foME IV- 1827. ( 36® de ia collection. ) 106* livraison. ?^f & •m REVUE ENGYCLOPEDI on ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATUREj I.KS SCIEPTCES ET LES ARTS. i" Pour les Sciences physiques ft ntathematiques ct Ics Arts indastriets : MM. CH.DwriN, Girard.Kavier , de I'lustitul; J. J. Baude, Dubrusfakt , Ferry, Frakcoeur , Ad. Goni-hnet, A. Michei.ot, de Momtgert, Moreau I>E JOKHES, QCF.TELET, T. RrcHA-RD, M'AFiDEN, CtC. 2° Pour Ics Sciences naturelles: MM. Gkoffroy Saikt-Hit.airk, de I'liiStitDt; BoRY DE Saint-Vincent, correspoudaut de I'lostitut, Maxhieu Bonapocs, de Turin; B. Gaii.i.oh , de Dieppe; V. Jacqcemokt, etc. 3* Vourles Sciences metlicales : MM. Bai.ly.Damiron, G.-T.DotN, Amedf.e DcrAO, FosSATi, Gasc; Gerson, de Hamhoiirg ; Georget; Legrand; de Xircrhopf, d'Anvcrs; Rigollot fils, d*Aiiiiens_, etc. /i° Pour les Sciences philosophiques el morales, politiques, geograpliiques et hisioriques i MM. M. A. JcLLiEK, dc Paris, Fondateur-Directeur de la Revue Encyclnpedique; Alex, de la Borde, Jomard, de I'lastitat, Artaud, M. AveKEL, BARBli DU BoCAGE fils, BENJAMtSf-CONSTANT, ChaRLES CoMTE , DEPrUfG.DoFAB, DtTNOYER, GDIGNrATJTjGulZOT, A. JAUBEKT, AlEX. LaJIETB, Lakjcinais Ills, p. Lami , Lesueur-Merlin , Massias , A. Metral, Ai.bertMo2"dibil;Moknabd, de Lausanne ; C. Paganel, H. Patin , Pongertille; de Eeiffewberg; de Roujoox; deBruxelles; de Stassart; Fr.SalfIjM. Schnikas, Schnitzler,LeowThiesse, P. F.Tissot, ViLLEKAVE, S. ViSCONTI, CtC. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOP^DIQUE , ECE d'eKFER-8. -MICHEL , K° l8 ; ARTHUS-BERTRAND, LIBRAIRE, RCE HACTE-FE0II.LE, h" 23. OCTOBRE 1827. CONDITIONS UE LA SOUSCRIPTION. Uepuis le moisde Janvier 1819, il parait, par annde, douze cahiers de ce Recueil; chaque cahier , publie le 3o du mois, se compose d'en- viroa i4 feuilles d'impression , et plus souvent de i5 ou 16. On souscrit k Paris, au Bureau central dtabonnement et d'expidition indiqu^ sur le litre , et chez les libraires ci-aprfes : ARTHUS BERTRAND , rue Hautefeuille , n» »3 ; Au MnsEBBNcycLOPEDiQUE, CHEZ BossAiTGE p6re,rue Riclielieu , n° 60; RENouA.aD, rue de Tournon, n° 6; Prix de la Souscription. A Paris 4^ fr- pour un an; a6 fr. pour six indis. Dans les departemeus. 53 3o A I'etranger 60 34 En Angleterre yS 4 a Le monJtantde la souscription, envoyd par la poste, doit 6tre adresse d'avance, prahc db port, ainsi que la correspoudance, au Directeur de la Revue EncyclopSdique , rue d' En fer-Saint- Michel , n" r8. C'est a la m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra faire anaoncer, ainsi que les articles dont on d^sirera I'insertion. On peut aussi souscrire chez les Directeiirs des postes et chez les principaux Libraires, k Paris, dans les depaxtemens et dans les pays Strangers. Trois cahiers ou livraisons forinent un volume. Chaque volume est termini par une Table des matieres alphabetique et analytique , qui dclaircit et facilitedes recherches. Cette Table est toujours jointe au i"' cahier du volume suivant, al'exception de la dernifere Table de Tannic, qui est exp^dide isolement a tous ceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seulement k partir de deux ^poques , du i" Janvier ou du i^rjuillet de chaque annde , pour six mois , ou pour un an. On trouve, av bureau cewtrai-, les collections desannees 1819, i8»o, 1821, i8aa, 1823, 1824 et rSaS, au prix de 5o francs chacune. Chaque annde de la Revue Eutyclopedique est independante des annees qui pr^c^dent , et forme une sorte d'Annuaire seientifique et Uttiraire, en 4 forts volumes in-S", pour la periode de tems inscrite sur le litre. REVUE ENCYCLOPEDIQUE. 1$. /CDrt) REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS I.ES SCIENCES, LES ARTS INDUSTRIELS , LA LITTERATURE ET LES beaux-arts; PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET D'AUTRES HOMMES DE LETTRES. TOME XXXVI. PARTS. AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE, RUE d'kNFER-SAINT-MICHEL , n" i8. OCTORRE 1827. " Toiites Ics sciences sont les rameaux d'une meme tige. » Bacon. c. L'art nVst autre cliose quo le contnMe et Ic registrc des roeilleures produc- tions... A coiitnMer les productious (ct Ics actious) d'un cliacun, il s'engeudre euvie des bonnes, et mejiris des mauvaises. " Montaigne. " Les belles-lettres et les sciences, bien etiidiecs et bicn comprises, sont des instrameDS oniTersels de raison, de vertu, de bonbeur. » M.A.J. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNI^ES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DAjyS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. EXPOSITION PUBLIQUE DES PRODUITS DES MANUFACTURES FRANCAISES ^ EN 1827. La solennite de I'exposition est terminee : les flots de curieux qui , chaque jour, inondaient le Louvre se sont ecoules; les recompenses sont distribuees , et I'opinion publique approuve en general les decisions du jury. Nos lecteurs trouveront dans ce cahier la liste des f'abricans et des honimes induslrieux dont les ouvrages ont ob- tenu des niedailles de bronze, d'argent ou d'or, et de ceux qui ont ete juges dignes dun prix encore plus eleve. Les curieux ont ete satisfalts ; les bommes instruils ont trouve beaucoup a louer; peu de critiques se sont fait entendre ; ces resultats semblent attester les services rendus a I'industrie par les expositions publiques , et par consequent, I'utilite de cette institution. Presque tous les ecrits periodiques se sont empresses de lui rendre hommage ; son eloge a retenti partout ou les e EXPOSITION PUBLIQLE joiirnaux francais peiivent etre lus. L'enuilation naln- rellc eiitre des Etats voisins fera probablcment adopter I'usage des expositions industrielles dans tous los pays qui lendent aux beaux arts celle sorie d'bonunnge pu- l)Hc : deja , lEspagnc clle-meme en a donne 1 exemple, au milieu de ses embarras , de ses souffranccs , de sa misere. Convient-il done a la Reviic Eiicyclopcdique de se separer de cette unaniniite si imposante, au risque d'etre seule de son avis ? II ne faut rien moins que la plus intime , la plus iniperieuse conviction , pour que Ton se determine a professer une doctrine bors de saison, des verites qui ne seront point reconnues , bien loin qu'elles soient preparees pour les applications qui , seules , peuvent leuc donner quelque valeur. Nous n be- siterons pourtant pas a nous mettre dans cette desavan- tageuse position ; les circonstances nous permettent en- core de rappeler des faits, et den tirer des consequences dont quelques esprits seront frappes, quand menie ils ne seraient pas convaincus. Cette opposition paisible et resignee conserve a la verite ses droits, et aux opinions une sage liberie : ses fonctions devraient etre creees d'office, si personne ne s'of'fiait pour les remplir. En rendant compte de I'exposition de iSaS (voy. Rev. Erie, t. XX, p. i5), nous avons deja manifeste quelques doutes sur I'utilite reelle des expositions , telles qu'on les fait : ce que nous avons vu en 1827 ne resout point la question pour I'economie politique , et semble meme transferer a la politique proprement dite cette partie de nos institutions. On est tente de croire que les arts industriels ont ele consideres principalement en raison de leur influence sur I'esprit public , maniere de voir qui porte quelquefois a preferer leclat a une pros- perite reelle. L'industrie etait peu disposee a se rejouir; sa fete quadriennale est venue faire diversion a plus dune sorte de soucis. Ce re^sultat n'etait point a negliger, quelle que fut la cause de la detresse commerciale dont il etait peut-etre inevitable que la France ressentit les atteintes. Tout s'est passe selon les vceux des amis de la patrie; la fete a ete belle, universellement goutee , assez. EN 1827. 7 joyeuse ; mais n'oublions point que ce n'est qu'une fete. L'ancien local destine aux expositions ne suffit plus a Timmensite des produits qu'on y envoie; et cependant, plus du cinquieme de la France n'a pas encore fourni son contingent. Si aucun departenient ne veut rester en ar- riere , aucune f'abrique ne consentira non plus a ne point paraitre au grand jour; des refus seraient bien durs , quand meme ils pourraient etre equitables. Mais, com- ment pourvoir au placement des futures expositions, triples ou quadruples peut-etre de celle que nous avons vue cette annee ? On a propose la construction d'un palais de Vindustrie; c'est aller un peu trop vite, car, apres tout , la France a d'autres besoins qui ne sont pas nioins urgens que celui-la. D'ailleurs , avant de batir pour des siecles de duree , ne faudrait-il pas constater, par une enquete tres-attentive , la bonte actuelle et per- manente de I'institution pour laquelle on fait une de- mande aussi exorbitante ? Cette institution sera-t-elle encore utile , au moment ou Ton sera pret a Tinstaller dans son palais? Et comme elle serait sur le point de devenir nuisible , si elle avait cesse d'etre bienfaisante , on prolongerait peut-etre son existence , afin de dissi- rauler la faute que Ton aurait commise en ordonnant des travaux dispendieux et superflus. Quelques motifs particuliers devraient engager les Francais a ne pas s'ex- poser a un pareil desappointement , mais a deliberer long-tems avant d'adopter des projets dont I'execution esltoujours lente : ils n'ignorent pas que partout ailleurs que sur les cbamps de bataille , on leur reproche un defaut de perseverance qui les rend incapables d'achever ce qu'ils ont resolu avec ertthousiasme , et commence avec ardeur. Si Ton veut que le palais de Vindustrie con- vienne a sa destination , quand meme on profiterait de constructions deja existantes , la generation actuelle ne jouira point du fruit des sacrifices quelle aura faits en faveur de ses fabricans ; c'est un second Loinne qu il s'agit de batir, si toutefois le nouvel edifice pouvait etre borne aux dimensions de celui que nous possedons. II ne fant point perdre de vue la marcbe croissante des 8 EXPOSITION PUBLIQUE expositions, iii les causes diverses qui maintiendiont cet accroissement, et le porteront jusqu'a sa liniite, si rinstilution conserve son influence. On s'exposerait a un facheux nieconipte , si le f utur palais ne pouvait lece- voir et logcr convenablement 1 enorme quantite de pro- duits qui se presseront a I'entree , lorsque les portes en seront ouvertes. L'eniplacenient que I on a indique ne suffirait point aux besoins de i83i , ni a plus forte raison a ceux de i835; il parait que Ion attache pea d'impoi'tance a cette indication , et que les partisans du nouveau projet s'accommoderaient encore mieux d'un local moins eloigne du centre des affaires conimer- ciales Independamment des expositions publiques et de leur influence , tout est pret en France , ou le sera bientot , pour que les arts industricls y marclient a grands pas vers leur perfection. La source premiere de toutes les anielioxations est I'instruction de la classe laborieuse ; on y pourvoit. Quelques prejuges combattent encore en faveur de I'ignorance ; mais leurs amies sont bien af- faiblies, et blessent rarernent. Lorsque les lumieres au- ront penetre partout , Tart de diriger lindustrie pour son plus grand avantage et pour celui de la societe sera reduit a ce conseil du bon sens : Laissez Jaire. En quel- ques annees la France pent atteindre ce degrc d'ins- truction : alors, le genie inventif, non moins fecond qu'il ne lest aujourdhui, ne sera plus expose a suivre de fausses routes et a s'egarer : les ateliers, remplis d'observateurs eclaires , seront autant d'ecoles des arts ou des procedes raisonnes seront substitutes aux rou- tines , ou tons les faits nouTeaux seront apercus , com- pris , mis a leur place. Les bienfaiteurs des arts aont les savans qui out rendu les sciences usuelles , les ecoles consacrees ii I'enseignement des ouvriers ou des chefs de grands travaux, et avanttout, I'Ecole polytechnique d'oii sont sortis en si grand nombre d'habiles et zeles professeurs qui tons se plaisent a reconnailre pour leur guide un de leurs anciens condisciples qu'il est desor- niais inutile de noniiucr. Les ])retieux effets de Ten- EN 1827. 9 geignement inchistriel auront bienlot change la face de notre Industrie et de nos manufactures : plus dune re- volution comparable a celles qu'ont operees quelques connaissances de physique et de chimie repandues dans les ateliers, est deja commencee, et sera bientot com- plete. Le genie se plait dans 1 exercice de ses forces ; plus il acquiert de ressources et de vigueur, plus son activite redouble. L'instruction lui fournit des idees , des fiuts qu'il a besoin de connaitre , des niateriaux dont il peut faire usage : les medailles et les recompenses ne peuvent tout au plus qu'enlretenir son ardeur, sans rien ajouter a sa puissance creatrice, sans etendre ses fa- cultes, ni leur preter aucun secours. On ne peut cependant meconnaitre que les exposi- tions publiques des produits de I'industrie repandent quelque instruction , non parmi ceux qui exercent ou etudient specialement les arts industriels, mais parmi les gens du monde ; et c'est precisement ce qui leur donne tant de charmes , ce qui les rend si decevantes , ce qui leur assure un si grand nombre de partisans. En parcourant ces galeries ou les arts ont etale ce que leur luxe a de plus attrayant, on acquiert sans peine et pres- que sans attention des connaissances que Ion n'avait point , et que Ion conserve , lorsque les objets qui les ont transniises ne sent plus sous les yeux. En sortant de ces lieux de prestige , on est satisfait de soi-menie , aussi bien que de ce que Ton a vu; on concoit une meil- leure opinion de son jugement , et fort souvent ce rnou- vement d'amour-pi-opre nest point trompeur. Comment resisterait-on a d'aussi fortes seductions ? On est en- tralne, lenthousiasme se communique, et c'est ainsi que le gout des expositions publiques va toujours crois- sant. Elles sont, a coup siu*, les fetes les plus belles, les plus raisonnables que Ton ait jamais instituees en riionneur de 1 industrie ; mais elles n'atteignent point leur but , si elles sont destinees a repandre dans la ciasse industrieuse une instruction qui lui soit profitable. On ne communique par ce moyen que des notions super- ficielles, insuffisantes pour les applications, mais dont lo EXPOSITION PUBLIQUE 111 curiosite se conlcnte : ce sont Ics simples spectateurs qui prolitent de ces solennites dont I'industrie est I'objct. On lie sera done point siirpiis que le departeinent do lAube, lull des plus eclaires ct des plus industricnx de la France, riclicnicnt pourvu des inoyens de propagcr 1 enseignemcnt industrial , n'ait prcsque rien envoye a la derniere exposition. On pent augurer, dos a present , que cet exeniple entrainera d'autres desertions , que les tabricans elolgnes de Paris sc lasseront de plus en plus des deplaccniens onereux que les expositions exigent deux , et que lindustrie de la capitale occupera presque seule toutes les salles du Louvre. En 1823 , elle n'avail fourni que le tiers des objets exposes , et c'etait deja beaucoup, en raison du nombre et de Timportance de ses fabriques : cette annee , sur i63i numeros , 971 lui appartieiinent , en sorte quelle forme presque les deux tiers , ou plus exactement, les trois cinquiomes de I'expo- sitioii. Cette observation serait alarmante pour 1 Industrie departementale , si Ion perdait de vue les divers motifs qui invitent les fabricans de Paris a se produire an Louvre, et qui en eloignent ceux des provinces. D'aii- leurs, quelques grandes villes out aussi Tambitioii de devenir un centre d'industrie , et font un appel aux fabricans qui se trouvent a leur portee 5 c'est encore un exemple qui se propagera. Ainsi, I'exposition generate est nienacee de pertes successives , et tend a n'etre plus que departementale : il est meme essentiel pour le bicii- elre general que ce cbangement soit opere par degnJs , luais proniptement. C'est la France , et non la capitale seulement qu'il faut rendre industrieuse; la Grande-Brc- tagne nous offre le modele de la plus utile distribution des travaux manutacturiers : Londres n'absorbe rien , aucune partie du territoire nest privee de lindustrie quelle pent faire prosperer ; c'est ainsi que toutes les ressources sont mises a profit, et concourent le plus efficacement au bien-etre des citoyens el a la prosperile de I'etat. Si Ion veut absolument des expositions publiques , s'il nous est impossible de renoncer a ce regime auquel EN 1827. II nous somnies accoutunies et qui nous plait , on doit au moins s'attacher a le rendre plus avantageux , et a dimi- nuer quelques-uns de ses inconveniens. II semble que Ion y parviendrait en renoncant a reunir a la fois les produits de toutes les sortes de travaux , en elablissant des divisions qui paraitraient successivenient , sans qu'il flit necessaire de cbercher un local plus vaste oil les exposans fussent a I'aise , au milieu des objets de leurs fabriques. Ces divisions fixees par une analyse exacte des procedes de cbaque art, et par le rappiocliement de ceux qui presenteraient les plus nombreuses analogies , offriraient les elemens dune etude facile et fructueuse : tout serait prevu et prepare pour que les arts pussent s'eclairer mutuellement, etmarcber de concert audevant des fails nu'ils n'ont pas encore decouverts , des per- fectionneraens qu'ils ne pourraient alteindre aussitot, ni aussi surement, si leurs efforts etaient isoles. Des jurys plus bomogenes porteraient surles ouvrages exposes des jugemens encore plus dignes de confiance ; des rap- ports plus detailles seraient plus instructifs. On pourrait esperer que les arts en recueilleraient quelques fruits , et la curiosite meme y trouverait I'avantage d'une jouis- sance moins interronipue. On supporte peniblement quatre annees d'attente ; I'espoir den etre dedommage par des plaisirs plus varies n'est pas une compensation qui satisfasse tout le monde. Aux expositions partielles, lattention moins distraite salsit beaucoup mieux ce qui frappe les regards; le public s'instruit plus, et mieux, etles progres de son intelligence sont encore au profit des arts : I'oeil d un juge clairvoyant les rend circons- pects , ils sont moins exposes a sortir de la bonne voie. Si Ion adoptait cette manicre de constater et de recom- penser les progres de lindustrie, on aurait a resoudre une multitude de questions quelle ferait naitre : I'orga- nisation des jurys, la nomination des jures, I'epoque et le lieu de cbaque exposition , etc. Quelques arts auraient besoin de paraitre plus souvcnt sous les yeux du public ; d'autres, dont la marclie est plus simple et plus lente, laisseraient entre leurs apparitions periodiqnes un asse7. la EXPOSITION PUBLIQUE. long intervalle. Les iabriques d'etoffes seraienl ait nombre des plus pressees; Ics arts cliimiques et inetal- lurgiqiics rallcntiraiciit lours pas . etc. Los oxpositions doparlomenlales ont un interet pai'ti- culior, ct prescjue do landllo , qui dovrait les f'aire etablir dans tons les chofs-lieux do dopartonient. C est la que les nianul'actures placent leurs oohantillons sous les yeux des consonniiatcurs, et contractent lengagement de ne rien fournir qui n'ogale ces pieces de choix. Faut-il que nous ayons a reconimantler vine exposi- tion pernianente , la plus instruclive de toutes , et dont aiicunc autre ne pout lenir lieu, en un mot, le travail des ateliers? Nos plus celebres nianufacturiors donnent le noble exeniple douvrir cette source d'instruction a tons ceux qui veulent y puiser ; mais il en est encore plusieurs qui se renferment dans un profond secret, comme certain lamineur de plomb cjui ferniait ses ate- liers au maitre de forge qui lui avait fait ses laminoirs. Cet liomnie eiit ete un digne emule d'Omar : ■< Si vous savez, disait-il , vous n'apprendrez rien de plus chez nioi ; et si vous ne savez pas , vous n'etes pas en etat d'y rien apprendre. » II nous sorait impossible de ne pas faire un volume , si nous entreprenions de parler avec quelque detail de tout ce que le Louvre a rassemble, cette annee , dans ses immenses galeries , nieme en nous bornant aux objets les plus roniaiquaijlos. Les journaux quotidiens se sent acquittes de celte taclie avec succes ; on pent consulter principaloment le Monitciir, ou M. Cli. Dupin a consi- dere I'exposilion dans 1 interet des arts et de linstruc- tion industrielle , \& Journal die Coiniiierce , ou M. Blan- Qui fait des observations tres-justes sur I'etat et les ressources des manufactures francaises; et le Constitu- tionnel. Leurs opinions sur les clioses , les personnes et les talons ont ete goneralement d'accord avec nos propres remarques : nous ne pourrions que reproduire avec une brievete trop voisine de la secheresse ce qu'ils ont ecrit avec des developpemens qui nous sont interdits. Ferry. EN 1827. i3 N. fi.Parmi lesecritsdont I'exposition des produits de Tindustrie a ^tele siijet, il en est un qui mi'Tite de survivre a cettesolennite ; ilest intitule : P^orage dans la coiir du Louvre , ou Gn'tde dc robservateur d I'expos'uwn , par une Socle le d'artlsles et d'ancieiis fabrlcans (i). On y trouve des indications utiles dont les marchands et les simples par- ticuliers ne manqueront pas de profiler , el des Notices bien faites sur quelques-uns des objets exposes. On ne pent rej)rocher aux re- dacteurs qu'une piopension a Tindulgencc dont ils ne se defient pas assez, et trcs-rarement quelcjues critiques peu nierltecs. Ainsi, par exemple, au sujet des ouvrages d'orfevrerie de IVl. Odiot, on lit dans le petit ouvrage dont nous parlons : «Nous rcgrettons que nos or- fevres ne veuillent pas s'en tenir a la reproduction de vases, cande- labres , surtouts de table, etc. , et qu'ils s'efforcent , conime M. Odiot, a modeler les saints de notre calendrier. » Un fabricant execute les formes qu'on lui demande ou qu'on demandera : et quand le terns de Texposition est arrive, il met sous les yeux du public et du jury les plus grands et les plus difCciles des ouvrages qu'il a faits. On pour- rait faire aussi aux peintres les plus celebres le reproche de multijilier a I'exces les representations de martyrs, objets penibles a contem- pler : mais ces grands artistes n'avaient pas toujours le clioix du sujet de leurs tableaux. L'etendue de la liste suivante, reduite a une simple nomenclature, f era voir qu'il ne nous etait nullement possible de faire conuaitre, meme par la plus courte no'lice , les litres des fabricans et des artistes qui ont obtenu des medailles. Quant aux decorations de la Legion- d'Honneur , c'est a une longue continuitc de succes qu'elles ont ete decernees. On rcrearquera aussi que le jury rappdle les medailles dcja obtenues, lorsqu'il jnge que ies exposans n'ont pas cesse de les me- riter. Get usage entretiendrait la confiauce des consommateurs , s'ils avaient la certitude que tout ce qui sort d'une fabrique est conforme a I'echantiilon mis sous les yeux du jury. Recompekses accordees en execiiilon de I'nrUcle 3 de V ordonnance Toyale du 4 octobre 1826 , aux artistes et aux manufacturiers dont les produits n'e talent point susceptibles d'etre exposes separeinent. M. Burdin , ingenieur au corps royal des mines , en station dans le departement du Puy-de-D6me. — Medaille d'argent. M. Leblanc , professeur de dessiu an Conservatoire des arts et metiers , a Paris. — Medaille d'argent. (i) Paris, j8j7; Dauvin.rue du Carrousel , n° 4. In-i8 deSSjpages; piix, ih.'.o ceiil. 14 EXPOSITION PTJBLIQUE MM. Casalis et Cordier, inecaniclens i Saint-Quentin , Aisne. — M(''daille d'argent. M. Houffet (Jeaii-Baptiste) , nienuisier mecaniclen , k Paris. — Medaille de bronze. DlSTMIBOTION 1)ES RECOMPEKSES DECERHEES ailX PABRICANS qui Out concotiru a /'exposition des nioDuiTs de i^'industkie fran^aisu pour 1827. (Fin.) BAITELS DES MEDVILLES DE BRONZE (l). Division des tissiis. — MM. Laurent (Henri) , a Amiens , Somme. Scliluniberger pore et ills , a Nogent-les-Vierges , Oise. Mesfivler et Hanioir, a Valenciennes, Nord. Hazard (Jean-Baptiste), a Valen- ciennes , Nord. M""' veuve Saint-Marc , MM. Porteu et Teliot , a Rennes, I!Ie-et-Vilaine. Assy Gueiin Ills et Givelet, a Reims , Marne. Moria et coinp. , a Dieu-le-Fit , Diorae. Grand frires et Prades , a Bedaricux , Herault. Couchonnat , a Lyon , Rhone. Martin freres , a Nimes , Gard. Paget , a Nimes , Gard. Veaute et comp. , a Nimes , Gard. Farel fils , a Montpellier, Herault. Hullot-Larininat et Prat , a Paris. Galon freres , a Paris. Douinet et comp. , a Paris. Bardel , a Paris. Sambuc et Novcr, a Dieu-le-Fit, Drome. Gobert, a Pari?. Valat (Philippe), a Montpellier, Herault. Division des mineraux et des metaux. — Lenoble , a Paris. Partar- rieu, a Paris. Hildebrand , a Paris. Waddington freres, a Saint- Remy-sur-Avre , Eure-et-Loir. Mentzer, a Paris. Dumas et Cls , a Paris. Les forges de Moncey, Doubs. Bouffon , a Sauxillanges , Puy- de-D6ir.e. Billod , a Laferriere-sous-Jougue , Doubs. Nicod , a Fin- desGras, Doubs. Thirion (J. -Nicolas) , a Saint-Sauveur , Meurlhe. Porlier, a Paris. Toussaint , a Paris. Leiris , a Paris. Seneclial, a Paris. Mi"« veuve Charles, a Paris. Bcrgougnan , a Paris. Treppoz, a Paris. Prelat , a Paris. Lamotte , a Saint-Etienne. Division des machines. — Beuge , a Paris. Cartier, a Paris. Didiee, a Paris. Fossey, a Paris. Tissot , a Paris. Division des insCrumens de precision et des instrumens de musique. ■ — Clement , a Paris. Perron, a Besancon , Doubs. Henriot , a Paris. Division de chimie, — Delpech , au Mas-d'AsIle , Aricge. La Com- pagnie des salines de I'Est, a Dieiize , Meurthe. Demarson , a Paris. Vincent et comp., a Vaugirard , Seine. Herbin, a Paris. Mareschal , a Paris. Golten , a Paris. De Gouvenain, a Dijon , Cote-d'Or. Division des beaux-arts. — Orbelin , a Paris. Malbeste , a Paris. Quenedey, a Paris. Division des poteries. — Gilbert (Laurent) , a Orleans , Loiret. Fouque el Arnoux , a Toulouse , Haute-Garonne. Keller, a Lune- (1) Les rappcls des medaillcs d'or, d'argent et de bronze ont lieu pour les fabricans et nijiiufacturiers qui , dans rintervalle d'une exposition ^ Tautre , ont continue h sc mon- trer digncs de« uiedHilles rju'ils avaient ii\h oblonues. EN 1827. i5 villc , Meurthe. Pillivu^t, a Foecy, Cher. M'"" veuve Desvignes , a Paris. Lutoa , k Paris. Division des arts divers. — Prailly pfere , a Proviiis , Seine-el- Marne. M'"« Simonneau , a Etampes , Seiue-et-Oise. Salleron (Jean- Charles) , a Longjuineau , Seine-et-Oise. Vaslin et Piedor, a Chdteau- renauil , Indre-el-Loire. Larguese cadet, a Montpellier, Herault. Guerineau fils aine , a Poitiers, Vienne, Vallet-Dartois , a Paris. Laloge , a Belleville , Seine. Dufort Cls , a Paris. Lacourade (Henri) et conip. , au moulin de Lacourade , Charente. Angrand, a Paris. Gourlier, a Paris. Savaresse , a Paris. Savaresse (Martin), a Nevers , Nievre. MEDAILLES DE BROJSZE. Division des tisstts. • — MM. Beilanger-Page , a- Tours , Indre-el- Loire. Brunet freres , a Autun , Saone-et-Loire. Maurel , a Laroque, Ariege. John-Uelruissard , a Caen , Calvados. Tur (Jean) et comp. , a Nimes , Gard. Dobree (Thomas), a Nantes , Loire-Inferleure. La Societe anonyme pour le lin file a la mccanique. Delecroix (Edouard), a Lille, Nord. Crespel-Destombes, a Lille, Nord. Lemeneur, a Vi- mouliers, Orne. Bruneel et Calleniieu , a Lille, Nord. Faucomprez, a la Bassee, Nord. Casiez Dehollain , a Cambrai , Nord. La Societe d'Ourscamp , sous la raison Ilougemond el conip. , Oise. Vallee (Severin) , a Paris. Dulud freres, a Carlepont , Oise. Rafine (Noel) et comp. , a Meaux , Seine-et-Marne. Mieg (Charles), a Mulhausen , Haut-Rhin. Reber (Georges) et comp. , a Sainte-Marie-aux-Mines , Haut-Rhin. Cuvru de Surmont , a Roubaix , Nord. Delobel de Sur- mont, a Turcoing , Nord. De Buchy (J.-B.), a Turcoing, Nord. Bardel et comp., a Versailles, Seinc-et-Oise. Claisse et comp., a Sedan, Ardennes. Beuvart Lenoble , a Sedan, Ardennes. Paret jeune , Castel et comp. , a Sedan , Ardennes. Gastine fils, a Loi:- viers , Eure. Viollet et Jeuffrain , a Louviers , Eure. Gaultier (Henri) et Lenpble , a Elbeuf, Seine-Inferieure. Descoings fils, a Mouy, Oise. Laperine (Dominique), a Carcassone, Aude. Sompeyrac aine, a Cenne-Moneslies , Aude. Richard (Jean-Baptiste) et comp. , a Paris. Broyon , a Paris. Legrand Rigaut et comp. , a Reims , Marne. Gillard et comp. , a Reims , Marne. Le marquis de Poterat , a Mar- dereau , Loiret. Le vicomte de Turenne , au minislere de la guerre. Hennet , a Paris. Faciot (Robert-Charles) , a Montmartre , Seine. David et Danghein , a Lyon , Rhone. Burel et Beroujon , a Lyon , Rhone. Turbe (Charles) , a Lyon , Rhone. Joyard et Dambuant, a Lyon , Rhone. Walter et Joyeux , a Metz , Moselle. Monteux et Vidal , a Nimes, Gard. Bousquet Dupont, a Nimes, Gard. Mine, a Paris. Laruaz-Tribout, Cardin-Meauze, a Paris. Paysant (Paul), a Caen , Calvados. MliesBeaugQi|[ot, a Caen, Calvados. M'ne Armand, a Paris. Videcoq-Tessier, a Paris. Fabien-Pillet et comp. , a Paris. Muie Vaslin-Biniont , a Paris. L'institution des jeunes aveugles , a Paris. Laisney, a Paris. CoUignon fils, a Paris. Piedauna , a Paris. Viallet, a Lyon, Rhone. Durand frferes , a Lyon , Rhone. Prevost , a Paris. Joliel , a Paris. Martin pere , a Moulin , Allier. Champoiscau lO EXPOSITION PUBLIQUE (Nod) , a Tours , I:Klreet-Loire. Biais nine , a Paris. L'atelier de cliariU' de Valognes, Manclic. Les ateliers de cbarite de Monte- boiirg , Manclu!. Peclieraiid. Dubois et comp. , a Maizans, Isere. Division . — Berard et fils, a Montpellier, Herault. Oger, a Paris. La Societe de ITle-des-Cygiies, a Paris. Estivant-Debraux , a Givet , Ardennes. Estivant fils airic, a Givet, Ardennes. Hare!, a Paris. Lemare, a Paris. Division des beaii.v-aits. — Jacob Demalter, a Paris. Werner, a Paris. AucDC , .i Paris. Ravrio, a Paris. Lebrun, a Paris. Legrand (Marcelin ), a Paris. Thompson, a Paris. Engelmann, a Paris. Motte, a Paris. Siniier, a Paris. Division des poteries. — De Saint-Cricq , a Creil , Oise. La manu- facture de glaces de Saint-Guirin , Meurlhe. Division des ails divers. — Beauvisage et comp. , a Paris. Cnron Motel, a Beauvais, Oise. Leffevre-Jaquet aine, a Beauvais, Oise. Ziegler-Greuter et comp. , a Guebwiller, Haut-Rhin. Barbet (Henri; et comp., a Deville-les-Uouen : Seinc-Liferleure. Gregoire , a Paris. Vauchelet /lis et sceur, a Paiis. Pelletereau freres, a CUateaurenaud , Indre-et-Loire. Walker (John), a Paris. Noirot ct Ferret, a Niorl , Deux-Sevres. Schmuck, a Paris. Georger, a Strasbourg, Bas-Rhin. Jacquemart , a Paris. MEDAlI.I,r.S d'.\RGENT. Division des tisstis. — MM. Henry aine, a Soissons, Aisne. Trotry- Latonclie, a Paris. Polino freres, a Paris. Bietry (Laurent), a Mont- martre, Seine. Veuve Delloye et fils, a Cambray, Nord. Heilmanii freres et comp., a Ribeauville, Haut-Rhin. Gomberl p^re et fils , a Paris. Gombert fils aine, a Paris. Vincent et Michelez pere et fils , a Paris. Baum Gartner (Daniel) et comp., a Mulhausen, Haut-Rhin. Schlumberger Steiner et romp. , a Mulhansen , Haut-Rhin. Ziegler EN 189.7. ig iTi-eiuer el comp. , a Giu'hwiller , Haut-Rh'ii. Lemetayei- (Victor), a F6can)p, Seine-Iiitei ieure. Cordier ct comp., h Paris. Schmid et S.)l7.manH, a Ribeaiiville, Haut-Rliiii. Kaiser (Xavier), a Saiiite- Marie-aux-Miius, Haut-Rliin. Seiipchal etci>mp., au GrandCou- rotiue, Seinc-Infeiieiire. Deblaitig Estabel pere et comp. , a Douai , Nord. Fabre Cbiboust et comp. , a Paris. Beciiel (Etienne) ct comp., a Sedan , Ardennes. Raub"n (Nicolas) ptere et fils , a Sedan , Ardennes. Bert^cbe Lanibquin et {ils , a Sedan , Ardennes. Biincourl pere et fils, a Sedan, Ardennes, Janssen , a Sedan, Ardennes. Clerc neveu, a Louviers, Eure. Prestat fils, a Lonviers, Eure. Desfiecbes et CLen- neviere , a Louviers, Eure. Chefdrue et Chauvreulx , a Elbeuf, Seine-Inferieure. Tourangin freres, a hourges, Cher. Rogue et Levard , a Enfernel, Calvados. Guirault-Fournil, a Limoux, Aude. Eggly Roux et comp., a Paris. Jobert Lucas et Louis Ternaux, a Reims , Rlarne. Veuve Henriot et fils, a Reims , Marne. Charboniiaux Denizez,a Reims, Marne. Deboullenois , a Paris. Ganneron ilh , a Paris. Bourgeois, a Rambouillet, Seine-et-Oise. Polonceau, ingeiiieur en chef des ponts-et-chaussees , a Versailles, Seine-et-Oise. Mathcvon et Bouvard , a Lyon . Rhone. Didier-Petit , a Lyon , Rhone. Brosset , Tanaron et Ripert , a Lyon , Rhone. Maille Pierron et comj). , a Lyon, Rhone. Brunier freies , a Lyon , Rhone. Morfouillet et comp. , a Lyon, Rhone. Boutet ct Rochou, a Lyon, Rhone. Arquilliere et Mourron , a Lyon , Rhone. Kurtz , a Rouen , Seine-Int'erieure. Dognin et comp., a Lyon, Rhone. Lombard jeune et Giegoire aine, a Nfines, Gard. Roux cadet, a Nimes, Gard. Delbarre, a Paris. Chedeaux et comp., a Metz, Moselle. Cheau jeune, a Nancy, Meurthe. Balbalre, a Nancy, Meurthe. Vignon, a Chanlilly, Oise. L'hospice de Pontor- son, Manche. Girard, a Sevres, Seine-et-Oise. Lalnne (Etienije)et comp., a Paris. Hennequiii et comp. , a P.Tris. Maupetit et comp. , a Paris. Heberl ( Frederic ) et comp. , a Paris. Juillerat et De- sohne, a Paris. Griolet (Eugene), a Paiis La Societc nnonynie de Marc-en-Bara-iii , Nord. Di'lelot freres, a Paris. Dobler (Henri) et Ronchaud (Emile), a Tenay. Ain. Lardin freres etcomp., a Saint- Rambert, Ain. Teissier-Ducros , a Vallerongue, Gard. Chartron pfere et fils , a Saint-Vallier, Drome. Dez-Mau; el , a Dole, Jura. Dupre , a Lagnieux , Ain. Division cles rninerarix et des metaii.r. Maibre el marbrerie ; aittres niiiteraiijc. — Layerk-Capel , a Toulouse, Haute-Garonne. Thomas Dequesne et de Couchy, a Pai is. Gaudy (Theodore) , a Brequenecque, Pas-de-Calais. Boiidon ( Felix ) , a Chassal , Jura. Vallin p6re et fils , a Paris. Metaiix. — Martin (Emile) et corap., a Fourchambault , Nifevre. Gauthier de Claubry et comp., a Bercy, Seine. Hue, a Laigle, Orne. Schmidt, a Paris. Dessoye et Paintendre, a Breuvannes, Haute- Marne. Mongiu aine, a Paris. Colliau (Valentin) et comp., a Toule- voie, Oise. Miguard-Billinge, a Belleville, Seine. Saulnier, a Paris. Metcalfe (S. D), aMeiilan, Seine-et-Oise. Scrive freres , a Lille, Nord. Fouquet (Paul) , a Rugles, Eure. Sir-Henry, a Paris. Gavet, a Paris. . Gillet , i\ Paris. Taillandier-Airaard , a Thiers, Puy-de-Dome. Car- ao EXPOSITION PUBLIQUE fleilliac, a Paris. Fourmand (Louis-Bcrtiand), a Nantes, Loire-Inf6- rieure. De Rafflii jeuiie i-l comp., a Nevers, Nievre. Lepage, a Paris. Iieiiette,a Paris. Pottet-Delcusse, a Paris. Division dcs inacfiines. — Debergiie et ccimp. , a Paris. Dictz fils , a Paris. Moulfarine, a Paris. Piliet frtres, a Paris. Revilloii (Thomas), a M;\con, Snone et-Loire. Roile (Frederic) et Sclnvilgue, a Strasbourg, Bas-Rliin. Favreaii, a Paris. Kermarec , ix Brest, Fuiislere. Division des instnimeiis de precision t-t des instriimens de musiqiie. — Dielz (Clii istian) , a Paris. Doiiieiiy, a Paris. Tliihout , a Paris. Wil- laume, a Paris. Delabbaye, a Paris. Motel, a Paris. Bertlioud , A Paris. Deshays , a Paris. Gamier, a Paris. Laresclie, a Paris. Wagner a Paris. Vincent CLievaiiier et (ils , a Paris. Domel-de-Mont a Dole, Jura. Division de chimie. — La Sooiete des mines de Bouxwillers , Bas- Bhiii. Payen, a Paris. Moutou-la-Billardiere , a Rouen , Seine-Infc- rienre. Lelebvre et comp. , a Wazeuimes , Nord. Dilil , a Paris. Geiise, et L.njoiiknire, au Petit-SIont-Rouge , Seine. Bonnemain, a Paris. Ledru, a Franvilliers, Sonime. Jullien, a Paris. Souchon, a Lyon, Rhone. Bourget , a Lyon , Rhone. Division des beaux-arts. — Bellange, a Paris. Christofle , a Paris. Romagnesi , a Paris. Vallet et Huheit, a Paris. Feuchere et Fossey, a Paris. Choiselat Gallien , a Paris. Pillioud , a Paris. Parquin , a Paris. Pinard , a Paris. Mortel^que, a Paiis. Crapelet, a Paris. Division des pateries. — Bontems,a Choisy-le-Roi , Seine. Douault Wieland, a Paris. Division des arts divers. — Caron Langlois fils, a Beauvais , Oise. Thierry-Mieg, a Muihausen, HautRliin. Berthe et Grevenicli , a Sorel , Eure-et-Loir. Clavaud (Jean-Nicolas) et Georgeon , au mouiin de Bourrisson , Cbarente. RAPPELS DE MEUAILLES d'oR. Division des tissiis. — MM. HIndenlang fils .line , a Paris. Pelletier (Henri) , a Saint-Quentin , Aisne. M^e veuve Defrenne et fils , a Roubaix , Nord. Ciiatoney, Leutner et comp. , a Tarare , Rhone. Matagrin pere et fils , a Tarare , Rhone. Rihouleau et Joiirdain (Fre- deric), a Louviers , Eure. Bacot peie et fils , a Sedan , Ardennes Gerdret I'aine , a Louviers, Eure. Chayaux freris , a Sedan , Ar- dennes. Poupart de Neuflize et fils, a Sedan, Ardennes. Cunin- Gridaine et Bernard (JeanBapt.) , a Sedan, Ardennes. Guibal (Anne- Veaule) , a Castres , Tarn. Aube freres et comp. , a Beaumont-le- Roger, Eure. Quesne (.Mathieu) , a Elbenf , Seine-Inferieure. Doyen oncle et neveu , a Foulonval , Eure-et-Loir. Perrault de Jotenips , Montanler etconip. , pro]irielaires du troupeau de Naz , arrond. de Gex, Ain. Le comte de Polignac , a Outrelaise , ])res Caen , Cal- vados. Guerin Philippon , a Lyon , Rhone. Chuard et Delore , a Lyon. Rhone. Ajac et comp. , a Lvon , Rhone. Seguin et Yemenitz , a Lyon , Rhone. Saint-Olive fils , a Lyon , Rhone. Moreau frcres , a Chanlilly, Oise. Bosquillon , a Paris. Poidebard, a Lyon , Rhone. EN 1827. 11 Rocheblave et comp. , n Allais, Gard. Pillet aiue et fi!s , a Tours , Indre-et-Loire. Division des rnineraiix et des metatix. — Breant , a Paris. Risler frferes et Dixon , a Ceriiay , Haut-Rhiii. Garrigou , Massenet et comp., a Toulouse , Haute-Garonne. Ruffle fils , a Foix , Ariege. Saiut-Bris , a Aml)oise , Indie-et-Loire. Monniouceau p^re et fils et comp. , a Orleans , Loiret. Leclerc et Dequenne , a Rnveau , Niivre. Mouchel fils, a Laigle , Orne. Ro.swag (Aiiguslin), a Schlestadt , Bas-Rliin. Frichot , a Paris. Japy freres , a Beaucourt , Haut-Rliin. Division des machines. — Poupart (Abraham), a Sedan , Ardennes. Division des instnimens de precision et des i/islrumens de mtisiquc. — Lerebours , a Paris. Cauchoix , a Paris. Division des beaiix-arts. — Thomire et comp. , a Paris. Galle , a Paris. Cahier, a Paris. Odiot fils , a Paris. Fabre , a Paris. Henri Didot, a Paris. Fauconnicr, a Paris. Division des poleries. — U'.zschneider, a Sarguemines , Moselle. Nast freres , a Paris. La manufaclure royale des glaces de Saint- Gobin , Aisne. Godart, a Baccarat, Meurthe. Chagot et comp., a Paris. Division des arts divers. — Haussmann frfrres , a Logelbach , Haut- Rhin. Hofer (Jean) et comp., a Mulhausen, Haut-Rliin. Fauler pere et fils, a Cboisy-le-Roi , Seine. Home fils , a HaJlines , Pas-de- Calais. MEDAIILLES d'oH. Division des tissiis. — MM. DoUe (Alexandre) , a Saint-Quentin , Aisne. Schlumberger ( Nicolas ) , a Gnebwiller, Haut-Rhin. Arnaud etFournier, a Paris. Clerembault et Lecoq Guibe , a Alencon , Orne. Mercier pere et Cis, a Alencon , Orne. Greau aine , a Troyes , Aube. Lelong oncle et neveu , u Rouen , Seine-In ferieure. Ternaiix et fils , a Sedan, Ardennes. Flavigny (Louis-Robert) et fils, a Elbeuf, Seine-Inferieure. Turgis (Pierre) , a Elbeuf, Seine-Infcrieure. Pages (Jean-Louis) , a Carcassonne , Aude. Henriot freres, soeur et comp. , a Reims, Marne. Le viconite de Jessaint , jirefet de la Marne , a Beau- lieu , Marne. Mme la comttsse du Cayla , a Saint-Ouen. Maisiat (Etienne) , professeur de fibrique a TEcole speciale de commerce de Lyon , Rhone. Ollat et Devernay, a Lyon , Rhone. Corderier et Lemire , a Lyon , Rhone. Sahran pere et fils et comp., a Lyon , Rhone. Balme , Dautencourt , Gamier et comp., a Lyon , Rhone. Roux Carbonnel, a Nimes , Gard. M'"^ Carpentler, a Bayeux , Cal- vados. Deneyrouse et Gossen, a Paris. Division des mincraux eC des metatix. Marbre et marbrerie , aiitres rni- neraiix. — Pugens et comp. , a Toulouse , Haute-Garonne. Sletaux. — Debladis , Auriacombe , Guerin jeune et Bronzac , a Impliy, Nievre. Fr^rejean (Georges) et fils, a Pont-l'Eveque , Isere. Manby et Wilson , a Carrieres-sous-Cbarenlon , Seine. Boigues et fils , a Fourchambault , Nievre. Musseau , a Paris. Debuyer, oncie et neveu , a La Ciiaudeau , Haute-Saone. Le baron Falatieu (Joseph), a Fontenay-le-Chateau , Vosges. Laverriere et Gentelet , a Lyon >. Rh6ne. Coulaux aine et comp. , k Molsheim , Bas-Rhin. 23 EXPOSITION PUBLIQUE EN 1827. DU-istun des machines. — Calla , a P.Tiis. Collier (John) , k Paris. Division des iiislriimeiis de precision et dcs instnimcns de mtisiqiie. — Erard , a Paris. Pleyel , a Paris. Lreguet , a Paris. Perrelct , a Paris. Pons, ii Saiiil-Nicolas-d'Halierrtiont, Seine -Inferieure. Gambey, a Paris. Division de chirnie. — Vical et comp. , a Paris. Crespel Dellisse, a Arras, Pas-de-Calais. Appert , a Paris. Derosnes (Charles) , a Paiis. Division des beattx-arts . — Deuiere , a Paris. Firniiri Didot pere el fils , a Paris. Diviiion des arts divers. — Lcger Didot , a Jendheure , Mease. Javal freres ct comp. , a Saint-Denis, Seine. Par ordonnance en date du 3 octobre , S. M. a nomnie chevaliers de lal.egion-d'Honneiirles fabricansdontles nomssuivent: MM. Chayaux (Pierre) , nianufacturier de draps a Sedan ; Aubertot pere , maiti e de forges a Vierzon (Cher); Konx-Carbonnel , mamilacturier d'etoffes de soie, a Niines ; Roze Cartier (Raimond ), manul'acturier de tapis etde draps, a Tours; Poyedebard , {ilatcur de soie, a Lyon; Gambey, fabricant d'instruniens de matheniatiques , a Paris; Turgis (Pierre) , manuf.iclurier de draps, a Elboeuf ; Guibal (David), nianufacturier de draps , a Castres ; De Saiut Cricq-Cazeaux (Edouard) , nianufactuiier de fayence , a Creil; Bellangc (Pierre-Louis), conseiller dn Roi au conseil les manufiictures; Dcniere , fabricant de bronzes, a Paris ; Cauthion (Jacques), directeur des tr-ivaux de la manufacture des glaces , a Paris. Des S.vga's, ou de lancienne littf.iiature du nord. Les pays du nord de I'Europe possedent des sources histo- riqucs abondantes qui iuteressent non-seuleinent ces pays mcmes, niais encore les autres roi^ions de cette partie dn mcndc (et aussi I'Amerique ) , par suite des relations qui out successivcment existe entre !a Scandinavie et le restc de I'u- nivers. Les savans du Danemark et de la Suede et tons les ama- teurs eclaires de la science historique, ont contemple avec satisfaction ces mines fecondcs qui ne demandent qu'a tire exploilees pour produire de verilables ricliesses. Mais , par une retlexion un pen tardive, on a senti que, pour ne rien perdre, il faut veiiler avec soin sur des biens si digncs d'etre conserves; car ricn ne denieure stationnaire : avancer ou retrograder est ralleruative a iaqnelle tout ce qui existe est soumis. DES SAGA'S, OU DE L'ANC. LITT^.RAT. DU NORD. iTi Plusieurs savans avaient tire de grands avantages de I'an- cienne lilterature du Nord; ils avaient ete soutenus dans leurs travaux par In prolcction des monarqiies danois, dont !;i munifi- cence en favour des sciences etdesleltresnes'estjamais dementie. Mais il etait reserve a notre epo(iue de voir accorder nn interct general a ses Iresors Utteraires queI(juerois negliges, et de voir jirendre et appliquer des mesines efficaces pour les conserver, les metJre dans un meilleur ordre et en faire jaillir de vives hmiiercs. Nous avons cm qu'un rapide apercn de I'ancienne lilterature dont il s'agit, dc son histoire et des moyens adoptes pour la rendre plus generalement utile, nieritait de fixer I'altciition de nos lecteurs. Pour apprccier toute la valeur de ces documens, meme hors de la Scandinavie , il faut se rappeler que les nations du Nord , par leurs excursions frequentes , et surtout par leurs grandes migrations, ont exerce une influence notable sur les institu- tions , les moeiirs et les relations sociales des peuples meridio- uaux. La lilterature dont nous allons nous occuper renferme done, independanmient de ce qui interesse le Nord , quelques renseignemens precieux. sur I'hisloire des autres peuples. Vers la fin du i.\^ siecle, les royaumes de Danemark, de Norvege et de Suede se forinerent presque en meme terns d'un grand nombre de petils royaumes. Beaucoup de pelits rois ou seigneurs, ne pouvant supporter la suprematie ni la domina- tion d'lin souverain, el ne voulant pas subir I'humiliation d'unc situation inferieure et subordonnee, quitterent leur patrie pour chercher des pays ou il leur fut permis de vivre independans. Ce fut surtout de la Norvege, oil, dans un assez court espace de tems, le roi Harald Haarfager (Harald aux beaux che- veux) se rendit maJtie absolu , qii'i'migrerent nn grand nombre de families, distinguees par leur puissance et par une civilisation relative assez avancee. La plupart de ces emigrans allerent s'etablir dans I'ile d'lslande. La, chaque seigneur, ou plutot chaque paysan, fut le mailre sur son Itrriloire, et put gouverner, en chef indepcndaut, sa fainille et ses domestiqius, 2 4 UES SAGA'S, Cetle confederation re])ublicaine aristocratiqiie dnia pen- tlant (juatre sieclcs. Mcnie avant cetle epoqiie de remigralion , les traditions etaient en yrand nombre et assez generalement repandues. Les nouveaux liabitans de I'IsIande y naturaliscrcnt les chants bis- toriques qui foiuient la premiofe Edda (i), ouvrage d'une ties-haute aniiquite, et una grande quantite d'autres tradi- tions, soit mythes, soil relations historiqiies. lis avaient avec eux les poemes de Braga, de Stoerkodd el de plusionrs autres poetes celebres dans des ecrits posterienrs: malhenreusement, il rie nous reste que pen de frajjmens de ces ouvrages. La liberte cnliere dont on jouissait en Islande, I'isolcnient de cette He, eloignec des pays theatre ordinaire des guerres que ces terns de discordo \oyaient renaitre sans cesse, beaucoup de loisirs , la longueur des soirees pendant des hivers de huit mois : toutes ces circonstances contribuaient i conserver dans I'lle le gout de la poesie, do Thistoire et de la litterature en general, germes feconds, apportes par les refugies. On etait force d'alier en Norvcge et en Danemark, pour se procurer plusieiirs objets necessaires que I'llo nc produit pas; on na- vigua pour des entrcprises de commerce ; d'un autre cote, les jeunes gens voyagerent par curiosite ; ils firent des lelations de ce qu'ils avaient vu et appris. Tons leurs compatriotes se plurcnt a les entendre ; I'amour-propre national excita, de- veioppa le genie, et les poetes d'Islande furent illustres pen- dant plnsieurs siecles. Les langues du Nord differaient alors tres-peu les unes des autres : un poete islandais parcourait les trois royaumes de la Scandinavie, et tons les pays qui bordent la mer Baltique; il allait meme en HoUande, en Angleterre, en (i) L'un de nos collaborateurs , qui jouit d'une reputation euro- peenne bien meritee , avait tcinoigne le desirde fairc coiinaitrel'^^i/a, dans la Revue En'cj-clopediquc , et nous nous somnies empresses dc lui procurer ce recueil. Nous esperons qu'il pourra bientot en presenter a nos lecteurs une rapide Analyse, qui sera comme le complement de la JVolice que nous leuroffrons aujourd'hui. N du R. OU DE L'ANCIENNE LITT^RATURE DU NORD. 25 Ecosse : partout il etait compris, accueilli, recompense; et il rapportait encore, de ces differcntes contrees, des traditions et des recits qui fournissaient les sujets de nouveanx ouvrages. La propagation du cliristianisme etablit des rapports et des communications d'un autre ordre; les poetes islandais dureiit prendre connaissance des litteratures etrangeres : ces conjonc- tures inattendues les rendirent auteurs historiqucs; et ainsi naquireiit les saga's. Le mot saga (ce qui est dit) est d'une signification tres-etendue. Ce nom est donne a des relations historiques, a des fictions ecrites , 'a tout produit de I'ancienne litterature dont nous parlous; on ajoute a cette designation presque generale le nom du personnage le plus remarquable parmi ceux dont I'ecrit presente I'histoire veritable ou embellie de fictions. Non-seulement on ccrivit dans les saga's les annates du terns present, mais on y inscra les principales traditions relatives a des terns anterieurs . et meme ^ la plus haute antiquite et aux mythes de la religion abandonnee. C'est dans ces ecrils que de nos jours les savans historiographes, MM. de Suhm et ScHONNiNG, ont puise leurs meilleurs materiaux pour leurs his- toires anciennes du Danemark et de la Norvege. Ces saga's , productions favorites du genie islandais, deviu- rent bientot un tresor national. On en falsait des lectures dans toutes les reunions, dans toutes les families; ce fut pendant dix siecles, et c'est encore aujourd'hui le passe-tems le plus agreable. Nous devons a celte Constance la conservation de ces ouvrages qui se trouvent encore en plus grand nombre que les livres historiques de la Grece et de Rome. En faitd'antiquite, aucune nation ne possede une bibliolheque aussi considerable que celle des Islandais; chez ce peuple, il n'est guere de famille qui n'ait une collection de saga's : plusieurs en ont jusqu'h trois ou quatre cents. Un fait surprenant, m.iis prouve, et que Ton pent verifier facilement, c'est que la langue primitive de tous les pays du Nord, et que Ton n'y comprend plus a present, s'est parfaite- ment conservee en Islande, oil chaque paysan parle encore le langage des saga's, et oii ceux dont I'esprit est plus cultive 26 DE SAGA'S, expliqueiit aiseiiiciit des poesies antiques qui enihanasbeiit bcnuconp nos savaus. On pcul classer les saga's aiiisi qii'il suit , savoir : i''* DIVISION. — Saga's historiq lies , qui Iraitent des evenemcns des terns hisloriqucs. i""^ section. — Histoiie de I'lslaude et des auties iles dc l.i mer du Nord. 2^ section. — Histoire des pouples de la Scandiiiavie. 11^ DIVISION. — Saga's romantiqucs et mjthologiques , le, hors le moment du coup de fouet , plusieurs chevaux atteles a lameme voiture; dans TaUelage multiple, la charge du cheval indolent se lepartlt sur les autres, tandis que le cheval de occur se c&nsume en exct'dant ses forces; dans I'attelage isole ccs deux graves inconveniens disparaissent enti^rement; c'est pour cela que cinq chevaux qui porteront 4,5oo kilogrammes sur uneseule charretle, en porteront 5,ooo sur cinq maringoltes. u" Le maillet d'un grand at- telage est un animal fortcher et promptement use, pulsqn'il supjiorte tous les chocs d'une charge de 4 a 5, coo kilogrammes ; les chocs d'une charge de i, coo kilogrammes sontsans inconvenient sensible pour un animal beaucoup plus faible. 3' Si cinq petites voitures coutent plus qu'une grande a cinq chevaux , elles s'usent beaucoup moins, par la m(5me raison qui fait que la charge divisee broye les materiaux des routes beaucoup moins que la charge reunie. 4° Un gros equipage ne saurait, dans un mauvais pas , se passer de secours etranger ; les petits Equipages le franchissent en pen d'instans en se douhlant. 5° Les char- gemens et dechargemens sont beaucoup plus faciles pour les altelages isoles, surtout s'ils doivent se faire en route , et dans un long voyage on trouve a se defairc avantageusement des equipages devenus inutiles. /,o SCIENCES PHYSIQL'ES. liliide du sucots, des ameliorations dont rajoiiriienieiit est une veritable accusation centre elle. Co principe , que la division des poids renfernies dans de certaines liinites, est un moyen deconomie dans les transports, a deja ete nlusicurs fois rois en avanl dans la Revue cncyclopediqtic ; la conviction que s'est formec a cet egard celui qui ecrit cos lignes repose surquel- qiics experiences pcrsonnolies, niais surtout sur les rensei- gnemens qu'il a nei;lige pen d'occasions de recueillir aupres des gens de peine dont Texistence se passe an milieu des di- verses operations des transports. Nos lecteurs se souviennent peut-etre que I'ingenicur Ic plus estime ike I'Autriche , M. de Gerstner (i), est arrive a la memc conclusion par une route tout-a-fait differente, en appliquant le calcul a d'ingenieuses experiences dont il est auteur. C'est aussi la consequence des faitsnombreux recucillispar M. Edgeworth, et des experiences qu'il a combinees avec une rare sagacite , pour en faire jailliv la verite sous differentes formes. Nous nous bornerons, pour ne pas rompre I'unite des vues que le tradnctenr a develop- pees dans ses Considerations sur les voics puhUqucs de France, a insister sur ce resultat si fecond en consequences , et nous negligerons une foule de documens curieux qui, grace aux ad- ditions de notro compatriole, peuvent faire considerer sa tra- duction comme ce qui a paru de plus complet sur le point ou les recherches des Anglais ont conduit depuis quelques annees la grande question ecouomique du roulage. Los comparaisons etablies entre les voitures a deux et a quatre roues , les epreuves faites sur les ressorts viennent conlirmer la doctrine de la division des poids : M. Storrs' Fry trouve que, sur la meme route, deux fcrts chevaux qui lui appnrtiennent conduisent plus facllement six niilliers et demi avec un chariot a quatre roues, que cinq niilliers avec une charrctte Ires-bien construile, et qu'en general , le premier de • (l) Memoire sur les grandes routes, les chem'ins de fer et les can aux , traduit de ralleniand ; de M. F. de Gerstner. Paris 1827 ; Bache- licr. {^Rcvue Encyclopiidique, t. xxxiv,p. 34o, cahier de mai 1827.) SCIENCES PHYSIQUES. 4i ces vehiculespermet d'aiigmenter la charj^e d'un bon clieval de j)liis de 3oo kilogrammes sur une route raboteuse, coinme on en voit beaiicoiip en France; Tcffet utile d'un moteur anime d'une vitesse de 6000 metres par heure, est augmente d'un tiers par les ressorts. Ainsi , I'experience et le raisonnement autorisent a penser que la division des poids augmente I'cffot utile de laclion des betes de trait; que la repartition d'une meme charge sur quatre roues, au lieu de deux, en diminue la resistance , et que I'addition de ressorts procure un nouvel allegement; ainsi, de quelque cote que I'on presente la question , on arrive k ce re- sultat encourageant, que les formes devehicules , et les distri- butions d'attelages qui procurent dans les transports , Veconomie nbsolae la plus considerable , sont aussi celles qui nienagent le plus les routes; il est presumable que si, dans I'operation du roulage, la route et la voiture sont en quelque sorte deux pieces d'une menie machine dont foutes les reactions sont re- ciproques , I'effet d'aucune amelioration ne sanrait se concen- trer dans I'une d'elles; il s'etend necessairement a I'autre. Notre compatriote se plaint du pen de concordance qui existe entre ces vues et nos reglcmens sur le roulage ; il pou- vait ajouler que si Ton jugeait ladministration par ses actes , au lieu de la juger parses intentions , on serait force de penser qu'elle a pose en principe , que les taxes sur la circulation doivent etre aggravees en raisou de la bonne forme des voi- tures , et qu'il faut encourager celles - ci en raison des de- gradations qu'elles commettent sur les routes. L'as^ertion vaut la peine d'etre appuyee par un exeniple : sur les bacs du Rhone, dans le departement de la Drome, une charrette a un cheval paye i fr. 20 c; a deux chevaux i fr. 5oc.,ou 75 c. par cheval; et a cinq chevaux 2 fr. 20 c. , ou 44 c. par cheval, ce qui equivaut a une reduction des deux tieis a peu pres ; si la charge est repartie siir quatre roues on paye i fr. 5o c. pour un cheval, 2 fr. pour deux, et 2 fr. 65 c. pour cinq. Ce fait isole ne prouverait rien , mais il parait n'etre qu'une ap- plication d'un systeme general : en 1822, on a concede le pont ki SCIENCES PHYSIQUES, de Montrond siii- la Loire ; la cliarrette a un cheval y paye 5o c, cellc a six chcvaux i IV. 75 c. , 01126 c. par tete d'aniiiial ; siir le pent do Bcrcy mis an concours h Paris, en 1826 , la cliar- rette a nn chcv.il paycra i5 c. , celle a cinq chevaux /(O c. , 011 8 c. par cheval charge : on ne troiiverait jirobableinent pas en France un scul tarif, dans leqiiel le peage ne decroisse pas a mesure que Ic nonibre des rhevaux augnienle , ct prcsque par- tout les voitures a qualre roues sent I'objetd'un" siu-laxe. Cette combinaison cst-elle le resultat d'unsysteme de primes a la de- terioration des routes? S'il n'en est pas ainsi , on repondra sans doute que la progression a ele fixee dans un esprit de justice, en raison des poids que pcuvcnt porter chaque espece de voiture on d'attelai^e : cela pronverait que I'adminislralion a presents, quandelle regie un taiif de pout, des faits diame- tralemcnt opposes a ceux qui la frappent quand elle s'occupe de I'entretien des I'outes; iJ faut esperer qu'elle ne s'inlerdira pas long -terns le plaisir de mettre les uus et les autres en balance. Les voitures sus])endues , qui nienagcnt les routes infini- ment plus que cellcs qui ne le sont pas , payent aussi genera- lement davantage ; elles sont en outre soumises toutes les fois qu'ellcs voyagent par relais a une taxe de u5 c. par poste et par cheval en faveur des maitres de posle : dans la premiere taxe on a voulu evidcmment atteindre I'aisance du pro|)rie- taire , la scconde est motivc'e sur des considerations etran- geres i cet article: mais on devrait au moins faire une excep- tion pour les voitures a ressert qui portent des marchandises , et qui, dans Tirileret dos routes , comme dans cclui de I'induslrie des ptoducteurs , meritent toutes sortes d'encourageniens. On verrait bieutot a'.ors nos enormes dili^jences se convertir en voitures sures et commodes, qui seraient suivies par des four- gons. Si les avantages des attelages par chevaux isoles , des cha- riots h quatre roues , et des voitures <\ ressorts etaient constates par des enquetes failes sin- les principaux ceritres de cirtul;!- tion de la France , les debats lumineux qui s'etabliraient sur SCIENCES PilYSJQLiES. /,i ces questions , les experiences auxqnelles nos savans les plus distingues ne dedaigneraient pas de s'associer , douneraient tout I'ascendant de I'opinion publique a I'autorite chargee de I'execMtion des reglemens que la France soDiciterait en faveur de ces utiles innovations. Mais on ne saurait trop le redire , raclministration n'a d'aulres moyens de force et de lumieres que les cnqiitt("S ; ce n'est que par ce moyen si simple, et si lUiiement employe pres de nous, qu'elle peut se former una conviction dont on a vu qu'elle est fort eloignee ; et sans con- viction il n'y a point d'energie : cette diffusion de verites utiles serait le moyen le plus efficace de neutraliser les nom- breuses resistances que provoque toute innovation de ce genre; les vues d'amelioration de I'autorite ne font efiicaces qu'au milieu d'une population eclairee. Nos routes , cessant d'etre sillomiees par des fardcanx enoi incs , s'ameliore- raient promptement , les frais d'entretien diminueraient; et la perfection des communieaiions permettant de charger davantage , donnerait bientot lieu a luie nouvelle economic dans ies frais de transport. Les avanlages qu'on o})liendrait sur les frais d'entretien seraient encore plus sensibles dans les constructions ncuves; la largeur et I'epaisseur, si dispen- dieuscs de nos chaussees , sont exigees par les dimensions des voitures qui les parcourent; dans nn meilleur systeme de roulage , I'une et I'autre pourraient etre considerablement I'e- duites, et uue multitude de contrees, aujourd'hui privees de communications par I'enormite des frais qu'en exigerait I'ou- vertiue , ccsseraient de rappeler au &ein de la France, I'aspect de I'Espagne ou de la Pologne. Get apercu des resultats qu'il est permis d'atlendre des me- sures que nous u'avons fait qu'entrevoir, est developpe avec talent , el appuye de nombreux calculs dans les considerations stir les voies publiques de la France : on pourralt discnter non la realite , mais la quotite de quelques resultats ; ce n'est point ici le lieu de ie faire , mais a la droiture des vues de I'au- teur, a la lucidile qu'il porte dans des questions , auxqnelles on ne le croirait pas etranger par etat , s'il ne le disait lui- 4/, SCIENCES PHYSIQUES. nicmc , on peut-clre assure que loutc discussion avec lui se- rait instructive ct agreable. Des faits nombreux tt bien observes , des rapprochemens plains de sagacite, un style elegant et correct , voila ce qu'on trouve dans cet ouvrage qui estcertainement celni d'un homme debeaucoupd'esprit, etd'un bon citoyen; nous remplissons un devoir en le recomniandant aux ingenieurs , aux proprietaires de voiturcs de transport , et aux pcrsonnes (pii voyent avec raison dans I'etat des routes une des plus haulcs questions de I'economie publique et de la civilisation. J. J. Baude. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Manuel du jure, ou Exposition des principes de legisla- tion criminelle , dans ses rapports auec les fonctions de jure , et cuinnieutaiie de la loi du 2 inai 1827 sur Vorganisatiou dujurj.,et des articles du Coded' in- struction criminelle qui traitent de Vexamen et du jugernent par jures; par /^iW<^r Guichard et J.-J. Du- BOCHET, avocats a la Cour royale de Paris (i). Cct onvrage se compose de deux parlies tres-distinctcs : I'une traite des principes qui doivfnt: diriger la conscience du jure, quand il examine les questions qui lui sont soumises; I'autre traite des regies qui president a la formation ou a la compo- sition dujury. Cette division de I'ouvrage en deux parties, qui sout en quelque sorte independantcs I'une de I'autre, et qui auraient pu former deux ouvrages distincts, explique com- ment deux ecrivains ont pu s'associer pour composer iin livre, sans s'exposer a se nuire ou a s'entraver mutuellcment. Les deux auteurs ayant d'ailleurs uue methode commune , et ne prenant pour guide que Texperience , c'est-a-dire I'observa- tion des fails, seraient arrives a des resultats idenliques, en restant fldeles a Icur methode, quand meme les sujets qu'ils ont traites auraient ele moins separes qu'ils ne le sont reelle- ment. Nous avons cru devoir faire ccs observations prelinii- naires pour prevenir le prejuge que fait nailre souvcnt Tas- socialion de plusieurs noms centre tout ouvrage iitteraire ou scientifique dont I'unite de vues ou de pensees doit etre I'un des principaux merites. Dans celui-ci, !a partie qui renf'erme les priucipes propres a diriger la conscience des jures dans leurs jugemens, appai- (i) Paris, iSay ; Sautelet. i vol. in-8" de xiv pages; prix, 7 fr. /(6 SCIKNCES MORALES, tirnt h M. Victor Guicliaicl; cellc qui rcnfcrme IVxposiiion des reglps rc'lativps ;■> la composition dii jury et ;\ la pioccdwre appartiont a M. J. -J. Dnboclict. Dcpiiis raiince 1800, cpoque a laqiiello Bonaparte cnleva anx coninnincs et aux departerncns la nomination de leurs administratenrs, jusqn'a la loi qui a etc renduc le 1 mai der- nier, nous n'avons eu du jury quo le nom. En s'emparant du pouvoir, et en donnant a la France un simulacre dc constitu- tion, Bonaparte ne prononca point ccpcndant I'abrogation de cettc institution; il s'abstint mc-me d'en parlor. Mais il s'attri- bua la nomination dos officicrs qui devaient former la liste des jures; et , de,s ce moment , chaque jury ne fut qu'une ve- ritable commission. A peine le gouvernoment imperial cut ete reiiverse, que les dangers que prcscntait un tcl etat de clioses furent exposes par divers ecrits (i). Pen a peu Ics esprits se sont eclaires, les magistrats et les administratcurs ont eux- niemes compris que les jugemens perdaicnt la plus grande partie de leur force, par cela seul que rimpartialile n'en etait pas evidente. Le gouvernement a done lenonce a la faculte de composer arbilrairement les listes des jures, et, des ce moment, on a pu croire a I'existcnce de I'instilution du jury. Sans doute, la loi du 2 mai n'a pas corrige tons les vices de la legislation antericure sur cette matiere; mais elie a incontesta- blement detruit les plus graves. Pour que les autres dispa- raissent egalement, il ne faut que des lumieres, du tems et de la perseverance. Tant que les hommes auxquels on donnait le nom de jures n'etaient que des eommissaires choisis par les prefets, il etait assez inutile de faire des livres sur leurs devoirs ou sur leurs droits; mais aujourd'lmi que la qualite de jure est a peu pres independante, ct que les accuses n'auront plus h eraindre de voir dans les hommes appeles ;i les juger des adversaires ou (i) Voyez le Dlscours prelim'maire de la traduction francaise de I'oa- vrage de sir /ficAo/W Philips, iulitulo Des pouvotrs ci des obligations des J II rjs.V arts, 1819. La seconde ediiion vient de parailre. SCIENCES iMORAJLES. !^^ des cunemis , il u'est personne qui ne soit iiiteresse a s'instriiire lies (iovoirs quil pent avoir a reniplir comme menibie d'un jury. En renoncant i\ former lui-memc Ics listcs des jurts, le goiivcrncmcut a rendu la justice indepcndantc, dans toutes les affaires du moins sur lesqiieiles uu jury est appele ii pro- noncer. Cela ne suffirait pas ccpendant pour qu'elle fut Lien administreo, si les ciloycns ignoraicnt quels sont les devoirs qu'iis ont a remplir. Cost done a eux qu'il faut s'adresser main- tenant, si i'on veut jjrofiter des avantages que nous offre la loi du 2 mai. Croire qu'ou jouira des bicnfails d'une justice impar- tiale, sans £e donner la peine de s'eclairer pour concourir a I'adminislrer, serait une grave erreur. Si chacun veut jouir de toutes les garanties judiciaires, comme citoyen ou comme accuse, il faut que chacun s'instruisc des devoirs qu'il a a rem- plir comme jure. Lorsque les principaux citoyens sont appeles a concourir a I'aduiinistration de la justice, les garanties que cLacun d'eux recolt ne sont jamais qu'en raisou de cellcs qu'il offre lui-meme aux aulrcs. Loisqu'un homme est appele comme jure, un de ses pre- miers devoirs est de porter I'attentlon la plus scrupuleuse a tous les moyeiis d'attaque et de defense employes dans le cours de la procedure, et de juger ensuite selon I'impression qu'ont laissee daus sa consc'cnce les prcuves produiles pendant les debats. S'il se trompc dans sa decision , son erreur est un mal- heur pour lui, pour I'accuse s'il le condamne, et pour la societej mais ii ne pcut en elre responsable, ni moralement , ni suivant la loi. Le cas est different si I'erreur dans laquellc il est tomlw n'a cu lieu que parce qu'avant que de remplir les fonctions dejine, il a neglige d'acquerir les lumieres que I'exercice de ses fonctions exigcait. En pareil cas, I'erreur est imputable, au moins moralement, a celui qui la commet: on peut comparer celui qui y tombe, au soldat qui, charge de la defense d'un ppste , ne pourraitpas le defcndre, par la raisou qu'il se serait sciemmeut et volontairement abstemude prendre les munitions dont il devait se pourvoir. La loi ayant en effet determine d'avance quels sout les hommes qui seront appeles 48 SCIENCES MORALES a ctiT jiires, il est tin devoir do cciix qui se Irouvont dans cc cas dc s'instruire de ce qii'ils doivent savoir pour rendre dcs decisions conformes a la justice. No pas rcmplir ce devoir, cc n'est pas sculement rendre vaines les garanties que la loi pre- scnle aiix citoyens; c'est, ainsi que nous I'avons dit, assumor sur soi la responsabilite morale do toutos ios errcurs dans los- queilos on pourra etrc entraine dans Ic cours de la vie en qua- lite de jure. Les devoirs dcs citoyens, en leur qualite do juris, sont sus- ceplibles do la mome division que I'ouvrage dc MM. Gnichard et Dubochet : les uns sont relatifs aux conditions qu'il faut rcmpiir pour cxercer ks fouctions de jure, ou aux moyens a I'aide dcsquels on pout arriver a la docouverte de la verite; les autres, aux regies qu'il faut suivre pour apprecierjuste- ment les fails sur lesqucls on est charge de prononcer. Ces devoirs ne dependent pas uecessairement les uns des autres: on concoit tres-bien qu'un homme ignore les conditions ii rem- plir pour etre jure, ou les devoirs qu'il a a reinplir pendant la procedure pour faire eclatcr la verite, el qu'il possede cepen- danl la capacite necessaire pour bion prononcer sur les ques- tions quilui sontsoumises; la supposition oontrairc pent egale- ment §e concevoir, quoiqn'il soil plus rare de la voir se realisor. Il y a aujourd'hui quelque analogic entre la maniere donl les lisles des jures se forment en France, et la nianiere dont elies se forment en Angleterre; mais il y a aussi des differences tres- remarquabies. Suivant les lois anglaises, ce sont les ofQciers des paroisses , marguilliers ou inspecteurs des pauvres, qui forment les premieres lisles. lis sent tonus d'y porter Ions les hommes qui remplissent les conditions rcquises, suivant les divers roles de contributions qui doivent leur otre soumis. Ces lisles faites, ils .sont tenus de les afficher, pendant trois se- maines, sur les portes de tontes les eglises de la paroisse. Pen- dant la meme duree de terns, cliacim a le droit de voriller, sans payer aucuns frais , la lisle originale. Au bas de la lisle affichee se trouve un avertissemeut par lo(picl lous les habitans de la paroisse sont prevenus que tel jour les juges de paix se {sClli]NCf:S MORALES. 49 Veuniront dans tel lieu etk telle heure, pour jujjer les recla- mations auxquelles les listes pourront donner lieu, Lh tout individu peut reclamer publiquement contrc les insertions on les omissions illegales; les officiers des paroisses, obliges d'etre presens, sont tenus de repondre, sous la foi du serment, k toutes les questions qu'il plait aux juges de leur adresser, et les difflcultes qui se presentcnt sont dcbattues et jugees publi- quement. En France, ce ne sont pas les officiers des paroisses ou des communes qui font les listes : ce sont les prefets. Comme ils u'ont pas eux-memes dans les mains tons les actes qui prouvent quels sont les liommes qui remplissent ou ne remplissent point les conditions lequises, ils ne portent sur la listequ'un certain nombre des hommes dont les noms doivent s'y trouver. La faculte de reclamer contie les fausses omissions n'apparlient qu'a celui ou a ceux dont les noms ont ete omis. 11 peut ainsi arriver que les prefets, par negligence ou par d'autres motifs, n'y portent pas tous les noms qui devraient s'y trouver, et que des citoyens, par mauvaise volonte, s'abstiennent de se faire inscrire, et accroissent les charges des hommes dont les noms ont ete inscrits. Enfin, les reclamations contra la liste sont portees devant le magistrat meme qui I'a formee, oude- vant ses conseillers. Ces reclamations sont jugees a huis-clos, et sans contradictoires defenses. On ne voit pas que les per- sonnes dont I'inscription ou I'omission donne lieu a des diffl- cultes doivent etre appelees, comme ccla se pratique suivant les lois anglaises. II resulle de ces differences que le devoir de se faire ins- crire en France est bien plus imperieux qu'il ne Test suivant les lois d'Angleterre. L'institution du jury n'esl pas etablie seulement en faveur de ceux qui remplissent les conditions requises pour etre jures; elle est etablie en faveur de tous les individus qui peuvent etre accuses d'un crime , ou qui peuvent en etre les victimes. Chaque individu, meme quand il ne peut pas etre jure , se trouve done interesse, dans les deux pays, a ce que la liste soit coraposee de la maniero T. xxxvi. — Octobre 1827. 4 5o SCIENCES MORALES, prescrite par Ics lois, et c'est sans doule pour cclte raison que Ics lois anglaises out rcconnii a chacun le droit de re- clamer contrc Ics vices de sa composition. En France , la loi a dispose autrement; ce n'est qu'a ceu.x a qui elle impose le devoir d'etre jures qu'elle accorde le droit de faire rectifier Ics listes. Ceux auxquels ce devoir n'est pas impose se trouvent aussi prives de I'cxercice de ce droit; il faut done que d'autres soieut obliges del'exercer pour eux. Mais sur qui pourrait rcpo- ser cctte obligation, si ce n'est sur les hommes dont Ics recla- mations sont scules ecoutees? SI une fraction nonibreuse de la societe est frappee d'incapacite politique, et si par consequent elle ne peut pas se proteger elle-meme, il faut bien que le devoir de la proteger et d'exercer les droits dont elle est pri- vee reside dans d'autres; s'il n'cH etait pas ainsi, elle ne serait qu'une propriete. Les hommes qui sont cxclusivement applies a ctrc jures nc iuseraient done lour position que d'une maniere parlidle, s'iis croyaient qii'en s'abslenant de faire inscrire leurs noms sur la liste ils se bornent a renoncer a I'usage d'un droit. lis doivent considerer les fonctions de jure sous deux points de vue : lelativemcnta eux,et relativement auxautres membresde 1:\ societe. S'ils les considerent relativement a eux, ils peuvent, jusqu'i un certain point , s'imaginer qu'il Iftur est pcrmis d'y renoncer. S'ils les considerent relativement aux autres, ils ne peuvent s'y soustraire sans manquer a un de leurs premiers devoirs , et sans se rendre coupables envers leurs concitoyens d'une espece de trahison. La loi considere si bien les fonctions de jure comme ua devoir envers la societe , qu'elle condamne h une forte amende celui qui ne se presente pas, quand il est appele. La peine serait injuste, et meme absurde, si les fonc- tions de jure n'etaient donnees que comme des droits; car re- noncer a I'cxercice d'un droit ne fut jamais considere comme un dclit. Nous avons insiste sur le devoir de se faire inscrire sur la liste dcs jures, quand on remplit les conditions necessaires pour y ctre portc; parcc que cclui-l.'i est le fondement de tons SCIENCES MORALES. 5t lies aiitres, et qu'on ne pent le negliger sans les trahir tous ; mais il en est beaucoup d'autres dont raccompHssemcnt n'est pas moins important, qiioiqu'iis ne se rapportent generalenient qu'aux formes de la procedure , on aux moyens de rechcrcher, de dccoiivrir ou de faire coniiaitre Ja verite. M. Dubocliet, en expliquant, article par article, les dispositions dela loi du 2 mai, et celles du Code d'instruction criminelle qni s'y rapportent, les a rendues assez claires pour lesmettre k la portee de tout Ic iKionde. Sa methode de commenter les articles de la loi, dans I'ordre mcme oil le legislateur les a places, peut en rendre I'in- telligence plus facile; mais cela meme rend diffiv^ile I'analyse de son ouvragc. Pour la bien faire, il faudrait suivre I'ordre qu'il a lui-mcme adopte, et cela nous menerait plus loin qu'il ne nous est permis d'aller. M. Victor Guichard n'a pas ete ainsi enchaJne par I'ordre des dispositions de la loi ; il n'a eu a consulter que les principes generaux de la science, et il est, par consequent, plus aise dc donner une idee generale de la partie de i'ouvrage qui lui ap- partient. Cctte partie du Manuel des j ares se divise en six titres : dans 4e premier, I'auteur traite dc la melhode; il observe qu'en le- gislation il en existe deux : Tune independante des fails , Tanlre d'observation. Celle-ci est, a proprement parler, celle de I'u- tUite; c'est celle que M. Guichard adopte. Dans le titre second, I'auteur traite de la legislation crimi- nelle et du droit de piinir. Nous nc ferons aucnne observation sur le fond des pensees qui composent ce litre, parce qu'elles «ont generalcment justes; mais il nous semble que, dans quel- ques parties, le langage pourrait en etre plus exact, et que la confusion des termes jette sur les pensees une certaine obscurite. L'auteur, avons-nous dit , traite Aa droit dc punir el des regies qui le gouvernent; et il n'entend parler de ce droit que commc d'un attribut du gouvcrnement. On est aujourd'liui ge- neralenient convenu dc chercher le droit partout; et , comme c'est une chose encore asscz obscure et sur laquelle on est loin d'etre d'accord , il est bien rare qu'on ne la trouvo pis partout 4. 5a SCIENCES MORALES. oOi on la chcrchc. Ainsi, par cxemple , on a commence par chercher, dans I'infliotion des peines judiciaires, I'exeicice d'un droit : on I'y a trouve. La dtcouvcrte etant faite , on a traile dii droit de pnnir en general, puis du droit d'envoyer aux travaux forces; puis, du droit de tucr. Nous avons vu naguere des societes philanlroijiques et savantes mettre en question si la societe a le droit d'infliger la peine de moit. La dessus d'e- loquens niemoires ont ete composes, et des prix ont ete dis- tribues : on aurait dit que la cjnestion avait ete clairement et irrevocablcment decidee. Cependiint, elle est aujourd'hui aussi obscure qu'elle I'etait avant d'avoir ete posee. Ceiix qui parais - sent convaiiieus du defaut de droit dans I'infliction de la peine ne peuvent cachcr leur etonnement de voir que, chez tontes les nations, on tue journcllement des liommesen conscience. Cela leur parait d'autant plus inconcevable , que suivant eux le droit brille clairement aux yeux de tous les hommcs par sa propre lumiere, et que toute la science du monde ne sauiait en ac- croitre la clarte. N'y aurait-il point ici, comme dans la plupart des disputes, quelque expression ambigue qui rendrait la question insoluble? Pour nous on assurer, voyons comment se passent les faits, et tachons de ne donner h chaque chose que le nom qui lui con- vient. Un individu que le besoin tourmente rencontre un homme, ie tue, prend sa bourse et s'enfuit. La-dessus un ma- gistral decerne centre lui un mandat, des gendarmes I'arretcnt et le mettent en prison , des juges lui font son proces et le condamneut ^ raort : un magistral le fait alors livrer a d'autres gendarmes, lesquels le menent en grande pompe sur une place publique;la, ils le livrent a d'autres hommes qui I'attachcnt, ct puis lui coupent la tele. Ici, ilest un fait general et constant : c'estla manifestation de I'autorite etde la puissance; nous voyons des hommes qui com- mandent, d'autres qui obeissent , et un tierssur lequel s'exerce Taction de tous les autres. II n'y a rien la d'equivoque, rien de sujet i contestation : nulle question pour les academies. Mais, ces hommes que nous voyons commander, ceux que nous voyons SCIENCES MORALES. 53 obeir, exercent-ils on n'exercent-ils point un droit? C'est ici que commenccnt Ics disputes. II ne faut pas demander cepen- dant ce que c'cst qu'un droit; car, de part et d'autre , on est convenu que le mot est suffisaminent clair, et qu'il n'y a que les consciences obscures ou fausses qui oseut en demander I'explication. On ne doute pas que punir ne soit un droit; la seule chose qu'on met en question est de savoir si ce droit s'elend jusqu'a tuer I'individu auquel on inflige une peine. Si punir est un droit, ce droit se trouve sans doute dans ceux qui I'exercent, ou dans ceux qui le deleguent : voyons done comment il nait , et oil il se trotive. Un homme, avons-nous dit, commet un assassinat; aussitot un oflicier public, qu'on nomme \\a juge il' instruction , lance contre lui un mandat d'arret. Que fait ce juge? il remplit un devoir que la loi lui impose, pour I'ac- complissement duquel I'etat lui accorde un salaire, et qu'il ne pent eluder sans se rendre coupable de prevarication. Un agent de la force publique execute I'ordre du magistral; c'est encore un devoir qu'il remplit, une obligation qu'il a con- tractee. L'accuse est conduit en prison : le concierge qui I'y retient remplit encore un devoir envers la societe; il ne pent I'enfreindre sans s'exposer a dcs peines graves. Des temoins et des jures sont appeles: les devoirs des premiers sont de se presenter et de deposer suivanl la verite; ceux des seconds sont detre presens aux debats, et de declarer quelle est la conviction produite sur leur conscience ; le devoir des juges est d'appliquer la loi conforraement a la declaration qui a ete faite. Enfin, le devoir des agens de la force publique est d'executer le jugement de la maniere que la loi prescrit. Ainsi, depuis le moment ou le delit est commis jusqu'a ce- lui ou le coupable subit sa peine, nous ne trouvons que des devoirs, des obligations, dans chacun des oi'ganes ou des agens institues par la loi. Ces devoirs, ces obligations sont si rigou- reux que nul ne peut raanquer aux siens sans se rendre cou- pable de prevarication, et dans un grand nombre de cas sans s'exposer a de fortes peines. Si les autoritcs diverses qui coa- 54 SCIENCES MORALES. courcnt i rapplic.ition d'une peine n'ont que des devoiiu h leraplir, et des devoirs toiijours penibles, oCi se trouve dotic le droit? Serait-il dans les homtnes par qui Ics peines sont t'tablies? Mais ces homines sont i leur tour soiimis a de uotn- breux devoirs: lis ont de Tautoiite , de la puissance; quaiid ils ^tablissent une peine, ils se soumettent a une necessite, ils obeissent a un devoir envers la societe; ils n'exercent pas plus nn droit que le magistral qui applique une peine legale a un individu que le jury a declare coupable. II est bizarre que toutes nos recherches philosophiques sur le devoir et sur le droit nous aient conduits a ne plus savoir distinguer un droit d'un devoir, et que tons nospiogres en mo- rale nous aient amenes a meltre en iheorie les pratiques d'Alger on de Constantinople, hk , en effet, il n'est point de devoirs pour la puissance ; pour elle , il n'y a que des droit?. Punir est done un droit , comme disposer de sa propriete en est un autre. Et , comme nul n'est teuu de rendre compte de I'excrcice de ses droits, les niagistrats peuvent punir ou ne point punir, scion qu'ils le jugeut convenablc. Tout cela pent paraitre bien etrange, mais c'est a quoi nous avons du nous attendre le jour oil nous avons vu des esprits distingues et des imagina- tions ardcntes repousser les sages ecrits de Locke, de Con- dillac, de Tracy, pour repandre sur notre pays le mysticisme de I'Allemagne. Nous devons nous hater de dire que ce reproche ne peut etre adresse i I'ouvrage dont nous dounons ici I'analyse. Si Ton fait exception de I'cxpression que nous avons relevee, et qui nous parait vicicuse , tout est tcrit avcc justesse. Les observations de M. Victor Guichard sur le principe, la nature et les effels des peines judiciaires, sont toutes fondees sur la nature meme des choses; toutes reposent sur les interets de I'humaHite, et ten- dent a faire entendre les lois dans le sens le plus juste. On peut en juger [)ar les deux regies que I'auteur donne au pouvoir et au devoir do punir : I'une est de.ne jamais punir que lorsque la punition pioduit plus de bien que de mal; I'autre, d'arriver au plus grand bien de la societt' ct de rofftnse, en faisant au de- SCIENCES MORALES. 55 liuquant le moindre tnal possible. Ces regies sont developpee<; de manicre a ce que les jures puissent en suivre I'application dans le plus grand nombre de cas. Dans le titre iv, M. Victor Guichard traite de la gravite des peines, cc qui le conduit a parlor de la peine de niort. L'abo- lition de cette peine est aujouid'hui sollicitce par nn grand nombre de bons espiits. Tons les ecrivains philosophes ne s'ac- cordenl pas sur les motifs qui leur font desirer que cette peine soit abolie; mais tons sont geneialement d'accord pour la sol- liciter, et surtout pour demander que I'application en soit res- treinte au plus petit nombre de cas possibles. M. Guichard fait a ce sujet des reflexions fort justes : il observe que, pour lesoudre la question, il faut comparer les effets de la peine de nnort avec ceux d'uHe autre peine. Il compare ensuite lui- meme les resultats que cette peine produit avec ceux de I'em- prisonncment perpetuel et laborieux. Il prouve que I'empri- sonnement perpetuel est plus avantageux pour la reparation dU mal cause par le delit, et qu'il peut ne pas I'etre nioins pour prevenir de nouveaux delits. II fait voir ensuite que, pour juger de I'effet general d'une peine relativement a la pre- vention de nouveaux delits, il faut considerer non I'effroi qu'elle inspire au coupable au moment ou il va la subir, mais la crainte qu'elle inspire a un individu au moment ou il eprouve ja tentation de commettre un crime. Or, I'emprisonnement perpetuel est plus efficace, sous ce rapport, que ne peut I'etre la peine de mort : il est des passions pour lesquelles on con- sent a s'exposer a perir, mais pour lesquelles on ne s'exposerait pas h etre detenu a perpetuite. La raison de cette difference est sensible : dans le premier cas, si Ton ne reussit point, le chatiment qu'on subit met un terme a la passion qu'on eprouve ; dans le second , au contraire, on eprouve tous les tourmens d'une passion non satisfaite, en raeme terns qu'on subit la peine du crime qu'on a commis. L'abolition de la peine de mort fait disparaitre une difficulte res-grave que les jures ont quelquefois h resoudre. Dans les icriraes de meurtre, il n'est pas rare de voir les defenscurs de 56 SCIENCES MORALES. accuses presenter pour excuse leur etat de monomanie. Le jnfy so trouve alors dans la necessite de courir le risque d'cnvoyer un insense a I'echafaud, ou d'acquitter un grand coupable. S'il ne s'agissait que d'un emprisonnement perpetuel, il y aurait peu de danger a courir; car, dans aucune des deux suppositions, j)ersonne ne peut pretendre que I'accuse convaincu du fait, repute crime ou delit, doive etre rendu h la liberie. Mais il ii'en est pas de ni^me lorsqu'il s'agit de la peine de mort; outre I'atrocite qu'il y a a livrer un fou au dernier supplice, on accroit les dangers de la societe. La monomanie, en effet, est contagjeuse , et rien nest plus propre a la propager que de donncr en spectacle Ics individus qui en sont atfcints. La peine de niort appliqaee a une telle infirmite produit done un effet contraire a cehii qu'elle est destinee a produire : an lieu de detourner ies individus dangereux des fails qu'on veut preveuir en Ies reprimant, elle Ies excite a Ies commeltre. M.Victor Guicliard, ayant expose Ies funestcs effcts de la peine de mort, et ayant fait voir comment on en obtiendrait de differens par une autre peine, s'occupe du rapport entre Ies deux regies que nous avons precedemment rapportees avec la procedure criminelle et le jury; c'esl I'objet de son cinquieme titre. L'auleur est ainsi conduit a faire voir quel est le but de la procedure criminelle, a rechercher quelle est la source prin- cipaledes delits qui se commettent dans unetat un peu avance ; a developper Ies avantages qui resultent de I'institution du jury; enfin, a demontrer comment Ies devoirs des jures re- sultent des motifs de leur institution. Dans le titre vi, notre auteur traite des questions d'une haute importance, mais qui fort heureusement se presentent rarement dans la pratique. Dans Ies tcms de trouble, I'autorite publique est quelquefois emportee par la violence des factions au-dela des limites que la raison lui present. Des lois violentes peu vent alors etre rendues, et il s'agit de savoir quelle doit i'tre, en pareille circonstance, la conduite des jures. Nous avons vn, par exemple , dans Ies troubles de la revolution, des peres traduits en justice et etre exposes a etre condamnes a SCIENCES MORALES. 57 mort pour avoir fait passer quelques secours pecuniaires aleurs enfans emigres. D'autres fois, nous avons vu mettre la piiie et d'autres vertus au rang des crimes. Dans ces cas , et dans d'autres seinblables, les jures sont-ils tenus en conscience de declarer coupable celui qui, a leurs yeux, n'a commis aucun fait reprehensible par lui-memc, quoiqu'il ait execute I'acte prohibe par la loi? Cetle question est grave lorsqu'elle se presente ; mais il arrive bien rarement qu'on ait a s'en occuper, et voici quelle en est la raison. Lorsque des circonstances malheureuses deter- minent un gouvernement a etablir des peines qui ne sont point en harmonie avec la conscience publique, le meme pouvoir qui etablit la peine etablit presque toujours un tribunal par- ticulier pour en faire I'application. C'est ainsi que, pendant le tems le plus orageux de la revolution , apres avoir etabli des lois sanguinaires, on fut amene a creer un tribunal revolu- tionnaire pour les appliquer. C'est encore ainsi que le pouvoir militaire qui succeda au gouvernement directorial fut conduit a creer des cours speciales, des tribunaux militaires, ou des conseils de guerre, pour punir des fails que la conscience des citoyens ne condamnait pas, ou qu'elle n'aurait punis que de peines moins graves. Ces observations n'otcnt rien, du reste, au merite des reflexions de M. Guichard : quoiqu'on puisse etre rarement appele a les mettre en pratique, on les lira avec utilite. En les lisant avec attention, on concevra plus facile- ment en qaoi consistent les devoirs des jures. En Angleterre, le jugement par jures s'applique a toutes les causes civilesetcriminelles. La, nul individu nepeut etreatteint, ni dans sa personne, ni dans ses biens, ni dans son industrie, a moins d'un jugement rendu par un jury. Pour juger toutes les causes qui se presentent, il faut un nombre de jures con- siderable; aussi, tout homme qui jouit de quelque indepen- dance est-il sujet a etre appele comme jure. Mais il ne faut pas croire que I'institution du jury soit arrivee du premier coup au point de perfection oil nous la voyons aujourd'hui. Depuis les tems les plus reculcs jusqu'a iios jours, il ne s'est point passe 58 SCIENCES MORALES de regne sous lequel on ii'y ait conige quelque vice , ou fait quelque utile addition. L'origine dcs jures se perd dans la nuit des terns; el cependant ce n'est que dcpuis iSaS que les Anglais ont une loi generale qui regie I'organisation dcs jurys. Cctle loi n'a mcme commence a etre cxecutee qu'en 1826. En France, le jiigement par jures ne s'a|ipliqne jamais en niatierc civile, et il n'a lieu en uiaiiere criminelle que pour les cas les plus graves. Aussi , le nombre des hummes qui rcm- plissent les conditions necessaires pour etre jures est-il fort restreint, coniparativement a la masse de la population. Mais, en France, cette institution est toute nouvelle; il a fallu, pour I'etablir, reformer tout a la fois la legislation, les habitudes et les intelligences. Ne soyons done pas surpris si elle n'est encore ni aussi generale , ni aussi universellemcnt desiroe (|ue pourraient le demander les honimcs eclaires. Si nous voulons qu'elle fasse des progres, tachons que les idees et les mcKurs ne restent pas en arriere des institutions. Cette annee, la legis- lation a fait un grand pas : pourrions-nous nous plaindre qu'elle n'est pas assez avancee, si les hommes qui appartiennent a la classe la plus eclairee de la societe ne savaient pas se mettre k son niveau? Seraient-ils dignes de jouir des garanties qui leur sent offertcs, s'ils se derobaient aux faciles conditions au moyen desquelles ils peuvent les posseder ? Les devoirs qui leur sont imposes, et sur raccomplissemcnt desquels leur secu- rite doit etre fondee, ne sont ni nonibreux , ni difficiles a rcm- plir. Les aulcurs du Manuel des jures ont fait ce qu'il fallait pour leur en rendre Tintelligence facile; c'est a eux-memes a faire le reste. Charles Comte. HisToiRE DE Bretagne , par M. Daru , de rAcadcmie francaise (i). Le savant et laborieux auteur qui nous avait donne YHis- toire de Fenise a public, depuis, I'histoire d'une province (1) P.;jis , 182(1 ; Firmin Didot. 3 vol. in-8" prix, 18 fr. SCIENCES MORALES. 5y fran^alse qui n'a rien de commun avec I'ancienne repu- bllque de la mer Adriatiqiie , si ce ii'cst le gout des habitans pour la navigation et les entreprises maritimes. Dans lout le corns de I'histoire de Fiance, ie peuple breton conserve line physionomie parliculiere qui doit seduire un historien habile. On voit ccs Bretons, fiers de leurs rochers et de leurs fables, se tenir, pour' ainsi dire, a I'ecart, faiie des efforts reputes pour defendre leiu- independance , et dejouer avec rudesse des intrigues ourdies pour les subjuguer; on les voit enfin conservcr I'enipreinte originale de leur caractere, leur idiome, leurs superstitions, leurs usages, long-tenis apres qu'ils ont ete reunis a la nation francaise. On ne pent toutefois se dissimuler qu'ii I'exception de quel- ques episodes, I'histoire de la Bretagne est celle de toutes les provinces du royaunie, et que I'historien se donne une tache bien penible quand il veut rassembler en un seul tableau la multitude de fails, souvent peu importans, qui composent une histoire provinciale, cette suite fatigante de guerres, de querelles, de devastations, de meurtres, d'injustices de toute espece, dont la reunion constitue ce que Ton appelle I'age de la feodalite. Quclque talent que possedc I'ecrivain, il aura bien de la peine a interesser un lecteur eclaire d. tous ces petits evenemens ou I'esprit ne trouve ni repos , ni satisfaction. M. Daru a cortainement fait preiive d'ua talent tres-remar- quable dans son histoire de Bretagne; cependant, je doute que ce nouvelouvrageoblienne le meme succes que son histoire de Venise, dont le fond est plein d'interet, tandis que I'histoire de Bretagne ne presente qu'un sujel sterile, et en quelque sorte rebelle aux efforts du peintre. Quelquefois, il faut le dire, I'auteur me pjirait avoir neglige de Jeter des fleurs siir ce Icirain aiide : il auiait jju varier son recit, en lirant un meilleur parti qu'il ne I'a fait des traditions locales, de I'etiide des niouumcns singuliers des ages antiques, cleves dans quelqnes lieux solitaires de la Bretagne. L'expo- sition du genie de la langue bretonne, que parlent encore les habitans des campagnes et des petites villes de trois departe- Go SCIENCES MORALES, mens qui comptcnt pres de 5oo,ooo ames chacun, la compa- raison dcs moeurs et des usages des Bretons avec ccux des habitans de la Cornouaille anglaise et du pays de Galles, la vie des premiers chretiens et la propagation de la morale de I'Evangile dans cette province, au milieu de toutes les resis- tances druidiqucs,les evencmensdescomniunautes monastiques, et beaucoup d'autres malieres interessantes ne devaient pas res- ter etrangcres au plan de I'auteur, et lui auraient fourni des details attachans et instructifs. L'histoire de la Suisse, par Jean de Muller, qui a su cmbellir les commencemens des an- nales d'un peuple dont I'origine n'est pas moins obscure que celie du peuple breton, aurait pu lui servir de modele. L'abbe de La Rue (i) a souleve une grande question, que j'aurais voulu voir traitee par M. Daru : si les Bretons ont eu une litterature. L'abbe de La Rue soutient qu'ils ont eu des historiens, et principalenient dcs poetes, et que les romanciers du moyen age ont puise chez les Bretons les fables les plus intcressanjtes de leurs poemes romanesques et de leur cheva- lerie. II est certain que le pays de Galles et la Cornouaille an- glaise ont produit des poetes qui ont chante la table ronde , les guerres du peuple gallois centre les Saxons , les exploits des pelits rois du pays, etc. Comment les Bretons, si sembla- bles aux. Gallois dont lis sont comme les freres, seraient-ils restes muets, tandis qu'au dc\k de la Manche les rochers re- tentissaient du chant des bardes ? Certes , les Bretons ont chante comme eux; plusieurs temoignages le prouvent. Com- ment se fait-il done que cette litterature bretonne, qu'il serai t si interessant de connaitre, ait ete aneantie au point de ne laisser aucune trace (2)? Pas un poeme, pas une chronique, (r) Rechercltes sur les outrages des bardes de la Bretagne armoricaine Jans le moyen age. Caen, 181 5; in-8°. (2) II ne serait pas impossible de prouver que le roman d'Jmadis de Gaule, et celui des Amours de la belle Iseult et de Tristan de Leonais ont ete composes par des poetes bas-bretons. Le brave grenadier La Tour-d'Auvergne , ne en Basse-Bretagne , avail recueilli a cet SCIENCES MORALES. 61 pas meme une romance en bas-breton n'a echappe a la des- truction. M. de La Rue explique cette disparution totale par I'indifference qu'inspirait aux-gens lettres du moyen Age la laiigue viilgaire ou rustique du pays. Dans le pays de Galles , le peuple etait lai-nicme conservateur des poesies na- tionales; pourquol n'en a-t-il pas ele de meme en Bretagne? Comment Ics generations ne se sont-elles pas transmis le depot du genie poetique de leurs peres, ainsi qu'on I'a pratique dans beaucoup d'autres pays qui out aussi peu de communica- tion avec les nations etrangeres? La poesie populaire de ces contrees constitue, pour ainsi dire, tonte leur litterature. La Bretagne seule ferait elle exception a cette regie gent'rale? J'aurais prefere, je I'avoue, I'examen de cette matiere inte- ressan'e a la discussion a laquelle M. Daru s'est livre dans le premier volume ue son histoire , pour savoir si la Bretagne a «te ccnquise par Clovis. Ce n'est pas que ce point ne soit tres- savamment traite, et qu'il n'ait une certaine importance, puis- qu'on I'a souvent remis en question dans la recherche du droit des rois de France a la possession de la Bretagne; mais on peut resumer la difficulte en peu de mots, en demontrant qu'il n'existe aucune preuve suffisante pour etablir que Clovis a subjngueles Bretons. Quant 11 la pretention de la couronne, c'est une question tout-a-fait oiseuse, puisque la Bretagne fait depuis long-tems partie du royauine de France, et que les Bre- tons ne reclament plus ni privileges, ni droits partieuliers. egard des documens trf;s-curieux qui , probablement , sent a jamais perdus. La partie geographique de ces charmans ouvrages n'a pu appartenir qu'a des auteurs qui avaient une connaissance pratique des lieux oil ils ont place leur heros. Les plages de debarquement, les petits ports , les Lameaux que les chevaliers parccuraient , existent encore sous les memes noms ; etcependant lis ne sont cites dans au- eun livre geographique , ni portes sur aucune carte. Ce n'est done qu'en habitant cette contree que les auteurs d'Amadiset de Tristan ont pu les connaitre et les decrire. II existe des vers, des romances, des contes en bas-breton. Plusieurs ont ete'publies. (iV. Ju B.) Crx SCIENCES MORALES. A la conqiiete de la Rix'tai,'iie par Cinvis sc rattacho une autre question du nicme genre, qui consiste h savoir si la Brelagnc fut donncc par Charles-le-Siniplc aux Normands, et si If roi de France avail le droit de faire cette concession. J'ai eu Toccasion de discuter moi-momc ces fails historiques (i), et je m'cslimc licureux de me rencontrcr sur plusieurs |)oinls avec Ic nouvcl historian de la Brctagne. M. Daru ne parait pas doutcr que le traitc de Saint-Clair-sur-Eptc , par Icquel Charles- le-Simple ceda, en 912, la Normandie aux pirates du nord , n'ait etc ecril , comme tons les actes de ce genre. J'ai eleve des doutcs a cet egard , et je n'ai decouvert aucun docu- ment qui prouval Tcxistcnce d'un Iraite ecrit, quelque inipor- tantes que fussent les stipulations convenues entre les Francais et les Normands. L'autcur a discute avec bcauconj) de sagacite ce fail remarqiiablc, ainsi que les pretentions de la cooronne et cclles des Bretons. II n'est pas facile d'arriver a une conclu- sion dans une affaire oii il existe si pen de pieces authentiques. lyi. Daru a cerlainement pese avec une extreme attention les raisons contradictoires, et a sainement juge les ecrivains fran- cais et bretons qui avaient, avant lui, examine la question du droit public de la Brctagne. C'est une justice a lui rcndre que de declarer qu'il a presquc loiijoiws puise aux sources originales, c'est-a-dirc cpi'il a compulse les chroniques et les annates des historiens du raoyen age. Pour les derniers siecles, il s'est servi aussi de materiaiix inedits , empruntes aux archives de Nantes. Les be- nedictins devaient beaucoup aux cartulaires des couveus; mais ils avaient pen fouille dans les archives municipales des pro- vinces, et il y a lieu de croire qu'elles recclent une foule dc pieces intcressanles pour I'histoire civile et commerciale. Au lieu de se copier successivement, les personnes qui ecrivent I'histoire d'une parlie de la France devraient consulter de parcils depots : ce sont des mines vierges dont Tcxploitation (1) Jlhtolrc des cxpedllions niaritlmes des Normands el dc Iciir eiahlissc- men' en France au dixieme sicclc. Paris, i8a6 ; t. 11. SCIENCES MORALES. 63 leur donnerait iin piodiiit abondant. A la fm de son troisieme volume, M. Daru a donne la notedes actes qui existent dans les archives de Nantes, relalivement aux demeles des dues de Bretagne et du clerge , durant le xiv^ et le xv* siecles. II aurait ete utile d'etendre cette note a tous les auties actes qui ont quelque rapport a I'histoire, de publier texluellement, comme pieces justificatives, les documcns inedits les plus importaus. Je dois encore louer le soin qu'a eu I'historien de citer les paroles et les discours des rois et des homnies d'otat dans le langage du terns; e'est un gage de fidelite hislorique, et un moyen efficace de reporter I'imagination du lecleur vers les terns passes. C'est au second volume surtout que I'histoire de Bretagne par M. Daru acquiert un veritable interet : alors s'engage la lutte sanglante et dramatiquc des comtes de Blois et de Mont- fort; les guerres des Anglais donnent du mouvement au recit; des caracteres comme celui de Clisson viennent surprendre le lecteur. Les dues de Bretagne, tantot ennemis, tantot amis, et allies de la France ou de I'Angleterre, ont besoin des bras et de I'argent de leurs vassanx pour souteuir leurs guerres; ils sont forces de 'oUiciter I'amitie des seigneurs et I'appui des villes, de les consulter ct d'agir par eux sur I'esprit du peuple. De la I'origine du parlement de Bretagne, qui a joue un role important pendant les dernicrs siecles. Au treizieme, deja les dues de Bretagne se servaient dc la formule : Nous accordons, nous et nos gentilshommcs de commune volonte. Aw quatorzieme, on employait cette autre formule : Jpres mure deliberation ct avis de nos prelats, barons et autres gens notables de notrc grand conseil, et du conscntemcnt expres desdils prelats et barons. Mais ce n'etait guere que lorsqu'il s'agissait d'impot ou de don gra- tuit qu'on avouait aussi solenuellement I'intervention de Taristocralie. Toutes les fois qu'on pouvait s'en passer, on se gardait bien de la consulter. Au xv« siecle, le conseil avait prls de I'extension. Ce n'etaient plus seuiement des prelats et des barons qui y siegeaient, mais encore des bannerets, des bachclicrs , des chevaliers ct ecuyers , des gens de chapitre et 64 SCIENCES MORALES. des bonnes villes. L'antcur a insorc, A la fin du second volume, de conrtcs dissertations siir radmission des deputes des villes aux etats, sur la levee des impots en Brctagne, et sur les reglemens des etats, dissertations extraites du droit public de la province. On y cite une chacte de Guy dc Thoars , comle de Bretagne, de I'an i2o5, ofi Ton fait valoir I'avis ct I'asscn- timent des evequcs, barons, vavnsseiirs et nos autres Iiommcs dc Bretagne; ce qui senible indiquer les trois etats. II en resulte- rait que , des le cftmmencement du xiii** siecle, les communes avaient siege dans le conseil provincial. Les trois etats sont designes expressement dans un acte du parlement assemble is. Rennes en i3i5; mais ce n'est qu'au siecle suivant que Ton voit les trois ordres constituer regulieretnent le parlement. Je placerai ici quelques remarques snr les observations de I'auteur, relativement au fameux combat des ircnte qui, seloii Froissartet les chroniques bretonnes, fut livre, en x35i , pres d'un chene, entre les pctites villes de Josselin et Ploermel. Trente champions bretons combattircnt aulant de champions anglais, et Ton ignore pourquoi. Ce combat est pour les Bre- tons ce que celui des Horaces et des Cnriaces etait pour les Romains. On conserve les noms des chevaliers /Jes deux partis; on connait tous les details du combat; on a eleve sur les lieux un monument aux Bretons vainqueurs; et tout recemment en- core, une academic bretonne a propose un prix pour le meil- leur poeme en leur honneur. II s'est pourtant trouve des eru- dits qui ont traite de fable I'histoire de ce combat, dont aucun auteur anglais n'a parle. M. Daru convient que les parti- cularites du combat ont pu etre inventees; mais il pense que le fait lui-mcme est incontestable, appuye, comme il Test, sur une tradition ancienne et universelle, qui selon lui, pent sup- pleer a des temoignages ecrits ; et il ajoute cette reflexion : «Ce serait un triste emploi de I'erudition, de ne la faire servir qu'a repandre des doutes sur I'histoire, et a detruire ces tradi- tions nationales qui entretiennent chez les peuples I'amour de la gloire et de la patrie. La verite avaut tout, sans doute; mais, si Ton aime la verite, le pyrrhonisme, qui a aussi ses SCIENCES MORALES. 65 nffirmatlons lu'eativcs , detruit la science elic-ni6me : ct que peul-il y avoir d'utile, par cxemple , dans les efforts de jc ne sais quel eiudif. qui a cntrcpris de prouver aux Suisses que GuilJaume Tell n'a jamais cxiste?) Je conviens, avec I'autcur, que ce scrait tuer riiistoire quo d'elever des doutes sur dos fails, sans motifs suffisans; reals M. Daru convicndra que la critique historiquc a precisement pour but d'examiucr et d'eta- blir la verite, et qu'elle ue pent ni ne doit s'embarrasscr du plus ou du moins d'interct qiw; peuvent prendre k un fait les peuples ou les provinces, ni s'en rapporter exclusivemcnt aux traditions nationales, ni rechcrcher s'il est utile d'admettre on de rejeter une (-royance devenue populaire. Jc doute que I'on ait entrepris de prouver que Guillaume Tell n'a point existe ; mais on a demontre que I'histoire de la pomme abattue a coups de fleche sur la tete de son fils est renouvelce des traditions scandinaves ; et eu cela, la critique historique a fait son de- voir. L'espece de colere que cette dissertation a faitnaitre chcz les Suisses n'a pu detruire la force des argumens. L'aclion du fameux bourgeois de Calais, Eustache de St.-Pierre, telle qu'elle est racontee par Froissart, est sans doute un bel exemple de devoiunent patriotique et un beau modelc a presenter aux citoyens; cc qui n'empeche pas que I'academicien Brcquigny n'ait bien merite de I'histoire, entirant de la poussiere des ar- chives de Londres des pieces qui prouvent que le hcros de Calais etait d'intelligence avec les Anglais, et qu'ilaccepta une pension d'Edouard (i). Le troisicme volume commence par le regne du due Fran- cois II, contemporain de Louis XI, ct qui obtint du pape le (r)Ilest peut-etreprouvequ'Edouard III fit une pension a Eustache de Saint-Pierre , en I'honneur de sa noble action, mais nullement pour cause tie trahison. li ue faul pas oiibliei- qu'a i'epoque de la reddition de Calais, le siege durait depuis une annce , qu'Edouard avait laissc ptrir contre les lignes les malheurcux 1i:iljitans chasses de la ville n defaut de vivres; que Jean de Vieime elait le commaiidaut de Calais, ct qu'il marcha la hariau cola la tete des six bourgeois. Eiit-il consenti a pnrtagor leur sort s'il les eiit connus pour des trattres.'' (A\ du ft.) T. xxxvi. — Orlobrc 1827. 5 C6 SCIENCES MORALES, privilege de ne pouvoir otic oxcomnuinio i I'avcnir. Le mi- uistrc Landois joua sous ce due im role brillant : on le Irouve incle a toiites Ics affaires importantes de la Breta;^ne; et , apres avoir long-teras abuse de la confiance illimitee de son niaitre, il finit par tombcr viclinie de la fureur populaire. A Francois II sueceda la celebre Anne dc Bretai!;ne , dont le rogne occupe avec raison une grande place dans I'ouvrage de M. Daru. Cc fut par le mariage de cette princesse avcc Charles YIII cpie la Brelagnc fut reunic a la couronne de France, et qu'elle pcrdit son antique independance. L'histo- rien contredit a ce sujet diverses assertions de ses predeces- seiirs. Gaillard a represente le mariage d'Anne de Bretagne avec le roi de France comme un sacrifice fait an salut des Bre- tons, et il croit que, par ce mariage, elle obtint la liberie du due d'Orlcans, qui I'aimait, dit-on , eperdumcnt, et qui finit par I'epouser, lorsqu'a son tour il monta sur le trone, sous le nom de Louis XII. M. Daru represente la princesse assiegee dans Rennes, voyant tout le territoire de Bretagne envahi par les troupes francaises, et n'ayant d'aulre ressource que Tac- ceptation du trone que le roi de France lui offrait a la tete de son armee. Quant au due d'Orleans , il etait sorti de la tour de Bourges un an avant le mariage de la princesse. M. Daru a consulte I'acte original du mariage conserve au Tresor cics chartres , et n'y a point trouve la clause relative i la succes- sion de ses enfans au duche de Bretagne, que Ton a intercalce dans les copies. « Aucune clause de ce contrat, dit I'auleur, ne regie les droits des enfans qui doivent nailre de ce mariage. On ne pent supposer que ce soit un oubli, et on est autorise a con- jecturer que ce fut une omission volontaire de la part des mi- nistres de Charles VIII... Si Anne n'eut laisse que des filles , la couronne de Bretagne eut incontestablement appartenu a I'ainee ; mais c'est probablement parce qu'il n'y avail pas moyen d'eludercet aveu que les ministres de Charles VIII eviterent de parler des droits des enfans dans le contrat de mariage, s'en remellanl a la superiorite des forces du roi futur pour retenir une si importante possession... Il fallait qu'Anne de Bretagne SCIENCES MORALES. 67 fut dans une situation bien critique lorsq'i'elle donna sa inaiu a Charles VIII , poirr n'avoir pas fait stipuler les interets de scs eufans et le sort de son diiche. >> Cost de I'epoque o{\ la jeune reine, agee de quinze ans , belle, instruite , spirituelle ct de moeurs tres pures , vint briller a la conr de France , que M. Daru date la passion du due d'Orleans pourejle. Sept ans apres, cette princesse, devenuc veuve, donna sa main k celui qui I'avait aimee avec tant de Constance, et elle supplanta sur le trone lepouse legitime de Louis XII, qu'on abreuva de degouts et dc chagrins pour la contraindre au divorce, apres une union de vingt-deux ans. Montee pour la seconde fois sur le trone de France, Anne developpa son caractere imperieux. Elle parlit pour la Bre- tagne pendant une maladie du roi, afin de s'assurerla posses- sion de cette province ; et comme le marechal de Gie osa faire arreter sur la Loire les bateaux qui portaient ses bagages, elle voua a ce marechal, fidele a son maitre ct a la France, une haine implacable, et lui suscita un proces criminel. Elle vonlut marier sa fille Claude a Charles d'Autriche, et lui donna en dot la Bretagne. Mais les deputes aux etats generaux de la province presenterent requete au roi , pour le supplier de ne point souffrir que la Bretagne passat sous la domination d'un prince elranger. Le mariage projete fut rompu, en depit de la reine , et sa fille fut unie au jeune due d'Angouleme, que Madame Anne ne pouvait souffrir. Apres le regne de Louis Xll el d'Anne de Bretagne, la reine Claude ceda son duche a Francois I**", son epoux ; et ce prince opera la reunion definitive de la Bretagne a la couronne dc France ; reunion que le roi fit solliciter par les etats nieme de la province, mais sur laquelle la ligue ne tarda pas a revcnir apres I'extinction de la race ties Valois. Les guerres de la ligue firent de grands ravages en Bretagne. La ville de Saint-Malo, profitant des troubles, se separa de I'autorite royale , et se gouverna quelque tems en republique. Get episode est un des faits curieux sur lesquels M. Daru a en tort, ce me semble, de passer aussi legerement; il est raconte 5. 68 SCIENCES MORALES, avcc plus do details ct d'inlcrct dans d'aulrcs ouvragos, cntre aiities dans VHistoirc dcs dues dc Brctague ; Paris, 1 739. N'estco pas iiu evenemenr, en cfftt, vemarquable que cctlc polite revo- lution duraut laqucUe les bourgeois d'uiie ville domincc par un chaloau royal inedileiit ot cxoculont I'assaut de la fortercsse, tucnt le gouvcrneur qui les avail traites avec inhumanile, orga- nisent un gouvernomcnt domocratique, so monagent des intel- ligences au dehors, et rcussissont k maintenir lour indi'pcndancc jusqu'a ce que Henri IV eut pris les rones de I'etat ? Sous les regnes suivans, la Brctague n'est plus unc province indopendante; ellc n'a plus d'histoire particuliere : i\ peine quclquos insurrections rappellent-ellcs le caractcre prononce des ancicns Bretons. M. Darn passe rapidement sur les deux dernicrs siccles. L'epoque de la revolution francaise n'y oc- cupc nicrae aucune place. Peut- otrc ueanmoius la maniere dont cette revolution se manifcsfa en Bretagnc devait moriter I'at- tention de I'historiea; la federation bretonne surtout est un evenement trop remarquable pour ttre oublie dans unc liis- toire complete de la Bretagne ; j'ignore le motif qui a decide M. Daru a tant de brio veto au sujet des ovonemcns modcrnes, ou plutot ce qui I'a determine a ne point s'en occuper. Cost un defaut ou une lacune dans son ouvrage. L'auteur termine par quelques roQexious sur la situation morale de la population bretonne ; je crois devoir en citer une partie : « Francs , braves , laborieux , economes , mais melians et obslinos dans lours prejuges, les Bretons ont resislc au froltemcnt, et ne se sont point polls par le contact des autrcs pcuplcs. Les routes, les canaux, les etablissemens pu- blics, sont encore chcz eux fort loin de I'etat de perfection ou ils sont porlos dans les autres provinces du nieme empire; il ne serait pas juste d'cn rejeter enliorement la faute sur la negligence ou le machiavelisme dc I'administralion. Il est pos- sible sans doute qu'un ministre se soit cru un habile homine d'etat, parco qu'ii laissait ce peiqilc dans I'ignoranco; mais il faut couvenir que le-; Bretons s'v protaiciit morveillousenicnt, Peut-i'tre faut-il aiissi attribuer une part dans ees doplora- SCIENCES MORALES. 6y bles resiiltats h line autre cause qu'on n'a pas assea observee. Apres avoir passe plusieurs siecles sous le regime feodal , pins di\r chez eux que dans Ics provinces voisines , ces peu- plos etaicnt tombes sous le jong aristocratique. Les seigneurs avaient affaibli le pouvoir du souverain. lis hii faisaienl la guerre, ils dominaienl dans les etats ; et apres la reunion, s'ils avaient perdu leur influence dans le gouvernement , ils avaient conserve de grands privileges et la preponderance dans I'administration. L'assiette des irapots, la distribution des deniers publics, toute IV-conomie interieure etait dans la main des nobles et des eveques; or, il n'est pas de la na- ture de I'aristocratie de favoriser le developpement de I'iu- telligence dans la classe inferieure. » Il est inutile de faire remarquer le merite du style de cet ouvrage. On y relrouve la force et le naturel de la dictien de I'histoire de Venise , depuis long-tems appreciee. Quanta I'cs- prit qui doniine dans cette histoire, c'est le sentiment d'un homme eclaire et profondcment instruit , qui discute savam- nient, qui expose les fails sous un jour lumineux , et qui n'apporte dans ses opinions sur les cvenemens passes aucun des prejuges qui defigureut la plupart des histoires de pro- vinces; un anteur penetre des lumieres du siecle , comnic M. Darn , sait s'affranchir de cclte rouillc des vieux terns. Dkppino. Histoire dusoulevement des Pays-Bas sous Philippe ii , KOI d'Espagne, tradiiite de V allemand deY . ScHiitEH , par le marquis de Chateaugiron, membre dti conseil general du departemenl de la Seine (i). Ce n'est pas la premiere fois que cet ouvrage de Schiller pa- rait dans notre langue. Duj^, en 1821 , M. de Cloet en avail public, a Bruxelles, nne version fian^aise; aiais le traducteur, (1) Paris, i8i7 ; Saulelctctcompagiiie. s vol. iii-8" ; prix , 12 fr. 70 SCIENCES MORALES, fervent catholique, s'etait present d'avaiice d'omettrc toiifea les pages, ies phrases, les membres de phrases ou rauteur alleiiiand adrcssc des reprochcs i Teglise roniaine et des eloges ail proteslantisnie. U ne nous appartitut |)as d'appri'cier ici les seriipules de M. de Cloet; niais tant de circonspcetion nous etonne sous I'eiiipire dun roi protestant, et a une cpoque ou les gouvernemens raisonnables tolerent I'expressioii de toutes les opinions religieuses, et laissent meme aux Juifs la permis- sion de nier la divinite de Jesus-Christ. Toutefois, pour mettre nos lecteurs en etat de juger jusqu'a quel point la conscience du traducteur flamand est timoree, nous citerons I'un des pas- sages qu'il a cm devoir supprimer : « Malgre les formes ri- dicules que les reformes donnaient a ces \iolcntes attaques contre I'eglise dominante , quelques eclairs de raison y bril- laieut parfois, et plus d'un auditeur, qui etait bien eloigne d'etre venu u ces reunions dans I'intention d'y chercher la verite, en emportait peut-etre une parcelle h son insu. » [Livre iii, chap. 3. ) M. de Chateaugiron n'a ricn vu d'offeu- sant pour la religion catholique dans luie apologie si moderee de la reformation ; et d'ailleurs il a compris avec raison que la premiere obligation d'un traducteur est de reproduire avec fidelite des sentimens et des opinions dont I'auteur seul de- meure responsable. La nonvelle version , plus correcte et plus elegante que celle de 1821 , est done aussi plus complete; elle rcproduit tout Schiller, et les pages qu'elle lui restitue ne compromettent aucunemcnt sa reputation d'imjxirtialite. Si, en traduisant quelqu'un des historicns catholiques qui ont raconte les troubles des Pays-Bas, un protestant s'avisait de refrancher tout ce qui blesserait ses affections politiqucs ou religieuses, il est probable qu'il reduirait les quatre tomes du jesuite Strada a quelques feuilles, et I'ouvrage du cardinal Benlivoglio a un volume. C'est surtout en etudiant I'histoire dune revolution qu'on a besoin de lire tour a tour les ecrivains de I'un et I'autre parti, de comparer leurs rccits, d'en examiner les sources, d'en re- cherclier les preuves. On est assez averti de la parlialite d'un SCIENCES MORALES. 71 jesiiite ou de celle d'un gueux dans celte grande liitle du pa- triotisine hollandais contre la tyrannie dc Philippe II, pour se tenir en garde contre les insinuations , les declamations, les mensonges de I'un ct de I'autre; niais il n'en faiU pas nioins louer Schiller de son attention a eviter tons les pieges tendus k sa bonne foi. Telle est sa reserve, nous dirions presque sa timi- dite, qu'il sc defie plus de ses propres affections que de celles de Strada, ct qu'il lui arrive souvent de juger avec plus d'in- dulgence les inquisiteurs que leurs victimes. En parlant de cer- tains hommes publics qui ont sacrifie sans cesse a leur cupidite ou a leur orj.]ueil les interets de la ])atrie, il use a Icur egard de tant de menagemens ou de complaisance qu'ils prcnncnt sous ses pinceaux une attitude noble ou here , des formes presque honorables que les historiens catholiques nieme ne leur ont pas toujours pretees. L'auteur allemand leur accorde du genie, sans dire assez que c'est un genie malfaisant au service de la tyrannie. Peut-etre Granvelle, si on ne I'eut pas fait cardi- nal, Viglius, s'il n'eut pas ete president, auraient-ils conserve assez d'independance et de liimieres pour contribuer a I'af- franchissement des Pays-Bas, ou pour les preserver de quel- ques infortunes; mais , decides tous deux a s'avancer dans la carriere des honneurs, ils renoncerent ci lout scrupule qui leur en aurait ferme I'entree; et, serviles instrumens du roi d'Es- pagne, ils firent le mal par obeissance , proscrivirent san? colore, et massacrerent sans plaisir. Schiller nous semble se tromper encore quand il prete a Berlaimont un aveugle en- thousiasme pour ce pouvoir absolu qui sans doute degrade les caracteres et fletrit les talens des serviteurs qu'il soudoie, mais qui n'a jamais de partisans fanatiques. Le zele du comte de Berlaimont n'etait que I'envie de conserver des dignites lucra- tives, et d'en procurer a chacun de ses enfans ; il en avait beaucoup, et son devouement grandissait avec eux. De tout tems, et meme en ce seizieme siecle, ou I'energie des vertus et des vices ne laissait presque aucune place a I'hypocrisie, on a vu trop d'hommes publics se croire obliges d'etre mauvais citoyens, parce qu'ils etaient peres dc famille. 7 a SCIENCES MORALES. L'hisloire ne fouruit pas d'cUo-meme tous Ics details doiil Schiller compose ses portraits; mais accuutume, dans des pro- duclions drauiatiques, a nc poiat presenter dc i>crsoni)ngos et a uo point laisser de caractures indecis, il cede volontiers a cetlc habitude en ecrivant des annalcs, et consent ainsi a res- lir moins vrai pour devenir plus pittorcsfjue : il sacrifie la lidelile (jii'on attend de lui aiix effets qu'il vcut obtcnir. De la , des physionomies nouvellcs pretees a des pcrsonnages aupa- ravant niieux connns, et de fausses coulcurs appliquees parfois auxevenemens quioiivrent I'histoire dela revolution fl;tmande. Souvent ineme le poeie efface tout-ii-fait I'historien. Ouaiid, a propos d'unc multitude qui court a la rencontre du prince d'Orange arrivant a Anvers, Schiller nous dit que « des figures iiumaines scmblaient sortir lout a coup des haies, des murs, dt;s cimetieres, et menie du fond des lombeaux, » (liv. ni, c. 3), n'est-ce pas le style et la licence de la scene romantique? Loin de nous pourtant la pensee de reprochcr a cet ecrivain les figures, quoique si hardies, dont it parsenie sa diction histo- riquc : mais cette imagination si riche qui colore ses recits, qui en varic les teintes, devait-il la prendre pour une source de rinstoire elle-meme, et y puiser avec tant de libet te les details qui lui conveuaient pour achever ses portraits et completer ses narrations? U s'en faut que Schiller eut etudie, on meme connu tous les historiens qui avant lui avaient raconte le soulevement des Pays-Bas ; c'est ce qu'attestent les notes souvent importautes et toujours judicieuses deM.de Chateaugiron; cependaiit ,^cc Iraducteur ne fait pas liii-meme mention de quelques relations originales qui lui auraient fourni les moyens soit de confirmer, soil de rectifier les recits de son aiiteur. Nous signalerons par- ticulierement X'Histoirc des Pays-Bas dcpiiis i^6oji contestation : ellcs sc fondent toujours neccssairemcnt sur qiielqiie chose d'hypolhctique. Malgre toute i'erudition que raiileui- emploie ales proiivcr, ct encore bien qu'il parvienne a les faire paraitre vraiseinblables , quelques lecteurs n'y verront peut-etre que d'ingenieuses et savantes conjectures, et jo n'osc- rais nioi-meme affirnier qu'cllcs soient toutes cxactes. Le voile de I'antiquite pent, memo en so decliirant , tromper encore les yeux de I'observateur le plus eclaire. Un pareil inconvenient n'est point a craindre dans le tableau de I'tpire moderne. II ne s'agit plus ici de conjectures, mals d'observations positives. Aussi I'auteur nous fait-il parfaitement connaitre cette belle et malheureuse contree. II dccrit avec netlete Its chaines de montagnes qui la bornenl ou la divisent, le partage des eaux qui coulent de ces hauteurs pour la fertiliser, les differens climats qu'on y rencontre, et tout le littoral de la mer qui la baigne. A ces r'echerches sur la geographic physique, il reunit tons les elemens d'une statistique complete, c'est-a-dire les notions les plus certaines sur les divisions territoriales elablies par legouvernement civil, sur les circonscriptions ecclesiasti- ques, la population, la situation et I'etat des lilies, des villages, des routes; sur les revenus, sur les impots, sur rindustrie,sur I'agricuUure. Souvent ses relations sont si precises, qu'en le suivant dans ses doctes excursions, ou se rend compte de la forme meme des objets; on croit apercevoir les moindres accidens du terrain. Toutefois , son livre n'offre point cette sorte d'aridite que presentent d'ordinaire les ouvrages du meme genre. Il niele froquemincnt aux descriptions scientifique des souvenirs pleins d'intorot, des rapprochemens heureux. Is marche sans cesse entre des tableaux de deuil el des vestigesl de gloire. Les fureurs des despotes ont jalonne sa route de monumens si hideux, que, pour rester observateur fidele, il doit devenir ecrivain passicnne. J'en citerai un extmple. M. Pouqueville est conduit par ses recherches dans la ville de Cardiki, dont ou sait que lo visir de Janina fit massacrer lous les habitans. « .I'avais visite, dit-il, cette ville florissaute; j'avais conuu 78 SCIEINCES MORALES, ses families patiiciennes isnics par les liens du sang aux pre- mieres maisons tie I'Epire; j'avais ete temoin de ses malheius recens, quand j'en opprochai pour la seconde fois; et malgrt- la resolution que j'affectais, je fus frappe de terreur en y entrant. Je frissonnai en voyant les niosquees abandonnees, les rues descries et silencicuscs, et le deuil d'une ville entiere privee de ses habitans. Les pas de nos chevaux etaient les seuls bruits, nos voix les seules intonations auxquelles I'echo endormi repondit en se reveillant du fond des tombeaux. Par- tout se presentait I'image de la desolation, ouvrage du satrapc de rilpire. Les bains publics ouverts, les portes des maisons brisees, des pans de mur ecroules, des rues incendiees, et pour etres vivans quelques sinistresjacals, ou des chiens deve- nus presque sauvagcs, qui, par leurs luirleniens, paraissaient nous demander leur maitre et invoquer la pitie : voila ce qui restait de Cardiki. Nous nous assimes, comme dans le desert, aupres d'un puits, d'oii mes regards se porterent tristenient sur I'horizon, dont je comparai I'aspect au releve que j'eu avais fait dans des teins plus heureiix. » (T. ii, p. 24.) Apres nous avoir fait parcourir les diverses contrees de I'Epire, M. Pouqueville consacre deux chapitres a des apercus generaux sur cette province. 11 ne donne que conimc un essai ses observations sur la mineralogie; cependant elles peuvent etre utiles. Mais, ce qu'ou verra ecrtainement avec plaisir, c'est la peinture des treniblemens de terre si frequens dans la vallee de Janina , le tableau du changement des saisons et de I'etat de la canipagne aux differens niois de I'annee. On ne pourra surtout lire sans emotion tout ce que J'auteur raconte de la misere des paysans epirotes, el de I'oppression qui pesc sur eux. En passant de I'Epire dans les autres provinces grecques , M. Pouqueville nous avertit qu'il n'a eu pour les etudier ni le meme loisir , ni les niemes facilites. Une politique soupeon- neuse lui a refuse I'aeces de certains pays; et pour completer son travail, il a ete force de joindre a ses observations per- sonnelles cellcs des voyageurs qui avaient le mieux connu ce SCIENCES MORALES. 79 qu'on I'empechait de voir. Ainsi, dans la Macedoine, ses reconnaissances paiticulieres s'arretent a !a vallee de la Devol : mais un observatenr eclaire Iiii a fourni les niateriaux neces- saires pour achever la description de I'lllyrie macedonienne et de la Dassarettie; le fils aine de M. Barbier-Dubocace lui a lemis un itineraire de Thessalonique a Pella ; et son frere , M. Hiigucs PouQUEViLLE, Ic rccit d'un voyage a travers la Bosnie et la partie septentrionale de la Macedoine. Ailleurs, il s'est seivi de documensempruntesa MM. Holland, Gell,Dodwell et Smart Hugues. Enfiii, dans la description de I'Argolide, de I'Arcadie et de la Laconie, il cite des fragmcns pieins d'interet qui doivent faire partie de la relation d'un Foyngc dans le Levant, dont M. Amhroise-Firmin Diuot a piiblie, il y a deux ans, un premier volume remarquable par des reflexions ini- portantes sur les lieux, les hommes, les institutions, par des vues gencralement sages , quelquefois etendues , et par le talent de decrire reuni a celui d'observer. Tons ces precieux secours ont permis i M. Pouqueville de nous offrir le tableau de la Grece entiere. Mais il n'est pas une seiile province du continent dans laquelle ce laborieux voya- geur n'ait fail lui-meme de savantes recherches, et dont il ne decrive certaines parties avec autant de soin, de precision et de details qu'i! en a mis dans la peiuture des contrees de I'Epire qu'il avait le |)lus frequentees. Je citerai, par exemple , ses des- criptions du fameux vail«n de Tempe, de la ville de Nauplie, et des ruines de Corinthe. A ces itineraires si varies succedent des morceaux d'un in- teret plus general et plus puissant encore, ovi il examine- et jnge les diverses nations qui liabitent les lieux dont il vient de tracer la statistiqiie. Apres avoir etudie I'Epire et la Macedoine, il s'arrete pour rechercher I'origine des Albanais ou Schype- tars qu'on rencontre principalement dans ces deux provinces, et pour nous faire connaitre leurs usages, leurs moeiirs, ainsi que le caractere physique de leurs differentes peuplades. Rieo de plus curieux que tout ce qu'il raconte de ces barbares qui tiennent a la fois de nos aieux du moyen age et des sauvages de I'Ameriquc. 8o SCIENCES MORyVI-ES. Le dernier volume est rcmpli pn-sque en enlicr par Ic ta- bleau (le la legislahon, des croyances rcligiciises, dcs moeurs ct do rediication chez les deux penples qui sc disputent la Grece... Au nionienl ou les Grccs sc preparaient a prendre place parini les nations, loutes les nations devaient desirer de voir paraitie un ouvrage capable de fixer leurs idees sur le carac- tcrc du pe;iplc nouveau qui, naissant i la liberte, sous les auspices de la victoirc, venait augmenter la grande famille curopcenne. M. Pouqueville retrace la vie morale ct intellec- tuelle des Grecs jusque dans les moindres details. Adminis- tration civile ct religieuse , croyances, prejuges pOpulaires , habitudes , inclinations , travaux de i'agriculturc et de I'in- dustrie , i! fait tout passer sous nos ycux. Aucun livre sur cc sujet n'offrc autant d'instruction , iic rassemble autaut de fails. Mais il est certains points sur lesquels je ne puis ctre d'accord avec I'auteur; et je crois devoir discuter ceux de ses recils ou de ses jugemens qui me paraissent exageres ou inexacts. J'ai vu souvent des hommes inipartiaux s'appuyer sur son temoi- gnage dans les reproches qu'ils adressaient aux Hellenes , ct se prcvaloir d'autant plus de son opinion que personne ne pouvait mettre en doule ses intentions gencrciiscs. On me par- donuera, j'espere, de donner quelque etendue a cctte panic de mon analyse. Pour commencer par Tobjel le nioins important , il me semble que M. Pouqueville s'exprime d'une maniere beau- coup trop gencrale, en assurant qu'ow refuse aux jeuncs Greccpies les premiers eleinens de la lecture ct de I'ecriturc. Je ne citerai , pour le eombattre , que des aulorites bien connues. M. Edward Blaquiere a rencontre on Grece plusieius jeunes filUs qui possedaient au moins ces faibles conimencemens d'ins- truction. M. Ambroise-Firmin Didot a vu , dans Cydonic , une jeune Grecque qui parlait le fnincuis , I'italien , et le grcc ancien le plus pur, i\m' savait parfaitement les malheiiiatiques , et s'occupalt... de V etude des sections coniques de Nei\'ton (i). (l) Aolcs (I'uri Voyage dans Ic Kcvari/ , page '>75. SCIE^XE.S MORALES. 8t Enfia , le veiu'-rable M. Coia'i , dans son Mcinoire stir I'etat de ia civilisation en Grece , public il y a vinyt-quatie ans , dit expressemcnt : Les riches... donnent une education plus soignee a Icurs cnfans , sans en excepter ceux du sexc , exclujusqu'ici de toute espccc d'instruction , commr, il ctait exclu du commerce memc Ic plus innocent aire les hommes. M. Potiqueville a done rapporte comme encore esistant iin usaj^e dont on s'est t-carte depiiis bien des annees. Ne inontre-t-il pas aussi une exces- sive severite lorsqu'il nous dit que la conscience nationale des Grecs leurfait rcgarder I'usure ct la fraude comme des moyens licites de gain (tome vi , page i85) ? Quant a I'usure, on doit remarquer que Ic nienie taiix d'interet , qui parmi nous serait monstnienx , pouvait n'avoir rien de revoltant dans un pays ou le caprice d'nn despote menacant toujours toutes les for- tunes, rendait immenses !es risques da preteur. Mais aiicune circonstance ne peut excu?cr la fraude, ct il me scmble bien difficile q^ie la conscience dune nation n'y voie qu'un moyen licite de s'enrichir. M. Pouqueville n'aurait il pas ete induit en erreur par des rappoits qn'oiit multiplies, de toutes parts et deptiis long-teins, des rivalites commerciales ? Dans tous les cas , je me plais a reproduire ici un temoignage a decharge queje n'ai jamais entcndudementir. « Lescapitaines liydriotes, dit IM. Cora'i (ouvrage deja cite, page 28), ne connaissent guere , dans leur cabotage de I'Archipcl , ce qu'on appelle dans le commerce les connaissemens. On leur confie des sommes considerables d'argent monnoye dans des sacs notes de la marque des proprietaircs, et accompagnes d'une simple letlre d'avis. Arrives au lieu de leur destination , iis distribuent les icttres et les sacs; et loin qu'on cite aucun exemple de mal- versation , il est arrive que des sacs d'argent restes , faute de reclamation, pendant deux et trois ans dans la caisse du capi- taine, ont etc rendus , au bout de ce terns , aux proprietaircs dans le meme etat qu'ils avaient ele consigncs. « Dn reste, M. Pouqueville rend frequemmenl liommage a la valeur, a la coastance dans la foi ualionale , a rintelligence na- turelie qui dislinguent les Hellenes. Mais il me semble qu'on r. xxwr. — Octohre 1827. 6 8a SCIENCES MORALES, ne pent donncr ime idi'-c bicn cxacte do la physionoiiiio mo- rale des Grccs, si on les considerc comme une seide nation. Qu'on juge en masse les Fran^ais, les Anglais , ou tout autre pcupio doiit une administration unique , des positions uni- formes out fait un cnsemlilc en quclque soite homogene , a la bonne lieurc : on prut arriver a des resuiiats (jui ne s'e- loignent pas trop de la verite. 11 n'en est pas ainsi do la Giece. .le persiste du moins a croire , comme jo I'ai dit alUcurs (i), que , poiu- bienjiiger les Grccs, il faiit les divisor en trots classes : ceitx fjid out ete snuvent mis en contact avec I'etrangrr par les humiliations ct le po avoir qu'ils en recevaient ; ccnx qui ne Font approclie que dans les combats qu'ils soutenaient contre ltd ; enfin , ceux qui ne I'ont connii que par les malheurs qu'ils sup- portaient rn silence. Cos trois classes ferment comme trois na- tions distincles que des positions soeiales enlieremont diffe- rentcs ont singidierement modifioes , et qu'on ne peut reunir sous un meme point de vue. II n'y a prcsquo ricn de commun enfre le pavsan des plaines qui ne se relevait de sa patience limide qtu- par sa resignation an martyro , et ces peupiades belliqiieuses qui, ne pouvant plus dtfonclre les licux d'lm facile acces , so refugierent dans les montagncs, comme relite d'une garnison , forcec de quitter une ville en mines , se retire dans la forteresse avec sa gloire et son drapeau. Cost surtout a I'egard de ces braves , que le savant auteur me parait lout au moins severe. Il me saura gre lui-meme, j'en suis siir, de combaltre quolqnes-uncs de ses assertions , et de clu'rcher k dissiper I'obscurite que des expressions contradic- toires pourraient jeter sur quelques autres. La plus fameuse des peupiades independantes est, sans contrcdit , celle des Souliotes. M. Pouqueville a celebro avec enthousiasme les Rol- zaris et les Tsavellas dont ses recits ont repandu la gloire. Copondant , je ne puis souscrire au jngement qu'il porte de lours compalriotos. II seuiblerait n'accorder anx anciens liabi- lans de Soldi d'autre morite que la valour. La barbaric des (i) Dhcours i>rcli'>iiiiairc de l' Histoire da sie^c dc Missohmghi, page 47. SCIENCES MORALES. 83 Souliotes , (lil-il, Icar xenelasie , leiirs mceurs devastatrices , n'eii fircnt , au lieu de Uberatcurs , qu'un corps arine de brigands. Lti bravoitre ctait seule honorcc parnti cit.v , etcettc qnalite vulgairc , qui appartir.nt au pdtre coinine an herns , tenait lieu de toutes les verius qu'ils ne connaissaient pas (tome ii , p. 229). Leur re- pnhlique , voyons-nous plus loin , u\;tait qti'une anarchic. Des i'Miitu'e 1790, line difference enonne s'etant etablie entre les fortunes, les plus riches soadoyerent des partis , et... la portr fut onverte a la. corruption et aux crimes qui en sont insepa^ rabies. « Ne croirait-on pas , d'apres cc pussage , que les Souliotes , en 1790 , ressemblaient a ces peuples de nos jours ou toutes les idees noblas et patriotiques ont fait place au seul amour de i'or? L'auteur ne parait-il Kieme pas les placer au-dessousde ces nations degradees, sihonteuscment semblablesauxRomains du Eas-Empire? Eh bien , c'est surtout de 1790 a i8o3, que les annales de Souli rappellent I'histoire des plus beaux siecles des grands penples de I'antiquite. II s'est trouve des traitres dans Souli , je ie sais : mais la du moins ou les compte; y a-t-il beauooup de nations moderues ou Ion poisse les compter? Bien loin que la valeur fut la seule vertu des Souliotes , ou tiouver ailleurs taut d'exemples de desinteressenient , de fide- lite a sa parole , de devoiiment , de const, mce et de grandeur d'ame ? EuQti , une peuplade anarcliiiiue ;uuaitelle pu , quelle que flit sa position , resister si long-trms aux forces et a I'astuce du visir de Jnnina ? Apres les vingt annees de cette iutte terrible , apres les mas- sacres qiii suivirent la trahison, apres dix-sept ans d'exil , les debris de la population de Souli ont reparu dans la Grece , au premier cri de liberie. Cette population est niaintenant presque eteinte. Mais, avant de descendre au tombeau, elie a imprime une trace immortelle sur tons les monumens de ia nouvelle gloire des Grecs. Elle a consacre par son sang tons lenrs triomphes ; par sa coustance, tons leurs malheurs. Hommes , femmes , enfans, ont toujours ete au premier rang, contre I'ennemi, contre la faim , centre les dissensions in- 6. S4 SCIENCES MORALES, teslines. Quel est le Grec moderne que I'Europe entierc a sahie •hi nom de Leonidas? nn Soiiliote. Quels sonl, avec Nikitas, los chefs que I'accusation , vraie ou faiisse, de rapacitu , n'a jamais alleints ? des Souliotes. Qui balanca , sous les murs de Neocastron la baionuettc et rarlillerie legere dcs Egyptiens ? dcs Souliotes. Qui cnuvrit de pins de lanriers los bieches de Missolonghi ? des Souliotes. Qui commandait a Clissova ? un Soiiliote. A qui le gouverncment s'adrcssa-t-ii pour reptimer la turbulente ambition de Colocolrotii? aux Souliotes. Certes, il failnit qu'il y e"t quckpie chose de bien grand et de bicn noble dans les institutions qui ont forme cette heroiqiie peu- plade, rcgardee, en Greco meme, conime !a Hour de la popu- lation helleiiique. Quant aux Klephtes, qui ne fonderent point , comnie les Souliotes, nn etat libre au milieu de la Grece asservie , niais qui firent de ses montagnes des camps de refuge pour son hoimeur et son avcnir, M. Pouqneville les apprccie beaucoup niienx. Je n'ai point ici a le combaltre , mais seulement ;i fixer I'altention sur les passages ou il Icnr rend une complete jus- tice. Cette precaution me parait necessaire pour empecher le mauvais effet que pourraient produire d'autres endroits de son livre dont les expressions risquoraient sans cela d'etre inter- prctecs d'une maniere trop defavorable aux guerriers de I'O- Ivnipe ct d'Agrapha. Dans la premiere edition de son Voyage, il avail neglige leur histoire. Une enumeration honorable, mais rapide , des exploits de lenrs chefs les plus fameux se perdait au milieu des details siu' la nation soumise. Continuellement occupe de la Grece esclave , le lecteur apercevait a peine la Grece inde- pendante qui n'a jamais oublie ces nobles paroles de Thucy- dide : Le bonlwur est clans la liberie , la liberie dans le courage. Des expressions pcu mesurees achevaient de donncr une idee peu juste de ces guerillas de I'Olympe , aussi digues des re- gards de I'histoire que celles dont se couvrirent les rochers des Asturies , au moment ou le croissant dominait sur les plaines espagnoles. De nouvelles reflexions, produites pcut-etre par SCIENCES MORALES. 85 la lecture de I'excellent discours de M. Fauriel (i) , ont engage rauteiii- a remplir cetlo lacniic dans I'edition qu'il vient de publier. II coiisacre aux Klephtes un chapitre tout entier, le quatrieme du livre onzc. La , il lemnnte jusqu'aux tenis Ics phis recules, ou les rochers de la Grece devinrent le refuge d'une ])artie des esclaves qui, n'ayant plus, apres l("ur fuite , d'autre naoyen de subsister que le brigandage , fureut coutraints de s'y livrer. II etablit une grande difference entre ces esclaves fugitifs et les Grecs qui se retrancherent dans les montagnes pour echapper au joug de Rome victorieuse ; il demande avec toute raison quels etaient Ics vrais brigands , des Roniains ou des montagnards da Parnasse, de I'OEta et du Cytheron. Lorsque Sylla , dit-il plus loin , eut reprime I'insurrection de la Grece fomentee par Mithridatc , les Klephtes , repousses de la terra , s'elancerent sur les mers. Dela, ccfte multitude de pirates que Pompee fut oblige de combatlre. Apres I'etablissement du chris- tianisme dans la Hcllade , Ics persecutions de Licinius refou- lerent les chreliens dans les ca vernes. Leur secours fit trioinpher Constanlin et le Labarum. L'invasion des croises francais doubla le Dombre des Klephtes. Ce fut bien pis encore sous les Tnrcs. Les chretiens restes dans les plaines furent forces de subir le joug. lis se trouverent dans une attitude Jaasse que des vojageurs sans discerncment prirent pour de V abjection. « Les Grecs, poursuit I'auieur, etaient, a entendre ces de- tracteurs de I'infortune , un accident disparate et profane jete mal a propos au milieu des ruines de la Hellade. Mais , s'ils avaientose porter leu rs regards vers les montagnes de la Sel- leide , du Pinde , du Parnasse , de I'Othrys et de I'OEta , quelle eut ete leur surprise? lis y auraient appris que I'autoritc- meme de I'eglise a echoue contre ces superbes courages , chaque fois qu'elle a voulu s'interposer pour les rappeler au joug de robeissance des sultans... Quand les caloyers ou les pretres , (i) Voyez le Discours preliminaire du Recuell des chants popitlaires de la Grece moderne, avec la traduction francaise en regard; Paris, iSs.i ct 1825. a vol. in-S". 86 SC1K\CKS MORALEvS. qui Ics guidaiont aux combats cOiitro les Turcs , etaicnl, aiiisi qu'eux , frappi's d'analhemes, ct menaces de I'eufer el d'appa- ritions siiiistres, leurs lapsodes rupondaient aux excomniuni- calions en disant comnie Polydamas : «Je nc suis pas arrete par des ciaintcs vulj^aircs , ct je n.'iiiqniete pen si les oiscaiix volent a droite vers I'auroie , dii cote du soleil , ou a gauche vers le couchant , sejour des tenebres... le meillenr des augures est de conibattre pour la palrie. » Ce fut de ces bandcs que se composerent les Armatoles dont les soldats conserverent cependaut le uom de Klephtes ou voleurs... Ce fut a tort quo Lascaris , temoin des des istrcs de sa palrie , ordonna de trans- criie sur son lombeau eleve en Sicile , qu'il n'y avail pas dans la Grece un coin de tcrre qui fut digue dc doiiner la sepul- ture a un homme libre ; il y cut lonjours des citoycns armes ct des cantons independans... Ces braves, ou Palicares, can- tonnes dans les rochers de la Selieide, de rAcrocernunc , du Pinde , du Parnasse , du Taygetc , sans se rallier aux drapcaux de Vcnise, avaient conserve des cantons libres oh ils s'organi- serent sous des chefs niilitaues qui furent appelcs capitainc.t dans I'Acroceraune, polemarqucs chez les Souliotes qui etaient partages en phares; Kephalades parmi les bandes du Pinde ; chefatains dans le Peloponese. Leurs soldats, counus d'abord sous la denomination de Stratiotes et de Palicares , ne s'cnor- gueillirent que plus tard de ccUe de Klephtes ou brigands , qui ieur fut donnee par le gouvernement turc : c'est vers I'annee i56o qu'on les trouve ainsi designes dans quelques correspondanccs dipiomatiques. Les Eleutherolacons , appeles Tzacons par les Byzautins, accepterent a celte epoque la qua- lification de Maniates ou Furieux ; les Cretois des Monts- Blancs , celle de Sphaciotes ou Egorgcurs ; et les pirates de TArcbipel se glorifierent de repithele de Leventis que Ieur au- dacc ennoblit , aux yeux menies des Turcs. » Ces fragmens , tires textuellement des pages aSa , 233, 2'i4 et '236 du tome iv, suffisent pour contenter les plus chauds partisans des premiers insurges grecs, dignes ancetres des heros dont nous vovons les nobles efforts. Ils montrcnt avec SCIENCES MORALES. 87 Evidence que si ces insur^cs acceptereiit des denomiiiiitioiis par elles-menies injiirieiises, ce fut uniquement parce qu'ils seutirent que, dans un pays conquis , les injures dc I'etrangef soot des litres d'hoimeur , coinine scs eloges des fletrissures. Oii y voit quelle est la veritable acccption du mot IdcpJitc ap- plique aux montagnards de la lleliade. Ce n'elait plus qu'une siiiiple designation dc parii qui nc conservait rien de sa pre- miere signification. Pourquoi done M. Pouqueville la traduit-il sonvent par un terme qui, dans notre langue, ne rappelle que celte signiiicalion ancienne, et ne reveille que des idees de bassesse et d'infamie; idees bleu differentes de celles que doit apporter le nom de ces hommes qui, pour me servir des expressions de I'auteur lui-nieiiie , fiirent toujours animes par V amour de la vatrie ? Comment , apres avoir explique si bien ce qu'etaient ces defenseurs de la Grecc, a-t-il laisse , dans sa seconde edition , les lignes suivantes : Les ArmatoUs s'elancent dans la carriere du brigandage avec une audace digne d'ltne plus belle cause ? Ici , le mot brigandage n'est plus employe dans une acception detournee; les dernieres paroles sembleraient indiquer que I'auteur veut parlor de veritables brigands. Pourquoi retrouvous-nous ailleurs le repaire des bandes de Klcphtcs de VEtolie? Pi^urquoi plusieurs comparaisons des A.rmatolii avec les flibustiers, et d'auties passages, plus signi- iicatifs encore , tcndent-ils a representer les bandes des Grecs insoumis commes des hordes de brigands , ou a jeter du moins une confusion faclieusc dans les idees du Jccteur a ce sujet ? Sans doute, un pays administre comme I'ttait la Grece, a du reccler en assez grand nombre de veritables voleurs de grand chemin. Bien des Turcs, et peut-etrc aussi des Grecs, out du s'arroger le droit d'assassiner et de piller it volonte , sans avoir achete du sultan un diplome de visir ou de cadi. Sans doute aussi quelques-uns de ces miserables ont pu se joindre parfois aux montagnards independans que leurs perils forcaient a nc pas scrutcr trop severement la conduite anterieurc de ces recrues. Mais il aurait fallu , ce me semble , tracer une iigne de demarcation bien tranchaute entie deux especes d'associa- «8 SCIENCES MORALES. tions si opposees , appelei- toiijoiirs les uns voleiirs ou bandits , les autres iiniquement Klcplues. Au surplus, ces reniarques ne peuvenl diminuer on rien I'l'Stime que merite, a taut de titres , le Voyage de la Grece. II doit trouver place dans la bib'.iotheque de tous les admiiateurs des Grecs antiques et de tous les partisans de la Heliade mo- derne. Apres ravoir lu, on sentiia plus vivemcnt combien il importe a loutes les nations civilisees que le plus beau pays de I'Europe echappe a I'intluence pernicieuse qui frappe de sterilit'j le sol le plus fecond et les esprits les plus ingenieux, qui iiifecteles plaines, les fleuves, les villes, et ne permet pas menie aux nialheureux habitans de titer du sein de la lerre d'innonibrables chefs-d'oeuvre , nionumens encore inconnus du genie de leurs ancetrcs. On sentira niieux aussi toute la gran- deur (le ce peuple prodigieux a qui I'espece humaine doit ses premiers et ses plus beaux titres de gloire; de ce peuple qui, mcme dans la tombc, influe tellemcnt sur toutes les autres nations que le retour a ses exeaiples annonce partcut les epoqiies d'honneur et de genie, comme le mepris de ses lecons precede partout les ages de lionte et d'abrutisscment. Les honnncs qui parlent tant de la Gfece antique sans la connaitre, et qui attachent tant de prix a de petits details inapercus aux yeux du veritable politiqvie, n'apprcndront peut-etre pas sans quelque etonnement, je dirais presque sans quelque regret, que la metliode de renseignement mutucl, tant pronee comme une decouverte reoente, est pratiquee, depuis un terns imme- morial, dans I'Attique, dans le Peloponese, dans I'Epire, et dale, selon toute apparence, du siecle de Pericles, si ce n'est meme du siecle d'Harmodius. II est des objets que les yeux pcuvent seuls saisir avec pre- cision. Aussi, les ouvrages ou Ton se propose de faire bien connaitre un pays et un peuple onl-ils besoin, pour atteindre completement ce but, d'etre accompagnes de cartes, Ae vues perspcctii'es et de figures. C'est ce que M. Pouqueville n'a point oublie. II nous doune des cartes qui paraissenl tracees avec beaucoup desoin, des figures donl plnsieurs sont excellentes; SCIENCES MORALES. 8g cnfiii , des vucs assez nombreuses. Si ces paysages sont en ge- neral d'line execution Ires-faible, qiiclques-uns, signes du iiom de M. Fauvcl , doiven' avoir an nrioins le nieritc de I'exac- titiide. Lc style offre assez souvent des expressions heureuses; sou- vent aussi on y rencontre des taches. Mais Ics defauts de I'eio- cution choquent beaucoiip moins dans les ecrits de ce genre que dans les ouvrages purement lilteraires. II en est pourtant, dans le Foynge de la Grece, qui peuveni quelquefois nuire a la clarte du recit. Tels sont des equivoques produltes par la construction des phrases, et I'emploi de certains mots tires du grec qui, n'etant pas encore passes dans notre langue, doivent embarrasser les lecteurs etrangers a I'idiome heUe- nique; comme, par exemple, ecnephies employe pour niiages , et hydragogue mis a la place ^aquedu.c. Quelques personnes blament aussi la chaleur et lc coloris que I'auteur a deployes dans plusieurs passages de son livre. Je ne puis partager leur opinion. Elles auraient raison sans doute s'il s'agissait d'un ouvrage purement geographique ou statislique; mais le genre du voyage permot tons les tons, et les lieux ou voyageait M. Pou([ueville exigeaient qn'il mit parfois dans ses recits de I'clevation et du mouvement. Quel est riiomme done d'un cceur genereux et d'un esprit juste, qui pourrait pareourir sans emotion les champs de Platee et les rivages de Salamine? Je sais bien qu'egares par de singuliers systemes , quelques Francais traitentde prejuges de college I'interet qui s'attache a ces noms eternellement celebrcs, et s'etonnent qu'on n'e- prouve point le meme attrait pour les plaines de Ravenne et de Tolbiac. D'ou vient , disent-ils , de cette espece de culte pour des lieux recules , entierement etrangers a notre histoire , a nos souvenirs? Co culte, fonde sur les motifs les plus raisonnables comme les plus nobles, vient de ce que les victoires de I'an- clenne Grece furent remporlees par laliberte surle despotisrae, par I'amoiir de la patrie sur la passion des conquetes. Pour- rions-nous eprouver les memes impressions au souvenir des ba- lailles ou les peuples ne faisaient tout au plus que changer de 90 SCIENCES MORALES. chaiues? La preuvo que cc culte ne lieut point au prcstitj;!' dos uouis, c'esl que nous roffrons aussi aux plaincsde Lcyde, aux cliamps de Morat. Si Marathon ct Salamine nous frappcnt eu- core de plus de respect , c'est parce que , dans ces journecs im- mortelles, la civilisation dii mondc depcndait du Iriomphe de la libeite. Suppose/, que Darius ou Xer.xes cut vaincu Miltiade ovi Themistoclc; alors, selon toute apparence, nous iguore- rions encore la grandeur quo pent deployer I'esprit huniain. Lc siecle de Pericles n'eut point existe, ni par consequent le siecle d'Auguste , le siecle de Leon X et celui de Louis XIV. Una fois les modeles crees par les Grecs, d'autres nations ont pu les egaler; mais, pour que le genie s'«levat d'abord a une telle .hauteur, il avail bcsoin des suffrages d'un peuple libre et du souriie de la victoirc. En voiiu, ceiles, pfus qu'il ue faut pour justilier I'auteur qui, apres avoir deciit en savant les lieux tcls que les a fails I'esclavage, change de ton pour rappclcr ce qu'ils furent autrefois. Rien de plus instruclif, d'ailleurs, que ces rapproehemens enlre I'etat d'une ville de la Turquie cV Europe et I'etai de cette meme cite lorsqu'elle faisait partie de la Grece. Ainsi , on voit, par exemple, I'Attique souniise a des rois barbares ne compter que vingt miile habitans; on la voit s'elever par la liberte au degrg de prosperite, de richesse et de force qui a fait I'etonnement du nionde, et redesccndre, sous la tyrannic ottomane, au meme point de depopulation et dc misere que dans les ferns anterieurs a rctablissement de ses lois. Fasse le ciel quel'iDdependance la lepeuple bientot de grands honjuies et de grands nionuniens! Assez de sang ijcroique a coule de nos jours sur le sol de la Grece pour y produire une nouvelle moissou de gloire et de talent. Ceci rae conduit ii parler de la relation que M. Ponqueville nous a donnee des trois premieres annees d'une guerre si me- morable. L'espace me manque pour apprecier un ouvrage si vaste. Heureusement , ce serait un soin superflu. l/Histoiie dc la regeneration dc la Grece est dans les mains de tous ines lecteurs. La secoude edition offre des corrections nombrcuses, SCIENCES MORALES. 91 d'imjjortantes ameliorations qui tciident piincipalement a lendie Ic style plus simple et plus nature!. On y sent encore sans tioutc la precipitation (lu premier travail. On desirerait surtout que I'auteur eut souniis a une critique plus severe quelques-uns des documens sur lesqucls il a ecrit. Mais peiit- etre I'espece d'exageration poetique qu'on lui reprocbe a-t-elle contribue a redoublcr I'admiration des Francais pour les defen- seurs de la croix. D'aillcurs, tout le reeit du t^^ouvernement d'Ali est d'un interet devorant; plnsieurs autres parties sont peintes a effet et prodnlsent une vive impression. Enfin , quoi qu'on en puisse dire , il est certain que cette histoire a beau- coup servi les Grecs en mettant le public h portee d'attacher des idees moins vagues au theatre des operations militaires et aux principaux aclours. Or, quelle plus douce recompense pour un ecrivain que le bonheur d'ette utile a la cause du malheur, de rheroisme et de la liberie ? AufcuxCc Fabre. LirTEKATLlRE. BiBLiOTHEQUE DES CLASSiQuiis LATINS, avcc lii Traduction en regafd; publiee par M. Jules Pierrot (i). Chaque siecle a son esprit; et celiii-ci precede inevitable- ment de I'etat reel dcs lumieres. Les traductions dcs ecrits de I'antiquite dans nos idiomes inodernes subissent adssi I'iu- fluence de cet etat; nous comprenons mieux les anciens, selon que nous nous comprenons mieux nous-memes. Plus notre civilisation ressemblera, sous quelqucs rapports, a celle des Grecs et dcs Remains, plus nous trouverons de choscs qui nous sont connues dans Icurs ouvrages; enfin, plus nous avance- rons dans leurs idees , et plus nous nous approprierons leurs pensees, leurs sentimens, plus aussi nous en decouvrirons de nouveaux dans des productions deja vingt fois elaborees. Le perfectionnement des traductions du grec ou du latin depend done, on pourrait le dire, de celui meme de la civilisation. On les refera done, d'opoque en epoquc, pour les rendre meil- leures; un petit retour de barbaric sufiirait aussi pour les faire defaire, afin de les rendre plus mauvaises; mais cette autre pe- I'iode de I'histoire des traductions ne parait pas jusqu'ici tres- menacante; c'est done vers le mieux que tons les efforts tendent actuellement a les diriger. Les travaux innombrables des criti- ques de profession ont, en general, ameliore les textes; la de- couverte et I'interpretation d'unc foule de monumens authen- tiques ont aussi jete des lumieres precieuses sur un grand nombre d'obscurites reconnues, mais non dissipees jusqu'a ce (i) Paris, 1826-1827; Panckoucke, libraire-editeur, rue des Poi- tevias, n" 18. — (La collection formera 120 a i3o vol. in-S"; prix de souscriptioii a la collection emigre, 7 fr. le volume; on ne paie lien d'avauce. Chaque ouvrage se vend separenient 7 fr. 5o cent, Je. volume). LITTERATURE. 9"5 jour; I'examen, qui guide partout les vrais savans, et surtout ce doute veritablement philosophique dont ils commencent ^ s'honorer, ont discrudite cette habitude de corrections et de substitutions, trop commune dans Ics premiers sieclesde I'ljrudi- tion moderne. Le moment actual est done reellement favorable a une revision generale des traductions que_ la litterature Irancaise a produites jusqri'ici. On avancera peut-etre assez dans la connaissance enlicre de I'antiquite pour qu'un jour aussi on qualifie de belles infideles les versions fraucaises que notre epoque aura declarees parfaites : mais il en est ainsi de toutes les oeuvres humaines , et il y aura trop a gagner pour la societe dans un tel etat de choses, pour que les renommees qui pourront en patir, ne consentent de bon coeur a etre surpassees a ce prix. Il n'y a pas la pour les ecrivains de motifs de decou- ragement: la science actuelle, qui travaille reellement pour le bonheur commun , acccptera ce pacte, et, placee pour ainsi dire entre deux feux , elle combattra honorablement les deux masses de competiteurs a la fois; ceux qui I'ont devancee, afin de faire micux qu'eux , et ceux tjui doivent la suivre , afin de leur laisser moins ou meme rien a faire, s'il est possible. II n'y a que de I'honneur et de la generosite dans une pareille lutte. C'cst ce qu'ont tres-bien compris les savans distingues qui ont associe le concours de leurs lumieres au zele eclaire de M. Panckoucke pour le succes de la nouvelle et vaste entre- prise que nous annoncons. Habitues par leur gout ou par leurs devoirs a vivre avec I'antiquite latine, a s'instruire a ses lecons, a s'emouvoir a ses recits, a se former aux eternels modcles du bon esprit et du bon gout qu'elle nous a laisses, iis ont voulu faire participer a tant d'avantages, a tant de pures jouissances, tous ceux qui ne connaisseut pas assez son admirable langagc pour I'ecouter et le comprendre sans les ecours d'un interprete. Fideles a la mission qu'ils se sont dounee, c'est pour le lecteur fi"incais qu'ils la rempliront en toute conscience : c'est a lui qu'ils vouent les fruits de leurs longues veilles, et sans qu'il soup^onne meme quels penibles labeiirs les auront ainsi portes a leur maturite. 