m. — iS2g 10' LIVRAlSOPf. '^ ■ '■ — ■ : ' ^=- T^TT^S^WTTf^ '^vp >t**v,-y f REVUE ANALYSE RAISONNEE DFS PRODUCTIOIS'S LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATrnE,XES SCIEKCES ET LES XT^TS. 1° Pour les Sciences physiques ct mathimatiques et les Aris indus.triels: MM. Casasbca, de Madrid; Cii. Dupiji, Girabd, Navier, de I'lustilut; J. J. Baude, DtDaurvFAiT, H. DissAnn, Febry, Frakcoeur, Ad. Gon- dinet; D. Labdnkh, de Loiidres; A. Michklot, i>e Mowxcjiav, Mobeau deJo.^kks, QiiStelet, T. Richard, Warden, etc. 2° Poiirles Sciences naturcllcs : MM. Floukkks, Geoffboy Saint-TTilaihe, de rinslitut; Bonv dk Saikt-^ i.>cKKr, correspondantde i'lnstiliil; Mathieu BoKAFOLs, de Tiu'iii; B. Gah.lon, de Dieppe; Isidore Geoffboy Saint- IIiLAiRE, etc. 3° Pour les Sciences midicates : MM. DAMiaojf , G.-T. Doin, AMinis DupAO, FossATi, Gasc ; Gehsom , de Hainbourg; be KiacKHOfF, d\\.nvers; Riooi.LOT fits , d'Amiens , etc. , 4° Pom les Sciences philofopfiiques el morales, politiques, gdograpkiqiies ct lilsloriques : MM. M. A. Jcllien , de Pai'is , Fondateur-Directeur de la Revue Encyclopcdiqiie; Aoor.pnK Blahqdi, Alex, de la Bobde , Jomahd, de rinstitut; H. Avekel, Bardi^ cu Bocacb CIs, Benjamin Constam, Charles Comie, Dei-pikg , Dufau, DiiHOYEB , Gcigmait, A. Jal-bket, J. LaBOCDEKIE, LaNJIJMAIS Ills, p. LaMI , LESCEfK-MERllN , Massias , Albert-Montehont, EisLbe Salvkrte, J,-B. Say; Simonde de Sismoxdi, de Geneve; Wabkroemg, de Lii'ge , etc.; Dlpik aine; Bebville, Bovchkk^-Lefer, Gh. RbiWuabd, Tailla.nbieh, avocats, etc. H" Pour la Liltcraliirc francaisc et etrangcrc, la DiUiographie, VArchco- logic et les Bcaiix'-Arts : MM. AnDRistx , Amauby-Dlval, EuKarc David, Lbmebcier, de Skgcr, de rinslitut; Andbiecx, de Limoges; M°"^ L.-Sw. Bklluc; mm. J. -P. Bbks , BuHNOOF fi!« , GnAivET; Chiariki, de Varso- vie; P.-A. Coupik , Fb. DEfiEOBGE, DuMEnsAN ; Ed. Gauttier-d'Ahc; Ph. GoijiERY, corrt'spond.ir.t de I'lustiliit; Leon Halkvy, Henrichs, E. IIk- BEAu, Alccste JuLi.iEN fils, Bernard Jullie\; Ivalvos, de Zaote; Adbien- Lafasge, J. V. Leclebc, A. Mahul, D. P. Memdibil; Mokgiave ; Mo.-*- NABD, de Lausanne; G. Pacakel, H. PAXiar, Poxgebvillk, de Rbiffemberg ; DE RouJoox; DE Stassabi, de Bruxelles ; Fr. Saifi, M. Schinas, ScnKiii-^ LEB, LeOK ThiESSS, P. F. TlSSOT, "VlCUIKB, VlLLBNAVE, etC. A PARIS, Al' BUBEAP CE>TnAL »£ LA UETDE ESCICLOPEDIQCE , Chez SEDILLOT, LiEniiRE, rue b'enfeh-sajnt-jiichex, r* i8; ARTHUSBEUTRANn, hue hactefecillb, n" aS. OCTOBRE 1829. lilPBlSiliRIi: IE PI.ASSAN £T Cie, RCE Hi: ViUGlBAilD, ?f j . CONDITIONS DE LA SOUSCIUPTION. Dcpiiis le mois 6; DurEok,, place de la Bciirse. Prix de la Souscriptlon. A Paris 4'> ?''• pom- un an ; 2G fr, pour six mois. DaJis Icii d^partcmcns. 55 5o A.retranger 60 o4 Eq Ai'.glctcrre jS 4a Lc njonlant de la souscripUon, earoye par la poste , duit Hie adrcsie d'avauce, fb.inc dr port, ainsi que la correspondance , au Directcur de lit lisvue Eneyclofidlque, rue d' Enfer-Saint-Mlchel , n. 18. 0'tst i la menie adicsse qu'on devra envoycr ies ouvrajcs de tout genre et Ies gravmcs qy'on voudra faire annoncer, ainsi que Ies articles dont oa desirera Tin- 6ertion, On peut aussi souscrire chez Ies Directeurs des posters et chez Ies i>rin. cipaux Libraires, k Paris, dans le« departeniens et dans Ies pays etrangers. Trois caluers on livraisons I'orment un volume. Chaquc volume est ler- uiiiie par une Table des madercs alphabilique et miatyl!//ue, qui eclaiacit el facilite Ies recherches. Cetlc Table est toujours jointe au i" caliier du volume guivant, a I'cxception de la dernt^re Table de I'aauee, qui est _ cipediee i«ol6iiieat Ji tou« euux qui peuvent y avoir droit. On Muscrit , geulenient ^ parlir de deux 6poquos , du i" Janvier ou du I" juillet de cbaque annee , pour six mois, ou pour un an. On trouve, *u bcheau cb.vtrai,, ks collecHoiu des ann^es 1819,, 1820 , xS2i, iSia, i8j3, jSa4 ct 1820 , au prix de 5o francs chacune. Chatjue annie de la Uevue Bneyctopedigue est ind^pcndante dee aiMie«S» q«i prteedent, et forme une sortcd'Annuaire scieniifiqueet litliraire, en 4 volumes in-S", pour la periodc de terns inscrite eur le titre. REVUE ENCYCLOPEDIQUE. TYPOGRAPHIE DE MAUGELLIN-LEGRAND , PLASSAN ETC", RUE UU PETIT-VAl'CIRARD , N° l5. VAlllS. — IMPIUMERIE DE PLASSAN ET C'-, III'E DF VAUninARU, li" l5. /5. /(MK). SaJuxnt ou e7>-an^ Desa-£. yy cX ^,,, //fiy///Tt f/j: Aoiff/ 0 all' /3 fi^t'ut> Jin/fYeio/Jifi//e^e^t», Oe/^j/vif y<&:^lrumens uuiversels de raison, de vertu, de bonheur. » REVUE ENGYCLOPl^DIQUE, f ANALYSES ET AINNONGES RAISONINEES OES PRODUCTIONS LES PLUS fiBMABQUABLES DANS LA LITT^RATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. DU NIGER, DU FLEUVE DE TIMBOUCTOU, DE SON EMBOUCHURE, ^ ET DJJ LA COMMUNICATION DES GKANDS FLEUVES D'AFRIQUE. {Voycz la Carte Jointe an cahler.) Parmi tons les sujets qui ont excite les recherches cle la science, ii en est peu qui se soient aussi obstinement joues de ses efforts que le cours du fauieux Niger, ou Nil des Ni'gres. Les notions que les anciens nous ont transmises sur ce fleuve, sent vagues et confuses. Herodote rapporte que cinq jeunes ISasamons (i), s'etant munis de vivres et d'eau, s'enfoncerent (i) Cc peuple liabitait |)its de la graiide Syile. () Dl) NIGER, DU FLEUVE DE TIMBOUCTOU, dans Ic desert, et, apris avoir marclu! plusicurs jours vers Ic concliant, arrivereiit chez de pelits hommes noirs, dont la ville etait baignt'-e par iiiic graiide riviere coulaut vers I'oriciit, et oi^ ils vireiil des crocodiles. Mais, si ces Nasamons se sont lonjoiirs diriges vers le couchant, cominetit soQt-ils arrives dans la iNigritieP Pline nous parle dc deux fleuves africains , le Ger (quelques-uns lisent Niger), qu'il place evidemment en-defi\ dn Sahara, puisque le general rouialn qu'il cite comine ayant atleinl scs bords avait i peine IVanchi le mont Alias; et leNigris, qui pourrait bien fitre un fleuve du Sou- dan, le naUiraliste latin le faisant couler au-deh'i des deserts [intervenientibus desertis) , et disant plusieurs fois qu'il separe rAfricpie de I'fithiopie, c'est-a-dire, le pays des Maures du jiays des Negres. Ces deux fleuves, nial a propos confondus, out donne nafssance a Tenigmatique Niger. II est vrai que Pline lui-niGme avait aide a la confusion en placant les sour- ces du Nil dans la Mauritanie, et en supposant que ce der- nier fleuve est le ui6me que le Nigris, qui disparait deux fois sous les sables (i). La confusion du Niger et du Nigris existe deja dans Solin, qui, adoptanl sur les sources du Nil la menie hypothese que Pline, nous apprend qu'elle est fondce sur les ecrits des Carthaginois et sur les niemolres du roi Juba. Mais Pomponius Mela place les sources du Nil chez les tihiopiens occidentmtsi ; U\, ce fleuve porte le noni de Nuchal; et, i la difference de tons les autres qui se dirigent vers I'O- cean, il coule a I'orient vers I'intdrieur de I'Afrique, et dispa- rait dans un lieu inconnu poar reparaitre sous le noni de Nil. On voit que tous ces ecrivains ne connaissaient I'interieur de I'Afrique que par des traditions incertaines; ce qui est du (i) Host dignc (le rcraarqiie qu'une opinion seinblable exisle encore I arml les Ai abes Chouaa, lelalivenient an lac de Tchad, donl I'eau, disciit-ils, se rend dans le Kil par un ecouleiuent souterrain. Pline par- laiit aiissi d'lin lac, il est probable qne celte opinion singu!iine exislail deji de son teius cbez les indigenes, et qnc c'esl sur le rapport qui lui en avail ete fait, qu'il a funde son systeuie sur les sources du Ml. DE SON EMBOUCHURE, etc. 7 reste assez prouve par I'espece d'habitans qu'ils lui donnent, les Satyres, les tgipans, les Cynociplmles, les Blemmyes sans tete, et les Hymaniopodes, ou hommes rampant sur des pieds de courroie. Ptolenice, moins credule et mieux instruit, trace dans la Libye interieure le cours de deux fleuves, le IS'igir et le Gir, dans lesquels les dernieres decouvertes permettent de recon- najtre le Dialiba et le Yeou. II ne parle que vaguement de la disparition du Gir, et paraissant rejeter I'hypothese de la jonction du Nigir et du Nil, fait sortir ce dernier fleuve de lacs situes au pied des montagnes de la Lune. Cependant, les Arabes, qui, depuis tant de siccles, parcourent en tons sens la peninsule atVicaine, les Arabes, dans leurs travaux geogra- phiqucs, identifient presque tons le Nil des Noirs avec le Nil d'Egypie, mais seulement a leur source et dans la premiere partie de leur cours. « Selon le systeme d'Edrisi et des Ara- bes, dit iVl. JValckenaer{\), le Nil avait ses sources aux mon- tagnes de la Lune ; ses divers adluens so reunis.saient dans un lac; la, le Nil se partageait en deux grands fleuves : I'un coulait directement vers le nord, c'etait le Nil proprement dit; I'autre coulait vers Touest, c'etait le Niger, ou Nil des Negres, qui se versait dans le lac UUl, et se jetait dans la i7icr Tenebreuse , a une journee de navigation du lac Ulil. Mais tdrisi admettait encore I'existence d'un autre fleuve, qui se decbargeait dans le Nil des Negres : c'est dans les pays qu'ar- rosent ces deux fleuves, ajoutc Edrisi, que les Negres habi- tent. » Toutefois, ici encore, quelques contradictions reparais- sent. Schebab-Eddin n'admet point que le Nil des Negres se rende dans la mer; Leon I'Africain ne parle que d'un seul fleuve , qui se dirige vers I'ouest, et sort d'un lac forme par un ccoulement souterrain du Nil d'Egypte. Obliges de cboisir entre toutes ces hypotheses, et dc les concilier avec les decouvertes des navigaleurs niodernes, nos geographes se sont perdus dans un labyrinthe de combinai- (1) Rcchcrches gco^ritphiqucr. sur I'intcrkur dc t'Afrlqiie scpicntrlonate. H DU NIGER, DU FLEUYE DE TI.MBOUCTOU, sons diverses oii jc me gaiderai bien d'cntraiiier mon lecteur. Tons out rcgiirdc le Niger et le Nil des Ni-gres conime uii scul elnif-nic fltuvc. Les plus ancicns, trompcs par le nom local de Dafing, eau noire, virent la phipart ce fleuve dans le Sene- gal, el, confondiinlles sources du Nil Bleu avec celles du Nil Blanc, transportirent le lac Deml)ea et I'Abyssinie tout en- tiere au centre de I'Afrique. La, ils placerent un grand lac, d'ort naissaient a la fois le Niger, le Nil, le Zaire et les grands fleuves qui coulent au sud-est de ce continent. Delisle vint, «|iii changea tout cela; il fit rentrer I'Abyssinie dans ses limi- te«, separa le >il des aulres rivieres, distingua le Senegal du Niger, et donnant a cclui-cl Irols noiiis differens, Guien, Gam' baroti, Camodou, il termina son cours dans le Bornou. Dan- ville placa les sources du Nil dans deux lacs situes au pied des montagncs de la Lune, et fit couler le Niger isole au nord, vers Timbouclou, puis a Test, vers deux lacs, oii il alia dis- paraitre, apres avoir recu du sud la riviere de Lamlem. Enfin, Rcnnell a fait perdre le Dialiba, repute Niger, dans le lac de ^Vangara, place au centre de I'Afrique septentrionale, et il a interdit au Nil toute comuiunicatioa avec les eaux du Soudan. Depuis Rcnnell, la question n'a fait que s'embrouiller encore. Le problcuie du Niger scmblait desespere entre les mains des "•eographes, quand Ics tentatives des Toyageurs sont venues y repandre quelque lumi^re. Deux hommes surtout, trop tot victimes de leur devoument a la science, ont dechire en par- tie le voile qui couvrait I'Afrique. C'est sur les traces de Mungo-Park et de Clapperton que nous allons explorer le mysttre de ses fleuves. Nous avons vu les hypotheses; pas- sons aux faits, et laissant de cote, s'il se pent, ce nom fantas- tique de Niger qui semble destine a egarer la geographic, es- savons de suivre le cours du fleuve de Timbouctou. La source de ce fleuve, d'abord nomme Temhie, et plus loin Dialitid (nunis qui signifient grande eau), a etc indiquce ;i M. Rlollieu au sud de Tinibo. Eile I'a ete au major Laing d'nne nianiere plus precise; il la place au mont Loma, entre b^ Ki)ui:uik(i el Ic Sangara, \crs q" aS' de latitude nord, et DE SON EiMBOUCHUllE, etc. 9 la" 6' de longitude k I'ouest de Paris, a moins de 90 lieues des cotes de la Senegambie. Le fleuve, en descendant de ce point, dont la hauteur est evaluee par Laing a 1,600 pieds an- glais au-dessus de I'Ocean, coule au nord j usqu'a Bammakou, et se dirige ensuite au nord-est, en passant par Sami, Sego, Sansanding, Silla, le lac Dibbie et Timbouctou, ou plutut Kabra , qui est comme le port de cette ville. Li, il recoit le Bahr el-Ahmar-el-Sahara (riviere Rouge du ddsert), qui passe tout pres de Timbouctou,' coulant au sud-ouest (1). Jusqu'ici, le cours du Dialiba n'est I'objet d'aucun doute." Dochard I'a vu depuis Bammakou jusqu'a Sego; Mungo-Park, qui I'a ega- lement vu a Bammakou eta Sami, I'a descendu, dans son pre- mier voyage, depuis Sego jusqu'a Silla, et le passage de ce fleuve a Kabra est unanimement atteste par les indigenes et par les Maures. II parait que c'est au-dessous de Rabra que le Dialiba prend le nom de Quolla, Quorra, Kouarra, ou peut- etre Koroua, nom qui est probablement la traduction du pre- mier, le mot roua signifiant cau dans la langue du Haoussa. A partir de ce meme point, le Kouarra parait se diriger au sud-est; il passe, vraisemblablement dans cette direction, a quatre journees a I'ouest de Sackatou, recoit le Kouarrama, qui coule au sud-ouest pres de cette ville, et tournant vers le sud, va baigner le Youri et le Boussa. Ici, le Kouarra se di- vise en trois bras, dont i'un prend le nom de Menai ; pres de ce bras, et sur Tile voisine, est batie la ville de Boussa, et c'est dans le bras oppose qu'a peri Mungo-Park. Get eveneaient, atteste sur les lieux a Clapperton et a Lander, par des temoi- gnages sans nombre, et raconte par la voix pubbque de toute I'Afrique centrale, n'admet plus aujourd'hui aucune incerti- tude. Ainsi, bien que depuis Timbouctou jusqu'a Boussa j'aie (1) Celtc riviere, qui est Iracce sur la carle du voyage dc Gray et Do- chard, est evidemmenl la Marzarak du roatelot Adams; c'est aussi le ruisseau dont Sidi Ilamct a parle i M. Riley; c'est encoie le fleuve cou- lant vers I'ouest, .'i trois quarts de lieue de Timbouctou, de I'itineraire du Cheikli Hagg Kassem ; car, en Afiique, suivant la saison, le nienie cours d'eau peut efre nomnie ruisseau ou tleuve. i,. DV NICEH, 1)1) FLEl VE DE TlMBOliCTOl) , iiidiqiie la direction dii Kouana avcc I'cxprcssion du doute, comme il est certain que Mango -Park, dans son second voyage, s'est euibarque i Sansanding, et a fait nanfrage a Bonssa, ridenlile du fleuvc qui passe a Sego, Sansanding, Kahra, avec cclui qui passe h Youri el Boussa est inconlcsta- ble. Le retour du fleuve vers le sud nc Test pas moins, puis- quc la latitude de Sanii, au-dessus de Sego, a etc determinee par Mungo-Park, a i3° 17' nord, et que cclle de Boussa I'a etc par Clapperton ;\ 10° i4' (longitude 6° 1 1' est de Green- wich, ou 3° 5i'est de Paris). Boussa est done i environ 4° ou 100 lieues au nord du goll'e de Benin. Le Kouarra, en quiltant cette ville, coule rapidement au sud-sud-est ; mais, plus has, Clapperton I'a vu se detourner vers I'ouest ; plus has encore, a Songa, il I'a vu, coulant sur des rochers, passer eiitre deux coteaux de granit « par unc ouverture qui scmble avoir ete coupee pour lui »; et il I'a suivi jusqu'a Comic, qui parait etre a 12 lieues au-dessous de Boussa (1). Ainsi, Clap- perton a laisse le Kouarra i environ go lieues de I'Ocean at- lantiquc, coulant rapidement vers cet Ocean. Je Ic demande niaintenant : entre toutes les conjectures que Ton pent former sur le cours ulterieur de ce fleuve, celle de son ecoulcment dans le golfe de Guinee ne se presente-t-elle pas avec un degre de vraiscmblance qui equivaut presque i la certitude? Cepen- dant, des doutes s'elevent encore. Essayons de les dissiper; et, puisqueles tenioignages europeens nous abandonnent, ta- chons d'y supplecr par ceux des indigenes. lis seront nom- breux, mais un pen confus; toutefois, nousparviendronspeut- etre a K'S eclaircir en les confrontaut. Clapperton, se trouvant a Kano en 1824, cntendit unmes- sager du gouverneur de Katagoum, dire a un homme du pays qui ctait a son service, que « le Kouarra se jette dans la mer a Jlaka; que le pays s'appellc Yourriba; que les vaisseaux eu- (i) II est a regifUor que Clapperton, doiit tons les baioiiietres avaicnl i"l6, ;i cc qii'il parait, Ijiiscs par la chak'ur, ne nous ait donn6 I'elevation auik'ssus du iiivrau ilc la mer, r.i de Hoiissa, ui di' Ojinie. DE SON EMBOUCHURE, etc. n ropeens abordeiit a lavUle, qui est a vingt-quatre fortes jour- nees du Nitl'e ; que la riviere est 1;\ aussi large qu'entre Kano et Ratagouui (c'cst-a-dire, apparemment : qu'«7 j a de dis- tance, entre ces deux rittcs, plus de l\o Ueues), et que les eaux en sont salecs. » llaka est en effet situee dans le Yourriba, et le Rouarra passe i deuxpetites heures de marche; inais cette vllle u'est point sur la mer, et le NifFe est immediatenient de I'autre cote du fleuve. Ou cet homme etait bien mal instruit, ou Clapperton I'a mal compris, en supposant que la ville oii abordent les vaisseaux europeeus elait la meme que Raka. La communication du Kouarra avec la mer n'en est pas moins attestee. ■ — Un domcstique du gadado ou ministre du sultan Bello, que Clapperton rencontra a la meme epoque en se rendant de Kano a Sackatou, lui dit « qu'il avait ete d'une expedition qui partit de Laboji, rille du Niffe; qu'ils avaient suivi le Kouarra pendant quiiize journees de marche, et s'e- taient arretes ;i quatre joyrnees de la mer; mais qu'il ne con- naissait pas I'endroit oii ce fleure s'y jette. » — A Sackatou, Mohammed-Gomsou,chef arabe, dit a Clapperton « qu'il avait ete Irois ans prisonnier dans le Yourriba, pays a I'ouest du Kouarra, qui se jette dans la mer d Funda, un peu au-dessous deRaka. « Observons encore ici que Funda n'est pas plus que llaka un port de mer. — Nous avons vu le sultan Bello tracer sur le sable le cours du Kouarra. « Je reconnus, dit Clapper- ton, que, pendant ime distance de plusieurs jours de marche, ilcoulait parallelement k la mer, dont, en quelques endroits, il n'etait eloigne que de cinq ou six milles. Le sultan me dit que I'embouchure de ce fleuve etait maintenant deux journees plus au sud qu'elle n'etait il y a trois ans, mais que, pendant la saison des pluies, il reprend son ancien lit. » Passons maintenant aux renseignemens lecueillis par Clap- perton dans son dernier voyage. — ATchaki, ville du Yourriba situee dans les montagnes de Kong, le cabochir ou gouver- neur lui assura que « le Kouarra, aprcs avoir passe dans le Djabou, va se jeter dans la mer dans le Benin, mais qu'il coule surdesrochers. » LeDjabo:i, en effet, est un pays place a I'ouc^t (111 Uouin, ilont ilt'Sl limitiDplio el tiihiilaiic. — Los haliitaus irKusoiikosou, village qui est sur le \orsnnt sopttMiliional do ors luf'iues inonlagnes, hii racoiitiroiU que « tl<\>< pirogues iv- iuontaiei\t le Kouana en »lix jours, ile TOwani au MtVe. » 1/Owani est silue sur la cote A Test du Benin ; le ^ilTe oeeujie la rive orieulalc du Kouana, cnlre le Ueuin et la proviiu'e do Uoussa. — Le roi de Yourriba, qui se inoutrail, dit ('.lappertou, Irt's-reserve daus ses iutoruiatious sur le eoins du lleiive, lui repoutlil, laulot, qu'il a sou endxuuluue daus la hum- eutre le Ujnbou vl le lU'uiu, et, lautut, qu'il passe a lU'niii inenie. — Clapperton avaut deiuaude au saltan de Boussa oi^ le Kouarnt se jette dans la nier : Je Pignoix', rt'-plitpia-l-il ; niais j'ai en- lendn raeonter qu'il \a dans le Bini (e'est, dit Clapperton, le nouj qu'ou doiuie ici au Bornoti). — « As-tu jamais vu des ha- liitaus du Biui? vicnuent-ils jusqn'iei par la riviere? — Non, je n'en ai jauuiis vu auouu; j'ai appris (pi'ils ue reniontent jaujais la riviere au-deK\ du NiiVe.» 11 y a iei uue erreur evi- dente ; si le Bini est le Bonwu , ees repouses sont inevplica- l>les; le Kouarra ne va point dans le iJiT/iou; et le iNilVe n'est point entre le Bornou et le Boussa. Mais traduisei Bint par Benin, et les reponses du sultan deviennent aussitot elaires et satisl'aisantes (i).' — L'hote de Clapperton A Coniie, qui avatt (le I'un'des eapitaiues du roi de NilVe , lui dit que «le Kouarra c-l rempli ile rorhers daus pres(iue liuit le reste de son eours jusqu'd la mer , oil it ae jettt- tterant la I'ilte de Fainta ; que les habitans do ee pays rnquouteut la partio iuforiouro du \ille; que eenx dn Benin y vieunont par terro et out la rivit're d tracerser, ne voyageant jamais par ean , s'ils peuvent I'eviter, paree qu'elle est leur t'etiehe; que plus has (e'est-a-diiT, ap- (i) 11 parait quo le iiuit Bornou uu Burnou, se pi'unouee I'l |iou pit'ii lieurHOii, e« anglais, Uivnoii. I. a cajntale, elxer les vovagfiiis anglais, est parlout luniuuie lUrnie. l)e U, la conru>ioii avec Hinni, lienin, Uu autre excuij^le de eetle eimrusuui se tiouve ilaus uu itiuoraii-e ilu Kouaira, iloun^ par Uowdicli, leijuel porte siieecssivenienl : Boiissii, Hukn, Bor- iiOii. Hdwvlieli, Irouipe par ec dernier mot, u'a pas niamju^ de dirigei- M>u flcuvc dii'il a Test. DE SON EMBOUCHURE, etc. i3 paremment au-dessous do Comie), le Rnuarra coule plus a ['est jusqu'a son confluent avec le Kadania qui viejit dc Test; qu'alors il tourne a I'ouest et entre dans la mer. » — Le Sbiain- Fada, ou maitre des ceremonies iVEl Magia, I'un des preten- dans a la souverainete du Niffe , rapporta au voyageur anglais que (lie Kouarra se jette dans la mer au-deld de Benin, a Fundan; assertion bien singuli^re, puisque Funda parait si- tnee dans I'interieur des terres et derriere le Benin , mais qui n'est peut-etre pas inexplicable. — A son retour du Haoussa, Lander, pres d'arriver k Dunrora, sur la fronti^re meridionale du Zegzeg, atteignit une elevation d'oQ Ton apercevait une immense etendue. De toutes parts on avait devant les yeux un espace de huit jours de marchc. A une derni^re journee de ce point dans Test, s'eleve une haute montagne au pied de laquelle se trouve une ville considerable nommee Djacoba. Mohammed, son domestique, lui assura qu'u un dcmi-mille de cette grande cite coule la riviere Char, ou Chary, qui sort du lac Tchad. Des barques ou canots peuvent naviguer du lac au Niger (^Kouarra) , dans tontes les saisons de I'annee. Le Chary a son embouchure dans le Niger (Kouarra) a Funda ; et ce dernier fleuve , apres avoir baigne les murs de Coltuiii, Corridji, Gattou et Djibbo , se jette dans I'eau salee. Mais quel est le point special ofi il verse ses eaux dans la mer, c'est, dit Lander, ce que Mohammed ne put m'apprendre, n'ayant jamafs entendn prononcer le nom de Benin par d'autres que par moi. Ce qui, dans ses indications, se rapporle au Chary, sera discute plus loin; mais la partie relative au cours du Kouarra, depuis Funda jusqu'a la mer, offre ici des details que Ton chercherait en vain dans les autres temoignages. A la ve- rite, les villes de Cottum et de Corridji nous sont incon- nues (i). Mais, pour Gattou et Djibbo, nous nc serons pas en peine dc les trouver sur nos cartes. — Enfm, I'eunuque du (i) Je trouve pourtant, sur la carle remise par Bello a Clapperlon, un Koiitonbo et un Kotounharfi, dont la positiun pourrait so rapporlcracelle de Cnftiim. i4 DU NIGER, DU FLEUVE DE TItMBOUCTOU, KM i\c Gouari appiit ;\ Lander qu'il rHait no a Gibbon ( evi- tlemnieiit Ic memt- que Djibho) siir le Niger [Kouarra) , ;'i qualrc on cinq journees de niarchc dc Funda; qnc, vendn conime esclave au souvcraiu de cc dernier pays, il avail mis huil jours ;\ sc rcndre par can dc Gibbon a Funda, nyant centre ltd un courantde cinq millcs d I'/ieure ; mais que le voyage de Funda a Gibbon peut facilement s'executer en trois on quatrc jours. On le voit, quant au fait principal, la com- nuinication du Kouarra avec la mer, tous ces teuioins sonl d'accord ; mals d'oii vient que tant dc gens assurent que le Kouarra se jette dans la mcr d Funda, tandis que, suivant toute probalite, Funda n'est point une ville maritime? Nous trouvcrons peut-elre plus loin quelque explication a cctle enigme. Comparons d'abord aux temoignages que nous ve- nons de recueillir dans I'inlerieur ceux que d'autresvoyageurs ont obtenus sur la cote. Lil nous apprenons que le Benin est designe dans le pays sous les noms de Benni, Binnin et Binni. Ai-je eu tort de dire que Bini, dans la bouche du sultan de Boussa, doit se traduire par B^nm.'' Nous rencontrons la viilo de Jabum, J aba ou Jaboti, chef-lieu du pays de memo nom et situce sur un affluent du Rio Formose , laquelle est bion notre Djibbo ou Gibbon; nous rencontrons encore la ville dc Gallon ou Galto, placec par tous les voyageurs sur le Rio For- mose ou sur la riviere de Benin qui vient s'y jeter a lo lieues de rembonchure. Or, Gatto est evidemment le Gattoii dont Mohammed a parle a Lander. Enfin, la capitale du Benin, nommec Oudo dans le pays, ne serait-elle pas la meme ville que Funda? La position d'Oudo , d'apri?s les derniers voya- geurs (i), et la situation respective du Benin et du Nifle s'ac- corderaient avec cette supposition , qui ferait disparaitrc bien des difilculles. Toutefois, ce n'est encore ici qu'un doute. En revanche , ricn de mieux averc que la situation de la ville et de la province d'Owarri sur un bras oriental du Rio Formose, (i) A enviiou 45 lieues de la nier, suivant les distances donnecs |);iv de Pintle, el il 5le de Benin. liM nianie des Kuropeens de nomnier i leur i'antaisic Ions les liein oil ils abiirdent est une source inepuisahle d'crreurs g('Ograpliiqiii's. ^^ DE SON EMBOUCHURE, etc. 17 tlonne Clappcrton, sur la configuration du pays, en traver- sant ces monlaghes pour se rendre a Katunga, ne dementent nullement cette assertion. D'ailleurs, ce Yoyageur n'a-t-il pas vu, au-dessous de Boussa, le Kouarra entrer dans les defiles des inontagnes de Rong« par une ouverlure qui semblait coupee expres pour lui? »Tout porte a croire que d'aulres passages semblables existent au-dessons de celui-la, qui laissentechap- per le trop plein du lac d'Ej eo par les nombreux cours d'eau que recoit le golfe de Guinee. Maisici, une autre objection s'eleve: comment ce canal, si heureusement creuse par la nature, ce fleuve, qui, des di- vers points de la cote de Guinee, conduit jusqu'u Timbouc- =tou et au Bambara, n'a-t-il pas developpe un grand mouve- ment commercial ? D'oii \^ent que des barques sans nombre ne transportent pas sans cessc des hommes et des marchandi- ses depuis Benin jusqu'a Timbouctou? Se peut-il qu'un pa- reil moyende communication soit rcste assez inlVequentepour etre encore, apres quatre siecies, un mystere pour les' Euro- peens? J'ai plusieurs reponscs a cette objeclion. D'al)ord, le cours du Kouarra, depuis Boussa jusqu'a Funda, est cmbar- rasse de rochers qui, sauf peut-etre le terns de la plus grande crue du fleuve, en rendent la navigation perilleuse ou impos- sible. Ces rochers, Clapperton les a vus, Mungo-Park y a fait naufrage. Eh! que serait-ce s'il existait quelque obsta- cle encore plus grand ; par exemple, ime cataracte? En second lieu , les peuples qui habitent les rives du Kouarra etantprcs- que toujours en etat de guerre, il y a peu de surete a navi- guer parmi eux, surtout avec des marchandises, et I'homnie -est marchandise en Afrique; de pareils voyages ne peuvent guere etre cntrepris que par les Maures, que les naturels ont coutume de respecter dans leurs debats. Ce sont sans doute ies perils attaches a cette navigation, qui ont fait croire anx habitans du Benin que I'eau est une divinite redoutable ; nous avons vu qu'ils en ont fait leur fetiche, et, qu'en conse- quence, lis s'abstiennent , autant qu'ils peuvent, de navi- guer;nouvel obstacle qui a gene les communications. Enfin, S. XUV. OCTOBRB 182Q. 3 ,8 Dli NIGER, DU FLEDVE DE Tl^IBOUCTOU, riilcc geiu-rale des AlVicains «'sl que Ics pciiples hiams vivcnt tonjours sur I'cau , que Teaii e^t leiir element naturel , et que, s'ils ponelraicntavcc leurs vaisseanx dans Ics rivieres qui hai- pnent le pays des noirs, ils ne larderaieiit pas a s'en rendre inaitres. Les IVIaures, alarmes de la rivalite commerciale des blaucs, s'ciTorcent d'acerediter cette opinion par toutes sorlcs «le r'icils vrais ou faux, nieles de predictions menacantcs; de sorte que tout renseignemcnt donnc a un blanc par un chef ne'M-e, surun cours d'eau quelconque, est, en general, evasif, ronfus ct empreint du desir de dissimuler rimportance des connnunications de cette nature. Mais enfin,dira-t-on, en regardant comme constate le cours du Dialiba ou Kouarra jusqu'au golfe de Guinee, que devient cette eelebre hypothese de la jonction du Niger avec le Nil? Que devient Ic systeme des geographes arabes. qui, pendant luie parlie de son cours, identiOent le Nil cTEgypie avec Ic Nil lies Tiigres? L'exnmen de ce point va nous obliger d'eten- drc le cerclc de nos rechercbes et de nos conjectures. Observons d'abord que la direction des rivieres, sujelle en tous pays a beaucoup d'indications erronees, a cause de leurs nonibreux detours, est particulierenient difficile a determiner dans les contrees 06 des inondations periodiques tendent a reunir toutes les eaux, et derangent souvent letu- cours. Le mot parlequel les Arabes designent les eaux de toute espece, prcte d'ailleurs singulierement a la confusion. Bahr signifiant a la fois mer, lac et riviere, deux fleuves qui s'unissent, ou qui sortent du meme lac, ou qui s'y jettent , sont bien pour nous deux fleuves dift'erens, mais, pour I'Arabe, le tout n'est qu'un /Wir, c'est-a-dire qu'un volume d'eau. Apres cette remarque, qui nous donnera la clef de beaucoup de dilficultes, reprenons le rapport fait par Mohammed a Lander. « A un demi- milie de Djacoba , ville situee ii Test de Dunroca , a plus de hull journees demarche (1), coule la riviere Char, ou Chary, (1) Dunroca etant, ditoo, & douze journ6es droit k I'est de Funda, Djacoba est h plus de vingl journ6es de cclte dernicre ville dans la niCniu DE SON EMBOUCHURE, etc. 19 tjiii sort (lu liic Tchad. Dcs l)ar(jucs 011 canots peiiventnaviguer (111 lac an Niger (Koiiarra), dans toutes les saisons de raniiee. Le Chary a son cmhoucluirc dans le jNiger (Kouarra), a Fun- da. )) Lc Chary n« sort pas du lac de Tchad ; il s'yjetle ; Den- liani I'a verifie. Cctteriviere nepeutdonc pasetre leChary (il. Mais rindication d'line riviere venant de Test se jeter dans le Kouarra, a Funda , n'en est pas moins precieuse. Essiiyons d'cn remontcr le coiirs. Pendant son expedition dans le Man- tlara, pays montagneux au sud du Bornou, Denliani rcneon- tra un certain Ral'd Moiissa Ben Youssouf (fds de Joseph), leqiiel ?e disait fds du voyageur llorneniann. Kaid Moussa dit a Denhaii) qn'il avait voyage dans I'Adamova, contree ;'i dix joum^es au siid du Mandara ; c'est une plaine entoiuee de tres-haiites inonlagnes; il avait vu plusieurs grands lacs et une riviere qui coulaitcutre deux montagnes tres-elevees, et t|u'il avait traversee avant d'entrer dans le pays ; elle venait . SCll^NCES MORALES ET POUTIQIJES. YoBiistiNGEN Oder die Gef.engniss-khnde, etc. — LEf.ojJS sir LA CONNAISSANCE DES PRISONS, Oil SCR I.EUR AMELIORATION, SIR LA REFOKME MORALE DES DETENUS, DES FOR9ATS LIBKRES, ClC. ; faites a Berlin, en 1827, par N. H. Jrnis, tlocteur en 1116- (lecine (1). SECOND ARTICLE. (Voy. Rer.Enc, I. xli, levrier 1829. p. 4uj-4'^7-) En leiniinant un premier article, dans lequel nous novis etions bornes a examiner rinlrodiiction de cet important on- vrage, nous avons promis de faire connaitre la suljslance des lecons ou M. Julius a depose le fruit de ses meditations et de I'expericnce recueillic dans ses voyages. Nous allons res- treindre, autant que possible, notre role a celui de rapporteur, afin de nerien derober de I'espace destine a I'analysede ce tra- vail, riche en idees comme en materiaux. Premiere Lcpon. La premiere lectin est consacree a des developpemcns his- toriques. L'auteur, considerant que la prison n'est pas seule- ment I'un des modes, pen nombreux, de chatimcnl a la dis- position de I'Etat, tel (pi'il.est de nos jours, c'est-u-dire, s'il nous est permis d'interpreter sa pensee, depouille de rautorile morale, incomparablement plus puissante que la repression malerielle ; considerant qu'elle est aussi un lieu d'attentepour (1) Berlin, 1828; Stiilir. i vol. iii-S", avec 4 planches. SCIENCES MORALES ET POLITIQLES. 67 I'accuse avant la prononciation dc son jiigcnicnt, ct que, par consequent, ellepentrcnfcrmerdcs innoccnsqu'iin niallienreiix concoiu's cle circonstanocs a rendus I'objet de soiipcons; I'au- teur, disons-nous, pose en prinoipe que la prison doit etre organisee de telle maniere que le detenu n'y fosse ou apprenne lien de mal (1) , et qu'aucune gene, aucune souffrance, impo- sees aibitrairement et inutilement, ne viennent se joindie a !,•> privation necessaire de sa liberte. II combat I'opinion de Blackstonc, qui, ne s'appujant que sur I'interet personnel, fait nil appel u I'liumanite en favcur des prisonniers, au nom de la craintc que chacuii pent noiu'rir, de se voir ini jour, ou dc voir ceux qui lui touclient de pres, dans une situation aussi cruelle. « Comhien, s'ecrie-t-il, me parait plus noble et plus chretienne c^'tte parole de Juan d'Avila invite k accompagner un condamne au supplice : je veux aller trouver I'honmie auqiiel je ressenibleiais, si Dieu n'avait etendu sa main sur liioi! » Persuades maintenant que rec[uitc impose le devoir d'ap- porter au sort du condamne tons les adoucissemens compa- tibles avec la punition, jelons un coup d'ceil sur I'histoire, et demandons-lui ce qu'a fait I'antiquite dans ce but. Nous n'y trouvons aucune trace de Taction d'un pareil sentiment, hormis la delivrance de quelques prisonniers a I'occasion de rares solennites ; et c'est avec raison que Boeckh (2), apres avoir fait connaitre la rigueur des lois atheniennes contre leS debiteurs, reduits a la condition d'esclaves, et dont la fletris- sure se transmettait a leurs enfans, convient que la charite n'est pas une vertu paienne. Le veridique Salluste trace ega- lement, sous les couleurs les plus sombrcs, le tableau de la principale prison de Rome, pen de tems avant I'ere chre- tienne. Ce ne fut qu'a I'apparition du Christ et par sa loi d'amour (1) ScHiLLKB, Marie Stuart. (s) Economic politique des Atlicnien.i, tiadiiit de l'.Tllemand par M. La- i.ir.ANT, (\'o5'. liev. Enc., t. xmi, p. 608, V Analyse de cet ouvr.ige.) GH SCIENCES MORALES quo lilt couiblce uiic lacune cchappcc aux regards dcs sages (Ic ranli(|iiit-e : toiite I'etendiic des devoirs de la cliaiile est t'xprinK't' dans ces mots : « J'avais faim, et voiis ni'a- voz donne ii manger; j'avais soif, et vons m'avei desaltore; j'etais etrangtr, el voiis m'avez recncilii ; j'elaisnn, et vous m'avez vein; j'etais malade, et vons m'avez visile; j'rtais en prison, ct rnus 6tes renii vers mni. » Saint -Paul commente cetle derniere phrase, lorsqn'il dit aux Hebreux : « Soiive- nez-vous des prisonniers, comnie si vons etiez emprisonnes avec eux; et de ceux qui sont maltraiteSj comme etant vons- inemes dn meme corps. » Les Chretiens, persecutes, exposes a la captivite, forme- rent nn tiesor commun pour le soulagement de lenrs freres malheiu'enx. La distribution des secours fut ronfieeades hom- mes que I'on nommait diacons . et a des femmes appelees (liaconesscs ; ils visitaicnt les detenus, les encourageaient par des exhortations, par des conseils, par la lecture des li- vres sacres, obtenaient des allegemens a Icur sort et rachetaient les captifs emmenes par des baibares dans les deserts de I'A- friqne. Ce premier cxemple d'une association de secours mu- tuels no pouvait etrc donne que par une religion qui procla- mait la rratcrnite des hommes. Tels rineiit les fruits que porta I'arbre naissant du chris- lianisme, lorscpie les orages menacaient de toutes parts sa jenne existence; uiais, lorsf|u'a la voix de Constanlin les dis- ciples de la I'oi nouvelle sortirent des prisons, des arenes san- glantes du martyre, et des calacombes oti s'etait refugie leur cultc proscrit, pour remplacer dans les temples les ministres du paganisme, la charite vit sarecolte s'accroitre et s'etendre sous I'cgide imperiale. La legislation de I'Etat regenerese pe- netra pen a pen de I'espril de douceur et d'amour exhale par I'Evangile, dont rinflueuLe se fit particulierement senlir dans rorganisation des prisons, objet complcteuienl neglige par le paganisnie. Les lois promulguees par Conslantin et ses suc- cesseurs, rassernblees et coordonnees dans les codes Theodo- sien et .lustiiiien , mais dont le renonvcUement au x° siecle. i;r I'OLITIQLKS. 69 par le (io' litre dcs Busiliqiicsile remperetir Leon, soluble al- tcster le pcu de requitals, conticnneiit , en cffet , presqiie tout ce qu'on pent exiger (I'lui l)oii reglemeiit pour les etabiisse- iiiens de detention. Non-seniement dcs mesures sont prises pour activcr la mise en jugementdes prevenus, pour assurer la nourvitm-e, la proprete des prisonniers, pour les exempter des fers et particulierement pour empecher tout acte arbi- traire de la part dc leurs gardiens, enfin, pour tenir les deux sexes soigneusemcnt separes; niais il est encore enjointaux juges de se rendre chaque dinianche ;\ la prison, de sc faire presenter tons les detenus, de les interroger, et dc s'assurer si le traitement prescrit a ieur egard est observe avcc exacti- tude. Les eveques et les ministres du culte sont egalemont charges de visiter une tois par semaine les prisonniers, aupres desquels I'acces Ieur doit toujours etre ouvert, afin de s'en- treteuiravec euxsur lescauscsde Ieur arrestation, surleursde- lits, sur leurs besoins, pour signaler aux autorites tout ce qui Ieur paraitrait demander des reformes dans radniinistration des prisons, pour gucrir les malades, nourrir les paavres et con- soler les malheiireux (i). En meme tenis que le droit tcmporel , perfectionne dans le sens du christianisnie , etcndait les bienfaits de I'Evangile sur I'empire romain tout entier, le droit spirituel, veritable source des dispositions que nous avonscitees, t'aisait des pro- gres rapides. Des I'annee 253, dans le concile tenu a Car- thage par saint Cyprien , au milieu des persecutions, il avait ete resolu que, outre les eveques appeles a assister les fidelcs souifrant pour la foi , les anciens des communautes devaient les honorer, et les diacons Ieur porter la nourriture jouriia- liere. Mais une institution bien plus complete, celle des /;/-o- cureurs des pniares, fnt etablie par un canon ajoute aux decrels du premier concile de INicee : dans ce canon, qui n'a jus(|u'a ce jour ete trouvc (|u'en langue arabe, il est ordonne a ces (i) Codec Tlieodoslanus, Wv. ix , tit. 11 et in. — Appendix conslUiilio, "111. — Codex Jtisliniaiivn.i, liv. i, lil. iv. Dc Episcopall (uidlcniia. -o SCIK^CES MOllALIiS Ibnclionnaires, qvii pc.ivent Olre soil laiqiies, soil ccclcsiasli- qucs, cle visitorlespiisonniers, iles'cuiployeipoiirladtlivraiKe dcs Chretiens illegalemenl arreles,de veillcr a leursbesoins, de se porter lours caulioiis, et de procurer, a cevix-la niC-me cpii nc seraieiit pas sans rcproclie, les vetemens , la nourriture et les moyens de so del'endre dcvanl les tribunaiix. M. Julius, apiesavoir cile encore le concile d'Oileans, tenu en I'annce 549, dans Icquel 11 lut prescrit aux archidiacres et aux cures de visiter cliaque dimanche les prisonnicrs, passe a I'examen de la legislation des prisons pendant le moyen age. Les beaux travaux de Savig?!/ ont etabli la longue influence du droit romain chez les peoples du moyen age ; mais I'ele- uient moral introduit par le christianisme avail donne a cetle legislation, qui soumettail tout a I'idee de VEtat, lui carac- tere plus doux et plus eleve, en developpant cclle de la valeur de I'indirldu; sous celte nouvelle forme, elle nc cessa decom- baltre, jusqu'au succes, la rudesse des moeurs et des lois dc< peuples germaniques. Celte observation generale sert a I'au- teur d'inlroduction pour suivre le progres des institutions qui rentrent dans son sujet; il voit I'lisage observe cheztes Juil's, les Grecs et les Romains, de dellvrcr des piisonniersdanscer- taines journees solennclles, transportc dans le monde chrelieit par les cmpereurs ^alentinien, Salens et Gratien, qui or- donnenl de metlre en liberie, a I'occasiondes fetes de Paques, tons les prisonnicrs, a I'exception dc ceux qui s'etaient ren- dus conpables de I'un des six crimes capitaux , de sacrilege, de lese-nia)cste, d'enipoisonnemc'nt, d'adultere, devol et de meurtre. Cclle indulgence fut renouvelee piu" d'autres cmpe- reurs. L'exhorlation adressee par Cassiodore, chancelier de Theodericli, dans une parcillc ccremonie, en 5io, aux caplifs delivres el aux gardicns des prisons, est un modcle d'eloquciice et d'onction. Les derniercs traces de cclle coulume, dans ua Etat temporel, se retrouvent dans im decret du doge de Ge- nes^ Campo-Frcgoso, de I'annee i5i3, ou Ton dit qu'elle est eonscrvee en favcur des debiteurs; elle subsisle emore poiiv 1;T FOLITIQUES. 71 fiix a Roiiic, et Ton pcul lire dans iin oiiviai!;e italicii {Zac- airtv^ ReluziunedellaCortcdiRoma, i824)qii<'lqiics(lctails a ce siijct , ainsi que siir la Congregazione delle carccri, qui se ras- semble cliaqiie semaine, suus la presidciice d'un cardinal, et qui est tenue de visiter frequemment les prisons. De memo que nous venons de voir un usage emprunte par le christianisme aux pai'ens, de meme il est I'acile de suivre les dcveloppemens d'une institution de charite dont nous avons signale la naissance, celle dcs prociireurs des pauvres etablis par le concile dc Nicee en 325 : nous retrouvons a Genes, non- seulement des protectciirs et avocats pour lex pauvres prisonniers, mais aussi des protecteurs pour les mauvais payears einprisonnes (^protcttori de' carcerati delta ynalapaga) , I'onclions gratuitcs, honorces du senat, et dont les titulaires, tous laiques, etaient consultes par lui pour la redaction de ses decrets. La Lojn- bardie eut egalement sa Congregation des protecteurs des dete- nus qui etendait son influence sur le duche tout entier, et qui ne fut dissoute que par I'irruption des Francais. A cette insti- tution toute teniporelie Yinrent se joindre Ics genereux efforts de Charles Borromee qui, dans les six assemblees generales de son diocese tenucs a Milan de i5G5 a i582, redigea et publia unc serie de dispositions sur le soin des pauvres et des de- tenus, espece de petit code dc charite qui fixe les devoirs des protecteurs et iWs avocats, des administrateurs^Ct dcs gardicus dcs prisons. Les rois de France, eclaires peut-etre sur ces utiles insti- tutions, par les evenemens qui conduisirent leurs amies en Italic, fixcrent leur attention sur un objet bien dignc de sollicilude. Francois I, Henri II, Francois II et Char- les I\ publierent successivement plusieurs ordonuances pour I'amclioration du regime des inaisous de detention. Henri II prcscrivit aux prcsidens el conseillers des Coursde juslice de se rcndrc Irois fois par an dans les prisons et d'intcrroger les detenus sur la duree et les causes de leur caplivite. Charles IX Ini-menie, de sanglante niemoire, voulut qu'aucun cachot ne IVit constriiit au-dcssou? du niveau du sol. Enfin. Louis \IV 72 SCIKNCES MORALES arreta que les piociireiirs du roi, ceux dcs seigneurs et les eveques scraient Iciuis de visiter les prisons une lois cliaquc semaine, ponr y rccevoir les plaintes des detenus. Non-senlenient Ic gouvernoment, niais aussi dc dignes ec- ciesiastiqiu's IVanrais conti ibuirenl par lenrs efforts a rendre moins penible la condiliou des prisoiiniers, U siilFua de noni- nier ici Claude Bernard, et son illnstre coiileniporairi, Vincent de Paul,i\\\(^[uc\ \\n des ecrivains les plus distiiignes de I'Alle- magne, le comte de Stolberg, a paye le juste tribut d'hom- mages que lui doivent les amis de Thuinanite, quelle que soil leur patrie, par le recit de ses ceuvres el le tableau de ses vertns (i). Deuxicme Lepon. Get apen;u liisforique, picin d'interct, conduit jusqu'a I'ap- parition du grand Howard, epoque de laqnelle date une ten- - dance qui , de I'Angleterre , s'est repandue dans les pays etrangers; une suite d'cfforts, tantot vains, fantot couronnes de succ^s, dans le but de reformer entierement le systeme des prisons; de laquelle date enfin le mouAement general qui se continue aujoiu'd'hui dans une direction plus pliilantropique que religieuse. Apres ces details precieux, M. Julius ouvre sa deuxicme lecon par une exposition claire et precise de la legislation penale des Anglais, de ce dedale dont I'obscuriie et I'enchevetrement font assez comprendre comment la ne- cessite d'un ])(>n regime des prisons a dQ se faire sentir chez eux plutot qu'ailleurs, et comment, malgre I'etat de perfection assez remarquable auquel ce regime y est parvenu, presque tons les fruits qu'on pouvait en attcndre se trourent annules par la defectuosite des lois crimineiles. Nous ne suivrons pas I'auteur dans I'explication de ce code prodigue en arrets de mort, poussant la barbaric jusqu'au ri- dicule, et (I'apr^s lequel, selon les calculs de sir fVilliain (l) Stoi.berg's Lcbcn dcs hcil . Vinccnzius von Paiiliis. Dciixlcinc eililioii. Vienne, iSio. 1;T POLITIQLIES. -3 Addington , patmi Ics aclions que riiommc pent coimncttre chaqiie jour, il eu est six mlUe sept rent quatrc-vingt-neufii qui la mort, la dcpoitation, la prison on ramendc sont atladices. Nous nous bornerons a transcrire le tableau suivant du nombre toujours croissant des cas enlrainant peine capitale sous !es quatre races de souverains qui ont gouverne I'Angle- terre : Sous les Plantagenets 4 Sous les Tudors 27 Sous les Stuarts ...'... 36 Sous les Guelfes i56 Sous Georges III, en i8ig, il existait dans la Grande-lire- tagne deux cent vingt-trois luis prescrivant la peine de mort. Apres avoir parlc avec une juste admiration des travaux d'Howard et de la sensation profonde que la publication de son ouvrage produisit dans I'Europe entiere, preparee paries ecrits de Voltaire et de Beccaria , I'auteur retrace, dans un ordre cbronologique, la serie des eft'orls tentes par le gouver- nement anglais dans la voie que cet homme de bien avail frayee. Examinant successivement les trois moyens employes pour separer les criminels de la societe, moyens que le gouverne- ment a tour a tour choisis on rejctes, et qu'il conserve encore tous trois, savoir : La deportation dans les pays eloignes, La detention sur les pontons, La detention dans des prisons penitentiaires ; Examinant, dis-jc, ces trois moyens dans leurs diverses phases, il demontre conibien le premier etait pernicieux, lorsqu'avant la revolution americaine qui, enprivant I'Angleterre d'un lieu d'exil pour ses condamncs, obiig(;a de les placer sur des pon- tons, on se contentail, pour s'en debarrasser, de les envoyer de I'autre cote de TOcean oi'i ils ctaieiit abandonnes sans sur- veillance aucune : il bblme egalement le mode, adoptc depuis 1787, de les transporter dans I'etablissemcnt fonde a la Nou- velle-HoUande. Ses inconveniens, signales depuis long-tems. et coQStates dans le rapport meme du connnissaire cnvoye par -4 SClKNCliS MORALES l;i (lliiunhie (les coimmmes pour verifier I'elat des elm- scs (M. T/iomas Diggc), sont altiihu^Sii Irois causes : i° L'e- loignenient do la luelropole. La longueur du voyage, ([ui dure de 127 a 1 50 jours, outre qu'elle est prt';judical)le a la .saute desdeportes, fait iiiconlestal)len»ent denionlre par le nomhre desniort^ et des nialades. Test plus encor<' peut-elre a cause du contact oblige, pendant plusieurs niois, de ccs etres plus ou iiioins depraves , contact ([ui ne tarde pas a etablir entre cux un mcMne niveau de peivcrsite ct favorise des dt'sordres odieux; 2° la condition oOi sc trouvent les deporles an lieu de leuv sejour, ort ils ne sont soumis a aucun systenie regulier de surveillance ; 3° les frais enornies que ce nioyen neccssite : Ic transport des 53,i55 condamnes envoyes, de i78Ga 1821, dans la Nouvclle-Galles a cofite la sonmie prodigieuse de 5,3oi,023 liv. sterl. 16 sch. G p., c'est-a-dire, plus de 127 millions de francs, prts de 5,6oo I'r. pour chaque in- dividu. Enfin, M. Colqulioiin , chef de la police de Londi-es et au- teur d'un excellent ouvrage sur ce sujet de sa competence, a declare devant un comite de la Chamhre des communes que tons les deportes revenus de ces etablissemens et dont le sort etait arrive a sa connaissance , ou faisaient partie des vo- Icurs de Londres, ou avaient deja ete executes a mort pour de nouveaux crimes. M. Colqulioun, dans ce menie rapport, declare anssi que rarement ou (|ue pUitut jamais il n'a vu un prisonnier libere apri'S detention sur les pontons, rcntrcr dans la societe pour y exercer un metiei' bonncte. L'auteiudes Le ■ cons sur la coiuiaissance des prisons signale les avantagcs et les inconveniens de ce genre de detention. Les premiers sont: 1° I'econoniie, les na vires employes a cet usage etant hors c|e service; 2° I'ordrc qu'il est facile d'y etablir; 3° la presque impossibilite d'aucune evasion. Les seconds sont : des travaux Irop penibles pour les femmes ou pour les hommcs faibles, Iravaux qui, d'ailleurs, ne peuvent etrc continues durant unc partie deranneedans les climats froids, et qui. exposant les prisonnicrs aux regards du public, ancantisseut chez les r;r roLiriQUES. -5 moiiis coiTompiis d'eiitre eiix lout ce (ju'iis peuveiit avoir t'oiiservede sentiment de digiiilo. Troisieme Lecon. C'est encore Howard qui, an retour de son premier voyaj,'e, determina le gouvernement anglais i\ I'adoption du systeme penitentiaire : Blackstonercdigea la loi qui devait I'instituer et qui fut misc en activite en 1779. Des mesintelligences, snrve- nues entre les membres de la commission chargee de choisir un emplacement pour la premiere prison de ce genre, retar- derent, jusqu'cn 1791, raccomplissemcntdu projet. Dansccttc meme annee, 1791 , oi'i fut ouverte la maison penitentiaire de Gloucester, parut I'ouvrage oi'i Bcntham developpait sou plan panoptique pour la construction des edifices publics destines a reunir un grand nombre d'individus sous un systeme de sur- veillance simple etpeudispendieux(i).Une tentative laite pour mettreses plans a execution demeura egalement sans resultat. Ce ne fut qu'en 1811, sur la motion de sir Samuel RoiniUy, que celte question fut de nonveau mise a I'ordre du jour. Par suite des travaux preparatoires d'un comite choisi dans la Chambre des communes, on entreprit la construction de I'immense prison penitentiaire de Alilbank, qui, des le mois de juin 1816, put recevoir un certain nombre de prisonniers, mais qui ne fut entierement terminee qu'en 1822. wApresun coup d'oeil general sur le s^^steme penitentiaire, lit-on dans \\n rapport imprime par ordre du parlement, le comite pense fermement que les frais considcrajjles necessites par cet eta- blissemcnt n'out point ete mal employes, que ce lieu de de- tention corrige en mr-me tems qu il punit, et que rien n'est plus convenable a I'egard des condamnes que lenrs fautes ont fait tomber sous le j)oids de la justice, saas que leur coem- soit completenient cudurci. » (i) Panoplicon, or the Inspection house, etc. — Panopticon, ou maison dlnspection , conlenant I'idee d'un nouvtan piincipe de construclion applicable k toutc sorte d'etablissenicnt dans lequet doivenl fire gaiiles. des individns qiiclconqucs ; par ./c;'e))i(c liiiArn.iM. o vol. -I) SCIENCES WOUALFS Lcs in^ines serilimens d'luiiiianilc ([ui prc!Ialion ; trois ans apres, unc loi ordonna rinstallation d'ecelesiasliqnes dans toirtes ies niaisons de de- tention d'Anglclcire ; en t774? sous rinfliience tr)ujonrsCTois- sante d'HoAvard, parnrent des dispositions pour arretcr Ies ravages de la fievre des prisons : deux ans plus tard, les pontons furent tlahlis; trolsansplus tard, lut pronudguee la premiere loi siir le systeme penilentiairc ; enfin, de 178a a 1791, du vivant d'lloward, plusieurs autres lois seniblahles furent re- digees; apres qnoi survint un tems d'arret de plus de vingt annees. Par suite de la motion de sir Samuel Ilomilly dont nous avons parle, et de la construction de Milbank, un comite dn parlemcnt, nomme sur la proposition de M. Brougliam, fit, en 1816, un rapport s;ur I' education des classes pauvres dans la capitale, et niit ainsi en lumiere sa relation intiine avec la le- gislation crimineile. Mais on pent consideier I'annee 1819 conniie le foyer d'oi^ jaillirent les vues nouvelles du gouver- nenient anglais sur cette matiere , et I'ouvrage de M. Bux- ton, public I'annee precedente, conime leur ayant donne I'inipulsion. En 1819, furent iniprimts deux rapports de la plus haute importance, I'un sur les j)risons des trois royau- mes, sur retabiisscment de la Nouvelle-Gailes , le nombre des jeunes criminels (1) , etc.; I'autre, sur I'elat des lois pe- nales (2). Des rannee suivante, trois bills aboiirent la peine de morl pour linit cas difl'erens , et eleverent d'un schelling a i5 liv. St. le taux entrainant peine capitale dans certains vols (i) Report on the state of Gaols , etc. — Rapport sur I'elat des pri- sons, etc., iinprinie par ordre de la cliaiiibre des couiniunes (1819). (2} Report from the select coinmitlec on criminal Lows, elc. — Rapport du coniite des Iciis crinjinelles, iinpriui6 par ordre de la cliambre des coui- niunes (S juillet 1819). ET POLITIQUES. 77 qiialifies. Ces adoucisscmens auraicnt ete, sans doute, beau- coup plus multiplies, si, comme le remarqne avec un peu d'ironie le cclebie jurisconsultc Miller, la Chambre haute n'avait servi d'ccluse contre le torrent rei'ormatcur qui s'e- rhappait dc celle des communes. L'entree de M. Peel au ministerc commenca une nouvelle cpoque de perfectionnemens. Nous citerons ici , comme ap- partenant a la sphere d'idees qui nous occupe , I'amelioration dcs prisons de I'lrlande , entreprise en 1X22 , et les deux ex- cellentes lois de 1823 et 1824 sur le regime dts maisons de detention. La premiere, en abrogeant vingt-trois lois aacien- ues, a conserve tout ce qu'elles avaient d'utile ; la seconde a reorganise toutes les prisons des comtes et celles des dix-neut" villes principales de la Grande-Bretagne. Q uatriime Lefon. Apres avoir expose les actes'du gouvernement anglais dans la direction imprimee par I'esprit dc philantropie qui se de- vcloppa vers la fin du xviii^ siecle , il restait a I'auteur un de- voir de justice a remplir; c'etait de faire connaitre les efforts individuels lentes dans le meme but par de genereux emuies et disciples d'Howard (1). M. Julius ne I'a point neglige. II mentionne, avcc I'equite qui doit etre I'apanage du savant, et le sentiment de reconnaissance qu'eprouve I'homme de bien pour ceux qui lui ont fraye la carriere , I'excellent ouvrage de lord Auckland sur les prlncipes du droit penal et les travaux de Bentham; il raconte la fondation de la societe en faveur des personnes emprisonnees pour de Icgeres dettes ; association qui, ajant commence avec un capital de 8 1 liv. st. 1 sob. , rassem- ble par les sermons d'un pretre dont le nom est demeure in- (1) L'einpeicur de Russle ordonna, cii 1S19, d'elcver un monument a Howard, moit dans les deserts de Kherson, le 20 Janvier 1790. Lecomit6 des prisons de la Sociele /le la morale ciiretienno a fait fjapper, cette annee, une medaille en son honneur : les honimes tels que lui appartienneut a I'bunianite tout entiere. j-S SCIENCES MORALES conmi , parvial , dans Ic coiirs do trente annecs, a delivrcr if),oG5 di;(onus, epuiix de 1 1,599 ieinines, pores de 32,871 eiifans, cl socounit ainsi 65,553 pcrsoiincs, sans compter Ics ( reaiu'ieis, generaleniciit tres-pcu rortiines eiix--nir'nics (1). II reiul nil jusle honunagc ;'i la inemoirc de James ISeild, tie- sorier de la soeiete dont nous venons de p;trler, et son liisto- rien, honime modeste et bienfaisanl qui, plus qu'aucun autre peut-etre, merifa le litre do succcsscur d'Howard. Son grand ouvrage sur I'etat des prisons (2) , en signalant lout ce qu'il y avail encore a laire dans !a voie de leur perfec- tionnement, I'ut un des moteiirs qui detornn"uerent la fon- dation de la Sociclc pour C amiiioration dii rr^ivic des prisons et la rcformc des jeiines malfaitears dont nous aurons bientol oc- casion de parlor. Trausportant ensuite scs leclcurs do I'autre cote de I'Ocean, )^I. Julius leur montro une assembloe de philantropes se reu- nissiinl dans la maison de Franklin, et provoquanl des adou- cissemens nombreux dans la legislation crirainelle de I'An- gleterre, en \'igueur dans son ancienne colonic; illesentrelient des recborches de JV. Bradford (3) sur la peine de mort et de la fondation des inaisons penitenliaires, dccrites par M. de La RochcfoucauUl- Lianconrl. Une des institutions Ics plus importantes dues a la cbarite des Quakers en Ame- (i) An account of the rise, flc. — Relation de i'origine, des progres et de I'elat actiiel de la Societe poiir la dtliviance et le secoiirs des per- sonnes emprisonnees pour de petites dettes; par risons dans les trois royaumes : on y tronva des abus, des defauts innombrables, et Tou indiqua les reformcs les plus necessaircs ; des documens precieux et multiplies iurent rccueillis sur cette maliere dans des voya- ges tant a I'exterieur qu'a rinterieur de I'Angletene ; on publia dos rapports, des series de questions propres a servir dc guide aux personnes qui visilcnt les elablissemens de detention, des instructions ponr les administrateurs, dcsplans- modeles de prisons, de uiouiins de discipline, etc., etc. Cinqidhne Lccon, L'cxpcrience due aux recherches dont il vient d'etre ques- tion a indicjue robsorvalion des points suivans coninie con- dition indispensable a nne bonne maison do detention : 1° La seen rite, a° La salubrite, 3° La surveillance, 4° La classification, 5° Le travail, 6" L'instruction, qui se divise naturcllement en deux bran- ches, renseignement moral et rcligieux et I'enscignement mecanique ou pratique. Le premier est la clef du probleme de la reforme : sans lui, ni chez le detenu, ni chez i'homme libre, on ne pent esperer racconiplissement des devoirs in- dividuels et sociaux. Le second est destine, d'unepart, a rem- bourser I'etat des frais d'cntretien du prisonnier; de I'autre, a mettre cclui-ci, lors de sa liberation, dans la possibilite de sc procurer des moyens d'cxistence, sans lesquels il se voit cha- quc jour expose a rechercher un gain illegitime. Apres quelques considerations sur remplacement le plus convenable a un edifice de cette nature, I'autcur enireprend ET I'OLITIQUES. 81 rexamen des six conditions designees. Nous ne le snivrons pas dans le plan de distribution des batimens, des conrs, che- inins de ronde, reservoirs en cas d'incendie , qu'il indiquc comme moyen de sfirete plus infaillible que les liens, les fers et les armees de geoliers. Ces details, prcsentes dans une analyse, seraient insufTisans pour des hommes du metier et peu inferessans pour de simples curieux. M. Julius eomptc avant tout, et justement, a notre avis, pour la securite lant exterieure qu'interieure, surl'opinion accreditee d'une surveil- lance exacte et active, et sur la separation des individus ca- pables de concerter ensemble des projets dangereux. II re- commandc I'emploi de la pierre et du fer dans les construc- tions, comme favorables a la proprete, a la salubrite et a la sOrete conlre les tentatives d'evasion ou d'incendie ; le diauf- fagealavapeur, d'apreslesprocedes indiquesparLS/Zresier (1), Meyler (a) et le professeur Meissner (5), au moyen d'un grand poele sitae dans un caveau souterrain ; et I'eclairage par le gaz, qui devient un accessoire naturel de ce mode de chauffago, grace a I'economie qui en resulte. La salubrite depend des soins apportes dans Le renouvellement de I'air, Les vetcmens, La nourriture, La proprete, L'exercice, Le traitement des malades. « Rien ne detourne autant de la visite des maisons de deten- tion, que la fievre des prisons qui s'y manifeste si freqiiem- (1) The pldlosopUy of domestic economy, etc. — PliilosopLie de I'econo- mie doniestique, presentee dans la nianieie d'ecliaiiirer, d'aeier, de la- ver, de seclier et de cnire ; par Charles Svi.vestkb (1819). (2) Observations on ventilation, etc. — Obseivafions sur la ventilation et sur les rapports de la sante avec la purel6 de I'air que nous respi- rons, etc. ; par Antoine Muylek (1822). (5) Die Heizung mil crivaermtcr Liift. -- Du clianir;i?f an moyen de I'air echaulle ; par P. T. Meisskfr (■\'ienne, i8a6;. T. Xl.IV. OCTOBRE 1 829. Q 83 SCIENCES MORALES iiu'iit, » (lit Howard : il racoiito que I'air dos prisons (itaillcl- leuicnt mallaisaiit do sa nature, a rcj)0(iiic dc scs premieres rccherolies, que son Hacon dc vinaigre lui-nienie contraclait en pen dc terns unc od-eur insupportable. On coiniait I'liis- toire des Assises iwircs (lUack assi/.es), en iSS^. Les detenus amenes au trii)tmal, eoimnuniquerent parmi les jugcs, les jures et les spcctateurs une fievrc qui, en moins d'unmois, en- leva a Oxford ct dans les environs, 5io personncs. On cite heaucoup d'autres exemples non moins eflVayans de conta- gions puisees dans I'air des prisons. — M. Julius recommandc I'emploi des ventilateurs, et cite ce fait rcniarquable que, "dans la prison de Newgate, a Londrcs, ou il moiu-ait cliaque annee de quatre-vingt-dix a cent detenus, ce nombre Cut re- duit a sept, des les quatrc premiers mois qui succederent a I'introduction du ventilateur de Hales par le cclel)re medocin Pringle. Des precautions sanitaires doivent egalement etre prises a regard des vetemens qu'apporlcnt les prisoiuiicrs sur eux en entrant dans la maison. Le costume penal, qui doit avoir tme couleur ct une coupe reconnaissables, est une mesure de sflrete qui n'est pas a negliger, dit I'auleur : cependant, nous ne pouvons nous empecbcr de citer a ce propos les re- flexions d'un homme tres-competent. Elles sont extraites d'lin Rapport du diiccteur de La prison de Naugardt, en Pomc- ranie, sur la situation de eel ctabtissement pendant le cours de I' annee 1828 ; ce rapport a ete insere par 31. Julius dans ses cxcellenles .^?i7i«/ci des prisons. « Le costume penal, si dislinctif, qui partage rhomme en deux moilies de couleurs differentes dans toute sa hauteur, peut etre Tobjet de beaucoup d'ob- jeclions. II rend plus facile, sans doute, le service des gardiens; mais il est certain aussi qu'il est de nature a effacer entieremcnt chez les prisonniers les dernieres traces du sen- timent d'honneur, que les personnes chargees de leur sur- veillance doivent au contraire s'efforcer d'enlretenir. Que peut-on attendre d'un homme conlraint, pendant des annees entieres, ix se familiariser avcc les signes exterieurs dc la I ET POLITIQUES. 85 ilugiaiiation ? Ce costume infamant est dejuune marque, qui (Icvicnt d'aulant plus dangereuse pour la sociele, qu'il est difr- ficilc au prisonnier evade de la quitter; mais qu'il doit le tiire, a quelque prix que ce soit. La surcte des voyageurs et celle des habitations isolees est done bien plus menacec par des fu- gitifs revetus d'un pareil costume que par ceux qui n'oijt a craindre, sur I'habitqu'ils portent, aucun signe capable deles trahlr, et qui, par consequent, ne se trouvent pas dans I'ab- solue necessite de s'en procurer un autre. » II i'aut lire dans I'ouvrage meme les conseils pleins de sa- gesse que donne I'auteur sur la quanlite et la qualite des alimens , sur les soins de proprete et ceux qu'exigent les malades. Slxiemc Lepon. L'inspection et la classification des detenus, qui forment le principal caiactere du nouveau regime des prisons, etaient autrefois negligees iipcu pres coinplctement. II est assez remarquable que toules les combinaisons inge- nieuses de I'architecture dans les grands edifices de I'Orient, de notre antiquite on des tems gothiques, temples, cirques, theatres, eglises, etc., onteu pour unique but la solution de ce probleme : procurer au grand nombre le spectacle du petit nombre. Ce n'est que dans les tems tout-a-lait modernes que Ton s'est propose le probleme contraire : permetlre au coup d'ceil d'un seul d'cmbrasser a la fois la viie de I'ensemble ; idee plus coiii'orme a celle de la mission qu'exerce le pouYoir directeur de la societe. C'est particulierement dans la construction des etablisse- mens de detention que ce principe doit etre observe, puisque la surveillance en est I'ame : elle pent etre iacilitee par di- verses dispositions dont le choix est souvent commande par les localites. Une des plus naturelles, bien qu'on I'ait em- ployee assez tard, est de placer la demeure de Tinspecteur au centre, en ordonnaut les corps de logis de telle maiiiere qu'il puisse voir, sans eire vu, dans les cours, les ateliers, 8', SCIFNCES ^lORALES et inPnic dans les cellules, el qu'il piiissc snrprendre a I'ini- jtrovistc les prisomiiers, en qticlque lieu qu'ils se Iroiivent. Le plan radio est adopte de piTlerence par la societe des prisons de Londies. On nc connait, anlerieurement an cliristianisme. ancini f!xenqile de classification des detenus : Platon seul propose, dans son Traite des lois, d'elablir trois sorlcs de prisons. Les lois roniaines ne contienuent que les dispositions de Cons- lantin pour la separation des sexes, et cellcs du nioyen age, une division cntre les prisonniers pour dettes et les criminels. Plusienrs systt;mes de classification ont ete imagines de nos jours : M. Julius, apres avoir fait connailre celui que pres- ent la loi anglaise de iSaS, et les perleclionneinens qui y ont ete apporles dans la magnifique prison da conite do Kent, a Maidstone, on Ton compte trente-hiiit classes dilTerentes de prevenns, en doveloppe un nouveau, fondo sur la nature de riiomme, tel qn'il se manifeste de nos jours, et qui devraif, pour I'application, otre mis en harmonio avec la legislation particnliere de chaque Etat. Sans entrer ici dans le delail do cette classification et des motifs qui la determinent, nous al- iens nous borner a en presenter les resultats. L'autenr croit necessaire d'etablir cinq especes de prisons : Premieremcnl, des maisons d'arret et de detention pour les prevenus, avec separation, non-seulornent des ages, des sexes et des delits, mais, autant que possible, isolement des individiis, on tenant coniptc de I'etat sanitaire produit par leur genre de vie antorieur. Douxiomemenl, des maisons de correction pour les empri- sonneraens de deux on trois ans, avec travail plus ou moins penihle, solitaire ou en commun, gradue d'apres la nature du dolit a^Mut entrainc la condamnation. Troisicmcment, des prisons dans le propre sens du mot. Quatriomoujont, des maisons ponitentiaii'os. Cos deux genres d'etahlissemens sont destines : i° aux jou- nes gens devenus conpables par suite d'unc education vi- '•ieuso, inais susceptible? d'amolioration; 2° auxindividiiscon- I ET POLITIQUES. 85 damuos ;\ ties peines de deux a quinze ans pour une piemiero faute oil pour des delits qui n'attestcnl pas un eiidurcissement sails remt'de; 3°enfin, a ceux que leurs juges ont era devoir recommander a rindulgence, eii exprimant Tespoir d'uu amendement de leur part. lis doivent etrc oiganises selon les principcs du regime perfectiomie des prisons. Le nombre des inaisons penitentiaires peut etre assez restreint, si I'oii ap- porte un grand soin a celles qui seront instituees, et si I'ou introduit une partie de leurs avantages dans les prisons ordi- naires, ce qui peut avoir lieu sans difficulte. Dans ces der- nieres, la classification doit etre reglee suivant I'etude indi- viduelle des detenus, faite concurreinnient par le juge ins- tructeur du proces , le directenr de I'etablissement, I'au- monier et le medecin. Les inaisons penitentiaires ne sont soumises qu'a une division en trois classes, par lesquelies chaque prisonnier doit passer successivement : la classe d'e- preuve, celle des cprouves, et la classe de preparation. Cinquiemement ; restent les condamnes a quinze ans et plus de travaux forces, dont on ne peut raisonnablement at- tendre assez de perseverance, pour soutenir leurs efforts d'a- melioration durant tant d'annees. L'auteur pense que Ton doit les placer dans des forteresses, lorsqu'il est impossible d'organiser un systeme de deportation en pays eloignes. II est des divisions qui doivent etre communes a tous les genres de prisons : celle des sexes, indispensable, si meme on ne peut instituer des maisons speciales pour chacun d'eux ; celle des tres-jeunes gens dont la surveillance peut etre plus douce et moins dispendieuse; puis enfin une division morale, entierement laissee a la prudence du directeur, en classe d'ob- servation des I'arrivee des detenus, et classe de preparation, quelque terns avant leur sortie. La premiere a pour objet d'etudier le caractere et les dispositions du nouveau pension- naire; la seconde, demenager une transition a ses pas futurs sur le sentier de la societe ou il est pres de rentrer. Enfin, sous le rapport de radministralion, liberte enti^re doit etre laissee au directeur, assiste de Taumonier et da 86 SCIENCES MORALES nl^decin, qui forment son coniile dc consultation; c'cst a lui qu'il appailicnt de I'aiio passer les piisonnieis d'une classc a I'autrc, de provoquer ainsi des rapprochemcns utiles, dcs liaisons salulaires, conimc de prcvenir cellos qui pourraicnt devenir dangercuscs , de les arretcr dans leurs progres et de detruirc Icurs funestes resultats. H. C. ( Cet article sera iermlne dans un procliain cahier. ) BlOGR&PniE UNIVEHSELLE, ANCIENNE ET MODERNE, OU HlSTOIBE, par ordre alphabetique, de la vie publique et privce de tons les homines qui se sont fait remarquer par leurs ccrits, Icurs ac- tions, leurs talens, Icurs vertus ou leurs crimes, Ouvrage en- tierement neui", redige par une Socicte de gens de lettres et de savans (i). C'cst une heureuse idee d'avoir reuni, dans un meine cadre, les homines qui, a diverses epoques ct par des litres dilTercns, ont acquis des droits i la celebrile. Plutarque ct Cornelius- Ncpos, parmi les anciens; Drantomc, Scevole de Sainte-Marthe, Perrault, ct quelques autrcs, parmi nous, ont consacre Iciu' plume a perpetuer Ic souvenir d'un certain nonibre dc per- sonnages celebres; mais ils s'etaient rcnfermes dans un cercle trfes-circonscrit. Moreri, sous le regne de Louis XIV, en s'im- posant la tache de tracer les portraits de tons ceux qui occu- pent une place dans I'histoirc, soit que la gloire ou la honte, la vertu ou le crime la leur ait assignee, doit etrc considere comme I'auteur du premier dictionuaire biograpliique. L'exa- men qu'ena fiiit Baylc nous a valu un beau monument d'cru- dition historique et litleraire. Les editeurs de Moreri ont suc- (i) Paris, 181 1-1S2S ; L. G. Michaud, place des Victoircs. 52 vol. iii-8" d'enTiron Coo pages; prix, ^12 IV. ET POLITIQIJES. 87 ccssivemeiil amcliorc I'ouvrage. M31. Chaudon ct Delandinc, rex-jesuitc Feller ot Prudhomme les out suivis dans cvAle car- riere, en coml)!ant pins on nioins les lacunes qu'ils ont Iron- vees. L'al)l)e tie Banal et Tabbe Ladcoeat ont exploile la meme mine; mais ils ont encouru le reproche de sechercsse, en vonlant flatter par la reduction du nombre de volumes Ic goQt nalurcl dn public pour la paresse et I'economie. En 1810, MM. MiCHAi'D ont concu tout ce que pouvait et devait etre, an xix" si^clc, un Dictionnaire biographi(|ue; les savans ct les litterateurs les plus recommandaljles de Tepoque se sont fait un devoir de les seconder; et, bientot, la Bcographie ani- verselle est devenue un onvrage classique, un ouvrage indis- pensable pour tons les hommes qui cultivent la iitteralure, les sciences ou les arts. Dans les cntreprises precedentes, rien, en general, n'etait approfondi ; I'ignorance des compilateurs sur l)eaucoup de maliercs avail fait naitre des bevues sans nombre et les plus etranges contradictions. Fci, chacun, au contraire, parle de ce qu'il entend le mieux ; cliaque objet sc trouve approfondi comme il doit I'etre, et presente avec le co- loris qui lui cnnvienl. II pouvait en resulter, sans doute, des prejuges d'etat, de petits interets de coterie on d'aniour- propre, des nuances un pen tranchantes dans les doctrines et les opinions; mais on doit reconnaitre que ces inconvoniens se font rarcment senlir. Du reste, on aime a voir juger Ar- chimede et d' Alembert par M. Lacroix ; Lagrange par 31. Mau- rice, et Buffon par M. Cuvier. Cette immense galerie, cette veritable encyclopedic histo- rique, scientifique ct litteraire, peut, si Ton decompose Ford'-c alphabetique, offrir tour a tour I'histoire de chaque pays, do chaque science, de cliaque art, dc chaque Iitteralure ; et, peul- etre, des tables concues dans ce sens, des taljles qui presen- teraient la liste chronologique des noms qui , pour chaque hranche d'etudes, fournissent uiie serie progressive de fails, seraient-elles un complement desirable. Ces tables guideraicnt les lecteurs dans leurs recherches, et les metlraient a mcme de suivre, d'unc maniere aussi utile qu'agrcablc, les progri;s 88 SCIENCES WOUALES (le I'csprit humain. Quel diaiine df j)oiivoir rapprocher de iious, en qiiclqiie soile, cos sie<:lcs brillans donl nous nous enorgiieillissons a si juste litre!.... Apres avoir eu sous les yeux Alexandre, Pericles, Demosthenes, Aristote, Platon, ^ipelle, Phidias el Praxitele ; apres avoir, pour ainsi dire, M'cu dans la societe d'Auguste, de Mccone, de Virgilc, d'Ho- racc, d'Ovidc, de Tibulle, de Ciceron, de Tile-Live, on se plait a cherchcr, sur les traces des Modicis, I'Ariosle, le Tasse, llaphael, Michel-Ange el Palladio. On aiine a se voir cnsuite cntoure de cetlc foule de grands iionuiies qui onl illustre la I'" ranee pendant les deux deinieis siecles. Jc ne connais pas lie spectacle plus enchanteur ! Avec quelle dolicieuse emo- tion noire esprit parcourt ces archives de la gloire et du gonie ! Les articles Eschyle, Eurip'ule ct Sopfwcle, par JVI. Amar Duvivier; Racine, par Roger, et Voltaire, par M. Auger; S/iakspearr, par M. Villemain; Alfieri, par Ginguene, et Schil- ler, par M. DuvAC, oflVent des rapprochemens du plus vif in- teret, et jettenl un nouveau jour sur la mani^re donl les diffe- rens peuples ont coufu la tragedie. On pent, avec la meme utilite, faire un cours de litterature comparee pour la come- die, le poeme opique, I'histoirc, le roman, etc., etc. Un article tout-;\-fait suporieur, et qui se distingue par la pensee comme par le style entre les plus distingues, est celui (lu grand Corneille, rcproduit , di;s son apparition, dans plii- sieurs langues etrangeres. On regrette vivement que ce soil le soul qu'ait donne a la Biographie universclle M. Victorin Fabre. II appartenait a I'auteur de VEloge de Corneille, cou- ronne, quelques annees anparavant, comme un ouvrage du premier ordre par I'lnslitut, d'analjser ce theatre oil Corneille a peint les Romains de manidre a expliqaer la conquete du monde (i) ; et, dans cette savante analyse, M. Fabre a tenu, a surpasse meme tout cc que devaient faire attendre le grand (i) Expressions de I'Eloge couronne. « Ce mot, a ecrit M. de Fontanes, tist digiie de Corneille, et on le croiiait de Montestiiiieu. » ET POLITTQUES. 8.) nom inscrit en tete de Taiiiole et celui du redacleiir. Les anciens dictionnaires historiques avaient neglige bean- coup troples celcbrites etrangeres; c'est un reproclie quel'on ne fera point a la Biographie universelle ; il n'est guere dc nom etranger tant soit pen connu qui n'y soil I'objet d'unc mention plus on moins etendne, suivant son dcgre d'importance; parfois meme, la courtoisie francaise s'j fait-elle trop senlir : c'est ainsi que M. Bo ecus, dans I'article Ercylla-y-C uniga, se mon- tre par trop favorable au poeme de VJraucana, qn'il semble preferer a la Henriade, Les problemes, les incertitudes, les doutes quise rattachent aux epoques, on bien anx auteurs des decouvertes importan- tes, telles que la boussole, la poudre a canon, Timprimeric, etc. sent approt'ondis et discutes avec antant de sagesse que de precision. On ne s'est pas applique moins scrupuleuse- ment a rectifier les erreurs accreditees dans I'histoire ; c'est ainsi que I'auteur de la Notice sur Jean Le Hennuyer (M. Louis Dubois) prouve, de la maniere la plus convaincante, que cet eveque de Lisieux, aumonier de Charles IX et confesseur de Catherine de Medicis, loin d'avoir pris, dans son diocese, en 1572, la defense des prolestans, s'est montre I'un de leurs plus acharnes persecuteurs. II est pourtant facheux que cette action heroiquc de charite chretienne doive etre mise au nombre des meusonges repetes sans examen, et qui font de I'histoire, coname le disait Fontenelle, v un recueii de fables- convenues. » M. de Fortia, a qui Ton doit les savantes no- tices sur Marianus-Scotus, Merovee, Ninus, T hales et le cardi- nal deTournon, a parfaitement demontre, k I'article Meroban- des, que ce consul remain n'est pas, ainsi que I'avait pretendu I'abbe Dubos, le roi des francs Mellobandes. Les questions relatives au mariage de Moliere, a la naissance de Quinault, a la mortde J. J. Rousseau, et qnelques autres points de I'his- toire litteraire sont eclaircis avec la meme sagacite. L'enumeration de tout cc qui me parait digne d'etre cite , me conduirait beaucoup trop loin Je dirai seulement que^ •>i quelques traces de fiel ct d'esprit de parti sc font remarquer .)o SCIENCES MORALES iluDs ccrtaiiu's paj^es dc cos oinqiiaiitc-deux volumes, ccs torls soiU rares ; ct rimpaitialitc la plus sevt're forme, en general, nn ties carhcts dislinctils de la Biographie iniiversclle; MM. Ifes abbes de LABoiDF.niE cl TAiiAnAUD en I'onrnissent de nouibreux excniplcs dans Icins articles d'histoire cct]esiasti(]ue. Les cinq on six premiers volumes laissent apcrcevoir plus de negligences et d'impcrfections que les volumes suivans..., Les Notices Barbaroux, BcaiUiarnais (^Atc.randre)^ ct quelqucs autres sont tout-a-fait insiguifiantes ; elles auraient besoiu d'etre refaites. Le general autrichicn BeauUeu vivait encore en iSi 1, quoiqn'cn dise son biographe ; il est mort i\ Lintz, le 22 dccembrc 1819. Les details qui le concernent sont d'ail- leurs incomplets et inexacts. Le tribun flamand, qui s'est rendu lameux an xiv* sicdc, s'appelait, non pas d'ArteveUc, mais d' Aricvelde; il n'etait point i)rasseur; mais, qnoiqu'il ap- partint u la noblesse, il s'etait I'aitinscrirc dans la corporation des brasseurs, afin de prendre plus d'ascendant sur la bour- geoisie. II ne fallait pas non plus reproduire, sans examen prealable, les rcproches soiivent absurdes que Ini fail le chro- n\(\ne\\r Froyssard. Le comte de Flandre, qui rcgnait en i382, etait Louis de Male, ainsi nomme dn lieu de sa naissance, et non Louis, dit le MTde (article Boucicdui). On a, par un in- concevable qnlproquo, confondu avec un Berirandde Salignac- Fenelon, mort en iSSg, le Bcrtrand de Salignnc-Fcnclon, che- Talier des ordres du roi ct secretaire d'Etat, qui, charge par Charles IX de justifier, dans un Memoire pour la rcine Eli- sabeth, rhorrible journee de la Saint -Barthelcmy, fit cctte belle reponse : « Adressez-vous, sire, a ccux qui vous I'ont conseillee; un roi pent ravir la vie a un gentilhommc, mais il ne peut lui ravir I'honneur. » II serait fastidieux de pousser plus loin nos observations critiques ; on sent assez que des erreurs sont inevitables dans un ouvrage dc la nature de cclui-ci; du reste, les noms qui dccorent la liste des collaborateurs nous donnent la garantie qu'elles sont pen nombrcuses; il serait bon , neaninoins, de les rclcver dans un volume supplemcntaire, afin que ricu ne 1 ET POLITIQUES. qi deparat plus celte vaste composition litleraire qui vaut seulc une bibliotheque, ct dont, cliaque jour, on apprecicra inieux rimportancc. Stas.saivt. ExAMEN CBITIQl'E DES ARTICLES RELATIFS AlIX HIST0RIE>"S, daUS la Biograplde universelle. Ce grand ouvrage, termine par la publication de la 26° li- Traison , formant les tomes li et i,n, fut commence, il y a yingt ans, i I'epoque la plus paisible ct la plus glorieuse du regne de Napoleon. La Biographie universelle etait, dans sa vaste conception, une production giganlesque, niais cependant proportionnee a la grandeur de Tepoquc : elle a ete continuee sans interruption au milieu de nos orages politiques. Combien n'a-t-il pas fallu de perseverance a Tediteur, pour conduire a sa fin une entreprise dc si longue haleinc, un ou- vrage herisse de tant de difficultes, une composition qui de- mandait tant d'auteurs differens, et qui, par consequent, appe- lait a une collaboration commune tant d'ecrivains d'opinions souvent opposees ! Mais, au moycn d'avances tres-considerables et par un beureux melange de lermete et de condescendance, M. Micbaud a Iriomphe de tons les obstacles et a pu achever cette difficile entreprise. Pour louer dignement cet editeur , nous n'avons rien de mieux a faire que de renvoyer nos lecteurs a I'avant-propos du Lii" volume, oCi M. Micbaud rend couipte, de bonne foi, de tout ce qu'il a fait pour obtenir le succes qui a couronne ses efforts. Le succes est hors de toute contestation, ct nous n'en vou- lons pour preuve que la possibiiite oi"! s'est trouve I'editeur de pousser jusqn'au lii" volume un ouvrage qui, tire a sept milie exemplaires, a exige un capital de phi? d'un million. En rendre compte dans son ensemble, n'est pas une taclie facile. Pour la remplir dignement. il faudrait a la fois le coup d'ceil prompt et sur que donneut de? connaissances generales, et {'esprit d'investigation qui est le resultat de connaissances (ji S(;1K^(;KS morai.ks parliitilit'ies. 11 laiKlrail, a rcxcuiple do Uaylo, oti do Vollaiio, s't'lre, en quulquc soi to, appioprio Ic doinaiiio etitietdes scien- ces huniainos. Nous allons done nous borner a un examen rapidc et som- maiio do ce qui concernc la biographie des historiens el des hiogiaplies donl Ics noms sont reunis dans ce vaste diclion- naire. Nous ne nous arretcrons qu'aux piincipaux, sans nous aslioindre a Tordie alphahelique. A la letc des premiers historiens de Tantiquite fij^urenl les iu)nis imposaus de Moise c{ iVHi'roclotc, aux<(uols jo nc crain- drai pas d'ajoulcr //owrrc. L'article Moise, dans le xxix' volume, a pour auteur M. Tabbe Labouderie, qui a leproduit avec une elegante precision lout ce que les ecrivains catholiques admetlent comme articles de Ibi sur ce legislateur des Hebreux. II refute egalement tout ce que les incredules ont avance contre I'existence de Moise, et pour prouver que le Pcntatcuquc n'elait pas de lui. Sous ce double rapport, l'article ne laisse rien a desirer; mais on ainie- rait a y voir iAloise considere d'une manicre plus large comme historien. Aux yeux dc tout homme sense, quelle qne soil sa croyance, \ePeniateuqtte demeurera toujours le plus venerable et le plus utile moninnent historique qui existe pour les pre- miers terns du nionde. Quand meme il serait permis d'ad- meUre qu'une partie des I'aits rapportes par Moise sont de pieux niensonges et d'audacieuses allegories, cela n'oterait rien a la coulcur locale de son ouvrage, et a laverite desmoeursqui s'y trouvent retracees. Comme monument chronologique , que pourrais-je dire de la (Icnese? Celivre serait bien plus utile, s'il etaitmoins dan- gereux do le soumettre, counne les aulres sources historiques, a rinvesligation dc la critique. Apros Moise, I'bistoire juive a ete ecrite par une suite d'au- leurs quejles juils^et les Chretiens regardent comme inspires. Devant leurs pages toujours eloquentes, toujours empreintes d'une bimplicite sublime , la critique doit egalement rester inucttc. Mais si, par ce motif, on n'y saurail Irouvcr, sous le ET POLiriQlES. r)3 rappoil lies I'aits pincnicnt histoiiqiu's, iuk; inslriicllim ii'-clk- el surtout bieii siiivic, ceiix qui veiileul cuiitiniier ri'tiide dcs inslitutions Pt dos lois dii people de Dieuypiiiseront des docn- mens aiissi utiles, aussi positils que dans le Pentateuque. II est un historien trcs-ancien qu'il faut nomnier apif's Moise, puisque Ton a qualifie son onvrage de Bible du I'oiy- tlieisme ; c'est Satichoniaton, qui a fourni a M. Saijnt-Martitv le sujet d'un article oi'i brille une erudition tout-a-fait nou- velle. Apres avoir discute sur le terns oi'i yecut oet auleur phenicien, il etablit qu'il I'ut conteinporain de Gedeon, c'e;-!- a-dire, qu'il vivait au i/[' siecle avant J.-C. II deplore d'au- tant plus la perle de I'ouvrage, ou plutot des ouvrages de Sanchoniaton , que les fragmens que nous ont conserves Eu- sebe, Theodoret et Porphj're, out evidemment ete falsifies par un zele avengle , ou par I'ignorance. Enfin , M. Saint-Martin fait, en quclques mots, justice des ridicules interpretations auxquelles a donnc lieu ce precieux reste d'antiquite. II terminc sa courte et substantielle dissertation : (car, sur despersonna- ges aussi peli connus, des notices bingrapliiques peuvent-clies etre autre cbose?) en emeltant le voeu que des savans plus judicieux que leurs predecesseurs etudient Sanchoniaton dans un tout autre esprit. Alors, on parviendra, non pas a oxpli- quer entierement les fragmens mythologiques de Sancho- niaton, mais a en donner une explication aussi satisfaisante que le permet le peu de notions que I'antiquite nous a trans- mises sur les opinions religieuses des Pheniciens. Personne, parnii ceux qui se sont serieusement occupes de I'exploration des sources historiques, ne s'etonnera de voir placer Homere entre Herodote et Moise. En effet, outre quo Ic style de I'lliadc n'a rien de plus poeti(iue que cclui de la Ge- nese, ses ouvrages, composes environ cent cinquante ans apres la guerre de Troie, suflisent seuls pour faire connaitre ce qu'e- taient, en Grece, au terns oi'i vivait Homere, et quelques gene- rations auparavant , la religion, la politique, la police des villes, lacour des rois, la vie domestique, les arts de la gnerre ^ et de la paix. ,)', SCIENCES MORALES Dans riliiule, lIoiiKie donne niic idco liuile a saisir de la piiissaiu'c d'Agaiiicnuion et de la sitiialioii politique de la Gii-'ce. Ce genie universel n'e«t pas senlcment riiistorien des premiers Icnis de la Grece ; geographc, il fait connaitre i'etcn- dne cl Ics liniites des nombreu.ses contrees qui la partageaient. Son tenioignage, en cetlc maliere, avail force deloi; et Ton \it des cites n'invoqncr d'anlre aulorile <|u'un passage d'Ho- mere pour decider lours conleslations sur la delimitation de leur territoirc. Avcc cc poete, Ics savans modernes ont pu determiner la position d'un grand nombre de villes. L'artide sur Honicrc, qui se trouve dans le xx' volume, a pour auteur M. Amar Duvivier. Cest assez dire qu'il est fait avec conscience, ecrit avec cctte elegante simplicite qui con- vient au style biographique , et que le genie poetique d'Ho- mcre, et les travanx de ses scoliastes, de ses critiques et de ses traductcurs, ont etc dignement apprecies. Seulement nous re- produirons ici robservalion que nous avons Aiite au sujet de I'arlicle sur Moise : dans celte Notice, si complete sous tousles autres rapports, Ilomere ii'a pas ete apprecie comme historien, comme geographc, ni comme peintre de moeurs. Herodote, que Ton estconvenud'appelcr le percdc I'hisioire, a trouve, dans M. RAOtL-UocHETXE, un biographe fort erudit. Hisloriam ornavit, a dit Ciceron en parlant d'Herodote, et c'est avec raison ; car 11 ne fut pas le crcateur du genre histo- rique, et ne vient qu'apres A ««\ait C-tre im grand charlatan , s'il prati- ([iiait la mt'-dccinc comuie il ecrivait I'hisloire. Poiu- compleler ces enumerations des liistoriens anciens qne I'Orient ou la Grece ont vu naitre, et qui ont ecrit sur I'originc des vieux empires, nous cfteroiis Bcrose, astronome chaldron, anteur d'une Histoirc de Babylone, souvcnt citeo par \ii ]\i\{ J oseplic , et dont Sencffue , Pline , Plutarqiie et Vitruve Ibhl inoMlion ; Mancllion , prC-tre egyptien ([ui avail entrcpris, a la prii're de Ptolemue-Philadelphe , une Histoirc unirerselU d'Egypte ; Abydene, autenr d'nne Histoire de Babylone. La No- tice sur Berose, dans le iv" volume, est do ten M. Delambre. M. iMalte-Bruk, dont la science deplore egalenient la pertc, a compose, dans leui'' volume, i'artide iVJbydenus; enfin, Ma- nellion a Ironve pour biographe, dans le xxvi'^, M. Pf^eis.i, qui a fourni a la Biographic universelle un si grand nombre d'ar- tides. Moins venerable par son antiquitc, mais le plus cite, et, pour ainsi dire, le plus popiilaire de tous les ecrivains dc la Grece, le biographe de Cheronee dcvait, dans un ouvragc semblable a celui que nous analysons, trouver une place de premier ordre. Aussi, M. Michaud en a-l-il conGe la redaction a M Yillemain. Cc brillant ecrivain a dignement apprecie le beau caractere de Plctarque, et son noble patriotisme qui survivait a la libei tc de la Grece. II emet sur lui un jugement litteraire fait pom charmer tous ceux qui regardent Plularque comme I'auteur le plus attachant des siecles passes. M. Villcmain enumere tous les grands ecrivains qu'a heureusement inspires le genie a la fois sublime el naif de Phitarque, tels que Montaigne, Amvol, Shakespeare, JMontesquieu, J. -J. Rousseau. Je n'ai pas besoin d'ajouter que M. Villcmain n'esl pas reste lui- meme etranger a celte heureuse inspiration. Passons aux hisloriens grecs on latins qui nous onl Irans- mis les annales de la ville elernclle. L'arlicle sur FabiusPictor pouvait offrir des recherches plus savantes qu'on aurail pui- sees sans peine dans Fossias et dans les erudits de I'Alle- luagnc. Tl e>l a regretter egalement de ne pas trouver, dan*; ET POLITIQUES. 97 on ouvrage nussi complet, la Notice sur Dioclex de P^parMTtt^ qui tut bien veritablemcnt le perc de I'histoire romaine. ( C'est line omission qui sera sans doute repaiee dans le Sup- plement. ) Les grands historiens romains out ete dignement traites dans cet ouvrage. L'arlicle Salluste, qui fut Romano, primus in Historid, autant, pour le nioins, par ordre de date qn'A cause de son merite reel, est tie M. INoel : il est siibstantiel et com- plet. On peut en dire autant de celui de Tite-Lire, dn meme auteur, qui , comme on sait, a ete I'editeur et le conlinuateur de la traduction de cet liistorien par Bureau de la Malic (1). On pourrait cependant desirer, dans ces deux articles, ces haut s apercus littcraires et politiqnes que Ton troiive dans les Notices sur Polybe et sur Tacite par IM. Dacnob, qui, dans ses Biographies, comme dans son eiiseignement, est toujours dans le vrai , toujours eminemment judicieux, ce qui devient de plus en plus rare. Un dernier merite distingue encore ces deux articles, je veux parler des rechcrches bibliographiques qui les terininent. Comme historien, aussi-bienque comme general et comme homme d'Etat, Jules-Cesar est pai't'aitement apprecie dans un article de M. Michaud, I'academicien, qui reuferme une foule de choses dans un petit nombre de colonnes. En general, cet auteur, i\ qui la Bios^raphie doit trop peu d'articles, a en le talent de les faire a la Ibis tr^s-courts et tres-compiets. Apres ces grands maitres de I'Histoire romaine. on trouve Velleius Patercuius, Suetone , Florus, Euirope, Aarelius Vic- tor. Les divers articles, consacres a ces auteurs, sont plus on moins sufiisans. La Notice sur Suetone par M. Daunou merite une mention parliculiere. €etfe notice, bien moins etendue que celles que le savant professeur a donnecs siu' Poljbe et sur Tacite, a, en proportion, une importance egale par la ma- nitrc dont elle est traitce. (1) Voycz Hcviic Encyctopcdique, t. xlui, p. 645, rcxanien ciillqiic dc la nouvelle traduction de Tacite, par M. Buinoiif. r. Miv. ocTOBRK if'a;). 7 9S SCIKNCES MOIWLKS L'cspacc nnusmaiiquerait pourconliinicrcellconiimi'ialion (Ics ancicmics sources tic I'liistoire. Nous renvoyons done li la Biographic ollc-mcmc : Ic lootcnr pourra consulter avcc fruil los iiolicos sur Ics atitoiirs do I'Histoirc augiistc el siir ceiix do la Bysaiiliiic : car, si toutcs iroflVciil i)as nnc bicn iiaulc erudi- tion, (!!les peiivcnl du moins incltrc sur la voie Jc rcclierches plus soviros et plus clenducs : et d'aiiieurs, tcllcs qu'cilcs sont, files valciil mienx, sans coinparaisoii.fjwc tons los articles cor- respondans des precedenlesi>io{;rapliies. Au risque de parailre monotoue, jeferai unenieiitiouparliculierede VAVlicle Procopc, par M. DAtNOB. II est plein de reclierchcs cuiieuses, et ter- mine par unv excellente bibliographic. M. Daunou, oommeou le voil par toutes mes citations, a donne beaucoup d'articles a cet ouvrage : c'est deja un nierite; mais, ce qui vaut mieux, c'est que ces notices ne sont pas des (.oinpilations I'aites a la liate et a <'oups de livrcs. Toutes se disliiiguent par des rc- cherehes ueuves et par des apercus qui soul propres a I'au- teur. Nous arrivons enfin aux historiens niudernes. Ici, uiic foule de pensees diverses et de hautes questions viennent nous pre- occuper. Ici, se presenterait , par exemplc, la question de la superiorite des historiens anciens sur les modernes. D'abord, il landrail examiner en qiioi consiste cette superiorite, et mCnie si elle est bien reelle. On pourrait ensuite se demander si, de- puis Herodote, Thucydide et Polyi)e , rhisloire , demcuree staliounaire chez les anciens, n'a point seulement fait un pas, exceple dans les CEuvrcs de Tacite, qui, sous cc rapport, a ete le dernier des Roniains. Enfin, ne serait-il pas pcrmis de craindre qu'un historien moderne ffit expose aujourd'hui a se voir honni et repousse, s'il se presentait dans la carriere avec la nudite et la partialite lacedemonienne de Xenophon (i), avec les pompeuscs harangues de Tile -Live, aveo I'ar- chaisme el I'affectation surannee de Salluste; enfin, avec la (i) Jeparle seulement de la suite de, la guene du Peloponnfese : car, si jP legaide la Cyropedie comme le premier des ronians hisloiiques, j'ad- mire cdmiiic un chel'd'ceuvre I'liistoiie de la Itclraite ilcs edx >ni(/c. ET POLITIQUES. 99 vaine ilietorique ct Ics rccheiches vides et pueriles de Denys d'llalycarnasse? Cette inanierc d'eiivisager la question parai- trait neuve peut-etre aux homines cliez qui la science qu'on puise dans les livres n'a point detriiit riiahitude de penser par ciix-memes, et qui, en erudition conime en toule autre chose, aiment a secouer les vieux prejuges. Probablement aiissi, de pareiis doutes scandaliseraient cette tourbe de gens don I un de nos poetes les plus ainiablcs a dit : Le hasard nous unit dans un de ces cachots Oil, la ferule en main, des eufileurs de mots Nous moatient comme on parle et non pas conime on pensc. Mais ce n'estpas pour eux que nous ccrivons ; ils ne nous com- piendraicnt pas. Ne craignons pas do le dire, les nations modernes peuvent opposer avec avantage, aux noms des plus illustres historiens de i'antiquite, ceux des De T/ioii, des Montesquieu, des Gibbon, des Voltaire, des Hume et des Schiller. A la renaissance des lettres, I'imitation servile des histo- riens anciens par les modernes n'avait produit que des narra- teursplus oumoins diserts, tels que les jesuitrs il/wrtana et Stra- da. En depit des eloges outres qui, de generations en gene- rations , ont passe dans toutes les biographies connues, Ma- riana, qui fut a la fois I'imitateur de Tite-Live et I'apologiste du regicide , demeurera beaucoup plus celebre pour avoir inspire Ravaillac, que pour avoir menti et discourudans une histoire d'Espagne, a la maniere de I'historien romain. L'ar- licle que lui a consacre ftl. Weiss a de I'interet. Bien moins meuteurqiie Mariana, I'ltalien i^/ra^/rt merite plus d'estime, conune historien ; mais, sous le rapport litteraire, son ou- vrage est fort mediocre. L'auteur des Guerres de Flandrc se perd dans des digressions inutiles, dans des details biogra- phiques insignifians ; enfin, son style a de la recherche, sans eclat. Strada me parait fort bien apprecie par i\I. De Angelis, Napolitain, a qui la langue francaise scmble aussi faniiliore que le langagc d'une sage philosophic. ,00 SCIKNCES MORALES (lontiMuporaiii dc Stiatla, Bentiroglio, cardinal, s'est mnnlir, dans los Mrnioires qu'il a laissrs sur sos noncialnros, plus pro- fond conime pcintre dcs liommrs el i\c^ ('venpiiu-ns ; niallion- reuscment, cet adroil ct fin pidilicpu- s'cst trop sonvcnl im- post; la loi de caclier ies ressorts scrrPls de la diplomatic ro- maine. II a fait aossi one hisloire des gucrresdc Flandrc, infc- rionre;\celle de Strada. II est fritlicux qne GiNGtEUE, si l>on jngccn cellc raalicre, n'ait pas, dans rarlicle assez pcu com- plct qu'il a consacrc a IJcniivoglio, voolu donner son opinion snr cct onviage important. Le lecteur sera plus henrcux en parconrant I'arlic Ic Ma- cliiarcl, fait par nn anonymc, avcc conscience et talent. Cclte notice nc pent qn'eire le fruit d'imnienses reclierclics (i). An risque d'etre bicn incomplels, indiquons sans prcamjinle Ies articles qui concernent Ies plus grands historiens des tcms modcrnes. Dire qucl'artklc Montesqnicua ponrauteur HI. Vil- lemain; celui de Hume, M. "Wai.kenaer ; celin' de Gihbon, M. Guizot; celui de Sclulhr, M. Duvav, savant modeste, si verse dans la littcraturc alleniande, c'est etrc dispense de faire aucun eloge de ces briilantes compositions biograpliiques. Enfm, dans Ies Notices sur Brantome , ^ur Fro is sart ct sur Coynines, M. de Bar ante a annnnnce ce que pourrait faire plus lard le brillant et original bistorien (\c6 dues de Bourgognc. Terminerons-nous cet article sans rappeler an moins Velly, VUlarei et Gamier , ce modeste et laborieux triumvirat des compilateurs de notre histoire nationale, qui ont eu pour bio- graphes , Ies deux premiers, M. Dainov; le troisieme , M. Walkenaer. M. de Barakte a digncmcnt apprecie le bean talent et le noble caractcrc de cet abbe J^crlot, qui, pou- vant, par sa naissance et par son nicrile, aspirer aux plus hautcs digniles de rEglisc, piofcra nne noble ct modcste in- dcpendance. Aucun bistorien n'a parle avec unc plus gene- reuse libcrte de la polili([uc insidieuse et des usurpations du (i) I'oyez Ies Irois ailicles t-lciiilus dur Ics OEuvrcs de Ulacliiavel, qui out ele ins^K'S dans la liii. E»r.. 1. \t,i, p. 81 ct 0-6, ct t. xtii, p. a?'