisanre. — Naples: Archeologie : Fouilles de Pompei. — Milan. Nccrologie : Rosniini a'ii GnECE. — Extrait de la lettre d'un Francais : Appel aux Phil- lielloncs 2I4 EsriGHE — INIandement centre lesjournaux francais et anglais, et centre les livres venant des pays otrangers 235 Pays-Bas. — Harlem: Socicte hollandaise ties sciences : Prix proposes * '. " ■ '^''^' FuANCE. — Hagneres-de-Bigorre ( Hautes-Pyrenees) : Eaux mine- i-ales. — Gre'of/x (Basses-Alpes ) : Eaux minerales hydro-sul- fureuscs. — Societes savanles et etablissemens d'litiVte publique. KancY (Meurthe) : Societes d'assurance centre I'incendie et centre la gr61e • • • aSg Paris. — Institnt. Academic des sciences: Seances du 18 juin au 16 juillet Academic francaise : Prix decerne. Academic des inscriptions et belles-lettres : Seance publique du 27 jnillet. Academie des beanx-nrts : Nomination. — Socicte d'encoura- gement pour I'industrie nationale: Seance generaledu 23 mai. — Enseignement mutuel. — Atheni'e de Paris: Cours d'his- toire moderne; liistoire de la revolution des Pays-Bas par M. CrnssolleLnmi. — Ecole de commerce. — Georama. — En- seigiiemcnt industriel. — Girafe : Arrivee en France et a Paris d'uue ieune femf-lle de cette espece. — ■ Economic politique; Douanes : I.ettre d'un abonne au Directeur de la Revue En- cyclopedique. — Lettre de M. de Sismondi. — Reclamation. — Theatres. Theatre Francois: 1'" representation des Troi.s quaitiers, comedie. — Necrologie : Ramond ■'i^ 4 Avis adx amateurs pe la litt^ratbre etrancebe. On peut s'adresscr a Paris , par reiitremise dii Bureau cektbai. ds LA Revue Ekcyclophdiquk, .i MM. Trkuttel et Wurtz, rue di' Courbou, n° 17, qui ont aussideux maisons de librairie, Tune k Stras- bourg , pour rAllemagiie, et I'autre 4 Londres ; — a MM. Arthus Berthako, rueilautefeuille, ii'aS; — Benouahd, ruedeTournon,n'*6; — Lethaui,t, rue de la Harpe, n° 81, el a Strasbourg ; — Bos- s A. x G'B pere , rue Bicbelieu , n''6o; et a Londres,pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- nais, boUandais, etc., ainsi que les autres productions de la litt^rature etrang^re. AUX ACADEMIES ET ADX SOCIETES SAVAHTES dg tOttS ICS pOyS. Les Academies et les Sociktes savantes et d'otilite publiqub, francaises etetrangeres,sont invitees a faireparvenirexactenient,/ra«cf de port , au Directeur de la Revue Encyciopedique , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Bevue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs. AOX EDITEURS d'oDVRAGES ET AtJX LIBRAIRES. MM. lesedlteurs d'onvrages periodiques, francais et etrangers, qui d^sireraient echanger leurs recueils avec le notre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^ctange , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages , nouvellement publics, qu'ils nous auront adress^s. Aux EDTTEXJRS DES RECUEIXS FERIODIQTJES EN AltGUtTERRB. MM. les Editeurs des Recueils periodiques publics en Angleterre sont pri^s de faire remettre Xenr&mtmeros aM.DEGEORGE, correspondantdela Revue Encyclopedique a Londres, n"> io, Berners-street, Oxford-street, chez M. Rolandi ; M. Degeorge leur transmettra, cliaquemois , en echange, les cahiers de la Tfefwe Encyclopidique, pourlaquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit poUr I'annde courante, soit pour se procurer les collections des annees anterieures, de 1819 a i8a5 inclusivemeut. Aux LIBRAIRES ET AUX EDITEURS d'ouVRAGES EK ALLEMACKE. M. ZiRGES, llbraire i Leipzig, est charge de recevoir et de nous faire * parvenir les ouvrages publics en Allemagne , que MM. les libraires, les editeurs et les auteurs desireront faire annoncer dans la Revue Ency- clopidiquc. M M W LiBRAiRES c/iez lesquels on souscrit dans les pays etbangers. Aix-la'Chapelle, LarueUe fils. Ainfttrdam, Delachaux ; — G. Du- four. Aiivers , Ancelle w Aran (Suisse), Sauerlauder. IJerlin, Schlesiiiger. /icme , Clias ; — Bourgdorfor. li res/a II , Th. Korn. Bnixe/les, Lecliarlicr; — • Demat; — Brest van Kempen; — Berihot. flriiges , Bogaert ; — Dumortier. Florence, Piatt i. Fiiboiirg (Suisse) , Aloise Eggen- doi I'er. Francforl-sur'Ulein , Schacffer;; — Bronuer. Gaud, V^anrlciikerckoven fils. Geneve, ji-3. Pasclioud ; — Bar- bezat et Delarue. /.a Hnye, les freres Langeuliuysen. Lausanne , Fischer, Lei/>z/g'.Grieshaii)mer; — G.Zirg^s. Litfge, Desoer. Lisbonne , Paul Martin. Loridres, P. Rohiiidi, Dulau et G'*; — Treuttel 'et Wiirt?,; — Bossauge. Madrid, Dennie; — Perils. ./jy/7an,G»egler;— Vismara;— Bocca. A/bico«, Gautierj— Riss parcel lils. Na/i.'es , Borel ; — MaroUa et Wanspandock. Xeiichalet (Suisse), Grester, Neiv-Yoik (6tais-Unis), Tlioisnier- Desplaces; — B#rardetMondon; — Behr et Kahl. " NoiiveUe -Orleans , Jourdan ; — Roche , freres. Palerine (Sicile), Pedonne et Mu- ratoii; — Bceuf (Ch). Petcrsbontfr , Saiiil - Floient ; — Graelf; — Weyher; — Pluchart. Rome , de Ronianis. SciiUgart et Tuhingne, Gotta. Todi , B. Scalabrini. Turin , Bocca. A'rtrjot'/fjGlucksberg;— Zavadsky. yienne (AuliicLe), Gerold ; — .Schaunibourg ; — Sclialbaclier COLONIES. Ciiadihiipe (Poinle-a-Pilre), Piolet aine. Ilc'de- France (Port-Louis), E. Bordet. ilJariiniqne, Thounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARTS, Au BOKEAU DE HEDACTIOW, RDB u'E3fPER-SA.I]!CT-MlCIlr.I, , n» l8, oil df'ivenc ctre envoyes , francs de port , les livres , dessiiis et gra- vures , dont on desire rauuonce , et les Leltres , Memoires , Notices on E.\iraits destines a d-tre inserts dans ce Hecueil. AoMusEEEifcycLOTPEniQUE,chezBossANGE pere, rue Richelieu , n° O'o ; CuezTkeuxtkl kx Wiiaxz, rue de Bourbon , «)" 17; RiiY ET Grayier, quai des Auguslins, n" 55; Chsrles Bechkt, libraire-conim" , quai des Auguslins, n" 5y; J. Rekouaui) , rue de Tournon , n» 6 ; Roket, rue Hautefeuille, n" ja; A. BvunowTN , me de \'augii ard, n" 17 ; Dei.\on,vy, Piii.iciKit, Pontuieu, ll Tekte, Cabimet Littb- R\iRK, an Palaih-Royai. A LONDRF.S. — FoREfGN LiBRAiiY, 30 Befners-street , Osford- stieet; Tkeuxtel ex Wxjutz; Bos«,vjige; Dolac etcompaome. \<^, rue Haiitcf(;i:illc , u" is. I'ARiS, 1)E I. IwrRIMERIE UE niOSOfX, rue des Francs-Bonrgcois-S.-Mifhcl, u" 8. Tome III- 1827. ( 35® de la collection, ) io4® livraison. REVUE (P ENGYCLOPEDI(ffe ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DATfS LA LITTERATORE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1° Pour le» Sciences physiques et tnathematiques et les Arts indastriels : MM. Ch. Dupik, Gxrard, NAviER.del'lnstitut; Ferry, Francoeur , Ad. Gok- nlMET, A. MiCHELOT, DE MOMTOERY, MoREAC BE JOWHES, QuETELET, T. El- CHARD, Wardeh, etc. 1° foxxi\es Sciejicesnaturelles: MM. Geoffrot SAiKx-Hir.AiRi;, de I'lnstitut; BoRY DE SAiKT-VufCENT, correspondant de I'lnstitut, Mathiep Bomafods, de Turin; B. GAtLLOif , de Dieppe; V. Jacquemont, etc. 3" Pour les Sciences medicales: MM. Bai,i.y,Damiron , G.-T.Doiw, Amedee DupAxj, FossATi, Gasc; Gerson, deHambourg; Georget; LiEciRAKD; de KiRCKBOFF, d'Anvers; RiGOLtOT fils, d' Amiens , etc. 4° VowrXss Sciences philosophiques et morales , politiques, geographiques et hisloiiques : MiH. M. A. IdllieW, de Paris, Foadateur-Directeur de la Revue Ericyclopidique; kix^. DE i,A BoRDE, Jomard, de I'lnstitut, Artacd, M. AvEKEi., Barbie du Bocage fils, Bekjamis-Cokstast, Charles Comte, Depping.Dufad, DiTNOYER, GoiGsiAtrT,G0izoT, A. Jadbert, Alex.Lameth, Latjjuimais fils , P. Lami , LEsnEua-MERLiN , Massias , A. Metrai. , AlBERtMoNTEMOST, EUSEBE SaLVERTE, J.-B. Say; SiMONDE DESrSMONDI, de Geneve; Warn KOENto, de Liege, etc. Dupin aine, Perville, Bouchewe- LefeRjCrivelli, CIlBenouard, Taillandier , avocats, etc. 5" Pour la. Lill^raturejyancaise et elrangere, la Bibliograpkie , VArcheologie el les Beaux- Arts ■•'HiM. Amdrieux, Amadry-Dcval, Emeric David, Lemer- ciER , i>e Segcr, de I'lnstitut; M°i« L.-Sw. Belt.oc; MM. J.-P. Bres, Bur- NOUF ills, Chauvet, Cbehedolle, de Liege; P.-A. Coupiw, Fr. Degeorge, DuMERsArf;Pa. Golbery, correspondant de I'lnstitut; Leok Halevy.Heiberg, Uebrichs, E. Hereau, Adgcste JcLiiENfils; Beknard Jollien; KALvl)s,de Zantc;ADaiEK-LAPASGE,J.V.LEcr.ERc,LoEVE-VEnuARS,A.MAHni.;J.MAUviEi.; D. P. iMENDiBiL;M0M»ARD,de Lausanne ;C. Pa&anei., H. Patin , Powgp.r- vn.LE;DERElFFEKBERO, de Bruxelles : DESTASSART;FR.SAtF^,M. Scb.viwas, SCUSITZLER, LeOH ThIESSE, P. F. TlSSOT, VlLLENAVE, S. ViSCOKTt , etc, A PARIS, .VU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE , rced'enfek-s.-michex., N° 18; \RTHUS-BERTRAND, LIBRAIRE, KUE BADTE-FEniLLE, N° 7.3. AOUT 1827. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuls le mois de Janvier 1819, il parait, par ann^e, douze cahiers de ce Recueil ; chaque cahier , publi^ le 3o du niois, se compose d'ea- viron i4 feuilles d'impression, et plus souvent de i5 ou 16. On souscrit h Paris, au Bureau central dt abonnement el d'expidit'wn indiqu^ sur le litre , et cliez les libraires ci-apr^s : ARTHUS BERTBAND , rue Hautefeuille, n" i3; Au MusEKENCYCLOPEDiQUE, CHEZ BossAiTGB pire,rue Richelicu , n'eo; Renouahd, rue de Touraon, n" 6; Prix de la Sotiscriptioh. A Paris ^^it. pour un an; 46 fr. pour six mois. Dans les d^partemens. S3 3o A r^tranger 60 34 En Angleterre 76 4 a Le moDJtant de la souscription, enyoy^ par la poste, doit dtre ftdret«6 d'arance, pr^itc de port, ainsi que fa correspoudance , au Directeur de la Revue Encyclopedique , rue d'Enfei^Sdihl-Mlchel , n" 18. C'est it la m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra faire anfioncer, ainsi que les articles dont on d^sirera Tinsertion. On peut aussi souscrire chez les Directeurs des postes el chez les priticipaux Libraires, k Paris, dans les d^partemens et dans les pays Strangers. Trois cahiers ou livraisons JTorment ua volume. Chaqae volume est termini par une Table des matieres -alpkabdtique et analyiique . qui ^laircil el facilite les recherches. Cette Table est toujonrs jointe au I*' cahier W/88 lORCES PRODUCTIVES decider rantorite publique a favoriser unc grande cntreprise qui pent faire prendre une face nouvelle a I'une des contrees les plus interessantes dn royaiinic. Nous citerons ces conclu- sions. « MM., notrc tacho est rcmplic; il est terns de nous resunier ct de conclurc. En livrant notrc travail a vos meditations, nous dirons au petit nombre de nos adversaires :Vous voulez, comnie nous, ie bonheur du pays; nous vous offrons le seul moyen de I'assurer a jamais. Nos moeurs ont change; il faut que nos habitudes changent. Voyez coninie tout sc meut, comme tout s'agite autour de nous! La France industrielle est en marche; elle arrive a grands pas a la perfection. Pourrions-nous seuls rester stationuaircs! il nous faut im canal, moins encore pour accroitrc la masse de nos richesses que pour ne pas voir de- croitre celles que nous possedons deja. Oui, la neccssite d'un canal est incontestable; elle est urgente. « Nous dirons aux nombreux partisans du projct : Vous avez reconnu Ics avantages de votre position ; au moyen d'un canal , les produits dc vos plaines et de vos fabriqucs, de votrc in- dustrie agricole et de vos explorations souterraines secoule- ront sans obstacle sur des points on nagueres ils etaient inconnus. Le Bec-d'Allier sera desormais un centre commun quiliera I'Auvergne avec toutes les parties du grand royaume, avec tons les fleuves qui le sillonnent, avec toutes les mers qui I'entourent. n Nous dirons a nos magistrats, aux grands fonctionnaires qui sont charges du soin de defendre nos interets : Vous pouvez exprimer nos voeux; vous pouvez en presserl'accomplissement. Une population de 600,000 habitans demande une nouvelle vie; vous la connaissez, elle est paisible, soumise, laborieuse; elle est digne de tout I'interet du gouvernement. « Ces conclusions pressantes nous montrent le mouvement des esprits et le besoin de perfectionnement qui se font sentir aujourd'hui dans I'Auvergne, comme dans lereste de la France. La chambre de commerce rend un juste temoignage de reconnaissance a M. le comte d'AUonville, prefet du Puy-de- DU MIDI DE LA. FRANCE. 289 Dome, ot I'nn des propagateurs les plus ardens de I'enseigne- ment indiistriel , dc rinstriiction populajrc, et de toutes les entrcpriscs utiles au dt'-partcmcnt qu'il administre. La commission tormine aiusi son interessant travail : « Enfin, nous dirons a tons nos concitoyens agricuUeurs ct commercans : Unissez-vous a nous dans cette grande circons- tance; vos interets I'exigent. Toute la question est renfermee dans ces mots : etre ou n'etre pas. La chambre de commerc* vous a ouvert la voie; hatez-vous de solliciter avec clle la con- sommation du gi-and oeuvre de notre regeneration industricUe; et puisse cet heureux concours d'cfforts et de zele contribuer ;\ la prompte fexeciition d'un monument qui sera pour nous une source intarissable de prosperites, etpour nos neveux le plus beau , le plus precieux de tous les heritages ! >>. Je serais trop heureux si le compte que je viens de rendre des projets formes pour la prosperite de I'Auvergne, Jiouvait aider on quelque chose a la realisation de ces louables entre- 'T)riS6S. ' ' Charles Dupin, membre de VInstitut. NOTICE SUR TALMA, Tub a l'academie francaise , dans sa seance parti- culiere du mardl 3 juillet 1827.(1) Si la continuite des succes que, durant trente-neuf annees, obtint Talma sur la scene francaise ne prouvait sa superiorite dans son art, le vide que sa mort laisse au theatre en serait le temoignage irrecusable. La tragedie toute entiere, qu'il sou- tint en rival de Lekain, semble etre tombee avec lui, malgre le (i) Voy. Rev. Enc, t. xxxii, octobre 1826, page 26*. — Talma {Francois- Joseph), ne a Paris le i5 Janvier 1760, avait debute au The4tre-Francais, le 27 novembre 1787 ; ilest mort a Paris, le 19 oc- tobre i8a6. — Le Portrait, joint a cette Notice, a ete dessine et litbo- T. XXXV. — Joiit 1827. in ago NOTICE zele tie quelqiics artistes qui s'efforcent den relever la magni- licence. RIais les mis, trop attaciies par I'age a leiir routine, et les autres, trop jeiincs encore pour etre affermis par une bonne raetliode, nc peuvent remplacer rexceilent acteur qui a ccsse de leur offrir a tons un modele, et dont le genie parti- culier ne se pretait gueres a former une ecole generalc. Tel possedc quelques elemens dc son cnergic qui ne sail point la gouvcrner; tel a rctcnu quelques priiicipes de sa diction juste- raent mesuree qui ne sait point ccliappcr a une froideur trai- nante; ceux-ci tendront i imitcr son accent naturel , et s'aban- donneront a une lamiiiarite vulgaire; ceux-la voudront, comme lui. varier la coupe des vers pour evitcr la monotonie, et, rompant toutes les cesures par des inflexions contraires au sens des mots, detruiront la prosodie harmonieuse du langage: pUisieurs enfin exagereront ses gestesou manicrerontles formes gracieuses deses attitudes. Lui scid fiit simple et noble a lafois, velu'ment et regie, sage et sublime tout ensemble. La justice que nous lui rendons unanimcment ne doit pourtant pas decou- graphic par M. Bazin jeune, peintre , d'apres un portrait fait en i8ia par noire celebfe peintre GERiRD , ami particulier de Talma. On y retrouve la physionomie expressive du grand artiste, non pas dans un de ces roles ou il savait si bien reproduire tout enlier le personnage qu'il representait ; mais telle qu'il I'avait recue de la nature , image mobile et vivante de toutes les passions dont il etait tour-a-tour I'in- terprete fldcle, encrgique, touchant ou terrible. 11 semble mediter sur une pensee profonde relative a son art. On doit, en effet, pour peindre un homme superieur, le considerer dans une sorte de gene- ralite qui exclut toute circonstance particulifere et purement locale. Ce ni<5me portrait , qui nous montre Talma dans la force de I'dge et du talent (et c'est bien ainsi que rimagination et la memoire aiment a rappeler ses traits , et que la peinture a du les consacrer pour I'his- toire de I'art qu'il a illustre) , va etre grave au burin par M. Gihard, I'un de nos babiles artistes. Celte gravure , executee sur une dimension beaucoup plus grande que celle que nous offrons n nos lecteurs, doit paraltre incessamment ; et tons les amis et les admirateurs de Talma voudront sans doute se la procurer. M. A. J. J SUR TALMA. 291 rager remulatiori de scs siiccesseurs nccessaires : un ingrat oubli tics qualites qui le distinguerent produirait phitot que ce tribiit de notre estime, !e relachement des efforts de ceiix qui aspirent a i'egaler un jour. C'est en cultivant les fruits de son souvenir, c'est en exaniinant les sources de sa celebritc labo- rieusement acquise, c'est en recherciiant dans les details de sa vie I'origine des brillantes facultes qu'il deploya, qu'on trou- vera les moyens de luiressembler, ou de latter dignement avec sa memoire. L'histoire d'un grand artiste ne doit etre que celle de ses etudes, de ses progres et de sa gloire, dans son art. Les particularites de son existence privee n'y sent utiles a re- cueillir qu'autant qu'elles se rattachent aux causes de sa repu- tation. La date de sa naissance n'importe pas moins a constater, que celle de sa mort ; car elles marquentl'une et I'autre I'etendue de la carriere qu'il a parcourue, Tintervalle de lems qu'il lui fallut pour atteindre graduellement la perfection, et I'epoque dont I'influence put seconder ou contiarier son genie : on s'in- teresse de meme a savoir quel lieu le vit naitre, I'eclat de son nom etant devenu un nouvel ornement aux fasles de son pays. N'oublions done pas de dire que Talma recut le jour a Paris, I'an 1760, et nous nous souviendronsavec etonncment que son debut au Theatre-Francais, en 1787, signala deja la puissance d'un talent acquis par un heureux exercice, et que la fatalite ne nous i'enleva qu'en 1826, au milieu de succes tocjours croissans qui dementaient en Ini I'affaiblissement de la vieil- lesse. La duree des longs travaux qui I'illustrerent est un pre- mier objet de meditation pour les acteurs trop impatiens d'avoir soudain la meme renommee. Elle est aussi un objet d'admira- tion pour les nombreux spectateurs dont la curiosite suivit tons ses pas dans la lice immense qu'il a franchie, en excitant de plus en plus leur enthousiasme. Le sort avail mis les parens de Talma dans un titat d'hon- nete aisance qui leur permit de suffire a ses besoins et aux frais de son education distinguee : ils lui transmirent le gout de I'in- dustrieuse activite par laquelle s'enrichit le meritc, et dont 11 connut le prix en Angleterre, des sa plus tendre jeunesse. Son 19 ag* NOTICE st-jonr a Lomlres aupics tic son peie coriobora les penchaiis sttidifiix dc son esprit et muiit Ics gtrmes du savoirqiril puisa dans les ecoles francaiscs : il y etait entre, des I'age dc 1 5 ans, et n'en sortit qu'apres s'clre muui de connaissances diverses en litterature et en chirurgie. Son pere ct son oncle ctaicnt den- tistcs , ce dernier se proposait de I'adjoindre a Texci cice de sa profession : niais la dostinec le rcservait a devenir Toi gane des muses dramaticjues. Eleve ardent, spiritucl, ingeiiieux, done d'linc memoire facile, emporte par line imagination a ive, par- lant egalement bien le fiancais et I'anglais, la freqiientation des. theatres de deux grandes capitales decida sa vocation a monter sur la scene dont il allait souvent applaudir les chefs-d'oeuvre avec les jeunes etudians, ses compagnons et ses amis. Peu s'eu fallut quo la Grande -Brotagne ne comptat un Garrick de plus sur la liste de ses acleurs celebres, et que Talma qu'clle voulait retenir sur ses theatres ne fiit arrachu a la France. L'elile de la societe de Londres I'avait vu jotier plusieiu's roles dans un petit spectacle qu'une troupe d'amateurs adolescens s'etaient plu a former pour leur seul amusement. L'affluence s'y porta : le lord Harcourt, et quelques grands seigneurs, etonnes des dispositions que nianifestait Talma dans la tragedie, sollicitaient son pere dc consenlir a ce qu'il souscrivit un engagement au theatre anglais : niais des iiiterets differens et ses liaisons avec ses camarades le ramenerent dans sa patrie. La, son inclination ppur I'art theatral acheva de se developper parmi les reu- nions d'artistes qui lui inspirerent le dessein de paraitre a I'ecole royale de declamation. S'y faire entendre, charmer tons ses juges et presque aussitot obtenir un ordre de debut au Theiitre-Francais, fut son premier triomplie.il debuta parSeide, et le public ne fut pas moins enchante de sa voix et de ses trails que de sa diction pure ct de la grace de son geste. Les vieux connaisseurs declarerent que, depuis Monvel, jamais ce role n'avait ete joue d'un ton plus vrai et plus pathetique. Le filsde Merope, I'Hyppolite de Phedre ne lui furent pas moins favora- bles : partout la meme convenance de figure, de maintien et d'expi-ession. La foule parut bientot aussi emprcssee de le voir SUR TALMA. 293 t|iie ses rivaux furent soigneux de le lui caclicr. AutaiU le par- leiie desirait sa piesenco, autant le credit des societaires pri- vilt'ijius par leur ancieunctc s'efforcait de lui fermer le chemin. Un hasard propice le servit : on remit en scene la Berenice de Racine a lacjiielle lajeune et inimitable Desgarcinsvenait prefer des accens aussi purs, aussidoux, aussi sublimes que la poesie de ce touchant ouvrage : personne ne voulait se charger dans cette piece du role secondaire d'Antiochiis , il echut a Talma de qui le talent sut en faire un principal personnage. Je fus te- moin de ce beau succes, et, quoique novice encore dans I'art dramatiquc, je courus annoncer a I'acteur qn'il ne tarderait pas a snrpasser tous ses concurrens : prediction qu'il a hautement realisee, prediction qu'il se rappelait par fois avec attendrisse- ment et dont il nie parlait encore peu de terns avant sa mort. L'impression qu'il en recut, m'a-t-il dit, avail beancoup influe sur son zele a surmonter les decouragemens que lui donnait la jalousie de ses envicux. Ce meme presage, que dans mesespe- ranccs je communiquaia Chenier, decida ce poele iiluiconfier le fameux role de Charles IX; des lors, sa reputation tragique s'etablit entierement; et les comediens n'oserent plus lui disputer que le droit de s'elever au premier emploi de son genre. Ce ne fut qu'aux secousses de notre revolution politique qu'il dut la liberte de se jjroduire en grand aeteur dans les premiers roles du repertoire : ce ne fut que par clle qu'il se delivra des entraves que lui opjjosaient les pretentions enregistrees de la medlocrite qui I'opprimait. Lesquerelles de comites, lesbrigues de coulisses diviserent enfin la Comedie francaise en deux troupes; il suivit I'une d'elles et fonda le theatre de la Repu- blique oil passerent Dugazon, Monvel, Baptiste aine, Grand- menil, M'"'^^ Vestris, Desgarcins, qui s'associerent d'aulres come8 NOTICE ne fcraicnt une bouiic ecole. Sa rnaniere n'inspirait que de ti- niides dclicatesses aiix iiiiilatetu's trop scrviles (ju'll facoiina : elle enervait dans les orj^anisatioiis diffVrcntes de la sicnne la vigueur qui leur otait naturclle (•^ amortissait Iciirs elans. II ne permettait pas (ju'on sentit autrement (lu'il ne sentait , et tole- rait avec peine qu'un effet produit a ses cotes derangeat celui qu'il voulait produire. Pen liii importait d'ailleurs I'ensemble des representations et I'interet general de son art , poiirvii qii'un role lui offrit la certitude de briller seul et que ses in- terlocuteurs lui servissent exactement ses repliqncs. Une sorte d'egoisme dans son amour des succes I'affectionnait pour les plus meJiocresouvrages oil I'houneurde la reussile ne se par- tageait pas entre le poete et I'acteur , et son talent etait si grand par lui-meme et si independant des beautes litteraires , qu'il n'avait plus besoin de bonnes pieces qui le sontinssent, mais seu- lement de bons canevas pour se deployer : ainsi , vers la fin de sa carriere, son genie raeme devenait falal aux eleves et dangereux pour la litterature. liemarquerons - nous encore combien rinconstance de son gout el de son caraclere sema durant le cours de sa vie les germes des innovations pernicieuses auxquelles ii pretait I'au- torite de ses impoetrques systemes ? Faible, cliangeant, ombra- geux, tatonneur, jouet de ses petitesses minutieuses,jaloux da prestige qui I'entourait, et craintif jusqu'a s'effaroucher du credit qu'il supposait aux nioindres journaux, soumis aux im- pulsions de mille flatteurs suballernesetde cliens parasites dont Ic5 assidiiites I'entrainaient a leur gre, il contraignit ses anciens amis a se plaindre dc son insouciance presque iograte. On ne ]e nriaitrisait qn'en I'inquietant pour lui-meme. Tel intrigant, qu'ii eut soupcoime d'etre vindicatif et mechant, obtenait lout de sa complaisance, tandis qu'il refusait son oflice a tel autre simple et loyal dont il n'avait rien a redouter. Notre brave et bon Ducis, qui s'ctait complu a travailler pour lui , qui, en ma- riant I'un de ses neveux a une aiuiable sosur de Talma , s etait fait une douce joie d'associcr sous son beau nom la peinlurc et lii potsie, Ducis reprochait a son actcur d'avoir povir les per- SUR TALMA. Bog sonnes qui le cherissaient toute I'infidelite d'line coiirtisanefi ^. Neanmoins, je lui connus une ree'ile constance siir quatre ob- jets : sa resolution k ne jamais etayer sa celebrite dc I'ignoble appiii des cabales , ni du nombre des billets prodigues, ni des louanges payees aiix folliculaires; sa reconnaissance pei sonnelle envers I'homnie... qu'il regardait comme etant son genereux bieii- faiteiir ; et enfin, son inderacinable aversion du dogine dont la rigueur excommunie les plus merveilleux interpretes de nos chefs-d'oeuvre dramatiques, et les force d'abjurer comme un opprobre I'honneur d'avoir servi d'organe pur aux meilleurs preceptes de morale, de politique et de philosophic, essence de la vraie litterature et de la grande poesie. Une intolerance qui s'obstine a flt-trir la profession dont il avait eu tant de fois sujet de se glorifier, revoUait sa fiierte non moius que sa raison: car sa philantropie et I'etude des aveuglemens du cceur hu- inain I'avaient premuni centre toutes les sorfes de fanatisme. In- dulgent aux erreurs ct aux prejnges, compatissant a toutes les souffranccs, incapable d'adopter les maximes cruclles des sectes et des factions, souvent a travers les partis furieux, il ne si- gnala que le zele d'une fratcrnite mediatrice toujours prete k cacher les proscritsa leurs persecuteurs, et tour a tour ouvrant en secret sa maison aux royalistes comme aux republicains, poursuivis les uns par les autres. Ses moeurs faciles, son juge- mcnt sain, sa moderation accoutumee lui attaoherent le coeur des hommes; sa politesse, sonbon gout, son elegante simplicite, lui gagnerent le coeur des femmes. Ceux-ci,par leurenthou- siasme, exalterent son energie : celles-la, par leur favorable ac cueil, lui inspirerent le desir de les charmer et ajonterent aux delicatesses de sa sensibilite. Les plus celebres par leur beaute, (i) Talma eut toujours pour sa soeur et son beau-frere , Madame et M. Louis Ducis , une tendre et sincfere nffection. II leur eii a donne une derniere preuve dans son testament, en leguant a rdpoux de sa soeur des objets d'art precieux, auxquels 11 attachait une grande valeur, et qu'il conservalt avec d'autant plus de soin qu'il les avait recueillis dam I'heritage de sa mere. N. d. R. 3io NOTICE SUR TALMA. par leur esprit, par leur rang distingue, s'enipresserent de le voir, de rentendre et de I'approcher, et ce ful au sein de la haute socic'lu qii'il aclicva d'acquerir ce je ne sais quoi de fini qui manque a I'education des artistes relcgues dans les classes vulgaircs. Au jour de sa mort, la gratitude publique a promis de lui eriger una statue qui conservat ses traits a la posteritc : cet engagement sera rcinpli par la munificence de sesconcitoyens. Que ne peut-on aussi gardt-r a la memoire cesaccens trop pas- sagers (jui deji n'ont plus d'eoho que dans Tame de ses con- temporains, echo plus fugitif encore, que la generation qui va nous survivre u'entendra plus! Triste sort d'un acteur! son nom seul rcste durable, et le talent qui le fit Tidole des vivans ne laisse apres eux et lui nul monument visible qui le perpeiue dans I'avenir. Une inscription, un marbre est done I'unique recompense des travaux de riiomme dont le genie, interpre- tant si bicn la sublimitc des plus hauls genies litteraires, tantot presenta la salutaire image des vertus civiques et do la liberie pour inspirer Tamour do cette belle chimere a lous les peuples, ct tantot le fatal simulacre de leurs tyrans pour consterner les despotes a leur ressemblance et reveiller Theroisrae des na- tions qui tardent a briser le joug de leur vil esclavage. Ah ! Puisse au moins I'art du statuaire, accomplissant son ceuvre au gre de notre espoir, donner a la pierre I'expression en- flammee de Talma et le ressusciter tout enticr ! Nep. Lemercier , dc I'lnstitut. II. ANALYSES D'OUYRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. HaI>1'(JRTS SUK LES TRAVAUX DE L AcADEMIK KOYALii DES. SCIENCES, pendant Van ncc 1826 (1). Nous allons rendre compte des Memoires des savans acade- miciens, d'apres les Rapports des deux secretaires , MM. Fou- rier et CuviER. Si nous avions pu inserer en entier ces deux excellens ecrits, nos lecteurs auraient ete pleinenient con- vaincus d'unc veritu qu'il ne nous sera pas possible de inon- trer avec la meme evidence , c'est que le terns des applications utiles est arrive , et que c'est par le nombre et le degre d'im- portance de ces applications que Ton juge du merite relatif des sciences. Sans negliger les recherches de pure theorie , nos savans interrogent les arts sur leurs besoins d'instructiou , et ils ont soin d'y pourvoir par des ecrits dout I'influence est deja sensible : le zele qui les aninie obtient la plus noble recom- pense; ils ont fait beaucoup de bieu. Nous nous attacherons principalement a ces travaux d'un usage universel , et que leur objet recommande egalement a I'attcntion des etrangers et a celle de nos compatriotes. Nous commencerons cependant par les travaux dout I'utilite n'est pas aussi bien sentie , soitparce que les applications de leurs resultats sont plus rares , soit par des causes qui tiennent a I'ensemble de nos connaissances , a Icur etat actuel et ;\ la tendance des esprits et des arts , aux circonstances qui preparent les decouvertes. Suivant cette maniere de proceder, nous ne ferons qu'an- noncer aux geometres douze memoires de M. Caucht sur (i) Paris, 1837; Firmin Didot. In-4'- 3ia SCIENCES PHYSIQUES. diverses questions d'analyse mathematique : le savant et labo- rieux auteur de ces ecrits ne compte pas , sans doute , sur dc nombreux lecteurs ; une desertion generale scmble condamner ses ouvrages a I'inutilite. Autant vaudrait qu'il so contentat de savoir, et qu'il n'ecrivit point. Cette froideur du public geo- metre, qui n'cst cependant pas sujet au caprice, n'est pas un fail indifferent ; s'il etait possible d'en connaitre le motif, quel qu'il soit , on saurait quelque chose de plus sur les methodes des sciences, ou sur la profession de savant. Ce n'est peut-ctre pas la premiere fois qu'un talent remarquable et toujours actif, aura consomme en pure perte scs forces et son tems, pheno- mene etrange , et que I'on signale avec regret. Dedommageons-nous en parlant du Traite des fonctiom elliptiques ct des integrales euleriennes , par M. Leoendre. L'illustre auteur a beaucoup ajoute , dans cet ouvrage , a ce qu'il avail public , dans ses Exercices de calcul integral. " II importe a I'histoire de la science de remarquer que cette nou- velle branche d'analyse , a laquelle I'auteur a donne le nom de Theorie desfonctions elliptiques, est fondec en grande partie sur les bases etablies dans le chapitre ou il expose la forme la plus simple de ces fonctions, etleur division en trois especes; d'oCi est resulte un systeme de nomenclature et de notation propre a representcr ces fonctions dans les usages ordinaires de I'analyse , et a faciliter la recherche de leurs proprietes (i). >- Euler avait exprime le vani que Ton parvint a decouvrir un ordre de signes pour introduirc dans le calcul les arcs ellip- tiques, aussi facilement que Ton y a fail cntrer les logarithmes et les arcs de cercle ; et il annonce qu'ttw tel systeme de signes donnera lieu a une nouvelle espece dc calcul. M. Legendre a realise cette prediction; le calcul dont parlait Euler est pre- cisement celui qui est expose dans ce Traite. L'auteur y coor- donne et simplifie ce qu'il avait deja ecrit sur les deux sortes d'integrales defmies , dont Euler s'esl beaucoup occupe dans plusieurs de ses ouvrages , et qui conserveront le nom A'eule- (t) Roftpolt de M. FOURIRR, p. I'y. SCIENCES PHYSIQUES. 3i3 riennes. II a dresse des tables fort etendues pour londie plus faciles les calculs nr.ineriqucsauxquels ces formulescondiiisent, en sorte que rien n'cst omis pour que cet ouvrage devienne le guide et le manuel dans les applications des mathematiques aux questions les plus difficiles de la mecanique et de I'astro- nomie. M. PoissoN s'est occupe directcment de quelques-unes de ces questions , dans un Memoire siir la theorie des spJieroidcs. On doit au nienie savant deux autres Memoires , I'un sur le calcul numerlque des integrales dejinics , et I'autre sur la tlieorie dii magnetisme en mnuvemcnt : on a deja public divers extraits de celui-ci. Quelle place assignerons-nous a un Memoire de M. Turpin, sur la composition elementaire des vegetaux? M. Cuvier expose avec clarte le systeme de I'ingenieux botaniste; il montre le parti que M. Turpin a su tirer de ses vesirules, de ses globu- lines ; mais il termine son rapport eu exprimant des doutes. Les lecteurs imagineront qu'il ne croit point ; et , s'ils avaient eux-memes quelques dispositions a croire , elles seront forte- ment ebranlces. Au reste, le Memoire de M. Turpin n'est pas destine a etre insert- dans le Recueil de rAcadtmic. Nous voici dans le vaste champ des applications des sciences aux arts les plus usuels, et rien n'indique la route que nous devons suivre , ni le point d'oii il faut partir. Commencons , a tout hasard , par les ouvrages consacres a I'enseignement in- dustriel. Nous avons deja rendu compte du Cours normal de mecanique , Y)uh\i(: en 1826 par M. Charles Dupin , et qui ter- mine son Cours normal de geometric et de mecanique appliquees aux arts. Nous aurons aussi a presenter a nos lecteurs I'ana- lyse d'un important ouvrage destine a un enseignement d'un ordre superieur, celui qui contient le Resume des Iccons donnees par M. Navier, a V£cole royale des Ponts-et-Chaussees , sur V application de la mecanique a I'etablissement des consti'uctinns et des machines. La juste renommee de I'Ecole des ingenieurs civils de la France, dont I'Ecole polytechnique est la pepi- niere , nous impose I'obligation de consarrer un article special aux lecons dc M. Navier. -.14 SCIENCES PHYSIQUES. M. GiRAKi) , poiirsuivant son travail sur les caiiaux dc navi- gation , a traitc , dans un Meinoirc particulior, de In chute ct ■ Nous regrettions depuis long- terns que la publication des Memoires de I'Acadeniie fut suspendue. M. Fourier nous annonce qu'elle est reprise, et qu'elle ne sera plus interrompue; c'est une bonne nouvelle pour tons les amis des sciences , et nous nous empressons de la propager. Ferry. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Des Institutions judiciaires de l'Angleterre , com- parees avec celles de la France et de quelques autres Etats anciens et modernes , par Joseph Rey, de Gre- noble, avocat, ancien magistral (i). On a beaucoup ecrit sur les institulions judiciaires de l'An- gleterre, avant et depuis la revolution. L'abbe Coyer, Verni- nac-de-Saint-Maur , Joguet etM. Ludot avaient traduit, abrege ou analyse diverses parties des Commentaires de Blachstonc. Une traduction complete de ce grand ouvrage avail nieme paru, en 1776; et, a I'aide de ces divers travaux el de la Constitution de Dclolme, on pouvait prendre une idee somniaire de la legislation anglaise, el surtout de la partie consacree au droit criminel. Depuis la paix de 1814, des communications regulieres s'etant etabiies entre les deux nations, el une noiivelie forme de gouvernement ayant ete introduite parmi nous, le public francais prit du gout pour tout ce qui pouvait lui devoiler les ressorts de I'administration d'une contree long-tems rivale , et dont nous adoptions neanmoins quclques-unes des institutions. Des voyageurs coururenl ^ la decouverte, el ils explorerent la Grande-Bretagne avec une activite curieuse qui prouvait que leurs etudes avaient tout I'attrait de la nouveaute. Chacun exa- minait ce pays sous le point de vue de ses occupations parti- culieres;et, tandis que M. Charles Dupin traversait dans tons les sens les trois royaumes pour visiter les arsenaux, decrire (i) Paris, 18 j6; Neve, libraire , Palais de Justice. 2 vol. in-S":, prix , 1 2 fr. 3j(J sciences morales les ports ct niesurer Ics canaux (i), M. Cottu fitqucntait les cours de justice, et plein d'un enthousiasme, qu'il fait quehiue- fois partagcr au lecteur, nous raconlait d'unc niaiiitre vivo et pittoiesqne cc qui so passe aiix assists et comment on procetle aux sessions des juges dc paix (2]. Mais, ce n'est pas l;i que se bornaicnt los efforts des jinisconsultes et des |)ublicisles fran- ^ais pour initier leuis conq)atriotcs dans la connaissance des institutions anglaises. M. CIt. Comte publiait encore la traduc- tion d'un ouvrage interessant sur la jury par Richard Phil- lips (3); I'auteur de cet article mettait en rapport les lois pe- nales des deux ptuples, pour faire ressortir lours qualites et leurs dofauts respectlfs (/i); et enfin , M. Chompke enricliissait nos bibliotheques de la traduction des Conimcntaircs de Blnch- itotie , d'apres la quinzieme edition anglaisc, traduction dont le merile est tres-superieur a celle qui avait etc publiee par uu anonyme en 1776 (5). M.Rey, profitantaussi du luug sejour qu'il a faitenAngleterre pour etudier i fond les institutions judiciaires de ee pays, vieiit de publier le resultat de ses recherches, et nous allons exa- miner avee lui quelques parties tie ce riche et interessant ta- bleau. (i) Voyages dans la Grande- Bretagne, entrepris en 1816, 1817, i8i8 et 1819, relativement aux services publics de la guerre, de la marine et des ponts-et-chaussees, par M. Charles Dupin. Paris, 1820; 4 vol. in-4°. (Voy. Rev. Enc. , t. vii, p. 69, et t. viri, p. 48). (2) De I' administration dc la justice criminelle en Jngleterre, et de Fesprit du gouvernement anglais ; par M. Cottu. a* edition. Paris, 1822. I vol. in-S". (3) Des pouvoirs et des obligations des jurys; par sir Richard Phillips, ouvrage traduit de I'anglais j)ar M. Comte. Paris, i vol. in-S". ( Voy. Rev. Enc., t. i, p. 449)- (4) Reflexions sur les lois penales de France et d'Anglelerre ; par A.-H. Taillahdieb. Paris, 1824. i vol. in-S". (Voy. Rev. Enc, t. xxiti, p. 58). (5) Commentaires sur les lois anglaises, par W. Blackstome , avee des notes de M. Ed. Christian, traduiu de I'anglais sur la i5' edition, par N.-M. CHonrPKF. Paris, 1822. 6 vol. in-8'>. ET POLITIQUES. 327 • Nous ferous d'abord reiiiarquer au lecteur que M. Rey ne s'est pas contente de prendre; isolement les institutions an- i^laises pour en esposer les ressorts et nous Ics montrer en mouveraent. C'est en les comparaut aux institutions analogues que ncus possedons, qu'il les decrit; et il faut lui savoir gre de citfe niethodc, car aucune autre n'est plus propre, seloti nous, a faire bien compiendre ce que Ton explique et a faire apcrcevoir la superiorite d'lin systeme sur I'autre. « Personne , j'imagine, dit notre auteur, ne contestera ce qui resulte en ge- neral de I'observation simultanee de systemes divers sur un meme objet, ou sur des objcts a peupres semblables. Les de- fauts de I'uu font niieux voir la perfection de I'autre, et reci- proquement. Cette comparaison donne en memo terns lieu a une foule de reflexions qui naissent des contrastes ou meme de simples nuances, et que n'aurait pas suggerees I'exposition seule du plus beau systeme considtre isolement. C'est ainsi, par exemple, qu'en histoire naturelle i'anatomie comparee a fait faire tant de progres a la science de I'homme. Mais, ce n'est pas tout, j'ai encore un motif particulier pour suivre cette marche : I'ensemble des lois anglaises est si complique et si plein de bigarrures, elles sont quelquefois si contraires a toute induction naturelle, si peu conformes aux notions legates des autres peuples, qu'il me parait bien difficile d'en donner ici une idee juste, sans partir d'abord d'un point analogue, mais plus simple, plus regulier et plus generalement connu. » Ainsi, en commencant, M. Rey prend la precaution de nous faire remarqucr que les institutions judiciaires d'Angletcrrc different essentiellement, non-seulement des lois francaises, mais encore de cellcs de la plus grande partie des autres peu- ples de I'Eui-ope. II sera curieux de rechercher quel est le motif de cette dis- semblance. L'une des plus vastes questions auxquelies ait donne nais- sance la critique historique eslcelle de savoir si les peuples des pays conquis par les Romains conserverent leurs institutions primitives, ou s'ils re^urent la legislation du vainqueur. 3.*8 SCIENCES MORALES Grosh-Y, dans iiiu; dissertation tres-savante el trop peu coiiuue aiijourd'luii (i), ctablit, comnicM. ilc Savigny (2)l'a fait depuis, quflcs(iaiilcs conscrvcrent lour legislation, sous la doaiinalion romainc. Co fiit alors, pense le second de ces ecrivains, qu'eut lieu ce singulier systeme de statut personnel qui consislait a faire juger chaque habitant des provinces de I'empire, scion la loi qui lui etail propre. Ainsi, le Romain etait saumis a la legis- lation romaine, tandis que le Gaulois obeissait encore a ses coii- tuaies terriloriales. Ce systeme survecut a la conquete des Gaules par les nations duNordetnes'effaca entierement qn'avec I'accroissement de la fcodalitc. Soit que Ton adopte cette theorie, soit qu'on la rcjette, dti nioins on est force de convenir que le droit romain exerca une grande influence, nicme dans la France septcntrionale. 11 est bien vrai que le fond de la legislation y consistait dans des coulumesmunicipalcs dont I'originese perd dans la nuitdes ai;es; mais, lorsque ces coutumcs etaient niuettes sur certaine partie du droit, il arrivait fort sonvcnt qu'on avait I'liabitude d'intcrroger les lois roniaincs et de les considerer comnie la raison ecrite. Quant a la France d'outre Loire, on sail assea qu'elle ne cessa jamais d'etre regie par les dispositions du droit romain. II fut bien loin d'en etre ainsi en Angleterre. Lorsque les Romains en firent la conquele, ils y introduisirent aussi leur legislation, pour ce qui concernait les vainqueurs; mais il ne parait pas que les Bretons aient jamais ete jaloux de s'appro- prier les institutions et les lois du peuple qui les tint subjugues pendant quatre siecles, et ils conserverent constamnient leurs coulumes locales. (i) fiecherches sur le droit francacs. Paris, i-jS'z. i vol. in-ia. (2) Geschichte des romischen Rechts im Mitlelaller. Histoire du droit romain dans le moyen Sge , par F.-C. de Savigny. M. Etibwhe a prepare une traduction de cat important ouvrage , et tous les amis de la saine erudition en attendent la publication avec une juste iin- « patience. ET POLITIQUES. Sag I,a masse de ces Bretons etait un compose de diverses na- tions du Nord. Chaque partie de ces nations gardait precieu- sement sa legislation primitive. Trois peuples distincts, suivant I'opinion accreditee de Spclman , couvraient le sol de I'Angle- terre, et chacun d'eux suivait une legislation differente. Ces trois legislations sontnommees, dansles actes du terns parvenus jusqu'a nous, JP csc Saxcnc laga , lois des Saxons occidentaux, Marchclaga , loi des Merciens, et Danelaga, loi desDanois. Ces lois Scandinaves avaient une tout autre origine que cellos qui regissaient le niidi de I'Europe. Ces dernieres con- trees avaient herite de la legislation romaine, modifiee par le droit canonique. En Danemark, en Norvege, et dans le Nord au contraire, les pandecleset les decretales etaient restees incon- nues a ces peuples barbares. Les juges d'Upsal prononcaient leurs sentences d'apres les coutumes enseignees par Odin, et, comme le chrislianisme penetra tres-tard dans ces pays lointains , aucun motil' ne pouvait les porter a abandonner leurs anciens usages. Telle fut done la legislation introduite par les Saxons en Angleterre; elle ne subit aucun changemeat, sous la domina- tion des Romains, et se trouvait encore a peu pres la meme , lors de la conqucte de Guillaume. L'etat de choses que nous avons signale avait cependant eprouve un changement digne de remarque. Les traits caracte- ristiques de chaque nation habitant le meme territoire s'etaient en effet affaiblis peu a peu , et quelques monarques avaient profile de cette circonstance pour prescrire a tous leurs sujets des lois generates. C'est ainsi que, vers le milieu du x*^ siecle, le roi Edgar donna des lois obligatoires dans tout le royaume et pour loutes les nations qui y demeuraient, in qudlibet na- tion e. Guillaume-le-Conquerant voulut introduire aussiles usages normands. Ces usages , pour ce qui concernait la legislation , n'etaient autres que ceux de la France coutumiere ; car il ne parait pas que RoUon ait impose aux peuples de la Gaule dont ^1 fit I'invasiou , les lois danoises on norvegiennes qui etaient no SCIENCES MORALES ccpendant celles de sa patric et de ses coiupagnons, pour les siibstitiirr aiix lois des Fraucs, appelc-es salifjiies et ripunires. Plus heuicux que les Romaios, Guillaume et ses successours parvinrent a t'aire adopter en partie leur systeme judiciaire par les Anglais; et, qiioique, plus tard, ce systeme so soil altere , il n'en conserva pas moins iin type original qui le tint eloigne des institutions analogues en \igueur chcz les autres peuples de I'Europe. L'ecluquier normand fut etabli dans la contrc'e nou- vcUeiuent conquiso , et ce fut aiors que la loi commune ( coni' rno/i Ian-) pi'it naissance , malgre ropinion de sir Matthew Hale qui pretend que son origine est aussi impossible a decouvrir que la source du Nil. Quant a I'organisation judiciaire proprement dite , voici comment elle fut creee par Guillaume, d'apres le temoignage de Blackstone , cite par M. Rey. « Par I'ancienue constitution saxunne, il n'y avail qu'une cour de justice pour tout le royaimie, et cclte cour connaissait des affaires spirituelles aussi bien que des civiles : c'etait le JVittenagemote , on couseil general, qui s'assemblait a Noel, a Pa> Telle est I'origine de la juridiction d'equite dont I'exercice appartient au lord-chancelier. Ce haut personnage cumule avec cette charge un grand uombre d'attributions. Nous I'avons deja vu sicgeant dans la chambre de I'echiquier, lorsqu'elle juge du cote de l'equite;i\ preside la chambre des lords, non-seulement toutes les fois qu'clle est constituee en cour judiciaire, mais encore lors- ET POLITIQUES. ^^ qn'elle exeice son pouvoir politique. II f.iit partic dii conseil ties miiiisires; il a sons sa surveillance loiis les juges de paix dii royaume, ainsi que les hopitaux et les colleges de fonda- tion royale. En&n, il est le tuleur de tons les enfans, de tous les fous et de tous les etablissemens de bienfaisance qui exis- tent en Angleterre. Cette mulliplicite d'occupations est la source des plus graves abus et a donne lieu a des plaintes nombreuses sur la longueur des proces danslesquels le lord- chancelier remplit les foactions de juge. Au surplus, presque toulcs les institutions judiciaires d'An- gleterre se ressentent de la barbaric des tems dans lesquels elles ont pris naissance. Les frais de justice sont enormes. Les juridictions ne sont pas determinees avec precision et les ofQciers rainisteriels y sont beaucoup trop nombreux. Aussi est-il extremement difficile de se rendre compte de I'organisation judiciaire de oe pays, surtout en matiere civile. L'ouvrage de M. Rey pourra contribuer a faciliter I'etude de cette partie interessantc des institutions anglaises; mais nous ne croyons pas qu'il puisse les faire parfaitement connaitre. Sans doute, il est aise de voir combien ce jurisconsulte a fait d'cfforts pour vaincre les difficultes qui entouraient son sujet. Il a ete quelquefois assez heureux pour obtenir le prix de ses travaux; mais il y a cependant plusieurs parties de son livre qui sont obscures et qui ne peuvent satisfaire le lecteur avide d'acquerir de nouvelles connaissances. Cet ouvrage n'en est pas moins I'un des monumens les plus complets eleves parmi nous a une legislation etrangere, et il nous parait de nature a detruire beaucoup de prejuges et d'er- rcurs sur la pretendne superiorite de I'organisation judiciaire dc I'Angleterre, comparee h celle de la France et des autres nations qui n'ont pas attendu si long-tems pour introduire dans leurs institutions les reformes necessitees par les changemens operes dans les mceurs de I'Europe moderne. A. TilLLANDlEB. 3',n SCIENCES MORALES Rkvde de i/histoire universelle moderne , ou Ta- bleau sommaire et chronologique des principaiix evenemens arrives depuis les premiers siecles de I'ere chretienne Jusgu'a nos Jours; ouvrage contenant des recherches sur les traditions, I'origine, les moeurs , le caractere, les usages, les institutions rcligieuses, politiques et civiles; le commerce et I'industrie des difterentes nations, etc. (i) On compte en histoii-e deux ecok-s bicn distinctes, qnoique toutes deuxexceUentes. L'une s'occupe surtout de ce qui, dans les evenemens, a dii fiapper les hommcs d'etat; ellc procede par des peintures energiques et vastes ou revivent I'audace et le L;enie des grands politiques : c'est I'ocolc des historiens de I'antiquite, et, dans les terns modcrncs, de Machiavcl. L'autre s'attache de preference a la partie des faits qui intcresse le philosophe moraliste ; souvent, au lieu de peintures , elle donne des reflexions : c'est I'ecole de Voltaire, de Ro- bertson et de Hume. La premiere exige dans I'ecrivain la reunion d'un plus grand nombre de qualites; elle demande cette parfaite intelligence de la politique que le talent le plus fort ne pent donner, s'il n'est soutenu par la vigueur du carac- tere. Ses productions sont aussi plus utiles, parce qu'elles servent egalement a I'homme d'etat et au moraliste, tandis que les ou- trages de la seconde ne sauraient guere feconder que les medi- tations de la philosophic. Cependant, le meilleur esprit peut hesi- ter entre ces deux ecoles, meme lorsqu'il s'agit d'un recitdeve- loppe. L'auteur de la Revue de Vhistoire moderne, vou lant resserrer en si peu d'espace I'esquisse de tant de siecles et dc tant de nations, n'avait point la liberie du choix. La maniere des grands maitres de Tantiquite se refusait a la rapidite de sa marche; il devait adopter le systeme de Voltaire, et c'est ce (i) Paris, 1827; Verdi^re, quai des Augustins, no a5. a vol. in-i> de 5oo pages chaque; prix, 12 fr. ET POLITIQUES. 34 i qii'il a fait. II presente les evuncmens dans leurs rtsultats', plutot qu'il ne montre en action les hommcs qui les dirigerent. II nous fiiit suivre les Icnts progres des peuples qui, naissant ail milieu de la confusion ou la chute de rciupire romain avait plonge I'Europe, se drpouillent pen a peu de la barbaric, s'eclairent au flambeau dc la civilisation antique dent le sou- venir veillait encore sur Ic monde, s'approchent par degres de la liberte , et deviennent ainsi de puissantes nations. Lors- qu'il traite des pays les plus connus, comme, par exemple, de la France, ii se contente de resumer les evenemens avec une rapidite lumineuse et fidele. Si le sujct est plus obscur, il ralentit sa marche , pour entrer dans les details. Alors , avec moins de brievete, il montre la meme concision. Tel est le tableau des pays harharesques. Aucun ouvrage , ce me semble , ne fait mieux counaitre, et les usages singuliers des habitans de ces contrees, et leurs pratiques religieuses, et leur Indus- trie, et jusqu'aux productions de leur sol. Du reste, on n'attend pas de moi I'analyse d'un livre qui n'est lui-meme qu'une immense analyse. Loin de suivre I'auteur pas a pas, jc puis a peine indiquer I'esprit qui I'a guide dans sa route. Je commence par quelques reflexions sur I'une des difficultes inherentes 4 I'etendue de son plan. Les interets des diffei'cns peuples sont d'ordinaire si intimement lies que les annales d'un seul se trouvent, en quelque sorte, les annales de tous ; certains faits paraissent meme d'une egale importance pour plusieurs etats : aux yeux de I'histoire, un champ de bataille appartient autant aux vaincus qu'aux vain- queurs. Cependant, il faut eviter les redites, surtout dans un cadre sietroit. Que l'aire,lorsqu'on veut exposer successivement les vicissitudes de toutes les nations? Decider, en pesant avec soin I'influence de chaque fait sur la destinee des divers em^ pircs, quel est le peuple dont les annales doivent reproduire la scene avec toutes ses circonstances, et celiii dont i'histoire n'a besoin que de la lappeler sommairenient, Mais fixer ainsi ia part de chaque nation dans les evenemens memorables, est sans contredit 1 une des fonctions les plus difticiles de I'histo- 34a SCIENCES MORALES rien. Elk- me parait iniiplic, dans rouvrage qui fait le sujet dc cet article, avec bcaiicou]) do raison, dt- niesurc t-t d'equitc. Une autre condition de toule bonne histoire consiste a saisir, d'un coup d'a'il siir, la physionomie particuliere dc repoque qu'on veut retracer. Or, dciix choses surtout carac- ttirisent les ages moderncs et les distinguent dc rantiqiiito : d'abord, rinfliicnce du ponvoir des papcs; en second lien, la lutte de I'islamisine contre la religion chreticnne. On voit que I'auteur a senti rimportance dc ces deux grands objets. Dans le morceau sur VEtat remain , il peint soigneusement rimmcnso ascendant de la cour pontificale, sa naissance, ses progres, son declin, ses resultats. Quant anx victoircs et aux rcvers de la chretiente luttant contre les sectateurs de Mahomet, il les retrace toujours de maniere a fixer fortemcnt I'attention des lecteiirs. II s'eleve avec energie contre les traites honteux dans lesquels des princes chretiens ont humilie leur fiorte devant les igno- bles forbans d'Alger ou de Maroc. II deplore le funeste resultat de I'expedition de Catherine dans le Peloponese , et plus encore I'inaction recente d'Alexandre. II fait sentir ce que peut avoir de i-edoutable pour la civilisation I'cxistence d'un empire, ou des hordes fei'oces et guerrieres, semblables encore aux com- pagnons d'Attila, restent sous la double puissance du despo- tisme politique et du fanatisme religieux. Enfin, il s'empresse d'introduire au milieu des nations modernes cette Grecc re- generee , si belle du sang et des lambeaux qui la couvrent, si venerable par la triste gloire d'avoir pu, en si pen d'annees, porter le deuil de tant de heros. Tant qu'il suit la marche de I'insurrection grecque s'elancant des chaurnieres de Calavrita aux champs de Marathon, aux rem- parts de Coiinthe, dans les rochers de la Crete et sur les mers de Salamine, on sent que son cceur palpite de pitie, d'admira- tion et d'esperance. On sent que sa poitrine s'oppresse, lorsque, detournant ses regards des exploits des martyrs et des souf- frances des heros, il les reporte sur les cabinets europeens, unsensibles encore a de si glorieuses miseres. Bientot, au bruit des mines qui rcnversent Missolonghi, il s'arrete, et se de- xnande : ET POLITIQUES. 34? • Les Grocs pouiront-ils triomphcr, non-seulcmeut de I'cf- IVayante superiorite du nombre, mais des secours de tout genre prodigues a ces barbares? Faut-il que trois millions d'hommes soient extermines pour satisfairc les passions insen- sees de quelqucs ministres qui sacrifient sans pudenr commc sans remords la gloirc de leur siecle et celle de leurs maitres? Sept annees de prodiges seront-elles perdues pour rhumauite ? La civilisation renaissante sera-t-elle detruite dans le pays d'ou sent sorties presque toutes les connaissances dont s'enorgucillit aujourd'hui I'Europe policee et florissante ? Si I'avenir est cache a nos regards, on peut dire du moins que jamais plaintes plus generales et plus energiques ne retcntirent en favour d'un peuple malheureux ; Ic sort des Grecs a excite un vif interct dans tous les pays du mondc; un sentiment de sympathie pour leurs souffrances a reuni dans les memes vo2ux les populations les plus diverses. Tandis que d'aveugles passions, que les froids calculs d'une politique impitoyable donnent un criminel appui au divan de Constantinople, qiic des tetes sanglantes decorent ce palais ou quelqucs paroles des ministres chretiens porte- raient I'epouvante, les brachmanes et les musulmans de I'lnde , les noirs et les hommes de couleur de I'Anierique, une nuilti- tude d' Anglais, d'Allemands, de Francais, d'hommes genercux qui honorent I'Europe par des vertus et de hautes lumieres, declarant d'une voix unanime que le systemc politique cher encore a quelques cours, est iuconciliable avec les sentimens et les idees qui gouvernent aujourd'hui le monde; qu'eriger la violence en droit en faveur des Turcs, et condamner les Grecs a un irrevocable esclavagc parce que leurs ancetres furent vaiucus par des barbares, c'est transformer a jamais les op- primes en coupables, et vouloir dissoudre dans toute la tcrre les societes fondees sur la justice et la raison. » On a beaucoup ecrit sur la Grece ; des auteurs celebres ont prete a ses perils I'appui de leurs talens; et cependant, il me semble que j'ai vu bien peu de pages oil la cause des Grecs fut defendue avec plus d'energie, de dignite et de puissance. II parait enfin que les reclamations de toutes les ames genereuses ^/,/, SCIENCES MORALES out tngago les gouverueniens a faiie cesser des massacres Hon- tc'ux |>our I'Europe entiere. Piiissent les cabinets niediateurs ne pas oublier qu'une veritable independancc pent seule saixver la Grece, que tons les peuples ont reconnxi le penple grec conime leur frere, et le verraient avec effroi toniber sous le joug d'un hospodar! Quant aux homnies dont le cceur conipatissant s'attendrit sur la douleur qu'eprouveraient les bourreaux forces d'epargner les victinies, qu'ils jettent les ycux sur un autre chapitre de I'ouvrage que nous annoncons, qu'ils y cherchent ce que furent toujours ces sultans dont le caprice doit, suivant eux, passer avant la conservation d'un peuple. lis y verront le gracieux Selim signaler son avenement au trone par le meurtre de ses deux freres et de cinq de ses neveux ; Soliman trainer a sa suite jusque sous les murs de Vienne des foules de Hongrois et d'Au- trichiens enchaines, et, dans sa retraite, les faire egorger tous, honimes, femmes et enfans ; Mahomet III niassacrer en un jour ses dix-neuf freres, quelques jours plus tard toutes les femmes de son pere Amurat , et finir par I'assassinat de son fils; Amu- rat IV prononcer, dans un regne de dix-sept ans, quatorze mille arrets de niort, et passer de ces glorieuses assises au divertissement plus doux encore de courir la nuit dans les rues, le sabre au poing, pour trancher la tete de tous les mal- heureux que le hasard amenait sur son chemin. lis y verront les predecesseurs de Mahmout entretenir incognito a la Mecque un empoisonneur officiel qui, gardien du puits sacre de Zem- zetn , a pour consigne de preparer la coupe d'eau mystique de maniere k ce que le pacha ou le visir a qui le sultan a con- seille le saint pelerinage, ait le bonhcur de finir ses jours dans la cite de predilection. En parcourant les degoutantes annales de I'empire ottoman, on marche toujours dans le sang et dans la boue. Rien dans I'histoire des autres peuples ne pent etre compare aux infamies du regime lure, si ce n'est la conduile des premiers conquerans de I'Amerique; encore la cruaute de ces brigands s'alliait-elle plus souvent k la valeur, plus rare meut a la perddie. ET POLITIQUES. S/,? Cotte reflexion rae conduit ii dire im mot de la mauiere tlont I'autcur a presento la decouverte du Nouveau-Monde. Un evenement si prodigieiix par I'influence qu'il a exercee sur plusieurs siecles de I'histoire moderne , est racontc avec tout le soin et tons les developpeniens que reclamait son importance. Dans un ouvrage ou les plus grandes nations n'obtiennent qu'un chapitre, Colomb en occupe un a lui tout seul; son histoire est aussi longue que celle de quelques etats : car le morceau intitule Amerique n'est reellenient que I'histoire de Christophe Colomb. A sa suite, viennent tons les peuples qui ians lui nous seraient peut-etre encore inconnus. C'est en general sous le nom qu'ils ont recu de I'independance et de la victoire qu'ils s'offrent a nos yeux. Le Mexique, la Colombie, Buenos- Ayres , le Chili, le Perou, le Bresil, les Etats-Unis et Haiti se presentent d'abord comme des colonies esclaves; mais quelques mots suffisent pour peindre leurs malheurs; bientot Icurs efforts contre des maitres etrangers sont retraces avec plus d'etendue : nous voyons apparaitre dans le champ des combats , Xavier Mina, Bolivar, San-Mai'tin, Washington et La Fayette. Une description des divers pays et de leurs res- sources nous montre ce qu'ils deviendront sous I'empire de la liberte. Cette partie de I'ouvrage sera presque entierement neuve pour la plupart des lecteurs qui ne connaissent que d'apres les journaux I'histoire de I'Amerique independante. On sent toujours que I'auteur a eu principalement pour but de rendre I'instruction plus facile par I'ordre dans Icquel il classe et presente les faits, et de la faire tourner an profit des plus nobles sentimens par les genereuses reflexions dont il accompagne son recit. Les amis de la veritable philosophic formeront des voeux pour que son livre se repande prompte- ment et soit lu avec I'attention qu'il merite. Mais, plus cet ouvrage se recommandc par d'importantes qualites, plus on doit desirer d'en voir disparaitre les moindres imperfections. C'est ce qui m'engage a signaler de legeres inexactitudes que I'auteur pourra corriger d'un trait de pliune dans une edition nouvelle. Ainsi, je lis a I'article France \ t. a, p. 7a) : D'im- 34C SCIENCES MORALES poituns projeta le (IXapoleon, alors en Espagne) rappelerent bientot en France. L'cmpcrcur F?-ancois etait encore trap puis- sant a son gre ; il porta de nouveau la guerre en Allcmagnc , etc. Je vois eucore a I'article Allcmagne ( t. i"', p. 46i ), Bonaparte prt'sente coiume I'agresscur dans la campagne de 1809; et il me seniblc quo c'est unc crieur. Sans doute, Bonaparte fut Ic pronioteur de toutes les guerres de I'Empire, en ce sens que, par I't-tablissenicnt de son despotisme , il donna aux etrangcrs le courage de rccommcncer la lutte centre la France. Apres la bataille de Marengo, Pitt lui-meme, rcnoncant a tout espoir de succes, avait, assure-t-on, reploye les cartes oil il suivait la inarche des evenemens militaires , et declare que de long-tems on n'aurait plus sujet d'y reconrir; cl Ic traite de Luneville avait eucore depuis consolide notre influence. Du naoment, au contraire, ou TEmpire fut proclame, I'Autrichc et presque tous les cabinets du continent se disposerent a reprendre les armes, prevoyant des lors que la guerre cesserait d'etre nationale pour nous, et pourrait le devenir pour nos enneniis ; ce qui devait , tot ou tard , ranger la victoire de leur cote. La lutte k mort entreprise contre la France, en 1792, avait ete abandonnee, parce que la France s'etait montree invincible; on y revint, quand nous eumes change d'attitude , et c'est bien certainement Bonaparte qu'il faut en accusej-. Mais, quant a la declaration, a la provocation meme, des differentes guerres entre I'Autriche et lui, ce fut toujours I'ou- vrage du cabinet autrichien; et en 1809 particulierement, je crois que Bonaparte n'aurait pas mieux demande que de pou- voir conceutrcr en Espagne sos principales forces , au lieu de les porter sur les bords du Danube. Cette guerre fut de la part du conseil aulique une guerre d'invasion qui menacait a la fois la Baviere, I'ltalie, le grand duclie de Varsovie, et dans laquelle les proclamations autrichiennes provoquaient I'iusur- rection et coramencerent a parler aux peuples de liberte. Je trouve dans le meme article AUemagnc les combats d'Asspein et d'Essling presentes comme desastreux pour I'Autriche, et cfttc epilhete me parait inexacte. Los Autrichiens Hrent, il est I ET POLITIQUES. 347 vrai, de grandes peites dans ces combats, mais Ic succes finit par couronner leurs efforts. Mes Iccteurs auront remarque sans doute que ces meprisos sc trouvent dans I'expose de fails recens qui ne sont pas encore devenus de I'histoire. On en chercherait vainement dans le recit des epoques moins rapprochees de nous et qui ont ete deja souniises a la critique historique. Celles que j'ai notees sont peu importantes, et il etait presque impossible qu'il ne s'en glissat quelqu'une dans un travail si vaste et si complique. Comnie tons les bons ouvrages, celui-ci achevera de se perfec- tionner dans les editions successives qu'il ne peut manquer d'obtenir. Ce n'est pas seulenient par I'ordre et la fidelite dc la narration, la sagesse des jugemens ct rexcellence des principes qu'il raerite la faveur du public. On y reconnait un vrai talent d'ecrire, le meilleur gout, ct presque toujours un sentiment juste el delicat du genie de notre langue. Si, de loin a loin, on y rencontre quelques negligences ou quelqu'une de ces locutions vicieuses qui, repetees sans cesse dans les journaux, a la tribune et dans les livres, peuvent fmir par se glisser sous la plume des ecrivains les plus eclaires, I'auteur s'en apercevra aisement en revoyant son travail; il fera disparaitre ces taches bien rares, et rien ne troublera plus le plaisir que cause son style , distingue par I'elegance et la propriele des expressions , par les tours simples et rapides qui conviennent surlout au genre de son ouvrage, et par I'absence de ces constructions forcees, de ces images bizarres, de ces pueriles alliances de mots, que tant de gens ont aujourd'hui le malheur de prendre pour des beautes. A. F. LITTERATURE. OEuVRES COMPLETES DE M. LE VICOMTE DE ChATEAC- BRiAND , pair de France , menibre tie rAcademie francaise ; tomes viii, ix et x : Itineraire de Paiis a Jerusalem et de Jerusalem a Paris ; tomes xix et xx : LEs Natchez (i). -< J'etais encore tres-jeiine , disait M. de Chateaubriand dans la preface de la premiere edition A'Alala , lorsque je con^iis I'idee de faire VEpopec de I'homme de la nature , on de peindre Ics moeurs des sauvages , en Ics liant a quelque evenement connu. Apres !a dccoiiverle de rAmeriqiie , je ne vis pas de siijet plus intcressant , surtout pour des Francais , que le mas- Sucre de la coionie des Natchez a la Louisiane, en 1 727. Toules les tribus indienncs conspirant, apres dcnx siecles d'oppres- sion, pour rendre la liberie au Nouveau-Monde , me parurcnt offrir im sujet prcsque aussi heureux que la conquete du Mexiqiie. Je jetai quelques fragmens de cet ouvrnge sur le papier; mais je m'apercus bientot que je manquais des viaies couleurs, et que, si je voulais faire une image semblabie, il fallait , a rexcmpio d'Homere, visiter les peuples que je vou- lais peindre. » C'est done ici le point de depart de M. de Chateaubriand dans la carriere liticraire , et cet ouvrage , en I'attirant dans les solitudes americaines , a peut-etre decide du caractere de son talent, et du sort de toute sa vie. Imprime pour la premiere fois, lorsque vingt-cinq ans de travaux et de gloire ont im- mortalise son auteur, il doit excite^' vivcment la curiosite pu- hlique. Un interet particulier s'attache aux premiers pas du (i) Paris, iSifi; Ladvocat. 5 vol. in-8°; prix , i5 fr. la Jivraisoa de deux volumes. LITTERA.TURE. 349 genie. On aime a Ic voir, aux prisfis avoc son inexperience, s'egarer quelquefois en cherchant des routes inconnues. Ce spectacle , qui nous inslruit, n'affaiblit d'ailleurs en rien le culle qui Ini est du. On pent critiqucr les Frercs enncmis , sans blasphemer la muse de Racine; on peut relever les defauts des Natchez, sans porter atteinte au nom de Chateaubriand. Si Ton s'en rapporte au P. Charlevoix , ces Natchez etaient un a.ssez vilaiu peuple. Les abus du despotisme , de I'aristo- cralie et de la superstition etaient chez cux portes au comblc. Les Natchez vivaient sous la dictature pcrpetuelle d'un chef, qu'ils nommaient Soldi, et de sa plus proche parcnte, qui por- tait le titre H^c feinme-chcf , et dont le fils heritait du pouvoir supreme. Ces deux chefs, regardes comma issus du grand astre, disposaient arbitrairement des biens et de la vie de leurs sujets, qui briguaient I'honneur de tuer leurs enfans et de s'immoler eux-memes aux fnnerailles de leurs princes. Les moeurs des Natchoz etaient fort corrompucs ; le manage etait chez cux peu respecte , et leurs femmes se prostituaient sans en etre moins estimees. Tels ou a peu pres semblables etaient sans doute les usages et les moeurs des differentes tribus qui occu- paient les vastes regions de I'Amerique du nord; peoples eminemment chasseurs et gucrricrs, dont le passe-tems le plus doux etait de faire subir a leurs captifs les tourmens du mar- tyre le i)lus raffme. Ces peoples en etaient encore a I'enfarice de la vie sociale. Aussi , mis en contact par la decouverte de I'Amerique avec nne civilisation trop avancee pour qu'ils fussent en etat de la comprendre , ils n'ont pu entrer en rap- port avec elle , et ce seul contact les a fait disparaitre. Seduit par la grandcidee de I'affranchissement du Nouveau- Monde , M. de Chateaubriand a cru pouvoir nous interesser aux auteurs de ce projct; je pensequ'il s'est trompe. Vainement, dans la peinture qu'il a faite des Natchez , a-t-i! efface tout ce que leurs moeurs offraient de revoltant. Le lecteur, surtouts'il est Fran9ais, ne peut desirer le succes de ces barbares; et le poete lui-meme , de moitie dans ce sentiment, a garde une sorte de neutralite entre les deux races. Que dis-je! Quand 3r>o LllTl^IRATURE. ces deux races en vieniient aux mains, il nous montro los ilivi- nitcs chretiennes protegeant Ics guerriers francais , tandis qn'il donne I'cnfer pour auxiliairc aux Indicns; aux Indiens com- battant pour leurs foyers et pour les tombeaux de Icurs an- cctros ! Il est inutile dc fairc rcmarqiier conibien cette combi- naison affaiblit encore linlerct ; mais , indepcndamment de cet inconvenient grave, le sujet offrait d'autres obstacles, insur- montablcs meme pour le genie. L'interct dans I'epopec ne peut se fonder que sur iin evene- ment d'une haute importance, qui presente a la fois le deve- loppement degrands caracteresj et une lutle longue etperilleuse. Or, quelle est la catastrophe des Natchez ? Le massacre de quelqucs Francais reunis autour dune bicoque qu'ils ont biitie sur le teriitoire de ce peuple, et qui n'est qu'un poste avancc de la Nouvelle-Orleans. L'auteur, dans un admirable morceau, a beau uous montrer toutes les nations de I'Amcrique scpten- trionale deliberant sur rextermination de la race blanche ; la plupart de ces nations repousscnt ce projet , et , parmi cclles qui I'adoptent, il n'y a guere que les Natchez qui I'executent; ce qui bientot , et sans aucun effort de la part des Francais, amene la dispersion et I'aneantissement de cette peuplade. Qu'y a-t-il d'important pour nous dans cet evenement ? Oil est la lutte , la resistance? Oil est ce balancement des forces, cette hesitation du destin, cette incertitude du lecteur, condition si rigoureuse de tout poeme , que, la ou elle ne peut etre rem- plie, le sujet, en apparence,le plus heureux, devient ingrat et sterile. Telle est cette conquete du Mexique dont parle M. de Chateaubriand. Des lors que , par I'inegalite des moyens d'at- taque et de defense , une poignee d'aventuriers peut exterminer presque sans peril les habitans d'un vaste empire , il n'y a plus d'interet, ni pour les vainqueurs, ni pour les vaincus. L'in- teret est dans la resistance. Ce n'est pas tout d'etre opprime ; il faut encore , pour nous astacher, luttcr contre I'oppresseur avec une vertueuse energie. L'examen des caracteres nous offrira le stijet de nouvelles critiques : tons les ressorts Loi'sque jc retrouve , a chaque page de I'ltineraire , I'avocat de I'opprinie , quel qu'il soit, I'ennemi du despotisme , I'ami de la liberie religieuse et de toutfs les aulres libertes , alors je nie reproche im doute trop legerenient concu ; je sens que , par cela seul qu'un pared homme a dit : telle est ma foi , je suis oblige de Ten croire ; je benis I'houreuse alliance du genie etde la raison , etje salue , en esperance , le defenseui' des Grecs , bien que schismatiques, le pieux adversaire de la loi du sacrilege, I'appiii de la liberte de la presse et de tous les droits de Ihumanite. Il semble que M. de Clialeaubriand ait ete conduit dans la Grece par un secret dessein de la Providence qui, le destinant 358 LITTERATURE. h plaidci' ail tribunal dc I'opinion publiqiie la caiiiic dc ce noblt- et inforlunc pays, voulait cjii'il verifiat de ses propres yeux I'iniqiiite de roppressoiir et la patience de ropprime. Cette patience fut poitee si loin qne les pcnples de I'Europe la re- ^arderent longtenis comnie un juste motif de niepriser les (^recs. L'auteur de I'ltineraire essaie de lui trouvcr des excuses. « II est facile , s'ecrie-t-il, de calomnier les inaiheureux ! Rien n'est plus aise que de dire , a I'abri de lout danger : que ne brisent-ils le joug sous lequel ils gemissent!" Et pourfant , telle a ete envers les Grecs la conduite des puissances euro- peennes , qu'on en est presquc a regretler aujourd'hui qu'ils n'aient pas persiste dans cette resignation dont on leur faisait un reproche. Si, dans les provinces reculees , leur condition touchait au dernier degre de I'abjection et du malheur, an coeur de I'empire ottoman , et dans tous les pays ou cet em- pire avait concentre ses forces et sa vitalite, les Grecs avaient comme envcloppe un pouvoir barbare du reseau de leur in- telligence et de leur Industrie. Peut-etre un jour le sultan aurait-il eii recours a eux pour s'affranchir des janissaires. Malheureuse Grece ! fallait-il t'exciter a briser tes chaines, pour tc livrer ensuile a la rage de tes bourreaux ? Et quel droit a I'Europe de s'c'tonner que la Grece I'accuse ? L'Eiirope n'a jamais pris part a la destinee des Grecs que pour accroitre leurs miseres. Au milieu du xvn* siecle, les Venitiens font une tentative sur la Grece : I'unique resultat de Icurs efforts est d'avoir bombaide le Parthenon. Vers la fin du siecle suivant , la Russie souleve I'Archipel et la Moree. Qu'en arrive-t-il ? que le joug des Turcs s'appesantit sur les Moraites; que les Albanais ravagent le Peloponese , et massacrent une partie de sa population. Enfin , une derniere insurrection est excitee. La nation grecque , au grand elonnement de I'Europe, deploie un courage et fait des efforts dignes des plus beaux terns de sa gloirc. ]\Iais on I'abandonne, on la laisse pendant sept ans se consumer dans cette lutte liero'ique, et avant que de tardifs St.-cours lui parviennent, nous verrf)ns peut-etre le dernier LITTlilRATURE. 35^ des Grecs perir sur le deroier debris des nionuniens eleves par ses peres. Arretons-nous ici , et craignons d'affaiblir par rimpuissauce dc nos paroles, rinteret d'une cause defendue avec tant d'energie ct d'habilete par le plus eloquent de nos ecrivains. Cast dans la Note sur let Grece, placee en tete de I'ltineraire, qu'il faut etndier celte cause sacree et reconnailre les droits de cette nation qui a civilise toutes les autres. Cette note, les pieces qui laccompagnent el I'opinion sur ramendement pro- pose a la Chambre des pairs, et adopte par elle, a I'effet d'in- terdire le transport des esclaves Grecs , assurenl a M. de Cha- teaubriand la plus dotice et la plus glorieuse des recompenses, la conscience d'avoir bien merite de I'espece humaine , et les suffrages elernels de la posteritc. ©. BEAUX-ARTS. — ARCHEOLOGIE. Voyage dans la Cyrenaique et la Marmarique , etc. , par M. J. -II. Pacho (i). i"^*^ et 2^ liviaisons. Do la valluo du Nil aux niontagncs atlantiques s'ctciiil uue plaine immense, un vaste desert borde dans sa partie septen- trionale par une region fertile ou la eote forme un grand pro- montoire couvert de montagnes boisees et de riantes prairiesr- Une contree toujours verte, un pays ou la nature semblait avoir epuise tons ses dons, etait bien propre a fixer I'attention des hommes qui, vers les epoques reculees des annales histo- riques, se disperserent pour peupler I'ancien monde. C'est la qu'une colonic de Thereens, dirigee par les oracles et con- duite sous les ordres de Battus, vint s'etablir et fonder une ville que son heureuse position pour le commerce devait rendre puissante, et a laquelle une legislation bien entendue pour ces tems, et les ceiemonies brillantes d'une religion em- bellie des plus riantes fictions devaicnt promettre une longue prosperite. Battus rendit ses sujets heureux; mais on nc volt pas toujours les successeurs d'un bon roi suivre avec fidelite les institutions qu'il a etablies : les dcscendans de Battus ne tar- derent pas a abuser de leur pouvoir ; Ic trouble naquit dans la ville de Cyrene, et des convulsions interieures I'agiterent pendant deux siecles. Les Cyreneens fatigues choisirent une autre forme de gou- vernement, et leur metropole devint ropublique : nouveaux dt'sordres; des tyrans vinrcnt usurper le pouvoir; des proscrip- (t) Paris, 1827; F. Didot. In-4°; prix do la livraison , 10 fr. ( Voy, ftet: Enc, t. xxx, p. 289 , niai 1826; et juin 1827, p. 770.) BEAUX- ARTS. 361 tions et des guerres survinrent, et Cyrene toiuba sous la donii- tiatioD des Ptol^ Telle est, en peu de mots, I'histoire de la Cyrenaiique, c'esl celle de tons les empires : combicn de lecons de ce genre faudra- t-il encore aux homnies, avant qu'ils se soient accordes sur leurs vei'itables interets ! Ici vient s'offrir naturellement une reflexion qui n'a pas echappe a notre savant voyageur : une contree I'ertile au point que les recoltes s'y succedaient pendant huit mois del'anneejUne terre oii la nature produisait toutes les choses necessaires a la vie et une foule de plantes precieuses ; un etat, enfin, ou regnait I'abondance et dans Icquel le com- merce etait dans une grande activite , devait porter ses habi- tans a un haut degre de puissance , ou bien les plongcr dans le luxe et la volupte : « Les Cyreneens avaient a choisir entre une haute existence politique et les douceurs d'une oisive retraite; entre une gloire durable et des jouissances passageres; ils dedaignerent la gloire et s'abandonnerent aux plaisirs. Les courses de chars, les repas somptueux, la melodic des chants, les danses et les fetes remplirent le cours de leur nioUe existence; Cyrene etait dechiree par des factions, elle etait envahic par des armees etrangeres; mais les cris joyeux (les bacchantes etouffaient les clameurs politiques, et leurs danses lascivcs s'animaient au bruit des chaines qui pesaient sur la patrie. > Quand un peuple prend pour regie de conduite ces preceptcs 'l) Introduction hlsloiique , p. xxxi. BEAUX- ARTS. ZG^^ d'une philosophie effeminee : « Saisir avec emprcsscmenl Ic plaisir fugitif , sans s'inquieter ni du passe , ni de I'avenir; con- centrer toutes Ics jouissances dans V amour de soi-meme ; entourer la vie de roses dont on doit rcspirer les parfums s ans tone her ux epines ;^> il est bien difficile que, chez ce peuple, le patrio- tisme se fasse vivement sentir, et ce n'est pas avec de telles maximes que Ton forme des hcros. L'introduction historique dont nous venons d'offrir une rapide analyse, se distingue par une concision et une clarte remarquables ; le style en est souvent renipli d'elegance, et les reflexions de I'auteur annoncent un homme habitue ^ mediter sur ce qu'il observe. Si cette introduction merite un reproche, c'est celui de la brievete : la Cyrena'ique ancienne est peu connue ; son histoire manque a nos sciences, et il appartient a I'erudition de M. Pacho d'exhumer de la pons • siere des bibliotheques les materiaux d'un travail plus etendu qui pourrait facilement trouver place dans une seconde edi- tion, et dont tous ses lecteurs Uii sauraient gre. C'est un conseil qu'on lui a deja donne, et qu'il a I'intention de suivre. Suivons maintenant notre savant archeologue dans son iti- neraire. M. Pacho partit d'Alexandrie le 3 novembre 1824, accom- pagne de M. MuUer ; sept Arabes et plusieurs chameaux for- maient sa suite. Apres avoir passe entre Tisthme qui separe le lac Mareotis de la mer, il reconnut sur I'emplacement de I'an- cienne Taposiris , aujourd'hui /Ibousir , les resles d'un temple precede, comme ceux de I'Eg^pte, d'un pylone et contcm- porain des Ptolemees, ainsi que I'edifice appele dans le pays Kassabah-el-Chammameh , orne du chapiteau a fleurs de lotus; c'est, al'exception de quelques debris de constructions grecques et romaines, de quelques voutes en ogives et d'autres restcs du moyen age, ce que M. Pacho vit de plus remarquable jusqu'a Dresieh , limites de V Ouadi-Mariout. Ici, les sables du desert, pousses par les vents, empietent chaque jour sur les terres fertiles, et notre voyageur observe que la vallee Mareotide finira par en etre entierement couvertc. Non loin de la , a Vilt BEAUX- ARTS. Maktaerai, se troiiveiit environ 200 ouvertiuos pratiqutes dans la roche, distantes cntre elles de 3 ou 4 p^is ^^t servant d'entrces a d'anciennes grottcs. Bien que ks historiens ne fassent pas mention de Troglodytes ayant habile cette partie dc la Marmarique, M. Pacho n'a pu s'expliqiicr lui si grand nombre d'excavations souterraines, qn'en siipposant qu'elles avaient servi d'habitations ; il reconuut, d'ailleurs, que ces grottes n'avaient pu etre dcs citcrnes , ni des tombeaux. M. Pacho reconnut, dans Jiaba/i-el-Sogg/taier et yihabah- el-Kebir, les deux endroils que Ptoleniec nomine Cathahathmus parvus et Cathahathmus niagnus ; les coUincs s'avanccnt dans la mer et forment le cap Kanais , Vhcrmcea extreme du geo- graphe d'Alcxandrie ; c'est en cet endroit que le terrain s'eleve sensiblement jusqu'aux niontagnes de laPentapole. Apres avoir franchi une chaine dc hauteurs, nommee Mendar-cl-Mcdah, M. Pacho et son compagnon firent une excursion dans la vallee de Thaoun qui ne leur offrit pour tous restes de I'antiquite que des traces de fondations. lis trouverent, en continuant leur marche , un monument appele dans le pays., Kassabn-Zarghali-el-Ghublieh , formant un carre long, et que M. Pacho croit avoir etc un tombeau elcve sous le regne des Ptolemees, ainsi qu'iin autre edilice de proportions plus ele- gantes, nomme Kassaba-Zargliah-cl-Bahiirieh. Pres de laetaient une grotte sepulcrale et d'autres restes de constructions , attestant que ce lieu pouvait etre I'ancienne Gyzis ou Zygis. C'est en cet endroit particulierement que M. Pacho remarqua des caracteres qu'il avail dejii observes en d'autres parlies de la Marmarique; res signes sont de deux sortcs : les uns, traces sur d'anciens edilices , lui parurent etre des marques de rcpere des architectes constructeurs de ces monumens ; les autres, empreints, soil sur les mines, soil sur les rochers, et qui avaient deja exerce la sagacite dcs savans, n'avaient point etc expliques d'une maniere satisfaisanle; M. Pacho fait voir que ces signes sont uniquement des marques disliiictives que les diverses Iribus arabes avaient, des la plus haute antiquite, i'habitude de tracer dans tous les lieux de leur passage : « lis BEAUX-ARTS. 36S imitent, en cela, dit-il, certains Europeens qui croient nwnu- mentaliscr lenrs noms en les gravant profondcment sur toutes les mines qu'ils rencontrcnt. » Notre savant reconnut, a Bereh Marsah , I'emplacement Ae Parceto/iiitiu , ancien port, autrcment appcle ^/«/«w«rt , et I'ancien Apis (Boun-Adjoubah), aujourd'hui le lieu de demar- cation entre le gouvernenicnt d'Egypte et celui de Tripoli, comme il fut ogalement, d'apres Scylax, la frontiere de I'an- cienne Eg>'ptc. Plus loin, s'elevent les mines de deux chateaux sarrasins, Chammes et Kasr-Ladj edahlah. Dans ces parages , M. Pacho rencontra deshedjadjs , pelerins qui, sur le refus des voyageurs qu'ils rencontrcnt de partager avec eux ce qu'ils possedent, les depouillent impitoyablement et ne leur font pas mcme grace de la vie, a moins que ceux-ci ne soient en force suffisante pour les repousser. La vallee A'Akabah-el-Kebir-el-Soloum est le lieu le plus fer- tile de tons les environs ; il se trouve , par son eloigneraent de r^gyple et de Tripoli, hors de Taction de ces deux gouverne- mens et assure a ses habitans une independance absolue, L'Akabah , servant de retraite aux transfuges des deux rovaumes, est un passage redoutable pour les voyageurs. C'est la que le general Minutoli avait ete force de renoncer a sonen- treprise ; c'est dans le meme lieu que M. Pacho fut I'objet d'une vive discussion parmi ces hommes dangereux qui lui perniirent neanmoins de franchir I'Akabah , ce qu'il dut, dit-il, plutot a son isolement et a sa confiance qu'a une escorle et a de grands titres. La montagne de I'Akabah, dont I'elevation est d'environ 900 pieds au-dessus du niveau de la mer, etait, chez les Ro- mains, la limite dc I'Asie et de I'Afrique; elle est couronnee d'un plateau de t3 heures d'etendue, et assez fertile, que Ton nomme dans le pays Zarah, champ. A Daphneh, au-dela de Zarah, commence la nombreuse tribu des Harabi guerriers qui habitent exclnsivement toute la Pentapole Cyrenaique. M. Pacho , en arrivant a I'entree de la plaine, trouva une reunion considerable de tentes, et une :',C>6 BEAUX-ARTS. foulc d'hommes parmi lesquels semblait regncr Tagitation ; il se voyait contraiiit de traverser cette haie redoutable, quand une troupe dc ces guerriers , accompagnee de plusieurs Cheiks, vint A sa rencontre ; il sut alors qu'il s'agissait d'une guerre avec une tribu voisine. Le bruit du voyage de M. Pacho ctait parvenu jusqu'i eux, et ils lui firent sentir, en blamant son imprudence , qu'il dependait absolument dc leur volonte. « Mais , en ce moment , dit le plus age d'entre cux , la ven- geance seule nous a rassemblcs, et nous voulons le sang dc ceux qui ont tue nos freres; ainsi, poursuis ton chemin , et que Dieu te protege ; puis , s'apcrcevant qu'il s'ctait tronipe , si toutefois , ajouta-t-il , Dieu pent proteger un chrotien. » Bien que la vallee de Daphneh parut a notre auteur avoir ete anciennement tres-peuplee , il n'apercut , parmi les ruines qui la couvrent, aucun reste de monument romarquable; mais il observa qu'en bien des endroits, ct notamment an Kassr- Coumbouss , une grande confusion regne parmi les debris d'architecture , et qu'a cote d'un chapiteau grec ou romain se troiive celui d'un edifice arabesque ; ce bizarre assemblage de materiaux , d'origines toutes differentes , s'explique facilement par I'invasion et le sejour dans ces contrees des Musulmans qui durent employer les materiaux que leur offraient des nio- numens etrangers h leurs usages , et surtout a leur culte reli- gieux. << Ainsi , dit-il , des princes arabes auront fait dcmolir les temples et les autres ediGces pour elever des mosquees et des chateaux; apres eux, les nomades finirent par tout detruire sans rien batir, et des tentes ont remplace les villes et les hameaux. » M. Pacho traversa les ruines de Toubrouk , ou des entas- semens de pierres , des aics detaches d'anciennes voutes , des troncons de colonnes , et des fragmens de marbre lui indi- querent la position de I'ancien Antipjrgus. Sur le revers septentrional de la vallee spacieuse d'Ouadi- el-Sedd , est un lieu que notre auteur croit etre I'emplacement de I'ancienne ville de Petras-Pari'us ; sur le cote meridional de la colline qui borde cette vallee , se trouve un grand nom- BEAUX- ARTS. 36? bre cle catacombes , nommees par les arabes Magliarat-el- Heabes , grottes ilcs prisons. Ces excavations de stvle groco- cgyptien offrent, avec celles qui se voientsur les deux chaines libyque et arabique de I'Egypte , une analogic qui merite d'etre observee. « Ce lieu rappelle , dit M. Pacho , la description que Synesius fait de Bombcea qu'il ne faut point placer, comme le fait le geographe Mannert , dans la partie meridionale de la Pentapole. M. Pacho reconnut I'iie Aedonia , et plus loin , celle de Boniba (I'ancienne Platee) ; cette derniere , observe-t il , est peut-etre la seule de la Marniarique qui offre encore de nos jours un bon mouillage. Ici , I'epuisement et les maladies de presque toutes les per- bonnes qui accompagnaient notre voyageur, ne lui permirent pas de visiter I'emplacement du temple d'Hercule , cite par Strabon , ni le bourg Paliurus. U Ouadi-Temmimeh lui parut etre ce canton (Aziris) ou , selon Herodote , les colons grecs batirent une ville , lorsque le mont Cyra etait encore habite par des hordes barbares. C'est la que, selon les anciens, commencait a croitre le sylphium que M. Pacho croit recon- naitre dans une plante du genre laserpitium , et qu'il nomme lascrpiiium Dcrias ; c'est la qu'il place egalement les limites de la Marraarique dont il fait I'objet de la premiere livraison. M. Pacho , voyageant en observateiu* eclaire , ne neglige rien de ce qui peut meriter quelque attention ; la partie anec- dotique de son ouvrage n'est pas la moins interessante , et Ton doit lui savoir gre des details qu'il donne sur les mccurs des Arabes de ces contrees. Il saisissait avec empressenient les oc- casions de s'entretenir avec les habitans des lieux qu'il parcou- rait, et parvint souvent a se concilier leur bienveillance; ils lui racontaient alors les affaires de leur tribn , lui parlaient de leurs troupeaux , de leurs recoltes ; mais , le soir, la priere du Moghreb les rappelait a leurs principes religieux. « lis po- saient, ditll'auteur, leur camp loin du mien ; nous avions vecu ensemble pendant le jour, nous etions separes pendant la nuit ; et , si, dans leur irreflexion , j'etais devenu quelques momens 368 BEAUX-A.RTS. pasteur et noiiiade conime cilv, je redevenais ii Icuis yenx chrctien ct curopeen sous ma tente. « Plus d'une occasion hii a fait voir que ccs hommes du desert etaienl susceptibles d'hu- nianite ct ilc bienveillancc, et que le Musulman oubliait quel- quefois Taversion que lui inspire pour le chretien le dogme exclusif dc Mahomet. L'autcur nous parle des fetes que I'on celebre a I'occasion des nouvelles pluies , parmi les families qui habitent la lisiere comprise entrc Alcxandrie et le golfe de Bomba , et de la reception que lui fuent alors le Cheik et les habitans d'Akabah-el-Soughaier. C'est aussi an moment oil la vegetation se renouvclle que ccs Arabes celebrent leurs fetes de famille. Nous rapporterons , a cctte occasion , un passage ou M. Pacho nous entretient de ces contrees dont la na- ture et I'aspect sont si differens des notres : « Dans les climats plus favorises du ciel , ofi cliaque saison produit ses fruits, le moment des recoltes a du etie celui des rejouissances publi- ques , puisque I'une succede a I'autre , et que Ton a toujours devant soi un nouvcl espoir, suivi de nouveaux biens. II n'en est pas ainsi de la Marinarique : la terre , avare de ses dons, ne produit qu'une fois dans I'annee , et pour des momens de courte duree. Des qu'elle a accorde a rhomme ce faible secours, elle se decolore ; tout perit ; les troupeaux errans cherchent dans quelques coins des vallees le petit nombre de vegetaux echappes a I'ardeur du soleil. Alors , tandis que nos vergers se couvrent de fruits , tandis que les vendangeurs parcourent nos coteaux , I'habitant de cette contree ne voit autour de lui qu'une nature muette, et frappee de mortalite ; il languit dans sa tente , et cherche a tromper ses ennuis par des recits fabu- leux ou des lectures pieuses. » La premiere partie de ce voyage est terminee par un coup- d'ceil sur I'histoire naturelle de la Marmarique , et sur les dif- ferentes families arabes de la trihu des Aoulad-Ali , leurs mceurs et leurs usages. Cette analyse doit suffire poiir donner une idee de im- portant ouvrage de M. Pacho. La Marmarique a ete parcourue et bien observee; malheureusement, les restes do I'antiquite k BEAUX-ARTS. SCg qui la couvrent offrent de bien faibles ressourccs aux investi- gations de I'archeologue ; ses ruines ne remontent pas au-dela dii terns des Ptolemees, et leur etat de degradation merite a peine que Ton s'y arrete; esperons que la Cyrenaique offrira, sous ce rapport, un plus grand interet. M. Paclio qui nous a si bien fait connaitrc la Marinarique, trouvera, nous devons le penser, dans la seconde partie beaucoup plus developpee , des monumens dignes de I'ancienne colonie de Thera. S'il est du devoir d'un critique de raeler avec une egale im- partialite I'eloge et le blame, I'importance de cet ouvrage nous oblige a parler des planches qui raccompagnent. Les dessins , nous en sommes persuades , sont exacts; mais la gravure, pale de ton , maigre et d'un burin timide , manque d'effet ; les pre- miers plans n'ont pas plus de vigueur que les derniers, surtout dans les planches 17, 24, 4^, 4^; nous engageons I'editeur, s'il en est terns encore , a confier a des mains plus habiles I'exe- /^ution des planches qui restent a paraitre. Nestor L'Hote. T. XXXV. — Aodt 1827. a4 . lUILLEILN BlBLTOGllAPHIQ[]lv LIVRES ETRANGERS([). AMERIQUE SRPTKNTRIONALE. ETATS-UNIS. n5. — * The first annual report of the acting Committee of the Society for the promotion of internal impro{'emcnt,etc. — Premier rapport annuel tin Comitc actif de la Socictr formec ii Pltilaclelphie pour les ameliorations inttrieiires en Pensylvanie. Philadelphie, i8a6. In-8" dc 43 pages. On n'cst pas surpris de voir los societcs de bien public sc mnltiplicr en Pensylvanie. CcUc qui s'est formce pour s'occu- pcr speci.ilemcnt dcs ameliorations interieures n'a pu excrcer eneorc I'influcnce , ni communiquer les impulsions qui font mcttre la main a I'oeuvre , et roaliser les projets rellen'est pas encore coustituee en corporation rcconnue par le gouverne- ment, et ne s'occupe que d'eile-meme el des moycns d'atteindre son but. L'un dc scs premiers soins a cte d'envoycr en Europe un a au-dessous de 16 cents. Dans le meme tems, le prix de la farine avait baisse de pres de 3 dollars. Comine Ic bonheur de I'homme dont les facultes sont developpees ne se borne pas a Tabondance des clioses de 24. 37.* LIVRES feTRANGER.S. preniicii' m'ccssile, rEiiropeen transporlc en Aiiicriqiic, sur les bords d'un bean tlcuve, an miliiii d'une vasic jjiopiicte, aurait pciit-elre moins do joviissaiices que sa pat lie ne lui en eut assure an piix de qiielques sacrifices ct de privations d'une autre nature. Les exploitations des mines et la fabrica- tion de leurs divers proJiiits appellent des capilaux, des con- naissances et des bras. L'interieur ftnirnit assez de inarcliands, d'hoinmes de loi, de niedecins et d'inslitutenrs, anunnsqueces deruiers ne soient d'un nierite supericur, liors de ligne. Quant aux consommateurs, huuimes riches et amis des plaisirs, on les invite i donner la preference aux capitales de I'Europe. IJn ouvrier, s'il est sage el laborienx , peut acquerir en pen d'an- nees des fonds suffisans pour former un etablissement qui sera Vorigine d'une haute fortune ct d'unc consideration bien me- ritee. Mais, dit I'auieur, en terminant, ces avantages ne sont que pour les hommes. En Anierique, anssi bicn qu'en Europe, Ic travail des femnii'S suflit a peine aux besoms les plus pres- sans. La femme la plus laborieuse obtient a peine, par' des fatigues excessives , le quart de la journee d'un ouvrier. La brochure de M. Carey donnelieu iipliisieiirs observations dont quelques unes sout pen consolaiitcs. On y voit avec peine que dans un pays oii Ic travail est si bicn retrihue, on les ouvriers et les simples manoeuvres sont rechcrches avcc tant d'enipressement , ou les impositions sout presque nulles, il y a une taxc pour les pnuvrcs. A Philadelphic, ville de i3o,ooo ha- Litans, cetle contribution etait, en iSaS, de ii4,/|/i8 dollars; et vraisernblablemcnt les dons dc la bienfaisance la doublaient tout an moins. En evaluant a i dollars par semaine le soulage- nient accorde a chaque indigent, Ic nombre de ceux qui I'ob- ticndraient sorait de 2200, a pen pres le f>9*' de la population : c'estpen, sans doutc, en compiraison des grandes villes de I'Europe -, mais c'cst trop pour I'himianite. N. 97. — First annual report of the managers of the Society for the reformation ofjin'cnile dctimiucnts in the city of New- York. — Premier rapport annuel des directeurs de la Societe etablie a New- York pour la reforine des jeiines criminels. 'Neyr -Yovk, 1825. In 8° de Sa p. 98. — First annual report of the hoard of managers of the prison discipline Society. — Premier rapport annuel des direc- teurs de la Societe' pour la discipline des prisons, Boston, 1826. In-8° de 88 p. gg. — * Notices of the original and successive efforts , etc. — Notice sur les efforts primitifs et successifs teutcs pour ame- liorer la discipline dans les prisons de Philadelphic, et pour I AMfiRIQUE SEPTENTRIONALE. ^■j'i reformer le code criniinel de la Peiisvlvaiiie, par" Robert Vaux. Philadelphie, 1826. In-8° de 76 p. 100. — yl brief account of the construction , management , etc. — Compte sommaire relatif a la construction, au regime in- terieur et a la discipline de la prison de I'Etat de New- York, a Auburn. Auburn, 1826. In-8" de 82 p. loi. — Speech of M. Thomson, etc.- — Discoiirs de ftl. Thomson au siijot de la prison peiiitentiaire pour ie disliictde Columbia, prononce dans la seance de la Cliambrc des representans du i!\ fevrier 1826. Washington, 1826. In- 12 de 24 P- Nous reunissons dans nn niemc article I'annonce de ces diverses brocluu-es qui traitent toutes du meme sujet : les Icntativcs faites aux Etals-Unis pour I'lntroduction d'lm sys- teme peuitentiaire dans les prisons. C'est en effet I'une des plus douces esperances de la philantropie moderne, et I'objet le plus digne de ses efforts, de pouvoir profiter du terns de sequestration des condamnes pour leur inculquer I'liabitude du travail , des principes de religion et de morale auxquels ils furent trop long-terns etrangers, et cheicher ainsia lesramener, s'il est possible, dans la loute de la vertu. II existe en Ame- rirjiie une secle respectable qui ne ccsse de s occuper de cettc grandc amelioration ; et les differens rapports que nous avons sous les yeux font eonnaitre le zeie inepuisable des qaai.ers pour arriver a cc but. L'esprit d'association est aiissi le plus propre a faire obfenir im utile re&ultat, et nous sommes fondes a croire que les Societes des prisons qui existent aux Etats- Unis finiront par reaiiser tout le bien que des efforts isoles rie pourraient obtenir. M. Robert Yaux a trace une interessanic histoire des lentatives reiterees dans Ja prison de Philadelphie , depuis Guillaiime Penn jusqu'a ce tems, pour ameliorer le sort des condamnes qui y sejournent, et les rend re aux sentimens moraux dont ils n'anraient jamais dii s'ecarter. En general, on parait bien d'accord que des moyens de douceur sont plus propres que la violence pour arriver avec p.lus d'efficacite au but qu'on se propose, et nous ne sommes pas etonnes de voir dans I'une de ces brochures le recit du proces inlente a Tun des officiers de la prison de New-York ])our avoir donne le fouet a un prisonnier. L'un des plus forts argumens qui niilitent, -selon nous, en faveiir du sysleme peuitentiaire, c'est que JDScpi'ici on n'a generalenient employe que des moyens rigou- reux a I'egard des condamnes; et Dicu sait s'ils ont produit un heurenx resultat! Essavons done une autre vole, et ne re^ jetons pas d'avance tme theorie opposee dont lexperience seule pourra faire apprecier les dangers ou les avantages (voy. ci- 3:4 LIVRES ETRANGERS. apiesseclion dit Bullftin az/g/nis , p. 875, rannoiice d'une bio- churc dc M. Roscoe). A. T. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 102. — Personal ruinatit'c of trni'cls in the United States, etc. — Rolation d'liii voyajjc- aiix Elats Unis et an Canada, pendant Tannee 1826; j)ar I'lioii. Frederick Fitzgerald de Roos. Lon- dres, 1827; Ainswoilh. In 8" de 207 pai^i's,avec dis planches; prix, 12 sli. L'houorable Frederick Fitzgerald ile Roos est iin jeune lieutenant dc marine, au service de rAngleterre, qui, ayant uu beau joiii' eoncu le projet de devenir auieur, quitla la station d'Halifax, 011 il etnit sous les ordres de ramiial Lake, par- couiut deux ou trois provinces de I'Unior!, visita, en courant, New-Yoik, Washiuijlon , Philadelpliie, Baltimore, Boston, lit iin pelerinagc a la cataracte de Niagara, traversa unc partie dn Canada; et apres lui mois d'absence, reveiiu a Halifax, y prepara le recit de ses voyages, qii'iin librairc de Londres s'^tit empresse dc publier, et que presque tous les journaux anglais ont vante outre mesure. Nous convenons que ce mince volume est ecrit avec ele- gance; que les tableaux de moeurs qu'il renferme ont de ]a fraicheur et assez de verite; que, contre rhabitude de ses compatriotes, le lieutenant dc Roos ne prend point a taclie de tourner en ridicule la nation americaine... Mais tout cela meritait-il los eloges exageres qn'on a donnes i\ cette des- cription? Quel est I'liomme done d'un esprit assez vaste, d'une intelligence assez promple pour tiacer I'liistoire poli- tique, moraie et statistique des Etats-Unis, apres un luois de sejour et d'observations dans ce pays? M. de Roos I'a essaye : aucunc question importante , relative a la condi- tion sociale, politique et industrielle des Eiatsde rtlnion,n'a etc negligee par lui. Aussi, son livre, amusanl sous bien des rapports, instructif sous quelques autres, est-il plein d'inexac- titudes et d'erreurs. Sou tableau de I'etat actuel de la marine americaine est assez compiet; ses descriptions des societes de Neve- York et de Washington sont assez lideles, niais ne rcpre- sentent qu'une seide classe d'individus; tandis qu'aux F^tats- thiis, les moeurs cliangerit avec chaque province, et, com me dans presque tous les pays, avec chaque profession. 11 y a bcaucoup de lacunes dans ce nouveau tableau des Etats-Unis ; GRANDE-BRETAGNE. 378 nous y avons menie remarque des contradictions; et I'autenr a fait preuve d'une profonde ignorance, lorsqu'il a vouln parler dt's institutions politiqucs de la patrie de Washington et de Franklin. F. D. io':5. — *.4 Brief statement (if the eauses which have led to the abandonment of the celebrated system of penitentiary disci- pline, etc. — Expose abrege des causes qui ont porte quelqnes provinces des Etats-Uuis de rAmerique a abandonnei' Ic ce- lebre systenie disciplinaire en usage dans la plupart des |)risous de ce pays, par IVilliam Roscoe. Liverpool, 1827. In-8° de 58 pages. L'illiistre ecrivain a qui nous dcvons cette interessante bio- eliure tieut uu des premiers langs parmi Ics historiens que TAnglcterie nonnne aujourd'hui avcc le plus d'orgiieil (1) ; mais si sa noble ambition a ele flattee de la reputation que lui ont meritee ses travaux historiques, son coeiu' eprouvait le besoin d'une autie renonnnee, celie de defenseur infati- gable de la liberte du monde, et d'ami zele de I'humanite. Cette double gloire lui est egalement acquise par ses nom - breuses productions, consaerees a ramelioiation de la condition iynmaine, el par la chaleur avec laquelle il appuya le voeu dc I'immortel Wilberforce, a cole duquel il siegeait dans la chanibre des communes. La brochuie que nous annoncons est une cspece de re- sume des opinions que I'auleur a emises dans ses Observations sur la jurisprudence penale qui ont parii en trois volumes; le premier en jSig, le second en iSaS, et le troisieme en iS^S. Cet ouvrage important avail poiu- but piincipal la reforme des lois penales et du regime des prisons. M. Roscoe, suivant les erremens de Becearia, y combat Tapplicatiou dc la peine de mort, avec tout le talent d'un eriminalisle consomme, avec I'experience d'un observatenr septuagenaire, et la constante philantropie d'un sage. Les nioyens qu'il conseille pour ra- mener les coupables dans la voie de la vertu sont : nne sur- veillance douce et moderee, une instruction bien dirigee, un travail assidu , mais libre, au lieu d'etre im|)ose par la force. La chambre legislative de New-York ayant nomme en 1824 une commission chargec de visiter les prisons de Nevi'- York et (i) M. W. Roscoe est auteur des ouvrages suivans : Vie de Lau- rent de Medicis , surnomme le Magniflque; 1795. 2 vol. in-4°. — Vie et pontifical de Leon X ; 1 8o5. 4 vol. in-4«. — Eclaircissemens sur la vie de Laurent dc Medicis; 1824. i vol. in-4°. 376 LIVRES ETRAlXC.ERS. d'Aubuni , oCi se nianifcstaiont souvent des symplomes dc desordre qui alainiaient I'autoritc, M. Roscoe fut invite a donner son avis sur le rapport de cette commission. II publia tn 1825 ses remarqucs sur ce travail , qui ne concordait pas avec la sagesse de ses vues, puisqu'on y proclamait la supe- riorite d'un nouveau systeme, appcle xystcnic ccllulaiic, dresse sur un plan aussi iniiiimain qu'il est immoral, et qui consisle a renfermer chaque prisonnior dans ime cellule, oil il doit passer tout le terns de sa condamnalion, ronge par les maladies morales et physiques qu'engendrent I'inaction et I'isolement perpetuels, conlractant I'habitude d'une longue oisivete, et livre aux jirojets infames qu'enfante la parcsse, projets qu'il execute ordinairement aussitot qu'il est rendu a la societc pour Toutrager de nouveau. La brocliure de M. Roscoe pro- \oqua une rcponse publiee a New -York, par M. Stephen Allen : celui-ci defend avec chaleur le systeme cellulaire ou du secret permanent, et le declare seiil capable de mettre un frein aux vices qui s'etaient introduits dans I'ancien systeme. Vers le meme terns, 1V3. Robert Vaux publia, a Philadclphie, une Notice sur les efforts rciteres qu'il pretendait avoir ete laits pour remedier aux maux qui paraissaient inbciens a I'an- cienne organisation des prisons, et il finissait, comnie M. Allen, par recommander le systeme cellulaire. C'est a la suite de cette polemique, quiinteresse a tant d'egards la civilisation des deux liemispheres, que M. Roscoe elcva de nouveau sa voix coura- geuse pour combattre un systeme contraire a toute saine notion de morale, et que des partisans trop nombreux en Amerique ont reussi ^ etablir, principalement dans la Pensylvauie, cette colonie si florissanle et si eclairee, dont le nom, rappelant toujours son fondateur et son genie tutelaire, est la critique la plus amere d'une determination si opposee aux intentions bienfaisantes de William Penn. D'apres un lapport recent sur la discipline des prisons, il resulte, dit M. Roscoe, que le systeme cellulaire en pratique aujourd'hui est un veritable secret, dont les horreurs rivalisent p.vec les cruautes les plus raffinees de I'inqiiisition. Dans la defense de cctle cause, ce venerable avocat semble avoir retrouve toule I'ardeur de sa jeu- nesse, pour accabler de ses justes reproches cette Pensylvanie dont la destinee I'interesse si vivcmenl; et dans la chaleur de son plaidoyer , il s'ecrie : '< Le seul gouvernemenf europeen qui ait admis le secret perpetuel est TAutriche, et c'est a Tempire le plus despotique de la chretientc que I'etat republicain de la Pensylvanie aura I'horineur d'etre associe, dans I'organisa- lion de la plus importante de .ses institutions! » Plus loin, I GRANDE-BRETAGNE. 3;: s'etayaiit de I'opinion des homines dont !es vcrtus et le civisrne out le plus honore leiir siecle, il rappoite ces paroles que son digne ami le general La Fiiyeite adressait a un Americain : « On croit, dans la Pensylvanio, que le systeme celUdaire est iine idee neuve, une nonvelle decouverte. C'est une erreur : ce n'est que le renouvellement du systeme de la Bastille. >■ M. Roscoe acheve sa noble tache en lormant des vceux pour le relablis- sement de I'ancien systeme disciplinaire, dont I'excellence a ete constatee par une longue suite d'annees , et qui n'a eesse d'etre salufaire que lorsque les memes localites qui suffisaient aux besoins, avant I'augmentation prodigieuse do la population, sont deveniies insuffisantes apres cet accroissement ; lorsque nuit et jour, sans distinction de sexe ni d'ai;e, les condamnes encoinbraient souvent, ]jele-nieie, les ateliers et les dortoirs; lorsque s'est insensiblement relVoidie la sollicitude deshommes generetix qui surveillaient ces etablissemens ; lorsque des agens niercenaires remplacerent des citoyens desinteresses dans les soius patornels qu'exii;eaient ces maisons, etc. Enfin, I'autcur decouvre, avcc toale la sincerite et la bonne foi de son carac- tere, les causes des turpitudes qui avaient corrompu I'ancien systeme disciplinaire; et indiquant les remedes devenus neces- saires, il deplore I'erreur des Americains qui ont cru Irouver un moyen de salut dans un systeme beaucoup plus vicieux que le premier. D. Albert. 104. — * Diccionario dc Hacienda, etc. — Dictiounaire des finances, a I'usaye des hauls fonctionnaires charges de la direc- tion de cette partie de I'administration, par don Jose Canga Arguelles. Londres, 1826-1827; Calero. 5 vol. in-8'^; prix, 3 liv. 1 5 sh. Cet ouvragc, dont nous avons annonce le 1^^ volume, est niaintenant (ermine ( voy. iiec Enc. , t. xxxi, p. 683 ). 11 suffit de lire la table analytique des raatieres, placee a la fin du v^ volume, pour se penetrer de ['importance de cette labo- lieuse composition. On trouve lraites,dans ce Dictionnaire , tous les dilTerens sujets qui rentrent dans le plan d'un systeme de finances; et les nombreux renseignemens qu'il contient le rendent a la fois un ouvrage theorique et pratique. C'est aussi un excellent sup])lenient a I'histoire eta la statistique de I'Es- pague et de TAmerique du sud ; et celui qui voudrait ecrire sur I'un ou I'aulre de ces pays y puiserait des materiaux pre- cieiix. Malheureusement I'auteur ue poursuit pres(]ue jamais ses reclierches au-dela de la lin du xviu^ siecle; el ce n'est plus par le temoignage irrecusable des fails el des chiffres, mais par des memoires et d<;s plans de reforme, tpTil fait connastre I'Espagao moderne. 3:8 LIVRES ifeTRANGERS. Tons Ics t-crits on rautcur a piiisc sos renseignemens sont rcligiciiscment cites parlui; et Xth Rcvuc Encyclopediqitc reroit entrc aulies de I'ancicMi ministre d'Espat^'iie les ologes les plus flatteiirs. M. Can!;a AigiK-Ucs appclle stir son onvragc rcxamen lie la critique: nous lepondions francliemcnt a son appel. Le Diclioanaire des finauccs nous ])arail offiii- pliisieuis lacunes. Les details slalistiqiics sur divers etats curopeens , hors I'Es- pagne, sont incomplets, et presentent I'eUn passe , et non I'etat present de ces royaumes. Mais, quaud on songe que cet ouvrage est le premier de cette espeee qui ait etc publiu en langue espaguole ; quand on tonsidere la multilude des ohjefs qui s'y Irouvent couipris, on s'etonne (jiTun srul homnie ait, en nioins de deux annees, accompli un si grand travail, ct que ce travail ne donne lieu qu'au petit nombre de critiques que nous avous liasardees. Tel qu'il est, ce livre sera consulte avec fruit |)ar lous ceiix (pii s'oceupent d'economie politique, et il devra surloiit devenir le niauuel des (inanciers et des hommes d'etat do I'Espagne et des jeunes republiques aniericaincs. P. M. io5. — * The HLitory of Ireltinil, etc. — Histoire dTrlande, par /o/iw O'DaiscoL. Loiidres, 1827; Longman. 2 vol. in-8"; prix, 24 sh. VoJci une histoire utile dune contiee qui a ele I'objet de nombreux mensonges et la viclime de la plus cruelle oppres- sion. M. O'Driscol sent fortement, juge avec sagesse, et ra- conte avec energie I'histoire d(;s miseres des Irlandais ; il peint avec verite les dissentioiis religieuses et les prejuges nationaux <|ui out afflige pendant six siecles son malheureux jjays. Ses recherchcs sont inleressantes et ses preuves peremptoires; et, si son ouvrage parait quelquefois taible et incomplet , c'est lorsqu'il traile des niatieres qui ont ra|)port a I'econoiriie poli- tique. C'est un objet d'une grande importance pour celui qui c'crit I'histoire de I'lrlande, apres avoir niontre les inaux que ce pays a soufferts sous le joug de I'Angleterre, de ne pas en exagerer les consequences, et, parce que ie gouvernenient an- glais a ete barbare et atroee, de ne pas decider qu'il ne peut jamais devenir meilleur. Un Irlandais qui preeherait actuelle- ment la separation des deux royaumes negligerait, pour des tentatives desormais inutiles , d'autres chances de succes plus certaines et par consequent plus favorables h la cause com- mune. M. O'Driscol a compris cette verite, et tons ses efforts tendent a la faire bien comprendre |)ar ses concitoyens dont il tilche de calmer raiiimosite, tout en cherchant ^ les meltre en garde contre les oppressions futures, plutot qu'a les irriter I GRANDE-BllETAG^'E. 