94 LITTKRATURE. Un double avantagc nous scmhle rosultcr du plan memo adopte pour la nouvcUe collection : le texte latin dc chaqiic antour pi-eccdo, paj;c :\ page, sa traduction francaise. Lo Inti- nisto qui, sans sVtre vone a une etude approfondic dc ridiome du niondc roniain, en conserve cependaut une certainc con- naissancc, assez gcneralc depuis la restavu-ation des etudes, no retrouvera pas ce texte original sans q'uelquc plaisir; il aiu'a sous sa main nn moyen dc jugcr des efforts ct des succes du traductcur; et cette occupation momentanee, a laquelle prc- sidcront plus d'unc fois sans doute un gout cultive et une erudition suffisantc, n'a rien que d'attrayant pour I'esprit, et d'utile pour une instruction nieme incomplete. Une autre consideration, d'un intei-et plus general encore, recommandera egalement la nouvelle collection. On a cru trop lon"-tems que, pour bien traduire un auteur latin, il suffisait de bien savoir la langue latine. Nous pretendons que cette connaissance, a quelque degre qu'on la porte, n'est cependant pas suffisante a elle seule. Il y a deux objets dans une phrase, les mots, et Ics clioses dont ces mots sont les signes ecrits. Si, comme les modernes, les ancicns avaient redige des diction- naires de leurs langues, dictionnaircs ou I'acception veritable de chaque mot, en chaque circonstance determinee, serait ri^oureusement fixee, Tembarras serait moins grand, nioins ordinaire, puisqu'il suffirait de bien comprendre la jdirase qui decrirait cette acception, et qu'en ce cas les analogies , les oppo- sitions et le rapprochement d'une description conduiraient le plus souvent a une connaissance certaine, ou tres-approchante an moins de I'idee exprimee par ce mot. Si encore ces anciens avaient fait chacun dans leur langue quelque traduction d'un texte ecrit dans un autre idiome, et que I'uu ct I'autre nous fussent parvenus, nous aurions encore un autie moyen authen- tinue d'arriver a la parfaite connaissance du sens veritable de chacun de ces mots. Mais il n'en est pas ainsi : les anciens ont fait quelques vocabulaires contenant une courte serie de mots de deux langues , simplement rapproehes sur deux colonnes ; on a recueilli recemment a Paris les fragmens d'un vocabulaire LITTER ATURE. 95 de cette sorto, en grcc ct en latin, et il ne pent etre d'line ires-grande lUilite pour la critique latine. Quant aux traduc- tions propremcnt ditcs, la lons^uc domination du latin, conime langue des gouvernenicns on Europe depuis les conquetes des Romains et chcz des peuples qui long-tems ne counnrent que ecttc langue et sa litteraturc, ne pouvait nullemcnt rcndre necessaires des compositions qui seraient aujourd'hui d'un si grand secours pour nous; il ne nous en reste done que tres- peu de ce genre qui viennent de la belle antiquite meme. Dans cet etat de choses, un traducteur scrupuleux, apres s'ctre oc- cupe attentivement des mots, n'est pas encore quitte de toutes ses obligations envers le lecteur; il faut qu'il s'occupe des choses exprimees par ces mots , et c'est ici que commence pour lui una autre serie de recherches non moins difficiles , non moins penibles, si dn moins il veut dire en francais ni plus ni moins que ce qu'a dit I'ecrivain latin. Ici il doit ouvrir rencyclopedie de toutes les connaissances posscdees par les Ro- mains, et CO ne serait pas trop (|ue de la posseder toute entiore pour bion traduire, par exomple, Cicoion. Voila ce que nous entendons par les choses qui sont dans les ouvrages des Latins; mais ils ne firent pas non plus d'cncyclopedic ; il nous faut done la faire pour eux et selon eux, c'est-a-dire , chercher ce qu'ils out voulu dire afin de savoir ce qu'ils out dit. C'est cette con- naissance des choses qui a manque goneralement a la plupart des anciens traducteurs, ot qui les a induits a faire ])arlor Cicoron comme un avocat au barreau , Enoe comme un ele- gant sentimental de la cour de Louis XV, Horace comme un l)cl esprit de salon, et Cosar comme s'il avait ocritla conquoto des trente-deux generalitos du royaume de France. II y a dans la langue latine une foule de mots que j'appellerais techniques, en tant qu'ils se rapportent aux institutions publiques, et dont le sens varie neanmoins selon les tems et selon les lieux : ces mots exprimaient done des choses differentes, analogues peut- otro, mais non pas identiquos; ils se trouvent dans lout ce qui so rapporte aussi aux usages genoraux, ;\ I'administration, a la religion, aux coutumes nationales, enfin a tout ce qui cons- jjG LITTKRATURE. tiuic los cltmcns do Ihisloiro cntierc de la nation roniaine, ot snrtout ties pouplcs qu'elle domina. Je nc crois pas qu'on tia- diiise complctement Ics nairations des ccrivains latins, si I'ou ne s'occiipc tres-scvercment a troiivcr la chose reellemtnt exprimoc par cliacun dc ces mots , tn ayant egard a la fois et aux tenis ct surtout aux licux ; on s'cst donnc tres-ranmciit ccttc peine dans les anciennes versions fianeaises, ou ces mots sont pour la pliipart travcstis en des eqnivalens francais selon une sorte de convention qui, pour etre consacrec par I'usage, n'en est pas moins un vice que la science scule des mots ne sufiirait pas pour extirper. Les traducteurs de la nouvelle col- lection latine, connus d'aillcurs par d'honorables succes dans rcnseigncment public , ou par des ti\ivaux littcraires qui sont lo gage de leur connaissance positive de ranti(juiteclassique,ont sent! ce que la solide instruction, aujourd'hui plus genera.lc- ment repandue, exigeait a cet egard de leur zele, de leur propre reputation, et ils s'appliqueront a donner, sous ce rapport, a leurs versions francaises ce caractere de superiorite incontestable sur celles qui les auront precedees. Ils savent ce qu'exige d'eux I'amour du vrai, qui est le type de I'epoque actuclle, et I'acconiplissement de cc nouveau devoir ne sera pour eux qu'une nouvelle chance de succes. Les ressourccs d'ailleurs ne leur manqueront pas pour cette autre partie do leur tache; les commentateurs, dans leurs prolixes elucubra- tions, ontsouventeclaircibien desdifiicultes; les areheologues, depuis surtout que I'interpretation des autcurs et cclle des mo- nuvnens sont rcgardecs commc essentiellenient dependanles I'une lie I'autre ct sc donnant des lumiercs niutuelles, ont aussi expliquc bicn des passages obsciu's dans les auteurs en expli- quant les monumens ; les erudits , enfin , en scrutant I'antiquite piece a piece, ont aussi dissipe un grand nombre de ses incer- titudes pour nous , et leurs travaux sanctionnes par une opinion eclairee, ont etabli , sur bien des points cssentiels, ce que j'appcllerai une jurisprudence d'interpretation, resultant de rapprochcmens nombreux, rationnels ct concluans, sur des mots ou sur des phrases entieres d'auteurs latins qui ne parais- I.ITTi'.RATL'RE. 97 saient pas, dc prime ahord, comporter unc telle expresssion; et c'est encore ici la science des choses qui a fonde celle des mots. Ces documens sont connus des noiiveaux tradnctcurs; ils se feront un devoir d'y prendre dos directions utiics,capablcsde prevcnir de trop faclieases crreurs, et Ics plus propres a per- i'eclionner ieur ouvrage. Les trente-six auteurs latins Ics plus estimes, soit en prose, soit en vers, formeront la collection entiere de 120 volumes, environ, textes et traductions. Lc format in-S", gencralement preCere de nos jours, I'a ete aussi pour cette bibliothecjue la- tine; sa belle et soigneusc execution typographlqiic repond a son interet ; I'editenr reproduit done encore nne de ces grandes entreprises que son devoiinient 11 I'honneur et a Tinteret des lettres francaises a deja si heureusement terrainees. Nous avons sous les yeux les huit volumes qui sont deja publies,et ils justitient pleinement I'estime qu'une collection de ce genre doit naturellementinspirer, lorsqu'elle est I'ouvrage de professeurs distingues, et que Tun d'eux, M. Jules Pierrot hii promet tons scs soins et la place sous sa responsabilite litteraire. Les deux premiers volumes de Juvenal sont accom- pagnes de la traduction fiancaise de Dusaulx; la reputation meritee dont elle jouissait faisait unc loi de ne pas en cntre- prendre une nouvelle: quelques taches la deparaient; M. J. Pierrot les a fait disparaitre par une soigneiise revision. Cor- nelius Nepos a ete mis en francais par MjI. de Calonne et Pommier; Veileius Parterculus, par M. Despres, ancien con- seiller de TUniveisite; Florus, par M. Ragon, et les lettres de Pline le jeune, par de Sacy, traduction deja connue, mais revue aussi par M. Pierrot. D'autres secours sont egalement assures a cette belle entreprise; MM. Villemain, Leclerc, P.ur- nouf et Naudet, concourent a son succcs par des traductions de morceaux importans, on par des notices critiques ou litte- raires sur les principaux auteurs. D'honornblcs suffrages I'ont deja recommandee a I'estime des litterateurs et du corps enseignant, comme des gens du inonde. Un Prince protecteur do tontes les vues d'une utilite T. XXXVI. — Octohre 1827. 7 f)3 LITTKRATURE. generalc, M. lo Dauphin honore do sa piotoction spccialc la Bibliotht-qiie classiqnc , ct a pcrmis qu'cllc fVit publico sous scs auspices. La France lettree raccucillcra avoc un t-gal eniprcs- semont; die favorisc tout ce qui pout I'honorer, et rien no le pent davantage que le concours. d'hommcs instruils vers un grand but, celui de rendre vulgaires les cxemples et les pre- ceptes ecrits dans la litteralure d'un grand peuple vers lequel remonte, comme a sa source la plus prochainc, toute la civili- sation do I'Europe niodernc. Nous rendrons coiTipto, dans dos articles spociaux, do chacuno des traductions, a mosurc qu'oUo sera rcndue publique. J. -J. Champoi.lion-Figeac. ESPAGNE POETIQDE. ChOIX DE POESIES CASTIIXANES, clc- puis Charles-Quint jusqu^ a nos jours ^ niises en vers francais avec Aes, articles biographiques, etc.; par Don Juan Maria Maury (i). PREMIER AIITICLE. En annoncant sonimairement le premier volume de cct ouvrage (voy. Rev. Enc, t. xxxi, p. 5oo-5o2.— Aout 1826), nous folicitions la litterature francaise des nouvelles richesscs qu'elle venait d'acquerir; et nous rappelant que le pinceau dos Murillo et des Ribora est demeuro long-tems inconnu hors dc la Peninsvdc,, nous nous rojouissions de ce que les premiers maitrcs do locolo ])ootique ospagnole allaicnt otre approcios en deca dos Pyronoos. Un second volume, qui vicnt de paraitre, est consacro a i'ocole moderne et aux ocrivains vivans « Mais, nous dira-t-on peut-etre, les tems poetiques sont passes. La generation qui s'eteint a vecu sous I'empire de la philosophic : les hommes parvenus a I'age viril se sont formes (i) Paris, 1826 et 1827 ; Mongie, boulevard des Italians , 11° 10. 1 vol. in-S" ; prix, i5 fr., et r8 fr. par la posle. LlTTi:KATl;[\K. <5^ AM milieu ties oragcs tic la revolution. La jeunesse semble Tiniqiiement occupee ties hautes questions debattues aux epo- ques precetlentes : tons les c^piits sent tcntlus vers d'autrcS objets que ceux dont le siecle de Louis XIV fit ses delices. Les tcrivains sent membres de ce public auquel ils s'adressent, et partagent son opinion, on du moins doivent la consulter. Aujourd'hui, I'homme doue d'un genie createur, de cette or- ganisation pi'ivilegiee qui le dispose a rcvetir sans efforts la pensee des formes seduisantcs de la versification, trahit sa des- tination s'il n'emploie pas ses facultes a preparer le succes des verites pratiques d'ou pent dependre le bonheur de I'espece humaine. « Oui,sans doute, I'esprit des nations est change; et nous sommes loin de nous elever coutre les inclinations serieuscs de la gt'ueration actuelle. Chaque t^poque donne a sa litteraturc iMi caractei'e dominant. Plusicurs pocmes philosopliiques ont suivi VEssai snr I'hoinmc; lesmales accens ^ Alfierl etles fictions malignes de CastiowX. associti la muse de I'ltalie aux grandes luttes du siecle. Grace a Byron, les chants du Barde ont prepare la declaration deprincipes faite par le dernier chef duministere britannique(Canning).L'auteurdes^''<7J/r.?.«t77/e/?rt(?.setde/'.£^coA: (lex Vicillards devient, dans ses nombrcuses Mcssenicnncs ,\ox- gane de la pensee publique. La lyre francaise semble s'unir a la tribune pour faire entendre des accens prophetiques. La collection des poesies castillancs publiees par. M. Maury, presque etrangere au mouvement europeen, n'offre guere an lecteur francais qu'un petit nombre de compositions conformes a I'esprit du siecle ; muis il n'est pas indigne du philosojihc de rechercher, dans celles qui s'en rapprochent commc dans celles qui's'en ecartent, le sceau des tems qui les ont vuesnaitre.Et si, en depit des institutions qui depuis trop long-terns contrarient I'essor de I'intelligence dans la Pcninsule iberique; si, du sein des tenebres qu'elles y entretienncnt, on voit jaillir, commc des eclairs an sein des nuages, quelques grandes pensees et quelqnes sentimens genereux; si la litteraturc des Espagnois se maintient encore avec gloire parmi celles des nations degagces loo LlTTliRATURE. tics entravcs do rigiiorancf ct du dcspotismc, on duit .njoiitcr qnelque admiration a tout I'interet qu'inspire un peiiplo aussi favorisc par la nature que maltraitu par Ic sort. L'ouvrage dont nous nous occupoiis se compose dc trois divisions principalcs : i° la Poesir , on I'aiUeur a insere deux coni|)ositions orii^iiiales parnii les traductions en vers; 2° /a Critujue , a laquelle il rattache de nombreux apercus sur les langues et la versification en general; ?>° I'llistolre , qui com- prend des notices et des articles biographiques. II procede par epoques, dans I'examen des auteurs, et fait remarquer a la ibis leur rang d'anciennete et leur superiorite individuellc. Lc corps de l'ouvrage, divise en quatre grandes sections, comiTience au xvi* sieele; niais I'auteur le fait preceder d'une Introduction, eonsaerce aux tenis anciens, ecrite en vers, et accompagnee de Notes reniplies d'interet. Ala tete de la premiere partie, figure un savant coiu'onne, tres-supcrieur a son sieclc, Alphonse, qui se. flattait que la machine univcrselle n'aurait pas etc si compliquee, s'll cut assiste au conseil de la creation. Get JIjjIioiisc , dit lc Sngc , fit des vers : relormateur en tout, il niodilia memo Valexaiidrin , dont on se servait avant lui, et il inv(;nta une strophe com- pliquee, dite couplet dV/r^ ntajeur. M. Maury public en fran- cais des vers imites i^' Alphonse , avec le nieme rhythme et la nieme forme de strophe. Il presente aussi dans ses Notes quelques morceaux de poesie comme excmples de la versifi- cation de Btrceo et Lorenzo, devanciers du prince, et des frag- mcus d'un poeme en Thonneur dn CId, la plus ancicnne des compositions en prose ou en vers qui soit connue en Espagne. Cette partie de I'lntroduction offre encore au lecteur des imitations elegantes de quelques ouvrages poetiqnes attribiies a des princes de la race des Ommiades qui regna long-tems i Cordoue. La sccondc partie fait connaitre : Varcliipretrc d'Hitn , « Mediant aimable : Enclin a inarier la legende a la fable ; •> Puis, Juan dc Menu, auteur du poeme inliluie : Ic l.abyrinthc- LITTERATURE. loi Dun Henri deVillena parait ensuite. M. Maury n'en cite, tt pour cause, aucun morccau; mais rien n'cst plus curicux que sa courte notice sur Ic sort bizarie de ce pctit-fils des rois. J'illena est accompngne du marquis de SantiUanc , precepteur trop peu ecoute du fl!s aine de Jean second. Le tableau que I'auteur a trace, dans une note sur ce prince de'venu roi, sous le uom de Henri IV, est ties rcinarquable, et e'est ainsi que jiar d'iuge- uieux emprunts I'aits a I'histoire, il sait donncr de la vie et de rinteret a la partie la moins importante de son sujet. Vers I'epoque des anciens terns , qui touche a celle ou don Juan Maury a rencontre luie serie non interrompue d'auteurs a citer, on trouve encore Boscan , fameux par la revolution qu'il o])era dans la versification castillane, lorsque le vers d'Alphonse X fit place a Vendecasyllahe italien, et un grand seigneur, eminemment distingue dans les lettrcs : ■< flleiidoze, chef terrible , adroit ambassadeur, ■> qui fut envoye a Rome, a Venise, a Londres et au concile de Trcnle; il etait lieutenant-general des armees de Charles- Quint, gouverneur de la province toscane de Sienne; docteur en theoJogie, en philosophic et en droit; bachelier pour les langueshebra'ique, grecque, arabe et latine, et historien estime de la guerre contra les Mauresqucs, dirigee parson ncveu le marquis de Mondrjar. Il a compose d'autres ouvrages histo- riques et traite en vers avec succes les questions les plus elevees de Tordre social. Nous eussions voulu passer sous silence les poetes qui ne sonf nommes que dans les notes ; mais deux auteurs au moins nous paraissent dignes d'attention : I'un par sa naissance , I'in- fant don Manuel , neveu d! Alphonsc X , ^X qui composa un livre, vuoitie en prose , moitie en vers , intitule : Le comte Lu- cnnnr ; I'autre par ses infortnnes amoureuses , Macias , gcntil- honune de don Henri de VlUena , qui , assassine par un mari jaloux , expira en prononcant le nom de celle qu'il adorait. Le xvi^ siecle s'ouvre par un poete reste sans rivaux , le cclcbre Garcdaso , doue d'autant de beaute que de genie et loa LITTKRATUIIE. tluiic cxcjuisc scusibilitu ; il iiuissait aiix tonnes elegantes Je I'homrae tie cour I'impetuosite courageuse d'un guenicr. Nc ♦111 sang royal ties Guzmans , il mourut avant le tcms, iiiais avt'c gloiie , sous les ycux tic rempeienr Charles V, (jui vengoa sa niort en passant an lil tie I'epee la garnison du fort sous lequel il avail perdu la vie. Toutc la clialeurtpii aniniait le jcunc preux nc parut (ju'une roidc insensibilite aupros dc I'exaltation passionncc que rap- pelle le nom seul de sainte Therese, qui fit aussi des vers. L'ame ardente et picuse qui plaignit I'ango tonibe d'avoir perdu la faculte d'ainier, s'ost montree tout entierc dans un sonnet an Christ , la piece la plus remarquable , peut-t'tre , de la collec- tion que nous annoncons. Tons les ecrivains admis dans cette galerie interessent aussi Tivement par leurs qiialites personnelles que par leurs talens. Comment n'aimerait-on pas ce bon Lotas dc Leon , religieux tie I'ordrc de Saint-Augustin, professcur de theologie , qui, jete dans lescachots de I'intjuisition pour avoir traduit le Can- tiqiie dcs Cantifiiies , ne fut rendu a sa chaire qu'apres cintj annees de perseciuions et de douleurs? Il ne voulut pas menie conserver le souvenir de ce terns affreux ; et le regardant comme retranche de sa vie, il reprit ses lecons ou il les avait laissees, par ces mots : Dicebnmus hestcrnd die!... «]Nous disions hier!...» Louis deLeon s'est classe parmi les poetes lyriques du premier ordre par I'elevation et la chalcur de ses idees , et s'est mis au rang dcs honinies les plus courageiix par I'energic avec laquelle il ecrivit en faveur de Tin fortune don Carlos. II lui coniposa une epitaplie dont M. Maury donne la traduction suivante : <• La depouille de Charle houoi e cette pierre ; La substance immortelle est remontee aiix cieux , La vertu I'y sulvit. II resta sur la terre L'effroi dans tous les coDurs, des pleurs dans tous les yeux.» Herrcra , poete lyritjue , cite apres Louis de Leon , est encore plus estime des Espagnols ; il re^ut le litre de rf«vW. Ce dii'ire personnage ne nous parait pas aussi bien Iraite par son uou- LlTTl^'RATURE. lo', vcaubiographe; mais il pent en appeler au Iraducteur. L'hymne que D. J. Maury a imitoe de ce poete brille de toutes les qua- litcs qu'il senible lui refuser dans le jugement qu'il porte sur son talent. Nc trouve-t-on pas , en cffct , quelquc pen de cette grace qui distingue Garcilaso dans cette apostrophe d'Herrera a laGrecc, alors esclave : « Et tu lestes encore aux pieds de ces bnrbares Qui deslionorent I'Orient ! Tu leur livres tes fruits ! C'est pour eux que tu pares Tes vierges, au front sourianl!...' 11 faut se rappeler que ce poeine date de pres de trois siecles ; il avail ete compose pour celebrer la victoire de Lepante , rem- portee le 7 octobre 1571. L'epitliete de mauvais poete, donni'e a rimniortel auteur de don Quicliole , par le presomptueux Fillcgns , n'a pas empeche M. Maury de placer Cervantes dans son recueil. Nous pensons que, loin d'etre blame , il obtiendra I'appiobation de tous ceux qui liront la charmante biographic dont il a enrichi son ou- vrage. « Nous voici maintenant en face du grand coupable qui , semblable a I'ange rebelle, au lieu de se reunir avec les bons esprits , voulut etre le prince des tenebrcs. d C'est ainsi que M. Maury annonce le poete andalou Gongora , apres I'avoir signale des Tavant-propos comme le chef de la revolution qui corrompit le siecle de Lope de Vega. Transpositions forcees, dislocation de phrases, hypei'boles extravagantes, figures in- coherentcs , nietaphores redoublees, affectation dans les idecs conime dans le langage , ct partout obscurite apocalyplirjuc : voila ce qu'il parvint a mettre en credit au Parnasse et dans la chaire, a la ville comme a la cour. On ne pent cependant lui contester un talent reel ; mais il ne sut qu'en abuser. A la tcte d'une secondc division qui coniprend la fin du XVI'' siecle , on voit figurer le celebre Lope de Vega, poete universel , dont la facilite et la fccondite tiennent du prodige , qui composait en vers aussi rapidement que Ton pent ecrire en prose, et a (pii Ton doit dix-luiit cents comedies rcmarquables i«4 I.ITIKHATLKi;. par Icurs iioiiibii-uses bcautcs, et par leiirs tlciauts plus iioni- breux encore. Nous recoraniandons au lecteur la notice biogra- phique siir cct elonnant ecrivain , ainsi que rarticle rclalif a Cervantes. L'autcur fait rcssortir liabilonioiit la distance qiiVta- biit la fortune entre deux liommes si rapproches d'ailliuis par leur intelligence superieurc. IVous ret^reltuns de ne pouvoir donnerune idee de la nianicre large et de la douceur elegante du cygne du Manzanares , reproduitcs avec bonheur dans les traductions de M. J. Maury. Pres de ces deux auteurs, on pent placer un autre ecrivain d'un talent extraordinaire , le docte et fougueux Qutveclo. II lutta de fecondite avec Lope de f^ega , et d'infortune avec Cervantes. Ecrivain tres-inegal ; prodigue de trivialites et de plaisanteries spirituellcs ; tour a tour austere ou liconeieiix ; sophiste bizarre ou philosophe attachant; niodelc d'exactitude, et qiielquefois portant jnsqu'au delire le mepris des regies les plus simples, Quevedo rencherit sur les extravagances de Gon- gora , apres s'en etre fait le censeur le plus amer ; il scconda Lope de Vega dans la guerre que celui-ci declara au systenie nouveau , et il (iuit coninie lui, par ceder au torrent. Non loin de I'un et de I'autre , se groupent trois poetes , dcmcures purs au milieu de la corruption de I'epoque : les denx freres aragonais Liipei cio ct liaitkck'myd'//rgc/iso/(i;\'un homme d'eglise , I'autre homme d'etat; et I'inquisiteur de .Seville Rioja : ce dernier , arme de la severite des stoiciens , les deux autres doues de I'urbanite attique, out releve par les sentimcns les plus honorables le merite d'un talent du premier ordre. Leurs vers, autant que leur conduite, respirent le de- sinteressement , la haine de I'injustice et de I'arbitraire ; ils combattent avec energie Thypocrisie et I'ambition , et lancent les foudres de leur eloquence contre I'avidite des courtisans , ct la venalite des benefices. Fdlegas , le presomptueux poete castillan que nous avons cite a propos de Cervantes, terniine ia sccondc division et le premier volume de \'£.ipngf/c- portif/ue. Traducteur agreable de Theoci'ite et d'Auacreon, auteiu' de quelques heureuses imila- MTTERATURE. io5 tioiis des auciens , yUIcgas donna tete baissce dans les ridicules ecarts de la nouvelle ecole. Son arrogance n'a ete egalce par aucun autre poetc dans aucun pays. Nous ne connaissons qu'un grand roi, cbloui par I'eclat de sa propre puissance, dont la vie ait offert nn trait scniblable a colui qui devoila le caractere de cet ecrivain. A la tete de i'edition de ses premieres anivres, Villrgas se lit representer sous reniblenie du soleil, avec I'epi- graphe : Sicat sol ninttitlnits , iiic sargcnte , quid istce ? « Or, dit M. Maury, les clartes subalternes qui devaient s'eclJpser a son apparition etaient Lope de Vega, Quevedo, Gongora, Rioja, Argensola, tous existans et dans tout I'eclat de leur renonimee. » Notre historieii n'a ouvert sa galerie qu'aux poetes lyi'iques , bucoliques et elegiaques, et sa preface explique les motifs qui I'ont porte a ne s'occuper ni de I'epopec, ni de la scene espa- gnole. On pourrait contester a VEsjiagne poetirjue I'exaclitude et la convenance d'un titre qui semble devoir embrasser tous les genres de poesie. Et, si le pen de succes des poetes epiques castillans est allegue comnie un motif suftisant pour les exclure d'unc collection raisonnee, la memo defaveur ne devait pas atteindre les auteurs dramatiques qui ne sont pas sans celebrite. Muriel. ( La fill au piochain cahier. ) HI. BULLEIIN lilDLIOGRAPllKHJE. LIVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. I . — * Proceeding.'! of sii/idiy citizens of Ihiltinwre conve- ned for the purpose, etc. — Delibuiations de pliisieurs citoyens de Baltimore, asseuiijlus pour discuter les mcillctus moyens dV'tablir une communication entre cette ville ct les etats de I'ouest. Baltimoie, 11)27; William Woody. In-S" de 38 pages. Les Elats-Unis , qui offrent les cxemples les phis lemar- qnables du prompt accroissement des vlll(.>s, commencent ;i montrer aussi comment ime nombreuse population concentrc'e peut se disperse!', et cberclier fortune ailleurs. Baltimoi'e, qui en 1752 n'etait qa'un hameau, .s'est clevce, dans I'espace d'un demi-siecle , a une population de 03, 000 hiibitaus, et reunis- sait les enibellisiemeus, les avantages et le luxe des villes du second ordre; cette prosperite ne s'est pas soutenue, et I'emi- gration commencait : le retablisscment de plusieurs branches de commerce a change cet etat des choses; et, selon toutcs les probabiiiles, cette ville doitrenfermer aujourd'hui 72,000 ames. fliais, pour prevenir le retour des terns de decadence dont la generation actuelle a vu les desastreux effets, il est indispen- sable d'ouvrir de nouvelles voies commerciales : il faut fran- chir les mojits Alleghanys, etablir avec les etats de I'ouest des relations intimes, frequentes, et jamais intcrrompues. Une voie navigable serait fermee pendant I'hiver : il faut done s'oc- cuper d'une route par terre, ct I'invention des ehemins en fer vient ici fort il propos. Frequente en tons tems , parcouru avec celerite, un tel chemin est piecisement ce qu'il faut pour le succes de I'entreprise. II traversera des contrees actucUe- (i) Nous iudiqiioiis par un asteiiique (*) , jilace a c^^'.e du titrcde cliaqiie ouvrage, ccux des livres etrangers ou francais qui paraisscut digues d'une attgrnphi(pie d'ltne ancienne carte de repays; par /fV/w Davis, mendjre de la Socicte anirricaitie des arts et sciences, etc. Boston, 1 8aG ; Crocker et Brewster. Le livre de Morton est pr(;'cieux pour I'histoire des (!'tablisse- mens anglais dans rAuK-rique du nord : il devait done aliirer specia lenient rattenlion de la Socicte lusloricptede Massacliuselts , dont M. Da\isest luembre. La premiere d-dilion du MiMnorial pariit en 1669, ct la seconde en J 721 , avec uu supplement que Josiali Cotton, de New-Plymouth, crut devoir y ajouter. Deux ETATS-UNIS. — AMER. MER. 109 .TUtres editions, dont la iltTiiiere fiit piibliee en 177a, prouvent riiiterot (|iif Ton |ircnait a la conseivntion de ce moniimcnt hisioriqiK'. En cffet, lo Rloinorial de Morton est line liistiiirc aiitlientiqiio , coiDplelc, ft TaiiiLMir y di'-ploie nne eiiulili'Mi Ires-varice. En l.iit d'liistoiie , Ics ecrivains oriijinaux et con- leinpor.iins dt^vraieul t'trc souls consiilti'-s , ct les scdIs chani^e- mcns qii'il soit permis de fiiire a ienrs oiivraijes se reiliiisent a ci; qui ist rijj;oureusc'ment neccssaire pour les rendre iiitelli- jiibles. On saura ^ica M. Davis de n'avoir jioinl redige , d'apies Morton et ses continnatours, uni; histoirequi porte son piopie iioni, et qui tende a f.iire oublier celui des veritables historieiis. L'Europe abonde en ecrivains beaucoiqi moins scrupnleux , ct (jui rcyarilent les I'aits hislori(|ues conime des materiaux qu'il est permis de nianipider, de faoonner et d'asseiubler pour en . foinier uu edilice dans le gout et le style niodorncs. F. AMERIQUE -MERIDIONALE. 4- — J^Ioni/icsto que el podcr ejccutivn clc Colombia prcscnta h la republica y al Diuitilo , etc. — Manifesle adresse a la repii- bliqiK! et au nionde par le pouvoir executif de la Colonibie , reialivemeiit a ce qui s'est passe a A^enezuela , depuis le 3o avrii 18/6. Bogota, 1826. La leaierairc ct inutile insurreetion (lu general Paez, dont les journaux quotidiens nous out souvent entretenus, n*a pas etc bien eonnue en Europe, on les ecrits dont elle a ete le sujet n'etaient pas encore parvenus. Ces ecrits fourniiont a I'liisioire des docuuiens et des preuves ; il est done important de leur as- signer une place dans les bibliotheques. Au inanife^te dii pou- voir executif de la Colonibie on joindra la brochure intitulee : Document curieax sur les eveneniens dr Venezuela , etc. : let tie conjidentielle du vice-president de la republique au i^eueralen chef Jose- Antonio Paez, ainsi (pie la reponse dcce general. Ces .v- tcmn jilantariim , environ un millier, disli'ii)iiees dans ciii'|i!a!i!e- trois gronpcs. Apies avoir consulte iin grand nonibie d'her- biers, et reuni , tlurant nos voyag<'s, iine riclic collection ile ces plantes, nous en evahiaincs, dans \c Dictionnadc classujuc cChistnirc naturcllc , le nondire a quin/e ceots. Depuis co leuis , les recherchcs dcs botaiiist.es i'ont encore grossi de nouvelles decouvertes , et il n'est jias temerairc de |)resumer (jue deux niilie fougeres an moins vegeleiit a la surface du globe. Ou ])ossedait deja beaticoup d'oiivragcs sur une classe de plantes ou la nature seinble s'etre pine a porter la variete avec les elemens les moins nombreux de complication; mais il u'existe rien de complct stir ce siijet. Aussi avions nous forme dcs long- tcms le projet de fondre en un seid corps d'oiivrage tout ci; qui le concerne, avec unc iconographic economi(jue, niais sut'- fis.inle des especes; malgre vingt-cinq ans de reclierchi''; et l.i reunion d'inHuenses maleriaux, troj! d'elemens nous man(pieiit pour completer ce travail , tel que nous I'avons coucu. Nous en ajiiurnoiis la publication, avec I'espoir que les fascicules que nous annoncons nous scront d'une grande ntili'.e; nous ne leur trouvons d'antre defaut que dc couter trop clier. Quaire ou cin(| cents francs pour la representation au trait dc deux cent quaraiite especes, reparties en douze calvers, nous pa- raissentunebien furtesomme. Nousengageouslessavaus auleurs des figures de fougeres a mieux specifier Vliabicat de chacunc , ou leiu' bel ouvrage ne sci'a d'aucnue utilite [)our les progrcs de la geograpliie bolanique. Indiquer le |)ays oil croit line plante ne saiirait suffire ; il fant soigneusement noler le siic, son elevation au-di'ssns du niveau de la n)er, la naluie du sol , et beaucoup dautres circonstances de iocalite, dont la eonnais- satiee est necessaire pour juger des conditions dans lescpielies nne plante pent cioitre. Nous engagerons encore MM. Hooker et Grcville a completer leiu- synonymie, et a ne point liecrire conmie absolumcnt nouvelles des choses dej.'i fort bien connues. An nombre des fougeres qui furent decrites , et nous osons le croire, au moins aussi bien figurees par d'aulres ipie par eii^;, est \c cctcrach pcdunciilata , ou nous n'avons rien decouvert qui ful plus pedoncule que dans cinq cents autres especes, et GRANDE-CP.ETAGNE. ii^ qtii n'est pas iin ceterach , niais bien le selliguea seci de notrc Dictionnaire classique d'lti.stoire naturelle. L. de St.-V. 17. — * Library of useful knowlcclgc , etc. — Bihliotheque dm ronnnissanccs usuettcs publiecpar les soins ct sous la direction de la Societe formee pour repandre ces connaissances. IjOu- dres, 1827; BaidAvin , Cradock ct Joy; Ediml)ourg, Oicvcr et Boyd ; Glasgow, Robertson <>t Atkinson; Dublin, W. F. "^iVa- keman; New-York, Carwili; Thiladelphie, Watdle. In-8°. La Sociele qui entreprend de rediger et de lepandre celte Bibliotheque des eonnaissanccs usuelles , a nomme un conii'.c tres-nombreux, oil se trouvent des iiiembies du parlement ct de la Sociele royale de Londres, et des hommes instruits qui resident dans les priiicipalesvilles man ufacturie res de la Grande- Bretagne,ot qui sont a portee de bien connaitre les besoins de I'industrie. Chacan des cahiers qu'elle publie contient au moins deux feuilles d'impression , ct coute six pences (12 sous de France ): de fortes remises sont faitcs aux ecoles, aux institu- tions en favcur de I'industrie, a tons ceux qui peuvent aider la Societe, et concourir avcc elle a la propagation des eonnais- sanccs qu'elle veut rendre de plus en phis populaircs , et par consequent utiles. Le premier cahier contient un Discours sur les objets et les avantages des sciences , ct sur les plaisirs (ju'elles procure/It : e'est une exposition claire et instructive du but de la Societe, et un tres - bon niodele pour ses cooperatcurs. Au lieu d'un prospectus ordinaire, adresse seulement a ceux qui peuvent devenirmembres dd'associalion, cet t'>critest un pre- mier pas dans la carricrc que Ton veut parcourir, une recon- naissance generale de son etendue ct des directions qu'il faul y suivre pour arriver au but qu'on s'est assigne. Cette cariiere est immense; presqiie tout le savoir humain y est compris. A I'exception des verites revelees , donl I'acces est interdit au rai- sonncment, et de celles qui ne se manifestent qu'apres de lon- gues ef profondes eludes, il n'en est aucune qui soit exclue de cette Bihliotheque. Ajnsi, la. p/ii/osophie naturelle, conime di- sent les Anglais, ou la connaissance des corps , comprendra plusde fiu(\\\^iiiGtrnites , outre coux que I'ou pourra yjoindre, en faveur de quelques arts, ou de quelques etudes speciaies. L'arithmetique et I'algebre se trouvent renl'ermecs dans cclle division; il serait peut-etre convcnable de les transporter a la plulosophie intelleciuelle , que nous nommons ideologic, et qui comprend la science des methodes. Mais la geometric et la me- canique appartiennent cssentieliement a la science des corps ; on ne peut les en separcr , et elles reclamcnt le secours du cal- cul ct de ses methodes : on laissera done les cboscs telles qu'cllcs T. XXXVI. — Oclohrc 1827. 8 11/, LivRES Strangers. sont ck'puis long-tems , sans qu'ou ait remarque le moiiidre re- tard dans It'spioj^res des sciences, cause par quelque erreui' dans leur classilicalion. Comme nous savons beaucoup moins de choscs veritable- mi'ut utiles suf rospiit humain et ses facnites que sur les pro- prictc'S dfs corps, la philosophic intcllcctuellc no comprendra que sept traitcs, tous extrenieinent difliciles a faire. Comment exprimcr tlignement notre reconnaissance envers ceux qui nous auront donne un bon Iraile An^principcs fondamcntaiix des con- iiaissanccs humnines , qui auront Iraceu rinteiiigence une route qui ne Tegare jamais ? Qnand nienie celte partie de I'ins- truction serait inferieure aux autres, il serait iiijuste d'en sa- voir mauvais gre aux ecrivaius qui n'auront pas reussi aussi bien qu'on I'aurait voulu ; pent - etrc ne sommes nous pas en- core en iuit de popHlrniscr celle division des connaissances hu- maines. Lorsque les sciences approchent de leur perfection , I'ordie des idees est bien connu ; il n'cst point iulerrompu par des lacunes de quelque importance, et par consequent, il est possible de rexj)oser clairement, en peu de mots; niais la philosophic intellectuelle est encore livree ri 1 incertitude des discussions, et n'a pas le caractere des sciences exactcs. On n'est pas d'accord sur plusieurs points cssentiels, tcls que I'in- tluence des signes sur les idees, les effets reels de I'habitude , les incouveniens du languge figure, etc. La morale et la politique sont deux autres divisions de nos connaissances sur lesquelles il est tres - difficile de rediger de bons traites populaires. Jusqu'ii present, la science sociale , dont la politique et la morale ne sont que des divisions, n'a pas en- core ete consideree dans son ensemble; on n'a fait qu'entrevoir ses principcs generaux, sans les developper; on n'a point su les debarrasscr de toute obscurite, les moutrer comme des lois generales, derivees immediatemenl de la natiue des choses. Si les traites que la Societe des connaissances usuclles nous pro- met satisfont au besoiu d'une instruction reelle sur ces impor- lans objets, ils devront elre traduits dans toiites les langues, et repandus partout oil les verites de cette nature peuvent se montrer sans etre proscrites. \!histoire des sciences et des arts estmise avec raison au nom- bre des connaissances qu'il est tres - utile ile propager. On a deja celle des mathematiques, del'astronomie, de la physique: le nombre des divisions que la Societe indique a ses coopera- teurs ne parait pas suffisant. La philosophic naturelle, par exemple, comprenant la physique et I'histoire naturelle, outre la chimie et ranatomie, on reconnaitra satis doute que cha- GRANDE -BRETAGNE. 1 1 5 ciinc de ces grandes divisions doit avoir son historien : on feia la mcme observation snr les sciences morales et politiques , snr la jurisprudence, sur les croyances religieuses. Quant k I'histoire des arts, on s'en tiendra probabiement aux six divi- sions indi(|uees : les arts mecanicjucs et chimiques, les beaux- arts, les nianufaclures, le commerce , la navij^ation, la guerre. Dans les hisloires des peoples indiqnees dans le prospectus de la Societe, il n'est pas question des Tnrcs , ni do plusieurs peuples anciens, celebres dans Ihistoire , et qui ont accompli leurs desliuees. On voit avec satisfaction que I'histoire de quel- ques hoMimes n'a pas parii moins inqjortante que celle des peu- ples : on applaudit a la plupart des choix indiques dans le pros- pectus; mais on y rcmarque des omissions. Parmi les hommes remarquables par leur devoumcnt patriotique, on pent trou- ver, hors de I'Angleterre, quclqiies noms a joindre a ceux de De Pf'itl , de Gidllaumc Tell , Aii PaolielAe Jf' asJiington. Parmi les geueraux, Turcnne est le seul Francais que Ton cite; on peut aussi lui trouver des emnles. Au nombre des hommes fu- meux par d'importantes decouvertes, le nom Ae Bcrtliollet Ae~ vait au moins etre associe a ccux de Lavoisier, de Black , de Cavendish et de Priestley. Une cla|u'a pn'sent que (luclqiics-uns ties ledacUiiis n'avaieiit pas toujoHis chciohe a se Icnii" au niveau des connaissancc-; ac~ tiieiles, et qd'ils auiaient pu renfermer encore plus d'iiistriic- tion dans le cadie etroit qui leur etait trace. F. 18. — * Golden Rit leu of sncial philosophy , etc. — Re;;Ies d'or de la philoso|iliie sociale, on Notivcau Syslemc dc morah; pra- tique, par sir/{/r/m;Y/ PniLMPs. Londres, 1826; cliez I'auleur. In-8" de xxiv et 3); pai;es. La morale ne change |)oint avec les sietles; elle est la mcme, elle doitetre lameiiie , a toutcs les epoques, dans tons les otats, en paix comme en guerre, en revolution comnie sous iin gou- vernemcnt rcguliei et consolide Mais les moeurs varient ; et si les prinsipes qui les dirigent et les mndi(i;^nt seniblent snbir des alterations selon les tcnis , les esprits exerccs ne se lron>- pent point an costume uouveau qu'ils cnipruntent, et les re- trouvent dans toute leur purete, malgre la metamorphose (pi'ils ont subie. Ces principes, toutefois, sont plus on luoins nette- ment exprimes par les liommes qui se consacrent a les ensei- gner , tantot voiles sous d'ingenieux apologues, ou livres a ia sagaeite i\\\ Iccleur ajires un simple rapprochement de favts sans reflexion, tantot dediiits par de longs raisonncmeus de i'histoire generale des peuples et de I'etude de I'liomme en par- ticulier , ou prcscnies en courts apophtegmcs, dont le trait pi- quant ou profond se grave facilement dans la memoire. La possibilite de dire tout ce qui est utile, tout ce qui est vrai S!ir toute chose, est nn des plus ])eaux privileges des ci- toyens d'un pays libre; e'est celui des ecrivains anglais La sentence, necessairement plus energique pnrmi des hommes qui n'ont rien a redouter, est anssi pins souvent enn)loyee, parce qu'un long usage des principes ne permet pas de se tromper sur liur justesse ct leur a|)plieation. Ce que Ton sait bien , ce qui est adopte par tons, peut aisement se renfermer en peu de paroles; et I'exactitude ovi la force de I'expressior. le rappellent rapidement a la pensile que frappeiine phrase courte. soMure et vivante de sens. Telle est la manierede sir Richard Phillips. Sous le titre de Regies d'or, et sous la forme dc pre- ceptes, il a reuni tous les principes e^ les verites pratiques dont nne longue experience lui a fait conjiaitre I'litilite, en descen- dant aux situations les plus orditiaires de la vie, comme en s'e- levant aux consi'lerations les plus graves sur les societes etsiir I'liumanite en general. L^u de sescliapitresse compose de conseils aux princes son- verains. lis sont sim]>les, parce qu'ils sont dednits des droits GRANDE-BRET AGNE. 117 des ciloyens, assures par les constitutions; ils sont sages, parce qu'ils sont fondes sm- ics regies Ics plus ordinaires do la justice, sur 1<> dcisir du bien , sur un respect aussi giand pour les pri- vileges du tronc (]iie pom^ les libertes des peuples; ils seraient utiles aux souverains, si jamais les soisverains s'avisaii'nt de les lii'e, parce qu'ils leur presentent, dans un tablcciu jirecis, tout ce (pii pent ajouter a leur pouvoir et a leur splendeur, en se considerant cux-incmes comnie ies instrumens du bonlieur public. Les preoeples que sir Richard Phillips offre aux electeurs et aux legislatfurs rappellent aux uns et aux aulrcs, d'une maniere ingenicuse et profonde, leurs devoirs les plus sacres. C'est un cours complet d'election et de conduite pariemenlaire. La propriete, la liberie, le bonheur , la vie de chaque citoyen, tieuiient essentiellenicnt a riucorruptibilite, a I'inilependance, a I'esprit public des representans; et ce n'est pas iine preroga- tive sans importance que celle d'etre charge de scruter le ca- ractere des hoinnies apjjeles adefendre les iaterets de la nation dans la Chambre elective, soit comme tuteurs du tresor pu- blic, soil comnie conservateurs des libertes du people coiitre It.'s prerogatives de la couronne et les privileges de la noljlesse, soit comme censeurs poliliijues. Sir Phillips voudrait menie que, pour assurer I'integrite des choix , chaque elecleur pro- noncat le serment que voici, a I'ouverture de rassenibiee : « Jo jure (jue je n'ai recu par moi-meme, ni par aucune autre per- soinie, pour nioi ou jiour mon usage ou profit, directemcnl ou indireetement , auciuie somme d'argent, charge, place ou em- ploi , present ou recompense, ni aucune pi-omesse ou assu- rance de charge, d'emploi ou de present, a I'effet de douner ma voix ii cetle election. » Reste a savoir si les paroles so- lennclies d'un serment arreteraient les personnes qui ue sont pas convaincues qu'uu vote corrompu est un aete de trahisoii envei's son pays, un crime que chaque citoyen doit denoucer , poursuivre, et fairc punir. La publication en France de I'ouvrage de sir Phillips aurait, pour rinslruciion des hoir.mes qui se deslinent a la tribune na- tionale, des resultats plus avanlageux encore qu'en Angleteire, ou cepeudant les c'lapilres, dont nous venons de citer les litres, out eie distribues au nombre de plus d'un demi-milllond'exem- plalres. Ceux qui concernent les journalisles, la liberte leli- gieuse, I'economie jjolilique, ne sont pas nioins picjuans, bien qu'ils soient d'une application nioins generale ; on lii-a egale- nienl avec un vif iuteret les pieceptes adres^es aux inslruc- teurs dela jeunesse, aux pretres deparoisse, et aux banquiers. ii8 LIVRES KTR/VNGERS. Cest nil niiroir qui rcflocliit a la fuis los faiblesses, les vices, les difformitos do rcspece humainc en socicte , et les rcmedes qu'il conviciit d'y appliqucr. C'cst Ic code dii bon ciloyin ct de riioniuHe liomnio. L'oiivrag(! est dedio 'a Simon Bolivar, que Tautcur aiinc a considcrer comme le Washington dc i'Amerique dn Sud. R. nj. — * The establishnwnt of the 'J'urks in Europe, etc. — Dc retablisscmcnt dcs Turcs en Europe; dissertation hislo- riqup. Londres, 1828 (1827); Murray. In-8° de i'^8 pages; prix, 5 sh. 6 d. Depuis Baunignitcn ct Busbeccjuius jusqu'u f'otncy et a M. Buckingham, les voyagcurs en Orient out sans cesse ajoute aux innonibrablos documens que possedent sin- les nioeurs des Turcs toutes les litteraturesde I'Europe. Gibbomx consacreune grande panic de son bel ouvrage a cet objet; et De Gidgnes, avec moins de goiit et de talent, niais avec une connaissance plus approfondie de I'Orient, a reuni sur le nienie sujet une immense quanlite de faits dans son indigeste compilation. Au- cun ecrivain jusqu'ici n'a su cxiraire dc ces nialeriaiix un choix de faits propres a caracteriscr les institutions et les mcenrs tunjucs, a faire appreeier en quoi dies se rapprochent ou different de celles des autres nations. A bicn dire , il n'existe guere que trois ouvrages oil Ton piiisse en |iicndre une idee: VHistoire de la Turqaie, par Rvcant, le Tableau de V Empire ottoman, par d'Ohsson et I'ouvragc de Castellan sur las Moeurs des Ottomans. Mais le premier est suranne; le second a le defaut d'etre beaucoup trop volumineux; quant au troi- sieme, assez riclie en details sur les nioeurs, il est mil, quant aux notions politiques. Pour bicn faire eonnaitre la race ottomane, il serait neces- saire de diviser son histoire en trois epoques. La premiere la representerait, avant que la soif des conquetes et du pillage I'eut portee sur I'occident; la seconde montrerait les qcalites dont I'islamisme lui donna le germe, et que developpa une longue suite de victoires; dans la troisienie, enfin , on la pein- drait, telle qu'elle est aujourd'hui, cedant lentement, et malgre elle, a I'influence de la civilisation europeenne, ct s'avanfant a grands pas vers sa dissolution politique. L'ouvrage que nous annoncons n'est (lu'une legere esquisse d'un cote de ce grand tableau. A peine I'auteur entre-t-il dans les details de son sujet; il est mcme certaincs parties, telles que les moeurs domestiques des Turcs, et Icur litterature qii'il a tout au plus indiquees. Cependant, rien dans I'histoire de ce singulier peuple, n'est plus interessant pour nous que GR ANDE-BRETAGNE. 1 1 9 Tobservation de ses qualites sociales et intellectuelles. Sans doute, on a beaucoiip ecrit sur les rapports dos sexes et sur la condition des fenimes chez les Tiircs; mais il ne parait pas que les Europeens aicnt jamais rccueilli des renseiijnemens exacts sur ce point. On ii'e^l pas plus avance, quant a leurs poetes, a leurs historiens, et aux differentes parties de leur litlerature. Des institutions politiques, aussi inforines que celles des Turcs, sont facilement decrites et offreut peu d'at- trait; mais la difficulle consistc a saisir et a expiiqucr les nuances de leurs qualites morales et intellectuelles, ct les cir- constanccs particulieres qui out produit ou developpe leur caractere national, C'est une etrange erreur, de cherclier dans le Koran seulement la cause des siugularitcs qui sont propres au caractere des Turcs. Le Persan , I'Arabe, le Mongol lisent et reverent le Koran; mais le caraclere de chacun de ces der- niers differe autant de celui du Turc que le genie du peuple espagnol differe de celui des Anglais. Les doctrines de I'isla- misme, loin d'avoir entierement forme le caractere ottoman, out ete sensiblement modifiees par lui; de telle sorte que le Koran, interprete a Constantinople, ne ressemble jjas plus au Korai commente a La Mecque ou sous les palmiers du de- sert, que la Bible de I'iuquisiteur espagnol ne ressemble a celle du minislre protestant. L'auteur de \ Etahlissemenl des Turcs en Europe n'a jamais parcouru I'empire ottoman; il a done du se borner au role de compilateur. Avouons qu'il I'a rempli avec soin et habilete, quoi qu'on puisse lui reprocher de s'etre renferme dans des limites trop etroites. En comparant entre eux les recils des voyageurs et les relations des historiens, il est parvenu a se former une idee fort exacte du peuple qu'i! decrit. Cette methode est souveut suffisante; c'est meme la seule qu'il soit possible de suivre, lorscju'il s'agit de nations eteintes, pour ainsi dire, comnie les Grecs et les Romains qui disparurent avec leurs institutions politiques. Mais, pour parvonir a cette exactitude et a cette precision que demande une critique judicieuse ct severe, I'ecri- vain doit eclairer par sa propre experience les notions qu'il puise dans les livres et etudier sur les lieux , et d'apres nature, les peuples vivans dont il vent retracer la physionomie. Notre auteur n'a point assez examine la vie privee des Turcs; il n'a point decouvert comment ils emploient leur terns, de quelle maniere ils vivent en faniille; comment ils elevent leurs fds ou leurs filles. Comme tanl d'autres, il attribue au caractere otto- man une trop forte disposition ^^ la sensualite, dont il Irouve lao LIVRES STRANGERS. la preiu'c dans la coutumo tic la polygamie. Dos rechcichea plus cxactes liii auraicnt aj)[)ris qu'il y a plus do ilolicatosse e£ d'affection dans la conduite d'lin inari turc, (|ui fait de sa foiiinie son amio, sa compagne eluouso/i csclavc, qu'on n'eii trouve souvent chez cortains maris, dans des pays phis civi- lisi's. Mais ce snjet exigorail de strands doveloppeuions, ot nous aurions tort d'iiisistcr davantayo snr dos impcrfootions el des errcurs presquo inovitablos dans un semblable travail. A. St. -John. 20. — * Memoirs of t/'ic rival houses of York and Lancaster, historical and biographical , etc. — Momoiros historiqueset bio- graphi(]iies , relatifs 'a la rivaiito des maisons d'Yoik et de Lanoaslro , et enibrassnnt la poriodc de I'histoire d'Angletcirc qui s'otcnd depuis I'aveaonient de Ricliard II, jusqii'a la nioit do Henri VII; par Emma Roberts. Londres, 1827; Har- ming et Lepard, 2 vol. in-8"; pri.x , 26 sh. En parcourant I'histoire dos guerrcs civilos qui, pendant line si longuo poriodc, dochirorent rAngloterro el I'inondeient de sang; en y observant les efforts continucis d'une noblesse lurbulonte pour s'arroger le ponvoir, les combats acharnes que se livraient dos protendans rivanx pour obtenir une coii- ronne sans cesse disputee, et les courageuses tentatives des communes pour arracher la liberte civile et religieuse des mains puissantes qui lor.r en refusaient les bienfaits , on n'y trouve aucune epoque plus fertile en grands ovenemcns , et eii incidens romanesques , que cello qui fut signalee par la longue et violente contestation elevee entie los deux partis, designos sous les emblemes de ia rose rouge et de la rose blanche. L'origine de la maison de Lancastro remonto au regno de Henri III , et les immenses richesscs accumuloes par co prince sur Edmond , son second fds (surnomme Crouchback) , jetorent les fondemens de cette grandeur qui devint si fatale a la puis- sance de Richaid II. Outre les dovs accordes par Henri III a ce fils ])refere , et parmi lesquols figurent le comte, lo chateau et la ville de Lancastre, Edmond fut invest! par le pajie Innocent, des royainiies de Sicile et do Pouille. Quoi qu'il en soit , M. Astle , savant archoologue anglais, altribue la source de cette fortune demesuroe , ot cello de I'ambition non n)oins demesuroe de la maison de Lancastre, a cc don fatal du pontifo romain. Ne ponvant conquerir le royaume de Sicile par ses propros ressourccs , Innocent engagea adroite- menf Henri III dans cette dispendieuse eutroprisc. Le cre- dule monarque |)loura de joie a I'investiture do son fds , cele- bree a Londres en 12^5 par revequc de IJolofiiie ; mois , GRANDE-BRETAGNE. lai comnio il clut demander a ses barons d'iinmenses subsides pour foiirnir aiix frais de cetle guerre , ceux-ci refuserent de concourir a rexocudon doce chimeriqueprojet ; et, ne pouvant convaincre Ic roi par leurs raisonnemens , de la folie de pro- diguer st's tiesors dans une tentative hasaideuse sur iin pays eloii^ne , lis prirent le parti du recourir aux armesapres avoir toutef'ois soutfert a pUisieurs reprises les plus injwstes exac- tions. Une lutte sanj^'lante s'etant eugagee eiUre Henri et ses barons, elle se terniina par la ruine totale de ces derniers. Edmond, ainplement dedommage de la perte de son royaunie par les riches depouilles de ceux que Ton appelait rehelles , transmit a sa posterite iin heritage trop vaste pour de simples sujets. Henri de Lancastre s'en jjrevalut pourse lendre redou- table a son souvet ain ; et Richard II nc tarda point a etre rcn- verse par I'influence superieure de ce descendant d'Edmond. Quoique I'usurpation de Bolingbroke sc fit accomplie sans resistance, elle fut suivie d'une effusion de sang qui n'eut presque point d'interruptiou pendant I'espace de i5o ans. Elle commenca immediatement apres I'acccssion de Henii IV an trone, et continua pendant le regne de son fds. Le torrent se grossit, durant les guerres civiles qui eclaterent eutre les deux roses rivales , ne s'arreta point sous la domination des Tu- dors , et ne se tarit enlin que lorsqu'il ne resta plus d'ohjet a cette jalousie fatale, si cruellement excitiie par les ambitieux projets des maisons d'Yoik et de Lancastre. L'auteur de ces Memotres a retrace avec un veritable talint le tableau de cette brillante periode de riiisloire de son pays. La marche de son recit est rapide; ses reflexions, peu multi- pliees, sonl remarquables parleur justcsse; et son style, simple, naturel et clair, est parfailement adapte au genre de son tra- vail. II est lionorabie pour notre siecle de voir que les femuies, sortant du cercle des fictions, dans lequel I'opinion seniblait les avoir releguees, aient ose se saisir du buiin de I'liistoire et se soient montrees capables de s'en servir habilement. C'est une prcuve de plus que les himiercs s'etendent dans une pro- gression toujours croissante, en depit des tristes sophismes de ceux dont les vreux ne tendcnt (|u'a les voir rettograder. Miss Emma Roberts a eu le courage de s'elancer daus une vaste et noble carriere, etnous aimons a applaudir a ses pre- miers succes. Jrmandc Dieudk. 21. — Le Narrateur francais , or Selection of anecdotes, repartees and characters in frencli tongue, etc. — Le Nari'aicur francais, on Choix , en langue fran^aise, d'anccdotes, de re- parties et de caraclcres; 0ll^rage imprime avec deux nouvcaux iia LIVilES 1^:TRANGERS. sij^nes orthographiques pour arriver facilemcnt a uiie ptonoji- cialion elegante ct conocte ; par A. Roy. Londres, 1827; W. Pickering. In- 12. Ce recucil de Narrations est destine anx Anglais qui veuleul apprendie la languc francaise. On y trouve des remarques sur les traduclions, et des i)rincipes de grammaiio necessaires a I'intelligcncc du tcxle; une tabic alphabetique des mots qui s'y renconlrent le jilus souvent, et un catalogue de tous les autres avec la traduction anglaise en regard. Cette derniere paitie ii'est, a proprcnient parler, qu'un petit dictionnaire francais anglais; la premiere contient les memes principes de grammairc que la plupart des oiivrages de ce genre; il est juste cependant de remarquer chez M. Roy une louable tendance a simplifier les principes de la science qu'il professc. Enfin, les deux cents anecdotes ou narrations qui composent son ou- vrage, sont en general tres-amusantes et fort varices : les deux signes orthographiques qu'il emploic servent, I'un, a indiquer quand il faut faire sentir sur la voyelle initiale d'un mot la consonne finale du mot precedent; le second, a distinguer la prononcialion de I'e muet des monosyllabes ou il a le son eii tres-faiblc, du sclic^'a ou de la simple expiration de I'air a la fin des mots, ou Ion ne doit ]ias du tout Tcntendre. Cette dis- tinction, que M. Roy me semble avoir elablie le premier par im signe employe constamment, est en effet dune grande uti- lite |)our tous ceux qui voudront parler le francais comme on le fait en France, et s'habituer aux differences que Toreille nous fait si bien sentir. B. J. 22. — Haincl, the Obeah-Man. — Hamel. Londres, 1827. 2 vol. in-8*'; prix, 16 sh. Quoique presente sous la forme d'un roman, cet ouvrage recoit du sujet qu'il traite une certaine importance. L'escla- vage aux hides occidentales est peut-etre le theme sur lequel les^ defenseurs de la liberte se sont le plus exerces depuis quehpies annees; c'est le point conire lequel ils ont dirigo leurs plus terribles attaques; et, par une singuliere coinci- dence, c'est ce memc esclavage que les fanaliques ont exploite comme pouvant leur fournir la meilleure occasion de deployer leur zele pour les conversions reiigieuses. Aussi est-il permis de douter que la question ait jamais ete examinee avec impar- tialite. Les defenseurs de la liberte s'appuyant sur cette pro- position generale : que la liberte est unbien dont Thomme ne peut priver I'homme, affirment (]ue tous les Africains, op- primes aujourd'hui par les Europeens, ont droit ti I'emanci- pation , et doivent I'obtenir immediatement. Les methodistes , GRA.NDE-B1\ETAGNE — RTjSSIE. ia3 dc leuc cote, rccucillcdl dcs fouds considerables pour Ten tre- ticn do ce qii'ils appellent la banque africaine {nfrican fund); ces fends fouinissent Ics riches tmolumens de leiirs niission- iiaires, la pliipart jeiincs-gens tres-exallcs [hot-headed] , qui prechent la/«/ paemi les noirs avec plus de zele que de dis- cretion; la foi, selon leursdogmesincomprchfnsibl.es, donne- rait aux noirs le droit de chasser a coups de fouet tons les blancs des iles qu'ils habitent. Les deux partis out soutenu jusqu'ici leurs opinions avec tant de chaleur et de tenacite , que riiomme exem|)t de prejuijes, raisonnable et modere peut a peine elever la voix pour les conibaltre. Hamel a evidemnient j)Our but d'indiquer les torts et les exagerations des partisans de ces deux opinions. On reconnoil que I'auteur a vecu dans les lieux qu'il decrit : il a etc le temoin attentif des scenes qn'il retrace. Si Ton peut s'en rapporter a son temoignage, I'in- flucnce des metliodisles sur les malheureux esclaves doit pro- duire de grands malheurs; et il est a regretter que ces fails n'aient pas encore etc publics et soumis a I'exainen. On ne peut se flatter d'ameliorer la condition des Africains qu'en s'occupant avec soin d'elever et d'instruire leurs eiifans; et non en Idchant [letting loose) sur ses niaitres cetle population de- nuee d'instrnction et de ressources, ou bien en I'introduisant, u£i bandean sur les yeux , dans nne communion dont les doc- trines sont tout-a-fait iuintoiligibles pour elle. II faut lire Hamel pour apprendre conibien I'elat des Indes Occidentales est nial connu dans les autres pays, et pour apprecier avec juslesse le merite eti'utilite des missionnairesqnel'on y envoie. Get ouvrage renferme quelques passages d'une grande force; mais en general iln'est pas bien ecrit; le recit manque d'inleret : il merite neanmoins de fixer I'altcntion par I'importance du SHJet que I'auteur parait avoir examine en jnge eclaire et im- partial. Fanny Seymour. RUSSIE. 23. — De t influence des lumieies sur la condition des pcuples ; discours lu, le 20 mai, dans I'assemblee solennelle de I'Uni- versite imperiale de Saint-Petersbourg , par M. de Gouroff, conseillcr d'etat, recteur de I'Universite, professeur ordinaire d'histoire et de litterature, etc. Saint-Petersbourg, 11S26; im- primerie de I'Academie des sciences. In-8° de 58 p. La langue frani^aise est presqne cosmopolite. Ses conquetes se sont etendues specialement dans le nord de I'Enrope. Un urand nombre de Memoires des Academies de Berlin et de ii4 LIVRES £TRA]NGEI\S. Polcisbourgsont ecrits en tVancais; et voilA que , dans une seance soleniicllf de rUnivcrsitc do cette doniicre villc, le recteur prunoncc dai.'s la nu'>nie lan^iie iiu discoiirs inlcrcssant. L'au- tciir a su lajeiinir le siijct rju'ii avait clioisi jiar dcs idces ncuvfs ct par dfs applicalions honorables, ct speciales a Ja Russic. G. 2.'|. — * Zapiaki Pof/covniTiu Voutier. — Mt'moirrs clu colo- nel VouTiER stir la guerre actuellc cles Grccs , tradiiits en iiisse par Orcstc Somof. Saint-Potersboiirg , i.Sa.'i-iSaS. Imprime- ric du departement medical du ministeie de rintdrieur. i vol. in-8", en lout \vi et '345 pnijes; avec cinq portraits t;raves au trait, et une carle dc' la Grece, liree de I'Atlas de Lapie. Prix , lo roubles, et i5 siir pa|)icr velin. Le sort de la Grece excite wn vif inteiet dans tous Ics coeurs tjenereux. « En effet fdit un de nos plus csliuiables collabora- teurs, I\I. de .SisMOjfDi , voy. Rev. Enc., t. xxvi, inai iSaS, p. 383) si nous sommes hommes, si nous soinmes chreliens, si nous sommes civilises, jamais spectacle fait pour eaiouvoir phis profondement Ics amcs w\i fot presente a nos regards; jamais nos ancelres n'en virent im pareil a celui que nous 'f.l, VouTiEu ct RaybauDjCU France; par 31M. .Stajthope et BLAotjiEnESjCn Angleterre, (voy. TJcc iiwc., t. xxvi,mai iSaS, p. 38 1 -398; t. xxvi, juin 1825, p. 703-716; ct t. xxvii ,juil- let 1825, p. 69-80), a exprime, sur \th Memoires de Voutier, un jugenient que nous aimons a reproduire ici. « A la fin de I'annee 1823, des memoires sur la guerre des Grecs furcnt publics a Paris, sous le noni du colubliqucs que M. Oersted donnc gratuitemenl, Ic premier mardi de chacpie niois , pour faire connaitrc les inventions et Ics decouvertes faitcs par lui ou par d'autres dans les sciences pliysiqiics et les arts indns- tricls. M. ScHONER, professeur d'hisioirc nalurelle, donne des n6tices sur les variations de la temperature dans le courant de chaque mois. Les autres articles du journal sont en general des annonces des ouvragcs nouveaux , des rapports faits sur de grandcs entrepriscs, comme le chemin creuse sons la Ta- mise , une traduction du disconrs de M. Ch. Dupin, on il ex- pose les effets ct I'utilite de I'instruction publiquc. V. B. ALLEMAGNE. iG. — DciUscIilaiul , oder Brirfe ci/ies in Dciitschliind reisen- den Deutschcn. — L'AlIemagne,ou Lcttrcs d'un voyageur alle- niand. T. I. Stuttgart, 1826; Franck. UnAllemand, d'un esprit eclaire ct d'un caracteie inde- pendant, pourrait faire bien des remarques intcressantes sur cc singulier amalgame de grands et de petits Etats qu'on nomme Jllemagnc; mais il faudrait qu'il put tronver nn endroit ou il lui fat permis dc publier son ouvrage. A Stuttgart, on ne tour- mente point les autenrs; ccpendant , legouverncment vurtem- bergeois n'est pas assez fort pour garanlir a un ecrivain franc ct intrepide toute la libcrte dont il aurait besoin. Les Lcttres de I'auteur anonyme ne Uii attircront aucunc persecution; elles r.ont fort innocentes, ct le voyageur aurait pu se nomnier sans aucun danger. 11 aimebcaucoup son pays, el il en pense mieux que des pays voisins, quelque beaux qu'ils soient; peul-etre eonnait-il anssi mieux sa patrie que les contrees adjacentes. II a snin de glisser legerement sur la partie politique, de ne point criliqner les gonvcrncmens, et de dire un pen de bien de clia- cunedes ireiile-huit souverainetes, grandcs ct petitcs, qui com- j)Osenl la confederation. Dans les dix premieres lettres, il jette un cotip-doell general sur I'AUeinagne; le reste du volume AL.LEMAGNE. 1*9 est employe k dccrirc I'Allcmagne meriJionale, c'cst-a-dire Ic giand-duche tie Bade et los pctits royaiiincs de Wuiicmbcrget do Baviere. L'auteiir a un style agreable, et ses descriptions oat de rinterct, quoiqu'elles concerneut dcscontrees bien coi;- nues. D-G. 27. — * De profcssoribas et medicis. — Des professeiirs et des medecins, et dcs privileges que leui- accordait It; droit ro- maiii; dissertation par Theodore Gaupp. Breslaii, 1827. I11-8". On sait que ies Icttres de Pline Ic jeune renfernient bcaucoup de choses qui ne peuvent ctre eclairries que par I'etude dn droit romain. La lecture de la 68*^ lettre du livre 1^'' inspira a M. Gaupp la peiisee de rocbercher quelles etaient Ies immuniles accortlees aux jjhilosophes en general; puis, il voulut savoir quelles etaient los prerogatives speciulemenl accordees a ocux qui enseignaient la granimaire et la rhetorique, et aux mede- cins, prerogatives indiquees dans lesauteurs contemporaiiis des premiers empereurs. En consequence, il a traitc dahord la question relative a Torigine et aux progrcs des arts librraux et des sciences cliez Ies Rouiains; puis, il a examine Ics diffe- rentes classifications et Ies denouiiuations etablies pour Ics savans. Dans un paragraphe special, il rappelle Ies mausais procedes et Ies persecutions que des empereurs, des villes, ou meme de simples particuliers ont fait supporter, a divcrses epoques, aux maitres des sciences; il arrive enfin a la qne^t'on des privileges accordes aux medecins et aux professears, qu'ii enumere et examine sepaiement avcc assez de soin et dt; details. Avant d'entrer dans toutes ces discussions, I'auteur a iuditpie Ies sources auxqucllesil a puise:ce sont, outre Ies lois des divers litres des Pandectcs , Ies Fragnicnta vuticana , le titre du Code Theodosien : De medicis et /nofcssonbus , etc. Ce n'est la qu'un pi'emier essai, qu'un spccime/i d'lm travail plus etendu , dont nous esperons voir bientot la suite ; car la redaction de cet ecrit prouve de vastes connaissances en philologie , en jut is- prudence et en aroheologie. II est perinis de se promettre des resultats essentiels de rcchercbes aussi eclairees. 28. — * Thucydides dc hello Pcloponiicsiaco , lib. viii. — Histoire de la guerre du Peloponnese , pai' Thucydide , en huit livres. Nout'clle edition, par Erucst- Frederic Poppo. T. II, eontenantles livres 11 et in. Leipzig, 1826. In-8°. Le plus grand historien de la Grcce est aussi le plus difficile a expliquer, et Ies pliilologues auront encore a s'cxercer beau- coup-sur son texte , et a discuter sur son interpretation. On a public, en Allemagne, un grand nonibre d'edilions dela guerre du Peloponnese; M. Poppo a compris toute la gravite dc sou T. xxxvi. — Oitobre 1827. <; i3o MVRF.S 1:TRA.NGERS. siijot ; il Ic liailo avoc circonspectiuii et savoir, no ii('-j;Iii,'('aiit i-ieii di; ce qui pout compldter son travail. C'csl ainsi fju'on Iroiive dans le second voliimo dcs siipplc-mcms qui sc rap- poitent au premier. lis onl. etc; fouriiis par rcdilioii portative de Gailer, et par les s ;lu)lies sur Attstiila, qui onl parii depnis la publication de ce premier volume. Les scholics sont placeos sous le tcxtc, et plus has les varianles , avec les conjectures. Cette edition , dont les epreuves out etc revues avcc un grand soin , a le nierite d'etre fort correcte. 20. — Dionis Cassii Cocccianl historinnim romanariim qiicc supersunt. — Restes do I'Histoire romaiiie de Dion Cassiin ; edition de Sturz. Leipzig , 1825. 8 vol. in-S". On connait la vie de Dion , on sail qu'elcve au rang de sena- teur par Pertinax, promu au consulat par Severe , il gouverna sous leurs successeurs plusieurs provinces, et qu'cniin il alia finir ses jours dans sapatrie, la Bithynie. Profitant des avan- tages de sa position, il rassenibla force materiaux, pendant qu'il etait ;\ la tete des affaires; puis il en fit usage et redigea one histoire en quatre vingts livres, depuis I'arrivec d'Euee en Italic jusqu'au regne d'Alexandre Severe. Le terns a deliuit le monument ipic Dion voulait leguer a la posterity ; il n'a epargne que vingt livres; les trcnte-quatre premiers sont entierement perdus; ccux qui suivent le cinquante-quatriemc soutmutiles; enfin, les vingt derniers sont reduits a quelqucs faibles frag- mens; chose d'aulant plus facheuse que c'est dans cclte por- tion de I'ouvrage que nous aurions eu le plus grand besoin de puiser ce (pii nous manque d'ailleurs. Dion voulut imiter la nianiere de Thucydide, surtout dans ses harangues; mais il est reste fort inferieur a son modele. Les |iliiIologues qui se sont occupes de cet auteur avec le plus de succes sont Rciinar , dont I'edition parut en i75o, et Lciinclavc, qui dejii, en 1606, avait donne la sienne. Xij>hl!ini(s a redige des epitome ou abreges des livres de Dion, que M. Sturz reproduit dans cette nouvelle edition. Le premier volume est compose des fragmens des trente-quatre premiers livres, et les livres complets rem- plissent les tomes 11 et iii. Viennent ensuite les cxccrpta de Xiphilinus. Les tomes v et vi sont consacres aux remarques ; le vii*^ renferme X appmatus ; enlin, le viii'' et dernier est un recueil de tables et A'index. On voit qu'il ne manque ricn a cette edition. Le plan a ete concu et execute avec sagacite et erudition. Les fragmens publics par More Hi , d'apres un ma- nuscrit du xi^ siecle, ont ete recueillis; la traduclion dc Leunclave, souvent inexacte, a ete soigneuscment revue; enfin, M. de Furia , bibliolhccaire i Florence, a communiqne a . ALLEMAGNE. i3i Vediteiir dos vaiiantes iinpoitantes recueillies dans trois ma- miscrits dc la bibliothcqne de Medicis. M. le profcsseur Pcyron, de Turin, a de sou cote seconde M. Sturz, on lui cnvoyaut beaucoup de matcriaux utiles. L'execntion typogiaphique est fort belle ; on a pris soin de noter en marge la pagination dcs editions dcReimar et dcLeunclave, pour la comniodite des ci- tations. LV//;y;flr(7/^«.vrenfermc d'exccliens morceaux do critique; il en est nidmc qui paraisseiit aujourd'hui pour la premiere fois. Les index sont plus coraplets et mieux disposes que ceux d'aucune autre edition. 30. — Lnciani Sainosulcnais opera. — OEuvres de Luclen dr Sanwsale , en grec et en latin. Nouvelle edition, revue et enrichie de notes et de variantes, par Tlieophile Lehmann. T. VI. Leipzig, 1816. In-8°. Sans s'arreter aux observations malveillantes et peut-etre inevitables de qiielques critiques , M. LchmaGn public son sixieme volume, et poursuit avec zele son utile entreprise. En ce qui couccrne le celebre conte de Lucius, on VAne , si bieu traduit par M. Courrier, I'editeur a partout mis a profit !es rcmarques de ce savant. 3 1. — * Thcognidis rcliquice. — Ce qui nous reste de T/ieo- ^'/ew; edition faite sur un nouveau plan, et enrichie de notes par Welrer. Francfort-sur-le-Mein , 1826. In-8°. Le terns a disperse tous les fragmens des elegies de Theognis de Megare; tels qu'on nous les a presentes, ils ne sont plus qu'unc suite d'enigmes a resoudre. Pour les arranger d:ins un ordre plus naturel et plus lucide, il fallait a des connaissances fort etendnes, a une lecture assidue de I'antiqnite , reunir I'avantage de ces heureuses inspirations qui sont pour le savant un coup de la fortune. M. Welker est parvenu a recomposer un ensemble satisfaisant , la ou il n'y avail que des vers muti- les par les corrections memes, que Ton avait operees sans choix et sans intelligence. Parmi les points de critique traites dans les /wo/f'g-owe/zw, nous citerons la dissertation surTheoguis Itii-meme ; une autre sur la forme premiere de ses ouvrages ; enlin, cellc qui concerne les editions anierieures. L'histoire con- temporaine de Megare est traitee avec celle dii poete. II s'agir d'une lutte entre roligarchie et le tyran Theagenes , qui fnt enfin chasse a la suite d'une bataille gagnee par les nobles exiles. iMus tard , il y eut encore une revolution dans cette ville, mai-. en faveur de la democratie; car, pendant la guerre du Pelo- ponnese, Brasidas ramcna la noblesse exilee de nouveau. On ne sait que par conjecture quelle part eut a ces mouvemens Theognis, qui florissait vers I'Olympiade S;. S'i! en faut croirc i:W. I.IVRES KTR ANGERS. Ics rc'Sultals oblfiuis |>ai' M. Wclker, il ('■ciivit apros la sccoiicle <'X|iiilsi()(i (les nobles , ct sous cctti' deinocralie ([ui tliira juscjii'a rOlyiiipiade 89, armee i'^. On voit asscz par si-s pot'sii's , qu'il avail etc exile liii-nieme , et qii'il avait perdu ses bicus. I/indit;natiou lui dieta des vers conlie la spoliation dcs ricbesses et des bonueuis , contre les mesalliances, elc. M. Welker s'occupc ensiiite do sejour de Tbeognis en Sicile, et il lefute I'opinion de quekjues ancicns philologues qui lui donnent poui- patiie la Megare de eelto ile. Nous voudrioiis jiouvoirentrer ilaus la discussion d'une dilfioulte que faitnaitie Suidas, en parlant d'une elegic qu'il atlribue aTheognis : mais le defaut d'espace nous interdit ce genre de digression ; nous nous bornerons a indi(]uer celte difficuUe, qui lend a concilier la chronologic et lage du poete avec quelques actions de Gelon, et avec quelques fails de la guerre des Perses. Nous ferons aussi remarquer les doctcs explications sur les mots ccya(oi et X.UK01 , le premier applique aux nobles , le second aux plebeiens. Nous ne pouvons ici qu'annoncer cetle impor- tante production, sans entrer dans le detail que M. Welker donne des ojuvres du poelc. A. plus forte raison devons-noiK ometlre la paitie philologiqne tie son travail; son nom est unc garantie suffisaute de sou nierile. Ph. de Golhkry. 3a. — Die Jraber bey Tours. — Les Arabes aupres de Tours ; ronian par A. Ugkvcild. Wolfenbullel, 1826. In-8°. Les romans de M"^ Seudery ne sont pas toul-a-fait passes de mode. II y a encore des romanciers qui font soupirer amou- reusement les heros de I'bistoire, et qui invenient des aveu- tures tendres pour tous les bommes qui out joue un grand role snr la scene du mondc. II est vrai que le ihtatre leur donne sans cesse Texemple de ce contre-scns. L'auteur du roman que nous annoncons est du nombre de ces ecrivains. II sup- pose que Charles Martel, tout en repoussant les Sarrasins du centre de la France , est eperduuient amoureux de la fille d'Abderame , chef de celle armee d'invasion. Le roi franc demande presque pardon a la fdle de battre le pere, else com- portc avec toute la tcndrcsse d'uu Celadon. Si ce roman etait plus gros, il pourrail faire suite AwCy^-iis el a \ Alexaiulre. D-g. 33. — ■ * Systeniatisclie Bilder- Cnllerie , etc. — Galerie syste- matique de dessins lithographies pour servir a I'Encyclopedie publiee sous le tilre de D'utlonnnire de conversation. Fribourg en Rrisgau, 1827; Herder. In-4°. L'Encyelopedie portative, a I'usage des gens du monde, pu- bliee par le librairc .S;of/7(«M,f,de Leipzig, sous ce litre : Con- versations Lexicon , jouil d'une vogue qui se soutient sans in- ALLEMAGNE.— SUISSE. iT^ teiiuj)tion dcpuis pros du qtiiuze ans. Pliisicui's edilions, Ics uncs legitimes, d'autres fraudulenscs, altcslent qiie ce livre repoiid a iin bt'soin general. En effet, il offre sur les differciites pardes des connaissancos hiiinaines des notions siiflisantes a ctltc classe nonibreiise dc personnes que Iciir ciiriosile natn- relle on leur position dans ie monde eu^aijc a savoii- uti pen de tout, sans quo pour cola elles soient disposees a laire des etudes scientifiques spt'ciales et approfoudies. Tout homme , savant ou ignorant , epronvc qnelcpie difficnlle a snivre une description vcibale d'objcts pour lesijuels V /'/itia'tto/i intrllec- tuclle ne parvient jamais a egalcr Tintuition physique, a moins qu'elle n'en soit precedee ou accompagni'-e. Souvent une repre- sentation au simple trait nous instruit mieux, en cinq minutes, qu'ime eloquente description , uieditee pendant plus d'une heure. Les personnes chargces de I'enseignement de Tenfance devraicnt ne jamais peidre dc vue cette verile d'une evidcnee, pour ainsi dire , materielle. — II manquait done a une partie de \ Encyclopedic portative le plus clair des commentaires , des planches. L'entreprise que nous annoncons remplira cette- la- cune. Mais, t;omme I'ordre des objets est systcmatiqiie , cette Galerie de dcssins ne sera pas seulement utile aux possesseurs de I'Encyclopedie, mais encore a tout lectcur dejonrtiaux, a toute personns qui s'instruit par des lectures, on par des con- versations; aux enfans, dont I'education intellectuelle ne iloit pas coiisister a se faire une science de mots. Qu'on entcnde parler pour la premiere fois d'un crabe ou de la cloche du plongiur, du Pantheon ou d'une pagode, d'une naumachie ro- niaine ou d'une chlaniyde grecque; qu'on Use une longiie des- cription du telescope d'Herschel ou d'un vaisseau de ligne, on sent K' bcsoin de voir, puisqu'on ne pent ;:'uere se contenter de lire ou d'entendre. La Galerie systeniatique se recommande done ))ar son objet nieme ; elle ne se recommande pas moins par rexeeution. Quatre divisions sont deja publiees en parlie : I Histoirc naturelle ;i Statisticjtie ; '3 Architecture (^ c'wWe, mili- laire, navale, ancienne et moderne ); t^ Mythologie et Cidte. — line s'agissait pas ici de viser a I'invention; bieu choisir et bicn executer, telle est la double tache des edileurs. lis I'ont parfaitement remplie ilans les cahiers que nous avons sous les yeux. La collection complete aura 226 feuilles. C. MONNARD. SUISSE. 34- — * Histoirc naturelle des hwandes , par le bari)ii Fred, de 1 34 LIVRES ETRANGERS. Gincins-Lassaraz. Geiu've, i8.i7 ; Rarbozal ct Dclaiiic. In-8'^ de 200 pag. environ, avcc onzc belles planches yiantl in-/|". C'est par le sccours des bonnes nionographies (jii'on par- vieiidta a faire iinc histoire aussi complete que possible des piodiictiuns de la nature. Linne donna le niodele de ce f^enre de travail, tjui s'est niulliplie depiiis sons tant de formes dilTe- rentes, sans cjue les sciences y aient beaiiconp yagne. L'liis- torien des lavandes ne doit pas etre contondu avec la fonle si nonibrense des faiscurs de monographies : son ouvrage est iin niodele, il ne laisse rien a desirer; dix cspeces sont parfaitenient et pent-etre meme trop minulieusenient decrites dans son tiavaii, et non inoins bien re|)ie£enters. On pent, apres I'avoirln, regai'der I'un des genres les plus interessans de la vaste et odoiante faniille des labiees comme definilivemenl cOnnii. Avec la monographic des lavandes, le jaidinier saura t\>mment on doit cultiver dans toutes les circonstances dc jolis vegetaiix prcsquc tons nalinels anx elimats medilerranecns ; le niedeein sanra les cas oil il doit les employer pour soulager i'humanile sonffraute; le distillateur en pourra extraire ce par- lum si recherche pom- la toilette; le chiniistc en connaiira les jirincipes ; I'erndit y troiu'era ce qu'en rapporlerenl les anciens; ( t les botanisles qui voudront a I'avenir composer des species , n'anront rien de mieux a faire que de copier la synonymic et les descriptions de M. Gingins-Lassaraz. Les dix especes de lavandes decrites dans la nionographie qui nous occnpe sont le stecas, la lavande verte, la pedunculee, la dentee, I'he- terophylle des Pyrenees, la lavande ordinaire, le spic , la lavande pinnee, la lavande a feuilles d'aurone, la multifide et la corne de cerf. Toutes peuvent resister aux hivers en pleine terre dans le niiili de la France; quelques-unes recla- ment deja I'abri des orangeries sous le climat de Paris. B. DE St.-V. 35. — * Foynge pitturcsqiie duns le canton des Gr'isons en Suisse, vers le lac Majeur et le lac de Come, siir les grandes routes nouvellement construites a tiavers les cols de SjAugcn et dc Bernhardin; par J. J. Meyer : aceomjiagne d'nne Introduction ])arM. le doetcur Ebel; avec une carte rontiere de H. Keller. Zurich, 1827; J. J. Meyer. In-4° de 169 pages. An nombre des ameliorations de tout genre que font eiitre- prcndre en Suisse la naissance d'un esprit public federal et le besoin d'imprimer nn niouvenunl plus rapide a rindustrie et au commerce, il f'aut compter les routes nouvelles qui la tra- versent, on la Iraverseront dans tons les sens. Le seul canton dn Tessin a contracte, pour cet objet, une deitr de quatie SUISSE. \ m ujillions; encore scs routes n'attcindront-elles leiir but que par I'acheveiiu'nt de cellc qui passera par Ic Saint-Gothnrd et dont la eoiislructioTi vicut d'etre coniniencf'e. Los routes du Beinbar- din et du Splu^en, montagnes de la partie nieritlionale des Gris()ns,iie sont pas d'unemoindreinqiorlance commereiale. La premiere, destinee a etal)lir une coinnHuiicatioii eutre !es Ori- sons ('t les Etats duroi deSardaij^ne, ene\ilant laI,oml)ardie, a ete I'objet d'nne convention entre les deux gouverncniens. La nature opposait a l'entre]irise des obstacles q\n seniblaient iu- snrmonlabies dans un ])etit pays dont les rcssources sont fort bornees : la perseverance du gouvetneinent , les sacrifices vo- lonlairesdes partirulierscl I'habileteqni a preside aux tra\au\ ont surmonte toufcs les difficultes. '< On a fait sauter 92,2(8-; metres cubes deroclies, qui ontexiijc i35o quiutaux de poiidre a canon. La longueur de tons les murs de soutenenient est de G750 metres (42,900 metres cubes), et celle des murs de re- vetement de 6665 metres (le livrc indiquc fautivement 7998 metres cubes). 11 y a 4^* canaux formes pai- 12960 metres cubes de maconnerie. Des garde-fous, tantot doubles, tantot simples, garnissent la route sur une etendue totale de 32,453 metres, et des parapets en maconnerie sur ure longueur de 871 metres. Tons ces garde-fous sont de bois. Sans compter les deux grands ponts de Reichenau, on en rencontre cin- quaiite-deux sur toute la route; parmi ceux-ci, il y en a si.x. ancicns, qui ont ete elargis; tons les autres sont nouvellement constiuils en pierre, excepte trois qui sont en bois; ces ponis ont de 3 a 21 metres d'ouverture, el il y en a un seul de tiois arches. La largeur de la route est presque partout de 18 picds, et sa pente est de 6 sur loo, ce qui produit environ 4 7 ponces par toise. Depuis la ville de Coirc, qui se trouve a i836 pieds au-dessus du niveau de la mer, elle s'eleve, sur une etendue dequinzelieues, de 4748 pieds, jusque surle monl Bernhardin, dont la hauteur est de 6584 pieds, suivant un relevement tri- gonometrique. » La depense totale, y compris I'achat de terrain et les iudemnites payees pour des proprietes particulieres, s'est elevee a i,i32,i36 fr. de Suisse (le fr. a 3o s. de France). La route du Splugen, dont le point culminantest de 71 pieds au dcssous du passage du Bernhardin, conslruitepar I'Autriche poiu- eiablir une connnunication entre la grandc roaie des Grisons et la Lombardie, nest pas moins remarquable par la hardiesse de I'cnl reprise. A I importance commereiale de ces deux nouveaux moyens de comnnuiiration , a cetle jouissanee d'admiratiou que juo- curent toujours la grandeur et Taudace dans les travaux de i3G ^ LIVRES itTRANGERS. I'liomnu- vicnt sc joiiulre I'atlrait d'litie nature cxtraordinai- rciiKnt pittorcsqiic ot varic:f>, dc mceiirs oiigiiialcs , do .souve- nirs liistoriques et do monuincns dout, les ruines att<'Stent, coinnif toufes Ici anualcs des pi'uplcs, Ics proijres len(s mais roustansdc la liberte, fpi'un ceil atloiitif voit s'etcndre, s'a^ran- dir, so oonsolider, en dt''|)it d'apparcucfs souvcnt contiaire-^. Le pinrcau dc M. J. J. Meyf.r, la plume linbile de M. le doc - tcnr Ebfi, ont i'C]irod(nt Ics charmcs dc !a nature avec nn sin- gulicr Ijonhcur. I/autrnr cclebre du JlJnni/el dii voyageur en Suisse a donne una nouvelle pieuve dc ce savoir profond, de cette exaclitiulc dans les rerherches , de ce talent de |j;roiipt'r les falts d'une maniere instructive et atlrayanlc qui ont fait le succes de ses precc'dens ouvrnges. Ees Orisons, Lien que rune des parties les pins curieuses de la Suisse, ont ete nioins visites quo les autres cantons. Cet annee , cependant , les voyageurs ont commence a s'y porter en pins grand nombre. l.elivre que nous annoncons sera desormais un nianuel indispensable pour les pcrsonnes (jui parcourront cette contree, en curieux , en artistes, ou en savans. 36. — * Voytige dans Ics pctits cantons rt dans les Jlpes rJieticnnes, par M. KiSTnoFER, grand forestier du canton a botanique et la mi- iieralogie, I'etude des langues et la litleralure, I'economie ])u- liiiqne et la legislation troiivent egalemenl a faire leur prollt dans les ecrits dc M. Kasthofer, obscrvateur ealnie et cotiseien- cieux. L'ouvrage dont nous rendons conipte, plus susceptible d'un extrait que d'une analyse, renferme une multitude de faits curieux on iuiportans; nous en citerons un de cette dcrniere categoiie. I.'Engadine, grande et belle vallee du canton des Orisons, presente, sons le rapport de sa population, un aspect pent- SUISSE. i37 c'Ire unique dons son especc. live manie hcTcdilaire d'cmij^ra- tlou tcuimeiite les p;itrcs de I'Engadine, qui poiirrait etre hciircuse si ses cnfans ainiaient Ic sol qui lis vit uailre. I^es emigrans vent chctclier fortune en excicaut nn genie d'in- dusti'ie « qui, pcui digue d'un penple dc pattes libres, les assu- ji'tit a une occiipalion sedentairc et servile. II n'est guere cu Europe de ville considerable qui ne coniptc des Grisons dans le nombie de ses linionadicrs, confiseurs , ]iatissiers et fabricaus de liqueurs. Apres avoir passe tino partiede Icur vie dans I'exer- cice lie quelqu'une de ces professions, et des qu'il se croienl siiffisannnent rieh(!S, ces emigres retournent dans leur pays j)0ur y etaier aux yeux de leiirs conciloyens les avantages dc leur nouvcl etat : dn reste, leur patrie les revoit avec un esprit toul aussi pen cullive que lorsqn'ils en sorfircnt; niais ils y rapp( rtent en revanche le vernis exterieur des vilies, des nioeurs plus ou moins coi-rompues, le degoiit de la simplicite, et tons les genres de pretentions qui decoulent "> cailes. Prix de la liviaison , i5 fr. Dix livraisons out deja paru; on les public dc cincj en cinq semaines. Chacunc deile contient dix cartes. La geograpliie est devenue I'une des iiranches ies plus essen- lielies de rinstriictiou piibliquc; et, independaniment des ouvraij;es iniportans recemnient publics qui contribuent a repandre le gout de cctte science, on a fait ej;aiemcnt paraitre une iulinite de cartes generales ou particulieres, d'atlas , de niappcniondes, necessaircs a rintelligence des livres de geo- graphic , et qui ont obtenii ptus ou moins de succes. L'Atlas, entrepris par MM. Vander-Maelen et Ode, sera, sans contredit, ie plus complct de tous ceux qui ont paru jusqu'a ce jour. Les auleurs ont comjiulse les ouvrages les plus exacts, les plus savans, et ils ont eonsacre plusieurs an- necs de travaux assidus a reunir, a verifier leurs maierianx, et a les porter a un haul degrii de perfection. Aucun obs- tacle n'a pu les arreter; leur marche n'a pas etc retardte jiar les motifs d'interet qui, trop soiivent, vienncnt entraver de sembiables operations; leur courage et leur perseverance les conduironi , sans doute, au but qii'ils se sont promis d'at- leindrc. Ils doivent leurs notes physiques, niineialogiques, stalistiqucs, politiques, aux liommes les plus rccommandables dans chaque science , et elles sout redigees avec autant de pre- cision que d'exactitude et de clarte. Ccs notes sont placees sur chaque feuille, dans des cadres separes, lorsque le trace a laisse assez de place pour cela; ou en forme de legende, sur une portion vague de mer ou de pays inh.ibite. M. Vander-Maelen s'est servi pour son travail de la pro- jection par developpemcns coniques, afin de prociu'er aux sous- cripteurs la facililc d'en former, par la reiniion des cartes, un globe de ^3 pieds 10 pouces 6 iignes de diametre; et il offre memc de fournir aux personnes qui voudraient se livrer a cette construction les feuilles de remplissage iiecessaires pour couvrir la suiface de leur globe, a un prix tres-modique. Ces feuilles ne contiennent que des paralleles et des mcridiens. L'lxecution de rette idee produirait les plus vastes glolies que Ion nit encore fabrioucs. PAYS-BAS. 1 5 '5 Cent cartes de I'atlas do M. Vander-Maelen ont duja paru; il sera divide en cinq parties : V Europe , X Asie, X Afriqne , les deux Aineriques et \ Oceanic. Ciiaciine deslivraisoiis se compose de dix caites, prises indiffeieninient dans toutes ics parties du monde; ellcs portent, en tele, la designation de la contree qn'elles representent , et, aux deux cotes dn litre, la division a lacjiielle la carte apparticnt, et son niiniero d'ordre; par ce moyen, les souscriptenrs ponrront ies classer avec facilite. S. 31. Ic roi des Pays-Bas, qui porte «n vif interet a la confection de cct atlas, et en protege I'execution , a souscrit pour toutes ses bibliotheques particulierrs et pour celles des universites; et les princes de la faniille royale ont suivi son exemple. Cette marque de favcur, (jui s'aiiache a cctonvrage, des sa naissancc , est un grand encouragement pour M. Vander- Maelen , et un gage des soins quil doit metlre a rexi'-cution des parties qui ne sont pas encore publiecs. Plus son travail sera exempt de taches, plus sa patrie s'en tiendra honoree ; plus il approchcra lui-meme de la recompense a laquelle il doit aspirer, I'lionorable suflrage de ses concitoyens et des savans etrangers. C'est dans ce but quil voudia bien nous permettre de lui dire que son trait lithographique n'est pas toujAurs assez pur, quoiqu'il ait acquis de la nettete dans les planches les plus recentes; et que la lettresurtoutnenoiisparait pas avoir ete confiee a un artiste assez sur de sa main; il doit s'attacher, a I'avenir, a la rendre plus egale, plus agreable a I'oeil, et a mcttre plus d'ordre dans la disposition dos mots, afin d'eviter la confusion. Nous lui rccommandons encore d'apporter la plus grande attention a fortbographe des noms; on ne saurait etre trop scrupuleux a cet egard. Au reste, I'en-- semble de cct immense travail est digne d'eloges, et doit fixer I'attention des geograplies les plus instruits, comme celle des gens du monde qui se plaignent de ne pas trouver assez de details dans les atlas ordinaircs. R. /(8. — * Resume des opinions des philosophes anciens ct mo- derncs sur les causes premieres , tcs proprietcs generales des corps, ct I'edier univcrscl ; par L.-A. Gruyer. Bruxclles, i827;Hayez, imprimcur de I'Academie. 2 vol. in- 16 de 355-267 pages. Cet ouvrage, rempli d'lme erudition tres-agreable, et sou- vent utile, troiivera beaucoup do lecteurs, nieme parmi ceux qui ne croient point a la metaphysique , refuscnt ses offres trop officieuses, etliu interdisent formellemtntlVntree des sciences naturelies. Sans examiner si les philosophes dont M. Gruyer expose les opinions ont vu des verites, ou s'ils n'ont fait que rever des hypotheses, c'est un spectacle plein d'interet que i54 L1VRE8 liTUANGEIlS. cfliii Jcs tluclaations dc I esprit luimitin, pondant phis ilo trcnt<; sicck's, sans que les olforts dcs plus grands {^cnics aiop.t rieu ))rotl»it pour la vci itahlo itj'jUuctiun, taudis (prii peine etilres dans la vpio d« rt'xprtifiice, Ics esprits ordinaii-fis out vu la li'iir poitc't; line iiuiiiensitc' dc fails (pii ue seniblaicMil aftendrR que tlt'S obscrvalours. Ces fairs coordonucs out forme Ics scien- ces, do.nt roditicc s'e^l elevu ra|)iden)ctit , cl ccs sciences out eclaiic les arls dejacrees; clles en ont memo enseiguc de now- vcaux. L'ouvrat^e de M. Gruyer met en evidence la stei'ilile des discussions dans lestpielles riiitelliyencc humalfle, aban- donnee a ses propies forces, n'est plus aidoe ni diiigee par la contempli'.tion d'objets qui la ramenent vers la nature qu'elle (-lierelie ii coniiaitrc. Cost uu avertisseiuent des plus salutaires, el qui, sans doute, nc sera pas loujours donue co vain. Kotrc siecle devient ccilui des sciences utiles, c'est-a-dire,a])i)licables : La metapliysique est placee dans une sphere trop elevee jioiu (ju'elle dai^ne deseendre jusqu'a nous, et s'occuper de nosbe- soins ; qii'elie reste done asa place; ce nest pas a elle qu'il est reserve dc repaudre qiielque hnnie.re sur les causes premieres, ni sur les proprietes yenerales des corps, i;i sur Tether uni- versel. Y. 4<). — * Fiojtt (in Code /Jena I r/u royaume des Pays-Bn.i. Bru\elles,, I'Ja?; Weissenibrucb , imprimeur dii roi. In-8" dc 167 pages. Jusqu'ici les codes fraii^aiSjSaufquelques modifications, ont I'te conserves en vigueur dans le royaumedes Pays-Das; niaisle gouvernement de cet Etals'occupca les remplaoer par unenou- velle k''[:;islation qui scia pr:)bab!ement puisee en yrandc panic, dans la noire. I-esderniers titres du Code civil et le Code de com- merce on\. ele adopl-js, pc^ndant la session des. Etats-i^eneraux de i8z5-i826; \m\ Code d' organisation jiidtciaire a ete discule et adopte , pendant la session de 1 8x6-? ,827 ; et eidin un proj«t de Code penal va etrc soiimii a ccile qui vient de s'ouvrir le if> de ce iTiois (octobre). Les divers codes deviendront execu- toires lorsqii'ils scront Ions acheves ; en attendant, comme nous venons de le dite, quehpies iois pailscuUei-es ont seulc- nient remplace certaines disposilious dc la legislation francaise. Nous ne counaissons pas les Codes civil et de cominerce de.;- lines aux Pays-Eas; nous en avons entendu faire I'eloge, par- tjeuiierement du dernier, par d(!S juriseonsidtes. recomman- dables. Quant an projet de Code penal, iresl parvenu entre nos mains, et uous alloiis aons exprimer franchenient siir ce sujet. • I)e Ions. Iie.s. Codes qMi.composcnt rensiinble (h- hi legislafion J fiancaiso, ccliii qyia 9*i?cit(i ks plus nliivcrsolles cririqires ett satis' conlicdil le (Jodr pnial. Fait a uiie epoqiie de despo- tisme vt d'arl)itraire, losdivcrsos dispositions cju'il n-nfcnne con- coiiiaieut metvcilifusemenl a secoDtler ccs deux mobik-s di\ jjcuverucmeiit tpii pcsait alois sur nous. Les vices principaux qu'on y lemarquc out etc sij^nales avoc force ot eloquence par de nombienx eciivains; il semblait done que drs legisla- teurs appeles a domicr a leur pays un Code des delits et des peiues , tout en conscnlant a adopter quelques^uues des formes exterienrf's et metne des classi&calions du Code penal fraricais, auraient pu facilcment y apporter d'iinportanles ameliorations et rendre ainsi leurs travaux dignes en tout point de la haute missiou qu'ils avaient a remplir et du siecle eelaire oii nou^ vivons. Telle n'a p;is ete, nous devons le declarer, la marclie des hommes d'Etat qui ont prepare le projet de Code dont nous entrelenoQS nos lecteurs. lis ont fait, il est vrai, de nombreux changemens au Code francais; mais ces ch<'iBge:nens, loiin d'avoir etc cotweilles parun esprit de reforme et d'ameiiora^ tioii, rendent leur projet encore plus indigne de regir unc nation policee, etsendMent avoir ete puises, du nioins en par- tie, dans les recueils cies lois barbares du raoyen age. Ce projet de Code pL-nal est partage en onze pariies dis- tinctes, (]ui, reunies, fornieront /igS ai'tieles. Les peines qu'il etablit sont : i° la mort; 2" les peines d'tcliafaud; 3" la de- claration d'infamie; 4" remprisonnement; 5" la relegation; 6" le baiuussement; 7° la dt'claration, soit gencrale , soit mo- difiee, d'inhabilele a toute charge, fonction ou emploi; 8" la declaration de decheauce de quelque chaige , fonction on emploi, ainsi que la defense d'exercer certaine profession 011 metier, pour un terns ou pour toujcurs; 9° famecde. La peine capitalc dovra etre exceutee sur lechafaud, en suspen- dant le criminel a une corde. Les peines ditcs d'echafaud sont au nombre de quatre, savoir : 1° le fouet et la marque; 2" le fouet; 3° Ic glaive passe par-dessiis la tele; /(° I'exposi- tion sur I'echafaud. Parnii les actions repriniees par I'une des peines enumerees plus haiit, nous avons remarque le duel, quel'arf. 214 defenit: Un combat regidicr entrc deux pcrsonucs, en presence dc temoins ou sans temoins, precede d''un defi fait vcrbalemcnt, par ecrit ou par geste , avec determination d'un terns fixe pour vcnger ou pour reparer unc injure, reclle ou pretendue. Le duel n'est point' punissable lorsque ni Tun ni I'aulre des adversaircs n'a recti auciuie bicssnre. La tentative, quelle ffu'ci| soit la gra^vite, i56 LIVRES ETRANGERS. n'cst point punissablc. Dans le cas oCi c'cst roffense qui aura provoquii son advcrsaire <»t I'aura prive de la vie , le coupable dovra ctrc pnni d cmpiisonncnicnt ou de rcli-t^alion, avcc ou sans bannissenient , qui, cnscmi)lo ou scparoinent, n'oxcedi-- ront pas huit annecs. Lcs peiiics varicnt ensuitc, d'apros Ics diverses circonstances qui jieuvcnt so rcnconlicr on pai'cill*; occasion. Si roffcnsant a ete aussi le provocnteur, ct qu'il ait tue son adversaire, il est puni commc nicurtricr. Nous doulons que ces dispositions pennies deviennent reellomcnt efficaces; pt neanmoins nous en approiivons I'insertion dans le nouveati Code des Pays-Bas. Ce qui choque le |>lus la raison dans le projcl du Code penal dont nous nous occupons, c'ost la lesui'rection de chali- mens jjiopres a dt-gradei- le caractere moral de I'honime , et a Ic depraver plus encore qu'il ne I'etait avant davoir ete atteitit par le glaive de la loi. IV'a-t-on pas lieu d'etre etonnc que le gouvernement des Pays-Bas qui, dans bcaucoup de circons- tances, a prouve qu'il est anime d'un esprit veritablenicntcons- titntionnel, semble, dans luie si giave occasion, etre reste etrani;er aux progres que la legislalion criminelle a fails en Amerique et dans quelques Etals de I'Europe ? Esperons que ce gouvernement, eclaire par lcs nombreuses critiques que son projet deCode penal a deja essuyees, s'einpressera de le retirer; ou do moins que les cliambres legislatives iiseront du droit qu'elles possedent de le rcponsscr ou de !e modifier dans les dispositions (pii blessent les droits de I'linmanite et les interets veritables de la societe, et s'accjuerront ainsi vn nouveau litre a la reconnaissance des peuples qu'elles sont apptlecs a representer. A. Taillatjdier, Avocat. 5o. — Essai dc grainnmire gencrnle , basee stir les procedes ideologiques et analytiques de Lcniare, par N. Dally, direc- teur du pensionnat et de I'institution de Vise Lii'^ge , 1826; Dessain. In-8° de 40 pages. Nous ne dirons qu'un mot de cet ouvrage. L'auteur, suivant presque en tout la marche Iracee par les granmiairiens pliilo- sophes, ct en parlicnlier les idees deM. Lemare, clierclie a faire decouler toutesles regies de la grammaire gcnerale de principes clairs et peu nombreux, et tons fondes sin* la nature et la raison. L'extreme concision de sa grammaire la rendra peut-etre diffi- cile pour des enfans; mais, expliquee par un bon maitre, elle deviendrait exlrememcnl utile a la jeunesse, et surlout lui ren- drait I'elude des langucs plus facile, en ne lui incidquaiit que des principes vrais et rigoureux. 11 faut cependant excepter de ce nombre quelques-nns dc PAYt>-BAS. 1^7 Ceux qui sout admis par M. Dally, ft entre aiitres, ceiix-ci: On appellc cas Ics differcntcs positions oil an suhstantif est place clans line phrase (|). i 5} ; le mot de cas oinporto ordinairement I'idce d'une variation dans Ic mati'iiel da mot. La racinc des modifications complexes ( des verbis ) pent etre variee par cinq signes d'idees acccssoires : savoir, de voix, tie mode, de terns, de Ttomhrc ct de personne (p. 19) : !es lai)!j;MOS sc'miti(iues admet- tcnt en outre des genres a qiielque terns de leurs verbes. On pourrait dcmontrer aiissi rigoureuscmcnt que tons les mots dans iniitcs les langues sent constitues de la meine maniere (p. 11). Cette idee, d'une valeur primordiale atlacliee par la nature au sou de chaque letlre, devcloppee par Court de Gi'beiiu jusqu'a la couiistauce de trois volumes iu-4°, adoptee et caressee |)ar un grand nombre de grammairiens, et beaucoup trop cstimee par M. Dally lui-mviine, est tombee entierement devant les luiV'ieres de la philoloi^ie, et a prouve seulement que les hommes a syste:ue acconimodeut presque toujoius la nalui'e a leurs pensees, au lieu d'accommoder Uurs pcusees a la nature. Je n'en donncrai qu'un exeuiple que j'emprunterai a 31. Daliv- Le mot tonnerre , dit-il (p. 89) , est imitatif dans toutes les langues : T dt'signc le contact des nucs ; o?r, le son qui en rcsidte ; et rr , le rnulcmcnt pruduit par ce son. Certes, en francais, ce moi ton- nerre est un mot fort doux, ct je n'y ai jamais ritn vu de ce qu'y trouve M. Dally : mais en supposaut que cela y solt , Irou- vera-l-il la meme chose dans Ic mot \iy\oi danou , dans le mot Sanskrit residam ? Enfin, comment expliquera-t il les mots qui, avec des sons pareils, ont des sens si differens dans les diverses laljj^'ues ou dans le menie idiome.? IJ. J. Oiwrages periodiques. 5 1. — * Bibllolheque des institute urs ; journal de I'instruction moyenneet primaire dans les provinces wallones. Mons, 1827; H J. Hoyois. In-8". Cejoiunal parait tons les mois; le dernier cahier est remar- quable par un entretien entre un cure el un paysan qiu- !e mot de science remplit d'effroi. Le cure , dans un langageapproprie i I'ignorance entctee de I'interloculeur, parvieuta lui faire com- ])ren(lre combien de connaissances utiles (I'ecriture, le calcid , le dessin lineaire,quelques notions elementaires et jusles d'lns- toireet de geoi^raphie) on peutdonuera un enfant en moins detejns qu'onn'en mettait autrefois a lui apprer.dre a lire.Le paysan ne se rend pas au premier mot; il voudrait que les jeunes gens n'apprissent que raritlimetique. Le cure, apres i5,8 LIVilE.S tTRANGl'J\><. — UVRKS 1 RANf^VIS. I'aveif €ombattii, liii proint't un mnivt'l i-ntri^iifn, ou il Ic cou- vaincra pai' des raisons irrefiatjables. Nous ns. lis y trouvciont le rcsunio do taut do vo- himos qui nous inondont, ot a la loctuie dosepiols no siilliiait pas la vie d'un patriarcho. Lcs doiix aulouis no se donnont pas pour V avoir mis boaucoup du lour; niais ils ont i'ait un choix ti-os-jiidicioux de co qu'ils dovaienl y mottio dos aulrcs. Avoc lo Manuol de MM. Giraidin ot Juillct, on pout dovonii- botauiste , et les botanistes consommos consulloront avoc iVuit cot ouvi-age. 5/|. Botanique du droguiatc et du /lenocia/il en substances exotiijucs; ouvrago traduitde Tani^lais par M. E. Pelouse. Paris, 1827; Malhor ot compaj^'nie, passage Dauphine. In- 12 do 'iSo pages ; prix , 4 f»- ^o c. 11 est facheux que lo traducteur do cot ouvragc , qui , s'il otait coniplet, serait d'unc grande utilito, no se soit pas clove a la hau- teur do la science. C'ctait uneheureuse idee, assuroment, que do porter rexactitude de la botanique dans une branche inipoitante du conimerce, cellc qui se compose des produits vegetaux. Nous croyons bien que le docteur aJnl/icjf/y 7'o/J Thomson , membre de ia Societe rajale , des Colleges de medocine de Londres et d'Edimbourg, et de toutcs les societes savantes d'Angleterre, pourvu de connaissances profondes en botanique et en physio- logie vegetale, s'est aide dos plus nombrcux documens, pour dissiper boaucoup de prejuges, ocarter une foule d'erreurs,.. etc. Mais le docteur Thomson est fort loin d'avoir epuiso la matiore. Nous pourrions lui rappelcr cent articles au moins (jue I'indus- trie ot la pharmacie, cmpruntent du regno vegetal, qu'ou demande tons les jours chez le droguiste, et dont il n'a pas dit un mot. Nous pourrions lui indiquer une multitude d'omissions dans un peu plus de deux cents des articles ou il renferme la botanique du commerce-, et nous engageons son traducteur a reparer tant d'omissions , s'il donne jamais une edition nou- velle de son livre. Nous ainions ii croire les autres parties de la Bibliotheque industrielle de M. Malher mieux traitees que sa botanique , ouvrago enlierement a rcfairc, anglais dans la force du terme, ou Ton ne dit pas un mot de ce qui pourrait etre utile auxnegocians et aux marchands francais. Il cut pres- que mieux valu rajeunir le vieux Pommel. B. UK Saint-Vincent. 55 — * Essai nionographiquc sur les cscillaires , par M. Bory DE Saint-Vincent. Paris, 1827; Puy et Giavior. In- 3°. Cet ouvrage est Tun des travaux remarquables sortis de la plume d'un auteur focond , qui , passant avec une surprenante SCIENCES PHYSIQUES. i6i facilite d'lin snjet a lui aiiire, met a approfondir tout ce qu'il traite le terns qui sufQiait apeine a beaucoiip d'aiitres pour efflcu- rer seulenient les nienies maticres. Nous avons rapporte (voy. f. xxxv,p. 796) la lettte pailaquelle M. Bory de Saiut- Vincent ap- pela Tatteution de I'lnstitut sur une classe d'etres tellement limi- trophe entre les regnes animal et vegetal, que les natutalistes n'ont su jusqu'ici auquel les rapporter. Ce savant fixe toutesles incer- titudes; les oscillaires appartiennent au regne nouveau qu'il a ])ropose precedemment d'adopter sous le nora de psjckoc/Iairex. Les oscillaires, tres-repandus dans la nature, couvrent le bas tlis murs humides, les dalles de nos Fontaines publiqnes, et cioissent dans I'intcrstice dn pa"ve des grandes villes, aussi bien que sur le chanme de I'humble habitation des villageois. On n'y voit a I'ceil nu qu'une teinte d'un noir verdatre, gelali- neuse , et souvcnt fetide; an microscope , I'oeil emerveille y decouvredes fiiameus elegamnient colores etarticules, s'agitant par divers mouvemens oil les plus incrednles ne pourront s'em- pecher de reconnailre des indices evidens d'animaiite quand ils se donneront la peine de voir. Ce qui nous parait le plus i'Xtraordinaire dans les observations de notre premier micro- graphe , c'est la certitude qu'il a acquise que les memes especes d'oscillaires peuvcMt vivrc et se developper cgalement dans les eanx les plus froides et dans celles des ihermes les ])lus chauds. II s'en trouvc dans les funtaines oii le thermomeire s'eleve jusqu'a cinqnante et quelques degres. Apres I'exposi- tion lucide des generalites qui concernent ces singuliercs creatures, ime trentaine d'especes sont parfaitement decritcs. La derniere , que particularise sa couleur d'un rouge fonce, et qui fut dernierement decouverte par le savant botaniste 3Iou- geot dans deux lacs de Suisse , est appe!ee,par M. Bory de Saint-Vincent, Oscillaria Fharaonis : « parce qu'elle parut, dit ce savant , renouveler celle des plaies d'Egypte ou les eaux furent chaugees en sang. Y. 56. — * Anatomis de VJiomnie, ou Description et figures lithographiees de toutes les parties du corps humain; par Jula Cloquet, d. m. , mcmbre de I'Arademie de medecine; etc.; publiee par C. de Lastevrie, editeur. 3i^ et 82^ livraisons. Paris, 1827; Bregeaut, imprimenr-lithographe, rue Saint-Marc, n" 8. 1 cah. in-fol. contenant 28 p. de texte et 10 planches; pri.x de la livraison, 17 fr 5o c. ;^Voy.7?e('. Enc.^ t. xxxii, p. 52g.) r»7. — * Precis de nosologie ct de therapentiqiie , par J. B. G. Barbier, medecin en chef de I'Hotel-Dieu d'Amieiis, profes- seur de pathologie et de clinique interne a I'ecole secondaire de medecine pratique d' Amiens, etc Tom. I. Paris, 1827; r. XXXVI. — Oclobre 1%^-]. 11 ifia LIVRES FRANCAIS. IMe(|iiii;non-Marvis. lii-8° de 680 pnL;es; piix , <) fr. , Pt 11 fr, par ia poslo. — N. B. Lc premier voliuuo iie sora rcmis qii'ii ccux qui s'eni^agcroiit a prciulre V: sccoml . (pii doit iiaraitrc incossaniment. Void 111) oiivra^o (ju'il faiU L'tudici', avant de lc jiii;ei- : nous attendioiis, pour iioiis livrer a cc travail, (pie nous ayorkS lis doiix volumes , ct ([ue rciiseiublo dcs doclrincs uicdioalos do M. Barbicr puissc etre mis sous les yeux do nos lecleurs. Tout semblc aniioncer une sortc d'.; rovolutioii dans los doclrincs adoptees juscpi'a cc moment : on s'etait Leauconp iroj) pressi- d'acliescr redifice , on s'est mis dans la necessitc de deiiiolir et de rec(jnstr"jirc , travail pcnible pour I'esprit hiuiiain. On cspero que le livrc de M. Barbier sera d'uu grand secours poi.r j)rocedcr a cetle double operation. F. Y. 58. — Notice sur les licrnics , ct siir tuic nouvclU' niaiiivrc de. Ics guerir radicnleincnt , par Beaumont, de Lyon. Paris , 18*7 ; Crevot , rue de TEcole de Medeeiue, n" 5. In 8°; prix, 3 fr. Apres avoir fait reiiume! aiion des moyens e!i)p!t>yes ji!--,qu'a ce jour pour obtcnir co qii'il appelie la cure radicalc ties hernics , I'ai'.teur, qui n'cst pas mctleciti , mais qui a de la re- putaliou commc banda^isle, expose eeux qui lui son! propres. II s'agit de garnir la pelolte compressive d'un ni'jlanijc d'opium brnl pulverise et de «ous-ca! bouate d'animoniaque. Cctte appli- tatiois fait naitre a la peau une irritation assez vive , (jui sc communique bienlot au tissu c(;llulaire, ei determine aiiisi par deqres rendiu'cisscment a I'aide duquel la guerison delinitivc s'o]jt!re. M. Beaumont conseille, dans le memo but, une autre formnle aslringente , composee de tan, de pousses de maron- iiier d'inde, de noix de cypres , de galles clioisies , de sel am- moniac: etc. II termine son travail en citant dix-huit exemplcs de sueces qii'il a obtenus. L'emploi des astringens pour la guerison des heruies nest pas uiie chose nouvelle. Cette melliode, jugee dcpuis long- terns par I'experiefice , n'est que palliative. Si les observations qiic eiie I'anleur etaient eoneluanti'S, M. le D'' Goulard, de Lyon, chirurgien dn plus grand merite, n'aurait pas manque de les appuyer parson temoignage : designe ])ar les Uicmbres «le la Soeiete du dispensairc pour |)iendre connaissanee des ])roce(les de M. Beaumont, il a garde lo silence apres avoir vu. Dans tons les cas, s'ils ne sont ni nouveaux ni parfails , ces procedes ont I'avanlage d'etre sans danger. L. 69. — Manuel du dciitLste, a I'usage des exanicns; ou Traiie de cliirurgic dcntaire, consideree sous les rapports anatomique, physiologique, hygienique et pathologique; par D. J. Goblin, D. M. P. Paris, i8?,7; Compere, rue de I'Ecole de medecine> SCIENCES Plii'SIQUES. iC3 -n* 8. L'auteiir, rueTiquefonnc, n° 17. In-8°de ^55 pag.; pii.\, 3 fr. Cet ouvrage, divisc en i\cn\ parties et en cinq cliapltres , aurait pii etre beaucoup plus inleressant, si I'auleiir n'3' avait accumiile iine foule do choses (]ui appartiennent pins specialc- mcntaranatomiecta la patholo^jic geueralcs, cts'il s'etait con- tenle de (aire connaitre la dentition [jropsenient dite, les ma- ladies anxquelles les dents sont sujettes, les nioyens de les prc- venir et de ies guerir, lorsqn'elles sont dcveioppees. Tel qu'il est, ce manuel renfernie neanmoinsdes faitset des observations que les hoinmes de I'art aimeront a consulter. D. 60. — Nout'elles rechcrchcs sur iorigine , In nature ct Ic. traite- mentde laniolc vesiciilain; on groiscsse Itydatiquc, par ]M'"<^veuve BoiviN, maitresse snge-femine, etc. Paris, 1-^27; Mequiijnon aine, libraire de la Facnitc de Medeciue.In-S" de 80 pag.j prix, a IV. 5o c. Cetle brochure merite I'attenlion des naluralistes et des accoucheurs. Les premiers exainineront si le pari iiydatique est forr.ie par des vers aceplialocyslcs connne I'ont pense Lacnnec , Dubois, Percy, Hipp. Clotiuet , apres Rudolphl c\. Mickel ; ou- bien , au conlraire , par de simples vesicules, resultat d'une conception degeneree , d'une disposition mor- bide des vaisseanx capillaircs de Tamaios, du chorion, ou du placenta. 'WM. Dcsormcaiix , Fclpfaa,iil^l"^^ Boivin sontde cet avis. Apres avoir lu les deux observations de part hvdalique rapportees par I'auteur, les aocouclieurs seuls pourront de- cider si ies corollaires deduits de son Memoire sunt incontes- tables , et si la pratique pent en retirer ipielque fruit pour le prognostic et le traitemenl de eel te affection singuliere. L. 61. — Pliarmacir clerncalairc en 24 Iccons , on Manuel theorique de Televe en pliarniacie , accoinpagne d'un TraivJ sur la mode de prrparatiun da prescriptions inediealcs , dans tons les cas prevus ; par G. L. Brismontier. Paris, 18^7; Audin. In-i2, de 479 P"S^^''> "^'t'<^ 4 planches; prix, 7 fr. « J'ai vu paraitre suecessivement plusieurs livres de sciences, divises en lemons ; et en y retlechissant , j'ai cm m'apercevoir que, s'il etait permis d'enseigner en ao ou 3o lecons , des sciences pour lesqnelles nos ecoles emploient deux annees, il serait possible d(! presenter sous la meme forme un traiie de pharmacie , pnisque les coiirs de I'ecole se terminaient en one seule annee .j'ai done ose I'entreprendre.M Quoique cette ma- niere de raisonner ne soit pas tres-iigoureuse , ou s'occnpera bien raoins des motifs qui ont determine i'auteur a ecrire ce traite, que du succes qu'il a obtenu dans son travail. II sepre- i64 LIVRES FRANCAIS. scnte avcc iine expuiieiice assez rassuranto; il a jyasst' dix ans dans Ics deux principalcs pharmacies dc la capitate , ainsi qu'il nous rapprend dans son introdnclion. Mais, cntre ocs con- naissances dc pratique, ct le talent neccssaire pour la compo- sition d'un ouvrago clementaire, I'intervalle est immense , et mailieureusement , ou ne le soupconnc pas. C'est un travail qui exige un apprentissa^e special , dans lequel on ne reussit (ju'apres un certain non)bre d'essais. Il ne suffit pas d'avoir divise en lecons , ou chapitrcs , rouvrage qu'on veut faire, et mis entre ceschapitres un ordre qui semble satisfaisant : si Ton n'a pas tiouvc I'ordre de la formation des idees , si unc ana- lyse logique tres-exacte et complete n'a pas fait decouvrir cet cnchainemcnt necessaire des veriles et des connaissanccs, on n'a point fait un ouvrage eleincntairc : celui de M. Brismontier n'en est pas un ; on n'y sent point , en passant dim chapilre a un autre , la connexion intime de ce (ju'on lit avec ce ([ui pre- cede; I'ordre naturel des idees ne s'y fait pas assez reconuaitre. Mais, quoique ce livre ne soit pas encore im traite elemen- taire , on ne lui refusera pas le merite et rutilite d'nn bon manuel. On n'approuvera pas que les notions chimiqiies les plus essentielles ne viennent qu'a la 17^ lecon ; mais , en con- siderant les chapitres comme isoles, on trouvera dans tons beaucoup de connaissanccs exposees clairement , el avec pre- cision. Si I'auteur s'attache i perfectionner son travail , la seconde edition peut eire fort bonne, et celle-ci rendra tleji des services, non pas i la tlieorie, car celle d'un art cliimique n'est autre chose que la chimie , mais en raison du grand nonibre de faits et de preceptes qu'elle renferme , et qu'elle rappelle facilement a la memoire, fonction cssentielle et im- portantc des manuels. 62. — * Formulairc pour la preparation et temploi dc plii- sieurs nouvcnux medicamens , tels que la noix vomique , les sels de morphine , I'acide prns^ique , la strychnine , la vcra- tiiue, etc. etc. ; par F. Magendie , membre de I'lnslilut , etc. Sixieme edition , revue et augmentee. Paris, 1827 ; Mequignon- Marvis. In-12 de 3io pages; prix, 4 f'- 5o c. et 5 fr. ^5 c. par la poste. « Malgre I'opposilion des niedecins du xviie siecle, malgrc le fameux arret du purlement qui proscrivil remetique , en depit meme des sarcasmes spiriluels de Guy Patin, I'utilile des preparations autimoiiiales est depuis long-tems reconnue: ))0ur celtc fois du nioiiis, le prcjuge s'est soumis a rovidcnce. 11 en sera dc meme , je I'espere , des substances nouvelles que la chimie el la physiologic nous signalcnt dc concert commc dc precieux mcdicamons ; la repugnance quo plusieurj prati- SCIENCES PHYSIQUES. i65 cieiis eclaires t'pronvtnt encore a s'cn scrvir disparaitra bieii- tot (lovant les lesiiltats de i'cxperienco qui en foul diaqiie jour appiecier les avantagcs. » Le savant niedecin, aiiqiiel on doit cet ouvrage , invi(e les niedeciiis a lui adresser Iciirs observa- tions, a I'aidef a perfccrtionner cet important travail. Snr un sujet aussi noiiveaii , la multiplicite des fails est encore indis- pensable pour arriver a la vi'-rite , la rcconnaitre et liii im- prinier le caractere de certitude qui la rend utile dans les ap- plications. Cette sixienie edition ne sera pas la derniere de ce fonnnlaiie; I'accueil qii'ii a deja lecu du public est un garant de celui qu'il en rccevra dans tons les terns. F. 63. — Les Medecins francais conlcmporains ; parJ.-L.-H.V. ., 1"" livraisou, Paris, 1827; a la librairie de I'lndustrie, rue Saint Marc- P'eydeau, no 10; Gabon, rue de I'ficolede Mede- cine, no 10. In-8° de 112 pages; [>rix , 1 fr. 5o c. C'est une tache difficile que celle de faire Thistoirc des me- decins contemporains , sous le rapport de leurs doctrines seu- lement. Un biograplie est entraine, presque malgre lui, dans des particularites quidoiventnecessairementblesser lesamours- propres ; et I'auteur dont nous annoncons louvrage n'a pas eatiercnicnt evite cet ecueil. Cependant, il faut lui rendie jus- lice. Les differeus articles contenus dans cette premiere livrai- son sont rediges avcc soin. CeUii de M. Broussais est surtout remarquable par une analyse exacte de la doctrine de cc inede- cin celebre, dont les partisans et les adversaires ont presque toiijours cte diriges dans leurs jugemens par I'esprit de parti. M. Alibert, dont les ouvrages ont etc favorablement traites ]>ar tons les journaux, sera pen satisfait de la maniere dont il est jiige dans cette biograpbic. MM. Coutanceau, Berard , Adelon et Civiale y recoivent des eloges merites. D. 64. — Tabic dc >nul(//^lication , suivic d'nne Table donnant la circonference et la surface des corps circulaires et spheri- tjues, ayant leur dianietre; d'une Table a I'usage des toiseurs, oil ies quantites de pieds se trouvent reduiles en toises el de- mi-toises siiperficielles; et de plusieurr. Tables pour la reduc- tion dos niesures quclconques, anciennes ou nouvelles, et re- ciproqiiement. Versailles, i82r); Jalaberl. Id-8"^ de 168 p.; prix, i5 fr. Cette Table donnc les produits des multiplicandes 1 a looo par les multiplicatenrs 1 ^ io3 ; les circonferences des cercles, les aires de ces cercles et des spheres de diametres compris entre 0,01 et 3, 00. T. R. 65. — Maxinics dc gucnc de NapoL'on. Paris, 1827; Anselin el Pochard. In-32 , de 188 pages ; prix, 2 fr. 5o c. (GO LIVRES FRA.1VCAIS. Oil n'approndia jjas sans intciet que ce petit oiivrai^e est dii ;i nil officicr ctrangci, juste apprcciatcur des },'rands ialeiis , et laires, avec iin pareil nombic d<; lithogiaphies, rcpresen- laiit cet evenement. Est-ce tin miracle, 011 nVst-ce qti'iine jongleiie? Ceci ineritc; le plus mur exameii. Si le fait est mira- culeux, c'est, aux yaitic! do ecus, ipii cxislaient. Les titfcs senls qui out etc abiogos ct rcniplaces par des dispositions nou- velles forment qiiatre pages rt demie d'un grand in-4". Ces slatuts nesont pas tons conciis dans la nieme langne : ])lusieurs etaient en mauvais latin; quclques-uns en vicux francais nor- mand; d'autres en mauvais anglais. Les diflicultes du langage se joignaicnt ainsi aux difficidtes que faisaicnt naitre deja la muldplicite de ces statuts et I'obligation de consulter aussi une foule de decisions jutliciaires. Car les precede/is, c'est-a-dire, ios arrets des cours etaient encore plus nombreux que les statuls. Enfin, en 1825, un niinistre, M. Peel, a eu le courage de fondre en une seule loi tons les statuts et toules les decisions qui se rapportaient a un meme sujet. II a fait mieux; il a fran- chement adopte tnutes les refornies qui etaient sollicitees de- puis plusieurs annees, soit par les jurisconsultes cux-niemes, soit par les amis les plus ('clnires de la liberfe. Cette grande riiforme, a laquelle ont concouru les jurisconsultes les plus instruits, sans distinction d'opinions politiques, a ete executee avec une franchise et une droitiire admirables. Dans cette oc- casion, on a pu se convaincre qu'en Angleterre, toutes les fois qn'il est question de justice interieure, les partis s'effacent completement. II n'y a plus ni whigs, ni torys, ni radicaux ; mais seulement des hommes qui cherchent de bonne foi quelle est la methode la plus sure pour arrivcr a la verite, et pour maintenir chacun dans la possession dc ses droits. Aussi, lors- que le projet de M. Peel a ele presente a la Chambre des Communes , il est devenu le sujet de tres-beaux discours; mais il n'a eprouve aucune objection. Ce projet, adopte sans oppo- sition , est un veritable code ; car il ne laisse rien a resoudre. C'est le premier qui existe en ce genre , et c'est aussi le seul. M. Charles Comte, dans la nouvelle edition qu'il donne de la traduction de Philipps, a supprimc les statuts que I'auteur y avait inseres, et il les a remplaces par la traduction de /a loi nouvelic. Il a fait disparaitre aussi les nombreuses notes, a I'aiile desquelles il expliquail; les termes de la jurisprudence anglaise, inintelligibles pour toutes autres personnes que des jurisconsultes anglais. Il a remplace ces notes par une exposi- tion des juridictions ou dc la division territoriale de 1' Angle- terre, des magistratures, des actes judiciaires et nieme des i8o LIVRES m.VNCAlS. (lelits , tlont la coiiiiaissance est necessaire pour entendre par- faileinciit les e oiit ete f?aneiiemenl adoples , et particnlierenieut eeux qui sont rolaiil's ;« la fonnaiion icl noire magistrature se livre a I'etude consciencieusc dc ses devoirs, et de I'ardeur qu'elle apporte a embrasscr la defense de tout ce qu'elle regarde comma essentiel au maintien et a I'agrandissement dc nos libertes pu- ])!iqucs. M. Boyard s'esl fait I'idec la plus noble et la plus haute des fonctions de la magistrature; plein de veneration poiu'elle, ct de confiance dans les liunieres et dans les intentions pures de la trcs-grande niajorite de ses membres,il nc s'en montrc cependaut jamais le flattcur, et ue lui epargne pas des avis severes. Dans les cinq livres tlunt son ouvrage se compose, il oxaminesuccessivement In justice et la magistraiure avant 1789, depuis I'assemblee constituantc jiisqu'au gouvernement impe- rial, sous I'empire ct depuis la reslauration; enlin, le juiy, tel qu'il est, et tel qu'il pourrait etre. L'ouvrage est termine par des pcnsecs sur la magistrature, exlraitcs des divers ecrils de D'Aguesscau, pour lequel M. Boyard jirofesse le cidle de la plus haute admiration. A toutes les pages, un amour tres-ardent pour rindependance de la magistrature ct pour sa gloire, anime et eleve la pcnsee de Tautcur; nous voudrions, toulefois, que sa polemiqne fut habitiu'llement moins aprc, et, par exempie, qu'en combaltant Touvrage sur la Justice criminelle , public avec beaucoup de succes par nn ancien magistral de Gienoble, M. Berencer, il se fiit abstenu de dire : « II faut toujours se dei'icr de ces livres fails par speculation » (p. 233); qu'il n'eut pas, en refutant une opinion emise a la Chambre des deputes par un autre magistral, M. Mestadier, employe des paroles lelles que ccUes-ci : « Qn'est-ce que cela signilie? c'est une in- jure en I'air, et rien de plus : si le reformalcur cut lui-meme un peu medite sur ces faits qu'il livre aux meditations de la Chambre, il aurait sans doute apercu sans de grands ef- forts, etc. >> (p. 147)- le livre sur le jury, ecrit en 1819, contient avec quelques idecs qui different des notres, beaucoup de fort bonnes vues, dont plusicurs ont ele adoptees dans la loi uouvelle qui a ameliore le mode de formation des listes; mais le ton general de I'auteur est quelque peu dedaigneux euvers 1 84 r, IV RES TRANCAIS. Ic jury, pcipt'tiuHonicnt sacrilic a la magislraliirc lorstiu'il est mis < 11 iiaralli'lo avi'c ellc. M. Royaid conihat tivs-vivcmcnt , qiioiqiie par iiri jcuI molif, rintioduclion clu jury dans lo jiige- mciit dcs affaires correctionncllL's; il craint fpic le zclc dcs jtu-cs iR' suliise pas a co suicroJt troccupalions; rcxix-riencf dc la valcur de cette obji'ction va bicntot ("Ire faite, lorsque la nou- vcllc loi sora mise a execution. II nous parait aussi traiicr beancoup trop lri;er*'menl la rpicstion du jury en iriatiero civile, qui n'a point cesse , quoi qu'il en dise, d'atlirer les niedilatious d'un yrand noinbre de fort !)ons csprits. ■■ On ne soni;(! plus aujnurd'hui, dil-il, a lui donner une telle extension; inais il est encore desesprits cbai,Mins qui, ne pouvant revenir de leurs preventions contre la uiai^islrature , voiidraient au moins des jures correclionnels. M. lierenger, par exemple, voudrait de i^randes el de pctites assises, etc. » C'est se preoccupcr etran- tjenu-nt que de s\qiposer ainsi I'esprit cliat^rin a quiconquc en- visatro ces graves questions sons un lout autre point de vue que I'auleur. Pour cti finir avec les criiiques, je rcgretterai que M. Royard ait ete Irop sobre de citations de faits, el se soil frequenimeul conl; les preceptes que Ton en deduit ne sont aufre chose fjue rapp'.ieaiidii de ecs lois. Mais lesgueriesciviles, ilans tousles terns, <'t les guerres de notre revolution, icnfcriuent taut d'eiemens divers et d'une anal ysesi difficile, (|ue leur Insioire est pres!]ue perdue piur les etudes niililaires, et ne pent guere etre utile cju'au moraliste ct an po- litique. Ce n'est plus au recit des combats, a I'exposition des phuis de campagne, a riidluenee des victoires ou des defaites (ju'i! faiit doiuier le plus d'atiention : comme le caraclere di- ces guerres change avec Tetiit des nalions, on pent affirmer liai'diment que celles (jui celaleront parmi nos desceiidans ne rcssenujleront nullemenl A celles dont les terns passes nous out tratismis le souvenir. Les evenemens de celte nature doivent etre ecrits pour tout le monde, et non poiu' les niilitaires scu- lenienl; les memoires anecdotiques sont alors les meilleures histoire-!. II est a craindre que Thistoricn ne decolore ses re- ciis et ne leur fasse pci'dre ce qui les rendait le pins interrs- i86 LIVRES FRANCAIS. sans , en elaguant les faits qui no sont pas iino pai tie essenticlle du tableati qu'il a voulii tracer. M. Viennet est exact autanl qii'on peat Totrc en nc disaiit rien qui no soit vrai ; niais il ne liii etait pas |iossible de lout dire dans un aiissi petit volume , et le silence est une des infulelites del'histoirc, lorsqn'cUe tail Co qui est Ic plus diyne d'etre counii. On ne se j)laindra poia^ du narratenr pour lout ce (ju'on lit dans ses recits ; mais on I'egretlera qu'il n'ait pas fait deux volumes, au lieu d'un seul , a(in dc donner place a une fonle d'anecdotes, de tails et de mots caracteristiques des homines et des mreurs niilitaircs de cclte epoqiie, melange singnlier du caractere national, d'an- ciennes habitudes et de I'effervescence revokitionnaire. L'au- teur a fait son cadre beaucoup trop etroit pour le tableau qu'il devait renfermer. Quelqiies-uns des evenemcns politi(pu^s de celte meme epoquesont presentes par I'historien sons un faux aspect; on voir qu'il n'a pas puise aux verilables sources ; il n'a pas consnlte le |jetit nouibre dc sinceres temoins (pii vivent encore, ct qui voient lepandrc chaque jour les falsificaiions historiqiies dont les conipilateurs a venir tircront les materiaux de ce qui portera definitivement le nom d'histoire. Il ne faut eherchtr dans cet ouvrage que le recit des faits militaires , les seuls que I'auteur ait en le projet d'ecrire; les autres evene- niens n'ont pas subi I'epreuve dun examen assez severe. Tel qu'il est, cet ouvrage sera lu avcc interet, el Ton y reconnait partout rcxcellentcitoyen, le militaire instruitet Tecrivain dis- tingue. N. S/j. — * Histoire dc Napoleon ; par M. de Norvins, ornee de portraits , de vignettes , de cartes et de jtlans. T. I^"". Premiere livraison. Paris, 1827; Ambroise Dnpont et C '""., rue Viviennc, n° 16. L'onvrage aura 4 vol. in -8° d'environ 45o pages. Les livraisons paraissent tons les dix jours; prix , a fr. 5o c. 11 y a du bonheiu- a publier un pareil ouvrage, au moment nieme oCi cclui de^Valter Scott succombe aux critiques de loiUe nature. M. de Norvins y Iravaillait Jcpuis long-tems; il ne I'a pas entrepris pour repondre anx provocations, ou pour rele- ver les erreurs du barde ecossais; mais il arrive a pro'pos. La curiosife pu'olique, evejUee par la longue diatribe anglaisc, lui saura gre de s'etrc trouve prel, et d'avoir repousse d'avance les outrages, les calomnies dont \\n etranger haineux s'etait proniis d'abreuver I'armee francaise et la France. M. de Nor- vins en aura bien merite, si, conime il a du s'en faire une loi , il n'oppose que la verite a la passion et reloqiiencc des faits aux suppositions d'une incroyable inimitie. Son ouvrage alors ne sera point une simple apologie , mais une histoire. R. LITTERATURE. 187 Litterature. 85. — * Encyclopedic modcrnc , ou Dictionnairc ahrcge cies Silences, dcs lettrcs et des arts; avcc I'indication des ouvrai^es Gil les divers snjets soiit developpes ct approfondis; par M. CouRTi:^, ancien magistrat, et par unc societe dc gens dc lettrcs. Tome >:i*. Paris, 1827 ; an bureau de I'Encyelopedie, I ue Neuve-Saint-Roch, n° 2/,. In-8" de 640 pages; prix, g fr. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxxii, p. 481 , et t. xxxiv, p. 209.) Nous ne rappeilerons p,»s a nos lecleurs tout ce (jue la civi- lisation a gagne a rexecutioii de I'idee primitive qui tendait a reunir, en un seul ouvrage, la totalite des connaissances hu- maines , perdues dans une foule de livres, dc brochures, de memoires , ou pretes a dispaiailre avec les homnies qui les pos- sedaicnt, niais qui n'avaient pas le talent ou la volonte de les eterniser par un ecrit. Le mouvemcnt que la premiere tenta- tive en ce genre, faile sous la direction de Diderot, imprima a la propagation des idees, fut immense. L'autein- eut beau- coup a hitter; mais il Iriompha des obstacles par son ener- gique perseverance; et , si son ouvrage ne fut pas exempt de defauts, il n'eu arriva pas moins a rendre la science praticjue et la verite toute-puissante. D'autres dictionnalres du meme genre furent successivcmcnt publies en Fiance et dans les pays etrangers; le plus remarquable d'entre eux est certainement \ Encyclopedic metliodiquc de Panckoucke, continuee par sa fille M""' Agasse. Cependant , I'experience, la meditation, le progres lent, mais continuel, dcs eludes, out fait vieillir le plus grand nombre des articles publies, il y a vingt ans; dcs besoins nou- veaux se font sentir, de nouvelles lumieres se developpcnt, et la masse des idees neuves et des decouvcrtcs amene la neces- site de trailer sous un autre point de vue les objets deja dccrits, et de rattachcr aux principes actuels les doctrines et les fails. Tel est le but honorable que s'esl propose M. Courtin. Onze volumes de son Encyclopedic ont deja pnru; le onzieme, qui vient d'etre public, ne sera pas moins bicn accueilli par les savans et les gens du mondc, que les volumes precedcns. Parmi le grand nombre d'arlicles importnns qu'il contient, nous avous remarque Tartielc : Ecleclisme en philosophic, par M. MiLi.ojf, et en medecine, par M. Broussais. II nous est «lifficile aujourd'hui dc concevoir comment de grands esprits, tels que Pnrphyre, Plotin, Proclus , Animonius , gens d'un rare savoir et d'une etonnante puissance de conception, furent assez aveugles pour croire a la magie, ct s'abuserent assez ifiS LIVRES FRANCAIS. pour peiiMT (jii'on pouvait piitreteiiir uii conimi'ico iiitiino avpc lies ('sprits invisibles. Ccs jjliilosoplics, (pio I'dii nom- iiiait nonvcaux pl.ilonicicns, dt'sliDiioix'rfiil i'('S|)iit liuninin ]>af Icurs T'lies tliciir^iijncs ol par Ics cxtravai^.mces (pi'ils pro- clainoi'cnt. La secte des cclectiqiies dura dopiiis Ip in* siecli; jtisqn'au vii*, ct on hii dut toiUcs Ics superstitions et les Iilto- sies qui (•orrom|)irc-iit la purelo An cnlte clireticn ;'i son origine. L'c'-clcctisnic , en niedeeinc, a ei^alement ironve im antagoniste redoiilahle dan-; M. Rrous-;ais; il le regarde comme rupi>iobro de la scietice. On iw; coni])Oie pas, dit-il, nn systeine raison- »ial)l(* avec des debris de doctrines disparates ; ia doctrine phy- sioloL^ique senlc est le veritable ecleetisme; c'est one nielliodi; par iacpielle on pent, soi-meme, eorriijer scs i)ropres erreurs, <'n veriliant, en I'econimcncanl les observations mal faites on incompleies ; c'est I'ai-t de bien ju^er les faits, et de les niettre a leur plaee dans le eadre de la science, en se gartlant de les niventer on de les sii|>poser. Les anatomistes liront avec on i^rand interet rarliele Ji/i- v-phnlc, par M. I'ossati, et les gens (In nionde, en le pareon- r-anf et en prenant nne idi'e exacte do I'organisation cc-r(!-bra!e , leponsseront ec prc'inge qne les nourriccs, on ni(^me les ins- tiumensdn chirurgien , penvent, par la pression, changer la forme des tetes des enfans nouveau-nes; ils apprendront aussi qne des fails positifs onl diimenti I'hypolbese qui adribnait les formes diflt'renles des crAnes a Taction des m<:scles sur les parties ossenses auxcjneUes ils sont altachi!":.. M. BoRY nr. Saint- Vincent, dont on retroiive le iiom et le talent paitont oil il y a de I'inslrnction a donner, a fonrni plusieurs articles importans a ce volume. Nous recommandons ses notices sur \' rlcphanl , Vecurfiiil , les echino tcjincs , Xccre- visse , etc. Les mysft^res de I'histoire nalnrel'e n'ont pour lui rien de secret, et il les d(; voile avec autant di." bonlienr tjiio de talent. M. Paces s'est distingni'; par des articles qui sont pres(pie des trait(''S, sur W'conomic pnUliqne ^ les emprunt'; , Yenrep;islrp- nifiit I MM. CouRTiN et AuBERT DE ViTRY, ])ar d'exceilens morceaux sin- les elections elVeloqiic/ice. On doit a MM. Eyries et DEnRETdesrcnseignemens utiles etcnrienx sur hi gra^reiphie physi'pte et sur les moniitnens cle I' hf;y/)lc ; a M. Tissot des preceptes liU(^raires sur Vefflnpw , traces avec ce gout, avec cette eonnaissance profonde des clas^iques ct de lenrs beantes dont ila donnd- tant de preuves; ;N MM. Le NoRMANoetMELLET des di'-tails sur les arts, dout I'militd- sera vivement appreci(;e Nous en'j;agcons a lire Tartiele Ecanissciir. Les personnes qui LITTER ATURE. 189 lie voicnt dans les malheuscux clievaux tiaint-i k la voirie qiK- des cadiivres sans vaieiir seioiit etorinees de la qiiantite de produils que I'liKiustrie sait lircr des inatiuros Ics jilus viies et Ifs plus degoutanU's. Oiize miilc clievaux de rebut sont annuel- lement abattus au clos do ^lotiifaiicou. Leur chair sort a iionrrir des chieiis, des cochoiis et des poulels; les tendons, les jambcs et les sabots a (aire de la eolle-fortc; les sabot;, sans defaiits sont vetukis aux fabrieans de fjci^/ie.\ tCecailli' ; les fers sont livres aux niarechaiix ferrans^ les elous envoyes dans Ic Cajital pour les souliers des paysans ; les os passent aux fabricans de noir animal et de phospliore; la graisse fondue forme I'huile dont se servant les eniailleurs, les hongroyeurs et Icb bourreliers;. les inteslins greles sont enleves par les fabricans de cordes a boyaux; enfin, le detritus general de ce vaste depouillenient donne naissance aux nstlcots ou vers blancs, qui prociirent aux Parisiens desoeuvres le plaisir de la pcclie, el qui nourrissent les faisans eleves par les oiseieurs. On remarquera quo nous n'avons point parle dc la pe.ui, qui forme le premier de ces prcduits. I.es noms de M. Larriy, a (M'.i Ton doit uu article sur V art des cinbnuinvmens , de TiISI. Dubrunfaut, Oniii.A et Devergie, qui se sont occupes des arls chimiquei, de RI. Fran- COEUR.^ qui a traile les (pu's:ions de matfifmatlques , de M. Kt- RATRY, cjui a parle de W'diictition en general, et de M. Ip tieuicii(uit-<:;eHe/id Fririon, qui a developpe de belies idees sill' \'<-i/ lira lion tnililcnre ; ceux du savant M. Ferry , de M. Nicollet , astrononie , de M. Mirbel , botanisle , de MM. Besuchet, Beri.ier, Alexandre. Lenoir, etc., sont de surs garans de la science reelle qui recommande ee bel onvrage a loules les classes de Iccteurs. R.. 86. — • * Monuniens littiraires de I'liule , on 3Ielanges de !it- terature sanscrile, contenanl unc exposition rapide de cette lilteralure, qnelqnes traductions jusqu'a present niedites et un apercu du systeme religieux et philosophiqnedes Indiens , d'a- pres leiirs propres livres; par A. Langlois. Paris, 189,7 '■> Le- fevre, rue de I'Eperon, n" aG.In-H" de y.68 pages ; |n'ix , 5 fr. L'lnde et sa litlerature sont er.core trop pen connues pour (|n'on n'accueille pas avec interet un ouvrngf- conipose dans le i)utde presenter sous unc forme agreable les principaux liaits t|ui la caraclerisent. M. Langlois, frappe de linexaciituile des notions repandues dans !e monde sur l'lnde ancieune , a voulu, comme il nous I'apprenil Ini - memo dans son avertissemcnt, y snbstiiuer (pielqnes faits; et , dans ce dessein , il a traduit , de deux poemes dont I'un joiiit encore anjourd'hui d'une griuule celebrite, le Bhdgarata I'oiirdna et le Harivuinsa , plusieurs igo LIVRES FRA]N(;AIS. morceaiix presentant ties scenes variuoset pleiiies de dc't.ills de ma-urs. Cos fcai^mcns , publics pour la premiere fois, sont siii- vis d'aiUres cxtraits deja traduits, iiiais qui out rccu dc la re- daclioiideM. Lani^Iois uiie forme jjarticuliore. L'ouvra^eenticr est precede d'nu tableau abiege de la lilteratuie indieiine, re- di^e d'apres les nombrcux travaux des Anglais. M. Laiiij;iois y retrace d'utie maniere rapide les principales phases de cede litterature siiii^uliere si profondemeiit emjjreinte de I'esprit re- ligieiix , qui parait former le trait caracleristique du j;enie in- dien. Les iioms de Viasa, f^alinihi , Kallddsa, et la mention sommaire des ouvrai^es qu'on leur attribue, se Irouvcnt dans cet expose que les ^ens du monde liront avec un grand interet. lis remarqucront aussi, dans les morceaux originaux traduits par M. Langlois, des parlieidariles cnrieuses sur la vie privee d'une nation celebre des la plus haute antiquite par sa civilisa- tion el ses lumieres. Dans un tems ou les notions que Ton pent rassenibler sur I'etat aneien de I'Asic sont recueillies avidement, I'ouvrage de M. Langlois est sur eiiples font eproiiver des modifieations sen.sihles aiix prtxliielicms des arts et de la litteraiiuv. Duues d'liii gi'-nie ct d'lin talent absoliiment idenlicpies , deux ecrivains nes a la uieme ejsofpie , dans des nations differentes, donneront a rensemble et aiix details de leurs compositions des nuances tres opposeivs ; ces nuances de la pciisee doivent ctre les objets de notre meditation; c'lst au moment ou le clian;p de la litteratnre est (!n queUjuc sorte epuise, qii'il faiit explorer attentivcmmt les lienx ou Ton j)eut cueillir encore f|uelqnes fleurs nouvelles. Cette idee a sans doule por te M, Leon Halevy a traduire les diverses produc- tions des litterateurs elrangers. Les moiceaux qui composent la livraison ipie nous anncjnrons sont prescjue tons inconnus, et dus a des auleurs conleuiporains. Les poesies i)opulaires, qui offrent un caraclere d'oriiiinalile et de nationalite, out fixe le choix et la preference de I'aulenr. Ce recueil , comme il le (lit tres-bieu iui-meme , presentcra une espece de panorama dn t;enie poetique des nations de i'Europe. Le succes de cetle heureiise enireprise ne pouvait etre doutci:\ , sous les auspices du jeune et laborieux ecrivain (pii, des son debut, s'est place si haut dans noire lilterature. Dune d'nru- erudition profonde, d'lme grande vivacite d'imagination , d'lmijout sur , et d'un talent bouple et varie, M. Leon Halevy reussit egalement dans les snjets les plus opposes. C'est a lui qu'il appartenail de nons faire connaitre les richesses poeti(p:es de I'Enrope; cette im- portation lilteraire lui merile a la fois la reconnaissance des amis des muses el celle des auteurs etranj^ers dont il se montre riiabile interprete. Celui qui a luttr viclorieusenienf avec Ho- race ne doit craindrc aucun combat. En ne publiant ce le- cueil que par livraisons , i'auteur semble avoir voulu pressentir le t;out public ; cet act(' de modestie ajoute a I'estime qui lui est due, et fait desirer vivement la continuation de son travail. La variete des pieces iradniies par M. llalevy leur dunne un ijouvel interet. On aime a passer de la Icetiue d'un Fabliau germain a une Jdyllc italieniic , de la CantaU: d'un Grcc nio- dcrne a V£/rgie d'un Masse ou d'un Sncdois. M. Halevy, qui a donne tant de prcuves de sou talent elegiatjue , a traduit i.ne piece de Mieliel Ange , ou rejjne une tonchante sensibilite ; nous LITTERATIJRE. ,g5 citons avec plaislr la poesie tie ce |;«iiiie, si terrible et si fier, quand il aninie la toile, et si temlie et si passioiine, qiiarul il soiipire avec la nmso de I'elegie. A MON AMIE. Tcs yeux , tout rayonnans d'mie celeste flamme , A mes regards voiles moutrent un nouvenu jour. Seuie lu fais ma force et tii soutiens mon 4me , Qui chancelle et faiblit sous le poids de I'amour. Je n'ai plus de desir, de voeu qui m'apparlienne ; Tu portes dans ton sein ma joie ou nia douleur. C'est dans ta volonte que je puise la niienne : I e siege de nia vie est passe dans ton cojur. Je ressenihle , 6 mon ange , a I'astre solitaire Qui doit au roi du jour sa timide clarte. Comme lui , sans chaleur, incomplet sur la terrc, Je ne reflechis plus qu'un eclat emprunte. DE P***. 9^- — Essais poetiqucs : Trois Napoleonides ; par J. - J. Le- SERGENT DES VosGEs. Paris, iSay ; ies libraires du Palais - Royal. In-S° de 3i pages; prix, 2 fr. .L'auleurde ces Essais, seduit sans doute par le jargon a la mode, acru devoir, pour celebrer dignernent son heros, accu- muler Ies epilhetes empliatiques et Ies hemistiches ronflans. Lorsqu il aura appris a s'exprimcr d'une maniere claire, simple i;t correcte, il aura fait de grands progres dans I'art d'ecrire. 9^- — L' Industrie francaise , poesie a I'occasion de I'exposi- tion de 1827; par Jouvet Desmarand. Paris, 1827; F. Didot; Ladvocat. In-8" de 8 pages; prix, i fr. S')l est vrai que dans Tart; des vers « II n'est point de degre du mediocre au pire , ■> ily a pen d'apparcnce que U poesie de M. Desmarand obtienne une medaille d'encouragement a I'ex position du Parnasse. 95. — Catilina , tragedic en cinq acles , imitee de I'anglais de Bai Johnson. Paris, 1827 ;les marchands de nouvcaules. In-S" de 88 pages; prix, 3 fr. II y a dans cette tragedie une scene ou Catilina vent obli- ger ses complices a sceller leurs sermens, en buvant dans une coupe pleine du sang de Tullie, fdle de Ciceron et femnie de Cetliegus, I'un d'cntre eux. C'est la sans doute ce que I'auteur anonyme a imite de I'anglais. Dans tout le reste de sa piece , T. XXXVI. — Oriobre 1827. i\ iy4 LIVRES FRAMCAIS. oil troiive line harmonic pailaite cnlie la luillite dc Taction et rimpuissance du style. Ch. i)6. — Voynge aux Alpcs vt en Italic , contcnant la des- rription de ces controcs, avec des details siir les curiosites na- turellcs ct industricUes, les moeurs et coutiimos des habitans, les etablisscmens on moniunens, les homnies celebres, etc.; par IVI. Albert- 3I0NTEMONT. Deitxicnie edition, considerable- ment augmeutee, ornee de 3 jolies graviires et d'unc carte ties J/pes. Paris, 1827 ; Ch. Bechet. 3 vol. in-18; prix , 10 Ir. M. Albcrt-Monteniont a consacre line panic de la preface de son Voyage a renumcration des aiiteurs qui, avant lui , ont cu I'idee de marier la poesie a la prose, dans des relations de ce genre; tels sont Chnpelle ei Bacluiuinont , Le Franc dc Poinpignan, Dcsntaliis, Parnr, Bertin, etc. Mais tons n'avaient en en vue que d'aniuser leurs Iccteurs par le recit de leurs courses, recit enipreint dc cette aimable insouciance qui faisait le fond dc Icur caracterc, comme elle etait d'ailleius un trait distinctif de lour siecle; M. Albcrt-Montemont avoulu niaricr I'instruction au plaisir. Scs Lcttres siir V Astronomic lui avaient deju valu une place honorable parmi les poetes ct les eriidits de notre epoque; sa reputation poetique s'est accrue par la publication des deux pocnics des Plaisirs de la Menioirc et des Plaisivs de I'Espcrance, traduits de I'anglais, et I'ouvragc, dont nous annoncons la i" edition, augmcntera sa reputation scien- tifique, sans nuire a I'autre. La premiere edition dc cet ouvrage (2 vol. in -12), publiee en 1821 , ayant deja etc annoncee avec soin dans la Revue Encyclopedicpie, (t. xi, p. 375-397), nous nous dispcnserons d'en reproduire ici I'analyse. II nous suffira de signaler les principales additions de cettc seconde edition, lesquel les con- sistent en deux lettres : I'une sur Venise (la i2« de Touvrage, 1. 11) ct I'autrc sur Chambery (la 17", t. 111). V Hisloire de la repahlupic dc Vcnisc, par M. Daru , a beaucoup servi a I'auteur pour la premiere de ces deux lettres, ct il en convient. Nous citerons ce passage de la j)agc 21 5, qui nous a parurenfcrnier un portrait concis et caracleristique de cette ville cclebre, de- chuc de taut de grandeurs. « Nous avons dit que , depuis la decouverte de rAmerique et du passage aux Indes , Venise avait perdu le sceptre du commerce; loin d'aspircr a le ressaisir ja- mais, le negociant venitien se traine peniblement a la suite des marchands de Trieste, que favorise I'Autriehe, au prejudice de Venise. Si vous dcmandez aux Venitiens quellcs sont main- tenant les meilleures branches de leur Industrie , ils repon- dront : \usure, et puis la contrebande; I'usure, parce que la LITTERATURE. ipS misere est extreme et qu'on emprunte a gros interets; la con- trebande, parco que des regimens de douaniers devorent le pays. » On reconnait dans ce passage la louche de I'histo- rien; en voici im, siir le mome siijct, on Ton trouve celle du poete : Ainsi , I'oiseau de 1' Arabic, Aprfes avoir, dans la spleudeur, Cinq siecles promene sa vie , Meurt , et de sa cendre endormic Rcnalt eclatant de vigueur ; Ainsi des Tubelains encore , Le pape , ay ant nom grand Lama , Lorsque la tombe le devore, Plein du souffle qui I'anima , Revient sous les traits d'un jeune homme Commander au monde inconstant , Et rit de I'ev^qiie de Rome , Qui ne saurait en faire autant. Cepcndant, dirai-jc ici toute ma peiisee? ce melange des vers avec la prose ne convient peut-etre pas entierement dans des ouvrages oCi Ton traite de matieres d'liistoire natnrelle , de statistlque , de conmierre et d'induslrie; la science pent y nuire aux vers, et les vers a la science, objct necessairementpliis utile que I'autre dans ces sortes de livres. Ce n'est pas que les vers n'aient aussi leur utilite,ct je ne suis point deceux qui deman- dent apres la lecture d'une Iragedie : Qn'est-ce que ceia prouve ? mais chaque chose a sa place, et je crois que celle de la poesie est specialement dans les ouvrages on Ton veut pcindre les sen- timens et les passions. M. Albert-Montemont partage peut-etre mon avis; mais il y a si pen de terns encore que le gout des etudes serieuses a commence a se repandre parmi nous, que, se defiant un peu de ses lecteurs, il aura voulu faire comme le medecin prudent, et imbiber de micl les bords du vase. E. Hereau. 97. — * L'Epicimcn , par Thomas Moore; traduit en fran- cais par M. Ant.- Aug. Renouard. Paris, 1827; Jules Re- nonard. In-ia de x et 33i pages; prix , 4 fr. Notre precedent cahier contient , dans la section du Bulletin Bibliographique { t. xxxv, p. (ydti) un compte rendu detaille de la nouvelle production dont Thomas Moore vient d'enrichir la litterature, et ou il a mis, avec beaucoup de bonheur, les doc- trines de I'epicureisme , et les mysteros fantasmagoriques des pretres egyptiens en presence du christianisme naissant. Au lieu de reproduire ici cet article auquel nos lectenis ponr- ront facilement recourir , nous preferons faire connaitre la i3. i,j6 LIVRES FRANCAIS. coiiite ot niodestc dt-clicacc ailresscc a Thomas IMoore par son traducteur anouynu', qui, dit-oii , s'ost dcptiis loiii^ - terns fait couiiailie par d'importans travaux litliiaiies d'un gcnto tout different do cclni-ci : « Jc vous rends ce charmant ouvrai^c quo je tions do voire amitio; mais jo crains cju'il no vons rcvicnno pcu roconnaissable. Tant d'oclat dans lo stylo, tant do finesse dans la penseo , do dolieatosse dans la pcinturo dos sentiinons, so ser.iioiit a peine retrouves sous la plume d'un traduolour boauconp plus cxerco qvie moi : j'ai borne mon ambition a faire connaitre anx lecteursfratuais (|uel(|ucs-nns dos cliarmos d'une composition oii , sous le voile d'une ficlion gracieuso, vousavoz si bien expose les opinions d'une dos epoques les plus interes- santes pour I'histoire de i'osprit humain. » Nous n'avons pas sous les yeux I'ouvrage original; mais, a en juger par la tra- duction, la gloire, deja si bion otablie , de Thomas Moore no pout que s'accroitre encore par cette publication nouvclle. C. 98. — * Rowans historifjiies de Van-der-Velde ; ii* et 111^ livraisons, contenant Paul de Ln^cnris , Asinund Thyrsklin- gursoii et Gnniina , 1 vol. ; Christine ct sa cour, i vol. ; les Hussites, 1 vol.; le roi Theodore, i vol.; V /imbnssade en Chine, 1 vol.; la Conqiiele du Me.rique , 1 vol. Paris, 1827 ; Jules Renouard. 8 vol. in- 12 ; prix de ehaque volume , 3 fr. ^Voy. Rci'. line,, t. xxxi, p. 777, I'annonco de la promioro livraison.) Walter Scott , a peu d'cxcoptions pros , a ren forme la scene de sos romans liistoriques dans les limites de la Grande- Bretagne; Cooper a raremenl transj)orto sos heros an dola dcs frontiores dos Etats-Unis , 011 des bornes do I'Ocean atlan- t!{jue : Van-der-Velde , au contraire , est un veritable ro- maucier cosmopolite. II fait voyager ses lecteurs de la Boheme au Me.vique , de I'lslande a File de Make , de la Chine a la Suede , du cap de Bonne-Esperance a la Corse. Mais, ce que ses romans y gagnont sous le rapport de la variete , no lo perdont-ils pas en verite locale ? Comment peindre , avec les ooulcurs de la roalito , dos pays et dos sites, des moeurs et des usages, que Ton connait tout au plus par les rocits souvent contradictoires de voyageurs prtivenus ou ignorans ? Aussi , ne doit-on pas s'attoudre a rctrouver, dans les oeuvros du romancier allemand , ces descriptions piltoresques qui pretent taut de charme aux rocits du chroniquour ecossais et a ceux du peintre habile qui le premii'r nous a fait connaitre, sous- lour veritable aspect , les immenses solitudes du Nouveau- Mondo. Van-der-Veldo differe encore de son modele par retendue LITTER ATURE. 197 de ses ouvragos. On accuse Walter Scott de delayer immo- devement ses recits , de les allonger par des dialogues inter- niinables, oil trop souvent il sacrifie au niauvais gout : on rencontre peu de longueurs dans les romans allemands ; mais on regrette souvent de ne pas y trouvcr assez de develop- pemens. L'intrigue y est indiquee seulement ; les situations et les caracteres souvent concus avec energie n'y sont guere qu'ebauches; ce sont des canevns , des esqnisscs , auxqiicls le pcintre n'a pas cu le terns de donner les dernicrs coups de pinceau ; il laisse a I'imagination des lecteurs le soin d'en remplir les lacunes. Parmi les romans contcnus dans les deux nouvelles livrai- sons de Van-der-Velde , nous donnerions la preference a celui oil il retrace presque toute I'histoire de Christine , re- presentee d'abord au milieu des fetes de sa cour do Stock- holm , puis a Rome , a Paris et a Fontainebleau , enfin , a Hambourg ; entouree de savaus illiistrcs et de courtisans fri- voies , d'amis francs etdevoues, et d'intrigans qui ne cherchent qu'a disposer des travers do son caractere au profit de leur miserable ambition ou de leurs yils iiiterets. Dans les Hussites , places sur les frontieres de la Bohcme et de la Silesie , nous trouvons un pendant agreable au char- mant ouvrage dans lequel Van-der-Velde avail deja retrace quelques circonstances des dissensions intestines qui out trouble ce dernier pays (le roman des Patriciens qui fait partie de la premiere livraison). L' Amkassade en Chine , in Conquete du Mrxique , et le roc Theodore , sont trois recits empruntes a I'histoire, quant aux faits principaux , inais embarasses d'epi- sodes romanesques , qui manqueut souvent d'interet et de vraisemblance. En general, Van-der-Velde usurpe maladroi- tement, dans ses ouvrages , les fonctions de I'historien; il donne trop de place aux eveiiemens reels et connus , et divise ainsi I'interet , en I'appelant d'lin cote, sur les faits histo- riques qu'il ne lui est point permis de presenter sous les formes severes , ni dans I'ensemble et avec renehaincmcnt qui leur conviennent ; de I'autre , sur des fictions dont !e charme s'eva- nouitet qui paraissent mesquines aupres de la grandeur impo- sante de I'histoire. Le sujet de Paid Lascaris , ou le Chevalier de Malte , etait plus propre a servir de matiere pour un roman ; aussi, avons- nous III cette nouvelle avec plus de plaisir que les trois pre- cedentes. Asmund Thyrsklingurson est un amoureux islandais qui ressemble a ces amounnix francais ou anglais , espagiiols ou allemands, que les romanciers semblent avoir taillts tons ig8 LIVRES FRANCAIS. sur le meme patron ; ct malheureuscnient , la description de sa jiatrie , si curieusc sous tant de I'apports, n'oflVc yuere plus d'originalite quo la peinturc de ses sentimcns et de son heroisme. Guniina , par centre, est una nouvelle ai^reable, rcniplie de grace ct d'intcret: c'est une seconde Ourika , niais dont I'aniour, quoi'qu'en puisscnt inurmurer Ics pri'juLjcs des belles eiiropcennes, est recompense par I'affection et la main d'un blanc , ni moins riche , ni moins aimalile que l'ort:;ueilleux amant de rinfortunee csclave dont M'"^ de Duras a raconte Ics malhcurs. Saus doutc il est inutile de renouveler ici les eloges que nous avons dejii donnes il la traduction toujours elegante et lidele de M. Loeve Weimar. Quatre volumes encore, et la col- lection des ceuvres dc Van-der-Velde sera complctee, et pourra figurer, graces a ses soins, dans toutes les bibliotheques , aupres des ceuvres dc Cooper et de Walter Scott. A. f)C). — * Robert ct Leoniinc, histoiredu xvi" siecle ; par J.-C.-F . DE liADoucETTE, uicmbre de pkisieurs societes savantes et litte- raires. Paris, 1827; Lugan , passage du ("aire, n" 121. 3 vol. in- 12 ovnes (\v\ plan da siege de Metz , de deux airs notes et de figures ; prix, 9 fr. Tracer le tableau des moeurs et des usages qui regnaient sur les bords de la Moselle au xvi® siecle; raconler les cvenemens lei plus remarquables qui s'y sont passes a cette epoque ; don- ner une description exacte des nionumens qui decoraient cetle legion; conserver la memoire d'uue foule «le locutions qui liii elaient particulieres, et de proverbes indigenes que le tenisavait consacres, mais dont chaquo instant voit disparaitre la trace; etcependant, ]>revenir I'ennui que produiseut ordi- nairemeat les ouvrages de pure erudition, quand elle n'est pas fondue avee assez d'art ou relevee par i'elegance du style; ecarter le degout qu'eprouvcnt les gens du monde a la simple annonce d'un livre qui traite des antiquites, tout eela parais- sait extremement difficile; il n'y avait que la maniere de Fon- tenelle ou celle de Walter Scott qui put aplanir la difH- culte et rcpandre de I'agrement et du chaiine sur des matieres arides, et qui en sont si pe;i susceptiblcs. M. dc Ladoucette a choisi laderniere, comme plusappropriee aux circonstances , < t le succes a jnstifie son clioix. L'hisloire de Robert et Leon- tine , pei'sonnages reels ou fictifs du xvi'siecle, est le cadre dans lequel il enchasse. les notions dont il a voiilu nous faire part sur un pays qu'il avoue lui etre citcr a tant de litres, et qui inspire le plus vif interet, meme a ceux qui uc sont pas nes sur les bords de la Moselle. L'erudiliou niarche en premiere ligne dans rouvrage d? LITTERATURE. 199 M. de LadouceU(', c-'est nlrnl^' I'objel cssfnliel (jii'il s'est pro- pose; mais ellc ii'y rsl jamais deplacce ou fastidicuse , bien qu'elle y soit, pour ainsi dire , semee a pleines mains, tant le developpement et la gradation ensont babilempntcalcnles et sa- ^ement menages. Quand on a lu Robert et Leontine, on n'a qne faire de se demander si Tauteiir a parcourii de nombreux can- tons > fenillete des archives , consulte des traditions, iiiterroge des souvenirs, etobtenu des ronscignemens positifs ct precienx. Dans cette foide de choses remarquables dont est rempli I'ouvrage de M. de Ladoncette, on distingue encore des details curicnx snr les Bohemiens, sur la constitulion et les usages de la r. 828 ), j'ai dit que M. Hittorff avait fait deux parts des ri- chesscs qu'il avait acquises dans son voyage, et qu'il ne tarde- rait pas a publier X Architecture antique. En eflet, il a deja paru quatre livraisons de cette derniere collection ; ce qui n'a pas enipeche la premiere de s'accroitre de si.x livraisons iiou- velles. Parmi les planches que ces dernieres contiennent, j'ai distingue, entre autres, celles qui rcpresentent : Trois Fon- taines a Mcssine , dont I'une a ete elevee sous le regne de (Iharles-Quint ; un chaimant Casin , sur la route de Messine a (^atane , oCi la vigueur et la grace de la vegetation s'unissent a I'habilete des dispositions architecturales pour braver I'ardeur du soleil et faire de ce lieu lui sejour enchanteur; le Palais ha- bite par le consul de France ii Palertne , dans la construction duquel I'arehitecte a su vaincre, avec bonheur, les difticultes que lui presentail I'irregularite du terrain ;?/« ComInUintropi(]ue. — Rapports ct Coniptes ren- dits putir Vannee 1826, lus dans Vasseniblce generale da 7. ju/ri 1827. Paris, 1827; M. Baron, tiesorier de la Socicte, rue de Paradis, a radministration du Mont- de - Piete. In-8'' deviii et 238 pages; prix , a fr. ( Voy. Riv. Enc. , t. xxiii, p. 470, I. xxvii, p. 881-930, t. xxxir, p. 202 ). Get onvrage ollVe une lectui e li es-interessante pour Thomme qnis'occnpe duhien- etre des classes pen fortunees, etil con- lient des faits qu'il est doux et consolant de rendre publics. Fondee au niois de bruiuaire an ix ( 1801 ) , la Societe philan- tropi(pie, qui compte parmi scs membres tout ce que la ca- pitale de la France renfernie de noms recommandables et d'il- lustratious diverses, a rcpandu, chaque aniiec, de nouibreux bienfaits. Le total de ses (!epeiises,depnis sa foiidation jiisqiies et compris 1826, s'eleve a 2,827,239 fr. 82 c. L'annee 1812 est Tepoque oil elles fiuent le plus considerables; elles s'ele- vercnl alors a 446,080 fr. 90 c. Les autres annecs dans les- quelles ces depenses atteignirent un taux eleve sont : Tan x, iSi3, 1814, 1816, 1817, 1818,1819 et 1822: celles ou la tiepeuse fut nioins forte sont Tauix, xi, xii,xiii, i8oG, 1807 , 1808, 1809, 1810, i8ii, i8i5,i823, 1826. Nous laissoiisa iios lecteurs le soin de lirer de ces faits les consequences qu'ils jiigeront convenables. Le rapport fait par M. Deleuze , secre- taire, des tra vaux de la Societe en 1826, est tres-interessant. 11 constate que la recetle s'est elevee, pour cette annee, a 73,766 fr. 42 c.,et que la depense n'a ete que de 70,4 16 f. 46 t.: I'excedant des recettes sur les depenses a ete de 3,349 ^- 9^ ^'■■> celte soinme joiute a celle de {>8,ooo U\ placee par la Societe, fait monter le total de ses ressouroes a 61,349 fr. 96 e. iude- pendamment des (^7,932 fr. , nionlnnt des dons annuels de plus de 900 souscripteurs , dont la nioindre cotisation est de 3o fr. 8i Ion veut se fairc une idee des immenses services (pie la So- ciete philantropique leuu a la classe indigente , il siiflit de jeter ua coup d'oeil sur lei tableaux de dislribulion de soupcs eco- MEMOIRES ET RAPPORTS. 