^■ ET POLlTlQlliS. loi Nrml-.siiigo, lleuieiix rahljo ilc; ^cl■lot, s'il eiit mis auluiil dc srnijmlc dans ecs riH^hcrches que de conscience dans ses opi- nions ! J'aurais voulu pouvoir indi scellerent de leur sang leur profession de foi politique. IJes pa- triotes polonais qui survecurent a ce desaslre, les uns furcnt jetes dans les cachots des puissances coalisces; les autres, pourchasses par toute I'Europe , allerent chercher un asile a Venise, a Florence, a Constantinople, et dans cette France surlout, qui, tenant alors son drapeauleve a la face du monde, ralliait autour de hii quiconque avail soulfert pitur la cause commvuie des nations. ET rOJ^lTIQLES. 107 De te jour, Piiris dovint la piitiie adoptive des proscrits I'o- loiiais et le centie dc toiites leiirs esperances : c'est la que se place avec eux Bl. Chodzko : (''est de ce point qu'il suit avec vine clarte et line intelligence remarquables toutes ces tenta- tives diverses , toutes ces negotiations avec la France , la Tiirquie et la Priisse, qui venaient aboutir a iin mtme but: la delivrance de la Pologne. Car ce but etait le lien universel qui unissait ensemble ces genereux citoyens, sur quelque bord que la fortune les eQt pousses : c'etait leur consolation dans leurs miseres, I'espoir auquel ils sacrifiaient leur tenis, les debris de leur fortune et leur vie meme : c'etait cette foi perseverante dans un meilleur avenir pom- leur patrie, qui soutenait leurs efforts et ecartait d'eux le decouragement. Long-tems ils crurcnt que la France faisail de leur cause la sienne propre; que cette repnblique, dont les volontes etaient alors la loi de I'Europe , decrcterait un jour le retablissement de la Pologne, et dicterait cette condition aux souverains du nord, comme I'un des articles de la paix generale. Mais la paix ne se fit pas; et, d'ailleurs , Ic gouvernement francais, qui ne vivait que de victoires, ne pensa pas devoir consumer en une expedition lointaine ses ressources et ses finances deja si dclabrees. Ne pouvant jeter en Pologne une armee sulTisante pour I'affrancliir, il douta que le patriotisme polonais pCit a lui seul accomplir cette oeuvre, et crut qu'aflicher aux yeux de I'Europe une si haute pretention serait compiomettre les destinees de notre jeune repulilique, sans servir utilement nos allies. II se contenta done d'ofTrir aux Polonais un asile sCir, une protection avouee pour-le present et de vagues es- perances pour I'avenir. Long-tems meme il hesita s'il permct- trait aux refugies d'organiser, a I'ombre de notre drapeau, un noyau d'armee nationale qui put, au besoin, servir de cadre et de point d'appui a une vaste insurrection polonaise. Mais enfin il se laissa vaincre a leurs prieres, et ces braves obtin- rent la faveur de servir la republique lombarde, et d'aller s'e faire tuer, sous les ordrcs de Bonaparte , pour I'indepen- dance italienne. io8 SCIENCES MORALES Telle esl I'origine dcs legions polonaises ; rinlrodiulion ct lomme le terrible avant-propos ile lein- hisloire. Ici se tcr- inine i\ pen pres la carrierc politique de ces nobles exiles et recommence leur vie militaire : ccUe-li durera i8 ans, jus- quVi Waterloo : associes a la dcslinee de la France, ils n'auronl pliisd'autrcs interets que les siens, d'aulrc cause, d'autres vic- toires que les sicnnes. Nous no suivrons pas M. Cbodzko dans son ricil press^nt ct anime des fails d'armes qui illuslrerent le nom polonais en Italic. Ces details, precieux pour la Polo- gne, nous oonduiraient a rcdiic encore ces merveillcuses caui- pagncs, qui furcnl le plus pur et le plus beau des trophees de la Fiance, et dont chacun de nous garde a jamais le sou- vem'r. Donibrowski, Kuiaziewicz et leurs compagnons y rivalistjrent de gloire avec notre armee. Pacificaleurs de la Lombardio et de I'Elat de Venise, vainqueurs de Naples avec Chanipionnct, ils tinrcnt quelque terns garaison dans Rome conquise, et hi, on vit cctte admirable jeunesse reprendre, sous la direction de queiques-uns de ses olliciers , ses etudes litteraires interrompues par les desastrcs de la Pologne : des- tinee singulierc et digue de ce terns do prodiges, qui donnait i des regimens slaves pour canq>, pour ccole et presqiie pour patrie les ruines du Capitole! Enfni , qnand Bonaparte eut cmporte avec lui en Orient la fortune de la republique, les Polonais, resles en Italic vinrcnt s'y heurter une seconde fois ct sous iin autre ciel contrc les Russes de Souvaroff, jetes aussi au-dcla des Alpes par les hasards de la guerre : entre de tels ennemis la lulte etait a mort , et les Polonais, ecrases par le nombre, laisst-rent I'elite de leurs legions sur les champs de bataille de Magnano, de la Trebia et de Novi. An milieu de ces vicissitudes de succes et de revers, quel- ques esperances de revoir leur patrie etaient venues soutenir le courage des legions. En avril 1797, quand rarinee fran- caise mcnacait Vienne, DombroAvski avait soumis au general Bonaparte un plan de campagne cpii pouvait relever la Polo- gne. 11 s'agissait de reunir a Paluia-Nova, sur la IVouticre de DahiKilic . Ions lo (U'iaclicmcn> /pars des legions, (i\ join- I ET POLITIQUES. 109 (Ire qaolqiics millicrs do Francais, puis, travciaanl rapiJc- nienl Ics provincos turqiies, do se jeter en GalliLie. Ce plan, liasardeux au premier aburd, etait cependant d'unc reiissite certaine, s'il obtenait I'assentiment de la Porte ottomane : un instant meme, il avail parii sourire a Bonaparte, et la divi- sion polonaise s'elait, par ses ordres, rasseniblee a Pahna- Nova. Impaliente de donner le signal de la regeneration, et de se mesurer snr son territoire avec ses eternels ennemis , elle comptait dcja les lieues qui la separaient de la Pologne, quand elle recut la nouvelle de la paix de Leoben, et I'ordre de se replier sur les Etats roniains. II I'allut renontcr encore a I'espoir d'obtenir une independance achetee par tant de sa- crifices, et se resigner a n'etre plus qu'une simple division auxiliaire, au service de la republique cisalpine, Plustard, les Polonais ne purent etre admis u envoyer un commissaire au congres de Rastadt, et, apres la journee de Marengo , on leur accorda, pour prix de leurs exploits desinteresses, le triste honneur d'aller mourir de misere a Saint-Domingue. Ces soldats, nes sous un ciel du nord, ne purent supporter le so- leil ardent des tropiques ; et la fut le lombeau des premieres It-gions polonaises. Eh bien! cette ingratitude de notre gouvernement, ces fide- les allies parurent ne pas la sentir, lant la France leur etait chere, tant ils avaient d'espoir en elle. Des que la jalousie de I'Europe nous ramena sur les champs de bataille, des Polonais se rencontrerent en foule qui prirenl place dans nos rangs, et partagerent I'honneurde nos plus glorie uses vie toires. L'histoire des legions polonaises en Italic n'est done qu'un episode dans l'histoire complete des arniees polonaises pendant vingt ans : ce n'est aussi qu'une faible partie du grand travail autjuel s'est livre M. Chisdzko. Ne pouvant, comme il le dit lui-meme, se vouer a la defense de sa patrie esclave, M. Chodzko lui a du moins consacre le fruit de ses veilles, et toute une vie d'etu- des severes et de laborieuses recherches. Retracer a I'Europe la chute de la Pologne et les dechiremens interieurs qui ont accoinpagne ce sinistre evenenient, rcdire les exploits de ces no SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. lieroiques proscrits, depuis la confoileration de Bar jiisqu'a leur dernier coup d'epee do "NValerlon, telle est la taclie qu'il s'est laite. Ajoutons que uul n'etait plus capable de la rein- plir. M. Chodzko a parcouni la France, I'ltalie, rAllemagiic : il a recueilli, d'un bout de I'Europe a I'autre, tous les docu- meris, tous Ics souvenirs auxquels se trouve niele le nom po- lonais, et il possede uneriche collection de Memoires authen- tiques et ignores : a ces ressources materielles , il joint une rare sagacite liistorique, nn style elegant, aniine, et d'une purete singuliere dans unetranger, bien que, de terns en tems^il totune ilia declamation, et que sa narration, parl'ois iucomplele, laisse trop a faire a I'intelligence de ses leclenrs. Mais ces delauts sont ceux de I'inexperiencc et disparaitront avec le terns : ce qui restera, c'est la grandeur de I'intenlion, et le talent plein de verve et d'enlhousiasmc. Avouons, d'ailleurs, qu'en par- courant ce livre, nous nous sentions entraines a une indul- gence que chacun partagera sans doute. Si Ton voyait un fils occuper sa vie a parer le tombeau de sa mere, n'excuserait-on pas quelques defauts dans ce travail? or, qu'est-ce que I'oeu- vre de M. Cbodzko? sinon un monmuent eleve par la piete fdiale au souvenir d'une mere cherie ; de la Pologne, qu'il Youdrait voir libre et independante? A. d'Herbelot. »ftS*5fx I LITTERATURE RUSSE. OEUVRES DE Basile NAPx^JNl (i).; I. Aristion ili pebevospitasie. — Ariiilion, ou I'educalion re- faite (2). — II. BoiRSAK. — Le Boarder (5). — III.' — DvA IvANA iLi STRASTE k'tia.tbam. — Lcs cleux I Van, ou la manie des precis [^).—Y\, Povesti. -"-iVoHre/te (5). — V. Slaveivs- KiE Vetchera. — Soirees slavonnes (6). Uaiis toutes les litteratures avancees, les romans pullulent ; (i) N. B. Nous possidons, pour la Rissie, un a vantage precieux qui permet a la Ficvue EncyctopedUjiie de parler de ce pays avec un soin et des details qu'on ne rencontre cerlainement dans aucun autre recueil. Nous recevons directement une partie considerable des uieilleures productions qui sorlent annuellement des presses russes. Nous les devons au zele eclaiie et patriotiqne de I'nn de nos correspondans de Moscou, qui , non content de coutribuer par ses articles a la redaction de nos sections du Bulletin bibliograpliiqitc et des Nouvtlles russet, a forme, avecle concours de quelques-uns de ses conipatriotes, une Sociele destinee i seconder ses efforts. Le but principal de cette Societe est de procurer a ceux de nos coUaborateurs qui connaissent deji la langue et la litlerature de la Rus- s\e, les ninyens de juger par eux-menies les productions noiivelks dont elles s'enrichissent, et de les faire connaitre avec tons les developpeniens que peuvent desirer des lecteurs elrangers. Nous devons exprimer ici a nos corresjjondans russes conibien nous somines touches de Tatlention bienveillante, pour nous, et de la noble passion pour la gloire litteraire de leur palrie, qui les ont portes 4 nous adresser des ouvrages ecrits dans leur langue nationale, ou composes et publics en langue francaise par des Russes, et combien nous serons dis- pos6s i reniplir leurs vues en nous livrant ^ un examen s6rieux etappro- iondi de ces ouvrages. Si un certain nombre d'auteurs, d'edlteurs et de libraires alleniands, anglais, americains, etc., veulent nous faire, pour leurs pays respectifs, des envois du meme genre, les productions scientitiques et litteraires qu'ils nous auront adressees deviendront I'objet d'une critique impar- tiale, et nous attcindrons ainsi plus facilement notre but, qui est de pre- senter pcu a pen un tableau abrege de I'etat acluel des sciences et de I'industrie, de la litleratiue et de la civilisation coniparees dans toutes les contrees du globe. INI. A. J. (2) Saint-Petersbourg, 1822; Plavilschtscbikof. 2vol.in-i2. (3) Moscou, 1824; iniprimerie de I'Universile. 4 '^ol. in-12. (4) Moscou, 1825. .1 vol. in-12. (5) Saint-Petersbourg, 1824. 3 vol. in-12. 'd) Saint-Petersbourg, 1826. 2 vol. In-12. Jia LITTl^RATUKE. la Varielc infiiiie dcs sujets qui apparticnnent a ce genre, qu'ont exploito dc;< gi-nies dti premier ordrc el les mediucriles Ics plus lumibles, senibic, en ert'ct , rcpoudre aux exigences diverscs de tonics les classes de Icctcurs. Souvent aussi , ces prodnclions, ou Timagination est a I'aisc , oflVcnt un reflet nail" du caraclere de I'ecrivain. L'un, comnie Voltaire, con- sidere son sujet comme le cadre d'une criti(|ue railleuse et aceree ; I'autre, a Texeniple de Fielding ou dc Lesage, s'em- pare de quelques situations int^'ressantes pour en faire ressortir les plus secretes faiblesses du coeur hnniain; ceux-ci , a la maniere de Goldsmith et d'Auguste Lafontaine, concoivent une action simple, mais dramatique, dont toutes les faces sont autant de scenes d'inlerieur ; ceux-la , obcissant a uno conviction prol'onde , developpent un sentiment passionne , tantot avec une eloquence douce et peuetranle , comme Ber- nardin de Saint-Pifcrre, tantot avec toute la puissance d'une imagination exaltce, comme I'auteur de Rene et d'Atala. II en est, enfm, qui se plaisent a rajcunir les moeurs des terns passes, en donnant a ces peintures presque eteintes lout I'at- trait de la nouveaute. Cependaut, ([uoiqu'il en soil du merile de ces compositions et de quelques autres, on pent dire que les bons romans de mceurs ne sont pas moins rares que les histoircs estimees el les drames celebres. La plupart des ro- manciers croierit avoir atteint le but, lorsqu'ils ont groupe quelques caracteres de convention autour d'une action plus ou moins compliquee qui se termine par un mariage ou une catas- trophe lugubre; car, a leurs yeux, c'est une condition essen- ticllc de faire parvenir le lecteur, a travers millc accidens, jusqu'a une peripetie eclatante, a peu pres comme dans les feuxd'arlifice oA le bouquet final est obligatoire. Trop souvent la peinture des caracteres n'est pas moins fausse : on mesure leur ptussance d'action comme une force physique; les he- ros de romans sont presque toujours des types immobiles que Ton ne rencontre nuUe part dans la nature ou tout est mobile et changeaut. L'ctude des Memoires commence a nous degouter de ces conceptions banales, et nous rameiic, litti':ratiire. ns en nous servant dn racrvcilleiix , a une plus saino apprecia- tion des choses. Si les romanciers cm souvent prefere la fiction cxagerec an vraiscmblablc, ce n'est point que la nature soil i^terilc, c'esl qu'il faut une ame vivement imprcssionnable et un coup d'oeil sfir pour y lire, et une manicrc indepcndante pour rcproduire Iicureusemcnt ce qu'on y a lu. En effet, dans les ecrivains ce- lel)res qui ont choisi leurs sujets dans des terns ou dans des lieux eloignes, ce sont pourtant les verites de tons les lieux et de tous les terns qui nous plaisent et qui nous altachent : toutes les actions humaines ont, a un degre plus ou mnin> sensible, leur cote moral et dramalique; il s'agit de savoit I'y decouvrir. Si les romans doivcnt elrc I'oxpression des moeurs, lour lecture generalementrepandue influe ;\ son toursurles mneurs elles-memes. Plusieurs desordres u'ont pas d'autre source : en effet , quoi de plus propre i egarer le jugement que ces ca- racteres d'une perfection outree ou d'line sceleratesse mons- Irucuse, ori , pour soutenir un interet factice , on semble s«! jouerdu sens conimun? Les esprits droits rejettent ces lectu- res, et se tiennent en garde conlre un auleur qui denature tout ce qu'il louche, semblable a ce t'avori de Catherine, qui , dans un voyage en Crimec , avait horde la route dc villages posliches, pour en imposer a la Tsarine sur le veritable etat du pays. C'est par une erreur analogue que des ecrivains, es- liinables d'ailleurs, niultiplient sans niesure les situations for- tes, tandis que les esprits judicieux les menagent avec art pour en doubler I'effet. lis semblent ignorer qu'une suite non interrompue de points culminans n'offre plus qu'une surface plate. Une synictrie etudiee ne choque pas moins que des con- Irastes heurtes et brusques ; il s'agit de suivre la ligne harmo- nique qui lie les extremes, et sans laquelle il n'y a plus ni hauteur, ni ahaissemcut. Or, cettc harmonic, dans les ouvra- ges d'imaginalion, depend de I'heureuse disposition des ac- ccssoires. Le choix et la disposition des accessoires, voila I'ecueil des esprits mcdiocres; c'est pour cette raison que la T. XLIV. SEPTEMBRE 1829. 8 II', LITTKRATIJRE. luort trag^ique do tcl heros dc roinan nous Irouvc insensiblcs, laiulis que ccllc dc Virginic nousarracho dcs larmcs. Si recrivain cniprunte sou sujct a dcs mocurs clrangcrcs on a unc cpoquo rcculcc, sa lachc devicut singulierement dilli- cilc. A lout moment, il peut dcnationaliser scs personnages; a chaque expression, pour ainsi dire, il est expose a fairc un anachronisme. 11 hcurtera a chaque pas la vcritc, s'il ignore le pays oCi il a place la scene, ou du moins s'il n'en a sulTi- samment etudie la litterature et les moeurs. Pour bien etudier le caracterc d'un peuple , jc crois indispensable d'en entendre la languc. Combien d'etrangersontmal juge Ics Riisses, parce qu'ils n'avaient observe que dcs Russes parlant avec plus ou moins de purcte Ic dialecte oblige des salons, el qu'ils ne pou- vaient les suivre dans ces details de la vie interieure, oii lout I'homme se revele et se reflcte dans I'expression naive de sa pensee. Mais, en admetlant meme qu'un ouvrage de pur amu- sement ne vaille pas unc etude si serieuse , et que la grande majorile des lecteurs de romans n'en tint pas comple , loujours est-il que I'etude des Memoircs, et la lecture assi- due des feiiillcs poliliqucs out impripie aux esprits une ten- dance positive qui appelle une reforme dans les delassemens litteraires. Les romans obsctnes qui charmaient nos peres reslent inapercus dans nos bibliolheques; et il est presumal)le que M. Pigault-Lebrun et Madame de Genlis seront presque entiercment etrangers a la generation qui s'eleve. Apres cette digression sur le roman en general, nous allons presenter une analyse succincte des ouvrages de M. Nare.jny. Pour bien faire connaitre sa maniere, ou le naturcl va sou- vent jusqu'a la negligence, il serait necessaire dc le citcr souvcnt ; mais les limites d'un article nous obligent a nousren- fermer dans dcs generalites. Une bonne traduction de cet ecrivain serait le meilleur commentaire de ses ceuvres. Avanl M. Narejny, les Russes avaient peu de romans originaux : on cilait a peine le CalUsthcne de ton TVisen, la Pauvre Use et Marpha Possadnitza de Karamzine : mais , lorsque les succes dcs armcs russes eurcnt donne une impulsion nouvclle aux LlTTliRATLiiK. i,5 csprits, on ambitionna toutes les gloires, et les differcntes bran- ches de littcrature furent exploitecs- Parmi les ecrivains qui s'appliquurent a la peintine des moeurs nationales, M. Na- rejny occupe, sans centred it, le premier rang. II a fait prenve de tact en choisissant ses lieros, non dans les grandcs villes oii les formes etrangeres ont denature les moeurs, mais dans les provinces cm elles conservent encore une empreinte ori- ginale. II etait heureusement place pour les reproduire; on devine aiscmcnt qu'il a passe sa jeunesse au milieu des scenes qn'il decrit, et Ic public russe a ete frappe de la ressem- blance. Le roman intitule : Aristion ou t' education i-e facte, renfcrmc une critique severe, mais juste, de I'education a la mode. Aristion est fils d'un officier superieur retire en L'kraine. Le 2)ore eCit desire surveiller lui-meme les etudes de son fils iniique; mais, cedant aux instances de son bcau-fri;rc, il con- sent a le placer dans une pension dc Pelcrsbourg, dirii^xo par uu etranger. Laissons parler M. Narejny. — « Aristion, place a six ans dans ce temple des connaissances hnmaines, snivit la marche ordinaire des eludes de pension. II complait a peine dix annees, et deja il parlait deux langues etrangeres avec autant de facilite que la sienne. II savait que Vienne est sur le Danube, et que la Seine coule a Paris. Si on liii de- mandail ce qu'etaient Alexandrc-le-Grand et Cesar, il repon- dait, sans hesiter, que celui-ci etait romain, et I'autre, roi de Macedoine. Les mathematiques ne Ini etaient pas etran- geres : il demontrail passablement qu'une ligne differe d'unc surface et im quadrilatere d'un ccrde. Nous ajouterons, pour les personnes plus exigentes, qu'il dessinait et qu'il jouait dii violon avec gofit, qu'il dansait a ravir et qu'il etait memo d'une force remarquable a I'escrime. Or, chacun sait que ces deux derniers talcns suffiraient seuls pour recommander favn- ral)lement un jcune homme dans le grand mondo). — Ouel- ques annees se passcnt : Aristion entre au service oii il se distingue , et revient a Petersbourg". Livre a la legevcte de son age et a la petulance de son caractere, il commet mille ini- (iG UTTKRATUKE. pnidences. D'abord ses parens foiirnissent i scs caprices ; iin faux ami I'entraiiie dans lo dcsoidrc; lo jeu le ruine, iinc coiirlisane I'acheve. Enfin, il encourt la disgrace de sesclicl's. Ses parens nc repondenl plus a scs leltres ; ct il se voit reduil aux dernicrs expedicns. Ses rappoils ave(- dcs Jiiil's , des tisii- riers et dcs marchands avides sont rondiis avec beauconp dc veritc, et plus d'un jeune seigneur a du s'y reconnaiUe. Enfin, un doniestique devoue , qui tient sa famillc au coniant de ses fautcs, le ramene au lieu de sa naissance. La, il apprend que ses parens sont morts ruines, et qu'un certain Gorgony, apres avoir paye les dettes de sa famille , est maitrc de I'heritage paternel. Ce Gorgony n'est autre que son pere Iui-nu!inc, qui s'est fait passer pour mort afin de corriger rincorrigihlc jeune homme; il le reeoit chez lui , comme par charite : il Ic ramene par degre a une vie reglce; il prepare et complete, ;\ I'aide de son beau-frere que deguise aussi un nom suppose, I'education d'Aristion qui n'avait ete qu'ebanrhee. On lui fait connaitre une jeune fdle qui lui revfde tous les charmes d'une passion verUie use. Cependant, Aristion, dans les visitesqu'il rend aux voisins de son pere, prend occasion d'etudier leurs tra- vers et leurs vices; enfin , il fait un sage retonr sur lui-mPme; il reprend avec distinction la vie active, retrouve ses parens dans ses bienfaiteurs, et partage sa vie entre les devoirs de son etat et les jonissances domestiques. II y a bien quelque invraisemblance dans ce plan. Lorsque Aristion entre chez Gorgony, c'est deja nn capitainc dc viugt- cinq ans : est-il presumable que rien ne lui decouvre la veritc ? Tout le pays est-il done dans le secret, pour que le jeune homme ne concoive aucun soupcon, dans un espace de terns asscz considerable ? II ne lui vient pas meme dans I'esprit de visiter la lombe de sa mere ! Nous ne conseillons pas aux lec- teurs d'en deduire que les Russes sont le peuple le plus discret de I'Europe. Quant aux caracteres qui sont l)ien soutcnus, nous croyons que cclui de Valerien (Gorgony) est un reflet dc celui de sir Alworthy dans Tom Jones; il y a aussi quelque analo- gic de position entre les deux professeurs de Moscou et les LITTER ATUllE. 117 docteiirs Thackuiii el Square, si toutefois on pent comparer line esquisse rapide au meilleur ouvrage de Fielding. Les incidens dii ronian intitule le Bouraak sont loin d'etre neiifs; mais, comme ils donnent lieu a une foule de details cmieux , nous ne nous plaindrons point d'une surabondancc que nous aurions blamee ailleurs. — La scene est encore dans la petite Kussie. Neon passe ses premieres annees chez Ic suus-diacre Varoukh, dont ilsecroit fils : il entre au seminaire en qualite de boursak. Pour expliquer ce terme, traduisons M. Narejny. "Use trouve, dansbien des bourgs et des villages, bcaucoup de parens qui desireraient donner de I'instruction a Icurs fds , mais dont la fortune est trop bornee pour fournir a I'entretien de ceux-ci dans les villes. Afin de leur alleger cettc depense, les monasteres recoivent de riches dotations desli- nees a I'etablissement de cabanes spacleuses, nommees Dour- sa. EUes sont chauffees anx frais du convent, qui ne fournit rien de plus. Les etudians qu'on ylogc se nomment hoursaks. Le pins ancien est charge par le recteur de surveiller les an- tics : il porte le nom pompeux de consul, sans doute, parce- qne, dans I'origine, Rome elle-meme n'etait qu'un assemblage de cabanes. » Quant a leurs moyens de subsistance, le princi- pal consiste dans des quetes qu'ils vont faire dans des villages oil ils chantent des cantiqucs. L'auteur entre dans des details circonslancies sur I'organisation desboursa, et en general sur le genre de vie des etudians. Ces donnees sont precieuses, en ce qu'elles expliquent, d'une maniere satisfaisante, le carac- tere du clergc russe, son opiniatrete dans la discussion, reste de ses habitudes scolastiques; en un mot, ce cachet parti- culier que conservent dans le monde ceux qui ont etudie dans les seminaires, oii, sous I'empire de formes despotiques, I'educalion offre un melange assez bizarre de litterature an- cienne et de philosophic paienne et orthodoxe, le tout appli- que a une conduite qui n'est pas toujours edifiante. En verite, les pensions a la mode valcnt encore mieux. — Le cadre etroit de cet article ne nous permet pas de suivre Neon dans toutes ses aventures. Nous nous bornerons a dire qu'il sort du semi- ii8 LlTTEllATUUE. iiaiie, ft qu'apics hieu des ballollcmens, ii epouse une jeunii veuve elevee en Polognc; qu'unc intrigue politique vientcom- pliquer Taction, ct qu'apres s'etre distingue contre Ics Polonais, que Ics ccri vains russes ne menagent guere, il decouvrc le secret de sa naissancc ct parvicnt a un grade supcricur, M. Narc- jny a decrit avcc bcaucoupd'cxactitudecette epoque de I'lus- toire, oil les cosaques, sollicites par leurs voisins, hesitaient encore i\ reconnaitredes protecteurs, qui devinrcnt leurs mai- Ires : il exccllc surtout a peindre les pretentions des Pans et des Schliakhtitclis (seigneurs polonais de ces contrees), leur bonhomie vaniteuse,leur pauvrete bariolee de luxe, leur pen- chant au plaisir, et leurs moeurshospitalitres, oii Ton retrouve au menie degre un principe d'amour-propre et de bicnvcil- lance. On pourrait reprocher h I'auteur de mettre trop souvcntses heros a table ; ce luxe gastronomique le fait tomber dans des redites frequentes. Cependant , malgre I'invraiseniblance de plusieurs incidens, et quelques details plus que libres, le Bour- sak est, a notre avis, le meilleur roman de inceurs que pos- sedent les Russes. C'estune opinion assez generalement recue, que le gou- vernement de Smolensk etceuxde la petite Russiesont, dans le vaste empire des Tzars, la terre classique de la chicane ; c'est la veritable Normandie des regions russo-slaves. Cepen- dant, il y a une distinction aetablir eatre leurs habitans. Ceux de Smolensk plaident, pourainsidire, par vocation; c'est chcz eux une branche d'industrie qui semble tenir au sol, et qu'ils exploitent, comme ilsensemencent leur terres, comme ils ele- vent leur betail. Les petits Russiens, plus inoffensifs par ca- ractere, et enclins au plaisir, plaident communement par es- pritde vengeance; leurbonhomie est irascible au plus hautde- gre, et presque toujours il ya plus d'amour-propre au fond de leurs litiges que de convoitise et de cupidile. Si Ton veut remonteraux causes et ;\ la duree de ces proces sans nombrc, doiit les chancelleries du contentieux sont encombrees, onlcs Irouvcra peut-etre dans les anomalies frequentes de la legisla- LITTl^UATURE. 119 tioarusse, dedaledont les gens d'affaires tiennentseulsle fd qui s'arriSte entie leurs mains, ou s'allongecomplaisamment, selon Tinteret qu'ils y trouvent : car lamodicite de leurs salairosleur interdit en quclque sortel'impartialite. Ce vice radical est en- core plus sensible dans les provinces conquises oii la poli- tique des vainqueurs a maintenu ou modifie le droit coutu- mier. — Coronate et Nicanor quittent le seminaire de Pol- tava et rencontrent fortuitement leurs ptres. Cesderniers sont les deux Ivan, amis depuis I'cnfance, plaideurs infatigables ct ennemis declares de leurvoisin Khariton. Comme dans mainl proces, leur differend a dCi naissance i un incident assez bur- lesque. Des lapins, qu'affcctionnait fort Ivan le jeune, ont fait un degat notable dans le jardin de Khariton ; quelques coups de fusil vengent celui-ci de cette invasion desastreuse : dela, explication, c'est-a-dire, querelle ; puis, une suite de domma-- ges, comme moulins et pigeonnier iiiccndies, ruches detrui- tes etautres mefaits qui entraineraient ailleurs les peines les plus severes. A chaque agression nouvelle, vengeance et pour- suite judiciaire. M. Narejny a su varier les scenes de son ro- man par des details curieux. Tantot , c'est une sentence en style de chancellerie ; taniot, c'est la description animee d'une foire de province, ouquelque rixe comico-tragique, ou, enfin, une rejouissance domestique, tracee a la maniere de Teniers, et dans laquelle les liqueurs enivrantes ne jouent pas un role secondaire. L'amour des deux jeunes philosophes pour les filles de Khariton vient compliquer Taction et fait prevoir un denouement pacifique. La naissance et les progr^s de cette passion, la naivete des jeunes filles, leur resistance et leurs faiblesses sont decrits avec beaucoup de naturel et de charme. Nous regrettons de ne pouvoir nous arreter aux incidens va- ries, qui viennent secroiser dans ce recit avec un interet tou- jours croissant; nous nous bornerons a dire, qu'apres beau- coup de vicissitudes, les deux Ivan et le rancuneux Khariton sont mines sans ressource, et que leurs enfans parviennent a les reconcilier, grace a quelques ruse? un pen violentcs, et a i'lntervention d'un parent qui leur rend leur fortune, a con- dition qu'ils ne plaidcront plus. I'^o LiriEUATlKK. La Noavelleiiililiilet', iUa/vV, n'e:Desro- chers de lout Age , des terres, des metaux, furent tour a tour soumis aux memes observations, et donnerent les memes re- sultats; les stalactites, les laves, les cendres volcaniques; et en metaux, le manganese, la plombagine, le bismuth, I'an- timoine, Tarsenic; en un mot, tout ce qui pouvait se reduire en une poudre assez fine, pour rester un moment suspendue dans I'eau. Dans quelques cas, et particulieiement dans les cristaux siliceux , le corps enticr semblait en etre compose. Trois points importans restent a fixer, et sont I'objet des nouvelles recherches de 31. Brown; la forme exacte des mo- lecules , les variations qui peuvent survenir dans leur forme et dans leur grosseur absolue. Jusqu'ici elles out paru spheri- ques, susceptibles de s'enfler et de se contracter. Les phenomenes remarquables decrits par M. Brown , et attribues exclusivement aux granules du pollen par d'autres naturalistes, ont excite de vives discussions, taut en Angleterre qu'ti I'etranger. L'universalite du systeme est precisement ce qui le rend doutcux. Comment, en effet, concevoir et ad- mcttre un principe de vie egal et aussi actif dans la poussiere d'une plante, d'un animal, que dans du granit pulverise? II y aurait plus de probabilite a supposer que ces molecules ac- tives passent , en modifiant leur action , de Thonime , des animaux, et enfin de tout ce qui a une vie agissante et de mouvement, a la vie plus mysterieuse et plus cachce des plantes ; puis , enfin , arrivenl aux metaux , aux picrres , etc. , tomme a leur dcrniere expression. Du reste, en toute decou- verte savante, il faut iong-tems examiner avant de contester. 4. — The Plciare of Atislralia. — Description de I'Australie . comprenant la Nouvelle-HoUande , la tcrre de Van Diemcn, et rhistoriqiic dc lous I<"s t'tablissemcns, depuis le premier a GRAN DE-BRET AGNE. iij Sydney jnsqu'au plus recent sur la riviere du Cygnc. Londres, 1829; "SVhittaker. In- 8°; prix, 10 shellings 6 pences. Apres avoir vu la rapide fortune des Etats-Unis, et les pro- gres que la societe y a faits, on peut bien rattacher de hautes esperances a I'cxistence et aux ressources extraordinaires de ce nouveau continent. Sous le rapport de sa situation geogra- pliique, I'Australie est beaucoup plus favorisee que I'Ame- iique du nord. Elle est presque a egale distance des trois plus grandes parties du nionde. Son climat est beau, et son sol tellement fertile, qu'il n'existe pas une crevasse de roc, une pointe de rescif, oii ne croisse quelque plante ; la terre vegetale est abondante, et se repand partout; et, quoique parfois la sai- son desseche le pays, le retour des pluies ramene tout de suite unenouvelleet vigoureuse vegetation. Le nommemedeBoienj Bay, ou baie botanique, donne par Cook et Banks a ia cote sur laquelle ils debarquerent, prouvent sa richesse, et la quantite de plantes qu'ils y trouverent, bien que cette partie de la con- tree puisse passer pour aride, comparee a I'interieur. Quand la premiere colonic arriva a Sydney, les bois descendaient jus- qu'aux bords de la mer, et les nouveaux vcnus furent obliges de preparer une place a coups de hache, pour y jeter les fon- demens de leur capitale. Enfin, les etablissemens sur ce point se sont faits a une epoque ou les arts, les sciences, les principes de liberie politique etaient tellement en progres, que tousles individus participaient al'elan, et se le communiquaient de proclie en proche. II existe deja sur ce pays bon nombre d'ou- vrages statistiques, poetiques et philosophiques ; le plus inte- ressant, par ia maniere simple et naturelle dont il est ecrit, est celui de Cunningham; mais il laissait beaucoup d'infor- mations e'l desirer, et ses peintures etaient trop attrayantes. II avait fait de Botany Bay un ilden 011 I'homme ailait re- venir a ses vertus premieres. C'etait trop de poesie. Le livre que nous annoncons manquait, et le moment de le publier etait venu. Ce ne sont pas des impressions personnelles, mais un recueil serre etbien fait de tous les renseignemens impor- tans fournis sur ce curieux pays par les divers voyageurs qui Tout visile. L'auteur y a ajoute, pour sa part, beaucoup de retherches originalcs, et d^ details puises a des sources au- thenliques, el dans les recils mGmes des habitans. II y a, entre autres, une description du Kangarou, de ses moeurs, de sa facon de vivrc, que ne liront pas sans interet les naturalistes d'Europe. En resume, cc volume conlient beaucoup de choses neuves, ou qui etaient cnfouies dans differens voyages, et qu'on; ainie a retrouvcr ainsi sans fatigue et sans efforts. 128 LIVRES I^TRANCERS. 5. — *History of the r'isc of the Ma/umicdan power in India. — Ilisloirc de I'diiginc dc la piiiss;iiu'e nuiluinielanc dans rinilc , jiisqiic vers ranni'C if)i 2; Iraduildti persan, il'aprrs I'ouvrae^f original dc Mahomed Kasim Ferishta; par lo lioiitenanl - colo- nel Briggs. Londres, 1829; Longman. 4 vol. in-8°. L'ouviage que nous annoncons, I'ait par ordredu souverain, a la iroideur ct I'impassibilite d'une oeuvre de patience, exe- cutec sur unc conimande. II romonle a I'annee 977, et se continue jusqu'en 1G19. L'autcur vivait dans le xvi' siede, ct on ne sail de Ini que ce qu'il en dit dans la portion d'histoire 011 il figure conime acteur, et qui, par cela ineme, est la plusani- mce et la plus curieuse. L'hislorique dcs conquctes dc Mali- luoud , vcis i024i est aussi d'un vil" interet, ainsi que le dcveloppement du caractere indou. Nous nc pouvons malhcu- reusement en donner I'idee dans luie simple annonce ; inais nous dolachcrons de rouvrage une courte citation , sur I'cta- bli^sement dcs Anglais dansl'Inde, et surlcs ctrangcs notions que s'eu fail Ferishta : « Vers I'an iGi 1, renipereurde Delhi , Gehangeer, filsd'Akbur, pacha, accorda aux Anglais un terrain pour batir une lactorcrie a Snrale, dans la province de Guza- rat; c'esi Ic premier etablissement de cc pcnple sur les rivages dc rindouslan. La croyance de cctte nation dift'cre de cellc dcs autrcs Europeens, particnlieremcnt dcs Porlugais, avcc lesqucls ils soul constamment en guerre. lis allirment que Jesus etait un simple mortel, et un prophele; qu'il n'y a qu'un seul Dicu, qui est sans cgal, et qui n'a ni ills, ni fcmmc, comme le croient les Portugais. Les Anglais out un roi a pari, independant du roi de Portugal, auquel ils ne doivcnt nulle allcgeance. Au contraire, ces deux nations s'entretuent par- tout oil clles sc rencontrent. A present, par suite de I'inter- vention de Sehangeer, pacha, elles sunt en paix Tunc avcc I'autre, quoique Dicu seul puissesavoir combicndc terns elles consentiront a avoir des iactoreries dans la nieme ville, el a vivre sur dcs termcs d'amitic. » M. Briggs, un des plus infatigables souliens du comile des traductions orientales, a jointa I'ouvrage des notes nombreuses et etendues, et des tables de chronologic coinparee, trcs-utiles a rintelligeuce des fails et des dates. 6. — * The Life of John Locke, with extracts from his corres- poncleuce. — Vic de John Locke, avec des extraits de sa corres- pondancc, de ses journaux, et de son livre de notes; par lord King. Londres, 1.S29; Colbiun. Iu-4° de4o4 pages, avec por- trait; prix, 2 I. St. 2 shcl. r.. — Library of useful Knowledge : Life of sir Uaac Newton. CRANDE-BRETAGNE 129 Biljiiothtque dcsconnaissances utiles : Vie de sir Isaac Newlon, Londies, 1829; Baldwin. In-18; piix, 2 shellings. Voici deux des espiits les plus distingues qu'ait produit r Angletcrre ; coiitemporains, ils se frayerent cliacun une route si lumineuse danslaphilosophie ct dans les sciences, qu'on les pourrait comparer a ces hautes niontagnes dont la cime refle- chit le soleil long-terns avant qu'on I'apercoive de la plainc. lis voyaient d'antant plus loin qu'ils etaient places plus haut, mais ils ne regardalent pas vers le meme point. Locke cher- cha en luj les preuves pouret contre le systemc de philoso- phic dont il est rinventeur. II remonta a I'oiigine des idees, et analysa les perceptions des sens et les operations de I'es- prit, non avec la certitude «t les conclusions que, plus lard, Condillac tira de ses doctrines, mais avec doute et tremhle- ment. II admit les relations des sens avec les oljjets exterieurs comme ime grandc source de la plupart de nos idees, mais il leconnut aussi un travail interieur de Tesprit sur lui-meme donnant naissance a un autre ordre d'idees, independantes du dehors, tels que I'acte de penscr, de ftouter, de croire, de rai- sonncr, de savoir, de votiloir, et, en general, toutes les opera- tions qui sent le resultat d'un sens intimc, qii'il designe par le uom de reflexion, pour le distinguer de la sensation, et qu'il en sepaie complelement. Cependant Locke s'etait hasarde sur une peute tiangereuse et rapide, et, conime la verite mene ;'i la verite, et I'erreur a I'erreur, il ne put echappcr aux con- tradictions qui devaient naitre des bases meme de sa philoso- phic. II se contredit a chaque page, et presqnea chaque para- graphe de son Cameux Essai sur I' cntendemcnt luunaiii. Sans Ic savoir, et surtout sans le vouloir, il ouvre la porte au sensua- lisme qui, poussant a I'extreme toutes les consequences que recelaient ses principes, en exposa, plus tard, les vices etles dangers. Locke n'eut point soutenu sa doctrine s'il en eQt cmbrasse tout le developpement; mais, fondaleur d'idees nouvelles, il les fait entrevoir plulot qu'il ne les etahlit avec uettcte et precision. C'estun esprit de bonne i'oi, en marche vers la verite, et accueillant, comme elle, toules les lueurs qui lui apparaissent en chemin. Son siecle n'etait pas non plus un siecle poetique. L'imagination n'avait jamais ete plus pille, plus languissante. On elait I'aligue, surtout en Anglelene, dc I'empire des traditions qui, en politique, consacraient les abus, et, en religion, soutenaient une croyance adverse au peuple et dont il avait peur. En toutes choses on vouhiit du posilif, du bien-etrc, des garanties pour I'ordre social. Ceux qui ne pouvaient vivre qu'a I'aide des souvenirs et de la T. xLiv. ocTOBRE 1 Bzg. 9 i3o LIVRF'S lail ANGERS, poi'sio (111 passe, lo.s a'DantlomiaioiU eiix-mrmos. On cul dil i\\\(' I'ajiio sc relirail dos clioses de cc mondc, ct que I'ospril vaqiiait soul aiix siiiiis de la vie. l.o( ke, employe d'alioid dans la diplomatic pies de "William Vane, ainbassadeiir en Pi'nsse, vivanl pins tard dans rinlimile dii sei;j;iieiir le plus fin et Ic jiliis aml)ilienx de lu tour de Cliailus, ne poiivait .sc soiislrairc anx inniieiices de son epocpie. reiit-;*fre ni^nie sa pliilo-sopliie elaii-flle hante pour Ic tenis oi'i elle paiiil, el liMi- dail-ellea rehahilitir la pnissaiiec de lame qni no se manifes- lail pins. II y avail eependanl, nirinc alors, des eniiemis dii scnsnalismc a veiiir, (pti pre.sseiilaicnt Ic mal que poiinail (aire Locke, cl qui hii en voulaienl de ses doctrines, iXevvton cl.iil de ec nonibre. Tout enticr a ses sa\ antes coiileniplalions, a la soliUion dc prolilemes qni n'embrassaieiil rien moinsqiic la slriK-lnre ct rcxistencc dii ylohc ; pleiii de ces pre\isions qui en out fait le proplietc dc la s; icnec. il haliilait uii mondc a pari, ct repoiissait tont ce qui aiirait ebranle sa foi, on trou- ble ses sublimes mediialions. L'oeea.-ion qui I'eclaira sur la purcte des intentions de'Loekc, el qui Ini (it retraetcr avec unc candcur plcine dc charnsc ce qn'il en avail dii , est aussi cu- ricuse qu'eliaugc. « Ayanl cu avis que vousaviez css.aye de nic bionillcr avec les I'emnics, ecrivait-ii a ce philosopbe , en 1G95, el anssi avec d'auties pcrsonncs, j'en fus si allecte que qucl(]ii'iin m'ayant dii «jue voiis etiez maiade . ct nc pouvie/, pas A'ivrc, je rcpondis qn'il vaudrail mienx (jue voiis Inssicz mort. Je vous pric bicn de me paidonner ce manque dc cbarilc ; car je suis maiutcnanl convaincti que ce (|iic vons avez fail est juste, et jc vons demande pardon d'avoir en de nianvaiscs pensees S1U' vous, d'avoir rcpreseulc que vous atlacpiiez la morale a sa base dans im principc de voire livrc sur les idees, que vous annoiu'iez devoir ponrsuivre dans un autre ouvrage, cl enfm de vous avoir pris pour un dijciple de Hobbes. Jc vons de- mande pardon aussi d'avoir dit 011 pcnsc qn'il y avait un pro- jet forme de mc veiuire unc place, on de uic l)r()iiilLr avec la coiir. It Jc5uis voire Ires huniljle et infortnne .scrvitcnr. V Isaac Nev.lon. » La repon.ic de Locke est pleiue de mesnre, de bienveillanrc euradmiralion pour le genie cl le raraclere privc du savant. II ic prcs'c de lui desij^ner les passages qui out allirc ses cen- turcj, afin de les modifier, on de les eclaircir dans une pro- chainc edilion de son Kssai. L'cspacc nous manque pour purler d 11 politique ct de I'hommc i r.RANDK-BRKTAGNE. i5i dii iiionde. C'est surtoiit coiiime pliilosophe que Locke c-it connii en France ; et c'esl anssi sous ce point de vue que nous I'avons envisaf^e. A ?a niort, ses papicrs, sa correspondance et scs manusciits, passi-rent entre Ics mains de sir Ring-, son proche parent, ct son seul executeur teslamcntaire. Qnelques fragmens inedits, un grand nomine de lettres d'nne spiri- rituelle gaite, ecrites a ses amis pendant ses voyages en Fran- ce, en Prnsse et en Hollande, un journal de notes prises a la hate, mais donnanl un apen u ciirieux dcs moeurs et des idecs du terns, composcnl la collection pnbliee par lord King, qui a coordonne ces materiaux, en y joignant des extraits de la Bil/liot/iec/ue clioiaic de Leclerc, de maniere a ce que Locke lot lui-meme son propre biographe. Malheiireusemeiit, les lacunes inevitables sont remplies de lieux comniuns et de dis- cussions de pen d'interet sur Teglise anglicane. Line omission grave nous a aussi tVappe ; il n'est question nulle part de la constitution que Locke redigea pour la colouie naissaiite de la Caroline, et qui echoua completement dans son application. 11 eQt ete curieux de retrouver ici la premiere pensee de ce code. La biographic de Nevston est une oeuvre assez mince; en paitietraduite de I'ailicle de M. Biot dans la Biogra/j/iie laiirer- selle, en partie empruntee a diverses jud^lications anglaises. Ce qui y manque esscntiellement, c'est une appreciation haute el vasted'undesplus grands genies qui aient exisle. Plu- sieurs decouvertes lui sont conlcstces, et la louange est don- nee d'une main si avare qu'on se fatigue a la chercher. Ce- pendant I'histoire personnelle de rhomnie est digne de figwrer a cote de la marche gigantesque de son esprit. Les materiaux ne manquent pas non pius, mais I'ecrivain capable de les ras- sembler, de les refondre et d'en tirer toute la lumicie qu'ils reuferment, ne s'est pas encore trouve. L. Sw.-5jelloc. 8. — The .speaking frencli ^^latnmar, etc. - — Graaimaire francaise, formant une suite de soixante lecons, avec des es- sais de themes particulierement destines a faciliter aux An- glais le langage francais, parJ. V. Douvw.le. Troisiane cdiUon. Londrcs, 1828; rauteiu', Soho-Sqiiare, n° 1. In-8° de xvi et 4^(3 pages; prix, 7 sh. 6 d. 9. — A key to the essays , etc. ■ — Clef pour les. themes de la troisieme edition de la grammaire francaise; par.J.V. Dot- viLLE. Londres, 1828. In-S" de vm ct 5i pages. Cetie granmiaire est divisee en quaire parties, savoir : 1° I'orlliographe on la maniere d'ecrirc les mots francais; 2° retymologie, ce que nous appelons chez nous les ruditnnis. lo-i LIVRES I'lTRANGERS. c'est-a-dire la partie dc la granimairc qui Irailc dcs mols et (le Icuis accidciis; 3° la syntaxe on I'art de fomior dc$ plira- ses ; 4° ''' prosodieou Ics regies de noire versification. La qua- Irieme partie est siiivic de vocabniaircs des mots les pins com- ninns et de pelils tlialogues sur les snjcts de conversation les plus IVeqiiens. Le second onvragc n'cst autre chose que la traduction en iTCUcil des themes dissemines dans le premier. Les Anglais Ironveront dans I'un et I'autre unc grande oy. Rev. Enc, torn, xi, p. 4'^)' ^ consacre sa plume a la peinture des mceurs et dii coeur humain, source incpui- sable d'inspirations que nos ecrivains modcrnes ont presqiie entiercment abandonnce pour le roman hisloriquc. Le hcros. de son livre est un jeune orphelin, qui, de I'etat lc plus has, lc plus abject, ct dont on serait tente de croire meme que I'auteur a exagcre la description, arrive a une position sociale, on il est a portee de jiiger d'autant micux les hommes ct les choses que, u'ayant pas etc elevc dansle inonde ou il sc trouve iance, tout y est nouveau pour lui, et tout y devicnt une source d'ctiide et de reflexion. C'est a I'amour, sentiment (|ue M. Boulgarine appclle la plus gravde de toides les pdics (t. i, p. 52), (pi'il doit le premier changement favorable qui s'opere dans son sort; mais il ii'est pas lc heros de ravcnture, el il n'y jonc qu'iin lole intermediaire. On pourrait en dire au- tant, a son cgard, de tout le roman , on Taction ne sc con- centre pas assez sur lui; on voit que I'auteur avait besoin d'lin cadre pour placer ses observations de mceurs, ct il faiit hii tenir compte tic la varielc de peintures ct dc caraclcirce^ I RISSIK. — DA> KM ARK. 1 57 qu'il I'ait tour a tour passer sous nos yeux, pour nous deilom- niaj^er de ces emotions puissantes, de cet interfit toujours croissant qu'on s'attendait peut-etre a trouver dans I'histoire da jeune orphelin. Peut-etre nieuie a-t-il pousse un peu loin la peinture des petits details, on il sc complait a la maniere dcs romanciers allemands; mais cette peinture atteste en lui une profondc connaissante des mocurs qu'il a observecs, et, sous ce rapport, on pent dire qu'il a egalement reussi a nous faire connaitre I'interieur de la societe en Pologne et en Kussie, ou il place tour a tour le lieu de son action et oi'i lui-meme a vecu tour a tour (1). Edue Heaeai;. DANEMARK. 14. -^ Beskrlvelse af guinciske Planter , etc. — Description desplantes trouvees sur la cote de Guinee par des naturalistes danois, et principalemeut par i\J. Thonkikg, conseiller d'Etat, publiee par iVI. F. -G. Schumacher, professeur a FUniversite de Copeuhague. Copenhague, 1837; Gyldendahl. In-4" de /|66 pages. M. Thonning, pendant un sejour qu'il a fait dans les eta- blissemeus danois de la cole de Guinee , a rassenible une collection des plantes de cette contree, dont les Yegetaux etaicnt jusqu'a present peu connus. L'ouvrage que nous an- noncons renferme la description de 5o5 especes , dont 5oo sont regardees comme nouvelles. Mais il ne se borne pas a une nomenclature aride ; on y trouve aussi des observations cu- rieuses sur I'usage que les naturels du pays font de plusieurs de ces plantes. Les medecins pourraienty recueillir despreceples salutaires; ce ne serait pas la piemiere fois que nousaurions recu des sauvages d'utiles lecons. Ainsi I'auteur nous apprcnd que les baies d'un arbrisseau wommii BumeLia dulci/ica , insi- pides elles-niemes au goCit, ont la vertu singuliere de douner une saveur agreable a tout ce que Ton mange ou boit, iniiue- diatement apres les avoir mangees. Le vinaigrc prend ainsi le goutd'unvin sucre, etlecitron celui d'une orange.' — M. Schu- macher a classe la collection de M. Thonning d'apres le sys- temc de Linne; mais nous devons faire remarquer que M. de CandoUe, qui a eu I'occasion d'examiner quelques-unes de ces plantes, ne partage pas toujours I'opinion Je M. Schumacher, quant a la classification. II faut convenir en meme terns qu'il (1) Voyez, dans I'article auquel nous renvoyons plus baut, les detarli. personnels que la Rcviic a doniies sur I'auteur. o^■l l)ion ililli.ilo di; coiinaiho fxaclcnu'iit pnyant sur de tros-lorles preuves, qu'on so tronipo on atlriiiuant a oel autenr les coninionlaires sur los Vorrin(!s,el qu'ils sont d'une opoque bien posterieure. Passant onsuile en rovue les dillorenles editions d'Asconius, il prou\o que celle iVHofoman n ote raiteavecla j)lus grande nogligon -o, el quo les bovues doni oUe abonde ont ote fidolcnient coiisor- voes dans les editions I'ailes plus lard sur !.ello-la. — Dans un appcndioo pubiio plus lard, M. Madvig a rosliluo ot amende DAIIIiMAilK. 159 pliisieurs passages «U's coiiimontaires authentiques d'Asconiiis, (Ics scolics d'Amliroi.-e, r|!ic I'ahlje Majo a attribiics, sans tbn- dcment, au premier, ct ile (|ue!qiies discours de Ciceron. II eciaircit aiissi pliisiem's endroits laisses obscurs par d'aiitres eonimentateurs. B. 1^. — * Etudes litteralre^ ^ ou I»ecueil de niorceaux choisis dans les nicilieurs ecrivains franrais du xvii% du xviii'' et du xix^siecle, avec des notes ^rammalicules et /list or i(j ((es et dcs notices Uttiraives. Ouvrage a i'usage des colleges et des insti- liilions; par L.-S. Borring. Aveccette epigraphe : Les belles- lettres , bien itiuUees et bien c out prises , sent des instrumcns uni- rcrsels de raison, de rertii, de bnnlieiir. Pai'tie en prose. Copen- Iiagne, 1829; V.-F. Soldonfeldt. In- 13 de x et 4i4 pages. Un livre de ce genre est prescpie le seul que piiisse i'aire lui etranger pour enseigrier iiotre langue a des etrangers. II est en effet bien rare, il est prescpie inipossible que toutes les de- liratesscs, toutes les beautes de notre litter.iture, tout ce qui conslitue son individualile soit bien compris par un houime qui ne s'est point familiarise avec e!!e des I'cnfance, et qui n'a pu observer les modifications qu'clle epronve en passant dans la versification. Quoique notre langue prosente a cet egard des difficidtes particulieres , )c prc'sniDe que les autres en oft'rent d'analogncs, et je crois qn'il est bien pen d'hommes qui posse- dent parfaitement deux langues et deux litteratures vivantes, menie dans ce siecle oi'i la philologie I'orme une partle si essentielle d'une bonne education. Ainsi, ce que peuvent faire de mieux les etrangers, ce n'est pas de chercber dans nos livres des observations et de Ics eriger en preceptes; mais de choisir les bons morceaux de nos anteurs les plus eslimes et d'en laire I'objet d'une etude approl'ondie. C'est le paiti au- quel s'est sagement arrele 31. Borring, qsii voulait repandre dans sa patrie la connaissance et le gofit de !a langue et de la lilteraturc fiancaises. Je dois dire qii'il me parait s'elre tres- bienacquilte de la tache qii'ils'etaitimposee. Seschoixsont, en general, I'ort beurenx, et iis prouvent qu'il possode parfai- tement nos autcurs classiques. On pourrait bien lui reprocher d'avoir admis dans sa ga'.erie des hommes jieu dignes d'y figurer; on pourrait s'etonner, par exemple, de voir, en tete de son ou- vrage, un morceau fort insignifiant de Janffrel, de trouver les nouis de quelques-uns de nos plus mediocres anteurs et leur fade prose a cote du nom immortel et de I'esprit ('tincelant de Voltaiie, etc., etc. IMais ces fautes sont pen noml)reuses et ne se rencontrent guere (lu.e lorsqn'il s'agit de morceaux d'un genre legcr. M. Boiring se trompc plus rarcment dans tout i^o LIVRES liTllANGKIlS. CO qui est du style (''leve, patluliquo, eloquent, et I'ou eii sen- lira facilenient la raisun. On doit des elogcs aux notes g;rani- nialicales qu'Il a piacecs an has dcs pages avec des lenvois an textc. Elles sont claircnient et pniementecrites, et lenfennent dcs definitions fort exacles. Quelques-nnes m'ont semhle su- perlliies; niais M. Borring juge niicnx que moi sans doute do ce qui pent embanasser ses conipatriotes et cxiger des expli- cations. — Quant aux Notices litteraires qui terininent le vo- lume, je n'ose point leslouer comnie elles le nieritcnt ; le lecleur comprcndra le motif de cettc reserve, quand il saura que la plupait dcs jugcmens critiques qu'elles conliennent sont ex- traits texttiellenient de la Revue Encyclopi'diquc; les redactenrs de ce recueil doivent se borner a remercier M. Boning; I'ho- norable confiance qu'il tenioigne dans Icurs lumieres, et snrtout dans leur impartialitc, leur prouve que la Rerue jouit, meme dans les pays tloignes, d'une estinie et d'une influence qu'ils n'emploieront jamais qu'a la propagation des lumieres utiles , des principes d'une saine morale et d'une philosuphie tolerante. A. P. ALLEMAGNE. 18. — Oesireichs Einfluss auf DeuUclilaiid unci Europa sett (ler Reformation, etc. — Influence de 1' Autricbc sur I'Allemagne et I'Europe, depuis la reformereligieuse jusqu'aux revolutions de notre teins ; par M. Jul. -Franc. ScHNEtLER. Stuttgart, 1828-29; Franckh. 2 vol. in-8°. Ce n'est pas en Allemagne que Ton pcut dire tout haut ce (pie Ton pense de I'influence de I'Autriche; aussi fant-il s'at- tendre a beaucoup de reticences de la part de I'historien qui choisit un pareil sujet. II parait que I'auleur de I'onvrage que nous annoncons a eu la bonhomie de croirc que son travail, tout anodin qu'il est, pourrait sc pnbiier en xiulriclie meme ; il I'a en consequence soumis a la censure autrichienne : c'est le I'ameux Genz (|ui a exerce sur le manuscrit les fonclions de censeur; il a cru devoir motiver ses ratures ; en consequence, il y a joint des notes correctives que M. Schneller a fait im- primer, et qui sont curieuses : il regne, dans ces notes du cen- seur viennois, une acrimonie qui parait avoir ete inspiree a Genz par sa haine contre tout ce qui tient au regime et aux idees constitutionnclles. Heureuscment I'ouvrage a ete im- prime a Stuttgart , 011 les institutions protegent la liberie de la presse, et, loin de perdre quclquc chose, il a ga- gne, couimc iious venous do le dire, les notes plaisantes ALLEMAGNE. i4i du secretaire des trop faineux congrf'S. M. Schneller examine, dans le premier volume, I'influence de I'Autriche aux xvi" et xvii' siecles, en commencant par le rcgne de Ferdinand I, et en finissant a la mort de Joseph I, en 1711 ; dans le second volume, I'auteur commence par le regne de Charles VI, et continue son examen jusqu'a I'epoque actuelle. En parlant du regne de Charles VI, M. Schneller fait voir que ce prince faible se laissa conduire par les jesuites, et que ces deux grands hommcs d'Elat, le prince Eugene etle comte de Stahremberg, furent supplantes par les courtisans; depuis ce terns, ajoute I'historien, labigoterie etles cabales des ministres eurent beau jeu sons un prince indolent et absolu. Sur ce passage le cen- seur Genz a mis la note que voici : « Ce portrait des ministres est anssi indiscret que temeraire ; mais I'indiscretion et la te- mcrite font partie de I'esprit du siecle , et caracterisent les ecrivains qui le cHrigent : on n'epargne plus rien. » Sous un autie passage, oi'i I'liistorien parle des revenus de Charles VI, dont personne ne connait le montant, le censeur atrabilaire a fait cette exclamation : « Grace a Dicu, I'Autriche neconnaitpas les listes civiles ! » Nous presumons que le passage 011 il est question de Genz et de ses collegues a ete ajoute apres coup, car le censeur n'aurait pas eu assez de plumes pour le rayer s'il I'avait trouve dans le manuscrit. Ce passage , le voici en raccourci : I'Autriche employa la paix a comliattre les prin- cipes de la revolution , et a recherchcr les opinions revolu- tionnaires qui se cachaicnt. L'esprit du siecle avait repandu des lumleres qui permetlaient de voir clair dans les mysteres de I'Eglise et dans les rouages de la machine politique. Ces lumieres furent regardees comme la cause du mouvement des peuples. Voili'i pourqnoi plusieurs hommes distingues recu- rent mission de travailler selon un plan convenu contre les lumleres et en faveur des tenebres. Genz, qui du service prussien avait passe dans la chancellerie autrichienne, tint la plume dans plusieurs congres ; "Werner, auteur de la tragedie de Lutlier, et qui du protestantisme avait passe a la religion calholique, dut decrier en chaire le i)on sens devant le peuple; Frederic Schlegel, autre converti et etranger, provoqua an mysticisme en prose et en vers ; VObservateur autricliicn, sous la plume de Pilat, defendit ce qu'il y avait de pire, le despo- tisme turc, et conil)atlit ce qu'il y avait de plus sage, la con- federation americaine; enfm, I'liistorien Hormayr se chargea de pronver par des faits que les lumieres amenent infaillible- ment les revolutions. Ces cinq champions, nnis contre l'esprit dii siecle, avaient Icurs gens pour les soutenir au combat, etc.o i42 LIVRES l^TilA:ir.ERS. Ce qu'il y a'de curieiix, c'est que I'hisrorion qui parle si librc- ment de I'Autrifhc, ("tait professeiir dans ce pays. TI est pres- qnc inutile (It- ciiio qu il ne Test plus. 19. — *Jo/tanti deorg Forster's Briefwccliscl, ncbst eiiiigcn Nachric/tlcn von seinem Leben. — Correspondancc de Jean George Forsteb, avec quelques details sur sa vie; puhliee par Til. H**, nee H**. T. 11; Leipzig, 1829; Biockhans. In-8" do 85o pages. Forsler avail deja une grandc repulalinn cnmme voyageur ct comnie observateur pliilosopliique ; mais c'est dans sa cor- respondancc que se mauif'este tuule la grandeur de son carac- tcrc, un des plus elonnans qui aienl brillc dans la litterature •allemandc, et nous n'hcsitons pas a ranger sa correspondancc parmi les ouvrages les plus remarquables que cetle liticraturc nous a fournis dans ce siccle. €e sont d'ailleurs d'exccllen-^ Rlcmoiies sur rinstoirc de la revolution. Par le premier vo- lume de ce recneil de lettres, nous avons vu que Foi'ster, apres avoir erre dans rAllemagne sans pouvoir fixer son sort, avail trouve enlin un refuge a Mayence, ou I'elecleur lui avait donne une place de bibliothecaire, dans le terns meme oi'i la revolution se preparait en France. Cel evcncmcnt cleclrisait I'esprit vif et bouillant du voyageur philosoplie ; et, quand les bords du Rhin se remplireut d'cmigres I'rancais, Forstcr olait tout francais, mais I'rancais presque rcpublicain. 11 faut voir avec quel dcdain il parle des emigres, avec quelle estime il juge. les efforts des constitutionuels en France, avec quelle vivacite il presage le bonheur qui doit resullcr pour la na- tion francaise de la reforme de son ancien regime. En vain, le prudent beau-pere, tout enfnnce dans ses travaux d'crudi- lion a I'lmiversite de Goettingue, cherche a temperer I'ardenr du gendre, et a le dclourner de la carricre politique. Tantot Heyne conseille a Forster de faiie comme lui, de s'enfermer dans le cercle de ses foyers domestiqncs, et de coutempler les folies d«s honunes /)«»• une [cute de son cabinet d'ctude; tantot il lui dit avec toute la circouspcction d'nn conseillcr auiique banovrien : « Croyez-moi, nous ne parvientlrons ja- mais a eclairer la multitude sur les ail'aires poliliques et ihco- logiques; il n'y a que le pouvoir, la faction ct Ic fanatismo qui puissent I'ebraulcr. Vouloir sacrifier nous ct les notrcs pour une cbimere. inexecutable, ou meme les exposer a qneique danger, serait une folie. » Tantot il lui rcconimande d'etre prudent a I'egard des ancicns jesuiles, (|ui, ajoule-t-il, reviendront certaincmcnt un jour; tantot eufin il lui repre- sente qu'on n'est pas pins librc en France depuis que la ALLEMAGNE. i45 consliUUioii y est pio; lamoc, piiisqiic pcrsonnc, .>nii:ntine de inort, ne pent prot'esscr d'aiitrc? opinions que ccllcs (in parll (lojuiiiant. La seule ('liose, ajouie le prol'csseur, (jiii piiisse garantir la libcito, est la moderation, et je ne croirai a I'cxis- teiicc de la lii)eiie (pie lorsqiie je verrai regiier cette modera- tion. Forstei-nc parlageait point ces opinions; il pensait qnc, dans des tems commc telui ci , il y avail nne vocation plus elevce que de monter en chaire tons les jours a la meme heure, et de commenter ensuite quelque auteur ancitn, pour meriter le titre de conseiller aulique; il rejetait meme le conseil de la moderation, quoiqu'ii tut modere par philoso- phic. « Nous vivons dans on tems de eiise singuliere, ecrit-il a sa femnie, oii il n'est plus possible de eonserver la mode- ration, oil il est meme quelquef'ois de notre devoir de recourir aux moyens extremes, pourvu que ceux qui y recourent soient des hommes d'un jugement mur, d'un esprit vaste et solide, et d'un coeur sensiiile, et non pas des lanatiques ou des imbeciles a courte vue. « Quand les Francais furent cntres a Jlayence, Forster dirigea le club republicain qui se ibrma dans cette viilc, et prepara la reunion de Mayence a la France. Heyne n'approuvait pas sa condiiite; il aurait voulii que Forster, comme fonctionnaire de I'electeur, eut emigre avec ce prelat et avec la noblesse. Forster, au contraire, trouvait njaavais que tout le monde ne fCitpas reste a son poste; il crovait qu'il ne devait plus rien a un gouverncmcnt qui abandonnait la ville au moment du danger, en emportant les caisses des veuves et des orphelins. « II I'aut, disait-il, vouloir le bien-etre de la ville ou Ton se trouve, se conformer a la volonte de la majorite. et nc pas sacritier son existence et sa I'amille pourun aveugleattachement adesgens qui, n'etantpas capaljles de f'aire quelque chose pour eux-memes, peuvent et veulent encore moins soutenir ceux qui se jettent dans le maiheur pour eux. » Forster tut distingue par les Francais, et on I'envoya, en 1795, avec Polocki et Lux a Paris, pour demander que Mayence ffit incorporee dans la republiquc nouvellc. — Ses Lcttres, ecriles de Paris pendant le regime de la lerreur, ont un grand inlciet. « Avaul-hier, ecrit-il a sa femme, sous la date du 5i mars 1795, je suis arrive a Paris; hier j'ai etc a la Con- vention nationale : j'ai parie, j'ai In I'adresse de la Conven- tion mayencaise (qui est aussi mon ouvrage), an milieu de noujbreux applaudissemens, et j'ai obtenu que la reunion de la contree du Uhin, occupee par les Francais, a la republique franraise, fut decretee sur-le-champ et par acclamation. » II i44 LIVRES ETRANGERS. clait tout feu pour le regime nouveau : cepcndant il signalait uiie grande feniicntation dc Tesprit de parti, et le gouvcrne- ment, sans argent, sans credit, sans vivres ; niais il pensait que ce n'elait pas le cas de mourir de peiir. « Quand on a pris nn parti dans une crise, dit-il, quand on a mis au jeu tout ec que I'on a, il ne rcste d'autre parli que de jouer, il laut gagner ou perdre. Ce n'est pas assez de soulenir les principes par la parole, il Taut savoir mourir pour eux. » Cependant son esprit droit ne I'ut pas long-tems tenioin des horreurs qui se couimettaient, au nom de la libertc, sans de- tester ceux qui les conimeltaicnt. « Dans le lointaiu, ecrit-il i sa i'emme, les choses paraissent lout autres que lorsqu'on les voit de pres. Je tiens encore I'erme aux principes, niais je trouYe que peu d'hommcs y sont iideles. Tout est ici fu- reur, frenesic, Taction : point de resultats calmes ct raison- nables. D'un cote, jc vois des lumieres et des talens sans cou- rage et sans energie; de I'autrc, une energie physique giiidee par I'ignorance, et qui ne fait du l)ien que la on il faut ahso- lunient couper le noeud. La nation est ce qu'elie a cte tou- jours, legere ct inconstante , ayant bcaucoup dc tete et (['imagination, mais point d'ame, point de sentiment. Avec tout cela elle I'ait de grandes choses ; cette ficvre qui I'agite a I'apparence de toutes les impulsions genereuses, mais c'est un enthousiasme d'idees, et non le sentiment de la chose. » Cependant Forster resta I'erme dans ses principes, comme il I'avait anuonce : aussi, dit-il, dans une de ses lettres : « En lisant I'histoire romaine, je me suis console de I'histoire du present. Les terns dc Maiius, de Sylla, de Catilina, de Pompec et de Cesar, onl quelque ressemblance avec notre tems : ce- pendant nous ne sonimes que des enCaus pour les vertus et pour les crimes, en comparaisou de ces hommes. Ce qui me soutient, c'est la conviction que les ressources d'une grande nation sont presque incpuisables, et que les catas- trophes les plus epouvanlahles ne sauraient la detruire : par consequent, il ne laut desesperer en aucun tems, pas meme lorsqu'un homme comme Syila s'eniparc du pouvoir, et rc- duit au silence toutes les passions des autres. Cependant, plus je me familiarise avec I'histoire des revolutions, et plus je me fortilie dans la conviction que I'homme ne produit rien sans les passions. En ellet, si ces ressorts ne sont pas assez tendus, tous les motifs d'agirdisparaisscnt, amoinsquenous ne soyons nes raisonnablcs, et que la raison ue ilonne rimpulsion a nos actions. Or, partont on il y a des passions violentcs, il est im- possible qu'il n'y ail pas des monstruositcs dans les actions. Si jc ALLEWAGNE. i45 pease que clans Ics ciicoustances actuellcs il faiit soutenir et conserver le leginie republicain, cc n'est pas que jc Ic regardc comuie procurant plus tie bonheur que tout autre rej^ime, iiiais parce qu'il donnc un nouvcl essor, unc nouvellc direc- tion aux facultcs inleilectucllcs, etc. » Cependant les crimes des tenoiistes epouvanterent I'ame honnetc de Forsler, et lui fircnt faire de seiieuses reflexions sur son sort. Sa femme s'etait rel'ugiee en Suisse avec scsen- lans; Forster etait sans ressource; les Prussiens ayant repris Mayencc, il ne pouvait retourner dans cette ville; a peine sauva-t-on ses papiers : il etait presque proscrit de I'AUe- magne. A Paris, quelques personnes inflnentes chcrcherent a lui procurer une place dans le gouverncmcnt ; on lui donna une mission insignifiante dans les departemens du nord. Son coUegue Lux, saisi d'enthousiasnie en voyant Charlotte Corday conduite ii I'echafaud, avait public une brochure dans laquelle il avait fait I'eloge de Taction tenieraire de cette heroine ; il ne tarda pas a la suivre sous la guillotine. Forster, reste seul, se repentit de ne s'etre pas retire a Hanibourg des le commencement de la revolution, pour s'adonner aux sciences; il eut le desir d'aller dans I'lnde ; mais il n'avait pas les moyens d'entreprcndie un voyage aussi dispendieux. II convint quesa carriere politique etait finie, qu'nn honnele homme ne pouvait agir de concert avec des hommes inimo- raux, sans comproniettre sa vertu. II persistait neanmoins a croire que la liberie sortirait heureusenient de la lutte, et que la coalition ne triompherait point de la France. Le chagrin s'emparade lui : « Mon malheur, dit-il, dans unedesesdernie- res lettres, vient de nies principcs, el non de mes passions.)) Ilmourutd'une apoplexic, le 12 Janvier 1794? dans un reduit obscur, a Paris, apres avoir vu encore, pour la dcrniere Ibis, sa I'emme et ses enfans sur la I'ronliere de ia Suisse. On lit dans la suite, sans consuller la iamille, humniage de ses pa- piers a I'Inslitut, qui les garda si bien qu'on ne les ouvrit inenie pas; la Iamille les reclama plus tard ; niais il en maa- qua plusieurs et on ne sail qui s'eu est enipare. On trouve, dans les lellres ecrites de Paris, des jugcmens .sur plusieurs personnages I'ameux que Forster eut occasion de voir dans ce. terns de trouble, et dont quehjues-uns ont lermine leur carriere plus trislenient que hii. 11 connut Thoe mas Paine, ct le Irouva plus inleressant dans ses ouvrages que dans sa conversation. Le t'amcux baron de Trenk lui deplut par son insensibilite et ce melange d'arrogance el de bassesse qui, selon Forster, couiposait le caractere dc eel T. XLIV. Or.TOCRE 1 8'>(). 10 ijC) LIVIIES KTRANGRRS. avcnlmicr, mnis il fiit onclmnli'; ilc la j(Minc TIk rnip^no dc Mt;ricoiirt. «Tout son v.ivi', dil-il, rospiic lenoAtdc la liUorto, cl totis ses cnticliens ronlcnl sur la iTvolulion. EII9 paile raciloinonl ct av(!C eiiergie, mais sans cnrroction. Parcc qnc rcmiKirur irAlloniaj^ne I'a fait mcllro en liherte, die est niaiiilcnant snspcctc ici, coniiuc payee par rAnlrichc; clle est nieme iTiart3're de la lll)ert(';, cai' il y a six a sept seraaines (Hir les Furies, qui remplisscnt los tribunes dc la (iOnvenlinn, la trainerent dans le jardin des Tinlcries, lui casserent li lete a coiijis de pierre et voulurenl la noyer dans le bassin ; depuis re terns elle a des maux de tfte liorribles et une mine pitoya- ble; liier elle souiTrait beaucoup; elle parlait neanmoins avec fhaleur, ete. » On sait que celle Idle, dcvenuc ftdio, a ele ren- IcrnAee pendant \ingt ans, et qu'elle est morte a la Salpctrierc en 1817, dans nn etat deplorable. Avec le deuxieme volume de la correspondance de Forster, nousavons reeu aussi la nouvelle de la mnrt de rcditcur, sa ^euve, Therese Huber, qui vivait depuis long-tems a Augs- bomg. Elle avait, conime Forster, un esprit eclaire et inde- pendant. Elle a pnblie des romans et des conies. Ses ronians ne s'eleventpas a nne grande hauteur; elle reussissait mieux dans les contes et les nouvclles. 20. — Joli.-Bapt. Scliad's LebenfgescldclUe von ihm.telbst hc- sc/iriehen. — Vie i\e Jcan-Baptiste Sciiad, ecrite par lui-meme, et dediec aux princes, aux hommes d'Etat, a ceux qui ensei- gnent la religion et aux institnteurs. Nouvelle edition. Allen- bourg, 1838; imprimerie de la cour. 3 vol. in-8°. Quel est ce Sehad qui entrelient le public de sa vie , et qui dedie sa biographic aux princes et aux hommes d'Etat? deman^ dcra-l-on sansdoute. Schadest un ancien benediclin bavarois qiu a ete Tort malheurenx dans soncouvent, ct qui a etc telle- mcnt degofile des momeries ct des turpitudes nionacales, qu'il a jete son froc aux orties, et qu'il s'est fait protestant ; il est actuellement professenr de philosophic a Jena, et , de plus, conseiller imperial de Russie. L'auleur a cru que I'histoire de sa vie ponvait a etre bonne a averlir les princes et les hommes d'Etat du danger des institutions monastiqucs; aussi s'est-il etendn longucment, et un peu en style de moine, sur la vie malheureuse qu'il menait au convent. Les bt'nedictins de Banz jouissaicnt en Allemagne de la mcme reputation qn'a- vait la congregation de Saint-Maur en France. On disait : si le? moines en general sont oisiFs et inutiles, les bcnediclins de Ban?, font de savans travaux, et pronvent <[ue la n'piobation prononcee contre le cloitre en general n'atteint pas les en- ALLEMAGISE. 147 fans dc Saint-Bcnnit. M. Sdiad nous ote cette illusion , en nous prouvaul (|uc Its iHuedictins de Banz ne valaient pas niicux que les autrcs moincs alleniands. L'ivrognciie ot la gloulonueiie olaicnt Icurs \iccs dominans : la devolion oulree liiisait de qucl(|ucs pauvres letes de veritablcs inania(|ues; le systonie dc robeissanie passive tendail a rediiire Ics jeunes nioiues u Telat de machines ambulantes. On leur n)ettait des bandeaux sur les ycux quand ils tenioignaient dii plaisir a voir les beaux siles aulonr dii couvcut; on les f "fis critique du mcme sur le fameux roman dc Gcclhe : JF'dhcUn Mcistcr's Lelirjnlirea (I'apprenlissage de G. Melster). On tronvera dans le troisieme volume, qui nous seuiblc le plus intercssaut sons tons les rapports, dcs details ignores sur la composition dc ^Fallcnsltin, dont Schiller s'oc- cupait u cette epo(|uc (i7!)7). P.G. •23.. — Solger's Forlciiinsicn iihcr Jestlielil;. — Gonrs d'es- iheliquc, parSoLGtR; public par Heyse. Leipzig, 1829; Brock- bans. In-b° de 47^ pages. Sous Ic nom *.VesUu'lhjuc. qui est souvcnt employe par Ics ALLEMAGNE. ,4g Allemands, I'autcur entend ia theorie philosophique du bean, tant dans la litteratiire que dans les arts ; cette science est Tob- jet de coiirs publics dans les universites d'AUemagne. Solger, dont nous avons rcccmment annonce les cicuvres poslhumes, avait fait un corns de ce genre a I'universile de Berlin ; un de ses eleves, M. Heyse, a pris des notes sur ces lecons et les a redigees ou r€unies,etvoila comment le public recoit un nou- vel ouvrageposlbumedu professeur berlinois. Solger examine d'abord ce que les anciens et les modernesont pense du beau. Platen ne voyait dans lebeau que le cote apparent du bon; dans son Hippias, lepbilosophe separe neanmoinsle beau de I'a- greable et de I'utile. Aristote ne donne pas de definition du beau. Le Traite de Longin, sur le sublime, ne s'occupe que dc la rhetorique. Piotin donne des notions tres-abstraites du beau; il distingue lebeausensuel et le beau intellectuel ; I'ame apercoit le dernier, par une abstraction entiere de la maliere, et par I'intenlion des idees. Parmi les modernes, Le Batteux a eule grand tort de fairecroire a la tbeoriedu beau, en prenant le principe de I'imitation de la nature dans le sens le plus plat. Solger soutient ensuite,que dans I'ecole anglaise a predomine le sensualisme, et dans I'ecole allemandc I'intellectualisme. line dit pas un mot du Traite de Montesquieu sur le goQt; peut-etre ne I'a-t-il pas connu. A peine Solger s'occupe-t-il de la litterature IVancaise; il semble pourtant qu'elle merite quelques egards quand il s'agit de la theorie du beau. Solger parait mieux connaitre la litterature anglaise; il analyse le systemc de Burke, qui tire le sublime de I'instinct de la con- servation, et le sentiment du beau de I'instinct de la sociabi- lite. Solger est tout-a-fait sur son terrain, lorsqu'il analyse les systemcs et les idees des Allemands, de Lessing, Herder, Kant, Fichte, Scbclling. Apres cette introduction bistoriquc, I'auteur discute, dans la premiere partie de son travail, I'cs- sence du beau, qu'il regarde comme une partie de la philo- sophic pratique, comme une reunion de ccntrastes, etc. Lc sublime et la grace sont les deux extremes, entre lesquels on trouye la dignilc et le beau ; ccux-ci ont le caraclere du calme, du repos ; ccux-la, le caraclere de I'activite. Dans la deuxieme section I'auteur envisage le beau comme objet de I'art; a ce sujet, il traite dc I'allegorie, des representations rcligieuses, de I'imagination , etc. La troisiome section, enfiu, est iinc discussion sur les arts, parmi lesquels I'auteur comprend la poesic. Dans son langage metaphysique, qu'il faut d'abord I'tudicr pour comprendre cct ouvrage, Solger appclle la poe- sic I'lirt iiiiivcrscl, Cidcc qui '^c modi fir ct sc (ietcnnine cUe-minie- i5o LIVRES .laUANGERS. Sa thoorie du pot'niec[)i(|iic rtijctto les poomosqiii veuIciU rr- jui'isoiiler 111! siijol histuriqiie sous la Idiiue i;pi(|u<:, U-ls (pie la Heni-'iudc, aiiisi que oeiix (|iii ne cliaiilent que ties ovenciiieiis enlicreiiienl diviiis, tcl.s que le Pa vadit perdu ct la Mnssiade ; VEpopcc litnncri(jue est, pour Solgci'. ic eliei'-craMivrc, le mo- dele ihi j;('iire epiqiic. Virgilc, qiiehpie bean (|ii'il soil d'ail- Icurs, a vairicaiicnt essaye de reprodnire VEpopcc d'lloniere. Soij^er trouvc de graiides beanies dans les poenies da n)o_ycM- fige , Ic Suinl-Graal tl \L'i Niebduiigen; il appetle la coniedie du Dante une cpppce unircrselli!. Scs jngemens sniies ronians sent encore plus singulicrs. Don Quieliotte est , scion Ini , a pen pies le senl ronian coni'upie qui exisle. Les a/finHc'! (Hccti- ves de Gcellie sont pour Solger le niodeie d'ini roman tragiqnc; il designe les Pa.^sioiis de JVertlicv coninie le type du ronian lyrujue; a I'egard dii roman iVancais il garde nn silence ali- soln; il en est a pen pies de menic dn ronian anglais. Nous esperious trouver dans les opinions de I'anteur, sur I'art dra- matique, desidees plnsclaires que dans Ic teste de son onvrage; maisc'est la raeme obseurite metaphysique. Tout ce que nous pouvons dire, c'estqueCalderonestpourlui leniuitre du drame lyrique, Shakspearecelui de la deuxieme classe de poesiedra- iiiatique, c.'est-ii-dire cellc oil le symbol e xe fond en allt'gorie; Coellie et Schiller sont, pour Solger,Jesrepresentansdn drame epique; enfin, pour la qnalrieme classe, c'est-a-dire pour lo drame leerie, ou Ic drame ronianliqne, I'auteur nous sigiiale comme des chei's-d'oeuyre la Barhe-Bleue et le Cliiit holte de Tieek. II parait que le theatre des Fran(;ns n'a pu trouver place dansccltc classification. L'autenr examine cnsiiite cha- cundesbeaux-artsenparticulier ; I'editeTira ajontedes cxiraits des autres onvrages de Solger pour corroborer ou develojiper ses idees. Get onvrage, quelque bizarre qn'il soil par son style, est toujours iiu onvrage cuiieux a lire ; la metaphy- sique applirpiee aux arts est (piebiue chose de nonveaii |)our plusieurs nations. Les Allemands ont actjuis une graiide hal)i- tude dans cette application; mais ils ont quelqnel'ois des opi- nions et des expressions fort etianges. D-c. 10. — Fericnscliriftcn, etc. ■ — Traites ecrits pendant les va- cances, par Ch. Zell, prol'essenr d(! iitleratnie a rUniversile de Fribourg. Deuxieme recueil. Fiii)onrg, i82(). Ges Traites, send)la])les a ceux (In premier recueil que nons avons annonce(voy. Rev. Enc. , t. xxxii, p. /j i8), out tons pour o])jet d'eclaircir divers points de la vie privec ou do. la liltrra- liu'e des llomains. Deux iiiorceaux essenticis reconimaudeiit ce volume a rattcnlion des lecleurs; I'un est consacre aux ALLEMAGNE. i5i proverhes, I'aulrc aux cluinls populaires: or, ces deux siijets uffreiit un iiiteict iion moins jjranil pour le public que pour les savans , ot jusqu'ici peu il'auteurs s'etaient exerces sur ces malicres. Non qu'il n'y eCit dcja plusieurs collections de pro- verbes, mais Irop souvent nous avons confondu des sentences ou des passages d'auteurs, passes en proverbe chez lesano- dernes, avec ce qui etait usite chez les anciens. M. Zell classe et divise les proverbes, puis il les traduit, et dans les notes remet sous les yeuxle texte original. II y a toujonrs dans sa version un grand bonhenr d'expression : si jamais il prend fantaisie a quelqu'un de mettre don Quicliotte en latin , les titrades de Sancho seront i'aciles a rendre. Cepcndant iM. Zell, au moyend'uneclassification tonle philosophique, a I'ait dispa- raitre ce que cet assemblage de locutions proverbiales aurait pu avoir de l)uriesqiie. Des pi-6ceptes generaux de morale, il passe a ce qui pent elre specialement applique a telle ou a telle profession, puis aux dictons qui sont nes des qualites ou des vices de telle ou de telle nation, elc. Quoiqiie ce traite ait beaucoup d'attrait, nous attacherons plus d'importancc a cekii qui a pour objet les chants populaires de Home : riiistorien peut y puiser, comme a la source de beaucoup de traditions. M. Zell range parmi ces chants les hymnes du culte et notam- ment les axamenla des pretres saliens ; c'etaient des vers qui prenaient les noms des diviniKiS auxquelles on les adressait. L'auleiu' donnc d'interessans details sur I'organisalion du college des Saliens, ainsi que siu* les fraires arvales institues par Romulus. Deleurs invocations, M. Zell passe aux supersti- tions et aux chants magiques, puis aux letes rustiques ; il examine ce qu'elaient les chants fcscennins et les jeux sceiii- ques imites de ceux des Etrusques. Ce rte fut qu'en 5i4, cent vingt ans apres I'introduclion (les jeux etrusques, que -Livius Andronicus essaya de mettre sur la scone une piece reguliere, a la nianiere des Grecs. Les Aiellanes, qui portent le nomde la yille ou elles prirenl uaissance, etaicnt entieremeiit dans le style populaire; elles renfermaient des traits a double sens et d6s farces obscenes : il y avait aussi des personnages en quel- que sorte oldigcs, tels que Maccus, qui n'est autre qu'un arle- quin ou ua. pQlicliinetle moderne, et qui revient sans cesse dans toutes sortcs de situations , tantot banni , t inlot soldat, etc. 11 est uu autre genre de chants populaires fort libres , et dont rorigjnalile no sanrait elre coutestce ; il s'agit de c(mix que les M)Hats I'aisaieut lelentir au trioniphe deleur general. Suetone en rapporte d'assez piquans sur Jules-Cesar. M. ZcUn'apa oublie de les citer. Quanl aux lais historiques, rauieiirentr 1 53 LI V RES ETR ANGERS. completemeiit ilans les vucs de rilliislrc Niebuhr : il montrc que tons les peuples en out, el cite les poesies homeriques, on ossinniques, les Niebelungen, les cliants des Scrviens, etc. Le volume est termine par d'ingenieuscs remarqucs sur quelques genres partiruliers acertaines professions ou a certaines situa- tions. Ph. DE (lOLBERY. SUISSE. 24. — Chrestomathie franfalse, ou choix des morceaux tires des meilleurs ecrivains franeais; ouvragc destine a servir d'applicalion niethodique et progressive a nn cours regulier de langue IVancaise ; par A. Vinet, professenr de lilteraturc i'ranraise a I'universite de BTde. Bale, 1829; J. G. Neukirch. 3 volumes in-8% dont le premier seulemcnt a paru. Get ouvrage semble, au premier coup d'oeil, avoir une res- semblance intime avec celui de M. Noel, intitule : Lecons de Utterature et de morale, etc. ; maisil en differe essentiellement pour le fonds et pour la forme. M. Noel n'a eu d'autre but dans sa compilation que d'offriraux Francais les plus beaux morceaux de leurs poetes et de leurs orateurs : M. le profes- geur Yinet destine son livre aux etrangers qui apprennent notre langue, et il leur offre un choix gradue de morceaux en prose et eu vers. M. Noiil n'a rccueilli que des fragmens tronques, ecourtes, fatigans h lire par leur nombrc infini : M. Vinet a concu un plan plus jndicieux; dans son livre chaque morceau forme, autant que possible, un tout oi'i I'ana- lyse pent discerner un plan, une distribution de parties, une methode de dcveloppemens, une progression d'idees et d'ef- fets. iVl. Noiil n'a joint i\ son ouvrage aucnne note, aucun eclaircissement de texte, aucune notice sur les auteurs qu'il met a contribution ; chez M Vinet rien de ce qui pent jeter de la clarte ou de I'agrement n'a etc neglige. Le premier volume est destine a desenfans de treizea qna- torzeansqui ont deja aumoinsune annec d'enseignement dans le francais; laphipartdcs morceaux y sont historiques et des- criplifs, et d'une grande simplicile quant aux idecs, aux termes et a la phraseologie. Dans le second volume, on Irouve plus de morceaux d'un caractere didactique et quelques autres oi'i la forme oratoire domine. Les pieces de vers y sont plus nombreuses. Le dernier tome est compose de maniere I'l ofiVir autant d'interet a I'homme fait que d'utilite au jeunc eleve :^ les trois volumes formcnt un tout ; mais les mcsiues sont pri- ses avec le libraire pour que chaque pavtic de I'ouvrage pnissc Sire acquise separcmcnt. SUISSE.— ITALIE. i53 Le nom de M. 1*3 professcur Vinet recommande deja sufTi- ■samment cet onvrage, qui nous parait d'ailleurs meiiter, atous egards, le suffrage des maitres cclaires. A. (Extrait du Journal de Geneve.) ITALIE. 35. — * Prose sceltc, etc. — Morccaux choisis en prose, par Ic prince D. /'('erre Odescalchi. Milan, 1829; Silvestri. L'auteur de ce recueil est le directeur du Gionude arcadico, I'un des ouvrages periodiques los plus savans de I'ltalie, ct 11 a public deji'i une tres-bonne traduction de la Ripabllqae de Ciceron. Nous trouverions, dans \c?, prose sceltr, beaucoup de morceaux remarquables et dignes d'etre cites, cntre autres luie lettre sur la formation d'lme bibliotheq-ue instructive pour les femmes. Mais nous prefcrons attirer ratteiition de nos lecteurs sur le traite de la comedic, ou plutot de I'art drama- tique, car l'auteur passe en revue tout ce qui s'y rapporte depuis la position sociale des comediens et les details de I'ad- iTiinistration d'un theatre, jusqu'aux effets de la scene sur la morale publique, et aux innovations possibles et desirables pour I'art en Italic. Ce traite est rempli de considerations neuves et interessantes. Cependant on pourrait reprocher au prince Odescalchi de s'arreter quelquefois pour discuter des points sur lesquels tons les bons esprits sont aujoiu'd'hui d'accord; ainsi, il entreprend de refuter I'abbe d'Aubignac, de lourde memoire, lequel prohibe tout cbangement de deco- rations, qui transformerait au cinquiome acte, en jardin ou en place publique, par exemple, le porticpic on le salon qiii au- rait d'abord occupe la scene, appujant ce beau precepte sur I'autorite des regies aristoteliques, quoique Aristote ou Ho- race n'aient jamais rien prescrit de seniblable. On sent qu'il n'est pas difficile a l'auteur de refuter le pauvre abbe dont il se moque sans pilie. Mais il ne nous parait guere plus raison- nable que lui quand il interdit alisolumcnt au poete drama- tique la faculte de faire voyager, d'un acte a I'autre, les spectateurs ; quand il veut du moins I'obliger a ne pas les faire sortir de I'enceinte de la ville ou »e passe Taction. Nous citerons, a cette occasion, les reflexions d'un excellent recueil italien, VAntologie de Florence < Pourquoi cette restriction? demande le redacteur; sans doute parce qu'il faut qu'on sup- pose que les acteurs on pu, pcn(Iant le terns qu'ils passent bors de scene, sc transporter do I'tm a I'autre lieu. Cette supposition est euliercmcnt grahiitc; inais, quand cUc serait 1 54 LIVIIES JiXRANGERS. roiidrc, potiiqnoi ne nic Iranspuitcrui-jc pus ilaiis un vill;igc voisiii do la ville oi'i Ton vent inc rcurernier? lN)iin|ii(ii pas (Ic Floreruc a Pralo, do Veiiise a Padoiie, de Veiiisc a Viccii- ce ? La liberie que votis me laissez devra done s'tteiidrc en proporlioii do la vilo.sse des chevaux, do riiiimeiir dos. pos- tilions? La regie devra done varier avec les moyens de tiaiis- poi-t ? les unites etaienl l)ieii terribles avant qu'ont lit usage dcs carrosses, avaol I'invenlion dcs luacliines i\ vapour, des aerostats; el a propos dcs aoroslals ! nie voila bien legitinic- mont en droit d'iniiter Goethe ( pour nc pas parlor de So- phocle), et de placer un acto sur la terre, I'autre dans les vastcs regions de I'air!... » Con'.'lnons do tout ccci qu'on nc pent fixer de regies pre- cises, soit pour le terns, soil pom- le lieu : il ii'en est pas de nienie pour la Iroisieme unite, cello do rinUret, qui est indis- pensable a toute oeuvre d'art, ot <|ue nid liomtno raisonnable nc sera fente de contester. Le plaisir (ju'on trouve a une re- prx'sentation scenique piead su source dans le plus ou inoins d'illusion que parvieat a nous laire Tautour du dranie, illu- sion a laciuelle il I'aut bieu ([ue nous nous pretions sous beau- coup de rapports. Quand le poete fait parcourir au specta- tour dix ans ou cent lieiies en cinq minutes, il rend I'illusion plus diflicile, et oblige notre imagination a laire un effort de j)lus. 11 sc donne en outre a lui-mfinie la tache de nous laire comprendre comment cot cspace ou ce terns a ele traverse, en un mot, de laire une nouvelie exposition , et rexposition est toujours cc qu'il y a de plus I'aible, de plus iVoid, do plus difficile dans une piece. II vaul done bien mieux pour nous et pour lui qu'il resle fidele aux rc-^lcs. Mais s'il est assez fort pour triompher de la dillicullo, et si la construction de sou drame I'exige , pourquoi lui donner ime entrave inutile? pourcjuoi ne pas lui laisser une complete liberie, dont il nc pout abuser, du reste, s'il ne parvient a nous interesser? 2G. — Inlorno gl' inni sacri di Akssnndro Manzoni, etc. — Examen des liymnes sacrees d' Alexandre Manzoni; par Giu- seppe SALVAr.?«OLi Marchetti. Rome, 18:9. Ce doit etre une trisle et decourageanle pens«;c pour un grand esprit qui livre a la lumiere do belles et nobles pro- ductions ([ue la certitude de les voir toudtor aussitot sous le scalpel de celte critique malveillanlc, I'roide, seclie, envieuso, eunemie de tout enthousiasme parce qu'ello ne pent le coui- prendre. Pen d'honunes de genie out ecliappe a ces outrages il'autant plus cruels qii'ils sont fails avec une apparence de sang-froid ct d'imparlialile. II y a des uiilliers d'aunees que IT alii:. I 55 Ics poi'tes (It la vicille Gii;ce jelaicul ilcjA des muledicliuiis siir Ces insectcs inipiirs, ces teiirbrcux reptiles, Heritiers de la honte et du noiu des Zuiles Qui S'acharneiit sur la gloire et vivcnt de mepiis. Le jeune auteiir de ces beaux vers, et des Mcdilailons pne- tiques, a eprouve combien cette crilique hargueiise jelte dc glace sur une jeune et vive imagination ; car ses efl'ets ne sc bornent pas a aflliger \\n instant le poete ; elle lui laissc ntie crainte vague dc la publicitc, une tiniidile de verve, tmk; hesitation dans la composition qui, en gcuant ses inspira- tions, lui otent cette originalite, cette hardiesse, cette trau- chise d'un honime sQr d'etre compris et de trouvcr dc la synipathie. Aussi, maintenant que le public, revenu des in- justes preventions semees centre ses premiers ouvrages, ap- prccie son mcrveilleux talent, senible-t-il apprchendcr encore de mettre an jour ces reveries si picincs de cbarmc, de me- lancolie et d'amour, connues seulement de quel([ucs amis privilegics. — Ce n'est pas la laute de certains criti((iies d'au- dela des monts, si le plus grand ccrivain \ivant de I'ltalic n'iniite pas M. de Lamartine et ne laisse pas dans I'ombre les creations de son genie : lespelites persecutions ne lui out pas luanque. Ici, ce sont des gens qui, justcment passionncs pour les vieilles gloires de I'ltalie, le Dante, le Tasse, I'Arioste, ne concoivent pas qu'on puisse faire autre chose (ju'imiter ces grands maitres, et voudiaient condamner quiconquc ose se servir de leur langue, a rel'aire eterncllcmcnt leuis ouvrages sans s'eloigncr des formes qu'ils ont enq)loyc;es; ailleurs ce sont des hommes d'esprit qui ne penveut p:)s compreridre que la langue poctique n'est pas cclle des gcomclres, qui voudraienl lui donner la precision d'un traitc d'algcljre; qui crient liaro sur t(^ute ex])ression liaidie, nictaphoririue, sur chaque mot nouveau et piltoresqne. M. Salvagnoli iMarchetli est du nombre de ces derniers. Nos leelciu's connaissciit sans doute ces hynincs sacrees de M. Manzoni on le sentiment re- ligienx est exprime avec une onction si touchanle et si pro- fonde, avcc une si grande viguenr de pensces, d'images, de coloris. Elles (Hit etc traduitcs en plusieurs langues, et I'illustre Go'llie lui-nicme les a tiansportees dans la langue allcmandc. C'e.'t contre ces chcls-d'aMivre, trop courts et Irop pen nom- breux, que !\1. Salvagnoli vient d'ecrire une lourde et longuc l)rochure. II passe ces hymnes en revue les uucs aprcs les aulres ; il s'allachc a chaque strophe, relevc et commente cha- que vers et souvcnt chaque mot de ce vers. Tanlot c'est u\w image qu'il Iruuvc faussc, tantut une expression qui manqiic 1 56 LIVRES I^ITRANGERS. dejuslcssc, tanlutiincconsonnancc inharnionicusc; ricnnc liii echappe, ct qiiaiul il lie .ail que ropreiuhe, co qui arrive soii- vcnt, il a recours a un pen do iiiauvaise foi, cl prctc i\ Tautcur des tallies qu'il n'a point failes. Quelle palienee, hon Dieu ! et que \eiit-il prouvor par ccfle posanle disserlalion, par celtc aulopsie des ciouvres du geuie? Que I'Tlalie, que I'Kurope en- tiere s'esl Iroinpec en appiaudissanlces odes sublimes, qu'clle a mal place son adiuiraliou, qu'elle a lort, et que lui scul, Salvapuoli Marchctli, a raison, et se connait en beaux \ers! En \('.rite, iM. Warchelti qui. du resle, n'est pas enliercmcnt depourvu de talent, devrait employer son tems et sa plume a un travail nioius iuj^rat, plus profitable aiix lettres ct a sa pro- pre reputation. Oarrages piriodiques. 2 J'. • — // DiscerriUore. — Lc Connaisseur, ouvrage perio- dique, dcvant etrc public a Rome : prospectus d'association. Rome, 1829; Salviucci. II y aurait un curieux rapprochement de statistique A falre entre les developpemens do la presse periodique dans les di- vers pays du monde; cntrelenombredes feuillespubliquesaux Etats-Unis, par exemple, et le nombre des journaux d'ltalic. ( Voy., pour des comparaisons de cette nature, un Essai sta- tistique sur la presse periodique du Globe , Rev. Enc, t. xxxvii, p. '2()5.) On verrait avec etonnement combien a cet egard cette derniere contree, oi'i tout honime aime et sent les arts et les plaisirs del'esprit, est en arriere de cette jeune Amerique, si occupee de se creer elle-meme et de preparer son avenir. 'L'Antologie de Florence, excellent recueil litteraire et scien- tifique, public depuis neuf ans, ne compte encore, dit-on, que 5 on 600 abonnes, et dans ce nombre il est beaucoup de lec- teiirs etrangers ; il passe cependant pour etre lc plus repandii de tous ceux qui paraissent en Italic. Voici lc prospectus d'une nouvcllc entreprise dont lc plan nous scmble bicu concii , et qui pourra contribuer ;V populariser au-dela des monts !a cri- tique litteraire et la connaissance des litttrafures rtrangeres. Le Connaisseur (car je ne sais comment traduire d'une ma- nicre exactc le mot Disceriiitore) se propose d'arrivcr ;i cc \n\\. par pliisieurs moyens. D'abord, en jetaiit parl'ois un regard en arriere et en traitaut quclques questions relatives aux liltera- tures anciennes, en analysant des livres grccs on latins pen connus, et des manuscrits ignores. Sccondemcnt, en rendant compte dc beaucoup de pelits oiivragcs dc circonslaucc, bicn- Int oublics et qui pourtant m«';rilcraienl un interctplus dura- ITALIE.— PAYS-BAS. iS; ble. Enfin, en recueillant Ics idees nouvellcs, cuiieuses oii utiles qui pouiTiiient se trouver, soit dans ces ojniscnles, soil dans des ouviages periodi((ues, lus ou piiitot paicoinus ordi- nairement avec legerete ct sans attention. Mons pensons que le Connalsfieut' ponrra, en suivant ce plan, procurer a ses lec- teurs plaisir et instruction, ct nous souhaitons qu'il obtiennc le succes que merile tout projet utile. A. P. PAYS-BAS. 28. ■ — : Dissertation siir qitelqiies proprietes des impressions pro- dnites par lalumiere siir Corgane de la vne, presentee et sou- tenne sous le rectorat de M. J. KiMtER,a la laculte des sciences de Tuniversite de Liege, pour obtenir le grade de docteur es- scienccs mathcmaliqncs ct physiques, par Joseph Plateau , dc Bruxelles. Liege, 1829; imprimeriede H. Dessain. In-4''de 52 pages, avec une planclic. Ce memoirc de M. Plateau contient des ol>scrvations qui doivent passer dans Ics ouvrages clcnienlaircs ; car leurs ap- plications sont usuelles, laciles et sores, et souvent importan- tes. L'auteur s'est occupe specialenieut des impressions pro- duites sur I'organe de la vue par les corps en niouvement, des modifications qu'elles eprouvent en raison de la vitesse, de la couleur des corps, et de rintensite de la lumiere qui les eclaire, de la duree de ces impressions, du terns necessairc pour qu'elles atteignent leur maximum, depuis le premier ebranlement produit par la lumiere. iM. Plateau a i'ait plus que continuer les experiences commencees autrefois par ,le chevalier d'AfiCY, membre de I'Academie des Sciences de Pa- ris; ses recherches out embrasse tontes les questions que com- porte le sujet dont son devancier n'avait considere qu'un seul point de vue. Indiquons ici quelques-uns des resultats anx- quels on ne s'atlendait point, et qui attireront certainement I'attention des physiciens. Sous le rapport de I'cnergie des impressions qu'elles pro- duisent, les coulenrs doivent etre rangees dans cct ordre : blanc, jaune, rouge, bleu. « Lorsque les impressions de deux coulenrs differentes se succedent alternativement sur la retine, avec une vitesse insuffisante pour qu'il en resulte ur.e impres- sion unique, il se manifeste generalemeut de vives nuances etrangeres aux deux coulenrs employees, et a leur melange : on pent meme, par ce moyen, produire un beau blanc, et cela, en ne se servant que de jaune et de i)leu. Lorsque les impressions se succedent avec assez de rapidite pour qu'elles paraissenln'cn former qn'une seule,cctte dcrniere n'oftre pas i.'xS LIVUKS lilTRANGEIlS. loiijoui'S la mr-mp coulcnr que In mrhmgc mntoriol dos doiix coiilcnrs rniplnyi'Os : ainsi, en cnml)iii;mt do cotto nianii-re. ct dans eerliiiiics prnporlinns, rinipression dii jaiine avc(- celle dii !)kMi loiice, on jn'odnit nnc coideurparraileincnl griso, sans la nioindro nnance do vert. » Les pointres, qui ont riial)itndo d'oxcrcer lour pinrenn sni- des ol)jels inimid)iles, et (pii ont neaninoins I'andiilion do jieindrc lemonvcnient , dcAraientan nioins otiidier pins »|n'ils no le fonl eclte parlie dinieilo do lein- art ; les illusions d'opli- (pic, Ics conlcnrs accidenlellcs, les ondires colorees de tons ees plienonienes dc huiiiere ne pcnvent ctrc oniis dans nne rejirt'sentali(ni fidele do la natnro. Le terns approclie, sans donle, on Ton lera snr los impres- sions de ronie des recherclies analog^ncs a ceiles de M. Pla- lean siir eel les de I'ori^ano de la vne. II est cxtremenient pro- bable que les coincidences pins on nH)ins iVeqnenles de vi- Inalions pins on moins Icntcs font epron vera roreillc des mo- difications qni doivent avoir qnelqne analogic avec cellos que les vibrations Inniinenses inipriment a la retine. F. 2p. ■ — J^lngtigejy^aavneminiicn. — Observations snr les en- treprisosde la Socicte de bienl'aisance, dansles provinces scp- tenlrionales dn royanme des Pays-Bas. Kocvorden , 1829. ln-8"(le VIII et i i5 pages. 