'i-ais douce , la raniener dans le cheniin de la sa!j;esse et de la justice; sans doute cpielques niols seront a peine ecordes, que nous pourrons contenipler ce fortune et saint trionipbe qui ouvrira au peuple irlandais les portes de la constitution, ou ils scront retus, non avec les embiemes de la i;ucrre, ou les irophecs sanj^lans de la victoire, mais avec des bymnes d'alleL;resse et de eoncorde... Blais helas ! tandis que nousecrivons ces lignes, une voix s'est (ait entendie, une voix de craiute et de lamentation qui proclanie une perte irreparable : I'espoir de I'emancipation irlandaJse, le cliam- pion de la liberie et de la i)hilantro])ie, le premier, parmi les hommes d'etat qui, dans uotre siecle, ont ete utiles a I'hu- raanite, vient d'etre enleve a sa patiie et a ses nobles tra- vanx. Nous ne saurions, dans cet instant de Iristesse et de deuil , nous arreler plus long- terns sur les piocbaiues et bril- lantes esperances qui sont comme ensevtilies maintenant dans 1$ tonibe du ministre populaire, et nous detournons les yeux avec amertume et an^oisse de ce magnifique avenir qui , peut- etre, nous est arracbe , ou du moius est recule pour long-tems par la mort de Canning. R. K. 106. — A gnicle to the gender of french substantives. — Guide pour connaiire le genre des substantifs francais, par M. D. PoNTET. Londres, 1827; G. B. Whittaker. Une feuille en ta- bleau, imprimee des deux cotes. Le moyen employe par I'auteur pour faire connaitre le genre des noms n'est pas nouveau : c'est d'apres les terniinaisons qu'il veut apprendre a le distinguer, et cette metbode a ete employee pour loutes les langues. Mais en mettant toutes ces desinences en tableau, il en a rendu I'etude |ilus facile. Sa premiere page est eonsacree aux terminaisons masculines; il place en trois colonnes, d'abord la terminaison, puis les ex- ceptions, ensuite, les remarques sur le sens ou la nature des mots. Le second tableau contient les terminaisons feminiues; il est fait entierement d'apres le memo principe. L'ouvrage sc; termine par une liste des mots francais 011 le h est aspire. B. J. 38o LivRES Strangers. 107. — High life, fin. — Vie de la haute societ(5; I>onclrcs , i8'27 ; Saunders et Otley, 3 vol. in-S" : prix, i. L. 11 sli. 6 d. 1 08. — Iljtle Nugent, etc. — Hyde Nugent. I.ondres , 1827; Colbuin. 3 vol. in-S"; prix, i. L. 11 sli. 6 d. 109. — English Jasiiionable abroad. — Les Aiu;lais du boci ton a I'etrani^er. Londres, 1827; Colhurn. 3 vol. in 8°; prix, I. L. II sli. 6 d. Nous avons cu soin de tenir nos lectenrs an coiuant de ce genre de remans, maintcnant en vogue en An;j;!olerrc et qu'on a decores du nom pompeux Ae fashionable. II faut le dire cependant, ces trop frivolcs eerits doivent une grande pnrtie de i'interet qu'ils ont excite a la supposition, peutclre gra- tnitc, (pie les personnages qu'ils mettaient en scene etaient pris painii les noinbreux favoris de la mode, coryphees de hos salons. Sans cettc persuasion , la plupart de ces ouvrages n'au- raicnt, sans doute, obtenu aucuiie celebrile, et High life, Hyde Nugent, the English fashionable abroad , etc., seraient restes dans robscurile, partage des ouvrages niedioeres. Certes, les romaiis fashionable , precedemment annonces dans ce Recueil, n'etaient point de petits chefs-dVeiivrc; mais, du moins, trouvait-on dans leurs pages un langage pur et elegant, des observations de moeurs et des caracteres traces avec esprit et verite, et surtout enfin une connaissance inlime de I'etat des societes dont ces ouvrages avaient pour but de peindre les ridicules et les vices. Aucune de ces qualites ne se rencontre dans les irois ouvrages dont nous venous de donner le litre; et quoique vantes avec exces par differens journaux, ils ne sauraient supporter la inoindre eomparaison avec Gran- by, Vivian Grey, et Dei'cre. Neanmoins, ces ouvrages lances ainsi dans le nionde ne lais- seront peut-etrc point d'y produire un bon effet : car leur insipiilite pourra bien apaiscr un pen cetle soif immoderee d'anecdotes qu'avaient fait naitre les agreables ouvrages dont lis ne sont que de pales imitations. Les illustres personnages qui ont scrvi de modele aux heros de nos romans peuvent ctre glorieux de la ceU'brite (iu'ils ont acquise; mais s'ils attachent quelque prix il leur jireemineuce aristocratique, ils feront bien de ne point encourager ces especes de ])eintures de leurs travers et de leur fatuite. II n'y a qu'une ignorance complete , provenant de I'exclusion des cercles a la mode, qui ne sacho pas qu'on y trouve de la politesse , des graces et du talent. La haute societe a accjuis ces avantages piuiot par le desir de se distinguer de la multitude que par la nature meme de sa posi.- tion elevee. Si des descriptions semblables a ceiles que pre- GRANDE BRETAGNE. 38 1 sentent les lomans modenus avaieiit etc publiees il y a un siecle, les classes inferuHircs de la societe ies auraient piises pour de biillanles fictions; mais line telle erreur ne saiirait subsister anjonrd'hui. L'instruction est trop lepandue en An- j^ieterre; la piirete dti lan;j;age et I'elegance des manieres s'y sunt ti'op popnlarisees potir <]iie dctelies descriptions pnissent ' exciter un vif interet. Le seul nioyen a employer pour obteuir I'attention dii |)ublic serait do lui offrir Ic tableau de ce menie raffinement de manieres cpii se repand aujourd'hui parmi les classes moyenncs. On pent done raisoniiablement douter si des ouvragessemblables a ceux que nous annoncons contribueront a maintenir la respectuense admiration du pcnple pour cette haute societe dont ces livres exposent la peinture. Dans les deux premiers, la scene se passe en Angleterre; dans le troi- sieme, elle a lieu en Italic rmaisce sont toujours les mcmes personnages mis en action, de la meme maniere, et leur eiernel bavardage ne saurait attacher ni inleresser les lecleurs. Fanny Seymour. 1 1 o. — * Elements of vocal science , being a philosophical inquiry into some of tlie principles of singing , etc. — Elemens de la science vocale , ou Recherches philosopiiiques sur quelcpies principcs du cliant; pav Richa/il Mackenzie 'Bkco'H. Londres, 1826; Hurst. In-8" de 282 pages. Get ouvrage differe des autres traitcs sur le cliant : laissant de cote la partie pratique de I'art , il a surlout pour objet de rechercher les principes, au inoyen desquels cet art fait naitre en nous telle ou telle impression. L'auteur, aprcs deiw essais preliminaires sur le but qu'on doit se proposer dans I'elude de la niusique, et sur la forma- tion d'une ccolc anglaise , Iraite successivement : du style ct de la melbode; de la musique d'eglise; de concert; de theatre; de salon ; des differences entre la niethode anglaise et la me- thode iialienne ; du timbre; de I'intonation ; de I'elocution du chant; de la science; de la formation de la voix ; de I'orne- ment; et de la culture intellectuelle du chanteur. Ces divisions permeltent d'examiner separement chacun des elemens de la science vocale, et de discuter les attribuls du style et les diffe- rences de methode. Dans I'impossibilite de resumer ici nne discussion aussi etendue , nous nous bornons, pour niieux faire connaitre I'ouvrage , a en donner I'extrait suivant. « II est presque im- possible de determiner exactement ce qui constilue le grand style : il exige dans le chanteur la reunion des facnites de I'es- prit et des graces de I'execution. Les qualites qui le consti- ^3a LIVRES ETRANGERS. U\ciit sont : la Ibrco {jiowcr), iin timbre pur, iiiic oxpiession varit'c , iiiie nii-lhode et iin i;out corrects , «me siniplicitc par- faifc, in nil mot cotte sensibilitc cxquisc ct cettc tlij^nite iutel- lectnollc (jiii nous j)cruicll^- ratur) dans laquelle les Alleiu'.inds tiendront un rang distinguO; et qu'a force de leur pm|)ruiiler, les autres nations apprendront enfin a bien apprecier la lilterature allemande. On remarquc dans ce cahier Taunoncc dun poemc en langue servicnne, fjui parait chez Breitkopf et lloertel, a Leipzig, 4 vol. in-i8. L'autcur se nomnie Simeon 3Ji'utinovitscli; c'est un Servicn (|ui, apres avoir reinpli les fonetions de gref- iier du senat a Belgrade, tioqua sa plume conire une cpee, lorsque Czerni-George api)ela ses compatriotes aux armes et a la liberie. Les Serviens ne combattirent pas avec la perseve- rance des Grecs, et furent bientot subjngues. Mitutinovitsch s'enfuit en Bcssarabie , puis, dans la Poiogne russe, d'oii il se rendit a Leipzig pour y faire imprimer son pocme epique de Serbianca , dans letpiel il chantc I'insurreclion des Serviens. La litteraturc servienne commence a sortir de I'oubli : les Allemands I'honorent de toute leur attention. Goethe a seme, parmi ses articles, (luelques pieces dc vers qui nous ont paru manquer de couleur. D — o. SUISSE. Oin'ragcs pcrioduiues. lao. — " Baslerischc Mittlieiliingen ziir Fordrrun^ des Gcnicin- SUISSE. 393 woltls. — Communications baloises relatives au bien public. F® annee : janvicr-juin 1827. Bale; Neukirch. In-i8 de 288 p. II en parait deux numeros par mois , chaque deuxieme et quatrieme samedi; prix de I'abonnement pour six mois, 2 fr. de Suisse (3 fr. de France); et sur beau papier, 3 fr. de Suisse. Bale fut I'une des premieres villes de I'FAirope appelee a jouir des avantagcs de la presse periodique : des I'annee 1729, elle eut un journal qui n'etait guere, il est vrai, qu'une feuille d'avis; mais alors chaque petit chef-lieu d'arrondissement ou de canton ne possedait point, comme aujourd'hui, ses presses et ses imprimeurs , et ies feuilles d'avis etaient encore tres- rares. Les progres de la civilisation out aniene de nouveaux besoins, et le recueil que nous annoncons aujourd'hui n'occupe point ses lecteurs de prix courans ou de proprietes a vend re. Cependant, il ne faui point chercher dans cette publication le memc degre d'interct quo dans nos journaux de Paris et de Londres. Une petite repuhlique, dont le (erritoire occupe a peine quelques heucs carrces, et qui conipte unepopuhition de 5o,ooo ames tout au plus, ne saurait fixer autant I'attention que des Etats populeux, riches et puissans. Mais, si les jour- nalistes de Bale ne peuvent pretendre a remplir le role im- posant, ni a exercer la grande influence qui sont devenus I'apa- ns'j.c des premiers ecrivains anglais et francais, il leur reste a remplir une mission qui a bien aussi son utilite et sa noblesse. Se renfcrmant dans les limites de leur patrie, ils doivent s'efforcer de communiquer a leur entourage I'aetivc impulsion qu'ils recoivent eux-memes d'une force premiere, plus vive et plus puissante ; ils doivent faire aux iustitutions et aux inte- rets de leurs concitoyens Tapplication des grands principes et des verites utiles dont les publicistes de Paris et de Londres se sont constitues les champions en litre. C'est ce qu'ont parfai- tement compris les redacleurs des Communications hdloi.ses. rideles a I'esprit timore qui dirige assez souvent la conduite des gouveruemens de la Suisse, ils out, il est vrai, exclu de leurs pages les discussions relatives a la religion et a la poli- tique proprement dite. Mais le champ qui leur reste a exploiter est encore assez vaste : la legislation, I'econoniie publique, I'education, la statistique, les matieres industrielles , tels sont les principaux objets de leurs connnunications. Les douze numeros que nous avons sous les yeux contiennent, sous ce rapport, d'excellens mateiianx que nous aurons I'occasion de reproduire en partie dans ce recueil. Nos lecteurs pourront alors acquerir la conviction que le petit canton de Bale n'est 394 LIVRES ifeTRANGERS. point rcste en atrierc dans la voie ITALIE. 397 relativemeiit a la population totale; ce qui est au-dessus des proportions analogues etablies a Paris et Londres. Le nombrc dc.'s deces , dans le meme espace de terns, a ete de 1 2,5 11 , dont 6,627 males, la moycnne etant de 1,787, ou i sur 35. lis exposent cnsuite phisieurs circonstances relatives aux habi- tans des diverses classes et des difCerentes sectes , ainsi qu'aux eiifans-tronves. Les malades rerns dans les hopitaux , le ca- ractere et la proportion des differenles affections dont ils sont atteints, les maladies regnantes dans]la ville, lesepoques de leur apparition, et le rapport du nonibre de ceux qui ont ete gueris a ceux qui ont succombe, sont les points dont les auteurs se sont le plus occupes , et sur lesquels ils donnent les details les plus qiinulieux. Les huit tableaux places a la fin de I'ou- vrage offrent le resume des differens sujets qui ont ele traites. Nous aimons a rendre hom.mage aux intentions phiiantro- piques qui ont guide les auteurs dans leurs travaux , persuades qu'ils serviront d'exemple aux medecins des autres regions de I'ltalie. , Bertero , de Turin. D. M. 123. — * La Grecia descritta da Pansania , etc. — La Grecc decrite par Pausanias ; traduiie et enrichie de notes et d'eclair- cissemens philologiques , archeologiques et critiques , par M. Sf^basticn Ciampi. Milan, 1826; faisant parlie d'une col- lection des anciens historicns grecs traduits. M. Ciampi, en publiant sa traduction Ac Pausanias , semble inviter les Italiens qui ne peuvent lire roriginal , ^ parcourir en idee un pays qui a tant de til res a notre reconnaissance. La clarte etla correction de son style rcndent ei'core plus atjreable la lecture de sa traduction. Dans cette sorte de voyage, il ac- compagne ses lecteurs, en leur faisant faire de terns en tems des observations judicieuses et utiles. II n'omet rien de ce qui a rapport a I'etat actuel de nos connaissances et de nos besoins. \il\. — Epistola sopra il duello , etc. — Epilre sur le duel , par Ferdinand Malvica. Rome , 1826 ; Salviucci. In-8°. 125. — Lcttera , etc. — Lettre qui sert d'appendice a I'epilre precedente. Rome, 1826 ; A. Ajani. In-8°. La premiere de ces leltres est adressee a M. Salvatore'^'E.TTi, asscz connu parmi les litterateurs de I'ltalie. L'auteur a voulu demontrer I'absurdite du duel; c'est la mort d'un de ses plus chers antis, victime de ce prejuge cruel qui subsisle encore malgre les progres de notre civilisation , qui parait lui avoir inspire les pensees qu'elle renferme. Le zele et les bonnes intentions de M. Malvica produironf- ils plus d'effet que les ecrits d'un grand nombre d'auteurs italiens qui ont d(\ja fletri cette coutume barbare ? Nous n'osons 398 LIVRES ETRANGERS. I'esperer. On convient volonticis aujourd'hui de riminortalite de r.iction , Pt demain on se battra pour les motifs les phis Icgers. Cette pcnsee fournit Ic siijct de la seconde lettre que M. Mal- vica adressa a M. Louis Muzzi , a I'occasion du duel qui cut lieu dernierement entre M. de la Martinc et M. /. Pcpr. L'au- teur se dechaine aussi conlre la foule des etrani^ers qni jngcnt mal , ou plutot calomnient I'ltalic sans la connailre. Pourquoi donner tant d'iniportance a Icuis jugemensPD'aulres etranjjjers, aussi respectables par leurs vertus que par leurs lumieres , rendent plus de juslice au vrai nierite des Ilaliens. F. S. 126. — * Mceurs et coutumcs ancicimes et inodernes , ou Histoire du gouvernenient, de la niilice , de la religion, des arts et des usages de tous les pcuples, d'apres les monumens de I'antiquite , avec des gravures et des cartes geographiqiws ; par une Societe dc gens delettres. Milan, 1816-1827 ; Londres, Rolandi. 9 vol. in-fol. Get ouvrage nous offre , sous une forme didactique , celte pliysionomie de I'liistoire que Walter Scott sVfforce de nous ("aire connaitre dans ses romans. Une societe de savans itaiiens s'est propose de tracer un tableiya general des mceurs et des coutumcs , embrassant ainsi tous les details de la vie publique et privee, paitie que les historiens negligent d'ordinaire , comme retardant la marche des evenemens. L'ouvrage s'ouvre par un discours preliminaire sur le globe lerrestre, tel qu'il etait connu des anciens , et tel ensuitc que nous I'ont fail con- naitre les decouvertes de nos grands navigateurs nioderncs. A la connaissancc exacte et detaillee des lieux, les auteurs joignent celle des terns , au moyen de courtes esquisses chro- nologiques sur I'origine des etats, et sur les principales epo- ques. lis examinent la nature des gouvernemens et des legisla- tions des diverses nations de la terre; sujet qui n'est pas etranger a leur plan , puisqu'il est reconnu que, si les mceurs influent sur le gouvernement , celui-ci reagit |juissammeii!. sur elles. II est certain du nioins que la legislation nous a conserve des details de mosurs sur les peuples anciens, dont la connais- sancc ne nous eut etc transmise par aucun historien ; i'examen des lois fait aussi partie de I'histoire domestiquc et sociale des peuples. Get ouvrage nous fait connaitre les armes, les habillemens, les enseignes, les machines militaires, enfin tout ce qui se rap- porte aux differens modes de defense. II ne s'occupe que des faits exterieurs de la religion ; il decrit ses sacrifices , ses so- lenniles , la variete de ses pompes, les ceremonies praliqnees aux mariages , aux funerailles , etc. etc. ITALIE. Sgy Ces essais preliminaires sont suivis de I'histoire des princi- pales decouverlcs dues aii genie de I'liomme. On y expose ce que ces decouvcrtes ont pu ajouter d'agrement a la vie, dans les jeux et les fetes de toutcs les nations. Au style de I'ouviage original italien, on s'apercoit facile- ment qu'il est le produit du travail d'un grand nombre de dif- ferens redacteurs ; uiais ce dtfaut disparait en partie dans I'edition francaise que nous devons aux soins de la meme societe , la traduction n'ayant etc confice jusqu'ici qu'a une seule personne. E. P. 127. — Per I'iiiaiigurazione del busto in tnarnto. — Discours prononce pour I'inauguration du busle en marbre de Domi- nicjue CoTUGNO, dans I'liopital des incurables, a Naples ; par BcnoLt VuLPES, medecin dans le meme hopilal, professeur d'hygiene et de pathologic, etc. Naples, 1825 ; Raimondi. In-40. La perte du celebre Cotugno , mort le 6 octobrc 1822, fut sensible a tons les Italiens. Les Napolitains ne negligerent rien de ce qui pouvait honorer la memoire de leur compatriote. Les Academies, les corps enseignans, les savans les plus distingues , les jeunes eloves de I'llnivei'site et des hopitanx, tons prirent part aux temoignages de la reconnaissance publique. Parmiles productions remarquables que cette circonstance fit eclore, on compte celles de MM. Michel Cassano , Ventura , le professeur Gicirdini, Vincent Bova, Nicolas Morclli,et speciale- ment dt; M. Ciainpitti, et en outre trois eloges historiques par I'abbe Scotti , par le professeur Folinca, et par le D^^ Magliari. En 1823 , les administrateurs de I'hopital des incurables vou- lurent aussi elever un monument public (jui annoncat a la pos- tcrite la juste reconnaissance que ce pieux etablissement avail vouee a I'un de ses eleves les plus respectables et de ses plus grands bienfaiteurs. Le 10 mai i823, on inaugura son buste en marbre avec la plus imposante solennile. Dans cctle occa- sion, M. Vulpes prononca le discours que nous annoncons. Si nous cilons les ecrits publics en I'honneur de Cotugno, c'est qu'ils sont plutot consacres a signaler les progres dont la science est redevable a ce grand anatomiste, qu'a repandre sur sa tombe ces fleurs de rhetoriqiie dont on est ordinairement si prodigue dans de pareilles circonstances. M. Vulpes, eleve du professeur napolitain, rappelle ses qualites morales et intellec- tuelles avec un sentiment de lendresse et de veneration filiales qui honore son caractere. II raconte ses premieres etudes, les decouvcrtes et les ouvrages qu'il a successivement publics, Cotugno se fit d'abord connaittepar la decouverte dedeu.\ /,oo LivRES Strangers. aquediics dans rorcillc interne, celiii ilu vestibule, elcclui dn limacoa , qu'il lendit piibliquo en 1761 , n'etant alois age que de '2/1 ans. K» 1762 , il decouvril les iierl's incisifs, 011 naso-pa- lalins, qu'il nomw.Si paraboliqius. Ea 17C4, il publia son petit Comnirntaire , Dc iscldade nervosa , traduit dcpuis en phisieius langues. Quoique I'opinion de ce celebre anatomisie sur la lyniphe acrimonieuse qui remplit la gaine du nerf scialique ait subi la critique de Cullcn , de Home ct de quelques niodernes solidistes, M. Vulpes ne manque pas d'appuyer la doctrine de son maitre par une observation interessante , laite h. Pavic en 1818 , par le prol'esseur Borda. Le traite De sedlbits variolaram parut en i')^^}- L'auteur, d'apres ses noinbreuses observations, pensait que I'eruption de la petite verole n'avait lieu qu'a I'ex- terieur. II publia aussi en 1789 I'.n ouvrage sur X Esprit dc la inedecine.W alaissebeaucoupdemeii:oiresineditsparmi Icsquels on reniarque I'hlstoiie d'un acephale qui a vecu douze jours, plusieurs traites sur le caraclere ct le traitemcnt de I'hydro- pisie ascite, sur diverses affections du diaplirai^me, sur les maladies des femnics, et son Voyage en Italic et a Vienne, fait en 1789. On distingue un traite qu'il composa, en 1820, a I'age de 85 ans, sous un titre qui annonce son importance : De organico plcctiiforini peraniplo coinniercio aiiris liumance cum universd mcdalld spince , etc. II y traite de I'organisatiou de I'oreille humaine, etdeses ramifications etendues, qui la mettent en rapport direct etintime avec la moelle epiniere. II ne faut pas oublier que Cotu^no avait le premier observe les faits qui depnis ont servi de base a la science de I'electri- cite animale , due aux rechei dies posterieures de Galvani et de Volta. Ayant ouvert, par I'epigastre, une souris qu'il avait prise vivante , il eprouva j)ar la vibration de sa queue, entre les deux derniers doigts de la main, une telle commotion elec- trique le long des bras qu'il en resscntit I'effct pendant un quart d'heure. II fit part de ce nouveau phenoraene au chevalier Vi- venzio, par une lettre datee du 20 octobre 1784, et qui se trouve a la fin dela Thcorie ct Pratique de I'electricite mcdicale, par Tibere Cavallo. M. Vulpes fait encore observer que Cotuguo, tout ens'occu- pant principalement dc I'anatomie et des sciences niedicales , cultiva aussi la litteraturc et les beaux arts. II parlait avec beaucoup de gout du beau ideal, des chefs-d'oeuvre de Michel- Ange et de Raphael , des anciennes medailles et des autres monumens de I'antiquite, dont il s'etait procure une belle col- lection. D'un autre cote, il avait piiise dans les ecrits de Fra- castoro , de Redi et de Cocchi, les exeraples de cette eloquence ITALIE. — ESPAGNE. /|oi didactique qui attirait a ses lecons , fians rUnivpisite cle Na- ples, line foiiled'auditeiirs : il prescntait scsidees avcc tantde precision et declarte, qii'on croyait piiitot voir les objcts ana- tomiques, qu'entcndre le professeiir qui les decrivait. 128. — Delia Mitologia , Discurso , etc. — Discoiirs siir la mythologie, par iV/rato Tomaseo. Milan, 1826. In-8°. L'aiiteur se prononce contre I'usage que Ton fait de la Mythologie ancienne. Comnie tant. d'aiitres , ii s'autorise d'un abus pour generaliser une prosrription peut-efre trop rigoii- reuse. Nous craignons qu'a la nianie de ne trouver le beau que cliez les anciens, on ne parvienne a en substituer une autre, non moins ridicule, cello d'l'viter tout ce qui peut les rap- peler. En effet , n'a-t-on pas cherche a remplacer la mytho- logie grccque, par une mythologie nouvellc , qui, bien que plus appropriee a nos opinions, on le pretend du moins, n'a pas manque de nous ennuyer davantage? De Ml vient un de- fant qui semble commun a quelquos versificatenrs de la nou- velle ecole , qui , apres avoir renverse I'ancien Parnasse , sans avoir su le remplacer par d'autres fictions plus neuves , plus riantes, ne nous offrent plus qu'une poesie sans ame et sans couleur. F. SAiri. ESPAGNE. I ag. — * Coleccion de Ins piezas drnniaticas de los autores expanoles. — Collection des pieces dramatiqiics des auteurs espagnols. Madrid , iSxG; 12 vol. On a public si.x cahiers de cet intcressaut recueil. lis con- tiennent chacun deux pieces d'un nicme auteur, et forment les premieres livraisons d'une collection complete des chefs-fl'oeuvre des anciens auteurs draniatiques espagnols. Lope dc Vega, Calderon , Moreto , Tirso de Molina , Ruiz dc Alnrcon , et Perez dc Montalhan , ont fourni les douze comedies inserees dans ces cahiers. Ce chol.x fait honneur au gout de I'editeur, et les examens critiques qu'il a places a la suite de chaque piece , auiioncent des connaissauces reelies et une plume exercee. Il rend par cette publication un service signale a la litterature espagnole, en ouvrant ses fresors a la curiosite des etrangers , qui jusqu'a ce jour desiraient en vain un bon guide pour se diriger au milieu de beaucoup d'opinions con- tradictoires. S'iis etudient en effet les critiques espagnols , ils n'y trouveront que les cchos des jugemens rendt>s par les clas- siqups , depuis un siecle , et qui siirement ne forment pas \c code exclusif d'apres lequel on doit apprecier I'ancien theatre T. \xxv. — .'ioitt 1837. 26 ho-i LIVRES ETRANGERS. de !a nation. S'ils s'en rapportent aux ecrivains allemands , lels que Schlegel, Dicz, BoiMcnvcck , dont les opinions ont ece , pour la plupart , adoptees par M. dc Slsmondi, dans son Histoire des litteratarcs del' Europe mi'vidionnlc\ que de lacuiies! que dc preventions proven;inl d'lin exces d'ciitliousiasme ! que de faux points de vue malhenrcusement ehoisis pour consi- derer I'origine , le vrai caraclerc , Tobjct , les moyens et nieme les differentes branches du theatic espaij;nol! S'ils se livrcnt enfin senls, sans puide , sans une profonde connaissance de la lanjjue, ^ I'examen de notre theatre; s'ils se lancent une fois dans I'interminable lecture de nos comedies , dont le nombre est presque incroyahle , de grands embarras les altcndent ; des editions detestables leur en presenteront le texte vicie , sans qu'iis puissent y remarquer des scenes retranchees , des passages intervertis par I'ignorance, le mauvais gout et les idees etroites des comediens ambulans ; enfin , de mauvaises pieces d'ecrivains sans noiia , faussement altribiiees aux auteurs les plus celebres , leur seront donnees comn)e appartenant a ces derniers. II existe une espece de repertoire du theatre espagnol , pu- blic vers la fin du siecle dernier, par Garcia de la Euerta , sous le titre de Teatrn espanol ; niais , dans ce travail, I'au- leur niontre une partialite revoltante en faveur des anciens ecrivains espagnols , et atlaque avec violence Iriarte et plu- sieui's autres zeles partisans de la littcralure classique : ce n'est done pas la non plus que Ton doit chcrcher des temoi- gnages dignes de confiance. Grace an rccueil que nous annon- cons , les poeles draniatiques de I'Espagne , depuis Lope de Vega jusqu'a Canizares , c'est-a-dirc jusqu'a la fin du xvii* siecle, vont cnfin nous etre connus. Leurs principaux chefs- d'oeuvre seront iniprinies d'apres un texte correct, et accnm- pagnes d'une analyse qui en fera ressortir les beautes et les defauts. L'editeur n'appartient a aucune cotlerie , a aucune secte litteraire : il juge avec toutc liberie et d'apres des regies fondtes sur la saine raison. Le theatre espagnol, qui a pour objet principal de peindre el non dc corriger les moeurs , donne cependant, et tres-sou- vent d'utiles lecons, et combat avec succes les vices et les Iravers de la societe. Les unites de terns et de lieu sont quel- qiicfois negligees jusqu'a I'absurde ; muis plus souvent elles sont observees conformement aux regies des classiques , que les auteurs espagnols se sont toujours reserve le droit d'ad- metlre on de rejeter selon leurs convenances. L'amour et la galanterie chevaleresques y sont presentes constamment comme I ESPAGNE. ■ /io3 bases de tousles siijels dramaiiqiios ; les sentimens, lo carac- tere ct le laugage dcs personnai;es, soiit cmpreiiils dun co- loris ideal qui ne rcpoiul guere au ton de la societe moderne ; ct cependant on y trouve uiw. variete otonnanle de situations , de caracteres, et mcme de snjets , a laqnelle on s'attcnd d'au- tant moins qu'on est plus prevenu contrc la monotonie et I'uni- formite ordinaircment reprochees a I'ancien theatre espagnol. Les auteuis out adopte plusieurs genres tres-distinets. La co- medie de Capa i espada , on la haute comedie, qui se divise en comedie d'intrigue, et en comedie de caractere ; la comedie heroique, dont lessujets sont empruntesa I'liistoire nationale, a I'histoire sacree, a I'liistoire profane et a la mythologie , et qui admct une division a part , a laquellc les Espagnols ont donne le nom' de tccitro , ou de /id/iioga^ specialement destinee a I'etalage du grand spectacle ; enfin , la comedie de figiiron , qui, sans etie precisement un compose de farces, presente le ridicule heureusement combine avcc Tintrigue et la galanterie , eiemens constitutifs de I'ancien draaie espagnol. Les six cahiers dont nous parlons se font rcmarquer par deux circonstances faites pour exciter la curiosile des lecteurs francais. \° On y trouve la comedie intitulee : el Dcsden cor. el Desden (le Dedain avec le Dedain) de Moreto , piece qui a fourni a Moliere le siijet de \n princesse d' Elide , composition restee bien au-dessous de I'original. Ce meme sujct, si inte- ressant en lui-meme, a ete traite par Cahlcron dans sa piece Para -veneer a Amor quercr vencerle ( Pour vaincre I'Amour il faut vouloir le vaincre) , et deux fois encore par Lope de Vega dans la Hermosa fea (la Belle-laide) , et dans los 31llagro$ del desprcciu (les Miracles du mepris). Moreto parait avoir concu le plan de son ouvragc , d'apres cette derniere piece inseree dans le troisieme cahier de ce recueil ; I'editeur, en comparant I'original de Lope de Fcga a I'imitation de Moreto, se trouve embarrasse pour donner la preference a I'uue d'elles , et le choix n'est point facile. 2° On doit remarcjuer aussi la Verdad sospechoaa (la Verite suspecte) , qui se trouve danslecinquieme cahier, et dont I'auteur, Riuz dc Alarcon, estpeu connu, meme des Espagnols , malgre sou grand merite , qui peut-etre en fait un rival de Lope de Vega, Calderon , Moreto, ct Tirso de Molina , regardes a juste litre conune les coryphees du theatre espagnol. Cette comedie donna au grand Corncillc lidee de son Menteur, piece traduite en partie, el en partie imitee A'A- larcon , et en tout , bien digne de son n.'odele. Corneille , le pere du theatre francais , disait a ce suje t qu'il donnerait deux de scs meilleures pieces pour etre I'auteur de I'original 2C. 4o4' LivRES Strangers. espagiiol. En offer, ricn de plus comiquo, de plus i,'ai , de phis naturel, de plus intcressant , iii de mioiix imagine, soil pour rinlrigiie , soil pour le caractere. P. Mendibii.. PAYS -B AS. 1 3o. — * Etat (le ragricuUnrc dans Ic royaume dcs Pays-Bas , pendant Vannee 18^5 ; rcdige par/. Kops, professeur de bo- taniquc el d'economic nirale h V Unn'c?sitc d' Utrecht; public" par ordro du departement dc I'iiiterienr. La Have, 1826; im- primerie de I'etat. In-8" de i63 pages. Les ravages des eaux et quelqnes aiitres flcaux de I'agricul- turelaissaienf,au commenceinent de 1825, beaiieoup 11 n'parer, et pen d'espoir de ramener promptcmcnt le sol a sa premiere feconditc. On se rappclle que la temperature fut extraordi- naire dans tout rhemispliere boreal : un liiver des plus doux fut suivi d'un printems et surtout d'un ete dont ]a cbaleur pro- longee semblait, en beaucoup de lieux, prometlre ime nou- velle recolte. Le royaume des Pays-Bas n'a guere profite de ces heureuscs circonstances. Malgre les plus grands efforts pour detruire les chenilles, les arbres frnitiers ont ete ravages, fct beaucoup d'arbres , entiercmcnt depouilles de feuilles etde fleurs, ont peri dans les terrains sees. M. Kops rapporte que , dans la province d'Utrecht , un verger de 900 arbres n'a pro- duit que cinq pommes. La culture de la chicoree tombe dans les Pays - Bas; mais il ne faut pas aftribuercette decadence au bas prix des cafes, ni a la resipiscence des consommateurs de- venus plus gourmets; c'est faute de debouclies que cede bran- che de culture est frappee de sterilile ; la France s'est chargec de faireelle-meme la sophistication des cafes, el des fahriqnes de chicoree sc sent eievees a Yalencicnnes. La vigne continue a s'avancer vers le nord, imprud»'/«« se deplacent un peu , selon la temperature. Une autre observation non nioins curieuse , c'esl celle d'une plus grande facilite dc naissances selon les differentes heures du jour. M. Villerme avait engage M. Quetelet a faire des re- cherclies sur cesujet, et ces deux observateurs ont trouvc des resultats exactement seniblabies, II faudrait en conclure que le rnin'unum des naissances a lieu a midi et a minuit; et que le maximum sepresente, une heureavant ces deux epoques. Ces recherches muritent I'atteulion des m<^-decins et des naturalistes. On ne possedait encore pour la Belgique qii'une seule table de mortalite; c'etail celle que Kerseboom avait publiee autrefois pour les tontiniers de la Hollande. M. Quetelet en avait donne une seconde pour Bruxelles ; il en presente ici unenou- velle, basee sur un plus grand nombre d'observations recueil lies dans plusieurs villes, et qu'on pourrait prendre comme table provisoire de mortalite pour toute la Belgique. On sait combienun pareil travail est ingrat et penibie; on ne doit done pas s''etonner que si peu de savans osent I'entreprendre ; il doit cependant servir de base aux operations des societes d'assu- rance et a la plus grande partie des recherches d'arilhmetique politique. On compte actuellement en Belgique sept depots dc niendi- cite, oil I'on recueille les mendians de profession , et ou Ton recoit les indigens qui demandent un asile : ils sont etablis a Moris, Hoogstraeten , Namur, la Camhre , pres de Bruxelles, Bruges , Hoorn et Rechheim. Le premier fut forrne a Bruges , en i8o5, par M. Chauvelia , alors prefetdu departementde la Lys. Voici un resume de la population etde la mortalite a differentes epoques. annees. p opul. moyenne. dcces. rapport lie la pop. aux deces. rapp. des jouvs d'entreliena eeux de maladie. 1811 5l4 58 8,862 16,00 l8ia i8i3 1814 717 777 5i8 97 68 7,392 8,355 7,618 13,96 12,65 i6,65 i8i5 1816 940 1,066 1 14 ii5 8,246 IO,l52 14,34 16,59 1817 1818 1819 1830 1821 i,8o5 a,588 2,546 2,376 2,022 329 38i 274 195 i36 5,486 ■6,793 9,29^ 12,182 14,867 ir,58 9,78 1 1,09 '9,9* 20,14 182a 1,843 127 i4,5i2 i9,'9 .7,712 1,987 8,914 i3,95 /,t>8 LIVKES KTRANGERS. Le tt'iiiie iiioyen du sejour dans les depots de inendicilti n'est ^uere que de sept a hiiit inois. Le prix moyen de rcntretien est de 3o,<)i cents ( 65 centimes ) par jour. Les revenus des de- pots de mendicJte comprenncnttrois parlies differcntes, savoir: le produit dii travail des reclus dont la valeur moyenne est de 7,/(9 cents; le montant des pensions, qui est annuellement re^le par le niinistre de I'interieur, sur la proposition des conseils t;eneranx d'inspection et de surveillance des depots , et dont la valeur est de 2'3,i6 cents; enlin, les revenus divers provenant des biens fonciers , 'i,'^6 cents: en tout, 33, oi cents. La Belt;ique comptait en 1821 117 etablissemens , destines soit a la j^arde des prevenus, soita la punition des condamnes. La population des prisons etait, acette epoquc, partagee de la maniere suivante : ( pr<§venus 784 non luees { "^ , { ^^ ■' ° j accuses 682 total 1,366 1 correctionDellement 3,567 condamnes \ . I a la reclusiun. . . 2,028 [ \ aux travaux forces. a,64y Total 9,144 Total gen(^ral des detenus iq,5io En coniparant le nonibre des detenus a differenles epoques, on trouve : arnices. . . 1817. 1819. i8ai. civils 9>79i 8,989 8,618 militaires. . . . i,9'i8 a, 414 ijQ^g Total 11,729 11,353 10,557 En comparanl le nombre des individus nonjuges a celui des individus condamnes, on trouve a pen pres le rapport de 10 a 67. La valeiirdece rapport pent donner une idee assez juste de la promptitude avec laquelle la justice est adniinistree dans iin royaume. La duree moyenne des detentions est de 5, 16 ans. Le prix de la journee d'entretien, en 1821 , variait de 18 a /)0 cents, et lo prix moyen etait de 27,07 cents, dans les pri- sons dirij^ees par voie d'entreprise. A (land , le prix de la jour- nee etait, a la menie epoque, de i5,G:> cents seulement ; cet etablissement est sons le systeme de la re!j;ie que Ton adopte acluellement. M. de Keverberg, dans les notes du memoire , donne la mortalite pour les principales maisons de detention, I't trouve que dans ces dernieres annees il mourait annuelle- Prisonniers PAYS-BAS. ^ 409 meot , teniie luoyen , i iudividu sur 27. M. Quetelet est encore entre dans de nombreux details sur les enfans tiouves, sur les etablissemens de bienfaisance , etc. Comme la plupart de ces renseigneiiiens sont des donnees purement numeriques, il de- vient plus difficile de les faire connaitre par exttait. Nous de- vons done renvoyer les personnes qui desireraient de plus am- ples renseignemens aux Mcmoires de V Acadentie dc Bruxclles , oi\ toutes ces recherches doivent etre consignees. E. I'ia. — Notice sur un passage remarquable de In Chronique de Sigebert de Gembloux, rclatif a I'autorite pretendue par les papcs sur les couronnes des rois ; par M. Raoux, conseiller- d'etat , etc. Bruxelles, 1827; Demat. 10-4". L'erreur a aussi sa noblesse fondee sur une longue succes- sion d'annees ; elle est fiere et arrogante, comme un gentil- homme d'antique race, quand elle se perd dans la nuit des tems. C'est afin d'eloigner les personnes qui attachent moins d'importance aux principes qu'aux traditions , a ce qui est rai- sonnable et juste qu'a ce qui est gothique; c'est pour ramener celles qui veulent entourer les prejuges du respect qu'on doit a la vieillesse , qua ecrit M. Raoux. Pliilosophe chretien , il ne dirige point contre I'Eglise de ces traits faciles a repousser, et dont la pointe soit einoussec. Tout ce qu'il avaiice il le con- firme I'histoire a la main. Sigebert , moine de I'abbaye de Gembloux dans le Brabant-Wallon , ne en io3o, et mort en II 12, est, comme on sait,le plus celebre des anciens historians ou chronographes beiges. Coutemporain du foiigueux Hilde- brand, plus eonnu sous le nom de Gregoire VII, il gemissait des projels ambitieux de ce pontife, qui s'efforcait de soumettre toutes les couronnes a la tiarc. A propos des querelles elevees entre les successeurs de Gregoire VII et I'anti-pape Guibert, qui s'excommuniaient reciproquement , il s'exprimait ainsi : « Qu'il me soit permis de remarquer que cette nouveaute , pour ne pas dire cette hekesie , ne s'etait pas encore mon- tr«';e dans le monde , savoir, que les pretrcs de celui qui fait regncr des pri:ices hypocrites pour les peches des hommes , enseigneiit aux peuples qu'ils ne doiveut aucune soumission aux mauvais rois , etque, quoiqu'ils aieut fait serment de leur etre fideles , ils ne leur doivent cependant aucune fidelitc , et ne sont pas poui' cela parjures ; que meme ceiix qui obeissent a un semblable roi sont reputes excomniunies, et que ceiix qui agissent contre ie roi sont absous d'injustice et de parjure. » La doctrine signalee ici par Sigebert a I'indignation des hon- netes gens est exposee avec tons ses developpemens dans le jcatechisme que M. de Potter a public a la suite des lettres 4 10 LivREs Strangers. de Pie V. M. Raoux en suit les variations enBelgique; il montre quel a etc sur ce point le sentiment de I'Universite de Louvaiu n differentes epoqiies , et transcrit une piece extrenienient le- marquablc qu'on lit aussi dans la Rcvuc Britaiunquc , et dans un ouvrage, dii reste assez IVivole, intitule \ Erinitc en Bel- gique : c'est la reponse des docteurs de Louvain, faile en 1788 aux catlioliques d'Irlande et d'Angieterre, relativement a I'au- torite ou a la preminence politique que Rome pretendrait s'ar- roger dans I'empire brilannique. Cotte decision est une impiete audacicuse , au dire de M. le eomte de Mnistre et de la Biblio- tliequc CatJtolique. M. Raoux, qui se connait mieux en senti- mens religieux , y voit une haute preuve de sagesse , et regrette que , dans quelques seminaires des Pays -Bas , notamment celui de Malines , on melte entre les mains des jeuues gens la theo- logie de Dens , ou la question de la supremalie temporelle des papes est laissee indecise , de maniere a insinuer ranirmativc. Les principes rappeles par M. Raoux sont le fondement d'une brochure reccmment publiec sur les liberies de I'Eglisc bel- gique , et qui complete ce qu'avait dejii enseigne M . W. (Wins) , en 1817. — M. Raoux loue egalenient Sigebert de sa lettre courageuse a Paschal II, au nom des Liegeois qui avaient donne asile a I'empereur Henri P'', persecute par ce pape. Cette lettre , outre les ouvrages invoques par M. Raoux , se trouve encore dans le second volume de I'Appendice de Brown, au Fasciculus cl'Ortludnas Gratias. de Reiffenberg. i33. — Precis de t Histoire litteraire des Pays-Bas , traduit du hoUandais de M. Siegenbeer , par J. H. Lebrocquy, avocat. Gand , 1827; Vandekerckove. In-18 de 35o pages. Ce travail sera tres-utile aux personnes qui ne connaissent point la litU'rature hoUandaise, et qui veulent se former une idee un peu exacte des ouvrages principaux qu'elle a vus naitre. M. Siegenbeek a un nora tres-avantageusement connu en Belgique, et il scrait difficile de prendre un meilleur guide. Son ouvrage parait generalement ecrit avec impartiaiite ; on pourrait lui reproclier cependant un penchant trop prononce vers I'eloge qui lui fait accorder un peu liberalement de la celebrite a des ecrivains , a peine connus a quelques lieues de I'eudroit ou ils ecrivaieut. Peut-ctre aussi I'auteur aurait-il mieux fait d'iutituler son ouvrage : Precis de I'Hisloirc de la litterature hoUandaise , puisqu'il ne fait aucune mention des ecrivains nationaux qui se sont exprimes en langue francaise, et qui sembleraient devenir par la elrangers au pays qui les a vus naitre. Nous n'avons que des eloges a donner au traduc- teur, tout en regnttant que sa modestie I'ait empeche de PAYS-BAS. 4 1 1 joindre qiielques notes au texte , siirtout en faveur des etran- ijers. A. i34. — * Le petit Bosmi, ou les Voyages de mon oncle , ouvrage dirige contre les croyances siiperstitieuses, lespre- jiiges et les erreiirs populaires , avec cette epigraphe : La cre- dulite ties sots est le patrimoiiw desfrijjoiis ; par Fred. Rouveroy. Liege, 1827; Latonr. In-j8 de -282 pages. Jac(jues le bossu, quitte sou village et sa famille a dix- huit ans , avec une pacotilie de livres qu'il distribue dans les campagnes et les petites villes. Un cure , homme instruit , homuie excellent , Teminene dans son presbytere et lui donne des conseils qui se gravent dans la meinoire du jeune colpor- teur. Jacques, doue d'une anie eievee, dun esprit original et du talent de I'observalion , se fait un fonds de philosophic pratique qui le met u aieme de rendre partout d'utilcs services: profondement religicux, mais ennemi de toute idee supersti- tieuse , il s'attache a combattre les prejiiges populaires, a precher I'amour de I'ordre et du travail ; bienfaiteur des families , il y est recu comme un ami. I,es details de ses aven- tures nous sont lacontes par un de ses neveux qui I'accompagne ale de M. Bory de Saint-Vincent, dont les travaux infatigables out tant contribue a ravancement des sciences uatnrelles qui ont fait toute sa vie le principal objet de ses etudes. II ne se contente pas d'une revision generale; il fournit plusieurs articles tres-iniportans, ct les difflcultes de rarticle Homme, entre autres, ne 1 ont point arrete. II a rempli sa tache d'une manierc distinguee; et I'un de nos collaborateurs a donne une analyse detaillee de son travail ( Voyez Rev. Enc. , mars 1826, t. xxix, p. 654-6G3) , qu'il termine en exprimant le voeu que M. Bory de Saint-Y!ncent voulut bien reproduire et completer son article dans une edition separee. Cc voeu a ete cntendu, et I'ouvrage que nous annoncons re- produit I'article Homme avec im grand nombre de Notes qui expliquent et prouvent tontes les assertions auxquelles I'auteur a cru devoir quelques developpemcns propi'cs a justider Je sys- teme qu'il a adopte, et memo en quelque sorte crce. Quoique les opinions scientifi([ues de M. Bory de Saint-Vincent ne soient pas toujours les memes que celles de M. Cuvier, il a dedie son ouvrage a cet illustre savant, sous la date des 3o juin 1825 et 3 mars 1827. Cet hommage les hoiiore tons les deux; et il serait terns que les savans comprissent qu'ils gagneront tons a SCIENCES PHYSIQUES. 4i5 se respecter les uus les autres, au lien d'elever dc miniitieuses el souvent de violentes querelles a propos de quelques legeres differences dans leurs idees. M. Bory de Saint- Vincent s'efforce de prouver qu'il y a plu- sicnrs especes dans le genre lionime; qn'Adam n'est le pere qne d'une de ces especes, et que laGenese nc coniprend que I'histoire d'une seule famille, opinion a laquelle il donne beaucoup de vraisemblance. II caracterise tres-bicn chaqiie espece, non seu- lement par sa forme , niais encore par ses habitudes ct sa mo- ralite. On sent qne ce systeme est I'liypothese d'un naturalists habile, mais qu'il aui'ait besoin d'etre fortifie par un plus grand noaibre de recherches historiques que I'anteur n'a pu en faire, ainsi que par I'etude appro fondie des langues. Mais, tcl que le donne M. Bory de Saint- Vincent, ce systeme merite d'etre etu- die par tout homme qui voudra s'eclairer sur cette partie ele- vee de nos connaissances. Apres avoir termine la description des quinze especes dif- ferentes qu'il a cru pouvoir distingucr, il parle des hommes monstrueux, tels que les Cretins et les Albinos. II examine en- suite quel a etc le berceau particulier de chaque espece : c'est ici qu'une etude approfondie de I'histoire lui aurait ete neces- saire ; mais la vie de I'homme est bien courte pour acquerir la totalite des connaissances qui peuvent eclaircir ce sujet. Aussi M. Bory consacre un chapitre a prouver I'importance des se- cours que I'histoire naturelle pourra recevoir des recherches philologiques et statistiques. Il considere ensuite I'homme dans I'etat de nature , et examine comment il en est sorti pour s'elever a la civilisation ; il peint I'age d'or, les agesd'ar- gent, d'aiiain et de fer, et s'efforce de prouver que ce dernier est le meilleur. 11 parle cnfin de I'age deraison, du, selon lui, a linvention dc I'imprimerie , et qui nous laisse encore bien au- dessous de I'eternelle sagesse devant laquelle il s'humilie avec cette modestie qu'mspire la veritable science. F — a. 137. — * Dictlonnaire d' agriculture pratique , conteriant la grande et la petite culture , I'econoniie rurale et domestique , la n.edecine veterinaire , etc. ; par MM. Francois df. Neuf- CHATEAU , A. POITEAU, A. AUBERT DU PeTIT-ThOUARS , NOI- SETTE , LACHEVARniERE , BuLos , Senac fds , Cels, Maurice, Pictet; precede d'une Introduction sur la maniere d'enseigner el d'etudier V agriculture , par M. le comtc Francois de Neuf- CHATEAu , de y Academie francaise , president de la Societc rojale et cenTale d' agriculture. Paris, 1827; Aucher-Eloy. 2 vol. iu-8° de 707-792 pages, avec Ae% figures gravees en taille-douce; prix , 21 fr. 4 16 LIVRES FRANCAI.S. L'importance de cet oiivragc, ot surtoiit cello «l>Uards sur les enfans legitimes , nous pensons qu'il nn'rite SCIENCES PHYSIQUES. 1,%^ des tloges pour I'ensemble de son ouvrage. Toutes les uieres oil Cfllcs qui sont pies de le devenir liront avec interet et avec fruit les conseils qu'il donne aux femmes pendant la gi'ossesse, I'allaitement, et surtout a repoqiie du sevrage. Nous esperons que les parens ne liront pas sans utilite le chapitre sur les chatimens et les punitions. Ici, I'auteur tientsa parole d'ecrirc non pour les savans, mais poiu- toutes les meres. Son style est clair, ses raisonnemens sont forts et rigoureux ; et sans regarder coinrae niaxirae incontestable ce qu'a dit Piousseau , ce que notrc auteur repetc apr^s lui : « que les premiers mouvemens de la nature sont toujours droits , et que I'enfance n'a jamais rintention de nuire, » nous resterons d'accord avec JVI. Dela- coux sur les consequences qu'il en tire relativement aux pu- nitions a infliger a I'enfance. Les negligences pen importantes que nous avons signalees , et quelques autres encore disparai- tront facilement dans la seconde edition d'un ouvrage , aiujuel sa grande utilite ne pcut manquer d'obtenir promptement une pareille distinction. J. P. Lamouroux, d. m. p. 145. — * Menioires pour servir h I'hlstoirc des eaux mineralcs sulfareuses et des eciux thermalcs ; par M. Anglad\, professeur aux Facultes de medecine et des sciences a Montpellier. T. I. Paris, 1827; Gabon. In-8° de xxiv-3i2 pages ; prix, 6 fr. IMalgre les beaux travaux que les savans modernes ont pu- blics sur les eauxminerales, il reste encore a eclaircir les ])oints les plus importans de la science qui les concerne : les eaux sul- furcuses semblent surtout reclamer I'attention des geologues , des chimistes et des medecins : les premiers n'ont pas sufSsam- ment etudie les divers plienomenes qui peuvent expiiquer leur origine ; les seconds ne nous presentcnt que des analyses in- completes , bien qu'ellcs soient le fruit des plus penibles re- chcrches ; enfin, les medecins adminislrent encore ces eaux d'une maniere a pen pres empirique : ils attendent d'ailleurs les lecons et les lumiercs des chimistes pour s'elever a des considerations therajieutiques plus precises et plus fecondes. D'autre part , la fabrication des eaux sulfurcuses factices se ressent du defaut de nettete et d'etendue de nos connais- sances. On aurait pcut- etre evite beaucoup d'inconveniens, si au lieu d'etudier chacune des sources isolement, on les avait exa- minees comparativement et dans diverscs contrees. On concoit qu'un observateur attentif , habile et exercc aurait rendu dim- menses services a I'art medical, si, parcourant seulement I'espace compris enlre les Pyrenees, les Aipes et le Rhin, il cut partout etabli ses apparcils et ses fourncaux aux sources memes.Le pro- /,a6 LrVRES FRANC AIS. fesseur Anglada a bien compris cette verite , puisqu'il a visite la grande chainc des Pyrenees pour etudier Ics eaux la ou, sortant dc la tcrre, clles n'ont encore perdu aucune de leurs proprieles par raction de I'air, par le transport, paries dete- riorations que le terns amene necessairement. La chaleur des eaux thermalcs est le phenomene int^ressant qui fait le sujet dc son premier memoirc. Le professeur Anglada fait preuve dun excellent esprit de critique dans I'examcn des explications qu'on en a donnees. L'interpretation qu'il propose est fondee sur les decouvertes lecentes des actions electro-mo- trices el sur leur pouvoir calefacteur. La nature, suivant lui, aurail realise des appareils de ce genre, pour I'elaboration des eaux minerales dans les profondeurs de la terre. Et cettc pen- see condrnierait I'opinion de bcaucoup de niedecins qui sou- tiennent qu'un des grands avantages des eaux minerales prises a la source pourraient bien dependre d'un caiorique plus elec- trique que cclui de nos fourneaux. Mais, ce n'est la qu'unc con- jecture bien difficile a verifier , et dont ricn n'atteste encore la realite. L'histoire naturelle de ces eaux , la thermalite dans celles qui sent sulfureuses, occupent ensuite M. Anglada : la, il cherche le rapport de la temperature avcc I'elevation des lieux ou sout placees les sources; il se deniande aussi ce qu'il faut penserde i'uniformite dc temperature, etc. Partout, les rapports qu'il ctablit, les idees ingenieuses et profondes qui naissent sous sa plume, interesscnt le lecteur et agrandisscnt le champ de nos connaissances. Dans le second memoire, I'auteur traite desglaires des eaux minerales sulfureuses, ou de ces concretions confondues si souvent avcc des vegetaux du genre des conferves ; concretions trouvees constamment dans les sources des eaux sulfureuses des Pyrenees; et il fait egalement connaitre une substance azo- tee carbonisable qu'elles amencnt du sein de la terre. L'his- toire naturelle de ces glaires et la distinction de leurs especes et de leurs varietes, leur constitution chimique sont passees en revue et suivies de I'examen de leurs rapports avec la matiere pseudo-organique, appelee glairine p^r notre auteur. Il consi- dere cette substance comme un produit direct de certaines combinaisons se realisant entre des materiaux organiques dans le sein de la terre, au milieu de circonstances favorables. La generation des glaires est un produit plutot chimique que zoo- logique. Ainsi, ce memoire consacreun fait qui ne laissera pas d'exercer beaucoup I'esprit des savans. Le troisieme memoire expose la maniere d'etre de I'alcali i SCIENCES PHYSIQUES. Aa? dans les eaux siilfureuses; il jiistifie, par des fails nombreux , line opinion emise par M. Anglada dans un precedent ouvrage. II etablit, en opposition avec un autre chimiste francais, que les eaux sulfureuses des Pyrenees contiennent toatcs un sous- carbonate alcalin associe a un bydrosuliate, et que c'est au sous-carbonate alcalin, et non a I'alcali caustiquc , qu'il faut attribuer les hons effets de ces eaux. Le volume suivant qui s'imprinie doit contenirplusieurs me- raoircs non moins importans sur Ic dcgrrgc/iie/itdu gaz azote , sur la determination dt; l' ingredient salfttrcux , et enfin sur la classification de cct nrdre dc. produits naturcls , tous objets d'une haute utilite. On voit, par cet apercu rapide du premier volume , que les recherches de M. Anglada sont diriijees d'une maniere origi- naleetpiquante; il s'estfraye une route neuve, etson livreque les medecins , ainsi que les geologues, attendaient depuis long- tems, fera probablcment epoque dans I'histoire de la science. V. Bally, nicdecin de I'hopitaldela Pitie. 146. — * Jpfjlication dc la geometric a la niesiire des lignes inaccessibles , des surfaces planes ect. , ou Longi-pkunmetrie pratifjuc ; par J. Lkfevre, geometre en chef du cadastre, membre de plusieurs Societes royalcs des sciences et des arts. Paris, 1827 ; Bachelier, quai des Augustins , n° 55. In - 8° de 246 pages, avec 5 planches gravees au trait; prix, 5 fr. et 6 fr. par la posle. L'auteur est dej;i connu par la publication de plusieurs ou- vrages estimables, et particulierement par un Traite d'arpcn- tageeno. vol., dont celui que nous annoucons pent etre con- sidere comme une suite. II y presente un grand nombre depro- blemes de geometric dont I'experiencc lui a indique I'utilite et que les arpenleurs sont souvent exposes a resoudre, lorsque les difficultes locales et les mouvemeus du terrain s'opposent a I'emploi des methodes simples et usuelles. C'est particuliere- ment a la mesure des distances inaccesMbles et a revaluation des surfaces que M. Lefevre destine son nouvel ouvrage. La methode de cidtellalion y est fort bien presentee. En general , les procedcs nous ont semble exacts et propres a conduire aux resultats cpi'on cherche. Nous aurions desire trouver la de- monstration des propositions qui y sont employees ; ma;s peut- etre M. Lefevre a-t-il craint d'effrayer , par mi peu de science, les arpenteurs pour lesquels il a ecrit son livre , et qui se con- tentcnt ordinairenient de procedes pratiques dont iis ne cher- chent pas a se rendre raison. Mais il est a craindre qu'ds ne puissent pas tirer parti de fornuiles quelquefois assez compli- 4a8 LIVKES FRANCA.IS. qiiees, bicn qiiel'aiitcMircn ait fait des applications imiiieiicjues-; car le jen dos signcs dcs li^ncs tri^ononic'triqiies et des dis- tances d'apros leiiis positions respectives, doivont embarrasser lespersonnesqui ne sont pas tres-exercces a ce grnre de consi- derations. II serait facile dc signaler qnelqiies inq)erfections dans ce travail; par exemple, la figure io8 ne s'aecorde pas avcc le texte de la page iG8 qui y rcnvoie; I'enonce du theo- remc page 17 n'est pas correct; on exagerc beancoiip trop les errc'.u's causecs par la variation dc declinaison magnetiquc , atteiulu que ces erreurs sont bcaucoiip an dessons de cellos de lecture siir Tare gradne de la boiissole , etc. Ces Icgers defants seront facilcment corriges par le lectenr et n'empecheront pas CO livre d'obtenir Ic succes qu'il nierite par son ntilite et I'es- prit qui a preside a sa redaction. I'"kancoeur. 147. — * Mc moire siir la mesure itun arc dc parallelc moycn, entre le pole ct recjuatetir ; par MI^I. Brousseaud, colonel au corps royal des ingenieurs geographes militaircs, et Nicollet, astronome adjoint au bureau ties lo/igituclcs.T? avis, li^T.']; Rachelier. Nous avons eu deja plus d'une occasion de parler de la belle entrcprise formee par la France , a une epoque 011 ellc doniinait encore la politique de I'Europe : il s'agissait dc traverser plusienrs meridiens par un parallele dont on deter- minerait avec precision la forme et la grandeur. Les auteurs de ce memoire rcndent compte des difticultes qu'ils eprouverent dans quelques-unes deleurs operations: les premiers geometres qui enlrerent dans celte carriere ctaient loin de soupconner les causes d'erreurs dont ils avaient a se garantir. Dans les ope- rations geodesitjues faites en lj;\pon\e, Maaperluis, Clairant ct Camus u'eurent point egard a la refi-aclion; Boiiguer et La Con- damine en tinrcnt compte dans ieurs travaux executes an Pe- rou : MM. Brousscaud et Nicollet ont appris a sc deQer des refractions extraordinaires. Quant aux mcsures execulees a des epoqiu's oil les sciences physiques ctaient inconnues, les ma- thematiques peu avancees et les instrumens tres-imparfaits, on peut juger maintenant du degre de confiance qu'elles me- ritent. La mcsin-e du parallele moycn assigne a la terre un appla- tissement de 7^ a j-j- , moindre que celui qu'on avail deduit de la mesure des arcs de nieridien : avant de tirer d'autres resultats relatifs a la figure de la terre. les auteurs de ce me- moire attcndront que les astronomcs de I'Autrichc et de I'ltalie aienf fourni les details de la continualiou de Tare jusqu'a Fituuc. •< lis ne termineront pas, disent-ils, I'expose des operations qu'ils ont faites, sans rendre un juste lemoignago de salisfac- SCIENCES PHYSIQUES. 429 lion aux pcrsonncs qui out ete chargees de les seconder. Pen- dant les trois premieres annees , M. Bkousseaud a observe seul ; durant les cinq dernieres, il a eu successivement pour adjoints MM. Lecamus, Savary. Delavarande et Largeteau. M. Ni- collet a ete seconde , en 182'i , par MM. Delavigne et Pelle- grini. Tons ces cooperateurs ont montre du zele et fait preuve de connaissances; siirtout M. Largetcan, qui, restc pres de M. Brousscaiul pendant quatre ans, a pris plus de ])art a toutes les especes de travaux. » Ferry. 1 48. — Theoric ct regies du jea de billard, par A. Teyssedre. Paris, 1827; Rousselon , rue d'Anjou-Dauphine , n° 9. In-12 aeviiet i32 pages avecune planche; prix, 2 fr. 25 c. et2 fr. 75 c. par la poste. Depuis quelques annees, le jeu de billard est tellement on usage qu'on rencontre des billards dans les moindres liameaux , de menie que Ton en trouve dans les ])lus riches maisons de campagne et de ville. Il y a done lieu de s'ctonner que, tandis que presque tons les jeux d'adresse et de hasard ont ete I'objet des meditations et des calculs de malhematiciens du premier ordre, le billard n'ait pas joui jusqu'ace jour des memes hon- neurs : le pcu d'ecrits qui ont ce jcu pour objet sont tons incomplets ou bases sur uue theorie fausse ou routiniere. M. Teyssedre a concu son traite sur des donnees bien diffc- rentes. Son ouvrage est divise en deux parlies. Dans la pre- miere, il traite d'abord du billard en liii-meme, donne des moyens de ne pas etre tronipe dans le choix des bilies et des queues; il applique au jeu de billard les lois du choc des corps , offre les excmples des coups qui en sont la consequence, et ter- mine par des principes generaux sur la maniere de tenir la queue et de conduii'e son jeu. Dans la seconde partie de sa theorie , M. Teyssedre donne les regies des divcrses parties de billard. On trouve, a la fin du volnne, un vocabulaire des termes particuliers au jeu. Tout est d'une parfaite clarle dans ce petit ouvrage, et nous ne dontons |)as qu'il ne soit fort goute des nombreux amateurs de cet exercice. Si pourtant quelqu'ua demandait de quelle necessite etait ce traite sur un jeu qu'on apprend sans livres, notre auteur repond en citant le mot d'un phiiosophe de I'antiquite a nn avare qui lui demandait a quoi servirait a son fils rinstruction qu'il seproposait de lui donner. — Elle empechera, reprit le phiiosophe, qu'au theatre on ne voie une pier re assise sur uue pierre... J. A.-L. 149. — * Observations sur Paris port de mer, et sur la navigation de la Seine , communiquees a la Societe libre du commerce de Rouen, par M. Dupont - Boisjouvin, I'nn de ses inembres. 43o LIVRES FR.\?ianclic. Si I'oujugeait un projet, tel que celui qui est expose dansce memoire, d'apres I'idee que la lecture en aurait donnee ; si Ton tenait compte aux redacteurs do I'ordre et de la clarte qui regnent partont dans leur ecrit, de I'observation scrupuleuse de tout ce que les convenances peuvent exiger, ou seulement, indiquer; en un mot, si Ton imitait les tribunaux qui, trop souvent, s'en liennent aux formes, et attachent plus d'impor- tance h. la legalite qu'a la justice , MM. Seguin auraient sur le champ gain de cause , leur projet serait approuve sans exa- men. Mais, ce n'est certainement pas d'un succes de cette es- pece que ces habiles ingenieurs seraient le plus flaltes; on examitiera done, et avec beaucoup d'interet; car tous les motifs qui peuvent provoquer et soutenir I'attention sc reu- nissent en faveur de ce memoire. Les autenrs du projet I'ont soigneusement elabore, avant de le soumettre au jugeraent Aia LIVRES FRANCAIS. des mattres de I'art; Icnis litres ;\ la confiance sont des tra- vaux exucules avec succes , et line connaissance exacle des moindrcs details de la construction qiuls proposent, et c'est en Anglcterre qu'ils I'ont acquisc. Nous nc rcsistcrons point h la tentation de transcrire quelqucs lignes qui donneront une idee des nioyens de mouvenient que MM. Seguin se proposent d'employer sur le cheniin projele , et de ce qui est deja fait et mis en activite , en Anglcterre. Les autenrs du memoire viennent de discuter la preference (jue les machines a vaj)eur locomotives meritcut sur les machines stationnaires pour im- primer le mouvenient aux chariots, sur un chemin de fer, ils ajoutent : « Nous nous proposons d'employer un systeme de halage analogue a celui de la remorque a point fixe , par la vapeur : des cables disposes le long du rail et niaintenus par des gui- des dans les courbes, seront etablis dans la partie lapide , et s'envelo|)peront sur une longueur de 200 a 3oo metres, sur des tambours fixes sur la machine locomotive, et mus par la puissance qu'elle developpe. Ce procede , qui a deja etc pro- pose en Angleterre , prescntera de grands avantages sur les machines stationnaires; la grandevltesse que Ton serait oblige de donner aux convois dans ccs rapides, pour rcgagner le tems perdu par la manoeuvre des cables , exposerait tot on tard a des accidens dont les consequences font fremir. Plu- sieiirs d'entrc nous, en parcourant ainsi un rapide sur le Rail- IFaj de Darlington , avec une vitesse de 7 ou 8 metres par seconde, ont eprouve un seniiment d'effroi que la connais- sance qu'ils avaient de la precision des dispositions prises pour prevenir les accidens n'a pu dissiper pendant toute la duree de cette promenade d'un genre si nouvcau pour eux. « Une autre consideration digne de fixer notre attention est la rapidite avec laquelle se perfectionnent les machines a va- peur : cette tendance a deux buts principaux, I'economie de la houille, et la diminution du poids des machines. A mesure que I'une et I'autre s'obtiendront, il deviendra de plus en plus avantageux de supprimer les machines fixes, puisque le trans- port du poids du moteur est la seule raison qui determine a en ado])ler I'emploi. « Nous avons done du considerer, dans notre determina- tion, non-seulement I'etai actuel de la science et de I'itidiistrie, mais encore celui de perfection ou elles tendent, pour nous preserver de la reprobation qui accompagne , malheureusement trop soiivent , les etablisscmens qui s'elevent dans un moment SCIENCr:S PIlYSinUES.— SCIENCES MORALES. 43!^ ou les arts qui leur servent d'appui se perfectionnent eux- memes avec; rapidite «. II y anecessaiiement une erreur dans revaluation derechelle de la carte du chemin projete : clle ne peut etre d'ww die mil- lie in c , comme on I'a ccrit ; on a probablement eu I'intention de metlre nn cinquante millieme; oii nieme nne fraction encore plus petite. Ferry. i5i. — ''Atlas geographirjiie ct statistique dcs deparlemens de la France. Paris, 1827 ; Baudouin. Prix de cliaque carte en- iuminee : i fr. 80 c. prise separcmeiit, et i f'r. aS pour les sous- cripteurs dc I'Atlas entier ( voy. Rev. Enc, t. xxxiv, p. 47^>)- Cette collection dcs Cartes departemeutales de la France, suivies d'un texte explicatif, sera inccssamment tcrminee : les dernieres livraisons qui ont paru comprennent les departe- mens des Landcs , Ao. la Loire- Infer ieure , de la Lozere , Aw Lot, de Lot-et-Garonne , de I'Indre, du Loire t, de la Nievre, de I'He- rault, de la Moselle, des Pyrenees- Orientates , de la Haute- Loire, des Cotes-du-Nord , du Bas-R/tin, du Pas-de- Calais, du Doubs, des Hautes-Alpes , A'lllc-et-f^ilaine, des Hatites- Pyrenees, du Haut-Rhin , du Gcrs , de la Dronic , de I'Allicr, de VAveyron, du Nord, et do l' /lade. S. M. Sciences religieuscs , morales, politlques ct historiqucs. 1 5a. — * De r education des soards-niiiets dc naissance ; par M. Degerando, membre de I'lnstitut de France, administra- teur de I'instiJiut royal des sourds-muets, etc. Paris, 1827; Mequignon I'aine , pere , rue de I'EcoIe-de-Mtdecine , n° 9. •x vol. in-8° de xv-Sga, et 668 pages ; prix, 16 (r. En composant cet ouvraj^c , ou brillc unc erudition pro- fonde, et dont toutes les parties respirent une philosophic aussi pure que bienveillante , M. Dej^erando a fait mieux encore qu'un bon livre; il a fait une bonne action. Ce traite d'education des sourds-muets est d'autant plus re- marquable que toutes les methodes enqjloyecs jusqu'a ce jour pour I'instruction de ces infortuiu-s y sont exposees et coni- parees avec soin , afin de faire ressortir les avantages de cha- cune d'elles, et les inconveniens qui lui sont propres. Mais il ne suffisait pas de I'etude des movens que Ton met gtnera- lenient en usage, dans tons les lieux ou Ton paie tribut a cette oeuvre de I'hunianite , pour bien remplir la tache que i'auteur s'etait proposee; des experiences incompletes ne lui fournissaient aucun guide qui Teclairat dans ce parallele. Tl lui fallait a lui-meme I'exercice de I'art, une connaissance T. x\xv. — Aoiii 1827. aS 434 UVRES FRANCAIS. pcrsonnolle ot aj)profomlu; de si;s difficiiltcs ot do ses ics- soiiices ; ot , bioii (juo la niodostie di- M. DfchIrando ue lui ait permis d'aporccvoir que ce qui lui iiianquait a cet t'gard, nous nous faisons lui devoir de publier que peisonne ne s'est trotive mieux place que lui pour determiner le point de vuc sous lequel il convenait d'etudier les divers systenies, et de penttrer dan^ la nature du problemo que Ton se proposait de resoudre. Depuis long-tems adniinistratcur de linstitut des sourds-nuiets ; done du talent dobservatiou le plus remar- quable , d'un esprit juste, eleudu et singulierement analy- tique , et , mieux encore , d'une belle anie , d'un coeur essen- tiellement bienfaisaut, il s'est devoue a ce travail avec la plus genereuse sollicitude ; ii ,s'y est donne tout entier, comme on se livre a I'exercice de la vertu. Cost dire, en peu de mots , quels sont les sentimons que la lecture de son ouvrage nous a inspires. , Nous reviendrons sur cet important traite , auquel nous consacrerons un article. La premiere partie , aussi curieuse que philosophique , est la recherche des principcs sur lesquels doit reposer I'art d'instruire les soinds-muets; et Ton sent ii combien de developpemens importans donne lieu I'examen seul de la capacite des sourds-muets a distinguer le bien et le mal, avant d'avoirrecu I'usage de nos langues. La discussion sur le langage en general , sur les moyens de communication de I'intelligence tires des arts d'imitation , sur les routes que I'ecriture symbolique a pratiquees pour arriver a la formation des ccriturcs ideographique, hieratique et demotique, etude qui a conduit le savant M. Champollion a la connaissance des manuscrits egyptiens ; la comparaison des elemens de I'ecriture a ceux de la parole, ont foiu'ni a M. Degerando des pages dignes , par la pensee, des premiers philosophes de I'anti- quite , et par le style , de nos plus grands ecrivains. La seconde partie comprend les recherches historiques .siir I'art d'instruire les sourds-muets, et sur les hommes qui se sont voues a cette etude ; et la troisieme , des considerations sur le meriterespectif des divers systemes, et les perfectionnemens dont ils sont susceptibles. Des anecdotes curieuses ajoutont a I'interet de la matiere , et Ton ne lira pas sans attendrisse- ment ce qui concerne M"" Morisseau , sourde , muette et aveugle. On ne meditera pas non plus sans fruit les observa- tions courtes , mais profondes , par lesqnelles M. Degerando a termine son ouvrage. Nous faisons des voeux bien sinceres pour qu'il soit apprecie , comme il merite de I'etre ; et que , selou la pensee de I'auteur, une correspondance generale, pe- SCIENCES MORALES. 435 riodique et reguliere , s'etablissant entre les ecoles de soiirds- itiuets de tous les pays, mette en coinniun leur experience de tons les jours, et amene ainsi le perfectionnementde ces bien- faisantes institutions. R. 1 53. — * Manuel d'enseignement pratique des sourds-muets ; par M. Bebian, ancien censeur des etudes de V institution dcs sourds-muets de Paris , etc. ; ouvrage adopte et publie par le conseil d'administration de I'institution royale des sourds- muets. Paris, 1827; Mequignon I'aine, pcre. Tome P"", rnodeles d'exercices , avec 32 planches. In-4° de 204 pages. — Tome second , explications. In-8° de 371 pages ; prix 16 fr. , et 20 fr. par la poste. Quoique cet ouvrage soit asscz recommande par son objet et par le conseil d'administi'ation qui adopte et publie les me- thodes qu'il expose , nous pensons que nos lecteurs seront curieux de connaitre les moyens d'instruction par lesquels on parvient a suppleer a un sens qui manque , et a rcndre presque I'equivalent de I'ouie et de la parole aux infortunes qu'un vice de conformation aurait condamnes a vivre exiles au milieu des societes humaines. Mais, pour bien rendre compte de I'ouvrage de M. Bebian, il faut commencer par I'etudier: nous ne oraindrons pas de nous imposer cette tache, alin de profiter nous-memes d'une lecture aussi iustructive , et de pouvoir exposer dans ime rapide analyse ces methodes dont nos lecteurs voudront profiter a leur tour. Y. 1 54. — * Du nombre dcs delits criminels compare a I'etat de V instruction primaire; par im memhre de la Societe forniee a Paris pour r amelioration dc I'enseignement elementaire. Paris, 1827; L. Colas. In-8° de 36 pages, contenaut 5 tableaux; prix, 75 c. Cette brochure est due a fun des menibres les plus zeles de la Societe, qui, apres avoir contribue a introduire en Fiance i'enseignement mutuel, continue a le soutenir avec perseve- rance, et a correspondre avec les amis del'instruction primaire dans les pays etrangers. L'honorable academicien , anieur dc cette brochure, tres-verse dans les travaux statistiques, a pris pour base de ses calculs I'important travail de M. Charles Du- pin, et le beau et utile rapport du ministere de la justice sur la slalistique criminelle de France en 1825. L'objet de cette bro- chure est de combattre cette assertion de M. Benoiston de Chd- teauncuf : « Les pays oil regne I'ignorance prodnisenl soiivent moins de crimes que ceux ou regnent les lumieres. » On ne saurait trop s'occupe;- de discuter cette proposition ; car elle touche a un probleme qui interesse au j)lus hant degre le sort de I'humanite; et de la solution duquel dependent les regies do 28.' oc> I.IVRES FRANCAIS. fondiiite los plus iiiipoilantcs clans lo goiiverncnient des pen- pies. L'aiitetu- (l<^ cctto brochure! complc-lcra sans douto ses recherchos dont il ])arail n'avoir donne cctte fois qu'im pre- mier apcrrii, et dont liii-momc recommande de ne pas sc Iiater de tirer fles consequenco-i prematiirocs, avant d'avoir reciieilli de iiouvcllcs observations. On pent ainsi resnmer ses tableaux. pojuilation. instruc prim, en 1820. delitscoiitielespcr- soiines en 1825. delits contre los pro- piieles en i8i5. Academics du sud. 8,i8o,75i 209,620 875 I,o83 Acad, dii inilien. io,74o,o3i 180,9.50 521 1,385 Acad, dti nord (y cooip. Bcsanjon.) I r,564,55g 679,930 669 2,701 En prenant pour appreciation de rimmoralite du pays le nombre des delits comniis contre les personnes, on voit cpie les academies du milieu seraient a la fois les moins instrnites et les moins immorales, tandis que les academies du nord I'em- porteraient de beaucoup sur celles du midi, en moralile et en instruction. Il faut rcndre graces a I'auteur de cettc brochure pour la bonne foi avec laquelle lui-meme a signale I'objection que la condition du milieu de la France semble presenter contre son propre systeme. Cest ainsi que procedent les amis de la ve- rite. lis poscnt d'aboid les faits avec exactitude, prets a se sou- meltre a leurs consequences, lors(pie I'evidence en est devenue incontestable. II faut voir, dans la brochure meme les excel- lentes raisons alleguees par I'auteur, poiu- ne pas se hater, dans I'etat imparfait de i'observation des faits, dy voir une contradiction avec I'aUiance entre la moralite et les lu- micres, proclamee tant de fois par I'experience et appuyeesur tant de tciDoignages. La meme question a ete traitee tout reccmment par M. Charles T.tTc^s, dans rintrodiiction de son ouvrage sur le systeme penal et sur la peine de inort. Ce jeunc et habile crimin.iliste , par le soin qu'il a pris de distinguer les differentes sortcs de crimes est parvenu a demontrer , avec une neltete ])arfaite , conibien la partie de la France que M. Ch. Dupin a appelee cclain'e siirpasse en moralite la partie obscure. II importerait de cons- SCIENCES MORALES. 437 later si les resultats seraient lesmemes, en distinguant, comnie I'auteur de la brochure qui fait I'objet de cet article, la France du nord , celle dii milieu , et celle du midi. 11 faudrait meme subdiviser davanlage encore, et comparer les depaitemens les uns aux autres, pour ne pas se laisser preoccuper par des divi- sions trop generales dont I'inconvenient est de faire conclure quelqiiefois uniformemcnt pour des parties dissemblables. Les amis de I'instruciion peuvent sans craintc provoquer I'exanien des fails, ils sont trop attaches a la verite pour jamais redou- ter les cnquetes. Ch. Renouard. i55. — * OEucrcs completes de Montesquieu , avec des Notes de differens auteurs, et une Table alpliahctique des matiercs; suivies des Tableaux analjticjues de I' Esprit des Lois, par M. Theodore Regnault, avocat a la cour royale de Paris. Paris, 1825 ; Antoine Bavoux. In- 8" de 836 pages; prix, 3o fr. (i). Nous avons deja fait connaitre les premieres livraisons de cette belle edition des OEuvres de Montesquieu , qui contient tout ce qui a ete public des ecrits de ce grand publiciste. (Voy. Rec. E/ic. J t. XXVI, p. 832.) Mais la Rerue ne doit pas donner une simple annoncc du vo- lume oil Ton a reuni, pour la plus grande commodite du lec- teur, tous les ouvrages connus d'un des plus grands ecrivains dont la France s'honore. Ses redacteurs ont une tache plus noble a remplir; et quelques motssur I'auteur et sur ses ecrits seront encore utilement places ici, apres tout ce qui en a deja ete dit. Montesquieu fut un genereux defenseur des droits de I'hu- manite. Sa voix eloquente ne se fit pas entendre en vaiu : elle retentit a I'orcille des rois, elle evcilla la justice des gouverne- mens. Apres avoir long-tems explore I'etat physique et moral des nations; apres avoir long-tems medite sur I'histoire de celles qui n'existent plus que dans les annales du monde , et sur les constitutions des etats civilises, il etudia en philosophe le dixjit civil ct la jurisprudence. C'est de cctte etude, oil de prctendus habiles jurisconsultes n'ont trouve I'occasion de composer que des compilations indigestes 011 de lourds commentaires, que de- vait sortir I'immortel ouvi'age de I' Esprit des Lois , qui forme I'un des plus beaux monumens lilteraires dont la France doive s'enorgueillir. La connaissance approfondie que Montesquieu (i) Les Tableaux analytiques fornient uii vol. in-folio, qui se veiid scparcment chez le mt'me libraire; prix, 7 fr. 5o c. 438 LIVKES FR\]NCAIS. avail acqiiisc de la lei;islati<)n des dilftrens peuplcs lui on fit decouvrir les crrcnrs et les imnutiises laciinos. Son attenlion ne se porle pas seulemeiit sur les lois qui sont f'aitos, mais oiicorc sur cclles dont I'absence tail sentir le hesoiii. Ecrivain judicieux et profond, il presenle quelquelois, sous des formes qui peu- vent paraitre obscures a des csprits supcrficiels, des verites que la prudence ne lui permettait pas d exposer dans tout leur jour; mais elles seront comprises par celui qui apporte ;\ la lec- ture de son livre un esprit attentif et capable de suppleer les consequences qui naissent des principes; le sage y Irouvera luie ample nioisson «\ faire, et ceux qui sont proposes au gouverne- ment des peuples de hautes iecons qu'ils ne sauraient trop meditcr. La publication de cet onvrage lui suscita de uombreux en- uemis. II devait avoir pour tels, conime aujo'.ird'hui les coura- geux defenseurs de nos liberies , tous ceux qui trouvaient leur avantage dans les abus du pouvoir, et qui avaient interet a tenir cnveloppees dans d'epaisses lenebres les matieres qu'il eclairait des lumieres de la raison et de la philosophic. II fut attaque dans de noiiibreux libelles publics sous differentes formes. On ne lui menagea nieme pas le reproche d'irreligion , nioyen des long-tenis use, et qui cependant porte encore de nos jours ses abominables fruits. Mais loutes ces attaqucs ne ser%nrent qu'a prooirer une i:ouvelle gloire a I'illnstre Montes- quieu. Il fit paraitre sa Defetisc de r Esprit des Lois , el il obtint dans I'opinion publique un triomphe eclatant sur la mechan- cete et la calomnie. fr. (A'oy. Rev. Eric, t.xxxin, j).2/|/|.) Ce troisieine voliunc , renfermant 97,6 aphorismos , traite de SCIENCES MORALES. /)4i I'ordie social. L'auteur commence par montrer, corUre I'opi- nion de J.-J. Rousseau , que I'homme sauvage est un etre in- complet, et que la societe nest que le developpement naturel tie nos facultes soUicitees par nos besoins. II fait voir en mem« terns que la natuie et la societe ont le memc but, celui de nous procurer lajouissance des bieus physiques et nioraux. De nieme que la nature produit la societe, de meme la so- ciete produit les gouvernemens , sans lesquels les individus uc forment que des agregations. lis ne deviennent peuple , que lorsquc les trois pouvoirs qui se trouvent dans toute retmion d'hommes , celui des grands , de leur chef, et celui des citoyens, se sont coordonnes dans les iois constitulives. La monarchic I'epresentative est pour M. Massias la monarchic naturelle. nLa royaute, noblesse collective, grande abstraction de la puissance ct de la dignite de tous reunics en un seul pour le bonlieur commun , meut et dirige tous les rouages des gouvernemens tempcres. « (Page 5g.) Cent cinquante iheoremes renferment, ou peu s'en faut , les principes generaux de tout cc qu'on a ecrit jusqu'a present sur I'economie politique. Plusieurs fausses maximes , lecues comme des verites , y sont , sinon refutees , du moins com- battues d'une maniere plausible. La citation suivante donnera I'idee de la maniere dont Tauleur envisage cette science a laquelle se livrent en France et en Angleterre plusieurs esprits du premier ordre. « La nature a voulu que I'industrie soeiale flit dans un continuel mouvement ; celle-ci a eu pour principe le travail : elle a voulu que le travail eut des effets progressifs ; il a ete perfectionne pai- sa division : elle a voulu (|u'il fut un lien social ; la correspondancc en a ete etablie : e\\i'. a voulu qn'il fut remnnerateur ; le poiivoir de production a ete superieur a celui de con>ommalion : elle a voulu que I'homme put se re- j)Oser apres avoir travaille; le travail a ete accumulable : elle a voulu que cette accumulation ne fut point cause d'apathie et d'inaction ; de I'exces de production a suivi la misere du riche et la mine du pauvre : elle a voulu , enfin , que le bien-etre physique fut I'acheminement au bien-etre intellectuel et moral; des lors, I'industrie n'a fait des progres que par la science ; reconomie a etc vertu, et chacune des classes riches, moyennes et pauvres ne jjouvant souffrir, sans que les autres en souf- frisseut , leur prosperite etanl reci|)ro(]uement inseparable , I'ordre social n'a ete que commerce, echanges ofticieux, appren- tissage de bienveillance , d'humanite et de charile. .; (Page 201 .^ Les articles, ordic , droit , jus lice , loi ; sonverainete , droit de vied de ntorl , dciiiexficile, education, et |)lusieiiis autres, 4/.a MVRES 1 r,.\NrA.IS. lie prosenteront p.is an k'Cteiii- des doctrines developp«5es , mais ils liii (oiirniiont lo siijot d'litiles et fortes meditations. S. 157. — * Du systenie pennl et da sjsteme reprcsiif ert general, ct de la peine de mart en particidier, par M. Charles Luc\s , avocat a la Cour royale de Paris; ouvrage couroniie a Geneve ot a Paris. Paris, 1827; Charles Beehel. In-8'' de lxxxui et '126 pages; prix, 8 fr. Get important on vrage a obtcnu, comme le litre I'indicpie, iin double prix a Geneve et a Paris. Cette circonstance remar- (|uable, ct plus encore rinten'-t du sujct et la maniere large et philosophique dont il a ete traite par M. Lucas, nous in)pose- ront le devoir de lui consacrer un prochain article dans notre section des Analyses. A. T. 1 58. — * Corps du droit francais , on Recueil complct des lois , decrets , ordonnanccs, arretes, senatus- consultes, icglc- mens, avis du conseil d'etat, publics depuis ivSgjusqu'a 182.5 inclusivement; mis en ordre ct annotc par M. Gai.isskt, avoue ail tribunal de premiere instance de la Seine. Paris, 1826; Le- roux et Chantpie, editeurs. 2 vol. in - 8", en 70 livraisons de quatre feuillcs ( 64 pages. ) Prix de la livraison, 2 fr. 25 c. La collection des lois, decrets et ordonnanccs, inseres au Bulletin des lois, forme deja de 70 a 80 volumes, et s'accroil encore tous les jours : reunie a celles qui I'ont precedee, ct qui ont rempli rintervalle de 1789 a 1794, epoque de la crea- tion du Bulletin des lois, elle sc compose dc plus de cent vo- lumes. C'est cette vaste collection que la typographic entre- prend de reduirc a deux volumes , au moven des procedes renouveles des Ebevirs. On ne pent qu'applaudir a cette idee, qui tend i\ rendre les recherches plus faciles, a repandre la connaissance ct I'usage des lois. Peut-etre le titre de Corps du droit francais n'est pas com- pletement exact. Un corps de droit francais ne dcvrait pas seulement compreudre les acteslegislatifs des 36 dernieres an- nees; beaucoup d'actcs anterieurs i 1789 devraient necessai- rement y trouver place. Mais cette critique est d'une faible importance : I'essentiel est que la collection soit bien faite, et, sous ce rapport , nous n'avons que des eloges a donner a I'e- ance, tandis que dans cet ouvrage les additions de ce genre devraient etre d'un interet comniun a tous les pays et a tous les tems. C'est ce que le dictionnaire n'oublie point, en nous condui- sant dans ces deux volumes depuis I'article Aa jusqu'a Betta. Nous n'entrerons dans aucun detail sur ce sujet; et nous obser- verons seulement qu'a I'article Lydic , dans la chronologie, et a I'article Atys ^ dansle dictionnaire, I'auteur revoque en doute I'histoire de Cresus, rapportee par Herodote , liistorien prescjue contemporain, en sorte qu'on ne sail pas trop ce qu'il pent croire. On a reproche a I'abbe Feller de se montrer souvent jesuite; et il prouve dans plusieurs articles qu'il est favorable a Pordre qu'il avait embrasse, ce qui est asscz uaturel. J'en cite- rai pour exemple I'article Elzear, et non £lcazar-¥rnvi(:o\f, de SCIENCES MORALES. /,/,() 1.1 Baume des Achards, eveque d'Halicarnasse, envoyt- par Cle- ment XII i^oiir torminer les diffircns en tie les missionnaircs de la Chine. La Biographie univcrselle puise dans ia relation de ce visiteur apostoliqne un propos assez plaisant centre les mis- sionnaircs francais. L'abbe Feller se garde bien de le repeter; niais il dit que cette lelation est dictee par I'csprit de parti, et condamnee par le Saint-Office. On pent lui reprochei', commc k la Biographie univcrselle , de ne pas se montrer assez jaloiix de la gloire des ecrivains francais , a I'article Aristarque de Samos , oil il dit que le Traite sur les grandeurs etles distances du soleil ctde la luneaete public en Italic eten Anglcterre, sansajoutcr qu'il a etc imprime en France sur sept manuscrits grccs, et traduit en francais. L'article Assarharaddon aurait du etre covrige sur I'arlicle Assarhnraddon de la Biographie unii'crselle , ivi's-hxcn fait par M. Tabaraud. L'abbe Feller n'y aurait pas dit alors que ce roi d'Assyrie a ete confondu avec Senaphar, nom parfaitement in- connu; on observera dc plus que dans la chronologic ce roi est appele Assaradin ou Ezaradon , en sorte que raiiteiu' n'est pas d'accord avec lui-meme. II serait aise de faire d'autrcs corrections; mais ces taches assez legeres disparaitront sans doute dans une huitieine edi- tion. La redaction d'ouvrages aussi gencralement repandus meritc des soins consciencieux de la part de ceux qui se char- gent de les publier; et Ton ne pcut trop les inviter a ne rien negliger pour justilier I'accueil favorable que le Dictionnaire historique a recu jusqu'a ce jour. F — a. i65. — * Biographie univcrselle, ancienne et moderne , on His- toire, par ordre alphabetique, de la vie publique et privee de tons les hommes qui se sont (ait remarquer par leurs ecrits, leurs actions, leur lalens, leurs vertus et leurs crimes; ouvrage enlierenient neuf , redige par une Societe de gens de lettres rt de savans. T. xlvii, xlviii et xlix: TS-VZ. Paris, 1827 ; L. G. Mi- chaud , libraire-editeur , place des Victoires , n" 3. 3 vol. in-S" de 588-5G2-6oo pages. Cet ouvrage doit ctrc compose de cin- quante volumes , forniant vingt-cinq livraisons. Prix dc la livrai- son, papier carre iin, 16 fr. ; grand raisin iin, 24 fr.; velin superfin, cartonne a la Bradcl, 48 fr. La publication du cinquantieme et dernier volume va bienfot completer ce vaste repertoire historique et biogi-aphique : c'est alors que nous pourrons acquitter la promesse conteiiiie dans un article precedent (voy. Rev. Enc., t. xxxiii, p. 800), <■ de consacrer quelques articles etendus, dans notre section des Analyses, a cette belle et imposante collection qui nous (burnira T. XXXV. Audt 1827. 2f) /,5o LIVRES FRANCA-IS. Toccasion de passer rapidemcnt en revue les Iravaux scienti- fiques et litteraires des diflercns peuples. » Pariiii les Notices rcmarquablcs que renfernicnt les trois nouveaux volumes, nous pouvons citer : Turennc , par M. Mi- CHAUD jcune; Tiirgot, par M. Durozoir; Le J'aillant, par M. Eyries ; la duchesse de La Falllerc, par M. Hipjmlyie dc La Porte; Farron , par M. Daunou ; Fauban , par M. Musset- Pathay ; Fertot, par M. de Bakante; Flco, par M. Michelet; Fillars , par M. de Sevelinges; Fillers , par M. Staffer; le poete Fillon, par M. Villenave; Saint- Fincent dc Paul, par M. I'abbe de Labouderie; Leonard de Find , par M. Faliien Pillet; Fiolti, par M. Miel ; Firgile, par M. Tissot; les Fis- c.onti , par M. de Sismondi; le celebre antiquaire Fisconti, par M. Enteric HkViTi; Foiturc ct Fohiey, par M. Durozoir ; Folta, par M. Biot; A o/to/re, par M. Auger; ^05,9, par M.Viouier, etc. Cette galerie des personnages celebrcs de tous les pays et de tous les siecles fournit des sujets infiniment varies de lec- tures attachantes et inslructives, des lecons, des exemples et des modeles en tout i^enre : elle est ej^alement nwcessaire au sa- vant, a I'erudil et a rhomme du monde. Elle permet de com- parer les grands hommesentre eux, les nations etleurs progrcs; de suivre la marchc de la civilisation, etiidiee dans le caractere, dans les actions et dans les ouvrages de tous ceux qui out con- tribue a I'avancement des sciences et de la societe; d'observer et de recueillir les inventions , les decouvertes , les perfection- nemens, qui attestent de siecle en siecle I'activite perseverante, les recherches et les efforts de I'esprit humain pour etendre ses conqueteset son empire sur la nature. Elle rend a elle seule le service d'une grande bibliotheque, et elle a cette analogic parfaite avec notre Revue Encyclnpediqiic , que chaque Etat, chaque epoque historique, chaque division des sciences et de la philosophie , des arts industricls , de la litterature et des beaux-arts, s'y trouvent representes par desecrivains distingues et honorables qui font revivre et apparaitre devant nous les siecles ecoules , les empires detruits et les personnages illustres qui n'existent plus. Ce que la Biographie universclle a fait pour les terns anterieurs, nous tachons de le faire, d'apres un autre plan , pour notre epoque et pour nos contemporains , en of- frant successivement, mois par mois, et annee par annee , I'expose fidele des travaux les plus importans des hommes ins- truits et laborieux dans tous les genres et chez toutes les na- tions. M. A. J. 166. — * Biographic universclle classique, en un volume in- 8° : ouvrage entierement nouf, contenant par ordre alpliabetiquo .SCIENCES MORALES. ^Si riiisloire abregee des personnages celebres tie tous les pays et de tous les tems, des articles consacres a I'histoire generale dts peiiples, etc; par M. le general Beauv.vis et i\ne Societe dc gens de lellrcs ; revu, pour la parlie bibliographiqne, par M. Louis Barbier tils aine , des bibliolheqiies particulieres dii roi. — 6® livraison, contenant depiiis HOLL. jus(|ii'ii LOR.R. Paris, 1827; Ch. Gosselin. Les six premieres livraisons de cetoiivrage soiit en vente; trois aupliisreslent a publier; et I'ouvrage doit etre termine cctte annee. A la derniere iivraison sera joint iin Supplement Aes\\r\(i a compleler Touvrage et a rectlHer les er- reiirs coinmises dans le corps du livre, et qui n'auront pas etc de nature a necessiter la confection de noiiveaux carlons, ainsi qu'il est arrive pour les pages 265-268, maintenant rempla- <;ees. Prix de chacune des livraisons ( composee de 18 feuilles d'impression ou d'environ 3oo pages), 6 fr. surpap. carre sat,; S fr. sur pap. vel. sat. Un caractere d'utilite incontestable a deja assure des suf- frages unanimes a cet ouvrage que nous avons deja plusieurs foisannonce.il nous suffira d'indiquer ici la nouveile Iivraison qui vient d'etre mise en vente. Hatons - nous de reconnaitio toute la difficulte que , dans un cadre aussi resserre , devait presenter la redaction dune foule d'articles neufs dont cetto portion de I'ouvrage est enrichie. Tels sont ceux des person- nages suivans , dont les noms meritent d'occuper desorniais une place importante dans la galerie des celebrites de tous les ages : C. Jordan, Lacrctelle aine, Lamhrechts , le prince Le- brun, rediges par M. Lallement fils; I'historien russe Karam- sin, par M. A. de Butet ; le medeciii Jcnner , par le D*" Pichot; I'ex-empereur Iturbide , leroi de Portugal Jean VI , My^^Kriid- ner, le publiciste Jourdan , le comte de Lacepede , le savant Langles , le corate Lanjuinnis , le marquis de Laplace, le pein- Ire Leharbier , Lemontey , le statuaire Lemot , Llorente , etc., rediges par M. P. de Chamrobert. Ce n'est la toutefois qu'une faible partie des articles princi- pauxqueroidrealphabetiqueamenaitdauscette sixiernc Iivrai- son; et parmi ceux que, vu leur importance, ou a cm devoir traiter d'une maniere speciale, on distingue, entre autres , les suivans : parM. Amar: Homere , Juvenal; — M. le general Beau- VAis : Kleber, Kosciuszko, Lcclerc (le general ) ; — M. Bouillet : Kant, I^ibnitz , Locke ; — M. P. de Chamrobert : 7i/rt, I'ex- imperatrice Josephine , le comte Lally , la princesse de Lam- hallc , Ninon de Lenclos , et plusieurs articles d'histoire gene- rale, etc. , tels que Jerusalem, Leipzig, Lepante, Ligue, Lombar- die , Lorraine ; — M. V. Charlier : Horace , Julien-, Justinier. ; 29- 1^52 LIVRES FRANC AIS. — M. Ci.AiR : lis Lamoigitun , I' Hospital , etc. ; — M. lie Ca- LONNE : rarticic Italiti ; — M. Duviquet : La Harpe , Lehain ; — M. Lachapem.e : La Fo/ttainc ; — M. B. Maurice : Kepplcr , Lagrange , Lavoisier , etc. ; — M. Parisot : Lenglet-Diifresnny, Lcsagc , Linguct , Linnc ^ etc. II est troj) evident que la niesnre meme de son cadre est iiii des elemeus du succes de la Biographic iiniversclle c/assif/uc, pour qu'aucun moyen d'econoniie suit nej^lige parses auteurs, tl'ailleurs pieiiiement desinleresses ici de toule ambition litte- laire. En avancant dans leur travail, ils en ont vu le plan s'e- tendre progressivement ; mais c'etait une chose inevitable. Qn'ils continuent a ne rien omettre d'indispensable , s'astrei- ^nant toujours a la raeme precision dans I'expose des matieres que le livre comporte, a la raeme reserve dans ie choix des details; et, loin d'encourir les recriminations de leurs nom- breux souscripteurs, ils acquerront un litre de plus a leur es- time. C. J. 167. — * Eplicinerides classiqucs , prescntaut , jour par jour, les evencmens principaux de I'histoire universelle, etc., par MM. A. Boniface, D. Levy, Marquis, prolesscurs. Paris, 1827; Pillet aine. 4 vol. in- 12; prix, 12 fr. Ce n'est pas une idee nouvelle que de ranijer ainsi sous la date de cliaque jour de Faunec quelques- uns des evenenieus les plus reniarquahles de I'liisioirc aucienne ou modornc, dont lepoque precise pent etre lixee, et d'en laire successivement le recit, sans observer d'autre ordre que celui du calendrier. II est vrai qu'on pourrait examiner si cet ordre ne resscmble pas un pen trop au desordre, et si les inconveniens de cette disposition purement fortuite sont reellement compenses par ses avantages ; mais il suflit dc rappeler que plusieurs tenta- tives de ce genre ont merite un certain succes, que les suffrages publics semblcnt encourager les auteurs qui se livrent a la re- daction de CCS recueils , et quil sera toujours bon de multi- plier, sons toutes les formes, les movens d'instiuction. Aujourd'hui surtout que d'habiles instituteurs, sachant quels livres conviennent a la jeunesse, et se defiant de la facilite dangcreuse de compiler, ont renferme dans de justes bornes un plan qui embrasse tons les siecles et tons les peuples, se sont impose un choix severe entre tant dc fails si diversement juges, el se sont appliques a offrir, dans leurs l.ibletleschrono- logiques, un cours de morale en action, il est impossible de ne pas reconnaitre I'utilite d'un ouvrage qui, en pcu d'espace, a pen dc frais, fournira pour chaque jour, aux enfaiis des deux sexes, une lecture instructive et variee. Yoila ce qu'onl desire. SCIEINCES MORALES. !tU3 a ce qiril sciublc, MM. Boniface, Levy ot Maiquis, loiiiuis tous tiois, surtout Ic premier, par de savanles recherclies grammaticales ; ct si tel a ete leurvcien, hatons-nous dc dire que ce voeii ist houoraijlcment renipli. Mais, comme Icurs hphemeridcs doivent etre desormais comptees au nonibre des meilleurs reciieils elenientaires , et peuveiit passer pour uue sorte de manuel liistorique, et comme dans un tel livre, dans un tel genre, I'exactitude est la premiere loi, ne craignons pas dc leur prouvei-, par qiielques observations critiques et meme minutieuses , avec quel soin nous avons lu leiu' ouvrage, et combien nous apprecions I'importance de la destination qn'ils lui donnent. Convaincus mieux. que personne de la difliculte de ces travaux , ils ne seront pas etonnes qu'un petit nombie d'imperfections aient echappe a la sevciite de leur savoir et de leur gout. II en est dont il ne faut accuser que leur imprimeur. Ainsi , torn. I, pag. 1/4 : "Altera alterius robor, » pour robiir. Pag. 98 : « Turgot , Malesherbes et Necker, vouluront fravailler a la reforme des abus par des lois moderncx. » Il faut lire pent-etre , nwdereea. Pag. 248, on trouvc M. Triton , au lieu de BI. Ttton , si connu par son Parnasse ; pag. 283, un conte du page , ])our un conte du Fogge ; tom. iv, pag. 64, dispersenient, pour dU- persion , etc. Si nous osons iaire au.'i auteurs eux-meaies un on deux re- l)roches, c'est, d'abord, de n'avoir pas garde assez de pro- portion entre leurs diverscs notices; c'est, ensuite, de s'etre contredits ca et la dans leurs idces et leurs doctrines. Les juge- mens litteraires, peut-etre a cause de leur brievete tranchante, paraissent quelquefois injusles. « 18 fevrier i654. Mort de Balzac , prosatcur ampoule. » N'avaient-ils pas quelque autre <:hose a dire de Balzac ? lis ont , en general , trop de confiance ilans les opinions toutes faitcs, une critique trop superficielle. Quant a Balzac, les gouts sont libres ; mais au moins no fallait-il pas le faire mourir deux fois, et repeter encore, au 28 fevrier, Mort de Balzac. II y a ici quelques erreurs du meme genre. Le style meme , qui devrait etre irreprehensible , puisque I'ouvrage est de trois auteurs qui tiennent, dit-on, le sceptre de la grammaire, le style est (juelquefois singulicr. Ton), i, pag. 49 : ■ J'ouvrc Homere, le Tasse ou Milton, et une seulc sensation, me preserve dc tons les systcmes dc La Mottc ct de Fonte- nellc. " On voulait dire probablcment, une seulc emotion. Presque partout, I'liistoire ancicunc est ici beaucoup trop negligee. Le lonie troisieme commence par ces mots : « .Iiullet vient du latin Jidias , .surnom dc Cesar. « C'est Julius qui est 454 L1VR.es FRANCAIS. le nom do famille, et Cesar \e siiniom. li est juste, d'anieurs , d'appliiudir a la predilection des auteurs pour I'histoiie ra- tionale : les uoms de saint Louis, de Louis XII, de Henri IV, revienncnt sans cesse dans leurs archives, et sans ecssc on aime a les vencontrer; toutc I'liistoire niodcrne occupe memc line place suffisante dans cette enumeration rapide des evene- mcns, subordonnee au hasard de leurs dates; inais I'antiquite y est presque nuUe, et cependant ces Ep/iemerulcs , d'apres ieur titi'e, devraient etre unwrrselles. II est a croire que les dates ]>recises ont manque : c'est iin des malhc^^■s du plan que les auieurs ont clioisi; le plus i;rand evenement n'est rien pour eux, quand ils ne savent pas exactement le jonr ou il s'est passe ; et comnie les anciens n'attachaient pas assez de prix a ces details chronologiques, ils cedent la place aux modernes, qui ont eu soin de dater ; les Homere, les Sesostris disparaissent devant le plus mince ecrivain, le plus petit liomme d'etat, parcc qu'on sait le jour dc; sa naissance , ou du moins celiu de sa mort. C'est ainsi qu'on chercherait en vain , dans ce repertoire historique, plusieurs fails memorables qui valent bien I'insti- tution des Freres-mineurs ou I'incendie dc I'Opera, dont il transmet ia date et le recit a la posterite. Peut-etre alors valait-il mieux exclure totalenient I'liistoire grecque et I'liistoire ro- niaine : inie omission complete aurait ete moins choquante que cette disproportion a laqi\elle les auteurs etaicnt eondamnes. On doit regretter aussi qu'ils n'aient pas eu I'idee, ne fut-ce que pour retablir I'equilibre, de rediger en quclques pages une Table chronologiqae ^enerale , lien necessaire entre tons ces souvenirs epars. L'imagination , fatiguee de lant de faits que separent de si longs intervalles, a besoin d'un fil qui la guide a travcrs cet immense labyrinthe. Malgre ces observations et toutes celles que Ton pourrait faiie encore, le merite dc I'ouvrage n'est point douteux. Les petes de famille n'ont pas meme besoin qu'on Ieur recommande un livre qui porte en tcte le nom de M. Boniface, connu depuis long-tems par ses traites didactiques , et par ses incontestables sueces dans renscignemcnt elementaire : avec la garantie d'un tel nom, ils peuvent etre surs, lorsqu'ils feront present des Jtphcmerides a leurs enfans, de Ieur mettre entre les mains un livre toujours agreable et toujours utile. J. V. Le Clerc. Litteralurc. J 68. — * Principes generaux da la Grainniatre , ouvraj^a propre a etre mis entre les mains des enfans, par M. Lexer- LITTERATURE. 4^5 tli^v^ , scconcie edition. Paris, 1827; I'auteur, rue du Val-de- Grace , 11° i; Delalain. In- 12 de iv ct 92 pages; prix , 76 c. 169. — Grainrnaire latine , troisieme partie ; par le menie. Paris, 1827 ; I'auteur, Delalain. In-12 dc 65 pages; prix, avec les deux premieres parties , 1 fr. 5o c. ; seule , 90 c. Ces principes generaux de granunaire contiennent , sous un tres-petit volume , ce qu'il y a d'indispensable a savoir dans cette science. La premiere partie traite des mots consideres isolement ; la seconde , de la syntaxe ou de I'arrangement des mots cntre eux pour former les phrases ; la troisieme, de I'ana- lyse. Nous avons fait connaitre (voy. Rep. Enc. , X. xxxi , page 764) le plan siiivi par M. Leterricr dans sa premiere Gram- maire francaise ; il a fait dans celle-ci quelques changemens: ainsi , il a transporte I'etude des terminaisons des mots va- riables dans la premiere partie. Nous avons dit que Dumar- sais formait avec les desinences les preliminaires de la syn- taxe, et il nous semble en effet que la variation dans les mots declinables est plutot une propritite syntaxiqne qu'une qua- lite appartenant au mot isole. Nous avons aussi un i-eproche a faire a Tauteur sur le litre qu'il a choisi , et qui semble indi- quer que son livre traitera de grammaire generalc , taudis qu'il ne s'occupe , dans scs principes et dans ses exemples , que de la langiie francaise ; mais cette observation ne tombe que sur le titre : elle n'empeche pas que sa maniere de pro- ciider ne soit aussi claire que facile , et ne doive etre avanta- geuse a ceux qui la suivront. Nous n'avons qu'un mot a dire de sa troisieme partie dc la grammaire latine ; ce n'est , comme le dit I'auteur, que le de- veloppemenl de la syntaxe. Nous avons vu qu'il avait compose cellc-ci de dix regies simples et lumineuses. II ramene a ces principes les phrases qui, par ellipse, ou par toute autre figure de construction , semblent presenter une anomalie ; cest done une etude et une explication tres-simple des latinismes les plus usites. Elle devrail etre naturellement suivie de la maniere dc rendre en latin les gallicismes les plus ordinaires ; et c'cst I'objet de la seconde section de cette troisieme partie, qui repond , mais en la simplifiant beaucoiip , a la partie de la Grammaire de Lhomond , connue dans nos colleges sous le nom de Meihodc. 1 70. — * Diclionnaire clnssique de la lan^ue francaise , avec des exeinplc: tires des meilleurs auteurs francais, et Aes. notes puisees dans les manuscritsde Rivarol; public et mis en ordre par qnatrc professeiiri; de l' Univcrsite. Paris, 1827 ; Brunot- Labbe; Baudouin. In-8° d'cnviron 1000 pages, pour paraJtn" 456 LIVRES FRANCAIS. en six livraisous. Premiorc livraisDii, A — CAP, df x el i(io paj,'os, a trois coloiinos; prix, 'j, I'r. Nous rovienclrons sur cot important oiivrage lorscjue toutes les livraisous auront ett' puhlict's. Contetitons-noiis dc dire au- joiird'hui qu'il seinble devoir IVniportcr sur tous les diction- naires en usage, par Ic nonihre des mots, par la clarte dcs definitions, la correction du langage, ct la citation de phrases prises dans les bons auteurs ou dans la conversation : ajoutons tpie tous les arts , toutes les sciences y trouveront la nomen- clature qui leur est propre; puisque, selon la promesse des auteurs, cet ouvrage doit conteuir : i" tous les mots de la langue avec lours definitions , lours diverses acceptions au propre et au figure; 2° les expressions et les locutions fami- liercs, populaires, proverbiales , poetiques et du style sou- teiui, les synonyines et les conlraires; 3° les termes de matlie- maliques, d'astrononiic, de physique, de chimie, d'histoire naturelle, do botauique, de mineralogie, etc.; 4° l«?s termes de droit, de medocine, de littoralure, de poesie, de grammaire, de geographie, etc.; 5° les teriuos, d'architecture, de scuplture, de peinturo, de mecaniquc, d'art militaire, de marine, etc.; 6° les termes de commerce, de manufactures, de f'abriques, d'agriculture, d'oconomie rurale, etc.; 7*^ les termes des diverses proCessions et des divers metiers; 8° les termes nouvellement admis, qui ne se trouvent dans aucun dictionnaire. Aussi le nombre des mots doit-il otreporto a pros de soixante mille, tandis que dans la plupart de uos lexiques il ne s'eleve pas aux deux tiers. Nous annoncerons successivement les livraisous k mesure qu'ellesnous scront envoyees. 171. — Dictionnaire de poclie de la langue francaisc , redige d'apres rAcademio , par P. A. de Lanneau. Paris, 1827; Baudouin. In-32 de iv et 453 pag., a deux coloimes; prix, 3 fr. I/auteur a voulu mettre sou ouvrage entre les mains des jeunes gens des deux sexes; il a done exclu absolument tous les termes indecens qu'on retrouve dans des dictionnaires plus complets, mais qui auraient deparo le sien : il a voulu en Jaire un ouvrage olomentaire , et il a rctranche la phqiart des mots entierement vieillis , ou qui se rapportent a des clioses qui sont tout-a-fait hors d'usage, conuuc le blason, la feodalite, etc. Au moyen de ces retranchemens ct de quelques autres, il a pu etre complet et exact, quoique sous le plus petit format et dans un nombre de pages tres-limite. Noanmoins, on ne pout se dissimulei^ que le besoin continuel de mettre dans unc tlenii-ligne in-32 le mot et sa definition , I'a enfraine quekjuc- Ln^lERATURE. 45-; Ibis a dos definitions obscincs ou insiiftisantes. Ce petit ou- vraj^e ne I'era done pas connaitre , niais il rappellera, et de la maniere la plus commode , le sens de prcsque tous les mots de notie langue : sous ce lapport , il doit etre d'luie utilite incon- testable. 172.. — Des Jigurcs clii cliacours aiitrcs que les tropes; par BI. FoNTANiER. Paris , 1827; Maiie-Nyon. In-12 de viii et 356 page; prix , 3 fr., et 4 fr. par la poste. Ce nouvel ouvrage de M. Fontanier est la suite et le com- plement da Manuel des tropes que nous avons annonce I'annee derniere (Voy. Rev. Erie, t. xxx , p. 812.). Fait sur un plan et dans un but analogues, il doit offrir les memes qualites et les niemes defauts : en effet, c'est un fort bon ouvrage pour celui qui veut etudicr i\ fond la science granunaticale , puisqu'il offre la nomenclature et la classification complete des figures; mais quel terns ne faudra-t-il pas aux eleves de nos colleges pour classer dans leur memoire les trois cents pages destinees a faire connaitre onze figures de construction , seize figures d'elocu- tion , vingt Qgures de style , seize figures de pensees , et sept autres formes de langage que M. Fontanier retranche du nom- bre des figures; d'ailleurs , plusieurs d'entre ellcs component des subdivisions que nous ne pouvons meme pas indiqiier ici. On devra convenir toutefois que M. Fontanier, en adoptant, dans sa classification , un ordrc rigoureux et logique , a beau- coup diminue les difficultes rnneinonuiues que presentait le sujet. Mais le vice radical subsiste toujours, et son ouvrage, comme I'auteur I'avoue tacitement dans sa preface, ne de- mande pas moins que les deux annees de scconde et de rhoto- rique pour donuer la connaissance des figures de mots et de pensees , ce qui ne fait qu'iine petite partie de I'elocution, qui n'est elle-meme que le quart de la rhetoricjue, latiuelle a son tour est certainement la plus petite et peut-elre la moins im- portante de nos etudes de college. On peut done avancer que des etudes philologiques , concues dans cette proportion , n'exi- geraient pas moins d'une viugtaine d'annees de travail assidu; et par consequent, le nouvel ouvrage de M. Fontanier a le de- faut de n'etre aucunement en rapport avec les etudes que nous imposons a la jeunesse, et le terns qu'elle peut y consacrer. Aussi , je n'hesite pas a regarder comme la partie la plus utile de ses deux traites , les deux resumes par lesquels il les ter- mine : resumes qui, appris par coeur apres la lecture attentive de ses ouvrages, donneront aux eleves une connaissance suffi- sante des formes qu'admet le langage figure. B. J. I7.>. — * Atlas liistovifinc cl clironologiquc des llltcratitrcs 458 LITRES FRANCAI5. finciennes ct mndcrnes , e/es sciences ct firs beaux-arts , d'apre* la methodc et sur le plan de I'atlas do A. Lesace (conite dk Las Cases) , ct proprc a en former le complement, par A. Jarrt DE Mangy, ancien elevc de I'Ecole norniale , ])rofesseur d'his- loire dc I'Academie de Paris. Y^ livraison. Paris, 1827; Jules Renouard. Un cahier contenant 7. planclics in-fol.; prix, 8 fr. ]\ous avons , dans on de nos precedens cahiers, expose Ic plan et I'csprit de cctte sorte d'encj^clopedic en ta- bleaux synoptitjucs ( Voy- Rei'. Enc. , t. xxxtii, p. 8o5), et nous regrettions de nc pouvoir cntrer dans quclqiies details relal'ivement aux livraisons deja publiees. Animc par ini succcs dignc de ses efforts, M. Jarry de Mancy, tout en donnant d'autres publications d'apres le meme systeme, telles que son Tableau hislorique de FEcole polyteclinique , son Jtlas constitntionnel , etc. , nc laisse point en arriere cette en- Ireprise monumcntale qu'il a consacrcc a I'histoire universelle de la littcrature , d(;s sciences et des arts. Deja nous possedions ses tableaux de I'liistoire des langues , de la geograpliie , des litteraturcs grecque ct latine , et des academics. En attendant que ces diverses parlies recoivent de rensemble leur plus baut detirc d'inttret, on peut trouver asscz d'occupation et de plaisir a Ics considerer isolcmcnt : car chacune d'elles cmbi'asse tout un borizon. L'un des deux tableaux dont se compose la livraison nouvcUc est consacrc a la litterature francaise pen- dant le siecle de Louis XV, de 17 16 a 1789 ; I'autre, a la litte- rature itallenne tout entiere : nous les prendrons pour exemyjles de la methode de I'autcur, quoique cette methode se modifie neccssaircment , selon la nature des objets auxquels elle s'ap- pliquc , et quelle se montre plus ingenieuse dans les parties oil il importe plus dc diviser ct de reunir des genres et des especes, que de grouper, eomme dans ccUes-ci , de grandes masses de fails et de noms propres. Des colonnes nombreuses et serrees dontFaspect scrait confus et fatigant, malgre ia per- fection des formes typographiques , sans le secours des cou- leurs diverses qui les delachent vivement les unes des autres , presenlent , dans le tableau de noire xviii« siecle litleraire , d'un cote les poeles , de I'autre les ])rosateurs. L'epoque de la publication de I'Encyclopedie (i75i) divise I'ensemble en deux periodes a pen pres egales , mais reellement differentes d'esprit et de caracterc. Cbaque nom d'ecrivain est au nioins precede de la date de sa mort et de la designation de ses principaux ouvragcs. Ceux d'un mcrile plus eminent portent aussi la date de leur naissance, leurs principales circonstances biographiques , et une lisle plus complete de leurs productions. I LITTERA.TIIRE. 