2o5 nomi<|iics pour les cinq otabiissemcns qu'elle possede, dans les qiiarticrs les plu« populetix de Paris. Cette distribution s'est oievce, en ifSaG, h 1^6,71 1 , dont 'ig,\'iz ont I'te vendues au prix moyen de 14 centimes. Le rclevo general du nonibre de soupcs econoniiqi'cs delivrecs par la Societe depiiis I'an viii jusqn'cn Janvier 1827, presente iin total de 16,^70, i5'i. Inde- pendannnent des seconrs alinientaires qn'elle distribue annuel- lement , la Sociele a six dispensaires, dans lesquels on soigne les malades, qui , ne se troin ant pas dans nn etat complct d'in- digence, ne pciivent etre admis dans les hospices. Depuis I'an xi, 43,467 malades ontete portes sur lesregistresdcs dispensaires; sur ce nombre, 3^,007 ont ete gueris; 1,524 sont niorts, et le sniplns se compose des malades qui ont obtenu quelqne soula- gement, on qui ont cesse d'avoir recours aux soins des dispen- saires. Le plus grand service qu'ait rendu la Soeiete philantro|)i(|ue, c'csl d'avoir propage, encourage et multiplie les associations de secours muluels, d'avoir appele sur elles I'atlenlion de I'admiTiis- tration municipale, et de les avoir eclairees sur les moyens d'as- snrer leurprosperitii. U n'existaitqu'un trcs-.pelit nonibre de ces Societes avant 1789; ii s'eleva a 16 en i8o3 ,ct a 33 en 1809. II elait de 86 en 1818. A cette epoque, les rapports entre ces associations et la Soeiete philantropique etaicnt frequens , et il en devait resulter de nombreiix avantages. On Irouve dans le ra])port de M. Deleu/.e le recit des causes qui ont amene ua refroidissement de la part des Societes de seeours miituels , dans leurs relations avcc la Soeiete pbilanlrophique; mais, nous devons le dire, nous pensons que d'autres motifs, plus directs que ceux indiques par M. le secretaire, onl donne lieu an ra- Icntissemcnt de zele Ao\\\ il a parle. Quoi qu'il en soit, le nom- bre des Societes de secours mutnels n'apas cesse de s'accroitre, et il resulte du releve que nous en avons fait, que les cent quatre - viiigt-six Societes qui existaient dans Paris au i *'' Jan- vier 1827 se composaient de 17,017 personnes; qu'elles pos- sedaient im capital d'environ i,/i/|8,36i fr. ; et qu'independam- mentdes seconrs journaliers donnesa leurs malades , fixes assez generalement au taux de 2 fr. par jour, elles payaient des pen- sions de retraite a environ 23o personnes. On pent juger , parce rapide npereu des malieres contenues dans ce petit volume, qis'd est jieii d'ouvrages susceptibles de presenter autant d'interel au pliilosophe, doiit la principale etude est de lechcrcher les moyens qui peuvcnt contribuer a soulager la misere du peuple et a Irouver un utile et profitable emplol aux ressources et aux economies de la classc ouvriere. OE. 2o6 LIVRES FRANCAIS. — OUVR.. PER. Omragcs pcriodiqucs. to 5. ' — * Espril ct conferences dcs lois d'interet general, qui ont cte rcnduos dcpuis la rosiauration, el qui seront lenilut-s a I'avenir; par MM. Tajan , auteiir du Memorial de jurisprU' dencc ; A. Caze , ot C. Messink, avocats a la cour royale dc " Toulouse. Cinquiemc livraison. Toulouse, 1827; Devers. Paris, au bureau du Journal da Palais, rue de Jerusalem, u° 3. In-8°. Prix de la livraison , ■! fr. 5o c. Cettc nouvelle livraison de I'ouvrage importanr dont nous avons annonce Ics livraisons preeedentcs (vuy. Ra'. Enc. , torn. XXXI, p. /i58; torn, xxxii , p. 5o5 ; et torn, xxxni , p. 836) , contient le projet de Codeforcsticr; un precis hislo- rique dans iequci les autcurs osquissent rapidement , et a grands ti-aits, le tableau dcs changcaiens et des reformcs operes dans notre legislation forestiere , depuis le xiv^ siccle jusqu'a nos jours ; Texpose des motifs de la nouvelle loi pre- sentee a la ehambre dcs deputes, par M. Martignac ; le rap- port fait a cettc ehambre par M. Favard de l' Jnglade ; I'expose iv.ethodique des debats qui s'y sotit eleves sur Tensemble du projet ; et le commencement de Tanalyse de la discussion qui a eu lieu sur les articles dont il se compose. Cette livraison sera iucessamment suivie de deux autres qui completeront le travail. Ellcs formcront ensemble un fort volume (i) , oil Ton trouvera reunis tons les elemens qui ont servi a la formation du nouveau code public. C'est , ;\ notre avis, le meilleur commentaire que Ton puisse en offrir aux magistrals et aux jurisconsultes. Les difficultes que pent pre- senter dans son execution une loi recemment emise, ne sau- raienl etre mieux eclairecs que par les motifs qui Tout dictee , ot par la discussion qui I'a preparee. L'interprelatlon de la letlrc par V esprit , dans les cas douteux, est sans contredit la plus sure qu'on puisse lui donner , la seide qui repose stir une base solide. Une explication systemaiique a le grave inconve- nient de substituor le plus souvent la volonte de Thomme a cellc du legislatcur ; ce qu'il imporle toujours d'eviter dans les livres que I'on ecrit sur les lois , ou tout doit eire positif. Celui que nous annoncons sera exempt de ce reproche. Crivelli, avocat. (1) Ce volume so vendra separcment au prix de 7 fr. 5o cent. LITRES ETRANGERS IMPRIMIS EN FRANCE. 107 Ouvrages en /ani^ues etrangrres. 106. — * FA ingcnioso hidalgo don Quijote de la Mancha , etc. — Don Quichotte de la Manche, par Michel de Cervantes- Saavedra; edition en miniature, cnliercment conforme a la dtrniere edition de \ Academic royale cspagnole , et piiblit'e par Don Joachim-Maria de Ferrer. Paris, 1827; imprimerie de Jules Didot. In-i2 avec des estauipes. 107. — * La Vida del Lazarillo de Tormcs ,etc. — La Vie de Lazarlllo deTormes,ses aventiuesetses malheiirs;parD. Diego HuRTADO DE Mendoza. Noin'cUe edition , revue et corrii^ee avec suin. Paris, 1827; imprimerie de Gaiilier-Layuionie. In-12 avec des estampes colorit'es. En rendant compte, il y a pcu de tems, de Tedition com- plete des OEuvres de Cervantes, publiee a Paris, par les soins lie M. di Arrieta y niembre de TAcademie d'histoire de Madrid, ( voy. ife'c. Enc, t. xxxiv, p. 776), nous eumes occasion de )i.irler des soins donnes par M. de Ferrer jiour assurer le succes de cette cntreprise. Nous avons a parler maintenaut du nou- viau service que le meuie Espagnol vient de rendre a ia litte- rnluie de son pays, en faisant paraitre les deux ouvrages que nous annnncuns, et que le tems a places parmi les classiques. Le second n'est pas a beaucoup pres aussi celebre que le pre- mier; mais il merite d'etre offert comme un niodele d'elegance et de purete aux admirateurs de ia langiie caslillane. On connail les heureux efforts de I'art typographique, tentes en France et en Angleterre, pour rinfcrmer dans des volumes compacts les chefs-d'ceuvi-e des anteurs eelebres. Des monu- mens de ce genre out etc consacres a Shakespeare, a Moliere, a Rousseau , a Voltaire, etc. Jaloux de payer aussi le tribnt de son admiration aux classiques Cipagnols, M. de Ferrer a com- mence son entreprise par celui qui timt le plus haut rang parmi eux, et qui le merite a taut d'egards; par ret admirable genie qui combattit avec tant de grace et de succes les travers et les folies de son tems, el qui, sous les dehors d'un badinage leger et spirituel, cache toute la profondeur du philosophe et i!u moralisle. M. de Ferrer n'a rien neglige pour que cette edition en miniature , comme il I'appdle^ fut digne de I'auteur a qui ellcesC consacree; I'impression a ete dirigee parM. Jules Didot Ini-meme : cet habile typographe y a employe pour la premiere fois un nonveau earactere, biensuperieur pour la per- fection et la nettete a ceux qui ont servi pour les publications du meine genre faites a Londres et a Paris, mais d'une dimen- ao8 XIVRES ETRANGERS. sioii leHement pctilc qu'on n'avait encore osu en faire nsage. Lc papier veliii , de la premu'ie qiialite, est liie do la fabriquc (le MM. Montgolfrr freres , d'Annonay. Le mome soin a pre- sidO: an choix des cstampcs, dans Icsqnrllcs sont represenlecs les actions principales du loman , d'apres la collection de /|8 giavnres publiees, en i7()7, a Madrid, par Riwra. Le por- trait de Cervantes a ote copie siir ce'ui qui est place en tetc de la derniere edition de Doit Qiiir/iollr par 1' Academic royalc espa^nole, et dont I'exLCUtion sur acier a ete confiee a nn des pluscelobres gravcurs de Londrcs. Enlin, le lexle est conforme i cclui de la derniere edition dounee par la memc Academic en iSig, circonstance qui en garantit raiithenticite. Quanta I'edition de la Fida del LazarlUo de Tonnes, quoi- qn'elle n'iiit pas offert, a cause du pen d'eteudue de I'ouvrage, les i^randes difliciiltcs qui ont ele si heureusement surmontees dans celle de Don Quichottc , il faut neanmoins en savoir bon ^re i\ M. de Ferrer; car, cette production satirique ayant etc defeniiuc jjresque aussitot apres sa publication sous remperenr Chailes V, parce qu'elle contient la censure des vices et des Iravers des hautes classes, il existe de^^ differences remar- qiiables dans les editions qui virent le jour apres cette epoqne; qnelques-unes, publiees vers la fin du xvi^ siecle , presentent nieu)e des lacunes et des relraneh':'inens considerables. Pour que Tedition a laqu(;lle M. de Ferrer a donne ses suins offiit la plus grande autlienlicite possible, il a consulte celles qui sont conservees dans la Bibliolheque fjii\ roi , a Paris , au nombre de six, donl Irois ont paru a Madrid dans ces dernieres aa- nees. M. 1 08. — * La Lyre Biisee, dithyrambe de M. Acoun; traduit en vers arabes par le cheykb Rehafa. Paris, 1827; Dondey- Dupre. 10-8" de kk pages ; prix, 5 fr. M. Rehafa est un desjeunes Egyptiens envoyes par un chef prevoyantdans la eapitale du monde civilise pour s'initier aux secrets des sciences, des arts et de la philosophic. Une annee s'est a peine ecoulee, et les heureuses dispositions de quelques- uns d'entre eux ont recu des deveVoppeniens extraordinaires. On ne sait ce qu'on doit le plus cstimcr de Iheureusc faci- lite des eleves, ou de la sagacile des niaitres qui les guident. M. AcouB, qui s'est place honorablenicntparnii nos orieuta- listes les plus distingues, a ete chai-ge de concourir a diriger I'instruction dans cette colonic tcmporairc, deslinee a importer auxbords du Nil les elemcns de la civilisation, et confiee aux soins de notre savant eollaborateur BI. Jomard , I'un des mem- bres les plus laborieux de la commission qui public I'ouvrage IMPRIMES EN FRANCE. 209 nionumcntal de la Description de V Egypte. Aprcs avoir con- tribue a la prospi-rite de rctablisscmcnt egyptien, il a ])iis la tache d'cnseignor lui-mi-me la langiie francaise, qui nc lui est pas moins familicre que I'arabc. Habitue aux idecs et aux cou- lumes oricntales, M. Agoub pouvait niieux qu'un autre obte- iiir de ses eleves les resultats heureux dont la rapidite estvrai- nient etonnante. La traduction que public M. Rehafa est Ic plus bel eloge que Ton puisse adresser au guide etau disciple. En applaudissant an debut de celui-ci , on doit le feliciter d'a- voir fait I'cvivie dans sa langue maternellc le charmant poenie de M. Agoub; c'etait lui donner a la fois une preuve degout et de reconnaissance. M, Rehafa , encourage par son essai , vient , dit-on , do s'im- poser une tache plus difficile encore ; il traduit en arabe Ics Elemens de geornetrie de Legendre. TJn autre eleve de I'ecole egyptienne traduit la Vie des plus illustrrs p/iilosophcs de inn- tiquiie. La vie et les ouvrages des grands ecrivains moderncs ■ luetres et '.ii centimetres de longueur (G pieds 9 pouces 8 lignes ). I.'ile ou il fut tue n'est pas la plus grande de celles du lac Get)rge. — "Washington. — I/istmction dcs cnfans. — Un estimable in- slituleur, iVI. i'. Wii.derspin, a expose, dans un tres-pelit volume, les avantages de rinslruction qui prend I'homme entre les iiras AMliRIQUE SEPTEiNTRlONALE, — ANTILLES. >. 1 1 le; que le nom- hre et la nature des delits sont dcs resultats extremement complexes de I'etat de la societe , de I'lnegalite des fortunes , de la legislation criminelle , du mode de procedure, etc. ; que I'etat des dettes d'une nation ne sufGt point pour donner une idee de sa position Cnan- cifere , et que , dans I'ordre moral , il faudrait mettre dans la balance le bien que cette nation a fait, et le comparer au mal dont on pro- duit le registre. Nous ne craignons pas de le repeter, puisqu'on I'oublie trop souvent : la logique des chiffres n'est bonne qu'autant que I'analyse I'a prec^dde et I'aceompagne. Que Ton separe, que Ton distingue soigneusement et nettement les causes diverses qui concourent a la production d'un effet; qu'on assigne !a loi suivant laquelle cliacune de ces causes exerce son action ; enfin que Ton nionlre comment et dans quelle proportion ces donnces se combinent pour la priKluction de I'effet dont il s'agit. Si Ton se dispense de ce travail, la formation des tableaux numeriques n'est plus qu'uu amusement sans but , ou une voie p(inible qui ne pent conduire a aucune verite, enfin une des plus fatigantes mithodes de mauvais raisonnemens. Si la Bcvue Encyclopedique instre de tcnis en tenis ([uelques-uns de ces tableaux , c'est parce que nous esperons ren- contrer quelques lecteurs suffisaniment prepares pour en faire un bon usage. ( N. du R. ) ILE.S B RITA N Nig UES. 21 5 Nombre ties personncs cmprisonnces , condainnees ou acquittees , dans I' Anglfterrc ct le pays de Galles, pendant les sept dernieres annees. NOMBRli) DES PKKSONHES EMPRISONNEES En 1S20 i8ar ....73 ■ .942 1822 i8a3 1824 1825 1826 „,^v..u.. .o,3(iq .0,342 .,92. ..,475 2,223 i.,8Sq 2,54s .3.46, 2,686 8o,3o4 .5,307 1 .iiiim-s 2,1.5 13,710 .3, ..5 .2,24, .2,26 3 .3,698 .4,437 «6,.47 95,611 1 : peine de mort (i) i,j36 '•997 5,61 J .,.34 1,948 5,286 265 1,0. c .32 1,400 5,417 244 g«8 116 . ,4o5 5,449 266 1,066 «.599 6.429 2.4 i,o3fi 126 1,54s 6,973 28. .,2011 i3i 2,l3o 7,322 3io 7,6;.6 1,000 .2,027 42,488 1,632 h.|i()rtalion de 4 a 14 ans i;rn|iiisoiinemcnt de 6 inois a i ans. \ r.tiueiide ou aa fouet Coiuriniiirs lunui des Ai'T"!'''!^ JUargissaiispoursuik- T".TiL 9,3.8 2,5.1 8,78s l!82li 8,209 2,348 1,684 a, 2. ,4 2,48o .,579 9,425 2,61. .,662 9.964 2,788 1,685 I .,095 3.266 1,786 65,oo3 .8,5b5 .2,.o3 13,7.0 i3,ii5 12,24. 12,263 i3,6.|8 14,437 16,. 47 95,61. i) Nombre d'execuiidiis 107 ..4 97 54 '19 5o = 7 528 En iSi I , il y cut en Atii^lctcrre ct dnns lo pays de Galles, alors pciiples d'eiiviron io,i5o,ooo liabitans, 3,i53 condam- nations, dont /(O/i portant peine dc mort. En 1821, la popu- lation etant d'environ douze millions d'ames , il cut 8,788 con- damnations, dont i,i34 portant peine dc mort. Enfin, en 1826, la popidation rtant d'environ treize millions d'hahitans, les tribunanx de I'Angleterre et du pays de Galles ont condanme 11,095 individus, dont i,aoo a la peine de mort. En 181 1, les condamnations fnrent done dans la proportion de 3i5 par million d'individus; en 1821, elles s'elevcrent a 732 par mil- lion; en 182G , elles offrirent le nombre tonjours croissant de 853 individus condamnes par chaque million d'habitans. Le seul comte dc Middlesex, dans lequel est situee la plus yrande |)artie de Londres , pcnple d'environ douze cents mdle liabi- lans, a cu, en 1826, 2,220 condamnations, dont 204 por- tant peine dc mort : c'est a raison de i,85o condamnes par million d'habitans. Le nombre des detenus pour dettes a ete, en 1826, pour TAngletcri-e et le pays de Galles, de 2,937, dont 775 pour le comte de Middlesex. F. D. 2i6 EUROPE. Necrologie. — Sir Thomas Stamford Raffles , savant distingue, qui, de simple commis i\ la compagnie des Indes , s'tlfva par son soul merite anx postes les plus eiiiinens, et dont !«■ roi d'Angleterre recompeiisa, en 1817, les lalens et les services par des lettres de noblesse, est mort d'line attaqiie d'apoplexie le 5 juillet dernier. Aiileur d'line histoire cxcellente de I'lle de Java, dont il fut lorii^-teins le lieutenant-gouvernenr ; editeur de diverses rela- tions de voyages, et entres antres de eeliii de George Fin- laison ( voy. ^^-i'. E/ic, t. xxix, p. i'(6o), il fut encore uu des fondatcurs de la brillante colonic de Singapore. — En i8'24 , lors de sou relour des Indes, il fit nn naufrage dans lequel il perdit pour phis de 20,000 livres sterling d'ouvrages, cartes et objets precieux. — M. Stamford etait niembre de presque lous les corps savans de I'Anglcterre. F. D. RUSSIE. Instruction publique. — Universites. — Les cours seront fails desormais en langue russe,et non pas en langue ailemande, comrae cela s'etait pratique depuis long-(cms. — Depuis le conmiencement de cette annee,les cours philosophiques ont etc interdits. Reclamation. — Litteratiire russe. — Jourovsky, Cha- KHOVSKOY , Merzliakov <'t ViAZEMSKY. — Dans un article , communique a la Revue Encyclopedique par un des correspon- dans de ce Recueil, M. Schnitzler, sur les principaux poetes de la Russie , a I'occasion de I'annonce d'une traduction aile- mande de leurs productions, par Borg (voy. Rev. Enc. , no- vembrc 1824, t. xxiv , p. Sgi-Sg/t), il s'est glisse quelques erreurs , qui pouvaient echapper a un etianger, et que nons croyons devoir rectifier. « Fussili Andreievitch CnAROvsitoi (est-il dit dans I'article mcntionne, p. SgS), ne en 17>S3, lec- teur de !a grande ducliesse Alexandra P'eodorovna. — Son Recueil , qui a paru a Saint-Petersbourg en l\ volumes, offre des jioesies lyriques, des romances*, des ballades, des elegies, < Au nom de Chakhovskoy, il faut substitusr ici celui de Joukovsry ; ear toule ccUe notice se rapporte a ce dernier, qui est legarde coiTjme I'un des poetes les plus distingues de la Russie , et dont le merite a etc apprecie avec imparlialite et justcsse dans la Revue , trois n)ois avant I'insertion de I'article de M. Schnifzler RUSSIE. *i7 (voy. Rev. Enc. , aout 1824 ; t. xxiii , p. 383-385). Les poesies de Joukovsky out paru , en 1824 > ^^ ^ volumes iii-8"; et ce qu'il a eciit en prose a cte leuni dernierement (en 1826) dans iin volume in-8° de 253 pages , a I'exception de sa tra- duction de Don Qukltotte , et de differens contes traduits du francais. Sa tiaductioc en vers russes du Prisonnier de Chilian , de lord Byron, a etc le siijet d'une annonce dans ce Recueii (voy. Rev. Enc. , mai 1823 , t. xvui , p. 356). Quant au prince Alexandre Charhovskoy, dont le nom a etc confoiidu d'une maniere si etrange avec cclui de Joukovsry, et dont il n'a pas etc question dans I'article de M Schnitzler, il est ne le 2/, avrii (vieux style) 1777, dans le Lsoiiveruement de Smolensk. Il est I'ecrivain dramatique le pliis feeond de la Russie , dont il a enrichi la littcratiire d'un grand nombre de pieces de theatre, ori^inales et traduiles. On lui doit , entre autres traductions, celles de XOrplielin de la Chine, de Voltaire, publiee en 1809, et de X Ahufar, de Ducis , en i8i5. Sa comedie origi- nale , intitulee Aristophane , sa piece , Lecon aux Maries, et sa comedie romantique, les Aventures de Nigel , empruulee au roman de Walter Scott, ont ete annoncees successivement dans la Revue (voy. Janvier, 1824 , t. xxi, p. 21 8-219 ;yM«>7, 1824 , t XXII, p. 732 ; Ptfevrier, i8i6 , t. xxix, p. 576). — « Le prince /'(;'0-^w//-«tw>(7(ViAZEMSK.Y(dit M. Schnitzler, d'apres la notice de Borg), conseiller de college, docteur ers pliilo- sophie , profcsseur de littcrature et d'eloqnence a Moscou , est ne en 1778 , a Dalmatof, gouvernement de Perm ; c'est un poete distingue , un heureux traducteur des anciens , et le plus habile critique russe. » Nous avons ici une erreur de meme genre que la precedente a relever : cette notice doit se rapporter a Alexis Merzliakov, professeur a I'Universite de Moscou. ct contiu, entre auires, par une traduction en vers russes alexantlrins de la Jerusalem delivree , dont il a ete fait mention d;ins la Revue (voy. Rev. Enc., aout 1822, t. xv, p. 33o, et fevrier, 1823, t. xvii , p. 324)> t't non point au prince Pierre Viazemsicy, que M. Borg avait eu tort de ne point comprciidre dans sa Galerie de.s pot'tes russes, et qui occupe une place distinguee parmi les ecrivains de la Russie. Le prince Viazemsky est ne a Moscou le 12 juillet (vieux style) 1792 ; il manifesta de bonno heure du gout pour la poesie. Son pere en mourant, le conlia au celebre Karamzin , qr>i I'a honore dans la suite de son amitie, et I'a aide de scs conseils dans sa carriere lilleraire. Batuchkov et Joukovsri , deux poetes russes dislingues , avaieut fornie avec lui des re- lations intinies , qne k-s ci: cinstanccs out interrompues. Les ai8 EUROPE. productions tlu piime Viaz>:msky porlent 1 omprcinte dun esprit \ if ct ('cl.iire ; son slylo a i\c la vcivc , dc la concision cl nne piquante orii.finaliti; ; scs pocisiis sont reniplics d'idces , ct de saillics tour a lour inj^cuicuscs cl |)laisaiUos. Ce qui Ic dis- tingue surtont, OP sont des principcs confornics aux piogros dcs luniicres et a I'clat actuel dc nus cnnnaissances , principcs qui nc sont dciiicnlis dans aucun dcs ccrits sortis de sa plume, loujours aiiiic de la vcritc ct dc la sainc pliilosopliic. La litte- ratiirc Tussa \u\ doit d'cxccUcntcs l)ioi;iaplii('s d(! Derjavink , d'0/.EROV et de D.mituikv (i) : il ne mancjuera point sans doute d'en olTtir »ine de Karamzinf. son ami ct son beau- frcre , mort au mois de juin iSafi ( voy. Rc,\ Eric, juillct \?ii(i , X. XXXI, p. 2/|2-2/i/|). Lc prince A'xazemsky vit ac- tuellcmcnl a Moscou , ou il continue ses travaux liltcraircs. Parmi iin t^rand nombre dc pieces en vers et en jnosc (\\x\\ a fait inserer dnns le Tck'-graphi: de Moscou (anntcs iSiS ct 1826), on doit rcmnrcjuer un morccau intilide : la iio.se drfcii- er: ccau de la libiiie polonaise. 2 20 EUROPE. ancicnnes; ils nc negligent rien poui' transinettrc aux gene- rations futures une histoire complete tie celte niallicurcuse con tree. Apres la decadence dc la Pologne, Czacki, non nioins ce- lebre comnie patriote rjue conime savant publiciste; Kollon- TAY, ccrivain et orateur politi(|ue distingue ; Nikmcewic.z, poete et historien; Albeutrandy, Ossolinski ; Bentrowsri , auteur d'une Histoire littcrnirc de Pologne, publiee en 181 4; les deux frores Bandtrie, I'un juiisconsulte, I'autre liistorien; SoLTYROwic/ , Lelewel [Joacliir/t], ex - professeur d'histoire universcUe dans I'universite de Wilna, non nioins distingue- par I'etendue et la profondeur de ses connaissances que par la purete dc son patriotisme, et d'autrcs savans, out acquis dcs droits a I'estinie et a la reconnaissance de leurs conipatriotes par leurs ecrits sur I'liistoirc et la legislation. Une eniuneratiou des anciens historiens de ce pays, suivie de quelques indications dcs priuci|)aux ouvrages publics de nos jours, ne sera point deplacee dans ce rccueii. L'histoirc de Pologne a occupe beaucoup d'ecrivains natio- naux ctetrangers, qui out laisse plusieius ouvrages, iinpi-imes ou uianuscriti. Apres I'autcur anonyme de la vie A' Adalbert, on regarde Martin Callus, Francais cxpatrie, comnie le plus an- cicn liistorien; il vivait vers mo et ii35. Vinrent ensuite Matliicii Cholewa, evcque de Cracovie; Vincent, fils dc Kad- labrck , autre eveque de Cracovie, mort en i223; Bocifai, , eveque de Posen , mort en i253; Godzislas Baszro, Martin Strzembsri, mort en 1279; Dzierzva, en 1420; Sigismond RosiTzius , en 1470 ; quelques auonymes, etenfin I'illustrc Jean Dlugosz [Loiigin), instituteur des ills du roi Casiniir Jagellon, ne en i4i5 , et mort en 1480. Ici commence une autre epoque : Matlneii de MiEcnow, me- decin de Sigismond \" , publia son ouvrage en ifiai; c'etait le premier ouvrage historique iniprime (i). Martin Kromer, evc- (|ue de Warmie, mort en iSSy, I'ut surnomme le Tite-Live de la Pologne. Parmi les ecrivains qui depuis ont traite des epo- qucs particulieres de I'liistoirc du pays, Bernard^ kVoy\'r<\\V et Alexandre GuAONiNt, Italicn, doivent etre distingues; ce der- nier avait servi honorablcment dans rarmee polonaise et fiit auobli. Nous eiterons ensuite M(7^/«Vm Stryirowski, liistorien de la Litliuanie et dc la Russie polonaise; Stanislas yik^ycv^i, protestant (]ui vivait dans la seconde inoitic du xvi^ siecle, au- (1) Oil impriiiiait deja en Pologne avant I'an 1480. POLOGNE. 221 teur de quelques ouvrages tres-remarquables , etqui a continue I'histoire de Pologne jnsqu'a la mort d'Etiennc Batory. Martin BiF.LSKi, mort en 1 576, a laisse une Chronique qu'il a conduite jusqu'au tems oii il vecut, et que son fils Joachim a continuee jnsqu'a Sigismond III. Lc style de cctte Chronique , d'ailleurs fort estimee sous le rapport historiquc, est si beau, qu'on I'a nonime le style d'or. Adalbert Koialowicz, ne en 1609, a ecrit en latin une tres-bonne Histoirc de Litlmnnie. Le celebre Louis ScHLOETZER, qui a traduit cetouvrageen allemand, s'exprime « ainsi : Koialowicz est, sans contredit, I'un des meilleurs his- toriens du xvii'* siecle, tant par sa nianiere d'ecrire, que par le choix des matieres, la sagcsse des vues et la critique histo- rique. » D'autres ecrivains, qu'il convicnt de mentionner, se sont occupes de regnes separes; tcls que Tzeter, Petrycy, Gornicki , Luhienski, Piasechi, Sulikowshi , Frcdro, Kobicrzycki, lieyden- szteyn, etc. Dans la seconde moitie du siecle dernier, Adam Naruszewicz, excellent traductenr de Tacite, poete remar- quable et historien, fnt surnomme le Tacite polonaii:. Son his- toire de la Pologne commence a I'epoque de I'introduction du christianisme par le roi Mieczyslas 1'"', en 965, et se continue jusqu'a la famille des Jagellons, ou premiere dynaslie des Piasls, regnant par droit de succession jusqu'en i386. Naru- szewicz avait forme le dessein de reprendre plus tard I'histoire des tems anterieurs a 965, qui devait former le tome I<"'. II commenca son ouvrage au second volume, et publia les tomes 2, 3, 4 J 5, 6 et 7, de 1780 a 1706. Une seconde et belle edition de cet ouvrage parut, a Varsovie, en i8o3, aux frais du comte 77ifl(^p'e MosTOwsKi, publiciste et litterateur distingue, aujour- d'hui ministre de I'interieur; mais personne n'osa se charger de composer le premier vohuiie, qui manquait, pour completer ce l3el ouvrage. La Societe royale des amis des sciences tie Var- sovie, desirant exciter le zele des litterateurs, arreta : 1° que plusieurs de ses membres s'occuperaient individuellement de I'histoire d'nn regne, a commenccr de I'epoque a laquelle Na- ruszev^icz avait cesse son ouvrage; 2° qu'apres avoir acheve son travail, chaque auteur devrait le soumettre a la societe; 3" que, lors de la reunion des divers manuscrits, une commis- sion seraitnommee pour les examiner, les refaire, s'il le fallait, et pour publier enfm une collection complete sous les auspices et au nom de la societe; chaque mcmbre pouvant neanmoins publier son travail particulier avant la mise au jour de la col- lection complete. En vertu de cette decision, les histoircs de plusieurs regnes furent terminees et soumises a la societe, et aaa EUROPE. deuxont ttr publiecs; savoir : Panowanie Zygiiiunla 111, ri-gtie do SiL;ismond|lII,pai/M//c'« Uisin'Niv.MCEViJcz.^/f^'tirsoi'ir, 1819, 3 forts volumes in-8°), et Panowanie fVladyslaiva 11' , rt-j^ne de WladislasIV, par C'rtfVrt« Kwiatkowski. [fj'arsovie , i%ii , I fort vol. in-8".) Lcs aiiteurs do ces ouvragcs, surtout Ic pre- mier, so sont montres les dit^nes contimiatours de Nanisze-vviez. La Societe des amis dos sciences de AVarsovie, non contento de faire terminer I'liistoii-c que cot ecrivain celebre n'avait pu conduire duranl sa vie que juscju'ii I'anneo i38G, a encore acquis des droits i\ la reconnaissance nationale, en faisant pu- blier, a ses frais, trente ans apres la mort de Naruszewicz, le premier volume de son ouvraye, eoi! tenant VHistnirc des tcnis qui prccvderciil I'introdurtion dii chrlstiiuusme fn Pulognc. Ce pre- mier volume, que I'auteur n'avait pu terminer, mais pour la publication duqucl il avait prepare et coordonne lui-memc les materiaux, est intitule : Historya naroda polshiego przcdrohlcin 965. Histoirc de la nation polonaise avant I'introduction de la relii^ion chretienne, en 966, ^diV Adam Naruszewicz, 2 parties. ("Warsovie, 182/1. In-8" avec cartes) I,a meme annee vit paraitre une autre production : Historya Xionzont i-hrolow polskich, etc. Histoire des princes et des rois de Pologne, par Tlitodurc Wag a, publiee par Joachim Leleavel. (Warsovie, 1824. i vol. in-8".) II y a soixante et quelques annecs que Theodore Waga pu- blia sous co litre un abrege tres - succinct do I'histoirc de Poloi;ne. A defaut d'un meilleur traite, on s'en servit dans toutes les ecoles, et I'ouvrage out un grand nombre d'editions. Enfm , M. Lelewel , ex-professeur d'hisloire a I'universite do Wilna, rceonnaissant combien il etait delectueux, mais vou- lant lui coiiserver un titre qu'un long usage avait rendu res- pectable, le refondit entierement , le completa et le publia sous le uom de Waga. Dans ce travail, i! divise I'histoire de Pologne d'une maniere toul-a-fait neuve : en quatre epoqucs, la partie fabuleuse non comprise, et renfermee dans I'introduction. La premiere epoque commence a Ziemoivit, iiis de Piast, au ix*" siecle, et finit a Boleslas (Krzywousty) a la bouche de tra - vers, et s'etcnd de 965 a 1139. Dans cette epoque, il presente la Pologne conqucranle. La seconde epoque, comprenant de II 39 a 1 333, presente la Pologne parlagee sous les successeiu's de Boleslas. La troisieme se termine a I'annee i586, et con- tient rhistoire des terns compris outre la mort dc Wladislas le nain (Lokietek), et a cello de Batory. Cette epoque offre la Pologne Jlorissante. La quatriemo represente le pays tombant en decadence, depuis la mort d'Etienne et le commencement POLOGNE. 223 du regne dc quarantc-six ans de I'indoleut Sigismond iii , qui se rapporte an monirnt oii les jcsuites commencerent k cxer- cer leur domination siir I'l'sprit public, et a s'emparor des ecoles et des imprinieries; epoque on, siiivant rexpression de Bentkowski, de Soltykowicz et dc Sniadecki, Vedificc aiitlquc , eleve par des riloyens vcrtucux ct des princes magnnninies , fiit rencerse ; et a dater de laqiielle on put predire la decadence progressive des sciences ct des aits , et enfin celle du pays. Ce livre devant etre a I'usagc de lous les ages et dc toutes les conditions, et particulieiement de la jcunesse, I'auteur s'est attache aux objets les plus dignes d'interet. II expose, dans des remarques picines d'eiudition et de jugcment, I'etat de la nation sous chaque roi, la legislation et la forme du gouver- nement. II pronve que la Pologne n'a jamais ete un pays feo- dal, et donne aux lecteurs des notions suOisanles sur la culture et la statistique du pays. Dzicic krolestwa Pols/iiego, Histoire du royaimie de Pologne, par Geor/j'e-rcndre le pri\ d'lin tel Iresor. .I'ai vu Augusto, j'ai vu mieux que Virgde. Lcur eti'oile et noble luiion est eleniclle sur la fcrre. Non, jamais ellc ne pourra etre brisec que par I'im- pitoyable caducee de Mercure , lorstpie le terns sera venu d'ap- ALLEMAGNE —SUISSE. 229 peltT aux soiiibres Lords le sublime vieillard et son royal ami. « Lcs souvenirs les pliiseiiivrans se sonteiitrelaces dans mon anic, comiiie iinc couroniie , heureux assemblage de lout ce qui isl beau : Rome eucore illiisliee par le sejour de Goethe, Weimar, ou fleurit sa jcune^se, ou rcfleurissent ses vieux ans; et vous, bcirds hauieux du Rhin qui les premieis avez retenti dcs accens du poeie. « Le soleil meme , apres avoir cache sa tete radieuse dans le vaste Ocean , eric d'une voix puissante a la terre , tiede en- core des feiix du midi, qu'il reviendra la feconder. Ainsi , dans les paroles du poele , on sent respircr une puissauce qui, eu dejjit du Icms et des Heux, ira subjuguer jusqu'a la der- niere posterite. « Oui, grand homme ! le genre liumain est riche a jamais des bienfaits qu'il rccut a Weimar : votre gioire a conquis rimmnrtalite et a revetu d'une majeste imperissable les lieux ou vous respirez. A I'avenir ils scroiit honores du concours des peuples. SaUir, Weimar, salut eternel, sanctuaire de I'Alle- magtK^ » R. SUISSE. Zoiio. — Population. — La population totale de ce canton, s'eleve a i3,8oo habitans, parmi lesquels on compte 210 eccle- siastiques. D'apres le tableau drcsse en 1827, il se trouve dans ce petit canton 55 ecclesiastiqucs seculiers; 44 autres ci- toyeus du canton cxercent leur niinistere ailleurs. Les eccle- siastiqucs reguliers se composent de 8 capucins, 32 moines de I'ordre de Citeaux dans le convent de Frauenthal, et aS de I'ordre de St. -Francois. En outre, 46 personnes des deux sexes appartenant a ce canton passent leur vie dans des couvens hors de leur pays. Canton de Berne. — Education des sourds ~ muets . — Ce canton possede aujourd'hui trois etablissemens consaeres aux sourds-muets : deux dans les environs de Berne , et le troisieme dans la petite ville de Laupen. Quelques amis de I'humanite, touches du triste abandon auquel etaienlcondamnes les sourds- muels, qui, dans le canton de Berne et sur une population de 3oo,ooo ames environ, sont au nombre de looo , formerent la resolution d'ouvrir a ces infortunes une ecole ou ils pussent recevoir les secours d une education speciale et d'une instruc- tion appropriee a leurs besoins. Us voulaient aussi simplifier les methodes d'enseignement a leur usage, jusqu'alors enveloppees d'uneespecede mystere, de lellesorte que rhaque maiired'ecole de la campagne put en faire I'application an profit des sourds- 23o EUflOPE. imicts qni rontourent. Le goiivernementencoiiragen cetteentre- piise et lui accorda des sommcs considerables. Un institiileur flit envoye, pendant hiiit niois, a I'institution celebre, dirigee ii Yvcrdiin par 1\1. Naff. (Yoy. Rrc. £nr.,\.\\\i, p. ifiG.) Ensuite on loiia ;i IJaechtelon, pres du villai^e do "VYabern, i'i imc dcmi- licuede Berne, un local dans unositnation tranquille, on, des le niois d'avril 1 822, furent admis tieux cloves, puis trois; on en comptemaintenatU vinijt-lrois, tons occiipos, aveciinc joyeuse activito, a la lecture, a I'ecriturc, a?i caleul , an dessin, on bierr aux travaux manuols qui doivent un jour soulenir lour exis- tence. Sous la direction do I'lnst'ttuteur dont nous avons deja fait mention, so trouve place un maiire auxtliaire, sorti d'un des seniinaires bernois destines a former los maitres d'ocole. Quolques-uns des eleves out fait des progres rapides et sont deja capables d'entreteuir une conversation par ecrit ; d'autres sou t arrives, dans I'iustruction religieuse, au degre uccossaire pour otre admis a la premiere communion. lis rodigent jour par jour des memoriaux asse qnelqnc terns a Baechtclen , a aussi quelques eleves dont les progres sont tres- satisfaisnns. C'est lui ijui le premier a resolu Tiinpoi'lant pro- bleme de faire marcher I'lnstriuUion des sovu-ds- lunets avec cellc des autres enfans, et de pouvoir aiusi, avec pen de nou- veaux frais, rendre ;\ la societe comme membres utiles et actifs uu Homljie considerable de ces infortunes qui sembiaient des- tines a n'elre i)onr elle qu'un fardeau incommode. Les redacteursdes Communications baloiscs, auxquelies nous empnmtons ces details (voy. ci-dcssus, p. ^92), terminent en SUISSE. —ITALIE. aSi manifestant le desii- que leur canton puissc bientot suivre I'extimple donnc par celui de Berne; mais cette noble emula- tion pour le bien ne s'arretera point sans doute aiix frontieres de la Suisse ; en France oii nous eomptons , il est vrai , qiielques grandes et belles institutions |)0ur les sourds-niuets, il reste encore dans nos cimpagnes des milliers de ces etres malheu- retix, denues de tons secours et de tons nioyens d'anieliorer leur sort : c'est sur eus (pie nous appelons I'atiention du goii- vernement et des particuliers bienfaisans ; c'est a leur piolit qu'il convient d'imiter les utiles experiences de Laupcn. u- ITALIE. Analyse d'une plante jticdicinalc. — M. le D"^ Folchi , professeur de niatiere luedicale a rUniversil(';f/e//ourrait nous attaclier beaucoup plus, et qu'Alfieri enfin, dans sa traduciion de Salluste, nous doune plutot I'ideo du style dc ce celebre auteur latin que de relocjiienei- ilalienne. Alfieri n'a pas cesse d'etre Italien , paicc qu'il s'est parfailenient appro- prie le style de Salluste. Si Boccace, qui vcut imiler et qui souvent exagere la maniere de Ciceron , est heanmoins gene- valement regarde comme un ecrivain par ejcollcnce dans la I ITALIE. — GRECE. 23^ langue italicnne , pourquoi reprocherait-on a Alfieri d'avoir voiilu inontier aux etrangers, et aiix Italiens eux-memes , et beaiicoiip inieux que n'avait pii le faiie Davanzati dans sa tra- duction de Tacite, que la iangue italienuo est susceptible d'une grande precision, aiiisi que Dante I'avait deja piouve, malgre la sterile abondance dont Tout sureharf^ee la plupart dps ecrivaius de nos jours? Mais, quelque jugement que Ton porte sur le caraoteie du style d'Alfieri et sur celui de la plu- part des autenrs italiens, la Societe des niuihodes de Paris a tres-bien senti qu'il fallait aux etudians un livre propre a etre explique mot a mot; et qu'il convenait surtout ^ue ce fut une histoire connue de tons , afiu qu'clle put micux guider dans une explication des mots qui correspondent a des idees avec Icsquelles on est familiarise d'avance. C'est par cetle raison qu'elle a choisi le Salluste d'Alfieri , et non d'autres livresplus propres peut-etre a faire connaiire le genie de la langue italienue et I'histoire de cette nation... Fr. S.\lfi. GRECE. Situation morale da pays. — Premiers besoins de fa nation grecqiie; voeux et esperances de ses amis, (i) — An moment oil I'interveiition armee et la uiediation de la Grande-Bretagne , de la France et de la Russie font onfin espi rcr un tcrme pro- chain a la guerre d'e.xtermination qui mcnacait d'un entier aneantissciuent toute une nation genereiise , heroiqne , grande par ses antiques souvenirs, plus grande peut-etre de nos jours par ses efforts couragcux , prolonges depnis sis annees , pour conqucrir son independance ; cpiand nn homme d'etat jus- tement ceiebre, dont le noin et le caractere ont fait concevoir les plus nobles esperances , va se placer au poste eminent du danger et de I'honneur oii I'ont appcle la confiance et les suf- frages unanimes de la nation greccpie qui lui a remis le soin de presider a son organisation politique et a ses destinees , il doit nous etre permis , sans sortir de la sphere habituelle de nos investigations et de nos observations relatives a la civili- sation comparee et a ses progres, de signaler les piemiers besoins de ce gouvernement nouveau et de cette nation re- naissante ([ui vienncnt prendre place parmi les membres de la famille europeeime.- Ces bi'soiiis evidei;s it urgens sont : 1° \'U go(H'i:rncinent rciUral rt national , energi(|ue et niodere, qui sonmetle a la nieme inlluence et a la menie diieclion , (r) Get iiriiclc avail cfe rpjctc par le Bureau de Censure. 234 EUROPE. dans I'intertit de la commune patrie , les volonfes et les forces individuelles , long-tems divisi-cs ou meme ennemies; qui melte cnfm iiii ttrme aux desordres et. h I'anarchie, dout Irs ennemis des Grocs out su profiter, et dont raftligcant tableau a souvcnt decouraj^e leiirs amis les phis dc'voiies. '2° Un regime jiiiinicijial , qui ppimctte d'unir aux avantages du gouvcrnement centralise les bicnfaits non moins precieux d'line administration de famille poiu- chaqiie localite : les magistrals municipaux , librement choisis parmi les liabitans les pins honores de I'estimc de leiirs concitoyens, devront snrtout s'attachcr a inspirer la coiifiance , a maintenir I'ordre , h faire naitie et a conserver I'esprit et les afff^ctions de famille et raltachement a la patrie genciale , dans chacnne des parties de la population grecqne. 3" Une armec reguliere, pour proteger et pour assurer a la fois , au dehors I'independancc nationale, au dedans, le maintien de I'ordre et I'execution des lois , et pour donner A la nation et a ses defenseurs un sentiment profond et du- rable de celte dignite morale, propre seulement aux hommes qni out ime patrie. 4° Wue ijiarinc , fortcmcnt constitiiee , deslinee a garnntii" la surete et la liberte de la navigation et du commerce dans les parages qui avoisincnt la Grece , a faire disparaitre jieu a pen ces habitudes de piraterie et de brigandage qui ont servi de pretexte aux ennemis des Grecs pour calomnicr leur nation et pour fletrir leur cause : capable enfiu de contribuer, avec le concours d'autres pavilions chretiens , a realiser un jour les esperances des philantropes qui voudraient voir la nier Medi- terrance affranchie des incursions de ces pirates barbaresques dont I'existence politique el I'impunite prolongecs accusent d'apathie et d'indifference pour leurs peuples les puissances chretienncs et civilisecs de I'Europe (i). 5" L'etablissenient d'eco/rs prcnm/res d'enseignement mutucl et A'ccoles sccondaires , qui repandent pen a pen I'insti'uclion dans toutes les classes de citoyens , qui acqnittent airisi la premiere delte de la patrie envcrs ses cnfans , qui forment des agricnlteurs , des ouvriers, des marins , des commereans , des soldats, des artistes, egalemcnt pi'netres du sentiment de leurs droits civils et politiques , de leurs devoirs , de leurs intcrets particuliers et publics, et pourvus des vraies connais- (i) Etablir des colonies europi^enues sur la c6te septentrionale dc I'Afrique , serait le vc^ritable , et peut-^tre le seul moyen de faire cesser les pirateries des Etats Barbaresques. ' N. du R. GRECE. 235 sauces premieres et indispensables (^lecture, ecriture , calcitl , (lessen lifieanc , ^enmetrie elenwntaire , geographie , histoire na- lionalc , religion et morale pratique , etc.) qu'ils devront appli- quer dans leuis relations sociales et dans toutes les circons- tances de Icur vie. 6° Une legislation civile, criminelle , commerciale ct mari- time, en grande pailie empruiilee aux ^codes perfeclionnes des nations les plus eclairees de I'Europe, mais appropriee a la situation nouvelle, aux moeurs et auxlocalites de la Grece. 7"^ Pour que res besoins soient satisfaits , il est indispen- sable de pourvoir, avant tout , ViWy. finances nationales. Jus- qu'a present , la Grece n'a pu subsister , au milieu d'une guerre qui interrompt tons ses travaux et detruit toutes ses ressources , que par les bienfaits des peuples chretiens ; les comites grecs europeens etle geneieux philhellene, M. Eynard, se sont acquis des droits a la reconnaissance de tous les peu- ples. Pendant long-tems encore , la nation grecque sera re- duite a la ressource des emprunts. II faut y fonder le credit, dont les premieres conditions, les bases fondamentalcs sont un gouvernemcnl fernie et stable , la paix interieure , le mou- vement imprirae a ragricuUurc , a I'industrie , au commerce. La Grece aura tout obtenu des qu'elle sera .sous un gouver- nement fait pour elle , investi de sa confiance , et occupe dc son bonlieur. Le peuple Grec est excellent, brave , genereux , cnthou- siaste , susceptible de conccvoir et d'executer tout ce qui est graud et beau; on aurait tort de le juger d'apres quelques-uns despriniats, et des chefs niilitaires et civils , corrompus par le despotisme qui a long-tems ravage ces contrees, etouffe les esprits , fletri les ames, et altere les dispositions morales des habitans qui avaient des relations obligees de soumission directe ou de complicite avec les oppresseurs de leur pays. Les previsions de I'eloquent historien du siege de Misso- longIii[\) , qui avait peiiit avec de si fideles couleurs le carac- tere de la nation grecque , sont jiistifiees chaque jour par les evenemens. Il assurail la Grece que , si elle ne ternissait point sa gloire par de laches concessions , ellepourrait bientot s'or- ganiser, comme Eiat libre et indepeudant, reconnu des puis- sances europeennes qui satisferaient ainsi au voeu general et prouonce des peuples, aux exigences imperieuses de I'huma- (i) Paris, 18^7 ; Moutardier, l vol. in-8°. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxjiii , pag. ii4-) a36 EUROPE. nite , de la justice et do la politique qui devrait les avoir lou- joiirs pour compngnos insc'parables. Aujoiird'Uui , im dernier effort est reolar.ic , en favour de la Grucc , ct tons ceu\ qui out justprici servi cettt; nation in- fortume de Icnr pliinio , de leur ari^ent ou de Icnr epei; , doivent redoubler de zele pour atteiadre ie but ulverisee par des proportions d'acide sulfurique telles que, dans les circoiis- tances ou ils operent, la temperature du melange ne s'elevc pas an dessus de 60 a 7odegres. Lavnnt ensuite a I'eau bouil- ianle, ils enlevent la plus grande partie de I'acide, et il rtste le charbon sulfur iqiie , qui pent etre considere coniuve dn charbon retenant la maiiere roni-e de la garance. On peut faire servir de deux manieres le charbon sulfurique a la fabrication dei. toiles peintes : 1° en I'employant immediatemcnt, romme on emploie la garance rediule en pondre; i"^ en employant la niatiere ccilorante,apt'es Tavoirsepart'e du charbon au nioven do I'alcool. Des essais, executes a Miilhauieii , out constate les avan- tages du charbon sulfurique. — La deuxieme application consiste en ce que les auteurs ont confirme ce qiie Watt et Dceberelner ont (lit de I'existence de la matieie colorante dans la garanee qui a eprouve la fermentation aleooliqne; d'ou il rcsulte evi- demment qn'il faut bien se garder de jeter conime inutile la garance qui a eprouve qnekjue alteration spontanee. — Z^^/ troisieme application a rapport aux essais que Ton prut fait c poui- determiner la valeur respective des garances iln comnieice. Aprcs avoir traile les echanlillons de garance par I'eau a 20", on soumet les residus a I'aelion de Tea u d'ainn bouiliante ; ce liquide, en dissolvant la matiere louge, se colore, et d'apres les nuances plus ou moins fortes que les divers eehaiitillons ont communiquees, et que Ton compare dans des colorigracles , -on juge des proportions relatives de la matiere rouge contenue n(tgraj)liie dc In tribii deszygenidcs (ordre dcs iopidopteres).La tribu dos zygenides est composoe do six ijonres : cocytin , scsin, agoccai, t/iyris, zjgcena et svntoiiiis. Lo 'J^eiwc zygeric , lo plusimportanl des six , se com- pose de petils papillons doul la couleur dominante est d'un bleu plus on uioins nietallique, melange de rouge. Los ailes no sont jamais d'une seulo couleur. Le rouge est, dans un petit nouibre, ■remplaco par le jaune, mais ce n'est qu'accidentelienient. Les zvgenes eclosent a la fin du printems on vers lo milieu de I'ete; elles volent en ploin jour, rapidemcnt, en ligne dioite et pros des terres : dies sc reposent isolees ou en potits groupes sur los tetes des statilcs, des scabieuses, dcs centauroos, etc. Les chenilles vivent sur diverses plantes legumineusos herba- cees, tclles que les trefles, les luzernes, les sainfoins, etc. La clirysalide est courte, de pen de. consistance, bnine , avec les fanneaux des ailes et de I'abdomcn plus pales; elle demeure dans cet etat deux ou trois semaines. On ne trouve point de zygenes dans le nouveau continent; les regions temperees de rEuropo, la Syrie, la Perse et le Cap de Bonne-Esporanee sont lour patrie : on n'cn a pas encore rapporte do la Nouvelle- Ilollandc. Sans nous occuper ici dcs autres genres, nous ter- minerons cet extrait par les conclusions du rapporteur :« Quoi- qne I'auteur n'ait donne a son ouvrage que le litre modesle A'Essai d'une monographic , vous avez pu cependant vous con- vaincre que , tant pour I'observation des habitudes des insectes qu'il traite, que pour les signalemens et la synonymic des espoces, il a fait tout ce qu'on pouvair aitondro d'lm bon natu- lalislc, dans Totat actual do la science. Pen do monographies ponvent elre comparees a ccllo-ci, et vos commissaires sont d'avis rpi'ello merile d'etre imprimee dans le Recucd des samns etrongcrs. >. (Approuve. ) — MM. Geoffroy Saint- Hilairc et Fr. PARIS. a'.fi Cuvifr ftinl un rajipoit siir iiiic Notice ile M. Rambuiv, nn-ilec;iii a Iriij;raii(les, conceiiiant un enfant moiislrneiix, no a Bt'nais (Indi-H-ct-Loire), IcBoaout i8>.6, otmortle i o soptcmbrc i8'27. Get enfant etait lieteradcl/jlic , c'est-ii-dire un monstre hiiniain , coni|)os('! (Ic deux freres junicaux, joints ensen)ble et opposes ventre a ventre, de volume et d'orgaiiisation tres-dissem- blahles, le principal indlvidu eiant de la 1,'iosseur ordinaire a son aije et complet dans toules ses parties, et I'autre etant de moitie plus petit ct sans tete. Les nienibres superieurs du prisicipal enfant n'efaient (|uede courts moignons, noyes, pour ainsi dire, dans I'epaisscur des masses charnues de la region sca- pulaire. Lc bras droit, termine par un seal doigt, etait plus court que le bras gauche auquel teuaient lachenient deux doigts. " Voyez, dit M. Rambur, le monstre de Benais revetu de sa robe; rien nc le distingue d'un autre enfant de son age : laille, force, allures, respiration, niauieres; s'il tete ou s'il mange, c'est exactement la meme chose. II parait assez gai, s'amusant quclquefois a cmbrasser la portion du jumeau joint a lui. » L'individu incomplet avait lanus imperlore, et ne semblait done que de la vie vegetative. Lorsquc le monstre mourut, les aiitorites civiles el religieuscs inviterent le pere a abandonner a I'art le corps de son enfant; mais la presence dans ie |>ays d'un prctendu magicien promenant des figures de cire , et d'autres causes agirent sur I'esprit du perc qui enterra son enfant , et fit garder sa tombe a vue par des gens armes d'armes a feu. L'/icademie approuve le travail de M. Rambur, et en ordonne limpression dans le Recueil des savans eUangeis. — M. PoissoN lit une note sur les vibrations des corps sonores. M.XIauchy annonce qu'il s'est aussi occupe depuis long-terns de I'eqnilibre et du mouvement interieur d'un corps solide, considere comme un systeme de molecules separees les uuos des autres, et qu'il est parvenu a des equations dans lesquelles les composantes des forces exercees sur chaque molecule ne se reduisent pas generalement a des integraies. II presente le manuscrit sur lequel setrouvent consignees les recherches qu'il a faites a ce stijet. — Du K et du 1 5 octobre. — MM. Pellctan, Boyer et Magen- dic font un rappoi t sur le memoire de M. Breschet, concer- nant Tanevrisme faux consecutif du coeur et I'anevrisme vrai des arteres.'olia lesion sur laquclle M. Breschet a voulu attirer rattention de 1' Academic, est une sorte de dechiriue (|ui se fait dans les parois du cceur a certains points du veutricule gauche, mais principalement a sa pointe. Le sang s'eugage dans r.tte onverture, pousse en dehors les cnveloppcs mem- 2>^G FRANCE. bra nouses, et forme ainsi Ji la surface dc I'organe une tumeitr qiielquefois aussi volumineuse que Ic eoeur lui-meme. Le sani; se coa^ule dans cottc espece de poche et y forme succcssive- mciit des couches concentriques de plusieurs lignes d'epais- senr; aussi, bien (|ue le cceiw soit reellemcnt dccliire, la vie n'est pas imiiiediatement compromise ; car les couches fibi i- neuses qui remplissent la tumeur opposent uue resistance suf- fisanle a I'effort du sang qui tenil incessammeut a les rompie, eta s'epancher daus la cavite du pericarde, evcnement qui serait suivi dune mort subite. Paimi les faits que rapporte M. Breschet,il faut remarquer une obser%ation f[ui lui »'st propre et qui est d'autant plus curieuse (pi'clle a etc faite sur le coetir du celebre tragedien Talma. Son coeur offrait une poche exterieure assez spacieuse pour contenir un oeuf dc poiile; elle commuuiquait avec la cavite du ventricule gauche par imc ouverture circulaire d'un pouce de diamctre, garnie d'line sorte de virole cariilaginensc, epaisse de pres de 3 lignes, ce qui indiqiie que rouverlui'c etait fort ancienne, bien que personne, ni Talma lui meme, (|ui avait etudie la medecine, n'en eut soupconne I'existence. On peutconclure avec quelque probabilite des details Ires-precis donnes par M. Breschet, que I'espece de lesion dont il parle n'est pas de nature a compro- mcttre par une riqiturc inopinee la vie des jjersonncs qui en sont atteintes. Car, pour qui a connu personnellement Talma, il n'est pas douteux que sa vie ne se composat d'emotions fiu'tes et de iviOMvemens nerveux tres-violens, qui devaient reagir puissamment sur la frequence et lenergie des battemens du coeur. Pour qui I'a suivi sur la scene et etudie sous le point de vue phvsiologique son prodigieux talent, il est certain (]ue, tlans les insians oi!i il faisait a son gre passer dans I'ame des spectateurs la terreur et I'rpouvanle ou les doux senlimens de la pitie, il eprouvait lui-meme a un haut degre les passions <|u'il savait si bien peiudre; par consequent, la premiere ori- gine de sa maladie parait devoir etre rapportee a quelques- uns de ces sublimes momens ou il excitait les ravissemens et I'enthiMisiasme du pul)lic. Ou doit aussi presumer que les efforts repetes qu'exigeaieut les eclats soutenus ou la sombre . Enc, Notice sur Dupaty, t. xxix, p. 386.) M. Quatremere a prescnte cet artiste se livrant, a I'age de vingt-quatre ans, a I'art de la sculpture, remportant le grand prix apies trois ans d'etudes, passant huit annees a Rome dans le silence de I'ate- lier, et ne rentrant danssa patriccju'apres avoir acheveplusieurs statues en marbre, de grande dimension. II a rappele les prin- ci|)ales productions de M. Dupaty, sa Venus, sa Biblis., son Ajax , son groupe de Cadmus , etc., et il a exprime les regrets sinceres de tous ceux qui furent ses amis et ses admirateurs. M. Raoul-Rochettk a lu ensuite un Rapport sur les outrages des pensionnaires du roi a V Acadcmie de France a Rome. Ce rapport fait I'elogc du tulent de M. Court, en I'engageant a s'appliquer a I'etude de la perspective lineaire et aerienne; le public I'a vivemeut applaud«i; et, quoique la partie critique y soit iraitee avec trop d'induigence, les jeunes artistes auxquels s'adresse le rapporteur mettront sans doute a profit les conseils qu'il leur donne. Noms des eleves qui ant obteiiu des prix dans tous les genres. Peinture.-" — Premier grand prix .'M. Francois- XavierJivwir. , lie Paris, age de vingt-deux ans, eleve de M. Guillon Lethieis. — Second grand prix : M. Theophile Vaucheley, de Passv, age de vingt-cinq .uis, eleve de !V1M. Abel Pujol et Herseiit. Sculpture. — Premier grand prix: M. F.- Gaspard- Aimc Lanno, de Piennes, age de vingt-sept ans, eleve de M. Carte- a48 FRANCE. lier. — Second grc ml 1)1 it : M. Ilonnre-Jeon Husson, de Paris , atri- d(* vingt-qiiatre aiis, clcvc dc M. David. Ai\c:HiTKCTiinE. — Premier grand prix : M. Theodore La- HROisTE, di' Paris, ai;e de vini;t-luiit aiis , elevc de MM. Vaii- dovei' ct Lebas. — Second ^rand prix : M. F.- Alexis Cen- DRiER, de Pari.^, age de vingt - cinq ans, eleve des metrics arcliitcctes. Composition mdsicale. — Premier grand prix : M. Jcan- B. GuiRAUD, dc Bordeaux, age dc vingt - trois ans, eleve de W^I. Le Sueur ct Reicha. — Second grand prix : M. Giiil- laiime-Ross Despreaux , de Clermont (Auvergne), age de vingt-cinq ans, eleve dc M. Bcrton. — Deiixieme second grand prix : M. yi/p/ionse Gilbert , de Paris, age de vingt-deux aus, eievc de M. Berton. L'Acatlemie n'a point decerue de prix pour la grai'iire en medailles et pierres Jines , a cause de rextrcme faiblcsse des esqiiisses et des ouvrages graves. L'execution dc la canlate qui a remporte le promier grand prix a (ermine la seance, L'auditoire a paru satisfait de cette composition rausicale. Tons les noms que Ton a prononces ont lite accueillis par de vifs applaudissemens ; mais on a surtout remarque Timpression que cclui de M. Court a produite stir I'assemblee, qui a vu avec une exlren^e satisfaction que les ospcrances fondees sur les premiers essais de cc jcune artiste se realiseiit, et que son talent, plus developpe, promet de nouvcaux succes a lecole francaisc. Svciele rojale des antiquaires de France. — Resume de scs travaiix pendant le premier semestrc 1827. — Janvier 1827. — Parmi les Menioires adresses a la societe, on remarque ceux de MM. Lacroix, de Valence, et Depping; le premier est re- latif a un poignard antique en bronze, trouve dans le rocher dc Crussol (Ardeche); a ce sujet, M. Berriat-Saint-Prix rap- pcllc le memoire que M. Artaud avail presente sur cette de- cou\crte, et qui est insert- dans le Magasin encyclopediqiic de ItliLEiN, t. Ill, p. 119; le second nu'moire decrit les figures singulicres d'un coffrct decouvert en Bourgogne, sur les terres de M. le marquis de Chastenay , et dans iin lieu qui parait avoir apparienu a I'ordre des Templiers. — Fevrier. — II est fiiil liommage a la societe de plusieurs ouvrages, entre autres, du Cfitcchisinc de Fleury , traduit en breton par M. Le Goxi- ])E<; ; ct (le la Chronique dc la rive gauche du R/ii/i ct de Co- logne, ])ar M. Rrewkn, associe correspondant. — Mars. — La societe ie<,-oit uue notice de M. Anoon he Lalande, sur la silua- PARIS. 249 tion dc Gcnabt/fn,et M. dk Ladoucette donne quelques details sur I'ancien chateau de Coucy. M. Berriat-Saint-Prix rap- pelle que la ville de Grenoble possede, dans sa bibliotheque, line desciiption manuscrite de ce chateau. II presente des ob- servations sur la sainte chapcUe de Poiirges , ou Boileau avait place la scene du Lulrbi, dans les j)remieres editions de son poemc. Tout porte a croire que ce lieu etait imaginaire. On renouvelle le bureau, et M. Berriat-Saint-Prix. est nomme president. M. Drojat rend conipte d'un apercu dcs conrmis- sauces Iminaincs au xix* siecle, par M. Farcy; M. Easebe Salverte lit line Notice sur les antiquUt's de Corrc , en Franclie- Cointe. — AvRiL. — Plusieurs lectures sont faites a la societe, ct divers memoires lui sont presentes; son attention est prin- cipalcment excitee par les observations dc M. Aubert Pa- rent, son corrcspondant a Valenciennes, sur la cessation des fouilles de Famars; par une lettre dc M. Le Roi , de Bailleul, lue par M. Berriat-Saint-Prix, sur les proces jadis intentes A des aniniaux et aux sorciers, et spicialement par iin rap- j)ort du president sur iin ouvrage de M. Eusebc Salverte , in- titule : Essai hisloricfue et philosopliique siir les noms d'lwmnies , de peuples et de lieitx. M. Diilaure rend compte d'un traite de M. Schweigh.euser, sur quelques niamuueus religieux du moyen tige situes aux bonis du Rhin. — Mai. — M. de Labouillerie ecrit que S. M. a autorise I'administrateur de ses bibliotheques particiiliercs a souscrire pour un certain nombre d'exem- plaires des Memoires de la societe, dont les sejit premiers vo- lumes ont paru. M. Le Rouge rend compte de I'etat des fonds. M. Depping, ay ant annonce qu'un savant allemand croyait avoir retrouve, dans la bibliotheque de Laon, le recueil ma- nuscrit des Lettres d'Eginhart a Emma, qu'il se disposait k publicr, propose a la societe d'engager tons les bibliothecaircs de province a donner la liste des manuscrits de leurs biblio- theques; et la societe arrete que des questions relatives a ce genre de travail seront redigecs pour etre envoyes a ses cor- respondans. On donne lecture de plusieurs lettres et notices de MM. Bdlaiidet, La Pilaie, Jorand, Jinsivorth et Barbie-Dubocage [Jfexandre),siir divers monumcns antiques et sur plusieurs points historiques. La societe renvoie ccs memoires a sa commission. — JuiN. — M. Berriat-Saint-Prix, president, donne un apercu des materiaux que doitcontenir le huitieme volume des Memoires de la societe. M. Ladoucette annonce , de la part de M. DuviviER, corrcspondant, trois notices archeologiques sur des objets trouves a Mauberl- Fontaine , le Chene et Vnn- sercsse, departcmcnt des Ardennes. M. Depping lit un cxtrait de son interessant memoire sur les Sjmboles des Basilidiens , 25o FRjiNCE. qui I 111 a oblonu iinc mention honorable ix TAcadcmie des in- seriptions ct belles lettres. M. Dui.aijrk fait un rapport sur la sta- tistiquc do I'arrondissement de Falaise, offcrte a lasoeiete[)ai' les autcurs. M. de Lasteyrie est elu mcmbre de la societe. R. Noiu'clle methodc pour giierir Ic begaicmcnt. — Parmi les im- perfections qui aflfligentla nature humaine, celle qui estconnur- sous le noui de bcgaicmr/il a souvent exerce la sagaoite des observateurs. Leurs recherches ont eu pour resultat, bien plu- tot de constater la difliculte d'y apporter remede, que de la resondre. Parmi les anciens , Hippocratc et Galien gardent le silence sur le traitement qui convient a cette infirmite. Les modernes ont cru en decouvrir la cause dans des lesions or- ganiques, et cette vue les a egares sur la nature des moyens curatifs qu'elle exigo. Aussi , out its accredite I'opinion qu'cUe est incurable. TVous devons a M. Itard, medecin des sourds- muets, uu memoire plein d'observatious interessantes sur le begaiement. Get ouvrage est, sans contredit, ce qu'on a ecrit de mieux sur cette matiere; mais les moyens de guerison qu'il indique sont longs et diffieiles : pen de begues s'y sont soumis. II etait reserve a M""' Leigh de decouvi'ir les causes radicales du begaienieut, et de fonder sur cette decouverte une methode (It! traitement applicable a tons les cas. Ici commence une ere nouvelle dans cette partie dc I'art de guerir : les resultats ob- tenus signalent, par leur nature et leur promptitude, une de ces heureuses rencontres de I'espnt humain qui eclairent les sciences d'une vive lumierc. Tout le moude salt que, par des exercices multiplies et une grande perseverance , plusienrs begues se sont gueris; mais aucune regie fondee sur I'observa- tion ne dirigeait leurs exei'cices. Aujourd'hui que les causes primitives du begaiement sont mieux connues , on obtient une guerison a la fois prompte et radicale. M. M ALEBOucHE, a qui M'"*^ Leigh a confie le soin de repandre sa decouverte en Europe, et qui connait toutes les parties de sa methode, donne I'assurance que les inoyens curatifs qu'il emploie sont purement intellectuels ; ils ne consistent dans auetme o|}uralion ni dans aucun remede (]ui soit du ressort de la medecine ordinaire. Les principes du systeme sont fondes sur lies observations physiologiques entierement neuves : ils sont donnes sous la forme d'instruction ; des exercices repetes en reudent les effets durables : rintervallc de tems exige pour une guerison parfaite exeederarement trois semaincs. L'obser- vation des regies enseignees etant chaque jour plus comj)lete, on pent esperer de I'avenir un perfeetionnement progressif et PARIS. 25i ties succes plus lapides. Plus dc cent begncs ont ete gueris par ce moycn, tant en Amerique qu'en Belgique. Une (lecouverte aiissi importante devait naturellement rennir dessuffragesnombreux etimportans. Nous mettronsen premiei'c ligne ceiix des plus celebres professeurs de I'universite de New- York. M"'^ Leigh Icur ayant communique confidentiellement sa methode, ccs savans, apres s'etre livres a un examen critique de la thcorie et de ses resultats, n'hesiterent pas a manifester leur approbation de la maniere la plus formclle : nous avons en sous les yeux cct acte imprime, qui est revetii des noms les plus recommandables. Nous possedons aussi plusieurs exem- plaires d'une brochure publiee a New-Yorck, et contenant vingt-cinq certilicats de begiies qui se declarent gueris. M. Ma- lebouche a obtenu du roi des Pays-Bas la nomination d'une commission jjrise parmi les membres de la Societe pour Vutilite publlqae ( tot nut van I'algcmrcn ) , qui est chargee d'examiner les resultats annonces et de lui soumettre un rapport a ce sujet. Quatre begucs (jue la societe avait presentes ont ete gueris : le rapport a ete fait en consequence. M. Malebouche demeure inaintcnant a Paris, rue dc Marivaux, n° 2. Z. R. Enseignement indiistriel. — Les ii5 cours dc geometric et de mecaniqiie , elablis a I'imitation du Cours normal de Paris, en partie professes j3ar d'anciens eleves de I'ecole polylech- nifpie , ont obtenu des succes remanjuables dans un grand nombre de villes. Les autorites mimicipales et les societes d'agricniture ont rivalise de zele et de generosile, dans beau- coup de departemens , en donnant des medailles , des livres on d'autres prix aux eleves (jui ;ie sont le plus distingues. Annens , Arras , Colmar, Douay, Libourne , Limoges , Lyon , i\]ctz , Nantes, Nevcrs , Toulouse, Troyrs, P^crsailles, ont ^ondc de semblables prix qui pxcitent I'emulation et le zele des eleves et de leiirs professeurs ; deja Ton remarque , dans les ateliers, la superiorite des traces et la rectiuide d'execulion (pii distingucnt les bons eleves et les ouvriers formes par le nouvel enseignement. Dans raiinee scolaire qui commence, des villes qui n'avaient pas encore joui de reiiseiguement indnslriel vont en epronver les bienfaits. On cite, dans le nombre , Aries, Besancon , Rourges , Caen, Cliartren, Clidteauroux , Dole, Gray, Lann , Le Pay. Nihies , Rouen , Thiers , Tulle , Vesoul , Vicnne , comme celles oii c\i'.-i magislrats eclaires et des citoycns amis (In bien public s'occu|ient avec le plus de zele d(; cet objet important. N. Statistiffur industrielle ct cotnincrciale de In France. — aSa I'RANCE. M. Cli. DupiK s'<'St charge tl'uii grand travail siir col objit , ct les (Iciix prt'iiiiois volnincs do son ouvragu out di'ja |)arii depuis ciiu] inois ( i ). Cos ilcux volumes, jugos diversemont par les joiirnanx , coiUioniioiil la description d'uno partio do la Franco sur laquello il semblait (jne I'ot) s'accordorait niioux. II Y a done , dans los opinions relatives a la stalistique , unc divorgonce doiit Torigine no pent ochappcr aux observalcurs ; ils no nianquoront pas do ratlribuer a iiotro ignorance eu oconomie politique , ;\ I'inslabilito do nos doctrines , a la i)a- resso il'appreudre, jr>inte a la pretention de savoir. L'accueil fait dans un pays a un ouvrage d'uno haute importance com- pose puur CO pa)'s , merito , i plus d'lui titie , rattontion des otrangors ; qu'ils nous regardent en ce moment , mais (pi'ds no se pressent pas de nous jugcr. Tel est I'esprit et le caractoro de notre nation ; nous n'aimons point que Ton nous force a ro- tlechir, ot nous atlendons tranquillemoni quo la lumiore nous arrive , sans nous donuer aucimo poio.o pour la chercher. Nous avions dos maloriaux pour unostatistiqiio do !a I'lance ; dis- poses avcc quolque regularito dans dos rocueils pou volumi- uenx, cos matoriaux otaient censes com])osor un(; slalisli(]uo, et nous on eiions satisfaits. M. Dupin viont dissipor cos illu- sions de ramour-j)roprc , ct nous proposer do nouvellos etudes ; il devait s'attendre a quolques roclanialions. Cellos que les journaux ont pubHocs font voir que le but et lo plan de Taulour ne sent pas encore genoralomonl connus , que ses motliodes de comparaisoii ont trouve los esprits dirigos d'uno autre maniore , et non prepares a les recevoir. Les lectours otrangors aux rechorches de calcul n'ont oto frappos (pie de quolques erreurs de detail dont i!s ne pouvaient approcior I'in- fluence sur la corlilude des rosultats gonoraux : d'autros, plus instruits , mais accoutunios a considoror la statistique sous un autre aspect , auraienl voulu que I'ouvragc fiit oouiposo selon leurs vues , c'ost-a-dire, pour ceux quisavent, ot non pour ceux qui veiilont apprendrc; qu'il ne contuit que ce qui apparliont a la science , ot qu'on eut omis tout ce qui ue pout servir qu'a diriger los applications. Mais rauieur, qui s'occu- pait avani tout du besoin dos applications, n'avait garde de rion negliger de ce qui pout los rendre plus surcs ct plus fruc- tuousos. Ce n'ost pas sans etonnement que Ton a vu reprochor ^ (i) Forces produci'wei ct commercialcs de la France, par le baron Ch. Dupin, memhre de I'Acadcniic des Sciences, etc. Paris , 1827; 3aclielicr. In-4", tomes i ct 11 , avec deiix carles ; prix , -li fr. PARIS. »53 cclte sorte de prolixite a un ouviage destine a se tiouver sou- vent entre les mains dcs administrateurs. Ainsi , les critiques n'ont pas attcint Ic but de tout examen fait dans les intcrets des sciences; il serait nieme a ciaindre qu'avec les intentions les plus louables , ils n'aient fait quelqiie tort a une cause qu'ils ont certaincinent la ferme volonte de servir. Cepcndant , les circonstances devicnncnt plus exigeantes ; on ne pent rassembler trop de luniieres sur notre situation industriclle et coinmerciale , ni prendr(^ trop de precautions pour ne pas se tromper sur le choix des moycus de faire le bien et d'eviter le mal. I,'influence que la derniere exposition pent avoir exercee sur le progres des connaissances indns- trielles n'est encoie connue pai' aucun fait ; quelques mesures de haute administration sont peut-etre encore a prendre, ou a preparer ; d'utiles entreprises hesitent, et craignent de de- buter hors de saison , ou dans dcs licux peu convenables. Le travail de M. Dupin vient done fort a propos , non-seulement en raison des donnecs qu'il fournit , mais parce qu'il offre le modele de methodes dont toute grande administration pent faire un bon usage. M. Dupin fait voir clairemeut que les moj^ens employes jusqu'ici pour evaluer la puissance des na- tions ne suffisent point , et il propose de leur substituer le denombremcnt et la mesurc des forces productivcs et commer- cialcs. >i Nous ne pretendons point dire que la puissance des nations soit exactementet niuneriquement proportionnelle aux resultats obtenus par de pareils denonibremens; mais nous j)ouvons affirmer rpi'on trouvera des termes de comparaison bien nioins inexacts que ceux qu'on s'est procures justju'a ce jour par toute autre voie., )■ Parmi les forces productives d'un Etat, la population est sans contredit au premier rang : mais i! ne suffit point de compter les totes et les bras ; il est indispensable d'y joindre Tappreciation des forces irifellectuelles et physiques d'(m indi- vidu nioyen , tel quMl serait, si la somme des facultes etait egalement repartie entre tous. En appliquant a la France ces precedes de niesure, M. Dupin se montre plus jaloux de servir sa patrie que de plaire a ses compatriotes; li ne les flatte pas , mais il leur montre comment ils peuvent devenir plus forts, meilleui's et plus heureux ; car ces trois sortes de progies sont inseparables., derivent de la meme source, et sont obtenus par les memes moyens. Les ameliorations deja preparees en France , et que Ton pent obtenir graduellement sont la ma- liere du second livre de I'ouvrage de M. Dupin , livre ou les veriles abondent , quclquefois consolantcs , souvent austercs , 254 FRANCE. toujours cmiiitniment utiles , tligius d'clio uicditces par les liommcs d'litat, et propa^'ccs par les ;imis de riuiinaniti'. Deux livros sont consacrcs aiix details de ['agriculture, dfs arts, du comim-rce, de riiistruction, etc., tlans trente-denv dt3parteuiens au nord , a I'ost ct a I'ouest , dcpuis le deparlc- ment du Jura jus(]u'a cclui de la Manche. Chacune de cos di- visions territorialcs est comparee a un terme moycn dont I'auteur n'a pas craint de reproduire les niesures a cha(]ue comparaison (ju'il etablit. Si Ton repiochait a cette metiiode I'incouvenicnt de grossir le vuluine, il serait ecjuitable de teuir compte aussi de I'avanLage qu'y troiiveroiit les lecteurs orcu- pes, dont les reeherclies serout abiegees et le terns epargne. La 2icfiic EncYclopi'dlfjue a deja fait counaitre cette nianiere de traiter la statislit|ue industrielle et commerciale d'un de- partemeuf. ( Voy. Rev. Eric. , t.xxxiv, p. 28. Statistifjuc dti deijartcnient da Nord.) Pins ces sortes de inesures scront mid- tij)lieeset devieiidront faniilieres , niieux on en sentira I'utilite. Elles doiineut le moyen d'apercevoir sur-le-chainp les acqui silions ou les pertes de cliaque sorte d'industrics ou de pro- ductions, et de reconnaitre si Ton est sur la voie des amelio- rations. Le livre suivant pent etre considere comme une introduction a la partie de cet ouvrage qui n'est pas encore publiee , et qui ne sera pas la moins interessante par rimportaiice des fails, la nouveaute des observations et des consequences que Ton pent eu deduire. L'auteur fait dans ce livre le pnrallclc de la France du nord ct de la France da nndi, avec toute la France, c'est-a-dire, avec la France supposee rainenee a la mesure uiovenne et unifornie. Toute cette partie de son ou- vrage devrait etre I'cntretien du jour, le snjel des meditations dans le cabinet et des discussions en public. Tant que nous paraitrons iusensibles a d'aussi grands interets, ne justifierons- nous pas I'imputation de frivolite que Ton fait depnis long- terns au caiactere fran^ais? M. Dupin ne signale p>int un nial , sans indiquer en meme terns le remede qu'il croit propre a le "uerir. Sur ce dernier point, on ne sera peut-etrc pas toujours d'accord avec lui; mais, pour que le livre soit emiuemment utile, il n'est pas necessaire qu'il ait constamuient raisou; il suffit qu'il contienne beaucoup d'instruction et de fortes pen- sees, q\ie les questions soient |)03ees clairenient et diseulees avec courage, querautorile soil avertic, le jjalriotisnie excite, les volontes decidees. Tons ces elfets salutaires peuvent etre obtenus si Ton se met a lire attentivement I'ouviage dont nons parlous; et c'est par ce motif que nous presenlons ici PARIS. 25 5 lis considerations par Icsquelles nous termiaions I'analyse do cft ouvrage, que divers obstacles nous ont empeche d'inserer a la place qui aurait du lui etre assignee dans noire Revue, Revenons encore un moment siir les critiques dont il a cte Tobjet : si les auleurs de ces critiques avaient mis plus de terns et d'attention a la lecture d un li\re qui merite mieux qn'nn simple coup d'oeil, ils se seraient occupes de I'ensemble, de I'ordonnance et de la distribution de I'edifice, et auraient perdu de vue quelques imperfections de detail. Le petit ouvrage, extrait en partie de celui dont nous par- Ions, el que I'aiiteur a redige pour I'instruction populai re, a ete I'objetnon de critiques, mais de sarcasmes. Nous ne nous arreterons pas a ces miserables plaisanteries d'ecrivains plus sensibles aux charmes d'un calemboiirg qu'a I'utilite de I'en- seignement industriel. L'opinion publique n'est pas dirigee par les lazzis des saltinibanques. Le livre cjui termine le second volume est intitule : « Sur la circulation interieure de la France du nord, et specialement sur le canal maritime de la Seme, sxxr Paris port de mcr, et sur de canal de Paris au Rhin.x Cette niatiere est aussi a I'ordre du jour: esperons que ces grands projets seront enfiu discutes avec niaturite et sagesse, et que les reclamations de quelques localites ne seront pas ecoutees, au prejudice du bien general. Ferry. Banquet nicnsucl dc la Socicte de la Revae Encyclopedique , et Notice sur les osages , qui se trouvaient au nomhre des con- vives {mnrtW 9 octobre i Mes freres, nous Savons qu'il y a deux chemins a suivre pour nos aciions, l'un bon, I'autre mauvais : nous tachons de no jamais prendre le mauvais. » Le meme caractere lusreparaitre.L'iulrii:;ued'ailleurse6lassez eiiibrouilU'e et irinspire (jti'un bleu faibJeinteret ; elle u'oflie (|u'uiie peititure de iiKeur^ sans eouleur et sans veiite; ee sunt ia dis personiuiages (jue nous avons souveiit vus an theatre, mais qui n'ont point les traits sailians de ceux que nous voyoiis anjourd'liui dans le moiide. Sans etre bieii ueuf, Ic caractere principal poiivait cepeiidant etre comique ; et itial- hcureuseinent il ne I'est j)as. Get homnie, qui vent etre bieii avec tout le nionde, et (pii a force de nialadresses (init par de- plaire a cliacun , est trop elTace dans la piece oil Ton s'atteiidait a \c voir mener toutc I'intri^uc; il agil pen et presque lonjours, liors des yeux dii spectaleur. Nous nous enipressons d'ajouter qu'il y avait quelqiies intentions comiques dans les situations imaL,'inees par I'auteur , mais elles manquent de developpement ; c'etait une heureuse idee que ce contrasteetablientie I'activite incommode de cet homme qui fait les affaires de tout le inonde, et I'apa- thique indolence de ce Sain val qui ne fait pas menie ses pro])res affaires. Le mauvais succes de VJniitle tout le iiionde ne doit })oint decourager I'auteur, qui , plusieurs fois , a fait preuve dun talent ainiable et spirituel. Les ap|)laudissenicns qui ac- cueilli'nt constammeiit les Suites cl'un bal masque, doivent etre pour lui une consolation de cette niesaventure et le gage futur tl'un ])lus heureu.\ succes. TlIEATRliROYALDEL'ODEON. I"' ICpreSCnt. dc laC<7JJt'We, eomedie en trois actes et en prose; par M*** (lundi i'='"octobre). — ■ \Ji\ tuteur avarc et fripon qui tient sa niece dans une espece de prison pour s'em])arer de son bien ; un ainant qui prend les habits de son valet pour s'iutroduire dans la maison de ce tuteur, et lui enlever sa jjupille; un imbroglio fonde sur cette donnec, et dont le deuounieut est im mariage auquel le tuteur dupe ne peut pas s'opposcr : voilii luie piece qu'on dirait vieille de cent ans , et qui a etc jouee sous le titre de eomedie nouvelle il y a quelqnes jours. Un dialogue piquant, une broderie spiri- tuelle, n'ont pu rajeunir ce vieux canevas; et , pour en faire jilus tot justice, le parterre s'estmontre fort injuste envers de jolis details qu'il aiu'ait applandis partout ailleurs. L'auteur, connu dans le monde pour un liomine de beaucoup d'esprit et qui a quelquefois etc plus heureux au theatre, a voulu garder I'ano- nyme. M. A. — Theatre Anglais. — Scconde repKesentstion de Jane Shore , tragedie en ciiu| actes de Rowe , et j)remierc represen- tation i\'y4Ng/a!S et lYar/cait , eomedie en un acte , par SOL Bavaru ct Gustave ue Wailly, au bcnetice de BI. Abbott. PARIS. 263 (Lundi 72 nctobre.) — En rendaut compte dcs {jrcniieres repn'- sentalions descomrdiens anglais a rOf/<''o//, nousavions lemoigne ledcsii- de Ics \oir ctablis dans la salle Favart, et lapproches du centra dcs plaisirs ct do la population. Cc vceu , gencialement manifesto par le public et par Ics jomtiaux, a etc eooutc; et Ics representations des chefs-d'oeuvre de la scene anglaise al- terncnt niaintenant, sur ce theaire, avcc celles des briliantcs compositions de M. Rossini. M. Abbott , dont le talent a ete re- marque etappiaudi par tons ceux qui ont vu a I'Odeon Romeo ct Juliette , \' Ecole du scandale , le Stratagcute d'unc belle et plusieurs autres pieces dans lesquelles il a rempli avec succes des roles iniportans , vicnt d'obtenir iinc repi esentation a son benefice, dont la composition avail pique la curiosite , et altire une asseuiblee briliante et nonibreuse. La tragedie de Rowe est assez conune , en France , par I'elegante imitation de M. Andrieux , et par les tentativi-s de MM. Lemf.rcier et LiADiERES pour transporler sur notre scene les fureurs du Louis XI f!e I'Anglelerre , et les inforlunes de la maitres.se d'Edouard IV. La piece anglaise , malgre scs defauts , excite un inteiet puissant qui s'attache au sort de cctte Jane Shore, si belle, si malheureuse et si repentaute. Sous les traits de miss Smithson , surtout, elle inspire une pilie profonde, une sympathie douloureuse : lorsque Jane rec^oit Duniont qui se presente pour entrer a son service, et qui, en iiommant Anvers , sa patrie, rappclle qu'il a connu le man de sa maitresse ; jorsqu'elle repousse les coupables caresses de Has- tings; enfin , lorsqu'au dernier acte , elle demande du pain a son ancicnne amie Alicia, et lorsqu'elle expire de faini et de fatigue, dans les bras de son epoux qu'elle vienl de recon- naitre ; miss Smithson a dcs accens si penetrans, une panto- mime si vraie, si attendrissante , qu'elle arrache des pleurs a tons les yeux; fiu'elle transporte le specialeur, par une illu- sion terrible , dans ces rues de Londi es oil , depiiis trois jours , elle erre poursuivie par le besoin et par les insultes d'une vile populace. Le roie du due de Glocesler, a ete bien rempli, dans quelques paities, par M. Chapman, qui, dacs la scene du conseil , a eu des mouveincns d'une encrgie fa- rouche. M.< Abbott a represente le role de lord Hastings avec beaucoup de chaieur et de noblesse. De la cour du sauvage Richard, le decorateur nous a bien- tot transporlcs dans une auberge de I^iile , ou vieut d'arriver Eugene de Verneuil , qui, graces aux habits, aux uianieres et au baragouin dun anglais de comedie , espere echapper a sa famille et a scs creanciers , et retrouver sur le sol britan- nique une jolie insulairc dont il a obtcnu la foi. Sir Richard, a64 KRA.NCE. \ciitable anglais , vieiit aussi de dcsceiuire de diligence : il a pour compagnons do voyage M. Deschamps , chaige par les jiarens d'Eugcne , dcvenus sos croanciers , d'intcrrompre son voyage et d'euipccliei- son union avec une anglaise , au nioyen d'unc conlrainle par corps; et M""^ de Marcilly, qui troiive Ic jcune lord fort aimable, mais qui refuse par patriotisnie d'ecouter son amour. Dcslors, sir Richard n'cprouve aucune repugnance a prendre pour quelqucs instans le nom d'Eugenc; car cette metamorphose , en le faisaut passer pour francais aupres du credule Deschamps et de la jcune veuve, detrnit tous les scrupules dc celle-ci, et decide le don de son cccur et de sa main. Cette petite piece de circonslance, ou il y a dc I'esprit et quelqucs situations plaisantes , a etc accucillie avcc beaucoup de bicnveillauce , graces surtoi-.t an jeu spiri- tuel et plein de gaite de M. Abbott , 'o dos vuos sur les lioux; ils ont done oto obli- j^es de so scrvir de graviu'os plus on nioins biou onluniinecs, et c'est toiijours un inoyen tros-insuffisant. Ensuite , iis no pouvaient nietlre leur spootatour au milieu du monument; la disjiosition de leur etablissemont s'y oppose; ils I'ont done suppose pros de la porlo d'eiitroo d'ou I'a'il dt'vrait omhrasser touto rotondue do redilieo; niais, iiu fait, M. Bouton , auteur de CO tableau, n'a pas sn donnor une idoe juste do la profon- deur immense de rogliso; il n'a pas, non plus, donne a I'aspect intericur de ce monument, son veritable offot. La scule ])artie claire est le dome ; tout le reste est obscur, les ombres sont tres- vives; or, il n'en est reellemcnt pas ainsi. Dans Saint-Pierre, au contrairc, le ton general de la couleur est clair, la himiere cir- rule partout. Au surplus, les premiers plans sont tres-bien oxeculos; on voit que c'cst rouvrage d'lui homme habile, mais CO n'est pas entiorement Togliso de Saint-Pierre. M. Allaux a mis le spootatour au milieu memo de I'eglise; il a suppose que, comme cola a lieu dans de certaines solennites, on avait oleve, pros de la coupole, uno ostrade recouverte d'un dais oii le pape so place, pendant la celebration de I'of- (ice. Le pape vient d'en descendre, et le spectatoiu- est vcnu s'on emparcr. M. Allaux a cu I'hcureuse idee d'ouvrir les portcs de la ba- silique , de sorto que la vue so prolonge, d'un cote, jusqu'a I'extromite de la place du Vatican, et, de I'autro, jusqu'au chevet de I'eglise. C'cst un magnifique aspect. La scene repre- sentee, dans I'interieur du monument, ajoutea rinteret du lieu. Le pape est proslerne devant la statue de saint Pierre, pour laquelleon s'est servi du bronze d'un .Tupiter Ca|)itoliii, comme on a fait la statue de Henri IV avec une statue de Bonaparte; derriore lui , los cardinaux , les chanoincs sont egalement age- nouilles; une haie de soldats forme une enceinte au-dela de laqnelle on voit dos groupes do lidelos. Toutes cos figures sont parfaitoment bien oxecutees. En supposanl que les portos de I'eglise otaient ouvcrtes , I'ai- tiste s'est menage les movens de fau'o senlir la difforotioe do la lumiorcextorieure ct de la liuuiere inteiieure. Cl'etait luie dil- fieulte, sans doute; mais aussi c'etait uu moyou d'erfot. Cot effet, bien seuti , bien exprime, a prnduit luie vivo sensation. PARIS. 267 L'cmiJicssciiientdu public a prouve a M. Allaux. que Ic talent et la peisevcrance ne restent pas toujours sans recompense. Maintenant que cet artiste a Irouve le nioyea de nous trans- porter au milieu d'un edifice tel que Saint-Pierre, il ne devra pas lui etre plus difficile de nous montrer X Jlhanihra, le Coly- sre, le ('aiiipo Vaccina, et taut d'auires beaux lieux dont la vue ne pourrait manqucr d'exeiter lui grand interet. P. A. NEcaoLOGiE. — IVIanuel , cx-clejjutc , ne a Barcehnnettc , (h'partcnicnt clcs Basscs-Alpcs , mart a Maisons-sur-Seinc , pres Paris, le 20 aniit 1 So.'] (i). — Qiioique \a Rcrue Eiicy clops' dique n'admelle point dans son plan, et d'apres sa direction pure- inent scientilique , piiilosoj)hique et litlcraire , les evenemens ni les discussions qui se lattachent aux affaires et aux passions poliliques du moment , elle n'a jamais renonce l\ rendre hom- inaj^e aux personnages polititpies et historiques qui ont servi et Iionore leur patrie et I'liumanite par d'utiles travaux, par des talens superieurs, ct snrtout par un noble caraclere. Nos Tahleltcs necrologirjues sont consacrees a lous les genres d'illus- tration , et nous celebrons aussi , dans les comptes ouverts resjiectifs de chaque nation , les grands citoyens , ou les honimes emiuemment utiles qui a[)partiennent a d'autres pays que la France. Deja les noms de beaucuup de Francais respec- tables y de tonles les opinions et de tons les partis , ont succes- sivement recu le tribut de nos regrets el de nos hommages. C'est aiusi que les illustres savans Monge , Berthollet, Vol- NEY, Lacepede , La Place; leur collegue Hauy, dont le savoir profond s'uiiissait a une piete sincere; ie pere cheri des jeunes eleves sourds-muets, I'abbe Sicard ; le venerable pasteur Oberlin; nos grands peintres Girodet, David; nos celebres sculpteurs Dupaty et Lemot ; noire grand acteur tragicpie Talma ; I'eloquent et intrepide general Fov ; le constant de- fenseur des liberies publiques Lanjuinais; son respectable collegue BoissY d'Anglas ; le savant et laborieux geographc Malte Brun ; le verlueux due Mathieu de Montmorency; le genereux philantrope La Rochefoucault-Liancourt, et beau- eou]3 d'autres, amis distingues des sciences et de riiumanite, francais et etrangers , ont tour a tour obtenu , dans ce Recueil, les hommages dus a leurs vertus et a leurs talens. La gloire de la tribune est aussi une des conquetes de I'es- prit liumain ; et,- puis(|ue tons les hommes qui ont contribue aux progres des sciences et des lettres et a I'avancement social ont une place marquee dans uotre Revue, nous ne pouvons (i) Cet article avail ete supprime , dans notre cahier d'aoiil , par le- Bureau de Censure, 268 FRANCE. nous dispenser de consaoier quelques pages k la nieaioire cie M. Manuel, dont la porte , encore recente , sera long-tems — /illemai>,ne , 8 . 128 — Suisse, 3 i33 — Itdlie , 7, dont i ouvrage periodique 139 — Portugal ,2 148 — Pays-Bas, 6, dont i ouvrage periodique i5i France, 67 , savoir : Sciences ihysiques it naturelle: , 23. . . . i58 — Sciences religieiises , incjales , politiques et hiitoriques , 10. . . 176 — Litterature , i5 \%n — Beaux-Arts ,4 200 — Memoires el Rapports de societes sufantes , i 204 — Oai-rages periodiques , 1 ao6 — Litres en langues etritiigeres , impriines ett France J 3 207 a^a TABLE DES AUTICI.KS. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Amekique skptejntkionale. — Etats-Uiiis. Boston : G<'><>gr;ipliie physique et /.oologie ; Influence cle I'air et du sol sur la taille des aiiiniuux. — 7/ '«j/i;«i,'WH ; Instruction des enfaiis aio Antilles. — Phenomenes nietcorologiques an AusTKAL.iSiE. — Noiife/lc S'.id-Galles et Teiie de Fan-Diemen : Si- tuation deces colonies ; Etat de la presse periodique. — Colonic anglaisc de Vt/e UleU'iUe 21a EUROPE. Ilbs Britakhiques. — Statistique judiciaire ct morale: Nombie de pi'isoniies emprisoniiees , condamnees ou acquittces dans rAiigleteiTC el le pajs de Galles, pend;uil les sejjt dcrnieres annecs. — Nccrologic : Sir Thonias-Staniforii Raffles a 14 RussiE. — Instruction publique : Universites. — Reclamation : Liitorature russe 216 PoLOG^E. — Exirait d'une letlre de IVilna : Etat de la littera- turfthistorique en Pologne 219 Dakemark. — Co/.e/j/irt <,'(/<■; Instruction eleinentaiie 326 Allemagne. — Uerliii. Academic des sciences : Question propo- see par la classe de plijsique ; nominations. Enseignement de la geographie. — Jl'eimar : Hommage rendu par la puissance au genie , il'i'f- Suisse. — Zoiig : Population. — Canton de ^e/«e.- Education des souids-mnefs 229 Italie. — Analyse d'une plante medicinale. — Litterature ita- lienne : Observations geuerales; Defauts reproches a plu- si urs auteurs italiens a3i Grece. — Situation morale du pays; Premiers besoins de la nation grecque; Voeux et esperances de ses amis 2^3 Pays-Bas. — Dnixelles : Developpement de la prosperite agiicole, industrielle, comiuerciale , et dt'S institutions lelatives a I'instructiun pi:l)li(jue ; etat moral et social du jiays. — Ensei- gnement primairo; Poids etmesuies. — Medailles historiques. 286 FuANcn. — .VH'«r (Cantal): ttablissement agricole de M. de Pradt — Socic'tes sav ntes : .^/x (Bouches du Rhone) : Society acadcmique : Prix proposes. Dijon (Coted'Oi) : Societe de lecture a4o J'akis. — Instiut. Academic des Sciences : Seances du 24 sep- fembre au i5 octobre. Academic des Beaux-Arts : Seance pu- blique du 6 octobre. — Societe royale des antiquaires. — Nouvelle methode pour guerir le begaiement. — Enseigne- ment induslricl. — Statisliqueindustrielle et cnmmerciale de la France. — Banquet meiisuel de la Societe de la Revue En- cyclopedie , et notice sur les Ostiges. — Exhumation desrestes de Talma. — Tliedtrcs. Thedtrc-Francais : i" representation de I'Ami de tout le monde, comedle. Thidtre de I'Udeon : i'" re- presentation de la Cassette, comedie. Theatre anglais, -x^ repre- sentation de Jane Shore, tragedie, et i"' represent. d'Aiiglais et Francais , comedie. — Ueaux-Arts. Neorama et Diorama : Vue intdrieure de Saint Pierre deRome. — yWcro/o^/e; Manuel. a4« NOUVELLE GEOGRAPHIE METHODIQUE DESTINEE A L'ENSEIGNEMENT, PAR M. ACHILLE MEISSAS, ANCIEN ELEVE DE l'aBBE GAULTIER, ET M. AUGUSTE MICHELOT, rUEF D'lNSTITUTIOIf, ANCIEN ELEVE DE l'eCOLE rOLYTECHNIQUE ; S U I V I E D'UN PETIT TRAITE SUR LA CONSTRUCTION DES CARTES. PAR M. CHARLE, Geographe, attache au depot general de la gt.erre; ACCOMPAGNEE D'UN ATLAS UWIVERSEL, IN-FOLIO, Dresse par le meme. UN VOLUME IIS- 12, Avec deux planches gravees, et un Atlas universe]. Voues depuis long-temps a I'enseignement et anime's du desir de le perfectionner, les auteurs de la Geogm- phie methodique ont du examiner avec la plus serieuse attention la plupart des ouvrages elementaires. Parmi ceux qui traitent de la geographie, bien peu sont redi- ges avec la methode et surtout avec la clarte ne'ces- saire dans tout livre destine a I'instruction de la jeu- nesse, bien peu sont reellement elementaires; enfin, ceux qui ont le plus approche du but presented au- jourd'hui des inexactitudes. (- ) Cependant retiule de la f[eo<^raphle , trop long-temps negligee, est regardee comme rune des plus importantes depuis que la paix et les nouvelles decouvertes des voya- geurs ont multlplie entre les peuples les relations com- meiciales et politiques. II est done .necessaire de rendre cette etude plus facile, plus attrayante, en presentant dune maniere simple, claire et graduee , les notions les plus exactes et les plus utiles de la geographie physique et politique, ainsi que de la cosiiJographie. La Geographie methodique de MM. Meissas et Mi- CHELOT, tout-a-fait au niveau de la science, remplit ces conditions. Elleest divisee en trois parties bien distinctes. La premiere , mise a la portee des plus jeunes en- fans , renferme les notions generales , la nomencla- ture des accidens geographiques les plus remarquables des cinq parties du monde, les divisions politiques et administratives des contrees qui les composent. Apres cliacun des chapitres , les auteurs ont mis una serie de questions et d'exercices propres a mieux graver dans I'esprit des eleves la lecon qu'ils viennent d'ap- prendre. Au moyen de ces exercices et de 1' explica- tion qui est en tete du livre, il n'est pas de mere qui ne puisse elle-meme dii^iger ses enfans dans I'etude de la geo.<5raphie. La deuxieme pnrtie^ consacree aux eleves plus avan- ces, donne pour chaque contree : 1° la population et la superficies 2° une courte notice historique; 3° une description generale du pays , qui fait connaitre I'as- pect physique, les productions naturelles et fabriquees qui caracterisent la contree, et les principaux objets de son commerce ; 4° 'es divisions administratives trop nombreuses pour entrer dans la premiere partie j 5° des ( 3 ) notices sur les villes et lieiix remarquables , ou Ion indique leurs productions les plus estlmees, les faits historiques et les noms des grands hommes qui les ont illustrees; 6° les particularites de geographic physique, moins importantes que celles de la premiere partie, mais cependant necessaires a savoir. La troisieme partie donne des notions generales sur la cosmographie et sur la geographie physique; enfin les precedes employes pour construire les differentes sortes de cartes. Les gens du monde Irouveront dans la Geographie inethodique tout ce qu'ils ont besoin de savoir pour lire avec plaisir et avec fruit les voyages , les livres de geographie et d'histoire. Pour que cet ouvrage produisit tous les resultats que nous en attendons , il fallait qu'on y joignit un atlas parfaitement d'accord avec le teste. MM. Meissas et MiCHELOT en ont fourni les maleriaux a M. Cuarle , auteur des Atlas de France par divisions militaires et par dioceses , qui a dessine chaque carte avec le soin qu'il met a tous ses travaux. MM. Dumortier et Aj- noid , habiles graveurs , ont ete charges, le premier de la topographic , le second de la lettre. Toutes les epreuves ont ete corrigees par les auteurs sur le texte et d'apres les meilleures cartes. L'enluminure , ordi- nairement si negligee , a ete executee avec la j^his grande exactitude, sous leur direction. 11 a ete tire im certain nombre de cartes muettes qui servent a I'aire repeter ce que les eleves ont appris , et qu'on leur fait remplir. La carte d'Afrique a ete vue et corrigee par M. Jo- MARD, de rinstitut, d'apres les documens les plus re- cens; M. Jules Keaproth, savant orientaliste, a bien (4) voulu prendre Ic nienie soin pour la carte d'Asie, dont la nomenclature a ete soumise a MM. Abel Remusat et de Saint-Martin, de I'lnstitut. Atous ces avantagcs, la Geograpliie ine'thodique joint celui d'etre, relativement au nombre des faits quelle contlent et a la beaute des cartes , un ouvrage tres-pcu coi^iteux et qui peut en rcmplacer plusieurs d'un prix eleve. Nous venons d'exposer les motifs qui nous ont enga- ges a nous rendre editeurs de la Gcographie methodiq^ie. Get ouvrage reinplit dans renseignement une lacune que nous avions a coeur de voir disparaitre ; et persua- des du succes qu'il obtiendra, nous ne negligerons rien pour que I'execution typographique reponde a la re- daction du texte et de I'atlas. La Geographic jnethodique paraitra a la fin de septembre. Le prix du texte cartonne, avec 2 planches gravces.. 2 fr. 5o c. I carte en feuille sur grand-raisin i fr. 25 c. I carte collce sur carton i fr. 5o c. Atlas elementaire de six cartes 7 fr. » Idem, de onze cartes 1 2 fr. 5o c. Idem, de seize cartes 18 fr. « On soiiscrit a Parts, chez BRUNOT-LABBE, LIBRAIKE DE L'UNIVERSIT^ ROYALE, QUAI DES AUG0STINS , N° 33 ; BAUDOUIN FRlkRES.LIBRAIRES, RUE DE VAUGIRARD, N° I7. riiirr.iMEniE de rignodx.rue des francs-bourceois-s.-michei., n" S. B.ARBEZAT ET DELARUE, EDITEURS, A GENKVE. MlMOiri: DE MICHEL OGIIVSRI SU R LA POLOGNE ET LES POLONAIS, DEPUIS 1788 JUSQU'A LA FIN DE i 8) 5. 4 VOLUMES IN-8°. PRIX : 26 FRANCS. Ges Memoires, authentiques et sinceies, embrassen t dans un cadre varie les evenemens qui ont interesse particu- lierement la Pologne, a compter de ]788jusqu'en i8i5, epoque de la pacification et de la reorganisation poli- tique de I'Europe. Leur importance historique est in- contestable, par cela meme qu'ils se rattachent aux plus grands interetsdes puissances pi'eponderantes. L'auteur y revele des particularites secretes ou peu connues qui jettent un grand jour sur les principaux evenemens europeens de cette periode de vingt-sept ans de revo- lutions, pendant lesquelles la Pologne, politiqueraent aneantie, etne renaissant qu'un moment de ses cendres. a eu ties points de conl.-u-t sensihles aver la puis- sance francaise elle-meme. Sous ces diff'erens rapports, les Memoires du comte Michel Oginski offrent plus d'un attrait a la curiosite conteniporaine : ils sent aussi d'un grand poids dans la lialance des temoignages liisto- riques, en ce qu'ils se composent essentiellement des souvenirs d'un temoin oculaire irrecusable, d'un grand seigneur lithuanien plein de bonne foi et d'honneur, qui souvent meme figure comma acteur sur le premier plan de la scene nationale. Les deux premiers volumes etant deja connus du public, qui les a accueillis avec faveur et lus avec in- teret, nous nous y arreterons pen : tous les journaux en ont d'ailleurs rendu compte dans des lermes hono- rables et encourageans. On a su gre siu'tout a I'auteur de la variete des matieres contenues dans cette premiere partie de son ouvrage , enrichie en outre d'un assez grand noinbre d'anecdotes sur des personnages mar- quans : elle conduit le lecteur jusqu'en 1810, epoque ou le comte Michel Oginski se troiwa-tmcore plus a portee de suivre et d'apprecier la scene politique de I'Europe. La seconde partie que nous annonc^ons forme deux autres volumes, et termine I'ouvrage. On I'atten- dait en general avec d'autant plus d'empressement , qu'elle embrasse une des epoques contemporaines les plus importantes, celle qui, de 181 1 a 181 5, a marque la decadence et la chute de I'empire de Napoleon. Ce n'est pas en prenant , comme tant d'autres, son point de vue dans Paris, que I'auteur apercoit et retrace les prodigieux evenemens politiques et militaires qui se developpent dans cette periode de cinq ans; il prend son point de vue du centre meme de sa position, successivement en Pologne, en Lithua- nie, a Saint-Petersbourg, et dans le cabinet meme de (3) rempereiir Alexandre : la, tout ce qu'il revele en fnit tie jDarticularites devlent un tresor pour I'histoire. En rendant compte de ses rapports confidentiels et frequens avec Alexandre , I'honorable auteur nous donne la pierre de louche du caractere politique et moral de ce potentat : le lecteur se trouve ainsi a por- tee de mettre Alexandre en regard et en parallele avec son redoutable adversaire dans la lutte animee et deci- sive qui finit par amener le denoument du grand draine de notre epoque. Nous pouvons assurer que I'histoire puisera dans cette partie des Memoires du comte Michel Oginski les elemens qui lui dicteront un jour ses arrets sur les causes qui, precipitant le choc des deux empires les plus puissans des temps anciens et modernes, ame- nerent I'ordre de choses qui regit aujourd'hui I'uni- vers. Quiconque ne demelerait pas dans les recits de I'auteur Taction et la reaction de ces deux grands ca- racteres sur les destinees contemporaines , ne serai t point appele a reflechir sur les scenes graves de I'his- toire, et encore moins a en juger les principaux acteurs. Naturellement le comte Oginski rapporte tous les evenemens a la Pologne, qui le preoccupe sans cesse; elle se reproduit sous sa plume avec le cortege de toutcs ses notabilites, de ses vertus militaires, et des exploits de ses guerriers, qui, d'un bout de I'Europe a I'autre, s'efforcaient de ressaisir I'ombre de leur noble pa- trie. Elle y renait sous toutes les formes : I'auteur I'ob- serve et I'etudie dans toutes les positions oil il se trouve; il se nourrit sans cesse de I'espoir consolant qu'elle revi- vra un jour dans tout I'eclat de son independance. On ne s'etonne meme pas que, pendant la toute-puissance d'Alexandre, il ait fonde une partie de ses esperances sur les intentions genereuses de ce prince, sans jamais sc; rebuter ; qu'il lui ait adresse sans cesse des projets et (4) ties lueinoires cii f'aveur tie sa t'here patrie, et qu'il ait use tie tons les nioyens qui etaicnt en son pouvoir pour ie porter a lui donner une nouvelle existence. Et croirait-on qu'on ait pu fontler sur de pareils mo- tifs ie reproche trentliousiasme en faveur d' Alexandre que certains critiques ont adresse a I'auteur? Rien de plus noble et tie plus pereniptoire que sa justification a ce sujet, contenue dans I'Avant-Propos de cett-e se- conde partie de son ouvrage : I'auteur n'y laisse aucune objection sans reponse. A cette occasion, il cite pour modele etpour exemple de ses propres sentimens sur Alexandre, I'illustreThadeeKosciuszko, Ie Philoptemen tie la Pologne; et il apporte en preuve sa correspondance, et la lettre si remarquable qu' Alexandre ecrivit au heros polonais Ie 3 mai iSiZj- C'est, sans aucun doute, I'un des docuniens historiques les plus precieux de notre epo- que. Rendons grace de sa publicite au comte Oginski. Pour nous, il resulte de la lecture de cette seconde partie de ces Menioires, la conviction profonde que Ie comte Oginski est un vrai patriote polonais, un pa- triote sage, rempli de lumieres, et qui a travaille avec autant d'ardeur que de zcle au bonheur et a I'indepen- dance de sa patrie , mais par des voies et des moyens qui pouvaient se concilier avec la morale , la raison et la politique. Quant a son livre, c'est indubitablement Ie monument historique Ie plus touchant eleve a la sloire et a I'bonneur de la nation polonaise. A PARIS, Chez L'EDITEUR, rue des Grands- Augustins, n" i8. PONTHIEU, Libraire, Palais-Royal. AMBROISE DIIPONT et Cif, rue Viyienne, n" 16. UE L'lMPKIMEEIE DE CRAPELET, rue do Vaugiravd , 11° 9- AviS AUX AMATEURS HE LA LITTERATDRE ETRANCiRE. On peut s'adresser a Paris , par reutremise du Bureau cebtraj. wk LA. Rbvuk EwcYci-oPEDiQua , a MM. Trexjttei, et Wuhtz, rue de Bourbon, n» 17, qui ont aussi deux maisons de librairie, I'une h Stras- bourg , pour rAllemagne , et Taulre a Londres ; — a MM. Arthus BHRTRAwn, rueHautefeuille, M°a3; — Rehouahu, ruedeTournon,n°6; — Lhvrauxx, rue de la Harpe, n" 81, et a Strasbourg ; — Bos- SAya-R pere , rue Richelieu, u" 60; et a Londres, pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- nais,holiandais, etc., ainsi que les autres productions de la litterature etrang^re. AUX ACADEMIES ET AVX SOCIETES SAVASTES de tOUS ICS pajS. Les AcADEAirss et les Societes savawtes et d'dtiuxe publiqub, fraiiqai$es etdtrangeres,sontinTit^es a faire parvenir exactement,/rani:.s de port , au Directeur de la Revue Encjrclopedique , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'eUes proposent , ailn que la Revue puisse les faire conuaitre le plus promptement possible a ses Iccteurs. AuX EDITEURS d'OOVRAGES ET ADX LlilRAIRES. MM. les ed''teurs d'ouvrages p^riodiques , francais et etrangers, qui desireraient echunger leurs recueils avec le notre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'echange , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages , nouvellemeut publics, qu'ils nous auront adresses. ArX EDITKURS DES RECUEILS PERIODIQDES EN AKGLKTERRE. MM. les Editeursdes Recueils p^riodiques publics en Angleterre sont pri^s de faire remettre leurs numeros a M. Degeorge, correspondantde la Revue Encyclopediqiie a Loudres, n° ao, Berners-street, Oxford-street, chez M. Rolandi ; M. Degeorge leur transmettra, chaque mois , en ^change, les cahiers de la Revue Eucyclopidique , pour laquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour I'ann^e courante, soil pour se procurer les coltctions des annees anterieures, de i8ig a i8a6 inclusivemeut. AuX I.IBHAIRES KT AtlX EDITBDRS d'oiJVR AGES EW AI.I.EMAGBE. M. ZiRGis , libraire it Leipzig, est charge de recevoir et de nous faire parvenir les ouvrages pnblies en Allemagne , que MM. les libraires, les editeurs et les auteurs desireront faire annoncer dans la Revue Encjr- clAMlBOif , G.-T.DoiN, AAiEoiE DnPAD, FossATi, Gasc; Gersox, de Bamboarg; Georcet; Legrano; de K1RCK.HOFP, d'Anvers; Rigoi,lot fils, d' Amiens , etc, 4° Pout les Sciences p/iilosopJiiques et morales, politiques, geograpltiques el Idstoriques ; "iS-hl. M. A. JuLLiEN, de Pans, Foudateur-Directeur de la Revue Encjrchpedique; A1.EX. DE la Bordb, Jomard, de I'lnstitut, Artaud, M. Avenei., Babbie dh Socage fils, Benjamin-Constant, Charles Comte, DEtPING.DCFAUjDUHOTER, GclGNrAUT,GuiZOT, A. JaUBERT, AleX. LaMETU, Lanjoisais fils, p. Lami , Lesdeur-Merun, Massias , ,1. Metral, Albert Montic'mont, Eosebe Salterte, J.-B.Sat; Simonoe de Sismondi, de Geneve; Warnkoenig, de Liege, etc. Durm atue, Bzrvilie, Bocchbne- LtFER,CRXvEt,t.t, Ch.RENOnARD, Taillakdier, avoc.its, etc. 3" Pour la LiUeralureJrancaise et itrangere, la Bihlivgruphie , VArcheologie CI \ci Beaux-Arts s'^lU'li.. Abdrieux, Amauky-Ucval, Emeric Bavid, Lemer- ciER, BE Segdr, de rinstitat; M""« L.-Sw. Beli.oc; MM. MtCHEL Berr ; J.-P. Eres, Burnouf CIs, Cuaovet, Cbenedolle, de Liege; P.-A. CouriN, Fr. OegeOrge , Dcmersan; Ph. Golbef.y, correspondant de I'lnstitut; Leon Halevy , Heiberg, Eembichs, E. Hereau , AcGUfTs JcLLfEN fits; Bernard JntLiEN;K.ALvos,de Zante; AoarEN-LAFASGE, J. V.f.ECLERc, Loeve-Veimars, A.MAH0t;J.MADviEt; D. P. MENDiBiL;MoNUAnB,de Lausaauc ;C. Paganel, H. Patin , Pongerville; DE BeiffenberG; deRoojoox; djsStassart, de Biuxelles! Fr.Salfi, M. Schnihas, Scbsitz-licr, Leon Thiesse, P. F.Tissot, ViLLENAVK, S. ViSCOSXI, etC. A PAIUS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE , KUKO'eKFER-S. -MICHEL, M° 18; ARTHUS-DERTRAND, LIBRAIRE, rue HABTE-FEOILLE, N* 23. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le nioisde Janvier 1819, il pai alt, iiaraiince, tlooze cannr- (le ce Recucil; chaque cahier , public le.3o du inois. se compose tVei- viron x4 feuilles d'impression, et plus souventde i5 ou 16. On souscrit i Paris, an Bnrenn central (fubiinnemeirc el d'exr<'eiiticti indique sur le litre , et cbez les libraircs ci-apr6s : ARTHUS BERTBAKD , rue Hautefenille, n" »3; Au MusEB ENCVCLOPBUIQUE, CHEZ BossiiKGB p^rc.ruiC Richelicii , n°6o; Rekouard, rue deTournon, n° fi; Prij: de la Sonscriptwii. A Paris 46 fr. pour un an-; 26 fr. pour six mois. Dans les departemens. 53 3o A I'etranger ...... 60 34 En Angleterre. .... 76 4'-» Le inontantde la souscriplion, envoyd par la poste, doit ^tre adresst^ d'avance, prajtc db port, ainsi que la correspoudajice, au Directem de la Revue Encyclopidiqne , rue d' Enfer-Samt-Michel , n° rS. C'est a la ni<*me adresse qu'ou devra enyover les ouvrages de tont genre et les gravnres qa'on voudra faire anooncer, ainsi que les articles dont on desirera rinsertion. On peut aussi souscrire chei les Directenrs des postes et chez les priucipaux Libraires, a Paris, dans les ddparteniens et dans les pays ctrangers. Trois cablers ou livraisons forniont un volume. Chaque volume est terrain^ par wne Table des inacieres alphabitique et analjrtiqne , qui eclalrcit et fa^ilite^les recberches. Celte Table est toujour"! jointe an i"' cahier du volume suivant, a I'exception de la derni^re Table dc Tannic, qui est expedite isoleoieut a tous ceux qui peu vent y avoir droit. Oil sDuscrit, seulecnent i partir de deux epoques , du i^' Janvier ou du i^r juilletie cnaque aonee, pour six mois, ou pour un an. On oouve, au bureau cs.srn\L,Jes collections desannees 1819, tSaro, iSat, iSaa, iSaS, 1824 et iSaS, au prix de 5o francs chi»cune. Cbaque annee de la Revue Eueyclopidique est inddpendantc des amines qui precedent, et forme une sorte A^ /tunuaire seientifique et liti^raire , ea 4 forts volumes in-8", pour la periode de tems inscrits sur le litre. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES OES PRODUCTJONS LES PLUS REMARQIJABLSS DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. NOTICE SUR LE CHLORE ET LES CHLORURES, ET SUR lEURS DIVERS EMPLOIS. 11 est peu de substances chimiques susceptibly d'autant fi'appUcations utiles que le clilore et ses composes. Depuis long-tenis, les chimistes avaient determine quelques-unes de ces applications, et les arts faisaient un grand usage de I'acide hydrochlorique, soit parce qu'il donnait naissance au chlore soit par son emploi dans la teintiire, pour aviver les couleurs et pour enlever sur des fonds colores des portions formant diverses figures, soit encore pour operer le blanchissage des tissus de colon, de lin et de chanvre, pour nettoyer les vieilles gravures, pour decaper la tole et la reduire en fer-blanc, etc. • mais, la plus importante de toutes ces applications est, saus T. XXXVI. — Novcmbrc 1827. 18 27/» Pv'OTICE contrccHt, I'emploi des clilorurcs a la desinfcction des hopi- taux, des amphitheatres d'anatomie, de tons les lieux ou la production des niiasmes putridos, Ic devcl<)pi)emcnt des yaz delctercs, la decomposition des cadavres, metlcnt en danj^er la vie des ouvriers, on des hommcs qui se livrent a la pli'S noble, mais quelqucfois la plus dangereuse des fonctions, ecUe de soulager la triste humanite des maux dont elle est la proie, et d'apporler la sante dans rempire meme de la mort. Avant de faire apprecier avec quclqucs details I'imporlant service rendu a la societe par les savans celcbres qui ont de- couvert les proprietes des chlorures, ct (jui en ont fait un usage si avantageux, nous croyous devoir donuer line courtc notice sur I'liistoire du clilore et des travaux qui ont concouru a en developper toute I'utilite. Nous esperons que Ton iie s'effrayera pas des termes de chimie necessaires pour I'intcl- ligence des faits. Cetle science est aujourd'hui populaire; ct il est peu de personncs qui n'en aient recu quekjucs notions, et qui n'en connaissent les expressions les plus usuclles. Le chlore est un corps gazeux, simple, combustible, elas- tique, de couleur jaunatre , une fois et demi plus pesant que I'air; il detruit les couleurs vegetales et blanchit les corps colores; il asphyxie avec rapidile les animaux exposes a son action et absorbe I'eau instantanement. L'eau, chargee de ce gaz , acquiert sa saveur, son odeur et sa propriete dccolorante. Le chlore s'unit en diverses proportions avec I'oxigene, I'hy- drogene et d'autres corps. Le chimiste Scheele fit connaitre, en 1774 > trois corps nouveaux, le manganese , la baryte ct le chlore , que I'ecole theorique do Stahl appcla du nom A'acicle marin drphlogis- tique. Scheele annonca le premier Taction du chlore siir les matiercs colorautes. Cettc decouverte attira I'attention des chimistes qui essayerenl d'en faire I'application aux arts in- dustriels. Bientot on se scrvit avec succes d-u chlore et des chlorures pour le blanchiment de la cire , de I'amidon , des pales de papier, et pour la rcstauration des gravures et des manuscrits jaunis par le tems, ou souilles d'encrc. L'iliuslre SUR LE CHLORE ET LES CHLORURES. lyj Berthollet etiidia son action siir les toiles ccrues en chanvre, lin etcoton; le blanchiment de ces substances par le chloi-c devint une des industries favorites do ce savant, et il previt toutes les consequences de cette importanle invention. 11 par- vint i contjuerir au profit dc ragriculture les vastes prairies consacrees , dans les pays les plus fertiles , a I'elendage des toiles, pendant la belle saison; et il prouva qu'en eniployant \e chtore avec reserve dans I'operation du blanchiment des toiles, on leur conserve plus de solidite que par les moyens longs et dispendieux autrefois en usage. C'est encore a Berthollet que Ton doit les premiers chlo- rures d'oxides et leur emploi dans les arts. II conseilla aux entrepreneurs d'une manufacture de produits chiniiques de recevoir des vapeurs de chlorc dans une eau chargee d'alcaii, et c'est la I'origine de I'cau dejm'clle , si celebre depuls parnii les blanchisseurs. Mais deja le nom d'acide marin dephlogistiqiie a.\A\t ete rem- place par celui cTacide muriatique oxigene. Quelque tems apres, MM. Gay-Lussac, Thenard et Davy demontrerent que le chlore peut ctre considere comme corps simple. Cc nom de chlore fut impose a cette substance par M. Ampere; et bientot on dcmontra que I'emploi des chlorures est suivi de succes, lorsque Ton veut denaturcr des principes immediats dans la composition desquels I'oxigene cntre comme element. Ce furent les Anglais qui les premiers executerent en grand les preparations dc chlorures de chaux sees, qu'ils livrerent au commerce vers 1800, sous le nom de poudrede Tcnnant. La propriete de cette poudre etait de contenir, sous un petit volume, une quantite considerable de chlore capable de sc conserver long-terns dans des vases clos. On fait un emploi immense de ce compose dans les trois royaumesde la Grande- Brclagne, et I'oa commence a s'en servir en Frauce, quoiqu'il n'y en ait pas encore de fabrique speciale. Un instrument des- tine a reconnaitre les titres des chlorures verses dans le com\nerce, a ete invente par M. Descroisili.es, et perfcctionne par M. GAY-I,tJss\c ; on le nomme chloromelrr. 18. 276 NOTICE Mais tandis (jiio phisieurs savans essayaicnt dc faiio dcs ap- plications dii chlorc a I'art iitilo de la K'inture, d'autres.se promettaient iin resullat encore pluj noble de leui-s travaiix. Dcs iT'j'i, c'cst-^-dlre iin an apres la decoiiveite de Sclieclc, GuYTON DE MoRVKAUX avait obU'nii un j;iand succes a Uijon , en essayant, au nioyen de fumigations dacide hydiochloiique, la (lesinfLCtion dune ej^lise onsppstoe pai' (Its cxlialaisons cada- veriques, ct cclle d'line prison ou le typhus commencait a faire dcs progres. Quelqiies annees apres, on eniploya les niemes procedcs pour operer> sans danger, I'evacuation des masses putrides qui , depuis plusieurs siecles , s'etaient accumulees au charnier dcs Innoccns ; ct, en i79'>-, Fouecroy s'en servit pour desinfecler les sallcs dc dissection et ccUcs des liopitaux. Guyton de Morveaux , apres quelqucs experiences nouvcilcs, composa un petit appareil desinfecteur dont I'usage se mulliplia ; el vers 1809, M. Masuyer fit pour la premiere fois I'emploi du chlorurc de chaux liqnide, aCn d'assainir I'hopital miiitaire de Strasbourg. On n'etait pas allc plus loin , lorsqiie la Socicte d'encourage- nicnt pour Vindustrie natioiialc, stimulcc par les invitations dn prclet de la Seine, proposa , en 1820, un |)rix pour I'auteur d'un raoyen chiniiquc ou mecanique proprc a fabriquer des intestins souffles , sans lenr faire subir la fermentation putride qui rendait si insabibres les ateliers de boyauderie. Ce fut M. Labarraque, pliarniacien a Paris, qui resolut le probleme et qui rcmporla le prix. II proposa i'emploi des chlorures de chaux; et depuis cette cpoque, ce savant philantrope n'a cesse de perfectionner ses premiers apercus et de consacrer tous ses efforts a propager I'usage dcs chlorures et a leur trouver de nouvelles applications. Eclaire par sou travail sur I'art du boyaudier, et guide par un esprit d'observation juste et pene- trant, il en a indique I'emploi dans les exhumations el daus tous les cas ou des emanations putrides peuvent vicier I'air atmosphcrique. Il a rendu un service inappreciable a I'huma- siite et a I'industrie, non-seulcment en appliquant les fimiiga- lions du chlorc a des operations f|u'ellcs rendent faciles et SUR LE CHLORE ET LES CHLORURES. 277 txcmplcs de lout clanger, mais en ramenant I'attentioii des savaiis et ile la societe tout enlieie sur les avanrages d'un agent dont rcmploi pout avoir uiie immense influence sur la vie et la saiitc des honimcs. Depuis ks liavaux de M. Labar- racjue, M. Wallace a recommande le chloie gazeux, mele de vapeurs atjucuses, comme medicament externe conlrc Ics affections chroniques des visceresabdominaux, et sui tout eontre celles du foie. M. Roche a annonce a la Soeiete de nitdecine qu'en nioins de trois mois, il avail gueri, au moyen du chlo- rure de soude , une tcigne (]ui depuis onze annecs avait rcsistc a tons les traitemeus. M. Zeisk a propose I'cmploi des chlorures pour la desinfection des eaux-de-vie de grains et de pommes de tcrre. MM. Cullerier et Gorse se sontservis avcc siscccs du clilorure de soude pour ia guerison des ulceres syphi- litiques qui repandent une odeur iiifccte, et generalement contre les plaies et kts ulceres affectes de pourriture, et dont le caraclere est gangreneux. M. Labarraque et plusieurs per- sonnes out demontre reflicacite du chlore coutre I'aspliixie des fosses d'aisances; la Sociele d'agriculture de la Charente a recommande les fumigations de chlorure comme tres-salutaires dans les elables et dans les cas d'epizootie; et des medecins instruits ont annonce qu'ils etaient sur la voic d'une decouverte du plus liaut interet pour I'liumanito, par I'emploi du chlore dans les maladies de poitrine. Puisse leur espoir n'etre pas trompe ! Cet apercu rapide sur les avantages et les proprietes du chlore et des chlorures , est loin sans doute dc les faire con- naiUe, de les faire apprecier dans tous leurs details; mais il suffit pour monlrcr combieu leur empioi peul etre varie, et il laisse presscnlir les nombreuses applications que Ton pent encore en faire a I'industrie, a I'economie doniestique et a la salubrite publique (i). D. N. (i)Voy. fief. Enc, t. xxxi, juillet-seplembre 1826, page 732 , I'annonce de 1' utile ic.r'n pubiie par M. Labarriique , sur I'cmploi (les chlorures d'ojc'ulc de sodium ct de eliau.r:. -- Nous rcviendrons sur u-jS VOVA(iE DE NAPLES Voyage we Naples a Amalfx , par Castellamare et Pompeia; extrait dun Voyage inedit en Italie , pen- dant les annces 1824-1827 ; par E. G. d'A. (i). Adieu cliissic laiid, adieu suiiiiy skies, 'T is with soiTow I feci we're destined to pail; Faiewell cherished fiiends lliat so dearly 1 prize Aud whoso memory shall ne'er be effaced froui my heart. Ilow oft shall rcmemhiance recall lo my mind The friends and the scenes that I am forced to resign , Where the hearts like the clime arc congenial and kinJ And oh nature thy aspect is ever benign. .edits de ladj Marg. B.. Adieu, terreclassique, adieu , ciel sans nuages. Adieu vous mcs amis dont le doux souvenir "Vient s'uuir dans mon coeur a ceux de ces rivagei Le destiu me I'ordonne; helas! il fautparlir. Donx climats ,doux amis que j'aime et que j'adn Quels tableaux enchanteurs vous formiez rcunis.' L'un et I'autre a I'cnvi scmbliez me sourire. Adieu, tableau charmant; il le faut, je vous fuis. 1 4 jiiillct iSaS. — Cesta la ville d'Amalli que le nionde est redevablc des deux dccouvertes qui, avec riiivcntion de I'iin- primeric, ont le plus puissamment coiitiibue a lircr I'Europe cette decouverte si precieuse a I'huniMnite , lorsque nous rendroiis conipte d'un ouvrage que prepare M. Labarraque i«;-/ei- causes et les phenomi-nes de la putiefaction des mat'teres anlmales, et sur les moyens d'aireter, dans diverses circonslaiices , ce moiwcment desorganisateur. (i) La ville d'AniALFi , deveinie si ccl^bre par son commerce et ses institutions durant le moyen age, a Lien mcritc de la civilisation par deux decouvertes importantes : celles des Pandectcs et de la UoiiS' sole. Comnie clle ne se trouve sur aucune des routes frcquentces de ritalie, elle est rarement visitee par les voyageurs. Nous avons pense que les lecteurs tie la Revue Encyclopedlque trouvcraient ici avec plai- sir la relation abregce d'un voyage entrepris dans un but scientifique par un de nos coUaborateurs qui a visite derni^rement une grande yartie de I'ltalie. A', du R, A AMALFI. 479 de la baibaiie ou elle etaitplongee (i). Tout voyageur liii de- vrait done un religieux pelerinage; et cependant un pelit nombre, parmi ceiix qui parcourent I'ltalie, se docident a la visitor. La cause en doit eti e atlribuee , sans doute, a I'impossi- bilite oi!i Ton se trouve d'aborder cette ville, soit a cheval, soit en voiture ; mais comrae on m'avait fait esperer que je pourrais y decouvrir les vestiges d'une loi maritime tres-im- portante, citee par un grand nombre d'ecrivains , et dont on a perdu les dispositions (2) , je pris le parti d'cclaircir ies ver- sions contradictoires eniises par les auteurs a ce sujet, et d'ailer i'l la source meme pour rechercher les traces de cette loi si vanlee. Je m'embarquai done dans le port de Naples a deux lieures apres inidi, avec un de nies amis, M. B... , et fis voile pour Castellainare sur une de ces lancelles (sorte de penlches), montees par de vigoureux mariniers, qui servent a la commu- nication entre les deux villes. Une brise legere enfle notre voile latine; et, quoique tout, promette une heureuse travcrsee , nos mariniers comptent (i)Un grand nombre d'histoiiens attribuent aun Amalfitain, nomme Gacla/10 GiojA. , I'invention de la boussole , et cette circonstance a fourni a Baldi , poete italien du xvie sifecle , le sujet du charmant episode qui termine son poeme de la Naulica ; Venise , iSgo , in-4°. On salt que nous devons a la ville d'Amalfile premier nianuscrit des Pandcctes qui ait ete retrouve. (2) Freccia , Giannone , Azuni , et plusieurs autres ecrivains, assurent que durant le moyen 5ge la republique d'Anaatfi etait regie, sous les rapports inaritiuies , par une loi d'une haute sagesse , et qui, sem- blable a la loirhodienne, avail ete successivement adoptee par divers peuples de I'ltalie, ou elle etait connue sous le nom de Table amalfitaine. Malheureusement , aucuii de ces auteurs nedonne le texte de cette loi, etquelqueshisloriensdu royauine de Naples assurent qu'ellen'a jamais •ite publiee. (Dizzlonario geografico raggionato; Naples, 1797. In-8 ', page i6r.) Quelques Napolitains avaient annonce a M. Ic professeur Pardessus que les manuscrits de cette loi se trouvaient dans les mains d'une famille Panca , deineurant a Amalfi. Ce fut dansle but de veri- fier ce fait que j'entrepiis mon voyage. 28o VOYAGE DE NAPLES .isscz siir noire libc'ralile pour nous prcsenlcr la cassette loute couvertc ilcs flamnies do lonfcr, doslinee a rcccvoir Ics dons des ames picuses. Le prodnit dcs auniones doit etre consacre par eux a dcs priorcs per le aniinc del piugntorio , et jamais personne ne refuse nne retribution de quolqucs grains pour celtc destination. Bientot disparaissent dorrieio nous les colliiifs verdoyantes du Paiisilippe, les tours grisatr<;s du cliaieau iieuf , Ic mole et son phare elegant, objet d'lm culte d'amour pour les Napoli- tains, et ces maisons de couleurs variecs qui donnent a la ville un aspect si pitlorcsqnc. Mais, en revanche, nous decouvrons Porlici, ses palais, ses brillans rivages couronnes par !e cra- tere fumant (X\\ Vesuve , et (jui couvient depuis dix-huit siecles les mouumens ot les mines d'ilerculanum (i). Torre dell' An- nnnciatn et Torre del Greco, si souvent sillonnecs par les laves bruiantcs du volcan , et, comnic le phenis, rcnaissant toujours de lenrs cendres (2) , surgissent a nos regards. La hrhefrai- c/iit, et nous franchissons rapidement, non sans quelqnc senti- ment d'orgueil, ces parages illnstres par la victoiie que les floltes franeaiscs rcmpoitercnt sur les Espaguols, loicqu'elles vinrent soutenir la trop chevakrosque expedition du due de Guise. J'etais plonge dans les reflexions que faisait nnitre en moi le souvenir de cette entreprise si temeraire, si extraordinaire, j'ai presque dit si francaise; je me rcpieseutais cc jirincc inlre- pide sur sa frOle nacelle , forcant, I'cpee a la main, les matelots epouvantes de braver les feiix de la flottc assiegeante et des (i)Onregrette que les fouillcs ci'Hercnlanum aieiit cte discontinui-es, iion-seulement dans rinleiet dcs arts, mais encore dans celui des let- ties , puisque c'est dans cette ville seule que Ton peut Irouver Ics ma- nuscrils grecs et latins cpie Ton parvicnt a dechifl'rer; ceux qui sont e.Klraits de Pompeia tonilient en poussiere. Mais il faudrait abaltre Fiesine et Portici pour fouiller enlierenient Herculanum , el celle ine- siirecntrainerait des Irais considerables. (a) Les maisons sont construiles avec la lave qui souvent a convert le village. A AMALFI. 281 forts onnemis, et dcbarquant , au milieu de niille coups de canon, dans Ics bras d'nne population ivre d'etonnement et de joie (i ); lorsqiio la cantilcne du jeiine mousse, ropetce a voix (i) Voici comment le prince raconte lul-nieme ce fait dans ses memoires (edit, de 1681 , page 9$) : <> A la pointe du jour, nous nous trouvdmes proclie de Tile d'Ischia , oil nies mariniers me vou- lurent peisuader de cherclier un abri pour laisser passer le jour et entrer plus facllement dans Naples la nuit. Mais je resistai a ce sentiment, apprelicndant qu'etant decouvert... je ne tombasse , sans combat, enire les mains de I'ennemi. La peiir Jes faisant opiniatrer en leur sentiment , je fus contraint de mettre I'epee a la main et les ftiire voguer... Nous dccouvrimes la ville de Naples et I'arm^e (navale) d'Espagne qui etail devant... Je commandai a I'heure m^me d'aller droit a hi Capiiaiic, qui portait I'etendard , pour faire que Ton m'attendit, et avoir le lems de ui'eloigner avant que les vaisseaux eus- sent mis leurs chaloupes a lamer. Comme je fiis a deux portfes de canon de la CapUa:ie , au lieu de m'en aller droit a la ville , je pris ma route au-dessous vers la Torre del Creco , afin que les felouques de Chiaja et de Saiiite-Lucie ne me pussent couper cliemin; et pour donner avis a la ville de mon arrivee , j'ordonnai a mes mariniers , en passant au fravers de Tarmee d'Espagne, de crier qu'ils me portaient; et me levant debout sur la poupe, je commencai a faire signe du chapeau pour obliger de I'infanterie a sortir, et venir me rccevoir a mon de- barquement. Je fus aussitot suivi de tout ce que les ennemis purent met Ire a la mcr de batimcns a rames et salue de toute I'artillerie des clialeaux, du mole, des vaisseaux et des galeres. J'abordai terre , une lieue au-dessous de la ville, et donnant ordre aux mousquetaircs qui m'etaient venus recevoir de faire un feu continuel sur les batimens des ennemis qui me pressaient trop , je cotoyai Resiue et Porlici , et ne voulus point dobarquer que je ue fusse arrive, a la faveur de cette es- carmoucliect au bruit de toutes les canonnades des ennemis , a la place de la Cavalerie, faubourg Loretie , oil, saufant a terre, le vendredi 1 5"^ ( novembre I f)4 ■'> ) , snr les onzeheures, je fus recu avec un applaudissement incroyable d'un nombre infini de peuplequi, me portant en I'air quelque espace de tems , me mirent sur un beau cour- sier qui m'avait ele prepare , sur lequel je fis mon entree dans la ville, et allai descendre a I'eglise ds Notre-Dame-des-Carmes pour la remer- cier du bon succes de mon passage. » [T'oyez rexcellenle Htstoire du due de Guise, publiee en 1826.) ySa VOYAdE DE NAPLES basse par lequipagc, nous avertit que nous avions dcpasse la petite ei^lise de la Madimc di rorto-SaU'o, placce sur uiie enii- uencc voisiue, et que nous etions liors de tout clanger. Au bout dc (juelques minutes, nous abordanies sur la plaije dc Castcl- lamare , aprcs trois heures de traversee. On croirait, au premier coup d'ceil, que celte ville vient d'etre cuvahie par des escadrons d'anes, tantest grandcla foule de ces animaux qui inonde la place et les quais. Un des cavaliers de la tioupc se charge de notre bagage et nous con- duit i\ Tauberge royale, oil il nous faudra passer la nuit, attendu qu'il y a peu de parlies du royaume des Dcux-Siciles oil Ton puisse voyager surement apres le soleil couche. On nous assure toulefois que nous pouvons visiter saus peril les environs de la residence royale, et nous faisons appeler Tindispeusable cicerone qui doit nous servir a la fois dc guide et de rhapsode. (Sous celte ville, nous dit-il pendant que uous cotoyons le rivage pour gagner le chemin de ia monlagne, demeure ense- velie une puissaiite cite. Stable etait son nom. Sylla la fit rava- ger par un de ses lieutenans durant la guerre sociale (i), et le volcan qui se trouve place, comme vous le voyea, a plus d'une lieue de distance, acheva I'ouvrage du dictateur en I'engloulis- sant a jamais. On est parvenu a rctirer dans des fouilles (juel- ques manuscrils , des statues, et des peintures que vous poiivez admii-er au museum de Portici. ^> 1* La ville nouvelle vous offrira peu de curiosiles. Nous avons ccpendant un arsenal, un bague, enfin tout ce qui conslitue im port militaire : c'est ici que se font tous les armemens de la marine royale siciHenne (2). Mais rarement notre pavilion franchit les colonnes d'Hercnle. Quehjues-uns de nos mai ins out eu le courage d'aller plus loin, et s'en sont quehjuefois bien trouves. Vous apercevez sur les flancs dii mout Saiut- (i) Px-lNE, Hlstoiie nalurclle , liv. iii, chap. v. (2) Les forces navales des Deux-Siciles s'eltvent a a vaisscau.v, \ fregales et que'qucs bAtimeiis legers. A AMALFI. 283 Angelo, qui s'clove h pic aii-dessus de nous , uii petit chateau perche comiiie un nid d'aigle. Ce nid est celui du nabab , et ce nabab est un matelot de Castellamate, qui, pousse par une humour aventureuse sur les cotes de I'lndoustan , a su en rap- porter une fortune immense. Ce fut aux souvenirs de son pays qu'il dut ses succes*Deja, sans doute, vous aurez vu passer ra- pidement sur nos tetes dcs fagots que nos bucherons font partir du sommet de hi montagne; ils glissent sur un cable et vont s'arreter pres du rivage. Ce fut ainsi que, dans une occasion importante, noire compatriote , aide des souvenirs de sa jeu- nesse , s'avisa de faire voyager Tartillerie d'un radjah au service duquel ii etait engage. La victoire fut le prix de cette manoeuvre, et sa fortune fut le prix de la victoire. Sur ime autre partie de la montagne, vous pouvez apcrcevoir les quatre tours ruinees d'un chateau plus fort et plus vaste. II se trouve situe pres du chemin que nous allons parcourir; et en examinant de pres son y&&ie /icep (donjon), ses tours syme- triques et arrondies, vous y retrouverez le sysleme de cons- truction normande qui vous fera facilemeut reconnaitre son origine. >> Je priai notre guide de nous conduire au chateau royal. II nous repondit que cela lui etait impossible, parce que le roi y faisait en ce moment sa residence. Mais il nous offrit de nous guider dans les bosquets qui en dependent. «Voyez, nous dit-il sur la route, ces nombreuses maisons de cam- pagne dont le penchant de la colline est parseme. C'est la que tons les etrangers de distinction residant a Naples vien- nent ehercher de la fraicheur et de I'air pendant les cha- leurs de I'ete. Quelques valctudinaires y viennent aussi boire les eaux alkaliiies et sulfureuses qui decoulent de nos rochers. Ici estle casin ou mourut M. de Serre, ambassadeur de Fiance, vivement regrette de tons ceux qui I'avaient connu. Plus loin, ce charmant edifice, que nous laissons ^ notre gauche, est celui du baron '***, ou se trouve reunie en ce moment la meilleure compagnie de Naples. Dans I'aile qui le termine est un theatre de sociele, ou, devant quelques membres de la 28/, VOYAGE DE NAPLES famillc loyale, on a soiivcnt joiie la comcdic fraiicaise avcc unc otonnante pcrfeclion. Voici la maison dc canipagiie dii njiiiislre d'Ant^leterrc , et cello de rambassadeur d'AiUriohc. » Apres avoir parconru dans tons Ics sens Ics boscjutts om- brenx de la resilience de Qiiisisana, ainsi nommee a caiis(; do la salubrite de sa position, apres avoir salue (huis ces bos((urts Ic roi qui s'y j)romcnait avcc sa oharniaute faniille, nous rodcs- cenduiics par une avenue dune di'li(;ieusc fraicheur. La tem- perature etait si differente de celle que nous avions laissee a Naples, que nous croyions avoir franchi i5 a 20 det^res de latitude nord. Une tranche de re veau de Sorrente, si vante par le bon Sancho Panca, arrosee d'luie bouteille de La- cryma Christi, recueilli sur les flaucs du Vesuve,, nous coni- posa un sou|)er dont le pays seal avail fait tous les frais ; et un lit fort propre, ce qui u'est pas comnuui bors de Naples, nous rccut jusqu'au lendemain. i5 jidllel. — 11 est six heures, notre lej^er caliriolet nous attend a la porte , et les deux peli's chevanx calabrois qui y sont attcles semblent impaliens de notre retard; ils uous em- portent avcc la ra|)idile de I'eclair, en nous laissant a peine le tiMns d'admirer ces cam|)agnes fecondes que tapisse une tri|)le moisson. La vigne enlacee aux peupliers court en rians festons, ses pampres verts se dcssinent au-dessus des tiges jaunissnntcs du niais; et dans les intervalles du ma'is nieme, des legumi- neuses grimpantes s'elevent en entourant ses tigcs de leurs feuillages touffus. Ailleurs, le cotonnier etale sa fleur violacee , gage dune riclie recolie; il croit a Tombre meme du niurier, qui conlribuera, comnie lul, a la confection de nos faslueux tissus. Ca ct la , quelques agaves americaines qui presentent leurs dards aceres sur le sommet des niurailles en ruine, le palmier aux larges feuilles et le figuier de I'lndoustan donnent a certaines parlies du paysage une physionomie des tropiques. Des valerianes rouges, de grands convolvulus blancs, I'eglantier sauvage et la ronce rose tapissent les murs qui soutienneut les terrains voisins el encaissent la route; bientot une vaste plaine s'offre a nos regards. i^'tLqenta R dri m i825 ' A AMALFI. 285 Jo crois iipeicevoir unu villt-, c-t poiirlant jk n'ciitcnils point (•(•s olaiiunits, ca eclats bniyans {|ui anooncenl urdinaircmciit les cites tie I'ltalie ineridionalo. Qiioi! pas iin jjaysan, pas ini iiioitie, pas uii niemiiaiil, et nous sommes encore en Italic! jiieiles vastes et magnifiques tombes de marbre eparses sin' les hoidsdu chemin! comme ellcs s'liarnionisent avec le caliiie qui , i-iie dans ee paysage ! Quel joli casln! que ses fresques et ses nosaiques paiaissent fraiches et elegantes! Pourqnoi cc banc de inarbre si richement cisele a la porte de la vilie? Mais ou sont done les habitans? Le pave est si bean! on y voit tant de traces de rones! et Ton u'entend pas le bruit d'nn char... Des amphilheatres, des portiqnes, des palais...Est-ce done nn reve? on I'histoire de cette ville petrifiee dont Chehcrazade amuse Cbariar s'est-elle done realisee ? — Non, me repondit nion ami, vons avez traverse Pompeia; nous y reviendrons (i). Mais j'ai ( I ) Sur les foidlles de Pompeia. Les fouilles entreprises a Pompeia out ete priiicipalement faites , durant les deux dernieres annees, dans la di- rection des rues au nord eta Test du Forum. La rue du nord fut entie- rement deblayee en decembre 1828. On trouva un grand nombre de lampes , de boucles d'oreilles et d'autres objets fort precieux. Cette rue ctait terminee par un arc de triomphe. A droite de cet arc etait un temple a la Fortune Augtiste, sur lequel on lit cette inscription : M. TuLLIUS. M. p. D. VI. niEK. QUINQ. AUGUK TRI MILlTi. POP. AEDEM. FoRTUNAE August, solo et v. ae. c. SUA. Ce temple est petit, niais assez remarquable par sa constructiou. Deux rampes cmduisent a un peristyle elegant. En penetrant dans la cella , ^on apercoit la base de la statue qui oriiait le temple. Quatre niches a droite et a gauche contenaient probablement aussi des statues. On n'en a trouve que deux; elles representent un consul et une pretresse. Une rue se trouvait en face de ce temple ; on a commence a la dc- blayer en 1824. Les murailles de cette rue offraient cette parlicularite remarquable , qu'elles elaient couvertes des votes electoraux des ci- toyens pour quelques magistralures. A son extremite Ton a decouvert des elal)lissemens diermaux d'une grande beaute. Les diverses pieces a86 VOYAGE DE NAPLES vouUi vous fairc faire un K-gor ilctour pour voiis mcnager le plaisir de la surprise. Reprenons la route de Noccra (i), a sont decorccs avec goiit de stucs et de niosaiques. On y voit aussi une corniche elegante, soutenue par desSil^ncs eii caryatides. Le pave in- ferieur est souvent creiise pour la circulation de la vapeur. Un bassin de marbre est convert de I'inscription snivante en lettres de bronze : CN. MEI.ISSAEO. CN. P APRO M. STAIO M. P HTJFFO II. VIR. ITERUM ID LABRUM EX. D. D. EX PP FG. CONSTAT H S. DCCI.. Vis-a-vis de ce bassin est une vaste baignoire en marbre blanc. La sallevoisine, ou I'onseparfumait d'essences , renferme un magnifique brasier en bronze, supporte pas des sphinx et des tabourets de menie metal. On lit sur ces derniers : M. MIGiniUS. VACULA. P. S. Le commencement de I'annee iSaS a ete signale par une des plus belles decouvertcs faites a Pompeia : c'est celle d'une niaison particu- lifere qui se distingue par la plus rare elegance. La mosa'ique du pe- ristyle ofTre un chien pret a se jeter sur les passans , et au-dessous est ecrit : CAVE CINEM. L'interieur des apparlemens etait revetu des fresques les plus deli- cates. L'une d'elles reprcsente Y enlevement de DiiseU, et les anli- quaires ne craignent pas de la mettre a c6te de ce que la peinture a produit de plus parfait. Malheureusement die s'est beaucoup dele- rioree. Je la vis au moment ou I'on venait de la degager des cendres qui la couvraient. Rien n'cgalait sa fraicheur. Derriere celte maison on a deblaye retablissement d'un foulon, avec tons les ustensiles du metier. C'est dans cet emplacement que Ton continue les fouilles. On les prolonge aussi au dela de Tare de trioraphe dont nous avons parle. Plus recemment encore on a mis au jour un Pantheon. Cet edifice est un parallclogramme regulier; il renfermait entre autres objets precieux les statues de Tib^re et de Livie , quelqucs fresques bicn conservees : une d'elles represente Romulus et Remus enfans. Pres de cet edifice se trouve une cour environnee d'un portlque a colonnes dont les pic- destaux sont de marbre. (i) Anciennement Nucerina. Cette ville etait le chef-lieu de ccffe partie de la Carapanie. {J'oyez Pune, liv. iii, chap, v.) ^ Ni ^ I A AMALFI. 287 laqiu'lle les Arabes qui I'ont occupee long-tems ont laisse le surnom de Noccrn dci pagani (cles paicns), ce qui n'a rien dc personnel pour les habitans, tout aussi bons caiholiques que lears voisins. Apres avoir franchi Nncera , on enlre dans I'Eden dcs paysa- gistcs, et tout devicnt encore plus magique dans le tableau qui se deroule a nos yeux. A gauche, le Vesuve exhale une fumee Icnte; plus loin, les cimes bleuatrcs de I'Apenniu ceignent et terminenl I'horizon, tandis que ca et la, dans les plans inter- mediaires, des monticules verdoyans, couronnes de tours en ruiues, sembleut poses par la main du Poussin pour fouruir aux peintres une suite sans cesse renaissante de paysages de- licieux. Ricn n'est comparable a ce tableau, si ce n'est peut- etre I'aspect des rives de la Meusc, ou de la vallee delaSala cntre Palerme et Alcamo. Un ecu ecartele de gueules a la tour d'argcnt et d'or au lion grimpant de gueules, sur le tout d'azur a trois fleurs de lys, est sculpte sur le marbre, et nous aunonce que nous quittons la province de Labour pour entrer dans la principaute de Salerrie. Une petite ville charniante parait devant nous. La parfaite regularite de ses portiques, qui se prolongent des deux cotes de la route, ne le cede en rien a ceux de Turin , ou de notrc rue de Rivoli, quoique sur une plus petite dimension. La proprete des habitations, I'air d'aisance et de contentemenl quisepeint sur tous les visages, la position de la ville, tout coneourt a faire de cette petite cite une des plus agreables re- sidences du royaume, et je remarque sans etonnement que plusieurs Anglais y sorit venus fixer leur sejour. Lemonastcredela Cava (laTrinite)possede une des pi us riches bibliotheques d'ltalie, etnous nous promettons bicn de faire a ce riche et precieux depot une visite particuliere et fructueuse. Au sortir de la Cava , nous descendons dans una gorge a I'eutree de laquelle on rencontre un gentil ermitage. C'est la que se trouve interrompue la longue chaine calcaire des Apennins , qui, se prolongeanl dans cette direction , forme tout le promontoire de Sorrente et se montre encore a Capree. La 288 VOYAGE DE NA.PLES gorge se resserre tie plus en plus; niais elle eiicai-ise iin riiis- seau qui va donner cle t'artiviie a une multitude de jolies fa- briques semees dans le fond du vallon , et qui servent a !a fois i\ decoier le paysage et a enrichir le pays. A (pielques pas de la, Vietri s'eleve en anipiiitheaire sur une colline et s'etend jusqna la mer. Cette ville est si sale qu'il ne tient qua nous du supposer que nous sommes de retour a Naples. II faut dejeuner a la ta- verne ; le voyageur chercherait vainement ioi un honnctc abri : nous descendons alia Marina , et nous faisons appreter une barque et des ranieurs, puisqu'il faut absolumcnt quo notre voyage soit fait par terre et par mer. Les rameurs nous attondent; mnis point de tendelct (i) sur uotre barque, et un solcil de juin , dont la force est doublee par la reflexion des masses biancliatres de rochers que nous cotoyons , nous accable de scs rayons brulans. Nos mariniers sont en eau ; ils chantent pourtant, et rament en cadence , en saluant de leurs acclamations les nombreu.K pecheurs qui , places dans les anfractuosites des hautes montagnes de la cote, jettent dans le golfe leurs vastes filets. Apres avoir double le premier cap, nous voyons se de- velopper devant nous le magnifique golfe de Salerne. Kn apercevant a notre gauche la ville qui lui a donne son noin , nous nous rappelotis avcc fierte que, quelques siecles plus tot , cinquante de nos compatriotes avaient mis en fuite dans les plaines voisines une nonibreuse armee de Sai- rasins qui I'assiegeaicut (2) ; plus loin les coles voisines re- (i) Petite tente pour preserver du soleil. (2) Environ soixante chevaliers norniands , partis de Icur pays vers Tan looo, et revenant d'un peleriiiage a Saint-Michel de Gaigano, relekcherent a Salerne dans le terns que cetle place , pressc'e par une ax'mee d'Arahes, venait d'acheter leur retraite a prix d'argent.Ils trou- vercnt les habltans occupes a reunlr le prix de leur rancon , et Tarmee des musulmans sans defiance... Alors celte poigiice de clievaliers, soutenue des plus courageux parmi les habltans , profile des tenfebres de la niiit pour fondre sur le camp des enneniis, et met en deroule A AMALFI. aSg ^'fillent en nous d'autres souvenirs. Vous voyez , me dit mon ami, ces greves plates qui fuient dans le lointain ; la fut Poestum. Jadis ces rives enchantcos offrirent un refuge aux voluptueux habitans de Sybaris. Leurs bosquets embaumes de rosiers presenterent un premier abri aux exiles, tandis que les petales des roses effeuillees fournissaient a leurs membres delicats dcs couches parfumtes , trop dures encore pour les disciples d'Aristippe (i). Bieutot s'eleverent des temples majes- tueux ; le luxe et les arts ornerent a I'envi ces delicieuses con- trees , et quelques-unes d, leurs creations ont resiste aux al- taques du tems. Mainlenant , pas un homme ne vegete sur cette terre fletrie ; aux doux parfums de la rose ont succede les miasmes pestileutiels qu'exhalent en tons lieux d'impurs marecages ; les cliants d'ivresse et d'amour ont cesse, et I'eternel silence qui plane sur ces contrees n'est interrompu que par le sifflement des reptiles caches sous des debris. Ces vastes temples sembleiit restes debout pour dire au voyageur: « Tel fut Poestum ; tel il est aujourd'hui ! » Ainsi tout change, ainsi tout passe; Aiiisi nous-memes nous passons , Sans laisser, helas ! plus de trace Que cette barque oil nous glissons Sur cette mer ou tout s'efface. Lamartine. les i5,ooo Arabes qu'il renfermait. Le due de Salerne voulut recom- penser ses liberateurs , mais il eut lieu d'admirer encore plus leur desinferessement que leur bravoure. Ces guerriers refuserent et les honneurs et les richesses qu'il leur offrait, et voulurent absolument retourner dans leur pays. lis prorairent seulement au due de lui en- voyer quelq»ies-uns de leurs compatrioies. Le brillant fait d'armes qui a etc I'occasion de la conqu^te des Deux-Siciles par les Normands est constate de la maniere la plus authentique dans les chroniques contemporaines. Voyez les manuscrits n 47 et 199 de la bibllolheque du mont Cassin; Oderic Vital , Hisioire eccleslastique, livre m; et manusc. inedits de la Bibliotheque royale, n° ao. (l) Forsilan et pin ff lies hortos qua; cura colendi Ornnrei, caiirrem hiferi quce rosan'a Poesti. ViRG. Georg. IV, vers 118. T. XXXVI. - Novcnibre. 1827. ig ago VOYAGE DE NAPLES Je lepondais par cos vers delicieiix aux reflexions melan- roliques de inon ami, et notre barque trdoait siir les flots iin sillon rapldc et brillant , soudain evanoui. Les cris de nos nia- riniers saluerenl Atrani. Cclte petite cite, qui, vue de la nicr, prcsente un fort joli coup-d'oeil, a cause de la singularite de ses clochcrs bariolcs ct de sa position romantique au milieu des lochers , et au- dessus d'unc rampe qui scmble la souteair du cote du rivage, ue gagne pas a etre vue a I'interieiir. Le desir de visiter une fabrique de ccs niaccaroni , si eclcbres par les gastronomes, m'avait determine a me faire mettre a tcrre , et je fus etoniio de I'excessive irregularile des rues , autant que de la mauvaise construction des maisons. Introduits dans une des fabriqiies que nous desirions visiter, nous admirames avec autant de ))laisir que de surprise I'excessive proprete qui presidait a la confeclion de ccs diverses pates , formees seulement avec de la farine de ble clitr [farro) detrempee , a laquelle on im- prime une forme quelconque , au moyen d'une vis de pression qui la fait passer par un moule de tole. Nous avions vu , quel- ques jours avant , i Torre dell Jnnunziata, des femmes im- ))rimer des formes aux pates qu'elles travaillaient avec leurs doigts , et la methode des habilans d'Atrani nous parut a la fois plus proprc et plus cxpeditive que le systeme de fabrica- tion adoj)le par quelquts families de la Torre. Nous nous rombarqiiames, apres cette courte excursion, et quelques coups dc rame nous avaient transportes sur les illustrcs plages d'Amalfi. Ofi sontles mille vaisseaux qui portaient naguere aux bornos du monde le pavilion de la republique triomphante? Montrez- moi les chantiers dont les constructions sans cesse renaissantcs couvraient la mer de voiles innombrables. Dans quel palais s'assemblaient ces seuateurs dont les lois si sages avaient etc adoptees par les diverses contrees de I'ltalie ? Trois barques de pecheurs , des filets , quelques maisons d'une assez Iriste apparcnce, placees toutefois dans la situation la plus pitto- ittsque ; sur le premier plan un petit hotel , orne de brillantes A AMALFI. ac)i couleurs, voila tout ce qui reste aujourd'hui d'Amalfi. Denx rochers qui surploaibent defcndent la ville des vents du nord, et dounent a cet ensemble uu caractere si particnlitr qu'il no saurait etie rendu que par le pinceau. Le pilote nous met a terre sur une greve de sable Gn , et nous indiquc la demeilre do I'agent consulaire de France. C'est ce petit edifice elegant bati pres du rivage. M. Lucibello, ncgociant du pays , charge- par le consulat de France a Naples des inteiets francais , etait absent; mais son frere nous fit le mcilleur accueil. Mon pre- mier soin fut de le prier de nous conduire dans la famillc Pancx qui devait, nous disait-on , posseder le manuscrit objet de nos recherclies. Nous nous acheminames done a travers des rues etroites et miserables jusqii'a la demeure de Yarh'ocato P***. Ici, un spectacle nouveau nous attendait. La maison oii I'ou nous inlroduisit, d'ailleurs fort propre , etait enlieremcnt de- coree de mcubles si gothiques qu'ils doivent dater au nioins des beaux jours de la rcpublique amalfitaine , ce que leur ri- chesse semblerait encore indiquer; et, comme pour faire res- sortir davantage leur vetusle, trois jeiuies filles , dans toute la fraiclieur de la jeuncsse , occupaieiit des fautcuils aupres des- quels celui de Dagobert , que Ton conserve a la bibliotheque du roi, aurait pu paraitre moderne. Cet aspect me fit concevoir les plus heureuses esperances pour ma recherche ; je croyais dej^ sentir I'odeur poudreuse du manuscrit , odeur si suave pour les ncrfsolfactlfs du bibliophile; mes yeux se figuraient deja en lettres golhiques ces mots tant desires : ^abiilitf Jlmalfitanae. Mais, 6 desappointement , M. Panca m'apporte une longue et lourde histoire d'Amalfi, ecrite naguere par un membre de sa famille. Je vor.lus du moins parcourir rapidement la chro- nique de Giuseppe Panca, et j'y rec^ueiilis les faits suivans. Amalfi, foudee vers Tan 600 de J.-C, avait d'abord etc gouvernee par des prefets annuels. Insensiblement, son impor- tance et son territoire s'arcrurent avee les richesses que ses habitans obtenaient par le commerce; elle fut erigee en re- 19 aya VOYAGE DE NAPLES publique dont un due eleclif etait le chef, et qui se tionvait placee sous la protection des empereurs d'Orient. Ses lois furent adoptees par tous les pcuples de I'ltalie pour Ics trans- actions maritimes. Ses monnaies, connues sous le nom de (aris d'Amalfi, eurent dans le Levant le cours qu'ont actuellement les piastres cspagnoles. Sa radc devint le rendcz-vous de toiites les nations. La repuhliqiic eut a soutenir plusieurs guerres, principalement contrc les Arabes; mais ce ne fut point seule- ment en Italic qu'elle combattit avcc succes les infideles. Les premiers en Palestine, les Amalfitains creerent I'ordre des chevaliers de Saint- Jean de Jerusalem. Dans le terns de leur puissance (981), ils avaient conquis la province de Salcrnc; environ un siecle plus tard, ils furent conquis eux-memes par le comte Robert, qui leur laissa une partie de leurs privileges. Mais ils se revolterent (logS) ; et vainenient le comte normand vint-il, i la tete de ses troupes, et de 20,000 Sarrasins, ses allies, mettre le siege devant la ville : il fut contraint de I'aban- donner. L'empereur Lothaire fut plus heureux. Ayant envahi ritalie, il envoya une flotle des Pisans, ses allies, avec qua- rante-six galeres devant Amalfi. La ville fut prise et perdit i la fois ses richcsses et sa liberie (1137). Ce fut alors que Ton retrouva les Pandectes , qu'un marchand d'Amalfi avait rap- portees du Levant. Les Pisans ne demanderent a Lolhaire que ce livre precieux pour prix de la victoire : il leur fut accorde; et c'est a cette circoustance qu'il dut pendant trois siecles le litre de Pandectes pisanes. La republique etant entree quelques annees plus lard dans le domaine de Roger, des ce moment son histoire n'offre plus qu'un interet secondaire (i). (i) Guillaume de la Pouille , poete latin qui eerivait vers la fin du XI' sifecle , decrit ainsi I'etat de la ville d'Amalfi : Urhs hcec dives opum populoque ; referta videiur, JVulla magis locuples , argenio , vestihus, auro , Partibus innumcris ; ac plurimus urbe moralur Nauta, maris' caelique vias aperire peritits. Hue el Alexandri diversa feruntur ab urbe 1 A AMALFI. 193 Avaiit de prerulrc conge de notre vieil avocat, nous lui de- mandamos s'il n'existerait point dans Amalfi qurlques ar- chives ou quelqiie depot litteraire a consulter. Siir sa reponse negative, nous primes conge de lui et de ses charmantes filles, et nous nous acheminanies vers la partie superieure de la villa qui se prolonge dans les profondeurs d'un enorme ravin. Les deux roches calcaires qui nous dominent semblent avoir etc separees par I'effet d'un violent tremblement de terre. An fond coule un ruisseau qui, passant sous deux ponts places i des hauteurs inegales, est du plus heureux effet : I'un de ces ponts sert de soutien a une forge. En descendant son cours , nous reconnumes que ses eaux alimentaient, dans I'interieur de la ville, une fabrique d'une assez triste apparence. Nous visitames ensuite un cloitre dont I'architecture a ogives pleines et entrelacees nous parut d'un style remarquablej et de la nous passames a I'eglise dont la construction originale nous avait frappes des notre arrivee. Cet edifice, fort eleve au-dessus du ni- veau de la grande place, sur laquelleil est situe, ne nouselonna pas moins par la multitude bizarre de petites colonnes d'ordres ct de couleurs divers qui soutiennent son portail, que par la bigarrure de son clocher, charge de bandes noires et blanches. Regis ft jinttochi : hcec frcta plurima transit : Hie Arabes, Indi , Sicu/i noscantur et Afri : Hcec gens est totiim piopi nobilitata per orbem , El mercanda ferens , ct amans mercata referre. GuGLiELMI appuli historicum poema de rebus Xormanorum , liber tertius. •< Cette ville opulente et tr^s-peuplee n'est egalee par aucune autre , sous le rapport des ricbesses , de I'or, de I'argent et des tissus pre- cieux qui s'y trouveut rassembles. Elle rcnferme un grand nombre de niarins habiles a reconuaitre leur route sur les niers par la connais- sance des cieux , et qui parcourent une infinite de detroits. C'est la que se trouve le dep6t des marchandises d'Antioche et d'Alexandrie, c'est la que I'on rencontre rtJunis, I'Arabe et I'lndou, le Sicilien et I'Africain. La nation amalfitaine s'est illustree daus I'univers presque tout entier par rechange rcciproque des richesses des nations. » 294 VOYAGE DE INAPLES Une autre route so prescnte a nous pour rcvcnir a Naples, me dit men ami; nous ponvons, en rcmontani Icpromontoire, cotoyor ct's rochers famcux [i gnlli), anprcs dcsquols Homere a placo ks sircnes (i). lU servaicnt nagiicre encore de rclrailc a des otrt's aiissi dangcrcux, mais rcvolus dc formes nioinssc'dni- santes, qui cnlevaient les voyageurs sans prendre Tembarras- (de les channer. Si, comme jo le suppose, nous sommes assez henreux pour ne rencontrer ni sircncs, ni Barbaresques, notre barque voguera ensuitc Entre le doux Sorrenfe ou la grappe doree Se marie aux cilronniers verts , El les rochers aigus de la pSle Capree. Casimir Dei,avigi«e. Nos yeux cherchcront vaincnient les moindrcs vestiges du temple magniilque qui couronnait I'extrtniite du cap dcs Picen- lins; mais nous ponrrons encore allcr maudiie, sur les pics steriles de I'lle qui I'avoisine, les rcstes de I'horrible lepaire habile par le tyran de Capree. De la, quelques minutes nous sufQront pour gagner les lieux encliantes oil naqnit I'amant iu- fortune d'Eleonore, et vos regards indignes se reposeront avec plaisirsurlesvastes bosquets de myrtes et d'orangcrs en fleurs qui cmbaument la plaine de Sorrente. Saluant la demeure du Tassc par quelques vers de XAminte, nous traverserons legolfe et nous aurons regagne Naples. (r) To'cppa tapiraX((;.(i); s^ixeto vviii? eusp-^r.? Nriaov 2EipT|V0iiv /-, t. X. « Cependant le navire s'avancait avec cc^lerite vers I'lIe dcs Si- r^nes, etc. » Homeue , Odyssile , liv. xii , vers i66 et suivants. Homenis rion nisi , etc. .. Hoinfere ne parle que d'une seule ile , on en compte Irois aujour- d'hui, qui sontsitu6es pr^s du proinontoiie de Miiierve en Campanie. » H. ScHUCHTHORST, Geographia Honien Goettingue, 1787. I11-4", pag. i/j. A AMALFI. — NOT. SUR PESTALOZZI. agS Mon compagnon cle voyage tiacait avec complaisance son ilineraire; et cependant Ic dieu des vents, qui a place sou sejour dans les lies voisines (les lies Eoliennes, aujourd'hui de Lipari), avail dechaiue le plus terrible de ses enfans. Le /cicf- cio [libjcas) , si redoute dans la Mediterranee, amoncelait avec fureur des nuages noiratres siir les cimes de I'Apennin , et les roulemens prolonges du lonnerrc relentissaient jusque dans les echos des Calabres. Plus prudens que le prudent Ulyssc, et pcut-etre aiissi plus faibies que kii, nous n'osames braver le double danf^er dont nous menacaient Eole et les sirenes; et, suivant I'expression des marins, nous resolumes, en Jiiyant devant le lenis , de reprendre, pour retourner a Naples, le che- min par lequel nous etionsvenus. E. G. d'A. Notice uiographique sur Pestalozzi. Pestalozzi [Henri), ne a Zurich, le 12 Janvier ij/i^t, mort a Brougg (canton d'Argovie) le 27 fevrier 1827, s'est acquis une reputation europeenne par ses recherches et ses travauj^ pour ameliorer redtication primaire et populaire, celle des enfans des classes iadustrielk-s et des classes iufericures de la societe. Un profond sentiment religieux, Tamour de la justice, la pitic pour les pauvres, une affection expansive pour les en- fans, lels furent les traits distinclifs de I'ame et du caractere du jeune Pestalozzi, presages de la vocation qu'il avait recue de la nature. Son esprit ardent et actif chercha d'abord a se satisfaire par I'etude des langues. A Tage de dix-huit ans, il y renonca pour s'occuper de theologie, mais le mauvais succcs d'une predication lui fit abandonner aussi cette carricre pour se livrer a la jurisprudence. Quelques essais litteraires sem- blerent annoncer en lui un philologue. Un livre, qui etait dej.n une veritable autorite dans plusieurs parties du rnonde civi- lise, XEmile de J.-J. Rousseau, lui revela le genie qui lui etait 3^6 NOTICE BIOGRAPHIQUE propre. Siibjiiijue par celte lecture, il se persuada que la civi- lisation euiopcennc etait iin contre-scris , et que , de toutes les professions, celle du savant etait la plus contrairc a la na- ture. Cette conviction qui changea toute sa deslinee, excrca une influence marquee sur la tendance de ses travaux jiisqu'i la iin de sa vie, nitmc sur ceux qui avaient pour objetdes etudes scientifiqucs, puisqu'il s'occupa sans relache de I'application d'une niethode populaire a renseignement du latin. A peine rcmis d'une maladie grave, produite par un execs de travail, il bruia ses notes, ses exlraits, srs collections de manuscrits sur le droit et sur I'histoire de la Suisse, pour se vouer k I'economie rurale. 11 acquit des connaissances tlieoriques et pratiques dans cette partie, et il aliena son patrimoine, pour acheter, dans le canton d'Argovie, une petite campagne qu'il appela Neuhof; c'est la qu'il s'ouvrit une carricre agricole , a I'age de vingt-deux ans. Son mariage avec M"" Schoulthess, fdle d'un negociant de Zurich , lui fit prendre un interet dans une fabrique de coton i laquelle il se devoua d'une maniere active. Son nouveau gcnie de vie, a !a fois agricole et indus- triel , lui fit connaitre I'etat de misere intellectuelle et morale du peuple; son ame s'emut d'une pitie profonde, et des ce moment il resolut de combattre, par tons les moyeus qui pouvaient dependre de lui, cette maladie iuveteree de nos societes modcrncs, objet d'une deplorable et criniiuelle insou- ciance. Il forma, en 1775, dans sa petite propiiete un institut pedagogique pour des enfans pauvres et abandonnes. Bicntot il se vit entoure dune cinquantaine de jeunes garcons, dont il fut le pere, I'appui , I'instituteur. Pestalozzi soutint, par ses seules ressoiirces personnclles, sa genereuse entreprise : per- sonne ne voulut s'associer an projet de transformer en eires humains des enfans condamnes des leur bcrceau a la degra- dation; a peine rencontra-t-il quelques liommes capables d'ap- precier cette idee sublime. L'agricultiue et I'industrie manu- facturiere entrerent dans le plan d'ediication de Pestalozzi , comme moyens d'occupation et comme offrant la perspcctivtr d'une carriere ulile a des enfans jjriiiiitivemcut destines a la SUR PESTALOZZI. 297 mendicite. II paraissait devoir y troiiver aussi un le directoire helvelique n'abandonna point son protege; il lui loua au prix le plus modc're le chateau dc Berthoud (canton dc Berne) et le domainc qui en dependait. La Pestalozzi reor- ganisa son etablisscment . qui jirospera, sous la protection du gouvernenient central et avec I'aide dcMM.KRusi, dcNiEUERERi et de plusieurs antres collaboraleurs , dignes de leur chef, dent quelques-uns elaient ses eleves, el qui semblaient nes pour comprendre ses idees el pour sympathiser avec son ame. En 1804, retabliisement ful Iransporte d'abord a Muncheu- Bouchsee; puis, dans la nieme annee, a Yverdun, ville du canton de Yaud, qui offril d'une maniere genereuse pour cette utile destination son vaste chateau et les jardins qui en depen- dent. La, rinstitul de Pestalozzi parcourul en pen d'ann^es des phases bien diverses. On le vil successivement ^leve par le SUR PESTALOZZI. 