5o. — Rfondeeling en Miderlrgg'mg, etc. — Criliqne el refu- tation des Observations snr los ontreprises de la Sociote dc bienl'aisance; par la commission pcrniancnte de cotte Sociote. Amsterdam, 1829. In-8° dc ij5 pages. 1/anteur anonyme des Ohserrations prouve qn'il connait a fond les etablisscmens de la Socicto do bienfaisance, dont les travanx ont etc si gencralement apprccios, memo dans les pays etrangors; nuiis qu'il joigne a cotte connaissance un es- prit juste et iniparlial, c'est co dont il est pormis de donter. 11 est presque certain que cct anonyme est v.n ancion employe dc la Socicto, qni , renvoye i>ar elle, s'est scrvi de ce moycn pour so vonger. II fant bion avouer que los ctablisseniens de la Sociote ne salisfont pas tons les osprits, qn'ils ne ropondent pas entiorcmont a ce qu'on otait en droit d'en allcndro ; mais I'esprit de malveillance qni regno dans \cs O her ral ions n exa- gere le nial reel el ajonto do fansses accusations co'ntro I'ad- minislration des colonio de la Sorioto. Anssi, la rofniation de cos Observations, qni a etc publico an nom dc la commis- sion pcrmanente, n'a-t-olle pas etc cbose fort didlcile. — Les siijots qni ont eto trailcs dans cos onvrages so rapportcnt a ragricnllnre dans les colonies, aux moycns do snbsislance des colons. A Icnr nonrritnro, an soin qn'on a do liun-moraiito. PAYS-BAS. iSq aux orphelins qui y sont places, aux pcincs etablics, anx em- ployes, aiix mcndians, aux canaiix, u I'etat financier de la Societe, etc. 3i. — Brievcn over den aarJen de s/iekl.lng van hooger An- dernnys. — Lettres siir la liatnre, la direction ct Ic but de I'en- seignement siiperieur ; pnhliees par iM. P. AV. Van Heisde. Utrecht, 1829. In-8° de 539 P-'ifft^s. Les reglemens siir I'enseignemcnt siipcrienr, donnes en i8i5, ont ete en butte a d'aiiieres critiques. Qiielqiies-uns ont crie a la tyrannic, parce qne le gouvcrnenient s'atlribuait quelque influence sur I'enseignement ; d'autres ont ciie a la ])arbarie, en voyant que I'enseignenient des langncsanciennes constilue encore clieznous la base desetudes. M. Van Heusde, celebre professenr de litterature ancienne a I'universite d'U- trecht, a cru devoir publicr, dans ces circonstances, le fruit de ses meditations et de sa longue experience. Son livre n'est pas un ouvrage d'a propos , qui s'oublie quand les terns sont changes; c'estun ouvrage important, oii se Irouvent de- veloppces des vues excellentes sur cet interessant sujct. L'au- teur a soin de ne pas s'eloigner du reel , de rester dans les li- mites du possible ; il cherche surtout a ne point augmenter le nombre de ces beaux reves, de ces theories impralicables qui ont seduit presque tous ceux qui se sont occupes de I'ensei- gnement, depuis Platon jusqu'a J. J Rousseau. Quant aux principes qui dominentdans cet ouvrage, il n'est pas facile de les faire connaitre en peu de mots. Nous dirons seulement que, selon ]>!. Van Heusde, une bonne organisa- tion des gymnases, ou ecules latines, doit etrele fondement des etudes academiques; que I'etude des langues anciennes est trts-propre a amener ce developpement intellectuel et moral qui constitue la vraic civilisation ; que les universites doivent surtout tendre a cc but; que les etudians qui s'y trouvent ne doivent pas elre traites conime des ecoliers,mais comnie des jeuKCs gens qui entrent dans lavie, et qui deviendront bientut des hommes capables de juger, de prononcer , de diriger eux- memcs leurs actions. Cet ouvrage a obtenu un succes merite et qui ne pent que s'accroilre. 52. — Gedacliten over liek Vcrband, etc. ■ — Considerations sur la civilisation religieuse et morale des Egyptiens; par M. P. Van LiMBiRG Lro.mver. Amsterdam, 1828. In-8" de x ct 55i pages. L'auteur , professenr de litterature ancienne a runiveisile de Li»''ge, ct deja connu dans le monde litterairc par ses tra- vaux jur Hcmere, Esdiylect Pindarc, aconsacre cet ouvrage i(Jo LIVUliS till ANGERS. ;» la ihcologic dos aiicioiis lififypliens. II s'osl pailiculioicment nllachc a pioiivcr, quo. dos priiicipes inoraiix sc trouvent ca- ches sous Ics iiivsttres rdigieux decc peuplc. L'aiitciir appiiit; scsasscrlioiissur les ecrivaiiis grots, Hcroilote, Diodoro, Stra- boii, IMutaicjiie, etc. , aussi bioii (;uo sur les inoiiiimcns do rantiquitc ej;}'plicnne, qui sontdcvcuus intelligihlespour nous depiiis les licureusos docouverlos do Mftl. Young, Cliaiupol- lion, etc. 53. — ■ I). Ixuhnlienii Scholia in Suctonii vitas dvsaram, etc. — Scolies do Rnlmkcnius sur les vies do Suotonc ; puhliocs par J. Geel. La Ilayc, 1828; S. et J. Luchtmans. ln-8" de 587 pages. La renommee du celebre Ruhnkcnius, autrefois prolosseur de littoraluro ancienue a Tuniverslte do Leydc, est europeenne. Les editions de llutilius Lupus et do Velleius Paterculus, qu'il a publicos, sont lort ostinioes ; et los cours qu'il donnait a Leyde etaient snivis par une t'oide d'oieves. De veritables Iresors litteraires sont encore renfermes dans les cahiors dont il se sorvait pour ccs cours, etccux qui contiennent des notes sur Suotone avaieiit surtout eto souvent copies. On desirait depuis long-tems la publication du manuscrit original; un grand n ombre de professeurscelebres, etentrcautres M. Hein- richs, de Bonn, avaient invite M. Geel, I'un des conservateurs de la bibliothoque de Leydc, 011 co manuscrit est conserve, a satisfaire les voeux de tons los amis des littoraturos ancionnes. 11 s'est rendu a leur priere, et I'ouvrage que nous annoncons lui meritera la reconnaissance des savans de tous les pays, en augmentant la reputation qu'il s'est justement acquise. X. X. 34. — Deknopte Vcrliandelivg, etc. — Memoirc sur la science des monnaiesct modaillos en general; par M. P. O. Van der Chys. Leyde, 1839; imprimerie do Cysveer. In-S" de 84 pages. Dans le royaumo des Pays-Bas, Ic goCit do lanumismaliquo conimeiuea s'empareraujourd'hui d'un grand nombre do per- sonnos ; plusieurs particulicrs posscdoiil dos cabinols domon- naies et do modaillos d'uno grando richcsse, parmi losquels il faut placer ceux dc MM.cIe Gcel/iundl, d'Anvors, de ^IM. lo comto de licncsse, de Maeslricht, et lo baron c/e JFistrcencn , de la Hayo, I'un des plus savans arclioologucsde Hollandoj et dont \i\Rcviie a annonco les inlorossans ocrits ; plusieurs anti- quaires distinguos, tols quo MM. deJong, de Vries, Van Or- (len, etc., out public sur la luunisniatograpbie des ouvrages qui oilVent un grand inlerol. A coto de ceux-ci le Momoire de PAYS-BAS.— LIVRES FRANCAIS. .Gi M. Van der Chys nieiile d'occiiper une place; il u'est pas moiiis recoinmandal)le que les autres productions du meme auteur, que nous avons signalees aux nombieux lecteurs de la Revue : c'est un resume trcs-l)ieu fait de I'histoire des mou- naies el des medailles en general, et M. Van der Chys parle en meme terns de rulilite que Ton retire de I'etude de cette science, qu'il parait avoir cultivee avec predilectioadepuis sa tendrc jeuncsse. Son Memoire est termine par une liste des principaux ecrits consacres a cette maliere. deKirckhoff, LIVRES FRANCAIS. • Sciences pfiysiijues et nalurelles. 35. — Resume d'ornitliologie , on d'Idstoire natarelle des oiseaux , par M. Dmapiez ; I'aisant partie de V Encyclopedic portative dm'^iin fi\r M. Bailly de Merliecx. Paris, 1839; au bureau de I' Encyclopedic, rue du Jardinet, 11° 8. In-18, ■avec un atlas dc 48 planches lithographiees ; prlx, 7 fr. Le resume d'Ornithologie de M. Drapiez est un genera complet, qui met bien au courant de la science, et qui, sous ce rapport, sera tres-utile et trcs-comniodc pour les ama- teuis dfi I'histoire naturelle des oiseaux. II donne les descrip- tions de 271 genres ranges dans leurs families naturelles, et classes par oidre dans une mctliode que I'auteur a modifiee. par quelques particularites dc details. La premiere partie est consacree a des generalites sur I'organisation des oiseaux, les fonctions de leurs organes, leurs details anatomiques et leurs resultals physiologiques. Puis, M. Drapiez passe suc- cessivement en revue le chant, le vol, les migrations, les amours, la ponte, les moeurs ct les habitudes de ces etres, et trace sur chacune de ces fonctions de petits tableaux pleins d'interet. Enfin, tl donne un historique abrege des diverses methodes proposees par les nomenclateurs, ct cntre en ma- tiere dans la deuxicme partie, en placant a la tete de tous les oiseaux, I'autruche, dont il fait le type de la famille des cou- reurs. INous itmarqucrons ici que, sans connaitre les idees d.o M. Drapiez, nous avons place dans notre traite d'ornilhologio, qui paraitra bientot, I'autruche a la tote des oiseaux; mais il sera facile de se convaincre que d'autres analogies nous ont conduit a ce resultat. Un resume biograpliiquc sur les or- nithologistes et un resume bii)liograpbiqueconiplclenlce petit - volume que de nombreuscs lithographies accoinpagnenl. r XHV. OCTOBBE 1829. II 1 6*3 LIVUFS FRANCAIS. 5<3. — RisumeWcnfoinoloi^ie, on d'lnsloire nature lie desanimaax artlcuUs ; par MM. V. ArnoviNCt II. IMitNE Edward:?. T. 1"' : Auniilidcs , Cruslacex et yivaclinldcs ; par iM. Audouin. Paris, i8u<); au hiircau de VEniyclopnIie porlaliic, rue dii Jardinel, 11° 8. In-i8, avt'C im atlas do /|8 planches gravtes; prix, y (r. Dans nil precedent article, nous avons rendu comptc du dcuxieinc volume do ce resuuie, redige par M. Edwards, et consacre aux inscctesproprenientdils. (Voy. Rev. Enc, t. xli, p. 483.) Celui-ci, qui a paru plus tard, est de M. Audouin, et traite de quehpies laniilles des animaiix articules encore obs- cures el sur lesquelles les liavaux modernes out jcte quelquc jour, en nous laisant connaitre les bases londamentales de tout ce qu'il est possible d'en dire de satislaisant. Cost ainsi qud'etatactuelde la science, relativenientauxannolides, n'est appiiye que sur les investigations profondes priniitivenient dues a MM. Cuvier et Savigny, et auxquclles des observateurs de notre epoque ajoutent sans cesse des accroisseniens, en ce qui touclie siirlonl les details. M. Audouin et IM. Milne Ed- wards ont aussi, d'ailleurs, jiublie de nnmhreux materiaux sur les annelides, les crnstaces et les arachnides, et leurs tra- vaux out, enlie autres, eclairci de nonibreux doutes sur I'or- ganisation de ces aniinaux, et avance de beaucoiip nos con- naissances sur ces parlies de la zoologie. On devait done s'attendre a en Irouver Tessence dans ce petit volume, et a lire leurs opinions fondues avec les recherchcs de leurs de- vanciers. Ce resume sera tres- utile aux gens du monde jalotix d'avoir des notions precises et courtes sur cetle branclie des sciences naluielles, el sera menie consnlte par le naturalisCe conime un tal)lean mnenionique tres-commode. On coucoit qu'oblige de rcstieiudre en a/j' P^'^gcs in-i8 un cadre que des progres rapides ont clargi dans < es dernieres annees, 11 a I'allu elaguer les details inuliles, et se borner a un sqnelelte technique, IVoid et aride sans doutc, mais qu'il etait impos- sible de chercher a animer, sans outrejiasser les homes im- posees a ce genre de recueil. Les figures sont les meillenres de loules celles publiees dans la collection. 07. — Flore liordclaisc et de la Giroiide, par J.-F. Latilk- KADE. Troislhnc fdition. Bordeaux, 1829. I11-13; prix, 6 fr. La hotanifiue compte aiijourd'hui en France de nombreiix adeptes, et il n'j a gu( re de departenicnt ou d'ancicnne pro- Tince qui n'ail un catalogue des vegctaux qui croissent sur son sol, ou une llore reni'ermant les descriptions des plantes indi- genes. Ces ouvrages out beaucoup conlribuc aux progres d«! la scicnee, el soul d'autant plus precicux qu'ils assignent les SCIENCES PHYSIQUES. i65^ vrais rapports dc la vt'golalion, et que lours dfsrriptions ser- ventAposerd'une, inaniere imniuable les lignusdc domarcatioii desespecesentre elles, en distinguant ieiirsvarietes. La France possede doncpliisieiirs jlorcs de ses provinces les plus riches en Yegelaux; et, sans citer b Flore frnncaise de MiM. Lamarck et DE CkSDOLLE, Id Flora galUcade M. LotsELEi'RDEs Longchamps, les ouvrages plus anciens de Bulliard, etc., la France a les Flores locales de VaiUant, Tliiulier, Merat, Lestiboiidoln, Du- bois, Salnt-Jmant, Guillemeau, etc. , etc. , et celle de M. La- terrade, qui est dcja parvenue a sa Iroisieme edition. Nous ne parlerons done d'un onvrage deja connu par d'honoiables succes, que pour dire qu'il a subi des changemcns avautageux; que de nouvellcs reclierches out amene la connaissance de nouvcUes plantes,ct que des annotations ou des revisions sot- gnees out donne a cette edition nn plus grand degre de me- rite. La P/iandroganuc se compose de 4(33 genres, et la Cryp- to g anile , peut-elre la partie la plus attaquable de I'ouvrage , parait cependaut avoir etc soigneusement otndiee. A tout prendre, la Flore bordclalse, ouvrage d'un savant recomman- dable et voue au ciiltede la bofaniqnc, dont il propage I'etude dans son pays, est une acquisition precieuse pour les jeunes amateurs de nos provinces meridionales et pour les savaijs qui y trouveront d'utiles renseignemens. Lesson. 38; — Traltc des c/ia,pe- ce, et de fabriipier les pieges et ustcnsiles ; par Kresz amc. Deuxlhiie eilUion. Paris, 1829; Audot. 2 vol. in-8° de 192 et 175 pages; prix, 10 francs. Ce serait une chose precieuse qu'un livre qui ponrrait en- seigner en qnclqucs heures de lecture cet art, ou plutot tons ces arts dillerens dc chasscr, dont la pratique d'unc longne vie pent a peine donner une connaissance complete. Malheu- reuscment le premier mot d'un tel ouvrage doit toujours Ctre ce preceple celcbre du Culslnier royal : Ayez dii gi- Iner, etc., et au (rain dont vont les chosos en France, je nc sais pas trop si bientot cet excellent precepte pourra elre en- core suivi queique part. Si la devastation de nos f'orets se continue avec autant d'aclivite que pendent les quinze ou vingt dernicres annecs, il est tres-probablc que dans cin- quante ans il nous reslera pcu d'arbres, et consequenimeiit pen de gibier. D'autres causes tendent encore a en depeupler notre territoire. Autrefois, cliaque paroisse renferniait a peine, outre le seigneur du lieu et sf)U garde-chasse, deux ou trois chasseurs ou plutot braconniers, qui ne pouvaiont rechcrcher 1(1., LIMUS FilVNCAIS. lour i^l.iisir et lour gain qu'avcc hoaiuoiip ile preoaiilion> rt lie moiuiiieinciis. Aujotird'luii tout fennior. tout iMillivatoiir o legion* d'ctudian*. d'avix-at-i, d'avoue*. dc juge? en \acauce>; c'e>t alors une boucherie. nn massacre general, un combat d'exlermination. Comment \oulei-vou< qu'il nous j'este une seule pauMv linotte, uu malheunnix iapin ? II fau- drait que les h:ibitans i!c# chanjp*. de< bui* et dc r.dr pos*e- das>ent une recondite pareille a celle dc* liareng* et des mo- rue*! Ajoutct a cela que Tart se perfeclionne ton* le* jour?: apres Icj* fujiU a deux coup?, nous avons en la poudre lulmi- nante. et puis les I'nsiis a Irois coups, etc.. etc. : et comnic si ce n'etait pa* assei de ce* diaboliques invention*, \oici BI- Kresi qui public deux gn^s volumes sur le* chasses aux piege^ , dans losquels il loumit aux tueurs miUe nouveaux luovens dc destruction, plus prompts, plus sailrs. moins lati- gans que les fusils a piston, ou a tivis el a quatre coups. J'aurais bien envic. en ma qualile de loval chasseur a la ca- rabine, de jetcr aualhemc sur cetle chasse aux pieges. ins- trument de ruse a Tus^ige Je* faibles . qui n"exigo ni talent. ni adresse. ni JoiTe. ni courage; qui dispense de la fatigue pourvu qu'on ail de la patience, et qxii. dan* deux hcures. livre a ini enfant de quin/e ans. a ime femme. a un vieillaixi gouiteux. plus de gibier que n'en pourrait :dialtre en huit jours toule une compaguie d'honorable* et robu>les chas- seur*, aides de leui-s mentes; je suis bien tente d'exprimer le' mepris que ressenl natuif Uement pour elle tout homme tier de rdasticite de ses jamlies et de la juslesse de son coup d'ffil; mats je suis i-elenu par une reflexion : Puisqne la chasse n'cst plus le {visse-tems exclusif de tout noble homme p«.^rtant un canir martial et des membres vig\>ureux. puisque le pri- vilege de mass;»crer le peuple a plumes el a fourrures <>>t etendu a tout le monde. pounjuoi le* faibles et les paresseiix n'en auraicnl-ils pas lenr part ? Cest un inalheur Siin* doute. un tres-grand malheur; mais qui pent s'opposer au torrent, surtout quand le dernier petit Incur de moineaux pent vous repondreavcc des texles de loi?Je me tairai done; je g-arxle- rai dans mon civur me* regrets d'un terns meilleur. en sou- hait.uU ;\niemment un heurt^ux succes aux honnetes gens qui tnivaiilent de toule Icur forve a nous le rendre. Alon«... Mai* SCIENCKS PIIYSIOIES. it)5 »rici l;i Ics cliassciirs anx pi(''gcs parviondroiit prohahU'iiieiit i\ rcndrc deserts nosmarais^ nos l)i)is, nos cliamps, siirloiit s'JIs se scrvenl dii nonil)re inliiii de seciets que M. Krcsz vient do Iciir devoiler en Iciir doanaiit toutes les instniclions necessaires pour les cniplnyer. A. P. 59. ■ — * Diciionnaire anircrscl dc mnlicrc mrdicale cl dr llicra- peutique grnerale ; conlciiant riiidicalioii , la deseriplion et I'eniploi de tons les medicamens conniis dans les diverscs parties du globe ; par F. V. 31erat ct A. J. de Lens, docteurs en medecine , membres de TAcadeniie rojale de Medc- cine, etc. T. 1" (A-B). Paris, 1829; Bailliere, Mequignon- Marvis ct Gabon. In-8° de G95 pages ; prix, 7 fr. Ce dictionnaire qui, annoncc-t-on, sera compose de six volumes, est I'ouvrage de deux homnies inslruils qui, depuis long-tems, en rasseniblent les materiaux, ct s'etaicnt deja fait connaitre avantageusement par des travaux du meuie genre. On est etonue du grand nombre d'indicalions qu'ils o«t reunies, de I'etendue de lours rechcrches, et de la'qiiantite d'ouvrages qu'ils out consulles et qu'ils citcnt avec soin ; il n'cst si mince dissertation, si petit article dc journal ou ils ne renvoient le lecleur, interesse a connaitre tout cc qu'on a ecrit sur un medicament quelconque. En parcourant un pa- reil ouvrag«>, en vo^^ant la multitude des substances qui peu- vent ctre employees a combattre les maladies ct les graiules vertus qui leur ont ete attribuces, les personnes etrangercs ;i I'art de guerir accuseront sans doute les medecins de savoir trop rarement tircr parli des ressources qu'ils posscdent ct de negliger bien des richesses que leur a prodiguees la na- ture ; il semblerait qu'on nc dut mourir que de vieillesse quand il exisle de si puissans remcdes. Mais ces richesses sont bien plus apparentes (pie lecllcs ; un grand nombre dc drogues, vanlecs dans les sicclesd'iguorancc ou cliez des peu- plcs barbares, n'ont que des proprictes imnginaires; i'cffct des autrcs est absolunient !e memc que celui des medicamcus les plus comnums; c'cst contre les affections que Ton sail main- tenant etre incurables (pi'on a surtout multiplie lesrecettes; enfm, Ton a vu des pralicieus Ircs-habiles ct tres-heureux ne faire guere usage que d'une quaranlainc de si\bstances. II se pent cependaut que des experiences, des observations, des dccou- vertes accroisscnt celtc courte liste de quelque prccieuse pa- nacee; et ce dictionnaire, en rassemblaut tons les renseigne- mens relalifs a la matiere medicale, peut en cire I'occasion. ISous aurions desire qu'on eul joint aux articles principaux la composition des formulcs magistrales ou oflicinale? les plus iGG LIVRES FUANCAIS. cciebres, objel asscz impoitaiit dans la praliqno dc la mc(Ic- fiiic el (|ii'iiuo iiuliralioi) vague ne pent reniplacer; il ciit etc utile aiissi dc nieiilioiincrk's procedt'is cliiiniqiics a I'aide des- qnels on ol)tient cerlaincs subjilanccs simples ou coniposees, les acidcs, par cxeinpic, Ics sels, elc. Ccs aciditions eussent lorue pen de peine aux anteurs, el, si la crainle de giossir cet ou\ rage les en a detotirnes, ils aiiraicnt pu, par compensation, I'aire Ic sai-rilirc d'nn grand nonibre d'articles de pnre syno- nvniie l. Henrion a iusere dans eette edition des titres en- liers qui mauquaient dans I'antre; tel est celui-ci : De la ju- ridictionreconnue an clcrge en maticrc d'enseigncment ; ce titre est fonde sur les ordonnanres du i6 juin 1828. On lit au bas de la page 214 b< note suivante : « L'apparition des ordonnances du iG juin 1828 a provoquc, de la part de I'episcopat francais un Manoire au Pioi , qui reclame cotilre la necessite de Tagre- meut, rafiirmatiou par ecrit, et la fixation du nombre des eleves. Nous appliqucrons, a I'injonclion d'aflirmer que Ton est etranger a toule congregation rcligieuse nou legalement etablie en France, la reflexion qui tennine la note 180. dQuc porte done cette note 180 1* Le voici : « Deux circiilaires du ministre de I'interienr, I'une de M. Laine , en 181S : I'aulre, de M. de Corhicre , en 1824, prescrivirent la signature de la declaration (de 1682) dans les seniinaires. On connait les re- clamations qu'excita de la part du clerge cette mesure, en op- position si inanifeste avec I'articlc viii de la Charte. » S'il est vrai que les ordonnances rojales et les circulaires ministe- rielle.s soieut en opposition avec la Charte, il est vrai qn'il n' exis I e plus de droit canon, comme le disait un grand vicaire de Paris, dans une autre circonstance, et que I'ouvragc de M. Henrion est a pcu prcs inutile, puisque toute concorde entre le sacerdoce el I' empire se trouvc rompue, et I'eglise ren- due a son elat primitil". II est a croire (pie M. Llcniion n'a pas sunmis ses notes a la critique dc I'liomme dc France, pent-elre^ I -a LIVRES FRANC AIS. Ic plus profomUmcnl verse duns ccs iitatii^res ; il iraurait pas laissc siihsislcr cetle anoinalic. iSous soiiscrivous sans resliif lion a cc (|ui est dit page '\o de Vhilroduclion. « Dc luenie qnc le point de depart do tonto la puissance ecelesiastique est i'apostolat, de uienie il I'ant qne la primanle ponlificale, qnand on examine si elle enlrait dans I't'conoiiue priniilivc dc reglisc, so retronvc coinnu! noyau dans I'lMi dcs apcUrcs ; qne les succcssenrs dc cet aparle de cuivre extrait des montagnes du Cantal ; il s'est trompe, Ic metal employe par les cliaudronniers dc ce dcpartement leur est fourni par le commerce, et non par leur pays. Est-il bien vrai que « cette partie de I'Auvergue, consideree sous un point de vue moral, oft're a rol)Scrvateur le contrasle bizarre d'uue corruption anlicipee, et d'une civilisation d'au- tant plus impart'aite qu'elle est moins le fruit de I'instructiou que celui de I'experience? »0n ne peut douter que I' experience soit une instruction; et meme, elle passe pour la meilleure de toutes celles que rhommc peut acquerir. Mais on croit aper- cevoir quelque contradiction entre ce que I'auteur vient de dire et ce qu'il ajoute un peu plus loin en parlaut toujours des habitans du Cantal : 0 ses tril)us. presquc nomades, errcnt pendant I'hiver dans les cites dont elles cxpir)itcnt tons les be- soins ; mais, fulelcs aux souvenirs de la paliie absente, elles y transportent, comme I'Arabc dans !c desert, Icurs tentes, leui's iKii LIVllKS FRANCAIS. usiii!,cs, Icms costumi's, cl cetlc proUilc severe qui Ics a loii- jours distinguees. CVv^t ;'i celte (Idolitt; coiistanlf-, iioii inoiiis qii'a rainoui' do lours monlagncs, que los Am ergnat.s iiiori- dioiiaiix doiveiU cos vcrlus m'dosel horcditairos (|iii seud)Iont rclloehir Pasporite do lour cliniat , inais qui piiisoiit dans la rudosse meme des caraclores un riouveau dogro do iVanihise et d'oncrgio. nioi, I'ocrivain s'ost livrc a son iuiaginalion , et sa plume a suivi CO guide pou fidole. IM. Dnclie est Iros-capahle do l)iou observer, d'exprimcr ses penseos avec jvistesse, et pa • consequent, do trailer des sujets qui appartionnent a la lois aux letlres et aux sciences, couune los tal)loaux qu'il projctte : qij'il so defie done d'une trop grando lacilite do coujposition ; qu'il revoie soignensoment ses ouvragos, non pour en perl'ec- tionnor le stylo, mais afin que le raisonnonient no s'y ecarte jamais de la voie tres-elroitc qui , seule, pout conduire a lave- rito. 5'i. — Notice historiqiic snr i'cglhe ct le c/iapitre (le Brioiide, par M. le baron do Talairat, cliovalier de la Legion -d'lioii- neur, nienii)io do plusieurs societos savanles. Le Puy, iH'iQ; imprimorio de Parquet. In-S" de 3(> pages, avec deux ins- criptions gravees. L'eglise doBrionde, l)alio versia fin du iv" siecle, I'ut, jionr cctto opoquo et pour I'elal des arts dans la (Jaule, inie des merveilles dc rarcliitecture; on no (it aucuno oljjoction aux ecrivains qui la comparerent an temple do Salomon. M. doTa- lairat no porle pas sou admiration aussi loin, quoiqn'il ne so defende point d'un cerlaiu eutliousiasme pour un monimient eleve par la piete, ombelli par pln.'^ienrs rois de France, el dont !a renomniee se sontiont liopuis qnator/.e sieclos. Cependant, lorsqu'il passo a la descri])lion des diilV'renlcs parties de I'e- difice, il n'en dissimnlo point los dof'aiits : il s'attacho a retrou- ver la I'ormo primitive a travers los reparations et los recons- ti notions qui I'ont considorahlomont alleroe. <■ En portant un regard attonlil" snr CO beau monument , I'oeil oxerco de I'ar- cheologue reeonnail et distingue laciloment trois genres d'ar- chitoctnre, qui remontont a trois epoques differontes : il re- trouve les traces do la plusanciennc. cello du moycn ago, c'est- a-diro des iV et v° siodes. dans le grand porche iuteriour, les colonnes, lenrs chapitoaux ot loute la grande apside. Les murs eleves plus lard sur los piiiers pour exliaussor la vofite de la uef; ces murs et cette voute, avec leurs ornemens sin- guliors noussignalent l^cbangomentde gofit, lo pa-^sagc d'lm genre a un autre, et sont ovidemmcnl I'onvrage des x' ol xi'' sieclos. Eufm, les cliapellcs de la polite apsido, on los colon- SCIENCES MOIIALES. 185 nes accoiipli'cs, les fenOtios et les orncnicn.s, de tonne oj^ivr, alle^tant quu la gotliique a prevalii , iiidiqueiit suilisanimeiil dcs toiistiucliuiisdu xiu" situ-le. » Purnii Ics privileges du chajiitre lujhle de Biioudc, Taiiteur tait mention de eeltii de noinniei le chef de la iniliee. II faiil se rappeler que cluupie chanoine, niembre de ce cliapilre, etail conite. Paimi Ics clioix militaires (|n'il faisait, il en e>t uii qu'on ne desapprouvera point; en 17H2, 1 iUustie eha{)ilie liomimx com ma)t(/ant ile la vil/e i/e Brioucle, M. de Lafa'^eite, marechal des eanips et aiiiiees tin loi, major-general des ai- mees des Elats-Lhiis d'Aiiiteri(pie. Les inscriptions, contenant des noms incounus, et la plus part illisibles, donl il est I'ait mention dans cette jNoticc;, n'ap- prenncnt rien dout I'liistoire puisse I'aire usage. II elait boa d'en parler line tois, afin de prouver qirdles doivent etre 011- bliecs. PS. 53. — * Aiinuaire da budget, ou DUtionnaire annuel, i" de.-; depcnses generates de I'Etat et dcs depenses parlicniieiesdan ^ cliaqne ministcre ; 2" des reeeltes de I'lAat; 5" des traiteniens de tons les employes civils, militaires et eeclesiastiques, indi- ques dans les devcloppemens dn budget; 4" de toule la par- tie substantielle des discussions tie la ehaivd)re des dcj)ules, a la suile de ehaque article de tbpense ou de recetle; pieoedo ties totaux snccessil's tics bndgets des recettes etdes flc'pensi-s depuis i8i5; — des listcsde MM. lesdi'pntcs, 1" par ortire al- phabeliqnedes departemens f|ni les out nommes, 2" paroi'dre. alphabetique des noms, avec indicalion des departemens (|u'ils reprt^'scntent ; 5" par ordre de places a la chambre ; — de.s deux Loin da hinl^rt ; — de tablcauj; KynvprKjues dn budget; — ile /'«- nalyse dii rapport fait an roi par clinqnc nunislre ; et suivi dii tableau, comparalifdes credits elernandes et des ainendemem; propo~ ses par laconnnission on adojttes par lacbandjre ; — de la listedes deputes qui ont pris part oralenrent aux discussions tin budget, avec renvt)is a leursdiscours: — enfin, d^une table ulpliabclique gvncrale et ditaillee des matiires, a Tusage de MM. les nunis- tres, ])airs de Trance, dtiputes, eleclcurs, et de tons les con- tribuablcs; par M. llt)CH. Paris, i85o (1829); Seuillot, edi- teur, rue d'Enler, n° 18. 2 vtil in-8°; prix, 14 tV. Lebudget ne franchit point I'enceinte descbamlires, et, ce- pendant, la conna:ssance dn budget est la base d'inie ([-duia- tion vrainient constitutioiinellc ; sans elle , nul ne saiirait dc- venir dtjputti consciencieux , tjlecteur ticlairt', ou peut-etic nieniceitoj'en utile. II etaitdonc important que la nation toute entiere poss'Jdat ces complos, qui u'titaient prescutes par les ,84 LIVRKS FUANCAIS. ministros qu'au controlc do scs djilif^nes, que (liaomi put etiulier les iiiU'irts ile tons, ct fjiic Ic zole dc quatro cent cin- quanlc drpiiti';; piitrMre ^ctondr par Ics cfi'orls, Ics Iiimiercs, ft IfS nu'ditalioiis dc Ions leiirs CDiniuetlans. Quiconqiie paie a droit dc compter. L'aniuiairc du Budget, que nous devons a M. Koch, sera bientot Ic livre de tout le mondc. Mais ce ii'est pas a la France seulenienl (pie celle pul)lication s'adresse; les liommcs sludieux de tons les pays, qui n'ont qu'une'idee fort inconq)iete des rouagos de notre gouveruement , verronl avec inlerel se derouler sous leurs yeux les pieces dc ce v aste edifice; aussi ne doutons-nous pas du succes d'un livre qui s'adresse a tous les esprits. JAtterature. 54. — Coiirs tliiorique et praliqac de strnograplile , precede d'fme Idslolre dc I'art , par A. Fosse. Paris, i829;Firmin Didot. In-8° dc lyi pages et trois planches lithographiees ; prix , 4 l""- Dans quelques articles precedens, j'ai donne line idee de la stenographic (voy. Rev.Enc, t. XLHi,p. 465). J'ai ditenquoi cllc consiste, quels sont les principes communs a tous les systenies, en quoi ils peuvcnt diHerer les uns des autres. Je ne reviendrai done pas sur ces idees, et jc me bornerai a faire con- naitre I'ouvrage de M. Fosse ; il se divise en deux parties : la premiere , sous le nom d'Essai sur r/iistoire de I'art slenogra- p/iique, nous le monlre pratique en Grece, par Xenophon ; a Rome, par Ciceron et Tiron, son affranchi, et par Seneque le rheteur; cultive sous les premiers empereurs, aliandonne en- suite aux besoins de I'existence la plus commune , puis consa- Gre par I'eglise naissantc a la propagation de la foi, et s'etei- gnant enfin peu a pen , loi-sque Justinien defendit d'ecrire en notes les contrats publics, a cause des equivoques qui pou- vaient en rcsulter. A la fin du xv" siecle, I'art d'ecrire en notes sortit de lou- bli : peu usite d'abord, il eut dans la suite de nonibreuses applications, lorstjue le public eut a coeur d'etre exactenient instruitdesdebatsparlemenfaires.- — En Angletenc, en France, aux litats-Uuis, cet art est si necessaire qu'il y est cultive aveu ardeur; etil a donne lieu a denond)ieux tiaitcs, doiil.M. Fosse donne la liste, precedcc de quelques considerations sur les di- vers systemes qui y sont exposes. Ensuite vieiit sa nu'thode, oi'i il fait connaiire les piincipes dc Taylor, approprics a la langue francaisc, par Bertiiv. LITTLRATURE. iSa M. Fosse, qui parait avoir eliulie tons ccs syslemes a\ ec soiir, en offrant au pul)lic un systeme (|iii ne lui appaitient pas, donne ainsi unu garantic de sou impartiality et de la lioiile de son choix : incapable de jiigor li'iin art que je no prati LTVRES FUANCAIS. la tcmiinaison laissiil loujoiiis recoiinaitre Ic nomiiiatiC; el. sous CO ra})p(nl, M. Ilayiioiiard a cu raison dc icgrctler <((it; la I't'f^le (le la laiiguc des Iroiivc'ies n'aitpas eli; coiiservee ; sans doulc oil I'a sairifuc pour oviltT uric confusion (pic lo .s final n'auiail pas manq.ic d'iutrotliiiri! dans la phrase. Lcs observa- iioii.s do 31. Uaynniiard portcnl encore sur d'autres poiiils in- tcressans dc la hui{;iio dcs Irouveres, et Ibrmcnt unc petilc gramiuaire pour ccUc cpoipu;. A I'appui de toutcs scs roniai- rpics , rauU'iir cite loujonis nne I'onle d'excniples tires du pocine de lloherl Wace. Son tiavail est done mi coniplemenf iieccssaiic de la Welle edition (pie Ton a j)ul)liee a lioiicn, en 1827, (In Roman de Ron, et doul nous avons rendu conijile (Voy. Rcr. Enc, t. xxxvii, |). /rio). L't';diteur aprofilt" dc celle jxiblication poui' doniici' aii:isi uii soppR'iiient de notes liislo- ri(]ncs; dies sonl de M. Le Prevot, aulcur de la principalc partic du comnicntaii'c dii Roman de Ron, ct poilcnt sur dcs localites ou sur dcs raniillesnoiniandcsdont il csl question dans le po(^'iiie. Le poeiiie de Iloheit "NVace a excil('! raltcntion du luonde savant, et pcut-rtre a-t-il fait plus de sensation encore dans rt;tranf;er qn'cn Frame : du iiioins avons-uous vu jjcau- coup de jouinaux (Jtcangers s'occuper a faire connaitre cettc grande coaij>osition IVancaise du xii'siecle, epoqne on d'au- tres litttiraliires produisaicnt pen d'oiivrages de ce genre eti langue nalionale. D-g. 5G. ■ — Discours prononri; par M. Cuvier , directeur de VAcadttnie francaise , dans la s(';ancc pul)li([ue dc la Saint- Louis, 183;), sur les prix de verta dcceiiies dans ce lie seance ; suivi d'un Livrei conl(!nant les rc'cils des actions xertiicases qui out obtenudcs iia'daillcsdanscetle nieine seance. Paris, 182.J ; riiiuiu Didot. In-i8 de 8j) pa^^es ; prix , l\oc. Tout est contagieux, au moral coiiuuc aupliysique, le mal conuiie le bien, le vice comme la vertu. Publier les actions vertueuses, c'est lepandie dans les cceiirs dcs gcrmesde bicn- laisancc et de charite; coninie ollVir au pcuplc des rt^cils 011 dcs spectacles cruels, c'est eveiller lcs passions qui enfaiiteiil Jcs crimes. Si CCS observations sonl jiislcs, licn n'c'tait mieux a[)propri(!; an but que s'est propos*;; le V(''m''rable Monlyoii en loadant les prix de vertu , que la publication d'un ]^i\ret des- tine; a popul iiiser Ic r('cit dcs actions (pie ces prix out r(Jconi- pcnsijes ; ct Ton pent meiiie dire que c'C'tait la le compltiiiicnt iid'cessaire de cette noble el belle inslitntion. Lcs prix dc verlii »|nc rAcadtiinie a dd'ccrnes, cette annec, soiit au i\ombr(! de fpiinze. Mais, parinilcs personnes quieii out (Jle jugces digues, jl en est deux (pii out du fixer parlicuiiercniciit sun allention LITTKRATURE. 187 p;ii' I'inipoilaiire cl rctcmhic dc leurs I)ien!ail,s; ces pcrsoniies soul di'iix leinmcs , doiit I'linc [Reinc Fran^on, de Saint- Eiienne), sans autre secours que le travail de ses mains, est parvenne a former une niaison d'etiide, de secours et de tra- vail cuinmini, 011 quatre-vingts jeunes fdles, souslraites a I'in- digence et quclf|iiel'ois preservees du vice, acquicrent une iiistruclinnappropriec a Icur etat, et ajjprenuent un metier qui lour donnc les moyens de gagner honur'tcment Icur vie. L'aii- tre, /.o//(.?f ScHoi'PLEK , voulut etre, prcsque des renl'ance, la servante du respectable pasteur Oberliii , pour ctre en meme tenis le minislre de sa bienfai.-ance. Crcatrice des Salles d'a- sjle pour la premiere entance, et d'un Wont-de-Piete sans interets et sans gages, Louise Sclioppler merite d'etre placee parnii les philantropes les plus devoues et les plus cclaii'cs. L'eioge de ces deux heroines de la charite a etc fait par M. le baion Cnvier, avec celte simplicite touchante qui, pour riiomme de genie, est le langage des idees profondes et des scntimens sublimes. La tache de M. Andrieux etait plus dilTi- cilc : il avait a exposer le sujet de tieize prix de vertu nieri- ti's ])our des action.-; qui out eutre dies beaucoup de ressem- blancc. Racontces sans aucune apparence d'arl , toutes inlc- ressent, loules font verser des larmes. On sent que la plume de I'ingenieux academicien a ete dirigee par nne ame qui sympathise avcc tout ce qui est noble et g/'nereux. Ch. 57. ■ — Les Rontantiques et les Classu/iies, ode \*<\v M. Come. Paris, 1829; Levavasscur, Dclaunay. In-8° de 8 pages; prix, I fr. 58. — La BatciUle de Nararin, pocme lyrifpie couronne par VJcadrmie d' Amiens en 1829, par M. Melcliior Potier. Paris, 18-29; Lachevardiere, rue du Colonibier, n° jo. In-8" de y pages. 59. — Eloge de III ville de Dieppe, fi'agment d'un poeme ine- <\h sur r Industrie et le commerce frnnpals. Paris, 1829; chez les marchands de nouveautes. In-8°; prix, 1 fr. 25 c. Oo. ■ — Le Sermenl de I'Epoiise, pocme par Polydore Bounin. Paris, 1829; Denain, rue \ivienMe, n° 16; Delaforest, rue des Filies-Saint-Thnmas, n" 7. Iu-8"; prix, 1 fr. Gi. — Irene et Edmonds ou la DcHcrance des Esclnres clire- tiens , poeme en quatre chants par M. Lepayen de Flacourt. Paris, 1829; l^i^ude^'-Dupre. In-8" de 9G pages; prix, 5 fr. Gi. ■ — Le Terns qui court, par L. Rohssillon, oincier de ca- vulcrie. Paris, 1829; Ladvocat. In-8° de J2 pages; prix, 1 fr. La pocsie conlcmporaine parait surlout appclce a se pro- tluire sous trois formes diifcrcnlcs, I'Ode, I'i^lcgic el la Legende, i88 LIVRKS FKANCAIS. <|iii lioiU cle Tudc on dc Tclcgie , siiivaiil Ic ion ilc la Iriulitiou quelle raconle. 11 scnible que Ics poiles du xix' :oetesvont demander des res- sources nonvellespouragrandirle domaine dn dranie nali(mal, n'a pasdedaigne de pretei-sa couleur a ces coinpositions secon- dairesque nonsappelons Ballalcs, Lcgendes on Ckroniques. Les personnages, les niocurs, et presque le langage de ces pelits recits apparlicnnent an moyen age : aussi c'est le mondc dc la lecrie , dn merveillenx, en nn mot , de ces etres hons on mai- faisans qni tiennent le milien entre Dien et I'homme, et qni n'apparaissent,de loin en loin, dans le drame, rouques de M"" Tastti, et c'est encore un recucil de L^'gendes que nous venons examiner. i\I. d'Jnglnnonl a parcomn la France en Aoyagenr plein d'amonr pom' les tradilions dn passe, et il a rocneilli les rcciti fanlasliques des piltres dans les mines des vienx chaleaiiv 011 lis onl remplace les chevaliers. 11 est pen de superstitions de I pa LTVRtS FRAN^AIS. la France an nioycn age qui n'aicnt Iciir Icgende dans ce rc- cueil, j>fu lie noiiis Iji/.ancs doiil I'origine no sc rovi'le dans (inclqne clnoniijiie ingt'iiicuso. Kemoiilant anx lioninies des premiers sieclcs, le poele essaie dc nous Ics rendre , pUins dc i'oi ot de rndosse, tcls (pi'ils etaient ; puis, inlerrogcant tons les ages, il ne s'arrete qu'apres avoir anssi donue sa legende an noire dans la passion conihaltue du jeunc pretre. Deux nianicres se presentaient au poele. II pouvait s'em- parer desepoqucs diilerentes de I'histoire, et , ranimant avec leurs croyanccs ct leurs caracteres les individus qui les ont. dominees, associer les graves evenemens dn passe a ses crea- tions personnelles. II pouvait anssi rcpousser les personnages hisloricines , et , creant a la Ibis le drame et les actenrs, les re- velir ccpendant du rostunie d'nne epoquc determinee. Cette scconde nianii-rc est celle de M. d'Anglcmont. Chacune de ses Legendes a sa date, mais ne se rattaclie aelle que par le lieu de la scene et la couleur locale, ftl""' Tastu , qui a prefere la pre- miere marcho, emprunte lout a I'liistoire, excepte la t'ornie et les details de ses Clironiquea. II y a la quelque chose de plus grand. Tout caractere d'invenlion court le risque de p;liir de- vant les caracteres reels, ou, s'il les efface, celui a qui I'histoire est faniiliere , sc refuse a atlmettre , dans un lai)leau dont tons les personnages lul sont connus, des etres qu'il n'y a jamais vus : c'est ce qui a ete reproche, et peut-etre avec quelque raison, a I'Endore de M. de Chateaubriand. Le moyen age est encore trop pres de nous pour qu'il soit permis de lui preter des personnages dont la tradition ne parle pas, a nioins que ce ne soientde ces etres subaltcrnes mais nccessaires dont on voit la place dans I'histoire, sans qu'ellc en ait garde le nom. Voyez SValter Scott, dans plusieurs de ses romans, il ne doit a I'histoire que le costume : mais s'il a cree c'est a del'aut de caracteres dans repocpic qu'il vent peindre, ou lorsqu'il se renferme dans un cadre assez etroit pour avoir le droit de preter a son drame des actenrs qui n'ont de realile que dans son imagination. 11 est vrai de dire que les personnages de M. cfAnf^lanoiit n'agissent pas dans nne sphere assez elcvee pour paraitre invraisemhlables ; et c'est encore une raison, sc- ion nous, pour que ses chroniques aient moins d'eclat que celles de M""' Anuible Tiistii. Les cadres imagines par i\I. cCJnglcmoiit sont ingenieux et souvent pitt(u-esques; mais on ponri'ait lem- reprocher quel- quelbis de manquer de developpemens. II suit de la que le poele parait moins prcoccujie de ce qu'il raconte, el scndjio nioinsy ajouter I'oi :or,pourngirsin-lesamos,il doilcroirea sou LITTI^UATURE. ipj oeiivre : Pygmalion n'a ricn ilc ral)iileux; son histoiro est ct'lit; ave, Je gisais nu, couvcrl par un niaiiU'au dc cendie ; Je I'ecarte avcc peine, et vois nionter, desccMidip, ^ Tonrniiyer, se conl'ondie en des r.uages iilancs, Mille U'les sans corps de clieiiibins volans; Dans ua loinlain cont'iis j'aper^ois une Couie Qui sur un seul cLemin el se presse et se foule ; Qui tout k coup au seuil d'lin confessional Arrive, el puis se perd dans le sainl tribunal; Je nie leve, et je veux marcher au sanctuaire; Les piieds embarrasses dans un drap nicirluairc, Me Irainant conlre un niur de tapis noirs lendu, J'approche, et vois iin niort sur I'aulel 6lendu, etc... On pent voir par ce morceau que, bien que M. d'Auglemout attaqne dans sa preface les reformatcurs liltcraires, ii ne s'in- terdit pas leurs licences de versification; d'anlres cilalions prouveraient qu'ii n'a pas dedaigne non plus, parnii les de- tails vulgaircs, ceu\ qui peuvent ajouter a la verite de la cou- ' leur locale. C'est une idee heurense que d'avoir dedie chacune de ses Legendes a I'une des femmes dont les (yivrages ont enrichi la litteratiire contemporaine. Je ne puis nte defendre d'exprimer ici le regrci de trouver dans la preface de Tauteur moins de sympathie pour les poeles , ses rivaux. A. de L. 64. — * Collection des meillcurs romanx de James Fenimore Cooper : Le Pilate^ histoire marine; traductionde 31. Def.u- COKPRET. Paris, 182*); Daulhereau.Ci volin-ou ; prix , 7 fr. 5oc. Parmi les nombreux iinitalenrs auxquels >Valtcr Sciitt a ouvert lacarriere du reman historique, il n'en est aucun (pii T. xm . ocTOBRE iS^g. 1 3 194 LIVUKS I'KANCAIS. I'ail paiooiinie d'niie uiaiiitro plus brillantc que Ft'iiimoi-c Citopor, et qui s(! soil plus appioclic du but allcint par I'nu- tcur d'lvanhot'. (Ic quo Tuu a mtrepris pour I'Evosse tl i'Aii- glelcri'e, I'aulre I'a exrciito avoc iiou iiioius de honlunir pour I'Aiiierique, ct ses tompaliiotes, frappcs de la verite dout sont empreints ses tableaux de miieuis natiotiales, et les caracte- res dc ses personnages, I'ont suriioninie Ic Walter Scoil (ivu- ricain. L'Europe a confirine ce juj;;enieut, et les ocuvies dc Cooper sont devenues uii complement indispensable de celles du ct'lebre romancier anglais. M. Dautheieau, afin de repnn- dre au desir des souseripteiu's aux lomans de AValter Scott qui lui avaient demande d'y joindre un (•b()ix de eeux de Coo- per, vienl decomnien( cr, par la public ation du Pilotc, inie col- lection qui compiendia en outre : le dernier des Mo/iica/is, lea Pionnicrs, la Prairie, le Corsaire Rouge, ct YEspion. Celfe col- lection, qui sera, pour le texte, cntieremcnt couroinie a I'e- dition revue par M. Defauconpret, et publiee par 31. Gosselin sous le format in-i8, sG composera de 56 volumes in-52, de 200 pages ail moins, imprimes avec des caracteres neuf's sur grand papier velin satiue. *'* 65.- — * LePuritaind' Amerique , ou la Vallee de TVisk-ton- wish, roman americain, jtar J ame.i Fcni7norc Cooper ; traduit del'anglais, parl'auteur u'0/<^5ta ou la Polugne.V avis, 1829; Cli. Gosselin. 4 vol. in-12 de xxiv-896 pages; prix, 12 fr. Bien des lecteurs s'altendent sans doute a retrouver ici ces fanatiques enthouslastes dont la plume de "Walter Scott a trace les admirables portraits, et que la rcstauration des Stuarts exila sur les bords encore incivilises de la Delaware et du Connecticut ; ils se proniettent aussl quelque plaisir a comparer la maniere du romancier americain et le genie de I'Ecossais, dans un sujet ou les niemes figures out pose lour a tour devant I'lm et I'aulre. Quoique leur esperance ne doive pas etre tout-a-t'ait trompee, batons-nous cependant de les prevenir que Cooper n'a point prclendu lulter avec le peintre de Claverhouse et d'Evendale : du moins n'est-ce pas a lui qu'il Taut attribuer le litre qui amene cc dangereux rappro- chement, et que I'edileur I'rancais n'a probabiement ajoute qu'avec le desir inleresse de piquer plus vivement la curiosite. Toutelois, il aurait cte dilficile d'exclure cnticremeiit les pu- ritains d'une histoirc qui date dc la premiere colonisation des Anglais dans TAmerique : conunc on le sail Cort bien, rintolerancedu gouvernenienlroyal , d'abord , puisleiarouche rigorisme qui leur rendail odieuses les pompes moudaines ra- menees en Anglelene par la cour de Charles II, conduisireut LITTEUATlRi:. ,g5 Ics plus fcrvens des sectaires loin de lenr terre iiatale, sur le vastc continent, oi"!, la liache et le mous([uet a la main, ils de- vaicnt introduirc , an prix de tant de l.atigues et de dangers, les arts et la civilisation de I'Europe. De pareils colons inipri- merent aux etablisseniens naissaus un caraclere particulier qui a du se reflechir dans le roman. i\lais la teinte religieuse et sombre qu'il fallait repandrc sur de pareils ta!)leaux ne con- venait peut-etre point an talent de Cooper. Soit qn'une ti- mide preoccupation du grand niodele cpi'il fallait egaler ait i-etenu et refroidi sa verve, soit qu'il ail juge I'enthousiasme exalte des puritains avec les idees et la critique de notre epo- que, au lieu de se preter en potte a leurs illusions et de s'i- dentifieravecleurscroyan(;es, il nous semble (jue, sans y avoir completeincnt echoue, il n'a point donne a cette partic prin- cipale de sa composition toute la verite qu'oa avail droit d'at- tendre d'un aussi grand peintre. Ce qui est remarquable, c'est qu'il parait avoir scnti lui-merae linsufllsance des couleurs qu'il employait : aussi, paruii procede aussi fatigant pour le lecteurque nuisible a I'elTet del'ouvrage, a-t-il complete, au moyen de digressions et d'explications longues et souvent dit- I'uscs, peul-etre par la I'aute du traductenr, ce qui manquait, dans le corps du recit, pour la parlaite intelligence des lieuv et des personnages. Qu'on n'aille pas croire pourtant que cette production soit indigne de son auteur : en relranchant des quatre volumes que nous venons de lire deuxou tiois cents pages de longueurs et de dissertations, il restera deux episodes, on Ton relrouve Cooper, avec toute la I'raicheur, toute la force de son beau talent. Toutel'ois, il s'est contente de reti-ac er le plus souvent des situations et des figures qui, grace a lui, sont deja fami- lieres a la pUipait des lecteurs. Wish-ton-wish, qui est un de ces etablisseniens aventures au milieu des forets comme les avants-postes des colonies civilisees, ressemble un pen a celuiqu'habitaient iMarmaduke Temple et ses pionniers. Mais, a I'epoque oi\ nous sommes transportes cette fois, les colons couraient des dangers que leurs successeurs n'eurent plus a redouter, cent ou cinquaute ans plus lard. Lesliommes rou- ges, dont Veaa de feu el les autres cadeaux de I'Europe n'a- vaicnt point encore enervele naturel sauvage, jaloux de leurs terres de chnsse , comftie ils disaient pompeusement , les dis- puterent avec opiniltrete contre les envahissemcnsdesblancs. Aussi le berceau des colonies americaines ful baigne dans !c sang , et leur enl'ance eut a recourir souvent. pour sa defense, aux armes redoutablej comme A la politique astucieuse dc i,)6 LIVRES FUANCAIS. i'Kuropo. Cooper a placr, dan? la valleo dc "NVisli-ton-wisli, la sci'iii! de plii!*ioiirs do ccs eugageiuons lorriljlcs avec Ics iiiili- "■('■ncs (|iii dment avoir lien a coUe epuqiic ; ot, (|iH)i((iu! son ri-c'il so prciine a des emotiotis doiiL raiilciir lui-iuriiH' a dt-ji amorti I'cllct, par dos dcs(iiplionssend)laljlcs , dans Icdernier des Mohicans, et dans la Prairie, il prodnil ontore unc tcrrcur indofinissable, commc cellc qui dcvait saisir les tomoins de ces biz.arres combats. La premiere alta(|ne des \arragansetls trouble, au milieu de la nnil, Ic repos des habilans de Wish- ton-wish; il y a dans leur approehe, dans la ruse qu'ils em- ploient pour allircr liors de leurs reUanchemens les prudens colons, en imitant, avec la corne suspendne a la porte d'en- tree, le signal du voyageur ([ui implore i'hospitalile; dans la melee furieuse qui suil, dans I'ineendie nocturne de tous les etablissemens, et dans la mLUiiere miraculeuse dont les blancs savent se souslraire a une moit imminente, un entrainement d'iuteret cpii I'ait oublier et paidonner I'ennui des longs pre- paratil's accunuiles pour amener cettc grande catastrophe. An iroisieme voUuue, on retrouve, dix annees plus lard, dans la meme belle vallee, un village europeen, avec sa large rue bordee de sycomores; ses maisons ornees de jardins ; son auberge hospitaliere ;et les t'ermes eparses que la temerite des colons a jetees fa et la dans la plaine el jusque sur les confins de ia foret; enfin, son eglise, dont I'archilectnrc offre la meme affectation de severe simpli(i(e que les moeurs de ses ausleres visiteurs, et la forteresse qui sert de rctraite aux ma- lades, et aiix femmes dont la lecondite accroit rapidement la population du canton: c'est un paysage caraclerisliqne, dont la paisible ordonnauce fail nn conlrasle habile avec les scenes de guerre et de carnage qui suivent et ([ui anienent le denoCi- menl. Comme nonsvcnons delemonlrcr, ce roman estsurloul, et en depil de tous les accessoires , un tableau des hommes rouges, de leurs ruses, de leurs leroces exploits, de leurs i'arouches ex- peditions, reproduit pour la Iroisieme t'ois par le memepeintrc; et line faut pas s'etouner s'ilaffeclionne un siijet que, le pre- mier, il a renssia rendre aveccetle veiile de couleurs et dc de- tails qui n'exclulpoinl lapuesie. Quant aux personnages,ilsont bien aussi quelque ressemblance avec leurs predecesseurs. Nous ne retrouvons plus, il est vrai, noire aneienne connais- sance, rexcellent trappeur, dont la figure si neuve, si origi- nate et si poetique, est peul-etre la plus belle creation de Cooper: nous avons vn leterme dc sa longue existence. Mais, a travers le masque de puritanismc sous lequel cherchent en I LlTT^RATUJlli. 197 vain a se cacher tous Ics aclcnrs, on apercoit sur la physiono- mie chi vigoiirenx Eben Dndlcy, ce franc sourire , cette tran- quille bonhomie, cettc riistiqoe valcnr que nous avons, je trois, deja admires chez plus d'un brave colon americain ; et puis, Foi Ring, celte IVaiche jeune fille que courtise si gau- chement Tenseigiie de AVish-ton-wish, n'est-ce point, malgre son costume guinde, uiie de ces creatures malicieuses, vives et enjouees, mais tout entii'ies a Icur devoCiment pour une amic ou une maitresse, dont Cooper nous a laisse deja le se- duisant souvenir? Quant aux puritains proprement dils, ils sont i\ pcu pres aussi froids qu'ils devaicnt I'etre en realite. Mais il y a 1;\, au milieu de tous ces chretiens, un idiot que les Narragansctts ontenlcve, lorsde leur premiere invasion, qui a grandi dans les bois, qui a goOte le charme de la vie libre dest'orets; il a adopte le costume, lelangage, les traditions, les prejug'S et les haines de ses nouveaux amis; et, revenu parmi les hommcs de sa race, il affecte de les regarder avec le dedain particulier aux Sauvagcs; il se plaint de I'avidite des hlancs , et, oublreux des soins qui ont entoiire son ent'ance , se promet bien de tourner contre eux son tomahawk, et d'en- levei' ieurs chevclures lorsqu'il suivra les hommes dans leurs guerriercs expeditions. C'csl un meinbre de la t'amille de Bas- de-€uir, mais de quelques degres plus eloigne de leur souche commune. D'ailleurs, son idiotisme, cet oubli complet de son origine , sa faiblesse physique contre laquelle il proteste sans cesse par ses vanteries belliqueuses, tout cela en fait une con- ception nouvelle. Lorsque dans le champ du repos, au milieu des aulres pierres qu'a noircies le tems , on trouve celle oii sont grossierement traces ce pen de mots : « Je suis iNipsett, un Narragansett; je serai guerrierala prochaine chute des neiges,)) on est attendri comme au souvenir d'un etre qu'on a bien connu et beaucoup plaint. A cote de Nipsett , se place; une jeune fdle qui a partage son sort , et qui est devenue la femme d'un chef rouge, mais dont la figure, esquissee avec infiniment de grace et de delicatesse, manque peut-etre de developpe- mens; ce qui est d'autant plus a regrettcr, qu'a ce personnage se rattachent les situations les plus palhetiques, et le denou- ment meme du roman. Pourtanl, je crois en avoir dit assez pour conclure que, si Cooper a etc precedemment plus heu- reux, la mine nenve et feconde on il a puise de si belles inspi- rations est loin encore d'etre taiie. A\issi lePuritain, qui certes n'occupc pas quant au merite, le dernier rang parmi les pro- ductions de son auteur, n'y restera pas non plus, nous pou- Yons I'esperer, dans I'ordre des dates. HjS LIVRKS rilVNCAlS. G6. — Le» Lairds de Glen fern, on les montagnard;! ecossais ail xix' sii'clc, ]iaril/rin .lonNi^TON ; traduit dc I'anglais. Paris, 1829; Th. Ballimmc. 2 vol. in- 12 dc 241 ct 2()5 pages ; piix, () francs. Depuis Walter Scott, I'Ecose est devenuo la terre classique du ronian, et les laiscnrsde dramas Iransportenl aujourd'hiii, dans les moiilagnes a la mode, les persunnages dc convention el les situations rebaltuesauquels ilscsp(!;rent ainsl donncr nne apparcncc de nouvcaute. Ce qui renssU mal i\ des etrangers, qui n'ont jamais vu, ou qui ont a peine apercu les cimes du Ben-Lomond ou les eaux de la Clyde, peut devenir une tenta- tive heureuse sous la plume d'un Ecossais. Car, enfin, s'il parait impossible de faire micux que I'auteur des Puritains et de Rob-Pvoy, il reste encore bien des traits dans les mceurs de sa terre natale, bien des sites dans ses glens pitlo- resqnes ou sur les bords de ses goll'es sinueux, qui jieuvent exercer la verve des poetes etdes romanciers, ct leur pcrrnct- Ire d'occuper, apres leur admirable maitrc, une place encore honorable dansrattention du public. Cette place est deja prise par quelqucsuiciiibres distinguesdcs cercles litterairesdcLon- dres ct d'j'ldimbourg; et la dame a qui nous devonslesLa/rf/s de Glenfcrn parait, entre autres, avoir oblenu sapart de la vogue qui s'attache aujourd'bui aux productions ecossaises. Aussi, les traducteurs ne lui ont-ils pas manque, et, a tout prendre, le public ne leur saura pas mauvais gre de leur entreprise. a. G7. — * Fragclettn : Naples et Paris en 1799, par M. H. de I.ATorcHE. Deu.vihne edition. Paris, 1829; Levavasseur et Urb. Canel. 4 vol. in-12 d'environ 200 pages cliacun ; prix, 16 IV. L'annce 1 79 ) fut marquee, dans les fastes de la France et de I'ltalic, par des catastrophes qui, sous la plume simple ct veri- diquc de rhistoiie, excilcront toujours au plus haut degni la sympalhie des amis de la liberie. Mais, quelle que soit la vo- gue actuelle du rouian historique, convient-il de meler la fiction a des sujets si graves et a des mallieurs si recens? N'y a-t-il pas antipathic entre Ic tableau des cvcnemens qui ame- neient la chute de deux rcpubliqiies, et les bizarres aven- tures de I'etie equivoque dont fll. de Latouche a fait son heros ou son heroine? Voila ce que diront les esprits severes, et ils reconnaitront dans cette production Tun des adeptes dc la jeune ecole, qui cberche souvent le neuf dans le mons- trueiix , et la profondeur dans I'obscurite : ceux-ci, dc leur cote, tiouveront une reponse toute prete dans le succes de Fragol(;tta. Pour moi , j'aime mieux altiibuer ce succes a la partie t'j)isodique de I'ouvrage : im tableau vif et forteraent colorie des turpitudes de I'ancienne cour de Naples et des litt^;rature. 109 cinaiitt's qui signal^rent son triomphc ; tics ilialogiics piqiians 01^ Ton voit figurcr les personnages qui, vers Ic 18 briiiuaire, occiipaient parmi nous la scone dn mou■ 662; t. xxxui, ^>. 84o ; t. x\xv,p. 483- tl t. iLl. p, 2G(). ETATS-UINIS. — liRESIL. 2i5 Irict do Co!oni!)ia, oi"i siege le gouverneuient ot dans les liini- les des furls, aisenaux et aulres lieux dont la juriJiction a ete cedee par les diflerens etats an gouveriiemeiit general. A cet ogard, i'ai simplcment moclifie les dispositions dn code pre- pare ])uiir la Loiiisiane, et les ai adaptees aiix circonstances. La jiuidiotion jjeueralc des coiirs des Etats-Uriis forme une autre division plus iniporlanle ([ui emhrasse les delits contre les lois des nations, la trahison et autres crimes dont la coii- naissance est expressement reservee aux cours de I' Union. Sur^ Cet article, j'ai introduit quclques dispositions nouvellcs et d'autres qui, sans etre cnlieremcnt nonvelles dans les rapports pratiques des nations cntre ellcs, trouvent place pour la pre- miere fois dans un code ecrit. J'ose me flatter que vous en appiouverez plusienrs, parce que je snis snr que Icnr adop- lion I'ortificra les liens qui maiutiennent la paix des nations, diminiiera les horrcurs de leurs contentions hostiles, et peut- etre les rendra moins frequentes... Pendant cet ete, je suivrai pour ce code le meme plan (pie j'ai suivi pour les codes des- tines a la Lonisiane, en le faisant pi-eceder d'unc inti'odnction que j'auiai le plaisir de vous envoyer aussitot quelle sera tcr- minee. » On voit, par cette lettre, qnelemoment approclic oiilepou- voirlegislatifde la Lonisiane discutera les projetsde codes pre- pares avec tant de soin par iM. Livingston : esperons qn'il en adoptera lesprincipes et qu'iidotera ainsice pays du plus beau corps de lois penales qu'aucunc nation ait possede jusqn'ici. U faut remarqucr, cnsuite, que la mission de M. Livingston a ete etendue, et que ce n'est plus seulement pour I'un des etats de rUnion qn'il a ete charge de rediger un code criminel, mais encore pour tonte cette puissante republiqne, puisqn'il a ete engage a rediger un projet de legislation penale pour les cas qui appartiennent a la jnridiction federale. Le coup d 'ceil ra- pide que nous avons jete sur ce projet nous a donne I'idee la plus salisfaisanle du nouveau travail de RL Livingston, et nous ne poiivons que former des vceux ardens pour qn'il ne tarde pas a etre mis en vigueur dans le pays auquel il est destine. A. Taillandier. AM^RIQUE DU SUD. BR1*:SIL. S'diiation fu'.ancicre. — Dp la hatiqne de lilo-Janciro et dc (a lyropdfifion dc M. Calmox dv Pin. ministre des finances du a. 6 AMl5:UlQl]E MliKIDIONALE. Biesil. — Koj piincipaux jouinaiix poliluiiies et coiistitiition- nels out fait iin eloge nitriU' dii nouvcau plan de finances du niinislre lialjilc qui , par ties niojens clairs et simples, airaclie son pays A inie banqiieroule imniinente. Depareils tiinniphes sont rares tie notre cute de I'Ocean, oi'i lant de Lrotiil- lons dilapident, a Icur aise, les finances de Icur patiie, et, ;'i I'aide de ce qu'ils uppclient credits supplcnientaires, entrainent le char dc I'Elal dans un precipice dont il est impossible de mesurer la prolnndcur. jNous allons ollVir a nos Iccteiirs le lexte nieme dn projet dc loi tres-remarqiialile presente par M. Calmon Du Pin. ^ous le I'crons preccder de quelques re- flexions qui nous out ete suggerees par la connaissance par- ticiilicre (pie nous avons des finances du Bresil. Le 21 seplendjre 1S21 rempcreur actuel, domPedre,qui gouvernail alors le Bresil, comnie lieutenant de son pere, le roi de Portugal, dom Jean Yl, ccrivait ace monarque. pour lui signaler la detresse financiere oi'i se trouvait cette graude province. Les craintes du prince etaient loin d'etre chimeri- ques. L'histoire de la hanque du Bresil serait celle de toutes les autresbanques du monde, dans les coffres desquelles les gou- vernemens puisent, a plcines mains, aux jours de detresse, si, pour comble de malheur, elle n'avait eu a sa tete des admi- nistrateurs qui , abusant du depot sacre confie a leur vigi- lance, dilapidaient sans fin des tresors qui ne leur apparte- naient pas. (k-ttc banque, crece a I'epoque 011 le Bresil venait d'ouvrir ses ports au commerce de I'univers, et commencait a developper les principes de son industric, semblait devoir offrir a ce pays naissant nne nouvelle source de richesses, en angmentanl ses valcurs numeraires , et en multipliant ses grandes entrepriscs. 11 n'en tut point ainsi ; les ministres s'en servirent pour salistaire aux prodigalitcs du pouvoir. Les ad- ministrateurs, encourages par un si I'uneste exemple,en use- rent pom- alimenler un luxe honteux. Des lors, la mine de la bancjuc et de ses administrateurs devint inlaillible. Get eta- blissement emit unequantite prodigietise de billets; il en re- sulta une graude abundance dans les moyens d'echange, ct une diminution loute naturcllc dans leurvaleur. Les poiteurs se presenterent en I'oule a la banque pour les realiser. Elle paya tant qu'elle ent du numeraire; mais, comme il n'etait nuUement en proportion avec les billets emis, elle i'ut bien- tot obligee de cesser ses paiemens. Le numeraire disparut a mesure que le danger augmenla; mais la banque, protegee par le gouvernement , ne disconlinua pas d'emeltre de nou- vcaux billets, au moyen dc ses operations de change avec le BRESIL. ai7 trc'sor. Ces billets circiilerent hientot en aussi grand nonibre que nos assignats, au teuis de la revolution, et linirent par vaioir 45 pour cent de nioins que les lingots , /jo de moins que i'or, et 5o de moins que I'argent. Pour soutenir cet etat de violence, le gouvernement plara a la porte de I'ctablisse- ment une forte garde, et repandit des sentinelles dans les cor- ridors de I'hotel. II autorisa remission de petits billets jusqu'a 25 francs. Le porteur d'lin billet de valeur superieure etait oblige d'en recevoir Techange en billets inferieurs; les seules dift'erencesetaient soldeesen monnaies decuivre, dont le poids etait trenle fois moindre que la valeur. Un pareil systeme de iinances suppose une grande corrup- tion dans les agens de I'autorite; et, en effet, la concussion et tons les vices avaient atteint leur dernier periode parmi les courtisans qui encombraient alors Rio-Janeiro. Le luxe et la dissipation , ces deux ennemis mortels de la felicite publique, constituaient le bon ton decettecour esclave des plus ridicules prejuges, et en proie a la plus grossiore ignorance. Pourreus- sir, il fallait imiter ies grands. La splendeur des salons a des attraits trompeurs, auxquels uneame faible ne resiste pas. Les administrateursde la banqueavaient rccu en heritage, de leurs peres, de solides fortunes, acquises par un travail opiniatre et une severe economic. Non-seulement ils dissiperent des ri- cliesses si bien acquises, en se livrant a de folles depenses et a de ridicules achats de titres de noblesse, de croix, de cor- dons, de cracliats ; mais ils ne rougirent plusde piller scandaleu- sement la banque qu'ils gouvernaient. De pareils exces, loin d'etonner les ministres, donnaient des titres a leurs faveurs. Aussi, vil-on un deces administrateurs figurer comme charge d'affaires aupres d'une cour etrangcre; d'autres, exercerd'ho- norables fonctionsdans le palaisdu monarque ; un autre, join- dre au titie de baron celui de meinbre du tribunal supreme du commerce et de conseiller du souverain; un autre, enfin, obtenir des leltres-patentes de comte et le commandenient d'un regiment de cavalerie. Sept ans se sont ecoules depuis que la lettre de dom Pedre a ete ecrite. et deux ans, depuis la publication de I'ouvrage ou j'avais consigue les reflexions qui precedent (i). La situation (i) Corresponclance dc eloiu Pedro h', cmpercur constilulionncl du Dresll, avec le feu roi de Portugal, dom Jean VI, son pcie, durant les troubles du Br6sil, traduite sur les lettres originales, precedee de la f'lc de cet empe- retir, ct smvie de Pieces jiislijiraliie.i, -pav V,. de MojiClave. Paris, 1827; Tenon, librairc, rue Hautef'fuillc, n" M. i vol. iu-S". -iS AMliRIQLE Ml^JUDIOMLi;. dosastreusc dcs fmances bresilicnnes n'a fait conslamiucul qu'empirer, nialgre les efforts courageuxdii princo pour met- tle iin ternie a cot otal de cliose*. Le pri';iml)ulo do la pioposi- tioii suivaiite est la coulimiation la plus iiaHiroUe do I'lustoire do la banque de llio-Janeiro : « Augustcs et Iri'S-dignes represenlaiis de la nation hresi- licnne ! — La depreciatiou des billets do la banque du IJresil, aussi prejndiciable aux interets de I'Elat (|ue nuisible an deve- loppcinent de la ricbcsse publique, a occupe Tatlention de I A SRendilce generate Icgislalicc, dans Ics deux dernieres sessions. Dans toules deux, la surabondance ou I'exccssive quantite des billets en circulation a ete I'egardee coinnie la cause de celte depreciatioii; ou de I'agio des especcs nietalliques, de la baisse du change, du renclierissenient de tons les objets, de I'aug- mentation de quclques branches de la depense nationale , de raflliction de nondireuses families, du renvoi des employes publics et de la misere particuliere — bien que diverses inesures cussent soulcnu le change a 5o, durant les deux der- nicis mois de I'an dernier, clles ne purent neanmoins remplir plus long-tems I'objet qu'on s'etait propose, et le gouverne- ment vit avec douleur rinefficacite des moyens mis a sa dis- position pour arreter le torrent du discredit du pa])iei' de la banque. En somme, I'agio qui, en Janvier 18-28, elait, pour le cuivre, I'argent et I'or, a 20, /'\8 et 100 pour cent, s'eleva a /jo, 1 10 et 190; et le change, qui etait alors a 3^ ^, baissa a 20 ; ii a peine a se inaintenir mcme aujourii'bui a 25; et cela, quand la masse dt s billets en circulation, bien loin d'avoir augmente, a, au coatraire, eprouve quelque reduction par le rachat commence. Dans I'opinion du gouvernement, ce ])he- nomcne est encore I'effet necessaire dc la meme cause , de- puis long-tems reconnue, et maintenant augmentee par quel- que exces dans I'importation , par le dernier effort de la traile qui va finir, par remission forcee de la monnaie dc cuivre, et par la mauvaise issue de specula! ions alimentees par la guerre et rtiinees par la paix. »Le revenu annuel de la douane de Rio-Janeiro, depuis le uiois de Janvier 1825, jusqu'au 2G mars courant, nous a mon- tre, dans I'annee 1 828, compareea Tannee 1 827, une augmenta- tion de reis 1,775,352,757 (11, 095,954 fi'-) : ee ([ui sup- pose un excedant d'importation de reis 1 i,83G, 000,000 (75,975,000 fr.) : tons les droits etant calculcs a i5 pour cent, et sans compter la fraude inseparable de IMrregularite de I'ad- ministration des douancs du Bresil. — D'un autre cote, le re- venu annuel de la mcme douane, durant la meinc periode . I BRKSIL. 2J9 inoiitie, soiik'Uiont pom- 1828 compare 11 1827, un accrois- semeiit de 80,928, 677 rtis ( 5o5,8o5 fr. ); ce qui sup- pose un exccdant d'exportation de 4'04'^jOoo,ooo reis (25,287,500 IV. ), les droits etant recouvres sur le pied de 2 pour cent. La difference de Timportation a I'exportalion est done de 7,990,000,000 reis (48,687,500 fr.) ; et il n'est pas presuuiahlc qu'elle soil couverte par la f'raudc dans i'exporta- tion, les pierres precicuses et les metaux — Le registre an- nuel des negres importes dans cette capitale, depuis Jan- vier 1820 jusqu'en mars courant, montre qu'il estentre dans ce port, en 1827, 29,787 negres, 43i555 en 1828, et i3,45 , dans les trois premiers mois de cette annee; ce qui annoncc une importation de 55,836 pour 1829. — L'hotel des mon- naies de Rio-Janeiro, depuis sa londation en 170J. jus- qu'au 25 mars courant , a tVappe et mis en circulation reis 7,875, i84i4'3 (49,519,900 fr. ) en monnaic de cui- vre, savoir : 2,655,52c),55o reis (i6,459,558 fr.) , jusqu'ala fin de decembre 1825, etreis 5, 241, 604, 565 (02, 860,542 fr.), depuis le 1-' Janvier 1826 jasqu'au 23 mars 1829. )>Yoila les circonstances qui , sans aucun doutc, out rendu la situation de I'Etat plus dilficile qu'il y a quinze mois. II ap- partient a I'interet particulier et au terns de reparer le mal qui provient de I'exces dans I'importation des marchandises et des negres. Mais il depend du seul Corps-Legislatif de de- truire celui qui resulte d'une valeiu' pcrnicieuse , en anean- tissant la cause qui la rendait necessaire. Lors meme que ie gouvernement manquerait d'autre demonstration, la doulou- reuse experience de deux annees serait suffisante pour lui in- diquer I'urgente necessite d'une mesure hirolque, dans la crise ou nous nous trouvons. »Comme il est done hors de doute que la cause premiere de la calamite actuelle est la surabondance des billets, il s'a- git de les retirer ie plus tot possible de la circulation; et, comme on ne peut pas esperer que la banquc realise une ope- ration aussi couteuse, ii faut que I'Etat s'cn charge, parce que I'Etat est debiteur de la banque, et que le credit national, qui ne peut s'appuyer sur d'autres bases que la justice et la bonne foi, se trouve aujourd'liui fortemenl compromis. — Toutefois, le gouvernement ne peut manquer de deplorer la nature des moyens les plus efficaces qui se presentent pour I'operation du rachat des billets deprecies. Ces moyens sont : 1° Contracter un emprunt d'argent qui suffisc a I'achat de la somme de billets pretes par la banque au gouvernement, en appliquiint de nouvelles rentes a leur paiement successif; 320 AWKIUQLE MEJllDIONALE. •J" Coiivcrlir les billets en papier-inoniuiie de iliflerens mo- ilclcs qui rircule par tout I'enipiic , et coiisig^ncr do tioii- veaiix capitaiix pour leiir radial succcssif; 5" Enfiii, vendre les bieiis nationaux, et imposcr de fortes taxes, dout le pro- duitpuisse, eii pen d'annees, solder la dettc du gouverne- ment euvers la hanque. — Puisque le sacridte est iiecessaire, et qu'ilcst urgent, dans les circouslances acfuellcs, de recourir a I'un des moyens indiques, le gonveinenient , persuade, commc il Test , que le premier u'est ni perilleux conime le second , ni onereiix commc le troisieme , et , convaincu de la nece'ssite de pourvoir a radministration ct a la liquidation de la bauque du Bresil , en protegeant la circulation de scs billets, en garantissant ses depots, et en assurant a ses ac- tionnaires un gain raisonnable, a resolu de laire la proposi- tion suivante, que j'ai I'honneur de vous presenter, par ordro de S. M. Tempereur : (1 Art. I". La banque du Bresil sera adminislree par une commission de sept membres, dont quatre seront nommes par le gouvernement , et trois par I'assemblee generale de la bauque, a la majorite des votes. Le gouvernement choisira le president de la Commission entre ces membres , et ladite as- semblee generale designera les gratifications mensuelles qui doivent leur etre allouees. Des que la Commission sera ins- tallee , toutes les transactions de la banque cesseront. - — Art. 2. La Commission administrative travaillera incessam- ment : i" ;\ retirer do la circulation les billets qu'elle pourra se procurer, soit par des paiemens faits a la banque, soit en echange de son foods metallique ; 2 " a verifier le nombre de billets en circulation pour les remplacer par d'autres d'un nouveau modilc, signes par deux de ses membres ; 5° a liqui- der tons les compfes de la banque, et particulierement celui qui regarde la detle dn gouvernement; 4° a balancer ses ope- rations regulieres qui se trouvent pendantes; 5" a reconvrcr ses dettes actives, et a payer les passives , des qu'elles serout liquidees; 0° enfin, i examiner I'etat des caisses accessoires de Bahia et de Saint-Paul, pour proceder a la li(|uidation imme- diate de toutes deux. — Art. 3. Le gouvernement donnera les instructions nccessaires a la Commission aihninistrative , et deterniinera les dettes qui resultcront de I'exet'ution de Particle precedent. — Art. {\. La nation garantit les billets actuels de la banque du Bresil, et ceux qui leur seront substi- lues, afin qu'ils puissent circuler, et qu'ils soient recus coniuie monnaie courante dans les etablissemens qui les rccoivent niaiiiteiiant . jusqu'a ce qu'ils soient dumenl rachctcs ; liypo- BRIiSIL. 221 thcf|nant , dc'-s a present, pour leiir prompt racliat, tout le fonds primitil'de l:i hanque, son Ibnds de reserve, son fonds melallique particulier, contenu dans ses coffres , la dette du gouvcrneuient qui sera liquidee , la dette des particuliers en- vers la banqne , et tout ce qui constitue Ic credit de cet eta- blissement. Les depots existant a la hanque sont egalement garaiitis par la nation. — Art. 5. La dette du gouveruement envers la banque, avaut comnie apres sa liquidation par la Conuiiission administrative, produira, depuis ce jour jusqu'au moment oi'i elle sera soldce, un interel annuel de un pour cent, qui sera paye par le tresor public k ladite Commission , pour etre partage, a la fin de chaque semestre, enire les ac- tionnaires respectils. — Art. 6. La Commission administra- tive rendra compte, chaque mois , de ses travaux au gouver- nement, et soumettra annucllement a Tassemblee geuerale legislative le rapport de I'etat dans lequel se trouvera I'eta- hlissement administre. Des que la Commission aura termine la liquidation de la hanque, recouvre son credit, satisfait a sa dette et rachete ses billets, elle partagera le solde qu'il y aura entre les actionnaires, et sera dissoute. — ■ Art. 7. Le gouver- nement reste autorise a contractor un emprunt en monnaie d'or ou d'argent, equivalant aux trois cinquiemes du capital de sa dette actuelle envei'S la banque. Cet emprunt sera ap- plique exclusivement a I'achat des billets de banque en cir- culation , suivant la valeur qu'ils auront sur le marche , relativement a la monnaie aver laquelle ils doivent e(re ache- tes. Tons les billets ainsi recouvres scront annules et remis, en paiement de la susdite dette, a la Commission adminis- trative de la banque, qui les gardora. — Art. 8. L'achat des notes sur le marche, leur aunulation et leur remise ponctuelle a la Commission administrative , restent ;i la charge de la junto et des employes de la Caisse d'amor- tissement, creee dans cette capitale, par la loi du 25 no- vembre 1827, tout le produit du susdit emprunt etant remis pour cet effet par le tresor public ;'i la susdite junte , au fur et a mesure qu'il sera recouvre. Les ecritures de recette et de- pense de cetemprunt seront tenues separement de loutescelles de la Caisse d'amortissement. — Art. g. Le produit de I'em- pruut autorise par la presente loi, ne pourra Ctre distrait, sous aucuu motif ou pretexte, de I'applicatiou indiquee en I'ar- ticle 7, sous les peines imposecs a ceux qui dissipeiit les de- niers publics; et les billets de banque obtenus avec le meme produit ne pourront etre, sous les mcmes peines, appliques ad'auire (ii)j(>t qn'a celui defiui eu rarliclo cite. — Art. 10. (11 222 AMl'miQlE Ml^RIDTONALE. apparticnt a la ilianihre des depiitts de proposer et do fournir, dans cct ailiolc ot les suivans, les sidisidcs necossairos, on la rente extraordinaire sulHsanle pour le paiemcnt annuel dcs interets et ramortissement progressifde rempiunl propose. ) « Signe Miguel Calmon du Pi> e Almeida. » Le but de celle proposition, conimc Font fort bien reconnu plusieurs journaux, est de liquider les comptes de la banque, tie payer sa detle en espi-ees nietalliques, et de dissoudre en- suite ect etablissement, doiit le discredit est arrive a tel point, qii'il n'est plus possible, ni de le reformer, ni de rappeier a lui la confiance. Plus tard, nne nonvelle banque, assise snr des bases plus solides, viendra repondre aux besoiiis dii com- merce et de I'industrie. Tel est le projet de M. Calmon. II demande, il est vrai, la faculte de contracter un emprunt en especes nietalliques pour les trois cinquiemes de la sommc que le gouvernement doit a la ban(|uc, et ee mot d'emprunt a plus d'une Ibis effrayc les nations modernes; mais celni-ci est cxclusivemenl destine a payer v.n creancier; la dette publique n'en augmente pas ; car, en recevant de I'uu, on paie a I'autre, et le produil de I'emprunt, d'apres les precautions prises par le ministre , ne saurait elre detourne pour tout autre fin que ramortissement de celte dette. Le gouveruement , an con- traire. et la nation gagnent a contracter cet emprunt ; le gou- veruement , en ce que , avec les trois cinquiemes de sa dette en especes metalliques, il paie a la ])anque sa dette tout en- tiere, retire de la circidation une masse enorme de billets qui out augmente I'instrumenl du change et deprecie sa valeur, et recoit, en paicnient des iiupots, une monnaie royale et non nn papier dont la valeur a baisse dans les transactions com- mercialcs; enfin, il y gagne en eteignant uu papier depre- cie, et lui substituant un metal precieux pour le change avec I'Europe, lequel restera, des lors, en rapport avec la monnaie courante des dilicrentes places de connnerce, sous le litre de monnaie brt'siUenne, et ne pourra mauquer d'etre toujours an pair. La masse nationale profile de tons ces bienfaits, qui sont iiTimenses, dans ses transactions coinmerciales et dans ses autres branches d'industrie. Aujoiu'd'hui , les employes du gouvernemeul perdeiit beaucoup plus de la nioitie de leurs appointemens, parce qu'ils les recoivent en billets de banque, qui lenr procurent seulenient un tiers des objets que leur don- neraient les mCmes ejiioluuiens en especes metalliques; et de cet etat de choses nait souvent la corruption, fleau terrible de la societe brcsilien/ie. Qnand la proposition de M. Calmon n'aurait d'aiitre rrsuilat qiio de nreveuir ce ileau , elie exer- BRESIL. - ASIE. aaS rciait line influence tres-salntaire sur les destinees de I'em- pire de dom Pedro, on les abns de la banque ont contribue pnissamnient a tont iVapper de mort, et on les vnes pbilan- tropiques et liberales du ministre nc peuvent niantjner de raniener i'abondance et la securite (i). Eugene de iMonglave. ASIE. Expedition viedicale de M. Pariset, en Egypte et enSyrie. — Le voyage de JM. Pabiset et des savans qui Taccompagnent aA'ait trois objets dislincts : i° Etndler les canses de I'insalu- biite de I'Egypte; 2° savoir si la peste y prend naissance; 3" essayer Taction des chlorures de chaux et de sonde contre cette maladie, et comme moyen de desint'ection des vetemens des pcstiteres et de lenrs habitations. Outre les resultats qne re voyage pouvait avoir pour I'humanito en general, outre rhonnenr qui doit rejaillir snr la France par le sncccs d'nne entreprise emincmment philantropiqne, et dont ancune autre nation n'avait donne I'exemple, notre patrie pent en altendre de notables avantages, parini lesquels il I'aut compter la sup- pression des quarantaines, si genantes pour le commerce, et un immense debonche dans le tevant pour nos manuiactures de produits chiniiques. Nous allons mettre rapidement sous les yeux de nos lec- tenrs les principales operations de M. Pariset et de ses com- pagnons de voyage. INouspuisons ces renseignemens dans les letlres de I'un d'eux, M. d'i\RCET /?/<, attache a la commis- sion comme cbimiste, et qui soulient honorablement un nom deja celebre dans les sciences. Arrives en Egypte, les voyageurs n'y ont point trouve la peste ; ils sont alles la chercher en Nubie : elle n'y etait pas non plus. Revenus an Caire, ils ont appris qu'elle regnait avec violence a Tripoli de Syrie, et ils s'y sont rendus sans delai. Nous laisserons maintenant parler notre correspondant : « Nous entrames a Tripoli le 5o mai. Afin que le resultat de nos experiences ne put etre attaque d'aucune maniire, nous remimes a luiit jours la visite des malades et les autop- sies. Nous recQmes enfin des vetemens de pestiferes. Le con- (i) Depuis la redaction de cet article, le projel do loi do 51. Calnion a ete adopte, en entier par la Clianibie des deputes, et en grando parlic par le Senal, qui ne pcut nianquer d'adopter egalemcnt le reste des ar- ticles. II est deja arrete que reniprunt aui a lieu a I'etranger, c'usth-dirc, a Paris ou £1 Loiidres. 224 ASIE, sill gorant par interim Ics affaires de France ctait present, et dressa proces-vcrbal de I'etat ou se trouvaient ces vetemens. Tons etaieiil converts de sang, lie pus ct de sanie, ct avaient appartemi a six iiidividiis inorls de la peste la vcille et I'a- vanl-veille. Apris que tout fiit bicn verifie et constate, je (is inie solulion de ehlonuc avec 5o litres d'eau et trois hou- leilles de chlornre de sonde a 4"j5 dii chloroinetre de (iay- Lussac. II residta d(; ce melange un bain o",5 dii chloronietre, ct a I de degre de Bcaiime. Les babits furent immerges dans ce bain et y t'urent laisses pendant seize heures. lis I'urent ensuite retires, tordus avec soin et exposes au solcil. Deux heiires apres ils etaient sees; la coulenr et le tissn n'etaient nuUement alteres. A midi, nous nous desbabillames comple- tement, et nous les revelimes d nu sur la peaa, en presence du cousnl. Les tacbes de pus etaient encore tres-visibles ; la cbemise que je pris en portait plnsienrs, et mon calccon etait en outre tache de sang et de sanie de charbons en suppura- tion. Ainsi vetus , nous nous couvrinies beaucoup alin dc transpirer, et nous limes plus d'exercicc qu'a I'ordinaire. Nous nous coucbruTies avec ces habits et nous ne lesquittames que le lendemain a sept heures du matin. Nous les avions done portes pendant dix-nenf heures : il y a huit jours de cela, et aucun de nous n'a ressenti le moindre mal, la moindre in- disposition. \o\\i\ une experience complete, et a laquelle on ne pent, je crois, rien opposer. 1) Les Turcsde Tripoli ont ete frappes d'un profond etonne- mcnt en nous voyant reconverts de cette tunique de Nessus. La peste continue ses ravages : il meurt, chaque jour, 12, i5, 20 et jusqu'a 25 pcrsonnes. » J'ai voulu , plus tard, determiner : 1° entre quelles limi- les devait rester le titre des dissolutions de chlornre pour ne 2)as allerer les tissus, tout en les desinleclant; 2° lequel me- rite la preference du chlornre de sonde ou du chlornre de ohaux. Je crus qu'il fallait commencer par essayer leqnci des deux, a titi'e egal, attaqiuiit le plus les etoffes : I'exces d'alcali du chlorure de sonde m'avait lait prejuger que ce serait lui; I'experience a confirme cette presomption. Des echantillons , (pie j'ai choisis de differentes couleurs afin d'avoir un terme moyen, ont ete mis en contact pendant seize heures avec une dissolution de chlornre dc sonde a o,5 du chloiometre et 1° de IJeaume, dissolution an meme titre que celle qui avait ete employee pour desiniecler les habits dont nous nous elions servis pour nos experiences. Ancune fonleur ne I'ul alh ree. el les elofl'es de soil! conservercnt ASIE, 225 toule leur, force ct Icur iiinclleiix-. J'clcvai le litre ii i° dii chlo- rometre et a 2° de Boaumc, en laissaiU les etoffes immcrgoes pendant le meme nonibre d'heurcs. Tout resta dans le mr'nic ctat qu'apres la premiere experience. A 5" dn chloromelre et a 4 (Ic Beanme, qnelqnes coulenrs changerent, et le tissu couimenca a perdre de sa force : je m'arretai. » Je fis les memes essais avec des dissolutions de chlorure de clianx, a 0,5, i", 2°, 5°; les couleurs ne s'alteraient pas autant a degre egal, et le tissu ne s'affaiblissait pas aussi sen- siblement. II y a done avantage, sous plusicurs rapports, a employer le chlorure de chaux. Mais il reste a savoir, d'un autre cote , si cette alcalinite , qui le fait agir simuitanement eomme lessive et comme desinfectant, n'aide pas, ou meme n'est pas indispensable a I'assainissement. Pour lever toutes les difficultes, il faudrait augmenter unpen la force du chlo- rure de chaux, et porter toujonrs sontitrea 1" du chlorometre. On aurait ainsi , je pense, economic et desinfeclion complete, on ne risquerait pas d'alterer les couleurs sensibles a I'action des alcaiis, et Ton eviterait, du moins enpartie, I'operation de I'avivage, qu'il a fallu pratiquerpour rendre a I'ecarlate son premier eclat. » Les chlorures, qui ont si bien reussi pour la desinfection des vetemens, n'ont pas eu des resultats aussi satisfaisans dans le traitement de la peste. Le chlorure de sonde a ete admi- nistre a quarante-sept malades, qui ne s'en sont Irouves ni mieux ni plus nial. » Nous avons fait dernierement Tautopsie d'une jeune fdlc mortc de la pcste deux heures auparavant. Avant I'operation, je iavai bien le corps avec du chlorure de chaux, et j'eus, pen- dant toute I'operalion, les mains impregnees de cldonu'e; les \iscercs etaient encore chauds; ct, qnoiquc Dimerlirock as- sure que les cadavres chauds communiqucnt la peste, aucun de nous n'a eprouve le moindre mal. » II y a en. a Saint-Jean-d'Acre, quehpies attaqucs de peste. Abdalhdj-Paclia nous a fait demaiider du chlorure. Nous lui en avons cnvoye avec une instruction pour en faire usage. Le gouverneur de Tripoli et les principaux habitans de la ville ont suivi I'exemple du pacha , et nous ont dcmande du chlo- rure, dans lequel ils ont maintenantia plus grande con(iance. « Tripoli est batie dans un bas-fonds, au pied du Liban; la ville est traversee par inie petite liviere dont les Ijords sont tres-pittoresques et qui forme des cascades de la plus grande beaute. Le Liban est encore convert de neige. La monlagnc el toute la campagne anx environs de Tripoli sunt Ircs-forliles T. XUV. OCTOBRE 1 829. I J ■22G .K'MiL — ELnorr:. «'f (oiiVf'iles (rarbics IrMiticrs. Dos millicr.s de I'ontaine.s, Imi- Ics jiliis ''^ noblesse, 56,o5i a I'aimcc ot io,G(Sf) sciilcment an toni- inerce ; njais ce dernier nonil)rc doit etie angniente d'nnc grande partie des 52,568 prcsenles sous le lilic de bourgeois, ou mestchanincs : on sail, en eilet, q\ie les llnsses donnent ce nom aux personnes qui nc sont pas comprises dans les trois premieres guildes, ou classes de marcbands patenles; cellc classe intermediaire comprend aussi les arlisles et tons les in- dividus voues aux arts liberaux. Le tableau dont nous parlous presente, en outre, 7,794 artisans et i2,()89 etrangers, doiit une gi'ande partie doit etre regardee egaiement conimc; par- ticipant an commerce actif de cette viile. Nous y trouvons encore un nombre de 259,1 55 individus, designes sous la denomination vague de gens de di ffcrentes conditions , serfs , p/tysans, etc. On voit que cette classification n'est gnere satis- laisante, et qu'il serait difficile de s'en servircomme point dc comparaison avec la population des autres vHles de I'Eu- rope. Ilyaeu, cette menic annee, a Saint-Petersbourg, 9,77gnais- sances, dont 4,904 du sexe masculin el 4,875 dusexe feminin; sur ce nombre de pros de 10,000 enfans, 1 o seulement ont etc abandonnes et 5^5 vaccines ; ce qui prouve beaucoup en I'a- veur de la moralite et fort peu encore en taveurdcs lumieres chez le peuple de cette capitale. Le nombre des deces s'est montre bien inferieuraceluides naissances, sansdoute a cause des emigrations dont on ne tient pas compte; il ne s'est elcvc qu'a 6,024 individus, dont 4^046 du sexe masculin ct 2,278 du sexe I'eminin. Celui des mariages a ele de io32 : on ne dit pas si c'est du rit grec seulement, ou si les mariages des autres communions se tronvent compris dans ce nombre. — Apcrcii du commerce du port de Saint-Prtersbourg pendant I'avnee 1828. — Nous trouvons, dans la Gazette du Commerce, que le nombre des navires entres a Cronstadt, dans le courant (le la navigation, s'est elevc a 1,266, dont 524 sur lest et 7/12 avec des marcbandises ; il en est sorli 1,291 ; i5 bAlimens soiU restes pour rhivernage a Cronstadt et a Saint-Petersbourg. Le premier navire entre est arrive le 27 avril, le dernrtrbatiment anglais, le i3 decembre ; le premier navire sorli a mis a la voile le 26 avril, le dernier le 17 novemlirc. Le nombre des passa- gers arrives s'est eleve a gSg, celui des partans a 945. — Parmi les articles d'importalion qui ont acquille les droils dc douane, les negocians russcs en ont declare pour 90,549,802 roubles 5o kop. , les negocians etrangers pour r)7. 018,460 roub. 23o EUROPE. 11 kop. , et les passagcrs et capitaincs pour 913, 5io roiib. r ces dcniiers, cii outre, qji out declare a (jroiisladt pour i,/|8o, 192 roub. 5 1 kop. — Paimi les niarcliaudises d'expor- taliou, les uej^ociansnisscs en out dtclare pour /|(), 400,162 roub. »)8 kop., les nei!;0(ians etrangers pour 5r),8'>i,6Gi roub. 55 k., cl les passagers et capilaincs pom* 1,975,822 roub. 77 kop. ; les capitaines en out, en outre, cxporte de Cronstadt pour une ■valeur de 1,480,192 roub. — La valcur totaledes importations s'est elevee a 1 "12,960,765 roub. 12 kop. , et celle des expor- lations a 108,687,839 roui). 3o kop. — Les droits de doviane, peirus a Saint -Petersl)(»urg pendant cette menie annee, so sonl montes a 56,572,806 roub. 33 kop. E. H. ALLEMAGNE. Heidelberg. — Reunion des naturalistes alletnant/s. — L'as- seniblee \ient de se separer apres quelques jours de travaux, et apres s'etre donne rendez-vous a Hanibourg, pour I'annec procbaine. Les Allemands et les Suisses etaient, conime do raison, en majorite; mais 11 y avait aussi des representans de la science pour la France, rAngleterre, les Pays-Bas et la llussie; quant au nombre, il s'en fallait de beaucoup que cette reunion ffit aussi considerable et aussi impoitante (|ue I'avait ete celle de Berlin (voy. Rev. Enc. , t. xl, p. 5i2). ■ — Les seances furcnt ouvertes par un discours du professeur Tie- demann, dans Icquel I'orateur parla des progres des sciences naturelles et de la medecine, de I'etat acluel de ces sciences el de leur influence sur la societe. Dans la deuxieme seance le professeur Vogcl , de iMunich, fit part de ses experiences sur la germination des plantes dans diverses substances nii- nerales, telles que les oxides metalliques et les sels. M. Leon- hard entretint la Societe des murs vitrifies qu'on trouve en Ecosse, dans les mines de quelques vieux chateaux; il les compare aux vitrifications naturelles qu'on trouve sur les ro- ches dans le voisinage d'anciens volcans. Dans la ineme sean- ce, le docteur Kopp parla d'une espece particuliere d'asthme qui, selon cc medecin, n'a pas encore ete decrite, ei le profes- seur Ifeyne, dc Berlin, hit un Memoire sur la circulation de la seve dans les vegctaux. II y cut beaucoup dc lectures dans les seances particulieres de chaque section; le comte de Sternberg montra aux mine- ralogistes des trilobites Irouves dans les roches de transition, en Boheme : le professeur Jccger entretint les memes savans de restes fossiles d'animaux vertebres, deterres dans le Wur- lemborg, ct M. Hermann tie Meyer Iciir muiiha iiik; siiilc dt; (lossins (!e I'ossiles sfm!)l;i!)Ios. Dans la section de physique el Jc cliimie, M. RangeXui une notice sur I'emploi de rhyd'ate d'oxide de cnivre comme agissanl cnntre lesacides vegetaiix; le pi'ot'essiuji- Kccniiz paila des inegalites du haromctre, et dii rapport qui cxiste eiilre scs variations et celles de Taiguille ainianlee; le pharmacien IVinklcr Int un Memoire sur i'effet reciproque dc riodo et de la vapcur de I'huile de terebenthinc; on cnlendit encore deux Memoires, I'un , du professeur Osann, sur les plieuomcncs recemment observes de la phosphorescence, et I'autre, ilc M. Brandes, contenant les resultats de ses observations baro- metriques et ihermometriques, faites henre par heure pen- dant I'annec 1827. La section de botanique entendit le professeur Dielrlcli. sur les conterves. Enfm, dans la section dezoologie et d'analo- mie, M. Ohen fit voir des epreuves des planches d;i grand ouvrage de JFagler sur les ampliibies. M. de Fcrussac coni- muniqua des extraits des lettres du naturaliste francais iVOrhi- gny, qui voyage dans I'Amerique meridionafe. Le meine M. de Ferussac avait fait connaitrc, dans une des seances i;e- nerales, la nouvelle organisation de la Societe qui publie le Bulletin des Sciences, et dont le projet estde former (lans cha-^ que pays, sous la surveillance de I'autorile publique, un comite qui corresponde avec la Societe, et qui aide a propa- ger les connaissancss scientifiques et les nouvellcs decou- vertes. Le quatrieme jour, il y eut egaleinent un grand uouibrc, de lectures. Le professeur 6V/(/mi[/fm, de Cambridge, montra un appareil ayant pour but dc ccntraliser la lumiere, poui' les recherches cristallographiques. Le docteur Riippcl parhi des fossiles trouves dans le calcaire de Solenhofen , fanieux par la ((uantite de pierres lithographiques (|u'on en tire. Le docteur Agassiz, suisse, monlra un microscope nplnnatiqne de nouvelle construction. Le professeiu' Roux fit, dans la sec- tion de physique, une suite d'experiences sur la tlieorie des couleurs. M. Albert, de Francfort, fit connaiire un appareil rotatoire pour le thcrmo-maguetisme. Dans la section de botanique, on entendit le docteur Sc'iini- per sur le fruit des asperifoliees et des labiees; le professeur Dierbach, sur la structure des vegetaux relativenieut a leur composition chimicpie ; le professeur Bisclwff, sur la germi- nation des mousses; le docteur Brann, sur la position relative des diverses parlies qui composent la fleur des plantcs; ct Ic 252 ElJllOPE. prol'csseur ScltnbUr giir Ics chaiigomons dc la tcmpcnrtiire dans Ics vcgrtau.v. MiM. Mels/tiniicr, Esc/i/iolz ct Treviranm entretinrent Ics loologistes d'ospcces noiivolles do culeoptercs, de niollusqucs et de ilivers objets d'aiiatoiiiie. Quant aiix medecins, ilsassistcreiit a dcs lectures del\l, Har- less,f^uv remploi dc I'arscnic; de M. Elumann, sur un cas re- inarqiiahle de troup ; de 31. IVcndt, sur des cas de diabcles meUilas el d'angine pcctoraIe;leproresseur d' O aire pant \.va.