4^9 dans I'ortlrc chionologiqiie. Des tables alphabetiques font re- trouver a I'aide des dates , chaqiu- nom a sa place dans ces fasles litteraires. Au centre, le grand nom deVoLTAiREOccupe a lui seul une imposante colonne , mi-partie de poesie et de prose, snrniontee d'un sommaire de sa vie. An has, on lit les litres de cinq de ses ouvrages briiles par Ic bonrreau , de i 784 a 1776. A droite et a gauche du tableau sent places, d'une part , la cliroiiologir coinparee de I'histoire litteraire et de I'his- toire politique; de I'autrc, une esquisse elegante de cette meme histoire litteraire (extraite du discours dc M. Jay, couronne en 1810 par I'lnstitut) , et de I'etat des lettrcs en France au commencement de la revolution ( discours de M. Victoria Fabre, couronne en meme tems que le precedent). Observons le soin attentif avec leqiiel sont recueillies dans la chronologic com- paree les epoqucs les plus propres a caracteriser les diverses phases de I'esprit public et de I'esprit litteraire du siecle passe, et celles qui, en le rattachant au notre, font cependant pres- sentir pour cclui-ci un caractere particulier, et des destinees toutes nouvelles , savoir les annees de la naissance on des pre- miers travaux des hommcs les plus eminens de notre xix® siecle. Le tahlcnu histori't/iie de In litterature itallcnne embrassc dans un systeme semblable tons les siecles de cette litterature , depuis le xm«, epoque de sa naissance', jusqu'a nos jours. La poesie et la prose forment deux larges colonnes; I'entre-deux est rem- pli par une table niethodique des ecrivains dont il y est fait mention, et par un supplement pour tons ceux d'un ordre in- ferieur qui n'ont pu y trouver place. Sur les cotes sont dispo- sees dans le meme esprit d'utilite diverses listes chronologi- ques , offrant sous un meme regard la serie des evenemens litteraires et politiqucs , celle des papes , celle des fondations universitaires et academiques ; enfin , une esquisse rapide , mais bien tracee, des diverses periodes de I'histoire des lettres en Italic. L'indication des ouvrages a consulter sur cette his- toii'e , et celle des meilleures traductions francaises d'auteurs italiens, completcnt ce tableau, dans lequel on reconnait ainsi que dans lis autres, a une multitude de details, la presence d'un bon maitre et celle d'une bonne niethode, c'cst-a-dire , qu'a travcTs les etroits compartimens dc toutes ces formes ma- terielles, on voit percer sans cesse I'interet qui doit s'attacher aux choscs memcs. Quelques inexactitudes , echappees au mi- lieu de ces innombrables details , devraient pcu surprendre : nous n'en releverons qu'une senle , relative au poete satiriqup Jnt. Finciguerra , de Venise (xv^ siecle) , qui a ete place par /,6o LIVRES FRANCAIS. int'prise parini los prosatcurs. II n'a etc public tic eel ccrivaiii t]ue quclqucs satires en vers , d'uu style un peu suramie , iiiais qui sont peut-etre, apres celles de I'Arioste , les ineilleures productions en cc genre de I'ltalic niodcrne. V — o — r. 17/1. — Resume de la litti'raturc ancknne ct niodcrne, par Canulle Turlks; faisant partic de V Encyclopedic porlntivc. Paris, 1827; ail bureau de rFncyclopedie portative , rue du Jardinet, n" 8; et rue Taitboul, u" 6. In-i8 ; prix, i fr. 5o c. M. Camille Tories s'cst deja fait connaitre dans le monde litleraire par la Vic uU'alc ; cet ouvrage revele une imagina- tion brillante ct un talent flexible , qui , perfcctionne par I'etude, pourrait s'elever a dcs productions reiiiarquables. Le meme ecrivain public aiijourd'hui un abrege dc I'Histoirc lit- leraire (faisant panic de I'utile entreprise dirigeeparM. IUili.y i>E Merlieux). Le style de M. Turles a de la clarte, de I'ele- gance et de la precision ; niais ses jugemens sont , en general , peu motives. On sent que I'cspace lui mancpiait pour donner a son opinion les developpeniens qu'il aurait aisement trouves dans son instruction solide et variee. .Son abiege n'en doit pas mollis litre considere comme un travail estimable, dont Tcxe- cution fait honneur au merite d'un jeune ecrivain appele a obtenir des sncces plus importans. L'interet qu'il inspire nous oblige de I'inviter a se delier de I'impression que lui onl laissee certains pri^'uges sur les ancieus et les modcrnes philosophes. Dans un age plus mur, il rectifiera, sans doutc, le jugement leger qu'il pnrte sur nofre Voltaire. II est pennis dc signaler les defauts des grands hommes ; mnis la critique alois observe les limites tracees par le sentiment des convenances. M. Turles fait preuve de trop de gout pour ne pas reeonnaitre lui-ineme que c'est un devoir envers le public d'aborder avec respect les objets de sa juste admiration. P***. 175. — LeUres sur les fahuUstes anciens et nioderncs ; par M. Jauffret. Paris, 1827; Pichon-Bechet, quai des Augustius, n° 47' 3 vol. in-12; prix, 9 fr. , et 11 fr. 5o c. par ia poste. Cetait une idee heureuse et >me entreprise utile que celle de rassembier dans un recueil des notices historiques et des observations critiques sur les fabulistes anciens et modernes , pour en former une espece dc poelicpie de la fable. M. Jauffret, place lui-meme d'unc maniere assez avantageiise parmi nos fa- bulistes modernes (Voy. Rev. Enc, t. xxxii, p. 487-/190, I'an- nonce de la 2"'<" edition de son recueil ), et qui s'etait occupc ■ depuis long-tems de rccherclies sur cc sujet, semblait nous fl offrir les garantics desirables pour I'execution dune telle arce qu'en effet un grand nouibre de ses decisions sont empruntees a nos critiques ancicus et moderncs : et ce n'est pas ce tjue nous tlamons; car dans les lettres, conime dans les sciences et dans les arts, les preceptes generaux, quoicju'en disc une ecole nio- derne qui a la pretention de vouloir tout renverser, doivent se deduire d'observalions suivies et de I'expsrience des siecles. Mais celui qui cnlreprcnd de recueillir ccs pieceptes doit s'appliquer a les coordouner et a les reunir en corps de doc- trine; ctc'est ce que n'a pas fait avec assez de soin I'auteurdes Lettres sur les fdhidistcs anciem ct niodernes, qui se borne sou- vent a Iranscrire, en les nommant, les arrets de nos Aris- tarques modernes, ou cecpii devicnt plus blamable, a les copier litteralement, sans iudiquer les sources, ce que nous ne crayons permis dans aucun cas. Terminons par une derniere observation, que nous avons deja ete u nieme de faire en rendant coinpte du recueil de fa- bles de M. Jauffret. Partisan declare de I'ancien etat de choses, par des raisons dn leste fort respectables, il ne manque guerc ('occasion de s'elever contrc celui qui s'est etabli, a la fin du siecle dernier, en affeetaut toujours de confondre les crimes et les erreurs de cette epoque avec les besoins nouveaux de la nation, reconnus par toutes les constitutions qui ont regie de- puis les destinees de la France, avec les voeux desinteresscs des hommes sages et les actes de vertu, de coiuage et de de- voument qui, dans ces grandes commotions, sortiront toujotns du sein d'une nation genereuse , comme pour protester contre les exces qu'elle deplore ct desavoiie. U ne manque pas I'occa- sion surtout de s'en prendre de tons nos maux a cette philoso- phic, si long-tems et si injuslement calomniee, et qui perdrait son nom si les fautes qu'on lui attribue n'etaient pas plutot celles de ses cnnemis les plus acharnes. M. Jauffret a ecrit ses Lettres , en 181/J ; il a cru devoir y meler, assez mala propos LITTfiRATURE. ^63 selon nous , les impressions que les evenemens de cette epoque avaient produites sur son esprit; il nous donne enfin son opi- nion en politique, quand on ne pouvait exigcr de luique son opi- nion sur les fabulistes anciens et moderncs. Mais, voyez ou cette profession de foi du citoyen peul condnire I'liomme de lettres. En pariant de Lamotte ( Tome ii, p. 128 ), M. JauftVef franscrit sa fable des ^/.ic///cj, qui, dit-il, coiitienl uric forte le- cnn, que le moment present rend encore plus remarquahle. Dans cette fable, il est dit que la clemencc Est le malheur du peuple ct la houte du roij Et I'on ajoute : C'est par pitie qu'il faut 6tre severe; Qui punitbien a bien nioins a punir. Pour le present hiimeur trop debonnaire Est cruaute pour I'avenir. Or, si Ton ne pent inculper I'intention de Lamotte, qui n'a voulu que devclopper un precepte general de morale, en est-il de mcme de I'application directe qu'en a faiteM. Jauffrct, ap- plication qu'il s'est attache a rendre plus positive encore par les reflexions dont il I'a fait preceder? Le ministere des poetes nc doit-il pas etre d'eclairer, et non d'embraser, d'adoucir les moeurs, et non d'exciter les passions ? E. Heeeau. 176. — * La Guzla , ou Choix de poesies illjriques , re- cueillies dans la Dalniatie , la Bosnie, la Croatie , et I'Herze- gowine. Paris et Strasbourg , 1827; Levrault. In-12 de 257 pages ; prix , 4 fr. Le titre de ce recueil a besoin d'une explication. La guzla est une espece de guilare monocorde dont on joue avec un archet; c'est I'instrument favori des aveugles et des pauvres vieilUirds qui parcourent I'lllyrie en chanlant des ballades qu'ils ont apprises par cceur, et que parfuis ils improviscni. Aux environs de Raguse, sur toutes les cotes de la Dalmatie , dans la Morlachie , il n'y a point de bonne fete sans joiieur do guzla. Des que ce personnage important paraJt , il est entoure de tons les jeunes garcons et de toutes les jeunes lilies : c'est a qui sera le plus pres de lui. Quand il a liiii sa chanson , il s'en remet pour son salaire a la generosite de scs auditeurs. Souvent il s'interrompt , par une ruse adroite , au moment le plus interessant , et leve une contribution sur les curieux qui altendent impatiemment la (in de I'liistoire. Ces chants ont un caractere tres-origin;d , et dont on ne pent guere dormer I'idee. Moins nobles , moins austeres que les chants grecs , ils 464 LIVRES FRANCAIS. sont peut-ctic phis spirituals vl pins vifs. ToutPs les supersti- tions tie rOriont s'y relionvi-nt : ie mauvais a-il ties Giecs an- cicns ft niodcrnrs ; la croyancc aux vampires, aux esprils , anx sorts. L'aiitcnr tlo ct'tic traduction a rccuoilli lui-nK'mc la plnpart de res ballades dans Ics provinces illyrirjnes on il a lon^-tcnis habitc. Sa mere otait une morlacpie ile Spalatro. II a donne, dans unc introductioit et dans des notes , dcs souve- nirs pleins d'interet , et qui ont d'antant plus de charme qu'il ne s'y niele pas la moindre pretention. Ce volume ne conlient qu'une tres-petile portion de la litterature populaire de cos contrces, qui est d autant plus riclie et variee, que chaqiie peuple a ses moeurs , son accent a part , ses legendes et scs traditions. L. Svp. B. 177. — OEtwres poetiques dc George Canning, premier nii- nistre de S. M. B. ; traduites en vers francais (textc en rei;;ird), et precedees d'linc Note siir sa vie ; par M. Benjamin La Rochk. Paris, 1827; Dondcy-Dupre. In- 18 de i85 pai:;es, avec Ic portrait de I'autcur; prix, 3 fr. 5o c. Il y aeu deux hommcs dans M. Canning. L'unetaitjcune, ar- dent, ambitieux, aspirant aux richesses et an pouvoir , et, sous I'influence de ces deux passions, servile admirateur dcs mi- uistrcs et vigourcux champion des bancs ministericls. Recher- cher quelle pouvait etre la mesure de sa consicuce quand il prostituait ses talens sur les voies de M. Pitt, qu'il sc declarait i'enncuii de toutes les nations hors la nation anglaise, (|u'il con- seillait la desastreuse expedition de AValcheren et renlevement de la flotte danoise contre la foi des traites, ce serait faire dou- ter de sou retour a unc franche loyaute, lorsqne, parvenu an but ou tendaient ses desirs, il snivait courat;eusemcnt unc route opposee a la premiere. Cette seconde periode dc la vie de M. Canning, cette nouvelle personne qui a remplace I'cleve de Pitt, est la seule qui puisse attirer nos homniages et valoir nos respects. L'homme d'etat s'etait forme au sein nieme de la corruption. Il avait trop d'esprit pour no pas considerer sons leur veritable point dc vuc les intcrets des nations et Icurs me- rites divers, et il avait compris les conseils de la sagesse et de rhumanite. Ce Put alors qu'il eut le courage de prendre parti poiu- la reine d'Angleterre, qu'il se prononca pour I'emancipa- tion, et devint favorable a la rcforme parlemeutaire ; et si, depuis, il n'a pas fait pour le salut de la Grece tons les efforts qu'on avait droit d'esperer, il a du moins, avec luie resolution pleine d'energie , participe a la reconnaissance des rcpuBliques du Nouveau- Monde, et soutenu en Portugal la cause des Etafs constitutionnels et cellc dc la civilisation. L'edificc dont il a LITTERATURE. 4fi5, pose les bases n'ctait point aclieve quand la mort est venue I'atteindre; niais, si I'explosion de la revolution politique du cabinet de Londres est due a son ijenie , elle ne depend pas uniqiiement de sa personnc : elle se preparait depuis long-tcms, et sc trouvait dans la volonte des masses, aussi bien que dans eelle de quclques individus puissans. Le systeme de ce minislre ue sera done pas abandonne; des acte.s solennels remplaeeront incessamment les theories, et il aura la gloire de les avoir eul- tivees pour I'Europe qui en reeueillera long-tenis les fruits. Il nous scmble que eette portion de renommee suflisait a la memoire de M. Cannint;, sans qu'oa allat dcterrer, parnii It-s peches de sa jeunesse , des vers froids quoique corrects, ou Ton ne retrouve rien de ce qui constitue le charme de la pot'sie, au- cun de ces mots qui penetrent au fond de I'ame , aiicune de ces pensees qui Televent et l'a{,'randissent. M. Canning calom- liiant J.-J. Rousseau, Condorcet, M™<-- Roland, M™\le Stael, le savant jurisconsulte Merlin, I'honorable general Lafayette, alors dans les cachots d'Olniutz ; M. Canning s'attaquaut a toutes les vertus, comme AValter Scott a toutes les gloires, n'est pas sans doute I'homme d'etat dont la sagesse devait fixer les destinees du monde. On aurait du laisser dans I'oubli ces deplorables elucubrations d'une epoque eloignee et oubliee. Comment I'ecrivain spirituel qui s'est cree la taclie de les tra- duire en vers ne s'est-il pas apercu que les Notes dont il a ele oblige de les accompagner , ne tendaient qu'a fletrir d'un nom odieux I'homme dont il reproduisait soigneusemcnt les pensees? Car, si toute la vie de la plupart des personnes attaquees par M. Canning n'offre, comme le dit le traducteur, qu'une haute et continuelle lecon de vcrtu et de morale, de quelle epithete doit-on qualifier le pretendu poete qui s'est complu a les cou- vi-ir d'opprobre? Et comment a-t-on le triste courage de rcs- sasser soi-meme de degoutantcs injures, pour les reproduire sous des formes elegantes, lorsqu'on n'y est pas force? Nous aurions lieu de nous affliger si le jeune ecrivain qui a tropbien traduit les versde M. Canning trouvait nos reflexions severes; car il possede assez de talent pour etre digne d'en apprecier la justesse. Mais il s'est laisse entrainer a I'eclat de la reputation du ministre defunt , et ne s'est point sou- venu que le fils respectueux de Noe s'etait hate de cou\Tir d'un voile la faute ou I'erreur du patriarche. Nous devons rendre d'ailleurs une complete justice a M. de La Roche; ses vers, fails avec soin, out de la force et de la tournure; phi- sieurs meriteraient qu'on les citat; et nous recommandons snr- tout le morceau sur I'asservissement de la Grece. II est bien T. XXXV. — Aout 1827. 3o /.(J6 LIVRES FRANCAIS. pcnsL', purcment tcrit, vl il annonce que le tradncfeur aura droit i\ tous nos cloyos, tics qu'il voudra produire au grand jour ses propres coniposilious. R. J/S. — * OEuvics (Ic M. A.-V. Arnault, de Tancien Insti- tut de France. T. I ct II : CiitiqiifS pliihisophkjucs ct lUteraires. Paris, 180.7 ; Hector Bossange , quai Malaquais. 2 vol. iri-8° ; prix, 14 fi". (Voy. I\a>. Enc, t. xxv p. lybj i'annoiicc des pre- miers volumes de ectte collection.) 179. — * Fables (le M. A.-F. Arnault. Paris , 1827 '■> Hector Bossange. 2 vol. in-i8; prix , 6 fr. Le brillant debut de M. Arnault lui merita une place ties- dislinguee dans uotre liltcrature : bien jeune encore, il pro- mettait beauconp, et il a tenu ce qu'il avait promis. Tiente annees de succes dans des genres dift'erens lout eleve au pre- mier rang parmi les ecrivains dont le rare talent et la haute pliilosophie ajdutent un nouvel eclat a la patrie des Corneille, des La Fontaine et des Voltaire. Poete, publiciste , historien, fabidiste , M. Arnaidt s'est monire egalenient heurenx dans ses travaux nombreux et varies; il public aujourd'luii redilion complete de ses oeuvres, et Ton yremarquc avcc un vifinteret !es productions recentes dues a I'activite d'un talent etiucelnnt de cette verve puissante qui semble I'oidinaire altribut du jeune age. Ce noble veteran de la litterature ofiVe le touchant spectacle d'un pere illustre , partageant avec un lils, deja celebre, les palmes que la Muse Iragique leur offre en meme terns. Comme la plupart des homines superieurs, M. Arnault a cxpie sa gloire par une longue adversite. Ami de sa patrie, i! a gemi loin d'elle; citoyen vertucux , il a snbi les attaqncs de la calomnie. Mais le malbeur, quiamollit encore les ames faibles, retremjie les esprits eleves. C'est dans I'cxil, c'est dans les in- tervalies de ses souffrances et de son anxiete, qu'il a compose les ouvrages les plus empreiuts de force, de chaleur et de ve- rite. Parmi ces dernieres productions, on remarque surtout la tragi'die de Gidllaume dc Nassau. L'auteur de Martits et des Venitlens semble sc surpasser lui-menie , en joignnut a I'interet des situations, a la verite des caracteres , la noble elevation des sentimens patriotiques d'un prince ami de la justice, et qui n'aspire au pouvoir que dans I'interet de sa patrie ; daus cette piece, Time des plus remarquables de notre epoque , l'auteur s'est montre tout entier, c'est-a-dire , poete, philo- sophe et citoyen. Deux volumes de la collection des oeuvres de M. Arnault contiennent, sous le simple litre de mon Portefenille , des cri- LITTERATURE. 467 tiques philosophiques , litteraires et politiqiies. Auciin ouvrage (Je ce genre ne mcrite plus de succes. A dcs anecdotes inte- ressantcs, a des faits hisloiiques tres-curieiix , rauteur a joint des reflexions piquantes et souvent profondcs. Get oiivrage n'est point susceptible d'analyse ; la mcthodc suivie par M. Ar- nault est c\ peu pres celle du Dictionnaire philosopliique de Voltaire , qui ne desavouerait pas Ic travail de son successeur. Les deux derniers volume de la collection sont attendus avee line inipatieuce justcment excitee par le succes quo les precc- dens out obtcnu. Les fables de M. Arnault sontjugees depuis long-tems; elles sont an non;bre des ouvrages dont ie tifre seul ticnt lieu d'eloge. P. 180. — * OEuvres poetiques de M. P. Verny , revues et re- cueillies par M. /•.-/.-/. Boudet, nevcu de I'auteur. Paris, 1826; Ladvocat. In-i8; prix, 4 fr. M"^"^ Dufrenoy me disait un jour : « Jc consent'uais de hon. cceur a inourir sar-le- champ , a condition de renaiirc dans trente ans 1 pendant un seul jour , pour connaitre ce quon pensernit de mes ouvrages. J'aivu , ajoutait-ello, tant de celebrites litteraires s'eteindrc dans un petit nombre d'annecs apres la mart des auteurs, qu'a peine j'ose compter sur un souvenir de la posterite. » Tel etait I'amour de la gloire chez cette femme celebre ; telle etait aussi sa modestie. M. Pierre Verny, compatriotc de Delille, etait un poete agreable ; il a desire que le recueil de ses poesies fut public apres sa mort, et que ses productions fussent revues par M. Boudet, son neveu. Si ce litterateur avait eprouve le meme desir que M'"^ Dufrenoy, le traducteur des Georgiques , I'auteur des Jardins lui aurait fait entendre la voix de la posterite. Cest hien, trcs-hicn, surtout pour la province , repondit Delille que Ton pressait de dire son avis sur un des ouvrages de M. Verny- Ces mots mc paraissent etre rcxprcssion naive du jugement que Ton porlera sur le recueil que nous annoncons, si toutefois on admet en principe que les vers de Paris vaillent mieux que ceux de province. Cene sont point le naturel et rharmonie qui manquent aux poesies de M. Verny; ce sont I'originalitc et la force. Ce n'est point sans quclque succes qu'il s'est exerce a traduire le qua- tricme livre de I'Eneide; mais, si M. Verny egale Gaston pom- la precision, combien il est eloigne de Delille sous le rapport de I'elegance et de I'energie! M. Verny me parait plus heureux dans ses efforts pour rcproduire les elegies de Tjbnile. Dans diverses descriptions de sites piltoresques ct de maisons de 3o. 468 T.IVRES FRANCAIS. campagno thers a scs souvenirs , I'autcur se montrc qiiclquc- fois I'ainiablc rmiilc de Virgilc, dc Staco et de Delille. .Ses epitres respirent une douce pliilosophie. Jc finirai cet article en transcrivant un fragment de VEpiirc aux Pasteurs. O cliaritc! si douce aux malheurcux humaiiis, C'est par tol qu'on remplii les preceptes divins. Tout homnic ami de Dieu t'apporie ses homiiiages ; Tu fais les vrais h^ros , ainsi que les vrais sages ; Tu ne t'egares pas dans ces dissensions Que nous souffle I'orgueil, pere des passions. Jamais d'un Dieu de paix trahissant la clenience, Le gliiive dans ta main ne liAta sa vengeance. Jamais on ne tc vit allumer d'autres feux Que ccux que I'esperance apporte aux malheureux. L'humilite t'eleve ; et ton seul caracl^re Est d'enseigner que I'homme est de I'homme le fr^re. Tu passas sur la terre, en disant : Aimez-vous ! Et tout I'esprit divin est dans ce mot si doux. Bres. 1 8 1 . — * Lettrcs inedites de M™^ df. Sevigne , de sn famdle et deses amis ; nvcc /joilrnits, vucs el fac-siinile. Paris, 1826-1827 5 J.-J. Blaise, rue Ferou Saint-Sulpice, n° ik- In-8° ; prix, 18 fr. et 36 fr. sur papier velin (i). La direction des csprits vers les etudes historiques explique la curiosite avec laquellc on parcourt aujourd'hui des memoires dont le fond et le style rendent la lecture d'aillcurs si ingratc, et rempressement des editeurs a les reproduire. Mais, si tel est I'accueil qu'on leur accorde, quelle ne sera point la bienveil- lance du public pour un ouvrage qui se rattache a I'une des epoques les plus importantes de nos annates; qui, en nous devoilant les intrigues secretes et les passions des courtisans , nous fait apprecier les ressorts de la politique et les nireurs de la cour de Louis XIV? Sous ce rapport, dis-je, on ne saurait contester les droits de redit<;ur des Lettres de M"'" de Sevigne a la reconnaissance du public. Un coup d'reil jete sur ce nouveau monument eleve a la gloire de la France litteraire le fcra connaitre dans toute son etendue. (i) Cette collection forme le compl(*ment indispensaMe de la belle edition publi6e , en 1820, par !e raeme libraire , en onze vol. in-8° , ou i3 vol. in-i2, qui comprennent, outre les L-ttres de madamc de Sevigne, de sa famille et de ses amis, un volume compose des Memoires de M. de Covi.WGES , et d'un premier recueil de lettres inedites. ( Voy. ftev. Enc., t. sxxTi,p. 772.) LITTERATURE. 469 Dix volumes renfennaicnt, outre les pieces depuis lon{i;-lems iniprimees, une foiile de IVagmeus precieux ; deux autres sont veinis completer la collection, et presenteut : le premier, tt\t iMi'inoiirs de Coiilangcs , accoinpagncs de Lcttres ineditat ; le second de Nouvclles lcttres incdites. Le merite et I'importance de ces additions , inseparables desormais des OEuvres de M™" de Sevigne, frappent trop naturellement le lecteur; le luxe de rimpression et le (ini des dessins ajouteut trop de piix a I'edi- tion actuelle, pour qu'il ne suflise pas de les signaler; I'analyse doit plutot rappeler les travaux de MM. de MoNMERyuii et de Saint-Surin, editeurs de ee recueil. Restituer les textes alteres ou supprimes dans les editions precedentes, les reporter a leur place veritable, rectifier les erreurs de dates, reunir les pieces qui se rapportent d'unc nianiere direete a Tauteur et qui trans- niettent sur sa personne et sur ses ecrits de curieux details, discuter I'authenticite des lettres dans une notice bibliogra- phique, initier cnlin lo lecteur a la vie de M'-"= de Sevigne et de sa famille : telles sont les principales recherches auxquelles se sont livres les editeurs. Manuel des hommes de lettres ct de gout, leur collection se recommande particulierement aux femmes. En vain la mali- gnite reproche-t-elle a M"'^ dc Sevigne un injuste eloignement pour Racine; il n'est pas une seule ligne echappee a la pliune de cclte femme celebre, qui vienne a I'appui de I'accusation que Voltaire et La Harpe n'ont pas craint dintenter a sa ine- moire. En vain une caiomnie interessee a-t-elle mis en question la sincerite de son amour matcrnel ; sa pciseverance dans I'expression de sa tendresse pour M""' dc Grignan dement cette imputation. En vain encore, quelques critiques compareut-ils les lettres dc M'"<= de Sevigne a des contes agreables, mais depoiu'vus de fond et de philosophic; les passages se presen- tent en foule pour atlester que cette agreablc cuntc.ase reunis- sait a la rectitude du jugement, une eloquentc energie, une maniere de penscr toujours delicate et souvent profonde. Aussi, I'interet se trouve-t-il vivement excite, lorsqu'on nous presente de nouvelles lettres, des passages inedits, et meme des ./ac- simile , des vues, des portraits; par la I'editcur semble nous admettre dans I'intimite de cette femme illubtre, nous faire habiter avec elle les lieux qu'elle a embellis de sa presence, nous intioduire enfin dans une galerie oil les images de ses plus celcbres contemporains s'animent a nos regards ct nous leproduisenl le tableau du xvn* siecle avec toutes ses grandeurs et ses faiblesses. H. \^>- — * La Frminc , ou Les Six Amnars , NowcUes pac 470 LIVRES IRANgAIS. Mme ^//.wVoiART. Paris, 1827; AmbroisoDiipont. 3 vol. in- 12; prix, 1 5 i'v. L'oiivragc entier formera G vol. J'avais cm pouvoir, dans nn ouvrage d<; philosophic mo- rale (i), considcrcr I'amour , pris dans son sons Ic plus etendu , commcle «gcrme fecond dcs verlus privccs ct puhlitjucs. " — wDc cc mot magiqne aimer, du sentiment cju'il exprimo, dccoule tout cc qui est bon, beau ct vrai en moialo. La vertu consistc d'abord a sortir du ccrclc ctroit du uwi liumain , do I'amour de soi,du sentiment puremcnt personnel, h'aiiiour seul arrachc uu homme a lui-niemc pour etcndre son /not individuel t\ un autre... La douce hamimitc , mere de toutcs les vcrtus et qui les comprend toutes, n'cst elle-mume que Vamour dans son acception la plus generalc. » J'aimc a rclrouver cettc vcritc, qui a sa source dans Iccoeur ct dans nos affections les plus intimcs et les plus profondes, developpee avec bonhcur, ct avcc \\n intcret tonjours habile- ment soutenu , dans les iVo^/cfZ/Mingenieuscs et attachantes que vient de publier M"'<= Voiart. II n'appartenait qu'a une fcnuue douce d'une imagination vivo, d'une sensibilite vraic, et dont le style pur, elegant ct anime rcflecliit, comme un miroir fi- dele, son caractere, scs vertus et son ame, de nous reveler aiusi les secrets de son sexe , dc nous montrcr sous des formes varices le meme sentiment, Vamour , clevt* au plus haut degre d'exaltation, et produisant les divers genres dc devoument, genereux , absolu, heroique , qui meritent d'etre proposes comme de nobles exeraples ct qui relevent a nos yeux notrc dignite nioi'ale. Ici , \Afemme n'apparait que sous I'aspect le plus honorable : toujours vertucuse , toujours victime volontaire, tour a tour fille , soeur , amante , egalement devouee : elle se sacrifie tou- jours pour I'objet qu'ellc aime. Nous laisserons a nos Iccteurs, et surtout a nos aimables lec- trices , le plaisir de faire la connaissancc pcisonnellc des char- mans ct touchans modclcs d'amour ct dc vcrtu dont M"'" Voiart embellit ses tableaux. II s'agitmoins ici de faire connaitre son onvrage, que d'en faire dcsirer la lecture; car il est plcin de cc charme que Ton sent beaucoup niieux qu'onncpeut I'exprimer et le dclinir : ceyV nc sals quoi, qui vient de I'ame ct qui va droit a I'ame, inspire et anime ses rccits ct captive ceuxqui ont ouvert son livrc et qui ne peuvent plus le quitter. On verse de donees larmes sur dcs mnux imaginaircs, parce qu'on y trouve (i) Essai sur I'emploi da Icms , 3' edition. Paris, 1824; au bureau tie la Rev. Erie, in-8» avec deux gravurcs ; chap, xix , p. 87-94- LITTliRATURE. /,7i la peinture aimable et vraie de vcrtns dont le germe est au fond do uos coeurs, ct qui ne dcmandcraient qu'une education niieiix dirigcc, uiie mcilloiirc culture, pour etre plus genera- lenicnt developpec et pour vouir plus souvent oimer I'inteiieur de nos families. Heureuse la mere qui trouvera dans snjt/lc la piete filiale de la douce et angelique Liidovisc ! Heureuses les sceurs qui poui'ront s'aimer mutuellement, d'une affection que lien ne saurait alterer, comme la noble Rcginc et la tendre Isinerie! Plus heureux peut - etre celui qui aura nu!'!ite et ob- lenu I'affection pure et desinteressee d'une autre Valerie I Nous ne connaissons encore que les trois j)remiers amours, la ^fillc , les deux ia?Hr.s-, Vnniantc. Trois volumes restent a paraitre, et nous reviendrons sur cettc delicieuse production , aussitot que la publication en sera complete. Nous pouvons assurer qu'on y respire partout un parfum de vertu qui fait du bien a Tame et qui fait aimer I'auteur. L'epigraphe qu'elle a emprun- tee a I'excellent ouvrage de M. Dkgerando, Sur le perfcction- nctnenc moral , fait bien coiinaitre sous quel rapport eleve elle a coucu et traite son sujet : ".aimer I ce mot sublime, et trop souvent si mal rompris, renferme lui sens mysterieux qui re- pond a tout ee qu'il y a dc pins excellent dans notre nature. « S'il nous estpermis de meler imelegere critique a nos eloges, nous demanderons a M'"'^ Voiart pourquoi elle n'a point place I'amour maternel au commencement de son livre et ne lui a point assigne le premier rang parmi les six amours. N'est - ce pas, en effet, le premier et le plus puissant des amours , celuL qui honore le plus la femme,qui distingue le mieux sa desti- nation, qui a produit le plus de gcnereux sacrifices et d'actes heroiques, qui est le germe fecond des autres amours et la source des autres vertus ? Je rapjjellerai ici cette pensec d'une excellente mere de famille, qu'elle aimait elle-meme a repro- duire souvent , et qui a fourni I'inscription gravee sur sa tombe: « Le coeur d'une mere est le plusparfait des ouvrages du createur.« Nous pourrions aussi reprocher a I'auteur d'avoir omis plu- sieurs sortes d'amours , en bornantsa classification a six; car, le nombi'c des affections pureset vertueuses, qui sont comme antant d'emanations diverscs d'une source commune, de \t\f(i- culte d'aimer, nous parait etre beaucoup plus grand. Dans I'ouvrage cite au commencement de cct article , on a distingue qiiinze sortes d\iffcctioiis vertueuses , toutes derivees du meine principe, aimer , et qui paraissent comprendre toutes les ver- tus humaincs et sociales. Nous en indiquerons sculenient quel- ques-unes : i" Amour de la patrie , de ses institutions, de ses lois, de sa liberie , qui a produit tant de miracles dans les teras 47a LIVRES FRA^i.AIS. ancicns tt iiiodornes, (!t qui d(; nos jours a doriiu' uue noiivclk' immortalitc' a la Grcce; — 2" Amour des Jmitimcs , Itunidriitr , source dos senliniens gt'iKMeux , d'linc morale pure, '•levee, d'une politique large, liberale, creatrice ; — 3" Amour ties malhcureux , qui aninic ct inspire surtout ees creatures ange- liqucs, ces heroines de la ciiarite, ees bonnes ct bienfaisantes soeurs chretiennes , dont la vie enliere est eonsaeree an service dcs etressouffrans , des orphelins, des enfans abandonnes, des malades, dcs infirmes , des \ieillards ; — .'1" Jmaur da fr.trai/, principe fccond des bonnes habitudes, ou (irtiviu; appliquee a la recherche de la verite et a des objets d'utilite particuliere ou publique; — 5° Amour dc I'didre, d'ou nait recononiic , et qui repand son hcureuse influence sur le bonheur doniestiqu(,' , conuiie sur la prosperite des etats; — 6" Amour dc la gloirc , bien entendu el bien dirige, ou amour de I'estimc publique, acquise par des actions vertucuscs et utiles ; — 7" Amour du beau , dans les productions dc la natui'e et dans les arts, prin- cipe du gout; — 8" Amour de Dieu , o\\ piete , admiration et reconnaissance pour le souverain auteur de I'univers , d'ou decoule la cluirite chrcliennc, ou I'amour des homines , rapporte commeun hommage religicux a la Divinite. — Je m'estimerais hcureux si I'indication de ces differentes especes d'amour, dont chacune a son caractere distinct et son objetparticulier , pou- vait suggerera la riche et feconde imagination dc M""^ Voiart les sujets varies de quelques autres Nouvcllcs qui auraient sans doute le meme degre d'interet que eeUes qu'elle public au- jourd'hui. M. A. JuLLiEN , dc Paris. Beaux - Arts. i83. — * La Chine : moeurs , usages, co.stumes, arts et me- tiers, fVc; d'aprcs les dessins originaux du P. Cnstiglione , du peintre chinois Su Quit, de fV. Alexa/idre, Chambers, Du- dley, etc., par MM. Deveuia, Rf.cnikr, Schaal, Schmit, Vi- HAL, etc.; avec des Notices cxplicatives et une Introdution , par D. B***DF. Malpiere. 11^ et i3'' livraisons. Paris, 1827; I'edi- teur, rue Saint-Denis, n" 188. Deux cahiers grand in-4°; prix de chaque livraison, i5 fr. ; par souscription , 11 fr. (Voyez Rev. Enc. , t. xxxiv, p. 5i5. ) Ces deux nouvelles livraisonsderouvrage de M. de Malpiere offreii t une variete de sujets dont I'interet s'accroit encore par les recherches curieuses et les observations pi(iuantesscmees dans les notices. Le Fantassin tigre de-guerre et le Barbier ambu- lant, de M. Cm. C**; le Nautonnicr et la Marchande de cho^v- BEAUX-ARTS. — MEM. ET RAPPORTS. 47^ chow (vin ardent), especc d'cau-de-vie de riz fernieiite, par M. ViDAi,; des vaisseaux passant line ecluse, par M. Regnier; un batiment en pierre ayant la forme d'un navire , par M. Schmit; ct la maniere de niettre les doigts a la torture, par M. ScHAAL , attireraient entierenient I'attention, si elle n'etait presque aiissitot distraite ct fixce par deux beaux groupes de M. Grevedgx. Le premier represcnte le supplicc de la tleche, ct montre comment Ton punit chez les Chinois un infcrieur qui manque de respect envcrs ses chefs. L'autre dessin fait connaitre de quelle maniere les bonzes s'y preuuent chez ce peuple superstitieux pour consulter le sort. Z. 184. — • J.c proprirtairc-architfcte , ouvrage utile aux archi- tectes , aux entrepreneurs , et principalement aux personnes qui veulent diriger elles-memes Iciu's ouvricrs; dessinc et redige par Ur/jautYiTR\, architecte. a^et 3^ livraisons. Paris, i8i'^ ; Audot, rue des Macons-Sorbonne, n" xi. In-4° avec des planches tres bien gravees; prix de la livraison, 8 fr. En aunoncant la premiere livraison de cet ouvrage ( voy. Bev. Enc. , t. XXXI, p. 787 ) , nous avons franchement exprime notre opinion sur le but de I'autcur et sur la marche qu'il avait suivie; nous regrettions de ne pas trouver plus de projets d'habita- tious simples et facilcs a executer sans le secours des archi- tectcs. Nous en avons remarque trois dans ces dernieres livrai- sons, auxquels nous applaudissons avec plaisir, malgre quelques imperfections que nous laissons le soin de signaler a de plus severes critiques. Les projets destines a des cultivateurs sont sagement concus , ct il est a souhaiter de les voir executer; mais ils forment une bien faible minorite dans le cours de I'ouvrage. M. Vitry ne I'a point destine seulement aux proprietaircs, il a pense qu'il pourrait etre utile aux architectes; et, sous ce point de vue, il a pu ct du chercher a leur presenter de jolis motifs ou des idees nouvelles. Des ouvrages sur I'architecture, tres- volumineux, tres-chers, contenaicnt des projets heureux ; plusieurs jeimes architectes en avaient fait, qui, couronnes par I'Academie, langiiissaient dans ses archives; M. Vitry les a pu- ' blies sous un format qui les met a la portee de tout le monde. Nous Tengageons a rcvoir avec soin les epaisscurs qui sont indiquees pour les miu's, ct surtout pour les pans de bois : il y relevera de graves erreurs. L. R. Memoires ct Rapports de Socictcs savantes , littei aires ct d'litilitc publiqiic. 1 85. — Avadeinic des sciences, arts rl l)cllis- tetlrcs dc Besan- 474 LIVRES FRA.NCAIS. con: seances piibliques tin 'j.l\ aoiit 182^1, et dii 29 janvler 1827. Bosancoii, 1827; veuve Dadin. I11-8" do 96 pajies. Les societus savantcs et lilteiaires ont deux iiioyens de so faireconnaitro du public : les seances d'apparal et I'impression de memoires 011 sont consi^;nes les resultals de leuis tiavaux. L'Academie de Besancon ne parait |)as avoir en rccours jus- qu'a pteseiit a ce dernier moycii de ]>ublicite ; elle donne seuieinent le compte rendu de ses seances periodicjties, et la simple enumeration des discours cpii y ontete lus suffua pour faire apprecier a nos lectcurs res|)rit dont elle est animee. Le 24 aoiit 1826, M. Clkrc , premier avocat-i^eiieral prcs la Cour i'oyale do Besancon, presidant I'Aeadeniie, a ouvei'l la seance par la lecture de la secnnde partie dun discours sur cettc question : Comment les sciences ont-elles cantrihiie h perfection- ner les mosiirsP line notice siir VHistoire de Rene d'Jnjna, pn- bliee en 1825 par IVI. de Villeneuve-Baugemont, a fouriii ensuite a M. Guillaume , juge an tribunal de Besancon, I'oc- casion depoindre, par uu certain nombred'anecdotes cuiieuses, le caracterc? de ce roi bienfaisant. M. TREi\rni,iEnEs, president du meme tribunal , sait allier a I'exercice de ses graves fonc- tions la culture des leltres et de la poesie : son Epitre en vers sur tlncendie de Salins , couronnee par I'Academie de Macon , est ecrite avec elegance et purele. La seance du 29 Janvier 1827 n'a pas offert moins de variete. On y a entendu la lecture d'nn Rnpj>o)C sin- les travaux de V A cndcmie pendant fannee 1826, fait par le secretaire-adjoint M. GuiLLAUME. Plusieurs noms bien connus s'y trouvent cites, et nous ap|)rennent que MM. Droz, yibel Rcmasat, Taylor, Charles Nodier, Civiale , Proudhon, Petgnot, Fillenettve-Barge- inont, etc., appartienuent a celte Academic, comme membres eorrespondans. M. Ge?«isset, president, a pris ensuite la pa- role, et dans im discours sur le prlncipe moral de t influence des societrs academiques, a su faire a I'Aeadeniie dont il fait partie rajiplication des excellens principes (]u'il avail developpes. La reception de deux membres nouveaux , MM. Monnot, pre- sident a la Cour royale, et Marnotte, architecte, et la lecture d'une piece de vers de M. Viakcin. inlitulee les Deux Genies , liommage poetique a M""* Jrnahle Tastu , out termine la seance. a,. Outrages periodiqucs. Suite de la Revue des Journaux des departemens. ( Voy. t. xxxiir, p. 272 — 276, 5g6 — SgS ; — t. xxxiv , p. 270 — 271 et 523 — 525. ) Nous avons soin de faire connaitre, toutes les fois que i OUVRAGES PERIODIQUES. 475 nous en avons I'occasion, les oiivrages periodiques et les principaux journaux jiublies en France et dans les pays ctrangers, parce qu'cn general ces sortes de publicalions re- pandent une plus grande masse de liimicres, embrassent une plus grande variete de sujets, s'adressent a un plus grand nombre de lecteurs, exercent leur influence dans une sphere plus etendue , et sont, h quelques egards, les interpretes les plus fideles de I'opinion des hommes eclaires sur les differentes niatieres que Ton y traite successivemcnt. La plupart de ces memcs journaux et ouvrages periodiques sont loin d'user en- vers nous de reciprocite. Tres-peu d'entre ceux que nous avons le plus reconimandes a I'attcution publique, ont voulu annon- cer noire Recueil central de la civilisation; et souvent, leurs redacteurs, domines par un esprit de speculation et de rivalite deplorable, ont paru craindre de contribuer aux succes d'une entreprise qui, depuis neuf annees, n'a cesse do prodigner tous les genres de sacrifices et d'aller bien au-dela des engagemens qu'avaient pris ses fondaleurs, pour servir plus ulilement la noble cause des sciences, des lettrcs et des arts et les interets de ceux qui sont vones a leur culte. Nous pourrions citer I'mi de nos premiers journaux politiqnes et litteraires, qui a re- pouss^ constamment, avcc une malvcillance marquee, toute espece d'annonce de notre Rcmie Eiicyclopedique, et qui, accor- dant des articles etendus et des eloges excessil's aux ouvrages don t les auteurssoutdans ses bonnes graces, croit eusevelir dans roubli,par un injusle et absolu silence, les productions de ceux qu'il ne veut point favoriser. II serait bien terns d'introduire dans le monde litteraire ces dispositons de justice, de tolerance et de bienveillance mutuelle, qui devraient reunir les ai'teurs et surtout les ecrivains periodiques par des sentimcns et des interets conununs, an lieu qu'ils subissent trop souvent I'in- fluence de I'eiprit de coterie et de rivalite , ou de passions plus basses encore. Nous avons cru devoir donncr cet avis a nos confreres, dont pliisieurs sans doule nc nieritent point le reproche que nous avons adresse \\ nuelques-uns seulement. Nous profiterons nous-mcmes delalecon, en tachant de rester toujours fideles a cette loi de justice et d'impartialite qui veut qu'onjuge les ouvrages, les entreprises, les decouvertes, les opinions, les faits, en eux-memes, d'apres leur merite reel et leurutilite, indcpendanunent des personnes et des preventions favorables ou defavorables qo'elles nous font tprouver-. Nous avons cru surtout devoir citer, le plus qui! nous a ete possible, les journaux etrangers, pour etablir des rapports plus inlimes entre les savans et les litterateurs de la France et des autres 1 7 6 LIVRES FU^VNCAIS. pays. Nous avoiis aussi cherclu- ;i fairc counaitre nos joiiniaiix <)e (leparttinciis, pour combaltie ct detiuire cetto cspocc do uionopole dc la concent latiou ct dc la propat;ation dos lumicies que Ton scmbiait attiibucr cxclnsivcmenl a la capi- tale. Combicn aii premier rang paimi nos villcs commercantesot manufacturieres, nourrit aussi daus son seiu un amour voritabio pour les sciences, Ics lettrcs ct les arts. l.e journal que nous annoncons, et qui represonte Tancionne capilale do la Normandie dans notre revue dos journaux dos dopartemens , morite done toutc notre attention. Quoiqu'il ait succode aux aucienues Pctites -Affiches de Roumi, il a su tlerober aux annonces judiciaires et aux avis coinmcrciaux uno bonne parlie de ses colonnes, qu'il consacre tour a tour aux tribunaux, au theatre, au coni|)te rendu des seances acado- miques, ct a Tatialyse des travaux litternires et scientifiquos du departemeiit. La politique en est runtant tons lours articles aux journaux oflicicls du Paris, n'ont, pom OUVRAC.ES PERIODIQUES. 477 ainsi dire, qu'iuie existence factice. Si la feuille rouennaise paie, do terns a auire, son tribut a cette admiration de confiance que la capiiale et sa presse periodique ont inspiree generate- ment aux habitans du reste de la France, elle travailie, d'un autre cote, a corriger eldcact-nienl ses lecteurs de celte manie. EUir s'empresse d'arracher a Fobscurite les meritcs etles talens pri)vinci;uix qui I'entourent, el elle ne neglige aiicune occasion «le faire valoir les richesses, trop long-terns dedaiguees, que renferment Rouen et ses environs. Ccsiainsique le Neuslrieri annouce, avec d'assez grands deve- loppemens , les seances publiqnes de la Societe d'emukition dc Jioucn, le conqjte qui en aete rendu par MM. les secretaires, a la seance publique du 7 aout de la nieine annee. Rouen, i vol. in-S". — 2° La Notice historique sur les deux h6- pitaux et Vasile des alienes de Rouen , avec des remarques sur les enfans trouves el abandonnes , par M. P. T. Legras. Rouen, 1827; C. Bloquel. In-8°; prix, 3 fr. — 3° Le Guide du voyageur au Havre, par M. Morlent. Rouen, 1827; Frere. L1-12, avec figures et plans; prix, 3 fr. 5o cent. — l^° Essai historique et descriptif sur V abbaye dc Saint- fVainlrille (si Hdelement repro- duite a Paris dans I'admirable Diorama de MM. Bouton et Da- GUERRE^et sur plusieurs autres uionumens des environs; par M. E. Hy. Laivglois, du Pont-de-l'Arche. Paris, 1827; Taslu. In-8°, avec des plans it dos figures; prix, 12 fr. Les articles sur le theatre de Rouen que donne regnlierenient le Neustricn sont rinliges avec esprit et avec goiit : si I'industrie theatraie jouissait de cette liberte que lous les arts, que toutes /,78 LIVRES FRANCAIS. IfS professions rcclainentcommoclle, mil doute quenos theatres tie province ne vissent s'anieliorer insensibleiiient, sous I'in- flueiice d'une sage crili(jiie cxorcoe par les joiuiiaux et par le parterre, leiir situation, aujoiird'luii si precaire ct si deplo- rable. Les comptes rendus dcs sessions de la Cour d'assises dc la Seine-IiifcTieure, et des causes que la Cour royale et le tribu- nal de Rouen sont appeles a juger, forment un interessant coin- piement nux publications de notre excellente Gazette des Tri- hunaux. Enfui, quelqucs articles Farietes, empruntes souvent aux petitos feuilles de Paris, vicunent ugayer les pages du jour- nal normaud, ou I'utile et I'agreablc trouvent egalement leur place. La position des redacteurs dans une ville qui a des commu- nications journalieres avec I'un de nos ports de mer les plus frequentes par les batiniens et les etrangers de toutes les na- tions, leur jjermet plus dune fois de prendre I'initialive sur les journaux de la capitale, commc ils Tout fait dernierenient, en donuant, les premiers, des details remplis d'inleret sur les Osages que nous possedons maiutcriant i\ Paris. Ces voyageurs, aunombredesix, qua t re homines et deux jcunes femmes, excites ])ar les traditions de leurs peres et paries ancicnnes relations de leur nation ou tribu, avec le gouveriiement francais et avec nos compatriotes etablisdanslaLouisiane, ont franchi une vasteeten- due de territoire et traverse I'Ocean pour venir admirer de pres notre civilisation et uotre industrie. Comme ils avaient debar- que au Havre, et comme ils se sont arreles pendant qiielques jours a Piouen, le Neiistricn a pu saisir leur physionomie au passage, et nous donner quelque idee de leurs costumes et de leur maniere d'etre, avant qu'ils arrivasscnt dans notre capi- tale, on la curiositj, parfois importune, quoique bienveillante, qui s'attache a tous leurs pas, les detourne jusqu'ici de I'envie qu'ils auraient de visiter nos promenades, nos musees, nos theatres, notre exposition desproduils de I'industrie, nosprinci- pales manufactures et nos grands etablissemens publics, a. 187. * Le Phare , journal commercial du Havre. Le Havre, 1827; chez I'editeur; a Paris, chez MM. Sellingiie et Com- pagnie, rue des Jeuneurs, n° 14; a Rouen, chez M. Elie Lefebure. Prix, pour le Havre, 5o fr. par an, 27 fr. pour six mois, i5 fr. pour trois mois; 6 fr. en sus pour les departemens; 12 fr. en sus pour I'ctranger. Ce journal, dont la publication a ete long-temps interrom- pue, est presque exclusivement destine, comme son litre I'an- OUVRAGES PERIODIQUES. 479 nonce, a recneillir et a produire au grand jour les fails qui intercssent le commerce. Place dans I'un de nos ports, ou regne line grande activite commerciale, il est en niesure de recevoir de nombreux renseigaemciis et les nouvelles de la mer ; aussi son Bulletin marUiinc est-il aussi complet qu'on peut le de- sirer. La section Corrcspondancc et Portrfeuillc est d'un grand inleret pour les nogocians, qui peuvent y connaitre les prix courans des principales denrees snr les marches de TEiirope, de I'Amerique, et nieme de I'Asie. Les Annonces et Avis divers, qui contiennent des mentions de departs pour tous les points du globe, seront recherehes et lus par toutes les porsonncs qui onl ;i entreprendre des voyages de long cours. Le Phare est done une feuille interessante et utile, qui doit s'elendre bien au dela du lieu ou elle est publiee, et qui rend des services reels a toutes les villes commerciales et indus- trielles de la Fiance et des autres pays. OE. 188. — *Le Nouveau Journal de Parisctdes departenicns , feuille ( quotidienne) administrative, commerciale , industrielle el lit- tcraire. Paris, 1827; on s'abonue , place de I'Odeon , \\° 3. Prix, 7^ fr. pour I'aunee, 36 fr. pour six mois, 18 fr. pour 3 mois , pour Paris et les departemens. Ce nouveau journal ne ressenible point a la feuille qu'il a I'emplacee. S'il a conserve son format et ses observations me- teorologiques, sur lesquelles on a bcaucoup plaisante , sans ])Ouvoir cependant contester leur utiiile, il s'est en partie de- pouille de I'espiit et des opinions servilesqui ont inspire pen- dant long-temps la redaction de I'ancien Journal de Paris, En elaguont de leurs colonnes les matieres politiques, les editeurs actueis ont reiissi, jusqu'a un certain point, a garantir leur indepeudance. Leiu- plan est susceptible d'un grand interet; mais ils ne doivent point s'attendre a le remplir parfaitement, des les premiers jours, ni nieme des les premiers mois de leur entreprise. Le tiire qu'ils ont choisi semble indiquer qu'ils con- sacrcnt leur publication plus specialemenl a la ville de Paris, a I'examen de son adniinistration , de ses moeurs, de ses thea- Ires, de ses tribunaux, de ses academies. Le commerce, I'in- dustrie ct la litteratuie doivent remplir d'autres parties de leur cadre. Depuis le i'^''aout, epoque de la premiere apparition de ce journal , une vingtaine de uumeros environ ont passe sous nos yeux. Nous y avons remarque de bons articles sur I'exposition des produits de I'industrie, sur I'liygiene publiqjie el la lievre jaune, sur les theatres ct sur quelques ouvrages nouveaux. Nous aurions desire y trouver moins de ces anec- dotes futiles, de ces nouvelles de coins de rue qui remplisscnt 48o LIVRES ETRANGERS. trop soiivenl les vides lormes gi-ammaticales etablies sur les bases de I'analogie la plus parfaite, et que cependant tous les savans du monde n'eussent jamais imaginees. Je ne manquerai pas de vous en cnvoyer un exemplaire, des qu'elle paraitra, ce qui sera sous peu. Agreez,je vous prie, monsieur, etc. Peter Dr^oNCEAU. LouisiANE. — Lois criminellca. — L'edifice des lois cri- minelles i\q la Lnuisiane est au moment d'etre fermine. M. Livingston, a qui ses concitoyens ont confie la nobl« 3.. .',84 AM^RIQUE SEPTENTRIONALE. — ASIE. ot impottanle mission do prt'pnrer des projetsqui doivent roce' voir cnsiiitf la sanction It-gislative, m'a eiivoye, rarinee der- niere, son Code de.t delits ct dcx peincs , cX son Code de proce- dure c rin tine lie , suivi dii Lu>re des definitions , en m'ocrivant : « Tout nion systeme de lei^islation penale avait etc termine pendant rantoiiine de 1 824 ; j'avais egalement iini le rapport qui indi(|uait les divers points devoloppes dans Ics codes et faisait connaitre leurs motifs d'adoption. Mais la niiit qui prc- ceda le jour on jo voulais livrcr ces manuscrits a la prpsse,tout fut delruit par le feu, ainsi que la plupart des remarques que j'avais preparees pour etre publiees en nienie terns : j'ai done du entreprendre la tache penible de recommencer ce travail ; mes affaires personnellos, Ics devoirs de ma profession et ceux dont je dois m'acquitter conimc homme public ne m'ont pas permis de terminer plus tot cet ouvrngc. » Le 26 Janvier tiernicr, M. Livingston m'a fait parvenirson Code de reformc el de dis- cipline des prisons, formant la troisieme partie de son systeme de legislation penole , en m'annon^ant nne introduction deslinec a expliquer quelques endroits qui ont besoin d'eclaircissemens , laquelle est sous presse; enfui , il ajoute que le Code de lapreiwc ( ewV/£«cf ) qui doit completer son systeme, paraitra dans le courant de cette annee , avec un discours preliniinaire pour I'ouvrage enlier. L'aclievement de ce ijrand corps de Icgis-lation criminelle est digne de la plus profonde attention. Les divers projets decodes dont nous venons de parler , svu])assent en- core les esperances (pi'avait fait concevoir le beau rapport dont nous nous honorons d'avoir donne une edition francaise ( voy. Rev. Enc. , t. xxx , p. 662). Aussitot que les derniers travaux de M. Livingston nous seront paivenus, ce sera pour nous un devoir d'en rendre un compte detaille et complet a nos lecteurs, et il nous sera facile de signaler plusieurs dispo- sitions qu'il serait bien a desirer que Ton introduisit dans nos codes. Quant a la legislation civile de la Louisiane, elle nous parait fort inferieure a celle (jui concerne les delits et les peines. ^^ Voy. Rev. Enc. , t. xxxiii, p. 840. ) A. T. ASIE. HiNDOSTAN. — Etat de I' instruction primaire. — La Gazette du Gouvcrnenient , publiee a Calcutta, contient les remarques suivantes sur les ecoles fondees par la Societe des Dames pour I'education des femmes appartenanl a la race indigene : « II resulte du dernier rapport de la societe qu'elle soutient qu'a i5o,ooo ou 200,000 livres sterliiiij; , taridis ([uc les ivvenus , talcules sur une echelle tres - limitee, devront pvoduire 12 a 1 5,000 livres sterling par an. Dans une seance snbse- qiiente , on a donne connaissance de la lettre suivante du 19 inai 1827, ecrite par M. Brunei a I'un des niembres de la reunion : « Vous aurez cntendu parler de notre dernier de- sastre dont les details exageres out pu porter le deeouragement dans les esprits de vos amis ; vous pouvez cepcndant les as- surer que , loin de nous inspirer des craintes , cet evenement n'a fait qu'augmenter notre conliance , puisque le boiiclier a preserve les ouvriers du danger d'etre engloxuis sous I'ebou- Icnient , et empecliera la riviere d'arreter nos efforts pour letmer I'ouverture occasionee dans son lit. Chez vous , pareille chose ne saurait arriver ; si , conime on le presume , la Mersey coule sur uo roc , nous travaillerons avec une entiere con- fiance. II a fallu une ouverture de pres dc six pieds pour rem- plir d'eau notre passage. Aucime irruption de ce genre n'est a redouter sous iin rocher. » Ce pi'ojet, considere comme i'un des plus hardis qui aient jamais ete concus en Angleterre , occupe beaucoup les esprits a Liverpool en ce moment; et Ton parait n'attendre pour signal de son execution que la reussite plus prononcee du passage sous la Tamise. D. Albert. LoNURES. — King's Theutre. — Kcprescntation de M'^' George. — La Rci'iie Encyclopediqnc aime a conslater les succes qu'unc tragedienne fraucaise vient d'oblerur a Londres , parce que ce succes reveie deux fails iinportaiis : roncouragement donne par une nation etraiigere a uolrc litterature draniatique, et le gout du peuplc anglais poiu- cette litterature. On avait cru assez long-tems que la haute noblesse anglaise etait la seule fraction dc la nation qui cultivat les lettres fran- caises. La representation, donnee le 9 juillet au theAtre du roi , a pronve le eontraire. Le parterre etait rempli par une foule iuunense ajipartenant aux classes rjioyennes de la societe. Ou donnait Mrropc et le second acte A' Atlialic. M"" George a ete admirable dans ces deux pieces, et I'auditoire n'a laisse passer aiieun de ses beaux mouveuiens dramatiques, sans les couvrir d'applaudissemens. C'etait un enfant dc huit ans, neveu de M"« George, qui, dans cette derniere piece, remplissait le role de .foas : apres la cluUe du rideau , il a ete redemande avec sa tarite, et tons deux sont venus recevoir les applaudissemens /,88 KUROPE. d'un pcuple cliez lecjML-l s'eteigncnt cliaijiie jour davantage Ics preventions injustes qii'il nianifesta souvent contre la France. F. D. Suite de la Revue sommaiue dex SocifItes swantes, litte- RMRES, mursTRiF.i.i.Es, PHiLA?.TROPiQiJES, ctc, tie Ici Grandc- Brrtagne. ( Foyez t. xxxm, p. 280-284, 606-G07, 846-848; et t. XXXIV, p. 249. ) Socidte pour In propoj^ation des connaissances utiles. (So- cictf far the diffusion of useful /i/iowlcdge.) — Cettc societe, que viennent dc former pliisieurs mernbres de la Socicte royale de Londros et de la Chambre des communes, a pour but de repandre I'inslruction parmi les classes inferieuies du peuple. Ellc publiera , dans cette vuc , des traites sur les sciences , les Ijelles-lcttres et les arts industriels , qui contiendront une expo- sition des principes fondamentaux de cliaque science , ses regies et ses moycns d'ap])lication aux besoins de la vie. Cha- que traite sera compose de 32 pages '\r\-?>° , petit caractere , et sc vendra 6 pence, ou 60 centimes. On en publiera un , les premier et i5 de chaque mois. Le premier, du a la plume de M. Brougham , est en vente. II suflit, pour etrc recu membre de la Societe pour la propa- gation des connaissances utiles, de s'obliger a payer une cotisation annuelle d'une livrc sterling (25 francs). Les auteurs des traites adoptes et publies par la societe , lorsque ces traites ont etc offerts par eux , sans la demande d'aucime retribution , de- vicnnent, par ce fait seul , mcmbres honoraires. Les affaires de la societe sont administrees par im comite de trente membres au moins, qui se reunit le premier lundi de chaque mois, et se choisit, a des epoques indeterminees, un president , un vice-president et un tresorier. Parmi les membres actuels, on distingue M. Brougham, sir /wwt'.v Mackintosh , M. fames Mill , lord John Russell , F. Jeffrey, editeur de la Rci'uc d' Edimbourg , ctc. F. D. Societe des sciences physiques. ( Philosophical Society.) Societe des sciences physiques de la Cite. ( City Philoso- phical Society. ) — La premiere de ces societes fut etablie en i8io ; la seconde est plus moderne ; leurs titrcs indiquent la nature de leurs travaux. — Le Philosophical Magazine and journal (Voy Rev. Enc. , tome xxviii , page 799.), en rend compte. Societe geologique ( Geological Society. ) seantc Lincoln's Inn Fields. — L'histoire naturelle dc la tcirc est i'objet des ILES BRITAiNNIQUES. — RUSSIf. 489 travaux de cotte Socicte, dont la i'ondation date de I'annee i8i3. Elle a public un asscz grand iiombre de volumes qui contiennent le resultat de ses savantes recherches. Presque toutes les parties de notre globe out etc visitees et observees par s(;s membios. Les cotes dn Mexique et les montagncs Bleues do la Januiique out en dernier lieu attire Tattention de ce corps savant, dont M. John Bostocr , M. D. , F. R. S., vient d'etre nomnie president. Socit'ti' gcolog/quc ( Geological Society. ) seante Bedford- street. — C'est une espece de succursale de la precedente. Les travaux de ces deux societes sont publics dans divers re- cueils periodiques mensucls. Societe d'agriculturc. ( Board of agriculture. ) — Societe d' horticulture. ( Horticultural Society. ) — La premiere de ces deux societes a ete etablie en 179^, la seconde en 1804. EUes s'occupcnt I'une et I'autre des ameliorations a apporter a la culture des plantes et a I'exploitation des terres ; elles publient des rapports sur lems travaux, et des instructions pour les agricultcurs. Le Gardener s magazine et le Repertory of patent inventions, etc. ( Voyez Rev. Enc. , tome xxviii, page 800 ) rapportent les perfectionnemens qu'elles indi- quent. — La France , qui conipte deja dans son sein , outre la Societe centrale d'agriculturc de Paris, un grand nombre de Societes d' agriculture dans les departemens, et plusieurs./6'r/72ej experimentales , entre autres , celles de Roville , pres Naucy, et celie de Grignon , pres Rambouillet , voit se fonder aujour- d'hui dans la capitale , sous les aus})ices de MM. Soulange- BoDiN et SiLVKSTRE, uHC Societe d' horticulture analogue ii celle qui existe a Londres. Societe astronomitjue. ( J stronomical Society. ) — ■ Cette So- ciete a ete fondee en 1820; elle est tres-nombreuse et com- posee de savans distingues. M. F. Baily , F. R. S. , en est presi- dent; et M. J. F. W. Herschel, fils du celebre astronome , est I'un des secretaires. Les principaux travaux de la Societe sontre- cueillis dans le Philosophical magazine and journal , que redige M. Richard Taylor , I'un des membres de cette meme societe. (Voy. Rev. Enc. , tome xxviii , page 799.) F. D. ( La suite au prnchain cahier). RUSSIE. Crimee. — aiMPiiEROPOi.. — Agriculture. — Culture dc la cochenille. — Le conite Nicolas Rouimiantzof , dont la mort re- cente a excite les plus vifs regrets, avail fait, depuis plusieurs aunces, dc nombroux presens au jardin imperial de Nikita , sur 490 KUROPI',. la cole mi-i itlioiinle de la (Iiiinet", eiitii; anlix-s <1 iiii euvoi de ijlantls do chcue-liege, duut il existe actiiellenicnt uue asstz belli! plantation , ot accordc unc sonune de milk- roubles pour racliat d'arbies et de planles utiles. Anin)e constamment uu desir d'ouvrir a laRussic loutes les soiirees d'induslrie, il avait envoye une seconde fois , en i.S'25, une pareille sonime doiit nne partic doit etiv employee a faire des essais pour intiodiiire dans ce pays la cochcnillc , qui a deja ete imporlee avee succes en Espagne. La diieclion du jardin a recu ce don avcc lecon - naissance, eta pris des niesures ))nur multiplier le cactur a co- c/icni/lc , (\ui '\uiiqu'k present a toujours ete conserve dans les orangeries. Comme le figuier d'Inde ( cactus opiintia), qui est (lu mcme genre, supporte tres-bicn Tliiver de la Crimee , il est possible que I'autre s'acciimate aussi, ce qui produirait de grands avantages pour le pays. — Culture dc la vignc. — On s'occupe avec beaucoup de sueees, en Criniec, de la culture de la vignc. Depuis quelques annees, elle a pris beaucoup d'accroissement, ct la fabrication du vin s'est perfectionnee d'une maniere remarquable. La re- coUe , faite en Crimee, s'eleve annuellement a 5oo,()oo vedros 1 6,75o,ooo pintes de Paris ), et les nouvelles plantations ne tarderont pas i\ la tripler. P. R. E. SU:&DE. Partage des hiens commanaux. — On continue, dans le Junt- land , le partage des biens communaux. II en est de menie dans le Heriedal , et dans les provinces de Westernorrland , Westrobothnie et Bothnie septentrionale. Cette mcsure |)roduit deja les heureux effets qu'on en attendait. De nombreuc.es emigrations affluent des provinces. Des colonies de Dalecar- liens s'y sont elablies, et d'autres n'attendent que la ])ermis- sion de former des et.-.blissemens. E. DAK EM ARK. . JEnselgnement nitttiiel. — Les succes dc I'enseignement mutuel en Danemark suivent uue progression vapide, bien interessante pour les hommcs de toutes les nations qui prenncnt une part active a ravaucement de I'instruction et au mouvemenl de la civilisation qui en est la suite. Le roi dc Danemark se fait laire tons les ans un rapport sur la siuiation des ecoles dans son loyaume, et I'etonnante augmen- M talion de leur noiubre donnc a penser que si la methodc est j§ bonne en elle-iui'-n)e , elle est aussi grani chaiicelier, qui rerut (■iisuitc les felicitations d'unc foule iiiiiiieiist' dc citoyens el d'ltraiigcrs, ainsi que Ics diversi-s dc|nitations des corps sa- vans de la Prusse ot dos autrcs parties d'Alleuiagnc, I'Autriche exceptee, qui reste toujours etrangcre ii ci's fetes en quelquc sorte nationales. La deputation de I'Universite lui remit uu poenie latin, et celle de la fnculte de theologic ce que Ton ap- pelle un prngramme , c'cst-a-diic une dissertation publiee au sujct de la fete. La deputation de la ville , conduite par le bourgmestce, lui presenta une couronne civique de feuilles de chene imitees en ai-gent. L'institution dite de Franck avait fait frapper une niedaille en or avec cette inscription : Jltcri londitori siio ante lios L. ami. creato doct.phU. inslit. Fvanchlana Hal. A. MDCCCXXVII d. XV 111 april. Toutes les autres in- stitutions (irent presenter ou reciter par les maitres et par en- viron quatorze cents enfans des deux sexes, des morceaux do vers latins et allemands. Toutes les autorites publiques de la province envoyerent egalement leurs felicitations par des de- putes. Le president de la regencc, M. dc Basscwitz , an nom de vingt-trois fonctiounaircs ])ublics ])russiens, remit au vieillaid un vase en argent, avec I'inscription : A. H. JSicmcycriini de jin'cntute sua optiine meritiiin viri venerantnr. Un autre depute lui offrit, au nom de soixanle Mecklenbourgeois eleves a I'uni- versite de Halle, ini beau vase en porcelaine fabrique a la ma- nufacture rovale de Berlin, avec ces mots : Virorum crga A. H. JS iemcyer de sejuvcnibiis optime itirritum pietntis pignus. A onze heures , M. Niemever fut conduit dans la grande salle de I'universite, au milieu d'unc assemblee brillante, ou il fut harangue par le professeur Schittz, vieillard octogenaire. L3 vent en allomand. Le k-ndemain , M. Niemeyer, a la deniande de la bourgeoisie, prononca un sermon dans I'eglise de Sainte- Marie, oii Ton execiita plusieurs choeurs de la composition de Uibiidel. Ce meme jour, M. jNiemeyer reudit la fete a I'Univer- site, et la termina pae une soiree a laquclle assistaient plus de deux cents personncs. On cite au nioins douze ouvragcs remarquables que les sa- vans de divers pays d'Allemagne ont fait paraitre a I'occasion de cette fete jubilaire. L'orientalistc GeseninsTn dedie a M. Nie- meyer la premiere livraison de son grand ouvrage : Thesaurus lingua; liebrcece et chaldcEce (Leipzig, chez Vogel). D — c. Necrologie. — Bodk { Jean-Eliiert). — Le respectable doyen des astronomcs de rAllemagno a ete enleve le 2'3 novcmbre 1826, aux hautes sciences qu'il cullivait avec tant de succes, et auxquelles il a, dans le cours d'une longue vie, rendu tant et de si importans services. Ne le 19 Janvier 1747, a Hamiiourg, ou son pere , Jean- Jacques Bode, dirigeait une ecole com- merciale; c'est de lui qu'il recut sa premiere instruction, et des I'age de dix-sept ans, il fut oblige de le seconder dans i'enseignement des sciences utiles au commerce. Mais son pen- chant naturel I'entraina bientot vers Tetude des mathematiques et vers les calculs astronomiques; et I'observation du lirma- meut et de ses innombrables etoiles occupait toute son atten- tion. Arme de lunettes d'approclie qu'il s'etait fabriquees lui- meme, avec des verres de lunettes et des verres concaves, il observait les astres, du toit de la maison paternelle, et parvint ainsi, a I'age de 18 ans, a tracer le cours des planctes, et a calculer les eclipses de soleil et de lune. Cependant , denue de lout secours, prive de livres et d'instrumens, il n'aurait fait qu'avec beaucoup de peine des progres lents et bornes dans la science qu'il affectionnait , si une nialadie grave qu'essuya son pere, en 1765, n'eut amene aupres de celui-ci le docteur Reinmarus, le meme qui fut ensuite professeur d'hisioire na- turelle au gymnase de Hambourg. Le docteur, dans une de ses \isites, I'ayant trouve occupe a calculer et a dessiner une eclipse de soleil , lui prit ses papiers, qu'il montra au celebre professeur de mathematiques Busch. Celui-ci fit venir le jeune Bode chez lui, i'encouragea et prit plaisir a I'instruire et a I'as- sister de ses conseils; il lui permit aussi le libre usage de sa bibliotheque et de ses instrumens d'astronomie. Cette circon- stance decida sa vocation. Des I'annee suivante, en 1766, Bode se fit connaitre par lui court ecrit sur I'eclipse de soleil qui eut lieu le 5 aoiit de la meme annee, calculee d'apres les tables et la methode de 494 KlJflOPE. Ln Caitlr. Pen apres, siir I'inviration dc Biisch , il composi (ID petit tiaite clemcntaire a I'usage dos amateurs de rastrn- nomie, et destine a fairo connaitre los t-toiles et les plan^tes. II pariit en 17^8, sous le titro A' Iritioduction a In cimnaismnrr du del et dcs astrex , et accompaiinc tl'nne preface rediijee par Biisch Ini-memc. La septienie edition de cet ouvrage a ete impriiiiee en 1S07. Bienfot la voix publicpie I'appela a pnbliii- des feniiles mensuelles sons Ic litre A'Irttrodtiction h la connois- sancc dc la skttotion ct dn niottvcinent dc In lime ct dc.t autic.i pianctes , tjn'il continna depiiis I'aiineo 1770 jiisqu'en 1777, c'est-iWlire pendant sopt annees coinpietes. Parmi les savans on Ics litterateurs amis et proteclenrs de Bode, il comptnit particulierement, dans les derniers terns de son sejonr a Hani- bourg , Biisch , Rcinmarits , Ehclitig , Claudius et Klopstor/,-. Lo premier siirlout I'encourai^eait a ponrsuivre la earrierc oil ses premiers pas avaient ete si heurenx. Ayant publie, en i77'-> , la seeonde edition de son premitr ouvrai^e , Introduction a In connaissancc du del , etc., xin de ses amis lui conseilla d'en en- voyer nn exemplaire an professenr Lambert, a Berlin. C'est a la correspondanee cpii s'etablit alors entre les deux savans que Bode diit sa nomination, en juiilet 1772, a la place d'astro- nome pralicjue residant a Berlfti ; nomination qui fnt approuvee par le roi Frederic IL Le premier travail aiiqtiel sa chaq^^e I'engagea fut Ic calcul penibie des liphemerides, on Jnnalex ustronomiffues dtc eoiirs des astres , qu'il a continue depuis sans interruption. Bode a decouvert des comctes, des etoiles, etc.; i) a etudie aussi avec soin les iiouvelles planetes : Uranus, qu'Herschell avail decouverte , le i3 mars 1781, en Ani,'leterre , el que Bode le premier, en Allemagne , a observe le i*^'' aout de la mer^ie annee ; puis successivement Junon , Pallas, Ceres, Vesta, etc. C'est a lui qu'est due I'idee de former une constellation en I'honneur de Frederic II, qu'il nomma Friederichscitre , I'hon- neur de Frederic. Elie se compose dun glaive, dune plume, d'une palme et d'une brnnehe d'olivier, emblem«'s ingenieux de la valeur et de la legislation, de la vicloire et de la paix , reunis sous ime courotine entouree de rayons. Certe cnnsfeila- tion nouvelle a ete depuis generalement adoptee dans les carles celestes, snr les globes planetaires, et dans les ouvrages des .astronomes. Des 179G, Bode s'occupa d'u;ie edition complete de soii Atlas de cartes celestes , en grand fornjat, cpii pariit efi 1801. Forme de 32 planches in-foi.i il comprend 20 plancihes, avet; Jeurs descriptions et I'indication de !enr usage, et une lisle ALLEMAGNE. — SUISSE. 495 de 17,2/10 ctoilcs diverses, c'esr-a-dire 12,000 de plus que u'en indiquaient les cartes publiees jusqu'alors. Get ouvrage seiil suffirait pour transnietire a la posterile reconnaissante la m('- moire de i'astronome allemand. Ses conteniporains reiidirent justice a son merite pendant sa vie. Un grand nonibre de so- cictcs savantes le recnrent dans leur sein ; enlre autres celle de Berlin, en 1782; colles de Londres, de Saint-Petersbourt;, de Stockholm, de Copenluigue, de Goettingue , de Munich, de Moscou .^ ut34 uouvi-aiix icons dans rannee, et 8/|3 externes, y compiis 106 mcnibios de la Sncit'te fedcrale de musiquc dont la reunion ent lieu I'annee derniere a Geneve. Parmi ccs etrangers, sont 114 Suisscs d'aiitres cantons, 148 Francais, l\0 Italiens, 216 Anglais, 7 Grecs , ai Americains tant dii nord que du sud , etc. Indepen- dammcnt de i/jo3 personncs qui ont frequente les salons de lecture, la circidation des livres a domicile, au nombro de i3,a52, en 1826, a permis a chaque societaire de faire jouir les nieinbres de sa famille de la lecture d'un grand noinbre d'ouvrages. — L'accroissement progressif de la bibliotlieque presente un resultat analogue a celui qu'on a observe sur la liste des socielaires. — En 1818, la generosite de plusieurs des fondateursde la Societe, de beaucoiip d'autres Genevuis et de quelquos etrangers, procura nn commencement de biblio- theque d'environ 4000 volumes; ce nombre , presque qua- druple, est aujourd'hui d'environ i5,6oo, dont 1600 ]iro- viennent de dons faits en 1S26. 11 faut ajouter a ce nombre i5o cartes de geograpbie detachecs, et plusieurs atlas. Dix mille florins (environ cinq mille francs) sont employes, chaque annee, a des achats de livres nouveaux et choisis : les ouvrages d'histoire, de voyages et de geographic, ceux qui traitent d'histoire naturelle, "de physique , de chimie et de geologic ont absorbe a cux seuls, I'annee derniere, la moitie de cettc somme. La Societe recoit 1 17 journanx ou rccueils periodiques. — Les rapides progres de cette institution lui rendent neces- saire un local plus vaste pour y placer avec plus d'ordre ses richesses scientifiques et Utteraires et pour y recevoir un plus grand nombre d'amis des sciences. La precision et I'exactitude des details que Ton remarquo dans ce conipte rendu, et dans le tableau des rccettcs et des depenses de Tannine , qui le termine, font honneur aux membres dn cnmite d'administration, et fournissent une nouvelle preuve de la bonte de ces habitudes economiques et morales qui dis- lingueut eminemment les citoyens de Geneve, et qui sont un des fruits de I'excellente education qu'on recoit en general dans leur ville. .- u • - On avait forme le projet, il y a quelques annces, d'etablira Paris une grande .Societe de lecture, analogue a celle de Geneve, SUISSE. — IT ALIE. 4^7 It qui aurait offei t un point central de reunion et il'inslruction aux eirangers nombreux qui affluent dans la capitale de la France. La Revue Encyclopediqiie accordait la jouissance t;ia- tuite, pendant deux annees,de plus de cent jouinauxet rccueiU peiioiliques, francais et eti angers, pour concourir a la fonda- tion de cettc belle et ulile institution. Des obstacles indeptn- daus de la volonte des fondateurs, parnii lesqiiels se trouvaicnt des membres de I'Academiedes sciences, des conseillcrs d'Etat, des professeurs justement celebres, ont force d'ajourner I'cxe- cution de ce projet. En attendant, VJtlicnee royal de Paris pro- cure une pai tie des avantages que I'on avait voulu reunir, et ses differens cours de sciences et de litlerature continuent d'y atlirer, tous les bivers , un nombreux auditoire. M. A. J. ITALIE. LucQUES. — Anatomic'. — Le D'^ Pacini, professeur d'ana- tornieJ hnmaine et comparee au Lycec royal de Lucques, a public des lettres tres-interessantes sur la laceration de la cristalloide anterieure, au sujet d'un anevrisme de I'arteretho- rachique, etc., dediees au celebre Aittoine Scarpa. Ces leitres d'un medecin distingue sont digues du grand anatomiste auqiicl elles sont dediees, et nous ne pouvons qu'engager nus lecteurs a en prendre connaissance. II serait utile qu'on les traduisit dans quelques-uns de nos recueils consacres aux sciences mo- dicales; elles ne sont pas d'une etendue qui depasse les bornes" de ces recueils. Le D'' Pacini est un des plus digues eleves du celebre Vacca Berlinghieri, que les sciences niedicales ont eu le malheur de perdre, 11 y a queiques mois (voy. RrA<. Enc, t. XXXIV, p. 793). Ce savant, si digue de sa vaste reputation, par la profondeur de ses connaissances et par sa grande lia- biiete, conime praticien, s'etait acquis I'affection et la profonde veneration de tous les gens de bien par son genie et ses vertus. C. D**. P»OACE. — Antiqiiites. — Un tres-beau batimcnt, que Ton croit avoir etc construit par Tibere, a etc submerge, a une epoque tres-rcculee, dans le lac de Nenii, silue a cinq lieues de Ro.aie. D'apres les traditions du pays, ce batiment renferme avec des objets precicux un grand nombre d'antiquites curieuses. Deja deux tentatives ont ele failes pour retirer du fond de I'eau le baliment, on du moins les choses rares qu'il peut con- tenir. Le premier essai eut lieu, dans le xv*^ siecle, paries ordres du cardinal Prosper Colonne, et le resultat fut Fexlraction de plusieurs luorceaux de ploinb ou de bronze, sur Tun desquels T. XXXV. — AoCit 1827. 32 /,98 EUROPE. on lisait, fres-bicn grave, le nom de Tiberius Ctesor. En i535 , le celehre architccto Marohi fit iine scconclc tentative, qui, sans c'trc enlieiement inutile, ne fiit pas neanmoins plus deci- sive (|ue la precedentc. Ce travail vient d'etre repris par M. Anncsio Tuscom , Romain , qni a perfectionne la machine propre i mannenvrer sous I'eau; cotte machine est en etat d'agir; ellc est partie de Rome et arrivce a Nemi. Les expe- riences ne tarderont pas A commencer. ( Notizic del Giorno.) PAYS- B AS. £tat de r instruction puhliqiie. — Un Rapport sur les ecoles dcs Pays-Bas, attribue au miuistre de rinterieur (Bruxelles, 18^7; Weissembruch, imprimcur du roi; brochure in-S" de 34 p. avec 27 tableaux), fait connaitre quelques faits curieux dont nous prosenloas ici uu rapide extrait. La population dcs Pays-Bas est evaluce a 6, 1 67,286 habitans , sur lesqnels 633,859 enfans et jeunes gens recoivent I'instruc- tion dans toutesles especes d'ecoles. Plusieursjournaux ont rap- prochfj de cc nombre I'etat de I'instruction primaire en France d'apres les calcu'.s de M. Charles Dupin, desquels il resulte que les trcntc-deux departemens du nord, sur une population de 1 3, 000, 000, en voieut 7 4 0,486 enfans aux ecoles, ei lescinquante- deux du midi , sur une pojiulation de 18,000,000, en envoient 375,931 (Voy. Rev, Enc. , torn, xxxiii , p. 4o et suiv.) Leresul- tat de ce rapprochement est tres- favorable aux Pays-Bas , puis- quc dans ce royaumo, et d'apres les docunicns que nous venous de citer, le rapport de la population dcs ecoles a la population fotale serait comme i ay, tandis que, dans la France septen - triouale, il serait seulcmcut dc i a 17, et dans la France meri- dionale, comme i a 47- Mais il nous scmble qu'on ne peut adopter ces conclusions, et qu'avant d'etablir ce parallele il aurail fallu donner plus d'attention aux calculs sur lesquels on s'appuie. En effet, ce nombre de 633,859 *^"ti'cbans que comptent les Pays-Bas embrasse la totalite de ceux qui frequcntent les ecoles , depuis celles on Ton apprend a lire jiisqiies et y compris les facultes de theologie, de droit, de medecine , etc. M. Charles J)npin , au conlraire, u'a compris dans ses evaluations que les ecoles primaires proprement diles ; et certes, s'il y cut ajoute les etudians qui apparliennent aux colleges royaux et comnui- naux, aux institutions particulieres oil les langues anciennes sont enseignees , aux grands et petits seminaires , aux ecoles de droit, de medecine , etc. , il eiit trouve plus d'cgalite entre la situation des Pays-Bas et celle de la France. Car nous pensons PAYS-BAS. 499 que notre patrie est plus riche en etablissemens de haute in- struction que le royaiime des Pays - Bas. Efiectivement , nous reniarquons que, dans ce royaume, 7,o/,8 eleves sculeinent se trouvent dans les colleges et ecolcs ou le latin est cnscigne; ct quant aux iiniversites, elles ne nous paraissent pas non pins tres-frequentecs. Nous allons donner un apciTU statistique do lenr situation, au premier novcinhre iSaS, telle qu'elle est pre- sentee dans le dernier tableau joint au rapport que nous avons cite. IINIVERSITES. Eleves theologie. En tiroit Ell medecine. En sciences. En philo- sophic el litteia- ture. TOTAL. Leyde .... 9G ii3 56 4 184 453 Utrecht . . . 1 34 n5 18 23 166 456 Groningue . . 95 77 34 1 7 ;)t 3r4 Louvain (i) . » 164 77 CS 280 589 Liege .... » 1S2 8fi ^a I'>4 46 r Gand » r56 io3 45 59 363 TOTAT. GEN F.RAr.. . 2 636 Dii reste, nous reconnaissons qu'il y aurait bcaucoup de choses ;\ faire dans notre patrie pour I'instruction primaire ; et sans admettre I'exageralion que nous avons signn.iee, nous avouons que , sous ce rapport , la Belglqiie et la Hollande sont certainement plus avancues que la France. Mais ceile-ci n'a qu'a vouloir pour egaler et snspasser bicntot ses voisins dans le perfectionnement et la propagation de I'enseignement popu- laire. A. T. Harlem. — Societe des sciences. — Si/ite dii progkamm^ pour iSt.'^ . — La Societe a propose, dans les annees precedentes, les ques- tions suivantes, au.xquelles on doit repondre avant le i<"' Jan- vier 1828. — « Quels sont les progres qu'on a faits dans la con- (r) Dans le nombre des etudians en lettres , on, a compris i5o jeunes gens qui frequentaient alors le college , dit Collegium philoso- phicum. 32. 5oQ EUROPE. naissance dc la ftrmentation par laquelle on produit I'acide vegetal? Pent- on cxpliquer par-la les diffeiens proctdes, qui sont en usage pour obteiiir les diverscs sortes de vinaigre, y compris la nouvclic maniere d'operer, pratiquee premieremeiit en Allemagne dans la fabrication du vinaigre , par laquelle, en I'attenuant au moyeii d'une egale quantite d'eau, ct en y ajoulant quclque niatiero, on obtient dc nonveau une double quantite (le vinaigre de la nicme force ? Quels sont les preceptes utiles qu'ou pent di'duire decequ'on en connait, pour ramelioration (les vinaigreries?" L'anieHoration stipposcederairatmospheriqiie, et I'angmen- laiiou de I'oxigene dans cot air par la vegetation ne se trouvant pas confirmees par les dernieres experiences de quclqiies pliy- siciens, lesquellcs paraissent plutot prouver que les plantcs ne conlribuent niillemcnt a augincnicr la quaiilite de I'osigene dans I'air, la Societe desire : " Qu'on demontie, par des obser- vations et par des experiences satisfaisantes , quels sont les rap- ports de I'air avec les plantes; quelles sont les substances que les plantes s'approprient de I'air, ou qu'elles versent dans ce- lui-ci? Qnelies conclusions on pent en deduire pour le perfec- tionnenient de la physiologic vegi'tale et de la culture? » Comnie I'analyse chimique des vegetaux a fait connaitie un grand nombre de substances vcgetales ou principes innnediats des plantes, nombre qui appaiemment se trouvera augments de plus en plus; et comme les chimistes different dans leurs opinions a I'egard de la nature de ccs substances, nouvellcment decouvcrtes, que quelques-uns croient etre de simples modifi- cations des substances antcrieurenient connues , tandis que d'autres les prenuent pour autant de substances differentes; la Societe desire : « Une exposition exacte, fondee sur des carac- teres positifs, des substances vegetales connues, ainsi que Tin- dication de I'usage qu'on pent Hure de ces substances nouvelles, ou des plantes qui les reiifermenl? » « Quelle est Taction du charbon animal employe a la purifi- cation et a la decoloration de plusieurs liqueurs? Jusqu'a quel point cettc action differe- t - elle de celle du charbon vegetal ? Quels sont les cas dans Icsqucls on doit preferer I'un a I'antre ? Quelle est la preparation du charbon animal destine a diffcrens usages, et quels sout !cs caracteres auxquels on reconnait celte substance bien preparee? » "Quelle est, en general, la nature et la composition de la substance qui constitue la partie fertile dun bon terrain? Quel est surtoiit son ctat, au moment oil elle est pompce de la terrc par les fibres radieales des plantes ? Quelles sont les circoi»- PAYS-BAS. 5oi tances qui la rendent susceptible d'etre recue par les plantes , et quels sont les premiers chan|^emeiis qu'elle subit, apres avoir etc paisee par la cheveUire des racines? Quels preceptes peut- OQ deduire de celte connaissance jjour !e perfecuonnement de ragricultiire ? « Comnie plusieurs solutions de plomb doilrient trop souvent, dans reconomie ilomestiqiie, des exemplcs affrcux do leureffet insensible, mais dans la suite tres - nuisible et nieuie mortel pour les lionunes et les animaux , et conime il parait ;\ present prouve, que le charbon animal, qu'on trouve dafis la matiere noire du commerce, connu sous le nom noir animal (beeu- zwart) a la propriete de dissoudre entieremenl les solutions de plomb , surtout ceilcs qui se trouvent dans Tcau a boire, la Societe demande : << Unt; analyse chimique du rharbon animal, tel qu'il se trouve dans le commerce ; et une ex|)Osition de son action dans les solutions de plouib susdiles, et dela maniere la plus sure et la plus utile d'en faire I'application en grand et en petit dans I'economie domestique? » « Est-ce que le tannin qu'on tire de differentes planfes, est lui priucipe reel et pro[)re a ccs plantes, on bien a-t-on donne ce nom a differentes sidjstances tirees de plantes qui out la pro- priete commune d'etre astri/igcntes el de pouvoir servir a tan- ner le cuir ? — Par quel moyen peilt-on tirer ces substances les plus pures de differentes plantes, et par quels uioyehs peut-on connaitre qu'elles ne sont pas melees, et ne different point entre elles? — Quelle est la maniere la plus sure et la plus prompte de produire des substances propres h tanner en traitant de* charbons de terre, on I'indii^o ou d'autres substances vegetales par des acides, et en quoi differe ce tannin artificiel dii tannin naturel ? — j\e scraient- ils pas tons deux des substances sein- blables? Dans le cas ou Ton arriverait, par des recherches nou- velles, auneconnaissanceplusparfaitedes differentes substances a tanner, de quelle utilite cette connaissance pourra-t-elle ^tre alors, tant pour les differens trafics et maniifactures, que pour la medecine ? d « Jusqu'a quel point connai(-on la nature et les causes de la putrefaction des substances animales et vegetales, et les moyens les plus propres a prevenir la putrefaction dans des circon- stances differentes, et pour des buts differens? » « Comme il existe encore uu■ 5oa EUROPE. « Que sait-oii actUfUi'iiieiit de i'Hisiohc naturclle clcs pois.so/i.% dc passage? — Quels sont les poissoiis conuus comnic telj? — Quels sont le commencement, la diiection, et la fin de Icur trajct, et quellcs particularites a-t-on observees ;i Icur egard? » Comme les digues, le Icng des rivieres dcs provinces sepleii- trionales du rovaume, sont sujetles, pendant les erues extra- ordinaires et prolongees, a des afl'aissemens dangereux, et comme il est de la plus haute importance qvie ceux a qui la siuveillance de ces digues est conQee, solent parfaitement instruits des nioyens les plus surs ct les plus prompts pour arreter les pro- grcs et pour prevenir les suites de ces symptomes alarmans, on demande : « Quels sont les meilleuis moyens auxquels on doit recourir, lorsque des fiitrations et des affaissemens dan-- gereux sc mauifestent dans les digues, pendant les grandes crues dcs rivieres, afin d'en arreter les progrus et d'en prevenir les suites? « On exige que, dans les repouses a cetle question, les con- currens exposent les differens moyens applicables a la phipart des situations, et aux circonstances dilTcrentes, et qu'ils en discutent le merite relatif, afm d'en deduire dcs regies a suivre, toutcs les fois que le phenomene dangereux de I'affais- sement dune digue se presentera. « Jusqu'a quel point peut-on se faire des idees ou des hy- potheses Lien fondecs conccrnant la formation de la grele , apres tout ce qu'on a observe a cet egard en differentes sai- sons? En cas que les observations nombreuses pendant la grele prouvent suffisamment que rcleclricltc de ratmosphere a uue graude influence sur la formation dc la grcle, soit toujours, soil dans quelques saisons; pourra t-on deduire avec evidence qu'elle soit la cause physique que la formation de la grele est prevenue, dans quclijucs saisons, par I'erection des conduc- tcurs electriques, et pcut-on en deduire aussi la construction la plus convcnable des paragreles, et a quellcs distances ils doivent etre places, pour en tircr le plus d'effet sans de trop grandes depenses? Les observations faites sur dcs lieux ou Ton a place des paragreles, et qui n'out pas ete frappes par la grele pendant quelque terns, prouveut-elles suffisanunent que ces lieux auraient etc frappes par la grcle, dans le cas oii Ton n'y aurait point place de paragreles ? » « Quels sont, en general, les avautages etles eclaircissemens, que , depuis le terns de Haller, la physiologic ou I'histoire phy- sique de I'hommc a letires de la zoologie et de ranalomiecom- parec? Quels sont, en particulicr, les organes du corps hu- n)ain, mieux connus depuis ce terns, ct quelles en sont les PAYS-BAS. 5o3 foiiclioiis sui losqucUes la zoologie et ranaromio comparee ont I'epandu de nouvelles himieies? » La vertu antiseptiqiie dii chlorure de calcium ayant etc confirmee par pliisieuts experiences, qui permettent de con- cUire qu'on pourra employer ce remede avec succes, soit pour prevenir les contagions que les emanations niiislbles pourraient causer, soit pour la conservation des substances animales , surtoutde celles qui soat employees comme alimens, la societe demande : « Un precis des observations et des experiences qui prouvent refficacite du chlorure de calcium; — une instruc- tion sur la meilleure maniere de le preparer, et enfin I'indication des circonstances dans lesquelles on doit faire usage de ce remede. » Un vernis vilreux, compose de silice et de potasse, etant recommande et employe nouvellement, comme moyen preser- v.vif des bois etd'autres objets inflammables, en cas d'incendic, et contre Taction nuisible de I'air et de I'humidite, la societe propose : « Qu'on demontre, par des experiences exactes, si, dans les Pays-Bas, ce preservatif peut egalement etre employe avec succes dans les cas iudiques, et quelle en est la meilleure preparation, aftn qu'on obtienne toujours un vernis durable et satisfaisant pour I'effet propose ?« « Qu'est-ce quelesdernieres experiences apprenuent a I'egard de la nature de I'humus ou du terreau vegeto-animal? Doit-on admettre, avec quelqneschimistes, que c'est un acide particu- lier? En quoi cette substance differe-t-elle de I'ulmine et du principe exiractif des vegetaux? Est-il suffisamment demon tre que les combinaisons de cette substance, supposee acide, soit avec la potasse, soit avec la chaux, sont effectivement iavorables a la vegetation, et qu'au contraire, la meme sub- stance, combinee avec le fer, fait tort a la fertilite du sol? La connaissance plus exacte de I'humus peut-clle est appliquee a la theorie de I'agriculture , et peut-on en deduire des preceptes utiles a la culture des terres ? » Les experiences de sir Humphrey Da\y ayant prouve I'iii- fluence que la difference du sol, du cliinat et de la snison peut operer sur la quantite relative des principes immediats des graiues cereales, particulierement du froment, de sorte que , par exemple , le froment d'hiver contienne une plus grande quantite d'amidon ou de fecule amiiacee, tandis que le gluten se trouve augmente dans le froment d'ete, et que le meme principe soit encore plus abondant dans !e froment del'Ame- rique septentrionale que dans celui qtii est cultive en Angle- tcrrc; et vu qu'il serait important de savoir jusqu'a quel point 5()4 EUROPE. les circonstaiices indiqiiees peuvrnt influer sur la nature d« fromc'tit cullivo clans les Pays-Bas, la Snclele desire « <|u'on dcmontii; quelles sont les difi'eiences que les circonstances in- di;|utes ci-dessus pcuvent produire dans le fionicnt cultive dans ce pays? en quoi celui ci differe du fromont cultiv« en d'autres pays? qnelles sont, en vertu de ccs reclitrclies, les nieilleures especes de fromcnt dcsiine a differens usages? et quelles instructions on piut. on dcduire pour la culture de ces grains? » Une connaissance cxacte des torres labourables etant la base principale de I'aj^ricnUure raisonnee, la Societe desire: « Une histoiro naturelle, chimiqne et econoniique des terrcs incultes ft labourables des provinces scptentrionales du royaunie, sur- lout par rapport a la fertilite et a la culture, en grand, de plantes utiles? » « Quelles sont les matieres colorantes vegetales , connues coinnie principes particuliers ? Quelles sont Icur nature et U urs proprietes? Avec quels principes sont-ils combines? Quelle est la matiere la plus propre a les isolcr? Par quels nioyens sont- ils ie plus alteres, eleves, enfouces et decolorcs ? quelle ulilite et quel a vantage resultent de cctte connaissance pour les tein- turcries et antres fabriquos? » « Comrne I'effet nuisible des cbarbons eteints surl'air atmos- pberique, lorsqu'on les rallunie, et pendant qu'ils ne son! pas encore entierement en braise, est beaucoup plus dangereux que celui des cbarbous tout-a-fait embrases, de maniere que les hommes,qui y sont exposes dans des appartemens peu spa- cieux, tombcntbientot en nsphyxie ou perdent la vie , etcomiTK? cet effet si dangereux ne pout pas etre attribue ;\ la quantite peu considerable du gaz acide carboniqrie, qui s'est forme en si peu de terns pendant renibrasement, on desire qu'on cberche et determine, pa des experiences decisives, quelle est la cause de cet effet deletere des cbarbons eteints , pendant qu'ils sont rallumes, dans de pelils appartemens fermes, sur I'air atmos- pberique, par lequcl celui-ci est bicntot rendu tout-a-fait inca- pable d'entretenir la vie animale? » ( Le programme de la Societe, qui vient d'etre public en hol- landais, contient pbisieurs autres questions, qui ont un rapport special au pays, et auxquelles on ne pent attendre des reponses, que des savans qui peuvent lire cc programme en original. Celni-ci se trouvc i]ans un Supplement &\a Gazette de Harlem du 2 juin , repandue dans tonte I'Europe. ) Le prix , pour une reponse satisfaisante a chacune des ques- tions, est imemedaille d'or de la valeur de i5o florins f^oofr. ). PAYS-BAS. —FRANCE. —DEPARTEMENS. 5o5 cide plus, line gialilication de i5o florins d'HolIande. II faiit adresst-r les reponses, lisiblcinent ecrites, en hollaudais, fran- cflis, anj;lais, lalin ou allemand , mais non en caracteres alle- niauds, affVanchies, avec des billets de la maniere usitee, k M. Vaw Makum, secretaire perpetuel de la Societe. FRANCE. Enohien {^P'allee dc Montmorency). — lltablissemens ther- maux €t eaux .lulfureiises. — A trois lieues de Paris , siir les bords dii lac de Montmorency , an centre de la A'alloe de ce nom, sc sont elevcs, depuis quelques annees, comme par en^ chantemcnt , des etablissemens de bains , dcs hotels destines au logement des baii^ncurs , et un grand nombre de maisons par- ticuliercs. Tons ces bAtimens sont retnarquables par lenr situa- tion pittoresquc , par leurs formes et leurs distributions ele- gantes et commodes , par les beaux jardins et les charmantes promenades qui les environnent, et surtout par leurs sources tl'eaux sulfureuses. Nous crovons faire plaisir a nos lecteurs, en leiir offrant quelques details sur cette creation nouvelle. En 1766, le pere Cotte , pretre de I'Oratoire et cure de Montmorency, decouvritles sources d'eau sulfureiise d'Enghien. Ce savant, qui etaitassocie de I'Academie royale des sciences , et auquel on est redevable d'une excellente statistique sur la vallee de Montmorency, de plusieurs traites sur la meteorologie el I'histoire naturelle , fit part de sa decouverte a I'abbe Nollet, celebre physicien du meme terns. L'Academie des sciences et J'ancienne Faculte de Medecine de Paris cliargerent successiveinent MacqUer , Deyeux, Roux, Vicq-d'Azir , etc. , d'analyser la source recemment decoiwerte et d'en determiner les proprictes. Les rapports et les memoires publies a celte epoque constaterent la composition eminem- ment sulfureusc de ces eaux , et en conseillerent I'usage dans les maladies chroni((ues. En 1785, la Societe rovale de Medecine donna mission a FouRCROY, si celebre depuis, et a Delaporte , medecin d'une grande reputation , de completer les rechcrches qui avaientete faites et d'analyser ces eaux. En 1788, Fourcrov et Dela- porte publierent un ouvrage ayant poor titre : Analyse ckimi- fjue de I' can sulfureiise d'Enghien, pour sen'ir a I'histoire des eaux sulfureuses en general. La science ayant fait d'immenses progr^s depuis 1788, il elait a desirer que cette eau fnt soumise a nne nouvelle aiia- 5o6 FRANCE. Ivsc avcc Ions It-s nioyt-iis doiil les cliiiiiislcs pcuvciil disposei' aiijoiird'luii. Eiitrepris d'apn-s U-s oidi cs de la Conimissioti des taiix iiiincialcs prcs lo Miiiislcie dc linttiieur, pai' M. Lomo- t;uAMP, cliiiTiislo attache a cetto CoiDiiiission , co travail reniai- quable , comme tous ceux qu'il a dt-ja puljlii-s , conliniic Ics proprittt'S que ses piodecesseurs avaiont sii;nali'es (i). Depiiis , FouRCROv, qui a tant contribue a la reputation di- ces eaux, et les niedecius les jjIus eclaires ont constate Icur utilite dans une foule de maladies, tclles que les affections scrofiileuses et les cni^orgenieus glanduleux du cou et des mamelles, les catanhes pulinonaires chroniques et ceux de la vessie, les rhumatisnies articulaires et llbreux , les paialysies generales , etc. ; mais c'est principalement dans Ics diverses especes de dartres que I'efficacite des eaux d'Enghicn a ete re- connue. Elles ont ete enqjloyees avec le meme succes dans quelques maladies des femmes , et particulierement dans les leucorrhees (fleurs blanches) et dans les inflammations de la matrice. Enfin, I'emploi de ces eaux est indique dans la plupart des cas ou Ton vcut relcver Ics forces des organes affaiblis, sans courir le risque de les exciter outre mesure. Le docteur Aiibert donne les memes indications, dans son Precis liistorujue sur les ciiiix mincralcs Ics plus usittcs en mede- cine. II ajoute meme (page 489), en citanl uu fait remarquable, qu'ellcs guerisscnt les ancienncs ulcerations. Tels sont les travaux scicntiliqucs publics ct les indications dounees par les hommes les plus distingues en chimie et en medecine sur les eaux sulfurcuses des sources d'Enghien. Ajoutons que , de 1788 a 1818 , on se borna a en prcscrire I'usage en boisson et a renouveler le vo?u de Fourcroy pour qu'il se format des etablissemens, reufermant des appareils destines a leur distribution en baiiis et en douches, et pouvant offrir des habitations commodes pour les malades. Le grand etablissement de bains i'ut commence en 1820, et termine eu 1822. Place immediatement au-dessous de la source decouverte par le perc Cotte, et analysee par Four- croy et M. LoNccHAMP , il contient un grand nombre do bai gnoires , huit douches, des bains de vapeur, des boites a lumi- gations , etc. On y trouve plusieurs maisons et appartemens convenablement disposes , un vastc salon de reunion et dc fort beaux jardins. Uu pen au-dessous , ou a eleve un second eta- (i) Analyse de I'cau mincralc sulfnreiisc d'Enghien, falte par ordrr- du Gouveinement; par M. Lokgchami-. Paris, 1826 ; Crochard. Ia-8' de xi-iv-i38 p. ; prix , 3 fr. 5o c. PARIS. 5o7 blisscinent, appele Bains de la Pe'cherie ; il est situe sur deux sources decouvertes dcjiuis di\ a douze ans, et presentant la memc qualite d'eau. Dos maisons nombieuscs , ou les logemens sont d'un prix inoins cleve , se sont groupees autour des etablissemens prin- cipaux, et formenl uii petit village. Des restaurateurs et des aiarcliands dc tous les objets necessaiies aux besoins de la vie sc sont etablis dans une partie de ces maisons. Apres cette description sonimaire, nous croyons devoir donner quelques details sur la quantite des eaux que produisent les sources, le mode de chauftage et les bains accessoires etablis pour aider il la guerison des malades. Les sources reunies peuvent aujourd'hui fournir a plus de (juatre cents bains par jour ; des travaux considerables ont mis les proprietaires a meme d'obtenir cet heureux resultat. On recueille dans des reservoirs bien fermes les eaux qui coulent sans cesse. Ces eaux sont elevees dans les batimens destines aux bains et aux douches , au moycn de pompes et de tuyaux. Les corps de pompe , les pistons, les tuyaux, les robinets, les baignoires sont en zinc , metal que les eaux sulfureuses ne decomposcnt point. Quelques personnes out remarque que ces eaux etaient a une temperature peu elcvee , et qu'il devait etre difficile de les admiuistrer en bains ou douches , telles qu'elles sortent de la terre ; mais les secours de I'art ont mis a meme de lever cet obstacle. Fourcroy nous apjireud, dans le passage que nous avons rapporte ])his haut , que I'eau d'Enghien conserve ses proprietes a uu degre de chaleur qui est bien siqierieur a celui qu'il est necessaire de lui donner pour etre administree eii bains ou douches , et c'est ce que coutirment les experiences recentes de AL Longchamp. On avait reconnu jusqu'alors que les eaux sulfureuses , chauffees et conservees au contact dc I'air, se decomposaient tres-promptement. Pour eviter cette decomposition , on a etabli des appareils dans lesquels I'eau des sources est recueillie et chauifee au moyen de cuves en bois hermetiquement fermees ; cette precaution peimet de les elevcr a une chaleur de 35 a /|0 degres, sans qu'elles eprouvent la moindre alteration. M. Lo-VGCHAjii' a constate , en eftet , que I'eau d'Enghien , elevee pendant six heures a la temperature de 35 degres , ne perd point la ])Uis petite partie d'hydrogene sulfure , soit libre , soit combine, et qu'elle ne diflere point de lean qui n'a pas ete chauffee. II resulte de eelte experience que I'eau d'Enghien peut etre chauflee a uae tenqierature bien superieure a cello 5o8 FRANCE. qui est nc-cessaire pour etre administrtk; en bains , et cela sans cproiiviT la nioindre alteration. Aux itablisSL-mons fornu's pour la distribution dcs eanx sulfureiisc'S , les proprietaires ont ajouto dcs bains d'eau douce , des bains et des douches de vapeur. I.cs bains d'j vapeur sont devenus aujourd'hui un moyen puissant pour le Iraitenient des maladies rliumatisiuales et do quelques maladies de la peau. lis devaient done etre introduits dans un etablissement de ce genre , ou Ton s'est efl'oree de reiinir toutes les ressources que pourraient diKicilement presenter ceux de la capitale. On y trouve, en outre, les appareils si ingenieux de M. Darcet , memhre de I'Academie des sciences , pour I'administration des bains de fumigations snltureuses , aroniatiques et alcooliques. II est difficile de visiter des etablissemens |)lus complets et mieux ordonnes : on y a fait avec intelligerjce et avec soin toutes les ameliorations quo peuvcnt indiquer les progres do rindustric moderne. Nous citcrons Vemploi da zinc p.-^iir les titjauj; et les rnblncts : cette application est d'autant plus heii- reuse, que ce metal parait etre le seul que les eanx sulfureilses ne decomposent point. Le cliauffage d'eau a circulation est aussi tres-reniarquablc ; il pout servir de modelo , partout oil Ton veut faire chauffer de grandes masses d'eau, sans em- ployer les chaudieres et les reservoirs en cuivre ou en tole qui coutent si cher a etablir , et qu'il faut souvont renouveler. L'appareil d'rclaii/ige aii gciz par la distillation de I'Imile est d'une telle simplicite , qu'il pent etre execute dans toules les habitations et dans toutes les fabriques. La construction des douches descendantes est peut-etre la [)lus parfaite qui existe dans son genre ; le reservoir qui ali- mentc ces douches est h plus de 60 pieds d'elevation ; et cependant, on peut moderer et changer tous les jets a volonte. Les diiuclics asccndantes de vapeur, et les douches a fumigations locales sont egalement des modeles. Un coup de sonde , donne ii 60 pieds de profondeur, a fait jaillir une source qui donne par heure 63oo litres d'eau naturelle d'une excellente qualite : c'est cc que Ton appelle generalenient ])uits artesien. Nous aurions encore a decrire bcaucoup d'autres objets tres- perfectionnes et d'une veritable utilite , si nous pouvions dis- poser d'un plus grand espace. Ceux de nos lecteurs qui habi- tent Paris, ou que lours affaires y appellent , aimeront sans doute , meme sans etre malades , a visiter le nouveau bourg d'Enghien et les sites delicieux au milieu desqnels il est place. Si I'usage des eanx peut Ictn- convenir, cc qu'il app.Trtient \ leurs uiedecins d'examiner, its trouvefonf , a la proximite de DErARTEMENS. fiog la capitale , Ics memes avantages que dans les bains les plus renommes. On cite ties cures reniarquables , dont le uombre augmentc d'annee en annee. Les etablissemens d'Enghien pa- raissent devoir attircr surtout les habitans de Paris tres oc- cupes , et qui ne veulent pas sen eloigner, et les Francais des regions de Test, dc I'oucst et du nord, ainsi que les etrangers qui voudront profiler a la fois des eaux thermales pour leur sante, et du voisinage de la capitale pour leur instruction , ou pour leurs plaisirs. N, Ris iSeine-et-Oise). — Horticulture. — Jardin dc Fromont. — ■ Des coinmissaires envoyes par la Societe royalc d'ngricidtiire ontvisite, pour la troisieme fois, le jardin de Fromont. Cette marque d'interet donnee a ee bel etablissement par une reunion aussi respectable, nous fournit I'occasion d'offrir a nos lectcurs quelques nouveaux renseignemens, pour completer ceux que nous leur avons deja donnes (Voy. Rev. Erie, l. xxxiv, p. 801). Une serre nouvellement achevee, de deux cents pieds de longueur, a double toit vitre, est principalement plantee en meres de camellia et de pivoines en arbrcs; une serre basse a boulures, de quarante-cinq pieds, renferme , entre autres plantes, un essai de multiplication des camellia par la greffe en fente , a la maniere des Grangers : ce raoyen , qui a parfaite- ment reussi , etant prati(jue en grand , permettra de firer d'un seal pied mere dix fois plus de produits que par la greffe en approclio. Deux serres de cent vingt pieds, exposees a Test et au siid-est, sont destinees a recevoir les eleves de I'orangerie; la collection est d'environ soixante-dix especes ou varietes ap- partenant au genre citrus. Dans le quartier des serres, la culture des brujercs est parti- culieremcnt soignee; les boutures dans le sable ont eu un suc- ces assez marque pour qu'on puisse les entreprendre plus en grand. II est vrai que le blanc s'en empare; mais cette maladie, qui parait tenir a la qualite de 1 air, poiura etre combattue avec succes, puisque les jardiniers de Londres, qu'elle desole egalcment, savent y remedier. L'acclimatation de ce genre ai mable offrirait de charmans modeles aux fabricans de tieurs artilicielles, et serait une veritable conquete pour notre agri- culture. Les baches nouvellement consacrees a la culture des camellia ont environ huit cents pieds de longueur; une seule coutient huit mille boutures enracinees, une autre dix mille sous cloches. Les autres branches de eiiltiue recoivent une extension semblable dans ce superbe etablissement. La pepi- niere des plantes dc tcrrc de bruyere et semis renferme les jjroupes importans des rnsiers , los hvbridrs, le e;roupe des azn- 5 id FRANCE. Ar.v, qui a ctt- ciiiichi dc toutos Ics belles varietes reccmmcnt obtcnues par l<'s indiislrionx et paticiis jardinicrs dcs Pays- 15as. Dos semis de ningiiolia , tU- halmiu , de rhoilodnndron , ont ete faits siir uno tres-grande eehclle; le semis dc luilinia latijolia doit donuer an fe})icaije environ quarante niiile plants. Le resul- tat de cos yiand<;s nndtiplications sera d'inti'oduire snr Ic niar- che, a dcs prix. inediocres, dcs Hems ehai'mantes qni, suseep- tib'res d'etre cltauffi^cs , entreront dans I'cxploitation d<'s jai- -diniers fleuristes. Nous annoncons avec plaisir que M. Soulange-Bodin , fon- dateui- et directeur de cc vaste entrepot botaniquc , voulant reunir tons les genres d'utilite dont il est susceptible, a fait de nombreux semis A'ctrbres cxoikjucs propres aux grandes plan- tations et a la restauration des I'orcts. La nonvelle Societe d'hoiticiiltuic , qui vient de se former a Paris par les soins et sous les auspices de MM. Soulange-Bodin, Sih'cstre , Lastcyrie , Hrricuit de Tkiuj, et de beaucoup d'autres agronomes et horticultcurs zeles, contribuera sans doute puis- sammenta seconder les utiles travaux du proprietaire du beau jardin de Fromont. OE. — Fttc de ['horticulture. — M. Soulakge-Bodin , se- cretaire-general, et I'un des principaux fondateurs de la nouvelle Societe d'hortictdture , a donne , le 3o aoiit , dans son jardin de Fromont, une fete consacree a I'hor- licuUure. C'etait , en quelque sorle, I'inauguration de son grand et bel etablissement , sous les auspices de la reunion qui vient de sc former a Paris pour encourager la culture des plantes et des arbres exotiques , el fart d'embellir les jardins. Des le matin , une societe nombreuse et ehoisie s'etait reunie dans ce riche domaine botaniqne , cu Ton admirait a la fois la beauie des sites , la variete infinie des arbres , des arbustes , des plantes et des fleurs , la bonne disposition des serres , riieureuse distribution des eaux , I'ordre et la proprete qui regnent partout, Tintelligence qui preside aux travaux, et tons les acce.ssoires qu'un goiit exquis avait improvises pour ce jour de fete , et dont la politesse bienveillante des proprictaires de ce delicieux sejour a su doubler le prix. IJn terns magnifique ; une niesse en musique , coniposee par M. Plantade, executee etchantee dans I'eglise de Ris, par I'elite des musiciens de la capitale; une cantate chantee sous des bosquets, aupres dcs serres ; I'inauguration de la fontaine Plantade ; des groupes mobiles d'honunes et de femmes qui parcouraient le vaste et pittoresque euclos , theatre de la fete ; des tables richemeut servies, renouvelees par Irois fois, decorees par les vegegaux DEPARTEMENS. 5ii les plus rarcs , ct prott'gees par une tcnte spacieuse orneo de verdure; une illiiinitialion qui dessinait les avenues princi- pales du jardin ; un concert oii se sont fait entendre M"'= Cinti, M'n^ Dabadic , et nos grands artistes Baillot , Habenech , Talon ; un bal qui s'est prolonge fort avant dans la nuit , et oil des femines charmantes offraient commc un seduisant par- terre'de fleurs , voilu, en abregc, la solennite de Fromont . qu'animait !a ])lus franche gaite. Avant !e bal , M. Soulange- Bodin avail distribiie a chaque dame un bouquet et le premier caliier dn Journal de la Soci.ete d'liorticallare. Environ cinq cents personnes assistaient a cette fete , qui a etc celebree dans dcs chants improvises, pleins d'esprit et de grace; et Ton pent dire que, donnee sous les auspices les plus favorables , elle a eu le succes !e plus complet et le mieux, merite. N. Societes savantcs et Etablisscmcns d'utilite publique. DouAY {Nord\ — Cours de mathcinatlques appliqnccs a I'in- dtistrie, etc. — M. Chenou, ancien eleve de I'Ecole Normalc, pi'ofessetir de mathematiques speciaies au college royal de Douay, etc. adresse au Directeur de la Revue Encyclopediquc une lettrc trop inteiessante pour que nous ne la conanuni- quions pas a uos lecteurs. «... J'ai pense que vous ne refusericz point d'accueillir quelqucs documens sur le Cours industricl de la ville de Douay, dont je suis charge, depuis la fin de iSaS. Je joins a cette lettre des programmes qui ont etc distribues aux frais de la vilje, Iccon par lecon, a chaque auditeur. lis vous donncront Tidee de la marche qui a ete suivie. M. Ic general baron de Camas avait eu I'obligeance de mettre a ma disposion la litliographie de I'Ecole royale d'arliilerie. « J'ai proiionce un discours d'ouverture , le i" decembrc iBaS. J'ai cru devoir commcncer par des lecons d'arithmetiqiie appliquee, dont j'ai presente le resume dans un second discours ( le 3o Janvier 1826 ). Nous avons ensuite commence la geome- tric de la ligne droite et du ccrcle : elle a ete terminee, le i5 avril dernier. Pour jeter un pen de variete dans nos tra- vaux,je donnais ahernativement une lecon de geometric et une de mecanique appliquee, pendant I'hiver. Get ete sera consacre a une sorte de repetition du cours; a I'examen des ouvrages qui composent notre Biblinthequc indtistrielle naissantc , et des machines et instrumens finis ou qui s'executent. L'hiver pro- chain, je me propose d'enseigner la geometric des courbes et 5ia FRANCE. (les surfaces t|ui soitent du domaiiic do la geoiuulrie cleiucn- taire, et de contiiiucr les Iccoiis de mocanuiue. Jo suis seiil pour tant d'occu|jaUous; mais nics efforts sont particuliereineut secondes par le zele eclaiie do M. Ic niairc, qui ciillivc lui- nieiiie les sciences depuis sa jeunessc, ct qui ne veut point demeurer etraui^er aux dec.ouvertes les plus receiUos. Nous dcvons a ses soins un vaste local, dispose pour le nouveau cours, dans les batimens du Musee de la ville. Une sallc est cousacree aux lemons : I'autre coutieut les pieces et les modeles de toute espece qui sout executes et offcrls gratuite- meiit par les nuditeurs. J'ai I'houneur dc vous en adresser la note detaillee. Ces differeiis dons attestent en general une bonne exeeulion , du talent, et surtout un grand zele de la part des auleurs. Alin d'exciter parmi enx uue noble eiiiida- tion , je fais lithogrnphier quelques instrumcns perfect ionnes. Les dessins sont su'^pendus dans raniphitheatre, avec un ta- bleau ou sont inscrits les noms des personnesqui ont travaille pour nolle petit nnisee industriel. '1 La Societe d' agriculture, des sciences ct des arts du departc- mcnt du Nord, voulant encourager la nouvelle institution de Douay, a propfise un prix, consiitanl en une medaille d'or, ou sa valeur, pour I'eleve qui aura execute la piece la plus remar- quable. Les machines du concours feront partie , d'apres le desir de M. le mairo, des objets d'art etde beaux-arts qui doivent composer I'cxposition publique de la prochaine fete commu- nale. On y joindra les pieces que nous possedons deja, et qui sont les mieux construites. Vous voyez que nous nenegligeons iiucnn moyen de favoriser I'enseignement special destine a la classe industrielle. Cettc ville a d'ailleurs fonde depuis long- teras des couj-s spcciaux d' architecture, de dcssin, 'H'ecriture , de dcssin-broderie pour les jeunes filles, de modclure et de nni~ sique. Ces cours sunt tres-suivis, et produisent d'excellens sujets. Plusieurs des couronnes accordees aux eleves des arts a Paris ont c'te obtenues par des jeunes gens nouvellemeJit sortis de I'academie de Douay. Toutefois, le nouveau cours de geometric et de mecanique est regarde comme le conq>le- ment necessaire de tons les autres, parce qu'il s'applique en ■effet a I'ensemble des operations et des precedes dont les arts fontusage. Ilestsuivi par plus decent personnes; ctj'ose vous assurer que ce nombre ne pent aller qu'on croissant. La ville a une population d'environ 18,000 habitans. » Nous regretlons de ne pouvoir inserer la liste des objets qui composent des a present le Musee industriel de Douay; niais nous acquitterons au moins le plus important de nos devoirs, D^.PARTEMENS. — PARIS. 5 x 3 en citant les noms des amis ties arts dont les travaux on les dons ont commence cette precieuse collection. La ville de Douaj' a fourni des instrumens de physique et de mathema- ticjiief>; des modeles ont etc executes par MM. Dubrulle fils, maitre cliarpentier; Lcccrf, conducteur des travaux; Dubrulle pere, Vcroux, Lcqueux , Courmont, et Leblanc , nienuisiers; Passart, tourneur; Simon, architccte; Desniares, entrepreneur; Thcvenin, maitre horloger, et Tarlier, c'leve; Blangarnon, ser- rurier-mecanicicn. — L'ordre et la clarte de I'enseignement donnepar M.Chenou raerilentrattention des professeurs. F. Toulouse ( HautcGaronne). — Jcademie royalc des sciences, inscriptions et belles-lettres. — L'academic avait propose, pour sujet du prix a adjugcr en 1827, la question suivantc : « Deter- miner la maniere dont les reactifs anti-fermentesciblcs et anti- putrcscibles connas , tels que le gnz acide sulfureux , le peroxide et le perchlorurc de mercure , le campltre , Vail, etc., mcttcnt obstacle a la decomposition spontanee des substances vc-getales ou aniniales , et previennent ainsi la formation de I'alcool dans les premieres et de Vummoniaque dans les secondes , en meme terns qu'ils cmpechent lout developpement de moisissure et dinsectes , meme microscopiques. « Les Memoires que 1' Acade- mic a recus n'ayant pas entierement rempli les conditions du programme, elle donne encore cette meme question pour le sujet du prix a distribuer en i83o. Ce prix sera une niedaille d'or, de la valeur de 5oo francs. Elle rappelle que le sujet de prix propose pour I'annec 1828 est la question suivante : kA la- quelle des deux litteratures , greeque et latine , la Utteraturc francaise est-elle le plus redevable? » Le prix sera unc niedaille d'or, de la valeur de 5oo francs. Elle rappelle encore que le sujet du prix a donner en iSag est : « Une tlieorie pliysico-matlte- matique des pompes aspirantes et foulantes , faisant connaitre le rapport entre la force motrice employee et la quantite d'eau reellernent elevee (la hauteur de I'elevation etant connue), en ayant egard a tons les obstacles que la force pent avoir a vaincre. » Ce prix est double, et consistera en une niedaille d'or de 1,000 francs. Les lettres et paquets doivent etre adresses, francs de port, a M. d'Aubuisson de Voisins, ingenieur en chef des mines, secretaire perpetual de I'Academie. Les Me- moires ne seront recus que jusqu'au i*"^ fevrier de chacune des annees pour lesquelles le concours est ouvert. PARIS. Institu T . — Academic des sciences.