299 concours de quclques pudagogucs habilcs e{ philanlropes a un tres-haut degre de prosperite et de colebrite; puis, I rouble par des dissensions intestines, par I'orgueil et les pretentions d'honiines ego'istes ou irascibles; ensuite, obranle dans scs fondemcns par les vices d'une administration economique qui maa(juait d'ordre et de surveillance; enfin , tout-a-fSit en dissolution. Un genie nialfaisant se placa entre le chef de I'eta- blissemcnt et les hommes qui avaient contribiie a sa prosperite; Tame de Pestalozzi, fletric et affaiblie, se ferma a la conliance la plus legitime pour s'abandonner a une condescendance fatale i> son repos et a son ouvrage. Nous ne nous engagerons point dans le recit des qucrelles longues, opiniatrcs, dejjlorables, qui ont signale, accompagnc et suivi la decadence rai)ide de 1 institutd'Yverdun; nous sommes places trop pres desliommes, des evenemens et des passions, pour etre cerlains de connaitre toute la veritc et de pouvoir la presenter sans alliage. Des ou- vrages ecrits en sens oppose viennent d'etre publics sur ce sujet (i) : ils renferment des documcns dont profiteront ceux qui voudront ecrire I'liistcjire de retablissemcnt et de la nie- thode de Pestalozzi, lorsquc le terns sera venu d'examiner et de juger avec une parfaite impartialite des individus et des faits auxqucls se rattaclient encore des souvenirs trop recens et des passions mal eteintes. En 1 825 , Pestalozzi se retira a sa campagne de Neuhof, en Argovie, et M. Schmidt qui cxploitait sous le nom du vene- rable vieillard, les restes de Tetablissemcnt, recutdu gouver- ment du canton de Vand, pour des motifs graves, I'ordre de (i) Voyez I'ouvrage intitule : Meine Lebenschicksale , etc., Leipzig, 1826, in-8°. Les Destinees de ma vie , etc. Get ouvrage porte en tdte le nom de Pestalo/zi; mais I'opinion generale des Suisses eclaires I'attribue a M. Schmidt. On vient de pul)lier une refutation de ce Itvre, et un expose de la situation de I'liistltut d'Yverdun sous ce litre : Jieitrag ziir Biographie Heinrich Pestalozzi' s. Memoire pour ser- vir a la Jjiographie de Pestalozzi. Saint-Gall, 1827. In-S" de xiv et 3/ii page*. 3oo NOTICE BIOGRAPHIQUE quitter le pays. Ainsi fut dissout cct institut qui, dans les derniers terns, existait plutot de noni qu'eii realite, et a cote duquel Pestalozzi avail fonde et entretenu line petite ecole dc jeunes filles pan vies. Pendant sa retraite dans le canton d'Argovie, Pestalozzi I'lit roninie president de la Societe helvetique d'Olten, qu'il presida dans la seance de 1826. Get hommage , offert a ce veteran de la philantropie , est I'expression fidele des sentimens que les Suisses geriereux lui ont voues pour les services qu'il a rendus a rhumanite. La reconnaissance publique ne s'informera pas si line justice rigoureiise peut hii impiiter en grande partie les causes des tracasserics qui ont trouble sa vieillesse, et qui ont repandu quelqu'ombre sur Teclat de son entreprise : elle ne voudra conserver et consacrer que le souvenir de ses bien- faits. Les travaux , excessifs pour son age, auxquels Pestalozzi s'est livre, vers la fin de sa vie; les peines qu'il a continue d'eprouver, par suite des evenemens, que nous nous sonimes bornes a indiquer, enfin la perte du somracil , ont abregc ses jours qui auraient pu se prolonger encore. II est mort le 17 fe- vrier a Brougg 011 on I'avait transporte de sa campagne. U ne fut malade que tres-peu de jours. Quoique ses douleurs, pro- duites par une retention d'urine, fusscnt tres-violeiites , it les supporta avec le calme du sage; il rassembla sa famille autour de lui , deux jours avant sa mort, et parla pendant pres d'une heure, avec une exaltation qui etait celle d'une grande ame. Pestalozzi n'est plus, son institut a cesse d'cxister; mais re qu'il a fait pour I'liumanite ne perira point. 11 semble quel- q^uefois que la Providence se piaise a dissoudre la partie ma- terielle des entreprises les plus genereuses, pour n'en laisser subsister que ce qui en est I'ame, afin d'apprendre aux hommcs a ne voir dans les grandes choses que ce qu'elles ont d'impe- rissable, et a ne point attacher leurs regards et leurs cspe- rances a des existences ephemeres et a des accidens passagers. L'instrument du bien se brise; mais le bien subsiste: I'homme de genie passe; mais sa pensee restc,Pt ce germe, jcle dans le SUR PESTALOZZI. 3oi monde de rintelligence, produit des fruits souvent tardifs qu« recueilleront les generations a venir. Cette reflexion, generale- mcnt vraie n'est juste qu'en partie, lorsqu'on I'applique a Pestalozzi: pendai^t sa vie, il a deja exerce uue influence puis- sante sur redncation. On n'attend pns sans doute que nous don- nions ici meme, en abrege, nne idee complete de ce que Ton a appele sa melhode, et que nous appellerions avec plus d'exac- tiiude son Systeine d' education. II nous suffira, pour le faiie apprecier, d'indiquer quelques-uns de ses traits les plus saillans. Voulant elever au rang d'hommes les classes les plus de- laissees, et ordinaircment les plus abi uties, il s'appliqua avant tout a developperchez elles les facultes humaines. Sa tendance principale, sous le rapport intellectuel, fut de niettre en pra- tique, a I'egard du peuple, dans les limites fixees par la nature des choses , le mot si profondement sense de Montaigne : «■ J'aime mieux que ipon eleve ait la tele bien faite que bien pleine. » Sous le rapport moral, il suivit una marclie analogue. II ne cherchait point a donner a son eleve des connaissances positives, mais une aptitude ales acquerir. Le calcul, le dessin, le chant, etc., n'etaient point pour lui un but, mais un moyen de devcloppement ; I'occasion la plus propre a exercer le coup d'oeil, la main, la voix, I'intelligence, la faculte de comparer, d'abstraire , de deduire des consequences. Pestalozzi n'ayait pas seulenient pour objet de developper les facuUes de I'enfant; il se proposait de les developper, con- formement a la niarche progressive indiquee par la nature, sans oublier aucun de ces intermediaires negliges dans la plupart des sjstemes d'education. Nous renvoycns , a cet egard , aux divers ecrits publics sur sa methode par celui de ses coUaborateurs qui en avail le mieux saisi la partie philo- sophique et qui elait en rheme terns le plus chaud de ses an- ciens amis, M. Niederer, aujourd'hui chef d'un institut de demoiselles a Yverdun (i). (i) Voyez aussi Y Esprit de la methode de Pestalozzi , precede d'un Precis sur l' institut d'educnfion d'Yverdun , par M. /t . Jullien. L'au- 3oa NOTICE BIOGRAPHIQUE Pcrsouae n'a expose pent etre avec plus de precision ce qu'il y avail Je reellement neuf dans les ptincipos ct dans la melhode dc Postalozzi, ainsi que dans la conception ct rorL,'a- nisation de son inslitut (\oy. SchlicssUchc Recliifcrtiguni^ dcs Pestalozzischen Instituts gcgen seine Vcrleamder. Justification definitive de I'institut de Pestalozzi, contre scs detracteurs. Iferten, i8i3 , s. 56 — 63.). L'ouvrage quo nous venons de citer, et d'autres ouvrages, sortis de la menie pliuiie, nous iuitient conipleler.ient aux grandcs vues psycologiques qui out servi a Pestalozzi dc point de depart et de fil conducteiir: le pen que nous avons dit ne montre pas, il est vrai, d'une maniere suffisante, mais fait du moins entievoir que Pestalozzi a piis I'etude do I'esprit huuiain pour base de la science qui en di- rige le developpemenl; bien different en cela de ces hommes qui font consislcr tout le surccs de \a pedagogic dans I'acqui- sition de connaissances plus ou moins etendues,et qui consi- derent I'esprit humain plutot comme un magasin d'idees et de fails rccucillis au-dchots, que comme I'objet propre el le but final de IVducation. Cc point de vue etablit une distance im- mense enlre la marclie de Pestalozzi ct la niethode lancaste- rienne, quoique le pliilosophc populaire de Zurich se soil aussi propose, outre la dissemination dcs lumieres dans les classes infericures, d'etablir un enseignement mutuel, mais dans les families ])lut6t que dans les ecoies. Les personnes qui ont cru apcrcevoir une analogic enlre les deux niethodes, paraissent n'avoir pas vu que la premiere est un systcme psycologique d'educalion, tandis que la secoude n'est qu'un mode simplifie d'inslruction. I-es ressorts mcme , employes dans les deux me- teur examine d'aliord I'institut considere dans son origine , dans ses premieres -vicissitudes , dans son organisation interieure et dans sa situation, alors tres-florissante , en 1810 et i8i i; puis, il expose sue- cessivement les priricipes fondamentaux de la methode d'education de Pestalozzi, les caractires essentiels qui la distinguent des autrcs md- thodes , ses moycni spdciaux d^ execution , et ses resultals. Milan, 181 2. a vol. in-80. SUR PESTALOZZI. 3o3 thoiies sent er.tieremeiU differens, ainsi que I'a observe aver beaucotip ile justesse uu ecrivain tloue d'un rare coup d'ceil pliilosophique , et que je m'honore de compter au nombrc de incs coUegdes et de mes amis : « La methode de Pestalozzi , dit-il, en chcrchant dans les forces morales et intellectuelles de I'enfant le mobile de son activite et la source de scs \rais proi^ros, suppore dans i'esprit une puissance indepcndante des circonstances exterieurcs et qui n'a pas bcsoin de leurs sc- cours. La methode lancastericnne , au contraire, eniploie pour animer les eleves des motifs et des sentimens qui sont peiit- otrc moins I'ouvrage de la natui-e que celui des honimes (i). » II y aurait eu dans le SA'sleme de Pestalozzi une lacune im- portante, si soh auteur n'avait pas eu en vue I'education des raeres, ces premiers depositaires du coeur des enfans, et que la nature apj)eile a presidcr aux premiers developpcmens de leur sensibilite et de leur intelligence. Si Rousseau a ramene lant de meres aux sentimens de la maternite, Pestalozzi les a instruites dans I'exercice de leurs fonctions les plus augusles; phisieurs de ses ecrits et particulierement son admirable livre intitule: Comment Gertrude instruit ses enfans, nous montrent ce qu'il a voulu faire; Ic tcms et I'expericnce apprendront a nous OH a nos successcurs ce qu'il a fait effectivement. A ce dernier egard, comme a tous les autres, nous sommes irop rapproches du moment ou son genie aclif a donne une impulsion nouvelle aux idees pcdagogiques, pour embrasser d'un coup d'oeil toute la sphere dans laquelle le mouvement s'est propage. Mais, ce que nous n'hesiions point a dire, c'est que les travaux de Pestalozzi fixent dans I'hisloire de I'educa- tion une ere nouvelle; c'est que cet homme extraordinaire n'a encore pose en quelque sorte qu'un principe dont les genera- tions futures deduiront les consequences, et dont la generation (i) Des principales opinions siir I'origine des idees; dissertation par^^/j- «//•£ GiNDRoz , niinistre du Saint-Evangile, aujourd'hui professeur de ])hilosophie a racadeniie de Lausanne. Lausanne, 1817. In-^" dc 66 pages. 3o4 NOTICE BIOGRAPHIQUE prcscnte a cluja vu quelqucs develuppemens , sans savoir tou- jours a quel principe elle devait los rappoiter. L'idce que Pestalozzi a poursuivie duiant une vie entiere et A laquelle, malgre tant de mecomptes et de tiisles experiences, il s'est attache avec foi , aux pontes memes du fombeau, n'est pas de celles qui meurent avec rhommc ; elle est un noble legs fait a rhumanite. En 1 819, Pestalozzi a commence a publicr ses oeuvres com- pletes, doiit le produit a ete destine par lui a la fondalion d'unc ecolc pour des enfans pauvres. Nous nous bornerons a indi- diquer ici le conlenu des volumes que nous avons sous les yeux. T. I— rV (1819, 1820). Leonard ex. Gertrude, 3'°'' edit. T. V (1820). Comment Gertrude instruit ses enfans , ou di- rections adressees aux meres sur la maniere d'in^uire elles- memes leurs enfans. T. VI (1820). ^ I' innocence , a la gravite, a In magnanimite de ma patrie ; paroles adressees avec courage et humilite a ses contemporains, avec foi et avec une ferme esperance a la pos- terite,par un vieillard qui, fatigue des longues lutles de sa vie, voudrait, avant de mourir, deposcr une offrande de con- ciliation sur I'autel de I'humanile, sur I'autel de tons les enfans s ne sont plus une source d'instruction pour les cultivaleurf , quoique les savans y puiscnt encore une erudition tres- agreable, comme on le voit par ce memoire. En travcrsant le moyen age pour arriver jusqu'aux ccrivains modcrnes, on ne trouve non plus ricn qui puisse ajoutcr a nos connaissances agricoles, jusqti'a ce qu'OLivizR de Serres ait mis entre les mains de ses compatriotes son Theatre cT agriculture , ou MJ- nage des champs. Franchissant pres de deux sieclcs, l'auteur du IMemoire s'arrete au Cours complet d'agriculture par I'abbe RoziER, le plus grand monument typographique que Ton ait dedie au plus noble des ar(s. fllais I'abbe Rozier ne bornait pas ses vues a I'instruetion agronomique par le moyen des livres; il en voulait une autre encore plus efficace, il la regar- dait comme indispensable; i! croyait que sa patrie allait cu jouir, et qu'il aurait eu le bonheur de contribuer aux progres rapides qui seraient infailliblement amcnes par rinslitulion qu'il meditait; mais les foudres de la revolution frapperent SCIENCES PHYSIQUES. Sog Ic savant et vertueux agronome (i). Son projet lui siirvt-cut ; il I'avait develojipe dans un Mcmoire adrcsse a rAssoniblw; constituante. Cet ocrit ne sortit point des cartons du comite d'agriculliue , et I'Asseniblce legislative en lu'rita : M. Fran- cois de Neufchateau en etait membre, I'abbe Rozier reprit courage et quelqne espoir. II s'adressa proniptement a I'ami des champs, devenu legislateur : « Au nom de la chere agri- culture, disait-il, lisez et jngez. Si vous croyez nies idces saines, faites juger. Mon Memoire est intitule : Plan cl'une ecole nationale d' agriculture clans Ic pare de Chambord. I^e district et le departement seant a Blois furent consultes dans le terns; leurs reponses toutes approbatives doivent cire deposces dans les niemes arcliivcs. Le coniile d'agriciillurc me marqua que I'Assemblee ne s'occuperait pas des etablisscnicns de details, qu'ils regardaient les asscmblees suivantes. Vous vous trouvcz done au point designe : si j'ai raison, c'est a vous d'agir poitr la commune patrie... Lorsqu'i mon age, fort au-dcssus de tons les besoins, et dans la plus delicieuse habi- tation , je soUicite mon deplacement, vous devez etre bicn eonvaincu que je ne vois , que je ne desire, que je ne soupire uieme qu'apres I'avancement de ragricnltuie dans toutes les parties du royaunie que mon plan embrasse. L'interet n'a auciuie part a ma demande; j'ai de tout tenis etc citoyen, je le suis ct le serai jusqu'au dernier instant de ma vie. » Continuous a mettre sous les yeux de nos lecteurs quelqne s extraits de I'interessante narration de M. Francois de Neuf- chateau. Les faits qu'clle nous revele ne sont pas moins pre- cieux pour I'histoire que des recits de batailles on de ncgo- ciations diplomatiques. « Sur cette kttie , vous ponvez juger de I'ardenr que je mis sur-le-champ ii faire rechercher , dans les cartons et les papiers dii comite d'agriculture, les pieces dont I'abbe Rozier me don- nait I'indication; mes recherehes pressantes furent infrur- tuc'tjses; les pieces avaient disparu. .le m'en informal parecrit (i) II fut tu('- par une bombe , au siege de Lyon , en 179^. 3io SCIENCES PHYSIQUES. pres du chevalier LAMEnviixE, digne ami de ['agriculture qui avait fait un bon rapport sur le Code rural, a I'Assemblee conslituante. II elait alors revcnu dans leBerri, a ses moulons dentil etait aussi un fort zele paiic'-gyriste. (i) II ne put me donner aucun renseignement sur le plan do I'ahbe Rozier, dont il n'avait qu'unc idee vague. Par un hasard fort singulier, je n'ai su que long- terns apres, que I'original de ce plan, detourne par je ne sais qui, avait ele pour lors envoye en Espagne, ou on I'avait traduit, et d'oii il nous est revenu , mais retraduit de I'espagnol. Quand meme je I'aurais recouvre en 1791 ou 1792, la crise politique et les tcmpetcs qui gron- daicnt alors avcc tant de fureur ne ni'eussent pas laisse un seul moment propice pour remeltre ce plan sous les ycux des le- gislateurs de ce terns siorageux, suivi bien pen apres de tems plus orageux encore. » M. Francois de Neufchateau rapporle plusieurs extraits de ce projct qui fut generalemcnt approuvc par les hommes les plus rccommandiibles de iV-poque ou I'abbe Rozier le comnuiniqua pour la premiere fois. La France en aurait peut- etre obtenu I'execution, si Turgot eiit pu rcstcr quelques annees de plus au ministere. En se chargeant d'imprimer le mouvement a rinstilution, et de la diriger aussi long-tcms que ses soins seraient juges utiles, I'auteur declarait qu'il ne rcce- vrait ni traitement, ni indemnite, aGn de diminuer, disait-il, les frais d'etat-major, ordinalrement si ruineux pour les eta- blissemens qui peuvent le mieux se passer de cette sorte de luxe. Le sage agronome reservait au clerge des campagnes I'honorable emploi de repandre les bonnes mttliodes de cul- ture; et de jeunes pretres instruits dans son ecoie normale y auraient acquis un moyen de plus d'exercer dignement leur ministere de bienfaisance. Peu a peu, les routines, opiniatres parce qu'elles sont avengles, auraient fait place a des pratiques (2) Lorsque la revolution commenca k rctrograder, le paisible M. de Lamerville fut persecute dans te Berry. Le sentiment des maux de sa patrie abregea beaucoup son utile carri^re, N. du R. SCIENCES PHYSIQUES. 3ii cclairees, el par consequent dociles et perfectibles. A IVpoque de la revolution , Thomme do bien crul voir le moment ou ses vceux allaicnt elre exauces; la mort seule put interrompre ses vives soUicitations en favour de I'ecole d'aj^riculture. Ce plan trouva dans M. Francois de Neufchateau un patron non moins z(';le, et encore plus en etat de I'adapter aux ciiconstances , et de protiter dc tout ce qui pourrait lui etre favorable. La lecture d'Arthur Young lui fit sentir de plus en plus Timportauce des vues de I'abbe Rozicr : voici ce que dit ragronomc anglais, au sujet du pare de Chambord. . . . « II y a de grandes parlies de ce pare en friche, ou en bruyercs, ou du moins dans un etat mediocre de culture. Je ne pus m'empeclier de penser que, s'il venaitunjour dans I'idee du roi de France d'etablir une ferme complete de navels, a la mode d'Angleterie, eel endroit serait fort propre a eel objet. Qu'il donne le chateau au dircctcur et a tous ses agens : les ca- sernes, qui ne servent maintenant a rien, fourniront des etables aux troupcaux , et le beuelice du bois sera suffisant pour former et maintenir I'etablissement. Quelle difference entre I'ulilite d'un pareilutablissement etl'inutilile d'unegrande depense faite ici pour soutcnir un miserable liaras qui ne tend qu'au mal! J'aurai beau neanmoins recommander de pareils etablisscmeus d'agriculture , ils n'ont jamais ele eutrcpris dans aucun pays , et ne le seront jamais, jusqu'a ce que les hommes soient gou- vernes par des principes lout-a-fait contraires a ceux qui pre- valent aujourd'hui, jusqu'a ce qu'on croie qu'il faut pour Tagriculture nationale autre chose que des Academies et des memoires. » C'etaitavant 1789 qu'^7"//(a?' Young gourmandait ainsi la France et son gouvernement. La lecture de ce passage et de plnsieurs autres relatifs a la Sologne dcciderent M. Francois de Neufchateau a visiter avec le plus grand soin Chambord, son pare et ses environs. Le resultat de cet examcn fut d'agrandir les vues de I'abbe Ro-- zier, d'ajouter a son projet d'ecole plusieurs enseignemens auxquels il n'avait pas pourvu ; I'etablissement concu sur une plus grande echelle devail etre pofygeorgiqtte ; les moyens 3ii SCIENCES PHYSIQUES, d'executiou etaient medites et calcules, les memoires adresses au gouvernement : pendant ce terns , Bonaparte s'emparait de la France. L'auteur du nouveau projet raconte son entrevue avec le premier consul; toufes scs esperances s'cvanouirent, mais ses voeux n'en furent pas moins ardens, et ils le sont en- core. C'est toiijours vcrsCliambord que ses regards sont diriges, lorsqu'il pense au besoin que nous avons d'une grande ecole d'agriculture, d'une institution vcritablemcnt polygeorgique. Cette introduction est une lecture pleine d'attraits. L'auteur a mis a la suite, sous le titre de pieces jitsti/icatwes, des Memoires sur la culture du chanvrc considercc conime moyen de pre- parer la terre pour les cereales , sur les nioyens d'aiigmenter les produits de la vigne, et sur la fabrication des pates legu- nnneuses. Tous ces objets scraieiit comjiris dans I'enseigne- ment, lei que M. Francois de Ncufchateau I'avait concu dans son projet d'ecole nationale d'agriculture. TMous nous sommes arretcs long-tems sur I'jntroduction, nioins cependant que nous ne I'aurions desire. Venons main- tenant au diclionnaire; et, comme il est evident que les redac- teurs ont ete courts , voyons si I'ouvrage est complet et au niveau des connaissances acquiscs. A I'article Cedre, le lectcur est renvoye au mot Mclczc : pourquoi? fallait-il confondre deux arbrcs, parce qu'ils sont de la meme famille; et le magnifiquc cedre du Liban ne me- ritait-il pas au moins une simple mention ? S'il est exclus comme arbre exotique, on dcmandera par quel privilege le lulipier n'est pas compris dans cette exclusion. L'indication des arbres propres a notre sol, et qui seront une precieuse acquisition pour nos arts, ne doit etre omise dans aucun ou- vrage d'agriculture. On regretle que les erablcs, dont les es- peces les plus interessanles sont omises, n'aient pas obtenu plus de place que les niillepertuis, etc. Qnelques omissions peu- vent etre tolerees dans xni traite, plutot que dans un diclion- naire. Les editeurs de cette sortc d'ouvrages devraieut avoir sans cesse sous les yeux I'image fidele d'un lecteur desappointe qui ne trouve point I'article dont il a besoin : ce n'est jamais SCIENCES PHYSIQUES. 3i3 impuiiemciil qu'ih s'cxposcnt au counoux de ce juge inexo- rable. Nous le disons a regret; il manque a ce dictionnaire beau- coup de mots que Ton y cherchera. Avcc plus de regret encore, nous ajouterons que beaucoup d'articles sont incoinplets. On salt, par exemple , dans le midi de la France, beaucoup plus de choses sur le figuier que Ton n'en Irouve dans ce diction- naire. On ne rcgardera pas conime une compensation a cette disetle certains details etrangets a I'agriculture, tels que la salaison des harengs, de la morue, etc. On remedie aux omis- sions par un supplement, aux sui)erfluit(.''S jiar de couragcuses suppressions; mais, comment iuserer dans les articles trop courts ce qui serait necessaire pour les completer? Il semble bien etabli par i'oxperience qu'en fait d'aits, la prolixite est nioins a craindre dans les ouvrages qu'un laconisme qui con- tiendrait pen dc mots, et encore moins de chosos. Que faut-i! done penser de ce dictionnaire? qu'il liii manque au moins deux volumes. Il renferme un tres-grand nombre d'articles excellens , et d'une etendue proportionnee a I'impor- tance de leur objet; s'ils avaient servi de modele a tons les autres, le succes de I'ouvrage eut ele certain. Tel qu'il est, on pent encore en faire un bon usage; n^ais on sent que le travail a manque d'ensemble, que les diverses parties ne sont pas coordonnces, et dans leurs verifables rapports , qu'il eut fallu commencer par une table generale, non-seulement des articles, mais des matieres diverses que Ton y ferait entrer. Une se- conde edition pcut satisfaire a ces conditions imposecs par les lecteurs, elalors, I'ouvrage sera I'un des dons les plus pre- cieux que Ton ait faits aux sciences agricoles. N. 3i4 SCIENCES PHYSIQUES. Voyage metallurgique en Angleterre , ou Recueil DE MEMOIR es sur le gisement , V exploitation et la traitement dcs minerais (Tctaiii, de cuivre, de plomh, de zinc et defer, dans la Grande- Bretagne j par MM. DcFRENOY et Elie db Beacmont, ingenieurs des mines (i). Les voyages des deux savans auteurs de cesMemoircs fureut cntrepris, en 1823, d'apres ks ordres du directeur general des ponts-etchaussees et des mines: leurs observations furent inserees siiccessivenient dans les Annalcs des mines, depuis 1824 jiisqu'cn 1827. Mais, pour les niettre plus a la portec de ceux qui ont besoin de les consulter, 11 convenait de les reunir; au point ou nous en sommes, et ntialgre les immenses progres que nos arts nietallurgiques ont faits depuis le conimenccment de ce siecle , nous pouvons nous instruire encore a I'ecole des Anglais. Rcmarquons, au sujet des Annalcs des mines, qu'un recueil qui a fourni les materiaux d'un ouvrage tel que cclui-ci, pent se passer de toute autre recoramandation ; il est suffi- sanmient apprecie par des exlraits aussi importans, et par la confiance que lui accordent les savans clrangers, toujours empresses de le consulter et de le citer. La mission dc3IlVI. Diifrenoy et Elie de Beaumont etait prin- cipalomont geologique : mais on ne pent etiidier la structure des couches tcrrestres et I'ordre de leur superposition, sans faire en meme terns la mineralogie de la contree que Ton ob- serve ; et, si cette contree est couvcrte d'exploitations ou lontes les rcssources des arts' sont deployees, tout invite a se livrer 5 I'etude de ces arts, de ces procedes, afin de les transporter dans sa patrie. On pouvait etre assure d'avance que nos deux ingenieurs des mines rapportcraient un portefeuille bicn rem- pli de notes et de mcmoircs sur les travaux metallurgiques des Anglais , quand meme ils n'auraient pas etc specialement char- (i) Paris, 1827; Bachelier. In-S" de 57s pages, avec un adas de 17 planches; prix, 12 fr. 5o c. SCIENCES PHYSIQUES. 3i5 gos de recueillir, siir cct objet, toutc I'instruclion qui serait a leur portee. lis ont piolite des communications bienveillantes qui leur ont ete faites par plusieurs proprietaires et chefs de mines, et des piecieux documens, des secours de toute sorte qti'ils ont recus des savans les plus distingues de la Grande- Bretagne. Cependant en considerant I'immensite des objets qu lis devaient embrasser , les modestes auleurs sont fort eloignes de croire que leur travail puisse etre complet; ils soupconnent nieme quo la verification la plus scrupuleuse des faits et des documens contenus dans leurs memoires n'a pas fait dispuraitre quelques errcurs, et ils reclament pour leur Guvrage une indulgence qu'il obtiendrait certainement, et a bon droit , s'il en avait reellement besoin. L'ordre des memoires est trace dans le litre du livre. Les auteurs commencent par les mines d'etain et de cuivre du Cornouailles. Les ilcs britanniqucs , disent-ils , verscnt dans le commerce plus de ccs deux metaux qu'aucune autre nation de I'Europe, et la presquile du Cornouailles et une partie du Devonshire fournissent seules tout I'etain, etles sept huiliemes de cette enorme quantite de cuivie. Le produit annuel des mines d'etain varie beaucoup:,en 1817, il s'eleva jusqu'a 4, 182,082 kilog.; et en 1820, il ne fut que de 2,8i5,i57 kilog. En prcnant I'cnsemble des exploitations de cuivre dans toute la Grande-Bretagne, on voitque leur produit auginente depuis pl;isieurs annees : en 1822 il fut de 11,207,630 kilog. La constitution minerale des contrees nietalliferes, les gites des minerais, les procedes d'exploitation, les preparations pour la fonte, et enfin cette derniereoperation , sont deerits successivement, pour I'etain et pour le cuivre. La premiere partie est celle qui offre le plus d'attraits a la simple curiosite, a cause des faits d'histoirc naturelle et de geologic qu'elle contient en assez grand nombrc. L'analogie des roehes stanni- feres du Cornouailles, de la Saxe et des c6t.es de Bretagne, depuis rembouchure de la Loire jusqu'au deh\ de Pyriac (Morbihan) , est un fait tres-remarquable, et qui merilerait bien d'etre complete ou eclairci par I'etude niineralogiquc des 3i6 SClEiNCES PHi:SlQUES. coutrces de I'lndo ou Ics niines d'elain soiit si abondanles. Les observations faites en Europe conlirnient , discnt iios aiileurs, I'opinio!) de T\l. de Humboldt enoncec, dans son E.fsai geog- nostique st/j- Ic giscnietit des roclie.i, que le granil slannifere est un des plus moderiies. Les details siir Textraclion diiminerai font decouvrir aussi quelques fails d'autant plus interessans qu'ils sont nioius attt u- dus. On n'aurait pas sonp^onue, par exemple, I'exislence de sources d'eau douce, sous la mer, a plus de 200 metres au- dessous de la surface : on eherche a dc\ incr cummenl la terre s'oppose assez eriicacement a la fdtration des eaux pour qu'oa la Irouve d'autant plus seche que I'on penetre plus avant dans son interieur, etc. Quelques galeries sous-marines ont ete creusees si pres du fond, que les eaux de la mer y ont fait irruption , mais cet accident a etc reparc, le passage des eaux bouche avtc soin , et I'exploitalion continuee. Les richesses metalliques concedees au Cornouailles sont unc ample com- pensation de laslerilitedu sol : d'autres contrees, encore moins propres a la culture, n'ont obtenu aucun dedommagement. Mais le charbon terre a ete refuse ^ ces roches si abondantcs en metaux, en sorte que le traitcment du uinerai est fait en tres grande partie hors du pays, dans les lieux bien ponrvus de combustible. Comme les lois ont prohibe rexporlation du miuerai d'etain , on est reduit a importer le clinrbon necessaire pour en operer la fusion , et c'esl le pays de Galks qui le fournit. Les navires qui I'ont apporte relournent charges do minerai de cuivre, pour alimenter les fonderies placees a porlee des bouilleres. C'est ainsi que, duns les Pyrenees francaiso, la mine de fer du Canigou est trausporlee dans le departement des Hautes-Pyrenees oil les bois soul encore assez abondans , et que ce depai tement envoie du charbon aux forges des Py- renees-Orienlales. Mais, au pied de ces montagncs, rccliangel du combustible et du metal est fait par la voie de terre : nous j sommes encore loin du terns ou la navigation interieure ela-j blira des communications moins dispeiulieusos enire les deux I extreniites dc l;i ehaine. SCIENCES PHYSIQUES. 3 17 Les fonderies oil le mineral d'otain dii Coruoiiailles est ra- meiie a I'ctat mctaliiqiif, appartiennent en general a des par- tifuiliers qui ne possedent point dc mines, ct qui aclietent le pioduit des exploitations voisines, apres un essai que MM. Du- fi enoy ct Elie dc Beaumont regardent comma tres-inexact. lis conviennent cependaut qu'il donne le meme resultat que hifonte en grand: mats, dans les fonderies dont il s'agit, un essai peut-il avoir no autre but? et puisqu'il I'atteint en peu de tems et a peu de fr;iis, i! semhle que rien ne manque a sa perfeclion. Une analyse chiniiipie plus exacte n'apprendrait pas aussi bien ce qu'il s'agit de savoir, et ne serait pas, dans la pratique, un guide aussi digne deconfiance. Les Anglais persisterontvrai- seniblablenicnt dans leur m^'thodo d'essai, etils feront bion. Les Allcniands ont ete, dans I'art des mines, les instltuteurs de presque tons les peuples de I'Europe continentale : on ne pcut reconnaitre si les Anglais ontparticipe a cette instruction, oil si ies procedes de leurs mineurs soiit tons indigenes. En comparantratfinagederetain pratique en Cornouaillesaveccelui dt's Saxons , on voit que le premier consomme moins , etproduit plus de metal: on s'etonne que les Allemands ne connaissent pas encore le procede des Anglais, ou qu'ils ne I'aient pas adopto. Le Coinouaillcs et le Devonshire ne sont pas aussi riches en cuivre qu'en etaiii , et ne possedent pas sculs des mines de ce metal ; le Lancashire, le Cumberland , le Stafforshire et le Der- byshire, I'Ecosse et I'lrlande, en fournissent aussi une quantite presque suffisante pour la consommation interieure, et dont une partie est exporlee. Mais c'cst dans le pays de Galles que la plus grande partie de ce metal est fabriquee. Dans I'espace d'i:n siecle, le port de Swansea, qui n'etait qu'un petit village, est devenu une ville de plus de dix millc habitans, malgre les pernicieuses exhalaisonsqueles fourneaux repandent dans I'air, et([u'on n'est pas encore parvenu a neutraliser assez complele- iiient. On pense bien que nos an leurs decrivent avec soin les diverscs tentatives que Ton a ftiites pour oblenir ce resultat soUicite a lafoisparliiiteret des exploitations et par I'humanite. Dans une note communiquee par M. Thibauu, ingenieur des mines , le traitenient du cuivre pyriteux dans le pays de Galles 3i8 SCIENCES PHYSIQUES. est compare ;\ celui que des mines de mcmc nature recoivent h Sainbcl, dans le departcment dis Rhone. On voit, par cette comparaison, que I'habilcte et le savoir de nos mineurs ne redouleraient point la concurrence anglaisc, sinotrc sol ctait aussi richc en nittaux que celui do I'Anjjleterre. Lcs mines de plomh da Cumberland ct du Dcrbys/iirc sont le sujet du second Memoire, dont la premiere parlie, qui eonticnt la description des roches metallifcres et des gites du minerai, a etc redigee par M. Brochant de Villiers, inspecleur divi- sionnaire des mines , et membre de I'Academie des sciences. La masse de plomb que les mines d'Angleterre fournissent annuel- lenient est evaluee a 3i, 900,000 kilog.; on pense qu'elle n'est pas toule employee par la consommatiou intcrieure. Nos in- genieurs n'ont pu recuciliir sur le travail de ces mines des documens aussi precis que ccux qu'ils avaient obtenus dans le Cornouailles et le pays de Galics, ct ne comparent point les precedes anglais a ceux de rAllemagne et de la France. Nos voyageurs n'ont fait qu'un Blemoire tres-court sur les miuerais de zinc de I'Angletcrre, sur les precedes de leur exploitation et de leur trailement; I'analogie des gisemcns de ces minerals, en France, en Belgique, on Silesie ct dans la Grande-Bretagnc, ot celle des travaux qu'ils exigent pour en extraire le metal, n'exigeaient pas plus de developpcmens. II n'en est pas ainsi de Xa fabrication de la fonte et dafer en An~ gleterre; cet art, que lcs Anglais ontapproprie i I'cnsemble de leurs ressources locales et a I'etat de lours machines, est ime precieuse acquisition pour la France, ou il ne tardcra point ^ se naturaliser. Nos ingonieurs lui out consacre un Momoire tres-etendu, aussi cnmplet qu'il a etc possible do le fairo, ac- compagne des calculs qui peuvent eclairer et diriger les fabri- cans et les speculateurs. lis commencent par un Jpercu sur les dijferens bassins houillers de V J n gleterre, immense provision de combustibles que des sieeles d'exploilation la plus active n'epuiseront pas. On a calcule que la couche la plus produc- tive des mines de Nevv^castle pout fournir, pendant i5oo ans , autant que Ton tire aujourd'hui, tant pour la consommatiou interieure que pour I'exportation. SCIENCES PHYSIQUES. Sig De toutcs les provinces de la Grande-Bretagne, la princi- paute de Galles est la mieux partagec pour la fabrication du fer. Tout y concourt a rendre les travaux plus facilcs et plus profitables : la houille abonde, ainsi que la mine qui est plus riche que cclle des autres provinces; I'exploitation est faite par des galeries horizontales; les usines communiquent avec la mer par des canaux. Comme la fabrication du fer par les procedes anglais est actuellcment pratiquee en France, il serait inutile de la de- crire en peu de mots pour cenx de nos lecteurs qui ne Font pas vue : c'est dans I'interessante usine de MM. Manby eX Wilson a Charenton, et dans les forges des departcmens de I'lsere et de la Loire oil cette nouvelle methode est suivie, que Ton pcut en prendre une idee juste. Les details dans lesquels nos ingenieurs sont eutres, seront tres-utiles aux fabricans dont ils dirigeront les speculations et les travaux; mais ils ne sont point susceptibles d'analyse. Ce volume est termine par une Description du procede de carbonisation de la houille, employe pres de Saint - Etienne , a V etahlissement du Janon. Cette Notice, que Ton doit a M. De- LAPLANCHE, clcve iogenicur des mines, nous apprend que le colic ( charbon de houille) oblenu dans cet etablissement , n'est que la moitie , en poids , de la houille cai'bonisee , au lieu que les Anglais ne perdent que trois dixiemes dans la mcme operation. Cependant, les procedes sont a peu pres les memes ; c'cst done a rinexpeiicnce, ou au peu de soin des ouvriers francais, que i'on doit attribuer I'inferiorite du produit de leur travail. Beaucoup d'autres faits analogues font voir que I'industrie la moins raffinee en apparence a besoin d'etre gui- dee par im discernement que I'experience pent seule faire acquerir : cette veritc est plelnement confirmee dans I'ou- vrage que nous venons de parcourir, et fera d'autant mieux apprecier I'utiiite des details instructifs que les auteurs y ont reunis. Ferry. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. OEuvREs DE Servan; Nouvelle edition, augmentee de plusieurs pieces inedites , avec cles observations et une Notice hisloriquc, par X. De Portets, lecteur royal , professeur au College de France et a la Faculte de droit de Paris (i). M. de Portets ne s'est point trompe, lorsqii'il a cru pouvoir reunir avec sucecs, dans un leciieil plus complct, Ics OEuvres judiciaires de Servan, en y ajoutant un clioix de scs autres ecrits deji iniprimes et deux volumes d'OEiwrcs incditcs, estraites des manuscrits memes de i'auteur. Nous ne reviendrons pas sur les OEuvres judiciaires de Servan , dont nous avons eu deji roccasion de presenter une analyse dans ce recueil (voy. Rev. Eiic. , f. ni, p. 63, juillet 1819). Malgrc les critiques acerbes de quelques rlieteurs chagrins, lacelebrite oratoire de Servan subsistera. Nous alloiis porter notre examen sur les ecrits deja connus mais etrangers au barreau, qui font partie de cette nouvelle edition, et plus specialement sur les OEuvres inedites qui y sont comprises. Parmi les premiers ecrits, nous pourrions discuter la Lcttrc aitx commcltans dii comte de Mirabcau, qui, enibrassant a la fois la morale et la politique ratiounelle, entre dans i'etendue de notre plan, et ce ne serait pas en devier, sans doute, que de chercher ci fixer I'opinion sur les principes politiques <]'un homme public dont le nom, comme le talent, ont ete euro- peens. Cepcndanl, la memoire de Rlirabeair ayant ete parfai- (i) Piiris , 1822 ; Ics editeurs , rue du Pot-deFer , n° 8 , faubourg Saint-Germain. 5 vol. in-S"; prix, 3o fr. SCIENCES MORALES. 3a i tement appreciee tlaus rexcellente Notice de M. Barthe, dont nous avons rendu compte ( voy. Rev. Enc, t. vi , p. i88, dvril 1820), nous nous abstieiidrons de I'ouvrir ici une polcmique qui nous entraiiierait trop loin. Apres la Leltre aux commeltans de Mirabeau , est rcproduit un ecrit intitule : Evi-neniens rcniarqiiahlcs et inteirssans , a I'occasion des decrcts de I' Asscmblec nationalc , concernanl I'eli- gibilite de MM. les comcdiens , le bourreau et lesjuifs. Celte brochure, publiee en 1790 et annoncee coinme un extrait de la seance du 2/, decembre 1789, n'est autre chose qu'iine pa- rodie burlesque de la discussion et du ducret concernaiit I'eli- gibilite des comediens et des juifs aux assembk-es politiques; et I'intercalation du bourreau entre les uns et Ics autres est une addition faite d'office par I'aiiteur du pamphlet, qui I'aura crue [daisante. Feu M. le general Grimoard enonce , dans un catalogue qu'il nous a remis des ouvrages imprinies de Servan , qu'il n'a pas Teniiere certitude que cet ecrit soit de i'ancien avocat-general de Grenoble, niais il est du moins caique sur ses idecs; Ton y a imite sa maniere, et Ton recounaitrait assez qu'il en est I'auteur, a faniniositc avec laquclle il y revient a la charge contre Mirabeau. II est Irisle de voir Servan, pour rappeler ce que les j)reaiiercs saturnales de la revolution avaient de ridicule, descendre, vers la fin de cette composi- tion, a une basscsse de style que nous n'osons rcproduire. Un pamphlet de meilicjur ton eut pu remplaci r avec avan- tage cette parodie par fois trop ignoble. jVons voidons parler de VJvis au public e\. principalemciit au tiers-etat , de la part du commandant du chateau des ties de Saintc- Marguerite , et da medecin et du chinugien du meme lieu. Cette vive et piquante plaisanterie sur un niagisliat enlcve arbitrairement sur les fleurs de lys memes, et envoye en detention aux lies Sainte- Marguerite, est une satire personnelle, il est vrai; mais alors, leheros ou plutot la viclime des saicasmes de Servan . n'avait pas encore etc rendue sacree par !c malheur, et I'auleur elait, a son egard, dans I'opinion du decret qui deux ans apres fut rendu par I'Assemblee constituante, pour passer a I'ordre T. xxxvi. — Novemhre 1827. 2 , 3a2 SCIENCES MORALES. du jour, siir l.t |)i()[)Ositi(in di' M. Diival-D'Epn'mt-nil , esta pas long-tems en place. Plus po- sitif que Turgot, Colbert n'eut fait de lui qu'un academicieu. Quoi qu'il en soil, le trav.Til de M. Albert etait encore ce que nous avions de plus savant sur la chronologie romaine : le commun des erudils adoptaient ses calculs, comme tout faits; et ils avaient memc pour cux le suffrage de quelques savans. M. de Fortia a pretendu mieux faire : il n'a pas craintde de- sapprouver les approbateurs de son devancier. S'il I'a pu sur- (i) C'est ce qu'a ecrit dans plus d'un endroit de ses ouvrages I'il- lustre et savant M. de Volnev. Personne, au reste, n'a mieux prouve par I'exemple la verite du principe qu'il avail pose , et c'est parce qu'il avail commence a douter de tout en fail d'histoire que I'auleur des Rulnes est arrive a quelques resullats importans pour la chrona- logie. K. du fl. 33o SCIENCES MORALES. passer, il aura le double merile de la science et dii coiiraL;e : car il en faut pour rompro on visiere a cerlains ('riulils qui nc sc niontreut {,'ncre Iraitablcs snr le chapiire de la contra- diction. Si i'apprcnais Thebreii , les sciences , rhistoire ; Toutcela , c'est la mer a Loire, a dit notre L» Fontaine, dont le scepticisme epiciuicn etait cent fois plus pres de la verite que la presomption crcdule des docteurs de son terns. Rien n'est plus difficile , selon nioi , que d'arriver a une verite historique entierenicnt satisfaisante, sur- tout pour rhistoire ancienne ; mais, si Ton ose aborder les ques- tions de chronoloii;ie , la chose devient phis diflicile encore. En effet, quels sont les monumens les plus anciens de I'his- toire? La Genese , les zodiaques egyptiens, des fragmens informes de Sanclioniaton. La Genese : elle ne prouve rien aux yeux de la critique, puisqu'eile n'est pas de son ressort et qu'on ne pent la discuter, sans ebranler les fondemens de tDUtes les communions clireliennes. Les zodiaques : chacun les explique a sa guise. Les lambeanx du grand nuvrage de San- choniaton qui etait , dit-on , romme la Genese du paganisme : le savant Court de Gebeliii a perdu asscz d'encre et de papier a vouloir les expliquer. En these generale , il est a regretter que, pour tons les peuples lettres , a I'exception des Chinois, les bases de I'histoire , et les bases de la religion soient les memes : on ne pent discuter les unes , sans meltre en ques- tion les aulrcs ; on marche a travers des feux ; pnrtout se pre- sentent des ecueils ; ce n'est pas la seulement le cercle de Po- pilius, c'est le lit de Procuslc. ] De cet etat de cliosps auquel tout honnetc homme doit se soumettre sous peine en Angleterre d'etre defere devant un jury, en France de comparaitre devant la police correction- nelle , il rtsulte pour les adeptcs de la science chronologique la necessile de se resigner a borner le cercle de leurs libres speculations au xii" ou xiii* s.eck- avant notre ere. Au dela dc celtc liniito , toule certitude historique s'evanouit , on SCIENCES MORALES. 33 1 paicoiirluu chemiii sans issue, Ton navigue sur line mer sans rivages, on incsiire iin abimo sans fond. En de9a , au con- traire, tout dans I'liistoire gicoque , assyrienne , mediqiie , jnive , ot;yplieiine , commence a presenter sur les faits im- poitans , les caracteres de la vet ite. II n'en est pas de nieme de riiisloire romainc : rien de nioins prouvc , selon moi , que tout ce qu'on nous rncontc si pertinemment sur les commen- cemens de Rome ; rien de pins obscur que la clironologie romaine. Ces incertitudes, ces obscurites proviennent de deux causes principales : la premiere, est pour les commencemens de Rome, I'absence presque totale de mo:inmeus ecrits ; la se- conde consisle dans I'irregiilai ite de I'annee des Romains. Quant a I'iiicertitude des premiers terns de Rome , je n'insis- terai pas davantag(! ici sur ce point ; j'y reviendrai plus tard. II me suffit d'en avoir fait mention pour douner a penser que, si M. de Forlia est parvenu a trouver une chronologic romaine en tout point satisfaisante , iln'a pas accompli une tarhe facile; ct Ton pent dire que, si le berceau tant soit peu fabuleux de la pretenduc Glle de Troie pouvait etrc defendu avec succes par qnelqu'uu , il nc faudrait pas chercher un autre Hector : Si Pergama dextra Defend! possent , etiam hdc defensa fuissent. Les prolegomenes du tableau ehronologique sont divises en Lxxiii articles. Dans les seize premiers, le savant auteur pose les principes generaux de sa chronologie, (ant relativement a I'annee greeque qu'h I'annee romaine : il entre a cet egard dans les detiuls les plus curieiix et les plus instriielifs. Quel- ques-unes de ses demonstrations, etablies malhematic|uenient avec le secoiirs de I'algebre, pouriont effaroueher les lecteiu's superficiels; mais clles seront accueillies avec plaisir par ceux que n'effraient point ime instruction penible, pourvu qu'elle soit solide. Au reste , M. de Portia a sn temperer la secheresse de la raatiere par d'heureuses excursions dans le domaine d'une ei'udition moins aride. Les formes de sa discossion sont tres-faciles, partout on elles ne soiU pas berissees de signes 33a SCIENCES MORALES. al{,'ebriques; et son style, eminemment clair, elegant, indiqnc nn homme entierement mailie de sa matiere. C'est ainsi qu'a propos des modifications introdiiites dans I'annee allienienne par I'astronome Meton , M. de Foiiia rap- pelle les plaisantcries indccentps qu'elles inspirerent a cet Aristophane qui ne respccta ni les dieiix , ni Socrale. Dans sa trop fameuse comedie des Nuecs , ce poete , qui fit iin si de- testable usage de son genie , represente les dieux fort dt'sap- pointes par le derangement dn calendrier : ils ne savent plus a quoi s'en tenir sur les sacrifices qui se faisaient a certains jours de I'annee, et s'attendant quelquefois h faire grande chcre au jour marque , ils eprouvent le desagrement de s'en retourner, I'estomac vide et sans avoir soupe. M. de Fortia blame, avec le grave historien des mathematiqiics Mnntucla , la liberie que prenait le poete de meler la divinite dans ses cpigrammes : il Irouve qu'Aristophane aurait nierite la cigue a plus juste titre que Socrate. Dans les articles xvii et xviii , M. de Forlia nous fait con- naitre les formes bizarres et diverses qu'a successivemenl prises I'annee romaine. Elle fut d'abord de 3o4 jours , for-, mant lo mois. Ce nombre ne couvenant ni au cours du soleil, ni aux phases de la lune , n'avait aucun rapport avec le retour periodique des saisons. Le froid arrivait dans les mois d'cte , et la chaleur dans les mois d'hiver. Numa , natif de Cures , I'une des principales villes des Sabins, laquelle avait quelques rap- ports avec les Grccs , commenca la reforme du calendrier re- main : il ajouta 5ojoursanx 3o/i dellomulus, etintroduisit deux nonveaux mo\s, ja/ii/ariiis c\. fcoruarii(s. Enfin, en Fhonneur du nombreimpair, il comprit uu jour de plus dans sou annec, cequi lui en donna 355. Pourarriver a elablir claitenunt ces fails, M. de Fortia discutc les tcxtes de Macrobe , de Censorin et surtout de Plutarque, dont il reussit a concilier les contradic- tions (art. XIX , XX , xxi). A I'appui de ce qu'il avance , il in- voque I'opinion de M. Saint-Martin ; et cet accord enlre deux savaus aussi distingues est bieu propre a convaincre le lec- teur, Je dois ajouter qu'avant eux Rollin avait su presenter res SCIENCES MORALES. 53!^ fails avec clarte ; mais en resultats seulemcnt , ct sans enti cr dans la discussion dcs sources. En general , on ne saurail trop rcndre honimage a ce venerable pere de I'hlstoire ancienue et romaine en France : partout son admirable bon sens a jete la luiniere, non pas seulement sur la morale de I'histoire , mais encore sur les questions les plus epineuses de la critique. Et cependant, je pourrais citer aujourd'hui tels jeunes savans d'hier, qui ne parlent de Rollin qu'avec legercte , ou nneme avec dedain. Un siecle apres Numa , I'annee romaine eprouva encore line nouvelie modification : ce fut sous Tarquin \'Jncic?i, prince grcc d'origine , Toscan de naissance , et qu'on peut regarder comme le second fondateur de Rome. Sous lui , en effet , cette ville perdit I'aspect agreste et miserable d'une colonic d'Albe, pour prendre la physionomie plus iniposante d'une colonic greco-elrusque. L'influence de Tarquin X Ancien avait menie precede sun avenement, et Ton peut dire qu'il fut I'lime du gouvernement du sage Ancus Marcus. La reforme que , selon MM. de Fortia et Saiut-Martin , il amena dans le cakndrier, cut pour objet de faire accorder les jours et les mois avec la lune, et les annees avec le soleil; et d'organiser les mois in- lercalaires beaucoup mieux que ne I'avait fait Numa ; mais il parait que cette operation fut manquee : on fut conlrarie par des pratiques et des opinions antiques et supcrstitieuses que Ton se vit oblige de respecter (xxii). La revolution qui subs- titua dans Rome I'autorite des consuls a celle des rois, amena de nouveaux desordres dans le calendrier. Tout fut confondii, interverti. Quelle fut la cause de cette confusion ? Le droit confie aux ponlifes de regler le calendrier, avec la faculte d'y faire des intercalations extraordinaires. « II est facile de con- cevoir, dit M. de Fortia, qucUes diuentetre les consequences de retablissemcnl dun pareii usage; il rendit tout-a-fait inu- liles... les precautions qui avaient ele prises pour empecher I'annee civile d'empieter sur I'annee solaire. Bientot , on ne suivit plus aucune regie ; les intercalations memes furent en- tierement omises pendant quelque tenis ; elles devinrent en- 334 SCIENCES MORALES. suite line affaire dintrit^'iK' ; quelquefois Ics ptTtrcs los accor- daient on Its refiisaient par favour, suivant qii'ils voulaient plaire on nnirc aux j^ouvcrncurs ot aux inaj|;istrats dont lis voulaient proloui^er on faire cesser la puissance, etc. » Je in'absliens des reflexions morales (;t polilitpjes anxqnellcs pourraient donner lieu de seinblal)les abns : je me contente i!c renvover le leoteur a I'excellenI discours sur la polithjite dcs Roniains flans la religion, par IVlontesquieu , bien qu'on puissc n'etrc pas lout-a-fait d'accord avec ce grand eciivain sur le degre d'admiration qu'il accDrde aux Romains en cetle matiere delicate. Sans doute il est bon , dans les terns d'igno- rance el de superstition , de faire tourner au profit de I'etat juscpi'aux prej lilies du peuple ; mais toutc politique qui aurait pour base d'entreteuir Its niemcs prejuj^es , toute corporalion sacerdotale qui en profiteralt pour servir ses interets ou ceux d'une puissante aristocratic , ne pourrait meritcr que I'animad- version et le blame, sous tous les regimes religieux et a toutes les epoques. Sous le rapport pi'.rement chronologique , on sent combien celte complication de I'annee solaire et de I'annee civile, jointe aux operations desordonnecs des pontifes, rendent aujour- d'hui difficile de s'expliquer la suite exacte dos annces ro- maines. Il n'existe aucune portion des regi&lres pontilicaux : et d'ailleurs , s'ils existaient , la meme niauvaise foi qui aurait preside aux operations des pontifes, ne presiderait elle pas a leiir redaciion ? On n'a done pu , comme le rccoiinait M. de Forlia , etablir la correspondance des annees romaines avec les annees avant i'ere chrelicnne que par de simpler, conjec- tures. Quelques-unes sont fondees sur des textes positifs d'au- teurs anciens ; mais d'autres, et c'est le plus giand nombre, ne le sont que sur des raisonnemcns un pcu hasardes. Dod- well, et apres lui M. Jlbcrt, se sont impose cette tache penible. M. de Fortia appiiciue la picrre de touche aux tables de ces deux chronologistes , en examinant si elles sout d'accord avec la chronologic des eclipses. Dans cet cxamen , il prend pour base de ses calculs I'lclipse SCIENCES MORALES. 3'i5 qui eiit lien I'an 564 de Roine, 190 avant Jesus - Christ , le 14 mars-julicn rt-poiidarit cette annee au 1 1 ja'dlet roniain , selon les tables astronomiqucs : or, Dodwell fait correspondrc la date de cette eclipse a des jours differens : M. Albert en fait autant , mais en presentant un autre calcul. M. de Portia eti conclut contre I'incertitude reciproque de leurs tables , el il regrette que des savans aient repete les assertions de M. Al- bert , sans prendre la peine de les verifier. Il termine en de- clarant que les tables de ce dernier sent enlierenient liypo- thetiques et ne meritont aucune confiance (xxiv). Apres avoir explique le calendrier julien et le gregoricn (xxv, xxvi) , I'auteur aborde la premiere difficnlte qui se presente ponr la chronologie romaine , laquelle se trouve sous I'an 3oi avant notre ere, repondant a I'an 453 de Rome; il prouve par des textes anciens , arme victorieuse a opposer aux conjectures iiiodernes , que, dans cette menie annee, il y eut des consuls comnie a I'ordinaire; puis , deux dictatures, niais nou pas des considatsdurant toute I'annee; puis, une dictature sous I'annee suivante. Le tableau de cette aunoc fera mieux comprendre ce que j'enonce ici : An 3oi avant J. C. — 453 de R. Consuls. Marcus Livius Denter, Marcus iEmilius Paulus (Tite-Liv., liv. x, chap, i; DioDORE, livre xx, p. 106.) Premiere dictature. C. Junius Bubulcus. (Tite-Liv. , ibid. ) Ceilictateuracheval'entiere reduction des Eques, pendant les hull jours qu'ii garda sa magistrature. Seconde dictature. M.Valerius Corvus. (Tite-Liv. , ibid., c. in.) An 3oo avant J. C. — 4^4 de R. Consuls. M. Valerius Corvus. Quintus Apuleius Pansa. (Tite-Live., ibid., chap, vi.) Le texte de Tite-Live porte que Valerius fut nomme i^ ce fonsulat au sortir de sa dictature , consul ex dictaturd f actus : d'apres ccla , M. de Fortia , etablit que des chrunologistes ont commis une grave erreur, en faisant une annee avec la dicta- 336 SCIENCES MORALES, ture de Valerius (xxvii, xxviii) ; mais, par quelle inconcc- vablc distraction son imprinieur, dans If Tableau cluonologique, a-t-il passe sous silence la dictature de Junius IJiibulcus , et inserc a la place une dictature de Fabius Maxinius qui nVs^ appuyee sur aucun texte, ct dont il n'est nullement question dans les articles xxvii et xxviii ? Celte distraction m'etonne d'autant plus que, dans I'ar- tlcle XXX , intitule : Conclusions dcs principes precedens ct nou- vellcs observations sur Irs dictatures de Can '3oi avant noire ere , M. de Fortia, I'puisant tons les arguniens de sa lumincuse dis- cussion , s'eleve contre la preteudue dictature de Fabius Maximus, inventee, dit-il , par Sigonius, <■ en s'appujant sur dcs marbres mal lus nu mat cxpUques , puisque leur autorite ne peut etre opposee a celle d'un historien tel que Tile-Live. » Plus loin (xxxiii) notre auteur fait la nieme justice d'une erreur commise par M. Albert, a propos de I'entree en charge des consuls Appius Claudius Coecus et Lucius Voluninius Flamma Yiolens , I'an 3o6 avant notre ere. Puis, apres avoir fait voir que les annecs dictatorialcs 3oi et Sog (preteudue dictature de Papirius) des fastes d'Almcloveen etaient imagi- naires, le savant critique , Diodore etTite-Live a la main, de- montre qu'il faut encore relrancher de cette chronologic les annees 3io et 3ii. A I'appui de son opinion, ii cilc les fastes consulaires de Rollin , (]ui, sans en avoir la pretention, fut un chronologistc si distingue. L'epoque de la prise de Rome par les Celtes fournit plus loin (art. xxix a xlv) a M. dc Fortia le sujet d'observations tres- importantes, et qui domiuent toute la chronologic romaine : car, de la connaissancc precise de ce grand evenement resul- teiit de nouvcUes preuves sur I'annee dc la fondation de Rome , et d'utiles rapprochemens avec divers evenemens con- terrporains de I'histoire grccque. L'auteur du Tableau cltronologique se livre ensuile a Texamen dcschapitrcs lxxi, lxxii, lxxiii et Lxxivdu i*' livre de Dcnys d'Halycarnasse(xLviia Li}, dans lesquelscethistoi'ien expose les differens systemes des anciens sur la fondation de Rome. Neuf SCIENCES MORALES. 337 aiiteurs cites par Denys, et pariiii Icsquels il nommc Aristote, ont cm Rome l)alie lonj^-tems avaut I'epoque L;eiicralemcnt reconnue. M. do rortia consacre iin article enlier i disculcr Ic merite de ces divers ecrivains (xlviii) dont la pliipart sont a peu pres iiiconnus. Une discussion non moins iniportantc est cclle des divcrses objections qui ont etc faites centre I'authenticitc des premiers fastes de Rome. Le premier auleur de ces doutes critiques est un Francais, M. de Pouilly, qui, en 1722, altaqua en pieine academic les narrations si resjjectees de Tite-Live et de Denys d'Halycarnassc. Ses argumens ne demeuierent point sans re- ponse , et I'abbe Sallier prit le soin de les refuter. En 1788 et et 1750 , Beaufort reprit la question traitee par Pouilly. Plus tard , I'EvESQUE, dans son Histolre critique de la republiqiie romaine, publiee en 1807, reprit les argumens de ses prede- cesseurs , en les niodifiant avec sagessc. Sans aller anssi loin qu'eux, il me scmble avoir prouve que I'hisloire romaine , dans ses details et pour \es^ premiers siecles , n'est qu'une fable con venue. M. de Fortia n'est point de cet avis, et en cela , bien des savans du premier ordre partagent son opinion qu'on pent bien dire ctre la plus generale : je lui fais cette concession , mais tout en demeurant pour mon compte aussi fidelc que jamais a mon sentiment negatif. En effet , qu'on prouve tant qu'on voudra que les Romains ont ecrit de bonne heure, que les livres de Numa ont reelle- naent existe , et qu'apres rincendie de Rome par les Gaulois on ait pu sauver qnelques inscriptions , queiqms registres publics, il n'en est pas moins positif qu'avant Fabius Pictor, qui vivait au terns de la seconde guerre punique , Rome n'a ])as en d'his- lorien. Le moyen alors, c'est-a-dire, au bout de cinq siecles, qu'avec les inscriptions frustes la plupart, avec des annales redigees par des pontifes credules ou menteurs , et dans tons les cas infiniment abregees , avec des memoires de famille ou la vanite patricienne mentait d'avance a la posterite , et dans ses pretentions diverses attribuait quelqnefois le meme con- T. xxxvi. — Novembre 1827. 22 338 SCIENCES MORALES. siilat , la meme victoire a quatie generaux differens; le nioyen, tlis-je, qii'avec de tels materiaux, Fabius Pictor, que d'ailleurs on represerite comme fort partial , ait pu ecrire une histoire raisonnable ? Quoi qu'il en soit , j'aime ;\ le rcconnaitre , jamais les com- niencemens de riiistoire de Rome n'ont trouve un plus puissant dcfenseur que M. de Fortia. Je suis force de convenir qu'il a prouve que les Romains , ab initio reriiin Romanarum , iireut un assez frequent usage de I'ecriture. II a egalcment detruit les doutes que i'on pouvait elever sur I'authenticite des livres de Noma. Dans une discussion si difficile , c'est beaucoup que d'avoir reduit ses adversaires au silence sur deux points de cette importance. Charles du Rozoib. k LITT^RATURE. ESPAGNE VOETIQUE. ChOIX DB POESIES CASTILLANES , depuis Charles-Quint jusqu^a nos Jours , mises en vers francais avec Aes articles biographiques , etc. ; par Don Juan Maria Maury (i). SECOND ET DERNIER ARTICLE. ( Voyez ci-dessus, pag. 98 — 10 5.) « Les bons auteurs de Louis XIV., ecrivait Voltaire a lord Harvey, n'ont-iis pas ete vos modcles? N'est-ce pas d'eux que votre sage Addisson, rhomm.e de voire nation qui avait le gout le plus sur, a lire souvent ses excellentes critiques? L'eveque Bnrnet avoue que ce gout, acquis en France par les courtisans de Charles 11, roforma chez vous jusqu'a la chaire, malgre la difference de nos religions; tant la saine raison a partout d'empire! Uites-nioi si les bons livres de ce tcnis n'ont pas servi a I'education de tous les princes de I'Eu- rope ? Dans quelle cour d'AlIemagne n'a-t-on pas en de iheatre francais?" Cetle influence de la litterature francaise s'exerca plus direc- tcment encore en Espagne. Les peuples qui confiaient lours destinees a un pelit-Gls de Louis XIV, participerenl, a jusle litre, aux bienfaits du siecle qui avail recu son noni. Un nouvcl ordre declioscs, resultat de i'une des transactions po- litiques les plus importantes de I'histoire moderne, releva la litterature caslillatie de la degradation ou elle elait tombee avec I'elat lui-meme. Par I'avenement de la dyuastie francaise (i) Paris, i8'26 et 1827; Moiif^ie , boulevard des Ilalieiis, 11" 10. •i vol. in-8" ; prix, i5 fr. , et 18 Ir. par hi poste. '1%. / 340 LITT^RATURE. au trouo des Espagncs, I'ticole francaise rt'-gna anssi siir Ic Parnassc cspagnol. Mais pies d'lin siocle s'etait ccoiilo cntre la degencratiou ct la rcslauration du goixt; ct cet intcrvallc prodnit unc lacune dans le plan du livre que nous avons sous les ycux. Les noms poetiquos ne rcpondent plus aux ipoqucs, conune dans les divisions jircctdtntos. L'autoiir a comblc Ic vide par une reu- nion dc morceaux quicaracteiiscnt le genie national, sur laquelle nous revicndrons. TSous allons entrer dans le xviii' siecle, afia d'ajoutcr une nouvelle galerie de tableaux a celle que nous avons decrite, et qui linissait a Villcgas. A cette epoque, on voit figurer fjiizan, ne sous Philippe V, mais qui n'elablit sa reputation que sous Ferdinand VI. Sous le regne dc Charles III, rEspagnc s'honora du colonel Cadnho, du fabuliste Irinrtc , et du docteur Aon Juan Mdendez, qui commence une autre serie de gens de lettres. II fut suivi du cure Iglcsias , du comtc de NoroFin , et de Cienfuegos. Trois ecrivains encore vivans, MM. Moratin , Qaintana et Arriaza ferment celte galerie de poetes, qui out marque le regno de Charles IV. Des notes font connaitre d'autrcs ecrivains mo- derncs et plusieurs hommcs d'etat, qui firent la gloire de J'Espagne et des lettres. Ainsi se termine celte cliaine illustre qui, remontant au premier aiiteur qui ait ecrlt en langue cas- tillane, se continue jusqu'a I'epoqne oCi nous somnies arrives. Un sage retour aux regies de I'art et aux principes du gout, effet immediat de I'influence francaise, constitue les princi- paux litres poetiques des Irois premiers auteurs que nous ve- nous de nommer : Luzan, excellent critique, poete mediocre, que Ton a compare a La Harpc; Cadnho, plus rcnomme poiu- scs qualites personnelles que pour son genie, el Iriurtc , ecri- vain c'legant et correct, a qui M. Maury se plait a rendre justice. Don Juan Mdendez, digne de figtu'cr pres de Lope de Vega ct de Garcilaso, a merite la place distinguee que lui accorde I'auteur de \ Espagnc jmvtique , et les eloges donncs a ses verlus ct a son talent. L'histoire dc ce poete, intimemcnt lice a celle I LITTER ATURE. 3/ti de sa patrie, prosente phisieurs genres d'interet. Voici ce ciu'eu rapporte son biographe : « Apies la revolution d'Aranjiiez, Mclendez qu'nn nouveau rcgne, toujonrs reparateiir, avail lappele a Madrid , s'y trouve dans la position critique ou I'ab- sence dii nouveau roi laisse les employes superieurs, les homines marqiians et la nation cntiere. La doiicenr de carac- tere, qui avait fait tant d'amis a uotre poete, le rendait peu susceptible de voir le salut de la patrie dans les resolutions desesperees. II accepte une mission de paix du lieutenant-ge- neral da royaiunc. » n II part pour Oviedo : une accusation capitale ct le titre de traitre vendu a I'etranger y accueillent Thomnie pur, loyal , honorable par ses vertus privees et publiques , et surtout Es- pagnol jusqu'au fond de I'ame. II est conduit en prison aveo son coUegue, le comte del Pinar ; ils sont ensuite relaehes, puis incarceres de nouveau, et relaehes encore. Mais, an moment de se metfre en route, le peuple brise la voiturc et veut les fusilier. Melendez repete en vain une de ses romances, bien faite pour desarmer la fureur popnlaire, si ricn d'humain pouvait la desarmer : son supplice n'est suspendu qu'afm do savoir si on le tuera par devant ou par derriere. Toutefois , la discussion a demande quelques instans, ct Ton voltarriver la croix, dite de la victoire. Les furieux agenouilles laissent enlever leur proie. Un jugement dans les formes acquitte les accuses qui alteignent enfin Madrid. Napoleon y trouva Melendez. » '< La celebritedu poete magistral kii assignait natureilement un eraploi superieur ; car, il faut le dire, ce n'est qu'a la nullilo ou a la mediocrite qu'il fut possible d'attendre I'evenement. L'elite de la nation figura dans les deux camps qui se formerent> I'un sous le canon imperial, I'autre derriere les murailles de Cadix: tons deux out eu le memesort! « Celte notice biographique nous parait superieure a celles de Cervantes et de Lope de Vega; elle est plus riche d'idecs, de faits inleressans. Le talent de Melendez y est parfaitement carac- lerise; mais peut-etre ses premieres poesies y sont un peu trop 342 LITTERATURE. exaltecs , anx depens de cellos qui Ics suivirent. 11 faiit coiiveJ)ir que Mck'tidez a imprime a scs chants lyriques le cachet dc roiiginalite, ce nonibie, cette cadence, cet accent passionne, ces sons nielodieux, cette verve d'expression , enliii, que M. Maury admire dans les poesies nationales et anaereontiques de cet auteur. Appelcs a examiner le merite des traductions de M. Maury, flous ne quitterons point Melendez, sans presenter quelques observations sur cette ode remarquable, dans iaqnelle Don Juan Maury lui fait dire : ... Hotes des cieux , ou placa voire niailre La ligne de contact du n^ant et de I'^tre? Le texte portait : Une colunne majestueuse entre I'etre ct le neant. Si une colonne a pu paraitre trop matericUe, une ligne de contact est aussi trop technique. N'y avait-il pas quelque terme moyen qui se rapprochat un peu plus de I'image ori- ginale. Nous regrettons de ne pas retrouver dans I'ode fran- ^aise le Createur disant au chaos : Retirc-Coi ; et a la voute des cieux : Apparais. Hatons-nous cependant de rassurer un auteur digne de tons nos egards. Ces reproches , les derniers que nous aurons a lui adresser, seront plus que balances par des eloges sinceres. Nous ajouterons que cette ode celebre a ete tres-habilcment reproduite par le poete qui en a enrichi la langue francaisc : la progression des idees y est mieux suivie, et la piece c^t terminee d'une maniere plus heureuse; merite trop neglige pir la plupart des lyriques espagnols. Melendez est le fondateur de I'ecole mixte, qui fend a ramener les formes anciennes aux idees du jour, et a allier le gout etranger avec le genie national. Iglesias est demeure Cas- tillan, et il n'est nuUement moderne ; ami de Melendez, raais toujours son egal, il ne recut point ses influences, conime Cienfuegos et Quintana , a qui Melendez servit de maitre , ou comme ses autres contemporaius qui debutaient daur. la carricrc, lorsque le cygne du Tormcs avait acquis sa haute reputation. LITTfiRATURE. 343 M. Maury nous semble pcu juste, quaud il refuse a Cienfue- gos une qualite qu'il reconnait au plus haul degre dans M. Ar- liaza. Celui-ci est ne poete, sans doute : sa facilile se fait reraarquer dans tout ce qu'il a ecrit; mais n'y a-t-il pas quelquc exageratiou a dire que , depitis Lope de Vega , il est le seul poele espagnol qui semble penser en vers ? Quant a Cicnfuegos, auteur tragique et lyrique, ce n est pas, a notre avis, rinstinct politique, c'est I'entente de la compo- sition qui lui a manque. On remarque, dans quelques-imes de ses pieces, et notamment dans la tragedie d'ldotnenee , et dans I'ode politique eitee par M. Maury, des morceaux pleins de verve. Au reste, si dans les pages consacrees a M. d'Arriaza , dans I'Espagne poetique, I'amitie qui unit les deux eciivains a exerce sa douce influence , on ne saurait soupconnCT- M. Maury d'un sentiment hostile envers Cienfuegos : il a releve avec force le grand caractere que ce poete, attache alors au gouver- nement, deploya au commencement des troubles de I'Espagne. II vint expirer en France, non loin des lieux oii, jete par la meme tempete, devait bicntot mourir, dans des principes op- poses, Melendez, son maitre et long-tems son ami. Don Manuel Quintana, dont le zele politique, comme celui de Cienfuegos, fut paye de plusieurs aimees d'emprisonnement apres le triomphedela cause pourlaquelle ilsavaientcombattu, a suivi la double carriere poetique de son condisciple. II jouit, a bon droit, d'une jilus haute renommee, comme eleve de Melpomene et comme poete philosophe. Ce recueil fait con- naitre ses plus belies compositions lyriques. Les qualites du modele offraient a I'imitation de grandes facilites. « La dignitt'- de sa poesie, dit son interprete , la force des pensees, une diction noble et energique, des sentimcns eleves caracterisent ses ouvrages. Nous voyons en lui un autre Herrera , avec plus de grtke et d'amenite; mais il est peut-etre moins versifi- cateur. >> Les deux autres poetes vivans de cette serie devaient pre- senter a leur tradiicteur autant de difficultes a vaincre, que Melendez dans ses poesies gracieuses. M. Moratin et M. Ar 3/, 4 LITTER ATU RE. riaza, I'lin habile a soutenir par beaucoup d'art d'heiireuses ilispositions natiircllcs; raiilit', dispense par la nature de rien demander a I'art : le premier plus brillant, le second plus par- fait(i); tons las deux excellent par la facture dii vers et la purete du langagc. Toutefois, le traductenr des poeles castillans lutte avec cux, sans laisser apcrccvoir liiiegalitc des amies. II supplee a la melodie des sons par Telej^ancc des tours : car I'elegance est a I'esprit ce qn'est la melodie a I'oreille. Les amateurs de la poesie castillane, qui sont en etat d'en goiiter les compositions originales, n'approuveront peut-etre pas toulos les abrevialions erigees en systeme par I'auteur de I'Espag/ic poetique. « Notre litteratiire , a-t-il dit, n'est pas cxempie de prolixite... Nos poetes originaux presenteront sou- vent au traducteur ime question delicate a resi,udre : fatit-il modifier on tout rendre? Leur doit-on plus d'egards qu'aux lecteurs? Nous nous sommes derides pour ceux-ci. ^> Cette decision favorable au [public francais a recu la sanc- tion d'un tribunal espagnol aussi eclairc* que competent. Le lecueil politique et lilleraire qui parait i Londres , sous ce titre : Ocios de Espaaolcs cmigrados, et que nous avons deja signale a I'eslime publi(iue (voy. Rev. Enc. , t. xxxi, p. 686), s'est empresse d'appuyer par d'ingenieux raisonnemens ceux de D. J. Maury en faveur de son systeme. Les lecteurs francais ne tiendront peut-etre pas assez compte de I'extreme difficulte du travail qu'il a entrepris. II n'est guere, en effet, d'elemens de la poesie qui ne doivent trou- ver, dans une langue cultivee , des expressions ou des formes qui y repondent. Mais , comment transporter dans un autre idiome des productions indigenes, populaires, imptt'-gnees du gout du tcrroir, caracterisees par I'expression familiere, (i) Notre Rcvtte s'est occupce avec detail de cet ecrivain , considere principidemeut comme auteur coiuique. (Tom. xxxiii, pag. 45i, fe- vrier 1827). LITTfiRATURE. 345 ct, pour ainsi dire, par I'accent dii pays? Ce n'est pas tout: si, comme le dit M. Maury dans ses spirituals rapproche- mens entre Ics gouls litterairt-s el les habitudes socialcs, la littciatuie espagnole aime a dcrnger a noblesse, comment les genres qui prouvcnt celte assertion s'accorderont-ils avec une langue jtilouse a Vexces de.s bienseances ? I/habile tra- ducteur des poesies castiilancs fait plusieurs concessions aux lecteurs fiancais : il se tiendra, dit-il, a quelques tons plus haut que le castillan; mais il s'attachera surtout aux moyens d'illusion qui naissent de I'imitation des mouvemcns et des formes; et ses copies offriront peut-etre celte sorle de res- semblance qui, sans soutenir lexamen des details, frappe cependant au premier coup d'oeil. C'est ainsi que M. Maury est parvenu a faire connaiire en deca des Pyrenees, non-seulement ces romances moresques, oil respirent les passions impetueuses des enfans du desert, oii Ton retrouve les leintes locales de la belie Andalousie, mais aussi ces chants villageois d'une naivete presque inimitable, et les saillies parfois bizarres, qui abondent dans les composi- tions populaires d'une nation dont le caractere est eminemment original. L'opinion dcveloppee dans I'ouvrage perlodique ospagnol dont nous avons parle, est que M. Maury, des son premier volume, a offert un module de bonne traduction : il conserve aux poeles leur caractere individuel et leur couleur nalionale; et il approche aulanlqu'il est possible de leurs beaules origi- nales; il les met en evidence, et souvent il en eclaircit les obscuriles. L'auteur de I'excellent article de ce recueil espagnol felicite celui de VEspagne poetique d'avoir trace a I'ecole francaise de nouvelles voies. Nous ne pouvons approuver cetle opinion , et nous pensons,au contraire, que M.Maury a tort, toules les fois qu'il s'ecarte des voies francaises. Quelques hardiesses, qui peuvent passer pour des negligences , out manque de faire me- connaitre son talent : un coup d'oeil trop rapide et superfieiel pnurrait faire altribuer a I'imperitic ou l\ des habitudes etran- 3/,6 LITTERATURE. ijercs Ics effcts trop ambitiotix dos movfiis qn'il a j^uists dans la science de la versification. Des fails ciiiieux , extraits do la donble histoirenible que fait toujours naitre un deni de justice : mais , a le considerer sous le rapport moral, il est difficile d'en Irouver un plus propre A elevcr I'ame , et a nous inspirer, au milieu de nos bonnes actions , ce desinteres- senienl , cet oubli de iious-inenies eW/i7Heapprecielesouvrages.dontellepresenterexamen. M. Cooper est I'un des liomnies que son beau talent et son noble raracterc doivent le plus faire estinier. Nous avons dil, sans restriction , combien nous trouvions a louer dans ses ou- vrages; mais la verite nous faisait un devoir de relcver les defauts qui, selon nous, les dcparent quelqucfois. Notre fran- chise meme est un hommage rendu ;i I'ecrivain d'un mcrite suporieur dont nous avons lu avcc un soin consciencieux les admirables productions; et nous aimons a croire qu'il nous saura i;re d'une critique sincere qui seule pouvait donner du prix a nos eloges. B.J. BEAUX -ARTS. (i) L'enseignement du dessin LiNEAiRE, d'aprcs une niethode applicable a toutes les ecoles primaires , quel que soit le mode d^ instruction qu^on j suit ; par L. B. Francoeur. Deuxieme edition (2). Cet ouvrage est la seconde edition d'un livre sur le meme sujet , mais qui etait destine seulcment a la methode de I'en- seigneinent mutuel ; ce livrc avail paru en 1819. On peut faci- lement piesscntir ce que luiit ans d'expericnces ont du fournir de dociimens importans a I'auteur, dont on a pn , dans plus d'unc ciiconstanee, apprecicr la haule instruction et le zele eclaire : cette seconde edition , par sa nouvelle application , et par la liaison que M. Francoeur a etablie entre I'exercice du dessin purement lineaire , et son emploi dans toutes les bran- ches des arts graphi(iues et dans celles des arts d'imitation, offre des perfectionnemens qui meritent notre attention; mais avant de proceder a I'indication de ces perfectionnemens, je crois devoir jeter im coup-d'oeil sur I'origine , la nature et les resultats du dessin lineaire, qui ne me semblent pas avoir en- core ete convenablcment envisages. On croit assez generalcment que le dessin lineaire est une decouverte moderne ; on le ratlaclie au systeme d'enscignemcnl mutuel attribue par parenthese assez mal a propos a une in- vention anglaise recente ; bien qu'il soit deja anciennement mentionne , notamment dansle Traite des etudes de Rollin. (i)M. le baron deSilvestre, menibre de rAcademie des Sciences, ayant fait a cette soclete , sur Touvrage de M. Francoeur, un Rapport ■verbal c^VlW a bien voulu nous conimuniquer, nous ne croyons pouvoir mieux faire connaiire le traite de YEitseignemciit du dessin lineaire , qu'en presentant ce rapport .i nos lecteurs. (2)Paris, 1837 ; L. Colas. 1 -vol. in-S" de vj-i^S pages, avec un H- pret des probl^mes contenant 6 feuillets , et un atlas in-fol. de i 2 pi. 362 BEAUX-ARTS. II suit lie celte erreiir que les avantages ou les inconveniens qu'on atlribuc ii ces |)roc(';(les sont assi-z ordinaiienient en raison du jnjjpmcnl qu'on porte sur Ics moyens d'educalion simultanee ou reciproqne deiniciemcnt mis en usage jilus ge- neial, ct qui out ele succcssivemeiil accucillis ou repousses, en grande partie , suivant qu'on les rcgarde plus ou nioins comme des produits de I'espiit d'innovalion. II ne serait pcut-etre pas inutile de degager cette inethode du vernis de noiivcaiite qui la rend suspecte a quelques per- sonnes d'ailleurs eclairees, et qui empeche qu'ellc ne soit im- partialement examinee dans ses i)roeedes el dans ses resullats; sous ce rapport, il me paraitrait a regretter qu'nn semblable sujel n'eut pas ete soumis a I'Academie ties beaux arts qui elait i)lus interessee a I'aijprofoudir, etdont le jugement aurait donne uu plus grand poids encore, et une plus immediate application a la decision qui j)eut intcrvenir a cette occasion. En effet, et suivant ma pensee , renseigncment du dessin lineaire, n'est pas sculement un exercice convenable a tons les liommes, et qui semblable a I'ecriture est pour ciix un nioyen lucide de s'exprinier; ce n'est pas seulement une occu- pation necessaire a toiis les artisans pour faciliter les travaux qu'ils sunt appeles k execuler; mais il semble qu'il soit encore une etude elementaire , tres-ulile nsi dirige par des carreaux proportionnels traces sur I'original et sur la copie , I'eleve s'habitue pen a peu a substituer des lignes ideales aux lignes materielles de son reseau; une reglette marquee de divisions equidistantes, qui lui sert tant pour les niveaux que pour les aplombs, le pre- pare il se passer de toute espece de regulateur. M. Francoeur termine cette section par des considerations sur les dimensions de toutes les parties du corps humain qui doivent etre I'objot dc rinstriictlon donnee aux eleves: il cite a cef egard les regies T. xxxvi. — Noi'embre 1827. a4 ^7o BKAUX-ARTS. doiitit'cs par Jcar Cniisin, rn faisaiit observer quo ccs re;^les ne sont pas rigoureuses , et peuveiit seulemenl presenter d«s termes moyens entre les meilleiuos proportions. C'cst surtont ce genre d'etude auqiiel les aneiens s'appliquaient avec une grande predilection, et pour lequel les plus habiles peintrcs et sculpteurs avaient eerit , sous le litre de canons, des regies que nous ne connaissons plus que par leur renommee, mais qui sont bien a regretter si elles ont contribuo a former les ar- tistes dont les productions si parfaites nous semblent inimi- tables , ou bien si ces preceptes sont le resultat des profondes meditations dc ces artistes habiles. M. Francoeur expose dans la cinquieiuc section de son ou- vrage les regies de la perspective; et il a reuni dans un petit nombrc de pages ce qui est a I'usage des peintres, et peut etre compris et retenu par eux avec luie telle faeilite qu'on doit etre surpris qu'un aussi grand nombre d'enlie eux dedaigne de consacrer quelques journees a acquerir une conuaissance si necessaire a I'execution de leurs tra%'aux. Un atlas in-folio, compose de douze tableaux, prescnte le trace de toutes les flgures qui doivent servir de niodele aux eleves dans I'etude des difforentes sections de I'ouvrage. M. Francoeur aurait pu terminer ici son livre; tout ce qui concerne le dessin lincaire, tout ce qui concerne meme le des- sin d^ artisans el celui des artistes, se trouvait expose en ce qui a pour objet les elemens de cet art si difficile. Un jeune eleve qui possederait parfaitemcnt toutes les parties de cet ou- vrage, lors memo que ee serait sans comprendre les preceptes speciaux qui lui atiraient ete donnes, mais par la seule force de I'imitation et de I'habitude, serait en ctat de faire des progres rapides, en suivant pour I'etude de I'art les lecons de nos habiles professeurs; mais I'auleur avoulu tirerun nouveau parti deson ouvrage pour la plus grande inslruclion deceux des eleves qui, en dessinantles figures geometriques, auraient parfaitement com- pris les preceptes specinux; il a voulu leur faciliter les moyens d'appliquer utilement le calcul et la connaissance des figures geometriques qu'ils avaient acquis, et il a termine sa secondc BEAUX-ARTS. S;! edition coiiime il avail tcrinine la |)fcii)ieic , par unc scrie dc problcmcs oil les culculs sent ap|)li([iies a la geometrie; il a reiini en consequence en un corps de doctrine, les connais- sances simples de la geonietrie et du calcul; il a expose la serie des regies et des problemes les plus frequens dans les usages ordinaires de la vie, et ii y a joint des cxemples nu- mtricjiies pour faire concevoir rappiication des principes. Get exercice qui occupc agreablcnient les elevos , en presentant un l)Mt inanifestemcnt utile aux calculs qu'on exige d'eux, mettcnt les artisans a meme de mesurer I'etendue des resultats de leur travail, de faire eux-mcmcs leur devis, de composer leurs memoires, de calculer le prix et la quantite des materiaux nu- cessaires a leurs entreprises, cnfin de faire toutes les evalua- tions qui se rappoi tent a letat qu'ils exercent. Je me suis arrete avec iateret sur I'ouvrage de M. Fran- coeur. II ra'a paru que I'auteur avait bien rempli son objet; il est a desirer que ce livre fasse partie de I'instruction generale elementaire; I'industrie francaise lui devra des succes : il est facile d'apprecicr combien I'instruction elementaire de la geo- metric et celle du dessin, donnee aux simples artisans, peut faire prevoir de progi-es a uos arts et metiers. Un objet non moins important de ce travail est I'indication des exercices preparatoires a I'etude des arts d'imitation; le resultat que je regarde comma incontestable a neanmoins besoin, pour avoir I'assentiment general, d'obteuir celui del'Academie des beaux- arts, et je fais des voeux pour que le travail de M. Francoeur et les procedcs d'instruction desanciens, qui sont propres a le corroborer, paraissent a celte academic digues de sa plus scricuse attenlion. DE SiLVESTRE , mcmbro de I'lnstilut. a4. m. BULLETIN BLBLTOGRAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS (i). La cessation de la Censuee nous permet de rclablir, dans ce cahier, avec I'indication suivante X , les articles quelle avail rejetds. AMliRIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. £0q. — * Transactions oj the amcricaii philosophical so- rirtf, etc. — Transactions de la Societe philosopliique ameri- caine, etablie a Philadelphie pour hater les progres des con- naissances usiielU's. Tome iii, i""* parlie dela noiivelle 3>r Alaric Watts. Londres, 1828; Longman. Grand in- 18, orue de 12 gravures; prix, 12 sh. 384 LIVRES ETRANGERS. 1 ai. — The Amulet , etc. — L'Amulelte , etc. , par S.-C. Hall. Londres, 1828; Baynes. In-18 renfcrme dans iin t'-Uii, oine de i/i gravures; prix, 12 sh. 122. — Tlic Bijou, etc. — Le Bijou, par IF. Fraser. Londres, 1828 ; Pickering. Grand in-18, ornc de i5 gravures; prix , 1 2 sh. Nous n'avons rien a Paris que Ton puisse comparer a ces jolis oiivrages destines aux presens do la nouvellc annee. Pielies avec elegance, rediges avec gout, ils sont surtoiU prtcieux pjr la beaute et le grand noinbre de gravures qn'ils contien- nent. Composes par les mernes auteiu's, enricliis des dessins des niemes artistes, ils serait assez difficile de decider lequel parmi eux nierite la prelercnce. On tiouve, dans tons, des vers agreables, des nouveiles interessantes et des gravures execu- tees avecle plus grand soin. On rencontre, dans chacun deux , les noms egalcment reconimandables de M™" He mans , de miss Milfort , de miss Laridon , ct ceux de MM. Coleridge, Mont- gomery, Barton, Dale , etc. Si pourtant nous devions faiie nn choix entre ces recueils , nous ferions pencher la balance en faveur de celui qui conlient des vers de Robert Southey et de Thojuas Campbell , de la prose de JValter Scott et de fFas/ii/i^'on Irving, des dessins de Thomas Lawrence, on un paysage de Constable ; alors le Bijou serait prefere a ses conciirrens, s'il n'etait imprime dune nia- niere pen correcte, et si sa reliure mesquine ne contrastait avec les reliures elegantes du Forget me nut et de {'Amulet. Les ames pieuses prefereront rAmulette aux autres recueils. On y trouve a la verite quelques pieces faibles, iiiais d'autres dun vrai merite. Pour n'en citer qn'une, nous choisirons celle qui est intitule: le Heros du Colisee , par miss Jewsbwry. — Le Souvenir litteraire , iuferieur dans I'execution de ses gravures, sera choisi par les amis de la bonne poesie. II contient d'excel- lens morceaux, parmi Icsquels nous avons rcmarque les Ailcs de la colonibe , jiar M""' Hemans. — Enfin, le Forget me not, le plus ancien de ces ouvrages, sera prefere par les persouncs qui attaclient un grand prix a la beaute des gravures. Cclle de la Septieme plaie d'Egypte est superieure a tout ce que nous con- naissons en ce genre. Ze iYci me Divides n'est en grande partie qn'une traduction du Forget me not anglais; mais M. Men- dibil a embelli les morceaux origiuaux en les traduisant, et Ton pent dire de son travail : Dans ses heureuses mains le cuivre devient or. Ses compositions originales, telles que V Esquisse sur Venise , i GRANDE-BRETAGNE. 38 'i h'S Dernicrs inomcns dc Las-Cases , I'Espcrancc dii Juste , font regretter que cet aiiteiir n'ait point tire iin plus grand nomI)re de pieces de son portefeuille. F. D. Oiwragcs per'iodiqucs. t23. — * The London iveckly review , and Journal of lite- rature and the fine arts. — Revue hebdomadaire de Londrcs, ou Journal de la Litterature et des Beaux Arts. Londres, 1827; Westlcy. Ediiiiboiirg, Winkworth. Dnbiin, Wakeman. Trop long -terns les journaux anglais ont paru dedaigner les litteratures etrangeres. lis en parlaient rarement, et toujours avec un ton de superiorite qui denotait on beauconp d'igno- rance, ou beaucpup de mauvaise foi. Aujourd'hui ils semblent vouloir s'amender: du nioins plusieurs recneils litteraircs , nouvellemcnt fondes en Angletcrre , s'empressent de prendre part aux communicalions et aux echanges de vucs et de pen- sees qui se sont etablis entre les peuples. C'est un progres important pour la Grande-Bretagne, |)eut-etre trop concentree jusqu'ici en elle-meme. II etait terns ', qui fut retenu par son fils. — Boyane , qui fait le sujet (le la sixieme meditation, surnomme le Rossignol des tcmn nncicns, fut le chantre des exploits d'Igor. — Le Ills de Vladimir- le-Grand, Mstislaf , est le heros de la seplieme medilation, dediee a M. Boulgarine. — La huiiieme, dediee au mcme, a pour sujet les infortunos de Michel T^'ershn'i (Michel, de Tver) , auquel son iieveu , George Dauilovitch (fds de Daniel), disputa le trone, en interessant a sa qucrelie le Khan Usbeck, qui, <'!;\iit 368 LIVRES KTR ANGERS. alois inaitie dc la Riissie, fit incttio a mort It- malhemTUX ])iince, plac('- depiiis par I'l'i^lise an ranj: des martyis nisscs. — Le lieros de la neuvieme ost Ic colobre Dmitri Donx/a/e [Tim'itii, du Don ), qui, en I'iiSo, dolivra la Russie du joiij; dcs Tatais , et dont h'S exploits sont consacres dans I'liistoiie de cos tenis. — ■ Glitiski , oncle de la grande piineesse Hi'-li-ne, cpii, a))res i'a- voir fait delivrer d'une prisoi; ou il avait eie jrisU-nienl cnfci me ponrlraliison envers I'eJat, I'y fit rcjelor parcc qii'il vonlaits'op- j)Oser i ses(lei)orleniens, e^t le heros de la dixienie meditation. Le brave et savant Konrhslii , qui trahit sa pntric, et monriit loin d'elie, est cehii de la onzi^-me. — Lri inort d'icrnwi., con- querant de ia Siberie, deja clianle par M. Dmitrief, fait le su- jet de la donzienie meditation. — La treizienie est consacreea Boris Godoiinof , elu soiiverain en iSgS, apres la mortde Fedor ( Theodore ) Ivanovitch ( fils de Jean ) , et anqnel rbistoiro reproebe pUisieiiri crimes, entrc antres la mort di!J<'nne Dmi- tri. — Dmitri V Usurpnteitr ( on le fanx Dmitri \ rcconnn par presqne tons les bistoriens pour le moine Otrepief , ce dont I'anteur ne parait pas encore tresconvaincii , est le beros de la quatorzieme meditation. — La (piinzieme est consncree an noble devoiiment iV Ivan Siuisaniii, qui preiera la mort arinjonclion de decouvrir la relraite de son souvcrain Mikhael (Rlicbel) Fedo- rovitch ( Ills de Fedor ) , dernier rejeton de la branchc de Ru- lik, que voulaient fairc perir les Polonais, alors maitres de Moscou (en 1612); la seizieme a iV;g'c/'r7/?(Dieu donne ) Kbme- Initsky , celebre par ses victoires S(n- les Polonais, de 1647 a i65i- et la dix-septiemc au devoument iX Arlcinon Mutvi-cf , tue par les Stielilz, lors de leu.r re volte arriveo en 1682 , sous le regne du tsar Fedor Alekce'ievitcli (Theodore, fils d'Alexis ). p icrrc-lc- Grand e%\ le beros de ia dix-bintieme meditation , ^ofe.v/./, gnerrier diplomate, qui vivait sous son regne, celui de la dix-neuvieme ; enfin , Natalie Dolgornuhin-n , ceiebrc par son devoument conjugal, a inspire la vingtieme meditation, et !e poete lyrifiue Dcrjavin , une des plus belles lumieres de la Russie, la vingt-uniemeetderniere. On voit que tons ces sujets se rattachent directement a This ■ toire nationale, et Ton pressent de quel interet ils doiventelre pour les Russes, traitesavec le talent qui distinguait Ryleef. Ce poetedonnaitasapatiie desesperances ([u'Alexandrel'ousehkin est charge aujonrd'bui de realiser; pent-etre nn jour eut-il merile d'etre cbantea son tour, comme il a chanle le celebre Derjavin. Nous avons a regrelter, avec tousses compatriotes, qn'nn talent qui s'annoucait sous d'aussi heureux auspices, ait etc delourue de la carriere des lettres, et quecebu dont la mission elait de cele- RUSSIE. 38y brer toules les gloiies nationales ait pu voir son nom melc ^.lilulion se fonde s-jr une masime eminemment in- jusle, celle qu'il ne faut pas laisser parler les aulres, s'ils ne parlent pas precisemeut comme nous. Les vues parliales et bor- nees des censeurs s'oi)posent a la propaijation i\cA idees gene- reuies, et en cela la censiu-e arrele le developpement inlcllec- tucl du genre bumain , dont la manifestation de la pensee est la condition. Une presse libre est elle inemc Ic meilleur correctif de la licence, etc. « L'auteur renvoie a I'article LibcrtJ de pcnser, oil il fait \ oir que I'elat n'a que le di oit de repiirncr , et uou pas CtG prcvenir ; et qu'il n'y a qu'un jury qui piiisse et qui doivc prononcer sur les debts de la presse. C'c5t avec la meme fran- :i,94 LivREs Strangers. chise (jiie, dans rarliclc; Divorce , M. Rnij( combat ropiiiion cic ccux qui, sons im |)rrtoxte rcliij;icMX, vcnlcnf, coiilro In nature (lcsclioscs,au nit'prisdc la jtisticoet (Ida sainc morale, 'iniin ma- riago niallu'urrux soit nn esclavai;e olcriicl. >< Ons'ostf'ondr.dit- il , sur cv passage de la Bible : Ce que Dien a joint, Tiioniine n(! doitpointledelier. Mais, dans ce cas, il riefaudraitj.imaisseron- per les chevenx , sc fairc des ampntations, elc. : car los mcmbrcs dn corps ont ele imis par Ic crcatcnr, bicn pins inlimcment que no lo sont lesdenxeponx. Ensnivant strictement cc princi|)o, il ne fandrait pas non pins prononoer la separation do corps et de bien : car c'est anssi niie maniere do delicr les niaries. Tonto rerreiir viont de co qu'on nc vent envisager ic mariago que comme un lien divin ; on nc vent [las voir qn'ii y a mariage sans (|ue leglise intervicnne, et que son intervention sctde le fail envisagcr comme ii!i sacrement, etc. » Apres avoir |)ronve fjiie le mariage n'ost jiointun lien indissoluble, M. Kriig discute les ipiesticns de la competence de I'etat pour prononcer lo divoi'cc, ct les motifs (I'apres lesquels les tribunanx doivenl so decidei'. Un des articles les plus etendus de ce premier volume est , comme on devait s'y attendre , celui qui Iraito de \a pliilo- sophic alleniandc. L'auteiw retrace rapidemcnt I'liistoire de cette philosopliie. Apres avoir parle de AVolf, et de Vrrlrctisnic (]ui , vers le milieu du dernier siecle, devint dominant dans la phi- losophic allemando,il continues Cot eclectisme 5 puis ce terns, il s'c^t loime en Allemagne line philosophic par- ticiilieie qu'on appelait d'abort! ciitiqae, mais qui ensiiiie a siibi taut de motiificaiions dc la partde penseurs plus on nioins originaux, qu'il est diflicile de tracei- uue csquisse lapide el facile, soit de cette philosophic meine et des ecoles qui sent sorties de celle de Kant, soit des systemes des advcrsaiies qui ont coiiibattu cette nianiere de philosopher. Nous renvoyons done aux articles speciaux sur Kant, Reinliold , Ficlue , Scheie ling, Schulzc , Bardili , Jacobi, Plainer, etc. Ce qu'il y a de certain, c'est que la reunion de tant de penseurs a donne aux recherehes philosophiques , en Allemagne, luie aclivite plus {^rande que dans aucsin autre pays. Aussi Ics philosophesetran- gers sont-i!s restes fort en arriere. Mais il est doutcux si la philosopliie allemandt; pourra se maintenir a cette hauteur, aujourd'hui que beaucoup de penseiirs, d'aiileurs eslimables , se livrent a nn vague mysticisme, et mettenl de riniportanco a parler un langage presque inintelligible pour les indigenes, a plus forte misoii pour les etrangers. On ne ])eut done point blamer ces derniers, s'ils ne so montrent pas en general tres- avides de connaitre la philosophic allemande,et s'ils traitent souvent de reveries la tendance des esprits, en Allemagne , vers les recherehes abstraites. Nous aurions desire que M. Krug qui exprinie ses ideestres- clairement, fut entre dans de plus grands details sur les sys- temes philosophiques des Allemands, et qu'il exit mis a notre portee leurs opinions, et meme leurs reveries. Pent - etre ces details se trouveronl-ils dans les volumes suivans. 1 3 1 . — * Staatsrccht clcr cun.stitutionclli'n Monarchic. — Droit public dc la Monarchic constitutioimelle, par le baron (I'Are- iiH, t. I- Altembourg, 1824; t. II, part. i"=, conlinuec, apres la morl de I'auteur, par Ch. de Rotteck, professeur a Fri- bonrg. Fribourg, 1827. Ces deux auteurs ont voulu etabiir les principessur lesquels n(iii dii viconitc, dii vicarins, dii bai;ulus, du gastalcliis ct dii j>i?epositiis. Nous citcrons, dans la troisieme section, le clmpitre ou sont analysros les constifii- tions do Colo{];nc, de Soeff, d'Aiigsbour-j;, dv Hale, do Spire, de Worms , de Zurich , de Mayence, de Mai^'drlxtur^ , de (leneve, de Marseille, de Toulouse ef de Barcelouiie. Pour bien fairo connaitre tout(>s les richesses de ce be! ouvrage, qui deja fait autorite, il faudrail etendre cet article bien au dela des bornes qui lui sout pn-scrites. /■*//. de Golbeky. l^^^. — * Z)'' Mnrdn Lathers JP'crhc. — OEuvres du D"" Martin LuTHKU, ehoisies eonforinemenf airx besoins du siecle. Ham- bourg, 1826; Perthes. 10 vol. in- 12. 134. — * D'^ Martin Luthers siimnuiiclie IVvrkc. — OEuvres completes Aw Dr Martin Luther, 1''' livraison, t. i-iv. Erlan- gen, 1826. Heyder. 4 vol. in-8°. Depuis pres d'un siecle, on ne s'etait guere occupe en Alle- niagne i faire de nouvelles editions des oeuvres de Luther, quoiipi'on reimprime souvent quelques-uns de ses trailes theo- lo^iques, ses catechismes et ses sermons. L'edition complete donnee par Walch , a Hall, 1 740-1 753, en 24 volumes in-4°, est la derniere. Au milieu du xviii" siecle , lorsque la langne s'epiuait , et lorsqu'on voulutetre classique en Alleniagne, on ne fit guere cas de Luther comme ecrivain ; les theologiens seuls etudiaienl ses ecrils. Aujourd'hui les choses sout changees. L'anniversaire seculaire de la reforme rellgicnse a ramene I'atteution des AUemands sur I'auteur de cette reforme. Le goiit lilteraire de la nation, qui n'a point de systeme exclusif et qui admir(^ le genie partout on il se reucontie , a commence a rendre de solennels hommages a I'ardent reforiiiateur a (pii Bossuet meme reconnait du genie, et une eloquence vive et impctiieusf qui cntrainait les peuples et les ra\'issait. II y a dans les ecrits de F.uther de la vehemence , une franchise qui va souvent juyqu'a la rudesse, et une conviction qui ne manque jamais son effet sur le lecteur. Quand on pense qu'a I'epoque oil il vivait , la languc allemande etait encore barbare, on .s'etonnc du style de Luther, qui souvent differe pen de I'allc- mand de nos jours. On reproclie aux protestaus de n'avoir pas de predicateurs vraiment eloquens , de connaitre a peine cette vehemence de discours qui fait le merite arfois que les materiaux les plus insignifians, aux yeux de I'homme ordinaire, fournissent au geiiie des lumicresque, sans ces maigrcs decouvertes, il n'aurait pu fairejaillir de ses recherches. i36. — Dinarchi orationcs trcs. — Trois discours dcDiNARQUF,; publics de nouveau par C. A. Schmidt, avec les ISotes et les Index des editions prccedentes. Leipzig, iSaC. In-8°. Dinarqnc, I'oratenr, etait disciple de Theophraste; il com- posa soixantc-quatre harangues, dont il ne nous reste que trois. Il intervint dans les affaires publiqnes , ct nous savons qu'il fnt accuse de s'etre laisse corromprc par les cnnemis de sa patrie, et qn'ii se deroba par la fuiie a ses accusateurs. M. Schmidt n'a pas fait de grands efforts pour etendre u cetegard le ccrcle de nos connaissanees ; il a pense qu'apres Rulmlcn/i Taylor, BccAcr et Schoemdnn , il fallait se (aire, nonfcrc h(d)ui quad addorcm. Cela est d'autant plus facheux, que ces celebres philologues n'ont tonelie ce snjet qu'en passant. L'hisloire lit- leraire a besoin de dissertations sur les points qui sont dc- meures obscurs; ce n'est qu'en eclairant les foils par de sa- vanles dissertations sur chaque auieur, que nous parviendioiis a les completer. Au surplus, I'edition que nous annoncons est fort bonne ; on a suivi surtO'At le texte de Becker; rien n'a etc change aux notes de Reiske , dont la pagination est d'ailleurs marquee en marge. M. Schmidt n'a point donne place dans son livre aux discours contre Theocrines, que (pielques autcurs anciens et modernes , otent a Demosthenes pour I'atlribuera Dinarque : son motif pour I'exclure, est qu'il ne salt a qui se faire honnenr. II a surpasse ses devanciers, tpiant .a la clarte et a la precision de I'interpretation; souvent il signale des dif- fieultes qu'ils n'avaient pas mcme apercues. On trouve, apres le travail sur Dinarque, deux digressions sur I'authenticite des deux discours de Demosthenes contre Aristogiton. L'autcur pense , avec Caekh , que I'un de ces discours a ete compose au terns de Demosthenes, et croit que le second n'est qu'une noii- ALLEMAGNE. /,ot velle imitation de I'aulre, lodigee a la manieie dos sophistes. L'lndex de Reisko se troiivc icimpiinjc ici, avec ses f'autes et ses lacunes J il valait niieux le refaire, on u'en pas donner. Pfl. DE GOLBERY. Oiwrage periodiques. 137. — * Natanvissenschnftlichc Jhhandliingen, etc. — Me- ■moircs siir les sciences natmelles, par un<; socivte de savans du f'Furtemberg. Tiibin^'ue, 1826; H. Laupp. In-8°. Ce journal, qui est veiiu satisfaire a un besoin generalenient ■sent! par les hontmesinstruitsdu Wurtemberi;, n'adiiiet que des Uieiiioiies orij^inaux sur unepartie quelcoiujue de I'histoiie na- turelle. Les trois premiers cahiers , que nous avons sous les yeiix, contictinent plusieurs articles fort interessans; nous si- ^nalerons surtout des renseigncmens nouvcaux sur la i^eoloi^ie. Plusii-'urs menioires de MM. C.-G. Gmflin, et Hundeshagf.n, sur la composition chimique des rociies dela Sonabe, semblent otivrir une voie a peu pres nouvelle , et meritent aussi d'etre cites. Une notice sur le j^isement du sel-gemme en Souabc, par M. G. ScHUBLER, offrira des points de comparaison aux per- sonnes qui recherchent cette substance en Suisse or.i en France. Nous nientionnerons aussi d'interessantes dissertations de M. Rapp, sur le niollusque Jrgonauta Argo , sur I'anatomie des celacees, et sur les pieries de la vessie; de M. C.-G. Gmelin sur la metamorphose des plantes, sur la composition cliimique des tourmalines, et sur celle de I'eau de la iner Morte, 011 ce sa- vant a trouve le brome ; enfm des rechetches physiques dc M. BoHNENBEUGEa sur la determination de la lonijueur du pen- duic simple, et sur la construction d'un barometre normal. A. Peru.... SUISSE. N. B. Le niouvement religieu.x si remarquable qui s'est. fait sentir dans la partie la plus eclairce du monde civilise a obtenu , dans le canton de Vaud , de la celebrite, grace a la loi du 20 mai i824> deslinee non-seulement a comprimer des sectaires , niais a donner nn dementi aux Iccons de riiistoire, a la connaissance de la natuie humaiue, aux piin- cipes de la liberte religieuse. Ce monvement, qui s'etait deja propagc , sans le secours de la fameuse loi, s'est natuielle- ment eteudu par elle; bien plus, malgre elie, il s'est epure en s'etendant. L'esprit religieux, prepare de longue main par le lems et par les cvenemens, et dont I'empire prmi T. XXXVI. — Novembre 1827. 26 4o2 LIVRES liTRANGERS. nous s'agrandit et s'affermit , ne sc renferme ni dans les limites etroilcs d'une sccte que le logislatcur n'a pas nu-me pu definir en la proscrivaMt , ni dans cctte orlhodoxie roidcment li'galo qui reclame radmiuistralion do tout le fonds religieux de la nation A'^audoise. II unit par le lien de la charite des hommes differcns de caracterc, d"opiniou , de maniere tie voir, depuis le niethodiste exclusif jusqu'au partisan de cette lihcrte large, la seule bien entcndue, qui repousse toutc espece de des- polisme , tout nionopolc exerce sur la conscieiK;e et sur la pensee. Cctte disposition des esprits a fait naitre plusieurs ouvrages qui s'y rappot tent. Nous ne citerons que les eincj suivans : 1 38. — * Fcuille rcligicuse da Canton de Vuud. Lausanne, 1826-1827 ; Blanehard. In-S". Ce journal, publie en une feuille, d'abord tons les quinze jours, plus tar J toutes les semaines, a obtenu assez de vogue pour compter eu fort pen de terns plus de douze cents abon- iies. II renferme des explications de la Bible, des instructions et des exhortations, des notices et d'autres morceaux sur les missions et les societes bibliques , un petit nombre d'articles sur I'histoire ecclesiastique, des anecdotes religieuses, des me- langes, des annonces de livres. Uu esprit de profonde piete re- commande la Fcuille rcligieuse , h laquelle travaillent plusieurs jeunes membres du clerge vaudois. La variete des matiercs et de la forme n'est pas moins im des elemens du succes de ce journal. Plusieurs entretiens ou dialogues, ecrits avec talent et avec une grande connaissancc du peuple, sont particuiiere- ment propres i\ populariser I'esprit du christianisme. 1 3g. — * Essais sur les snjets les plus iniportans de la religion ; par T/10//1 a 9 Scott; arec une notice historifjuc sur fauteur ; tra- duits de t anglais sur la dixieme edition , par L. Burnier, pas- teur. Lausanne, 1825 ; Fischer. Paris, Treuttel et Wurtz. 2 vol. in-8". L'histoire de Thomas Scott est fort remarquable , et elle fournit une page interessanle de plus a la psychologic rcli- gieuse: la notice placee en tete de la traduction des Essais sera luc avec plaisir par les personnes de toutes les opinions. La theologie de Scott elait a la fois dans son cceur et dans sa raison. Croyant soumis, mais logicien ligoureux , plein dc piete, mais severe dans sa doctrine, alliant a la foi une grande lucidite d'esprit , ce theologien a expose le systeme de I'ortho- doxie proteslante avec le plus haut degre de clarte et avec I'en- chaincmont le plus logique. II est permis de ne pas embrasser le systeme dc I'auteur ; raais il est impossible de ne pas le com- SUISSE. Zio3 prendre. Si les theolojjicns , les pliilosophes , les politiques avaienttonjoiirs expose Iciirs opinions avec aiitunt do precision et de nettete, il y anrait eu dans ic monde moins do disputes de mots et nioins de livrcs inutiles. Presenter la doctrine rcciie dans la pliipart des eglises protestantes avec cette parfaite lucidite, est an grand service rendu : la France etla Suisse fran- ^aise doiveut des rcmerciemcns a M. Ic pasteur Burnier, qui a fait passer dans notre lany;iie ks Essaix de Th. Scott. I /jo. — Coiirs de religion chn'tienne , par J. F. Real , pastcur et ancien doyen. Lausanne, 1826; Blanchard. In- 8° de viii et 388 pages. Comme I'original des Essais de Scott , le Coins de religion chreticunc a ete compose depuis long -terns; mais sa publica- tion n'en a pas moins le merite de I'a-propos. Au moment ou , dans I'effervescencc d'une ardeur reiigicuse dont la nouvcaute les etonnait eux-niemes, des jeunes gens et des hommes jeunes en prudence dirigcaient contre I'eglise nationale du canton de Valid en masse desattaques virulcntes et en condamnaient sans menagement la discipline et la doctrine, rien ne pouvait elre plus opportun que la publication du systeme theoiogique d'un pastcur qui, durant une longue carriere , avait lionore cette eglise par ses vertus, sa piete, ses lumieres et son eloquence. Le livre de feu M. le doyen Real est ce que fut sa vie, une refutation eclatante des iiicriminaiions si injnstenicnt genera- lisees dont I'eglise vandoise a ete I'objet dans ces derniers temps. La beaute du plan, I'encliainement logique des idees capitales, la richesse des idees de developpi^mcnt , une etude profjnde du christianisme, tels sont les meriles ]irincipaux du Coiirs (le religion. Divise en paragraphes eerits avec concision , il presente dans sa forme une cerlaine austerite convenable dans un manuel qui suppose des develujipemens ulterieurs, mais ne les dunne pas. On n'en est que j)ius agreablenient frappe de tant d'onction et d'idees belles et touchantes que le venerable aulcur a repandues dans cet ouvratrc. 1 4 I . — Fie de M. de la Flecliere , de Njon , pastcur de Madcley , dans le Sltropshire , en Jnglcterre ; tradnit de I'anglais. Lausanne, 1826; Hignou. In-8" de viii et 4^5 pages. M. de la FlL'chere,ne en 1721), mort en 1785, aulcur d'un poeme francais , la Grace et la Nature , etait originaire de Nyon , dans le canton de Vaud. Sa vie, entieninent asceiique et mar- quee par les plus touchantes vertus et par une fervente piete, offre au croyant un modele difficile a suivre , au phi'.osoplie un phenomenc psychologique a etudier. Abregee d'un bon tiers, 26. /,o/, LIVRES i5:TR ANGERS. <>n partie par le letranchement de lettres siuabontlantes, fettd biograj)hio iiitc'iesserait plus j^rnorali'mciit. 142. — * Melanges evaiigelujucs. Cen<;v(!, Abr. Clicrbiilicz; Paris, H. Scrvier, l. I. Considerntions rlircUennes sitr tliveri xujets cle doctrine ct de morale , V" edition , i8a5 ; o,^ edition , 1826. In- 1 '2 de 3oo pages. — T. II, Choix de Lettres chrc- licnncs. 1826. In-12 de 296 pages. — T. Ill, Meditations clireticnnes. 1827. In 10. de 3oo pages. (Ce lonie porte le nom de I'aiiteiir, M. Fr.-Aiig.-Alph. Goxtuikr, niinistrc du Saint livangilc, a Nyon.) M. Gonthier, I'un des mcmbrcs les plushonorables du elerge vaudois, et qui le fut long-tcms du elerge proiestnnl de France, eondamne a une rrtraite absoliie par une sante (pi'ont usee I'exces du travail et les souffrances du rceiu-, prive par la de ses fonctions pubruiues, fait servir, dans la solitude, a la pro- pagation de la religion cbretienne, un talent et une unie qu'il lour consacra des sa jeunesse. Les Considerations clireticnnes ne sont ni un ouvrage oidinaire de doctrine , ni un manuel de devotion, comme il y en a beaucoup; c'e.<>t un livre, comme malheureusement on en voitbienpeu, dans lequel la theologie et la piete se penetrent I'une I'autre avec un charme touchant. Cette fusion a nieme un altrait d'originalite du au grand nonibre d'idees neuves et fortes qi^e I'auteur produit avec aisance. Il n'ecrit pas pour eerire , mais pour dire des choses qui n'ont pas ete elites. Son livre offre lui aliment nouveau a la meditation des devots et des penseurs qui ne le sont pas. — Les Lettres clireticnnes sont choisies parmi eelles des peres de I'eglise, de Francois de Sales , de Uuquet, de Fenelon, doGellert , etc., etc. Il y en a de recentes qui etaient inedites. — Les Meditations clireticnnes ont le nieme earactere et la uieuH! forme que les Considerations ; comme eelles ci, elles sont suivies de pensees diverses. Faisons des v(eu.\ pour que la sante de M. Gonthier lui permctfe de coutinuer une publication commencee sous de si heurenx auspices. i/,^. — Iiiscriptiones in Helvetia ad hue rcpertas , etc. — Ins- criptions decouvertes jusqu'ici en Suisse, recuedlies et brie- vement eclaircies; par/. -G. Orklli. Zurich, 182G. In-8" de /,o pages; Beaucoup de notions et de decouvertes relatives a I'histoire ancicnne des peuples sont dues a I'etude des inscriptions, I'une (les sources moiuuneutales de la veriu- historiquo. Comme les inscriptions s'expliquent freqiienuTient les imes par les autrcs, rapproclier toutes ce"lles (|u'on a trouvees dans un meme pays, (•'est bien meriter de I'histoire. M. le professeur Orelli , de SUISSE.— ITALIE. 4,)5 Zurich , s'cst aci|tii.s iin droit incontestable a la reconnaissance des savans, en reunissant dans nn petit volume et en ciassant suivatit les localiles h^s 257 inscriptions romaines deconverles jiisqu'a ce jour en Suisse. L'attention serieuse (jue Ion com- mence seulemcnt a doniier au canton des Grisons , partie de I'ancienue Rhetie, fera sans donle tronver des monninens dn meme genre dans ce sol foule jadis par les armees romaines, et theatre de leurs exploits. Jus(]u'a ce joui', on n'y a pas de- terre une senle inscription. M. Orelli est nn critique non nioins severe que jndicieux: devone tout enticr a la verite hislorique, c'est avec le sang- froid qu'e.xige I'examen attentif et scrupideux de documens obscurs qu'il etudie et discute ces anciennes inscriptions, meme celle de Julia Jlpinttla dont lortl Byron disait: « Je ne connais point de composition himiaine plus touchaute que celle-la. » C. Monnard. ITALIE.. * 1 44- — * Istoria cwllc del regno di NapoU , etc. — - Histoire civile du royaume de Naples, par P/tvre Giannone. Milan, 1823-1S24; les ii(\iifn\vs dQi, class iqiies italiens. 14 vol. in-8". Nous avons deja donne quelque idee des premiers volumes de cctte histoire, qui presente le tableau le plus instructif des conquetes et des pretentions de la cour romaine sur les phis belies provinces de I'ltalic ( voy. Rev. E/ic., t. xxxiii, p. 188). L'edilion complete, aujiiiu'd'liui terminee, forme 14 volumes dont les trois derniers comprennent les ecrits poslhumes de I'auteur. Ce sont des apologies, on phitot des attaques sou- vent tres-violentes dirigees par Giannone cuntre ses persecii- teurs et ses ennemis. La phipnrt de ces opuscules etaient restes inedits ; et a peine furent-ils iuiprimes apres sa mort qu'ils devinrent Ires-rares, sous I'empire de celtc inquisition qui, apres avoir triomphe de I'auteur, ne cessait de poursuivre sa memoire. Les editeurs de Milan out bien merite du public pour avoir enfin mis au jour la collection entiere des ecrits de ce grand publiciste. On y trouve : 1" VJpologie de son Histoire civile , divisee en trois parties. Ln premiere donne la relation de toutes les de- marches des ennemis de Giannone pour le fairc juger et con- damuer sans I'enlendre; dans la seeonde , sont rapproehees les imputations les plus contradictoires et les plus absurdes , dont il fut poursiiivi , surtout par les moines qui n'avaient d'autre intention que de le rend re odieux ajx yeux de la mid- 4o6 LI V RES ETRANGERS. litiide; la troisienie partiu conllent la celebre profossion tie foi que raiiti'iii- redigea, avec liionie la plus piqiiante, contre un jesuite , If perc Saitfelke , (|iii dut sa cclcbritu plutot aux sar- casmcs dc Gianiione qu'a ses proprcs talens. Au lien dc parlcr do pliisieiirs opiiscults que contient le der- nier volume , nous croyous plus utile de donncrici un apercu d'un ouvrai^e auqucl Giannone avail long-tcms liavailie, dont on ne conuait j^ucrcs quale litre , et sur letjuel on a dcbito des choses ])(>u cxactes. Nous Vv)ulons pailer de son Trircgno. L'abbe Pansini fut ie premier qui Ic lit conuailre, dans sa f^ie de Giannone. Les editeurs de Blilan, ayaut cu sous Ics yeux un exomptaire complet de ce mauuscrit ciiricux qu'on rogret- tait gem'ral' ment comme perdu , en ont fait un extrait encore plus detaille , dont voici la substance. Le Tiircgno est divise en Irois livrcs : le premier tiaite du regno de la terre ; Ic second , du regne du ciel ; et le troisieme , de celui des papes. Le pre- mier livre se subdivi-;e eu trois part-es, oii se trouve exposee la doctriue des Hebreux , sur Time du monde , sur les ames des individus, sur leur immortalite et sur la nature des biens auxquels ils bornaient leurs viies. Giannone pensait comme tant d'aulres, que , jusqu'a Descartes, on s'etait eloign*'; bien pen de la doctrine des Hebreux , en ce qui conccrue la creation du momic , la formation de I'liomme, et la nature de lYime et de la peusee. II examine specialement comment les Hebreux out pendant long-tems compris la resairectlon ilcs marts , qu'ils croyaieiH destines, dit I'auteur, a un royaume qui n'elait pas celeste et spirltnel , mais terrestre et materiel. La conuaissance du royaume celeste fut I'ouvrage de Jesus- Christ , et forme le sujet du second livre. Giannone expose la substance de cette nouvelle doctrine evangelique, dont le but Cat la perfection de I'esprlt et du coeur. Pour mieux executer son dessein , il divise ce livre en qualre parlies; il y traite specialement de la nature du royaume celeste ; de la resurrec- tion generate des morts , article bien plus important, a son avis , qu'on ne le crolt commimement; des divers licux ou les ames sont retenues avant la resurrection; et du royaume in- fernal, considere en opposition avec le royaume celeste, el sur lequel on a debile de lout tems les puerilites les plus ridi- cules. La vision beatidqne de Dieu, qui a tant occope les llieo- logiens, n'est pour Giannone que la conuaissance des verites de tout genre. Il s'efforce d'expliqucr de momc les mysleres et les rits les plus imposans de la religion chretienne; et il n'est pas toujours enlierement orthodoxe , relativement a quelques opinions et a quelques pratiques des catholiques , surtout en ce ITALIE. 407 qui rcgarde Ics prieres , les iudiiljiences, le ping.itoire, ia bt-alification des saints, olc. 11 re.^ulte do sos iccliciclics due la religion chreticnuo fut allerte de plus en plus , a mesure (ju'elle s'etendit dans rempire romain. Giannonc croyait que , sans la connaissance pieliminaire des deux regnes terrcstre et celeste, on chercherait vaiiiement a expliquer le troisieme , c'est-a-dire le legne des papes qui , selon lui , comprcnd dix periodes ou epoqiies principales , depuis la predication de I'Evangile , jusqu'au pontificat de Cle- ment XII, ou plutot jusqu'en 1730. Divers sujets, effleures seulemcnt dans VHistoire civile dii royaumc de Naples , se troii- vent reproduits dans ce troisieme livre , et traites avec plus de soin et d'exactitude. Ancun publiciste n'avait niieu.x deve- loppe, avant Giannone , les maxinies et la politique de cette nouvelle puissance qui s'est instnsiblement elevee au milieu des eiats chretiens , aux frais des peuples et des princes. Ne pouvant donner plus d'espace a I'annlyse de cette liis- toire, nous feroiis reniarqiier seulcmeut que I'autctir, en com- muniqiiant au prince Trivulzi ce travail auquel il avail deja consacre douze annees de sa vie, pendant son sejour a Vienne , disait que Dieu le defendrait liii et scs ecrits , puisque leur objet n'etait que la recherche de la verite. « II songeait peu , ajoutait-il, aux pieges , aux proscriptions et nux maledictions des homnies , pourvn que Dieu protegeal et benit scs travanx. Mnh'dicunt illi , ct tic benediccs. » Giannone termiria son Tri- reg/io a Geneve ; ce que nous venons de dire pent servir a cor- riger quelques inexactitudes de I'article Giannone , insere daus la Biogyaphie universelle. 145. — Osservazioni e giudizj sidla storia d' Italia di Carlo BoTTA. — Observations et jugemens sur I'histoire d'ltalie par CharksBotta. Modene, i8^5 ; G. Vincenzi et Cie. In-8". Get ouvrage est un recueil d'arlicles sur I'histoire de M. Bot- ta, tires de divers journaux. II pent servir, comme tant d'au- tres ecrits du mcme genre, a demontrer le pen d'accord qui existe entre les opinions des liommes, etsurtoutdesjournalistes. La plupart de ces articles critiques appartlennent a des Italiens : les uiis sorlent de plumes romaines; d'autres viennent de Tu- rin, on de Florence; mais ceux qui se font le plus rcmarquer par I'esprit jesuitique qui les a dictes, out ete publics a Mo- dene, dans un journal intitule : iI/e'//;o/r£'A- sur la religion, la morale ct la litterature. On y trouve une Lettre du conitc Para- dini, et des Observations du marquis LiiccJicsini , sur plusieurs passages de I'histoire de M. Botta; ce qui nous a valu une re- ponse de cet historien, tres-courle et tres-spirituelle, egale- 4o8 LIVRES t TRAN^iERS. nicnt instiec dans ce rccnc-il , et qui foiirnit line |iiTiive noii- w'Ac do la modiTation dcraiitciir ct dc sa siiporiorile. En parcoiirant ce rccMcil , on s'apcrcoit aist-nicnt qn'avicnn des critiques n'a abandonne la bani)ieie sous laqucllc il mar- cliait; iiiais , ce qui est assez plaisant, c'cst qu'ils vculcnt tous Se faire valoir pour I'objet avec leqiiel i!s sont le nioins familia- rises. Ainsi , si I'un de cos ledacleursdont I'article meine j)rouvc qu'il connait peu sa propre langue, accuse M. Botia de man- qucr de correction et d'elegance, un autre qui parait ttranger a Fetude du droit public, se felicite d'en avoir puise les prin- cipes dans les ouvrai^cs de Cliarlcs Gozzici Ac Mctnstasr , qui no professait, coninie on sait, que les maximes convenables a im poete courtisan et prolej^e. Ce qui pent paraitre encore plus sin!j;ulier, c'est que ecs doc- tcursinfaillibles donnent loujours leurs principescomme vrais, sans les avoir discutes; ils les proclamcnt avec autant d'assu- rance que si personne ne les avail jamain revoques en doute ; et lis en tireiit les consequences les plus etranf,'es. lis s'appuient de I'autorite dc Y Index , et Ton sait combien cettc con|j;ii';,'alion et la sainte inqviisition se sont acquis de droits sur la credidite des gens qui cherchent la vcrite sans raisonncment , depuis le proces de Galilee. M. Botta a du sc trouver victime decette lo- gique speciale (jue Ton s'efforce de retablir de nos jours. On I'avait signalecomme un eciivain bcaucoup trop modei-e, rela- tivement a certains princijics politiques (jui caracleriseut Tes- prit du siecle ; mais cela n'a pas sufli aux partisans du dcspo- tisme absolu et du fanatisme. lis confondent, selon leur habi- tude , I'abus avec I'usage; iis allaqucnt les principes adoptes jiar les publicistes les plus eclaires de toutesles epoques, par la raison que des jiersonncs qui les nnt professes ont commis des « desordres plus ou nioins graves. Mais, en raisonnant de la sorte, '9 on serait ameno k rejeter les maximes des catholiques qui fai- saient la guerre aux Albigeois , a cause des horreurs que les premiers se pcrmirent pour convertir ou ecraser les aiitres. Combien d'exemples ne pourrait-on pas alleguer pour repons- ser ces subtilites de raisoimenient, qui conviennent plutol ;nin |)i'edicateur qu'a un logicien ! Ces observations se rapportent h I'esprit qui doaiine dans eel c'critet qui parait dirige contre les progres des lumieres et de la raison; mais nous I'cndons jus- tice en meme tems a des remarques d'une toutc autre nature snr I'histoire de M. Botta. Nous ne sommes pas toujours d'ac- cord , sur quelques principes , avec cet estimable auteur; et nous avons deja manifesto noire maniere do voir a cet egard. Aureste, nous laissonschacun penser asa fa^on, c'est le moyen ITALIE. 4o(j d'approcher de la veritc. Mais, poiwqiioi M. le jotirnaliste de Modene, qui sc montre si severe siir rexactiliide historiqiie , s'est-il permis dc miitiler, dans plusieurs endroits iinportans, I'article de noire Rcviie ( voy. Rev. Enc. , t. xxiv, p. 656) sanseti avertir ses lectciirs? Nous protestons contre cette alteration des fails et de la pen see ; et nous declarons [)Ositivement que I'article , insere dans ie Recneil de Modene , cornme exirait de la Rcviie Eacyclopedicjue , n'est pas celui qui a paru dans notre Recueil. 146. — Istorin della rivolaztone cU Franc la , etc. — Histoirede la revolution de France , depuis la convocation des etats gene- raux jusqn'a I'etahlissement dela monarchic constitulionnelle; hnit Uvres, pai' Pierre Manzi. f'lorcncc , 1826 ; Pcz^ati. In-S". Lorsque tant de Francais ontechoiie, en ecrivant I'histoire d'line revolution dans laqiielle ils ont etc acteurs ou temoins, il pent sembler extraordinaire (ju'un Italien qui ne I'a apercue que de loin , ait ose tenter celte diflicile entreprise. Mais , si Ton vent reflechii- que le monveinent qui eclata d'abord en France avail des elemens dans le reste de I'Europe civilisec , el qu'il etait plulot un des inevitables produits dii siecle que I'ouvraj^e de quelqueshonimes o\i meme de quelques partis, 00 ne sera pas surpris qunn Ilalien ailvoulu faire connaitre asesconipatriotes quelles i'urenl les causes, et quels sont les resuhats d'un eve- nenient qui appartient au mondc entier et qui nous cnlraine plus qn'on ne pense. M. Manzi estbien loin de penelrer dans la profondeur des considerations que dcmandait I'inq^ortance de son siijet ; i^iais il rachele cette imperfection par rcxactitnde des faitset par la moderation de ses principes. II a considere !a revolution francaise comme le vceii general d'une nation eclai- rec sur s(>s interets , et non comme le resultal des efforls d'une factian. Les personnes qui liront cetle iiisloire pourrout en lirer qiicli|ue prolit, si elles y ajoutent la lecture des cxceilens ou- vrages de M. Mignet et de M. Thiers. 147. — * Gl' Italinni in R/issin , etc. — Les Ilaliens en Rus- sie:Memoires d'un officier italien. T. III. Italic (Florence), 1827. In 8°. Les Italiens qui ont partage le son des Francais, dans les dcrniers evenemens poiitiques el militaires de I'Europe, ma- nifestent de plus en plus leiir noble rcssentiincnt de se voirnon- seulemenl dcpouilles de leur existence ))olitIque, mais meme oublies, dans I'histoire contemporaine, par des ecrivains in- justes et partiaux. Deja M. Vaccani a repare enparliece lort dans son Histoire des cdiiipagnes ct des siege.'! des Italiens en Es- pagnc. Nous nous proposons de donner une analyse detaillee 4 10 LIVRES ETRANGERS. tie roiivragc dout nous aniioncons aiijourd'lnii le Y volume, et dout les deux premiers sont dt'jii connus de nos lecteurs ( voy. Kt'P. Eiic, t. xxxm , p. i8y ). L'aiiteur s'est propose de relever des noms, des combats , des vertus militaires, jusqu'ici deprc- cies ou uei^liges. 11 se plait ;\ rappoler ct a decrire cos evene- mens rcmarquablcs auxtjuels il a souvcntpris part, ou doiit il a ete temoiii. Tout lecteur a qui le sentiment de la gloire na- tionalc n'est pas tlranger partagera rinleret que I'aiiletir porte h rillustration de sa patrie. On voit dans ses rceits tout ce que les Ilaliens etaient deveuus en peu de terns sous i'influence franraise, et ce qu'ils pourraient devenir si des circonstances plus f'avorables secondaient leurs dispositions. iV'ous regrettons de ne pouvoir consigner ici les noms des braves Italiens qui se sont le plus signalesdans cette importante et nialheurense cam- pagne de Russie, et auxquels I'auteur a rendu une pleine jus- tice, en rapportant des fails honorables pour cuxel dontoniie pent contester I'exaetitude. Les Italiens doivenl savoir gre a I'historien de son zele patriotique, et profiter de son ouvrage. Le meme auteur nous prometdes memoires sur lesaulrescam- pagnes des Italiens, et surtout sur celle d'Es|iagne. 1 i^8. — Giornale biogrnjico , etc. — Journal biographique de Vicence. Vicence, 1827; Pariso et comp. In- 12. Le [jremicr numero de ce jour.ial , auquel le litre d'alnianach conviendrait mieux, commence par parler des Vicentins dis- tingues dans la science musicale. On Irouve ensuile une liste clironologique d'I'.aiiens plus ou moins celebrcs ; puis quelques tables statistiques, et des preceptes d'agrieulture. Si les redac- teurs veuient se rcndre utiles aux lelti es , ils devront s'occuper de corriger les inexactitudes ct les omissions que Ton rencontre dans les ecrits des biographes leurs devanciers. i/ig. — Vita del cardinal Gasparo Contarirn, etc. — Vie du cardinal Gaspard Conlarini, par monseigneur Lodovico Becca- DELLi. Venise, 1827; Alvisopoli. In-8". Deux traits de cette vie qui nous scmblent digues d'une at- tention particuliere, sufliront pour fairp apprecier le degre d'interet que Ton pent prendre au cardinal Contaiini. Envoye a la (liete de Worms et de Ratisbonnc, ou il s'agissait de con- cilier les proteslaus et les catholiques, les |)rolcstans dircnt de Contarini que s'il se fut rencontre six auti'es prelats pareils a lui, toute disseution cut cesse. Mallieurensemeut on prefera la meihode de Baronius et de Bellarmin. Le cardinal Contarini prolegea constamment les Grccs modernes que les circonstances avaient jetes dans la misere. II ne pouvait meconuaitre les des- ccndans des homnies auxquels le nionde civilise devait sa litte- ITALIE. /, 1 1 raliire et sa religion ; il disait, ct ccci est fort remarquahle , que nous somnies obliges, par reconnaissance et par charite, ii faire du bien, non sculement aux Grecs qui sont nos freres, mais encore aux picrrcs de Iciir pays... Combien de nos conteuipo- rains pourront rougir, eu lisant les paroles de ce veritable Chretien! i5o. — Discorso del haronc Fcrdinando Porro, etc. — Dis- cours du barou Ferdinand Porro, prononce aux funerailies du comte Dominique Pino. Lugano, 1826; Vanelli et compaguie. In-8°. Le nom du general Pino est trop etroitement lie a I'histoire politique et militairc de I'ltalic, pour que I'esprit de parti puisse le faiie condanmer a I'oubli. Pino fut Tami de son pays, et non des gouvernemens qui Topprimerent sous quelque denomina- tion que ce fut. Sa bravoiwe et scs services niilitaires arra- cherent an pouvoir les dislinctions qu'il obtint; mais jamais ces faveurs ne bii fiient oublier son pays. II fat calomnie, pour- suivi, proscrit; mais I'histoire impartiale placera toujours Ic nom du general Pino dans le petit nombre de ccux des Italiens qui sont restes constamment fideles aux interets de la patrie. Fr. Salfi. i5i. — * I pronicssl s/josi , etc. — Les Fiances, fragment d'une histoire milanaise du xvii^ siecle, decouvert et retou- che par Alexandre Manzoxi. Milan, 1B26; V. Ferrario. 3 vol. in-8". C'etait en I'annee 169.8 , et dans un village de la Lombardie , aux environs de Lecco , que Renzo aimait la belle Lucie; leur tendresse mutuelle allait etre couronnce par la benediction nuptiale ; mais la jeune personne avait inspire une violenle passion au seigneur Rodrigo. A cette epoque existait dans le pays ou vivaient nos amans uuc foule de seigneurs farouches, environnes de brigands a gages, connus sous le nom de brad, que lajusticen'osait et ne poiivait alteindrc dans leurs chateaux fortifies. Rodrigo etait de ce nombre, et sans hesiter sur le choix des moyens pour satisfaire sa i)assion, il fit signifier secretement a don Abboiidio, cure du village, hoiiime faible et craintif, la defense de celebrer le niaringe de Lucie. C'est ici que commence a se develoj)per I'inlrigue sur laquelle M. Manzoni a fonde le romau historique qui nous oocupe. Un capucin, le pere Christophc, parvieut a soustraire la jeune Lucie aux poursuites de Pvodrigo; il la place sous la protection d'une religieuse dont le cara(;tere fantasque ne presente pas I'interet qui aurait pu le faire valoir. De son cote, Renzo arrive a Milan; il se laisse enlraincr dans une emeutepopulairc, dont 4ia LIVRES ETRA.NGERS. la famine etait le ])rete.\tc, ct a laqneltc poiiitanton laisse croire que le cardinal de Uichelicii n'etail )ias (Mrani^er : il faiit se rappclcr quo cot imperieiix nunislro faisnit alors la micrro en Italie pour souteiiir contrc rcmporcnr, I'Espagne el lo due dc Savoic, ios droits du due dc Nuveis, a|)pele a succeder a Vincent do Gonzagui' , dernier due do Mantone. Ronzo se ro- fu^ia ;i Ber^atne; sur cos entrcfaites, Lueio avait olo onlevi'e , a la soHicitalion do Rodi'it^o, par lui soiKnoiu" fnrniidablo, qui, frappo tout a coup do reinords, se decide a la rcndre a sa fa- mille. L'aufeur fait intervenir ici io cardinal Borromoo, et lui prote des paroles constanimont di^nes de cc prclat illustre, et qu'on no pent lire sans emotion; ii passe ensnite a la descrip- tion do la pesle qui dosola Milan on i63o, morceau plcin do verito et de details touolians. C'est an milieu dcs horreurs do ce floan et dans le lazaret des pesliferes que Rodriij;o trouve la mort. Renzo rencontre clans le memo hospice le vortueux pore Christoplie et sa bien-ainiee Lueio, a laqnolle il est enfin marie dans son villni^e par den Abbondio, cjue deux ans auparavant Tideo soldo de eette union laisait fromir. Uue muliiiudo d'aven- tures et de earaetores remplissont lo cadre do cet ingonleux roman. Dcs incidons habilcmcnt disposes, une peinture fidele et animoe dos moeurs de cello epoque , un style toujours ajipro- prio aux situations, une j^rando \ arielo de tons , ti'lles sont Ios qualitos qui ont morito a eo bcl ouvraj^e le suecos eclatant qu'il vicnt d'obtenir en Italie, et qu'il va sans doute obtcnir on France (i). C. Rossetti. 1 52. — * Opcre vctrie italiane c franccsi , etc. — Divers ou- vrages italiens el francais S E. Q. Visconti, rocueillis et publics par le D"" lean Labus. Milan, 1827; typographic des classiques italions. In-8°. M. I,rd)us, dont le zele pour les progres de I'archoologio est genoralenient connu , s'est charge du soin dc ronnir et do pu- blier les opuscules et Ios memoires du oelebre E. Q. Visconti, jusqn'ici disperses, on qui n'olaient pas encore impiimos. L'odi- tion comaience par les morceaux qu'il a composes en italien ; (1) On annonce , comme devant paraitre incessamment, une tra- duction franchise de ce roman ; nous saisirons cetle occasion de revenir sur uue production lltteraire aussi distinguee , et de payer un uouveau Iribut d'estime a I'auteur, deja cclebre en Italie comme ecri- vain dramatique et comme poete , ct que son jugemcnt el son gout exerces garantiroiit sans doute des ccarts on pourrait rentraincr une imagination aidente et inipalienlc detoule especc de joiig. A'. sen! intlividu, quels que soient d'ailleiu-s les talens ct I'activile laborieiise de I'auteur. D'apres la preface, cet ouvrage com[)rendra plus de u6,ooo article;. La methodc suivie par ie redacteur pourchaque article le conduit a donner d'abord le noui et les designations principales dc cha(]ue lieu; et ensuite , la description topographique, les differcntes pio- ductions, les distances, un precis des eveneniens remanjuables, les noms des hoinnies celebres (ju'il a vus naitre ; enfin la quotite de la contribution dont il est passible. Ce Diclionnaire se fait surtout remarquer par les renseignemens exacts qu'il donne sur la nature des revenus publics, et leur produit. La carte generate de la Peninsule ne marque pas seulement les communications existautes par terre et par eau , mais encore celles qui sout projetees, et cellos (|ue I'auteur, d'apres ses propres idees, croit convenable d'indiquer ponr un systeme de canaux d'arrosage et de communication a I'intorieur. Les materiaux (jui ont servi a la formation de cctte grande entre- prise litteraire 'oont diis a la fois , comme I'annonce la preface, aux oiivrages et aux travaux doja public's sur la geographic et surlastalislique de I'Espagne, soit [jardesccrivains du pays, soil par des etrangers, et aux conunuuications oblenues des admi- nistrations de la capifalo et des provinces, des fonctionnaires publics, des savanset ties cures ilc paroisse, a chacun desquels I'auteur a fait demander des nnseignemens detailles sur leurs villages respectifs et les villages circonvoisins. Toutefois, M. Mignano n'a pas mantpie de trouver des antagonistes qui ont deconvert dans son ouvrage des meprises, des lacunes , ct 4i4 LIVRES liTRANGERS. bien d'autres fai)tes;il a etc critique avec aigrcur par M. F. Caballcro, qui, sous le noni de soascriptcur repentant , dc sous- cr/'pteiir scnn-i^cdiiraphe , a pidjlie ce qu'i! appcllc dcs correc- tions fralerncl/es, au nombie de trois. La dei'niere est adressec ail clocteiir prcsbjtcrirn , D. Sebastian Mignano , rcctacleur du Dictionnairc geographiqitcde I'Espngneetdu Portugal, dejh connti du jnd)lic. Les reiuarcpies dc ce critique ue soiit ni iegcres , uien petit nonibre; inais ii uous pcrmellra de n'etre point de son avis, qiiand il qualilie i\i; niepiisablc le Dictionnairc ijne uous annon- cous. L'auteur promet de reparer au moyen d'un ou de plusicurs supplernens les omissions et les errcurs qui sc trouvent dans cct ouvrage; et, quoique M. 1'. Caballero en aitcoiiipte |)!usde qtiatre-vingt-dix, dans sa troisieuie correction fra tern ell e, dies uous paraissent denature a etre faeilenieiit recti(iees,en snppo- sant qu'elles existent, car ce genre d'ouvrages est necessaire- ment incomplet dans tons les pays; et celui de M. Mignano sera tres-recomniandable, surtout lorscju'il aura public le sup- plement qu'il annoncc, et qui est destine a completer son im- mense travail. P. M. PAYS-BAS. 1 54. — Over dc Hcrfslhoortscn , etc. — Sur les Fievres de Tautomne a Amsterdam, parliculierement sur celles de I'an 1826, par M. H.-F. Thyssen, d. m., membre de la premiere classe de I'lnslitut royal des Pavs-Bas, etc. Amsterdam, 1827. In-8° de 128 p. L'auteur, deja avantageusemcnt connu par sa Notice h sto- rique sur les maladies des Pays-Bas (Amsterdam, 1824), a traite le stijet indique par le tilre de cet ouvrage, en presen- tant : 1° des observations sur la situation physique d'Amster- dam (p. 1-19); 2° sur les maladies* qui ordinairemcnt s'y manifcstent dans I'automne (p. 20-4^); 3*^ il s'est attache a faire conuaitre les circonstnnces qui out ameue les maladies de I'an 1826 (p. 43-io2 j; puis, il donne les details les plus interessatis sur la nature et le caraclere de la maladie qui a regne alors, details puises prescpie entierement dans des obser- vations (ju'il a ete a meme de faire et de rassembler liii-meme dans sa pratique. Cet ouvrage merite I'attention de tous ceux qui etudient la medeeine, et qui s'occupent des moyens propres a conserver la sante publique. X. i55. — ■ Resume d'ltnc noavclle theorie dcs cnustit/iies , snivi de differentes applications a la theorie des projections stereogra- phiques, presente a V J endemic royale de Bruxcllcs , dans la I PAYS-BAS. 4i5 seance du 5 novembrc 1825, par M, A. Quetelet. Biuxtllcs , 1827. In-4° de 35 p. et une planche {^rav^-e. La question d'optiqne, traiteo d'une maniere noiivello par M. Quolelct dans differcns Menioires qu'il a liis successivcment a rAcadeniie royale, dont il est I'lin des [)lus illnstres nriCiiibrcs, a fait diis long-Ienis le snjet dcs recherches des savans : et dans CCS dernieis terns, fllM. Sturm , Gcrgnnnc , etc., s'en sont occnpes avcc succes. BI. Quetelet, en liant cetle iheorie a cellc des developpees, lui donne un nouvel interet. L'eciit que nous annoncons, n'elant liii-meirie en i^rande partie qu'un resnnie de divers memoires, n'est pas susce|)tible d'etre analyse ici avec quelfiue esperance d'en faire comprendie I'esprit, atlendu qu'il ne nous est pas i)ermis de donncr assez d'etendue a notre article. Nous pensons que les savans liront avec plaisir le noii- veau memoire d'un geonietre si digne de leur estime. Francoeur. 1 56. — * Esqulssc politique sur faction des forces socialcs dans les diffirerites cspeccs dc gouvcrnemcnt. Bruxeilcs , 1827 ; A. La- crosse. In 8°. Wotre generation est serieuse, on ne cesse de nous le re- peter, et cela est vrai a quelques egarJs; mais il ne suit pas de la qu'on doive s'etudier a debiter seriensement des pauvretes en style pretenti(!ux. Or, il s'est etabli une ecole qui ne fait pas autre chose. L'auteiu' de I'ouvrage dont on vient de lire le litre , n'est point de cette secte morose et pedantesque, aussi a-t-on fort peu preconise son livre. II ecrit avec conviction et avec franchise, et sans affectation. Persuade que les hypotheses par lesquelles les anciens et les modernes tentent d'expliquer i'ori- gine de la societe sont et seront toujours dcnuecs de preuves; ne se decidant ni pour I'age d'or, ni pour I'etat de nature, il a fort bien vu quequelle qu'aitetelacoudition primitive dc la :>o- ciete humaine, il n'ya d'essentiel a rechercher pour nous que sa condition posterieure , dont I'histoire nous a laisse ie temoi- gnage. Des troubles, des calaniites, des revolutions effrayantes Tout toujours ebranlee, agitee, renversee : voila le fait. Quelle est la cause immediate el permauente de tant de desastrcs ? voila le problcme. L'auteur a cru en Irouver la solution dans Taction loujours constante des forces reelles, spontanees et per- nianentes de la societe civile, et il a etc conduit a reconnaitre, comme un axiome fondamental de la politique : que la force reelle se regit par elle-nieme, se protege par elle-meme, se de- veloppe par elle-meme ; que telle est la condition de son exis- tence : ([ue son caractere est absolu, el que foul depend d'eile, landis qu'elle ne depend de personne. On conroit que , dans 416 LIVRES FRANCAIS. la demonstration de cette these, il pent enlrer des donnecs faiisses ou nial posees , et qu'en traitant de politique il est impossible de nc pas subir Tinlluence des evenemens que Ton a traverses : c'est moins le tort de I'auteur que celui de la na- ture humaine. de REI^FL^'HERG. 157. — * Bydiagcn tutde Gcscliicdeiiis der ISedciiandcti. — Memoires pour servir a I'histoire des Pays-Bas, par M. J. -P. Van Cappelle. Harlem, 1827. In-8" de k'i.l\ p. Huit Memoires siu' differens siijets reniplissent ce voliuiie, Le premier, qui a Ic plus d'etendue (p. 1-204), concerue Elhertus Lconiniis, chaneelier ile la Gueldre, ue en iSao, et mort en i5()8. Sa vie se rattache aux evcneuu'ns de ce tenis, et particulierenient aux troubles qui existaient alors dans sa patrie. Non-seuUmeut comnie eitoyen , tnais aussi conime sa- vant jurisconsulte, il merite d'etre distingue. En 1579 , il parlait eommeconseiller d'etat aux etals-^eneiauxrassembles a Aiivers , et se portait enlre autres le defcnseur inlrepide de la iiberte deseultes ( voy. p. 162). — Le second Memoire est consacre au bourgnemestre d'Auvers, Jntlionis vein Slialcn , une des victimes du due d'Albe, et execute a mort en i568. Quelques partieulariles relatives au conseil des troubles, qui condarnna aussi Van Shalen , se trouvent dans le troisieme Memoire, p. 251-281. Mais (;'est avec un penible sentiment que nous avons lu , p. 277, que le mode de procediae qui avait lieu devant ce conseil, de terrible memoire, a ele niaintenu dans les Pays-Bas jusqu'en 1798, la seuie confiscation des biens e.xceptee. Quoicjue les institutions judiciaires des Pays-Bas ne fussent pas exemptes de plusieurs defauts, pourlant ce que M. Van Cappelle dit contient une erreur grave, que nous sommes obliges de signaler. Les. connaissances en mathoma- tifiues du prince Maurice de Nassau et sa familiarile avec le celebre Simon Stevin font I'objet du quatrieme Memoire. Les details sur la carte de geograpliie ancienne, dite carte de Peutinger, p. 3o3-3'i5, sont pen interessans, et n'ontque tres- peu de rapport avec I'iiistoire des Pays-Bas. Deux historiens celebres ont ecrit I'iiistoire des Pays-Bas, Hoorx dans ses Ncdcrldiidsclie lustorivn, et Schiller dans sa Gescliichte des ylhfalls der f'crcinigtcn Nicderldiuhrvu/i dtr sjjciinschcn Regie- rung { liistoire du soulevcment des Pays-Bas coutre legouverne- ment Espagnol), M.Van Cappelle a tres-judicieusement elabli uu parallele entre ces deux ecrivains , et iudique les differences no- tables qui s'offrent dans la maniere dont ils ont envisage et traite le nieme sujet (p. 338-363). Le discouis suivaut, de I' Influence des prejiiges sur les etudes histariques , fait lionneur PAYS-BA.S. 4i7 ail jiigement et a riiiipartialite de rauteiir qui, comme profes- seur d'histoire nationale a I'Athenee d'Amsterdam, trouve I'occasion de montrer par son cxemple comment il faiit evitci" leseciieils dangereux des prijugt-s, doiit ne saveni pas toiijoui-s se garantir les historiens, nieme les plus consciencieux. On lira sans doute aussi avec bcauconp de satisfaction le discoius (le dernier du volume) siir I'amour de In patrie cliez nos an- cetrrs. C'est une des vertus que les etrangcrs evix-:Bemes se sont toujours phi a leur reconnaitre. X. i58. — Geschiedenis van het Slot de Muiden , etc. — His - toire du chateau de Muiden , et de la vie qu'y niena Hooft- par J. KoNiNG , membre de I'lnstitut. Amsterdam, 1827 ; Van der Hey. Iu-8° avec fig. L'administration des domaines avait mis en vente I'antique chateau de Muiden , fameux par tant de souvenirs historiques, et surtout par le sejour qu'y lit Corneille Hooft , le Tacite de la Hollande. Aussitot, les amis des lettres de prendre I'alarme. Le roi, cedant a leurs soUicitations, preserva de la destruction le gothique edifice , et M. Koning prit la plume pour retracer les traditions qui se rattachent a ses murs. I 59. — Journal fait en Grece pendant les annees i%'i^ et 1826, par M. Eugene de Villeneuve , capitaine de cavalerie dans I'armee hellenique , orne du portrait de I'auteur, accompagne de plusieurs pieces justificatives , de divers y«c simile, etc. Rruxelles, 1827; Tarlier. In-8°. Le nom de la Grece a quelque chose de magique : c'est un talisman qui fera lire avec interet la relation de M. de Ville- neuve , quoiqu'elle se recommande pen par le merite du style; ses anecdotes , en general assez communes, ajoutent neanmoins quelques traits a la physionomie d'hommes celebres ; et , a ce litre il est bon de les recueillir. 160. — Guillaume Frederic d' Orange-Nassau, avant son avenementau trone des Pays-Bas, sous le nom de Guillaume I^'', par un Beige. Bruxelles, 1827 ; Tarlier. In-8° avec fig. Quoique je sois loin d'approuver les biographies d'hommes vivans , et surtout celles des princes, je ne puis m'empecher dc louer dans celle-ci I'amour de la verite qui I'a dictee. Le roi des Pays-Bas est un monarque pour lequel la verite elle-meme a tout I'air de la flatlerie , et qu'on parait louer outre mesure en ne faisant que le simple expose de ses hautes vertus. Son historien avoulu le faire connaitre aux peuples qu'il gouverne, a une epoque ou ses bienfaits ne pouvaient le lui reveler : c'est en quelque sorte antidater notre reconnaissance, de Reiffenberg. 161. — *Hisioire generale de la Belgique , par M. Dewez , T. xxxvi. — No\'enibrc 1827. 27 /,i8 LIVRES ETR ANGERS. mcmbrc de I'lnstitiit des Pays-Bas , et secrttairo pcrpetuel de IWcadi'mie (ios sciences et brlles Itttics de Rriixellcs; torn, iii el IV. Ihuxt'llos, 1827. H. Tarlier. 1 vol. in 8", formant en- semble 81 a pages. En rendant conipie dos deux premiers vohinics de cet im- portant omrnge ( Voy. Rei'. Erie, t. xxxiii, pag. 757), nous avons fait remaiquer coml)ieu oette nouvelle edition est siipe- rjpure a la premiere. Les changemens introdnits dans les '3" ct /i*" volumes iie sent pas moitis noaibreux ; le eliapiire des Croisades s'est particniieremcnt ameliore : le souvenir de ces yuerres avantureusos o^ brillerent avcc tant d'eclat les |)rinces et les seigneurs bc-lgcs semble avoir electrise I'histotien; son .style en a pris une certaine clialcnr qui ne lui est pas ordinaire. Le ehapitre sur la servitude dans les provinces belgiques est aussi tres-remarqiiable, m.us sous d'autrcs rapports: e'est une dis- sertation fort savante et fort bien raisonnee, (pii jette en quel- ((ue sorle une vive lumiere sur le tableau des institutions et des moeurs d'un peuple digne a toutes les epoques d'altircr ies regards de I'observateur philosophe. Le recit de la longue el terrible lutte desvilles de la Flandre avec leurs souverains ren- iVrme peut-etretrop de details insignifians, et ceux qu'a fournis le chroniqueur Meyer ne sont pas loujours presentes sous leur veritable point de vue. Les faits se classeraient mieux dans la memoire du lecteur, s'ils etaient resserres avec plus d'art. Le quatrieme volume finit a la mort de Philippe-!e-Bon en 1467. Voici le portrait que M. Dewez trace de ce pririce, le plus puissant et le plus riehe de son siecle. « II etait affable, liberal; il avait les manieres aisces, I'air ouvert ; il avail une qualite qui n'etait pas ordinaire chez les grands : ii .savait ecouter, c'est-a-dire qn'il prenait attention et iuteret a ce que Ton disait; il ne se fachait pas souveut : mais, quaud il entrait dans un M aeces de colere... II etait terrible; il etait religieux, dit-on; ^ mais il etait, comme cela se volt souvent, plus attache au culte exterieur et aux ceremonies de I'eglise qu'a la morale et a I'es- prit de la religion, c'est-a-dire; plus a la forme qu'au fond... II etait brave, mais ambitieux , possede d'un desir insatiable de s'agrandir, el tons les moyens lui semblaient bons pour par- venir a ses fms... 11 etait bon , dit-on encore; mais peut-ou bien dire sans restriction qu'il elait bon, celui qui traita si du- rement et si inhumainement les Ganlois et les Dinantais? II faisait de grandes largesses, donnait des fetes magnifiques; il traitait le peuple avec moderation, le gouvcrnait avec sa^esse, il le meuageail dans les iuipots: voila sans doute les motifs qui lui ont valu cctte denuiniiialiou de hon. >^ Stassart. PA.YS-BAS.— FRANCE. 419 162. — Le guenx dc iner, ou la Belgique sons le diic d'Jlbc. Briixelles, 1827 ; Sacrc. 2 vol. in- 12. L'essai que nous annoiuons proiive du talent, du gout, de rimagination : quelques scenes produisent un elfet draniatique; niais I'action est nial nouee, ct rattachee faiblemeut an grand tableau de nos troubles. Le dirai-je? La vie interieure des Beiges , leurs idees courantcs sont representees avec peu de (idelite ; neanmoins , on lira ce livre avec plaisir : il est gros d'esperances. de R. T>IVRES FRANCAIS. Sciences physiques ct natnrcllcs. i63. — * Histoirc riatitrelle des mamniiferes , avec des fin;ures originales dessiuees, coloriees d'apres des aniniaux vivans; par MM. Geoffroy-Saint-Hilairf. et Frederic Cuvier, membros de I'Acadeniie des sciences. Paris , 1 827 ; Belin , rue des Mathu- rins-Saint- Jacques , n" 14 ; 5"= livraisoii, de 2 Ceuilles in-4'^ et 6 pi. coloriees ; prix, 9 fr. (Voy. ifcc. ii«c., t. xxxiv, p. 442.) Le niangahey S€ trouve au Congo et a la Cote d'Or. La me- nagerie de Paris a possede lui (res-grand nombre de ces singes; ils etaient tons familiers el assez doux , inalgre Icui- excessive petulance, qui parait surpasser celle de la plupart des especes du genre gueiion. — Le genre macaque, qui vient ensuite, com - prend dix especes publiees par M. Frederic Cuvier. Ces singes sout caracterises par de vastes abajoues, oii ils metfent en re- serve des aliiuens; la nature supplee ainsi a leiu- defaut li'agi- lite. II parait ([ue les macaques seuls ont donne a Paris des exemplts de propagation. « Les pctits, apres une gestation de sept mois , uaissent avec tons Ics sens onverts; les quinze pre- miers jours, ils restent contiiuiellement la boiiche altaelice \\ la niamelle de leur mere. Bientot ils rcgardent autour d'eux , et, des les premiers essais qu'ils font pour se inouvoir, ils out une adresse et une force qu'on n'aurait pu attendre (jue d'uri long exercice et d'une longue experience. » Apres avoir fait connaitre les caracteres communs \s. toutes les especes, M. Frederic Cuvier fait I'histoire de chacune en parliculier. II donne beancoup de details sur un male et ime femelle de macaques propremcnt dites, eleves dans la menagerie. La, ces animaux s'accouplerent a [)!usieurs lepriscs; la femelle mit bas deux fois, et laissa perlr les deux femelles (pi'elle avait produiies. Ce defaut de soins confirma I'fjpinion de M. Cuvier sur ['alteration que I'e.^clavage fait eprouver, chez les ani- maux, il I'amour de la progeniture. Cette espece , qui est la macaque de Bu/fon , parait ctre assez commune; elie arrive 420 LIVRES FRANgAIS. fivcjiumniciil c-n Europe aujoiinrhiii, ct principiiltniriit o Von ne me biamera point d'avoir employe quelques loisirs a des recherches un pen eloignees de mes anciennrs fonctions. MM. dc Lacepcde et Prnny ont compose des sym- phonies, des chants et des chrenrs. Le general Biilow, que j'ai connu , celui-la meme qui noul battit a Dennewitz, m'apprit qn'il avaitcomposeiincmesseagrandorchestre.De tels exemples suflisent pom ma jnsliiication.w y, 173. — Traiti' de. physique appVujace aax arts et metiers , et principalement a la cotisirnction des fourneanx, des calori- feres a air et a vapeur, des machines a %apeur, des pompes; ii I'art du fumiste, de ro|)iicien, do distillaleur; aux secheries, arlillerie a vapeur, eclairage, belier et presse hydrauliqnes , areometre,lampes a niveau constant, etc. Par M.J. J. V. Guil- LOUD, professeur de mathematiques. Paris, 18-27; Raynal, rue Pa vee-St. -Andre des-Arcs, n° i3. In- 12 de 484 pages, orne de 160 figures; prix, 5 fr. 5o c. Le litre enonce le but de I'auteur et les siijets qu'il a traites. II faut ponrtant dire qu'il promet phis de choses qu'il n'en donne; car il ne dil rien sur I'eclairage; il expose des |)rincipes t.-op succinctsd'optiquc, pour (pic Ics constructcurs de lunettes puissent y trouver Ics regies praticjues dc leiir art; le fumiste n'y puisera non plus que des prcceptes gencraux dont on ne lui donne pas les moyens de faire usage dans les cas particii- liers qu'il doit rcnconlrer, etc. Toutefois ce livre peut reudre des services a I'industrie, ne fut-ce qnVn inonlrant I'uliHle ties 43o LIVRES FRANCAIS. calculs avant dc \\xuc dcs fiilropriscs, Lien ([ik; los losultats nnmeiiqiu'S tin'oii oblieiit soiont orilinaiiTmcnt im|jarfaits. Jc regrette qi.e rautour se soil iiiu-rdit I'lisam' ilis foiiuiilfs nlj^c- bri(iiios (no les ei'it-il donneos (jn'on iiolcs, s'il avail craiiit que ce lanj;ngc fut inconnu de pliisieiirs dc sos Iccteiirs) : ii aurait . roiulii son livrc plus nlilc. Dii rostc, on leconnait aiscnicnt qnc ceX oiiviage est ecrit par iin des audilenrs dii coins de M. CV- mcnt, dont il transmet tonics los opinions systcmatiqncs. Co savant, dans ses lecons , genoraUMnonl f((rt inlcrcssantos, ob- serve la inonio niarche ot los monies procodos de calonl : ses nonibrenx anditonis poniront tiroi- nn i^rand parti de I'on- vra;;e de M. Gnillond ponr le snivre avoc pins de facilite. L'optique, rcleclricito, I'aconstiqno, I'tc. , sonl Iraitoes boan- coi'p trop snccinctonicnt i)onr quo colte partic ilii livre suit do qnc'que ntilile. On rcmarqnc an?si des phrases (pii , pour etre exacles, anraient besoin do plus de doveloppeniens, el (jui , dans ler.r enonce textuol, pris a la lettre, sont orronoes; assn- rcmcnt, I'antenr ue les ontend pas de cotto nianiere; niais le lecteur pourrait s'y Irompcr. II serail a desirer que , dans nne procliaiiie edition, M. Guilloud donnat plus d'etendue a son ouvrage, et mnltiplial les oxemples, en appliquant les theories qu'il expose aux cas varies qui se pi esentent le plus ordinaire- menl dans les arts. iij/,. — Manuel des jeux dc calcul et de hasard on Noiwcllc Academie des Jeux, contenant : i" tons les jeux prepares simples, tels que les jeux de mots, les jenx de I'oie, loto, do- mino, etc.; les jeux prepares composes, connne dames, tric- trac, echecs, billard , etc.; a° tons les jeux de cartes, soit simples, soit composes : i° les jenx d'enfanr, comme la bataille, la brisqne, la froluche, etc.; a" los jeux connnims, tels que la bete, la monclie, le lonturelu, la tiiomphe, etc; 3" les jenx de salon, comme le boston, le reversis, lewhiste; 4" les jenx d'ap- plication, comme Tonibre, lo ))iquet, etc.; 5" les jenx de dis- traction, cemme le commerce, le vint;l-ot-nn, etc.; 6° les jenx spocialoment dits de hasard , tels que le pliaraon, le trente-el- qnaranle, la roulette, etc.; nn Appciidicc contenant los jeux etrangers, comii.e les tarrots suisses, etc., et los jenx de com- binaison gymnasti(]ues , comme la panme, le mail, eic. ; avec des recherches siir lour oiigine et lours probabilites, des anec- dotes histoiiqnos relatives a plusionrs frentre enx , et les deci- sions des plus habiles joiiours sur les coups difficiles; precede des regies generales communes a tons les jeux, et suivi d'lm vocabnlaire de tons les ternies usites dans les jeux; par M. Le- iiRiiN, de plusionrs academies. Paris, 1H27; Roret. Tn-18 de 3G5 pages; prix, 3 fr. SCIENCES PHYSIQUES. 43 1 En copiant litti'-ralcmcnt le tilre de ce petit ouvrage, nous nous somnies dispenses de I'analyser, parce qu'on y Irouve des notions fort claires de tout ce (]u'il rcnferme. Les personni-s (|iii se livreiit par j^oiit aiix i^c-iites de delasseinens qui y sent decrits, le consultei(jnt avec interet, lorsqn'il s'atjira de decider du re- sultat dt! queUjue cii Constance dilficiie. En fait, c'est une aca- den'ie des jeux ties complete et parfaitement a la hauteur du sujet. Francoeur. 175. — L'art dc Jahriquer la porcelaine, suivi d'un Vocabu- laire des mots tecliniques , et d'un Traite de la peinture ct dorure sur la pnrcelainc ; par F. Bastenaire-Daudenart, ancien ma- niifacturier, etc. Paris, 1827; Malher. 2 vol. in-12, de 402- 4^2 pai,'cs, avec plusieiirs planches; prix, 9 fr. cartonne. M. Daudcuart commence par une revue des ouvrages pu- blics jnsqu'a present, en France, sur I'ait de fabriquer la por- celaine. II est severe dans ses jugemens sur le merite de ses devanciers; il ne se reporte peut-etre pas assez a I'epoqne on ils ecrivirent, et ne lient pas assez comple de ce qu'etaient alors les connaissances chimiciues et l'art hii-meme. II s'est done impose I'obligation d'offrir au public un livre qui merite les eioges, non seulement de la generation pour laquelle il est fait, mais de celle qui liii succedera. Comme les progres des sciences et des arts se raientissent en approchant du terme de leur per- fection, ce traite sera peut-etie assez long-tems le meilleur que Ton puisse consulter; I'auteur s'est attache a le rendre clair, muthodique et complet; on y Irouvera les connaissances du chimistc uuir s a celles du manufaclurier. Dans une autre edi- tion, il sera tres-utile de mettre des echelles, afin de faire con- naitre non seulement la forme , mais les dimensions reelles des objets que les planches representent. Cette observation pent s'appliquer a presque tons les ecrits sur les arts. F. 176. — Jbrege de la Nowelle Gcographie iinU>erselle , physi- que, jMliticpie et historlquc , d'apres le plan de William Guthrie, redige depuis son origine (1800) jusqu'a ce jour, par Hyacinthc Langlois; onziemc edition , entierement refaite, et augmentee de 1,700 pages, avec les nouvelles divisions conformes a I'ctat politique de I'Enrope et des autres parties du monde, les der- nieres decouvertes; les sources et autorites sont citees ^i chaque article. Paris, 1827; Ilyacinihe Langlois pffre, rue de Bussv, n" 16. ?> tres forts vol. in-S", formaut ensemble 3,370 pages, (2iofeuilles); prix, 36 fr.; grand in 8° papier velin grand-raisin, 5o fr.; le meme, avec le nouvel Atlas iiniversel portati/We geo- graphic ancienne et moderne, cuntenant 39 cartes, par Ar- ROwsMiTH et Danville, quatrieme edition revue et corrigee /,V2 LIVRES FUANCAIS. d'apres les nouvolles divisions dcs etats dc I'Kurope et des {Kitres parties dii {zlobe, jiar Trkmin, gcoj^rapho. t vol. petit in-foiio, cartoiine ;i la lliaclcl; prix, 57 fr. ; papier velin avec I'atlas, 70 tV. ; I'atlas se vend separetnent 3.5 fr. 177. — * Noui'ellc Gt'o^rajiltic iiu tliodiqitc dcstincc a I'cnsei- gnemcnt , par MM. Achillc Meis.sas , eleve dc I'abbe Gaultier, et ^«^'«.v/^,' MicHELOT, chef d'institntion, ancien eleve de I'Ecole polylechnique : suivie d'un petit Tralte sur la constrtiction des cartes, par M. Charle , j;eoi^rap]ie atlache an depot de la guerre; acconiiia^ne d'nn Jtlas in-foiio, dresse par le memc. Paris, 1827. Brnnot-Labbc; Bandouin freres. In-ia de 356 pag., avec 2 planches jjravees; prix, 2. fr. 5o c. , le lexte cartonne. Atlas elementairc , 7 fr. ; id., avec 5 cartes muettcs , 12 fr. 5o C. Atlas universcl , compose de onze cartes ecrites, 12 fr. 5o c. ; idcni^ avec les 5 carles muettcs , 18 fr. Nous ne ferons qu'un pe;ii nombre d'observations snr cat ouvrai,'e dont I'ntilite sera mienx appreciee a mesnre qn'il sera pins repandu. An premier con])-c!'ceil, il semble qne la con- strnclion des cartes n'aiirait pas du t*tre renvoyee a la fin, et qne la connaissance de I'instrument cpi'on emploie est indispen- sable i)our en faire nn bon nsaj^e. Mais il faut remarqner, et nons aurons pins d'nne fois I'oceasion de le repeter, qn'il s'agil d'enseigner la geographic a des enfans, et qne, par consequent, sans negliger d'exercer rinlelligence antant qn'il est possible, il fant confier a la memoirc tout ce dont elle doit demeurer senle depositaire. Ainsi, apres les definitions et I'exposition des principalcs divisions, et des coimaissances encore snperficielles de la geographic aslrononiicine, on a du placer les notions ele- menlaires de geographic politique. La cosniographie, qni exige pins d'efl'orts d'intelligence, a dn venir cnsuite, et fonrnir a la geographic physique des connaissances dont elle ne pent se passer. Tandis qne les jeunes eleves ])arconrent ces divers de- gres d'enseignenient, I'intelligenre se fortitie de pins en pins, et par I'exercice et par I'effet de I'age : il est terns alors d'arriver a la construction des cartes, notions pins difficiles a bien com- prendre qne toutes celles qni ont precede. L'ordre snivi par les auleurs de cct onvrage est done celui dn developpement progressif de I'intelligence des enfants, et par conseqnent le nieillenr ponr rcnseignennnt. On ne sera pas nioins satisfait des details que de Tensemble; les antenrs ont renssi ii rassem- bler dans nn petit volinne nn assortinicnt de connaissances toutes applicables, telles qn'elles sent, et dont on pourra com- pleter par la snite les differenttis divisions, sans avoir besoin de faire aucune reforme dans ce qne Ion salt. SCIENCES PHl'SIQCES.