\h\ d'unc cause pcu connuc de la stcrilite ; Ic profcsseur Textor montra iin litliotriptcur du docteur Civiale, peifcclionne. Le ciiupiienie join- ne lut guerc moins rempli; on cntendit entro aiitrcs des Mcnioiresdu professeur 7/^a/f/mersurlcsmon- tagnes primitives et de transition de la ibret Noire; dc IM. Bls- choffsur deux nouvelles especes dc mousse, le brisso-carpus el Voj-ymitra; du profcsseur Fohmen sur la Ibrmalion des glandes; du docteur Fricke sur ses experiences relatives au trailcment de la gale, et ii la guerison de la syphilis sans mer- cure. Le professeur Licktenstein montra des tissus du satur- nia carp'mi. Dans la seance du sixieme et dernier jour, le proicsseur de Frcmery, d'Utrccht, fit \oir un platre nioulc sur le crane du bos primigenuis ; et le profcsseur Broun fit remarquer la modification particulierc du porphyred'Heidelberg. On don- na connaissa\ice d'une leltrc de Gcct/ie, par laquelle le Nestor de la lilterature allemande expriuie I'interet qu'il prend a la reunion des naturalisles allemands. A la fin de cette seance, on resolut d'envoyer une deputation aux autorites dc la ville de Heidelberg, pour les reniercier du bon accueil que les savans avaient trouvc chez eux, et de faire fiappcr une mc- daille en commemoration de la reunion de celte annee. A la question de savoir si Ton pouvait se reunir dans quelquc ville en dehors de la confederation germanique, il avail ete re- pondu negalivement par la majorite; maisle professeur Lichtenstein, en prononcant le discours de cloture, invita les membres presens a se trouver I'annce prochaine sur les bords de I'Klbe. (Extrail de VUriivcrsel). Weimar. — Anniversaire de Goethe. — Le 28 aofit dernier, on acelcbre a Weimar le qualre-vingtiimeannhersaire dcGoEthe. Cette fete ctait d'aulant plus touchante qu'cUe elait le resul- tal d'une union franche et d'lnie admiration bien senile pour I'illuslre vieiliard. On avail crainl, d'abord , que la succession d'emotions trop vives ne nnisita sa sante, et qu'il nc ffit force, par son age, de se soustrairc aux visiles Irop nonibreuscs dc ses amiset deses admirateurs. II s'abstint, ntaumoins, d'assisler ALLKMACNK. a").' au banquet qui kii tut ofl'crt, et se fit remplaccr par son fils qui, dans une alloculion louchante, sc rcndil rintorprotf dv. sessentiinens. Des toasts noiuhreux liirerit porles ; on a( cucil- lit parlicuHerenient , avec les tuiioigiiages de I'eathousiasine le plus Yif, ceux qui conccinaient I'illustre aulour dc Faust, du Tasse, d'Hcnnaii et Dorotlice, de TVeriker, ct de taut dc chcfs-d'ceuvrc. Lespcrsonnesqiiiassistaientau banquet etaicut en parlie des artistes, des litlerateurs et des savans ; differentcs pieces de vers analogues a la circonstancc avaicnt ete coni- posees par MM. Schiitze, Hase, parle savant philologne Riemcr, et par M. Peticer , president du consisloire de \\'eimar, qui etait un des principaux directeurs de la tete. M. Hvliei, poete dramatique de Berlin , avail cgalement compose des couplets allogoriques ties-gracieux, intitule : /-rt chanson du manteaii [clas Lied vom Mantel). Ces couplets en i-appellent d'autres du meme auteiu>qui, sous le menie titre, ont ohtenu un grand succes en AUemagne. Hummel avait contiibue de son ('ote a embellir cette fete par ses savaiis accords; nialheureusemenl, des circonstances particulieres ont empeche cet habile artiste d'assistcr a la reunion. Quelques etrangers, qui se trouvaient alors a Weimar, avaient ete invites i prendre part au banquet; parmi eux se trouvaient M. Micktewicz, jeune poete polonais de beaucoup de talent (i), etM. David, statuairc I'rancais, membre de I'lnstitut de France, qui vcnait de terminer un busle deGoethe, dont ons'accordait a louer la ressemblance et la parfaite execution. Apres le repas, cliacun des convives re- put un grand medaillou en plalre, representant le portrait de Goethe. Ce meme uiedaillon avait ete place au milieu de la table sur un piedestal, orne de plusieurs bas-reliefs qui faisaient allusion aux principaux ouvrages de Goethe. Parmi les inci- dens les plus iuteressans de cette fete, nous devons citer la lecture d'unc lettre par laquelle S. M. le roi de Bavieie, en ft'iicitant le pot'te sur son quatre-vinglieme aniversaire, lui faisait homniage d'une copieen ])latrc d'un torse anti([ue nou- vellement decouvert. Nousregrettonsde ne pouvoircitercette Icltre, qui honore peut-etre encore plus le roi cpii I'a ecrite que le celebre vieillard a qui elle etait adressee. Le lei>deinain , on donna au theatre de "Weimar une pre- miere representation de Faust, d'apres les modifications faites (i) Voyez Rev. Enc. , t. xi.ii , p. 229 , I'aniuince des poesies <\t: Mickiewicz , el quelques delails sur ce piiele palriote, qui a ete, peii- danl sept annees, exile dans la Siherie pour avoii manifesle le desir de vnii I'alliar.eliissenicnl de son pays. v5| i:iii;)ri'. ;i I'originiil por Ic ct'lel)ic lillcratcnr Ticck, cl approiivccs par raiilciii'. La nuisiqiio avail ele composcc par 51. Ehcrwein . a (|ui roil iloil aiissi la mc'lotlic de la plu|nii't des ronianrcs el lies chansons cl»;Goplhc. La piece ful en general cxeeulecd'nne inaniere tres-salislaisaiile ; on doil principaiemenl des eloges anx actenrs qui reniplissaient les lolcs de Fausl el de Mepliis- topheles. La jenne aclrice qni remplissait le role de Margnc- rite a egalement Tail picuve de heanconp d'inlelligence : elle a meme prodnit nne \ive emotion, qnand elle vicnt ajiporler ses reniords an picds de I'image de la ^'ierge. Slais nons dc- vons ciler sin-lont, Ic niagnifi(inc monologne de Fanst , etec passage si eminenmienl poeliqne, on le philosophc lient le brenvage einpoisonne, et oC\, approclianl la coupe de ses le- vrcs, il enlcnd tout a conp nne melodic celeste qni le penetie par degres cl le rallaclic a la vie. Le musicicn a digncment sc- conde le pocle, et Ton pent dire que tout ce passage esl vrai- ment sublime. La scene si comiqne et si piquanle, on I'ctn- diant vient consulter Mephistophelcs, qui s'est enveloppe d'nne robe de doctenr; les scenes entrc Fanst et Mephisto- phelcs, et avec Marguerite ont sonvent cxcilc I'cnthousiasmc et les applandissemcns des spectalcnrs. Cetfc brillanle soiree, donl on gardera long-lenis le so.nvenir a Weimar, etail hono- ree de la presence de la duchesse donairicie, donl on connail assez le beau caraclcre et lesvcrlus; rien nc man(]uail acelU' reunion que I'illustre poele donl on cclcbrail I'anivcrsaire. GRECE. Session du quatrieme cons;rcs naiionai; Budget dc 1828-1829,- Col'inie d'He^rnwili ; Education des jeimcsGrecs.- — Nons venous de rcccvoir plusicursnumeros dn CourrienVOrlent, qui parail a Fgine sons la direction de M. PiAtbaud, bien connu par son devonment a la sainfc cause des Grecs, et par des Memoires I'ort interessanssurles premiers evenemensde la guerre de I'in- dcpendaiu'c, a laquellc il piit part. Une letlre d'uu autre phil- hellene, qui nous parvient en meme tcms, reufcrme des de- tails qui, I'cunis aceux que fouruit Ic Courrier d'Oricnt, nous permeltent de rappelcr ratlenlion de nos leclcnrs sur la si- tuation actuelle de la Grccc. (>crtes, on ne pent s'allcndrea Irouver dcja chez les Grecs I'organisation perieclionncc. et ponrtaut si dcfectnense encore a beancoup d'cgards, de nos Flats cnroi)eeus. Tonteibis, lenr pays nous olTrc nn cuiicnx cl consolant spectacle : ce ne soul point des recits de sieges et dc carnage qui rcmplisscnt los pages (111 Coarricr, mais des derrets, dcs tcxtcs do loisqiii out pour objct d'etablir I'ordre sur cette tei're, si loiig-lems agi- tee par taut de troubles et dc coml)ats. Tandis que les plus braves et les plus forts defendent encore I'independance de la patrie, non plus dans le coeur uu'mc du pays, mais sur les I'rontieres et contre des ennemis abattus el a denii-vaiucus, ic quatrieme congres national s'est reuni le 2 (i4iuillet),a Ar- gos, sous la presideiice de son doyen d'age, M. G. sissim. Les resultats de ses traA'aux, pendant un mois, jusqu'au G (18 aout) ontetetreize decrets, qui, pour la jdupart ajiprou- vent et confirment les mesures prises dans rinteiet general par le president, et determinent ou coutiuuent les pouvoirs ilonnes a celui-ci. Ce que nous trouvons dc plus interessant dans le compte rendu de cette session, c'est Vetat des re- cetles el des dcpenses publii/aes, depuls le mois de jancier iSiiS, jusqu'au 3o avril 1829, que nous trauscrivons ici. Recettcs. Piastres turqucs. Paras. Revenus de I'Etat 8,539,969 4 Fonds de la Baiique nalioiiale 2, o54, 660 ^ Prises nnn liquidees 253, 4i4 * Du k divers par TElat 455, Sfi i [ Fonds fouriiis par le piesident 1,-06,57(3 11 Subsides francais 8,265,000 • Subsides russes 4)-^83,2oo » ?.5,6i8,6G4 34 Depenses. Service de terre el de nier 18,647,21 i 1 Etablissemens divers pour le service public. G8i.,355 22 Listc civile et administration int^rieure. . . 1,879,864 17 Inleretspayesaux actionnaires de !a Banque. 38,779 28 Orpbanotrophe et entretien des eleves . . . 666, 5o8 21 Actes de bienf'aisance, subsistance des pau- vrcs 556, SSo " Subvention ou a-ciniptes i des creanciers de I'Etat. . ., 281,771 9 Du a I'Etat par Ii'S f'ermiers des revenus ]Ui- blics 6.S8.948 3 Paieniens Tails a lord Cocbrane 159,510 « Solde des caigaisons payees a I'aniiral Dan- dolo , ii5,83i 8 Argent verifie et existant dans la v caisse 1,787,022 5 (2,129,022 5 Argedt qui ii'a pas encore ete veiifie, 342,000 • j 20,618,664 2j u3() i:ir,()i>['. « Nous dcvoiis fiiiif observer ici, ajoulc lo presidoni , qiriii- dcpcudiiniint'iit dcs sid)sides dtja re^iis do la pari du roi de France, S. M. sc plait a accorder a la («rc(e, depuis le pre- mier avril 1829, cent mille Iranes par mois pour I'enlretieii et rorgauisalicjndes troupes regulieres; que rarniec d'expedi- tioii nous a aiissi cede des chevaux, dcs haruaclicinens el beau- eoup d'autres objets dc guerre, dont le moutanl sera soldi; sur los svibsidesarricres; que S. M. I'eiiipereur dc Russie nous a fait renicttre, il y 'a quclques seniaines, des eflcts pour la sonime d'un million dc roujjles; ces effets out ete cnvoyes a Naples pour }■ elre negocies, et nous en attendons sous peu de jours le produit. » On voit que la Grece est loin encore de se sufTuc a elle- mcine, et que les secoursdc rEiuope lui sont necessaires pour reparer les maux de la guerre et dc la tyranuie lurque. Apres Ics subsides de la France et de la Russie, qu'une politique plus genercuse n'aurait pas fait attendre pendant huit ou neiif annces a uii peuple souffraut , nous devons oiler les dona- tions desinteressees de beaucjup de particuliers, et surtout celles du gencrcux philhcUene , M. Eynard , de S. M. le roi de Baviere, et ducomile grec de Paris; mais, aucune peut- etre n'a ete plus hcurcusement appliquee que celle des babi- tans des Etats-Unis. Voici ce que raconte A ce sujct le jour- nal dcja cite. il6 f^rcc, dc Paris, vienl de voter, en faveur des jeunes decs que le minisleie ;i tout recemnient enipeclies de debarquer eii Fiauce, »n fonds dc dioc millc francs pnui- aider aux frais de leur iuslruction. On ^•st fondeii croire quo S. M. le roi de Prance I'ournira une souinie beau- *;oup plus forte pour la nienie oeuvre de bienfaisance. PA VS-BAS.— FRANCE. 239 Gamier, Darrc, Dnmoiit, Sartorlas, Munch, etc. M. Baron \ lent d'al)an(Ioi)iier la redaction {\cVAGa:ctle des Payx-Bw^. La Seniinelle, bien loin d'appailenir a ['opposition catholico-libe- I'ale, est detachce eontie elie en tiiailleur. Cc n'est j)as le Coiirrier de la Flandrc qui s'impiiine a Maniur, niais liien le Courrier de la Sambrc. M. Maurice ne public pas un journal special des spectacles, mais est cliarge du feuillofon de la Gazette des Pajs-Bas. Enlin la liste de ces ecrits peiiodiques «!St fort inqomplete et nous nous reservons de conibler plus lard les lacunes qui s'y trouvcnt. — M. McjiCii vient de niettre au jour, a Liege, le premier numero d'un journal alleiuand intitule : Alelheia. X. FRANCE. PARIS. Institttt. — Academic des Sciences. ■ — Seance du 21 septcmhre 1829. — M. Geoffroy-Saint- tl iluire I'ait un rapport sur Ics Ira- vaux de la commission de Morce, reialifs a I'liistoirc naturelle. Cetle comniissiou est composee d'un chef, 31. le colonel Bory BE Sai^t-Vincent, et de MM. A'irlet, pour la mineralogie et la geologic; Despreaux, pour labotanique; Pector , medecin , et Bri'le, pour la zoologie; ^S'cJ•/(«.sDELA^J^AY, pour la geogra- phic et la topographic ; et Baccuet, dessinatcur pour toutcs les parlies. Nous avons deja donne un apercu des travaux genc- raux dc I'cxpedilion ( voy. Rev. Enc, t. xliii, p. 497) j 'lussi passons-nous, dans le rapport, loutc la relation pour arriver au comptc rendu des acquisitions que la science doit aux voya- geurs. « Voici, jusqu'a present, ce que presentent de plus in- teressant tons les animaux venus de la Grece : {"en mammi- fires, une seule espece, notre beletle commune ; 2° en oiscau.r, 23 especes, toutes des genres repandus en France et en Italic, parmi Icsquelles nous avons distingue une varicte interessante dc Valoaette coclievis, quelques indiA'idus, comme le heron era- bier et la giarolle d collier, mais surtout un bruant a tele noire, dont nous avons recu un niillc ct une femelle qui nous man- quaient enticrcment. '5° En reptiles, 29 especes trcs-intercs- santes. Les tortues sont au nombre dc quatre : une tortue grecque, 2 eniydcs, dont une nouvelle, et une autre tortue portce au catalogue par M. F alenciennes sous le nom de che~ (once franche, et qui cerfainement est nouvelle. Vicnnent en- suite 8 Iczards ; parmi eux, le vrai lacerta agitis intercsse comme venu de Grece ; le lacerta algyra clait pen connu. ISorvel de la '2/j() FRANCr.. collection csl-il onlicroiiicnt soinblalilc accliii dc nos contrecs? Panni h'S serpens nous citcrons les couleuvros hridies, ocillccs, a soinxils jauncs, a colder roux, ainsi designees an catalogue, niais certainenienl tonics (inatre nonvelles ; le sclieltopusik dc d'L'rville; les conlenvres a collier noiret les vipercs a mnseaii fornn, espece rare et pen connue. L'envoi comprend 8 batra- ciens, dont unc grenonille a pcau grenne, espece nonvelle, ot le triion de Gcsncr, connn anciennenient, puis onblie, et tout reccmnient revn et retabli dans It; grand invcntaire ou Systane (le la Nature. 4" En polssons, 32 especes, qui resscm- blcnt pour la plupart a celles dc nos cotes de la iMcditenanee. Nons insisterons cependant siir la vive,(\hc arnignce, cjuiu'e- tait comprise dans aucune icht3bologic systenialique. Nous citcrons encore le scare de Crete, retrouve tout receunnent sur les indications de M. Cnvier. Le principal ornenient de la col- lection est un genre nouveaii, ayant qnel([ue allinite avcc les spares, et montrant le caraclere singulier de nageoires en par- tie s(|uanimeuses. 5" En imccles , i4 boites, renfermant pres de iGGo individns, appartenant a pres de 4oo especes. 6° En crusiaccs, une douzaine dc bocaux o\\ se trouvent aussi des Jules et des scolopendres. — Les rapports de M. Bory sont acconipagnes de plusienrs documcns precieux : i" un tableau d'observations barometriques, donnanl la temperature de Pair et les bauteurs du baronietre relevces trois fois par jour, en divers lieux, par cbaque collaboratcur, depiiis le 32 mars jus- qu'au tj aoOt ; 2" le porteleuillc de M. Baccuet. Les rechercbes speciales de iMM. Pector, Delaunay et\irlct sont cxposces dans des rapports parlicidiers. — M. le colonel Bory de Saint-Vincent, correspondant de rAcadcmie, a pleinement justifie le cboix' fait de sa personne pour la direction du voyage. Vn botaniste, uu y.oologiste etait-il absent ou malade , M. Bory a tonjours ajonte ces i'onclions a ses antres occupations: mais surlout aucune besitatiou n'a ralenti le cours des travaux. Nous pen- sons que les sciences out deja recueilli et recueilleront encore de notables accroissemens des recbercbes entreprises par la commission scicntifique de Moree, et que TAcademie doit ses elogcs an 7.cle,au devofimentel aux travaux de MM. Virlet, Dcsprcaux, Pector, Bnislc, Delaunay et Baccuet, el principa- lement a Tinlatigable aclivite de son bonorablc cbef, M. Bory de Saint-Vincent. » ( Adopte. ) — M. Brongniart fait, an uom d'une commission, un rapport sur les iMemoires de M. Virlet, relatil's a la geologic dc la iMessenic et des environs de Modon. En voici les principales conclusions. « Nous presumons que M. Virlet a fait tout ce qui iui etail possible dans le lieu et PARIS. 2/,i flans Ics cii'conslances oi'i il sc trouvait. Nous poiivoris juner, par la maniei'C dont les observations out ete faites et presen- tees, qi:e M. Virlet, i)ipn instruit , uuedent d'bippopo- tame trouvee dans le sol limoneux des grottes d'Arcis. ■ MM. Ciivier et de Mbhel, an nom d'uue coiniuission, font un rapport sur les collections recueiliies par M. Belenger dans son voyage aux Indes , ou il accompagnait le vicomte Dcs- bassyns. « Parti de Paris le 9 Janvier 1823, M. Belenger tra- versa I'Allemagne, la Pologue, la Ilussie meridionale , la Georgie et les provinces persanes sons la domination russc. Penetrant ensuite dans la Perse propiement dite, il en explora, du nord an sud. la partie occidentale, s'embarqua a Bourhir, fit une courle rel.'lcbe a Mascate, debarqua a Bombay, visita 1 lie de I'Elephanta, fit, pendant trois mois, sin- la cote de Ma- labar, des rechercbes tres-fructueuses, francbit lesGatles oc- cidentales, traversa la peninsule en deca du Gauge, par le Maissour, et arriva a Pondicbery, a la fin de mars 1826, apres un voyage de qualorze mois. L'hiver ne lui permit pas dc mettre a profit, pour les sciences naturelles, la traversec de I'Euiope, encore moins celle du Caucase. Ce fut la Georgie qui olfiit les premieres recoltes vcgetales, consistant en 5o especes de plantes. Des privations d'un autre genre atlen- daient notre caravane en Perse ; mais les soulIVances qui en resulterent n'empecbercnt pas M. Belenger d'ttudier la geolo- gic et de recueillir beaucoup dc vegctaux. II y rassembla p!iis T. XLiv. ocTOBRE I Sag. 16 a4'i FRANCE. de 4oo especcs. doiil los pins inipurtantcs sont ccllcs qui don- nent I'assa foelida el la gonime animoniaque. II y rasseinbia les graiiies dcs diffriciiles varirtcs de melon, dont la ctdliirc a etc poussee tori loin par los Peisans. Lc tabac et los vignc,< de Chiraz furent aussi pour liii un objet important d'oludc. Pres dos l)ords de la nier , la vogolation piit le caraotore de colic de rinde; iM. Bolcnger y ras.scnibla plus de 700 cspoces en herbier et plus de 200 graines. Retenu a Dond)ay, prcscpie mouraut pendant doiix mois, il tronvaoepcndanlencore moyen d'y recneillir en\ii'on 5oo planlos et quolqnos co(|uilles mari- nes. lUie nouvellc inaladio de 31. Dcsjjassyns retiiit les voya- geurs pendant trois niois a Malic, ce qui donna a M. Helenger la facilite d'examiner a loisir cetle partie de la cote de Mala- bar. 35o especcs de plantcs, plus de 100 poissons, dos oiscaux, des reptiles, dcs crnstaces, furent les produits de ce sojour. Plus de 100 autres plantes enrichirent I'bcrhier, pendant la traversoe de Ja presqn'ile , et surtout dans la belle foret do Malssour. Une fois etabli a Pondichery, M. Bolcnger fit trois grandes excursions : I'une dans lo Carnate, I'autre dans le Bengalo et dans I'empire des Birmans, la Iroisiome a Java. Indcpcndainmenl des avantagos quo retablissemenl (|u'il diri- geait a Pondichery a retire do ces voyages, ils lui out permis de former, pour le Museum de Paris, de belles collections zoologiques et botaniques. C'est par milliers qu'il taut comp- ter les diverses productions naturelles qu'il s'y est procurees. Le Pogou surtout, qui n'avait encore etc visite que par le docteur Wallich, lui promeltait le plus de choses nouvelles. Aussi y a-t-il employe les jours et les nuils, soit a enrichir ses collections, soil ii metlre par ecrit ce qu'il apprenait d'in- teressant sur les objets qu'il y placait. Partont, en effet, M. Belenger, loin do s'en tenir a hi pure histoire naturelle, reuuissait non-seuleinent cc qui avail trait a la medecinc et anx arts, mais il ne negligeait rieu de ce qui pouvait cclaircir la geographic et la statistiquc des pays qu'il parcourail. Les diverses races d'homuuis, lours nuances, lours langages, leurs caractores, ont ntlire son altcution. Tne collection d'ainies, de machines, un grand nombre de dessins reprcsentant les instru- mens employes dans les arts; des portraits, des costumes, des raonumens, des cartes detaillees, serviront dc matcriaux a la relation historique de son voyage. Dos medailles et des mon- naies babyloniennes, persanes, indiennes et birmanes ; des in- scriptions fort ancionnes des monts Vindhyas, des ruines de Mahalipiiram et de Visaya-Nagar, avec des dessins roi»resen- tant les lieux oi'i elles ont ete prises, et Ics monumens les plus PAillS. 24.J reiriarqiiables que Ton y Irouve; des vocabiilaircs en bciif;.)li, en bnii. en piisbla, en ringalais; des notes delaillees de niede- cine en divei'ses langiies de I'Inde; 20 manuscrits en laiigtic biiniane et pali ; iin dictionnaire anglais et birman, forinent les resultats de ses recherches en arclieologie et enctlinolngie. Une maladie cbronique dont il etait afl'ecte ne hii ayant pas permis de prolonger son sejour dans I'liide, apies avoir passe quelqnes uiois ;'i I'ile de Bonrbon et a I'ile de France, et fait de conrlesrecbercbes an Capet u Sainte-Helene, iidebarq^iaala fin de mars 1829. — LesherbiersdelM. Belengenenterment j,^oo especes de pbanerogames on cryptoganies, et phis de 17,0011 ecbantiilons l)icn conserves. Ayant parconru la Perse dans nne etenduedeplnsde7ooIienes,ilapnyreciieillir72oesp^'ces,dont les plus reniarqnables sent lesastragales gnmmiferes, nne rose dont le calice cbarnn estd'im goAt agreable et tort lecherclie; les deux ombellileres qui donnent la gomnie anunoniaque et I'assa foetida ; nne campanulacee dont la tige, piquee par un insccle, exsnde un sue goinnio-resincux trcs-deletere ; enfin, une borraginee, a racine epaisse et farineuse, qui sert d'ali- ment aux Arnieniens. M. Belenger n'a pas recueilli moin-> de 5, DUO especes slu- les cotes de Coromandel et Malabar, dans I'iaterieur de I'lndoustan, dans les Gattes et an Bengale. La vegetation du Pegou a le double caractcre de celle des Indes €t du grand arcbipel de I'Asie. Sous ce rapport rhcr])ier de 55o especes que M. Belenger y a recueilli est d'un tres-grand interet pour les botanistes. Parnii les pinnies qn'il cmitienl, nous citerons deux thereljintacees qui donnent les beaux ver- nis des Chinois et des Binnans, et plusieurs plantes lincto- riales peu connues. Les iles de France et is le printems de iSaO, M. Btlenger envoya de iMahe un nomhrc considerable de poissons de la cote de Malabar, avec leurs noms dans la langne du pays, et il y avait joint des reptiles et des cnislaces. L'annee suivanle il fit un second envoi de Pondichery ; tons deux etaieut assez nial con- serves. Mais son troisieme envoi, arrive en tres-bon etat en i8'.'8, contient plus de 120 especes, prises surtout dans les rivieres du Bengale et dans I'lrraouaddy. Kufin, il a apporte lui-'.neme unc quatrieme serie tres-bicn conservee. Par les tra\auxde MM. Lcsclienault, Duvaurel et Diard, le cabinet du Roi se trouve iiiaintenant posscder les especes les plus inte- ressantes du continent tie I'Tnde. Dans chacun de ces envois, il y avait un certain nombic de reptiles, parmi lesquels nous avons remarque principalement de graiuls pythons, un nou- veau genre de tortucs a quatre doigts, et beaucoup de ces pelilcs especes de sauriens et de batraciens que les voyageiu'S negligent trop souvent. Independamment descentaines d'in- dividusd'especes connues qui composcnt les envois de mani- milcres, il s'en trouve plusieurs que le cabinet du Roi ne pos- sedait pas, et nicnie quclque'--uns entierement nouveaux poin- la science. D'apres Ic rapport de M. LaireiUc , la collection d'insec^tcs de M. Belenger se compose d'cnviron 700 iiuli- vidus, pris dans tons les ordres, et recueillis, a I'exception de quelques-uns de I'lle-de-France et du cap de Bonne-Espe- rance^ dans I'ile de Java. On pent evahier le nondjre des es- peces a plus de 200, parmi Icsquelles i5o manquaient au cabinet du Roi, etdoiit quelques-unessont tres remarquables. Un jugeuient a pen pres scmblable a etc porte par M. yJudouin sur les mollusf[ues, les cofiuillages, l(?s annelides et les autres animaux non vertebres. Ce qui ajtivitc au rueiitc de toules ces collections, c'est que I'aiiteur a eu soin de recueillir exac- tcmcnt les iiomenrlatnres locales, el beaucoup de notes sur PAHIS. 2/,5 Ifs luibiliules des aiiiin.iux, sur les lieiix qu'ils tVcfiiieiUenl, siir los substances dout ils so noiirrissenl, et sur rusagc qii'eii foul les indigenes, soil dans les arts, suit pour leur uoiirrituie. ludependamnienl de lout ce que le jardiu el le cabinet dn Hoi doivcut a M. Belenger, il a procure a la inanvifaclurede Sevres no bel aisorliment dc potcrics iudieunes ; pour bicn apprecicr tout ce que ce voyageur a mis de perseverance dans ses re- chcrches et de generosite dans ses dons, il faut se rappder qu'il n'avait d'autre mission que celle de diiiger le jardin de naturalisation de Pondicliery, que dans tout ce qu'il a fail d'ailleurs pour I'liistoire uaturelle, il n'a ele inspire et sou- leiui que par son propie zMe ; qu'aucuue retribution ne iui elail allouee ni par le Museum ni par radministralion. Ces circonstances doivent puissamment accroilre la reconnais- sance lies amis dcs sciences. Xous avons I'honneur de propo- ser a I'Academie d'adrcsser le present rapport au minislrc de rinlerieur, en exprimant le voea que M. Belenger soil mis a memc de faire bienlut jouir le public des observations qu'il a faites, et de celles auxquelles ses nombreuses collections peu- vent encore donner lieu. » — Du 5 uciobre. — >1. Foureau DEBEAVREGARDrappelle que, dans un Menrjire, piesente en i825, il a propose comme principal moyen curatil'de la fievre jaune I'usage des prepa- rations ;le la ralanlua. 11 annouce que celte m^lhode de trai- lement a reussi a !aVcra(]ruz par les soins de M, le docteur Chabert, nicdecin francais. — Du 12 octobre. — Jl. Warden communique une note sur deux cbutes d'aerolithes aux fitats-Uuis. — JM. Geoffroy- Saint-Hilaibe presente un foetus anen;ephale , ou I'on a, pour la premiere fois, conserve I'excroissancespongieuse dans laquelle I'cnccpliale s'est transforme. — 31. Cuvier lit un Memoire sur un nouveau genre de ver intestinal ou parasite, qu'il nomme lucatoitcatyle. — M. Poisson lit un Memoire sur les equations gcuerales de I'equilibre et du mouvement des corps solides elastiques et des fluides. — MM. de Prony et Malliieu font un rapport sur la regle-echelle pour la construc- tion des plans de M. (jUAvvik. « Les plans parcellaires du ca- dastre sont ordinaircment construits a I'echelle d'un a aSco, en sorte qu'un metre en represente 2000, et que 10 metres comprennenl seulemenl 4 millimetres de I'echelle. M. Chau- vin propose de remplacer les echelles ordinairemcnt em- ployees dans le cadastre, par un petit instrument qui est en meme tems une echelle el une regie, et qui dispense du com- pas pour porter les distances sur le papier. Cet instrument se compose de deux regies : Tune restc immobile sur le papier. a46 FRANCE. raufre glisse ihins le sens dc la longueur an moyen d'liuc vis. Le blseau do la r^glc mobile porle une cchellc divisec de lo en lo melres, qui sert ;\ marquer surle plan des distances ex- primees en di/.aines de metres. Si Ton vent avoir 63 metres, on fait niarclier la re{>le de maniere que le zero qui est sur le point de depart avance de 3 metres; la division 60 avance aussi do 5 mt'lres, et correspond cffeclivement a la distance de 63 metres, on marque ce point avec im crayon on un pi- qiioir. M. Cliauvin fait niouvoir la r«''gle a I'aide d'une vis roicrometriqne, terminee par un disqne circulafre, dont Ic contour est divise en dix parties eg;ales ; quaiid on fait faire t\ la vis un dixieme, deux dixiemes de tour, la regie avance d'un metre, de deux metres. On pent tenir compte des de- cimetres on subdivisaut en dix parties egales chacune des dix grandes parties de la tcte de vis. L'echelle de M. Cliau- vin offre une application utile et bien entendue de la vis mi- crometrique. Elle sera d'un usage commode, mais mallieu- reusementd'iin prixasseieleve, si elle estconstmiteavec toute la precision desirable, et si I'auteur y joint iin moyen simple pour la verifier continuellement. (Adopte.) » A. IMichflot. Experiencis de M. Aldini coiitre I'inrendie. — Le 22 octobre, une nombrcuse assemblee s'etait icuuie dans la caserne des pompiers, rue de la Paix : on y remarquait des conmiissaires de I'Acfidi'mic des Sciences et de la SocicU d' encouragement, et ((uatre oiricicis envoyes par le ministre de la marine. Les pompiers ont d'abord saisi, a I'aide d'un double gaut de toile d'amiante, une barre de i'er rouge, et I'ont tenue quatre mi- nutes et deniie entrc Ics mains. Mais, le but principal des ex- periences de M. Aldini, etant de demontrer reHica(ule des rescaux de fer pour eloigner la flamme, six pompiers, apres s'etre d'abord revetns d'un double habillement , dont I'un ctait bumectc d'une preparation composee de parties egales de scl ammoniac et de borax, et s'etre enveloppe la tete et les mains d'un masque et de gants de toile d'amiante, se sent converts par-dessns le tout d'une sorte d'armure complete en reseaux de fer. Cette armure est composee d'un cascjue, de larges cuissarls et brassarts, de jambieres a semelles de fer, et d'un long bouclier pesant environ dix livres. Avec cet ap- pareil, deux d'entre eiix ont expose leur tete pendant plu- sietirs minutes au milieu des llammes d'un brasier ali- mente constamment par du bois el de la paille, et n'ont scmble supporter aiicun malaise de Taction du feu. Le nomme Vuntc a soutenu la tele plusieurs minutes au milieu de la PARIS. a/i7 flamme. Pendant cc terns, on mcttait le feu, dans la cour dc la caserne, a deux longues haies de combustibles, au milieu desquelles ont passe et repasse a plusieurs reprises les six pompiers. La chaleur etait si vive que les spectateurs ont ete obli{;es de s'eloigner a quinze et \ingt pas du foyer de I'in- cendie. Celui des pompiers qui s'cst fait surtout remarquer par son audace et sa perseverance est le nomme Chateau. Au moment oil la chaleur etait la plus intense, ayant pris une hotte en osier recouverte d'une toile metallique, il y a place un enfant de six ans, coiffe d'un bonnet d'amiante, et a tra- verse ainsi deux fois, au petit pas, ce vaste foyer d'incendie au milieu duquel il s'est meme arrete quelques iustans. L'en- fant, qui voyait les flammes s'elancer autour de la hotte ou il etait renferme, a eprouve une legere emotion; mais son pouls n'a varie que de 82 a 86 pulsations par minute, et sa peau etait aussi Iraiche qu'avant. La pulsation du pouls des pompiers, apres ces courses repetees, et ce sejour prolonge dans les flammes, n'a varie que de 82 a 100, et aucun d'eux n'a recu la moindre blessure. — Ces experiences ont ete re- petees le 2 novembre, a la caserne de la rue Culture-Sainte- Catherine. M. Gay-Lxjssac a ete charge de faire, a I'Academie des Sciences,, un rapport sur cette utile invention, et nous nous empresserons de le faire connaitre a nos lecteurs. Institution speciale pour I'etude du droit. • — Nous avons annonce I'annee derniere cette institution, fondee par M. Dar- RAGON (rue des Francs-Bourgeois, n° 8), pour I'etude du droit: le directeur y a reuni, pour les jeunes gens qui entrent dans la maison, tons les moycns d'instruction qu'on ne trouve point ailleurs : on pent mettre au premier rang les cours de droit naturel, d'economie politique et d'histoire, qui viennent com- pleter I'educalion des jeunes gens quant aux sciences mo- rales; les lecons de chimic, de physique et de mathematiques qui ne leur permettent pas de rester etrangers aux sciences exactes ; enfin, les cours de langue latine et francaise, aussi utiles aux etrangers qu'aux eleves nationaux dont les eludes ont ete negligees. Un pareil ctablissement se recommande assez de lui-meme pour que nous n'ayons pas besoin d'y joindrc nos elogcs. Ecole royale des jeunes de langues, etablie au college Louis- le-Grand. — - Cette ecole, qui Cut fondee par Louis \IV, et quiestdestinee a former, pour notre diplomatic dans Ic Levant, 3^8 FRANC li'. des interprt'tes capables d'y t'aiie m Miilcnir iios prerogatives commercialcs, comptc aiijotiru'liiii trois savans profcsscurs : M. KiEFTKR, ponr la languc lurquc ; M. Jouaivnin, pour la langiio pcrsaiie, ot M. Agoud, pour la languc araho. - — Pnrmi Ics elevcs couronnes celte anuec, on a I'emarquc M. Jules DaricI, fils do notre ancien consul a Smjrnc, qui a reinporte le prix de persan. Lc prix de laugue aiahe a etc decernc a M. Camnb- Beuf, qui a aus.si oblcnu le prix do langue turque. Uu autre prix a etc accordti a I'un des fds de M. Joudnnin dans la division clemeulaire. Theathes. — Theatre frakpais. — Le More de Vcnise, Iragedieen cinq actes , Iraduite de Shakespeare, par M. Alfred de "NiGNv. (Pi'cniiore re[)i'esentation , samedi 24 oclobre. ) — Lorsque Ducis entra dan.i la carriere du iheaire, A'oltaiie etarl pres de la quitter, ct olie u'etait plus occupee que par La Harpe, Marnioutel, Lemierre, et d'aulres poitcs doues sans doute de quehpie talent, mais complrtenient prives de con- leur et d'originalite. Sans etre un genie du premier ordre, Ducis aval t des idees justes de son art ; il eoniprit qu'il manquait ini principe de vie a tons ces avortons diamaliques qui nais- saient sous ses yeux, pour mourir apres une courte existence ; il seutit que de pTdes copies incessanimenl tiroes de niagnifi- ques originaux ne devaient etre ni I'ort utiles pour la gloire d'un po( tp, ni I'urt aniusantes pour 1(! public ; et, apres avoir debute par riusigniliante tragodie (VAmeUsc, il tenta de met- tre sur la sc^ne quelquos bcautos neuves , et d'exploiter une mine non encore toucboe par ses contemporains. La traduc- tion timide et tronquoe, publiee alors par Lc Tourneur, don- nait a la France quelquo idee de Sbakespeare; ot Ducis espera s'ouviirune carriore nouvollo parl'imitaliondece grand poete. Mais Ducis, qui avait le sentiment de la tragodie, qui connaissait le secret du verspatbelique et sombre, u'avait niassez tie puis- sance, niassez d'originalilo dans le genie ponr i'aire cboz nous une revolution tbeairale ; les tcms d'ailleurs n'etaient pas en- core arrivt's ; et, on lilterature conime on politique, pour que les revolufions roussissent, i! faut qu'elles soient mCires. Sha- kespeare, ce gonio plein de vigucuret d'eclal, mais qui souvent lernit ses beautos par les fautes les plus grossieres, ne pouvait pas d'ailleurs plaire de prime abcrd a une nation donl les grands poetes, justoment admires dopuis si long-lcms, brillent sur- tuut par la regularile des compositions ( t la pureto du colons. Faire applaiulir, auprcs des pieces admirablos de Racine, les PARIS. 249 pioces adinirables aiissi fie Shakespeare, mais pourtant si ililTeientes, ii'etait pas une ontreprisc qui put rcussir du pre- mier coup; et Ducis n'a pas ineine eu I'idce de la tenter. II s'est borne a eniprunter au poetc anglais des sujets nou- veaux, quelqiies couleurs nouvelles, et puis, il a complete- menl defigure ses personnagcs, ses plans, enfin, le cara('tere propre a son dranie , pour Ic soumettrc aux ri gles et aux pro- portions du notre. II en est rcsalte des compositions pleines de details oi'i la louche mrde et tragiqiie de Ducis est vigoureu- sement empreinte, mais dont I'ensemble tounnente, retreci, incoherent, manque de ce grandiose d'originalite qui nait de I'inspiration libre et spontance. Des six tragedies emprunt^es par Rucis a Shakespeare, trois : J ean-sans-tcrre , Romeo ei le Boi Lear, sont dcja cloignees de la scene; les trois autres : Hamlet, Macbeth cf Otitello, malgre de grandes et reelles beau- tes , commencent a n'y pbis obtenirle succes qu'elles out eu pendant long-tcms ; et Ducis , dont la renommee litteraire a (jte naguere presque entierement fondee sur ses imitations de Shakespeare, trouvera dcsormuis ses litres les plus solides de gloire dans VOEdipe a Colonne, et dans son Abu far, bel ou- vrage qui lui appartient tout entiei'. Depuis environ cinquante ans que Ducis commenra a tra- vailler pour le the;1tre, les sujets que Ton pent trailer selon le systeme de nos grands poetes se sont encore bien plus epui- scs, et, en menie tenis, le besoin de quelques innovations s'est fait senlir plus fortement a ceux meine qui, admirateurs plus edaires de nos grands poetes , comprennent mieux la dilliculte d'egaler leurs chefs-d'oeuvre en maichant sur leurs traces. On a pense surtout que les terns modcrnes, dont la civilisation est si differente de celle des tems antiques, deniandaient dans le peintre qui essayait de les niettre a la scene, d'auties cou- leurs el une autre maniere que celle dont on s'est servi pour la peinture des sujets anciens. Et, alnrs, il est tout simple qu'on ait tourne les yenx vers Shakespeare , le premier entre les honinies de genie qui out consacre presque exclusivement leur pinceau a repiesenter au theatre les moeurs des peiiples modcrnes. Mais Shakespeare, genie inegal , inculte , sauvage mOme , n'est pas de vcwx qu'on puisse aveuglement se donner pourmodele; peut-elre il n'y a pas, dans ses meilleurs ou- vrages, une seule scene qu'on puisse prendre sans y rien changer , et il y a beaucoup de scenes qu'il faut effacer tout cntiercs. II mauquait sans doute queique chose an genie de Shakespeare; mais, co (|ui a manque surtout a ce grand potte, c'est un public. Le penpic encore rude et grossier qu'il aoo FR^VNCE. avail a divertir lui a fait comuiellre des fautes qu'il se serait liHtc dc corriger lui-meme , s'il avait pu revoir ses pieces un siecle plus lard; fiiutes qu'oii ne soiiflVe plus aujoiird'liui, en Augleterie nirnic , oii les oiivrages de Shakespeare ne sonl applaudis, iiiOmc par ses propres enthoiisiaslcs, qii'a la laveur de Douibreuses suppressions. Et ce n'csl p;is seulemenl la ljiens6an(e qui les conimandc, ce ne sont pas senlonienl les obsconiles , les quolibels qii'il i'aut retraucher, c'est une foule de details parasites qui eiubarrassent la marche de Taction el font languir Tinteret bn-qn'ils ne ie detruiscnl pas coraplete- nienl. Mais, si les compatriotes du poete anglais epruuvent le besoin de ces suppressions, combien elles soul plus neces- saires chez nous, dont le gout est plus delicat, ou, si Ton veul, plus dedaigneux! Aussi, les poetes qui ont forme le dessein de nous laire connaitre les principaux ouvrages de Shakes- peare, ont-ils besoin, pour nous apprendre a goQler ses beau- tes, d'etre impitoyables pour ses defuuts. Qu'ils retranchenl done largenient, mais qu'ils n'ajoutent rien anx conceptions du poete, puisque c'est Shakespeare Ini-mcme qu'on veut nousmonlrer; cela est d'ailleurs inutile, car on est sftr qu'il reste toujonrs une piece dans les beaux ouvrages de ce poete , depouilles de leur exuberance. Voila ce qu'a fait M. de Vigny ; il a supprime deux r(Jles, celui du bouffon d'Othello, et celui de Bianca, mailresse de Cassio ; et peut-etre n'esl-il pas une scene oii il n'ait fait quelqvie coupure , mais il n'a rien prete a son aiileur, et il s'est conlente de traduire les pensces de Shakespeare. Des critiques severes ont remarque des ex- pressions incorrectcs, des vers ndgliges, des tonrnmes trop en- nemies des habitudes de notre versification , meme dans le sysleme adopte par I'auteur; nous attendrons la piece impri- niee pour entrer dans ces details; cependant nous pouvons dire, des aujonrd'hui, que la couleur generale du style nous a plu. On avait reproche aux premiers ouvrages de M. de A igny de laisser percer, an milieu d'une poesie riche et bril- lanle, quelqne penchant a raffectation; ici , nous n'avons pas remar(|ue de traces de ce defaut; le poete francais imite avec bcaucoup dc bonheur son modele, et il lutte avec lui de sim- plicite coninie de richesse; il est comnie lui gracienx ou ter- rible, plaisant on pathetique. Aussi, I'un des grands merites de cette traduction est-il de conscrver tres-fidelemeut la res- eemblance de ces personnagcs auxquels Shakespeare a su don- ner une physionomie si expressive, et de reproduire avec verite TelTet des principales situations. Neannnoins, le succes de la premiere representation n'a pas ete aussi complcl qu'on PARIS. a5i poiivait s'y attendre. La piece est beaucoup trop longiie , ct nialgre toutes les suppressions qu'a faitos M. deVignj, il n'en a pas encore fait assez; qu'il se pcrsnadeliien que sa main sera d'autanl plus amie a Slialcespeare, qu'elle lui sera plus severe; et ce n'est pas seulement ce qui est inauvais qu'il I'aut oter ; ce qui plait a la lecture pent nuire a la representation , et le poete dramatique doit toujours, en composant , se placer en face de ses spectaleurs. Nous voudrious que le traducteur portat sa severite jusque dans les plus beaux passages. II y a des pensees que certaines personnes adniirent, niais cette admiration prouve moins peut-etre la beaute de ces pensees que la bizarrerie du goflt des admirateurs. Ainsi, lorsque Des- demona , exhalant ses deruieres paroles, et vouiant eloigner d'Othello le soupcon de meurtre, declare que c'est elle-ii^eme qui s'estdonnela mort, Othello dit : « EUe a menti, et, pour ce mcnsonge, elle va bruler en enfer (i). » Sentiment bien faux dans la situation, et que condamnc a I'avance ce mot touchant qu'Othello a prononce il n'y a qu'un moment : « Non , par le ciel! je ne voudrais pas tuer ton ame. » N'y a-t-il pas aussi quelque chose a oter dans ce superbe monologue d'Othello, lorsqu'il entre dans la chambre de Desdernona endormie , roulant dans sa pensee le meurtre qu'il va commettre. I'll faut qu'elle meure , dit Othello, autrenient elle trahirait encore d'autres hommes. »I1 se pent, a toiite force, qu'une pensee si bizarre passe par la tfite d'Othello, mais ce n'est pas de celles que le poele recueille , car elle est froide, et n'est nullement dans la passion. Apres cette comparaison si belle de simplicitc ct de melancolie, entre la llamnie de la lampe et la flamme de la \ie, pourquoi cette autie comparaison? « L(jrsque j'ai cucilli une rose, je ne puis plus la faire reflcurir; il faut qu'elle so fane.... je yeux sentir encore la rose sur sa tige. « (// embranse Des- dernona. ) Assurement la comparaison est pleine de poesie, de grace et de fraicheur; c'est bien joli, et c'est justement pour- quoi ce!a ne me plait pas ici. Je comprends qu'il en coQte a un poete d'effacer de pareilles images, mais le bon sens me- rite bien aussi qu'on fasse quelque chose pour lui. Shakespeare qui, grace a sa rudesse, s'est acquis la reputation d'etre tou- jours naturel, est quelquefois plein de recherche et d'affecta- tion ; et quelquefois il sacrifie la verite a I'eclat d'une image ; ce n'est pas U\ ce qui pent plaire a une nation pour qui le bon sens est la premiere de toutes les beautes. Lorsque M. deVigny (i) Nous tiaduisons Shakespeare, nulie niemoire ne nous l'ouinissa(i| pas les vers de M. de Vigny. 'j52 FRANCE. iiiira couragetisemonl oiilcve tic sen draino dcs passages fai- l)lcs et iiiOiiio (los boatilt's qui cosscnt cle nu'iitor cc noiii qiiaiid ellcsne sont point a leurplaie, Ic More de J'eiiise obtii'iiflra d'li- naninies applaudisscniens. Le Iroisioine acte ct Ic cinqiiiemc sonl surloiil I'ort beaux. Lc caractere d'lago, d'une admi- rable piolbtideiir , la jaluiisic siiliiimc d'Olliello, le per- soiuKige si siiave, si loiicbant dc Dcsdemona, ciifin, I'ctrcl ter- riiile d'nn des denouinens les plus Iragifiues qui soient au theatre doivent, sans parler de la nouvcaute du spectacle, as- surer a celte tragedic un grand succes ; et ce succis prouvera cc qui elait en qucslion avant celte representation, c'est qu'a - vcc du genie on pent reussir snr notrc scene en suivant un autre systirue que celui de nos grands poetcs. Maintenanl, si Ton Mie deniande lequel des deux systenies il iaul choisir, et avc(' lequel des deux on parvient a exciter au plus liaiit degre ce qu'on appelle vulgairenient au theatre I'intcret, Tintciet dc occur ; jc repoudrai a la premiere question, que le pocle u'est plus gucre le maitrede choisir. Nos giands Iragiques, qui, sauf deux ou trois exceptions , n'ont mis en scene que des su- jets antiques, out conserve une dignile soulenue, et ils out bien fait, car les personnages antiques sont pour notre public des elres dc convention, dont il ignore les moeurs privees, la civilisation reelle, et qu'il est hal)itue a contempler foujours a cetiC distance ou nous les montie I'optique dc rhistojre, ct veins de ces ornemens de ceremonie dont les out habdies les poetcs. iMais autant nous serious choqucs de voir Agamem- non, OEdipe ou Phedre , mCles a des personnages grotesques , ou figurer dans une action egayee de bouironneries ; autant nous devons elre blesses de voir les liommes de nos terns mo- dernes, dont nous connaissons au moins vaguement la civili- sation, aflubles de celte eternelle etmentense dignile, qui est menie d'ctiquctle pour le deriucr de leurs valets. Je ne dis pas qu'il n'y ait tel sujet moderne qui ne puisse se trailer dans la forme adoptee par nos grands poetes, car il ne fant rien exa- {ferer, mais je dis qu'il n'est pas raisonnable d'iniposer celte forme a tons les sujets modernes Quant a I'aulre tpicstion , celle de I'interet de sentiment, je repondrai ([u'elle me semble lesolue en faveurdu systeme de nos poetcs. Chez eux , tout concourt a cet inleret, rien ne vous en distrait; dans leins bons ouvrages , ils savent I'exciter, renlretenir, I'accroitre , depuis I'exposition jusqu'au denoCiment; le petit nombre dc personnages, la rapidite de Paction, runiformile tie senlimens, lout est calcule pour concenirer I'lMnolion du spectaleur el la porter au plus haut dcgrt; irinlcnsile; s'il y a quclque iucxac- PARIS. 253 tiliulc dans le de?sin du costume, il y a vriite dans la pciii- tiire du coeur, et c'est le priinipal ; on est enlraine , on ne raisonne pas. Chez Shakespeare, au contraire , des incidens plus nombreux, des personnages plus divers, une action qui , lorsqu'elle est une , dure beaucovip plus lor.g-tems, ct se trouve hachee, si je puis dire, en petiles parties ; des traits d'un profond comique ou de simples quolibets meles par le poele aux situations les plus pathetiques, ct dont i! resulte quciquefois un de ces contrasles pleinsde philusophie , et qui vous chaniient par reflexion, mais qui n'en derangant pas uioins IViuotion a laquelle \ouscommcnciez a vous abandon- ner ; enfin, ces nombreux details de moeurs, de costumes qui occupent ratlention sans beaucoup intcresser le sentiment, toutes ces choses font des pieces de Shakespeare un spectacle Ibrt attachant pour rol)servateur, pour rhomine qui reflechit, mais diminuent pour les spectateurs ordinaires I effet senti- inentai des situations profondement touchantos dont le poete anglais est rempli. Aussi croyons-nous, contre une opinion assez generale, que les pieces de Shakespeare doivent etre mieux appreciees encore des penseurs que de la foule, tandis que les notres ont sur le parterre un eflet pathetique plus sftr et plus puissant. S'il I'allait citer un exemple qui ne nous fit pas sortir de notre sujet, nous ajouterions que, quelles que soient les beautes d'Oihcllo, jamais il n'obtiendra ce succes d'attendrissement dont Zaire est e^ possession depuijj plus de quatre-vingts ans, et que cette tragedie conservera, lorsqu'ii y aura des acleurscapables de jouerles trois roles principaux. El remarquez que cet effet tient surtout a I'ensemble du sys- teme ; car, si Ton examine le ressort particulier a chacune des deux pieces, on verra que celui de la piece anglaise est niieux dispose. On a reconnu depuis bien long-terns que ce billet a double sens, sur lequel se fonde toute la jalousie d'Orosmane, est un moyen force et mesquin; je sais bien que le mouchoir d'Othello est une inventiop plus niesquine encore, et surtout d'uise execution extremcmeut gauche ; mais, aussi, n'est-cepas la le seul motif de la jalousie du more. Le poete a employe deux actes enliers a la faire nailre, a I'irriter, a la pousser jusqu'a la freuesie par toutes les insinuations capables d'amener la plus fatale persuasion. I ne preuve sans replique que la jalou- sie d'Othello est mieux fondee que celle d'Orosmane, c'est qu'un i-eul mot d'explication outre celui-ci et Zaire rendait le denoiimcnt impossible, tandis qu'Otbello peut avoir avec Desdemona uue scene terrible et passionnee, et la tuer encore apres, avec vraisemblance, dans la logique despas^ions. — Les 204 I'RANCE. spcctateurs qui assistaient a la premiere representation dii More de Fenise pouvaient eux-iiiemes oflVir un .spectacle a I'ceil cle rohservaleur. A certains mots qui accoinpaj;naienl I'expression de I'enthousiasme de quelques personnes, il etait facile de comprendre que leurs marques d'approbation etaient moins des applaudissemens pour Shakespeare, que des sif- flets centre Voltaire; tandis que, d'un autre cote, unc obsti- nation presque stupide a tout improuver tralussait la pas- sion de gens qui s'imaginent relever beaucoup la gloire de nos grands poetcs, en niant celle de Shakespeare. Fanatisme des deux parts! Sans manil'ester un enthousiasme d'aveugle pour le More dc Venise , le veritable public a coinpris le bel ouvrage de M. de Vigny, et a su apprecicr tout le talent qu'il a deploye dans cettetiaduction, dont la diflicidte i'lait piesque insurmeutal)Ie. Tachons done d'etre un pen tolerans, dn moins en poesie; permeltons a chacun d'aimer ce qui lui plait, de prendre du plaisir selon son gofit. Adorons tout a notre aisc des beautes neuves cheznous, sans cricr anathiuic contre d'autres beautes qui, pour avoir obtenu \\\w, admira- tion de deux siecles, n'cndoivent pas paraitre plus niauvaises aujourd'hui ; et songeons en menie tems que les chefs-d'a^u- vre du theatre anglais sont consacres par uue admiration plus vieille encore chez nos voisins. Ne soyous point envieux de nos jouissances litteraires, ace point de nous interdire, parsys- ttme, des emotions que oous avons si long-tems goutees par sentiment ;le nombre des chefs-d'oeuvre n'est dejapas si grand qu'il faille le reduire encore par un dedain de commande. iV. B. D'heureuses coupures ont assure a la seconde repre- sentation un succes non conteste ; plus exigeans que le pu- blic , nous demanderions encore quelques suppressions a M. de Vigny; il nous semble que la piece a besoin d'etre en- core un pen abregee, pour mieux lamiliariser nos spectateurs avecle spectacle unpen etrange qu'elle nous oflVe. Plus sins de leurs roles et moins inquietes par les dissentimensdu parterre, les actenrs font mieux ressortirmaintenant les beautes de I'ou- vrage , et le jouent avec beaucoup d'ensemble; Joanny, qui avait mis d'abord trop de langueur dans le role d'Othello, le i"end avec plus de leu, avec une energie plus juvenile. Perrier compose tres-bien celui d'lago , et lorsqu'il sera parvenu a donner un pen plus naturellement la physionomie d'hoiuiete liomme a son persoimage de scelerat , ce role lui fera beau- coup d'honneur. II ne faut demander a M"" Mars que d'etre toujours elle-meme ; il est impossible de mieux nuancer un role, et de passer avec un talent plus adunrable, des emotions PARIS. 255 douces et gracieuses d'lin amour heiireiix, aiix tragiqiies emo- tions d'lme mort presenle et teriible. — Odeon. — Clirisiine ii Fontainebleaa, dramehisloii(|i!e en cinq actcs; par M. F. Soulie. (Premiere representation, mardi i5octobre.) — ^Voici un ouvragc quiii'estni classiqiie, ni romantique, ni meme historique, nialgre son titre ; ie vrai n'y est pas plus respecte que le vraiseniblable; il nous a scm- ble, en sortant de la representation, avoir assiste a un de ces reves pcnibles, que Ton n'a pascompris, et qui vous laisse I'i- magination remplie d'images incoherenles et I'unebres. Comnie nous le disions dans I'article que nous avons consacre, •! y a quelques mois, a la Christine de Brault ( /?er. Enc, t. xlii , p 809}, cetle tragique aventure n'offre aueim interet, ni dans ['action, ni dans les personnages; M. Soulie, en composant un roman, a essaye de metlre dans son sujet ce qui n'y etait pas. Mais I'aventure qu'il a imaginee est si confuse, les res- sorts sont si bizarres, les personnages sont si loin de la nature, que I'cmotion ne saurait naitre au milieu de ce chaos. La ten- dresse de Christine etde iMonaldeschi estcompletementeleinte, Lagardie a fait une impression visible sur le coeur de la reine, et Monaldeschi enieve, des le commencement de la piece une femme de Christine ; ainsi Ton n'attend Hen de ces relours de passion qui peuvent suspendre une catastrophe: et des que Christine a dans ses mains le fatal ecrit de IMonaldeschi, cet houuue est perdu sans ressource. Au restc, le spectateur s'in- quiete pen de sa destinee; le nouveau poete I'a rendu plus ignoble enoore qu'il n'etait; on nous I'avait deja montre bien lache devant la mort , ici il est de plus voleur. II s'est empare des diamans que la reine kii avait confies, et il en afait mettre de faux a la place. Ce crime, beaucoup plus que ses autres in- fidelites, sembie occuper Christine, et elle le fait juger comme fripon. Le poete a bien senti qu'il n'y avait rien pour I'inte- ret dans toutes ces infamies, et il a mis dans le petit roman de la femme de chambre toutle pathetique de la piece. Lajeune Marianne, qui n'a pas encore seize ans, mais dont le coeur s'est deja ouvert a I'amour de Monaldeschi, est enlevee par deux bri gands italiens que Monaldeschi tient a ses gages, et dont I'un fait aupres de lui les fonctions de coupe-jarret, et I'autrc celles de sorcier. Marianne estconduite dans le laboratoire de ce dernier; bientot Christine s'y presente, et pour derober Ma- rianne a ses yeux, on I'etend sur une table de dissection, on la couvre d'un drap noir, le brigand revet une robe demoine, el s'agenouiile devant la fable, comme s'il priait aupres d'un cadavre. La pauvre jeune fdle, a laquelle Monaldeschi a con- 256 FRANCE. fic ses richcsses, et ciitrc autres Ics diamans voles, se sanvc quand la reine est sorlie, et nous la relrouvoiis plus tan! dans la grollc d'un eniiile, oii anivent bicnfot !es dcuv brijjan's, qui veulent s'eniparcr des richcsses dont ils se doulent biea que Marianne est depositaire. En vain ils menacent de la mort et I'ermitc et Marianne, on ne leur livre point le Iresor; alors, pour le trouver, ils se metlent a fairc une operation niagique, et ils evoquent Ic dial)Ie dans un coinde la grotle, taiulis que, dans I'autre, Ic moine s'efl'oi'ccde tourncr vers le eiel le eceur dc la jenne fdle, tout rempli d'un amour proi'auc, et dont la mort s'approche, car elle est empoisounee. Lu ce momeul Christine entrc dans la groltc ; cllc y voil sa rivalc cteudue sur unc natte ct prts d'expirer; elle s'eloigiie, ainsi que I'er- mitc, qui refuse d'ahsoudre uuc mourante coupable d'un sui- cide. Alors le brigand, touche par ce spectacle dc la mort, et par la pcnsi'c que cetle pauvrc creature va etre damnee, s'efforce de lui inspirer, dans son agonie, quelque retour vers Dieu , ct il lui met dans la main son paignard qui figure une croix, symbole que Marianne presse sur ses It'vres en exlia- lant le dernier soupir. U y a dans ceite situation, assez mal amenee d'ailleurs, quelque chose de touchant et ou se peignent naturelleiuenl les mwurs de ccs brigands d'Ttalie, qui portent unchapeiet a cole d'un pcjignard, et se munissent d'une ajjso- lution pour commettre un assassinat. Seulemcnt , un pareil brigand, vctu de son costume des Apennius,est quehjue chose de bien etrange laisaut son metier dans la forct de Fontaine- bleau. Leiiuquieme actc est consacre au meurtre de l^ioual- deschi. L'ermite, qui rcmplace ici le perc Le Bel, y fait un fort pauvre role, et cette catastrophe n'offre nul inleret. A la pre- miere representation on n'a pas ose presenter ce denoumcut dans toute son liorreur; la toile tomba aussitot qucMonaldes- clii cut etc frappe par les assasssins; mais maiiilenant, ce meurtre se prolonge quelque lems, et Chiisline joue un role atroce dans cette espece de boucherie. iNous n'avons point cs- saye de faire une analyse suivie de cette piece, de sortc que nous n'avons pas parle de plusieurs personuages plus ou moins importans; ni de Suenon, conite de Lagariiie, ni du due de (iuise , qui represente Louis XIV aupres de Christine, ni de Charnace, jeune seigneur francais, lil)erlin ct ivrogne, ni de Claiict, pere de Marianne, ancien valet de chanibre de Guslave-Adolphe, ct qui possede encore toute la confiance de Christine. iNous nous sommes bornes a indiquer cc qui, dans cette piece, etait le plus interessant; on pent ju- ger du rcste. Sans etre tres-bon, le premier acte annoncait PARIS. 25; quclque chose do micux, et rauteur eatre en scene assezbien, a la maniere dc Shakespeare, par cetle conversation des deux brig;ands qui se disponent a enlever Marianne; ce debut jette toiitde suite le spectateur au milieu de Taction, qui en recoit des I'abord une allure vive et draniatique. On retrouve ca et la, dans cette piece, Ic talent poelique de I'auteur de Romeo et Juliette ; mais, en general, le style se ressent des vices du fond. Ce drauieest une profondeerreur, inspiree a un homme de talent par un sysleme mal compris; attendons un autre ouvrage pour savoir qui I'emportera chez le poete, ou du sys- tenie ou du talent. — 11 etaitfort difficile aux acteursde bien jouerune pareille piece; iVl"'' George elle-meme n'a pu triom- pher de cette difficulte. M. A. — Opera-comiqtje. — Premiere representation de Jenny ou la Muette, opera-comique en trois actcs, paroles de M. de Saint-Georges, musique de M. Carafa (26 septembre). — On ne pent contester que le sujet de cet ouvrage n'ait de I'inte- ret, que Taction n'en soit concue avec une certaine force, et que le denoflment ne produise un grand effet; mais, ainsi que Ta remarque un de nos journalistcs Ics plus spirituels, n'est-ce pas une idee bicn etrange d'introduire une muette sur une scene chantante, oii la musique, et par consequent la voix doit-ctre la prem.iere et presque la seule cause dessucces? A la verite, les ineilleurs chanteurs du theatre se groupaient autour do personnage principal, et semblaient rivaliser de talent pour nous consoler de son silence. Pour ce qui est du fond meme de la musique, nous sommes forces d'avouer qu'elle nous a semble inferienre a toutce qu'a public jusqu'a ce jour M. Carafa. Peut-etre cet estimable et spirituel com- positeur a-t-ilecrit cet ouvrage trop a la lia(e,occupe qu'iletait d'un grand opera, destine au Tlieatre Italien de Paris. Le fait est que nous avons vainement cherche dans sa partition ces grandes et pathetiques inspirations, ce style briilant, anime, hardi et quelqucfois incorrect qui lui a valu une fort hono- rable place parmi les musiciens de Tecole de Rossini. Nous n'avons guere vu Aaxi^ Jenny que des formes rebattucs et usees qui se peuvent a peine excuser comme pieces de liaison el de remplissage. Une jolie romance et un rondeau gracieux out seuls fixe Tattention du pui)lic : nous nous croyuns en droit d'cxiger quelque chose de plus de M. Carafa. Sans doute il y a souvent du merite dans ses petis airs ; parfois ils rendent un ouvrage populaire, mais ilsne suffisent pas de nos jours pour procurer une existence durable a un opera en trois actes re- presenle dans la capitale de la France. J. A. L. T. XLIV. OCroREE I 8l!(). 1»» •2:)6 NECROLOGIE, Nl'iCROLOCMK. Si'issE. — Di'MONT [Elieimc). — Gcik'-vc viont Jc perdie iin u- Benlham s'est soutcnu sans deviation, sans par- tage, jusqu'a la fin de sa vie. Le jurisconsulle anglais etait pour lui la raison tcrite, nom que les hommes de loi ont doune avec bien moins de I'oi au corps du droit romain. On lui entendait dire (juelquefois de ce qu'il admirait le plus dans les autres jihilosophcs : <• c'est convaincant, c'est la verite meme, c'est presqiu^ benthamiquc. » La soumission d'un esprit aussi superieur que cclui de Dumont, et , en meme tems, aussi inquisilif et aussi indc- I ■Avi NECHOLOGIE. pciulaiil a iiu aulre cspril, est iin plK'-noiiiLMic (|ui uc s'elait p8 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 0. Histoire naturelle dcs poissoDS, par M. Cuvicr. . Fluureiin. 55 4. Lccons sur la connaissance dcs prisons, par N. H. Julius (ouvrage allemaud) II. C. 66 T). Biograpliie univcrseile ancienne ct modernc. . . Stassarl. 86 6. Exauien critique dcs articles rclatifs aux hisloriens, dans la Biographic univcrselle Ch. Dtiroto'ir. 91 7. Histoire des k^gions polonaises en lialie, par Leonard Chodzko Alpli. d'Herhelot. 105 8. OEuvres de Basile Nardjny ("onvragcsrusses). . J. Chopin, iii III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIOUE. Annonces de 76 oiivragfs francais el elrnngcrs- ASIERIQUE SEPTEIS'TRIONALE. '■ EtdtS-Uttis , P. 120 Europe. — Gramle-Bretagne, 8 134 — Russie , 0 loo — Danemark,' t\ iSj — Allemagne, 6 i4o — Suisse, 1 - i59 — Italic, Z, dont 1 ouvrage p^riodique i55 — Pajs-Bas , 7 167 Erance , 4-'- ? sa\oir : Sciences pliysiffjics ct )ialiircUcs, H 161 — Sciences religicdses, morales, poUtiques ct liisioriqnes , 11. . . i(»() — Littdrature, l5 184 — Beaux-arts ,4 201 — Mdmoires et rapports de socidtt's savantes, 9 ao5 — Ouvrages piriodiques , 2 207 3^2 TABLE DES AUTICLE?. IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTliRAIRES. Amerique septentrioivale. — Etals-Unis : Louisiane ; Reforme des lois crimiiielles - 2i4 Ameuique MERiiiioKALE. — Bi'^sH : Situation financi^re : De la baiiquo de liio-Janciro et dc la proposition de M. Calmon da Pin, ministre des finances 2i5 AsiE. — Expi^dition medicale de M. Pariset, en ligypte ct en Syrie '• aaS EUROPE. Grande-Bretagive. — Londres : Societe pour la propagation de renseignemenssur la question del a peine de mort 2'i(> RussiE. — Saintrdters'joiirg : Mouvemont dc la population c-n 1898; Apcrfu du commerce de cette ville pendant Tann^e 1828 • 228 AxLEMAGNE. ■ — Heidelberg : Reunion des naturalistes allemands. — I'Vcimar ; Quatre-vingtitme anniversaire de Gffithe. . . 2^0 (iKECE. — Session du quatrieuie congrfes national; Budget de 1828-1829; Colonic d'Hexamili; Education des jeunes Grecs 254 Pats-Bas. — Stalistique de la prcsSc periodique : Rectifications. 238 France. — Paris : Institut ; Academic des Sciences : Stances du 21 septembre au 12 octobrc i82(). — Experiences deM. Al- dini contre lincenilie. — Institution speciale pour Tetudc du droit. — Ecoledes jeunes delangucs. — TiMtres. Thea- tre franfais : 1" representation du More de Venise, Ira- _ gedie. Thiatre de I'Odion : 1" representation de Cliristine a Fontainebleau, drame historique. Tliedtre de I'Opera-Co- miqiie : 1"= representation de Jenny, ou la Miiette, opera.. 209 Necrologie. Suisse : Notice sur M. Etienne Dumont, de Geufeve , J. C. L. de Sistnondi. 2 58 Fj-flHce ; Gaulmier; Ponceliu de la Roche Till ac 268 QUATRlfiME EXTRAIT DU CATALOGUE DE LIYKES ^ CHEZ J. N. BARBA9 EDITEUR^ PARIS, PALAIS-ROYAL, GALERIE DE CHARTRES . DERRIERE LE THEATRE FRANCAIS. M J'ai I'honneur de vous adresser le quatrikme Extrait de mon Catalogue. Les nombreux ouvrages qu'il renfernie, les soins qui ont ete donnes pour leur choix, et surtout la mo- dicite des prix, me font esperer que vous voudrez bien con- tinuer a m'honorer de vos demandes. Les garanties et les conditions de paiemens demeureront telles qu'elles sont spe- cifiees en tete de I'Extrait du Catalogue du 4 mai dernier. II m'importe de vous prevenir, Monsieur, que n'ayant pas de commis-voyageur, quiconque se presenterait en mon nora, pour vous proposer les articles de mes Catalogues, ne fait point partie de ma maison. Je vous fournirai toujours aux prix et aux conditions annonces tous les livres qui ne feraient pas partie de mes Catalogues. Dans I'attente de vos nouveaux ordres, veuillez me croire votre tres-humble et tres-obeissant serviteur, J.-N. BARBA. Paris, le 20 octobre 1829. ( Les personnes qui prendront pour centfrancs et au-dessus recevront leur commande franchi de purl et d'emballage dans toute la France.) OEU VRES DE BUFFON , avec toutes les suites donnees pnr nos plus ce- lebres naturalistes ; cdilion ])ubliee par Soimini , 127 vol. in-8, orncs de 1 1 5o planclus, bi orlies satints. Prix d'origine 65o fr., prix de rabais actuel 25o fr. 64 vol 638 fig. i4 86 8 100 es, 6 72 i4 112 i« 142 3 ( 2) Lcs memes, figures coloriees avec bcaucoup de soln 4^0 fr. — Id, doubles figures noires et coloriees , 5oo fr. ■ — • Id. papier velin double-fin , figures noires et coloriees , avec beaucoup de soin ' 2000 fr. ( II ne reste que trois exemplaires siir ce papier. ) Cetle espt'ce d'Encjclopcdie d'bistoire nalurclle se compose ainsi qu'il suit : BuFFON proprement dit, Lacepede , Poissons et Cetacees , Daudin, Picptiles, D. MoNTForvT ct F. DE RossY , MoUusques, Latreillf, , Insecles ct Cruslacees, MiRDEL ET AUTRES , PlautCS, SoNNiNi, Tables , Total'. 127"'- ii5o"6- llepresenlant plus de 4ooc* sujets. Celle hclle et grontle Collection, qui a demande Ic concouis de t.int de savans dislingue's dont ellea scrvi a acciediter encore la reputation , avail etc' mainlcnue a un prix que juslifiaient biea du reste los dcpenses c'normes ne'cessitees par sa fal)ricatioa. Je vicns de lui faire subir un rabais qui en fjcilitera I'acquisilion aiix amateurs qui ne se la scraient point encore procure'e : mais le petit nombre d'exemplairts qui merestcnt me force a ne maintenir ce rabais que jusqu'auier Janvier prochain; passe' celte c'poque, rancien prix sera re'tabli. On vend separcment. Insectes (les) et Crustacees , par Latreille, i4 vol. in-8, 112 plancbes coloriees representant 692 sujets. 70 fr. Oise Aux ( les ) , par Buffon , 28 vol. in-8 , contenant 1 42 planches coloriees representant plus de 5oo sujets. 80 fr. Pi.ANTES (les), par Mirbel et autres, 18 vol. in-8, 142 plancbes coloriees representant 1299 sujets. 90 fr. Poissons et Cetacees, par Lacepede, i4 vol. in-8, contenant 86 plancbes ( figures coloriees) representant 212 stijets. 60 fr. Singes (les), par Buffon, 2 vol. in-8, ornes de 72 plancbes coloriees, representant 91 sujets. 20 fr. Tables , par Sonnini , 3 vol. in-8. 3o fr. SAINTE BIBLE (la), contenantl'Ancieu et le NouveauTestament, traduite en frani^ais sur la Vulgate, par Le Maistre de Sacy, douzc forts vol. in-8, grand raisin , ornes de 3oo belles gravures d'apres Marillier et Monsiau. Paris, Didot. 3i4 fr- — net 120 fr. II resle pcu d'cxcmplaires dc ce bel ouvragc, et le prix en sera augmcnte en Janvier prochain, Quoi qu'en disent les zelalcurs du jour, la France est moios inipic qu'ils voudraient le faire crone, et la Bible tienl encore le premier rang dans lesbibliolbcques. Cellc-ci, connue depuis long-temps, conserve toujours sa preeminence. HISTOIREDES ENVmONS DEPARTS, par Dulaure , i4 vol. in-8, ornes de pres de 100 gravures et d'unc belle carte. 110 fr. — net4o fr. La ve'pulalion de Dulaure conime bisiorien consciencleux et v/1 fr. — net 20 fr. I.es OEuvres de Cochin ont depuis long-temps pris rang entre cellcs de Domat et Daguesscau. Consultees souvent par I'homme d'Etat et par le jurisconsulte, elles sont lues aussi par lous les liomnies pour lesquels les grandes questions de legislation et de droit des gens ne sont pas sans interet. OEUVRES COMPLETES DE L. B. PICARD, de TAcademie, 10 vol. in-8, imprinjes par Didot, sur tres-beau papier, beau portrait, broches satines. 5o fr. -Toute la France litle'raire a rendu a cet auteur, pendant sa vie, la justice qu'elle devait a son precieu^ talent. La posterite a commence pour lui a une epoque de sa carriere ou ses contempo- rains devaient altcndre encore de cet ecrivain dcs ouvrages dignes de leur alnc. Picard n'est plus depuis quclques jours, el de'ja sa place est marquc'e pour les siecles a veuir. Esprit, gaiete, origi- nalitc' , il re'unit tout cc qui constitue le grand auteur comique. Plajons son portrait a la gauche de celui de Moliere. On vend se'pare'ment les tomes 7 et 8(The'atre), pour comple'ter I'e'dition de Mame en 6 vol. in-8. 10 fr. OEUVRES DE PIGAULT-LEBRUN, 20 forts vol. in-8, portrait, impr. par Didot, sur beau papier, broches satint^s. 160 fr. — net 100 fr. Les perse'culions dont I'auteur el I'e'dileur de ces ouvrages ont etc I'ohjet sous le dernier minis- tere, sont comme le comple'ment des cloges que tousles critiques se sont accorde's a leur prodiguer; nous ne reviendrons pas sur le me'rite liien reconnu des produclions de M. Pigault-Lchrun ; mais nous devons dire que cette edition est digne, par sa belle execution , de I'auteur qu'elle reproduil. II no reste qu'un tres-pelit nombre d'exemplaires de ce bel ouvrage dont la place est marquc'e dans les bonnes bibliothequcs. OEUVRES DE M. DE PRADT, archeveque de Malines, i5 vol. in-8. 90 fr. — net 27 fr. M. de Pradt tient le premier rang parmi les cloquens defunsenrs des liberle's. Ses e'crits ont cserre une heurease influence sur les esprits et les institutions. Leur place est marquee dans la bibliutbeque de tout ciloyen jaloux de connaitre RpalemenI sos devoirs el ses droils. (5) OEUVRES COMPLETES DE YOLTAIRE, avcc des notes dc Benchot , 60 vol. iri-i2, papier vclin , 100 figures. i3o fr. /rfewz, papier ordinaire , 100 jolies fjgures. "jS fr. Idem , sans figures, 60 iV. II rcste peu d'cxemplaires Ar cetto e'cUlion, qu'on ne trouvera jamais ii si bon maiche, ct dont le prix sera augmente le ler jauvicr l83o. OISEAUX ( ciioix d' ) D'AFRIQUE , par Le Vaillant , colleclion de 5o pi. coloriees avec benucoup de soin , 1 vol. in-4, cartoune a la Bradel. 3o fr. Idem, de 200 planches in-4 noir, cartonne. 5o fr. Idem, de 100 planches in-4, cartonne. aS fr. Idem, de 200 planches in-1'olio noir, cartonne. 60 fr. Idem, de 100 planclies in-folio noir, cartonne. 3o fr. Collection unique de Boo planches, in-folio noir, en fcuilles. 100 fr. Laheaute' de cesoiseaux, que leui- exe'cution failrcchercher dc toutes les personnesqui se livrent a I'e'tude de I'hisloire naluitlle, les rend eL^aiemint propies a etie douni'S en cadeau. La lielle va- rieledes^oiseaux qui y sent rcpie'senlc's, et leurs admirables couleuis, en font un des livres les plus riches ct en meme temps dus plus curieux. THlfcATRE DES GRECS, du P. Brumoy , 16 forts vol. in-8, ornes de 25 belles figures , broche satine. 35 fr. Lememe, 16 vol. in-8, broche satine, cavalier velin, 25 belles figures avant la lettre. 5o fr. Complement indhpensaMe dcs Chefs-d'tein'/e des Theatres etrangers , cette belle colleclion doit cgalement tiouver place aupies de Moliere, Kacine, CoroeiUe et Vullairc, qui se sent souvcnt inspire's de la lecture dcs belles coniposilions d'Aristophane , de Sophocle, d'Euripide et de Seueque. MI^.TAMORPHOSESD'OVIDE, traduites en francais avec letexte latin en regard , et des notes, precedees de la vie d'Ovide par Villenave , nouv. edition orneede i44bellesgravures, d'apres les dessins deMoreau jcune, Monsiau et Le Barbier, gravies par nos plus habiles artistes, 4 forts vol. in-8 , grand raisin fin, br. Au lieu de i44 f""- ^° ^^' Les memes , 4 vol. in-8, pap. velin. Au lieude 288 fr. 80 fr. Les meroes , 4 vol. in-4 , grand raisin fort. An lieu de 288 fr. 80 fr. Id. , 4 vol. in-4j raisin velin, i44 fig* avant la lettre. Au lieu de 5o4 fr. 1 20 fr. Id., 4 vol. grand in-4, j^-'S^s velin , fig. avant la lettre. Au lieu de 576 fr. 200 fr. II reste peu d'exemplaircs de ce dernier papier. Les cartonnages el reliiires se paient separement. Les memes , 4 forts vol. in-12, sans fig. 16 fr. — net 8 fr. Un exemplaire unique sur peau de velin, 4 vol. in-4, ^8* avant la lettre sur soie , prix : 35oo fr. Cette traduction d'un des poetes latins les plus curieux et les plus estimes est connue depuis sou apparition par le rang distingue qu'elle a pris alors ; et le temps a consacre' les suffrages de nns meilleurs criliqiies , ccux cnire autrcs di: Guingiieiie et de I'abbe Suard... M. Villenave a bicn compris son aulcur, et s;i traduction est la seule qui fasse autoritc depuis sa publication. BIBLIOTHEQUE DES VOYAGES, contenanlles trois voJages de Cook, de Tavcrnier, Bruce, Mac-Carly, Korden et Barow, 49 vol. in- 18, grand raisin d'Angoulume , ornes de 8 beaux atlas, contenanl les cartes et les figures separement graves. Aulieu dc i32 fr. 5o fr. (6) Ageiculture, pocrae, par M. Rosset, 2 vol. in-4 broches en un , ornes de 9 grav. et culs-de-lampe. i5 f. — net 6 ir. Cet ouvrape , sans doule un peu ouLlie , mOrite [lour- lant d'i-ire lu et cousulle. C'est lout a la fois I'ecuvrc d'uu poele, il'un irullil el il'un aprononie. Des nolcs plcrieuscs allestent el prtciscnl tous Ics foils iju'll coiiliunt. 11 doil revivre de nos jours. L'inipression ni«:Die est ri-niai-quiible et Ics graTures sont cljaruiantes. Les groupes dc pelits enfans qu'oi: y remarque olTi-eut la peiliturc la plus gra- cieusc. APfN.VLES DES SESSIONS DES CHAMJ5RES de- puis 1814 jusqu'en 1822 , 10 vol. in-8. 70 fr. — net i5 fr. Session de i8i4et i8i5, sepaiement, 2 vol. 4 fr- Cet ouTrage olTi-c i)n piquant intiiet dons les eircon- stances presenles. Les opinions , les diseours s'y Ironveiil texluellemeiit rapporti-s, el Ton peul y sui?re ia nuirclie eties teigiversalionsde plus d'un dc noshommes d'Elal. Art (!') de fabriquer les Ciiirs de toules especes , contenant I'art du Tanneur , dii Corroyeur et de I'Hongrojeur, par MM. Salleron et Gougerot, i fort vol. in-8, orne d'nn grand nombre de planches, couv.impr. 20 fr. — net 4 fi'- Art (!') de la chaussure pour homme el pour ferame considere dans toutes ses parties, i fort vol. in-8, orne de 25o fig. couv. impr. 9 fr. — net 3 fr. Cel ouvrape est precieux surtoul par la simplicity des procedes qui y snnt cousigni's. Les s5o figures qui I'enri- chissenl facililent les demonstrations, et les raettcntala portee de tous les ouvriers. Art (1') de preparer , conserver et desin- fccler les substances alimentaires,suivi dc la construction des differens four- neanx econoniiques, par J. P. Four- nier; nouv. edit, ornee de pi. en taillc- douce , in-8 de 65o pag. 8 fr. — net 3 fr. AvKJVTURES deRobikson Crusoe, 2 vol. in-i2, joiie edit.,orne3 de 12 jolics fig. 2 fr. AvENTUREs DE Tele.maque, 2 vol. in-8, ornes de 25 belles fig. 9 fr. Lcs memes, in-4, aS fig. 7 Ir. Les meines, 4 vol. in-i8, notes de Noi-l, 2 5 fig. 4 f'"- Les memes, 4 vol., porlr. 2 fr. 5o c. /c/. .suivies des aventiires d'Arislonoiis , in-8, portr. 2 fr. 5o r. Les memes, 2 vol.in-ia, 25 fig. i fr. 5o c. BiBLIOTHEQUE ETRANGERE d'histoirC Cl de lilterature ancienne et moderne, par Aignan , de I'Academie, 3 vol. in-8 de Ooo pag. 21 f. — net 6 fr. Ce rccueil conlient un grand rininbrc de mor.ceaux pi- quans el rciuarquablcs, oDrc a la fois uiie lecture inslruc- tire eiTariie, et le goiil qui y a preside juslifie Ic succes qu'il a oblcnu. BiBLIOTHEQUE POETIOUE, OU Clioix d'e- pigrammes, madrigaux, epitaphes, inscriptions, moraliles, couplets, anec- dotes, bons mois, reparties et bislo- riettes, 2 vol. in-S. 12 fr. — net 4 fr. Id. 2 vol. in-i2. 6 fr. — net 3 fr. BlOGRAPHIE DES CONTEMPORAINS, par Arnault, Jay et Jouy, 20 vol. in-8, ornes de 3oo portr. 70 fi\ Separement, les tomes 19 et 20 pour completer les souscripteiirs, 2 vol. in-8, portraits. 5 fr. Chefs-d'oedvre oratoires de Bossuet, 8 forts vol. in-i2. 8 fr. Les memes, 8 forts vol. in-i8. 6 fr. Code de la toilette, manuel complet d'elegance et d'hygiene,ou I'Art de soigner sa personne, par H. Raisson, joii vol. in-i8,pap. fin orne de 2 jolies grav. 3 fr. — net i fr. 5o c. Ce elinmianl oiivragc est recherche surtoul par les per- sonnes t^loignees de la capitale. Collection de 160 graviires, bonnes epreuves , d'apres les dessins de Mo- reau,propres a eire jointes a toutes les editions de Voltaire. 80 fr. — net 20 fr. Collection decontes etdeNouvelles, trad, de I'allemand de Pfeffel , 7 vol. in-i2 , couv. impr. 21 fr. — net 7 fr. Les conies, les Iradiiions populaircs de I'AIIemagne out de lous temps joui d'unc juste et'lehrili. C'est la que nos auleurs pniscnl aujourd bui liurs draniatiques inspi- rations. M. I'feffelarecueillidans ce genre t.iut ce qui est digue d'interct. La leclurc de celouvrage emcut, louche ct inslruit. Collection de memoires sur I'art Dra- in;itiq;ie, par MM. Andrieux, Dussaut, Eticnne , Merle, Picard , Talma, Thiers, etc., i4v. in-8. 98 f. — net28fr. CoMTEDEVALMONT(le),oulesEgarcmens de la Raison , 6 forls vol. in-12, 12 jolies fig. 18 fr. — net 7 fr. CoTJRS coMi'LET n'iNSTRUCTiON a I'usage des jeunes demoiselles et des jeunes gens, par Galland, 8 vol. in-i2de 45o pag., ornes de 4i pl-> ^"^ (Edition augmentee. 3o fr. — net 12 fr. Depuift long-temps on puMiatt des traites s^par^s de r.eograiiblc.d'Uisloirc, cl'.Uilbmelique, etc., pour la jeu- nesse , niais ccs ouvragcs i*ol.-s, manquanl d'miite, n'at- tiigna'iciil pas le bul qu'on doil se proposer dans toute bonne eJucalion. Le ('.ours dont nous anuoncons la sc- londe idilion esl parl'ui lenient coordonne, et classera hicii micux clans la tfite tlcA tleves lea diners oLji-ls ilu Iturs eludes. COURS DE LITTERATURE DE L\ HaRPE . i8vol. in-8, br. saline, eJit. tie Dii- pont. io8 fr. — net 45 fr. Id. carlonne. 62 fr. Lememe, 18 forts vol. in-i8. i5 fr. Le meine, i6 forts vol. in-32. 12 fr. CuisiNiER ROYAL, ou I'Art clc faircla cui- sine, parViardet Fouret, fort vol. in-S, erne de 9 pi., lae edit. 5 fr. Id. anglais, pour faire suite, in-8. 2 fr. Id. parisien, ou I'Art dela cuisine fran- caise au 191= siecle, etc., par M. A. Ca- reine,in-8, pap. velin, erne de aS pi. gravees. 10 fr. DicTiONNAiRE DE cHiMiE , par Cadct- Gassicourt, 4 vol. in-8, ornes depl. 24 fr. — net 8 fr. Le nom de Cadet-Gassieoui-t estiustemenl celebredans lesann.ilcs de la science. Son Diclioniniie de .l.imie est le meilleur etleplus coniplet que Ton puisse consullcr. DiCTiONNArKE DE pocHr.,francais-anglais et anglais-francais, par Nujjent, 2 vol. in-i8 broches en un. 3 fr. DlCTIONNAlHE DES EVENEMEKS REMAR- QUABLES, par Voltaire, in-8 de 600 pag., a deux colonnes, petit texte, beau portr. 7 fr. — net 3 fr. CeDiclionnaireest coinme un resume alpliabetiqiie de loules les pi-oduclions hisloriques dc Voltaire, et rciifenTie par consequent la maliere de I'Essai snr les Mceuis, des SiecLs de LonisXIVel de Louis XV,de I'llistoiie de Bussic, de diaries XII, etc. 11 u'est pas moins utile aux poisonnes qui possedent les oeu\res completes de ce grand ecrivain, par la facilite qu'll olFre pour les recherches , qu'aux per- sonues ausquelles les bornes de Icur bibliotlicquc nc per- inellcutpas d'acquerir une r-olleclion donl ce Itictioniiaire peul en grande parlie lenir lieu. DlCTIONNAIRE DES PEINTEES ESPAGNOLS, par Quillet , fort iii-8. 7 fr.— net 3 fr. DicTioNNAiRE francais-italien et italien- francais, compose sur le vocabulaire italien de I'academie de la Criisca, contenant : 10 laprononciation ecrite a cote de chaque mot; 2" I'accenl pro- sodiquesur tons les mots italiens, etc., par J. L. B.Cormou, 2 tres-forls vol. in-8 , 4'' edit. rev. et augm. par Cha- peilion. 18 fr. — net 1 2 fr. Dictiok?;aire geographique portr.tif des cinq parlies du moiide connu, p;ir Malte-Bruii, augtneute de plus de 20,000 articles qui ne se trouvent pas ailleurs, 2 forts vo!.in-i6, gr. raisin, 9 cartes et a niappemondes. g fr. — net 3 fr. DiCTiONNAiRE historique de Paris, con- tenant la description de ses places, rues, quais, promenades, monuinens et edifices publics, de ses etablisse- inens en tous genres, de ses institu- tions seienlifiques, litteraires, de ses curiosites , etc. ; des details sur les at- tributions des divers fonctionnaires publics, et sur toutes les professions industrielles, depuis leur originejus- qu'a nos jours ; I'bistoire de toutes les corporations civiles et religieuses, des incEurs et des usages de Paris i toutes les epoqucs, etc., par A. Bcraud et P. Dufey, 2 vol in-8 de i3oo pag., ernes de 43 vues de monumens , de 4 plans de Paris, le 1" i52 avant J.-C. , le 1^ en 1223, le 3« en i589 et le 4" en 182S, 20 edit. 18 fr. — net 10 fr. Celt Paris, c M. Dul ge est une veritable bistoire alphabellque de ten quelque sorte de complil-ment a celle de ; la disposition adoptee par les autenrs rend es beaucoup plus faciles, et cet avantape est anquel ■ nl be: recouiir , surtout quand ou veut bien conuaitre la topo- graphic de la capitale. DiCTIONJfAIRE ( HOIJVEAU ) DE POCHE , fran(:ais - allemand et allemand - fran- cais , 2 forts vol. in-i 2. 3 fr. DiCTiONNAiRE pHiLosoPHiQUE ; par Vol- taire , 9 vol. de 5oo pag., format in-i8, gr. raisin velin saline. 10 fr. Contes et Romans du meme auleur, 3 vol. semblables au Dictionnaire. 3 fr. Cette edilion, imprimee par M. Doyen arec le plus fiand luxe, estd'une rare elegance. Cbaque vol. a collie a fr. de fabrication. Lespersonnes qui prendrout les deux ouTragcs ne paierool que 12 fr. Dictionnaire philosophique du meme auteur,8forts v. in-i2. 24 f. — netiSfr. Dictionnaire portatif des rimes fran- CAisES,rediged'apres l' Academic, par de Lanneau , joli vol. in-i8 , velin. 3 fr. — net i fr. Dictionnaire proverbial, satirique et burlesque, par Caillot, fort vol. in-12 de plus de Goo pag., couv. impr. 3 fr. Dictionnaire SYNONYMiQUEde la langue francaise, par Laveaux, 2 vol. in-8. 1 5 fr. — net 9 fr. Lr nnni de Laveaux a pris un rang Irop disllngue parnii lesgraniiuairienspoiir que nous reconiiuencionsici 1 eloge d'un de ses nicilleuis ouvrages. Dans celui-ci il a su de plojer sans pcdauterie el metire a la portee ile chacun ses ( 8) Tojifs coDoaUsancn on philologic et en liisioiic de la I.iiiguc. C'fsi un Ihrc auiiufl on lerouii avec plus di; fiuit qu'a lous cfiis dii mime geait- , et (jn'on peut lire iiiemc a\ec un \if iut^ret. DiCTioNNAiRE iiniversel, geo^raphiquc, slatistique et politique de la France, par Prud'homme , 5 vol. in-4 a 3 co- lonnes, petit-texte. 120 fr, — net 3o iV. Id. gr. pap. 160 iV. — net 4o Ir. Id. gr. pap. velin. 240 fr.— net 5o fr. DiscouRs suR l'histoire univeksei-le , par Bossuet, 6 vol. in-i8. 3 fr. ECRITURE (!') SaINTE EN ESTAMPES , a I'u- sage de la jeunesse, vol. iu-8 oblong cartonnea la Bradel, erne de 32 gr. 1 5 fr. • — net4 fr. 5o c. Elemens de l'histoire de France, par Millot , 5 forts vol. in-12, joiies fig. i5 fr.— net 10 fr. Epreuves du Sentiment, par Darna\ul, 12 vol. in-12. 24 fr. — net 6 fr. Celivrc, si iuieressarit , si rcmpli d'emolions, a t'le une mine fcconde pour nos auleurs draiualiques. La plaee de Daroaud est marquee a ritedcPrevost cl Le Sage. ( Exlr. du Coiisiil. du lo junv. ) Equilibre (de 1') du pouvoiii en Eu- rope, trad, de Tauglais de Leckie, in-8. 6 fr. — net 2 fr. Esprit de i,'Egi.ise, 011 Considerations philosophiques et politiques sur l'his- toire des conciles et des papes , depuis Charlemagne jusqu'a nos jours, parde Potter , 6 vol. in-8. 36 fr.- net i5 fr. C'cst le flambeau de I'bisloire a la main que M. de Pot- ter peueire dans les recoins les plus caches de I'crrcur et de la verile. cl qu'il disfipe les teiubrcs de l.i superstition. Viaiiuenl digue du nom d'Llslorien, M. dc I'oller ne iran- sige jamais a\ecla \irUi : il dciuasque les pieuses frandes, reloblil el comnieule bardimcnl les lexles Irop souvcnl allires de I'bistoire ecclesiaslique. Sa hardiessc , I'indi- peudancc de ses principes, lui altirent en cr. moment en ielgiquc d'bcnorables persecutions : I'eslimc que lui touent lous les lecleurs de son Esprit de I'Eglise est uue noble couipensalioii pouiun lalcnl aussi eleve. IfExtr.duJourn. des Dtbati du <)jaiiv.) Esprit DE l'Encyclopedie, parHenne- quin , i5 vol. in-8, noiiv. edit. 3o fr. Preferable a rEneycIopcdic niclhodique, cet ouvrage €S1 d'une grandc ulilile nux amis de la science el de la lilteralure : en le consullanl ou sVpargue de longues et fas lidicuses reclieicbes. 11 restc peu d'exemplaircs. EssAi sur les liberies de I'Eglise gallicanc et des autres Eglises de la caiholicite pendant les deux derniers siecles, par Gregoire, i vol. iu-3 de 600 pages, nouv. edit. 8 IV. — net 2 fr. Etats-Unis (les) d'Ameuiqde, 011 Ta- bleau de Tagriculturc , du commerce, des manufactures, des finances, de la politique, de la litterature, des arts et du carnctere moral et religieux du peuple anglo-americain. Traduit de I'anglais deJohn Bristed , auteur des Ressources de I'empire britannique, par le traducteur des discours de Pitt et Fox, 2 vol. in-8. 12 fr. — net 4 fr. Eugene et Gdii-laume, par Picard, de TAcadtimie, 6 vol. in-12, 5' edition, conv. impr. 6 fr. Etudes de l'histoire ancienneetde celie de la Grece, par Levesque, 5 vol. in-8. 3o fr. — net 12 fr. Cetciuvragcbe nucnitp r noins Tolumineui que les Uis. oiresdeKullin.r e sauj ai elre expose au reprocbe que cellfs-ci onlsouAc Il eniou ru, celuidefroldeur. C'esl uu ableau lifclauii li qui es 1 iail pour altacber les jeuufS gens entrc les ma us desqu els ce livre doit etre mis. ExAMEN des principes les plus favora- bles anx progres de I'agriculture, des manufaclures et du commerce en France , par Boislandry , 2 vol. in-8. 12 fr. — net 4 f''- Cet ouvrage renfermc d'escellcns principes sur une science fort arricree cliez nous, ou du nioins qu'ou n'est parvcnuadegagcreucore que d'un Ires-petit nombre des prejugesquien on( empe(;lielesdeveloppeniens en France. Nul dome que M.Boislandrj n'ail puissammcnl concouru a eclairer les esprits, el que son ouvrage ne rende de tres- grauds services encore. Fables de Flokian , belle ^dit. , beau portr., I vol. in-8. 3 fr. Id. cavalier velin , portr. 5 fr. Fables choisies de La Fontaine, nouv. edit., ornee de 53 grav. en taille-douce gravees par Couche, i vol. in-8 oblong. Prix: broche, 6 fr. ; cartonne, 7 fr.; et grav. avant la lellre, cart. 8 fr. I,a ch le libra! Ton pui; Id. compleJ;es, 2 vol. in-T2, pap. velin, ornes de 266 grav. sur pierre, couv. impr., edit. Renouard. i5 fr. — net 6 fr. Fables de Nivernois , publities par I'au- teur, 2 vol. in-8, portr. 3 fr. Pastes de la gloire francaise, ou les Braves recommandes a la posterite, suivis des precis des guerres de la re- voiiilion, par Tissot, 7 vol. iu-8 et atlas de 5o fig. in-4, I'^epreuves. 90 fr. — net 3o fr. Les niemes, avec I'atlas avant la lettre. 35 fr. e edilion dc s Fables le La Fontaine , que )a vienldef jire para ire, serecommande plus jolis e des pill s utiles cadeauj que ralajeune se et a I't nfauce. and rl bcl oiiv ime et par uii( mile parfaile qu'on cberclierail ecueil dosvicloires el conqueles, ccssairc de loulesks histoires de (9) Fhance (la) sous le regne de la Conven- tion , par M. cle Con: y, beau vol. in-8 de 5oo pag., 3'' edit. 4 f'"- Id. Pap. velin. 7 Ir. C'est uii tableau fidcle ct anime du regne de lateircur. Hakmoniesde la nature, par Bernardin de Saint-Pierre, 3 vol. in-8, beau porlr. Au lieu de a4 f'"- lo fr. Le meme, 3 vol. in-iadeaooo pag. portr. 5fr. Cet excelleni ( n deplova peutclre plus ' ' ' '-' loute autre. Lc nt eslimc de , d'-S pubiicistes ct de HiSTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX, par Pline , trad. nouv. avec le lexte en re- gard, par Gueroult, 3 vol. in-8. 18 fr. — net 7 fr. Ou nepeut gucre lire saus interet Touvroge de Plinc Sa comparaison avec liull'ou fait parfaitemcut connaitre ( 'M nces cliez lea Romaiiis, et ne peul (juf de la scieDcc chez nous. I'etat des connaisSi servir auj iircgiis HiSTOIRKDESCOKSPIRATIONSDES JeSUITES centre la maison tie Bourbon en France, in-8 tie 45o pag., couv. impr. 7 fr. — net 3 fr. •e avcc aulanl tie compagnie , des du pouvoir leru- sBouiboiis, qui levinl la vicliine. Nulle part aillcurs ( farilUe Ifs propres de pourrail CM.v;iliiss; conliliurlles IcnIalirPS pom* fl'cmp;i porel , dcs allcDIals conlrc la famill trop en fil la otecli- Cel ouviage esl le fiuilde longueselcurieuses lecliprobcs. HisTorRE des revointions Roniaines, de Suede et de Portugal, par Vertot, 7 vol. in-8, pap. velin saline, portr. 70 fr. — net 18 fr. Le meme, 7 vol. in-8, gr. pap. velin, portr. 3o fr. HiSTOIRE DES REVOLUTIONS PlOJIAIKES , 3 forts vol. in-i2. 3 fr. Id. DE Suede, 3 forts vol. in- 12. 3 fr. Les Olivrages de Verlitt sont depuis lonjj-lenips c!:is- (iijues. Le meilleur el.->ge que nous en pins^ions r.iii !■ . c'est de laire observer que landis que Velly , Daniel el le P. d'Orleans tomliaient dans roubli d'oti ils n'au- raient jamais dil sorlir, I'eslime dcs leclcurs pour Veilol ne faisail que se cousulidcr el s'accroilre Jerusalem delivree , par Baour-Lor- inian, ornee de 4o belles grav., dessi- nees et gravees par les meilleurs mai- tres, 2 vol. in-4,i!npr. par Didot, sur papier velin , cartonne a la Bradel. 100 fr. — net 20 fr. Celle traduclion , la meillcure ijue nous ayons , de I'ad- niirable ouiragc du Tasse , a oblenu uii grand sucees. Sous leg rapports de la Ijpograpbie el de la gravure, ricn n'est plus pr^cieuT que redilion que nous annoneons. II en resle pen dVxeniplairep,et Ions les amateurs de beaux el bons livres doivent desirer s'en porter acquercurs. Id. trad, par Lebriin, belle edit. , 2 vol. in-8 , ornes d'un beau portr. et de 20 belles grav. 25 fr. — net 12 fr. Lettres a Emilie sur la mythologie, par Demousliers, 6 vol. in-8 ornes do 37 jolies fig. d'apres Moreau , edit. Renouard. 25 fr.— net 10 fr. CouRs DE morale, poesies et tlie;itre,du memeauleur, 2V. in-S. 12 fr.— net6fr. La lecture de ces OEuvres completes de Denioustiers , doni les divcrsesparliesse vcndent separement, fail aimer davanlage encore un litliraleur gracieux , loujours atta- in-8, pap. iln d'Annonay, port., Janet et Cotclle, COW", impr. Au lieu de 84 fr. — 36fr. Lesmcmes, edit, de Blaise, impr. par Didot, revues par MBI. Montinerque et de Saint-Surin, i3 vol. in-12 dc5oo pag., pap. velin., 25 portr. elfac simile. 3o fr. Lesmemes, pap. ord. saline, aS portr. etfac simile. 20 fr. Les memes , 3 portr. etfac simile. i5 fr. Quant aux notices etaux notes dont les editeurs ont irichi celte edition, elle pent etre rcgardcc comnie une sloire couiplete de la socielti, de ses nia'urs et de ses ages au dix buiiicme git'cle ; nulle autre part on ne lurrait etndier plus sOrenienl des habitudes , un carac- re cldesconlrasles qui s'clVaceut cliaquc jour, el que lubli dans lequel ils sout tombes rend aussi nouveaux le piqunns pour lous les Icctcurs. LiBERTE religieuse, par Benolt, fort vol. in-8. 3 fr. LiGUE des Nobles et des Pretres centre les Peuples et les Rois, a vol. in-8. 12 fr. — net 5 fr. Cet ouvrage curleux , oil les fails hislorinues sont rassembies avcc e\aclitude cl presenies d'uue maniero piquanle, arait etc juge digue des pers^culions de la de- le censure, qui en a obstiu^meut defendii rannoitce. lutle de I'aristocralie contre les inlerets nationaux y and un puissant interct. Manuel sur l'electricite, i vol. in-8, erne de i3 planches. 8 Ir. — net 3 Ir. >e volume, precieux pour la science, comprend tousles pnucipes elcmenlaircs, la defcriplion des iuslruniens et des yslemes d'operulions el d'appareils. 11 esl plus coniplcl et plus melhodique que tons les trailes publics sur la memo aaliere , et facilile I'etude d'une science indispensable us economistes, aus medecins el aux simples curleux. On y trouve le catalogue et I'analyse de lous les ouvrages I computstis son savunl auteur , M. Veau Delaunay. Mathilde, ou les Anglais en Italic, ro- mandujour, ti-ad, de lord Normanby, sur la 3'' edit., 4 vol. in- 12. 12 fr. — net 4 fi'- L'ouvrage do lord Normanby a rccu en Anglcleire I'accueil le pi useuipresse, nulle pari on ne trouveraitniieux rendues et les nioeurs angl.iises cl la vie des eirangers en llalie. Le sl;,le plein de cbarinesdela Iraduclioii que nous anooni;ons,'el qui est due a la plume eltganle de Mad. lacomlesse Mol6,lafcra lechercber plus vivemenl encore. Melanges politiques et bisloriques re- latifs aux evenemens contemporains, par MM. Benjamin Constant, Ganilh et De Pradt, 3 forts vol. iii-8. 18 fr. — net 5 fr. La reunion de ces Irois cclebres publicisles, forme en quelqui- sorlc un cours coniplcl d'inslruclion conslitulion- uclle. O'est la jeunesse pcusaute qu'inleresse surloul erlle publicalion , doulle prix ii'esl cole an.^si I'aible que dans In bul ulile de les riuaudre davanlage. Lettres a Sophie sur la physique, la chimie etrhistoircnalurelie,par Aime Martin , 2 vol. in-S , pap. viilin, fig. co- loriees. ao fr. Lettres de la marquise du Dcffand ii Horace Walpoole, 4 vol. in-8, 4'' edit., port., couv. impr. 24 fr. — net 12 fr.|MEMoiRESDEP.-L.HANETCLERY,ancien Lettkes DE Mmjj de Sevigne, 12 vol.) valet de chambie de Madame Roy-ale, ( JI ) aujourd'hui Madame la Dauphine,et frere de Clery, dernier valet de cham- bre de Louis XVI, depuis 1778 jus- qu'a i822,ecrits par lui-memeet con- tenant des anecdotes inedites sur les principaux personoages de celte epo- que, etc., etc., a vol. in-8, ornes de 2 portr. de MM. Clery. 12 f.- — net5fr. Memoiees du comte de Grammomt, par i Hamilton, in-S, 8 beaux portr., edit. ' Renouard. 12 fr. — net 6 fr. I Memoires et coerespondance de Mme I d'Epinay, 3 vol. in-S, 3^ edit. 8 fr, Memoires de Mme Rollakd, nouvelle ^dft., accompagnee de notes et d'ap pendices , preckles d'une notice bio- graphiqiie, 2 forts vol. in-i8 de 900 pag., belle edit. 7 fr. — net 3 fr L'antnir de ces Memoires a luerile des pages glorieuse dans rbisloit-e de noire reTolulioD. Son ooni reteotit dar lous les ccpurs, el les souvenirs qu'elle a ecritssont ausj precieui pour les Ijommes de ieltres que pour lea boDS cilojeus. Memoires de La Rochefoucault, impr sur deux manuscrits corriges de sa main et beaucoup plus amples, 2 vol in-i8, ornes de 8 portr., edit. Re- nouard. 2 fr. 5o c Id. 2 Yol. in-i2 , velin, edit. Renouard. 4fi-. Celte edition est la seule ou les memoires de La Roclie- foncault se trouvent complels, et la parlie qu'ou y a re!a- blie , a I'aide d'un manufcrit authentique , est incontesta- blemciit la plus inl^ressanle d'un ourragepleiu d'interet. Memoires du generai. Hugo, aide-ma- jor-general des armees en Espagne, et gouverneur de plusieurs provinces, 3 vol. in-8 de 5oo pag., couv. impr. 20 fr. — net 6 fr. Apres la seconde restauratiou , le general Hugo occupa fesloisirs a la redaction de ces Meuioires , qui ont pris place dans rimportaote collection des uietnoires militaires du temps. Memoires histoeiques et militaires SUR LES EVEJfEMENS DE LA GrECE, par Jourdain , 2 vol. in-8 , carte et fig. , couv. impr., 1828. 14 fr. — net 5 fr. Cet ouvrage . qui n'avait pas besoin des circouslances pour elre lu avee un vif iuleret , devieut un document indispensable pour bic " ' • •■ ■ diverses puissances eulr gfaude lutte dout 1 Oriei Memoires histoeiques sur la revolu- tion francaise, par Condorcet, 2 vol. in-8. 12 fr. — net 4 fr. Memoires pour servir a I'histoire des evenemens du di\-huitieme siecle, de- puis 1760 jusqu'en 1806 — 1810, par ct leurs intercts dans k e letbealre. un contemporain i mparlia! (feu M. I'ab- be Georgel ) , publics par M. Georgel, avocat a la cour de cassation, neveu et herilier de I'auteur. Get ouvrage contient I'liistoire de I'abolition des jesuites. — Les dernieres annecs du regne de Louis XV. — Le commence- ment du regne de Louis XVI jusqu'a I'assemblee des notables. — Le proces du fameux collier. — La revolution francaise. — Voyage a St-Petersbourg. Ces memoires coniprennent la periode la plus curieuse et la plus riche de I'bistoire des derniers temps; 2^ edit., 6 V. in-8, ornes de la grav. du fameux collier. 42 fi". — net i5 fr. Memoires pour servir a I'histoire des moeurs et usages des Francais , par Caillot, 2 vol. in-8, 1828, couv. impr. 14 fr. — net 4 b'. Ces interessans Mi'moires aujquels ce tilre Uhiolre pri- nce des Francais conviendraitbien mieus qu'ausec el froid ouTiage de Legrandd'Aussy , sont pleins des pluscurieux renseignemens et des details les plus esacls. Leur lecture est indispensable pour tomes les personnes qui veulcnl bieu connailrc le dixbuitieme siecle, et ils peuvenl 5er%ir de clef a la plupart des ouvragespublies sur cette epoque. Memoires relatifs a la revolution d'An- gleterre, notices, eclaircissemens his- toriques, parGuizot, 25 vol. in-8. couv. impr. i5o fr. — net 60 fr. Celte collection precieuse t rouTC place dans toules les bonnes bibliotbeques. Lo cilebre professeur d'Uisloire y a diploye les Iresors de sa vaste erudition; c'esl dans ces Memoires seulemeni que Ton pent s'inslruirc des moeurs et de I'bislolre d'Angleterrc. lis coniplclent les collections de memoires de I'liistoire de France, etcelle des Memoires sur la Revolution Framjaise. {lixir. dujimn. des BibaU du 9 fcf. ) Memoiees sur la Grece et l'Albanie, pendant le gouvernement d'AIi-Pucha jusqu'a samorl, parMansour-Ibrahim- Effendi, command, du genieauservice de ce visir, pour faire suite au Voyage dePoucqueville en Grece, in-8 de 55o pages, beau portrait, 2" edit., couv. impr. 7 fr. — net 3 fr. Memoires sue la revolution Fran- caise, par Bouilli3, Dumourier, Dus- saulx, Louvet, Necker, Norvins, Ra- baut de St.-Etienne; poesies revolu- tionnaires et contre-rtivolulioniiaircs , 1 8 vol. in- 1 8. 45 fr. — net 12 fr. I'ainii les inenioires sur la Revolution , ceux-ci sont les plus aulbentic|ues , les plus iuleressans. Dans leurs pages cloquenles on irouve u lie bistoire complete de '- reg.- alion polilii vu faire. Ailisi Dus: :uny i n'ilafai race Ics evenemens qui put le pcnplevainqueur ,ur les lours de la Easlillei Dumonriez jjcinl nos guerres n I'esprit des camps; Louret retrace i'histoire de ta Gi- rftntlc ; Nor\Ins, clans iin bi-illanl rt^'Sunn'', monire I'cm- pire ft 1.1 rcslauration. l.a rollrclion dc> Poesies icvolii- lioiMiaties el coiiiie-revoluiioDuairea doDue Ic cachel de t'esprit de cbaquc epoqiie. Memoires siir la vie ct le siede de Sal- vatorRosa, par lady RIorgan , irad. par le traductcnr dc tltalic du mcme auteur, ct par M***, 2 vol. in-S,couv. impr., portr. 14 fr. — net 5 fr. /«/. 2 vol. in-i2, 2" edit. 3 fr. ('(■! ouvrape brille a la fois par un 81 vie loujaurs pur» correct et eligaut , qiioique Tigoureiix.il est renipli d'ob- fervations fmes et judii-ieuses. — I.es M<*niotre8 de Salvalor Bosa, dans lesquels ligurent les plus grands personuages, cllreut une narration pitine d'iulirit. M11.1.E (les) ET I'NE NuiTS, par Galland, 6 vol. in-S, belle edit., belies fig. 48 fr. — net 2 4 fr. Lesmemes, 10 vol. in-i2, gros caract. 