— Seance du 1 "ijuillct 1827. — M. Arago, au nom de la commission chargee de presenter T. xxxv. — Aoiit 189.7. 33 5i/i IRANCF. les moyens d'exvciition dii rt^t;lemrnt rclatif aux machines h va- peur, rend compte des expt'rieiices faitcs a ce sujet. M. Gtbmih donno dis details sur I'cxplosion qui vieiU d'avoir lien a Aiizin, dans line machine ft basse pression. — M. Arago donne coii- noissaiJce de plnsieurs experiences faites snr le biome par M, Delarivk. — M. CoBniEU termiiie la lecture de son memoire sur la teinperatnre interienre de la tcrre. — M. Ampkue pre- senlc diverses observations sur ce memoire et des objections contre I'hypothese qui en fait la base. — M. Dutrochft lit de nouvelles observaiions snr I'eadosinose el Texosniose, et stir la cause de ce double pheuomene. — Da "iojiiUIct. — M. Thenard lit un rapport snr nne partie des manuscrits adresses par le ministie de I'interieur et prove- fiant de la succession de M. Reineck, Prussien d'origine, nioit a Ancenis. Presqiie tons sonl des traites speciaux qui of- frent beaucoup de laeunes ; les auires sonl des memoires de chimie dont les resnitats sout pen inu'-re^sans et sonvent mal constates. En consequence, I'Academie decide qu'aucun de ces memoires ne merite d'etre iniprime. — M. dii Petit- Tliouars fait nn rapport verbal au sujet d'un Dictionnaire d'agricnltnre offert i TAcademie, et presente des reclamations relatives a ses pro- pres recherches. — Dii fi aoiit. — L' Academic va au scrutin pour Teleclion a nne place d'academicien etranu^er, vacante par la mort du ce- lebre Volta. Sur 44 votans, M. Young obtient 3o voix; M. Blu- menboch , 5; M. Olbers , 4; M. Robert Brown, a; M. Plana, i; M. Soemmering, i. M.Young est declare elu. — M. Geoffroy Saint-Hilaire montre un masque en platre monle sur la figure d'un homme a (pii M. le docteur Delpech a fait un nez artificiel. Cette operation fut pratiquee en Italie au xvi*^ siecle, puis abandonnee; puis, reprise en An^jclcterre, d'apres un procede emprunte a des sauvatjes; enfui, essayee tout recemment en France par M. Delpech. Lc masque prouve que I'operation , telle qu'elle vient d'etre faite, laisse des traits assez reguliers. Nous reviendrons sur ce sujet, lorsque I'Academie aura en- lendu le rapport de ses cominissaires %\w les operations du raeme genre faites par M.Z,/.v/;y?«(?. — M. Geoffroy Saint-Hilaike presente ure tete de jeune giraffe ou Ton voit que le noyau osseux de la corne , pendant le premier age , est separe du front par nne suture distincte comme les bois de cerf au mo- ment on ils vont tomber ; il enonce diverses reflexions sur ce sujet, entre autres ccUe-ci, (|u'on remarque sur les cornes de la giraffe adulte dc3 tuberosites qui remplacent evidemment les andouillers des bois du cerf. — M. De Candolle lit wn me- PARI-. 5i5 moire stir la faniiilo dcs melastomt'os. — L'Academio va an scrutin pour I'tMectiou dun soiis-bibliuthecaire; sur 45 votans, M Stanislas Julien obtiont 4' suffra;;e.s. Co n'siiltat sera com- munique aux autres Academies. — MM. Mofaid et Navier font un rapport sur les mecanismes iuveutes par M. Cokti, et appeles tachy^raphc et tadiytypt. Le facbyj^raphe sert a im- primer avec facibte, presqu'aussi vite que bi parole, et meme sans le secours de la vue, sur le papier, la cire et ies me- taux tendres, avcc toutes sorfes de caracteres et poincons regulierement fabriques. II consiste principalemeiit dans une caisse portative, au milieu de laquelle est place un chassis horizontal a coulisse, une tablettc en marbre ou en fer, de la largeur d'une feuillc de papier, mobile d'avant en arriere, et sur laquelle on pose la feuiUe de papier qui doit recevoip I'ecriture. A chaque lij^ne imprimee, la fablette mobile avance d'une quantite eg^le a I'intervalle qui separe les lignes. An dessus de la table de marbre est suspenduc une espece de boite ronde, mobile de gauche Ix droite, et dans laquelle sont disposes , tout autour et dans, un cei tain ordre, des caracteres d'acler trempe en nombre suffisant pour exprimer toutes les parties de I'ecriture. Chacun de ces caracteres ou poincons correspond a une louche d'un clavier qui est place devant la boite et la tabl-.' mobile. Su^ cliaque tonche est grave le carac- tere correspondant au poincon. Toutes les touches du clavier sont disposees de maniere que, sans deplacer les mains, on peut les niettre en jeu. A chaque pression d'nne louche, le poincon correspondant se mouilh; d'encre et va se placer au centre de la boite, sous Taction dim petit mouton qui le presse immediate- ment et se retire avec la meme promptitude pom- faire place a d'autres poincons, et ainsi de suite. L'utilite du tachygraphe ne peut ctre contesfee, pnisque, dans le cas meme ou il n'impri- nierait pas aussi vite que Ton parle, il procurerait au moins aux personnes dont la main est tremblante et la vue affaiblie, a cellos dont I'ecriluren'est pas formee et aux aveugles memes, le moyen d'ecrire promplement et correctemeut. L'e.xcculion d'une pre- miere machine, qui resterait a la disposition de TAcadeuiie exi- geraitla somme de 600 fr. «NousEommes d'avis, disent les rap- porteurs, que la demande de celte somme el les motifs d'apres lesquels nous peusonsqu'ilyaurait lieu del'accorder en plusieurs paiemens, au fur et a mesure des progres du travail, soient soumis a la commission administrativedel'Institul.w (Approuve.) — Du i3 aout. — M. de Freycinet fait un rapport verbal sur I'ouvrage de M. Adricn Balbi, intitule : Jntrncluction h I'atla.i ethnographkjue du glohc , ou classificalinn des peuples anciens et 33. 5iG FRANCE. moderncs tl'iipn-s Iciirs larij^ncs, applif/ticr a plasicurs branches des connnissdncrs luiinnin(:<;. — M. Chevkeui. lit line note sur la (Iccoiivcito (le I'acidc phoccnicnit- dans I'orranotte [lit/insper- niiim tificluriiiiii.) — M. Geoffroy Saint-Hilairk lit un memoire sur un chcval polydactylo, a doigts scparcs par des membranes. — M. Sihcstrc lit im rappo! t siir la 2= edition de I'ouvrage intitule : h't'/isrigrm/nc/it du dcssin imcairc , par M. Fran- COEUR. A. MlCHELOT. — Academic francahc. . — Srancc publlqiie da 25 aoik i ?>i'], pom- la distribution des prix d't'loqiicncc ct dr pocsie, et des pri.r dc vertu fundt's par M. de Montyon , ainsi (jvie des prix pour les nuvrages les plus utiles aux moeurs. — Cctte seance, prcsidee par M. PtCARD, avail attire uu grand concours d'auditeurs: le se- cretaire perpctiiel, M. Auger, a developpe avec beauconp dc delicatessc, dans son rapport, les motifs qui ont determine rAcademie a partat^er le prix d'eloqucncc propose pour \ FAoge de Bossnet , etil a fait, avec une extreme sagacite, I'analyse cri- tique des deux discours couronnes. MM. Cirardin et Patin ont re^ u, au milieu des applaudissemens, les medailles qui leur eSaient deslinees. Deux autres discours, inscrits sous les nu- meros aS et 27, ont ete honorablement mentionnes. he prix de pocsie a ete decerne a M. Pierre- Angaste Lemaire , professeiir agreije de I'Universite. I.e sujet du concours etait I'heroisme de ceite Grece inforfunec;, qui soutient dcpuis six annees une lutte sanglante contre ses barbares op|)resseurs. yi. Auger a cite les noms des membres de I'Academie ((ui ont pris la defense de cette noble cause; il a oppose I'inhunianite politique des gouvernemens au zele empresse des habitans de i'Europe a voler au sccours d'une aussi grande infortune; et les applaudissemens de rasscmblee ont temoigne qu'elle partageait les sentimens de I'orateur, quand il a parle des piiblicistes, des poetes, des artistes qui ont piaide la cause des Hellenes, cliante ieurs exploits, immortalise sur la toile ceux qui ont succombe, el vendu noblement la vuc de Ieurs chefs-d'oeuvre pour le sou- lagement de ceux (|ui ont survecu. Mais tons les coeurs se sont emus quand il a cite ces femmes, « ces anges de bonte qui, in- tercedant pour toutes les miseres, soHicilaient pour eux les dons de la pitie, et qui, dans leur ingeuieiise bienfaisance, appelant le plaisir au secoiirs de la sensibilile, ne craignaient pas de pro- duire en public et de mettrc a prix des talens jusque-Ia I'e- serves pour le charme de leur vie et i'embellissement de la so- eiete. » La piece n° 18 et la piece n" '60 ont ete jugees dignes d'une mention honorable. Puissent les nobles sentimens qui v sont de- PARIS. 5i7 veioppes valoif ile noiivcaux dofenseius aiix in;ilheuieiix Hel- lenes ! Lc secretaire de I'Academie a cnsiiite annonce qii'iin prtx de ]>rosc serait decerne eii 1828 : I'ouvragc doit etre iin Discouis sur la marche et les progres de la langite et dc la Utlerature fran- laiscs , depuis le cnitiiiicncement da 16*^ sicclcjusrju'en 1610. Le p.rix sera uns niedaille d'or de i,5oo fr. La seance litteraiie terminee , M. Picard a In le rapport sur les prix Jondes par M. de Montyon. L' Academic a decerne, jiour 1827, prix de vertu : 1° Un prix de 3,ooo fr. a M"« Hemietie Garden, demeiiranc a Paris; 2° uu prix de 2,5oo fr. ;i M"'' Marie - Angeliqiie - Elisabeth Corrette, dite Emelie , demeurant a Paris; 3" un prix de 2,000 fr. a la veuve Morcau, demeurant a Nantes; 4° un prix de 2000 fr. a M"'' Marie-3Iadeleine Mordant, cuisiniere, demeurant a Paris; 5" un jirix de 2000 fr. a la veuve Antoi- nette Naliard , demeurant a Thoissey, dcpartement de I'Ain ; 6° un prix dc 2000 fr. a Martjuerite Arnaud , demeui'ant a Saint-Sauveur, arrondissement de Saint-Etienne, departement de la Loire; 7° un prix de 2000 fr. aux epoux Grillot, de- meurant a Bains, arrondissement d'Epinal , departement des Vosgcs ; 8" un prix de i5oo fr. a Marie-Anne Durupt, demeu- rant a Piortibieres, arrondissement dc Remiremont, departe- ment des Vosj;es ; g" un prix de iSoofr. a Genevieve-Francoise Ribollet, fomine Degenne, demeurant a Paris; 10° quatre me- dailies de 5oo fr. chaciine aux quatre freres Potier, demeurant a Amiens, departement de la Somme; 1 1° uce raedaille de 5oo fr. aux demoiselles Schreil>er et Opportune- Gertrude Vailiant, ouvrieres en linge , demeurant a Paiis. Un nouveau prix sera decerne, dans la seance du 25 aout 1828, ;i I'auteur d'une action vertueuse qtii avu'a eu lieu, dans I'intervalle du 1" Janvier 1826 an 3i decembre 1827, ou il sera distribue a divers auteurs d'actes de veilu qui auront eu lieu <1ans ces memes annecs. On aura soin de faire reraettre , avant le i" mars 1828, a M. le secretaire perpetuel de I'Academie, les pieces propres a constater les faits qui peuvcnt donner droit lu prix. L'Academie a decerne ensuite les prix destines aux om'rages les plus utiles aux mcears. Voici ceiix a qui cette honorable dis- tmction a ete accordee : 1° Un prix de 6000 fr. a louvraije de M'"'' GuizoT , intitule : Education domcstiquc , on Lettrcs de fannlle sur V Education , 2 vol. in-8°; 1° un prix de 4000 fr. a I ouvrage dcM. Alibert, premier medecin ordinaire du Roi, intitule : Physiologic des Passions , ou Nomcllc doctrine dcs sen- 5i8 IRANCE. timens moraux , i vol. ir-S"; 3" enfin, nn jnix dr; 3ooo fr. au roman do M. Merville, inlitule : Les deux Apprcntis , 4 vol. in-12; oiiviage destine par I'aiitciir a la classe dt-s jeuiics arli- saas, qii'il entreprend de detourncr dc-s d<'sordics et dcs vices liouteux qu'engendrent le desoeuvrcnieut ct la fiequcntalion des mauvaisf-'S soci<'les. Un prix de mi'me nature scia decerne, dans la sc'-ancc du 25 aout 182.8 , a i'autcur de I'ouvrajiie qni, public^ du 1"^ Jan- vier i8a6 au 3i d(':cenil)r(' 1827, aura ete ju;^e le plus utile aux mosiirs, on il sera distribue a divers auteurs d'ouvraj^es qui auront rempii les niemes conditions. L'Acadenut' |)ropo3P, en outre, comme prix extraordinaires provenant de la fondation de M. de Montyon : i" Pour I'an- nee 1828, un prix de 6000 fr. , dont le siijct, laisse au choix des autei'rs, devra etre rclatif a une question de morale. — 2° Pour I'annee 1829, un prix de 8000 fr. sur ce sujet : De la C/iarite , considtircc dans son principc , dans scs applications , ct dans son injlacnce sur les moeurs rt sur I'economie sociale. — 3° Pour I'annee £83o, un prix de 10,000 fr. sur ce sujet : De I'injlucnce dcs lois sur les moeurs , et de V influence des moeurs sar les lo'is. Les ouvrages ouvoyes a ces trois concours devront etre ma- nuscrits. Ceux du piemicr concours ne seront re^us que justju'au 1^' juin 1828. Ceux des deux autres concours ne le seront que JHsqu'au i5 mars de chacunc des deux annees 1829 et i83o. Les niauuscrjls devront otre deposes ou adresses, francs de port, au secretariat de I'lnstitut avant le terme present, et porter chacun une epigraplie ou devise qui sera repelee dans un billot joint a I'ouviage, et contonanl le nom de I'autour, qui ne doit pas so faire connaitre. ^ La seance a ete levee a cinq licures. Les partisans de la saine morale, tons ceux qui unissaient leurs voeux aux hymnes de douleur ct d'espcrance chantees on Ihonnoin- d'une popula- tion infortunee qui trouvo dans ses iiialliours nicmes des res- sources et des forces nouvelles, les amateurs de la bonne lilterature, les admiialoMrs do la vertu , ont du se rctiror satisfaits. R. Instruction popula ire. — Pour remplir un voeu forme par les amis de rinslruolion pn|jnlaire , lo baron Cluuies Dupijy , membre do I'lnstitut , public en ce n)oment, sons lo titre de Petit Producteur J une collection d'ouvragcs qui presentent , sous le moindre format, les notions qu'il importe le ]ilns de repandre chez les personnes qui nc possedent qu'une tros-mo- dique fortime. II va publier separi'-nienl ce qui pent inlorosser PARIS. 5i;> \e petit pioprietaire agricole , le petit fabricanl , le petit com- mercant et le simple ouvrier. Chacpie volume in- 1 8 coutera 7 j c. : il y en aura cinq. On souscrit, pour la collection, ou pour cha- cun des ouvrages en particulior, chcz Bachelier , libraire, quai des Augustins; chez Delaunay, Palais-Royal; et chez les principaux libraires des departemens. Snuscrlption ouverte a Paris , pour une medaille en I'lionneur da M. Canning. — La mort de M. Canning a laisse en An- gleterre un vide immense ; et le monde constituliounel , prive de ce grand ministre , a fait aussi une perte difficile a reparer. M. Canning, autrefois le plus ardent des torys , eclaiie sans doute par une longuc; experience , et rendant un cclatant hommage a I'opinion publique, lui avait, depuis queiques annees , sacrifie ses premieres affections et ses anciennes re- pugnances. Celte seconde periode de sa vie , feconde en con- ceptions liberales , rlevait avoir sur la civilisation des resultats saiutaires que sa fin prematuree remettra peut-etre en ques- tion. Mais, la reconnaissance des peuples n'altendpas toujoucs, pour eclater, que le succes ait definitivement couronne les efforts de leurs defenscurs; il leur suffit, pour la proclamer aujourd'hiii , que M. Canning ait exprime des pensees favo- rables a la cause de la civilisation , au bonheur des nations , a leur paix interieure , a la concorde generale. M. Ch. Dupin , membre de I'lnstitut , s'est rendu linterprete des sentimens de tons les homines qui ont genii de la mort inattcndue de M. Can- ning, parce qu'ils avaient fonde de grandes esperances sur le noble caractere qu'il venait de deployer; et il a propose, en cjnsequence , d'ouvrir une souscription pour frapper une medaille, aQn d'honorer la memoire du grand ministre, objet des regrets iiniversels. Ceux menie qui ne partageraient pas entierement I'opinion de JVI. Dupin sur le beau talent de M. Canning , et sur les importans services qu'il avait commence de rendre a I'buma- nite ; ceux qui n'auraient pas une confiance aussi entiere dans l:i siucerite de la conversion et dans la generosite des inten- tions du ministre qui conseilla Tenlevement de la fl^tte da^ioise au mepris des ti-aites , et qui souffrit I'invasion de I'Espagne , uniquement parce qu'elle devait etre nnisible a la France, n'en verront pas moins, dans cet hommage solennel rendu a sa memoire par le concours de beaucoup d'hommes eclaires , une preuve reinarquable de rextiuction des prejuges barbares qui naguere encore divisaient le> peuples. I.e terns des preven- tions et des inimities nationaies est loin de nous. Le ministre qui le premier rcconnul I'indepeudance des peuples dc I'Ame- 5-20 FRANCE. lique cki Sud , qui teiiioii^na rintentioii de saiiver ccllc du Portugal; qui promit aiix infortiint's Jlellenes, an nom do la nation biitanniqiie , line protection que sa mort ne rendra pas sans dome illusoite ; qui manifosta lo projet de concouiir a I'etablissement de la libertc- civile et reiigieuse dans tout I'uni- vors , ce niinistre a des droits a la reconnaissance do tous les amis dc I'liumanite. La niodaille proposee, et pour laquelle un grand nonibro de personnes ont deja souscrit , porteta d'un cote la devise : l.IBERTE CIVILK ET RELIGIEUSE DANS TOUT l'univeks; et de I'autre, I'effigie de M. Canning avec ces mots: AV IVOM DES PEUPLES , LES FraNCAIS A Georges Canning. Une medaille d'or sera offorte a la veuve du ministre ; une autre au roi d'Angletorre, ([iii a donno im noble exemple. en choisissant, pour diriger les affaires d'un grand Empire, un ami des nations et de lours libertos. On recoit toutes les sommes, depuis i franc. Les personnes qui auront souscrit pour cinq francs, recevront la jnodaillc : chaque souscripteur recevra autant de medailles qu'il aura donne de pieces de 5 fr. Elle sera delivree aux autres souscripteurs, moyennant un prix modique , equivalant a la valcur du metal et du tirage. La souscription est ouverte aux bureaux du Constitutionnel , du Courrier Francais , du Journal clcs Dehats et du Journal du Commerce. Les fonds seront verses chez BI. J. Laffitte , ban- quier, choisi pour etre tresorier de la souscription. R. Reclamation. — AM. le direcleur de la Revue Encjclopcdiquc. — Monsieur, j'ai lu avec beaucoup d'inferet dans le cahier de la Revue du mois d'avril 1827, (t. xxxiv, p. 2o3) , I'article relatif a VEssai historifjue sur la rcpublitjuc dc San Marino , par M. Juger Saint-Hippoljte.' (Paris, 1827; Delaforest. In-8° de 325 pages.) Mais je vous avoue que j'ai etc surpris de ne trouver dans cot article aucune mention d'un ouvragc sur le meme sujet, trop important et trop recent pour etre passe sous silence. II a pour titre : Mcmorie storiche della rcpuhlica di San Marino, raccoltc dal cnvalicre Melchiorc Delfico, citadino della mcde- sima. Milano, 1824; tipografia di Francesco Sonzogno, di Gio Batista, librajo stampatore. In-4° de 264 pages, suivies d'un appendice de 77 pages, tout compose de pieces authcn ■ tiques et liistoriqucs. Vous n'ignorez surement pas, Monsieur, que le savant el PARIS. 5a I lespectable MelchioV DeKico, coiiuu pat d'aulres onviages justement estimes, a etc pendant qtielque tcms ii la tete de I'instruction piibliqiie a ISaples , sa jiatrie. II a rempli avec honneur differeiites fonctions dans le goiivernement de son pays; des mouvemens rovolutioiinairesrayant oblige de quitter sa lerre natale, dans son niallieiir non merite , il s'est retire a Saint-Marin; et c'est pour temoigner sa reconnaissance a cctle villa de riionorablc hospitalite qu'il y a recue, qu'il a compose le savant ouvrage que je jjrends la libcrte de vous rappeler. N'ayant point !u celui de M. Auger Saint-Hipjiolyte, je suis porte a croire qu'il n'a pas neglige de citer M. Delfico, ct surtout de profiter de ses lumieres et de ses travaux; niais, quand cela serait, le silence de votre article aulorise suffisam- ment ma reclamation. J'ai etc long-tems en relation avec M. Melchior Delfico ; j'ignore s'il existe encore dans sa retraite en Calabre. Dans tons les cas, je desire i-endre hommage a lui ou a sa niemoire , et c'est ce qui me fait vous prier instamment d'inscrer ma iettre dans un de vos prochains cahiers. J'ai I'honneur d'etre, Monsieur, etc. Un de vos plus anciens Abonnks. Theatres. — Theatre-Francais. — Premiere representation : Les Guelfes et Ics Gibelins , tragedie en cinq actes de M. Ar- nault pere. (Liindi yjiiillet.) — Malgrele titre decette tragedie, ce sont desinteretsparticnliers,et!esmalheursd'une famille qui vont nous occuper. Deux frcres, places dans chacnne des deux factions opposees qui divisent I'ltalie , n'ont pas cesse d'avoir I'un pour I'autre I'amitie la plus (idele; les haincs politiques n'ont pu eteindre cliez eux la tendresse fraternelle; et dans cos cruelles vicissitudes de la fortune qui mettent alternativenicnt la victoire aux mains des deux factions , celui des deux freres qui se trouve dans le parti heureux ne s'occupe qu'a sauver I'autre de la vengeance des vainqueurs. Enfin, leiir vie n'est qu'une suite de devoumens et de sacrifices faits a I'aniitii; fra- ternelle; et leur gonerosite triomphe memede I'amour et de !a jalousie, car tous deux sont epris de la memefemme, ct tons deux se la cedent mutuellement. Mais, an moment ou celui qui n'est pas aime se resigne a ce grand sacrifice, il apprend que ce frere auquel il iramole le plus ardent amour, vient de tomber sous ses coups par une meprlse funeste. II I'a tue , croyant frapper le Genois Doria, qui ctait aussi sou rival. Lc niouraut pardonne a sou mcurtrier, ct lui demande pour grace derniere d'eteindre lc feu des factions ct do rendre la 5i.a FRANCE. paix a sa paliie. — Cctte action est dramatiqiie; il y a dcs sitna- tjons iiitt Tfssaiites, des moiivemens de passion, des traits d'eneij;ie, ct de beaux vets; le spectaleiir a reconuu plusieurs fois I'autetir de Matins et des Vcnitiens. II faiit le dire, cepen- dant, ces situations ne sont pas neuves, et sont amenees quel- quefois par dcs uioyens pen vraiseuiblaliles el trop forces. Mais, le plus t^rave reproclie que nous ayons i faire a I'auteur, c'est de n'avoir point Icnu les promesses de son litre. Nous esperions trouver dans cetle tragcdie la peintun- de ces deux terribles Tactions qui out si long-tems decliire I'llalie; nous nous altendions a voir aux prises ces grands inlerets qui siii- vaicnt les bannieres de lluine ou de I'Enipire; noi.s croyions enfin voir deux factions s'affrouter I'une ['autre; nous n'avons vu que deux freres, rivaux genereux, et dont I'un devient fratricide par liasard. II est vrai que, dans le svsteme drama- tique suivi paV I'auteur, il ne pouvait pas niettre en scene deux factions; niais alors pourtpioi les a-t-il annoncees dans son titre ? Voltaire, qui a place aussi Taction d'une de ses tra^'edies ail milieu des troubles qu'exeitaient deux partis acliarnes I'un contre rauire, a nomnie sa piece Adelaide DiiguescUn ;\\ savait que les unites auxquelles il s'elait soumis, et les auties rigueurs du genre dans lequel il ccrivait, ne lui perinetlaient pas de presenters ^es spectateurs la luite des Ariuagnnrs et des Boar- guignons\; il n'avait ui le terns ui I'espace necessaires pour faire mouvoir ces grands ressorts des interets publics. Poete clas- sique, il a mesure les liniiies posees a sou art; et sa piece, dont les siluations, pour le dire en passant, sont rappelees plusieurs fois dans ia piece nouvelle, ne merite pas le ineine reproche ; c'elait une scene de familie qu'il voulait tracer, et il s'est bicn garde de nous proinettro davantage. Le succes des Guclfes et dcs Gihclins n'a pas etc uti in>laut douteux; le public ne va plus guerc voir ces tragedies dont le dessin r.ippelle ce que I'ou a lant de fois applaruli; mais al applaudit encore par habitude. Le talent de M. Arnault est assez vigourcux pour oser quelque chose; nous regrettons qu'il n'ait pas lente cettc fois d'etre original. — Theatre royal de i.'oijeon. — Premiere representation de la Prison de Pompe/a , tragedie en un acte (jeiidi, 23 aout). — Ce theatre qui a ete ferme durant plusieurs mois vieut de se rouvrir. La salle, un peu rafiaichie , a recu , dans sa distri- bution , qiielques ameliorations. Mais c'est la troupe surtout qui avail besoin d'etre epuree et recrutee. Cependant . nous ne voyoiis pas jusqu'ici qu'elle se suit ciirichie par I'acquisition d'aucun acieur distingne, ni par la perte de quelques - unes dc CCS inuliiiles qui grossissaiont I'aucienne troupe, sans aucun PARIS. 6 15 profit pour les plaisirs du public et pour Tentreprise du direc- teur. Les acteins de I'opera poiirraieut , nioyeunantradinission de deux on trois siijets bien choisis, prcstnter lui ensemble assez satisfaisanl; mais !a troupe tra^ique et comique est k refaire. Quoiqu'il ait perdu sou nom da second Tliedtrc fruncais , I'Odeon ne pent ouhliei- qu'ii ne doit son existence actuelle tlu'aH dessein de susciter au premier theatre unc tilile rivalite. D'heureux resultnts ont proui|ilcmcnt couronne les jjremiers efforts de cette institution naissiiule ; |)Uis d'activite au Tlieatre- Fraucais; et, ii I'Odeon, drs triomplies eclataus qu'avait de- daignes lo premier theatre. Comment se Tait-i! qu'apres cette experience, qui a si bien prouve tous les avanlagcs (jue cette uouvelie scene pouvait offrir a Tait dramatique , on ne songc point, soit a mettre la troupe tragi(|ue et comique en etat de lutter avec succes contre celie du Tiieatre Francais, soit a donner aussi a lOpera-Comique un lival salntaire , en autori- sant rOdeou a executer de la musique nouvelle. L'inleret de 1 art et celui du nouveau theatre qui ne sont, a bien prendre , qu'un seid et memeinleret, exigent imperitusement cctledouble amelioralion : des arteurs de talent , et la faculte de jouer des operas nouveaux ; Tune depeiid du directeur, I'autre de I'au- torite; esperons que tout le monde comprendra bientot que sans cela il n'y a pas maintenant d'exisience possible pour I'Odeon. Pendant son long reposde plusieurs mois, ce tiieatre a pre- pare quelqiies nouveautes; la premiere n'a pas ete heureuse. La Prison de Pompeia s'etait ecroulee au bruit des sifflets , avant mcme d'avoir ete engionlie par les laves. Une Iragedie en un actr doit etre uu crime de leze-Mcipomene aux yenx de ces litterateurs qui jurcnt par Aristote sans Tavoir In; les hommcs qui prennent la precaution d'etudier, avant de tran- cher du doetciir, savenl fort bien que nos niaitres, les Iragiques grecs, n'ont jamais songe a divi-^er leurs pieces en cinq ou en trois actc.s , mot qu'ils ne connaissaicnt memepas. lis separaieut lenr drame en parties plus ou moius nombreuses, plus ou moins inegales , selon le besoin de Taction, et non selon une regie qui doit etre deraisonuable, des qu'elle devient inflexible. Toute action n'exige pas les memes developpemeus , et ne pent adraettre une disposition uniforme; comment veut on diviser sagement , par un procede prescrit a I'avnnce, un sujet que Ton ne eounait pas encore? C'est done .'i dire qu'il fatit que la matiere s'accommode a une disposition imjiosee , au lieu cjue ce soit la disposition qui s'accommode a la matiere. Ne falit-il pas, au coiitrairc, avoir etudie un sujet pour le dispo'ier avec discerncment ? Que d'actcs iuuliies , que de scenes enniiycuses. 5^4 FRANCE. dans dcs oi:vra!;es rcconmiaiulablos d'aillcuis, nc sunt diis qua Tobligalion de coiiper dc la mcme niaiiiere loule action tra- gique, qu'elle soil fi'-condc ousUrile! Sans doiite I'importancc d'lin dranie dont les pcrsonnoges sonl considc-rables, ct que vous dtpeigucz agites par de yrandes passions ot dcs intcrets d'liue haute gravitc, doit exigcr uuc oidounance qui la deve- loppe dans toutes scs pariics; niais, si jc nc vcux prcsentei- qu'un simple tableau tiagique, si un cadre restraint suffit a I'interet que je vcux exciter, a quoi bon I'agrandir, pour v inlroduire dcs personnagcs insignifians, pour laisscr pliisieurs parties dans Ic vague, pour donner place a queique episode postichc, qui, bien loin d'ajouler a refCet, risque dc le detruire coinpletcnient ? Nous ne condamnerons done point , dans la nouvcUe tragedie , cette division en mi acte; ce que nous re- procherons a I'auteur, c'est d'avoir embarrasse I'cspace etroit qu'il avait a parcourir de tout le remplissage dcs tragedies ordinaires, les reeits, les reves et les ambitieuses inutiiites d'un dialogue vague ct pen naturel. Sa premiere idee ctait simple ct inorale; bien exccutcc, die pouvait fournir un tableau touchant et digne de la tragedie. L'cdiic de Pompcia, Verrcs , cpcrdii- ment amoureux de Julia, filled'Agrius, pauvre eultivaleur dcs environs, I'enleve a son pere. La jeune villagcoise detcsle son ravisseur, et resiste avec coinage ^ ses desirs effrontes. Agrius a vainenient tcnte de defcndre sa I'dle; Verrcs a puni ses me- naces par la prison, Cependant le ficr cdile, ne pouvant flechir Julia, ose avoir recours a son pere , et vient dans le cachet nieroe de sa victime pour tacher de calmer sa juste eolere. Agrius est inflexible; et le puissant corrupteur voitscs suppli- cations dedaignees par I'innocent dans les fers. Mais voila que le volcan voisin de Pompeia lance an loin ses feux, et la lave se repand a grands flots; Julia, qui fuit devantce torrent cnilamme, vient chereher un asiie dans la prison, ou ellc reconnait son malheureux pere. Elle s'empare d'nnc coupe empoisonnee , et expire dans les bras d'Agrius qui se poiguarde. Verrcs n'a pu s'echapper de la prison , qu'envcloppent dc toutes parts la ceudre et les laves; il expire dans les angoisscs du dcscspoir aupres dc scs victimcs que la morl est venue consoler. Nous avons dit les principaux defauts de ce drame dont la composi- tion et le style annoncent beaucoup d'inexperience ; nous de vons ajouter que le jeu dcs aeteurs n'l'tait pas cajiabie tie dis simuler les defauts du poele aux yeux dun public qui s'est montre cxcessivenient sevcie , et qui a memc pousse la severile jusqu'a Tinjuslicc en sifflant plusieurs trails de naturel qui nic- rilaicnt un autre accueil. I/auteur a voulu garder ranouyme, cl n'a pas appelc dc ce jugcment. , M. A. PARIS. 525 Nkcuologik. — Cliarks Laveaijx, ne ;i Troyes, le 17 no- venibrc 17/19, "lort a Paris en fevrier 1827. — Si nous rcn- dons iin liommage tardif ii la memoire dun homme de bien d'un ccrivain laborieux qui consacra son existence entiere a la propagation dcs oonnaissances hmnaines, c'est que la nouvello de sa inoit est paivenue taid jusqu'a nous; c'est que les joiunaux les plus acciedites de la capitale ont L^arde un silence involontaiie sur cet ecrivain niodeste qui est niort comnie il a vecu, dans une relraite obscure et paisible, trials dont la perte doulouieuse a ete vivement sentie par tons ceux qui ont pu le connaitre et I'apprecier. Cliarles Laveaux ties-jeune encore, fut anicne a Paris pour y faire ses humanites. Done des plus heureuses dispositions , il re- pondit aux espcrances de sa famille et aux soins de ses niaitres, qui comprirent de bonne heure ce qu'il dovicndrait un jour. Ses etudes terminees avec succes, on lui proposa une place de pro- fesseur de langue francaise a Bale ; les avantages et la considera- tion attaches a cet honorable emploi determinerent le jeunc humaniste a I'accepter. Pea d'annees apres, ayant etc nomme professeur de litterature francaise a Stuttgart, et membre de rUniversite Caroline , il se rendit dans cette ville, oii il s'adonna aux utiles Iravaux qui firent le bonheur de sa vie active et stu- dieuse. Frederic, ayant entendu parler du jeune professeur, desira le connaitre. Un grand nombre de gens de lettres et de savans jonissaient a la cour de Berlin de la faveur du monarque; Laveaux ne voulait que des encouragemens; il se rendit done aujires du roi de Prussc , se lia avec les savans et les litterateurs qui eharmaicnt les studieux loisirs de Frederic, captiva I'estinie de tout le monde, ct nierita les bonnes graces du prince qui lui confora une chaire a I'Universite de Berlin. Ce fut pen : le roi, qui connaissait le genre de travail auquel Laveaux se livrait de ])redilection , I'engagca a composer un Dictionnaire francais- ullemand. L'ouvrage parut et jouit d'un succes flatteur. Qnoiquc eloigne de Paris oi'i il avait laisse de nonibreux amis, il corres- pondait avec lesJiommesdc lettres qu'il y avait connus, et particulierement avec Raynal et le savant auteur du f'ojagr d'Jnacliarsis. Renferme dans le cerele de ses occuiiations favo- rites, Laveaux ecrivit sur la langue francaise, siu- cette belle langue qui est en usage chez tous les peuples civilises, et que tons les monarques se font un merite de parler purenienl. Le besoin de revoir la France le dctermina enfin a quitter Berlin; il etait marie et avait deux fdles pour I'educatiou desquelles il n'epargna ni soins ni fatigues. Apres s'etre fait connaitre par plusieurs ecrits sur le systenic grammatical et par quelques ouvrages de litterature legerc, du nombre desquels sont une J'ic dc t'redcric IT ct les Niiits c/iain- 59.6 FRANCE. — PARIS. lnUrrs , opiiNCiile a-;! eahlcinpnt «^crit, il cnlra clans les bureaux tie la prefecture tie la Seine. Un homme doiit !c caractore et le.s taleris inspiraieiit de I'e.stime et tie la confiance ne pouvait uccnper loiig-lems tin emploi subalterne; il fut nomme chef de tiivision et inspecteur- general ties prisons et ties hos- pices till tlepartement. Ce fut alors (lu'il reiinit les mat^riaux du grand oiivrage tjni a fondc sa reputation; je veux parler tlu Dictiontioirc clc la langac francaisc , repertoire immense de tons les mots de uotre langue, qui y sont definis aveo autant dc justesse que de nettctc, et qui, mcme sons le rapport des sciences exactes et des sciences naturelles, ne laisse rien on presquo rien a desirer. Ce travail, auquel M. Laveaux consarra tantde penibles veiiies, est bien superieur a tons les vocabu- laires que nous connaissons; je n'cn excente pas mt-me celui que les gensdu mondc citent, par habitude on par prejuge, avec une sorte de complaisance, s.Tns avoir jamais remarque pent- elre les contradictions impardonnables dont il est ren)pli. Cet onvrage a eii plusieurs editions , et, tians ce moment meme, on s'occupe d'une nouvelle edition de ce livre, qui snbira d'impor- tantes ameliorations, gr^ceauxnouvcllesrccherches de I'auleur, dans lesqui^lles il a etc seconde par sa fille, dont la modestie egale le veritable talent. 11 n'y a pas, j'ose le dire, un seul liomme de lettres cjui sstche ap|)recier et calculcr les difficultes sans nombre que prc'-sente la redaction d'un bon Vocabulaire universel. Un ouvrage de ce genre n'a rien de brillant, il est \rai; mais les connaissances cprii cxi,;;e, les recherches mul- tipliees auxquelles il faut se livrer potw ne rien laisser a I'arbi - Iraire, pour eviter les contradictions et pour cchapper a la critique de gens d'autant plus prompts a blamer qu'ils sotit moins apfes a juger, doivent appeler sur le lexicographe I'es- time et la consideration qui sont dues a ses modestcs mais utiles travaux. Charles Laveaux ne fut membre d'aucune academi'-, parce tjue le genre d'occupations tju'il s elait cret' semblait relc>igner dos societes puremeiit litteraires; mais il meritait d'appartenir a I'AcadcJmie francaise , dont les travaux doivent tendre presque exclusivement a signaler les iiombreuses imperfeclions de la langiie, a en determiner invariablement les regies livrees a un absurde arbitraire, enlin a reculer les bornes d'une science oi\ les Beauzve et les Condillac sc sont fait un si grand nom. Je ne dois pas oublier de dire que Laveaux a public- un excellent Dirtionnaire des difficultes de In Inngne francaise et Ufi Traite des sjnonymes (jn'on relira toujours , meme apres les judicieuses Remarques de D' Olivet et de Girard. BoiNviLLiRRS, corresp. de I'lnstltiit , etc. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE CENT QUATRTEME CAHIER, AOUT 1827. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Entreprises utiles aux forces productives et commercialcs (lu Midi de ia France; Departemeiit du Pny-de-D6me ; Canal lateral a I'AUier. . . . .« Charles Diipin. a^S a. Notice sur Talma (avec son portrait, d'apres celui de M. Gerard) Lemenier. 289 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 3. Rapports surlesfravaux de rAcademieroyale des sciences, pendant I'annee 1826; par MM. Fourier et Cuvier. Ferry, 3ii 4. Des Institutions judiciaircs de I'Angleterre, par Joseph Rev A. Taillandier. 824 5- Revue de I'Histoire universelle moderne A. F. 840 (>. OEuvres completes de M. de Chateaubriand 0. 348 7. Voyage dans la Cyrenaique et la Marmarique, par M. J.- R. Pach6 Nislor Vllote. 3(10 III. BULLETIN BiBLIOGRAPHIQUE. Annonces de gS ouvrages , francais e: rtrangers . AMEKIQUE SEPTENTRIONILE. Etats-Ullis , n 37O EuROi'B. — Grande-Brelagne, lo, dont i ouvrage periodique. 374 — Ritsste, 5 385 — A/lernagne, 3 , dont i ouvrage periodique 387 — Suisse, I ouvrage periodique oya — Italic, 8 394 - — Espagne , r 4oi — Pays-Bas, 5 4o4 France, 55, savoir : Sciences physiques et naltirelle: , 17. . . . l\\i — Sciences religleuses , morales , poUtiques et hisloriques , ifi. . . 433 — Litteratitre , i5 454 — Deanx- Arts , a 47* — Memoires et rapports de societes swatites , i 473 — Ouvrages periodiques , 3 474 — Livres en lan^ites e'rangeres , imprimis en Prance, I ^So SaS TABLE DKS ARTICLES. IT. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Ameriquf sErTENTRiONALE. — Etats-Uiiis. PhUadelpkic : Extrait d'une lettre de M. Diiponceati a i\J. Jiillien , de Paris : Influence litteraireet morale de la France; TJtilite des commuuications scieniifiques ; Etat social des Noirs aux Etats-Unis ; Recher- ches pbilologiques. — /.oi/jV/a/ie ; Lois criniinelles 4^2 AsiE. — Uindostan : Etat de Tinslruction primaire 484 EUROPE. Iles Britanniques. — Liverpool : Projet d'lin jjassage sous la riviere Mersey. — Londres. King's theatre : Representation de M"'' Georges. ^ — Suite de la Revue des Societcs snvantes, jihilaniropiques , etc. : Societe pour la propagation des con- naissances usuelles ; Societes des sciences pliysiques ; Societes geologiques; Societe d'agriculture et Societe d'horticulture; Societe astrononiique 486 RussiE. — CriinSe. Simphhopol. Agriculture : culiure de la coche- nille et de la vigne 489 Suede. — Partage des Liens communaux 490 Dakemark. — Enseignement niutuel ibid. Allbmagkb. — Universite de Halle : F^te jubilaire du cliauce- lier Niemeyer. — Necrologie : Bode 49 1 Suisse. — Geneve : Soc'ii^le de lecture. 49^ Italie. — Luccfties : Anatomic. — Rome: Autiquites 497 Pays-Bas. — Etat de linstruclion publiquc. — Harlem: Societe des sciences : Prix proposes _ 498 FllA^CE. — Enghien (^yaWce de Montmorency); Etablissemens thermaux et eaux sulfureuses. — Ris ( Seine-et-Oise) : Hor- ticulture; Jardin de Fremont ; F(5te de I'horticulture. — Societes savantes et Etablissemens d'utilite piiblique.\Douny (Nord) : Cours de matheinatiques appliquees a I'lndustrie. — Toulouse (Haute- Garonne) : Acadcmie royale des sciences : Prix proposes. . . 5o5 Paris. — Jnstiiut. Academie des sciences : Seances du 23 juillet au i3 aout. Academic francaise : Seance publique annuelle du aS aout. — Instruction populaire. — Souscription pour une medaille en I'honneur de Canning. — Theatres. Theatre Francois : i" representation des Guelfes et des Gibelins, tragedle. Odeon : i'" representation de la Prison de Pompe'ia , tragedie. — Necrologie: Charles Laveaux 5i3 THE SPHYNX. To appear in the First Week of July. In this new Weekly Paper, it is intended, by the union of colossal dimensions with minute variety of detail, to comprise, within the compass of a Double-Royal Sheet, the united advantages of an independent Political Journal, an impartial Literary Review, and a faithful Chronicle of General Intelligence, on all the diversified subjects that interest the public mind. The following accurate and characteristic description of the original Sphynx of antiquity will, at once, account for the adoption of its name, as most appropriately expressive of the present design ; and explain, distinctly', that peculiar charm, which it will be the object of especial care to preserve, in a Work like this, intended to embrace so wide a range of popularity, and to offer to the public eye such varied attractions of information, utility, and pleasure. " A sensible man," (says a learned and intelligent traveller,) "inquiring of me, what, of all I " had seen in Egypt, had most excited my admiration, I answered, the nicety of proportion in " the Sphynx, The wonder is, that, in a work of such colossal size, the sculptor should have " been able to preserve the exact proportion of every part."* It is hoped that, by a happy union of all the varied traits and features of the times, in the exact proportion of their power to instruct and delight, the same perfection of S3'mmetry may be here re-produced, and that the Sphynx of modern days wiU be found to deserve the high eulogium so justly bestowed on its archetype in earlier ages. The following are the facts, the rea- sons, and the intentions, on which that hope is grounded. Of the numerous Weekly Papers now published in the Metropolis, though each is intended for its own peculiar class of readers, yet the object of all is to suit their contents to those who see no other Journals during the intervab between their respective days of publication. In conse- quence of this general characteristic of the Weekly Press, the readers of the Daily Papers pub- lished in London, and even of the Provincial Journals circulated in the counties, find a large portion of every Metropolitan Weekly Paper occupied with abridged and imperfect Reports of what they had seen at greater length in the Daily Prints ; leaving, therefore, nothing new to reward their search, except the observations of the Editor and his Contributors, which, in any Weekly Paper that can be named, form, of necessity, but a very small proportion of the whole of its contents. Without trenching on ground already so fully occupied, and yielding to each its due tribute of reputation and reward, it is intended, by the Proprietors of The Sphy^nx, to furnish that large and intellectual class of readers, to whom the Daily Papers are accessible, — including all persons and famiKes of wealth and consideration in the kingdom, — with an Original PolilicalJournal, in which imperfect abridgments of what they have already seen at length will be avoided, and its place supplied by bold and spirited Essays on all the great Political questions that agitate the public mind, after the manner of the leading articles in the Edinburgh and Quarterly Reviews, — at greater length, in greater variety, and with more deliberation, than is compatible with the ex- isting mode of conducting either the Daily or the Weekly Press, where time is wanting for re- flection in the one, and space is too limited for its expression in the other. With this exclusion of all useless repetition, not to mention the worthless and revolting details with which so many of the Papers of the day abound, abundant space will be left, in a second department of the same sheet, to engratl on this Political Journal all the most powerful attractions of an impartial Literary Gazette and really Critical Review ; in which, besides original • From the Works of Abd-el- A-teef, an Arabian Physician and Traveller, native of Bagdad. A.H. 6U0-A.D. 1203. articles on subjects of General I,ilerature, Science, and Art, every new work of merit, in each these branches of liberal pursuit, will be analysed and described in such terms as the unfette) judgment of the Reviewer may dictate, without reference to party interests or to private viewj as the Proprietors of The Sphynx include neither political partisans nor interested publishers sway either its political or literary decisions. In a third department of the same Paper will be presented a faithful Chronicle of Public £iv.., whether foreign or domestic, literarj' or political, condensed and arranged in such a mannei- as t comprise every thing important, in the fewest words compatible with clearness and fidelitv ; aild accompanied with comment and illustration wherever it may be deemed necessary. In this ilt- partmcnt will also be comprehended the original communications of public writers from every part of the globe, especially from France, Italy, Germany, and Spain, including some of tlK leading political and literary characters in each; and these communications will occasionally appear in the languages of the respective countries, wherever this may be thought useful, to preserve the accuracy and spirit of the original, either in thought or expression. From the most distant parts of Asia, Africa, and America, information will also be given, especially that which relates to the capabilities of new marts for British capital and industry in regions so unjustlv closed to the enterprise of Englishmen, though open to every other flag that floats upon the sea.' To embrace this copious variety of interesting topics, and at the same time to admit ol space sufficient to do justice to them all, The Sphynx will be printed on the largest sheet of Bouble-Koyal Paper, of the finest quality, and in a new and clear type selected expressly for the purpose : but, for the ease of reading and the convenience of preservation as a Record, it will be published in a quarto fonn, including sixteen pages in each number, which will be of an interme- diate size between that of the Atlas and the Literary Gazette. The leading features of each of these it will unite and improve, without exceeding either of them in price, which, with the stamp necessary to secure free circulation by post, is one shilling per weekly number. It will thus form, every year, two royal quarto volumes, of upwards of tour hundred pages each, with titles, indexes, &c. ; making a complete and handsome set of books for the library, at a cost of two guineas and a half per annum, though including as much labour, research, and original writing, as in the same number of quarto volumes, printed and published in the ordinary manner, would pro- duce at least ten times that amount of price. The Sphynx will be placed under the editorship and management of Mr. Buckingham, the author of Travels in Palestine, Syria, and Slesopotamia, whose experience, connections, correspondence, and character, are already sufficiently known. The powerful support of other literaiy and political pens has also been secured ; and with this union of varied powers and resources, it will form the constant aim of its contributors to select, trom the myriads of succes- sive objects that float before the public eye, such only as are calculated to promote the great interests of their country and mankind. On this principle, it will join to its discussions on the leading topics of Politics and Literature, a careful attention to the operations of that new arm of power, which jNIercantile and ilanufecturing intelligence and wealth have elevated to an equal rank with Landed and Agricultural property in the State, whether as respects its contribu- tion to the resources of the nation, or its influence on the happiness of the people ; and keeping constantly in view the characteristic charm of the Colossal Work which it has chosen for its model, and the importance of mingling pleasure with information in all its details, it will endeavoiir so to blend with its sterner and graver duties the light and attractive graces of the sister Arts, as to j.roduce, from their happy union, one complete and harmonious whole. The Paper will be printed on Saturday, in order to admit of its including a complete analysis, register, and review of all the political events and literary productions of the week, as well as the latest news of importance up to the hour of its going to press. An edition will therefore be ready for despatch to all parts of the kingdom by the Saturday night's post ; and be delivered to Subscri- bers in town either on the evening of that day, or early on the morning of the following, whichever they may direct to be done. To prevent the disappointment which so frequently occurs, through the irregularity of inferior agents, and the general press of applications on the appearance of any new publication, it is parti- cularly requested, that all who desire to see this Paper for themselves, and to form their own judg- ment, "of its merits, without relying on the opmions of others, wUlhave the goodness to address their orders for the Paper to the Publisher of the Sphynx, by post, when they will be transferred to such Newsmen as can be relied on for punctuality ; and the subsequent regular deUvery, or despatch, of the Paper, to the address directed, whether in town or country, thus secured. As no surplus numbers will be printed, nor this notice repeated, immediate orders should be given, to obtam the required supply. ■ ~ OiVice of Publication, No. 147, (between Waterloo Bridge and Somerset House,) Strand. rrlnled by D. S. Maurice, 147, Strand. J.-N. BARBA, COUR DES FONTAINES, N" 7. RABAIS CONSIDERABLE, PAR SUITE DE CESSATION DE C0M3IERCE. Lcs contrarietes , je poiirrais presque dire Ics persecutions que j'ai eprouvees depuis deux ans dans I'exercice d'une indus- trie que je cultivais sans reproche depuis pres de quarante ans , m'out determine h realiser les valeurs que je possede en livres de mon fonds. Tout le monde devinera les causes de cette determination ; il n'entrc ni dans mes interets ni dans mes vues de les rappeler ; c'est pour les oublier que je vais m'occuper de me retirer des affaires. Tous ceux qui me connaissent sauront bien que dans le parti que je prends il n'y a rien qui puisse nuire a la reputa- tion des ouvrages que j'ai imprimes. Le merite d'hommes de Icttres, tels que MM. Duval, Picard, Pigault-Lebrun, Casimir Delavigne , est aujourd'hui tellement reconnu , que lcs calculs d'un libraiic , quels qu'ils soient , ne peuvent lui porter atteinte. La librairie a ete placee, depuis quelques temps, dans une po- sition si critique, que je siiis oblige de mettre les livres qui sont ma proprietc particuliere , et dont j'ai paye les manuscrits fort clier, au meme prix que les ouvrages tombcs dans le domaine public ; c'est a cet etat affligeant d'une des branches de com- merce les plus productives de la France, qu'il faut attribuer le prix modique auquel je propose aujourd'hui au pidjlic ma belle edition des ceuvres deM. Alexandre Duval, de l' Acadenaie Fran- caise. Cet ecrivain est un de nos poetes comiques niodernes , qui a le plus contribue a ramener la comedie dans ime route dont elle s'etait trop ecartoe dans le siecle dernier. Ses ouvrages sont au repertoire de tous les theatres, et tiennent un rang distingue meme apres les chefs-d'oeuvre de notre scene. L'edition que j'ai faite contient des notices histoiiques et critiques, qui contri- bucut beaucoup aux agi-ements que procure la lecture de cha- 3 ( 2 ) cunc do CCS pieces. Le caractcie franc ct loyal dc M. Duval ccttc iudopendaiice qui !c distingue do beaucoup d'autres ccri- vains contemporains, out donnc a chacun dos cxamcns litte- raires de ses comedies un iuteret doiit on chcri:hoiait en vain d'autres cxemples. Un autre genre de merite qu'on se plait ;\ y reconnaitrc, c'est une peinture vraie dos rianrs de son opoqu(! dans toutes les classes de la societe; I'auteur les a obser\ ccs en liomme habile; repandu dans le niondc, et en rapport avec ce que la France a cu d'hommes distingues dans tons les genres , on pent considerer ses notices, ecritcs avec une verve comiquc fort piqnante , comnie des niemoires litteraires sur la vie de I'auteur, et sur une epoque fecondc en grands evencments et en caracteres draniatiques. J'ose esperer que le public qui ni'a toujours honore de sa confiance ine saura grc des sacrifices que je fais en ce moment, ct qu'il accueillera avec bienveiilance I'espece de souscription que jc lui presente, dont les avantages sont incontcstables, sur- tout pour les nonibreux souscripteurs des oeuvres de M. Picard , qui sentiront la necessite de placer sur le memo rayon de bi~ bliotheque M. Alexandre Duval, qui a, pendant trente aus, ri- valise de succes avec lui. Paris, ce i5 mars 1827. J. N. BARRA, Editeur, Cour-des-Fontaiuos , no -. Lex pcrsonnes connues qui mcfcront I'lumncur de m'adrcsscr leurs demandcs jouiront d'ttn credit da trois mois en prcnant pour cent francs ct au-dessus. Pour le pcticmcnt , jc feud trcutc sur elles. Cedes qui au cnntrnlrc puicront comptant Jouiront d'un cs- comptc de 5 pour 0/0. OrTirvRi^s coMPr.ETEs de M. Alexanbre Duv\l, de I'lnstitut (Acad('mi'3 Fraucaise); 9 gvos volumes in-S", impriiiu'S par Fir- itiin Didot, sur beau papier saline, avec le portrait de I'anteur, grave par Tardieu d'aprcs Boilly ; 2*^ editio?!. Prix: 40 fr. , au lieu de 63 fr. OEuvREs COMPLETES DE M. L.-B. PiCAUD, de riiistitut (Academic Francaise) ; 10 vol. in-S" , imprimes par Firmiu Didot, sur ))eau pnpier satiiie, portrait de I'auteur d'apr^s Boilly ; 2'' linrnoN. Pri;c : 5o fr. au lieu de 70 fr. Les pf.rsoa-xes qui ne voudhaiei.t prendke de ces iieux ouvraGES Qu'u:^ VOL. A i.v I'ois p.iu;uojix 5o cenx. en pi-wspar vol. HiSToiRE nEFRvNOE, ahregee, critique et pliilosophique, U Va- sage des gens du monde , par Pigault-Lelirun ; avec cette epi- graphe : « L\ Verite , totjte l\ Verite , rien que h.\. Verite." Toute la peusee de Taiiteur est dans sou epigraphe: son ouvrage se fait remarqaer par une impartlalite que Tou cliercherait en vaia dans iios historiens , qui ont presque tons ecrit sous I'influence de Icurs passions ou de leurs interuts. A ce merite bien rare et bleu precirux, se joint celui d'une erudition vaste et consclencieuse, 8 vol. in 8°, de plus de 5vOo pages. Prix: 7 fr. le vol. 6 vol. ont deja paru; les deux derniers paraitront avant la fiu de cette annce. Histoirede I= ijdit. Prix : .") f,.. au lieu de 5 fr. PaoMEPfAUB DE DiEPi'K Aux MoMXAG'.^ES u'EcossE , par Cliarles Nodier. Un beau volume in-i 2 , ioiprime sur papier superfin, figures colorioes et cartes d'Kcosse. Prix: 4 fr. au lieu dj 7 fr. DiCTIOUNAIKE ThevTBaL, OU DoUZE CZNT TreKTE-TrOIS yE;lITES sur tout ce qui a rapport au thedtfe; un fort volume ia-12 , 2"= ioiT. Prix: 3 fr. au lieu de /, fr. Code des Gens Honn etes , oti l'art de se mettre en garde contra les Fripons; 2' edit.; un vol. in-12. Prix: 2 fr. au lieu de 4 fr. CoxLEcTioK us i,'Ai,aiAjrACK DBS Spectacles, 6 vol. in-rS ( y coni- pris 1827). Pri-i: 1 5 fr. au lieu de 21 fr. Cliaque an-aiie sc vend sejiarement 3 fr. le volume. •LuGEivE ET G»jii.i,AUME, leur.s aventures , ecrites par Eugene et pu- bliees p?,r L.-B. Picird, de rinslitut ( Academic Francaise ) ; 5- EDIT., 6 vol. in-12. Prix: 10 fr. au lieu de i5 fr. •LUcTiojf jSaire du Jardinacje, contenant les noms des plantes po- ^3g^res , arbres fruitiers, arbrissaux et plantes d'agrement les TM'iis connues. Tout ce qii'il est inuisponsable de connaitre pour les cultiver avec succes, etc., etc. , 2C EorrioN, avec des tableaux synoptiques indiquant, par mois, les travaux du Jardinier, les semis, les plantations , lalloraison, la maturite , la recolte des grains et le temps de leur conservation, etc., par M. Petit, rece- veur des domaiues, niembre de la societc- d'agriculture du depar- tement des Ardennes; un fort vol. in-i a. Prix: 2 fr. au lieu de 4fr. Mantjei, ET Repertoire Dramatique, parColson, contenant le titre des pieces, le noiTi des auteurs , la date des representations, la durce de Texeoiition , la longueur de chaque r61e , les cos- tumes et les accessoires qu'il faut pour jouer chaque piece , 6 vol. in-S". Prix : i5 fr. au lieu de 36 fr. On trouve toujours ohcz I'editeur Bvrba, qui a fait presqti'exclu- slvementce jjenie, ei quia imprime plusde trois millions d'cxeinplaires de pieces de theatre , louten celles imprimees depuis la creation' du theatre jusqu'a uos jours. Sou catalogue se distribue gratis chez lui, Cour des Fontaines, n° 7 , et au magasin general de pieces de theatre, galerie derricre le Tiicatre-Francais , no 5i. II posiode toujonra la curieuse collection de pieces de theatre de feu Villemaln Dabancourt ; cet hommc de lettres avait mis Soans a la completer. Ellecomprend depuis les Mysteres jusqu'a nos jours, et contient tout ce qui a rapport au th'iatre, jusqu'aux moindres ou- Vrages represenlcs m^-me sur les the^'.tres desocietJ. PA.mSj IMPRIMERIE DE OAULTIER-LACVIOKIB , HOTEL DliS FEKMliS. Avis kVX AHITEURS DB LA LITTERATURK ETBAMOiltE. On peut s'adresser a Paris, par I'entreniise du Bubbau cektbal i>k t* Rkvce Ejfcyci.0BEDiQiiB , a MM. Trkuttel et Wurtz, rue de liourhon , n° 1 7, qui ont aussi deux maisons de librairie, Tune a Stras- bourg , pour I'Allemagne , et I'autre a Londres ; — k MM. Arthbs Bbrtrahd, rneHautefeuille, n" a3; — Rehouahd, rue deTournon,n° 6; — Levraui,t, rne de la Harpe, n" 8r , et 4 Strasbourg ; — Bos- sjiSG^pere, rue Richelieu, n°6o; et a Londres, pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- nais, hoUandais, etc., ainsi que les autres productions de la litt^ratnre etrang^re. AUX ACADEMIES ET ADX SOClEXis SAVAMTES de tOUS Ics pttJS. Les Academies et les Societes satantes et d'uxii.itb fdbliqdb, francaises etetrangeres,sont invitees a faireparvenjrexactenient,/ra/icf de port y au Directeur de la Revue Encyclopediqae , les comptes rendas de leurs trayaux et le« programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs. AOX EDITEXJRS d'OCVEAOES ET AUX LIBBAIKES. MM. les ^diteurs d'ouvrages periodiques , fran^ais et Strangers, qui d^sireraient ecbanger leurs recueils avec le n6tre , peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^change , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouyrages , nouTellement publics, qn'ils nous aaront adress^ AuX EDITBUBS DBS BECUEII.S PERIODIQUES BIT AlfGUBTBRRB. MM.lesEditeurs des Recueils periodiques publics en Angleterre sent pri^ de faire remettre leurs mimiros a M. Degeorgk, correspondancdela Revue Encxdopediquek Londres, n° »o,BemerS'Street, Oxford-street, chez M. Rolandi ; M. Degeorgeleur transmettia , cbaque mois , en ^change, les cahiers de la Revue Encyclopidique , pour laquelle on peut aussi soas- crire chez lui , soit pour Tann^e courante, soit pour se procurer les collections des anneesant^rieures, de i8ig k i8s5 inclusiyement. AuX I.IBBAIBES ET AUX EDITBUBS d'oUVBAGES BW ALLEHAOKE. M. ZiBGis , libraire a Leipzig, est charg6 de recevoir et de nous faire I)arvenir les ouvrages public en Allemagne , que MM. le* libraires, es editeurs ctles auteurs d^ireront faire annoncer dam la Bern* Eiuy- clopifUque, LiBRAtRES chez lesquels on souscrit clans Ics pays etr angers. Aix-la-ChapeUc, Laruelle fils. Amstefilarn, Delacha^ux ; — G. Du- . four. Aiwers , Ancelle. Aran (Suisse) , Sauerlauder. Berlin, Schlesingei"- lienie , Clias ; — Bourgdovfer. hrcslfiit ylh, Korn. Brujcclles, Lecliariier; -r Demat; — Brest van Kempen; — Bcrthot. Uniges , Bogaert; — Dumorlier. Florence, Pialti. Fribourg (Suisse) , AloTse Eggen- doifer. Francfort-s'Lr-Mcin , Schacfft-r ; — Bronner. Garid , Vandonkerckoven fils. Geneve, J. -J. Pasclioud ; — Bar- ' be/.at ctDelarue. lui Hajc, les freres Langenhujsen. Lausanne , Fischer. Leipzig, Griesharamer; — G.Zirgfes.' Licgc , Desoer. ^yiyionWe , Paul Martin. Londres, P. Rolandi, Dulau et C'e; — Treuttei et Wiirtz; — Bpssauge, Madrid , Denhee ; — Per^s.! i)y(7a7j,Giegler; — Visinara;— Bocca. Moscou, Gnutier; — Riss pfere et*fils. Naples , Borel ; — Marotta et Wanspandock. Neuchatel (Suisse), Grester. New-York (Etatsf-Uiiis), Thoisnier- Desplaces; — Berard etMondou; — Behr et Kalil. Nouvelle -Orleans , Joiirdan ; — Roche , freres. Palcnne (Sicile), Pedonne et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch.). Pciersboiirg', Saint - Florent ; — Graeff"; — Wcyher; — Pluchart. Rome, de Romauis. Stuttgart tt Tiibingiie , Cotta. Todi, B. Scalabrini. Turin , Bocca. A^fl7joi'/c,Glucli.sherg; — Zavadsky. ,yienne ( Aiiiriclie ), Gerold ; — Schauniijour" ; — c.,i.o)!,.,,.i,^^ ' . colonies; Giiadetcupc (Pointc-a-Pitrc), Piolet alnij. Ilt-de-France (Port-Louis), E. Burdet. Martinique, Tliouuens, Gaiijbux. ON, SOUSCRIT A PARIS, Au Bureau de redacwoh , jrue d'Ewfek-SaiKt-Michei,, n" i8, i©U doiiveutifitrcienvoyes , ♦francs cle port, les livres, dessins et gra- \iui:es, dont on desire I'aHucnce, et Us Lettres, Mcinoires, Notices . OuE^stralts desliii«5s^ cure inseres dans'ce Recueil. At'M«64EEKCYcj:,orEi|iQu^,chezBossAKGE pore, rue Richelieu, ao-Go; Chez Tni&OTTEb STWiiRra, , rue deBourbom, n° 17; • Rey ET Ghavier, quai des Aiigustins, n" 55; Charles Bechet, libraire-comm", quai des Aiigustins, n° 57; ■ ''X-'BEKdUARr) , rue de Toui*non , n° 6 ; .111 1 RouET,Tuc Hatrtefeuiile, n" la; -, :A.' Baudooin ,v\\t de Vaugirard , n" 17; V \ DelauAay, Pifucinii, Ponthieu, la TektE, CkfiiSE'piiiitTi- KAIRE, au Palais-Royal. . ^\> . A LONDRES. — Foreign Library, ao Berners-slreet , Oxford- street; Treuttei. ET Wurtz;Bossa]vgj;; Dulau etcompagnie. Nata. Les ouvragcs aanouctJs daus la Revue se truuvcnt aussi clicz Rorf.t , nn Hantefenillc, u" 12. TARIS. HE 1,'lKrr.lMERIE BE RlGNOUi , rue Jcs Fi'aiics-Bourgeois-S.-Micbel , n" S. i s^. rtf^l A^ P/^^9 Tome III-1827. (35*-' de la collection. ) loS*^ tjvj{ai.so-n. m S 31 m REVUE ENCYCLOPEDI ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA, LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. r" Pour les Sciences physiques et mathematiques et les Arts industnels: MM. Ch. Duns, Girarp,NjlVier, de I'lnstitul; FERRTf,FRANCOECR , Ad. Gon- niNET, A. MlCHELOT, DE MOMTGERT, MOREA.n DE JONWES, QuKTStET, T. Rt- CHARD, Warden, etc. 1" VoUT Xci Sciences naturelles: MM. Ckofproy SAl^T-HiT.AtBK, de I'lnslitut; BoR-e UE Saint-Vinceht, correspoudaut dei'Iostitut, Matbieu Bonafoos, Je Turin; B. Oaillow, de Dieppe; V. Jacqoemojit, etc, 3** V our \cs Sciences medicales ■■ MM. B.Jki.LY.DAMiRON , G.-T.Doiw, Amedee DuPAu, FossATi, Gasc; Gerson, de Hambourg; Georget; Legrand; de KiRCRHOFF, d'Anrers; PiiGotr.oT Ills, d' Amiens, etc. 4" Poor \ei Sciences philosophiques et morales, po'il'ques, geographiques et hisloriques ; M.yi. M. A. JDI.1.IEH, dc Paris, Foiidn'^T-Dirtcteur de la Revue Eitcyclopedique; Ales, dk la Borde, Jomard, a3; Au MusEK KNCYCLOPEDiQUE, CHEZ BossiKGB p^re.rue Richeliea , n" 60; Rbitooahd, rue de Tournon, n" fi; Prix de la Souscriplion. A Paris 4'' f""- pour un an; a6 fr. pour six moi«. Dans les departemens. 53 3o A r^tranger 60 34 Ea Angleterre yS 4 a Le monlantde la souscription, envoy^ par la poste, doit dtre adresse d'avance, FRANC deport, ainsi que la correspoudance , au D'recteur de la Revue Encyclopidiqiie^, rue d'Enfer-Saint-Michel, n" r8. C'est a la m£me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on d^sirera I'insertion. On pent aussi souscrire cbcz les Directenrs des postes et cbez les principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers. Trois cahiers ou livraisons forment «n volume. Chaque volume est termini par une Table des matures alphabitique et analytique, q"i ^claircit et facilitetles rechercbes. Celte Table est toujours jointe au 1" cahier du volume suivant, i I'exception de la dernifere Table do Tannic, qui est expedite isolemenl a tous ceux qui peuvent y avoir droit. Ou souscrit, seulement -]o DK L'llTlUTK comparer cc (ju'ellcs I'lirciit , avec ce qii'ellcs sont , et avec (■»• qu'elles scront; il faul done constater leur etat a differentos r-poqnt's. Ontii' quo la situation physiqiu- dos Etats nc; pent non> t'-clairer que faiblemeut sur Ics moyens d'anieliorcr Ic sort di- I'hommc , c'est nne connaissance qni ne pent pas sc pcrdrc , on qnc I'on pent dn moms tonjonrs retrouver ^isenient. II de- pend dc nous de savoir quelle a etc, a toutes les epoqnes, la distance qui a separe deux ilcs de la Grece, on quelle a ete la hauteur du Mont Olynii)e ; tandis que nous n'avons aucun moyen de retrouver certains fails qu'on a neglige de constatei dans le terns, tels quo la population des Etats dc I'antiqnite , la longevite de lours citoyens, les difforentcs industries qu'on y exercait , les profits qu'on y trouvait , la valeur des produits , le montant des impots , etc. : connaissances qui jctteraient ce- pendant de vivos lumieres sur la condition des penples et sur les effets do lours institutions. Ce sont la les fails qu'il est hon de consigner dans les statistiqucs. Unc autre question se prosente. L'olat de la societe com- prend les institutions sociales ; et parmi les institutions so- cialcs, se trouvent la forme du gouvernement, la legislation civile et criminellc, rinstruction publique, etc. Ces institu lions sont sujettes a de grands changemens ; et, sous ce rap port, semblcnt devoir entrcr dans une statistiquc bien faito. Cepcndant , commc elles ne sont pas exposees a des varia- tions frequentes, il semblo que leur description est mieux placee dans une geographic politique , on bien dans les ecrifs des historiens, des voyageurs, qui ont pour objet de fairo connaitre les mceurs generales d'un peuple dans tcl on tol .siecle , plutot que sa situation dans telle annee en pai'ticulier. N'est-ce point , dira-t-on , appauvrir la science que do re- duire le nonibre de ses observations ? Dcvons-nous craindre de connaitre les nations sous trop de rapports ? Non ; mais , a mesure que nos connaissances se multiplient , nous somnics obliges de les distribuer en differentes classes , soil pour les acquerir d'une maniere plus ccrtaino , soit pour les ronsorvcr DES STATISTIQUES. 53 1 yhis aisement. Lcs memcs nccessitts ont etc observees , rela- tivciuent ii toutes les sciences. Aristote , denos jours, n'aurait pas trop de toute sa capacitu pour ciiltiver d'uno maniere com- plete line seule branche dc I'histoire naturelle , lui , qui non- seulcment les cmbrassait toutes , mais qui embrassait de plus la litterature et les sciences morales et politiques de son tems ! A mesure que le champ de la statistique croit en ctendue , et que les objets qu'il s'a|j;it d'observer sc multiplient , il dcvient plus necessaire de classer nos observations. Sans parler d'un hemisphere tout entier (jui s'est ouvert aux recherches des modernes , combien , dans I'ancien monde , d lies , de conti- nens tout nouvcaux, et dont nos ancotres ne soupconnaient pas meme I'existence, peuvent maintenant avoir des statis- tiques! Dans nos vieilles contrees, que de notions nouvelles a acquerir ! Pouvait-il etrc question, au commencement du xvii* siecle, de savoir ce que Ton consommait, en Europe , de cafe, de the , de pommes de terre ? Ces choses y etaient complete- ment inconnues. Ce n'est que dans les premieres annecs du xviii* siecle , qu'on a commence a avoir des journaux ; ce n'est, par consequent , que depuis lors qu'il a pu etre ques- tion de faire un releve de leur nombre. Avant le xix^ siecle , les machines avapeur nVtaient pas unc puissance; maintenanl; elles figurent dans les statistiques, a cote de la population de.s Etats (i). Une foule d'arts nouveaux, dont nos percs ignoraient jusqu'au nom, creent des millions de richesses industrielles dans plusieurs Etats dc I'Europe (2). C'est une entreprise folle, de nos jours , que de vouloir tout dire , et surtout de vouloir tout dire dans un seul ouvrage. Outre la statistique d'un pays tout entier, on pent faire cclle de chaque province, de chaque ville. Le Prefet du de- (i) Voyez les rapprochemens tres-curieux que M. Ch. Dupin a fails dans ses Forces produclives et commerciales de la France. (2) L'art du lampiste , la fabrication du sulfate dc kinine, du sucre de bettes-raves , de I'eau de vie de pomtnes de terre ; celle des acides nitrique, muriatique, des chlorures , de I'iode, et une foule d'autres. 34. 'i3a DE L'UTILITE partcincnt de la Seine a pnblie pliisieurs volumes in-/)'' tlnnf Statistiqiic de la vUlc de Paris , qui presente des resultats dont les publicistes ont deja tire des consequences du plus haur intcret. I.es faits et les nombres que Ton pent rapporter dans les ouvrages de ce genre peuvent se multiplier a rinfinij et la richesse meme du siijet oblige de le trailer avec quelquc reserve. Si I'on I'aisait des descriptions statistiques de tons les lieux, et si Ton y faisait cntrer tons les faits qu'on pourrait a la rigueur y placer, les bommes seraient bienlot obliges de ceder la place aux livres; mais , cpii-pourrait les aclieter, ct qui pourrait les lire ? Si e'est I'administration qui supporte les frais de redaction et d'impression d'un livFe et le distribue gratiiitetnent , elle aggrave par cette depense le fardeau des charges publiques ; Fouvrage parvicut souvent a des gens qui nV mettent aucun prix, et il est refuse a d'autres qui seraient capablcs d'en tirer un grand parti (i). Si Ton se contente dc ie deposer dans les bibliotbeques publiques, il est rare qu'il puisse servir d'instrument a de grands travaux (2). Una autre consideration importante exige que les statistiques n'occupent qu'un cadre assez resserre. Ceci demandc quelque explication. II n'y a presquc aucune induction a tirer d'un document isole que Ton fait connaitre ime fois par hasard. Si Ton public I'etat de population d'un pays, de ses differentes provinces, de ses principales villes, a une certaine epoque, ce document (1) Quand on vent distribuer gratuitenient un livre , le nioyeii )e plus convenahle parait etre de le donner seulenient aux persoiines connues qui eu font la clemande par eciit. La demarche qu'on est oblige de faire pour obtenir le livrc, est une espece de prix d'acqui- sition qui empeche de le negliger. (2) Quelques heures par semaine, passees au milieu du mouve- menl et des distractions d'une bibliothfeque publique , ne suffisent pas pour des (Etudes importantcs ; les livies des bibliotbeques publiques lie servent pas aux I'cijvaius qui n'habitent pas les graudes villes , a moins qu'on ne permetle les deplacemens de livres , et ils ont de grands inconveniens. DES STxiTLSTIQUES. 53'3 peiitsalisrairc la curiosite; mais il cessc d'etre veritliquo, aussi- tot que la population a epiouve un cliangement , ct il ne sau'ait guider dans le choix dcs moycns qui sont capablcs d'ameliorer I'etat du pays. Pour etre utile, il faut qu'un tel renseignement , et I'expose des circonstances dont il est ac- oompagne, soient repetes pendant plusieurs annees de suite ; alors seulemenl , on s'apercoit si la diminution de la popula- tion coincide avec retablissemcnt dc certains impots ; si son accroissenient accompagne ordinairemcnt I'ouverture de cer- tains nioyens de communication, I'amendemcnt des routes la navigation plus constante des rivieres et des canaux , ou bien rintroduction d'une culture nouvellc, conime celle des pommes de terre ; alors on peut en tirer des consequences. Or, pour publier des donnees successives , tons les ans , ou meme tous les dix ans, et oii les memes sujets soient reproduits avec les changemens introduits par le terns et les circonstances, il Caul, savoir se reduire aux seuls documens essentiels ; en un mot , les statistiques, pour etre utiles, doivent etre des ouvragcs periodiques , et il n'est pas possible qu'un ouvrage periodi • quement renouvele , ait chaque fois une fort grande etenduc. Mais, qui nous dira quels sont les documens essentiels , les faits qui sont, ou dont on peut dednire des resultats iniportans ; quels sont ceux qui nous font prevoir les evenemens futurs ; ceux qui nous enseignent ce que nous devons .souhaiter ou ■craindre? Pour signaler de tels faits, il est indispensablement iiecessaire de connaitre la physiologie de cet etre vivant et complique qu'on nomme la societe ; il faut connaitre les or- ganes par le nioyen desquels il agit et se conserve. Or, la phy- siologie de la societe , c'est I'economie politique , telle qu'elle est comprise et cultivee de nos jours. On sail, par la voic de I'analyse, quelle est la nature des differens orgnnes du corps social ; I'experience montre ce qui resulte de leur action ; on sail des lors sur quels points doivent porter les observations dont il est possible de tirer des consequences. De sorte qu'on peut dire que I'economie politique est le fondcment de In stntis- tiqiie ; propo.ition bien diflerente de I'opinion commune qui 534 UK L'UTILITE irgaulf la statisticjuc comiiR- Ic loiKU'iiieiit de rcconomie po- litique. Que penser des lors dc ces auU'ucs qui diseiit : Jc nc veux qui: diis fails; je nc veiix croire que les fails P Que sont les fails, si I'ou ne sail en tirer aucune consequence? Et quelle conse- {[uence peut-on eu tirer, si Ton n'a que des idees superlieielles ou fausses sur la nature des choscs qui jouent un role dans ees inemes fails? Je voudrais bicu que ces gens qui ne veident que des fails, nous apprissent si le inontant des impots est revcisc dans la societe par les depenses des gouvcrncmcns. Je voudrais qu'ils defendissent par des raisons tolerabies, la politique de CCS princes qui cncouragent la population, sans s'inquicler de ce qui est indispensable pour que le peuple subsiste, comnie ferait un fermier qui niultiplierait ses brcbis sans avoir des. paturages pour les npurrir. Sans doute, toute espece de con- naissance est foudee sur des fails; mais c'est sur Taction qu'une chose exerce sur une autre; cette action est un fait constant, quelquefois silencieux et obscur, comme le progres de la«seve qui gagne le tronc, les branches et les feuilles d'un arbre; un fait qui ne se decouvre qu'a I'observateur diligent et patient a la fois ; un fait dont les stalistiques ne peuvent indiquer la ca ise ni les vesultats , luais seulement constater ravancement. .Si Ton avail fait des stalistiques du terns de Philippe-le-Bel ^ et qu'elles fussent exactes; si on les comparail avec celles qu'on fait de nos jours, et que celles-ci fussent exactes aussi, que nous apprendraient-elles? Que I'Europe produit et consomme beaucoup plus de choses qu'elle ne faisait il y a cinq cents ans. Lc fait n'est pas douteux; il est generalement reconnu pour vrai; mais quelle en est la cause? Comment les progres de I'agriculture, des arts et du commerce ont-ils pu produire cet elTel? En quoi consistent ces j)rogres? et de meme, quelle en est la cause ? C'est la que gil la diflicult'-. La slatislique pent enoncer le fait, et ne saurait I'expliquer; et ceux qui lenient de I'ex- pli(juer sans connaitre I'economie des socieles, sont convaincus d'absurdite a tout moment. Pretendre que les fails constates DES STATISTIQLES. 535 nar la blatisliiiuc sont Ic t'ondcment de reconomie |)ulitit]uc, Oqiiivaut a picteiidre que la quantitci d'eaii-de-vit; produitc par Ics distillateuis suffil pour nous appreiidic comment so- |)t;ic la distillation. Les meillems tableaux, statistiques ne fournisseut aucune lumiere sur une foule d'autres questions. Les lionoraires des avocats, des chirurgiens, etc., font-ils, ou ne font-ils pas partie des revenus generaux d'uiie nation? Y a-t-il ou n'y a-t-il pas double emploi, lorsque Ton compiend dans les revenus gene- raux de la nation, tout a la fois le produit de I'herbage ou Ton a engraisse un boeuf, ct la valeur du boeuf engraisse sur I'herbage ? Le blanchisseur qui gagne deux mille ecus ;par an- nee, sans introduire dans le monde im seul produit nouveau , inlroduit-il une nouvclle somme do revcnu dans la societe ? Questions qui sont toutes susceplibles de solutions rigoureuses. Faudrait-il conclure de cette vue generale du sujet, que la statistique ne pcut rendre aucun service a reconomie politique:' Cette conclusion serait trop absolue. La statistique ne nouf> apprend pas renchainement des faits, c'est-a-dire les causes el les resultats de ce que nous voyons; mais en faisant passer DE L'UTlLITli puibsc accortlLT quelqae confiancc ; mais, quand on salt de quelle maniere elles sont souvent recueillies, il n'est pas pos- sible d'y ajouter beaucoup de foi. Les autcurs se copient les uns les aiitres. Le dernier venu cite coninie garantie I'asser- tioii de celiii qui I'a precede; mais celin qui I'a precede, sur quoi s'etait-il fonde ? On est souvent reduit aux donnees les plus vajjues et les plus fugitives, pour appuyer des conjectures sur lesquelles on se fonde ensuite , comme sur des verites de fait. Lavoisier, qui est bien certainement un des ecrivains les plus consciencieux qui se soient occupes de ccs matieres, couvient lui-meme que les resultats en sont toujours fort hypo- thetiques (p. i3); et, comme s'il avait besoin de fournir lui- menhc la preuve de cette assertion, il evalue, d'apres des rai- sonuemens oii je ne 1« sulvrai pas, la consommation moyenne des habitans de la France, a no livres tournois par tete; d'oii il conclut le revenu agricole de toute la nation francaise, qu'il porte en consequence a deux milliards sept cent cinquante millions. « Les ecrivains francais, dit J rtfi ur Yov is c , auteur cgalement consciencieux (i), pour connaitre les revenus du pays, se sont fondes principalement sur le produit de certains impots, particulierement des vingtiemes, et sur la quantite de nourriture consommee : il etait difficile de choisir de plus mauvaises bases... Autant valait consnlter la position des etoiles pour etablir des calculs d'economie politique. » Quant a lui, d'apres des bases qu'il croit meilleincs, il evalue les revenus Hgricoles de la France, vers la meme epoque, a cinq milliards tleux cent quarantc millions. Ainsi, voila deux homnies re- nommes pour leur jugement et pour leur exactitude, qui, sur un fait contemporain , different du double au simple. (^ue devons-nous penser des auteurs qui ii'ont pas donne des gages de leur capacite et de leurs intentions? M. Colquhoun a fait un Traite de la ricliessc et des rcssourccs de I' empire bri- (cwrtique, dans lequel la (piantite de fourrages produite par la Grandc-Bretagne, est evaluee d'apres le nombre des bestiaux {\^ Voyage en France. Edit, anglaise, t. i, p. 455. DES STATISTIQUES. 5^7 quelle nournt, et oil le uombre tie ses bestiaiix est evalue d'apres les fourrages qu'elle recolte. Ce qu'il y a de plus fiicheux, c'est que les documens officieli lie sont pas plus surs que les autres. Un ministere porte la dette ilottante a 25o millions ; uti autre ministere prouve qu'a la nieme epoque elle etait de 800 millions (i). Un ministre des finances dit a la legislature que lessommes dues au tresor s'ele- vent a 3ii millions, et qii'elles figureront en recette dans les budgets subsequens, a mesure qu'elles rentreront; et elles n'y figurent plus du tout (2). Ce sont surtont les etats d'exportations et d'importations dont il faut se defier. Presque tous, dans tons les pays de I'Eu- rope, ils annoncent im exces des marchandises exportees sur les marchandises importees, et Ton en conclut I'accroissement de richesse de tous les grands Etals; il est cependant impos- sible qu'ils exportent, en meme tems, tous, plus qu'ils n'im- portent; et ce cas serait tres-facheux pour eux , car ils seraient tous en perte. En effet, les profits du commerce exterieur ne proviennent que de la superiorite des retours sur les envois (3). II suffit d'avoir un peu d'experience en ces matieies, pour s'etre apercu qu'avec des tableaux on prouve tout ce qu'on veut, pourvu qu'il y ait beaucoup de chiffres. La vanite des peuples les egare plus que leur iuteret meme , dans ce qui a rapport a la statistique ou Ton pretend cependant que resident les verites les plus incontestables. Un journal an- glais (4) oil Ton met en ])arallele I'industrie de la Grande- (i) Ganilh : Science des finances, p. 43- (2) Mdme ouvrage, p. 53 et 56. (3) Voyez dans mon Traite iV economic polidque , 5« edition, t. i, p. 22s, et t. II , p. 241 , jjourquoi deux naiions peuvent oiir chaque inexactitude decouverte , une amende dont la moiti^ serait au profit de celui qui la decouvrirait , et dont I'autre nioiti^ serait np- pliquee aux frais du dnnombrement. DES STATISTIQUES. 545 dument autorises et accompagnes, dont I'uiiique occupation consistait a aller de raaison en maison recueillir, de chaque chef de famille ou d'etablissement, le sexe, le noni et I'agc de tons les individus qui dependaient de lui. Le surintendant du denombrement avail eu soin d'expliquer auparavant, dans des affiches et des avis inseres dans tous les papiers publics, le but purement scientifique et entieieraent inoffensif de I'ope- ration; et, lorsqu'elle fut achevee, tous les citoyens furent invites , par la raeme voie , a venir verifier, dans les bureaux du surintendant, si les rapports etaient fideles, soit dans ce qui regardait leur proprc famille, soit dans ce qui avait rapport aux autres. On obtint, de cette nianiere, non-seulement le noinbre a peu pres exact des habitans d'une cite de i5o,ooo Ames, niais encore leur classemcnt suivant I'age, le sexe, la profes- sion, I'etat de celibataire ou de marie, d'indigene ou d'etranger; de meme que le nombre des maisons occupees et inoccupees , et divers autres renseignemens de nature a eclairer sur la con- dition des hommes , comme par exemple : Le nombre commun d'individus par famille : 4 r^V- Le nombre desenfans au dessous de douze ans, compare avec le reste de la population : un quart et ■—-■ Le nombre de personnes pour chaque chambre : 2 ^. Le nombre des hommes piaries, compare a celui des autres males : 21,473 sur 47,52i. Le nombre des femmes mariees, compare a celui des autres personnes du sexe feminin : 21,473 sur 56,73o, On a pu s'apercevoir que les moyens qu'on met en usage pour se procurer des donnees statistiques , sont de deux sortes. Tantot on emploie I'observation directe, comme lorsque Ton constate la population d'un endroit par un denombrement, ou bien la quantite de marchandises exportees ou importees par I'inspection des registres des douanes. Tantot on cherche la verite par les calculs de V arkhmetigne politique. C'est ainsi que Ton part de certaines donnees pour arriver au moyen de I'induction , a d'autres donnees auxquelles on ne pent parvenir T. XXXV. — Scptemhre 1827. 35 5/, 6 DE L'-UTil^fTE (lircctcmont. Lagrange, instriifl pai' lesdistiibiitcnrs tics vivros tic ravmeo, tlo co qui compose la nourrituic jonrnalicrc tl'nn sol- tlat, avant rcmaifinc d'aiilciirs tpi'il existc an moins un cinqiiicmo tlf la population (|ui n'a pas tlix ans tl'age, ct que deux cnfans ct uuc i'emme consoniment autant qu'un homnie fait, il en a conclu la population dc la France. Lamisicr a dednit Ic nonibre de chevaux employes en France au labourage, de la quantite d'arpens laboures, ct la quantite d'arpens laboures dn nombre de setiers de ble consommes. On voit que, dans raritlinietique politique, comme dans la statistique, tout depend de I'exactitude des bases. Un j,'rand appareil de chiffres nc suflit pas pour etablir unc verite. Quand une premiere observation est dt;fectueuse, les muIti|)lications ct les divisions que Ton batit sur ce fondement eloignent les calculateurs dc la realite, au lien de les en rapprochcr. Quelqu'imparfaits que soient encore aujourd'hui les nioyens de recueillir des documens statisfiqnes, ils pcuvent conduire a d'importantes conclusions , ti'moin cellcs qu'en ont tirees M. Daru et M. C/imles Dupin, qui sont paivenus a constater d'une maniere si brillante les progres intellectuels ct materiels de la France. Ccs documens deviendront probablement plus certains, a mesure que les nations deviendront plus civilisees. Leur vanite nationale les portera meme a les multiplier; car on pent mesnrer la barbaric d'unpeuple sur Tin difference on il est rclativemcnt asa situation. Du moment qu'il s'en occupe, on peut ju.ger favorablement de sa civilisation ct de ses progres. Si, comme il a ete prouve, on ne pent tirer des resnltats utiles que de plusieurs statistiques successives, et si, pour multiplier les statistiques , il faut savoir les reduire au.'i donnees essentielles, il convient de n'y pas comprendre les faits futiles en enx-mcmes, ceux dont il n'y a point de conse- quences a tirer, point d'applications a faire, ceux qui appar- tiennent pluttk a unc description de mtx-urs ou d'institutions durables , qu'ii un registre des nombres variables que presente a I'observateur 1 economie des nations. La statistique generate de la France, dressee par les prefets, du tems de Bonaparte, DES^ §'MTISTIQUES. 5/,7 renfprmo des parties descriplivcs soiivcnt tres-intercssantcs, mais qui, apres avoir coute a riniprimerie imperiale des frais d'imprcssion enormes, ct avoir employe do nombreuses rames d'un papier magnifique, sent ensevelies dans des centaines de volumes in-folio on in-qiiarto, qu'il est impossible de lire. Ce n'est pas la que doivcnt se trouver placees I'histoire et les antiqiiites d'unc province, d'une ville, les caux mincrales du pays, les guerisons miraculeiises attribuees a telle image, les fetes champetres, le gout pour la boisson , et bien d'autres ob- servations qui peuvent avoir de I'interet pour le moraliste ou le philosophe, mais qui ont I'inconveuient de rendre le livre trop dispendieux pour le Iccteur (i). Te ne pense pas qu'on doive grossir les statisliqucs de cal- culs d'arithmetiqne politique qui peuvent se deduire des don- nees fournies par I'observation 5 calculs qui peuvent s'etendrc indefinimcnt et que les piiblicistes peuvent faire, lorsqu'iis en ont besoin , et de la maniere qui leur convient. A quoi bon me donner le rapport des naissances et celui des manages a la population , si j'ai la population, aussi bien que le nombrc des naissances et des mariages? An moyen de ces donnees, j'aurai les rapports si j'en ai besoin. Ujdnnuaire du bureau des lon- gitudes, qui est pourtant I'ouvrage qui renferme le plus de donnees positives sous le moindre volume, serait plus concis encore, s'il laissait aux aritlimeticicns politiques le soin de deduire ce qu'il appelle les his de la mortalite , les lois de la population , qui montrent, sur un nombre donne de naissances, combien il reste d'individus a chaquc age. Des rapports va- (i) Dans la Stat'ntique da deparlemcnt du Monl-Blanc, certainement I'une des plus interessantes et des mieux faites, on trouve la parabole de Teufant prodigue ecrile en qiialre dialectes differens du patois de ce departement , pour moutrer que les patois varient d'un canton a J'autre. Dans la slalistique d'un autre departement, on apprend que trois freres ont epouse quinze ferames a eux trois. Dans les descriptions de localites frop rapprochees , il y a beauooup de repetitions ; les nienaes traits conviennenl souvent aux cinq departemens compris dans I'ancienne Brefagne. r)/,8 DE L'UTILITE riablcs nt- sont pas dcs lois : ils cliangent, selon la maniere de vivrc dcs })ciipU's, ct il (ant de toule ncccssitr rccommcncci- Ics obsoivations et les calculs, suivant li-s rpocjues ct suivant les lic'ux. Cornnie, d'aillfuis, ces tal)les conroiuiciit dcs nia- uieres de vivre tres-dilTcrenles, elles donneiit dcs rcsultats faux pour les classes iudigcutcs et aisees de la societc. La mor- talite est bien diflerente cheziles tines et chez les autres; et les compagnies qui out voulu se servir de scmblablcs donnecs pour reglcr dcs conditions rclativemcnt aux rentes viagcrcs et aux assurances sur la vie, se sont gravemcnl nieprises, en attribuant ii dcs individus de choix, unc longevite commune. II me semble qu'il serait suflisant de nc publicr qu'une fois, tous les dix ans, les nombres qu'on ne pent acquerir sans beau- coup de frais et sans beaucoup de soins , de meme que les donnees oil , en prenant le rcsultat d'une annee commune sur plusieurs, on evite les evaluations exagcrees en plus ou en moins, et par consequent fausses. Lc premier chapitre d'une statistique dcccnnale doit ctrecelui de la population qui resulte d'un denombrement effectif. C'est la base de toute recherche utile. Qu'y a-l-il pour les hommcs de plus important que les hommcs ? Ce qui influe sur leur condition plus ou moins heurcuse , cc sont les proportions qui existent entre leur nombre et les ressourccs dont ils disposent, ou les maux qui les accablent. Or, ces proportions se decou- vrent par la comparaison , la combinaison qu'on peut faire dcs differentes circonstances de la societe avec cette base csseu- tielle, la population. Le nombre des naissances , dcs mariages , dcs deces , se place naturellement , dans les statistiques annuellcs , ou an- iiuaires statistiques , parce qu'il resulte du depouillemcnt de registres de I'etat civil , qui sont d'autant plus accessibles et plus authentiques qu'ils sont plus recens , et les anomalies qu'on y remarque se corrigent par la moyenne porportionnelle d'une annee sur dix , qui peut etre consignee dans la statistique decennale. La meme observation s'applique aux principales productions, comme celle du ble; quantites toujours incer- DES STATISTIQUES. fi/,<, taint's , el ou Ics variations annuellcs se perdent jiixjii'a lui certain point dans la production nioyennne. II n'est rigoureusement utile de consigner qu'uue fois eu dix annees, I'etendue des terres cultivees en ble (i) , en prai- ries , en forets , en vignes , en plautes potageres et en arlires a fruits. II n'y a qu'un bien petit nombre de productions manufac- turieres ct commerciales dont on puisse constater la quotite ; car, excepte les produits que le fisc a un grand interet a con- naitre en raison des droits qu'ils supportent , comnie les bois- sons fernientees, le sel, le tabac, etc. , le surplus des produc- tions intcrieures , c'est-a-dire les facons que font subir les arts et le commerce interieur, ne sont susceptibles que d'evalua- tions exlremement vagues. Les recensemens de bestiaux , tels que chevaux, aues, niu- lets , betes a cornes , betes a laine , peuvent n'avoir lieu , comme la population , que tous les dix ans ; cela sufiit pour faire connaitre la marche progressive ou retrograde du pays , et pour eclairer suffisamment sur les annees intermediaires. L'etat des recettes et des depenses , ce qu'on nomme vul - gairement le budget, etant necessairemcnt connn par la legis- lation annuelle , sous les gouvernemens representatifs, scniblo devoir, au nioins par totaux , faire partie des annuaires statis- tiques ; mais, dans le budget des localites , on pourrait se con- tenter de consigner I'annee moyenne prise sur dix (2) ; car, (1) II ne faut comprendre dans les terres a ble que la portion des fermes annuellement emblavees , c'est-a-diie que dans les pays ou la rotation des recoltes est de trois ans, 11 ne faut compter conime terres a ble que le tiers des ferines ou des heritages. (2) Dans les statistiques , on ne devrait pas consigner les budgets qui ne sont que des projets de recettes et de depenses , mais les re- cettes et les depenses reellenient operees, ce qu'on appelle en France les comptes de I'excrcice de telle annee ; malheureusement ces comptes ne sont definitivement regies que plusieurs annees apres que I'annee est tinie. Aussi n'est-il guere possilile de comprendre dans nos statisliques les recettes et les depenses effectives do I'Etat , objet pourtant si ini- por tarit daus recoiiomie des societes. La seule bonne nii thode est cello 55o DE L'lJTlLITE tandis que les contiibuables pouvcnt savoir, pai \cb coinplfs annuels des administrateurs , et par appoint, a quoi leur ar- gent a ete depenst- , \c piibliciste n'a bcsoin (|uc de savoir quelle est , annee couimunc , la dtpeuse d'unc province ou d'une viUe. On peut dire , pour les consoniniations aiinucllcs, de meme (jiic |)Our les productions , qii'il en est fort peu sur lesquelles on puisse avoir des dounees tolerablement exactes. Comment savoir cc qu'un lermitT a consomme des produits de sa ferme ; une famille , des produits do son domaine ; un lubricant, des produits de sa labrique ? Tons ces produits cepeudant font partic de la production genoralc du pays. II suHlt bicn de con- signer dans les statistiques deccnnales les ronsi'ignomens de ce genre qu'il est possible dc se procurer. II faudrait y consigner aussi quelques faits physiques qui in fluent sur le sort de I'humanite , mais dont les resultats ne sont sensibles qu'apres un certain laj)s de terns , comme I'in- fluence du deboisement sur la quantite de j)luie tombee an- nuellement. Outre les experiences directes, on peut , a ce sujet, calculcr avec assez d'exactitude la quantite d'eau qui s'eeoulc par les rivieres (i). Le nombre des routes et leur etat de via- bilite , de meme que I'etat des rivieres et des canaux navi- gables , meritent egalement d'etre constates dans les statistiques decennales ; car la facilite des communications , et par con- sequent des debouches , est un des principaux eli'niens de la richcsse nationale. que suit I'Anglelerre et que suiveiit lous les hons ncgociaiis dans Icurs inveulaires , qui est de ne regarder comme recettes et depenses d'uue aiinee, que celles qui sont effectuees dans le couiant de ccttc annee , el de porter au debit des comptables, tous les soicles qui resler.t en caissc a la fin d'une annee , comme s'ils etaient une portion de la recette de I'annee suivante. (i) On peut mesnrer la section des eaux au passage d'un pent, leur hauteur moyenne el leur lapidite moyenne dans le cours d'une annee; ce qui fait connaiirc le decioissement ou raccroissement des eaux. DES STATISTIQUES. 55i Enlin, uii cliapitrc des statistitjues decennales, (iiie je ro- garde conime tit-s-important , ct dont M. Ic prcfet du departc- incnt de la Seine a donne I'exeniple (i) , dans !es leeherches tres-curieuses qu'il a pnbliees sur la ville de Paris, c'est ie prix inoyen dcs principaux ohjets de consommation. On sail qne Ics nations sont riches, autant en raison du bon marche que de I'abondance des objets que nous consommons; ou plutot que ces deux fonnules ne sont que I'expression d'un meme fait. Consequcmment les prix sont , pai'mi les fails , ceux qui four- nissent le plus de luniieres sur la condition des peuples. Je sais que les pi'ix ne signilient quelque chose qu'autant que Ton connait la valeur des nionnaies , ou , si Ton veut , des me- taux precieux ; mais le prix de plusieius objets , et surtout des objets d'uue consommation generale , offre un des meilleurs moyens de savoir quelle est la valeur des metaux precieux eux- memes. Si nous avions le prix courant de diverses choses en or ou en argent dans I'antiquite , nous aurions des idees bien ]j1us justes de Tecononiie des anciens peuples. Les Annuaires statistiques doivent contenir, outre les rccettes et les depenses du gouvernement , I'etat des exportations et des importations , non pour connailre la balance du commerce qii'elles ne font ])as connaitre (2) ; mais parce qu'elles donnent , malijre I'inexactitude dcs declarations , une idee approxima- tive des besoins des consonimateurs des differcns pays et de I'importance des debouches. Lorsque les prejuges sur la balance du commerce n'exis- teront plus, il faudra s'attacher a constater plutot la quantite que la valeur des marchandises qui passeront , dans un sens (i) Voyez Reclierches statistiques sur la ville de Paris et le ilJpartemciit de la Seine, par M. le comte de Chabrol. Paris , 1826; in-4", ta- bleaux 86, 87, 88, 90 et i3o. (2) Les etats d'importution et d'exportation ne font pas conuailre la totalite des objets d'echange qui passent d'un pays dans un autre , notannnenl les metaux precieux, ui les pierres fines, ni tout ce qui passe en contrebaiide. lis devieiidront d'autani plus fideles que les droits scronl moins cleves et que la I'laude seia nioins profitable. 552 DE L'LiTILITl!; DES STATISTIQUES. oil dans raistrc, Ifs Irontieres. Quant a la valeur dcs envois ct a la vaU'ur des rctours, on pent s'en rapporter aux nego- cians. Les niinuraux dont il est le phis essentiel do constater la quotitu annnellement produito , sont , au premier rang, la hoiulle , la chaleur etant le pins employe de tons les agens physiqnes, et le bois ne pouvantse reprodiiire aussi rapidement que les arts le consomment; puis le /tr, qui est le plus employe des nietaux (x); cnsuite , le scl , etc. Les droits du fisc sur la plupart de ces productions fournissent des moyens pour en connaitre la quotite. Il en est de meme des pecheries. Les annuaires sont propres a faire connaitre encore I'impoi - tance de certaines cocsommations qui paient tribut au fisc, comnic le nombre des ecrits periodiques; celui des ecoles na- tionales ou particulieres , et quelquefois aussi le nombre des eleves qui les frequentent ; les jugemens rendus en matieres criminelles ; et meme les occurrences remarquables qui ne sont que curieuses , comme les pierres tombees du ciel (a). En rapportant les deces annuels , il est fort essentiel de faire mention de I'age du decede, et, autant qu'il est possible, de la maladic qui I'a enleve , comme aussi de sa profession. Ces notions font connaitre I'influeiice des professions sur la longueur de la vie ; et la longueur moyenne de la vie est I'indice le plus assure peut-elre de la condition des peuples. On salt , d'apres les donnees , bien imparfaites a la verite , que la statistique a fournies jusqu'aujourd'hui, que la duree moyenne de la vie humaine a augmente considerablcment de- (i) La valeur du fer annuellement produite en France , ou en An- glcterre, excede beaucoup la valeur de Targent annuellement produit au P^rou. (2) Cette derniere circonstauce appartient uiieux aux almanachs , de UK-me que les phenom^iies celestes , les observations meteorolo- giques : aussi, dans blen des cas , surtout dans les provinces secon- daires, peu riches en faits statistiques , I'annuaire statistique et lal- manacli pourraient-ils se troiiver reqnis. PRECIS SUR BUENOS-AYRES. 553 puis un siecle on deux , d'ou Ton petit infererque le bien-etrc du genre humain s'est accru dans la plupart des etats polices; mais les statistiques a venir donneront a nos neveux des idees plus exactes et plus preeieuses la-dessus. Defendez-vous au sage De se donner des soins pour le bonheur d'autrui? Cela m^nieestun fruit queje goute aiijourd'hui. J.-B. Say. Prects HiSTOiUQUE siir Velat actiiel de /« Republique ARGENTINE ( BcENOS - AyRES ). SECOND ARTICLE. (Voy. ci-dessus, pag. S-iy). Depuis le commencement de la revolution de I'ancienne vice-royaute de Buenos- Ayres, les provinces ne cesserent d'en- tretenir une violente jalousie contre la capitale, qu'elles accu- saient de vouloir les asservir, et qu'elles voyaient jouir d'une prosperite croissante, due, en grande partie, a sa position. II etait bien difficile, au contraire, qu'au milieu des troubles et des agitations, les provinces eloignees, pauvres, sans popula- tion, sans rapport avec les nations etrangeres, et ou I'instruc- tion etait si pen repandue, fissent des progres rapides; mais, au lieu de tenir compte de ces obstacles naturels, on aimait mieux accuser Buenos-Ayres de vues avides et ambitieuses. De la, des haines violentes qui eclaterent quelquefois par des guerres intestines et par des luttes sanglantes entre les Portenos, nom donne aux Buenos-Ayriens , et les Monloncros , ou habi- tans de I'interieur; de la, enfin, la rupture absolue des pro- vinces qui s'isolerent les unes des autres et s'administrerent separement. Quelque facheux que fut cet etat de clioses, il finit par produire quelque bien, parce que la province de Buenos- Ayres put s'organiser plus faeilement et developper toutes ses ressources, de nianiere a presenter un motlele au reste du pays 554 PRECIS HISTORIQUE eta lui deniontrcr qii'il devait cherchcr, ailleurs que dans sos soupcons jaloux, Ics causes de la prosperite de la capitalc. Ce fut dmant cctte separatiou de pliisienrs aniu'es qu'elle acquit de bonnes loisctd'adniirubles institutions: sonconinierceprituu essor prodigicux, lescampagnes voisines decuplerent de valeuf, elle obtint un grand credit en Europe, elle vit sa population presque doublee par rafUuence des etrangers, et les garanties dc stabilite qu'elle presentait deciderent pour elle ct pour les provinces, dent les injustes preventions s'affaiblissaient pen a peu, la reconnaissance de leiu- commune independance pai' TAngleterre et par les Etats-Unis d'Amerique. Les provinces conimencerent a dcsirer la reunion d'un nouveau congres national et la formation d'un gouvernement central. A la fin de niai 1828, M. Bernardino Rivadavia, alors ministre des affaires etrangeres et de I'interieur, cnvoya le president de senat du clerge (i), D. £stanislao Zayai^^t a , dans les differentes jnovinces pour les informer des intentions du gouvernement de Biienos-Avres. Les instructions que le ministre redigea ii cet effet portent Tempreinte de la sagesse et de la moderation qui caracterisent I'administration dont il faisait partie; nous en citerons quelques passages : « Le but que le gouvei'nement de liuenos-vVyres desire at- teindre, au moyen de la mission confiee au zelc du premier dignitaire ecclesiastique , est de reunir toutes les provinces du territoire qui, avant I'emancipalion, composaient la vice- royaute de Buenos- Ayres, ou du Rio de la Plata, en un corps de nation administree, sous un systeme reprtsentatif, par un seul gouvernement et par un meme corps legislatif. » « Le second objet que se propose le gouvernement, et qu'il considere comnic le premier moyen pour arriver au but prin- cipal, est de voir chacune des provinces cntrer dans un etat d'ordre et de paix, soutenu par les peuples et par ceux qui !<•,> gouvernent : ccux-ci devronl s'eiforccr d'etablir la siucte (t) Le iioui lie ^ sen 11/ ilu clirgc a rciiiplace I'aiuicn noiii dc chdpitir. SUR LA KEPUBLIQUE ARGENTINE (Buenos-Ayres). 555 piibH(juo et individuelle ct s'appliquer a coniiaitre exactfinonl les ressources de leurs provinces respoctives, a les administier et ;i les employer avec habilete; les peuples devront s'occupcr activement des travaux et des genres d'industrie les plus pro- ductifs, en mcme tems qu'ils auj^'menteront leurs connaissances par I'etnde, qu'ils etendront et perfoctionneront leurs rapports sociaux et qu'ils donneront tous leurs soins a I'education de leurs enfans. » « L'envoye cmploiera tous ses eflorts poiu' iuspirer aux divers gouvernemcns avec lesquels il doit trailer, nne pleine conliance dans le desinteressement , la nioralite et le zele na- tional de son gouvernemcnt. « « II ne negligera rien pour les convaincre que ni le gouver- nenient de Buenos-Ayres, ni la portion du pcuple de ce pays qui peut avoir de I'influence sur I'administration, ne conserve aucun souvenir facheux du passe, et ne se laissera jamais aller a aucune prevention contre ceux qui ont occupe des fonctions ou pris part aux affaires, lorsque les provinces avaient des autorites locales et speciales qui les administraient. » n L'envoye fera comprendre que le gouvernemeut de Buenos- Ayres est persuade que les personnes qui pourront le mieux concourir a I'organisation du corps national sont les memes qui sont aujourd'hui cliargees de la direction politique du pays; qu'a cet egard il ne croit aucune exception ou exclusion neces- saire, ni menie convenable; qu'il regarde corame un de ses premiers devoirs d'appuyer tous les gouvernemens existans, et ((u'il souliaite qu'on etablisse le jjrincipe qu'il ne se fera aucune mutation de personnes, jusqu'a I'installation du gouvernemcnt et du corps legislatif. » « L'envoye se convaincra que, poiu- obtenir un residtat aussi important, la chose la plus necessaire et la plus efficace , est que chaque gouvernemcnt commence par publier un etat detaille de la situation du tresor public et des depenscs necessaires pour les divers services publics, en indiquantles ameliorations que redament les diffei'entes parties de I'administrafion dans leurs pays respeclifs, les abus ct le* manx qu'il importe d'ar- 556 PRECIS HISTORIQUE reter ou de prcvcnii', et les moyens qu'il convient d'eniployci . Le gouverncment de Buenos-Ayres offre de faire imprimor a ses frais tous ces documens et tons les autres renstigncnieiis analogues que li-s gouvernemens de chaquo province voudraien! publier pour arriver au meme resultat. » D. Estanislao Zavaleta devait, en outre, cominuniquer a chaque province les grands projets d'utilite generale qu'avait concus le gouvernement de Buenos-Ayres, particulierenienl pour multiplier les communications interieures, au moyen de canaux et du creusenient du lit de quelques rivieres. La mission reussit; eile ne pouvait etre confiee a un honime plus capable de la remplir : car M. Zavaleta n'est pas moins distingue par son caractere que par ses talens. On pent dire la meme chose des menibres les plus influens du clerge du pays ; le gouvernement n'a cesse de trouver en eux I'appui du patrio- tisme et des lumi^res pour toutes les ameliorations qu'il a tentees et executees; mais, cet eloge appartient particulierement a MBI. Zavaleta, Julian de Aguero, aujourd'hui ministre de I'in- tericur, Fernandez Jgucro, son frere, professeur d'ideologie, Gorriti, doyen de Salta, et Valentin Gomez, actuellement rec- teur de I'Uuiversite. Une fois le congres reuni, et lorsqu'il eut defere la presidence a D. Bernardino Rivadavia , celui-ci resolut de detruire pour toujours I'ancienne cause de mecontentemcnt et de dissolution de I'etat; dans son discours de reception, il declara que la seule base sur laquelle on pouvait etablir d'lme maniere durable I'organisation du pays etait de nutionaliier la capitale, afin de centraliser et de garantir tons les interets. La me- sure etait aussi iniprevue qu'irnportante; chaque jour j)rouvera davantage combien elle a etc utile; mais, dans le principe, ses avantages ne furent pas aussi bien compris qu'ils devaient I'etre : aussi rencontra-t-elle une assez forte opposition. On a deja dit que la federation a ete le point de ralliement de tous les hommes factieux et turbulens de I'Amerique me- ridionale. Jrtigas , qui eiit peut-etre ete fort cmbaiTasse, tanl son ignorance etait grande, d'expliquer ce qu'il entendait reellement par gouveinenienl, (Vdeiatif, ne se servit ])as moins SUR LA REPUBLIQUE ARGENTINE (Buenos-Ayres). 55? de ce pretexte poui' desoler, pendant plusieurs annees, la Bande orientate , et pour produire des desordres et une sepa- ration qui ont donne lieu a la guerre actuelle entre Buenos- Ayrcs et le Bresil. Le congres avait consulte les provinces sur le regime qu'elles preferaient : leur opinion n'avait pas etc exprimee assez positivenient; cependant, plusieurs d'entre elles se prononcaient avec force pour la federation. On doit regretter que les peuples de I'Amerique meridionale aient voulu adopter les institutions des Etats-Unis, sans examiner si leur etat social le permet , et sans songer combien il y a de difference entre eux et I'Amerique du nord. Sans doute le gouvernement federatif garantit, mieux que tout autre, les interets d'un peuple libre; mais, pour qu'il se fonde et se consolide, il faut avant tout de la population et des lumieres, et les provinces interieures de la Republique Argentine en sont, pour le mo- ment, trop depourvues. II serait absolument impossible d'or- ganiser, ailleurs qu'a Buenos-Ayres, les trois pouvoirs que la federation exigerait dans chaque province. D. Falentin Gomez le demontra avec tant de clarte, dans un rapport plein de franchise sur la situation du pays, que le congres adopta le systerae unitaire a une grande majorite. La seule maniere d'etablir le systeme oppose eut ete de reunir plusieurs pro- vinces en ime seule; mais cette reunion rencontrait des obsta- cles insurmontables, il n'y fallut pas songer. La conviction du congres , relativement a la forme qui con- venait le mieux aux circonstances actuelles du pays, ne fut malheureusement point partagee par plusieurs gouverneurs des provinces. Desirant conserver le pouvoir absolu qu'ils exercent sur elles depuis de longues annees, ils ont sacrifie I'interet general a leur ambition personnelle. Le plus coupable de tous est Busxos, gouverneur de Cordova, qui s'est declare le chef d'une ligue contre le gouvernement cential. Le congres a envoye aupres de la legislature de chaque province un de ses membres pour presenter la constitution a son acceptation , et surtout pour expliquer les motifs qui ont fait preferer le systeme unitaire ; mais quelques gouverneurs ont empeche ces 558 PRKCIS HISTORIQUE deputos tic lomplir lour mission, ct monie ont ruliisc do rruiiii lesrcprcscntans dc la province, en sorte quo I'opinion |)iibliqn<: n'a presqne etc consuUio nullo part, et que la province de Mon- tevideo est jnsqu'ici ia seule qui ait adopte la constitution ( le 3r mars dernier ). Cependant, cette constitution menage etres- pecte avec soin tons Ics interets locaux ; et des conseils d'admi- nistration , nommes directemcnt par le peuple dans chaquc pro- vince, reglent les details qiii s'y rapportent, avec une entiere indc'pendance, et sans I'inlervention de rautorite superienre : les actes dc ccs conseils ne sont soumis qn'ii Fexamen du congres general, ct !c president choisit les gouverneurs sur une liste de trois niembres, presentee par chatpic administration locale. Ainsi, la Republique Argentine possedera, antant que cela est possible, les avantagcs du gouvernement federatif, sans en avoir les inconveniens. On pent ajouter qu'un gouvernement central convient seul au pays place a la porte du Bresil. Buenos- Avres espere que le tems ct la raison publique contribueront a repandre et a fortifier cette conviction dans les provinces oft les gouverneurs ont besoin de recourir aux moyens les plus violens et les plus tyranniques pour eomprimer I'opinion des bons citoyens et des hommes vraiment amis de leur pays. Tant que le gouvernement centi'al rencontrera des opposi- tions interieures, et tant que la guerre actuelle ne sera point terminee, on ne pent guere attendre le developpcnient des res- sources du pays. Aussi, n'a-t-on rien ;i dire, dans ce moment, sur les progres des provinces , dont quelqties-unes sont dosolees par la guerre civile. Au milieu des desordres qu'clle fait naitre on aime k voir qu'une campagne a ete dernierement faite avec beaucoup dc succcs contre les Indiens par le colonel Rauch, d'apres I'excellent plan du au general Sarita-Cniz, ministre de la guerre. Les barbares ont etc refouk's au loin , et de long- tems ils ne songeront plus a troubler la tranquillite de la cam- pagne. Le gouvernement de Buenos-Ayres a juge que le meilleur moyen de suwnonter les obstacles dont il est entonre est d'adopter la marche la plus franelie el de porter au plus haut SURLA REPUBLIQUE ARGENTINE (Buenos- Ayres). SSg point le respect pour la libertc dc la prcsse. Tel est son libe- ralisnio, qu'il laissc icdiijer sous ses yenx un journal facticux intitule le Tribun, dont I'un des redactcurs est place sous la surveillance dc la police, a cause des anciens services qu'il a rendus a D. Pedro et des motifs de defiance qui se reunissent centre lui. Cependant, le journal le Cincinnatus , ayant dernie- rement depasse toutcs les bornes de la decence dans ses attaques contrc Ic minislere, a etc defere aun jury, ct TEspagnol qui le redigeait a ete condamne a six mois de detention. 11 resulte de rextreme franchise de I'administration, qu'elle obtient tou- jours la plus grandc confiance, et que', grace a la j>urcte bien connue de ses intentions, a sa fermete, a ses lumiercs, ct a son zele pour le bien general, les obstacles diminuent journel- icment. Outre les journaux que nous venous de ncmmer, on en rompte encore un grand nombre d'autrcs , dont voici la liste : cl Americano (rAmericain), cl Corren uacional (le Courrier na- tional), la Gaceta nierca/ittl {Gazette du commerce), f/ie British- Packet (en anglais), X Echo francais (en francais) , el Mensagero argenlino, el Diiende, el Ciiicinnato , el Investigador, el Trihano diario del sesioiics del congreso general (pour les seances du con- gres), cl Regis Cro naciontil (pour le recueil des lois et decrets), rl Registro estadisticn (Statistique du pavs), cl Bidctino de poli- cia, los Precios corricntcs , el Constitutional. II faut ajouter el Conciliador et la Cronica politica y leteraria de Buenos-Ayres , rediges par deux Europeens dont Tacquisition e«t fort pre- cieuse pour le pays : MM. de Angelis et Mora; le premier aussi recommandable par son caractere que par le grand nombre dc ses connaissances, et qui a laisse les souvenirs les plus honorables dans plusieurs pays eclaires de I'Europe, lo second, litterateur espagnol du premier nierite, counu par d'importans ouvrages , n'a point balance a quitter la situation heureuse qu'il devait a son talent en Angleterre, pour se devouer tout entier a une cause qu'il avail toujours defendue en Espagne, et sur laquellc il avail iuudlement cssaye d'eclairer ses compatriotcs. La Cronica, que nous 56o PRECIS HISTORIQUE citerons souvcnt, jouit dcja dune reputation meritee ii Bue- nos-Ay res : elle se propose surtout de combattre avec soin la manic de juger la situation politique de rAmeriquc me- ridionale par dcs theories europeennes, d'iniiter Ics insti- tutions de peuples dont la condition est si diffcrente , de suivrc les traces et les fornuiles qui, dans d'autres parties du monde, ont etc le produit de circonstances dans Icsquelles ne se sont jamais vus, et ne se verront probablement jamais, les nou- veaux etats fondes sur la ruine de la domination espagnole. Les editeurs ont done entrepris de creer et de soutenir une poli- tique toute americaine, une politique qui appartienne cxclusi- vement a ce pays, si different de ceux qui lui ont servi de regulateurs et de modeles; enfm une politique analogue a ses necessites, convenable a sa situation, digne de son impor- tance et capable de les preserver des maux qu'ont soufferts les peuples qui I'ont precede dans la carriere de la civilisation. II est tems, disent-ils avec raison, que les Americains agissent par eux-memes et se connaissent : il est terns que I'Europe recoive dans les journaux d'Amerique I'expression des peuples qui I'habitent. Le Conciliador, dont le premier caliier a du paraitre dans le mois de mai dernier, est le seul journal trimestriel que I'Amerique du Sud possede. On connaitra les principes et le but de ses auteurs par I'extrait suivant de \eur prospectus : " Un des momens les plus critiques de la vie dcs nations est celui ou, aprcs avoir rompu les chaines de I'esclavage, elles heritent tout a coup d'un pouvoir illimite , sans autre frein que leur propre volonte , ou , pour mieux dire , le caprice d'une multitude inexperimentee. Quelle que soit la fermete de ceux qui se mettent a la tete d'une reforme politique , il est impossible qu'ils resistent long-tems au choc violent des pas- sions qui les assiegent. Le residtat des gouvernemens arbi- traires est d'egarer le jugement et de corrompre les moeurs. La liberie, qui ne pent s'asseoir que sur les bases immuables de la vertu et de la justice, cherche en vain un appui solide au milieu d'un peuple degrade , qui souvent ne recouvre ses droits SUR LA. REPUBIJQUE ARGENTIIVE (Boenos-A yrf.s). 