-SCIENCES MORALES. 4i3 L'ltsage clos carles mucttcs est un moyen cl'elude que la geo- graphie poisede aujoiiicl'liui beaucoiip inieiix qu'aucune autre science , niais tlout oii devrait etendre I'usage a toutes celles qui peuvent etie mises sous la forme de tableaux; et les sciezices qui excrcout a la fois I'iutelli-eiice et la memoire soiit dans ce cas. Espcrons que cet enseiguement aussi agreabie que facile fera des progres ; il est sans doute inutile de le recommac.ider sptcialement a ceux qui s'oceupcnt de la propagation des con- naissauces usuelles. u Sciences rcligiciaes , morales, politique s cl hiiluriques. ^78- — * Resume de Cldstoire des traditions morales et reli- gieuses chez les divers peuples, par M. de S... Seconde edition revue. Pans, 1827; Lecoiute et Durey. In-i8; piix, 3 fr. ^ La premiere edition de ce Resume, tiree a i5oo ex'emplaires, s'est epuisee en Ires-peu de terns, sans anciiae reclamation de la part de rautorile. II n'en a pas ete de meme de celle que uousannoucousrelle a etc defereeaux tribunaux, et I'oncoanail lesjugcmensqui en sont emanes. A Dieu ne plaise qu'il entre jamais dan j ma pensee d'affaiblir le respect qui leur estdu. Mais je I'ayouerai, je crains toujours que ces poursuites contre ceux que Ton regarde comme les adversaircs du christianisme ne uuisent h. la .saintete de sa cause. lis peuvent nous reprocher justement que nous triomphons tout a notre aise, et qu'ils n'ont pasia liberie de nous repondre, ce qui n'est pas un pieju-re favorable pour nous. Ne vaudrait-il pas mieux combattre par des raisons les ouvragcs des iucredules, que de les faire con- damner par des magistrals, ou insulter dans des pamphlets.'... J'insiste sur ce princijie , parce qu'on s'acharue de jour en jour a le meconnaitre. Le christianisme s'est propage par la conviction, et non par la contrainte, ou plulot nialcre les ef- forts que Ton a fails pour arreter sa marche victorieuse. 11 n'est aucun pere de I'eglise qui n'ait fait valoir cet argument comme une des preuves les plus frappantes de sa divinite. Les terns n en ont point change la nature; ce qui etait vrai autrefois ne peutetre faux maiutenant. Les moyens qui ont servi a repandre 1 Evangile sont les seuls qui doivent etre employes pour en perpetuer la duree. Entourez la revelation de tout" cet appareil d amies et de supplices qui conservent les institutions humai- nes, vous la confondez avec elles; vouslui enlevez le caraclere qu'elle tient du ciel, celai de se defend re par la douceur et la eliarite, a I'exemple de son divin fondateur. Venous au Resume do I'Hisloire des traditions morales. On v T. XXXVI. — Noveinbre i9:i-^. 28 434 LIVRES FRANCAIS. remarque dcs idces tres-saiiies , dcs inlcntions droitcs el line certaine moderation. Cependant, jc le dis sans detour, I'aii- tcnr s'ecartc souvcnt de son snjet; an lieu de I'approfondir, il s'attache avcc complaisance ;^ des objets etrangers, ou qui n'ont pas un rapport direct avcc les mcienrs et les croyances des nations. 11 n'est pas asscz avare de reflexions, et il en fait parfois qui semblent hostiles: il a beau declarer que son livrc est un souiniaire ou il ne se propose que de reunir un certain nonibrederenseigncmens, et ou meme il ne pent citeren general les autorites ; on lui repondra par ses propres paroles , (jue cc dernier soin scrait cependant Iresconvenahle dans les I'wrcs qui ne sont pas de simples omrages d'agrement ; et ensuite qn'il faut bien choisir les rcnseignemens que Ton donne, et recourir aux sources pour n'elre pas trompe. II est douteux que M. de S .. ait lu avec assez d'attention les symboles dcs differens peoples du monde, et qu'il ait suflisamment entendu les ex- pressions tecbnicjues qui y sont consacrees. On pourrait, it I'appui de ce soupcon, citer ses explications du Zend-Avesta et du Seni Hammnphorasch. Je lui ferai une querclle plus se- lieuse sur la maniere dont il resume la croyance catholique; il est bien rare qu'il ne la montre sous un faux jour, ou qu'il n'aille chercher dans les inepties d'un vulgaire ignorant les materiaux qu'il met en ceuvre. M. de S... doit savoir qu'il ne faut pas confondre la doctrine calbolique telle qu'elle est en- seignee dans I'Ecriture et dans la tradition, avec la doctrine catholique telle que I'ont faite le fanatisme et la superstition. Certes, je suis loin de le blamer d'avoir tourne en ridicule les pratiques et les abus qui deparent la religion; mais je le prie de croire que tout ce qu'il y a dans le clerge, et meme parmi les fideles, de plus vertueux et de plus eclaire, les des- approuve aussi formellement qu'il peut les desapprouver lui- meme. J- E- i^g. — * Principes de littcrature, de philosophie, de politique etde morale; par le baron Massias. T. iv et dernier, Morale. Paris, 1827; Firmin Didot, Delangle freres. In 18 de vj-210 p.; prix, 3 fr. (Voy. Rev. Enc, t. xxxiii, p. 244 et t. xxxv, ]). 44o.) Dans cc quatrieme volume qui rcnferme 708 aphorismes , I'auteur s'est propose un but d'une grande importance, qu'il vanous expliquer lui-meme : « Avant de fuiir, je ne puis resister j\ la tentation de faire connaitre au Icctcur (et cet aveu sera, s'il le faut, Ic chatiment de ma presomption) que dans les cent cinquante-quatre principes on tlieoremes qui suivent, j'ai eu la pretention d'elevcr la morale k la certitude des sciences posi- tives. Et comme la moralitc est la perfection et le couronnement SCIENCES MORALES. 435 de nos autrcs facultes, il s'ensuivrait, si j'avais reussi, que I'exercice et Ics protliiits dc toute I'activite humaine, les sciences, les arts, les vertus auraient dans mon travail des bases inebran- lables et leur legitimite philosophiquc. Pcut-etre me suis-je fait illusion ; peut-etre ai-je ptis nies desirs pour des realites. Que le lectcur examine et juge. « (p. v.) Par quels moyens M. Massias a-t-il cherche a obtcnir im semblable resultat, c'est-a-dire, a donner a la morale le nieme degre do certitude que nous accordons aux sciences exactes? Simplifiant Thypothese dc la statue animee de Condillac, il a suppose un etre humain qui ne percevrait son existence que par un seul point indivisible, ainsi reduit an minimum du sens du toucher; et il a montre, on essaye de montrer, que, dans cette simple perception, est tout I'homme organique, intelli- gent, social et moral, concluant de la invinciblement (les pre- misses une fois accordees) que notre certitude morale est entiere et irrefragable, puisque I'homme, de quelque maniere qu'il sente , qu'il percoive , ne pent etre concu sans moralite ; que Ten priver, c'est le detruire ; et que , pour ne pas y croire , il faut qu'il renonce a croire a lui-mcme. Or, ce qui est inherent a notre nature, ce que le genre humain est force de croire, est irrecusable, est vrai. C'est dans les i54 premiers theoremes qu'il faut suivre et juger les principes qu'il a etablis et les consequences qu'il en tire. De I'analyse que son travail I'a force de faire de tous nos modes de perception, il est resulte qu'en nows, son\. trots principes d'action, le plaisir, la douleur et le devoir; ce qui attaque par ses bases la doctrine, souventtres- specieuse de Y utile, du celebre publiciste et \A\i\o!,o^\ie Jeremie Bentham et de son ecole. Apres avoir dit quelles sont les sources de nos actions, M. Massias parle de leur nature , et il les divise en organiques , intellectuelles, sociales et morales. Le devoir est la loi des actions morales. « II est I'obligation de sacrifier la sympathie organique a la sympathie morale, I'utile au beau et au sublime, regoisme a I'ordre, I'injuste au juste , le bien-etre au bien, I'individuel a I'universel. » (page i8.)_ Les motifs d'obeir aux exigences de cette loi sont la dignite de notre nature , I'immaterialite et I'immortalite de notre prin- cipe intelligent , proprietes que I'auteur demontre par I'exposi- tion et la comparaison des faits physiologiques et des faits de conscience, lesquels, opposes dans leurs principes et dans leurs resultats, doivent aussi etre opposes dans leur nature, leur destination et leur fin. a8. /,36 LIVRKS I'RANCAIS. I, a tlassificatioii iles devoirs le conduit, k ccux qui nous liont a la Divinitc; il clablit que ia morale a sa sanction dans la relij^ion, niais que, sans morale, la religion n'est que ft-ti- chisme. Le livre est termiue par dos pensees diverses de rautour, dont im bon nombre est relatif a son systeme da rapport de la nature a riioinme , tt de I'hoinme a la nature. Si la derniere est exaete, il s'ensuit qu'aucunc philosoj)liic , jiis(|u'ii ce jour, n'a j)u avoir de bases legitimes. « S'il est irrecusablenient vrai que la nature agit coustamment siir iiotre organisation et sur uotrc intelligence pour en solliciter et en reglcr les opera- tions , et si ntannioius j)ersounc jusqu'a present n'a tenu compte de cette intervention, et n'a considere I'homme que nioins cet element priniitif de son elre, de son mode d'etre ct d'action, il s'ensuit qu'aucurie piiilosophie n'a pu resoudre le probleme de notre moi, et donner des bases certaines a la connaissance humaiue. >> Z. 180 — * Essals de Montaigne: Nouvclle edition, publiee d'apres I'edition la plus aiithentique, et avec des Sonimoires anulyticjues et denouvelles Notes , par Amaary Duval, menibrc de rinstitdt. Paris, 1827; Piapilly, passage des Panoramas, 11° /|3. G vol in-8°; prix, ai fr. Deux siccles et demi se sont ecoules depuis la j)remiere publication des Essais de Montaigne. Une multiiude de levo- Uilions, depuis celte epoque ont change la face du monde : les sciences et les arts ont fait des progres inimouses; un nombre considerable de grands ecrivnius ont [)aru; et cependant Mon- taigne est toujours un grand |)l)ilosophe, et meine un grand ecriVain. Non seulement ses ecrits ne sont p.'ft on ariiure de I'epoque a laquelle nous vivons; iis sont, sous beaucoup de rapports, au niveau des liomines les plus eclaires de nos jours, et par consequent ils sont encore bleu au-dcla liu point auquel sont parvenus les peuples. Lc monde vieillira beaucoup encore avant que los masses atrivent a ce bon sens pratique qui fait le fond de sa piiilosophie. Quelle force ne fallut il point a I'es- piit de cet homiiie extraordinaire pour devaucer son siecle, et nuhne la plupart des ecrivains qui sont venus pres de trois cents ans apres lui' Montaigne ii'est pas seulement remar- qu.ible par la force, rabondance el la jualesse dc ses pensees ; il Test aussi par la simplicite et par la force du style. 11 sufli- rait sonveut, pour q,('un grand nombre dc ses pages pus^cut etre mises a cote de celles de nos plus grands eciivains, de substiluer noire orlographe a celle du siecle dans lequel il vi- vait, oil i\c changer (juelcpies mots qui ont vicilli. SCIENCES MORALES. l^^-J Pai-mi les causes f[iii contribuerent le plus a f;.ire de l;ii iin Srand pliilosophe, il fant mcttre sans doiite la nianicre dont il luteleve. Instriiit dans les langues anciennes, commc cliacun de nos enfans est inslniit dans sa langiie mateinclle, il ne vit presque aucun genre de mciite a lire on mcnie a pnrlcr coiiram- iiient la langue de Ciceron on de Virgile. II eniplova par con- seqnent, des sa plus tendrc jeunesse, le terns qtie les autres met- taient a apprendre dn latin on du grec, a nonrrir son esprit des pensees des anciens philosophes. Ayant appris les langnes an- ciennes de Ires bonne henre, et en qnelqnesorte sans s'cn aper- cevoir, il fnt choqiie de voir que le terns le plus precieux de la jeiuies.se n'etait employe qu'a apprendre des mots. Le sm'nir-faire fut tout a ses yenx; le savoir-dire, tlegage de lout autre merite, ne iui parut qu'une frivolite. Sous cg rapport, Monlaigne doit etre I'homme de noire siecle ; ot plus nous ferons de prosres, plus sou nom et ses ecrits deviendront popniaiics. Les ecrits de Montaigne sont de beancoup superieurs a cenx de la pkipart des ecrivains du dix hnitieme siecle. Des pensees qui, dans ses ouvrages, sont d'un bon sens et d'une justesse adiiiirablcs , sont souvent devenues de miserables sophisme^: dans les ecrivams qui s'en sont emparcs, soit parce qu'elles ontete mal entendues ou mal appliquees, soit parce qu'elles otitete exagereesjnsqu'au ridicule. J.J. Rousseau, par exemple na presqne pas une pensee qui ne soU prise d.uis xMoniaigne' mais aiissi il n'en a presque paspris une seule quil n'ait faussee^ soit dans ses developpemens, soit dans ses applications. Deux chapitres des Essais sur I'educatlon renfermcnt phis d'observa- tions jusles, plus de verites utiles que tons les gros livres .ai'on a cents sur le mcme sujct. Ces deux chapitres devraient' etre le manucl de tons les pcres de famille, de tons les instituteurs lis peuvent, du reste, etre resumes en deux mols : c'est qu'/7 ncfaut apprendre aax enfans que ce qii'ilx dnivenl faire etant grands. Les Essais de Montaigne ne sont point un ouvrage destine a des hommes d'une profession particuliere; ils conviennent ega- lement aux hommes de tous les etafs ou de toutes les condi- lions. Regler sa vie de la maniere la plus avanta-euse aux autres et a soi-meme est la science que I'auteur eiisei-ne et cette science doit etre ceile de tous. " ' Rieu n'est plus propre a constater les progres du bon -ens .1 une liation <,ue la diffusion des .'crits de ce philosophe. Le libra.re qui les met a la portec des fortunes modestes lait preuve de discernement, et meiite que ses efforts soient encourages. Esperons que la honne opinion qu'il a concue du A38 LIVRES FRANCAIS. jiigcmcnt dii public ne sera point domentie par rexpcriencc. Nous pouvons assurer, d'ailleurs, que cette edition dcs Essais de Montaigne est faite avec le plus grand soin et sur un tres- beau papier. Le noni de M. Amaury Duval, qui I'a enrichie d'un grand nombrc de notes, est, an reste,une garantie qui pourrait dispenser de toute autre. i8i. — *Dc la Sages sc , trois livres, par P/Vr?^ Charron; NonccUc edition publiee avec des sommaircs et des Notes cxpli- cath'cs , hisloriques et philosopliiques , par Amaury Duval , membre de I'lnstitut. Paiis, 1827; Rapilly. 3 vol. in-8° sur beau papier satine, &\ec portrait ; prix, 10 fr. 5o c. C'est une heurcuse idee de publier a la fois, etcomme dans un scul corps d'ouvrage, les ecrits de Cliarron, et ceux de Montaigne. Lorsque deux ecrivains ont etc contemporains, qu'ils ont tte unis par une ttroite amitie, et qu'ils ont eciit sur des sujets analogues , il est rare que Ics hommes qui ont de I'admiration pour les ecrits de I'un, n'aient pas un certain penchant pour les ecrits de I'autre. On traite volontiers les li- vres pour lesquels on a du gout, comme on traite ses amis : on aime tk placer :\ cote d'eux les ouvrages qui ont avec eux de I'analogie et qu'ils out contribue a former, C'est une espece de fratcrnile a laquelle on rend volontiers hommage. Montaigne a exerce une influence immense sur la pluparl des ecrivaini francais qui sont venus apros lui ; cette verite n'a pasbesoin d'etre deniontreeaux personnesqui ont lu ses ecrits, et qui connaissent les ouviagesde nos philosophes. Mais ancun ne doit autant a son genie que le moraliste Charron : cet ecii- vain n'eut jamais ete qu'un theologien obscur et fi\t mort ignore, s'il n'eut pas ete particuliercment lie avec I'auteur dcs Essais. Sa liaison avec Montaigne cut une telle influence sur la nature et sur la direction de ses idees, qu'elle lui inspira tout a la fois le sujet et les pensees de son livre. Ce que I'lni ccri- ■vait et pratiquait en quelque sorte comme par instinct, etait reduit par I'autre en theorie. Les ecrits de Montaigne sont ceux d'un sage qui observe le monde et qui s'observe, sans penser u en tirer d'autre avantage que d'appreudre a regler sa conduite , et de f.iire connaitre un homme qui differe des autres sous tant de rapports. Les ecrits de Charron sont, au contraire , ceux d'un ecrivain qui pense principalement a ses lecteurs, et qui veut leur communiquer les pensees on les sentimens qu'il croit les plus propres a les rendre sages et heureux. De cette difference entre les deux ecrivains est resultee celle que nous observons cnlre leurs ecrits. Les Essais de Montaigne renferment une multitude de sujets divers, qui u'ont SCIENCES MORALES. /.Sg cntre ciix auciine liaison; tout ce qui frappe I'esprit de I'au- leur est pour lui matiere a observation. Sa plume marche tou- jours a la suite tie ses idees, et no s'arrete que quand Ic sujet est epuise; peu importe d'ailleurs a I'ecrivain I'ordre dans lequel les sujcts sc prescntont. II est toujours tout entier a ce qu'ii ecrit et ne parait jamais se mcttre en peine ni des sujets qui precedent, ni de ceux qui doivent suivre. Aussi, son ou- vraf;e demande k etre lu de la meme mauiere qu'il a ete ecrit : h batons rompus. II est impossible d'avoir un meilleur com- pagnon de voyage. On le prend , ou on le quilte, selon que les affaires le permettent : on y revient toujours avec plaisir, parce qu'il est toujours varie. Les ecrits de Charron , ayant ete composes dans un but determine, sont moins varies et plus methodiques. L'ecrivaia ne perd jamais de vue son sujet : il divise et subdivise les ma- tieres qu'il traite, quelqucfois au-dela de C(^ qui est necessaire pour bien exposer ses pensecs. Dans son onvrage, on voit moins I'homme que I'auleur; c'est le contraire des Essais dc Montaigne. Charron decrit successivement les diverses pas- sions dont I'homme est susceptible, et il prend souvent pour guides les philosophes de I'antiquite. II decrit aussi les divers etals dans lesquels un homme peut se tronver, et il en fait voir les inconveniens et les avantages. Enfin , il expose les regies de couduite qu'il est bon de suivre dans chaque circonstance , et apprend comment on peut moderer ses passions. Son livre forme done un veritable manuel de morale. Tons les sujets ne sont pas traites sans doute, comme ils pourraientl'etre aujour- d'hui; mais ils le sont ULanmoins d'une mauiere remarquable, lorsfpj'on se reporte surtout au terns auquel il ecrivait. L'ouvrage de Charron, imprime dans le meme format, sur un meme papier et avec les memes caractercs que cehii dc Montaigne, accroit la valeur de celui-ci , les acquereurs de I'un ayant la faculte de les acheter ensemble ou separcment, selon leurs convenances. Cli. C 182. — * Discours de In Methode , pour bien conduire sa raison et chercher la verite dans les sciences , par Descartes. Paris, i825; Ant. -Aug. Renouard. In-i8 de 178 pages; prix, 2 fr. 1 83. — * Meditations metaphysiqucs , par Descartes. Paris, 1 8a 5. In-18 de 210 p. ; prix, 2 fr. Ces deux chefs-d'oeuvre du pere de la philosophic moderne auraient du depuis long-tems etre offerls a !a jeunesse des ccoles et au public eclaire, sous cette forme elegante el com- mode qui invite ii la lecture, qui par la tenuite du volume /I'.o LIVftES FRANCA-IS. (liminnc la craintc d'abordcr tin aussi important objct (|iic Li im'iapliysique cartesiemio, Ct qui fait rcssortir combien Ics plus belles choscs pciivent soiivent leiiir pen de place. Los diMix pcti.ts oiivrai);e5 dont il s'agit offient, en effet, v.n nioiito sem- blablc il cclui do cos slatiies anticpies de nioindrc proportion, niais d'une perfection achevee, d'un niodiMo unique, oil la ^'riicc nc le cede qu'a la force ct a rcl-'valion du style. Le Discours dc la Mi-tliode surtoiit, public en francais on i637, prcs(jue er> meme terns que le Cid , ot une vingtaine d'annecs nvant les I'voviiicialcs , est iiu phenoraene presque an.ssi romar- quablc dans I'liisloire de noire langue epic dans celie de la philosophic!, ot nitrite, meme conime monununt litloraire, ■ d'interesser vivemont. Les 3Ic(lUcitions furent, coiiime on sait, traduites par le due He Luyncs sur le latin de Descartes, qui levit lui-memo cctte traduction plus fidele qu'clegante. Cost nne lecture plus forte et plus dilficile que oelle de I'ouvrago precedent, mais a laquelle on se trouvc tout prepare et coinme entraine par colui-la. Cette etude progressive de deux ouvrages, dont Tun est la repetition agrandie, mais nulloment cupiee de I'autre, est un des plus utiles et des plus nobles exercicos qu'uu homme puisse douner a sa pensee : car olie offre a sa contem- plation le sublime spectacle d'une theorie pure et toute ratio- nelle, consacree par le genie le jilus original, le plus ciealour et le plus malhouiatique de son siecle a la demonstration de Dieii, de la double substance et dc la raison. Ceux qui out one fois goutc cette doctrine pcuvent bien cnlrer dans d'autics routes pliilosopliiques; mais les Meditations de Descartes sub- sistent loujours pour eux comme un souvenir sacre, comme riiymne du raisonnement con^u dans le sanctnaire le phis in- time de I'inteUigence et de la conscience humainos; et sou vent sans doute il ieur arrive de regretter ce dogmatisme fernie et rassurant qii'ils ne sauraient trouver aussi plein , ni aussi eleve, dans aucun autre systeme. V — o — r. X 1 84- — * Histoirc physique , cwilc ct morale des environs de Paris, par Dulalre; XF livraison, ou premiere partie du tome VI. Paris, 1H27; Guillaume. In 8° de 240 pages, avec gravures ; prix do chaque livraison, 7 fr. 5o c. (Voy. Rev. Enc., f. XXXIV, p. 2o5-2o6. ) Cette premiere moitie du tome iv contient le chapitre iv du livre i'"'' de la hnilieme partie de VHisloirc des ciwirons de Paris; ce chapitre est consacre ;\ la description de Crecv, Coulommiers, la Forie- Gaucher et lieux environuans. Le dciixieme livre decrit le pays d'entre Seine et Marne; le troisieme, les lieux qui sont sur la route de Paris a Provins; et SCIENCES MORALES. 441 le fjiiatrit;nie, coiix que Ton rencontre sur celle cie Parisi Meliiii- Un coup d'oeil rapide jete siir celte livraison nous a fait jiiger que c'etait pout-etre une dos plus interessanfes que I'on eut encore* piibliees, niais nous a convaincus en nieme trms qii'i! nous scrait difficile d'entrer aujoiu-d'hui dans beaucoup de details snr les faits qu'clle renferme; nous nous reservons d'y revenir, lorsque les editeurs publieront la seconde partie du mcme volume. E. H. i85. — * Precis de I'histoire de la constitution d'Angleterre , clepuis Henri VII jusqu'a Georges II; d'apres Hallam, par A. R. RoRGHERS. Paris, 1827 ; Pontbieii. In-8". Le titre seul de cet important ouvrage, dont le sujet se rat- tache par des analogies reniarquables a nos plus chers interets du momeni:, et le nom de I'auteur, sont des garans de sncces. En nous empressant de signaler son apparition, nous nous pro- posons de lui consacrer une analyse dans I'un de nos prochaius cahiers. 186. — * Histnirc de la contrc-rtvolution en Angleterre , sous Charles II et Jacques II; par Jrmand (1.k^^y.\.. Paris, 1827; Sautelet. In-8° de 439 p. ; prix, 7 fr. Nous consacrerons plus tard un article de quelque etendue a cet important ouvrage. 187. — * Eistoire de la garde nalionalc de Paris, depuis I'epoque de sa fondation jusqu'a I'ordonnanee du 29 avril 1827; par M. Charles Comte , auteur du Censcur enropeen ; public le 14 juillct 1827, jour anniversaire de la prise de la Bastille. Paris , 1827 ; Sautelet. In- 8° de 535 pag.; ()rix , 6 fr. A peine I'ordonnanee funeste du 29 avril eut-elle appris a la France etonnec que la garde nationale de Paris , composee de I'elite de ses citoyens , etait licenciee , qu'iui cri d'indigna- tion s'eleva de toutes parts contrc I'operation ministericllc ; et qu'au milieu de la douleur produite par cctte mesure irrefle- chic , on eprouva !e bcsoin de rendre une pronipte justice aux sentimeus honorables de cette milice si distinguee , en pu- bliant I'histoire des services qu'elle avail rendus a la patrie et au trone. II fallait se hater. M. Comte , dont le talent est connu, et dont la reputation garantit Timpartialite , se chargea de cctte noble tache. La reparation que demandait I'opinion en faveur de la garde nationale de Paris ne fut point tardive , et son histoire fut livrec au public impatient, le 14 juillet suivant , jour anniversaire de la prise de la Bastille. II faut remarquer que la creation de la garde bourgeoise , qui fut I'origine de la garde nationale, date egalement du i4 juillet 1789. L'histoire ecrite par M. Comte est divisee en cinq epoques. I-a premiere s'ouvre par un precis tres-court, mais tres-re- 442 LIVRES FRANC AIS, niarqiiablc, sur I'ctat ancien do la France, et surles causes de la Involution. Les Etats-Generaux sont convoques; la force arniee commet dcs violences qui exasperent I'csprit du peuple; la ville de Paris temoigne le desir de se passer de nicrcenaires pour concourir a sa propre surete ; I'organisation de la milice parisienne est arretec ; les ofiiciers sont nommes; les citoyens s'arnicnt de toutes parts ; bientot la Bastille est prise , et M. de Lafayette proclame unanimement commandant de la garde nationale. La seconde epoque , qui commence par le tableau inte- ressant, et d'une grande verite, de la situation politique de Paris dans les premiers jours qui suivirent la prise de la Bas- tille , contient I'histoire de la journee du 6 octobre , ou la garde nationale sauva la famille royale , et conduit le lectcur jusqu'au depart du roi pour Varennes , et a la seconde fede- ration. Le surlendemain de cet anniversaire une petition ayant ete portee au Champ-dc-Mars, afm d'y etre signee par des personnes qui provoquaient la decheance de Louis XVI , on vit la garde nationale tirer sur I'attroupement qui s'etait forme pres de I'autcl de la patrie. A la troisieme epoque I'auteur donne un apercu de I'etat des partis sous I'assemblee legislative , raconte rinsiu-reclion du lo aoiit , le renversemcnt du gouvernement monarchique , et montrc combien la garde nationale eut pcu d'influencc sur ces evenemens ; elle disparut en quelque sorte par le fait de I'insurrection , et une loi vint bientot lui ravir jusqu'a son nom. La quatrieme epoque est consacree aux details de sa nou- velle institution , sous le nom de sections armccs. Une partie des citoyens qui la composaient fut alors desarmee et empri- sonnee. Le directoire la reorganisa. La cinquieme epoque vit la destruction de la garde nationale par les ordres de Bonaparte , et son retablissement au moment ou les puissances coalisees envahirent la France. La conduite de cette garde fut alors digne de tous les eloges , et elle rendit les plus eminens services a la cause dcs Bourbons , et surtout ii I'ordre public , maintenu par ses soins au milieu des troupes etrangeres qui avaient envahi notre tcrritoire. L'ouvrage de M. Comte , rcmpli de faits interessans, ecrit avec force et rapidite , deviendra ini livre de bibliotheque , et il sera considere parrai les memoires dont on se servira pour ccrire I'histoire de la revolution , commc un des plus importans et dcs plus veridiques. Une seconde edition fcra sans doute disparaitre quelques expressions et quelques locutions trivialcs qui sont echappees dans la chaleur de la composition. R. X 1 88. — Souvenirs de la garde nationale, depuis son originc en SCIENCES MORALES. 443 1789 , j'usqu'a son Ucenciement en 1827, par un ex~cap'uaine ; dedie aux defenseurs de la bairierede Clichy. Paris, mai 1827; a la librairie universelle , rue Vivienne , n*^ 2 b/s. In-8" do 32 pages ; prix , i fr. L'auteur rappelle, dans ce petit nombre de pages, les traits les plus interessans de I'histoire de cette garde civiqne. I,e 9 juillet 1789 , Mirabeau demande que des gardes bourgeoises soient organisees a Paris et a Versailles ; le i3, les electeurs de Paris, formes en comite permanent, prennent un arrete pour I'organisation de la milice parisienne. La creation pro- visoire fut de 3 1,000 hommes , dont 1000 ofiiciers. Les ser- vices de cette garde pendant les premiers terns de la revo- lution , les solennites de la federation , oil parurent 60,000 deputes en amies , venus de tous les points de la France , la protection dont elle couvre la famille royale centre les sedi- tieux du 20 juin, son devoument patriotique contre I'invasion ctrangere, et ses diverses vicissitudes , sous la convention , le directoire et I'empire , jusqu'au moment oii on la voit de nou- veau reprendre ses amies contre I'etranger, tels sont les prin- cipaux faits contenus dans cet opuscule, oil les nienibres du corps utile qu'on vient de detruire trouvcront avec satisfac- tion quelques-uns de leurs titres a la reconnaissance nationale. M. A. 189. — * Bingraphie universelle et portative des conteniporains , oil Dictionnaire historique des hommes celebres de toutcs les nations, morts et vivans; en un seul volume in-8" , avcc un atlas de 200 portraits. Paris, 1827; Aucher Eloi, rue Saint- Andre-des-Arcs, n° 65. Prix de la livi'aison, 2 fr. (Voy. Reo. Enc. t. xxxiii,p. 801. ) Nous somnimes en retard sur le compte de cet excellent ou- vrage, dont cliaque livraison merilerait un article particulier. L'editeur, pour satisfaire a I'impatience du public, a imagine, en poursuivant la publication de la premiere partie, de com- mencer la publication de la seconde a partir de la lettre L ; il a paru trois livraisons decelle-ci, contenant jusqu';\ la serieLAN, incluse. La 28« livraison de la premiere partie arrive a la fin de DEZ. Une parfaite impartial] le preside a la redaction de cet ou- vrage, de mieux en mieux fait, el a laquelle nous donnous des eloges d'autant plus sinceres, que, comme les auleurs gardentle plus strict incognito, nulle affection n'en pent etrela cause de- terminante. On recounait aisenient que chaque article est traite par un ecrivain de la profession du personnage dont ii devient Vhistorjen. Un vaudevilliste n'ecrit point sur lessavans qu'il ne comprendrait pas; un faiseur de tragedies ou de feuilletons^ A4'i LIVRES FRANCAIS. sur Irt luilitaiifs dont les op<;ralioiis liii fiiient tciijours cinm- j;eres; iin romancic-r, enfin, siir les hommrs d'cla:. Niil doiiie qtic la distiibulioii dcs iii:itierc-s n'ait elo soi^nfiiscmcnt failt; entre dt-s personnes qui s'cnlendaient aiix cliosos qu'il etait qijestion de tiailcr. Aiiisi, dans les notices ou sont t'eJraccs les hauls fails do nos gueniers, tels qin' Dam/jicrre , Danicnu , Dccaen , Dcfrancc ^ Delmas, D(fsiiix, etc., il n'cst pas (jiiestion de bronze qui vomit le trepas, de montattnes de moris et de mourans cle\ees sons le sabre des luros, ni d'a-ities J)eaiUes du nieine {^eiire, dignes dii tm'lodiame et entassees dans la plu- part des oiivrages ecrits receiiimeiit sur le metier des armes. On troiive iin eomple fidelement rjendu et sans empiiase des operations dont I'lusloire doit gardcr ie souvenir. Pent-e?re , dans certains articles, s'est- on montre trop concis. Dans I article Davout, nous trouvons qu'on a passe im pen legerement snr la Iin de la carrierc militaire et politique de cc niareclial; et, en etendant notre retl'-xion sur rarticle Z^ecmv, il nons parait que !e degre de gloire leplus eleve, acquis avco des titrcs pompcnx, nc reflete point \\i\ eclat suffisant pour faire disparaitre les fanles dans les tableaux de I'historieu. Le respect du aux lauiiersde I'cmpire proscrif sansdoule one criti- que amere debeaucoupde torts graves; maisaucune considera- tion n'autorise la justiiication de ce qui ne saurait eirc juslifie. Ponrquoi done nous peindre, antrcment que coninie nn niauvais nimistre et nn mauvais Francais, un honime qui n'eut d'autrc mcrite que de savoir cacher la seivilile d'un courtisan sous ces dehoi'5 (ie franchise tant soit pen grossiere des gens de mer, qui contribna a la mine de notre marine, et qui fut la cause de de la pertedu dernier point importantdont la possession dans les iiicrsde I'lnderappelat le nom de la France etsa gloiie uavale? L'histoire des hommes qu'on pent, a proprement parler, appeler rt'vohitionnaires, est en general !res-bien fai(e. Les ar- ticles DantoneX Camille Z)f.?/«oM///?.v, particniierement, sont tres- remanpiables. Le notice sur ZJrtc/J est I'ouvrage d'un honime a la (ois connaissenr dans les beaux-arts et dont la plume est f;- miliarisee avec les sujets poiitiques. Entre les notices qui con- cernent les savans , nous recommandons eeliesqiii coneernent Denon, Dclamhic, Deeandnllc, elM. Dcfamarcn , en lemarquant qne ee dernier n'a pas ete traite avec toule la distinction qui lui etait due. L'historien de ce savant n'a pas assez insiste snr le nierite e;uinent de celni dont on pent dire qu'il est, de tons les naturalistes, le seni qui pnisse etre mis en iigne avec co Linnc dont la Suede eut le bon esprit dc s'enorgueillir, tandis qu'il e;t dn petit nombre des naturalistes (jui, s'occnpani pMlo- SCIENCES MORALES. 445 sopliiqiicmenl ile la science , n'ci) font [)a.s iiii veritable enfan- tillage: la France connait a peine ce genie siiperieur dont elle devrait pourtant s'enorgueiilir aussi. Lngi ange tlLacepedc sonl niieux a|>precie.s, et nous trouvons qn'ii j' a une sorte de cou- rage a jjiiblier que le second, si vante pour son style, n'est qu'un ecrivain d'un rang secondaire, dilfus et prolixe outre mesure. Les articles La Havpc ct Lalande sont foi t curieux, et nienic amiisans. Le due Decaze occupe plus d'une vingtainc de colonnes , oii raugmentatioii qu'il fit de la Chambre ties pairs se tiouve se- verenient jugee. Une autre celebrite libournaise, on de Sainte- Foix, pres Ldjourne, se trouve oubiiee; les biographies s'oc- cnpent des grands crimes comnie des grandes veriles, des grandes nuUiies incme, puisque le Russe D... trouve place dans ccUe que nous annoncons. Laconibe, president du tribiinal re- volutionnaire de Bordeaux, qui fit tomber en si\ mois quatre cents tctes notables dans cette ville, dont I'aiidace feroce egala celie de Fouquier-Thinville, qui porta enfin a son tour sa tete sur IV'chafaud , est oniis , et devra etre attache au pilori de Thistoire dans quelque snp])lcJinent. L'article Laine ( non pas le chanteur de I'Opera, mais le minislre d'etat) nous parait contenir une omission imporlanle sur le commencement de sa carriere ; il n'y est pas dit un mot de son origine africaine et du voyage qu'il a du faire a Saint-Domingne , si nous nous en rapportons an tres-curieux et spirituel ouvrage de M. I'eveque Gregoire, intitide Z)e la noblesse de la /;c(7« , ou nous lisons: « Uu ecrit public recenunent nous revelc que, dans les premiers lems de la revolution francaise, les colons du Cap- Francais exclurent de Icurs rangs, comme lioiiiiiie de coaleur, M. Laine, aiijourd'liui minislre d'eiat et pair de France, le memcqui, en 1819, deploys tant de fureur contre un depute del'Isere. « — Nous reconnnandons encore la lecture de l'article qui concerne M. Laffiltc , ou le red;icteur, combattant avec un pen de vivacite les vues de cet habile financier, quand elles se trouverent luie fois seulement conformes a celles d'un ministte odieux a la nation, n'en rend pas nioins justice aux vertus ainsi qu'anx lalens de I'un de nos plus grands citoyens, de I'un des hommes les plus aimables ot ics plus simples dans ses gouts, que n'aient pas corrompu d'immenses ricUesses, si bien acc]iiiscs, et mieu\ emj)loyees encore; dun hou)me aii- quel, malgre ic courage qu'il montra en sacrihantsa popularity a la conviction ou il etait qu'uue operation ])eut ne pas etre perverse parce que, des hommes pcrvers la proposent, vient de recevoir des habitans de la canitale un nouveau le- /^t^6 LITRES FRANCAIS. iiioignage de Ifur liaulc confiance. En nous tlisant que M. Laf- Utc n'a pas toujonrs cte dans ropulencc, et q'l'il est I'linicjue artisan de sa loitune, son biographe n'a sans doute point connu line particulalite d'une si belle vie ; il n'a point en- tendii ce ^rand citoyen dont aucnne speculation ne comprorait la reputation, quel'envieet la calomnie attaquerent vainement, I'aconter, avec une spiritiielle siniplicite , comment il dt le voyage de Hayonne a Paris, a pied, lorsqu'il vint pour la premiere fois dans cetle grande ci^e qu'il devait represcnter un jour. On pout mettre en parallele avec M. Laffitte , pour les vertus civiques et pour la maniere impartiale dont son hiitoire est traitee dans la Biographic portative, le veteran de la liberie des deux niondcs , Tillnstre general Lafayette, I'un des liommes de nos jours les plus dignes de trouver im Plutarque. B. DE Satnt- Vincent. X 190. — *Eistoire de Louis /X(SaintLouis), parM. Pigault- Lebrun, menibre de la Societe plulotcchnique. Paris, 1827; Barba, cour des Fontaines, n° 7. In- 12 de 204 p.; prix, 3 fr. X 191- — *Histoirc de Charles VI , par le rncme. Pavis, 1827; Barba. In-12 de 3o3 pag. ; prix, 3 fr. M. Pigault-Lebrun , ecrivain spirituel , connu par des romans remplis dejoyeuses descriptions et d'aventures plaisantes, dout la relation vive et animee cutraine le lectcur, a voulu consa- crer son talent a des travaux d'un ordre plus eleve et d'une nature plus serieuse. II a pense que I'histoire de France n'a- voit jamais etc presentee dans cet ensemble qui forme un tout de plusieurs parlies, et qui inspire un interet soutenu; avec cet esprit de pliilosopliie qui demeie les causes et qui suit leurs re- sultats de siecle eu sieclc, comme les detours du labyrinthe avec !e lil d'Ariane, il a voulu classer les faits et leurs conse- quences avec ordre el liaison; il a neglige les incidens oiseux, il a choisi des evenemens assez importans pour que leur deve- loppement excitat loujours la curiosite; il a essaye de peindre a grands traits les hommes, leurs caracteres, I'abus du pou- voir, la superstition, I'aveuglement des peuples el les ambi- tions eclatanles; et il a compose \\x\c Histoire de France , critique et pliilosopliique, a I' usage des gens du monde (Voy. Rev. Ene. t. xxxi,p. /)77). M. Pigault a-t-i! convenablement renipli le cadre qu'il s'etait trace? nous devons le croire, si nous nous en ra|)portous au succes qu'il obtient, jjuisquavant meme la publication lotale ties huit volumes qui doivent completer son ouvrage , I'editeur juge a propos d'en detacher les regnes importans, et de les reimprimer separement. Les deux volumes que nous annon- ^ons sont de ce nombre : par la modicile de leur prix , et par SCIENCES MORALES. t,\') leiir format, ils se Iroiiveront bientot sous les yeux de la classp des iecteurs qui ne sauraieut atteindre au couteux in-oclavo Nous ne connaissons pas le grand ouvrago dont ils sent deta- ches ;niais cesfragmens sent complets, et doivent en donner inie idee parfaitc. Ecrits avec rapiuite, d'un style facile et ele- gant, les regnes de Louis IX et de Charles VI nous rappellent tout ce que les Instonens el les chroniqueurs ont rapporte sur eux d evenelnens remarquables ; et partout , dans ses tableaux , M. Pigault salt nous faire pressentir avec finesse les grandes lecons qui decoulent des belles actions comme des mauv.ises des vices despr.nces et des peuples autant que de leurs vertus On voitqu ilasouventluVoltaire; qui! a etudie samaniered'ecrire et qu apres un recit que distinguent la clarte et la simnlicite il cherche, comme lui , i amener le trait par une phrase cour'te energique et profonde. Cette methode, qui ne pent etre adoptee que par un homme de beaucoup d'esprit, et qui sied tres-biea a M. P.gault a aussi son ecueil. On ne deguise pas touiours avec assez d adresse une imitation long-tems prolon-ee- et lorsque cette imitation degenere en copie servile, I'aute'ur quelque talent qu .1 ait d'ailleurs, risque d'encourir le reproche de plagiat. Nous craignons que la memoire de M. Pigault n*. lait quelquefois trop bleu servi; et nous I'engageons a sun primer, dans une troisieme edition, des phrases peu impor- tantes sans doute par elle-memcs, mais qui nous semblent tron connues. i Voltaire a dit quelque part que les habitans du Khoracan que 1 on nommait Corasrnins, presses par les Tartares, s'etaient precipitessurla Syrie et qu'ils avaient egorge dans Jen.sa- b.m Turcs , ]uifs ct chretiens. C'est un des moreeaux que M. Pigault a reproduits prcsque mot a mot. Les faits an reste, appartiennent a tout le monde; mais, avant de se L approprier, ,1 faudrait s'assurer de leur realite, et celu! ci nous a mspire plus d'un doute. Nous nous croyons certains one les habitans du Khoracan n ont jamais porte "le nom de Coras /«//« et que ce nom ou a peu pres , etait celui des peuples de la Khoaresmie ou Kharismie, situes au nord du Khoracan au sud de la raer d'Aral. Mais, avant que ces peuples,' ou meme ceux du Khoracan, presses par les Tartares se nreci p.tassent sur la Syrie, ils avaient a traverser le grand deser"t sale de Naoubendjan ; puis la Perse tonte entiere; puis W chaine redoutable des monts du Louristau; puis, la Meso'nol lamie et ses deserts, et le Tigre , et I'Euphrate , et d autre* cours d eau qui ne sont pas de legers obstacles; ils avaient enfin a parcourir un espace de plus de six cents lieues sur des terri- /i/,3 LIVRES rRANr.AIS. toires loujoi.is ciuiemis. Cctlc excursion siibiu; dous i)arait done ptii probable; et nous oiissions desire que I'liistoricn en recherchat los causes et nous Ics expliquat, ou qu'ii annoncat ses doutes sur riutervention des Corasmins dans les affaires de la Palestine, coninie il I'a fait pour la pretcndue ambassade du grand khan de Tarlarie a saint Louis, dans I'lle dc flypre. L'histoiie doit etre positive en tout, et I'historicn qui vcut que son ouvraij;e survive a nne premiere apparition doit pos- seder une grande variete dc connaissanccs. Il s'expuserail k perdrc une partie de la cor.dance qu'il aurait inspiree , en pei- gnant avec verite les nioeurs et les coutunies dun peuple, s'il transpoi tait sous son climal les produits et les phenonicnes na- turels d'une autre partie du globe. Cctte reflexion s'appliquG aux prejuges adoptes par rignorance a telle ou telle epoque. 11 est necessaire dc ne les reproduire que conime des prejuges. Ainsi , ])ai' exeuiple , il ue faut pas dire aiijourd'hui que le se- cret du feu gregeols est perdu; car il nest pas un cliimiste qui n'en puisse fabricjuer. Nous ne pousserons pas plus loin ces observations, qui u'ote- ront rion au uicrite de I'ouvrage de M. Pigault. La lecture en est attachante, les faits s'y prcssent sans secoufondre, et Ton y reconnait, avec plus d'encrgie et de dignite, la plume elegante qui Iraca I'episode dc Tekeli. Nous ne doutons poiut de son succes. Au moment ou nous terminons cct article, on nous remct les regnes de Charles YH et de Louis XI, dont nous aurons soin de rendre conipte. B.. 1 Q2. — * f^ic jwlitique et inlUtairc de Napoleon, raconlee par hd-memc au tribunal dc Cesar, Alexandre et Frederic. Paris, 1827; Anselin. 4 vol. in-8^; pnx, '3o fr. La vie d'un homme a qui la France fut pour un moment redevable de la paix ; mais auquel elle reprochera d'avoir tout Sricrifie a son auibition, qui se rendit non nioins ceiebre que Charlemagne et parut meriter de former la souche d'une qua- trieme dynastic , est bien digtie d'exercer la plume des ecri- vains. Mais, s'il fallut un Robertson ])our cntreprendre I'histoire de Charles-Quinl , de ce mtmarque si infeiieur en genie a Napoleon, ce n'est point a Walter Scott, qui Iraduit I'histoire en roman , qu'appartient I'honneur de tracer, en earacteres inelfacables , la vie de ce dernier. II faut , pour nous trans- nicllre les hauls faits de ce heros contenqwrain , un ecrivain depouille d'ospiit de nalionalite, contempteur des doctrines de la feodahte et de I'aristocratie, qui ait conqjris la revolution el qui ne soit pas prevenn contre les beaux genies qu'elle a» SCIENCES MORALES. l^f^g enFantes et centre les institutions qu'elle a fait naitic; qui ait une connaissance approfondie des rapports politiqiies des puissances de I'Europe au xix^ siecle, et qui, verse dans les hautes combinaisons de la guerre, soit a mcme d'analyser les campagnes niemorables de ce grand capitaine. Sous ces" divers rapports , I'auteur anonyme de /a Vie poiaique el milUaire de Napoleon a des avantages incontestables sur I'historien anglais. Une lecture rapide nous a convaincus qu'a Iravers quelques defauts, il avait reussi a peindre ce grand liomme. On assure que cet ouvrage , neuf et original , est dii a la plume du general JoMiNi. Nous sommes portes ii le croire; on rcconnait sa louche large et bardie, son style inegal, mais pitioresque, sa precision dans le recit des operations militaires , scs vucs pro- fondes en politique; et, ce qui acheve de nous confirmcr dans cette opinion, c'est que nous avons trouve, dans le premier volume, plusieurs fragmens de VHistoire critique des Guerres dela Rem/utioii. L'auteur seul de cet ouvrage avait le id. , p. Sag) ; 5° Leltre a M. Mounier sur la Censure {X. VI, p. 1 84); 6° Vocumens pour ['intelligence Je I'hisloire en I Sao ( t. VII, p. Sgfi) ; 7° /-a France telle qu'on I' a fail e (t. IX, p. 35fi); 8° De I' organisation municipale (t. X , p. 186) ; 9° Exameii pliilosophique des considerations sur le senti- ment du sublime et du beau , de Kakt ( t. XVIII, p. i5o) ; \o° Du bzau dans les arts d'imitation ( ibid. , p. i gS ) ; 1 1° Du culte en general , et de son elat, parliculieremenl en France ( t. XXVII, p. igS et 5oo). L1TTERA.TURE. /i65 pectifdela iiiition ii laquelle ils appartenaient et celuiqueleur doiiao riiistoire , ct Ton n'auia qu'iiiie faible idee do Fensemble d'un tableau dont il faut etudicr tons les details pour bien I'ap- preciei". Mais,dii\i-t-on, n'ya-t-il aucunc ombre defavorable a ce ta- bleau, et la critique n'a-t-elle rien a y reprendre ? Nous sommes loin dc I'affirmor; mais nous ne voyons poiut do reprochey graves a fairc a I'auteur. Tout en admiiant la verite de raoeur. et de phvsionomic avec laquelle est peinte dans cetouvrage une nation chez laquelle nous avons habite, nous avouerons qu'un des personnages du roman nous a paru outre; ce personnagc e'est le baron dc Steinn, cet intrepide cliasseur, dont certaine lettresurtout nous a paru presenter une disparate tropchoquante avec la situation ou se trouvent les autres personnages qui I'entourcnt. Cette ospece d'homme est pent - etie peinte au natiuel ; mais nous n'avons pas oublie ce prccepte : Le vrai peut quelquefois n'etre pas vraisemblable ; etsi I'auteur n'a pas voidu appelerlemeprissur ce personnage, nouscroyons qu'il en a exagere la pcinture. Le style, quoique beaucoup plus pin- ct plus correct que celui des Beaumanoir , nous a paru peclier quelquefois encore, surtout dans le premier volume, par un neologisme trop hardi, ou par des alliances de mots maiheureoscs. Une chose qiie nous avons constamment remarquee cependant, c'est que les phrases dont nousetions des- agreablcment affectes ue sepresentent jamais dans les endroits les plus importans de I'ouvrage, ni dans les discussions philo- sophiques, qui sont ecrites avec autant declarte que deraison. IM. Reratry, dans sa preface, parlant des critiques adressees a ses Bcatunanoir , passe si aisement condamnationsur cestaches legeres, qu'il s'engagememe a les faire disparaitre autant qu'il le pourra; il prend une attitude si modestc devant nos confreres , dont la plupart pourraientetre accuses « d'improviser I'examen et la ciitique d'ouvrages qui ont coute beaucoup de terns, d'e- tudes etde meditations a leurs autcurs, >< qu'il y aurait,selonnous, une affectation ridicule et une sorte de pedanterie a relever quelques expressions qui pourraient tout au plus etre I'objet d'un doute soumis a sou auteur, dans un entretien familier , mais qui ne peuvent nuire a I'interet puissant qui s'attache a son nouvel ouvrage. E. Hkreau. 209. — Constanti/i, ou le Miiei suppose; nouvelle imitee de I'al- lemand, de M. Kruse, par madamelabaronne Isabella Ae Mon- TOLiEU. Paris 1827; Arthus-Berlrand. In-12 de 209 pages, orne d'lme jolic gravure, d'apres Chasselat; prix, 3 IV. T. XXXVI. — ISoveinbre 1817. ^O >,G6 LITRES FRANCAIS. On troiive dans cet ouviat;'.', qi:i rcnf(,'rmo dcs longncuis, qnoiilii'il n'occiipc qti'iiii seul voUinic , iin jcnne honunc Ijieii lie ( Consiaritin AV* ) qui, vivaiilhoiioiablemoni thi professorat, conscnl ;\ itcovoii- usi present en argent d'lin homnie qn'il n'u VII qu'iine fois et qui ne lui a 'iicnno obliLjalion, qui, sni vine sinq)le proposition, lie son sort a celiii de cet homnie siiij;nlier, et abandonne tout ponr le suivre. Un anglais [lord Eglcton], Ic lieros de Conslantin , dont le caraetere s'anuonce d'ahord assez bii.'ii par des singulaiites , qu'il fmit par pousser juscpi'a rextravagance, qui s'accused'un crime qu'il n'a point couuuis, s'impose par penitence nn silence eterncl, le rompt dans unc circonslance critique, devant Constautin, auquel il expose en- suite dans un long disconrs Ics laisons qui le forcent a ."gir comnie il le fait; et qui, lorsqu'une di'couvcrte qu'il ne pouvait pas raisoiinablement esperer le releve de son voeu , pousse la bizarrerie, ou pluiot I'absurdile, jusqu'a prolonger encore son silence voloutaire de lout le terns qu'a dure son interruption, tems qu'il avait exactement note, on tenant sa montre sous scs yeux pendant le recit de ses aventures a son jeune ami; une femme [lady E^leton) , qui, sans aimer son mari, pousse la jalousie ju>qu'a la fureur, et (init par en etrcvictime; un liomme [Stucfnvcli),o\x plutot un spectre, dont leteinllivideetcatlave- reux I'a fait regarder partont comme une cspece dcmonsircet surnommer le diable , qui n'a ete aime qu'une seule fois, an clair de Itinc, et dont le jour a detruit pour jamais toutes les illusions; qui, fuyant les liommes, dont il ne peut etre aime, a concen- tre toule sa passion sur la soif de I'or et des diamans, (pi'il prodigue parfois machinalement, et sans intention reelle de faire ie bien; tme petite fille [Sarnli] bien sage, bien devote , bieu mystique , unique depositaire d'un secret important, qu'un seul mot de sa bouche pourrait eclaircir, mais qui persisle a setaire, on ne sail par quel motif, dont la jalousie de lady Egleton a failli causer la perle, a laquelle lord Egleton s'etait reellement un peu trop interesse , et qui linit par devenir la femme de Constautin ; enfui un cousin de cette jeune fille , lElias), espcce de garncment, qui jjarail propre a con-mettre (ous les crimes , qui, snrpi Is pres de la cbambre de lady Egleton au moment (lel'assassinatcommis sur la personnede celle-ci, est livre par son epoux a la justice, etmalgre ks protestations de Sarah en faveurdeson innocence, rcsleeu prisonjusqu'au niomenloule veritable mcurtriereslconnu,etydcvienthonnete liomme, gi;acc a la lecture assiduc de la Bible. A cos pcrsounages printipaux da roman viennent sejoindre quelqnes autrcs individus d'un ordre inferieur, et qui contribueut plus ou molns h Taction; cclte LlTTKRATUilE.— BEAUX- ARTS. ^G^ action consiste dans im mysteie horrible ot impenetrable, et I'auteiir iie I'a soiUeiuie aiissi long - lems qu'a force d'invrai- semblances, de inoyens lualadroils et d'incidens plus nial anie- nes IfS uns que les aulres. Ce mystere (ju'il y a repaudu aiirait pu ce|)eiidant exciter la curiosile de qiielques personnes qui se complaisent encore a la lecture des noirs ronians de madauie Radcliffe;maisrauteur, jiar uu manqued'artificeinipardonnable, a devoile lui-menie line partie de son secret dans le second tilre de sa nouvelle, ou Ton a[)prend que le jiersonnage prin- cipal dii roman , lord Egleion, et non Conslantin, n'est qu'un muet suppose. Regrettous que madame de Montoiieu n'ait pas ete mieiix inspiree dans le choix de son dernier ouvrage ; clie a fait des efforts souvcnt heureux pour rendre en style clair et intelli- gible tous ces pelits details commuus et i)uerils, et surtout ces passages mystiques doiit I'auleur allemand a seme sa Nou- velle. Ce volume prendra place dans la galerie de I'habile tra- ductrice, niais il ne poiuia que faire ombre aux jolis tableaux qu'elle nous a offerts precedcmmeut. E. H. BcaiiJ: - Arts. 210. — * Voyage a Athenes et a Constantinople ; ou Collec- tion de portraits, vues et costumes grecs et ottomans, peints d'apres nature, en 1819; lithographies a Paris et colories par L. DupRE, elei'c de David. Quatrieme et cinquieme livraisons. Paris, 1827 ; I'auteur, rue Cassette, n" 23. L'ouvrage entier aura dix livraisons, grand in-folio, composees, chacune, de quatre planches et de deux feuilles de tcxte. Prix de chaque 11- vraison, 20 fr. , et 23 fr. pour ceux qui n'ont pas souscrit, avant la cinquieme livraison. L'ordre de publication suivi par M. Dupre ne lui a pas per- mis de joindre aux planches qui composent chaque livraison, le texte qui les explique; mais cette espece de discordance etait inevitable; elle cessera necessairement lorsque l'ouvrage etant termine , Ton pourra lire, de suite, I'ensemble de sa narra- tion, et la rapprocher des planches dont elle augmentel'interet. Les planches des 4'""" et 5''-"-' livraisons representent : un Grec logothete et une Demoiselle grecque tie Livadie ; les Meteorcs de Thessalie et le Pinde ; un Page de Vf.i.1, pac/ia de T/iessa- lie ; un Boucher albnnais ; le Vaivode d' Athenes , le Lion de Cheronee ,pres duqucl un Tartare lutte avec son chci'nl ; enfin, une Vue de t Acropolis d Athenes , prise de la niaison de M. Fauvel, consul de France. Cette vue, qui reveille tant de 3o. !,6» LR^RES FUAiXfALS. souvenirs, nie st'inljlesiipmeure a cclleqiio Stuaut et Revklt ont dnnnro ie fa Thessalie , oflVe un cxemplc curienx et hicn extraordinaire dc I'etat d'opprcssion on sont rednits les chretiens en Groce. Ces nie- teores sont des couvens batis svu- la cime de rochei's inacces- sil)U's,et quiressemblent plntot a dcs«//w qn'a des habitations linmaines : on ne pent y parvcnir qn'cn se mettanl dans un pu- nier attarlie a nne corde, et que Ton I'ait monter an moycn d'une poulie. C'est ainsi que les pauvrcs nioines grecs niettcnt leur denieure , bien plus que leur personnc, a I'abri des ava- nles des Turcs; an reste , nn seul fail ponrrait montrer, dans tout son jour, la situation deplorable des Grecs, avant qu'ils eussent pris les arnies pour essayer de se soustraire a la do- mination turqne. Ajires avoir ])eint I'etat de ruine et de degra- dation on sont plonges les habitans de Larisse, capitale de ia Tliessalie, M. Dupre ajoute : « Mais pent - on s'en etonncr , qtiand on apprcnd qu'il suliisait a un janissaire d'cnvoyer un mouclioir brode a toutchretien devenu pere, pour lui signifier (lu'a I'instaut menie renl'ant nonveau-ne devenait son raja. » Dans I'entrevue que notre pcintre cut avec Vf.li, fils d'Ali- Tebelin, et gonverneurdela Thessalie , un mot qui lui echappa pronve que les Turcs nc rcspcctcnt que le pouvoir des amies. .. Autrefois, dit-il a notre jeune compatriote, parlant dn terns ou Bonaparte gouvernait la France, un harbicr francais qui venait en Grece , faisait plus de sensation qu'aujaurdhui un auihassadeur. » A])res avoir qnitte le lachcet cruel Vcli, M. Dupre parcourt les bords du Penee, maintonant tristes et depouilles , et la vallee poetique de Tenipe. II salue I'Olympe , et arrive aux Thcrniopyles ou il trouve lUi tumulus bien conserve. « Saisi de respect a cette vue, dit le peiutrc, jc me persuadai que jc marchais sur la ccndre des trois cents immortels ; je deposai sur ce tertre une conronne de fleurs. Ces fleurs avaient etc cueillies dans ce lien; c'etaient sans doute avec des fleurs semblables (|nc les guerriers de Sparte avaient orne lenrs chcveuxau jour (in combat. Quels souvenirs ! » Comment Timagiuation ne scrait - elle pas exaltce dans un pays ou tout reveille en effet un souvenir glorienx ; on tout poite un nom poetiqne; ou les habitans donncnt encore aujonr- d'hni au lauricr le nom de Daphne. BEAUX-ARTS. /.Gd Bicnlot, uotrejeuae peintrc quittcra la tune sacieo de la Hellade, pour visiter la villo de ConstaiiUn : la, d'autres sou- venirs, d'autres spectacles rattendent;la maniere dout il a reni- pli la premiere partie de la lache qu'il s'etait iniposee , est uu sur garant que la seconde ne sera pas moins digne du succes que cet ouvrage a deja obtenu. " p. A. 211. — * Lc Propnetaire-Architeclc, ouvrage utile aux arelii- tectes, aux entrepreneurs, et priueipalemcnt aux personnes qui veulentdirigcrelles-mcmes ieursouvriers; dessiue ot redige par UrbainYxiK^. 4">e Hvraison. Paris, 1827; Audot. In-4" de aSA pages avecdes planches tresbien gravees; prix, 8 fr. (Voy. Rw Enc, t. XXXV p. 473 , i'annonce des premieres livraisons. ) Apres avoir rassemble, dans ses premieres livraisons, ues modelcs pour les habitations pariiculiercs, M. Vitrv traite do leiu' construction. Plus heureux que dans nos articles precedens, nous n'aurons aujourd'hui que des eloges a liii decerner. L'auteur n'a point voulu Hiire un traite complet de Tart de batir; mais, apres avoir passe rapidement sur les parties les plus elemcutaires de la construction, il consacie de plus longs devcloppemens a celles que recommandent leur importance, ou les ameliorations lecentes cpie les progres des sciences y ont tait apporter. C'est ainsi qu'il dotine des details instructifs sur les habitations rurales, sur les clieminecs, sur Tassaiuissement des cuisines, des fosses d'aisances, etc. Ces parties importantes de I'art des constructions ont subi, depuis quelques annees, d'heureux changcmens; Touvrage de M. Vitry pourra contii- bner a les faire connaitre dans les departemens, oCi ils ne sont point encore devenus |)opuiaires comme a Paris. On trouve , en outre , dans cetfe livraison des modeles de devis descriplifsetestimatifs,et demarches qui nous ont paru disposes avec lout Ic soin et I'exactitude desirables. Yient ensuite un dis- cours prelimiuaire dans lequel I'tjuteur combat les cniuiucs trap cxigcdiis qui ont blame ses projets lie maisons tur(|ues, chi- noises, etc.; il se plaint de I'eulhousiasme exagtne de quelques artistes pour tout ce qui est antique; il voudrait que Ton adop- tiit en France un systeme d 'architecture convenable a notro climat, et a nos usages; et en cela, nous partageons entieremcnt sa maniere de voir. Mais M. Vitry croit-il arriver a eette archi- tecture nationale, en copiant servilement des peuples, dont sous tons les rapports nous differons beaucoisp plus que desGrccs ou des Remains ? L. 1\. '■*i'^- — * Jiogra/j/icc ,/t'.v Homilies cclcbrcs , ou Collection de l(tc .simile de lettres autograjjhes et de signatures. A', 5" et i^" livraisons. Paris, 1827; Bernard ct Delarue, rue Notre- /,7" LIVRES FRANC/VIS. D.inie-des-Yictoircs , n° 16. 3 cahieis 111-4"; P'ix do la li- vraison, 5 fr. Nous avons annoncc les irois premieres livraisons ile cet oii~ vrage qui continue d'etie publie avcc exactitude. ( roj: Rev.. Enc, t. XXXV, i>. 2o5. ) Les tvois nouvelles livraisons con- tienncnt soixaiite-nciif noms celelires de diverses epoqnes et nieme dedifforeus pays, quoiqiie les Francais y soient toujours en niajorite. Nous en citerons qucUjues-iuis ponr donncr luie idee de la variet«i qui rend cette collection interessaiite pour toutes les classes d'anialeurs. On pent meltrc cet ouvraj^e an nombre do ccux qui font penser. Cetio collection epistolaire reveille beanconp de sou- venirs; cUe flatte par rinteret quinspireiit les personnai^'es avec lesquels on se trouve, pour ainsi dire, dans I'iutiniite; die amus : par la diversite des styles, et par lespece de cnuseric dont on se trouve le eoidident. Ce melange des noins de personiiagci; (pii ont jone dans le monde des roles si divers, rappelle cette egalite de la mort (pii confond tons les rangs, et laisse snrnager pele-niele toutes les celebrites qui echappent monientauement a I'oubli. II est assez singulier de lire de suite la lettre A' Eugene Bcanliarnaii , refusant un trone, et celle de cV Alenibert , remer- ciant un journaliste de queUpies eloges. Quels contrastes frap- pans, que Flechier geniissant stir les massacres des cliretiens , et le brulenient des eglises, et Gluck se plaignant des degouts (pi'il a cssuyes a i'Opera; Louis .T^s'occnpant des details mys- terien\ d])rouves par neuf de nos rois. Cependant, voici lc tableau des mouvcmens de la naviy;ation dans le port de Caen : en 1820, 5g5 navires entres, dont 65 etrangers, total du tonnage 25, 004 ; en 1821, 565 navires fraucais, et 70 elrani:;ors, tonnage 24,668 ;en 1 822 , navires 687, dont 68 eiraugers, et jaugeant 27,960 tonneaux; en 1823, 566 navires et 23, 212 tonneaux; en 1824, 579 fran- cais, 54 etrangcrs on 24,520 t imitative pour lout ce qui lient a la guerre;; la soule ina"ic (le ses mots nous fait enteudre Ic liennissemenl dcs che- vaux , le cli(iU('tis dfs amies, le roulement des tambours ; et la noblesse, la vi|;ueur, la (ierte, qui formeut sou caraclere dis- tinetif, la reiident dignc dc cek'brer une nation qui rompt les eluiiues 'la, c'est un autre etre; sielle a passe par les regions de la lumiere et de la verite , ellc a ete modifiee par un ordre de choses que nous ne connaissous pas; die s'est clcvec a uu etat de saintete et de perfection qui ne nous per- met plus d'avoir des rapports avec elle. I.. L. O. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQIJES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. EtATS-UniS. Fl-ORIDE OCCIDENTALE. BeNVENUE , dajTS le LocKACRAY, prcs dc Tallahassee, \^ jidllet 1827. — Climat , sol, productions ; avantages que pciwent se promettre les colons europeens quivoudraienl s'etablir dans cette contrec. — Plusieurs respectables proprietaires du continent europecn , appviyes de la recommandation de I'un des honimes les plus distin- gues du siecle par son noble caractere et son ardent amonr de I'h'.HTianite, le general Lafavette, ont presente au gou- vcrneiir de la Floride d'importantes questions sur la pos- sibilite ct les avantages de la colonisation dans cette belle contree. Le gouverneur s'est hate de Icur repondre, et ses ob- servations nous ont paru d'ltn tel interct, que nous n'hesitons pas a les communiquer a nos lecteurs. Les ({uestions qui lui ont ete adressees sont les suivantes : 1° Dans quelle partie de la Floride conseilleriez-vous h una societe d'agriculteurs de s'etablir, et combien couteraient deux ou trois mille acres de bonnes terres vierges ? 2° Si line co- lonic, coniposoe de laboureurs, de vignerons et d'ouvriers avec ieurs families, venait s'etablir dans la contree designee, aurait-elle la certitude de reussir dans ses entrepiises, en ad- mettant qu'elle ne compterait dans son scin que des hoinmes honnctes et Inborieux, et qu'elle serait dirigee par quelques proprietaires ayanl des capilaux suffisans a leur disposition? 3° Une nouvelle colonic aurail-elle plus d'avantages a enimener avec die de^ travailleurs europeens, qu'a employer des na- tionaux ou des ncgres pour preparer la terre? 4° Des Francais, des .Suisses ou des Allemands, pourraieut-ils supporter la clia- leur ctle changement de climat? 5° QuelleS sont les principales productions des parties les plus elevees de la contree? 6° Est- il facile d'en vcndre les produits avec avantage ? 7° Peut-on y elever des troupeaux de grand ou de petit betail ? 8° Est-il prouve que la culture de la vigne puisse y icussir? a-t-elle ete essaycc? ct quels ont etc les resultats? 9° Quels sont les plants d'Europe, ou d'autres lieux, qui sont le plus suscep- T. XXXVI. — Novcmbre 1827. 3i (,$.1 AMERIQUE SEPTENTRIONALE. tiblcs cl<; ii'iissir? on doit-ou |)ii'ft'-iTr Ics pl;int3 memos ilii ^lays? lo" Ecs vei^ctaiix it Ics oibrhere une elasticile eausee sans doute par notre elevation autant que par notre proximite du golfe du JVIexique (qui nous soumel a rintluence de la brisc de mer) , elasticite que toutes les personnes nouvellement arrivees trouvent extremement agreablc, et a laquelle on doit atlribuer rardeiu- et le plaisir que niontrent les ferniiers industrienx et les ouvriers dans tous leurs travaux; ces fails etablis, j'affirme que le canton do Tal- lahassee possode un plus grand nombrc de ressources qu'aucun autre des etats du sud, suit qu'on le considerc sous le rapport du commerce, ou sous celui de I'agricullure. Cos ressources ne demandent qu'a elre developpces par lindustrie. Les deux grands el importans produils du tcrritoire de la Floride sont les colons et la cannc a sucvc , (piiseuls suffiraient pour engager les plantours a s'y etablir, alin de les cultiver. La qualito du colon est superieure a toutes les autres, et son prix est beancoup plus eleve. La canne a sucre, qui y ac- (juiert une hauteur et une grosscur extraordinaires, est reniar- quable |)ar la qnanlite de malicre sucrec qu'clle contient. La nature a semo dans celle region , ieurs venerables marabouts travaillent a le faire rentrer en grace aupres de S. A. qui , mecontcnte des nombreuses trahisons dont il s'est rendu coupable , persiste a vouloir le roduirc par la force des armcs. Cctte operation n'esl pas sans danger ; ear les licux elcves qu'habite ce chef, sont d'un aeces si difficile qu'il faut necessairenient y transporter I'artilleric a dos de chameau, et que I'infanteric ne saurait les gravir qu'avec bcaucoup de peine. Nous ferons rcmarqucr que, par le mot Djcbcl , les Arabes designent en general les montagnes , et que celle dont il est ici question a rccu Tepithete d'// Ssattou du nom de la peupladc qui' I'habite; ainsi, par Djchcl-U Ssattou, il faut entendre la montague des Ssaitoas. Toutefois , dans I'usage ordinaire, on se borne a I'appeler simplement DJebcl. Cette montagne com- mence a deux journees de marche de celle de Glicrian , et elle s'etend de Test a I'ouest , jusqu'au territoire de Tunis. Elle est trt'S-boisec, et se divise en io3 districts ou Ton recolte abondamment de I'huile , des raisins et des figues , que Ton transporte sur les divers points de la cote de Barbaric. Independamment des trois tribus dont nous avons parle , on en compte plus de viugt autres, toutes soumises au pacha, et en etat d'hostilite avec les premieres. Leurs richesses terri- tifliales consistent , en arbres fruitiers et en betail , dont la laine et le laitage leur offrent les moyens de faire un com- merce lucratif avec les habitans des villes et des bourgades marilimes qui les avoisinent. AFRIQUE. 489 Voici la liste de ccs pcupladcs dont riiunieiu' est belli- queuse , qui se scrvciit d'armcs a feu , ct qui niontent d'excel- lens chevaux habitues a la fatigue et aux longues courses. Nous commencons par cellos qui habitent des villages mures ct d(;s hameaux : Zcntan-Rcdjchan , Kahaou , Azaz-Zouatin , Delhakenc ^ Mutii/i, Saddm-Ebiadli , Hhcniadic. Les suivantes sont en partie nomades et vivent sous des tentes : Gliczaz- Sebie, fVoulad hoa-Zaif , Soneiat , Rheihhchat, Sentlous, Guda- dcfe , Messadtjde. — Origiiie de Ti?ibuktou , d'apres les aatcurs arabcs. —-De- tails sur les tribus qui liabitcnl cctte ville. — Tombouctou , ou plutot Tinbuktou , est pour nous ce qu'etait pour les ancieus Arabes la ville enchantee d'lnni Zat d Emad (i) , ou la fon- taine de Jouvence des uiythologues oricntaux (2); cette capi- tale du Soudan a echappe jusqu'ici aux investigations les plus siiivies. Tout le mondeen parle , ct personne ue I'a encore vue. Mais en attendant que, dans le nombre des voyageurs intre- pides qui, auinies d'une genereuse emulation, ont cntrepris de la visiter, il se trouve un homme assez heureux pour soulever le voile qui la derobe aux regards de I'Europe savante , nous croyons devoir publier le pen do renseigncmens que uous avons recueillis. II parait qu'il existe une histoirc detaillee de cette ville, dont I'auteur se nomme Sidi-AhhinedBaba , natif d'Arawan , bourgade du pays des Keiites ; histoire qui fait remonter sa fondation a I'an 5io de I'liei^ire 11116 de J.-C). (i) Lien de delices , chef-d'oeuvre d'ait et de magnificence, b4ti dans le Hltadramailth , par V'mv^'ic SclicdJ ad qui, pri'fendant partageravec la Diviiiiu' I'encens des mortels, croyait s'etre pratique un sejoiirsem- blable aux palais du ciel. Ce lieu, nomme d'abord Irem, futsur- iiomme Zat H Emad, a cause du grand nombre de colonnes d'or mas- sif, incrustees de pierres precieuses , qui decoraient son enceinte. II disparut tout a coup, lorsque Schedtlad subit, avec son peuple, le cbitiment que le ciel avail reserve a ses crimes. Plusienrs siecles apres , sous le regne de Bloawia , un Arabe, nomme Kolaba , qui chferchait dans le desert sa chamelle egaree , decouvrit ce nier- veilleux palais ; mais on ne le retrouva plus depuis , malgre les per- quisitions que fit faire le kalife , frappe des clioses etonnantes qu'il en avait entendu raconter. (a) Cette fontaine, nommee en arabe HJa-ildihaiat , et eu persan Abzendiganl (source de vie) , est situee , disent-ils , dans le Zhoulemdi, region tcuebreuse , voisiue du p61e, ct vers lai|ueUe plusieurs mo- narqucs puissans onl tour a tour Iciite des expeditious bardies, sans pouvoir y parvenir. /ij)0 A I' R I QUE. Voici cominciU eel ouvra|j!e racontc la circonstancc (]ni donna lion a la fondation de Tinbtihtoii : « Unc femme de la horde des Toiiari/;s , nomniee Buhtou , s'etait etablic sur les bords du Nil des neii;rcs , dans line cabane ombragec par iin aibrc touffii : elle possedait qiielqiies bicbis, et clle exercoit riiospitalite envers les voyajjjeurs de sa nation qui passaicnt pres de sa demeurc. Son humble habitation ne tarda pas a devenir un asilc saere , et un lieu de repos ct de delices pour les tribus voisincs qui I'appclerent Tin-Bu/itoa , c'est-ii dire , propricte de Bahlou ( tin etant dans leur idiome iin prononi possessif a la troisieme personne). Par la suite ccs tribus viti- rent s'etablir autour d'elle et y tracerent un vaste camp re- tranche, qui fut plus tard transforme en une cite populeusc. » Tellcs sont , suivant Sidi-Alilimct-Bnha , I'etymologie du nom et I'orij^inc de la fondation de Tin-Bidtou, (jui perdra proba- blemont beaucoup de sa celebrite , des que Ton aura sur- niontc les obstacles qui en interdisent racces. Diverges races ont concouru a former la population de Tinbuktou : celle des Kohlilans (elle est pa'icnne) qui d'abord s'y est trouvee dominante ; puis, celle des Fcllaas , scctateurs du prophete arabe , qui y cxerce aujourd'hui une grande supe- riorite. Cesderniers, dont le sultan actuel , nomme Bcilo , de- meurc a Sakatou, sont parv'enus depuis pres d'un an , ])ar leur bravoure et leur force militaire, a etablir leur domination dans la totalite du Soudan, en subjuguant la plupart des na- tions qui I'habitent. Les Touaiils forment une troisieme race. On retrouve cette tribn depuis les frontieres meridionales de I'etat de Maroc jusqu'an Boiirnou : elle obeit a un prince qui porte le titre de ninine [commnndant) , et qui reside a Gliad y villc situee a douze joui'nees ouest de Marzoiih , canitale du Fezzan. Une quatrieme race , celle des Kciites , que Ton sup- pose originaire du Bamhara , et qui est reputee etrangere , no jouit par cela nicmc , d'aucune consideration dans le pays. Les 7fjH«r/7.? sent , apres les Fellaas , les plus puissans parmi les peoples de I'Afrique centrale. lis sont en grande partie no- mades , vivent sous des tentes et dans des cabanes, ne se nour- rissent que de laitage, ct se servent au combat de lances et de fleches empoisonnecs; ce qui donne aux Fellaas, qui possedent des amies a feu , tmc superiorite incontestable. Les dialectes les plus usites a Tinhuhtou. sont ceirx des Fcllaas, dos Tonariks et des peuples du Rambara; ils different essenticllement entre cux. EUROPE. 491 EUROPE. !LES BRITANINIQUES. LoNDRES. — Pont SOUS la Tarnise. — Ce pont d'uu uouveatt genre, monument deja celebre, ouvrage d'un ingenieur fran- cais, M. Brunei-, dont la reputation est depuis loiig-tcms ho- norablement etablie en Prance ec en Angleterre, est destine a subvenir aux besoins de I'immense population qui habile les deux rives de la Tamise, au-dessous du pont de Londrcs , dont il sera eloigne de trois quarts de IJeue. 11 elablira une commanication facile enlre la rive gauche du fleuve, 011 sc trouvent les faubourgs de fFcij'ping et de fP'hitc-Cluipcl , le dock de Londres (i), ainsi que celui de Sninte - Catherine ^ et la rive droite 011 sont places le dock du commerce, le grand canal de Surrey, la grande route de Rent, ct une innombrable quan- tile d'usines et de manufactures de toute espece. Deja en 1799, on avait lentc d'executcr a Gravesend, grand village situes a vingt-un niilles dc Londres, des travaux qui au- raient eu pour objet d'etablir une communication souterraine entreles deux rives de la Tamise. Ce premier essai fut infruc- tueux; on le renouvela en 1809, a Rotlicrliilue, pres du lieu on I'on pratiqiie aujourd'hui le nouveau passage; inais on echoua encore, faute de moyens suffisans et de mesures bien concertees. L'entreprise actuclle, concue par M. Brunei, s'execule sons les yeux et par les soins de I'auteur. Le souterrain aura i3oo pieds anglais de longueur (ou laoopieds de France environ). La largeur de la Tamise, au point ou il est place, est de 1000 pieds anglais (g^o pieds francais environ ). Ce fut sans doute une graudc idee que celle de construire un passage sous la Tamise , au lieu meme ou de nombrcux vais- seaux la sillonnent dans tons les sens; niais cc qui la complete ct lui donne toute sa valeur, c'est I'invention des moyens et des machines pro|)res ;\ conduire au but que Ton se propose, et surtout la cieation de ce celebre boacUer, qui non-seulenicnt a rendu l'entreprise facile, niais qui permetlra dorennvant d'en executer de meme nature avec plus dc snrete et defacilile. Les travaux actuels furent conur,cnct-s en iSaS, par I'affais- (i)Les docki renferment de vastes hassins intcrieurs ou sont rt-^us. les vaisseaux , et des niagasius pour leui s cargaisons. ^93 EUROPE. scmont progressif d'lm miir circulaire, ou cspecc de toiirronde remiere irruption, avaient ete cTitraineos par le flux et le reflux de la maree. Le couronnenicnt dn bouclier, dans la meme etendue, se trouvait convert de sacs d'argile qui forniaient une masse compacte , impenetrable a I'eau. Cette cavite, ou les trous par lesquels I'eau penetrait dans le souterrain, formait une sorte dccarre de 5o piods de cote qui diminuait de largeur en descendant, et constituait, depuis le lit de la riviere jusqu'a la partie supe- " rieure du bouclier, une excavation tres-irregtdiere , mais fort considerable d'environ 20 pieds de long sur 12 de large. Le souterrain a ete debarrasse par les moyens dont on avait fait usage lors de la premiere irruption, et les travaux ont re- pris Icur activite. Depuis ce dernier evenement, aucun nouvel obstacle n'est venu arreter les travailleurs. II convient d'ajouter que les sacs d'argile jetes en grand nombre dans le flcuve pour reniplir I'excavation ont ete reconverts de gravier, ct cnsuite" garantis par un epaisp/eV«Vgoudronne, raaintenu par ua tra-* /,(,4 EUROPE. vct'sin de fonte sur Icqiul on a I'tcndti iiiie uouvellc coiiclic clerial des Enfans-Trouves , envoyes a la societe par ordrc de riinpeiatrice Marie , out ino- cule, dans I'espace de quatre mois, 1879 (""fans , et onl ensei- gne ce precede a 7a personnes. M. Vsevolojsky, membre de la societe , a offert , a cette occasion , de faire preparer a ses frais 2,5oo etuis, chacnn avec deu.x lancettes. Plusieurs exemplaires d'un ouvrage de M. Stoikovitch, intitule : Sur la saiUerelle , et les moyens de rextermincr, out ete envoyes par la societe dans les gouvernemcns meridionauN, qui sont le jilus exposes aux ravages de cet insecte. P. R. E. Odessa. — Bateau a. vapcar. — Une communication par bateau a vapeur vient d'etre etablie entre Odessa et Rlierson. A dater du 16 juillct 1827, 1 VEiperance partita d'Otlcssa pour Kherson, tons les niardis, a 8 lieures dii matin. • — £tabli,ssenieris jjublics pour V t^dacution dc la jcunessc. — J^e joarnnl d' Odessa contient dt-s details interessans sur IfS niai- sons dVdiication qui existent dims cette ville. 11 resulte de ces details qu'Odessa possede des etablissuniens |)Our I'education des joiines t;ens, slwoir : le Ijcce Richelieu, fonde en 1818; Ve- cole grccquc pour Ics enfans des negociaiis ; I'ecole des orphelins ; I'eeule etablie par I'cglise grecque ; Cecolc allemtinde evangelique; I'ecole juii'c. ot quatre pertsionnats particidiei's. Les elovcs de ces ecoles sont au nombre dc 1018. Les etablisseniens pour I'c- ducation des jeunes personnes sont au nombre de six, savoii- : Vinsiitut des demoiselles nobles, fonde en 1806; I'ecole rwr- male , I'ecole grecque , I'ecole jui'e , et deu.v jje//sio//r/ats panicu- liers pour les demoiselles. Ces etablissemens contienncnt /(■ja jeunes personnes. Nombre total d'eleves des deux sexes, i44o. En comparant le nombre d'eleves a Li jiopulation de la ville, population qui, d'apres le recensement de cette annee, monte a 32,740 ames, il resulle, que le premier nombre est a I'autrc eomme i a 22, ou, en d'autres termes, on com|)te un eieve sur 22 habitans. En considerant le nombre des eleves de I'un et de I'autre sexe a part, il se trouve un eleve du sexe masculin sur '^2 , el un du sexe feminin sur 77 de la totalite de la popu- lation. Dans ce caleul ne sont pas compris les enfans eleves dans la niaison patcrnelle. Crimee. — Sympheropol. — Decouvertc d'antiquites.- — M. de Blarambeug, dirccteur des musecs d'antiquite's etabtis a Odessa et a Kertch, vicnt de decouvrir a une werste au sud de la ville de Sympheropol les restes d'un chateau ancien. On a tire , des decombres qui y sont entasses, des bas-relieis et des inscrip- tions grecqiies, dont ime porte cette dedicace : a Jupiter Ataby- 7-ius ;sur I'autre, on distiui^ue parfaitement le nom du roi Scilu- rus. C'cst probablement ce fameiix Scilurus qui fit la guerre aux generaux de Mitliridate Eupator,el qui , au rapport de Strabon, possedait , dans I'interieur dela Tauride , leschateaux deChavu/n, de Neapolis et de Palacium. Les vestiges nouvcllement decou- verts peuvcnt ap[)artenir a une de ces trois places. Parmi les bas-reliefs qu'on a deterres , il s'en trouve im qui represente la figure d'un vieiiiard ayant une barbe epaisse, et coiffe d'un bonnet singulier. Cette mcme figure , parfaitement resseni- blante, se voit siu" une niedailie ineditc du cabinet de M. de Blaramberg, au revers de laquelle on lit le nom du roi Scilurtts. Le bas-relief offre done indubitablemenl Ics traits de ce roi des Tauro-Scytiies. Cette decouverte est tres-importante pour I'i- conographie ancienne. 496 EUROPE. Kertch. — Di'coui'erte cCantiquiies. — M. de Ijl.irainbergi dans son dtrnior voyage pour la recherche d'antiqiiitos sur les bords de I'ancieii Bosphore Cimmericn , a reconnii, a 4 werstes dc Kcrtdi , pres de la batlerie Pntvloicx/,j, les vestiges do I'an- cienne villa de Nymphec , colonic grec(|iie, tpii dans I'anli- quite avail appartenu quelqiie tems anx Atheniens, et ensuile aux rois dii Bosphore. M. de Blaramherg y a retroiive les traces des nuirs, et de grosses dalles de picrrc dure, dispersees sur le rivage dii detroit, liii ont indique rempiacenjenl de I'ancien port dc Njmpltee, mcntionne par Strabon. S. POLOGNE. Cracovie. — Societe philomatiqnc de f JJn'wersite. — Nomi- nation acadeinique. (26 Janvier 1827.) — Lc recteur de I'Uni- versile des Jagellons et president dc la Societe litteraire de Cracovie, et le president de cette Societe, MM. Girti.ek ct P. CzAYKOwsRi, viennent d'adrcssei' a M. Marc-Antoinc, Jul- LiEN, de Paris, le diplome dc membre correspondant de la Societe phitumatifjue de V Unii'ersite dc Cracovie , avec un exem- plaire de ses statuts. lis lui 'annoncent (jue la Societe a voulu Tappeler dans son sein , non-sculcment a cause des ouvrages utiles et importans sur C Education , sur I'Emploi die terns et sur la Philosoplue des sciences , qu'il a publics, niais aussi en me- moire de restinie et de raniitie que lui avait accordecs leur il- lustre compatriote et htros immortcl dans les deux hemi- spheres, le general Kosciuzsro, auquel M. Jullien a consacre une Notice biographique ct Jnstoriquc , qui a ete traduite et pu- bliee en langue polonaise, et surtout pour reconnaitrc les ser- vices rendus aux sciences, aux lettres ct aux arts par la fonda- tion dc laii6'('«6' Encyclopediquc , qui rapproche ct unit toutes les nations. Plusieurs membres de la Societe litteraire de Cracovie, que nous prions d'agreer ici rhommagc de notre reconnaissance, exprinicnt I'intcntion de communicjuer, par la voie de notre Rei'ue, les faits nouveaux et importans, et les annonces des pro- ductions scicntifiques et littcraiies, dignes d'attention , qui pour- ront signahu- la marche de I'esprit liumain en Pologne. La nation polonaise, toujours animt'e de ces nobles sentimens pa- triotiques qui ont survecu, dans Fame dc ses mcilleurs citoyens, meme a I'indcpendance de leur patric, nc reste point en arncre ties autres peuples dans la carrierc des travaux intcllectuels, et la rcpubliquc de Cracovie, en particulicr, se plait a encourager tlans sou sein ct au dehors tous les hommes qui servent et ho- POLOGNE.— ALLEMAGNE. e,()1 norcnt rhumanite par Icurs connaissances et leuis verlus, o\i par leur zele pour la propagation des lumieres et pour \c bicu public. Z — i. ALLEMAGNE. Baviere. — WuRTZBOURG. — Institut orthope dique ) dit Caro- lin. — ■ M. le D'' Heine , fondateur et directeur de cet institut justement celebre, et qui a obtenu des personnes les plus distin- guees en Allemagne, et parliculierement de S. M. la reine duuai- riere, des temoignages d'interet et des encouragemcns, a prescnte a S. M. et au grand-due de Saxe-Weimar trois cerits relatlfs aux bons et utiles resultats qu'a dejaproduits son institut. La reine lui a fait remettre une epingle richement garnie de brillans. Le grand-due de Weimar lui a envoye la medaille du merite , avec une lettre autographe tres-flatteuse. M. Heine passe pour etre le premier qui ait traite I'orthopedie comme une science qui a des rapports necessaires avec I'anatomie , la physiologic et la mecaniciue, el qui I'ait appliquee, en triomphant de beaucoup d'obslacles , a la guerison d'un grandnombre de difformites ou d'inlirmites differentes. — Munich. — Fondation d'unc e'cole polytechnique. — Une ordonnance royale, du 27 septembre dernier, etablit a Munich une ecole polytechnique , destinee a former des chefs et sous- chefs d'atelier, et meme des ouvriers pour les manufactures. Independamment des sciences naturelles et manufacturieres , on y enseignera les sciences commerciales et I'architecture civile. N. Etat de V Industrie dans le Harz , en i 826. — • L'eten- due de pays, appelee Hajz ( resine j par les Allemands, est determinee par celle d'un groupe de montagnes peu elevees , qui est situe enlre la vallee de I'Elbeet celle du Veser. Elle a recu son nom du grand nombred'arbresresineux qui ycroissent. Depuis plusieurs siecles, I'exploitation de riches filons d'ar- gentj de plomb , de cuivre et de fer, produisant meme un peu d'or et de zinc , a rendu le Harz celebre. Cette induslrie seule a peu pres, jointe a la coupe des forets , fait vivre les habitans de cette contree. C'est une source d'observations nou- velles pour le voyageur que la vue de cette population presque entierement composee d'employes ou d'officiers ds mines et des usines. Les mines du Harz offrent a I'ingenieur un vasle champ d'etude ; et s'il y trouve quelquefois matiere Ji critique, ce n'est que sur d'anciennes constructions , sur d'anciens pi o^ cedes anxquels il n'a pas encore etc possible de rien changer. T. XXXVI. — Novembre 1827. 3a /,9« EUROPE. Oil ;uliiiir ciisscmlilfr les oaiix qui font marcher les ma- chines (roxUaotion el crcpiiiscniciit. M Heuox df, Vit.t.kfossk , ci-flcvant C(>mmissair(,' do la Fi'anco aiq^ies dcs [pays roiiqiiis, aiijoiiid'Iiui inaifrc dos^requetes an conseil d'etal , et inspec- teiir divisionnaiie des miocs, a rciiui , dans soi) bel ouviatrc siir /(Y Richcstr minernle , tous les details techniques relatifs a (■et objet. Nous eu avons leconnn sur les iicux la iiarfaite exac- tinide; car, dcpuis la publication de cet ouvrai^e, I'art do I'ex- pioitalion u'a point subi an Haiz de notables chaniremens. I/emploj de la premiere machine a colonni; d'eau qu'on y ait vno estleseul laitnouvean qui merited'edemontiorine. Cette machine vient d'etre placee sur une mine pres de Ciaiisthal, M. deViHf- fosse a cijalement expose avec soin tout ce qui se rap|K)rlait aux urines. Les miticrais d'ai'Ljcnt , de plondj et de enivre sont tou- jou IS t laites de la nieme niauiere, avec cette seule difference qu'on »esert tie coke, aulieudechaibun de hois, dans la font(.' des mattes. F2ncore cette substitution a t-elle ete vendue necossaire par la rarele momentanee des bois , et il n'est pas demontre qu'elle soit avantagense. Plusieurs perfecvionnemens ont ete apportes (iat;s le travail dn fer. Le Ilarz i)r<>seiite nne grande va- riete de minerais de fer; conx rpii doinincnt sont les. fers oxides , rouges ei: bruns en roehe, et le fer spa ihitpie. On y em- ploie])resque uniqnement commo combustible des charbons de sa|)ia; mais on bnileaussi dans ic Bas-Harz qiielqiies charbons de vienx cheue ct de hetrc. Les hants fouriu'aux y different, par la forme et les dimensions , de ceux lie la plnpart des autres pays. Les procedes d'aflinage de la fonie, d'etiraj];e eu barres, etc. , nous ont parn assez ariieies; on s'occupe de !es perfectionner. Nod seulement on rentplace d.ms loutes les usines du Harz lesanciens appareils et les auciennes machines par de ncnveaiix .ippareils et par de nouvellcs machines mieux tiisjroses; mais, dans qnelqnes localites, on rebatit les etablissemens en entier. Loisque ncuis passanies ;i Rothchiitte , on venait d'achever, d'apres des modeles anglais, la construction de superbes ba- timens qui ne sont pas moins reiuarquables par la convenance des parties que parla beautc de renseinblc; et, dans quelqucs annees , I'usine de Rouiijshu'te (Bas-Harz) nous offrira , coinme celle du memo nom e;i Silesie , I'aspect de grands edi- lices dans le style £:;othiqu<>. L'administra'tion des mines ct des usines ilu Hai z est aussi !>ien digne d'eloge. Les differentes branches eu sont confiees a des hommes qui i 'obticLuient I'-urs places (|u'en fournissarrf ALLEMAGNE. 499 les pieiives de lont^iifs etudes priitiqiies et d'not^ cxperifpcc jiropoi'tioimiJe :\ riiiiportance des ()pi';rati';)ri>; qu'ils doivcrit dici- i;or. La division dii travail surtoiit est parfiiite. Chacim a soti (iccupalioii bieii distincte, et s'y vouc exclusivemont. Aiiisi , I'ou a (les iniienii'tirs speciaux poiir Ics macliities, des inmJ- iiieni's specianx pour les usines a !er', des iiigenieiirs speciaiix p;>ur les usines a piomb , etc. La pr.itie comu)erci.ilc el la jjara(r teciinique (oiment deux departeiuens tont-a fail separes , sur reosemble desqueU un seul homme a I'insprelion; et il n'cxiste pas , dans cc pays comnie dans beaiicoup d'endroits en France, une preeoiinencc injiisle de I'ayent debiiant sur Tageat fabri- cant. On voit an Harz pen de persoiuic-; qui parlent de tout sans rien savotr; m:*is on n'y rencontre pas un employe, pas tni ouvrier qui ne reponde aveo exactilude et precision siir tout ce qui le eoncerne. Peul-etre pourrait-on seoilement reprocher aux otficiei's tie manqucr qnelquefois de crrtaines conu.'tis- sances sciontiiiques et de notions sur iV-tat de I'induslrie des auires pays , qui leur s(;raietil necessaires. Quant a la complai- sance, a I'extreme alTabilite des nriiieurs e diaieete dans liqnel son! ecrits !cs poemes d'Hebel ; c'est ie dialecte de la partie niinerent les AUcmnnni, apres la grande niii;ration des peuples. Get idioine, qui doit paraitre barbare, lors(|n'il n'a fjour juL;e que I'oreille , e>t ravissant de j^raoe , loin est un batiment nouvellementeleve pour I'l'-cole des jeunes Giles, que M""' de Fellenberg a void;; prendre sous sa direction. Aupres de la est un bati'nen) pour I'ecole proje- 5a4 EUROPE. tee en faveur ties classes moyennes de la sociele. Dans difl'e- rens eiidroits du pare sont plusiciirs constructions utiles u I'exploitation de rctablissement,les ateliers de mecanique, los laiteries, les vacheries, etc. A la droite, c'est-a-dire derriere le grand batiment, est uu petit lac, avec un emplacement pour I'exercice de la natation. Comme on recoit dans I'institut des enfans extremement jeunes , et memc de cinq ans, M. de Fellenberg a fait construire aii- leurs on bassin revetu en pierre, oCi ils peuvent descendre i^raduellement, par des marches tr^s-peu elevees, ct ou Ton sentient I'eau a la hauteur que Ton vent. x" Iristitut pour les classes elevees de lasociete. — Le nombre des cloves va toujours en augmenlant. Aujourd'hui ce nombre est de cent. En 1816 il n'etait que de soixante. Des Anglais, des Russes, des Polonais, des Italiens, des Espagnols et des l''ran(j\iis occupent uue grande partie des places; le leste est compose d'Allemands et de Suisses. Toutes les heures sont remplies alternativement par I'etude des langues mortes et vivantes, des mathematiques et de leurs applications, de la chimie, de la physique, de I'histoire naturelle, de la musiqu^, rendre, SUISSE. 5o5 par M. le conite de Villcvieille, ami et collaboiateur de M. Fel- lenberi^', que, depiiis dix ans qu'il est dans I'institut, auciin eleve n'y est mort (i). Pendant les lemons, les Strangers ne penetrent point daiisles salles, a moins d'y etre autorises par M. de Fellenberg. On peut demander si les progros sont bien etendus dans une institution ou le ressort de I'emulation n'est presqiie pas employe. On sait que c'etait un des principes de la mclhode de Pestalozzi. On est encore divise sur la question de Temula- tion cnvisagee sous le rapport moral; mais il sembleiait que I'expcrience est en faveur de I'emulation, employee avec les menat^emens convenables, comme moyen de developper I'ima- ginalion et le talent. Si elle ne contribue pas toujours au bon- heur des individus, elle est au moins, pour la societe, d'un avantagc incontestable. Selon moi , c'est la que la question se reduit. Si Ton accorde que I'etat a le droit de dirij;er I'ediicatiou, il faut reconnaitre que son interet commande I'emploi de la dis- cipline et de I'emulation dans les ecoles publiqacs. Mais une question si grave ne doit pas etre traitee dans un si court aper^u. Autant que j'ai pu le savoir, I'enseignement se fait en langue allemande, tiellement que les premieres lecons donnees a un eleve ttranger, cousisteraient dans I'etude de cette langue. Cc- pendant, tout le monde entcud le francais. On fait en sorte de conserver les eleves le plus long-lems qu'il est possible a I'eta- blissement, pour leur donner une education complete. a° Ecole des enfans pouvres, ou ecole d'industrie. — C'est I'ecole des pauvres que je desirais principaleinent connaitre, et M. le conite de Villevieille, en I'absence de M. de Fellenberg, a bien voulu m'exposer d'abord le plan qu'on suit a leur egard dans la maison. Le pr incipe fondamenfal de M. de Fel- lenberg est que le bouheur des differentes classes de la societe repose sur le travail en general, mais surtout sur I'ngricuUure. Cette verite n'est pas neuve; le grand meiite est d'avoir mis le principe en experience et en application journaliere, et d'avoir fondu, pour ainsi dire, I'education intellectuelle avec I'cduca- tion agricole. II faut connaitre ce motif du fondateur pour comprendre I'ecole des pauvres de Hofwyl : car on se trompe- rait si Ion croyait pouvoir la visiter a toutc heure de la jour- nee, comme on visite nos ecoies gratuites. J'avais moi-meme commis cette meprise, et Texainen des lieux m'a detrompe. (i) Chaque eleve paie 2,800 fr. de pension annuelle. 5o6 EUROPE. Los eleves travailleiU neiif licures par joui' i-n ctt'; Imit htMiros ft tiomic (mi hivcr- II n'y a qui; deux licures coiismciccs a I'l'tiKlt' eii t'tt';, ft line lunire et deiiiie sciilt'incnt en hiver; tout le ri^ste flu tems, c'est a-dii-e sept henres, soiii occiipees ail dehors, a la cultuie des terres, on au travail iiiaiuiel. ComniK- les jeunes gens doiveut scjoiirner seize ans a TeeoU', depuis I'age dr <-iiiq ans jusqu'a vir)ij;t e( iin ans, on a calcule que le quart du tems eonsaere chaquejour a rinstruction mo- rale et ie.tellcctuell(! etait suffisaut. Pendant ce tems, ils preri- iient des habitudes laborieiises et ils prolilent alor's, ineiue au moral, en appliquant leiir intelligence a des eor.ibinaisoiis toii- joiirs iiouveiles. Je les ai vus labourer, piocher, trainer des fardeaux, etc.; et les inemes enfans, le lendeniain matin, ont eerie, dessine, calcule ou etuiiie uiie lecon de geogia]>hii*. Malgre la fatigue qu'ils ont a supptirter, le mmivennenl, i'ac- livite, la gaiete sont les memes que dans I'autre inslitut. {]otte ecole est composee aujourd'hui de cent huit eleves qui ne paient absolument rien. Le fondatenr en eleve trente a ses frais ; le reste est soutenu par diUerens bieufaiteurs et sous- cri])teurs. Jusqu'a I'ai^e de qiiinze ans, le travail d'un eleve n'est point ])roductif; mais apres eette epoque, le produit de son iu- dnstiiecouvre les frais de son ethtcalion et do son entretien. Dans les classes, outre la lecture, recriture, les le^cjns mo- rales et religieuses, et le.? elemens du calcul, ils apprennent un pen de geometric, le chant , la botaniqne , et toujoujs une profession niecanique. On leui- fail dessiner d'apies nature, nou seulement les plantes, mais les outils, les meubles, les instrnmens et les machines. J'ai ele tres-salisi'uit de ieurs des- sins. Ils executent a.nssi des reliefs des inontagnes de la Suisse, et ils font des herbiers. On a remarque qn'il y avait tres-peu ou point du tout de voix fausses parmi ces jennes gens; ce qui n'arrive pas dans I'autre iustitut. Peut-etre la cause ea est qu'ils sunt prt'sque tons Siiisses ou AUernands. Rentres cheiz Ieurs parens, les eleves de I'ecole des pauvres ontunecondaiteexemplaire; ilscontribuent a repaadrelesmeil- leursiiistrumens arateires, les methodes perfectionnees pour la culture, et les arts mecaiiiques. Malheureusement, les families les retirent sonvent avant le tems. J'ai vu dans la classe le directeitr immediat de I'ecole des pauvres, si connu sous le nomtde ^/V//;// que ce nom est devenu generique. Ou deinande r-.ouverrt a M Fellenbcrg de procurer //// fFchrli, c'est-;i-dire nn sujet capable de conduire une ecole sembiable; dans le iiombre des eieves, il en est en effef i>n>ullcz aussi les lomes v . ix , .xi, xvi!i,xxtv, XXVI, xxMi , xxxrii cl XXXIV de !a Hfttie rjicfiloiiediqity. 5o8 EUROPE. de Vaud, moitie pour les ecoles d'enseignement niutuel-, moitii; pour Ics incurables; 12,000 fr. i la Confederation Suisse pour des travaux d'utilite publique ; 5,ooo fr. pour le quai du Rhone, et 245,000 fr. i un coniite d'utilite cantonnale fonde par des dispositions jointes in son testament. N. ITALIE. FloRENCE. — £tat de I' instruction publique. ( Ex trait d'unc lettre ecrite de Londres, en date du 2 novembre 1827, par un Italien.) — M. Charles Dupin, dans son ouvraije sur les forces productives et commerciales de la France , cite la Toscane comme un des pays dans lesquels rinstruction populaire est le plus repandue. Les fails que je reunis ici et qui coucernent la ville de Florence, pourront scrvir a confirmer cette assertion. La population deFlorences'est accrue, pendant les dix dcrnieres anneeSjde 10 mille habitans a peu pres; elle s'eleve aujour- d'hui a 92 milie et au dela. On con)ptedans celte ville k ecoles d'enseignenient niutuel soutenues par la rriunificence des par- ticuliers; 3 ecoles elementaires (011 Ton suit encore I'ancienne methode) qui sont a la charge de la commune, et un nombre bien plus grand d'institutions primaires dirigees par des maitres particuliers qui en font un nioyen d'existcnce. L'instruction classique est confiee i deux ecoles publiques regies par des moines, et a plusieurs institulcurs particuliers. Mais le cours d'etudes qu'on suit dans ees deux ecoles parait encore bien defectueux. Un Conservatoire d'arts et metiers avec des cours de mecanique et de chimie appliquees aux manufactures et aux metiers, fait partie de l' Academic des Beaux- Arts; mais, so it defaut d'organisation oude melhode, il n'a pasatteint jusqu'ici son but, c'est-a-dire, l'instruction de la classe ouvriere. Il est inutile de vous dire que, dans cet etablissement, I'enseigne- ment est gratuit. Plusieurs elablissemens offrent aux femmes le bienfait d'une instruction appropriee aux diverses classes de la societe. Le grand due Leopold P'', dont la memoire est encore chere a la Toscane, fonda des ecoles normales pour l'instruction elcmen- taire des femmes. On compte a Florence /J ecoles de cette espece ou Ton enseigne J» lire, a eerire, a chiffrer, et les travaux de main. On u'y suit pas encore malheureusement la methode de I'enseignement mutuel. Des revenus affectes a Icur entretien garantissent I'existence de ces ecoles et permettent que l'ins- truction y soit donnee gratuitement. Six maisons d'education sont ouvcrtes aux bcsoins des classes aisees. Un de ces etablis- ITALIE. 5oy semonsvient d'etre fonde deinicrement. II est organise d'apres les moilleurs pr'mcipes, et sous la protection de vS. A. R. la grande-duchesse rugnanle qui lui porte iin interet pressant et des soins eclaires. Une des consequences immediates de la bonne organisation de ce nouvel etablissenient a etc I'amelioration des niaisons d'education qui cxistaient deja, Quatre bibliothequespubliques fournissent de larges moycns d'iustruction aux individus de toutes les classes; des cabinets de lecture permettent au public d'acquerir la connaissance immediate de tout ce qui se passe d'interessant dans le nionde politique et litteraire. IJnesocSete d'agriciilture merite bien du pays pour la propagation de bonnes methodes parmi les pro- prietaires. Deux journaux se publient a Florence. L'Anthologie, journal litteraire et scientifique, est peut-etre le meilleur qui paraisse dans la peninsule italienne. Une sage liberte domine dans toutes ses discussions. — Un journal d'agriculture vicnt de i)araitre, celte annec ; lors de la publication du second cahicr, il comptait deja plus de 600 abonnes en Toscane; circonstance qui fait a la fois I'eloge de scs ledacteurs, et qui depose en niems tenis en faveur d'un pays ou I'esprit de lectuie se repand chaque annee de plus en plus. A ce sujet il est bon de remarquer que le nombre des imprimeries a double a Florence depuis six ans. Je pourrais citer encore d'autres etablissemens litteraires , comme \ Academie de la Criisca , chargee de la redaction du nouveau dictiounaire; de la Societc de Statistique qui vient derniercment de se former, et de plusieurs societes analogues; mais, comme toutes ces institutions n'ont pas pour but direct rinstruction de la jeunesse des deux sexes, je me dispenserai d'en parier. — Si j'avais etc sui- les lieux, lorsque je Iracai ces lignes , j'aurais peut-etre pu les faire suivre de resultats numeriques, qui sont toujours tres-coneluans dans ces sortes de matieres; mais, a une si grande distance, cette taclie est impossible a remplir. II serait a souhaiter que quelque homme de lettres se livrat en Italic a des rocherches de ce genre : la statistique est I'etat civil des nations; niuiidus stat in nunwro , ponderc L'l wt'^ra/vf. J'ai I'honneur d'etre. S***. Venise. — Monument en I'lionneur de Canova. — Le monu- ment consacre a Canova est presque acheve. On sait que toutes les contrees civilisees de I'Europe ont, a cette occasion, paye leur tribut d'admiration an genie d'un grand artiste dont les chefs-d'oeuvre honorent notre siecle. D'apres la relation publiee k Venise ( // monumento a Canova rretCo in Venczia. Alvisopoli , 5io EUROPE. 18^17. Iii-8°.) , le montant lii-s soiiscriptioiis s'clevnit a la somme i\c 8000 stTjiiiiis, tloiit plus d'uii (juart |)i(»vit'iit (!<.■ rAnijlotfrrr; uii 5iMlie (iiiait, on a pen pies, est veniiien, inlerprete tie la douleiir de la palii(' de Canova; W soulient snr son dos le genie du grand arlisie qui niontre, en versant r!es plcurs, son flambeau eteint. Le socle tie la pyra- mide offie Tepigraphe snivante : AnUmio Ca novas ■ — -Princijjt. sculjjtoiuiii cvtatlx Slice — Collegium venetiim bonis tirtibus cxco- lend. — Soilali niaxinin — Ex conlaliunc Europce ttniverscv — v4. MDCCCXXVIl. Qnelqiies accessoires seidement ne sont point encore termines. On frappera one medaille qui repre- sentera le monument et le |)ortrait de Canova. F. .S. PAYS B AS. Academics dc Louvain et de Groningur. — Nons avons sous les yeux les programmes des coiirs de ces deu,\ celebres Acadt'inies pour I'annee scotaire de 1827 a 1828. En parcon- rant ces fenilles, nons avons remaiqiie , avec line salisfaelion qui sera paitagec par tons le?* amis dos ledrfs et do la philo- sophie, un sage enciiaineiT>t»nt d'etiubs successives, ot I'insfi- tution de plusieurs coins que Ton sY'toiine de ne pas trouver dans tontes les conlrees (pii se font gloire dn perfectionnement de leur inslniction. lis manquent, meine en France. Nous vonlons parler dune rh.nie pour I'histoire nationrde et la sta- PAYS-BAS. 5n tisiiqiio spticialc des Pays-Bas, <•( d'une secoude chairo on Ion pfoft'sse ia theorii; Ljcneralc dt; la statisti(|ue (Id-veloppec par ()i'S eJ4(;iiiple^ ec I'lustoire de cclte scieiir**. 13'aiitre;i cliaircs fiicore soiU ecwisacrc-es a renseii^nemerkt dt- lliistoirc dcs goii- vemciiKiiis dfi I'lLUfope, a I'cxposition (les doclrines ]>(>liliqiics •'I a la eomparaison raisoimrc des constitutions du royaiuue dcs Pays-Bas, de la Franco, de I'AUeinagne et de rAii;^leterre. Ccs institutions appaiiiennent specialoment a I'Acadi-niif de Louvain, tt fbut pactie de sa factdte de philosophie et bellcs- Iclires; les professeius sonl MM. Dumbeck, pour rUistoiro [)ol»tiiiue de i'Europe; ftloNE, pour la thtJorie ^euerak- de !a statistique et le patallele dfs constitutions, et Wisschkr , pour i'liisloire et la statistic|ite natiouale. h'Jcademie de Groninguc. se distin^Mie par ronseit^nement de I'histoire diplomatiqiu; des peuples de I'Eiuope, et par celui des anliquites hebraiqnes el de la litterature orifiitale. Bp.uxelles. — Sorirte pour I'lililitc publiqne. — La section de la Societe pour I'utilite publique ( Tot nut vnnt algi^mceii. j etablie a Bruxellcs, a tenu, le 12 dece mois, a la Maison-de- Ville, une seance solennelle pour la distribution de medaillcs et d'autres recompenses. M.ORTs,conseillcr a la cour superieiire de justice, president, a ouvert la seance et en a fait connaitre I'objet et le but, dans un excellent discours en langue natio- uale. On a procede ensuite a la distribution des recompenses accordees par la Societe pour des actes de courage et de de- vouaient. Deux jeunes gens, MM. f Filler et Van Erkelens , out ete juges digncs de celte distinction , pour avoir retire de I'eau un enfant au peril de leur vie : et c'est le pere meme de cet enfant, M. Tatar Fan Elven , membre de ia Societe, qui a remTs la medaille aux sauveurs de son fils. Les discours de MM. VERBRtiGGEN, avoeat, <'t Gaciiard, secretaire archiviste adjoint du royaimie, prononces, le premier en langue natio- . nalc, le second en francais, ontobtenu I'approbation generale. M. Verbruggen a pris pour texte I'amour de la patrie, I'obli- gation oil sont les citoyens de se familiariser avec tons les devoirs qu'elie impose. M. Gachard a ofi'ert le tableau de la prosperite dont jouissent ies Pays-Bas sous le gouverncment sage et patcrnel d'un roi citoyen et ami de sou peiiple. L'ora- teur, apres avoir parle en general de I'etat prospere de la Belgique, coinparativem«nt a ce qu'elie a ete sons plusieurs regues preeedens, meme sous celui de P.Lu'ie-Therese , le plus riche en souvenirs, a demoatre tons les avantages de 1 instruc- tion publique et ses heureux resullats , attestes par les notices 5i2 EUROPE. statistiqiics rccemmcnt publiees sous les auspices du gouver- ncmcnt. A cps discours a succcdc la distribution du prix propose pour la nieilieure topographic dc cctte ville, a I'usage des ccolcs primaires. M. le president a fait connaitre que ce sujet interessant ayant etc traite d'unc maniere satisfaisantc, dans un style et avec des formes qui doivent le rendre agteable et utile, non-seulement a la jeunesse , mais a toutes les classes de Iccteurs, par M. Somerhausf.n, docteur en philosophic et menibre de la section , le jury lui avail deccrne le prix : il a rcmis, en consequence, .\ M. Somerhausen une medaille d'or due au talent de M. Braemt. M. B. Amsterdam. — La Societe pour V amelioration morale des condamnes a tenu sa troisleme seance annuelle, le 26 du mois d'avril passe, sous la presidence de MM. C. Van Hall. Les rapports des travaux des differentes commissions provinciales ou locales ont presente plusieurs details interessans. La Societe forme les voeux les plus ardens pour I'erection d'une prison separee, destiuee aux jeunes condamnes , afin de pouvoir tra- vailler avec un espoir fonde de succes a leur reforme. Pendant cette annee, la Societe a regu les preuves les plus convaincantcs de la bienveiilance de S. M. et de son gouvernement : mais elle n'a point trouve une p.irticipation aussi active, ni aussi generale qu'on avait lieu de I'esperer. Peut-etre faut-il attri- buer ce fait au peu de piiblicite qu'ont obtenu ses travaux. Le proces-verbal de la seance, public et distribue aux membres, contient des preuves irrefragables de la sincerite et de la veracite des rapports communiques, puisque les differentes sections font mention, tant des cas ou leurs efforts n'ont pas reussi , que de ceux ou ils ont ete couronnes par des succes satisfaisans. La Hollande, ou le celebre Howard declara qu'il avait trouve les prisons ks mieux organisees, prouvera aussi bienlut que, quoiqu'il existe des condamnes rsscz pervertis pour que tout essai de reforme devienne infructueux . il y en a beaucoup aussi qui ne desircnt que de rentrer dans la bonne voie, aussitot qu'on leur teudra la main pour les relever. X. FRANCE. Societtis savantcs et Etablissemens d'utilite publique. Arras [Pas-de- Calais ). — Societe pour V encouragement des sciences , des lettres et des arts. — Prix proposes. — La Societe propose, pour Ics prix a decerner en 1828, lessujets suivans i DEPARTEMENS.— PARIS. 5i3 f Ulilitc pnblique. « Quels scraient Ics nioyens dc procurer a la villo d'Arras dcs caux salubres, soit par des pom])es, des fontaincs jaillissantes , ou tout autre procude , afia de faire disparaitre les nombreux inconvenicns des puits actuals ? » Prix : Medaille d'or de 3oo francs. Les fonds de ce prix sont fournis par I'administration municipale. 1° Economic rurale. i° Memoire dans lequel on combattra les erreurs, les habitudes routinieres ct les prejuges qui entravent les progres de I'agriculture. Prix : Medaille d'or de la valeur de deux cents francs. 2° Instruction elementaire sur la multiplication ct le bon eziiploi des engrais , ainsi que &ur les avantages du nouveau systcme de culture ; les asso- lemens raisonnes. Prix : Medaille d'or de cent francs. Les fonds de ce second prix d'economie rurale sont faits par un agrononie qui a voulu garder ranonyme. 3° Morale. « Serait-il avantagcux de cominencer I'enseigne- ment des sciences , pour les enfans , a leur sortie des ecolcs primaires , par I'etudc de la langue francaise, du dessin , de la geographic et de I'histoire , et de renfermcr dans cette derniere un cours de morale ct de religion, en rcnvoyant a une epoque plus eloignee, c'est-a-dire , quand les enfans au- raient atteint au moins I'age de douze ans , I'etude des langues latine et grecque ? Quels scraient les avantages ou les incon- venicns de cette nouvelle methode ? « Prix : Medaille d'or de deux cents francs. 4° Di.scours en prose. « Examiner, d'apres I'histoire des peu- ples anciens et modernes , jusqu'a quel point est vraie cette proposition : Les siecles les plus ignorans et les plus grossiers out toujours etc les plus vicieux et les plus corrompus ; en ecartant avec soin toute idee qui tiendrait aux paradoxes sur I'inutilite , ou le danger des sciences. » Prix : Medaille d'or de deux cents francs. Les ouvrages envoyes au concours pour 1828, devront etre adresses , francs de port , a M. le Secretaire perpetuel , et etre parvenus avant le i*'' juillet , terme de rigueur. PARIS. Institut. — Academie des sciences. — Seance du 11 oc- tobre 1827. — MM. Legcndre , Lacroix , Fourier et Damobeaii, font un rapport sur le memoire de M. Binet, rclatif a la de- termination de I'orbite des planetes et des cometes. Du 29. — MM. Desfontaines et Mirbel ioxit un rapport sur le tra- vail botanique presente par M. Despreaux , et qui a pour litre : T. XXXVI. — Nowmbre 1827. 33 5i4 FRANCE. Essai sitr Ics laniinitircs e silencieuseuieiit nos bonsct nos niauvais jours , sans entliousiasme et sans colere, et comnie superieur a nos es- perances et a nos craintes... - En terniinant lYloge de M. de Laplace M. Royer - Collai'd a ete accueilli par de uouveaux applaudisseniens qui se sont r«i^ petes a plusieurs reprises. RL Daru, president de i'Academie, lui a lepondu : « Monsieur, en parlant de votrc admission parnii nous, vous avez oublie de dire que vous y avez etc appele d'un suffrage uuanime. Ce concours de toutes les voix n'attoste pas seulc- uient votre nitrite ; il prouve que, parmi ceux qui cultiventles lettres, ily a, quelle que puisse etre d'ailleurs la diversite de leurs opinions, de nobles sentiniens qui leur sont coramuns. Telle est, je ne dirai pas I'elevation de vos talens , mais la noblesse de votre caractere , que tons nous avons mis quelque vanite a niontrer que nous etions faits pour I'apprecicr. M. Daru est alors entre dans un tres - grand eloge de M. de Laplace, et a cite plusieurs de faits interessans qui concer- nent ce grand geometre. II a ensuite rappele la noble desti- tution de M. Royer-CoUard. >c Vous avez su , Monsieur , a- t- il dit, quitter cette place importante aussi noblemcnt que vous I'aviez occupee; niais vous etes du petit nombre de ceux a qui la perte d'une place ne fait qu'ouvrir une nouvelle carriere de gioire. » ( Jpplaudissemens.) Vainement les circonstances ont ete diverscs et les terns difiicilcs ; ni votre raison, ni par conse- quent votre fermete, n'ont ete ebranlees. Les perils , la faveur, les disgraces, I'inconstance des systemes, les prevenances des partis rivaux , les acclamations de la multitude. Hen n'a pu obtenir de vous la nioindre concession Une na- tion policee accueille par ses acclamations ceux dont elle ad- mire les talens et dont elle enibrasse la cause ! Eh ! qui pourrait en rendre temoignagc mieux que vous. Monsieur, qui, en des- cendant de la tribune, avez si souvent entendu ce niinmure flatteur du a I'orateur eloquent et surtout a riiomniede bien ? ■> I Apyjlaudissemcns . ) Cette seance memorable a ete terniinee par la lecture de qi>el- ques scenes d'une tragedie de M. Lava, intitnlee : Athencs sauvee. Suciete ct horticulture. — Nous avons annonce la fondation et la fete d'inauguration de cette nouvelle Societe. (Vov. Rev. Enc, \. xx.w, p. 509 et 799) — L'horticulture est une science, tandis que le jardiuage n'est qu'une routine, im metier. C'cst 520 FRiVNCE. une idee sage ct utile que de comparer les observations, de- conibiuer les vues, de mettre les experiences et les meditations en commuuaute, et de les livrer a des discussions paisiblcs et profitables pour cettc partie des sciences, comme on le fait pour beaucoup d'autres. Lc premier caliier des Annales de cettc Societe vient d'etre adresse a MM. les prefets des departemens, aux at^ens dii)lo- matiqucs et commerciaux de la Fiance dans les pays etrangers, et aux presidens des Societes agricoles, natioiiales et etran- geres. Ces personnes recommandables, ct dont la voix est puis- sante sur I'opinion generale , contribueront sans doute a etendre I'intluence que les travaux de la Societe d'horticulture peuvent exercer sur I'exploitation generale des terres, en la mettant en relation avec les Societes analogues, avec les grands etablisse- mens de cidture, avec les naturalistes et les voyageurs. Tons ceux qui s'interessent a rcmbellissement et a I'amelioration de la terre se hateront de faire avec la Societe I'echange de leurs vues, de leurs decouvertes et de leurs experiences. A cet envoi se trouve joint un petit ouvrage sur la regene- ration clcsforet.t , par M. Soulange Bodin , qui renferme d'excel- lentes vues. (Voy. ci-dessus, p. 4^0. ) Museum d'histoire naturclle an. Jardin du Roi (1). — La me- nagerie royale vient de s'enrichir de deux jeunes lions , male et femelle, qui ont ele eleves k bord du batiment monte par M. de PiiGNY, et qu'elle doit a la generosite de cet officier, qui vient d'acquerir une gloire si britlante ct si pure. lis ont la fa- miliarite et la douceur d'animaux domestiques, et ils la doivent autant a la liberie dont ils jouissaient a bord et aux bons traitemens qu'ils ont eprouves , qu'a leur naturel. JjUe a egalenient recu en don une macaque bonnet chinois, une petite mangouste, et plusieurs tortues de M. Dussumier , qui les a ramenees de la cote du Malabar, d'oii ces animaux sont originaires. Ce n'est pas , au reste, la premiere fois que la menagerie du roi s'enrichit des dons de M. Dussumier.il vient de terminer le cintjuieme de ses voyages aux Indes orientales ou a la Cliine , et il n'en est aucun qui n'ait procure de uou - veauxobjetsaux diverses collections de cetetablissement. Dans le premier il rapporta, outre un grand nombre d'oiseaux rares et de fort belles coquiiles, une espece uouvelle de singe, d'aii- (i) Nousesperons pouvoir continuer a fiiireconnaitie ihins des l)ul- letins peiiodiques les acquisitions pi ogressives, imporlaiites pour les sciences , qui viendront enrichir ce bel clablissement. PARIS. 5a I tant plus curieuse, qu'appartenant au genre cynoccphale et etant originaire des lies Solo , elle modifiait line loi gcogra- phique qui jusqu'alors avoit paru constante : c'est que tous les cynocephales etaient originaires de I'ACrique ou des contrces voisines. Dans un second voyage , il ramena vivante une especc de ci- vette, nommee zibeth, peu connue , et qu'on ne distinguait qu'imparfaitement de ses congeneres, et une nouvelle espece de ceif des Philippines, non moins remarquable par sa grande taille que par ses couleurs. Dans le Iroisienie voyage il envoya, au Museum, avec un grand nonibre d'oiseaux et de poissons du Gauge, plusieurs pieds vivans d'une nouvelle espece de miirier, qui a sur tous les autres J'avantage de se reproduire facilement de bouture, et de donner des feuilles plus tendres et plus larges, de sorte qu'on peut faculement renouveler les individus qui perissent, et qu'il fournit aux vers a soie une nourriture plus abondante et plus substantielle que le murier commun. Des poissons des Sochelles, tout-a-fait nouveaux, et plu- sieurs oiseaux, furent les fruits du quatrieme. Mais c'est surtout ie cinquieine, que M. Dussumier vient de ternoiner tout recemment , qui a procure au Bluseum une des plus belles collections que depuis iong-tenis il ait rccues : elle consiste en plus de deux cents especes de poissons de la cote de Malabar el du royaume de Mysore. Celles-ci sont surtout precieuses en ce qu'elles aideront a rendre intelligibles les descriptions de Buchanan, travail qui, au reste, avail dej^ ete commence par ^^erf Duvaucel, enleve malheureusement ^ I'histoire naturelle par une niort trop prematuree. Plusieurs plantes rares accompagnaient ces poissons; et M. Dussumier, profitant de ses longues navigations pour etudier les cetacees, a recueilli six especes de dauphin dans ce dernier voyage, les- quelles ajoutees a deux autres de ses voyages precedens, con- tribueront a eclaircir I'histoire de ces singuliers animaux, si peu connus et cependant si interessans a connaitre par leur organisation et par leurs mceurs. Ces objets nombreux sont toujours aecompagnes, de la part de M. Dussumier, de notes tres-detaillees et tres-propres a en faire connaitre la nature: et il faut ajouter que I'amour seul de la science soutient le zele et I'activite de ce savant voyageur, et que tout autre interet lui est etranger : c'est a ses frais que ces collections ont ete faites, entretenues et espediees, meme jusqu'au lieu de leur destination. F. C. 'm IRANCE. Rrclanialion. — IVoiis n'avons jamais refuse trinsi-rer iiiio reclamation, memc quand elle ne lums ctait pas portee p.-ir huissier. Voici cello qui nous est adiossee par M. Crcuze de Lesser, j)refet du deparlement de THerault. MoNTPKLLiEn,k* anoYcmbre i8'i7. — Moiisieiu", M. /.-/>. Say a insere etsigne, dans voire caliier de septembre, un Memoire sur les statistiques oii je trouve, page 54':5, le passaj^e suivant : n Les denombreiiiens sont le seid bon nioycn de savoir (juel est io nonibre des habitans d'lui pays. Mais ce moyen, en nienie tems qu'il est le plus sur, est le plus difficile de tons. Pour tui denombrement, il faut avant tout le concours dt; rautorite.... Les n)agistrats eux-nienies deguisent (juelquefois la verite , soit dans leur interet, soit dans celiii de leurs administres. On m'a assure qu'un jjrefet d'un deparlement de France ( de I'Herault), a une certaine epoque, avait eu le talent, quoique le chef-lieu ne compiat que 29,000 habitans, de Ini en donner 35,ooo, en comprenaiit dans la ville une commune qui en est a une petite distance. Ceux qui chcr- chaient la cause de cette anomalie remarf]naienl que le trai- tement que recoivent les prefets est d'autant plus elevo que la ville de leur residence est plus considerable. » Comme ce n'est (jue sous mon administration que la popu- lation de Montpellier a etc officiellement reconnue et portee a 35,000 habitans, I'allegation rapporlee par M. Say ne pent regarder que moi. Voici ma reponsc : i''La population de Montpellier etait deja , en 179G, de 32,897 habitans; en i8i5, de 33,692, et en 1821, de 35,i23. 2" (juand elle I'ut portee a ce dernier nombre qu'elle depasse aujourd'hui, ce fut, noii par le prefet, mais par le maire , d'apres un denombrement authcntique dont il repoud. 3° Le faubourg de Montpellier, qui ea est a nne petite distance, et qui d'ailleurs n'est que de t)79 liabltans , en fait partie depuis un terns immemorial. On en a une preuve ecrite , a la date de i5/|4- 4° Le prefet dc 1 Herault n'avait aucun inteiet a exagerer la population de Montpellier, puisque cette viile a, depuis plus de trente ans, 3o,ooo ames et au-dela, et qu'aujourd'hui encore pliisieurs villes de 25, 000 habitans et raoins, suffisent pour constituer des prefectures de pareille dasse et de pareil trailement. 5° Enlin, le traitement actuel du prefet de I'lierault est abso- menl le meme qu'eu 1810. On n'a rlonc rapporte a M. Say que des fanssetes, <'t, pai liuduction qu'on a voulu en tirer, des cdomnies, dont M. Say a eu le talent de se rendre I'interprete. Je me reserve tons mes droits a cet egard; et , quanta present, je vous prie, Mon- PARIS. 523 s'uMir , et au bcsoiu je vous requicrs, coiil'ormcmeiit a I'article 1 1 de la loi clii q.5 mars 1822, d'inserer la prescnte reponse dans voire plus prochain cahier. J'ai rhonneiir d'etre, Monsieur, votre tres-humble et tres-obeissant serviteur, Lc prejet de I'Herault ^ muitrc dcs rcquetes , , Baron Creuze de Lesser. Nous avons eommunique a M. S.v^y la lettre ci-dessus, ct nous eii avons recu !a reponse snivante. A M'" M. !e Directeur de la Revue Encyclopediqne. Monsieur, Je n'ai rien a repondre a M. Creuze de Lesser, prefet actuel du dcpartenient de rUcraiilt, car ce n'est pas de lui que j'ai enlendu parler dans I'article dont il «e plaint. Je tiens lo tait qui ni'a servi d'exerrqjle d'un savant respectable, connii de toute I'Europe , et qui m'inspire une enliere confiance. Si M. Creuze me fournit des preuves que les nombres que j'ai xapportes ue sont pas exacts, je les rectifierai volontiers; car, dans mes recherches scientitiqnes, je n'ai a canu- que la verite. II ne s'agit pas .seulement de savoir quelle est la quantite d'ha- bitans declaree par I'administratiou, niais de prouver que le denombrement a eJe bien fait. Au reste, un auteiu- de statistique serait excusable de croire a une legere diminution dans la population do Montpellier, par suite de la desertion des etudians de cette ecole celebre, a I'epoque ou des i:;endarmes cliargerent , an theatre de cette ville , les spectateurs qui avaient eu le malheur de ne pas trouver de leur gout luie comedie de M. le prefet. J'ai I'honneur, Monsieur, etc. J. B. S.A,Y. The.\tres. — Odeon. — Premiere representation dieV Homme du nionde , drameen cinq actes et en prose, par MM. Ancelot et Saintine ( jeudi aS octobre ). — ■ Le comte de Selmar est un homme d'un grand nom, et auquel les malheurs publics out enleve une grande fortune. Parvenu a I'age de /ia ans, il a passe sa vie a seduire etabandonner des maitresses. Un ieune homme, fruit adulterin d'une de ses premieres seductions, a ete eleve parle baron de Bleville, sous le nom d'Arthur. Au moment ou la piece commence, Selmar, toujourshomme a bonnes fortunes, commence cepcndant a comprendre qu'il a besoin d'un autre rang dans le monde; il devient ambltieux, sans cesser d'etre li- bertin; il songea faire adopter un vaste plan de commerce, et 5a4 FRANCE. il postule un eitiploi diplomatique, en meme terns qu'il met ea jeu tons les aitiliccs du seducteur pour se faire aimer de la jeuae ct naive Emma , (illc adoptive de M'"" de Terny. Cette femnie, deja sur le relour, unit a de bonnes qualites les gouts du monde et dela dissipation; clle est engouee du comte de Selmar, qui est installe dans son chateau, et qui trouve ainsi le moycn de s'insinuer dans le coeur d'Emnia qui I'aime sans le savoir , et a laquelieil n'a encore parle que d'amitie. Cependant, an moment oil cette jeune fille commence a deviner et son propre amour et les sentimens du comte, arrive an chateau de Terny la vicom- tesse d'Orbigny, femme bonne, mais legere, et qui aime encore Selmar, dont clle a ete abandonn(5e. Elle ne tarde pas a s'aper- cevoir de Tamouf d'Emma; son innocence la touche, et elle lui devoilerabime oiiveut I'entrainer Selmar. Mais bientot celui-ci use de tons ses moyens de tromper pour vaincre les scrupules d'Emma; cette scene de seduction se passe pendant un violent orage; Emma effrayee par un coup de tonnerre s'arrache des bras de Selmar et se refugie dans un pavilion ou Ton devine que Selmar va la suivre , et la toile tombe. Au troisieme acte, nous sommes h. Plombieres; Selmar a rej/ris ( comme on disait sous le regne de Louis XV) la vicomtcsse d'Orbigny, qu'il n'aime plus, mais dont I'oncle, devenu ministre , a fait adopter ses pro- jets, et promet de lui ouvrir la carriere deshonneurs. Cepen- dant, Emma, plongee dans une nielancolie profonde, arrive a Plombieres, conduite par M'"" de Terny , qui vieut y chercher pour sa lille adoptive le secotirs des eaux. Apres une explica- tion entre Emma et Selmar, dans laquelle celui-ci refuse for- niellemcnt de I'epouser, parce que ce lieu pourrait nuire a ses vues d'ambition , la pauvre jeune (ille perd la tete, et fait I'aveu de son deshonneur devant la vicomtesse d'Orbigny, et devant le jeune Arthur. Arthur, dont les sentimens vertucux forment un contraste assez dramatique avee rimmoralite de son pere , est eperdument amoureux d'Emma; mais, sa naissance equi- voque lui otant tout espoir d'oblenir sa main, il s'etait eloigne du chateau de Terny ou nous I'avons vu pendant les premier? actes, et c'est par hasard qu'il retrouve Emma a Plombieres. Instruit de ce fatal secret, Arthur ne songeplus qu'a contraindre le comte de Selmar a rendre I'honneur a la victime de ses se- ductions. Mais, apres avoir employe vainement le langage de I'honneur et de la vertu , il le provoque publiquement au milieu d'un bal , et devant une deputation des magistrats de Plom- bieres qui sont venus le remercier d'un important service qu'il a rendu Meur ville. Selmar sevoitreduit a accepter cet affreux combat , et le rendcz - vous est pris pour le lendemain matin. PARIS. SaS Pendant que tout le niondc s'est rendu k la fete que donne le eointe de .Selmar, Emma seule, abandonnee a son desespoir , forme le piojet de se derobera tous les regards. Elle s'eehappe a demi - viitue de cliez M'"^ de Terny , et apres avoir erre toute la nuit au milieu des champs, elle s'arrete epuisee de dou- leur et de fatigue a la porte d'une ferme. Le hasard I'a conduite chezSnzette, sa sceur de lait, mariee depuispeu, et que I'auteur nous a deja faitconnaitre.Suzetteeffrayee de son etat appelle un niedecin, et tandis qu'on lui douue les premiers soins, arrivent Arthur et Selraar, avec leurs temoins. Le lieu du rendez-vous est voisin de la ferme, et une piuie qui tombe par torrens les oblige a se refugier sous I'espece de hangar que represente la scene. Au moment oil ils mettent I'epee a la nlain, Bleville,cet ami commun qui a servi de pere a Arthur , accourt et lui revele le secret de sa naissance ; Emma se precipite hors de I'appar- tcment et tombe aux pieds d" Arthur, en le conjurant d'epargncr Selmar. Cette demiere epreuve acheve d'epuiser les forces de I'infortunee, et elle expire, en disant : Entendez-vous lafoudrc? Le tonnerre gronde en effet, comme pour lui rappeler la scene fatale du pavilion. Les trois premiers actes de cette piece sont communs, sous le rapport de Taction et des caiacteres; le 4* et le 5^ sont touchans; la scene de la provocation au 4° est fort belle; mais on regrette qu'il faille I'acheter par I'inconvenance de cette deputation municipale, qui tombe comme des nues au milieu d'un bal et des tables de jeu, pour faire un disoours officiel. L'homme du monde est un egoiste qui sacrifie tout a son j)laisir, a son ambition et aux prejuges de la societe; il y a sans.doute des hommes dont le coeur est aussi sec que celui de Selmar , il y en a qui raisonnent aussi froidement leur immora- lite et les malheurs qu'elle cause ; ces caracteres-la sont de tous les tems; mais il n'y en a plus qui afQchent le metier d'homme a bonnes fortunes et pour qui ce soit un moyen de reussir dans le monde. Ce sont-la des raoeurs qui datent de cinquante ou soixante ans. Avec la reputation dont jouit Selmar dans cette piece, un homme du monde aujourd'hui pourrait encore faire son chemin dans les places; mais il scrait bicn siir de n'obtenir aucune estime dans la societe. 'A la verite , les personnes qui I'entourent out I'air de se meprendre sur son compte, mais on ne concoit pas cette meprise, et les spectateurs sont tous de I'avis d'un certain Saint-Paulin, personnage episodique, iVon- deur, parasite, joueur,espece d'homme du monde subalternc, et qui ne se gene pas pour faire les honneurs de la reputation du comte de Selmar. Nous ajouterons que, si Ton considere le oaB FRANCE. luros dc cctte conicdic commo unc cop'.e des iiioeurs d'autretoi^, on trouvcra encore qu'il nKUKjiie de charnio dans les nianieres, ct dc profondour dans la seduction. Les antres personnages sent en general bicn traces; Emma est fort touchante, ct le vil' interet qu'inspircnt plusieiirs situations de ce roman en action Ini prociuira sans doute im assez grand nombre de represen- tations. La ])iece est jonee d'ailleurs avec beaucoup d'ensemble. — Premiere representation de La Sosur ou Les deux Riches, comedie en cinq actes ct en vers , .par M. *** (jeudi i.^ no- vembre ). — Nous n'essaierons point de faire I'analyse d'une piece dont I'intrigue est si embarrassee que nous ne nous llatte- rions pas de la debrouiller ici niieu.K que Tauteur lie I'a do- brouillee a la scene; ellc a paru si penible aux spectateurs, qu'ils ont fini par ne plus chereher a la comprendre, et la derniere moitie de la piece a etc assez mal ecoutee.- II y avait pourtant dans cet ouvrage quelqucs situations qui meritaient plus d'indulgence; mais, outre I'obseurite du roman, des ca- racteres communs ou faux et uu style depourvu d'elegance ont trop bien justiiie les rigueurs du parterre. Cette sreur , qui donne le titre a la piece, n'y joue qu'un role fort insigniliaut ; son frere est un artiste comme on en a peint bien souvent , depuis qu'on a pris I'habitude d'en faire des modeles de con- duite et de vertu. Jadis on les peignait de preference un pen mauvais sujets et assez originaux, comme Laniara , ou le Fmi- gercs de I'intrigue epistoltiire ; je ne dirai pas si cela etait ]ilus vrai ; mais je puis affirmer que cela etait plus amusant. Des deux riches, I'un est un homme tres-vertueux, mais qui ne parle que par tirades et par sentences; I'autre est un vil coquin, qui ne prend aucune peine pour deguiser ses inclinations de fripon ; son cynisme a cet egard n'a pas de modele dans la societe. L'auteur s'est fait justice en retirant sa piece; c'est un homme d'un esprit distingue, et qui entend bien le theatre; mais cett(! fois il s'est completement trompe; naguere encore il avait etc plus heureux, et la scene de I'Odeou a souvent retenti des applaudissemens merites par quelques-uncs de ses produc- tions. M. A. Beaux-Arts. — Exposition des tableaux en 1827. — Pre- mier article [\). — Les arts, comme les letlres, consacrentleurs (i) Cet article nous arrive trop tard pour ^tre inserc dans notrc premifere section , Ncmoires ct Notices, ou .son etendue et I'importaiK.-e dusiijet lui assignaieiit line place; mais, noire qiiatrieme et derniere PARIS. 5-2 7 fiioductions a rappelei' Ics terns passes , on a presenter Ic tableau ties mneurs actiielles. La tragedie, I'epopee, la pcinturt; Iiistorique, en retracant des faits connus, doivent s'appliquer a peindre fideleiccnt des evenemcns, des caracteres, des cos- tumes, meme, auxquels il n'cst phis permis de rien ehanger. La comedie, eelle qui s'appliquea la peinture des caracteres, a cela de conimun avec la tragedic, I'epopee et la peinture historique, qu'ellc ne pent varier que dans la maniere de les presenter, et non dans le fonds nienie du sujet; niais la pein- ture de genre, coninie la comedie de moeurs, peuvent, sans cesser d'etre vraies,offrir des tableaux toujoursnouveaux, parce qu'elles suivent la marclie de leur siecle. Tant que les peintres et les poetes conservent aux moeurs anciennes et nouvelles le caractere qui leur est propre, les lettres et les arts sont dans la bonne voie; mais il y a perver- tissement, du moment oil les peintres et les poetes s'ecartent, dans leurs creations, de la verite historique, soit comme ca- lactere moral, soit comme usages reconnus, soit, mcme,comnie forme materielle. C'est ainsi que Ton a reproche a Racine d'avoir saciifie an gout de son terns, en faisant d'Achille un amoureux de la cour de Louis XIV, au lieu de le vepresenter tel qu'il est connu par I'histoire, et de lui donner une physiononiie conforme aux moeurs grecqucs ; c'est ainsi que M. Guerin , a une epoque re- cente, s'est egalement ecarti>dela verite historique, en mettant sous nos yeux un Hippolyte qui ne fut jamais le Ills de Thesee et d'une amazone, mais unjeiuiehomme elevemollement etauquel on avait donne un costume heroique. C'est ainsi, enfin , que Ton a vu a i'Opera, il y a moins de cinquante ans, les dieux, les deesses et les heros venir, sur la scene, sous des costumes ou le ridicule des modes de cette epoque etait encore exagere. Dans le siecle dernier, I'ecole francaisc avait cede a I'in- fluence du mauvais gout , tous les caracteres etaient meconnus, et, livrant leurs pinceaux aux caprices de la mode, les artistes section ,Nout>elles relatives aux sciences, aux leltrcs el mix arts, etiint des- linee a servir de complement a la premiere, comme notre tioisi^me section , Bullelin bibliogi'apldque , ou annonces d'onvrages tiouveaux et choisis , est elle-meme le complement de la secondc section , Analyses d'ouvrages imporlans , nous comprendroiiS dans notre Bulletin meiisuel des Beaux - Arts les articles sur I' Exposilioji des tableaux , afin de ne point differer de metire sous les yeux de nos lecteuis les divers juge- raens que porlera notre coUaborateur charge des beaux-arts sur ies prodnclioris que nos artistes auront exposees celte annee. N. du R. 5a8 FRANCE. liii avaient prostituc Icur talent. David hii-mcmo , ainsi qm> je I'ai fait remarqiuT, dans I'Essai que je lui ai consacre (i), so inontra long -terns attache an systeme alors suivi ; il fallut, pour le raniencr, la vue des chefs -d'anivre de Vltalie, et I'etudo dcs adniirablcs creations dc I'antiquite. Son retour fut complet, et il cut la gloire d'entraincr touterecole a sa suite; mais, avant qu'il eut ferine les ycu.x, deja Ton avait quitte ses traces. Une generation nouvelle pretendit que I'ecole dc David man- quait d'originalite; que tons ses tableaux se ressemblaienl; que c'etaient toujours desGrecs ct des Romains; enfin , que toutes les productions de cette ecolc etaient d'une froideur desesperante. Il n'a pas manque d'ecrivains qui out soutcnu ce systeme , sans doute de bonne foi, et sans s'apercevoir qu'ils etaient a cote de la question. II est digne de rcmarque, au contraire, que les eleves de David, doues d'un genie qui leur est proprc, different autant entre eux (ju'avec leur maitre lui-meme. Certainement, Drouais, Girodet, MM. Fabre, Gerard, Gros et Jnf;res, ont suivi les preceptes de David, en cela qu'ils ont consacre a la peinture iiistorique le caractere qiii lui appartient; niais, leurs produc- tions offrent ime individualite tres-marquee. Drouais est le seul qui chercha a reproduire jusqu'a la maniere, jusqu'au fnire, pour me servir de I'expression technique, de son maitre ; et Ton se rappelle que , consulte par son eleve cheri suf I'agencement d'une composition, David lui repondit : « Le terns est venu , nion cher ami, oii vous devez essayer de voler de vos propres ailes. » Ainsi, le reproche fait a I'ecole de David manque de verite; mais, ce qui est vrai, c'estquelespeintresqui avaient ctudie dans cette ecole, et (jui n'etaient pas en etat i^e volcr de leurs propres ades, ont voulu , pour rappelerleur maitre et s'en rapprocher, autant que cela dependait d'eux, tiaiter les memes sujets, pui- ser aux memes sources , et les Grecs et les Romains ont eii bientot a souffrir de la faiblesse des moyens d'artistes impuis- sans qui, voulant representer des geans, ne pouvaient faire que des pygmees. Les novateurs ont pense cpi'ils cueilleraicnt des palmes nouvelles , en s'ecartant du sentier suivi par des talens qui n'avaient pu se frayer ime route. Qu'ont-ils fait? lis ont puise leurs sujets dans des evencmens recens , ou dans des ecrits oil (i) Paris, 1827; Renoiuud. In-S* Prix , i fr. 5o c.~Voyez aussi Rev. Eric, Notice sur David , t. xxxiv, p. 34, PAULS. 52;) Ton invoqne I'histoirc pour abuser de sou autoritc. Ou a vu les Grec;> de nouveau ; mais ee sont les Grecs modernes : la foule s'y est arrelec, etonn(''c que les personnages que I'on mettait sous ses yeux fussent si loiu deses souvenirs et de ce (jue hii represeutait son imagination. Si cette ecoie nouvelic avail essaye de mellre dans ses ta- bleaux ce qui fait la base de tout art : I'etude qui produit la verite d'iniitation, et la beaute qui fait le cliaruie de toutes les creations de I'csprit, il n'y aurait eii que des eloges a lui donner ; mais il n'en a pas etc ainsi : elle a uieeonnu les priti- cipes qui seuls peuvent produire des succes durables. C'est en vain que Ton cherchcrait dans les productions de cette ecole la pur,ete du dessin , I'elegauce des lormes , i'lieureuse disposi- tiou des figures; elle a tout sacrifie a lui eclat de coukuu' qui u'est qu'un des moyens materiels de Fart, et a la force et a I'energie de I'expression qu'clle a quelqucfois rencontrees, mais a. la place descjuelles on a trop souvent trouve le laid et le bizarre. Des princes out eu , par leur caractere personnel, une in- fluence directe sur les productions de I'esprit : Pericles, Au- guste, Leon X , Louis XIV, ont vu se grouper autour d'eux des hommes qui ont immortalise leur regne. Ces chefs de nations avaient une grandeur, lur amour du beau, qu'ils ont imprimes a toutes les creations de leur epoijue. Les grands eveuemens eveillentaussi le genie. Certes, notre revolution, dans])lusieurs de ses phases, avait bien de quoi emouvoir ies esprits, et les letlres et les arts out bribe d'un vi fecial; cependant Bonajjarte, mal seconde, a plutot uui (ju'i! n'a etc lUile aux Icttres et aux arts. Dans les dcrnieres annees de son regne, il fallait qu'il fiit I'objet de tons les travaux; or, I'adulatioti est presque toujours luie mauvaise source d'inspirations. C'est en cet etat que la restauration a cu lieu. Louis XVIII a compris qu'il etait necessaire d'accorder une protection speciale aux artistes; il Ta fait, aiUant par inclination (lue par position, car, non seulement c'etait uu homme d esprit, mais encore il avait senti qu'il etait d'une politique sage de se faire des amis d'une classe d'hommes qui, jiar I'independance de ses idees, n'est pas sans influence. On repondit a un Directeur general des musees qui demandait comment il devait employer la somme que Ton mettait asa disposition: «Comme vous voudrez, pouixii que vous nous fassiez des amis. ^ En suivant cette marche, on n'a pas tarde a fonder une na- tion d'artistes, et le public a ete surpris du nombre toujoiu's croissant de tableaux et de statues qui paraissaient a chaqm; T. xxxvi. — Nocernhre 1827. M\ r.'io FRANCE. <'X[K>sition. II est fiichoux ([»c, dos lo principc, on n'ait pas soiigr a cniployor tons cos artistes a di'coier qulus : pont-etrc out-il eto hion vu do condor le de- cor d'un grand monument a un soul artiste, on lui donnant los moyons d'omployer, pour lo seconder, dos talons qui ne sont veritablement (juc seCondairos, mais qui , dirigos par unc main habile, anraient concouru a donnor a ronsemblo une unite que Ton cherehorait on vain dans une collection do tableaux distri- bnos ct composes au hasard. On s'est apercu , onfin , que, bicn loin d'encourager les arts, on liatait lour decadence, on contiiuiant de confier dos travaux a des homnies qui so croicnt pcintros par cola soul qu'ils savent manior un pincean, commo si rexocution manuollo suffisait poiu- faire un pointro d'histoiro. Pour arrotor cotto cspoce de debordoment, on s'est done montre severe an jury d'admission pour I'exposition ; ot, cc))endant, combien de tableaux'anraient pu etri- justomoat refuses! On s'est decide, aiissi, a confier anx artistes los plus habilcs le soin d'ornor de peintures une partio du Louvre. Au moment on j'ecris, cette partie de I'exposition n'est pas encore onvorte, ot, commo ce doit otrc la plus interessante, je ne commcncorai I'oxamon particulier du salon quo lorsqu'elle aura eto livrec aux i-ogards du public, afin do pouvoir suivre I'ordro que j'ai adopto jusqu'ici. Jo puis dire, copendant , que 10 livret conlient io58 niunoros pour la pointurc; i/|/( pom" la sculpture; i38 pour la gravurc; 78 pour la lithographie, et i3 pour des dessins d'architectuio; on tout, 1426 numeros, dans lesquels il on est plusieurs qui dosignent une collection d'objets. 11 faut y ajouter les peinturis dos salles du Louvre, et Ton aura ime idee juste de ronsemblo des productions dos arts qui font I'objot do cette exposition. P. A. 53i JililiJ TA Exiges par les mppressions jtartielles de la Censure, dans quelqucs articles des Cahicrs de Juillet, crAout, dc Scptembre ct '.2 ERRA.TA PROVENANT DES Iraintcsur Ics hords il;- la Srine, rc'-gneoii souvcraincsnr los boi'ds dii Mississipi. P. 128, I. !^6, aprt'sci-s mots : 11 Cut tut- a cote dc Kiego, ajoiitiv, : an inomeiit nicme on ce martyr do la libcrtc lombait fiitre les mains dcs royalistcs espagaols. P. i3i, 1. 9, rctablissoz, ;i la suite di; I'alinra, lepassage sui- vaiit: Mais, Ibrts dc raiitoriti- dcs cvaiigolistes Marc, Luc ct. Mathicji, ot dc rcxcmplc dos chrctiens dcs deux ]ncniiors sicdes dc rcy;lisc , dont ia grandc mnjoritc croyait a I'luima- iiitc dc .Icsus-Christ, dcs ti:iitairc:i rc|)oussent par dcs articles inscrcs dans Tlic Monthlry repository. The Christian reformer, The Christian rejleetor, Ics attaqncs thcologiqnes de Iciws advcrsaircs ct. voicutaugmcntcr sans ccssc Ic nombre dcja trcs- considcrablc dc Icnrs proselytes. P. i85, 1. 1), rctablissez Ic passage snivant qui tcrminail Ic comptc rendu d'nn ouvragc dc M. MAnROLi.K : Aprcs ccl humble aven, nous aurions mauvaisc grace a cnlrcr dans unc lutte d'aillcurs inegale, et nous pensons qu'il n'y a lieu ni a fcfutcr, ni meme a brulcr Ic livrc tic M. MadroUe. Nous croyons ccpcndant devoir lui faire remarc|uer unc erix'ur im-. portantc ct fondamcntalc. II raisonne toujonrs sous I'empire dc la craintc f\Q la revolution, mcmc de 1789. M. Madrolle ct ses partisans ne dcvraicnt point oublicr (juc cctte revolution, (ju'ils rcgardcnt encore comme si mcnacantc, n'cst point a lairc, ellc est faitc. M. Madrolle, an reste, n'cst nullcmcnt familiarise, conimc on Ic voit, avec les idccs actucUcs; mais il est, quant a la dui"ee dc Icur triomphc ct de Icur rcsultat, un juge que M. Madrolle invoque (en y joignant la censure), ct que nons-mcmes ne craignons pas d'invoqucr seul , et mal- grc la censure; c'est le tenis. P. 190, rctabliss"z les lignes siiivantes qui tcrminaient nn article sur un Recucil dcs lettrcs de Jean Sobicski : Le rccueil ipii Ics rcnfcrmccstprecicux pour I'histoirc; ct dans ce moment surtout, on ne Ic lira point sans y puiscr d'ntiles reflexions. P. 191,1. 17, aprcs ces mots : Ala victoire; rctablissez Ic passage suivant : Le retour dc Ferdinand nc rcalisa point Ics cspcrances dc Van-Halen ct de ses compagnons d'armes. A la fin dc 181 5 , se forma unc association patriotitjue dont le but ctait d'cclairer Ic nionarque cgare par les intrigues dc quclqucs courtisans, ct d'obtenir les institutions et les libertcs rcclamees par les amis sinccrcs de la patrie. Don Juan Van-Halen, comme la plupartdes rnilitaircs cclaircs de son pays, adopta avec en- thousiasme les projcls ct Ics cspcrances que les progrcs tou- jonrs croissans dc cctte association avaient fait conccvoir a ses T.ETRANCHEMENS DE LA CENSURE. 5ii moiubres. Tiahi par iin conlident infidele, il fut arrete i Muicie oil il comuiaudait un coijjs ile cavaleiie, et conduit a Madrid dans ies prisons do I'incjuisition. Meme page, 1. '24 , ajoute/, pour torniiner I'article sur Ies Meinoircs de D.J. f^tin-Halcn, cc passage: Don Juan Van- Halen, force de s'eloigner de I'Espagne ou ses persecuteurs eonlinuaient a doniiner , vint lui consacrer de nouveau son bras et ses services, lorsque la revolution de 1820 eut renverse le systeme contre lequel il avait conspire. TJn nouveau voiume nous jjromet le recit dcs evenemens dontil fut alors le lenioin, surtout pendant Ies annees 1822 et iSa'i. Cahier d'.^otit. P. Soo, 1. 2 a 6 ; lisez : « Neanmoins je lui (a Talma; eoniius une reeile Constance sur quatre objets . . . so/t rcgrt-t sincere i-C jjrofond des vcrtas republknines; sa reconnaissance personnellc envers rhomnie doiit le powoir extraordinaire Ies a\<(iit oppri- niees, ///fl/.v qu'il regardait comme etant son genereu.\ bienfai- teur.u . . . (Les mots imprimes en caracteres italiques avaientete supprimes par la censure , protectrice de la memoire de Bona- parte. P. 4^8, 1. 3/| , apres ces mots : On trouve dans ^es Lcltres persanes une fine critique des meeurs francaises a cetteepoque; ajoutez ceux-ci : Des escpiisses d'hommes vils et superbes , le tableau d'un clergu ambitieux, celui de la multijilicito des cou- vens qui ne se peuplent qu'au detriment de I'Etat, sans donner a Dieu " des adorateurs," comme le dit Clondorcet, font encore pour nous un livre de circonstance de cette composilion inge- nieuse et originale, ou Ton reconnaiira plnsieurs vices con - temporains dans ceiix que sa plume nous retrace, et que no«s avions du croire a jamais relegues dans les vieux souvenii's de nos annales. Meme page, 1. 40, ajoutez a I'alinea ce passage : Sa Disser- uuion sur la politique de ce peuple, dont la puissance dominait sur iHie ])artie de ce nionde,a pour objet de prouver cetle verite dont les goiivernemens ne sauraient trop se penetrer , 'J tjuc la religion doit etre employee au profit et au service de J'Etat, el non I'Etat etre sacrilie a la religion et ;i I'espiit d'en- •■ vahjssement des pretres. " P. 4^9, 1. 35; piaccz ici ralinea suivanf, retranche en cntier ; Parmi ses Pcnsecs dlvcrscs (de Montesquieu), il v\\ est |)Uisit'Uis qiti sorit tres-remarcjuables. Il dit, en parlaiu ile ia devotion, u (ju'elle trouNc, poiir faiie de uiauvaiscs actions, dcs raisons 5:i4 ERRA.TA PROVEN ANT DES qu'iin simple lionnete homme ne s.iiirait troiiver; « en pailaiit des ecclcsiastiqiiej , " qii'ils sont trop souvcnt les flatteiirs dcs princes, lorsqn'ils ne peiivent etre leiirs tjrans; » en parlant des princes et des pcnples : « Je nc puis comprendie comment les princes croient si aisement qu'ils sont tout, et comment les peuples sont si prcts ;\ croire cpi'ils ne sont lien. » P. !ifii, I. 17; retablisscz I'alinea suivant, retranche tout en- tier : Si I'auteur se plait a proclamer les droits de la royaute , il est trop ami de la verite et de la justice pour ne pas reconnaitre en meme tems les droits des peuples. « Les peuples doivent etre bien legitimes, puisque c'est d'eux que Dieu fait naitre les rois. » (Page 64.) P. /|/|4 ,1-3, dans I'enumeration des titres de chapitrcs d'un ouvrage de M. Henrion de Pensev, intitule : Be I'dutorite ja- diciaire en France, retablissez les titres suivans: Du parlcment et de sa participation ;\ I'exercice de la puissance legislative. Du droit de faire des remontrances siu- les lois qui etaient adressees et des lits de justice. Cahier de Septenibre. P. 576, I. 20, dans la Notice sur Madame Giiiznt, retablissez I'alinea, retranche tout entier : Si le christianisme n'etait que la foi dans la Providence et dans le celeste avenir ; s'il u'admettait d'autre myslere cpie la divine origire, la tlivine regie, la divine fin de noire nature; s'il nevoulait d'autre culte que la priere et d'autre tradition que la revelation sur la terre de reternelle verite; si, enfin, I'Evangile interprete par la raison etait le christianisme, on pouriait dire que madame Guizot etait chre- tienne. Quelle qu'clle fut, sa foi n'etait point une simple for- mule ; elle dominait ses pensees, ses senlimens, sa vie, et sa mort vient encore de I'attesler. Elle a desire etre ensevelie selon le rit de I'eglisc reformee. C'etait la religion de son mari, a qui elle voulait en tout elre unie; c'etait de plus le seul culte dont les ceremonies funebres n'eussent rien de contraire a sa croyance. II lui importait de n'ctre pas ccnfondue avco I'in- credule; elle voulait qu'on siit qu'elle etait religieuse : ]jcut-elre est-il siugulier que les homines aient eu besoin d'etre quelque chose de plus. P. 591, 1. 14, apres ces mots : La vieille routine d'ctiide, ori- ginaire s titres plus ancicns, plus universe's, pins inlierens a la nature humaine : les droits de I'liomme. Elle s'est propose un but plus absolu, plus decisif, plus propre surtout a servir d'exemple : une complete reorganisation sociale , fondee, non sur de vieilles diaries exliumecs de quelques archives, mais 53(i ERRATA PROVEN ATNTDES siir le droit iiiipit'Sfriptible qii'clle rccoiuKiissait aiix honimrs ii-iniis en socit'ti' dc (ixrr Ics iCi^lcs dc Icur associaticjn. Et ici, C(? n'«'St point une doctiiiie que nous ctablissons, c'lvst un fait qiit' nous voulons siniplonieiit expliqncr. Nous n'exauiinons point s'il eut etc |)lus avantai:;eux pour ia France d'avoir c!cs droits ])ordus a recouvrcr, d'auticpics libertt-s a faire ri'vivro, au lieu de sc cre<'r des droits nouveaux , et de foudvr une lilicrte sans titres anterieurs, et depouiiioc du resjiect que se concilieutd'ordinaire les vieilles orii^iiirs. Londres nous a prouve tpi'tuic reforme ou il no s'ai;it que de revemiication peut encore etro terrible, et s'abreuver aussi du sant; des rois. II est probable cependant que , si nons n'eussions cu qu'a reparer, si notic elat ancieu eut pu uous fonrnii' des bases asst'z soiides encore pour souteuir des constructions nouvelU's, Dotrc reforme eut ete |)l(is f;tcile, plus calme et ])lus ])nrfaite pcut-etre. Mais telle n'etait point notre position; il a fallu (pi'une complete dissolution de iiotre ancien ordre politicpie s'operat, pour qu'un onire nouveau prit naissance; et dans ce prodigieux travail d'une socu'-te qui se' re^'enere, la France restei-a comme lui grand et fatal exemple, capable d'effiavi'r, niais aussi d'instrnire les nations. C'onime de la reformation dale le principe d'ex.imen dans I'ordre relii;ieux, de la revo- lution francaise dalera le priitcipe d'examen dans I'ordre jjoli- tiqne; c'est la un fait dont quelques opinions pourront se plaindre , mais qu'aucune ue pent nier, et (|ui d'aillturs fut solennellemeut jjroclamo ])ar I'liomme qui a dit que ile la revolution de iTSg commencaii:, pour le monde, I'ere des ijouvernemens repiesentalifn; parole meroorabb', et qu'un quart de siecie a deja revetue d'une grau(!e consecration. Cest cette revolution , c'est cet Homme dont Walter Scott a entrepris d'ecrire I'histoire. Nous laisserons a d'autres le soiu d'exaniiner les titres de cet ecrivain a entreprendre cette i;rande tache; (jiie Walter Scott soit J/ii;/fiis, qu'i! soit lory, pen nous importe; ses ojiinions ne sauraient etre une antorite contiT noTis, si ellcs ne sont ])as conformcs a Topinion la pins geiu'rrale; sa sentence ue saurait etrc definitive, si elle n'est ratifieepar la voix des contemporains et parceile de la poste- rite. Ce n'est pas fl'ailleurs a lui etranger accoutume des son enfance a envisa^er sotis un certain point de vue les faits qu'il raconte, connu par les tenioi!:;naL;es publics d'une grande mal- veillance centre le pays dont il ecrit I'bistoire, qu'on ira de- niander cette rij.;ide et majestueuse iinpartialite qui d'ordinaire n'est le partai^e (pu' (J'une ame i;rande et forte, de^^ajiee de RETRAWCHEMENS DE LA CENSIJRE. 537 loues les pruocciipations iiationales, do toiites les deceptions con tern poraines. P. 622, 1. 23, rctalilisscz le passage suivant qui tenninait I'alinea, apres ces mots : surjeurs prit>ileges ; i! oublie que la cour ne voiilait point la ref'orme, et qu'on ne pouvait reelie- ment raccomiilii- qu'avcc et par ie |)euplo. Cost en continuant la meme erreur que Waller Scott pretend qu'il fallait, a I'ap- proche des Etats de 1789, consolider liabileinent I'influence de la noblesse et du clerge, tandis (pi'il estbien evident que ce fnt la resistance de ces deux corps qui devint I'origine de tout le mal, en faisaut comprendre anx partisans de la revolution la necessite dune atiaque violenle, en inspiraut I'ininiitie bien plus que la conciliation, en excitant de fatales defiances contre le gouvernemerit que Ton voyait pencher vers les ordres privi- legies. A la verite, Walter Scott pretend qu'il fallait en menie teins « prendre des incsures pour s'assurer dans le ticrs-eiat lui- nieine quelques partisans de la monarchic, » conseil de tory, que Walter Scott repete plusieurs fois , sans songer que ces pratiques de corruption, faciles dans un terns d'egoismo , ne le sont ]}as i une epoque d'entliousiasme , ou tons les interets disparaissent devant le triouiphe d'une opinion. Je ne crois pas qii'apres la seance dujeu de panme tons les tresors de la France eussent sulfi a gagner one majorite dans le liers-etat; et meme anpai'avaiit , toute tentative de ce genre n'aurait obtenu aucun succes. Walter Scott ne s'est point penetre de I'esprit du tems (jn'il raconte; a tout moment, on le siirprend a indiqner, comme d'infaillibles nioyensde maitriser la tournienle revolutionnaire, les moyens qui avaieiit servi a diriger avec stieces la marche du gouvernenient soHdement constitue dans son pays; il ne voit pas que des aiguniens,justes dans un certain ordie d'idces, de- viennent tout-a-fait faux dans un ordre (I'idees oppose, li pousse la preoccupation a eel egard jiisqn'a cotnpai'er la revo- lution francaise a I'emeute qui agita Londres pendant wnt; se- maine, en 1780, et ii a I'air de croire serieusement que, pom- en finir, I.onis XVI n'avait qu'a faire alors ce cpi'avait fait Georges III,huit ans anparavant. C'est avec la niemelegerete que Waller Scott affirme qu'au lo aout, « si la sortie des Suisses eut ete appuyee par un corps suffisantde cavalerie, la revolu- tion eut ]-m etre terminee ce jonr-Ia. » C'est avec une legerete plus incroyable encnre qn'il dit, quelques chapitres api-es : « L'attafpie de Nanles offrait aux Vendeens une tres- belle perspective; le succes pouvait pent-cire decidar du sort de la revolution. « P. 668, 1. 1 1, apres ces mots ( t. xxv, p. 2/|5-25o j, retablissc/ 53S LIUIATA PROVEN AIST DES Ic passage smvaiit : Nims a\ons regrctto de ne pas tit)iivcr dans V indication dcs ct'cnc/iicns rcnutn/ufiblcs , Ic voyage de La Fnyctte aux Etats-Unis d'Ameriquc. II laiit t'tvc dc bicii maiivaisc loi pour ne pas rocoiinaitrc la grandt'iir ct la inajcste ilii spectacle d'nn peuple eiiticr reiidaut iin homniai;e public, spontane et solennel , a riionime qui a contiibuc a fonder la liberie, ot [)ar ronse(pient le bonheur de ce peuple. C'est un grand evenement dont les annalcs du monde n'oiit offert juscpi'ici aucun exeniple, et qui nitrite d'etre enregistre, non-seidement dans la serie des evenemens les plus remarquables d'une annee, ou d'un siecle, mais parmi les fails dignes de servir de le^on aux siecles a venir. P. 674, 1. 37, apres ces mots : llsouscrivit (leroi de Saxt;) al'af- faiblisscmentdesonpouvoir, lisez : Et vitun nuinbiede laSainlo Alliance s'enrichir de ses depouilk s. Cellc faiblesse de sa part prouvean nioins conibien ce prince ainiail la paix et la tranquil- lile. Du reste, son gouvernenient ne fiit point remarquable par de grandes vues; il laissa la conslilution de son royaume dans I'etat imparfait et suranne ou il I'avait trouvee,a son avenenient. La scule concession faite ^ I'esprlt du siei'le, cc fut le droit qu'il accorda aux proprietaires roturiers de biens ci-devant nobles, de sieger a la diete du royanine. Les journaux poli- liques de Saxe sont insignifians, parce qu'ils ne jouissent d'au- cune liberie, et les journaux lilleraires de ce pays portent souvcnt des traces de mutilations. Ces restrictions de la liberie de la pressc n'existent, il est vrai, cpie depuis le fameux congres de Carlsbad, qui imposa a loule I'Allemagne Tesclavage de la pensee. Cahier iVOctobrc. P. 8 , 1. i3 , dans la Notice sur V£x/;osition publicjue dcs pro- duits dcs nianufacttircs francaises , relablissez le passage sui- vanl, supprime lout entier : II faut avouer que Ton ne pouvait choisir plus iiial- lieureusenient le.s circonstances et I'occasion pour sou- nieltre un tel projet au jugement du public eclaire. Vous qui revez Xa palais de lindnstrie , pensez-vous done qu'elle ne court aucun danger ? La crise commerciale que TAngleterre vient d'eprouver, n'est-elle done pas un avertissenient salutaire ? L'horizon politique nest [)as sans nuages ; la plus vasle partie du Nouveau-Moiule est encore loin de I'etat de repos et de prosperite dont RETRANCHEMENS DE LA CENSURE. 539 Ic commerce europeen profiteralt ; I'Amerique du noixl discute la graiide question du choix des manufactures qui lui conviennent; et, en attendant, plusieurs des Etats confederes se comportent, comme si leur pays avail le projet de s'affranchir de toutes les industries etrangeres. Des Societes d'encouragement s'etablissent ; elles repan- dent I'instruction , favorisent les etablissemens indus- triels , impriment aux capilaux una diiection vers les manufactures. Cette tendance ne pouvant etre consi- deree comme passagere, le tems approche ou le nord de I'Amerique n'aura presque plus rien a demander a I'Europe , sans que cette sorte d'independance soit reci- proque. Le commerce exterieur de la France est done menace de pertes dont rien ne le dedommagera. Quant an commerce interieur, la consommation est sa mesure, et pour consommer beaucoup , il faut au moins de lai- sance. Si les millions que doit coiiter un palais de I'in- dustrie sont ajcuites aux contributions actuelles , ils seront pris sur les consommations , et en plus grande partie sur celles des produits des fabriques : ce sera done en derniere analyse I'industrie elle-meme qui sup- portera presque seule la depense du monument eleve en son honneur. Ce ne sera pas un don qu'on lui aura fait ; elle pourra se croire dispensee de reconnaissance. Ajoutons encore que les expositions publiques , de quel- que maniere qu'on les fa^se, sont completement inutiles a quelques fabriques tres-dignes d'estime : les directeurs de ces precieux etablissemens ont soin de se tenir cons- tamment au niveau des connaissances relatives a leur art : leurs produits passent dans les boutiques des mar- chands sans faire un long sejour dans les magasins de la fabrique , et le consommateur, dont la confiance n'a jamais ete trompee , les achete de preference a tout ce qui est recommande par des annonces fastueuses. A me- sure que I'instruction se repandra , cette disposition des esprits deviendra plus commune j de jour en jour, on sera moins curieux d'apprendre quel fabricant a obtenu des medailles ou d'autres recompenses ; on se conten- lera de savoir que celui dont on consomnie les produits 54o ERllATA PROVEN ANT DES fait aussi bien qu'aucun autre , et ne vend pas plus cher. Est-ce deja pour cctte raison cjue des ciles manutactu- rieres, des departcmt-ns reiiouuncs par leur imliistri<* se sont abstenus dc paraitre a !a derniere exposition ;' i'',t ccpendanr^ cette industrie modeste , conscicnoieuse , juste apprecia trice de la lenonunee, est celle qui cleve par degres la prosperitedu commerce, au-dehors coninie au-dedans : c'est elle qui garantit le plus surement la portion du revenu public doiit le commerce est la source. Les services quelle rend merilent urie haute estime et la protection speciale du gouvernementj nuiis ce ne serait pas pour elle que Ion construirait le palais de I'industrie. Nous I'avouons sans peine ; ce projet de palais nous tient a coeur. Jamais peut-etre I'extravagance et I'ina- propos dune proposition ne fut plus remarquable. On peut comparer ce monument gigantesque a ceiui dont Bonaparte ordonna I'erection , lorsqu'il sentit les pre- mieres atteintes des secousses qui devaient bientot le renverser. Le colosse aux pieds d'argile, cliancelant sur sa base, essaya de la raffermir par des conceptions im- posantes ; il n'imagina rien de niieux qu'une pyraniide de granit , elevee au sommet des Alpes , dont une face lournee vers la Baltique, et I'autre vers Rome et le Vesuve, recevraient , en lettres inalterables, les noms de toutcs les parties de son vaste empire. Certainement, aiicune catastrophe imminente ne menace le connnerce franciiis : mais on ne peut dissimuler que sa position ac- tuelle exige tout autre chose que ce que dimprudens amis demandent en son nom. Des canaux et des routes lui seront plus utiles que des palais. Au reste, si le faste des expositions publiques ne peut se passer de nouvelles constructions , lavoie des souscriptions peuty pourvoir : ceux qui seront intiniement convaincus des bons etlets . OEuvres de Servan Parent-Real. 820 7. Tableau chronologique des evenemens rapportcs par Ta- cite ; par M. de Fortia Chaiies da Rozoir. 