8fr. MoEURS ADBiiNiSTKATivEs , par Imbert , 2 forts vol. in-i 2, ornes de 2 jolies gra- vures ct 19 vignettes. 5 fr. Mois (les), poemc, par Roucher, 2 forts vol. in-18, gr. raisin , portr. , couv. impr. 6 fr. — net 3 fr. M. LE Prefet, 4 vol. in-i2 , 3"= edit. 12 fr. — net 4 fi"- ( 12) Lcsinemcs, 4 vol. in-18, 16 fi Bonfllers, qu .letBcn. nn p, iclquesorle u Ce roman , dont trois editions ont confirme le succes, cl dans le principal personnage duquel on a Toulu recon- nailre un lionime aujonrd'hui apptir an pouToir , est r^^nipli de trails d'observulions de la plus grandcTcrile, et oDVe I'interet le plussoulcnu. Morale de la Bible , avec le texte latin en regard , par J. B. Chaud , 2 trcs- forts V. in-8, belle gr. i4 fi". —net 7 fr. Celifre, qui annonce une profonde conuaissance des litres sacres , est le plus propre a bien guider dans celte tenir lieu pour celles qui n'ont pas besoiu du les etudier cpecialemeut. MORCEAUX CHOISIS DE MaSSILLON , OU Recueil de ce que ses Merits ont de plus parfait sous le rappoil du style et de reloqucnce , precedes de son eloge et ornes de son portr., i vol. in-8, ed. Renouard. 8 fr. — net 3 fr. NOUVELLESET HISTORIETTES, offcrtCS aUX jeunes personnes a leur entree dans le monde , 2 forts vol. in-12 de 400 pag. chacun,fig. 6 fr. — net 2 fr. 5o c. NuiTs (les) d'Young, trad, de Letour- neur , suivies de I'Elegie de Gray, etc., 2 vol. in-i8 , papier fin satine, fig. I fr. 5o c. OEUVRES nU CHEVALIER DE BOUFTLERS , de I'Instilut, 2 vol. in-8, ornes de g fig., nouv. edit. impr. par Rignoux. Paris, Darba, 1828. 7 fr. 4fr. n'est pas ii Ini seul est tome une epoqu CMC picin d'etprit et de grace , cesl eu bistorien. Sans s'cn doiiter , dans ses X pleins d'une volnptueuse l<-gercti\ il nousrctra* c rhosc que des scenes ainiables, il nous pcignait rs de son siecle. (I'esf la qu'elles revivent , c'cst la qu'il ks faut cludirr. On ne lit plus Doral , parcc que dc son temps meuie son genre puinde forniail coulrasle aiec la societe pleine d'abandon. On lira toujours BouOlers , et ira davanlagi- a inesure que son siecle s'eloiguera , que son talent fut I'eipression dc son i-poque. OEuVRES DE BOURDALOUE, l6 Vol. JH-B, portr., belle edit, beau pap. sat. 5o fr. OEuVRES COMPLETES DE CHA.tlFORT , dc I'Academie, recueiliies et ptibiiees avec uiie notice historique sur la vie et les ecrits de I'auteur, par Auguis , 5 vol. in-8. 35 fr. — net 12 fr. OEuvREs DE Collin d'Harleville, 8 job's vol. in-18, 12 fig. de Couche, impr. par Fournier, sur beau pap. 24 fr. — net 8 fr. Collin est un de nos meillenrs auleurs comiques; sa place est marquee eulre Picard el Leauuiarcbais. OEuvREs COMPLETES dc doH Barthelemi deLas-Casas, eveque de Chiapa, de- fenseur de la liberte des naturels de I'Amerique, precedees de sa vie et ac- compagnees de notes liistoriques, ad- ditions, developpemens , etc., etc., par J.-A. Llorente , auteur de I'His- toire critique de I'inquisition d'Es- pagne, niembre de plusieurs Societes savanles de I'Europe , etc. , dediees a M. le comte de Las-Casas , 2 gros vol. in-8, ornes du portr. de Las-Casas. 1 2 fr. — net 4 fr- OEuVRES COMPLETES DE PlERRE COR- KEILLE ET ChEFS-d'OEuVRE DE ThO- MAS Corkeille, ic//e edition avec com- nientaires, orn^s de 26 jolies grav. d'apresMoreaujeune.Paris, Renouard, 1817, 12 vol. in-8, pap. satine, au lieu de 108 fr. 5ofr. OEuvRES DE Mme Cottin, q forts vol. in-iS , impr. par Didot, sur trcs-beau pap. satine, portr. 27 fr. — net 10 fr. On vend separement, a I fr. le volume Amclie Mansfield, 2 vol. Claire n'Albe, I vol. Malvina, 2 vol.Mathilde, 3 vol. I.Vdilion que nous annon.;oDS est la plus jolie qu'on ait faili,iusqu'..lorsdecebnnlivre. OEuvREs DE Crebillow, 2 vol . in-8, ornes de lo belles fig. d'apres Moreau, 6dit. Renouard. i8 fr.— net 8 fr. Cette edition est la plus correcle commc la plus eligantc a'unauK biklioihe 1 ge dispenser de placev daussa llle, Racine cl Vollaire. OEuvRESDU ch\ncelierDaguesseau,i6 forts vol. in-8, beau portr. 96 fr. — net 4o fi'. Les memes , pap. velin Co fr. OEuvRES DE DucLOs, dc rAcademiefran- caise, 6 vol. in-8. 12 fr. OEuvREs DE Floriam , 1 3 vol. in-8 , belle edit., aS belles fig. 60 fr. Id. 24 vol. in- 1 8 , fig. 12 fr. OEuvREs DE Gessner, 4 vol. in-8, pap. velin, ornesdeSi belles fig. 72 Ir. — net 22 fr. Les memes, pap. fort, 5 1 belles fig. i8fr. Les memes , 4 vol. in-12 , pap. velin, 5 1 belles fig. 16 fr. Les memes, 4 vol. in- 18, 65. et litres grav. 2 fr.i OEuvREs COMPLETES DE Gresset, y com- pris le Parrain Magnifique ( ouvrage posthume), 3 vol. in-8, ornes de 9 belles fig., edit. Renouard, beau pap. velin satine, fig. avant la letire. 18 fr. II ne resle que tres-peu d'eiemplaires de ce beau el boD livre. Les memes, 2 vol. in-12. 6 fr. — net 2 fr. Les memes, 4 vol. in-32, pap. velin. 4 fr. Id. clioisies, i -vol. in-8. 2 fr. OEuvREs DE La Fontaine, i fort vol. in-8 a 2 col., impr. par Riguoux, portr. et 3o vignettes, dessinees par Deveria et grav. par Thomson, broch. 7 fr. , cartonne, 8 fr., relie. 9 fr. Les memes, i fort vol. in-i8, beau portr., nolice d'Aime Martin, pap.vel., impr. a 2 col. avec beaucoupdesoin. i2fr — net 3 fr. Les memes, 5 vol. in-S, beau portr., belle edit. Lequien. 18 fr, On vend scparement : Les Contes , i vol. in-8. 3 fr. 5o c, Les Fables, i vol. in-8, portr. 4 fr OEuvREs d'Akt. Hamilton, avec la suite des Facardins et de Zeneyde, par M. le due de Levis, 4 vol. in-8, ornes de 12 belles grav. et portr., edit. Re- nouard. 32fr.— net ififr. Les memes, 5 forts vol. in-i8, pap. fin. edit. Renouard. 10 fr.— net 4 fr plu Celle 1 mille am I le gracieus Ila pK'ic. Bans sujle des Kacardius t-l dc lioD 0 He continue avec lam ( i3 ) OEuvREs DE Madly , ib vol. in-8, porlr. 90 fr. — net 22 fr. /(/. 24 forts vol. in-i8. 6 fr. OEuVRES COMPLETES DE MaRRIONTEL, i4 vol. in-8, notice deVillenave. 26 fr. OEuvres de Massillon , 1 3 vol. in-8, pap. fin satine, portr., belle edit. Re- nouard. 4° f''- Les memes, pap. velin satine, beau por- trait. 78 fr. Morceaux choisis de Massillon , ou Re- cueil de ses meilleurs 6crits,son Eloge, portr., beau vol. in-8. 8 fr. — net 3 fr. OEuvREs de Moliere, revues sur les textes originaux, precedees de I'eloge de Moliere par Chamfort , et de sa vie par Voltaire, i vol. in-8 a 2 col., impr. par Fournier, et orne d'un beau portr. grave par Couche, et de culs- de-lampes par nos meilleurs artistes, broche , 24 fr. — net 8 fr. , cartonne, 9 fr., et relie. 10 fr. Les memes, edit. nouv. , Bavha, 8 vol. in-i8 de 400 pag., ornes de 33 fig. 24 fr. — net 8 fr. OEuvRES completes de Montesquieu, precedees de la vie de cet auteur, 6 vol. in-8 , edit. Lefevre. 24 fr. Id. 8 forts vol. in-12. 10 fr. Id. 8 forts vol. in-i8. 7 fr. OEuvRES cHOisiEs de Napoleon Bona- parte, 4 forts vol. in-32 de i5oo pag., beau portr. 4 'f- OEnvREs CHOisiES de Parnt , 2 jolis vol. in-32, pap. velin, edit. Renouard. 2 fr, OEuvres completes de Pope, nouv. traduction, revue, corrigee, augmen- tee du texte anglais mis en regard des meilleures pieces, et ornee de nom- breuses et belles grav., 8 vol. in-8, grand pap. velin. 120 fr. — net 3o fr. Esprit ori^'inal et Tarie , critique fin , grand poele , Pope a Irouvc en France beaucoup d'iniitatcurs etde tra- ■" li sur rHonime, la Boucle de CI.eveui en- ■iadc , onl ^-te iinpriuies cent Ibis , mais ion seule la correspondance complete. sea I un excellent n-.odeledesljle epislolaire: milieu enire Voltaire et Mnie de Sevigoe, plaisir et avec fruit. OEuvres DE Rabaut Saint-Etienne, 2 vol. in-8, couv. impr. 12 fr. — net 5 fr. Painii Ics zOlatcurs de la revolution , Rabaut s'est fail Jislinguer par un talent remarquable. Ses ecrils jetteni un grand jour eur d'iiuporlans evt-nemens. OEuvres completes de Racine, avec des notes de La Harpe, 7 vol. in-8, ducteurs. L'Ess; I lient un j ;t on le lit : (»4) edit. Verdlere, ornes de i3 belles fig. d'apres Moreau, br. salines. 49 fr.— net 12 IV. /d. 5 V. in-8,oines de i3 belles fig. 11 IV. Id. 5 vol. in-i8 , i3 belles fig. i5 fr. — net 5 fr. OEuvRES DE Mme Riccoboni ,precedees d'une Notice ct d'observations sur ses ecrits, par La Harpe, Grimm et Di- derot, 9 jolis vol. iij-i8, couv. impr. , portr. a^fr.— netgfr OEuVRES COMPLETES DE Mme DE SoUZA., comlesse de Flabaut, autenr d'Jdele dcSenangc, etc., 6 vol. in-8, 12 fig. 42 fr. — net 12 fr. Les pie 3uvragos qui formenl oetip collection, ont rccu longtcmps I'accucil le plus favorable. Plusi s pu'bllfes en France el a lefranger onl cons :c9 que nu-ritaient si Irgilimemenl ces coniposil d'obseivalious , d'iuK-icl et de uaturel. OEuvREs DE Mme de Staai. (M"'' De- launay ), 2 beaux vol. in-8, pap. fin, br. saline, edit. Renouard. i4 fr. — net 6 fr L'auieur , selon son expr uVn busle : mais il est facil leur .V a fail prcuvc d'nnc profondc iludc des mcturs du ;rand sii-cle remain ; il y reporle babilement Ic lecleur. Precis de i.'hisxoire d'Espagne , dcpuis les temps les plus recules jiisqu'au commencement de la revolution ac- tuclle; trad, de I'espagnol d'Ascar- gorta , erne d'une carte d'Espagne, 2 vol. in-8, couv. impr. x4 fr. — net 3 fr. Quetques Iiisloricns noui gue dc Philippe II et de bles des nnnales de I'Espag point encore d'bisloire co igitespar tantel de e uousannon^onsici pe at Id I fai !lC onnaitn ( ou trois epoqucs rcmarqua- e; mais nous n'en possi-dions plele. Ccpendant pen d'Etals i grands evenemens. Le Prefis tavecTcriKi elinleret les pcr- que Mme de Slaal ; d'enlrevoirquelquepe derober au lecleur. OEuvREs DE ViRGiLE, latin et francais , traduction des quatre professeurs, 4 vol. in-i2, 10 fr. — net 3 fr. 5o c. Celte traduction classiquo est restee et restera encore long-temps la plus fidilc et la plus utile. Les jeunes gens Sludieui, les chefs d'instilulions apprecieront les avan- tages que leur oll'rc le rabais que nous f aisons 6Ur cet ex- cellent ouTrage. Pensees de Pascal, 2 vol. in-i8, pap. fin , edit. Renouard. 2 fr. Les memes, pap. vdlin. 4 f''- Id. 2 vol. in-i2, pap. fin sat., portr. 5 fr. Id. pap. velin, portr. 10 f.— net 5 fr. Provinciales (les), du memeauleur, 2 vol. in-i8. ifr. 5oc. Id. pap. velin. 3 fr. Les memes, 2 vol. in-12 , pap. fin. 3 fr. Id. pap. velin , portr. 6 fr. La Physique et la Chimie appliquees a laMedecine, par John Ajrlon, in-8 de(>5o p., erne de 9 pi .9 fr. — net 2 fr. f.e livrc remarquabic , mis au niveau dc la science et a la piirtee des gens du nionde , abonde en fails et en rensci- gnemens prccieux. L'Ecole de medecine n'cn a pasadople les doctrines trop favorables au\ lecteurs. PoLLiON, oil le Regne d'Auguste, 4 vol. in-8 de 600 pag. cli. 24 fr.— net 8 fr. turbalions si pleines de mouvement auxquellesl'Espagne a elr en pruie depuis I'iuvasiou des Maures jusqu'a la guerre de .Napoleon. Precis descriptif sur les instrumens de chirurgie anciens et modernes, con- tenant la description de chaque in- strument, etc., etc., par Henry, coute- lier de la chambre des Pairs, i vol. in-8, orne d'un grand nombre de pi., couv. impr. 7 fr. — net 3 fr. Proces de Louis XVI, de la Reine, d'E- lisabelli de France, du ducd'Orleans, in-8 de plus de 5oo pag., caractere petit-romain, 4 portr. 4 f'"- Promenade de Dieppe aux montagnes d'Ecosse , joli vol. in-12, par Nodier, orne de fig. en couleurs et d'une carte d'Ecosse, pardeCailleux. yf. — nel3 fr. Propagateur (le), ou Recueil d'elo- quence, de littcrature et d'histoire, 5 vol. in-8 de 5oo pag. chacun, broches, couv. impr. 35 fr. — net 7 fr. Le 5'= vol. contient le catalogue des livres mis ;i I'index par la cour de Rome et la congregation ; il se vend separement 3 fr. Ce recueil des ccrils de tons les publicisles dislingues, sera fort recbercliB des personnes curieuses de suitre la marche des prugres scientifiques et litteraircs. Recueil de discours prononctjs par J.- C. Fox et W. Pitt, trad, de I'anglais parM. H. de Jauvry , 12 vol. in-8. 70 fr. — net 3o fr. ubli- Tout seiulle rend la place csllbarqur 1 dan.s uuprt cet inlercjsant ouvrage , don I de celui de Jlatlhelemy. L'au Cette collection, qui dnilser isles et aux membres de no! loins utile a Ionics ien connalire I'hisl Duel a nos mbres, n'est pas personnes qui veulent eludier el d'Aliglelcrrc et sa legislation, oO ous av' bonspri spu.s •ipes s il ou nous pouvons puiser eucorc tan) de ux. Repertoire bibliograpbique, universel, par Peignot, fort vol. iii-8, edit. Re- nouard. 8 fr.— net 3 fr. f.et ouvr.igc fail «ullc a la r.ibliutbique bistorique du ( i5) llisuME dc3 Cioyances et Ceremonies religieuses cles peuples du monde, in- 18 de 400 pag. couv. imp. 2 fr. 5o c. Romans de l'abbe Phevost , Cleveland , 3 vol. ; le Doyen de Killerine , 3 vol. ; GuiIlaume-!e-Conquerant, i vol.; Mar- guerite d'Anjou , I vol. ; Memoires d'un homme de qualite , du chevalier Desgrieux et de Manon TEscaut , 3 vol.; Pamela ou laVertu recompensee, 2 vol ; forts vol. in-8 de 5 a 600 pages cliacun. 6 fr. — net i fr. 5o c. Lcs lomans de I'albe PrevosI sont, dans I'eslime des lectf ins , 5ur la ligne de ecus fr. Ccliire, peu counu en France, niais que les Espagnols ne craignent pas de meltrc h cOie de Don QuicboIIe , doil int^resser dans un temps surtoul ou ce qui a rnpporl aux mteurs desordres reiigieux pique Tivenienl la curiosite. Letthes de quelques Juifs , a M. de Voltaire, etc., 5 forts vol. in-i8. 4 fr. Magasin des enfans, par Mme Le Prince de Beaumont, 4 vol. in-i8. 3 fr. Id. des jeunes dames , 6 vol. in-12. 4 f'"- OEuvres completes de Cabanis, de rinstitut, 5 forts vol. in-8. 35 fr. — net 20 fr. Petit cours de philosophic nalurelle et experimcnlalea I'usage cle la jeunesse, (i vol. in-i8. i2fr. — net 3 fr. Theatre DERiicNAno, 3 forts vol. in-12. 9 fr. — net 4 fr. IJU'IllJlERIJi CJJ U, FOUKNIEU rue de Seine, n' 14. Avis aix amateurs de la litturature etraxgere. On pen', s'aiire.sser a Paris, par I'eiUiemise du Bureau cbktrxl ue la Uevne ExcrcArPfiDiQUE , A M. Skdillot, Liiwaibe, pour sc procurer les divers ouvrageJ ilrangeis, auglais, allemaads, Italians, russes^ polonais, JioUandaisjetCjainsiqUeiesautrfespi-oducUoiis dela lilfdrature 6trangfere. Atx a'caDesiE:? et kvx $oh\hii .-^avastes de tous les pays. Les AcADBJlUkS et les SoCIBTISS SAVAMTSS ex D'l'riUTli PCBLIQCB , frail (^'ftisflS ct etraugeres , softt invittjes a faire parvenir exactemcnt , francs de port , an Direcleur de bi Revue Entyclopcditfiie, les comples iiendiis de leuis travaux et le:S prograittmes des prix qu'elles proposcnt , aGn qiie la Iie'viie ! tiisse ks faire connaiti'ele plus proCnpteinent possible a ses lecteius. Al'X EDITEURS D'otVRAGES ET AUX LIBRAIRE5. MM. tes editcurs d'ouvraj^is pfeiiodiqutes , frant^is el 6trangcrS, qui disireraient echanger teurs recWeils avec le notie, pouvent compter sur !e bon accueil qtie nous ferons a leufs propositions dV'change, et sur line i)rompte annonce dans la R^vtic, d(>s piiblioations de ce genre et drs iutres ouvrages, nouveileuient publics, qu'ils nous auront adresses. AfS EDITEIRS DES RECIEILS PEftlfObkQtES EX ANGLETrRRC. MM. les Editeurs des Recucils pCiibdlqiics publies en Anglctenc snnt pries de faire remettre leurs nitntcrot ii M. JIolakdI) a Londicsj n" io, Bcrners-street) Oxford-street, qui leur tra»isuiel»ra , charjiie niois, va ik'ii.-> detireruut faire amtoncer dans la Revue Encyciapedifuet mamarrwBBHm M ^ ^m m LiBHAiRES chcz lesqucls on souscrit dans tes pats utrasgeh^ W i'^3 S Madritl. Dennte; — Peres. Manhc'im , Artaria et Fontaine. Milan, Gicglcr; Yisnxara ; Bocca. Mons, Lc Roux. Moscott, Gautiei'; — Hiss pcreftCls. Naples , Boiel 5 — MaroUa et Wanspandock. Hem-York (TitatsUnis), Thoisnicr- I-)esi)laces; — Berard el Mondon. Noiivetle - Orleans , Jourdan; — A. L. BoisniaiP. Palermo (Sici\e), Pedonne et Mu- ratoii; — Boeuf(Ch.). Pitcrshoiirg, F. Bellizai-d et C'<^;— Graell'; — Pluchait. Home, de Romanis ; — Merle. Stullgart el l\il/ingue, Cotta. Todi, B. Scalabnni. Turin, Bocca. Varsovie, Glucksberg. Vicnnc (Autriche), Ceroid; — SchamnboiU'g ; — Scbalbacber. Amsterdam , Dclacbaux. Jnvcrs, Ancclle. Aran (Suiiise) , Sauerlander. lierlin /"Hitblesinger. •Derne, Ciias; — Bourgdorfer. Brcslaic, Keygp.l. Urii.vellcs , I)ujardin-8aiHy ; — Denial ; — Brest van Keuipcn ; Uorgnies-Reni6. FbrencCj Pialti; — Vieiwscrix. Franc fort - sur - Mem , Jiigel ; — ScliaelTer ; — BrOnner. ftaRrf;'Vandcnkercko»en fils. Geneve, Cherbuliei; — Barbezat e* Delarue. La Uaye, les I'reres Langenhuysen. Lnusanue, Fisclier. Leipzig, Bruckhaus; — G.Zirges. Liege, Dcsoer; — Culardiu. Lisionne, Paul Martin. Londres, P. Kolandi; — Dulau et Cie-; _ Treuttel et Wurts ; — Bossangc, Bartbez, Lowell etC'c. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-k-Pitre), Pioletaln6. I Ic-dc-France (Port-Louis), E. Burdct. Martinique, Tbouncns, Ganjoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Ad Burkap db a^DACTJOif , noK D'EsFBa-SAiHT-MicHBt, n» 18, ou doivent C-tre envoyes, francs de port, les livres, dessins etgravores, dont on desire I'anuonce, et lea Lettres, MtSmoires, Notices ou Extraits des- tines k etre inserts dans ce Recueil. A LA Galkbib db Bossawgk pfere, run Richelieu, n" 60; Gl'ez Tef.uttbl kt Wobtz, rue de Bourbon, n" 17; Rev et Gbavieh, quai des Aiigustins, n° 55 ; Charles Becbet, Ubraire-comiu" , quai des Augustins, n" 67; J. Rbjcouard, rue deTournon, n" 6; RoRET, rue Hautefeuille, n" 12; A. Baddouih, rue de Vaugirard, n« 17 ; Delauhay , PiiLiciEB, PoMUiEu, LA Tentb, Cabliict litt^rairc, Bu Palais-Royal ; DoBiiiiiL, place de la Bourse. A LONDRES. — Fobbign Libbabt, ao Bemerg-street , Oxford-street; Tbeutxei, et Wiaiz ; Bossangb ; Dulau ki C"'. Nota. Les ouvniges annooc^s dans la Revue se trouvcat au«si chex SeSILLOT, LuRAiRE, rueJ'Eafer, n" i8. Tome IY. — 1829. 1 1" IIVRAISON. I m 1^* REVUE m ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS PiEMARQUABLES DANS LA LITXiRATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1" Pour les Sciences physiques et mathemnliques et les Arts industriels: MM. Casaseca , de Madrid; Ch. Dupiw, Giraed, Navikr, de I'lnstitut; 3. J. Bauds, DtBRunFAcx, H. Ddssabd, Fehby, Fbakcoeub, Ad. Gon- DiriEi; D. LAaoNKR, de Londres; A. Michelot, de Monxokhit, MoBBAn DB Jo: '.is, QuiTELBT, T. RicaAHD, Wardes , etc. 3." Vovirles Sciences nat iirellcs : MM. FloubewSjGboffboySaisi-Hilaibb, dcl'Institul; I}()RYDESAiNT-'Vi;;(CENT,correspondantde I'lnstitut; Mathibu BoNA^ous, de Turin; B. Gaillom, de Dieppe; Isidore GEOfFHOY Sajst- HiLAiBE, etc. 5° Pour les Sciences medicales : MM. Damibon , G.-T. Dotk, AuiofiB DuPAu, FossATi, Gasc ; Gerson , dc Hambourg; de Kirckhoff, d'Anvers; RiGoibOT fils , d' Amiens , etc. 4" Pour les Sciences pliilosopliiqites el morales, politiqiies, f^eogra plaques et historiqucs : MM. M. A. Julubn , de Paris , Foudateur-Directeur de la Hevae Encyclopedique; Adolfhb BLAHQcr, Alex, de la Bobde, Jomabd, de I'lftslitat ; M, Ave,\bi, , Barbib do Bocage fils, Benjamiji Constant, Charles Coute, Deppimg , Dufau, Dcnoyer, Gligniaut, A. Jaubert, J. Labocdebie, Lanjpinais fils, P. Laju, Lesceor-Mbrm2» , Massixs, AlBERI-MoNTiMOKT, ElStBE SALtEBTE, J.-B. Say; SiHOKDB DE SlSMONDI , de Geneve; 'WAB^KO^:^rG, de Liege, etc.; Dlpin alne; Bertille, BotcHENt-IiEFEB, Ch. Renouard, Taillandibb , avocals , etc. 5° Pour la Liilcrature fran^aise el itrani^cre, la Bibliograpliie, VArcheo- logic et les Beaux-Arls : MM. A^oniEtx , Amaory-Dtval, Ekeric David , (jKMEflciEB, DE Skciir, de I'lnstitut ; Akdbteux, de Limoges ; M°"= L.-S\v. Bklloc; MM. J. -P. BrivS, Burkuuf fils , GitAiVET; Cbiarini , de Varso- vie; P. -A. Coypis , Fb. Degeorgk, Dcjikrsan ; Ed. Gacttieh-d'.'Vbc ; Pa. GoLB^RY, conrspondatit de rinstitut; Lt'oN IIalevy, Hkkrichs, E. HiJ- ^T.KV. ACGUSTB J ULLIEN CIs, BeBS ARD JuLLIKN ; KalVOS, de Zautc; AdrIEX- Lafasce, J. V. Leclerc, a. Mahil, D, p. Mendibil; Moaolave ; Mon- hard, de Lausanne; C. Pagakel, U. Patim, Poncerville, de IfEiFFENBEBG ; DE Rcfjutix; DE Stassart, de Bruxelles ; Fa. Salfi, M.Schinas, Sciikitz- lEB, Servam de Slcny; Lio TniEss'i, P. F. Tissot,1'ioiieb,\ illenave, etc. i A PARIS, AU BUREAU CE^iTBAL DE LA EEVIK E.\CTCLOrEnlQt-'E , Chez StDILLOT, i.iBHAinE, niE u'e-NrEn-SAiNT-MicuEL , n° i8; ARTHUS BERTRAND, bue hactkfkuille, n' 20. NOVEIMBRE 1820. ^^^#^ iMi'Rijiiii'.!!; rE n.As^siS et Ck, rce iiEV.aciaARD.v u CONDillOltS DE LA SOUSCRiPTrON. Depuis le mois de Janvier 1819, il pacalt, par ann^c, douze cahiers de ce Reciieil ; chaque cahier, public le 5o du mois, se compose d'ennron i4 feuilles d'impression , et plus sou vent deiS ou 16^ On souscrit k Paris »cliez SJ^DILLOT, au Bureau central d'abonnenient ei d'expeditlon indiqu^ sar le titre , et chez lesllbraires ci-aprfc» : ARTHUS BEHTRANI>»,rueHauteremlle, u* 25 i A lA. Galsbib de Bossahge pfece , rue Richelieu , n" 6q ; J. Rbbooasd , rue de Tournon , n° 6 ; DoBEOiL, place d« I» Bourse. PKcB edi£e isul^ment k tons ccux qui peuvent y avoir droit. Ou souscrit , seulement k partii' de deui epoques , du ifjanviee on du i«y«i//«t de chaque ann^e , pour six mois, ou pour un an. C^ trouve, ad bcbbau certral, tes collections des armies 1819, tflxo , i8at, 1822, 1823, 1834 et iSa5, au prix de 5o Francs chacune. Chaque ann^e de la Revue Encyclopedique est independante des ann^cs qui pr^ctident , ct forme une sorte d'Annuaire scientifujue el littiraire, en 4 volumes in-S", pour la p«iriode de terns inscrite sur le titre. R E V U E ENCYCLOPliDIQUE. O II ANALYSES ET ANNOrs'CES RAISON^EES DCS PBODDCIIONS LES PLUS UEMABQUABLES DANS LA LITTl&RATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. L MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. DISCOURS D'OUVERTURE DU COURS DE PHILOSOPIIIE POSITIVE (i) De M. j^uguste Comte, Ancicn Elevc de I'Ecole Polytedinlqne : Exposition da but de ce Coars ; Considerations generates sur la nature et f importance de la plillofopliie positive. Messieurs, I'objet de cette premiere seance est d'exposer iiellement le but de cc coiirs ; c'est-i-dire, de determiner (i) Pom- (lonner inimedialempnt an Iccteur une idee nussi claire que a;'! CONSIDERATIONS GliNERALKS cxactcmenl I'csprit dans leqiicl scront considcrecs Ics diverscs branches fondanientalesde la philosopliie natureHe, indiquees par le programme sommaire que je vous ai presenle. Sans doiile, la nature de ce cours ne saurait etre comple- temcnt apprccioc, de maniere a pouvoir s'cn former une opi- possible de la nature de ce cours, il est convcnable d'en indiquer ici le prograuiiue sooiniaire. COURS DK PHILOSOPHIE POSITIVE. Preliminaircs scncraux. 3 stances. MalUimatiqiies 16 id. Astronomic 9 ><}• Physique 9 'd. > Cliimie 6 id. Physiologic 1 2 id. .Physique sociale i5 id. Jlcsiiwc scnerat; Conclusion. 3 id. 1°. Exposition du but de ce cours. 2°. Exposition du plan. Vne gi-nerale i Calcul 6 Geometrie 5 Mc'caniq. ralionnelle. 4 1 G6onii;trIque 5 J Mccanique 4 Vi'getale 5 Aniinale 5 Intellect, ct affective. 4 Introduction 2 Metiiode 5 Science 10 1". Resume de la ine- thode positive. 2". Resume de la doc- trine positive, 1 trine positive. f T)". De I'avenlr de la phi- ^ losophie positive. Ce eonrs a etc ouvert, le dimanclie 4 Janvier iSxp, devant un audltoire dont avaient blen voulu falie partie M. Fourier, secielalie perpelml de I'Academie des Sciences; MM. dc Blainiillc, Poinsnl , Nrnicr, ineinbrrs de la menie Academic ; MM. Ics professeurs Broussais , Esqiiirol , Bi- nd, etc. Le memo cours va etre fait de nouveau, a parlir du mols de decom- bre, A cet eft'el, il faut d'abord contidcrer que les diflerenle? SUR LA PHILOSOPHIE POSITIVE. 28') hr.inchos de nos connaissances n'ont pas du parcourir d'linc vilesse cgale Ics trois grandes phases de leur developpemcnt indiquees ci-dessus, ni , par consequent, arriver simullano- ment a I'etat positif. II exislc, sous ce rapport, un ordre in- variable et neccssaire, que nos divers genres de conceptions ont suivi et du suivre dans leur progression, et dont la consi- deration exacte est le complement indispensable de la loi fon- damentale enoncee precedemment. (Get ordre sera le sujet special de la prochaine seance.) Qu'il nous suffise, quant a present, de savoir qu'il est conl'orme a la nature diverse des phenomenes, et qu'il est determine par leur dcgre de gene- ralite, de simplicite, et d'independance rociproque, trois con- siderations qui, bien que distinctes, concourent an meme but. Ainsi, les phenomenes astronomiques d'abord, comme etanl les plus generaux, les plus simples, et les plus independans do tons les autres, et successivement, par les memes raisons, les phenomfenes de la physique terrestre proprement dite, ceux de la chimie, et enfin les phenomenes physiologiques, ont ete ramenes a des theories positives. II est impossible d'assigner I'origine precise de cette revo- lution; car on en peut dire avec exactitude, comme de tons les autres grands evenemens humains, qu'elle s'est accomplic constamment et de plus en plus, particulierement depuis les travaux d'Aristote ct de I'ecole d'Alexandric, ct cnsuitc de- puis I'introduction des sciences naturelles dans I'Europe occi- dentale par les Arabes. Cependant, vu qu'il convient de fixer uuc opoque pour enipccher la divagation des idee?, j'indique- rai celle du grand mouvement imprime a I'esprit humain, il y a deux siecles, par Taction combinee des preceptes de Bacon, des conceptions de Descartes, et des decouvertes de Galilee, fommc le moment on I'esprit de la philosophic positive a commence a se prononcer dans le monde, en opposition evi- dente avec I'esprit theologiquc et metaphysique. C'est alors, en effet, que les conceptions positives se sont degagees netlc- n;cnt de I'allingc suporstiticux et scolaslique qui deguisail 286 CONSlDiaiATIONS GKN^RALES pins ou moiiis le vcrilable cnracltre de tons Ics travaux an- toricius. Depiiis cctle iiiLmorable epoqnc, le moiivcment d'asccn- sion dc la philosophic positive, et Ic nioiivcment de deca- dence de la philosophic theologique et nietaphysiqiic, out etc cxtrememcnt marques. lis se sent enfin tcllemeiit prononces, qu'il est devenii impossible aujomd'hui, i tons les obseiva- teiirs ayant conscience dc Icnr siecic, de m»';connaitrc la des- tination finale de rintcllij^ence humaine pour les etudes posi- tives, ainsi que son eloigncmcnt desormais irrevocable pour ces vaines doctrines ct pour ces methodes provisoircs qui ne pouvaient convenir qu'a son premier cssor. Ainsi, cclte revo- Itilion Ibndamentale s'accomplira necessaircment dans toutc son etendue. Si done 11 lui reste encore quelque grande con- qiietc a faire, quelque branche principale du domaine intcl- lectuel a envahir, on pent etrc certain que la transformation s'y operera, comme elle s'est effectuec dans toutes les autres. Car, il serait evidemment contradictoire de snpposer que I'es- prit humain, si dispose a runile de melhode, conservat inde- linimcnt, pour une seule classe de phtnonienes, sa moiiicrc primitive de philosopher, lorsqu'une iois il est arrive a adop- ter pour tout le reste une nouvelle marche philosophique, d'un caractere absolument oppose. Tout se reduit done a une simple question de fait : la phi- losophic positive, qui, dans les deux derniers siecles, a pris graduellensent une si grande extension, embrasse-t-elle au- jourd'hui tous les ordres de phenomenes? II est evident que cela n'est point, et que, par consequent, il reste encore une grande opcralion scientilique a executer pour donner a la philosnpliic positive ce caractere d'universalite, indispensable a pa constilution definitive. En eflet, dans les quatre categories principales de pheno- menes nalurels enumcrecs tout a I'heurc, les phenomenes as- trnnoniiques, physiques, chimiqucs et physiologiques, on remarquc une lacune esscutiellc relative aux plienonn'ncs soriaux, qui, bicn que compris implicitemciil parnii les phe- SUR LA PHILOSOPHIE POSITIVK. 287 nomenes physiologiques, ineritcnt, soil par Iciir importniice, soit par Ics didicultes proprcs a leur etiulc, d<; former iiiie ca- tegoric distincte. Ce dernier ordre de conceplions, qui se rap- porte aiix phenomencs les plus parliculiers, les plus compli- ques, etles plus depeudans de tous les autres, a du necessai- rement, par cela seul, sc perfeclionncr plus lontement que tous les precedens, niomo sans avoir cgard aux obstacles plus speciaux que nous considererous plus tard. Quoi qu'il en soit, il est evident qu'il n'est point encore entre dans le do- maine de la philosophie positive. Les melliodes iheologiques et metaphysiques qui, rclalivement a tous les autres genres de phenomenes, ne sont plus maintenant employees par per- sonne, soit comme moyen d'investigation, soit meme seule- ment comme moyen d'argumentalion, sont encore, au con- traire, exclusivement usilecs, sous I'un et I'autre rapport, pour tout ce qui concerne les phenomenes sociaux, quoiqne leur insuflisance a cet egard soit dcja pleinement sentie par tous les bons esprits, lasses de ces vaines contestations in- terminables entre le droit divin et la souverainete du peupie. Voila done la grande mais evidemment la seule lacune qu'il s'agit de combler pour achever de constituer la philosophic positive. Maintenant que I'esprit humain a t'onde la physique celeste, la physique terrestre, soit mecanique, soit chimique, la physique organique, soit vegetale, soitaniuiale, il lui resle a terminer le systeme des sciences d'observation en fondant la pliysiquc sociale. Tel est aujourd'hui, sous plusieurs rapports capitanx, le plus grand et le plus pressant besoin de notie inlelligence : tel esi, j'ose le dire, Ic premier but de ce cours, son but special. Les conceptions que je tenlerai de presenter rclalivement a I'etude des phenomenes sociaux, et dont j'espere que ce discours laisse deja enlrevoir le germe, ne sauraient avoir pour objet de donner immediatemenl a la physique sociale le meme degre de perfejtion qu'aux branches anterieures dc la philosophie naturelle ; ce qui serait evidemment chi- meriqiie, puisque cellcs ci oflVeul deja entre elles a cet rgard iSS COXSIDI-RATIONS GKNKUALES ime extreme inegaliti'-. d'ailleurs inevitable. Mais elles scroiit dcjtinee? a imprimcr a cette derniere clas^e de nos connais- sances, ce caiactere pnsitif doja pris par toutes les autres. Si cette condition est unc fois reellcraent remplie, Ic sys- teme pliilosophique des niodcrnes sera enfin fonde dans son ensemble ; car aucun phenomene observable ne saurait evidemmeut manquer dc rentrer dans quelqu'une des cinq grandcs categories d6s lors etablies, des phenomenes astro- nomiques, physiques, chimiques, physiologiques, et sociaux. Toutes nos conceptions fondamentaics elant devenues homo- genes, la philnsophie sera definitivement constituee a I'etat positif; sans jamais pouvoir changer de caractere, il ne lui restera qu'a se developper indefinimcnt par les acquisitions toujours croissantes qui resulteront inevitablement de nou- velles observations, ou de meditations plus profondes. Ayant acquis par la le caractere d'universalite qui lui manque en- core, la philosophic positive deviendra capable de se subs- tituer entierement, avec toute sa superiorite naturelle, a la philosophic theologique et a la philosophic metaphysique, dont cctle universalite est aujourd'hui la seule propriete leelle, et qui, privees d'un tel motif de preference, n'auront plus pour nos successeurs qu'une existence historique. Le but special de ce cours etant ainsi expose, il est aise de comprendre son second but, son but general, ce qui en fait nn cours de philosophic positive, et non pas seulement un cours de physique sociale. En effet, la fondation de la physique sociale completant enfin le systeme des sciences naturelles, il devient possible ct meme necessaire de resumer les diverses connaissances ac- quises, parvenues alors a un etat fixe et homog^ne, pour les coordonner en les presentant comme autant de branches d'un tronc unique, au lieu de continuer a les concevoir seulement eomme autant de corps isoles. Cest a cette fin qu'avant de proceder a I'ctude des phenomenes sociaux, je considererai .^uecessivcment, dans I'ordre encyclopedique annonce plus hant, les diffcrentes sciences positives deja formccs. SUR LA PHILOSOPHIE POSITIVE. 2B9 II est superflu, je pense, d'avertir qa'il ne sauiait C(re ques'- tion ici d'une suite de cours specianx siir chacune des branches piincipales de la philosophic naturelle. Sans pai lor de la durce maleiiellc d'une cntreprise seniblablc, il est clair qu'une pa- rellle pretention nerait iiisoiitenable de ma part, et je crois ponvoir ajoiiter de la part de qui que ce soit, dans I'etat actiiel de I'education humaine. P>i(n au contraire, «n cours de la na- ture de celui-ci exige, pour etrc convenableiiient eutendu, une serie prealable d'etudes speciales sur l(;s diverses sciences qui y seront envisagecs. Sans celte condition, il est bieiT dif- ficile de senllr ct de jiiger les reflexions philosopbiques dont CCS sciences seront les sujets. En unmot, c'est un Cours depki- losophie positive , et non de sciences positives, que je me pro- pose de faiie. 11 s'agit luiiquement ici de considerer chaque science fondamentale dans ses relations avec le s^^steme positit" tout entier, et quant a I'esprit qui la caracteriso, c"est-a-dire, sous le double rapport de ses methodes essentieUes et de ses resultais prindpaux. Le plus souventmeme, je devrai me borner a mentionner cos derniers, d'apres les connaissances speciales, pour tacher d'apprecier leur importance. Afin de resumer les idees relativement au double but de c« cours, je dois I'airo observer que les deux cb'ets, I'un special, I'iiutre general, que je me propose, quoique distlncts en eux- iiiemes, sont necessairement inseparables. Cai', d'un cote, il serait impossible de concevoir un cours de philosophie posi- tive sans la fondation de la physique sociale, puisqu'il man- querait alors d'un element essentiel, et que, par cela seul, les ct)nceptions ne sauraient avoir ce caractcitj de geiieralite qui doit en elre le principal altribut, et qui distingue notrc elude actuelle de la serie des etudes speciales. D'un autre cote, com- ment pro( cder avec surete a I'etude positive des phenomencs socia\ix, si I'esprit n'est d'abord prepare par la consideration approfondie des methodes positives deja jugees pour les plie- nomc aes uioins compliqucs, ct muni, en outre, de la connais- sancc des lois principales des phenomenes anterieurs. qui T. XHV. SUVEMlfHE 1S29. 19 50" CONSlDKilATIO?^;-, GKNKIIALKS tonics iniliiciU. d'unc nianii'rc plus on mciiis dirorte, siir los laits sociaiix? Bicn que foiilcs los sciences fondamcntalcs n'inspirent pas ;iiix cspn(s vnl».iircs iiii egal iutcrr-t, il n'en est aiicuiic qui (loivc lire n(''}',ligi'e dans line etude cotnnie celle que nons cn- li'oprcnons. Qnanf a lenr inipoilancc ponr Ic bonhenr de I'cs- ^)v(C: hnmaine, lonles sont ccilaiiu'mcnt tqnivalciiles, lors- iiu'on h'senvihaged'nnenianierc appro Corulic. Cellos, d'aillours, arlilioti i!es divcrscs soiles de recluMrlics entre (lillereiis ordrcs dc savans , que nous dcvoiis e\ idenimenl le (levcloppcmcnl si lemnrquable qu'a pris eiifin de nos joirrs ehaque classe distinctc des co^nai^sances hiimaincs , et oiii rend manifes^te rimpossibilite, cliez !es modernes, dc refte iiniversalite dc reclieiches speiiales, si facile et si commune dans les tems antiques. En nn mot, la division du travail in- lellerlnel, perreclionnee de plus en plus, est un des atlributs cai'acterisli(}ues les plus iniporlaiis de la pliilosopliie positive. Mais, tout en rcconnaissiuit les piodigieux lesnltats de ccttc division, tout en v-oyant desoraiais en elle la veritable base fundamentaie de I'organisation generale du nDude savant, il est impossible, d'un autre cote, de n'etre pas frappe des in- conveniens capitaux qu'elle engendre, dans son etatactuel, par I'cxcessive particularite des idees qui occupent exclusivement cbaque iiitelligeucc individuelle. Ce facheux effet est san:; doute inevitable jus.-ju'a un certain point, comme inherent au principe mCme de la division;, c'est-a-dire, que, par au- cune mesure quelconque, nous ne parviendrons jamais a ei?aler sous ce rapport les anciens, clicz lesquels une telle superiorile ue tenaitsurtout qu'au peudedeveloppcment dc leurs connais- sances. Nous pouvons neanmoins, ce me semble, par des moyens convenables, eviler les plus pernlcieux effets dc la specialitc exagerce, sans nuirc a I'influence vivifiante de la se- paration des rcclierches. II est urgent de s'en occuper serieu- iement; car ces inconveniens, qui, par leur nature, tendent a s'accroilre sans cesse, commencent adevenir tres-sensihles. De I'aveu de tous, les divisions, etablies pour la plus grande per- feclinn de nos travaux, entie les di, crses braaclics dc la philo- sophic naturelle , sont finalenient artificielles. N'ouLlious pas que , nonobslant cet avcu , il est deja bien petit dans le mondc i^avanl Ic nombre des intelligences embrassant dansleiirs con- ceptions I'ciisemble mC-mc d'une science unique, qui n'est ccpendant a son (our qii'unepartie d'un grand tout. Laplupnrt se bornent deja enliercment a !a consideration isolee '.Vi-.j^-^ 29a CONSIDKIIATIONS (;EMil\ALES 5e!;lion plus ou moins ctcndue d'uiie science detcnniiice, sans s'occnper boaiuoiip do la relation do ccs Iravaux parliculiers avec le sysleme general des connaissances positives. lIAtons- nons do remeilier an mal, ava.nt qiTil soit dcvenu plus grave. C.raignons (piercspiit liiimain no fniisse par se perdrc dansles travanx de detail. Ne nous dissimnlons pn.s qnc c'est la esscn- liellement le cote faiijle par lc([iiel les partisans de la philoso- phie iheologiqne ct de la pliilosopliie metapliysifpic peuvent encore allaquer avec quelipie espoir de succcs la philosophic positive. Le veritable ninycn d'arrctcr rinflucnce deletere dont I'a- venir Inlellectnel scniblc menace, par suite d'nne trop grande specialisation des rccherches individuelles,ne saarailetre, evi- demment, de revcnira cctteanti([ue confusion des travanx, qui tendraitafaircrelrograderresprithumain,et quiest,d';ulleurs, aujourd'hui hcureusemenldevenue impossible. 11 consiste, an contrairc, dans ie ped'ectlonnement de la division du travail clle-memc. II sulTit, en effet, de faire de Tetude des genera- lites sdentifiqucs une grande specialite de plus. Qu'uneclasse nouvelle de savans, prepares par une education convenable, sansse livrer a la culture specialc d'aucunc branche particu- liere de la philosophic naturelle , s'occupe uniquement, en considerant les divcrses sciences positives dans leur etat ac- lue! , a determiner exactenient I'csprit de chacune d'elles, a decouvrir leurs relations el leur enchainement , a resumer, s'il est possible, tous leurs principes propres en un moindre nombre de principes conimnns, en se conformant sans cessc aux maximes fondamentalcs de la methode positive. Qu'en meme tems, les autres savans, avant de se livrer a leurs spe- cialites respectives, soient rendus aptes dosormais, par une education portant sur Tensenible des connaissances positives, a proliter immediatement des lumieres rcpandues par ces sa- vans voues a I'etudc des gcneralites, et reciproqucment a rec- tifier leur resultats, etat do choscs dont les savans actuels se rapprochent visiblcnient de jour en jour. Ces deux grandes conditions une foi$ rcmplies, et il est evident qu'elles pen- SliR LA PHILOSOPHIK POSITIVE. iq5 vent reire, la division du travail dans les sciences sera poii^- see, sans aucun danger, aiissi loin qne le deveioppeuicnt des divers ordres de connaissances I'exigcra. Une classe distimic, incessament controlec par toutes les antres, ayant pourfoiic- (ion propre et permanente de lierchaqne noiivelle deconverte particnlierc an systeme general, on n'anra plus a ciaindre qu'nnc Irop grande attention donnee aux details cniprchc ja- mais d'apercevoir rensemble. En un mot, I'organisalion nio- derne du monde savant sera des lors complelcincnt fondee, et n'aura qu'a se developperindefiniment, euconservant Ion- jours Ic meme caractcre. Former ainsi de I'etude des gencralites scicntifiques unc section distincte du grand travail infellectuel, c'est simple- menl etendre I'applicalion du meme prinripe de division qui a successivement scpai-c les diverses specialites. Car, tant que les differentes sciences positives ont et^ peu developpees, leurs relations mutuelles ne ponvaient avoir assez d'iinportance pour donner lieu, au moins d'une manicre permanente, a une classe particuliere de travaux, et en meme terns la ne- cessile de cettenouvelle etude etait bien moins urgcnte. Mais, anjourd'hui, chacuue des sciences a pris separcment assez d'extension pour que I'examen de leurs rapports mutuels puisse donner lieu i des travaux suivis, en meme tems que ce nouvel ordre d'etudes devient indispensable pour prevenir la dispersion des conceptions humaines. Telle est la maniere dont jc concois la destination de la philosophic positive, dans le systiime geaeraldcs sciences posi- tives proprcment dites. Tel est, du moins, le but de ce cours. Maintenant que j'ai essaye de determiner, aussiexactement tpi'ilm'a etc possible de le lairc, dans ce premier apcrcu, I'e:^- prit general d'un cours de philosophie posilive, je crois de- voir, pour imprimer a ce tableau tout son caractere, signa- ler rapidemcnt les principaux avantages gcneraux que peut avoir un tel travail, si les conditions essentielles en soiUcon- vcnablement remplies, relativement aux progres de I'esprit humain. Jc reduirai cc dernier ordre dc considerations a I'in- dicaliou dc qnalrc prnpriclcs fondamcnlalcs. 2()', CO^SlDERATiOISS GiiiNEUALES I'rcniii';rcmcnt, rctiulc dc In philosophic positive, en con- rideiaiil Ics rosullatsdc r;ictivitc dc nos i'acullcs intcilcctucl- Ics, nous foiirnit Ic seul vrai mojcn ratiomicl dc meltre cii (•vidcncc Ics lois lofjiqiics dc I'csprit hiiinain, qui oiil clc ro- chcrcht'cs jiisqu'ici par desToics si pen proprcs i\ Ics dcvoilcr. Pour cxpliqucr convcnabifmeiit ma pensce a eel cgard, jc dois d'ahord rappolcrunc conception phihisophiquede la plus Iiaute importance, exposce par M. de Blainville, dans la belle introduction de ses Principcs generaux d\inatomie comparce. Elie consiste en ce que tout elre actif, et spcoialenicnt tout etre vivant, pent etro etudic, dans tous ses plicnomcncs, sous deux rapports fondamenlaux , sous le rapport slaliquc, ct sous le rapport djnaraique; c'esl-.'i-dire, cnmnie apte a agir, ct commc agissant cffcctivemeut. II est clair, en effet, que loulcs les considcralions qu'on pouria presenter rcntrcrnnt neccssairciiK'Ut dan- I'un ou I'autre mode. Appliquons cctlc lumineuse maximc fondamenlalc i I'etude des fonclions in- tellect uelies. Si i'on envisage ccs fonctions sous le point de vue stati- o5 line fois rediiitcaces termes simples, elle ne parait pas devoir resler long-tcms incertaine. Car, il est evident, par toutessortes de raisons, dont j'aiindiquedaiisce discours quelques-unes des f lincipales, que la philosophie positive est seule destinee a pre- valoir selon le cours ordinaire dcs choscs. Seule elle a ete, de- puis line longue suite dc siecles, constamment en progres , landis que ses antagonistes ont ete constamment en deca- dence. Que ce soit i tort ou A raison, pen importe ; le fait ge- neral est incontestable, et il suffit. On pent le deploier, mais non le detruire, ni, par consequent, le negliger, sous peine de ne se livrer qu'a des speculations illusoires. Cette rev(jlu- tion gencrale de I'esprit liumain est aujourd'hui presque en- tierement accomplie : il ne reste plus, comnie je I'aiexplique, iqu'a completer la philosophie positive en y comprenant I'e- tude d«s phenomen«s sociaux, et ensuite a la resumer en ua seul corps de doctrine homogene. Quand ce double travail «era suflisamment avance, le triomphe dciinilif de la philoso- phic positive aura lieu spwwtanemont, et retablira I'ordre dans la societe. La preference si prononcce que presque tons les esprits, depuis les plus eleves jusqu'aux plus vulgaires, accor- dent aujourd'hui aux connaissances positives sur les concep- tions vagues et mystiques, presage assez I'accueil que recevra cette philosophie, lorsqn'elle aura acquis la seule qualilc qiu" lui manque encore, un caractere de gcneralite convenable. "En resume, la philosophie tbeologique et la philosophie metaphysiqu« se disputent aujourd'hui la tache , trop supe- rieure aux forces de I'une et de Tautre, de reorganiser la so- ticte : c'est entre elles seulcs que subsistc encore la lutte, «ous ce rapport. I^ philosophie positive n'est iutervenue jus- qu'ici dans la contestation que pour les criliquer toutes deux, et elle s'cn est assez bien acquiltec pour les discrcditer entie- rement. Mcttons-la enfin en etat dc prendre un rule actif, saru» nous inquieter plus long- terns de debals devenus inutiles. Homplt'tant la vaste operation intcllectuelle commencee par Bacon, par Descartes, et par Galilee, construisons directe- T. \LIV. NOVEMBKE 1829. ao 7uS COXSIDKHATIONS GENERALES iiH'iit \o syslt'iiie d'idres {j^i'iuialcs quo celtc pliilosophic est ilt'sormai.s dcsliiioe a I'aiie imUtdiiiinent pruvaloir tlaiis I'os- \)vce humainc, ct la crise rcvolulioiuiairc qui tourmonlc Ics pouplos civilises sera essenliellenicnt tcruiiiice. Tels soul Ics qiiatre points de vue principaux sous lesquels j'ai cru devoir indiqucr des ce moment I'innuence saliilairc de la phiiosopliie positive, pour scrvir de complement csseii- tiel a la dcflnilion generale que j'ai essaye d'en exposer. Avanl de terminer, je desire appeler un instant I'allcnlion snr une derniere reflexion, qui me semble couvenable pour eviler, autant que possiiilc, qu'on so ("oruie d'avance une opi- nion erronec de la nature de cc coiirs. En assignant pour but, a la philosophic positive, de resu- nier en un seul corps de doctrine homogene Tensemhle des connaissances acqnises, relativemcnt aux dillerens ordres dc phenomenes naturels, il etait bien loin de ma pensee de vou- loir proceder a I'etude generale de ces phenomenes en les considerant tous comme des efl'ets divers d'un principe mii- (jue, comme assujetlis a une seule et menie loi. Quoique je doive traiter specialement cette question dans la prochaine seance, je crois devoir, des a present, en t'aire la declaration, afin de prevenir les reproches tres-mal fondes que pourraient m'adresser ceux qui, sur un faux apercu, classeraient ce cours parmi ces tcntalives d'ejcplication universelle , qu'on voit iclore journellement de la part d'esprits entierement ctran- gers aux methodes et aux connaissances scientifiques. II ne s'agil ici de rien de semblable ; et le developpement de ce cours en I'ournira la prcuve manifeste a tous ceux chez les- quels les et laircissemens contenus dans ce discours auraient pu laisser quelques doutes a cet egard. Dans ma profonde convictioji personnelle, je considtrc ces entreprises d'explication universelle de tous Ics phenomenes par une loi uni(]uc, comme eminemment chimeriqnes, meme quand elles sont tcntees par les intelligences les plus conqie- tentes. Jc crois que les moyens de I'esprit humain sont trop SL'R LA PHILOSOPIIIE POSITIVE. 507 faibles, el I'univers trop coraplique pour qu'une telle perfec- tion scieiilifique soil jamais a noire portee, et jc pense, d'ail- leurs, qu'on se forme gtneralemenl une idee tres-exagerce desavaiilages qui en residteraienl necessaircment, siclieet.lit possible. Dans tous les tas, il me semblo evident que, vu I'e- lat present de nos connaissanccs, nous en sommes eneoro beaucoup trop loin pour que de tclles tcntatiyes puissent elre, raisonnables avant un laps de tems considerable. Car, si on pouvait esperer d'y parvenir, ce ne pounait Gtre, suivant nioi, qu'en rattacbant tons les pheuomenes uaturels a la loi positive la plus gencrale que nous coniiaissions, la loi do la gravitation, qui lie deja tous les phenomenes astronomiques a ime partie de ceux dc la pbysique lerrestre. Laplace a expose, effcclivement, une conception par laquelle on pourrait nevoir dans les pbenomcnes cbimiques, que de simples efl'ets mole- culaires de I'altraction newtonicnne, modificc par la figure et la position niutuelle des atomes. Mais , oulre I'indetermina- lion dans laquelle resterait probablement lonjours cctte con- ception , par I'abscnce des donnces essenticlles relatives a la constitution intime des corps, il est presque certain que la difliculle de I'appliquer serait telle, qu'on serait oI)ligu de maintenir, comme artificielle, la division aujourd'hui etablie comme naturtUe entre I'aslronomie et la cbimie. Aussi, La- place n'a-t-il prescnte celte idee que comme un simple jcu pbilosopbique , incapable d'cxerccr reellement aucune in- fluence utile sur les progres de la science cbiniitjne. Il ya plus d'ailleurs; car, meme en supposant vaincue cette insurmon- table dilliculte, on n'aurait pas encore alteint a I'unite scicn- tifique,puibqu'il faudraitensuile tenler dcrattacber a la meme loi I'ensemble des pbenomenes pbysiologiques ; ce qui, cer- tes, ne serait pas la partie la muins difficile de I'entreprise. El, neanmoins, I'liypothese que nous venous de parcourir serait , tout bien considere, la plus favorable a cette unite si desiree. Je n'ai pas bcsoin de plus grands details pour achever de 3o8 CONSIDKRATIONS GENI-IRALES roiivaincro, que Ic hut dc cc coiirs ii'est nullemcnt dc presen- ter tous les phenoincnes natnrcls comme etajit au fond idcn- tiqnes, saiif la variete des circonstances. La philosophic posi- tive serait sans doute phis parfaile s'il pouvait en etre ainsi. Mais cette condition n'est nullement neccssaiic a sa forma- tion systematiquc, non plus qii'a hi realisation des grandes et heurenses consiqiiences que nous I'avons vne deslinee a pro- duire. II n'y a d'«)nite indispensable pour cchi que I'unite de methode , hiquclle pent et doit evidemment exister, et se trouve dejii etabhe en majeure parlie. Quant a la doctrine, il n'est pas necessaire qu'elle soil nne; il suflit qn'elle soit ho- mogene. C'cst done sous le doulile point de viie de I'unite des inelhodes et de I'homogeneite des doctrines, que nous consi- dererons, dansce cours, les differentes clas.^es de theories po- sitives. Tout en tendant a diaiinuer, le plus possible, le nom- bre des lois generates necessaires a I'explication positive des phenomenes naturels, ce qui est, en eftet , le but philosophi- que de la science, nous regarderons comme temeraire d'aspi- rer jamais, meme pour I'avenir le plus eloigne, a les reduire rigoureusement i une seule. J'ai tent(',dansoe discours, de determiner, aussi exactement qu'il a ete en mon pouvoir, le but, I'esprit, ct I'influence de la philosophic positive. J'ai done marque le termevers lequel ont toujours tendu et tendront sans cesse tous mes travaux, soit dans ce cours, soit de toute autre manicre. Personnc n'est plus profondcmentconvaincu que moi de I'insuffisance de mes forces intellccluelles, fussent-elies memc tres- superieures a leurvaleur reelle , pour repondre i une tuche aussi vaste et aussi elevee. Mais, ce qui ne peutttre fait, ni par un seul es- prit, ni en une seule vie, un seul pent le proposer neltement. Telle est toute mon anibition. Ayant expose Ic veritable but de ce cours, c'est-a-dire, fixe le point de vuesous lequel je considererai les diverses bran- ches prinripales dc la philosophic naturelle, je completerai , SUR LA PHILOSOPHIE POSITIVE. 3ov) clans la seance prochaine, ces prolegomcnes gcncraux, en passant a I'exposition du plan, c'est-a-dire, a la determina- tion de I'ordre encyclopedique qu'il convient d'etablir entre les divcrses classes des phenomenes natiirels, et, par conse- quent, eutre les sciences positives correspondantcs. Aiiguste CoMTE, Ancien Sieve de CEcole Polytechnique. QUELQUES OBSERVATIONS Concernant un ouvrage intitule : Essai sur la philosophie DES sciences, dont I'esqoisse et le plan ont ete publics en 1818. Les Tues eminemment philosopliiques, developpees dans le Discours qui precede, et dans le Cours entier de M. Aug. CoMTE, ont quelque analogic avec celles qui sent exposccs dans un Essai sur la philosophie des sciences, dont Vesquisse trfes-abregee fut publiee, en 18 18, par I'auteur (lAl. Marc-An- ioine Jullien, de Paris) ; inscree dans les Annales Encyclopi- diques de feu M. Millin, de I'lnslitul (cahiers de novemhre et decenibre 1818) ; puis, Iraduite et imprimee en allemand. Get ouvrage, dont une edition nouvelle, revue avec soin et tres- augmentee (en partie imprimee jusqu'a la page a^o, dansl'an- nee 1821), n'a pu etre encore ni tcrminee, ni produite au grand jour, et dont, par ce motif, M. Comte a ignore meme I'existence, cohtient (page 7) le passage suivant, qui indiqiie le plan et I'idee fondamentale de I'auteur : « Si aucune science n'a pu rendre d'importans services i\ I'espece humaine , qu'apres avoir ete detachee des autres et cultivee a part ; si la division des sciences doit etre consideree comme le principe, la cause et la condition de leurs progres, tandis que leur reunion, leur com!)inaison, les communica- tions ct les echanges, etablis entre ellus, ont permis de puiscr, 3io StJR LA PllILOSOPHIE DES SCIENCES, dans les unes, les moyens de direction et les secours dont les aiitres avaienl besoiii, no pourrait-on pas admellre aiijour- d'hiif, conimc nne branchc paiiiculi^^re et sptciale dcs scien- ces, cclle qui aiirait pour objet do los observer toiites, separe- inent et a la fois, pour les rapprocbcr, les comparer, pour saisir leurs caracteres distinclifs, ou leurs diflerences esscn- liellcs, et leurs points de contact et d'iniinn? » C'est cette science, qu'on ponrrail appeler la pniiosopiiiE DES SCIENCES, dont le chancelier Bacon avait concii I'ideo, pose les bases, public les elemens. Elle convient surtout a notre epoque et ;i notre slecle. » M. y^ug. Comteparlage enlierement cetle opinion, lorsqn'il jnsisle sur la nccessite do fairc de I'clude des gcneralites scien- ■tlpiques line grande spccudiic de plus (voy. cidessus, pag. 292). M. Jullien avait conipris dans son travail un tableau ana- i.TTiQVE prt'sentrint une nouvelle clitfsi/tcalioii des connaisscmccs htinia'mcs, et il a lepioduit et insere ce lalsleau, sans I'explica- tion et les developpcmens dont il devait eire accompagne, dans la Revue Enryclopi'dtqtie, 01^ Ton peut le consulter (t. XXXIII, p. 783-783, mars 1827). « II est tres-diiricile, dit M. Jullien, de coordonner les sa- vans, les artistes, les hommes de leltres, les pbilosopbes, soit separement dans leurs spheres rcspectives, soit tons ensemble, pour les faire concourir a rexecution d'un memo plan. Le ge- nie aime rindepcndance : elle est son element; on nc peut lui prescrire sa niarche, ni I'assujettir a des lois. II parait cepen- dant possible et avantageux d'associer et dc combiner les ef- forts et les travaux des hommes livres a la culture des scien- ces, de maniere que, sans rien perdrc de celle llbeite de me- ditation et de pensce dont ils eprouvent le besoin, ils aient a leur disposition plus de ressources et de moyens auxiliaires, un plus grand nombre de collaborateurs, um plus grande masse de fails, d'experienccs, d'observatiftns, et qn'ils arri- vent ainsi beaucoup plus promptemenl a de grands et utiles lesultats » La multitude iDfinie des connaissanccs humaines, (pii SIR L\ PIIILOSOI'HIE DES SCIENCES. on conipreiid tons Ics olijcls maloriols dont I'univers sc compose, lous les etres mttaphysiqiies ot Ics piuduciions de toiil genre que riraagiiialion et I'art peuvent ajouter aux ouviages de la nature, s'oflVe d'abord a I'esprit comnic iiii immense chaos. IJne sagacite patienle et attentive pent seule en debrouillcr les masses confuses. Elle reussit a les classer dans un tel or- dre, que rensembie de nos connaissances forme une vastc mappemonde, dont il faut d'abord ctudier les principales par- ties, pour apprecier ieur etendue, leurs proportions, ieurs positions respectives et Icurs rapports mutuels; il s'agit en- suile dc parcourir cbacune de ces parties, pour en observer la nature propre et les caracteres distinctifs, pour les compa- rer enlre elles, pour en etablir, si Ton pent s'expriuier ainsi , les tables statisticjues, destinees a presenter les avantages et les secours que I'iodustrie et le genie de rhomme peuvent en relirer au profit de la civilisation. » Cette coinbinaison des litterateurs, des satanx, des arti-itude des recep- tions; et, une fois rompu a ce qui fait le fond de ce ma- nege, a I'un un regard, un souiire, a I'autre un mot sur la place qu'il a obtenue, sur celle qu'il merite; une condoleance sur un malbeur ou un accident; on se reserve pour les hom- mes qui sortent de ligne, ceux qu'on a une raison parlicu- liere de dislinguer et d'engager a soi par de bonnes ma- niercs. Pour apporler a cette distribution de la variete ct de la justesse, on doit, si jc puis m'exprimcr ainsi , etudier sa cour, ou son salon. de Sainl-Eiistache, oil une datnc se trouvait avec son fils, celui-ci, voyant passer 11 n niilllaiic anipiite, (lit : Ah! manian, vois-tii ce Monsieur qui n'a point dc janibc. — Mon fils, ne voycz-vous pas qu'il la potte a sa bou- loiinitie! — II elait decore. SLR L'IMPROVISATION. Si? II y a une maniere tie parlcr aux dames, qui n'est point cello de parlor aux hommes : la premiere s'apprend assez vile par un jeune prince ; elle lient plus encore a la forme qu'au fonds : I'autre presente plus do diflicuile. Distinguez les personnages qui apparaissent dans votre panorama, par leur profession, leurs fonctions, leur genre de merite. On ne parle point an militaire comme au magistral. L'un Yeutun parler bref, positif; c'est du service, de I'armee, de la gloire qu'il faut I'enlretenir : a I'autre, on parlera des lois, do la justice et do Tindependance qu'elle exige : relevant tou- jours dans chacun les vertus de son etat; moyen indirect mais puissant d'exciter a la vertu , en montrant I'estime qu'on en fait. Les poetes, les gens de letlre, en general les auteurs aiment qu'oh leur parle do leurs travaux. Faites-le en amateur eclairo ; abstenez-vous de critique, et toutefois ne louez pas sans dis- cernement, il ne vous resterait rieu a dire a coux qui merilcnt reellement d'etre loues. On dira a l'un***, « vos pieces sont remplies d'esprit ; » et, a I'autre***, « vous honorez votre cpoque, vos vers so recommandent autant par la noblesse de vos senlimens que par le cbarme qui s'y fait remarquer. » Solon Horace, ce n'est pas une mediocre gloire que de plaire aux princes, Principlbus placulssc viris hand iilt'twa laus est, mais c'est a condition que les princes se connaitront en vrai merite , et sauront le distingucr de la tnediocrite. Apres avoir J'ait porter ses considerations sur les particu- liers, il faut faire encore plus d'attention aux Corps. Tout corps est respectable, parce quo c'est une universalile : et que le Coips eutier sera sensible en bicn ou en mal a la nianicre dout ses chefs auront ele recus. Voila pourquoi les Dames de la Halle sont recucs avec politesse, ainsi que I'Acadqme, quoiqu'il y ait loin de I'une a I'autre sous le rapport de la rhelorique et du poli. 5i8 REFLEXIONS II faut ensuitc passer en rcvuc, a part soi , les diffirens Corps que Tun doit rcccvoir; Corps diplomatique, avec lequci il taut toujour? user de politique, par la raison qu'ii u'cn man- que jamais ; le Clerge, auqucl il ne Taut jamais rien disputer sur le spiritutl, pour etre en mcsure de Ic riprimer surle lem- porel; la Magistralurc, grave par elle-nieine , qu'il faut lais- ser purler, et qui aime a dobiter coiume a entendre de grandos verites et de belles maximes ; le militairc avec lequel un prince doit cntrer plus particulierement en communication, mais sur un ton particulier. Le civil aime qu'on soil caressant; il flalte , il voudrait presque ctre flatte. Le militairc se tient plus raide ; il faut I'etre aussi davantage avec lui. Dcvant les ofTi- ciers, il faut etre, pour ainsi dire, toujours sous les armcs; ils aimeraient encore mieux un peu de rudesse que I'exces con- tra ire. II faut qu'ils aicnt du prince I'opinion qu'il est miliiaire comme eiix, qu'il se battrait comme e«a;; qu'il aime aussi la gloire, et qu'il n'hcsiterait pas i vcrser son sang pour la pa- trie. Rien surlout ne concilie plus A un prince restime du mili- tairc que la connaissaiice du metier. Dans une revue, soyez bon, affable, mais tacliez de vous y connaitre, et qu'on voie que vous vous y connaissez. Parlcz aux chefs, parlez aussi aux soldats ; avec bonte, cclle bonte qui, sans deposcr le commandement , s'occupe de leur bien-etre et de la justice qui leur est due; mais qu'aucun detail du service, de I'ar- mement ou de la manoeuvre n'echappe a vos regards. L'eloquence miliiaire est un langage a part : il faut I'etu- sonuemens ti'op subtils; allez droit au but, mais sans heur- ter, et, s'il le faut, eloignez-vous quelque pen : la rue n'est pas droite, est-ce une raison pour ne pas S€ preler a scs de- tours? Ira-l-on se battre la tete contre les murs? Ces menagemens obliges constituent ce qu'on appelle les precautions oratoires, grand art qui consiste a raisonner sans blesser les autres; comme, en marchant, le grand art est de ne pas se laisser cheoir en heurtant les obstacles qui peuvent se trouver sur le chennin. Venons a un exemple. Supposcz qu'un homme sV'st em- pare avec violence de la propricte d'autrui, vous avez a prou- ver que cetacte est Olicile et que la propriete doit etie rendue a son maitie. Quel sera le travail de votre esprit? Un mouvement d'indignation ! comprimez-le pour un instant, la colere est un mauvais consciller; des injures ne T XHV. KOVEMBHE 1829. 3 1 Tyyi REFLEXIONS soiil pas (les raisons; so^'ons d'ahonl tic sang-froid, et nna- l^sons le ilisooiirs. (ij'anirnic que Paul iloit elrn reinlt'-gre dans la maison dont il a clc injuslemcnt depouillo par Pierre » . Pour ccla il laut d'ahord prouver ce fait que Pierre a recl- leniont depouillo Paul. r.t prouver par la loi que ce fait est reprehensible et ne pcut elrc tolere. Vous meltrez done sur votre note : 1° La proposition que voris voidez demontrer; 2" Le rocit du fait avec ses circonstances ; s'il y a e:i vio^ Icncc, coups portt's, meublcs briscs, etc. Je vous suppose bien instruit dtt fait, vous n'avez alors bcsoin de notes que pour jalonner votre disconrs, pour ne rien omctlro, d'csscntiel , ct tout dire dans un ordre convennble; un niol: suffit par consequent pour rappcler touteslcs circonstances qui s'y rattaclicnt. En lisant le mot coups vous saurez quels coups, Iciu' degre dc violence, lows suites funestes : s'il y a eu ma- ladie, incapacite dc travail, traitement long et dispendieus , lo mot mcdccin sufllra pour rappcler tout ccla ; dc aieme pour lous les accidens du recit. Arrivant au point de droit vous avez trois moycns a em- ployer : Le droit naturel, qui defend de nuire a autrui. L'artide de la Charte, qui declare toutes les proprietes in- violables. L'article du Code penal, qui puuit les violences du genre de celles dont vous vous plaigucz. Ajoutex-y des considerations d'ordre public sur le danger dc sc faire justice a soi-mcme. Animez-vous alors si vous !c jugcz ueccssaire; la preuve est faitc, on s'indignera avec vous : Et conclucz. On pcut parler la-desstis nne deuii-heurc. !Mais pourrcglcr I'improvisalion, quelqucs mols suffiront; cl \ uici rexlrail sur Icqiiel jc plaiderais : SUU L'IMPilOVISATlON. 3j3 Molif d'ciorde. — Neoossilc e banni^rc, brandissent leurs criss comme des energu- nienes, et dansentau tour du drapeau cnsanglante. Lcur fureur sesoulient alaguerre; desqu'ilsont tue unennemi, ils lui cou- pentlalOte, etrenvoientti lcur suzerain, ou la portent au bout d'unc perclic. On pretend mCmc qu'ils pousseut quelquefois la lerocile jusqu'a manger le cceur de lcur enncmi. Mais il parajt qu'on n'a pas de certitude a cetegard; seulenient on les a vu j\ la chasse manger le cceur cru du gibicr qu'ils tuent, ct en boire le sang. Aprt!s la guerre ils se passionnent pour la chasse; quand la chetive r6colte qu'ils font pour leur subsis- tance est termince, les petits chefs feodaux courent les champs avec leurs vassaux a la poursuite da gibier. Au reste, tons les insulaiies n'ont pas ce caraclcrc bar- hare ; et en terns de paix toutc la nation montre des qnalites estimables. C'est snrtout dans les pays de Wadjo que les ha- iiitans sont animes de cet esprit commercial qui les conduit depuis les cotes occidentales du Siam jusqu'aux cotes orien- lales de la Nouvelle-Hollande. Dans tons ccs parages ils sont renommes pour leur droiture dans les transactions mercantiles, ct grace a leur trafic, il s'est ttabli des communications promptes et faciles enlre ces contrees insulaires. On assure qu'ils tiennent toujoursinvariablcment leurs promesses, etque jamais un Bougi ne manquu a un engagement. Les insulaires (ic Celebes ont aussi plus d'egards pour leurs feimiies que n'en out bcaucoup d'aulres peuples asiatiques. Chez cux, les fem- mes, au lieu d'eire isolee*, ont antant dc droits que les horn- 533 SCIENCKS PHYSIQUES. ines, ct prcnnctil part a toutes Ifs transactions, mAnic nnx affaires publiqtu'S. Kn ^'eiUTal la nation est brave et entrcpre- nante; le r('{,Mmo It'odal est profondenient enlre dans leur elat social. On prcndrait scs chefs pour les chevaliers dn moyen age, rt les c/rt/i.s d'Ecosse n'etaient pas plus attaches a leurs chefs que le sout les Bougis a ceux qui commandent dans leurs tri- bus, et dont ils sont vcritablement les vassaux. II parait qu'anciennemcnt un scul idiomc etait en usage i\ Celebes, mais les diverses revolutions qui ont eleve d'abord le royaume de Goa, et plus encore celui de Bony, ct qui ont divise I'ile en deux grands Etats ou confederations, ont fait naitre aussi deuxlangages ou plutot deux dialectes, celui de Goa ou Macassar et celui des Bougis. Le premier passe pour plus doux et plus facile a apprendre que le dialecte bougi, qui est plus riche , soit a cause des teniies etrangers adoptes par suite des relations exterieures, soit qu'il retienne quelque chose d'un idiome plus ancien que les deux dialectes. On pre- tend qu'il y a dans Tile d'anciens manuscrits ou Ton trouvc des restes d'un idiome aujourd'hui eteiftt, ct qui meriterait d'etre le sujet des recherches des savans, ainsl que I'obscrve M. RaHles; il me senible que cette t;lche est naturellement dcvolue i\ la societe de Batavia. Radermacher, a la suite de sa notice sur Celebes, a donne un petit vocabulaire oi^ le maca, - sar etle bony sont mis en parallele; ony voitlagranderessem- blance qui existc entrc les mots isoles des deux dialectes; dans tous deux un jardin s'appelle IwliO, une fleur, bocnga, le cuivre, gallang, un chat, meong , un cheval, jarang, un hnPTIe, tedong unna\ive, kappalla, unepierre, l>ata, etc.; mais, dans les phrases que donne I'auteur, il regne unc graude difference : on dirait deux langues bien distinctes. Assurement I'etude de la languc ancienne de I'ile serait un sujet intcressant pour un philolo- gue. La lilleralure de Celebes n'est pas d'ailleurs sansattrait. II y a des galigas ou recueils de traditions qui sont pour les insulaires de Celebes cc que sont les sagas pour les Tslandais, moitie verile inoitic fiction, melange de rnmans et d'hisloire, ou ramour, la guone el la chasse soni les priucipanx moteurs SCIENCES PHYSIQUES. 335 dc Taclion. II cxiste aussi des espocos de throniques de divers Elals, inais ellcs ne remontent pas au delA dc I'epoque oii I'islamisme fut introduit a Celebes, c'cst-a-dire a la premiere moitie du xvi" sieclc. Dans cliaque rojaume on a la coutume de tenir un registre des eveneuiens publics, coutume qui de- vrait exister dans toutes les iles de la mer du Sud et des Indes ; on trouve a Celebes des ouvrages traduits du javanais et de I'a- rabe, que les insulaires de Celebes ont empruntes aux Malais, particuliercmcnt sur I'astrologie judiciaire. Les galigas ou sa- gas de Celebes sont remplies des aventures et des exploits de Sawira Gading, qu'ils representent comme un heros demi- dieu , qui regna sur le royaume de Zogo , le plus ancien de I'ile, et qui etendit ses conquetes , dit-on, jusqu'au detroit de Malacca, comme le fondateur du royaume de Goa, d'apres les memes traditions, se rendit maitre de tout rarchipel des Mo- luques. ILE TIMOR. La description que le recueil de la societe de Batavia four- nit de cette ile (i) , a pres de 5o ans de date. Depuis ce terns, plusieurs navigateurs ontvisite Timor, et en ont fait la des- cription ; je ne tirerai done dc la notice de M. Van Hogen- dorp qu'un petit nombre de details ; il y a pres de 20 ans que j'ai donne un extrait detaille de cclte notice dans les Annates des Voyages (a). Presque chaque village, dans I'ile de Timor, a son chef; mais il y a peu de ces roitelets qui aient un pouvoir absoln; la plupart ont un conseil, sans lequel ils ne peuvent cntrc- prendre rien d'imporlant. II y a aussi des royaumcs etendus; dans quelques-uns les femmessuccedent au trone, faute d'he- ritiers mrdes. Dans les royaumcs voisins des colonies ou des {\) Description dc Cite de Timor, autaiit qu'ellc nous est connue;iiar W. VAN HoGENDORP, clailS IcS lOIll. I Ct II. (») Annales des voyif^cs, etc., publiccs I'ar 3Iultcl/run, vol. V I. 354 SCIENCES PHYSIQUES. (oniptoirs dcs Eiiropecns, ocux-ci sc soiit arrngc In droit dc confirmor los rois dans la possession dc leur tiAno. On coinptc trois especcs de rolonios cmopccnnes ou phitot cliri'ticnnrs a Timor: ccUcs des Hnllaiulais, dcs Portiigais hiancs et dcs Portugais nolrs ; ccttc dcrniere race est dcvenne presquc in- digene, ct ne rcticnt pas beancoup do traits de ses ancclres. Les rois dc Coupang s'imaginent 6tre descendus des caimans ou crocodiles; pretention iin pcu plus modcslc que ccllc dcs rois du continent asiatiqiic, qui vculcnt etre fds ou cousins du solcil et de la lune. fllalhcurcuscmcnt Ics rois dc Coupang y joigncnt une superstition qui rend Icur yanile plus que ridi- cule ; clle en dcvient odieusc. A ravcnement d'un roi, toute la cour se transportc en pompe au bord dc la mcr, pour of- frir une victime au premier caiman qui voudra venir la de- vorcr. Cette victime est une jeune fdle, qu'on pare de flcurs, ct que Ton attache sur la plage, pour qu'elle ne puisse echap- per a son sort aflreux. L'absurde credulite des Tiinoriens se persuade que la jcunc fille, cntrainee par le caiman, va ctre sa femme, pourvu qn'clle soil vierge. Yan Hogcndorp, qui nous parle dc rautoritc des Ilollandais a Timor, ne nous dit pas si la compagnie des Indes a jamais fait une demarche pour sauvcr la malheurcnse victime, et pour edaircr la cour de Coupang sur la barbaric de ses prcjuges. Ordinaircmcnt la ('onipagnic n'inlerposait pas son autorile et ses lumlereS lii oi'i dies auraient etc le mieux employees. Ne voj'ons-nous pas au reste la compagnie anglaise des Indes tolerer les suicides jiompcux dcs veuves des Indous? Ccpendant Yan Hogcndorp nous assure que les Ilollan- dais, en s'etablissant a Timor, ont fait abolir un autre usage cruel qui y regnait comme dans jjeaucoup de contrees barba- ics ; c'est rimmolation de qnclques csclavcs sur la tombe dcs princes que Ton enterrait; aussi on se contente m;iinlen:iiit .^I'immoler un grand nombre de bufilesetdc pores, etde red ui re a I'esclavage ou de mettre en prison quclque mulheurcux . jjoupconncs d'avoir jete un malefice sur le prince dcfurjt. Dans la guerre, tou? ces iusulaircs sc rcsscmblciit par lour SCIENCES PHYSIQUES. 33S fiTOcho ; ct clans quelle ooritice, memo civilisec, la guerre n'a-t-elle pas quelque chose de fcroce? lis n'allendent, pour envahir le \jilage ou le tcnUoire eniiemi, que des auspices I'avorables ; unc ibis en marche sur le terrain de rennemi , ils ravagent et massacrent homines, lemmes et enfans , coupent les Ictes aux individas qu'ils ont tues, et dansent, avec une joiealroce, autoar des cadavres. Dans les printipaux roj'au- iv.es, il y a unc elite de heros qui marche a la tete de la troupe et dont chacun porte, sur sa coiffure ou sur son dos, autant de houpes qu'il a coupe de tetei dans les combals : ces cou- peurs dc letes ont les bras et les jambes enveloppes d« |P<;au:|t de boucs, auxquelles on a attache des grelots. ■, •. 11 est rare de trouver ehcz les peisples tnsulairesde ces coor trees ua culle ou une religion ; ils praliquentdescereniGnieSy celchrent quelquea fetes, et se trausmettent un petit noinbre de croyances ou dc supersliiicns ; voiia tout leur cuilG. A la mort d'nn roi, sonfils, en lui succedant, ne se fait pas scrupuie de gander pour cor.cubiues les feinmes qui lui plaisent dans le harem de son p^irc : c'e^t encore uu asage abominable du continent asialiquc. A Texemple de ses confreres, Van Hogendorp joint ii sa notice un petit vocabuluire limorlen ; d'apres cet echantillon, ridioine limorien lie ressexnbie guere a celui d'aulres iles, par exemple de Celebes, dont nous Tenons de parier . De tons les mois cites ci-dessus, irn'y a que la denomination du eliat^ qui snit a peu.pres la meaie dans les deus iles. ii serait cu- iieux de savoir si i'aninial, avec le nom, n'aurait pas ete'pia- page d'uua iie aTautrc. Qupique le voeabulaii"e , donne par "Van Hogendorp, ne soit pas parfuit, it taut toujours lui sa- voir gi'e d'avoir fourni quelques inateriaux pour servir A la connaissante des laogues asialiques. Je ferai encore remai- qufir que, dans le dernier sitcle, Timor olait une des ilea qui fournissaient le plus d'esclavcs a I'odieuse traite, dans ces pa- rages : -il faut croire que le gouverncment des Pays-Bas fait' respecter auijourdliul ics drolls ile Vhvxniiiuti , sous ce rap- port. 556 SCIENCES PHYSIQUES. ILE DE LINGGA. Dans les carles, ccttc pclilo ilc , sitiiec sons la lijijnc eqiii- noxiale, enlrc Sumatra ot Borneo, el n'elant peiiplec que de f) a 10 millc anies, est oidinairement designee sous le noni de lie de Lingcn. Elle n'avail jamais ete decrile avec autant dc details que par M. Van Angelbeek, dans le dernier volume des memoires de la societe de Batavia (i); I'auteur, y ayant sejourne en 1819, a ete a meme de faire connaitre I'elat ac- tuel de I'ile, ainsi que de I'empire malais, dont elle est main- tenant le siege. L'histoirc de ce peuple remarquable, aujour- d'lniidissemine danstoutes lesilesvoisinesde I'lnde, occupela plus grande partie du memoire cite : ponr I'hisloire ancienne des Malais , Tautenr assure avoir puise ses rcnseignemens dans Tine liistoireecrite en malais, et inlitnlee Suljara-Malayoe. Selon M. Van Angelbeek, la veritable pattie des Malais est Menangkabo, dans I'interieur de I'ile de Sumatra, on coule nnerivieie dii nom de Malayoe, ct oi'i un district porte le meme nom; c'est d'apres ceslncalites que, selon I'auteur, Ics Malais sont designes. Une partie de la nation abandonna ses foyers vers le milieu du 12* siecle de noire ere, sous la conduite de deux chefs, on ignore pour quel motif, et s'em- barqua pour s'etablir ailleurs. Les tempetes pousserent les emigres vers la presqu'ilc de Malacca ; ils y fonderent la ville de Singapore , et jouirent de la paix dans leur colonic , pen- dant un siecle. Vers le milieu du i5° siecle, vui prince de Java viut conquerir Singapore; les Malais allerent fonder alors nne autre ville a Malacca, qui dcvint bicutot une des plus grandes places de commerce dans I'lnde, el que les Por- tugais, lors de leurs expeditions, trouverent dans I'etat le plus florissant. Les Malais avaient incorpore a leur royaume les deux iles de Bintan ct Lingga ; quand les Faringics ou Eu- (I'l Courlc esqtii.i.ic de I'ile de Linj^ga ct dc sis liaLilaits, jiai C. Vain Ai\- CELBi EK, dans 1(; tome XI. SCIENCES PHISIQIES. 337 ropeens leur enleverent leur riche place de Malacca , leur sul- tan alia fonder une autre residence a Djohor , dans la meme presqu'ile; le voisinagc des Portugais ne leur laissa gut're de repos; enfin, an conunencenient da 18" sicele , fatigue dcs gucrrcs qu'il avait a soutenir contre Ics Europeens, Ic sullan des Mahus abandonna la presqu'ile de Malacca, oTi sa nation avait rogue pendant quelques siedes, et alia s'etahlir a RiouTV, chef-lieu de Tile Bintan. Cette residence ne fut pas non phis de longue durec; en 1783, les Malais de Binlan eurcnt des demeles avec les Hollandais, qui les inquieterent dans cette posseseion; le siege de I'empire malais fut done transfere de- finitivement a Lingga, oiicet empire s'eteindraproliahlement, car il n'est pas a prosumer qu'il se relijvera jamais de sa deca- dence. Ce n'est pas que la nation malaise ne soil encore trt"*- considerable ; mais elle ne furme plus une masse, une veri- table nalien; les Malais sont disperses dans toutes les iles, saos reconnailre Tautorite du sultan. Celui-ci ne regne que sur la petite ile de Lingga et sur une suite de pelites iles si- tuees a I'entree meridionale du detroitde Malacca, telles que Singkeb, Labondadong, Batsang et Karimon. II y a 10 ans, il regnait alors sur Djohor et Pahang; mais en 1824 les Anglais, ayant trouve bon d'etre senls maitres do la presqu'ile de Malacca, out retranche ces possessions de son empire. Sa re- sidence, dans Lingga, appelee Kwala-Dai, consistc en grou- pes de maisons, entoures de bosquets, et renferme 6,000 ames, y compiis les environs; le rcste de I'ile n'en a que 5 a 4)000. L'ue colonic de 400 Chinois s'adonne i&i, comme dansd'autres iles, malgre le mepris des Musulmans, a I'agri- cullure et an commerce, vit paisiblcment, chcrche a tromper vmpeu, et achtte, par dos presens , I'indulgence des chefs. Les Malais,, a leur tour, aiment le commerce, et possedent tonte sorte d'avantages personnels pours'y livrer avec siicc^s. C'est une racebicn faite , active, prevcnante, polic. Uu Ma- lais est toujours de I'avis de celui qui parle, il salt prodiguer les flatteries, mais il est perfidc; I'amitie lui est si peu fami- liere , que dans sa bingue il u'y a memo pas de mot pour I'ex- S. XLIV. NOVEMnJlE iSsQ. 22 57)8 SCIENCES PHYSIQUES. priiTier, ct qu'il a fallii en oinpriiuUT iin a I'iiliomc aiabc. La perhe, ct plus encore la piraterie, sont ses occupations lavo- rites. Au reslc , il est donx et pacjfique dans ses relations do- niesliqnes ; bcaucoup de Malais ii'ont que dcnx fommes, au lien de quatre que pcrnict le koran, ot Ton assure que Ics deux Coninics d'un Malais s'accordent goneralcment bien. Elles lisseut dos etoffcj do soie , qui sont prol'crecs a cellt;s de Cele- bes. (Ihez les Malais il n'y a point de danscs ct de spectacles, commc chezles Javanals ; le sultan seulcntretient dcs danseu- ses ; ce sont le jeu et les combats de coqsqni ticnnent lieu de ballets et de comedies. Lcur superstition est excessive, et sous le rapport de la croyance ou de la credulite, ils sont d'assez buns Musulmans. Leur audace est redoutee par ceux qui na- vigncnl dans les parages de I'lnde ; il est heureux que leur nation se soit divisee; car, uuis et obeissant k un chei'doue d'energie, ils seraient les maitres de la mer des Indes ; d'un autre cote, leur division, sous une Ibide de pelits chefs, est un fleau pour la navigation ; ^ qui s'cn prendre, en ciTet, de tons les actCs de piraterie qu'ils commettent sur les navires ('■ I rangers ? Si Singapore, sous le regime anglais, redcvieiit une ville florissante, il faut esperer qu'il y aura une marine puissante pour proleger, contrc les pirates malais, son commerce et celui des autres nations d'Europe. Deppikc. SCIENCES MORALES ET POLITIOUES. COXSIDERATIONS Sl'R LA NECESSITE ET I,ES MOYENS DE REFORMER LE REGIME iTNivERSiTAiRE , adressucs A SoH Exc. Ic minisUc de I'instruction piiblique, ii I'occasion de son arrete qui crec line Commission cliargce de clioisir la meillcure m^thode d'ensci- gncment pour tes langncs anciennes ; par J. -P. Gasc, profes- seiir, oflicier de I'LIniveiifit^, membrc de plusieurs so- cieles savantes (i). Nous avons deja rendu comnte i\ nos letleurs de la partie de cet ouvrage ou M. Ga de 124-526 pages (i" et 2°" parties) ; prix, i fr. So c. ta 1" partie, el 6 fr. la 2""" partie. 54" SCIENCES MORALES lUsrnicnt, oi'i I'aiUcur indique avec lueci.sion son bul, la route •m'il vciit siiivre, Ics precautions qu'il prcndra pour n'Gtrc point expose a s'egarer. (I Oblige fie hlrimerhaulcmenllesvstemc public d'education, nous ne pouvions fonder nos reproilies que sur ies fails; et en indiqiiant lesmoyensdf-rameliorcr, oumemcde luiensubs- lituer un autre plus judicicux, nous devious egalemcnt n'ad- nieltre que des principes leconnus, et par-la memc incontes- lables, et ne i'aire aucun laisouncmcnt qui ne fCit la conse- quence rigoureuse de ces principes. En im mot, le but uienie que nous nous sommcs propose, nous prcscrivait imperieusc- ment de ne prendre que dans Ies idees rocues par tons Ies bons esprits, ct dans Ies connaissances repandues dans la so- ciete par Ies progrcs dcs luniieres ct de la civilisation , h s ti- tres du grand proces que nous avons enlrtpris dans rinteret de rhumanile toute cntiere, ct, en particulier, dans celiii dc notre pays. A elles seules appartenail le privilege de nous four- nir des amies vicloricuses; lesucces etait a ce prix. » Dans une Inirudaction assez etendue, I'auteur discute quel- ques dispositions de I'ordonnance du 26 mars 1S29, et parti- culierement Ies suivantes: «des reglemens universitaires pres- criront Ies mesures necessaires; 1° pour que I'etude des lan- gues vivanles, eu egard aux besoins dcs localites, fasse parlie de renseignemcnt dans Ics colleges royaux ; 2° pour que, dans tes colleges, Tetude de I'liistoire ne se termine qu'en rhclo- lique ; 5" pour que la philosopbie soit enseignce en francais. » Tout en reconnaissant rulilite de ces mesures, M. Gasc vou- drait qu'tllcs fusscnt completces par quelques aulres qu'il indique, et surtout, que leur duree fCit garanticpar uneloi: mais Ies details de celle nature sont-ils de la competence du legislalcur? ct en examinant Ies choses de plus pres, on de- mandera si Yliistoire est une etude de I'enfance, et quelle est cette pldlosopliie que Ton enseigne dans Ies colleges, soit en latin, soit en francais? De loutes lesmanieres denial employer lesprecieuses annees que la veritable instruction reclame, au- cune n'cst plus I'uneste a la raison que d'appliquer linlclli- ET POLITIQUES. 54 1 gence a des notions obscures, incorrectcs, el pcnl-r;lrc cntic- rement fausses, sans avoir aucun moyon d'y ropandrc plus de lumicrc, de se dobarrasscr d'aucune errcur. Faut-il doncre- noncer a resperance de voir disparaitre cette funcste maladie, inocuiee soigneusement a chaque generation? Mais h;1tons- iions d'airiver a I'objet special de I'auteur, dans cette seconde partie de son ouvrage, c'est-a-dire, a Veducation, Le premier chapitre est intitule : de I'iducation en gcm^ral ; — dh'crses acceplions dece mot ; — Identite de I' education et de ^instruction. Ce thre rcdoublera I'atlenlion du lecteur; car il s'agit de mettre dans les Idees et dans leur expression une exactitude a laquelle pen d'esprits sont accoutumes. Au sujet des sens differens que notre langue attribue au mot Muca- tion, M. Gasc fait des remarques trfes-justes sur I'instinct des iinimaux, le pouvoir de I'imitalion, et les moycns naturels qui developpent le* faculles que les animaux tiennent de leur organisation : mais la rectitude de son jugement n'a pu se del'endre des illusions dn langage figure : le mot nature u exerce sur le professeur riufluence qu'il avail voulii prevc- nir dans ses eR'ves. Ce mot insidieux est un ecueil contre le- quel les plus robustes jugemens vienncnt se briser; le signal qui avertirait des dangers auxquels on s'cxpose en I'abordant avec trop de confiance devrait mettre sous les yeux de nos navigateurs imprudens I'histoire des naufrages dont les debris composent malheureusement, aujourd'hui nieme, une grande parlie dece que nous croyons savoir surce qu'il nous impor- lerjiit le plus de bicn connaitre, sur les sources de tons les biens qui pen vent etre a notre porlee. Rl. Gasc nous aflirme que," noustrouvons dans la nature, et dans ses operations, le type et le principede toutes les perfections; quecelui qui sait observer sa marclie, etles moyens qu'elleemploie, y puise des idees et des connaissanccs applicables a tout, et par consequent, des riigles sflres de conduite; que le nioraliste, commc le poite et le pointre, y va chercher ses modeles : »suivant Buf- fon, les oeuvres de lunature pen vent tres-bien n'etre point des modeles d'uuc perfection qui n'est qu'unc conception de noire :,ii SCIE?^CES MORALES iiilcHigcmc. 11 y a, dil-il, dans la structure des aiiitnaux, des parties iniitilcs; ft tout ceqiiipeid ctrc , est. Cette vcrite, que I'onprendrait, an premier coup d'ail, pour un axionie duboii sens le plus vulgaire,cst une des plus fecondes qui nous aicut «tc revclees; le sage et religieux NcAvioii I'avait cntrevue, SOS successeurs I'ont confirmee par I'ohservation , et la pos- terite en dcduira les consequences, rcctifiant ainsi beaucoup d'eircurs dans lesquellcs nous sommes tombes en personni- liant des abstractions. Dans le sens d'unc veritable philoso- pbic, la nature n'cst autre chose que la maniere d'etre des c/ioscz dont I'ensemble compose Vunivers. Or, comme ces cftosc.s , puisqu'ellcs existent, ont necessairemcnt uq mode d'existence, il n'est point permis de subordotincr I'un a I'autre, dans Ic raisonnement, ce qu'il est impossil)le de concevoir isoletnent. No disons done plus que la nature est le type et le principe de to ule perfection : cette perfection dont il s'agit est unc limite, im maximum quo les fitres n'altcindront peut-etre jamais, qiioiqu'il soit comprls dans le nombre des chances possibles. )) \u education n'existe que pour I'homme et par I'liomme , puisqu* la principale idee que cc mot exprime est cclle d'un plan conrupar riutelligencepour diriger systematiqucment le developpenieut des organes , et surtout des facultes inteliec- tuelles. Que I'cducatiun soit, au reste, unc iuiitatiou de la nature, ou Tinvention de I'art, elle est une action de rhonime sur lui-meme, sur son sendjlajjlc oir sur d'autres Otres vivans : c'est unepartie de sa puissance morale, et, dans tons les cas, le produit et la preuve de son intelligence. » Nous n'avons au- (ume observation a faire sur cette definition dont nos Iccteurs rcconnaitront la juslesse, ainsi que telle de plusieurs conse- quences que I'autcur en deduit. Son style s'eleve, a mesure ([lie les pensees sont plus vraies, les vues plus utiles; c'est a cc caraclere que Ton reconnait les ecrits inspires par un sincere luiiotu" du bieu. iM. Gascprouve Ires-bicnquc rinstruclionetrediication sout instparablesl'une de I'autre. Cependant, on ret'uscra peut-elre d'admetlrc qu'ciles soient i'lentiijucs, dans le sens rigourcux de ET POLITIQUliS. 343 tc niof. On pcul, sans inconvcnionl , Ics consiilorcr cominc deux aspects cUffcrens, sous Icsqiiels on envisage les mnyens ct {c icsultat ilu grand art de perfcctionncr les faculu's inlcllec- Uiellcs dc I'homme ; niais il faiit reconnaitre la necessite de coordonucr, de faire concourir au memebiittoutes les actions, toiites les forces qui peuvcnt contribuer a ce pcrfectionne- nicnt. L'anteur pcnse que I'enseignement public , ancien et uiederne, est rcsponsable des maux causes A la sociele par la culture exclusive de quelques connaissances, au prejudice dc celles dont I'ensemble compose reducalion. Nous regreltons dene pouvoir citerplusieurs pages oii I'instruction, telle qn'on la propage depuis long-tems, est soumise a une censure bicn mcrilec. La religion y est justifieo du rcprochc que lui font d'injustcs adversaires, et des eloges que lui donnent d'impru- deus zelateui's; on demeure persuade qu'clle n'est point cn- nemie des luuiiere?, et que Timage de la Divinile ne pent elrc degradee par I'exercice dos plus hautes facuUes dont le Grca- t€ur lui a fait present. Pour se conformer i I'usnge, et ?e faire comprendre plus aisenient, M. Gasc adopte les distinctions consacrees par le laiigage , et fixe le sens qu'il attache aux mots iuxiruction , education physique, ('ducation morale , iniellectuelle, religieuse , sociale. Le second chapitre est consacre a rexameii de I'in- fluencc exerci'e par le regime universitaire sur I'education morale et religieuse : la gravity du sujct imposait A I'auteur Tobligalion d'alVermir chacun dc scs pas, de s'assurer qu'il ne s'ecartait point du senlier etroit et glissant d'une scrupuleusc equite, de se defier memc des verlueuses illusions, des pres- tiges de I'amour du bicn : il senible n'avoir pas etc constam- ment en garde contrc ces causes d'erreurs trts-cxcusables; ecoulons-le. « Lhi enseigncmcnt vide d'idees et de scntimens peut-il procluire quelque bien moral chez I'lionime? Occupcr les I'a- cultes naissanlcs des cnfans d'objets qn'elles ne peuvcnt sai-^ sir, el auxqucls dies ne s'appliquent qu'avec repngnauLC et •Icgoiit, que par conlraiutc et par force ; continuer ce genre 344 SCIENCES MORALES ' eontraire, cnchainer la pensee do I'houmie, la detourncr dcs excrcices qui conviennent a sa nature, uiettre un tVein a sea pencharts, liii refuser les aliniens qui peuvent souls la nourrir et la developper, pour lui en donner qui ne lui fournissent aiicune substance , et la conduiscnt a I'inanition ? n'est-ce pas la I'esclavage de la pensee, avec son hideux caractere et ses crucls effets qui sont la degradation successive de la force jus- qu'ii extinction ? » Faudra-t-il demander encore s'il y a dans I'etude dea mots, dans leurs combfoaisons et dans les kris des graniniaires grecque et latine; dans le travail mecanique de la memoire qu'exigent de pareillcs etudes ; dans Ics efforts pres(|ue tou- jonrs imposes comnie une corvee; dans I'ennui el le degoflt qui resultcnt irecessairenient dc ce genre de vie, s'il y a, dis-je, quelque chose pour la morale et pour la religion ? Peut-il y avoir ki quelque chose qui eclaire la raison, qui louche et emeuvc le coeur, qui raraene h rEtre-Suprcnie, createur de ces mon- des innombrables qui tapissent les cieux, et qu'on accoutume les enfans a ne voir qu'avec indifference? Enfm, y a-t-il quel- que chose qui parle a ITime, qui lui inspire dc nobles senti- mens , qui soil conformc a sa destination sublime et ;\ son im- mortalite? » Nous ne recosrsaissons pas tout-ii-fait^ dans ce tableau, Finstruction que Ton recevait autrefois dans les colleges, et qui s'est amelioree a plusieurs egards, quoiqu'elle rcssemble encore beaucoup trop a I'image que M. Case en a.tracte. Mais^ si Tauteur a force quelques traits de cetle esquisse geucrale, son pinceau n'est que trop fsdtle, lorsqu'il reprcsente I'effet des ptmitions indigees aux enfans dans les ctablissemens d'ins- truction puldique. Tout ce chapitre doit Ctre medite par les instituleurs, et surtout par les parens; ils y trouvcront des ve- rites alarmantes , des avertissemcns donl I'urgence ne peut etre meconnue; en profileront-ils? Le choix des recompenses accordees au travail et aux succes des etudians u'est guore plus hcureux que celui des puni- ET rOLITlQUES. 545- (Ions. M. Gasc a pcut-Ctrc exagerc quelques-iins de leurs in- conveniens ; il s'attachc priacipalemcnt a fairc sentir ccux du coiicours iiivivcrsilaire, mobile dc si grands efforts de la part des niaitrcs et de quelqiics-uns de leurs eleves. S'il etait per- nris de rabaisser cette institution par une comparaison qui ne manque pourtant pas d'une certaine exactitude, on lui trou- verait plus d'une sorte d'analogie avec les courses de chevaux oii Ton fait tout pour I'echt, et presque rien pour ce qui n'est qu'utile. Les opinions manifestees dans ce livre an sujet de I'educa- tion reiigieuse cxposeront I'auteur a des' baines qui lui feront honneur : les bonimes sincerement religieux prendront sa defense contre les attaques du fanatlsme et de I'bypocrisie. On pcnse bien qu'il n'est point d'avis dc confier a des moines le soin d'eleyer la jcunesse pour vivre dans la societe suivant les lois et les maximes qui la dirigent, et en remplissant les devoir? qu'elle impose. ^education sociale est le sujet du troisieme chapilre : pour celle-ci, tout reste a faire; I'Universite n'y a pas mCme songCr L'auteur a done borne ses observations a I'etat actuel des so- cietes, aux mceurs publiques et de famille. Ses tableaux sont quelque peu rembrunis; voici comment il nous offre le spec- tacle de V education sociale des ecoliers. « Les eleves sont condamnes a ne' vivre qu'entre eux; ils n'ont veritablement pas d'autre societe. Partout ailleurs, ils .sont comme des etrangers qu'on veul bien adniettre, mais avec lesquels on n'entre guere en communication, Aussi, sont- ils deplaces partout, soil par une gene extreme, soil plus sou- vent par une turbulence sans mesure, et ne retrouvent-ils la- liberte, telle qu'ils I'entendent, que dans les cours de leur college. C'est lii qn'ils font leur education : et quelle educa- tion, grand dieu ! » On se neglige toujours avec ses egaux, comme on I'a dit depuis long-tems; et se negliger, n'est point seulcment nc pas avancer, c'est encore reculer, degenerer. On nc pent douter que les eleves, livres ainsi a eux-memos, ne degeue- r>/|6 SCIENCES MORALES rent, lorsqu'oii examine la niarehe dc lour education. lis se font un ton a cux : tons doivcnt s'y confonnor, ct tout uou- vcau Venn est oblij!;e de s'y souniettre, s'ii vent vivre en paix an milieu de scs oamaiades. La jiiiucipale loi dc ccllc repu- blique est de vouei- unc haiiic conslante a (out ce cpii portc le nom de malire, d'en parler avec niepris, d'cmploycr, a cet egard, les epitlU'tes on les sobriquets Ics plus inconve- nans ; dc cherchor, par tons les moycns imaginables, a les tourinenter, a les fatiguer, a les tourner en ridicule, et a les meltrc en defaut. Ccs dctestables dispositions sont Ic sujet habitucl de leurs cutretieus, des conseils qu'ils sc donncnt, dcs defis qu'ils se portent, ct il y a tel d'entre cux qui n'eul jamais d'autre occupation. Au lieu de remedicr a ce mal, un a passe condamnation, on a donue, aux divcrscs circonstan- ccs qui le constituent, Ic nom plaisant de tour d'ccoLier. » Ce n'cst pas tout : les ccoUers, puisque c'est ainsi qu'on les nomme, agissent les uns envers les autres avec unc rusli- «jue franchise : toutes leurs relations sont empreinles d'une grossi^rete qu'on ne connaft que lorsqu'on les a vus reunis; d'une licenco dc manitres ct de propos qui n'apparliennent qu'i\ la bassesse et k I'abjeclion. Consideres isolement, ils ne montrent le plus souveut que mauvaise tcnue, maiproprcte, desordre, insouciance pour tout ce qui est honuOtc et decent. IMais, comment pourrait-on trouvcr en eux quolque chose dc regulier, de mcsure, de poli, puisque, vivant loin du rnondc, ils sont abandonnes, non plus a la nature clle-nifuie qui Ics iuspirerait beaucoup mieux, mais a une nature corroiupuc par les vices et Ics passions qui apparlicnncnt a Tignorancc ct a I'abrutissement ? » Revenant aux effets du regime universifaire, M. Gascles observe dans le jctuic honuiic, k rentree de sa carricrc so- ciale; dans I'age viril, et ius([ue dans I'homme mCu-i par I'ex- pericncc ct les annces. Le quatricuic chapitre, consacrc a ccs invcsligati'.uis, est pcut-clrecelui sur iequel on seramoiusd'ac- cord. L'aiileur aboidc des questions cxlrcmcmeut dclicates. 11 .r'.'a£;it dc fixer, au nioias entre dcs limiles assczrapprochces. le ET POLTTIQUES. 547 tlea^ro ct la nature tie savoir, qui couviennent Ic mieux a chaque profession. Comuic le raisonnement ii'est plus un guide assez sflr, et n'ohliendrait pas toujours assez tie creilit, I'autorite dc quelques nonis illustres est appelee a son aide. II faut ravouer, les dernicrs coups porttl's au regime universitaire par son robusle antagoniste sent moins accablans que les premiers. On Youdrait que I'education ne fGt cliargce que de ses torts, et qu'on ne lui impulat point les delits commis par des pas- sions qu'elle n'a pu ni modifier, ni delruire : d'importantes questions pliysiologiques yiennent acx'roitre les diiricultes de la discussion; M. Gasc n'a pu la trailer avec I'titendue qu'elle exigc, pour que rien n'y soil omis, et que justice pleiue et entiere puisse etrc rendue aux agens divers, accuses dT-tre la cause des maux dont les sooietes humaines eprouvent I'at- teinte. Les deux deruiers chapitres ont pour objefs les moyens de reformer le systime (fi'ducation, et la discipline a observer dans les etahlisscmens publics. II restait cependant encore des abns a devoiler; et, de Icms en terns, I'auteur en tire quelques- uns de leur honteusc retraite et les force i\ se montrer au ^•and jour. Pour faire bien counaitre la mrlkode naturelle d'educaiioH exposee dans ces deux chapitres, il faudrait en transcrire la plus grande partie. Si I'instituteur n'atteint pas le mieux possible, en employantde tcls procedes, on ne pout douter qrt'il en approclie beaucoup. Qu'on lise done le li\ re de M. Gasc; qu'il prenne place dans la bibliotheque de cha- que tamille : apres I'avoir lu avec I'attention qu'il meritc, on se sent plus eclairc, plus assure dans la voie du bien, mieux soutenu par I'espoir d'y arrivcr; on porte stu' riuunanitt'; des regards plus satisfaits, et plus d'un lecleur dira : voild an livre qui m'a fait du birn. ISous croyons ne pouvoir nous dispenser de placer ici un postscriptum, par leqiiel I'auteur a terniine la seconde parli(! de son ouvrage. « Nous avons fait jusqu'ici, coninie on le sait, Lous noj^ elTorts pour siiivrc, dans noire institution, la marclic tracer 5,'|8 SCIENCLS MORALES dans cct ouvragc, soil par des Iccoiis additionncllcs a I'cQsoi- gnement des collogcs, soit par I'ctaljlisscmont des cours de sciences physiques et natnrelles, appliqiiees an commerce, a V'mdnslrie et anx exploitations ; soit par les rnoyens d'educa- tion indiques : I'ouvrage lui-menie n'est que I'expression do ce que nous avons fait, et des obstacles que nous a opposes le systome public. » Mais, pour relircr de ce plan tout le fruit qu'il est capa- ble de produire, et pour engager, par notro exemple, a le suivre, nous formerons, i.