5fi r que pour devenir le jouet de quelques ambitieux. II ne sufiit pas de s'elever a la dignite d'homme; le plus difficile est de se maintenir dans ce rang eleve, et la moderation peut seule mettro un terme aux discordes interieurcs. «On croit generalement que les memes instrumens qui ont servi a renverser le despotisme peuvent servir pour fonder la liberie. Les plaintes, les jalousies, les ligues, les tuinultes, tout ce que Ton a employe pour detruire parait necessaire pour reedifier. Les hommes se croient libres quand ilsresistent aux autorites etablies; ils se croient energiques quand ils soufflent le feu de la discorde; ils pensent qu'ils agissent bien quand ils ne font que preparer de uouveaux malheurs. Ces coupables manoeuvres seduisent facilement le peuple ; et le journal qui obtient sa confiance est d'autant plus dangereux , que son instruction est plus bornee, que ses prejuges sont plus enra- cines et ses desirs plus violens. Le peuple est un enfant qui n'a point d'inquietudes , parce qu'il manque de prevoyance. II s'endort aussi aisement sur le bord d'un precipice que sur un lit de fleurs. Dites-lui que les hommes sont libres tt egaux , que les lois sont oppressives, que les magistrals sont cruels, que le gouvernement est venal, et vous le verrez aussitot, inter- pretant ces paroles a sa guise, s'armer contra les citovens , contre les lois, contre les magistrals et contre ceux qui gou- vernent. Une telle resistance rend impossible tout projel d'as- socialion : elle ote au gouvernement la force dont il a besoin pour creer de nouvelles institutions; elle fait echouer ses plans, elle arrete ses mouvemens; et la lutte qui en resulte rend incurables les blessures qu'il fallait guerir ....• » Les details dans lesquels nous venous d'entrer sur les jour- naux de Buenos-Ayres, nous conduisenl a parler de I'instruc- lion. Voici la lisle des cours qui se font a I'Universile , et les noms des professours, tels que nous les indique la Cronica du J mars dernier. DKPARTh.MF.NT DKS SCIENCES PREPARATOIR? S. Langue latiiic. — D. Mariano Guerra ; D. Ignacio Ferros, ■r. wxv. — Stptembrc 1827. 36 562 PRECIS HISTORIQUE — Langufifraiicaisc. — D. Amadeo Brodart. — Langues an- glaise et gracque. — Tcojilo Parvin. — Ideologic. — W D. Juan Manuel Fernandez Aguero; D'' D. Luis Pena. — Physique-ma- themntiquc.—H. Avelino T)i\z.—Phfsiquepratique.—W D. Pcdt o Carta. — Chimie. — D. Manuel Moreno. — Sciences exactes. — D. Felipe Senillosa; D. Roman Chauvet. — Medecinc^ ana- tomic, physiologic iiX. accouchement. — D. Frflwcwco Almeira. — Clinique chirurgicale. — D. MiguelRivzRA. — Medecine etphar- macic — D"" D. Pedro Carta. — Clinique medicale. — D'' D. Juan D'' D. .^nt. Fernandez. JURISPRUDENCE. Economic politique. — D. Dalmacio Velez. — Droit public ecclesiastiquc. — D*^ D. Euschio Acuero. — Droit naturel et droit des gens. — D'' D. Pcdro-Jose Agrelo. — Droit civil. — D'' D. Pedro Somellera. Nota. — Les chaires de sciences sacrees s'ouvriront aussitot que des etudians se presenteront. En dernier lieu , M. Mora a etc nomme profcsseur de litteraturc espagnole. — M. Belle- mare, ancien magistral francais, professe un cours de code penal et de droit commercial. Dans son disconrs d'ouverture , plein d'apercus nouveaux et importans, il s'est attache surtout a detruire I'une des erreurs les plus funestes pour le pays : c'est qu'il n'est pas encore assez avance en civilisation pour recevoir I'institution du jury. (juant a \ instruction primaire , elle est, depuis plusieurs an- nees, soignee avec toute I'attention qu'elle merite. L'ensei- gnement mutuel est le seul en usage ; il est aussi repandu dans toute la campagne, et chaque famille est tenue d'envoyer aux ecoles ses enfans qui vicnnent quelquefois a cheval de plusieurs lieues. Le gouvcrnement a etabli les ecoles, d'apres le meme systeme, pour les jeuues lilies, et les a placees sous la surveil- lance de la Societe de bienfaisancc. Cette societe est instituee pour proteger tous les etablissemens et toutes les fondations d'utilite publique qui se rapportent aux femmes. Elle est la preuve que le gouvernement veille sur tous les interets, et que ses vues d'amelioration s'etendent a tous les menibres de I'Etat. SUR LA RfiPUBLIQUE ARGENTINE (Buenos-Ayrfs). 5G^ La Societe de bienfaisance dtcerne, chaque annec, a«\ jeunes filles qui les ont merites, des prix de morale, d'indiis- trie, d'application et de piele filiale; et Ton ne neglige rien pour donner de la solennite a la distribution de ces recom penses qui excitent la plus heureuse emulation parmi la jeu- nesse. On ne lira peut-ctre pas sans interet les considcrans du decret qui a ciee, le 2 Janvier 1823, la Societe de bienfaisance, et qui est du a M. Rivadavia. « L'existence sociale des femmes est encore trop vague et trop incertaine : tout est arbitraire dans ce qui les concerne. Cette imperfection de I'ordre civil n'a pas ete moins nuisible aux progres de la civilisation que les guerres et le fanatisme, mais avec une difference qui a rendu les obstacles plus difficiles a vaincre, parce qu'ils etaient beaucoup moins apercus. La force naturelle des choses les a indiques de tems en tems, mais n'a fait que produire des contradictions qui se moutrent surtout dans les Codes sur la personne civile et legale , relativeraent a la femme. « « Si la perfection physique d'un peuple resulte a la fois de la beaute et de la sante de I'homme et de celles de la femme, sa perfection morale et intellectuelle depend aussi de celle des individus des deux sexes qui le composent. La nature, en assignant a la femme une destinee differente de celle del'homme, et d'autres avantages qiii lui sont propres , et qui , joints a ceux dont rhomme est done, satisfont aux besoins de I'un et de I'antre et embellissent leur vie, a donne aussi a son coeur et a son esprit des qualites que I'liomme ne possede point. Plus celui-ci s'efforcera de perfectionner les sciences , plus il s'eloi- gnerait de la civilisation , s'il ne mettait pas en harmonic avec sa mauiere d'etre morale et intellectuelle les sentimens et les idees des etres qui formentla moitie si precieuse de son espcce. » « II est done juste et utile d'accorder la plus serieuse attention a I'education des femtnes, a la formation de leur caractere, a I'amelioration de leurs mneurs, et aux moyens de pourvoir a leurs besoins, afin d'arriver a une legislation qui, en fixant 36. 564 PRECIS HISTORIQUE leurs droits el leurs devoirs, leur garantisse la part de bonheur quileurappartient. Rien ne peutconlribiicravcc plus desucces et d'cfficacite ik atteindrc un but si important que la direction donnee aux sentimens et aux opinioTis politiqucs des femmes qui font partie des families les plus considerees et Ics plus iu- lluentcs, et qui, par leur position sociale, par leurs qualites personnelles , par unc raison eclairee, par an esprit exercc, peuvent influer elles-memos puissamnient sur leur sexe tout entier et sur I'opinion publique (i). » « Elles ne peuvent manquer de saisu- avec emprcssenient la premiere occasion favorable qui se presente a elles pour re- duire en faits les verites qu'on vient d'indiquer, et beaucoup d'autres encore qui ne les honorent pas moins. Le gouverne- ment , determine par le principe qu'il n'y a d'autre moyen ni d'autrc secret pour donner de la consistance a toutes les rela- tions politiques et sociales que d'eclairer et de perfectionner leshommes ainsi que les femmes, et les individus ainsi que les peuples , a decide et decrete ce qui suit : » Art. 1^'^. Le ministre secretaire de I'interieur est autorise a etablir une societe de dames , sous le nom de Societe de bien- faisance. 2. Le ministre secretaire de I'interieur nommera une com- mission chargee de I'execution de I'article precedent. (i) Des femmes, ainsi nourries et animees d'uu veritable amour de la patrie , ne nepsligeront rien pour faire introduire dans les lois I'ap- pllcation des vei-ites que Ton vient d'indiquer, et pour faire 6tablir des institutions propres a former des epouses penelrees de principes de vertu , ornees de connaissances utiles, de t.ilens agreahles, qui se fe- ront estimer et cherir de leurs maris, qui pourront diriger avec sagesse I'educatiou de leurs enfans , qui seront un lien moral dans I'interieur des families, qui offiiront dc nobles et touchans modeles dans la so- ciete, qui ajoutcront, par la puissance de leurs discours et de leurs exemples, a la bonte des institutions publiques. Le gouveruemeiit a prouve, par ses acies, qu'il veut donner de la consistance a toules les relations sociales, en edairant eten perfectionnant les femmes comme les hommes , les individus pris a part et le peuple en masse. N. D. R. SUR LA. REPUBLIQUE ARGENTINE (Bijenos-Ayives\ 565 3. Des que la societe sera installee, elle procedera a la for- mation d'un reglement qui sera soumis i I'approbation du mi- nistre. /(. Les attributions de la societe de bienfaisance seront : 1° L'inspection et la direction des ecoles de jeunes fiUes ; •i° La direction et Tinspection de Ihospice des Enfans- Trouves, de I'Hopital des Fenimes, du College des Orphelines , et de tons les etablissemens publics diriges en vue du bien des personnes du sexe. 5. La societe pourra elendre successivenient ses attributions a raesure que son organisation le lui permcttra. 6. II est assigne , pour subvenir ai;x depenses de la societe, ■une somme de six cents piastres par annee , prise sur les fonds reserves du gouvernement. 7. 11 sera assigne a I'cntrelin des tcoles des jeunes filles une somme de trois niille piastres , sur les fonds accordes dans le budget general pour les premieres etudes , et une autre somme de mille piastres , provenant du legs du docteur Rogas. 8. Dans I'ecole de jeunes filles actuellement existante, et fondee en partie a I'aide de ce legs , il sera place une inscrip- tion destinee a perpctuer la memoire du respectable ecclesias- tique qui I'a instituee. 9. Le ministre secretaii e de I'interieur et des relations exte- rieures est charge de I'execution du present decret. Rodriguez. Bernardino Rivadavia. La diffusion d'idees aussi favorables au bien-etre de la so- ciete entiere a deja produit les plus heureux resultafs. Il serait difficile de citcr un pays oii les femmes soient plus digues de consideration et de respect, f)ii elles aient plus de patriotisme, ou elles prennent plus de part a tout ce qui meritc I'interet des ames nobles et genereuses. Get eloge s'etend aux provinces oil Ton a vu, durant le cours de la revolution, les femmes donner souvent d'admirables exemples de sacrilice, de cou- rage et de devoument a leur pays. Dernierement, les dames de Mendoza ont ouvert entre elles une souscription pour re- 566 PRECIS HISTORIQUE pandre la connaissance des lois foiidamentales. h'Iris argentine;, cxcelkiit journal public dans cette ville situee au pied des Andes ft aux oxtrcmitus de la republiquc, fait, a ce sujet, les rrllcxions suivantes : n Quelqucs personnes ont blame la souscription ouverte par Its dames pour la reimpression de la constitution ; mais, jus- cju'ici, on u'a pas alleguc d'autres raisons contro une de- marche aussi eminemment patriotique, que celle de quelques aucieus chefs de famille, lorsqu'on Icur demandait pourquoi ils n'enseignaicnt pas a lire a Icurs fdles. A quoi bon instruire les fcmmcs ? Singuliere maniere de vouloir etoufl'er I'influence que le beau sexe acquiert dans notre societe ! Cette premiere et precieuse moitie du genre humain, privee dans les terns de barbaric de tous ses droits et de toutes ses prerogatives, etait reduite a vegeter comme une plante sauvage; les plus beaux ornemens de I'ame restaient presque etrangers a la feihme; mais , des que I'homme commence a s'eclairer, ses moeurs s'ame- liorent, et il desire natinellement trouver, dans celle que son coeur a choisie, une amie fidele , une compagne inseparable de ses plaisirs et de ses peincs; il veut avoir alors aupres de lui , non pas une femme qui ne soit qu'un vain ornement et un objel de luxe, mais une jeune personne vertueuse et instruite, qui puisse calmer les chagrins de son epoux, moderer ses passions violcntes, faire de sa demeure le sejour des plaisirs les plus doux et les plus innocens, et de ses fils de bons citoyens. « Si la femme est sujette aux mcmes lois que I'honime, si elles lui imposent les memes devoirs, quel motif juste et raisonnable lui refuserait I'etude et la connaissancc d'une loi qu'elle est tenue d'observer aussi bicn que lui? S'abstient-on de punir les femmes,lorsque, par ignorance, elles font ce que la loi de- fend? Les droits de la femme ne sont-ils pas garantis par la loi, comuie ceux de I'homme? pourquoi done ne saurait-elle pas quclles garanties cette loi lui assure , et quelle est I'impor- tance de ces garanties? « D'un autre cote, les premiers pas de I'homme sont neces- sairemcnt soumis a la femme : elle est chargee de donner a SUR BUENOS-AYRES.— NOTICE SUR M«"^ GUIZOT. 567 son coeur, dans son enfance, ces premieres impressions dont il conserve toujours quelques traces, et il est certain qu'une bonne citoyenne fait de son fils im bon citoyen , surtout s'il a ete imbii des meilleurs principes, donnes, pour ainsi dire, avec le lait et avec les caresses d'u-ne tendre mere. Ainsi , ce n'est pas seulement pour elle-meme qu'une mere doit connaitre et com- prendre les lois, mais aussi pour le bien-etre de la societe a laquelle elle appartient. En outre, I'objet de la souscription dont il s'agit est de repandre la connaissance de la constitu- tion et de la mettre a la portee de tous, afin que chacun puisse s'en faire une opinion raisonnable. Cet objet serait-il done indigne d'une femme ? » Je voudrais maintenant faire connaitre la constitution de la republique argentine et les rapports de ce pays avec les Elats voisins; mais les developpemens qu'exige un pareil siijet m'o- bligent de le traiter a part dans un troisieme et dernier article. Varaigne. NOTICE SUR M"^ GUIZOT. Les ouvrages de M"'^ Gtjizot sont connus ; le public Ics retrouvera, ils restent, et elle n'est plus. C'est elie maintenant qu'il faudrait faire connaitre; c'est son caractere que je voudrais peindre et sa vie que je voudrais confer : je le voudrais et j'en desespere. On a dit souvent qu'im auteur se peignait dans ses ecrits, et sans doute il est vrai que nous ue pouvons lire un ouvrage distingue sans eprouver de la sympalhie ou de reloignemenl pour celui qui I'a compose, sans nous former quelque idee de son caractere et de sa personne. Mais, cependant , que nous sommes encore loin de le connaitre! C'est en vain que nous formons des conjectures, que nous cherchons son ame dans son talent, que nous nous faisons raconter sa vie; nous igno- rons toujours ces nuances des qualites ct des defauts, ce tour d'ospril, cette maniere de sentir, ces trails individuels enfin , 568 NOTICE qui le distiui;ucnt eiitie sts pareils. L'ainc la plus bijiccre a des ii)ystere5 qui ue se laissent peuotri-r que dans rintimite; la vie la plus simple conlieiit des secrets qui lie sont jamais reveles. Qu'est-ce done qu'un livn;, un portrait, un recil? Un vague temoignage offert a la curiosite, qu'il lie doit pas satisfaire. II faut nous resoudre a presque tout igiiorer des gens que nous n'avons point vus. Nous iie connaissons bien que cenx aupres de qui nous avons passe quelque terns de noire vie; et, pour dire toute ma pensee , nous ne connaissons bien que ceux que nous aimons. Lorsqu'ils ne sont plus, le sentiment de leur merile, Tintelligeuce de leur nature reste I'inalienable partage de I'amitie; il est bien juste que (\^^ moins cette con- solation lui reste : sans les souvenirs, la douleur ne sernit pas; mais sans les souvenirs , elle serait insupportable. Quand nous parlous dun ami a des indiffercns, quand nous voulons le leur faire connaiire, que de solns il nous faut prendre! que de choses a repeter! que d'explications sans fin! et tout cela pour terminer par ces paroles : Que ne le connais- sez-vous comme moi! C'est done en vain que nous tenterions de montrer M'"'= Guizot telle qu'elle fut ii nos yeux. A peine pouvons nous ajouler quelque chose a I'idee que les lecteurs attentifs et clairvoyans de ses ouvrages ont du se former d'elle. Nous ne pouvons qu'ajouter notre teuioignage a leur conjec- ture; nous ne pouvons que leur declarer qu'elle tenait tout ce que promettaif son talent; et encore nous faudra-t-il ajouter : Que ne I'avez-vous connue ! Ses ecrits portent I'empreinte de son ame, mais ce n'est qu'une empreinte; son esprit la levele, mais il ne la revele qii'a demi. Nous n'en dirons jamais assez pour la faire cora- prendre tout entiere, pour rendre !a pensee du public egale a notre pensee. Que sa vie du moins parle pour elle , et bornons- nous a raeonter. £llsabcth- Charlotte -Pauline de Meui.an naquit le a no- vembre 1773. Son pere occupait dans les finances une place importante, et sa mere, Jeanne de Saint-Chamans, profitait de la fortune de son mari pour rentourer des jouissances d'un^ SI R M"" GUIZOT. SGg societe spiritiielle ct cliuisie. La inaison du M'"" de Mer.lan titait une de celles oii rtijjnaient ces j;outs eleves qui sigiialeient la bonne compagnie de la fin du derniorsiecle; les idees nouvelles y etaient accueillies avec coiifiance et moderation; c'etait une de ces families dont M. Necker elall le ministre. L'eduoation de M"'^ de Meulan fut soignee el faciie. Elle sai- sissaitpromptement, elle apprcnait sans peine; rnais ses etudes ne lui inspii'aient ni curiosite , ni interet. Elle montrait alors ])lut6t de I'intelligence que de I'esjjrit ; car rien n'avait encore donne I'eveil a ses faeiilu's. Sa sante alors tres-faible, son imagination un peu reveuse, la maintenaient dans une sorte d'in- difference et d'isolement. Elle comprenait tout, mais elle ne pensait pas. Elle s'iguorait encore elle-meme. Son enfance dura long-tems. Cependant la revolution se jjieparait: en eclatant elle boule- versa beaucoup d'existences privees. La fortune de M. de Meu- lan fut deti'uite; il mourut au bout de peu de terns (1790). Sa fille, aux infortunes particulieres, vit succeder de grands mal- heurs publics, et les plus grands de tons, des crimes. C'est alors que la vie morale commenca reellement pour elle; elle y fut initiee par la douleur et I'indignation. Elle seutit vivement les maux des siens, de ses parens , de tout ce qu'elle aimait, de tout ce qu'elle honorait; elle ressentit plus vivement encore Tinjustice et la cruaute qui souillerent alors la plus genereuse des entreprises que jamais nation ait formees. En aucun tems de sa vie elle n'a su faire taire le cri de la conscience et de la pitie. Cette resignation facile qui nest souvent que le decou- lagement de la faiblesse, cette tolerance du mal qui cache sons de beaux uoms la complaisance de la peur, lui furent toujours inconnues. Aussi, telle etait I'impression que lui lais- serent iios troubles passes, que trente ans apres elle n'en pou- vait parlcr de sang-froid , et que tout I'empire de sa rnison lui elait necessaire pour juger cette epotpu' avec I'imparria- lite due a I'liistoire. Elle-meme se defiait di; ses propres sou- venirs, et, chose rare aujourd'hui, n'eii faisait point la regie 4e ses jngemens. 570 NOTICE Sous I'empire d'uiie emotion si continue , elle se dcveloppa rapidement. La situation de sa famillc etait difdcilc, penible, parfois perillensc. La jeunc Pauline exorca bicntot parmi les siens I'empire d'une ame anssi forte que sensible. En presence d'cveneniens si puissans, elle apprit en meme terns a vouloir et a penser, el elle '/i:]),;;! \-^ (ij Clermont, 1827; Thiband-Laiidiiot. Paris, Dufour etd'Ocagne. L'ouvnige iiura i5 livraisons iu-4" Ae planches , et 2 voluiTiPs de /crfe , m^me format. Prix de la livraison, 5 fr., et de chaqiie vol., 12 fi-'oo c. 3-. 58o SCIENCES PHYSIQUES. L'existence do ces anciens volcans fiit d'aboi'd nice par les Heoloi^ues de I'ecole de Freyberg ; mais ceux-ci , apr^s une loni^nc resistance , furent obliges dc sc rendre a revidence. All commencement de cc siecle , le sejour en Auvergne d'un administrateur eclaire, ct d'lm savant du premier ordre , M. Ramond , augmcnta considerablemont la sommc des obser- vations positives cpie Ton 'possedait sur la geologic de cette province , notammcnt dans cc qui a trait a la distinction mine- ralogique des rochcs on dcs prodiiits volcaniques qu'on y ob- serve , et aiissi a la mcsure exacle dc I'elcvation des sommites qu'ils composent. Enfin , M. Broncniart, en 1808, reconniit un fait trcs- extraordinaire ct particulicr a I'Auvcrgne ; c'cst que les depots ralcaircs qu'on y remarque , tons de formation anterieure a celle des volcans, ne renferment pas dans leurs lits le moindre debris de corps marins , et que tons les fossiles qu'on y ren- contre ont, au contraire , une rcssemblance non equivoque avcc les diverses parties analogues des animaux tcrrcstres on fluviatilcs de noire epoque. On conceit que tons les travaux dont nous venons de faire une rapide enumeration ont du fixer I'attention dcs bommes irislruits qui se trouvent sur des lieux autrefois bouleverses par Taction des feux souterrains , et maintenant si paisibles. Aussi , le gout de la geologic s'est fort repandu en Auvergne, et beau- coup de pcrsonnes se sont empressees d'y former des collec- tions mineralogiques, et d'etudier sur place I'ordre de super.- position dcs diverses roches de cristallisation ou primordiales , des differens depots calcaires et des produits du feu dont elles sont entourees. Bientot , un corps de doctrine ayant pour but la determina- tion de I'anteriorite relative de ces terrains , et leur ordre de superposition, les uns a Tegard des autres, fut solldement elabli, et jusqu'a ce moment il n'a eprouve aucune contradic- tion. Cette serie des terrains de TAuvergne peut etre presentee de la manicrc suivante , en enumerant d'abord les plus profon_ SCIENCES PHYSIQUES. 58 1 dement sitiies , et ensuite les aiitres, dans leur ordre successif , jusqu'aux j)lu.s siiperficiels, et par consequent les plus recens , 1° Granit j 2° Gneiss constituanf ensemble le terrain primordial. 3° Micascliiste ) Pas de roches de transition , ni de terrains d'origine ma- rine. 4° Terrain houiller. 5° Premier calcaire, d'origine d'cau douce, renfermant des ossemens d'animaux dont les genres sont perdus , meles a des debris d'especes dont les genres existent, mais qui neanmoins sont differentes de celles qui vivent maintenant. 6° Produits des volcans anciens , avec des alluvions an- ciennes qui conticnnent des debris d'animaux de genres vivans , mais d'especes non encore signalces (i). 7° Volcans modernes, avec leiirs crateres et leurs coulees bien conscrvees. 8° Atterissemens et alluvions modernes. Plusieurs decouvertes d'ossemens fossiles out d'abord eu lieu dans la Limagne, et ces ossemens appartenaient an ter- rain calcaire (n" 5). II ont ete I'apportes a des lopliiodons , des anoplothtriums , des crocodiles , des lagomys , des civettes , des trionyx ou tortues d'ean douce, des serpens, des oiseaux. Plus tard (en 1824) , d'auties debris furent trouves sur plu- sieurs points des environs d'Issoire, mais dans une situation geologique differente des premiers , et ils appartenaient aussi a des animaux differens. La couche qui les renfermait etail plus recente, et dependait du depot d'ailuvion contemporain des volcans anciens (n° 6). Ces ossemens extrcmement nom- breux ont jete recueillis avec beaucoup de soin par plusieurs personnes qui cultivent les sciences , et notamment par MM. Bra- VARD , eleve de I'li^cole des Rlines de Saint-Etienne ; I'abbe Croizet, membre de la Societe academique de Clermont; (i) La plupart de ces animaux ont ete reconuus et signaies pur MM. Bravakd, Jdbert et Croiset. 58» SCIENCES PHYSIQUES. JoBERT, meiiibii; trtsorier dc la memc sociiHe; Delaizer, De- VEZE DE Chabriol , coiTespondant de la Societe royale d'agri- cultiirc de Paris, it Bouili.et. Ces collccteurs concurent en nicme tcms le projet de publier des descriptions et de bonnes figures de ces vestiges d'une antique creation , et bientot deux entreprises eurent lieu dans ce but : Tune dirigee par MM. De- veze et Bouillet ; et I'autre par MM. Bravard , Croizet et Jo- bert. Ce qui a toujours lieu en pareil cas ne nianqua pas d'ar- viver : la rivalite elcva dcs difficultes entrc les auteurs de ces deux entreprises , et donna lieu a une poleniiquc , dont nous n'essaierons pas de reproduire les details. L'une d'elles, con- duite avec maturite , et sous I'inspection precieuse de riiomnie le plus capable dc donner de bons avis en cctte matiere, M. George Cuvier , est deja assez avancee , et sou succes est incontestable. MM. Bravard, Croizet et Jobert , a qui on la devra , ont forme le projet de figurer tous les ossemens fossiles qu'ils ont pu se procurer, et dont le nombre s'eleve deja a plus de six cents , la plupart provcnant dc la niontagne de Perricr, pres d'Issoire , qu'ils ont exploitee particuliereraent et les premiers. Ces ossemens se rapportent a plus de cinqiumte especes d'animaux perdus , tcls que des elephans , des chevaux , des mastodontes , des tapirs, des rhinoceros, onze ou douze ccrfs, plusieui's grands chats , deux bceufs, deux ouis , un castor, uu chien , etc. lis sont compris dans une couche de sable prove- nant des debris des montagnes primitives : au-dessous se trouve immediatement un lit de galets volcaniques et primitifs , qui recouvre lui-meme le calcaire d'eau douce et les psammites: au-dessus est une couche de tuf volcanique dc plusieurs cen- taines de pieds d'epaisseur, dont la masse est composee de po;ipe blanchiitre et legero, et renfcrme des blocs considera- bles de laves provenant du mont Dor. Ce tuf forme le plateau qui couronne la montagne de Perricr, ct dans sa partie infe- rieure on le voit traverse par une couche de galets analogues ii ceux du lit qui est place au-dessous du gisement des debris fossiles. SCIEiVCES PHYSIQUES. 585 Tous ces OS ont parfaitement conserve les formes qui leiir sont propres, et meme Icur nature chimique est peu alleiee; car on y trouve, d'apres Tanalyse qu'en a donnee M. Huot , dans son Resume grologiqiie sur les osse/nens fossiles , 36 pour loo de phosphate de chaux et 7 centiemes de matiere animale. Les auteurs publient d'abord les phinches qui representent les fossiles qu'ils ont rassembles. Ces planches , de format in- 4", et parfaitement lithographiees, seront au nombre decent, et divisees en quinze livraisons. Six de celles-ci ont paru, et nous les avons sous les yeux. Nous pouvons affirmer que les vingt-cinq planches qui les composent sont d'une exactitude sufGsante pour que la determination des objets representes soit facile, et (]iie lenr execution , d'un travail tres-egal et tres-regulier , est fort satisfaisante. Nous diions cependant que quelques epreuves nous ont paru un peu pales ; pour que la disparate avec les autres ne soit pas trop marquee, nous conseiilerons aux auteurs de surveiller enx-memes le tirage. Cbaque planche contient des figures qui se rapportent a des animaux de meme espece on de meme genre, et chaque genre a son numerotage particulier ; ce qui evite la confusion si com- mune dans des ouvrages de luxe, souvent commences sans plan arrete et avant qu'on ait reuni tous les objets qui doivent y etre decrits et figures. MM. Bravard, Croizelet Jobertn'ontderogea cet arrangement qn'a I'egard des pachydermes de la montagiie dePerrier, dont les fossiles sont trop rares pour donner ma- tiere a un nombre considerable de figures. Pour mettre plus d'ordre dans la description que les autcius donneront de ces planches, ils ne la feront paraitre que lors- qu'ils auront acheve leur publication. Ainsi, ils ne craindrout pas que les decouvertes qu'ils pourrontfairejusqu'a 1 epoque de cette publication puissent rendre necessaire des additions ou des supplemens. Chaque objet sera decrit dans le texte, a la place que lui assignera I'ordre des matiercs adopte. La premiere livraison se compose de quatre planches repre- >cntant des ossemens de pachydermes pi-ovenant du gisement de la montagne dc Perricr , et d'une cinquieme sur laqiielle sont figures des produits du gisement de Malbatu. 584 SCIENCES PHYSIQUES. La secouiiti reuroiinc des ligures de bois de cvri's de Perrier, D'apres les formes de ces bois, les auteiirs proposcnt I'etablis- semciit de deux son&-genrcs , nomines ct caracteristis de la maniere siiivante : i° Catoglochis, du i^r^c yXapc's, poi/Uc, et KUTu, en bns ; c'ust-a-dire dont le inaitre andoiiillcr dcs bois pread naissance iiuniudiatcment au-dessus des tubercules de k meule; et 2" Anoclochis, ) fa- duit et public en France , format in-4" ; collection qui devait contenir toutes les i-elations de voyages alors connues dans toutes les langues de I'Europe. M. Walkenaer fait I'eloge de ce recueil , qui neanmoins a ete sou vent critique , parcc qti'cn effct il offre dans C execution de grandes lacunes et quelques defauts. « Il est cependant , dit- il , le seul de cc genre que Ton ait pu lire de suite et en entier ; le seul que Ton cite frequemment ; le seul qui ait assez d'eten- due pour que le savant y trouve de I'instruction ; le seul qui presente assez d'agrement dans le style, assez de choix dans les materiaux, asses de liaison dans les fails pour plaire a tons les genres de lecteurs. « « On voit, ajoute M. Walkenaer, que je veux parler de VHis- toire generate des Voyages , veritable monument geographiquc, resultat du concours d'hommes puissans , eclaires , et de plu- sieurs gens de lettres,qui fut commence en Angleterre et con- tinue en France, sous les auspices de Maurepas et dc rillustic d'Aguesseau, qui lui-meme en a ecrit un volume, et a guide de ses conseils les autems dans la redaction de tons. » « Reproduire cet immense travail .sous le format in-8" , plus recherche aujourd'hui , parce qu'il convient mieux aux hibliotheques , ce scrait deja un bienfait pour la litterature ; uiais ce ne serait pas assez pour la science. Nous avons de])uis iong-tems conru une autre idee que nous allons exposer en peu de mots. « Les auteurs anglais qui avaient trace le plan de cctle grande collection , et <|ui en avaient commence I'execution , I'aban- donnerenl avant d'l'tre jjarvenus au tiers dc leur enlreprise. SCIENCES PHYSIQUES. 587 Mais Ic gouverncment francais , attentit' a tout cc (|iii pouvait contribuer aiix proj^res des sciences, voulut que I'abbe Prevost, qui jusqu'alors n'avait fait que les fonctions de traductcur, con- tinuiit I'ouvrage par lui-meme. II lui fournit pour cet effet toutes les relations qui lui etaient necessaires, et niit les inte- rets des libraires a couvert par de nombreuses souscriptions. L'abbe Prevost', homme de gout et bon ecrivain , a oxti'ait uu grand nonibre de voyages avec beaucoup d'habilete et de dis- cernement; mais , etranger a la science geographique , il n'a pu se former sur chacun d'eux une opinion eclairee, apprecicr leur valeur relative et les classer convenablement, ni enfin rem- plir d'wnc main sure le cadre donne par les premiers auteurs. Ce que nous disons ici de Tabbe Prevost., s'applique aux con- tinuateurs de cet ouvragc , et aux editeurs deHollande, qui v ajoutt-rent d'intcrcssans suppltniens ; de sorte qu'on est bicn parvenu a rassembler une grande quantite de materiaux pre- cieux , mais non pas a construire un edifice regulicr. Nous avons done entrepris de retablir I'ordre dans cetle grande masse, de corriger, de rectifier ce qui a ete fait d'apres les voyages originaux; de supplier aux nombreuses omissions que I'ou- vrage presente dans ses diflerentes parties , et de le continuer jusqu'a nos jours. » Tel est en partie le plan, trace de main de maitre , de cet im- portant ouvrage, qui sera divise en cinq grandes parties. La premiere contiendra les P'oynges en Jfrique ; la seconde , les Voyages en Asie ; la troisieme, les Voyages en Anieriquc , ou dans le Nouveau-Monde ; la quatrieme , les Voyages au Pole- Noicl , qui completcront la description de I'ancicn et du Nou- veau-Monde ; la cinquieme partie comprendra les Voyages executes par mer autour du globe, et tous ceux que Ton a fails dans VAustralie et les ilcs du Grand-Ocean, qui par leur reunion forment le monde maritime. I! sera sans doute superflu de faire rcmarquer que le dessein de I'auleur, en donnant ccttc collection, n'est pas de repro- (luire , telle qu'elle existe, I'Histoirc gentiale des Voyages; jnais de s'en aidiT pour en donner une plus coiii})iete , sur un 5«8 SCIENCES PHYSIQUES. plan plus reguUcr, plus historique et plus geographique , et xur- tout en harinonie avec les progres considerables que la science a fails clcpuis un clcmi-sieclc. En iin mot , c'est un ouvrage en- tieienicnt ueuf que produit M. Walkenaor. Les recits des aveiv- tures et les observations des divers voyageurs y sont resumes sans interruption , separement, et scion I'ordre historique. Mais quant aux descriptions des voyageurs qui ont parcouru dans le meme tenis les memos contrees , elles sont reunies et fondues eu ime seulc , de maniere a presenter I'ensemble des renseignemens ct des connaissances geographiques sur chaquc pays , a une epoque donneo. Le judicieux M. Walkenacr indique , par des citations exactes , ce qui apparticnt a chaquc autcur en particulier ; il donne des notices sur leurs personnes et sur les diveises edi- tions ou traductions qu'on a faites de leurs ouvrages. Un plan aussi largement concu que sagement execute ne pent qu'attcindre le but de I'auteur, de faire aimer les etudes geographiques, si cssenticllement liees a toutes les branches des connaissances humaines, et de repandre des idees positives sur le globe que nous habitons, sur ce globe tant de fois explore par ces courageuses expeditions pedestres, et par ces intrepidcs navigatcurs qui se sont exposes aux plus grands perils pour parveiiir a d'importantcs decouvertes. Leurs rela- tions sont pleines de charme, surtout pour le jcune homme avide de connaitre ce monde, que souvent des I'age le plus tendre il embrasse dans sa curieuse et ardcnte imagination; la peinture meme des plus cruelles privations et des plus grands sacrifices que se sont imposes ces voyageurs audaeieux et per- severans; Icur fin presque toujours funeste; le desir insatiable d'augmentcr les decouvertes et de leur succeder, font que des hommes, ani.mes d'un courage heroique et de I'esprit de perfcc- tibilite, s'elancent chaque jour dans la carriere, vont affronter les memes dangers, etendre les conquetes geographiques ct rcculer I'horizon du genie de I'homme. « De cc nouveau genre de gloire, dit M. Walkenaer, dc cetle ambition nouvelle qui a signale les peuples actuels de I'En- SCIENCES PHYSIQUES. 589 rope, est ne un noiivcan genre cn.litterature qui a ete presquo inconnu aux anciens, et qui est cultive chez les moderncs avec un zele et nne ardcur qui s'accroissent chaque jour. Ce sont les voyages; Ics voyages, qui amuscnt la jeunesse, instruisent I'age mur, donnent do I'essor a I'imagination, de I'aliment a la pensee, qui fournissent au commer^ant des notions neces- saires , a I'liomnie d'etat des resultats importans et qui occupent profondement Ic gcographc, le physicicn , le naturaliste, I'his- torien et le philosophe, dont enfin la lecture convient egale- nient a tons les ages, a tous les rangs, a toutes les professions. » Cette Histoire generale des Voyages sera composee de 5o a 60 volumes; il en paraitun chaque mois. Nousrendrons compte des livraisons de cet ouvrage a mcsure qu'elles paraitront, et nous taclierons d'y empruntcr quelquefois, d'une maniereabre- geeetrapide, des tableaux varies et fidelcs a diverses epoques de I'etat de la civilisation , de I'industrie et des niosurs dans les differentes contrees du globe. Notre Revue Encyclopedique n'cst elle-memc qu'un voyage philosophique, renouvele tous les mois et successivement, chez toutes les nations, afin d'y re- cueillir et de publier les principaux travaux scientifiques, in- dustriels et litteraires de lours homines les plus distingues, et les faits caracteristiques qui attestent leurs progi'es en tout genre et I'amelioration de 1 etat social. Sueue-Merlin. SCiENCKS MORALES El' POLlTIQliES. ESQUISSES DE PHII-OSOPHIE MOUALE , par M. DuGALD- Stewart , professeur a I'universite d'Edimbourg- ; traduit de I'anglais, snr la quatrteme edition, par Th. JouFFROY, ancien maitre de conferences a Tecole normale (i). ElEMENS de la PHILOSOPIIIE DE LESPRIT HUMAIN , par Dugald-Stewart, professeur, etc.; traduit de 1 an- glais; tome III (a). SECOND ET DERNIER ARTICLE. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxxii , p. 33 1.) Le deniitr decesdeux ouvrages est la continuation du grand travail entiepris par I'auteur pour dcvelopper ce qui n'est, comma nous I'avons vu, qu'esquisse dans le precedent, travail bien eloigne encore de son terme , puisque ce troisieme tome ne se rapporte qu'aux pi'incipes de metaphysique ou plutot de logiqne, indiques par M. Dugald-Stewart conime un ante- cedent necessaire de sa tlieorie morale. Nous aliens nous oc- cuper de ce volume, ainsi que de I'excellente preface qui en est un utile complement. Nous Gnirons par celle de M. Jouf- froy, raorceau egalement tres-remarquable, mais entierement a part, et independant de I'ouvrage auquel il est attache. Le volume traduit par M. Farcy (nous avons dit comment (i) Paris, i8i6; Johanneau. i vol. iii-8° de 236 pages, avec tine Preface du traducteur, de ci>ii pages; prix , 6 fr. (2) Geueve et Paris, 1825. (Ce livie, malgre sa date, n'a ete pii- blie qu'apres le precedent). Paschoad. i vol. in-8" de 807 pages, avcc une Preface du Iradiicieur , de i.viii pages ; prix , 6 fr. ; et 18 fr. avec les deux premiers vf)l nines. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. 691 nous nous croyions autorises a lever ranonyme) offre un cxa- men de nos facultes de connaitre, de jugcr et de raisonncr, et une discussion sur les methodes, dans laquelle \ induction, telle que Bacon I'a concue, est consideree comme le scul veritable instrument de decouvertes. Deux premiers chapitres traitent , Fun : Des lots fondamentaks de notre croyance, et des premiers elmiens de la raison humaine; et c'est le plus court du volume ( i ); le second : Da raisonnemcntct dc I'evidcncc deductice. Deux autres chapitres plus etendus sont cousacres, I'un a (n logirjue d'Jris- tote; I'autre, a cette logique experimentalc oii inductive qui a bien certainement detrone de fait celle d'Aristote,quoique I'au- teurse plaigne, dans sa Conclusion, de ce que, « deux cents ans apresles ecrits philosophiques de Bacon,la vieille routine d'etude, originaire des tems de la barbaric scolastique, s'est encore mainte- nueau sein de tant d'universites, et s'oppose aux amelioiations qu'indiquent aujourd'hui I'etat present des sciences, etc.» Nous ne pouvons qu'etre sincerement affliges pour I'honneur de la Grande-Bretagne, ii laquelle semblent s'appliquer les I'eproches a demi contenus de M. Dugald-Stcwart , s'il est vrai que , dans ses ecoles, les methodes de la routine et de I'autorite dirigent encore I'enseignement logique; mais quand onsonge a une telle disparate entre cette partie de I'instruction publique et toutes les autres , en Angleterre , ainsi qu'en Fiance (ou elle demeure plutot nuUe que barbare) , tandis que le reste des connaissances humaines, suivant ses veritables voies, s'avance par des pro- gres constans et reguliers, on ne pent s'empecher de revoquer en doute I'utilite de la logique dans le sens de ses definitions ordinaires. Si nous ne voyons jamais les savans, les critiques, les auteurs des decouvertes nouvelles recourir a cet art de raisonner juste , de bien conduire sa raison dans la connaissance (i) Bien que nons n'ayons pas le tcxte sous les yeux , nous sommes portes a croire que ce chapitre est celui qui a subi le moins de coupures de la part dn traducteur. M. Farcy , dent les reflexions pr^liminaires annoncent un discernement philosophique , severe et judicieux, s'est era oblige de r^duire de moitie cet ouvrage dans leqael de nombrenses, digressions etouffent trop souvent les questions principales. Sga SCIENCES MORALES deschoses, de cliscerncrla verite, ce nest pas faute dc promesses de la part dc scs auteurs, depuis Aristote jusqu'a Port-Royal et Condillac : c'est plutot qu'a chaque espcce d'otudc ou de travail appartient nne logiquc on une mcthode speciale dont les secrets, bicn loin de pouvoir sc rcproduire ntiloment dans une theorie gcncrale dcs proccdes dc I'csprit liumain, echap- pent mome aux formules particulieres qu'on Iciir vent appli- quer, et se cachent dans les indtfinissablcs dcvcloppemens des talens et des genies divers, de I'habitude pratique et de I'imi- tation. Veut-on im exemple frappant de la confusion des lois generales et des precedes speciaux de I'esprit : qu'on Use le debut de la Lngujue de Condillac, oi\ ce philoyophe, avcc plus de bonhomie sans doute que de charlatanisme, promet impli- citement de reveler les lois naturelles de la pensee, et celles de Vart de penser (comrae si liors de la scolastique, niethode toote de formes, il en existait un qui jamais ait pu reellement s'enseigner), et enfin tres-positivemcnt le secret des hommes de. genie I Il est vrai que certains preceptcs du sens commun peuvent devenir tres-utiles, soit qu'on les emprunte aujourd'hui aux excellens discours de Port-Royal, ou a Dugald-Stewart, pour premunir la jcuncsse contre les travers de I'irreUexion; soit qu'a des epoques de renouvellement, des hommes, teU que Bacon et Descartes, invoquent ces eternels preceptes pour appelcr I'esprit humain dans la cari'iere des deoouverles, on y entrant eux-mcmes les premiei-s, et I'avertissent ainsi que I'age de raison est venu pour lui, ce dont, sans eux, il se serait apercu quelques jours plus tard; mais, des que les nations out grandi dans les habitudes de la science, il devient plus inte- ressant d'observer les bons livres de mcthode comme des monumcns de lour histoire intellectuelle que comme des moyens de progres ulterieurs. Ainsi, on pent remarquer que la methode de Descartes se confond si intimement avec sa doc- trine metaphysique, qu'on ne saurait decider avec assurance laquelle des deux a cree I'autre ; et la meme chose est arrivee a plusieurs autrcs philosophes, notaniment a Condillac; de ET POLITIQUES. Sg^ sorte qu'autant vaiit le systeme, autaut vaut la niethode, ni plus ni moins. Ce fait s'accoide parfaitement avec ce que nous venous de dire, que toute niethode doit etre speciale pour avoir quelque valcur pratique. Or, il se trouve qu'il n'en est pas qui le soient davantage que ces methodes veritablement individuelles (Descartes, au reste, en convient pour la sienne) et qu'on nous donne pour des modeles normals de toutes les methodes possibles. Quant a Bacon , venu plus tot, moins spe- cial dans ses vastes previsions du nouveau monde philoso- phique , il suflirait a sa gloire d'avoir le premier leve le bras contre ridole du moyen age, et d'avoir su dire alors ce que Ton a si pcu besoin d'entendre aujourd'hui : avant de cruire, exami- nez; vous ne savez et ne pouvez rien qu'en vous renfcrmant clans les limites de votre nature, et qu'avec le secours de I'ex- perience et de robservation. Ces preceptes, ou cet enonce des voeux du xvi® et du xvii^ sierle , ont eu sans doute une gi-ande puissance negative, la seule qu'ils pussent avoir : ils ont aide a demolir I'ancien edilice; il n'y a plus rien a leur demander ; ils n'ont produit ni les decouverles de Galilee (i) et de Newton, ni probablement non plus les erreurs d'une foule de metaphy- siciens qui n'ont cesse pourtant de les invoquer dcpuis plus de cent cinquante ans dans toutes leurs prefaces. De ces remarques, nous concluons que, si la logique d'Aris- tote doit etre bannie de I'enseignement positif des ecoles, pour ne plus attirer I'attention qu'a sou rang historique, d'ua autre cote, il y a quelque inconvenient a tant insister sur Bacon et ses maximes. C'est aller rechercher a deux siecles en arriere (i) Voyez rarticle de M. Biot, sur Galilee , dans la Biographie uni- ferselle. Notre celebre physician y discute sans menagement les obliga- tions des sciences naturelles envers Bacon. D'autrepart, voyez aussi les reproches qu'adresse M. Cousiir a sa methode toute physique , dans son influence sur la mctaphysique : « La premiere aberration de la methode philosophique, dit-il , vient de Bacon ; ses consequences ne s'arr^tent qu'a Condillac, au-deia duquel il n'y a plus de place pour aucune aberration nouvelle , soit en fait de methode , soit en fait de systeme. » Fiagm. pkitos., pref., pag. ix et x. T. XXXV. — Septcmbre 182-}. 35 Sgf, SCIENCES MORALES un debat qui n'est plus de saisoii. II restera toujours quelques esprits faits pour la routine et les subtilites; au lieu de los combattre, il nous parait preferable de s'adrosscr au t^rand nombre dcs esprits capables de jnogres, et de lein- apprendrn a bicn philosopher, en Icur eonimnniqnant des observations bien faitos, des resultats dc recherches exactes; il fant faire, pour apprendre a faire taut k autrui qu';\ soi-memc. Toutefois, cette Logiquc, jadis Tune des trois branches de la philosophie de I'esprit humain, convaincue aujourd'hui d'etre insignifiante et futile comme art et comme mcthodc , est quelque chose de tres-reel et de tres-important, coninic science dcs proprietes intellectucUes de notrc nature. A ce titrc, elle appartient tout entiere i\ la metaphysique; elle observe la constitution de notre raison et les lois de son activitc, non comme I'ecuyer observe le cheval pour le conduire, mais comme fait le naturaliste pour le connaitre. Or, cet examen de la raison, qui fait I'objet des deux premiers chapitres de ce livre, tout en offrant d'utilcs remarques, no nous parait pas y ctre traite dune maniere assez serieuse ni asscz complete. C'est un fait nianifeste que la philosophie allcmande a consa- cre a cet objet plus de travaux et est arrivee a des resultats plus precis que celle d'aucune autre ecole, et il est etrange que le celebre professeur ecossais ne semble pas meme I'aper- cevoir, lorsqu'il pourrait la rencontrcr sur tons les points. II est vrai, si cette excuse pouvait etre valable pour un philo- sophe, que les robustes prtjuges nationaux d'un pcuple insu- laire, actif et pratique avant tout, ne favorisent que trop cet oubli par una aversion pen dcguisee pour I'esprit contemplatif de rAllemagne. En lisant, par excmplc, la Revue d'Edinibourg, on s'apcrcoit aiscment que les incOnvcnicns ou les applications malheureusps de cet esprit reveur sont ce qui a Ic plus frappo les critiques anglais. Mais ce n'est pas lorsqu'il s'agit d'une etude tout entiere de recueillement et d'observalion interioure qu'il convient de dedaigner les immensos travaux d'une nation savante et laborieuse, distinguee par tant de Constance et de sinccritc dans ses recherches. En un mot, cette immortelle Cri- ET POLITIQUES. 59 5 iique de la Raison, qtii a fait la gloire de Rant, et qui est au- jourd'hiii le texte oil I'origine des travaiix d'un grand nombre de savans distingiu'S, devait-elle rester etrangere apres j)lus de quarante ans d'existence , a I'atUeur d'un traite De la Raison ? Nous n'insisterons pas sur ce qui resulte de faible ct d'in- complet dans une doctrine, d'ailleurs en general saine et sen- see , du tort qii'a eu I'auteur de ntgliger le commerce d'une nation plus avancee en philosophic. Mais avant d'en veuir au travail preliminaire dans lequel le traducleur a supplce a cette lacune, nous croyons devoir appuyer ce reproche et les con- sequences que nous en tirons, en nous bornant a citer une page, la premiere du premier chapitre. On y veiTa avcc sur- prise, a plus d'une expression , et d'apres la marche qu'il fait prendre a ses idees , combien il s'en faut que I'auteur ait songe a saisir sou sujet dans toute sa plenitude et ses difficultes prin- cipales. Nous nous sommes perniis quelques soulignemcns , dans le sens de ccs observations. ' « DeS lois fondamentales de notre croyance , ou des premiers' elemens de la raison humaine. « Je commence par une revue de quelques unes de ces vcrites premieres dont toutes nos pcnsees, toutes nos actions impli- quent en nous la conviction, et qui semblent, a ce compte , etre plutot les elemens constitutifs et essentiels de la raison, que les objets avec lesquels elle communique. Le sens de cette remarque deviendra plus clair tout a I'heure. « Les verites premieres, Aontj'c veuxnioccuper en ce moment, sent: 1° les axiomes de mathematique ; 2° les verites (ou,, pour mieux dire , les lois de croyance) inseparablcment atta- chees a I'exercice de la conscience, de la perception, de la memoire et du laisonnement. 11 y a encore quelques autres lois de croyance dont la verite est tacitement reconnue dans tous nos raisonnemens sur les ev^nemens contingens; j'aurai occa- sion d'en parler dans un autre article. » N. B. L'auteur n'en reparle ailleurs (p. ia) que pour declarer qu'il ne s'arrctera pas a les enuincrci-, en donnant en note pour cxemples not}i' 59^ SCIENCES MORALES foidans i existence des causes cfficientes, dans V existence d'outre.t etres inteiligens comme nous, etc. Revenons. « Section premiere : Des axiomes de mathematique. J'ai place cettc classe de verites la premiere dans renumeration de nos lois de croyance, parce que j'ai cru que la place qn'elles oc- cupent dans la geometric en fuisait d'ahord pour mcs lecteurs un siijc't de tlisciission plus inteiessant a la Ibis et plus aise que d'autres lois qui leur sont oioins Janidieres. Peut-elre un ordre different aurait-il eu {jucUjue avantage, sous le rapport d'unc methode logiquc rigourciise. » C'est, en elTet, ce dont il nous est impossible de douter, non-seulcment sous le rapport de la me- thode logi(]ue , mais sous celui de la verite et de la connais- sance de I'csprit humain dont il s'agit. On voit done qn'au lieu de remplir avee soin la promesse impliquee dans I'enonce dc son tilre, celle d'une statistique des elemens de la raison, I'auteur se hate de debattre la question de dialectique, savoir si les axiomes sont des principes ou bien des conditions essen- tielles de tout raisonnement : I'analyse nietaphysique ne vient qu'apres, et elle sc reduit a quelques pages, pour faire place aussitot a de nouvelles discussions plus ou moins importantcs dans la science : savoir, si la verite de raisonnement est la meme que celle d'intuition; si Condillac n'a pas exagere I'importance d'une langur.bienfaite, condition qu'il impose mysterieusement a la philosophic et a toutes les sciences comme moyen supreme deprogres, tandis qu'elle n'cst que I'nn des rcsultats de ce& memes progres. Venons a la preface de M. Farcy. II commence par louer la division generale de I'auteur, en la marquant d'une maniere ferme et precise que nous ne re- trouvons point dans son texte. Trois sortes de verites : intui- tive, deductive et inductive ; la premiere, immediate et irrefra- gable; la scconde, quoicpie obtcnue par des moyens artiliciels, aussi certaine que I'autre dans les mathcmatiques, seulement a cause de la precision et de la simpiicite extreme des termes ; la troisieme appuyee sur notre coniiance dans les analogies naturelles que nous ne pouvons toutes embrasser, dans la Constance et I'economie des lois et des moyens de la nature, ET POLITIQUES. 5y7 verite dont I'evidence s'eloigne plus ou moins, selon les cas particulicrs, a des degres indefinis. Lcs principes evidens par eiix-memes , le raisonnemcnt, et enfin les reclierches par vole d'obscrvation et d'experience, donncnt naissancea chacun de ces trois ordres do verites. Ne nous lassons point de Ic redire : il est tout simple que, tant que les V nivcrsites ont cru ctre en possession avec Aristote et saint Thomas de la science tinivcr- selle , elles n'aient cultive que les formules du raisonnement, aGn d'y renfermer le tresor des connaissances, tresor non susceptible alors d'etre augmente; mais, du moment qu'ou a renonce a romniscience, force etait bicn d'en venir aux re- cherches par Texperience et I'observation , methode sur laquelle il n'y a pas tant a dire puisqu'elle est unique, si vague d'ailleurs dans sa generalite que j'ai regret de I'appeler methode , et qui , aujourd'hui surtout, me parait inutilement revetue ou sur- chargee de ce mot savant A' indtiction. M. Farcy n'est pas aussi severe envers le fond des opinions logiques soutenues par son auteur : mais il releve, dans sa metaphysique surtout , quelqucs points obscurs ou susceptibles de controvcrse , et il entreprend de les eclaircir. Voici, au sujet d'une question premiere et fonda- mentale de la science, de graves observations qu'il propose, et que les esprits altentifs ne liront point sans interet. « M. Dugald-Stewart, en citant ivn certain nombre de verites intuitives, arrive a I'idee de notre existence personnelle, et s'attache a montrer d'une maniere fort evidente, ce me senible, I'inutiiite des efforts de ceux qui ont tente d'expliquer la croyance a notre existence propre par quelque autre loi plus generale , sans songer que lout jugement nait de la reflexion , et que tout acte reflexif impliqae deja la conviction de notre existence comme ctres reflcchissans. Mais, sans toniber dans le paralogisme qn'il Icur rcproche av€c tant de raison, et tout en acceptant cc fait comme le vrai fondement et le seul point de depart legitime de toute etude psychologique, n'est -il pas du devoir du philosophe dc rechercher avec quelles cir- constances ce fait se produit? M. Dugald-Stewart n'a point mcconnu combien est importante pour la science I'exacte de- ^8 SCIENCES MORALES termination tie ce point. II etablit que la connaissance de notre existence proprc nalt pour nous du premier fait de conscience, en nieme terns que la connaissance du monde exterieur. Mais, considerant que nous nc pouvons saisir notre existence que par une sorte d'induction du connu a I'inconnu, et corame le terrae necessaire d'un rapport dont la sensation est le terme premier, il cOHclut que cettc sensation seule est I'objet inime- diat de la conscience, et que la connaissance de notre existence propre n'est, a vrai dire, qu'un jugenient qui I'accompagne. » « Sans affirmer, conime M. Dugald-Stewart , que notre exis- tence, telle qu'il I'entend, c'est-a-dire prise substantiellement, n'est pournousiqu'un simple objet decroyance, fruit d'un juge- nient, nous croyons avec lui qu'elle ne se rtvele point a nous imme- diatemciit, du moins d'une maniere distincte. Mais, sans inciden- ter sur ce point, on peutdemander si I'analyse qu'il donne du pre- mier fait de conscience est vraiment complete, etsi I'observation ne peut y decouvrir que Ics deux seuls eleraens qu'il a decrits. M. Dugald-Stewart parle de la conscience sous laquelle tombe immediatement la sensation. Il parle du jugement qui nous revele notre existence propre. Mais, cette conscience, quelle est-elle en elle-meme ? Ce jugement, qui est-ce qui le porte, et comment un jugement quelconque peut-il etre porte, lorsque la sensation seule s'est produite , et que nous n'existons pas encore pour nousmemes? M. Dugald-Stewart n'a-t-il pas etabli tout a. I'heure que tout jugement est un acle reflexif qui implique deji en nous la conviction de notre existence comme etres reflechissans ? >• « Cest qu'outre les deux elemens decrits par M. Dugald- Stewart, il en existe un troisieme, tout aussi reel que les d<'ux autres, et par qui seul les deux autres sont possibles. Cest aussi par ce seul fait que s'expliquent et la conscience et le jugement porte. Or, ce fait ainsi passe sous silence, n'est autre que le nioi lui meme , le moi qui n'est point I'existence reellc do M. Dugald-Stewart, c'est-a-dire la substance, mais qui en emane a pen pres comme, dans I'acte rc'flcxif du moi s'obser- vant lui-meme, le sujet pcnsant se distingue du sujet pense. ET POLITIQUES. 599 Or, Ic moi ne nait pas de la seusation comme son contre-coup; mais, a I'occasion d'une impression sensible, la substance passe de I'existence pure a I'actc, et cette forme active par laquelle elle se manifeste, cette forme qu'elle revet, constitue le moi. Dans ce premier exercice de sa puissance, sollicite par la sen- sation par laquelle il s'oppose a ce qui n'est pas lui, Ic moise sent, se sait comrae cause, et cette science est sa vie meme. En meme tems, il reconnait qu'une force exterieure, etran- gere a lui , limite les developpemens de sa propre force , pen- dant que par Ui meme elle en redouble en lui le sentiment. Ainsi s'etablit dans le premier fait de conscience la connais- sance claire et distincte du moi et du non-moi comme causes opposees, tandis qu'une vue plus obscure, que la reflexion eclaircira, nous montre au-dela de chacune de ces forces, ou plutot sous chacune d'elles, quelque chose qui est comme le fond meme de leur etre, et qui leur prete la vie ; en un mot, ce qu'on appelle la substance. » « Telle est du moins la doctrine pi'ofessee sur ce point par une autre ecole. Ce que nous venous de dire nous semble suffire pour eclaircir et completer la pensee de notie auteur. Ccux qui voudront connaitre les plus profonds et les plus brillans deve- loppemens qui aient ete donnes sur ce point, les Irouveront dans I'arf^ument place par M. Cousin a la tele de sa traduc- tion de \ Alcihiade premier (i). » Cette severe exposition d'une doctrine ontologique ct psy- chologique, puisee aux lecons du celebre professeur qui vient d'etre cite, est suivie, dans la preface de M. Farcy, d'une demonstration empruntee a Kant, a I'appvii des idees de Dugald-Stewart, mais plus rigoureuse et plus etendue, de la faussete du principe qui fait reposer sur I'identite I'evidence des propositions et des raisonnemens. Enfin, I'habile dditeur, se plaiguant, sur un ton plein de menagement, de la maniere fortuite et negligee avec laquelle sont indiqu«';es dans ce livre quelques-unes seulement des notions primitives et immediates (1) QEuvres de Platon , t. v, p. (J et suiv. 6oo SCIENCES MORALES de la raison , demande s'il ne scrait possible d'en dresser tnie listc cxacte, si iin tel travail ne sorait pas iiii veritable service rendu a la science, ct le trouvant tout fait dans les ouvrages de Kant, il Ten extrait rapidenient, mais avcc precision. De la, profitant d'un nouveau progres de la science dont nous somnies redevables a M. Cousin, sans contester I'exactitude ingenieuse et profonde des categories de Kant, M. Farcy in- diqiie, malheureusement en forme de preterition , comment ces qidnzc lois ou formes de I'esprit humain peuvent ctre ramenees primitivement a deux d'enti'c elles, savoir cellcs de substance et de cause , d'ou sortent toutes les autres, par une provenance successive et reguliere. Nous aimerions a citer encore; mais, outre que I'espace que nous voulons reserver pour la preface de M. Jouffroy ne nous le permet gueres, nous n'avons deja que trop sujet de craindre que notre precedente citation soit comprise a peine d'un petit nombre de lecteui's, et qu'un grand nombre d'autres ne s'irritent, comme il arrive souvent, de ce qa'ils n'entendent rien a des choses qu'ils n'ont jamais efudices, s'arrogeant sur les discussions philosophiques le mcme droit de condamner ou d'absoudre que celui qu'ils achetent a la porte d'un theatre pour applaudir ou sifflcr la piece nouvelle. Nulle part, peut-etre, cette indomptable presomption de I'ignorance ne se voit portee aussi loin qu'en ce pays, et sans Timputer uniquement a la legerete du caractere national , on pent en voir les principales causes dans cette extreme abjection ou sont tombees parmi nous les etudes philosophiques el les doctrines vulgaires, par le long regne de Vanarchie ct du glaive, par cette morale de la force et des sens si long-tems prechee, et depuis sideplorablementpratiquee; enfm, par I'habitude trop exclusive des etudes naturelles et industrielles dont la marche triom- phante u'a presque pas ete interrompuc par nos malhcurs , et ne cesse d'avancer dans un progres indefini. Nous quitte- rons done M. Farcy, en roconnaissant dans le travail dc ce jeune ecrivain une rare intelligence des idees philosophiques , ET POLITIQIJES. 60 1 jointc au nierite d'lin style simple, ferme et noble, ciiiinem- nient propre a les bien expriinev. En revenant a Texcellent livre d'Esquissfs dc la philosophie morale, auquel nous n'avons eu a donner que des eloges dans notre precedent article, nous le trouvons precede d'une preface etendue, ecrite d'une maniere digne du talent deja connu de son auteur, M. Jouffroy. Nous regrcttons seulement d'avoir a la ti'ouver trop isolee, non-seulement par rapport au livre qu'elle accompagne sans lui appartenir, mais encore par rapport aux doctrines memes de BI. Jouffroy, a la science metaphysique et morale telle qu'il I'entend, doctrines que cette preface suppose faites sans les exposer, dont elle indique I'es- prit etla direction, mais non le fond; veritables prolegomenes d'une theorie que I'auteur nous laisse encore a desirer. Ce n'est pas la, il est vrai, la pretention explicite qu'il annonce. II semble ne vouloir qu'etablir I'existence d'un ordre de fails interieurs, c'est-a-dire,intellectuels et moraux, distinctsdes fails exterieurs qui sont I'objet des sciences naturelles, el non nioins susceptibles de former une science lorsqu'ils auront ete aussi bien observes. Tel est tout le fond de cette preface; mais un fond si simple, quoique travaille avec tant dart et de talent , serait par trop simple , s'il ne cachait un tresor d'observalions philosophiques que la jeunesse grave et studieuse de I'auteur lui a permis d'amasser, mais ne lui a pas permis encore de publier. Un objel d'un interet en quelque sorte personnel pour la metaphysique, sur lequel M. Jouffroy plaide avec beaucoup d'habilete en sa faveur, c'est le tort que lui cause le prejuge repandu contre elle en France parmi les partisans exclusifs des sciences naturelles, qui, fiers de leurs progres, prennent en pitie I'etat precaire et flottant de la philosophic de I'esprit humain, et lui contestent le pouvoir de former jamais une science solide et complete. M. Jouffroy leur repond que Tespril a ses determinations, ses lois et ses fonctions comme le corps, et comme tous les corps de la nature, et que , puisqu'il a conscience de ce qui se passe en lui, il n'a qua s'observer avec soin , pour faire sa propre histoire : cette histoire se com- Cou SCIENCES MORALES posunt dc laits t'j>rouves, sinoii observes distinctcmont par loiis Ic's liomnies, coustituera unc science des plus autlientiqucs. Cela dit, et en snpposant que ricn jnsqu'ici n'ait ete fait, supposition impliquce dans iin ^'rand nombre dc passages de cette preface, et qui pent bien surprendrc nn peu de la pai't d'un ecrivain aussi savant, il ne s'agit plus que d'une chose, c'est de lafaire cette science dont M. Jouffroy prcnd la peine de nous indiquer la source dans I'observation des faits inte- rieurs. A I'oeuvre done! c'est par la seulement qu'on peul repondrc a Tincredule naturaliste qui sc rit d'une science tou- jonrs prcoccupee de savoir comment elle pourra le devenir, toujours recommcncant a deblayer son terrain, a renier ou a demolir ce qu'elle a fait de siecle en siecle , comme cette Babel doHt les ouvriers , incapables de s'entendre et de se repondre , ne pouvaient reunir leurs travaux pour la construction d'un menie edifice. D'ailleurs, si I'observation scicntifiquc procedait d'une ma- nicre simple et directc, s'il nc s'agissait toujours que d'un sujet pose sur table, pour ainsi dire, et qu'on piit interroger avec la loupe et lo scalpel , le conseil d'obseiver n'aurait d'autre defaut que d'etre surabondant : bien fou qui n'observerail; point, voulant savoir quelque chose. Mais il n'en est pas ainsi, pas memo pour I'exemple que nous venous d'indiquer. Toute ob- servation savante est bien autrement difficile et rare : c'est toujours le resultat d'une combinaison d'idees achevee ou in- complete et le plus souvent fugitive, imperceptible, mais puis- sante et feconde, qui dirige, comme malgre lui , I'observateur qu'elle inspire : c'est I'oeuvre du talent ou dn genie, ces mots incxpliques en discnt assez : c'est le produit d'un instrument que son maltrc n'a point recu d'autrui, qu'il emploie a sa ma- niere , sans avoir appris a sen servir, et qu'il ne saurait trans- mettre. Dcmandez au mathematicien et a I'astronome comment il fait potir deviner ou pressentir qu'il y a la ime decouverte a faire, quelle est cette inquietude vague et mysterieusc qui I'en- traine a des tentatives encore presque insignifiantes pour lui- nic-nio, d'ou lui vienuent cos douteuses lueurs qu'il suit en ET POLITIQUES. GoZ tatouaaiit jusqu'au uiomcut ou il s'ccrie enfin, coninic Archi- niede,yV? I'ai trouvd! en s'emparant d'un calcul, d'nne demons- tration, d'un fait nouvoau tout eclatant de vcritc. Les fruits de la pensee sent palpables et se I'ecueillcnt au grand jour; mais ils s'elaborcnt dans I'csprit des inventeurs par des voies plus secretes que celles de la seve qui enrichit en automne les arbres de nos jardins. Ces mysteres de I'invention se retrouvcnt dans les sciences de calcul corame dans celles d'observation pro- prement dite, comrae aussi dans les arts d'imagination. Partout ils presentent a peu pres les memes phenomenes; et nous nc doutons pas que les Lagrange , les Laplace, les Lavoisier, n'avouassent, pour leur propre compte , cette reponse de Mozart a I'un de ses amis qui le pressait de dire comment il trouvait tant de belle musique : « Lorsque je suis bien a moi , en bonne disposition, que je voyage en voiture, ou que je me promene apres un bon repas , ou bien que je ne puis m'endor- mir la nuit, alors les idees m'arrivent par torrens. D'oii vien- uent-elles? Comment viennent-cUes? C'est ce que je ne saurais dire : je n'en puis mais... Quand une fois je les tiens bien, je trouve successivement moyen de nicttre en ceuvre ces ingre- diens pour en composer un pate d'apres les regies du contre- point et la nature des divers instrumens. Ce travail m'echauffc I'ame, si toutefois je ne suis point interrompu; naes idees grandissent, se developpent, deviennent de plus en plus claircs, et le morceau se trouve presque aclieve dans ma tote, de sorte que, quelque long qu'il puisse etre, je suis en etat de I'em- brasser en esprit d'un seul coup d'ceil, de meme qu'on saisit I'ensemble d'un beau tableau ou d'une jolie figure." De I'art a la science, de I'invention dans un genre a I'inven- tion ou a la haute observation dans un autre, les conditions ne varient que par des differences supcrliciclles, et ellcs sont toujoius au fond les memes; savoir I'etcndue, la penetration et la souplcsse de I'esprit, I'imagination enfin non moins nc- ccssaire pour atteindre a la verite par des combinaisons nou- vellesque pour creerdebrillantes illusions. — Quant aux sciences metaphvsiques, si vous voulez enfin les rehabJIitcr en France, 6o/i SCIENCES MORALES faitcs que Tcsprit religieux, determination plus puissanto f|ii(." la cnriosite scicntifique en ce genre d'eludos ou il s'agit de I'homnie nieme, dc son etre, et de son avonir, faites que cet esprit sc piiisse mouvoir avec quelque libcrte, et ne soit point sans cesse comprime par la bigoterie aiijourd'hiii toute puissante , ennemie plus fiincste a scs progres que ia licence : faites que les ecoles francaises acquicrent plus d'in- dependance et dc dignite; surtout que celles de la capitals, destinccs a donner rexomple, ne soient point fcrmees aux raaitres qui pouvaient le micux Ics ennoblir; qu'cniin dcs honimes, tels que M. Jouflroy, au lieu de plaider pour la science qui a plus besoin de leurs services que de leurs apo- logies, aientle courage de se devouer pour elle, et ne dcses- perent point dcs fruits de leurs etudes solitaires et genereuses. Un merite que nous ne pouvons nous empecher de relever dans cetle preface, quoiqu'il soit commun a tout ce qu'ecrit M. Jouffroy, c'cst celui d'un style anime, vrai, pur et clair, ou se retlechissent toutes les qualites d'un esprit destine a bien servir la science philosophique. V-g-k. ESSAI POLITIQUE SUR I.E ROYAUME DE LA NoUVELLE- EspAGNE , par Jlex. de Humroedt ; dcuxfeme ctli- tinn ( I ) . En annoncant une edition nouvelle de I'un dcs plus impor- tans ouvragcs de M. dc Humboldt , nous ne saurions avoir la pretention de dirigcr le jugcmcnt que doit porter le public sur les immenses travaux de cethomme celebre. Vingt-cinq ans se (i) Paris, i8a5; J. Renouard. 4 vol. in-8°, avec nn A'las geogra- pWque et j)hysiqiie, contenant 20 carles grand iii-fol., papier vclin. Prix des 4 volumes avec V Atlas, ififi fr. ; sans I'Atlas , avec la grnnde carte du Mexiquc et le tableau physi/jiic de la Nouvclle-Espagne , 3fi fr. ; J'Allas Sv'parcment, i5ofr. ET POLITIQUES. 6o5 sont t'coules dcpuis I'epoque deses voyages, tlix-luiit ou viiji;t, depuis qu'il a commence a publier simultancment ces uom- breux ouvrages qui ferment en quelquc sorte une encyclo- pedie americaine. Auciin nom peut-etie n'est plus counu que lesien; Ics ouvrages d'aucun homme de notre siecle n'occupent une place plus distinguee dans les grandes bibliotheques, au- cuns ne sont plus universellement consul tes. Sous quelque point de vue qu'ou veuille considerer i'Ame- rique, les travaux de M. de Humboldt servent toujours de base a toutes les etudes qui ont ce nionde nouvcau pour objet. C'est lui qui a fait eompreiidre la structure de ce vaste continent dont une grande partie s'eleve a une hauteur prodigieuse au- dessus du niveau des mers; c'est lui qui nous a fait connailre son histoire naluielle, sa mineralogie, sa botaniquc. Embras- sant en meme tems toutes les sciences sociales de tout un monde, il nous a donne les tableaux les plus complets des di- visions politiques sous I'ancien gouvernement, de leur popu- lation repartie selon les classes et les races diverses, de leur richesse agricole, manufacturiere, commerciale, et des deve- loppemens qu'elle peut recevoir; des produits de leurs mines, et de la distribution de ces produits sur le globe. Et tous ces fails nouveaux il les met en rapport avec tout ce qui est connu des tems anciens et de tous les aulres pays de I'univers. Cette encyclopedic americaine a revele FAnierique espagnolc a elle-meme; elle lui a fait sentir ses forces et ses ressources, et elle lui a donne le courage de reclamer ses droits. M. de Humboldt avait eu des obligations a I'ancien gouvernement d'Espagne, il sentait pour lui de la reconnaissance, et il s'est empresse de I'exprimer avec chaleur. Aussi n'a-t-il parle qu'a- vec une extreme moderation de ses abus, et a-t-il en toute occasion fait remarquer ce qu'il y avait a louer en lui. A cette epoque, ce gouvernement voulait le bien, et rillustre voyageur, qui avait tout vu, lui indiquait avec discernement le bien qu'il y avait a faire. Bientot, ce gouvernement s'effraya des amelio- rations, el crut sa politique inleressee a imprimer a tous les peuples qui lui etaient soumis un mouvement retrograde. En 6o6 SCIENCES MORALES mome tenis , ces peuples turcnt connaissancc ties immeiisos travaux de M. de Humboldt; ils y ti'ouverent trop de faitS' rasscniblL'S , trop do grandcs vcrites brillant d'un nouveau lustre, pour que tant do connnissances nonvellcs n'inlluas- sent pas siu" leur conduitc. Les grainles nations de I'Ame- rique apprirent en meme terns qu'elles ctaient sous line hon- teuse et ruineuse tutelle; que Ics niemes sentimens , les memes desirs les animaient dans ces regions eloignees qui n'avaient presque aucune communication entre elles; qu'enfln leur puis- sance etait deja telle qu'elles accompliraient aisemcnt cette emancipation que leur developpcment intellectuel , moral, in- dustriel, politique, reclamait d'elles. II est bicn plus rare qu'on ne pense que des livres preparent ou determinent de grandes revolutions politiques: Ic plus sou- vent, les ecrits sont un symptonie, et non une cause des dispo- sitions populaires. Ceux qui sont entaches par la declamation , par la violence, par I'acrimonie de I'esprit de parti, indiquent des passions qui lermentent dt'ja; mais ce ne sont pascux qui produisent des effets durables. II arrive quelquefois ccpendant qu'un honimc superieur cree un nouvel esprit public dans toul un peuple, mais alcrs ce n'est point par son eloquence; cclle-ci remue les passions et ne change pas les esprits, c'est par I'cdu- cation nouvelle qu'il donne a tous les hommes qui pensent, en mettant a la fois en lumiere une grande masse de faits, en appelant les sages a un travail consciencieux et de bonne foi, sur ces faits, et en attendant de leurs retlexions la grande de- cision qu'ils, dcvront prendre. C'est de cette maniere que les otivrages de M. de Humboldt ont agi sur les Americains; ils ont attaque de toutes parts, mine, et fait crouler les prejuges; ils leur ont substitue une opinion forte, profonde, qui parson universalite est devenue irresistible : ils ont ainsi, d'abord mo - difie lentemcnt, et ensuite remue les masses; et leur auteur pent se glorifier d'avoir exerce une influence decisive sur UMC des plus grandes revolutions qui aient fait avancer 1 hnmaniti'. L'Essai politique sur la ]Voiivolle-Espagn«, dont nous annon tons une nouvelle edition, n'a pas sciiiemont prepare I'affran- ET POLITIQUES. Oo^ chissement des republiqiies mexicaines; il a dirige leurs 1«;- gislateurs d'line maniere pratique, dans ['organisation in- terieure des noiiveaux etats. Le congres du Mexique n'a point encore eu le tems ou la puissance de faire preparer une sta- tistique du territoire de cette confederation, comparable a celle qu'avait accomplie un etranger voyageant dans le pays. Aussi, dans la division des Etats dont se forme la republique federative, dans la repartition cntre cux des droits de la sou- verainete, des devoirs de la defense commune, a-t-il pris constamment pour guide le travail du celebre voyagcur qui avait le premier caleule les forces de la Nouvelle-Espagne. La confederation mexicaine est de beaucoup la plus puissante, la plus prosperante, la plus stable dans ses institutions, de toutcs les nouvellcs republiques : c'cst celle qu'il importe le plus de bien connaitre , et on ne la connaitra jamais bien qu'a I'aide de I'ouvrage de M. de Humboldt. Ceux qui, dans les dernieres annees, ont engage si precipitamment d'enormes capitaux dans des compagnies pour I'exploitation des mines du Mexique, auraient agi plus prudemment, s'ils avaient auparavant etudie avec soin I'ouvrage de M. de Humboldt : ils feront bien, en- core aujourd'hui, d'y puiser des notions plus exactes sur les entreprises auxquelles ils out associe leur fortune. Les nego- cians , les manufacturiers d"£urope qui comptent sur ce vaste et riche marche; les speculateurs qui voudront en tirer les produits si recherches des Tropiques, feront mieux encore de I'etudier, de le feuilleter souvcnt, pour s'eclairer sur des entreprises commerciales qui chaque aunee deviendront d'lme plus haute importance. L'Essai politique devrait se ti'ouvcr dans le comptoir de tout negociant qui trafique avec I'Ame- rique , comme dans le cabinet de tout philosophe qui s'asso- cie aux progres de I'humanite. De puissans interets appelleront done a consultcr sans cessc, ct toujours davantage, I'Essai politique de M. de Humboldt, et pour cet usage la nouvelle edition aura un grand avantat,'e sur la premiere, celui d'etre pourvuc d'linc table alphabetique des matieros, qui, dans le mois dc mai dernier, a tte distribuec Go8 SCIENCES MORA.LES aux souscripteurs. Le manque do cette table s'etait fait peni- bleincnt sentir clans les editions precedentes. Chacun sait au- ^ jourd'hui que la marche de I'esprit dc M. de Humboldt ne peut etre suivie sans une assez grande fatigue. Procedant toujours par la nicthode syntlietique, il ne rapporte jamais un fait sans le comparer aussitot a tous les aiitres fails de meme nature qui ont pu etre recueiliis sur le globe, et qu'il suppose toujours connus du lecteur, quoique souvent ils soient aussi nouveaux pour lui que ccux que M. de Humboldt a decouverts lui-meme. II nc mentionne jamais une somme sans la soumettre a un calcul pour chercher des proportions avec toutes les autres donnees connues; il s'eleve sans cesse de I'observation a la theorie; au lieu de s'attacher au sujet qui roccupc, il s'echappe toujours par la tangente; aussi, quand on retourne en arriere en feuilletant pour retrouver des fails, des tableaux, des obser- vations qui ont frappe a une premiere lecture, ne sait-on jamais ou les rcprendrc, paree que toute chose peut se trouver dite k propos de toute chose. Pour remedier a cet inconvenient d'ua esprit trop riche, trop simultanedans ses impressions, nousne trouvons point que ce soit assez d'une table alphabetique; nous aurions voulu encore une table vraimentanalytique, ou qui re- presentat dans leur ordre, et chapitre par chapitre, les idees et les faits contenus dans tout I'ouvrage, selon leur enchainement. Nous avons entendu un homme d'esprit declarer qu'il ne ferait jamais une table semblable , parce qu'elle donnerait trop de facilite aux paresseux d'esprit pour parler de son livre sans I'avoir lu. H y a plus d'avantage ccpendant a faciliter le travail de ceux qui etudient reellemcnt, qu'a deranger la vanite de ceux qui rccherchent les honneurs sans se soumettre aux fatigues de I'erudition. Parmi les impressions que laisse la lecture de I'Essai poli- tique, I'une des plus fortes, c'est I'absurdite des esperances et des projets de ceux qui croient que I'Espagne pourra un jour reconquerir le Mexique. M. de Humboldt qui ne pouvait pas il y a vingt ans, prevoir les circonstances actuelles, s'est atta- che seulement aprouver que, de tousles empii'es celui , que le ET POLITIQUES. Gog loi tl'Espagnc posseilait au Mcxiquc etait Ic- plus facilt: a de- fcndrc. 11 n'est pas nioins vrai que c'est le plus facile a de- fendre coutrt; ce roi lui-menic. Essayons de le fairc comprendre a nos lecteurs. Leroyaumc de la Nouvelle-Espagne, qui forme aujourd'hui la confederation raexicaiue, est estime par M. de Humboldt couvrir une eteiiduc de 118,000 lieucs carrees de 25 au degre; doiit 82,000, ou Ics deux tiers, sont sous la zone temperee , et contiennent seulcmout 671,000 habitans , tandis que 3G,5oo lieues sout situees sous la zone torride, et sont habitties par une population de 5, 160,000 times. La partie situee dans la xone temperee, qu'on designepar lenom de Nouveau-Mexique et de Provincias internas , ne communique presque avec I'etran- ger et le reste du mondcqu'au travers de I'ancien Mexique. Ce sont des pays reserves pour la colonisation future , lorsque la population s'etant augmentee sur le plateau du Mexique aura besoin de se repandre au nord ct a Test. Jusqu'a present , ces provinces de I'interieur, entourees de vastes deserts, qu'on n'a point reussi a traverser, sont a I'abri, non-seulement de la con- qucte, mais meme de la visite de tout etranger ( T. ii , 1. in cb.8,p. 4). L'ancien Mexique, situe dans la zone torride, est la seule par- tie de la confederation mexicaine ou se trouvent concentrees la popidation, la civilisation et I'industrie. C'est la scule dont la possession fiit vraiment utile a I'Espagne, la seule qui lui donnat un revenu, la seule qu'elle desire reconquerir, ct qu'elle puisse songer a attaquer. M. do Humboldt a mis le premier sous nos yeux , par ses tableaux physiques, ou ses profils, la conliguration tres-extraor- dinaire de cette region. II nous a appris que le Mexique entier etait une sculcmontagne prodigieuse, dont la longueur est in- connue, mais qui s'etend dans la zone temperee , aussi bien que dans la zone torride, aii-dcla de cinq cents lieues, et dont la largcur entre Vcra-Cruz ct Acapulco est au nioins de cent lieues. Ce massif enorme , qui a en moyenuc 1,200 toises d'elevation n'est point interrompu, n'est point coupe par des vallees qui T. XXXV. — Srptcmbrc 1827. 39 6 JO SCIENCES MORALES divisent le plateau lui-meme : mais aii-dessus du plateau s'ele- vent des montagnes qui ne depassent pas moins son niveau que nos Hautcs - Alpcs ne depassent le niveau de la mer. Leurs cimes, on rument des volcans , sont couvertes de neiges eter- iiellos, et Ics habitans du plateau, en les voyant au - dessus d'eux, oublient qu'ils sont eux-inoincs sur la montagne, etque leurs plaines ou le fond de leurs v^llees est de donze cents toises au-dessus du niveau des mcrs. La p;irtie de cettc mon- tagne qui est coriiprise dans la zone torride presente une eten- due de 23,ooo lieues carrees, sur laquellc se trouve rassemblee une population de quatre millions d'habitans. Elle y jouit d'un climat tempere , ou memc froid, en raison de la hauteur du sol, et de I'air le plus pur, Ic phis favorable a la vie aniniale comme a la vegetation, que Ton puisse trouver sur la terre. ( T. 1, liv. I, chap. 3, p. 26/1 ). Des trente-six mille cinq cents lieuos carrees qui se trouvenl entrc le golfe du Mexique et le grand Ocean, sous la zone tor- ride, la montagne, avons-nous dit , n'en occupe que 23,ooo. Toutefois, quand on arrive d'Europe, et par la Vera-Cruz, on commence a gravir la montagne , a moins de dix lieues de la mer; ce n'est, il est vrai, qua Xalapa, a vingt lieues de la mer, qu'apres avoir atteint 678 toises d'elevation, on se trouve hors des ticrras calientcs (tenses chaudes), ou du climat brulant des tropiqucs ou regne la fievre jaime. Quand on arrive de la Chine et par Acapulco , on commence a monter bien plus pres de la mer, et, avant d'avoir fait deux lieues, on atteint deux cents toises de hauteur : mais la pente occidentale de la Cordiliere devient ensuite beaucoup plus douce que la pente opposee, et ce n'est qu'apres avoir fait pres de soixante lieues, qu'a 85o toises de hauteur, on sort a Cuernavaca des terres chaudes de la zone torride. II resulte de cette configuration du Mexique, que I'etranger qui vient y porter la guerre et qui veut en faire la conquete est oblige de debarquer sur une plage bnilante , dans les ticrras calientcs , dont le climat, assez sain pour les naturels du pays , les metis et les negres, et meme pour les blancs qui s'y sont ET POLITIQUES. 6fi acclimates , est fatal aiix habitans des regions fioides , ainsi qu'ii tons les etrangers : la fievre jaune , qu'on y nomnie voniito prieto, y regne presquo toujours pendant toutc la saison ou les tempetes nerendent pas la cote inabordable. Son invasion est si subite que ceiix memo qui, pour I'eviter, ne dtbarquent que Ic soir, et travorsont en poste pendant la nuit toute la zone des ticrias callentes jusqu'a Xalapa, en emportent plus souvent le germe avec cux ( T. iv, liv. v, chap. 12, p. 167 ). L'armee enneinie, bientot decimee par la maladie, devrait ccpcndant, pour atteindrc le plateau du Mexique, s'y elever par des sen tiers uon moins escarpes, non moins faciles a de- fendre que ceux du Saint- Gothard, jusqu'i une hauteur qui en Europe est a peu pres la limite des neigcs perpctuelles. Apres avoir triomplie de ces obstacles presque insurmontables, elle trouverait le plateau du Mexique dcfendu par une population de quatre millions d'ames pourvue d'arscnaux, d'armes, de poudre fabriquee et employee avec profusion dans le pays pour I'exploitation des mines , de toutes les ressources enfin que donnent, pour la defense du pays, une civilisation avancee, la connaissance des sciences et des arts, de grandes richesses, et une population de i37,ooo ames rassemblee dans la capitale. A defaut d'une conquete a force ouverte, on pourrait craindre que les ennemis du Mexique ne profitassent pour I'asservir de la rivalite qui doit exister entre les differentes races dont se compose sa population; mais, a cet egard aussi, I'Essai politique presente des donnees rassurantes. Les descendans des Euro- peenscomptentau Mexique 1,097,000 individus; les Indiensou descendans des anciens Mexicains en coniptent 8,676,000. Les races mixtes , enfm , procedantdes uns et des autres, i,338,ooo. Ces trois classes etaient egalement jalouses des Espagnols nes en Europe, qui dans toute la Nouvelle-Espagne ne depassaient pas le nombre de 70,000 ou 80,000 ames, nombre sans doute Lien dkninue aujourd'hui par la guerre et I'exil. Les Creoles et les races mixtes se rapprochent et se confon- dent. Des I'epoque du voyage de M. de Humboldt, les uns et les autres prenaient avec orgueil le titre d'Americains. Les 39. 6 12 SCIENCKS MORALES Indiens seraient bieu plus ledou tables, s'ils ctaient esclavcs; mais la protection des lois, quoique insuffisante, leur a assure assez de bicn-otrc pour les roconcilier au gouvcrncmcnt. La poslerite des grands dc renipirc Asteque a disparii presque on entier; mais la classe pauvre ct laborieusc est au moins aussi heurcusc et aussi libre qu'cUc I'ttait sous le gouvernement de Montezuma, ou, comme I'appelle M. de Humboldt, Moteuc- zoma: aussi, elle recommence a augmenter en nombrc assez raj)i- dement, et ce sont surtout les families indiennes qu'on voit pro- pager la culture des terres et porter leur ancienne indnstric dans de nouvcaux districts. Ccttc population n'est plus soumise a au- cune espece d'esclavagc, a aucunc espocc de corvee; on ne lui demande plus ce qu'on nommait la niita pour les travaux des mines : c'est avec une parfaite liberie que les Indiens s'engagen t a COS derniers travaux, et ils gagnent de tres-gros salaires de 25 a 3o francs par semaine, au lieu de 7 liv. 16 sous que gagne Touvrier a I'air libre sur le plateau central, ou de 9 liv. 12 sous f|u'il gagne par semaine pres des cotes. La lecture de VEssai politique aide a se former unc idee dc ce que deviendra la confederation Mexicaine, apres qu'elle se sera entierement affranchie des abus introdiiits par une metro- pole qui gouvernait le pays sans le connaitre; qui, ignorante et absiu'de dans son regime interieur, faisait peser bien davan- tage encore sur des possessions lointaines toutcs les miseres do I'arbitraire, de la venalite des jugcs el des administrateurs, des rivalites excitees a dessein entre toutes les autorites consli- luees, des lenteurs desesperantes et ruineuses poiu" toutes les affaires evoquees en Espagne, des impositions mal assises et oppressives , des monopoles destructeurs de I'industrie. Une douce esperance dilate le coeur, a I'aspect de tant de bonheur a portee d'un grand pcuple, d'un peuple qui n'a besoin que de sagessc et qui senible la chercher de bonne foi. Six millions d'hommes jouissent aujourd'hui de la liberie que protege la confederation mexicaine : mais M. de Humboldt nous fait comprendre combien ce nombre devra facilement ot rapi- dement s'augmcnter, lorsque la nicme industrie que les Indiens ET POLITIQUES. 6i'i out di'ja deployee dans la culture de leurs champs, dc leurs jardins sur des iles flottantes, de leurs arbres fruitiers, de leurs plantations de maguay [agave ainericana) qui remplacent pour eux la vigne et fournissent le pulque , Icur boisson fer- mentee, s'etendra sur des terrains aujourd'hui deserts. Dans le plateau d'Analuiac, et dans tout le beau pays situe sur le dos de la Cordiliere, on pent culti\ er le ble d'Europe des qu'on a depasse i,4oo metres d'elevation; ce ble cesse de murir, lors- qu'on s'eleve jusqu'a 3,5oo metres. Entre ces limites, on jouit du climat le plus heureux de la tcrre. Autant I'air est salubre, autant les produits du sol sont abondans. «■ La ricliesse des recoltes est surprenante, dit M. de Humboldt (t. ii, ch. ix , p. 4*9 )j dans les terrains cultives avec soin, surtout dans ceux que Ton arrose, ou qui sont ameublis par plusieurs labours. La partie la plus fertile du plateau est celle qui s'etend depuis Queretaro jusqu'a la ville de Leon. C!es plaines elevees ont trente lieues de long sur huit a dix de large. On y recolte en iVomcnt 35 a 4o fois la semence; plusieurs grandes fcrmes peuvent compter sur 5o ou 60 grains. J'ai tiouve la mcme fer- tilite dans les champs qui s'etendent depuis le village de Sant- iago, jusqu'a Yurirapundaro, dans I'intendance dc Valladolid. Dans les environs de Puebla, Atlisco et Zelaya, dans une grande partie des eveches dc Michoacan et de Guadalaxara, le produit est de 20 a 3o grains pour un. Un champ y est con- siderc comme peu fertile, lorsqu'une fanegue de (roment semec ne rend annee moyenne que seize fanegues. A Cholula, la recolte commune est dc 3o a 40 grains; mais elle excede souveut 70 a 80. Dans la vallee de Mexico , on compte 200 grains pour le mais, et 18 ou 20 pour le froment... Les rccherches aux- quelles je me suis livre pendant mon sejour an Mexiquc m'ont donne pour resultat, qu'annee commune, Ic produit moyen de tout le pays est de 22 a 25 grains pour un. " Mais ce ne sont pas seulement les tierras tcinpladas y frias ( terres temperees et froides), celles qui sont situees sur le plateau des Cordiliercs, et ou I'tin eultivele froment, qui, sous la protection d'lui bon gouvcrnemeiit, pourront se couvrir 6i4 SCIENCES MORALES d'une population hemciise et iioinbieiise ; les ticrias calicntcs de la zone tonide pourVont Ics dt'passer encore iiilininient en population, loisque toutes les races d'hommes y seront et;a- lenient accueillies, egalement libres, eii;alenienl protegees. Le climat de la Vera-Cruz, si fatal aux Europeens et aux habi- tans du haul Mexique, qui y succombent presque imniediale- inent a la fievre jaune, est fort sain pour les individus qui y sont nes, soit qu'ils appartiennent ii la race blanche ou cuivree, et plus encore pour les negres, qui nc sont jamais atteints de la fievre jaune. Le climat brulant, etouffe, insupportable d'Aca- pulco ne rebutc point les colons de la race malaye et chinoise , qui y arrivent souvent avec le gallion des Philippines, et qui s'y porteraient en foule, si on leur donnaitplus de facilite pour s'y etablir. '■ Malgre la grande etendue du plateau mexicain, dit M. de Humboldt (t. ii, ch, ix, p. 388), et la hauteur des montagnes qui avoisinent les cotes, I'espace dont la temperature est favo- rable ^ la culture du musa ( bananier ) est de plus de cinquante mille lieues carrees, et habite a peu pres par un million et demi d'habitans. Dans les vallees chaudes et humides de I'intendance de Veia-Cruz, au pied de la Cordiliere d'Orizaba, le fruit du Platano arton, excede quelquefois trois decimetres, le plus sou- vent vingt a vingt-deux centimetrt s ( 7 a 8 pouces ) de longueur. Dans ces regions fertiles, surtout dans les environs d'Acapulco, de San-Blas et du Rio Guazamalco, un regime de bananes contient 160 a 180 fruits, et pese 3o a 40 kilogrammes. n Je doute qu'il existe iine autre plante sin- le globe qui sur un petit espace de terrain puisse produire une masse de sub- stance nourrissante aussi considerable. Huit ou ueuf mois apres que le drageon est plante, le bananier commence a developper son regime. Le fruit pent etre cueilli, le dixieme ou onzieme mois. Lorsqu'on coupe la tige, on trouve constamment, parmi les nombreux jets qui out j)0usse des racines un rejeton Ipim- pollo), qui, avant deux tiers de la hauleur de la planle mere, porte du fruit trois mois plus tard.C'est ainsi qu'une plantation de bananiers que dans les colonies espagnoles Ton appclle/^/«- ET POLITIQUES. 6i5 tartar, se peipetue sans que rhorame y consacre d'autre soin que de couper les tiges dont le fruit a muri, et de donner a la terre, tine ou deux fois par an , un loger labour, en piochant autour de« racines. Un terrain de cent metres carres de surface peut renfermer an uioins trente a quarante pieds de bananiers. Dans I'espace d'un an, ce nienie terrain, en ne comptant Ic poids d'un regime que de quinze a vingt kilogrammes, donne plus de deux mille kilogrammes, ou quatrc niille livres en poids, de substance nourrissaute. » La nieme etendue, ensemencee en ble dans les meilleures terres de France, ne produirait que 3o li- vres de froment; elle produirait 90 livres en pommes de terre. La faculte nutritive dcs alimens ne suit pas, il est vrai , la raison de leur poids seulement; la banane, plus nuurrissante que la pomme de terre, contieut touteAiis comme elle beaucoup d'eau. Mais un demi-hectarc ou un arpeut legal dont le produit en fro- ment ne nourrit pas deux iudividus,peut nourrir plus de cinquante individus par son produit en bananes. Celles-ci se sechent et seconservent, comme les figues; elles sont alors un aliment d'un gout agreable et tres-sain. Dans les memes regions, la culture du manioc, dont on fait la cassave, demande plus de travail et plus de tems, mais fournit sur UQ petit "espace un aliment superieur encore a la banane, et bien plus nourrissant; le mais est cultive egalemeut dans les tierias cuLientcs et les tiaras templiuhis : iljouit de cette flexibi- lite d'organisation qui caracterise les graminees, et qui les rend propres a tous les climats. Tonics ces plantes des tropiques fournissent infiniraent plus d'alimens, par un moindrc travail et sur uu moindre espace de terrain, que les plantes alimentaires de I'Europe: aussi elles permettraient dans le bas Mexique I'ac- cunudation d'uuc population bien plus nombreuse que celle que nous voyons rassemblee dans les pays les plus prosperans de I'Europe. Cette population pourra un jour donner les plus grands developpemens aux cultures industrielies du sucre, du coton, du cafe, du cacao, de la vanille, du tabac, de I'indigo, de la sole , do la cire et de la cochenillc , sur I'etat actuel de chacuije desquelles M. de Humboldl donne des rcnseignemens 6i6 SCIENCES MORALES (■■galcment curieiix pour rhonime d'etat, Ic natiiraliste ct Jt- conimcrcant. I.a population en s'aiigmcntant poiisscra aussi avec plus d'ac- tivitc Ic travail des mines qui sont deja la grande industri«r du Mexique. Extraire I'or et I'argent des minerais qui les rece- lent est une sorte de manufacture, qui, conime toutcs les aii- trcs, outre les profits directs qu'ellc pcut donner aux entre- preneurs', excite et recompense un grand travail, cause une grande cousommation, et fait prosporer le district oii elle est etablie. Aucune industrie dans la Nouvelle-Espagne , I'agri- culture exceptee, n'a employe plus de bras, n'a demande de plus grands capitaux c.t n'a rendu quelquefois de plus immenses profits. On y comptc pres de cinq cents males , ou rcalitos , en- droits celebres par les exploitations qui se trouvent dans leurs alentours. Ceux-ci comprennent plus de trois mille mines , en designant par cc nom I'ensemble des ouvrages soutcrrains qui communiquent les uns avec les autres. Ces mines toutes en- semble produisaient, a I'epoque du voyage de M. de Humboldt, annec commune, vingt-deux millions de piastres en argent, un million de piastres en or. Ces mines sont abondantes plutot que riches. Les filons sont larges et fournissent une quantite considerable de minerai, mais ce minerai est pauvre; en effet, en prenant une moyenne entre toutes les mines du Mexique, le quintal, ou 1600 onces de minerai ne contiennent que trois ou quatre onces d'argent : d'autrc part, cc minerai est extrait en si grande abondance que le filon seul de Guanaxuato fournit par annee cinq a six cents mille marcs d'argent, ct que la mine de la Valenciana qui en fait partie, ct qui est exploitee depuis quarante ans a donne annuellement un produit brut de qua- torze millions de francs en argent, ct un profit net annuel de trois millions de francs i son proprietaire. Le produit des mines depend cepcndant moins encoie de la quantite de bras dont on peut disposer que dc la quantite dc mercurc necessaire pour I'amalgamation, et qui se perd dans CO procede. Toutcs les colonies espagnoles reunies consom- maient annuolloment 25,oon quintaux de mercure; la moitic ET POLITIQUES. 61 7 peut-otre en etait employee dans la Nouvelle-Espagnc , en sortc qu'a peu de chose pres chaque marc d'argcnt est acquis an prix de la destruction d'un marc de mercure. La decouverte de nou- velles mines de mercure, ou Teconomie dans les precedes de I'amalgaraation, qui fait perdre beaucoup plus de mercure au Mexique qu'en Saxe, sont done parnii les causes qui influeront le plus sur la production future des metaux precicux. Mais nous ne pouvons pas meme aborder ici ces questions qui sont traitees parM. de Humboldt avec de si vastes connaissances, pas plus que nous ne pouvons donner unc idee ou de ses travaux geo- graphiques et astronomiques pour arriver a determiner la po- sition vraie des lieux , ou de ses recherches sur les canaux qui pourraient un jour unir les deux mers, ou d'une foule d'autres sujets scientifiques qu'il a traites comme s'il en avait fait son unique etude, et pour lesquels il faudra toujours revenir a lui, a mesure que, nos liaisons devenant plus intimes avec I'Ame- riquc, nous aurons plus besoin de la connaitre sous tous ses rapports divers. J.-C.-L. de Sismondi. The life of Napoleon Buonaparte. — Vie de Napoleon Buonaparte, Empereur deo Francais, precedee dun tableau preliminaire de la revolution francaise ; par sir Walter Scott (i). En n'examinant I'ouvrage de Walter Scott que sous un point de vue litteraire, et en adoptant pour un instant ses propres opinions , nous voudrions du moins que de grands evenemens lui eusscnt inspire de grandes pensees et d'im|)Osans tableaux; que ce spectacle si neuf, si extraor- (i) Paris, 1827; Ch. Gosselin, Treuttel et Wiirtz , Saulelet. 9 vol. in-80 ; prix, C7 fr. So c. Les m^aies lihraircs ont public une traduction francaise de cct ouvrage, en g vol. in-8", coiitant 63 fr,, et en 18 vol. in-i2, dont ie prix est fixe a 54 fr- 6i8 SCIENCES MORALES diuairc, si fatidique , lui cut dcvoile qnelqu'im de ces niyslercs qui restent caches a dts ycux vulji;aii t-s , ot qu'enfin il tut ctendu sui" son siijet ces vues percaiitcs et fecondes qui deaiclent los causes cachees, donnent I'intelligeiicc d'effets indiff«''ieiis en apparence, et , dans un passe muel pour la multitude , trouvent comme une revelation de I'avenir. Nous n'avons point reconnu ces caracLeiesdaus I'ouvragede Walter Scott; c'est un recueil de faits et d'anecdotes, niele de leQexions fausses quelquefois, quelquefois judicieuses, le plus souvent communes; c'est un recit trace, tantot en style de gazette, tantot avec des images revctues de formes et d'orne- mens poetiques; rhistorien, le philosophe, Thomme d'etat, ne s'y montrent qu'a de rares intervalles. On a vu, par le litre transcrit en tete de cet article, que Walter-Scott a cru devoir accompagner la vie de Napoleon de Vues preliminaires ttir la revolution francaise. Ce precis, qui remplit a peu pres le quart de la composition entiere , est k lui seul un on v rage important, et fera I'objet de ce premier article. Si nous considerons ce precis en iui-meme, nous le trouverons rempli de lacunes et tout-a-fait incomplet; si nous n'y voyons qu'ime introduction a la vie de Napoleon, des- tinee k nous faire connaitre I'etat des choses et I'esprit public au moment ou I'homnie extrao; dinajre apparut au milieu des af- faires, cette introduction noussemblera beaucoup troplongiie.il y avait a joindre ces deux compositions un inconvenient dont aucun talent ne pouvait triompher; et, par exemple, jamais lecteur ne s'babituera, en portant ses regards sur I'ensemble de i'ouvrage, a voir la description d'une bataille qui n'a pas meme decide une campagne , tenir presque autaut de place que le rccit de la journee du lo aout, ou s'accomplirent les des- tinees d'une antique monarchic. Si la pei fection dun ouvrage depend, en grande partie , de I'harmonie de scs proportions, on conviendra qu'elle n'existe point ici. Mais, ce defant une fois indique, nous n'y reviendrons plus, et nous examinerons }e precis en Iui-meme. L'auteur a encore mis en lele de te tableau de la revoiulion ET POLITIQUES. 619 line espece d'introduclion, tie sorte tjuc nous soiiinies deja presqii'au quart du precis, lorsque nous airivons a rouveiUirc des Etats-generaux; tout ce qui precede est consarre a une esqnisse des moeurs de I'epoque et de celle du siecle passe ; car notre auteur remonte jusqu'au regne de Louis XIV. II nous faudrait faire un livre sur le livre de Walter Scott pour uot« r toutes les observations que la lecture nous a suggerees; il est difficile de tomber dans de grandcs erreurs de fails, lorsqu'on raconte ce qui a deja ete tant de fois raconte ; mais c'est la nianiere de presenter les memes objcls, ce sent des nuances d'opinion, ce sont cerlaines idees propres au narrateur qui peuvent donner prise a la critique, et c'est la justement ce qu'il est fort difficile d'indiquer dans les limites etroites d'une analyse. Nous remarqueions cependant qu'il y a pen de pre- voyance chez notre auteur, a vanier la grande luibilete de Louis XIV, ', dont I'auteur, ancien niinistrc de Louis XV, ne niit point sa liberie en pi-ril par la publication d'un ouvrage oii de grandes reformes etaient proposees conime unc necessite du lems. Lors(]ue Walter Scott blame Nccker d'avoir public le Compte rendu, et d'avoir devoile le mal avant d'avoir trouve un re- mede , il ne songe pas qu'une multitude de gens defendaient les abus comma leur propriefe, et que le seul moyen probable de trouver un remede etait dc decouvi ir le mal a tous les yeux. Lorsqu'il pretend que la cour aurait pu assembler les etats- generaux des 1780, et prendre I'initiative de la reforme comme line grace emanee de I'amour du prince envers son peuple, il oublie que ])oui opcrer une veritable reforme, pour douner au peuple I'importance que reclamait pour lui I'etat de la ci- vilisation, completement change depuis la derniere reunion des etats-generaux , il etait indispensable d'accorder la double representation du tiers, et que les autres classes n'eussent pas alors reconnu a la couionne le droit de faire cetle concession sur Ieurs privileges. Lorsqu'ou voit un homme d'un esprit reflecld et d'un talent distingue hasarder de pareilles idees, il faut convenir qu'il n'a jamais compris la grande epoque dont il a entrepris de faire I'histoire : on s'en apercoit aux petites clioses aussi bien qu'aux grandes. Lorsque Walter Scott dit, par exemple, que « I'as- semblee constituante abolil toutes les distinctions honorifiques , toufes les armoiries, jusqu'aux titres insignifians de monsieur et de madame , » I'erreur, peu importante en apparence, le deviendra davantage, si Ton songe que I'aboliiion de ces simples formules de politesse, qui n'eut lieu que sous le re- gime de la Convention, n'etait nuUement dans I'espritde notre premiere assemblee natioiiale. C'est encore une errenr sans conserpience de nous dire que le tribunal revolutiounaire con- ET POLITIQUES. 6ii (lamnait a la fois « royalistes , coiistitulionnels, girondins , pretres, tlieaphilanthropes , nobles et rottiriers. « Mais cepen- dant comment se fait-il que Thomme qui ecrit notre histoire ignore que cette espece de culte public professe par les theo- philanthropes ne fat point contemporain du tribunal revolu- tionnaire; qu'il n'eut un instant d'existence que sons le regne de la constitution de I'an III, et sous le gouvernement du di- rectoire, dont I'un des membres, La Reveillere-Lepeaux , etait le patron de la theophUanihropie ? Walter Scott commet une fante plus grave, lorsqu'en par- lant de la constitution civile du clerge el du serment impose aux pretres, il dit : " Mesure d'autant moins facile a justifier, qu'on n'en devine pas le motif, a moins qu'elle n'ait eu pour ob- jet d'introdnire partout I'innovation. ••> C'est la preter a I'as- semblee constituante une niaiserie qu'on ne saurait lui repro- cher. Ceux meme qui ne justifiaicnt point cette mesure en conuaissaient bien le motif; c'etait evidemment de vaincre Topposition que le clerge montrait alors centre la reforme politique, en I'y incorporant; c'etait anssi I'intention de rela- cher les liens qui attachaient le clerge an souverain de Rome. Cette derniere raison, Walter Scott la donne lui-meme ; et ici deux choses nous etonnent : Tune, c'est que I'historien declare ne pas deviner un motif qu'il va reveler deux pages plus has; I'autre, c'est que cet historien semble trouver si etrange une precaution dont I'abseuce prive des droits politiques, dans son propre pays, une portion considerable de la population. Wal- ter Scott, qui ne nous semble pas avoir suffisamment etudie les affaires ecclesiastiques des premieres epoques de la revo- lution , nous parait egalement etranger a I'esprit qui dirigeait autrefois le clerge parmi nous. « La soumission absolue au saint-siege , dit-il , faisait partie de sa croyance ; c'etait pour lui un article de foi. » La soumission du clerge de France au saint-siege n'etait pas ofoo/we; clle se conciliait , aucontraire, avec certaines restrictions bien connues, sous le nom de liber- ies de I'eglise gallicane ; liberies soigneusement maintenues par nos rois les plus pieux , depuis saint Louis jusqii'a Louis XIV, fia/, SCIENCES MORALES ct que WalUT Scoll ciit du meni.ioniier ici, pour faire bicii comprendre I'espece de dupcndauce qui cxistait en effet. Voici un fait d'un autre genre qui prouvc encore chcz nohc auteur peu dc connaissance dcs choses et du tcnis. II parli; A plusieurs reprises de I'aviditc des demagogues; de leur ardenr a amasser des richesses; des tresors de Robespierre; tandis qu'il est dc notorietc publique que Robespierre n'a laisse au- cune fortune, et que le caractere dominant des hommes les plus fougueux de ce tems-la, c'etait le desiateresseraent : asscz d'imputations reelles pescnt sur eux, sans en chercher d'ima- ginaires; et Timparliale histoire, en les accusant de la soif du sang, les absoudra de la soif de I'or. Tin des episodes les plus importans de la revolution , la guerre de la Vendee, a inspire a uotre auteur une reflexion peu judicieuse : « Ce qu'elle presente de plus etonnant, dit-il, c'est qu'uu incendie aussi considerable ne sc soit pas etendu au-dela d'un certain canton. » Pour quiconque connait la T'rance de ce tcms-la, ricn n'est nioins etonnant que ce qui etonnc AValter Scott. L'etat de la population vendeenne et les dispo- sitions locales du pays ont pu y mainteuir pendant quclquc tems une guerre civile qui eut ete impossible partout ailleurs, et qu'on a vainement essaye en effet d'allumer sur plusieurs points. Enfin, pour donner une derniere preuve du peu d'intelli- gence que Walter Scott avait acquis de I'csprit et des diffe- rentes crises de notre revolution, nous citcrons ce qu'il dit de cette journee ou la jeunesse de Paris et les ihermidoriens chas- serent les jacobins du lieu de leurs seances, et detniisirent ainsi cette societe long-terns terrible et toute-puissante : « La facilite avec laquelle ils furent disperses au milieu des huecs et de I'ignominie , dit I'historien, fit voir combien , a d'autres epoques, avec dc I'accord et de la resolution , il eut ete aise de triompher du crime. Si Lafayette eut attacjue franclienient le club des jacobins, il n'eut pas eprouve plus de resistance que ces jeunes gens exaltes, et il cut epai'gne au raonde une longue suite d'horreurs. » Cette scule phrase suffirait pour faire ET POLITIQUES. GaS juger ce tableau de notre revolution par Walter Scott. Lc voila arrive a la fin de son recit, et il n'a pas encore compris la marche de ces grands evenemens qu'il a racontes; il ne sent pas encore cette irresistible puissance d'une revolution ascen- dant©; et parce qu'elje est fail>le et decouragee a son declin , il ne voit pas cette indoniptable audace, cette viguenr de geant, qui marquerent ses premiers pas dans la carriere. II y a, dans toute cette compositiou , une erreur conslante et capitalequ'on ne saiuait trop fiiire remarquer, parce qu'elle donne la mesure de la capacite historique de I'auteur, et le secret du peu de succes de son livre. Cette erreur perpetuelle de Walter Scott , c'est de considcrer la revolution francaise comme pouvant etre la restauration d'un ordre ancien , tandis qu'elle etait de toute necessite la construction d'un ordre entieremcnt neuf. C'est la ce qui Uii fait chercher toujours des rapprochemens tires de son pays. Mais Walter Scott ne sait-il done pas que la revolution anglaise, bonne pour le tenis ou elle s'est operee, serait insuffisante aujourd'hui ? Et croit-il , si elle eut eu lieu dans le xix^ siecle , qu'elle eut conserve toules ces traces de feodalite , toute cette rouille de vieille jurispru- dence, cette intolerance religieuse , cette corruption des bourgs pourris, cette inegalite choquante dans les droits, enfin cette enorme disproportion de fortunes a laquelle tieunent en gene- ral les Anglais , parce que c'est pour eux une condition ac- tiielle de stabilite , mais qui sera un jour I'occasion inevitable de quelque grand changement politique , parce qu'elle est la veritable et la principale cause de ce chancre de misere qui devore la population de ce puissant empire ? En general, nous nous sommes attaches a examiner si Wal- ter Scott avait bien saisi I'esprit de la grande epoque de notre histoire plutot qu'a le suivre dans le detail des faits. Nous au- rions a Uii reprocher , sous ce rapport, plnsieurs inexactitudes ; nousnous bornerons a regretter qu'il n'ait pas toujours donne aux grandes scenes qui s'offraient a sespinceaux toute I'impor- tance qu'elics meritaient. La seance decisive du Jeu de Paume n'est qn'ebauchee; I'auteur n'a pas meme fait mention de cette T. XXXV. — Sc/)tembre ifiij. ^o 626 SCIENCES MORALES reunion si rt'marquablc d'lme grande portion du clerge, qui vint se joindre au liers-etat, lesur-lendemainjdansregliseSaint- Louis. La tableau de ces quatorze armees qui deployaient en mcme tems,surtouteslesfrontieresdeFrance, et en face detaut d'ennemis, leurs diapeaux victorieux, est trace sans eclat; les sanglantes reactions du niidi , apres ie 9 thermidor, sent tout- i-fait cflacees; et nous verruns plus tard que la conspiration de Babeuf, cette derniere convulsion dun parti formidable, attire a peine I'attention de I'historien. Nous avons remarque aussi que la cause du pouvoir et celle de raristocralie obtiennent toutes Ics predilections de I'auteur j c'est pour la cause du peuple qu'il reserve toute sa severile. Malgre les critiques que nous avons faites de ce precis de la revolution, nous rcconnaissons que ce n'est pas uii ouvrage sans merite; s'il peche par I'enseinble de la composition, et par I'esprit dout I'auteur est anime, il y a des parties qui me- ritent beaucoup d'eloges. Un morceau qui nous asemble excel- lent, c'est le tableau moral et physique du pays ou a'alluma I'insurrection vendeenne; il y a la des touches de maitre. Nous citerons encore le portrait de I'Assemblee constituante qui ne manque pas de verite; un jiigemeut assez equitable de I'emi- gration; des reflexions sagos sur le peu de resistance que les Francais pouvaient opposer a la domination des jacobins; ea- fin,une justice impartiale rendue a cette belliqucusejeunesse qui courut aux frontieres, des les premieres menaces de I'cnnemi, et en general au soldat francais. Toutefois, il faut avouer que rimpartialite de Walter Scott dans cette histoire semblera un peu equivoque a ceux qui I'examineront avec des yeux attentifs. Soit que ses idees ne fussent point arretees, soil qu'il ne pro- fesse qu'a regret des opinions favorables pour nous, presque toutes les fois que nous avons trouve ses idees conformes aux notres sur un point quelconque, nous avons bientot rencontre, dans quelque autre partie de son livre, des correctifs qui de- truisaient a peu pres la premiere opinion. L'emigration, I'As- semblee constituante, I'armee, nous fourniraient aisement une preuve de la verite da cette remarque. Nous ajouterons que ET POLITIQL'ES. 627 s'il rend quelquelois justice ;i la nation fiancaisc, ties que I'An- gleterre entre en jeu, il se met siir ses gardes, et I'esprit clc nationalite, nous ne voulons pas dire ]e patriotisme (11 ne faut pas faire injure a ce noble sentiment ) le dispose a qiiel- que partialite. C'est ce que Ion remarque facilement lors- qu'il est question de la guerre d'Ameriqueet de celle de la Ven- dee oi!i il metsur le comptedes emigres la faule du desastrede Quiberon. Il faut lui savoir gre cependant d'avouer que I'An- gleterre n'y saava pas entieremcnt son honncur. Si Walter-Scott n'eut pas fait des romans admirables, oneiit sans doutc ete moins severe pour cette composition historiquc; en Angleterre meme, elle a trouve des juges rigoureux. Pour nous, notre qualite d'etrangers nous interdit de prononcersur le style de I'historien anglais; nons nous garderons bien snrtoiu de le juger d'apres une traduction qui ( nousle dirons tout a I'heure) est pjeu digne de confiance. Nouspouvous nous etonner cependant que cet ecrivain, qui a retrace d'une maniere si at- tacliante des interets romanesques, n'ait su inspirer qu'une mediocre curiosite pources grands interets historiques; que le meme homme qui a peint avec tant d'energieles scenes fanlas- tiques creees par son imagination, n'ait plus trouve que des couleurs assez ternes pour reproduire les scenes plcines de vie dont la teriible realite a frappe tous les regards conlemporains. Comment se fait-il que ces personnagesimaginaires, dont nous n'avons connu les modeles que par des traditions souvent bien imparfaites, nous aient paru plus animes, plus vivans, que les portraits de ces figures dont les originaux eux-memes ont passe sous nos yeux? Cela tient certainement a un vice de composi- tion. Nous ne critiqucrons point de frequentes allusions a la Bible, et meme aux poetes anciens et modernes : ce serait uu defaut chez nous; il.parait cependant qu'elles ne deplaisent pas aux compatriotes de Walter-Scott, et c'est pour eux, plus que pour nous, qu'il a ecrit. Mais cette multitude de compa- raisons poetiques on triviales, justes ou boiteuses, souvent si vulgaires, qui revicnnent a chaque page, etraeme apres quel- queslignes, fatigiient le lecteur, etdepouillent le recitde cette 40. 