827 8. Espagne poetique ; choix de poesies castillanes , niises en vers francais , par Don J.-M. Maury. Second et dernier article Muriel. 339 9. OEuvres completes de J. Fenimore Cooper li. J. 34c 10. L'enseignement du dessin liueaire; par L.-B. Francoeur. de Silvestre , de I'lnstitut. 36 i ni. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de io8 ouvrages , francais et ctrangers. AmEKIQUE SEPTKNTRIONALE. EtalS-UlUS , 2 872 AwTULLES. — La Havane , i ouvrage periodique 876 EuKOPE. — Grande-Bretagne, 12, dont i ouvrage periodique. ibid. — Ritssie, 3, dont i ouvrage periodique 386 — Danemnrh , 2 890 — Allemagn*, c^ , dont i ouvrage periodique 892 — Suisse, 6 4oi — Italie, 9 4o5 — Espagne, i 4'3 — Pays-Bas ,9 .4'4 Frakce, 54 , savoir : Sciences physiques et nalurelles , i5. . . . 4^9 — Sciences religieiises , morales , politiques et historiques , 17. . . 4^3 — Litterattire , i5 452 — Beaux-Arts ,3 4^7 54/i T\BI.P. rKies rapides qu'elle a fails; c'est a eux qu'elle doit d'etre sortie du vague dans lequel elle etait plonp^ee. Les developpemens qui out ete donnes a I'art agricole par un grand nombre d'auteurs anglais, (rancais,allemands et italiens; les decouvertes dues aux hommes qui lui ont consacre leurs veilles ; les excellens traitesqui en ont ete la suite; les rapports nombreux que I'agrieulture a avec la chimie dans son etat actuel, avec la physique et avec I'histoire naturelle : toutes ces choses ont fait de I'art de tirer du sol les produits les plus avantageux une science du premier ordre, qui n'est plus la propriete du vulgaire, de I'homnie sans education. L'agriculteur doit maintenant posseder un cer- tain nombre de connaissances sans lesquelles il se- rait incapable de faire valoirses terres. II etait done devenu necessaire d'avoir un ouvrage ou il put trouver reunies les bases de la science, les direc- tions qui seules peuvent le preparer a tirer parti des progres que fait journellement la theorie. Ces directions, ce corps de doctrines, nous avons cru les trouver dans I'ouvrage de Thaer, et le pu- blic a confirme noire jugemenl. Une premiere edi- tion s'est epuisee; les Piincipes cV Agricultiwe sonl universellement regardes comme le code, le ma- nuel indispensable a tons ceux qui s'occupent de eel art. La seconde edition que nous annoncons a ete revue par le Iraducteur, qui a ajoute un grand nombre de nouvelles notes. Nous avons choisi de preference le format in-8", comme etanl le plus commode; les tableaux el les planches seront reunis dans un Alias in-4". La page 5 donne lui specimen du caraclere que nous emploierons ; le papier sera le meme que cehii de ce Prospectus. PRIIMCIPES RAISONINES. ,^ t § XXVIII. L'histoire naturelle, qui, dans les derniers temps, a ete si fort perfectionnee, nous est d'un grand se- cours pour les principes fondamentaux de notre science; en particulier, elle nous donne un fil pour soriir d'un labyrinthe d'expe'riences vicieuses et pour Ja plupart partiales ; elle nous sert de pierre de tou- che pour juger de leur valeur et de leur bonte. La nature agit partout d'apres des lois uniformes et eter- nelles; Tagriculteur n'opere que par I'emploi des for- ces quelle met a sa disposition. C'est par cette raison que, pour I'agriculture, nous pouvons tirer des con- naissances physiques et chimiques des i^egles precises ou tout au moins en obtenir des directions sur la mar- che que nous avons a suivre dans nos recherches. Lors meme que l'histoire naturelle ne nous appren- drait qua connaitre I'horaogeneite du sol, la variete de sa nature, et quelles sont les parties dont il est compose, ce serait deja assez pour jeter de la lumiere sur les nombreuses ditferences qui se presentent dans le resultat des operations. Depuis long -temps ces sciences ont eu de I'influence sur celle de I'agricul- ture : de I'etat d'imperfection ou el les vegetaient, etaient nees diverses fausses notions, divers prejuges, qui sont parvenus jusqu'a nous, et que nous ne dissi- perons qu'en nous aidant de la connaissance de la nature, aujourd'hui mieux observee. Dans les der- niers temps, la chimie en particulier a ete employee a enrichir I'agronomie, et il est grand I'avantage que la pratique meme' en a retire. Nous pouvons mainte- nant delruire divers prejuges recus , et prouver avec evidence phisieursveritesauxquellcs nos observations CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. L'Ouvrage formera 4 volumes in-S", en 8 parties ou livraisons de 200 a 9.5o pages chacune, ct un Alias diviseen 4 livraisons, compose de tableaux et de planches gravees. II paraitra de mois en mois, a partir du i" novembre 1829, une livraison du texte, et de deux mois en deux mois, il partir de la menie epoque, une livraison de I'Atlas. Le prix de chaque livraison du texte est fixe pour les sous- cripleurs a 4 fr. 5o c. Et franc de port dans les departemens. . . 5 fr. aS c. Le prix de chaque livraison tie I'Atlas est fixe pour les sous- cripteurs a 3 fr. Et franc de port dans les departemens. . . 3 fr. 5o c. A PARIS, CHEZ TH. BALLIMORE, LIBRAIRE-EDITEUR, RUE DE SEINE-SAINT-GERMAIN , H° 67 ; CHEZ M"' HUZARD, rue de I'^peron, n" 7; CHEZ ABRAHAM CHERBULIEZ , LIBRAIRE-EDITEUR On trouve cliez les memes Libraires : ^coNOMiE DE l' Agriculture, par le baron E. V. B. Crud, traductcur de Tliacr. 1 vol. in-4''- Prix : i5 fr. 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Arthus Berth AND, rucHautcfenille, n" aS; — Benouaru, rue deTournon, n° 6; ■— Levrault, rue de la Harpc, n° 8 r , et A Strasbourg ; — Bos- SAifGK/)ere, rue Richelieu, ji°6o; et a Londre.s,pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, alleniands, italiens, rysscs, polo- nals, hollandais, etc., ainsi que Icsantres productions de la litt^rature etrangere. AUX ACAD}^M1F.S ET AXJX SOCIET^fis SAVAMTE? de tOUS icS fMljS. Les AciUBittiES et les Societes savawxes et D't)Trr.iTE pubxiqub, francaises etetrangferesjsontinvit^es a faireparvenirexactementj/ra/ici fie port , au Directeur de la Revue Eneyciopcdique , les comptes rendus de leurs travaux et les programrnes des prix qu'elles proposent , afiu que la Ret-ite puisse les faire connaitre le plus promplement possible a AdX iXJJTEDBS n'oUVRAGES ET AUX LIBRATRES. MM. les^diteurs d'ouvrages periodiques, frarr^aiset Strangers, qui desireraient echaager leurs recueils avec le noire , penvent compter sur ie bon accueil que nous feronsr a leurs propositions d'^change , et sur line prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et les autres ouvrages , nouvellemeut publics, qu'ils nous auront adresses. AuX EDITEUKS DBS BECUEII.3 PERIODIQUES EH ARGLETERBE. MM. les ]&diteurs des Recueils periodiques publics en Angleterre sont pries de faire remettre leurs numeros k M. Degeorge, correspondantde la Revue Encydopediquea Londres, n» 20, Berners-street, Oxford-street, chez M. Rolandi ; M. Degeorge leur trausmettia, chaque mois , en echange, les cahiers de la Revue Encyclopedique , pour laquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour I'ann^e courante, soit pour se procurer les 'ollecticns des annees anterieures, de 1819 a 1826 inclusivemeut. AuX I4BRAIBE3 EX AUX EDITEUR8 d'oUVRAGES EW ALIEMAGWE. M. Zu!&ts, libraire & Leipzig, est charge de recevoir et denous faire i)arvenir les ouvrages publics en AUemagiie , que MM. les libraires, les editeurs et les auteurs dcsireronl faire annoncer dans la Revue Encj- clopidiquc. LiBRAiRES chez lesquels on souscrit dans les pats ktrancees. Aix-la-Chapelle, Laruelle tils. Amsterdam, Delachaux ; — G. Du- four, Anvers , Ancelle. Aran (Suisse), Sauerlknder. Berlin, Schlesinger. Beme , Ciias ; — Bourgdorfer. Breslaii, TJh. Korn. Bruxelles, Lecliariier; — Demat;-^ Brest van Kenapen; — Berlliot. Bruges , Bogaert ; — Dumortier. Florence, Pialti. Fribourg (Suisse) , Aloiise Eggen- dorfer. ^ Francfart-sur-Mein , Schaeffcr ; — Bronaer. Gand, Vaiidenkerckoven ills. Geneve, J.-J. Paschoud ; — Bar- bezatetDelarue. La Haj-e, les fr^res Langenlmysen. Lausanne , Fischer. Zeiyja/g-jGrieshammer; — G.Zirg^s. Liege, Desoer. Lisbonne , Paul Martin. Londres, P. Rolandi , Dulau et €'«;— Treuttel et Wiirtz; — ^Bossange. 3Iadrid, Denn<5e; — Perfes. M/a»,Giegler;— Vismara;— Bocca. ;>/oicou, Gautier; — Riss ptreetfils. Naples , Borel ; — Marotta et Wanspandock. Neuchdtel (Suisse'^, Grester. ^Jfew-Yorh (Etats Unis), Thoisnier- Desplaces; — Berard etMondou; — Behr et Kahl. Nouvelle -Orleans , Jourdan ; — Roche , fr^res. Palerme (Sicile), Pedonne et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch.). Petersbonrg, Saiut- Florent ; — GiaefY; — Wey b^r; — Pluchart . Rome , de Romauis. Stuttgart et Tubingne, Cottd, Todi, B. Scalabriui. Turifi , Bocca. >^ar.tocie,Glucksberg;— Zavadsky. P'ienne ( Autriche ) , G^rold ; tSchaunibourg ; — Sclialbocher. , COLONIES. Giiadtloiipe (Pointe-a-Pitre), Piolet ain6. ile-de-France (Porl-Louis), E. Burdei. Martinique , Thounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Au Bureau de rbdactiow, rue o'Esper-Saint-Michei, , n° 18, oil doivent fitre envoy^s , francs de port , les livres , dessins et gra- vures, dont on desire I'aunonce, etks Lettres, Meraoires, iJotices on Extraits destines a dtre inseres dans ce Recueil. AuMusEEEscyci.0PEDiQi3E,che7,BossAi.GE p^re, rne RicLeliea,n«Co; Chez Tr~eottel et Wurtz , rue de Bourbon , ai° 17; Rey et Gravier, quai des Augustins, n" 55; Charles BicHET, libraire-comm" , quai des ,Angv!Stins , n° 5y; J. Rehocard , rue de Tournon , n" 6 ; Rokex, rue Hautefeuille, n** la ; A. Baudouik, rue de Vaugirard, n"> 17; Delackay, PEr-iciFH, PoNTHiEu, LA TehtK, Cabiket Litte- RAiRE, au Palais-Royal. A LONURES. — FoHEtGK Library, ao Berncrs-street , Oxford- street ;TEEiiTTEr, ET WuRTZj B0SSA.SGB; Dulau etcompagkik. IS'ola. Les onrragcs auDonccs dans la Revue se trouvent axissi chcz Roret , nie Hautcfcuillc , n* 12. m m PARIS. DE I, JJirniMERIt pE RIGWOCX, rue des Francs-Boorgeois-S.-Miiliel , d" 8. Tome IV- 1827. ( 36® de la collection. ) LIVRAISOIf. REVUE«| ENGYCLOPEDIQUE, ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA t-ITTERATURE, LTS SCIENCES ET LES ARTS. i" Pour lc» Sciences physiques et mathimatiiiaes et les Arts industriels i MM, Ch. DvriK, GirarDjNavieh , de I'lastitul; J. J. Bawde, Ddbkusfaut, Ferry, Frakcx)eor , Ad. Gondsnet, A. MicSklot, de Mohtgert-', Moread DE JoNHEs, QuKTEtET, T. Richard, Warden, etc. 2" VoutXcs Sciences natarelles: MM. Geopfroy SAr?rT-Hir,AtRK,- de I'lnstihit- BoRT DE S41NT-V1NCENT, correspoudaut de I'lnstitut, Mathieii Bokafobs, de Turin; B. GAtttoir , deDiejIpe; V. Jacqdemoht, etc. 3° Pout Ics Sciences medicates : MM. BAttT, Damiroit , G.-T! DoiK , Amedee D^jPAU, FossATX, Gasc; Gerson, de Hambourg; Georgetj Legrakd; de KiRCKBOFF, d'Anvers; BtGOLi-OTfils, d' Amiens , etc. 4" Vour \es Sciences philosophiqiies et morah-s , politiqiies , geographiqiies el hisloriques ; 'M.yi. M. A. Jullien, de Paris, Foudateur-Directeur de la Revue ^Eney-clopedique; AtEX. DE tA Bohdb ; Jomard, de I'lnstitut; Artaod, M. •AvErrEi., Barbie tiu Socage fils, Benjamin-Cowstant, Charles Comte, DErpiNG.DuFAC, DunoYEB, GoiGNiAnT,GuzzoT, A.Jacbert, Ar.EX. Lameth, Lamjuutais lils , P. Lami , Lesceur-Merlin, Massias , A. Mitral, AtiiERTMoNTEMo:?T, Edsebe Salverte, J.-B. Say; SxMOifDE de Sismokdi, de Geneve; Warwkoewio, de Liege, etc. Deris aine, Berville, Bocchehe- Lefer.Crivelli , Cli, REUotJARD, Taillandier, avoc.its, etc. 5* Pour la Lilterature J rancaise et etrangere, la Bibliographie , V Archeologie et Ics Beaux-Arts :'iH.'Sl. Ahdrieux, Amahky-Ddval/Esieric David, Lemer- ciER , de Segcr, de I'lnstitut; M"'« L.-Svr. Belloc; MM. Michel Berr ; J.-P. Bres, Burnouf fils, Chatjvet, Cheneoolle, de Liege; P.-A. CoBpiif, Fr. Degeorge , Domersan; Pb. Golb^ry, correspondant de I'lnstitut ; Leon Halevy, Heiberg, Hehricbs, E. Hereatt , Adgcste Julliew fils; Bernard Jollier; KALVos,de Zante; Adriew-Lafasge, J. V.Leclerc, Nestor L'hote, Loete-VeimaRS, a. Mahoi; J. Mauviel;D. P. Mesdibil; MoHl«ARD,deLau- ^^nDe ; C. PaGAKEL, H. PatIN , PoKGERVILLE; DEEEIFFElfBERG;DE RoCJOTJX ; SB STASSAHT.dc Bruxelles ; Fr.Salfi, M. ScHisAs, SchniTzler, LeobTbies- SE, p. F.TlSSOT.VlLLENAVE, S. ViSCONTI, etC. A PARIS, AU BUREAU CENTR.\L DE LA REVUE ENCYCLOP^DIQUE , RUKD'eNFER-S. -MICHEL, N" i8; ARTHUS-BERTRAND, libraire, RUE HATJTE-FEUILLK, M" 23. 1^ ^T CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le molsde Janvier 18 rg, il parait, par ann6e, douze cahiers de ce Recueil ; chaque cahier , pu))lic le 3o du niois, se compose d'en- viron 14 feuilles d'impression , et pUis souvent de i5 ou t(>. On souscrit a Paris, au Bureau central cC ahanne.ment et d'expiditinn indiq.n6 sur le tllre , et cliez les libraircs ci-apr 3. Renouabi), rue de Tournon, n° 6; Prix de la Souscriptioii . A Paris 46 fr- pour un an; 26 fr. pour six mois. Dans les departeuieus. 53 3o A I'etranger 60 84 En Ai'.^leterre. .... 75 4a Le montantde la souscription, envoy6par la poste, dpit 4lre axtrcs»€ d'avance, fr\nc db port, ainsi que la correspondance, au Directetir dc la Revue Encyclopcdique , rue d'Enfer-Saint-Michel, n° 18. C'est k la m^me adresse qu'ou devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on dtsirera Tinsertion. On pent aussi sowscrire chez les Directeurs des postes et chez les priiicipaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pays (^tiangers. Trois cahiers ou livraisons forraent un volume. Chaque volume est termini par une Table des matieres alphabetique et analytiqne , qui eclaircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours joiate au i^*" c.diier du volume suivant, a I'exception de la derniere Table de Tanne e, qui est expediee isoleraent k tous ceux qui peuvc-nt y avoir droit. Oi souscrit, seulement h partir de deux ^poques , du i*'' jaayicr ou du I e^/uiHet de chaque annee , pour six mois , ou pour un an. O/i :rouve, au bureau cemxr\l, les collections des annees 1819, 1810, iSat, 182a, 1823, 1814 ef i8a5, au prix de 5o francs chacune. Chaqne ann^e de la Revue Encydopedique est independante des nnnees qui pr6cfedent, et forme une sorte iV^iinunire seientiji/fue et Utteraire , en 4 forts volumes in-8°, pour la periode de terns inscrite tur Ic litre. REVUE ENGYCLOPEDIQUE, on ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. PRECIS HISTORIQUE SUR LA SITDATION ACTUELLE DE LA REPUBLIQTJE ARGENTINE (bUENOS-AYREs). TROISliniE ET DERNIER ARTICLE. (Voy. Rev. Enc, torn, xxsv, p. 5 - 17 et p. 553-567.) II nous reste, pour completer les renseignemens que nous avons promis sur la Republique Ai'genline, a faire connaitre ses relations avec les pays voisins et la constitution que le congres actuel lui a donnee. Nous terminerons par quelques details sur les motifs de la continuation de la guerre avec le Bresil et sur les changemens que cette circonstance parait devoir amener. Le Chili est toujours leste en bonne intelligence avec Buenos -Ayres, et il a montre autant de sympathie que de reconnaissance pour le peuple auquel il est, en partie, rede- vable de sa liberation du joug espagnol. Car, a I'epoque ou T. xxxvi. — Deccnibre iSi-]. 35 5/|6 Pm-CIS HISTORIQUE la llcpublique Argentine, a peine libre clle- m(?ine, avait k luttcr conlre une foule de difficultes intericures ct contre plus il'un ennemi, elle creait vine armee qui, sous la conduite dc San-Martin, traversait audacieusement Ics Andes, affianchis- sait le Chili apres de glorieux combats, penetrait dans le Ptrou, et faisait la concpiete de Lima. Cctte armee aurait des lors acheve la delivrance du continent americain, si le general cut mis a profit I'ardeur etle courage des soldals que I'intrepide Fraucais Branzen avait declares, avant de mourir, au mi'ieu de la victoirc A'ltuzaingo, dignes d'etre compares aux plus braves de Taneicn monde. Un traite de commerce et d'alliance offen- sive et defensive devait resserrer les relations amicales enlre ces deux pays; on doit regretter qu'il n'ait pas ete ratifie, mais peut-etre n'est-il qu'ajourne : I'interet commun le reclame. Quand la guerre eclata entre le Bresil et la republique Ar- gentine, le general Frcire , alors president da Chili, offrit ses services personnels au gouvernement de Buenos-Ayres, et le peuple chilien manifesla les dispositions les plus favorables pour le seconder. Le president Rh-adcwia eut I'heureuse idee, en entrant en fonclions, de demander au Chili ses uavires disponiblcs, en paiement de la dette contractce envers Buenos-Ayres, lors de son emancipation. Cette petite escadre aurait suffi pour repousser les Bresiliens; mais elle ne put doubler le cap Horn, a I'exception d'une corvette. Malheureusement, une fregate, le principal navire de cette escadre, perit avec pres de 700 hommes d'elise, parmi lesquels on complait un grand nombre d'officiers volontaires et Ventina Fasqucz, niilitaire distingue, qui avait uegocie avec bonheur I'acquisiiion de Tescadre. Cette perte fut d'autant plus desastreuse pour la Republique Argen- tine, que, ne possedant pas un seul gros batiment, elle se trouvait dans I'inipossibilite, malgre les efforts prodigicux de I'amiral Brown, de faire lever le blocus de la Plata. Ce qui a empeche le Chili d'aider plus efficacemcnt Buenos- Ayres, c'est I'elat de desordre qui, depuis qiielques annees, se perpttuedansce pays. II esltravaille d'une fievredeniocratique SURLAREPUBLIQUE ARGENTINE (Buenos-Ayres). 547 qui le prive de lout moyen d'action , et qui expose sans cesse le gouvemetnent a la rivalite du peuple et du congres ; aussi, la premiere place de I'etat n'y tente personne, et tout restera uecessairement stationnaire jusqu'a ce que les differens pou- voirs soient en harmonie entre eux et avcc la nation. Si un pareil ordre de choses devait se prolonger, le defaut d'ordre et de stabilite rendrait toute espece de progres impossible au Chili. Ce sentiment de rivalite entre des pouvoirs nouvelle- nient etablis , et dont les limites ne sont pas exactement fixees, ii'est malheureusemeut que trop comnian dans les Etats affran- cbis depuis pew, et quin'ontpas inie organisation definitive. Dans le Chili , neanmoins, ce conflit de pretentions u'etablit pas une lutte de principes, et appartient moins au peuple qu'aux partis qui se disputent la preponderance. II n'existe peut-etre pas , en Amerique , de nation dont le caractere soit plus facile a diriger vers le bicn que celui des Chiliens. Aucune contree americaine n'avait plus de motifs de s'allier avec Buenos-Ayres que celle qui porte le nom de ^o/Zc/rt, jadis le Haut-Perou. D'abord comprise dans la vice-royautedu Pe- rou , elle avait ete incorporee a celle de Buenos- Ayres, long- tems avant la revolution. A cettederniereepoque, elle futaidce et secourue par les autres provinces; elle fut meme totalement delivree des Espagnols par les troupes de Buenos-Ayres; raais, plus tard, celles ci essnyerent des revers, et, apres une lutte opiniatre et des sacrifices considerables, elles ne purent empe- cher le Haut-Perou de retomber sous le joug de ses anciens maitres, qui s'y rassasierent de vengeance et en conserverent la possession jusqu'a la bataille d'Ayacucho, qui mit fin a la domi- nation espagnole sur le continent aniericain. Le general Sucre envoya deniander des ordres an Congres rcuni a Buenos-Ayres. Par un desinleressemcnt qui fait honneur;^ la Republiq.ie Ar- gentine, puisque le general Arcnnles avait energiquement con- couru h sa delivrance, elle voulut que les provinces nouvclle- ment affranchies disposassent librement de leur sort, soit qu'il letu' convint ile faire parlie des provinces nnics , ou de se ratt.'ichcr au Perou, ou de seconslituer Etat indepcudant. Eilos 35. r./j8 PRECIS HISTORIQUE choisireut co tleniior parti, et le general Sucre, lieutenant dt- Bolivar, fut charjjc par luidc les administrer, avec le'titre ile '^rand tnarechald'Ayacucho. Bicntotla nouvelle republique de- creta rercction de statues pour Bolivar et pour Sucre, prit ou accepta le nom de Bol'wia , en I'lioiineur du premier , et adopta ie Code Bolmc/i qin , dans un pays lihre, etablit un president ;\ vie, inviolable, ayant la faculte de nommer son succcsseur, et des censcurs, dont ona generalement blame la creation et sur- tont les attributions. Apres avoir adopte la constitution boli- vienne , Ic Congres du Haut-Perou reclama du gouvernement de Buenos-Ayres la reconnaissance de son independance. Celui- ci, fidele a ses principes, repondit qu'il ne pouvait adherer a ce dosir , avant que les troupes colombiennes eussent quitte Bolivia; jusque-la, cette contree semblerait toujours sou- mise a una influence etrangere. Cette reponse fut malrecue par le congres; il I'ompit sans menagcment toutes ses relations avec la Republique Argentine, prit vis-a-vis d'elleune attitude hos- tile, et preluda aux attaques qu'il preparait en decretant la reunion au tcrritoire du Haut-Pcrou du district de Tarija, qui avait toujours appartcnu a la province de Salta. Cette con- duite etait d'autant plus contraire aux grands interets publics, qu'elle avait lieu a I'epoquc oii la guerre avec le Bresil au rait com- promis plus ou moins la siirete des autres republiques ameri- caines, si D. Pedro avait pu reussir dans ses piojets de conquete. Buenos-Ayresnc repondit pas a ceprocede insultant. Les Brcsi- liens cnvahirentla province de Chirjaitos, qui appartenait a la Republique Argentine. L'honueur national devaits'en trouver offense ;niais les Boliviensn'envoycrentaucuusecoursa Buenos- Ayres , quoique les soldats colombiens eu.ssent temoigne le desir de rafifier par de nouveaux exploits I'alliance conclue en \8i'S entre Buenos-Ayres etleurpatric. Bolivar, k son tour, refusa d'ecouter les sollicitatious du general Alvear, charge pres de lui d'une mission extraordinaire par le gouvernement de Buenos- Ayres. On a meme pretendu qu'il nc s'etait point contente de refuser sa cooperation contre le Bresil , et qu'il n'avaitpas ete etranger aux troubles de qnelques provinces du Rio de la Plata, SUR LA R^PUBLIQUE ARGENTlNEtBuENos-AYREs). 549 soulevoes coi.tre le gouvernement central. Lcs donnees nous manquent pour apprecier une accusalion aussi grave, et nous desirous sincerement quelle ne soil point fondee (i). A peine Bolivar eut-il quitte le Pt-rou pour retourner en Co- lombie, qu'uae revolution pacidque rapprocha dans un meme but les habitaris du pays ellesmilitaires colombiens eux-memes, qui, danscetle circonstance, se montrerent veritablenient sol- dats citoyens. Inquiets sur le sort de leur propre constitution , lis concourureut a I'abolition du Code Bolivian, impose au Pe- rou, et apres avoir assiste au retablissement d'un gouverne- ment national, ils quitte rent cettecontree dont ils avaientinerite la reconnaissance , et se hatercnt d'aller defendre lears institu- tions menacees. Le peuple peruvien s'est montre digue de ses destinees, en choisissant pour chef le general Lamar, i'un des bomnies les plus modesfes et les plus distingues de i'Amerique meridio- nalej le Congies s'honora egalement par I'election a la presi- (i) On ne pent se dissimuler que le general Bolivar s'est trompe , et quila eveillecontreLui la juste defiance des amis sinceres de la liberte, en voulant faire attrihuer, par le Code Bolivien , une trop grande pre- ponderance , une autorite presque monarcliique et absolue, et une sorte de stabilite hereditaire au p.nivoir execuflf. Mais cette erreur ne doit faire meconnaitre ni les immenses services qu'il a rendus a la cause de I'independance nafionale, ni les droits quil s'est acquis a I'estime des peuples, el auxqaels sans dome il ne voudr;. it point rj- noncer, en trahissant sa reputation et sa gloire, et en dementant la haute conCance que ses conqjatriotes lui ont accordee avec un entier abandon et le jugement favorable qu'nne sorte de posterite anticipee en Europe, a deja porte sur lui. Pourrail-il balancer enfre le role dj Washington et celui de Bonaparte? On remarque, d'ailleurs, avec une Vive satisfaction, que, depuis son retour en Colombie , le general Bolivar s'est empresse de renouveler le sernient solennel de respecter et de fa.re observer la Constitution, et de maintenir I'etat actuel d« choses jusqu'a la decision souveraine de i'assemblee geiierale, convo- quee au mois de mars 1828 pour examiner s'il convient que la Cons- titution soit modifiee. N. du R. 55o PRfiCIS HISTORIQUE deuce du vertueux et savant ecclesiastique Luna Pizarro. Le iioiiveau gouveriieiKent , ii peine installe, donna I'ordrc au cbaij^e d'affaires du Perou a Rio-Janeiro de quitter cette capi- tale, pour aller feliciter le gouvorncmont de Buenos- Ay res sur les rcsullats de la bataille d' Ituzaingo ; et e'est ainsi que le Perou satisfit a la dette de la reconnaissance. Les institutions adoptees par Buenos-Ayres et la conliancc qu'inspira I'administralion de D. Bernardino Rivadaviavalurent i cette contree d'etre reconnue la premiere par les Etals-Unis de rAinerique du nord et par I'Angleterre. Des 1822 , la Prusse ouvrit officiellement des relations commerciales avec Buenos- Ayres, et s'enga<;ea a une reciprocite conipicle qui ne s'est jamais dementie. Ce fiit vers Buenos-Ayres que se diri^erent, sous le gouvernemcnt constitutionnel de i'Espagne, les deputes charges de negocier, cntre la mctropole et scs anciennes co- lonies, un traite qui unirait aujourd'luii les deux nations, si le retablissement de I'autorite absoUie n'avait pas eu lieu. L'exeniple des fitats-Unis a ete suivi dc fait par d'autres puissances, les Pays- Bas, la Suede, la Baviere et le Wurtem- berg. La France meme a reconnu implicitement I'independance des nouveaux £tats , puisqu'elle adinet leurs jiavilions dansses ports, puisqu'elle accorde ^ leurs envoyes le droit de delivrer des passeports anx Araericains du sud , et puisqu'elle a nomme des consuls pres de toutes les republiques et recoit les leurs. 11 est affligeant, toutefois, que le gouvernement francais n'ait point consent! a une reconnaissance franche et formelle qui eut assure au commerce francais une grande et salutaire influence dans I'Amerique meridionale , qui eut delivre les Americains du sud de toute inquietude sur leur avenir, qui lenr eut permis de licencier des armees qui absorbent leurs ressources, et dontla presence aux drapeaux nuit a une bonne organisation sociale, et prive I'agriculture, le commerce, I'industrie d'un grand numbre debras necessaires. Quels que soient les desor- dres interieurs et I'agitation qui regnent dans les nouveaux £lats, leur separation de la metropole espagnole n'en est pas moins consommee, et aucim effort ne saurait retablir I'ancitn SUR>A REPUBLIQUE ARGENTmE(BuENOs-AyRiis). 55 i ordre de choses. Pourquoi done balancer encore i les recon- naitre definitivement et legalement? En annoncaiil que nous examinerions la constitution de- cretee par lo congres actuel de la Republique Argentine, notre intention n'ctait pas de la presenter dans tons ses details. Nous dirons seulement que, sous le rapport des garanties publiques ot individuelles, elle ne laisse rien a desirer. Puis , nous indiquerons les points par losquels clle se distingue des aulres codes fondamcntaux adoptes par divers pays, et com- ment clle concilie, autant quo Ic permeltent les localites, les avantages du gouvernement federatif et ceux du gouvcrnc- ment unitaire ou central, sous le titre de gouvernement repre- scnlatif repiiblicain , consolidc par I' unite. La religion de I'etat est la religion catliolique, apostoliquc et romaine; mais elle ne jouit d'aucun privilege parliculier et oxchisif : tons les citoyens sont seulement obliges de la respecter, quel que soit le culte qu'ils professent. Le piesident exerce , con- fornienicnt aux lois, une surveillance et un patronage general sur tout re qui se rapporte au culte et sur les membres du clerge ; il nomme les archeveques et les ^veques , sur une liste de trois candidats presentes par le senat; la haute cour de justice examine les brefs et les bulles du pape, et donne son opinion au pouvoir executif sur leur admission ou leur rejet. Le pouvoir execulif n'est point limile dans le droit de con- fererle titre de citoyenauxelrangers, et quieonque a combatlu pour la republique devient, par cela meme, citoyen. Unecause qui suspend I'exercicc du droit de citoyen, c'est de ne point savoir lire ou ecrire; mais cette disposition nesera en vigneur que la dixieme annee apres la promulgation de la constitution, Le pouvoir legislatif appartieut a uncongres compose de deux chambrcs, I'nne de representans, I'autre de senateurs. Les re- presentaus soutelus directement par tons ceux qui jouissentdes droits de citoyen, a la simple majorite des suffrages, dans la proportion d'un depute pour i5,ooohabitans, ou une fraction au-dessus de huit mille. Les conditions necessaires pour etre representant sont d'etre citoyen depuis 7 ftns, d'avoiraSans 552 PR]£CIS HISTORIQUE acceniplis, de posseder im capital de 4,000 piastres (20,000 fr.}, line profession in Jupendante ct hors de tout emploi concede par Ic goiivernement. Cette condition ne sera de rigueur que dans dix ans. Les reprtisentans sont pendant quatre annees en fonc- lions , ct renouveles par moitie tons les deux ans ; ils out I'ini- tiative de toutes les lois financieres , et ne peuvent accepter d'emploi sans le consentcment de la cliambre; autrement, ils seraient censes avoir donne leur demission. Les senateurs sont nommes , dans chaque province, par une junte d'electeiirs qui reunissent les conditions exigees pour etre representans , et qui sont choisis par le peuple. Les elections demeurent secretes et les proces - verbaux , bien regularises, sontenvoyes au senat, ct pour la premiere fois, au congres. Si Tun des candidats a obtenulamajcrite absolue,ilest proclame; sinon , le senat procede au ballottage entre tous ceux qui ont reuili le plus de voix. Pour etre senateur, il faut avoir 36 ans accomplis, etre citoyen depuis 9 ans , et posseder un capital de 10,000 piastres ( 5o,ooo fr. ). Les senateurs sont pendant neuf annees en fonctions, et on les renouvelle par tiers tous les trois ans. lis jugent en seance publique les fonctionnaires ac- cuses paries representans; leurjugement ne ]>eutordonncr que la perte de I'emploi ; I'accuse est ensuite renvoye devant les tribuuaux ordinaires. Les senateurs et les representans recoi- vent un traitement fixe. Le congres a seul le droit de declarer la guerre, apres avoir entendu le rapport du pouvoirexecutif. Celui - ci peut proposer des amcndeniens aux lois faites par le congres , et les deux tiers au moins des voix dans les deux charnbres sont nucessaires pour rejeter ces amendemens. La loi est executoire dix jours apres avoir ete promulguce. Les votes ont lieu par oui et non , et la presse public immediatemcnl les noms et les motifs des votans, ainsi que les amendemens cu les objections du pouvoir executif. Le pouvoir execulif est confie i un president dont les fonc- tions durentcinq ans, et qui ne peut etre immediatemcut reelu; il doit etre ne siir le territoire de la republique et reunir les conditions exigees pour etre senateur. Sa nomination est cou- SUR LA REPUBLIQUEARGEINTINE (Buenos-Ayr Es). 553 iiee h nnejuntede quinze electeurs, nommes danschaque pro- vince par les citoyens, dans Ics formes vouluespour Icssena- teurs, Les proces-verbaux sont envoyes au senat , et la personne qui reunit les deux tiers des suffrages au moins est proclamee. Si les voix sont eparses, le congres precede, dans la naeme seance, au ballottage entre les citoyens qui ont obtenu le plus grand nombre de voix. Dans les attributions du president se trouve le droit de dinger eu chef les forces de terre et de mer : maisil ne peut commander en personne sans I'autorisation spe- clale du congres, donnee par les deux tiers des suffrages dans I'une et I'autre chambre. II doit soumettre les nominations aux emplois superieurs a I'approbation du senat, excepte celle des ministres secretaires d'etat, qui ne peuvent etre eu meme terns representans, ni senateurs. Le pouvoir judiciaire se compose d'une haute cour de justice, formee de neuf jugcs et de deux membres du ministere public , de tribunaux superieurs etde tribunauxinferieurs. Les membres de la haute cour doivent avoir recu leurs degres en droit de- puis huit ans, etre ages de 40 ans et reunir les autres qualites exigees pour les fonctions de senateurs. lis sont nommes par le president de la republique, sauf Tapprobalion du senat. Le president dela haute cour reste en fonctions durant cinq ans; mp.is les juges sont iuamovibles et ne peuvent etre destitues que par un jugement. lis ne peuvent, non plus etre senateurs , ni representans, sans se demettre de leur emploi, ni accepter d'au- tres fonctions , sans I'approbation de leur cour. Elle prononce exclusivemcnt sur les discussions de province a province, sur les actions auxquelles peuvent donncr lieu les actes du pouvoir executif, sur les cas de forfaiture ou de malversation de la part des fonctionnalres publics , et sur les affaires dans lesquelles les agens etrangers sont parlie interessee. Elle se forme en deux chambres : Tune, composee de trois membres, juge en pre- miere instance; I'autre, composee des six membres reslans , prononce en dernier ressort. La haute cour ie9oit les appels des tribunaux inferieurs. Quant aux provinces, chaeune est adminislree par un gou- 554 PRECIS HISTORIQUE vcTiirur place sous la direction inimi';diate du pnjsident de la rt'pnbliqiie et nomnn- par liii, sur line liste de trois mcmbrcs, fournie par les conseiis d'administratioii, Ccs conseils, compo- ses de 7 mcmhrcs au moins, el dc i5 an plus , seloti Its loca- lites, sonl olus dircctementpar le pcuplo, dans les memos formes queles roprescntans de la nalion, et charges de tout ccquitend ;i assurer la prosperite des provinces , de leur police interieure, de Teducation primaire et des etablissemcns d'utiliU; publique. lis determinent le nombre et la nature des emplois qu'ils ju- yent necessaires; ils etablissent, sauf rapprobatlon du congres, le budget de la province, et des impols parliculi<'rs pour les depenses du service interieur. Ccs inipots sonC directs; toute contribution indirecto appartenant au tresor national. Si les revcnus des provinces ne suffisaient pas i leurs depenses , il y serait pourvu par le tresor de la nalion, d'apres im compte ouvert achaeuned'elles, saufarembourser les av;ince.s rccues. L'excedant des recettes provincialcs est employe par les con- seils d'administration, sauf ['approbation de la legislature. Les menihrcs des conseils sont ehis pour deux ans et renouveles par nioitie, chaque annee. Ilsne sont pas responsables des avis qu'ils donnent , et ne recoivent aucun traitimenf. Le president de la republi(]ue regie le regime interieur de ces corps , I'e- poque de leur reunion, et I'ordre de leurs debats et de leurs resolutions. Les gouverm urs doivent avoir 3o ans et leuuir les conditions exigees pour etre setiateurs. Leurs fonclions dureiit trois anuees, et ils ne j>euvenl etre reeius immediatcment dans la meme province, lis sont charges dc I'execution des lois, des ordonnances du president et des reglemens parliculiers faits paries conseils d'administration. Ilsnomment, saufl'approbation desconseilsd'administratiou,aux emplois salaries de la province. Les provinces possedent des tribunaux inferieurs et un tri- bunal suprrieur qui recoitles appds. Lo cougres (ixc I'efendue de la juridiction de ces tribunaux, dont les meuibres sont com- poses de juges gradues en droit, nommes par le president de la repnblique sur nne liste dc trois membres presenles par la haute oour de justice. SLR LA RtPUBLIQUE ARGENTINE {Buknos-Atres\ 555 Le jngenient par jury sera siicccssivcment etabli dans les provinces, Jls qii'on le pourra. Tout jugemcnt par commission est intordit. L'inslruction de I'affaire doit avoir lieu dans les trois jours qui suivent I'arrestation des individus. La vertu ct les talons seuls obiiennent des distinctions et des privileges. II est defendu d'accorder aucun titre de noblesse. L'esclavage est aboli pour Tavcnir, et les enfans des esclaves actuels seront libres. Un examen attentifdo cotte constitution fait apprecier la sagesse, la bonue foi et leslumieies de ses auteurs. Cependant, ils ne se sont point dissimule que leur ouvrage etait susceptible d'amelioration. En consequence, par une disposition qui e.*it evite bien des maux a d'autres contrees , la constitution de la Republique Argentine peut etre modiQee et changee dans un ou plusieurs de ses articles; mais la demande de modification doit (itre appuyee par le quart des mombres pri'sens au congres; la rectification est miseensuite en deliberation, dans la forme ordi- naire, et la majorite des deux tiers des voix, dans I'une et I'autre chambre , est necessaire pour I'obtenir. La resolution est communiquee au pouvoir executif. S'il ne consent pas h la rcforme , il fautque les trois quarts des voix du congres de- clarent sa necessite ; et, dans tons les cas, on delibere de nou- veau : si elle reunit une seconde fois une majorite de deux tiers des suffrages , et que le pouvoir executif la rejette encore , les trois quarts des voix deviennent necessaires , dans cliaque ehanibre , pour son adoption definitive. Par ces precautions excessives on s'est mis en garde centre la precipitation, sans priver I'Etat des nioyens de perfectionner le pacte social, quand I'utilite des changemens proposes est generalemeut reconnue et devient evidcnte. L'acceptation des deux tiers des provinces devait donner force de loi a cette constitution; on entretenait des relations de bonne intelligence avec cclles qui avaient differe de I'accepter, Mallieureusement, I'opposition egoiste et les vues interesseesde quelques gouverneurs ont comprime ou egare I'opinion pu- blique, et empecbe d'adopter un code auquel il faudra pour^ 556 PRECIS HISTORIQUE taut revonir.LegouverDenemeDtn'avaitvouIu employer tl'autres inoycns que ccux de la persuasion ; la guerre une fois terminee, les passions aiiraient 6ni par cedcr a rcvidence et a la raison ; inais. le resultat si trisle et si im|)rcvn de la negociation de D. Garcia aupres dc rEnipereur D. IVdroareniis indcfiniuient en question ce qui tient a I'organisation du pays, et force dc tout sacrilier a la penible neccssite de contiauer la guerre ac- tuelle. D. Garcia, noramc niinistre plenipotentiaire en Angletcrre , devait s'arrcter a Rio - Janeiro , et s'infornier, par Tinternie- diaire de Tambassadeur anglais, M. Gordon, de la possibilite de negocicrla paix. II etait autorise a couclure un traitcprclinii- naire, p.onrvu que lonrecoTinutrindepcndanceabsoluede la pro- vince de Monte video, et la forme dcgouverneitientqu'ellevoudrail se donner, si D.Pedro persistait a refuser qu'cUe fit partie de la Republique Argentine. Aiicun de cesEtatsn'eut alorspaye d'in- demnite a I'autre pour les frais de la guerre. Rien n'etait plus clair et plus precis que les instructions donnecs a D. Garcia. Lorsqu'il arriva a Rio-Janeiro, les deux chambres venaient de temoigner avec energie le desir de la paix , objet de tons les voeux ; et cette unaniniite, jointe a I'influence des evenemens arrives en Portugal, ne pouvait manquer de frappcr I'empcreur. Mais le negociateur, qui parait avoir ete le jouet d'inlrigues an- glaiscs, souscrivit , au mepris de ses instructions, le plus scan- daleux et le plus deshonorant des traites , puisque, s'il cut ete ratifle, la republique de Buenos-Ayrcs n'abandonnait pas seu- lement le Banda oricnial, niais etait forcee de demolir les for- tifications elevecs pour sa propre surete dans I'ile de Martin- Garcia qui lui appartient, demcurait responsable des pirateries commises sous son pavilion , et n'avait plus qu'une liberte pre- caire do navigation dans le Rio de la Plata. Le president Riva- davia rejeta ces conditions avec une noble indignation , et adressa aussitot an congres, le I'i juin 1827, la resolution siiivante , siguee par tout le ministere. « La convention preliminaire, souscrite par I'envoye de la r«5publique aupres de la cour du Bresil , ayant ete soumisc au SURLA RfiPUBLIQUE ARGENTINE(Buenos-Atres). 55? conseil des ministies , ct attendn que cet envoye n'a pas seule- ment oiitrepassc ses pouvoirs , mais qu'il a meme agi d'line ma- niere contrairc a la lettre et a I'esprit de ses instructions, et que les stipulations de la convention qu'il a signee blessent rhonneur national et attaquent i'independance et tons les inte- rets esseutiels de la republique , le gouvernement a arrefe et arrete de la rejeter. — Cette resolution sera communi- quee au souverain congres conslituant, dans la forme accou- tumee. » Le congres approuva, a I'unanimitc, la co::duite du gouver- nement, ct le peuple nianifesta la resolution la plus encrgique de s'exposer a tout, plutot que de ratifier I'indigne traite rappoite par D. Garcia. II est beau de voir une populatioa entiere, appauvrie et epuisee par la guerre, preferer les sacri- fices les plus penibles a une pais qui devait ramener I'abon- dance, mais qui blessait Thonneur de la nation. Pour la pre- miere fois, peut-etre, tons les partis se rounirent et rivaliserent de zelepour le bicn general. Le president Rivadavia ne balanca pas a oter tout pretexfe aux gouverneurs qui pourraient encore liesiter a seconder Buenos-Ayres dans la guerre que cette \ille soutenait presque seule, avec la province de Montevideo, contre I'empire du Bresil. Apres avoir tout fait pour introduire dans son pays I'ordre, le bonheur et le sentiment de la dignite nationale, il prit le parti de se demettre sur-lc-champ de ses fonctions, afin d'operer plus promptement I'union des provinces avec la ca- pitale, malgre I'injustice de I'opposition dont sa presidence etait devenue I'objet. II annonca cette resolution par un mes- sage au congres, le 27 juin 1827. « Lorsque je fus appele a la premiere magistralure de la nation par le vote libre de ses represenlans, je me resignai a un sacrifice tres-penible pour un homme qui connaissait trop bieu les obstacles qui, dans des momcns si difficiles, otaient toute illusion au pouvoir et eugageaient a fuir la direction des affaires. J'entrai avec resolution dans la nouvelle carriere que me designait le voeu public; et, s'il ne m'a pas ete possible de 5r.8 PRECIS HISTORIQUE vaincre les difficulies inimcnses qui se sonl present^'cs ii chaqiic pas, j'ai du moins la satisfaction de m'etre effoico do reinplir inon devoir avcc dignile. Entoiire sans cesse d'obstacles et d'oppositions de tout genre, j'ai procure i la patric des jours de gloire qu'elle pourra se rappelcr avec orgueil, et j'ai sou- tenu jusqu'au dernier moment I'lionneur et la dignile de la nation. Mon zele pour me consacrer snns reserve a son ser- vice est aujourd'hui le meme qu'au premier jour ou j'ai ete charge de la presider. Mais malhcureuscmcnt des difficultes d'un nouvel ordre, qu'il ne m'avait pas ete donnedeprevoir , sont venues me convatccre que mes services iie peuvcnt plus lui ctre utiles. Tout sacrifice de ma part serait desormais sans resultat. Dans cette conviction, je dois resigner !e pou- voir, comme je le fais des ce moment, en le remeltant au corps national, dont j'en ai rccu le depot. II m'est peiiible de ne pouvoir exposer a la face du monde les motifs qui jus;i- fient mon irrevocable resolution; j'ai du moins la certitude qu'ils sont bicn connus de la i-epresentation Rationale. Peut- etre ne rendra-t-on pas aujourd'hui justice a la noblesse eta la sincerite de mes sentimens; mais je I'attends quelque jour de la posterite, je I'obtiendrai de I'histoire. « En descendant du poste elcve oil m'avaient place les suffrages des representans, je dois leur offrir ma profonde reconnaissance, moins pour la haute confiance dont ils ont blen voulu m'honorer, que pour le zele constant et patriotiqtie avec lequel ils ont soutenu mes faibles efforts pour conserv( r jusqu'a present sans tache I'honneur et la gloirc de notre republique. J'ose maintcnant leur recommander de ponrvoir promplement a la nomination de la personne a qui je dois remctlre une autorite qui ne pent rester plus long-tcms entre mes mains. L'etat des affaires I'exige imperieusement ; et ce sera pour moi iin nouveau motif de gratitude envers les dignes representans, auxquels j'ai I'honneur d'offrir les sentimens de ma haute consideration et de mon respect. » Signe Bernardino Rivadavia. Le Congres savait bien que la rejolution du president serait SUR LA. REPUBLIQUE ARGENTINE(Bue7cos-Atiif,s). SSg imiiiunble, ct qu'elle n'avait pas lieu, comme d'autres actes semblables, pour entraver la marche du gouvernement et pour faire sentir davantage le besoin qu'on avail de ses services. II accepta done la demission du president. « Lcs motifs, liii dit-il dans sa reponse, par lesqiiels vous justifiez voire di'mission, presentent iin changement dans le pouvoir executif coiume un fait qui pent etre avantageux a la patrie; des iors, le considerer sous le raome point de vue et s'en rapporter A votre temoignage, ce n'est pas seulcment rendre justice a vos sentimens et a votre patriotisme, mais c'cst encore, pour le corps national, se monlrer consequent a cette confiance qu'il vous a montree, lorsque, croyant Votre Excellence necessaire a la direction des affaires pubiiques, il I'a placee a la tete de I'Etat. « La force d'evenemens imprevus et une combinaison extra- ordinaire de circonstances pouvaient seules engager Votre Excellence a quitter le commandement, et le Congres national a recevoir votre demission. C'est maintcnant que le Congres devrait justifier son choix, en rappelant dignement les services distingues que Voire Excellence a rendusa la republique durant I'exercice de son pouvoir; mais il est dispense de cctte juste et noljle laclie par I'evidence des faits, et par I'existence meme de la patrie, par ses triomphes et par sa gloire. » Don Bernardino Rivadavia se retira done, apres avoir adresse an peuple une proclamation que nous croyons devoir egalenient rapporter ici, pour mieux faire apprecier I'eiat du pays et la marche des evenemens. « Du moment oii I'Empereurdu Bresil eut annonce, a I'ou- verture de la session actuelle des chamhres , que la paix entre son Empire et la Republique Argentine depeurlait d'une condi- tion aussi contraire'i rhonnem- qu'auxinterets de notre patrie, je fus convaincu de la necessile ou nous etions de faire les der- niers efforts, piutot que de subir celle condition. Cependant, nos armes victorieuses dans tous les combats, sur terre et sur mer, nous plagaient dans uue attitude qui nous permeltait de proposer la paix, sans comprometlre notre honncur, et de la 5t)o PRECIS HISTORIQtlE sii^nor s.ins faire de saciificos. La mediation d'unc imissaiico respectable, foiidt'e sur unc base hoiioiable, in'assurait, d'liii .lutre cote , que le Bresil n'entainerait point une ncgociation contrairc an menie principe, et ces circonstances ont deter- mine la mission extraordinaire, envoyee au Bresil avec'les instructions dont le pnblic a ete instruit. « Le citoyeu aiiqnel cette commission a ete coiifiee, outre- passant les poiivoirs qn'il avail reciis, nous a rapporte , au lieu d'un traite de paix, la sentence de noire ignominic et le signal de notre degradation. - n L'honncur de la republique , identifie avec le mien ; les triomphcs obtenus par notre armee et par notre eseadre, du- rant ma prcsidence; les relations diplomatiqucs de cette repu- blique avec une des preinierts puissances de I'Europe; ma vie cntiere consacree a la cause de notre independance et de notre consolidation , ne me permettent point d'autoriser de mon nora I'infamie ct le vasselage de mes concitoyens. « D'un autre cote, reconnaitre la legitimitc de la domination du Bresil dans la province qui est devenne le sujet de la guerre, ce serait sanctionner le droit de conquete, droit oppose a la seule politique qui convienne a I'Amerique ; cette politique veut quechaque peuple s'appartienne a lui-meme sur le terri- toire qu'il occupe. Dans ces circonstances, et au milieu des difficultes dans lesquelles m'a place le resultat funeste et im- prevu d'uue negociation suivie long-tems avec tant de Constance et de bonne foi de noire part, la demission du poste que j'ai dii a la confiance des reprcsentans de la nation est le seul sacri- fice que je puisse offrir a ma patrie= Je me crois capable de lui faire celui de ma vie avec le mcme devouement; et que ne puis- je lui eviter ainsi les maux dont ne pourra peut-etre la preser- ver mon retour a la vie privee! — Citoyens , ne repandez point d'amertume sur ma vie , en me faisant I'injnstice de me suppo- ser arrete par les perils, on decourage par les obstacles qui en- vironnent la magistrature que vous m'avez confiee. J'aurais brave tranquillement de plus grands dangers encore, si j'avais vu pour prix de cette abnegation la surete et le bonlieur de noire p.iys. SUR LAREPUBLIQUE ARGENTINE (BoenosAvhes). 56 i « Consacrez-lui entierement vos efforts, si voiis voiilez don- iier i^i mon zeleet a mes travaux la plus douce des recompenses. Etouffez la voix -des inlerets de localite, celle des partis, et surfoutcelle des passions et des liaines personnelles, aussi con- traires an bien des Etats qu'a raffcrmisscment de la morale publique. Reunissez - vous pour faire face a un ennemi exte- rieur, dontla domination vous preparerail des mauxinfiniment plus amcrs et plus honteux que ces privations passageres , exagerees par Tegoiisme, accrues par I'avarice de I'agiotage. Embrassez-vous comme des freres, et accourcz, comma des membres d'une meme famille , a la defense de vos foyers , de vos droits, et du monument que vous avez eleve a la gloire de la nation I « Tels sont les voeux que je formcral, dans la solitude a la- quclle je vais consacrer ma vie ; ils me consoleront de I'injus- tice des homines, et nic meriteront peut-etre un souvenir ho- norable de la postcrife. Bernardino Rivadavia.» Maintenant que M. Rivadavia est rontrc dans I'obscurile de la vie privee, nous ne craindrons pas d'etre accuses de flatterie, en reeonnaissant avec la plupart des feuilles anglaiscs , que la revolution de I'Amerique du Sud n a peut-ctre pas produit d'hommes plus desinleresses, plus encrglques, et doues d'une ])ltis haute capacity , reunie aux intentions les plus patriotiqucs ot les plus pures. Nous citerons aussi le temoignage que lui a rendu I'un des_ publicistes dont les Etats - Unis d'Amcrique s'honorent le plus aujourd'hui. « On trouve dans tons les actcs du president Rivadavia, ecrivait derniercment M. Everett, une vigueur et uue fermete de pensee,un bon sens plein de force et un profond sentiment moral qui rappellent les plus nobles auteurs de la revolution de I'Amerique du Nord.'> De grands eloges ont ete donnes publiijuement a cet illustre ciloyen; mais ils ne sont point suspects, quand ils s'adressenl a I'homme qui a cesse d'etre puissant, et ils font egalement honneur aux hommes qui se sont rendus les organes dela re- connaissance publique. D. Ficente J, OPEZ, en faveur duqucl tons les partis se sont T. xxwi. — Deccmbre 1827. Vi 56a NOT. SUR BUENOS- AYRES.— FORCES PROD. rciinis, parcc qu'il est teste tniijoiirs etranger h chacun d'eiix , lemplace piovisoirement M. Rivadavia. Les excc'.lentes inten- tions dont il est anime font csperer qn'il conliniiera roenvre de son predecesseur. Le nouveau gouvenu-nient concentre loule son attention siir la guerre, qu'il veut pousscr avec vigiieur. Quant a rorgauisation interieure, tout est malheureusement rcniis en question. Buenos-Ayres a cesse d'etre la capitale; on a retabli I'ancierine province qui portait ce nom, et le congres est reniplace par une Convention furmce du nombre trop res- treint de quinze niembrcs, qui doit decider quelle sera la forme definitive du gouvernement (i). Varaignk. Forces i'Roductives et commrrciales du midi de la france. ( SECOND ARTICLE. Voy. Rci'. EllC, t. XXXV, p. 273-28y.) Exposition des produits de V Industrie du Languedoc, a Toulouse. Un lien nouveau m'allacbe aux prosperites du midi de la France. Je ne doia plus simplement les cherir et les cludier, comme un bon Francais doit etudier et cherir les prosperites de toules les parlies du territoire appartenant au royaume. Choisi par un departement de la France meridionale, pour de- fendre scs liberies, ses droits et ses iuterets, dans la Chambre des deputes, c'est un devoir sacre pour moi d'etudier tous les (i) Nous avons retranclie, dans cet article , plusieurs inculpations dirigees centre BoliVak , pa roe qu'il nous repugne beaucoup de les croire aussi fondees que le pretend I'auteur de la Notice sur Buenos- Ayres. Nous avons egalement supprime ce qu'il afiirme sur le rAle peu honorable que les Anglais ont joue , suivant lui , dans la negociation avec le Bresil. La Revue Encyclopedique tiche de ne point adopter le- cferemenl des assei tions qui pourraient ^(re temeraires ou inexactes. N. dti R. DU MIDI DE LA FRANCE. 563 ilemens de bicn-otre doiit on pent decouvrir le L'cmic dans cette im[»of tante partie du territoire national. Je poursuivrai done avec une ardenr nouvelle resamenqne j'ai comincnce des forces produetives et commercialos dn mididela France. Puis- se -je, par la Constance de mes travaux , acqiiitter ma detfe envers les gencreuxliabitans du Lauguedoc (i), qui m'ont eievc au rang de lours niandataires! Depuis quelqucs annees, plusieurs villes du nord de la France ont adopte I'excellente coulume de faire des exposi- tions periodiqucs des produits d'industrie fabriqnes dans les contrees dont elles sont les chefs - lieux. Jusqu'a present , au- cune ville du midi n'avait siiivi cct excmple. Mais, cclte an- nee, nous voyons deux des cites les plus illnstres de cette partie de la France, Toulouse et Bordeaux, adopter cetlecoutnme et fonder une exposition des produits de i'industrie. Nous alions commencer par rendrc compte de ['exposition faitea Toulouse; nous passerons ensuite a celle de Bordeaux. Avant la revolution, Toulouse avait des expositions perio- diqucs des produits des beaux-arts; elle aura maintcnant des expositions periodiqucs, ou Ton reunira non- sculement les chefs-d'oeuvre des beaux-arts, mais ceux des principaux arts utiles. Toulouse est dans une admirable position pour devenir le centre de I'industrie etderactivited'une vastecontree : batiesur les bords d'un grand fleuve, a I'endroit meuie ou ce fleuve com- munique avec le celebre canal qui joint I'Ocean A la Mcditer- ranee, et qui traverse des contrees fertiles, Toulouse a tons les avantages qu'on peut desirer dans une situation commer- ciale. Ou doit done voir, avec \\n extreme interet, foutes les institutions nouvelles etablies dans cette ville, ct susceptibles de donner une grande impulsion aux contrees circonvoisiiies. L'exposition de Toulouse, commencee le i5 mai dernier a dure jusqu'au i5 juin. Un jury d'examen, clioisi par le mairc et compose d'hommeshabiles dans les sciences etdans les arts (i) Departement diiTarn, arrondissement de Castres et deLav:iiir 3G. 56/, T'ORCES PRODUCTIYKS F,T COMMERCIAT.ES a soi^iicuscmont t'ludic- Ips ilivcrs objcts cxposi's , a(in tic Its classer snivant Iciir nn'iite «'t dc proposer ties rc-conipciists jusleinent nu^ritt'os. II y a cMi 108 exposausdans l.i secliou des beaux-arts, tt 16 i, dans la section de I'industrie. Les objets relatlfs aiix beaux- arts apparleuaicnt a la peintuie, a la sculpture el a rarchilec- tnrc. Ousera certainemeiit frappe de voir que les produilsdcs beaux-arts soient anssi tiombreux , comparalivemcnt aux pro duits de I'industiie. Mais il faut remaiquer que, dcpuis loni;;- tems, les arts qui prosperent surtout par I'iniai^'iiiation sont cultives avec soiii dans la \llle de Toulouse, et qu'elle a beau- coup a faire encore pour arriver it la perfection dans les arts utiles qui so fondent sur les nielhodes de calculel de precision. Dans le midi de la France, il existe des monumens, des ins- titutions et de simples ntnns qui rappellent la puissance romaine si long-terns florissaute dans celtepartie de la Gaule. Ainsi,les objcts d'art presentespar les exposans ontete reunispour elie offerts aux regards du public dans la salle du Capitole, edifice connu depuis Ion;; - tems pour la distribution qui s'y fait des prix deeernes dans les jeux floraux. C'est aussi dansle Capi- tole, an sein de la salle dite des Illustrcs , qii'on a fait la dis- tribution des prix, le 19 juillet 1827 , en unissant celle cere- monie a rinaugiuation du buste du chevalier Deville, celebre ingenieur militaire. La salle des Illustrcs est ainsi nonimee , paree qu'elle contienl les statues on les busies des hommes les plus celebres de la ville de Toulouse. Un public nonibreux et brillani s'esl reunl pourla ceremoiiiede la distribution des prixet dc I'inauguralion du buste du cluvalior Deville, qui naquit a Toulouse en iGy6, et qui flit leprecurseur dc Vaubau dans I'artde fortifier les j)!aces. M. le maire de Toulouse a fait I'ouvrrrture de la seance par un discours auquel je rendrai d'autant plus de justice que I'orateur a cm devoir m'altaquer dans celle production , a cause de ma figuration de la France, par teinles generalemenl plus foncees dans le midi que dans le nord du royauine. Meme apres avoir hi le discours que je vais ciler, je n'en DU MIDI DE LA FRANCE. 565 ai pasmoinscoriclu, quol que soil I'eolat des titres deToiilousf, que , si Ton prend la population totale du vastc departemenl dint elle est le chef-lieu, Ton doit cttc aussi snrpiis qii'afflige de voir le petit nombre d'enfans insHuits dans ies ecoles priinaiies , piiisque ce nombre est siuiplement egal au soixanlc-sixieme de la population totale. Je suis charme de voircette susceptibilite tjenerense des habiJans do Toulouse, ct je desire qu'elle porte un fruit salulaire, en faisant etablir dans le departement de la Haute-Garonne nn nombre d'ecoles primaires suffisant pour la complete instruction des enfans du people. Depuis piusieurs siecles, I'administra'ion municipale de Toulouse encourage avec geuerosite la culture des beaux-arts , pour lesqiicls elle a fondc depuis long-tems une ecole d'ou sont sortis des artistes trcs-xlistingues. Apres Paris, il n'y a peut- etre aiicune autre ville du royaume (jui put presenter un ensemble d'ouvrages aussi remarquable que celui des oeuvres dc peintnre, de sculpture et d'architeclure exposes au Capi- tole de Toulouse en 1827 ; mais il n'entre pas dans I'objet de nos recherchcs de presenter des details a cet egard. Je me hate de passer a I'exposilion des produits d'industi-ie. Nous allons suiv«% I'ordre adopte par le jury de Toulouse. Le premier objet qui se presente est Vainelioralion des laincs, Les proprielaires du celebre trbupeau de Naz, MM. Girod, de I'Ain , et Peruault de Jotemps ont presente des tissus dont la beaute est reconnue dans toule la France. MM. Picot de Lapeyrouse , dont la famille est celebre par le nom d'un im- mortel navigateur, possedent un des troupeaux qui ont con- tribue le plus puissamment a I'amelioralion des laines du Midi. lis ont prouve, par leurs succes, que les merinos peuvent etre a\ antageusement eleves dans les pays de petite culture. II serait a desirer que MM. Picot de Lapeyrouse fissent part au public des moyens qu'ils ont employes pour obtenir ce resullat important, atin (|ue les nombreux deparlemens oti la petite culture predouiine pussent jouir du meme avantage. Trois pro- prietaires du departement de I'Arriege ont merite des distinc- tions. 1\I. CLAushi, , de Mirepoix, a meme obtcnu une medaille d'argent. Il est remarquable que la plupart des proprielaires ^66 FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIALES du 3Iidi, qui veiilent alteindre le |)liis ^'land degre de perfec- tion pour Ics toisous de merinos, regenerent Icurs races avec des btiicrs cl des brebis de race pure de Naz. Un maimfactiiner celebre, M. Guibal, de Castres, depar- tement du Tarn, a recu la niedaille d'or de Toulouse, coinme il I'avait rcciic a Paris, lors de I'oxposition generale de j823. Ce nianufaetiiiier a des droits particuliors a la reconnaissance de tout Ic Midi, qui hii doit xl'avoir dunnc aux laines de cette partie de la France une valcur nouvellc qui excite le cuiliva- teur a soigner et a perfectionner leurs troupeaux de merinos. Lcs ateliers de M. Giiibal, etablis dans la ville de Castres, execulcnt toutes les operations, depuis la laine en snint jus- qu'aux derniers apprets de I'ttoffe. Phis de huit cents ouvricrs sont employes a cet ensemble d'operalions. Le jury de Toulouse decerne une medaille d'argent i MM. Ar- MiMGAUD et MiNGAUD, dc Riols, departemcnt de I'Herault, pour les draps communs qu'ils fabriquent aux prix lcs plus modcres, quoiqu'ils aient considerablement ameliore laqualite de leurs tissiis. Depuis long-tcms , Montpellicr fabrique avec une superiorite remarquable les couvertures de laine : oh commence a prati- qucr ce genre d'industrie a Toulouse. Plusieurs produits ont ete presentes a I'exposition ; ils ont merite une mention hono- rable. On a vu figurer a I'exposition de Toulouse le duvet d'un^troupeau^fle chevres du Thibet possede par M. de Gasc, maire de Canals, departement de Tarn-et-Garoune. Le midi du departement de Tarn-et-Garonne possede un grand nombre de chevres communes. La plupait out un duvet analogue a celui des chevies du Thibet, mais en petite quan- tite. On pense que ces chevres communes , croisees avec les boucs du Thibet, donneraient une race nouvelle precieuse pour la beaute et la quantite de son duvet. L'tducation du ver a soie prcnd une extension particuliere dai^s les departemcns de I'Herault et des Pyrenees-Orientales. 11 est h desirer que les departemens de Tarn-et-Garonne et de la Haute -Garonne se livrent a cette education. Rcmarquons avec plaisir des etoffes mixtes fabriquecs par DU MIDI DE LA. FRANCE. 567 M. CoMBiE RossEL iivcc cle la sole pour chaine el du coton pour trame. Ces etoffes out I'avantage d'avoir I'aspect des beaux tissus de Lyon et d'etre beaucoup plus economiques par I'heurcux niolange des niatieres premieres. M. Combie Rossel a recu une niodaillc d'argent. On voit, par le rapport du jury d'examen, que les linges ouvres et damasses qui se consomment a Toulouse, proviennent en presque totalite des fabriques du Nord. C'est un objet digne de I'emulation des liabitans du Midi. La fabrication des cordages a Toulouse a nierite quelques mentions honorabl«s en faveur des artisans qui s'en occu- pent. Au sujet de la filature, voici comment s'expi'ime le jury de Toulouse: « Ce ne fut gueie qu'eu 1800, sous le ministere de M. le comte Chaptal, que la France s'enrichit du veritable sys- teme de filature; acette epoque , de grandes manufactures de coton s'elevercnt a Toulouse; mais, pendant que cette Indus- trie a fait des progres immenses dans toute la France, elles'est presque entierement eteinte parmi nous , et il n'exisle plus dans notre ville que deux filatures. » Le seul produit de filature que le jury de Toulouse ait cru devoir encourager , est du coton file en gros au n° 16, par M. Simon Dalas, qui a recu pour ce travail une medaille de bronze. La teinture des cotous, d'apres les procedes d'Andrinople , fut importee ^Toulouse par un Grec, M. Manuel, dont les fils exercent encore la meme Industrie dans cette ville; ils ont ob- tenu pour recompense une medaille d'argent. M. Destrem, qui possede a Toulouse une fabrique de paplers peints, a merite la medaille d'argent pour de grands decors do salon , avec decorations d'architecture, d'arabesques et de peinture. Lejury de Toulouse observe qu'on ne fait point encore dans cette ville usage de I'impression pai' le cylindre pour les pa- piers de tenture. C'est un perfectionnemcnt modcrne qu'il im- porte de propager dans le Midi. 568 FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIA.LES IM. LocRDE, diapelicr a Toiilotisu, ? perfectionnu la fabri- cation clcs chapcaiix qu'il donne a dcs prix tics-iiioilorcs. Le jiiiy dect-rne a M. Lourdc une nu'dailic de bronze , pour avoir aiwelioro a Toulouse une branchc d'industrie qui , jusqu'A cc jour , telles sont les expressions du jury , n'etait rcpanduc que dans le uord do la France. Le departemcnl de la Haute-Garonnc compreud une portion considerable de la chaine des Pyrenees, si riche en maticres minerales precieuses , et particulierement en marbrcs. Les Ro- niains, dont ilreste encore desi beaux nionumens dans le midi de la France, employerent avec succes les marbres tires des Pyrenees. On en retrouve des fragmens plus ou nioins consi- derables dans les ruines des anciennes villes de I'Aquitaine. Plusieurs de nos rois ont decorc Icurs palais avec des marbres tires des Pyrenees; mais, depuis Louis XIV, I'exploitation de ces marbres a cesse presque totalement, et nous n'avons plus employe pour nos monumens d'architeclure et de sculpture que des marbres etrangers. Depuis la paix , nous avons tourne nos regards vers nos richesses minerales avec un soin nouveau , et nous avons obtenu les plus lieureux resullats dans la recherche des marbres. Un marbrier de Toulouse, M. Layerle-Capel, a fait, avec une aclivite et uue perseverance infatigables, des recherches dans les monts Pyrenees; il a decouvert des marbres superbes qui d'abord ont ete presentes a I'exposition de Toulouse, et pen de tems apres, a I'exposition generale des produits de la France, k Paris. On doit remarquer particulierement les su- perbes marbres statuaires qu'il presente: ils sont d'un blanc parfait et susceptibles d'un bean poll. Le jury de Toulouse a decerne la medaille dor a M. Layerle-Capel. Une compagnie , dans laquelle se trouvent MM. Pugens , a presente de beaux echantillons de marbres, parmi lesquels on a remarque surtout le marbrc d'Antin et le vert mouchete de Signac. Le travail des metaux , et specialement du bronze , s'executc avec une perfection remarquable dans la fonderie royale de DU MIDI DE LA FRANCE. 669 Toulouse, oCi les Iravaiix sent ditij^es par iin jeune entrepre- neur plein de talent. M. Mather a etabli une superbe forerir, d'apres les plans de M. Abadie, excellent mecanicien de Ton- louse. De 1824 a 1827, M. Mather a livre au gouvernement 480 pieces de siege et de place : ces travaux liii ont merite la mcdaille d'or. II existe a Toulouse un laminoir qui rcduit en feuiiles en- viron 1 5o,ooo kilogrammes de cuivre par annee. Cependaut , les naachines de cet etablissement laissent encore beaucoup a desirer, disent les membres dii jury, sous le rapport de leur ensemble etde leur construction. Neanmoins, cet etablissement soutient la concurrence avec ceux de Vienne, de Vaiicluse, d'Imphy et de Romilly , les seuls que la France possede. MM. Mazarin, pere el fils, quidirigent ce laminoir, ont recu la medailled'argent. Un etablissement deja celebre, et tres-digne del'etre, est la fabrique d'etoffe d'acier , de faulx et de limes , de MM. Garri- Gou, Massenet et C'''- Cet etablissement, forme en i8i5, dans I'llc du Bazacle, attcnanteaux murs de la ville, est le plus con- siderable de ce genre qui existe en France. II n'y a pas trente annees, la France deinandait a I'etranger la presque totalile des limes, des faulx, des outils, des aciers dont elle faisait usage. Plusieurs acieries ont ete successivemcnt etablies de - puis 1800. Neanmoins, dans I'annee qui suivit 181 5, on im- portait encore en France plus de 1,200,000 kilogr. d'acier. Aujourd'lnii, la seivle fabrique de BIM. Garrigou, Massenet et C'*^- en produit 800,000. En 1817, la France tirait de I'e- tranger 25o,ooo kilogrammes de limes; aujourd'hui la seule fabrique de Toulouse en produit 80,000. L'etablissement de Toulouse est encore plus remarquable pour la fabrication des faulx. L'agriculture en consomme 600,000 chaque annee; il y a douze aunees , nous n'en fabriquions pas 3o,ooo; et main- tenant la fabrique de Toulouse pent en executer 120,000; et, quand les constructions entreprises maintenant a Toulouse et sur le Tarn seront achevees , la compagnie que nous cilons suffira pour executer 3oo, 000 faulx, comparables pour leurs ex- 570 FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIALES cellentcs qualites a celles que nous tirons de Styrie. Ajoiitons que lesfaulx francaises, par la concurrence qu'ellcs ont clevee, ont fait baisser les prix des faulx autrichienncs, et les feront baisscr davantage, quand dies seiont fabriqiices en plus grande quanlite. On cvalue a plus d'un million dc francs la vente an- nuelle des produits de la fabrique de MM. Garrigou, Massenet et C'"- Get etablissement fait un t^rand honneur aiix linnieres , h. I'activite, a la perseverance de son directeur , M. Garrigou. On cite une construction exlreinement remarquable que Ton execute, pour ainsi dire, au milieu du lit du Tarn , appele le Saut da sabot. Les talens de MM. D'Aubuissoin, ingenieur en chef des mines, et ABAniE, mccanicien, ontete tres-utilement employes dans cctte entreprise difficile. La fabrique dont nous parlons a merite la medaille d'or , aux expositions generales de aSig , i8a3 et 1827. Des travaux de serrurerie, remarquables pour leur preci- sion et leur fini , ont merite la medaille de bronze a M. Billow. On a donne la meme recompense h M. Poissow pour sa fabri- cation de vis a grandes dimensions et d'elaux remarquables pour leur excellente execution. Des mentions honorables ont ete meritees par deux couteliers et par un orfevre. Le jury de Toulouse a decerne la medaille d'or a M. Abadie que nous avons deja cite. II a dii particulierement cette recom- pense a la conception et a I'exccution de la machine hydrau- lique qu'il a faite pour elever les eaux destinees aux fontaines publiques de Toulouse. Depuis plus de deux annees, cette machine est en activite, sans qu'elle ait cprouve aucun accident qui ait force d'en interrompre le mouvement. On doit au meme artiste une grande horloge, destinee pour le Capitole, et un ingenieux tourne-broche a vapeur; c'est une application du phenomene de I'eolipile. Une boite metallique creuse est rem- plie d'eau , qui s'echappe en vapeur lorsque cette boite est chauffee ; cette vapeur sort par un etroit orifice avec une vitesse considerable, et fait mouvoir une roue dont le mouvement, par le moyen d'un engrenage a vis sans fin, fait tourner la broche. Le midi de la France doit encore a M. Abadie des DU MIDI DE LA FRANCE. 571 machines considerables pour des etablissemens de toute espece» des forges, des fdatures, des foreries de canons. Un etablisse- mcnt de ce genre est d'autant plus remarquable, qu'il est pour ainsi dire, unique dans cetle partie de la France. M. BousSARD, horloger de Toulouse, a rccu la medaille d'ar- gent et merite, dit le jury, la raedaille d'or, pour un systenie de suspension des horloges qui les met d'ellcs-memes dans une position verticale, et dispense des soins minutieux par lesquels on s'assure d'ordinaire que les quatre points d'appui sont dans un memo plan horizontal. Un atelier important pour la construction d'instrumens ara- toires a ete forme dans Toulouse par M. Lacroix fils. Get ate- lier pent avoir la plus heureuse influence sur les progres de I'agriculture du Midi, agriculture qui n'emploie jusqu'a ce moment que des instrumens tres-imparfaits. M. LiGNiERES avait fonde un prix de 3oo fr. pour la machine la plus propre a egraper et a fouler la vcndange, prix que devait decerner la Societe d'agriculture de Toulouse. Nul con- current ne s'ttant offert , M. Lignieres presenta lui-meme une machine propre a remplir cet objet, et la Societe d'agriculture lui decerna le prix que lui-meme avait fonde. An commencement de ce siede, le commerce des bles a Toulouse se faisait entierement en grains; la mouture a la grosse, de I'aveu meme du jury, eiait peu perfectionnee. Toutes les operations do netoyage des grains et du blutage des farines s'executaient avec des instrumens a la main. M. Lignieres, que nous venons de citer, a le premier fail reussir, dans Toulouse, le commerce des farines. Aujourd'hui, Toulouse possede six minoleries qui converlissent 140,000 hec- tolitres de grains en minots. Cette nouvelle branche d'induslrie a fait introduire dans I'agriculture du Midi plusieurs varietes de bles; elle a fait apporter plus de choix dans les semences; on a demande des instrumens plus propres a netoyerles bles; on a perfectionne le blulage des farines ; en meme tems , le son re- sidu de la mouture resfant dans le pays permet an cultivateur de nourrir des bestiaux avec plus d'cconomie qu'on ne faisait jiuparavant. 572 FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIALES M. Lijjnieics a Uotivu lo iiioycn dc conscrvcr la fiuine cle niais, qn'il riivoio dans nos colonics dcs Antilles. .Iiisqn'a co jour, nous ne pouvions obtinir nn paroil rcsultat, ot li;s cnlti- vateurs des Etats-Unis pouvaicnt scnls onvoycr dans nos colo- nies dcs (arines qui supporlassent les chalcurs dn cliniat sans s'altercr. Cellc heureuse invention cornmeicialc a mciito la niedaiile d'aijjent a M. Ligniihes. C'cst depuis 18 iG et 1817 que la France a commence de (abri(iucr avcc succes le vcriiiicelle ct les pates imilees d'ltalie. On compte maintenant oiize fabriqucs de pates et de vernii- celle dans la ville do Toulouse. C'est une conquete pour notre agriculture. Parmi les objets utiles a I'economie domestiqu<.', il faut placer dans un rang tres-distingue ceux qui se rapportcnt a I'cclairage. Le jiuy de Toulouse a deceriie la medaillc de bronze a M.Bernady pour ses bougies de table et scs bougies lilees , ainsi que pour la cire cu plaques qu'il purifie et blanchit par un appareil a vapeur. Dcs mentions hoiiorables sont ac- cordees a divers fabricans de lampes et de chandelles. On doit h M. Lignicrcs , dejTi p'usieurs fois cite, I'etablissement ik Toulouse de la premiere fabrique de cuirs a la garouille, appeles dans le commerce cuirs noiacttes. Les cuirs de cette fabrique ont ele nunlionnes lionorablcment, a I'exposition generale de i823,a Paris. Le jury signaleun moycn |)articulier de tannage dont on fait usage a Narbonne et a Pezenas, en employanl pour tan la plante qu'on nomnjc oreille dc llevve, ct que Ton connait sous le iiom plus scientifique de staticc. Il est a desirer qu'on etudie cette fabrication pour voir s'il est pos- sible de se passer de I'ecorce de chene, ct de la remplacer |)ar une simple plante lierbacee. MM. SabatIer et Boikneau, de Toulouse , ont nitrite la iKcdaille d'argent pour des maroquins aussi reniarquables par leur bonne preparation que par le brillant et la vai-iete des couleurs. Lc- jury fait observer avec enuite que la fabrique de MM. Sabatier et Boinneau a ete foudee jiar M. Roussille. Le jury decerne une medaille d'or a MM. Fouque et Ar- DU Mini DE LA FRANCE. 5:3 NOux pour les prociuils varies de lour mainifaclure de fairncf, icrre ilf pipe en blanc on peinte , egalenient remarqiiable pour la bonne execution ct pour la modicile des prix. Lcs memes I'abricaiis font des vases en gres rouge et noir, a I'imitation des vases etrusques, aussi recommandables pour leur legerote que pour leur extreme diirete. lis font aussi des ereusets et des bri(jues refractaires pour la construction des fourneaux; en- fin , ils confectionncnt des poeles en faience de ires-grandcs dimensions, et si bien ajustes qu'on les dirait monies d'une seule piece. Ces fabricans ont merite la mfklailie de bronze, a I'exposition generale des produits de la Fratice, en 182^. On a donne la medaillc de bronze a M. Delestaing fils, pour sa fiibriqiic de vases, de fontaincs, de tuyaux, de car- reaiix , de briqi.es et de jarres en terre cuite, ct generalemcut de toute espece de poteries communes, qu'il possede a Castel- naudary. Tons ces'objets sont dune bonne fabrication et dun prix modere. Des ebenistcs de Toulouse ont merite des mentions hono- rables pour des meubles elegans et tres-bien executes en beaux bois du pays, tels que le peuplier, le frcne, le noyer noir et le jujubier. Le jury se plaint , avec raison, que ces meubles soient plus cotiteux que s'ils ctaient faits en acajou. Le jury decorne unc medaiile de bronze a M. Bonnet, tourneur sur metaux, pour des produits de tournage parfai- tement executes, et pour rexeculion particuliere d'un tour en I'air. Toulouse possede une fondeiie de caracleres iton^ les pro- duits estimablcs ont merite la medaiile de bronze a M. Fenot. M. ViEussEux, imprimeur- libraire de Toulouse, a merite la mention honorable pour avoir enri(,ln scs ateliers d'une col- lection de caracteres hebraiqucs; CO qui permettra de publier a Toulouse des ouvrages qu'on n'y a jamais imprimes. La ville de Toulouse jouil , depuis pen , d'lme ecole de chant, succursale du Conservatoire de musiquede Paris. II s'est forme a Toulouse un atelier de gravurc pour la mnsiquc; il est dirigc par M. Mescadier aine, qui a re^u la medaillc de bronze pour les produits de son industrie. 574 FORCES PRODUCT. DU MIDI DE LA FRANCE. La reliure de luxe a meritc la mumc recompense a M. Ba- DiEJOux. La menie distinction est accordt'-e ;i M. Baoiir , pour des registrcs tres-solides parfaitcmcnt coufeclioimes, a doselas- tiques et a papier regie par des procedes niecaniques. Autre- fois , il fallait faire venir de Paris de semblables rcgislres pour les grandes maisons de commerce de Toulouse, qui maintenant en prennent dans les ateliers de M. Bache. Toulouse est un centre d'induslrie pour la confection des voitures ; e!le en fournit prcsqiie toutes les viiles dn Midi. Parmi les nombreux objets qui entrent dans la construction d'une voiture, il en est encore que nous sommes obliges de faire venir de Paris , disent les membres du jury; aiusi , les cuirs, dits vaches de capote, ne sont generalement pas asscz bien fabriques a Toulouse pour etre employes h cet usage j en revanche, les acicrs pour ressorts fails par M. Garrigou sont recherches , meme dans la capitale. Peu de carrossiers ont coiicouru, et M. CALMETTsyc^^wca soul merite une medaille de bronze. On mentionne honorablement des travaux de sellerie executes par quatre chefs d'ateliers. On a donne la medaille de bronze a M. Lagrange, pour les taffetas et les toiles gommees, qu'il rend impermeables en leur donnant une graiide solidite , qualites dont semblent prives les autrcs taffetas et les toiles gommees qu'on fabrique en d'autres localitos. La partie du rapport sur I'exposition de Toulouse, qui se rapporte aux produits d'industrie, est I'oenvre de M. XJrhain ViTRY, professeur de geometric et da mecanique appliquecs aux arts dans cette viile. Ce jcune professeur est en meme terns un architecte distingue, connu par un ouvrage utile, public iOWsXn \\\.ve Aw Proprietaire-Archilectc. (Paris, 1827; Aiidot. Voy. ci-dessas p. 469.) M. Vitrya trace les plans et les devis d'un abattoir general qui tiendra lieu de tous les abattoirs disperses dans les divers quartiers de Toulouse. Ce projet , approuve par le gouvernemcnt , est maintenant en execution. La Section des beaux-arts , independante de la Section d'in- dustrie , a decerne la medaille d'argent a M. Vitrt , qui se NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR MALTE-BRUN. 5']5 recommande aiissi par le zule digne d'eloges avcc Icquel il se consacre a I'instiuction de la classe industrielle. Applaudissons aux efforts de la ville de Toulouse pour reu- nir dans son enceinte tous los genres de gloire et d'utilite. Elle marche maintenant a grands pas dans la voie rccente encore de la vraie civilisation. La paix interieure, le bonheur domes- tique, la douceur des mceurs privees et publiques , le bien-etre dans les humbles families, et I'opulence et la richessc, anno- blies par I'elegance de la vie dans les classes superieures, seront les fruits des nouveaux efforts tcntes par les habitans de celte ville. Charles Dupin, ni^ 'fibre de I'Institut. Notice biogra-phique sur Malte-Brun. En annoncant, vers la fin de I'annee derniere (voy. Rev. Enc., t. xxxir, p. 857), la mort de M. Malte-Brun, nous avons pris I'engagement de consaci-er a la memoire de cet ecrivain une Notice destinee a faire apprecicr la nature ct I'efendue des services dont les sciences geographiques lui sont re- de vables. « Quelle que fiit, disions-nous, la celebrite de I'liomme dont le Danemark et la France ont egalemeut a deplorer la perte , nous croyons que la profondeur et la variute de ses connaissances lui mcritaient plus de renommee. C'est un fait que nous demontrerous, en essayant d'ex poser les causes qui empecherent de lui rendre une justice entiere. » L'anniversaire de la mort de M. Malte-Brun nous parait une epoque favorable pour reporter I'attention publique sur sa memoire. Les haines violentcs dont il fut I'objet se sont calmees; les personnes qui eurent a se plaindre de I'amertume de plusieurs de ses ecrits, ne s'inscriront plus en faux contre les eloges dus i son rare merite; et la bienseance , qui prescrit toute autre forme que celle du panegyrique en presence d'un cercueil, nenous interdit plus de signaler les egaremens dans lesquels M. Malte-Brun se laissa plus d'une fois enlrainer. 570 NOTICE BIOGRAFHIQUE Conrad Maite-Brun naqiiit, en 1773, en Daueinark, dans la province dc Jutland. II appaitenait ;\ une famille honorable, dont tons Ics membres professaient la reiij-'ion reformee de la coiifessiun d'Angsboiug , ct scs parens le destiiiorent aux fonc- tions de ministre. Envoye a I'Universite de Copenhague pour y prendre ses degres , les arguties theologiques firent eprouver \n\ invincible degout ii son esprit solide ct positif ; ce fut done a Tetudc dcs langues qu'il s'adonna avec une veritable passion, el c'cst ;i rheureuse disposition qui I'y porta, qu'il dot plus tard la facilite dVcrire le fran^ais beaucoup micux que ne I'ont fait en general les etrangers qui ont le niieux possede cctte langue. La poesie etait un delassement pour le jeune Conrad et lui procurait deja des jouissances d'amour-propre , lorsque I'iuflacnce de la revolution francaise, qui venait d'eclater, fit pi'netrer les doctrines philosophiques dont elle etait comme I'exnlosion jusquo dans lui royaume 011 le despotisme avait etc le resultat des volontes d'un pcuple fatigue de la tyrannie des nobles. Le despotisme pent nc pas etre le plus mauvais des gouver- nemens, quand celui qui I'exerce ne delegue pas la puissance a d'iusatiablcs courtisans, a des ministres pervers , a des agens coi-rupteurs quil'isolentetle retiennent captifdans ses propres palais, en I'oecupant a dessein de fris'oles delassemens, de pe- tites intrigues et de fulilites. En Danemark, comme chez tons les peuples ou uu mode quelconque dc protestantisme forme la religion du pays, il existe pour les rois, qui n'ont pas de confesscurs habiles a susciter des scrupules, un element de communication avec le reste des honimes qu'on ne retrouve point dans les Etats 011 dcs religions exclusives pousscnt neeessairemcnt le prince aveugle a regarder comme des rebelles aux lois de son dieu^ les honimes qui ne servent pas ce dicu de la mcme maniere que lui. Les fers de I'etiquette n'y sout point rives par la credu- lite d'un maitre, qui pcut echapper quelqnefois aux flalteurs pour interroger pur lul-mcme les infc-rienrs que leurs titres et eurs fonctions n'appellent pas dans ses anlichambrcs ou dans , SUR MALTE-BRUN. 577 ses conseils. Le roi, dont les courtisaris et les prclres ne peu- vent faire line sorle tie j;iand lama, en est plus homiue ; et voila pourquoi, sons des nionaiqiies absolus, niais qui peuvent connaitre leurs sujets autrement que par les idees que leur en donnent des valets, le Danemark fut j)aisible et heureux. Des minislres dont la conduite etait sans cesse eclaiiee, et qui n'eussent pu tromper faeileoient le prince, devaient raieinent opprimer les contribuables; car c'est a la condition de contri- buables (pie sont reduits les habitans du sol, sous un mode de gouvernement ou il n'existe pas, a propreinent parler, de citoyens. L'un de ces ministres, M. de JJernstorff, eut le bon esprit de ne pas se prononcer coutre les idees nouvelles. II seconda les vues sages d'un roi qui sentait la necessite d'en tolerer les infdtrations; on essaya ineme quelques reformcs ; malheureusenaent , des ecrivalns exaltes par la perspective •I'une emancipalion qu'on laissait culrevoir dans I'avenir, gd- terent la situation presente par leurs pretentions exagerees. Malte-Brun, s'elan^ant dans la carriere de la politique, fut de ce nombre. Quelques hommes puissans et qui vivaient d'abus le signalerent coaitne un revolutionnaire; ses idees libe- T'ales,qui ne Irouverent d'abord de contradicteurs que dans raristocralie, firent quelcjues progres; mais , trop ardent dans le succes et menace de la severite des tribunaux , le jeune pu- bliciste crut devoir s'exiler en Suede; il fut bien accueilli chez cette nation independante ; et, rendu au culte des Muses, il y chanta encore la liberie et I'egalite, en vers qui furent cou- ronnes par 1' Academic de Stockholm. Les motifs de prudence qui avaient eloigue Malte-Brun de sa patrie ayant perdu une partie de leur force, il revint en Danemark; mais il y renouvela ses premieres indiscretions. Son sejour en Suede, et la comparaison qu'il avail faite des belles institutions de ce pays avec les formes du pouvoir absolu qui regissaient le sieu, n'avaient pas affaibli sou cn- thousiasme pour la liberie. Menace une seconde fois de perdrc la sienne, il repassa cliez les Suedois, vint ensuite a Hambourg, et,presse par le besoin de se clioisir une patrie ou !'on put T. XXXVI. — Decembrc 1827. 87 578 NOTICE BlOGRAPlIIQUJi pcnsiT tout haut, il sc decida pour la France. Nous Ic vimes arriver a Paiis, vcisl'epoque 011 le coup d'etat du 18 brumaire venaitde tuer ce que cherchait le patriate hyperhoreen. Malta ■ Brun se donna lui-meme ce titre, en nous raconlant un jour, peu apres son arrivee , les vicissitudes poliiiqucs qui I'avaient jete sur les bords de la Seine. II professait alors une grande admiration pour I'homme que Ton rcgardait gencralement conime le regulateur de la revolution , destiinj a consoler I'Europe et dcs abus de I'ancien ordre de choses ct des faules qu'avait provoquees unc resistance maladroite et opiniatre i la destruction de ces abus; raaisle Consulat a vie dessilla bien- tot les yeox de Malte-Brun, qui, toujours occupe de poli- tique, fit inserer des articles hosliles dans plusieurs journaux. Ces articles, aussi vigoureux de style que de pensee , attirerent I'attention d'une puissance usurpatrice et onibrageuse, et I'au- teur fut condamue an silence. De cette epoque date le ressen- timent de I'ecrivain danois contre Napoleon. Ce ressentiment se deversade tems en tems jiisquc sur la France elle-meme, qui I'avait pourlant assez dedommage par son accueil des actes oppressifs d'un gouvernemenl qui commencait a peser aussi surelle. De cette epoque date egalement I'assiduile de Malte- Brun i I'etude de la branche des connaissances physiques qui fonda sa reputation, et il prit un rang distingue parmi les geographes , aussitot qn'il lui fut interdit de s'occuper d'interets auxquels, apres tout, on pouvait le considerer comme etranger. Cependant, les premiers ecrits publics par Malte-Brun dans une langue qui n'etait pas la sienne , et qu'il avail meme rare- ment parlce , firent sensation, non - seulement par la force des pensees, mais encore par une faciiite d'expression, un colons de style, une variete de formes, qui n'appartiennent guere qu'aux ecrivains uationaux. II s'y trouvait , a la ve- rite, de graves incorrections; mais, comme une revision soi- gnee des epreuves faisait aisemcnt disparaitre ces laches, les proprietaires d'une feuille publique fort accreditee jeterent les yeu\ sur le jeune etranger, et se I'attacherent. II devint des lors I'un des redactenrs essentiels du journal , qui , de- SUR MA.LTE-BRUN: 579 puis son origine, et quels qu'aient ote les litres et les nuances d'opinions sous lesqiiels on I'a vu paraitre, a ete sans con- tredlt I'un des phis habilement dirii^cs ct le niieuK ecrit. Ce fut vers 1806 que Malte-Brun se vit definltivemeut attache au Journal des Dcbats. La plupart des articles qu'il composa portaient sa signature, ou du moins les initiales dc son nom; ils consistent en analyses d'ouvrages , en considerations scien- tifiqiies, en fragniens geographiques, que Ton peut cousiderer comme des materiaux precieiix, en notices sur les contrees peu connues qu'un evenenient quelconque venait signaler a I'atlen- tion de I'Europe , en traductions de fragmens curieux des livres etrangers nouvellement publics , et qui seraient , sans lui , de- -meures inconnus a la France, ou I'etude des langues n'est pas aussi generalement cultiveeque dans d'autres pays. « Outre les articles que nous venons d'indiquer, Malte-Brun en redigea beaucoup d'autres qui furent publics sous le voile de I'ano- nyme, et dont il y aurait de I'ingratitude, dit le Journal des Dcbats , ^ ne pas lui rapporter la gloire. La plupart des disser- tations relatives a la politique etrangere sent sorties de sa plume. La preference qu'il reclamait pour ce genre de travaux lui etait facilement accordee. A I'avantage de posseder presque toutes les langues de I'Europe, Malte-Brun ajoutait celui de connaitre egalement bicn le personnel des cabinets, les acies de la diplomatie, les rapports dc famille et d'interets des differentes cours. L'etendue de sa memoire , la rectitude de son jugement et I'ordre qu'il savait mettre dans rensemblc de ses counaissances, lui rendaient facile I'analyse des faits les plus ^jompliques. II resumait en peu de mots rt en peu de tems les materiaux disperses dans les immenses colonnes des nombreux journaux etrangers. Dans la chaleur de la composition, il lui «rhappait encore des idiotismes gormaniques; mais ces fautes legeres, qui tenaient aux souvenirs iueffacables des premieres habitudes, disparaissaient a la seconde lecture. » Les occupations du journaliste contrii)uerent a developper le talent du geographc. A force de consulter des ouvrages pour I'intelligence desquels la connaissance de la surface da 3-;, 58o NOTICE niOr.IlAPHlQUfi ylobe I'lait uoccssaiic, iMallc - Biiin deviiit bientot riioiuiiie Ic plus ail fait dcs \ivres modcriics publics, soit en France , soit dans les pays etrangers : ayant eii le soin d'en exiiaire avrc sagacite les fails les plus intcressans , il signala son debut dans la carriero, en s'associant h M. Men telle pour la publica- tion d'un Traitc tic geogiaplne unii'crselle , en 16 volumes in-S". A cclte epoque, Mentelle s'etait fait une sorlo de reputation dans la science, parce que son nom etait reproduit dans beau- coup d'entieprises de librairie; et il etait assez d'usage que les jeunes savans qui voulaient se faire connaitre essayassent leurs premiers pas sous I'egiile d'un personuage honorable. Malte-Briin, qui sentait ses forces, eut soin d'en cboisir un dont le talent uc brillat pas d'un eclat capable de I'eclipser. Il se reserva, dans le Trai'te de geographic universclle, en y appe- lant la collaboration de quelques ecrivains nioins habiios que lui, les generalites et les introductions avec la description des pays sur lesquels il avait des connaissances patticulieres. Ainsi, la presque tolalite du premier volume lui appartient; ct, (juoique Ion n'y trouve pas totijours I'oidre desirable dans la disposition des matieri^s, et que In forme rappelle un pen trop les methodes abregees des coinpilateurs, il n'en doit pas moins clre considere , en geugrapliie , comirie un modele de Iraile general : il est d'ailleurs fort agreable a lire, I'auteur ayant su par un style convcnable temperer I'aridile du snjct. lifs differentes parties de la science s'y trouvent indiquees d'une maniere claire et precise; celles que nous appelons as- trononiiqucs el physiques y sont superieurement traitees, rela- tivemcut a I'epoquc. On peut meme dire que, pour la seconde, Malte-Brun, qui ne passait poiutant pas pour avoir les connaissances dun naluraliste, sut choisir avec discernemeiit les bases de ses theories en geologic et en histoire naturellc. C'est apres avoir hi et rnedite cette parlie des ecrits du savant Danois que nous senlimes bientot, pour regulariser nos pro- pres etudes, la necessite de diviser la geograpliie en quatre sections. On n'en avait guere indique que trois, entre les- Welles nous avons dcpuis reconnu des limites si tranohees que SUR MALTE-BRUN. 58 1 chaciinc ponrraif, a la rigueiir, etre consideree comme line science aussi independante des autres que le sont entre dies la mineralogie et la metallurgie, la zoologie et reconomie ru- lale, la botaiiique et ragriculture. Les grands traites generanx de geographic , anterieurs a celui qui fit connaitre Malte-Briin, etaient des especcs d'en- cyclopedies oil la veritable science disparaissait sons un amas de details etrangers, dependant des branches laterales des eonnaissauces humaines. On eiit dit que leurs autcurs avaient vonhi tout embrasser, a la maniere de Pline ; niais, ce qui eut etc possible, a la rigneur, vers le terns oia vivait le celebre cotupilateur remain, parce que les sciences etaient pen avan- cees, ne Test plus aujourd'hui, ou le uombre des faits est hors de proportion avec les instans qu'il est possible de con- sacrer k leur recherche. Il faul desormais, pour parvenir a posseder les sciences geographiques , et k ecrire convenable- ment sur elles, y proceder, comme pour les sciences naturellcs, qui n'auront plus de Linne; c'est-a-dire, qu'on doit premiere- ment en bien distinguer les grandes parties, et s'attacher a la division pour laquelle on se sent Ic plus de predilection. Malheureusement pour Malte-Brun , il crut possible, apres avoir judicieusement classe I'immensite des faits , d'embrasscr rcnsemble et les details de la science, et il se laissa entrainer a une pretention d'universalite, veritable labyrinthe ou il s'e- gara , bien qu'il eut trace la route k suivre pour ne pas s'ega- rer. II dnt bientot a la reputation qu'il venait de s'acquerir, d'honorablesmoyens d'existence; ilassocia fructueusementson nom a plusieurs speculations de librairie. Quelques entrepre- neurs en ce genre lui demanderent, en i8i6, une geographic universelle , et il reproduisit, avec quelques additions insuffi- santes pour elever cet ouvrage a la hauteur des eonnaissauces de I'epoque , le travail auquel jadis Mentelle avail aussi mis son nom. Des parties enticres de cette grande composition, qui sans doute etaient restees invenducs dans le fond de quelque maga- sin, portent encore , apres les changcmens politiqucs operes en France, le cachet des terns gloricuxou ellcs ont etc ecrites. 582 NOTICE BIOGRAPHIQUE tiUidis (jiic d'autres seniblent avoir jioiir but de flatter des opF- nions roiiiiscs on favenr. Maltc-Biun, dans ses aiiides de journaux , ctait rigoiiieux et menie diir cnvcrs !c3 auteius que ne pouvait dufendre leur po- sition sociale. Ayant faitpreuve d'une judicieuse severite a I'c- gard de quelqucs ouvrages indigncs de la reputation qu'on \oulait leur faire; ayant su reduirc, taitre aulres, I'auglais Pinkerton a sa mince valour, sa maniere spiriluelle, mais acerbe, prit faveur, et sa plume devint une sorto de sceptre qui pesa de terns en tcms sur les productions geograpliiques, sur les re- lations de voyages, sur les stati.stiques, en un mot, sur toute publication qui rentrait dans le domaine de la science ou il n'avait plus de rivaux. C'est du faitedecette sorte de dictature qu'on le vit (comme si tousles genres de domination poussaient au vertige) entacherses ecrits d'lmepartialite injuste envers des hommes que lour conscience out portes a se declarer les admi- rateurs de son talent, autant que de ses vastcs nonnaissances. Le moment vinl ou, apres avoir verse des flots d'encens sur le gouverneraent imperial, le Danois //it'rfl/ se fit, sans la moiudre transition, le champion bruyant d'un autre systeme. Les injures qu'il prodigua lui siisciterent une sorte de persecution de la part d'un grand nombre de gens de lettres; et cepeudant, les personnes qui ont connu particulierement Make - Brun lui doivent cettc justice , qu'il ne fut jamais partisan des reactions ou d'aucun genre de despotisme. Les idces les plus liberales elaient au fond de son coeur; elles percaient^ travers sesbou- tades de royalisme, comme elles avaient perce sous le regime militaire du heros tombe. Independant par nature, n'ayant soUicite, ni obtenu aucune place, ni aucune pension, il conti- nua de se faire remarquer dans le Journal des Debats , par la prodigieuse variete de ses connaissances et par i'originalite de son style, toutesles fois qu'il n'ecrivail point ab irato. Independamment du grand ouvrage oii son nom se trouvait a cote de celui de Menlelle, Malle-Brnn avait fonde, en 1808, an recueil qui paraissait chaque mois chez le libraire Buisson , sous le titre A'Annales generalcs de voyages , et qui, ayant ob- 1 i SUR MALTE-BRUN. 583 tenu un succes nieritc, fut repris, en 1819, par le libraiie Gide. Plusieurs cahiers en sont devenus rares ; le choix des articles est excellent, et ceux da redacteur principal s'y font remarquer. On y trouve des preuves nombreuses,non-seule- mcnt do sesconnaissances en geographie , mais encore de I'e-^ tendiicde son savoir en histoire et en philologie. TJu Tableau de la Pologne ancicnne et mo d erne , compose sous le regne de Napoleon, et un Traite de la legitimite , publie sous celui de Louis XVIII, attestent encore la souplesse du style de Malte- Brun, malgre son apparente inflexibilite Cette inflexibilile, du reste, n'etait un dofant chez cct ecrivain que sur le champ de bataille, c'est-a-dire, la plume a la main; car nous avons con- nu peu d'horames qui dans leur interieur eussent des moeurs plus douces, etqiii fusscnt d'un caractere moins offensif dans la conversation. II mettaitautant de douceur dans ses relations sociales, de complaisance a ecouter, de patience dans la discus- sion, de desiuteressement meme, quand le besoin , fruit d'une insouciance trop commune parmi les savans, ne le tourmentait pas outre mesure, qu'il etait incisif, hautain, avide de louanges pour lui-meme, avare d'eloges pour les autres dans ses ecrits; et Ton ne saurait douter que, siMalte-Bruu n'eut pas ete force dese servir de ses talens pour subvenir ason existence, s'il cut vecu dans une position independante, il n'eut ete cheri de ceux meme quise sont declares ses ennemis, et qui ont souffcrt qu'une sorle de clameur publique etouffat la voix de I'impar- tialite, quand elle voulut faire valoir les droits qu'avait a faire partie de I'Academie des sciences le premier gcographe de I'e- poque. I/ouvrage qui devait lui ouvrir les portcs de I'lnstitut, ou il ne fut pas meme presente comme candidal, est son Precis de geographie universelle. II rcstait un seul volume a publier pour completer ce grand travail , lorsqu'a pareille epoque de I'an - neederniere, Malte-Brun, dans la force de son talent, entiere- nientgueri de son gout pour la polemique, uniquement voue a I'etiide de la science dont il fut un des principaux reforma- teurs, descendit tout a coup dans la tombe. Les six volumes du Precis de geographic universelle , deja publics, peuvent etre con- 58/, NOTICE BIOGRAPHIQUE sidcK'S conime uue encyclopedio pour lacjuelle toulos les rela- tions de voyages, les statistiqnes locales, lesreciieils de Societes savaiites, Irs traites aiicicns et nioderncs, et les nioindixsjonr- naiix ont ete mis .'i contribution. Le plan de Toiivragc est sans doutebeaucoupfropvaste pour qu'iinsenlhoitimele put executor sans qu'il s'y trouvat des parties faibles; mais niille part on n'a fait mieiix jusqu'a ce jour. Pour elevcr un monument imperis- sable a la geographic, et fixer I'etat on die se trouvait vers Ic premier quart du xix'^siecle, Malte-Brun anraitdu appeler a son aide des collaborateurs a chacun desqucls il eut confie un rameau de la science, en se reservant le soin de trailer les ge- neralites et de decrire les contrees qu'il connaissait le micux; mais il a voulu se charger seul du poids de I'univcrs sons Ic- quel Tanliquite nous apprend que pliaitle puissant Atlas. Nous !e repctons, personne aujourd'hui ne saurait pretendre a trai- ler I'tiniversalilc des sciences geographiques, quisontreellement les bases ct le resume de loutes les autres; il faut opler entre Tunc des quatre divisions principales qui toutes se pretent un mutuel appui, mais qui sont telles aujourd'hui que I'etude d'uue seule, commenous I'avons avance, dans X Encyclopedic par ordre dc matiercs , suffit pour occuper exclusivement I'eerivain labo- ricux qui veul I'approfondir et qui se propose de Tenseigner, Ces divisions, parfaitement iudiquees par Malte-Brun, et dont la distinction doit etre desormais consideree comme k classifi- cation indispensable des matieres dans les Iraites generaux de geographic, sont les suivantes: 1° La CEOGRAPHIE ASTRONOMIQUE Ct MATHEMATIQUE , point de contact de I'histoire des cieux et de I'histoire de la terre ; elle s'occupe des rapports qui existent entre les astres et notre globe, dont elle apprond a figurer la croute superficielle ; elle (ionne encore les moyens de voyager sur la monotone etcn- dne des mers. L'observation des corps celestes el la geodesie en sont les flambeaux. 2° La GEOGRAPHiE HisTORiQUE, qui selicu I'astronomiepar la chronologie, science dont revaluation des terns duraiil lesquels se fouderent et s'ecroulerent les dominations humaines est Ic SUR MALTE-BRUN. 685 grave, mais fugitit objet. Elle pent se partager en deux sous-di- visions, la geographic ancienne , et la geographic moderne. L'e- poque oil la boussole revela un noiiveau monde au vieux conti- nent nous parait etre beaucoup plus propre a distinguer ces deux sous-divisions, que leur concordance avecnos eres, avant et apres Jesus-Christ. 3" La GEOGRAPHiE POLITIQUE s'occupc dc la tcrre , dans ses rapports avec les hommes, soit qu'ils commandent, soit qu'ils obeissent, a sa surface. La sfatislique en est la veritable base ; non cette statistique qui seraitia science universelle, si on la comprenait, comme le font certaines personnes, lorsqu'elles en- lassent, dans la description d'une province administrativement circonscrite, le catalogue des etablissemens industriels, celui des plantes qui croissent dans les champs, la nature des ex- ploitations etdes eaux rainerales , etc. Les corps nalurels n'out de rapport avec la statistique veritable que paries applications que rhommeeu fait a ses besoins ; sous tout autre point devue, c'est dans la quatrieme division des sciences geographiques que leur examen doit rentrer. La veritable statistique, supposant le sol d'une contree quelconque geodesiquement et physiquement counu , se renferme dans le denorabrement de ses habitans , dans ce qui louche a Tindustrie , aux ressources de tout genre que fournit le sol, ainsi qu'aux revenus des etablissemens pu- blics; en un mot, elle se borne a ce qui pent etre du ressort de I'admiuistration; elle est, a proprement parler, la geogi-aphie sociale. Quelques mots sur les loiset leur origine, les coutumes, le langage, lesantiquites, seraient memedeplaces dans un traite de geographic de ce genre; c'est & la deuxieme section que ces details doivent trouver place, a ce qu'il nous semble. 4** La GEOGRAPHIE PHYSIQUE cnfin ; cette partie de la science, telle que nous la concevons, se degage de ces deUmitations factices d'empires et de royaumes, qui , perissables resultats d'une antique barbarie on de la violence des conquetes, s'ef- facenl souvent dans la durec d'une revolution de ce globe on ricn ne saurait etre stable , car I'imposantc marche de I'uni- yers a aussi ses revolutions: la constitution gcologique des con- dSG iVOTICE BIOGRAPHIQUE linens et des iles , la circonscription des mers , les fleuves , les rivieres, les torrens qui fertiliscnt ou depouilleiit le sol; les inontagnes , les roches el les volcans , qui sont comme la char- peate de la terre ou qui en dechirent le sein ; la dislributiou des plantesque nounissent les divers terrains et les eaux, a des profondeurs et a des hauteurs diverses, et selon des lois si variees ; colle des animaux qui, vivant de plantesou de chair, ne peuvent avoir de patrie que la patrie meine des corps orga- nises necessaires alcursubsistance; en un mot, I'histoire entiere des corps bruts ou doues d'organisation dont se compose la planele que nous habilons, avec tout ce qui pent donner une idee de sa physionomie , est du ressort de ccltc partie de la geographie |)hysique dont il n'existe pas un seul traite veri- table, dans le sens que Ton doit donner au mot traite. On n'en trouve mcme les materiaux epars dans les ecrils de divers na- turalistes, que depuis le commencement de ce siecle; car on ne peul regarder comme des elemensde cette branche de la science les contes populaires sur des echos prodigieux , des Fontaines ardentes, des lacs sans fond, des tours sans venin et aulres cu- riosites naturelles du meme genre qu'on decrivait autrefois, a la suite de chaque contree comme leurs merveilles. Les premiers ecrits de Malte-Brun furent les sources ou nous puisames I'idee des divisions fondamentales que nous venous de caracteriser , et d'apres lesquelles nous avons construit nos ouvrages sur la geographie del'Espagne et du Portugal. Ce scrait done une pretention mal fondee que de vouloir presenter au- jonrd'hui, comme une decouverte nouvelle, une route tracee et pratiquee par autrui. Sans nous etendre a cet egard, il nous suffira d'avoir reclame en faveur de Malte-Brun la priorite d'une idee mere et feconde , et pour nous I'execution de son plan perfectionne. Au nombre des services eminens rendus par Malte-Brun a la science geographique , on doit compter encore sa coopera- tion a relablissemcnt de la Societe de geographie qui fut creee , en 1821 , par ses soius et ceux de MM. Langles , Barbie du Bo- cage , Joniard, JFalchenacr , etc. , premiers fondateurs de cetle SUR MALTE-BRUN. 58; belle ct Impoi'tante institution , devenue le centre de leuniou de tons les fails, de toules les observations qui se ratlaclient a cette branche essenlielle des coniiaissances humainees , et dont \a Heme Encfclopeciique (lit la premiere a signaler I'apparition et les immenses avautages ( voy. Hev. Enc. , t. xii. — Annee 1821 , pages 225, 460 et 682 ). Nous terminerons cetle No- tice par uu trait qui fera ponnaitre comment Malte - Brun concevait la conscience litteraire; ce trait peint egalement I'e- poque oil plus d'un redacteur de journal, en agissant comme lui, n'a pas le genre de candeur qui caracterisait le savant Danois. L'auteurdu present article et le savant a la memoire duquel il est consacre avaient, malgre I'opposition apparente de leurs opinions , conserve des relations assez intimes , quoique freqiiemmentinterrompues. Le premiei'avaitdonne des preuves d'une active et officieuse soUicitude a Malte-Brun, en adoucis- sant on en ecartaut un grand nombre de traits satiriques aux- quels celui-ci etait en bulte, dans un lecueil de spirituelles notices. Par une exception qui honore le caractere de Malte- Brun, il en montra sa reconnaissance en detournant, au terns des proscriptions, les attaques qui auraient pu etre dirigees contre son ami, dans le journal oil son talent lui valait quel- que credit. II eiit meme le courage de donner des eloges, dans plusieurs de ses colonncs , a cet ami que des niiserables pour- suivaient jusque dans son exil; et, lorsque celui-ci piiblia vers 1823 son Guide da voyageur en Espaone , quelqiies pages flatteuses des Debats recommanderent ce livre au pnblic. En 1826, I'auteur ayant retouche son premier essai, corrige les fautes que I'habile critique y avail signalees avec aiitant d'egards que de raison , et compose, pour ainsi dire , un traite tout nouveau destine a servir d'introduclion a une Collection de resumes geographiques, Malte-Brun, dans un diner oil regnait la gaite, piie d'aunoncer Tentreprise , repondit avec naivete : « Je le voudrais bien, je suis enchante de votre pe- ninsule iberique; mais votre Collection de resumes pent nuire considerablement a mon Precis; vous ne pouvez exigcr que je ^88 NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR MALTE-BRUN. rasse le con a mon libraire : jc voiis promets consequemnieiit , dans I'inipossibilite ou ma position me met d'en dire dn bien, de ne pas en dire de mal. " MaUe-Brun tint parole, et son silence fut considere comme uue preuve de loyaute. Malte - Brun etait devenu tres - instruit , parce qii'il etait ce qu'on nomme un grand Iravaillenr, dans la force du terroe. II n'entreprenait rien dans une science quelconiime qn'il ne linit pary rcussir; il so raidissait contre les difficulles; niais, lusicurs rt-gions Tonjours ingi'-nieiise, elle ropaiidra eiigc'iicral bcaucoup de luiiiierosur diverscs parties del'liistolre; mais comment etiidicr aujourd'hiii la liaiite antiqnite? Malgre line sorte de Constance que Ton atlribue avec raisou aux peuples de I'Orieut, ccttc parlie du niondc a subi des changernens nomhreux, et I'on no saurait la conuailrecomnie on connail la Grece qui comnionea pen.laut la decadence de I'Egypte. Les vallecs occidentales du Nil , et lout le luidi de I'Asie jusqu'aux bouchcs du Hoang , voila I'ancien raonde; mais il est en |)aitie fcrrac a nos recherches. Meme depuis les terns hisloriques, nos notions sur la vieille Asie resteront conjecturales a bcaucoup d'egards; ellcs seront cependant tres-utiies quand elles soront examinees avec la sagacite ou la rectitude dont M. B. Constant donne lexemple. Toules les fois qiiel'csprit s'exercera surdcs objets serieux , et dans linteret de la veiile, n'arrivat-il qu'au doute, il s'eloignera de I'erreur. Detant de faitsquisouvenlnoussonttrausmis avec pcude fide- lite resulteront pour le genie quelques apercus piesque indubi- lables. On a du redouter la ])recipilation du faux savoir; mais la morale meme aura pour soutien la vraie science , la science attentive et circonspecle, dont I'erudition n'est (jue I'instru- raent. En vain on desirerait eco^rter le doute; il revient sans cesse, quand on, aspire a I'exactitude. C'est avec raisou , ce semble, que I'auteur remarque dans les Vedah en particulier \\n melange de theisme et de pantheisme, rapprochement dont I'apparence du moins doit eire frequente. Uii etranger nc regarderait-il pas comme une forte trace depanlheisTiie ce prin- cipe deMallebranche, que nous voyons tout en Dieu? Lc senti- ment religieux pent loujoius etre dans sa force la oil se trouve le dogme del'unite divine. Des que la Divinite gouverne,_les consequences morales sout a pen pres les memes, soil que nous la declarions independante des choses perissablei^, soit que SCIENCES MORALES. 61 1 iioiis reimissions en elle lout ce qui ctait, tout ce qui sera, tout ce qui peut exisler ou apparaitre. .Si le sentiment religieux est natiirel, il a du se manifester toujours, mais diversement, et selon I'etendue de nos idees. Ces differences daus les facultes de I'esprit ne sont pas moins grandes dlioninjo a honime, que de peuple a penple. Les cfoyauces ies plus nobles , et en nieme tems les plus morales, potirraient done etre aassi anciennes que le genre humain dans les contrees ou commenca la civilisation. Sous la forme homerique, Thomme abandonne a lui-meme, dit I'auteur, tirait de sa propre pensee les motifs des actions qui regardaient les autres hommes. Tels devaient ctre en Grace les esclaves et meme beaucoup de ciloyens; mais, outre que dans cettc grande question , s'occuper avec predilection d'une presqu'iie etroite, et qui d'ailleurs n'a pas eu de religion proprement dite, ce serait laisser la regie pour I'exception , les adeptes du nioins ont admis, des les tems orphiques, la protection divine raeritee par la justice envers les hommes. Quant a rOrient, il y a lieu de croire que vers le Nil , comme vers le Gauge, on a counii ces livres religieux plus anciens qu'Abrahm qui sont cites dans le Sepher. L'ecriture elant peu usitee chez les anciens, il etait tres-difficile d'empecher que la religion populaire ne fut puerile ou inepte, tandis que d'autres tradi- tions restaient deposees dans le sanctuaire. Avant Lucrcce plusieurs poetes avaient blame le polytheisme qui n'en parut pas ebranle. Dix siecles avant qu'il cessatcliez les Hellenes les epoptesi s'habituaient a le mepriser. Des idoles , dont le culte ne peut que uuire a la morale, ont encore a la Chine de nom- breux adorateurs , et neanmoins cent generations successives onllu, dans le Chu-king, appele la Foix de I' Antiquite : «1jC ciel pnnit I'injustice;... le bien qu'il cnvoie aux hommes de- pend de leurs verlus. « En rappelant les cpinions hardies et meme irreligieuscs attribuees a des castes , ou plus vraisemblablement a des sectes sacerdotales de I'ancienne Asie, I'auteur observe que le senti- ment religieux, si puissant sur les esprits rcstes libres, pon- 3c). Cia SCIENCES MORALES, vait clre etouffc chez les corporations sactixlotales , par lo projct impie de faire de la religion iin instrument. Celte observation est pleinc de justesse : toutc vue niondaine degrade lame qui aurait pu ue s'attacher qu'a Telude des choses divines. Mais ajoiUons que le premier effet de I'independance de I'es- prit doit etro de jeler dans le doiite sur toute chose invisible, an risque d incliner vers le aiatorialismc. On sort ensuite de cet aveuglement; on sentqu'il est possible d'expliquer le monde sans la matiere, mais non sans I'intelligence. Si alors on n'ad- met pas une croyance revclee, on pent restcr incertain cntrc le theisme et une sorte de pantheisnie. C'cst ainsi qu'avec nioins de legerete, selon 1' observation d'un celebre Anglais, on redevient religieux : le sentiment des choses celestes n'etait pas eteinl, mais combattu. Les castes sacerdotales, comme les particuliers, out pu suivre cette marche. Sans |)erjuges, mais sans profondeur, on sera incredule. Avec une penetration plus vaste et des considerations d'un ordre plus eleve, on decouvre au-dela de toute chose la secrete action de la puissance divine. Elle se sera manifestee dans tous les siecles a la force de la raison, a la jeunesse de I'ame; mais dans tous les siecles une raison debilc ou inculte aura ete superstilicuse, el les coeurs affaiblis auront ete devots. Ainsi nous n'udmettons pas, avec M. B. Constant, une oppo- sition naturelle entre la logique et le sentiment religieux. L'abus du raisonnement a frappe des hommes d'un grand merite; mais n'y a-t-il pas eu quelque precipitation dans les conse- quences qu'ils en ont lirees? II vaut mieux s'efforcer de rendre le raisonnement exact, que de lui substituer un mobile qui pourrait ctre idus aveugle , el qu'on n'aurait aucun moyen de rectifier. Ce nest qu'a I'autcur des Etudes de la nature qu'on pardonnait de recuser le raisonnement, parce que chez lui le raisonnement se trouvait tres-faiible, II voulait que le coeur fut notre guide, comme s'il ne fallait pas an coeur le plus pur un terns considerable pour persuader des cosurs passionnes ou des coeurs fletris. Uii nouveau trait de lumiere, un raisonnement plus juste pronve aussitot a rhomme impartial que des rai- SCIENCES MORALES. 6i3 sonncmen? tiompeurs I'avaient egare; mais quand le sentiment est seul oppose au sentiment, le desordre est sans terme. La regie se trouvant dans ce qu'on epioiive, le cceur altere de vengeance aura raison coinme le coeur compatissant, et le cceur aride comme le coeur religieux : selon le mot vulgaire , chacun suivra son gout. Le sentiment est I'instinct qui doit nous guider hors de la civilisation; mais quand la raison plus instruite obtient enfin les donnees sans lesquelles elle ne pouvait s'exercer, elle jnge les sentimens, afin de les autoriser, on de -les reprimer. Elle parvient a relever le front de I'ignorant qui se prosternait avec le zele du coeur devant des idoles, et elle abaissera devant le Dieii de justice le regard superbe du prince illettre qui pretendait sentirque les hommes etaienf, nes pour I'accomplissement de ses fantaisie?. Meme avant I'art d'ecrire , les effets de la parole, faculte si puissante, eclairerent quelques personnages dont les disciples devinrent les legislateurs des tribus. Peut-etre n'est-il, par cette raison, aucune opinion religieuse ou morale dont on ne doive rencontrer quelque trace antique. Dans une contree orientale ou rosclavage n'est pas encore aboli, depuis trcnte siecles on blame I'esclavage. L'art d'imprimer a propage, mais n'a pas fait naitre le priucipe d'une juste fraternite enfre les enfans d'une meme patrie, on celui d'une egalite primordiale entre les hommes. Une religieuse horreur de I'esclavage, et le sentiment d'une equite conforme a la loi premiere, caracteri- saient, dit-oii, les Shammanees, dont les Esseniens de Jerusa- lem furent , en quelque sorte, les continuateurs. Les pays ont differe plus que les ages : I'intelligence des hommes, ainsi que leur physionomie, est variee sanscesse, et non pas nouvelle, Seulement une proportion differente commence a s'etablir, au moyen des livres, entre la classe instruite et la classe igno- rante. De tons les mouvemens huniains ce sera le plus rapide; mais en condamnant des abus intolerables , on n'affaiblira pas la vraie religion. C'est sur une base indestructible qu'on avail eleve opiniatrement de fragiles edifices : ce qui est pur subsis- tera, ce qui vient de rhomme perira. Heureux I'ecrivain qui tfi4 SCIENCES MORALES. ainiant snitoiit dans la cclebritc i<-s avantages quVlle offie pour soutenir dc nobles causes , vent contribuer ii ce perfec- lionnement dont un jour la religion, les moenrs, on meme l;i politique retireront les fruits les plus durables! S. De l'education des sourds-muets de naissance, par M. Degerando , membre de I'lnstitut, administra- teur de I'lnstitut royal des sourds-muets , etc. (i). Eapport fait a l'Acaukmie nES Sciewcf.s , PiH M. Frederic CuviEB (a). Messieurs, Je vais avoir I'honneur de vous rendre conipte, ainsi que vous m'en avez charge, de I'ouvrage en deux volumes que M. Degerando nous a adresse. Au premier abord , et en ne considerant TAcademie des sciences que dans les limites de son institution , on pourrait ne pas apercevoir de rapports enlre un traite d'education de sourds - niuets et les sections de sciences physiques et mathe- inatiques dont elle se compose , et se demander par quel motif et sous quel point de vue je suis appele a lui rendre compte d'un onvrage qui n'a pas , en apparence du moins , d'analogie directe avec ses travaux. J'ai done pense que ma tAche ne devait pas moins consister a exposer sommairemrnt quelqucs-uns de ces motifs, que les principes sur lesquels repose I'enseignemeut des sourds-muets, et que les procedes qui conduisent a rendre ces malheureux a la societe. (t) Paris , 1837 ; Mequignon Tame , rue de TEpole de Medecine , no 9. 2 vol. in-S" de xv-Sga et688 pages ; prix , i6 fr. (j) Nous n'avons pas cru pouvoir presenter k nos lecteurs une meilleure analyse de cet ouvrage quale Rapport dont il a eterobjet dans TAcad^mie des sciences, et que son auteur a bien voulu nous commnniquer. SCIENCES MORALES. 65 5 Ji' pourrais d'aboid m'appuyer sur des antecedcns dont per- soiiue sans doute ici lie voudrait meconnaitre rautori'e. C'cst au jiit^oinoht de TAcademie des sciences que furent sonmlsles premiers essais fails publiquemenl en France sur I'odiicatioa des sourds-muets, ceux de Pereira (i) et d'Ernaud (1) ; et les comniissaires qti'elle nomma pour les examiner furent de Mai- ran, de Buffon et de Ferrain. Cependant, ce qui pouvait paraitre simple a une epoque ou la philosophie n'elait point separee de la physique, pourraitne pas le paraitre egalement aujoiird'hui que ces deux branches des connaissances humaines ont pris des directions si opposees, sans avantage probablem(;nt ni pour Tune, ni surtout pour I'autre. En effet, si Thonime et les animanx fontl'objet dii zoologiste, di; I'anatoiniste , du niedecin , ce n'est sans doiite pas necessai- i emcnt hors de cet etat d'integrite , de cet etat normal , ou Ions les organes penvent jouer en liberte , toiites les fonctions s'excrcer pleincment, oii, en un mot , les etres animes peuvent accomplir, sans reserve, I'influence qui ieur est marquee par leur situation sur la terre rear lemedecin lui-meme, et aplusforte raison le zoologiste et I'anatomiste, n'aurait que des notions bien imparfaites des alterations de la vie animale, s'il ne la connais- sait pas, du moins hypothetiquement , degagee de tout ce qui peut mettre obstacle a son libre exercice : or a-t-on une ron- naissance de la vie de I'hoinme et des animaux , si Ton n'a pas aussi bien etudie les causes des actions que les actions elles- mcmes, les lois des fonctions que les formes des organes, les [thenomencs de toute nature qui se manifestent dans les modi- fications cerebrales que les phenomenes qui resultent des mo- difications dc I'estomac on des intestins ? Non sans doule , i'animal n'est pas seulement un compose de parties materielles soumises aux lois du monde physique; d'autres lois, plus puissantes , dominent en lui , et c'est de I'intinie union des uiies et des autres et de leur har'monie mutuelle qu'il secom- (1) 1 1 iiiin i74y , 1 3 Janvier 1751. f.J .768. Gi6 SCIENCES MORALES, pose a title d'etre anime. Hors de la il n'appartieut plus qu'imparfaitement a son espece, et par consequent a Thistoire naturelle ; ct si son etude alors pcut etre encore utile a la science , c'est comme les exceptions sont utiles aux regies ; elles les conlirment et ne les etablissent pas. Long-tems la zoologie n'a considere les animaux que par rappoit a la structure de leurs organes , et c'etait peut-etre une necessite : il etait dans I'ordrenatvircl d'etudier la machine avant d'en chercher les ressorts , de s'attacher a re qui etait perceptible aiix sens avaiit de songer ;^ ce qui n'est accessible (]u'a ''intelligence. Aujourd'hui que celte science veut s'elever a de plus hautes considerations, elle a hesoin , pour ne point s'egarer, d'embrasser son sujet dans toute son ctendue; et c'est I'antropologie qui fait Ic plus vivement scntir cette necessite. On ne peut guere attribuer qu'a la direction parliculiere de la zoologie I'etat ou se trouve encore chez nous la science de rhouuiic. Je ne parlerai pas des tristos resultats auxquels con- duisent dans plusieurs ouvragcs les priiicipes de cette science; niais c'est surement en ne voyant I'homme que dans I'ensemble de ses organes et de leurs fonctions , que de IVTairan disait a TAcadenaic des sciences de Pereira, que « par une heureuse metamorphose il tirait les souidsmuets de I'etat de simples animaux pour en faire des hommes; » que Condiliac refusait ;uix sourds-muets une intelligence qii'il accordait a la brute; (lue Sicard les designait sous le nom d'aiitomates vivans ; et qu'aujourd'hui encore, ainsi que M. Degerando nous I'apprend , des hommes qui s'occnpent de I'education des sourds-muets les considerent comme depourvus de tout bon sentiment, et comme inferieurs meme aux animaux qui nous servent et nous obeissent. Les motifs generaux que nous venons d'exposer ne sont pas les seuis qui rendent necessaire I'etude complete des eires animes ; un motif parliculier tres-puissant vient encore ajouter a leur autorite. En effet , les actions, chez les animaux , nous sont offertes plus simplement , plus libres d'associalions qui pourraient deguiser leiir caractere et faire meconnaitre leur SCIENCES MORALES. G.17. essence qu'eiles ne le sonl chez Ihonime ; dies presentent done line sortc d'analyse naturelle des notres, d'autant plus pr^- cieuse, qu'il n'est aucune branche de nos connaissances dont ii soil plus difficile de demeler les causes. Et qu'on n'objecte pas que ce qui n'est point soumis a I'obser- vation ne pcut etre du domaine de I'histoire naturelle. S'il fut un tenis 011 une i)hilosophie dogniatique n'adniettait que les consequences des principes qu'elle imposait , ce tems n'est plus : robservation , dans le point qui nous occupe , a reprls son autorite naturelle ; les lois de la pensee lui sent aiissi en- tierement soumises que celles de nos fonctions les plus meca- niques; et si ce champ d'observations est en nous au lieu d'etre hors de nous , s'il est dans notre conscience au lieu d'etre dans notre sensibilite , c'est une raison de plus d'y avoir confiarice, «t de regarder comrae cerfaines les connaissances qui en rc- sultent. Les observations qui pen vent nous etre offertes par le sourd- niuet ne sont, au reste, point dans ce ca.s ; dies frappent en grande partie nos sens, et dies ont I'avantage de nous pre- senter une de ces simplifications de phenomene que nous trou- vons dans robservation des animaux , et qu'on aurait du si vivement desircr si la nature dlo-meme ne nous I'avait offcrt. Qui ne sail a quelles erreurs ont ete conduits ceux qui , ayant senti tout ce qu'on obtiendrait de lumiere en appreciant celles que nous devons specialement a chacun de nos sens , ont voulii suppleer la nature par des conjectures et des hypotheses ? Au surplus, si Ton conceit la possibilite de separer absolumeut , dans IV'tude des animaux , les phenomenes physiques des phe- nomenes psychiques,je ne vois pas comment dans lelangage on ferait la part des iins et des aiitres; car, par exemple, soit qu'on isole les articulations de la voix de la pensee, ou la pensee des articulations de la voix, le langage n'existe plus, et quioserait affirmer que la nature dessiguesest indifferente aux pensees , et reciproquement, et ssirt(uit que le langage des animaux n'est pas du domaine de I'histoire natiuelle? ' Ce n'est done point sans des raisons puisees dans les prin- 6.8 SCIENCES MORALBLS. cipos incmes de la zoologie que jc suis ap|ielo a rcuclic conipto till nouvcl ouvragc Ac M. Dt-j^orando; iiiais qiiand mome il serait enticrcmont etranger a nos travaiix, voiis on ecoutcrifz encore I'analyse avec inlcrct. C'est la premiere fois qu'on foiide sur iiiie psychologic liiini- iiouse, qu'oii deban-asse de toiilc ubscmito I'ait d'instiiiii'e les soiirds-imiots. C'est la premiere fois qu'on etablit les principes d'apres Icsijuels on pent apprecicr les proeedes si divers qui ont etc -suivis dans cet art, et choisir dans chacun dVux ce qui doit conlribupr a sa perfection. Des aujonrd'hui le juiiste ne flottera plus ineertain entre la punition ou rabsoluiioti du sourd muet aufeur d'uuc a(;tioii crimiiielle, parce qu'il igno- re ra s'i I entre du discernement dans les determinations d'uii in- dividu privc de la faculte d'entendre et de parUr. Enfin avec des idees plus justes sur Tinstnietion des sourds-muets , des methodes plus simples et plus faciles , une marche plus di- recte et plus assuree, on doit penser que le bienfait de cette instruction s'etendra dans la proportion des besoins, et que la societe verra rentrer dans son sein , pour la servir, une foule d'inforlunes (i) qui lui etaient a charge, et dont elle ne sup- portait qu'nvcc peine le malheur et I'inutilite. Ce traite de I'education des sourds-muets de naissance est divise en trois parties. Dans la premiere , les recherches de Tauteur ont pour objet les principes sur lesquels doit reposer I'art d'instruire ces infortunes ; Thistoije de cet art fait I'objet de la seconde ; et la troisicrne consiste dans des considerations sur le merite respcctif des divers systemes proposes , et sur les perfectionncmens dont ils sont susceptibles. Une des premieres choses dont on est frappe a sa lecture est la force des prejuges sous le poids desquels vecurent les malheureux sourds-muets jusqu'au milieu du xvi* siecle : car ce ne fut qu'aiors que I'idee vint de cultiver leur intelligence , et de fonder sur quelques principes I'art nouveau qui devait (i)On peut estiiner a ij,o(io le noiiibie des sourds-niueis de la I'laiice. SCIENCES MORALES. 619 IfS iiistriiiie. Ces prejtiges, coiisacres cii quelqiic sarte par le lonis , par Ic's lois , et meme par la religion , cederent aux In - mieres qui jaillirent vers cette t-poquc , et ce fiit uii de iems prt^miers bierifaits. Cepenilant en France ces preveulions subsiston-nt long terns encore. Outre qu'on ne s'y occiipa ,qiie beancoiip plus tard qii'ailleiirs des sourds-muets, I'abbe de TEpee nous apprcnd que des iheologiens deson terns, fort respectables d'ailleurs, condamnaient ouvertement son entreprise. L'liabitude dc voir la communication des peusecs ne s'etablir qu'a I'aide d'un Ian- gage articiile contribua surement u maintcnir nn prejuge aussi funeste ; il faut cependant reconnaitre qu'il avait pu s'etablir sur des fails propres a le justifier, car il n'est pas rare de voir I'idiotisme accompagner la surdite de naissance, et par con- sequent le mutisme ; mais il est beaucoup plus commun de renrontrer des sorirds-mucts pleins d'intelligence, qui sc sont cree un langage par lequel lis communiquent avec les autres hommes, les entendent et se font entendre d'eux. Or I'etude de ce phenomene condiiisait directement aux principes sui? lesquels lepose I'art d'instruire les sourds-ninets. Ce sont cos principes, comme nous venons de le dire, que M. Degerando etablit dans les treize chapitres qui composent sa premiere par tie. Dans I'impossibilite ou je siiis, faute d'un terns que je ne puis raisonnablement vous demander, de suivre pas a pas M. Degerando dans les trois parties de son ouvrage, je me bornerai a extraiie d'abord la substance de la premiere et de la troisieme en reunissant les principes de I'art a leur appli- cation; de la sorte j'indiquerai a la fois les differens piocedes qui ont ete mis en usage, et ('influence que chacun d'eux est propre a exercer. Je terminerai par quelques considerations sur la partie Listorique. Ce qui importe avant tout dans I'iDstruction du sourd- muet, c'est d'adopter des signes qu'il puisse percevoir, de lui en enseigner qu'il puisse transmettre, et enfin d'attacher a ces signes, dans son esprit, les idees que nous y attachons nous- 620 SCIENCES MORALES, momes; car il doit entendre ceiix qui lui parlcnt, etre rntondn do ceux a qui il parle, et parlor poiu- exprimor des pensees. Ce sont ces trois points qui vont successivement nous arreter. Les signes de nos langues articulees etant fails pour le sens del'ou'ie, ne peuvent elre perciis a ce litre par le sourd-mijet. C est dene a d'antres signes que nous devons avoir recours pour Ini parler, el a un autre de ses sens que nous devons uous adresser; ct c'esl sans contredit la vue qui, pour cela, nous offrc le plus de ressources par son etendue et par les modifica- lions variees dont elle est susceptible. En effet, on a fait usage do plusicurs signes visuels : les plus riches et les plus expres- sifs, ceux de la mimiqne on dc la pantomime, onl recu de grands developpemens; mais, nialgre ravantagequ'ils onl d'etre le langage uatnrel des sourds-mucts, el d'offrir jusqu'a un cer- tain point une representation des idees, ils n'ont pu suffire parce qu'un des premiers besoins du sourd-nuiet est de comprendre la langue dc son pays qui n'esl point representee par la mimique, et que tous ceux avec qui il pent etre en relation ne sont point exerces au langage des gestes. Cepyidant on a essaye de le soumetlre a un systeme de simplification , d'en faire une sort^ de tachvgraphie qui, pour en rendre I'usagc plus prompt, ne j'a rcndue ni plus praticable ni plus claire. Le dcssin est aussi Ires-propre a devenir une sorle de langue pour le sourd-muel; mais plusembarrassant encore que la mi- mique, il.n'a pu etre employe que dans des cas particuliers, quoiqu'il ait comme elle I'avanlage de rendre les idees sen- sibles. Pour representer aux yeux nos langues articulees, I'ecrilure venail naturellemenl s'offrir; elle en e^ une representation i pen pres rigoureuse; ausst a-l-elle tie associee a tous les systemes d'enseignement des sourds-muets , et pour tous elle esl devenue fondamenlale. Afin d'en faciliter I'usage, elle a eprouve une modification ingenieuse : on s'est exerce a re- presenter les lel'res par les mouvcmens des doigts, ce qui a donne naissanec a la dactylologie, laquelle a etc elle - meme modifiec pour la rendre plus simple, el par la elle est aussi SCIENCES MORALES. 621 Ueveiiue tine soilc de tachyj^raphie. On a meiue eu I'iilec d'c- crire dans I'air les mots avec le doigt, et on nc la pas fait sans quelque succes. An moycn de ces especes d'cciitures on pent en tout lieu parler au souid-inuet , ce qui est impossible par I'ecrituie proprement dite, laquelle necessite au nioins des tablettes et des crayons. Ces diverses cspeces de signes n'ont cependant pas encore suffi; la rapidite de la pensee en deinandait d'aulres, et Ton a imagine, pour satisfaire ce besoin, d'empluyer les mouvcmeus des levres dans I'exercice de la parole. Les niols differant les uus des autres par les articulations dont ils sont formes, diffe- rent consequemment aussi par les raouvemens des parties de la bouclic, et ce sont ces mouvemens que le sourd-muet doit percevoir, ce qu'il parvient facilement a faire s'il est suscep- tible d'uue forte attention; des lors il possede des signes qui ont toUs les avantages de ceux de la parole proprement dite. Ces signes, de nature a etre percus par le sourd-muet, de ceu.v qui lui parlent, devaient etre accompagnes de signes analogues propres a etre transmis par lui a ceux qui I'ecoulent. Or le sourd-muet, pour parler aux autres hommes, avait la liberie de s'adresser a un sens dont il etait prive; mais de lui- meme il ne pouvait etre conduit qua parler aux yeux. Aussi employa-t-il le plus souvent pour Iransmettre des idees les signes qui etaient employes pour lui en commtiniqucr. C'est ainsi que la mimique, le dessin, I'ecriture, la dactylologie, furent les systemes de signes dont il fit le plus ordinairement usage; et il put les employer avec les autres sourds-muets cotume avec ceux qui n'elaient pas affliges de son infirmite. Neanmolns ces raoyens, comme nous venons de le voir, pre- sentent des parable, et copendant, dit riiistonen, il s'cst trouve des gens qui out accuse do lachete ce vaiucjueur de cent balailles dont la reputation ctait si bien etablic parmi ses soldats, les plus conipetens de tons lesjuges, que la promesse de ne pas exposer sa personne etait reclameepar eux, etaccordee parlui, comme une faveurprecieuse al'armee. Walter Scott niontre Napoleon aussi grand dans les revers que dans les triomphes; il dit qu'au passage de la Beresina, toutes ses resolutions etaient prises avee calme, avec fermete, avec le sentiment intime de ce qu'il se devait a lui-meme, et de ce qu'il devait a ceuxquiraccompagnaient. A Leipzig, dit-il encore, dans le cours de cclte jouinee fertile en evenemens, oil Ion pent dire que Napoleon combattit moins pour la vic- toire que pour sa suretc, cct homme extraordinaire resta calme, determine, recueilli, et soutinl la glorieuse defense de ses escadrons rumpus et diminues, par sa presence d'esprit, et un courage aussi ferine que celui qu'il avail souvcnt montre en dirigeanl la victoire. Peut-eire doit -on plus admirer ses talens militaires, en le voyant combaltre i la fois contre la fortune et la superioritc du nombre, que dans la plus glo- rieuse de ses vicloires, lorsque la deesse inconstante combat- tait ;\ ses cotes. Si du champ debataille,rhistoricn uoaicouduit dans !c cabi- net de Napoleon, il nous dira : Sa conduite fut dans bien des circonstances prudcnte cf politique au plus haul degre, tandis n\ren ineme terns elle etait conforme aux regies de la justice ct de la moderation. Cette moderation , ainsi que la geuerosite de Napoleon, est pliisieurs fois celebiee par AValler Scott. U SCIENCES MORALES. 633 absout aussi Bonaparte de cruaute, lorsqu'en condamnaiit la sanglaiite execution iles piisonniers de Jaffa, il ajoute : Ton- tefois, nons ne la considerons pas conime I'effet d'nn instinct de cruaute; rien, dans I'histoire de Bonaparte, ne montre qu'un tel vice existat en lui : plusieurs traits prouvent, au con- traire,qu'il ctail ne natureliement bumain; mais il etait am- Liticux, visait a d'inimenses et j^iganlesqiies entreprises , et il apprit sans peine a ne compter pour rien la vie des hommes, quand I'cxecution dc ses projets en exigeait le sacrifice. Un joui-, passant sur un champ de bataille d'oii i'on n'avait pas encore releve les blesses, il exprima une vive sensibilite ; ce qui n'etait pas chez lui une chose extraordinaire, car il ne pouvait jamais voir souffrir sans montrer de la compassion. Walter Scott vante aussi le desinteressement de Bonaparte, a I'occasion des premieres campagnes d'Italie(i). Les sentimens di.ijeunevainquenr, dit-il, etaientd'une nature trop elevee pour qu'il s'abaissat a acquerir des richesses; sa carriere, a cette epoque, ni dans aucnne autre periode de sa vie , ne fut souillee par ce genre d'egoisme, le plus degradant dc tons. Voici comment I'historien apprecie la part que prit Napoleon aux discussions dans lesquelles s'tlaborait le Code civil. Mal- gre ses nondjreux travaux, il suivit assidument les seances du comite, ainsi que celles du conseil d'etat, qui fut charge de la revision des lois; et, quoiqu'on doive croire qu'il ignorait completcment la science compliquee du droit, telle etait la vivacite de son esprit caiculateur, et sa facilite d'argiimenta- tion; tel etait son talent pour gencraliser el embrasser un sujet dans son ensemble par I'inspiralion du genie et du bon sens, qu'il fut a meme de trancher plus d'une subtilite dontlesju- risconsultes de profession sont souvent embarrasses, et de briser, comme des toilcs d'araignee, des difficultes techniques (ij On voit bien que le romancier anglais ne s'esl doiinela peine de consulter aucun des militaires qui ont fait les premieres campagnes d'llalie sous Bonaparte. A'- du H. 634 SCIENCES MORALES. oil lueiaphysiqiies, qui, pour Ics honuiies de loi , avaiont une ;)ppaiTnc'o ilc sciieiises entraves. Walter Scott signale aiissi le gout do Uouajjarte pour ces monumcns publics qui rendeut un monarque populaire. Scion i'hisloricn, son esprit etait trop etendu pour chorchcr quelqne jouissance dans des objets purement personnels , ct coini qui avait fait asscz pour s'elever pendant sa vie au-dessus des aulres liommes, devnit uaturellcnicnt desirer que des monn- iiicns publics servissent a pcrpctuer son uom d age on age. En consequence , i! eiitrcprit et fit executer (juelques-uus des plus beaux travaux des sieclcs modernes : la route duSitniilon ct les bassins d'Anvers sont de gigante.sques monumeus dc son esprit public. A la connaissance des choscs, Napoleon joignait au plus haut degre celle deshommcs; est-cc done parce qu'il le? a niieux connus qu'il les estimail moins? Walter Scott vante , a cct cgard, son etonnante penetration ; il reviont plus d'une fois sur cet eloge, et il cite plusieurs circonstances ou Napoleon (I montra sa profonde connaissance des hommes par la sagacite avec laquelle il savait deeouvrir et s'attacher ceux dont les talens meritaicnt d'etre distingucs, ct qui etaient les plus ca- pablcs de lui eire utiles. « La conduite privec de Napoleon es» ici I'objet d'eloges pres- que sans restriction; il etait bon epoux, bon parent, ct , toutes les fois que la raisou d'etat n'intervenait pas, excellent frere. C'elait le meilleiu' des mailres; il avait de la douceur ct nieme quelquc chose de plus tendre encnre dans le caracterc. Aussi a~t-il exerce sur tons ceux qui I'Gnt approcbe, depuis les rois jusqu'a scs derniers domestiques, uue influence presquc jiiagiqne. Non-seulenicnl il avait le don d'inspirsr a ses soldats un enthousiasme qui les rendait capables d'executer les choses les plus incroyables, inais ses enucniis memes n'echappaient pas k cette espece de fascination qui etait une des piiissauccs dont la nature I'avait done. L'officier anglais qui le recut pri- sonnier sur sou boid a declare qu'il possedait an plus haut degre ces qualites qui seduisent mcme ceux qui sont le plus eu i SCIENCES MORALES. d'i^ i,'aicl(; coitrc la sidnction. II les possedait non-seiilfment lors- qii'il rlait comble ties faveursde la fortune, mais encore quand il fut abattu sous le poids des plus lerribles revers; et , comme le remarque Waller Scott, la puissance de son genie et I'influence qn'il pouvait exercer sur les esprits des autres ne parnrent jamais avec autant d'eclat qu'a la fatale epoque de son relonr de Russie. Toutes ces causes reuniesavaient fait de Napoleon un homme tel qu'on ne pent le comparer a nul autre; il n'exista jamais sur la terre, dit I'hisiorien, et Ton doit vivemenl espercr que la Providence ne permettra pas qu'il existe jamais un pouvoir aussietenduet aussi formidable que celui de Napoleon, pou- voir qui etait I'oeuvre de son propre genie. II ne faut done pas s'etonner que d'aulres I'aient regarde, que lui-meme se soit considere comme nn instrument que la Providence a choisi, qui ne saurait etre arrete dans sa marche, et dont les armcs sont invincibles. Cet instrument de la Providence, Walter Scott examine s'il etait legitime. Il n'a pas de peine a prouver que ce pretendii vote du pcuple francais, recueilli sur des registres, etait de toute nuliite, soit pour les citoyens qui renoncaient a leur liberie, soit pour I'empereur qui acceptait la concession. Pour les uns, il etait illegal de se depouiller de leurs droits com- niuns; pour I'autre, de faire usage dc la delegation. Assurement, cela est incontestable : Napoleon etait usurpa- teur et des libertes publiques et du trone ; mais, quant a cette derniere usurpation, s'il fallait aller rcclierchcr le titre de k'gitiuiite des princes dans le vote individuellement exprime dechacun dessujets, oiiseraient les princes legitimes? Il en etait ici de Nnpoleon, comme il en a ete de presque tous les autres souverains, fondateurs de dynastie; le consentement tacite , ^oila le plus souvent leur veritable titre; celui de Napoleon en valaitbicn d'aulres, sauf qu'il etait plus recent. Toute la discu.ssion de Walter Scott sur le titre originaire de Napoleon est bleu rcbattue, bien inutile et bien enuuyeiise; il se dounc beaucoup de peine pour prouver ce qui est vulgaire. 636 SCIENCES MORALES. Qtiant aiix droits tie I'ancicnrie dynastic, Walter Scott les tlefciid faiblement : >< Un general victorieiix, d'lin caractcre plus timide (i), d'une conscience plus scrnpulciise que Napo- leon, aiirait pn, dit-il, essayei- la restauration des Bourbons; mais Napoleon previt les difficultes qui naitraient d'une ten- tative pour concilier le rappel des emigres avec la garantie des ventes natiooales, et il conclut, avcc beaucoup de justesse, que les partis qui dechiraient la France seraient plus aise- mcnt reunis sous I'autorite d'un hommc qui etait presque entierement etranger a cliacun d'eux. >> « Arrive an pouvoir supreme, ;\ cette hauteur ou tnnt d'autrcs sont eblouis et saisis de vertige. Napoleon semblaib occuper la place pour laquclle il etait ne, et a laquelle ses eniinentes qualites, aussi bien que des succes inouis, lui don- naient, dans lous les cas, un droit incontestable. » Et plus bas : « Si Napoleon se fut arrefe la f Ic retablissement et le maintien de I'ordre, au moyen de sou elevation a I'empire), sa conduile eut ete inattaquable et inaltaquee [unblamable and unblamed), cxcepte par les plus devoues serviteurs de la maison de Bour- bon... 11 etait naturel que celui qui avait releve le trone I'oc- cupat lui-meme; en le ccdant aux Bourbons, il aurait trahi ceux des mains desquels il avait accepte le pouvoir; mais < Le ducde AVellinglon me vautbien pouria con- dnite d'lme armee, et il a sur moi I'avantage de la prudence. » Nous ne savons si en effet Napoleon a jamais rien dit de pareil; mais, dans tons les cas, lui seul pouvait faire a Wellington un scmblable compliment; el, I'univers, Walter Scott excepte, n'y verra qu'une politesse qu'ii serait par trop ridicule de prendre au serieux. C'est cepenclant au serieus que le prend AValler Scott; il appelle cela, de la part de Napoleon, de la droiture et de la franchise ; de sorte que, dans cette histoire, voila BI. Wellington, de I'aveu meme de Bonaparte, supericur an plus grand personnage mUitairc dont les annales de tons les peiiples aicnt jamais fait mention! Mais, en montrant dans tout son eclat le rival malheureux de Wellington, Walter Scott n'avail rempli que la moide de sa taehe. La part du general anglais etait faite, il fallait encore faire celle du cabinet de Londres. Il fallait justifier son ambi- tion , son avidite, son obstination a soulfler partont la guerre, ses crimes politiques, enfin le traitement odieux qu'il a fait subir au caplif detrone. Pour cela, il fallait peindre sous les plus sombres couleurs les exces coupables ou la politique a enlraine Napoleon; il fallait mettre toutcs les guerres qu'il a soutenues sur le compte de son ■'imbilion , et deguiser quelque- fois le motif reel de ses conquetes; il fallait meconnaitre ce qu'il pouvait y avoir de sagesse et de longue prevoyance dans quelques-unes de ses entreprises; montrer comme une attaque conpable ce qui n'etait peut-etre qu'ime legitime resistance, et dissimuler les avantages qui ponvaicnt resuller pour I'Europe et pour la France de systemes dont les rigoureuses consequences ne sont pas toiites imputables a Napoleon. II fallait enfin avoir recours aux fails controuves et au ton de I'hypocrisie, jusqu'i'i iuvoquer la conduite chretienne de I'Angleterre, pour justifier des vexations parfaitement inutiles, ea ne s'eu rapporlant meme qu'au temoignage de riiisloricn. C-^S SCIENCES MORALES. Certes , ce n'cst pas nous qui , plus cpie les habitans d'aucnne autre contree, avons souffert de la tyrannic tie Napoleon, qui leu juslirierons;ce n'est pas nous, a qiiisa t;loireacoutc sichcr, qui voulons Ten absoudre; nous somnies amis de la liberie et de la patrie : c'est dire assez qu'on peut nous compter parmi lej adversaircs de Napoleon j niais nous souimes aussi amis de la justice, et nous n'avons pas appris a la separer des iutercts du palriotisme et des doctrines de la liberie. S'il nous etait posiiible dc rccueillir el de rassemblcr ici toutes les accusations, tons les reproches dissc-mines avec profusion dans les neuf volumes de celte hisloire, nous n'aurions pas de peine ^ montrer combien, snr une esquisse quelqucfois assez (idele, le peintre a passe de teintes forcees et de fausses couleurs. Parmi les traits les plus exacts du portrait trace par Walter Scott, nous avons remarque ce qu'il dit de I'egoisme qui faisait ie fonddu caractere de Napoleon. <^ C'est a ce principe d'egoismc en politique, dit avec raison "Walter Scott, qu'il faut rapporter U!ie grande partie de ses succes, aussi bien que de scs itifor- tunes, et presque tous ses crimes poliliques... Toutefois, I'e- goisme n'avait pas chez Napoleon ce caractere odieux et me- prisable qu'il a d'ordinaire dans la vie privee; il etait d'une nature beaucoup plus noble et pluselevee, quoique fonde sur des motifs semblables. « Walter Scott a consacre quelqucs pages de la conclusion de son hisloire au developpement de cetle idee,et il a mis dans celte minulieuse analyse dun des traits caracteristiques dc son heros au^ant de justice que de sagacite (i). (i) L'historien avail deja dit, a I'occasion de I'elevaUon de Napo- leon a I'einpire ; « L'ego'istne qui embrasse tout un royaume est d'une nature si liberale, .si vaste , si epuree , qu'il ressemble beaucoup nu palriotisme. » ( Tom. v, ch. 7. ) Et ici , il faut avouer que s'il y a quelque verite , il y a aussi beaucoup d'indulgence dans la pensee de Walter Scott; assurement, il songeait , en ecriv ant celte phrase , a I'egoisme du gouvernement anglais ; c'est une finesse d'avocat , il de- fci)d d'une nianirre indirecte ce qu'il eviie d'accuser ouvf rtenient. SCIENCES MORALES. Gig Mais, pour queUjuos pages marquees an coin cl'une sincere impartiaiito , comhieii d'auties on pom rait citer dont I'impar- lialile affectec porte Ic caractere tie la conliainle, combicn dans lesqiielies I'aiiteur semble prendre plaisir u se dedommagcr, par Ics accusations injnstes, les insinuations calomnieuses, lesrepro- ches adressf's avecd'autantplus de violence qu'on a laconscience de les n)erilor soi-menie! Plus Napoleon etait un homnie extiaordiuaiie, et plus I'his- toire doit hii demander un comple rigide de ces nicrveilleuses qualites dont la nature I'avait done. Aussi, Ton saurait gre i Walter Scott d'avoir cte severe a son egard , d'avoir stigmatise sans pitie I'ambition, le manque de foi, la craaute, qui ont terni quelquefois un dcs plus grands genies qui aient paru parmi les hommes, si Ton pouvait supposer que ces reproches parti^seut d'une ame profondement juste, et enflammee dune sainte colore contre la tyrannic. Mais, lorsqu'on voit ce meme historien justifier I'ambition quand elle est auglaise, vantcr les oppresseurs quand ils oppriment au profit de I'Angleterre, applaudir a la perfidie quand elle detruit ceux que les Anglais peuvent redouter, alors, au lieu du respect qu'inspire toujours un juge consciencieux et impartial , on n'eprouve plus que cette indignation due au prevaricateur. Un patriotisuie etroit et une conscience large, voila le carac- tere distinclif de I'historien; il a des principes particulicrs, une raisonet une morale particulieres pour apprecier Ics hommes et les choses de son pays. Non-seulement il justifie le cabinet anglais dans lout ce qu'ii a fait de plus odieux, de plus im- moral; non-seulcmeal ilose vanter Castlereagli connneun grand homme et son systeme comnje une vertueuse politique; mais encore il cherche constammeut, excepte dans de rares cir- constances, a etablir en faveur de I'Angleterre la superiorite de justice, de raison , de genie, de puissance. A cet egard, la naivete de son obstination, I'intrepidite de son amour-propre , sont vraiment curieuses. Et Ton con^oit bien que ce n'est pas sculement un homme qu'il sacriiie a I'Angleterre; cesonl encore les autres nations, c'est en parliculier la France. 64o SCIENCES MORALES. Ilfaudrait un livre pourmontrer comlyen le profondegnismc naiioiial de I'hislorieii anglais est fecond et vnric dans sos developpemens; nous allons laclier d'en donner unc idee en quelques pages. C'cst, nous le croyons, le meilleur moyen de faiie appiecier cette composition historique; car c'est li que se trouve le principe de la plupart des defauts qu'on y a re- marques, et dont Walter Scott aurait ete garanti, par son ta- lent, sil ne se fut pas fait I'esclave de ce patriotisme aveugle et mesquin. Nous ne nous arreterons pas a relevcr lout ce qu'il y a de faux ou d'exagere dans les rapprochemens que fait I'liistorien entre les mceurs des deux nations, Icur legislation, leurs ar- mees, etc. Les prejuges nationaux peuvent excuser bicn des choses; mais, lorsqu'ils s'egarent jusqu'i outrager la morale publique, il n'est plus perinis de les tolerer; et laissant de moindies considerations, nous devons signaler ce vice capital de I'ouvrage que nous examinons. On se souvient de Copenhague; le cri d'une indignation unanime s'eieva chez tous les peuples de I'Europe a la nouvelle de ce grand attentat. En pieine paix , I'Angleterre fait penetrer dans les Belts un armement considerable ; elle declare au prince de Danemark qu'il faut qu'il lui remette sur-le- champ sa flotte avec loutes ses munitions maritimes, et sans meme attendre le refus formel du prince, Copenhague est attaquee etbombardee pendant trois jours : une grandc partie de la ville deviont la proie d'un incendie que Walter Scott nomme epouvantahle [dreadful]; beaucoup de families' son t ruiuees, plusieurs milliers d'habitans sont massacres; et les Anglais emmenent pour trophees de cette sanglante et facile victoire les vaisscaux danois , et un grand nombre de transports charges d'un mate- riel considerable. C'est la que Wellington, connu alors dans rinde sous le nom de sir Arthur Wellesley, fit en Europe ses premieres amies. Eh bion! cctle infame trahison, cette violation criante du droit des gens et des lois de I'huinanite, Walter Scott la jus- tifie; il la celebre comme un grand exernple d'habilete, comme A SCIENCES MORALES. 641 le signal da leveil de la politi(jue anglaise. " Les premiers symplomes de ce changemeut dans la conduite du cabinet an- glais, dit-il, eclaterent dans la fameiise expedition de Copen- liague , laqiielle manifesta line energic et una determination que Ton ne voyait plus depuis qtielque terns dans les operations mililaires de la Grande-Brelagiie sur le continent... En ne con- siderant que les relations ordinaires entre les nations, la pre- tention de la Graude-Bretagne a I'egard du Danemark aurait ete severe e{. impossible a justifier. Mais la justification sortait 6e% circonstances particuliercs de I'epoque. La situation de I'An- gleterre etait celle d'un individu qui, menace de I'approche des forces superieures d'un cnncmi rnortel, voil tout pres de lui un homme arnie dont il a droit de se metier, parce qu'il le croit engage contre lui dans une alliance a laquelie il a deja accede deux fois. Dans ce cas, Findividu menace aurait droit de contraindre I'homme dont il se mcfie a s'expliquer, et menie de le desarmer, s'il a la force de le fairc, et de retenir ses armes comme un gage de sa neutralile. » Walter Scott devait ajoufer, pour rendre la comparaison complete : « De s'approcher de lui en traitre et de le tuer, s'il refuse de se laisser desarmer. » Si le principe que pose ici Waiter Sott est admis , ragression de Bonaparte contre I'Espagnc, cette agression qui sera a jamais, en France, une taclie a sa memoire, est pleincment juslifiee aux yeux de la politique anglaise. Napoleon avait les plus fortes raisons de se delier de I'Espagne ; tandis qu'il etait occupe contre la Prusse, des troupes espagnoles avaient ete rassemblees sous les armes, .une proclamation avait declare la patrieen danger, el fait un appel manifestement dirige contre la France. Celle-ci avait done le droit de desarmer cette puis- sance, dont elle se mefiait a juste titre, et de retenir ses amies comme un gage de sa neutralite. Voila la politique de Walter Scott, voila la consequence rigoureuse de ses odieux priitcipes. mais il ue perinet qu'aux Anglais d'en fairc usage ; ct en menie terns qu'il revele les griefs de la France contre I'Espagne, il nomme I'cntreprise de Napoleon « une trahison sans exemple dans les annales de I'Europe. « Nous avons le droit de la fletric T. XXXVI. — Deccmhrc 1 827. |^ i G/,» SCIENCES MORALES, ainsi; AVallcr Scott ne I'a plus; il faiit (ju'il se taise, ain»i que le cabinet dont il s'esl fait I'ajjologiste; ceiix qui, en pleine paix, out coule bas Ics galiions espagnols, ceux qui (Hit hrule Copenhaguc et les vai^seaux danois, ceux -la sc seraieul empares de I'Espagne et dn Danemark , s'ils en eussont ou le pouvoir. Cet exeniple , qui met dans tout leur jour les principes de Walter Scott, men lie en menic terns assez bien quelle est sa inaniere habituelle de raisonner ; des que les raisons lui niau- queiit, il a recotirs aux comparaisons , et Ton voit avec quelle admirable justesse il les applique. 11 resultc de cette incroyable argumentalion que la morale des cabinets doit etre seuple et variable comme les circonstances , et que la regie de leur con- diiite, dictee par le seul interct, est tout-a-fait indepcn- daute du droit. Si cetle argumentation est exacte, il n'y a pt esque pas de crimes politiqucs qui ne puissent etre comniis le front leve, et avec la justification en main ; il faut franche- nient mettre de cole tout sentiment du juste et de I'injuste, disculer seulement I'utile, et Ton verra alors ou Ton ira. Le raisonnement de Waiter Scott est I'excuse universelle de tous les crimes jjolitiqucs commis ou a commettre; car il n'en est aucun, excepte ceux des lyrans imbecillcs, qui n'ait pour prin- cipe quelque raison d'utilite. Walter Scott le salt bien, mais ici il I'oublie k dcssein; il s'en sonviendra tout a I'heure, lors- qu'a I'occasion de Bonaparte qui justiQait son despolisme par lii nccessite clcs circonstances, il dira : « Ces necessites d'etat sont I'excuse ordinaire des tyrans qui cherchcnt ainsi a en imposer a eux-memes et aux autres (i). « "\V'alter Scott a la bonte de pardonner au prince de Dane- mark sa resistance contre les Anglais : « Cependant, dit-il, il est impossible de bldmer un honune d'honneur et done de sen- timrns eleves, pour avoir fait, dans ce cas, la meilleure df'fense (i)Tom. vi, cli.ip. a; ce cliapitre suit immediatement celiii o^ Walter Scott jiistifie rinceiulic de Coiienhague. SCIENCES MORALES. 