\ la rcatico des classes, une division d'une vinglaine d'cnfans de sept i huit ans, cnti^rcmcnt se- pares de nos autres elcvcs, et a laquclle nous ferons une application complete de nos principes. » Un prospectus parliculier fera prochainement connaitre nos intentions a cct egard, et indiqucra lesprincipauxmoycns d'execution. » N. HiSToiRE DE France depxjis la restauration, par Cli. Lacre- TELLE, AcVAcademie franraise , professeur d'histoire a la Faculte des Icltres (i). II y a, pour les restaurations, un inconvenient auquel elics peuvent dilllcileiuent echapper, c'est d'etre faites prccisement par ceux-la qui sont restaures. Lorsqu'une revolution a rem- pli sa premiere mission, qui est d'abatlre ; lorsqu'apres une lutte sanglante et acharnee, clle a triomphe des obstacles nombreux qui, dc toiites parts, s'opposaicnt devant elle, alors elle se repose , elle a epuise sa terrible energie, son teuis est fait; ou, plutot, une secondo cpoque commence pour elle. Desormais il lui reste a atteindie son verital)le but, a oblenir (i) Paris, 1S29; Delaunay, ail Palais-Royal. In-8" de 447 et 4^7 pages ; piix, 1 4 fr. ET POLITIQLES. 349 ses consequences necessaires ; il lui reste i reconstruire soil I'ancicn elat de choses modifie, soil un etat tout nouveau; car jamais revolution ne fut assez insensee pour renverser sans avoir la penscc de reedifier; elle a eveille de nouvellcs opinions, de nouvcaux besoins, de nouveaux interets, le mo- ment est venu de les constituer. C'est alors que la revolution change d'allure en changeant d'objet ; a la violence qui detruit, elle fait succeder ropinintrcte qui fondc ; et la fougue qui s'e- lancait au liasard est remplacee par une activite perseverante, qui ne perd point de vue le terme vers lequel elle s'avance. Si, au milieu de ce peupleenmouvement, unhomme de genie vient se jetcr a la traverse, il pourra bien produire un tems d'arrCt ; mais le mouvement ne sera que suspendu; car il n'est donne a aucun homme d'aneter un peuple qui s'est mis en marche. Qui doute, par exemple, que, si I'empereur Napoleon elait moit sur le trone, la constitution imperiale n'cCit subi d'immenses changemens sous son successeur? Cette constitu- tion etait appropriee au genie de I'enipereur, bien plus qu'au genie de la nation; I'homme une fois passe, le peuple sc reniet en mouvement, et le successeur suit comme les autres. Dans une autre liypoth^se, une restauration des anciens princes, le mouvement national accomplit egalement son cours; seulement il est contrarie, entravc, retarde par beau- coup plus d'obstacles. Quelle que soit la sagesse du prince restaure, elle n'olTre qu'une laible garantie; car il revient environne de prejugcs, de souvenirs, de besoins, d'obscs- sions de tout genre ; les bonnes qualifes meme de ce prince, la gcnerosite , la reconnaissance, la bonte lui tourneront a prejudice : autour de lui, on ne s'occupera que de les exploiter centre lui. Hormis quelques rares exceptions, ce n'est pas pour rien qu'on se devoue aux princes malheureux; leur infortune est, pour la plupart dc ceux qui I'adoptent, une espece de loterie ou ils font de pelites mises avec I'espoir d'en tirer de gros lots. lis comptent sur le juste effroi du reprochc d'ingratitude, el ils b'tn font uue miac feconde d'argcnt. 55o CIENCES MORALES d'honneurs et d'cmplois ; Ic dcvoCimeiil pour Ic banai n'est plus que do regoisino, aprts la reslauration; ce qui semblait la du deslnlercssement, n'est plus ici que de ravidlte; en ini mot, les plus chauJs amis de I'cxil soiit les plus redouta- bles cnuemis du Uone relevo. Et rcmarquez bicn (jue j'ai sup- pose la sagesse chez le piiiicc ; que scra-cc, s'il est violent, passionne, sanguinaire, si surtout il revient I'homme d'autrc- fois ? Ce sera une seconde expulsion, I'histoire d'Angletene I'a proHve. Chez nous, il ne serait pas juste d'imputer a la rcstaura- lion elle-meme les violences commisos en son nom, le sang dont on I'a tachee, funestes consequences du desastre des cent jours et de I'irritation qui en fut la suite. 11 faut cher- cher le veritable caractere de notre restauration, en i8i4; clle fut alors pacifique; mais souvent sans lumiures, et tou- jours sans resolution. Des cette epoquc, on put prevoir tout le mal que lui I'erait la cour, sans cesse attentive a la dctour- ner de son veritable but, a lui t'airc faire fausse route, a la ti- railler dans tons les sens, a la pressurer de tons cotes. Des lors, on put comprcndre que la Charte, considerce par le prince comuic son boulevard, n'etait, aux yeux des courti- 5ans, qu'une espece de fortification ennemie, qu'ils ne pou- vaient attaquer de front, mais qu'il etait possible de tourner, de miner sourdcment, de di'niolir i petit bruit et avcc le tems. Aussi, voyez condiien d'annees nous avons passe au misera- ble travail de feire , defuire et refaire des lois de la presse on contre la presse, des lois de libcrte individuelle, des lois d'e- lection, des lois de recrutcment, des lois de responsabilite, des lois d'organisation munieipale et departementalc, toutcs ces grandcs mesures enfin qui devaicnt donner vie a la cliarle, ct stabilite a la restauration. Et, malgre les bonnes intentions du roi qui a donne la charte et du roi qui I'a trois fois juree, malgrc lant de ItUtes et de travaux, nous voila encore, apres <]uinze ans, au point de ne pas savoir si cclte seconde loi fon- Vitikind se melent au cri de la vengeance. Au lieu de la croi- !-ade faclice que tout a I'heure Bonaparte dirigeait conlrc hi" Russie, voici une croisade reelle qui se forme conlre lui. Ici, on n'a pas besoin d'ordonnance$ pour lever des armees, elles se forment d'elles-memes sous les noms de landwehr el de landsturm. » Tout ce tableau est esquisse en traits rapides, aussi bien que celui de rheroi'quc campagne de i8i4> Les premiers instans de la rcstauration nous semblent peints avec moins de verite; le raouvement etiessentimensquieclataient dans quelques salons de Paris, dans quelques chateaux, sent ET POLITIQUES. 355 donnes ici pdnr I'opinioa de la Fnince. L'influence du monde que I'aiileur frequenlait survit dans ses souvenirs; et il ne s'e- levo pas assez au-des^ys de son piopre horizon : il a dans tout ce recit trop d'enlhousiasme et d'ivresse. La France, piise en masse, n'attcndait point, nc desiiait point les Bourljons : c'est im fait que I'histoire ne pent pas taire. II n'j a rien d'injnrieux pour eux a etaljlir cette verite ; conimeiil la generation decette epoque les cut-clle desires? elle ne les cohnaissait pas. C'est en s'efforcant de lenr persuader qu'iis efaient alieudus comme des sanveurs, qn'on a egareles premiers pas dela restauration ; la veritable connaissanee de I'etal des esprits e(jt epargne hien des fautes. Moins assure d'un assentiment facile, legonverne- inent efit fait davantage pour le meriter; mieux instruit des iinmenses difficultes qui s'elevaient devant kii, il se fiil mon- tre plus habile a les valncre. Sansdoute, on etait agreablean cceur dn prince, on le flattait, en lui persuadant que tout uij penple le rapi^elait; mnis, en le flaltant, on lisquait de Ic per- dre; et Ton pent diit;aA'ec verile que, des lor.'^, les niaiadroits amis de i8i4 conspiraient, sans s'en douter, le 20 mars i8i5. La facilite avcc laquelle s'opera cette catastrophe mililaire, sans que la population y mit le nioindre obstacle, prouve, mieux que tons les raisonnemens, consbien le nouvel ordre de choses avait peu de racines dans I'esprit et dans I'amour des peuples. « La monarchic etait votce dn hant des toils », dit M. La- crett He, a I'occasion de ce mot celebre : « Rien n'est change en France, il n'y a qn'un Francais de plus. » Le mot est ehar- mant, il ne lui manque rien que d'avoir ete I'expression d'une verite ; vrai dans la pensee du prince, il fut tout de suite de- menti paries actes de radministratioa ; on s'y attendait. Aussi, nulle part, excepte dans qnelques cercles, il ne fut pris a la leltre, et il ya beancoup d'exageration dans I'eiret que This- torien lui attribue; c'est une justice qu'il faut rendre an pen- ple; il ne se laisse pas aujourd'hui seduire si facilenient aux mots. Aussi, lorsqu'en rappelant I'elTel que prodiiisit en 3j() SCIENCES MORALES i8i5 Ic d«''p;irl de la faniillc rojale, M. Lacretellc (lit : « Cc n'est plus la le peuple dc la revolution, mais c'cst encore nn peiiplc bien mobile. » II tombe dans une scrondc erreur, qui est le resullat de la premiere; il voit aujourd'hiii de la mobi- lite elie?, le peuple, parce qu'il y a vu de renthousiasmc, il y a iin an ; la verile est, qu'aux deuxepoques, le sentiment do- minant etait rindifference et I'inquietndc. Aux deux epoque.*, le peuple voyait remettrc en question ses institutions, et jusqu'a son existence meme. II voyait I'Europe entiere se ruer centre la France, et nous apporter, arec ses innombra- liles armees, iin avenir charge d'oragesct de desastres. Pour le& peuples arrives a nne certaine niatiirite, les personnes nc va- lent que comnve garans des cho.ves ; ils ne s'attachent verita- blement aux hommes que par Tumour des institutions; or, aux deux epoques, Ics-personnes seiilesne pouvaientetre pour nous nn gagecompletdesecuritc, la liberie ne savait oii porter ses affections; d'uue part, la confiance avail ete trabie, de I'autre, on n'avait pas encore su la gagtier. C est encore une erreur que cette assertion de M. Lacre- tellc, erreur qui, pour etre le resullat d'une opinion assez commune, n'est pas moins rcelle : « II y a, dans le caractere francais, une singuliere contradiction ; nous voulons Clre li- bres, el nous murmurons quand nous sommcs trop pen gou- vernes. » Nous murmurons quand nous sommes gouvernes par le caprice, par une autorite sans principe fixe, sans I'er- mete, sans esprit de suite ; mais nous desirous, nous aimons le gouvernement regulier de la loi ; cf, si Ton veut y regarder attentivemenl, on trouvera , je crois , qu'en ceci, I'inconse- quence a ete chez les gouvernans plus que chez les gouvernes. Au reste, noire historien est doue d'une sagacite habi- tuelle qui I'empechc de ceder entieremenl aux influences dont il semble quelqucfoisdomine; il apprecie tres-bien, parcxem- ple, le spectacle que presenta I'entree de Louis XVIII, le mauvais effct du premier discours de iM. Dambray devanl les deux cbambres, et ce respect superstitieux du principe de la I:T rOLITIQLES. 55? J'cgilimile, qui avail fait datcr la cluirlo cic I'aii Kj' (hi icf^fii* lie Louis XVIII. Mais c'cst surtout dans Ic rccit du con-Tes lie Vicnue que rhislorieu icpreiid tous ses a\aiitages. « Le congrivs dc Vienne ctait ouvert, et ses premiers actes firent disparaitre, comme un reve, le regne de philanthropic, dc politique equitable et magnnnime dont I'aurore avait parii Inillcr au milieii mi-ine des evenemens tumultueux .7; R;il(lli. Iii-S'cl in-i: ET POLITIOIIES. ^.-^ I aiiteiir lui-mf-me (i), et que roditcur Florenlin a coiilrc- litile el (len;iUiroe. Nous croyons meme nece.ssaire de signa- ler au public ce tort grave fait a tin ecrivain aussi estimable que M. Yaccani, ct que des avocats oflicieuxont taohe de jus- tilieren Italie pour legitinier celte sorle de piralcrie typogra- phique, veritable violation du droit de propriete, juslement llelrie au tribunal de la morale, lors meme que les lois civiles sciublenl la toierer. Dans Ic coniptc que nous allons rendrc de celte liistoire, qui a cle tres-ravorablemeut accueillie, et en nous rapporlanl a I'edition de Milan, nous regrettons de ne pou- voir suivre rauleur dans tonics les parties de son travail ; niais nous nous efforcerons du moins d'en bien faire connaitrel'im- porlance d I'espril general. )-'uuvrage est precede d'une longne iritroduction, divisce fii l)Iusieurs parlies, sur Thisloire gcnerale de I'Espagnc, de- pais les terns les plus rccules jnsqii'a la derniere epoque oCi la guerre la plus borril.le 6r!ala dans la Peninsulc. Commeles Espagnols, pendant cede guerre nationale, ont deploycunca- raclero qui loui' est tout-a-fail propre, et qui rappelle celui qu'ils montierent dans les guerres centre les Romains, I'au- leur a juge iiecessaire de nous presenter un tableau des an- nensEspagnols, pournou<5 metlre a meme de mieux jugcr les modcrnes, en coniparant les uns aux autres. Ce caraclJrc ualional ineffiirable strt soiivenl a expliqucrles evencmens ex- traordinairesquietonnentlelecteur. Celte excursion, faileavec autanl de precision que de rapidile, est un resume foit com- plel de I'histoire d'Espagne, et prouve, dansM. Vaccani, un rarelalculd'aualysc. II commence parexposer la topograpliie sources, ct qui lout tie la I'cuiusiile le pn^'s Ic plus propie a scrvir de lliealrc a toutc esjiocc de guerre. II lappcllc eurtuilc Ics ptitplcs anciens qui Tout successivcmcnt liabitcc : les Ibcrc?, Ics Ccltes, les Caiilabres, les Celtiberes ; et ses recits offrent bcaucoup plus d'iuleret, a mesure qu'il .s'approclie des tenis mleiix connus. II nous reprcsente les ef- l(uts licroiques de TEspagne contre losCarlhagiuoiset centre les Uomaius, jusqu'au jour oii la chute de Numaace entraiue pour cllc la perte de sa liberie, et confond ses desliuees avec celles du grand empire romaitK Mors commence cette ere do servitude et de depravation, pendant Uujuelic I'Espagne ne comple plus d'aufres litres de gluirc que d'avoir produit les eiupereurs Trajan etXheodose; mals elle ne retire aucun avan- tage ni de la justice de I'un, nj de la puissance dc I'autre. Trajan ne fait que prolongei' sou etat de sommeil, en lui ac- cordant de vains honneurs et des monumens insignifians; Theodose, craignant meme qu'elle ne se reveille de sa letluu- gic, scuible jouir de sa degeneration toujours croissanle. Au commencement du v" siecle, les Arabes, les Mains, les Yandalcs, et depnis, les Goths, qui leur succeilerent , font de I'Espagne ce qu'ils firent en memc terns des aulrcs provin- ces dc I'empire lomain, partout dechire en lambeauxct li- vre au pillage. On a dit que ces hordes de Barbares, en olant a ces divers peuples, depuis long-tems domptes et vicillis, le pcu de bonnes institutions qui \cuv restait , leur communique- rent eu retour, ou plutdt reveilicrcnt en eux I'energie qu'ils uvaicat perdue, ouqui scmblait auca;iliedepuis tant d'annees. Peut-etreserait-on micux foude a dire, que tO'Jt pcuple, lors- qu'il est arrivea uu certain degre de servitude et d'oppression , se relevant tout a coup comme par un mouvenient d'clasti- cilc nalurelle, reprcud sa vigucur primitive, el renversant tout cc qui s'opposc i\ sa liberie, recommence et poursuitunc nouvelle ca^■^•ierc, jusqu'a re que d'autres circonstances vicn- ncntrarreler dans sa marcho. Quoi qu'il en soil, M. Vaccani pense, (pic les Espagnols nuuIcrMCS re( uront de ces peuples conqucraus ccl ardent amu;ir Je la patrie el dc leurs princes. KT POLITIQL'ES. 5; 5 ct ccltc iciulancc au mysticisme qu'il ont conserves jusqii';i nos jours. Noiisnc contestons point ces qualites nationales, et nous laissons a d'autrcs le soin de rechercher leur veritable origine; ce dont on ne peut douter, c'est qu'adater dc cettc epoque, I'Espagne s'est fait reniarquer comrne une nation dis- tincte de toutcs les autres, et qui conserve avee un zele par- ticidier sa religion, ses lois, sa dynastie. L'auteur n'oublie pas celte giande epoque pendant laquelle, d'un c6te, les Arabescliercliont en quelque sorte i dedomma- ger par leur savoir et leur Industrie la Feninsule asservic, des maux qu'entrainent la guerre et la conquete; de I'autre, Pe- lage et les Goths, ses partisans, refugies dans les montagnes des Asturies, s'eirorcenl de raniuier Icurs compatriotcs, et dc leur rendre une existence politique et nalionale. C'est alors que riiislorien appelle I'allcntion des lecteurs sur la cession qu'Alplionse II lit a Cliarleniagne du Irunc des Asturies, ces- sion qu'il s'empressa de revoqucr, des que la nation reclania sun iiidependance. « On scntit, dit-il (t. i, p. 37),que I'allianre avec I'empire d'Occident n'offrait au royaumedes Asturies au- cun avautage reel; qu'elle sacrifiait, au contraire, le I'aiijle, livrc a la discretion du plus fort; qu'aucun prince n'a la facullodece- der a un etrangerles droits ct le gouvernement d'une nation libre, sans avoir prealablementobtenu la sanction de la nation asseniblee; que la puissance dc I'empire d'Occident elail trop grande pour que les Asturiens pusscnt esperor de consorver u i.c patrie, etde resister ii un elranger qui, a la honlc des trails et des sermens, voudrait les opprinier, les depouiller et ks avilir. » Nous pourrions citcr, dans cet ouvrage, plusienrs pas- sages du meme genre, qui tons nionlrcraieut que la j)osition de l'auteur ne lui a point fait oublier, conune on I'avait iusinue , de dormer des lecons utiles a ses compatriotcs , auxquels son histoire est principalcment destinee,. Les Goths, devcnus plus fortsetplus cntreprcnans, fondent tout a Coup sur les couqucrans, les contraignent a se rctircr de toutes parts, et rendent a la nation son monarquc legitime el la portion d'independancc dont cllc avait etc depouillee. .">;« SCIENCES MOKALKS M. >iitTani {luni.suit la marolie de cctt« scooiicle monarrlife ties Goths, jusqu'a ce que Ferdinand et I.sal)clle, vein la fin du XV* siecle, revuiissmt rAirngon et la Casliile, sc fronvent les maitresdc toule I'Espagne, ct memo d'un nonvcau monde qu'nn Italian, aussi eritrepienant qn'iiifortiine, deconvrit a letir profit. C'cst an milieu de cette prosperile que s'etahlit (c Irihiuial odieux, qui, d'aboid destine a la conversion dcs jiialionielans ct des juifs,finit par les detriiire cux et les clut'liens. I'ne telle institiition , si conliaire a I'espritevange- li(|ue, t^wnhinec avec I'esprit de discoi'dc (|ue la com- romaine yut jeler parnii les peoples catholiques, doanerent a cetle (•our unc grande influence sur toule rEspagiie; ce qui contri- l)ua lour a tour a ses enlieprises et a scs conquetes, et plus encore a ses malheurs et i &a misere. Apres la mort d'Isabelle et de Ferdinand, I'Espagne est successivemeut dominee par Ics Autrichiens et par les Bour- hons. C'cst pendant ce double pcriode qu'on la voit, tantot s'l'lcver au foile du pouvoir, et saisir prcsque ce fanlume de la monarchie universelle, objet favori de sou amliition. tan- tot tond)er dans un etat de faiblessc d'aufant plus meprisable, (ju'il ctait convert d'une magnificence cpbeniure et troni- peuse. L'historien parcourt cos divers rcgnos sous lesqucls la monarchie espagnole, au milieu de beaucoup de vicissitudes, couvail dans son sein les elemens d'une ruine complete, jus- qu'au moment oOi la revolution rran<;a!so vint constater et ac- cclerer encore la chute de la monarchic , dont la honte fut digncmcnt reparee, quclques annees apres , par I'energic de la nation. I.'auteur s'arrCte encore un instant, pour nous offrir un taldcau dc I'etat politique et militairc do la France et de ITs- paguo, au moment on eclata cette revolution, dont les prin- cipcs et les consequences fixcnt egalcment I'attention des csprits observateurs et dcs veritables hommcs d'Etat. II ne dissimule ni les vices et les intrigues de la cour dc Madrid, iii I'ambition et les perfidies de Napoleon , dont I'liistorieii salt aussi recoiinaitre ct admirer Ics talens ct le gonic. Mais il ET rOMTIQl i:S. '77 s'iilladie siii'toiit .'i exposer Ics moyens criillaqiic vi dv dc- I'eiise que dcploicnt les deux nations belligeranles. La Franco oppose deux cent niille soldats, soutciius par trois cent niillc autres, tout prets a les secourir, conmiaudes par les plus ha- biles generatix de TEurope. et diriges par un gueirier doiit on ne trouve de modele que parini les heros anciens ; tandis (pie I'Espagne, n'ayant pour se del'cndre qu'environ cent mille homnies, disperses on mal employes, montre bienlot ce que peuvent raniour de rindependance porte au plus liaut degre d'exaltation, leniepris et la haine de I'etranger, le fanalisnic et le desespoir. Du contrasle de ces deux puissances, et des mobiles si differens qui les font agir, resultent les phenomenes les plus edatans de bravoi.i'e , de patriolisme et de I'ei'ocite , qui tautot nous iVappenl d'etounenient , et tantot nous pe- netrent d horreur. On voit, par I'idee que nous donnous de cetle introduc- tion , que , loin d'etre un ohjet de luxe, on un liors d'oeuvre, clle nous i'ait connaitrc, pour ainsi dire , le lieu de la serine et les caracteres des personnages les plus remarquables qui doi- vent figurer dans cetle histoire. L'auteur s'etant propose de suivre le cours des six cani- pagnes successives, depui^ iSoSjnsqu'a 1814, adopte la forme des annalcs. Son but principal est de mettre en evidence la bruvoure el la discipline miiitaire des Francais et des Ttaliens aux prises avec la fermele et la fureur des Espagnols; et, bieu qu'il s'occupe specialement des Italiens, il laltache lours operations, leurs succes, lours rovers, a la fortune et aux mou- vemens generaux et particuliers de la grande armee fran- caise, avec un tei art que, tout en rendant a celle-ci la jus- tice qui lui est due, il fait encore iiiieux ressortir le meriledes Italiens , qui partagcrent , comme lui , ses dangers et sa gb.ire. L'ouvrage elant divise en trois volumes, le premier coni- preud la campagne de 1808. L'auteur racontc d'abord ce qui arriva pros de Bayonno ; puis, I'enlree des Ilalicns a Barce- I'juc , cl les niouvcincns militaires en Andalousie. 11 donuc eii 078 SCIliNCrS 3l()i\ALKS nu'iiio trills Jl's iiulions sur la Ciilalogiie , qui, soloii liii, iie lilt janwis coiKjuisc par I'ctranger qu'aii nioycii dc la fraude. Lcs (k'lix canipagncs dc 1809 ct 1810, contciuies dans le se- cond voliiinf, dcvcloppent dc pins en pins la bravoin-e ct I'e- iicrj;ic pcrscvcrante dcs Espagnols. L'historicn tronvc ici dc nonvcaux points de ressenihlance entre cnx ct lenrs ancclrcs, qn'il nous a I'ait admirer anparavant. C'esl an milieu dc Icurs efforts et dc Icur resistance lieroiqnc que les Italiens font aussi preuve dc liardiesse et de courage , surtout au siege dc Gi- rone, oii qnelques faules commiscs dans le plan ct la disposi- tion de I'attaqne, sont relevecs judiciensemcnt par M. Vaccani. On voit ensuile tout cc qui fut entrepris et execute dans la Oatalognc : les expeditions centre Cadix tt contre Valence, le bldcusdcla premiere dc ces deux villeset de Lerida ; I'expe- ditiun contre Cordouc, le siege et la prise de Tortose. Le Iroisitme volume renferme les qiialre dernieres campagnes. (^ellc de 1811 a pour theatre la contree oi"! sont les places de Tarragone, dc Figuieres ct dc Badajoz. Les Italiens se font rcmarqucr dans la rnarche de Manrese i Barcelone. Dans les campagnes suivanles, malgre les preuvcs niemorables de cou- rage tt de ferniete dcs Italiens, la prise de Vah'.nce, la reprise dc Madrid, ct plusieurs expeditions ct fails d'armes gloricux, niais sans resultats utiles, on pciid Tarragone , on est force d'evacuer I'Espagnc ; et les troupes italiennes, aprcs six an- necs de souffrances et dc saciiliccs de tout genre, retournent enfin dans leur patrie pour etrc cxposees a de noiivelles \i- cissiludes. Nous allons resumcr en peu de mots cc que I'antcur a de- veloppe avcc de Ires -longs details, relatifs aux Italiens : (Cn 1808, ils prircnt part avec rarniee francaisc a la coiiquetc et a la defense dc Barcelone , de Figuieres et de Roses ; ils de- conccrterent , en i8og, le plan de rennemi, qui vonlait les cnvelopper a Villefranclie, en lui enlevant la place dc Girone. lis contribucrciit , cn 1810, a la conqnelc d'Hostalricli et de Tortose , ainsi qu'a la defense de plusieurs places sur la Segre el le long dc la mer; ils coopererent , cn 181 1, a la prise dc ET I'OLllIQUES. 5:c) Tnrr.ngone , de S;igoiite ct c!e Valence. E:i i8j2 ot i8i"», ils prirent Pciiiscole, Castro et d'aiilres places, et ilerendiieiit Sarragosse, Turragone, Lerida, etc. Mais, ce qu'il iniporte encore phis de rcmarqucr, c'est que les Ilaliens envo3'es en Esp;igne pendant le couis de cetle guerre, suivant les calculs de notie historien, I'urent an nom- l)re de 3o, i85 , dont 2,627 liommes de cavuleiie, et que , de tout ce nonibre, il n'en rcntra en Italic qu'cnviron 8,958. Cette guerre fnneste aurait ainsi coQte a I'ltalie 21,225 hom- ines de ses meilleurs soldals ; sans compler, selon I'obscrva- tion du general Coletta, qui a public un Resume de cette wane lustoire , 7,200 Napolitains et tous les corps qui appartenaicnt aux diversos provinces d'ltalie, inoorporces a la France, et qui laisaicnt partie dc I'armee francaise, ainsi que les Siciliens qui perircnt en combattant dans les rangs de I'armee anglaise. Copcndant, tout Ic IVuit de cet iaunensc sacrifice a ete pour les Italiens de voir Icur pa3's rctombcr dans le meme etat de dependance ef d'oppression ([u'il subit depuis plusieurs. sieclcs. Tels sont les evcncmens principaux que I'historien deroule sous les yeux de ses Iccteurs. II n'affecle point, dans ses recits» cette mcthode spccieusc de tool gencraliser, qui neglige les details. II n'oublic aucune circonstancc dtnt le souvenir pent etre de quelquc iiisiriiclion, surlout pour les mililaires. Ses. descriplions sont rcdigees avec tant d'art et de vcrile, qu'on croit voir ce qu'il peint. Je citerai ces tableaux etonnans qu'il donne de I'etat eflVoyable de Sarragosse et de Gironc, apres que ces villcs furent prises (vol. 11, p. 28 et 172). On ren- contre beaucoup d'asitrcs tableaux, plus on moins remar- quables, que I'liistorien fait toujours servir a devolapper lo caractere de cet'.e guerre nationale, et des peoples qui y prennent part. Je dois louer aussi la clarte, la correction et I'elegance du style de M. A'accani. II reussit souvent a com- muniquer a ses Iccteurs le meme interet dont il est anime. Je suis que des ecrivains ont qnelquefois abuse de ces formes his- toriques, qui ne constituent pas rinteret et rcssence de I'his- "S(. SCll'INCl'S MOIIALFS loirc ; niais il iw liiiit pas iion plus tojabci- dans Ic dt'laiit contrairc, qui rodiiil I'lusloire a n'clie qu'iiiic cspece do chro- niqiic sethc et monotone , ou bien un commcntaire de fails liistoiiqucs dont on s'al)slicnt d'offrir la relalion delaint'c. Le \rai inerite de celle derniorc nielhodi- no coiisisle (|n'a faire noire I'art de riiisloricii pins laclie qu'll nc I'ost en elVcl, et ;'i inidliplier Ics t'crivains mrdioncs on inanvais. I\J. Vaicani, evitant I'un tt I'autre ecvieil, s'est lenn anx grands modules de ranli(|uite. II decrit, il peinl qncl(|uefois ; mais il inlerosse et instruit toujours. Ce n'est pas cependant de ces formes exte- terienics ; c'est de la verile des recils et de rimpnrtauce des fails et des observations qu'il lui faut savoir le plus de ^re. II n'esf pas du nombre de teux qui cheichent a suspendre la cre- dnlile de la midtilude, en lui offrant des romans pour de I'his- loire. Ayaut cii part le plus souvent aux operalions militaires qu'il raconto, et pouvant s'approcher, en qnalile d'oHicier dii gjenie , des etals-majors, centres des operations, il decrit ee qu'il a vu de ses propres yeux, et raconle ce qu'il a appris dans les rapports les plus aulhentifjues. (Ics raj)porls cux- memes ne sont pas toujours as.<('z veridiqnes. Mais qui pou- vait mieux les juger, et rcjeter ce qu'ils cnnlcuaicnt de faux ou d'exagere , qu'mi oflflcior du gcuie, lialtilue a dislinguer ceux qui elaient publics pour en impnser, de ceux qui prcsen- taient I'ctat reel des choses? On a dit que I'liisloirc complt'te de celfe guerre d'Kspagne ne pent elre redigee avec toute rexactitude neccssairc, qu'a- prrs que les gcucraux qui y out pris part , auront j)ublie les relations parliculieres des operations qu'ils out dirigees. Mais, nc serait-ce pas nous exposer a n'avoir point d'liisloirc, que d'cxiger des conditions qu'il est si difTicile de rcaliscr? Au resle, si M. Vaccaui a cousultc lotitesles relations secretes et ])ul)li(pies, el si, en liabilc connaisscur et en critique impartial, il a lachc de les comparei' el de les juger pour en faire ressoitir ce qui est vrai, ou du inoius ce qui estlc plus probable, n'a-t-il pas snivi le c niscil, moius utile que spceieux, qn'on a donne a cct cgard? Son h'stoirc a done a nos yeux le merilc d'etre I:T POLMIQLKS. 5Si aiissi vniie et ausfi jnclicieiise qu'on devait I'attendrc > Honorer ainsi, du vivantde Moliere, le grand homnie dans le romedien , c'est joindre le coup d'ceildu genie a I'elevation du oaraclcre. Quel que soit le jugement de la posterile sur la grandeur politique de Louis XIV, comme juge et protecteui- des arts, il sera toujours grand. Moliere i-lait, de tons les auteurs de son terns, celui qui avail le plus bcsoin de I'appui du monarque ; car il altaquait le vice et le ridicule dans les rangs les plus eleves. Des Tela- blisscmcnt de sa troupe a Paris, il traduisit au tribunal de Thalie I'hotel de Rambouillet, coterie alors si formidable. « L'on a vu, il n'y a pas long-tems, dit La Bruyerc, un cercle dc personnes des deux sexes, liees ensemble par la conversa- tion et par un commerce d'espril. Us laissaient au vulgaire I'art de parler d'une nianiere intelligible. Une chose dite enlre <'ux pcu clairement en entrainait une autre encore plus obs- cure, SUV laquelle on enchcrissait par de vraies enigmes, tou- jours suivies par de longs applaudissemens. Par tout ce qu'ils flppelaient delicatcsse , sentiment et finesse d'expression, ils ctaicnt en^n parvenus a n'elre plus enlendus , et a ne s'en- icndre pas cux-memes. II ne fallait, pour servir a ces cntre- ticns, ni bon sens , ni memoire, ni la moindre capacite ; il LTTTfiRATURE. 58; fallait de I'esprit, non pas du meilleur, mais de oelul qui est faux, et oi\ rimagination a le plus de part, s Ce fut, ajoiite M. Taschereau, le 18 novembre iGSg, que Moliere livra cctle attaque au faux goOt. Le titre de sa piece avail excite une cu- riosite generale. Les suppots de la ligue contre le naturel y assistaient pour la piupart; et, malgre le nombre des specta- teurs a la fois juges et parlies, la verite du tableau forra tous les suiTrages. « J'ctais, dit Menage, a la premiere representa- tion des Piecieuses ridicules; la piece fut jouee avec nn ap- plaudissement general ; et j'en fus si satisfait en mon parti- culier, que je vis des lors I'effet qu'elle allait produire. Au sortirde lacomedie, prenant M. Chapelain par la main : Mon- sieur, lui dis-je, nous approuvions, vous et nioi, toutes les sottises qui viennent d'etre critiquees si finement, et avec tant de bon sens ; mais , pour me servir de ce que saint Remi dit a Clovis, il nous faudra brfdcr ce que nous avoiis adore , et adorer ce que nous avons brflle. Cela arriva comme je I'avais predit, et , des cette premiere representation, on revint du galimatbias et du style force. » Ce recit fait honneur au bon sens et ;'i la bonne foi de Menage, ou piutot a ceux du public de I'epoque, dont il est comme le representant. Mais, si de nos jours il s'elevait quelque nouvelle coterie qui, sous d'au- tres formes, tentat de retablir dans leurs privileges I'affecta- tion et Tobscurite prelentieuse de I'hotel de Rambouillet , le ridicule suffirait-il pour en faire justice? On pent en douter. Les nations parvenaes a I'age mfir n'attacbent plus assez d'im- portance aux succes de I'esprit, pour que lesblessures du ridi- cule soient encore mortelles. M. Tascbereau a su reunir, dans son bistoirede Moliere, ce qui fail aimer I'bomme , a ce qui fait admirer I'ecrivain. On voit que la douceur, la sensibilite, la grandeur d'ame etaient, sous des dehors quelque pen austeres, les qualites distinclives de ce grand poele. Cette partie du travail de son biograpbe n eri'.e beaucoup d'eloges. Toutefois , j'aurais voulu qu'll suivit de moins pres les traces de ses confreres , accoutumes a sacrifier toutes les reputations i celle de leur heros. Ainsi, 388 ' KlTTl'lllAtUiir';. 4'0niiucnl;mt la cOiidiiilo el les ecrits (!o llaciiio , il deride Imi - (liincnt « qu'il cut los plUs {^n-aiids U)its ciivers Molirir, sou bienfiiitcur. » Sainmes- nous asscz sftrs do bien toniuiitrc les fails, pour prononccr d'uiic nwiiiicrc aiissi liaiicliaiitc cntre dc pareils lionimes? Ailleuis, a propos de cc faineux passage de I'Art pocticpie : C'ost par li que Molii-re, illiisfiant ses ecrils, Pcttl-elre dc son art cflt rcmporlr le piix, Si, moins auij du peiiple, eu ses doclrs ptintures II n'eiit point fai* soiivcilt f^'iiniaccr ses figures, Qiiitlc pour le boiid'on I'agieahle et le fin, El sans hontc ft Tt-rcnce allie Tabaiin. lii. Taschereau ne se coiitente pas de faire remanjuer la sc- Verite de ce jugement. Boilcaii, cii accordant, snivant lui, lit preference au comique latin , ioujoiirs fioid, niais toujoiirs pur, delicat etchatic, n'a eu egardqu'alapuretedu style. II I'ac- Cused'avoirtrouve dans Moliere mille defauls qui se sont, jus- qu'a cc jour, caches a tons Ics jeux ; le peut-Hrc, surtoiil , lui semblerait compronicttre le goOt du cenacur, s'il nc fallait croire qu'il a ete amenc par le bescin du vers ; « niais il faul avouer, ajoute-t-il, que jamais chevill6 n'a pkis malhcureusenicnt de- nature la pensee du versificaleur qui I'a appelec a son se- cours. » Boileau denaturcr sa pensee par une cheville! M. Tasche- reau y a-t-il bien rcflechi? Cc pcui-etre, cliez un auteur qui n'avait pas vu les succcsscuis de Moliere, n'est-il pas plutol Tin exemple reinarquable de la sage reserve avec laqiiclle uu grand ccrlvain juge ses pairs en presence de la postcrite ? Vol- taire, dont la raison superieure fuiissait loujours par Iriimipher de ses passions, dit quelque part qu'il ne faut pas uiedirc de ma'dre Nicolas ; que cela porle nialhcur. L'avis s'adresse sur- toutaux critiques. Que W. Taschcrcauy prennc garde; cc Boi- leau, que, par complaisance pour les opinions du jour, il atla- quc sans cesse avec une sorte d'acharnement, stirtoutdans son HistoircdeCorncUk, ce Boileau est, de tousles poetcs, celui qui a pcssede au plus haut degre deux qualitcs fondamentalcs , l,i LlTTlllRATiJRE. ^89 Miiisou cl le goiil. II est tics Icnis 011 cics I'aciiUes plus brillantcs scduiscnt l>. Pour moi,cllc me scmble Sgo LITTER ATC RE. pen flomeuse : si Hard}' avail recu de la nature le genie rfra- matlque, il eQt fait ce que fit Corneille. De la confusion dii genie dramatique avec le genie poeli- que en general, sont nes, je crois, les grands debals litlerai- res de notre terns. Le theatre est un art distinct, line pro- vince a part dans I'cnipire des Muses. Pour reconnaitre cette specialite de I'art dramatique , il suffit de reflechir a la diver- site de position du lecteur et du spectateur. Quand celui qui lit Yoit en tfile d'une scene : Palais dans telle ville , foret dans telle contree, il est tout de suite au fait du voyage que I'autcur impose ;\ sa pensee. Le lieu de la scene ffil-il nieme tres-complique , quelques lignes en caracteres italiques suffi- raient pour dissiper toutes les obscurites. II n'en est pas ainsi pour le spectateur; a I'aspect d'un changement de decor, il adresseaussitota I'auteur cette redoutable question : ousuis-jc? 11 faut que les personnageslesalisfassent d'abord sur ce point. Or, souvent, pour expliquerle lieu oil ils setrouvent et com- ment lis y sont venus, dix vers froids seront necessaires; il n'en faut pas davantage pour glacer toute une scene. Ce n'est pas tout : I'unite dramatique consiste, non dans chaque scene, mais dans I'acte tout entier. C'est jusqu'a la fin de I'acte que la curiosite, le trouble, I'emotion, doivent aller toujours crois- sant. Mais, si I'acte est coupe par un changement de lieu, les personnages pourront-ils se retircr pour faire place a une nouvelle decoration et a de nouveaux interlocuteurs, sans que les fils de Tintriguc soicnt coupes et que I'tnterel s'amortisse ? Li> regie dcsvingt-qiiatre heures n'cst pas fondee sur de nioins bonnes raisons. Le lecteur aune a reflechir, et i! en a le tems; le spectateur ne I'a pas; ce qu'il lui faut avant tout, ce sont des emotions. Or, plus les passions des personnages seront Impetueuses, vives, rapides, mieux le drame atteindra ce but. Mais comment supposer qu'une passion reste long-lems dans son paroxysmc? Avec le terns, I'unite mfimc des caraclercs est contraire a la verite. Ainsi, plus Taction d*un drame aura de dutee, plus (toutes choscs egales) elle parailra au spec- tateur invraiscmblablc, obscure, decousuc, lauguissanle. UTTEIVATURE. Sgi Le siijct till Cid est peul-Llie Ic plus beau qu'il y ait aii theu- tre. Scudiiy et niC-me I'Acailemie ont pourtant ose dire qu'il 7i\xt pas boji , a cause de rinconvenance du personnage de Chiuiene, qui scmble conseutir a epouser le meurtrier dc son pere, et ce defaut, suivant enx, est d'autant plus choquaiit dans la piece francaise que, Taction se passaut dans les vingt- quatre beuies, la doulcur de Chimene doit etre plus vive. Cette critique porle absolument a faux : qu'une jeune fdle, dans toute I'ivresse de I'amour et de resperancc, revoie celui qu'elle aime au moment oi'i il vicnt de tuer son pere dans un oelc y supplcc pir quelque episode ou mcme par une se- LITTERATURE. 395 condc action qui snccede a la premiere. L'nrt etait done in- complct, et un bon drame etait I'oeuvie du hasard, autant que du poete. Les Latins et Ics Italiens le cultivercnt sans y rien ajouter. Mais on vit chez les Espagnols une intrigue ha- bile nouer Taction, suspendie la catastrophe, multiplier les surprises, les peripeties et tenir en haleine la curiosite et I'in- teret. Cependant ce progres etait lie a un systeme dramatique dont I'invraisemblance, le vague et la complication eussent fait preferer encore la simplicite sans art du theatre grec. Ainsi, les elemens du drame existaient, mais epars; pour que le drame fOt, il fallait qu'un homme de genie Tint combiner les materiaux et construire I'edifice. Get homme fut Corneille ; et I'oeuvre, deju si heureusement commencee dans le Cid, fut consommee dans Cinna. Racine depuis donna au style ce na- turel, cette purete, cette grace continue, qui pretent a ses ecrits uq charme inalterable. Voltaire developpa la partie morale et pbilosophiqne de I'art, et trouva pour le palhcti- que des routes plus directes vers le coeur humain. Mais, pour I'effet theatral, ni I'un ni I'autre ne surpas^^a Corneille. Leur gloire est de nous emouvoir autant que lui; celle de la patrie de ces trois grands hommes est de ne voir chez les nations rivales aucun poete diamatique qui fasse couler des larmes aussi douces et aussi pures. Ici je retrouve sur mon chemin M. Taschereau. «VoItaire, dit-il quelqne part, n'egala jamais d la scene, ni Corneille, ni Lope de Vega, ni Shakespeare ». Corneille, passe! mais Lope de Vega et Shakespeare !.,.. En verite, les Franrais se piquent aujourd'hui d'une etrange modestie nationale. Ce qui leur fait illusion sur le merite dramatique des ctrangers, c'est qu'ils en jugent par )a lecture. C'est ainsi que dans Shakes- peare I'obscrvateur profond et le grand poete ont frappe tons les esprils. ftJais on n'a pas remarque que ses bcautes s'adres- sent presque toujours a la reflexion, et que par cela meme elles convienncnt peu au tiieatrc. Je ne parle point ici de ses pieces historiques ; la discussion serait superlbie. Je parte dc ceux de ses drames 011 son imagination fut le plus libre, et parmi r*/. lttti-rature: lv<:<\rn'hOl/iilto, j(; jtcnsc, licnt U; preinior rang, LVpieiivo dc €0 (Irainc a etc I'ailc siir iwjlie ihealno. . !\1. Al)bj)cK'o Saiila-Ann;i, qni avail cent pieils dc haiit : le tronc, tlo f|naiMnte-six pirtls el (lemi ile cirrDnriTcnci' asabasc, s'i'iovail jnsqu'a soixaiUo- ciiiq piiHl*, ^ans oflVir inie hranchc on mi nojiid snr touU; son ocoroc hiantlie. Les hranrlics claient di^ncs do la ligc et convraiont un diamilrc do cent foixante-cin'[ picds. Get arlire immense est a Ini seal nn inonde, et abiile et nonrrit dos millions d'insectcs. Phigicnrs planles parasilcs s'y ratla- ohont. L)os pommes de pin sanvages croi.^sont an sommcl, et la vigne vcgete sur ses brandies, et laissant rctond^er scs raiiieanx jnsqn'a lerre, fonrnit aiix rals, aiix sonris, et a I'op- posiuu , qni ponrraient dillicilement giiniper le long de rccorce nnie, nne eehelle ponr anivcr jnsqn'aux eonpes de pins, qni rormont antant de reservoirs natinels on I'ean dos plnies se conserve. Le pou do bois y fondo dc vastes re- pnbliqnes, et fixe ses larges et noires cites, a la jointure de qnebiiics brandies d'ou il descend jnsqn'a terre par un die- min convert qu'il construil en niorlier ; il a luOinc soin d'ei: avoir denx, Tun pour dosccndre, I'autre ponr iiionler. Cot insocte, de la'grosseur d'nne pnce, est inoll'cnsif, et sort dc rej;al aux bahilans de la basse-conr, anxquelS on en livro dcs nids tont enlicrs. II n'en est pas de niOnic de la bibiu^iui, on foio'iiii noire, qni commct de conlinnds ravages dans Ic-^ plantations. La fabrication dn sncre se fait, dans les pro- prictes les pins considerables dc Cnba, an nioyon de machi- nes a vapenr qn'on y poilc de rAngleierrc. Un agent d'nne fonderie anglaise reside dans I'ile, passe les maiclies av(\; les colons, et snrvcille rctablis^'uiciit et la niardic dcs ni.i- diines. Les details snr les calcycrics et leur exploiiatiou sont tres inleiessans. I.es plants sont disposes par carrcs dc vingt a cinqnanlc toises de largenr, scpares par dcs allccs qni ont de dix a trente picds, ct qni sont bordccs de pal- Miiers, d'oiangers, de platanes, ct dc pinsienrs autres espL'- ces d'arbres. A I'cpoquc de la Iloraison dcs cafcyers, tonte la' surface des caries se couvre de Hems d'nn blanc de ncigc, ct rien n'cst agrcable comme dc parconn'r ces avenues sur nn des petits chcvaux du pays, an lever du soldi; on se croi- rait dans un lidcn, si la voix menacante dn chef dcs ni-grcs, ct les daquemens de son fonet, ne venaient vons rappeler cc qnc contc ci'tle apparenic prospcrile. Les csdaves sont l.'i piesqne anssi a plaindre qnc dans nos anciennes colonies. <}'ielqnes-mis, cependant, Iron vent moyen de charmer Icnr niisere : tcinoin nn petit noir, qnc M. Abbot vit a la licseoivn. ETATS-UMS. 4oi ct dont I'omploi clait de veiller aux mules qiii font marcher la lueiiie pour concasser Ics grains de cafe. Alln de rompre la uionolonie de sa tache, et d'egayer son Iravnil, il encoura- geait ses mules par line sorte de chant ou de recilatif, dont il \ariait la mesure, et dans lequel il celebrait tons les incidens qui venaient a sa connaissance. Si, par exemple, il \ojait quelqu'iin mouter le long de I'avcnue qui conduisait a la niaison, il annoncait d'une voix sonore, et dans un chant clair et harmonieux, le nombre des arrivans, decrivait leur aspect, leur costume, leurs clicvaux, leur voilure, etc. Le docteur Abbot eslinie la population blanche de Cuba a 259,267 personnes; les noirs libres, a i54io57 ; les esclaves, a 225, i5i ; ce qui donne un total de 658,455. II n'y a pas eu de recensenient. L'auteur avail critrcpris le voyage de Cuba dans I'espoir de retablir sa sante ; il se flattait d'y avoir reussi, lorsqu'a son retour de Charleston a New- York, il retomba malade, et niourut dans la traversce. Cet ouvrage poslhume fail le plus grand honneur a son intelligence, a son instruction et a son caractere. Louise Sw.-Belloc. Ouvrages pcriudlqaes. 78. — * Tlie American journal of science and arts, etc. • — Journal americain des sciences et des arts, dirige f;\r Benjamin SiLLiMAN. prol'esseur demineralogieet de chimie, etc., au col- lege d'Yale, etc. New-Haven, 1829. In-8". 4 cahiers par an, lormant 2 volumes de plus de 600 pages chacun ; prlx de raboMuement, 5 dollars par volume. Cet ouvrage periodicpie est parvenu a la juste mesure d'u- tendue qui lui garantit une longue duree. Les progres des sciences et des arts sont assez rapides pour qu'il ne manque point de bons materiaux choisis, et M Silliman sait tres-bien en laire le choix. II nous sendile que I'Auierique lui fouinit aujouid'bui, plus que toute l'Eiu'0})e, malgre la superiorite numcrique des investigaleurs europeens : le succes cou- ronne les travaux scienlifi(iues enlrepris dans le Nouveau- Wonde. On n'y connaissait point encore de mines d'etain, voila (|u'on vient d'en decouvrir dans I'Llat de Massachu- setts. La geologic du territoire des Etats-Lnis s'enrichit d'ex- cellens memoires; les phenomenes meteorologiques sont elu- dies avec soin ; et, tandis qu'on se livre ainsi a I'etude de la nature que Ton a sous les yeux, on ne neglige point les sciei:- cos abstraites, les theories generates, les mathemaliques T. XHV. NOVEMliRE 1 829. 26 4oi LTVRES l-rrUANCEHS. piircs, rl la scionre dcs nit'llnt(lt's, si iniporlanic cl encore jrop neiiv*'. Les doux dt'iiiiors riiliicrs (|U(' umis avous iw;iis (aviil ct jiiillct iS'Ji)) nKritciit rallciilion des natiiiali.^U-s ciiropoeiis, non-seuleincnl en laison des faits parlicidiers qui y soiit lappnrles, niais a cause des vues generales evpo- sees dans qnelcpies arti.les. On y oonsnilera, par cxeniple, avec fruit une disserlalion sin- roiiginc ct la cause actuelic des volcans *, dcs reclicrches snr Ics siiip;nlieres varialinns do niveau qu'eprouvcMtlesiiiandslacsde I'/VnieriqiK!, etc.; la des- cription des sources theiniales lie Saratog;a donnera lien a la comparaison des plieimmencs ([ue les eaisx nianireslent an del.'i de r,\llanli([ue avec, ceiix que I'on oliserve en Italic, tlans des lieiix ct dcs circonstanccs sctnl)lal)lcs : le joni-nai d«' M. Silliman est rceliement nn journal eurnpeen, tant il est liien approprie a notre inslruclion. F. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. ..Q. — * Elements of chemblry, etc. — Elemens dc cluniie, coniprenant les decouvcrtes ct les doclrincs recenlcs (|ui ont enrichi cette science; par Edw. Tdbner. Deuxihne cdilion. Londres, 1838. Tn-S" de 828 pages. M. Turner a suivi dans ses elemens une mardie reguliere ct methodtque. On voit qne, non-senicment il a puise aux ex- cellentes sources qu'officnt les onvrages et les memoires des Cay-Liissac, des Dulong, desThenai-d, inais encore qu'i! s'est inihn dcs principcs d'ordre et dc nielhode qui president nux lecons des savans professeurs de notie Faculte. ■ — II a crn, comme presque tons les auleurs, devoir cojnmencer son ouvrage par des notions de physique, par I'exposition des llicories dii calorique, de releclricite et du galvanisme. II est \rai que, sans la conr.aissance approfondie de ces llieories, il est impossible de se livrer avec qnclque succes a I'etude de la chimie; mairctla revient a dire que Tetudc de la cliimie doit etre prccedec de celle de la physique. Mors, nedevrail- f>n pas laisser ces theoiics a la science a hupiellc elles appar- tiennent : serait-il convenahle, par exemple, de comprendre, (Sans des elemens demecaniqne, les notions preliminaires de mathematiques dont la connaissance est neccssaire a cctlc etude nouvelle? Quoi qii'il en soit, cc? cliapilres sont fails avec beancoup de talent. II en est dc mOmc de cclui qui (railc dc ra(finitc et I GR.\NDE-BRFTAGNE. 4o3 do la cohesion. Dans Ic chapitro ilos proportions dcfinios, I'au- teur a resume Ics important Iravaux de Bcrzcliuj et de l)al- ton. — M. Tinner n'a pas ei ii devoir prendre pour l>ase de son enseigneuieut la i/uorie itcciro-c/ii>ni({i(c. jNous avi)iiona que, pour notre pari, nous le regrcttons. II ne nous semldc. guei'e possible, dans I'etat at'tuel de la science, de rcndrc coniptc, an nioyen d'lnie aiilre loi, d'un grand nomhre de phenomenes, et il faudra bien, bon j;re mal gre, que cliacun y arrive. Professeur a TUniversite dc I.ondrcs, M. Turner a rendu un servi(;e anx sciences par la publication de ccs eli'inens : ce qui les di.-tiugnc surtout de la pliipart ties livrcs cicmentaires qu'ont publics les Ajiglais sur des niaiicies scientifiques, c'est I'ordre et la niclhode ligourcuse que I'auleur a fait prcsider a la redaction, et dont il semble, comnie nous I'uvons dit plus haut, avoir puise I'exeaiple dans les ecrits dc uos savans les plus distingues. H. D. 80. — J allies'' s military Diciionnry. — Diclionnaire mili- taire de James. Londres, 1829; I.ongnian. lii-8°. 81. — Tlie iiiUitary Library. — Jiibliolhique niilitaii'e. Londres, iS'29; Longman. -2 vol. in-4". Lorsqu'en i8i5,nos relations avec I'Anglctcrrc s'etablircnt plus actives et plus suivies que par le passe, on se prit d'ad- miration en France pour lout ce qui etait anglais. Le gouver- nement avait des bases libcrales et fortes , la representa- tion nationale etait dignc et puissante ; les esprits, eleves dans un systeme d'indejjendance , avaient plus de rcssort et d'ubservalion. L'alTeclation de la litterature, du theatre, de la societe anglaise, avait un autre caractere que la noire; done CO n'etait pInsderalTeclation. Dans notre en ihonsiasme bene- vole, nous acceplions pour beau tout ce qui etait etrange et inaccoutume. Maintenant qu'une longue paix, (]c^ voyages frequens dc part et d'autre, out permis aux deux nations de s'observer plus a loisir, on s'est juge plus sainenient ; les An- glais out perdu de leur morgnc , et en sont venus a penser qu'il y avail sur le conliucut bcaucoup a appiendre, meme p.)ur eux; de notre cote, en faisant la part dc ce que nous avons du aii speclade dc Icurs institutions, a leur longue ex-, pcrience d'un gouvernement representatif , avec ses avanta- ges et ses defauts, a I'etudc de moeurs nouvelles, nous ne pouvons nous dissimuler que nous les avons depasses sur plu- sieurs points; et c'est maintenant chose saillantepres(iue pour tons Icsycux que la facon dont I'Angletcrre reste loin derriere nous, et se rallachcau passe. La marchc de I'espril public a cte eii France il'iinc \ ivarilc icin;U(|iial)l«', el d'aiilanl plus j>rarKlr ([lie, de^af^ecli' ses eiilraves, il avail toiile la fi>ii^iieet el toiile lasi'vcdc la jeunesse. Aiii'^i, aiijounriiiii, voiiloir nous ra- meiier an fond et aiix roniies de la coustiliition an^iaisc, sc- lait vouloir himi^ iaire rctrngfadcr, on anoantir U's progres dc (ininze ans; (-e()in, Dicii luerci , n'e?uvres qu'il compre- iiait penonnial. Les Memoires du petit nondire d'officiers qui ont ecrit se redinsent presque tons a quelqnes observa- tions personnelles, a quelqnes incidens parliculicrs, inais, de km- clat, ricn , siuon parfois dc sechcs i'ormules d'excrcicc. CRAM)li-BllETAGNE. 4t)S Vw pvogi'i'S Iros-seusible se manilesle aujouid'luii dans iietic branche de la liltt'-iaUire savaiite, si uullc cl si iiegiigoe jus- tju'ici; k's deux oiiviagcs que nous aniioncons en lout I'ui. ■Ce lie sonl encore que des livres eleiiienlaires, niais c'est pre- cisement par ccux-la qu'il I'aut conimcnr.er. L'enseignenient «n eslquelquefois arid* ct trop depourvii de fails a I'appui : ■cependant, celle secheresse vaut uiieux que ie style dill'us et vide dece qui exislait aiiparavant. L. Sw.-B. 8-u. — Extracts from s-e/ecis Notices, etc. — Extrait d'uii ou- vrage ([ui contieiidra des Notices clioisies stir les universiles <.'l les ecoles publiques. Londres, 1828 et 18^9. In-8°. Get ouvrage resunicra, suivautlesproinesses de I'auleur, les c'crits de MM. Nieiiteyer, Mensel et Tliievsch^ ct enibrassera les ereux pour rAnglelerre, ct nuisilde aux inleicls de la civilisation et de liiumanite. Tandis que M. Buckingham I'ait, a Londres el dans plusieiirs villes manulacturiercii, un coins, ou il ilcmonire jusqu'a I'evi- dence, d'une pait, les vices dii syslenie actuel, et de riiut4'e, les heurenses consequences d'une lii)erte de commenx; illi- milee avcc I'Inde, des publicistes distinguesprechent la iiicmc doctrine dans leurs ecrits. Cctte importanle (|uestion a etc si hajjilemcnt traitce dans la Revue Ency<:lopcdit/iie, par M. de SiSMONDi, (jue nous nc sauL-ions mieux laire que de renvoyer, a son excellent article, ceux que ce sujel inleresse. (Foycz U XLi, p. 641, juin 1829.) 84. — Lundinluna, or lleminisccnces of the British inclro- poly, etc. — Loudiaiana , ou llcniinisccuce^' de la metropolc rjoG LIVKES liTUANGIillS. (rAngletciTe, suile d'csqiiisscs caiiu leristiiiiioS; lopograplii- qncs, clcscriptivesetlilteniires; j>av Edward fP^edlake Bratley. Londies, 1829; Hm-st el (Chance. 4 vol. in-8" oiiil's tie rent graviiics siir dcs siijcls lares et curieiix ; prix, 2 liv. t^terliiiji; 10 scliellinj^s. Ces suites d'ouvra^es peehenl siiiloul par la lorine. Les fails curieux , Ics observalioiis iiileiessaiilcs s'y entasseiit sans ordro , souvent meles ;'t des clioses nnlles. 11 laiil en exlraiic ee qui \aul la peine d'etre In. Eneote ne peut-on eviler a I'es- pril la faligne de passer hru'^qncinent d'un sujet a nn autre. Ce sonl des maU'rianx precienx, niais qu'il fanl delerrer et coordonner. Les antenrs de res compilations devraient snb- ordonner leur travail ;\ une idee doniinante. Une ville coninie Londres est, a ellc senle, un niondc, et tout ce qui s'y passe a droit d'etre classe autiement que par nn liasard de localile. Les lieux, envisages coninie temoins des vieux tenis, pron- iient une solennile imposante. Les vicissitudes qn'ils ont su- llies deposent des vicissitudes d'un penple. Tout devient de I'lii.'^toire. Les monuniens sont enipreints tlcf^ caprices de rimaginalion a diverses epoques ; endn, partoul I'llme dc riionuiie rcparait active on langnissante, bizarre ou subluiie, derririe ces pierres qu'elie a reniuees, ces siies (|n'elle a bou- leverses. C'esl cctte marclie de I'intelligence qui, toujoiirs, nous interessc, nous plait, uons entraine a sa suite, et f|ue nous cherchons a relrouver dans tontes les mauil'estalions de la pensee et de la volonte huniaine. Nous n'avonspas ete heureux a I'ouveilure de ces volumes; nous sommes tombes, lout d'abord, sur des lienx commnus, de vieilles lediles qui ne soul pas meiue rajeuuies par la forme. Qui ne sail qa'on jouait jadis des uiysleres et des mo- ralites dans Ics eglises, el jusque dans les cimetieres ? L'anec- dole du fou du cardinal Wolsey recevant le fou de Henri VHI, le menant dans un caveau pour y puiser du vin, el tronvant quaranle tonncaux vides de liqueur, mais pleins d'or, a I'air d'lm conle fait a plaisir. En general , les clioix ne sont pas heureux, et I'ouvrage ne vaut jias, an fond, le prix qu'il cofite, et le luxe de gravures dont on I'a enrichi. L. Sw.-Celioc. Oavragcs pcriodiqiie.s. 85. — * T/ie p/irenolugiccd journal, and miscellany. — Jour- nal phrenologique et melanges. Edimbourg, iS'Jfj; Oliver et Boyd. In-8° de 10 feuilles ; prix, f\ shellings le cahier. ( Ce prix va changer, comnie on Ic verra ci-apres). (;UA>Di'-BUETAr.NE. /Jo? hv Junniiil p/tirnoloi^U/ue a tleja vecii plus long-leius qu'ou ne I'avail prcilit; menace i!e peril- des Je l)er- ceau , il s'cst mainteiiu jiisqu'a la sixieme annee, et sa vi- iriseur s'accroit avcc Ic tcins. On pent done compter sur sa duree, a moiiis que la science qu'il vent servir spui ialenient , ne succombe sous les atlaques de ses nond)renx cnnemis. Depuis 1823, viuirl-un caliicrs, 011 deux centdix teuillesd'im- prcssion ont paiu avec uii suoces que ropposition n'a point iilTaibii ; le pulilic assislait volontiers aux combats entre les advcrsaires et les partisans des doctrines plirenolofji pies, et v.a s'est point prcssede prodamcr le parti vitlorieux; de part et d'aulre, il enlendait de savantes dissertations; une logique prcssante, des I'aits , d'imposantes anlorites, voila qnelles etaicnt les armes de I'attaque et de la defense, et certes, les jiiges de ces debats devaient etre fort embarrasses. La science est nouvelle; ses principes n'ont pas encore le haut degre dc certitude que les veriles n'a cqnic rent qu'apres une lougue oprcuve ; la resistance qu'ils ont a surmonlei' est done tout-a- fait conforme a la niaiche ordinaire de I'espiit lumiain, aux metliodcs d'une sag€ pbilosophie. De terns en tems, les dis- cussions ont pris, dans ce journal, iin ton d'aigreurque i'on eut evite, si I'attentiou s'etait portee tout entiere sur les ob- jets discutes, abstraction faite de tout interet personnel. iVlais, au lieu de ces debats, oii les passions venaient se meier, on rencontrait avec salislaction des ecrits iustruclifs, des obser- vations dignes d'etre recueillies et lueditecs : le journal phre- nologique a reellement servi les sciences, et merile le succcs qu'il a oblenu. Afin d'elendre encore son innucncc, etde pro- pager de plus en plus les connaissances auxquelles il est con- sacre, les redacteurs ont pris des arrangeniens pourdiuiiniier le prix de chaque cabier : a I'avenir, il ne coCitera plus que 2 sliellings G deniers, au lieu de quatre sbellings. Aiu>i , la souscription annuelle est reduite a 10 sbillings. Dans le vingt-unieme cabier, on lit uu catalogue de teles de dififerentes races liuniaines, reunies dans le i^lusee de la So- ciete phrenologique d'illdimbourg, et que cettc Societe fait mouler, afin de mettre en ventc et de livrer a la circulation ces moyens faciles d'etudes pbrenologiques. Tout en applau- dissant a ces elTorts de zele en faveur d'une imporlante divi- sion des connaissances humaines, on ne pent s'empecbcr d'e- prouver qiielque regret, que des debris de riiommc, reclames par le tombeau, soient ainsi convertis en instrumens de I'art du mouleur. I! sembleque le respect pour les morts s'accorde uial avec un tcl cmploide la depouillemortclle d'un iudividu 4os Livrais etrangers. qui, dans Ic coiir? dc sa vie meiila jicnl-elrc uiic liaiilef cs- fiine, servitsa patrie, donna rexcinple dos vertns puljliqncs ct privces.Ceratalogne I'nit mention de ialetcd'un gticrricr araii- canien : i'indomptahle nation araucanicnnc sera, dans Ions Ics terns, I'objel de la veneration des penplcs iiljies, qnoif{n'elle n'ait fait encore qne pen de prof;;res vers la rivilisalion ; elle elevera, sans donte qnelqne jonr, des nionnmcns a ses j^ner-' riers morts au rliamp d'hnnnenr, cnnime ceiui dont la tele, transportee a Edimbonrg, va fonrnir des copies pour la satis- faction des cnrieux. II est vrai que le mf-me Musee renferme anssi une tete de Suisse, deslinee au ineme usaa;e. Nous nous garderons bien d'affirmer que la Sociele phrenologique iVi- dind)ourg n'a pas observe assez scnipideusement les biensean- ces morales; mars des qu'on le soupconne, on ne pent plus se dispenser d'examiner, et d'essayer de prescrire des limites a la curiosite, qui ne pent s'exercer qu'aux depens du respect que tous les peuples out temoigne, dans tons les terns, pour la depouille mortelle de I'homme. F. RLSSIE. 80. — * De Cinfluence des lumirres su)- la condition des peu- ples : Disconrs In, le 2oniai 1826, dansl'assemblee solennellc de I'l niversite imperiale de Sainl-l'etersbourg, par iVl. i>e GoiiROFF, conseiller d'l^ltat, rectcur de I'Universite, etc. Saint- Petersbourg, 1826; iniprimerie de I'Academie des Sciences. In-8° de 58 pages ; prix, 2 roubles. La question traitee par M. de Gouroff est resolue depiiis long-tems. Le petit nombre d'obscurans qui persistent a re- pousser I'instruction, a interdire tout acces a la luniiere, fait chaque jour des pertes, et ne les repare point; sa fin est im- minente, et bient6t on n'en parlera plus. Mais, dans les cir- constances actuelles, il n'est point sans inleret de savoir com- ment le progres de I'instruction est considere en Russie, et ce que fait le gouvernement pour repandre les lumicres dans nn empire aussi vaste. On pense bien qne la position de I'ora- teur, les circonstances et le lieu ne permettaient point de tout dire; mais on reconnait sur-le-champ que, si i\I. de Gouroff a dQ laisser quelques verites sous le voile, il n'a point altere celles qu'il decouvre; et celles-ci nous rassurent contre une nouvelle invasion des tenebres dont nous sommes a peine de- gages. Voici ce que ce discours nous apprend snr I'etat de I'enseignement et de I'education en Russie. » Le mini>ttie qui y preside, au milieu de diflicultes dc tout RUSSIE. 409 genre, veillc sans ccssc a re que I'eclncalion conserve la l)ase rcligieuse et morale qui Ini a ele doniiee, et travaillc sans rc- laclie a anietiorer renseignenient. La langue grecqiie est de- veniie, coininc I'etait la langiic latine, partie essenlielle dcs ettules classiques , et la langiie siavonne, mere de la langiie russe, a repris ses droits, pour conscrver a celle-ci sa pliysio- noniie originaire et ses bcautes. L'Universit^ de Saint-Pe- tersbourg, qui reroit toufe la protection que meritent son zele et les devoirs iniportans qu'elle rcinplit, est au moment de former la Soclcte des /etlres et dcs sciences qui est ordonnce par ses statuts. Deja, un de ses prol'esseurs public un journal qui nous mctau courant des nonvelles decouvertes, et S. M. I'empereur, dans son zele pour les sciences, vient de lui ac- corder un genereux encouragement. » Plusienrs ecoles speciales, independanfes de celles qui font parlie du sjsteme general d'cducation publiquc, out ete ouvertes , dans cette capitale, aux enfans des pauvres artisans etrangers : les Russes avaient les leiir.s depuis long-tems, et la bienfaisance impcriale les a multipliees, dans ces dernieres annees, en iavenr surtout de ce sexe dont I'instruction est beaucoup trop negligee dans la plus grande parlie de I'Eu- rope; mais Piusses et etrangers, sont tous regardes connne appartenant a la menie I'aniille. Les enfans de.s soldals ont aussi part aux bienl'aits de I'education : on les voyait autiei'ois grandir dans I'ignorance et Toisivetc, meres fecondes de tous les vices. Aujourd'hui, plus de 80,000 de ces enfans sont re- cueillis, sur divers points de I'empire, dans des etabiissemens qui lenr sont exclusivement consacres, et on ils recoivent, a Paide de Penseignement mutuel, les connaissanccs les plus utiles a I'elat militaire qui doit etre le leur. — L'Ecole des ingenieurs s'est perfectionnee par la nouvelle organisation qu'elle a recue il y a peud'annees; et Ptcole d'arlillerie, qui est ^n quelque sorte de nouvelle creation, a deja donne d'ex- cellens ofllcicrs dans cette arme si importante pour decider du sort des batailles. n Dcs Toyages maritimes ont ete entrepris dans Pinteret de la gengrapliie, du commerce et des sciences. Ainsi, on a vu, depuis 4819, cinq expeditions, commandoes par des officicrs russes, partir du portde Cronstadt pour aller parcourir la mer glaciale, les mers du Nord et du Sud, se porter nirme vers Ic pole austral, et revenir a Petersbourg, riches en observations de tout genre, et chargees d'objets d'hi.stoire nalurelle. La Russie, jusqu'a present, a recu beaucoup de I'Enrope; mais /|.o MVfU:S KTUANGI-:r,S. lo fetus csl Venn oi\ elli; atqiiillcra sa dette : lieiircuso tln'oii- tcr an doinairie ilcs sciences, et d'apportei- son conlingenl dans eette espi'il>li(>gnijtlcliesl.le Lislhi) destine i presenter un repertoire cuniplet el chninolugique de la iitleialure nationale, uiodernc, en Russie (voy, Hev. Enc, t. xxvii, p. 147)5 el dont I'iiiteiruption excite de vifs rrg-rels. ]\e atteindre. Du '.21 octobre 1823 an ao novemhre 1827, c'est-a-dire en cinq annres consecu- lives, la pendule dont il s'agit a etc oliservee avcc soin par un des plus habiles astronomes de TEtirope; et un tableau piesente Ics ecarts infininient pel its qu'il y a remarques. « Vo- ire pendule, ecrit M. Schumacher a M. Breguet fils, marche depuis le 1" octobre 1822, sans avoir jamais ele arietee, et sans que j'y aie touche de qnelqne faconque ce ffit. Sondenii- arc de vibration etait alors de 5g' ; il est en ce moment (fe 5i'. Elle est placee au premier etage de ma maison , dans une chanibre immediatemcnt an-dessus de la porlede la mai- son. Chaque fois qu'on lermecette porte, elle doit etre expo- see a une petite secousse, et il me parait hors de doiite, que sa marche serait encore plus reguliere si j'a^ais j)u la placer d'une manic. e plus solide — Elle a toujours ete couiparee a la jiendule de robscrvatoire , quand I'etat de cette dernicre eta it fixe par des observations » La pendule de Biegnet, d'aprcs le tableau de M. Schuma- cher, n'aavanceque de 4' i en cinq annees, ct les petites ine- galites du mouvement diurne se perdent dans les centiemes de secondes , dont I'observation la j)lus attentive ne sam-ait lepondre. Celte pirce doit etre regardee comme un chel- d'oeii\re d'execntiou ; mais elle n'est certaincnienl pas meil- leure que beaucoup d'autres qui sout sorliesdes memes mains. Francoedu. 92. — De Stedinsitscommmtutio qnam scripsit pablireque defendet Car. - /Emil. Sciiarling. — Des Stedinges, these ecrite et soutennc pid)liquenienl parC.-E. Scharlkng. Copen- hague, 1828. ln-8"de i53 pages. Les eveneniens su'iives dans un pelit district de la Frise , appele Sleding, ne sont qti'un point presque imperceptihie dans I'histoire generale des penples; cepeudant ccs evenc- 4iO LIVRIiS ETRANGERS. mens nesontpas sans inlc'riit, ct pen s'cii est fullii que les lialti- lansde Sledinj^ n'onsseni prov()(|(i«J une rcvolulion (mi Kiicopo. C'etaiiMit des paysans (pii, a la sncur do lour i'lonl, avaient dr- J'riche les niarais aiipii'.s du AVeser, el jouissaicnt on paix dii IVnit do leiu' travail, lorsqno les conitos d'Oldeniiourj; el les arclievOqnos de Bronie jngorent qne cc dislrict devait elre d'nn bon rappurt, el vouluienl Ini iniposer des liilnits et des scivitudes. Les paysans crurenl ne lien devoir a ces seigneurs de lour voisinage qui n'avaienl ricn fait ponr eux, et resislerent en gens qui out pour eux le hon droit. De la, eniploi do la vio lenee de la part des douxboigneurs, el defense aussi opinialre dc la part des paysans, auxqiiels se joignent d'autres paysans on snjels vexes. On se bat avec acbarnenient ; les Sledingiens ])onrsuivenl le due el rarehovocjue siir Icnrs tones, pillont, ravagent et se comportent assez, nial pour delcrnuiier le prolat a les traitor en enncmis de I'Eglise. 11 ecrit a Rome qn'il y a dans son voisinage des impies qui nieritent les ("ouilres dn Vatiean, et la coin- de Rome , croyanl de bonne (bi qu'il s'est eleve une nouvelle heresio prolessee par des sci taires ayant pris le nom de Sledingiens, lance conlre enx des builes lulnii- nantes, et fait preclier nnc croisade a I'inslar de cello qu'on prechait centre Ics Albigeois. Aussi Pluquet n'a ])as manque d'inscrire les Stedingiens, qu'il appelle Starling, dans son Dir- iiornmirr. des Herisies, a tote des ftlauicliocns, avec losquels il pretend qu'iis avaient de la rossondjiance. 11 n'y a pas d'abo- minalion que lours enneinis ne lenr attribuent, el on les rend odieux en les accusant des memos infamies dont on aeensait les Templicrs et toutes les secies et associations qu'on vonlait perdre. Ces pauvres paysans, qui dans I'origine n'avaienl \oulu que dofendie lenr libertc , furent obliges de se batlre rontre une armee de croisos : ilsperdirent la bataiilo et furent forces de se sometlre en 1254. N oila le precis de I'liistoire dc Steding, qui a paru assez intoressante a divers ocrivains dn nord pour meriter de faire le sujet d'nn Momoire bistoi'iqno. Deux dissertations de Schminck, publiees sur ce sujet a iMarbonrg en 1722, out disparu sans (|u'on puisse en retrouver nn excm- plaire. Une autre dissertation, par Ritter, AVittenberg, ijSi, ne traite que brievement des guerres des Sledingiens, mais s'etend beauconj) sur I'origine de cette colonic. Voila ce qui a determine un jeune savant danois, actucllement a Paris, a re- prendre ce sujet et a le trailer avec eel esprit de crili(|uo qui donne un grand avantage a I'trudilion dc nos conlemporains sin- cello des savans d'aulrefois. L'anleura rassemblo tons les renseigncmens que fouruisscnl les chroniqnos ct les actes pu- DANEMAHK. — ALLEMAGNE. 417 Llics sur des pa3'saiis qui n'oat rien ecrlt eiix-mCmes, ot qui out figure pendant un court cspacc dc tems sur le theatre du inoude. Supposons que la resistance des paysans ait eu lieu trois siecles plus tard, n'cst-il pas evident qu'ellc se serait liee a la grande cause de la rel'ornie, peut-etrc en aurait-elle donne le premier signal? Mais au xiu" siecle les esprits n'e- taient pas encore mCirs, et la cause des colons dc Steding nc trouva que pcu de sympatliie dans le coeur des AUeinands et des HoIIaudais. D^G. ALLEMAGiNE. 93. — Die Systetne dcr Praktischen PoUtik im A hendlande , — Les systenies de la politique pratique dans I'Occident ; par Chart. VoLLGRAFF, prolesseur des sciences politiques a Mar- l)ourg. G lessen, 1828-1829; F«rber. 4 vol. in-8°. Voila assuremcnt un des sujets les plus vastes et les plus iin- portans qu'un auteiu- puisse traiter. II s'agit d'exaniiner et de comparer les systemes politiques de tons les peuples anciens et modernes de I'occidcnt ; et , comme le mot de politique est un pen vague, tout ce qui tient plus ou nioins directenicnt au gouvernement des nations, pent entrer dans ce cadie« : les progres de la civilisation, I'esprit religieux, le caraclere moral ct intellectuel des hommcs, tout se subordomie a un plan qui embrasse la politique de Toccident. M. Vollgraft'separe des le commencement I'orient du coucliant, parce qu'il lui semble qu'a I'orient le dimat, le sol, le caractere s'opposent a ce que les peuples y aient une consistance politique; il les voit flotter entre la liberte illimitee des nomades et le despotisme desse- rails, tandis que leur imagination extra vague en religion, en poesie, en morale, etc. Tout le premier volume de I'ouvrage de M. Vollgraft" est employe i etablir la difference des nations sous le rapport du caractere et de la civilisation, et a montrer I'inlluencequ'cxercent sur elles la religion , les lumieres , les institutions. Apres cette grande introduction, I'auteur entame son snjet au 2" volume, on il traite de la politique des deux principaux peoples dc I'antiquite, les Grecs et les Roniains, «t de toutes les institutions qui se rapprochent de quelqiie manicre de leur existence politique. En sorte que I'auteur n'exclut ni leurs usages religieux, ni leur systcme militaire, ni leur gout pour les lettres et les beaux -arts. Dans le 5° vo- lume, M. Vollgraft' arrive aux peuples du moyen age : ce qui roblige de developper les institutions des peuples barbares qui envahirent I'empire romain , ou qui en faisaient en partie T. XHV. NOVEMBRE iS'iCJ. 27 4ifl i.i\iii:s Miv\\(;i:iis. };i population indigene, aCin de faiio voir ooninient la civiTiisa-' Jion ct I'ctat de choses modcnie sent vcniis a nailre. Le /J" et dernier \ohimc, enfin, qui est le plus conyiJcrablc de tons, est tout octupe de considerations et dc rapprocliemens relatils aux Etals actnels dc I'Knrope ct dc rAnK-riquc. L'au- teur sepaie la politique de riuleiieiir de celle qui regie Ics rapports avcc les etrangers , ce r|ui elablit les deux divisions de re volume; il a fait lui travail considerable sur fes consti- tutions des divers Elats ; il les a lapproclu-s sous le rapport de chaque principe en partituiier ; qiiand on pense qu'il y a trentc-huit eoustitutiom; dans la seule confederation du HJiin, et vingt-deux en Suisse, on pent se faireuneidee deFimmen- site dc ce travail. ?n'ous n'avons pas encore vn rcmaiiicr, pour ainsi dire, la matiere constitutive, et envisager sous aulant de faces les principes constituans qui regissenl I'Europe. Tl n'y a qu'un autcur habitue aux recherches les plus penibles qui J)uis«e ne pas se rebuter d'une enlrcprise seniblable. M. Voll- graff, dans tout le cours dc son ouviage , allegue line qiiau- tite immense d'autorites; il faut qu'il ail fait des lectures pro- digieuses pour ciler et extraire tant d'ouvrages sur toutes sor- tcs dc matieres. Les notes occnpcnt dans sou livre aulant dc place que le texle ; I'autcur a cru devoir faire imprimer en petit caractere, ct comme notes, tout ce qui s'ecarle de sa ma- tiere pri'.icipale, la politique ; il s'est nu'nage celle ressource, pour developper une foule de points qui ne sont qu'indiqnes dans le texte. On trouvera peut-etre surabondance d'erudi- tion dans ces digressions : elles sonl permises en AUcmagnc ; on serait plus severe en France, et si jamais cet ouvrage , dont Tutilite est incontestable, obtenait les honneurs d'une traduction francaise, le premier soin du traducteur devrait etre dc reduire I'original a ses justes limitcs; on ])ouiTail en faire de celle manierc un Ires-bon manuel dc I'liistoirc de la science du gouvernement des Elats. ()4- — 0//lcielle Dcnksc/uifl des herzogl. braurisc/iiveig . ge- hc'nncn Oberstaalsraths Frej/ienn ran Mttnchlmuaen, etc. — Me- moire officicl du consciller d'Etat brunsvickois , baron de MuNCHHAusE?* , pour les tres-liauts el les hauls gouvcrnemens de la serenissinic diele germanique. Brunswick, 1829; Vie- weg. In-fol. de i03 pages. L'Allemagne est toujoni's aux fenelres pour voir se qiie- reller deux souvci-ains de la serenissime diete germanique, (pii est Ires-emltarrassee de se prononcer entre le roi d'Angle- terrc ct le due de BrunsAvick, et que cc imuvement inu- silf, pour lequel son prolocolc ne lui prescril rien, tour- ALLEMAGNK, ',,,) mcnU' p;iiro fjnil la full sortir pour un inoniont de son donx iT])os, jc (liiai ])rt'sque tlo son incrlie. PonrTjuoi aiissi troubles sou allnrt" natiirclle! la diete ne parait instiliiee que pourdu- Ijhcrci- dans lo secrcl sur des choses insignifiantes ponr la na- tion alleniandc, et pent-il y avoir rien dc plus irnportiin pour nne Assonildcc anssi silcnciense, anssi attachee an repos , qn'inic {[uciellc de denx sonverains qni venlcnt la prendre ponr arhilro , ct f[iii chcrchent a prevcnir Topinion pnblique a I'orcc de nnnnoires el de plaidojers! Obligee de faire eiilin qae!([ue demarche, la diete a decide qne le due de Urunswick rccounailrait ses torts enA'ers Ic roi d' \nglcterre, et que les jonrnanx ne parleraicnt plus de celte afl'aire scandaleuse. Pour la deruiere parlie de son ordre , la diete n'a pas eu dc la peine a se I'aire obeir; la censure a partout seconde la diete avec zele, et, a la rigneur, la diete anrait pn se dispenser de comniauder le silence aux journaux ; il existait deja de lait ; mais pour I'antre paitie de son decret , I'obeissancc n'est pas aiissi lacilc a obleuir, et, qnoique la diete ait charge deux priiu'cs de la conl'ederalion de veiller a I'execution dc ce de- cret, il est proi)able qu'il sera conime non avenn, et que les deux princes execulans n'auronl autre chose a faire que d'at- tendre qu'il plaise an due de Brunswick d'avouer son tort. Ce n'est pas la ce que promet le pesant Memoire ofllciel de ponconseiller d'Elat, baron dc Slinichhanscn. A entendre I'au- teur de ce f(wliim, le due de Brnns\\ ick a graiidenient raison d'etre tres-courroucecontrele loid'Angleterrc ctdeHanovrc, de ce que ce snuverain a prolonge sa tulelle d'un an, et ad- niinislre , connne il a vouki, le duche de Druusivick pendant la minorite du due. Tonle la querelle roule sur la question de savoir si le jeune due devait eire majeiu-, et par consequent emancijte de la tutclle du roi d'Augleteri-e a i8 ou ;\ ig ans. Le roi d'Angleterre, qni, probablement, aurait voulu etre de- J)arrassede ses fonctions pcnil)les beaucoup plus tot, avait cm pourtant que d'anciens usages prescrivaient une tutelle de 21 ans; le jeune due se pretendit majeur a 18, et sur ses instan- ces extreniement pressautes, son tntenr consentit a Tcinan- ciper a 19 ans; actuellement, le jenneducnecesse de seplair- dre qu'ou hii ait lait tort d'line annee. Ces plaintes seraient fort pen iniportanles ponr I'Alleniagne, et la nation pourrait tranquillemcnt laisser vider la querelle par les deux sonve- rains, si malheureusenientjdans sa colere contre I'Augleterre, le due de Ikunswick n'avait aneanti d'un trait de plume la constitution que le roi d'Angleterre, en (|ualilc de fulcur. ■Vio LlVKliS LTnA.\Gi:RS. avail donni-e an iIikIio ile IJnmswicR pendant Ih minorile dn sotivt'rain , ponr so conrornicr a une iL'soliitidii de la diete gerniaiiiquc , poilant (jiie Ton doiinerail des coiislilulions anx Ktats de la conlV'deratioii. (ieorgc IV aiirail pu alldidre, I'omnie d'aiilres soiivcraiiis out fait, en meltant rospertucu- sciiient de cote la decision dela sercnissimo dielc ; iiiais, iudm, peul-etre des idees coiistitutionnelles qni circulent en Angle- terre, il a cm devoir nietlre Ic fijouvernenient dn dnclic de 15rnnsA\ ick d'accoid avec ies besoins de la nation. La consti- tution no peche pas par un execs de conoessions, et on pour- rait en (aire de nieillcures; mais lonjours valait-elle niienx que ce (]ni existait on ce qui n'exislait pas,et le peii])lc bruns- wickois s'cn etait conlenie, plus beuieiix queles babitans d'au- Ires Etats d'Alleniagne qui allendeiit encore le bon ])laisir de leui'ssonvciains ponr avoir un regime conslitutionnel. (depen- dant le ducdeBnuiswick s'est enipresse d'annuter la constitu- tion, enpretenciant qii'on a empiete snr ses droitsdesouverai- nete, el en ce n\omenl Ic due est aulant ri' 7utto dans son petit Elat, que Ferdinand MI ou don Miguel dans la pcninsule. C'est ici que la diele aurait du parler; mais elle s'cn est bien gardee ; Ies conslilutions ne la touchent pas, et Ies torts fails aux sujels ne sont pas de son ressort : elle n'a a s'occuper que des gouvcrnans, et non des gouverncs. Dans cet ctat do choses le comile representatif, qui subsiste dans rinlcrvalle des sessions en Brunswick , a fait une demarche qui lionore infiniment son patriotisme , et qui peut passer en Alleniagne pour un acte tres-liardi. II a signc une deniande ponr que Ies representans de la nation soienl convoques suivant leurs an- ciens droits; on dit meme que cette deniande a etc coinmu- niquee a la diite , qui cerlainement ne dira mot. Le due gar- dera probablcment aussi le silence, el exerccra le pouvoir absolu, jusqu'a ce rpie quelque evenement imprevu le force de se Jeter entre Ies bras de son peuple ou de iaire un appel a sa liberalite, a moins que, dans I'intervalle, Ies Brunswickois ne se soient accoulumes an regime absolu, qui finit quelque- fois par engourdir une nation. C'esl la I'hisloire coninume des gouvcrneniens arbitraires el conslilnlionnels. Lcs flalleurs di- scnl aux princes (ju'il ne faut pas faire des roiuessions; mais Ies circonstances deviennent quelquefois plus persuasives que la flalterie. D-g. 95. ■ — * Corpus scrlptorum Instoria; liyianiinm. ■ — Rccueil des liistoriens de ByzanceT. XI : Leon Diacre,cU\ Bonn, 1829. La belle collection des Byz.anlins, pnbliee sons Ies yeux de M. Niebuhr, marche d'lm pas assure; dcja nous possedons ALLEWAGNE. 421 Agalliias, CaiUaciucne , INict'phore, Gregoras, Constantin Foipliyrogcnotc. Ce volume, outi'c Leon Diacrc, nous donne le traite devclltaiione bellica de Mcophoic I'hocas, Xei acroases dc Tlirodose siir la prise de I'ile de dele, etc. Occiipons- nous d'a!)oid de Leon Diacre donl M. Hase avait publie unc belle edition, qniin naulVage a devorcc presqiie tout entiere. (7est ccllc qu'on rcproduit anjourd'hui avec une belle preface de M. Niebubr. — Leon , dit M. Hase, naquit a Caloe pies de la source du Caystre, dans I'Asie proconsulaire : il paiait que ce Tut vers qSo ou c)55 : il vint a Constantinople pour achever scs etudes ; la, il tut saisi d'admiration pour TeiTipercur Nicepbore qu'il vil a cbeval deploycr le plus grand sang-l'roid dans une sedition populairc, qui eclata le jour de TAscension, en 966. Dans la suite, devenu diacre, Leon suivit I'empereur Basile dans son expedition contie les Bulgares, et laillit perir dans un massacre qu'ils iirent de I'armee. On ue sait ce qu'il de vint ens uite,mais on croit qu'il se retira pour ecrire son histoirc : quoiqu'il en soit, elle ne pent avoir ete mise an jour avant 989, attendu qu'il y est question de la fin de Bar- das Pbocas qui s'etait revoke contre I'empereur Basile. Ainsi, Leon s'etait donne pour tacbc de raconter troi? guerres impor- tantes, celles de Crete, d'Asie, deRussie; seslivres metlent «n lumiere les i'aits des annees gSg a 975. Son st^'le sent I'af- fectalionet laboursoufllurede son tems; carc'etaitl'usagcalors de donner a tout une couleur poetique. Leon Diacre fuit comme un ecueil toute parole qui serait d'un usage vulgairc, il ne Ini taut que de la recbercbe; puis il accumule les syno- nymes. I\L Hase se livre ici a des remarqiies de gout sur les priucipanx autcurs Byzantins. \ient ensuite I'bistoire du seul nianuscrit qui nous ait ete conserve des ouvrages de Leon Diacre, et les details des soins pris par I'editeur pour epurer le texle. — Le livre de velitatione bellica n'est pas dcNicephore Pbocas lui-meme, ace que pense 31. Hase, maisilaetcecrit par son ordre, long-teuis apres lui, c'est-a-dire apres le regne de Trinisces, el probablement sous Basile et Coustanlin, en 976 ; car I'auteur parle toujours des princes au pluriel. C'est nn bon commentaire de la tactique militairepour lesoperations des campagncs decrites par Leon Diacre. — Dans cette nouvelle edition on a enricbi celle de M. Hase des acroascs de Tbeo- dose. II ne s'agit de rien moins que d'un mauvais poemc grec en cinq cbants; mauvais pour la poesie, mais bon pour I'bis- toire. Ce Tbeodose etait un moine obscur; il dedia son livre a Nicephorc Pbocas apres sa victoire sur les Agarenes. — Les Novella; ont ete prises dans Lcunclavc, la legation dc Luit- /i'li LIVRivS K'llVWOF.KS. juiind (laiis iMtiialori. On nc sail j)as bicii si oc Liiitprand est mi noil rhistorioii ; on ajtporte des raisons poiiret coiilre cotte opinion. Apirs ces pioce.s olIi( icik'?; on lit avec plaisir iin dia- lof^ne inliluie PliUoputris : on le rangeail jadis parnii ccnx de Liicien ; depiiis, rautoiilc de Gcsner avait prcvalu , et il pa»- sail ponr avoir t'te ecrit an terns de Solon ; voila qii'im Sola- nns y reconnail la doi-lrine de la procession du Saint-Espiil, et le I'ait descendre an xii'' sieele. M. llase, cile ])ar M. ISie- hnhr, a pense qne ee dialogue appuilenail an uioyen age, et M. Psichnlu-, I'cxaDiinant de plus pies, s'est eonvaiiiru (pi'il a du etre ledige sous le regiie de iNiee]>lu)ie Pliocas, en t)08 on en 969. Le massacre des viergcs de (]rete, et le mes- sage sur les vicloiies de Syrio , eonvenanl jtailaitenient a ce qui est rapporle dans I'lieoilosc. Alin (pie ce volume I'fit en qiieique sorte nue encydopedie ('omplMe sin- ISicepliore Plio- cas et Tiiuisces, M. Las-en a clioisi dans les autenrs aralies lout ce qui regarde tes empeieurs : ce sont piincipalenient Ahiilpliaiiige , Aiiull'cda, Cameledin, ()niar-l)cn-Alimed. — Les annees de I'liistoire de Leon sont mart|iu'es en marge de qualre facons : depuis I'origine du moiide, depuis Terc chre- tiennc, celles de I'indielion , celles des eiupereurs. Ce volume est vraiment un cliel-d'eeuvre-de gofil, d'erm'.ilion et sons le rapport typogiaplfupie il ne laisse rien a desiicr. <)(j. —* Siiii/tarcxrn dc": Miiiclattcrs. ■ — Ktat des villes an moycn ;1ge, par Jl. Dietrich lliiLLMAKS. T. iv. Uonn, i^'Mj. In-8°. INons avons annome deja les volumes preeedens de eel im- porlaiU onvrage. ( A'oy. Jicr. Enc, I. xx.wi, p. 7>vf\. ) Celui-;'i reni'erme des observations sur la police et I'elat saiiilaiie des villes, sur les metiers, sur les jenx, sur reducation. Comment doniier de tout cela une idee juste en si pen de ligiics? Nous prelerons empruntcr an IImc meme (pielques trails caracle- risliques. ISous commeiicerons par les lois sompluaires. 11 L'ltalie , dil rauleur. vivait aicnt loujours. » M. liiiilman croit que Florence est la pilric du Fard el de la poudre a Iriser. Les pcres du coucile do Bcziers tonni;rent coiitre le fjoftt des femines pouile rouge et le blaiic : viulicr ne tingat xeu Uneat facieni, etc., quod rubicundlor, aiblor et puklirior appareat. Un cardinal dc Bologne fixa gravenicnfe la longueur des queues de robe pour la noblesse da divers degres. A Milan, a Bergame, les queues trainanles etaient en- lierement interditcs. Rien de plus curieux qxie tons les details deluxe et de toilette que I'on rencontre ici. Vienneiitensuite les r*giemeusdePhilippe-le-Bel. A Angers leclerge s'en mCla : it y cut excommiuiication contre les tailleurs et les coutiuieres dont rinducile ciseau taillerait des vetemens de telle on telle- dimension. Quant a la table, il y eut dans le moyen age beau- coup de dispositions qui stipulaieut jusqu'au nombre des con- vives. On donue des drtails tres-curieux snr les noces et les. cliarivaris dont on attribue I'origino a la France, et que le clerge ne put jamais empecher. Les usage-s des baptemcs, oeux des anniversaircs et beaucoup d'antres encore pa^sent sous les yeux des lecleurs tels qu'ils etaieivt dans differcntes contrces. En general, c'est vme iuteressante causerie que ce livre, qui cependant est un prodige d'erudilion. — L'auteur r^ippelle un singulier genre d'abus, celui des prCtres enyms. II y en avail tant qu'on ne pouvait menie les entasser dans les couvens; ils sc mcltaient done a coiirir le pays, se joignaieut aux i^liarlatans de foire, aux soldals congedic.s, aux chevaliers d'induslrie, parcouraicnt les lieux de peleriuages , les cha- teaux, etc., etc. : on les appelait vaginites. Cos ecclesias!i(|ues se lireut mendiaus, devins, astrologues, marchauds de reliques el uieme bateleurs. Au xiii° siecle, la depravation des ma-urs clait ti grande dans cetteclasse (riiommes, qui doit aux autres de bons exemples, que Jean de Vitry, prClre lui-ineme, a tlit, dans son Hisiorla occidentalism qu'on regardait coninie ver- lueux ceux qui n'avaient que des concubines. A Augsbourg, il s'ctablit une lutte e^ltrc ic conscil et le clerge, qui ue \(mi- lait pas qu'on jugeat ses HK'udjres a raison de leiu's impudicitcs; luais on cut la barbarie d'eufernier (|uatre prclres dans des cages de boi> et dc les y laisscr moniir de i'aim. Quant aux filles, M. Hiillmanu rapporte aussi des choses fort cxlraordi- naires; il n'y avail a Constance, an terns du concile, que sept cents lilies de joie. L'iuipot etabli snr la prostitution nous revoke aujourd'luii ; cepeudaul les papes ne craignaient pas de le percevoir sur Avignon. Ce volume renlerme encore d'iutcressantes notions sur les etablisseniens d'instructiou pu- bliquc, sur les ouvriers, sur les connaissanccs gcogra[ihi(pies iclalivcs a I'Orit-^nl. Vn. i>t Gc.aistRi • 4^4 LivRES Strangers. 97. — * Geschicltle der Ommaijaden in Spanien. — Hisloirc dcs (inaHres)OimniiiilcscnEsp;tf;i)e ; precrdec d'lin Expose de rorigiiie nis la picnc philosopluilo, el on a lioiivi- la poiidrc a canon, puis lo paratonnenc. Dc ce qii'une lecheiclic a etc vaine jusqu'a proseiil il no. iaiit pas concliirc qii'ollo lo sera ton- jours. — Mais ptiisqu'on vent tout rappoiler a la pliiiosopliie morale, poinrait-on iiidiqucr iin resullat bicn posilil" anqiiel ellc soit parvenue? A-l-on, jiisqn'a present, ciairemeut de- termine les limites du bion et du nial, des devoirs sociaiix, par exemplc ? A-t-on troiive pour la morale unc seule loi generalcmeiit arceptce ? VA a part quoNpies mouvemens d'in- teret, en bien pelit nombre, (|ui scndilent etre paitout les memes, ce qui est honnetete, vertu, chez nous, n'esl-il pas ailleurs vice ou crime ? Laissons done a chacun I'etude et les plaisirs de son choix; portons dans les choses intellectuelles cctte tolerance que nous Youlons tons voir rcgner dans le monde materiel; ne mepri- sons pas telles ou lelles theories parce qu'elles ne convien- nent pas a la nature de notre esprit, specialemcnt quand des hommes illustres par leur genie et par des tra vaux nliles les out professees ou les prolcssent avec passion. Surtont ne croyons pas qn'un livrc de plus jete dans le monde aille aussitot en changer la face; peut-Otre n'est-il pas a disirer qiu' les re- formcs soient si facilcs a operer : car, on batit lanl de syste- nies, que nous ne ferions plus que roulcr de revolution en revolution. On tirerait de ce que nons venons de dire une (onclnsion toute opposee a notre intention, si Ton pensait (jue le livre de M. Testa est un mauvais ouvrage et qu'il ne vaut pas la peine d'etre lu. L'auteury fait preuve, au coutraire, de con- naissances fort etendues, dc beaucoup de vigueur d'esprit et de logique, d'une longne elude de I'homme et dc la societe. Nous croyons seulement que long-tems preoccupe de ses propres idces , il leur a donne un caraclere trop ab- solu, et n'a pas bien apprecie celles des philosophes ([u'il al- taque. Comme le litre I'indique, cct ouvrage n'est qn'une introduction on Tauleur a etabli les bases de son sysleme, dont il sc propose de faire plus lard une appliialion parliculiere aux differentcs branches de la science. Nons Tallendons sur ce terrain, clalors, admettant ses principcs, nous le jugc- rons d'apri'S Ini-meme. A. P. i()5. — *Opere di M. T. Ciceuone, etc — OEuvresdeCi- CERON, traduites en italicn avec le texte en regard, et des introductions, des notes et des tables : t. ii-vi. Milan, 182b- 1839; Slella ct (ils. 5 vol. in-8". II est honorable pour la librairie de IM. V. Slella, conniie TT\LTi:. /(.Ij (lopiiis long-tcms pnr iriililcs pnhliciilioiis, d'avoir osu la prc- )iiierc offrir a I'ltalio unc eilition coniplile ties ouvragos dc Ciceroii Iradiiits v.u laiigiic viilgairc; ciitrcprise lon^MK! ct dil- iicile, Men digno de tpoiivcr dans cc jtay.s Irs nicnics encoii- ragemcns ([ni ont acciieilli cliez nous de senfil)lablcs tiavatix, Lcs savans milaiiais qui sc sonl devuucs a ccttc penil)le laclie tie p()u\aient niieiix servir la cause des l)oinies ot I'lirtcs elu- des, ni iloniier nn meillenr exeniple a ceux de leius coinjia- trioles qui perdent l)eauc()up de lenis et d'csprit a des coni- nosilidus futiles, on a de vaines disputes gramma liealcs. Cette collection, imprimee sm- beau papier par la sociele typograpln'qne des classiqnes italiens, ne laisse rien a de- sirer, ni pour I'elegance ni pour la correction; mais elle devra snrtont nne reputation durable an travail des edileurs, quo Ton pent apprecier des les premiers volumes, et que j'indi- querai senlement en pen de mots. 31. I'abbe Fr. Buntivoclio, docteur du college and)rosicn, qui s'est charge de la partie latinc , a en I'avanlage de pou- Toir consullcr a loisir, pour les lecons du texte, les nombreux mannscrits de la bibliotlirquc conllcc i\ ses soiiis. C'est nVJm- hrosieiinc que M. Mai a i'ait ses premieres decouvertes dans les palimpscstes. et cc sont des IVagmens de Ciceron qn'il y a trouves. On voit de quelle importance doit etrece riclie de- pot pour un editenr de I'oratcnr romain, et quclles esperances pent liii donner nn tel souvenir. II est vrai que, jusqu'a pre- sent, M. Bentivoglio ne s'est occupe (|ue des Lettrrs , qn'il rassemble tontes, comme I'avaient i'ait Schiliz vt JFicland, dans nne senle serie par ordre chrnnologiquc ; et Ton sail que les mannscrits presentent ici fort pen de secours. Mais on n'en reconnait qne mieux combien I'liabile editenr, soit dans Ic clioix entre les variantes, soit dans les notes lalines on il les discule, a I'ait prcuve de gout et de sagacite. Ces Let/res sont accompagnees d'une traduction enliei'e- ment nouvellc , ouvrage d'un liommc qui jouit en Italie d'une asse/, grande celebrite comme grammairien et comme ecri- vain, I'abbe Antonio Cesari, mort I'annee derniere a Verone. Monti, inalgre ses querelles avec lui sur les trccentisics, I'ap- pelait «unc des lumieres de la litterature italienne". Si I'en- thousiasme du pere Cesari pour le vicux langage lui attira quelquelois de piquantes satires, son systeme de traduction n'a pas reuni non plus tons les siifTi'agcs : il consiste a tradnirc Ciceron dans nn style lont-a-i'ail toscan , iorme des locutions consacrees par les tcsti di lingua, et a lui prefer les expres- sions proverbiales, les lournures ramilici-cs, dont anrait pn se ',33 LlVrES IlTUANGLRS. servifun acadeinicion do Florence. II n'est pas diflicilc, inr-me pour nn (Hraiigcr, de coiicevoir <|iiel cflet doivent prodiiire , dans les leltres d'nn aiiiien , dcs phiascs comnie celles-ci : Pompeo fece fico , I' novo di Pa.u/iia, tin vespro sicillano, etc. 11 y a done, dans la version de Texcellent abhe Cesari , quel- ques passaj^es fort singuliers; niais je ne crains pas de dire qne, pour ia verve, le nionvcnient, renergi(|nc concision, nul n'avait encore ajiprochc aiitanl que liii dii nioiiele. Les notes italiennes, ordinaiicment liistoriqnes on inter- pretatives, sont, je crois , de ^1. Soncini, ou pliitol de Mon- gautt , de Prcvost et des aiilres inlerpretes francais, cpi'il s'est contente de Iradnirc avec inlelliji,cnce et clarle. Ces divers editenrs du Cicicron de i>Iiian venlent bien citer fort souvenl nics denx editions dc Paiis (de 1820 a 1827) , et avouer qn'ils ont du ct qu'ils devront beaucoup a leur de- vancier. lis ont conserve presque toutes mes observations et nies notes. La noble inq)artiaiite des savans ilaiiens est pre- ciense pour moi ; le snflVage d'un homme tel que ftl. Benti- voglio me dedomniage de mes loiigucs vcilles, et je ne puis mieux lui tenioigner nia rcconnaissence qu'en faisant publi- quement des voeux pour le succes rapide et I'beureux ache- vement de ses travaux. J .-Vict. Le Clerc. io/|. — Arcnturc di Clarice Visconti, etc. — Aventures de Clarisse Visconti, ducbesse de 3'lilan;.par jPtc/ro Marocco. Milan, i8a8 ; Kusconi. La foule des ecrivains italicns se jette aujourd'hui sur les traces dc Manzoni, et ic ronian bistoriqiie, qui a ejtrouve une si vive opposition a son passage chez nos voisins ullramon- tains, s'y naturalise sons Tautorite de ce grand noni. On pense bien que ces imitatcurs restcnt loin de leur niodele; mais il en est plnsieurs qui s(int dignes de plus d'attention qn'on ne leur en a accorde. Plnsieurs vaudraienl la peine d'etre tra- duits, et, dans ce nonibre, il laut compter le roinan dout nous nous occupons. II merite ix plnsieurs titres d'etre connu en France. On y trouve des observations de moeurs et de carac- ttre delicates et fineuient ecrites, des situations dramatiques neuves et fortes, des descriptions pleines de poesie, enfin un .style rapide et pittoresque, quoique souvent incorrect; et puis, il s'agit de nous d'nn bout du livre a I'aulre. La scene se passe a une cpoque gloricuse et desaslrcuso de nos ainia- Ics, les gncrres dc Francois I" en Italic. On rctrouvcra avec plai.sir la figure de ce roi cbevalier si diverscnient juge, niais qui, apri'S tout, n'clait pas un Ires-mauvais roi poiirson teuis; M. Marocco I'a un pen cmbclli, il en a presque fait nn heros ITALIE.— PAVS-IJAS. 435 tout plein de gruce et de courloisie, quaiid ce n'ctuit peut- «''"e qii'iin capitauie He gciis d'arines, etoiinli ct bon vivant. Eiisiiite vieiit I'amiral de Boanivet, Ic principal personiiagc de I'oiivragc, coiirtisan aimal)le et soupie, inaavaisconseiller, Kiauvais general, inais intrepidc chevalier; ici encore I'au- teur a fait a la verile de petites violences dont I'amoiir-pio- pi"e national devrait noiis porter a le rcmercier. II a etc plus fidele lorsqu'il a eu a peindre ses compatiinles, et Ton parcourt sans fatigue une galerie bislorique oli fignrent la pluparl des homilies qui, a cette c[)oque, se sunt rendus illut- Ires en Italic, soit dans les arts, suit dans les lettres, soil eufin dans la vie politique. Parini ces derniers on distingue au premier rang, ce cardinal de Sion, chef de bandes, assez habile capitaine, negociateur intrigant, actif et fni, qui, de maitre d'ecole, parvint rapidenient a la pourpre romaine ; et Moron, savant dans' les lettres, dans la science des lois, qui aurait laisse une memoire plus glorieuse, s'il eOt evite de se nieler aux tracasseries de la polilicpie. — Nous ne parlerons pas de la partie purement romanesque du livre : ce n'est pas chose agreable a faire nl a lire (|u'une analyse de ce genre. Nous avons dit deja que Tintiiguc oHVe des scenes interes- santes; nous devons ajouter (pic les incidens sont tros-mul- tiplies, les episodes assez invraiseniblablcs : tout cela rendrait notre tache encore plus didicile. Nous aimons mieux dire en deux mots que rheroine, Clarisse, finit tragiquement, par la jalousie du due sou epoux, et que Bonnivet, qui I'aimait, se ("ait tuer da:is une melee, autant par desespoir de cet evene- inent, que pour echapper a la honte d'avoir porte son maitre ii entrei^rendre une guerre desastreuse pour nos armes. A. A. PAYS-BAS. io5. — De staatule aarddcr zieklens.