6iS SCIENCES MORALES imposantc ^ravire vaA\^ cec\ est un anglicisme, aussi bien que cette phrase :« L'orateur etait gene dans ses raisonnemens (i) Walter Scott fait des comparaisons po^tlques jusques dans $e« notes. ET POLITIQUES. 629 par la difficultc de reconcilicr sa propre conduite vX celle de ses associes avec Its principes qu'il pioclamait conime justes ct le- gaux. » Cette traduction , faitc mot a mot n'est pas pour cela plus fideie; le mot reconcile signilio bieii reconcilier, mais il veut dire aussi concilier , et c'est (ividemment cette derniere expression qu'il fallait choisir pour traduire exaclement, et pour ccrire en francais. Voiciicncore uue traduction lilterale ou raiij^liclsme pioduit un siiigulier effct : u I'occasion de la chute de Robespierre ,Tauteur remarque|,qu'il fut coudamne presque sans etre entendu; puis, il excuse cette precipitation «sur les tcrreurs du momeni , sur I'horrible caractere dp I'ac- cuse, enfin sur la uecessile de courir a rovenenieiil- » Cette derniere raison, le traducteiu I'a tout- a- fait omise, et il dit : « llfantpardnnncr heaucoup aux terreurs de la circonstance , et an caractere cpowantahle dii coupable. » Assurcment, on ne saurait imagiiicr une iidelite plus nialiieureuse. Voici mainte- uant de bons et francs conlre-sens. AValter Scott a dit : « Un Francais est aisementinduit i faire une action a laquelle vousle provoquez, en lui montrant quel'honneurs'y troiiveinteresse." Le traducteur a ecrit : « Un Francais se laisse aisemept se- duire a fciiretoui ce qu'oii lui demande, comme si son honneur etait interesse dans la question. » Walter Scott ( il s'agit des executions revolutionnaires ) : « Ce sftng journellement repandu, n'etant point-assaisonne du pillage et de la licence, les degouta, cotnmc il eut degoute tout le monde, hormis de veritables cannibales, a la subsistance desqiiels, en effet, le tribunal levolutionaaire aurait fourni avec profusion,)) — Le traducteur : « Ces massacres conlinuels, sans I'atlrait du pillage et de la licence, auraient fini par der gouter meme un peuple de vrais cannibales, que le tribunal revolutionnaire eut abondamment approvisionne. )' On salt que les six coiidamnes de prairial an in, Romme , Goujon, Dufjuesnojr, Bourbotte , Duroy , Soubrany , se frappe- rent tons du meme couteau qu'ils se firent passer les luis aux autres, en criaut : Five la Hepubliqae ! et c\ue trois seulement moururent du coup; Walter Scott le dit, comine les autrea 63o SCIENCES MORALES hisloricns : < Tons tombcient, les uns moits, les autres mor- telleinent blesses; ceux-ci fiirent achevcs par la guillotine." Le traducteiif liii fait dire : "■ Trois tombercnt sans vie ou blesses k mort ; les autres perirent sur la guillotine. » Walter Scott: « Les jacobins emprisonnerent trois cent mille de leiirs compatriotes au nom de la liberie, et envoyercnt a la mort plus de la moitie de ce nombre en invoquant la frater- nite. » — Le traducteur n'a pas encore cte content de cette boucherie; il fait tuer plus de six cent mille hommes par les jacobins, en traduisant ainsi le dernier membre de la phrase : « et en firent perir plus du double au nom de la fraternite. » Mais , voici un passage ou la meprise du traducteur est vraiment inexplicable. On sail que le fils infortune de Louis XVI fut remis entre les mains d'un cordon nier, nomme Siinon : « Ce miserable , dit Walter Scott , demanda a ceux qui Temployaienl : Que faut-il faire du jeune louveteau ? Faut-il I'egorger ? — Non. — L'ompoisonner ? — Non. — Le faire perir de faim ? — Non. — Et qnoi done...? — II faut s'en defaire. » Voici I'etrange version du traducteur : < Que decidez-vous du louveteau ? II etait appris pour etre insolent; je saurai le mater : Tant pis, s'il en creve; je n'en reponds pas. Apres tout , que veut-on? Le deporter? — Non. — L'emprisonner ? Non. — RTais quoi done?— On voulait s'en defaire (i). » Apres de telles fautes ce sera peu de chose que des noms mis pour d'autres , conime Camus, mis a la place de Louvet, dans le recit du triste sort que trouverent les Girondins refugiesa Bordeaux; des phrases passees; une note assez im- portante concernant la reine entierement omise; enfin des fautes d'impression frequentes. Cette traduction est un ouvrage a i-efaire. Nous devons cepcndant ajouter, pour etre tout-a-fait justes , que certaines parties nous out senible moins defec- (i) Cette difference complete entre le texte et la traduction nous ferait ctoire que le traducteur a travaille sur de simples epreuves corrigees dcpuis , et non «ur de bonnes feullUs , comme on dit en (•rmes d'imprimerie. ET POMTIQUES. 63 1 tueuses que d'autrcs; on voit que c'est le travail de plusieurs mains. L'editeur a joint au texte quelques notes, et, en corrigant plusieurs erreiirs de fait, il a taclie de refuter certaines opi- nions de I'auteur anglais. Ami de Walter Scott, il ne lui a cependant pas sacrifie les interets de la patrie; mais on sent qu'il aurait pu etre plus severe, s'il n'eut pas eu k garder quel- ques menageraens de politesse. Ces notes, qui ne sont pas toutes de la meme personne, et dont plusieurs nous ont semble inu- tiles, fournissent aussi diverses explications assez curieuses et pen connues. Nous citerons, entre autres, la note sur /^ club (les tetes de veau, Dans un second article, nous nous occuperons de la Vie de Bonaparte. M. AVENEL. LITT^RATURE. CoDRS DE LITTPRATURE GKECQUl- MODERNE , doillie k Geneve, par Jacovakj Rizo Neroulos, ancien premier ministre des hospodars grecs de Valachie et de Mol- davie; publie par Jean Humbert (i). M. Rizo, celebre dans I'Euiope orientale par ses emplois et par ses ecrits, est beaiicoup moins connu en France; cependant il se recommande i notre altention par le triple interet de ses talens, de ses titres litteraires ct de sa destince. Attache en qualite de grand-postelnik ou premier ministre a I'hospodar Jean Caradza, il dut chercher, avec la cour de Valacjiie, son salut dans un exil volontaire, lorscpie les troupes d'Ypsilanti, son proche parent, jeterent le desordre dans cette province. Occupe du sort de sa femme et de ses onze enfans, il s'est vu arrcte juscju'a ce jour loin de la seule patrie que son coeur puisse adopter. A Geneve, oti il arriva au mois de juin 1826, il fut sollicile de donner un cours de langue grecqiie moderne. « Il prit la plume (dit son editeur dans une pieface dont I'ele- gauce n'est pas sans analogic avec le style du livre meme) pour tracer Y Introduction , cpii devait occupcr une ou deux seances; niais eniporte par I'altrait du sujet, il prolongea in- sensibleraent cette introduction jusqu'a la fin du cours. » Ce travail, nous apprend encore M. Humbert, a ete « re- dige tout d'une haleine , sans le secours d'aucun livre, d'aucune note, d'aurtin nianuscrit; travail plein d'erudition, et qui donne a juger de quoi I'auteur etait capable, s'il I'eut compose dans sa patrie, an milieu de sa bibliotheque, et a tete reposf-e; travail qui offrc des vues iiouvelles, plus d'idees (i) Gentvc, I Say; Abr. Cherbiilie?.. In-8" de xxiv et 174 pages, LIITKRATURE. 633 que do mots. « La justcsse do oe jui^emcnt lessortira de I'yiia- lyse que nous allous faiie dii livre de M. Rizo. Dans les vingt premieres pages , cet ecrivain trace une es- quisse rapide de I'histoire de la littcratiire grcc(jue anciennc, depuis son oiigine jusqu'ii sa complete decadence. Nous avons quelquefois entendu des litterateurs grecs apprecier ces an- tiques titres de noblesse de lenr nation, en quelque sorte a travers le savoir qu'ils etaient venus chercher dans nos uni- versites occideulales, et nous donuer ainsi la contre-epreuve de nos opinions de college ou de cabinet. Ici, nous voyons, au conlraire, la Grece ancienne appreciee dans sa gloire la plus eclatante et la plus durable par I'espiit, les moeurs, les habi- tudes et I'amour de la Grece moderne. On sent que le crilique a respire I'air que respiraient Homere, Tyrtee, Thucydide, De- mosthenes , et que les sons de leur langue sc sont associes aux premieres emotions dont son ame a conserve le souvenir. II replace sur le so] natal cette litlerature si antique et si bril- laute de jeunesse, mais qui perd dans nos ecoles de I'eclat de sa fraichenr, lout comme , dans nos musees, les statues d'Apol- lon, de Venus, de Diane, que la conqucle ou Tory empri- sonne, perdent quelques rayons de leur divinite. Contemplant d'un point de vueeleve cette litterature primitive, si purement nationale, et nous conduisant de sommite en sommite, il re- pand sur son siijet beaucoup de science, beaucoup d'idees, et nous retrace, dans I'histoire de ces revolutions lifteraires, I'histoire mora'e des peuples memes qui habilerent I'ancienne Grece. Je citerai le passage suivant a I'appui de cet eloge : « La guerre du Peloponnese, suscilee par I'ambition et par le me- pris du juste et de I'honnete, produisit des effcts funestes a la Grece. Quand celui qui est a la tete du gouverncment veut se servir de scs coucitoyens comme organes de ses passions, il tache prealablement de les corrompre, pour les trouver en- suite dociles a I'execution de ses projets. Pericles et Alcibiade furent les corrupteurs des Atheniens : le premier intrigua et pffectua ia guerre du Peloponnese; le second fut le moleur de I'expedition rotiltc la Sicile. Les guerres lujustcs sont I'apa- 634 MTTERATURE. na^u des nations avilics. Les Athcnicns, on sc degradatit , ap- plaiulissaient aux railleries d'Aiistophane contre Socrate et contre les citoyens amis de la liberte. Lepeiiple alhonien, de- venu frivole, abandonne sans reserve anx faux plaisirs et h. la licence, commencaita perdre I'idee du beau, et meprisait une morale clocpicnte pour ccouter avcc plaisir la puerilite des sophistes et les froides antitheses d'un Gorgias et de ses eco- liers. » (P. 12 et i3.) De meme encore, en jugeant les productions de I'eloquence ou de la poesie, M. Rizo les considere principalement sous le rapport de leur influence morale sur la nation. Quant a leur merite litteraire, il possede Tart d'en donner I'idee la plus juste et la plus complete par un mot lieureux, par une image ou respirent la force, la fraicheur ct la grace de I'esprit et de I'imagination des auciens Grecs. II faut encore ici, dans I'interet du sujet et du lecteur, laisser parler I'auteur lui-merae. « Homere, dit-il, profitant des ma- teriaux de ces petits autels eriges aux Muses par ses predeces- seurs , batit ce temple prodigioux que le tems a toujours res- pecte. Le tems, deslructeur inipitoyable, n'ose entamer Vlliade; mais, cachant sa faux devantellc , il s'incline avec admiration et passe. « Les grands genies sont a Icurs siecles ce que les jalons sont dans les routes inconnues aux voyageurs egares : ils abregent le chemin a I'esprit de I'liomme, et rendent plus rapides les progres de la civilisation. « Les deux poemes epiques d'Homere furent I'ecole d'ou sortirent les legislateurs , les historiens, les geographes. C'est dans ces ouvrages immortels que les Grecs apprirent a appre- cier la vertu, I'amour de la patrie, le mepris d'une vie igno- minieuse, la noble passion pour la gloire. Ces poemes, recites par coeur dans les fetes religieuses, dans les reunions de tout Age et de tout sexe, operaient plus d'effet sur les esprits que no font les llvres d'aujourd'hui, lus dans le silence du cabinet, ovi le lecteur isole devient souvent aussi froid que \e. tombeau de I'auteur qu'il medite. « (P. 6 et 7). LITTERATURK. 6i5 C'cst avec celtc elevation dans Ics idees, cet oclat d'imajji- nation tt poiutant cette expression de renUainement, que Tauteur parcourt toutes les phases de I'aneienne litterature grecque. En exposant les services rendiis a la langue par les devan- ciers d'Hoinere, M. Rizo prele I'appui d'line idee interessante et d'un sentiment patriotique a unc opinion adoptee par les vicux grammairiens, niais que nous rroyons avoir ete a jamais renversee par les hellenisles savans et philosoplies qn'a pro- duits I'Alleniagne moderne. « Yrais citoyens de laGrece, ditil, ils la celebraient dans leurs chants, ils en confondaicnt les diu- lectes, ct inspiraient par la aux peuples divises I'idee d'une patrie unique et commune. » (P. 6). En depit de ce qu'une telle supposition a de seduisant, cette confusion premeditee d'idiomes distincts , aussi constante qu'elle semblerait se presenter dans les poemes d'Homere , me parait incon- ciliable avec les lois de I'esprit humain , avec ce moi du genie, dont I'unite de langage est 1' expression neces- saire. Combien est plus naturelle I'hypothese d'une langue grecque primitive, dont les elemens se sont trouves dans un etat de fermentation a une epoque anterieure a la fixation de- finitive des dialectesj je con9ois plus facilement la langue d'Homere eomme un idiome homogene, I'ancien ionien, que comme im amalgame bizarre. Cette hypothese a pour elle non- seulement I'autorite des hellenistes les plus profonds, tels que Bouttmahn (i), Matthice (a), 6'c/;«?// (3) ; mais encore I'analogie. Les deux principaux dialectes de la langue romane, telle (i) Griecltisclie Grammatik. § i, no 4. (2) Ausfuhrliche griechisclie Grammatik; 2' aufl. iSaS. 1' tb., s. 7. (3) Histoire de la litterature grecque profane; 1^ edit., t. I, p. 72. Quoique le savant et ingenieux professeur Thiersch n'admette pas I'identite parfaite de i'ancien ionien et do dialecte homerique , ii est ioin de considerer celui-ci comme un amalgame d'elemens hei^ro- genes. Voyez Thiersch, grieclusche gram., vorzuglich ties Iwmerischen dialects. 2'^ aufl., § 6, n° i. 656 L1TTERA.TURE. qnVlIc ftit pnrlec an iiord ct au iiiidi do la Luire, nous offront, a IV|)()qiic do lour fernienlation , dans ks chants dos poetes, nne fusion d'olomcns dont quelqucs-nns se roiifermercnl plus tard dans dos dialectes particuliers. Pour no parlor quo do la languc il'Oil, I'aieule de la notre , on tronve, dans les ecrits des monies trouveres , des locutions picardes, norniandes, parisiennos, quelques-unes nionic qui sont ooinptocs aiijour- d'hui parnii icsproviucialisnies dela Suisso fran^aiso. Qui ose- rait dire quo cetto confusion a oto pronioditoo par un largo patriotisme? Puisque mo voila dosceudu dans i'areno do la critique, j'a- jouterai deux observations, partie ingrate de ma tacho. .I'aurais dosiro qu'en parlant de I'origine de la prose et des plus ancions jirosatours grocs (p. lo), le nom du plus ancien de tous, de Phorocyde do Samos, uiaitre do Pythagore, n'eut pas ete omis. — Arrive a I'epoque de la domination romaine, M. Rizo apprecie avec severite, mais aussi avec justice, le uierite purement litteraire des prosateurs de cette epoque. Le dirai-je? en dedaignant de rendre ploine justice, sous le rap- l)ort du fond ot des choses, a des ccrivains tels que Polybe, Strabon , Pintarqne et Pausanias , M. Rizo me semble trop imbu del'ancien esprit de la Grece; comnie citoyen du xix^ siecle, son gout a peut-etre ici trop d'analogie avec le gout parfaite- ment pur, mais un peu frivole, des Afheniens, aux epoqucs brillantes de leur gioire litteraire. Quel historien, meme parmi les plus celebres pour le merite du style, ne doit pas se trouver honore d'etre place sur la meme ligne que Polybe, Pausanias ct Strabon, pour I'exactitude historique, la conscience dans les recherches , los sacrifices do toule cspece qu'ils ont faits dans I'interet du vrai? Les charmes brillans de la narration ct de la peinture historique meritent sans doute la gioire qu'ils obtiennent; mais n'oublions pas que, dans le temple de I'his- toire, nos premiers hommages sont dus a la vcrite. Ce sont tonjours los epoques de servitude et de degradation morale cpii amenent la decadence des litteratures; quand I'anjc courbee sous un joug |)erd son ossor, Ic gout se corronipl, la LITTERA.TLTRE. 63? Inngne s'altere, le talent peril ses ailes, le genie meme, assez fori pour resister a son siecle, se voit arracher le sceptre qu'il esperait ne pas deposer. Tel fut le sort de la Gr^ce et de sa litterature; enchainee par la puissance macedonienne, avilie par les Romains, rampante sous les enipereurs, depouillee de son caractere national, elle vit se teruir de plus en plus I'eclat de sa gloire litteraire et sa langue meme se corrompre sous une influence etrangere et sous I'influeuce de la servilite. An sein de cctte decadence s'eleva une opposition eloquente qui placa le talent et le gout sous I'egide de la morale de I'Evan- gile. Les peres ourrait toute etre comprise dans la vie de Couay. « Du sein de la France, cet homme dont le savoir et les travaux litteraires ne furent que les auxiliaires de son patriolisme, contribua plus que personne a ranimer le sentiment national , a rallumer dans la Grece moderne I'amour de la patrie et de la liberie au flam- beau du genie de la Grece antique. Regenerateur de la langue, LITTERATURE. 641 modelo cic style et tie bon gout, il siit, dans dcs ecrits origi- naus, s'clever au-dessiis des qiiestions purement littcraires et fairc de la litterature iin nioyen dc civilisation , une arme de la liberie. Plusieurs de ses eleves les plus distingues dissemi- nerent en Grece, pai leiirs discours et leurs enseignemens, les principos gonereux qii'ils avaicnt puises dans les entretiens de ce vicillard; qnelques-uns nn'mc ont prouve, par une moit heroique, la saintete de Tentliousiasmc qu'il leiir avait com- nuiniqiu'. II y aurait de I'ingiatitude it ne pas nommer, meine dans une esquisse rapide, a cote de ce Nestor du patriotisme hellenique, rillustrc bienfaiteur dcs Grecs qui prefera si noblenient Tamoiir de sa nation aux faveurs de I'un des plus puissans monarqucs : le lectcur Uii-nicme a deja nomme le comte Capo-u'Istrias. Le simple tableau dii mouvement iniprime a la nation grecque par les divers ressorts dont nous n'avons donne qu'une faible idee, est une eloqucnte reponse a ces Tnrcs de lEurope chrt- tienne qui, exagerant I'avilissement des Hellenes, refusent de lesseconrir, par le motif miMue qui reclame le plus puissarhment nos secours. n Dans les annecs qui out precede notre affranchissemont , dit Taiiteur, les progres de la nation etaicnt si rapides , I'esprit public avait pris un tei essor, que I'obscrvateur qui aurait examine la Grece une annee , I'cut a peine rcconnue I'annee suivante , et que cenx des Grecs qui reslaient stationnaires paraissaient h Icurs concitoyens comme autant d'Epimenides plonges dans un profond sommeil. Le clcrge, premier etfidele dcpositairo de la langne, contril)uait bcancoup ;i I'expansion des Inmieres et a ce mouvement des espriis. Les eveques et les archeveques , excites par la force des clioses , et obeissant a ['impulsion donnec par le trone patriarcal , travaillaient effi- cacement a la propagation des connaissances en Grece. Par- tout les moeurs s'adoucissaient et prenaient une tournure euro- peenne ; le caractere national , degrade par un long esclavage , se rclevait avec ficrte; les jtMuies gens sentaient la necessite de I'instruclion, et la'rcchercliaient aveczele ; deja reparaissaicnt T. XXXV. — Srptembic 1827. l^l 6/,a LITTfiRATURE. les sciences et Ics arts; la languo s'epurait de jour en jour, grAcc a la inultiplicito des tcoles et a la circiilalion des joiir- naiix ; la nation grccqnc marcliait a grands pas vers sa rcs- tauration. « (Page i23.) Comment, apres nous avoir montre dans tout son ouvrage la litterature de la Grece inlimement unie a la cause du saint et de la resurrection de cc pays, I'auteur a-t-il pu ne voir dans les lettres que le luxe de la vie et I'orncnicnt da In societe? (Page 124.) Quel luxe que ces archives des grandes pcnsees et des nobles sentimens, que ces titres d'une noblesse morale qui ravivent dans le coeur des fils les vertus de lenrs peres! Quel ornement que ces inspirations sublimes, ces fortes meditations, ces tra- vaux oil ces elans de la pcnsee qui, dans I'Europe orientale , relevent du milieu de ses ruines vme nation que Ton crojMit a jamais ecrasee , et finiront par repousser de iiotre Occident cette invasion organisee de barbaies d'une nonvelle espcce ! Ne dites pas que les lettres sont le luxe de la vie et rornemcnt de la societe , lorsque tons les faits que vous rapportez procla- ment qu'cUes sauvent la societe et la vivifient. Sans sortir du livre qui nous occupe , que d'liommes ne voyons-nous pas sur la scene de la revolution grecque porter dans la vie civile on dans les combats un patriotisme auqucl ils ont ete inities dans le temple des muses ! Rien n'est nioins rare dans I'liistoire de la lillerature grecque modernc que I'ailiance des lettres et d'un devoument constant et courageux (i). Cette union est constatee par la nature mcme des productions les plus importantes de la Grece qui se regenere. Nous ne suivrons point M. Rizo dans \' Appcndlce ou il fait la revue critique de ces productions : niais , en finissant, nous dlrons , et toute amo genereuse dira comme lui : « Je le sou- haite «!t j'ose I'esperer : le pere commun des peuplcs jettera enfin snr la Grece un regard de compassion , et son bras puis- sant relevera d'une sanglante poussiere cette nation quiprodigue ([) Voycz, entre aulres , p. 3(), 52, 53,54, '>7) f"'; '^'"'j ''' LITTERATURE. 643 sa vie pour conqiu;rir des droits imprescriptibles et sacres, des droits que la nature attribuc a tous Ics liommes. Alors, on vcrra de nouvcau fleurir la civilisation et les arts qui Taccom- pagncnt ; alors, le voyageur ira cherchcr dans la Grece autre chose que de vieux monumens et des mines antiques ; il sa- luera la Grece vivante et regeneree, la Grece habitee par des hommes dignes d'elle , dignes do lenrs a'icux. » (Page 12/, et 125.) C. MONNARD. Poesies et traductions en vers de Firmin Didot (i). Ce recuei! , aussi remarquable que varie , renfernie deux tragedies , Annihal , et la Reine dc Portugal ; des poesies ftigi- tii'es ; la traduction en vers dc la premiere et dc la troisicme idyllcs de Bion ; de la premiere et de la huitiemc idylles de Mos- chus ; des bacoliques de Firgilc , avec le texte en regard ; des seize premieres idyllcs de Theocrite ; des trois Chants qui nous restent de Tyrtee , et A'un Chant de Callinus. Le second volume est termine [)ar des Obser\'ations litteraircs et typographiques s/cr Robert et Henry Estiennc. La tragedie A'Jnnibal at traitcc dans le gout le plus severe. Abreuve aux soui'ccs classiqucs , nourri des inspirations , a la fois si hautes et si pures, des grands maitres de I'antiquite , I'auteur n'avait garde d'imiter ceux qui , portant avaut lui sur notre scene cette grande figui'e historique , s'etaient permis dc I'ecourter et de la masquer si bien qu'il lui restait juste la taille , et , pour I'achcver de peindre, le costume de nos amoureux de theatre. ]>!. Didot n'a pas cru devoir mutilcr son Annibal sur ce risible lit dc Procuste. Chez lui , le vieux ge- neral borgne ne s'amourache point, comme dans Marivaux, dc la fille de Prusias ; au grand dc'plaisir de Flaminius , qui se sent, de son cote , tendressc de cceur pour la princcsse : chez (r) Paris, 1822 ct 1826; Firmia Didot, pere et fils, rue Jacob, n" 24. 2 vol. in-t2 de '^97 et 227 pages; prix, 7 fr. 41. 6/, 4 LITTfiRATURE lui non plus, Annihiil n'a point, conimo Jans Thomas Coi- neille , tic jolie lillc a niaricr dont le vicnx nionaiqno de Bi- ihynie, el son jcunc (ils IVicomedc, et puis encoio un Attale , roi dc Pergame , ou soi-disant tel , adoient a I'envi les beaux ycux , et se disputent la main. II s'agit d'autre chose que d'un manage dans une tragedic dont le heros , dcs qu'il se voit seul , s'annonce par cc trait , au sortir d'un trioniphc : Que nie font ces hoiinenrs, ces vocnx , ces sacrifices? Cost Rome que je hais. Et il y a d'autres interets sur la scene qu'une rivalito d'amou- rettes, quand le Cartliaginoi.i , sc montrant jusqu'au bout tel que nous I'ont fait voir ces premieres paroles, s'ecrie , en po- sant la coupf oii il a bu le poison : Rome! Annil)al mourant le livie enfin la fcrre. .T'ai du citcr cc beau vers : il renfornie tout le siijct; car toute la tragedic u'est qu'un dernier effort du heros povu- disputer I'univers a la fortune romaine , qui naguere avaitchancele sous ses coups. On pcut croirc que le poete , plein commc il Test de I'antiquite , a su rattacher au developpement de ce carac- tere heroique , I'un des plus cminens sans aucun doute , et le plus ctonnantpeut-eire qu'oflrcnt los annates du monde, toutes les passions , tons Ics projcts , tous les succes , tons Ics desastres qui avaient deja rcmpli sa gigantesque carrierc ; rapprochcr scs premiers scrmens dcs riovissiiiia verba , du dernier vceu dc sa hainc; et surtout faire briller dans le fond peu recule du tableau , ou pour mieux dire trouver I'art dans chaque acte , dans chaque scene, de rendre presente h. I'imagination du spec- tateur, comme elle devaitl'etre sans cesse a la pensee des per- sonnages , cette secnndc guerre punique dont Montcsquien dit si bien : " Quand on examine la fonle d'obstacics qui se pre- senterent devant Annibal, et que cet homme extraordinaire sur- nionta tous, on a le plus beau spectacle que nous ait fourni I'an- tiquite (i)." C'est ce spectacle dont I'auteur retrace partout les (i) Grandeur des Romains, ch. iv. LITTER ATURE. 6^5 nieiveilles ; il , si Ton vcut jugcr de quel ton , si Top. veul con- naitre a quel point 11 posscde lo talent de les peindre, et les fait revivre en les peignant , il suffit de lire ce premier mono- logue de son heros , a commencer par rhemistichc auquel nous nous etions arretes : C'est Rome que je hais. Oui, quand de toutes parts, Du haut de I'Aventin prolougeant nies regards, J'aurai vu les Roniains, apres un long carnage, Ne fuir que pour trouver la mort ou I'esclavage ; D'un sacrifice alors donnant I'heureux sigual , Rome en cendres, voiia I'offrande d'Anuibal ! Inseiise, que dis-tu? voeu tardif el frivole, II te faliait marcher de Canne au Capitole, Quand, sur le Vergellus, tu vis tes Africains Se faire un pont nouveau de cadavres remains , Ecrasant tout, consuls, legions et cohortes. Tes mains de Rome alors pouvaient briser les portes ; Alors tu commandais d'invincibles guerriers. Je ne t'enverrai plus de superbes courriers, Carthage ! Elle a peri notre fortune antique : Mon frere n'ira plus sur ta place pubiique , Prfes d'un scnat jaloux, trois fois, k pleins boisseaux , Des chevaliers romains repandre les aimeaux. Dieux.'... Mais un roi m'accueille, et son Ills me rcvfere : Esperons tsut. Et toi , Rome , qui sur la terre Faisant de toutes parts peser ton joug fatal , Dans un coin de I'Asie oubliais Annibal , Tremble de me revoir. Puisse-je en Italic User a t'asservir les restes de ma vie ! Puisse enfin , de tes fils effroi toujours nouveau , Sur le roc tarpeien s'clever mon tombeau ! J'ose croire qu'il y a dans ce morceaii plus d'un trait dont Corneille lui-meme n'eut pas desavoue I'energie. Rome qui , dans un coin de I'Asie, oubliait Annibal , est d'une grandeur simple et antique. Les vers , si hien rcmplis , oii I'auteur a sii peindre avec tant de convenance , et a la manicre de Boileau, les anncaux d'or des chevaliers romains , marque distinctive de leur ordre , repandus trois fois it pleins boisseaux sur la place 6t^6 LITTKRATLJRE. publiqiio cic Carthat,'c , nic paraisscnt iiii inutlcle do difliciiltt- d'exprcssion tres-habilcmcnt vainciie. Quant a Tcnsenible de la piece, d'abord ecritc , imprimee en cinq actes, et que M. Didot a cu Ic bon esprit de rediiire en trois , suivant rhemcux con- seil de Cham fort, d'cnric/u'r un outrage par scs partes , jc ne crois pouvoir en donncr d'idee plus juste qu'en disant : C'est sur la scene, et avcc les formes de la composition dramalique, una pcinture historique qu'on ne saurait mieux comparer pour la noble simplicite de rordonnance , la verite du costume et la severite du style , qu'aux savans tableaux d'histoirc de I'ecole de David. La Picinc de Portugal est une piece tout-a-fait differente. On connait Vl/ies de La Motte. C'est ici le meme evenement , et ce n'est pas le meme sujet. M. Didot , qui , pour donner , il y a quelques annees, une edition de Camoens digne de ce grand poete , eommcnca par en apprendre la langue (exemple qu'on ne saurait trop proposer a I'emulation des typographes jaloux de s'ilhistrcr et d'enrichir Icur art) , avait des lors remarque dans le celebre episode des Lusiadcs , ces vers , en effet , si re- niarquables : Miscra e tnes(iuinlia Que despois de ser morla, foi raialia ; c'est-a-dire , infortunee quifiit reine apres sa mort. Ces paroles lui ont montre toute la partie du sujet que La Motte n'avait point apercue, ou qu'il avait negligee. C'etait, sinon la plus toucliante , la plus originale du moins , et surtout la plus poe- lique. Il est vrai qu'elle presentait de grandcs diflicultes a etre offerte sur notre scene. Mais de ces difficultes fecondes pour un talent qui , ne redoutant pas le travail , y puise sans cessc de nouvelles forces , sont sorties les plus belles scenes de la Reine de Portugal , et an denoument, un spectacle aussi neuf que dechirant et terrible. Representee avec succes en iSaS, la piece a ete analysee dans la Revue Encyclopediquc . Je ne me permettrai de revenir ni sur ses beautes , ni sur ses defauts, deja coimus du lecteur. Mais j'invite ceux qui voudront se con- LITTERATURE. 647 vaincre de la varietc que rauteur a su niettre dans son stylo, coninic dans la manieie de disposer et de trailer deux sujets si divers, a rapprocher du monologue deja cite d^Aniuhal , le couplet d'/rtei- que je vais transcrire. Autant il y a dans lo premier de noblesse et d'energie, autant , si je ne me trompe, on trouvcra dans le second de douceur, et, pour tout dire, cer- tain charme attendrissant , que la force de la situation rend eloquent et dramatique. L'hymen secret de don Pedre et d'Ines vient d'etre revele par don Pedre lui-mcme, en presence d'Alphonse , son pere et son roi , do Blanche , epouse d'Al- phonse , de Constance, fillc de Blanche et rivale d'Ines, de tons les grands de la cour et des Etats du royaume. Unc loi , des long-tems portee , condamne a perir sur I'echafaud celle qui a pu s'unir sans le consentcment du roi a I'heritier de la cou- ronne. Le roi s'eloignc en prevenant le peuple chines doit subir la peine de son crime. Ines reste seule avec Constance , sa rivale, et Blanche, son einiemle, qui lui demande avec hauteur : Comment l' Infant I'aima, surfout par quelle trame, Piir quel art criminel on seduisit son dme. Voici la reponse d'Ines : L'opouse de I'lnfaiit, sans cralntc, sans cictuurs, De don Pedre et d'Ines vous dira les amours. Sous les yeux de nia mere , et depuis seize annees , Mes jours coulaienl heureus aux rives fortunees Ou , lorsque de Coimbre il a baigne les murs , Le Mondego plus lent roule ses Acts si purs. La, rinfant, loin des cours, dans le vallon tranquUle, Cherchait la douce pais dont les champs sont I'asjle. II me voit, il rougit , le trouble est dans son coeur ; Ses regards, d'abord Cers, se voilent de laugueur; II veut parler ; soudain , reconnaissant ma mere , Son ceil respectueux se fixe sur la lerre. II nous revolt bientot; I'attrait d'un beau sejour, Nos moBurs, tout plait au pnince ; il m'offiit son amour : Moi , craignant d'offenser le roi que je revfere, Je nVcoutai I'lnfant qu'avee un front severe. fj/,8 LlTTf.RATI'RE. II ni'adressait deja les plus tristes adieux ; Le desespoir, la mort , se peigneat dans ses yeui , Et le prince, couvert d'uue pdleiir soudainc, Sur ses genoux tremblans iie se soutient qu'a peine ; Una fievre brulante egare sa raison : Faible, i! no put francliir le ssuil de la maUoii ; Elle fut son asyle. Et moi , la uult entiere , Triste, aupr^s de son lit, je veille avec ma mfere; Mais, quand dcja le peuple et le roi consterne Pleuraient un prince aimable en sa fleur moissoune, Rouvrant les yeux, du ciel il soutint la lunii^re. Quelques pleurs, je I'avoue, humcctuient ma paupiere. Lui, faible encore, un jour sur nion bras s'appuyant, II m'iniplora d'un tfiil si doux, si suppliant!... Ce regard m'atteiidrit. Vcila par quelle trame, Par quel art crimincl je scduisis son dme. Force de menager I'espacc , je m'arrcterai beaucoup moiiisr sur la traduction des BucoUques , des long-tems appreciee par tous les hommes de gout, et qui valut a I'autcur une mention tres-lionorablc dans le Rapport sur les Prix Decennaux. Elle reparait ici singulierement amelioree. Cette iidelite savante qui la distinguait des I'origine est devcniic en beaucoup d'endroits une fidelite tres-poetique , non plus seuleinent aux idees , mais aux images , aux tours , aux mouvemens , a I'liarmonie , ou , pour tout dire en un mot , an divin genie de Virgilc. Cependant M. Didot , chez qui de nouveaux progres vers la perfection annoncent toujours de nouveaux efforts pour y atteindrc, sen- tira mieux que personne les passages ou , aperccvant encore de la gene , le Bonhomme aurait pu lui dire : Remettez, pour le mieux , ces beaux vers a la fonte. En revanche , aucim lecteur, pour pcu qu'il se soil I'cndu compte des exigences et des dedains de notre langue poe- tiquc , ne pourra s'empeclier de reconnaitre le rare , I'eton- nant merite d'inie foule de morceaux dans Icsquels cette lan- gue si fiere a paru cependant se prcter sans effort , mcme sans repugnance , aux details plus que rustiques oil se complait trop peut-etre la muse pastorale des anciens. LITTfiRATURE. 649 Cette rcniarquo s'appliqiie surtout aux Idjlles de Theocrite. La iraduction dcs Foyagcurs est en ce genre un tour de force : le texte abonde en traits degoutans ; et le tradiictcur a tout rendu sans se permettre une seule expression grossiere. J'in- dique seiilement cette idylle ; c'cst la cinquieme. II m'eut etc agreable d'analvser la seconde que Virgile lui-meme a imitee sans I'egaler, et dent Racine disait au rapport de Longepierrc : Jc n'ai rien vii de plus vlf ni de plus beau dans toute fanti- quitc'. Millevoye aussi I'a traduitc , et les lectcurs qui vou- drnient comparer sa Magicicnne acelle de M. Didot , la trouve- ront sous le titre de Simetke , dans le premier volume de scs ceuvres , page 257. Comme rien n'est plus propre a eclairer et a epurer le gout que ces sortes de rapprochemens , je me hate d'indiquer encore la premiere ode d'Anacreon dans notre poete , et la mcme piece dans Le Rrun. C'est la dixieme de son premier livre. Le nombre et la mesure des vers sont les memes chez M. Didot que dans le grec ; ct cependant rien n'y sent la contrainte : je dois meme ajouter que sa version me parait plus fidele , plus simple , et tout aussi elegante que celle du grand lyrique qui I'avait, je crois , devance. La traduction de Tyrtee doit nous occuper un moment. 11 n'y a jioint de poete grec dont le nom soit plus connu, ni les vers plus ignores, meme de nos gens de lettres. Nous avons de cette ignorance un exemple a faire peur. Celui de nos grands poetes qui a eu le plus de litteratui'e est assurement Voltaire; il lisait et retenait tout. Eh bien Voltaire, en sa vieillesse, etdans I'un des meilleurs morceaux de critique qui soient sortis de sa plume , s'exprime mot pour mot ainsi : « II est etonnant que les Grecs, se faisant tant honneur des poemes epiques qui avaient immortalise les combats de leurs ancetrcs, ne trouvassent personne qui chantat les journees de Marathon, des Thermopyles , de Platee , de Salamine. Les heros de ce tems-la valaient bien Agamemnon, Achille et les Ajax. Tyr- tee, capitaine , poete et musicien, tel que nous avons vu de nos jours le roi de Prusse , fit la guerre et la chanta. II anima les Spartiates centre les Mcsseniens par ses vers, et remporta la victoire. Mais ses ouvrages sont perdus. On nc dit point C5o LITTERATURE. qu'il ait paru do poume opiqiie dans le siecle de Pericles ; les jjrands talcns sc tournorcnt vers la tragedie , etc. « Ce peu de lignes cxigcrait une multitude d'observations : mais, pour no s'arreter qu'aiix choses criantes , comment Vol- taire parait-il ignorer qu'il cxiste trois cJiants enticrs de Tyr- tee ? Comment sc borne- t-il ii dire : Scs oavrages sont peidas ; et cola dans un article Epopee , ou tout concourt a faire croire que le vainqueur dcs Messeniens passait a scs yeux pour un poete epique ? J'ignore si M. Firmin Didot s'cst rappcle ce singuliir pas- sage en ecrivant sa Notice si/r Tyrtee , mais 11 anrait pu y trouver plus d'uu motif de Tccrirc. On doit lui tcnir compte de I'adresse avec laquelle il a su fondre dans Ic rccit de la vie malheiu'cuscmcnt fort peu connuc du heros tous les fragmcns de ses poesies epars dans Strabon , Plutarque , Pausanias , Dion, Chrysostome et Galien. En les traduisant en vers , de meme que les trois chants qui nous out etc conserves par I'ora- teur Lycurgue et par Stobee, il vicnt d'enrichir uotre languc de tout ce qui reste d'un auteur que Platon appelic dU'in , et dontLeonidas disait , comme M. Didot le rappclle lui-meme : « Il est merveilleux pour tourner a son gre les ames des jeunes liommes ; scs poemcs les reniplisscnt d'un tcl enthousiasme que dans les combats ils meprisent la vie. « Voici quelques traits de ccs poiinies que chantercnt les Trois Cents quand la trompette des Thermopyles fut sur le point de sonncr. Je me plais a les citer ; d'abord, parce que le tra- ducteur n'ayant rien de plus fortcmcnt ecrit que cette traduc- tion de Tyrtee , en mettre quelque chose sous les yeux du lectcur est justice; et, en second lieu , parce qn'aucune des ancienncs poesies grecques ne s'adapte si merveilleusement a la situation, aux besoins de cette Greco renaissantc qu'on aiu'ait vue, de nos jours, ressaisir I'une apres Taulre toutes ses antiques, gloires, si qua fata sinissent. Puissent du moiiis scs defenseurs, ne coraptant que sur eux-mcmes , se dire encore, apres Leo- flidas : Non, peuple de guerriers, race du grand Alciclc, Les dieux u'onl point de vous detournc leurs regards : LITTEIIATURE. 65 1 Quels que soient rennemi , le nombre , les hasards, Dc ton sort aujourd'hui que le glaive decide. Arme-Voi , de la vie abjure un lacbe amour; Et que les noirs sentieis de la parque bomicide Soient aussi beaux pour toi que les rayons du jour. Si Mars a des rigueurs, quelle gloire il dispense , Guerriers ! mais assurons le succes des combats ; Poursuivaas, poursuivis, ne le savez-vous pas? Le Mche isolement tombe, vaincu d'avance ; Mais fiers , unis , serres , les guerriers gen^reux Meurent en petit nombre , et leur male Constance Sauve encor les soldats qui marchent apres eux. CoTOment diie laffi'Dut, les remords , la misere Qui sont du vil guerrier le cortege odieux? 11 fuit, pdle de crainte ; et, frappe par derriere, Vivant, se sent percer d'un fer injurieux ; Mort , son dos plein de sang etaie a tons les yeux Un cadavre avili qui souille la poussi^re : Hideux niortel , I'borreur de la terre et des cieux .'... Second chuul. 11 est beau qu'un guerrier, a son poste immobile, Meure pour sa patrie, et nieure aux premiers rangs ; Mais fuir et ses foyers , et sa ville, et ses cliamps , Mais niendier au loiu une pitie sterile, Mais avec une epouse, une mere dcbile. Trainer et son vieux pere et ses jeunes enfans , Amis, de tous les maux, ces maux sont les plus grands ! Coml)atlons , mes amis ! mourons avec courage , Mourons pour nos enfans et pour notre |)ays ! Vous, guerriers, vous encore a la fleur de voire Age, Ferez-vous de la fuite un vil apprentissage ? Aliens , pressez vos rangs , marcbons aux ennemis ! Que chacuu songe a vaincre, et, hdtant leur ruiiie. Seme un cceur male et fier balire dans sa poilrine Premier chant. Jc regiotte do lie pouvoir plus accordcr que quolqiics lignes an\ Observations sur Robert ct Henry Estienne. Cet excellenj 65a LITTF'RATURE. uiorceau dc biographie et de critique , qui n'a pas moiiis de quarante pages , et donne plus quo son titre ne proinet , est rempli de choses curieuses en plus d'un genre , utiles en plus d'unsens. II est d'ailleurs rcdige avec melhode et convcnance, ccrit avec gout et correction. C'cst pour ccla meme que ne devant rien passer, je relovcrai une fautc (jui se trouvc aujour- d'liui partout. « On sait, ccrit Ic biographe , qu'un Italien, ne a Rome, lorsqu'il arrive a Naples , est de suite reconnu , etc. » (Tome II , p. 214.) C'est confondreVe suite , adverbe d'ordrc , et qui vcut dire : iVune maniere suivie , avec tout de suite , ad- verbe de terns, qui repond a aussitot , sur-le-champ , etc. Plus la meprise devient commune , plus un ccrivain aussi correct , aussi soigne que M. Didot , doit se garder de I'autoriscr par son excniplc. II est interesse plus qu'un autre a la puretc de la langue que scs ouvrages peuvent concourir a preserver. Depuis long-tems place au premier rang des typographes menie de son nom et de sa famille , il a su meriter d'autres succes ; et son recucil de poesies lui assure, si je ne me trompe, une place distinguee dans le tres-petit nombre d'ecrivains restes cons- tamment fideles a cette ecole du bon sens et du bon gout, qui a donuc a la France deux siecles consecutifs de triomphcs dans les ktlres, gloirc d'autant plus eclatante qu'elle n'a etc jusqu'a ce jour le partage d'aucune autre nation. M. J. J. \ If. BULLETIN BlBLTOCxRAPIIIQUi:. LIVRES ET RANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. I yo. — /in Essay on the art of boring the earth , etc. — Essai sur I'art de perccr la tenc pour obtenir ile I'cau qui s'ecoiile sponlanemeut , avec des rechcrches pour arriver a une nou- vclle theorie de la distribution dcs eaux dans I'iuterieur de la tprriv New-Brunswick, 1826; imprimeriede Terhun et Lesion. In- 8" de /JS p. Lart dc construire des puits artesicns , decouvert en Ame- riqiie,sans doutc parhasard,commeil le fut aulrefois cnEurope, dcvrait etre plus repandu qu'il ne Test, car il fournirait iin nioycn d'econon)iedans laconsfruclion des puils, et perniettrait d'obtenir avec moins de travail uue eau de meilleure qualite. Il est done a regretter que rexccllent oxivrage de M. Garnier, ingeuienr des mines, sm* ces sortes de puits, n'ait pas cte connu plus tot cu Ameiiqne, traduit et mis a la porlce de tons ceux qui pourront en profit'i". Si les Americains nous avaieut consultes , ils auraicnt ete dispenses de toiites recherches ihuoriques et pratiques; et, au lieu d'un sinq^le essai, ils auraieut nn iraite complet. A'oici un exemple remarquable dc la grande ulilite des communications scientifupies el litteraires entre les peuples. Faute de ces communications, on s'eleve par une voie lente, penible et pen siire , a des arts qui sont pcr- feclionnes ailleurs, et que Ton pouvait importer immediate- ment, avec tons les progres qu'ils onl faits. On trouve dans I'ouvrage de M. Garnier les indications les plus precises sur les terrains ou les puits, dils artesiens , el qui sont de veritables fontaines de tres-bonne eau, penvent etreetablis, etsurlespro- (i; Noiis indiqiions par nn asterisque (*) , place a c6te du titrcdc chaqiie inivragc, eenx dcs livres ctrangers ou francais qni paraisscut digues d'une atten- tion particoliere , et nous en rendrons quelqucfois compte dans la section d a eoulribution les ecrits de Cahl- cleugh , de Nunez, de Miers , de Head; une critique un pen GRANDE-BRETAGNE. 657 severe pourrait y repiendre quelques erreiirs ; mais , tel qu'il est , cet ouvi age pent etre range parmi les bons livres. igS. — * Raiiiblcs in Madeira, etc. — Excursion a Madere et «'n Portugal, dans le commencement de 1816. Londi'es, 1827; Rivington. In-12 de '38o pages avec unc carte de I'lle; prix, 9 s. 6 d. L'lle de Madere fut decouvcrtc en i344> et rctrouvee en 1419, par les Portugais, qui y miicnt le feu; I'incendie, assure- t-on , dura sept ans et fertilisa le sol. L'ouvrage dont nous nvons donne le litre contient sur I'histoire, Ic cliniat, les ha- bitans , les produits de cette ile, des renseigncmens aussi complets qu'interessans. Ce n'est point le travail d'un penseur profond, mais celui d'un homtne qui ecrit avcc facilite et qui prefere a d'obscures abstractions le-i faits positifs que fournit I'etude de la stalislique. Suivant lui, la population de I'lle de Madere est d'environ 80,000 habitans ; I'air y est tempcre , pur et serein; le sol, arrose par plissieurs rivieres, produit en abondance le gibier, les oranges, les bananes, et surtout les vins, dont la recolte annuelle est d'environ 25 a 3o,ooo |)ipes, sur lesquelles i4 a i5,ooosont exportees a I'etranger. Fimchal est la capitale de I'lle, et l'ouvrage dont il s'agit con- tient un assez grand nonibre de pages deslinees a faire con- naitrc sa position, son commerce et les mosurs de ses habitans. Les renseigncmens sur le I'ortugai , qui fermincnt ce jjetit volume, ne presentent aucun fait nouveau digne d'etre cite: c'est la repetition de ce qu'on a deja lu dans vingt livres do voyages. F. D. 196. — * Christianity, or tlic evidences and characters of the christian religion, etc. — Le Christianisme, ou les preuves et les caractercs de la religion cliretienne , par le Picv. Poyntef. , eveque, vicaire apostolicpie du district de Londres. Londres, 1827. In-8°de 180 p. Cet ouvrage est divise en quatre parties. La premiere trailc des moyens de connaitre a fond la voriie des doctrines revelees du christianisme; la seconde , des moyens de connaitre les veritables doctrines et les preceptes du christianisme; la troi- sieme, de I'eiablissement et de la propagation de la religion cliretienne; et la quatrieme , de I'eglise, consideiee comnic depositaire et gardienne des doctrines chretiennes. L'auteur s'est propose de fortifier la foi de ceux (pii professcnt le cliris- tianisme et d'amenor les autres a en reronnaitre la veritc. Les deistes, qui ne veulent point eroire anx mysteres . peuvent-ils iiier que la nature est pieine de mysteres qu'ils ne sauraient ni T. XXXV. — Scptembrc 1827. 4 2 658 I.IVRES tTRANGKHS. expliquer, iii comprendrc? lis adiiieitcnt IVxistence Ac Dicu , qui ost tllo-momc iin mystoro iiiipeiu'ti;il)le. Tout est niyslere aulour (Ic nous. La vcj^'t-talioti , la vie ct ies divers phonomenes qui s'y raltachent, la mort enlin , sont autant tie niystercs que notro intelligence ne pout pi'-nelrcr. I.a raison humaine doit s'humilier et rendie hnnuiiage a cette divine Providence qni se revele partout dans ses ouvrages. — Cet ouvrage, ecrit avec methode, precision ct clailo, sera hi avec interet par Ies per- sonnesqui nimcnt a s'occupv^r desmatieies religi(!iises. L'auteur a consacre un (tppendicc a cclaircir Ies points cpii diviscnt los prolesums ct Ies catholiques; il y tiaite dcs liturgies el de diverses pratiques du culte, et il etablil que, des lei premiers terns du christianisme, on a regarde comme necessairc que toutes Ies eglises et tons Ies fuleles disperses dans Ies diverses conlrees fiissent en comnjunion avec I'eglisc de Rome, et que Ies eveqnes de ce siego out toujours etc regartlcs comme Ies chefs de I'Eglise, et comme exercant one primaute dc droit sur toutes Ies eglises chreticnncs. N. 197. — * Jn introductory lecture , etc. — Discours d'ouver- ture d'un cours d'economie politique prononce devant I'Uni- versite d'Oxford, le 6 dccembre 1826; par N. fFill. Senior, professeur; Loiulres , i;iguite des fragmens d'un auteur, le mot enrlcliirne'it. point deplace; c'cst en effct rendre au public ini veritable service. Il ne faut pas considerer uni- quement ce peu de vers , ces mots isoles qui suffiraient a peine pour couvrir quelques pages; il f:iut songer a I'avantage qui resulte de ce genre de travaux, en ce que Ton trouve reuni ce qui etait disperse; puis, en ce que Ton peut apprecier d'un coup-d'ceil toutes les citations que Ton a faites des oeuvres dont on recherche la trace. Enfin, et ce n'est pas le moindre avan- tage, les dissertations critiques composent un ensembU; de conjectures, plus ou moins fondees, mais toujours utiles a la decouverte de la verite. Mimnerme, ou plutot ses rares frag- mens, sont precedes d'une savante dissertation ou Ton elablit avec beaucoup de vraisemblance qu'il etait de Colophont, quoiqu'une grande partie de sa vie se soil ecoulee a Smyrne. Il etait contemporain de Solon, et florissait vers la 37^ olym- piadc. Comme les savans allemands, quand ils n'appartienncnt pas a des factions differentes, ne manquent jamais de se sou- lenir de leur erudition, meme en sacrifiant le resultat de leurs propres travaux , M. Passou a communiqu88 LIVRES ETRANOERS. sc vender des Milanais qui avaicnt voulu otre libres, ent dL'triiit leurville, Hut passer la chart ue et scmer du sel sur SI'S mines. Jean Galeas Viscouti, comte de Vertus, premier due de Milan, poi.r apaiser, dit-on, des rcniords de con- science qui lui tcprochaient la mort de son onclc, de son bcau-pere ct de ses fils , a fait clever a ses fiais, avec le zele et les oftVandes pieuses de ses sujets, ce niagniliqiie et somp- luoux edilice, ainsi quo la celebre chartreuse de Pavie. La premiere pierre a etc posee avec grande solennite , le i5 mars i386, dans rcmplaccmcnt ou avait existe anterieurement I'e- glise metropolitaine, batie en >S3G sous I'invocation de vSanta- iMaria-Mag^iore. Toule la construction, dont les nioindres details presentcnt une richessc et une ])cm fection rares , est en marbre blanc de la plus belle qualite. L'architecte auteur tie ce grand ouvrage n'est pas connu. Quflques-nns croient qu'il doit etre attribue a un Alleniand, rioinnie Ilenii Gamo- dia , ou Z;ini()dia; d'aulres, a Mario da Campion ct Simon Orscnigo; mais I'opinion la plus geiieralement rccue est que le dome de Milan, ouvrage du xiv' siecle , production de Tart gothique tudcscpie qui reguait alors dans lout le nord de I'Eu- rope et dans la Lombardie, a etc construit par des Italiens sur des dessins allemaiids, cent ans an plus avant que le Bra- mante entreprit la reconstruction de I'egiise de Saint-Pierre de Rome. Jean Galeas etant mort en 1402, n'avait pu , dans I'cspace de dix-huit ans, mener a fin la construction immense qu'il avait eutrcpiise, et mctire a I'nbri des changemens un nionu- nicnt dont I'cntiere execution a depuis exige plus de quatre siecles, et le concours d'lm grand nombrc d'hommcs habiles, parmi lesquels figurent plusieurs noms etrangers. Si, en jetanlles yeux sur les nombreux details de ces deux recueils, onclierche a se rendie compte des diflicultes qu'a du presenter une telle entreprise, on reconna?tra que la perse- verante voloute du due qui, apres avoir eleve une asse/grande partie des batisscs de la cathedrale de Milan, legua a ses suc- cesseiu'S I'honneur de la terminer, les aboniianles largesses des Milanais (pii s'ernprcsserent a I'cnvi de seconder leur S(ui- verain dans I'execution de cet oenvre pie, fiu-ent des moyens de succes puissans, sans doute, mais bien insuflisans pour parer a lous les obstacles que I'ou tlevait rencontrer ; car les vicissitudes conti-aires, dont presque tons Ics grands edifices ont subi les desastreux effets, se sont multipliees dans la cons- Iruction du dome de Milan d'lme maniere plus rcmnrquablc qu'en aucime autre. I-a grandeur du monument ([ue Tun vou- ITALIE. 68y Liit elcver n'etait pas proportionncc a cellc du prince et dii peiiple qui devaieiit en paym- les fiais. Les ressoiircos man- qiiereiit pen do terns apics la mort du fondateiir; il falliit, alia de subvenir aiix depcnses, sollicitnr, exiger lueiiie de la vanite et de la souniission les sommes dont le zele ct la devo- tion, dans la ferveiir du commencement, avaient jusqii'aiors Jibremcnt fiiit offrande. II failut, pour nc pas s'ecarler du plan adopte, se tcnir en garde contre les idecs nouvelles, et resister avcc unc obstination soutenuc aux trop fiequciites proposi- tions de changemens que chaque jour un violent bcsoin d'amelioration faisait naitre. Mais ce qui meritc le plus d'etre remarque, c'est le bon esprit, la prevoyancc sage, et I'espece de resignation des Milanais qui , s'etant fait un devoir d'achever la cathedrale que leur premier due avail fondee, ne voulurent jamais permettre, malgre les seduisantes |)ropositions et les avantagcs apparens (]ui leur etaient presentes , que les archi- teetes charges d'en diriger le travail apportassent dans son execution ie tribut des progres do leur siecle, et que, donnant (^arriere a leur genie, ils changeassent, pour un stylo sans doute meilleur, cclui qui avail preside k la conception pre- miere de I'edifice. C'esl en suivant una methode contraire qu'en d'autrcs licux, apres de longues et desastreuses hesiiations, on a dii regretter que la sagesse des Milanais n'ait pas etc imitee; et, a ce sujet, il serait aise de cifcr plus d'une enlrepiise de la nature dc cel!e-ci, qui, ayant etc cliangeo, mutilee dans ses disposi- tions premieres, sous le pretcxte spiicicux du mieux , est rcs- tee abandonnee ou deformee , an point cpie Ton s'est vu force iVvn changer la destination primitive, et de pcrdre ainsi les fiiiits dune depense et d'un travail qui n'avaient plus d'objet. C'est done a I'heurenx esprit d'oidre , a la sage perseverance dont les Milanais ont donne uue grande preuve en oonstrui- sant leur eglise ; c'est a la bonne application qu'ils ont su faire des principes de la saine raison , sans negligcr ceux de I'art , (ju'il convient d'attribucr rachevemcnt conqilet et la repula- tinn meritee de ce monument, qui est aujourd'hui le principal ornenient de leur ville. Cependant, on doit avouer que la cathedrale de Mihsn , dont la disposition genei-alc , I'ordonnance , la richesse, sont juste- nient admirees, n'est pasune production d'art qui ne laisse rien a desirer , et que Ton doive citur commc un modele a suivre. On ne saurait comparer, et encore moins preferer I'architec- tnre gothico-tudcsque qui en est le caracterc distinctif a celle dont la renaissance a laisse do si beaux cxcmples. L'aprele, la T. WW. — Sep tenil' re 1827. 44 Ggo livrp:s etrangers. rudcssc , I'aigu et la confusion tics formes do la prrniiere pro- duisont iin effot desagrcable , ct laissent a I'autre line supe- rioritc qui no peat liii ctrc contcstoo. Cortes , si les Bramantr, Ics Fignole , los Sangallo avaiont elc chaiijos d'oiever le domo dMilan, ils auraicnt adoplu un parti dilforent, et tout porto a croire qu'ils auraicnt su ajouler a la grandeur , a la niajeste , h Fa richcssc que Ion admire ici , toutos les graces, tout lo charnie du bon gout dont ils sout les createurs. L'imnienso quaulite do statues et de bas-reliefs en marbre qui decorent riiiterieiu- et I'extcrieur dela cathedrale de Milan, executes sueccssivement a diflerentes epoques , et dont le nonibrc sVleve a plus de deux mille , pourrait offrir une his- toire lemarquable ct instructive de la sculpture lombarde. On y verrait, en classant cliaque production par ordre de date, quels furent pendant cc long espace de terns les progres et ies variantes ,258 8. Le Pantheon, a Rome 3,i8a 9. Saint-Joseph, a Palerme 2,420 10. Saint-Philippe, a Naples 2,121 Tr. Saiute-.S.iblne , a Rome i>4o7 F.— E. PAYS-BA.S. 226. — * Lecons sur la mecanique et les machines , donnees a I'ecole gratuite des arts et metiers de la ville de Liege ; par M. G. Dandelin. T. 1*"'. Liege, 1827; Dessain. In - 8°; prix , 22 cent, par livraison de deux a trois feuilles. 227. — * Grojidhcginsels der Mecthunst. — Principcs de geo- metric pour les artisans; par M. G. Vanderjagt. T. \'"'- Ams- terdam, 1826-1827; Tenbrinck et de Vries. In-8°. \Jcnseigiicmcnt de la mecanirjue industrecllc n'n pas ete ac- cueilli avec moins d'empressement en Belgique que dans les differentes parties de la France. On a eu d'autant moins de peine a I'adopter, qu'il existait deja, surtout dans les provinces septentrionales, un enseignement elementaire approprie aux besoins de I'ouvrier, et qui comprenait les principes de la geo- 44. 6921 LIVRES P'.TRANGERS. metric pratiqiio. Mais il s'aj^issait d'rtcndre le premier cadre et d'v faiiv ciitrcr los prinoipcs dc la inccauiqiie et Iciirs appli- cations aii\ niacliincs; c'est ce que Ion vicnt dc fairc avcc un grand sncccs. Notre gouverncment , toujours porte a favoriscr I'essor quo Ics sciences prennent cliez nous, a cree, dans les viiles nniversllaires, diffircnles cliaires de niecaiiitpie indiis- trielle, comme ponr monlrer la haute iinporlancc qii'il aita- chait a cet enseignenient ; i\c son cote, le pnljlic, par I'assi- duite qii'il met a siiivre les Iccons, pronve a^sez que Ton a compris ses besoins, et qn'il sait nieltre a prolil les avantages qu'on hii jjrescnte. Ces dilTerens cours ont donne naissance a phisieurs 011- vrages miles. Nons citerotis particilicrement les Lr(yns drmc- caniqac que M. Dandelin donne a I'Universite de Liege, ct qu'il vient de pnhller. Elles sont concues a pen pres siir le menie i)lan que ccUes que Ton doit a M. Charles Dupin ; elles en dif- ferent cependant sous pliisienis rapports, comme I'auteur a piis soin do riadicjuer Ini-meme. < J'aijete en note, dil-il, ini grand nombre dc theories qui me semblenl necessaircs, et qui, dans I'idee de BI. Dtipin , pouvaient ne jjas I'etre aiitant; oti tronvcra aussi dans le texte des donnees et des mesures foiu- iiies par Texperience , et indispensablcs aux macliinistes cou- slriicteurs ; et enlin j'ai tache de rendre la iheorie des machines niotrices nn pen plus complete : j'y ai ajoute encore quelqnes considerations sur les organes mecanitpies, dont M. Dnpin n'a point parle... » Six cahiers onl paru jusqu'a present : I'auteur y a Iraite successivement des proprietes g(''nerales des corps, de la composition et de la decomposition des forces el des "n itesses, des centres de gravite, de I'equilibre d'un corps sur un plan on sur mie surface courbe , du plan incline, du coin, etc. Un grand nombre d'exemples , pulses dans la pratique, viennent confirmer les residtats de la iheorie et lenr donuent plus d'in- teret. Nous avons remarqne jiarticuliercment ce qui concerne les frottemcns: i'auteur a traile tonte cettc partio avec beau- coup de details et de clarti; ; il a donne de nond)reux resultats de ['experience, et surtont cenx de Coulojib relativement aux frottemens des corps heterogenes. Dans son (Sucour?, sur l' mj/iiencc politique de t indiistrie , pro- nonce a I'occasion de I'ouverture de son coiu's, M. Dandelin a nioiitre qu'il sait envisager son sujet d'un point de vue eleve, comme geometrc et comme ecrivain. Nous pourrions citer in- distinctement un passage quelconque de son discours a I'appni de cette assertion; nous avons prefere le suivant, paice qu'il renferme un juste hommage envers des hommes utiles a leur PAYS-BAS. 6,93 pays et qui, a ce litre, devaient etre nomines tie preference dans la Revue Encyclopcdiqiie. « Nons enlin , il nous est perniis dc le dire, nous ne restames point en arriere sous ce rajiport : itn (iantois enleva a I'Angleterre le secret de ses muU-jennics , et le secret plus precieux encore de ses taiincries. L'Angleterre erut devoir opposer un acte du parlement a cet homme au- dacieux cpii avait revctu le costiuiie ct parle le lani^age d'un ouvrier pour hii derobcr ime partie de ses richcsses. M. Lievin Bauwens fut a la fois condaniue en Ani;leterre et beni dans son pays. Non content de ravir I'iadustrie, il apporta dans nos provinces les principes d'humanite qui, nes dans la Pensyl- vanie, germaient deja en Angleterre, et qu'un autre Gantois , M. ViLAiN XIV , avait pressentis; il nous apprit a adoucir la vie des prisonniex's par le travail, a rendre a la societe des homnies que la societe croyait perduS pour elle , a lenr inspirer I'amour elle besoin de I'ordrc et du travail, ct a faire encore des citoyens de ces hommes qu'un abus barbare de puiiitions ne rendait plus propres qu'a devenir des monstrcs et des sce- lerats. Un autre, ne sur les rives de la Meuse, y rappela Tin- dustrie qui s'eteignait ; retablissement de Marche-les-Damcs dira son noni et son litre a la reconnaissance des citoyens. Plus pros devous, vous avez vu se former ce riche etablissement rival des papeteries anglaises, et qu'un de vos compalriotes , Messieurs, a eleve avec des depenses considerables, soutcnu a la fois par le desir si louabie d'egaler la perfection etrangereet dc se faire un nom honorable. Ainsi se sont elevees successi- vemcnt nos forges, nos fonderies , nos coutelleries, nos fa- briques d'etoffe, nos imprinieries. Deja florissantes sous I'an- cien gouvernement, ellcs vont atleindre le plus haul degre d'iniportance sous le monarquc auqiiel nous devons deja tant d'autres bienfaits. » M. Dandelin n'a pas oublie de payer un juste tribut d'eloges a la memoire de Tilluslre Mongc, donl il a ete I'eleve a I'j'.cole polytechniqiie; il rend le nieme liommage AM. Ch. Dupin, qui a agrandi la cai-riere do I'enseignenient industricl. I\I. Dandelin etait deja connu par des recherclies niathematiqnes d'un baut interet; la publication de ce nouvel oiivrage ne pourra qu'a- jouterasa reputation comnie geometre, surlout si Ton consi- dere les developi>cmcns qu'il a donnes dans les notes ou il s'adresse plus particulierement aux savans. Un reproche qu'on semble pouvoir adrcsscr a I'ouvrage de M. Dandelin ainsi qu'a celui dc M. Dupin , c'est que les prin- cipes de la niecanique y sont developpes d'une nianiere peut- t'^re trop savante pour les ouvriers, et qu'il faut, quoi qu'on en 694 LIVRES lETRANGERS. disc , plus que la connaissance des quatre regies dc tarithme- lique pour les comprendie. " Mais, comme I'observe M. Dan- dclin, il nc faut pas perdre de vueque lesouvrages dc I'cspece de celui-ci sont plutot Ins par des liommcs deja instruits que par des ouvriers ; il faut douc lour offrir quelipio chose qui ait de I'attrait : pour des ouvriers, il ne faudrait qti'un siuiple rccueil d'cnonces ctde formulcs avcc des planches. C'est cequc j'ai tache de fairc dans un ouvragc que je prepare, conjointe- ment avec un jeunc oflicicr distingue de I'artillerie, qui veut bien m'aidcr de ses connaissances , ct que nous livrerons an public en deux langues.» M. Pagani , professeur de mecanique industriellc a Louvain, a ecrit le texte de ses iecons a peu pres sur le plan dont parle M. Dandelin. II ne prescnte qu'un simple resume, c'est-a-dire les enonces et les nombres qu'il importe le plus de connaitre. Jusqu'a present, nous n'avons vu que les premieres locons pu- bliees par M. Pagani sur les principes de la geometric ( ime feuille et demie d'impression ). L'auteur y a traite successivc- ment des angles, del'egalite des triangles, des perpendiculaires, des obli(iucs, des paralieles, du cercle, etc. On concoit , d'a- pres le plan adopte par l'auteur, que les solutions des pro- Llemcs sontdonn6es sans demonstration. L'ouvrage que M. Vanderjaot public a Amsterdam pour I'enseignement populaii'e ( Volks-otulenvjs ) s'ecarte beaucoup moins de celui du geonictre francais que les traites dont nous avons parle precedemnient. On pourrait meme le regardcr sous plusieurs rapports comme une imitation du travail de M. Du- pin. Nous n'avons sous les yeux que les deux premiers cahiers dont le premier a paru en 1826. Apres quelques considerations sur I'etendue et sur la geometric, l'auteur y traite suecessive- ment des perpendiculaires et des obliques, des paralieles, des triangles et des proprietes des polygenes. 11 n'a point adopte la distribution des materiaux par Iecons ; il les classe plutot sous les litres qui leur conviennent : on concoit que Ton pent conci- lier a la fois ces deux methodes. L(!S auteurs qui ont presente les principes dc la geometric ct de la mecanique par Iecons avaient particulierement en vuc de multiplier les points de re- pos ct de les espacer a peu pres egalement, aiin que I'arlisan put de tems en terns susjiendre son attention et prendre facile- ment connaissance du terrain qu'il venait de parcourir. A. QUETEI.KT. 228. — * OEiwrcs ph'dosopliiqucs dc F. Hemsterhuys; nom-clic edition, revue, augmeutee et accompagnee d'unc Notice sur Hemslcr/iKYs, el d'Un coup d'ceilsur sa philosophic , par S. Vande PAYS-BAS. 695 "VVeyer. Loiivaiu, 1826; Michel, iniprinieur-libraiie. 2 vol. ill- 1 8. Nous avons deja fait mention de ci-tte toimpvession (voy. Rc>>. Enc. , t. xxvui, p. 5oo ) lors de la piiblicalioii dii preiiiiei' volume; iious avous promis alors d'y revenir v\. de faire con- naitie en qtioi consistait principalemeut le travail de I'editeur. M. Vande AVeyer a piis soin de riiidiquer lui-nieme dans le second volume. « La Lcttrc sur V honune ft scs rapports est, de tous Ics edits d'Hemsteihuys, dit il, celui qui nous a paru leufernief I'expose le plus complet, sinon le plus methodique, de sa doctrine, et celui auquel tous les autres peuvent se rat- tacher. Nous I'avons partai^e en plusieuis chefs autour desquels nous avons cherche ii ij;rouper les idees analogues repandues dans le Sophylc , X , ■iris tec , le Simon, etc. En ayant soin de renvoyer aux pages, etsurtout de conserver, autant quit nous a ete ])ossible, le langageel la phraseologic d'Hemsteihuys. Si la division cpie nous avons adoptee ii'est pas la plus severe ou la plus natiuelle, elle nous semble du nioins celle qui mettra les lecteurs le mieux a meme de suivre la marche des idees de Tautcur. » Ainsi, rhomme est successivemeiit coiisidere comma scntant , comme pensa/tt , et connrm figissunt. L'auleur considere ensuite les choses hors de I'liomme ; et , s'occupaut de I'homme en societe , il est conduit a examiner I'orgaue moral et les de- voirs qui en resultent, ainsi que les effets de la societe sur cet orgaue. Tout cet expose de la pliilosophie d'Hemsterhuys est traite avcc methode et clarte, et repoud au but que s'est jjro- pose I'editeur d'indicpier la marche des idees de I'ecrivain hol- landais. M. Vande Weyer a hasanie encore uii jugement sur quelques-uns des points capilaux de sa philosophic , inais sans s'cngager dans une crititpie de detail , toujours etroite et mes- quine et souveut injuste, conmie il I'observe fort bien. *. 229. — "^ Initia pliilosophirB platonicce , etc. — Principes de la philosophic plalonique, par P.- G. Van Heusde. Louvaiu , 1827. In-8". M. Van Heusde est un des critiques les plus distingues de I'Europe. Depuis long-tcms il s'est, pour ainsi dire, identifie avec Platon. L'amour de ce philosophe , qui fit desccndre la science du ciel sur la terre, lui fut inspire des sa jeunesse par I'illuslre JFyttenbach , dont il fait un eloge delioieux dans sa belle Icttre « M. F. Creutzer. Ceux qui dtrnieiement riaient aux depens de ^V'ylten bach et des litterateurs qui I'honorent, srraient bien surpris, si leur ignorance ue les mettait pas hors d'etat dc lire les eloges que prodigiie M. Van Heusde a son celebre profcsseur. Piien de plus exquis (jiie la latinite de ce Cn)6 LIVRES ETRA.NGEUS. morc(?aii ou rospircnt, en outre, line ;*ime aimantc et uu esprit qui sait saciifior asix graces. ]\I. Van IIcusilc etabiit ensuite que rialon s'ost pistpose un but puremcnt speculatif; qu'il s'est adrcsse a la cojj;nition de preference, et que sa philosoi)liie embrasse !a iheorie du beau, du vrai ct du juste. 11 est impos- sible d'enunierer les tresors d'erudilion qu'il prodigue sur sa route. 23 o. — De actionum Ubcrarum lege siiprema , etc. — De la loi supreme de nos actions libres; par Joseph Paquet. Lou- vain, 1827; Michel. In-8°. Grave et importante question a laquelle se rattache toute la deslinee de I'homme! Ou en trouver la solution, si ce n'est dans riiomme lui-meme? M. Paouet, suivant les usages aca- demiqiies, fait preuve de ce qu'il sait, et analyse tout ce qui a ete dit de plus important sur la maliere qu'il traite. « C'est une grande preuve de respect pour I'cspece humaine, dit ]>!'"<' de Slael, que de ne jamais lui |)arler d'apres soi seul , et sans s'etre informe consciencieusement de tout ce que nos pre- decesseurs nous ont laisse pour heritage. » Penetre de cette verite, M. Paquet, a I'exemple de Kant , fait la ciitique des priueipes iV Epicure, (.VHi/tc/iexo/i , de ]\Jont(iignc, de jMandciHllc, qui se sont ])lus occupes de la snbjectivite morale ; passant a I'ob- jectif ethique , il traile de Zerwn , de ff'olf, de Kant lui-meme et (ieCriiiiiis. 11 jettealors nn coup d'lKil en arriere sur tout ee qui precede, et pose sa loi supreme. II la trouve dans TEvan- gilc, Iioinologue, pour ainsi dire, en ces ternies : Tu aimeras le Seigneur tou Dieu de tout ton coeur et de toute ton anie, et ton prochain comme toi-meme : preceple que I'imperatif cate- gorique de la conscience, enonce par Kant, se flattait de rendre plus fort, plus geneial et plus auguste. On pourrait desirer dans la dissertation de M. Pnqiiet une logique moins vague , nioins limide; mais son essai ne pcut qiie donner une haute opinion de I'etat des etudes dans notre |)ays. De IIeiffenberg. 23 1. — De la Peine de mort , ])ar Bdoiiard Dvcpf.tixvx. Bruxelles, 1827 ; Tarlier. In 8° de xxvii et 362 p. L'anclcime question de la peine de mort recommence a occupcr les esprits. II est a remarquer que , soit dans les publi- catious qui ont eu lieu depiiis quelque tems, soit dans les con- cours reccmment ouverts a cesujet, tres-peu se sont prononces pour la peine de mort, et beaucouii I'ont attacjuee. C'est ei)eorrcface ). 2/|0. — Discours sur V union des sciences medicales et leiir in- dependance reciproqite , prononce a I'ouverture des cours de VEcole de niedecine, etablie pres les hopitaux de Lyon , le i 5 no- vembre 1826 , par M. i?. Df. la Pradf,, membre de I'Academie royale des sciences, belles-lettres et arts, de la Societe de me- decine de Lyon , du jury medical et du conseil de salubrite du departement du Pihone; professcur de medecine clinique, etc. Lyon, 1827 ; imprimerie de Louis Perrin. In-8° de 47 j), Le discours que M. De la Prade vient de faire imprimer est deja connu depuis pres d'une annec, puisqu'il a ete prononce le i5 novembrc 1826, et qu'il a etc le siijet de la critique de plusieurs journaux de medecine. L'auteur reproduit contre la medecine physiologique quelques-unes des assertions de M. Mi- quel , mais avec moins de force et d'esprit. II cherche a demon- trer que I'anatomie et surtout la physiologic sont des sciences a pen pres inntiles; il a meme, je crois, dit dangereuses pour la pratique medicale: mnis ses idees n'ont aucun fondemcnt, et apres avoir lu avec attention ce discours, on est tout etoune de n'y rien Irouver qui en justifie le titre. M. De la Prade, au reste, a voulu se mcUre a la mo'le, et il n'a rien trouve de mieux poiu- arriver ii ce but que d'accuser les physiologistes de materialisme. Ce discours est du nombre de ceux qui ne de- vraient pas sortir de I'enceinte ou ils ont ete prononces. 24 1 • — * Precis analytiqne da croup , de f'angine couenneuse, ct du trailenient qui convient a ccs deux maladies ; par L. Bri- CHETEAU, medecin du quatrieme dispensaire de Paris, membre adjoint de I'Academie royale de Medecine; precede du Rapport sur les memoires eni'oyes an eoncours sur le croup, etabli par le Gouvernementen 1807, par Royer-Coi.lard, profcsseur a la facnltede medecine de Paris, et medecin en chef de la maison des alienes de Charenton , etc.; deuxieme edition avec des ISotes extraites de memoires inedits, accompagnees d'une figure 7o4 LIVRES ]£TRANGERS. represcniaiit inie macliiue fiiit)i5;;atoiro imagince pai .///w/c , pour dirigei" li'S fumigations I'nioliieutrs dans la voie aerienne (les cufans atteints et qui prouve que cctte dame ecrit notre langue avec autant de purete que la sienne propre. C. P— s. 255. — * Explication des Institutes de Juslinien , avec ie texle et la traduction en regard, precedee d'un Resume de I'lustoite du droit roniain , par M. J.-L.-E. Ortolan, avoc.it a la Cour royale. Paris, 1827; Bethune, iiie Palatine, n^ 5; I'auteur, rue des Franos-Bourgeois-Saint-Michel, n° 18. In-8° de 256 p.; prix, 3 fr. et 3 fr. 75 c. Cet ouvrage offrira a la fois une traduction et un commen- taire des Institutes. II se formera de quatre livraisons ; la pre- miere, que nous annongons, contient un resume de I'histoire du droit romain, fort bien fait, et qui nous a semble de na- ture a pouvoir jeler beaucoup de jour sur les differentes parties dont se compose la legislation romaine. Cette introduction his- torique est suivie du commencement de Vexplication. Mais la traduction de ce petit nombre de pages ne nous a pas paru, il faut le dire, meiileure qu'unc des autres versions qui existent, la seule a laquelle nous avons pris soin de la comparer. On nc peut, au reste, juger par un si court extrait du merite du tra- vail de M. Ortolan. B. L. 256. — * La legislation civile , commerciale et criminellc de la France , on Commenlaire et complement des Codes francais; par M. le baron Locre. Tomes IV, V, VI et VII. Paris , 1827 ; Treultel et Wurtz. 3 vol. in-8°. Prix de chaque vol. 7 fr. pour les 7i8 LITRES FRANCAIS. souscriptcDrs , et 9 fr. pour les non-soiiscriptenrs. (Vov. Ka'. Enc. , t. xxxii , p. 468 et t. xxxiii, p. 221.) II faiit savoir beaiicoup de giv a rautenr et a rediteiif de cot important ouvragr»'feteiic(! cxcliisiv% ). Il ne veut pas qu'on punisse I'iiaiocent , parce <]uo le chatimeut inflige a un autre qu'a I'agresseur en- trainc toujours plus de mal que de bien (p. 83). Je conviens tres-voloutiers (pie la punition du fou est inutile, que celle de I'innocent est nuisible; mais un fait incontestable, et que lob- servation me revele avec la plus haute energie , c'est que ma conscience respecte I'innocent, et absout le fou, sans s'arreler uneseule minute ni a I'inutilite ni au danger dcs corulamnalious qui les frapperaient. Est-ce a dire qu'il ne faut pas prendre en consideration I'utilitc des lois, nijuger lours effets? Sans aucim doute, il le faut. Mais il ne faut pas se borner la , si Ion vent avoir des idees completes. L'accord de I'utile et du juste est une admirable harmouie de I'ordre moral, mais ne fait pas que I'utile soit le juste , ni le juste I'utile : ce sont deux elemens tics divers qui concourent a produire le memo resultat. Cette difference fondamentale, quant au point de depart , no m'empeche pas d'adopter presque universellement les conclu- sions de M. Guichard. Son chapitre contre I'obeissance passive ne saurait etre trop attentivement medite. C'est ie devc^loppo- ment de cette belle parole de Bossuet , admirablemeut confirmee par M. Royer-Collard , qu'<7 n'y a point de droit contre Ic droit. Le commentaire de M. Dubochet , qui forme les trois cinquie- mes du volume , se recommandc par une grande clarte , et par un tres grand nombre de vues saines et genereuses. Ch. Renouard, Avocat^ SCIPNCES MORALES. 7.11 258. — *Dc!> .tjjaiuig;cs en general, ct en paiticulier d- I' Jyn- imgc (I'Ork'ans , par 31. Dupin, uvocai. P.iris, i^i.~; I'ls'Ciat, r ;ic du Cadrdii, 11° iG. Iii-iS di; 270 p. , '3 fr. On troiive, dans ce pclit volume, 1111 Iraite aussi conipic-!; (|ii'il peut eirc nccessairc d'niie inaiiere (]iii n'offie plus yiarr d'aiUru iulcrc't (|uc' I'inlerct historitjue. II n'y a tout au nliis on [■ranee aujourd'hui rpi'iin ou Jcuri apanages, ct il vaudtait beaucoup nikiix pt-ut-etrc (p'.il n'y en cut point. On remarijue, an iTSte, dans l'o.\istenci; legale de ra]>anai;c' d'Orlcan*, ui^e i;iande iacune fpii, selon nous, ii'a etc coniblee que par ia loi du 1 5 Janvier 182'j sur ia lijlc clvdo : cu fjue nous croycii-i pouvoir dire sans encourir Ics pcines pronoiicee,-; par I'ari. 2 de la ii)i du I'j mars 1822, ct sans tombcr ])ar consequent sous le coup de cetto t-.-pJce d'ar.^^nment coirj;iiir.,.toire employee pages 72 et 7'5 do rouvrage (jiu; nous annoiicons : sorle (I'a.gu- ment assurement inaccoulumee de la part de EI. Dupin, et dont Tenipioi ne r.oiis p.u.iit cti e ici (]u'une inadvei tance echnjipec a la ]jli!me pr^^poses : I'onvrage (jue nous annonrons a reniporte le pri\. line idee licureuse a gui le I'autour, .;c!le de si; re^ler, pour le clioix des evcnenicns et letendue des ri'vii:., d'apres I'iuflucace que les T. XXXV. — Septenibrj •.'6x-. /,G 722 LIVRES FRANCAIS. «''vt'nciiipns out cxoirco siir lo honlicnr tic la nation. C'c^t aiiisi riiie M'""' (Ir Saint. Oncn a jiii fairc cnrrer dans nn petit nonibic dc pai^e^, I'-oritcs avpc simplicitc cL clartc, ct rcinplies (I'iiitriTt, CI? qn'il fant snrtout qiiv- Ics cnfans vl la classe panvrc sarlicnt (S ) force le roi d'Espagne Charles IV a abdiqiier en sa faveiir. » L'abdicatiou de Charles IV fnt pleinenient volontaire; c*(!St nn fait connn, et sur leqiiel les Memo/res pnblies recemment par M. dc Heausset ne laissenl subsister aucnn doute. Observons que, panrii les prix mis au coiicours par la Sncirtr pour I'i/is- tructinn (•Icinrntaire , quatre senleiiient ont ete decernes en 1827, et sur les (piatre, deux Tout, e-te a des dames (M"""« L. nr, Saint- OiiEN et T. Cklnaut ) : voila encore une bonne reponsc anx detracteurs de res|)rit el des taleus des fenimes. Eiiscbc Sai.veute. 2G1. — * Histoirc des revolutions dc la villa et dii royaunic dc Naples. Troisienie edition , pnblice par M. Mif.i.le, oflicier de rUniversitc. Paris, 1827; Pelieier et Caloir, jilacc du Palais- Pioyal. 2 vol. in-8"; prix , \l\ fr. L'Histoire des revolutions de la ville et du royanmn de Naples fut imprimee pour la premiere fois a Paris en i665 et 16G7. Nous la devons au comte de Modf.nf, . I'un des piin- cipaux actenrs dans eeite lutte ieriible entre le penplc et te Irone, ou Philippe IV put craindrc de voir demcmbrer ses etats et de perdre sa puissance en Italic. Le style de ces me- moircs est vif et energique; il sonl rediges avco methode et ecrits avec assez de purete pour un homme de guerre (jni avail passe la plus grande partie de sa vie dans les pays etrangers ou sur les champs dc bataille. L'('uvr;:ge etait devenu fort rare ct meritait d'etre leimprime; M. le marquis de 1'ortia, dont les noinbrenx travanx ont toujonrs Tinteret des sciences on des leltres pour but, en donna inie seconde edition en 1826, et renrichit d'tui grand nombre de pieces curieuses ires - pen connues. ('elte seconde edition fut bientot epnisee; le besoin d'une troisienie se faisait imperieuscment sentir : M. Mieli.f. vient de satisfaire a cet cgard les desirs du public. Nous annon- cons avec d'autant plus d'empresseir.ent cette troisieine edi- tion, (ju'elle se lecommande aussi par i;ne nouveilc introduc- tion. C'est nn coup-d'oeil rapide sur les principanx evcnemens SCIENCES MORALES. 7^1 qui ont agitc la monarchic sicilioiiup, f!e|>nis 16/I7 j'lsqu'a nos jours. On y troiivc la veritc ct rimpartialitc de I'histoirc; nous rcgrettonsdo no pouvoir ilonnc r line analyse completcdes causes et de^ eff(;:s dc la conspiration napolilaine; nous en dirons cependant assez pour faire connaitre I'ecrivain giierrier et son ouvragc. Esprit dc Raimond Moimoiron, comte de Modene, ne a. Varians , le 19 novembre 1G08, aprcs avoir etc clevc pa^^e de Monsieur, fiere ile Louis XIII, dont il fiit dans la suite cham- bc'llan, suivit la fortune de Henry de I/Orraine, due dc Guise, avec lequel il passa dans Ic royaume de Naples, le 26 no- vembre i6't7. Le peupie napolitain, cjiuise par les impots excessifs dont I'avait surcharge depuis quelques annecs I'iiisa- tiabie avarice du vice-roi espagncl, songeait scrieuseuient a secouer Ic joug de la niaison irAiilriehe. Ce furent les abusrt les exces qui iirent alternativement detester la democratic, les pretentions oiigarchiques et le pouvoir absolu : les vexations sont qiu'lquefois aussi fatales a ceux qui les exercent qn'aux malheureux qui en eprouvent les effcts. Pendant <]ue les eiemens de rinsurrection fermentaient dans tons les esprits , Rodrigue Ponce de Leon , due d'Aicos, vice- roi de Naples , mit de nnuveaux droits sur les fruits qu'on apportait an marche; un valet de marchand de poissons, natif d'Amalfi, Thomas Aniello , leva I'etendard de la revolte , et se mettant a la tete dela populace, !e7 juillet del'an 1649, 'enversa I'autorite royale. La tyrannic de cct audacieux ftit eourte, et sa fin malheureuse. Aniello, apres sept jours de rcgne, fiit massacre par ceux nicmes quil avait sou!e\i's. tin miserable fourbisseur, Gennaro Aniieoe, Ini succedant, s'arma ouverle- ment contrc Philippe IV, prosciivit la noblesse ct sollicita I'appui de la France, qui elait alors en guerre avec I'Espagne. Le due de Guise brulait du desir de prendre part a ces eve- nemens : il etait a Rome pour soUieitir la cassation de son mariage avec Honoritie de Glime, sa seconde femme. II se lit appeler par les Nnpnlitains pour se nietlre a leur tele; et apres s'(';trc conci-rte avec Gennaro Anncue, par le moyen d'un Uioine nomme Capece , son depute , il pai tit avec !e comte dc Modene ct une suite tres -pen nombreuse, traversa les flottes espagnoles sur une simple felouque, abosda a Naples , y fut recu an milieu des plus vives acclamations, fut nomme connnnndant general de la lepublique naissante et due de Naples; il cut sons scs ordres le comte de Modene pour mestre de catsip general. Ici, quelques leltres de Louis XIV, du cardinal Mazarin , da marquis de Fonten.iy, du due de Richelieu , de W. de Brienne 46. -ily LIVUES l-RANrAl'-;. e; de rr.nibiiit'ux comiiiaiuhui! i^riK'!;)!, ([nl focmoiit line pnrtif importniUo cio c<.-l oii\rai;f, doiitu'iit \v secret cle la politique tie la I'raiu'f, ii (■cttc epoqiie, ct «le !a part nssez r.ctivo qn'clle prit a cos troubles. I,e flue do Guise vnulail roomer soul; il souffrnit inipaliom- liieiit do pat lai!ei' la juiissanco avcc (leunaro Aiuieoe, el il no tarda j)js a lui eidevor toute I'autnrile. IMais le eluf du parii pcipulairo, coinino chef supreme, etait uiaiire des (iiianoes, el j)eu ilispose a ouvrir le Iresor jniblic a son rival. CependanI, il fallait une levee de soldals, et il elait impossible oins d'un niois, il souniit plus de trente villes au paiti populaito. .Iusque-I:"i, le due de Guise n'avait peut-eire eu que le desir de faire jioidre aux Espaguols la couronno de Naples; ces exploits lui iiront concevoir resperance de s'en emparer. Mais CO ))rince n'avait point les qnaiites c(mvenab!cs au role qu'il voulait joner; et, du moment qu'il forma le dessein d'usur|)er UP trone, il ne fat plus qu'un conspirateur, nioins obscur a ia verite que Ginnaro Anneoe, mais , comme lui, rennenii de I'ordre existanl, entoure de conrtisans avides qui flaltaieiit son ori^neil, ct de perfides amis devoues en secrel aux Es|)aj;nol£. Jaioux, ;;ans'se I'avouer, de la haute reputation que son niestre de camp general s'»'tnit acqiiise i)ar sa sai;esse el par son inlre- j)iditi', il dc^int sou[)oonneux et eiiu'l , s'aliena tous les cteurs, el finit par sc pcrdre dans I'opinion piiblique, en faisanl ar- reler le conitc do rtlodene, et en le Iraduisani a un tribunal sous des pietexti s si vains que I'envie et la liaine n'y pinent trouvor des motifs suflisans d'accusalion. Prive de scui ])lus forme app.ui, d'un ami sage et eelaire , le due de Guise ne prit jjIus conseil que de la presonq>tion et de I'imprudenee. Toutes ses demarches furent fausses, loutes ses lentalivos infructneuses; I'argent lui nianq;ia. la niiserc souleva les lazzaroni, el Gennaio sc fit des partisans nombreux. J.e comte d'Ognato, nouvttau vic(^-rdi, prtrllUi de ccs divisions intestines; il se uienagea des intelligences dans loules les classes du jieuplc, y reveilla I'aniour de rordrc, gagna !es SCIENCEo MOR.AI.es. 725 mis, tlatia ios nuLrc.;; piomit, an uom liii loi, I'uubli ont. 2 vol. in-8° de 38x- 364 pages, ornes de porlraits, plans et cartes; piix, 6fr. le vol. Les lecteurs ne seront [)as moins satisfaits dc ces deux li- vraisons ipi'lls ne Tout ete des prt'cedentes. II est vrai que MM. Saint-Maurice et Mortonva) avaient a raconter les pro- d'ges des plus beaux terns de la gloire niililaire de Napoleon ; il leur elait facile de donner a leurs ecrits les altraits naturels des choses grandes par elles-memes, et par les consequences qui en resullent. Mais, indtpendainnient de ce nioyen de cap- tiver raUention, les deiix ecrivains nieritent aussi des eiogej ; ils out parle convenablement des batailles d'Austerlitz, d'lena, d'Eylau, de Wagram : c'est dire assez que leur ouvrage durera lung-tems, et sera recherche avec enqjresseuieiil par toutes ies classes de lecteurs. L'execiUion typugiapliique contenlera ies amateurs de belles editions. En un mot, on pent dire mainle- nant avec coufiance (jue notre histoire inilitaire, si deliguree dans (pulques narrations etrangeres, et nieine clans (juehpus ouvrages francais, ne se ressentira point de ces outrages, et que les generations futures y irouveront des preceptes et des exeniples, si les peoples sout encore dans la uecessite de pi a- tiquer I'art de la guerre. 1'. ■i(i'*i. — ' Animaire necrolo'.rupie , ou Compliment annuel ct continuation de tuutes les Biographies ou Dictionnaires histori- tfues , contenant la vie de toutes les personnes reniarquabies en tous genres, mortes dans le cours de chaque aniiee. J;^/u-c 1826 Premiere partie du toine jireuiier des Aiin(dci 726 LIVRES FfWNCMS. h/os^iyi/i/i/f/ites). Paris, 1827; Ponthiou ct compagnic , au Paiais-lloyal. Iii-8° de viii-"if)4 pages; prix, (i fr. CVoy. licf. ilV/r, , torn. XII, p. 343-353 ; torn. XVI, p. 168-171 ; torn. XX, p. «34-(;36 ; torn. XXIV, p. 197-199; torn. XXIX, p. 237- 240 ot ton). XXXIII, p. '>37-24o.) Le promitT titic que nous avons Iranscrit est. cclui do I'ou- vrage que M. Mahul a fonde en 1820, et qu'il a rcdigo depuis cctte epoque avec talent et avec impartialite. Nous avons annonce les six volumes dont se compose deji\ cette utile collection, dans autant d'articles que nous indiquons en tete de celui-ci, et auxquels nous renvoyons les" lecteurs. A ce premier titre, que I'on a conserve sur la couverture du volume que nous annoneons, le nouvcl editeur a juge neces- saire d'ajoiitcr celui que nous avons renferme cntre deux pa- rentheses, et qui parait devoir etre desorniais celui de I'ou- vrage. Nous pourrions lui faire observer que ces mots Jnnnlrs biogmj.i/iifjiirs ne disent plus la menie chose que ceux d'Jn- nuairc nccrologiquc , qui avaient le merite d'eti'(! cxtremement clairs , ct de rappelcr I'ouvragc anglais qui a servi de modele a M. Mahul. Lc nouvel editeur se bornera-t il a la biographic des personnages ceicbres que la mort aura enleves chaque annee , ou donncra-t-il aussi des articles sur les personnages vivans ? II n'en est point question dans son avcrtisscment ; mais son nouvcau titre pent fairc naitre des doutes a cet egard. N'a-t-il pas adopte d'ailleurs un cadre trop vaste , en se pro- posant de fairc de son recueil « les archives de I'histoire de notre tems ? » Il promet de I'cnrichir souvent « soit de IcttreS curieuses ou inedites, soit de memoires originaux, ou auto- biographies.') — « Par suite de cctte extension du plan de I'ouvrage, ajoute-t-il, au lieu de publier un scul volume chaque annee, il paraitra autant de cahiers que le compor- teront I'importancc des articles et I'abondancc des sujets. " N'cst-ce pas changer les avantagcs de la pcriodicite ct de la regularite conlrc les chances de reventualite ? Les lecteurs nc pourront-ils ])as craindre que la collection finissc par devcnir trop volumineuse et trop disproportionnee ? Ce sont autant de questions quo le tems so chargcra de resoudre, et que nous devons abandonncr pour nous livrer a I'cxamcn des articles , au nombre de quinzc (i) , que renferme cctte premiere partie (0 Cette premiere partie a, comme on I'a vu , 264 piges ; I'^/i- niiaiie necrologiquc de iSaS, qui en avail \i6 , partagees en deux colonncs, contcnait r48 notices; et cepcndiinl, les editcurs des .'In- SCIENCKS 3IORALES. 727 thi tome premier des J ri/idfcx bingiri/i/tu/ucs, et dans le clas- scnient desqiiels !es editeiirs n'ont point conserve I'ordre alpliabetique adopte par M. Maliid , (|ni avait eu le soin ega- lenient de distinguer la partie etrangero de la partie iVancaise. La premiere de ccs qiiinze notices , consacree a la memoire de /nan VI , roi de Poi'tugal , occiipe a elle seide i3o pages ; c'est la moitie da volume \\\ Quoique le sujet Cut im|)ortant, oa avouera qu'il n'y a nnlle proportion entre eet article et la plupart de ceux du meme volume , parnii lesqueis on en remar(]ue un qui n'a que treize lignes. Ce n'est pas seulement la place materielle qu'elle occiq)e ; c'est aussi la maniere dout tile est redigee qui nous fait juger cette notice beaucouj) trop longue. L'auteur a plutot cherchc a nous donner le precis his- torique des derniercs revolutions arrivees en Portugal et au Rresil , que la biographic meme de Jean VI , quoiqu'il faille reconnaitre que tons les evenemens qu'il racoiite s;; rappor- tent d'une maniere plus ou moins immediate a i'histoire du regne de ce souverain. L'auteur, (jui a voulu garder ranonvme, parait avoir ete tcmoin de la ])lu])art des fails (ju'i! c"xpose , ou bien il a reussi a se procurer d excellcns mati'riaux ; mais il n'a pas su les mcttre en oeuvre avec habilete , et Ton serait presque tente de croire qu'il est etranger a I'art d'ecrire. Sa notice manque d'ordre et de liaison, et le style en est lache et diffus. A chaque instant le biogiaplie interrompt le (il de sa narration pour revenir sur scs pas ; puis , apres de longues digressions, il revient a son sujet principal, sans prejjaiation et sans aucun art, en sorte que I'esprit a beaucoiq) de peine il le suivre , et qu'on ne sail prestpie jamais a quelle epoque on en est de la vie ou plutot du regne qu'il raconte. Malgre ces defauts, cette notice offre de I'interct , parce que le sujet en comportait naturellement , et que l'auteur est bien informe. Les Notices sur Boissy d' Anglas et sur Jturbide , par M. Ma- uuL, sont bien prcferables ii la pi'emiere, par la maniere sage et concise avcc laquelle clles sont redigees ; nous auriuns seu- lement voulu supprimer de la premiere une citatior. (|ui se trouve dans une note de la (in , et ou la memoire de Florian se trouve attaquec d'une maniere iujuste ct sans aucun motif apparent. nates biograpliiqucs , qui veulent donner une si grande extension a Icur ouvraj;e, esperent pouvoir se renfermer dans quatre livraisons , oil deux volumes par annee. (i) Elle se vend separement chez les nicmes libraiies ; prix , 4 'r. raS LIVRES I RANCIAIS. L'articlo qui nods a lo plus intt'iessi' dans cc volume osl cchii (jnc r»l. Df.ppino a consaci'r a Jlclzuiii. Lc |)reaiiil)ule do ct'llc is'olicc , rt'digc dans imo roriiif ol (inns lui style inusilt's, cl memo singnliers, nous avail d'aboid di'plu ; mais nous avons l)icr.iot icconnu ([uc I'aulcuir avail voulu d'avance idcntider lc li^clcin- avcc la l)izan-eric i-t rorii^iiialile du personnai^e rju'il avail a peindrc. Dans le rcstc df l'articlo, on voil i'ccrivain sa^e , instruil et plsilosoplie , qui t\ lie nieme de so livrer aux plaisanlcrios que comportail souvcnl son sujel, pour en faire ressortir les considerations morales. Sous sa ])lumc la vie ro- manosquc dc Relzoni s'oxplique nalurellement , et il nous de- veloppc avec nit les causes (jui ont eleve eel homme exlraoi'- dinaire <\\\ metier de batelenr k la ])iofession distinguee de voyageur et d'anticiuaire. En meme terns M. Depping ne man- (lue aucune occasion de nous faire pi'esseutir Tinnnensi' diffe- rence avec laqu<'lle son lu'ios se fut jii'esenle dans ceite car- ritrc , s'il avail joint I'instruction a loules ccs qualites i)hysi- qnes et Ji celte force de caracterc dont la nature Favaitdoue, (t qui n'onl snfii, pour ainsi dire, qu'a en faire nn lieurcux aventurier. On rcinarque encore dans ee volume les notices sur I'aca- demicien Lcmontcy, par M. Dugas-Mojvtbi i. , et sur Jnnnhiii , doctcur en droil , par M. A. Tatli.andier. Celies des eonven- tionnels AJqidcr et Lcclcrc , du jiair de Fiance Di^yaii , du eapitaini; allemand Nornianii , mort en combattanl pour la (irece , de I'archcveque Sicstizmcetvicz , melropolilain des I'glises romaincs en Russie , de Bcntholdy, djplomate ])russien , de I'abbe fp'iirtz , du cbimislc llij fault, el de Jascjih Picciiit , au({nel on doil les paroles de plusieurs operas joues a la Co- nu'die Italiennc , sonl sans nom d'auteur, et onl ele emjjrun- lees pour la plupart ;i des journaux on a des recueiis perio- dirnics, jjarnii iestiuels noire lirrite Encjclopcdiqiic ne figure ceile (bis que jiour une seuie IN'otice (celle de M. Taiilandier bin' le jurisconsuile Jourdnn) , quoiqu'elle put fournir aux editeurs bien d'aulres malei-iaux preeieux , lant pour la parlio elrangerc que pour la partie franeaise, suiloul sous le rapport seientifique ol litteraire. E. HrKKAu. 'jCilf — * Hisloirc dc la vie ct des oui'ragcs dc P. J''. Percy, coii'.posee siw les manuscrils originaux par C. Eaurknt , D. M. K.vT ( si nn Jiitu\ lioiumage rendu a la nienioiie (I'un oncle clieii, d'ua SCIENCES MORALES. 729 r.aviint respectable, dont In vie entiorc fiit eoiisacrce au son- l;'.i;oineiit de riiumanile soiiffrante. Cenx qui onl en , coiiinie nioi , I'avaiilaj^e de eonuaitre M. Percy, le lelroiiveiont tout eiilier dans I'ouviage c]iie j'ai sons Ics veux ; cetix qui ne I'oiit conmi que de iioai desiretoni savoir par quel rare privilege, j)arvenu an pins liant degre de consideration personncllc , il a sii conqnerir I'cstinie de ses rivaux, la confianco des nio- iiar(|ues, et radmiralion des [lenples. Je vais essayer de pcindre j.I. Percy en pen de mots; e'est AI. Laurent qui nie fournira la nomenclature de ses travaux et les principanx traits de sa vie. Percy [Pierre- Frniicois] naquit , le 9,8 octobre 1734, a Tvlontagney, arrondissement de Cray (Havile-Saone. ) Malgre li'S representations de sa faniillc , il vonlnt appi-eudre la chi- rnrj;ie ct se perfectionner • Si nous suivons M. Percy sur le clianip de hataille, nous le verronj consrammcnt occupe du soin de reformer les abus sans nombre qui existaient aux arniees. Toutefois , son zele oclaire dechaina I'envie conire Ini. Le ministre de la guerre, mal informe (le general Miixet-Mureau) , lui ecrivit une leltre |diine de reproches non merites. Yuici de quelle uia- niere Percy , qui ne craignait pas plus les disgraces qu'il n'ambitionnait les faveurs du pouvoir, repondit an ministre : « Citoyen minisire , je n'ai recu que ce matin la lettn" (jue vous m'ave/. ccrite le 12 du couraul. Vous I'avonrai -je ? Elle n(! m'a ni surjiris , ni affecte. Je ne suis i)oint habilue, je n'as- pirc pas menu; aux louanges de Paiis ; Paris est Irop loin de i'armee. C'est iei , c'est sur les champs de bataUle et dans les hopitaux, quej'obtiens quelques suffrages digues do mc flatter; SCIENCES MORALES. 73 1 it , si voiis avfz fait mie si-ulc campa^ne de t^uerre , vous devoz savoir que , dans moii elat , on n'a point de lems a donner i\ COS I'critiircs oiscnscs dont on se montre si avide, et qni font font le nu'Tite de tant de Ljrns a Paris. La jalousie , citoyeii ministry , I'orgueil blesse , la soif de dominer, ont dtTignre a vos venx le veteran irrepiochable de la chirnrgie siiperieiire des armecs. Je vous crois juste , on vous dit sage ; mais v.)vi^. avoz ete ciiconvenn; on vous a trom|)e, et vous ne voyez plus qu'a travel's les preventions qu'on a enlin reussi a vous inspiier contre moi. Jr ne vous en re.-pecle pas moins. C'est a la fala- lite seule attachee aux places eniinentes , que je ni'en prends de la singulaiite d'nn ecrit dont on me inenacait depuis long- tenis. Quel conirasle il forme avec les temoignages houorables de salisfaction et de eoiifiance que j'ai tant de fois lecus de nos generaux les plus dislingiu's, avec ces expressions ton- chantes d'amiiie et de reeonnnissance dont nie eondjlent les braves guerriers que je m'efforce t\a conserver a la jiatrie ! Qiielles affligeantes reflexions il fera faire a nos coUaborateurs, a mcs eollegues , a cc?, citoyens si devones, si recomman- dables , qui, pour ptix des peines qu'iis ont aux aruiees (tan- dis f|ue d'autres intriguent loin d'ellcs}, complent dn moins sur (pielques egards , snr quelqnes metiagemcns de la part de ceux qui parvieiuient an pouvoir ! Vous .vous eles aussi signale, citoyen minisire, dans la carriere des sciences et des arts, et vous avez pu vouloir que je fosse humilie!... Mais non , je ne I'ai point ete. Non , le depit , ainsi (jn'on s'en est lachement llatte, ne me fera pas donner ma demission. .Te resterai ferme et impassible a mon poste ; je vcux y braver les nouveaux degoiits, les nonvelles indecences dont I'envieuse et supeibe mediocrite continuera sans doi^te encore a me poursuivre. On me revoqucra peut-ctre; je m'y attends, sans le desii'er ni le craindre : mais alors ce ne sera jias moi tp.ii aurai enleve aux inforlunees victimes de la guerre leur ami , leur soulien , leur tonsolateur. » Quinze mois a|)res celle reponse pleine de noblesse et d'eneigie , M. Percy ayant Irouve flans nn article du nonveau riiglement sur les hopitaux miliiaires , des motifs sufliians pour demander sa retraile , ecrivit la letti'e suivante au nii- nistrc de la guerre (le general Lacuef.) : « Ciloyen ministre, la ehiriirgie militaire m'honora autrefois; je ci ois I'avoir honoree a mon tour ; je ne veux pas qu'elle me deslionore au deelin fie ma carricre. Jetez les yeux sur I'article 118 de la section 11" ositions du ministre, deuK'ura a son poste oil cliaque jutu' •^tait marque par lui nouveau bienfait. Ce fut au commence- ment de la };uerre de la levolulion , et pendant la campairne du llliin , t|iu' M. Percy tse laissa ecliapper auciuje oceasien til- proui[j;uer scs soins.et ies secours de son art aux eniiijrtjs que le sort des armes avait livres au pouvoir des Francais. Ce fut surtout a la suite des combats devant Au^sbourg, que, bravaut la siu'veillance des represeutans dn peuple, et ne considtant que la voix de riiuntanitt^', il sauva un grand uombre d'emi- grtis qui allaient perir dans un lac; il en opt^ra et pausa pres do 200 (]iie son industrieuse charife avait fait eacher dans les caves ct les greniers du convent des Franciscaiiis. Au coni- meneemeiit du gouvernement consulaire , M. Percy fut nonniie i'un (!(,'S six inspccteurs gent'raux dii service de sante des armies ; ce tjui le rappelait a Paris, el semblail lui promeltre !e rcpos dont il avait besoin , apres de si penibles campagnes. Mais ce fut vainen)ent qu'il I'avail es|)eic ; car il fut obligti de retourner presqne aiissitol a Tarmt'e. 11 5' fut bien dedom- magt'- des nouvelles fatigues f|u'il allait essuyer, par les prcuves treslime et de confiance f|u'il recul du chef suprtMiie tin gou- vernement , qui , Tayaiit a|)pele |nes de lui , le Iraila dans toutes les circonslances , avec la plus grande tlistiuction. Pen de terns apres , il remplaea IVI. La-sus a I'lnstiliit national, sans faire aucune des dem.irclies d'usage. M. Percy joigiiait un grand fonds de gaite a un courage infaligabie. fi avait une nu'-Miniie pro'Ji;^:i<'Use el plcino d'anec- SCIENCES MORALES. 735 iJotcs pitjiiatites (lu'i! rnconlait avt-c facilite. Qui poLurail croire qu'iin hotnine aiissi boii , aussi verttieux , fut traite comme iin M!Sj)fCt, que (lis je ! coiiime iiii conspirateiir ? 11 ne pcuvait faiff iin pas, iii entrcr dans lui cabinet lilteraire, sans devenii- I'objet d'lui rapport an ministie di; la police , pres duquel il flit niande vingt-dtnix fois. Son cabinet d'armnres anti(]iies, qni laisuit un de ses pins chers delassemeiis , avail ete tfansfornio j)af nn deses denonciatenrs en nn aisenal coniplet , dans lequel le faubourg Saint-Anioine pouvail, an besoin , aimer sa po- pulation et rcnoiiveler les scenes saiiglantes de la revolution... Eiifin , le calnie succeda a la tenipcte , et le cabinet cjiie Ton disaitsi redoatable redevint cequ'il n'avait jairiaiscesse d'etre, le rendez-vous des cniicnx et des savans de tons les pays, qui venaient le visiter, et qui en sortaient anssi enchantes de reru- dition archeoiogitiue dii propiielaire , que de la gnicc el de I'urbanite avec lesqiielies il en faisait Us honneuis. On so rappcUe encore que douze niilie soldats elrangers , blesses sous les ir.iirs de Paris, se trouvaient, pour ainsi dire, sans asyle , sans pain et sans aucun moyen de soulagement ; Percy, aide de M. le Prefct de la Seine, vint a leiir seoours et Ics reunit dans les vastes abattoirs de la capilale; en 36 heut'es, le service de sante et adniiuislratif fiit organise, et niai-clia avec la plus grande I'egularite. Ce fut un veritable tour de force dans un nioinenl ausbi critique. Les nionarqnes eirangers re- cynr.urent les services reiidus a leurs troupes , en conferant a a M. Percy la decoration en dianians de I'ordre de Sainte Anne de Russie, de I'aigle rouge de Pi'usse , et dii merite civil de Baviere. Nous terminerons ee precis de sa vie en rapportant i 'anecdote suivante. Un ancien ami de M. Percy avait perdu sa fe:nme et une partie de sa fortune; cr-lui-ci, eraignant quM ne lui reslat plus de moyens de vivre honorablenient , lui I'crivii aussilot pour I'inviter a se rendrc cliez lui : Nqus pas- srrons ensemble Ic restc de no.'re vie , et cet arrangement com- hlc.ra de satisfaction mon cxcellente feniine autant que moi-meinc . Ce vieil ami a survecu a M. Percy ; il n'a pas manque un seul Jour de faire plus d'une lieuc a [)ied jioiir venir visiter sou ijncien confrere, pendant tout le cours de sa maladie. BI. Percy ne cessa d'uuvrir sa bourse a tons ceu.v qui souffraient; et nous aussi qui I'avous connu dans sa canq:agne , ou il s'etait retire , nous pourrions dire coir.bien il lit d'heiireux , coinbicn de pauvres il soidagea , a ([ueis sentimens de bienfaisance et i' sentit ses forces s'epuiser ; et , quoiqu'a cette epuijue il pariit prebsentii* la Iin de sa carriere, il chcrclia ;» -jMi LIVRES FRANCAIS. t'caitor ccttcr idee doiiloiirciisc; c'cst poiitquoi il avail cciit siir «inc tics portcs de son jardin : Diaii spiro , sprm ; mais en novonibic , qiiaiid il qititta sa caii)pai;ne pour alicr passer I'hivor a Paris, persuado qu'il ne icveiiaif plus It-s licux qu'il avait c'lnbcilis, iH oil il avail cotinii la feiicitc du saij;c, il ajoiita a rii)scrij)t!ou premiere la suivanle : Sf/ciavi , specrruvi. Fn~ nesle pressciitinient ! Bieiilot eel <'\ccileiit hoiiiuic, qui avait reudii tanl de services a sou pays, ipii joi^uait iiuc prol'onde ('■riiditiou a un i^raud savoir Uaus son arl i fill enleve a rniuoiir de SOS concitoyoris, a I'estime de ses confreres, qui regrelleront a jamais en iui le rare talent, I'ameuite du caraclerc e! la cor- dialife la plus franche... Mais a (pii sa mort prematuree a-t-elle couti'; plus do larnies (]u'u sa vertueiiso epoiise? I. a lombe qu'elle Iui a elcvee au cimetioro du Pere la Chaise alteste sa douleur religieuse ; toiUes les |)crsoiiues ijui lout coiuiue savenl qu'elle mit coustammenl scs soins <\ faire le bouhcur de eeliii qui etait I'objet de ses complaisances et de ses plus donees affeclions. On doit des eloyes au docteur Laurent , pour avoir presente avec beaucoup d'iiiteret la serie des travniix ct des actes publics et prives de sou respectable oncle , de qui il a pu dire , en cncherissanl siir le poete latin , cunclis die bonis Jlcbilis occidit. BoiNViLLiERS, corrcsponclaiit c/c I'lnstititt. Littcraturr . 2 65. — * Manuel de la langue hasijiie , par M. Fl. Leg l use, professeur de litteratnre grccque et dc langue hebra'ique a la Faculte des lettrcs de Toulouse. Toulouse, 182G; Douhuloure, imp. -lib.; Bayonnc, L.-M. Cluzeau; Paris, Pontliieu, Raudry. In-8° de 224 pages; prix, 6 fr. Parmi les trois mille cinq cents et quclques langues recon- nues ct classees par Adeluug, le basque n'est pas line des nioins interessantes aux ycux du pliilologue, taut a cause des ibrmes cpii Iui sont particuliercs, qu'a cause de I'antiquite < \ -V} LIVRES IvlANC.VI.S. Pour (loniuT iine idee tic rerndition t-t dc riuteret (juc M. L«''clii.->u a mis dans cette nouvclle gryinmaire, nous cite- rons un iVa|^'nifnt dii paragrapht- consacio a VaritliinctiqKc basque. « Oil tioiivo dans la maniorc dc compter dcs ]{asqiies, dit Astarloa ( auteur d'uno apoloi;ie de la lant^iie basque ),uno des plus grandes preuves de lour antiqiiite : c'est qii'an lien de comptei- par dizaines, ils complent par vini^taines. II est vrai (jne les doigts ont du servir de base a la nnmeration , comme le tenioignc Ic poetc Ovide, lorsqa'il dit en parlaut dn nombre Dix: « Std quia tot Jii^ill, uer qtios numeral e solemus, H:c Humerus magiio tunc in honore fuit. » ... LfS Grecs ct les Romains, (|iii se scrvent des figures I, II, III, etc., et les Chinois de — , =, ^,etc., pour signilier////, dciix , trois , etc., semblent acccrediter cctte opinion. Chez les Etoliens, -T^ifAnuC^ti-; ( compter ))ar cincj ) signiiie dune maniere absolue coinpu-r. Piiisieurs peiiijladcs d'Americjue coniirment encore notre systeme. Chez les Guanariens, cinq se dit jMyjctci^ mot compose de j>r, main, et de jjotci une, c'osl-a-dire um: main; j)our dire dix, ils disent /;(^/«oco/;, c'est - a. - dire f/t'«j,' mains. Chez les Luliens , vingt se dll isi:luJauo/i , mot compose de /a main, e/w pied , etjauo/i tons, c'est a-dire toi/s les doigts ties iiiiii/is ct (las pit'ds. Les Jarnriens expriment le nombre vingt par ctiinpunic , mot compose de caiti nn, et de jiiiinc homme, c'est a-dire unhomma ; et le nonibre quarante par nocnipumc, c'est a dire deux hummcs. — Mais, sans nous transporter en Ameriqne, nous pouvotas rencontrer en Europe des langues on la numeration se fait par vingtaines ; telles qu(; rislandaise et la celtiqne. Dans cette dernierc, par e.\emple , vingt se dit iigiie/it, ct pour dire quarante, soixante, on dit daoti-tigueiil , f/'Y-«g'Hr.'«^, c'est-a-dire deux-vingts, trois-vingts; en francais , nous disons quatre-vingts, six-vingts, etc. » Partout , dans la nouvelle gramm;iire basque , on trotive Tcmpreinte d'un taieut superieur, dont M. Lecluse a donne ail- leurs de nombreuses preuves. II est facheux que cet ouvrage nepuisse interesser qu'un fort petit nombre de personnes, hors des pays ou I'on parle le basque. Qui voudrait etudier une laugue qui n'a rien produit, et dont le nombre des mots s'e- leve, scion Astarloa , a Sj7('«/W Phalaxtke, uienibre de I'Aca- demie dcs Arcades. Paris, 1826; Firmin Didot. Iu-8° de JaS p. , contcnant les dix premiers chants ; prix, 6 fr. Bien que la palme epique soil de jour en jour plus difficile a cueillir, I'ardeur de nos poetes n'en est point refroidie. II n'est pres(pie jias d'annee qui ne voie eclore quelque epopee nou- velle; et pour ma part , en voici deux que jc; dois annoncer. L'auteur de la premiere, plus theoloyien que poete, s'eleve rarement dans son style au-dessus de la mediocritc. Ses vers ressemblent a ceux que tout houuue qui a de I'instruction et du gout parvient a forger a force de travail, lorsqu'il a le malheur de vouloir rimer malgre Minerve. Une citation ferait mal ap- precier au lecteur les inconveniens d'un pared style; car c'est moins dans les fauies 011 il tonibe, que dans sa langueur et dans sa froideur continue que consisle son vice radical et irreme- diable : lui long |)oeuie ecrit en pareils vers ne pouvant sup- porter la lecture, il est asscz inutile d'examiner le plan de la Clovisiade. Lc seul conseil que la critique puisse donner a M. Darode est de se faire le plus tut possible raj)plication du precepte de Boileau : N'allez pas sur des vers sans fruit vous consumer, etc. Nous ignorons quel est le veritable nom du litterateur qui porte a 1' Academic des Arcades celui de Sylvain Phalantee; mais, quel qu'il soit, il possede a un degre remarquable le sentiment et le coloris poetique; lc passage suivant en fera foi: o Alexandre lui-m^me , accablede travaux , Cede enfiii le dernier au pouvoir dcs pavots. Pres de son lit de pourpre , en un vase sonore , Un globe d'or tonibe roule et resonne encore. C'est aiiisi qu'Alexandre , abregeant le sommeil , Des nobles chants d'Homere occupe son reveil. Mais enfin , il succombe ; il lit moins qu'il ne rdve ; Le vers qu'il ne volt plus , sa inenioire racb^ve. La cassette aux flancs d'or s'ouvre aux rouleaux sacres , \ LlTTEilATURE. 73y Que ie gout d'Aristarqiie a long-temps epures; A son chevet royal le heros la depose ; Sur ce double tresor son front pensant repose. O toi qui , de la gloire amant ambitieux , Deniandas vaiuement un autre Homere aux dieux ! Console-toi , ton chantre a paru sur la terre. VIngt ans il a cache sa muse solitaire ; L'echo du Pausilippe a redit ses accens; Au pied du mont Sipyle il briile son encens , Et de Melesigene evoque le genie. C'est lui qui te promet des chants plains d'harmonie , Et dont les vers, traces pour un long souvenir, Troubleront le sommeil des heros a venir. » La prediction s'accompliiait peut-etre si tout le poeme avail I'eclat de ce morceau. Mais, quoiqiie la lyre du chantre d' Alexandre n'ait pas toujours des accords aiissi brillans, on rie pent du uioins coutester a cct ecrivain un gout generalement pur, une versification elegante, haruionieuse, pittoresque, une etude approfondie des niodeles, qui lui a levelo les sources de la poesie de style. Pour roiiipre la monotonie du vers alexan- drin, il a cru devoir faire parler ses personnages, tanloten rimes croisees, tautut en vers libres. Je ue crois pas que cctte innova- tion produise I'effet (ju'il s'en est proniis. 11 faut a I'epopee un metre varie, qui soutienne I'attention du Iccteur, et non pas une variete de metres qui I'etonne et le distraie. Mais passons a des objections plus graves. Alexandre est-il un heros epique? J'en doute. On voit trop en lui le politique et le guerrier, et pas assez Thomme. Quelle unite d'interel offrent d'ailleurs ses conquetes? peut-on les considerer comme la vengeance de la Grece ? Un couquerant n'est pas le veugeiu" d'un peuple libre ; meme sorti de son scin, il est le plus dangereux de ses ennemis. Pour alteindre a cette unite d'interct qu'exige I'epopee, I'au- teur a pris pour pivot de son action le siege de Tyr. Or, cette villc , qui florissait sous le regime des lois, n'avait rien de me- nafant pour la Grece; sa destruction est au nombre des desas- tres qui ont place Alexandre parmi les fleaux de Thumanite. Dans XAlcxundreide, Minerve poursuit partout le heros et souleve centre lui les autres divinites, Neptune, le Nil, Ty- phon , etc. Je ne nierai pas que cette machine poetique n'amene des descriptions brillantes, et je citerai particulierement celle de Typhou s'efforcant d'ensevelir i'armee d'Alexandre sous le sable des deserts; mais, outre que ce mervcilleux mytholo- gique est bien use, il n'est ]\as heureux d'avoir donne pour ennemie au vengeur de la Grece la deesse de la sagesse et la proteclrice d'Athenes. Ajoutons que toutes les fois que Minerve 47- 74o I.IVRES FRANC ATS. I'a mis en jieiil, Ic heros en est qiiitte pour imploicr (|ueU|iir autre divinite qui vient aussitot a son secours. Enlin, dans les dix chants qui ont paru, je cherche vainement, soit parmi les compagnons, soit parmi les adversaires d'Alexandre, quelqnc personnage qui excite im vif intcret. Pas un lieros, pas luio femme qui se dikache du fond dn table.iu et se dessine aux ycux du Ifcteur dans iine action dramatiqiie et atlaclianle. Les figures qui se groupent autour de celle d'Alexandre ont toutc s la physionomie insignifianlc des confidens de tragedie. Pour me resumer, I'auteur de \ Alcxandreidc a un talent poctique tres-estimable; mais, iudependamnienl de I'extreme difliculle d'obtenir aujourd'hui dans I'epopee un succes reel , je ne pense pas qu'Alexandre soit nn lieros convenable pour un pareil ouvrage; je ne pensc pas non plus que le plan suivi par I'au- teur dans ses dix premiers chants soil assez fortement con^-ii pour triompher des obstacles que hii oppose son sujet. Ch. 271. — * Jeanne d'Arc, poeme epiquc en vers, par M'"^ la comtesse de Choisell, nee princesse deBeauffremont. Paris, 1827 ; Delaforest. i vol. in-S**. Si Schiller vivait encore, il ne reprocherait plus aux Fran- cais de manquer de reconnaissance envers Thtroinc de Vau- couleurs, puisque tous les genres dc notre litterature se reu- nissent pour chanter ses louangcs. L'epopee manquait a ce concert universel; mais M™"^ la comtesse dc Choiseul-Beauf- fremont, cedant enfin aux voeux de ses amis, se decide a pu- blier le poeme que les Memoires de M'"'' dc Genlis ont deja fait connaitre d'une maniere si avantageuse. Il ctait digne d'une femme et d'une Fran^aise, (jui honore deux noms illustrcs par ses talens et ses vcrtus, de celebrer I'une des belles epoques de notre histoirc, celle oii la France fut delivree des etrangers par les exploits d'une jeune fille qu'inspirait le double enthousiasme de la religion et de la patrie, et d'effacer ainsi le souvenir d'un ouvrage qui est une faute dans la vie d'lm grand genie. Le siecle de Jeanne d'Arc est celiii ou les moeurs nationales montrent le caractere francais dans toute sa beaute; la foi sans bornes, le patriotisme le plus exalte, le respect envers les femmes, le courage a la guerre et la generosite pour les vain- cus, etaient les vertus communes a nos ancetres, et produisaient ces nobles actions dont le souvenir nous transporte encore aux jours glorieux de la chevalerie. Avec ce caractere, un peuple pent quelquefois eprouver des revers et voir palir sa gloire; mais il se releve aussitot, et ces^ LlTTEPwVTURE. 