64? qui lui ctait possible. • 11 pousse I'oiibU do loiitc pndonr jusqii'a vanter Xhumanite de I'Angletene dans rimmensit^ des preparatifs faits pour cette expedition, lont en avouant qii'il y ourait eii quelquc chose d'ignominieux de la part du prince danois a livrer sa flotfe sur la menace des Anglais. II y a dxiiis tout cela un cynisme de maiivaise foi, une effron- lerie d'immoralite qui coiitriste lo Iccteur. Et pour achever, Walter Scott s'ctonne que Bonaparte se soit plaint, dans le Moniteur, d'line chose si naturelle, d'un evenement si simple! « La violation de la paix et du droit des gens , dit-il , fut se- rleuscinent imputee a la Grande-Brctagne, comme un crime irremissible, par celui qui ne souffrit jamais que sa propru parole on la bonne foi ordinairement observee parmi les na- tions fut un obstacle ^ ses desirsou ;\ ses iuterets. a Voila done votre veritable pcnsee; vous etes oblige, pour vous juslifier, d'invoquer I'exemple d'un homme qui a man- que a la foi des traites; mais comment osez-vous legitimerchez vous ce que vous inculpez chez lui.' D'ailleurs, qui ne com- prcnd que, si de pareils principos n'ont riend'etonnant de la part d'un politique qui, s'etatit monlre pen scrupuleux, ne preclic visiblement que la moiale qui lui est utile, ils sont odieux dcins un liistorien qui doit se tenir au-dessus de la morale des interets, et se depouiller du )>andeau des passions? Dans de telles questions, Napoleon elait avocat de sa propre cause; Walter Scott esl juge 47 rile edt cotitiniiti, dit Walter Scott, « si Bonapaite cut voulii ja iiiainteiiii'. » (T. v, cli. i*"'.) Notre historien a la momoirc courtc; il oublio que, clans lo tiernier chapitre du volume precodcut, il avait avoue que la paix n'avait etc faite par les Anj;lais qu'« cnntre cccur [nmvillin- §•/>-}, par niaiiiere iV experience, etqn'cllc dovait etre considc'ree cotnme aussi pn'eaire qiCunc treve arinee. Son aigimifntalioii i'l ce sujet trahit Tenibarras ou il est dc jnstilier ettte rupture; elle prouve que la paix avait ete faite dans I'intention de la violer en terns opportiui , et que I'Angleterre s'etait pre- paree de longue main a cette violation. Sans refuser forir.clle- ment d'accomplir les c'onditions, elle ne montrait aiicunc promptitude a. les execnter, et elle s'obslinaita garder les prin- cipales possessions qui n'etait'nt restees dans ses mains que sous la condition exprcsse de les restituer. «Devant un tribunal ordinaire, dit Walter Scott, I'Angleterre cut etc obligee de remplir ses cngagemens; devant une cour d'equite, eile avait de bonnes raisons pour s'y soustraire , dans son intcret comme dans celuiele l'Europe.» (T. v, cli. 2.) Dans son interet, cela est vrai; car I'une des conditions etait la restitution aux Hollandais du cap de Boiine-Esperance, et Walter Scott dit ailieurs(t. vi, ch. i*'') : « Cette possession est d'une si grande importance pour notre commerce dans I'lnde, que nous espe- rons bien ne jamais la rendre a Ven/iemi (i).« Mais I'interet de I'Europe n'est pas pins facile a apercevoir ici que celte eqtii'e cpii autorise les Anglais a manqtier aux conditions for- niellcs d'un traite. Malte est une autre possession qu'ils ont gardee au meme titre. Qu'un cabinet se souille de pareils man- quemens de foi, cela s'est vu trop souvent pour qu'on s'cn etonne; mais qu'un historien s'en declare ouvertement le pa- negyriste, c'est une honte dans laqucUe notre auteur a pen de rivaiix. (i) L'expression est remarquable; il ne s'agit pas de la France dans celte phrase, mais tout ce cpii n'est pas Anglais est eimenii, aux yeux de Waiter Scott. 6!i8 SCIENCES MORALES. Cclte cpoque do la lutte cntre Napoleon ct le cabinet an- glais est (ligne d'unc graiidf alleiifion; car la poliliqiio anglaisc s'y montrc plus qiraiiieurs pciit-ctie sons son veritable jour, et le recit de riiistoricn y devoile aiissi plus ouvertement son peu do bonne foi. Aussi est-ce un chapilre bien important, sous ce double rapport, que celui ou AValtcr Scott expose les conferences de Napoleon et de lord Wilhworth, et les cir- constances de la rupture de la paix d'Amiens. Nous devons nous y arrcter encore un instant. « Le rt'sultat do ces conferences, dit I'auteur (t. v, cli. 2), decida du deslin de Bon.nparte et de celui du monde.» Quoi- qu'en general Walter Scott ait en politique unc vue bien courte et sans aucune portee , il est impossible qu'il n'ait pas compris que ces conferences n'ont reoilemenl rion decide, et que, long-tems avanl, la guerre otait resolue de la part de I'Angle- terre. C'cst la un fait sinotoire, que la discussion a laquelle il a I'air de se livrer scrieusement deviont tout-a-fait ridicule; it ne pent esperer de faire prendre le change a personue. C'est seulement unc occasion pour lui de declarer que, dans sa lutte avec la France, I'Angleterre n'a jiimais voulu quo le honhcnr et Yiiuh'pcndaiicc dos peoples ; Walter Scoft sous-enlcnd et le mo- nopole du commerce. Les griefs contre la France etaient si frivoles que les minislres anglais n'oserent les articuler; ils mirerit en avant des pretexles, et Ae% prctexlcs faux [simulated grounds); I'historien est force^de I'avouer. Nous avons dit que I'une des raisons veritablcs du refus que faisaientles Anglais d'exccuter le traile, c'est qu'ils voulaient garder Malte qu'ils s'etaient forniolleiiient engages a restituer. " La conservation de cette fortcresse par les Anglais, dit Walter Scott, n'avait rion qui dut alarmer la France... tandis que dans les mains d'une puis- sance neutre elle etait un sujet d'inquietude reelle pour TAn- gleterre, qui regardait Malte comme im premier pas vers une nouvelle conquete d'Egypte. » Mais cette raison exislait, lors- que I'Angleterre s'etait obligee a rcslituer Malte; elle s'enga- geait done liuiquement pour gagner du lems, et avec la re- solution tacite de violcr son engagement L'Angleterre ne SCIENCES MORALES. .649 craignait plus, en iSi/j, line nouvelle conqiicle d'Egyptc par la France; et ccponcUiiit cllc a garde Malte. C'est qn'eii 1814, commecn i8o3, I'Angletcrre elait avide, ambitioiiso, et voidait a tout prix elendre sur la Mediterranee I'empire qu'elle alfec- tait sur I'Ocean. Dire que la possession de Malte par les An- glais etaitiinc garantie necessaire contre line nouvelle conquete de I'Egypte, lorsque la France n'avait pas un vaisscau, etqiie I'armee anguuse possedait Alexandiie , ce sont lade ccs clioscs qu'on met dans des notes diplomaliques, mais qu'un historien n'ecrit pas quand il se respecte et qiiand 11 espere etro Id par des hommes de sens. Dans toute cctte discussion, la mauvaise foi de I'historien estiusigne, comme ctait celle du cabinet qu'il defend. Les raisons de la ruplurede la paix etaientla perfidie du cabinet qui I'avait souscrite , et le projet meditc de s'empa- rer , sans declaration prealable et sans coup fcrir , de nos expe- ditions maritimcs ct de r.os etablissemens colouiaux mal prepa- res a une attaque. Walter Scott, qui no peut prouver que la France eut des raisons pour romprela paix, et qui n'ose articu- ler hautemenl celles de I'Angletcrre, dit qu'il n'y avait pas de cause de guerre bleu determinee ( no special or determinate cause of quarrel), et 11 est ici en contradiction avec les faits et avec son propre recit; mals jc ne sals par quelle distraclion il avoue le coup-de-main sur les etabllssemcns qu'on venait dc rendre a la France, ainsi que sur ceux qu'on ne lui avail pas encore pris; etdepeur que nous ne nous trompions surle sens de la pensee et de I'acte de la politique anglaise, il ecrit en francais le mot coup-dc-niniii. ( T. v , chap. !\ ). Tout acte de mauvaise foi qui peut profiter a I'Anglelerrc est sur de trouver dans celte histoire iiue mention favorable. Ainsi, la Russie prend-elie ses niesures pour eludcr les enga- gemens qu'elle a contracles, et pour trahir sous main la foi des traites, Walter Scott admire I'adresse rcmarquahle avec lacjuelle etait redige I'ukase du 3i decembre 1810, (\\\\favorisait reelle- vient rimporlatiou des marchandises anglaises, tandls que Ie» tcrnies semblaient en cnnfirmer Vexclttsion. On sait que, pendant la canipagne de Russie, le corps au- / G5o SCIENCES MORALES. trichicn coiiifii iiitlt* par Schwaizonboig iic donna point ii I'ar- nice francaisf I'assistancc qn'il liii devait, aiix tcrmes dcs conventions; niais la condiiite qu'il tint, apres les dcsastrrs de Moscou, fut line veritable trahison , puis(iue I'alliance offen- sive et defensive cntre I'Autrichc et la France existait encore. Walter Scott n'y voit qu'une preuvc de rhinnanile du general autrichlcn qui se hata de conchire avec la Rnssie un armistice dont les conditions portaicnt qu'ils feraient toujours mine de se b.^ltre, mais qu'ils ne se ballraient pas en effet, et se coii- tenteraient de inanoeiwrer conirne a unc partie d'ccliccs. Malgre I'approbation que donne I'historicn a cettc violation d'lin acte entre souverains, le mot ilie defection lui echappe :;n pen plus loin a lui-meme. Une autre defection phis eclatanle , mais qui du moiiis ne fut pas souillee d'liypocrisie, ce fut celle du general prussien York; malgre les traites qui unissaieut encore la Prusse a la France, Waiter Scoit decide que cette violation d'alliaiice fut hono- rable, quoique ce general se fut ^-carte de la lettre des ordres de son roi (t. vii, p. /|38); et nous notons cette expression conime un des nombreux exemples de celtQ supercherie de mots par laquelle Walter Scott veut nous faire prendre le change sur les choses ; il appelle s'ecartcr dc la lettre d'lin ordre agir d'une maniere diametralement opposee a cet ordre. Mais I'immoralite politique de Waller Scott est telle qu'il se montre encore tout dispose a faire bon marche des principes , meme quand I'Angleterre n'a rien a y gagner; ainsi il excuse de son niieiix I'empereur Alexandre d'avoir recu, en 1807, la province de Bialystock des mains de Napoleon, et de s'etre enrichi des depouilles dc son allie malhenreux (t. v, p., k^o). II est vrai que Walter Scott voit le moment oii Alexandre va devenir I'ami de I'Angleterre; long-terns auparavant , il n'avait pas montre la meme indulgence pour I'empereur d'Autriche , lorsqu'au sujet de Venise et a I'occasion du traite de Canipo- Formio il disait : « Telle est la reconnaissance des nations, telle est, la bonne foi des poUliques, que I'Autriche parait n'a voir concu aucun scrupule de profiler des depouilles d'lm allie qui SCIENCES MORALES. 65 1 avail recu , pour la defense de sa cause, une inoileHe bles- sure. » f T. iii, p. 874. ) Waller Scott traite avec boaucoii|) de mepris Paul , empereur de Russie, parce qu'il s'elait declare ami c/iaud de la France, et ctait entre dans la ligue dont le but etait de garantir la liberie des mers , et de refuser a I'Angleterre le droit de visite qu'elle s'arrogeait, droit de brigand, qui consiste, selon la propre definition de Walter Scott, « a arrcter les vaisseaux neutres ou amis, et a leur enlever toute propriete appartenant i I'enneini. u Les publicistes digues de quelque estinie ont tou- jours borne ce droit ii la saisie de la contrebande de guerre, lis comprenaient Inen (pte le systeme soulenu aujourd'hui par Walter Scott est uiie veritable piraterie. Une fois que ce principe serait reconnu, toute puissance aurait droit d'aller chez son voisin , en pleine paix, prendre ce qui appartiendrait aux sujets d'tiue tierce puissance avec laquelle la premiere serait en guerre; car il tonibe sous le sens qu'un pareil droit ne pent pas etre ua privilege maritime ; un vaisseau neufre est ini pays neutre. C'est ce qu'avait bien compris Napoleon, lorsqu'il enlevait et delruisait ks marchandises anglaises par- lout ou il avail acces. C'etait un attentat jjolilique contre lequel Waller Scott se dechainc violemmeut, ce qui n'cnipeche pas que la conduite de Napoleon ne fut qu'une imitation rigoureu- .seraent exacte de celle du cabinet britannique. Si un traite pour le retour de I'armee fran^aise d'Egypte esl conclu et viole paries Anglais, I'historien donne cette explica- tion sans le moindre signe de reproche. « 'Le pretexle fut que le pleuipotentiaire anglais avail depasse ses pouvoirs; les vrais motifs etaient les succes reeens de Suwarow et la crainle des soldats de Kleber. \> II est difficile de fournir une preuve plus naive de duplicite. L'occupalion du Hanovre par les troupes fran^aises est un grand sujet de colere pour Walter Scott; cet opiniatre adver- saire du droit des neutres, quand I'Angleterre trouve commode de le violer, invoque hautement la ncutralite en faveur d'une possession du roi d'Anglelerre, au moment ou ce roi fait a la France une guerre a morf ! II invoque le vicux droit germa- 65a SCIENCES MORALES, iiique qui ]>rcscntait luie fiction favorable a la Grande-Bretagne , en nc considt'iant le ini d'Ani^let'-rrc, cMecteiir de llanovrc, que con'inie nn prince alleniaiid. Noire auteor se serait bien iiioqne d'line telle fiction, si Ton se fut avise d'cn faiie un argu- ment centre Ic cabinet britanniquc. Walter Scott rcproche a Napoleon d'avoir manque de respect pour les droits des gouvernemens ct pour I'ordre social etabli) en cherchant a tirer avantage des dissensions civiles qui agi- taient les nations avec lesqnelles il clalt en guerre, et en ap- ]}uyant on excitant cLez elles des invurrertions (T. vi , p. 364 et 366. ) C'est la un crime pour Bonaparte; pour TAiigic- terre, ce n'est plus que de la poUtifjuc naturcllc [natural policy, f. V, p. io5). «La paix d'Amiens etant rompue, dit Walter Scott, le gouvernement britanniquc, se conformiint aux prin- cipes sitions originales, n'exis- lent pas pour le traducteur. Tel est le bonbeur de sa position que les riantes superstitions de I'antiqnite sont pour lui encore (i)Paiis, 1828; Dondey-Dupre. i vol. in-i8, papier velin , de vij et aSo pages ; prix, 4 fr. 5o c. , avec vignettes et gravure. — Voy. le compte que nous avons rendu ides deux premieres editions , Ret, Enc. , t. XXXII , J). 778 et t. xxxiii , p. 248. LITTERATURE. 65.) ■vivantes; et, tandis que nos autres poetes, luttant peniblement centre les inconveniens d'line croyance rigide et tout emprcinte de spiritiialisme, n'ont potir animcr leiirspaysagcsqiiela vierjj;e du rocher et I'ange de la solitude, il voit la nature encore peuplee des dieux passionnes de I'Olympe et du Menale ; il a encore pour patrons Apollon et Ics Muses, Telles sont, en partie , les causes du succes eclafant qu'ob- tinreat des leur apparition les Amours viythologiqucs , et M. de Pongerville le rcconnait lui-ineme dans sa preface, qu'il ter- mine par cette remarque : « Les siecles ont change ou modifie toules les croyances; la niythologie est encore la religion des arts. » Reconnaissons , a notre tour, qu'une mine si epuisee ne pent plus etre exploitee avec succes que par un grand talent; et pour reussir en tradoisant Ovide , il ne fallalt pas seulement reproduire avec elegance les beautes de cet ingenieux ecrivain, il fallait encore laisser loiu derriere soi la version estimable qu'en a falte Desaintange. A la verite, Desaintange n'etait pas un grand poete. Les tableaux les plus animes ont peine a echauffer sa verve; les plus hrillantes descriptions I'excitent rarement ^ dooner de I'eclat a son coloris; aucun mot, aucun tour ne parait trop prosaique a sa perfide fidelite. Mais, a force de travail et d'exactitude, il reussit assez bien dans les passages qui exigent moins de luxe poetique, tels que les re- flexions de I'auteur et les discours des personnages. Or, dans ces passages m«me, il est bien rare que M. de Pongerville ne lui soit pas tres-superieur. Nos lecteurs voudraient sans doute voir comparer ici les deux traductions. Limites par I'espace, nous ne pouvons leur en offrir que quelques morceyux fort courts. lis suffiront, j'espere , pour confirmer le jugement que nous venous de porter. Voici la course d'Atalante et d'Hippomene, d'apres Desaintange ; c'est Venus qui en fait le recit : Mais la trompelte sonne : ils partent , et leurs pas Effleureiit la carri^re , el ne la touchent pas. Leurs pieds sans se mouiller auraient eburu sur I'onde. lis auraient, sans courber leur clievelure blonde, 4*. 66o LITTtRATURE. Glissesur les epis , ou sur la gerbe en fleui. Hippomene a pour lui la publiqne faVeur. On lulcrie : Avaiicez, qu'un beau feu vous enflamme. Courage ! vous vaincrez. Dans ie fond de son Anie Peut-^tre aurant que lui desirant son succes , Atalante du peuple approuve les souhaits. Que de fois Irop legere elle liesite et s'arrete ! Que de fois pour le voir elle tourne la t^ic ! Hippomene, deja de fatigue aocable , Commence a perdre haleine et, de crainte trouble, Se voit bieu loin encor du ternie de la lice. En ce pressaut danger, il use d'artifice , Et lance dans I'arene une de» ponimes d'or. Atalante s'etonne, admire ce tresor, S'arrdte , se detourne , et saisit I'or qui roule. II la laisse en arri^re , et tout le cirque en foule, En poussant mille cris , I'anime et I'applaudit. Mais, regagnant bientot le terns qu'elle perdit , La nymphe aux pieds legers prend sa course et le passe. II jelte un second fruit; elle y court, le ramasse, Revole et le devance. On approchait du but. Toi qui m'as fait ces dons , Venus , sois mon salut , Dit-il, et bien loin d'elle, a travers la caniere , II roule obliquemeut une poinme dernitre. Atalante incertaine hesile a la saisir. Je vois son enibarras; j'excite son desir; Et ie rends dans ses mains la pomnie plus pesanle. Le poids et le detour, tout relarde Atalante , Et, couronne par mol du myrte le plus doux , Hippomene triomphe et devient son epoux. icoutons maintenant M. de Pongerville: Mais deja dans les airs sonne I'airaiii fatal. Atalante, Hippomene, attentifs au signal , Volent... D'un pas leger ils effleurenl Taiene. lis pourraient d'un pied sec des mers francliir la plaine Ou, desjeunes moissons rasant les verts tapis , Courir sans les courber sur leurs mouvans epis. La foule emerveillee encourage Hippomene : 1 Poursuis; presse tes pas; ta victoire est certaine. » LITTER A.TURE. 66 1 Du public int6r(;t peut-^tre en ce moment Afalante est flattce , autant que son amant. Quede fois, redoutant un triomphe perfide, Elle veut moderer son essor trop rapide ! Que de fois , pour le voir se tournant en secret, Timide , elle reprend sa course avec regret.' Hippomene lasse n'exhalait plus qu'a peine De son sein haletant une brulante haleine. Cependant il est loin du terme souhaite ; Mais u:i des fruits brillans sur le sable est jete; II reientit et roule... Atalante s'elance , L'admire , le saislt... son amant la devance. Tout le peuple applaudit , et de ces oris joyeux Le murmure confus s'eleve vers le« cieux. Atalante aussitut dans la lice est rentree. La perte d'un moment est deja reparee. Hippomfene vaincu lance un second fruit d'or. Elle y court, s'en empare, et le devance encor. « Venus , protege-moi ! » crie alors Hippomene , Et son dernier fruit roule en traversant Tar^ne. Atalante incertaine hesitea le saisir. ( On approcliait du but. ) J'excite son desir. Elle cfede, poursuit la pomme bondissante. La pomme est dans sa main ; je la rends plus pesante. Pour suivre leur vitesse enCn dans mes recits, D'Hippomene vainqueur Atalante est le prix. Quelle difference entre ces deux morceaux ! Combien celui de M. de Pongerville I'emporte par le mouvement, la grace et la legerete! Qui oserait comparer ces vers pleins d'ele- gatice , lis pourraient d'un pied sec des mers franchir la plaine , etc. a des vers tels que ceiix-ci : Lcurs pieds sans se mouiller auraient couru sur I'onde, etc. Autant il y a de vivacite dans ces acclamations , Poursuis , presse tes pas , ta victoire est cerlaine ! 66a LITTERATURE. autant il y a de pesanteur et de gaiicheric dans celles-ci : Avancez ! qu'un beau feu vous eiiflamme. Courage! vous vaiiicrez. M. de Pongervllle n'est pas moins supericiir a son devaiiciei dans ces passages : II retentit et roule... Atalante s'elance , L'admire, lesaisit... Et plus loin : EUey court, 8*611 empare et le devance encor. II y a loin de cette rapidite imitative a Tallure de I'ancien tta- ducteur! Un seul trait roe semble regrettable dans sa version : I'or qui roule , qui rend assez heureusement Xaurum volubilc d'Ovide. La description qui va suivre a une couleur bieti differenle. C'est Teree mutilaut Philoniele. Desaintange s'exprime ainsi : Le coupable , agite des horreurs de son crime , Saisit par les cheveux rinnoceiite victirae , Lui tord les bras , I'enchaine et tire un coulelas. Elle lui tend la gorge et ue rcsiste pas; Elle esp6re la mort ; mais ce tigre farouche , Pour etoufferles cris qu'exhale encor sa bonche, Dans un transport de rage et de crainte a la fois , Saisit dans son gosier I'orgaue de sa voix : Sa langue est arrachee. Elle tombe et palpite Mutile par le fer, tel un serpent s'agite. II fit plus , il osa, bourreau dans ses plaisirs, Sur sa victime encore assouvir ses desirs. Desaintange, dans ce morceau, seixible avoir ete entraine par I'energie et la vigueur de son modele. II y a dans sa version de la chalcur et du oiouvenient. Mais combien ici encore M. de Pongerville lui est superieur : De Teree a ces mots la rage se ranime. Par les cheveux epars il saisit sa victiuie ^ LITTfiRATURE. 663 Tire un glaive , en fureur lui tord ses faibles bras. Elle lui tend la gorge, espfere le trepas. Aux reproches sanglans que sa douleur proftre, Sa langue libre encor joint le doux nom de p6re. Le barbare la tranche , et de sang dcgoiittant, Le troncon vi\ant crie et tonibe en palpitant. Tel le corps d'un serpent mutile sur I'arfene, Vers sa t^te en mourant se replie et se traine. Le monstre... Ah ! qui croira tant de perversites? Le monstre goute encor d'horribies voluptds. C'est ici que Ton reconnait toute la distance qui separe le versilicateur du poete : I'un satisfait I'esprilpar I'energie de la description; I'autre fait fremir tous les sens de I'atrocite dn Crime. Je m'abstiens de comparer les details des deux traduc- tions ; le lecteur jugera sans peine combien la derniere est 5 la fois plus claire et plus poetique ; et il me saura gre de eonsacrer I'espace qui me reste a la citation d'un troisieme fragment des Amours mjthologiqnes. Je Temprunterai a cette meme fable de Philomele. Le poete vient de peindre cette infortunee delivree par sa soeur et couduite au palais de Teree sous le costume d'une bacchante. La donleur est, captive en sa bouche muette; Mais un geste eloquent est son vif interpr6le. De courroux transport^e et d'un front menacant : ■ Des pleurs ! lui dit Progne. Des pleurs ! il faut du sang. Prenons le fer, la flamme. Au crime je suls pr^te. Vengeance ! diit la foudre eclater sur ma idte ! Embrase par mes mains , ce palais croulera. Sous ses brulans debris le tyran perira. Mais plutot, je voudrais le massacrer moi-m^me , De ses yeux arraches souiller son diademe, Eteindre dans son sang un execrable amour, Sur ses membres brises m'acharner tour a tour, Et par mil'e tourmens dechirant le parjure, De son corps en lambeaux chasser son ame impure. Je medlte un grand crime et j'ignore , 6 ma scBur, Quel crime assonvira mon immense fureur. » 66/, UlTERATURE. Itys , le jcune Itys acrourait vers sa m^re. Cet aspect hi; suffit. « Qu'il rcssemble a son pfrif ! . Elle se tail, sur lui jelte uu regard cruel... Le forfait est concu dajis son coeur criminel. Je m'arrele ici avec regret. Tant dc beautes dc genres s» divers prouvent la flexibilite du talent de M. de Pongerville. Conduit par I'analogie des sujets, il a reiini dans les Jmours mythologiques , la partie la plus dramalique des Metamorphoses. II depend maintenant de lui de reproduire en entier ce bean poeme d'une maniere digue des grands maitres dont il suit les Iraces. Qu'il continue avec courage une entreprise si heureuse- ment commencee, ef. la France, dont les suffrages unanimes onl etc le prix de sa belle tradiiction de Lucrece , placera avec joie parmi les talens dont elle s'honore Ic plus celni qui lui -auva «Ieve ce nouveau monument litteraire. Chauvet. CoMfEDiE, etc — Co-yiijii-ESi\eM.Jlbert NoTA.Dixieme edition (i). Les Ita/ica«, riches dans tons les genres de litteraturc, vou- lurenl ai'ssi sc distinguer dans le genre comique. Quoique la plupart de leurs poetes du xvi® siecle se fussent contentes d'imiter Piaute et Terence , comme ceux-ci avaicnt jadis imite Diphylus, ApoUodore et Menandre; parmi ces nom- breuses iiiiitations, on retrouvc, des cette epoque, nn grand nombre de comedies qui presentent un interet assez neuf pour etre regardees comme origiuales. Il en est qui unissent le comique de caractere et de situation au comique d'intrigne, et dans Icsquelles on pent louer la vivacite du dialogue el I'a- propos des saillies. On a meme quelquefois applaudi sur la scene italienne des traits pitpians, diiiges centre les personnes et les classes les plus considerres de la societe, et dont la har- (i) Milan, iSafi ; G. Silvestri. 2 vol.in-12, avecle portrait dc I'au- leur. LITTERATURE. GGf) diesse, nialgre la difference des terns et des moeurs, rappelait lamaniere et presque la licence d'Aristophane. Enfin, tout en adoptant les formes sous lesquelles la comedie s'etait deja montree dans ses plus beaux jours parmi les anciens , plusieurs des poetes comiques italiens eurent le talent de les approprier aux gouts et aux opinions de leur siecle et de leur nation. lis prenaient souvent dans la chronique scandaleuse du jour les caracteres, les anecdotes et les ridicules dont la peinture aniu- sait et interessait leurs compatriotes. Nous rappellerons, k I'appui de ce que nous venous d'avancer, diverses comedies du xvi* siecle, celles de Cecchi, du Lasca, de Bentivoglio, de Francois d'Ambra, de I'Aretin. etc. Toutes ces pieces avaient deja ete devancees par les comedies de I'Arioste, par la Colandria dti cardinal de Bibbiena et la Mandragora de Machiavel, qui, un siecle avant Molier/e, donnerent a I'Europe I'exemple de la veritable force comique, et presenterent sur la scene, bien avant le Tartufe, un frere dominicain et ce frere Timothee, si empresse a tirer parti de sa profession pour le bien de son couvent. Vers le commencement du xvii^ siecle, on trouve a peu pres le meme caractere dans diverses pieces de J.-B. de la Porta, napolitain , qui, occupe des recherches les plus im- portantes de la philosophic , et tout en contribuant au perfec- tionnement du telescope avec Galilee, ne cessa de se montrer aussi original dans le genre comique que dans ses recherches et ses decouvertes physiques. Le defaut qu'on a souvent re- proche a ces poetes est d'avoir donne plus d'importance te comique. Ses pre- LITTER ATURE. 669 mieres lectures furent les pieces de Moliere et de Goldoni;ct, dans les jeux de son enfance, il essaya de les adapter a un petit theatre de marionnettes. A dix ans, il composait deja des canevas de comedies qu'il faisait ensuite improviser a ses compagnons d'ecole. Ses etudes dans I'art dramatique ne I'em- pecherent pas d'exercer des emplois, soit a la cour criminelle de Turin, soit dans quelques paities de I'ad ministration pu- blique. En 181 1 , il fut nomnie substitut du procureur imperial de Verceil. Nous rappelons ces circonstances pour faire re- marquer que M. Nota les a mises a profit et qu'il s'est servi de sa situation dans le monde pour approfondir certains carac- teres qu'il a retraces avec naturel et verite dans ses comedies. Quel que fut cependant son merite, il se vit oublie pendant deux annees, et oblige de recourir a sa profession d'avocat. Enfm , apres qu'il eut eprouve beaucoup d'injustices et de revers de fortune , on lui confia successivement I'adminis- tration de plusicurs districts ; il dirige aujourd'hui celle de San- Remo, qui faisait autrefois partie de la republique de Genes. L'accomplissement de ses devoirs ne lui a pas fait negliger ses etudes dramatiques. Depuis 1802, il n'a cesse d'enrichir la scene italienne. Ses premiers essais lui avaient merite les en- couragemens de deux celebres litterateurs , Paradisi et Monti. M. Nota a justifie la bonne opinion qu'ils avaient de lui, par les diverses comedies qu'il a successivement publiees. De 1816 a i8a6, on a faitjusqu'a dix editions de ses ouvrages, dont la meilleme est celle de Turin , 1818. Mais la derniere, que nous tenons sous les yeux, a sur toutes les autres I'avantage de com- prendre trois pieces nouvelles, composees depuis cette epoque. EUes sont intitulees : La Pace domestica, la Paix domestique, en trois actes; / Dilettanti comici , les Amateurs comiques ; et VAmor tiinido, I'Amour timide, tousles deux en un acte. Sans nous appesantir sur chacune de ses pieces, nous pou- vons assurer que les plans en sont traces avec regularite, que Taction se noue et se developpe avec ATaisemblance , que les situations principales et les incidens derivent de la nature des caracteres et des circonstances ou ils sont places , et que G70 LITTl^RATURE. tout marche rapidemcnt vers Ic but. Lc style n'a pas cctte elegance qiie pourraient reclamer quelqucs puristes; mais peut-etre eut-cUe nui a la chaleur ct au naturcl qui brillent dansle dialogue. Ecrivantpour toutcs les provinces de I'ltalie, M. Nota n'a dii recherchcr que cette correction qui pouvait ie rendre faciicmcntinlejiigible pour tons. II nepuise pas sa verve comique dans quelques expressions proverbiales, ou dans unc triviale gaite, mais dans la souplcsse de son talent, dans le choix habile des caractcres, et dans les situations neiives, ofiil place ses personnages. Ses portraits et ses tableaux de moeurs ne sont jamais sacrifies aux complications d'une intrigue pe- nible, et Ton voit qu'il a etudie les classes de la societe ou il choisit ses originaux. II attaque avec energie les prejuges et les vices du terns, et reveille dans tons les creurs le sentiment des vertus sociales et domestiques. Telle est, du moins, I'im- pression que nous avons regue de la lecture des comedies dont nous rendons compte. II ne serait pas difficile de signaler dans ces pieces quel- ques situations, quelques caracteresdcja ebauches par d'autres; mais il nous semble qu'imiter ainsi , c'est creer. Un rcproche plus grave serait de n'avoir choisi que des caracteres parti- culiers a une seule ville, au lieu de s'adresser aux ridicules de toute la nation. Mais Molicre a-t-il juge indigne de son talent la peinture des Fcmmes savantcs et des Precieiiscs ridi- cules, dont le travers se bornait a une ccrtainc classe de la so- ciete des dames de Paris? Les caracteres nationaux, ccux qui sont de tous les tems, component sans doute un intcret plus general; mais ce n'est pas une raison pour renoncer a corriger des defauts particuliers k une province ou meme a une ville. Il convient maintenant de donner a nos lecteurs une idee de I'enscmble de quelques-unes des pieces de M. Nota. I Primi passi al mal costume, les Premiers pas dans la oorritption des maeurs, est unc de ses premieres comedies. Dona Camilla, jeune epouse de D. Fulgenzio, vient d* paraitre dans eequ'on nomme le grand monde. Son mari qui I'aime, est instruit des dangers qu'elle pent courir; mais, en la surveilkint avec discretion, il LITTERATLIRE. 67 r attend unc circonstance favorable pour rcclairer sur scs de- voirs et la detromper par sa propre experience. Entouree de ces femmes et de ces chevaliers qui ne cherchent qu'a se tendrc des piegcs et a se decrier mutuellenient, pressee sur- tout par un jeune officier, nomme Gugliclnii, habile dans I'art de faire des conquetes, Camilla s'est trouvee flattee de la galanterie de ses expressions. II parvient a obtenir d'elle, ou j)liit6t a lui arracher son portrait, et elle lui permet de I'ac- compagner le meme soir a un bal. Fulgenzio , qui apprend ou qui soupconne le projct de sa femme, ne la quitte point et se rend a cette fete avec elle. Tous les deux sont, masques. C'est la que, gardant V incognito, la jeune epouse rencontre son nouvel amant, et I'entend se vanter de ses diverses conquetes et surtout de la plus recente. Guglielmi nesc faitaucun scrupule de montrerle portrait de Camille. Elle parvient ale lui arracher, mais son mari est present, et tout ajoute a sa confusion. Ful- genzio feint de vouloir se separer d'elle a jamais; rtsignee a son destin, elle deplore sa faute, congedie I'officier, et se dispose a subir la peine qu'elle croit avoir meritee; mais D. Fulgenzio I'embrasse et lui pardonne. ' Ce sujet n'est pas neuf. On I'avait deja adapte a la scene avant 1808, epoque ou parut la comedie de M. Nota ; il a meme ete reproduit sur le theatre de Paris. II nous semble , toutefois, que la piece de M. Nota est plus veritablement comique que I'imitalion. Si les caKicteres de Camilla et de Fulgenzio sont serieux, on se deride avec le bon colonel Odoardo, qui s'apaise aussi facilement qu'il s'emporte; avec une belle-sceur de Camilla bigote, tracassiere et medisante; avec une belle dame qui brille aux depens de ses adorateurs; et, ce qui merite d'etre remarque , c'est que jamais I'autcur ne sacrifie la verite au desir d'interesser ou d'amuscr. // Progettista , I'Hommc a projets, est une comedie amu- sante. Son principal personnage est un de ces hommes qui, sans cesse occupes de reformes, ruinent toutes les affaires dont ils se melent. Il ne fautpas confondre son Malade iniaginaire, VAmmalato per immaginazione, avec la comedie francaise qui porte le meme litre. Le Malade de M. Nota est un hommc in- 67a UTTERATURE. teressant et mclaucolique , qui, se croyant trop languissant pour se marier, se trouve livre aux ruses interessecs d'une mcchante sceur. Celle-ci a I'espoir de s'emparcr de sa for- tune, dont, par un incident singulier, il ne pent plus jouir, s'il ne se marie dans la journec. Lcs projets hypocrites de cette temme qui semble consacrer tons ses soins a la sante de son frere, amenent le developpement du charlatanisme de plusieurs medecins qui se pretent a seconder ses vues. Un medecin res- pectable demasque ces imposteurs , guerit i terns son malade et I'arrache an piege qui lui est tendu. Dans toutes ses autrcs pieces, plus ou moins originales, et malgre les legeres imperfections qui s'y font remarqiier, I'au- teur fait preuve d'un assez beau talent pour rachcter ses defauts et desarmer la critique. II fera bien de publier les autres comedies qu'il a compo- sees, et dont plusieurs ont ete jouees sur des theatres de I'ltalie , telles que la yVedova in soiUudine ; la Costanza vara ; la Fiera; le Jlcmluzio/ii in amore, etc. Get auteur, dans ime de ses pieces iuedites ( Torqaato Tasso ) , a traite le suiet que M. A. Duval a depuis transporte sur la scene de Paris avec tant de succes. M. Nota avail deja fait lecture de sa piece a Florence, dans un cercle d'hommes choisis , rassembles chez le comte Je- rome de Bardi, et Ton s'accorde a en faire un grand eloge : c'est la piece , dit-on, de predilection de I'auteur. On assure qu'il a ete lidele a la verite historique dans les incidens et dans le choix de ses personnages; qu'il a bien saisi et retrace les momens les plus interessans de la passion et de la folic du grand poete , et que la piece se t,-. [i'\ 67/1 LIVRES ETR ANGERS. a 1 8. — * CoTistilution and liuvs of licnsselncr- School, etc. — • Constitution et rej^lemens rati([ues religieu^es ne eonlribuent pas toujours a rendre les hommes plus utiles a la snciele ; mais elles tendcnt evidemment a les enipecluT d'etre niu'sibies. 1" . EUROPE. GRANDE RRETAGNE. 111. — * The Elements of ^ytnnnslics , etc. — Elcitn'iis de gyninaslique pour les garcons, et de calistlienique pour les jeunes iilles, par Gustuve Hamilton. Londres, iS'27; Ricliard Phillips et eompagnie. In--i2 de vi et 72 p. avec 4-i gravures; prix, 5 sh. La gymnastiqne, qui fut en honneur chez les Grees et cliez les Rouiains, qui constituait presque seule I'education des (lobles chevaliers du moycn age, etaitdepuis long-terns bannie de nos colleges, oil Ton accordait a |iciue aux ecoliers le triste piaisir de se promener et de s'ebattre enire quatre mnrs. Dans le dernier siecle, les jeiints gentilshommes qui avaient suivi , sous la direction d'un precepteur, les coiirs d'humanites et de rhelorique a Louis-le-Grand ou a Mazariu , jirelmlaient a leur entree dans le monde et dans Tannee par les excrcices du iuaneg<-, des salles d'ainies i-t de danse. Mai-., 4 cela pres, 678 LIVRES ETRANGERS. rciliiciitioa phys'ifiuo , qui (levijiit prendre I'enfant an sorli^". dcs bras dos femmcs pour developper ses facnites corporelles, tandis que Teducatioii morale t-t iiUellccliu Ho lend a deve- lopper les forces de raiiic et de I'esprit, etait presque entiere- nicnt negligee. C'est en Allemagne qit'est nee la gymnastiqne moderne. Le pedagogue Salzmann I'elablit le |)reinier dans les iuslltutsd'educalion, et hiiconsacra, il y a quarante ans environ, uu ouvrage encore estiine ; apres lui , le celebreJAHN I'adopla pour base dune associalion poliii(|ue, dont le but etait la regeneration morale et physique de fAllemagne; mais ses [)ro- jels depliuenl au gonvernement prnssien, qui fit suspendre les exercices salufaires dont il avait su inspirer le gout a la jeu- nesse de Berlin. Moins ambitieux et peut-etre plus sages , M. Clias, de Berne, et M. Amoros, se sont bornes a demander et a propager une heureuse reforme dans Teduealion. Le der- nier couiiuue a s'occuper d'introduire la gymnastique dans les ecoles civiles et militaires de la I" ranee, avec une courageuse perseverance que ne rebutent point les obstacles de tout genre , suscites par I'indiffcrence ou par les prejnges. Quant a M. Clias, apres avoir elabli dans la Suisse, sa patrie, pJnsieurs gymnases ou d'habiles maitres, autrefois ses eleves, conliunent avec succes I'enseignement dont il a donne les premieres lecons, il a reussi completement a naturaliser la gynmastique en Anglelerre, ou elle est deja consideree comme une partie essentielle de I'education. Nous avons fait connaitre, il y a pen d'annees, un (raile de gymuastique du a sa longue experience et a ses utiles recherehes, et qui a pani sucecssivcment en allemand, en francais et en anglais (voy. Rev. Enc, t. XXVIII, p. 795). Le petit ouvrage que nous annoncons aujonrd'hui parait (!'tre la repetition abregee, et sous un format plus commode et plus portatif, du livre de M. Clias. II poiirra elre fort utile aux maitres et aux eleves; il se fait surtont remarquer par une addition impurtante, intitulee : Calistheniqae yx.«Xo;, beau, et irkvi;, fort), et cousacree a la gymnasiique des dames, qui pourrout obtenir, an moyen des exercices de M. Clias, des graces nouvelles et de nouvelles foices pour supporter les matix et les fatigues auxquels leur sexe estsouvent expose. u. 2 2 '5. — * T/ie past and present statistical state of Ireland. — Statistique de I'lrlande, consideree dans sa siuialion passee etdans sou etat actuel, en ime serie de tableaux foinies d'apres des clocuinens ofQciels, p:ir M. Cc'.w/- Moreau. Londres, rH27, Treuttcl et Wiirtz. In-fol. de 56 pages; prix , 3o sli. Ainsi que les precedens ouvrages pidilies par M. Moieau, celui ci contient une foule de faits el de renseignemens impor- ^^ GRANDE -BRETAGNE. 679 tans, diins uiie brochure de 56 pag. in fol., dii plus fin carac- tere. Les travaiix de cet ecrivain labojieux , qiioiqu'ils soiint en general utiles aux personnes qui s'occupent de statistique, merileraient plus d'eloges si I'ou y trouvait moins dc coiifusioii et nne classification plus methodique. Cette brochure sur I'lrlande abonde en documens precieux sur ce pays interessant et pen counu , nienie eii Angleterre. On y apprenrl que son etendue territoriale , en milles carjes anglais , est de 32,202, et le nonibred'acres de lerrescultivees, de 1 1,943,000. L'Irlande est diviste en 4 provinces , subdi- visees en 82 comtes. On y trouve 294 baronnies, 2,27.^ pa- roisses , 1,142,602 maisons; en 1791, on n'en comptait que 702,09;). La population de I'lrlande, qui en i652 netait que de 85o,ooo habitans, s'elevair, suivant le recensement de 1821, a 6,801,827; et, en 1827, suivant les calculs de M. Moreau , a 9,o5o,ooo , dont 3,341,926 homnies et 3,469,901 fcmmes. Dansccnonibresont conipris 1,138,069 agriculteurs, 1,1 70,044 commercans et manufacturiers, 628,702 iniproducteurs, el environ 16,000 domestiques. Celte population forme i, 3 1 2,082 families; 6,1 45 families ayant chacune i domestiqiie; 1,200, 2; 600, 3 ; i5o de 5 a 8; 32 de 8 a 10; et 20, 10 et au-dessus. Les taxes seules sur les domestiques nuiles niontaient, en 181 7, a la somme enorme de 55, 200 livres st. (i,38o,ooo francs). Le nombre des criminels condamnes, pendant I'annee 1826, a ete de 5,377. L'Irlande est representee au parlement par 100 individus nommes par 2io,43i electeurs. Toute la noblesse consisto seulement en 212 personnes , dont i due, 14 marquis, 76 comtes, 48 vicomtes, et 4 pairesses. Les importations, pendant I'annee 1 826, se sonteleveesa 8,082,700 liv. st. (200,81 7,600 fr.), dont 6,385,534 pour marchaudises importees d' Angleterre ou d'Ecosse. Les exporlations , pendant la meme annee, se sont eleveesa 7,992,486 liv. slerl (199,812,126 fr.) dont 7,369,569 pour marchaudises exportees en Angleterre et en Ecosse. Le revenu n'a jamais convert les depenscs. La totalite de la valeur des proprietes particuli-eres et du ■gouverncmcnt s'eleve a 563,66o,ooo iiv, sterl. ( 14,091,600,000 fr. ) ; savoir : pro- prietes productives des particuliers, 467,660,000 liv. sterl. (11,691,600,000 fr. ) ; proprietes non productives 87,000,000 liv. sterl. (2, 176,000,000 fr. ), et proprietes publiques 9,000,000 liv. sterl. (226, 000, 000 fr.).L'argentmonuaye en circula;iondans toute la province de I'liiaude ne s'eleve pas au-dela de 4,000,000 liv. sterl. (j 00,000,000 fr.)L'emission des billets par labanquede Dublin est de la valeur de 6,000,000 liv. sttr. ( i25,ooo,ooofr. ) fiSo LivREs Strangers. L\;nvrage dc M. Moreaii coiiticnt encore cie noiubifiix de'- tails surretatde I'cducalion, dii commerce etdis niJiimracturcs en Irlande ; mais nous avons deja prcsf nlc ces faiis dans hxlievue £r/cjr/ojje(ii(jue , et qnelqiies aiitres qui remjjlissent encore sou volume sont trop peu imporlaus pour que nous nous y arrctions. 2a/|. — * Rambling notes and njlcctions suggested during a visit to Paris, etc. — Notes et reflexions ecrites pendant une visite a Paris, dans I'hiver de 1826 i\ 1827, par sir Jrlltur Broohe Faulknee, Londres , J 827 ; Lonyman. In-8". L'auteur de cet Guvrajj;e est un liomine instruit, amateur eclalre des beaux-arts, ami de i'lnimanitc, etqui cerlaiiiement u'a point debarqui; a Calais, eomme la plupart des voyafieiir.s ani;lais qui viennent visiter la France, avec des opinions toutes formees et des jngemens prepares a I'avance et renfeimes dans son portefeudle de voyaf^e. M. Faulkner a vu de ses proprej veux, et son livre, s'il t'tait traduil en fran^ais, obtiendrait i Paris le meme succes qu'il a eu a Londres. Dans cet ouvrage, les objefs importans, ceux qui font le bonheiir et la vraie gloire dune nation, oblieunent une atten- tion marquee et des eloges sinceres. L'anleur a abandonne la sotte t.'icti(iue adoptee par quelques ecrivains de son pays qui .^e j>laiseiil a denigrer, a rapetisser les grands ctabiisseniens d'ulilite publique qui existent en France, et a ceusurer les nioeurs et le caraclere de leurs voisins. Ainsi , s'il ctilique nos ecoles de beaux-arts, s'il accuse nos prelres d'intolerancc, il lone ^ans restriction nos bibliotheques etnosmusees ,011 rhacun est admis gratuitcment, tandis qu'il deplore la sordide cupidite et riusolence communes aux gardiens des etablissemens ana- loi;ues que possede I'Angletcrre. « Lorsque nous rcflechissons , dit-il, aTextreme facilite avec laquelle toutes les classes obtiennent en France un libre acces dans les bibliotheques, dans les cours publics, dans les musees, etc., nous pouvons, je pense, nous rendre raison de la cause qui fait que la nation fiancaise, en general, surpasse en civilisation, en lumieres et en urbanitc toutes les autres nations du monde. »> Parmi nos hopitaux , dont la grandeur retonne, et dans lesquels il admire la proprete, I'ordre, les soins prodigues aux malades, il cite la Salpefriere, « ce gigantesque etablissement, sans rival dans le nionde. « En parlant de nos sceurs de charile : « On ne saurait trop louer, dil-il, I'humanite desinteressee de ces cxcellentes lilies, (jui sont le plus glorieux ornement de I'espece humaino. Le respect qu'elles inspirent generalement est tel , que leur seule presence , comme autrefois celle des vestales a Konic, calmerait les mouvemens populaircs les plus violens. u GRANDE-BRETAGINE. GSi M. Faulkner loiie nos etablisseiiiens de charite vt cic secours a domicile; nos dispensaiies, qui, sans ctie anssi vantes qu« ceux de I'Angleterre, sont pins apjiropries a leiir veritable but, et danslesquels surtout les egardi dus au malheur sont plus le- ligieusement observes. Aussi ajoute-t-il : " Lorsqu'iin Francais voudra louer sa nation , qu'il n'oublle pas scs etablisseniens ■ de charite publique, car ils sont adinirables. » L'organisatioii de nos academies scientifiques lui semble bien propre a assurer les progres des lumieres. L'Academia de niedecine a siirlout fixe son attention. Sir Arthur Faulkner est medcoin, et deplore , avec lous ses confreres eciairesj la faussemarche suivie encore de nos jours par la Faculte de medecine de Londres. II ainic nos ecoles et nos cours publics, dans lesquels « I'ardeur des disciples, dit-il, est si bien secondee par le zele et la noble activite des professeurs. » Enfin, apres avoir approuve I'orga- nisation judiciaire , « Le Code criminel francais, dit sir Arthur, est de beaucoup superieur au notre; » et I'auteur nous parait avoir tort de comprcndre dans ses eloges notre procedure criniinelle, organisee par le despolisme pour tuer la liherte. On trouve dans cet ouvrage beaucoup d'eloges de la France, melesa dejustes critiques. « J'ai quitle Paris, dit-il, tres-satisfait de ma promenade de quclques semaines, ayant eu beaucoup a admirer et beaticoup a blamer. » Qnand ce blame n'atteint que les travers de notre caractere national, lorsqu'il ne s'allache qu'aux abus que certains hommes font des idees et des choses saintes, quand il attaque seulement nos pretentions a une supe- riorite,au moins contestable, dans les beaux-arts, nous sommes de I'avis de sir Arthur; niais notre gravite nous abandonne a la lecture d'une accusation semblable a la suivante : « On doit reprocher, dit notre auteur, a la revolution francaise une faute enorme, celle d'avoir proscrit les perruques. Pour moi, je n'aurais jamais pu concevoir, avant de visiter la cour d'as- sises de Paris, a quel point une perruque est necessaire a la majeste d'une tcte humaine. » a 25. — Lettrcs sar la cour de l(t chancellerie et sarqaelquespoints de la jurisprudence anglaise , ecriteset adressees par M ason frere , avocat a la Cour royale de Paris , publiees par un avocat de Lincoln's Inn. Londres, 1827, Longman. In-S" de 294 pages. Ces lettres, attribuees a un avocat francais, traitent de la cour de la chancellerie d'Angleterre , de la chambre des pairs, comme tribunal d'appel, et de plusieurs points importans de la jurisprudence des trois royaumes. Si les details nombreux et vraiment instructifs que ces lettres renfernient si:r la legis- lation, et sur I'organisation et le personnel du barreau anglais. 6«a LIVRES ETRANGERS. peuvent faire croirc qu'elles nc sont point I'oeiivrc d'unc per- sonne etrani^cre a la Grandc-Bretagne ; d'un autre cote, I'idiome dans leqiiel elles sont ecrites etleur genre de style laissent pcu de doutes snr leur origine francaise. On y troiive , en effet,ce ton tant soit pen frondeur, inherent aiix habitans de notre pays , et un frauc-parler siir les hommes et siir les choscs, pcu ({'accord avec la circonspcction habitnelle des avocats anglais. Nous recommando'S la lecture de ces lettres aux membres du barreau Irancais; elles leur fourniront des details tres peu conniis sur les chefs de la magistrature anglaise, et de precieux eclaircissemens sur les usages abusifs introduits dans leurs tribMnaus. Si quelques erreurs out ete coinniises par I'aiiteur francais, on les trouve relev^es dans des notes savantes qu'un avocat a la Cour de chancellene a joiutes a cet utile ouvragc. F. D. 226. — * If^ibor Poezyi Polskiey. — Specimcnx of the Polish Poets. — Choix de poesies polonaises, avec des Notes et des Observations sur la lilteraturc polonaise; par John Bowring. Londres, 18^17. In- 19.. Au milieu des evenemens memorables dont I'Europe est de- venue le theatre, a la fin du xviii® et au commencement du xix'^ siecle, la Pologue se fit connaitre comme une puissance guerriere. Lc bruit de ses malheurs et de ses vertus reteutit dans loutes les parties du monde; maisla Pologne littcraire n'e- taitconnue que tres-imparfaitement. Aujourd'hui, plusieursecri- vainsprofitent dela tranquillitegcnerale pourappeler I'attention pubiique sur les principales productions d'une litterature qui a droit aussi a queique interet. M. Bowring, apres avoir rcpro- duit dans sa langue malenielle les poesies de pltisieurs autres peiiples du Nord, vient de consaoror aa plume h la propagation de la gloire litteraire de la nation genereuse qui pent citer un Niemcewicz et un Kosciuszko. L'asservissemeni. de la presse en Pologne, et la difficulte des commimications entre cette con- tree et les pays etrangers, sont les obstacles qui ont du entra- vtT I'execution complete del'entreprisede M. Bowring. II s'est, par consequent, borne a la traduction des poesies populaires et originales. Apres avoir trace, dans I'introduction , le tableau politique dela Pologne avec une energietoutc patriotique, I'auteui- pre- senteun essaihislori<|Ucet critique sur la litterature et la langue de ce pays. II passe en revue toutes les epoqnes memorables du perfectionnement, de la decadence, et enfin dela renais- sance des arts et des sciences; il fait I'enHmeration des auteurs les plus distingues dans toutes les parlies des connaissances { GRANDE-BRETAGNE. — RUSSIE. 6a istorii i drcvnostei. — Travaux ^o la SocJete d'histoire el d'antiquices russes. T. IL Moscou , G84 TJVRES ETRANGERS. 1824; impriiiierie de I'Univfrsitc. In- 8" de 1 12 et ■j.'iS payes ; pi'ix , Celle Socictc, fondee a Moscou , il y a plus de vingt ans, et dent le but est d'eclaircii I'histoire annienne dela Riissie, avail, depuis 181L), epoqne oil elle mit an jour le i"" volume de ses nienioiros, siispcndii celte utile piihiiciitioii. Elle vieni de la ro- p rend re , en faisant imprinier le volume tpie nous anuoueons. Apres quelques memoires sur lestravaux de la Soeiete, depuis le inois de fevrier i8i5 jusqu'en fevrier 1820, ee 2<^ volume contient des articles dont lenunieratiou interessera sans doute iios lecteurs, en leur faisant connaitre les objets dont la Soeiete s'est specialement occupee : i" Notices bib/i(>i^iri/>/iifji/es sur hi vie , les trayaux scientijicjues et la collection (Cunliqnites russes du conitc J lexis Moussine-Pouchkine, par Constant in Kalai- DoviTCH. L'auteur sattache a decrire les morceaux dantiquiies quise trouvaienldanslabibliothcquedu comte Moussine-Pouch- kine , reduite en cendres dans I'incendie de 1812, et il rend cnsuite un compte detaille des onvrages et des manuscrits de cette precieuse bibliothequc. — 2° Remarque sur les anciensca- lendriers slavons. L'auteur de cet article, dont le but est de ]»remunir les personues quis'occupent de I'histoire russe contre les erreurs de la chronoloj^ie aneienne , etablit que jusqu'en i3/i7 oncomptait, en Russia, I'annee a partir du n)ois demars ; • pi'a dater de i3/|7 , on la compta du mois de septembre et du la creation du monde, scion la Genese; et qu'enlin, depuis 1700, on la compte du mois de Janvier et de la naissance de Jesus-Christ. — '3" Conjecture si/r les motifs qui determinerent r invasion des Normands chez les SUwons , \>^y Broussilof. L'au- teur suppose, sans aucun fondemcnt , que I'objet principal de la conquete de la Russie par les Varet^ues ou Normands elait d'arriver a la ville de Bysance. Les Vareizues ne cherchaicnt que le pillage dans leurs excursions : ils ne formaieut p.is un corps de nation ; mais ils habitaient en families separees et souvcnt fort eloignees les unes des autres, sous I'administration de leurs chefs. Par consequent, si quelques - uns d'entre eux connais- saient I'existence de Constantinople, d'autres pouvaient n'en avoir aucune idee. Leurs invasions, sans combinaisons, sans systeme et sans ordre, etaient inspirees par la necessite d'aller chercher au loin les alimens cjui leur manquaient. L'auteur, poi;r appuyer son assertion , pretentl que Rurik , apres avoir conquis IVovgorod, envoya Askold et Dir a Kief; mais les annalcs russes assurent le contraire. Askold entreprit I'ex- pedition de Bysance contre la volonte de Rurik, bcaucoup plus dispose a s'affermir dans les possessions (pi'ii avail ac- IIL'SSIE. C8:^ qiiises, qu'a tenter de nouvelles conquetes. — 4° J)es ancieinus relations comincrcialcs dcs Slarons\iissps avcc les aiitrcs pcuples, ftclela rontcqui condaitcn Greccparla Russia. L'aiUciir de cetar- tide avoiilti proaverqiiolecoiiimercedcs SlavonsaveclesGrccs n'est pas d'nne date aiissi ancicniie qn'on le croit, et ii'a pas ete aussi florissuiit que le sii|)posrnt Storch et Fischer dans letirs ouvrai;es:il changera sans doute d'opinion en lisant les re- «;herches de Fraehn sur les monnaies arabes. — 5° Jpcrcn dcs nncltns usages ritssrs , par Aktzibachef; article fort curieux, mais qni ne renfermc pas tous les docnniens que I'ou poiirrait desirer. — G° Dcs o/icic/incs monnaies russes , par le menie; no- tice <|ai conlient des recherchcs imporlantes sur les monnaies dent on se servalt jadis en Russie. — 7" Dcs inon/iaies d'argent de Tares laf, par Bkketof ; I'auteur essaie de prouver que les pieces frappees sous le regne de laroslafi ne constiluaient point une monnaie courante, a cette epoque. — 8° Description des monnaies russes presentees a ia Soeiete; article de Brous- siLOF. — 9" Frogmen'; sur les anciens monunicns de Kief et ks palais des princes [ kniaze), detriiits oil tonibes en mines, par Pissaref, president de la Societc. — 10° Du drapeau de Vla- dimir, due cle Kief , conserve a Gronzino, niaison de campagne du conite Araktcheef. — 11" Des partes korsonniqucs a Novgo- rod, par Sanghn. L'auleiir combat I'opinion deM. Adelung, donl nous avons annonce un ouvrage sur ce sujel, publie en allemnnd : Die horsunnischen Thiiren (voy. Rev. Enc. , avril 1 824 t. XXII , ]>. 1 46-147)- — I '-4° Alemoire sur une croix de Sviatoslaf, A Inuricf Pulsky, viile du gouvernenient de Vladimir, par Sni'- gdikef. — 13" Sur la Horde d' Or , extrait de Schildberlier , par Dmitri Yazikof, avec des remarqiics. Ce morceau est d'autant plus curieux qn'il explique i'ordre de succession des Khans , qui, pendant !e sejour de Taufeur parnii les Tatars, se chassc- rent muruclietnent du trone. — 14° enfin. Dissertation sur les monnaies uu medailles du terns cle Pierre I , dans laquelle il ne s'agit, en effet, que d'une seule medaille de cette epoque : les autres appartenant toutes au regne de sa fille, rimperatrice Elisabeth. Nous ne pouvons qu'engager lu Soeiete a conlinuer ses re- chcrches, si utiles a I'histoire de la Bussic; et en lui donnant les elogcs qu'elle merite, nous I'inviterons aussi a soigner im j)eu plus la partie typographiijue, as;iez negligee dans ce second volume deses niL-moires. 229. — *Prostonarodnin Pesni, etc. — Chants popiilaires des (irecs modernes, traduits en r>ers russes , accompagnes dn tcxte grec , d'une Jntroduction , d'uii Pnrallrlc arcc les chants natio- (J8G LivRES Strangers. nait.x (Ics Rttsscs , et dc Notes; par Nicolas Gneditch. Saint - Pc'torsboiirg , iSaS ; ImpriiTlfiie de Grktch. In - 8° de xl et 52 pages , avec iine gravure rcpiesentant iin KIcplitc ; piix , (i ronbles. Les exploits militaires des decs, en excitant rintciet des amis des inniieres, de riiiiiuanitc et de la libeite, ont enijage heaneoup d'eciivains a s'occnper de la recherche de tout ce (jui a compose I'existence politique de ce peujiie, pendant les trois derniers siecles, c'est-a-diic!, depuis I'epoqiie de la chute de rcmpire d'Orient. L'histoire de ccs terns offie des tableaux affli^eans d'asseivissement et d'avilisseuient , quelqucfois aui mes par les ttnlatives des Grecs pour reconqueru' lenr an- cienne independance. Mais, tandls que les Gtecsdc Constan- tinople, et en general, les habitans des viiles inaritinies et des vallees , gemissaient sous le joug despotique des Turcs, plu- sieurs peuplades des montagnes de Souii, de I'Olympe, de la Thrace, remplies de courage et souteuues par un esprit de vengeance, se reunissaient , formaient des detachemens sous le noni d'Armatoles et de Klephtes, et defendaient ainsi leur sauvage independance dans des montagnes inaccessibles , au milieu des marais et des bois. II serait impossible de recueillir line histoire eomph';te de celte lutte continuelle de trois siecles , comme il serait tres- difficile de fixer I'epoque des eveiie- mens les plus remarquables el de tracer un tableau fidelc de tant d'fxploits isoles, Les Grecs livraient des batailles, et n'e- crivaieut pas leurs victoires. Les Turcs derobaient leurspertes a la connaissance du Divan , en exagerant les avantages qu'ils avaieiit remportes. Le souvenir des ex|>loits des Grecs et de leurs heros n'a done pu etre conserve que par les traditions nalionales, dans les chants populaires, qui , en retracant leurs exploits et leurs succes , portent en menie terns Tempreinre fi- dele des moeurs. Ces chants, pleius de veritables beautes et precieux par ie motif que nous venous d'tnoncer, ont ete re- cueillis et iraduits en francais par M. Fauriel (voy. iJw. Enc, juin 1824, t. XXII, p. 699). M. Lemkrcier en a donne depuis line traduction rn vers francais , qui a ete le sujet d'une a/ia- lysc dans deux articles fonrnis a nntre Recucil par M. P. F. TissoT ( voy. Rev. Enc. , decembre 182/j , t. xxiv, p. 680-69/1 , et octobre i8'25, t. xxviii, p. 1 20-1 34 ). « Grace a MM. Le- mercier et rauriel ( dit notre collaborateur ) nous savons que les Hellenes condiatient et chanteut , comme leurs peros,et qu'il est cliez eux plus d'un Achille qui se console avec la lyre, quand il ne pent combattre. » Grace a M. Gneditch, connu par des traductions d'Homere et de Virgile, la litterature russe RUSSIE.— POLOGNE. 687 s'est aiissi enrichle de ces chants, dans une traduction en vers , expressive, elej^anleet fidele, prccedee A'wne introduction , qui offre une ronrte histoire des Armatoles et comme en France, la liitte est engagee entre les lumiercs et les tenebres, entre le^ partisans de la libertc legale et les amis de la servitude en tout genre; et comme les AUeraands sont plus flegmatiques que les Francais, la discus- sion entre les deux partis est aussi plus calme, et les brochures pins ratihodiques. M. Pahl range les obscurans en diverses clfisses; dans la premiere, il passe en revue les obscurans politiques, qui prechent le regime absolu, sous le pretexte d'eviter les revolutions; il nomme MM. de J. alter , Dahelow , Stuhr , Gosnner, Frederic Scfdcgel , Stourdza , et quelques antres. Il s'adresse ensuite aux obscurans ultramontains, partisans ALLEMA.GNE. 6gS aveugles de raiitorite papale illimit»';c; il fait voir quels sont les efforts tcntes par ce parti rc'lovilablc en France ct en Bavieie, afin de semparer dn pouvoir, dc ledtication de la jeiinesse et de I'esprit du peuple. Apros lui, viennent les obscuransprotestans, qui prechent Tin tolerance ets'envcloppent de mysticisme. Dans un de ses derniers chapilres, il fait voir qu'on n'a tant declame centre lesUniversitesallemandes, qu'afin d'avoir occasion de detruire ces foyers de lumiere et de science, centre lesqiiels ont ecliovie jiisqu'i present les sourdes menees des obscurans de la Germanic. 235. — Erster Sieg des Lichts iihcr die Finsterniss in der kathoUschen Kirclie Schlesicns. — Premiere victoire de la lu- miere sur les tenebrcs dans I'eglise catholique de la Silesie. Hanovre, 1826; Hahn. In-8° de l^i pag. Si Ton ne savait ce qui se passe dans la Silesie , on ne devi- nerait jamais I'enigme renfermee dans ce titre. La Silesie est, comme on sait, un pays en grande partie catlioliqne qui obeit a un prince protestant, le roi de Prusse. Lc rapprochement des deuxcultes a fortement influe sur les ca- tholiquesqui senlent le bcsoin d'operer quelques letormes dans leurs usages religieux, et de rejeter ce qui ne s'accorde plus avec les mceurs et les lumicres du siecle. Tout recemnient, iin pretre anonyme a demande, dans unc brochure, I'abolition du celibat, des messes conimandees et payees, etc. Dans la bro- chure qui fait le sujct de cct article, on public la petition que onze pretres ont adressee a leur eveque, pour lc supplier de reformer les abus du culte, de substituer la langne allemande au latin, incomprehensible pour le peuple , de faire rediger un missel moins absurde que celui dont on se sert dans les eglises de la Silesie, etc. - Et pourquoi y joindre cetlc note ? « Le canton de Vaiid ne pent etre compris dans ce qui vient d'etre dit, lcs Francais y furcnt rcciis en amis. » Ne semblcrait-il pas que IcsVaudois, allies des Francais, lenr firent le sacrifice de leiir honncur et de leurs vertus domestiques? Nous aimons a croiro que M""' Duthon n'a pas voulu injurier gratiiitenient sa patric. Quoiqu'il soil peniblc de revenir sur des questions depuis long-tems decidees , et qui peuvcnt re- veiller des haincs assoupies, lorsque I'union est si necessaire, nous rappellerons ici, pour les personnes irreHechies que de fausscs allegations pourraient seduire, que le canton de Vaud n'etait, en 179S, que \e pays de Vaud, et lcs habitans dn pays de Vaud que lcs siijcts des Suisses. II insporte peu que lcs Ber- nois eussent octroye aux Vaudois le faible avantage de se parer du mcme nom qu'cux. Ce qui constitue en realitc la qualite de citoycn, c'est la jouissance de tous lcs droits poliliqnes da citoycn. Jusqu'au moment de Icur emancipation, lcs Vaudois ne furent pas plus Suisses, que les Grecs ne sent Turcs. Places sous une honteuse tutelle par la force , ils n'ont pu s'en affran- chir que par la force, et on ne saurait les blamcr d'avojr accueilli les offres de secours des Francais, a Tepoque od , inferieurs en nombre et en puissance a leurs maitres, ils ne pouvaient seuls secoucr le joug. N'ont-ils pas, au contraire, merite des eloges pour la moderation avec laquelle ils out use de la victoire envers les oligarques, que, depuis plusieurs Slides, ils ctaient habitues a considcrer comme leurs enncmis? Pour revenir a Pcstalozzijl'aulcur le suit dans ies differentes phases de sa vie. Toujours bon , toujours prodique de sa per- Sonne et de sa fortune pour obliger les indigens, Pestalozzi s'occupe a Stanz de I'education de malheurcnx orphelins. A Burgdorf, riche de la reputation qu'il vicnt d'acquerir, il s'entoure de collaboralcurs , afin de rcpandre ct de perfec- tionner sa methode qui compte dcja beaucoup de partisans; mais bientot, a Yverdun, il cesse d'etre secondepar les hommes qu'il s'etait associes, et qui, selon I'autcur, ctaient aiissi ambi- tieux de fortune que Pestalozzi I'elait de bonnes oeuvres; la chute de son institut en est la consequence. Les faits rapportes sur Pestalozzi ne sont pas tous exacts. Une personne qui a vecu vingt ans pres de lui nous assure qu'il n'a jamais eu de cure dans le canton dc Zurich, et que, parmi les instituteurs d'Yverdun, un^scul avait etc du nombre SUISSE. —IT ALIE. 70', lies paiivres de Stanz. Lcs observations de M'"* DiUhon sur sa mt'thode nous paraisscnt assez justcs, qiioique sujettcs a con- testation. Nous somnies d'autant niieux places pour les appre- cier que nous avons nous-memes eu le bonheur de passer cieux annees de notrc enfance aupres du respectable vicillard. jyjiue Duthon termine sa brochure en disant qu'elle ne veut se permettre aucune observation sur la conduite des collabora- teurs de Pestalozzi. Mais die cite un passage d'une lettre dc celui-ci a M. et a M™' Niedercr qui seniblerait rejeter sur eux beaucoup de blame. Quand on veut rester ueiitre dans un Eroces, il ne faut en faire connaitre aucune piece detachee, ou ien il faut les publier toutes. Auguste Perdois-tset. ITALIE. a/, 1. — * Breve cennn, etc. — Precis sur I'hospice de la Ma- ternite de Florence, et compte rendu de la pratique dans cet etablissement, dcpuis sa fondation (en i8i5) jusqu'au mois de mars 1824, par M. le D*" J. Bigeschi, professeur d'accouche- mens. Florence, 1824- In-8". Le but principal du grand-due Ferdinand, en fondant cet hospice, a etc* de former pour I'Etat, et specialement pour les provinces, des sages- femmes instruites dans I'art qu'elles sont appelees a e.\erccr. Pour I'instruction pratique des eleves sages- femmes , cet etablissement n'a que quatre lits destines a recevoir, dans les derniers jours de leur grossesse, des femmes pauvres et mariees. Une telle disposition nous porterait a croire que les malheureuses fiUes victimes de la seduction se Irouveraicnt exclues du bienfait de cet etablissement; mais nous savons qu'elles sont accueillies dans un local a part, et qu'elles y re- coivent les secours et les soins dus par I'humanite an mallieur. Parmi d'autres hospices du meme genre, qui ont etc fondes snr divers points, en Europe, nous aimons a citer I'hospice de Milan, dit de Sainte-Catherine, qui reunit depuis long-tems tous les avantages desirables , soit sons le rapport de I'instruc- tion , soit sous le rapport de la police medicale. M. Bigeschi expose, dans son livre, le mode adbpte pour I'admission des eleves, la methode suivicpour leurs etudes, les formalites a remplir avant de se livrer a la pratique, et enfin tout ce qui concerne I'instruction des sages-fenimes. II donne ensuite la description et le dessui exact d'un lit mecanique pour les accouchemens, a la fois tres-commode pour la ferame en travail et pour I'operateur, et dont la construction ingenieuse et economique doit le faire preferer a tous ceux que Ton emploje 7o4 LIVRES ETR ANGERS. dans Ics hospices dc France et d'Anglctcrrc pour le menic objet. L'aiUeur lend corapte du resultat des accoiicheniens de cinq cents fcmmcs , en ajoutant des details et des notices d'un grand interet poiir les personnes de I'art. Cc livre, ecrit avec clarto et precision , est rempli d'observations curieuses et de faits instructifs. 242. — * Saggio di sperinicnti , etc. — Essais d'experiences sur les proprietes chimiqucs ct medicinalcs des eaux thermo- mincrales du temple de Serapis il Pouz^olc : ouvrage perio- dique qui contient les observations de sept annecs, par le D"^ Ca.tetan Conte, dirccteur de cct etablisseraent. Premier volume pour I'annee 1823. Naples, 1826. In-S". Dans une dedicace au roi , I'autcur signale a S. M. la necessite d'appliquer a toutes les sources d'eaux niinerales, qui abondent dans le royaume dc Naples, des dispositions analogues a celles que son auguste pere a fait prendre relati- venient aux eaux de Serapis. Certainement le gouvernement ne pourrait employer les denicrs publics d'une maniere plus honorable, ni plus utile pour le pays. La preface contient un essai historique sur I'cmploi des eaux minerales par les anciens , semblable a ce que Ton trouve dans la plupart des livres ecrits sur le meme sujct. Nous aimons a reconnaitre que I'autcur est anime des plus nobles sentimens pour la gloire de sa patrie, et pour le bonheur de I'espece humaine. Apres la preface , vient im hymne du professeur CiAMPi en I'honneur des eaux minerales de Serapis , puis un rapport de I'auteur ii S. E. le prince de Ottajano, intcndant de la province de Naples. Dans cet interessant rapport, presente a I'autorite un an avant la publication de I'ouvrage, M. le doc- teur Conte expose I'etat des bains de Serapis, et indique les ameliorations dont ils sont susceptibles. Nous apprcnons avec plaisir que le prince de Ottajano a donne des ordres pour leur execution. Les essais sont divises en deux parties : la premiere contient les observations faites conjointement avec M. le pro- fesseur Cassola sur les proprietes physiques et chimiques des eaux de Serapis , d'ou il resulte que leur temperature est de 34 a 35 degres de Reaumur, et qu'elles sont salines, analogues a celles de Montpellier, du Mont-d'Or, etc. La seconde partie, plus etendue, embrasse les observations de I'atiteur sur leurs effets medicinaux. II s'occupe particulierement des cas de ma- ladies du systeme nerveux : nous ne pouvons pas etre d'accord avec lui dans ses divisions , lorsqu'il reconnait deux especcs de fonctions dans le systeme nerveux : la sensibilite et la con- eractilite. La sensibilite n'est pas une fonction , mais une qua- ITALIE. 7o5 lite, une proprictu de tons les iitrfs; la conlractilite appaiticnt au systeine tibreux, et aux muscles en particulicr, et les neifs, ciaus ce cas , ne font que Icur cominuniquer un genre propre d'irritation , ou dc stimulation. Ainsi, les divisions ct les sub- divisions des maladies de la sviuibillte , et de la motilite, et de leui's complications no sont point philosophiqucs. L'auteur, du resic, a I'alt preuve de connaissanccs tres-etendues en mede- cine, et surtout en nosologic. Fossati, D. M. 243. — * Rclazione storica dcllo stflto civile, etc. — Tableau histovique de I'etat politique, des sciences ct der. arts cbez les Indians avant I'cpoque cl'Alexandre , par M. I'abbe N. Man- FREDi , ancien missionnaire apostojique au Malabar. Cremone, 1823; Manini. In-S" de 64 pages. Get ouvrage d'un savant qui, pendant quatorze ans, a prc- che I'Evangile aux Indicns dans leur languc, et qui maintenant recueille avec aulant de modestic que de bonne foi les souve- nirs de son paisible apostoLat , ne doit pas etrc confondu avec les dissertations puremcnt spuculatives d'un crudit qui ne connait les languos de I'lnde que par des vocabulaires, et le pays, ses moeurs, ses monumens , que par des relations qu'il n'a pu mettle en parallele avec larealitc. M. Manfredi croit, comnie bcaucoup d'autres , que I'lnde, un des plus ancicns berceaux de I'espece humaine, a vu naitre aussi dans son sein les premieres connaissanccs, les premiers arts; mais, s'il le prouve par les nombreux tcmoignagcs de I'antiquite, et surtout du siecle d' Alexandre, il semble qu'il le prouve encore micux, lorsqu'ilparle ainsi d'apres ses propres impressions: « Les pays les plus lacilement cultives, et qiu pi'oduisent en abondance toules les clioses neccssaires a la vie socialc de I'bomme, ont ete naturcUement les premiers peuples. L'Inde est une belle et fertile contree, ou riiommc ne trouve rien de nuisible; la chaleur y est temperee par des vents continuels et divers, par rombre epaisse des arbres, par les fleuves, les torrens, les rosees periodiques; dans lesvallees et autres cndroits propres a recevoir la semence, il sc fait deux, trois, et souvent quatre recolles annuellcs; les pluies tiennent presque lieu des soins de la culture; des fruits exquis sc succedent toute I'annee; le cocotier, arbrc merveilleux, qui, dans le voisinage de Bom- bay, se couvre de fruits murs quatre ou cincj fois I'an , devient plus fecond, a mesure qu'il approche du niidi, de sorte que .sur la cote de Travancore , oiije suis reste dix ans, il donne chaque mois de nouveaux fruits; la s'eleve ausfi I'arbre qui produit lui colon excellent pour toute espece de travaux; en UQ mot, ce pavs egale et surpassc peut-etre les plus belles T. xxxvi. — Deccnibre 1827. 4^ yo6 LivRES Strangers contrees du monde en richcsse ct en feoondite, etc. » Lorsfjn'on voit I'autenr appuyer cnsuite ces reflexions generales par les plus savantes citations , rapproclier des historiens d'Alexandre les livres indiens sur I'art militaire, analyser Ic code de lois recneillies sous ies auspices de lord Hastini;s; nous faire con- naitre le livre malabar KcinhUpatti, et Ic vocabulaire brama- nique [Amaraainhum), qu'il a liii-meme rapporte en Europe; a]iprecier avec lout le gout d'un Italicn la sculpture et la musique de ces peuplesj penetrer dans les secrets de leur astronomic, decrire et interpreter le Null ou cordon niyste- rieux des branies, s'empresser enfin de faire partaker a toutes ies nations eclairecs le fruit de ses longues recherches, il est impossible de ne pas se montrer reconnaissant jicur des con- fidences si importantes et si neuves; il est juste snrtout de re- commander a tons ceux qui s'occupent de la litterature de I'Indoustan un livre pen connu en France, et que distinguent la certitude des renseignemens, la precision des details, la simplicite et la candeur du style. On voit que I'ltalie est bieii loin de negliger les etudes orientales, et que le P. Paiilin de Saint-Barthelemi, un des pbis celebres indianiitcs du dernier siecle, a parnii ses disciples des successeurs dignes de lui. J. V. L. 2/j4. — Dell' origine de' sette e tredici comiini et di ahre popo • lazioni alemnnnc , ahitanti fra I'jSdige e la Brcnta , etc. — -De I'origine des sept communes et des treize comnuuies, et des autrcs populations de race ailemandc, qui se sont (ixees entre I'Adige et la Brentn, sur les territoires de Treute, de Verone et de Vicence : Memoire du comte Benott Giovanelli. Trente, 1826; Monanni. In-8". On rencontre an pied des Alpes du cote de I'AlIemagne, mais sur le sol de I'ltalie, certains villages dont les habitans con- servent un langage particulier, et des mceurs etrangeres aux populations qui les entourent. Les savaus et les geographes chcrchent en vain depuis long-fems quelle a pu el re I'origine de ces peuplades. On les fait descendre des races rheliqtus, des Cimbres,desLiguriens,ou des Allemauds. L'auteur du uiemoire qui nous occupe voit en eux des colons venus de la Souabe. II appuie son opinion sur des observations ingenieuses et savantes que les amateurs de ce genre de recherches pourront consulter utilcment. Fr. Salfi. 2/i5. — Cenni istnrici, etc. — Observations historiques sur la villc el la citadeHe de Turin , depuis r4i8 jusque en 1826, par M. Antoine. Milanesio, geometre royal. Turin, 1826; J. Favale. In-8». ITALIE. 707 M. Milanesio a divise son ouvrage en deux parlies. Aprcs avoir rappele que Turin passa sous la doiiiination des cointes de Savoie par le mari;igc d'Adelaide, femme d'Othon, troisieme fiis d'Hnmbert atix blanclies mains, dont clle ent Amedce II qui succeda ii rherilage iong-tems cnntesle des marquis de Suse, il expose, dans sa premiere pnrtie, les accroissemcns et les changemcus que cette ville a subis, depuis Amedee VIII jusqu'a rannee 1814. H marque parmi ses plus anciens monu • mens les tours diles 6'Ovidn, que le vulgaire croit avoir ete habitecs par le poete romain, sup])osition dont on a fait justice depuis long-lems. II jiasse dc ces tours au rempart nonime le bastion de Saint-Laurent, dontil fait remonter I'ori- gine a I'aonee il\Qi, sous le regne de Louis, fds d'Amedee VIII ; mais il ne s'attanhe pas a fouruir les preuves d'un fait qui, s'il ttait conslate, etablirait en favour des Italiens la priorite de I 'introduction en Europe de ce genre d'architecture miiitaire. 11 cite ensuite la citadellc de Turin, construite sous Emmanuel Philibert, ainsi que les canaux, les eglises, les hopitatix, les theatres et un grand uombre d'autres monumcus (pii ont place la capitale du Piemont au rang des jdus belles viljcs du n/onde. M. Milanesio n'oublie pas de mentionner le pontque les Fiancais y ont bati snr le P6 pendant leur dernier sejour en Italic. La sccondc partie du livre est consacree a I'analyse des embellis- semens que Turin a recns depuis 181 4- C'elte ville renferme actuellement 1 10,000 habitans dans uneenceintede 7,398 metres de lour. Sa position au centre d'une province liche et floris- sante, laccroissement rapide de sa population, ct I'impulsion donnee par le gouvernemenf, y ont favorisc la rapide multi- olication des elablissemens et des edifices de tons genres. M. Milanesio fait rarement la part de la critique et ne recherche pas avec assez de soin si <;es conslruclions nouvelies ont ete dirigees d'apres les regies d'un gout siWcrc. On doit cependant meUre au nondue des innovations utiles et dignes d'eloges I'agrandissemeiit du palais des sciences dans lequel on a place le Musce des antiquilt-s egypliennes forme par M. Drovetti, qui I'a cede recemment au gouvernement piemontais. BI. Milanesio a fail paraitre separcment une carte dc Tuiin gravt'e par M. BoRDiGA , habile artiste de Milan ; elle contient des tableaux chronologiques et stalisMques qui sont un veritable resume de I'ouvrage. C. Rossettt. 246. — * Mrmoric intorno alia vita ed alle npcrc di fFerncr led Haity , He. — Memoires sur la vie et les ouvrages de Werner et de Haiiy , par I'abbe Louis Configliacchi, professeur d'his- toire natureile a I'Universite de Padoue. Padoue, 1827. In-H". 45. 7o^ LIVRES ETRANGERS. M. Configliacchi a vonlii montrer, dans ret ouvragc, combicn Werner ct Haiiy ont coiitribue aux progres de la mineralogie. lis ont cree, en quelque sorle, deux sciences nouvelles, I'un en consitleraiit les masses minerales dans lenr ensenilile , et I'autre en determinant Icnrs moindres caracteres physiques. En cerivant la vie; de ces deux ilhistrcs mineralogistes, I'anteur suit avec exactitude i'ordre de Icnrs reclierches et de leurs dc- converles. II a prineipalemeut signale I'attachcment extraor- dinaire que Werner a toujotirs monlre poursa science favorite. Etant professeiir a Freyberg, il lui sarrifia sa petite fortune, et n'epargna aucun nioyen |)our communiqucr a d'autres les connaissances precieuses qu'il avait acqui'^es. Tandis que Wer- ner eclairait d'un cote !'A!lemague, Haiiy, de I'autre, soimiet- tait en France a un calcul plus rigoureux les lois do la cristallisation , et dcterininait les caracteres specifiques des mint-raux. M. Coiifigiiacchi, en appreciant les connaissances profondes de ces deux hommcs celebres, donne des preuves nouvelles de son savoir, et son exemple atleste que les Italiens savent rendre justice au merite des eirangers. 247. — * Frasologin italiuna , ossia roccfAta di 10,000 frasl, etc. — Phraseologic italienne. on Recueil de 20,000 phrases ran- gees par onlre alphabetique, et suivio d'explications , etc. Milan, 182G; Rusconi. In-8". Ces sortes de livres out ordinairement je ne sais quoi de specieux aux yeux d'une certaine classe de lecleurs qui lenr trouvent beaucoup plus d'importance qu'ils n'( n ont reellement. II ne faut pas cherelier la veritable richesse il'une langue dans cette abondance de phrases qui decele souvent la penurie des idees. On doit s'attacher a la claite , a la precision, fixer le sens qui convient exclusivcment a chatiue mot, ct surtont la difference reelle que Ton reconnait entre ceiix que I'on regarde comme svnouymes. C'est en observant avec soin ces nuances qu'un ecrivxiin pent donner a son style toute la precision con- venable , et ee genre de rechcrches n'a pas encore etc I'objet d'un travail complet pour la langue italienne. Elie parait souvent pauvre au milieu de ce luxe de phrases qui seduit beaucoup d'ecrivains italiens. On doit toutefois repiochcr ce defaut plulot aux auteurs qu'a la langue elle-meme : distinction essen- lielle qui parait avoir echappe a des critiques eirangers, d'ail- Icurs judicieux. L'ouvrage que nous aunoncons j)eut eependant etre utile, si Ton ne perd jjoint de vue les principes que nous venous d'indiquer. 248. — * Prose ineditc, etc. — Discours en prose inedils, dc Gabriel Chiabrkka. Genes, 1826; Pagano. In-8°. ITALIE. 709 Si nous appeloiis i'allcntion sur cos discours d'lui des plus jjrands poetes italiens dii xvii^siocle, c'est qu'ilsnous paraissent tievoir scrvir a dr;tronj|)er la plupait des titrangers (]ui rope- tent trop souvent que les Italiens, remai(]uables par le talent d'ecrire en vers, sont restes au - dessous dii mediocre dans I'art d'ecrireen prose. Chiabreia commaiide egalement radmiration- comme poete et coinme prosateiir. Dans le premier de ses dis- cours , il fait riiistoire du marquis J.- J. de Medicis; il raconte les efforts lentes par ce seigneur pour detruire la liberie de Sienne, quedefendit avec energie, mais sans succes, le cilebre Strozzi. Bien que Chiabrera, comme poete, ait souvent chante les Medicis de son terns, comme historiographe il n'a pas he- site a retracerles crimes des oppresscurs de la Toscane , etles vertus du dernier citoyen dont se soithonore ce pays. Apresia vie du marquis de Medicis, on troiive un Eloge d' Alexandre Farnese ; puis, Srois Dialogues sur I'espece d'ode que les Ita- liens nomment (r/rtso/?/, et qu'il ne faut pas confondre avec les chansons francaises. Chiabrera sut garrler un juste milieu enlre Timitation servile despetrair/uistex et la licence des iiiarinistes ^ il mit a profit les travaux de ses devanciers, anciens et mo- dernes; en marchant sur les traces des poetes grecs , il fonda nne nouvelie ecole; il imita surtout Pindare, ainsi que I'avait fait Horace, et fit connaitre aux Italiens des bcautes dont on n'avait pas encore songe a tirer parti. Aucun poeto uel'a sur- passedans le genre anacreontique. 249. — Leonida , etc. — Leonidas, Iragedie de G.-B.-R. Moreno. Genes, 1827; Ricci. In-8°. Un journal italien, en annoncant cecLe tragedie, a declare qu'elle rappelle le genie de I'immortel AUieri. Malheur a ce poete, si Ton se formait une idee de sou g-Juie par le Leonidas de M. Moreno. II n'exisle aucun rapport entre les tragedies do I'un et les pieces de I'autre. Plan , metliode, caracteres, versifi- cation, style, tout est different. 11 n'y a meme aucune appa- rence que I'auteur de Leonidas ait voulu prendre Alfieri pour niodele. Sa tragedie compte plus de dix personnages, des inci- deus nombreux, compliques, et peu vraisemblables; sa diction cstpeu concise, et paifois peu correcte... Qu'y a-t-il de commun entre ces fautes graves et les beautes d' Alfieri ? F. Salfi. Oui'tages periodifjues. i^o. — * Aniologia, etc. — Anthologie, ou Journal de sciences, Icltreset arts. N° 79. Florence , 1827. In-8°. Le cahier que nous annon^ons renferrae, comme ceux qui 710 LIVRES ETRANGERS. out pn-cedii, des arlicles tl'un grand intcrct. On y troiiTe d'a- bord un longet savant nic-inoire, signti Patrophile, qui forme la premiere partied'im ouvrageinedit sur \a PiiOlicitc des Jugr/ncrts enmatierc criniinc.Ue. L'aiiteur examine avec nne sage modera- tion lout ce qu'on a avance on hasarde jnsqn'ici A cet egard ; il ajoute meme anx considerations des antres pnblicisles, et sur- tont a (relies de M3I. /. Bcntham , Et. Damoiit, ct P. Rossi. L'au- tenr prouve qne le secret , dans la poursuite et le jugement des affaires criniinelies, pent favoriser la corriqition des juges ct des temoins , etrendre difficile la decouverte do la verite; qu'il nnit a h liberie civile, s'oppose an veritable bnt des lois pe- nales , etc. — Un autre article, remarquable par I'esprit qui I'a dicte, est une Lcttrc d'Et. Mayer, adressee a M. Benci , sur I'e- tude des anciens et sur les rapports de cette elude avec la lit- terature italiennc. Un troisiemc article, non moins curieux qn'instriictif, est la Relation iX wn voyage qn'un citoyen de Li- vonrne a fait dans le Canada. On trouve anssi dans ce meme cahier nne description fort detaillee et pieine de vie du mo- nument eleve a la gloire de Canovaa Venise, ct dont nous avons dej;\ parle ( voy. ci-dessus , page Sog ). F. Salfi. PORTUGAL. 25 1. — * Memoria hislorica sohre as obras do real mcstcrio de Santa Maria da Victoria, etc. — Memoire sur les ouvrages d'arts renfermes dans le nionaslerc royal de Sainte-lMarie de la Vic- toire,nomnu'; vulgairement de la JSatai/le ; p'dv don Fr.-Fran- cisco DE S. Luiz, eveque coadjuteur de Coimbre, comte d'Ar- ganit , piesident de la Chambre des deputes de la nation por- tugaisc, menibre de I'Academie royale des sciences. Lisbonne, 1827 ; imprimeriede rAcademie royale des sciences. Petit in-l° de 7 2 pages. Ce memoire est plein d'une erudition que le plus grand nombre ries lecleurs tronvera de son gout ; car plusicurs sortes de cnriosites y scront satisfaites. Le monastere dont I'autenr donne , non-sculement la description, mais I'histoire, fut fondc par le roi Jean F' , en execution du voen qu'il avait fait aj la sainte Vicrge, le 14 aout i385,au moment de livrer aux Es- pagnols la bataiUe d'Aljubarrota , oil les Portugais remportc- rent une victoire complete. On s'atlachera, principalement ailleurs qu'en Portugal, au qnatrieme chapitre, oiiM. deSaint- Lniz parle des monnmens historiques deposes ou construits dans le convent de la Bataille ,d'apres la chronique de Fr. Luiz de Souzi. Parmi les documens historiques inseres a la fin de ce PORTUGAL.— PAYS- B AS. 7 1 1 raeiDoire , il y en a deux qui foutconnaitre le latin du w" siecle » en Portugal, et donnent le moyen de le comparer ace que la mcme langue etait en Aliemagne, il la ineme epoqiie. An reste, le latin nVtaitpasmoins altero et deformea Parisqu'a Lisbonne, ainsi qu'on le voit par une citation tres-cnrieuse intitulee : Au- thcnlka das reliquias , inseree ^ la fin de ces documens. Y. PAYS-BAS. 252. — * Memoire et observations sur la perforation de la membrane da tympan , pour retablir I'ou'ie chez les sourds- muets, par M. deNeuborg, D. M. Bruxelies, 1827; Tarlier. In-8°. L'auleur de celte brochure, ci-devant chirurgien-m;ijor k I'armc'e des Pays-Bas, ou il a donne des preuves de son talent et de sa philanlropie , exerce depuis quelques annees I'art de guerir a Bruxelies. A I'exemple de M. te D"^ Deleau, de Paris, il s'applicpie avec zele a retablir Touie chez les sourds-muets, et la reputation qu'il s'est acquise en Bclgique par ses succes obtenns on pcrforaut la membrane du tympan dans la surdi- mutitc , fera sans doute rechercher son Memoire, dans letpiel il a depose le fruit de son experience et consigne phisieurs fails qui parlent fortement en faveur d'une operation qui est encore loin d'etre invcstie de cetle confiance qu'elle scmble nieriter. Dans sa brochure, M. de Neuborg cherche a prouver I'in- nocuite de la perforation du tyn;pan, cxplique les cas ou elle est indiquee, rapporte plusienrs observations que sa pratique lui a fournies sur la reussite de I'operation, decrit la maniere d2 la.pratiquer , et donne la description de I'instrument dont il se sert, et qui est figure a la fin de son ecrit. De Kirckhoff. 253. — C. J. C. Reuvens, Orotic de archceologice cum artibus reccntioribus conjunctione. — Discours sur les rapports de I'ar- cheoiogie avec les arts modcrnes. Leydc, 1827. In-4° de 25 p. L'auteur, professeur ordinaire k la faculle des lettres de I'Universite de Leyde, s'efforce de demontrer, par des docu- mens historiques , combien I'etude de I'art des anciens a exerce d'influcncc sur les arts modernes. II lui altribue les progres qu'out fails les beaux-arts, surtout depuis le tems de Francois I". Mais M. Reuvens ne s'occupe pas de tons les arls, il se borne a trailer de rarchitecture; aussi, le litre de son discours aurait-il peut-elredul'annoncer ; il a etc traduit enlangue nationale par M. P.-O. Vander Chys (Amsterdam, 1827. In 8° de 74 p-) X. 254. — Les priiicipnux tableaux du Musce ii La Haye , ^ij LI V RES 1^:TR ANGERS. i^rm'cs tiu trait, awe leur description. La Haye, i8aC; impri- riitiie dii goiivenicmcnt. Lri jJiTniiere panic de cet onvrat;e conticnt aS graviircs an trait, cxL'Ciitoes avcc line i^rande jjcrfeclion. On y troiivt- rcxprossicni des pliysiouomit's, les nuances dcs distances dans lenal , la niedecine If^gale, out olTert a MM. Den Tex, Berg, Dkjonghe, Schull, blier quelquefois des morce;iiix faibles, ou inconipk'leiiient claboics. — Les 8 volumes qui t'oniieiit la collection de la Tlicmis se vendeut 56 fr. aux personnes qui souscrivent pour le y" volrinie , au bureau de redaction , rue Soufflct , ou pLice SainlcGeaeviOvc , u" 2. PATS-BAS. — LI\ PiES FRANCAIS. 7 1 7 Meter ct Thyssen des sujets de dissertations plus on moins dtendiies. Dans la partie dii Recueil qui a pour, objet rcxattien des ouvrages nouveaux, et qui apparlient presque en totalile a MM. Van Hall et. Den Tex, nous avons remanjue Ie5 Notices sur le projct de code penal de la Louisianc , sur los annotations ad Gaiuni de M. Van Assen , sur deux Memoircs de M. de Savigivy, sur le dernier ouvragc de M. I.ocue, sur I'ouvra^c de Miller intitule : An inquiry into the present state oj the cifil law of England, etc. On reuiarque dans tous les jugemens que les editeiirs des Dydraegen out porte sur les ouvraj.;cs, autant de sagacite que d'independance; et les tnemes qualites se retrouvcnt dans le compte rendu par M. Van Hall de la jurisprudence de la cour superieure ile La Have, et des travaux executes dans les Pays-Bas a I'egard des sources recemnient decouvertes de Tancieu Droit romain. II parait chaque annee, 4 livraisons des Bydraegen , formant ensemble au dela de 5oo pages in-8°; les livraisons de 1H26 out ete publiees avec regularite; niais nous n'avons encore re^u que 2 livraisons de 1827. D. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiqiia et natnrcllcs. 267. — * Encyclopedic populaire , ou les sciences , les arts ct les metiers mis a la porlee de toutes les classes. Paris, 1828; Audot, editeur. Cette collection sera composee de volumes in-i8 , qui se vendront separement au prix de i fr. Cette nouvellc entreprise bibliographique estune traduction, ou plutot une imitation des cahiers publiees en Angleterre par la societe des connaissanccs usuelles , donl M. Brougham est pre- sident.'Pour approprier a notre usage cette ceuvre des savans anglais, on a senti qu'il fallait quelques modifications; que d'ail- leurs, lorsqu'il s'agit de sciences ou d'arts, le devoir dun traducteur est d'ameliorer ce qu'il veut mettre a la disposition de sescompatriotes. II vient plus tard que I'auteur qu'il traduit, et par consequent, il est tenu de faire mieux que I'origiual, de rectifier ses iu(;xactitudes, de completer ses lacunes : on attend de lui le travail que I'auteur lui-nu'-me se serait impose , dans une seconsle edition de son ouviage. II n'en est pas ainsi , lors- qu'il est question de transporter dans ime autre langue \\n 7i8 LI V RES FRANC AIS. ouvrage d'lmagination : la fulclitc la plus scrupuleuse est alors iniposi'c ail tradiictcur ; ce qui! lelianchcrait scrait iin vol, et ce qii'il ajoiittrait miu falsilicalion. II laut du savoir ct bcau- coiip dc savoir ])Our bicn tradiiirc iin oiuragc do sciences, et nil talent leniarqnable, ]ioiir etio sans reproehe, qnand on traduit un ouvrage dc litterature. Presque toiijours, les traduc- tions sont confiees a I'ignorance et aux manauvres litteraires : la Bibiuitlicquc das conuoissanccs usticUes , transforniee on Encychpvdle populcire , n'a pas eu ccttc mauvaise fortune. M. BoQL'iLi.oN, traducteur des volumes que nous avons sous les yeux, a satislait honorablenient aux obligations qu'il avait contractees, en se chargeant d'etre I'intei'prete des redacleurs anglais. Le style Ost convcnable, les idees sont exposees avec clarte : c'est tout ce qu'il etait possible de faire, et par conse- sequent, tout cc que Ton pouvait espercr. Quant a Tutilite reelle de chacun des ouvrages qui formeront cettc Encyelo- pedie, c'est I'exjjerience qui doit nous I'apprendre; mais, dans le resultat de celte experience, quel qu'il soit, comment separer ce qui ap|)artient aun livre et a la forme particuliere de sa redaction, de cc que les circonstances et les influences exterieures vienncnt y meler ? Comment fixer Ic point du de- part, le dcgre d'influence des causes favorables ou contraires, evaluer les resistances ? Aucune etude n'cst plus difficile que cellc de I'homme : et, si Ton avait eu le bonheur de surmonter tous les obstacles, ct d'arriver a une connaissance assez com- plete (le notre nature , il resterait encore a faire usage de cette' connaissance pour perfectionner I'art social, autre travail d'une extreme difficulte. Les societes, dont Tinstruction populaire est I'objet, proposent des prix pour la redaclion d'ouvrages a la portee du penple ; elles redigent avec soin les programmes de ces compositions, jugent les concurrens avec une judicieuse bienveillance, et trouvent de tems en terns I'occasion de de- cerner des couronnes. Cette pren'.iere partie de leur tachc est facile ; mais la seconde Test beaucoup moins. Il s'agit de con.>»- tater, par des observations tres-attenlivcs et philosophiques , que les questions out ete bien posees et bien resolues; et , si Ton decouvre que le but n'est pas atteint, il faut se remettre sur la bonne voie , et recommcneer. Ce zele philantropique ne preserve point de rerreui- : il merite doublement noire recon- naissance et nos eloges, lorsqu'il revient sur ses pas , et fait le sacrifice de tout amour-propre aux grands el nobles interets de riiumanite. Quelquc bien que Ton ait a dire des ouvrages populaires publics jusqu'a present par les societes les plus eclajrees, on nc peut les considerer que comme une premiere SCIENCES PHYSIQUES. 719 eprciivc dont il s'agit de connoitre le rcsultat ; il faut constater ce rcsiiltat par des moyciis dont la recherche est un ol)jct dii^ne des plus sericnscs meditations. Ck!S reflexions preliminaires nous ont mone si loin, qu'il ne noiis rcste phis asscz d'espace pour rendre compte des trois premieres Hvraisons qui ont deja pare, el que i'<'mpresscment du pid)lic n'a pas laisse sejourner long-tern? dans Ics mai^asins de I'editenr. Nous les joindrons anx Hvraisons snivanles, qui sans doute ne tarderont ])as ;i paraitre. F. 258. — * Annnnirc dujarduiicr ct ilc I'ngrononie pnur 1828, renfermant les descriptions et la culture de toutes les plantes utiles ou d'agrement qui ont ete decrites pour la premiere fois en 1827; les nonvelles d horticulture de la nieme annee; des considerations sur I'acclimatation ct la naturalisation des plantes; les piincipes generaux de la grcffe, et la description de toutes les greffes herbacees ; enfin, un tableau des meilleures especcs et des varietes d'arbrcs fruitiers entrant dans la com- position d'un jardin on d'un verger; etc.; suivi d'une table alpliabt'ticiuc renvoyant a toutes les plantes decrites dans les Aitnuaircs du jdrdintcr des annees precedentcs; par un y'^vrr//- nier ngmnoinc. Paris, 1828; Roret. In-i8 de 214 pages ;prix, I fr. 5o c. On rcgrette que M. Boitard, redacteur de cet ouvrage, comme ravertissement nous I'apprend , cntrelienne ses lec- teurs de contestations qui se sont elevees dans le sein de la Socicte d'horticuliuri; , et dont le public raisonnable refusera certainement de prendre connaissancc. Un Annuaire, essen- tiellement destine a renfermer des annonccs utiles, des don- nees et des indications a I'usage de tons, peut-il etre une lice pour ces joutcs oiseuscs, auxquelles les assistans ne s'interessent guere que ])ar une malicieuse curiosite ? Les lecteurs senses eomposent le public des eciivains jaloux de se faire une repu- tation durable, et ce pujjlic exige qu'on le respecte. Apres cette boutade, venous a VJnnitairc du jardlnier. Il [)arait que la censure nV'tcnd point jusqu'i I'empire de Flore sa malfaisante influence. L'annec 1827 n'a pas ete moins fe- conde que les precedentes, pins heurense que I'esprit, la ma- tiere a suivi paisiblement les lois generales qui la legissent, ct les directions que les arts de I'homme lui tracent, conforme- ment a ces lois. U'imagination s'etonne a la vue des catalogues dc plantes nouvelles introduites dans les cidlures, de varietes obtenucs et conservees par les si ins du jardiuier : il semble que nous soyons menaces d'un debordement de richesses bo- taniqucs anxquelles il sera difficile d'opposer des digui s asscz 720 LIVRES FRANCAIS. fortes. Toutcfois, quece danger, encore eloigne, ne nouseffrii.-' pas : d'autres soins beaucoiip plus pressans soUicitent notre altenlion; que les jardinicrs poursuivcnt leurs agreablcs rc- cherchcs. TSous aceeptons avec reconnaissances les fruits de 1 horticulture de 1817, donL M. Boitard nous donne le cata- logue ct la description, et nous csperons (|uc rann«';e 1828 s'enrichira do nouvclles conquetes en cc genre , et que le nienie ccrivain prendra soiu de nous les faire connailie. 25g. — ' Dc la cti/tiirc da ntiliier, par MtUhicu Bonafous, dircctcur dujardiu royal d'agriculture de Turin, etc. Tioisiemc edition. Paris, 1827. M"'^ Iluzard. Barret, a Lyon. In-80 do 62 pages avccuneplanche. Prix, i f. aSc.et i fr. 5oe. parlapostc. On ne pent trop niultiplier les editions d'un ouvrage tel que ccUu-ci, car I'interet des cultivateurs de la plus grande partie du sol franeais est de savoir tout ce que M. Bonafous leur apprend en quclqucs pages, ct surtout de le pi-atiquer. Le de- partcmcnt du Rhone a bien scnti la grande iitilite de cettc instruction, et une medaille d'or, decernee a I'auteur, prouve que les administrateurs de ce departement savent apprecier et recompenser les services rendus a leur pays. En joignant a ce petit ecrit ceux du meme auteur sur I'education des vers a soie, on a tons les docuniens necessaires pour tirer le meil- leur parti de la culture du miirier; csperons que la culture de cet arbre precicuxs e propagera dans tons les lieux qui lui conviennent. Des ecrits tcls que celui-ci sont tres-pi'opres ii hater cctte grande amelioration de notre agriculture. Y. 260. — * Manipidations cininiqites , par Farahay , profesf^eur de chiniie a \ 1 nstitut royal de Londres; traduit par M. Maisf.au, tradiicteur de VEiiqiiele du paiicnicnt anglais sur I'indasuic ; revu, pour la ])arlie technique par M. Bussy, professeur de chimie a fEc.nle de pharniacie de Paris, etc. Paris, 1827; Sautelet. 1 vol. in-S*^ de 400 p.; prix, 14 fr. Cette traduction est I'oeuvre de deux assocles dont Tun a fourni la counaissance de la langue, et I'autre celle de la science. Notre cpoque est celle des associations pour faire le bien; le plus grand neudjre de celles dont I'histoire fait men- tion n'avaient d'aulre but que I'interet des associes, aux depcns des interets geniiiaux. L'ouvrage le plus complet que Ton ait publie sur les mani- pulations diiniiques est, a coup sur, celui de M. Faraday, et un professeur aussi habile ne pouvait composer un ouvrage mediocrement bon. Remerclons done les deux ecrivains qui I'ont fait passer dans noire langue. Si desormais les chimistes ne sont pas en etat de tout faire dans un laboratoire, dc sc SCIENCES PHYSIQUES. -at passer au besoin d'aides, d'ouvriers, de sccours de foiite sorte, de supplcer aiix instrnmens qui leur mancjnetit ou de Ics cons- truire eux-memes, ce ne sera pas la faute de M. Faraday. Si cet ouvrage avait ete compose par des chiniistes francais, on v troiiverait qnelqucs precedes qui i)araissent inconniis en An- gleterre ; reciproquemenf , nos chimistes les plus instrults acquerront la connaissance de quelques manipulations pro- pres aux chimistes anglais : heureux resultats des communica- tions scientifiques. Des gravures en bois achevcnt d'eclaircir ce que les explications n'auraient pas fait assezbien comprendre: I'auteur et ses inlerprctes n'ont rien neglige pour que I'ouvrage fut en etat d'exercer une influence remarquable sur la science et ses applications ; espi'rons qu'il obliendra le succes qu'il merite a tant d'egards. H. Dussard. 261. — * Traite des membranes en general et des dircrses membranes en particuller , par Xav. Bichat. Noiwelle edition , revue et augmentee de Notes par M. Macekdie, de I'Academie des sciences, medecin de Thopital de la Salpelriere, etc. Paris, 1S27; Gabon; Mequignon Marvis. Iu-8° de xxxiv et 3/|9 pages ; prix 5 fr. 5o c BiCHAT kit, en 1798, a la Societe medicale d' emulation de Paris, deux Memoires sur la structure et la distinction des membranes : ils furent publics, en 1799, dans le 2c volume du recueil de cette Societe. A cette premiere ebauche deja remar- quable succeda, en 1800, le Traite des membranes, production pleine de vues nouveiles et de brillantes inspirations. Mais bientot, fecondant les gcrmes qu'il avait deposes dans cet ouvrage, riche t!e plus d'experience , d'observations plus nom- breuses, embrassant I'ensemble de I'economie, la totalite de nos organes, Bichat donna au monde savant, en 1801, son Jnatomie generale , oeuvre imperissable d'un des plus beaux genies qui aient eclaire la medecine, et en 1802, le 22 juillet, il mourut a I'age de trente-un ans! Le Traite des membranes, dont nous annoncons la reimpres- sion, ayant ete refondu dans V Jnatomie generals, doit etre surtout considere, ainsi que !e dit avec raison M. Magendie, son editeur , comme un monument biographique propie a faire bien juger le talent dont etait done Bichat. Pour etre mis au niveau de I'etat actuel de la medecine, il eut fallu en quelque sorte le refaire; mais ce travail n'etait pas ce que devait se proposer M. Magendie. II s'est contentc d'indiquer ca et la , par quelques notes, ce qui eut pu induire en erreur, et celles des previsions de Bichat que le tenis n'a pas confirmees. Peut-etre, cependant , au lieu de =e borner a des remarques destinees T. xxxvi. — Deccmbre 1827. 4^ 724 LIVRES FRANC AlIS. seulemeiit a rectilier le tcxte, tut on dCi aiissi, pour rendre i\ Bichat nn hommai^e nierite, nionlrcr quels developpcincns il avait lui-memc donnes a scs premieres idees, et coiunient il les avail pcrfcctioiinees, soil dans son Jiiatomie , soit dans scs Bechcrc/irs siir la vie et la inort, qui siiccederent a son Traite des meiiibranes. Ce qui, dans ce dernier ouvratje, est de- meure ori[;iual , c'est la description de rarachno'ide ; mais , dans ce sujet difficile, il elait reste bien des points encore controverses. Il etait necessaire qu'ils fusscnt eclaircis, et per- sonne n'etait plus capable de le faire que M. Magendiequi, s'e'.ant occnpe specialement des fonctions de cette membrane, poiivait donner sur sa structure le resultat de ses propres re- cherches. RiooLLOT^/i-, d.-m. 262. — * Traite sur Irs gastralgics et les cnterolgics , on Maladies ncrceuses de I'cstoniac et des intestins; par le docleur Barras. 1'' edition, revue, corrigee ct augmcntee. Paris, 1827; Bechetjeune. In-8°; prix , 5 fr. 5o c. Un niedecin , long-tems malade , vient de publier I'liistoirc de ses longnes souffrances. II nous apprend quellcs erreurs ont ete conmiises a son sujet, quels resultats ont ens les con- seils de la plupart des medccins dont il a reclame les secours; eniin , il nous montre, en derniere analyse, ce que chacim peat concevoir, que I'air pur des champs, im regime doux et sub- stantiel sont les seids moyens qui aient apporte qnelquc adou- cissement i ses manx. Voila pour les gens dn nionde une beile lecon , sans contredit. En piotiterotit-ils? Get exemple devrait les flapper; car ia maladie dout il s'agit est de celles qui atta- ro- porlionnees a leurs travaux, et qii'il faut, pour les reparer, nou-senlement user d'alimens sains, mais encore les prendre en tems opportun et laisser a I'estooiae le tems de les digerer. SCIENCES PHYSIQUES. 7x3 Cetorgane, que, dans une des fables de La FoDtaine, les membres accusent de paresse et d'inactivite, est presqne aussi injustement traite par la phipart des hommes. Lui seiil doit agii" toiijours; il doil constamment exciter I'alimentation et s;i- voir s'arranger de celle qu'on lui doniie. Pour lui, jamais de repos ; et, si quelque exces ou, ce qui est encore pins frequent, quelque modification atmospheriquc, ou quelque peine morale, trouble ou suspend ses fonctions, apres avoir, pendant plu- sieurs siecles, crie a la djspepsie , nous crions main tenant a la gastralgic , et bien plus generalement a la gastrite. Le doctenr Barras, toutefois , homme sage et plein depro- bite , en cherchant a prouver que la plupart des affections de I'estomac ne sont nuUement inflammatoires et tiennent seule- ment a Texaltation ou bien k la depravation de la sensibilife de cetorgane, ue pretend pas (jue la gastralgic doivefaireentiere- ment oublier la gastrite. Il n'a point la pretention de faire secte. Praticien modeste , il se borne a combattre, par les fails qu'il a ele a meme d'observer, les abus d'une doctrine exclusive dans ses dogmes et stduisante par sa simpiicite. Pour le dire, en un mot, ce medecin ecrit sous la diclee de la raison et de I'experience. Le succes de cet ouvrage annor;ce que le public commence a ne plus se payer de mots. I! prouve, ce que tnnt d'autres fails prouvent egalemcnt, que la raison publique s'c- claire en s'exercant. Qui aurait pense , en France . il y a qua- ranle ans, h. demander compte a son medecin de I'etat de la medecine et des motifs qui le portaient a agir ? Quel- ques mots echanges sur la pituite on sur la bile eussenl satis- failles plus curieux.Nous vivons aujourd'hui sousl'empire des fails ; chacun reclame le pourquoi , en toute cliose. Le lems est a jamais passe oil Ton croyait sur parole , od Ton jurait sur la foi il'autrui ; et, si d'habiles jongleurs occiipent quelquefois en- core la scene du monde, leur regne est de courte duree. La derniere doctrine medicale qui a pris vogue dans nos ecoles rapportait loutes les maladies a une serie de phenomenes a pen pres identiqiies , quels que fussent ses rapports , les fonc- tions ou la structure des orgaues qui en etaient le siege; quels que fussent I'age, le scxe et les dispositions |)articniiercs de I'jndividu qui en etait le sujel. Rien n'etalt plus facile a conce- voir, ni ])lus coiiunode a etablir. Une generation naissanle, im- bwe de ces priricipes, croyait avoir lout appris; mais I'expe- rience a bieutot prononce. La pratique , en montiant chaqiiejour de nouveaux fails j^^a signalo des raj)j>orts differens, a prouve ce qu'nn medecin ne devrait jamais perdre de vue, que tout est varie dans la na- 7*4 LIVRES FRANC-AIS. ture. Partoiit il u'cxiste , on cffet, que des individus j et quani aiix modiQcations que Ic corps humaiu eprouve , elles sont ttl- lement divcrsifices, quo, pour un observalour altenlif, il est impossible den troiiver deux qui prosentcnt une veritable parile. Les modifications dont le systome ncrvciix est susceptible sont incontestablemcnt les plus nombreuses et les plus diflieiles il classer. De tout tenis elles out exerce la patience et la satra- cito des medecins 1<'S plus habiles. De tout terns aussi, les tra- vanx de ces observateurs n'ont eu pour resultat que de pre- parer des materiaux; pas une main, que je saclie, n'a ete assez liardie pour oser pretendre a les coordonncr. La direction des osprits et IVtat de la science veulent imperieusement que clia- cun paie son tribut, en indiquant les resultats de son expe- rience; niais sans imposcr aux autres une opinion et surtout sans torturer lesfaifs. Or, le travail dudocteur Barras reunit cos deux conditions importantes ; I'eslime de scs confreres et celle du public ont deja recompense ce medecin de la reserve judi- cieuse qu'il a su garder et des efforts qu'il ne cesse de faire pour detruire une opinion trop accreditee. J. B. F., d. m. 263. — * Lettrc a M. le chwaller Vincent de Kern , premier chirur^ieii de S. M. rcnipereur d'Autriche, en reponse a un ecrit ayant pour titre : Reflexions stir la nouvcllc inethode de MM. Civiale et Leroy , pour broyer et cxtraire les calculs vesi- ca luc ; par le D'" Civiale. Paris, 1827; Bechet jeune. In 8° de 76 pages avcc une planclie; prix, 2 fr. Nous avons parle plusieurs fois de la methode du D'' Civiale pour le broiement et I'extraction des calculs vesicaux par les voles natnrelles, et des resultats cxtraordinaires que cc chirur- gien cbtient chaquejour. Cette revoUuiou chirurgicale s'est si- gnalee par une polemique animee, et dans laquelle les antago- uistes de M. Civiale n'ont pas toujours fait preuve de justice. Comme les decouvertes les plus utiles, la lithotritie fut d'abord tr^itee de chimere. Lorsque les resultats eureut constate son im- portance, on voulut refuser a sonauteur le meriledel'invenlion: d'abord, en lui opposuul des pretentions rivales, ensuite, en attribuant alaohirurgie allcmaiule imc decuuverte qui est toute francalse. Apros etre reate l(jng-tems etranger a cette discussion (lui n'a point eu tout le succes auquel pretendaient ses adver- saires, ?•!. Civiale a cousenti eufin a faire valoir ses droits de- vant le public. Nous avons fait connaitrc son premier ouvrage, public il y a plusieurs mois (i), dans lequel cet habile praticien a expose {l) De la Lilholritic , ou llioiemenl de la pierre dans la vessie. Paris , 1837; Bechel jeune. In-S"; prix, 6 fr.{Yoy. Rei'. Enc, t. xxxiv.p. 187 } ' SCIENCES PHYSIQUES. 7^5 la nature de ses travaux tlont le but etait de subslituer a I'uno des operations les plus graves et les plus terribles de la chirur- gie , une operation peu douloureuse et exenipte de dangers. M. Civiale indique les tentatives infructueuses que Ton avail faites pour soustraire les calculeux a Toperation de la taille , et il fait connaitre, par des releves de statistique, les chances de succes que la cystotomie pent offrir. II fait ensuite rhistoire de si'S propres recherches , trace la marclie qu'il a suivie pour parvenir a broyer la pierre dans la vessie. et publie les resul- tats, qu'il a obtenus par une operation que V Academic des Sciences a designee par le noin de mcthode Civiale , et que ce corps savant a declaree glorieitse pour la chirurgie francaise , honorable fjour son autetir ct consolantc pour V iiumanitt' , en de- cernant a son inventeur le grand prix de chirurgie de dix uiille francs, fondeparM. de Montyou. La brochure que nous annon<;;ons aujourd'hui est une re- ponseauxattaquesd'uu nouveladversaire, le premier chirurgien deS. M. I'empfreur d'Autriclie. M. Civiale fait connaitre les au- tecedens de la lithotritie, discute lemeritedesdiverses tentatives qui ont ete faites , et combat, par des faits et par des argumens sans replique , les suppositions et les assertions inexactcs aux- quelles avaient eu reeours les dctratteurs de cette belle dccou- verte. Il termiue cette partie de sa reponsc a M. de Kern par un parallele de I'ancienne operation et de celle qu'il a inventee , prouve par des faits nornbreux la grande superiorite de ceile- ci. Apres avoir demontre combien sont imaginaires les incon- veniens que Ton a cru Irouver dans I'emploi de sa methode, M. Civiale aborde la question de la prioritc d' invention , ct ses recherches etablisseut que I'idee premiere de la possibilite de broyer la pierre dans la vessie se trouve exprimee dans quel- ques auteurs arabes , qu'elle a ete souvenl reproduite, que Ton a mcme presente des projels, mais qu'ils a'ont pas ete executes, et que cette idee etait restee sterile pour la science et pour I'humanite. Quant a la discussion des pretentions rivales que I'auleur presente avec autaut de clarte que de franchise, I'ouvrage renferme tons les eciaircissemens necessaires. Z. 264. — Astronomic des Demoiselles, ou Entretiens entre un frere et sa sceiir, sur In mecanique celeste, demontree et rendae sensible sans Ic secotirs des malhcmalifjues , augmentes d'idees ])uisees dans les decouvertes les plus nouvelles, et d'apres les uieilleurs astronomes; suivis de problemes dont la solution est aisee, et enrichis de plusieurs figures ingenieuses, servant a rendre les demonstrations plus claires; par James Ferguson, 726 LIVRES FRANCALS. profesvciir il'astronomie, ct mcmbic ilc la Societc royale de Londrcs : oiivraije tiaduit de I'auglais, levu ot auguiciitc par M. QuETRiN, professciir ot auteiir de divers ouvragcs siir I'as- tronomic et la geogtaphie. Paris 1827; Raynal , luc Pavee- tiaiiit- Aiulre-des-Arcs, u° i3 In-12 de 9.') 2 pages, avec six pl.in- clies giavees et coloriees ; piix, 3 fr. 5u c. Le livre anglais que M. Qiielrin a tiaduit ne m'est pascouuu; mais le noui de Ferguson me semb'.aii devoir promettre cjuel- que cliose de mieux que la traduction qu'on public : c'cst tout simplenient un expose de la sphere, a peu pres comme on en met en tele des geographies elementaires a I'usage des pension^ nats de demoiselles. 11 est vrai que Ion y trouve les donnees nunieriqucs exactes qui servent de base au systcme planetaire; inais comme ces nombres ue sont amenes par aucun raisonne- ment qui puisse pcrmettre iVc/itiei'oir comment la science les obtient, ce sont des hors-d'oeuvre tout-a-Cait hors de la portee des personnes auxquelles le livre est destine, et ces tableaux d'elcmens astronomiques ne seront crrtainement pas his jiar elles. Je doute encore que les vieilleries propusees par Piuche pour exprimer la signification des constellations zodiacales soient donnees dans le livre anglais de Ferguson : ce savant est trop instruit pour ignorer que ci-s signes, imagines par les Egyptiens, dans des tems tres-recules , ne s'accordeut qu'avec des phenomcnes physiques propres a cetle eoiitree, ct qui sont tout-a-fait diflerens de ceux qu'on ex|>ose dansrouvrage. Pour- quoi remplir la tete des jeunes gens d'idees fausscs et generale- nient reconnues pour telks? Mais il y a bien d'autres erreurs : par exemple, page 226, le nombre d'or est 6, et I'epacte 25, en 1829, au lieu des nombres cites: page 190, on voit Sirius au ciel vers la gauche d'Orion, et plus bas , et non pas a droile; page 161 , I'auteur vent predire riieine de la haute mer, jus- qu'a tenir compte de deux minutes, et oubiie de dire que les distances de la lune a la terre influent jiisqii'a retarder d'une heure ou avancer de 4o minutes I'inslant de la maree; page i63, Faciiou solaire sur I'heure et la grandeur du phenomene est mal designee; page 17H, I'annee civile n'est pas egale a I'annee trf)p!que : ))age 108, ce n'est pas a I'aide des circompolaires qu'on obtient I'heure , pas meme en mer, etc. Quant a la forme du dialogue que I'auteur a prefereepeur rendreses explications plus elaires, il est permis de croire qu'il s'est abuse a cet egard. Lorsqu'on veut , en an petit nombre de pages in-i 2 , demontrer la mullitiu'e des fails d'ane science aussi vaste que faslronomie, on u'a pas de i)ages a perdre; et Ton ne voit pas ce que pcuvent ; pnrfndre. an lecteur des phrases comme celles ci : « Que fites- SCIENCES PHYSIQUES. 727 voiis hitr, Jeniiy, apres le dejeuner? Je vous ai attendue dans ma chambre, mais vous ti'otes point venue. Je suis enchante de voir le zele que vous mettez a etiidier, etc. >>, et aiitres propos de raeme utilito. II faut pomlant diie qu'en general le pen d'explications que ce livre contient est fait avec ciarte; que les fii^'ures sont tres-ini;enieusenient ajustees, et que la jeimesse pourraiten tirer quelque fruit, si i'on en supprimait les choses oiseuses et les erreurs : ce serait alors un fort bon traite de la sphere, pour servir de prcliiniDaire a I'etude do la geogra- phic. Francoeur. 265. — Note stir les diverses cspeccs de jrottcmens qui pen- vent exister etitre deux courbcs et deux surfaces, par Theodore Olivier, ancien eleve de I'EcoIe poly technique, ancien offi- cier d'artillerie, membre de I'Academie royale des sciences militaires de Stockholm, etc. Paris, 1827; Iniprigierie de Plas- san. In-8° de i3 pages; prix, i fr. Quand meme on ne saurait point en quel lieu M. Olivier a recu son education mathematique, on I'apprendrait en lisaiit cet ecrit. Aucune ecole philosophiquc n'obtint jamais I'in- fluence que I'Ecole polytechnique a exercee sur les eleves qu'elle a formes : elle seule a possede le secret d'imprimer aux esprits unc direction qui ne change plus, une forme et un caractere toujours reconnaissablcs. D'ou lui vint un ascendant aussi remarquable , et comment pourra-t-elle le conserver ? On nepeut traiterces questions sans desdevcloppemens qui seraient hors de place, au sujet d'une courte brochure; nous y revien- drons lorsqu'il nous sera possible de donner a nos lecteurs I'analyse de I'ouvrage de M. le capitaine Madelaine, intitule : Introduction a I'etude de I'artillerie, etc. M. Olivier donne au mot/rotte//ient un sens plus etendu que I'acception ordinaire. Ce qu'il nomnie frottement de roulemcnt direct pourrait etre regarde comme nul; car il serait inutile de le faire entrer dans le calcul. Cejjcndant la theorie devient plus complete, en le placant au nombrc des effets dont il est une limite. L'auteur determine quelles sont les conditions aux- quelles les surfaces devcloppablcs doivent satisfaire pour rou- ler I'une sur I'autre sans autre frottement que celui de roule- nient direct. Quoique cette theorie ne> soit pas nouvelle , elle est inedite, et doit cesser de I'etre. Quant aux cngrrnages co~ niques et cylindriques presentes par White au concours decen- n'al de 1810, il est etonnant que cette invention ait pu passer pour nouvelle; on avait demontre rigoureusement , plusieurs annees avant cette epoque, que les surfaces cylindriques et coniques sont les seules qui jouisscnt des p"Apriet«';s que ce 728 LivREs fran(;:ais. mt'icauicien lour attiibue. En co qui concerue Ics engrenat^'es , ccttc partic si iniportantc dc Tart dcs niachiiies, les guoinotres orit acheve cc qui est de leur competence; la tdche du physi- cien ct celle du machinisle praticien n'est pas torniineeril reste- a tenir conipte de toutes les proprietes des corps que Ton em- ploie, solt pour en tirer parti, soit pour eiiipecher qu'elles ne diminucnt la durec dcs machines, ou ref'fet dont dies sont capables. Nous profitons de cette occasion pour rappeler aux amis des arts et de I'industrie que^ renseignement de la phy- sique est un besoin presque aussi pressaut que I'instruction sur les mathematiques, qu'il est indispensable de bien connaitre la nature dcs mateiiaux que Ton emploie, ct par consequent d'en faire une etude speciale. Ferrv. 266. — Menwire sur la puissance mecamqite dc la vapctir d'cati, par ^. Fourier, ancicn eleve de I'Ecole poly technique, ingenicur des Ponts-cl-Chaussees. Paris, 1827; Bachelier. In- 8° de 29 p. ; prix, i fr. 5o c. Get opuscule est diviso en deux sections : dans la premiere, I'auteur mesure la force elaslique de la vapeur, son poids specifique, sa chaleur spccilique , enfiu la vilcsse de la vapeur qui se degaj^e d'une chaudiere, sous dilferentes circonstances physiques dounees, et en ayant egard aux contractions des veines fluides qui s'echappent par des orifices. Les formules et les resultats numeriques cites sont conuus de tons Ics physi- cians ; mais ils sont ici rapproches et compares dans le but que le Blemoire vent atteindre. Dans la deuxieme section, M. Fou- rier analyse la puissance mecanique de la vaj)eur dans les machines los plususitees, et particulierement dans celles dc Woolf et Edwards, ou la vapeur se developpe avec expansion. Le MemoJre est termine par une table des forces elastiques sous differentes temperatures de 100 a 173 degres. Get opus- cule m'a paru redige dans de trcs-bons principes, sans pourtaut offrir d'idee ncuve. II est facheux que I'imprcssion ait etc confiee a un atelier ou Ton n'est pas e.xerce a ce genre de texte. Les formules y sont estropiees, et les parangonnages mal faits; ce qui rend le Memoire difficile a lire. Francoeur. 267. — * L'Art du maitre de forges , on Traite theoriquc de I'exploitatiou du fer , et de son application aux differens ageiis de la mecanique et des arts; par M. Pelouze , employe dans Ics forges ct fonderics. Paris, 1827; librairie scientifique de Malher. 2 vol. in - 12 de 870 4^5 pages, avec 10 planches et leur explication , en un volume separe ; prix, cartonne , 9 fr. Nous serous tres-courts sur cet ouvrage , parce que, pour en donner a nos Icctenrs une idee asscz juste, il faudraiten fairc SCIENCES PHYSIQUES. 72j) une analyse bcaucoup plus etendue que ne le pormet le peu d'espace qui nous est accorde. Nous y reviendrons quckjue jour, !ors(iu'il s'agira de noiiveaux proyres de Tart de travail- ler le fer , art qui ne peut nianquer de fairc d'importantcs ac- quisitions, a mesure qu'il cnibrasse plus d'objets, qu'il occupe plus de bras et de tetes. Tout ce que nous pouvor.s dire en ce moment du travail de M. Pelouze, c'est qu'apres I'avoii- examine- avec bcaucoup d'attention,il nous a pani methodique, instruc- tif, complet, et que nous n'y avons remarque qu'un ties - petit uombre d'erreurs pmement historiques, et qui n'ont aucun rapport avec les notions dont I'art peut profiter. Nous ne crai- gnons done point dertcomuiander cet ouvrage comnie le fruit precieux d'un terns bieii employe. II est a desirer que la librai- rte scientifique ct industrielle de M. Blalher en public bcaucoup de ce merite. j^ 268. — * Manuel du fonclcur sur tous metaux , ou Traite de tontes les operations de la fonderie, contenant tout ce qui a rap- port a la fonte et au moulage du cuivre, a la fabrication des pompes a incendies et des machines hydrauliques; la maniere de construire toutes sortes d'etablissemens, pour fondre le cuivre et le fer ; la fabrication des bouches a feu et des pro- jectiles pour lartillcrie de terre et de mer, la fonte des cloches, des statues, desponts, etc., etc., avec des cxemples de grands travaux, propres a aplanir les difficultes du moulage et do la fonte ; par M. Launay, fondeur de la colonne de la place Ven- dome, directeur de la fonte des Fonts de Paris, etc., etc. Pans, 1827; Roret. 1 vol. in-8", ornes de planches; prix, 7 fr. Pendant que de nombreuses editions des premiers ouvrages, qui ont assure le succcs dela collection des manuels de M. Roret' sesuccedent rapidement, et que chacune d'elles atteste le soin qui preside a leur revision , de nouveaux ouvrages viennent chaquc jour completer cette Encyclopedic des sciences ct des arts. Le manuel du fondeur sur tous metaux, que nous annoncons aujourd'hui , nous a sembie remarquable par le grand nombre de faits et d'observations que M. Launav y a consignes : c'est desormais un complement indispensable de I'ouvragc du celebic MONGE sur la fonte des canons, et de la Siderotechnie de Hasen- FRATz. Les details donnes par I'auteur du manuel , sur le mou- lage en sable et sur son application a la fonte des pieces de gros calibre en fer et en bronze, scs notes sur la construction des fourneaux et la conduiie des bains de fonte, sont d'un interet d'autant plus reel pour les officiers d'artillerie, qu'ils trouveront dans les experiences faites par M. Launay, une 73o LIVRES FRANCAIS. discussion toujours raisoiinoc et souvent la solution des ques- tions que Ton a do tout terns agitees sur les fontes. Les ouvriers fondeurs proliteront a pen de frais, par I'ac quisition dc ce nianuel , dc I'experiencn quo I'auteur avait cho- rement acquise par ses travaux dans los grandcs entreprises des ponts en lev sur la Seine et des bronzes de la colonne de la place Vendome. Los planches sont bien gravees; et, quoique I'auteur n'ait pu lui-meme niettre la derniore main a son ouvrage, ces deux volumes font vivement desirer la conlinuation, qui doit traiter de la fonte des statues et des grands monumons. A Yeugnaijd. 269. — * L'Art de fahriqner hi faience recottverte d'lin email blanc et colore , suivi de quclqaes notions snr la peintnre an grand feu et a rcverbere , et d'un V ocabulaire des mots techiutjiies ; par F. Bastenaire-Daudenart , ex-proprietaire de la manufacture de Saint-Amant-les-Eaux , etc. Paris , 1827 ; librairie scienti- fique et industrielie de Mallier. Iti-12 de A^o pages , avec deux planches; prix, A fr. 5o c. cartonne. Cet ouvrage doit etre associe a celui que M. Daudenart a consacre a V Art dc fahriqner la porcelalne , art plus simple, a quelques egards , que celui du fa'iencier, quoique I'auteur I'ait decrit en deux volumes, tandis que les proccdes de I'art plus vulgaire on plus modeste n'obtiennent que la moitie de celte etendue. Les simples amateurs, car les arts industriels n'en manquent pas, ne seront pas moins satisfaits de ce nouvel ou- vrage qu'ils ne I'ont ete du precedent ; et , ce qui est plus es- sentiel , la pratique y trouvera de I'instruction. Suivant son habitude, I'auteur est severe dans srs jugemens, et n'epargne pas plus les modernes que les anciens, les vivnns que les morts. Des les premiei'es pages , il reproche aux fabricuns actuels de s'orruper beaucoup plus d'embellir leurs produits que de les rendre solides et durables. Il se presonte ici une question d'e- conouiie publique et domestique , et memo de morale , donl les donnees et les moyens de solution ne sont point faciles a trou- ver : Jiisqua quel point est-il utile de prolonger la duree de nos vetemcns, de nos rneubles , de nos habitations ? Si celto duree ne p< lit etre obtenue que par une considerable augmenlation de prix , I'ecoiioinie reelle et le maximum de bien-olrc ne sont- ils pas du cote de la consommation plus rapidePNous nous garderonsbien d'entamer ici cette discussion qui exigo de longs preparatifs, du terns et de I'espnce ; mais , a coup sur , elle ne peut etre jugee par un simple coup d'oeil , ui tranchee par un scul mot. Du reste, rextreme severite de M. Daudenart ne SCIENCES PHYSIQUES. 781 rempeche pas de renclre juslice a Bernard de Polissy : on lira avec iiUeret ce qu'il dit de ce celebre artiste. 270. — Traite des falsifications , ou Expose des diverses ma- nieres de constatcr la pure te des substances premieres employees en medecine, dans tes arts et dans I'econoniie domestique ; par M. Desmarest, pharmacicn , ancien eicve de \ £ cole poly tech- nique. Paris, 1827 ; Malher. In-12 de 36-422 pages ; pri.\ , car- tonne, 4 fr- 5o c. CeC ouvrage est fait avec soin et avec une methode que le lecteur saisit facilement. On pent reproclier a I'aistcur de sortir quelqucfois de son sujet, de s'elever jusqu'aiix hauteurs de la philo^ophie speculative, pour redescendre ensuite a des objets purement materiels; mais , quaud il est sur la bonne voie , il s'y tient, et c'est alors que Ton peut et que Ton doit juger son livre. M. Desmarest commence par une Introduction qui est pin- tot uu resume , et dont la lecture pourrait etre recommandee apres celle du Dictionnaire qui la suit ; car les matieres suscep- tibles d'etre falsiiiees y sont rangees par ordre alphabetique. Mais I'introduction est veritablement a sa place : I'ouvrage est tel qu'on doit I'employer plus facilement, et en faire un meil- !eur usage, lorsqu'on a pris d'avance une idee de son ensemble. Le Dictionnaire ne peut etre lu de suite; sa destination , la seule fonction qui lui convienne , est de repondre quand on I'inter- rogc ; il faut done se meltre d'abord au fait de son langage, afin de n'etre pas expose a se meprendre sur le sens de ses pa- roles. La tache que M. Desmarest s'etait imposee est reellement immense : le savoir chimique n'etait que la moindre partie des connaissances dont il fallait s'aider ; I'hisloire naturelle, les arts , le commerce et ses habitudes devaient fournir les autres. Get ouvrage pourra tenir lieu de plusieurs volumes ou les no- tions qu'il renferme sont disseminees, souvent incompletes, presentees sous une forme qui a vieilii, dans une langue qui u'est plus celle de la science. Le travail de M. Desmarest merite done, a lous egards, le bon accueil qu'il ne peut manquer de recevoir. F- 271. — * Nouvelles seances nautiques, ou Traite ^lernentaire du vaisseau dans le port ; par P.-M.-G. de Bonnefoux, capi- taine de fregate , sous-gouverneur du college royal de marine. Paris, 1827; Bachelier. In-S" de 367 pages avec une planche; prix, 5 fr. et 6 fr. 5o c. par la poste. L'analyse de cot ouvrage, telle qu'il nous serait possible de la placer ici , est touie daus Vavant-propos , ou le modeste au- teur expose les circoustances qui out iulerverti I'ordre de coa^- :3a TJVRES FRANCAIS. posiiion dcs deux oiiviaycs dont los iiiniins lui sorit ic'(le\;il)I(s. '< II est rcmaiqiialilc , dit-il, que If Traite clenicntairc davais- scau dans le port, (jui aiirait |)aiii devoir preceder le Traite cW- inentaire da vaisseau a la nicr, I'ait ail contraire siiivi; on min Didot; 4" edition in 8", devant former 5 vol. au moins , 6 vol. an plus. Prix de cbaqne livraison, 5 fr. pour Paris; eX franco, 5 fr. 75 c. pOnr les departemens. LV///fl^ in- 4° sera delivre gratis aux souscripteurs; tonte livraison, excedant le nombre douze, sera aussi delivrce gratis. Ce bel onvrage nc pouvalt reparaitre pins a propos qu'a cetteepoque, oil I'Europe entiere a les yeux fixes sur la mal- hein-euse contree dont il presente la description. Les deux pre- mieres livraisons, que nous avons sons les yeux,donncnt une idee tres-avantageu?e de I'ouvrage. La premiere liirnison comprend : 1° une introduction ; a" une notice de M. de Humboldt; 3" un apcrcu sur la geogrnphie physique de I'Espagne, par M. Bory de Saint - Vincent; 4" un nbrege historique de I'Espagne depnis son origine jus- qu'ii nos jours; 5° nne notice sur les voyages. Dans son intro- duction, M. de Laborde temoigne sa reconnaissance aux savans qui I'ont aide dans son travail, qui, grace a leur concours, offre les sciences de la geographic et de la statistique, unies a celles de I'histoirc et de la politique. L'auteur a sn embel- lir un resume de faits statistiqnes, et une nomenclature de routes, qui ne paraissaient comporter que des details sees et arides, de tons les charmes d'un style pur et elegant, et de descriptions interessantes et animees. La notice de M. de Humboldt, courte, mais digne de cet illustre savant, donne la configuration de I'Espagne et sa tem- peraUirc. Dans son apercn , M. Bory de Saint- Vincent nous expose la geographie physique de cette contree, qu'il connait si bien 30US tons les rapports, et sur laqnelle ses ecrits sont devenus cJassiques, paree qu'il a enrichi son travail de faits importans , recueillis avec soin , et de considerations nouvelles d'nn ordre ires-eleve. Il divise, pour I'intelligence de Ihistoire et de la SCIENCES PHYSIQUES. 735 politique, la Peninsule en versans gcncraux et t-n syslemes tres-distincts de niontagncs qu'il decrit avec autant de clarte que dV'k'gance. Passant ensiiite aux considerations zooiogiqiies fit botaniques, il etablit quels sont les cliniats natutels d'un pays qu'il pense avoir eie uni a I'Afrique. La demonstration de celte conjecture est d'un grand inieret. i L'abrege historique de la monarchic espagnole, qui suit, est ecrit d'un style clair et rapide: c'est un recit anime, pres- que dramatiq;ie. La Notice sur les voyages fournit des renseigntmensprecicux a ceux qui veulent visiter I'Espagne. On y trouve le tarif des postes et celui des voitures publiques; on y iudique les bonnes auberges , qui sont tres-rares; les lieux oil il ne faiit point s'ar- reter, dans la crainte des mauvais repas et des mauvais gites; la maniere de voyager avec economic; les monnaies qui ont cours dans le pays; en un mot, tout ce qui pe'ut apprendre au voyageurses droits, lui procurer ses couiniodites, et le pre- server de I'avidite des muletiers et des aiibergistes. La st'cdyicle l.'u'raison contient la description des provinces Vascongades du royaume de Navarre, de la Vicille-Castille et du royaume d'Arragou. L'anteur a divise ain?i son travail : 1° observations generales; 2° routes diverses; 3° la capitale et ses environs, consideres sous les raj)ports suivans : situation, etendue, population, clcrge, edifices publics, promenades, fabriques, manufactures, hommes celebres, 4° un abrege de la statistiqiie ile cliaciiie province. II faut remarquer que , depuis les premieres editions de cet ouvrage, I'Espagne, parcouriie dans tons les sens par les Francais, buaucoup plus qu'elle ne I'avait jamais ete, etait si connue, que les moindres erreurs, ecliappees dans !a rapidite de la premiere composition, frappaient les yeux dc tout le monde, et nuisaient aux excellentes choses auxquelles elles etaient melees. Les ecrits d'Antillon et de M. Bory de Saint- Vincent surtout avaient fait vieiliir le premier itinerairc. M. de Laborde , profitant des nouvelles limiieres jetees sur son sujet , a teilement rajeuni son livre, qu'il ue ressen",ble presque plus a ce qu'il fiit d'abord. L'ordre geographique en a uieme ete totalement change , ainsi qu'il est facile de s'en convaincre au premier coup-d'ceil. Ce bel ouvrage, comme on Ic voit, n'a, d'un itineraire , que la forme. Le papier et I'execution typographique repondent a I'importance de I'entreprise et a la celebrite de son auteur. Nous croyons done pouvoir predire a cette quatrieme edi- tion un succes au moins egal ^ celui de ses ainees, auxquelles elle est tres-superieure. Z. 73G LIVRES FRANCAIS. Sciences rcl/'gicufes , morales , politiques ct htstoriqttcs. 7.-!\. — * Bihliolhcquc choisic dcs Peres de I'Eglise grccque rt Inline, on Coins d'/i-loque/ice sacrec, par M. N.-S. Cuillon, piofesseiir d'eIo(]Uf'nce sacrec dans la facultc de thcologic de Paris, etc.; troisienic partie , suite des Peres dogniatiqucs: t. XVII, XYIII, XX, XXI. Paris, 1S27; MLqiiii;non-Havard. 4 vol. in-8°; prix davol.,6 fr. (Voy. Rev. Enc, torn, xxx , pag. 761). Nous devons a nos Iccteurs un compte succinct des derniercs livraisons de ret important ouvrage. Les tomes xvii ct xviii renfcrmcnt la morale de saint Jean Chrysostonie. Aucun perc n'en a preclie nne plus sublime cl plus pure. 11 commence par etablir que la charito est la pins excellentc de tontes les verlns , la source de tons Ics Liens, la plenitude de la loi. II se demande ensuite en quoi consistc la cliarite. N'esl-elle qu'im commerce de polilesse ? Non, re- pond-il, « clle exige dcs services reels, une affectton qui se manifestc par les ceuvres. Par exf mple , venir au secours dii pauvre, soulagcr la souffrance, courir au-dcvant des dangers qui menacent le prochain , I'assister dans ses tribulations, s'associer a ce qui lui arrive de facheux on de favorable; car ce sont la les fruits de la charite. « On I'entend sV'crier dans un autre cndroit : « Si la charite regnait snr la terre , quelle source fcconde do bienfaiis s'y repandrait avec elle ! plus de tribnnanx, plus de jugeniens ni d'arrets , puisque , tous ctant nnis par un mutucl amour, il n'y aurait plus personnc qui fit tort a un autre; plus de meurtres, ni de guerres, ni de seditions; plus de rapines ni d'avarice; plus de catamites parmi les hommes , puisque le nom meme du crime y devien- drait etrangei. » Personnc ne s'avisera, sans doute, d'aller chercher des no- tions exactes sur la liberte et sur les droits de I'homme, dans les ouvrages d'un citoyen d'Antioche, devenu patriarchc de la ville imperiale de Constantinople , sous les successeurs de Theodose-;lc- Grand. Je pense neanmoins qu'on ne sera pas facile de connaitre les sentimens de Tillustre docteur sur ces matieres importantes. « On me demandera, dit il, si la servi- tude est daus la nature, et comment clle s'est introduite dans la societe : qflcslion en effet curieuse, et qui se produit freqnemment dans les convpi-sations. Je reponds , sans hesiter, qu'elle a pris naissance ^ansd'avarice, dans I'amour du gain, passion abjecte qui ne dit jamais : C'est assez. On ne nous dit SCIENCES MORALES. 7:',7 pas que Noe, qu'Abi'l, Loth i;t ies aiiires patriarclics aieat cii ties esclaves. L'ori^ine do la servilude, c'est dans le peclu- qu'il faul la chercher, dans la revolte dts fils contte leiirs peres « La societe humaine n'esr toiil entiere qu'nn cchange de services; elle est toute fondi'e siu- la conimunaiile de besoins et de secoiirs. Vons etes riche : c'est pour soiilager le pauvre, pour asslster le riche. Vous ne pourricz rien I'un sans I'autre. Membres du menie corps, il est impossible que vous vous isoliez sans que tout le systeme de rharmonie sociale ne soit en soiiffrance. Que le ventre, on I'oeil, ou le ])ied vint a dire : Je recois Ics alimens, la lumiere, le niouvement, je les lijarde pour nioi : que deviendrait le reste ? lis ne les recoivent que pour les distribuer. Les professions utiles, c'est la classe pauvre et laborieuse qui les donne a la societe ; elles n'existcnt que par les riches , (jui alimentent Ictirs travatix et leurs ressources ; les riches eux-memes n'exisleiil que par les pau- vres, qui fournissent a leurs besoins ou a leiiis plaisirs « Ne ditcs pas : tel homme est de la lie du peuple. Tout faible qu'il est, il est niembre du corps social, et nieuibre tellenicnt uecessaire, que, s'il n'y etait pas, il n'y aurait point de corps. Ce qui le constitue tel , ce n'est point ])arce qu'il s'y trouve des membres plus ou moins nobles, c'est parce qu'il y en a plu- sieurs et de differens. Vous, pour elre plus grand, vous ne lormez pas le corps, pas plus que moi pour etre moindn-. Dans un edifice qui se compose de parties diverses, les plus pctites n'enti ent pas moins que les plus grandes dans I'ensenible de la construction, et ne pcuvent s'en detacher impuuement. Qu'il faille diversite, la chose est incontestable; si, dans le corps humain. tout etait oeil ou tete, il n'y aurait plus qu'un moustre. .,. » J'ignore pourquoi le xix^ volume n'a point encore paru et ce qu'il couliendra. Le xx" est reserve a saint Epi/jhane, arche- veque de Salamine; a Ruffin, pretre d'Aqiiilee; a saint Jerome , un des plus savans docteurs de I'eglise; a saint Patilin , eveque de Nole; a I'historien Sulpice- Severe. M. Guillon a consacro a chacun de ces ccrivains ecclesiastiques ime notice paiticuliere, ai racheieni, pour aiiisi dire, a la convention la libertii du cuite, cnnsolcrenl leurs collegues epars sur le lerriloire francais; tinrent des syuodes, des conciies; reorganlserentles tiioceses , lelienient ijiie, ti'a- pres un releve fait ii I'administralion des domaines, en ven- demiaire an v (1796), avant Tat rivee de Bonaparte au consu- lat, qiiatre ans avant son concordat, trente-deux anile deux cent quatoize paroisses, prcsque touies desservies par des prelres assermentes , avaient rejiris I'exercice du culte, et qnatre mille cinq cent soixante- onze elaient en reclamation pour obtenir le ineme avantage. D'apres cela, on pent appre- cier Timposlure adulatrice d'evcques, de ])refels , d'acadenii- ciens, et de tant de gens qui ont precouise Bonaparte, comme ayant releve les autels, tandis que plus de trente-deux mille eglises etaient ouvertes avant son regne. Les hommes de bonne foi avoueut que si, au lieu d'imnioler ce clerge asser- mente (epureet trie par la persecution) aux ressentinicns de la cour de Rome et des emigres rentres, on I'avait maintenu, comme I'exigeaient la justice et la reconnaissance, aujourd'hui la France iie serail pas inondee par le jesuitisme et rultra- monlanisme. Dans les mesures proposees par le senat raexicain, un article porte que le metropolitain confirmera Velection des eveques suffragans. M. de Pradt voit dans cet article : 1° le retablisse- ment de I'ancienne discipline par le retour aux elections des eveques; 1° I'abandon de la nomination aux eveches par le souverain. Voila une contradiction evidente; car, si c'ctait Ic relablisscmeut de la discipline antique, les eveques seraient nommes de concert par le clerge et le peuple, et uon par le gouvcrnement. Chuisir les pasteurs auxquels on confiera la direction des consciences, c'est un droit naturel. Le celebre Genebrand, dans son Traite sur les elections, ayant etabli, en 1596, que le concordat n'avait pu les abroger, parce qu'elles sont d'institutiou divine et de tradition apostolique, le jvarle- nicnt d'Aix fit bruler son livre, ce qui etait plus facile que de le refuler. Or, le parlement de Paris, dans une reniontrance au roi I'rancois P'', avait pievenu Genebrand, en suutenarit avec toute l'anti([tiile chrei'.enne (|iie I'election est de droit divin. Supposons ( et I'hypothese pent devenir un fait) qu'un diocese etant vacant, le chef de I'etal, en verlu d un concor- dat, nomine un eveque, et que le pape lui donne rinstitulion canonirpu-, landis que, d'un autre cote, le clerge et les fideies 47. i 7/,o LIVRES FRAN(;AIS. <';lisentmi eveqiic, <]ire Ic melropolilain institue, quel spia le legitime, on celui qui, pour garniil tie ses titles, ne pent citerqu'une transaction ilk'-j^ale dcs paities contractantes, ou ceUii qui, en remontant au droit uaturel, an droit divin , a la tradition apostolique, produit en sa faveur los aveux et la decision unanime des conciles et des i)apes de I'antiquifc chre- lienne ? On trouve, page 262 , une assci tion qui , dans sa gcneralite, n'olTre pas un sens exact. II est de principe, dit M. de Pradt, dans I't-glise ( parce qu'elle ne doit pas perir) que lous ses pouvoirs se trouveraient concentres sur la tele du dejnier caiholique vivant, fut ce une fenime. Remarquoiis : 1° que I'hypolhese est un etre de raison; %" dans cello supposilion, quels seraient les /;om'o/V.f concentres sur Ja tete d'une femme:' tout au plus celui d'administrer le baptenie, et a qui? L'auleur demontre tres-ljien , p. i32 et suiv. , que le recours d'Ameriijue a Rome pour I'institution canonique est une chose difficultueuse, quelquefois meine impralicable; mais, si Rome s'obstine a retenir un droit qu'elle a envalii sur les nietropo- lifains, que fairePL'auteur repond sansdelour et avec justesse, qu'il faut passer outre. Ceci resout la difficulte, si Ton trouve quelque «';veque assez eclaire et zele pour sentir que I'epi^- copat est solidaire et que Ics obstacles opposes par Rome sont une injustice evidente; il faudra bien recourir a ce moytn extreme, car tenez pour certain que Rome ne relachera rien. A-l-elle jamaii retracte une seule des pretentions de Boni- face VIII, de Gregoire VII? Wa-t-elle pas, jusque dans le siecle actuel, envoye au cardinal Cambaceres, arclieveque de Rouen , des pouvoirs pour absoudre de pretendues cen- sr.res encouriies pour infraction a la bulle In coena Domini , la plus attentatoiie aux droits de I'autoriie civile? Voyez sa conduite envers I'eglise episcopale de HoUande; voyez la con- duile de remissaiie romain , actuellement a Paris, que Rome nvait expedie au Chili, et les pretentions de cet agent a s'im- miscer dans le gouvernement politi(|ue de ce pays. Elle vient d'instituer des eveques pour la Colombie; et cependant clle a, dit-on , repousse I'ageut que lui avait adresse Guatimala pour le meme objet, et traite cctte republique comme pays revolte centre Ferdinand VII. La conduite de Rome envers I'Amerique est absolument celle qu'elle tint au xvu^ siecle, quand le Portugal, affranchi du joug castillan , eleva au pouvoir supreme la maison de Bragance. Rome, craignant de se brouiller avec I'Espagne qui, pour clle, est le Pactolc , repoussa toules les instances SCIENCES MORALES. 7',i failes pour iiistituer les eveques portiij^ais, jusqii'au moment ou elle vit qu'on allait se passer d'elle. D'apres les canons, iin siege ne doit pas etre vacant plus de trois mois. Cette regie, etablie dans la primitive eglise, esC, dictee par le besoin des fideles. Celte consideration piiissante n'cst rien pour Rome, qiiand il s'agit de maintenir ses usurpa- tions, et surtont de nicnager ses interets temporels. TV'a-t-elle pas laisse long-lems les dioceses napolitains gemir dans la viduite, rcni(|uement parce qu'on leur refusaitde Ini offrir une hnqitenee? N'a-t-elle pas, de nosjours, laisse, pendant dixans, vingt ans, des dioceses sans eveques, surtont en Allemagne? On assure que, dans les republiques americaines, on a concu une forte animadversion contre Rome. Cette assertion vient d'etre confirmee de nouveau, dans VEssai hislorique siir Ic Parriffuaj, par MM. Rengger cILongchamps. One fera Rome? ce qu'elle a fait pour Haiti, oh elle avait expedie im M. de Glori , eveque de Macri, dont I'etourderie obligea le gouvernement a I'expulser. Elle enverra daus le Nouveau-Monde des vicaires apostoliques, des prcfets apos- toliquos, des eveques in partibus. Deja il y en a un a. Mexico. Serait-il possible, comme on I'adit, qu'un moine assassin, venu d'outre-mer en Italiepour obtenir son absolution, ait Irompe I'autorite ecclesiastique, au point d'obtenir mcme une mitre in partibus? Le fait est tellement revoltant que nous nous refu- sons a le croire. Nous venons de signaler les dangers qui menacent les nou- velles republiques. Constrver I'union avec le saint-siege et le successeur de saint Pierre, est leur resolution prononcee; niais qu'elles montrent la .mems unanirajte pour repousser les invasions ultramontaincs. Ainsi agissait I'illustre eglise d'Afrique, dont les canons, qui devinrent communs aux eglises d'Espagne, prohibaient les ap- pels transmarins. L'eglise d'Afrique n'envoyait pas tie pleni- polentiaire a Rome, et n'avait pas de nonce residant ohez elle. Gouvernee par les antiques et precieuses regies de l'eglise, elle creait des dioceses, elisait ses eveques et les sacrail, sans au- eune intervention romaine. Le retour a la discipliue primitive sera encore un des moyens les plus efficaces pour rappeler a I'unite les sectes dissidentes. Un article non moins essentiel est de ne pas faire de con- cordat; car on peut appliquer a tous ce qu'on a dit de celui de Louis X et de Francois I^"^ : ce sont des transactions ou les parties respectives se donnent ce qui ne leur appartient 74» LIVRES FRANCAIS. pas, el qui ties lors sont frappcis do luillitc Ic'-galc; pcmlaii^ tlouzc cents ans on n'a pas connii Its concordats; pendant pros de qMinzi" ct-nts ans, on n'avait pas iccours ii Rome pour I'insti- Ijjtion canoiii(pie. Avant df finir cet ariicle, nous rcconinianduns aiix Icck'urs de I'onvragc de M. de Pradt la note sixiemc conccrnant le sermon de Bossuet stir I'unite, qui deja avait std^i une critique raisonncc par Ic canoniste Maultrot. L'ouvrage de M. de Ptadt contient d'excel'ontes icflexions snr le nionachisme, sur I'avidite du fisc romain qui a etendu Ic protestantisme. II prouve jusqu'a I'evidence les inconveniens qui rcsultent du melange du spiritiicl avec les ehoses tenqio- relles et la politique astucieuse de la cour de Rome qui exis- tera tant que le chef de I'eglise sera prince tenqiorel. C'est iin amalgnmc qui n'est plus en harmonic avec I'etat actuel de la chretiente. Dansce nouvelouvrage de I'ancien archeveqne de Malines , comme dans tons ceux qu'il public, on.remarque quelquefois im style inegal, et, pour ainsi dire, hache; s'il avait autant derudition que de brillant, ses raisonnemens auraient encore plus de force; car, dans les niatieres de ce genre, la tradition morale oit coriscunciruse , fondce siir la loi da devoir, tiree elle-mumc do la conscience du genie hnmain; ct 5" enfin Invie religicuxe ^ qui, ralliant et couronnant toutcs les antics, forme le degre le plus eleve de Ic'chelle du pcrfectionnemcnt moral. Cette decomposition , peut-etre arbitraire, de Taction con- tinue de notrc activite, a du exiger , dans le classement et I'encbainement des matiercs, des considerations psychologiques ossiblca peu de frais et sous un trcs-pctit volume. L'cxiguite 748 LIVRES FRANCAIS. tin plan a d'ailleiirs ici un double inconvenient. Elle nuil a la (ois a I'utilite du livre et aii nierite de son execution. L'ou- vras^c de M. Zanole renfermc, a (juelques omissions pies, Ics elemens d'un bon livre; niais cctte suite de dispositions qu'il presente nc sera bien comprise, et les notions (jui en residtent ne pourront etre utilcmcnt appli(|uees que par des U'cteurs et des creanciers instruits. Get ouvrage, en im mot, nous parait propre seulemcnt a rcmplir pour cette partie I'oltice d'un bou Code annnti'. Ce n'est pas la le genre de merite que devrait olfrir un livre veritablement elementaire. M. Zanole entre en matiere par cette deiinition : L'hypothequc est un droit reel sur les imnitniblos affcctcs a I'acquittement d'une oblii^ation. » C'est, en elTet, la deiinition du Code; mais, pour les per- sonnes auxquclles rautem- s'adresse, ne vaiait-il pas mieux en presenter une un pen moins abstraite, et dire, par exemple: I'hypotheque est luie suretc, etc. ? Le legislateurlui-meme pro- cede par des idees plus simples et plus generales. « Les biens du debiteur sont, dit-il, le gage com mun de ses creanciers... Les causes legitimes de preference sont les privileges et liypo- theques. » Du reste , je n'ai insiste sur cette critique que parce que i'autcur me parait s'etre egare dans une bonne voie. Mais c'est un merite que d'avoir senti la necessite et meme la pos- sibilite d'y entrer. Rien de mieux pense et de niieux exprime a cet egard que ce qu'il dit dans sa preface. Tel qu'il est, son livre est un excellent resume des lois, des autorites et des deci- sions de la jiu'isprudence sur cette matiere; il est termine par des modeles de toute espece de bordereaux d'inscription. BoucHENE Lefer, avocat. 283. — * Defense de I'usure, ou Lettres sur les inconveniens des lois (fui fixentle taax de (interet de I' argent; par Jeremic Bentham , traduit de I'anglais sur la quatrieme edition; suivi A' un Alemoire sur les prets d' argent, par Turcot, etc. Paris, 1828; Malher et comp. In-8° de 29^ pages; prix, 4 fi'- Ce volume est destine ;\ repandre beaucoiip de Uimiere sur I'importante question de morale, de legislation et d'economie publiqtie qui se rattache a I'interet de I'argent. Les plus habiles economistes out regarde I'argent comme une marchandise donl I'iuteret ne pent etre lixe par la loi , sans un grave prejudice pour le commerce et sans une violation evidente des veritables principes d'economie politique ; les iheologiens et les juriscon- suUes, au contraire, se sont eleves avcc force, tantot centre toute espece d'interet, quelqu'en soit d'ailleursle taux ; tantot contreceluiqui d«''passeunclimitcarbitrairemenl trac('eparlele- gislalfeur. Nous sommcs encore dc fail sons i'cmpire de ccltcder- 1 SCIENCES MORALES. 7/,f) niere opinion; et, s'il est vrai qu'a line certaine epoque on ait tente de faire declarer par la ioi le principe que I'argent est une niarchandise, les desordres qui regnaient alors n'ont pas tardii a rendre necessaires des clianijemens dans cet etat do clioses , sans qu'on piiisse en rien induire aujourd'hui centre la legiti- niite du principe. Lors done c|tie nous voyons tous les jours les trihunaux appliquer avec rigueur les lois contre I'usuie, il est utile que cetle question soil examinee avec profondeur et bonne foi. Les lettres du celebre Beiuhain, publiees en 1787, et dont uu anonyme a entrepiis la traduction, serviront a eclaircir la doctrine qui y est traitee, et qui est confornie a celle des eco- nomistes les plus distinti;ues de uotre epoque. M Dumont, en caraclerisant, dansce recueil, les divers ouvragesde Benthani, n'a pas hesite a dire que cctte dissertation est an chef-d'ceavre , par la force du raisonneincnt coninie par la maniere de I'exposer. ( Voy. Rev. Enc. , t. xxxi, p. 3 jo.) Nous adoptons entierement cet avis, et nous ne sauiions trop loner le traducteiu- d'avoir mis les leclcurs francais a meme d'etudier cet interessant ou- vrage. Le Memoire de Turgot , qui termine le volume, ecrit dans le nieme but, ne pouvait qu'elre fort convenablement place a la suite des lettres de Benthani. Ces deux dociunens viendront ajouter encore a. I'autorite morale d'une tlieorie si h;djilement developpee par des ecrivains tels que MM. J. B. Say et de Tracy. 284. — * Causes celcbres etrangeres , publiees en France pour la premiere fois, et traduites de I'anglais, de I'espagnol, de I'italien , de I'allemand, etc. , par une societe de juriscon suites et de gens de lettres. T. IIL Paris, 1827; C.-L.-F. Panckoucke, editeur. In-8° de ij et 890 pages ; prix de chaque vol., 6 fr. Trois volumes de cet important recueil ont etc publics en moins d'une annce ; c'etait , sous ce ra])port , tout ce qu'on pou- vait demander a I'editeur. Nous avons deja donne deseloges aux deux premiers (voy. Rev. Enc. , t. xxxiii, p. 787, et t. xxxv, p. 444)) etnousnepouvons qu'cn ajouter denouveaux pourcelui que nous annoncons aujourd'hui. Six proces criminels com- posent ce troisieme volume. Parmi eux, il y en a trois qui concernent des affaires de haiUe trahison, jugees en Angle- terre : ce sont les proces de lord fViUiani Russell, d'Algkernon- Sidney et de I'archeveque Laud. Les noms de ces personnages suffisent pour demontrer combien cette partie de la collection piesente d'interet, sous le point de vue historiqne. Parmi les autres affaires, deux ont occupe les tribunaux espagnols. On remarquera le proces de dona Maria Vicenta de Mendicta et Av. dnn Santiago San-Juan , accuses tous les deux d'assassinat. 75o LIVRES FRANC AIS. I.C ministerc do fiscal fut rcmpli, dans cette cause, par Mclen- dez Vaidez, poete celebre , qui s'est aiissi accjiiis iine juste reputation , coninie oratcur. L*; volume est termine par le pro- ces, ou plutot par le recit des aventures bizarres du capitaine James Hind , I'un des plus fanieux. voleurs de grands cheniins qu'ait produits I'Angleterre. Ce brigand, qui y?o;v>.sfl/V vers le milieu du xvii"' siecle, dirigeait surtout ses exploits contre les individus qui avaient marque par leur republicanisme dans la revolution anglaise. Ilavaitdes habitudeschevaleresques ct ap- portait ime sorte de courtoisie dans la maniere de devaliser les voyageurs. Aussi pouvons- nous assurer que les anecdotes qui lui sont attribuees offrent tout i la fois un interct piquant et dramatique, qui varie agreablement la teintc un peu sombre des autres proces qui forment ce volume. A. T. a85. — * Observations siir les prisons , hospices , rcoles des dvpartemens et des pars etrangcrs ; par B. Appert. Paris, 182^; chez les principaux libraires. Brochure In-8'^ de 44 pages. M. Appert poursuit avec courage le cours de ses oeuvres de charite. Aucun obstacle ne I'arrete; aucun degoul n'a le j)ou- voir de restreindre son zele. Le Journal des prisons , datis le- quel ce philantrope appelait I'attention de tons les hommes vertueux et des administrateurs qui connaissent leurs devoirs , sur le regime interieur des maisons de detention et sur les grandes questions p^nales, cessa de paraiire sons le regime odieux et ignoble de la cen<;ure. M. Appert ne tardera pas sans doute, ainsi qu'il I'a promis , ;"! nous rendre cet excellent re- cueil ; en attendant, il a public des observations sur le snjet habituel de ses investigations et de ses Iravaux. On lit avec plaisir, dans cette conite mais intejessante brochure, que depuis une anuee environ , le ministerc , ou du moins les ot dres emanes de ses bureaux, ne s'oppr.sent plus avec aufant d'achar- nement a I'amelioration des maisons de detention. II est vrai qu'on n'a obtenn cet avantage qu'a force de reclamations, que par la publicite active des abus. On peut apprecier combicn le mal elait grand, en songeant qu'on est force de irouver pas- sable ce que nous allons rapporter. A f^itry , la prison est d'une architecture convenable; mais les salies du rez-de-chaussee sont humides et sans jour , les talens, leurs vertus, leurs errcurs ou leurs crimes, depuis le coaimcn- cemcnt du monde jusqit'a nos jours; par I'abbe F. X. de Fel- ler. Septienic edition, enrichie d'lui grand nombre d'articles nouveaux , intercates jjar ordre alphabeliquc ; corrigee sur les observations de nos meilleurs biograplies, et ornee du portrait de l'aat(7ur.T. Ill et IV. Paris, 1827; Mequignon- Havard. a vol iu-S" de5i5 ct 5o8 pages; prix du vol., G fr. A peine avons-nous annonce les deux premiers volumes de cet ouvrage (voy. Jict'. £nc., t. xxxv, pag. AA?)) qu'avant la fin de I'annec, nous en avons encore deux sous les 3'enx , qui vieunent de paraitre. On ne pent Irop encoiuager les editeurs, deja si exacts, a ne pas faire attendre au public la suite d'un diclionnaire qui ne peut etrc couiulte que lorsqu'il est coniplet. T. XXXVI. — Dcccnibre 1827. /|t> 754 LIVRES FRANCAIS. Ces (Icux voluiiics commenceut par r.irticle dii jtsuite Bcttincllc, qui osL nouvcaii, et (iiiissent p;ir ccliii clu vieillard Cinwn , toii- daiimc a moiirii- de faini et noiini vv\ prison par sa fille. Uii j^raind iiumbre do personnaj^'i-s (igurciit ])oiir la prefnierc fois dans ci-s deux volmnes , on I'on corriijo des antcurs, dis- tingnc's dii reste par leur exactitude. Ainsi, a i'arliclc du eha- iioine rei:;ulier /«/« Blaiiipain , on fait voir que ie Dictioiinairc ties aiionyincs I'a oonfondu avec un religieux tie la conij;regation de .Saint-Maui', qui porlait le menie noni. Cchii de Ccrisantcs avertit que I'auteur de rouvrai^e puijlie sous le nom du due de Guise a conimis une erreur grave qui, ainsi que plusieurs au- tres, pronve que Sainctyon est I'auteur de ce ronian , pen dii^ne d'avoir ete reimprinie'dans la collection de M. Petitot. L'article Buonaparte est exact et saus passion, II ne pouvait mieux fiuir «iue par uu portrait trace de !a main de M. de Chateaubriand. Ceux du niai(piis de Boitille , de i'abbii Boulogne, eveque de Troyes, du niarechal de Broglie , de I'eveque de Gand, du nienie nom, et des autrcs homnies dislint^ues kKBXJi'i\yi!., publics par lui'ine/iic. Paris, 1827; Pichon -Becliet, qnai des Aiigiistins, n° .',7. In-8° de 36o pages.; prix 5 fr. etG fr, aS c. par la poste. Le general Pnget - Barbanfane est un des caiacteres hono- rables qui appartiennent essenticllement a la revolution, et dont elle est fiere; ne d'une famille tres-ancienne et fort riclic du midi de la France, marquis et colonel, il se [)laca , des 1789, dans les rangsde cette fraction de I'aristocratie francaise qui se devona tout enliere aux interets nationaux et populaircs. II est difficile de faire une plus complete a!)iiegntion tie tout interet et tie tout oigueil de caste cjue M. Pnget - Rarbantane ; on n'en retrouve pas la moindre trace dans tout le volume dont se composent ses Memoii'es; et partout, au contraire, on y reconnait un homme dont les vucs simples et droites ne ten- dent qu'au bonheur et a la gloire de son pays , et qui lui a fail bren geiiereuscment tons les sacrifices qu'il pouvait lui faire. M. Puget-Barbantane ne dissimuie j)oint ([tie le gouvernemcnt republicain est celui qui lui a toujours paru le plus conforme a la veritable dignite comme a la raison avancee des peuples. Toutefois, il avoue qu'une foule de motifs doivent faire prefe- rer pour la France la monarchic representative. Ses Memoircs presenteut d'abord des details sur une affaire ou s'essaya pour la premiers fois cette inllucnce nuirseillaisc (jui devint ensuite si falale a la France : c'est le desarinement du regiment suisse d'Ernest a Aix, ou commantiait alors le general Puget-Barban- tane. Yient ensuite I'organisation du comtat d'Avignon dont il fut charge, et celle de I'armee des Pyrenees orientalcs, dont le commandement en chef lui ful quelque terns conlie. II y fut tres-utile, par ses connaissanccs theoriques, a des officiers qui 758 LIVRES FRANCAIS. uavaiont cncoro que du courage, et ce fut assez pour arrcter', avec 8 a 10,000 liommes, une armee espagnole dc 3G,ono. II y a pen de fails importans dans le rcste de la caniore de I'au- teur, a qui la faililcsse do sa santc interdit soiivcnt iin service trop aclif ; mais le rcgiie du Directoirc est assez bien retrace dans la seconde partie de scs Memoires, qnoiqu'on y desirat un plus grand nonibre de (-es anecdotes et de ces particiilarites que les relations du general avec Barras, Sieyes, Carnot , doi- vent I'avoir mis a nienie de rccucillir. M. Puget-Barbantane fit quelque terns partie de celtc armee d'ltaliequi laissera mi sou venir de gloire imperissable, et il veeut assez familiorement avec son illnstre chef. 11 elait present a I'audience ("ameuse que Bonaparte accorda anx deputes de Yenise, et dans laqnelie il leur annonca qu'il allait renverser I'antique drapeau de Saint- Marc. Entre antres circonstances, il raconte (pi'il trouva un jour le general victorieux dansant une aileniande dansiin bos- quet avec sa femmc, au sorlir d'une conference ou il dictait la paix de Leoben; action qui lui sembie le calculd'im ftomnic sitpcfieur qui affecte dc paraitre se joiicr ou milieu di's plu.t grandes affaires. Le volume est terniine par des pieces justifi- catives. P.-A. Dufau. 