- — La constitution sta- lionnaire des maladies; par M. le docteur Joseph Wittman; ti-aduit de I'allemand et angmcnte de notes, par SJ. F. S. Alexandre, docteur en medecine et en chirurgie. Delft, 1827; hiij>rimene de Bruins, lu-8" de x-118 pages. Celte traduction est faite avec exactitude, et M. Alexandre I'a enrichie de quelques notes interessantes. >1. AViltman a etc heureux de reucontrcr un Iradiu'teur comme M. Alexandre, liiedecin de merite et tres-honorablement connu en Ilollande. de K. loG. — Biograplne anc.ienne cl modcnir d', LlVlirS l^rUANGKRS. Dei.venne jt< re, inslitutenr a Glons, provinc« tie Liege. Liege, 1829; De«oor. a vol. in-8". ('elte hiogiaphie est recli^oe par des ecrivains d'nn grand tnerite. Feller, MM. Mnrron, IFeiss, Depping, etc. Kn elTct, iM. Jjclvcnne n'a rasscniMo que des articles du Dictionnairr, historique on dc la Biograpkie uiikerfelle , mais sans Ic derla- rer. Au surplus, ce iie serait pas une mauvaise idee dc reiinir les notices qui, daus ce dernier onvrage, ont rapport a noire pays. M. AN'eiss surtout a su les rendre interessantes par nne eriulition solidc et choisie et par une grande prodigalite de curiositc'S litteraires. Mais on concoit que, dans un recueil ou comparaissent les celei)rites de lous les terns et de tons les lieux, la Belgique ne pent etre representee a ce congres de la roiKimnii-e que par deputes. II n'en est pas de ineme dans une hiographie speciale ou niiile noms, niillc details, qui auraieul surcharge I'antre travail, sunt de ligueuf. De plus, en s'em- parant des recherches d'antrui, on aurait du les conipKler et lespurgerdes fautes quis'y sont glissees. Parmalheur, M. l)el- \ennc n'a pas concu aiusi son eutreprise. Sa preoccupation en copiant est niCme telle, qu'il cite quelque part coninic sien un livre scicnlifiqiie auquel il renvoie. On est d'abord surpris d'cn avoir ignore rexisfence; mais, en reconrant a la puhli- calion de M. ?ilicliaud, ou lous les articles sont signes, on voit que M. Delvenne nc s'efait pas apcrcu qu'il se suhslituait an lieu et place de Maltebrun, car c'etail lui, je crois, qui laisait primitivenieul la citation. 10-. — Mcngcltngen^ etc. — Melanges pour I'histoire nalio- nale, pid)lics par J.-F. AVillems. N " 5. Anvers, 1829; Schrr- setters. In-8*. Cette livraison d'un recueil dont nous avons deja signalo le merile contieut deux actes de Philippe-le-Bon en I'aveur des habitaus d'Auvers qui avaieut cnccnru sa disgrace, uiie lettrc ecrite, en i5(>7, parle seigncurde Montigiiya son IVere, le comte de Homes, avec fa c .simile ; une ordonnance inedite de Pan iSq.^, sur les monnaies ; enlin, un inventaire en latin d'unmortuaire. Cette piece, qui date de I'annee 1377, •^* ']"' '''^' accompagnee de notes et d'une version flamaude, est tres- imporlante pour I'histoire des nioeurs et I'etude de la latinite du moyen ;1ge. On en extrairait nn supplement curieux ai| glossaire de i)u Cange. De Ueiffenbehg. loS, — Notices et e.rtraitx ilex nianusrrits de In hibliolhiqiie ditc (le Boin-gngne , rclatil's aux Pays-Bas, publics par Wlca- demie royale ties Scieiuri el Udles-Leitres, pour I'aire suite a se-s . Meiiioires. T. 1 , premiere pailie; par le ])aron de Heiffen- BERG. Bruvelles, 1819; llayez. In-/|". PAYS-BAS !iT,:y On a suivi dans cos Notices le plan adopte par rAoadt'-mic des Inscriptions ct Bclles-Lettrcs de France, ct Ton pent dire qn'elles rivalisent avcc celles qn'a pnliliees co coi-ps savant, a cote desqnelles ellcs prendront place dans toutes Ics bihlio- tlieqnes. Les ouvrages que Ton fait connaitre dans la premiere partic sont an nombre dc dix : i° les Dauscs en usage a la cour de Bourgogne, an xv* siecle ; 2° des Ballades de Margue- rite d'Autriche, la Gente damoisclle; 3" unc censure des oeuvres i''Erasme Aiite an nom de la Faculte de theologie de Louvain, an xvi' siecle; 4° 'i" R«cueil des lettres d'Ericiits Pitteanus; 5° des Chroniqucs de Flandre ; 6° les Memoires d'Hoppertis ; 7" les Antiquitesde Flandre par ff^ielant; 8° des Extrails d'an- ciens registres de la tresorerie de Poligny; 9° les Droits de la dnchesse Marie; to"enrin, un poenie latin de Corn. Grapficiis contenant la vie dc Marguerite d'Autriche, lequel a ete im- prime en entier. log. — Menwire siir les deux premiers sUvtcs de i'UniversHr d-e Louvain, par le haron de REiCFEtiBEfifi. Bruxellcs, 1829; Hayez. In-/{°. no. — Nottsurun acemplaire den hltres d'indalgencr du pape Nicolas V, pi'O regno Cypri , par le immc. Bruxelles , 1829; Hayez, In-4". in. — Notice sur Olivier le Dinble on le Dain, l>arl)ier et confident de Louis XI, par le mcmc. Bruxelles, 1829; Hayez. In-/,". 112. — Memoire sur le sejour que Louis, dauphin de Vien- nois, dcpuis roi sous le nom de Louis XI, f.t aux Pays-Bos, de Van 1456 a I' an 14^'? par le mcmc. Bruxelles, 1829; Hayez. In-4°. Ces dissertations viennent a peine de paraitre, ct deja \\n grand nombre de jouniaux de I'Angleterre, de I'Allemagne et de I'ltalie se sont empresses d'en fairc I'eloge. La derniere a nieme ete presqne entierement traduile dans la Gnielie liltr- raire de Londres du 29 aoftt dernier. Les biidiograplies remar- queront la Notice d'une nouvelle edition des indulgences dc ISicolas V", elle est dc i454? mais seidcment de 5o lignes. Le IMemoirc sur TUniversile de Louvain promet une suite qui scmble devoir etre fort curieuse. P. 1 13. — Hugonis Grofii, etc. — Lettres inedites de ff. Gro- tins a J. d'O.vrnsticrn et a J. Sobrius ct de J. d'O.rnis- ticrn , elc. Harlem, 1829; Loosjes. In-8". Os Lettres, tirees d'un manuscrit de la bibliolheque dc Hanovre, el publiees par la troisieme classe de I'lnstitul des P.'iys-Bas . jetlent nn grand jour sur I'histoire politique ct /|r.() LIVRFS I'ynUNT.Kn.S. -I.IVRKS FlUNCAIS. (liplouialiqiic dii xvii* si«-cle, ct (^oniph'leut le.s collections dcjii comiiics. Ellt's proiivcnt, contic ropinion comniiine, quo Gro- tiiis, pi'itdiint (|iril reprcscnlait a I'aris la coiir de Snide, ne .■^acrifiail point a scs gonls iitteraires ses ronclions d'ami)assa- deur, niaisc vohnne est pre- cede d'niie prel'acc latinc par M. C,-A. Den Tex, secretaire de la classe. 1 1 4- — Ncilerlaiidsche Gedenl;pcim'mge7\ , etc. — Medaillcs helgiqnes commenioralives cxpliqnecs, avcc dcs dissertations snr la niimisniali(]ne ; par RIM. Jerome i>e Aries et J.-(^. pp. .loNGE. La llaye ct Amsterdam, 1839; van Cleef. ln-4' de i36 pag(?s sans les lal)les, ct avec six planches lithogia])liiees. Lcs pid)lications de IM. do Jonge out et*'- snccessivemenl annoncees aux lecteurs de la Revue Encyclopediqiie. Quant a !M. de Vries, il est snrtont connn par nnc histoire de la poesie hollandaise (|ue M. Marron a mise I'ort judiciensement ;'i con- tribution dans la Biograplde iiniverselle, el dont il fail reioge en juge compclenl. Les niedaiiles, dt;ciiles ici d'nne uianieie subslanliellc et delaillee, sont an noml)re de quaranle-cinq. Dans les dissertations, on passe en revue les plus recens ecrits sur la nnmismalique des Pays-Bas, les cabinets les plus riches du loyaume, les travaux des graveurs, etc. De Reiffenbebg. LIVRES FRANCAIS. Sciences phjsitiucscl nalurelles. 1 15. — * Jconograplile el histoire naturelle des colcopleres d'Europe, par M. le comte Dejean, pair de France, lieulenant- general des armees dn roi, etc., el M. J. -A. Boisdoval, meni- bre de plusieurs Socii'tes savantes. Tome I" : premiere livrai- son. Paris, 1829; Meqnignon-Marvis, ruedu Jardinet, n" i5. « Conditions de la souscriplion. Cet ouvrage sera divise en donze volumes, dont chacun couiprcndra onze livraisons en- viron ; et chaque livraison contiendra cinq planches coloriees au pinceaii avccle pins grand soin, et un texte correspondant. Prix de clwqiie livraison, format in-8°, sur papier saline, 6 fr. ; format in-8", sur papier velin saline, J2 fr. ; format in-ij", sur papier velln, 25 fr. (N. B. II n'est tire que i5 exemplaires sur grand raisin velin in-8", el seulcment 10 en papier velii» double, formalin-.'}".) Exemplaire uniqiie, I'tin des 10 indi- ques ci-dessns; il contiendra les dessins sur peaii velin, exe- cutes eu conlenrpar M. DvMF.Nit. peinlie d'liistoire naturelle. SCIEIHCKS PHYSIQIES. I'fiy ct do plus, les epreuves colorieca. L'cditeur trailcni du gxe ii gft; dc cet excmplaire. Les aiileiirs de ce grand et mngnifiqiie oiivrage debiitent parun avcrlissement oi'i Ic plan de I'ouvragc est expose, ainsi que les diflicultes qii'ils ont rencoutrees, et qui rendraient i'ort pciiible I'etude de I'entomologie, si des ouvrages tels que telui-ci ne veiiaient point ;'i son aide. « L'entomologie ren- fernie mainlenant un si grand nombre d'especes qu'il faut l>eaucoup d'experiente et une grande habitude pour recon- iiaitre celles qui coniposent un genre; et nous ne craignons pas d'avancer que, pour les personnes qui ne determinent pas leurs insectes dc tradition, il laut un terns considerable pour arriver a la connaissance des especes decrites, surtout si ces personnes n'ont pas sous les yeux un grand nombre d'objets de comparaison. Nous croyonsdanc que cette icono- grapbie des coleopteres, en evitant aux entomologisles une grande perte de terns, sera lavorablement accueillie par tous ceux surtout qui n'ont ])oint a leur disposition l«s riLlies col- lections d^s grandes villes de I'fiurope. » Tour juger des soins donnes a la redaction du texte, U suflira de transcrire la fin de cet avertissement. « Nous croyons devoir prevenir les souscripteurs que tous les ar- ticles signes C D. , et precedes des lettr«» B. D. , auront ete traites par M. le comte Dejean, et que tous les autres auront ete rediges par JJ. Boisduval, et revus avec la plus grande attention par M. le comte Dejean. Nous ne teruii- nerons pas sans assurer les entoniologistes que nous appor- terous tous n par Tele- /p8 LlVJUiiS MIAXJAIS. f;am;o ilcs fonucs, rcclat el la variele des couleuij, cl toiiles jiart'ailcincnt di'.xsinccs el colorices : il n'y manque que ce que Ic pinceau nc peut transporter sur le papier, le brillant mclalliquc; on y a supplee, aulant qu'il est possible, par I'ex- pres.sion fidele des reflels de luniicre. Quoique les auleurs aieut annonce I'intention de se bor- ner a I'histoire nalurelle des coleopteres de TEurope, ils in- streul, (juand il le taut, la description et la figure de plusieurs insectes des autres parties du monde; ainsi, dans cette pre- miere livraison, oiiriiistoiredes cicindclelees n'est pas encore terminec, on Irouve des insectes de I'Asie, de I'Afrique et de I'Amerique. Cet ouvragc sera done, en quelque sortc, plus que romplel; car on pense bien qu'aucunc espece europeenne oonnue n'y sera omise. Quant a la beaute de I'execulion, ellc est au niveau des progres qu'ont fails, en France, riniprimc- rie, la gravure et reuluminure. F. 1 16. — La phjsiologie des gens du monde, pour scrvir de coniplcnvent a reducatiun, par le D. Chaponnieiv, medecin de la Faculte de Paris, etc. Paris, 1829; Firuiia iJidot. In-8", avec planches; prix, 7 fr. Le D. Chaponnier a tache, dans son ouvrage, mis a la por- lee des personnes etr.ingeres k la mcdecine, de faire bien connaitre les foujtions du corps humain, d'apprendre com- ment on rtspire, quel est le mecanisuie de la circulation du sang, quels sont les pbenomenes que produit la voix, le som- mtil, etc. Ce livrc reunil I'ulilc et I'agreable ; a la fois instructif et iiniusant, par une fonle d'anecdoles curieuses qui se ratta- chent au sujet, il sera lu avec plaisir et avec fruit, et doit pren- die place dans toutes les brbliolheques. Nous le rccomman- dons aux cliefs d'institulion pour etre donno comnie prix; ecrit ave;; toute la circonspcction.necessarre, il peut etre mis sans crainle entre les mains de la jeunesse. A. 1 17. — * Reclierclies anaiomiques, physiologiques et palhologi- qites sur le sjsie?nc veinrux, par >1. G. Breschet, D. M. , agreg^o en exercice el chef des travaux analomiqiies de la Faculle de medicine do Paris, chirurgien ordinaire de I'Hotel-Dieu, elc. ; 4"" livraison. Paris, 1825); Rouen freres. Un cahier in-folio; prix, 10 fr. Nous ne pouvons, a I'egard de cette livraison, que repelcr les eloges que nous avons donnes aux precedenles ; c'est tou- jours la memo fidelile dans le dessin des details anatomi'iuus, la nienie elegnuce (l.ins rcxcculidii des fig;ires, la nienic exac- titude dans les descriptions. €e cahier contienl deux grandcs SCIENCES PHYSIQUES. 4*y pltiiiches triples qui le pre sen lent, avcc leur coiilciir naturello, elsur tlessujcts de st;xe fliflciMil, riiilerieur ile la poiiiiiie et du ventre et la parlie anterieure du con. On y >o'l lous les gros Ironcs vasculaires contenns dans ccs cavites et qui, ou se distribuent de li dans le reste du corps, ou ramenenl au cceur le sang dont toutesles parties out ete penetrees. II est facile, ea examinant les planches, de se faire une idee jusle de la distri- hution dcs veines ct de la inanitre dont elles se ramifienl sin- k's parois de la poitrine et de Talidouicn, ainsi que sur plii- sieuis des organes iniportans qui y sont renlerines. Le texle se compose de deux parlies dislincles; la pre- miere est une description savante et melhodiqne du sysliiiue veineux, dans laquellc M. Breschet compare le resullat de »es recherches avec ce que conlienncnt les ouvrages dcs ana- tomistes de tous les tems; il fail voir quelle est, sur pki- sieurs points, Tinexactitude ou la negligence dcs Iraitcs les plus modernes et les plus e^times, et reslitue a d'anciens aii- teurs le merite d'avoir indiijuc certains details qui, depuis, etaicnt tombes dans I'oubli ; la secoude est une explication etendue ties figures; c'est, en quelque sorte, une contrc epreuve de la premiere, et Ton coucoil que, dans un sujc£ ainsi reproduit de diverscs facons, il ne doit plus desormais rester rien d'obscur ct d'incerlain. Higollot fils. n8. — Nouveau traUcinenl Ues scrofales ( ecrouelles ou humeurs froides) , presenle el recu a 1' Academic royale de Medecine, par Chaponkier, D. fti. Tioisiime edition. I'aris, 18:^9; I'auteur, rue de Clcry, n" iG ; prix, 1 fr. Ce Memoire indique les causes des scrofules, leurs symp- tomes, etle moyen que le D. Chapounier emploie pour com- battre cette affection, qui, jusqu'ici, etail presqiie repulee in- curable. Des observations de plu.sieurs malades, gueris par cette methode, apres avoir etc trailt's sans succ6s pai- lous les moyens connus, terminent ce Memoire. A. 1 ig. — * De t'Orihomorpliic, par rapport a Ce^pece luunaine : ou Recherches analomico-palhulogiquos sur les causes, les moyens de prevenir, ceux de guerir les principalts dilformi- tes, et sur les veritables fondemens de I'art appele ortliopc- dique; par J. Delpech. Paris, 1829; Gabon. 2 vol. ia-8°, avec atlas, in-fol. de 78 pi. ; prix, oo fr. Lorsque les premieres tealatives furent faites pour guerir les difformites de la laille, et que quelques succes eureiit donne I'espoir de trouvcr eniin un remede pour des mawx que jusque-la on avail juges incurables, un vit aussitol s'e\ cil- lor, d'un cute la Icndrcsse ardcnlc dcs parens, cl , de r.iiitre, 44o LIVULS FJIANCAIS la cupidite des charlatans. De touUs parts s'elcvtrent des etn- blisscmcns , dits ortliopodiques , presqne tous diriges par des personnes toiit-a-lait t'lrangircs a la modeciiio ; ou ipii, qiioi- ([ue niodecins , .so (ianl Irop aux pronicssos d'lm einpirisme andacieiix, n'appeliieitt point a leiir secours les liiniieres (|iie leur science leiir aiirait procnrees. Aussi, simples spectatcors de plienoini'iies qu'ils ne poiivaieiit iii provoir, iii expli(|iier, leiirs succes et leiirs rcvcrs ne leur liircnt point a profit. .Senijjiables ;i des voyageurs dans une terre inconnne , ils se sont long-lenis ahandonnes an hasard, ne sachant ni on is allaient, ni ee qn'ils Ironvcraient : tonle aclion cbez eiix etail essai, tout ri-snltat deconverte. Ccpendant , a la longne , ces decouverles ont prodnit des moyens nouveaux; les proccdes, en se mnllipliant, sont devenns pins parfaits; les resnltats, soumis a de nonvelles epreuves, ont acqnis plus de precision , et leur ensemble a oflert des lois qui ont pu servir de bases t'l des theories satisfaisanles. — Alors plusieursmedecins instruits ont fait servir la physiologie a expliquer les phenomenes et ;'i regulariser les moyens; la sociele medico -cliirurgicale de Londres proposa, pour snjet d'un prix, la question des diffor- mites, et plusieurs ouvrages tres-remarquables lurent publics sur cette malicrc. Mainteiiant , grilce anx travaux de ShaWy JVard et Harrison, en Angleterre , a cenx de Ifeyne et Mai- sonnabe , et snrtout do M. Delpeeh , en France , les medecins qui veulent s'occuper des diHormites de I'espece humaine, ne courentplus risque des'egarer. IM. Delpeeh est trop connu par les importans travaux aux- quels il s'est livre , par les lecons pleines d'instruction dont tant de medecins distingues ont profile, pour qu'il suit neces- saire de laire I'eloge de cette nouvelle production, autrement que par ime analyse. L'ouYrage est compose , comme nous I'avons annonce, de deux volumes et d'un atlas. M. Delpeeh conseille ;\ ses lec- teurs de ne point etudier le texle , avant d'avoir fixe dans leur memoire les images qui serveut a le faire comprendre. Nous commencerons done par rendre compte de cet alias, qui con- tient nn graiul nombre de planches presque toutes dessinees de la main de I'auleur. On y remarqne nue grande (idcHte a rcproduirc le mal au travers des teguniens qui le recouvrenl ; il fallait pins (ju'un artiste liabile pour faire suivre a I'oeil, sous la peau el les muscles, la trace tralterations profondes; il fal- lait un medecin lamiliarise avec les connaissances auatomi- ques les plus precises. Plusieurs planches sonl destiuees ;\ faire conrailre {'application et I'esprit des differens exerciccs SCIENCES PHYSIQUES. 44! gymnastiques que M. Delpech eniploie dans »n elabliasemeiit qu'il a I'onde pour le traiteuient des diffoimites. — Quant au fond dc I'ouvrage nienie , il nous sera impossible de suivrc I'auleur dans tous les developpemens de son travail; nous nous boinerons a exposer le fond de ses idees, en nous arre- tant seulement sur ce qui nous seniblera le plus important. La forte des arliculalions resulte de la conformitu parfaile qui existe entre les extremites osseuses qui se touchent, i\e rasseniblage des liens libreux et fibro-cartilagincux qui les enveloppent, et surtout de rarraiigement symetrique des muscles qui s'attaclient a I'entour. (^es derniers organes doi- vent etre eonsideres oomnie les causes les plus nonibreuses des diflbrmites. Leur debilite , a la suite des maladies longues , d'un accroissenieut trop rapide, otant aux articulations leur principal appui , permet qu'elles s'alleient rapidcment ; mais, si d'autres (onditious vicieuses ne se reuconlrenl pas, le mal est rarement profond. On avait, jusqu'a M. Delpech, attribue nne g;rande influence aux attitiules vicieuses; il les regarde comme tout-i'i-fait innocentes des desordres qu'on leur re- prochait, et , en analvsant avec soin les diveises professions qui inqjoseut les attitudes les plus geuantcs et les plus sou- venl repelees, conime celles de taiileur, de cordonnier et de tisserand, il demontre que les personnes qui s'y livrent ne presentent pas plus que les autres des exemples d'alteration dans les formes normales. La paralysie des muscles, leur con- tracture, les fausses membranes qui se forment dans la poi- trine , les cicatrices du ])oumon , I'inegalite congeniale des membres inferieurs , mal bien plus common i|u'on ne le pense, la conformation vicieuse de certains os, le gonflement et I'infdtration des libro-cartilages inlervertebraux, les effets du rhumaiisme sur ces ligamens fibreux et les muscles pro- fonds, le ramollissement des os et leur etat tuberculeux, connu sous le nom de maladie de Pott , sont etudies dans au- tant de chapitres, et la part que cliacune de ces maladies prend dans la difformite appreciee avec une exactitude et una saga- cite vraimeut admirables. Ces causes diverses peuvent se reu- nir et se preter un muluel appui : de la la necessite de con- naitre les signes qui les decelent, pour qu'on puisse leur op- poser le traitcmeut convenable. Alors M. Delpech decrit les effets plus ou moins facheux que produisent les dilformites sur les divers appareils des.fonctions les plus iniportantes a la vie. Les maladies des organes coutenus dans la poitrine sont les plus frequentes et les plus dangereuscs; un grand nombre de phthisies, d'affections du cceur on des gros vaisseaux ne /|42 LIVRES FRANCAIS. reconnaissciit d'aiitre cause que Ics deviations dc I'opiiie. L'iii- fluence des difformites sur les fonctions de la digestion et de la generation n'est guere moins puissante; combien d'inflani- mations reputees de Testoniac et des inlestins n'ont pas Icur source dans le tiraillement des nerfs qm" servent a I'accompJis- senient des fonctions de ces organcs. M. Delpech citepltisieurs cxemples ort ces meprises avaient etc fait'js par des medccins instruits , et auxquels il n'avail manque, pour cviter Tcrreur, que de iiiieux connaitre la cause on'ginelle de la maladie. L'important est de pouvoir signaler le desordre avant qu'il ait fait des progres qui le rendent plus difRcile h gucrir, et sou- vent meme incurable. Une foule d'observations pieincs d'in- teret sont rapportees , et Ton voit que beaucoup d'atlitudes qui ne paraissent etre d'aucune importance , des doiileurs le- geres, mais Axes, peuveut serrir dans le diaguostic des dilVor- niites. — Quand on est debout, si la meme jambe est tou- jours posee en avant; si, lorsqu'on est assis, le meme bras cherche toujours un point d'appui sur le dossier du siege, etc., il est rare que ces signes n'annoncent pas une Icgere incurva- tion de I'epine, ou une inegalite entre les membres iuferieurs. Dans cette partie de son travail, Rl. Delpech se livre i des considerations de detail qui ne laisseront aucun doute dans I'esprit des medecins qui voudront les etudier. La part de chaque os, de chaque ligament, de cliaque muscle, de chaque fibre musculaire, pourrait-on dire, est jugee et indiquee. Plu- sieurs questions importantes sur le prouoslic viennent ensuite : en voici la solution. — Les diftbrmites ne peuvent guerir sans le secours de I'art : les dilTorniites, et surtout celles de I'epinc, quoique plus frequentes dans I'enfance, peuvent cependaut survenira tout age; a tout age ai'.ssi on pent les guerir, comme il en est qui, meme dans renfance , resisteront a toute action curative : ces dernieres sont celles qui reconnaissent pour cause I'affection tuberculeuse des os. — Une autre considera- tion, c'est que les flexions Ics plus prononcees ne sont pas celles qui resistenl le plus. — 11 est aise de voir, d'apres tout ce que nous venons de dire sur la difference des causes et des effets des difformites , couibien il serait absurde de vouloir restreindre ii un seul moyen tons les efforts qu'on dirige con- tre celte maladie. C'e^t cependant ce qui a ete presque tou- jours fait jusqu'a present ; iM. Delpech ne proscrit point toules les methodes qui onl (le mises en usage , seuieuieut il sail les appliqucr a propos cl distiuguer les cas oCi telle et telle in- dication sc prcseule : cepeudaul i! conq^te plus stw la gym- uastique que sur luul autre sccuurs, cl il dit mciiic (pie, sau* SCIENCES PHYSIQUES. 445 la gytnnaslique, il aiirait renonce a rorlhopcdic. — Noii? sommcs paiTailenienl de son avis ; la gymiiastiqiie est aiissi anciennc que la medeciiie; le premier qui en donna des le- cons flit Asciepiades, dont le noni defigiire forma plus tard cclui d'Esculape , fondateur et dieu de notre science : on dTt meme que la celebre Medee ne dut sa reputation si grande, coniine magicicnne , qu'aux exercices gymnastiques qirelle conscillait. Dans I'ouvrage de M. t)elpech, on lira des cures aussi uierveilleuses operees par le seul moyen de cette gym- nastique, et qui lui auraieut certes valu, dans les tems anti- ques, le titre de dieu, ou au moius celui de grand magicien. 120. — * TraiU des retentions d' urine et des maladies qu'eUes fn-oduisent ; par P. S. Seoalas, mcnibre de TAcademie royale de medecine. Paris, 1829; Mequignon-Marvis. In-S", aveo un atlas in-folio ; prix, i5 fr. Personne peut-Ctre mieux que M. Segalas ne pouvait fairc un bon ouvrage sur cette nialadie si frequente, el cependant sur laquelle il y a beaucoup de clioses a counaitre encore. Une pratique etendue, beaucoup d'expericnces faites avec sotn et sagacite, les travaux necessaires pour faire un cours qui n'avait point ete tente avant lui, tels soiit les avantagcs avec lesqueis M. Segalas a eatrepris de composer son traile des retentions d'urine. La marche qu'il a suivie est celle que tout bon esprit qui veut eclaircir une question doit choisir; considerations asiatomiques propres au sujet, etude des causes des retentions d'urine, leurs efl'ets; moyens de les reconnaitre, d'en prevoirles rcsullats , et exposition du traitemeut conve- nable a leur opposer, telle est en pea de mots I'analyse de son livre. Un grand nombre d'observaliuns sout rapportees, tou- jours redigees avec clarte et simplicite : la bonne foi de IM. Segalas ne peut elre mise en doute, car les cures iuipar- faites, ou les non-succes, sont cousignes avec la nieiiie fran- chise que les cas qui font honueur a son habilete et a la pei- fectiou des instrumens dont il se sert, et que, poui' la pliipait, il a inventeslui-memc. — Un atlas, qui represente ces instru- mens, et les einpreintes prises siu' les maiades cites dans le texle, donne un nouveau prix a cet ouvrage, en metlant pour ainsi dire le lecte'.u" a meaie de suivre M. Segalas dans sa pratique et d'assister a scs operations. 121. — * Fonnulaircpoar la preparation ct I'emploi d''piusieiirs nnuveaax mcdicamens ; par F. ^\kGv.Tnv\^. Sepliiine idition. Pa- ris , 1829; Moquignou-x^Iarvis. lu-12; prix, 5 fr. Con.-taler uu grand yucces quaud il s'agit d'uu livre de 4W LIVRES FlUNCAIS. science, dnns iin teiiis oi"i la science est avancec , c'est , sans contredit, ce qu'il y a de mienx a laire pource livre. II nous sullira done de dire dii rnrniidaire qnc nons annoncons, qu'il est a sa sejiiicnic iMlilion, et nous nons coulenterons d'ajou- tev que les progres de la chiinie niedicale et la pliarniacolo- gie onl force M. Ma^j^endie a parler de plusieuis nouveanx jiiedicaniens qui n'etaieiil point connus quand les autres edi- tions paruient. J. L., d. m. 1 2'i. — * Trailc (le la Inmicre, par J. F. "NV. IIerschell, pre- sident de la Socicte astrononii(|ue de Londrcs; tiaduit de I'anglai?, avec notes par MM. Veriivlst, docfeur en sciences, et QuETELET, diieclenr de rObscrvaloire de Rrnxellcs, T. I". Paris, 1829; Mallier et 0% passage Dauphine. In-8° de 'joopag., avec4pl<'iiie'i. grav. en laille-donce ; prix, 4 li". 5o c. Digue sncccsseur de son illnstie pere, M. IIerschell est \\n des savans qui honorent le plus I'Angleterre, par son beau ca- raclei'e et son instruction prol'onde. II a publie, ilans VEncy- clopedie mctropolitaine, nn ouvragc complet sur la lumiere. C'est ce trailc pbysi(pie et inathemalique de cette science que MM. Vcrliulst et Qnetclet viennent de traduire. Nous rendrons un comjile detaille de cette estimable production aussitot que le second volume aura paru. \i7t. — La Science enseigncc par les jeitx, ou Theories scien- tl/tqiies des jeax les plus asuels, acconipagnees de Reclterclies iiistoriqiies sar leur nrigine, servant d'introduction a I'etude de la niecaniqne, de la physique, etc.; imile de I'anglais par T. Richard, professeur de inatheniatiques. Paris, 1829; Ro- ret; 2 vol. in-18 de 3oo pages chaque, avec figures gravees sur bois; prix, 7 fr. Pour qui sail reflechir, les jeux offrent des applications sou- vent tres-ingcnicuses des theories savantes. L'enfant ue voit dans sa toupie qu'un nioyen d'amusement, et il ignore que ce jouet cache la precession des equinoxes : ie celcbre Euler en fi fait le sujet d'un de ses plus beaux Memoires. Son fils a ana- lyse les causes de I'asccnsion des ccrfs-volans, et on peut trouver dans le volant, le parachute, les bulles de savon, le cercean, la canonniere, etc., d'henrenses occasions d'exposer les modifications des forces naturelles. Cesi ce qu'a pense I'au- teur anonyme dont M. Richard vient de traduire Touvragc, Tne famille anglaise est representee, au milieu des plaisirs de la canipagne, occupee a cxpliquer aux enfansles causes phy- siques des ell'ets dont ils s'amusent dans leurs jeux. O'est une idee heurcuse que d'avoir pris, pour lexte de lecons sa- vantes, les petils apparcils (]ui font la recreation dc rcnfanc« SCIENCES PHYSIQUES. 44') qui en jonit ?ans songer nienie i\ se rendre raisou de ce qu'elle fait. Vn grave aiitiquaire, qui est ami de la maisoii, iiidiqiic roriginc de ces jcux, et Ic pi-re de fainille, apres avoir pose qiiclqiies priiicipcs de physique et de mecaiiique, a la portee de ses jeuiies auditeurs, en I'ait I'application aux jouets qni les amiisent. Queiqiie opinion qu'on prenne de I'espece de roman dans leqiiel I'autenr a crn devoir disperser ses coiir- tes lecons, on doit reconnaitn; que cc livre olfre une lecture agreable et instruclive, ct nous ne doutons pas qn'il n'ait en France le succes qu'il a olitenu en Angleterre. La traduelion est claircment redigee, et ne I'ait rien perdre au merite de I'du- vrage. 124. ■ — Manndde cliimic a7nusante, ou ISouvellcs recreations chimiqaes, contenant iine suite d'experiences d'une execution facile, et sans danger, ct des iaits curieux et instructifs en chimie, en pliysi(|ne, et en mineralogie ; traduit de I'anglais de M. Fr. Accum et S. Paukes, par./. Riffault. Troisieme Mition, revue et aiignientce d'experiences nouvelles, et d'une liste des principaux reactifs, etc. ; par A. D. ^'ergnaud, capi- taine d'artillerie, ancien elevedel'Ecole Poljtechnique. Paris, 1829; Roret. In- 1 8 de 32o pages; prix, 5 fr. 125. — Manuel de cliimic, ou Precis elcmentaire de cette science dans I'etat actuel de nos connai.ssances , suivi d'«n Dictionnaire de chimie, par MM. Riffault et VEaGNAUD, etc. Troisihne edition. Paris, 1829; Roret. In-18 de 407 pages ; prix, 5 fr. 5o c. Ces deux ouvrages se presentent a I'altention dc la jeii- nesse stndieuse avcc tout I'interet qu'on pent attendre du sujet. Sans doute. dans un si court espace, il est bien diffi- cile d'approfondir les theories, et menie d'en fairc compren- dre tons les usages. Mais, en se renfermant dans la serie des faits les plus importans, on a pu les environner des explica- tions qui en rcndeut rintelligcnce facile. Parmi les recrea- tions chimiqiies . nous avons rencontre plusieurs experiences qui sont ('trangeres a la chimie, et seraiont mieux placees dans un livre dc physique. II faudra, dans une nouvelle edi- tion, que rauteur lasse disparaitre plusieurs erreurs qni lui sont echappees. Oii a-t-il pris, par exemple, que c'est Boyle qui est I'inventenr du baromelre en 1659 : chucun sait, qn'en 1645, Torricelli fit la d('couvei;tc de cet instrument, et que Galillee, son maiire, le connaissait pcut-etre avant lui. M.Ver- gnaud cxprime cc fait a la page 189 de son Manuel de chi- mie, et se met en contradiction avec lui-meme. Francoti'r. 12C). — Manuel da fabricant dc produits cliimiqiiea, ou For- 446 LIVRES FRANC AIS. mules ot proccdos iisucls relalilV aux niatierPS que la chimic fournit aux arts iuiluslricis ct a la medotinc ; par SI. L-s Tiiil- lATE. profc^scur de chimie nianuracluiiere. Paris, iSag; Uo- ret. 2 vol. in- 1 8 ; prix, 7 fr. L'auleur, qu'une longue experience a mis a nieme de dis- ringuer les procedes les plus exacts, ceux qui donnent les meillenrs resultats, nous semble avoir habilement rempli la tache qu'il s'etait imposee. Les j)rcpa rations qu'il indique, sont,'en i;cneral, celles qui sont adoptees dans tous les laho- ratoires; il n'oublie pas de preniunir le lecleurconlre les ac- cidens si frequens, causes souvent par la negligence apportee a la description des procedes. L'ofdre qu'il a suivi est irre- prochable, et facilite encore les recherches; et, d'ailleurs, cc point n'est pas d'une grande importance pour un livre qui, comme celui-ci, n'est pas destine a enseigner la science de la chimie, mais a servir dc guide ct d'aide-memoire pour des preparations dont on ne retient pas toujours la formule ct les doses. — tine description par ordre alphabetique des princi- paux instruniens, des tables de reductions de mesures, la sy- nonymic des noms des substances, etc., completent Ic a' volume. — L'ouvrage contient en outre un grand nombrc de tableaux tires de la atatistlque de la Seine, indiquant le nombre des I'abriques principales, avec un apcrcu des comp- tes de leurs recettes et depenses. II est ;'i regretler que I'auteur ait juge a propos de passer sous silence la preparation dc quelques substances importantes, I'acide pectique, le camphre artificiel, etc. H. Dcssard. 127. — Premiire anncc d'algihre contcnant i5o probli'mes non resolus, par M. Duchesne, professeur de mathematiques speciales au college de Vendome, auteur des EUmens de gco- meirie descriptive. Paris, 1829; iMalher et C'% passage Dau- phine. ln-8" de 3oo pages; prix, 6 fr. Ce livre est un traite elementaire d'algebre que I'auteur sc propose de completer, par un second volume coniprenant les parties elevees de cette science. Celui qu'il presente mainte- nant comprend jusqu'a la resolution des equations du s«;cond degre, la formule du biniime et la theorie des logarilhmes. La redaction en est claire, et la methode judicieuse ; les de- monstrations sont correctes. Get ouvrage sera consulte avec Iruit par les etudians ; les maitres y trouvcront un grand nombre de problemes qu'ils pourront proposer a leurs elevcs, pour les exercer aux conceptions algebriques. Francoeur 128. — * Annates ngricoles de Roville, ou Melanges d'agri- cullurc, d'ecouomie ruralc ct dc legislation agricolc ; par SCIENCES PHYSIQUES. 44; T. J. A. IMATniETJ DE DoMBASLE. Cinqiiicme livraisoii. Paris, 1829; M"" Hiizanl. In-8° de 5o2 pages; prix, 6 I'r. Plus clu tiers dc cette livraison est consacre par I'auteur a Texamen de rintluence que les imputs exercent sur I'agricul- liire. Les lecteurs lui en saiiront gre, quand mCme ils nc scraient pas de son avis sur quelques points. Chacune des questions qu'il traite aurait besoin d'une discussion tres-eten- due, et rcsterait peut-etre encore indecise, quelqjies recher- ches que Ton efit faites pour aniver a une solution. Cepen- dant, ces discussions scraient tres-utiles; on y reconnailrait avec certitude le petit nombre de verites dont se compose aujourd'hui notre savoir en economic politique; on y appren- drait a proceder avec plus de precaution, au milieu des te- nebres dont cette science n'est point degagee. M. de Dom- basle devait s'imposer une extreme concision, car il avait li renfermcr dans un ordre tres-resscrre une multitude d'objets egalement imporlans ; apres avoir parle d'impot foncier et des impots indirects , il fallait entrer dans quelques details sur Taction que ces derniers impots exercent sur I'a- griculture. Ainsi, I'imput sur le sel, sur le tabac, sur les boissons (Tauteur a omis I'impot sur les huiles), les imposi- tions personnelles, les droits de douane, comme encourage- ment a la production inteiieiue, les droits d'entree sur les fers, les bcstiaux, les grains, les sucres, les laines, toutes ces sources du revenu public qui tendent plus ou.moins a tarir relies des revenus prives, devaient etre passees en revue, et c'est dans les observations que cet examen I'ait nailre que M. de Dombasle doit s'attendre a rencontrer des contradic- teurs, principalement au sujet de I'impot sur les boissons et du monopole dn tabac. II nous serait impossible, en ce mo- ment, dc donner a nos lecteurs une notion suffisante des opi- nions de I'auteur sur ces deux objets;nous tacberons d'y revenir, et si nous n'adoptons pas tout-a-fait ces opinions, nous nous plairons a reconnaitre que M. Dombasle les a exposees avec une droiture d'intenlion, un sincere amour du bon et du vrai qui font estimer I'bomme et le citoyen, et avec une sagacite, une profondeur de vues qui donnent une haute opinion de ses lumieres. Pour donner une idee de sa niauiere d'ecrire, citons la fin de sa dissertation sur I'impot foncier. « En resumant ce que jc viens de dire relativement a cet impot, on pent etablir cette verite, que saquotite nepeut exer- cer qu'une tres-leg^rc influence, soit en bien soiten mal, sur la prosperite agricole d'un pays. Quelques personnes seront pi?ut-etre disposecs a voir avec bcaucoup de peine s'evanouir 448 LlVUliS FRANCAIS. tin t.ilisman an moyen diiqiicl on a clierche souvcnt a obtcntr (los li'»islaloiir,s des diniiniilions snr I'inipot qui girve les propric'les loncitTos; niais j'espere, dans ce qui nic rcste a dire siir los anlres impots, nionlrer avcc evidence que I'interet des proprietaires I'onciers, dans ocUe cpiestion, n'est pas aussi simple (|u'il le parait au premier apcreu, et que les proprietes foncieres siipportent aussi, dans une proportion beaucoup plus grande que ne le eroient beaucoup de persouncs, des charj^es qui senil)leul lui elre elrangeres. Tout impnt est un mal, et Ton devrait desirer vivement que la propriele fonciere put elre aflVancliie, d'une pailic au moins, du lourd f'ardeau qui pi'se sur elle ;'mais la question doit etre pcsee auti enient : la masse d'impots necessaire aux depcnses publiqiies etant donnee, il s'agit de savoir si les proprielaires lonciers eux- memes ont interet a rcjeter la plus grande portion possi- ble de cette masse sur d'autres brandies de perception » Cette meme livraison conticnt plusieurs lettres sur I'agri- culture de la Corse : nous aurons I'occasion d'en parler en reunissant plusieurs documens sur cette ile dont la France a si pen tire parti jusqu'a present, el qui pent lui etre si profi- table. Quand meme retablissement de Roville n'aurait produit aucun autre bien qne la publication de ccs Animles, beaucoup de reconnaissance lui serait due. Mais les ameliorations agri- coles qu'il propage dans toute la France et chez nos voisins, sont la plus noble recompense que pent recevoir son fonda- teur, et il I'a bien mcritee. F. 139. - — L'arl dc conservcr el (f employer les fruits, etc., aug- mente de descriptiom de plusieures glaciires domestU/ues et ('conomif/ues, et d'linc fontainc d conserver la glare, TroisU-me edition. Paris, 1829; Andot, ruedes Wacons-Sorbonne. In-12 de 180' pages; prix, -j. fr. Compilation de recettes pour faire des confitures, des sirops, des fruits sees et a I'eau-de-vie, des ratafias et des glaces. Si Cadet-de-Vaux vivait encore, il pourrait reclamer la pro- priete des trois quarts de ce volume. — V oici ce qui n'est pas (le'lni. — I/anteur conseille d'exposer le fruitier au midi ou au levant, et de garnir les croisees d'un double vilrage; c'est un moyen sflr d'obteuir un tout autre elfet que celui qu'on se propose. Nous ne savons pas ou il a pris son projet de gla- ciere, doiU le moindre inconvenient est d'exiger deux cons- tructions et de ne contenirqu'nne petite quantile de glace dans une grande caj)acite. Quant a la fontainc propre d conserver la glace pendant qua- SCIENCES PHYSIQUES.— SCIENCES MORALES. 449 rante-lndt heares, c'est tout bonncnient celle qui est mise en veiite tlepuis quatrc ans par la sociele de la glacierede Saint- Oucn. L. Sciences rcUgieuses, morales, poUtiques ct hisloriques. i3o. — * Sainte Bible de Vence, en latin et en francais, avec ties njtes littcraires , critiques et Idstoriques , des prefaces et des dissertations tirees du commentaire de dom Calmet , abbe de Scnones, de I'abbe de Vence , et des autres auteurs les plus ce- lebres, pour faciliter rintelligence de I'Ecriture-Sainte ; enri- chie de figures et de cartes geographiques. Cinquieme edition, soigneusement revue, et augmentee d'un grand nombre de notes, par M. Drach, rabbin convert!, et enrichie de nouvelles dissertations. Ouvrage dedie an roi. T. xi ct xxi. Paris, 1829; Mequignon-Havard^ rue des Saints-Peres, n° 10. 2 vol. in-8°; prix, 7 fr. le vol. (voy. ci-dessus, p. 169). Le tome xi contient lesProverbes, rEcclesiaste, le Canlique des cantiques de Salomon et le livre de la Sagesse. Les Pro- verbes sont precedes d'une preface, d'une dissertation sur les ecoles des Hcbrcux, et d'une autre dissertation sur la forme et les matiercs des livres anciens. L'Ecclesiaste est precede ega- lement d'une preface ct de deux dissertations; la premiere, sur la nature de I'anie, et sur son etat apres la mort, selon les an- ciens Hebreux ; la seconde contient une analyse sommaire de co livre. On trouve, avant le Cantique des cantiques, une preface et une dissertation sur les mariages des Hebreux, et avant la Sagesse, une preface, une dissertation sur I'autcur de ce livre, et une autre sur I'origine de I'idolatrie. Le tome xxi renferme les Evangiles selon saint Luc et selon saint Jean, avec chacun une preface en tete, etsuivis d'une analyse des quatre Evangiles. Viennent apres une preface sur les Actes des apotres, une dissertation sur les elections par le sort; une sur le bapteme au nom de Jesus-Christ; une sur Simon le magicien; une sur le dieu inconnr auqtiel les Athe- niens avaient dresse un autel; une sur la mort de la Sainte- Vierge, et une sur le juif errant. Le volume est teraiine par les Actes des apotres. Les savans doivent s'apercevoir que ce n'est pas seulement a ceux qui etudient la religion a fond et par etat, que la Bible dc Vence est utile, mais encore a tons ceux qui se livrent a la recherche des usages antiques. Ce livre peut teiiir la place de bien des livres, et il ne peut etre supplee par aucun autre dans la bibliotheqne d'un archeologuc. T. XLIV. NOVEMDUE 1S29. li'J 4r.o MVI5KS l'liAN(:AIS. Noil." lie ivp^Cions -point iti ii; que nous avoiis d.'j.i dil mm' (•('He tditiou iiuportanle ; cllc reprodnit assoz (idcloinrtit l;» (luatiii-me a\cc des ameliorations. D'aiilcnrs, Iors<]n'idle sera terniintP, nous reviendrons pent-Clii' snr I'-Aiicicn cl snr Ic IS'onvraii TcstaiiH'nt, dans dcnx artirlcs dislincts. On lit, on lete de la DlsserUdion snr les (kales des Hebreitr, Cl passage dout on devrait se penolrcr davanlagc par lo tenis qui coin-l. « Les ecolcs onl toujour.-, et/- considcrees parnd Ics penples polices romnielc juinripal appin des Etal.'*; c'cst dans les ecoles qne se I'oniient les protrcs . Ics jnges , les maj^^istrats, les peoples; c'cst la qne Ton apprend la religion, les lois, I'liis- toire, la langne, lesscicines, qui sonl les connaissaneesles phis importanles a la repvdjiiqne, et les pins nliles a la vie. (J'est poni(pioi les legislatenrs e( Ics prinees les pl'.is e( laires onl lonjonrs regarde relablissement et ia conservation des ecoles comine la chose du monde qui nieritait le plus leur soiu ; ils ont mis leur premiere application a I'erection des Academies, an clioix des maitres, et a procurer rinstruction a la jeu- nesse. » J- L- i3i. — * Essai sur t'emploi du Inns, ou methode qui a pom- objet de bien regler sa vie, premier moyen d'etre heurenx; par M(nr-.'ir)<()///f JuLLiEN, dc Paris. Quatrllme idilion, revue el corrigee par Tauteur. Paris, i8'2f); Dondey-Dupre. In-8" de vni et 568 pages, avecdeux plan.hes; prix, 7 I'r. L'ouvrage de M. JuUien a obtenu le plus impartial de tons les stiffragcs, celni du public : quaire editions de son livrc altestentqn'il est hi et compris; puisse-t-il aussi etre prati- que ! Le bon emploi du tems et la connaissance de soi-meme s nt les deux preceptes fondamcntaux dont M. Jullien s'est el- force de recommander, etsurlontde faciliter la pratique. Sans la pratique, en effet, les plus sublimes veritcs morales pen- vent ne paraiire qu'un reve dont la poursuite est inutile; la vertu sera toujours traitce de chimere par les gens qui ne Tadmireront que sur le papier. Le but de Thomme sur la terre est des'ameliorer de plus en plus, pour meriter de continuer a s'aineliorer encore, aprcs cetle vie terreslre.Or, pours'ameliorcr, il fautseconnaitre ; et pour se connaitre, s'etudier. Se flatter de reussir dans celte etude, sans s'imposer des regies et sans se donner des guides, c'est texnerile pure; c'est presumrr Ibllement de ses forces, et ris- quer de tronver bientot sa peine dans le desordre de ses pen- sees. M. Jullien ne\eut pas que Ton abandonne sa vie, sans cherclier a en retenir la trace; il \eut que la prcvoyance de SCIK^iCES MORALES. 'jTii Pavi'ini-sc rc'^le siir un compt*; (idMc clii pasc, ct que, imr liii so'ui utlciilifu s'cxauiiiier hoi-tncme, on conserve le IV.iit lies ; c'ost le connnis-toi toi-meme de I'o- lacle de Delphos, c'est I'exanien journalier de conscience de Pylliagore et du cluistiaiiisiiie ; c'est la niclhode d'cxpeiiences sur soi-mOiuc, siu- laquclle se sont accordes Descartes et Bacon; c'est le journal iccouimande par Locke et pratique par Fianklin. Appuye de ses antodles imposantcs, et de beaucoup d'au- tres encore, digues dos lespects de I'liuuiaiiite, M. Jullieu re- cominande de iixer par ccrit le souvcnii-de I'diiploi qu'on a fail de son teuis. Entrant dans I'excculion pratique, il pro- pose I'adoplion des nioyens cju'il a puises dans sa propre ex- perience, et que lui-nienie a mis en usage pour arriver au ^rand I'esultat de la connaissance de soi. L'autenr indiijue troiscundilions comme necessairesa rem- plir pour regler convenablement sa vie:«La triple habitude, dit-il, dc nc rieu dire, de nc rien iaire d'important, sans se tleniauder : A quoi ccla est-'tl utile; de se rendre conipte, chaque soir, ou diaque matin, de Tcmploi de la jouruee qui a precede; de resunier par ecrit ce compte-rendu , dans lui memorial analyliqne : A'oiiu les bases de la uiethodeproj.usce.') Les avantages ((ue pent procurer la tcnue exacte d'uii jour- nal ou Ton enregistre les details de la depeiise (jue Ton fait de son lems sont developpes par M. Jidlicn avec etendue, et avecune graude force dc conviction. Ces a vantages sont non- breux, et le terns, donnc chaque jour a cette habitude salu- taire, infnument rcduil au moyen des livrets pratiques, dont I'ouvrage meme presente des modeles, se trouve bientot re- gagne par I'oidre qu'elle enseigne a mettre dans la disposi- tion de tons scs monicns. Toutet'ois, il faut avoir grand soiti de ne point se perdre dans de trop longs et de trop minutieux details; car le teuis est le seul bien djnt il faut clre avare. Nous ne suivrons point I'auteur dans le detail des comptes qu'il conseilie de s'ouvrir a soi-meme pour apprecier les re- sultats de sa vie physiq'.ie, morale, iulellectuelle, sociale, eco- nomi([ue, etc. La necessite d'un journal , I'ordre a metlredans ses notes et ses souvenirs, en ne les entassant point sans dis- tinction, et en les divisantau contraire, avec methodc, et en plusieurs journanx ou conq^lcs scpares ; voila les idees esscn- tielles. Puis, dans le mode narliiulier d'excculion . cliacun se 452 LIVIIES FIlANi^AIS. iliiijijora par Ics habitiuK-s do .sa pcnsoo v\ par les convenances do savic. Al. Jidlicii iiidiquo ilv.a divisions ot dtts subdivision.s nonibreuses, tiop iioinbreuses memo ponr la pUiparl de ses leclcurs; mais, dans un ouvrage didacliqnc, on ne couil au- cun risque dc muUiplier Ics classifications dontchacun cnsnite . poinra, suivant sa capacite, ses goQts, scs besoins et ses loi- sir personnels, rcdiiire ou augmcntcr le nombre. M. Jullien u'a point vonki iniposer a tons ceux qui suiviont sesconscils, des loimes sacramcntelles, dont ils auraient a nc s'ecarler ja- mais; mais il a I'ort bien fait d'insisler sur la necessitc d'un journal, divise en plusieurs complcs distincts. Lorsqu'il en vient a specifier les subdivisions auxquelles il conseille de re- courir, il le fait plutot par voie d'exemples, que par formes de prcceples rigoureusement obligatoires. La premiere partie de VEssai sur femploi da terns est em- ployee a Vea posit io7ithcorit] lie de lamcthode de M. Jullien ; la seconde partie est consacreea V application pratique. L'auteur, avec one remarquable sincerite, initie ses lecteurs a ses plus secretes pcnsees, en racontant d'abord ses premiers essais pour former un journal dc sa vie et de ses souvenirs, et en donnaiit ensuite des specimen de ses trois livrets pratiques d'emploi du tems. II intitule le premier livret : Memorial ana- lylique, ou Journal des fails et observations. i^Cc mcmo- lial, dit-il, est destine a recevoir, non pas tons les jours, mais dc tems en tems, lorsque I'occasion s'en presente, les details d'un certain intcret, les observations, les souvenirs, pour lesquels on manqucrait de place dans les deux autrcs li- vrets. II sert a tracer, commc dans un tableau fantasmago- rique, les scenes varices dc la famille ct de la sociele, les re- flexions qu'cUes font naitre, les instructions moiales qu'on en pent retirer, » Le second livret est V Agenda general, qui sc compose de tablettes usuelles, comprenant six divisions : I'cm- ploi de la journee qui a precede, auquel on pent joindre I'emploi projete de la journee qui va suivre; le memorial eco- nomique pour I'inscription des recettes et des depenses ; le me- morial des personnes; celui de la correspondance active et pas- sive ; le memorial bibliographique, et, enfin, le depot mne- moniquc, partage lui-ineme en quatre subdivisions : souve- nirs et projets personnels et de famille; souvenirs et projets pages; })iix, i5 c. i'l', LIVRES F(IA>(;ATS. On <(• pliiiiil I)c;nic<)iip, en France, dc la pomirio do livres adaptrs aiix I)Csoins ot a la ctilliire inteMectiiellc des classes pen t'cliiirc'cs. Pliisiciii-^ associalions iclipieuse-* on pliilanthro- piqiics out cs?;iyt; d'y rcincdicr. II c-t donleiix qu'cllcs aient coinpit tcmcnl icussi jiisfpi'a prcsonl ; anssi lenrs tiavaux con- liniiciit-ils cncoie. Li^s oiivfogcs (piVlit^s out siiitoiit tache d'anuliorcr soiit ccs alnianachs, rpii roriiient Ic pins soiivcnt toiilo la bililiolhequo do riial)itant des cliaiiniioros. La Socif'le (Valucation a voiilii lutler conlre lo fanieux JMalhieii Laons- hcrg, par iiiio soi-te de conticlacon qui obticnt qiioiqiic siic- ces, Uyl/inaiiar/t (/es bona conseils a oi)lenu aiissi quclqiie rolfbrito dans sa sphoie. Apros les calomliicrs et Ics tableaux analof^nes, viennent des notions d'ai^ricnltnrc, d'indusli'ie, d'liygii' lie, dont lo Unl est de lairo approcier la puissance et I'litilite de nos sciences et dv. nos arts; puis, des anecdotes ccritos (laus un esprit pliilanlbi()j)i«iue, centre Tignorance, la superstition et Ics anli es vices los plus conununs dans les clas- ses aux(pielles s'adrosscnt cos conseils. Mais, ce fpii distingue cet alinanach do sos rivanx, c'cst uno logere teinte de niys- ticisnte protoslaiit aujonrd'bni a la nioile, (|ui trahit son od- giue et qui liniite [iiobabliMnent sa propagation. a. iTo. — De la Mt'-l/inde Jacotoi, pai- Jnsfp/i Hr.T . de Gre- noble. Paris, i8a(); Prudlioninie. In-8" do 63 p.; prix, i ft: i5'|. — * Eoranien critique rl raisonne de I'cnscip^nnncnt (lit imiremcl , ou Mellwde Jaculot , qnl a pris naissanco dans Jo royaiime des Pays-Ras, par }l. DuniVAi', lieulonanl-colonel flu genie en rclraite , ex-direclonr des etudes a I'E 'olo Poly- ♦ct buiquo. Dciuvihne cdiiion. Paris, 1829; Jobanneau. In-8° de VIII et I 00 pages ; prix, 3 fr. « Kn resume, jo crois avoir efaWi : i"qne la methode de RI. .Tacolot repose siir des priiicipcs aussi certains (|ue feconds en rcsultats; 2" qu'elle pent voritablonicnt s'appliqner i\ I'ac- > — «noslorsilest (lair que taut d'inioliorcuce dans los eloinons do ccttc me- tliode, taut d'crrenrs capitales sur lour clioix et lour assem- blage, en foul uno concoplion I'nneste, dont lalondance directe serait de retenir los etudes dans une oternclle eni'ancc, apres leur avoir I'ait jeter quelquos I'ausses lueurs propres a eblouir la imiltilude ignoranle. « La premiere de cos deux citations est la conclusion de i\i. Roy; la scconde , cello de M. Durivau : de deux proposi- lionscontraires, si rune est raisonnablc, on sait assoz ce qn'est Tautre ; il no s'agit done; plus quo dc decider a laquelle de cos donx opinions noiK'^ dcvous nous arioloi'. F{oniar(pn>ns avant SCIENCES MOllAl.KS. /|5:> tout ([n'on nc vcriuil point !randc(|neslion qui nous occupe; je sonliaite qu'elles puissent eclairer les liommes qui, sans eirc a nieme de se livrer a I'edii- lation, sentent coiubieii elle importe au bonheur de I'bn- iiuuiite. De (|uelquc maniere qu'on envisage roducalion , elle ne i."ousisle jamais (|ue dans raequisilion d'nii certain uoi)d)rc de connaissances. Au pliysique el au nuiial comme dans ce qui lieuta la culture dercsprit, ou possede une science, des ([u'en 4onte circonslauce on sail loiijours ce qu'on d(;i- d'augineolci- rintcUigciKC qii'i-n I'lXf rrniil atix con- naissaiurs qu'clle duil enibra?ser : I'rcliicallnii se ictlnil li in- .t I'instriK - lion, q-ioi qitVlle ail pour second avanlage dc foililici el de duvtluppci- ii'js oiirjiics. 45() LiVRES fran<;:ais. plication it-pctt-c aux niemes etudes, il estbicii clair qu'cndcr- nierc analyse I'objct de I'education n'est que de nous assurer unccertaine souime de connaissances ; tar le developpement denos facultcseiiest si necessairomentla suite, qu'on n'a pas eu besoin de crecr pour lui une science a part : racquisilion de CCS connaissances est preciscment rinstruction. Or, il y a deux melliodes pour s'instruire ; Tunc est la me- tliode naturelle ; ce mot ne pent etre equivoque ; car la nature nous donne toutes les connaissances comme les herbes dans une prairie, individueiles, eparscs, sans lien, sans rapport qui les unissc. L'cnfant qui s'instruit ainsi va de cote et d'autre, chercbant a recueiilir quelques notions, les retenant s'il pent et tant qu'il peut, trop heureux s'il lui arrive d'en grouper quelque douzaine sous une idee commune, mais saufdescas tres-rares, ne geueralisant jamais les connais- sances attrapees le plus souvent au bazard. La seconde methode, dite philosopbique ou de doctrine, s'oc- cupe, avantde faire chercber les eleves, deleurdonner tons les moyens de se reconnaitre dans la recberche qu'ils vont laire : elle appelle a son aide toutes les decouvertes anterieures, et non- seulemcnt ces decouvertes, mais la classification qu'on en a faite; elle donne Ifs caracteres generiques ou specifiques des etres, un petit nombre de principes I'aciles a graver dans la memoire ; et quand I'intelligence est armee de ce petit bagage, tons les faits parliculiers qui composent la science viennent se ranger dans leur ordre , et representer a I'etudiant toutes les proprietcs du genre, et les differences des esptces. De ces deux mttbodes, quelle est la nicilleure ? C'est pres- que faire injure au lecteur que de poser une pareille question; qui ne voit que la seconde melbode seule en nierite reellement Je nom, et que la premiere est I'absence de toute metbode, la negation de tout ordre, propre seulement a niettre, si je puis le dire, la science enq^iiique et bornee du sauvage a la place de la science tbeorique, et immense dans son borizon, do I'bomme civilise. Wais, au reste, si Ton pent concevoir par abstraction ces deux manieres d'apprendre comme isolees Tune de I'autrc, on ne larde pas dans la pratique a reconnaitre qu'ellcs soul inse- parables. L'bomme a qui Ton ne donnera que des faits voudra les generaliser, sansquoi il luiserait impossible de les retenir : celui a qui Ton ne donnera que des juincipes, a son tour vou dra des faits, parce qu'il ne se souciera pas de retenir des abstractions sans usage. 31ais faut-il faire deduire les prin- cipes d'un grand nombre de faits pareils, et rassembles expres. SCIENCES MORALES. 457 en un bloc? ou faut-il, aprts avoir donne les principes, grou- per sous eux (ous les fails qui s'y rapportent? Voila les deux points surlesquelspivote I'education depliisle commencement du monde ; et cependant, chaque fois qu'un protesseur tourne au public I'une des deux faces du panneau, en criant qu'il fait du nouveau, le peuple s'attroupe et crie avec lui a la nou- veaute; tandis qu'en realite il ne pent y avoir de neuf en education que la disposition des etudes ou les moyens prati- ques, le reste se reduisant toujonrs aux deux marches expo- sees ci-dessus, et ne pouvant admettre, dans le melange qu'on en fait, qu'une difference du plus au moins. Or, M. Jacotot a voulu pousser a I'extreme la marche em- pirique ; il a voulu reduire i rien le travail et le secours du maitre : il denoue, il disperse tous les faits, et, doublant ainsi la peine de scs eleves, leur dit : recueillez et classez. M. Ja- cotot prelend avoir obtenu des resultats; nies par les gens du metier, ilssont soutenus par des hommes que leur philanthro- pic rend faciles a persuader. Ne discutons pas ; admettons- les : que prouvent-ils? un double travail de la part des eleves, car il a fallu recueillir et classer ; tandis que nos methodes leur epargnent le travail long, epineux, tatonnant, et si long-tems incertain des classifications. Or, il faut ignorer completement I'esprit de la jeunesse, ou vouloir absolument se tromper a plaisir, pour ne pas reconnaitre que c'est le maitre , et non la m^thode qui fait le travail de la generalite des eleves. J'ai de- veloppe cette idee dans un article precedent ( voyez Rev. Enc. , t. xLUi, p. 707). Je voudrais d'autant moins y re- venir, qu'elle est avouee par M. Jacotot lui-meme , qui de- mande un si grand soin dans le choix du maitre. Or, elle a pour consequence necessaire, qu'avec la plupart des maitres, un double travail rebutera les oleres, et, dans tous les cas , les retardera. Je ne sais si ces verites se presentent a I'esprit du lecteur avec autant d'evidence qu'au mien : pour moi, je n'y vols que des deductions gcometriques de ce principe, qu'il ne me semble pas possible de contester : c'est que , plus on aura a faire, plus il faudra travailler, moins on pourra repondre des progres des eleves; plus, dans tous les cas, le maitre et les eleves auront de mal. Apres cet expose, il est bieo evident que jc ne puis, on aucune maniere, adopter les conclusions de M. Key, et qu'au conlraire je partage enlierement celles de M. Durivau ; mais, en metlant nieme de cote toute opinion faite d'avance sur ce sujet, il scrait diflicile, a la lecture des deux ouvrages, de ne /,:,8 LIVUKS KHA.NCVIS. jiii^ adiucltro d'aburd les iticcs du tiilimic , el do. nc pas re- Jeter celles de reulhousiaste. En eiVcl , qiie Irouvo-l-oii dans le livre de M. l»cy, fnc tliscr.s.sion dc Ainjjt paj^es rontrc Ic parailoxc de I'egalite des intclliiii nc.-es, preccdee de lionx coin- nnins sin* Ics vice^ iI(!S aii( icnucs mclhodcs, ct s^nr la soi-di- saiil crealion de M. Jacolol, qui dcvrait, dil M. Key (pag. i4» lig. 2()),lni h\ro eii'i^er des aulel.s I Dn reste , pas nnc scnic oWservalion spedalc qni pronve que rantciir eonnail le snjet qn'il Iraitc... U linit apprendrc a M. TieVj puisqn'il I'ignore, qii'il u'y a pas dans rnnivei'site de prol'esscur de basses classes (|ni n'ait applique niillc I'nis, et parcc qu'il y etait poiisse neecssairemeut par la marelie de rinstruclioii , la methode prelendvie invcntce pariM. .lacoUiI, de I'lire (lOuver a Peleve, par des questions I'ailes a piupos, la solution dc qtiel- (|Mes dillicultes. Seulenient, M.Jacolot veutiendi'e cclle me- thode exclusive ; il voudr;!it nieiiic (\\\c le niaitie n'efil ahso- luiuent rien a dire , et c'est la ce qu'approuve taut iM. Hey ; mais n'est-il pas evident que, pom- {jrononcer sur cette (pies- tion, il (hut avoir pratique long-tenis I'education , et examine si cela est possible ? Je ne connais auinneinent M. Wvy ; ruais je puis dire que son livre iadique un homaie ahsulumenl etrangcr a la pratique de eel ait. Tel n'esl pas le cas on ?e troupe M. Durivan : il u'y a pas uuc page qui ne montre mauileslement riiomnie qui, s'il n'a pas personnellenient instruit les autres, a du moius Miivi pas a pas leur education , et s'csl rendu comple exacte- lucnt de tons les obstacles qui pouvaient I'eiitraver. Je ne i'e- rai pas ici d'antrc eloge de son livre, par un motif que le lecteur appreciera ; avaut de I'avoir lii, j'avais dcja jete sur le papier loutes les idecs generales qui commenceut eel ar- ticle ; je les ai loutes retronvees, mais plus devcloppees, et appnyees d'cxemplcs et de citations dans I'onvrage de iM. Du- rivan ; je dois done me borner a en rccommander la lecture ct la meditation a tons (cux qni venlcnl se i'aire wne idee juste de la iiiilliode d'cnseignenunt unircrsel. J'en extrairai as lontes les dillicultes, au moins les combat- eilc le plus souvent avcc boulieur. B. J. i5G. — * Beriieil ^('ni'ral (les nvcirmirs lots fratiraisr', de})uis J'an /|2o jusqu'a la r(\olution de 1 78;); par MM. Isambkut, Decrvsy et TAiLi.A>DinR ; t. xiv et xv. Paris, 1829; Belin- 1-eprieur, rue Pavec-Saint-Andre-des-Arts, n" 5. 3 vol. in-S" de Gioct 3()0 p.; prix du vol., 7 fr. L'etudc dc noire anciouue legislation, bcaurwnp Irop ui'gli- 46o LIVKES FRANgAIS. gcc aujomd'hui, rommciicc touteiois a leprendro favciir, fii- non dans la prati'ivic , du moiiis dans la science. On cesse do croire que le droit fiancais tout entier reside dans les co- des ct dans les lois accessoircs. La revolution n'a pas lelle- ment relait a neul" notre legislation que Ton pnisse inscrire en tete du Bulletin des Lois depuis 1789 I'epigraplie dc Mon- tesquieu : prolem sine matre crcutam. Les nioeurs et les habi- tudes du pays ont etc fortement ebranlees par les commotions poliliques; inais il y aurait folic a penser qu'elles aient pu instantanement se depouiller de I'antique couleur nationale. Sans la connaissance de nos lois anciennes, le sens et I'esprit de nos lois nouvelles ne pent pas Ctre conipris. II faut savoir quelles ameliorations nous ont etc apporlees par le progres des terns et des institutions politiques, et en mcme tems quels bienlaits nous devonsaux efforts de nos peres. II I'autaussinous rendre compte de cetle barbaric qui teste encore impregnee dans tant de parties de notre legislation, et expliquer, par I'histoire, bien des dispositions, dont la logique toute seule ne rendrait pas raison. Comment, par exemple, excuserait-on autrement le gothiqne fatras de notre procedure civile, et meme notre organisation judiciaire? Le nouveau^ecueil des anciennes lois francaises doit, par lacommodite du format, et par I'exactitudedeses indications, rendre un service signale a ceux quidcsirent connailre etcon- sulter habituellement les monumens de notre legislation na- tionale. Les deux volumes qui forment la presenle livraison se composentdesrcgnesde Francois II, Charles IX, Henri III et Henri IV. Us compleleront, lorsque le regne de Louis XIII sera public, la partde collaboration du docte M. Isambert, dont I'erudition consciencieuse etait eminemment propre a un pa- red genre de travail. Jocrdan , qui promettait a la philoso- phic du droit ct a I'histoire un jurisconsulte du premier ordre, et qui a etc sitot enleve a la science, s'etait charge du regne de Louis XVI. Ce regne a etc termine par M. Armet, qui unit a une extreme modestie un rare savoir, mais qui a etc force, par le delabrement de sa sante, de renoncer a ses travaux. C'est desormais a MM. Decbusy et Taillandier (ju'est confiee la t.lche de meltre fin a la publication importante que d'aussi honorables collaborateurs avaient commeucec. On pent done, a I'avance, regarder comme certain que ce recucil coulinucrii. de meritcr la favcnr pubiique. Cli. Renouard, avocat. iS^. — * VArt (Ic verifier les dates, depuis i'j';o jdsqii'd nos jours ; fonuantla continuation on Iroisiemc partic dcl'oiivragi' public, sous ce iiom, par Ics rcligicux bincdidins dc in cong rrc- SCIENCES MORALES. 4G1 gaiionde Saiiit-Maur. T. VIII. Paris, 1829; Denain , rue \i- vienne. In-8" de 488 pages ; prix, 7 fr. Ce volume complete Ic grand ouvrage que M. de Fortia et ses savans collaborateurs avaicnt entrcpris de continuer jusqu'a nos jours. II renferme la chronologic historiquedeselccteurs de Hesse-Cassel, des landgraves de Hesse-Rothembourg, des dues de Hesse-Darmstadt, des landgraves de Hesse-Hombourg, des princ6s et comtes de Waldeck, des duos et rois de Wurtemberg, des electeurs et dues de Baviere, des electeurs, dues et rois de Saxe, des dues de Saxe-Weimar, des dues de Saxe-Gotha, des dues de Saxe-Meinungen, des dues de Saxe-Hildburghausen, des dues de Saxe-Cobourg-Saalt'eld, des villesanseatiques, des dues de Brunswick, des princes d'Hanhalt- Dessau, des dues d'Anhall-Bernbourg, des duos d'Anbalt-Ccethen, des dues de IIolslein-Beck, des dues de Holstein-Sunderbourg-Augusten- bourg et autres branches de Holstein, des dues de Meeklen- bourg-Schwerin, et autres branches de la meme souche, de la maison de Nassau, des rois de Prusse, et enfin des Suisses. L'editeur annonce la prochaine publication des tables des se- conde et troisiemc parties. II proniet encore une quatrifeme partie, qui peut etre consideree plulot comme un supplement an grand ouvrage. C'estuneHistoire d'^imcrique, par Jtl. War- den; elle iormera 8 vol. in-8°, dont trois ont deja paru ; le quatrieme sera public bientot. 1 58. — * Histoire de Hainaut, par Jacques de Guyse, tra- duite en francais avec le texte latin en regard, et accompagnee de notes. Tome vii (1). Paris, 1829; Sautelct; Bruxelles, Arnold Lacrosse. In-8"; prix, 9 fr. (voy. Rev.Enc; t. xtii, p. 490). La petite province du Hainaut n'aete, pour Jacques deGuyse, que le centre d'un cercle dont la circonferenee a la meme elendue que Ic monde entier. Mais c'est particulicremcnt pour Ics Pays-Bas, la France, I'Angleterre el I'Allemagne que eette histoire presente un interet veritablement national. Avant de parler du septieme volume qui complete la moitie de I'ouvrage, qu'il nous soit permis de jeter un coup d'oeil rapide sur quelques-uns des sujets dont !e sixieme se com- pose, c'est un moyen bien simple de faire apprecier le meritc de cette grande et importante publication : on y remarque Toriginc des rois de France, celle des Ostrogoths, des Van- dales, le commencement du regne des Huns, le tableau des (1) Le texte est public, potir la prcniifcre fois, sur deux manuscrits do la Bibliothequc du Roi. 4i'>u LivuKS imian(;ms. ir i'liclTteiif anivt's tin ttiii.'^ Jcs cmpcrcins (halicii ot V;i!(vi- tiiiieii, I'invasioii du rovaiime aiiiioiiqiif, ile toiile la (laiiK; et do la (If rinanio, et de I'lle Britaiini((ne par rcinjioirtu' Maxiinc, I'liisloiic dcs ('veiieineiis du njjne des cniperoms Arcaiiiiis ct llonoriiis, i^c I'iiiva.sicin des (iaides paries \ati- dak';*. L'aiitonr ciitrc dans les pins giands dt'liils snr Aillitir, Voi dcsRii'lons. L'laslorii'n s'etciid rrn'oro siir AieiovtH-, I'oi dcs Francs; snr AValanici', loi des OstrnjiOlIis, snr Ic i-ni AlIxTic, fils dc Clodion, loi dcs Francs; snr lo baptCmc de (Jlovls. et siir quchjnes ev/ncmens arrives de son teins, snr Ic roi Cliii- ]>cric, la mnrt de la rcine Bruncliant, la naissance du roi Daijoljert ; Mahomet, prince des Sarrasins; la niptuie des Sarrasins avec rempire. L'autcnr nc reste pas toujcjiM's sin- la scene politique, il s'cn ecarte souvent pour s'arreter a dcs sujels qui ne sunt pas moins inleressans : les chapitres sur le pliilosoplio liocce, snr saint Benoit, fondateur d'un ordre celcbre, sur les onze mille vierges, sont surtout fort reniar- qnables. Ce volume a, pour preface, une dissertation trcs- plqnante ct lout-a-t'ail ncuvc, sur le roi Merovee, par i\l. de FoRTiA, qui a dissipe les ombies dontelait encore envii'onnce ccUc epo(|ue de notrc hisloirc. Le seplicme volume, sous le lapport chronologi([nc, nc s'ctend |)as plus loin que le volume precedent, pnisqti'il (inif a I'an 0^5. 11 ne conticnt gucre que I'liisloirc ecclc.-iasliqiie du rcgne de Dagobert ct de son fds, Sigerhert II. Mais com- bien de variete et d'interet dans ccttc liistoire ! Elle ne coni- prend a la veiile que des legcndes, dcs miracles. -des appari- tions celestes, des fondations de nionastcies et d'cglises, rhistoire de princes (jiii abandonncnl la pouiprc pour ccindre la haire, qui renoncent aux grandeurs et aux deli( es du sic- cle, pom' so livrcr aux austcres excrcices de la vie ccnobiti- quc. Quelques-uncs des legcndes sont ccrites avec autaiit de fideliie que de cliaicur. Elles sont d'lni intcrcl qui appellera sans doule un jour I'altenliou de nos dramaturges ronianti- qu"elles ont etc admises dansrintimile ou an ser- vice de quelques princesses, conime le furent M°"^ de Motte- ville, et de Staal. L'auteur de:^ Mcmoires que nous anno:icons ne s'estpoint trouvce dans de parcilles positions : attachcc dans sa jciincsse a la cour dc Russie, die I'avait quittec a I'epoque oii sesont passes nnc grande partie des evenemcns qu'elle ra- 404 LIVRES FRANgAIS. route. Maiscllea vu de pros Tcmpcreur Alexandre, qui parait luiavoirtemoignounc poll tcsso fori cmpiesseectuninteiC'tassez vif. Passionnec pour la gloire dc eel euiperciir, ellc a trouvc que les histoires qu'on a publiees depuis sa morl foal pen connai- tre riioinme, el ellc a saisi le pinccau pour le peindre. Nous dcvons prevenir nos lecleurs, que I'ardente reconnaissance, la vivc imagination de M°" Choiseul-Gouflicr, ne luiotit laisse voir qu'un cote dc la physionomie de ce prince, el c'est tou- jours renthoiisiasme qui conduit sa plume. Alexandre est un liomme adorable , un angc, presque im Dieu ; dans sa ferveur, die prend plaisir A sacrifier a cette idole lous les hommes qui chcz nous, a diverses epoques, recurcnt le nom de grand, et Henri, ct Louis, et Napoleon. Si cet cmpereur s'esl cnrichi, dans ses traites avec Napoleon , des provinces donl furent de- pouilles ses allies et ses amis, le roi de Prusse, le roi de Suede, I'empereur d'Autriche ; si, dans les iniques largesses du con- grfcs de Vienne, la Pologne lui est echue en partagc , noire auteur senible I'ignorer; Alexandre est tou jours le souverain le plus magnanime, le moins ambiticux; il a accepte la Polo- gne, mais il a refuse le surnom de hrni. Voila du veritable de- sinteressement ! Nous ne Irouvons pas ici un mot de la Sainte-Alliance, ce traite sans avenir, conclu en haine des peuples et pour la violation des promesses qui leur avaient ete faites; et dans lequel nousvoyonsce grand autocrate, avec de bonnes intentions peut-etre, jouet de la politique fraudu- leuse de 31. de Metternich, aussi-bien que de la simplicite niaise de M"* de Krudener. M""" de Choiseul-Goufiier nous donne une bien pauvre idee de la sagacite de I'empereur Alexandre au snjet de la politique de la France. « Les Fran- cais, lui disait ce prince, jouissent d'aulant de liberie qu'il est raisonnablemcnt possible d'en avoir; eh bien ! il ne sont pas contens. » Alexandre disait cela, en 1820, lorsque la liberie in- dividuelle et la liberie de la presse etaient suspendues, lors- que Ton bouleversait la loi d'election, et qu'onviolait la charte, en inlroduisant dans noire gouvernement le privilege avec le double vote. Alexandre disait encore : « J'ai tant presse , con- jure pour qu'on agit avec fermetedes le commencement de la restauration; on n'a pas voulu me croire, et Ton en voit au- jourd'huiles Iristeseffels, dans lamort tragique duduc de Ber- ry. ))Considerer ce fatal evenement comme la consequence d'un systeme politique trop enclin a la liberie, est la preuve la plus complete d'uue grande ignorance de nos affaires et de Id situation de la France a cette epoque. Et cen'^tait pas I'au- teur des Memoires qui pouvait donner a I'empereur des idees scuiNCES morales; !!():> plus jiistcs. B Ak'Xan;li-c, (lit-ellc, mu .-ciuhlait avoir iinc iil,o, «;xa^»''iTe iles iiioyeiis ct des lalciis oiatoires dii paiii cloiija^( - ^ique (il appelait ain.xi le cole gauche de la rhanihre dcs di;- putes ). J'o.^ai avanrcr quo !e parii royaliste ne liiiccdail pas sous ce rappoil. A clia(|ii'e oraleur dii cut.t- o-.mchc cpie iioiii- inait S. M. , j'on cilais iiii autre du cole droit; an yoiieial Foy, a Benjamin CtMislaut, etc. , j'opposais Caslelbajai', I, a Boin'doniiaje, Uelalot. »Ccdci-niera pris soin , par sa losi- duite p(dili(jue, de dcnu-iitir lH'"" de Clioisenl-Gonllier: et , (|uant aux deux anlres, 11 n'etait pas possible de I'aire un rap- |)rocl>ement plus liuniiiiant pour eux. Lc spirituel auteur des iMcmoires est conipletenieut russe dans cette maienconlreuse comparaison. Du reste, siles iMemoires de M^'CIioisenl-Gou!'- lier noliVent qn'un mediocre interet politique; lis retracent avec cludeur ce qu'il y eut de noljle et de veritablement ge- nei-enx dans le caractere d'Alexandre; ils contiennent des xinecdotes qui tirent un inleret reel dn grand eveneinenl au- quel elles se rapporteiit, la falale expedition deRussie; le ton de conviction et nienie d'enthousiasme de I'auteur leur coni- inuni(jue uiie clialenrqui n'est pas sans attrait; ct, si des opi- tiif)ns, plus russes que I'rancaises, ne sent pasbien etonnanles dans une dame nee Lilhuanienne, et diguitaire de la cour do Ilussie, on potn-ra s'etonner du moins de la vivacile, de I'ai- sance dece style tout t'rancais sous une plume efrangere. i4'> • — Let Ire d M. dc Bourienne sur quel'jues passages fie fea Memoires rclatifs a la mart da due d'Enghicn ; par le baron Massias, ancien charge d'ail'aires de France pres la cour de Bade. Paris, 1829; Firmin Didot, rue Jacob, n" 34- In- 8" dc jG pages; prix, 1 fr, « L'bistoire, dit M. de Bourienne (t. v, p. 017 de ses Mc- moirea), n'atlribuera done pas cet holocauste, ni au hasard, ni a un zele criminel , ni aux intrigues d'alors , elle n'y vena qu'un acte d'une deliranle am])ition et d'une politique sauvage et barl)are qui se permet tout. »M. Massias, que sa position a Bade mettait a portee d'avoir des renseignemens positifs, nous semble prouver assez bien : 1° que Bonaparte a ete trompe par ses polices ; 2" qu'on lui a laisse ignorer la conduite inoilensive i\u prince; 5" qu'on lui a donne comme reelle ia presence, a Ettenheim, du general Dumouriez, avec son etat-major, et d'un rasscniblcment arme d'emigres dans le grand duclie de Bade. La lettrc de M. Massias fait sentir qu'il y a , dans quehjues parties du recit de I'auteur des Mr^ moires, des reticences et des obscuriles; et il lui en demandc rcxplicalion. « Quant a inoi , ajoute-l-il , qui ii.c iais une sorlo T. XHV. NO\EMBRE 182.J. 3o /lOO LlVttES FUANCAIS. (!o 5crupiile de jiiger avoo (•fiiiit('', uiais non aii-dcla do I'l'- (jiiile, cef hoinmc. colossal, j'ai accpiis siir Ics lieiix la cerli- Itklt; qii'il avail cU; I'gare par Jcs rapports inciisoii{,'(;rs siiggt';- r.'S par riiitorrt dc ces etrcs vils(|iii , pareilsa des reptiles vc- r.inuMix, naissont de !a corriiptioii des grandes civilisalions; rannorts doiit la sagaeile de son genie auia d'ahord vn le cole I'avorahle a son anil)ilion (K'ntcsiiree, cl (pie iiiallieiircuse- nicat il aura fait tonrncr a ses vnes. Sun crime, ainsi ouantrc- menl expliqiie, est tonjonrs Iiorriljlc,niais ilest iiioins odieiix; en le considerani sous eel aspect, on se pardoiine et Ton se console pins racileincnt d'avoir admire un ambitieux egari; qn'nn calculalcur sangninairt^ "La I'at-ile calastroplic du due d'l'aiglnen a deja donne lien a bcauroup de discussions, sans que Ics nuagesqui I'environniiient aient ete encore coniplete- mcnt dissipes; la brochure de .>!. Massias est une bonne pii;oo ajoindre an proces. M. A. 1 'la. • — Amours et gnlanleries des rot's de France, depuis le ."onmiencement de la inouarchie jus(|n'an regno dcCharlesX, par Saint -Edme Paris, i8'2(); Aniablc (".ostes, rue des Heanx- Aits, n" 8. 2 vol. in-S" I'e 55o et 6oo pages; prix, i5 fr. On exploile depuis quelijue terns, avoc uue singidiere habi- lele , la cbronique scandaleu;;e de la cour do France; et toutes los uKiitressrs de nos princes se trouvent aujonrd'hiii auteurs improvi.^es de iMeinoires buns on mauvais, dontccrtcs , la rcspousabilite ne peso pas sur ieurs teles. L'ouvrage que; nous annoncons senible eire laparlie savante et philologiquo de cette gran.le niyslilication litlcrairc : c'est un recueil de recherclics, de compilations indigesies surles noms, prenoms, domiciles, genealogies, tails et gcstes de toules Ics I'emaies que nos rois ont honorecs de lours assiduitcs, depuis Phara- luond jusqu'au leu roi. C'est uue galerle de tableaux assc/. scaudaleux , mais si pales , si decolorcs , (pi'ils iront pas memo le mcrilo d'eire ajuusaus; d'ailleins, pen on point d'anecdotes nouvelles, et , en revauche, \\\m Toule dc disser- tations et de discussions sur des fails connus ou insignifians, et des intrigues debarrassees depuis long-terns du voile qui Ics avail convertes. — M. Saint -Edme parail avoir du gofit pour les vieux livres et ccs piquantos biographies a la ma- niere do Brantome , on nos pcres racontaicnt iiaTvement , el sans malice , les crimes cl les vertus de lenrs mailrcs. II nous sera sans doule permis do I'averlir on passant, que, pour un oriulil, coauue il sem!)!e Tclre, c'est ime erreur asse/. singu- liero ([no de ciler, a Tappui de ses asseriions, ces [\lcmoires apocryphes que Ton a fail passer sous le noni de M"" Didjarry, d'une femme de (jualile , etc. A. D. SCIENCES MORALES, — LITTl^FxATURE. 4C7 1 45. — Choixde testamens a?iciens et rnodernes^ I'emarquables par leiir inipoi'tance , leiir singularito, 011 leur bizairerie; avec ties details historiqiies et des notes; par G. Peignot. Avec cette epigraphe : Testamenla homiiium speculum esse morum vul^o creditur. [Piin. jun.) Paris, 1829; Renoiiard, rue de Toiimon. 2 vol. in-8° dc xxtv-43i et 496 pages; prix, 14 fr. 1^1. Peignot oc<;upe un rang distingue parnii nos plus savans bibliographes. Le titre seul de cet ouvrage est done fait pour piquer la curiosite, car I'auteura dfl rencoiitrer, danslc tours de ses inimenses lectures , bien d«s moiiunicns precieux sous plusieurs rapports. Kemt;rcions-!e de nous avoir fait part de ses decouvretes. On ne parcourra pas, sans beaucoup de plai- sir, la phipart des pieces qu'il a reunies dansles deux volumes (^ue nous annoncons, et parmi lestiutUcs on remarque les les- tamensde Chrislophe Colonib, d'Erasme, tic Luther, de Marie Stuart, de Melanchton, etc., sans parler d'tinc foul« d'anec- dutessurdespersonnages celebres. jNous devons ajou'cr pour- taut que quclques retranchemens ne rendraient pas l^ouvrage plus niauvais, et qu'on y pourrait supprimer avec avaula-'e beaucoup do (hoses connues de lout le iHonde. Liileraturs, i44' — * Dcia llttcrainre du mldi dc CEtwope, par J. C. L. SiMOM>E DE SisMONDi. Troisievw cdiHon, revue et corrigee. Paris, 1839; Treuttel et Wiirtz. 4 vol. in-8° de iv-448, 488, 556 et 588 pages; prix, 24 fr. Voici un ouvrage qui n'a pas laisse que d'exercer une cer- taine influence sur les opinions de notre epoque. C'est d'aii- leurs un droit qui appartient a lous les ecrits qui sortent de la plume de son auteur, soit qu'il soumette a tin examen nou- veau les sources premieres de notre histoire, soit qu'il defende avec I'accent de la conviction les inter€ts si souvent mecon- nus de i'humanite. Nous tlevons ii notre celebre cullaborateur, nous devons an merite deja reconnu de son livre et a I'im- portance du sujet qu'il traite, une analyse approfondie que nous promettons a nos lecteurs. 145. — Essai sur la lUterature romanliq ae ; par Audin. Paris, 1829; a la librairi« de I'auteur. Brochure in-ia da cxxiii pages; prix, 3 fr. « Comme eapression, le Romantique s'unit aux premiers de- v€loppemcns de la parole; vous le trouvez repandu dans les Canticjues de Moise, dans les Psaumes du roi-prophete, dau; Jes livres inspires par I'Esprit-Saint , tUms les po^iues d'llo- ',08 LTMIKS KllANCAIS. iiKTC, il.tii> lo li^ninesdc (".aHiiiiaqiiu tt il'DrpIu c : comntf i^eiur lie jwt'aif , il appai'lit'iil essenticllctnent an innycM ii'^;t!. » Tci est Ic dcljiil (Ic I'aulciir, IcIK; est I'oxplicalion (|ii'il domio de son siijet ; laissant la jiremitTc parlie de sa ju-opo^ilioii , qui iiinniino dcs devt'lo])|>i'in<*iis ii(''cc'ss;iiies pom- f'tii; bicii comprise, attachoiis-nous a la secoiide, (.'ost-a-dire, a la Poesie RoiMAT II n'cst de poesie, cliez tm people, dil-il, que lors- (|ue sa langne est une, bomogene ; >> el , par ces paroles, il i;nlcnd la poesie jlii style : car « \i\ porsic des idres, ajontc-t-il, ■ existc independamnicnt des combinaisons dc la parole, comnie le diamant existc, dans son cnveloppe terrestre, in- dependanmicnt du travail de ronvrier. » (",fs idecs sulliront, nous le pensons, pour engager ccux qui prennent (ineUpie.interet a la querelle des Classiqacs et des Roman I i(/ tics, a accorder quclqne confiance a I'auteur, et a pousser plus loin eel examen. Pour nous, si nous voulion.s'Ic snivre ici pas a pas, comine nous avions commence a le i'airc, il nous laudrait consacrcr a ccltc discussion autant de pages an moins qii'cn rcnferme sa brochure, pour arriver a n'etre pas tout- a-fait d'accord avec Iui, et a montrer pcul-etre qu'il ne Test pas toujours avec lui-menie. Pent-etre aussi parvicndrions-nous i\ Iui prouvcr (pie toute celle question, que Ton s'obstine i de- battre dcpuisqneiquesannees, n'cst reellcmentqu'une querelle dc mots, et qu'il n'y a point, dans les ameliorations dont la litterature nationale est susceptible pour mieux repondre aux hesoins dc noire epoque, dc raison suflisautc pour reformer tout ce qui a etc tail jusqu'ici ct pour soulenir les pretentions d'lu e nottvcUe dcole. M. Audio, dn moins enapparence, en LITTKRATIHU::. 469 ronvicnt lui luemc, puisqu'il s'avise, a la p. 107 sculcmcnt de ^on oinisciile, de i^c demaiidcr : qii'cst-ce que le Romautlquc? {^y qirapres avoir essayc vaincment de doiiiier de ce mot one de- finitif)n raisonnable, apres avoir rapporte celles de pliisieiir.s *'!crivains, il s'eerie (p. 1 13) : «Ne nou.saulorisons point coiitrc le romanlicpie dc toutes ces defiiiilions qu'il a fait naitrc : dcfi- nit-on ce qui n'exhte pas ? » II est vrai que, tout en pcrmetlant de rire dcs contradictions de ceux qui ont voulu s'crigcr jus- qii'ici en maitres dc la nouvelle ecole, il protend qii'on ne doit pas s'en antoriscr pour nicr le rumantiquc ; et c'est dans cc sens qu'il taut prendre son interrogation, et non pas dans celui qu'on serait tente d'abord de lui donner. Selon lui, per.; RouRE, president dc la Societe des Bildiopliiies francais, pour I'annce 1828. Paris; Firmin Didot. Grand iu-S" dc viii et 6g pages, papier fort, (lire a Co exemplaires). Get opuscule n't^tant pas destine a deyenir pu- lie, la Reyiie se fait un devoir parliculier de I'enregistrer sur ses tahlcttes. Le petit nombre d'elus a qui il est accorde de le lire ne pourront s'empecher d'applaudir a la finesse des apercus de I'auteiu', ainsi qu'a la verite avcc laquelle il a saisi la p'ly- sionomic des ecrivains (|n'il imite. I\L Dn Ronre a voulu ila- blir que, partont on un honune quicompose cstdigne d'ad- miration, il est tel relalivement a un type naturel el coiu- mun, reru comme la beaute n.eme : et que, la ou ii devient singalier, etrange, et, pour parlcr, avcc tout le monde , ori- glnal , il laisse voir quelque cute dei'eclueux. De la, conchit-il en abnudant dans le sen^ de M. C!i. Ncdier, de la vient cclte facilite avec laquelle le parodiste et le faiseur de pastiches co- pieiit la maniere sptciale des ecrivains, dits oiiginaux, tandis qu'ils ne pcuvent , qu'a grande peine, alteindre les autcurs modL'l(;s. Pour meltre cette these dans tout son jour, M. Du Ronre donne ensuitc des caiques de Rabelais, La Bruyerc, M"" de Sevigne, Pascal, Voltaire , J. -J. Piousseau et Diderot. II est difiicilc de pousser plus loin Tillusion ; il nous a semblc suitout (|ue M"" de Sevigne avail etc copiee trait pour trait. Le livre que nous annoncons est j-.rucede d'une dcdicace aux Bibliophiles fuancais, daice du 25 deceml)re 1828. De Reiffenberg. 1/(9. — * Des erreurs et des prijiigcs rcpandu?, dans les di- verses classes de la socicle : Pn'jugd des reputations , par J. B. Salgies, avec cette epigraphe : Je sais que j'offeiTserai plus d'une personne; mais , en se fachant centre moi , elles deposent contre elles-memes [saint J erdme). Paris, i8jo (11^29); M""" V Lepetit, rue Sorbonue, n° 9. In-8° de xij — 5i5 pages; prix, 7 fr. 5o c, et 9 fr. par la poste. L'aiUcnr poursuit avee C0ii.\'taiice la guerre qu'il a dedarce 472 LIVKKS FUA.NCAfS. aiis i)rfjiii;r.s do luiite (ispocf (|ii'il iri;iinlc iivcc raisoii comnic niic l('i)r<; do rosjiril liiiniain , h'-pro d'imliint plus dilllcilc A oNtii])oi-, (|iic l)o;uuoi!p do iiii'dot-iiis appolos a {;iiorir la ma- ladio imis-ont lours olfirls pour la roinlrc incurahlo. Sans loinplor los oxoniplos dii pass.', cpii toinoiijiioiil si liaiitoniont ('« la jiislico de co loprocliOj imlio Irnis seiil sndirail pour inoiilrcr (|iie jilusieurs classes d'hoinmcs , cpii exploilfut la sociolo a leur profil, ne repoussctil la linnioio do la vorito, alj;nos, cpii voit la monie race do sycophantos de mo- rale, de poliliipio ou do religion, ongloiilir tout ah cour coniuio a la viHo, raiigs, cliargos, digiillosot richossos, dosha- l)ille cos glands acteurs de la comodio du lo ns, et nous mon- t e a nu Ihomnie cache suns le role. Armc d'lni miroir fidele fjui ii'ifV'cJiit a Icurs ycux of aux nolres lours prelcnlions, Icius ridicules , lerns \kes , il nous conduit pas a pas dans le- laliyriuUie crseur d'nne vie pleine d'inlrigues, et unirpiement occupee des naoyens de parvenir par loutes les voies au but d'une ai'denle andiilion. Des personuages de difi"6rens sioclos so renconlrcnt dans le livredeM. Salgues : on y voitsainl Bernard et M. Fiayssinous; l.iclu'lien et M"" de Waintenon ; "\^ elliiiglon et Taiibo de la JMennaLs; M. do lionald et saint l)onu:ii(|iie ; le prince Tal- leyrand et Lrljain Grandier; Luther el Mahomet; le conitc do Maislre et saint Thomas de Canlorhery ; Uol)orl d',\rl)ris- .■^elles et Si'"" de Genlis. Au preun'er coup d'eeil, ces peison- nages paraissent cntierenient opposes ; niais ensnilo on de- ( ouvre en cux heanconp do similitudes, et (pielt|uet'ois Ic soul rapprochement dc lenrs noms est un trait de satire et toute nne peinturc. Tontefois, raiitciir ne se borne pas a ce genre innocent de censure; bien loin do la, il s'exprinsc a\ec nne enliore IVan- tliise sur les justicial)los(iu'il cite a son tril)nnal; mais, la plu- jiart du terns, an lieu d'accnser avec passion les personnes , il racoule ingonument les fails; anssi ne pout-on s'en prendre a lui, qnand les revelations de la seule verite marquent d'une empreinlc de blame inefl'acable un prodige de vices qui a eu Tart de se laire passer pour un prodig(! d'habilole, parce que lout son talent pour roster del)out sur la rnin'> des autres s'cst borne a obeir comme nn roseau llexible au soudle de tous les vents poliliques. Dememe, atlaquera-l-on M. Salgues, si ses recits nail's nous font voir dans tel ministre nn pietendu grand qui s'cst eleve au I'aitcilu credit et du ponvoii', comme le vtr LniKhATLilE. 4;5 parvenu an somniel d'uii tliGno, en rampanl? Millra-t-oii raiitcnr an rang cles Juvenal, parco que , dans son livro, lei Jionime celebre par M°" do Stael, conimc Ic premier capi- taine du siecle, ne nous apparait plus que comme nn do ecs {'avoris que la caprieieuse et v()laa,c fortiuie vieat prendre par la main, et que sa proteeliun la phis declaree ne pent soutenir an rang on elle a \onki les asseoir? M. Salgnes nierite-t-il Taccusation de rigorisnie et d'injustice intentee centre I'an- teur de la satire dcs lennnes , (juand il expose devant nous Ic portrait d'uiie liypocritcliaineuse qui parle de religion eomnie une sainte, apres avoir vecu en courtisane, et sans avoir a nous niontrer I'une de ces conversions sendjlables a eelle que fit eclater la Madelaine au milieu des triomplies de sa heaute et de< seductions de sa jeunesse-' jSon, sansdoute, persoime ne se plaiudra de U. Salgues, que ceux qui voudraieut, eouinie il le dit avec sa verve accoutumee, conserver les pri- vileges du vice et Ics lionncurs de la vertu. II est curicux de suivic diuis rouvrage la route qu'ont par- courue parnii nous plusieurs liommes ile la meme espece ; je dirai presque de la memc lanilKe, tant il y a de ressemMance daus leurs points de depart, dans la souples?e de lenr allure, dans Toldiquile de leur niarche, daus leur avidite a saisir toules les occasions de prendre et d'accepter, dans leur promp- titude a changer d'haiiits, de couleurs et de sentimens; enfin, daus la plus etonnante mobiiile , unie a une infatigable perse- verance d'ambitiou ardente et caehee. M. Salgues nonmie hardiment les persounes , parce qu'il n'avance rien qui ne soit connu et mciue public, et Ton ne saurait refuser du cou- rage a son role eu I'acc des contemporains.Toulefois, nous n'inii- terons pas sa genereuse audace, et n(nis laisseronsa nos lecleurs Ic soin d'aller cherclier dans son livre le malin plaisir d'une lecture ou I'histoire ressemhle Irop souvent a une satire. Cetle verite est assez trisle pour ceux qu'elle frappe; mais de tout tems la peiuture dc Thomuie a offert une ample pature a la critique; et, si Ton vouiait comparer tout le passe avec le present, peul-etre trouvcrait-t-on que I'especc , au lieu de degenerer, a fait des progres sensihles vers I'amelio- lalion iuteilectuelle, et meme vers I'amelioration morale , par SI haine pour les prcjuges. M. Salgues appartient a I'ecole de ^ohaire; il en releve aussi par une espece de caustieite daus I'esprit, et de gaite dans la plaisanterie, mais surtout par I'amour et le culte du bon sens. P. F- T. 1 5o, — * Mti'iirs politiques an X1X° sii'cle , par J lexis Du- MtSNiL. Paris, iSas); Audiu, Qiiai des Augu.-lius, a' ii5. Ia-8" de 3i 1 pag('s; prix, 7 IV. .'174 LIVHKS FKANCAIS. C'csl line chose I'acile que de prciulre iin sioole on jnlic, on lie s'en constituer l'impcrturl)al)l<: pant-p;yriste ; ilc lo goiu- niantlcr ile ses vices, quittc a ne pas tenir compic ile se.s vci- lus, oil bien d'abaisser devant lui Unites les gloircs des lenis passes ; car, de mcme que , dans la vie coiiiinunc , on ne ren- contre p,is d'hommes complets, lonf l)ons ou tout medians ; de meme, dans la vie des peuplcs, ii n'est point depoqne on le mal ne se tronve a cite du bien. Ainsi, scion le point de \ue que vous adopterez, un siccle pourra vons apparaitrc, tantol comme nn reflet de I'age d'or, tantot coninn! ce Pan- demonium que revait Milton : il est vrai que, dans i'lin ct dans I'antrecas, vous n'aurez vii cc siccle ou cette nation c|ue d'lin senlcotc, semblable au vo3'ageur qui, parcourant des yenx \nie de nos vieilles et irregulieres cathedrales, jugerait de ses dc- lauts on de ses beantes, sans avoir contemple I'ensemblc et la facade du monument. Cette etude incomplete d'un vasle sujct , celfe eircnr dc perspective a sonveut egare les philosophes et Ics nioralislcs. Les esprits logiques et raisonneurs, s'ils ne sont doues d'une haute et presque divine intelligence , sont assez portcs a ces admirations exclusives, ou a ces superbes anatbcmes : habiles a demeler ce qu'ils appellent le caractere dominant d'une epoque , des qu'ils croieat avoir saisi ce caractere, ils \e posent comme un axiome, comme la verite absolue, s'ctu- dient a ne plus voir dans nn siede que la deduction rigou- leuse de lenr principe, laissent de ciUe tons les accidens de moeurs et de civilisation qui le contrarient, et, a force de von- loir etre pins consc'qnens que la nature, ils se creent unmonile ideal ou ils oublient dc I'aire entrersoitle mal, soil le I)ien. Ainsi, tel ecrivain de nos jours, transporte d'enthousiasme a I'aspect de notre pompeuse civilisation, de nos limiif'res crois- santes, de notre Industrie perfeclionnee , enclin peut-etre a augurer favorablement d'une nation qui I'applaudit, con- duera, de I'amelioratton sen>il)le de notre vie materielle , qn'avec nnbon systeme de canalisation, I'en.seignement el«';- mentaire et les machines a vapeur, on pent aller droit a la perlectiljilite indclinie, et qn'il n'est point de but si haut et si rccnie auquel on ne puisse alteindre. Tel autre, eiVraye peut-etre outre mcsure de cette atonie un pen gcncrale, de ce dcfaut de devoumcnt et de desinteressement qui refroiilit nos Times, verra dans ce repos, assez nalniel aprcs tant d'orages, des symptumes evidenst/c pourrittire el de inort. ISous pensons qu'il y a de Fcxageration dans I'un conmie dans I'aulre de ocs systcuiQ^, cl que, sans adiucttre unc cliimcri- LITTliHATllRE. 4^5 que peifecllhilile noii plus qu'iin prochain danger dc morl, il est aise de concevoir, entre la naivete de I'enfance et la decrepitude de la vieillesse, nn large espare ou unc nation pent long-tems et glorieusement se mouvoir. De ce? deux opinions, M. A. Dumesnil a embrasse la der- niere. «La vie sociale de la France, dil-il, attaquee dans sa source meme par le scepticisme, s'eteindra au milieu d'une conpable indifference pour tout ce qui n'est pas le posilif, ainsi qu'on appelle les realites de la fortune. Faut-il encore s'ctonner de remprcinte dc tristesse qui domine si souvent les compositions de notre epoque, el de ces noirs pressentimeus qui assiegcnt la philosophic meme? Chaque chose vient en son terns, la gaite aux jours de la jeunesse, et la melancolie sur le declin de I'age. IMaintenant, nous mettons en ordre le passe, nous publious nos fastes, nous redigeons nos memoi- rcs ; c'est par la <\ue finissent tons les peuples. Que la France fasse done tout ce que fait la vieillesse; qu'elle fasse meme au besoin son testament; pour clle, le charme des douces emotions est detruit, et les jours de son insouciance ne re- ■viendront plus. Battus par de longs orages, nous aimons a redire nos douleurs, a nous entourer de nos regrets et de nos chagrins : ainsi I'oiscau de mer apres la tempete, triste- ment immobile sur le rivage, jelte encore des cris plaintifs, et laisse echappcr de sourds gemissemensn . Si le tableau trace par iM. Dumesrul est pen rassurant, on s'aperctjit du moins qu'il ne manque ni d'eclat, ni d'elo- qucnce. Est-il d'aiileurs entieremeut di'-niie de verite? nous ne le pensons pas.'Ccrtes, il y a quclque chose de douloureux a voir s'eteindre progressivement par toute ki France ces croyances naives qui firent la consolation de tant d'infortu- nes, cette facilite de devoiiment, source de tant de nobles actions, et cette puissance d'enihousiasme, ce dcsiutercsse- ment de chaque jour, qui decore, de tant de charme et de poesie, la vie rude et sauglante du moyen age, Et puis, ne sc- rons-nous pas, comme i\i. Dumesnil, tcntes de sourire quel- quefois de cette foi vivc au pcrfectionnement de I'esjiece h'l- maine qui a remplace dans quelques esprils toutes les auties croyances? Certes, nous convenons que le bien-etre materiel des societes, que leurs lois et leurs institutions sont perfecli- bles. Quant a la valeur morale de riiommc, a ses vertus, a ses facultcs, elles ne croissent pas, comrae sa science ou son tndnstrie. Tel sentiment se developpe chez lui dans toute sa force; lei autre s'cteint, ou pen s'cn faut : aiusi \a le monde. Nous u'avoiis plus les vei-lus dc nos [U'rcs, il est viai ; maif- i;0 LIVRKS FRANCAIS. nous avuiis U:s nolres a iiolro loiii' : la laisoii, Ic caliiic, la I'l'iMiclo; ft, si nous avons c'i!sso d'olre nne nalion j)()rti(|iio , il nc s'(.n suit jias (iiie nous dcvions inuucclialonicnt nous le- tii'cr (lu uiondo el [aire noire testainenl. C'est ponrtant a cette lrisl<; conclnsion qu'aljonlil I'DUvrage «le M. Dumcsnil : conclusiou ([uc nous nc; ponvons adniellif!, Iticn que nous ])arlagi()ns qiu,'I(jues-nncs dcs a|)pr(;licnsions do raiilcur. Nous cspcTons niieux do nos mauu-s nouvcllcs, de noire jenne lii)eile , de cctte Franre cnlin, dont i'lieroismc fut, il y a quarante ans encore, rexoniple el Tadniiralion du nionde. M. Dumesnil, dans Petudc qu'il a faite de nos niceurs puhliques, n'a tie I'rappe que do Icurs imperfections; el, a iortc de se repetor sans cesse que lout etait nial, il a feruic lesyeuxsurle hien. On dirait(]vrils'esl nns a )ni;er la France, dans un moment de dcpit el d'humenr; tanl il y a d'aigrcur dans sa censure, ct de verve colerique dans son style. Imita- lenr souvent hem-eux de Labruyi-rc, il a trop ouljlie tpie cc beau genie, en tracant d'une main I'erme el severe le tajjlcau de son siecle, avail toujours conserve le calmc el I'imparlia- lile pliiloso}>lii(pics, qu'il avail appre('i('; ccs conlemporains, tn jnge el non pas on accusatenr puljiic. M. Dumesnil pos- sede ui) talent ploin de vigueiu' el d'orijjinalilo , ot son aperrii general du tcnis oil nous viiwiis , est un dos pins oloquens ("ac- tnms qu'on ait lances conlre un penple. En conservant i\ ce talent son allure tranche el indopcndanto, qu'il no I'ogare pas ponrtant duns des bontades quolqnefois injustes, el qu'il par- donne un pen aux del'auls de noire siocle, on consideration des eloges etde I'estinic que ce pauvre siocle a sans peine ac- cordes a sou ingenieux dclraclenr. A. D. i5 1 . — *Pcc.Hes du roi Loms de Bavirre, Iraduilos on IVancais par IFlUiam Dt ckett. Paris, 1829; L. Durcuil, j)lace do la Bourse. 