74i vpiLUves uc soiit qu'un sommeil, apres leqiiel il se reveille no- bleineht do son humiliation monicntanee. Telle fut la Franco sous le rc'gne desastreux de Charles VI ; livree aux etrangers par les crimes d'une rcine adultere, elle recouvra son inde- pendance par Ics vertus d'une fille chaste ct devouee. Fidele a I'liistoire, M'"'^deChoiscul-Beauffremont a su eviter dans son poeme les defauts qu'on reproche a Schiller, en con- servant a Jeanne d'Arc cot inteiet politique que lui donnentsa mission divine et son inalterable purete. Dans la piece, elle est sensible a I'amour, elle immole Talbot, et se montre in- flexible contre le jeune Montgomery, qui la supplie de I'epar- gner, bien que toutes les traditions nous peignent Theroine pure du sang huraain , et n'ayant jamais ete distraite de sa des- tinee par un sentiment profane; intrepide comme un heros, elle pleurait comme une vierge, et son courage semble lendre sa douleur encore plus touchante, en I'elevant presquc au-des- sus de I'humanite. M"" de Choiseul a cru que son sujet etait assez poetique par lui-meme, sans avoir besoin de recourir au prestige de la fic- tion; et elle ne se serait pas pcrmis de denaturer les fails, en donnant a ses personnagcs , comme I'a fait Schiller, des carac- teres autres que ceux qu'ils avaient en effel; car la glorieuse heroine est assez interessante, sans qu'il soit necessaire de liii sacrifier ceux qui I'entourent ; et il me semble que Ton affai- blirait sa grandeur, en melant le merveilleux d'inventiou avcc celui de son histoire. Sa conduite et ses reponses , lorsqu'elle (ut condamnee, la constance do son cnthousiasme pour la noble cause des Francais et pour les vertus du roi qui I'avait abandonnee, sont d'un etre extraordinaire; aussi ses expres- sions et ses idees ont-clles ete conservees autantque possible dans le poeme que nous annoncons. M'"'' de Choiseul a bien voulu nous le communiquer , et nous pouvons affirmer qu'il est particulieremenl remarquable par un talent d'inspiration que notre orgueilleuse personnalite ne s'attend pas a trouver ordinaircment dans unc femme (i). On sent d'ailleurs, en le lisant, qu'en peignant le patriotisme, la fidelite, le courage cIt vil et la haine pour les ennemis du nom francais, I'auteur n'a eu besoin que de puiser dans son ame pour etre veritablement poete. L. T. d'Asfeld. (i) Ce poeme paraitra dans le mois de novembre prochaiu : il se compose de douze chants : le produit est destine an soulagement de families malheureuses , et son execution typographique est couliee h 3l!M. Boucher et Dela forest , rue des Bons-F.nfans. 742 LIVRES FRANCAIS. 27a. — * IJardld , oil It's Scandinnccs , tragt'-die en cinq actes, par P. Vicxoa, rt'prosontrc pour la prL-micro fois sur le second Tlualre-Francais, le 4 f'cvrier i8a4; prccedcc et suivie d'oOscrvntions historu/ucs , liltcraires et thcdlralcs ; otixgc do plusieins vignettes , d'apres Deveria. Dcnxieinc edition. Paris, 1826; Barba. In-8" de 196 \y.\'j^. ; prix, 5 fr. La Rci'uc cncyclopediqitc a rendu coni|)te de cettc tragedie a I'epoquc de sa representation. Le lecteur en trouvera, t. xxi, p. 488, unc analyse faite avcc beaucoup de precision ct de gout. Elle est suivie d'observations critiques auxquclles nous ne voyons rien a ajouter, si cc n'est que Taulcur a depuis ameliore son ouvrage, en y adaptant un denoument heureux. Mais le principal defaut, I'obscurite, subsiste encore, meme ^ la lecture, et malgre un grand nonibre de notes, qui du reste font honneur a I'erudition del'autcur; cettc obscurite tient surtout au but que M. Victor s'est propose. La plus dif- ficile de toutes les compositions dramaliqncs est celle qui a pour objct de peindre les moeurs d'un pcuple peu connu; la difficulte est peut-ctre insurmontablc dans la tragedie, ditc classiqitc. Ce genre, a cause de I'unite de ton qui doit regner dans le dialogue, exige unc action simple, animee par le de- veloppcment continuel des passions et par la marclie rapide qu'elles impriment a tout I'ouvrage. II n'y a point de place dans cc cadre pour la peinture des moeurs et des institutions, a moins que ccs institutions et ces nineurs, eomme cellcs des Grecs et des Romains, que nous apprenons par cocur des I'en- fance, ne soient tellement familieres au spectateur que la moindre allusion le mette sur-lc-champ au fait. Dans lout autre cas, les details de niccurs nienent directement a I'obscu- rite, a la froidcur et a I'ennui. Tel est I'ecueil auquel est venue se briser la tragedie des Scandinaves, ouvrage qui n'en prouvc pas moins chez M. Victor une grande instruction, un gout pur et un vrai talent. Cu! 273, — * Proverhes dramatiques , par M. Theodore Leclf.rcq. Secondc edition. Paris, 1 827 ; A. Sautelet et compagnie. 5 v. in-8°; prix, 7 fr. le volume. Les ridicules politiques qui dominent aujourd'hui dans I.t societe sont des ridicules de eirconslance ; ils ne paraissent pas assez profonds pour fournir malierc h la haute coinedie. Le vaudeville pourrait en tirer bon parii, niais les auteurs de vaudevilles, voulant etre joues, ne jjeiivent rire que sous le bon plaisir de la censure : e'cst assez dire que la meilleurc! par- tie de nos ridicules Icur echappc. lleureuscment, I'auteur des Proverbes que nous annon^ons u'a rien eu a demeler avec mes- I LITTERATURE. 7/,i sieurs les censenrs. In tenui labor ; at tenuis non gloria. Dans ce genre, qui, suivant de tres-pres les changemens qu'cprouvent Ics moeurs, n'avait pi'oduit jusqu'ici que quelques bagatelles d'une gaicte frivole ou grivoise , M. Leck-rcq a su tracer une galerie de tableaux ou tons les travers du jour sout reproduits de la raaniore a la fois la plus comique et la plus instructive: dupes ct fripons, tout Ic nionde y tient sa place. L'auteur ex- celle a transporter !a scene dans les petites villes ou au village; c'est la surtout que les contrastes politiques se trouveut en pre- sence; c'est la que dans toutes Ics grandes niesures le choc s'opere avec le plus de froissemcns; et la peinture ainsi pre- sentee devient plus franche et plus vive, sans rien perdre en etendue ni en profcndeur. Ce n'est pas que M. Leclercq se soit exclusivemcnt attache a retracer nos ridicules politiques : tons les travers sont tributaires de son talent. 3Iais, bien que le nieme art preside a toutes ses compositions , tel est le pri- vilege des sujets marques de ce trait caractcristique des moeurs du moment, qu'ils effacent necessairenient tons les aulres; ct c'est sans controdit aux proverbes du premier genre que I'au- teur est rcdevable du succes brillant qu'obtient son recueil. Le talent de M. Leclercq n'est pas irreprochable. II y a souvent des longueurs et du vague dans la marche de son action; niais son dialogue etincelle d'esprit et ne s'ecarte jamais de ce ton de verite qui donne la vie aux ouvrages dramatiques, qualite devenne si rare au theatre, que le public a perdu 1 'habitude de I'exiger. Enfin , pareil a noire grand chansonnier, BL Le- clercq a su agrandir un genre reste long-terns frivole, et laisser loin derriere lui toi:s ses dcvanciers : c'est un titre sur a la gloire. * 274- — * Recueil de V Academic des Jeux Floraux. Toulouse , 1827 ; imprimcrie de Douladoure. In-8° de xij- 169 pages. Les pieces couronnees cette annee aux Jeux Floraux sont au nombre de sept, savoir : \ Expedition de Russic , ode, par M. Aniedce Pommier ; la Gloire , ode, par M. Dumas; Ic jeune Avocat a un de ses confreres , epitre , par M. Abadie ; le Fingtienie sircle a son dix-neui'lcniefrere , epitre, par M. Emile Mazeins; la jeune Mourante , elegie , par M. Mouffi.e ; le Cliarme , elegie, par M. Boulay-Paty, et V Ombre de Didon , elegie d'uiie jeuFie personne de i3 ans. A ccs pieces, il faut en ajouter cin(] autres qui out etc jugces dignes d'etre im- primees dans le Recueil de I'Academie , mais qui ne lui ont point paru meriler de couronnes. En rcudant ses decisions pidjiiques , I'Academie des jeux floraux cspere sans doute les voir ratilier; du moins , die 744 LIVRES MlAlVrAIS. tlcvient a bon tour justiciable de la criliquo , et nous ponvon* cssayer cic doniier noire o|)inion particulieic sur Ics pieces qui out attii c son attention. IVous allons le faire , en mcttant sons les yeux de nos lecteurs les expressions niomcs dii rapport, toutes les fois qu'elles ne seront point d'accord avec les notres. L'ode de BI. Pommieu sur Y Expedition de Russin , dont les stiophes , an jui;;enienl de I'Academie , « semblcnt inspirees par le dieu de I'harmonie, <■ ot qui renferme , dit-elle , <■ de su- blimes images, » Irahil, scion nous, I'inexperience de son au- teur ; les idees en sont communes et les expressions pen poeti- qucs. L' Academic lui a dccerne le prix reserve de l'od<'. Celle de M. Dumas, iutitulce la Gloirc , nous a parn bien prefe- rable, quoiqu'elle n'ait obtenu qu'une violette reservee; on y jeconnait surtout une habitude plus grande dn rhythme et de la phrase poetiques. II y a plus de mcrite encore, et plus de poesie, dans Tode de M. Bignan , qui a pour titre les deuar Marts , et qu'il eut ete plus exact d'intituler les deux Mourans. L'idee de cette piece est neuve j I'auteur nous y montre deux hommes places surleur lit de niort , Yiiiipie dans un palais, cl le Juste dans un hospice. 11 a su tirer un habile parti dcs oppo- sitions qui sortaient en ioule dc ce sujot, et nous pensons qn'il devait obtenir le prix sur ses rivaux , quoiqu'il n'ait ete jisge digne d'aucune distinction parliculiere par I'Academie. Nous devons relever, a ce siijet , ime erieur du rapport, qui fonde la severite de ce jugement sur ce que I'auteur aurait etabli entre ses deux personnagcs « un dialogue, rendu invraisem- blable par les licux differens oi\ se passe Taction. » Telle n'a l)as ete I'intention de M. Bignan, qui s'est borne a faire pailcr lour a tour le Juste eiVimpie, sans les faire nullement con- verser ensemble. La Moisson de roses, poeme par M. Jdolphe DE PuiBusQUE nous a paru, ainsi qu'a I'Academie , un mor- ceau rempli de grace, de fraicheur et de delicatesse; ajoutous cependant que le sujet choisi par I'aiiteur n'etait guere de cir- constance , au moment on des millicrs de malheureux Grecs expiraient sous le far des Ottomans : ce n'etait guere le terns de rappeler leurs anciennes fetes; il fallait bien plutot rappeler Ifurs anciens exploits , pour les exciter a de nouveaux triom- phes; car il ne pent otre question de fetes pour eux que lorsqu'ils auront force leurs farouches oppresseurs a recon- naitre leur independance. Cette piece, par sa forme, n'a pu concourir avec les odes ; mais il nous semble quelle aurait pu concourir pour le prix de I'ldjlle , genre que I'Academie sc plaint de voir abandonne. Les epitres, dit le rapport, I'ont emporte cette anuee sur LITTER ATURE. 7/, 5 les odes ; ci'pendaut colle de M. Theodore Abadie, qui a pour litre Icjeune Awcat a un dc ses confreres , ct que rAcadeinie a jugee digue du prix, nous ferait penser le contraire. Quoique ce i^enre dcmaiide un style f'amilier, il ne doil pas etre exempt de poL'sie , et I'auteur peut etre accuse d'avoir pousse la faci- litejusqu'a la negligence, dans sa piece, d'aiileurs beaucoup trop longue , et oil I'Academie elle-mcme n'a rcconnu qu'une « gaite franclie et iine poesic tres-agreable. » L'epitre de M. EmUe Mazeins est certainement bien preferable, et nous ii'y Irou- vons guere a blamei' que son tilTe : le Fingtleme sieclc a son dix- neuviemefrere , qui ne fait pas assez connaitre le snjet, et qui a oblige I'auteur a lui en donner un second pour complement : Jugement de la postcrite stir notre lilterature romantlque. Les deux epitres de MM. BARRifiRE et Aiiguste Mocffle , A moit Protectcur, et la jeaiie Mourante , sont extremement faibles; le dernier surtout a eu le tort de choisir un sujet qui a ete tant de fois traite , et qui I'a ete souvent avec bonheur, entte autres, par M'"'= A'Avot. Le Charine , par M. Evariste Boulay-Paty, est nne piece oil I'auteur semble avoir ete inspire par son sujet. « On pourrait , dit le rapport, lui contester le litre 6!elegie; ce serait pliitot une ode anacreontique , faite avec beaucoup de talent et de focilite. L'Academie a voulu donner a I'auteur, qui parait pour la premiere fois dans la lice, une preuve de sa satisfaction et un encouragement pour le pro- chain concours. » Ce n'est pas nous qui blamerons I'Academie de s'tcartcr un peu de celle distinction rigoureuse de genres qu'elle a cru devoir etablir, et qui ne permct pas a plusieurs pieces souvent pleines de merite de vcnir sc ])resentcr au con- cours; mais nous lui rappelerons un de ses staluts dont elle ne doit jamais s'ecartcr, si elie veut etre juste. D'apres son regleiuent , toute piice qui a ete precedemment imprimee ne pent etre adinise a concourir; or, celle de M. Boulay-Paty a pai'u dans le Chansonnier dcs Graces pour 1826 (voy. p. 1/19) , et ce recueil est trop connu pour (pi'elle ait jju etre pt esentee comme inedite , apres avoir commence la reputation de son auteur. H y a done eu ici un peu de complaisance, et nieme un veritable passe- droit. IVous craignons bien que I'Academie n'ait egalement etc induite en erreur , en croyant couronner une jeune personne de treize ans dans I'auteur de I'elegie qui a pour litre VOi/iOre de Didoii. S'il n'y a |)as cu ici de surprise faite a sa bonne foi, il faudra nous en feliciter doublenienl et annoncer a la France lilteraire une digne rivalc de M'^""= Del- phine Gay. Apres une elegie assez pale de M'^"*' d'AYZAC , deja connue avautageusemeut de plusieurs academies , nous trou- 746 LIVRES FRATVCAIS. vons , sons Ic litre *y Odalisque , line cleniicre piece, doiil I'auleiir est M. Maugf. , et pour iatiiielle nous rcgreltons que rAcademic n'ait pas en ureuse pour assurer aujour- d'hui la reputation d'unauteiir, dans quelque genre quecesoit; M. Boulay-Pa(y a commence lasienne en poesie par luic piece charmante , intitnlec le Cliarnie , inserec dans le Chansonnicr des graces pour 1S2G , et couronr.e cette anuee aux Jcux flo- raux ( Voy. ci-dessus, ]>. 743). On attend de lui maiuteiiant des oeuvres qui repondent aux esperances que ce de'but a fait uaitre. Ses Atlwniennes jugees avcc severite par la criticjue , 7/,8 LIVRES FRANCAIS. affaibliralt'iit peut-ctre un peu cesesperances; mais il faut lenir compte a I'aiiteuf de la difliciille du sujet et de rinfcntion mo- rale qui seiiic I'a guide sans tioute daus le choix (|u'il cii a fait. Les inalheuis de la Grece out eveille tanl de voix eloqucntes el geneieiises, qu'il est difQcile dc tioiiver, en les di-plorant, dcs ideeset desexprcssions poeticpies noiivelles , on assez lieureiises ])oui' ajouter an sentiment energique dout Tame des leclcurs est deja penetree. M. Boulay-Paty semble avoir fait Ini-meme cetle rellexion, ou dii moius on est fonde a le croire, en lisaiit la iroisieme piece de son recneil (i)intitu!ee^7c/«rt ct /n Cohnibe. Certes, on ne ponira refuser de leconnaitie (|iie I'idee pi'c- uiiere et la forme dece dialogue sont nouvelles; mais en menie terns , quelle bizarrerie dans I'execution et quelle obscurite dans le style ! Innover ainsi, ce n'est pas reculer les bornes de I'art, c'est vouloir le faire relrogader. Nous engageons I'auteur lui-meme a relireles versc[ue nous aliens citer, et (jui terminent la piece dont nous parlons; peut-etre reconnaitra-t-il avec nous qu'il n'a ele qu'inintelligible , la sans doute ou il avait la pre- tention d'eire profond. Sur des plumes plus blanches qu'elle, La lune, en se glissant, les a senti ficmir.... Le visir.... un baiser.... sur le vitrage frele Un celeste rayon , un liumide soupir.... Un oiseau vers les cieux a dirige son aile Sous !es rideaux de pourpre , a I'aurore nouvelle , Un cadavre glace dans les bras du visir. Cettc longue enumeration de mots coupes par des points fatigue inutilement I'attention du lecteur, qu'elle laisse insen- sible; et M. Bonlay Paty a proiive , daus la piece que nous rappelons au commencement de cet article, qu'un sujet interes- sant pouvait s'embellir sous sa plume sans cessei- il'etre atta- cliant et vrai. UEpttrt'Ae M. Marius Gimon a M. Regius a ele kie dans la f.eance d'installation de la Societe da statistique , qui a eu lieu a Marseille, le 7 juin de cette annee. C'est une piece de cJrcons- tance, dont le sujet est tout local, et qui n'etait jioint destine sans doute a franchir le cercle ou elle a du etre favoiablemeut aecueillie. Elle contient une enumeiation de tons les travau.x et de tons les noms celebres dont cette ville antique desPho- ceens a pu s'enorgueillir dans des tems plus modernes. Une (l) Celte brochure en conlient qualre, dont voici les titles : i" la Mori de Karaishaki ; a" Ic dcsaslre d'Alliines i 3° .4niria cl In Colombc, 4° Aux rois Chretiens. LITTERATURE. 7/19 pareillc enumeration ne poiivait guerc otre poeliqiie ; aiissi i'aiiteur a-t-il du chercher avant tout la verito historiquc dans un sujet dont la gravile n'excluait pas la grace, mais auquel il auraic falln donner plus de doveloppement que le terns ne Ini permettait de le faire, pour y ajouter des ornemens qui ne lui parussent pas trop etrangers. Cette epitre, monument patrio- tiqiie pour la glnire de Marseille, fait desirer que I'auleur, qui a souvent donne des preuvesd'un veritable talent, reciieille et reunisse dans un ouvrage efendu et complet , tons les documens historiques relatifs a I'interessant travail dont il ne donne ici qu'une simple ebauche. E. Hereau. 278. — Le neanttle rhomnic , discours en vers, par M. Charles Malo, des academics d'Amiens,de Bordeaux, Bourg, Cambray, Clermont-Ferrand , Dijon , Douay,le Puy, Lyon, Metz , Rouen, Toulouse; de X Atlienec des arts, de la Societe philntccliniquc, etc. Paris, 1827; imprimerie de Firmin Didot. In- 18 de 10 pages. n II est dangereux, dit Pascal, de faire irop senlir a rhomme sa grandeur; il ne Test pas moins de liii faire trop sentir sa fai- blesse. » Ccpendant, il u'est point de sujets qui aient plus exerce I'lmaginationdes poelesct la diaiectique des pliilosophes. Le neant de riiommc a donne lieu au proverbe le plus ancien ct le plus connu, cpie M. Charles Malo a pris pour epigraphc. Omnia vanitas a etc chez loutes les nations le texte d'innom- brables declamations, tant en prose tpi'en vers. II etait done difficile a notrc poete de trouver de nouvellcs idees dans le domainede la philosophic morale, qui, peut-etre, a ete le plus cultive. Toutefois , I'auleur du discours sur le Neant de I' Homme ne nous laisse point apercevoir qu'il marchc; dans une route trop battue ; son ouvrage estemprcint decehaut caractere de melancolie qui domine chez les prophetes, et ses couleurs sont severes comme son sujet. Apres avoir par'e de la brievete de la vie et de la faiblesse des hommes, M. Charles Malo s'exprime ainsi : Cependant , I'homme , ingrat envers I'Etre-Supr^me , Ne voit que lui , liii seul et tous ses vains desirs; II meconiiait son Dieu , se meconnait lui-meme , Et croupit dans la fange au sein des faux plaisirs. Ne semblerait-il paS qu'il apparut au munde Pour voir de soie et d'or tisser ses heureux jours, Et qu'une destinee, en miracles feconde , Dut de sa vie obscure eterniser le cours ? L'auleur trace les princlpaux caracteres de la Divinite; en- suite, il apostrophe ainsi I'homme mondain : 0 LIVRES FRANflAIS. FJi quoi! tl'tin Dieu vengeur ccs terribles images N'oiit pas glace tes sens d'epouvante et d'horrcur ! Poursuis. A des motiels couis ollVir tes hommages ; Va lever retendard du schisme et de I'erreur; l)u 'rres-Ilaut foule aux pieds la puissance supr<5me; Abjure, et sa eroyance, et son culle, ct scslois, Pour cncenser I'lirgueil des homnies et des rois. Ne connais de pouvoir que sous le di.ideme ; Ne vois de majeste que chez les conquerans. En vain ils out baigne Icurs trAnes dans nos larmes , De leur glaive de uiort moissonne lous nos rangs; Une gloire tie sang a A"u!dicil>les charines : II la Taut par tes chants clever jusqu'aux cieux. Que tardes-tu ? L'idole a I'autel se presente... Insense ! viens les voir tes heros demi-dieux Expirer sons I'affront d'une chute cclalante. Un seul jour les disperse et les rend au neant. L'Hternel s'eii ser\ait, dans sa juste colere , Pour cliAtier nos fronts , pour effrayer la terre : D"un souffle il a brise ce fragile instrument. Bres. 279. — T'oyagc a Saint-Lcger, campagne dc M. le chevalier (Ic BoufJIcrs , suivi du Voyage a ('Itarcntnn, et de notes conte- riant des particularites sur toute la famille Boiifflers, des pieces iiiedites oil des lettres de Voltaire , Ticssaii , Dellllc , Moittcs- (luieii, floriaii , La Uurpc , Marmonlcl , etc.; par M. de La- BouissE. Paris, 1827 ; C. J. Trouve. ln-8° de viij et 216 pages; prix, 3 IV. II y a entre les gouts de iiotre siecle et ccux dii siecle dernier tine difference qui tient a celle des moeurs et a notre carac- tere, que trente anuecs de revolution n'ont pu entierenient changer, mais ont dii considerablenient modifier, mei.ie a notre insii. Voltaire, qui nous a tant appris a penser, disait deja de son teiiis : On a banni les demons et les fees ; Sous la raison les graces etouffees Livrent nos coeurs a I'insipidite ; Le ralsonncr tristement s'accredife. On court, helas , apres la verite ; Ah ! croyez.mui , I'erreur a son mcrite. {^Ce qui plait aux dames, conte.) Que dirait-il, s'd vivait aiijourd'hui, de nous voir devenus un peuple essentielleinent raisonneur ! Sans doule il ne pour- rait nous blamer d'avoir pris des goiits plus solides ; mais peui-etrc regretterait-il de ne pas nous voir plus souvent sa- LITTERATURE. ^f.i ciifier aux graces. Les progres de cette difference dans Ics gouts que nous signalons entre la generation qui s'eteint et celle qui commence semblcnt devenir de jour en jour plus rapidcs. Chenier, au sortir d'une epoqiic de troubles, a pu dire encore, dans son Tableau de la Utteraturc francaisc : « ]| existe en France un ])nb!ic de clioix, qui sait apprecicr I'es- prit veritable, etqui a bcsoin de le trouver; c'cst de ce public qu'il faut satisfaire la curiosite; c'est pour lui que M. dc Bouf- flcrs ct M. DE Parny, conscrvaiit le seul ton convenable a la poesie legere , y maintiennent encore ceite politesse elegante qui fait le charme de lours ecrits. » Aujourd'liui , ces (pialites , seuies , seraient moins appreciees du pul)lic ct des critiijues, et je lie sache pas, par excmple , tju'on ait beaucoup parle dans le monde de la [)ublication que nous annoncons et qui eut certainement fait sensation, a luie autre epoque , par les noms et par les souvenirs qu'elle rappelle. Le Voyage a Sa'int-Legcr a ete fait par I'auteur, en i8o5, dans la compagnie du libraire Guiliaume , qui dcvait publier I'annce suivante une nouvelle editiou des oeuvrcs de Boufflers, dirigee par M. de Labouisse , projct qui n'eut point d'cxecu- tion , peut-etre parce que I'edition de i8o3 n'etait pas epuisce. Voici la maniere de voir que le poete prete au libraire : Bien mieux que tant d'ccrits profonds , Les bons mots qui courent la ville , L'epigramme , le vaudeville, Voila les bons livres de fonds. (p. 5). Nous ignorons si telle etait alors la pensee de I'infatigable cditeur de tant d'ouvrages utiles ; mais son catalogue tcmoi- gnerait aujourd'liui de son inconstaiice ou de celle du public, et viendrait a I'appui de ce que nous avons dit plus liaut. M. de Labouisse lui-uieme , tout attache qu'il se montre aux anciennes idees , a la conscience des modifications que reclame Tepoque ou nous vivons , puisqu'il dit (p. vij de sa preface): '< Si j'avois aujourd'liui a raconter une seuiblablc promenade , il est probable que je I'ecrirais differemment , que j'y mettrais d'autres peiutures , que j'y ferais d'autres observations ; » aussi , ne publie-t-il cet ouvrage, ecrit depiiis vingt ans, que comme un hommage a la memoire de I'aimable poete qui en fait le sujet et qui I'honora de son ainilie. Les lecleurs doivent chercher dans les notes le coriectif a plusieuis passages du texte qui pourraient leur paraitre contenir une morale un peu trop facile , tels que ceux ou il est cpiestion des maitresses de nos rois. M. de Labouisse dit (p. no) que c'etait la mode , 752 LIVRES FRANC A IS. an terns dc M. de Bonfflers , de tiaitcr frivolemeiit les ques- tions les plus ^;;raves , et hil-mome ne s'aper^oit pas de la fti- volite avfc laqudle i! jiif;o ce poete aimabNr, mais philosophe , en lui reprochant serieusement (p. 49) d'avoir ecrit sur le librc nrhitrc , sur la vertii , sur la sagcsse et siu" la raison. Point de raison, C'est du poison Monsieur, qu'on vous demande. liii repetail-il dans ces aimables enlretiens ou ils faisaient assaut d'esprit et de compliment, et dont M. Labonisse a vouhi que lien ne fut perdu pour nous; la socieic clioisie qui se trouvait rassemblee aupres dc M. de Boufflers se livrait alors a de pctitcs boutadcs dont j'aurais bien desire , poiu' ma part, etre le temoin, mais auxquelles tons les lecteurs ne sent peut-ctre pas disposes a mettre I'importance qii'il y attache. Quant aux amateurs de jobs ricns ou de poesies legeres et gracieuses , nous pouvons leur recommander ce volume ; ils y trouveront de ces choses qui semblent acquerir plus de prix , a mesure que le cercle des ap|)reciateurs se retrecit. M. de Labouisse I'a seme de vers, extraits de son propre porte- feuille, et qui ne sont point deplaces a cote de ceiix de son modele et de sou maitre ; nous signalerons surtout uno pi- quante parodie du conte de Boufflers , la Fillc et le. Cheval (p. 62 ) , et trois jobs couplets sur le mot et sur la chose (p. 66.) Le Voyage a Salnt-Leger occupe les pages 1 a 69 du volume; et les notes, imprimees en petit texte, les pages 71 a 122; viennent ensuite (p. 1 23- 140) une Notice sur M""" dc Boufflers, ofi Ton trouve des vers inedits d'elle et de son mari; un Voyage a Charenton (p. 141-170), avec des notes (p. 171- 186) et une Notice sur le vicomte dc Dampmartin (p. 187-216). Pendantle court sejour que rauieur fit a Charenton, il assistaa une representation donnee par les habitans rnemes de I'hospice; cetle representation se composait de la comedie de Xlmpcr- tinent , par Dcsmahis, du Doyen de Killerine , drame de Mcr- cier, el de X Auherge pleine , comedie- folic de Desforges. Croira-t-on que Bonaparte, comuie raffirme I'auteur dans une note de la page i65 , ait fait enfermer dans ce lieu de mi- sere, des royalistes^<.^\ , dans des entretiens particuliers, dit-il, avaient manifeste franchement leurs genereuses oi)inions, et ipi'il auraitessaye de faire passer pour fous? »Ce passage, et plusieurs autres du voli.'.ne , qui conlraslent singulierement avec le ton general de I'ouvrage, attesteraient un noble courage de la LITTERATURE. 753 part (le Fautciir, s'ils out reellement etc eciits en i8o5; mais, tn menie terns, ils proiivcraicnt ou que le secret dcs leltrcs n'otail pas alois viole , comnie il I'a etc depuis, on que M. de Laboiiisse ne paraissait ])as daugcrcux , on bicn etifin que Vintraitftble Corse , comme il I'appeile (p. i5), n'elait pas aussi intraitable ni aussi vindicatifqu'il lo dit. E. Hereau. 280. — * Contes cliinois, Iraduits par MM. Davis, Thorns, le P. d' Entrecolles , etc., et publics par M. Abel Remusat. Paris, 1827; Moutardier. 3 vol. in-i8; prix, 7 fi. 5o c. Dans une preface courie, niais subslantieile, M. Abel Re- musat explique les motifs qui I'ont poitc a publicr ces Contes chinois, que lui-mcme n'a pas tiaduits, dont plusieurs avaienl paru en d'autres terns, mais qu'il a reviis et enrichis de notes. D'apres le succes bi(;n mcrite qu'a obtenu sa traduction du joli roman i^Iu-Kiao-U , il a tonte raison de dire : » Le public a montre quelque disposition a accueillir les tableaux de la socicte de la Chine, tels que les ecrivains de ce pays les ont traces dans les ronians de moeurs. On desire que le nombre de ces remans, rendus accessibles aiix lecteurs europcens, devienne plus considerable. Mais ce travail preiente (piekpics difficultes de plus que la traduclion des OPluvres de sir Walter Scott ou de Wanderwelde ; et, en attendant que le zeie des savans puisse contenter la curiosire des amateurs, on a jug^e qu'il serait agreable a ceux-ci de possedcr qiielques echanlillons du gout des Chinois dans un genre secondaire, celui des Contes moraux et des Nouvelles. » En effet, la lecture des opuscules coutenus s : <■ On y verra des baleliers, des artisans, des usuriers; onyobservera descomplots de fripons et dcs scenes de brigands. » Et il faut convenir que la haute idee (pt'ont fait concevoir des Chinois les livres de leurs sages, de leurs philo- sophes, ne paraitra plus fondee, ui juste, si les autcurs de ces historiettes ont peint la sociele telle qu'elle est, et n'eu ont pas voulu faire la satire. Toutes, il est vrai, ont un but moral : presque toujours, au dcnouoient, le crime est reconnu, puni , et la vertu triomplie : oui ; mais avec quelle facilite, dans ce pays, se commeltent les plus atroces delits! Quelle corruption dans les juges ! Quelle abjection et quelle aviditc dans les classes inferieures ! On ne peuts'empecher de s'ecricr presque ii chaque T. XXXV. — Scpiemhrc 1827. /|S 754 LIVRES FRANCATS. pai^o : Jc n'irai poi:it vivrcla;Io ijoiiverncnioiif n'y vaiil pas encore Ic iiotic, et Ics niceurs y sont ]>li'.s niauvaiscs. Les as tons (It- riiitt'ivt ; niais tons ]>tuvrnt contiihuer plus ou iiioins a fuiio miciix ronnaitrc los h.il)itucl("S tin pcuplc cliinois : les snjrts en |)arai- uont sonvont bizanos; cila doit otie, ctc'«'.st,a mesyeux, lein principal mtrite. Tons, a pen pics, ])eclicnt par Ic dtiiounicnt; mais il y a de I'art dans la composition. Lc meillenr, sans aticiin doute, est celiii cpii a pour litic : VHcrohmc de la pivtr filialf , et qui n'avait jamais etc public. M. Abel Remusat fait sur re contc unc observation fort juste. » 11 faut .s'ctrc bieii penc'tre, dit-il, des idees chinoises pour en appiecicr le metitr. Uiie femnic exposce pendant plusieurs aunees a d'odieiises persecutions, sans qu'ellc perde jamais dc vne la vengeance qu'elle doit a ses parens, et, des qu'ellc I'a obtenue, qoittant sans regret la vie qu'elle ne supportait que par devoir, est , aux ycux des Chinois, un modele d'lieroisme, et lexemple de la piete fdiale. On ne \oudrait pas chez nous que lc crime et le chalimcnt fiissent separes par un anssi long intervalle. « II V a quelipies tableaux gracienx dans le contc : rOnihrc. duns I'caii; et iis rappellent un pen ceux que Ton trouve en abondance dans le roman des Deux Coitsines. Mais le plus ingeuieux, le plus piquant de tons ces contes, est tres-certaincment celui de la Malronc dc Soniig. L'auteur chi- nois en a pris lc sujet dans la Matronc d Kphesc ; mais le snjet seulement ; car tout est different, et les princi|)aux fails, et les pcrsonnages, et les details, et surtout le deuoument qui, dans W. conic cliinois, est d'une rare extravagance. En icvanche, on y trouve tui episode tres-plaisant, et plus salirlque peut-elre que ne Test la fable nirme de la Matrone. Le voici en pen de mois.Un philosopher encontre une jeuiie veuve en longs habits de .i'elle I lent a la main, sur la terre fi aichement amoneelee. Cette fosse est celle de son epoiix qu'elle a perdu tout recemincnt, ct qu'elle aiuiait Ac. la pins '.'ivc ardeur. Et pourquoi cvente-t-elle ainsi sou tombeau? C'cst qu'eu expirant, il I'avait conjuicc d'alieudre, avant de songer a un nouvean mariage, que la superficie au moius de la terre qui coiivrirait son corps, fut entierement desseehee. Pour bien connaitre la litteratuie chinoise, il nous faudrait encore des traductions de quelqucs poemes, et surtout des tra- ductions de pieces dc theatre de diverses epoques. Je desire que M. Abel Remusat ait assez de loisit- pour s'occuper dc cc grand travail, dont je ne me dissimule pa; Ics difficultes, on LITTERATURE— MEMOIllKS ET R/VPPORTS. 755 que dii moiiis il Ic confie aux cleves (|iii auront le mieux pro- lite de ses savautes Iccons an Colli'ij;e de France. A. D. 281. — Lcs Stiisscs sous Rndolj)hc. dc Habshnur^, roman liis- loricjue, par M™' la barotiiic d'Okdre, autcur dcs Nouvelks hchctiques. Paris, 1827 ; Gossclin. C vol. in-12; prix, 9 (r. La carriere ouverte par Walter Scott rst parcounie en France avcc des siicces divers ]inr phisienrs ccrivains. Aucun, il faiit I'avouer, ne parvient a donner a scs rJcits cettc vorile de coidcurs ct de moenrs qui , chcz I'aiiteiir crossais, captive I'attention des Iccleurs les plus ctrangcrs anx siijcts (ju'il expose; luais presfjue tous nos romanciers, lorsqu'ils apjiellent I'iniagination au sccours de Thi-toire, cn'cat des Sc- lioiis plus foites et anssi vraisemblahlcs. On fair snrtout celte roQexion, en Iisant le nouvel ouvrage dont M""^ d'Ordre a eni- prunte I'idee aiix annales de la Suisse et de rAlleniagne. L'eiec- lion de Rodolphe de Habsbourg au trone imperial et les diftl- cultes qu'il eut a vaiucre pour s'y afferniir, ne fournissaicnt point par ellcs-meines la niatierc d'lin ronian ; il a failu que i'autenr prclat a Tempereur et a ses cnfans des aventures qui, sans trop contrarier I'histoire, ajoutassent a I'interct de ses recits, et qu'il placat a cote des personnages historiques des portraits de fantaisie qui parussent du meme siecle qu'cux. ]yjinc fl'Ordrc nous semble avoir rempli heureuscment eette tanhe difficile, mais son livre n'est pas aussi bien ecrit que compose; on y remarque des incorrei-tions, qu'il sera facile de faire disparaitre dans une nouvelle edition. C. L. r.Ienioircs ct Rapports de Societes savantcs , littt'inires et d'litititr puhllque. 282. — * Bidlctut dc la Societe d'agricalturc , belli s-lettrcs , sciences et arts de Poitiers (departement de la Vienne). N" 11, l!^ mars 1826; 4 juin 1827. Poitiers, 1827. Imprimerie dc Catineau. In-8° de 4o pages. Cest principalemcnt d'agriculturc (jue la Socu'u- dc Poitiers s'est occupee , durant le cours de la derniere annee acade- raique ; et, ce cjui etonnera peut-etre , c'cst que , dans un pays auquel rhorticulttu'e a desi grandes obligations, il n'en ait pas ete question pendant toute I'annee. Ce bulletin contient un fort bon memoire de M. de Fayoli.e, siir iemploi de In cliaux coinine engrais. Ees resultats auxquels cet agronomc est parvenu avaient deja ete consignes dans d'autres ouvrages ; mais ils sont exposes avec clarte dans ce memoire, souniis a une dis- cussion judicieuse , et confirmes en ce qu'ils ont de plus im- /,8. 75fi LIVRES FRANCAIS. portaiit. Oil lit aussi avcc inU rot , dans cc meinc cahicr, une notice dc M. lablM'; Gin\uLT sur rouvrago do M. Tabbo Mahk, anti(Hiairo du Morljilian , qui a bi'aiifon|) conlribiu'; a faire coniiaitie Ics ancioiis momimons dc son pays. Cc savant , dit M. (ribault, a oublie Ics picrrcs itincraircs, qui jouercnt ce- pciulant un role considci'ablc dans la thcologie druidiqiie. Elios ctaient consacrccs an Mcrcxrc dont paric C»;sai', Icquel nc petit ctrc que Teutates. Mais raiitoritc de Cesar doit-elle etre invoquee dans ces sortes dc reclierches ? Qn'on le croic lorsqu'il parle d'operations militaircs et de ce qui est rclatif a la guerre , dcs distances des lieux , de la figure du terrain, etc. , a la bonne lieure : niais rien n'annouee qu'il ait mieux^onnu que les autres Romains les usages, la religion et le gouver- neuient des nations qu'il combattait , non plus que I'histoire natu relic dcs lieux qid etaient le theatre de la gueri'c. A cet egard, I'iguorance des historiens romains est si bien constatcc, qu'ori est fonde a douter du savoir de Jules Cesar lui-nieme. aS'i. — * Socictc (les lettrcs, sciences et arts , et rfa<^ria/lture de Melz. Huitieme annee : 1826-1827. Metz , 1827; Iniprimerio dc Laniort. In-S" de'2i7 pages, avec "i phinclics. Nous avoiis deja fait remarquer plusieurs fois conibien la ville de ?.Iitz est fa vorisee pour la culture des sciences , el jiour leurs a)iplicalions aux arts. On doit done s'attenclie a irouver dans cluKjiie publication de la soeiefe savante formee dans cette ville de notivelles instructions pour I'industrie , des lumieres plus certuines pour la diriger. La societe de IVTelz se nionlre , d.ins ce voliuiie , telle que devraient etie partout les reunions d'hoiiimes instruits et philantropes : autour d'elle I'esprit d'in- vcntion est excite , I'inventcur qui s'egare est averti a terns , et reniis sur la voie ; au lieu de perdre son terns en vains essais , il jieut employer utilement son activite et Ics ressources de son imagination, tin /«7jco/?.fH/^rt^//c/o' arts, totijourscn activite, reiul plus dc services que la bibliotliequc la micux pourvue d'excellens ouvrages, qui nc sont i)as toujours i> la porteo de , ccux qui voudraicnt y puiscr de rinstriiction. Ainsi, tandis que les Qours industriels repandent parmiles ouvriers des connais- sances dont prescpie tousavaient manque jusqu 'a present, ceux qui f.'occupent dans les ateliers et les chantiers, aux champs on dans leur cabinet , ne manquent pas non plus de la direction (lout ils pourraient sentir le besoiu. A la seaiiee publique du 20 mai dc cette ainiee , le president de la societe ( M. Renault) , dans un discours sicr les liearenx cffets de V instruction, repondait ainsi aux adversaires de I'en- seignemcut industriel: « Jetez lesyeux, dirai-je a ces critiques, jetez les yeux sur cette classe ouvriere dont les tributs sont d'urt RAPPORT DES SOCIETES. 767 si grand poids dans la balance des Etats : naguere , son is^no- rance et ses tnceurs en faisaient une classe h part ; rebulee (le tourner peniblement dans le cercle etioit de la routine , elle ne voyait dans la necessite d'lin travail nianiiel et joni nailer qu'un assiijcltissement aussi liumiliant que rigoureux dont elle ciierchait a oublier les dt^outs an milieu de ces |)l;iisirs que condanine la temperance; aitjourd'hui , nous la voyons s'ap- pliquer avec ardeur a perfectionner ses talens , consacrcr ses hcures de loisir a une etude dont chaqne jour elle apprecie niieux les immensos avanta!i;es , et nous elonncr ]iar la rapidite de ses pro^res et i'estimable regiilarile de sa conduite. Le Precis des trcivaux de la soclete pendant V annce 1826- 1 827, par le secretaire ( BL Bergery , professeur de I'ecole d'artil- lerie ) , est tresetendu, quoique cliacun des objets passes en revue soit rednit a ce qui est ri^oiueusement nccessaire pour en donner une idee juste. « Le devoir de celui qui ecrit I'his- toirc des travaux d'une societe acaileniique est des'oublier \y\\- meme ponr ne s'occuper que de faire ressortir les idees utiles des auteurs et des rapporteurs. " M. Beriicry ne s'est point ecarte de ce devoir : cctte justice lui sera certainement rendue par ses collegucs; et quant a ses lecteurs , couniie ils arriveront a la fin de son precis sans avoir cesse un scul moment de s'oc- cuper avec attention de chaqne sujct qui leur est presente, ils ne scront pas moins satisfails de I'liislorien de la societe de Metz, que des noudjreux et interessans travaux qui ont ren)]>li sonannee academi(]ue. M. Berbery commence par rendrecompte du resultat des cours industrich : nous crovons devoir trans- crire ce qu'il dit siu' les exnmens. « Les resultats des examens severes tjue nous vcnons de ter- mitier, montrent bun mieux encore corabien , dans moins de deux anneesjesouvriers messins ont acquis d'insf ruction. Cincj prix,vingt-cinq attestations decapacile et desavoir , cinquante- huit mentions honorables vont etre derernees; et ccpendanf, tons les chefs d'atelicrs out ele exclus du conconrs. On a pcnse que , par suite de leur experience et de la maturite de leur es- prit , ils sont trop convaincus de I'utiiite des sciences et des avantages qu'elles peuvent leui' procurer , pour avoir besoin d'encouragemcns. Nous avons vouin que les examens ne fiissent point publics, de peur qnela timidite des concurrcns ne para- lysat leurs movens; mais nous avons vonlu aussi , ponr detruire les inconveniens du huis clos , et presenter une forte garantic de rimpartlalite desjugemens, que le jury fnt le plus noinbreux possible. En consequence, MM. le niaire et ses adjoints, MM. les mcnibres du conseil municipal . et trois membres da comity 758 MVRE.S FRANCAIS. industricl ont clc invites pnr la socioto a siii%'re los cxaincns et u voter avec vos iiciif conimissaircs , pour Ic rboix vl la pro- clamation ties vainqiieiirs du concoius. YoiJa le ])ieeis hislo- lifliio lie rinstitiilioii des coins iiulustiiels : cile iie date encore que de deux annecs; ot deja ellc a ])rodtiit de grands lesidtats. Les idees de iios onviiers se sont atn-andies ; ils oiit siinpliKe leurstiavanx, perfectionnc leurs metliodes et leiirs instriinicns; et, ce qui vaut niicux encore , leius habitudes morales se sont sensiblement ameliorees : je I'affirme , parce quo, pour quel- qiies-uns, j'en ai acquis la preuve. Jugez par la de ce que sera I'industrie niessine dans cin(|ou six ans, si rien n'entravenotre marclie , si nous parvenons a elablir ot a terminer licureusement un cours A'cconomie industricllc , un coiirx- dc pfiysiquc rt civ chi- riiie apptirjurc's mix arts. Alors notre institution presentera im ensemble qu'on nc trouveia pcut-etre dans aucune decelles qui ont le meme but; alors la societe aeademitpie de Metz aura vraiment I'empliles devoirs qu'ellc s'est imposes en se formant; alois, enfiu, ceux de nos concitovens que leurs connaissances profondes sembleraient devoir ol)liL;er de prendre ])art a nos travaux, re^relteront pent-etre de ne pouvoir i^outer, comme uous , ia douce satisfaction d'avoir contribue a la prosperite, a la s|)lendeur de notri; cite. » M. le secretaire divise soiiprrcis en 5 sections : sciences nia- tltematiqucs , physirjacs et invdicalcs ; mccaniqiie pralirpie et arts divers ; agriculture , ecortomic pubtitpic et doiiicstiijiic ; littcrature , archcologie ; melanges. II nous est impossible de faire mention de ce que chaquc section offre a la curiosite du lecteur ; il fau- drait citcr trop souvent. IN'ous nous bornerons a ime observa- tion ()ui n'est certainement pas neuve, mais qu'il faut reproduire jusqu'a ce (ju'ellc soit reconnue comme une verite qa'il n'est plus permis tie conlcstei-; c'est que I'etude des sciences, loin de nuire a la littcrature , de rcfroidir I'imai^'ination , de dessecher tons les sujets, forme le jugement tie I'liomme de lettres beau- coup mit'ux <]ue ne pouriaicnt le faire les meilleurs preccptes ties ibeteurs , et que le yout ne pent se passer de la rectitude tin jugemeut. Cetie verite est encore tres bien developpee , dans un rapport fait par M. le professeur Thikl, sur le concoiu's relatif a cette question: quel est le systeme d'etudcs publiqucs le plus propre it rendre la France riche et puissantc ? Une Note de cet ('crit nous appiend que , sur la tlemande de M. le rectein- de I'academie de Nancy , le conseil roval de I'instruction pir- blique a autoiise, au collcjje tleToul, I'ouverture de cours d'a- rithmeticjue , de geometiie , tie mecaniqne et de dessiii , destines aux jeunes geus (jui dcsirent se livrer au commerce , aux arlv MEMOlllES ET RAPPORTS. —OUVR. PEU. 759 vt metiers et aiix foiiclions «riiistiiutfurs priinaires. Le prix n'a pas ete adjiige : la question misc an concours nc poiivait otic resoluo que par dcs hoirnnes supcriems , qui joit;nisscnl une longue experience a nn profond savoir , etipii connussent par- taitcmenl la France morale, politique et industrielle ; (^es hom- ines ji'ont guere lo terns (recrire, et ne se prcsentenl point anx concours. U'autres rapports tres interessans sont inseres dans ce vo- lume ; M. DiDiox rend compte du concours des oovriers audi- tcurs des cours industriels ; M. RIunier , d'un concours de charrues , etces deux rapporteurs font voir que I'art de la guerre n'est point enncmi de ceux cpi'on ne pent culliver qii'au sein de la paix. Un memoire de M. Wois.vru siu- une nonvelle scierie etablie a Melz par M. «e Niceville n'est pas encore termini- ; lorsque I'auteur aura donnc la seconde partie qu'il fait esperer , la mecanique pratique aura fait Tacquisitiou d'un ecrit (pil pourra etre mis dans les mains dcs etudians, conniie excmple de I'appUcation du calcul a la determination de I'effet uiile des inacliines. C'est a regret que nous n'i*ntrons ])as dans de plus grands details sur ee volume si piein de choses. Le prograunne pour le concours de 1828 est divise en deux parties distiiictes. Dun cole, sont les questions purement locales pour la solution desquelles la societe de Jletz ])romet des medailles, ou le litre il'associe libre, ou celui d'associe correspondant ; de I'autre , sont les qneslioui d'un interet general , les seules que la Revue. Encycloijedlcjiie doive annoncer a ses lecleiu's. Le premier prix ( niedaille de 3oo fr. ) sera decerue a une suite d'experleneea suv un de.i cas de tecoiilentcnt des flitides qui nont pas encore cte traitcsd'une maniere voiivcnnble pour la pratique. Le second prix ( medaille de 200 fr. ) est reserve a une question litleraire ; la societe propose celle-ci : <( En quoi consiste I'erudition vrainient utile? Comment etjusqu'a quel point le gout lui permct-il dc se montrcr dans les oui>ragcs , soit lilteraires , soit scientijiipies ? » Les Memoires devront (itre envoyes rti'«/(^ fe i5 mars i8a8, Jrancde port, a M. Bergery, secietaire de la Societe academique de Melz. Les prix seront decernes , dans la seance du mois de mai suivant. F, Outrages periodlqucs. Suite de la Revue des Journaux des departemens. i^Voyez t. XXXIII, p. 272-276, 5<)6-5f)8; t. xxxiv, p. 270-271, 83-525; et ci-dessus , p. 474-480.) 284. — * L'amide la Charle ,\o\xn\A du Puy-dc-Domc. Clci- ;6o LI V RES FRA-NCAIS. niont-Fenaiid, 1H27 , A.u|^uste Voysset, imprimciu dujomual, chcz lequel on soiistrit. Prix de rabonnemcnt , iG fr. pour un an; 9 fr. pour 6 mois; 5 fr. pour [\ mois. Le litre que porte ce journal n'est pas usurpe; les rt-dacteiirs prennent soin de le justifier : niais , aussi amis du I'ordre quo de la liberie , ils observenl scrupuleusement les lois el les con- venances , non moins iniperienses pour des ecrivains qui se respectenl , que les ordres des magistrals. Nous liii reproche- rions volontiers de par'.er beaucoup trop souvent d'une feuille quotidicnne , qui tomberait bieiUot dans Toiibli , si elle etait abandonnce ;\ sa deraison. II est vrai que les journaux de Paris, sans en excepterle Mo/iitcur, rompentjournellemenl des lances conlrc cet unique adversaire qui resle encore debont dans la lice : mais c'esl un mauvais exeniple dent les journaux des de- partemcns feront bien de se preserver. Le departenient du Puy-de-Dome, qui cultive avec succes |)lusieurs branches des connaissauces hnniaines , el qui compte dans son sein m\e academic a laquelfe les premieres societessa- \ antes de I'Europe pourraient envier plusieurs deses membres, est un deceux avec lequel la Revue cncjclopedujue est le plus inleressee a multiplier ses relations : elle emprunlera volon- tiers quelquefois a {'Amide la Chartedes articles inslructifs dont il lui est facile de se pourvoir. N. 285. — Le memorial de la Scarpe , journal des spectacles , des lettres,desarts, d'annoncesjudiciairesetcommcrciales, a Douai (Nord). Prix de rabonnement , 6 fr. par trimestre. Les redacleurs ne se bornent pas a recueillir les fails el les annonces qui penvent intercsser les lecteurs du pays; ils por- tent plus loin leurs regards el renfermcnt , dans le cadre de leurs noiwclles et varietes des articles d'un interet general ex- traits des principaux journaux de Paris et des pays etrangers. Nous leur conseillons cependant de ne pas adnieltre trop faci - lenient certains rapports apocryphes , et de faire disparaitre de leur feuille , recommandablea beaucoup d'egards, des plai- sauteries de mauvais ton , du genre de celle que nous avons re- mai-quee dans le n°du 2aout, et intitulee: Arrestation singuliere. Ces conies uses ne font plus rire; I'esprit du siecle est serieux et reflechi, el se plait surtout dans les choses vraies et utiles. Le Memorial de la Scarpe conlient un rapport curieux et inle- ressanl sur I'exposition des arts et de I'induslrie a Douai: les divers articles publics sur ce sujet offreut une lecture instruc- tive et attachante, et donnent une idee favorable de la varielc des connaissauces et de la rectitude du jugcment de M. Chknou qui les redige. t^E. LIVRES EW LANGUES ETRANGERES. 761 Livres en laiigucs etrangeres , im primes en France. 286. — * Beitriige zur dciitschcn Literatur and Literi'ir- Gescltichte , etc.— Pieces pour scrvir a Thistoire litteraiie , con- tenant quelques poesies inedites de Sebasdcn Ekandt, avec line Notice biograpliique et nn portrait; des Lettres de Tlinmas MuRNER, avec \xn fac-siniitc ; Ic Saint Annuaire [das Heilige Nahmenbuch) de Conrad dc Danc/xrotzlteiin ; rennies et publiecs par Adam Gaatlner Strobel. Paris et Strasbourg , 1827; F.-G. Levrault. In-8°. L'histoire litteraire de I'Alsace, province si francaise aujour- d'hui par son devoumcnt et ses affections, et qui lit neanmoins pendant des siecles partie de I'empire germanique , est pleine d'interet. M. Strobel s'occupc d'en tracer le tableau; ce recit servira de pendant a l'histoire politique de ce pays, publiee par Ics Schocpflin et les Grandidier. Les savantes recherches de I'auteur rempliront plus d'une lacuue, signalee par les litte- rateurs; I'opuscuie que nous annoncons en fovunit d'avance la preuve. Brandt, pocte satirique, qui jouit long-tems d'une grande celebrite, naquit a Strasboin-g en i458; a I'age de dix- sept ans, il commenca ses etudes universitaires a Bale on il obtint, en 1487, le grade dc docteur en droit. Il se distingua comme jurisconsulte, tant par ses ecrits que par la maniere honoi-able dent il s'acquitta de plusieurs affaires importantes qui lui furent confiecs. L'empereur Maximilien, qui le crea conseiller imperial et conite palatin, eut souvent recours a ses luraieres. En i5oi, il obtint dans sa ville natale la charge d'avocat et de syndic, et plus tard cclle de chancelicr; il fit partie de I'association litterairc creec par IFiniplieling , Sturm de Sturmeck, et autres homnics celebres du tems, et dont feu M. KocH a parle dans les Menwircs de I'Institut [Sciences morales ct poiaiques , t. iv ). Brandt mourut a Strasbourg Ic 10 mai 1 52 1. Malgre les fonctions dont il fut revetu, il ne negligca jamais le commerce des Muses , qui avait pour lui beaucoup d'attraits; il cultiva surtout le genre satirique, tres en favcur de son tems. Son Navire desfous, poeme ou le caus- tique docteur passe en revue les travers de toutcs ks classes de la societe, eut un succes prodigieux , et acquit une reputation vraiment europeenne; il eut de nombreuses editions et fut successivement traduit en bas-saxon, en francais, en hollan- dsis, en anglais, en latin. Mais, ce qui est plus piquant, c'est que pendant I'annee 1/198, Geyler, dit de Raisersberg, predi- catcur celebre, precha dans la cathedrale de Strasbourg sur des passages tires de ce poeme, ce que de nos jours on n'aurait 762 LIVRES EN LANGUES ETRANCtERES. pout-rtrc j)as trouvc fort orthodoxo. Lcs ])ot',sics ini-tliu-s de Branch, que M. Stioljcl publif aiijourd'luii, ct dont il ii'a cxisle jusqn'a picsi'iit qu'iiiu' copic failc dapres dos I'cnilli'h volaiites, ecriti's dc la iiiaiii dc Brandt, soiU au iionibre dc qiiarante-nciil. Ci' soiit des rJdc'xions morales mises en vers; on v Irouve des idees justes et un grand fond de bon sens; I'editeur a explique lis mots qui tiennent a I'idionie dii terns. Thomas Murner, conteniporain et compatriote de Brandl ( ne a Strasbourg cu 147^5 niort vers i536), s'est I'ait ej^ale- iiient une reputation connnc poete satiiique; il est I'auteur de la Corporation ties fripons ( Sclii'liiienzunft ) et de la Conjuriitiuu des Jous {^JSarrcnbeschworaiig). Miuner etait un anlagoiiiste de Luther et de sa doctrine; son earaetere foui;iieux et atrabilaire lui snscita de nombreux ennemis; il se (it chasser de plusieurs villes;c"estcependantunpersonnai;e fort interessant de t'epoqiie. ■Waldau, biographe de JMiuner, reyrette de ne pouvoir donner des details sur sa vie, depuis i5'i4 jusqu'a i5'a(). M. Strobel vient de remplir cette lacuue ])ar une suite de lettres auto- graphes de. Murner qu'il a trouvees dans une des areliives de Strasbourg. Le poeme intitule \e Siiiiit Aiinuairc [das flciL'ge Nalinien- buch) dont M. Strobel donne une reimpression , est de Cuno , ou Conrad, de Danhrotzlteim , village alsacien, qui porte aii- jourd'luii le nom de Dangolslieini. Ce Cinio etait un poete du xv^ siecle, et fiit membre de I'ordre jioetique des Muilrcs- Cltantres [Meistcr- Sanger). On doit cependant observer, a son eloge, qu'il est de beaucoup au-dessus de la pliq)art de ces rinieurs de mauvais gout. Le Saint Annuairc indique les fetes des principaux saints, et y rattaehe une description des diverses saisons et des travaux clianq)etres. Ce poeme a des passages iort gracieux qui rappellent ces poetes dits Minnesinger [citantres U'amotir), qui fluent les troubadours de I'Allemagne. TNous terminerons cet article en faisant observer que ci't ouvrage de M. Strobel se recommande par une discussion lucidt- et une critique judicieuse. L'execution typographique et la litho- graphie du portrait de Brandt ne laisscut rien a desircr. D. E. Stoeber. IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. Colonies amebicainesrussks. — Port de Novo-Arkhangeio DANS l'i*le dk Sitka. — Etat dc ccs colonies. — Ctiniat. — Po- pulation. — Inlrnduction dc la vaccine. — Agriculture. — Eco- noniie domestiquc. — Caractere des Indigenes. — TJiif feiiille nisse scmi-quotidienne , publit-e ;i Pt-tersbnurg, sous lo litre d' Abeille da Nord , a offert, sur les colonies ameticaines russes , cles details qui nous ont para devoir interesscr nos Iccteurs. Toutes les colonies de la compagnie americaine-riisse sont dans nnetat tres-satislaisant. LesPiiissesJes Creoles et les Aleoiuiciis sont en paix et en bonne intelligence avec les peiiplades sau- vages.Il ya generalenient pen de malades, et point de maladies extraordinaires. Les relations des lilus chers, et baissent raeme de prix. L'accroissement du produit des mines est sensible , quoique les exploitations entreprises aux tVais de I'Etat n'aient point recu d'ameliorations et soient demevu'ees stationnaires. Dans les exploitations entreprises par des etrangers, on a etabli dcs tnachines , perfectionne les procedes , ouvert de nouvelles mines; et rinfluence des metaux qu'elles repandront se fera bientot ressentir dans le commerce. Le gouveruement fera ea sorte que ses propres exploitations parlicipent enfui a ccs avantages. On ne peut se dissimuler que I'introduction des marchandises etrangeres a porte lui coup funeste anx petitcs fabriques colombiennes, surtout dans les departemens mouta- gneux oCi la culture des terres est diflicile, et I'extraction des produits du sol penible et conteuse. Les habitans de ees con- trees echangeaient les produits de leur Industrie contrc ccux des fabriques europeennes. Les arts mecaniques ont fait quel- <[ues progres sous le regime constitutionncl; mais, pour les elever promptement et completemcnt au niveau dc nos be- soins, on sent la neccssite d'attirer des oiivriers etrangers, et de les y fixer par des avantages cpie ne leur ofirirait pas leur patrie. Malhcureusement , nous ne sommes point encore en <'tat de recueillir les elemens d'unc statistique sur hupielle on ■puissc compter : cet ouvrage de la paix et de I'ordre doit etre i'objet des soins continuels du gouvernement; mais il ne peut *;tre execute que pea a pen, avec du terns. On est deja parvenu COLOMBIE. 769 a fairc un recensement assez exact de la population de la rc- publiquc : elle s'eleve a 2,800,000 habitans, independamment dc io-(,ooo esclaves, ct de 204,000 indigenes non soumis, qui vivent crrans dans les forets et sur les montagnes. En coinpa- lant ce resultat a ce que Ton avail recueilli sur I'etat antericur de la population, on pent so convaincre qu'clle augmente ra- pidenient, et que la source de ses forces est en elle-mcme, bien plus quo dans le petit nombre d'etrangers qui se fixent annuellcment dans la Colombie. Cette population est repartie sur un territoire divise en 12 departemcns, Sy provinces, 236 cantons. On y compte actuellementgS villes, i54 bourgs, i,3/io paroisses, et 846 vicariats on petits villages. Le gouvernement a arrcte, en 1821 , qu'il serait etabli des ccoles dans toutes les paroisses, et des ecolos normales d'enseignement mutuel dans les principales villes de la repubiique. On espere reussir ainsi a fonder une ecole dans tons les lieux capables de pourvoir a I'cntrctien d'un maitre. Par un de ces hasards heureux qui rc- parcnt quelquefois les maux de la guerre , un religieux co- lombien, le frere Mora, deporte en Espagne conniie patriote jjar le general Morillo, a profile de son exil pour s'instruire dans la niethode de rcnseignenient mutuel. Revenu dans sa patrie, il a etabli a Capacho, jjres de Cucuta , une ecole sui- vant le nouveau systeme. Transporte a Bogota , il a forme , sous les auspices da gouvernement, une ecole-modele , d'apres les methodes combinees de Bell et de Lancaster. Pen apres M. Raphael Revexga nous a anienc de France M. Pierre Com- METAJiT, instituteur francais, avec les objets necessaires pour raettre en activite le nouvei enseigncment. Le gouvernement s'est empresse de soutenir ces louables efforts du patriotisme ; il a place deux instituteurs sous la direction de M. Commetant, et le frere Mora a ete charge de propager la methode dans les departemcns du Cauca, de I'Equateur, de Guayaquil et d'Asuay. Lorsque M. Commetant a cru les maitres qu'il avait formes en etat d'enseigncr dans la capitale , il s'est occupe d'etablir des ecoles normales dans les departemcns de la Madeleine et de Zulia : les deux zeles instituteurs se .sont acquittes a la satisfac- tion generale de la mission qui leur etait confiee. Il se former en ce moment de nouvelles societes pour propager I'euseigne- ment populaire, et nous desirons vivement qu'il s'en etablisse dans toutes les grandes villes. Des philantropes europeens se proposent de les aider dans leur patriotique entreprise. Combien cette epoquc est differente de celle ou le nouveau monde communiqua pour la premiere fois avec I'aneien ! On ne songeait alors qua s'approprier les tresors de I'Amerique : T. XXXV. — Septembre 1827. 4c) 770 AMfeRIQUE MlilRIDIONALE. niais aujourcriuii, unc gruciciisc comnninantr tU; l)i aines, dont 3o/ji csclavos. Lc district dc Worcester, y compris les terri- toircs de Clan-vvilliaras et de Tull)agli, a une population de I ijGgi.'^Iiabitans, dont /1711 esclaves. Graall-Reynct, situe dans la partie orientalc , el qui comprend les terriloires de Beau- fort et unc partie dc celui de Cradock, contient une popula- . tion de 5'.7,(>^7 habitans , dont 3i?.:i esclaves. C'cst dans les parries niontatjneuses dece district que sont eleves les inoutons et les bestiaux qui alimcntent le marclie de Cape-Town; c'est de la aussi que sont tires les vins et les i^rains destines a la con- sonunation d'une partie des habitans de la colonic. Lc district de Sommerset , dernierenient Ibrme , et (\m comprend les ferri- toires dc Cradock et une ])artic de celui d'Albany, n'cst ni aussi peuple, ni aussi etendu que le preci'denl; il est limitrophe du pays habitc par les Cafres, voisins aussi incommodes que re- doutables. Le district d'Albany a unc population dc 2767 per- sonnes, dont 400 esclaves; celui d'TJilenhajJte contient 8,^99 pei-sonnes, dont 11 32 esclaves. Enfin, le district de Georji;e possede6737 habitans, dont 1919 esclaves. On se propose de donncr unc autre division territorialc a la colonic, et cette division, qui, dit-on, a obtenu I'appproba- tion de S. M. , recevra bientot son execution : alors la totalite du Cap de Bonne-Esperance sera divisee en deux provinces , dont Tunc, appelee/;ro('//?c^' cfe I'Oiicst , sera coniposee des dis- tricts du Cap," de Stcllcnbosch , Zwellendam, Worcester et Cian-williams ; I'autre, la province dc I'Est , comprendra les dis- tricts dcGraaff-Reynet, Beaufort, Sommerset, Albany, Uilen- hatje et Geori,'e. Ces deux provinces sont a pen pros de la meme etendue, et leur population donnera les rcsultats suivans : la province de I'Ouest sera composee de /,5,oi/i habitans libres, et de 9.8,93/, esclaves : total 73,948 personnes; la province de I'Est aura 39,5i3 hommes libres et6575 esclaves: total, /,6,o88. Les productions de la premiere de ces deux provinces con- sistent principalement en vins et en bles; la deriiierc offre de nombreux jiaturages. Cape-Town, ou la ville du Cap, sera la capitale de la province Occidentale; el Uitcnhage, celle de la partie Orientale. He dc Sainte-Helkne. — On vient d'etablir un Obscivatoirc dans cette lie, sur la montagne de rEchclle. La situation geo- graphique d'un pareil etablissement permet d'esperer qu'il coiitribuera efficacement anx progres de rastronomie. F. D. EUROPE.— ILES BRITANNIQUES. 77? EUROPE. ILES BRITANNIQUES. Suite" do la Revik sommaire des societes savantes, litte- RAIRES , INDUSTllIELLES , PHILANTROPIQI ES , CtC. , de III Graiulc-Bretagnc. {Voy- t. xxxni, p. 280-284, 606-607, 846-838; t. xxxiv, p. 249; et ci-dessus, p. 488-489.) — Socicte royale de litteiaturc (2, Parliament Street.). — Cette societe a ete fondee le 17 juin 1823, sous la protection spe- eiale du roi d'A.ngleterre. Son but est d'etcndie la cidture des differentes brandies de la litteraiure, d'encourager et d'exci- ter le talent par des recompenses lionorables. A cet effet, elle tient des seances hebdomadaires, dans lescjuelles on discutelc merite des pioductions les plus importantcs, sur I'liistoire, la philosophie, la poesie, etc.; elle entretient aussi une corres- pondance suivie avec les litterateurs etrangers; elle accorde line pension de cent gninees par an , prise sur ses fonds ou sur la cassette du roi, ii vingt de ses membres; et afin d'entretenir pai-mi la jeunesse une genereuse ardeur , elle distribue annuel- lement plusieurs bourses pour les universites. Cette societe public des niemoires, mais a des epoqnes indeierniinees. — Institution dcLondres (Moorfields). — Cette societe litterairc; a ete fondee dans le niois de Janvier 1806, par une centaine des principaux habitans de la cite de Londres, qui y consacrerent un premier fonds de 70,000 liv. sterl. ( 1,760,000 fr. ) Son bul est de repandre la connaissance des lettres et des sciences par- Kii les jeuncs gens qui se destinent au commerce. La sociele possede une bibliotbeque considerable, composee de livres en toutes langues, anciennes et nioderncG, et (jni est ouverte aux abonnes Jet aux proprietaires , tons les jours excepte le di- manche, depuishuit heures du matin juscpi'a onze heures du soir; de grandes salles sont desttnees a la lecture des journaux et des ouvrages periodiques , et d'habilos professeurs font des cours comme a VAthent^e dc Paris, ci-devant le Lycec , sur dif- ferentes parlies de la litterature, des sciences et des arts. Le local qu'occupe la societe a ete construit par le celebre architecte W. Brooks. Ii a loS pieds de long, sans compter les ailes qui out chacune 16 pieds. Au centre de la facade est im joli portique , compose de qnatre colonncs d'ordre toscan qui supportent un meme nombre de colonnes corinthiennes, et ie tout est surmonte d'un fronton. Une grande salle d'entree, au vez-de-chaussee, est orni'-e de pilastrcs et dc colonncs, et Ton 774 EUROPE. tioiivu ensiiitt; tUvs salles pour la locliire des jomnaux, la sallo dti con,seilcI'iKlministraUon,etc. Lo grand cscalior, place a I'extre- mite de ia premiere grande sallc, conduit a la bibliotheque, qui a 97 picds de long et 42 de large. h'lnitittiiion tic Londrcs conipte un nonibre considerable de souscripteurs; il siiflit, pour en faire partie, d'etre presente par deux niembrtset dc payer une colisation annuelle de trois gui- nees. Les proprietaires ont iin billet qu'ils peuvent preter, et qui donne entree au portcur dans toutes les parties de I'eta- blissenicnt. — Institution Russel. (Coram Street, Russel Square.) — Cette societe a ete etablie en 1808: au nombre de ses fondateurs on distinguait le due de Bedford, lord Holland, sir Samuel Ro- MiLLY, James Scarlet et un grand nombre d'autres riches pro- prietaires de I'ouest de Londrcs. L'institution Russel occupe un tres-beau local, dans lequel on trouve des salles spacieuses et commodes et une superbe bibliotheque, composee d'environ dix mille volumes. Les principaux journaux ct ecrits periodiques sont re^us dans I'etablissemeift, et des cours y sont faits, pendant I'hiver, par les plus habiles professeurs. Notre savant collaboraleur , M. Ch. CoMTE y a donne en iSaS , un cours de litteraturc dramatiquc fiancaisc , qui a obtcnu un grand succes; et cette annee, MM. C. F. Partington, E. W. Brayley, Balmain et Henry IS tltl-l-e y ont fait des lectures; le premier, sur la chimie appliquee aux besoins usuels; M. B ray ley , sur la nature et les causes de la lumiere ct dc la clialeur terrestre; M. Balmain, sur I'anatomie generale et comparee; cnfin, M. Henry Necle , sur I'histoire et ie genie de la poesie anglaisc. Le president actuel dc rinstitiition Russel est le due dc Glo- cester;M. E. W. Brayley reunit les fonelions de bibliothecaire ct dc secretaire. Pour devenir membre de la societe, il faut eire presente par un des proprietaires , accepte par le comito d'administration , et payer une cotisatlon annuelle de trois guinees. Les dames sont admises a suivre les cours, en payant une guinee. — Institution litterairc de I'Oucst. [li'j, Leicester Sq uare.) — Cet te societe, londee, en 1825, par plusieurs citoycns dc I'oucst de la ville de Londres, parnii lesqucls on distinguait sir Francis Bur- DETT , membre du parlement; M. //tv/r/ Drummond, membre de la Societe asiatique; et le celebre poetc Thomas Campbell, compto maintenant cinq cent soixantc-lreize mcmbrcs. Eile se propose aussi pour but la culture des lelUes et des sciences. Les abonnts ont a Icur disposition une bibliotheque d'environ deux ILES BRITANNIQUES. 775 mille volumes. lis pciuent suivre des classes de langues fran- 9aise nt italienne etde matlu'riiatiques. Dans le dernier senicstre 169 personnes ont assite aiix lerons de francais , 61 aux lecons d'italicn, 38 a celles de nialhcniatiqiics. La luenie societe a d'aiitrcs cours, scmblables a ceiix de rAtln'nee de Paris. On a entendu dans le dernier semestre, M. Jolm Thei.wall, sur I'elocution et le drame ; M. A. Rennie , sur la physiologic; M. N. Webster, sur les machines a vapeur; M. J. Snkll, sur la stiuctnre des dents; M. J. R. Macculloch, sur recononiie politique; ct le profcsseur Millington, sur la niecanique. Les conditions exigees pour faire partie de la societe sont d'etre prrsente par deux menibres, et de payer une cotisation annuelle de deux guinees. M. //c'«7j Drummond estle president actuelde I'lnstitution litteraire de I'Ouest. — Institution litteraire ct scicntifique de la cite de Londres f 1 65, Aldersgate ). — Cette societe a ete ouverte le 3 juin 1825. II suffit, pour en faire partie, d'etre presente par deux mem- bres et de payer une cotisation annuelle de 2 liv. sterl. Les souscripieurs, qui appartiennenl presque tous a la classe indus- trielle et marchande de la cite, ont la jouissance d'une biblio- fheque eoinposee d'environ deux mille vohunes, et I'usage de djversessalies de lecture et de conversation. lis peuvent aussi, comme a I'institution Russel, assister aux differens cours sur les sciences, les lettres et les beaux-arts, que des professeurs habiles font dans I'etablissemcnt, et suivre les lecons de francais, d'italien et d'espagnol que des aiaitres sont charges d'y don- ner. M. John S.iuTH , nieinbi'c da parlement, est president de Tinstitution. — Societe metropnlitninc litteraire (Chatham-place). — Fondee en 1823, cette societe compte maintenant phisieurs centaines de membres. Son local, ouvert aux souscripteurs et a leurs amis, depuis huit lieures du matin jusqu'a dix lieures du soir , se compose d'une salle pour les jouruaux, d'un salon pour la lecture des livres, d'une bibliothcque, dont, a la difft^rence des aiitres societes, les sousciipteurs peuvent cmporter les livres chez eux , et d'un salon de conversation ou Ton discute sur des sujcts lilteraires. — Societe litteraire francaise. (Red Lion S(piare.) — Quelques jeunes Anglais, admirateurs do la litlerature francaise, ont fonde, en i8i5, cette societe, qui compte maintenant pres de cinquante membres. Son existence est modeste et scs travaux ]ieuimportans. EUesereunit tousles jeudis de sept a dixheures du soir, dans le local de la Societe co-operative ; et la, elle 776 EUROPE. discute en fian9ais des questions qui onl rapport a la litterature ou a I'hisloire. Un censeur choisi pariiii les Fraiicais qui font partie de la societc est charge de donner des eclaircissomens sur notrc litteralure ct d'expliquer les difficuites dc notre langue. II faut, pour faire partie de la societe, etre presente par deux membres et payer une cotisation aunuelle de deuxgui- nees. F. D. RUSSIE. Statistiquc. Population. Longei'ite. — Le ratendrier publie en 189,6, a Saiiit-Pefersbourg, contient deux notices relatives a la statistiquc de la Russie, les seules de ce genre que Ton publie orticielleiTient. On voit dans la premiere de ccs deux notices que le nonibre des niorts a surpasse celuides naissances, en 1824 , dans la ville de Petei-sbourg, de 1121 individus; que 412 personnes sent mortcs d'accidens; qu'il y a en i685 ma- nages et 3 centcnaires. La seconde notice, communiquee par le synode , a rapport a la Russie entiere ; niais les doimees qu'elle contient ne s'etendcnt jioinl , comme celles qui sont re- latives a Petcrsbourg, aux individus de tonteslcs comninnions religieuses : il s'agit seulement dc la communion grecque, dojit on ne devait pas, selon nous, separer les autres religions, puisqu'il serait important d'olTrir des renseignemens statistiques complets et non partiels. D'apres la liste do synode, il y a eu en Russie, en 1823 (les resultats analogues de I'annee 1826 seront publics dans le calendrier de i82f), ccux de I'annee 1827 en i83o, et ainsi de suite), i,633,6oi naissances et 970,258 dcees; ce qui fait unaccroissement de GG3, 345 individus, c'est a-direde plus d'un demi- million du seul ritgrec; le nombre des mariages a ete de 38 1, 865 ( 37,642 deplus qu'en 1822 j;et I'oncomptait 1446 centcnaires, dont 1 qui sont morts entre 140 et i5o ans. Quanta la population de Moscou, il n'en est jamais question dans ce calendrier , et c'est un reproche qu'on doit faire a ses redac- teurs. Vient ensuite une liste des membres de la famille impe- periale de Russie, qui ont etc, au commencement de 182G, au nombre de 1 4 , et une liste, par ordrc alphabetique, des maisons imperiales et royales de I'Europe. Cetle derniere partie est egalement depourvue de toute notion statistiquc sur la popula- tion et les revenus de chaque Etat : on n'y trouve que les noms des princes regnans , I'indication du jour et de I'annee de leur naissance, et pas meme celle de- leur avenenient au trone. Ce calendrier est susceptible de beaucoup d'anieliorations qu'il serait bien Icnis d'y introduire [voy. ci-dessus, pag. 667). P. R. E. RUSSIE.— ALLEMAGNE. 777 Saint-Petersbourg. — Mines dc plattne. — On a trouvo, dans la mine dc Nijno-Taguilski, appartenant ;i M. le conseiller prive Demidoff, un morccau dc platine natif , pesant dix livics cinqnantc-quatie jolotniks de Riissic (4166 grammes}. Ce luor- ceaii, de figiu'c ronde, grenu a sa siiperficic, offre dans quel- ques endi-oits I'eclat metallique. Sa pesanteur spi'ciQquc n'etant qnc de 16 , il en rt-sulte qn'il contient les diffcrcns alliages que Ton rencontre»dans le platine. Il est a remaiquer que I'on a decouvert ce morccau extraordinaire en creusant une couclie d'argile. Facci/w. — On vient de publier, dans les provinces de la Baltique, un nouveau reglement tres severe sur la vaccine. La police doit aussi concourir a en propager I'inoculatiou , et les parens qui ne voudront pas y soumettrc lours enfans paieront des amendes, ou memc subiront des chatimcns corporels. Odessa. — Monument clece a la memoirc da due de Richelieu. — Le 3o juillet de cette annee, a dix heurcs du matin, on a pose, sur le boulevard de notre ville, la premiere pierre des fondations du piedestal qui doit porter la statue du due de Ri- chelieu, notre ancien gonvorneur. Le clcrge de la cathedrale, le gouverneur de la ville, les administrations, le lycee Riche- lieu en corps, la commission formee pour I'erection de ce mo- nument, les consuls etrangers, et beaucoup d'habitans de la ville etaient pvesens a la cercmonie. Apres les prieres et les benedic- tions d'usage , le clerge et les premieres autorites sont descendus dans les excavations, et out depose, dans I'interieur de la plus grande pierre, plnsieurs medailles ou monnaies appartenant aux regnes de' cinc[ souverains que le feu due a successivement ser- vis, c'est-a-dire aux regnes de Louis XVI, de Catherine II, de Paul I*'', d'Alexandre F''et dc Louis XVIII. On a joint a ces pieces une medaille du courounemcnt de S. M. I'empereur Ni- colas, quelques moimaies d'argent portant le nulle.sime de 1827, et un medailion en bronze a I'effigie de feu le due de Piichelieu, frappe a Paris, a Toccasion de sa mort, en 1822. Toutes ces medailles ont ete recouvertes d'une plaque de cuivi'e, portant une inscription qui rappelle les circonstances de I'trection du monument. N. ALLEMAGNE. Medecinc dite honicopathiqnc. — Tandis qu'im systeme me- dical devenu cclebre occupait presque exclusivement les me- decins francais , une nouvelle ecole a pris naissance en Alle- magne, s'y est consolidee, et se trouve maintenant repandue dans plusieurs autres pays de I'Europe. Nous voulons parler 778 EUROPE. de la methodc de gucrir inventco par Ic docteur Hahnkmann, a I.cipzii;, et coiinue aujomd'hiii sous le nom de nit-dccine homcopailmiur. Nous no doutons pas que bf-aucoup de niedccins fraiicais u'aient counaissance do cetto doctrine; niais nous ne sachoiis ])as qu'ellc ait eucorc ete, cu France, I'objel d'nn exa- men seiieux, ni qu'elle ait donne lieu a quel, les memes honneurs a quelqu'un d(^s grands genies qui ont fait la gloire de I'ltalie. F. S. RosiK. — UAcadi^mie du Tilirc a admis, le i6 avril, au nombre de ses menibres etrangers, M. Davio, consul-general de France dans le Levant, M'"* Snplile Gay, et le due de Lavai,- MoNTMOrvEXCY , pair de Frnnce. NitcROLOGiE. — Tamrurim. — Lc i/j mars de cettc annee , Tuniversite de Pavie a perdu un de ses professeurs les plus dis- tingues, dans la personne de I'abbe Pierre Tameurini. II etait ne en 1737, a Brescia, oii il etudia la philosophie et la theologie : jeune encore, il fnt charge de professer les memes sciences dans le scminaire de sa patrie, auquel ilresta attache pendant 12 an- nees. Sa reputation litteraire parvint bientot a Rome , et le car- dinal Marefosclu I'attira dans eette ville, du consentement de Clement XIV. Il occupa pendant six ans la place de dirccteur des etudes au college d'Irlande. Mais loin de changer sa ma- niere de penser, (jui n'etait point d'accord avce les doctrines que professcnt les thcologiens de la cour romaine, il parnt, an contrairc, se raffermir de jilus en plus dans les maximos des docteurs de I'eglise les plus severes. L'imperatrice Marie- Therese scntit I'utilite qu'elle jiourrait retirer des Inniieres d'nn (i)Nous rappelleroiis a ce sujet la belle collection des Mceitrs , usages, costumes, arts et metiers de In CItiiic. ( Voy. Rei\ Enc., t. xxxiv, pag. 5i5 , et t. xxxv, pag. 472 ) T. xxxv. — Scptcmhre 1827. 5o 786 EUROPE. de ses sujets les plus estimablcs, et le nomma profusseur tie tlicologio a runivorsiti' dc Pavie. L'abbe Tainlndini y donna SfS lerons pendant 18 ans, avec un talent et line eloquence «]ui Ini attirerent des anditours nonibieux et de tons les rangs. Ami et oollegue du celel^re iiiofesseiir Zola, son eonciloyen, ils associerent leurs projets et ieurs recherches litteraires. Au- tant Tun etait verse dans tons les genres d'eriiditioii , antant I'antre excellait par la penetration de son esprit. Nous avons le fruit des longues etudes et des lecons du professeur Tambu- rini, dans les divers ouvrages qu'il a publies, et dont les doc- trines , toujours confornies a la purcte des maximes evange- liques , ne sont pas favorables aux pretentions exagerecs de la cour romaine. II a ete, dans I'ltalie septentrionale, ce qu'ont ete monsignor Sevao , l'abbe Conforti , et monsignor Jiicci, dans ritalie meridionale. Plus heureux qn'eux, il professa avec line perseverance exemplaire ce qu'on appelle en France los doctrines gallicanes, et que les theologiens les plus eclaires de ritalie respectent comnie confornies a I'esprit de I'Evangile. En 1797, les reformes politiqnes s'efendant jusque dans les ecoles et les etudes publiques, Taniburini fut nomnie pro- fesseur de droit naturel et de philosoi)hie morale. Juste ap- preciatenr des droits de I'homme, et plus encore de ses de- voirs, il eut le courage de niarquer les bornes de la vraie liberte, que depassaient trop souvent I'ignorance et le fana- tisme. Au milieu dc tant d'opinions discordantes et mal deter- niinees , il ne menagea ni les prejuges des vieux routiniers , ni les egaremens des nouveaux reformateurs. Quoiqu'il fut plu- tot theologien que philosophe, il se montra toujours modeste et tolerant dans son cours de droit naturel, eomme dans ses ouvrages sur les memes matieres. On distingue surtout ce Dis- coiiis piTlimiiiaiie ou il a retrace, avec autant de vie que de precision, I'histoire des principaux systemes de philosophie morale. Les reformes trop frequentes qui se succederent dans les universites du royaume d'ltalie amenerent l'abbe Tanibu- rini a Brescia, oii il fut charge d'organiser et de diriger le lycee , pendant deux annees. II reprit ensuite ses premieres fonctions dans I'universite dc Pavie, et continua son cours de droit naturel, pendant 18 ans. Declare pour la seconde fois professeur emerite, Tempercur Francois le nomma directeur et president des etudes politico-legales dans lanieme universite. Nous n'avons ]ias indique les diverses occupations analogues a sa profession dont il fut successivenient charge. Nous ne pouvons meme donuer la liste dc ses ouvrages , qui exce- derait de beaucoup les limites as;ignees a cet article. Mais PA.YS-BAS. 787 ■nous dcvons reniarqucr quo, dans sa longiie vie dc 90 ans , il fut toujours I'ami des homines, et surtout des malheuroux, rami des lettres et de ccux qui les cultivent. Done d'une hii- meur gaie et d'une aimable franchise, ii se fit respecter et aimer par ses coUegues et par ses eleves. lis en ont donne une derniere preuve en pleurant sa pertc et en honorant ses cen- .!> , M. Degorj^'e-Lograiul a ctcusr d'w piiitis pour rcxtraclioii dos oaux , on dc la hoiiillc : il sciait trop loni; d'rininu rcr los dil(icnilrrsr|ui so sont imillijiiiros dans oolto siiito d'dporations, do diro lout 00 qii'il a I'allii dintollij^oiuo , d'activilo, dc ooiirago pour los vaincro; on i8n, au nioniont oil Ion comnioncait a oxtraiie la houillo , dos oaiix soutor- rainos inondoront tous los travaiix, ot ce no fut qu'apns dix- luiit niois de niarche continno do doux maciiinos a vapour, (ju'on pul y rentror. Los plus habilos oonooptions de rini;;o- niour, sooondoes do cc zolo que si pen do gens savont inspiror aux ouvriors, pouvaiont scules conduiro au suocos dans un torrain aussi diificile. Cost en 18 1 6 ot 181 7 que M. Dogovgo-Eogrand s'ost rosolii a donnor a son otalilissomontles dovolop|)ornoiis qu'on y adniiro aujourd'hui ; il lui (allait do i5 a 18 cents ouvriors, ot Ton no pouvait rounir co nombrc qu'on los af.irant journolloniont do villages oloignos. Pendant los aniioes 189.3 , iS^xl^ ot 1825, il a oonstruit 175 habitations fi'ouvriers : cos habitations, saines ot conunoilos , oonstruitos siir un plan rogulior ]ioiir rocevoir un nn'nago, et niomo luio Pamille nombrouse , ontouroos d(; potits jardins, ot poiirvuos de tons los accossoiros convenables pom- ragroniout ot I'utilito , sont du jiliis agroablo aspect, ot lintorioiir no lo donient point; chacjuo niaison est comj)osi:e d'un roz-do-chaiissoo ot d'un premier otage , ot a son puils et son four ; line plate-forme en toilo bitiiniinoo forme la toiture eoinmuno. Cette memo annee 189,5 a vu s'olevor uiie ocolo gariii(! do toutle mobilior nocessairc j)our rocevoir /|Ooolovcs; I'instniction y est gratnito pour tout !o nionde ; on no demande pas a ooux qui s'y presentent s'ils sont ouvriors dc M. De- gorge- Legrand , ou do SOS concurrens : los constructions ont continue on i8'2G. On a forme, pour la promenade et les jeux , deux places publiquos : sur t'uno , un batin!ont elegant ronforme une machine a vapeur do 19,8 chevaux ])our I'epui- senieut dcs oaux dos mines , «.'t cotto memo maohine distribnc de I'eau chaude , do I'eau liodo ot do Toau froide a la colonic, |)oiu' la(]iiollo on a dispose un otablissement de bains, egale- nient favorable a la santo ot a la proprete ; non loin est une snllo do danso, do 5o pieds do long sur 9.9, do largo, pour los ouvriors. Huit machines , formant ensemble une force de i5fi che- vMiix, sont employ«'os a Textraotion de la lmuill(\ Efs (jiiatro poiupes pour I'oxtraction lies oaux reunissont une force de ^(i/i cii<'\ aux , en tout /i2o. I-os doux ]ninci|ialcs machines ont oto I'aiios dans rotablissomenl. i PAYS-IJA-S. 78y 11 est prcsqiio iiiulilc tie dire que, dans uii plan si lar^c- ineiit coticu , sont entres d'excellcns cheinins (jui condnisent des mines an canal de Mons a Conde , distant d'une poilee do canon d'Hornn. Yoiiu cc qu'ont pu , en qneUjnes annees, la sagessc et I'ac- tivite d'uii seul homnie; mais eette sagessc est dc; Fespeco de celle qui diriyeait Franklin et notre due do Larochefoiicanlt- Liancourt. Les ingenienrs trouveiont sans doute a s'instiuiro beaucoup chez M. Dei;orge-Lei;i and ; il est Ijien plus itileres- sant encore d'y ojjscrver tout ce ([uc le bon eniploi de la !bi"- tune la plus honorablcnient acquise pcut cieei' autour de soi de vertus et de veritable bonheur : bien des riches y deviendraicnt hontcux des prolusions avec lesquelles ils n'achetent que des degouts et des regrets, et rentreraient chez eux, nieill(!iirs qu'ils n'en seraicnt sortis : nous conseillons le voyage a ceux qu'nne grande fortune no preserve pas de renniii ; ils s'eu trouveront bien , ct leur pays aussi. J. J. B. — Eiolc jirLinairc d'lhnnu. — L'ecole priinaire de ce vilUigr- Ntodt'lc nieiite de (ixcr I'attention des amis de renfance et de rediicatioii. Elle est maintcnant freciucntee par jjIus de i}.n\\ cents enfans des deux sexes qui , en nioins dc trois ans, ap- prennent ii lire , a ecrire , a compter, im ]>eu de dessin li- ueaire, quolques elemens du Rapport des formes , ou de la gco- mutrie pratique. On doil conipi indre aussi le chant j)armi les objets d'instruction, et Ic recueil des Caiitupu's iiinranx , ])u- hlie par M. Amoros , u Paris , sera utilemcnt consulte , ainsi <|ue rexcellente meth.ode d'cnseignemcnt du chant, de IvI. AVil- hem. Une petite Dibllotheiiue clcnieiitairc i-<.\. niise ])ar le fonda- tenr des beaux etablisscmens d'liornu a la disposition des en- I'ans. D'autrcs livres , appropries aux besoins eta rinlelligence des ouvriers , sont aussi repandus parmi eux , par les suiiis de ret homme bienl'aisant et eclaire. 11 a pense avec raison que rien ue peutniieux contribncr a I'amelioration de notre csj)ece, ct surtout de la ciasse ouvriere, qn'une bonne et utile direction donnee ;i I'cmploi des intervalles dc dclassenieut ct dc repos. Quand les travaux sont suspendus, lesouviicrs d'Horuu, an lieu d'aller boire ou juuer dans les cabarets voisins, comme cela arrive trop souveut dans la plupart des manulacturcs , ont , an centre de leurs habitations, un point de reunion, nnc salle commune ou ils trouvent dis collections de jouvnanx et d'autres oiurages a leur portcc : le Jvuriiul des cannaissances usuelles , de M. Lasteyrie, auquel on ajoutera bicntot le Petit prmluc- teur, par M. Ch. Dupin ; la Bdjliothctpic des inslitii(eiirs , publico a Mons, par M. Raingo; la Fcuille villa!;eoise , imprimco a 790 EUROPE. Liege ; le Journal d'edacation tie la societe elablie a Paris ponr ramtlioration tie rinstructioii elementaire ; plusieurs ties oii- vrages couronnes depuis pen par cette societe ; Ic Bouhomme Richard et tl'autres ecrits dc Franklin ; \ Agenda general on Livret pratique d' emploi du terns, par M. Jullien, tie Paris; le petit Traite de I'cmploidu terns , a I'usage des enfans, compose a Liege, par M. Rouveroi, tl'apres V Essai sur I'cmploi du terns, Ac M. Jullien; lesJeunes industricls, soi'tc deronian popiilaire, atta- chant et instructif, de Miss Edgewouth, traduil en francais par M™^ Louise Swanton-Belloc ; le Journal d' agriculture des Pays- Bas ; le Petit Bossu , ou les Voyages de mon Onclc , ouvrage de M. Rouveroi , de Liege , dirige centre les croyances super- stitieuscs et les erreurs populaires ; plusieurs petits livres ele- nientaires publics sous les auspices tie la Societe d'education dc Namur, ou par les soins de la Societe de la morale chretiennc , il Paris, etc. — M. Degorge-Legrand avait remarque que les enfans, a I'age de douze ou treize ans , forces d'abandonner I'ecole pour se livrer a des travaux souvent abrutissans , mais productifs, et qui les missenta meme de subvenir a I'entretien de leurs families, perdaient ainsi tout le fruit de leur premiere instruction. Ces enfans contractaient ensuite facilement les ha- bitudes vicieuses de leurs parens qui n'avaient pas meme recu, comme eux , les lecons elementaires , propres a diriger de bonne heure leur developpement physique , moral et intellec- tuel. Ces reflexions , suggerees par I'ensemble des faits dont M. Degorge etait le temoin , I'ont conduit a employer tous les moyens d'eveiller chez les enfans une noble emulation pour s'instruire , d'inspirer a leurs parens un desir plus vif d'ac- querir toutes les connaissances qui peuvent leur etre utiles , former leur cteur, les nourrir de bons cxemples , orner leur esprit, embellir leur vie; enfin, de les degager tous d'un etat tl'ignorancc , d'insouciance , d'impassibilite qui nuirait a leur bonheur, ou qui finirait pas les precipitcr dans beaucoup d'ecarts , tie desordres 1 1 de vices. C'est ainsi que le fondateur de la colonic d'Hornu a su reunir, pour les ouvriers qu'il cmploie , toutes les circons- tances propres a rendre leur vie douce et agreable , a les exciter au travail par Ic sentiment du bien-etre qui en devient la recompense , a les attacher au sejour qu'ils habitent , comme a une nouvcUe patrie , a les unir entre eux par des relations de bon voisinage et de services mutuels, qui en font presque une seule famille. M. A. J. MoNs. — Instruction des jeuncs fillcs. — L'accroisscmcnt progrcssif de rcnseignemcnl dans le royaume des Pays-Bas csli FRANCE.— DEPARTEMENS. 791 fait pour Gxer rattention dcs hommes eclaires et dcs amis de rhumanitt'. Indepondamment des ^esures prises afin de pro- pager rinstriiction priniaire dans les villes et les campagnes, le roi vient de creer, pour de jeunes demoiselles , dix bourses de trois cents florins, et dix bourses de cent cinquante. Cette Ibndation a pour but de favoriscr I'education des personnes du sexe qui annoncent des dispositions heureuses pour I'en- seignement , et qui se destinent a I'etat d'iustitutrices. Ces bourses ne seront conferees que pour trois ans au plus, et les jeunes personnes qui desireront les obtenir devront con- tracter I'engagement de suivre la carriere de I'instruction pu- blique , ct subir un exanien sur les langues francaise et fla- maude, I'analyse gramma ticale et logique , et les elemens du calcul. R. Encouragement accorde aux sciences. — Le roi des Pays- Has vient de faire remettre une medaille d'or a M. Adrien Balbi, auteur de X Atlas rthnographique , ou Classification de tous les peuples du globe , d'apres leurs langues. FRANCE. BiscHEiM ( Haut-Rhin ). — Decouverte d'objels (t antiquite. — M. Binder, proprietaire, voulant defoncer un champ, a trouve beancoup de fondalions dans un lieu qui est a peu pres vis-a-vis du Vieux-Brisach (^Mons Brisiacus des itineraires romains). Les charbons et les cendres indiquent un incendie, et lenommeiiie du canton Edenburg , ou OcAv/ZiMAg, rappelle I'idee de la de- vastation. Parmi les decombres on a recneilli plusieurs urnes cineraires, des vases entiers adessins fort elegans, des medailles, des ustensiles domestiques, des styles, des objets de toilette et des fragmens de verroux; enfin , chose plus importante peut-etre, sous le rapport de la geographie ancienne, une brique ayant pour inscription L. XXI. On sail que la 21'"" legion etait stalionnee dans la Gcrmanie superieure. Notre honorable colla- borateur, M. le conseiller De Golbery, correspondant de I'lnsli- tut, s'est rendu a Bischeim , afin de donner une direction a ces Iravaux qui seront continues, non-seulement par M. Binder, mais encore par beaucoup de proprietaires voisins. Chartres [Eure-et-Loir). — Fondation bienfaisante. — Parmi les ordonnances contenues dans le 173^ numero du Bulletin des lois , on en remarque une relative a la donation d'une valeur de deux millions de francs , pour servir h fonder, dans la ville de Chartres, un hopital destine a I'admission des vieiliards, des infirmes et desenfans trouveset abflndonnes dudeparteraent 79i IKANllE. il !uu ei'l-Lt)ir, an m)iai)ii; do ':')Oo; sa\oii': lou lioiiimes, 100 fcmuiL's , I't loo oufaus. Los luiulaleiirs out voulu restor iiicoiiiuis : c'l'st ajoiitcr line cxcossivu iiiodestie a iiue rare bit'iifaisancc. Socit'ti'S iuva/itcs ct Elablisscnicns d'utilhc puhluiue. Hyon. — Socit'ti' dc lecture. — Notn- \ ille posscdo eiifin iint! Socicte lie lecture , a I'imitation tie cello do Getio vc (voy. cl dexsiis, J). 4!)5). II faiit cspcrer c]iie la pliipart dos villes do province imitoront cot oxoiiiplo, ot quo cc iiioyon Tacilo el aj^roahlo de ropandio riiistriiction, et do bien employer le lonis, deviondra L!oiioial dans toiile la I''r:uicc. 11 est pou d'institiilions plus propros a pcrfcctionncr inie iiation , ;i epiirer sos nioeiirs, ot pkis capables do prodiiiro a Iros-pt^n do IVais do tros-i;ran(ls .1 villi to gos. Piiiscpieraiis n'a jiiiobti.'nir I'antuiisation lio prendre riiiitiative d'un otablissoiiiouL aussi loconiaiaiulablo, c'otait a la si'conde villo du loyaiiuio (pi'il conv<'nait, en co eas, do reui- placor la capilalo. lloiuienr aux niayistrats cpii out si bieti ooiuui los intorols ot les voeii.v de leur.s eonciloyons! F. KiMKS ( Gard). — Bibliotlii'juc jjopulaire. — D'honorablos nienibros dii eulte protcstant do la ville do Ninies , des proprio- tniros, dos nogociaus, des avocats, dos pastoiirs ponotros do la m'cossite dc repandro I'instriiction dans toutes los classes do la socioto , et notanmiont dans cello dos OMvriers, d'appelor riiitclligence an soconrs du materiel do la vie, et do pourvoir ])ar des lectures utiles an porfectionnement roligieux ot nidral do la jiortion indigentc du peuple, so sont reunis dans I'inton- tion do croer ime petite bihliotlu'quc pDpulalre , ou los plus jianvres vinssent puiser a la fois dos connaissances positives , des sentimcns humains et lo gernio des vertus civiles ot donies- titpios. Dans le Prospectus quo cos respectables citoyons out pu- blic, ils ont doveloppe avoc talent Tideo consolante (|ue de bonnes lectures, qui favorisent rexercico do la pensoe, sont aussi prolitablos a la socioto, on general, qu'aux individus, ; <|u'en cultivant leiu' esprit, on lour donne los nioyens de s'e- lover a la place que la nature lour a assignee, ot do perfoc- tionner I'art qu'ils cultivonf, ot qu'en los initiant aux jouis- sancos intellcctuelles , on les agrandit a k'urs j)ropres youx , ot on les rend nieilleurs pores, moilloius epoux, nioilleurs ciioyons. La socioto qui s'est fornieo pour rexocution do co piojct fait un appcl aux amis do I'liumanito , ct ellc fait suivro le detail des motifs qui I'ont determinoo du regloinenl qu'cUc a cru devoir adoj)ter. Peut-otre, dans sou expose, ail- DKPARTEMENS. 7tig font un raj^port sur les memoires de M. Serui.las, relatifs a la combinaison du chlore et du cyanogenc, ou cyanure de chlore, et au broniure de selenium. II en resulte j colonel Aivronos demeurerwe Malar, ir i.'i. au Cros-Cailloii. J^es seances des exerciccs gymuastiqnes ponr les miiilairps , ontlleti ((natre fois yi»v .semaiiie ; les seances civiles generates , les jeiidis el les dimanclies , de deux h quatre hemes; etles seances partlculieres et orlhopediqucs , les uiardis et les vendredis, aussi de deux a qu.itre heures de I'apri's-iniili. PARIS. 807 iNoiis crovous etre lUilos a nos correspondans, sans noiis ccarter dii plan do ci- Rrctioil, en lt;iir signalant I'lnstitulion de M. lUiisDionl, cDnmic prcsentatil Ics plus solides j;aranlics aux faiiiilles etiangeios cpii nous (r.ivoieni. lours cnfans poiii- com- uiencer on completer leur edncalidn. Beauconp d'aiilres iuslittitioiis du iiiome gonre auraient sans doulc- des droits a nos (''logos. Mais, ne pouvant citcr qnc relics qui nous sont particuiijrement connues, nons rappellerons ici avec conliance les nonis jnstenicnt cslinics de MM. Gasc (rue des Posies, n" 40), MoRirv ( rue Louis-!e-Grand , n° 21 bis, et a Fontcnay-aiix-Rosos ) , PiOuudon ( rue Paiicnne, au Marais ), MicHELOT (rue de la Chaise, n" vi/i ), Le Territr (rue du Val-de-Grace, u° 1 ) , dont les institutions offrent aussi de pre- cieuses garanties pour la bonne direction des enfaus et des jeuues gens, et poiu' leur develojj^ienient physique, moral et intellectuel. " M. A. J. Conferences dc M. Azais. — Eerivain brillant, penseur in- genieu\ , M. Azais, tronve anssi line place a cote de nos ha- bilcs oratcnrs : sa juste celebrite a'.tire a ses conferences un uoinbreux auditoire. Ennemi de laffectation schoiastique du protessorat, il ne clierche pas dans sa memoire les richesscs de son eloquence; ce n'est j)as avec un entliousiasme fehit qu'il captive ratleution. Son elocution esl simple, facile, abondanle; elle sort de sa pensee. Et, comme ccs philosophes grecs qui aimaieni a s'cxprimer en presence de la nature dont ils expli- quaient les phenomenes, c'est au milieu, dun modeste ct riant jardin que M. Azais communique a ses auditeurs altentifs les N'est-il pas riche assez celui qui salt jouir. » p_*** Rkclamation. — Enseigncment des sciences gcographiqucs. — A M. M.-A. JuLLiEN , Fondateur-Dircctciir dc la Revue Ency- clopedique. — Paris, 16 jui/let 1827. — Monsieur, on ni'a com- munique depuis peu un Memoire insere dans le cahier du mois de novembre dernier , de la Revue Enryclopcdique ( t. XXXII, p. 265), intitule : Reflexions stir I'enseigneinent de la geographic, et expose des principes d'aprcs lesquels on se propose (le rediger de nouveaux elemcns de cette science , par M. Naville, pa-iteur de lej^lise reformee. L'objet de I'auteur de ce Memoire est de faire sentir I'im- perfection extreme de tons les traites de geographic publics en i'rancc, traites sans methode, parce que la science y manque de base; de presenter ensuite des idees qu'il croit nouvelles sur Ic plan le plus convenable a suivie dans la redaction d'un traite de geographic elementaiie; puis, il etablit les principes sur lesquels doit reposer ce plan. Ces principes, M. Naville croit avec raison qu'on ne doit pas les chercher ailleurs que dans la nature meme, dans ces traits, dans cette coniiguration que presente la surface du globe, et qui peiivent etre, relativement a notre existence d'un instant, regardes comme immuables. II propose, comme base indispensable de toute etude geographique, les ligncs du par- tage des eaux et les bassins que ces lignes eirconscrivent. Je ne puis que n)e feliciter de me voir rencontre en ce point, |)ar un houime dont I'esprit parait juste et les idees sur cette matiere parfaitement saines ; mais je dois faire observer a PA.RIS. 8o9 M. Naville que ces itlees , ([u'il expose avcc beaucoiip de talent , je les avais non-seuleinent devcloppees , niais encore mises en pratique, lontr-tems avaut qu'il cut concu ou du moms expose les siennes. Les descriptions geographiqiies do BiOlioniappe dont, p\u~ sieiirs fois, vous avez bien voidu, Monsieur, entretenir vos lecleurs dans la Revue (voy. ci-dcssus , p. 171), et les traces de la geotjrapliie historique pour cliaque contree, sont constam- rnent ctablis siir celte bnse iiialterablo, sur la division du globe, des terres et des mers, en qiiatre bassins gencraux, subdivises en bassius secondaires, tertiaircs, etc., separes entre eux par des lignes de faite dont Timportance derive de celle des bassius qu'elles circonscrivent. C'est a cette grande configuration de la surface de la terre, configuration qui en dessine exactement les parties, sans la plus legere interruption, que tloiveiit etre subordonnees toutcs les branches de la science geographiqiio. A cette base premiere, a ce priucipe fondamental et gene- rateur, se rattachent, avec une etonnante simplicite, toutes les applications speciales qui peuvent etre faites de la geographie naturelle , de la geographie politique et civile, ainsi que de la geographie historique. Car, par une innovation qui n'avait pas meme ete essayee avant la publication du Bihliomappe , j'ai donne I'historique de la geographie de tous les ages. Je crois, Monsieur, pouvoir dire sans piesomption que, le premier, j'ai introduit en France, et qui phis est dans la science, une methode dont la justesse est deja generalement sentie. Je dis le premier, puisqu'en effet, nul traite, avant le Bihlio- mappe, n'avait ete base sur la theorie et sur I'emploi des lignes du partage des eaux : personne, jusqii'ici, n'avait songe a faire, a I'etude de la geographie, I'applicalion d'un principe si simple et si fecond. Qu'il me soit permis, Monsieur, d'ajouter que , pour rendre cette idee plus abondante en heureux resultats, et pour douner au Bihliomappe tou't I'iuterct et toute la perfection qui pou- vaient en faire une creation digne des suffrages du public, j'ai appele a mon aide les hommes les plus recommandables par leurs talens et par une vaste erudition , tels que MM. Dau/iou, Eyries, Vivien, Albert Monternont , etc... 11 me semble que je ne pouvais |)as faire prevaloir une conception juste par de plus vives lumieres. Je compte. Monsieur, sur votre obligeance et siii' votre empressement a repandre des verites utiles, ou dont I'equite reclame la publication, pour inserer cette lettre dans le plus prochain cahier de votre excellent recueil. Agreez Tassuiance 8io FRANCE. ties scnliiiK-i)s disliiigues avec lesquels j'ai riionneui' d'tUio, Mousiciir, voire Irus-dcvouc Charles Hmi.lkul, Dircctciir dc rmtrrprisi: c/cs Liblidiiuippcs. Theatres. —TatATRE Fr ancajs. — i ■"* representation A'liiiulia, dramccn cinq actcs, par M. vSoumet. (Samedi i'^'^ se]ili'mbie. ) — Lc Cluitatii dc Kcnilwortli est un des meilleurs I'omaus do Walter Scott; la peiuture^ d'Ellsab<'lh et dc sa cour y brille des plus vivcs couleurs, ct la composition est menagee avec iin art parfait , dc sorte que rinttict (jui s'attache toujours a unc i^iaudc !ii;iuc liistoriquc , ct linlcrct (pi'inspirc unc avcnlurc roniaucs(juc piorondcniciit touchantc, loin dc sc nuire, conimc il arrive (|uelquc!ois , sc pretcnt I'lin a I'aulrc un cliarnic nou- vcau. Les poctcs dramatiqucs ne |)(JuvaicnL nianqucr dc ))uiser a cettc soiuce Iccondc d'cmotious; ct, cu cITel, un melodranic ct un opera avaicnt a pen pros epuisc le suj(;t , loisqucM. Sou met a cntrcpris dc lc traitcr. No;is nc I'crons point ['analyse d'unc piece dont la marchc ct Ics principalca situations etaicnt eonnues , avant la premiere representation ; nous dirons scu- Icment que I'autcur, ayant voulu donncr a M'"** Mars un role oil clle put monlrcr, sous un jour nouveau , son admirable talent, a imat^inc un cinqiiiciue acte dans lequcl son heroine paiait privcc dc la raison. Clette folic dont ics divers mou- vcnicns laisscnt peut-ctre dcsirer \\\\ pen plus dc varietc , met ccpcndant Emilia dans des situations trcs-dramatiqucs , vis- a-vis d'Klisabeth et de Leicester; ct le jcu proIondeuK'nt pa- thctique dc I'actrice attire la foule a unc ]>icce qui , sans clle , n'cut sans doutc obtenu qu'un petit nombre dc rcj)rcscntations. Il est difiicile dc scduire le public sans cettc ficur de nou- vcautc, qui scule quelquefois ticnt lieu de tant d'autres avan- tages , ct riateret romanesqu*; est jieut-ctrc celui qui s'use le plus facilcmcnt. La i)cllc tragedic de Clyti'inncstie , et qiiclques parties ad- miiables du Sdul donnent an public lc droit d'etre cxigcant avec 3L Soumet , et de lui demandcr autre chose (juc Ics inven- tions des autres. Daillcurs , lc poetc, qui s'ctait condamnc hii- memc a cmprunter sa Tabic ct les principaux incidcns a unc imagination elrangcre, nc dcvait-il pas tachcr dc ressaisir ravantagc par lc charmc dc cettc vcrsilicalion harmonicusc ct touchantc dont il connait si bien lc secret ? Nous croyons (jur M. Soumcl a eu tort de ncgliger ce nioycn dc plairc ; il scmi)lc n'avoir comptc pour lc succes que sur Walter Scott ct M*""'' Mars; c'est tiop faire abnegation dc soi-mcmc, et novis i PARIS. 81 1 souhailons qu'il pronne bieiitol sa luvanclio par iin uiompht; qu'il lie doivc quii son talent. . — Theatre royal de l'Odeox. — i""^ representation ile la Premiere affaire , comedie en trois actes el en prose , par M. Merville. (Mardi 28 aoiit.) — Cetlc piece n'ost point une comedie do caractere, ni une comedie de ma'urs, ui meme line comedie d'iutrigue ; c'cst iin drame dont les situations pathetiques ou i^aies sont arrangees avee iin veritable taleni, et inspiront un vif interct. Leon, jeune oflicier d'artillerie , est conduit a Toulon par samere, M'"^ Dobreville , et jNTorval , son onele. Une autre famillc les accompagnc; Marestan , negociant de Paris, et Cecile, sa fillc, pretendue de Leon. Ces voyageurs descendent a Marseille , dans I'liotel de M. Boniface. Dans ce meme hotel loge un spadassin de profession , Saint-Drausin , (jue sa mau- vaise couduitc a fait chasser dii corps de la marine. Cethomme cherche querelle a Leon , et le duel qui suit celte provo- cation fait le sujet de la piece , dont le denoument nous raontrc le ferailleur dangereusement blesse par le jeune of- ficier. La neccssite de faire un mystere de ce duel a la mere de Leon , les inquietudes de Cecile , le mouvement que se donne rhounete Marestan pour empecher le duel, et la scene ou , se trouvant le premier au rendez-vous, dans le dessein de faire entendre raison au duelliste , il est oblige de mettre lui-meme I'epee a la main , en attendant son futiu' gendre ; enfm , la ca- ricature de Boniface , qui , d.uis la crainte que lui inspire Saint- Drausin, souffre que ce miserable debite des galanteries a sa femmc et vive chez lui sans payer, ont fourui a I'auteur des situations , des jeux de scene , des mots dont Tiuteret et le co- miquc ont cte vivement sentis par les spectateurs , et que Ton ne jjourrait faire bien comprendre dans une vapide analyse. Sans doute , ce genre de comedie n'est pas celui que nous pre- ferons , et la peinture de mceurs, qui brille dans la Fainille Glinct , doit placer celte piece j)lus haul , dans I'estime des connaisseurs , qut; la Premiere affaire ; mais cette derniere piece , qui fait un joli pendant aux Deux Anglais du meme auteiir, pvouve une veritable entente du theatre, et un heureux talent poiu' faiie ressortir le trait comique. Le but moral me- rite d'ailleurs d'etre lone , et chatier Tinfamie des duellistcs de profession est une bonne leuvre digtie de Tlialie. La piece , jouee avcc ens<;mble , a obleuu un plein sueces. — Theatre Anglais. — Dennis long tems, los amis des letlres ct de ia civilisation, ccux qui penscnt qtie les nations ont ton- 8i2 FRANC K. jours quelqiic chose a gagner en etendant leurs coiinaissances, en multipliant les liens qui Ics rapprochent et Ics unissent , desiraicnt I'etablissemcnt d'un theatre anglais a Paris. Le mo- ment est arrive oii cctte innovation doit etre accueillie avec faveur parmi nous; les prejuges litteraires, aussi hien que les prejuges iiationaux , commencenta s'effacer; et lout en procla- niant I'admirable perfection de nos grands poetes dramatiques , on se plait a reconnaitre le genie puissant et original des grands poetes du theatre de Londres , leur science veritable des ei't'ets dc la scene , leur profonde habilete dans la peinture du coeur huniain. Shakspeare tout seul meriterait qu'on ouvrit un thealre a ses drames , tantot si pathetiques si pleius de ter- reur et de pitie , tantot animes d'une verve si comitjue. Plus on sent dans ses ouvrages I'enPance de I'art, plus on y reconnait cette rouille d'un talent brut qui n'a pas appris a se polir , et plus il faut admirer I'eclat d'un genie qui ctincelle encore au milieu de ce qui aurait eteint tout autre eclat. Ce sout de grandes beautes que celles qui se font jour parmi des defauts graves, et qui forcent les suffrages des etrangers , peu disposes d'ordinaire a la bienveillante indulgence qu'inspire aux com- patriotes du poete I'amour-propre national. Outre I'attrait puissant de la litterature et de I'art drama- tique, im motif secondaire doit amener de nombreeux specta- teurs an theatre anglais ; c'est la meilleure ecole que Ton puisse trouver pour faconner son oreille a la prouonciatiou difficile d'une langue universellement etudiec chez nous , et dont la connaissance fait partie dc toute education soignee. Ecouter attentivement des comediens anglais, est la meilleure lecon que I'ou puisse prendre, et c'est un exercice qui reunit le plaisir d'un delassement a I'utilite de I'etude. Il faut done vivement desircr que le succes de ces premieres representations determine I'etabliisement d'un theatre anglais permanent en France. II scnible que I'autorite , a laquelle est confiee chez nous la tutclle de I'art dramatique devait favoriser de tout son pouvoir cette entreprise plus litteraire encore que thea- trale; et Ton regrette qu'on ait force le theatre anglais a s'etablir si loin du centre des plaisirs et de la population. II etait digne de nous de lui donner une hospitalite plus gene- reuse , et le theatre Favart , deja occupe trois jours de la se- maine par le theatre Italien , aurait dii etre fraternellement partage entre les chanteurs ultramontains et les comediens d'outre-mer. On est toujours a terns de lever les ditficultes , peu serieuses , selon nous, qu'on a ojjposees a rinstallation du theatre anglais a Favart ; en se montrant liberale a cct egai d , PARIS. 81 3 I'administration qui dirige Tempiie dramatique ferait une chose utile aux lettres et a la grande majorite des amateurs dii theatre. Les comedicns anglais out dehute, le C septembre , par la oomedie de SHERinAN , iutitulee : The Rivals (Jes Rivaux). Cette piece , dont Taction est lailile , offre cependant des situa- tions comiques , des caracteres dont plusieurs sent habilement dessines , et un dialogue tres-spirituel. La seconde piece representee par la troupe anglaise : She stoops to conquer, or the Mistuhes of a night (Elle s'abaisse pour trionipher, ou les Meprises dune nuit), comedie en cincj actes de Goldsmith ( le 8 septeaibre) , est biitie sur un fond tout- a fait invraisemblable ; niais il nait de cette invraisemblance d(!s situations fort piquantes; les details sont d'ailleurs reniplis de traits ingenieux et prouventque I'auteur joignait a la finesse du style, la finesse d'observation. Un acteur qui jouit a Lon- dres d'une espece de vogue, M. Liston , a joue le role d'Acres dans la premiere piece , et celui de Tony Lumpkin dans la seconde. M. Liston ne manque pas d'originalite ; il a du mor- dant et de ce que les Anglais appellent humour ; et il a ete goute des spectateurs fraucais dans les deux pieces ou il a paru. Mais la comedie a besoin d'etre bien comprise poiu' etre sentie ; les peiutures de mceurs , les traits legers qui effleurent le ridicule, les charmes d'un style gracieux, le piquant de la plaisanterie , tout cela s'efface presque entierement aux yeux d'un spectateur qui comprend mal une langue etrangere, et Taction scule d'une comedie de mo^urs ne pent soutenir long- tems Tinteret. Le directeur de la troupe anglaise s'en est apercu, et il a promptement abandonne la comedie pour nous montrer Sliakspeare. Hninletd, ete represente, le 11 septembre; Romeo et Juliette, le i5; et Othello, le 18. Ces trois pieces ont attire plusieurs fois un grand concours de spectateiu's. Une action vive et pathetique, des situations fortes, des carac- teres passionnes parlent elairement aux yeux, et se com- prennent a la seule pantomime; ceux memes qiu ne sont pas asscz familiarises avec la langue anglaise pour suivre les acteurs (et il faut convenir que c'est la grande majorite des auditeurs), jouissent encore d'un spectacle plein de naturel , de vie et d'effet dramatique. La singularite meme n'cst ici qu'uu attrait de plus pour la curiosite; car on n'est pas venu dans une intention hostile, on n'est pas meme venu pour juger; o» est venu pour voir et pour s'instruire. II faut rendre cette jus- tice an public qui s'est por»e en foule an theatre de TOdeon; 8i4 FRANCE. il a I'ait, siii la scou*;, a Shakspeart' ol: a si-s iiitcrjiiotos, I'ac- fcucil qm> nous faisons tonjours dans \c nionilo aiix rHaiigcrs ; nous I'xfiisons voloaticrs co qn'ils pouvcnt avoir iK; Iji/.arrc on do sini;iilior ; nous passons polinicut sur cv. qui nous clioquo , ct cc qui nous semblc l)icn lecoit de nous des clones sans res- triction, ot que Ics preventions nationalcs no s'cfforccnt point d'ompoisonncr. Shakspcaro est un ^'rand gonio ; niais cc j^ouie a marquo scs ouvrages de dotauts, dont les uns tonaicnt a sa propre imperfection (car il n'est point de genie partait), ct les autres otaient la consequence d'une civilisation beaucoup nioins polio que cello ou nous vivons. Si Ton songe au public pour lequcl les pieces de Shakespeare etaient coniposees , a la fin du scizieme ct au commencement du dix-septieme siecle, on sera tres-dispose a rindulgcnce pour tout co qui pcut cho- quer aujourd'hui la delicatesse de notrc gout. Cost ce qu'ont fort bion senti nos compatriotes ; sans approuver les bizarreries de Shakspeare ( et I'on pourrait so servir d'un tcrme plus dur, si un grand nombre de passages n'aVaient ete supprimes dans les pieces qu'on represented, ils s'en sont pen embarrasses, et ils out franchenient admire les traits de genie qui etincellent dans les grandes compositions de lEschyle anglais; ils so sont laisse entrainer aux tragiqucs emotions , aux impressions pro- fondes que ce spectacle neufet original devait natiuollemcnt produire. Si un theatre anglais s'etablit dciinitivement chez nous, on pourra le soumettre a un jiigement plus difficile ct plus severe; la seide bienvcillance a du cncourager un debut. IVous n'entreprendrons point dc comparer les tragedies que nous avons vu representor sur la scone anglaise avec les imita- tations qu'on en a faitcs chez nous, et nous no les examinerons pas en ellos-memes; les adniirables beautes dont dies biiiU-nt, aussi bien ijue les defauts graves qu'on y remarquc, v.c pourraient pas etre convonablement apprecies en quelques lignes. Nous nous bornerons a donner une idee du jou des actours. Lcur tenue olfre en general du naturol et de I'abandon ; ils semblent moins qiu; les notres s'occuper du public, ct il gardent moins sur la scene cet arrangement svmetrique aiiquel nous sommcs accoutumes, mais qui unit quekjuefois a I'aisance et a la verite de Taction. Quant a lour debit, il est souvent plein do calcul et d'affectation; I'habilude de marquer assez fortement I'accent prosodique prete quelque omphase a lour declamation. Leiu's costumes sont on general peu soignes et sans verite historique. 