292. — * Souvenirs d'un mililaire des armecs francaises ditcs de Portugal ; par I'auteur de YEssai sar I'etat militairc en 1 8^5. Paris , 1827 ; Anselin; In-8° ; prix, 6 fr. 5o c. Deja plusieurs memoires ont paru sur cette armee d'Espagne dont les travaux penibles , les dangers, et les fatigues sans cesse renaissantes ont toujours ete pen connus et surtout nial apprecies d'une nation, des long-terns accoutumee a voir toutes ses entreprises guerrieres couronnees par de brillans succes. L'ouvrage que nous annoncons , ecrit par un oflicier qui a pris part aux operations qu'il retrace , ajoute une nouvelle page aux annales militaires de ce siecle. Non-sculement I'auteiu' s'y montre juge eclaire des plans suivis par le marechal due de Dalmatic, charge du commandemeut du corps d'armee dont il raconte specialement les travaux ; mais il y ajoute encore des considerations d'une haute importance , surtout en niatiere d'administration militaire , ct qui decelent un esprit d'obser- vation et de judicieiise critique. II jette d'abord un coiqj d'oeil sur I'etat gi-neral Civ la Penin- sule, en ^ 809 , et nous place au milieu de cette guerie d'Espagne que le grand capitaine qui presidaitalors aux destinees de notre pntrie, ne pouvait envisager sans un profond sentiment d(! depit et d'irritation secrete , parce que les evencmens y trahis- saicnt ses esperances et ses calculs. Il nous montre les braves SCIENCES MORALES. ySf) charges de la soutenir, au milieu de privations dc toiitc nature, et moins heureux que leurs frcres d'annes qui combattaient sous les ycux du chrf supreme , ne pouvant obtenir pour prix de leur sang et de tous les maux qu'ils enduraieiit, les memes recompenses que d'autres recueillaient dans lesplaines d'AUe- magne. Puis, abordant ie sujet qu'il s'est propose de traitei' d'une manierc plus particuliere , I'auteur des soiwenirs rend compte des operations de I'armee en Galice et dc I'invasion du royaume de Portugal. Son style gencralement rapide et anime nous rcpresente les cruclles vengeances d'un pcuple a dcmi barbare, qu'exasperaient toutes les passions politiques et reli- gieuses , et qui avait pour lui la justice de sa cause , puisqu'il defendait I'independance nationale contre une agression injuste et inipie. Heureusement , I'horreur que font eprouver des scenes de desolation et de carnage fait souvent place a i'adniiration qu'inspirent des actes d'un genereux devoument, a une tendre pitie pour les victimes infortunees de cette guerre d'extermi- nation. Un esprit de parfaite imparlialile parait avoir preside a la redaction de cet ouvrage. Partout ou i'auteur a reconnu du talent , il I'a signale ; partout ou il a trouve de belles actions, il s'est plu a les retraeer , soit dans nos rangs , soit dans ceux des adversaires que nous opposaient I'Angletcrre, I'Espagne et le Portugal. Ainsi, a cote du devoument intre- pide du caporal Guerin a la prise d'Oporto, du soldat Baudrv au passage du Douro , nous remarquons la charite toute chre- tienne du cure de Carballiuos. Une partie reellement pittoresque dc cet ouvrage est surtout celle oil I'auteur decrit a grands traits, et avec une energie remarquable, le denuement absolu de nos troupes et les mer- veilleuses rcssourccs qu'elles puisent dans leur Industrie et leur intelligence naturellcs, dans I'exces meme de leurs miseres et dans leur inebranlable fermete. Les generaux trouvent aussi dans le simple recit des operations leurs droits a la reconnais- sance nationale ; plusieurs ont recu depuis une illustration meritee. Parmi les noms qu'on y lit, nous aimons a retrouver celui de ce general Foy, dont I'eloquence, aux jours d'un glorieux repos, defendait a la tribune les droits sacres de ses concitoyens, que son epee avait ccsse dc guider dans le cbemin de la victoire. En un mot, les Souvenirs dont nous rendons compte meri- tent de Gxer I'attention, nou-seulement des militaires, mais encore de ceux qui voudront recueiliir des materiaux pour I'histoire d'une epoque si fertile enevenemens. L. Dii. 293. — * EsqaissfS des mosurs turqucs au XIX" sieclr , y^:\i- 7<5o LIVRES FRAINT.AIS. Gn'gnire Palaiologuk, ne a Constantinople. Patis, 1827 ; Mou- tarc'iier. In-8"; ])iix , 6 fr. Li'S circonstancos actuelles ajoiileut beaiicon|) d'inti'rct a cet ouvra^o clans leqiirl rantciu', iiatif de Constantinople, a point d'nno niatiicie vive ct animee les mceiirs ti.Ycpies. Fils d'un ancicn cliaige d'affaires de I'hospodar de Valacliie aiipres de la Poilc ottomane, la position et les relations de sa famille liii ont permis d'eludicr de bonne li'.nire et a fond la nation qii'il vent nous fairc connaitro (1). II passe tour a tour en revne les divers usages, les contnnies siiiguliei'es, les prtMiiges grossiers dn peiiple ottoman. Pour initier davanlagc son lecleur dans les sujets qu'il a enliejiris de trailer, M. Palaiologue a employe la forme de dialogue. De cette nianiere, tantot il nous fait assister a une conference de graves doeteius de rislamisuie sur diffetens points iheologiqnes de leur croyance, et nous voyons que la aussi on a horreur des livres et de rimprimerie; tantot if nousintroduit dans une aimablcsocietede jeuncsfemnies, qui nous racontent lour genre de vie, la manierc dont elles sont traitees par leurs maris, comment dies s'en vengeuf , etc. Ces conversations naives et pitjuantes out I'avantagc de derouler a nos 5^eux le tableau e.xact des mcEurs turqucs. Cependant, on ne sanrait nier que cette forme n'est pas toujoiirs aussi heureusc, ct cc qui le prouve, c'est que I'auteur est oblige de rejeter dans un grand nombre de notes les faits et les details qu'il ne pourrait faire entrcr dans le dialogue. II resrdte de la que, pour obtenir un renscignement indispensable a rintelli- gence du sujet, il est necessaire d'abandonuer momentaucment la conversation d'un pcrsonuage pour recourir a I'interpieta- tion donni'e par I'auteur dans une note placee a la tin du volume. Ces notes sont cependant tres-instructives et n'offrent pas moins d'interet et d'agienient que les autres parties de I'ou- (1) M. Palaiologue est vena en France pour etudier la iheorie et Ja pratique de I'^igricultnre. Apr^s avoir passe deux ans a la ferme mo- dele de Pioville , dirigee par M. Mathieu de Domba.'-i.e , oii il a siilvi avec succes les lecons de ce celebre agrouome , il se propose de re- tourner en Gr^ce pour y etablir uiie ferme et une ecole semblables a celles de Roville, et destinecs a prop:iger dans son pays la coniiais- sance des procedes perfectionnes de I'agricullHre. Un pared et.iblis- sement, pLicc sous la direction d'un liomnie iustruit, pourra rcudre d'importans services a la Gri'ce, 011 cet art de premiere necessite est nujourd'hui ])resque enlierement neglige, par un trisle effet des longi; mallieurs qui ont etouffc momentancme/it dans ce pajs i'cssor d. Eiic. , t. xxxii , p. 484 ). Cette jolie collection, qui avait d'abord etc annoncee en soixanle volumes, et qui avait etc portee depuis h. cent, en renferme aujourd'hui cent trois. LVdifenr a cru devoir s'arre- ter avec la trente-quatriemc livraison; niais nous esperons que le succes qu'il a merite d'obtenir I'engagera plus tard a nous li- vrer encore que'ques auteurs qui manquent dans sa galerie et que nous avonsindiques dans I'article rappcleen tete de celui-ei. Les btiit voli>mcs qu'il public aujourd'hui, reunis aux trois qu'il avait deja consacrcs aux Lctlres pcrsnnes et a La gidndrur et ht tlecadcncc des Roniains , par Montesquieu , completent les ceuvrcs de cet auteur celebre (1). Le tome 1" de V Esprit des (i) Le m^me editeur a fait parailre les OEuvres completes de Monies- i LITTERATURE, 763 Lois contient en tete VEloge de Montesquieu par d'Alenibert ; \ Analyse de cet ouvrage immovlel p;ir le memc academicien , puis, V Anertissemcnt et la Pnface dc I'autcur; ;i la lin du I. v se trouveiil la Defense dc l' Esprit des Lais , Ics Eclaircissemens et le Remercinient sincere h tin homme charitable , attiibue a Vol- taire; lo tome VI est entiereinent consacreaiine table analytiqne tros-bien faitede I'oiivrage. E. H. 297. — * OEuvres posthames de Boileaa : Satires de Perse ct de Juvenal^ explic]uees , traduites et commentees par ce poete francais, avec le texte en regard ; publiees d'apres son nia- niiscrit autographe; par L. Parelle. Paris, 1827; Lefovre, rue de I'Eperon, n. 6. 2 vol. in-18, de xi , 280 ct 233 pages; prix, 7fr. Un heuroux basard a rendu M. Parelle possesseur de ce travail incdit de Boileau sur Perse ct Juvenal, ccrit entiere- mcnt dc la main de I'autcur, et que I'editeur offre de montrer aux personnes qui desircraient s'assurer elles mcmes de I'au- thcnticite du nianuscrit (i). Une parcille annonce eut suffi jadis pour metlre tout le monde savant en campagne; a peine a-t-elle eveille raltcniion de qiicl(|urs anciens amateurs des leltres qui sont restcs fidclcs an cultc des Muses, au gout et aux bonnes etudes. De graves intercts politiques reclament sans doute une grande partie de notre tems ct nous arracbent aux doux loisirs; niais on ne doit point se faire illusion sur I'indifforence des geus dc letlres. Pour bcaucoup d'entre eux , le satiriquc francais par excellence, le legislatcur du Parnasse entin, n'cst plus aujourd'Lui que le Boiicau , correct auteur de quelques bons ecrits. Toutcfois, iis pourraient puiscr d'utilcs lecons dans la kc- fiu-e des deux volumes incdits que nous annoncons; ils y verraicnt que le genie, que le talent, que la gloire litteraire enfin, ne s'improvisent pas, et sont ie fruit dc longues etudes cl de profondes meditations, de la part memc du poi-te livre a la culture du genre Ic pins facile en apparence. Aujourd'bui, oil Ton semble si presse d'accuanilcr ce que Ton nommc des titrcs lilteiaires, il est doutcux que beaucoup de nos poetes voulussent se livrer au travail que Boileau avait entrc[)ris, ifidcu en I vol. iii-8"; prix, sur papier vcliii, impvime a t^eux coloiiues, Si fiaiics. II a public* cj];aleinent, en i vol. grand in-8", -sur deu.x colonnes , les OEwres lomplctcs de Voltaire , pri.x , 36 fr. , et celle.s dc Moliire , prix, 3i) fr. — Ces 3 volumes sent ornes ohacun d'un beau portrait de I'auteur sur papier de Chine. fi) li deineure a Passy, rue Basse , n° i . 7()4 LIVRES FRANC AIS. pour donncr a qiielques-iiucs de ses satires toiite la perfection dent elles ttaieut siisccpliblcs. Paimi le pclit nornbrc d'exccp- lions que nous pourrions indiqner, nous nous faisons un devoir ct un plaisii- dc citer riiabilc tradiicleur de Lticrcce, doiit les ouvrayos resteront bien long-lenis ai)res que les ecu vies ephe- meres de la plus grande pailie de nos poelcs modeinfs aiiront etc oubliees. C'V'st qu'il.a long-lenis essaye ses forces, c'est qu'il a niiiri son talent dans lo silence de I'elude et de la re- flexion, avant dc produire nn ouvrago qui I'a place toiit-a- coup an premier rang de nos litterateurs, dont il etait a peine connu qnand il s'elanca dans la carriere oii il devait laisscr lanl de rivaux derriere lui. Pour revenir a Boileau, apres avoir lu avcc attention les deux volumes de ses oeuvres posthumes, nous dirons avcc I'e ■ diteur : « qu'on pent conjeeturer avc:c assez de vraiseniblance qii'entraine par son penchant poor la satire, il s'etait efforec d'eclaircir eliaque ligne, chaqne mot d'un texte dont il voulait se rendre compte a toute lieure, ot ijii'ayant depose le resnllat de ses veilles dans un volume contenant les deux satiriques latins, il s'en etait fait nn livre de poclie, un ^lade iiiccuin, qui lui tenait lien de toutes les gloses et de toutes les ii)terj)re- tations connues jnsqn'a lui. >■ Ce travail nierite bicn aussi d'etre le vadc mncuin de tons ceux qui vondront su livrer an genre difficile et dangereux de la satire, dont pent-tire, ;i certains egards, ancun sieclo ne reclama davantage I'emploi que celui dans lequ'.'l nous vivons. En snivant les indications de RI. Pa- relle, ils retrouveront dans ces etudes dn maitre les 'races et les germes heureux dcs priiicipalcs beautes qn'il a seiiuk's de- puis dans ses satires; mais il leur rcsteia encore nn beau champ a exploiter el une mine inepuisabie dc richesses poe- tiqncs qui n'altendcnt plus que la rime; et, sons ce lapport snrtout, la traduction de Boileau nous parait preferable aeelles que nous connaissons, parce qu'elle est faite par un poete. Perse et Juvenal seront desormais a la portee d'un plus grand nombre d E. H. 3o4. — * Cromwell, drame; par Victor lA.\iQ,o. Paris, 1828, (1827); Amb. Dupont et camp. In-8" de Lsivet 47G pages; prix , 8 fr. L'ititi-ret du siijet, la siiigiilarite de IVxecution , le talent orij^inal cie ranteur, tout dans cet ouvrage est I'ait pour picjiier la CLiriosite publiquc. Nuns nous proposons d'en rendre inees- samment uri conipte detaille dans notre section des Analyses. Ch. 3o5. — Comadin, tragedie en cinq actes et en vers, par r»I. le chevalier de Cuzly, avec une gravure d'apres nne statue iV Elisabeth, mere tie Conradin. Paris, 1827; M'"' Vergne, place del'Odeon, n° 1. In-iS"; prix, 2 fr. II est pen de contrees, durant le moyen age, qui offrent nn anssi grand nombre de sujcts interessans a la scene tragitpie que le royaume de Naples et de Sicile. L'elablissenient de Charles d'Anjou, a qui le pape donna ce beau pays, a lexclii- sion des successeurs de I'empereur d'Allemagne, ne se lit point sans effusion de sang. L'usurpatenr s'etant enipare du jt'une Conradin, heritier legitimt^ de Tempereur Frederic II, le fit nieltr-e a raort au milieu de la place publique, ainsi queplusieurs jeunes seigneurs (jui s'etaient assoeies a ses dangers : ce fut en vain qu'Elisabeth, mere de ce malheureux prince, accourut dans I'cspoir de rarraclici' a la mort. Voila, sans doule, uii sujet propre au poeme draniali(|ue. Vnici ce que I'aljbe Yely raconte des dernicrs momens de Coni'adin : « On vit alors dans Conradin ce melange de force et de faiblfsse que devaient na- turellemenl produire dans un enfant les semences d'un grand courage, a la vue d'une mort indigue et premaluree. II ramasse la tete de son genereux ami, la baise Icndrement, lui demande mille fois pardon, si, pour prix de son amiiie, il n'a pu lui prociuer qu'une fin si tragicpie... Puis, jetant son gaut au n)ilieu de I'assemblee, pour mar(|ue d'investiture, il declare qu'il cede tons ses droits au royaume tie Sicile a qui le vengera d'un vainqueur barbare, etc. « Tel est le sujet de la tragedie tie M. ue Cuzey. Cette piece n'a pas ete reprtisentee , et nous ne pouvons prononcer sur I'espece de merite que le jeu du theatre pent seul faire appre- cier. Toutefois, elle inspire a la lecture un veritable inttiret. Aupres du faible et ambilieux Charles d'Anjou et des ministres italiens qui Texciteut a la cruautti , on aime a voir le vcrtueux Desporcelet, chevalier francais, qui ne cesse d'employer son eloquence pour empecher I'usurpateur de commetlre un crime 776 LIVRE.S FRAiNCALS. jiuitile ; on aime a I'entendre dire a Frangi|jani, muiistre t\f; Charles, qui IViij^age ii coticourir a la perte de Cuniadin, ct le flalte de voir payer sa condeseendance pai- dc graiidti lar}j;esses : Seigneur, cju'avez-vous dii:' Un chevalier francais ne coiinait de ricliesses Que celles qu'il acquiert sans crime et sans ba»sej>»es. Parini les bieiis qu'il cherche avec avidite. La valeur, les vertus font sa felicilc ; La justice est sa loi; riioiineur est sa fortune; II maiidit des flatteurs la parole importune; Serf son roi , fait le bicn , et n'attend que de Dieu Le fruit de ses bieufaits qu'il repand en tout lieu... Phisieurs parties de cet oiivragc proiivent du talent pour I.i versification; loiitefois, quelques vers faiblcs se font d'aulant plus remarqiier qu'il semble facile de leur donuer un tour poetiqne. M. de Cuzey a fait des eludes profondes dans les arts du dessin. 11 se delasse de la peinture par la poesie, et d(." la poesie par la peinture, et personne ne peut apprecier mie;ix que lui le preceple d'Horace : Ut pictura pocsis crit... et celui d'Alphonse Dufresnoy : i>iinUis(jur poesi sit pictura. ( Voyez, a Tarticie Beaux-arts , dans la section des Nouvetles de France. ) Les amateurs de tableaux ont remarque, dans I'eglise de Saint- Sulpice, a Paris, celui qui represente le martyre de saiiitc Perpetuc : la tcie de la jeune vierjje est d'une grande elevation de style. NoiiS aimonsa sii^naler celte reuniou si rare du talent du peintre et de celui du poete. ^ Brks. 3o6. — * Let Chronique.'i de la Canoiigate , par sir f Palter Scott; traduites de Tanj^'iais pnv A.-f.-B. Defauconpret, avec des Notes ejcplicatives. Paris, 1828 (1827); Cli. Gosseliu. 4 vol. in-i-i; prix, 12 fr. Voila done Walter Scott bors de I'histoire et rendu a 1.^. verite par le rouian. Plus de ces etroits prejuges de nation et de parti qui lui ont fait defigurer les annales contemporaines. II reparait aver cette science profonde, cette expression impar- tiale du passe qui douuaient a des compositions legeres et re- gardees generaleinent comme frivoles un caractere singulier d'importance et de gravite. Cette nouvelle production, sans egaler les chefs-d'oeuvre de I'auteur, se place toutefois paruii ses meilleurs ouvrages dans un rang honorable; elle se dis- tingue par des merites absoluuieiit semblables, par I'heureusc rreation ties caracleres, la fideiite du costume et du langage, la verve spirituelle du style. Si la decadence sy fait senlir, c'pst tout au plus duns la prolixile negligee de certains details. LlTT^llATLRE. 777 Ce reproche s'adresse particulierement au premier volume du livrc , qui lui sen de preface el de cadre. Les aventnres de M. Croftangry, nouveau membre de cette famille des Clutter- buck , des Clcisbotham , des Cargill, si connue des lecteurs do Walter Scott, offre line peinture pleine de naturel, et a laquelle il ne manque qu'un dessin plus correct et plus soigne, pour nieriter I'honneur qu'on lui a fait, dans un de nos meilleurs journaux litteraires ( le Globe), en la rapprochant des tableaux acheves de Lesat^e. La Fille die Chirurgien ne serait qu'un roman vulgaire, si Ton n'y trouvait, au debut et au denou- mcnt, representes avec infiniment de naivete ou d'eclat, Tintc'- rieur d'un pauvre niedecin de canipagne, et la cour des mo- narques de I'lnde. Mais ce qu'il y a de vraiment remarquable dans cette espece de recueil, ce sont les deux histoires qui com- posent le second volume, la Veuve du montagnard et les Deux Bouviers; je ne crains pas, malgre leur peu d'etendue, de les comparer, pour la vcrite de la peinture et I'interet pathetique des situations, a ce que I'auteur a ecrit de plus beau. On y trouve surtout admirablement exprime le contraste de la civili- sation recente de I'Ecosse avec ses anciennes raoeurs. Je m'cten- drais davantagesur cesdeux morceaux, si je n'avais eu souvenf, dans ce Recueil, I'occasion de rendre hommage au genie de Walter Scott (voj'ez particulierement jRec. .Ewe. , t. xviii, p. 33 1; t. XIX, p. 448; t. XXI, p. /,33). H. P. 807. — * Le Corsaire rouge, roman americain , par James Fenimore Cooper; traduit de I'anglais, par A.-J.-B. Defaucon- PRET. Paris, 1828; Gosselin. 4 vol. in-12, formant ensemble XI et 102 5 pages; prix, 12 fr. Le plus redoutable des flibusliers, le Corsaire rouge, se trouve commande par un honmie que I'auteur ne nomme qu'uue seule fois du nom de ff'alter. Get honmie a etc irrite de I'in- solence qii'affcctaicnt les Anglais a I'egard de I'Ameriqne, sa palrie; et des lors, il a jure de la venger. Devenu le chef d'un vaisseau de pirates, il laisse a ses compagnons le sang et le pillage : pour lui , il ne veut qu'arracher et fouler aux pieds le pavilion anglais. Du reste , plein de talent , de fermete , de cou- rage et de generosite, il jouit sur son bord dune autorite absolue,et paralyse, a force de grandeur d'ame, les desirs d'un jeune mariu qui ne s'etait introduit sur son navire que pour le livrer aux croiseurs royaux. Enfin , vainqueur dans un dernier combat contre un vaisseau anglais, il reconnait son neveu dans ce jeune marin que son equipage veut faire perir , sa soeur et sa niece dans deux femmes qu'il a re9ues a bord. Alors, il abandonne ses Iresors aux flibusticrs , met en siirete 778 LIVRES FRANCAIS. tous les prisonniers , brulo son vaisscau , et iie reparait chcz son neveii , pom- y renilre Ic tleinicr soupir, iju'api (is une vingtaiii« d'atmecs, c'esl-A-dire iorsi]ue ia iutte ciitif I'Au^lcterre et rAnn';riqu(! (-tant tcrminee, les lilats-Unis pcuvcnt deployer sur toutes les mers uii pavilion indc'[)endant. Ce nouvcl onviat;e est un do ccux ou M. Cooper a povte an plus haiit dfi^re linti'iet qui rend si attachante la lecluie dc tons scs roiiiaiis. Une ex|)Osition pciit-etre nn pen oinbarrasse*- , une imitation trop scru|Mdeuse dcs maniercs de pntler do ceux qui vivent habitiicilement sur mer, et donl redncalion a etc ne- glii;i';e;('nfin , qiielqueslont;uc'urs dans ie dialoi;ne : voiia les seuls reprochcs que Ton pnisse faire a celte composition , qui ne pent d'ailleurs qu'ajouter ala reputation de Tauteur. Les lecteurs n'y verrontpas sans etonnement nne multitude de scones maritimes, loutcs differentes decelles qui les ont deja frappes dans le Pilate, et qui prouvcnt que M. Cooper a etndie la uici- sous tous ses as- pects, etcomuie pourrail le faire uu peintre. Ou admire le talent prodiijieux avec lequel I'auteur sait coneenlrer, varicr, sou- tcnir I'interet, sur une scene tres-resserree, dans I'etroite en- ceinte de deux vaisseaux, et en n'y faisant apparaitre que deux principaux personnai^es, eminonnnent doues d'une grande no- blesse de caractere dans des situations qui sembleraient exclure ce merite, et deux personnaij;es accessoires, avec un petit nombre de fii^uros laisnees dans I'ombre et qui completent I'en- semble de ce tableau historique et dramatique, tout-a-fait diijne de fixer I'attention. B. J. 3o8 — * Les O'Brien dies O' Flaherty , ou I'lrlande en 1793, histoire naliouale, par Lady Morgan; traduit de I'ant^lais par Jean Cohen, ancien censeur royal. Paris, it5a7; Charles Gos- selin , rue Saint - Germain - des - Pres, n° 9. 6 vol. in-12; prix, 18 francs. Ce n'est pas la premiere fois que Lady Morijan consacre sa jdiune a I'lrlande, sa patrie. Deja, dans deux romans (|ne le public anglais et francais avait accueillis avec faveur^O'ZJow- rtc/et Florence Ma(:rartliy\ le spiriluel auteur des Lettrcs sur la France et sur C Italic avait eloquemment plaide la cause des li- beries et de rindependance iriandaises, retrace dans de pi- qnantes esquisses les traits principaux de la physioncmle origi- nate desescompatriotes.on depeint, avec les couleurs brillanles que leur prete une admiration vivement sentio, les sites varies et pittoresc|ues de Vile d'Enieraucle. Des critiques ont trouve mauvais qu'une femme osat se mcier de politique, et lui ont conseille de rediiire desormais ses fictions romanescpies aux proportions moins ambitieuses des evenemens de la vie privec. J LITTER ATURE. 779 Lady Morgan n'ecoutera sans iloute ct-s avis officieiix que pour I-es inscrire parmi les nombreux temoignages de rinflnence en- core toiitf- piiissaute des prejuges ct de Tesprit de parti ; dii moins, nous desirons sinceremcnt qn'ils ne parviennent point ;! I'eloigner de la carriers 011 elle s'est engagee, et oii elle a cerraincment rendu des services reels a !a noble cause clont elle est un des pins habiles defenscurs. Passons ra|)idemcnt sur les ])remiers chapitresde ce nouveau roinan ; ils compiometlent gravement les in'erets de ranteiir et lespiaisirs dii public. IVous ne serions pas etonnes (|u'ils deci- dassent plus d'un lecteur ;\ mettrede cote les volumessuivans; et cepcndant , ccux-ci sont assez abondamment pourvus d'epi- sodes attachans pour faire completementoublier I'insipide cor- rcspondance entre le conite O'Flaherty et son cousin I'abbe, qui lenr sert d'inlrodnction. L'epoque clioisie par Lady Mor- gan pour y placer les evenernens ct les personnages, crees en grande prirtie par sou imagination, fnt marquee par cette fer- mentation generate des esprits qui preceda I'insiirrection de 1794- L'arrogance et la coiruption du parti dominant etaient portees a leur comble ; du sein des fetes <>t des orgies partaient les decrets dc la tyrannic pOur frapper tous ceux qui ne subis- saient pas son ignoble jougavec resignation et en silence; deja les liommes les plus eclaires et les plus vertueux s'etaient ral- lies pour aviser aux moyens de regenerer I'lrlande, en la deli- vrantdeses oppresseurs; Murrogh O'Brien, lelierosdu roman, est conduit, clans un des quartiers les pins obscnrsde Dublin, a une assemblee <\c^ Irlaiidais-Uriix , dontla description ponrra doniierune ideedelam.tnierebrillantect drama!i(|ue de Tauteur. '< En jetant les ycux sur ce petit senat rassemble a ses pieds, . il y vit nil tableau pittoresqne : car ses membres semblaient deja groupes pour une conspiration. Une seule lampe suspen- i\uc au sommet de la piece , et qui ne faisait que dissiper faibiement I'obscurite , concentrait ses jaunes rayons sur des tetes et des busies qui rappelaient \e gran qiiadro, I'orgiieil et la gloire de Salvator Rosa. Au haut bout de la table placee au centre de i'appartement, et sur nn faufeuil eleve sur des. gradins, etait assis Ic president de la Societe des Irlandais- Unis. Lni seul etait convert; et, quoiquc vctu avccnne grande simplicite, il avait I'air fort distitigue et fort bien eleve. Son sourire gracienx monlrait la pliysionomie aimable, ouverte et douce qui est encore la martpie distinctive des descendanvdes , grands seigneurs anglo-normands etahlis en Iriande... Ce pre- sident etait I'hnnorable Simari Butler. A cote de lni, sur un siege plus bas, etait le secretaire. Sa tete decouverteet son 780 LIVUES FRANCAIS. front chauve recevaient en plein la lumiere de la lampe. Cellu tete bien taillce etait nne de celles qui fixent I'imagination et qui semblent avoir ele creees pour porter temoigiiage de la veriur de la science physiognomonique. Son costume ttudiecontrastait singulierement avec sa tournure athletiqne et le maintien an- tique desa personne. Car, quoiqiie sescheveux non pondrcs et son cou plein de muscles , convert a moilie seulement par une cravate de soie negligeinment nouee, offrit un pen de simpli- citc republicaine, cependant le beau diamant qui brillait ii sa chemise et I'eclat de deux cliaines de montre a breloqucs, ce qui etait alors la mode la pins recherchee, montraient dans sa toilette una aristocratic qui contrastait un pen avec les graces de Backlane : le secretaire des Irlandais-Unis s'appelait Archi- bald Hamilton Rotvan. De I'antre cole dii president etait assis un homme petit, bien fait, d'une physionomie animee, qui parlait dans ce moment, avec une singuliere vivacite de regards et de gestes , a une personne dont les manieres etaient extraor- dinairement donees et meme ceremonieuses. Le premier etait le gai, vaillant et patriotique fondateur de la Societ«'", Thtobald fFolfe Tone ; I'autre , I'liabile et celebre D'' Drcnnan , excel- lent medecin etecrivain plein d'elegance, qui aurait pu passer, ^ sa mine, pour le grave ministre presbyterien de queiqne vil- lage ecarte de I'Ecossc. Un homme de haute taiile , d'une tour- nure elegante et sentimentale, etait assis pres d'enx , eL semblait porter ime attention particuliere a ce que disait la personne qui avail la parole, et a qui il se preparait a repondre : c'etait Thomas Addas Emmet , fils dn dernier medecin de la conr d'lr- lande. II etait alors avocat; jeune encore, il jouissait deja d'une grande reputation, et il est maintenant procnrenr general a New- York. Le vifetbeandocteur Mncltcnna, un des ecrivairisles plus populaires de son tems, el Oliver Bond , representant de la olasse la pins honorable des negoeians, avaientgroupeen avant leurs teles intelligentes, tandis qu'un homme dont la figure n'offrait ancuu de ces agremens physiques qui inspirent de I'in- leret dans toutes les causes, James Napper Tandy , tenait a la main un paquet de lettres qu'il avail recues, en sa precedente qualite de secretaire de la Societe...'» L'ouvrage est richeen tableaux eteu scenes de ce genre, pleins de vie, eclatansdecoloris. La revue des volonlaires dans le pare dn Phenix, le Inmulte nocturne de la taverne desLutteurs , la fete donnee dansle palais du vice-roi,la reunion dn conseil de disci- pline de rUniversitede Dublin, la description de la tranquillere- traite des peres jesuites de Cong, lejonr du pot qui reunit dans le manoir antique et delabre de Bog-Moy, tons les nobles rejetons LITTERATURE. '781 do la race niilcsieiinc,lc tableau pittoresqueJe la valleede Moy- Ciiilen et dii saint moiiastere qui s'elcve sur la rive de ses eaux paisibles, nous initient tour a tour aux opinions et aux habi- tudes des divers partis qui composaient alors la population do I'Irlande. Quelques figures orijjinales se dessiuent avec avan- tage snr le fond brillaut de la partie pittoresque et descriptive : Terence O'Brien, lord Arranmore , qui des humbles fonctions d'enfant de choeur s'eleve, en embrassant la religion toute-puis- sante,a I'opulence d'un riche procureur; puis sacriQe sa for- tuue etson repos au desir de recouvrer le litre de ses ancetres, deracheter par unerude penitence le crime de sa conversion ; Shane, victinie des persecutions de I'Anglais, resle infortune des Rapparees quidesolorent long- terns I'Irlande, et modele de I'at- tacheinent grossier mais inalterable d'un ignorant vassal pour le chefde son clau ; les miss Mac-Taafc , gothiques represen- tans de I'hospitalile irlatidaise, de I'orgueil nobiliaire et des ridicules provinciaux. Mais les caracteresprincipaux sont loin d'etre traces avec cette profondeur et cette fidelite quilaissent a jamais le souvenir des personnages d'imagination dans I'es- prit du lectciir. O'Brien est un jeune homme aux yeux per^ans, au front noble et elove, a la laille elegante, plein d'enthou- siasme pour la liberie, mais qui agit d'apres I'impulsion d'opi- nions mal arretees et de sentimens presques inexplicables. II est aime de deux fenimes, dout 1 iine appartient a I'oligarchie par ses alliances et par ses passions desordonnees, dont I'autro apparait toujours enveloppee do mystere et sous vingt degiii- semens plus faiitasqnes les uns que les autres. Mais le recit, quoi- que plein d'invraisemblauce, quoique souvent ralenti par des longueurs faligantes, bien (]ue charge d'uneabondancede cita- tions fraucaises , italiennes ou irlandaises qui prouvent I'eru- dition de Tauteur et son desir d'en faire part au public, excite, snr tout dans les trois derniers volumes, un intcret veritable, qui n'a pas seulement pour objet les opinions politiques dont Lady Morgan et son heros O'Brien sont les eloquens inter - pietes. Nous ne nous arreterons pas a signaler quelques anachro- nism cs , quelques erreurs relatives au culte catholique, que le traducteur a eu soin de noler, avec une sorte d'aigreur , et qui semblent I'avoir assez mal dispose, centre I'usage des traduc- teurs, a I'egard de I'ouvrage dont il devient en quelque sorte le second pere. M. Cohen parait ne point partager les opinions de lady Morgan. Dans ce cas, nous le plaignonssiucerement d'avoir cu a lire et a reproduire si souvent I'eloge des principes de la revolution fran^aise, et la satire, d'ailleurs fort motieree, dts 7vSa LnREJJ hiaincals. abiis du catholicisme, abus que I'auteur retroiive en pailie et blame egalement dans I'eglise protestante elablie, I'un des fleaiix les plus iiitolerables de sa patrie. Peut-etre cette anlipa- thie du traducteiir pour les ulees liberalesexpliqne-t-elle aiissi la iieglii^ence qu'il a niise quelquefois a la redaction d'un livre destine a les propager , ne(;lij:;ence qui ue nous aurait point aussi vivenient fVappes.si le nomde M. Cohen, deja connu par de bonnes traductions, nenous avail point rendus tropdifiiciles. «. 309. — Histoirc des qiuitre fits d'Ayinon, par M. Bres. Paris, 18-27; Louis Janet. In-i8deix 01276 pag. , avecun frontispice et 4 grav.; prix, 5 fr. Les romans de chevalerie, qui ne nous semblent aujourd'hui qu'un jcu de I'iinagination des auteurs, ont eu pour fonds la peinturede mceurs reelles; il n'y a guere d'autres fictions dans la plupart d'entre eux (jue les enchantemens el les gcans. (jui sont les accessoircn obliges de ces sortes de compositions. Du reste, comme I'a fort bien observe un critique celebre (La IIaupe), « au terns de I'anarchie feodale, les forteresses etaient en effet le repaire du brigandage; lout noble qui avail pu bdlir sur un rocher, ou s'entourer de fosses, etait impuuement op- presseur ou ravisseur. L'avantage de la taille, la force du corps, i'armure de fer, les tours a creneaux neservaient trop souvent qu'a ecraser le faible , a depouiller le pauvre , u violer I'inno- cence. Celui qui, ayaut les miiucs moyens de puissance, ne s'en servait que pour defi*ndre la faiblesse et repousser ''injustice, etait un digiie chevalier, ct les premiers sermens etaient tou-' jours fails au sexe le plus expose a I'insulte. » De pareils tems, quoi qu'aient pretendu certains apologistes. ye sont guere re- grettables , et nous devoiis nous feiicifer de vivre a une epo- que ou la punitioii des medians el la siirete des bons ne repo- sent pas dans le courage et la vertu de quelqucs homnies, mais sent garatities par les lois. Aussi, les romans de chevalerie sont decredites de nosjours; on ne les lit pliis que par simple ciu-io- site, et il fanl autant de prudence cpie de talent a I'ecrivain moderrie qui cherehe a cueillir encore quelques palmes dans ce champ dcvenu desert. De toutes les reputations clievaleresques que nous offre This- toire du nioycn iige, il en est pen qui soil aussi repandue que celle des Qiiatre fils d' Ayiiioh; el toutefois, leur origine et leurs fails d'armes sont enveloppes d'assez d'obscurite pour se preler favorablement a la ticlion. Huon de Villeneuve s'en csl empare, et Ton connait de lui I'aucien roman, intitule : His- loirc des q'tatrc fils d'Aynion. C'est cette histoire ou ce roman que M. I)res a entrcpris de rajeunir, en le metlanl en fran^ais LIITERATUIVE. 783 plus model lie, en faisant disparaitre les nonibreux anachro- nismes q'l'y avaieiitsuccessivement inlroduits phisieiirs (^dileuis ij^noratis , et suitout en elTacHnt dii role de Charlemagne ions les trails que les lecteurs eolaiics devaient reyarder oomme au- lant d'outrages a sa gloire. Mais I'auteur n'a pas oublie qu'il avail a peindrelesmoeurs du huitienie sieclede I'ere chretienne, et il a cm devoir, pour caracteriser ccs uioeurs, conserver des fictions dont I'origine pent etre reportee a ces terns. C'est airisi que, sans donner dans son ouvrage uii role aciif a la fee Me- lusine, il a cru pouvoir adn^eUre son influence, s'appiiyant sui- tes recits fabuleux qui sonl parvenus jusqu'a nous et dont ia tradition se conserve encore dans le Poitoi!. Plusieuis traits de bravoure, plusieurs fails d'armes des quatre freres auront be- soin de cette influence pour etre expliques; et pt;nt-etre, en jugeant I'ouvrage avec severile, lui reprochera t-on de n'etre ni a5sez vrai , ni assez rempli de fictions. Quoi qu'il en soit, nous porivons dire que la lecture en est agreable et repond a la reputation que M. Bres s'esl acquise dans un genre de litlera- ture ou il rec'ierche surtout le plaisir de ses lecteurs , sans ne- gliger leur instruction. De charmantes gravures, dont les dessins sent dus sans doufe aux cravons de I'auteur et qui ont ete reproduites par I'habile burin de M. Rouergue, et une impression soignee, pla- cent d'ailleurs cc livre sur le premier rang de ceux que Ton peut offrir en etrennes, a I'epoque de I'annee a laquelle nous somnies arrives. E. Hkreau. 3 10. — JJne nouvelle par mois , ou Lecture pour la jeunesse , depuis I'agc de io;\i6 ans, par M"=''la conitessc de Rraui. Pa- ris , i8a8; Fr. Louis. 2 vol. in- 18 , formant environ 600 pages; prix 5 fr. et 6 fr. M'"'= de Bradi est auteur de plusieurs ouvrages, parmi les- quels on a reniarque quelques poesies, et surtout de charmantes stances, sous le litre de (a Nyniplie Egcrie , inserees dans le Chansonnier des Graces pour 1826. On pout relire dans notre recneil (torn, xxvii , pag. 55 1 et 87 i ) le compte que nous avons rendu de VHerittere corse , de Colonna et de ses Nouvelles. Ces dernieres , au nombre de six, ont ete signalees comme « remar- quables par uiie finesse d'observation , une verite de peiiiture , un nattuel et une originalite dans les caracteres qu'il est rare de voir reunis a un style toujours facile et correct. » Ces cloges , auxquels queUpies Icgeres critiques donnaient encoie plus de poids , etaient dim presage heineux pour I'ouvrage que nous annon^ons aujourd'hui , etque I'auteur a entrepris a la soUici- tutiun d'une mere qui soigue cUe-meme I'education de ses en- 784 LIVRES FRANCA.IS. f;ms, etqui se plaignait du pen ilelivres amnsansqiir I'on a fails ])Our I'age de 10 a i5 ans. M""= de Bradi a ])ris tons les tons dans ces douze nouvcUes, qu'elle a consacrees a chaciin des mois de i'annt-e : nous avons surtout dislingue, dans deux genres op- poses, le Bal masque el la Vcillre du jour des marts, dont I'une <:xcite le sourirc et I'autre fait veiser de douccs larnies. Dans routes, la morale est mise en action avec une licurcuse adresse; dans toutes , elle est presentee a la jeunesse sous des fonnes attrayantes , et toutes entin seiont de charmantes etrennes , <[uniqiie la premiere porte exclusivement ce titre. E. H. 3ii. — Samuel ou la Pauvre famille , nouvelle; par A. J. Sanson. Troisieme edition. P ^ris , 1827 ; Sanson, Palais -Royal. In-i2;prix, 1 fr. 5oc. Get opu.scule, ecrit dans un but tont-a-fait moral, se dis- tingue par une simplicite eonvcnable an sujet. Un hounete pere defitmille, dont la probite est un instant combattue par le sen- timent imperieuxdu besoin, retrouve I'ascendant que conserve toujours la vertu sur un coeur pur. 11 perd accidentellemcnt une somme d'argent qui lui a etc confiee, son honneur vient a etre suspecte, I'auteur nous le montre livre aux angoisses du desespoir; mais bientot il prcnd le parti courageux de pour- voir, par le travail de ses mains, aux besoins de sa nombreuse famille, et cet incident amene le denoumeot de ce petit drame, dont la morale , facLlement saisie, est mise ainsi en action dune maniere interessante. L. Dh. Beaux- Arts. 3 12. — * Notice descriptive des monumens cgyptiens du Mu- see Charles X; par M. Champollion, lejcune, conservateurdes antiques du Musee royal du Louvre. Seconde division. Paris , 1827; imprimerie de Crapelet. Se vend dans rinlerieur du Musee. Une collection de monumens antiques doit avoir pour pre- mier objet d'instruire, et non de flatter les regards. Fidele a ce principe, M. Cliampollion devait sacriiier touteconvenance de goiit a la necessity dune classification rigoureusement melho- dique; chaque monument devait prendre sa place, d'apres le sujet qu'il representait et d'apres sa destination speciale, sans egard aux proportions ni a la matiere. Voici les divisions qu'il a adoptees dans cette notice : I " Salle des dieux. — A , Images de divinites egyptiennes ; B, Emblemes de divinites, animaux symboliques et animaux sacres;C, Scarabees representant des divinites ou des em- blemes de divinites. BEAUX-ARTS. 785 •2° Salle ci'rilc. — D, Statuettes, figurines et amulettcs re- presentant des ro/*- eg)'pticris ; E, Scarabsies portant dc iuiai^os oil des lei;endes de rois clc race rgr/jiic/u/e ; F, Contrats orifri- naux portant des dates du regnede rois f;recs d' E^pte ; G, Fi- gurines, statuettes et statues reprcsentant des menibrcs des diverses casta cgyptiennes ; H, Ustensiles et instrnmeus du culte;I, Objets d'habillemcnt ; J , Ustensiles de toilette; K, Bijoux et objets deparure; L, Ustensiles domestiques ; M, Ins- trumens etproduils des arts et metiers. 3*^ Salles faneraires. — N , Momies humaines; O , Cercueils de monjies ; P, Ornemens funeraires; Q, Images fimeraires ; R, Coffrets destines a renfermer ces images; S, Vases fune- raires; T, •Manuscrits funeraires; U, Statuettes ayant scrvi d'eluis aux manuscriis ftmreaires; V, Tableaux funeraires; X, Steles, id.; Z, Tesseres grecques, id. Ainsi , chaque division porle une lettie de raljihabet , et chaque Uttre contient une serie particulicre de numeros, a par- tir du ciiiffre i ; les etiquettes qui aceompagnent les monu- mens se composent d'une lettre et dun nombre; il est facile de tronver dans la Notice la deseiiptii n du monument que Ton a sous les yeux. Nous croyons inutile de nous etendre sur le merite de ce catalogue, qui a du eviger bcaucoup de travail et de i^atience; il servira de guide a tons ccux qui visiteront le Musee Charles X , et fera voir en meme terns que si les recherches de M. Chanipollion out deja fait faire un si grand pas aTarcheologie egyptienne, nous avons droit de tout espe- rer des recherches ultcrieures de cet infatigable savant (voyez ci-apres, a la section des Nouvellcs , page 828, X Oavertiire du Musee des nntiquites egy'ptiennes). ]V. J^h. 3i3. — * L'Inde francaise , on Collection de dessins lithogra- phies, reprcsentant les divinites, temples, costumes, phy- sionomics, meubles, armes, ustensiles, etc., des peuples hin- dous qui habitent les possessions francaises de I'lnde, et en general la cote de Coromandel et le Malabar, publiee par MM. Geuinger, Marlet et Chabrelie; avec un lextc expli- catif, par M. Eugene Burnouf. 1", 2"^ et 3* livraisons. Paris, 1827; lesediteurs, rue du Roule , n° i5; rue de Seine, n° i; et rue du Bouloi , n" 19. 3 cahiers in-folio, sur tres-beau pap. velin. Prix de la livraison , i5 fr. pour Paris, et i8 fr. pour les departemens. On n'a peut-etre jamais etudie avec plus de soin que de nos jours cetle terre celebre de ITnde qui, depuis la plus haute antiquite, n'a cesse d'attirer les regards de I'Europe. Depuis vingt ans surtout, une louable curiosite a dirige les efforts T. XXXVI. — Deccmbrc iSi'j. 5o 78G I.IMIKS MIAINCAIS. Uis odiimio; oi bioiitot, j^raco an zolo des pcrsonnos qui so livroiit a cos otiidos, iioiis poiirrons livalisor on ce genre avcc I'Aiiglotorrc, ii la(|tiollo sa vasto puissance dans Tlndo a doniio jusqu'ici line incontestable ^ll[)o^io|•ito. IVIais on nianc[iiaiL jiis- qii'a present d'lin oiivrage qui presontat lo taldean vivant do la civilisation do cc pays , qui en fit counaitro Tetat actuel ot, donnat Ic moyon do lo comparer a coliii dont on lotrouvo la dosciiption dans los ouvragos indiens parvenus jiisqu'a nous. On n'avait quo los collections do Daniel et do Soivyns, dont I'urio pen etcndue no donno des details <|tie sur raichitocture, el dontrautro, quoiijue tros-voluminouse, n'ofi're souvont quo la re- petition des memos siijols, et par la momc est tros-incomplote. M. Goringer, qu'un long sejour a la cote de Coromandol et au Malabar a mis a m'J'mc d'obscrvcr Ics Hindous, s'est oc- ciipo do rasscnibler des dossins roproduisant lours coutumes, lours nupurs, lours ceremonies, en asscz grand nonibro [jonr prt'sentor I'cnsenible de lour civilisation. La collection, bornee a ce qu'il y a de plws caracforistiquo, etcopondant encore asscz otenduo, puisqu'elle so composora de y.4 livraisons, a etc con- fiee ail crayon d'habilos artistes, et elle parait aujourd'luii, accompagnoe de tout lo luxe typograpbique qui est devenu vn bosoin do nos joins, ot qui ajoiite iin nouvoau prix aux oit- vrages de ccttc im[)ortancc. Cclte collection, la [jreniiorc (|tii soil exocutee on Franco par des Francais , et d'apros des niate- riaux entieremcnt origiuaux, nous parait remporter do beau- coup sur les Hifulniis do Soivyns, taut par la perfection avoc laiiuoUo les sujots sont lithographies et coloric^s , (|ue par I'in- terot et la nouveauto des notices lodigeos par M. Eugene Rrr,- Nour. lilies so distinguont par iino elegaiico soutonuo, et par lo soin tros- visible qu'a pris rauteiir do n'y faire entrer que Ics notions absoliimont necessaircs a rintelligonce do la jilanche. Les trois livraisons qui ont paru font connaitro les mivurs des brahiuos , et donnenl la representation des trois porsonnes do la trinite indionno, toUos quo les adorent los Hindous. On V rcmarcjue aussi trois portraits hindous faits d'apros nature, I'uu dii chef des brahmos do Ponilichory, raiitrodo sa fcinmo, et le troisieme do I'intendant de la police do cotte villo; scion nous, ces portraits, qui scront an nombre do vingt-qiiairo, sont unc des parties les plus importanles de ccttc belie col- lection, n. 3 I 4 . — * L(t Cliii/c : Din^iiis , castitincs , arts ri nirU'ers , jxiiics BEAITX-ARTS. — MEM. ET RAPP. 787 riviles ct militaires, ccremonifs rcligieiixcs, inoiiKmcris ct paysages; lithographies coloriees, d'aptes Ics tlcssins de MM. Aubry-le- Comte , Dci'eria , Grevedon , Kcgriier, Schaal, Schmit, Thenot , Vidal, etc.; avec une introduction et des notices; par M. D. B. DE Malpiere. i4 livraison. Paris, 18-27 ; I'editeur, rue .Saint- Denis, n" 188. Firmin Didot, Ponthieu, etc. Un cahier grand in-Zl"; prix de chaciue livraison, i5 fr. ; pour les souscripieurs, 12 fr. ( Voy. Rc\'. Enc, t. xxxv, p. A?^.) Celte quatorzieme livraison complete le i'''^ volume de la collection. Une entroprise aussi lougue et aussi dispendieuse est ainsi parvenue au tiers de sa marche. Le zele des editeurs, loin de se ralcntir, a paru prendre a chaque publication des forces nouvelles. La livraison que nous avons sous les yeux conticnt une planche de plus que les autres; et cette plan- che, representant un cnlerremcnt chinois, doit servir a rem- placer le dessin scmbhible, deja donne dans la seplieme livrai- son, mais dont I'execution laissait quelque chose a desirer. La publication de la deuxieme serie, annoncee en menie lems que la premiere livraison du second volume, qui paraitra dans le courant de ce mois, est une nouvelle preuve du succes qu'ob- ticnnent les travaux de M. Malpiere. On doit aussi des eloges aux artistes distingues qn'il s'est associes, pour les soins qu'ils apportent a ['execution de dessins, souvent d'une grande ori- ginalite, mais qui exigent des rectifications difficiles ct severes. Z. Memoires ct Rapports dc Societes savontcs. 3 1 5. — * Bulletin de lu Socicte d' encouragement pour I'indus- trie nationale. Paris, 1827; M'"<'Huzard, rue de I'Eperon, n° 7. Recueil niensuel dont les cahiers in-4" sont presque tons ac- compagnes de planches ou de figures. Aucuue publication n'a ete plus profitable a I'industrie que celle de ce Bulletin, oi\ les connaissances sont presentees, telles qu'il les faiit pour ['application. II est actnellement a sa 26^ annee, et forme une collection precieuse dont toute biblio- theque industrielle devrait etre pourvue. Nous avons deja eu plus d'une occasion de parler des services que la Societc d'en- couragement pour I'industrie nationale a rendus a nos arts, de la salutaire influence qu'elle exerce , de la direction qu'elle imprime aux recherches, de I'activite qu'elle entretient dans les esprits capables d'inventer et de perfectionner; mais, parmi les nioyens d'action dont elle fait un si heureux usage, son l)ulletin est un des plus efficaces. Dans les cahieis de cette 5o. 788 LIVRES FRANCMS. anDee, nous dcvons citer la description des iiiuulins a ble cons- traits d'apres Ic systenw nn^lais, ct employes dans rctdhlissenicnt dc moiitiira dc M. Bf.noist, h Saint-Denis, prTS Pan's. l'i"ois plaiuhos anncxt'-cs a ccttc description, ct constniites avcc soin siir iinoassez grande cchelle, donnent une idee tres-jnstt; du nu'canisiiie do cos moulins, et suflisent ])our quo los artistes puissent les faire executor. Les arts et metiers nc sont pas les souls objets dont la So- ciete s'occupe; Tagi icultuie , que Ton continue a meltrc a part, attire aussi I'attontion qu'elle nieritc ;i tant de litres. Dans le monic cahier, ou Ton trouve le memoire sur les mou- lins de M. Renoist, on a insore les tableaux de M. Martinki. , ou lesproprietos des diverses varietes de pommes de terre soiit niises sous les yeux des cultivateurs et distribuoes dans I'ordre le plus propre a determiner le clioix , soit jiour I'abondanco et los bonnes qualites du produit, soit pour preparer les lerres destinees a produire des cereales. Les observations de M. Mar- tinel ont ote faites sur cent varietes do pommes do torrc, aux environs de Lvon, dans un sol tres-leger. Les reflexions par lesquelles il termine ce Memoire sont de la phis haute impor- tance. 11 a constate, ainsi que ptusieurs autres agronomcs, que les varietes de pommes de terre nc sont point constantes, et out bcsoin d'etre froquemment renouveloes; (jue les don- nees recueillies en ce moment seront fautives apres quohjues annees, et que, par consequent, aucune culture n'a plus besoin d'etre observee assidument, afin de connaitre ses variations et de s'y con former. La Societe d'encouragement estpent-otre le meilleur modele des reunions d'hommes formoespour un but d'utilite nationalo, et nous no craignons pas de dire que son Bulletin est le meil- leur eerit poriodique que Ton ait public sur los arts. F. 3 1 6. — * Seance publiqiie de la Societe acadeniif/ue d'Aix, tonne le i4juillet i8'27.Aix, 1827; imprimerie de Poutier fils aine. In-8° de /|3 pages. La Societe academique d'Aix a tenu, le i/j juiilet 1827, sa dix-huitieme seance annuelle, et le compte (|ue M. de Mont- MEYAN , son secretaire perpctuel adjoint, a rendu de ses tra- vaux, annonce que cette Societe marche d'un pas fermo ii son but> cpi'elle honore I'industrie, et qu'elle arcueille tousles per- fectionnemens qu'ameneut dans notre belle patrio les lumieres et les progtes de I'instruction publique. M. de Castei.ltt a presente des lecons de statique qui peuvent servir d'introduc- tion a un cours dc j)hysique. M. I'abbe Davin a communique SOS recherches sur les eaux thermales de la ville d Aix. M. Icard m£MOIRES ET rapports.— OUVR. PtR. 789 fait connailie les resultats de ranrilyso cliimiquH d'liii calciil iirinaire, resultats qui auraiciit, snivant liii, I'avantage cie fournir aiix medecins des moycns cnratifs, indiques par celtc analyse. M. i'ahbc Castellan et M. Poute so sont occnpes de I'histoire d4 AM1?;RIQUE SEPTEJNTR. — AM1>R. ftlERlD. Ires important pour la marine et pour la ^eograpliio, a vu le jour. Elle se compose dc 42 planches, format petit in-foiio. C. B. i)u B. — Albany. — h'lNstilul, cree en uiai i 824, sons la prcsicicp.co flu savant et philantrope Stcjihcn Van RKNSsr.i,\KR , n'a |)oiiit tartle a prendre, par ses travaux , un lany; distingue |)armi Ics academies du Nouveau-Monde. II est divise en trois classes : la premiere embrasse les sciences niathematiques et physiipies et les arts; la seconde est consacree aux sciences natiirelles; et la troisiemc a I'liistoire et a la lilterature en general. D'apres les derniers rappoits, le musee et la bibliotheque de ret Inslitiit ont fait en peu de teriis de grandes acquisitions. II vient de nommer parmi ses associes un de no. collahorateurs, M. le chevalier de Kirckhoff, membre de la phipart des Academies et Societes savantes de I'Europe et de rAmerupie , el doiit les ouvraij;es , aiusi qu'on le voit dans les journaux americains, ne sont pas moins bicn trailes aux Etats-Unis (jue dans sa palrie, G— N. — Boston. — Instruction puhlique. — E.vtrait d'luie Icttre datce de Boston (3i octohre 1827 ). — Monsieur, je relis dans la Rcvkc Encyclopediquc (cahier de fevrier 1826, t. xxix, p. 566- 569) quel- ques notessur I'etat de I'instruction publique dans cette ville, que j'avais ecrites de memoire , pendant mon sejour a Paris : j'y re - marque aujourd'hui des eireurs que je m'empresse devous signa- ler. Ainsi, le nombre des ecolcs ditcs de grainmciirc n'est point Ae sept, maisdec/ilr, dont I'une est exclusivement destinee aux enfans noirs; et dans ces ecoles, on enseigne, avcc la lecture, I'ecriture et le calcul dont je parlais dans mes notes , la gram- maire et la geographic. Outre la Iiaiite Ecole anglalse ( English high School) qui est ouverte aux garcons, il en existe une pour les jeunes filles, etablie d'apres le systeme d'enseignenient mutuel [monitorial system'). Les ecoles dcstinees aux enfans de quatre a sept ans sont au nombre de soixante, et le nombre d'ecoliers, dont I'instruction est ainsi payee par les deniers publics, excede 7,000. Boston compte ime population de 40 a 5o,ooo ames tout au plus. II. y a encore dans cette ville environ 1 5o ecoles ou pensions particuiieres, qui contiennent ensemble, selon I'estimation la plus generale, ?),5oo jeunes gens , pour lesquels ia depense s'eleve anuuellement a 100,000 dollars ( 55o,ooo fr.l. JoJm G. Palfrey. AMERIQUE MERIDIONAL]:. Buf.nos-Atres. — Instruction puhlique. — hcolc /un/imlr. — AM^RIQUE MfiRIDIONALE. 7(>5 Etudes primaires. — Etudes prepnratoircs. — Vrwersite ; De- pnrtcmens divers dont ellcse compose. — Ecoles dcfilles. — Bibllo- ihcquenationale. — Les renseiguemens sur I'olat deriiistructiou publique dans ce pays, que nous avons offerts a nos lectcuis (voy.jRe('.£/?c.,t. XXXV, p.553-567), seraient inconiplfl(s, et inex- acts, sinousn'y ajoutions les details suivans. 11 existe, aBuenos- Ayres, une icole normale d'ensiigncnient mutucl , etquaranfe autres ecoles, etablies dans la ville et dans les campagnes voi- sines, placees sons la direction et la surveillance de I'universitc et composant le departement des etudes primaires : les etudes preparatoires , qui forment un departement separc, comprennent deux classes de latin et de grec; deux autres classes, I'une de francais, I'autre d'anglais; luj cours de dessin ; deux cours d'i- deologie, uu de mathematiques, un de cliimie et un de phy- sique experinientale. I.e departement de la medecine est com- pose d'une chaire d'anatoinie et de physiologic, a laquelle on a provisoirement attache un professeur d'accoucliemens ; d'une de cUnique chirurgicale ; d'une dematiere niedicale ct de phar- macie, et d'une de clinique raedicale. Le departement des sciences exactes se compose d'une chaire de sciences physiques et ma- thematiques. Le depnrtement de jurisprudence , des chaires de droit civil , de droit naturel et des gens , de droit public eccle- siastique , d'economie politique. Le departement des sciences sacrees est monientanement suspendu , faute d'eleves. Les doux colleges de I'universite sont frecjuentes aujoiud'hui par 85 jeu nes gens des provinces de I'interieur. Les cours de sciences physiques et de medecine sont pourvns abondamment de tout ce qui pcut servir aux etudes. La Bibliothe(pie publique est la plus riche, la meilleure et la plus ancienne des nouveaux Elats americains. L'universite prcnd chaque jour plus d'importance sous la direction de D. Valentin Gomez , ecclesiastiquc non moiiis recommandable par son caractere que par son instruc- tion. Buenos-Ayres possede deja d'habiles professeurs de me- decine, qui se sont formes dans les ecoles de leur patrie. II ne faut pas omettre de mentionner les services rendns ])ar V Jca- demie de jurisprudence ^ thcorique et pratique , fondee en iSaS, et qui a deja produitdes magistratset des administrateurs dis- tingues. Ses succes sont dus en grande partie au zele de son fondateiu' D. Manuel Antonio rfe Castro, president actuel du tribunal supreme de justice. Les ecoles des jeunes fdles , placees sous la direction de la Societe de bienfaisance , et conduites , comme toutes les autres ecoles elementaii OS, d'apres la nicthode d'enseignement mutuel, vcnferment 5oo cloves dans la ville de Buenos Ay res, et 3oo 79<> AMERIQUE MERIDIONALE.— AFRIQUE. dans les campai;ncs cnvironuantes. On y onseignt" tout ce (jtii constiliie I'iristniction In pins utile pour Ics fommcs. Uansl<'s provinces do I'interieur, suivaiit le rapjxn-t fait par M. /awf.v Thomson a la Snciete ilcs cvolcs biUannujiics ct ctran- gercs , a Lcmdres , I'etat de I'ensei^nement est tres-arricre, ex- ceptc daus Tes provinces de Mendozn , ct de San Juan, graces an gouveriieur de la premiere et a /). Salvador Carivil qui, avant d'etre nommeau ministere des finauccs do la republt(iue, avait administre la seconde avec une rare habilete, et (pii a la gloirc d'avoir fail adopter pour cetlc province de San Juan la tolerance reli^^ieuse, le 6 juiu 1825, avaut tous lesautres Etats americains. Buenos-Ayres nieme ne prit une mcsure seniblablu que qiielque terns apres, en proclaniant rinvio'abilite du droit qua cliaque indh'idii d' adorer la Divinitc , scion Ics formes da culte qiC d prnfesse. '< Jc dois declarer, dit M. James Thompson, dans son rap- port ( fait aLondres le ^5 mai 182G ), que c'est a D. Bcrnardin RivADAViA que Ton doit I'etat avance de I'instruction elemen- taire a Buenos-Ayres. C'est par ses lecons el ses exemples de sagesse politique, par sa Constance a rcpandre les connaissances utiles et, I'instruction populaire , qu'il a contribue puissammcnt a elever sa patrie au premier ran;,' parmi les Etats americains. Son nom sera toiijours associe a I'cpoque la plus glorieuse de la revolution argentine, et on le regardera toujours comma le premier de ses bienfaiteurs. » V. AFRIQUE. EcYPTE. — Alexandrie. — Publication prociiaine (Fun jour- nal francais. — On vient de publier ici le prospectus d'un journal qui aiu-a pour litre I'Eclio des Pyramides. L'editeur et principal redacteur, M. Bousquet-Deschamps, se propose d'y seivir avec ardeur la cause de la civilisation dans un pays oil elle s'introduit peu a pen sous les auspices meme d'un prince elevu dans les habitudes du despotisme , mais ca- pable de comprendre les besoins nouveaux du pays qu'il goii- verne. Quelques passages de cc prosppctus feront conuaitre I'espril qui parait devoir presider ii la redaction de I'Eclto des Pyramides. En citant ces passages, nous sommes loin de nous associer aux eloges obliges que I'auteur prodigue au pacha dont la condeseendance politique pour !e sultan I'a rendu complice du vaste plan d'exlermination forme et en partie execute centre la nation grecque. « Une ere nouvelle a commence pour I'Egypte; un chef ha- AFRIQUE. 797 bile, done d'line ame forte, d«i::igc de piejui^es, iiiibu d'idees grandes, coasacre sa vie a la rej^eneration de ces contiees. Se- conde par qiielqnes hoinnies de nierite , il avance t>ans relache \ers le but qu'il s'est propose, ct lecueille deja le fruit de scs efforts. La civilisalion eteud scs conriuelcs parmi ses peiiples, et plusieurs des arts utiles qui font la G;loire de I'Europe sent cnltives avec sueces sur ies bords du INil. '< Une arniec instruite et diseiplinee, una marine nonibrciise formee comme par enchantemeut, un connnerce eteudu, I'ln- troduction de cultures savantes, I'industrie et Ies arts encou- rages , font presagcr de hautes destim'es a cette interessante nation. La philosophic et I'liumanite doivejit applaudir a ce Iriomphe de la raison sur I'ignorance, de la \erile sur I'erreiir, el Ies gens eclaires de tons Ies pays, quelles que soient d'ail- leurs leurs opinions , cncourageront par leurs voeu.x et par leurs suffrages, quelques-uns meme par une cooperation di- recte et active, I'acheveirient de cette honorable entreprisc. « Nous avons pense que, dans de sen^blables circonstances, x\u journal, en rcndant phis faciles et plus intimes Ies comniu- nicalions de i'Egypte avec Ies peuplcs polices, pouvait accelerer rimpiilsion donuec a cette contree. C'est princJpalement dans ce but que nous publions I'licho des Pjramides , journal con- sacre aux progres de I'inslruction , au developpenient de I'in- dustrie, a Texamen des decouverles utiles, et a I'accroisse- raent du commerce. " Destine a seconder I'clan donne a xine population enliere, ce journal respectera toutes Ies 0])inions; il ne conibattra que I'ignorance et Ies prejuges qu'elle traine apres elle. Notre pro- jet n'etant point d'ctablir une polemique inutile et de sortir des bornes d'une sage moderation, nous repondrons aux raison- neniens errones par des fails, aux mensonges par la verite, aux injures par le silence. » Telles sont Ies intentions exprimees par I'editeur de ce nou- veau journal; il «emble qu'elles n'auraient du trouver que des approbateurs, et pourtant il n'cn a pas ele ainsij on oppose a son entreprise des obstacles qu'il n'a pas encore pu vaincre entierement. Il avaitete question, il ya quelques mois, d'une subvention de 3, 000 talaris qui devait lui etre fournie par le vice-roi; Ies correspondances d'Alexandrle avaicnt meme an- nonce que cette subvention avait ete payee; nous apprenons aujourd'hui qu'il n'en est rien, que I'editeur n'a sollicite aiicun secours de ce genre, qu'il demande seulement 1 autorisation do paraitrc. Esperons qu'il obtiendra bientot cette legcre faveur, -ijS AFRIQUE.— EUROPK. ot quo le genie de robsciirantisiiic ne rempnrtpva pas duns celte citconstancc svir celiii dc la civillsntion. ( Extrait dii Spi'cifileKr oiic/ital ,ioiiin;\\ commeiciai , pdliliqueet littt-raire, iHiprimu a Smyi'ne,n" du ag scptcnibie 1827.) EUROPE. ILES BRITANNIQUES. Liverpool. — Passage soiiterrain crcuse dans cctte vtllc. — Dans lU) arlicic insert- dans la goe livraison (\e\'A Revue Encyclo- pcdicjiic (jnin 1826,1. xxx , p. 841), nous avons donne tin apercn dcs avantages que les actionnaiics ct le commerce de- vaient retircr du cliemm de Icr que Ton etablit entre Liverpool ct Manchester. La creation de <;eile route d'un nouveau {^enro venait a peine d'etre autorisee, lorsquenons on avons entretenu le public; aujourd'luii que scs travaux offrent dejii une foule de details dignes d'attention, nous allons signaler ce qui nor.s frappe le plus dans cetle construction grandiose. Afin de niveler I'etend^e que doit traverser le chemin de fer, on a coupe plusieurs collines et rempli, sur d'antres points, les profondcurs du terrain ; Ic plus considerable des terrasse- mens a ele eleve pres dc Cliat-jMoss, a une hauteur de 10 pieds, sur une ligne de pres d'un mille. Mais dc toutes les difficultes , cclle d'obvier au passage du chemin par la ville meme de Liver- pool etait certainemeut la plus grande. Afin de vaincre cet ob- stacle , on a perce un passage souterrain , en ligne directe, sous toiite la longueur dc la viDc, d'oricnt en Occident; son entree sc trouve pres du port , a la jonction des bassins du roi et de la reinc, et sa sortie pres du village A'Eclge-HM , situe sur ime pe- tite eminence, d'ou, parunepcnle graduellede Irois quarts dc poucc par verge, le chemin gagucra le niveau de la mer. En parhuit du lit de la riviere de Mersey, nous avons eu deja I'occasion de citer iin roc immense qui regne sur ce point de I'Angleteric. Cctte masse solide s'cst reuconiree sur presque toute la ligne du passage souterrain que Ton a taille en demi- cercle , dans une largeur dc 22 pieds et nnc hauteur de 16 sur une longueur de 2,200 verges. En plusieurs endroits, le grain du roc s'est trouve Hop tendrc pour former la voute sans ma- connerie , et quelquefois aussi des couches sablonucuses de iiatiH'e rougeatre ont exige dcs soutcnemens en briques. Les travaux sont pousses nuit et jour avec une extreme ac- tivite, et >s(\ M. KnouciiiNSRT, poete distiiij^iu'-j a lu dans line des seances de la Sorie/c dcs Srienccs de Varsovie, tenne on 1825, une Iradiiclion de I'Ode de [.omonossov, inti- tnlee : Reflexion dii matin siir In grandeur dc Dien. Cette traduc- tion, d'aillenrs pleine de poesie, sclle niruson de force elablie a Lausanne; Nai'ii^atiun par lava- peur; Paragretes. — Jc ])uis voii.s assurer cjue tout cc qui pcnse dans nos coutrecs rend ii la Revue Enryclopedique la justice qu'elle merite. On la trouve dans presque toutes les socictcs de lecture qii'on a fondees; et probablenicnt, elle se repandrait encore davantage dans la Suisse alleniande, si elle accordait a I'articlc Suisse un pen plus de place, et si ses correspondans, pour cette partie, la tenaicnt avec plus d'exaclitude et d'ini- partialite au courant. La NouvcUe Gazette de Zurich , la Chro- niquc helvetique , la Feuille du canton de Vnud de M. Cha- VANNES, et le Nouvelliste vaudois , pourraient lui etre utiles a cet egard. — Nous avons eu sur Ic cceur les elogcs vraiuient incon- cevables, accordes dans le tenis au libelle que M. R** R** a public, sous le noni d'Histoire de la revolution helvetifjuc , pro- duction qui n'a eu d'autie but que de flatter les absolutistes au.\ depens des gens de bien, et que nous avons meprisee , nialgre tout ce qu'avait dit I'un des membres de I'lnstitut, confrere de I'auteur, pour la recommander. Nous pensons ici que les inensonges el les caloninies doivent etre traites avec une juste severite, quelque sonore que soil le langage de celui qui les debite. Aureste, il en sera fait justice, quand celte partie de notre histoirc deviendra I'objet des travaux d'un veri- table historien. — Les gazettes et les journaux queje vous citais rendent compte des travaux de nos associations : nialheureuse- ment , les rapports sont presque tons en langue alleniande. Voici I'enumeration de quelques-iins : a. Pour la Societe helve- tique des sciences naturelles : Verhandlun-^en der allgenieinen Schweizcrgesellschaft fur die gcsammten Naturwlssenschaften. b. pour la Societe helvetique d' ntilite publique : Neue FerJtandlungen der schweizerischen genicinnutzigen Gesellschaft itber Erzichungs- wesen , Gewerhjleiss and Arnicnpjlegc. c. Societe hdloise pour I'avancenient du hon et de V utile , fondee par Isaac Iselin ; Geschichte der baslerischen Gesellschaft zur Beforderung des Gutcn und Gemeinniitzigen. La Societe helvetique de Scliinznach , la Societe de medecine , dans le canton de Zurich, publient aussi des rapports. La Societe helvetique des sciences naturelles va bientot faire paraitre un premier volume des Memoires qui out eu son approbation ; mais ce recueil ne renfermera pas SUISSE. 807 ceux c[ui se trouvent deja dans les lecueils de (luclques Societes cantonalcs, par excmplc a Geneve. — Les associations qui ont pour but U'S perfc'Ctionnemcns de notre etat militaise lecoivent et publient aiissi des Memoires. La Socu'tr de ini'.s/r/itc nc pro- diiit que des chansons ; celle des CltoiiUurs des Jljics public de terns en terns des hynines patiiotiques qu'on chante dans les reunions annuelles. II en est de nieme pour la Reunion des ctndians cathoUqiies ft protcstuns , (|ui a lieu chaqiie annce a. Zoflingue, sous les yeux de tons les peres de famille, heureux du spectacle de I'union et de I'aimable i;aite de leurs enl'ans. I.ong-teins on voidut confondre cetle reunion iivec celles que la Sainte-Alliance poursuivait ailleurs, et il y cut des Suisses asse/ ehontes pour solliciter contre eux la malveillance elran- gere; niais on laissa dire, et les hymncs composes pour ces reunions continuerent a etre chantes et publies. Le Nonvel/istf viiiidois renfernie dans ses dernicrs ninneros ini compte aussi lidele (ju'interessant de la reunion de la Svcicle /telvc'ticjue d'utilite jjublique , qui a eu lieu a Bale, les 12, i3 et 14 scptembre. II s'y trouvait lao membres des divers can- tons; j'eus beaucoup de plaisir a y assister. La reunion de la Hociete lichttique des sciences natiticlles aura lieu en juillet 1828, il Lausanne. Sur la demande des grandes puissances, la diete a du renou- veler annuellement le decret qui soumet la presse a la censure. II y a des cantons ou cette niesure serait rendiie eternelle, si Ton n'ecoutait que les gouvernans; nous serous pent- etre du nombre; car le demon du pouvoir habile aussi la maisou du cultivateur. Depuis Tannee 1822, nous avons une muuvaise loi sur la presse, qui cependant n'a pas suf(i;il a fallu accorder au gouvcrnement des pouvoiis extraordinaires, qui se renou- vellent chaque annee, et nous avons ete heureux de nous re- server le droit de publier, sans que la censure puisse I'empechcr, tout ce qui tient a nos affaires interieures, legislatives, admi- nistratives et judiciaires. Pour tout le reste, nous subissons le joug de la censure ; ce qui nous empeche de toucher librement a ce qui se passe dans les autres cantons, qui fourniraient ma- tiere a de nonibreux et interessans articles. — Vous coinprenez, Monsieur, comment on ne pent vous tenir au courant de ce qui se fait dans notre petite Suisse, ou , depuis plusieurs siecles, on est habitue a regarder les affaires publicjues comme I'arche du Seigneur. — C'est probablement ce qui a force le redacteur de lafeuille argovienne,intitulee Unterlialtungs ^/fl«t7(Feuilles pour la conversation), a la faire parailre hors de la Suisse, et le juribconsulte qui a critique severemeut I'ordre judiciaire, dans la So8 EUROPE. brocliiire allfiuaiulc, intitiilee : Aphnrisnws stir Cnnln- juduUmr d'l canton d'Jrgwie ( Apltnvismcn libcr die. J ustiz- Einrkhlun^fit d(js K. Aarati, iSail, a du aiissi roconrir aiix prL'Ss<-s (.'•traiijiorcs. — I.i- cautou du Ti'-sin, iiu-nacr par le i^oiivfiiitment loiubai d, va probablcinent proliter de I'oixasion pour eutravcr, par uiie loi, la liiHTtc de la prcsse. — On .sciail inal vcnu a mrdirc dcs josuitosdaiis le caiiloii de Friboui!;, sortc d'Espai^'iie helviHiquf, dans Ic Valais, ct meinc dans Ics j)clits cantons. Cependant la vcritt; parvk-nt de toms en tonis ase faire jour, et I'on en jjroliic. On commence dans plusieurs cantons a s'occupcr de la revision des lois civiles et penales. Les Bernois out suivi Us premiers rexcmpie du canton de Yaud, et dans un bon esprit ; c'est ie jirofesseur Scunkll qui a etc charge par eux des r> - dactions. Le scandale donue par la procedure dirigee contre la bande Wendel fera sentir I'nrgence de reformer la procedur* criminclle : vous ignorez peut-etre qu'il existe des cantons, ou , lors de la restauration du federalisme , on s'empressa de re- mettre en lionneur la torture, pour mieux prouver I'excellence des anciens terns. Le grand conseil du canton de Vaud exprinia, en 182G, son vreu en faveur du jury ; cette annee, il s'est pro- nonce en sens inverse , et scinprr. bene. La verite est (]ue les membres ne savaient point ce qu'on voulait entendre par h\. Peut-etre reviendra-t-on au premier vreu, en 1828? I,a ques- tion a ete presentee, dans Xc Notn'clUste vaiidois, en 1826 et 1827, et y sera encore traitee. La Feuille du canton deT'uud contient un rapport exact ct tres-bien faitsur I'organisation de la nouvelle maison de forc« de I.,ausanue , etablissement remarquable par I'ordre I't la bonne tenue, et vraiment digue d'etre visite par les voyageurs qui cherchent a bien voir. L'etablissement de M. Fellenberg continue a prosperer. — On a elabli, dans les cantons de Geneve et de Ziu'ich, deux ecoies de pauvres; on va probablemeut aussl en fonder uue ii Lau- sanne. On couipte quatre bateaux i\ vapeur employes sur le lac dtr Geneve. L'un d'eux,. U: Leman , est d'une grande beaute. La circulation est devenue plus rapide entre Lausanne et Geneve, sans cependant nuire a celle qui avail lieu par le roulage. Sur le lac de Ncufeliatel, il en existe unqui, lorsque les eaux ne sent pas trop basses, va par la Tliielle et le lac de Bienne, jusqu'a Nidau. Ou en compte deux sur le lac de Constance, et un sur le lac Majear. Les paragreles out perdu, depuis I'an dernier, leur credit dans CO pays. Commc on nous a transmis, neanmoins, des en- SUl:iSE.— ITALIE. 809 virons de Montnielian des rcsnltats contradictoircs tr^s-singii- liers, nous ceoyons devoir attendie des renscigncmens ulto- J'iciirs, avant de prononcer dtdnitivement. X — n. Publication prochaine. ( Die gelchrte Scliwciz. La Suisse sa- vante ou les ecrivains da xix'' siccle : Prospeclus in - 8° de 8 nagts.) — Ce (jtie Hambrrger c{ son oonlinnatcnr Meiisel onl fail poui' leiir palrie, dans leiir AUetno'^nc savantr , M. Meyer de Trogen , canton d'Appertzcl, nied'-cin et hibliotliccairc, se \tro- pose de le faire pour la Suisse, s'il Ironvc choz les lim'iateurs ties divers cantons une cooperation assez active. II desire phi- blier successivenient luie soite de registre des ecrivains suisscs encore vivans et de ceux qui sont nutrts depiiis 1801. II y con- signera 1", lenr noni , la dati' et le lieu de leur naissance; 5.° les fonclions qn'ils ont remplies ou ()u'ils remplisseiU ; 3° leslivres, brochures, articles de journaux , etc., cpi'ils ont publics, avec des indications detailiecs et precises; /j" leur notice biographi- que et leiu- portrait, s'ii existe. Le ])rospectus est termine par deux notices de cette espece, (jwi doivent servir de modele; elles concerncnt un ccrivain de la Suisse francaise et un ecri- vain de la Suisse allemaiide , M. Ch. Monnard ^ profcsseur i Tacademie de Lausanne et I'un de nos collaborateurs , et M. Pierre Scheitlin , pasteur et professeur a Sairit-(ial!. M. Meyer- sera sans doutc seconde , comme ii le desire , pour le monument qu'il projette d'elever a I'honneur national. * * ITALIE. Florence. — Acadeniie des Genrgophiles. — Seance du 10 j'uin. — Le professeur Antoine Targioni Tozzf.tti lit un rapport sur un Memoire de M. Josejui Rossi , de Pise, sur I'utilite que la Toscane pourrait tirer de la culture du sesame. L'huile qui provient de la graine de cette planle, couterait beaucoup inoins que I'luiile d'olives. — M. I'avocat Aldobrand Paolini ])resente quelques observations sur ie contrat coloniqne qui est en usage dans toute la Toscane. II y trouve queltjues restes de ce qui constituait , en d'autres terns, la servitude de la glebe , et il indique Ics moyens de le rendie plus conforme aux prin- cipes de la justice et de I'economie publique. — Le professeur Taddei donne I'analyse de I'eau ilc I'Arno quia paru tioublee, pendant quelques jours du mois de mai. Ii en a extrait un de- pot [argillo sdi<(>-ferii'j;incux) , et il demontre de quelle utilile cette eau porirrait etre pour les terrains steriles ou mareca- geux. — M. Jean Bettoni presente une table de reduction des ancicnnes niesiues de Florence et dc celles qu'on emploiu ?,io EUROPE. aujourd'hui dans la Toscanc. — ^l. Joseph Locatelm propose d'appliquer la trombe de Diiptiis a iine eau slagnanlcc|ui, apres lo monveiiient qu'tlle liii commiiniquerait, coutiiuurait daus la suite a se moiivoir d'ellf-nuMiic. — Socicte pour la propagation de I'enseignement mutitcl. — Seance da i^jiiin. — De tons les Italions, ce sont K-sTdscans qui out montrc le plus de zele pour Ics piogies de cette uie- thode, que dcs barbaies ou dcs hypocrites ne cesseut pas ail- leurs de perseciiter ou de calcjumier. Dcs etraugcis avaient fonde uneecole d'eriseignenient mutucl a Pise, ou dcs citoyens se sont charges de !a maintcnir. On a inrroduit la meiiie me- thode dans I'ccole communale de Saiut-Gcmii^uano. Une ecole parcillc a etc ortjanisec a Figline, pour les jeunes iillcs. Une autre, ctablie a Sicnne , a donne les prcuvcs les i>lus salisfai- santcs desa prospcrile. M. ie marquis Charles Pucci, surinlen- dant de ces ecolcs, en rendant iiti coniple exact de leui' etai, a fait voir que, tout en snivant I'esprit de la melhodc, on n'a pas n)an(|ue de profiler de I'experience pour la reformer et I'a- mcliorer dans quclques parlies. Le systeme d'Hamilton a ete adople pour les exercices de lecture. M. Bhacciolini, qu; se distini^ue par son activile et juir ses connaissances , se |uopose dc donner un tableau statisti(|ue des progres de ces ccoies, de- puis I'cpociue de leur fondalion jusqu'a ce jour. On remarque que, dejjuis ie i"de mai 1819, c'cst-a-dire, dans le court in- tervalle de lu'.it ans, 2,12/1 individus, la plupart appartenant a la classe la pins indigente, out recu Tins! ruction t'lcmenlaire dans la seule villa de Florence. Pourquoi les autres provinces d'ltalie n'iniitent-elles pas on si bel exemple ? PisTOJA. — Academie des lettres et ites arts. — Seance e.ctraor- dinaire dii 20 inai 1827. — Celte academie naissante slest pro- pose de celebrer la niemoire des grands hommes qui lionorent le plus I'ltalie. Elle a consacre sa derniere seance a Cliristophe Colonib. On y a hi des discours en jjrose et en vers qu'on aurait tort de confondre avec ceux dont la fuiilite rendait ridicules la plupart des acaplaiidissei>iens aiix hummai^es que lui rendent, a son arrivee, les habitans etonnes de ce nouveau pays; M. Giiinti celebre son retoui- en Europe; M. Qdaldi evotpie (e genie de la mer Atlanticjue, ipii predit les iiuuix (pie lesEuiopeens appor- teroiit aux Anu'ricains , et Colomi), parson silence mysterieux, semble annoncer les bienfaits que les siecles a veiiir devront a sa deeouverte. M. Odahli avait aussi compose nne ospece de nielodrame, represenlaiit Colnnib an moment ou les matelots espagnols revoltes menacent de lejeter a la mer. M. Louis Ghe- rardcschi est I'auteur de la musique ajouteea celte piece, dans laquelle M. Cccchcriiii a ehante !e role de Colomb avcc I'ex- pressioa la plus toucliante. M. Dini a ensuite trace , dans un discours , I'eiat actuel des sciences tt des aits dans rAiiieii(|ue; puis, M. Conlrucci a decrit, en ottavc riiiin , I'entree tiicimphale de Colomb a Baicclone; enfin, MM. L. Lconi ii\. Cnssicn Zuc- cagni/ii on[ presente, I'un, Colomb en prison charge de chaines, et raiitre, Colomb mourant mais e(;nsole par la gloire. Cette espece de spectacle a etc execute avec un grand succes. Le jour suivant, M. Pitcci/ii oHnl un repas bospitalier a tons ceux quiavaient concouru acettesolennile ; il les reciit dans ses jardins pen loin cle Pistoja , avec une aimable affabilite : c'etait une image des hsiins pliiiosophiques des anciens. Au milieu du npas, on n'oublia pas les Italicns vivans hs plus dislingues: divers toasts leur furent consacres. Turin. — Theatre. — M. Tavocat Nota, qui continue a enri- chir (le ses pieces la scd-iie italienne , a fait paraitre, le il\ avril , siir le theatre Cariguano, sa nouvelie coinedie, intitulc'e Id No- vcllti Sposa , I'Epouse nouvelie. Elle a obtcuu un grand succes; et, bien que I'auleur eut cach(i son nom , il fut gc-nt^'ialement re- connu a la regiilaril(i du plan, a la verit(i des caracleres et du dialogue. Nous avons consacie, dans ce cahier , aux conu^dies de cet ecrivain , une analyse ou nous avons essaye de faire ap- priicier les litres surlesquels s'est iJlablie sa reputation (voy. ci- dessus , pag. 66/1-672.) Nous la completerons par le eompte rendu de cette nouvelie comedie, au-.3it6t qu'elie nous sera par- venue. F. Salfi. PAYS-BAS. Recherchcs sur I'hhtoire des Pajs-Bas. — Une commission presid(;e par le ministre de Tinterieuf et radministralcur de 8ii EUROPE. I'iiistniclion publiquc, cl composce tie MM. De Reiffewbeho, Raoul, WiLLEMs , Van Hulthem, Van ue Weyer et Bkr- NHARDi , s'ost asscmblte deux fois pour diilibercr sui- Ics docii- inens historiqucs inodiis qu'il conviciulrait dc publior, aiiisi (lue snr k- mode de publication. II a ete drcido i|u'il st rait ini- prime unc collection de chroniqu<'S sous lo titre de Scriptora reiia/i bci^icarum. La premiere serie se composeta d'enviroii trenle volumes ct conliendra : \° Nicolas De Clercq, aulenr d'une chronique rimee dii Brabant (en flamand); a*^ Jean Van Heelu, qui a egalement ecfit en vers flauiands sur des eveneniens relatifs a la nieme province; 3" Pierre ii Thymo, auteur d'line liisloire diplomatique du Brabant en latin, fla- mand et franoais meles; 4" Dinterus, autre liistorien du Bra- bant; b"^ Jean MoLiNET, deja bien co.anu; 6° la relation des troubles de Gand sous Charles-Quint, par un temoin oculaire; 7° le Journal des voyages du meme empereur par Vakdknest , ouvj-age que Leibnitz avail songe a mettre au jour; 8" le Voyage de Philippe Leboaii en Espagne , ccrit par Antnine de Lalain ; 9° la chronique de Mucidus; 10° unepartie decelle de Brando ; 11° enlin , les Chroniqiies de Saini-Bavon... Chaque editeur parlera la langne de I'auteur original, et ajontera au texte des discours preliminaires, des notes, des appendices et des tables. Le prospectus de celte vasle enticprise doit paraitre inces- samment. X. Jnstitat royal des Pays-Bas. — Nominations acadeniiques. — Le loi , par un arrele du 3 novembre 1827 , n" 95 , a approuve les choix faitspar la premiere classk de I'lnstitut royal des sciences, lettrcs ethcaax-arts , de MM. Van Reynsbergcn , pro- fesseur a I'ecole royale, d'artillerie ct dc genie a Delft; J. Que- telet , professeur a Bruxelles; C. Soetcrnwcr , constriictcur au departement de la marine a Flessingue; D. Mcntz , ingenieur en chef du Waterstaat, a Harlem; U. Hugaenin , directeur de la fonderie royale de canons a Liege; A. Numan , prol'csseur a I'ecole veterinaire royale a Utrecht; et /. - G.-S. Fan Breda , professeur a Gand , comme membres : et de MM. Humphrey Davy, a Londres ; G.- L.-C.-F.-D. Ciu'ier , ii Paris ; J.-F. Blu- menhacli , a Goettingne; G. Olbcrs , a Breme ; A. de Hum- boldt, a Berlin; et A. P. Decandolte, a Geneve, comme associes. La vremiere cLASSsa, en outre, nomme correspondans MM. G.-M. Roentgen, a Rolterdam; C.-J. Glavinuiiis , sou^- constructeur de la marine, a Rotterdam; C- L. Blame , a Leyde; /. - C. Rick , ca|)ilaine de la marine , a Rotterdam; /.- P. Dcl- prat, capitaine du genie, a Delft; R. fan Rees , professeur i I'uniNcrsile de Liege; A. Lipkens , iiiijenieiu- veriGcatcur du PATS-BAS.— FRANCE. 81 It cadaslre, ^ Luxembouij^; f. Arago, a Paris ; L.-J. Gay-Lussac, h. Paris; F. Tiedeinann , profesjcur ii I'universite d'Hcidelberg; l'\-W. Bessel , a Koenigsberii;; Robert Brown , a Londres ; Tho- mas Young , Philip Astlcy Cooper , a Londi'cs, et J . Berzcliiis, a Stockholm. FRANCE. Societies savanlcs et Etahlissemens d'utilite publique. Avignon ( Faurlusc). — Sacietedes amis des arts. — « Le but sav.ins ('tran- i^ers. (Adoptu. ) — MM. Dnpuytren tt Dumcril ioni tin rappoi-t sur le menioiio tie M. ic docieur Sknx, do Geneve, iTiatiJ .i unenouvellt' application de la lai yngo-traclieoiomie. I\(,us re- p-etloiis que ce rapport, pleiii de fails iiiteiessans, soit trop etendii pour eii placer i'aiialyse dans cette notice. — M. Geof- FROY Saint -HiLAiRE lit an inumoire sur une petite esj)ece de crocodile vivant dans le Nil, sur son organisation , ses habi- tnde-i, et les motifs qui I'ont fait adopter dans I'autiqniie et honorer sous le;; noins de crocodile s/icrc, de sou/,- I siichus''. — M. Cauchy iit un niemoire snr le developpement des fonc- lioiis en fractions rationnelies. A ce siijet, M. Lacrotx rappeile un inenioiie d'Eidcr I'nsere dans les .■Jcta aca>iciiiue pciropoU- iamv , ayant pour tilre : iv'ocrt methodus fotictiones... iiifnictioncn simpUrcs rcsoh'cndi ; 1780, p. '67,. — Du 17 di-cembrc. — Dcsfontaines, JlJiruclet Cossini font un rapport sur le njemoire de M. .4d. Erongniaut, i^titule : Nou- velles Obsen'dtions sur les granules sperinatirjues des vegetans, J\I. Brongniart considere les grannies renlertnes dans le pollen conime analogues aux anini;.!cules spcrtiiatiqnes des aniniaux, et il repousse rojuuion de Koelrenler et de la pkipart de ses sncoesseurs qni atlribnent la fecondation a un fluide tres-subtil et invisible. En consequence, ii a pense que les granules sper- nialiqnes des vegetaux nierilaient d'etre etudies avec soin, et il a precede a ses reclierches de la nianiere suivante. !\I. Brong- niart fait eclater dans une goutte (I'eau, sur le porte-objet dn microscope, qiselques grains de pollen ; il divise avec la pointe d'une aiguille les iiainees qui en sorlent, et il les observe a i'aide des deux plus forts grossisseniens du microscope acliro- mati(("ie irAmici , evalues, I'un a G3o , lautre a io5o dia- metces ; enlin, il dessine ces granules an nioyen de la camera iucula ada[)tee a rinstrnrrieni; et ces dessins rendent sensibles aux Yi*nx les diverscs formes et dimensions des granules do seize especes de plantes. Ces granules sont on sphericpies on eirq)soides, on cylinJraces, on presque lenticidaires Les va- iiaiions de granipiin jeiinessf, ct qui doit bientot ("trc son rpoiix. Ici biillela fir.fss<> (ill talenl de M. .Scribe; il a bien sciiti (|n'il fallait peindre ainsi uue fcmiiie qii'i! mettait en presence d'nn amant aii avec la passion j)!us liede de Poli|^ny, et Ton conq)renil ipie r»l'"«de Brienne, cpii a pour son prolei;e u?ie amitie Cort tendre, finlra |)ar I'aimer, et par etre heureuse de ce mariage de raison. Toutefois, la necessity de fixer le sort d'--s personna^es a la fin du drame a en;^a;.;e I'auteur a iui faire 'prendre uii parti dont s'elomie un peu le ;q)ecl;iteur qui sympathise difficilement avec ces unions impro- visces. Lecaractere da jeune peinire, tout entier aux idees de ^loire et de renommee, plein de fianchise et de generosiie, n'est pas bien neuf; mats il se Irouve iieureusement jele parmi ces ames inleressees dont i'orgucil est le dieii. Le veritable hon>nw» h art^ent de la piece, c'est nn certain bauqiiier nomme Dorbi'\al, autre ami de college de Poligny et du peintre. C'est un miliiomiairc qui n'cstime guere les homines (jue par les nierites de leur coffro-fort , et qui ne con- ceit point qu'il y ait des gens qui ne posseclent pas cent mille ecus; du reste, sot et litlicule, (pioicpie parfaitemeni trau(piilie sur les qualites de son s'sprit et le bon ton de ses nianieres. L'auteur Iui fiit debiler mainte impertinence avec un aplomb iuiiierliu'bable, ct Iui fait dire, sur liii-nieme, des choses qui sera.ient beauconp plus coniiques dans la bouclie d'liu autre, parce (pi'elies y seraitnl mieux a leur place. C'est chez Dorbe- vai (]ue se passe ractiou de la piece ; c'est Iui qui force jirestpie Poligiiv a faire un mariage d'argent, qui Iui donne sa pupiile , petite iblle dont cinq cent n^ille francs de dot font tout le me- rite : c'est Iui euliu qui i'engage dans cette affaire de finances dont Po'igny nt* trouve d'autre nioyen de se lirer que de rom- pre avec M'"*" de iJiieniu'. Ocubeval a line femme cpi'il rend fort uialheiireuse; comme il I'a jirise sans fo; lune, il pt'use (ju'il n'a bi'SO'D dc se donncr aucun soiii jiour eire aime d'elie, et fpi'elle Iui doit de I'amour poiu-son argent. Aimabie et faitepour plaire, M""'Doibeval a trouve dans le moiule des adorateurs disposes a faire pres d'eile plus de frais que son ridicule mari. 11 en est 826 FRANCE. un pour qui elle n'est pas insfnsiblo; M. dc Nangis, auquel clle n'a laisse paraitre aucune tciulresse, lui eciit cepeudant des lettrcs bicn tondrcs. Au moment oii clle en confie une k M""' de Briennc , avec qui elle est liee, Dorbeval les siirprcnd, et sc dispose a lire la lettre, lorsque M""' de Biienue, effrayec dii danger que court son amie , declare que la letlre est pour elle. Get incident du 3' arte est drnmatiqiie ct none la piece, en inspirant a Poligny les soupcons qui iu brouillent avec M"'" de Briennc. Le public a vivcment ai)plaudi celte situation, et la piece n'a commence a eprouver sa niauvaise humeiir qu'au moment ou Poligny preiid la resolution peu naturelle dont nous avons parle plus haut. L'amour de M""' Dorbeval pour M. de Nangis , pcrsonuage qui ne parait pas dans la piece , el que les froideurs apparcntes de celle qu'il aime eloignent enfin de Pa- ris, nous a paru Iraite avec toutes les bienseances qu'exige la scene. Mais il laisse, aussi bieu que le denoument, une impres- sion assez triste , et peu d'accord avec celles que nous sommes habitues a recevoir de la comedie. Sans doute, on voit dans le monde beaucoup de passions qui blessent le devoir et rendent malheureux ceux qui les eprouvent; il y a beaucoup de ma- nages dictes par I'interet, d'autres ou, en obeissanl a certaines convenances , le coeur n'en est pas moins contrarie. II est bon de peindre toutes ces choses; il y a du meritc , et un merite assez rare a chercher, avant tout, la verite, a rendre a la scene plus de naturel , en echange du romanesque dont clle a vn si long-temps farder les peintures de la viereelle ; mais il faudrait s'arranger de maniere a allier la v»'rite et I'interet. La verite seule dans les arts ne suffit pas ; il faut une verite qui nous plaise et nouscharme. Ce ne serait guere la peine de sortir de ce monde ou nous nous plaisons quelquefois si peu, pour aller chercher ii la scene des impressions parfaitement semblables a celles qui nous fatiguent dans la societe et nous font sentir le besoin de nous en distraire. On a remarque avec raison qu'il y a d'assez frequentes re- miniscences dans le Marir/ge d'arge/il; mais il faut dire aussi que c'est souvent de lui-meme que M. Scribe s'est souvenu , ce qui attenue beaucoup ie reproche. La comedie de M. Scribe est petillante d'esprit : ce n'est pas toujours de I'esprit de bon aloi , ni bien neuf, ni bien a sa place ; mais une grande partie des spcctatcurs n'y regarde pas de si pres , et cette verve intarissable de pensees tines , delicates , spi- rituelles, exerce sur le public assemble une inevitable influence. On sera plus severe a la lecture , et M. Scribe fera bien aussi d'etre, a I'impression, plus severe pour lui-meme. I! a deja fait PARIS. 827 qiielques coupures assf z heureuses : aiisoi la piece , ilont le suc- ces avail ete vivement conteste pendant ics deux derniers actes, le jour de la premiiirc representation , est maintenant acciieillie aveo faveur. Cette premiere representation a ele une lecon severe pour I'autenr; nous portons trop d'interet a son rare talent pour ne pas esperer qu'elle liii profitcra. II comprendra qii'une comedie en cinq actes, une piece de mosurs demande i.'ne conception pins forte et plus raisonnnble, dcs combinoisons plus judi- cieuses et plus solides. Jus(|u'ici, ce n'est pas I'esprit qui a Rian- que a M. Scribe; mais ( il faut avoir le courage, de le lui dire) c'est un peu la raison. II conipte trop sur son talent pour duper son spectateur; la magic des details a soutenu souvent chez lui nn fonds ruineux ;on ne s'arme point d'une grande severite con- tra nn vaudeville. Dans nn roman fiivole aisenient tont s'excuse; mais il est fait pour aspirer a de plus durables succes , et la premiere comedie qu'il composcra pour la scene francaise, le mettra sur cette scene au rang qu'il merite d'y occuper. M. A. — Odeon. — I.e comite de I'Of/^'ort vicnt de recevoir une tra- gedie defFcilstein, imite de Schiller, par M. Villenave fils,deja connu par mw Epilrc aux Grccs et par d'autres poesies. Suivant I'opinion, depuis long -terns emise dans hu assez grand nombre de journaux, cette piece reunirait au merite d'un style ferme et brillant, I'interet dramatique el les conditions difficiles d'un succes merite. Beatjx-arts. — Ouverture da Musee cC antiquites egyptiennes au Louvre. ( i5 decembre 1827. ) — Le palais du Louvre offre k I'Europe un nouveau spectacle , digne de son admira- tion. La riche collection d'antiquites egyptiennes, acquise de MM. Drovetti , Salt et Durand, aux i'rais du roi, et reunie dans les magnifiques salons du musee Charles X,est exposee aux regards du public. Le premier sentiment que I'on eprouve , a la vue de ces antiques debris , c'est Fetonnement qu'ils aient pu franchir, presque dans leur integrite , une si longue suite de siecles , et que cet etat de conservation permette de juger aujourd'hui dc ce que furent les arts a luie epoque aussi reculee. lis attestent que le peuple qui nous les a legues avait atteint , avant meme les tems qui sont pour nous les tems hero'iques de la Grece , un degre de civilisation tres-avance , et Ton est 8^8 fRANCe. t'orce d'avoiier que Ic sciil avantaye dont nous j>uissioii5 nous prcvaloir, est colni d'avoir piTfoctiounc par iiotre induslrie ce que rincliistrie rgyplieniic avail cbaiicln", ot d'avoir ajoiitc qiiclqncs inventions noiivcllcs a toutes cellos qii'elle nous a\ait transmises. Ouelle haute idee ne doivent-ils pas nous inspirer des Egvptiens , ces dei)ris , (|ui , apres avoir resiste pendant quaranle sieeles aux ravages du tenis et de la barharie , nous prouvent que tout c(; qui est necessaire a la vie , et tout re qui pent la I'endre agreable etait depuis fort long-tems invente et n)is en usage ])ar eux ; qu'ils surent approprier a leius besoins toutes les produetions du sol , et y borncr leurs desirs , sans les etcndre au dela des Imiites dc leur territoirc. Certes , il y avait de la sagessc chez ce pcuple qui sut , tant que la bar- barie n'ent pas porte sur ses rivages luie main devastatricc, conserver, pendant line longue succession d'annees, la stabi- bte dans son gouverncnient , maintenir dans toute leur vigueur ses vieillcs institutions, et sc consacrer a la pratique des arts et des sciences, a une epoqueou, sur d'avUrcs points du con- tinent, des pcuplades encore sauvages s'entr'egorgeaient et disjiutaient aux betes feroces do grossiers aliniens. Recueillir et interroger les vieilles annales de ce peu])le primitifpour y puiser des notions propres a eclairer I'histoire de ces terns oljscurs qui semblent toucher a I'originc du nioiide, c'etait un soin digne des speculations de la jdiilosopliie et des recherches des savans. Au point oii sont aujourd'hui j^ortees les etudes egyptiennes, il appartenait a un gouvernenient ami des arts de n'unir et d'exposer aux ycux du public eclaire une suite nombreuse de monumens ecrits, et de charger du soin de leur coiiservation le savant qui les avr.it traduits. Les sciences et ies !i;ttrcs ont applaudi a cette grande idee dont les resuilats donnent les esperances les niieux fondees. Avant d'examiner avec quehiue detail les ol^jets qui com- posent cotte riche collection , jetons un coup d'oeil sur le local qui lui est affecte et sur sa decoration interieure. Neuf grandes salle.s , enrichies d'enormes panneaux de mar- bre et decorees de peintures , communiquent entre elles par de larges ouvertures en pilastres iouiques el cinlrees , qui permettent de saisir d'un senl coup d'oeil rensemble du musce Charles X. Les quatre premieres salles , en entrant par I'es- calier de la coloiuiade , forment le musee d'antiquites egyp- tiennes; les autros reni'ennent un(! riche collection de vases grecs , des statuettes en bronze antiques, des peintuies en email du xvi" siccle, et d'aulres objels precieux par leur ma- tiere, leur perfection on l«ur rarete. Des peintures allego- PARIS. 8if) riquM du plus grand effet decoreiit tons les plafonds; Ics voussiucs , dont les coulciirs sont bien choisies ct les orne- niens bien ajiistes, reprcsentent des emblemes et des sujets rciatifs a ceiix des plafonds ; des bas-reliefs pcintsen grisaille oruent les panneaux. On a place devant les feuetres de cha- que salle , ct le long des boiscries qui en forment !c fond, des montres et des arnioires d'aeajoii, vitrees et garnies de bronze dore ; c'est dans ces meubles que sont renfermees les anti- quites formant cette collection. Le plafond de la premiere salle, peint par M. Gros , re- presente Icroi, donnant Ic mnsee Cluiiies X aux arts, qui, personnilies et portant leui's differens attributs, s'avancentpour y penetrer. La Justice , i'Abondancc et la Paix entourent le inonarqiie. Ce tableau, qui n'est encore qu'ebauehe, nous a paru d'une belle composition; on ne pourra le juger defini- livement que lorsqu'il aura etc acheve ; loutefois , on doit tenir compte a M. Gros du noble sacrifice qu'il a fait de scs interets d'artiste , en permettant que le tableau fut place tcl qu'il est, alin de ne pas causer de retard a i'ouvertin-e du Musee. Les voussures sont ornees de figures, de festons et d'attrijjuts divers; six bas-reliefs, peints en grisaille par M. Fuagonard , representenl les Arts rendant hommage au monarque qui les reunit dans son palais. M. Horace Vernet a {:eiiit le plafond de la deuxieme salle. C'est Juk's II ordonnant les traraux du Vatican et do Saint- Pierre au Bramante , a Michel-. 4 iigc et a Raphael. Ce tableau, dans lequel on trouve de grandes beautes , affermit encore la juste reputation de I'auteur ; on admirera surtout la verite touchante et la pose naturelle du pape. Les voussures sont belles, et d'lui gout qui rappelle plutot les peintures elegantes de Pompe'ia, que la dignite et I'austerite (jni caracterise si eminemment le siecie de Jules II ; elles auraient du , selon nous , donner une idee plus satisfaisante du genie des arts qui dirigea les travaux des grands artistes de cette epoque ; des medailions en grisaille , peints par M. Abel de Pujol , rej^resentent plusieurs honimes celebres du xv*" siecU-. Le plafond de la troisieme salle est execute par M. de Pujol ; le sujet est VEgypte sauvce par Joseph. A Tangle gauche du tableau , Syrius vomit ses feiix dans le Nil, le desseche , et de ses iioires vapcurs naissent les sept annees de famine qui , figurees par des megeres pales et decharnees , sc precipitent sur I'Egyptc pour la devorer; I'Egypte se refugie dans les bras de Joseph qui la protege. Dans le fond ct sous le por- tique de son palais, Pharaon , entoure de ses principaux sujets, 83o FRANCE. semble admirer dans Joseph Ic genie liberateur de son royaume. Ce tableau, peint largcment ct avcc chaleiir, produit de I'effet; nous avons admire le talent avec lequel I'artiste a rendu la physionomie Rationale de I'Egyple personnifiee , ctl'abandon mele d'espoir avcc lequel elle se jette dans les bras de Joseph ; les traits de ce dernier ct la fraichcur de sa carnation le font peut-etre participer iin pcu trop du sexc feminiu ; niais cette legerc observation n'ote rien du merite de cette production , bien digne , sous tous les rapports, de figurer au Louvre. Quatre bas-reliefs, peints en bronze dans les voussures , re- presentent les quatre principaux traits de la vie de Joseph; on y a egalement peint les seize coudees du Nil , figurees par autant d'enfans qui tiennent des guirlandes de fruits et de fleurs ; le nilometie en decore rintervalle. Onze bas-reliefs , representant des scenes de la vie civile des Egyptiens , deco- rent les boiseries. M. PicoT a peint le plafond de la quatrieme salle : I'Egypte est assise, entouree de divers attributs; des enfans soutieuncnt le voile epais dont elle etait couverte ; derriere elle , on voit le Nil ajjpuye sur son urne ; le sommet des pyramides , des nuages et la voute des cieux dans laquclle on distingue les signes du zodiaque, forment le fond du tableau. Vers YEgypte s'avance d'un pas timide une jeune femme , pleine de grace et de modestie; c'est la Grcce , conduite par I'Etude etle Genie ; la ciu'iosite , moderee par une douce retenue , ont ete parfai- teraent exprimees par le peintre. Des guirlandes de fruits et de fleurs, soutenues par des statues egyptiennespeintes en bronze; le globe aile, I'ibis, I'epervier et les autres oiseaux reveres par les Egyptiens sont peints dans les voussures. Huit bas-reliefs en grisaille ornent les panneaux; on y voit un sculpteur grec copiant une statue egyptienne; Apelles peignant d'apres nature ; Phidias sculptant; un poete dramatique faisant repeter un role a un acteur; la decadence des arts dans la Grece ; I'origine du dessin, et la prctendue origine du chapiteau corinthien ; Calli- maque et sa corbeille. La collection d'antiquites egyptiennes, reunie dans ces quatre salles, ne consiste qu'enobjets de petites proportions , a I'exccp- tion des momies et de leurs cercueils; mais elle est riche par la quantite et la variete des objets qu'ellc renferme. L'histoire civile et religieuse de I'Egypte doit en retirer des eclaircis- semens inappreciables. Des difficulfes infinies devaient nalurellement s'offrir pour classer avec methode des monumens aussi nombreux, su- jets habituels de tant d'erreurs, et que Ton avail si long-ttms PARIS. 83 1 considere comme inexplicables. M. Champollion jeune pou- vait seul etre charge d'une telle entreprise, et ses nombreuses dccouvertes sur I'histoire des Egyptieiis et sur le systeme gra- phique lui fouriiissaient les moyens d'y parvenir; car piesque tous Ics moniiniens de Tart egyptien sont accompagnes d'ins- criptions hieroglyphiqiies qui en iiidiqiienl le sujet et la desti- nation, facilite qui ue se rencontre jn-esque jamais sur les monumens grecs ou romains. Jusqu'alors les ColJections de nionuniens egyptieas, foiinees dans le but d'eclairer I'histoire de I'art, d'etudier les piocedes de la sculpture et dc la pcinture chez les differens peuples et d'en suivre la direction, ne pou- vaientetre classeesque d'apres I'ordredesmatieres, etenqnel- que sorle arbitrairement. Ici, puisqu'il s'agissait d'eclairer I'his- toire entiere de I'Egypte, M. Champollion devait avoir egard a la fois au sujet de chaque monument et a sa destination spe- ciale, etdeterminer, d'apres cetteconnaissance, la place qui lui serai treservee;ilfallait presenter, aussi complete que possible, la seriedes divinites, celle dessouverains, et classeravec methode tous les objets relatifs a la vie publique et privce des Egyptiens ; de cette maniere se tronvaient reunis systematiquement les monumens civils et religieux. La Collection a done ete divisee en trots parties : theologique , civile, funeraire. — i° Dans la salle, dite desDieux{mn est la 4^ du musee Charles X), on voit les images des divinites egyptiennes, leursembiemes, lesanimauxsymboliquesetsacres et les scarabees representant des divinites ou leurs symboles. a° la salle civile ( -i.^ du musee ) renferme tous les objets appartenansa la classe civile et aux diverses castes egyptiennes; ce sont des statuettes et des figurines de rois, de pretres et de simples particuliers; des instrumens du culte, des bijoux, des iistensilcs domestiques et les produits des arts ct metiers. 3" Dans les deux salles funcraircs ( i" et 3" du musee), sont les momies humaines, les cercueils des momies, des images funeraires, des coffrets et statuettes en bois, des steles, des manuscrits funeraires, etc. Ces derniersont eteencadres et pla- ces contre les boiseries. A I'admiration qu'excitela vue de ces precieux monumens se joint un sentiment de reconnaissance pour le savant qui nous les a rendus intelligibles. Celui qui, a force de recherches, a devoile a la posteritc les annales d'un peuple oublie pendant vingt sie! les a bien merite du monde savant , et le nom de M. Champollion sera desormais inseparable de celui d'une nation dont il s'est rendu I'interprete. N. L'h. — Deitx tetes , d'apres des fresques de Giovanni Antonio 83i FRANCE. d'a Vercei-LI , reprcseiitaiit Alexandre et Roxane , gravecs a la roulette siir les dessins de M. le ciicvalier de Cuzf.y, par" M. Francois Giuakd. ( Paris , cbez Ic gravetir C'ditcur , rue Mi - i;u()n, faiibourj^SaiiU-Gcrmain. Piix , fi Tr. la piece.) — Paruii les peiiitres contemporaiiis de Rnpiiael et de Micliel- Aiige , Vereelii iiierite d'etie reiiiarque. C'est peiit-etre de tons les ar- tistes de cette epoqiie ceiebre, le peintre doiit le style approehe le plus de oeliii de Raphael. M. le chevalier de Cuzey, diiranr sou sejoiir eii Italic, a eopie pliisiei\rs des plus belles tetes qu'of- feent les fresques dor.t Vereelii avait orne le palais de la Far- ncsiria, et on doitsavoir ^vc. a H. Girard, qui occupe un ran^ distini^uc parniiiios i^raveurs, d'avoir reproduil les dessins de M. DE Cuzey. 11 est pen de tetes , destinees a I'etude , qui oflVent uti caractere plus noble et nn niodele plus aj^reabie; et nous desirous, dans rinteret des arts, que ces deux arll'stes con- linucAt d'associer leiirs t;ilcns pour leptodiiire les autres belles iigures de Vereelii que M. de Cuzey possede dans son portc- feuille (voy- ei-des^us, pag. 775.) J. P. Reclamation. — A M. le Directejjr tie la Pieviie Encyclopi'diqae . — Paris , 16 octobrc 1827. — Monsieur , comiiie la plupari des articles de la fuviu' Encycliijx'diqtie portent ta si!.^ualure de leurs auteurs, cliacun des collaboraleurs ne repond que de ses pro- pres oeuvres. Cenendant, aucun d'eux re pent voir avec iiidif- ierence fjii'un article ou cei taines convenances soiit beauconp tro[)meconnues ait pu Irouver place a cote de tant d'autres (]ui douiient Texenqjle dune sage reserve. Dans I'lnteret de votre i-ecueil, essentiellenient ami de tout ce qui est honnete et vrai, j'ai pense que !'un de vos coUaborateurs devait se charger d'exprinier'la desapprobation publique justement encourue par Tartieie Beaux-Arts , Pniits do Paris, insere dans le cahier de juin dernier, page 816. .I'examinerai cette page siugutiereoii les decisions les plus etranges sont protioncees, comuie les arrets d'un tribiin.il supreme; je nepouirai me dispenser de discuter la question de competence, parce qu'elle tient au fond meme, et (jue c'est nne des ptemieres(|iie le public ait faites : et comme, apies m'avoir lu, vous ne jiourrez point vous tromjier sur les motifs de ma demarche; comme vous savez que j'eviie soigneu- sement, dans toutes les occasions, juscju'aux plus legeres ap- parences de personnalites, j'entre en maliere. L'aiUeur de I'article parle d'uue pretenilue querelle entre le> archit(!Ot Ceiix- ei , dit-il, a la favenr de leur litre, reclanient le di'oit de cons truire les pouts ; les autres prelendeni que , pour batir im pont el Ini donner le caractere convenable, 11 ne suflit pas de con- PARIS. 835 naitie la portec dime voiitc. Je me range sous ia baiinicre cJes aicliiUctes. Pour qu'un edifice de celte nature reiDplisse routes les conditions doniiecs, il nesuftil pas, eiieffet, qu'il soit solide; il faut encore que la disposition de !a masse ct Ics details soicnt calcnles de maniere a lui donncr un a.spect verilablemenl mo- numental. » L'auteur expose eiisuite quelques observations snr la soiiilite dcs diflerentes formes de voiites, et snr la duree , qui est, a ses yeux , la premiere condition a remplir. Je ue suis ni ingenieur, ni architccte, non plus que rauteiir de I'article; mais les principes yeneraiix qui doivenlguider la pensee de I'administrateur et de I'artiste dans la direction ot ['execution des Iravaux publics ne me sont point absolument inconnus. Est-il bien vrai que le soin de notre dignite natio- Haie nous impose I'obligalion de batir pour I'eternite ? TJnc nation ne mcuit point ; saas doute : mais ses besoins, ses gouts, Ic centre do son action et de sa grandeur changent avec le tparentes entre iles liomtiies faits pour s'estimer lee uns les autres pour- raient donner aux etrangers une idee faussede notie situation morale , et de la tendance de I'esprit public dans la classe la plus iufluenle et la plus eclairee. J'ai I'honneur d'etre, elc. Ferry. Necrologie. — J. -15. Launay, fondeur dc la colonne de la place Vendome, lie a Avranches (Manchc) le 20 mars i7ti8, niort a Savigny-sur-Orge, pres Paris , le ■i3 aout 1827. Des- tine de bonne heure par sa familic a I'etat ecclesiastique , il fut place cbez les jesuites, qui etaient seuls alors en |iossession de i'instruction dans sa ville natale. Les evenemens politiqucs de 1789 changerent sa destination et ses projets. Son pere le rap- pela chez lui, et il y exerca pendant quelque terns les arts me- 836 FRANCE. t;aiii(|iu!s pour lesquds il avait toujoiirs eu uii gout particuUcr". II Cut bicntot obli^i- dv partir pour raimee coinme simple sol- dat. llonorc |H'u dc temps aprc-s du yrado do capitainc, il reu- dit do frauds services, non-seiilement a son corps, mais encore a line ville c|ui soutenait un siti;e, et qu'il sauva par ce geuie inventil cpii ne I'abaudonnait jamais. Attaclu'; au materiel de rarnn'c, il tut eliari^e, avec d'aulres oHiciers, dc diri.gerla lonte des canons ot des projectiles. Un accident affrcux. dont il i'aillit etre victime, vint inteironipre ses travaux. Uni! piece de canon dcvait etre fondue; le sai)le du moiile avait conserve une leirere himiidite. Ceile circonstance fit rejaillir la niatiere enflammee qui couvrit les aesistans d'une pluie dc feu. Plusieurs perirent sur la place on furent gravement blesses. M. Lannav, qu'au premier moment on criit mort, ne put, malgre les soins les plus assidus, etre gueri qu'apres une annee des bruluies qu'il avait rccues. En I'an xi ( i8o5), i! fut charge dela direction de la fondcrie du pont d'Aiisterlitz, sous inspection de M. Bequey de Beau- pre, ingenienr en chef du departemcnt de la Seine. Ce ])ont fut tei-mine le i" juin 1808. Trois annees aiqiaravant il avait anssi dirige la fonte dii pont des Arts, et celle des ponts a bascide. Sur la fin de 1806, on lui confia la direction de la coloiuie qui s'eleve sur la jilace Vcndome. Occiqie sans I'elache de ce beau monument, il donna tons ses soins a ce f|uc I'execution eu fut parfaite. La statue qui surmontait la colonne dcvait etre fondue en deux parties. Il proposa de la fondre d'un seul jet, et reussit au-deia des esperances des savans et des artistes, au nombrc desquels on comptait M. Chaudet, Tauteur de la statue, qui en teraoigna sa satisfaction et sa reconnaissance a M. Launay. Ce fut le i5 aont 1809 cjue la colonne fut misc a decouvert. Pour se disti"aire de sesnombreux travaux et de beauconp de tracas- series dont il fut I'objet, M. Launay concut et executa dans ses ateliers le modele de la coupolc dc la halle aiix bles, que plus tard un autre artiste fut charge d'cxecutcr. Abrcuve d'in- juslices et de degoiits, il cessa de conconrir aux travaux du gouvernement, et s'occupa d'un projet de fonderies ambulantes, qui fut soumis au chef de I'etat. II fit ses essais sous les yeux de plusieurs ofdciers d'artillerie, au nombre desquels etaient MM. le general Neigrc, le colonel Collet- Marion, et plusieurs savans, qui tons lui prodiguerent de justes eloges. Celte utile conception ne j)Utetre realisee;'nousetionsalors;i la fin dei8i3. Eu mars 181.4, les allies, voulant faire disparaitre la statue qui surmontait la colonne de la place Veudome, et ne poRvant reussir a la descendre, envoyerent chercher M. Launay, et PARIS. 837 I'ayant fait conduire devant le monument qu'il avait eleve, liii sijj'nifiL'rcnt que si , dans trois jours , la statue n'etait pas enle- vee, il serait passe par les amies, lis lui donnerent cepcndant un ordre signe Sachiri , piece que .sa famille conserve, et qu'elle a dija moulree aux ennemis de cet artiste qui raccusaient de I'avoir fait descendre de sa pleine volonte. D'autres personncs plus equitables onl rendu hommage au talent ct a I'adresse qu'il deploya dans cette conjoncture critique. Une maladic longue et douloureuse , occasionee par les nom- breux et amers chagrins qui n'ont cesse de l-assieger, a enleve, Ic 23 aout dernier, cet habile artiste a 53 famille et a .sa patrie. { Voy. ci-(lcssus , p. 729, I'annonce du Manuel dii fo/idciir stir tons niilaux , ouvrage laisse par M. Launay.) Pi. T. — Allikr de Hauteroche. — La societe a perdu , au mois de iiovembre dernier, dans la persounc dc M. de Hauteroche, uu de ces hommes que les sciences n'ont pas moins a rcgretter que la vertu, et qui meritent que Ton revienne jeter quelques fleurs sur leur tombe : tiiste et derniere prerogative de I'amitie qui survit! M. Louis Allier de Hauteroche, chevalier des ordres de Saint- Jean de Jerusalem et du Saint-Sepulcre, elait issu d'une famille noble de Lyon. La tourmcnte revolutionnaire le jeta , des son jeune age , a Constantinople, oii il se trouvait a I'epo- que de la celcbre aijibassade du general Aubert du Bayet. Les evencmens dont sa famille et lui avaient soiiffert, avaiout donne plus de gravite a son caractere a la fois sericu.v ct doux. W faliait a cet esprit ime occupation positive; et I'etude de la chronologic lui sembla peut-ctre moins ingrate que celle du coL'ur huinain. Ce fut a Constantinople meme que -M. de Hauteroche se mit a former une collection de medailles grecques, qu'il aug- menta beaucoup dans le cours de ses voyages dans I'Attique et en Egypte. \\ revint en France en 1800, mais le Levant n'avait point cesse de Finteres-ser; et il se trouva heureux d'etre suc- cessivement employe par le departement des affaires etran- gercs, d'abord comme coasid a Herach'e , dans la mer Noire, eta Cos, dans TArchipcl ; cnsuite comme attache au considat general de Smyrne, et a I'inspection generale du Levant. C'est en cette derniere qualite qu'il accompagna M. le baron Felix de Beaujour, son ami, dans la tourneeqiie cet inspecteur general (it, en 1817, ])onr visiter tous les etablissemens francais en Turquie. M. de Hauteroche cut, pendan tee voyage, I'occasion et le loisir d'augmenter sa collection , 011 Ton a vu figurer le Persee de Macedoine et le Demetrius Poliorcetc, qui enrichis- sent aujourd'hui le cabinet de la bibliothequc royale. De re- «38 r RANGE. tour a Paris, il sotciipa tie nn-ttrc tie Tofdix' dans scs trt-sois iraiclu'-ologii' ; il classa ses ine'daillcs, Ics decrivit, et il avait commeiuc a los fairt- j^Kavcr : la niort la surpris an milieu do ce travail. II a laissc la collection la plus complete dc medailies grecqnesqu'il y ait peutetieen Europe, dans Ics cabinets par- ticidiers, non-seiden)ent par rassortinieiit des pieces, (rnil i)re- cieux, niais peniblc, d'une inlinitede rechei'ches et d'eclianges, niais siirtoiU \)nr leiir beaute et par lenr eonseivation. Les ecrits t]n'il meditait siir la s(uence niiniismaticjiie eiissent hif'ntut mis Ic dernier sccan a sa reputation ; mais, s'ils eussent acheve de jnstifiei- I'estime qn(k tons les savans hii porfaient deja, tant en France (jue dans les pays etrangers, ils n'eiissent pn jien ajoiiter a la leiidre affection qu'il savait inspirer a ceux (pii ie freqnentaient. 11 avait deja )3i'eliide j)ar quelqiies dis.scrttinn/is interessantes , composees pour les societes savantcs dont il etait menibre, telles qu'un Mr/iin/re suf uncmedaille anecdote dePolemon I"'', roi de Pont, imprime aCambraicn jniilet \<^i'j; une ISoticc sur les deux Sapho , lue dans Ic mois d'aout 1822 a la Sociclc asidtifjiic ; et un Essai sur I'explication d'une Tessere antique, portant deux dates, qu'il pnblia en 1820, et qui fixe une epoque importante dans I'liisloire de Svne. M. A. de Ilauteroche, en iustituant sa legataire universellc une niece, dii;ne a tons egards de sa tendresse, a merite aussi que sa menioire restat eternellemcnt chere a la science et a son pays. II a leij^ue au Cabinet du roi deux uiorceaux cxtremement precieux ; savoir, la Tessere syricnne a double date, dont il vient d'etre parle, et une medaille en or de Persee, roi de Macedoine, piece.jusqu'a present unique. II a en outre fonde, en faveur de I'Academie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, une rente perpetuelle de quatre cents francs, pour etre annuel- lenient employee en un prix a decerner au meilleur ouvrage de numismatique. C'est en iSsS qu'il avait fait ces actes de derniere volonte. Depuis ee jour surtout il a pu se dire : Non oninis nioriar, et il a goute en ])aix cette satisfaction interieure qui fait la premiere recompense de rhomme de bien. Je fus aussi I'ami de M. de Haiiteroche. Notre intimite, for- .mee a Constantinople, et qui n'a cesse d'etre, jusqu'au dernier jour, egalement vivc et douce, m'a rendu plus d'une foi3' Ie confident des voeux de cet excellent liomme, pour que le fruit de ses laboricuses recherches ne fat point, apres lui, disperse et perdu pour la France. Soulange-Bobin, Secretaire general de la Societe d'Horticultiu'e de Paris, I'un des executcitrs testamentnircs. TABLE DES ARTICLES CONTEISUS DANS LE CENT HUITIEME CAHIER. DECEMBRE 1827. I. MEMOiaES, NOTICES ET MELANGES. I. Precis liistorique sur I'etat actuel de la Repiiblique Ar- gentine ( Biienos-Ayres ) ; troisieme article. Vnraigne. Pag. 546 a. Forces protluctives et comniercisles dii niidi de la France; second article : E.x])osition des produits de I'iiidustrie du I anguedoc , a Toulouse. . . Cliailes Dnpin , de 1 Inslitut. 563 3. Notice biographique sur 3Ialte-Brun. Borj- de Sitint-Cincent. 5^5 n. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Rapport sur les documens de M. Chervin, conceriiant la flevre jaune , et eclaircissemens de M. Pariset, en reponse anx allegations consignees dans ce rapport R. Sgo [ 5. Cinq ouvrages sur la statistique des Pays-Bas. A. Qnclelet. 596 (i. De la religion, pai' M. B. Constant : 111° volume. . . . S. 604 7. De I'education des sourds muets de naissance, par M. De- gerando. Fredeiic Ciivicr, de I'lnstitut. 614 8. Vie de Napoleon Buonaparte , par sir Waller Scott (oii- vrage anglais); second article 31. /Ivenel. 629 9. Les Amours mytliologiques , par de Pongerville. Chauvet. 658 10. Comedies de M. Albert Nota ( ouvrage italien ). . F. Salfi. 664 HL BULLETIN BIBLIOGRAPIIIQUE. Annonces de 102 ouvrages , francais et ctrangers . Amekique SEPTENTBIONALE. — Etats-Uiiis , 5, dont 2 ouvragcs periodiques 678 EuKOPR. — Grande-Brclagne, 6 677 — Riissie, a 683 — Pologrie, r. — Danemnrk , 2 687 — Allemagne, 7 691 — Suisse, 1 701 — Italie, 10, dont r ouvrage periodique 7o3 — Portugal, 1 710 — Pays-lias, 5, dont 2 ouvrages periodiques 7ti France, 62, savoir : Sciences [hysiques et nalureUes , 17. . . . 717 — Sciences religieuses , morales , poliliques et historiques , 20. . . 736 — Litterature , 18 761 — Beaux-Arts ,3 784 — Memoires et Rapports de socieles siivantes , 2 787 . — Ouvrages periodiques , i 789 — Litres en langues etningercs , iuipriines en Fiance, i 790 8/jO TABLE DF.S ARTICLES. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTER.VIRES. Ame'. iquk srptentkionale. — Etatf-Uiiis. f'cnnont : Mccaiiiqiie ; Invention nouvelle. — Phitadclphie: Atlas niaritinieci'Ameiique. — Albany : \i\s,i\\aX. — /ioj/o/j ; Instruction publi(jiie y()'i Amerique mebiuionale. — Uuenos-Ayres : Instruction publique: Ecole normale; lUudcs priniaires; Ktudes prcparatoires; Unlversife et clc[)ai temens divers dont elle se compose; Ecoles defilles ; Bibliotlieque nationaie g5 Afkique. — i'.gypte. Alexandrie : Publication lirochaine d'lin journal f'rancais 796 EUROPE. Iles Britanniques. — Lit'erponl : Passage souterrain creuse dans cettc ville. — Suite de la Revue sommaire des Socictes sarantes , lilleraires , etc. de la Grande- Dretngne : Academie royale de ])einture; Socicte des artistes anglais; Societe V.), <5 14. — Dcl'education des Sourcis muets de naissance, par Dege- ratido {F>ec/. Ciivier), 614. — Les Amoitrs niN ihologicjues, par de Pongerville(C/irt»fe«), 658. — d'ouvrages italiens : Comedies d'Albert Nota (F. Salfi), 664. AuATOSIIE , 7a I, 8 I 5. — de rhomme, etc., par Jules Cluquet , publiee par C. de Las- teyrie, iGr. Ancelot. L'Homme du monde , 4fii , 523. Anecdotes, 121. Anevrysme. ^ oj. Breschet. AjJGLEXERRE. Fq^'. GrAWDeBkE- TAGJME. Annuaire du jardinier et de I'a- gronome , parBoitard, 719. — du peuple , elc, par Girault, de Saint-Fargeau, 744- Antilles, 211, 375. AuTiQuiTEs , 248, 827. — decouvertes par M. de Blarem- berg, d'Odessa,aux environsde Syinpheropol , 495. — decouvertes par le meme sur les bords derancleriBosphoreCim- merien, 496- Apology (An) for the pursuit affinal beatitude, etc., by Ram - Muhnin- Roj, tio. Appeal ( An ) to the christian pu- blic , etc. , by Rain-Mohum-Roy , no. — {^Filial), e'c, ibid. Appert ( B. ). Observations sur les prisons, hospices , ecoles des departemens et des pays etran- gers ,750. Apulee (Cseciiius ). Fragmens du Traite de I'orthographe ; edi- tion publiee par Osann, 399. .4rabes (Les) aujjres de Tours, re- man alleniand, par A. Ugewiid, l32. Arago. /^o/. Nominations acaue- MIQUES, TIERES. 843 Akcheologie, 1 29, 4o4, 4*2, 71 1, 784. — ( Rapports delM) avec les arts modernes,par C. J.C.Reuvens, 711. "ARCHrTECTUKE , l45, 248, ^C)l). — moderne de la Sidle, etc., par J. Hittorf et L. Zanth, 200. — antique de la Sicile , par les niemes, 201. Aretin S^Von). Staatsrecht der cons- titulionellen Monarchic , SgS. Akithmetique, i65. — (Application del') au commerce et a la banque, par J. B. Jii- vigny, 425. Art MILITAIRE, i5i, i65. VETERIK AIRE, 3o6. — (L') de fabriquer la porcelaine , par F. B;istenaire - Daudenari . 43i. — ( L' ) du maitre de forges, par Pelouze, 728. — de fabriquer la faience recou- verted'un email blanc et colore, par F. Bastenaire-Daudenart , 730. Arts industriels , 126 , 167, 1G8, 431,730,819. AscETiQUE. P'oy. Sciences heli- GIEirSES. Astronomie, 426. — des Demoiselles , par James Ferguson , traduite en francais par Quelrin, 725. AsiE, 810. Athenee de Brescia, 142. Atlas universel de la g^ographle physique, etc. de toutesles par- ties du monde, par Ph. Van- der - Maelen, i52. — geographique de I'Egypte etde la Nubie, par Fred. Caiilaud, 174. — et statistique des departemens de la France, 174. — commercial, ou Exposition nie- thodique du droit commer- cial, etc., par Poux - Franklin , 747- 8/i4 TABLE ANaLYTIQUE — maritime d'Am^rique, par Cor- tos, 793. — des oiseaux d'Europe, etc., par J. C. Werner, 4»o. AuSTRAL.VSIE, 2H. Avenel (M.). C— A., 629. AVEUGI.ES, 477. B Bacriade ( La ), ou la Guerre d'Al- ger , poeme heroique eu cinq chants, par Barthelemy et Mery, 455. Bains de mer (Les), poeme, par F. Thueux, 455. Banquet niensue! de la Soclete de la Revue Eiicyclopedique,255. Barba.rie, 487. Barbaroux ( Charles ). Memoires 756. Barras. Foj-. Gastralgies. Bartlie. f'oj: Refutation. Barthelemy et Mery. f'oy. Ba- criade. foj'. Corbiereide. Bastenaire - D;iudenart. for. Art de fabiiquer la faience. Bateau a vupeuretablienlreOdes- sa etKhersDu , 494- Baude(J.J.), C. —A., 36.— B. , 174. Beaumont, f'oy. Hernies. Beauties ( The) of the court of Charles the second , by D. B. Murphy , 382, Beiux-arts, 200, 247, 264, 36l , 467, 526,710,711 ,784, 799. Bebian. Journal de I'instruction des Sourds-mue'ts et des Aveu- gles, 477. BeccadeUi{ Lodovico). Vita dd cai-- d'liial Gasparo Contarini, 4 10. Begaiement ( Nouvelle tnethode Berlin ( Observations d'un voya- geur sur ), 8o3. Berzelius (J.). For. Nominations ACADEMIQUKS. Bessel (F. W.). f'oy. ibid. Bib HOG uvPH IE, 106, 37 2, 392, 673. BiiiLioTHEQUE nationale de Bue- nos-Ayres, 704. — des c'assiques latins, avec la traduction en regard, par Jules Pierrot, A., 92. —des connaissances usuelles, etc. ii3. — choisie des Peres de I'Egllse grecque et latine , par N. S. , Guillon , 736. Bichat(Xav). Traite des mem- branes, etc. Nouvelle edition , revue par Magendie, 72 1.' Bigeschi (J.). Precis sur I'liospice dela Maternitede Florence, etc. 703. Bignan. Voy. Joseph Vernet. Bijou (Le), par W. Eraser , 3S4. BioGRAPHiE , 3o, 120 , i65 , 295 , 38 1 , 382 , 391 , 4o3, 410, 411, 417, 448, 575, 629, 674, 696, 701, 707, 753. — universelle et portative des contemporains , en nn seul vo- lume, 443. Biot. JMemoire sur la figure dela terre, 716. Bis. ^09-. I'ouvrage ci-apres. Blanche d'Aquitaine , ou le der- nier des Carlovingiens, trage- die, par Hippolyte Bis, 821. Blachelte. y. i'ouvrage ci-apr^s. Blanchiment (Traite du) des toiles de lin , etc. , par L. J. Bla- chette, 167. Blaremberg. Foy. Antiquites. Blein. Expose de quelques prin- cipes nouveaux sur I'acousti- que , etc., 428. pour guerir le ), aSo. I lilom (H. J.). Vnionshrigene og Bar- Belles - Letxkbs. Fay. Littera- ■^e^krigene , etc. , 688. xuRE.- Rlume (C. L.). ^o>.No.iiin\tions Beutham (Jereuiie). Foy. Uefeiise acauemiques. dei'usure. | Blunienbach (J. F.). Fay. ibid. I OES MA Boileau. OEuvres posthuines, pii- bliees par L. Parelle, yfiS. Bois-Duval. Essaid'uue moiiogra- phie de la tribu des zygeiiides, 244. Boissier ( Henri ). foj. Necrolo- GIE. Boitard. f^oj. Anuuaire dii jardi- nier. Boivin (M"'" veuve). P'oj. Moleve- siculaire. Bonafous (Mathieu). ^oj. Murier. Bonnefou\ ( P. M. G. de ). Nou- velles seances nautiques , ^3 i. Borghers. Precis de riiistoire de la constitution d'Angle- terre, etc.d'apres Hallam, 44r- Bory de Saint- Vincent, C. — M. 575. — B., 160, 446. • — Essai mouographique sur les osciliaires, itio. Bossuet. yoj: Eloge. BoTANIQUE, III, 169, 202, 247 , 5i3. — ( Nouveau Manuel de ) , par S. Girardin et J. Julllet, 159. ■ — du droguiste, etc., ouvrage tra- duit de I'anglais par E. Pelouse, 160. Botta (Charles). Foy. Osservnzioiii. Bouchene-Lefer, C. — B., 748. BouiUe (M. de). Memoires, 755. Bourgon. Abrege d'histoire uni- verselle, 754. Bowring (John), yoy. Poesies po- lonaises. Boyard. Des droits et des devoirs de la magistrature francaise , i83. Bradi ( M'"*" la comtesse de ). Une nouvelle par inois, 783. Bres, C— B. , 776. — Histoire des quatre fils d'Ay- inon, 782. Breschet. Memoire concernant I'a- nevrysme faux consecutif du ccBur et^'ancviysnie vraides ar- tere.s, 245. Brisnioiitier ( G. L. ). f'oy. Pliar- macie elementaire. riLRES. 845 Brongniart ( Ad. ). Nouvelles ODservations sur les granules sperr.iatiquesdesvtgelaux,8r7. Brown ( Robert), fof. Nomima- TIONS ACADE.IIIQUES. Buczyuski (G.). K07. Histoire de Russie. BufiiNos-AyRES , 545, 794. Bulletin eibliooraphique (III ) Allemagne, 128, 892 , 691. — Antilles, 875. — Colombie, 109. — Daneniark, 126,390,687. — Espagne, 4i3. — Etats- Unis , 106, 872, 678. — ■ France, i58 , 419, 717. — Grande-Bretagne, 111,875,677. — Indes orientales, 1 10. — Italie, 1 3g, 4o5 , 703. — Pays - Bas, r5:,4i4)7ii- — Pologae, 687.— Portugal, 148, 710. — Russie, ia3, 389, 683. — Suisse, i33, 401 , 701. Burnier (L.). Foj. Scott. Burnouf ( E. ). Foj. Inde fran« caise. Cadet , deMetz. Observations sur Fexpedition de 1827 pour le pole du Nord , 783. Caillaud (P.). foj. Atlas geogra- phique. Calculs vesicaux. f'oy. Civiale. Canal de New - York. P^oj: Me- moirs. — pour joindre la Marne a la Seine, f^oy. Cordier. Canova. f'oj. Monument. Cantiques religieux et moranx , mis en musique, par J. Adrien Lafasge, 208. Carrel ( Armand ). Histoire de la contre - revolution en Angle- terre, 44 !• Carte figurative de I'instruction populaire des Pays-Bas, A, 596. Cartwright {Major). His life and cor- respoiidance, 38 r. Cassette ( La ) , cotnedie en prose , 262. 846 TABLE AN Catilina , trageiiie imitoe de I'an- gluis de Ben Johnson, 193. Causes ccli'bres etraiigtres , 749- — premieres (Resume des opinions des philosoplies anciens et mo- dernes sur les ) , etc. , par L. A. Gruyer, i53. Caustiques. f'oy. Quelelet. Cendrier (F. A.). L'Academie des beaux-arts de Paris lul decerne le second grandprixd'architec- ture, 248. CEiVsuuE , 807. Fof. Errata. Ceivantes-Saavedra. El liigenio;o hi- dalgo don Qiiijote de la AJan- cha, etc. , 207. Cliabrier. Memoires sur les mou- veniens progressifs de I'liomme et des animaux, 8i5. Champollion-Figeac (J.J. ). C. — A., 92. Champollion le jeune. P'oy. Mo- numens egyptiens. Cliansonnier ( Le ) des Graces, 77^- . , Chants pojiulaires des Grecs mo- dernes , tradi:its en vers rus- ses , etc. par Nicolas Gueditch, 685. Charpentier. fay. Valentin. Charron ( Pierre ). De la Sagesse. Nouvelle edition publiee par Amaury Duval, 438. Chateaubriand. OEuvres com- pletes , 191, 765. — Voy. Exanien. Ch4teaugiron(M. de). yoy. Schil- ler. Chauvet.C— A.,658. Chervin. fo>-. Rapport. Cliiabrera, Prose inedile , elc. 708. Chimie , 242,273,720,816. Chine ( La ) : inoeurs , costumes , arts et metiers, etc. Lithogra- phies coloriees, a vac des notices, par D. B. de Malpiere, 786. Chirurgie. ^oj. Sciences me- DICALES. Chlore (Notice sur le) et les chlo- rures, M., 273. \LVTIQUE Chroniques (Les) delaCanongate, ])ar Waller Scott , traduitcs en francais par A. J. B. Defaucoa- pret , 776. Chronologic, 827. Civiale. Lettre en reponse aux Re- flexions de M. Kern sur la nou- velle nietiiode pour broyer les calculs vesicaux, 724. Classiques francais , ou Biblio- theque portative de I'amateur , 762. Cloquet (Jules). f3- Constitution and laws of Rensselaer- School, etc. , 674. Constructions des routes. Voj. Edgeworth, Contariiii(Cardinal Gaspare!) Fey. Beccadelli. Conte ( Cajetan). Essais d'expc- riences sur les propriotes des eaux thermo-minerales du tem- ple de Serapis a Pouzzoles, 704- Convko di Dante Alighieri, etc. iqi. Cooper ( J. Fenimore ). OEuvres completes, traduites en fran- cais par A. J. B. Defauconpret, A., 346. P^oj. Corsaire rouge. Cooper ( J. M. ). ^' 8i3. — des tableaux, a Paris, 526. F Fabre (Auguste) , C. A. , 74. Falkenstein. Foj. Kosciuszko. Falsifications (Traite des), etc., par Desmarets, 73 x. Faraday. P'of. IVIanipulations chi- miques. Faulkner (Arthur Brooke.). Notes et reflexions ecrites pendant une visite a Paris, 680. Faure. Memoires sur I'iris et sur les pupilles artificielles , 5 16. Fazy- Cazal ( E. J. ). J^'oj-. Kast- hofer. Fellenberg (Emmanuel de). foy. Hofwyl. Feller (F. X. de). fay. Diction- naire historique. ALVTIQUK Fergusson ( James ). f^oj. Astro- nomie des demoiselles. Ferry, C.-M., 5. — A., 3i4.— B.,714, 728, 734- — N.,a55. — f^oj. Reclamation. Fiances (Les), fragment d'une histoire milanaise , etc., par Alex. Manzoni, /in. FlEVRK JAUNE, 589. Fifevres (sur les) de I'automne k Amsterdam , etc. , par H. F. Tychsen, 414. Flechere (De la ). Vie , 4o3. Fleurs (Choix des plus belles), par P. J. Redout^ , 202. FLORIDEOCCIDENTAI.E.AvantageS que peuvent se promettre les colons europeens qui voudraient s'etablir dans cette contree , 481. Folchi. Analyse dune plante me- dicinale, aSi. Forces producfives et commer- ciales du midi de la France, M.;, 562. Forces sociales. f^oj. Esquisse po- litique. FoRETS. P'or. Soulange-Bodiu. Forget me not (The) , 383. Formulaire pour la preparation et I'emploi de plusieurs nou- veaux medicamens , par F. Ma- gendie, 164. Fortia ( M. de ). foj. Tableau chronologique. Foscolo (Ugo). roy. Notice. Fossati, C. — B. , 146, 705, 71a. — N., 23i. Fougeres. f^oj-. leones. Fourier (A.). Memoire sur la puis- sance mecanique de la vapeur d'eau ,728. France, i58, aSg, 419, 5i2, 717,813. Francoeur (L. B.). To/. Dessin li- neaire. — C. B. , 4 1 5 , 427 , 43 1 , 727 , 728. Francois de NeufchAteau. T'oy. Dictionnaire d'agriculture. DES MATl^KES. 85 1 Frasei's Bijou, 384. Frasologia italiana , ossia raccoUa di -iOtOOo/rasi , etc. 708. Frederic Styndhall, ou la Fatale annee, par Keratry , 4f)2. Fumer (L'art de) et de prisei- sans deplaire aux belles , 168. Galerie systematique de dessiiis lithographies pour servii- a I'Eii- cyclopedie de Brockhaus, 182. Garance ( substances colorantes de la ), par Robiquet et Collin, a42- Garde natiunale. foy. Comte. f'cy. Souvenirs. Gamier (Adolphe). Foj: Peine de mort. Gastralgies (Traite sur les) , etc., par Barras ,722. Gauppe{Theod.) De professoribus et medic is 129. Gay-Lussac (L.J.) f^oy. Nomi- nations ACADEMIQUES. Gendriu. Quclques experiences sur la chaleur des eaux ther- males, 5i5. Genieys. Note sur un projet de distribution generale d'eau dans I'interieur de Paris, 172. Geouesie, 816. — (supplement au Traitede), etc. , par L. Puissant , 42^'- Geoffroy-Saint-Hilaire. f^oj. His- toire naturelle. Geogkaphie, i3g, i52, 174, 227, 392 , 4i3. — (Abrege de la nouvelle) uni- selle, par Hyacinthe Langlois , 43i. — (Nouvelle) methodique desti- nee a I'enseignement , par A. Meissas et A. Michelot , 432. — moderne (systeme nouveau de), par Sidney E. Morse, 107. Geologie, 5i4. Geometuie, 818. Gervais. Perfectionnement des methodes usit(5es pour la fabri- cation du vin, 483. Giannone ( P. ). Istoria clvUe del regno di Nar.oU , 4o5. Gilbert ( A. ). L'Academie des beanx-arts de Paris lui decerne le deuxieme second grand prix de composition musicale, 248. Gillies ( H. P. ). German stories , 683. Gingins-Lassaraz (Fred. de). His- • toire naturelle des lavandes , i33. Giovanelli^B.). Dell' origine de' sette e t'edici commiini , etc. , abitanli fra V Adige e la Brenla , 706. Girard (Francois). Deux t^tes , d'apres des fresques de Gio- vanni Antonio d'Avercelli, gra- vees 5fi2, fiyi , 7S7. — (Etat de 1') a Berlin et dans la Basse-Silesie, 8o3. — (Etat de 1') dans le Harz , en Hanovre , 497- — (L') francaise , poesie a reces- sion de I'exposition de 1827 , par Jouvet Desmarand , 193. Influence (De I') des lumilres sur la condition des peuples, par de Gouroff , i23. — de lairet du sol de I'Amerique sur 1.1 taille des aniniaux, 7. ?o. Inscriptions decouvertes jusqu'ici en Suisse , recueillis par J. G. Orelli , 4o4' Institut. Voy. SoCIKTES. 854 Institutortliop(idique,(JitCaix)liii, a Wurtzbourg, 497- Instruction des enfaiis , a to. — ELEMEMTAiKF. , CO Daiiemaik , aa6. — vopui,A.iRB des Pavs-Bas , A. , PKIMAIRE , 238. — PUBLIQUE , iSi , 2i6, a36 , 495. a Boston , 794. a Buenos-Ayres , 794- (fital de 1') k Florence, 5o8. Irjlande. Foj-. Gh.^nue - Bhe- TAGNE. — ( Statistique de 1') , consideree dans sa situation passee et dnns son etat actuel , par Cesar Mo- reau , 678. Isographie des liommes celt-bres, oil Collection de /ac simile de lettres, etc. , 4fiy- Italiani ( GF ) in Russia , 4og. 1tax.ie, i3g, 23 1, 4o5 , 407, 5o8, 703 , 809. Itineraire descriptif de I'Esjjagne , par le conite Alex, de Laborde, 734. J Jardinage. Vox Horticultcre. Jesuites, 184. Jeux ( Nouvelle academie des ) , par Lebriin , 43o. Jomard , C. — N. , 507. Jonction de la Marne a la S^eine. ^oj. Cordier. Joseph Vernet , ode par Biguan , 460. Journal fait en Grfece pendant les annees iSaS et 1826, par Eu- gene de Villeneuve , 4i7- JouRNAtrx et Recueils perio- DIQUES : — publics en /4llemagne : Natttr- wifsetichaftlichc Abhandliingen, a Tubingue , 4oi. — publics en j4ngleterre : The Loudon weekly review, 385. TABLE ANAL\TJOUK piibli6s aux Anlilles : /Innles cle ciencias , agricuUiiia, etc., a la Havane, 375. — publics en Danemar/i : Maga- zin for Kiiiisiiiere , a Copenha- gue , I J I). — publit's en Egypie : I'licho des Pjraniides , journal francais , a Alexandrie, 796. — publics aux Etats-Unis : The North-American review, a Boston, f>75. — The Philadelphia monthly magazine , (17(1. — publics en France: Esprit et conterences des lois d'inier<5t general, a Toulouse, 206. — Journal de I'instruclion des sourds-mucts ct des aveugles, a Paris, 477- — Gazette des Tribunaux , i Paris, 478. — Journal de Pharmacic , 789. — publics en Italic : Biblioteca italiana, a Milan, 14^. — Giur- nale biografico, a Vicence, 420. 420. — Antologia , a Florence, 709- . — publics dans la Nonvelle-Galles meridionale : Sjdner Gazette; How's Express ; The Anslralian , 2l3. — publics dans les Pays-Has: Bi- bliotheque des institutcurs , a Mons , 157. — Corrcspondancc niatli(§niatiqne et physique , a Bruxelles, 712. — Hydrogen tot Rcgtsgeleerdheid en JVetgeving , a Amsterdam , 714. — publics en Pologne : Ga/.ette juivc, a Varsovie, 801. — publics en Rnssie : Odesskoi JVtstni/i , ou Journal d'Odcssa , en russc et en francais, 389. — publics en Suisse : Fcuilte reli- gieuse du canton de Vaud , 402. — publics a Tripoli dc Barbaric : L'Investigateur africain , 487. JuiFS (Civilisation des)dissemi- nes dans les provinces polo- naises ,801. Juillet(J.) Voy. Botauique. Julia-Fontenelle presente a I'A- cademie des sciences de Paris, line toteparfaitementconservee d'un sauvage de la Nouvelle- Zelande , 244 ,818. Jullien ( M. A.) , fondateur-direc- teiir de la Revue Eiic^clope- dique, C. — N., 236, et les ar- ticles signes M. A. J. For. Nominations acade- MIQUES. Jures. yoy. Manuel — f^oy. Phillips. — Voj. Guide. Jurisprudence, 129, 178, 181, 183, 206, 478, 681,714, 746, 747' 749- — angla'se , Voy. Lettres. Juvigny ( J. B. ). Voy. Arithme- tique. K Karamzin ( Nicolas ). Foy. His- toire de Russie. Kaslhofer. Voyage dans les petits cantons , etc. , traduit de I'alle- mand par Fazy-Cazal, i36. Keratry. Frederic Styndhall, 462. Kircklioff ( De ) , C.-B. ,7:1. — yoy. Nominations acauemi- QUES. KoTiing (/.). Geschiedenis -van het Slot de Muiden , 417- Kosciuszko ( Thaddiius ) dargeudll von Karl Falhenstein, 696. Krakumael , ou Cham irlandais sur les exploits du roi Regnar Lodbrok, public avec des tra- ductions , par C. C. Rafn , 690. Kriig ( W. T. ). AUegemeines Hand- worterbiich der philosophischen fVisienschafleii , Syi. Ivruse. f'oy. Constr.ntii). L Laborde (C. Alex. TIES MATIERKS. 855 Labrouste ( Th. ). L'Acad^mie des beaux-arts de Paris lui deccrne le premier prix d'architecture, 248. La bus ( Jean ). Divers ouvrages italiens et francais d'E. Q. Vis- conti ,412. Ladoucette ( J. C. F. de). Foy. Ro- bert et Leontine. Lamarque ( Nestor de ). ^oy. Li- berte. Laminaires. Foy. Despreaux. Langlois. ( A. ). Foy. Monumens litteraires. Lauglois ( Hyacinthe ). Abrege de la nouvelle geographic univer- selle, d'apres le plan de Wil- liam Guthrie, 43 1. Lang v e italienne. Foj. Frasologia. — polonaise juive. Fay. Diction- naire et grammaire. — francaise. Foy. Mayeux. Foy. Dictionnajre classique. Lanao (G. A.). L'Academie des beaux-arts de Paris lui deccrne le premier grand prix de sculp- ture , 247. Lasteyrie (C. de). ^o;-. Anatomic de i'homme. Launay (J. B.). Foy. Manuel du fondeur. Foy. Nechologie. Lavandes. Foy. Gingins-Lassaraz. Lazarillo de Tormes. Foy. Hur- tado de Mendoza. L'Ebraly (E.). Foy. Loisirs po6- tiques. Legislation , 45, 1 54 » 206, 714, 748, 806. Lebrun (Isidore) C.-B. 477- Foy. Jeux. Lehmann (Theophile). Foy. Lu- cien. Lemoine ( J. J. ) Foy. Loisirs. Leonidas , tragedie italienne de G. B. R. Moreno, 709. Ltsergent des Vosges. Foy. Es- sais jioetiques. Lettre a S. M. Charles X, centre do). Foy. lli- TABLE ANALYTIQUE 856 le couronnement de Buona- parte, 742. — (Extrait d'une) tie Lausanne, 8o(). Leltres sur la cour de la chancel- lerie et sur quelques points de la jurisprudence anglaise, etc., fiSi. Liberie (la), poenie dithyranibi- que, par Nestor de Lamarque, 454. Library of useful knowledge, etc., u3. Lipkens (A.). Voy. Nominatioks ACAUEMIQUES. Lithographie, i32 , i6r, 385, 467, 785, ySfi. Litteratore allemande , i3a, 196, 228, 463, 683, 827. — ancienne-classique, 92, 608, 699,700. — anghiise, 122, 193, 195,262,382,383,384, 385, 77f) , 778. — arabe, 208. — belgique-francaise, 419- — es- pagnole, 98, 207, SSg, 479- — des Etats-Unis, 346, 675 , (176, 777. — fraucaise, 190, 191, 192, ig3 , 194. '98, 261, 262, 452, 454 , 455, 457, 459, 4 4^4 , 712, 727. Mathieu. Foy. Delambre. Maury (Juan Maria), roy. Es- pagne poetique. Maxinies de guerre de Napoleon, i65. Mayeux ( F. J. ). Nouveau diction- naire de la langue francaise , 190. Mecanique, 427, 818. — d'uue force extraordinaire , iiouvellement inventee aux Etats - Unis par J. M. Cooper, 793- Medaille de Mithridate III, roi du Bos|)horeCimnit'iien , etc. , par J. Stempkowsky , 389. MedaillfS historiques destinees a retracer les evenemens les plus remarquables des Pays - Bas , 238. Medecine. Voy. Sciences meui- CALES. TIKRES. 857 Medecins ( Education classique ties), 4ai- — francais ( Les)conteniporair.s , par J.L. H.P. Meditations metapbysiques, par Descartes, 43<). par K. Ril^ef , 386. Meissas ( Achille ) et Aiiguste Mi- cbelot. Nouvelle jjeograpbie uiethodique, etc., 43^. Melanges evangeliques, 4o4- Ml'IoJ ies bel vetiques , par Charles Diflier, 7(17. Membranes (Traite des), par Bicbat , 721. Menioire sur I'education classique des jeuncs medecins, 4'- '. Memoire sur Tancienne ville des Gaules qui a portc le nom de Sainarobriva, par Rigollot fils, 45o. Memoip.es, Notices ft Melan- ges (I.) : Exposition puhlique a Paris des manufactures frau- caises(Fer77-), 5. — -Des Saga's, ou de I'ancienne litterature du Nord ( X ), 22. — Notice sur Ugo Foscolo {Fr. Sulfi), 3o. - — Notice sur le clilore et les cblorures, et sur leurs divers emplois (£>. /V.), 273. — Voyage de Naples a Amalfi (£. G. J' A.), 278. — Notice biogiaphique sur Pestalozzi {C. Monnard) , 2y5. — Precis liistorique sur la situation actuelle de la Repu- blique Argentine. Troisieme ar- ticle ( Varaigne), 545. — Forces productives et conimerciales du midi de la France ( Ch. Dupin), 562. — Notice biographique sur Malte-Brun {Bory de Saint - Vincent) , 5yS. — ET Ravpoi'.ts de societes sa- vantes et d'utilite publique en France, 204, 47' i 787. — relatifs a la rivalile des maisons d'Yoik et de Laucastre, par miss Emma Roberts , 120. — sur rhisti>iic et la theorie des - hr, 85S TABLE AN ci)i't(-s generales de Portugal , par le viconUe de Santaicm, 148. — pour servir a I'liistoire des Pu\s-Bas, par J. P. Van Ca- peilen , ^16. — du marquis de Bouille, sur le depart de Louis XVI, etc. , ySS. — de Charles Barbaroux , ySli. — du lieutenant- general Puget- Barbaniane, 757. niemoirs on the canal of NiW-Yorh , 373. Memorio hbtorica sobre as obras do real mosterio da Santa Maria da Victoria , etc. 7I0. Mentz ( D. ) Voy. Nominations ACA.DEMIQUES. Merkes ( J. G. W. ). Memoire sur riinportance des places for- tes , etc. , 1 5 1. Mcry. Voy. Barthelemy. Metallurgie, 3i4, 497 > 7^^' 729- Metaphysique , 142 » iJJ) 439. MeTEOKOI.OGIE , 2 11. Meyer. Die gelelirte Schweiz , 809. Meyer (J. J.). Voy. Voyage pit- toresque. Michelot (A.), C. - N. , 247, 5i6, 818. — Voy. Meissas. Mignaiio (Sebastien). /^ojr. Dic- tioiinaire g^ographique. Milanesio (Antoine). Observa- tions historiques sur la villa et la citadelle de Turin , 706. Miniaturgemidde aus der Lander und i'iilkerhindc , 3g2. Miracle de Migne. f'oy. Neufville. Moeurs turques ( Esquisses des) au XIX" sifecle, par Gregoire Palaiologue , 769. Mole vesiculaire (Recherclies sur I'origine, la nature et le traite- ment de la ), ou grossesse hyda- tique, par M^i^ veuve Boivin, i63. Montaigne (Essaisde), nouvelle edition , publiee par Amaury Duval , 436. ALYTIQUK Monnard (C), C. -M., agS. B., i33, r!(), 4o5. — N. 5o2. Montesquieu. Esprit de.s Lois, 7C2. Montolieu ( M""; Isabelle de). For. Conslantin. Monuniens egyptiens ( Notice descriptive des ) du Musee de Charles X, par Champolliou lejeune. 784. — litteraires de I'lnde, ou Me- langes de litlerature sansci-i- te, etc. , par A. Langlois , 189. Monument, erige a Yenise , en riionncnr de Canova , 409. Moore (Thomas). Voj. Epicu- rien. Morale, 116, 175, 743- Morcau de Jonnes (A.), C.-B. , 753. — N. 212 , 314. Moreait (Cesar). The past and present statistical stale of Ireland, 678. Moreno {G..D. R.). Leonida, 709. Morse's. New system of modern geograpliy , 37- Morton (Nathaniel). Foy. Davis. Muiden (Chateau de). Voy. Ko- ning. Muriel, C.-A., gS , 339. Miuier ( De la culture du ) , par Mathieu Bonafous , 720. Murphy (D. B. ). Portrait des beautes cel^bres de la cour de Charles II d'Angleterre, 382. Musee (Ouverture du) d'antiqui- tes egyjjtiennes de Paris, 827. Museum d'histoire naturelle au Jardin du Roi, a Paris, 520. MusiQUE, 2o3, 248, 800. N Naples , 4o5. Napoleon. Voy. guerre. — Foy. Norvius. — Vo}'. Vie politique — Refutation. — Scott (Walter). — Voy. Lettre. Maximes de Narraleur fiaDcais (Le), <>u Clioix d'anecdotes , etc. , par A. Roy, lai. Navigation, 781, ySS, 7y3, 802. — par la vapeur , 494- Neckox.ogie. Ugo Foscolo , litte- rateivr italion, a Londres, 3o. Sir Thomas Scamjord Raffles , savant anglais, 216. — Manuel, ex-niembre de la Chambre ties -. Romans. — nllemandes, tracluites en an- glais par R. P. Giilics, ()83. NOUVELLES SCIENTIFiyUES El i,iTTiiKAiRES (IV.) ; Afrique, 487, 7()fi. — Antilles, an. — - Australasie , at a. — Buenos- Ayres, jyS. — Daneniark, 326. — Egypte, 796. £tats-Unis , 210, 48 1 , 793. — France , aSg, 5i2, 8i3. — Grande-Bretagne, ar4, 491. 7 Soo. — Suede, 802. — Suisse , aag, 5o3, 806. Nunian ( A. ). P'oj. Nominations ACADEMIQUES. NUMISMATIQUK , 389. o Obscurantisme ( Sur 1' ) qui me- nace la p.itrie allemande , par J. G.Pahl, 694. O'Brien (Les) et les O' Flaherty, par lady Morgan , traduit de I'anglais par Jean Cohen, 778. Observations generates sur la lit- teraturc italienne, a3r. Ode duroi de Baviere, 228. Odes de Lornonossov et de Der- javirie, poetes russes , traduites en polonais , 8oa. OEnologie, 483. OEuvres de Lucien de Samosate, en grec et en latin. Nouvelle edition , par Theophile Leh- man n, i3r. — de Servan. Nouvelle edition , par X. de Portcts , A., Sao. — de J. P. G. Viennet. Epitres et Dialogues des niorts, 457. — du D" Martin Luther, 398. — COMPLETES du mcme, ibid. de J. Fenimore Cooper, tra- duites en francais pai' A. J. B. Dt'fauconprct, A., 346. TABLE ANALYTIQUE — — du vicomte de Chateau- briand, 191, 765. — posthumes de Boileau, 763. de Solger, ()c.7. Olbers (G.). foy. Nominations ACADEMIQUES. Olivier (Theodore). Note sur les frotteniens qui peuvent sub- sister entre deux courbes et deux surfaces, 727. Olmedo. La fictoria de Jimin, etc., 479- Orelti (J. G. ), Inscriptiortes in Hel- vetica adhiic repertas , etc., /\o\. Origine (De 1) des populations de race allemande qui se sont fixees entre I'Adigeet la Brenta, par le comte Benoit Giovanelli, 706. OrioU ( F. ). Dei sepolcrali edifizj dell' Etruria media , i45. Ornithologie. 420. Okthopedie, 497- Osages (Notice sur les), a55. Osann. Ca;cilii Mbiutiani Apulei de orthographid fragmenta, 399. Oscillaires ( Essai monographi- quesur les), par Bory de Saint- Vincent, 160. Osservazioiii e giudizj sulla storia d' Italia di Carlo BoCta, 407- Palil (J. C. ). Ueber den Obscujan- tismiis der das dentsche Vater- land bedroht , (194. Pailliet ( J. B. J. ). Voj. Diction- naire de droit francais. Palaiologue ( Gregoire ). Voyez Mosurs turques. Palfrey (John G. ). Rectification de quelques erreurs dans lui ar- ticle de la Revue Encyclope- dique, relatif a I'instruciion publiquea Boston, 794. Paragrele, Sofi. Parelle (L.). Voy. Boileau. Parent - Duchatelet. Recherches et considerations sur I'cnl^ve- DF.S MATliaES. 861 ment et Teniploi des chevaux morts, etc., 762. Parept-Real, C— A., Sao. Paris, 241, 44o, 5t3, 680, 81 5. Paiiset. Toy. Eclaircisseiriens. Passage sonterrain cieuse dans la ville de Liverpool, 798. Pays-Bas, 69 , i5i , 236 , 4r4 , 4ii'i, 417, 5 10, 71 1, Sir. — ( Etat moral et social des ), aSrt. — (Reclierches sur I'histoire des). 811. Peine de mort (De la), par Adol- phe Garnier, 182. Peinture, a47, 264' 526. Pelouse( E. ). f'oj. Botanique du droguiste. Pelouze. L'Art du inaitre de for- ges, 728. Peidoiinet (Aug.)., C. — B. , 703. — N., 499. «'^5- Perfectioiinemeiit moral ( Du ) , par Degerando, 743. Perforation de la membrane du tympan. ^oj". Neuborg. Pesce (^C.ySas;gio ideologxo eftsio- logico sii i Negri, elc, 142. Pestalozzi. fTy. Notice biogra- pbique. Petersbourg ( Plan en relief de ), expose a Paris, 820. Phariwacie, 164, 789. — elementaire en 24 lecons , par G. L. Brismontier, i63. Phenomenes meteorologiques , 2 1 1 . - Philips'i{ Richard ) Golden Rules of social philosophy, 116. Des pouvoirs et des obliga- tions des juiys , traduits de I'anglais par Charles Comte , 178. Phii-ologie, 92, 129, i3o, l3l , igi,'327, 3g9, 400, 699, 700. Philosoi'hie, 123, 320, 392, 4 34, 436,438,604, 697. — sociale. yoj. Phillips. Physioi-cgib, 142. Physique, asO, 248 , 712, 728. Physique (Traitc de) appliquce auxartset metiers, etc., par J. J. V. Guilloud, 429. Pierrot ( Jules ). Bibliothi^quedes classiques latins. A., 92. Pigault - Lebrun. Histoire de Louis TX , 44^. — Histoire de Charles VI , ibid. Pino ( C. Dominique). V. Porro. Places fortes, for. Merres. PoESiE, 98, 143 , 193, 339, 383 , 384, 380,452, 454, 455,457, 459, 460, 479 , C58 , 682, 685 , figo, 7'V. 772. 774- UHAMATIQUE , IgS, 261 , 262, 523, 526. 664, 709, 775 , 81 1 , 821 , 823,827. Poesies europeennes , par Leon Halevy, 192. — diveises de Charles Nodler , 765. — polonaises ( Choix de), par J. Bowring , 682. POIDS ET MESURES, 2 38. Poi,ICE, 752. Politique , 4 i5 , 694, 738, 742. POLOGNE, 496, 687, 801. — (Etat dfi la litterature histo- riqueen ), 219. Polygala tnrginiana. Analyse de cette plante, 23 1. Pompeia, 2S5. Poiicelet. Memoire sur les roues hydrauliques a aubes courbes, 427. Poiigerville. Tiadnction en vers du poeme de Lucrece, 191. — Les Amours mythologiques , A., 658. Pouts et chaussees , 36, 106 , 134,798. Ponis sous la Tamise, 491- Poppo ( Ernest Frederic ). f^oyez Thucydide. Population du canton de Zoug , 229. — ( Mouvement de la ) dans le rt)yaume des Pays -Bas, A., 596. — ( Recherches sur la ), les nais- sanceB, les d^ces, etc. flans le ro-y;mme des Pays-l$as, par A. Quetolet, ibid. Porcclaine ( L'Ait de fabriquer la ) , etc. , par F. BastSiiaiie- Daudfiiart, /i3t. Porio (Feidinand). Discnurs pro- nonce aux funeraillesdu cointe Dominique Pino, /jli. Portets (X. de). P'or. OEuvres de Servan. PoiiTUGAL, r4S, 4i2> 7'o. Ponqueville(F. C. H.L.). Voyage (le la Grece, A., y4- — Histoiie de la regeneration de la Gi eco, ibid. Poux - Franklin. ^ 706, 709, 710. — N. , 2 33, 8ri. Saliizzo Roero ( signora Diodata ). Ipazla, ovvero dcUeJilosofie, etc., 143. Samarobriva. Foj. Rigollot. Samuel ou la pauvre fanillle, uou- velle , par A. J. Sanson , 784. Sanson. Voy. I'ouvrage precedent. Sanlarein. Memorias para a kisloria e theojia das cartes geracs , etc. , 148. — Noticia dos manuscriptos perten- centes ao direito publico , etc. , 148. SaMTE PUBLIQUE, 752. Savart. foj. Nomijiatioks aca- DEMIQUF.S. Say ( J. B. ). Reponse a la recla- mation de M. Creuze de Lesser, 523. SciEHCES MEDICALKS, 162, l63, 164, i65, 23 1, 245 , 25o, 414, 421 , i<23 , 58(), 711 , 722 , 724, 789. ai.ytiquk MOllAI.F.S ET POLITIQUES, 45 , 175, 320. 433, 604, 736. rHYsiQiiEs, 36, i58, 3o6, 4o(, 559, 717. KELIGIEUSES, ItO, I76, SgS , 402 , 4o3 , 4o4f 433 , 604 , 695, 786, 738 , 742. Schiller. Histoire dusoulevement des Pays-Bas sous Philippe 11, iraduite en francais par Cha- teaugiron , A. , 69. — foj. AValstciii. Schmidt (C. //.). Dinarchi orationes trts , 400. Scott (Thomas). Essais sur les sujets les plus importans de la religion , traduits en francais par L. Biirnier, 402. Scott (IVa/ter). The life of Napoleon Uonaparle , A. , 629. P'oy. Chroniques. Scribe. Le Mariage d'argeut, 823. Sculpture, 247. Sennces nautiques. Voy. Bonne- foux, Scgato e Sfasi. Saggi piltorici , i^eo- grafici , etc., i39. Servan. ^oy. OEuvres. Seymour (M'. Fanny ) , C. — B. , 123, 683. Silvcstre (De), del'Instilut, C. — A., 36i. Smits(E. ). f'oj. Developpemcnt. Societes savamtes et d'utilite FUBI.1QUE : — aux i.tnts-Unis : Societe ])hilo- sophique aniericaine, etablie a Philadelphie pour hater les pro- gresdesconnaissancesusuelles, 372. — Institut nouvellement fonde a Albany, 794- — en Aiigletcrre : Societe formee a Loudres pour repandre des connaissances usuelles, ix3. — Societe pour Tamclioration des prisons de discipline de Lou- dres, 376. — Academic royale de peinture de Londres, 799. — Societe des artistes anglais, DES MATliiRES. Hr,5 800. — Societe des dessins a I'aquarelle, 800. — Academic royaledemusique, 800. — Ins- titution harmonique, 800. — en Russie : Societe d'economie de Saint-Petersbourg , 494- — Societe d'histoire et d' antiqu ites russes de Moscou , 683. — Aca- demie des sciences de Saint- Petersbourg, 800. — en Pologne : Societe philoma- tique de I'Universite de Craco- vie, 496- — en Allemagne : Academic des sciences de Berlin , 326. — en lialie : Academic des Geor gophiles de Florence , 809. — Societe etablie a Florence pour la propagation dc I'enseigne- mcnt mutuel, 810. — Academic des lettres et des arts de Pis- loia, 810. -^— dans les Pax^-Bai; Societe pour I'utilite publiqae, de Bruxelles, 5ii. — Societe pour ramelio- ration morale des condamnes d' Amsterdam, 5i3.— Institut royal, 8is. — en France (dans les departe- jnens ) : Societe academiquc d'Aix, 240, 788. — Societt^ de lecture de Dijon , 240. — So- ciete royale d'agriculture et de commerce de Caen, 471- — So- ciete pour I'encouragement des sciences , des lettres et des arts d'Arras , 5i2. Societe des amis des arts d'Avignon , 8i3. — Societe dela morale chretienne de Marseille , 81 4- (a Paris ) : Institut royal , Academie des sciences, 241: 5i3, 8i5. — Academic fran- caise r 5 16. — Academie des beaux-arts, 247. — Societe phi- lantropique, 204. — Societe royale des antiquaires de France , 248. — Societe d'hor- ticnlture , Sig. — Societe d'en- couragement pour I'induslrie nationale , 787. Soetermeer (C.). Voy. Nomiha- TIONS ACADEMIQUES. Soeoi- (La) ou les deux Riches, comedie en vers , par M***, 526. Solger s nachgelassene Schriften, he- rausgegcben voii L. Ticck und Fried, -von Raumer, 697. Somof (O.). Voy. Vautier. Soulange-Bodin. Quelques idees sur la regeneration des forels , 420. — C— N.,838. J SOURDS-MUETS, 477> 7II- — (Education des) dans le canton de Berne, 229. — — ( De I'education des) de naissance , par Degerando , A. , 614. Souvenir litteraire , par Alaiic Watts, 383. — de la garde nalionale, etc., par un ex-capitaine, 442- . — d'un militaire des armees fran- caises dites de Portugal , 758. Sta'ssart, C— B., 418. Statistique, iSg, 229, 4'3, 696, 678. — iiidustrielle et commerciale de la France , aSi. — judiciaire et morale des iles britanniques ,214. Stein (B. dc). Voy. NoMlNAXloas ACADEBIIQtlES. Stempkovski (J.), foj. Medaille. Sturz. Reste de I'histoire romaine de Dion Cassius , i 3o. SuEnE , 8oa. Suisse, i33, 229,401,303,701, 806. — (La) savante, ou les ecrivains du xix"^ siecle , par Meyer, 809. Sjstematische Uilder-Gallerie , i32. T Table de multiplication, t65. Tableau chronologique desevenc- 57 8G6 TAHLE AN mensrapportes par Tacite, etc., par le marquis de Fortia, A, — historiqne, cbronologique des concours generaux de rUni- versite de Pai-is , etc., par A. J. de Mancy , 45i. Tableaux ( Les principaux ) du Musee de La Ilaye, graves au trait, 711. Tacite. f^oy. Tableau cbronologi- que. Taillandier(A.)C.— B., i56. Talma ( Exbumation de.s restes de ) , atir- Technolooie. P'oy. Arts ikdus- TRIEl.S. Teiuture ( Art de la ), d'apr^s la jnetbode anglaise, etc., par Bu- los, ifiy. Tekre de V.\if DiEMEN. Situa- tion de cette colonic, 21a. The.vtres : de Paris, aGi, SaS , 821. — anglais , a Paris , 26a. — de Turin, 81 r^ Theogn idis reliqiiice. Ed. Jf'elker, 1 3 1 . Theologie. Voy. Sciences keli- GIKUSES. Thicydides de bello Peloponesiaco. Ed. E. F. Poppo, 129. Tbueux ( F. ). Les bains de mer, poeme, 455. Thrssen ( H. 'F. ). Oi'sr de Herfl^ hoorsten, 4l4- Tieck ( L. ). roy. Solger. Tiedemann ( F. ). Vojr. Nomiiva- TIONS ACADEMIQUES. Tilghman ( William ). Foy. Eulo- gium. Tinbuktou ( Origine de ), d'aprfes les auteurs arabes, 489. Tougard. Guide des jures, 181. Traductions : — en allemand : du francais, Sgi. — en anglais : de Tallemand, 683. -^ de diverses langues indiennes, no. AI.VTIQUir. — en arnbe : du francai.'i, ao8. — en danois : de I'islandais, figo. — en francais : de Tallemand, 69, i3fi, igrt, 465, 827. — de I'an- glais, 36, r6o, 178, igB, ic)5, 346, 4<>2. 4o3, 717, 720, 725, 748, 776, 777, 778. — de I'es- j)agnol, g8, 33g. — ■ du latin, 92, igi, 658, 763. — du Sans- crit, i8g. — de diverses langups, 749- — en latin : du grec, i3r. — en polonais : du russe, 687, 802. — en russe : du francjais, 124. — du grec nioderne, 685. Transactions of the ameiican philo- sophical society , etc., 372. Translation of the MoondiikOpniiis- hiid, etc., by Ram-Mohiim-Roy, lao. — of the Kud-Opunishiid, etc., by the same , ibid. — of the Cena-Opunishud , etc., by the same, ibid. — of a Conference, etc., by the sa- me, ibid. Tieniblenient de terre a la Mar- tinique, a 1 1. Trondi obsckestra istorii i dreonos- tei, etc., 683. Turcs ( De I'etablissement des ) en Europe, 118. Turin, ^oj. Milanesio. TURQUIE, I 18. TwQyears in NeW'South-TVales, etc. , by P. Cunningham, 370. u Ugewild ( y/. ). Die Arabcr biy Tours, l32. Ukiversites de Russie , ai6. — de Ciacovie, 496. — de Lou- vain et de Groningue, 5 10. — de Buenos-Ayres, 794. Ursin ( G. Fr. ). Magasin des arts et des metiers, 126. DES MATIERES. 867 •deThaddee Rosciuszko par ~ Vaccine ( Propagation de la ) en Russie, 494- Valentin (Ph. ). Manuel du char- pentier, 168. Van Breda (J. G. S.). Voy. Nomi- nations ACADEMIQUES. Van Cappellen {J. P. ). Bydragen tot de Geschiedenis der Nedertan- den, 4 1 6, Van-der-Maelen(Ph.). r^o^. Atlas universal. Van-der-Velde. Voy. Romans his- toriques. 'Van Rees (R.). Voy. Nominations ACADEMIQUES. Van Reynsbergen. Voy. ibid. Vapeur d'eau ( Puissance de la ). Voy. Fourier. Varaigne, C. — M., 545. Vaucheley ( Th. ). L' Academic des beaux-arts de Paris luide- cerne le second grand prix de peinture, a47- Vautier. Memoires sur la guerre actuelle des Grecs , traduits en russe par Oreste Somof , ia4. Vergnaud (A.)., C. — B., 730. Veuves indiennes. Sur I'usage de les bruler vivantes sur le bu- cher deleurs maris, 110. Vicat. Observations physico-ma- thdmatiques sur quelques cas derspturedes solides, a4i. Victoire ( La ) de Junin, chant a Bolivar, par J. J. Olmedo, 479. — ( Premiere ) de la lumiere sur les tenfebres dansl'eglise catho- lique de la Silesie, figS. ViB et correspondance du major Cartwright, 38 1. — de M. de la Flech^re, pasteur de Madeley , en Angleterre ; traduite en fran^ais, 4o3. — du cardinal Gaspard Conta- rini, par L.Beccadelli, 4io. Charles Falkensteiu, 696. — politique et militaire de Napo- leon, racontee par lui - m^me au tribunal de Cesar, Alexan- dre et F»ederic, 448- — de Napoleon Bonaparte, par Walter Scott, A., 629. Viennet. Histoire des guerres de la Revolution francaise, 18 5. Viennet (J. P. G.j. OEuvres, 457. Villenave fils. Voy. W^alstein. Villeneuve (Eugene de ). Journal fait en Grfece, etc., 4i7' Virard. Alphabet phonometri- que ,761. Visconli (E. Q). Opere varie italiane efrancesi, etc., 4 12. Vitry (Urbain). ?'o/. Proprietaire- Architecte. Volcans. Voy Marcel de Serres. Voltaire apologiste de la religion chretienne, 175. VoTAGE ( Esqui.sses d'un ) aux lacs , notes sur les Indiens chipewas , etc., par Th. L. M'Kenny, 673, — metallurgique en Angle- terre , etc. , par Dufr^noy et Elie de Beaumont, A., 3i4- — en AUemagne, 128. — dans les petits cantons et dans les Alpes rhetiennes , par Kas- thofer , traduit de I'allemand par E. J. Fazy-Cazal, i36. — pittoresque dansle canton des Grisons, etc., par J. J. Meyer , i34. — aux Alpes et en Italic, par Al- bert-Montemont, 194. — de Naples i Amalfi, par Cas- tellamare et Pompeia , par E. G, d'A,M.,278. — de la Grece, par F. C. H. L. Pouqueville, A., 74- a Athfenes et a Constantinople, ou Collection de portraits » vues, etc., 467- 868 TABLE ANALYTiyUE DES MATIERES. w Walstelii , trag^die de Schiller , imitee par Villenave fils. Say. Watts' Literary Souvenir , 383. Welker. Ce qui nous reste de Theognis, i3i. Werner. Voy. Configliacchi. Werner (J. C). Atlas des oiseaux d'Europe, 4»o. Wibor Poezyi Polshiey, 682. Wilderspin ( S. ). Sur les avan- tages de rinstruction que prend rhomme entre les bras de sa nournce, a 10. Young ( Thomas ). roj. Nomiw.i TIOMS ACAUEMIQUES. Zanole(J.). Manuel du creaucier hypothecaiie , 747. Zanth ( L. ). Architecture ukj- derne dela Sicile , 200. antique de la Sicile, 201 • Zajiiski Polkovniha Vaiider , f24- ZooLOGlE , 2 10. Zygenides. ^oj-. Bois-Uuyal. PIM DE LA TABLE DU TOME XXXVl. EKRATA DU TOME XXXVI. Cahier d'OcTOBRE. Page 3o, !igue 19, A'apres les conseils, lisez : imbus des principes; p. Sa, 1. 3. le discours qu'il prononca au congres de Lyon , lisez : Ic discours qu'il prononca a /'occasion du congres etc. ; p. 32, 1. 34. les sciences litteraires, lisez : la litteratitre ; p. 34, 1. 21, Chinexico, lisez : Cherico ; p. 142 , 1. 36, BxicCKLONi, lisez : BncCELESri ; p. 147, 1- 5, la pluparl, lisez : quelques- unes ,• ibid. ,1. 12 , a p^erone , lisez : a Cremone ; p. i5l , I. 14, par des hono- rables yXxsez : par ses honorables ; p. 184, ligne avant-dernlere , Itfr., lisez : Sf"-- • . .... ^, CaAj'er zig^,Grieshammer;— G.Zirges. Liege, Desoer. Lisbonne , Paul Martin. Londres, P. Rolandi, Dulau et Cie; — Treuttel et Wurtz;-^Bossauge. Madrid, DeDn<5e; — Per^s. JW//a«,Giegler}— Vismara;— Bocca. Moscou, Guutier; — Riss p^reetfils. Naples , Borel ; — Marotca ct Wanspandock. Neiwhatei (Suisse), Grester. IVeiv-Jforl! (Etals tlilis), Tlioisnier- Desplaces; — Berard et Mondbii; — Behr et Kalil. Nouvelle - Orleans , Jourdan ; — Roche , fr feres. Palerme (Sicile), Pedonne et Mu- ratori; — Boeuf(Ch.)- Petersbotirg , Saint - Florent ; — Graeff; — Weyher;^ — Pluchart. Rome , de Romanis. Stuttgart et Tiibingue , Cotta. TodijB. Scalabrini. Turin, Bocca. ^