11 faut ajouter que la troupe tragi(|ue so compose d'acteurs ])assables, mais peu distingues; trois seulement nous semblent sortir dcia foule. C/i. Remble, frcre du celebre John, est un PAFxiS. 81 5 conitdien lempli d'iutclliycnco , qui ;v iini; graiiJ.e habitude de son art, t-t ([ui a icuni tous Ics sudiages. Nous n'avons pas suipris dans son jou ces moiivcniens d'inspii ation (|iii clectriscnt line assemblec , et qui sonl I'indicc du gi'nif dans i'art tlu'atral ; inais il a rendu avec nn grand talent la mclancoliquc folic d'Hanilet, ramour passionne de llomco, rt la I'ureur jalouse du Maure; il a dcs cris dechirans dans ce dernier rule; il a dans ceiui d'Hamlctune ironie amere, un souriresardouique qui Cont freniir. Une seule fois. nous avons crn reconnaitre I'inspira- tion dans le jeu de Kenible; e'est lorsqu'apres avoir vu I'effet produit ]jar la piece qu il fait jouer devant la conr, il se leve tout a coup de la terre ou il est couche, et pousse un cri plein d'une joie sinistre; ce cri revele qu'il a enlin decouvert le se- cret du meurtre de son pere, et qu'il en va tirer une terrible vengeance. Kemble a etc fort beau dans cettc situation ; mais nous le repetons , I'inspiration nest point le earactere habituel de son talei;t. Abbott a bcaucoup de grace et d'elegance, et joue les seconds roles avec habilcte. Enlin, miss Smithson, venue en France sans reputation, retournera en Anglcterre avec des palnies conquises parnii nous. Ce n'est pas qu'elle soit encore inie actrice eonsonimee; on voit menie qu'elle a besoin de faire dcs etudes serieuses ; mais la nature I'a favo- rablcment partagee; elle a du naturel, de la douceur et ime profonde sensibilite; scs traits meiancoliques se prctent facile- ment a I'exprcssion des seulimens tcndres; et elle a joue d'une maniere toucliante les personnages de Desdemona , de Ju- liette et d'Ophelie; e'est dans ce dernier role surtout qu'elle a obtenu des applaiulisseniens unanimes el merites; et en efl'et elle a represente les scenes de folic de la maniere la plus naive et la plus patlutique; elle a etc veritablement admirable. Le depart de Kf.mble et I'arrivee de miss Foote ont deter- mine le directcur de !a troupe anglaise a revenir a ia comedie. Miss Foote a debute, le jeudi a8 septembre, dans The belle's stratagem [ le stratagetne d'une belle ) , comedie en cinq actes de mistriss Cowley. C'est une espece de foiie donl I'invention est commune, les situations forcees, et I'iutrigue, ou les intrigues (car il y en a deux) assez mal liees; mais cette piece offre du mouvemeut, de la gaite, et sintouL an r61c propre a faire briller une actrice douee d'une voix agreable et du talent de danser avec grace. !\Iiss Foote s'y est montree avec tous ses avantages; c'est une grande et belle ;)ersonne qui manque un pen d'em- bonpoint, mais dont la tournure est gracieuse, I'ajil brillant et le sourire plein de charmes. Son jeu nous a semble rempli d'inteliigence, quoiqu'il ne soit exempt ni de maniere, ni d'af- 8i6 FRANCE. fectatiou; miss Koote n'est point line cantatrice, mais k- li:nlji« de sa voix est expressif et pent-trant; ce nVst point iine dan- seiise, niais ses pas sont moelleux et ele^rans II no fant done- pas s'ctonner si , avec tant de moyons de seduction, elle est moins cc'lebre a Londrcs, comme comedienne, que pour les in- trigues, les proces et les duels dans l. T. XXXV. — Scptembre 1827. 5a Hi 8 FRANCE. vivemcnt, ce qui est d'un lieuieux aiignre. Mais, d'tin antic cote, si plusieui's teles sont d'line expression bien sentie, ener- cjiqae uu-mc, toutes ne sont pas ('■i^aloment belies, sons le rap- port (In caractere; et, ce qui est diijne dc remarqnc, c'est que les figures dn penple sout, en general , Ics plus jnsles et les plus vraies : les personnages nobles, an conlraire, parexemple, Anloinc et Cassins, manquent d'clevation et de beaute. Je rcprocherai encore a M. Court dc n'avoir pas tout-a-fait bien dispose les plans, et d'avoir beaucoup trop Jieglige la perspective aerienne. Unouvrage oil Ton trouvc nn snjet bien clioisi, des expres- sions vraies et fortes; ou Ton remarque de I'elan dans la ina- nieredont ilest execute, est certainementunonvrage estimable; niais qn'en faut-il conclure pour I'avenir de I'artiste ? Voici, a cet egard , mon opinion qui est conseiencieuse, sans doule , mais qui cependant pourrait ctrc dementic par I'evenement. En ropresenlant a Rome un snjct de I'histoire romaine, M. Court devait prendre pour modele la population qu'il avail sous les yeux. C'est ce qu'il a fait, et c'cst dans la manicre meme dont il a rendu celle popnlalion qne son talent brille le plus; car, ainsi que je I'ai dit , les personnages eleves de la scene, Antoine, Biiil.us et Cassins, jiour lesquels il a suivi des types connus , sont les moins bien ; il suit de la que M. Court a eto servi par la nature dc son snjet , et par les ressources que lui offrait !e lieu on il i'a execute; mais, s'il voulait trailer un sujet historique, il re suflirait plus alors dc copier fidelement I'homme dii peuple qu'il aurait rencontre dans la rue; il fau- drail s'elcver a un degre de beante que Ton nc trouve que lorsque Ton a su, par I'observation , en rasscmbler les elcmens epars dans la nature vivanlc. Le genre de talent qne M. Court a dt'i)loyc dans le tableau dont je m'occupc, ne me ferait pas esperer qu'il put atteindre a la hauteur d'un parcil snjet. Toutefois , il est evident que cet artiste a dans I'ame des etincelles de ce feu sacre auquel on donne le nom de ^enie : il ne faut done desesperer de ricn. Le tableau de M. Court a excite, surtout dans les prdneurs de la nouvelle ecole , nne vivc admiration. .Ic dois done m'at- tendre quL' nion opinion sera trouvec severe; mais je dirai a cet artiste epic ce qu'il doit le plus craindrc , ce sont les flatteries immoderees; je Uii dirai encore qne plusieurs parties de son tableau ne sont pas assez etndlees, et qu'un ouvrage n'est pas completemcrit digne d'eslimc quand I'cxecution ne repond pas a lu pciisee. — Gracun: et li.t.hograpliie. — Coriiinc an cnp Misenc , do M. CiiiuARi). PARIS. .'iiy Ce tableau lit naitre, a son yppaiition, lui vif et Juste oiilhoti- siasmo qr.i ne s'es^t pas iclroidi. Loin de lii : cette composiliori , ou ie charme de la pot'sie s'linit a b puissance du souvenir, a ele reprodnitc de pliisieurs manieies. J'ai deja parle, dans cc rccueil ( t. xxviii, p. 332), de ia belie peiulure snr porcelaine que 31™"= Jaquolot en a failo d'apies Ie tableau que possede ie prince de Talleyrand, et dans lequel M. Gerard n'a mis (juc la fiiinre de Coiinne. La peinture de M"'" laquotot, si precieiise pour Ie talent que cetle dame y a deploye, et pour Ie caraclere d'inalterabilite qui lui est propre , etait digne d'tui sonverain : en efiet , elle a ete achelee par Ie loi; mais Ie public et les amateurs n'avaient pu se procurer encore Ie plaisir do niettre la composition de M. Gerard sous ieurs yeux , ou dans leurs collections. Deux artistes, MM. Prevost et Aubkt le Comte , eniployant des moyens diffcrens, viennent de satisfaire a ce doidjle besoin. La gravure de M. Prevost a ete falte d'apres la repetition ou M. Gerard a introduit un lazzai'oni; et la litho- graphic, d'apres I'original dont le prince Auguste de Prusse a fait hommage a M'"'= Recamier. Ainsi, la pensee de M. Gerard an; a ete renduc sous toulesscs formes. La planche de M. Prevost, fxecutee pour la socit^tc dcs antis des arts, est , je ciois, le couji d'essai decet artiste dansle genre historique.Cet essai est de na- ture a faire naitre de JListes esperances; pliisieurs parties sont bien execulees : lefond, surtout, est d'lmehcurense harmonic. Celle dc M. Aubry le Comte est traitee avec ia surete de main d'un homme qui est bien maitre du genre qu'il cultive, et qui en connail tfuites les diHicultes et toutcs les ressources. Le caraclere et I'esprit du maitre sont bienrendiis; c'est le plus grand cloge que Ton piiisse adresser aM. Aubry !e Coir.te, qui a prouvc , par ce nouvcl oiivrage , que la lithographic pent I ut- ter avec la gravure dans le genre hislorique. Si les deux genres peuvent cnlrer en rivaiite , la palme , enire les artistes qui les cultivcnt, restera a celui qui aura le plus d'habilcle dans I'avt du drssin , et qui saura le mieux se penelrer du genie par- ticulier an maitre qu'il aura vouiu reproduire. La pianche de M. Aubrv, tiree enlierement sur papier de Chine, coute 3o fr. avaiit la lettre, et 20 fV. avec la leltrc. — Lithographie. — Eneide. — Suite de composition.'! dcssinces au trait par Girodet , et lithographices par'MM. Aubry le Comte, Chatillon, Counis, Colpin, Dassy, Dejuinne, Delorme, Lancrenon , IVIoiVANTEuiL ct PA^•NET1ER , scx elevcs. Treize livraisons grand infolio. Prix de la livraison, 20 fr. sur pa- pier de Chine; 12 fr. sur papier blanc. Henri Gaugain , rue de \augirard, n° 3^ ; ct M. Pannelicr, projiriL'taire- editcur , Place- Roy ale, n" 18. 8w FRANCE. (.x'lte bfllu suite touche a sa fin : depiiis que j'en ai entre- tcnu les Icctcuis de la Hevue (t. xxxviii, p. 847 j, il a paru trois uouvolles livraisons : les 10% 11" et la". II ne reste done plus ([u'unc iivraison a paiaitre. Dans !e nombie des eompositions que Girodet avait puisees daus Viryile , il en est plusieius qui sout enipruntees aux Georgiques. M. Pannetier a ohoisi l<-s quatre piincipales qu'il .s(! propose de pubiier dans Ic nicinc lormat et aux mcmes conditions que I'Eneide. Elles fornieront une quatoiziemc Iivraison, a laquelle il joindra, comnie com- plement, \e portrait de Girodet, dessine par lui-meme et li- thographie cu fac simile par M. Lambert, qui a mis uu soin extreme dans I'execution de cette planche. Girodet s'est repre- sente dans une attitude de meditation , un crayon a la main. Ce portrait est bien place a la tete d'une col'cclion aussiimpor- lante que celle des compositions enipruntees a Virgile : celles qui appartiennent aux Georgiques montrcront comment Gi- rodet a sii conserver la noblesse ft I'elevation du style dans des scenes de la vie rustique : c'est une preuve de plus de laflexi- hilile de son talent. P. A. — Concours pour le graml prix cT architecture. — Le sujet pro- pose etait im Musee (Cliistoire naturelle. Les conditions du pro- gramme out ete generalement assezbien remplies iM.Labroustf, a obtenu le premier prix, et M. Cendrier le second. Le piogranirae etait tres detaille; trop peut-etrc; pour un concours ou il s'agit d'apprecier dans les concurrens la faculte de sentir, ou le scjin de iecherehi;r et d'etudier des convenances que Ton ne decouvre pas an premier coup d'oeil. D'ailleurs, ua programme trop detaille a linconvenieut de ne pas laisser assez de latilude a la pensee: si Ton cut laisse plus de liberie aux concurrens, est-il impossible que I'un d'eux, guide ])ar son proprc genie , eiit fait mieux que ce qu'on a demande? Les plus grands architcctes ne reusbissent pas toujours bien lorsqu'il s'agit d'edificcs consacres a des sciences qui leur sont etrangeres; Perrault fit des fautes essentielles tlans la construction de I'Ob- servatoire ; et ccpendant il regardait ce monument comme !'i;n de ses tltres a la celebrite qu'il avait acquise. Le but des concours dans les beaiix-arls est sans doute de decouvrir les grands talcns, alin de leur donner la culture qui rendra leurs fruits plus abondans et plus piecicux. En aichitecture, ou attaclie trop d'importance au dessin, et le meritc essentiel d'nn projet pent echappcr au maitre le plus habile : le mode uclnel de concours parait susceptible de perftctionnemcnt. N. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE CENT CINQUIEME CAHIER. SEPTEMBRE 1827. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. 1. De I'objet et de rutilite des statistiques J.-B. Say.. Sag 2. Precis historique sur I'etat actuel de la Republique Argen- tine ( Buenos-Ayres); second article Varaigne. 553 3. Notice sur M"'= Guizot Charles de RemusaC. 567 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Recherclies sur les ossemens fossiles du departement du Puy-de-D6me , par Auguste Bravard, I'abbe Croiset et Jobert aine D. 379 5. Histoire generale des Voyages, ou NouTclle collection des relations des voyages par mar et par terre , mise en ordre et completee jusqu'a iios jours, par C - A. Waikenaer, membre de I'lnslitut Sueur- Merlin. SS") ('. 1° Esquisses de philosopliie morale par Dugald-Stewart , traduit de I'anglais sur la quatrieme edition par Th. Jouf- froy ; 2° B^lemens de la philosopliie de I'esprit bumain, par Dugald-Stewart; traduit de I'ar.glais, tome III. Second et dernier article f^ — g — '"■ 59<> 7. Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagnc, par Alex, de Humboldt, deuxieme edition. J.-C.-L. de Sismondl. (i(>.{ 8. The Life of Napoleon Buonaparte. — Vie de Napoleon Bonaparte, empereur des Francais , avec un tableau prelimiuaire de la revolution francaise, par sir Walter Scott \ M. At-enel. (iiy (). Cours de litterature grecque moderne, donne a Geneve, par Jacovaky Rizo Neroulos, ancien premier ministre des hospodars grecs de la Valachie et de la Moldavie , public par Jean Humbert C. Motmard. f^s 10. Poesies et traductions en vers de Firmin Didot. M.-J.-J.V. 'il3 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQOE. Annonces de qti otivrages , francais et ctrangers. A.MEUlyUE SEPTEMTKIOWAl-R. — Etats-Uiiis , i fi55 AsiE. — Batavia , i 63* 8Ti TABLE DliS AKT1<:LES. Europe. — Gmude-Uretagve, lo ' (556 — liiissie, 4 666 — Allemn^ne, t) 66 n — Suisse, 2 C77 — lCalie,j 6s:,- — Pa)i-lia!^, 7- • : 69' Fmakce, 53, savoir ; Sciences jJij-siqnes et natiiielle: , 21. . . . figy — Sciences religieiises , morales , politiqites et histnri — I.itteratiire , if! ,-34 — Memoires et rapports de socieles sttvantes ,2 755 — Oiivrages periodii/nes, ■>. 759 — Livres en langues eiraiigeres , imprirnes en France, i 761 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AjlEKlQUB SEPTENTRIONALE. — Colonies amcricni/ies riisses. Port de Novo - Arkhangel dans Vile de Sitka. — Etat de ces colonies ; Climat ; Population ; Introduction de la vaccine ; Agriculture; Economic domestique ; Caractere des indigenes. — Cnlijornie : Introduction de la vaccine. — Etats - Unis. Philadelphie : S\.\Uf,Uc\\\e industrielle ; Prix proposes par I'lns- titnt Franklin; Administration des postes ; Civilisation rapi- dement progressive ;Societe de surveillance et d'amelioration des prisons. — New-Y'jr/i. Kecrolugie : V>.\.xiu& King 7(13 Aktilles. — lie de Cuba : Observations nietcorologiques. . . 76f) AsiEuiQUE-MEKiDiOKAi-E. — Coloinbie. Extrait du dernier rap- port du niinistre de i'interieur snr les diverses parties de sou administration: Situation interieure; Cessation des troubles; Retablissement de I'ordre; Culture , commerce , travaux pour Texploitation des mines; Population; Division politique du tcrritoire; Nombre de villes, de villages ; Ecolesprimaires, normales; Nombre des ocoles d'enscignement mutuel; Colleges; Universites; Affaires ecclesiastiques , couvens ; Conclusion , 7f">7 Afkique. — Cap de Jjonne-Esperance : Administration, gouver- nement, population , produits agricoles , etc. — lie de Sainte- Helene : Etablissement d'un observatoire 771 EUROPE. Ilks Britanniques. — Suite de la Itevue sommaire des So- cieles savantcs , litteraires, iiidustrielles , pliila/?iropir/ries , etc. : Socic-te rnyale de litterature ; Instit'ition de Londies ; Insti- tution Iluisel ; Institution lilteraire de FOuest ; Institution litteraire et scientiiique de la cite de Londres ; Societe me- iropolitaine lilteraire ; Societe li'.tcraire francaise 773 RussiE. — Stalistique ; Population ; Longevlte. — Saint-Pelers- boiirg : Mines de plaline. — Vaccine. — Oi/ej.sa; Monument eleve a la memoire du due de Richelieu 77*) Allkmagne. — Medecine dite homeopaihique. — Prussr. Berlin : TABLE DES ARTICLES. S'iZ Statistique ; Population ; Prix proposes yyy Suisse. — Yverdim. Instituts d'education : Institut Niederer; Institut des sourds-muets ; ouf rages uouveaux. Necrologie : Haiigard 78a Italie. — Rome : Exposition des produils de I'industrie chi- noise. — Pistoia : Seance litteraire en I'honneur du Dante. — Rome: Nouvelles admissions a rAcademie du Tibre. — Necro- iogie : Taniburi;ii 784 Pays-Bas. — Hornii : Mines de houille, etablissement de M. De- gorge Legrand ; Ecole primaire d'Hornu. — Hlons : Instruc- tion des jeunes Giles. — Encouragement accorde aux sciences. (Hautllhin.) 787 FiiANCE. — Bischeim : Decouverte d'objets d'.^ntiquite. — Chartres (Eure-et-Loir) : Fondation blenfaisante. — Societes savantes et elablissetnens d'utilite publique. i^oH (Rhone) : Socielede lecture. — Nimes (Gard) : Bibliotheque populaire. — Valence (Drome) : Societe industrielle du departement de la Drome. 791 Pakis. — Institut. Academic des sciences : Seances du 20 aoiit au 17 septembre. • — Societe d'borticulture. — Microscope perfeclionne et autres instrumens de physique propres a fixer I'attenlion des savans , par M. J. B. Amicl, professeur de mathematiques a I'Universite de Modene, en Italic. — • Gym- nastique : Gymnase normal, militaire et civil; modeles des machines , instrumens et autres objets relatifs a I'application de la methode d'education physique , gymnastiqne et mo- rale du colonel Amoros , directeur des Gymnases normaux du gouvernemep.t francais. — Conferences de M. Azai's. — Reclamation : Enseignement des sciences geographiques. — Theatres. Thedire-Francais : i'^ representation d'Emilia, drame. — Theatre royal de I'Odeon : i^^ representation de la Premiere affaire, comedie. — Theatre ani^lais. — Beaux-Arts : Exposition de I'Ecole de Rome. Gravure et lithographic : Corlnne au cap Misene , de M. Gerard; Eneidc, suite de composi- tions dessinees par Girodet. Concours pour le grand prix d'architecture 794 TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABETIQUE DES MATIERES DU TRENTE CLINQUIEME VOLUME DE LA REVUE ENGYGLOPEDIQUE. JuiLLET, AouT, Septembre i8*7 (*). On a reuui aux quatre mots iadicatifs dcs quatre grandes DrvisiDNs dc oe Recueil : I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES; ir. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES CHOISIS; in. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE; IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES; ie detail et le renvoi des articles qiii s'y rapportent; puis, on acaracterise cc; articles, a la suite dii nom de leurs auteiirs, par I'une des quatre abreviations ci-apres : M. (memoip.IiSet notices); A. (analyses); B. (bulletin p.iuho- grapbique); N. (nouvelles scientifiqdes et litteraires). La designa- tion C, apres les nonis propres, iudjque les collaborateurs de la Revue, lorsqu'il s'agitdcs articles qu'ils ont fouruis. Au lieu de compreudre sous la denomination geuerale sciences et arts (.comme dans nos quatre tahles des matieies de I'auuee i8ic)), I'iudicatiou dcs differeutes sciences dont traite ce volume , on a cm devoir, pour rcndre Ics re- cherchcs plus facilcs, et pour mieux caracteriser le bct philosopliique de la Revue Encyclopedique , ouvrir uu compte particulicr ct special, en lei ties ca- pitales, nou-seuleraeut a chacunc des branches des conuaissauces Immaines , AGRICDLTURE, ANATOMiE, ctc. ; a cliacun des elemeus esseutiels de la civili- sation et des moyens principaus de communication entre les liommes : acade • MIES ET SOrlETES SAVANTES ; DICTIONNAIRES ; E^•SE^GNEMEKT MUTUEL; instruction ruBLiQUE; jotiRNAux; THEATRES, etc. ; mals cucore a cliacuu des pays dont il est fait mention dans ce Recueil : de maniere qu'on puisse rap . proclicr et comparer tour a tour, soit I'etat des sciences et des elemens de la civilisation dans chaqiie pays , soit les nations eiles-memes, sous les differcns rapports sous lesquels on a ca occasion de les considerer. \.BADiE. L'Academie des jeux floraux couronne une de ses epitres , 743. Academies. V. Societessavantes, — des beaux -arts des Pays-Eas , 24 (*) On souscrit, ' .ur ce Recdeil sciENTtFiQUE et litteraire, dont ii parait un caliicr de quatorze feuilles d'impression , tous les mois, au Bureau CENTRAL d'abonnement, Tite d' Enfer- Saint- Michel , u** 18; cbez Arthus Bertrand, rue Hautcfeuillc, u''' 28, et clicz Renouard, rue dcTournon, u" 6, I'rix de la souscripfiou : .. Paris, 46 fr. pour uu au : dans les departemecs, 53 fr. ; 60 fr. dans I'etranger. T. XXXV. 53 8iG TABIB aN Actions libres (V)j la loi supreme de nos), par Joseph Paqiiet, 696. Atlrien-Lafasge (J.)> C. — B. , iSp. — f-'oy. Cantiques religicux. Afrique, 771. .4ge {The) reviewed , a satyre , I 26. Agkicui-ture , 3i9, 386, 4^5, 4^o, 489, 5ia, 700. — des Pays-Bas. f^oy. Kops. Alberic , trag^die italienne , par Pierre-Martyr Rusconi , i47- Albert (D.), C— B. , 877. — N. , 487,766. Alexandre et Darius , tragedie allemande, par lebaron d'Uch- tritz , 388. Alexaudreide (L') , ou la Grece vengee, poeme , par Sylvain Phalant^e, 788. Algebke. f^oj. Terqaem. Alibert.L'Acadeniiefrancaisecou- ronne son ouvrage intitule : PhYsiologle des Passions, 517. Allemagke, i34, 235 , 387, 49I) Amehique meuidionale, 767. — septentrionale , 1:7, a 16, 370, 482, 653, 763. — (L'), ou Coup d'ceil general sur la situation politique des differens etats du continent oc- cidental, etc. , 654. Ainicl (J. B.). Foj. Microscope perfectionne. Anioros. Modeles des machines, instruinens , etc. , relatifs a I'application de sa mclhode d'education physique , gym- nastiqne et morale, 8o3. Analyse (De V) des corps inorga- uiques , par J. J. Berzelius , 160. Analyses (II.) d'ouvrages^n^/d/i; Souvenirs de la Revolution fiancaise , pnr Helena-Maria Williams , traduits de I'anglais (^F/i.), 87. — Esquisses de I'hi- losophie morale, par Dtigald- Al.YTiyUE Stewart , traduit en francais par Tb. Jouffroy. filcmens de la pbilosophie de Tesprit bu- main , par la nieme (f^-g'') , 590. — Vie de Napoleon Bo- naparte , par Waller Scolt {M. Avenel) , 617. — d'ouvrages francais : Resume geograpbique de la Peninsule iberique , par Bory de Saint- Vincent {R-) , 57. — Traite de legislation , par Charles Comte (/. C. L. de Sismondi) , 65. . — Notices sur la litterature ct les beaux-arts en Suede, par Ma- rianne d'Ehrenstroem (£.) , 96. — Philippe-Auguste , poeme beroique , par F. A. Perseval (fil/enave) , 102. — Rapports sur les travaux de I'Acaderaie royale des sciences pendant I'annee 1826 {Ferry), 3 11. — Des institutions judiciaiies de I'Angleterre , par Joseph Rey {Taillandier) , 024. — Revue de Tbistoire universelle moderne {A. F.), 340. — OEuvies com- pletes de Chateaubriand (0) , 048. — Voyage dans la Cyre- naique et la Marmariqne , par J. R. Pacbo ( Nestor I'flvte) , 36o. — ■ Reche: dies sur les os- semens fosslles du departement du Puy-de-Dome , ])ar Bravard, Croiset et Jobert (/>.) , 579. — Histoire gcnerale des Voyages, par G. A. Walkenaer [Sneiir- Meilin), 585. — Essai politique sur le royaume de la Nouvelle- Espagne, par Alex, de Hum- boldt (/. C. L. deSismondi), 604. — Courg de litterature grecque moderne, par J. Rizo {Mon- nard), 632. — Poesies de Fir- niinDidot(iVA /. /. ^'.), 643. — d'ouvrages italiens : Memoires de I'Acadeniie I'oyale de Turin {Ferry), 87. AjVATOMIR , 47; 4^)7- Andrews. Ajotirnalofa route from DES MATiArES. 827 hitenof-Ajries throughout the pro- vinces of Cordova , etc., 656. Angliida. Menioiies pour servir a riiistoire des eaux minerales siilfiircuses et des eaux ther- iiiales , ^ib. Anglais (Les) du bon ton a I'e- ti anger, roraaii anglais , 38o. Akgleterre. f^oy. Guande-Bre- TAGNE. Annales de la Societe d'agricul- ture , sciences , arts et com- merce du Puj', ao8. AjiA'UAiRE liollandais pour 1827, public pai' Lobatto , i5l. — de la province de Limbourg , i5r. — necrologique , 725. Ahtii.les , 766. Ahtiquites, 55 , 56 , i38. — tirees du lac de Nemi , pres de Rome , 497- — decouvertes j» Bisrlieim , de- partenient du Haut-Rhin , 791. — germaniques , publiees par Fred. Kruse , 137. Anti-S^inbolik , von J. H. Voss , 669. Apanages (Des) en general, et en particulier de I'apanage d'Orleans , par Dupin , avocat, 721. Appel aux Philhellenes, a34. Appiani (Andre), ^'oj. Longlii. Archeologie , 232, 36o, 391. /''oj. aiissi Antiquiies. Architecture, 47^ , 687, 820. Archives suisses de statistique et d'economie nationale , par C. Bernouilli , 680. Akithmetique (Eleniens d') , de- montres d'une inanifere nou- velle , par Bardel , 166. — Voy. Manuel du capitaliste. Arnault pfere. ^or. Guelfes. Arnault (A. V.). OEuvres , 4^*^- — Fables , iCiQi. Art dramatique , 25 , 191 , 487. MILITAIHE, 5(> , 170. VETEHINAIRE, /( 2 I , 683. — (Abreg6de 1'), par J.White, traduit en franqais par Dela- guette , 700. Arts inuustrif.ls , 709, 710 , 71a. yoj. aiissi Industrie. Ascetiqtie. Voy. Sciences bfli- GIEUSES. Asfeld(L. T. d'),C.— B. , 741. AsiE, 484 , 655. Astronojmie , 168, 244. 489, 772. Athenke de Paris, 253. Athenieunes, par ^variste Boulay- Paty, 747. Atlas geographique et statis- tique des departemens de la France , 433. — historique et chronologique des litteratures anciennes et modcrnes , etc. , par A. Jarry de Mancy, 458. Aubry-le-Comte. Voy. Gerard. Autorite jndiciaire ( De 1') en France, par Henrion de Pansey, 443. Avenel (M.) , C— A.,617. AvDgadro. Memoire sur la den- site des corps, 4o. Aylies. Voj. Barreau fran^ais. Azais. Voy. Confei'ences. B Dach (i\^.). Mirnnermi Colonhonii carminum qucB tuperstint fraa- menta , 674. I'tacon ( Richard Mackenzie ). Ele- ments of I'ocal science , etc. , 38i. Bailleul (Charles) Voy. Recla- aiATION. 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Chirurgie. Foj. Sciences aiEDt- cai.es. Choiseul (M""" la comtesse de). Foy. Jeanne d'Arc. Christianisme. Foj-. Poynter. — roy. Clovisiade. Chronique de Sigebert de Gem- bloux. Foy. Raoux. Chronologie, i85, 340. Cinmjii (•S.). La Grecia descritta da P/iiisa/iin , 397. Clair. Foy. Barreau francais. Cochenille ( Culture de la ) en Criniee , 489. CoUeccion de las piezas dramatical de los aiitores espniioles , 4ol. Collection des principaux dis- cours, etc. , prononcesaux deux r'lftmbres, par Cadiot , 192. Combustibles mineraux (sur If s), et sur leur emjiloi dans les art.-i, par Karsten , 3i8. Commerce, 246, 247, 256, 3it>, 478. — (Lifluence dn) sur la prospe- rito du royaunie des Pays-Bas , par A. Warin , 149- Comte ( Charles). Traiie de Le- gislation , A. , 65. Condie, eU've de rinstitutiois 830 TABLE AN d'Anderson , a Glasgow. Anec- dote qui lui est relative, aao. Canga ytrgnelles (Jose). Diccionario de Hacienda , etc. , Syy. Canticjiu's religieux el raoraux , mis en musique a trois parties , p:ir J. Adrien-Lafasge, 207. Carena. I'Joge de Vassalli-Eandi , 38. Carey. Rejlections on the subject of emigration from Europe , etc. , Carrara-Spinelli(J. B.).foj.Gi\\de de la Torre. Cioni (C.) Pelngonii 'veterinaria , 683. Clement-Dcsormes. Memoire re- latif a un effet observe dans recoulement des fluides elas- tiques , 797. Clovisiade (La) , ou le Triomphe du cliristianisme en France , par Darode de Lilebonne, 738. Code de la cliasse , etc. , par Juste Houel , 721. Coeur de Saint - Etienne. ?'o>-. Luna FoUiero. CoLOMBiE. Rapport du ministre de rinterieur sur I'etat actual de ce pays, 767. CoLOKiEs americaines russes , 763. Concours oiivert a Paris pour le grand prix d'archilecture, 820. Conferences de M. Azai's , 807. Conseil de salubrite de Nantes. f-'of. Rapport general. CoKSERVAToiKES dc musiquc des Paj's-Bas , i5. ConteniporaJns (Les) , i3g. CoNTES. f'oy. RoMAJiS. — rccueillis dans les provinces francaises par un voyageur an- glais , laS. — cliinois, traduiis par Davis, etc. , publics par Abel Remusat, 753. Corps ino)gani(jues. For. Ana- lyse. ALYTIODE Correspondance meteoiologiqnc. f^oj. Moiin. COSMOGIIAPIIIE , 117. Cotdgno (Dominique). Foj. Vul- pes. Coulcuvrines. ^<>j'. Omodei. Coup d'oeil sur les principales institutions scientifiques et lit- teraires du royaume des Pays- Bas , par Van's Gravenwert , M. , 17. Cours de litt^rature grecque mo- derne , donne a Geneve , par Jacovaky Rizo Neroulos , A. , 632. — do matbematiques appliquees al'industriedela ville deDouay, par Clienou, 5i i. Court , peinti-e. Antoine mon- trant au peuple ronialn le corps de Cesar, 817. Cbristallo'ide. Foj. Pacini. Crivclli (Louis), C. — B. , 3 13. • — avocat , C. — B. , 44o- Croiset. f''oj, Ossemens fossiles. Croup (Precis analytique du) , de I'anginc couenneuse , etc. , par parL. Bricbeteau, 703. Crussolle-Lami , C^ — B. , 186. — Histotre de la revolution des Pays-Bas , a53. CuLTE. f^ojr. Sciences beli- GIEUSES. Cuvier (Frederic). Sur la forma- tion des plumes, 3i3. D Dandelin (G.). f^oj'. Mecanique. Danemark , 490. Darode de Lilebonne. Foy. Clo- visiade. Datta. Sur la nature du patriciat cbez les auciens , .56. David, f'oy. Nominations aca- DEMIQUES. Degerando. De I'education des soiii ds-iiuietsdenaissancc, 433. Degorge-Ijegrnnd. P'oj; Mines de bouillc. DES MATIliRKS. 83l Delacoux(A.). f'oy. Education sa- nitaire. Delaguette. P'qr- Art veterinaire. De la Prade. f'oj: Discours. Del/ico ( !\Jc/c!nore). Memorie sto- riche delta republica di San Ma- rino J etc. , 520. Delits criminels (Du noinbre des) compare a I'etat del'iustniction primaire, 435. DelpieiTe (L. )• Manuel du fer- mier, 700. DemidofF(N.^. Considerations sur la tbeorie des capitaux, 386. — Considerations sur quelques piincipes fondaineutaux de r6- conomie jjolitique et privee , 38fi. — Una nation doit-elle etre exclu- sivement agricole? 386. Densite des corps, f^'oj. Avoga- dro. Dapping , C— B. , 683. Desaiibiez. Systfeme de Finances et d'economie publique, 182. Despretz (C). Voy. Physique. Dessables. Manuel du tourneur , 7 10. Dessin , i4i- Deveze de Chabriol (G. S.). Voy. Essai geplogique. Diction NA.1RE d'agiicultura pra- tique, par Francois de Neuf- cbdteau , etc. etc. , 4'5. — des finances, etc., par Jose Canga Arguelles , 377. — universel de gcograpbie pby- sique , politique , etc. , par J. Mac-Carthy, 174. — historique , par I'abbe F. X. da Feller, 447- — historique et biographique de tous les terns , etc. , par Ch. F. Leidenfrost , 67'2. — classique d'histoire naturelle , public sous la direction de M. Bory de Saint-Vincent , 697. — de la'langue francaise, avec des notes puisees dans les ma- nuscrits de Rivarol, 4^5. — de poche de la langue fran- caise, par P. A. de Lanneau , 456. Didot (Firmin), Voy. Poesies. Diez ( F/iedrich ). Die Poesi« der Troubadours , 887. Discours d'ouverture d'un cours d'economie politique, etc. , par N. Will. Senior, 658. — sur I'union des sciences me- dicales , etc. , par de la Prade, 703. Divinite (La) de la religion ca- tliolique prouvee par la con- ■version de saint Paul, par le comte Charles Maggi , i45. Doin (G. T.) , C— B. , 4a3 , 706. Donation faite dernierement par le comte de Boigne , a 1' Aca- demic des sciences de Chani- bery, 23 1. — anonyme de deux millions de francs pour servir a fonder un hopital dans la villa de Char- tres ,791. DouAMES, a6i. Droit francais. f^oy. Ga'.isset. PENAL , 442 , 696. PUBLIC , 437. ROMAIJf , 181 , 717. Dubochet (J. J.), yoy. Manuel du jure. Ducpetiaux ( Edouard ). De la Peine de mort , 696. Dues (Les) de Normandie, pr.r Guill. de Jumiege , suivie de la vie de GulUaume- la-Conque- rant , par G. de Poitiers, 186. Dudon. Voy. Vaccina. Duel (£pltre sur le), par Ferdi- nand Malvica , 397. — Lettre qui sert d'appandice a Tepitra precedente , 397. Dufour (G. H.). Voy. Geometrie perspective. Dufrenoy. Voy. Voyage uietallur- gique. f Dugald-Stewart. Esquisses de phi- losophie morale, traduites en 9^2 TABLE AN tVan^ais par Th. Joul'frcy, A. , 5yo. — itlomcns lie la pliilosopliie de I'csprit Innnalii , ibid. Dumas. L' Academic desjeiix flo- raux couronne uiie de ses odes, 743. Dumersai), C. — B. , 2o5. Du|iin, avocat. f^oy. Apanages. Dupiii (Ch.). Situation piogres- sive des forces de la France , 171. — Forces productives et commer- ciales de la France, 171. — f oy. Eijtreprises. — Le Petit producteur francais , 5i8,7i3. — C— M. , 373. Duplessis (G.). P"oy. Fables. Duponceau (P.). Letfre a M. Jul- lien SUB I'etat social des noirs .lux Ktats-Uiiis, 482. Dupont-Boisjouvin. Observations sur Paris, port de mer, et sur la navigation de la Seine , 429. E Eaux minerales du Caucase. Foj. Nelioubine. — — de Bagneres -de-Bigorre (Haules-Pyrenees), aSg. liydrosulfureuses tliermales de Greoulx (Basses-Alpes), 239. et etablissemens thermaux d'Enghien , Vallee de Mont- morency, 5o5. T'oY. Anglada. Ebenlsterie. f^oy. Nosbon. Kclairage. f^oy. Peclet. — par le gaz. Voj. Julia-Fonte- nelle. Ecluses. yoj. Girard. EcoLE de commerce de Paris , 256. _ iiormale 6iablie a Rastadt , 225. __ priiiiaire de Hornu , pres Mons. ALYTIQIIK Ecoi.Es des arts ot metiers a Aarau et a Zuricli , -inj. — des Pays-Bas, 498. ECONOMTE POLITIQUE, I^f), I 49 , 171, 2(ii, 264, 273,386,058, 670. rUBLIQUF. , 182, C80. KUKALE, 416 , 666, 700. ^— T oyez OH^i/ Agriculture. EcossE. Voy. Grande-Bretagne. Education, 162, 433, 782. — sanitaire des enfans , par A. Delacoux , 4*3. — des femnies. f^oy. Luna Fol- liero. Elirenstroem (Mariane d'). No- tices sur la litterature et les beaux-arts en Suede, A., 96. Electricite du platine. Voy. JWi- chelotti. Eloge de Bossuet , par Patin , 737. — du meme , par Saint -Marc- Girardin , ibid. — d'Andre Appiani, 685. -;— de Joseph Piazzi , ibid. Eloquekce , 38 , 246 , 5 16, 654 > 685,737. DU BARREAU, 444- -;— UE LA TRIBUKE , I 92, 193. Emigrations (Reflexions sur les) de I'Europe , etc. , par Carej', 371. Emilia, drame , par Soumet, 810. Encouragement accorde aux sciences , 791- Eneide. Suite de compositions dessinees par Girodet, et litho- grapbiees par plusieurs de ses eleves , S19. English Jashionahle abroad, 38o. Enseigjvement industriel, 219, 220, 258, 3i3, 5ir,5i8, 691, MUTUEL , 23 1. — ( Progres de 1' ) en Uaneniark, 490. Entomologie, !i2r. Entieprises utiles aux forces pro- UES MATIERES ductives et coinmerciales du midi flc la France : Deparle- inent du Puy-de-D6me , etc. , par Cli. Dupiii , M. , tij3. Ephemeiides classiques , presen- tant, jcmr par jour, les <''vene mens princijiaux de I'liistoire universelle , par A. Boniface , D. Levy et Marquis, 452. Ejiicitrtan (The'), a (ale, by Thomas Moore, 664. Epitre a M. Reguis , par Mariiis Ginion , 747. Epurateur d'huiles. Voj. .lulia- Fontenelle. Escrime a cheval. Voy. Recueil de theories. EsPiGNE, 57, 235, 4oi- Essai geologique et mineralo- gique sur les environs d'Issoire , par Ci. S. Deveze de Chabriol et J. B. Bouillet, i56. Essay {An) on lite arc of boding the earth , 653. Etablissement industriel dirige , a Paris , par M. L'Epine , et a Londres , par M. Petit-Jean , 209. — pastoral (Rappoit sur 1') de M. le baron de Stael , a Coppit. par Grognier, 4i6. Elat social des noirs. ^'oy. Du- ponceau. Etats-Unis , 1 17, 216, 870 , 374 ■ 482 , 653 , 764. ErHJVoGR ^PHiE, 187,398. Etili'giam on Thomas Jefft:ison , by N. Biddl^ , 65:i. Everett ( .4. II. ). America , etc. , , 654. Examen analvtiquc de la confe- rence de Ms'' I'eveqne d'Her- mopolis , etc. , par le baron de Ferussac , 412. Exercicesgradnes pourapprendre I'allemand d'apres hi nicthode uaturelle, 212. Exposition , a Rome, de produits de rindustrie chinoise, 784. T. XXXV. — a Paris, de I'Ecole de Rome , 8t«. F Fables anciennes et nouvelles de Phedre , Iradiiites en francais ]jar G. Duplessis, 194. - de A. V. Arnault, 466. Fabnlistes. Foy. Jauffret. Falkland, 128. Feller (F. X. de). P'oy. Dictioii- naire historique. Femme (La) , ou Les six Amours, Nouvelles [lar M"ieElise Voiai t, 470. Ferrara (Aipli.). Coup d'oeil sur les maladies qui regnent dans les lies de la Grece , 706. Ferry, C- A., 87, 3 c r. -B., 1 18, 429, 4^3, 702. Ferussac (B. de). ^.y. Examen analytique. B'5te de t'horficullure, celebree dan.s le jardin do Froniont , 5io. Feuillets epars, et traductions d.* quelques morceaux des poetes lyriques allemands, 127. Figures du discours. l-'oy. Fonta- nier. Filangieri '^oy. Scliedoni. Fijvakces , 377, 386 , 659. — (Systeme de). f'oy. Desaubiez, Fitzgiiald dc Rous {Frederick). Per- sonal narrative of travels in the United States , J74. Flayo! (Alplio.'ise). f'oy Grece. Flore du Picdu iMidideBagneres, par Ramond , 320. Fluides elastiques. foy. Ciement- Desormes. Fondation bienfaisante , 791. Fontanier. Des figures du discours autres que les tropes, 457. Forces de la France. Coy. Dnpin. yoy. Entreprises. Fossati. De la necessite d'etudier une nouvelle doctiine, avant 83/, (le la jiigor, ct iipplicatiuji de ce principe a la pliysiologie lii- tellectiiellc , i(i5. — C— N., 8o3. Fouilles de Pompei, aSa. Foy (F.). IManuel de Pharmacie , etc., 708. Francr, i5fi, 23g , 273, 4i2, 433 , 5i>5 , fiyj, 721 , 735, 79 1. Francceur , C. — B. , 142, i(>7 . 170, 207, 42a, 428, 701. Fricdiith August, Kuiiig lyoii Sa- chsen , von A. L. Hermann , 673. Five (W. F.). r,-.v. Schiller. — Voy. Shake.spear. Fiioco (^F ranee f to). Saggi economici, etc., 146. Fiiria infcrnalis , irisecte trcs-rare qui existe en Livonie, 224- Galisset. Corps dii droit fraiicais , 442. Gay (M™'^ Sopliie). Voj. Nomi- N.ITIONS ACADEMIQIJKS. Genre CGiiide pour r.oniiaitre le) des fubstantifs tVaiicais , par D. Poiitet , 379. Geodesie , 3i7, 428. Geographie, 57, 171, 174, 243, 257, 2(17, 433, 808. Voy. aussi VoY.VGES. Geologie , i56 , i'\1, 245 , 4t2 ; 488, 489,653. Geometuie (Principes de) pour les ai tisairt , par G. Vanderjagt, (191. — per.spective , avec ses applica- tions a la recherclie des om- bres, fiar G. H. Dufour, i4i. — (Application de la) a la me- sure des lignes inaccessibles de.s surfaces pbines , etc. , par A. Lefi'vre, 427. Georania de Paris, 257. George (IM"'"). Ses representations au tlic'-Atre rf)yal de Londrcs , 487. TABLE ANALYTIQUK Georget , C. — IJ. , ifiS. Gerartl , peinlre. Coririsie au car) ftlisene , tableau grave [)arPie- vost, 818. — nienie tableau litliographie par Aiihiy le Conile , ibid. Ginion (Marius). Voy. Epitrc. Giobert. / oy. Miclielotti. Cjioja (iV.). Filasofia della statistitii, hi- Giraffe. Arrivce eu France et a Paris , d'une jeune femelle de cette espece , 2 58. Girard. Sur la cliute et la distri- bution des ecluses , 3i4- Girard ( G. ). Reflexions sur la non-e,\istence du virus rabique, ou Observations adressees h M. E. Plaindoux, relatives a la. rage , 705. Girardiii. L'Acadeinie francaise lui deccrne le prix d'eloquetice, 5ifi. Girodet. f'oj. Eueide. Gnomique grajiliique , par .1. Mol- let , 1(17. Gdl/ie. Ue/ier Kitmt nnd Allei- thiim , 391. Golbery(Pli.), C— B. , 1 39 , i4i, 48 r , 672 , 677. Goiidinet(Ad.), C — B., 70S. Goodv^fin. Voy. Guide du veteri- naire. Goidini{J.) e N. Oisini fiieeichc di sintistica medica , etc. , 396. GliAMlM AlBE, 379, 734. — francaise a I'usage des cloves , jiar Leterrier, ig3. — ( Principes generaux de la) , ])ar Leterrier, 454- — latinc, par le in^me , 455. GrAMDE-BkETAGME, 123, 17'), 219, 325, 374, 48(), fi56, 773. Grassi (A.). Foy. Cliarle turque. Gkwuke, 818. Ghece, 2 ifi , 234. — (Etat aettielde la). Voy. Lunzi. — (La) et I'Europe , par Alpbonse Flayol , 200. — (I, a) deciite par Pausaniits, I nF.S MATIERES. 8 ',5 traduite ea iialieu jiar Scl)as- tieii Ciampi , 397. (irognier. /^oj. ittablissenieiit pas- toral, (iiielfes (Les)et les Gilieliiis, tia- gedie d'Arnault pere , Sai. Guichard (Victor). Voy. Manuel du jure. Guide de la Torre , trageriie ita- lieiine , par le cointe J. B. Car- rara-Spinelli , 147. Guide du veterinaire et du mare- chal , etc. , traduit de I'anglais de Goodwiu ,421. Guillaume le Conquerant. Vny. Dues (Les) de Norniaudie. Guizot. Voy. "Vital. — Voy. Jumiege. — (Feue M""'). L'Academie fran- caise couronue son ouvrage in- titule : Education domestique , 5.7. — Voy. Notice. Guyse (Jacques de). T'oy, Histoire de Hainaut. Guzla (La) , cu Choix de poesies illyriques, etc., 463- Gymnastique , 8o3. H Hahnemann. Voy. Medecine dite homeopathique. Hammer. Notice sur dix-laiit ma- nuscrits persans , etc. , 57. — GcicJdchte da osinanuc/ieri Reichs , 670. Hangard. C.— N. , 783. — P'oy. Necrologir. Harald , ou les Scandinaves, tra- gedie , jiar P. Victor, 742. Hemsterhuys. Voy. Van deWeyer. Hereau (E.) , C. — B. , 197, aoo , 2o3, 4«3, 728, 746, 749, 753, et les articles signes e. h. Hermann (A. L,). Vny. Ftiedricli .August. High life , 38o. Higli-ways and liyways , or Tahlcs of the road side ,138. HisToiiiE , 5 , 5(i , 87 , 123,1 40, i8fi, 187, 188, 190, 1 9 r, 247, 447, 452, 553', 585, 617, 672, 794, 79fi. — (Revue de 1') universcUe mo- derne, i85 , A. , 340. — romaine (Resume de I') , par s... , 445. — d'Irlande , par John O'Drisooi, 378. — des revolutions de Naples, 722. — de rempireottoman, par Ham- mer, (170. — (Resume de 1') des Pays-Bas , parF. de Reiffenherg , i54. — de la revolution des Pays-Bas, par Crusolle-Lanii , 253. — de France, par M'ne da S.iint- Ouen , 180 , 72 I . — de Normandie , par Oderic Vital, i8(i. — de Hainaut, par Jacques de Guyse, traduite en francais , 446. — militaire des Vrancais, 725. — de la bataille d'Agincourt , etc. , par N. H. Nicolas, fi6i_ — littjIkaire , ()'> , 457, 4*io , 633, 761. — (Precis de 1') des Pays-Bas , traduit du hollandaisdeSiegeii- beek , par J. H. Lebrocquoy , 410. — • NATUKELI.E , 25, 47. '44. 224 » 242 , 244 > 322, 323, 324, Homme (L') , Essai /.oologique sur le genre humain , par Bory de Saint-Vincent , 4i4- HoKTrctii.TURE, 157,319, 420, 489, Soc), 5io, 799, 800. -— Voy. Soulange-Bodin. Hospice pour les alienes , institue aux environs de Chamljery, par le comte de Boigne , 23 1. Houel (Juste). Code de la chasse, 72 1. Humbert (Jean). Voy. Rizo. .S;K) TABLt. AK Humboldt (Alex. dv.]. f^'oj. Nou- vclle-Espagne. Hiiiicfelcl. /''())■- Monuniens luctal- liqui's. Ilvde Nugent, 38o. HvDxoriiomE f''oj. Rossi. Hygienk, I fir. — f!es colleges et des maisous d'6- rlucatioii , par Cli. Pavet de Courtcille , 163. I Ilk de Cuba. Observations ine- teorologiques , yfifi. DE SaINTE-HeLENE, 772. DE MaDERE , 667. IkDES OKIENTALF.S, 4S4 , 6S5. Ikdustkie, 209,219, 229,7.48, 793. Fojez aiissi Arts inuiis- TlilELS. Inscriptions lapidaires italiennes, par Lonis Bluzzi , 148. Insectes (Sur les) qui coniposaieiit ie genre des niouches de Linne, par Rol>ineau Desvoidy, Sai. Institutes de Juslinien. (Explica- tion des), etc., par J. L. E. Or- tolan , 717. — de Ga'ius , receminent decou- vertes dans nn palimpseste,etc., el tradnites en francais par J. B. E. Boulet , 181.' Instituts d'educatiou d'Y^'erdun, fondes par Pestiilozzi , 782. Institution d'Anderson , a Glas- gow, pour reiiseigneinent dos .sciences technologiqucs , 220. Institutions judiciaires (De.s) de TAiiglcterre , comparees avec celles de la France , etc. , par Joseph Rey, A., 325. — scientifiques et litieraiies des Pays-Bas, M. , 17. — de Paris , remarqua'nles par la l)onle de leurs met hod cs d'enseignenient , 8o(>. Insjituts. T'o). Societes sa- VANTES. ALYTIQUE Instruction desjeunesfilles dans les Pays-l?as, 790. — 1'opui.aike, 179, 5i8. (Nouvelles preuves de Tuli- lite de 1'), 219. — rr.iMAiiiE, 435, 789. — — (Etat de 1') aux Indes orien- tales , 484- — I'liBLlQliE, 17,225, 8ofi. Voyez flf/iJlEcOLES, UKIVEKSlTES,etC. (Organisation de I') auMe.xi- que , 217. — • — (Etat de r)dans les Pays- Bas, 498. dans la Colomhic^, 770. Ihlakde. T'«y. Guande - Bke- tagjve. — Voj. O'Di iscol. Isographie des hommes c^lebres, 2o5. Itaeie, i44>23i, 394,497,683, 784. J Jardiii de Fromont, ^ Ris , de- partement de Seine-et-Oise , 509. JaKDIKAGF. yoy. HORTICULTIJUE. Jarry de Mancy (A.), ^oj. Alias historiqiie. JaulTret. Lettres sur les fabulistes aijcieus et niodernes , 46o. Jaugenge. Vor. Laudiei'. Jeanne d'Arc , poeme epique, par Pil'"c la comfesse de Cboiseid , 740. Jefferson (Thomas), f'oj. Eulc- Jeu lie billard. I'oy. Tejssedre. Jeux de societe. ^oj. Celnnrt. Jobert. yi>j-. Ossemens fossiles. JOUKNAUX ET ReCIJEILS PElilO- DIQUES. — pnblies en AUeiniigne : iHui- 7tiiches Museum, a Bonn , l4o. — Ueber Kiinsi iind Allerthinn , a Stultgait. — iiublies en /liiiileieitc: The inon- f/ilr leposiioij, a Londres , i3o. — Tlie Christian reflector, a Li- verpool, i3o. — Monthly Be- i'iVm', a Londres , i3i. • — The foreign qiiaj-lerlj Review, a Lon- dres , 382. — publics aiix Elats-Unis /Le Pro- jiagateur louisianais , iig. — The north American medical and surgical journal , ;i Philadelphie, 102. — publit'S en France .•Feuille heb- domadaire des arts et lueliers , etc. , a Paris , ?.o(). — Revue ger- manique , a Strasbourg, 210. — Le Neustrien , a Rouen, 476. — Le Pbare , au Havre, 47^^- — Le Nouveau journal de Paris, 479. — L'anii de la Charte , a Clermont-Ferrand , 76 ij. — Le Memorial de la Scarpe , a Duuai , 760. — Ann ales de la societe d'horliciilture , a Paris. 000. — publics en llalie : niblioteca iialiana , a Milan , J4y- — publics en Suisse : ISaslerische Miitlicihiiigen ziir Forderung des (Uineinwohls , 3()2. Jouy ( Etienne ). f^oj. OEuvres comjjletes. Julia-Fonleuelle. Blanuel du fa- l)ricant et de I'epurateur d'hui- les , suivi d'un apercu sur I'e- clairage par le gaz ,712. Jullien ( M. A. ) , Fondateur-di- lecteur de la Revue Encyclo- pedique, C. — IVL , 27. — B. , .'172 , et les ai tides signcs M. A. J. Juniiege (Gulll. de). Les dues de Normandie, etc. , publics jiar Guizot , 186. JlIKISlMiUOEKCK . I 4o , 442,443, 444, 6i)7 , 719. lojez aiissi Droit et LEGiSL.VTtojy. K Kiiisten. Voy. Combustibles ini- neraux. I)KS MATIERES. 8':?7 KhvostoJ [Dmitri). Na soorougenie paniiatnika Lomonossovon , i33. King (Rufus). f^oy. Neorolqgik. Kirckboff, C— B. , 656. Koopmans. foy. Muller. Kops (J.). Etat de ragriculture dans le royaume des Fays-Bas, 40/,. Kruse (Friedrich). Deutsche Jliei- thiitner, 137. Labouisse (De). Voyage a Saint- Leger, 75o. Labrouste, arcbitecte , obtient le piemier prix au concours ou- vei t a Paris, 8?.o. Lamouroux (J. P.). Expose suc- cinct des progj'fes de la bota- nique, 699. — C. — B., 425. Lakgue n'.lemande (Tableau sy- noptiquedela), parW.Suckau, 312. l^'oy. Excrcices graducs. — basque. /'q>-. l.ecluse. — francaise. I'^oy. Pontet. for. Dictionnaire classique. I^oy. Dictionnaire depoche. Lanjuinais (Feu le comte). I'oj. Notice biograpbique. Lanueau (P. A. de). f^oy. Dic- tionnaiie de pocbe. La Rocbe (Benjamin), f^'oj. Can- ning. Laudier. Manuel du jaugeage et des debitaus de boissons, 712. Laurent (C). Histoire de la vie et des ouvrages de P. F. PercYt 728. Laval-Montmorency (Due de). f-'oj. NoailNATIOKS ACADEMI- QUES. Laveaux (diaries). P'or. Necho- I,OGIE. Lebrocquoy (J. H.). f'oy. Siegen- beek. Lebruu (Isidore), C. — B. , 122, Le Clcrc (J. v.), C— B. , 454. 838 TABLE AN Lecleicq (Thi'odore). T-^oy. Pro- vei'bes dianiatiques. I>ecluse (Fl-)- Manuel de la langue basque, 734- Lecons allemandes de litterature at de morale , etc., par Noel et Stoeber, 480. Lef^vre (A.), f^oj: Geouietrie. Legendre. Traite des fonctions elliptiques et des iiitegrales eu- leriennes , 3i 2. Legislation , 325 , 44a > 4^3 , 684, yy. r . — (Traite de) , etc. , par Charles Comte , A., (i5. — politique de renipire d'Au- triche, par J. L. E. de Barth- Bartlieniieini , l34. — (La) civile, comiueiciale et criiniiielle de la France , ])ar Locre ,717. Legouvc. toy. OEuvres com- pletes. Legris. I'oj. Mecanique. Legs d'liu anglais etabli au Ben- gale, en faveur du redacteur dn Heraut de I'Orient , 224. Leidenfmsl {C. F.). Historisch-bio- graphisclies Handworterbuchfi'j'i. Lemaire (Pierre-Aiiguste). L'Aca- demie francaise lui decerne le prix de poesie , 5i6. Leniercicr (Nep.), ('.. — M. , 28^. Le Normand (L. Seb.) , C— N. , 224. Leonard et Lolotte , poeme hol- landais, par E. W. Van Dam Van Isselt , i55. Lejiidopteres diurnes. f'oy. Bo- Tielli. L'Epine. Voy. fitablissement in- dustrial. Lcterrier. Principes geiieraux de la Gramm.iire, 454- — Gramniaire latine , 455. — Gramniaire francaise, 193. I,ettie adreisee a M. JuUien au sujet de prix proposes [lar phi- sieurs pbilantliro[)cs , 2()i. — adressec an meme par M. J. C. ALYTIQUE L. de Sisniondi. relativenienl a I'analysede ses Noiiveaux prin- cipes d'econoniio politique, 2fi4- — (Extrait d'une) d'un Fraucais qui est enrole sous Ics drapeaux grecs, 2 34. Lettres inedites de M")e de Se- vigne , 4'^4- — du roi de Pologue Jean So- bicski , a la reiiie Marie Casi- mire , etc. , traduites par le conite de Plater, et publiees par N. A. dc Salvandy, J 88. Levy (D.). f'oy. Eplieinerides. L'Hote (Nestor), C. — A. , 3(;o. LiBERri or. la prksse. yoy. Ma- drolle. L1TH0GHAPHIR, 8r8, 819. LiTTEHATiiiiE allemande, 127, l4o , •-> 10, 21 a , 387, 388 , 391 , 480, (177, 761. — Ancienneclas- sique , 194, 397, 674, f^7'i. — Angiaise, 125, 126, 127, 128, i3o, i3i , 197, 38o, 382 , 4^4 > 662, 6(S3, 6;(i4, (i77, 8i3. — Belgique fiifncaise , 4"- — Chinoise, 753. — Espagnole, 2i3, 4"'^- — IJt-s Etats-Unis , 119. — Francaise, 102, igS , IC)5, 198,200,201,2(17,348, 454, 4f5o, 466, 4()7, 4(18,469, 476 , 52 t , 522 , 643, 737, 738 , 740,742,743,74(1,747. 749. 75o, 755, 7(50, 8ro, 8ti. ■ — Grecque moderne , (i32. — Hel- vetique-allemande,392. — Hol- la n da ise, 1 55, 4 10. — lllyrienne, 4^3. — Italienne, i47i '4i))fi77> (i85. — Persane, 57. — Russe , i33. — Snedoise, yh". — (Notices sur la) et les beaux arts en Suede, par Marianne d'Ebrenstroem , A. , 96. — ancienne et moderne. f^oy. Atlas. — yoy. Turles. Lobalto. J aarbockje over \%i-j , i5r. Locre. Voy. Legislation. Lois criniineiles de la Louisianr , 483. DES MATlitlES. Loiiionossof. Voy. Monument. Longhi^aiiiseppe). Elogio d' Andien j-lppiani , (J85. Louvet (Kdouard). Le Propaga- teur louisianais , 119. Lucas (Charles). Fojr. Systeme pe- nal. Luceiiay (J. tie), C— N. , 4y5. l^una Folliero (M"'" Cecilia de). De I'Educalion des femmes , traduit en traucals par Coeur de Saint-Etienne , 716. Lunzi (J. G. de). Reponse aux considerations de M. L. de C. sur I'etat actuel de la Giece , 142. 839 M Macbeth , tragedie lyrique , par M***, musique par Chelard , 201. Mac Carthy (J.), f'oj: Diction- naire nniversel. Machine de Perkins, 3i4- Madrolle (A.). Les dangers d'nnc prolongation de la liberie al)- solue de la presse, etc. , 182. Magendie. Observations sur le lifjuide cephalo-rachidien, BaS. iUaggi (C). La dirinita delta catlo- lica religione provata con la coii- versione di S. Paolo, i45. Maladies des iles de la Gr6ce. f^oy. Ferrara. Mala (Charles), fnj. Neant. Ma!])iere (D. B'** de). r. Chine. Malvicn ( F. ). Epislvla sopra il duello, 397. Mandenient de I'arcbeveque de Tolede contre les journau.x francais et anglais , 235. Manuel d'ajgebre, parTerquem, 708. — d'Astronomie, par Bailly, 168. — ■ du Capitaliste, par ten Bonnet , .67. — (\n destrncteur des annnaux nuisibles , etc. , par Verardi , 420. Manuel d'enseignement pratique des sourds-muets, i)ar Bebian 435. — du fermier, par Leocade Del- pierre , 700. — d'hygiene , on I'Ajt de con- server sa sante , pur Morin , — du jardinier, maraicher, pe- pinit'riste , etc. , par Louis Noi- sette, 157. — du jangeage , par Laudier , 712. — complet des jeux de societe , par M""! Celnart , 2o3. — du Jure, par V. Guichard ot J. J. Dubochet , 719. — de la langue basque , par Le- cluse , 734. — du Mennsier, par Nosban , 709- — du Pharmacien , par F. Foy, 708. — du Tourneur, par Dessables , 710. Manuscrits persans. ^'bj. Ham- mer. Marianne , tragedie italienne, par Jerome Calvi , 147. Marine russe , 385. Marquis, f^oy. Ephemerides. hlartinez de la Rosa. Obias litera- rias , 2 1 3. Massias. Principes de litterature , de philosophie, de politique et de morale , 44o- Mathematiques, 39, j4i, iCifi, 167, 3ii, 3i2, 3i3, .3i8, 427. — (Elemens des) pures et niixtes , par Jose Mariano Valiejo, an. Mazeins ( Eniile). L'Acadcmie des jeux floraux couronne une de ses epitres , 743. Mazeres. f'oj-. Trois Quarliers. Mecajvique, 3i3, 3i4, 653. — ( Lecons sur la ) et les ma- chines, par G. Dandeliji , (191. — (La nouvelle) du feu nioleur des machines, etc. , par Legris, publiee par Quesuel , 702. 84o Medaille d'Odoiiare. l-'oy. Bnruc- chi. Medailles roniaiiics. V. Mionnet. Medecin (Le) philantlirope , etc. , par J. Sanihin, 422. MeDKCIXE. t'liy. SciEKCES BIE- DICAJLES. — dite homeopath!que , ou Me- thode de guerir, inventee par le docteur Hab.nemann , 777. Meditations et jiensees philoso- phiques et religieuses , par P. Emile Vergnlaud , 178. Memoires , Notices et Me- i,AHGEs (I.) : Precis historiqtie sur la Republique Argentine , (^Varaigne) , 5. — Coup d'oeil sur les principales institutions scientifiques et lltteraires des Pays - Bas (^F art's Gnwenwert) , 17. — Notice biographique sur Lanjuinais (;IV. A.JnUien), 27. — Entreprises utiles aux forces productives et comnierciales du midi de la France : Departe- inent du Puy-de-D6me {Charles Diipiii), 273. — Notice sur Tal- !T:a ( Lemercier) , 289. — De I'objet et de I'utilite des statis- tiques {J. li. Say), Sag. — Precis historique sur la Republique Argentine. Second article {Fa- raigne) , 553. — Notice sui M'neGuizot(6'/;«/7<'i de Rcmiisat), 567. — et Rappokts de Societes sa- vantes, litteraires et d'utilite publique en France , 208, 473, 755. — de la Societe des sciences et arts de Batavia, 655. — publics a Sniut-Petersbourg par le departement de I'anii- raute , 385. — de don Juan Van Halen , i()t. ilemorie dtlla rente Academia delte scienze di Torino , A. , 37. Meudibil(P.), C— B. , 404. Menuiserie. Voy. Nosban. ' Merville. L'Academie francaise TABLK .4NALYTIQUK couroune son ouvrage intitule: Les deux Apprentis , 5 18. — A'o;-. Premiere affaire. Mesiatzoslov , 6^)7. Mesure d'un arc de parallele nioyen. P'oy. Brousseaud. RIetali.urgie , 178. Meteorologie, i5i, 160, ()fi7, 7fi(). — f^oy. Pouillet. Metie (Le) comjiarc avec I'an- clenne coudee d'Egypte , 48, — sexagesimal de I'ancienne Egypte , 56. Metropolitana [La^ di Milario, etc., 687. Mexique ,217. JMicliaud (L. G.). Voj: Biographic uuiverselle. Michelot(A.), C— N. , 246, 5 16, 799, et les articles sigiies A. M. Michelotti et Giobert. Sur I'elec- tricitedu platine spongieuxmis en contact avec le gaz bvdro- gene , 42. — (Victor). Analyse du plomb carbonate de JMonteponi, 48. Microscope perfectionne, et autres inslrumens de physique , de J. B. Aniici , 800. Mielle. Histoire des revolutions de la ville et du royaume de Naples , 722. Milton. Le Paradis perdu , traduit en italien par Guide Sorelli , I 25. Miuuierme. I'oy. Bach. Aline de fer natif , 216. — di; platine, 777. Mines de houille. Etablissenient de M. Degorge - Legrand , a Hornu , pres Mons , 787. MiNERALOGiE , 48, i56, 216. Mi(jnnet (J. E.). De la rarete et du pi ix des medailles romaines, 3o3. Moelle epiniere. Voy. Bellinger!. — Voy. Ollivier. Moeurs et coutumes ancicnnes ct moderncs , 398. Molitor (A. M. J.). Traite des obligations de Pothier, 697. Mollet (J.), /^oj. Gnomon iquc. Moiidat (V.). yoy. Sterilite. Monnaies (Essais sur les) et la cir- culation , etc.,|par John-Ashton Yates , 65(). Monnard {C.), C— A., 632. Monstruosites du corps humaia. f'oj. Rossi. Montesquieu. OEuvres completes, publiees par Theodore Re- gnault , 437. Monument qu'ou se propose d'e- lever a Lomonossof dans la ville d' Archangel , i33. — eleve , a Odessa , a la memoire du due de Richelieu , 777. Monumens metalliques de I'ile de Rugen , publics par Hunef'eld et par Picht , i38. Moore (Thomas). Voy. Epicurean. Morale, 179, 180, 517, 5i8. Morin (P. E.). Memoires com- poses au sujel d'une correspon- dance metcoiologique , ifio. — Voj. Manuel d'hygiene. Mortonval. Histoire des cam- pagnes d'Allemngne, etc., 725. Moulfle. UAcadeniie des jeux flora ux couronne une de ses elegies, 743. Muller (S.) et J. de Viers. Hom- mage aM.Koopmans, i55. Munter (Thomas). Letlres, 761. Muriel, C— B., 2l5. MusEES de tableaux des Pays- Bas , 24. MusiQUE , 25, 48, 207, 38l. — vocale. f^oy. Pastou. lUuzzi ( Ltiigiy Alciine iscrizioni , etc. , 148. Mythoi-ogie, Gfig. — (DUcours sur la), par Nicolas Tomaseo, 401. N Napionedi Coccontato. Recherches T. XXXV. BES MATIERES. 84 1 sur les antiquites de ritalie.etc, 55. Naples ,722. Napoleon, yoy. Scolt. Navigation ,3i5,3i7, 429. Neant (Le) de I'homme, discours en vers, par Charles Malo, 749. NeckoloGIE : Charles de Rosmini , a Roveredo , 233. — Louis-Fran- cois -Elisabeth Raiiiond, membra de ITnsfitut de France , 269. — Jean Ehlert Bode , doyen des astrouomes deTAUemagne, 4y3. — Charles Laveaux , litterateur francais , a Paris, SaS. — Ma- dame Guizot , a Paris, 517. — Rufiis King , I'un des fondateurs de la liberte aniericaine, a Nevy- York, 766. — Hangard, avocat, a Yverdun, 784. — Pierre Tam- burini, professeur a TUniversite de Pavie, 780. Nelioubine (Alexandre). Descrip- tion medico-topographique et physico-chimique des eau,ic mi- nerales du Caucase, iSa. Nicolas {N. //.). History of the battle of Agincourt , 66 r. Nicollet. Voy. Brousseaud. Nieineyer, chancelier de I'Uni- versite de Halle. Sa fete jubi- laire , 49i- Noel. Voy. Lecons allemandes. Noisette (Louis). Voy. Manuel du jardinier. Nominations academiques : Ber- tliier, niembre de I'Academie des sciences de Paris , 246. — Pra- dicr, membre de 1 Academic des beaux-arts de Paris, 247. — Young, membre etranger tfe I'Academie dessciences de Paris, 5i4. — M'ne Sophie daj ; le due de Laval - Montmorency , pair de France; et David, consul general de France dans le Le- vant , membres etrangers de I'Academie du Tibre , 7S5. Nosban. Manuel du Menuisier , suivi de I'art de I'ebeniste, 709, 55 8/, a TABl.K AlfALYTlQUK Notation musicale. ^oy. Ray- mond. Notice biograpliique ct lltteraire sur M. le comte Lanjuiiiais , par M. A. Jullieii , M. , 27. — sur Talma , par Nep. Lemer- cier, M. , aSj). — sur M""' Guizot, par Cli. tie Remusat , M. , Sfiy. NouvELLE-EsPAGNE (Essai poli- tique sur le royaiime dela), pai- Alex, de Humboldt , A. , ()o4. NoUVELLESSCIENTIFtQUES ET I.IT- TERAiKEs(IV) : AUemague, aaS, 4r)t , 777. — Antilles , 76(1. — Californie , 7fi4- — Cap de Bonne-Esperance , 771. — Co- lomble, 7(17. — Colonies ame- ricaines russes , 763. — Danc- rnarck, 490- — Espagne , 235. Etats-Unis, 216 , 482 , 7(14- — France , 33c) , 5o5 , 791. — Graiide-Bietagne , 219, 48'' > 773. — Grece , 234. — He de Cuba, 766. — lie de Salnte- Hel6ne, 772. — Indes orieu- tales , 484- — Italic , 23i, 497, 784. — Paris, 242, 5i3, 794- — Pays-Bas, 235, 4y8, 787. — Russia, 224 > 489, 77(1. — Suede , 490. — Suisse, aag , 4y5, 782. NUJIISSIATIQUE , 50 , 203. o Observations sur la Pologne et les Polonais ,187. O'Driscol {John). The History of Ireland, 378. OEuvuBS de lord Byron, 197. — de A. V. Arnault, ^(\G. — coMi'LETEs de Chateaubriand, A. , 348. d'Etienne Jouy, 787. de Legouve, ig5. de Montesquieu , 437. — littcraires de D. F. Martinez de la Rosa , 2i3, OEuvRES philosophiques de Hem- sterhuys, ^194. — poetiques de George Canning, 464. — de P. Verny, 467. Ollivier (C. P.). Traite de la moelle epiniere et de ses ma- ladies , i63. Ombre ( L' ) de Didon, ^legie d'une jeune personne , cou- ronnce par I'Acadcmie des jeux floraux , 743. Omodei. Meuioires sur les es/n'n- griles , et sur les couleuvrines , 5(1. O'Neill , or the Rebel, GRol. Optique , 800. Oi drc (M'n<" d'). Voy. Suisses. Okkithoi.ogie , 3-23. Orsiiii (N.). Voj. Gordini. Ohthopehie, ifi3. Ortolan (J. L. E,). Fay. Institutes de Justinien. Ossemens fossiles (Recherches snr ies) du departement du Puy- de-DAme, par Aug. Bravard , I'abbe Croiset et Jobert , A. , 579- Paccuvius. Voy. Stieglitz. Pacho (J. R.). Voyage dans la Cyrcuaiquc , etc., A. , 36o. Pacini. Lettres sur la laceration de la cristalloide auterieure , 497- P.Tpes ( De I'autorite pretendue des) sur les couronncs desrois. Notice tiroe de la Chronique de Scgebert de Gembloux, 409. Piiqiiet ( Jos. ). De actioniim libera- ruin lege siipreina , 696. Pakagkeles . 3i5. Paris , 24a , 5i3, 794. — port de mer. Voj. Dupout- Boisjouvin. P^ris (Alexis-Paulin). Traduction nouvelle des OEuvres de lord Byron, prec^deedesa vie, 197, Parrot (G. F.). Voy. Physii|ue. Parseval (F. A.), ^oy. Philippe- Auguste. Partage des biens conimuuaux eii Suede, 490- Passage (Projet d'un) sous la ri- \ieie Mersey, 4S(3. Pastou. Melhode de musique vo- cale, 206. Patin. Eloge de Bossuet , 787. — L'Academie fVancaise lui de- cerue le prix d'eloquence , 5 16. Patrlc:at. yoj. D;itta. Pausanias. yoj-. Ciampi. Pavet de Courteille (Ch). Vor. Hygiene. Pays-Bas , 17, 149, i54, 235, 253, 404, 498, 691, 7S7. Peclet (E.). Traitc d'eclairage , 1 68. Peine de mort. Foj. Ducpetiaux. Peinture , 816. Pelagonius. f'oj. Cioni. Percy (P. F.). Voy. Laurent. Pestalo/.zi. Instituts d'education fondes a Yverdun, 782. — Publication de ses ecrits , 783. Petit (Le) Bossu, ou les Voyages de mon oncle , par Fred. Rou- veroy, 4 1 1. — Le Producteur francais , par Charles Dupin, 5i8, 71 3. Petit-Jean. Voj. Etablissement iu- dustriel. Phalantee (Sylvaiu). /^o;^-.Alexan- dreide. Phaumacie. Voy. Foy. Philippe - Auguste , poeme he- roique en douze chants , par F. A. Parseval, A., 102. Philologie , 140, 897, 674 ) 676. Philosophie, i4o, 397, 4' i» 44o, 694, 696, 807. — platonique (Priucipes de la) , par P. G. Van Heusde , 693. — de I'esprit liumain. foj. Du- gald-Stevvart. — morale. Voy. ibid. Physiologie, 483. DKS MaTIEBES. 8/|3 Physiologie intellectuelle. Voy. Fossati. Physique , 40, 42, 168, 317, 488 797- — (Truite elementaire de) , C. Des|>retz, 700. — experimentale. f^oy. Pouillet. — (Eiitretiens sur la), par G. F. Parrot , 667. Piazzi (Joseph). Voy. Scrofani. Pioard. f'oy. Trois Quartiers. Picht (Fred.), yoy. Monuinens ine- talliques. Pieces dranialiqnes ( Collection des) desauteurses[>agnDls, 401. Plaindoux (Etienne). f. Girard. Plana. Foy. Bidone. Plater (C. de). / oj. Lettres duroi de Poliigne Jean Sobieski. Plonib carljonate de Monleponi. J'oj. Michelotti. PoisiE, 102, 125, i2i), 127, i33, i55, 200, 466, 467, 5i6, GfSa , 6(i3, fiS5, 738,740, 743, 746, 747. 7'i9. 750. — (La) des Toubadcurs , etc. , par Frederic Diez , 387. DKAMATIQIIE , I 47) 20I , 267, 388, 401 , 521 , 522, 677, 742 , 78r, 8.0. 811, 8i3. Poesies, p.ir Jean Polonius , 198. — illyriques. foj. Guzla. — ct traductions en vers de Fir- min Didot , A. , r)43. PoiDS ET MESUUES , 48 , 56. Poitiers (G. de). Voy, Dues de Notniandie. Poleiti ( Geniiniano ). Nouvclle niethode jiour trouver les ra- ciiies imagiiiaires des equations numeriques , 3g. Politique, 142,177,182,191, 193 , 409 , 604 , fi58. PoLOGNE. J'ly. Observations. Polonius (Jean). Foy. Poesies. Pummier (Amedcc). L'Academie des jeux floraux couronue une de ses odes , 743. Pontel {D.). A guide to the gender of frcnch substantives , 379. 8/j4 table ANALYTIQUE ponts kt chavsseks , 4^ i , /\8g. Population tie la Colombie, 768 — du cap de Boniie-Esp6rance 771. — de la Russie , 776. — de la Prussc ,781. — dcs Pays-Bas, 4o5. — (De I'exc^s de lo) dans TEurope ceutrale, jiar Weinhold. 670. Portugal, 67, 607. Postanovlcnia i Prat'i/a, 668. Postes (Administration des) aux Etnts-Uiiis , 7()5. Pothier. for- Molilor. PouiUet (C. S. M. M. R.). Elemens de pliys^ique experimentale et de meteorologie , 422. Poynter. Christianity, or the eviden- ces and character of the christian religion , 6By. Pradier. ^oj. Nominations aca- DEMIQUES. Precis liistoriqiie sur I'etat actuel de la Republique argentine (Buenos-Ayres), par Yaraigne, M. , 5, 553. Premiere affaire (La), comedie en prose, par Merville, 811. Prevost , graveur. f^'oj. Gerard. Prison (La) de Pompeia , tragedie en un acle, 522. Prisons ( Sur les causes qui ont porte quelques provinces des Etats-Unis a abandonner le sys- temedisciplinaireen usage dans les) de ce pays , par W. Roscoe, 375. — (Societe de surveillance et d'amelioration des) de Boston , 765. — ( Discipline des ) de Boston , 872. — (Notice sur les efforts, etc., pour ameliorer la discipline dans les) de Pliiladelphie , par Robert Vaux, 872. — (Coinpte sommaire relatif au regime interieur et a la disci- pline des) de I'itat de New- York , 373. — (Discours an sujet des) p<5ni- tentiaires du district de Co- lumbia, parTbomson, 373. Pkix nECERNES : par I'Acndpmie francaise, 2^6. — Par la So- ciete d'encouragement pour I'in- dustrienationale de Paris, 249. — Par I'Academie franqaise , 5i6 , 517. — PROPOSES : par la Societe liol- landaise des sciences de Har- lem , 235 , 499- — Par I'Aca- demie des inscriptions et belles- lettres de Paris , 246. — P-ir phisieurs philantropes , 2(11. — Par la Societe des sciences et des arts du departement du Nord , 5 1 2. — Par T Academic royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse , 5i3. — Par I'Academie fran- caise, 517. 5 18. — • Par la So- ciete d'utilite publique de Zu- ricb, fi-g. — Par ITnstitut Fran- klin de Philadelpbie , 7fi4- — Par une association de libraires allemands , 781. Proprletaire-arcbitecte (Le), etc., par Urbain Vitry, 473. Proverbes dramatic|ues, par Theo- dore Leclercq, 742. — populaires francais. f^oj: Basset. Puits artesiens, 653. Quesnel. yoy, Mecanique. Quetelet (A.) , C— B., i54, 694. — Recberches sur la population, les naissances , les deces , etc. , dans le royaume des Pays-Bas, 4o5. R Racines imaginaires des Equations numeriques. f^oy. Poletti. Rage. Foy. Girard. Ramond. f'oy. Flore. DES MATltaKS. — Necrologie. Randon du Thil. l^oy. Reveries. Raoux. Notice sur uii passnge re- marquable de la Chronique de Sigebert de Gembloux , etc., 409. Rapport general sur les travaiix du Conseil de salubrite de Nantes J 70^7. Rapports sur les travaux de I'A- cadeinie royale des sciences , pendant I'antiee 1826 , A., 3 11. Raymond. Principaux systemes de notation musicaie, etc. , 48. Reci.a!>iation au sujet d'lin oii- vrage de M. Rife, attribiie par erreur a M. Ch. Ph. Reiff , aaS. — de M. Denaix au sujet de .ses Essais de geographie metho- dique et com|)arative , 267. — au sujet de I'Essai liistorique sur la republique de San Ma- rino , par Auger Saint-Hippo- lyte, 520. — de M. Bailleul , au sujet d'un article de la Revue E'ic'\clope- dique sur I'Enseignenient de la geographie, 808. Recueil de rAcademie des jeux floraux ,743. — de theories etrangeres sur le maniement du sabre , ou I'es- crime a cheval , 1 70. Recueils peuiodiques. yoyez JoURNiUX. Reglemens relatifs a I'administra- tion interieure des theatres im- periaux deRussie, 668. Regnault (Theodore). Voy. Mon- tesquieu. Reiff (Ch. Ph.). Voy. Reclamation. Reiffenberg (F. de). Resume de I'histoire des PaysBas, i54. — C— B. , 410,696. Religion, f^oy. Soiesoes rem- GIBCSES. Bemusat ( Abel ). yoy. Contes chinois. 845 Remusat (Charles de), C. — M. » 567. Renouard (Charles), C. — B. , 437, 720. Report (^ The first annual) of the acting Cominittte of the Society for the promotion of internal iin- proi'ement , cic. , 870. — of the managers of the Society for the reformation of juvenile de- linrjiteiits in the city ofNew-Yorh , 372. — of the board of managers of the prison discipline Society, etc., 37.. Republique argektine (Etat ac- tueldela), M. , 5 , 553. Resume gcographique de la Pe- ninsule Iherique , par le colonel Bory de Saint- Vincent , A., Reveries (Nouvelles) poetiques, par Randon du Thil, 746. Revolution d'Espague, lyi. — francaise , 87. — de Naples , 722. — des Pays-Bas , 253. Revue de I'Hisfoire unlverselle moderne , i85, A., 34o. — du siecle, satire anglaise, 126. — (Suite de la) des journaux des departemens de France , 474 > — des societes savantes , litte- raires , etc. , de la Grande-Bre- tagne , 488, 733. Rey (Joseph). Foy. Institutions judiciaires. Rhetorique , 457. Richard (T.), C— B. , 168, 709. Richelieu (Due de). Foy. Monu- ment. riigollot fils, C— B., 7o5. Rime e prose di alctini Cinofili, 685. Rivarol. Voy. Dictionnaire clas- sique. Rizo (Jacovaky) Neroulos. Cours de lit terature grecque moderne, public par Jean Humbert , A., 632. 846 TABLE AN Robineau Desvoldy- f'^'^y- Insectes. R6deur ( Le ) fiancais, on les Moeurs clii joui', par B. de Rou- geniont, ■jloi. Romans , 128, 38o, 4^91 ''f'4» 7^3, 755. ■ Roicoe {IFilliam). A brief statement of the cnrises which have led to the celebrated system of penitentiary discipline , etc. , 3yS. Rosmini (Charles dc). Voj. Ne- CROLOGIE. Rossi. De nonniillis monstriiosita- tibiis ill internis hiimani corporis partibus , 43. — Observations anatomico -pa- tliologlques sur I'livdropliobie, 45; Rougeniont (B. de). P'oy. Rodeur. Rouveroy (Fred.)./^or.Petit Bossu. Riigens melallische Denkinciler, i38. Rusconi (P. M.). P'oy. Alberic. RussiE, i32, 224, 385, 489, (^C>&, 776. Saint-Marc-Girardiii. Eloge de Bossuet , 737. Saint-Maurice. Histoire des cam- pagnes d'Allemagne , etc. , 725. Saint-Oueu ( M»": de). Histoire de France , 180 , 721. Salfi (Fr.), C— B., Sgfi. 401, 687. — N., 234, 785,787. Salvandy (N. A. de). Voy. Lettres du roi de Pologne. Salverte (Eusebe) , C. — B. , 722. Sambiii (J.). f''oy. Medecin. SaNTE rUBLIQUE , 707. Sartoris. Foy. Barrege. Sauterelles (Des) et des moyens de les detruire , par A. StoikQ- vitch , 666. Say (J. B.),C.— M.,52C). Schedoni (P.). /tlciini sgiiardi sopra la scienza della legislazione del Filangieri , 684. Schiller. La Fiancee de Messine , ALYTIQUE tragedie , tradiiite en vers ita- liens , par W. E. Frye , 677. Sciences medicales , 4^ , 45, 47f 122, 161, 162, i63, i65,4»2, 702, 704, 705, 706, 777. niORALES ET POI.ITKJUES, 65, 177, 39.5, 433, 590, 71G. PUYSIQDES , 36, I 56, 3ii, 4"» 579. ^^97- ItELIOlEUSES, l3o, 145, 178, 235 , 657. Scott [Jf^altcr). The life of Napoleon, 123 , A. , 617. - Menie ouvrage traduit en fran- cais , 190 , A. , 617. Scrofani{^Sai-erio).ElogiodiGiiiseppe Piazzi , 685. Senior s (A'. IF.). Introducloiy lec- ture on political econiimy. 658. Seroux d'Agincourt (J. B. L. G.). Histoire de I'art dcniontree ])ar les monumens , etc., traduite en italien par EtienneTiocozzi, 686. Sette (Vincent). Memoire sur la couleur rouge que conlractent certaines substances alimen- taires , etc. , 14 4- Sevigne (M«ic de). Lettres inedites, 464. Seymour (M'n^ Fanny), C. — B. , 38i. Shakespeare. Macbeth , tragedie , traduite en vers ilaliens par W. E. Frye, 677. Siegenbeek. Precis de I'hisloire lilteraire des Pays-Bas, traduit du hollandais par J. H. Le- brocquoy, f\ia. Sismondi (J. C. L. de), C. -A. , 65, 604. — N. , 267. SOCIETES SAVANTES ET u'uXILITE PUBLIQUE : - aux Etais-Uiiis : Society forniee a Philadelphia pour les ame- liorations interieures en Peu- sylvanie, 370. — Societe eta- blie a New-York pour la n- forme des jeunes criminels, 37a. — Societe pour la disci- pline ties prisons de Boslon , 372. — Institut Franklin de Philadelphle , 764. — Societe de surveillance et d'anieliora- tion des prisons de Boston , 765. - aux Iiides orientates : Societe des sciences et arts de Batavia , 655. - de la Grande-Bretagne ( a Lon- dres) : Societe pour la propa- gation des connaissances utiles; celle des sciences physiques ; celle des sciences physiques de la Cite;et la Societe geologique, seante Lincoln's Inn Fields , 488. — Societe geologique seante Bedford - Street ; celles d'agriculture , et d'iiorticul- ture ; Societe astronomique , 489. — Societe royale de litte- rature ; Institution de Londres , 773. — Institution Russel ; Ins- titution litteiaire de I'Ouest , 774. — Institution litteiaire et scientifique de la cite de Lon- dres ; Societe mctropolitaine litteraire ; Societe litteraire fran- caise , 775. - en Suisse : Societe de lec- ture de Geneve, 495. — So- ciete Suisse d'utilit^ publique - en Iialie : Academic royale des sciences de Turin , 87. — Aca- demic des sciences , letfres et arts de Pistoia , 783. — Aca- demic du Tibre, 785. - dans les Pays-lias : Institut royal, 19. — Academie royale des sciences et des belles-lettres de Bruxelles , so. — Societe des sciences de Harlem , 20 , 235, 499- — Societe de littera- lure Neerlandaise , de Leyde , SI. — Societe Zeelandaise des sciences, de Middelbourg , 21. — Societe provinciale fles sciences et arts d'Utrecht, ar. — Societe HoUandaise des DES MiTliRES. 8/,7 beaux-arts et des sciences, ai. — Societe d'utilite publique ( Tot nut -van't Algemeen) , 22. — Societe Neerlandaise des sciences econoniiqnes et indus- trielles , etablie a Harlem , ij. ■ — • Fondatiou Teylerienne de Harlem, 23. — Societe lie Felix Meritis, a Amsterdam, 23. — Plusieurs societes de physique, 24. — en France (dans les departe- meiis) : Societe d'agriculture , sciences , arts et commerce du Puy , 208. — Societe d'assu- rance , etablie a Nancy, contre I'incendie et contre la gr(?le, 2 jo. — Academie des sciences : arts et belles-lettres deBesancon, 473. — Societe d'agriculture, des sciences et des arts de Douay, 5 12. — -Academie royale des sciences , inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 5i3. — Academie des jeux floraux de Toulouse , 743. — Societe d'agriculture , belles -lettres , sciences" et arts de Poitiers, 755. — Societe des lettres , sciences et arts de Metz , 756. • — Societe de lecture de Lyon , 792. — Societe industiielle du dtpartement de la Drome, 793. — (a Paris) : Institut. Academie des sciences, 242 , 3ir, 5i3, 794. — Academie francaise , 246 , 5ifi. — Academie des ins- criptions et belles-leitres , 246. — Academie des beaux-arts , 247. — Societe d'encourage- ment pour I'industrie nationale, 248. — Societe d'education , 25i. — Societe d'horticulture, 5fo, 799. Soirees (Les) du dimanche , ou le Cure de village, lecons de mo- rale pratique, par M'"^ Elisa- beth Celnart , 179. Sorel/i (Guido). II Paradise perduto, lad. 8/|8 TABLE AN Soulange-Bodin. Fondateur et di- recteur dii jardiii de Fiomont , 5io. — Discours sur Timportance de riioticulture , etc. , 4i9- Souniet. Voy. Emilia. SouRDS-MUETS ( De I'education des) de naissance , par Deg6- rando , 433. — (Manuel d'enseignement. pra- tique des), par Bebiaii , 435. — (Institut des) d'Yverdun , ySS. Souscription ouverte a Paris, pour une niedaille en I'lionneur de M. Canning , 5ig. — aux Etats-Unis eu faveur des Grecs , 216. Souvenirs de la Revolution fran- caise , par Helena Maria Wil- liams , traduits en francais, A., 87- Spheres concentriques. ^oj. Sym- mes. Stassart, C — B. , 4ii- Statistique , 171,273, 4o5,433, 680, 768, 771, 776, 781. — (Philosophie de la), par Mel- chior Gioja , 394- — (Recherche tie) medicale sur la villedeLivourne,par J. Gor- dini et N. Orsini, Sgfi. — du departement de I'Aisne , par Brayer, 714- — industrielle , 764- Statistiques (De Tobjet et de I'uti- litc des), par J. B. Say, M. , Sag- Stcrilite (De la) de rhomme et de la fenime , et des mcyens d'y remedier, par V. Mondat, 704. Sticglitz (H.). De I\J. Paccitvii Diilo- resle , (176. .Stoeber(D. E.) , C.— N. , 762. — Foy. Lecons allemandes. Scoikoi'itch {A.). O Sarantche , 666. Stray haves inchuting translations from the lyric poets of Germany, 127. Strobel {A. G.). Beytrdge zur deut- AI.YTIQVJK schen Literatiir und Literdr- Geschichte ,761. Suckau (W.). f^oy. Langue alle- mande. Suede , 4go. Sueur-Merlin, C— A. , 585. Suisse, 141, 229, 392, 495, 677, 782. Suisses (Les) sous Rodolphe de Habsbourg , par M^e la ba- ronne d'Ordre ,755. Symmcs. Theory of concenlric spheres, »i7- Systeme penal (Du) et du systeme repressif, etc. , par Charles Lucas , 442. T Tableau descriptif du chateau et du pare de Versailles, par Vasse de Villiers, 176. Taillandier (A), C— A., SaS. Talma (Notice sur), M.. 289. Tamburini. Voy. Neckologie. Technologie. yoy. Aiiis indus- TUIELS. Terquem. Manuel d'algebre, 708. Teyssedre (.^.). Theorie et regies du jeu de billard, 429. Theatres: de Londres, 487. — des Pays-Bas , 25. — de Paris , 267, 521 , 810. — Theatre an- glais de Paris , 81 r. — de Russia. Voy. Reglemens. TiiEOLOGiE. /^ox'. Sciences keli- G I BUSES. Tliomson. Voy. Prisons du district de Columbia. Timkovsky ( G. ). Pouteschestvie ■v' Kitai , 385. Tiocozzi ( Etienne). Voy. Seroux d'Aginctiurt. Tomaseo ( N. ). Delhi Mitohgia , Discorso , etc., 4oi. ToPOGRAPHIE , 176 , 397. Tourneur. Voy. Dessables. Traductions : — en anglais , de I'allemand, 127, 783. J — en francais , de rallemand , 1 60 , 170, 700, 783 ; — de I'aii- glais, 87, 190, 197, 4ai , 464> Sgo, 617, 700 ; — du chinois , 753 ; — du grec , 643 ; — du hoUandais , l\io; — de I'illy- rien,463; — de I'italien , 716; du latin , 181 , 186 , 194 > 44^ » 643 ,717; — du polonais , 188. — 'jiw^italien , de I'alletnand, 677; — de I'anglais , i25, 677; — du francais , 686 ; — du grec , 397 ; — du latin , 686. Trois Quartiers , com^die en prose , par Picard et Maz^res , 267. Truffes. Foj. Turpin. Turks (Ch.). Resume de la litte- rature ancienne et moderne , 460. Turpin. Memoire sur I'organisa- tion et la reproduction de la truffe , 794. TuRQUiB, 177, 670. u Vechtritz ( B. d' ). Alexander und Darius ,388. UsiVERSITES : — des Pays-Bas , 18 , 499 i — ^^ Halle, en Saxe, 49 r. VaCCIjse (La) justifiee , ou ie P^re de famillle et son niedeciu , par Dudon ,179. — (Introduction de la) dans la Californie , 7C4. — Ses progrt's dans les provinces russes de la Baltique , 777- Fallejn [Jvse Mariano). Compendia de mateiriacicas puras y mistas , an. fan Dam Van Isselt. Leonard en Lotje , 1 5 5. fanderjagt{G.). Groitdbeginsels der Meetkiinst ,691. T. XXXV. DES MATIERES. 8/5 () Van de Weyer. OEuvres philoso- phiques de F. Hemsterhuys, 694. Van Halen (D. Juan). Memoires , 191. Fan Uettsde. Initia pkilosopkiie platonicce , 695. Varaigne.C— M., 5, 553. Vassalli-Eandi. Voy. Carena et Berutti. Vasse de Villiers. Fay. Tableau descriptif. Vaux (Robert). Foj. Prisons de Philadelphie. Verardi. Manuel du destructeur des aniuiaux nuisibles, 420. Vergniaud (P. E.). T'oy Medita- tions. Ferhandliingen (Neue' der schwei- zerischcn gemeinr: Ltzigen Gesell- schaft ,677. Verny (P.). OEuvres poetiques , recueillies par P. J. J. Boudet , 467. Versailles. Foy. Tableau. Fice ( The reigning ) , a satirical essay, 663. Victor (P.). Foy. Harald. Vie de Napoleon , par Walter Scott, 123, 190, A. , 617. — de Guiliaume-le-Conquerant , par G. de Poitiers, 186. — de la haute socidl^ , roman anglais, 38o. Viers (J. de). Foy. Muller. Vigne (Culture de la) en Crimee. 490. Villenave, C. — A. , 102. Finis rabique. Voy. Girard. Vital (Oderic). Histoire de Nor- mandie, publieecn franqaispar GuizBt , 1S6. Vitry (Urbaiii). Foy. Proprictaire- arcbitecte. Voiart (M'n^ Klise). La Ferame , 470. Voss (J. H.). Antl-Symbolique , 669. Voyage aux Etats-Unis el nu 55 85o TABLE ANALTTTIQUE DES MATI^RES. Canada , par Fr<5d(?iic Fitzge- rald de Roos, 374. — de Buenos-Ayres a Polosi, etc. , par le capitaine A^dre^YS , 65f>. — en Chine, par la Mongolie, par George Timkovsky, 385. — • dans la Cyrena'ique et la Mar- niarique , etc. , par J. R. Pacho, A.,36o. — a Madere et en Portugal , 667. — raelallurgique en Angleterre , etc. , par Dufrenoy et Elie de Beaumont , 176. — a Saint-Leger, el autres poesies, par de Labouisse, 750. Voyages ( Histoire generaie des), parC. A. Walkenaer, A., 585. Vulpes (Benoit). Discours pro- nonce pour I'inauguration du busteen marbre de Dominique Cotugno , 399. w Walkenaer (C. A.). Histoire g^- n^rale des Voyages , A., 585. Warin (A.). Influence du com- njerce sur la prosperite du royaunie des Pays-Bas , i/,9. Warnkoeiiig (L. A."), C— N., aag. JFcinhold. Foil der tfebervdlkerting in Miitclciiropa , 670. White (J.). Foj. Art vet^rinaire. JFidow's tale ( The ) , and other poems , by B. Barton , 663. Williams (Helena Maria). Foy. Souvenirs de la Revolution francaise. Yates (John Ashton). Essays on currencj, etc. , 65g. Young. Foy. Nomination acad£ MIQUE. Zeirgenossen , 189. ZoOLOGIE, 258 , 4'4- FIN 1)5 LA TABLB nU TOMB XXXV. ERRATA DD TOME XXXV. Cahier da Jdiilet. Page 6, llgue 20, supprlmei les deux virgulcs (^ui separent les mots dans ce tivre de cc qui suit et de ce qui piecede; p. 7, I. 4, mettez uue virgule apres le mot merhlionale ,• p. 11, 1. 5 , toiile enliere , lisez : tout entiere; p. ibid.,l. 18, mettez une firgule apres Z)c« Fedrofp. i3,1.3i, mettez une virgule apres Chili; p. i/, , 1. 26, necessaire, lisez : necessaircs ; p. 74, 1. I"], s'eltva , lisez: s'eleva ; p. C\0 , 1. 25, lien n'anonce ,\\sez : rien n'annonce ; p. log, 1. i3, reuferraez entre deux virgules les moX.!, elei'es en I'aste pyramide ! p. no, I. 7, mettez une virgule a la fin du vers ; p. 118 , 1. 34, calembour , lisez: calembourg , et mettez un poiut-virgule , au lieu d'une virgule, apres le mot qiieiqiiej'ois; p. 126, 1. 22, The age Reviewed, lisez : The j4ge reviewed; \u 128, I. 17 et 18, mettez une virgule devant le mot dont, repute dans ces deux lignes; p. 149, 1. 10 et 19, cruniologie , lisez: crdnologie ; p. 192 , 1. avant-derniere , revolutions , lisez : resolutions ; p. 197, 1. 3, eloigneront, lisez: eloignent ; p. 198, I. 20, intituU, lisez : intitulee ; p.ibid.,\. ^o, muses , WiCT. : Muses ; \t. njC),^. i5, mettez une virgule apres le mot tranquille ; p. 200, I. 40, mettez un poiut-virgule, au lieu d'lin point, a la fin du versj p. 207, 1. 10, mettez, au lieu du point, un point iiiterrogatif; p. 216, J. 7, mettez une virgule devant le mot dont; p. aig, 1, 18, son, lisez : sonl ; p 2a5,l. 2, supprlmez la virgule; p. ibid-, 1. 27, SUITE DE L ERRATA DU TOME XXXV. 85l d'autant prijudiciable, lisez : d'autant plus prejudiciable ,- p. aSr, 1. ii, muuture, lisez : monture ; p. 270, 1. 24, mettez uue virgule apres le mot verite. Cahier ,id., 1. 8,Fontanna , lisez: fontena ; p. 690 , 1 . 5, d Milan, Visez: de Milan ; p. 786, 1. 14 , Sevao , lisez : Serao 1 p. 802, 1. 9, Charagne , lisez : Chara; p. ibid. , 1. 2t, et qui elallit, lisez : et il s'itablit ,■ pi ibid. . 1. 26, dis- cortianation , lisez : discontinuation. 2 FEB. 9 5 SqiUwher, 1827. WORKS RECENTLY PUBLISHED BY TREIITTEL and WURTZ, TREUTTEL, JUN. and RICHTER, jFovefffn :25ooMellcr0 to tijc liing:, 30, SOHO SQUARE. THE FOREIGN QUARTERLY REVIEW, No. I., in 8i'o., price 7s. 6cl. Contents. — I. Conde's History of the Dominion of the Arabs in Spain. — II. On the Supernatural in Fictitious Composition — Works of Hoffman. — III. Dumas's History of the Campaigns from 1799 to 1814. — IV. Deville's Letters on Bengal. — V. Manzoni's Italian Tragedies. — VI. French Books on Gastronomy. — VII. Berard on the influence of Civilization on Public Health. — VIII. Schubert's Travels in Sweden. — IX. Dutrochet on Vital Motion in Animals and Vegetables. — X. Rizo on Modern Greek Literature. — XI. Botta's History of Italy. — Miscel- laneous Literary Notices, No. I. — List of the principal Works published on the Continent from January to June, 1827. " The first number of a periodical work, exclusively devoted to the literature of other countries, has just been published under the title of The Foreign Quartedii Review. The object of this undertaiiing appears to us to be one of no inconsiderable utility. There issue from the presses of the continent many important works, of which only fivery vague and imperfect account is obtained in this country long after they are published. There was therefore wanting a channel through which regular and accurate information of this description might be conveyed, not only to the general reader, but to those aho compose the more literary portion of the public, and whose taste and pursuits make them feel an interest in the whole circle of the labours of the republic of letters. It is true that the reviews already published occasionally notice foreign pub- lications, but this task is likely to be better executed in a work, of which that branch of literatuj-e is the undivided object. The division of labour has its advantages in intel- lectual as well as in other pursuits. From the slight glance which we have yet been able to take of the Review before us, we arc persuaded that the expectations, which considerations such as those to which we have adverted must suggest, will not be dis- appointed." After noticing the t-.vo first articles, it proceeds. — " These two articles are said to be from the pens of Mr. Southey and Sir Walter Scott. The nature of the subject will sufficiently indicate to whom each respectively belongs. We have not time to say a word upon the other articles, except that, as far as we have looked at them, they deserve to be mentioned with approbation, and that when we have room we may, perhaps, return to them. The Review concludes with a very copious and useful col- lection of Miscellaneous Literary Notices." — Times. " This work promises to till up a blank which, with all their fitness of means and coraraand of talent, the Editiburgh and Quarterly Reviews might have attempted in WORKS RECENTLY PUBLISHED vain to occupy. Great as may tiave been the public expectation, (and the aiiiioimce- inent of the worlv excited no slight attcJition,) the number now before us will not disap- point its readers. There is in every page evidence of vast resources, and extensive intellectual attainments. We recognize, if we mistake not, the descriptive beauties and masterly hand of a Scott — the high attainments and elegant diction of a Soullie^' — • and the splendid talents of the best contributors to some of our most po))ular i)eriod- icals." — Nexo Times. " Wc have just received the first number of a .Tournal, which is to make foreign pro- ductions popularly known in England, and which, if it be conducted on this principle, will fill a large void in our periodical literature. From the hastj- glance which we have yet hccn able to throw over its contents, it promises, we think, to fulfil o^n' best hopes." After noticing some of the leading articles, it concludes. — " There are, also, some light and pleasant articles in the Review, and, judging from a very spirited translation (at the end of an article on Italian Tragedy) of an Ode on the Anniversary of Buona- parte's Death, which we subjoin, we should suppose there are among the reviewers poets of no ordinary talents." — Morning Chronicle. " As far as considerable elegance of writing, striking powers of thought, copious learning, and versatility of talent, can make a Review popular, this possesses every claim OH public attention." " On the whole we are delighted with this opening number of the ' Foreign Quarterly Review,' and if talent, chastised by judgment, be a test of success, we do not hesitate to predict its popularity." — Sun, " Inasmuch as the objects proposed by the Editors of the Foreign Quarterly Review are in our eyes extremely valuable, we are disposed to look with peculiar favour on the bold attempt they have made to carry them into effect. The Foreign Qiiarterli/ is in appearance and temper a kind of twin publication with the quieter specimens of the Qiiarttrlti of Albemarle Street, and ought to be considered as the pendant of that pub- lication. As far as the first number of a periodical is a specimen, this undertaking may be pronounced to be one of an extremely respectable description. Its contributors appear to be men of information, industry, and good sense." — ^4(/as. " In continuation of what we said lately regarding the New Quarterly Review of Foreign Literature, we are happy to inform our readers, that, having seen an early copy of the first number, we are able to speak more confidently in approbation of the work. This number promises well ; and, by active exertion on the part of the editors, we have little hesitation in saying, that it will not only s^ipply a great deficiency in our literature, but also become eminently popular." " In several of the papers here presented to us, we think we can unequivocally recognize the style of those well-known and highly eminent authors, to whom we before alluded as being engaged in support- ing the undertaking." — Literary Gazette. " We think highly of the utility of this work, which seems to us well calculated to supply what is indisputably a desideratum in our literature. The literature of France, Germany, and other countries, which is prolific at this day bej'ond all previous example, undoubtedly presents a vast mass of materials for criticism and speculation. To active and inquisitive persons in Britain, it is of some importance to know how the human mind is occupied in other countries — what new ideas are thrown out — what discoveries made — and in what tract speculation runs. If the reviewer supplies us with Lnforma- tion on these points, we are in his debt ; and the general views and luminous abstracts with which he presents us arc so much the more valuable, if a foreign language, or any other circumstance, deny us access to the originals. To the English reader it is of no consequence Irom what source the reviewers draw the'hr materials ; his only anxiety is to be made acquainted, as speedily and as early as possible, with everything new in the world of intellect ' Foreign Reviews' like this will correct, though they cannot altogether remove, the inequalities in the distribution of knowledge. They will natu- ralize ihe more important truths that spring up in a foreign soil ; they will point out the land-marks of research, discussion and speculation amimg our neighbours; and when they do not give minute intbrmation, they often indicate the channel through which it is to be obtained. " 'Hie first number, now before us, of the Foreign Quarterly Review affords a favour- able specimen of the talents of the conductors. It is handsomely got up, so far as BY TREUTTEL, WUllTZ, TREUTTEL, JUN. & RICHTER. rogards paper and typo, and contains eleven arlicles, «liich arc in general ably writlcn and interesting." " Tlie sliort Literary Notices at the end, selected from the conti- nental joumals, are extremely uscfnl, and should, in our opinion, he much enlarged in future numbers. Last of all comes a List of Books, nearly 400 in number, pnblislicd on the continent between January last and July, which list, if continued on the same scale, will be very valuable. As a whole, the number is good, and merits every encou- ragement."— Scotsman. " The principle upon which this journal sets out is so excellent, and the work itself is so well calculated to supply a great desideratum in our periodical literature, that wc arc equally surprized it did not sooner occur to some cnter|)rizing publisher, and con- vinced that, with ordinary diligence and activity, tlie project nnist be crowned willi success Let the reader only reflect that France, Germany, Italy, Spain, Portugal, Denmark, Sweden, Russia, &c. each possess a national literature ; tliat in each science has been more or less cidtivatcd, and in some (as in France) with more success than among ourselves ; that Frencli literature has now become a branch of polite education in this as well as in other countries ; that Germany annuallx' sends forth thousands of volumes in all the departments of human knowledge, and holds the first rank in philo- sophy, criticism and erudition; that the genius of Italy, cramped as it is by the baleful influence of despotism, is hardly less prolific than that of Germany; that Spain and Portugal, amidst all their political misery and degradation, occasionally produce works deserving of European notoriety ; and that even the third and fourth rate kingdoms and states contribute their share to the great mass of human know ledge ; let the reader, we say, reflect on these circunistancos, comparing them with the cursory and trivial notices which we have formerly had of foreign publications, and he will no longer entertain a doubt that a Journal like that before us, devoted exclusively to this hitherto neglected field of criticism, is calculated to supply one of the nuisf obvious, and at the same time remarkable, desiderata in the periodical literature of the day. Such being our conviction of the necessity for a work of this sort, we feel a double gratification in being able to bestow our honest and hearty commendation on the first number. Though got up under all the dilficulties and disadvantages incident to a new and great undertaking, and, of course, inferior upon the whole to what subsequent numbers -.vill undoubtedly prove, it is nevertheless a highly creditable production in every point of view, and in talent, ability, and editorial skill, will not suiTer much by a comparison with journals of established reputation. Several of the articles, indeed, are from the pens of our most celebrated writers, and not unworthy of the fame which they have acquired." — Cultdoiuun Mercury. " It was time that a Foreign l^cview should be published to fill the void left in our periodicals, and to show us, thHt if we are now at the head of civilization, the other countries of Europe are not so surrounded by the clouds of ignorance as we are inclined to suppose, notwithstanding the notorious disadvantages under which they unfortu- nately labour. This is now no more a desideratum, and such a Review we are happy to announce to our readers. Its first nujube.- has just been published, under tlic title of the Foreign Quorterlif Baiew, and, we venture to say, that the manner in which it makes its appearance promises that it will one day rival with our best publications." — Edinburgh Weekly Chronicle. " We have been soinewlKit dilatory in noticing this publication, but wc shall not, on that account, exert ourselves the less to do it justice, now that we have taken up the pen. Among the lunnerous strictures that have appeared in the columns of our con- temporaries, we have not seen one decidedly hostile to the object of the work, or inclined to under-rate the very s|)lendid talents which have been put in retpiisitiou to establish it. Though we are at all limes given to maintain an unbiassed 0|)inion on literary as Avell as political subjects, we are glad that in this instance our judgment accords pretty nearly with that of our brethren. A periodical work, exclusively devoted to lorcign literature, established on a popular basis, and supported by writers of acknowledged eminence, cannot fail to prove of immense utility." " To conclude, we sincerely hope that the Foreign Review will obtain that hold of the public opinion which it so obviously deserves ; and if the Second Number does not disappoint the promise of its precursor, «c shall be among the readiest of its friends to hajl its appearance." — Eriin- burgh Ohiervcr. , No. H. uill h( iJul!li::kccl al the end of Ocloher, WORKS RECENTLY PUBLISHED HISTORY of the WAR in the PENINSULA, under NAPOLEON ; to wliicli is prefixcfl, A VIEW of tlic POLITICAL and MILITARY STATE of the FOUR BELLIGERENT POWERS. By GENERAL FOY. In Two Volumes, 8vo., with a Portrait of the Author, price 1/. Ids. The Second Volume, in two parts, just published, may be had separately, price 1(. Is. Besides a Preface by the English Editor, the translation contains a Genera) Index to the work, an advantage which it possesses over the original. Of the Publisliers may be had the Original French Edition in Four Volumes, Svo. toith a separate Atlas of Six Maps and Plans, price '21. 10s. The Atlas, separate, 10s. HISTORY of the EXPEDITION to RUSSIA, undertaken by the Emperor NAPOLEON, in the Year 1812. By GENERAL COUNT PHILIP DE SEGUR. Sixth Edition, Revised and Corrected. To which is prefixed a Biogra- phical Sketch of the Author. With Frontispieces, containing ten Medallion Portraits of the two Emperors and their principal Commanders, and two Views, also a Map of the Countries between Paris and Moscow. In Two Volumes, post 8vo. price 16s. A Few Copies are Printed in Two Volumes, Dcmt) Svo. xoith the Frontispieces on India Paper, price One Guinea. " Here and elsewhere we quote, as a Work of complete authority. Count Philip de Segur's account of tliis memorable Expr.Jition. The Author is, we have always understood, a man of hoiiour, and his Work evinces him to be a man of talent. We have had .the opinion of several officers of liigh character, who had themselves served in the campaign, that although unquestion- ably there maybe some errors among the details, and although in some places tiic Author may have given way to the temptation of working up a description, or producing effect by a dialogue, yet his narrative on the whole is candid, fair, and liberal."' — Sir tValter Scott's Life of Napoleon, vol. vii. p. 217, note. Of the Publishers miijl also be had, the eighth Edition of the French Original, in Two Volumes, !)vo. with an Atlas if Fire Portraits and Tivo Views, price 28s. ; or in Two Volumes, 18oto. with Plates and Map, price ibs. The Atlas of Plates to the French Edition max/ be hud separately, price 6s. ELEMENTS of UNIVERSAL HISTORY ; contahiing a Selec- tion of the most Remarkable Events. Ari'anged in a Course of Lessons for the use of Schools and Young Persons Translated, with Alterations and Additions, from the German of G. G. BIIEDOW, Professor of History in the University of Breslau, Author of the Tables of Literary History, &c. Neatly printed in i2mo. price 5s. IMMORTALITY or ANNIHILATION. The Question of a Future State discussed and decided by the Arguments of Reason. In post 8vo. price 8s. 6d. " There is much sound sense, sound princijile, and sound argument in this Volume. The Work possesses strong and just claims to respect and attention, in the rational and temperate spiiit which every where pen'ades it, in the clear and intelligible principles upon which the arguments are grounded, and in tlie Author's uncommon earnestness in the sacred cause which he advocates. We never met with a Work we could more strongly and urgently recommend to general attention and perusal." — British Traveller, June 30, " This is a Work evidently penned with the best intentions. It is written by a rational and calm inquirer into the future existence of man, and terminates in a summ;u-y of all the arguments which appear to make for the immortality of the soul, independently of revelation On the whole we are much pleased with this book, not because it strengthens human vanity, by flattering its hopes, but because it tends to aid inquiry, by a mode open to men of all creeds and nations, and thereby to help the cause of virtue, wUere the doctrines of revelation do not prevail." — Hew Moiiihly Magazine, inn. 1827. BY TREUTTEL, WURTZ, TREUTTEL, JUN. & RICHTER. 6. RECOLLECTIONS of EGYPT. By the BARONESS VON MINUTOLI. With a Coloured Portrait of Mahomet Ali Paclia. Post 8vo. price 9s. " The cliief attraction of tliese ' Recollections' consists, not in elaborate details of Egyptian Antiquities, but in the personal adventures of tbe fair Author. To these she lias judiciously assigned a proraiuent position, and by dwelling so much en them, she lias not only given variety to her Work, but a certain air of romance, whicli greatly enhances its interest." " Her Trans- lator assures us that her Work has been already well received on the continent; an assertion which we the more readily believe, as the Volume is written in a very agreeable style. Wc may add, that tlie English Version does the Original full justice." — Mmt/il^ Review, Feb. 18S!7. 7. SECRET MEMOIRS of the ROYAL FAMILY of FRANCE during the REVOLUTION ; witli original and authentic Anecdotes of contemporary Sovereigns, and other distinguished Personages of that eventful period, now first pub- lished from the Journal, Letters and Conversations of the PRINCESS LAMBALLE. By a LADY of RANK, in the confidential service of that unfortunate Princess. In Two Volumes, 8vo. with a Portrait of the Princess, and the Cipher of ftlarie Antoinette. " Notwithstanding the many Memoirs already published relative to tlie period of which tliese Volumes treat, the present contribution to its illustration will be received with a high degree of in- terest. Of the authentic nature of these revelations, we do not imagine that any doubt can be entertained," &c — Literitry Gaxelle. 8. The CABINET of FQEEIGN VOYAGES and TRAVELS, or Selections from the most recent ^R interesting Journals of eminent Continental Travel- lers, that have not before appeared in an English dress. In Two Volumes, I8mo. with Engravings, price 14s. each, in a case. 9. EUROPE IN MINIATURE :— A Geographical Amusement. In a liandsome gilt and ornamented box, with Fifteen Coloured Maps, and Fifty six explanatory Cards, price 15s. " This is at the same time one of the prettiest and most useful Christmas presents for young people which we have seen at this season. Within a verj' small compass. Geographical Sections of every part of Europe are cleverly divided ; and either by considering these separately, or by com- bining them together, the youthful students are, while amused, tauglit what it must be very useful for them to remember all the rest of their lives. The plan is excellent," &c. — Literary Gatette, Dec. 23. 10. MEMORIALS OF COLUMBUS. Or a Collection of authentic Documents of that celebrated Navigator; now first published from the Original Manu- scripts, by authority of the Decurions of Genoa; preceded by a Memoir of his Life and Discoveries. Translated from the Spanish and Italian. In 8vo. with a Portrait and Engravings, price 18s. 11. ABEN HAMET, the Last of the ABENCERAGES, a Romance. By the VISCOUNT DE CHATEAUBRIAND. Translated from the French. In 12m(). with a Portrait, Vignette, and Musical Romance, price 75. Also, the original French, printed in the same size, and with the same Embellish- ments, price 7s. " The style of the original is elegant, animated and delightful ; and we know uo Volume more eligible to be put into llie hands of the French student, to inspire a love of the language, and cultivate a fine taste for its beauties. There is much of descriptive power, as well as of simplicity and pathos, in the tale." — Literary Gazette, 12. Iy tlie belief that it is one of the best calculated works in the French languHge to be put into the hands of children learning that language; and that books of this description are much wanted, as iJiere are but few ; and the choice of traaslation books to be given to children learning a foreign language is of no less conse- •lucnce thap tliat of a good grammar." — EJitor's Pre/ace, 15, 16. A GRAMMAR of the GERMAN LANGUAGE. By G. H. NOEHDEN, Ph. D. LL.D. of the liritish Museum, &c. Fifth Editi.m : revised and corrected by the Author before his death. In one thick volume, ISnw. price 10s. 6d, Also, bj' the same Author, printed uniformly with the Graunuar, price 8s. in boards, EXERCISES to the GERMAN GRAIMMAR. 17. A NEW DICTIONARY, ITALIAN and ENGLISH— ENGLISH and ITALIAN, with the Equivalents in French. By STEFANO EGIHIO PRTRON.!, Member of the Grand Italian Academy, and JOHN DAVENPORT. In Ihree Vols. 8vo. price 2/. 10«. in Iwiiids. The Third Volume, containing the French, English and Italian, may be had sepa- rately, price 14s. 18. VERGANI and PIRANESI'S ITALIAN and ENGLISH GRAMMAR. Exemplified in Twenty Lessons, with Exercises, Dialogues, and enter- taining Historical Anecdotes. A New Edjiion, Corrected, Imjuoved and Enlarged, with Notes and Reuiarks, calculated to facilitate the study of the Italian Language. By .?. GUICHEl'. In I'.'mo. price os. bound. BY TUEUTTEL, VVURTZ, TREUTTEL, JUN. & RICHTER. 19. ORLANDO FURIOSO DI LODOVICO ARIOSTO, conscivato nella sua epica integrita, e rccato ad uso della stiidiosa gioveiitii, da GIOACCHINO AVESANI, Veronese. Con utile aniiolazioiii. Nuova edizioiie, diligeiUemeiite corretfa. In Three Volumes, 12mo. price 1/. Is. The Editor has contrived, without at all destroying the unity of the narrative, or mutilating the work, to condense the Orlando into forty-four Cantos. His object has been, to present tiuit celebrated work freed from the impurities which have hitherto rendered it w holly unfit to lie put into the hands of the youth of either sex : his niottu is, " Virginibus puerisque canto." The edition now printed has the advantage over that printed in Italy, of having the pronunciation accentuated throughout, by M. Pelronj, wlio has also prefixed v Life of the Poet. 20. GIL BLAS DI SANTILLANO DEL LE SAGE, tiadotto dal Dotlor Crocchi Sauese. Sccunda Edizione di Londra, publicata e corretta da S. E. PETKONJ. In Five Volumes, 18nio. price 1/. Is. 21. Le AV VENTURE DI TELEMACO, Figliulod'Ulisse, tradottadal Linguaggio Francese di Fenelon. Nuova Edizione corretta ed acceatuata. In Two Volumes, 18mo. with Plates, 6s. 22. SATIRE DI SALVATOR ROSA, con notizie della sua Vita. In 8vo. with a beautiful Portrait, 7s. 6d. This Volume, of which only 250 Copies were printed, forms a desirable accompani- ment to Lady Morgan's Life and Times of Salvalor Rosa. 23. MORALE POETICA ITALIANA. Scelta di Massime e Sen- fenze tratte da' piii classici Poeti Italiani. Da I'. L. COSTANTINI. In 12mo. ■with Frontispiece, price 4s. 24. SCELTA DI PROSE ITALIANE, tratte da' piCi celebri e classici Scrittori, con brevi notizie sopra la Vita e gli Scritti di Cliascheduuo. Da P. L. COS- TANTINI. Terza Edizione, da Barraco. In Two Volumes, I'.'nio. price 9s. NUOVA SCELTA DI PROSE ITALIANE, tratte da' piu celebri Scrittori Moderni. Da. P. L. COSTANTINI. In Two Volumes, 12mo. price 9s. 26. NOVELLE TRATTE DAL DECAMERONE DI GIOVANNI BOCCACIO, scelle, purificate ed illustrate di Nota Inglesi e di Spiegazioni de' pas- saggi piu oscuri, per uso defla gioventii. Da M. SAN TAGNELl.O. In l2mo. with a Portrait, price 7s. 27. GESENIUS's HEBREW LEXICON to the Books of the Old Testament, including the Geographical Names and Chaldaic Words in Ezra and Daniei. Translated into English from the German, by CHRISTOPHER LEO. formerly Teacher of German and Hebrew in the University of Cambridge, late Professor of German at the Royal Military College, Bagshot, &c. &c. Handsomely printed in 4to. at the Cambridge University Press, Volume the First, price 11. 4s. in boards. 28. NALUS, CARMEN SANSCRITUM, E Mahabharato : Edidit, Latine vertit et adnotationibus illuslravit, FRANC[SCU.S BOPP. In Royal 8vo. price 1/. 4.V. LATELY PUKLISHED BY TREUTTEL, WURTZ & CO. 29. VIEYRA's DICTIONARY of the PORTUGUEZE and ENG- LISH LANGUAGES, in two Parts ; Portugueze and English, and English and Por- tugueze. A new Edition, carefully Corrected, and very considerably improved, by J. DIAS DO CANTO. With the Portugueze words properly accented to facilitate the Pronunciation to Learners. In Two thick Volumes, 8vo. price 1/. 16s. 30. A NEW POCKET DICTIONARY of the PORTUGUEZE and ENGLISH LANGUAGES. In two Parts, viz. Portugueze and English, and English and Portugueze. Abridged from Vieyra's Dictionary, with many Alterations and Improvements. By J. D. DO CANTO. In l8mo. price 10s. 6d. bound. 31. A NEW POCKET DICTIONARY of tlie DUTCH and ENG- LISII LANGUAGES ; with a Vocabulary of Proper Names, Geographical, Historical, &c. carefully and properly arranged according to the present Spelling adopted in Hol- land. By J. WERNINCK, D.D. Minister of the Dutch Church in London. In 18mo. price l'2s. bound. 32. REVIEW of the PROGRESS of RELIGIOUS OPINIONS during the Nineteenth Century. By J. C. L. SIMONDE DE SISMONDI, Author of the History of the Italian Republics, History of France, &c. In 8vo. price 3s. 6d, 33. PRODROMUS PLANTARUM INDI^ OCCIDENTALIS hucusque cognitarum, tarn in oris Americse Meridionalis, quam in Insulis Aiitillicis sponle crescentium, aut ibi diuturne hospitantium ; Nova Genera et Species hactenus ip,notas complectens. Digessit GULIELMUS HAMILTON, M.D. In One Vol. Post 8vo. with a Coloured Plate, price 5s. 34. ICONES FILICUM: FIGURES and DESCRIPTIONS of FERNS, principally of such as have been altogether unnoticed by Botanists, or as have not yet been correctly figured. By WILLIAM JACKSON HOOKER, LL.D. Regius Professor of Botany in the University of Glasgow, and Fellow of the Royal, Airfiquarian, and Linnean Societies of London; and ROBERT KAYE GREVILLE, LL.D. Fellow of the Royal and Antiquarian Societies of Edinburgh, and of the Linneaa Society of London. Fasciculus 1st, 2d, and 3d, handsomely printed in Folio, price 1/. 5s. each, plainj or '21. "is. each, coloured. 'J'his Work will be included in 12 fasciculi, each consisting of 20 plates, accompanied with as many leaves of description, to appear quarterly. The Descriptions will be ^vrittcn entirely in Latin, and a few remarks added in English ; the Plates will be executed with the greatest attention to accuracy, and in the best style of the art, especially in the dissections of the fructification, from drawings made by the Autliors. A List of Subscribers will be printed in the last Number. 35. PHRENOLOGY in connection with the Study of PHYSIO- GNOMY. By G. SPURZHEIM, M.D. Part 1.— On Characters. In Royal 8vo. with 34 Plates, price 1/. '2s. in hoards. Also by the same Author: L OUTLINES OF PHRENOLOGY; being also a Manual of Reference for the Marked Busts. Neatly printed in 12mo. with Frontispiece, 2s. 6d. bds. 2. PHRENOLOGY, or the DOCTRINE of the MIND ; and of the Relations between its Manifestations and the Body. Third Edition, greatly improved, with a Frontispiece and 14 Engravings, 8vo. price 16s. in boards. 3. A VIEW of the PHILOSOPHICAL PRINCIPLES of PHRE- NOLOGY. Third Edition, greatly improved, 8vo. 7s. inboards. 4. The ANATOMY of the BRAIN ; with a General view of the Nervous System. 8vo. with 11 Plates, price 14s. in boai-ds. Avis aux amateurs he la litteratdrb ^trancere. On peut s'aJresser ^ Paris , par reiitremise du Bureau cekthal dk lA Rbvue Encyclopediqub, a MM. Treuttel ct WiiRxz, rue de Bourbon, n° 17, qui ont aussi deux maisons de libraiiie, rune k Stras- bourg, pour ('Allemagrie, et I'autre a Londres ; — a MM. Arthus Behthand, ruellautefeuille, ii'aS; — Rekouard, ruedeTouruon,n''6; — Lhvhault, rue de la Harpe, n° 81 , et a Strasbourg ; — Bos- iK'SG'B. phre, rue Richelieu, n^eo; et a Londres, pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russcs, pclo- nais, hollandais, etc., ainsi que les autres productions de lalitterature etrangi;re. Acx academies et adx sociETES SAVANTES dc tous Ics pajs. Les Academies et les Societes SA.TA]yTES et d'otilitb publiqub, rran9aises et etrangeres, sont invitees a faire parvenir exactement,/raHtj de port ^ au Directeur de la Revue Encyciopedique , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent, aCn que la Revue puisse les faire connaltre le plus promptement possible a »es Iccteurs. Aux editeurs d'ouvrages et aux libraires. MM. les ^diteurs d'ouvrages periodiques, fran^ais et Strangers, qui desireraient echangev leurs recueils avec le nofre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'echange , et sur una pronspte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des^autres ouvrages « nouvellement publics, qu'ils nous auront adresses. Aux editeurs des recueils periodiques ew aitgleterrb. MM. les Editeurs des Recueils periodiques publics en Angleterre sont pri^s de faire remettre \e\\T&numeros aM. Degeorge, correspondanlde la Revue Encyciopedique a Londres, n° ao, Berners-streef, Oxford-street, chea M. Rolandi ; M. Degeorge leur ti ansmettia , cliaque mois , en cchange, les cahiers de la Revue Encyclopidique, pour laquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour I'annde courante, soit pour se procurer les collections des annees anlerieures, de 1819 a i8a5 inclusivcmeut. Aux LIBRAIRES ET AUX EDITEURS D OUTRAGES EW ALXJBMAGKE. M. ZiRGfes,libraire i Leipzig, est charge derecevoiret denous faire parvenir les ouvrages publics en Allemagne , que MM. les libraire*. les editeurs et les auteurs desireront faire annoncer dans la Bevue Ency- tlopidique. LiBRAiRES chez lesquels on souscnt dans les pays etuangers. Aix-la~ Chap ell c, Larueile fils. Amsterdam, Dclachaux ; — G. Du- four. Anvers , Ance'.le. Aran (Suisse), Sauerlauder. Berlin, Schlesinger. Berne , Clias ; — Bourgdorfer. Breslati, Th. Korn. BruxeUes, Lediarlier ; — Demat; — Brest Van Kempen; — Berthot. Bruges , Bogaert; — Dumortier. Florence, Piaili. Fribourg (Suisse) , Aloise Eggen- doifer. Frniicfort-sur-Mein , Scliaeffer ; — Bronner. Gn«ii, Vaiiflenkerckoven ills. Geneve, J. -J. Paschoud ; — Bar- bezat etDelarue. La Haye, les iV^res Langenhuysen. Lausanne , Fischer. Lei'pzig,GneiihammeT; - G.Zirges. iiV^'e , Desoer. Ltsbonne , Paul Martin. Londrss, P. Rolandi, Dulau et C>e; — Treuttel et Wiirtz; — Bussange. Madrid, Denu6e; — Peris. j>/;7an,Giegler; — Vismara;— Bocca. Moscoii, Gautier; — Riss pireetfils. Naple^ , Borel ; — MaroUa et Wanspandock. A'eiichatel (Suisse), Grester. IVeiv-Yor^ (Etats-'Unis), Thoisnier- Desplaces; — Berard et Moudon; — Behr et Kahl. NoriffeJle -Orleans , Jourdan ; — Boche, freres. Palenne (Sicile), Pedonne et Mu- ratori; — Boeuf (Cli). Peterslourg , Saint - Floi eiit ; — Graeff; — Weyher; — i'luchart. Rome , de Bomanis. Stuttgart et Ttibingiie, Colta. Todi, B. Scalabrini. Turin , Bocca. A^flr^oi'iV,Gl^ck'>berg;— Zavadsky. yienne ( AifttricLe ), Gerold ; — .'jchaunibourg ; — Schaibnclier. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitre), Piolet aine. lle-de- France (Pert-Louis), E. Burdet. BJarilnique , Tbounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Ao Bureau de kedacxion, bue d'Esfer-Saimt-Mic-jei. , n' iG, ou doiveut etre envoycs , francs de port , les livres , dessins ct ^ra- vures, dont on desire I'annonce, et les Lettres, Memoires, ^Notices 0!i Extraits destines a ^tre inseres dans ce Recueil. AuMosEE Esc YCLOPEniQUE, chez BossAKGE pere, rue Richelieu, ii° Go; Chez Tkeottel et Wurtz , rue de Bourbon , n" 17; Rey ET Gravieh, quai des Auguslins, n" 55; Clurles Becuet, libraire-comm" , quai des Augusti^is, u^-Sy; J. Renouard , rue de Tournon , n" 6 ; RoRET, rue Ilantefeuille, n" 12 ; A. Baudouin , rue de Vaugirard, n" 17 ; Delaujvay, Pei.icier, PoNruiEu, l\ Tente, Cabinet Litte- RAIHE, au Palais-Royal. A LONDRES. — FoREiGif Library, 20 Berners-street , Oxford- street; Tkecttel ET WuHTz; Bossakge; Dui.au etcompagmie. Nota. Les ouvragcs auuonces daus la Revue se trourenl aussi chez Roret , rue HantefeuiJIe , u^ xa. PARIS. riE t'lMTKIMERIE DE lilGNOUX, ruo des Frain-s-l'oiiigcois-S.-Blicliel , n^ 8.