2 vol. in-12. Le premier seul a paru ; prix, 7 Ir. Cot oiivrago morilc de fixer ratlention puhlique, autantpar le talent qui le distingue, que par le nom et par la j)osition so- ciale de son illnslrc auteur. II est rare de voir des rois devcnir citoyens dans la repnblicpie dos loHres, et il est plus rare en- core de les voirroussir dans celtecarrierodifliciie. l.e roi Louis a pu craindre, en puliliant scs vers, de no point oblenir, parmi les poetes, nn rang aussi oleve que cclui qu'il (trcupt? dans lo liionde politi(|uo; mais aujourd'hisi il doit etre outioroment rassuro sous co rapport. Ses poesies out produil uno vive sen- sation en Allcniagne ; el, s'il n'a pas cto place a cole de Schil- ler, de Klopslockct memo do Burger, lo rang(ju'oii lui assigno est encore assez beau pour lo satislaire. On peut diro, en adop- LTTTl':nAlTRK. /,77 (nnl la pcnsec do Volluiio, <|iii avail jiour ()l)jet dc moltic sur la menie ligne los priiK es et Ics pontes (i) , que lo rt)i do Baviore est encore au Parnassc uiie puissance dii sociond ordie. Ses onuvres ont de la lacilitc, do la grace et du colnri.i. On s'aper- coit aisement rju'il iniite les poesies i'ugilives de Schiller, et ce uom rcvient sciuvent sons sa plume. II n\i pas sans donle autant d'originalite et d'energie : ses accens ne paraisseiit mome -y avec un calendiier, un litre grave et 6 pi.; prix, 3 fr. 5o cent. 157. — Almanack de.t Dames, (pour i83o). Paris, Treul- tel etW'iirtz. In-18 de 224 p., avec un calendrier, un fleuron et 8 gravures ; prix, 5 fr. i58- — Almanaclidcdic aiix Dames (pour i83n). Paris, Lc- fuel. In-18 de 19G p., avec iG p. de musique, un fleuron, 6 gravures, un calendrier et un souvenir; prix, 4 fr. On attache generalement pen d'importance a ces recueils de vers, qui paraisscnt chaquc annee, a la meme epoquc, et que le titreun pen gothiqne iV Almanacks a contribue sans 48o LIVRliS niANCAlS. •l.nilc a \\\'uc tonilifi tons dans Ic iiirnne discivdit ; on Us re- clicrclio III) instant j)('nl-('^lic |K)in' Icnis gi-avmes, jniis cm Irs laissc l)iont aits ])(Mi(!aiit I'anniJo qui a pri'dHlc iciir piil)ii(alion. Ilivalisant cutie cnx do s(.ins ct lic zclc, Icucs cdilcnis vont dcniander a nos pot tes ct a nos prosatcnrs les richcsses de lenis portc- Iciiilli's; anx dcssinaleiirs et anx gravctirs les prothRlions Ics plus pailailcsde lenr crayon ct de lenr burin; ct seniblablcs a rabciib; (coniparaison usee pcut-elre, uinis (pii n'en est pas nioins justt;), ils fonnent, du cboix de niilic ileurs, toutes plus suavcs les unes que les autres, le miel le plus pur et le plus cxquis, Laissant lescomparaisons, qui conviennent niieux a la poe- sie (pi'ii la critique, on doit juger qu'un cdileur un pen liabile ne doit pas avoirde peine a former un volume piquant, s'il sait clioisiravecdiscerneinent, parrniles tributs annuels que toutes les iMuseslui paient a I'envi, ct qu'un recueil, enfin , on I'e- lite des autcurs d'unc nation a ete inise a contribution, doit Tcniporter presque toujours sur I'oeuvre d'un senl homme. Mais il I'aiit un peu rabaltre de ce tableau , qui a ete vrai ja- dis; deniandcz auxediteurs, deaianJez surtont a M. Louis ix- NET, qui pent ctrc surnoiiinie la providence des Almanachs, quoiqu'i! n'ait conserve ce nom qu'a un scul des qualrc re- cucils qu'il pul)lie; dcmandcz-Ieur ce qu'ii en coutc aujour- d'liui pour rassemblcr les eleniens d'un seul petit volinnc. Ce n'est point que nous mauquionsdepoetes, on plu to tdcversifica- tcurs; jamais peut-ctrc ils n'ont ete aussi nond)rcux que dans cc siecle si posilif: et cela se concoit, parte qu'on pent ecrire inipunement dans ufi moment on la critique, orcupce d'iutercts plus graves, ii'apasle temsdecliatic r les man vais autcurs. (Nous comptons plus de trois cents noms dans les six recucils que nous annoncons, ct plus de quatre cents pieces en vers ou en prose.) Mills nos ecrivains out pris de leur siecle cet amour de la fortune, plus vif encore chez eux que celui de la gloire ; ils savcnt calculer, cnfin , ct M. Janet vous dira qu'une des no- tabilites lilteraires du jour a refuse de lui donner, pour ses Annalcs roniantu/nes, un morceau en prose', qui lc;ir avait d'abord ete destine, et dout la licniv de Fares avait oli'ert dc- puis 5oo fr. a I'auteur. Nous ne bhlmerons point celui-ci, non plus que quclques-uns de ses lieurenx confreres, de se faire de leur talent un moyen dc fortune et de considcratiou : nous voudrions sculcment que les reoompeuLCS publitpies fusscnl UTTi;ilATlii\K. 48 1 rAsorvtcs lie pi'ciercaco a ceux qui ibiit voeu dc plus d'abnc- galioii, et qui ti'nvaillent plutot dans la viic d'etre lililcs aiix lettrcs que dc s'ciiiichii'. Nous ne hlamcrons point, non plu», ceux q}ii, therchant a sc fairc uu noin, craindraient de ne ren- conlrer que le ridicule en allant ofTni- gratuitenient leur.s reu- vrcs, et de loniber dans le discredit auprcs dcs Iil)raircs et des editeiu's, toujovirs disposes a prendre la modestie pour I'aveu dela mediocrite. lis aiment niieiix laire imprimer a leurs iVais los productions liatives de leur muse, pour Icsquelles ilsn'ont eu souvent d'autres juges et d'autres confidcns que I'echo Irompeur d'lui salon ou Toreille trop complaisantc de I'ami- tie , et leurs illusions s'evanouissent bientot an jour . 219), ft il apprenilra, que toiile la France a pleiuo la iiiort d'uii potlc ([iii n'a pas vccii; il ap- prcnilra, que M. Saiste-Bevve ( I'auteur pseudonynic des pot- ties de Joseph Delorme) est I'nii des preuiiers ecrivaiiis de notre Icms, el que tous ceuvqvii nc radniirenl point sont des sot.x, des niaiseljaut-il Ic iVive,d(;s pores hiimoiulc.s. Maisqiie, si apresavoirsouri de voirce.suiessieurs se passciainsi lotir a tour reiieensoir et sc promellre nuiluellenieiit I'imuiorlalite, dont ils n'ont giieie le droit de disposer, aussi liheraleiiicrit qu'ils prodigtieut le sarcasine «;t le lueprisa tout ce ([ui iie lait point secle avee eux, il crainl d'airelerson regard sur nne des produc- tions Ingulires de celte muse nouvelle, quiva cherriierscs ins- pirations instpie dans les bagnt's et dans les ani|diilhealres de nos ecoles de medecine; alors qu'Jl passe rapidement en li- «ant le titre de qiielques compositions, teilesque le fragment de la p. 2^5, euiprnnte a la Psyche, et surtout le Songe (ou plutut /e C'aHf/ffWiar, p. 91) etlalfarl (p. 2Gi),on I'auteur de Bieini, qui avait donne de si ju-tes espc-rances a la muse tra- gique , dispute la pahne de I'horrible a M. Lacroix , dont le litre de la piece annonceau moins les intentions, et suffit pour servir d'epouvantail an lectenr. Tons les nioiceaux dn re- eueil, heurensement , nesont point dans ce goflt, anqiielilde- vient difficile desormais de fixer des liuiites ; car I'absurdc n'en a point, et les noms de .MM. Daru, Casimir Delamg\e, ],AMART1SK, PoSGERVlLLE Ct SoUMET prometleut dcS jouis- sances certaines anx amateurs de la veritable poesie. Nous retrouvons avec plaisir les memes noms et quelqne^ autres, tels que ceux de MM. Ardrieix, Arnatlt, Blrasger, Bres, Chateacbriasd , Chavvet, Alexandre Dumas, Ed>io>d Geracd, Haievt, Victor IIiGO, de Segi'r, Viennet, etc., ct ceux de M""'' Amable Tastu, DELpni^iE Gay, Desbordes ^ALM0RE, i?/«rt Mercoecr , ctc. , dans Ics autrcs recueils dc MM. Loiis Ja>et, Lefiel et Treuttel et 'Wi'iRMiL'yitmanack des Dames , surtout , publie sous les auspices de ces derniers , nous parait redige avec un soin tout parliculier ; mais les pieces que nous pourrions recommander a I'attention de nos lectenrs sont deja, en grande partie, conmies d'eux, et deja, par exemple , nous avons en I'occasi'jn de lenr signaler la Jeune malade , de M. Saist-A alrt, VEp'ttrc de M. AjiCELor a son ami Soumet , Ic Singe ei les lunettes , de M. Asduieux, la Canadieniie, de M. Victor Hugo, It Chant de Cliimene, par M. Creize db Lessbr, VAtlcntc, par M. Casimir Delavigne, morccaux emprnntt'S a d'aulres re^'ueils, ainsi que la Fill- iinprudi'nte , de M. de la Villbtte, le PosscJe et la Clocltc d t LITTfir.ATLPJ^. 4S,-, liamcau , channantcs piiVcs tie M. Hippoljte- L"uis Gvurini I'mi dcs aiitoui> Ics |!his lieiiiinx dii Chansoimifr des Graces, si souvent mis a coiitiil)Ution par ses rivaiix. ."^iaisla paline de ( eltc aiinee nous paiait dui- a iin contc charmant de feu 31. Dari' , la Clumlse de I'/ioinine lieiireu.r , insere dans les Annulrs rornantiqiie.< , et a la dclijiciisc i)allade de iM. Casimir Delavigxe, inlilulee : L\dtne da Pu)-f;utoirr, etqiie rjhnanach des Dames , et le Chaiiso/iJiier des Dames ont einpruntee tous deux li la licviie de Paris. Quant aux giavures, do.nt nous alliens ouMier de parler, les six lettuils que nous annonrons rivali.-icnt ejitie cux , a I'exception loutel'uis des Anniiles romant ques, qui doivent une preeminence hicn marquee iiux j)roductions cliarnumles que Tediteur, W. Janet, a ete demander an burin des Anijlais. On pourrait, an premier abord , Taccuscr a cet ej^ard de pen de patriolisnie ; mais il trouve son excuse dans notre proprc in- tliflerence pour les talcns nationaux. Cliacune des bnit gra- vures dont il a orne son recueil lui aurait an nioins coiitc 1,000 fr. , pour les laire cxecntcr a Paris , par nos uieilleurs artistes; et les ouvragcs se piacent a un trop petit nombre aujourd'lnii pour qu'il lui cut ete possible de retirer la nioi- tie de ses t'rais. En Angleterre , oi'i toules les productions des lettres et des arts trou\ent \\n debit asstne, les dessins se gra- vent sur I'acicr, et les planches peuvent fomnir des milliors d'epreuves parlailes. Cc sont de ces planches, faites par des artistes anglais, et pour des ouvrages anglais, que M. Janet a choisies, et dont il a pu se procurer, a lui prix modere, Ic nombre necessaire pour la publication de ses AnuaUs. Souliai- tons que celui de ses souscripleurs augmenle asscz pour lui pernietlre d'employer desormais le burin de nos artistes , dc preference a celui des etrangers, et souhaitons-lui surtoutdes poesies plus francaises. Edme Iiereai:. lOQ. — * JVaterloo , au general Bournioiil , par 31 M. JIert el BARTHtLEMY. Pacis, iS'iC); Denain, rue \i\ienne, n° i6. In -8° de 71 pages, avec une \igrielte dessinee par Henri Monnicr, et gravee par Thompson ; prix, 5 fr. Au xvir !-iecle, les niechans ecrivains, les poetes, malgre Minerve, les plats rimeurs eiiges en oracles, et les mienx rentes de tous les beaux esprits , tombaient seuls du haul dc Iciu- gloirc usurpee sous Ics coups de la satire. La haine d'un sol iivrc rallumait a chaquc instant la verve de Boilean , et fournissait a son genie uue foule de traits percans conlre les (.bapelain , les Cotin, etc. Impitoyable envers celle tourbc abaudonnee a sa colere, Desprcaux, que la droilure de son 484 LlVIirS IIlANCAfS. coctir, niinOv^cnco (le ses rna-iiis t-l riione;ir pour l« vice aiiraiciit m'TCSsniremcnl j)orl(' ;'i preiulre ic i;lnivo do Jiivonal contie lies hunimes bit-ii aiilreiiieiit iligiics drs fureiirs tie sji muse, que des hoinmes coiivaiiiciis dii tiimo de U'ze- poesie, n'osa pas mrme lever Ics yeux swr de plus graiid'* conpaldes. Le liaiitain et dur Louvois, qui enf^aj-oait i'J^lat dans line giicrie pour coiiserver un porterouille ; le laclic et perlide l>elcllier , auteur d'un conseJI si fuue-lc a la Fiance; Ics magistrals prevaricaleuis, los scandales de la cour, la proConde niisere des peuplcs, donl personne ue pouvail igno- rcr la cause, joiiiient sans trouble d'uuc iusolenle impuiiite devanl un saliiique, hoiinete homme et ciloyen. Uoileau ivie- ritait vrainient ces doux litres; mais, parmi les sujels que sa muse, libre de prendre I'essor, aurail pu clioisir, les uns echap- peient a I'atteuti 'u d'uii eirivain , dout I'esprit et la pen- see elaieut ailleurs; les aulres se trouverent severeirieiit iii- terdits a sa plus grande audace. En ellet, le menie monarqne, capable de livrer les Tailul'es a la vinditio de la coinedie, aurail faitoclater sa royale colere conlre Le temeiarre qui eilt ose allacpier un .le ses ininislres dans le sancluaiie dii pou- voir. Dist'iplcs de ce pnete, (|ui osa de son terns tout ce qu'on pouvait oser, temoins la sal. re sur la noblesse, et une i'oide de vc!"S du Lutriu, MM. Miry et l?arllu'l(;my sout venus dans des tenis nieiileurs })Oui' la satire. Grace a nos institutions, la libertedela presse leur a livre pour victimes tons ceux qui pou- vaient exciter leur verve patriotiipie. C'est ainsi qu'nn premier ministre, assis au somnietdu pouvoir, a pn devenir le sujet d'une ipopcelieroi-comique, lautot ardente et haute comme I'indignation, tautiU familiere et murdante comine la satire qui lie I'ait jamais de plus cruellcs blessures, peut-efre, que lorsqu'elle dcchire en riant. Q\ie d'avantages rennis dans un pared sujetl D'abord il donnait aux auteurs un renoni de courage, le premier des reliefs pour un Francais, dans (jnel- que carricre qu'il se trouve place. La societc eutiere excite le j)rave qui vient attaciuer les proteges de la I'ortime, les cory- jilices de la iaveur, et les depositaires d'une autoiite dont ils abusentpour le mallicnr du j)ays. Les tiniides meme, qui n'o- scraient regarder le ministre en lace, applaudissent tout bas au genereux (jui Tattaque sans craiute ; il n'est pas jnsqu'a ses flatteurs qui uc lisent avec joie son acte d'accusalion grave en leltres de I'eu , et (jui ne repetcnt avec one secrete com- plaisance, a i'oreille d'un ami, les vers les plus malins lancis contre I'idolc. A cc premier ct prccieux avantagc , I'a-pro- pos, qui est une v<'rita])le providence pour les poelcs daas li's LlTTEilATUr.E. 485 clats agiles par les passions i;oliliqiics, ajotiSc bicn d'rtiitres ives rns{>iralions dc votre lihre tau- taisie. Anime par I'espoir du malin plaisir ile la vengeance, associe a vos tiavaux par ses dispositions, le public deviue et repete deja, si j'ose parler ainsi, les vers que vous t'aites encore. Dans cctte s^^mpalliie dcs espiits avec le votre, vous ne pouvez n)an([uer de i'rapper juste et dc toucher la coide ccnsii)lc. Et, si la bonne nature vous a donne I'hunieur, la colcre, la verve du satirique; si elle vous a enseigne elle- jucnie a (aire le vers proverbe; si une etude approfondie des s'ccberches de la langtie , ime grande habilete a la rendre flexible, out encore conGrme en vous ces heureuses disposi- tions, la vogue est assuree a votre ouvrage, et a tons ccux qui jaiiliront de vous dans une crise si favorable a votre ta- lent. Tel a ete le sort des differens poemes des deux frtres R!ery et Rartbidemj' ; je les appelle ainsi , parce qu'ils sont verilablement I'reres, sinon par le sang, an moins par le cli- mat , rt;du( ation et le talent. Grace a cux, M. de Villcle et 3!. Peyroniiet, et l«urs dignes satellites, subissent Icur im- niortalile de kur vivant. Mais les deux poetes ont laisse re- poser un moment les viclimes qu'attendent encore de nou- velles flelrissures, car la matiere parait leconde, et ne saurait encore etre epuiscc de long-tems. C'est pendant le repos du courroux de leur mus^ satirique, que nous avons vu ecbiie le poi'me dc Bonaparte en Egypte, doat il a etc parle dans ce recueil, et le Fils (b; I'homme , oCi , parmi des taches et des imperlections , etincellent souvent des beautes d'un ordre superieur. Ces deux auteurs viennent de puiser a la menie source d'inspiralions, le poeine de Waterloo, poeme a la fois heroi(]ue el satirique, et quelquefois m u^que au coin de la fureur de .'uven'al, lorsqu'il trace ivec le leu une eniprcinte ineff'acablc sur le front de ceux qu'il accuse, au nom du siecle, devant la posterite. Nous ne dirons pas aux auteiu's que cetle nouvelle prodi:i:lion soil exempte de deiauts; au contraire , p.lus elle a oblenu de vogue, j)lus le nomI)re des acheteius scndjlc clever un temoignage imposant, plus nous devoas avertir WS\. Rlery et Lartbclemy de (•raindre les enivrantes Tiveiirs du demon de I'improvisation , plus nous devous !enr i'aiie senlir la nccessite de penscr A i'avcnir, en travaillant ^lSC> LIVilliS FflANCUS. pour le present. 11 est un or^iieil saliilaire, c'ost criiii d'A- le.vaiulrc, qui iic vimlait ilovoir ses succls rjii'a smi {^enie, vl n'^arMail pres(|iic coiniiie un lairin la part que les circrons- taiu't's pouvairnt it'claiutT dans un trioniplie. MM. IMrry ct Bailhclciuy doivojit avoir dc rorgtieil, le seiil qui suit digue de Uiir taleiil , cl qui p\iis#e les soulonir dans la pcnLTcu.se et diflit ile onlrcpri.-c irclevcr nue rcuduunc'-e duial)lo. P. F.T. i(io. — EpUre d M. de Faliincsnil, par M. Ilippotylc BoN- REI.LIEU. Paris, 1829; Dclangle IVores. Iri-8° de 18 pages; prix, I I'r. Cftlc ('-pilre, d(\sliu((; i\ ft'liciter IM. de Valiinesnil sur les services qu'il avail rendus a rinstruclion j>ulili<|ue et a I'en- (•()urai;er daus les refoniies (|u''()ii atleudait ile sou zele eclaii'e, lui lilt presentee pendant qu'il etait niini>tre. L'anteur, sur I'invilation de M. Valiniesnil, s'abslint de la puhiicr. Depuis, il a pense que le ehaugeuicnt de niinisit're le degageait dc sa proniesse. Celte eireoustau(;e ajoute un nouveau prix aux .scn- timeus lion rallies qui I'ont inspire. C. i(3i. ■ — * I.e!< yVoff.v de PcU'e el de T/irtis, poemc dc Caitille ; Iraduit en vers lianeais, par Jl. Sbuvan de Sugjny. Paris, 1829 ; Blosse. ln-8° de 47 pages, prix , 1 i'r. 5o c. Les jugemens rendus par un pni)lie eiranger a I'esprit de colciic, et a rinllueace des partis, demeurent irrevocalilcs. Ainsi le noni de M. Servan de Sngny est desorniais insepa- rable de la rcnommee dn poete dout il s'cst rendu i'inler- prete ; il s'est approprie Tlieocrite en nous transuieltant ses Iteautes ; des applaudisseniens unanimes out preserit ses droits; nul enivain de goCit et de nierile n'essaiera jamais d'y porter atteiute; la iiiediuerile presoniptueuse le tenterait >aineinent. Cette reinarciue s'appli(jiie anx traductions en prose couiuie aux versions poeliipies : et, pourn'en cilerqn'un exeniple, aucun prosatcur, quelle que soil son elegance et son liabilcle, ne voiulra lulteravec le Iraducteuren prose des McUmiorp/io.'ies. Le style (lcxii)!e et harmonieux de M. ^'ille- navc, son etude prol'onde du genie d'Ovide, lui out perinis de relracer la grace, le naturel, le mol a])a!idon, la lecondite lirillante dc son niodele, et J'en iniiter ju-;qii'aux iiioiLidres traits : il est parvenu, enfm, a reveler les beautes pDelicpies en re.-pectaut les liniiles octe latin, que plusieurs hemistiches sont trop cvidfiiument places pour la mesure et la rime. Nous sommes rei'tains que nous nc pourrons plus adresser a I'auteur ce re- proche a la prochaine edition; car, laconslance laborieuse qui lui a fait perfectionner son Theocrite a montre qu'il pense aussi que I'homme d'un vrai talent doit regarder le public comme un creancier cxigeant auqucl il a toujours quelque chose il payer. Le sentiment de justice qui nous a lait donner des eloges ii M. de Sugny, nous porte a citer un passage de son ouvrage, afin que nos lecteurs eprouvent comme nous le double plaisir de rentendie et de I'applautlir. Ariane, delaissee par son amant, exprime ainsi ses regrets dechirans : Le barbare Thrsee est deja loin de nioi Ilelas! et mil mortel, en ce sejour dVffioi, Ne viendra icciielllir sur mes levies elcintes Ma derniere pensee et nies deriiieies plaintes! PourqiioL faut-il, grands dietix, que, tiaveisant les eaux, Un ncclier veis la Crete ait guide ses vaissiaux? Pourquoi f'aut-Ll qu'un nionstre abieuv6 de carnage, De ma belle patrie attristant le livage, Ait conduit dans nos niurs Un guenier inliumain Sous des deliois si beaux radiant un coeur d'airain? Que faiie, en ces deserts? I'uil)le, cf piesque sans vie, Dois-je cheicher encoic i re\oir ma patiief Malgre I'eloigneaieiit et la fuieur des llols, Puis-je espeier encor d'y trouvei' le repos? Non, non ; liisle joiiel d'un amant iufidcie, Qui poile loin de uioi sa fi.ile criiniuclie. 4^-8 LIVilES FRAiNCAIS. Tiainaiit dans mon j)alais la honle ct Ics duuleurs, J'v tioiiverais iin prre insensible Ji mps pieurs : D'aillfMiis, roiule ni'tntoim', rncliainc ma ruiscTe Dans los licux diisoli's, siir le boi'cl siililaiie Oil tout oll'ie 6 lues j'eux Ics lioireurs de inon sort, Oil je cheiclie un asile et ne vols que la niort. On .'\sim; Iradiiit de I'aiiglais par M. A. J. B. Defavcon- I'RET. Paris, 1823; Ch. Gosselin. 2 vol. in-i2 de 21 1-220 pag. ; prix, 6 IV. jGa. — * Pail lire na Moiilh, on le Blen/linnt des mines, his- toii'c iiiandai.se, par le mcmc ; tradnile par le rnciite. Paris, 1S29; Cli. Gosselin. 2 vol. in-i2 de ■j.o.^-iiG pages; prtx, 6 IV. Le pidjiic alleiid aujoiinl'luii un rnman de Eanira avec une iinpalience presque cgale a cellc qii'i! manifesle a chaque au- noncc d'lMie traduction de Scolt ou de Cooper. C'est (jiie cet auteur n'appariient point a celte classe d'iinitaleurs servilcs qui clierclicnt loiitesleiirs inspirations dans Ics productions de Icur niaitre, an lien d'etudier a Ii'nr lour la nature donl ils prelendcnt retracer les vivans tableaux. M. Banim s'est pro- pose nn htit analogue a ccku du cclcl)re Ecossais : il a voulu peindrc les niasu's locales de sa paliie; inais, comme il ue s'agissait point du nieme pays cl des memes hnmnics, il a scnti fort Lien qii'avec des talens et \\n genre d'csprit diffc- renl, il ne ponvait employer ni les luemes moyens, ni les iiii^'Uies Cf)uleurs que son devancier. Ce qui distingue le ro- maui'ier irlandais du grand peinire qui a su preter tant dc poesie et tanl d'eclat a la description de I'Hcosse, c'est une preoccupation pernianenie des inteiets poliliques de son pays ct de son siiclc. M. Banim aimc trop son pays (et I'lrlande a lantde droits a I'amouretau devounicnt de ses enlans ) pour perdrc jamais de vue la cause sacrce qu'il a pris a tache rix, Icttres noires, siir papier veliii, 160 fr., ct sin- p;ij)ier de Chine, 200 IV.; leltres an Irait, siir papier velin, 5ao I'r., et siir pa- pier de Cliine, f\oo IV. 11 est dignc de rcmarqiie que ce cpii cause le plus d'cnlliou- siasine, ce qui produit Ics iiiipiessioiis les plus vives et les plus ilurables, ce (pie Ton revolt loujours avec i\\\ nouveau plaisir, daus la jeuiiessc coiiime daus I'age mur, c'esl le grand et pompeux spectacle de la nature. On se lasse, des emotions de la scene, on se fatigue des grandeurs, I'anibition s'efeint, les passions s'altennent; mais, le charme de la nature con- serve toujours son empire; ct, si les esprits tlelicats et sensi- bles portent toute leur vie un culte sincere aux beaux genies qui out lionore riiumauitc, c'est au milieu d'une belle cam- pagne qu'ils aiuient, surtout, a relire un cbaut de Virgile ou du Tasse. Quel pays fut jamais plus digue que I'ltalie d'etre visitc par celui qui recberchc ccs emotions si vives, si prol'ondes et si douces, tout a la ibis, (pie fait naitrc ['aspect d'un beau lieu ! C'esl la qu'il faut adnnrer les tn'-sors d'une V(!'g('tatiou uiagni- fique, marit-e a toute la pompe dc l'(''clat du soleil, ce grand coloriste de I'univers; tour a tour elle pare, de ses trtjsors, les formes gracieuses ou lerriblcs des uionlagnes, ou recou- vre de ses riches vf'temens des lambeaux d'arcliilecture, no- bles debris que nous a l<''gu(!'S la grandeur du pcuple-roi. II semble (pie la nature soit incessammeut occup(''e a r('paicr les ravages de la barbaric; sur Ic monument qui s'<''croiilc, on voit bicntul paraitre, comnie pour en cacher la misere, ce luxe de V(3g(italiou qui charme les yeux, en meme terns que les de- Jjris qu'il iccouvre eiiranleut les souvenirs. Quel voyageur, visitant I'antiqiie Ausonie, n'a point es- ?aye de di^crii'e les lieux qu'il a vus, les emotions qu'il a les- penties? Quel est le poete qu'cllc n'a point inspir('e, le peintre tpii n'ait point chcrche a en relracer l(;s aspects? el, cepen- ilant, on ib'.ilaiit celtc Icrre d'niie incpui«ablc bcaiilc, chaquc BEALX-AUTS. 491 poete y module de nouveaiix chants, charjue peiiilrc y saisit do nouveaii ses trayons. IM. de Clintcauhriand, parcourant les solitudes de la Grhce, an milieu de piaiiies arides, dc moutaj^nes presque sans ver- dure, mais eciairees d'un solcil hrillaut et pur, avait dit : « Ce ne sout point les prairies et Ics Ceuilles d'un vcit cru et froid qui font les admirahles paysagos, ce sont les cffets de la lu- miere; voila pourtpioi les roclies et les bruyi'res de la baie de Naples seront toujours ])lus JjcHes que les vallees les plus lertiles de la France et de rAuglcterrc (1). » C'est dans la baie mOme de Naples que 31. de Tiu'pin a pris les vues si riches, sipittoresques, si varices dont il vicnt de deter le public. II partde Naples, suit la cote qu'cudjcllissent Portici, Torre del Greco, Torre dell' annunziata, Castell' amare, Vico et Sorrento, patrie du Tasse; quitte la terre fer- me, passe dans I'iic dc Capri , dont il a rcproduit les principalis aspects, et qui reveilh' tant d'horribles souvenirs ; puis , il se rend alschia, gravit I'Epomeo, ce volcan devenn miict, dont les flancs sont converts de ncige; aborde tour a tour a Procida et au cap IMiscne, touche de nouveau la terre ferme, et revient a Naples apres avoir recueilli tout ce que Ic golf'e rent'erme de plus enchanteur. Les dessins executes pendant cette course pittoresque, ont ete graves avec un soi>!, une perfection qui donnent un charme tout parficnlier A cct ouvrage. Depuis long-tems les gravenrs anglais avaient une preeminence incontestable pour les vues et les vignettes; M. de Turpin a voulu clever autel centre autel; les artistes qu'il a choisis ont partage son emu- lation, et si Ton ne pent pas dire qn'ils aient surpasse les An- glais, comme adresse dc main, on pent dire, au moins, qu'ils ont su reunir a une grande dclicatesse de travail, una veritc d'eflet que Ton chcrchcrait en vain dans les vignettes an- glaises. Sous ce point de vue, la collection due a u crayon elegant et jjrecis de M. dc Turpin, et si bien reproduite par MM. Ransonnette, LEMArip.E, Leisnier, Dormier, Forsteu, Bein et autres, sort tout-a-fait dc la ligne de ce qui a etc fait jusqn'a present, en Fiance, et je nc suis que juste en disaut qu'il devra servir de modcle a tout ce qui ponrra etre entre- pris a I'avenir dans le meme genre. Quant au passe, si r(!n voulait comparer la vohmiinevL'ie collection del'abbe de Saiul- Non avec celle-ci, on verrait, tout, a la fois, quel pas immense (i; Itlncrairc (Ic Purls besolns et dv rindigenrc que lenr tausci'ail la ccssalion de leurs travaux, et d'aUcruiir ainsi, au sein dc ccs families, I'ordrc, reconnmie et les bon- nes moeurs. La societe sc compose de meiubrcs honoraires et M^M. ET IIAPP. — LIVR. EN LANG. i-TRANG. 4;)3 de membres socicHaires. Los piciDicrs sont ccux qui contri- l)ijent par Iciirs dons an siicces do la sociotc, sans on reola- nior Ics benofices , ni on partag;cr Ics charges. Pour olre admis comine socielaire il I'aut professor la religion protestante, et etre prosento par denx membres de lasociefo. La contribution (les societaires est de 24 fr. par an, ct d'un droit d'admission de 0 Ir. une t'ois payes. La sociote n'acrorde que la visile du medocin et los modicamens, mais point de serburs en argeut, pour les maladies qui ont nioins de cinq jours de duree; quand la uialadie dure an dela do ce toruic, ellc accorde, outre les visiles du medocin, 3 Ir. par jour pendant les trois premiers mois; du quatrieme au sixieme moisrevolu, 1 fr. ; apres le sixiome mois, 5o cent, jusqu'a parfait reJablissomonl. En cas de decos d'un societaire m.lrie, Ic conjoint survivant on ses onians s'il etait veuf ou veuve, recoivent un secours qui ne peulexcoder le montant dcs sonnnesversees par lui pendant le tems do son association et dont le minimani est, dans tons les cas, de 100 fr. La sociote a secouru, pendant I'oxorcice de i8'i8, 1 55 malades, donnant en tout 4,5o5 join-nees, a 5 fr. 54 c. I'une'. Chaque malade a done coute, terme moyen, 72 fr 85 c. Dos socieles du memo genre so sont formees dans plusieiirs villes de doparlomens ct noiamnieat a Lyon. On s'occupe aussi a Geneve d'en ctablir une pareillo. La Societe bibjique proies'.ante a distribue, pendant Tannee 1828 : 1° 2, '146 Bibles, et 5,447 Nouveaux-Testamens, ac- cordes a litre de don ; 2° 5,67(3 Bililcs et 2,708 Nouvcaux-Tos- tamens vendus a tres-bas prix; total 5.9^2 Bibles et6, i55 Nouveaux-Testamens. La sociote a mis en circulation depuis sa fondation io5,74o exemplaires des Ecricures. A. A. Litres en langues ctvangdres , iinpy'unes en France. 1G7. — Principles of political economy, etc. — Piincipes d'ccouoiiiie politique dc .MACcrLLocii, abrci^cs pour Tusa'^e des oloves de i'ccole Hispano-Lusitanienne du D" Silveli (etablie a Paris, rue Monlreuil, n° 5). Paris, 1829; Bossange pere. In-12 de xvi-117 pages; prix, 5 fr. Cost pour servir de texte aux lectures sur reconomic po- litique qui ont lieu dans rexcellente institution de AJ. Silve- i.A (i) que le professcur charge de cctle parlie a compose (i) L'inslitution de M. Silvela ccciric dans nolii.' oj>inirn une place .si 494 LIVRES EN LANGLKS ETRANGERES. oclabrcge. Los priiicipes elcmentaires dV-conomie poliliquc de jM. Maicullotli ^out incniUcslalileiiienl le liv re rltineiitaiit; Ic plus ciiniplel <[iic nous ayoii.s sur cetle scieiico iinporlaiilo. Mais I'aiitciir, dans rinlonlioii dc leitdrc ses dooliincs ]tliis palpablfs et de iuirc pressi;nlir lours mjiiihi'ousos applicalions aux usai^os du oonnnorcc, do I'iiidustrio ct do radiuiuislialioii dcs financos, est sou\omI onlio daus dos tloUiiis fori louf;s, ot a midtiplio los oxempios a iin poiul lol, quo lo Icrlcur pcrd aist'iiiout le fd du laisonuomonl ; aussi, loulos cos oxplira- lions, au lieu d'oclaiicir la pensto do laiitour, no seivont qu'a la rcndie plus dinUile a saisir. II fallait done, daus I'in- torot dcs cloves, scparer ce qu'il y avail do vorilablonieut utile, do CO qui u'ajoutait rien a la suilc dos dootrinos ocnuo- miquos ; d'autant plus que c'esl au profcsscur d'ajoutor los devoloiipoiiicus ot los cxeniplos (jue la difliculto uii Tinipor- tanoc des matiores peuvont exigor. Cost procisomcnt latache que Ic lodactour de I'ouvrago dont nous nous occupons s'est iniposec. Apies avoir soigneusonicnt compare cot abropo avec rouvrafi;e dont il n'est que I'exlrait, nous nous sonnnes assures que rien de voritabloniont utile n'en a ote oniis; et toutes los doctrines de I'auteur y sont rendues avec une distii^g;it;c painii les nombipux t'lablissomeiis du mOnie gtnii', que nnus saisissons avec t'nipressenicnl ct'tle occasion de la faire connaitre a nos lectcms. Celte ccole, exchisivenient destinoe ft des etiaugeis, est paili- culieieinent consaciee a la jeuncsse es|iagnole et poitugaise , aiiisi (|u'ii celle des Elats ameiicains, nagueie reuiiis sous les menies gduvcinenicns que les ]ieuples de la Peninsiileeuropeenne, et neformant encore aujoiu- d'bui qu'une menie fauiille par la resseiiihlance de leurs laugiies, de leurs ina'urs, de leuis usages, et meme, en giande partie, de leurs liglslaliony. On sent que cet ensemble de rapiioils cxigeait iin plan d'education et d'etudes absolument dillerent de celui qui (ilait adopte dans les colleges fran(;ais. II etait nienie necessaire qu'une gi ande partie de I'enseigee- nient se lit dans la largue malernellede la plupart deselt'ves, rcspagiiol, qui, pour nous servir de I'expression eniineninient pliilosnjibique de IM. Silvela, est et doit rester toujuurs pour eux la langue dc la pensee. Les cours d'etudes, divises en sept annees, supposent que les Aleves y cnlrent a I'age de sept ou de buit ans, Ceux qui y viennent dans un Age plus avance, et possedant deja des connaiasances acquises ailleurs, pien- nenl la place qui leur est indiquee par I'etat dc leuravaucenient. Par uno sage niesure, qui devrait ehe iuiitee dans tons les etablisseuiens d'edu- ralion, M. Silvela a di-^lrlbue de plus les divers objets de Tenseignement dans quatre classes, destinees cbacune ii I'line des quatre cajrieres sui- vantes : lellrcs, etat mltliairc, commerce , sciences phys'uiiicn ct matliema- iiijiics ; de niauieic que I'elevc di, dans sa route, visiter le temple dc Contra-Lato ; onl'a- vail denioli dci.uisqach^ues jours j)0ur rcparer Ic quai d'Ksne. Cedcsappointement, qui s'est repete plnsieurs tbis, dcmontre oombien la ne( esvite de Tentreprise scientifique ctait pres- sanle. Qucbjucs annecs , ou meme quclqnes mois plus tard , beaucoup de monuniens curieux auraienl etc dctruits, soil par les mains des liabilans, soil par renvabissement des sables. Dans les carricres de Silsilis (Djebel-Selseleli) , les voyageurs retrouvcrent des bas-reliefs pbaraoniipies : depuis long-terns, ils ne Irouvaienl plus que des vestiges cki leins des Ploiemees et dc? Honiains. Ccs cariiercs sont riches en insciiptions de la xvui' dynastie. II y exisle de ptlilcs chapellcs creusces dans AFR1<)1 K. 4,); Ic roc par AiJirimpliis Moiiimni, IJorus, llhanisi'.s-lo-GramI , liliiimses soil fils, r»hani,s('.s-.M('i.imuti'i , Muiicloiici, qui rcti- fcrnientilel)cllcs inscriptions liiciafiinies. — Les denx temples dc I'ilc d'l-lcplianline avaient etc tlcinolis, quanu M. Cliain- polliun arriva a Syt;ne. La ncuvicinc letUe est dalee d'Onadi-Oalfa, pres de la se- condi; cataracte, le i" Janvier 182;): la (-onimission ne devait pas aller an-ileia. dCcst i( i, dit M. Clianij)i>liion , (pie je df)is arrelernia course en ligne dioite, et virerdc l)oi-d, j)onrconi- mcncer serieuscnienl I'exploration dc la Mnbie et de I'J'^gypte, dont j'ai une idee j;encrale acqnise en nionlanl; mon lra\ail cotniiienre rcellemenl atijourd'lud , qiioique j'aie deja en porte- feuille pins dc six cents deshins ; mais il restc tant a faire, que j'en snis presque effraye : tontefois, je presume iii'cn tii'cr a mon hunneur avec hiiit mois d'ciForts; j'exploilerai la !Nid)ie pendant le niois de Janvier, et a la mi-fcvrier j<' jn"elai)lirai a Thebes jus(pi'nn niilien d'aofit ; je redcsccndrai rapidenicnt le Nil en ne ni'arrelanl (pi';'! Denderahel a Abydos ; le resleest deja en poitefenille. Nons reverrons ensnite leCaire et Alexan- drie Ma dernicre letlre ctait de IMiilie ; je ne pouvais etre long-lems nialade dans Tile d'Isis el d'Osiiis : la f^onlte ine qnilta en pen dc jours , et je pus commemer I exploitation acha Hassan, et le pacha d'E- gypte, un lionapprivoise, son compagnon lidelc dans ses ex- peditions inililaires. Derri decide la question : ,1'ai lu, en ef- fet, au-dessns du lion, se jetant sur Ics Barbares ren verses par Sesostris, I'inscription suivante : Le lion scrriteitr de Sa Mojestc, mettant en piices ses ennemis, Cela me scniblc de- AFUIQIE. 5oi iniinlrov i|iiie de remarque, je no les trouve employees que dans les inonumens egypticus les plus auiiques, c'est-a-dire, dans les -liypofjees de Beni-Hassan , a Amada, a Rarnae, et a Bet- Oualli . on sent les j)his inodernes , bieu qu'elies dalent du ri'gne de Sesosti'is. ou pKitot dc cclui de son perc. » Le a I, la Commission etait a Ouadi - Lsseboua (la >allee des lions), f|ui recoil ce .10111 d'unc avenue de s])liinx phu es surle ilromos li-c son temple, le(|uel est un hanispijos , c'est-.'i- dire un edifice a luoitie construil eu pieries dc taille, et ;"i inoilii' creuse dans le roc. Le ^Tr, elle etudia l« monument de {)akkt'li , qui lui IVnirnit des docnniens tres-piecicux siir le ^\sleme mylliol<>gi(|oe (les Ejiyplicus, et notammeut sin- le dieu T/i'ilJi (rHermt'S deux I'ois j^rand) el ses transfiguralions succi,ssiv<'s.* Dakkeli , dit M. Champollioii , est le point le plus meridional ou ]'ai« rencontre des Iravanx executes sous les Ptolemees et les Lmpereurs. Jf suiscon^aincu, ((ue la do- miiuilion f;rec(pie on romaihC ne s'est jamais eleudue an-dela d'lltrim. Aussi ai-je trou\e, depuis Dakkeli jusqu'a Tlie- l«'s, niieseiio presque coiilinut; d'tHlifices eonsliuils a cesdeux > m comli'-s all tlons des tem- ples. II taut en excejiler le nionunienf de (iliir>clie el eelui de Lel-0 jalli (pie lesreisesiroul pu d(ltruire, puisqu'il cut I'allu bni' AFKIQUE. abatlrt les monlagnes tlans Icsquellcs ils sont creiises au ci- scau. » La (Commission arriva le aS Janvier a Ghirsche-lliissan ou Gliirf-Uiisseln, oi^ elle troiiva nn noiivean R/iainesscion, ou inonmiR'iit dO a l^hamst's-le-Grand; celui-ci est consacrc au (lien Plitha. Puis, le u6, ;'i Uandour, oOl existe iin pclit tem- ]>le Jii siecic lici7itcjis. wLes deux temples de cette ile avaic'nt ete recem- ment detrnits pour batirune caserne et des magasins aSyene. A Ombos , la (lonmiission reprit les travanx qu'elle avait commences a son premier passage. Tons Iesmonumens([u'elle y tronva sont dc I'epoque grecque; le grand temple, qui n'est qn'une secondc edition, est cependant d'une tres-belle arcbitec- lore. Ladouzieme lettre a eteecrite le aS mars, de Biban-el-Mo- lonck (Tbebes), oi'i la Commission etait arrivee le 8 mars. « Nous avons expioite, dit M. CJiampollion , jusqu'au 23, le niagnifuire palais de Louksor, le plus profane desmonumens de riigypte. €e palais, obslrne par les cabutes de Fellali, qui niasqn'ent et defiguren! ces beaux portiques, sans parler de la chetive maison d'un brin-baclii, jucbee sur une plate-forme vioiemnient pence a coups de pic pour donner passage aux balayures du Turc, lesquelles sont dirigees sur un superbe sanctuaire, scnipte sous le regne du fits d'Alexandie- le - Grand INousavons tons pris la route de la valb'e de Biban- «l-Vlolouck on sont les toml)eaux des rois de la WIIP et de la XIX'' dynaslie Nous occupons le meilieur logeiucnt et le plus niagnifique qu'il soil possible de trouver en Egypte. G'cst le roi lUiamses (le lY'de la XIX' dynastie) qui nous donne I'bospilaiite ; nous liabitons tons son lombeau, Ic so- AFUIQLi:. — KllROPE. 5o3 cond qii'on rciicouUc a ilruito cii LUliaiit dans la \allei; ile Bihaii-cl-Muluiak. » Bornes par I'espace, nous nc pouvons analyser celle fois les travauxdela Commission aThclies, le point le plus im- portant do son voyage. Nous terminorons celte analyse dans notro prochain caliicr, en rcndant compte aussi des nouvelles lettres anivces d'Egypte, et qui, prohahlement, auront etc alors publiees- EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. . Concours de voitures a vapeur. — La compagnie du cheniin de ler, que I'on construit eiUre Manchester et Liverpool, avail propose on prix de 5oo liv. ( environ i5,ooo fr. ) en favenr de la nioilleure voiture a vapeur qui Ini serait presentee. Les prin- iipal(!s conditions du piogramme etaient : i°que les machines admises an concours ne devraient pas avoir un poids an-dessus de six mille kilngrammes; 2° qu'elles devraient avoir la force de trainer aprcs elles, pendant nn trajet d'environ onze lieues, outre !a provision d'can et de combustible qui leiw serait ne- ccssaire pour celle route, un train de voitures de transport dont le poids serait egal a trois Ibis celui de la machine elle- mciuc ; 5" qu'elles deviaicnt marcher avec une vitesse de dix nu'llcs anglais (trois licues et dcmie) , au moins, par heure ; 4" que la pressiou de la vapeur dans la chaudiere ne pounait pas exccder cinqnante livres | ar pouce carre; 5" que la hau- teur de la voiture, depuis la lerre jusqu'au sommct de la che- minee, ne dcvrait pas etre de plus de quinze picds; 6°enfin, que la machine devrait brfdcr sa I'umce. On choisit, sur le nouveau chomin de fer dc Liverpool a Manchester, \\n espace d'environ ime liene de longueui-, dans mi cndroit oi"i la roule est parlaitement plane; on disposa celle parlie de la route de uianierc! (jue les voitures juissenl, en rclournanl plusieurs fois sur lenrs pas, faire le trajet deonze lieues exige par le pro- gramme. Le6oclobre dernier, jour fixe pour I'ouverlure du concours, une fonle de savans, d'ingcnieurs ctdc curicux, arrives de tous les points de I'Angleterre, elaicnt rasscnd)les sur la route dc Liverpool, pour clrc tcmoins de ces experiences inteiessanles, (jni durcrent pendant douze jouis. Dix concurrens s'claient fait inscrire; main, suit qu'il fut arrive quclque derangement dans les machines, soil qu'elles tic fiisf^cMt pns cnlirrcmciit aclievrcs po;.r I'rpoqiic fixrr, cinq jifiilemeiit luiciit en ilal do loncoiiiir. La I'rrsrrn-tincr, niacliinc pi'e«cnti''(5 ])ar IM. IUirstai.i,, ct qui avail ('proiivc qiielfpics avaiiis dans son Iran'^port dcpnis Li- verpool, mais (iiii avail ('It' nj^ai-rcdcpuis, fit [)lnsiciirs courses avec une vilcssc d'enviioii cin([ millcs ( nnc lioue et trois quarts ) par hcnre. Le i5octobre, mic secondc inadiino, appcice ]e Siins-Pnrril, Jnt mise a ri'prenve. On Ironva d'aliord qnc \o poids dc cclte machine cxci'dail un pen ic maximimide six niillo kiloj;rammes determine par le programme. On Ini imposa neanmoins I'oljli- i;ati fiil piise siir los foiuls ilc.^liiirs a I'Uiiivorjitc. Dans cc Icms-la oiicoic , comnie on le voil , ics frais do ceii- sitro ii'claioiit pas, eii lliissic, one cliargo liicn oiicreuse poor li' Iri'sor poblic ; mais, vini;l aiis apri's, ;'i Prpocpio tic la pu- l)!ifation dii srcond dcs rrnlcinous (juc nous allons t'uirc con- naitrc, les choscs avaioni bicn change, ct dcja la censure cofl- lait anuuellemeut, a I'Elat, la soninic de 90, i5o roul)les; savoir : 48,000 roubles pour lo coniite de Sainl-Pelcrsbonrg, cl i/|,o5o pour cbacun des coniites de Moscou, Dorpat ct A ilna. Dctix ans s'elaieul a peine econles qn'un nonvcan re- j;lenicnl (celui de J828) parut, qui vinl clever ces I'rais a la ^oninie de 1 15,700 roubles, repartis ainsi qu'il suit, savoir : Dircdion gencrale 10,000 roubles. Coniite de censure de Saint-Petcrsbourg. . i8,5oo Censure des livres en langue etrangcre id. 5i^,ooo Comile de censure do Moscou 12,000 — de Dorpat el de A ilna i5,ooo — de Rharkol' ct de Kazan 7,200 — de Itiga, Odessa, llevel el Mittan. . . i5,ooo Dans eel Etat-major de la censure, nous vovons des in/f, el les deux plus aucieus ceuseurs, cbacun 1,000 roubles pour frais lie lof^ciiwjil. On a voulii, comnie 011 voit, (|ne la Ceusnro ei'il le vi\ re el le convert, en Uussi(!, ct Ton no court pas le ris- que de I'y \ oir peiir (riii:ini(ion on de IVoid [i). Mais, si I'oii |>eut inatcricllcnnMil deduire de ccl ajipaicil Ibrmidable coutre les abiis dc la pressc la consctpiencc d'unc augmentation de pi'oduits inlcllectuels, qui a exige le deve- loppcment d'imc plus grande force repressive, ou du inoius li< s dciuiis viiigl aiis en suiit d'jjlitu.s uiie jHLUvc bicn e !!Vui cuiilc. li'i' mi instant qnc son aclion imoimIi; nc snit contraiic a icni' lil)re tlcveloppcmcnt. Ln conp il'oeil jole siir la coniixtsiiimi dcs Irois rogleiiiens epic nous avons sous les yciix snflha pom- fixer touUi in-csoiolion a cet egai'd , ct surlont pour niontrcr si elles onl a se tY;liciter ou a so plainJrc dcs changcmcns Snc- cessifs o])(';res dans le regime de la censure. Le reglement dc 1804, compose de 4/ "'"t-i en 3 cliapitrcs, porle, dans heaueoup d'enihuils, des traces dc rc.vceilent es- jM'it et de la bonte ipii diclaieiit tons Ics acles de I'enijicreni- Alexandre; son anie genereuse se j)eint tout enlierc dans I'ar- licle '21 de ce rcglement, on il est dil rornielleHieut que, dan:i le cas ou le sens de quehpie passage d'lni ecrit sonmis a la censure paraitrait dontenx ou susceptible d'une double in- terpretation, c'cst toiijonrs a rinterprelalion la plus iavorable a I'auteur que I'exaniinateur tlevra s'attacber de prelerence. C'est ainsi rpie dans les deinicres annees de son regne, cc monar()ue s'etait fail Ini-uirme le censcnr du celehre Karam- zine, et (jue I'Hisloire de ilussie, dont plus d'un passage aurait ccrtainemcnt excite la susceplihilite de la censiu'e , pai-ut avec son aulorisation speciale (1). L'article i5du memc reglenient indique, comme principaux objets an mainlien et au respect dcsquels les censeurs doivent veiller paiticulierement, la loi divine, le gouveruement, les inoenrs et I'honneur des citoyens, (pi'il est egalament delendu de blesser dans tout ecrit public. J)u reste, I'Eglise, les Academies, les Universites et les diffe- rens corps constitues de I'Etat conservent, par ce reglenient (art. 6 et 8), le droit de censurer enx-niemes les ouvrages fpii sont (le leur ressort. Les jonrnaux etaicnt vus a la poste (art. 9); les ouvrages dramatiqiies, avant leur representation , par la direction des ecoles, a delaul de comite (art. 10), et les livrcs (Irangcrs etaient exeniptes de la censure (art. 27) ; les libraires qui les faisaient venir pour les mcttre en vente etaicnt teiuis seulenient d'cn presenter une liste exacte auco- inite. Le reglenient de i8'iG, public sous !e regiie actuel, par les soinsdn ininistre de riiistructionpubliquc, yi Icxam/rc Cmiche- KOF, est compose dc 2jo articles en 19 cbapilres. Par ce re- glenient, la censure est devenue, en Ilussie, une veritable juiissance, un iniuistere enlier, dont les attributions s'clen- tlenl parlont ct an loin, dans I'empire. Deja le but n'est plus (i) L'emperenr rejjii.int a suivi cp n(il)le cxeinpip a l'<<;aid (In poit(»; PoiCHRi.'VK, auquel il a cnjoint, en nuintaiit sur le liune , de souinetlit; (lireclenienl k sa censure iinsoiiiitlle tons les oiiviages qii'il vuudniit IHiblicr a I'aveuir. :i(> ElJllOPF. Ic inrnic, oil (hi moiiis est tout anlrcmcnt cxpliqiie qiiff clans Ic rt'{|,loiiiPiit (Ic 1804. II olail dil ,sim[ilt!HK'iil , dans ccliiici (art. I"), que la consuic a p.nir ol)lii;alioii d'cxaniincr loii.s les livres cl «;cnts dostincs a ctrc mis en circulation. Mainlc- nanl, assnre-t-on (art. 1 et 3 du rej;liiiu'nt dc 1826) , olio a jiour but de donncr nne direction utile aiix ('(Mits sur les scien- ces, la lilltrature et les arts, aiix gravnies, lithographies, car- tes, plans, d(;ssins, portraits ct notes de musu/iie, publics par la \oie de rimpression, ou dn moins d'empechcr que celtc di- rection ne soil nnisihle au bicn public. Xousadmctlronsjsil'on veut, cette secoude proposition; mais , quant a la premiere , clle est d'line pretention absurde : la censure ne pcut provo- qner la publication de lien de g;rand ni d'ulile, a moins d'etre exercee dans des vues tout-a-lait liberales et genereuses, ce dont, au besoin, nous trouverions nne prenve dans Tcxamen du catalogue sjsteiiiatique et raisonne des livres russes , pii- l)lies de 1801 a i8o5, et dans celui des livres en laiigue ctran- gcre qui out parn pendant ces cinq mcmes annees, les plus brillantes du regne d'Alcxandre , ou du moins les plus favo- rables au developpeinent des lumiercs (1). Nous ne nous etendrons pas davantage sur ce regbmcnt, dont la prcmicie disposition doit I'aire connaitrc assez I'espi'it ; nous ajouterons seulement que, par I'artide ly, le nombre des censeurs dans chaque comite pent etrc augmenle scion le besoin ; que Par- ticle 23 reconnait rincunipatibiiite d'antres functions iinies a celles de censeur; que I'artide 48 ordonne la publication an- nuelle d'un index, ou liste des livres del'endiis; que I'arlicle jo laisse aux auteurs ou traducteurs d'ouvrages la facnltc de garder I'anonynie , pourvu que I'imprimcur soit coniiu; I'ar- ticle 74. celle de taiie de Icgcres coi lections sui' les eprcuves, apres la revision et I'approbation du manuscril par la censure, saul" la responsabilite ulterieure, et toujouis ininiincMle pour les aiileurs, censures on non censures; enl'in, (jue lartirle 78 autorise tout censeur a se faire lepresentcr on ccrit qui serait sous pressc , et dont il aurait autorise la pnl»lication, et a exi- ger de nouveaux changemens ou de nouvelles suppressions de la part de son autenr, s'il croit la chose necessaire, sauf a hii a indemniser celni-ci pour les I'rais de remaniement que pour- rait occasioner cette secoude revision. ISousavons hTde d'arriver au reglement de 1828, cclui qui est encore en vigueur aujourd'bui. Ce reglcmcnt, qui est un (1) De cfs deux catalogues, le pieuiier est dil ii M. Storcii, Ic duuxiOinc a M. Adelukg. nrssiK. T) 1 1 p(Mi mnins vnlnminoiix qnr Ic pivcodciU. piii^qiril ne mi- i'( rmc que i58 ailiclcs en 4 divisions et erte. Des chefs braves, mais in- disciplines, aspiraient tous au pouvuir; deux Assemblces na- tionales s'etaient formees; toutes deux voiilaient nommer le- president de la nation ; cette dispute fatale fut appaisee par ia nomination de M.Ie comteGAPO-i>'IsTRiAS. Les chefs des iles et du Peloponese se rallierent au nom de cet homme de bien,. et il fut elu president a I'unaiiimile^ Ma-is que de chances avail encore a courir la Gfccc ! Le traite du 6 juillet n'avait eu au- cun commencement d'execution ; oa se conlentait de sollicitcr la Porte; et celle-ci repondait i\ toules ces demarches, par de nouveaux massacres en Grece. Ln hasard, un licweux hasard fit arriver la memorable bataille de Navaria. Le sort de la G.rf;ce semblait assure; mais la diplomatic, loin de profiter de cet evenement favorable, fit tout pour en denaturer les bons effets. Au lieu de continuer les menaces a Constantino- ple, on s'abaissa jnsqu'A faice des excuses au sultan Mahmoud, GRKCE. 5i9 cl il e» resiilta un nouvel aveuglement do sa part, Ses impru- ilens amis rcntrainaient a sa riiiiie , en lui iiispirant uue confiaiice piTsomptueuse. Lo'm d'acccpter le protocole dii 6 jiiillet, il declara la guerre i\ la Ilussie, en lancantson ridicule «t2o EUROPE. Chretien no s'anTltrait pas dans la cirootisUuirc la plus deci- sive pour la regencratidn de la Grece, avail demande un nou- veau ifcronrs , a litre d'aiiticipalion sur i'empninl, que lu France el la Russie avaicnl proniis do garanlir. — Le niareclial Maison avail aniionce an president eel appui , au noni du roi. Cepcndant, quel a ete retonncnieul douloureux de tons leg amis de I'humauite, en nppreuanl qu'iui envoye du gouver- nement grec, arrive a Paris, n'avait pu obtenir aucune re- ponse favorable du gouvernemeul IVaneais. Les details donnes dans les journaux prouvcnl evidemnienl que M. Kvnard a sollicile vaiuement un secours de quinze cenl niille I'rancs , dont le piesideul avail le plus urgent besoiii, pour niainlcnir et continucr Ics ameliorations deja commcncees, ct pom- em- pecher que la misere ne ranienat ranarcbie. Ces memes jour- naux out appris que ce pret de quinze cent miile irancs avail ete refuse; quo M. Eynard s'etait alors borne a domandor sept cent cinquanle mille francs, en proposant d'onvoyor, de sespropresdoniers, lesautros sept cent cinqnaiilo mille francs: cette proposition fut egalomcnt refusoo. Enfin, on a su quo M. Eynard, descspere de la silnalion deplorable dans laqnelle la Grece allait se trouver plongee, s'ost decide a ("aire ce que le minislero francais rofusait. Ce sera done a Ini soul que I Grece devra un secours d'une aussi urgoute nocessilo. On a peine a concevoir la conduilc des unnistros acluols du rol tres-chrolien ; il y a dureto, imprevoyance, el absence de toule vno politique dans ce refus cruel. Sans lasommo considerable envoyee par un simple citoyon, dont la Suisse s'bonoro, ot qui, parses vertus et sa conduile, bonorerespecehumaino, cello Grece inl'orlunec, quola France avail sanvee une premiere fois, pouvait retomber dans les pins affrenx desordres; et, pour condyle de disgrace, au mo- ment on le cabinet des Tuileiies rel'usail ses secours, il don- nail aux troupes francaises I'ordre d'aliandonner la Jloree. Ne dirait-on pas que le genie du m;d a provoque celtc double Biesure pour detruire tout le bien que la France avail fail. On ne pent supposor aux minislres riulention et le desir barbares de voir la Grece retomber sous le joug ottoman; ce (pii eqni- vaudrail a son ontiere extermination. Rlais, alors,, comniont justifier lour etrauge imprevoyance? Elail-il de la dignile du gouvernement francais de laisser un simple particulier sauvcr la Grece, dans cello crise imminentc. — Et, s'il ne Tavaii point fait, et que des troubles eusseut boulevcrse Ic pays, qu'aurail dit riiistoire, sur la France el sur les minislres qui agissent en son nojn ! ! ! ! GIIECE.— PAYS-BAS. 52 1 Espcrons que, mieux eclaiics, its conliniieront plus tartl Ics Eccours pnr lesqucls lo roi du France et lu nation avaient deja aide la Grecc, et que des contie -oidres serout donnes aux troupes, pour qu'elles n'evaeuent point le lenitoire grec, ou leur presence pent encore etre si utile. Tout annonce cependant que la Grece touche an terme de ses tribulations. L'Europe entiere commence a comprendre que le terns est venu , oii I'empire Ottoman ne pent plus exis- ter. Tousles cabinets sont aujourd'hui d'accord qu'il f'aut or- ganiser une Grece forte, entierement indcpendante, et que cette nouvcUe nation doit etre placce sous la protection dc toutes les grandes puissances. Ces puissances paraisscnt vou- loir adopter pour les Grecs le gouvernement monarcbique , couime plus en barmonie avec les autres gouvernemens cu- ropeens. On est maintenant occupe du cbuix du prince; on pent esperer que la France, qui a lait tant de sacrifices, et avec un si noble desinteressement , aura la plus grande in- fluence surle cboix du peuple qui sera appcle a gouverner la Grece. Quel qu'il soit, on doit desirer, pour la Grece et pour I'Europe , que le comte Capo-d'Istrias consente a rester en Grece; ce pays a besoin de ses vertus, de ses connaissances, de son experience. Le president a reussi a reunir tous les par- tis; les chefs les plus contraires lui sont aujourd'hui devoues ; le peuple le cherit, ct cbacun admire sa modeste simplicite , sa courageuse perseverance et son desinleressement. Les plus gi-ands soins du presiilenl sont donnes a I'educa- tion de la jeuiiesse grecque. On compte deja 8,000 enfans dans les ecf)Ies d'enseignement mutnel; et, si des fonds sont envoyes , bientut 4o,ooo enfans recevront les bienfaits de I'instruclion elementaire. La Grece, francbement protegee par les puissances, ne tar- dera pas a devcnir I'un des Etats les plus riches et les plus ci- vilises. Ses ressources sont immenses en biens nationaux; ses babitans apprennent tout avec facilite ; babiles marins, nego- cians intelligens, habitues an commerce des cutes, les Grecs n'ont besoin que d'un bon gouvernement, pour prendre ra-^ pidement un rang honorable parmi les nations florissantes. PAYS-BAS. Bruxelles. — Societc royale d'liorticalturcdcs Pays-Baf. — L'administration francaise avail procure a Bruxelles de grands t'tablissemensd'utilitepublique : Paris serl toujoursde modele pour les edifices et les embellissemens que le gouvernemeut 5j2 liDHOPE. bclgc et les fitats-Gentraiix font oxeciitcr Jans leiir capitalo. Et, Briixcllesa vu constriiiie un supcrbe hospice pour la vicil- lesse ct des palais royaiix , agrandir sou niiisec, icslaiircr par h'S expositions des Beaux-Arts el dc I'industrie I'aucien palais de ses gouveruemens, et des promenades remplacer d'iuuti- les fortifications. Cependant, rhorticulture se repandait dc I'Angleterre dans rAmerique du Nord, devenait I'objet spe- cial d'une societc fondee i Paris et d'un Institut horticole ctabli ii quelques lieues de la capitaie : elle promettait aux Pays-Bas des ameliorations pour Icur systcme agricole deja le mieux raisonne de I'Europe ; et la Hollande, I'alliee on plutot la ri- vale de la Belgique perdait de la celebrite qu'elle dut jadis i\ son goQt pour les fleurs ; mais Bruxellcs n'avait pas encore dc jardin botanique comparable a celui dont la France avait ornci Anvers. Non loin de la jolie porte de Louvain, proche ceDe de Schaerbeck est un vaste terrain presque inculte; son exposi- tion asscz heureuse et les accidens du sol sont propres a cct etablissement scientifique. On disposerait la partie la mieux abritee et la plus voisine du boulevard en six comp.irtimens tlrculalres et subdivisee en plates-bandes, puis des gazons qui fuiraient entre les arbres d'espcces varices; a I'aidc d'mic petite pompe a fen un superbe jet s'elancerait du milieu dc la pifjce d'eau ; et sur le point culminant on construirait des scr- res qui, apperoues de partout, formeraient veritablement un temple pour la botanique ; car, au centre, serait un d6me qui couvrirait un salon d'exposilinn; de cote une longue serrc, animee <;a et la par des fontaines jaiilissantes , et aux cxlrc- mitcs deux vastes pavilions; avcc cela un arrangement parfait pour les poeles el la distrlbulien de la chaleur. Rlais comment subvenir a des depenses si considerables? Le ministcre ncer- landais, dc tons le plus fiscal, est avare d'encouragcmens : la rcgence de Bruxellcs pent senlenienl disposer dc 2,000 flo- rins, etletresor royal ne vent fournir qu'nne bien modique somme. Une souscription palriolique pourvoira au reste. En cffet, ce qui n'cfait encore qu'un projet, il y a Irois ans, se trou vc entierenient adieve. Le 9 avril , la societc royale a pu stalucr que tous les dix niois elle fera une exposition pubiique de tons les produits de I'horticulture; et elle a tcnu la premiere au commencement dc septcmbrc. Le nombre dcsexposans ctait dc 04; la plupail dc Bruxel- lcs, quclqucs-uns dc la Ilollandc, un de Lille, cl en y com- prcnant ncuf dames. Pendant trois jours Ic public so porta au jardin botanique : la reinc ct les princesses Frederic et Marianne PATS-BAS.— FRANCE. fta3 visltirent avcc intirfit les salles et les serres. Le soir de la clo- ture les etrangers purent encore rcconnaitre le luxe du bon goQt et la politesse d'une capitale, A la foule des promeneurij et a la quantite des equipages qui couvraient les boulevards, en partie pour entendre rexcellente musique inilitaire qui joua pendant le banquet, et pour voir les apprets du bal, du feu d'artifice et de I'illuniination en verres de couleur. Malgre des retards, toute la fete fut charmante, sans le moindre des- ordre; inais robjetessenliel devait etre la distribution des prix, sur la terrasse; et c'est c\ huis-clos qu'elle a ete faile. Suivant le programme, des medailles et des mentions honorables ont ete decernees pour des plantes exotiques et pour des collec- tions de fleurs. On a distingue le raisin de I'espece frankendaler presente par M. Deboey d'Anvers; le palmier du Bresil (^acro- camia liorrida) cultive par M. Deman de Lennick, la collection des plantes en fleurs presentee par M"" Meens-J-V outers. Quant aux fruits de dessert et aux legumes, moins remarquablesque ceux qu'on voit sur nos marches fran^ais , leur exposition constatait trop les efforts impuissans de la culture sous ce cli- mat. Nous devons mentionner le chauffeur mecanique, aveo son thermometre regulateur, de I'invention de M. Meens; eel appareil s'alimente lui-menie de combustible dont I'introduc- tion dans le foyer est determincepar le thermometre qui ouvre et ferme la soupape, selon Ic besoin. L«shorticulteurs et fleu- ristes des Pays-Bas doivent redoubler de zele pour conserver leur anciennc reputation, car le quai aux fleurs de Paris en presente de plus variees et de plus rares que celles que nous avons vues aux marches de Bruxelles, de Leyde et de Har- lem. Mais les ameliorations sont faciles dans un pays ort les 4oo actions de 5oo florins chacune creees par la societe d'hor- ticulture, sont deja presque toutes prises. Isidore Lebrcn. FRANCE. PARIS. IwsTiTUT. — Academie des Sciences. — Seance du if) octobre 182,. — M. IloBiNEAu Desvoidt communiquc deux observa- tions qu'il a I'aites recemment, 1° dans un terrain argilo-sablon- neux, on a trouve une grande quantite A'orvets connniins (an- guis fragiiis, de Linne), eten faisant I'ouverture d'un de ces reptiles, plus gros que les autres, M. Desvoidy a vu six petits vivans, plus on moins developpes ; 2° ayant fait I'anatomic d'une vipere, dc celles qu'on appellc vulgairement serpens- r)24 FKANCE. rouges, il a trouvo dans riitcnis plus dc trois millc pelils a di- vers etals. La lellrc dc M. Desvoidy sera conservee; il sera prie d'envoyer ;\ rAcademie line de ces viperes. — MM. Dii- mcril et Boycr lont un rapport sur un Menioirc de M. IJaide- LOC<,)tiE, neveii , (pii a pour tilre : « Da broiemenl dc la iclc dc I' enfant, mort dans le sciii de sa mire, nouxeaa proahU pour ter- miner I'accoiiclieinenl lalwrieitx. » L'iiivcnlioii do IM. Baudc- locqiie, dit Ic rapporteur, est une preuve de son zeic pour le perreetioiinemcnt d'un art dans i'enseignenicnt ct la pialiqiie duquel sou oncle, Ic celebrc professcur Baudclocque, s'e,-t I'ait line si grande reputation, et ee z« le nous parait digue d'eloges, L'cmpressemcnt que M. Daudelocquc a mis a faire conuaitre son instrument par la voic des journaux, nous parait aus.si dc- voiretre loue. » (Adopte.) ■ — MM. Geiiffrot-Saint-Hilaire et Serres font un rapport sur deux jumeaiix, nes attaches ventre a ventre, presentement ages dc 18 ans, transportes de Siam aux ttats-Unis , et destines pour la France. « Les observations qui nous sont parvenues sont dc M. "NYaruen, professeur dc medecine ct de chirurgic a Boston. Ellcs nous ont etc transmises par M. le doctenr Kiles , son compalriolc, qui sc trouve en ce moment a Paris. Le rapport de M. "NVarren a parn , dans le Boston Daily Advertiser, le 27 aoCil dernier, d'oi^ il a etc repris et imprime dans le Courrier anglais du 25 septembre suivant. Les deux Siamoisunis ventre ;'i ventre sont chacun un homnie complet. Le noyau ou bandeau chanuiqui leur sert dc lien descend des appendices xiplioidcs a rombilie, unique pour tous deux; il a quatrc ponces de hauteur. La rcssemblance des deux IVeres paraissait frappanle an premier coup d'ceil, mais en les observant de pres on remarquait en eux de notables diiTerences. lis pcuvent se placer d'equerrc, ct c'est leur position habituelle; ils se men vent, mais sans oscil- ler; I'un pent clrc plus haut que I'aulrc, touteibis dans inic clendue tres-restrcintc. Toujours est-il que Iciu- situation s'en est sensiblemcnt ameliorcc, et que la lacultc dc scmetlrc d'e- querrc a corrigc I'inconvenient le plus grave dc leur situation origincllc, qui consislait a ctre ventre a ventre et foce a face. Neanmoins, ils sont contraiuts d'agir toujours simullanenieni . tellemcnt qu'on croirait qu'ils sont mus par tnic seule volunte. Ce qui est Ires-iemarquablc, c'est que la volonte provienl lantntdc I'un, lanlot dc i'autrc; et que rharmonic instinctive qui s'est clablie entre eux est telle, que des que la pensce d'lnie action est venue a I'un des frercs, Tautre y obtempeic sur-lc-champ. Le capilaiuc Coffin (comniandanl le navirc (jui les a liansporlcs a Boston) a vu unc seulc fois la mcsin- PARIS.- 525 lelligence troubler ce loiichaiit accord. L'lin tics i'n res vonlait se baigner dans la uier, raulrc s'y refiisait obstincmeiU, al- leguant qu'il sonllVait de la rigiieiir dc la saison. Lc capitainc leur fit seiilir que I'lui no devait jamais chercher un plaisir qui poiivait etre niiisible a raiitie. Il.s recouterent avec doeilite, sercconciliercut ctnescbaigneicnt point. Us ont apprisen pen de terns a jouer passablement aux dames; ils sont attentifs a ce qni se passe dovant enx et se montient reconnaissans des egaids qn'on lenr temoigne. M. Wanen ne les entendit jamais se parler , bien qn'ils-causassentbeaucoup avec un jeune Sia- mois qui leur servaitde compagnon. lis courentetsautent avec une activite surprenante, et suivent la diagonale de I'angle formee par leur position habituelle en equerre. Un jour qu'on les poursuivait en jouant, ils arriverent pres d'une ecoutille ouverle ; la nioindre meprise les exposait a tomber a fond de cale et a perir ; mais ils n'hesittrent pas un moment, et IVan- chirent sans peine I'ecoutille. II a paru a M. Warren que ce que I'un eprouve, I'autre le ressent; ilsdorment, mangent en memc terns et autant I'un que I'autre, et remplissent tou- tes leurs autres fonclions en meme terns; si, quand ils sont endormis, Tun vient a toucher I'autre, tons deux se reveil- lent. Les pulsations du coeur sont en menie nombre, ainsi que M. Warren s'en est assure par Tclat du pouls. ')L'Academie arrete que M. Niles sera remercie pour I'envoi dc la notice de M. Warren et les renseignemens verbaux qu'il y a ajoutes. — MM. de La Billardicre et da Pelit-T/iouars font un rapport sur un[procede presentepar M. Gautherondes Anches, et ati moyen duquel on se propose de reproduire sur-le-champ les figures des diverses plantes, des feuilles et des fleurs. L'Acade- inie engage I'auteur a faire de nouvelles tentatives pour arri- ver a reproduire exactement les nervures des feuilles de toutes les especes, el pour donner a ses procedes la perfection ne- cessaire pour leur meriter I'approbation de I'Academie. — Du 26 octobre. — MM. Brongniarl , Broc/iant i/e Fllliers et Bcudant font un rapport sur un Memoire de M. Elie dc Beaumost, relatif a quelques-unes des revolutions de la sur- face du globe. « La formation des chaines alpines par soule- vtinent, c'est-a-dire par suite d'une exhubcrance des parties inferieures aux couches qui composent I'ecorce du globe, et du redressement de la couche , est une opinion admise pres- que generalement. Les asperites du globe, en se formant par soulevement, ont dfi soulever avec elles les terrains de sedi- iTient qui s'etaient deposes a pen pres horizontalement dans h; fond des mers, ou des grands amas d'eau. Les epoques dc 5a« FRANCE. formation de ces terrains de sediment horiionlanx se font re- connaitrc par leurs rapports de position , quelquerois par la lialure de letirs rochos, mais plus souveiit et bcaucoup plus sOrement par les especes de corps organises dont ils renfer- ment les debris. Or, dans un systeme de uiontagnes presen- tant des couclies tres-inclinees et des couches horizontales , les couches de sediment inclinees ont necessairement ete for- mees avant la revolution qui a souleve la chaine de mon- tagnes, tandis que les couches horizontales n'ont pu Stre de- posees dans les vallons ou sur les pentes de cette chaine , qu'apres cetle revolution; par consequent, on pourra etablir que I'apparition de cette chaine de inontagnes par souleve- ment a eu lieu dans I'intervalle de tems qui a separe le depot des premieres couches de celui des secondes. En partant dc ce principe , M. Elie de Beaumont a pu reconnaitre dans la partie orientale et meridionale de la France, et dans la partie octidentale des Alpes,quatre epoques principals de souleve- ment ou de revolution de la surface du globe ; et en obser- vant la direction generale que les chaines de montagnes ont prises a'.chacune de ces epoques, il a cru pouvoir y rattacher des montagnes qu'il n'a pas visitees, mais qui, par cette direc- tion, parce qu'on peut savoir des roches et des debris organi- ques qui les accompagnent, lui ont paru etre dues a la meme revolution geologique. Ces revolutions de soulevement ont elles-menies etc accom- pagnees ou suivies d'autres grands phenomenes qui ontcontri- bueaveccelles-ci a modifier la forme exterieure et la structm-e du globe. — II est une autre dasse de terrains composes de debris de roches, tantot arrondis en galets, tantot ayant con- serve leurs angles et leurs cretes; on les appelle terrains de transport, parce qu'ils ne peuvent etre dans des lieux ou on les voit, que par suite d'un transport plus ou moins evident. M. deBeaumontprouve qu'ils ne sont pas dus a un quatrienie soulevement, et qu'ils proviennent d'un changement brusque de niveau et d'inclinai.-on du sol qui les porte, dans uneespece de mouvement de bascule ou d'enfoncement qui s'est opere dans le sol, par suite d'enormes fissures ou saillies qui se dirigent a pen pres de I'est a I'ouest. Cos terrains ont ete deposes apris ce relevement des Alpes et des terrains terliaires; car ils sont constamment places sur la crcte ou tete des couches dc ces derniers. Ils sont atlribues par HI. de Beaumont a deux epo- (jues , dont il determine les caractttres et la succession Le Memoire de M. de Beaumont expose ccrtainement une des theories les plu« nouvelles, leu plus bardies et les plus in- PARIS. 5a7 geiiieuses, qui aicnt ete proposees depiiis long-tems ; cllo semble meme detniire des theories qui ontpour elles I'hono- rablc prevention d'un nom illustrect d'un assentiment gene- ral , et qui ont ete adoptees, prol'essees par plusieurs meuibres de cette Academic. Ccpcndant votre commission, non-seule- ment n'hesile pasavous proposer de sanctionner le travail remarquable de l\l. de Beaumont, mais elle vous demandera de I'encourager par votre haute approbation. »L'Academie npprouye les recherches de M. de Beaumont et les consequences qu'il en a deduites; elle arreteque son Memoire sera imprirac dans le recueil des savans etrangers. — MM.Curier, Geoffroj- Saini-Hilaire et DnmeriL font un rapport sur les travaux de MM. QiioY et Gaymard, zoologislesde I'expedition com- mandee par M. le capitaine (TUrviile. « Malgre les malheurs et les eontre-temsque I'expedition a eprouves, et bien qu'elle n'ait pu sejourner, autant qu'il eut ete a desirer, sur les cotes de la Nouvelle-Guinee, encore presque neuves pour la scien- ce, MM. Quoy et Gaymard en ont envoye et rapporte des col- lections plus considerables qu'il n'en avail ete forme jusqu'A ce jour, ni par leurs predecesseurs, ni par eux-memes. Fi- delement deposees au cabinet du roi, 11 en a ete fait des ca- talogues exacts qui specifient, classe par classe, les nombres des genres, des especes et des individus de cliaque espece. Tous ces animaux, depuis les plus grands jusqu'aux plus pe- tils et aux plus freles, sont d'une conservation qui annonce la plus grande habilete et la patience la plus soutenue. Les catalogues les complent par niilliers ; et rien ne prouvemieux I'activile de nos naturalistes que I'embarras ou se trouve I'ad- ministration pour placer tout ce que lui ont valu les dernieres expeditions, ct surtout celles dont nous rendons compte ; il a fallu desccndre au rez-de-chaussee, presque dans les souter- rains; et les magasins meme sont aujourd'hui tellement en- combres, que Ton est oblige de les diviser par des cloisons pour y multiplier les places. Les dessins se composent de 525 planches in-4°, contenant 3,35o figures ou details ana- tomiques, relatifs a i,265 especes d'animaux ; ces dessins rc- presentent quelquesquadrupedes (a cause de leurs attitudes), et tout les reptiles, les poissons, les moUusqucs, lesannelides et les zoophytes qui ont paru offrir quelque interet. Farmi les decouvertesde MBI. Quoy et Gaymard, il faut citer celle qu'ils ont faite dans la baie d'Algesiras, d'une famille toute entiere dc zoophytes, celles des diphydes, dont on n'avait qu'une seule espece, eten individus mutiles. Ce sont des ani- maux presque incomprehensibles, toujoursse tenant deux ;\ r>aS FRANCE. dciix, mais oi^ Ics iiuliviilus dc chaqiio couple nv sont pai< scmblahlos, I'lin dos deux einboitant I'autie, et I'ouniissaiit line guirlandc d'ovaires et dc tenlacules, qui traverse uu ca- nal de remboite pour pcudrc dans la nier. Nous ferons en- core reniarquerun grand nombredesquales, de grandes raies; doux nouvelles especes dc moles, un nouvean hernoptyx, et cinq on six poissons qui formcnt des genres nouveaux, mais dont M.Cuvier a dcja indique nne partie dans son regno ani- mal. Mais, ce qui plaira surtout anx amateurs, c'est ime suite de poissons, de coulein'scharmantes, qui n'avaient point encore ete rcndnes avec cctte vivacite. Les auteurs so sont concertes avec IMM. Lesson et G arno t , qn'i pulilient en ce moment la parlie zoologiquc du voyage du capilaine Duper- rcY, et avec MM. Cnvicr d Valenciennes, auleurs de VHistoire generate des poissons, afin que les especes qui seraient repre- sentees dans un de ces ouvragcsne le soicnt pas dans les deux autres, et que Ton n'y figure que des especes qui n'aient point encore paru ailleurs. D'apres cet expose, dit en terniinant M. Cuvier, rapporteur, il nous parait que les travaux execu- tes pour la zoologie, par les naturalistes de I'expedition com- mandce|>arle [capitaiuc d'Urville,repondcnt parlaitement a ce que les amis des sciences ponvaient en atlendre, et que I'on- vrage oii lis en rendront compte ne pourra que laire honneiu- a la France et a son gonvcrnemcnt. » (Approuve.) — MM. The- nard et C/ievreul font nn rapport sur un Memoire de M. Ro- BiQFET, concernaiit le principe colorant de I'orseille. L'Aca- demie decide que le Memoire de M. Robiquet sera insere dans lie recueil des savans etrangers, et engage I'auteur a determi- ner les rapports de I'orseille avec le produil colorant qn'cUe donne sous I'influence de I'oxigene et d'nne can alcaline. — M. BECQrEREi- lit un Memoire intitule : Des stdfures, iodures, ct broynures metaHiqites. — Du 2 novembre 1829. — M. Serullas annonce qu'il est parvenu a obtenir, par des procedes qu'il ne tardera pas a laire connaitrc, 1° un iodate acide de potasse, qui contient le double d'acide que le iodate ncutre; 2° un autre iodate acide, qui renferme deux fois plus d'acide que le meme iodate neu- Ire; o" un compose alcalin, a proportion definie dc chlorure de potassium etd'iodate acide de potasse. — M. GAy-LiissAC,au nom de la connnission chargee de prendre connaissance des inoyens proposes par M. le chevalier Aldim pour sonslraire les sapeurs-pompiers a Taction des flamnie?, entreticnl I'Aca- demie des experiences qui ont etc failes, et auxquellcs les commissaircs out assisle. PARIS. Say M.Gay-Lussac rend un ttmoignage ties -favorable des re- snllats que I'oa a obtenus. II emcl le voeu que I'Academie , lorsqu'elle procedera a hidistribulion des prix iMonlyou, oflVc a 31. Aldiiii une recompense digne de ses honorablestravaux, quiinttresscnt direclenientles artsoonservateursdela vie et de la surete. L'Academie apprend avec salislaction, par le rap- port de M. Sylrestre, que M. Aldini a rej»ete aujourd'hui avec succes, a la caserne de la rue CuUure-Sainle-Catheriue, les experiences qu'il avail faites i\ la caserne de la rue de la I'aix. — DuQ novernbre. — M. Billai'Del presenle une portion de machoire de palieotherium, trouvee dans les aigiles plasli- ques. — M. Cbvier presente une mAchoire infcrieure de Lo- phiodon, trouvee dans le calcaire grossier, a Nanterre. — M. DuREAC Delamalle presente des os I'ossiles, trouves avec de graudes dents de squale, dans ua terrain de iailiun. ' A. MiCHELOT. A thence royal de Paris, rue de Valois, ci-ilevant rue du Ly- cie n° 2 , prl's le Palais-Royal. — Ce bel et utile etal)lissemenl, qui se recommande aux amis des sciences et des lettres, par quaraiite-quatre an/iees de travaux nop interrunipus, vient de publicr le programme de ses cours pour I'annee i83o, (45' annee de sa f'ondation). Voici le resume de ce programme : Sciences PHYSIQUES.' — Astrononne,^l. Nicollet, professeur; • — Physique experimentale , M. Pocillet; ■ — Chimie, M. Dc- MAs; — Geologic, M. Constant Frevost; — Anatomie et Phy- siologic, M. Rkqcin, D. M.; — HygiSne, M. Thelat, D. M. Sciences morales et Litteratcre. — M. AugusteComB. fera uncourssurla/}/it7o5o/)/n'e/)o5tesoins du peupb; ; mais il a voulu s'y consacrer en enlier, ainsi qn'a la defense des idees nonvelles. Inilie aux secrets de I'ancien ct du nouveau regime, il etait nalurel qn'il tirat dc I'un de qnoi perlection- ncr I'autre, et popniarisilt, le premier, un moj^en d'oducation que Ton aurait pu considerer comme aristocratiqnc. Uiiir la grace et le bon goQt aux vertus plobelennes est un secret qu'il ne veut pas garder potir kii seul ; et ce secret, il nous le revelc, c'«st l' f da-cation par Its voyag-es. Au resle , cette lieu- reuse alliance semble hereditaire dans sa familie. On salt que son fils , tres-jeune encore , aprJ;s avoii-accompagne son pere pendant deux ans dans I'Orient, s'est bientot acquis une gloire personnelle, en parcourant I'Arabie Pctiee, et en rapportant de ces deserts de precieux elemens d'arcbeologi«. On se rap- pelle cette peroraison touchante d'ime de ses I«ltres, confiee a lii curiosile publiqne par la tendresse paternelle , morceau charmant, oii Tamour de la gloire se mele an regret de la pa- trie, et qui respire le part'um dc cette antiquite a laquelle ses derniers mots font allusion. Voila oi"! M. Delaborde veut ame- ncr nos jeunes gens , et il pensait sans doule a lui-meme ct a son fils, lorsque, dans le sein de rAcadcmie , il exprimail le >oeui' que ses jeunes voyageurs y f assent vrahvent Tinurge de leurs peres , HKovsi, T(>m 7rvripo.v , comme Us sont dcjd I'cspoir €t la consolation de la palrie. » Dans un Memoire intitule : De I'c'dacalion par les voyages , lu a I'Acadeinie des inscriptions et belles-lettres (seance pu- blique du 13 i juillet 1829), M. Delaborde a expose, pour la premiere fois , sa thiiorie nouvelle des voyages, et il a divise ies etudes des voyageurs en trois especes : et'ide des arts, etude des sciences nntnrelles, etude des sciences pnlitiqaes. D'api'cs ce plan, piusieurs pays, tout dillcrens de pbysioiiomic, tels que 554 FllANCi:. rilalic, la Suisse, rAjigleloirc, clc. . elc. , doiveiit elre explo- res dans uii CL-rtain orJre nulhodiqiic. Air.si , par excmple , ritalic scrvira d'abord A I'otudc des arts ; puis, la Suisse, a cellc dcs scicmcs naturt'lles; ciifin , rAnj^Ictcne, aux eludes politiques. Mais ce n'etail encore la qu'iinc idee purement speculative; I'espiil qid Tavait conoue n'a point tarde a la realiser. Bientol , sous le patronage de M. Delaborde , de jeunes Francais, nu'llanl en conimuu lenrs esperances el leur amour pour la science, vont parcourir Ics dillerentes con- trees de I'Enrope dans I'ordre (|ue nous venous d'indiquer. lis aiuont poor guide un honunc de meritc et d'iustriiclion , cliezlequel, par uusurcroil de prudence que les parens sauront apprecier, on a cherdu'; jusqu'aux connaissances niedicales. On conqirend facilemeul condjien , a I'aide de celte associa- tion, les depcnscs se trouvent diminuees; dorenavant elles n'auronl rien d'eflVayaut, nu'me pour les fortunes mediocre*. Mais ce n'esl pas lout; la sage prevoyancc de M. Delaborde a reconnu qn'il ne suffisail pasd'une oinio.^ite aventnreuse, et que, sans des eludes prelimiuaires , les Iravaux el les obser- vations des jeunes voyagcnrs man(iueraienl de bases solidcs. Partant de ce principe, il s'esl enlendu avec le olief d'un« uiaison d'instruction, distinguee par les succes qu'elle obtient dans les sciences, M.Loriol, connu Ini-mC-me par sa Gro- grapliic physique et hlsiorUfiie do la France par bassins. C'est dans retablisscment de M. Loriol que se ieront les eludes preliminaires, et pour aiusi dire, les approvisionne- mens scientiliques donl il s'agit. II y aura des eours de lau- gnes modernes, d'bistoire ualurelle, de botanique, de geolo- gic, et enfm d'economie politique. C'esl aiusi qu'on se metlra en elat de voir et de conquendre ; la curiosite sera excitee, I'imaginatiou eveillee d'avance; on soupircra apres ce tems oi'i, pour me servir d'une expression Iriviale, on ira siir le terrain appliquer d'une maniere active et pratique les veriles lenlemenl elaborees dans le silence du cabinet. Ce plaisir de TiJri/icalion, loujuurs renaissant, ne pent manquer de lenir I'esprit en baleine, pendant le voyage. De plus, le concours des lumicrcs, rcnuilation qui uaitra enlre ces jeunes geus, empresses a I'envi de realiser ce qu'ils out appris en conunun, enlreticndra en eux cettc piemiere ardeur du depart, qui, chez un voyagenr isole, s'endort souvcnl dans les distractions ou le desdeuvrement. Cepcndant, la maison de M. Loriol de- meurera le centre d'une correspoudance nun interrompue des t'lcvcs avec leurs parens et av((- leurs mailres. In extrail de lours oliseryjlions sera iiui'ie dans la (Jccrlte de rinstniction PA ins. 535 pahliqae. Tt'l est co jirojct (jiii ;i ilcja Tail (]iicl<[;ie luiiil dans Ic irioudc. Dcj.'i, plusicurs pcrsoiiiics, pour assurer d'avaiiuc radinission dt; lours ctifans, se sout fait inscrire clicz M. Lii- aiOL, rue ISeiirc-Saintc-Geneiicve, u'" 9 ct 11, oi'i I'on pciil prendre coiinaissaiiee dcs condiliuns du voyage, et voir la liste des jeiines gens deja admis poiu' le premier depart qui aura lieu dans les premiers jours de deccnibre. Cependaut, on s'occupe a nicllre en activite les etudes dont nous avons parle. Sans doute, ce plan, lors qu'il aura ete couronno des premiers succes. so developpera snr une euhdie pins large. JNoire France a la mission de repandre chez les autrcs peuple:; des veritcs utiles; la puissance de pioselylisme qui la disliti- gue, le caractere d'universaliti'; propre u sa langue(i) , sa I'a- cilite 'a imprimer un mouvcment inteliectuel i I'Europe, tout lui indique qu'elle doit, dans I'interet dc sa gloire, clier- clicr a multiplier ses points de contact avec les autres peupiesy qui auront aussi d'uliles sujets d'obscrvation ct d^inslruclion ix lui olTrir, et en meme terns rapporter, dcs autres pays, cc qui pent ctre utile dans noire patrie. Son esprit exerce une salutaire influence, partoul on elle peiietrc ; quels moyens d'inlluence plus forts et plus aclifs que I'elite dc ses cnians, devciius ainsi ses correspondani, aTetranger! A. V. Beaux-Akts. — Diorama. — Vue da Cainpo Santo. — Aprcs avoir briUe long-tcms du plus vif eclat, Pise, vaincue ct con- quise par les Florenlins , perdit sa splendeur avec la liberte ; inais ses monuujcns lui resttrent, et, dans le nombre, il en est plusicurs qui sont digues de teuir le premier rang parmi ceux dont s'enorgueillit I'ltalie, cette terre des mervcilles de I'art. L'un dcs plus remarquai)les est, sanscontredit, te Campo Santo, dont I'idee premiere appartient a rarcheveque Lan- franclii. Ce prclat , au retour d'une croisade, ayaut aclietc uu terrain situe pres de la cathedralc, le fit couvrir d'une grandc quantite dc terre qu'il avail rapport cc de Jerusalem, ct Ic con- sacra a recevoir les corps dcs fulclcs ; de la Ic nom de Campa Santo ^ Ce terrain, aujourd'hui planlc dc cypres et de myrtes, est enlourc d'une galerie ouverlc , formant un parallclo- granmie, et soutenue par des arcades en plein ceinlre. C'cst a i'un des angles de ce parallclogrammc que Ic pciu- tre a place Ic spectaleur ; de lu il voit, dans toulc sa longueur, (1) Voycz /fell. Enc, t, xli , p. G88, rexamcu de rinlcicsant ouvia!;e 58 NtCROLCGIl-:. iiiilc, pour prolcslercoiitrecciuiiiKlat (urollo rcguidait (•oniiiui^ int-giilitT et daii;;cn'"ix, cl pour i('(liuncr (l«! nuiiNttlles i-li'c- lioiis. Los dcpulos ilo l;i iioljlcsse fureiit obliges do dcmaiidcr de iiouveaiix poiivoirs. Nomine, en 1791, par la confiance dc ses concitoyens, nieni- bre dc rAsscniblce legislative, iM. Lailon de Ladebat , qui avail embrasse avec tant d'ardcur les iuterels ct les drolls de la nation, vint, lorsque I'existeucc dc la monarchic parut en peril, se placer dans les rangs de ceux qui (ireiit de vains elVorts pour la defcndrc. En mcme tenis , place a la tete du (Somite des finances, il s'occupa avec zcle , dans tout Ic coins dc la session, des niesures qui pouvaient, an milieu de si graves commotions, etablir I'ordre dans les depenses dc PElat et soutenir le credit public. Lc ao jnin 1792, il se rendil au chateau, pour s'efforcer de proteger la famille royalc, el recut li cette occasion du roi et de la reine des Jemoignages de reconnaissance. II presida I'Assemblce, du aS juillet au 9 aoOt, dans les circonstances les plus orageuses. Pendant les massacres de septemhre, ce fut a ses prieres que Chabot ar- racha I'abbe Sicard au Icr des assassins. Dcnonce, au mois de dcccmbre suivant, sous le faux ])rctexte qu'U avail recu des ionds de la lisle civile , il fut mis en etal d'arrestalion chez lui pendant plusieurs jours. Apr6s sa mise en liberie, il pril la direction de la caisse d'escompte , et conserva la liquida- tion de eel etablissemcnl, lorsque la suppression en cut ete decrelee. Arrele de nouveau, en 1794? ft conduit dans la prison des Carmcs, il n'echappa a I'echafaud que par le bc- soin qu'on eprouva de son credit el dc ses talens pour assurer le service des subsislanccs. — Les deparlcmcns de la Seine el de la Gironde lc nommereut, en septembre 1795, depute au conseil des Ancicns. 11 y professa les memes principes de sa- gesse el de moderation , et il y parla siu- la plupart des ques- tions de finance. 11 fut elu secretaire de cetle Assemblue, le 20 mai 1797, et president, le 18 aoflt. Aux approches de la journee du 18 fructidor (4 septembre 1797), il fit lout ce que sa position lui permcltait pour dejoucr les projets du Di- recloire, niais il ne put reussir a conjiuer ce funeste coup d'Elal, qui prepara cclui du 18 brumaire et I'asservis'^emenl prolonge de la France. Repousse par les baionneltes, le iS fructidor au matin, dc IVuceinte de I'Assemblee, il revint chez. lui avec (pielques-uns dc ses coUegues pour deliberer sur les moyens de lesistance. Peu de momens apres, lui ct ses collegues iurent arretcs dans ^a maison , conduits au Temjdc ; et inscrits le lendcmuin sur les tables de proscription, iU ■ NECROrOGIE. 559 furent tralnes d;ins dcs cliaiiots ile ler jiisqii'a Rochefbrt, enibaiqiio-^ li bord d'liue I'lcgute et jetes dans les deserts brii- lans de Siiiamary. Lu. M. Lall'ou de Ladcbat vit bientut torn- her aiiprcs de liii plusitiiis de ses CDnipagnons d'inibrlune, pliisieurs de ses amis, et entic aiilres le vertueux AJirinais, I'eloqiient Tnoftcow-DrcorDKAT. Plusieiirs dcs proscrits s'e- chappercnt; M. Luffun de Ladebat s'etait refuse a prendre part a leurs projets d'evasinn ; et , lorsqu'ils le qnilterent, il etait pres de suecttmber a la maladie Tiolente dont a son lour il avail etc atteint : ses compagnons le crurent perdu, et rcj)an- dirent la nouvelle de sa niort qui Tut annuncee en Franc*;. Reste seul avec M. de Marbois. dcs dix-scpt premiers depor- tcs, en butle aux vexations les plus iniqucs de la part des commissaiies du Dircctoire qui gouvernaient la colonic, M. Lafl'un de Ladebat conserva le calme ct 1» fcrmcte qvii sieeut a la vertu : pendant 21 mois d'exil, il continua I'l s'occu- per des etudes qui avalenl Tail le chainie de sa jeunesse, ct s'altacha a recueillir sur la Guyane dcs notions raiiees qui lui servirent a redigcr sur cctte colonie un travail complet que malheurcusemenl d'autres soins ne lui ont pas permis de publier. — Un des premiers actes du gouverncment con- sulaire, qui cherchait a I'airc oublier, par des actes de mode- ration et de justix;e, la revolution violente par laquelle il s'clail cleve sur les debris de la representation nationale, fut de rappclerla plupart des dcporlcs du 18 I'ructidor. M. Laftbn de Ladebat revint en France avec W. de Marbois ; I'inlerGt le plus vif accucillit ces deux victimes do la tyrannic directo- riale; inais tous deux n'en obtinrent pas Ic meme fruit. M. de Marbois fut porte aux plug cmincntes fonclions; M. Lafl'un de Ladebat fi;t laisse dans I'obscurile; et. plus lard, la reslaura- tion ne repara point I'oubli dans lequel le gouvernemcnt im- perial avail laisse ses services et ses malheurs. La carricre politique de M. Laffon de Ladebat ctait termi- ncc ; niais il ne depend pas du pouvoir de fermer i\ de lels hommes telle du bien. Le mouvement d'amelioration iiitel- lectuelle et sociale qui se rcpanilit en France, depuis I'etalilis- semenl de la monarchic conslitutionnelle, oITrit a H. Laffon de Ladebat dc nouveaux moycns d'etre utile : il les saisit avec ardeur. Les nouibrcuse.- associations qui sc formerent succes- sivement pour porter I'instruction primaire dans toutes les class.es de la socictc, pour rcpaiuli'c parmi les protcslans le code de la revelation, pour anieliorcr les methodcs d'enscignc- mcnl, pour rattacher aux qucstinns politiques la morale de I'E, a-.igilc, Ic coniptcrcnl au noml)rc dc Icurs premiers iiicm— 54o N^CROLOGIF. brcs, fet dc Icurs memhros les plus actifs et les plus assiJug. 11 clovinl I'un dcs adiuiiiistratcuiS do riii.stiluliou royale de.^ Jeiines Aveiij;k'S : il eut pour cos infoilunos un interet do pore, et iie cossait de s'ociHipor de tout ce qui pouvait amo- liorer leur condition. II olait niombre du consistoire de I'o- glise reforniec, nicml)re des deux comites cantonaux d'ins- truction primaire, catluili(|ue et protestant. Eufin, une autre institution avait particuliorenieiit attire son interet ctsessoins, la Socicie protcstnnte dc prcvoyance et de secoars mutiieln, {|u'il rogardait comme une roiivre procieuse de moraiite et de se- curilo populaire.- — Dopuis trois ans, il prestdait celte sooiete, ct c'est en grande parlic a la perseverance de ses sollicitations qu'est due rordonnanee royale qui I'a approuvoe et reconnue comme ctablissement d'ulilite puhliqiic. II y a pen do mois encore, dans nne assembloe generalc de cctte societo, en mot- tant sous les yeux de raiuliloire cctte ordonnance, et apros avoir rappele loutes les institutions utiles qui se multiplient de jour en jour en France, il se felicitait, an terme, disail-il, comme s'il eut prevu sa fin prochaine, aa terme d'une car- riire (oiigiie et oragease, de voir liiire sur sa patrie des jours plus heureux et romblcr ainsl ses raeux les plus ardens. M. Lafftm de Ladebat ne I'ut pas seulcment eprouve par les tempetcs politiques. Des pertes crucllos brisorcnt plus d'une fois son amc. Des revers de t'ortimo vinrent plus dune fois I'arracher au repos et a la tranquiliito. Des entreprises aux- quelles il s'etait livrc, plus encore dans un interet public que pour des avantages personnels, Iromperent ses esperances. 11 vit deux de ses fils frappcs tour a tour par d'injustes destitu- tions, dans les postes qu« leur avaient merites leur couduite et leins travaux. II suppoita ces pertes et cos revers aveo une fermete d'ame pen commune, et avec la resignation du cbro- tien. Plus qu'octogonairo, mais jeune encore par toutcs les facullos morales, par tons les senlimens du cceur, sa plus douce consolation otait dans ie i)ion qu'il I'aisait ou «pi'il Voyail fairo , ct il continuail a apporler dans toiiles les asso- ciations dont il etait mem'>re la memo intelligence , la monie chalenr d'ame. C'est au milieu de ces occupations que la mort est venue, pour ainsi dire, Ic suiprendre ; car sa maladie n'a dure quo pen de jours, et il a rcnilu Ie dernier soupir, le i^ oct(il)re i8'-«9, au milieu de ses eiil'ans, pros d'ac(;om])lir sa 8")'' aniioe. Ses rcstes mortels ont e(e cundiiils an ciuietiore do I'Est et deposes aupres dc la ionmio excclleiite qui I'lit la compagno de sa vie pendant 4oans. Ses cinq fils menaient le deuil. Un grand con- NliCROLOGIE. 54 i cours tie personnes de tout rang et des deputations des asso- ciations religieuses et philanthropiques dont M. Laffon de La- debat faisait partie, assij^tnient a cette tiiste ceremonie. IM. le pasteur Frederic 31oisoD a loue dignenient les vertus du de- t'unt, les sentimens de piete qui I'animaient et les services qu'il a rendus a la religion protestante, soit comme membre do Consistoire, soit comuie vice-president de la Societe bi- blique. Dans ce discours plein d'onction et de sensibilite, M. Monod a rappele un fait qui a paru produire sur I'audi- toire une vive sensation. « Depuis onze annees, M. Laffoa de Ladebat venait regulierement , le jour anniversaire de ce- lui oii il avail eu la douleur de perdre la compagne de sa vie, payer a sa menioire, sur sa tombe , un tribut de souvenirs ct de regrets. Plus d'une fois, il avail exprinie le desir de mourir ce jour-la menie;el, par one dispensation I'rappaule de sa Providence, Dieu I'a rappele le meme jour et piesque a la nieme heure. » Apres M. Frederic Monod, M. (iuizoT, conseiilcr d'Etat et protcsseur ;\ la Faculte des lellres, le venerable M. 31arron, president du Consistoire de rEgiisc reformce, el JM. ledoclcur PiGNiER, directeur de I'lnstitution des Jeunes Aveugles, ont retrace les litres de 31. Laffon de Ladebat a I'eslinie et aux regrets de ses conciloyens et de son p;iys. Nous terminerons celle Notice, en cilanl quelques passages de I'eloquente im- provisation de M. Giiizot. « II y a plus de trenlc ans, Messieurs, les parens, les enfans de riiomme de bien dojit nousvenons deposer iciles restes, le pleuraient comme ils le pleurenl, portaient son deuil, comme ils le portent aujourd'hui. lis le croyaienl mort : mort, non pas au milieu d'eux, enlourede leurs soin;', console par leur tendresse : car la tendresse console, au moment meme ort elle est la source des plus dechiranles douleurs; mais a i,5oo lieues de sa famille, de son pays, sous un autre hemis- phere, dans une pauvre case d'esclave, en proie a toutes les souffrances du corps et de I'ame, an fond des deserts de Si- namary. La tyrannic I'y avail jete. Messieurs, la tyrannic qui ne pent vivre en paix avec la verlu M. Laffon de Ladebat etait, depuis pr^'S d'un an, sous le ciel devorant de la Guyane, lorsque sa famille rccut la nouvelle qu'il y etait mort. La nouvelle etait fausse; il fut rendu a ceux qui le pleuraient rendu a une epouse, a des enl'ans qui le croyaient mort. Quelle joie, IMessicurs, si aujourd'hui, en ce lieu, il esl permis do prononcer Ic mot dc joie. Oni, sans 1^1 NliCUOLOGir. clonic; on pent, on doit lo prononcor; 1« lionlo i]i\iii(' a ;u- corde iin pi-re trento iins depliis a ses ent'ans; aiijouid'hiii memo, nil moment ou il leur est relire, ils e-n o;aitlcnt, j'eii siiis sur, le plus vif seniimcnt, la plus profonde reconnais- sance Toiites Ics associations dont M. LalTon de Ladi'hat faisait paitie, tons leurs mcmlnes, tons cenx qui ont pris part a leurs travaux ou rcssenti leurs bicnlails, meient ici leurs regrets aus regrets de tons ses amis, leurs homma- ges aux liommages de tons cenx qui I'ont connu. Qu'il nous soit pcrmis de le dire, car la dotilenr la plus prol'onde doit se plaire a I'entendre, cct homme de bien, en nous qnittant, a laisse derriere lui toutes les consolations qui ponvaient se ineler aux affections humaines : il n'a point ete arrete an mi- lieu de sa carricro. II est mort plein de jours : sa mort est pleuree : ses enfans lui ont ferme Ics yeux. Sans doute, le present leur est cruel ; mais ils ont dans le passe les plus nobles souven'rs ; dans I'avenir, les plus glorieuses csperan- ces. C'est tout le bonlicur qu'il est permis aux liommcs de prelendrc ; il est donne i\ bien pen d'en jouir.n TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE GAIIIER DE NOVEMBRE 1829. I. MEMOIRES, INOTICES ET Ml'aAlNGES. Pages. 1 . Considoralions gcntralcs sur la philosopliie positive. . . . Auguste Comte 270 2. Reflexions sur rimprovisalion D***. 3i2 II. Ar^ALYSES D'OUVRAGES. o. Momoires dc la Soci6te des arts ct des sciences de Batavia ; ( troisi^me article) Depping. 027 4. Considerations sur la n6cessil6 etles niojens de reformer le regime iiniversitaire, par J. P. Gasc iV. 009 ,'». Hisloire de France, depuis la restauration, par Cli. Lacre- telle •.,..•...,. M. AvcneL 548 G. Ilistoire des campagnes et des sieges fails par les Italiens en Espagne, par G. Vaccani (ouTrage ilalien) . . . . F. Salfi. 072 7. 1° Hisloire de la vie et des ouvrages de Moliere , par Jules Tascherean; — 2" Ilistoire de la vie et des ouvrages de V. Gorneille, par le meme Chauvet. 084 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 91 ouvrages franfais elelrangers. AMEniQUE SEPTEKTnioNALE. — Etats-Ujils, 2 , dont 1 ouvr. perlod. 098 EunoPE. — Gramle-Bretagnc, 7, dont 1 ouvrage periodique. . . 4o2 — Russie , 4 4o8 — Suede ,1 4i2 — Danemark, 2 4i5 — AUcmagne, 7, dont 9 ouvrages peiiodiques 4^7 — Italic, 5 427 — Pays-Bas , 10 , 4^5 France, 55, »a\o\v : Sciences physiques et nalurcllcs, l5 4^6 — Sciences religieiises, morales. polUiqties ct historiqiics , if\. . . 449 — Liitirature , ao 4^7 — Beaux-arts .1 490 — Mdmoires et rapports (le socidtts savantes, 2 49^ — Livrcs en langucs diraugercs , imprimcs en France , 1 . . . . 49^ 544 TABLE »■$ ARTICLE!). IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTl'iRAIRES. Afriqi'e. — l^gyple; Voyage scicntiOque de MM. Champollion jcune et Uosellini 496 EUROPE. Gbaade-Bretagne. — Concours dc voiturcsa vapcur. — Nouvt-llc diligence .'i vapcur 5o3 RussiE. — Censure 5ofi Danemark. — Instruction primaire et publique. . . 5 1 4 Suisse. — Gf»iere ; Soci<5te de secours 5 16 Gbece. — R^sum6 sommaire des derniers ^vdneiuens relatifs h ce pays ,5i8 Pais-Bas. — BrHxei/es ; Soci6t6 royale d'horticulture 621 France. — Paris : Instiiut : Acadeniie des Sciences : Seances du iQOctobre au 9 noveuibre 1829. — Athenee royal : cours de i82g-i83o. — Banquet meusucl de la Revue Encyclopd- dique da i4 novembre iSai). — Plan d'dducatiou par les voyages. — Beaux-Arts : Diorama Sao Neckologie. France ; Laffou de Ladcbat SSy REVUE DEUX MONDES RECUEIL Parly is the madness of many , for the gain of a few. " L'esprit de parti est une folie de beaucoiip d'hommes au profit de quel° i.ivRAi.sox, ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIOiSS LES PLUS REMAUQUABL DAKS LA UTTiRAT! T LiiS AKT! i» Pour Ics Sciences phr^^ [:■'$, AiHa /».'.'' MM- Casaseca, do ]\I;n!nd ; v..;. ..,r,_., .....vm;, ^tiviasQ, Oe i'!i..-ii:i- J. J. BaIDK, DlBRL.M alt, 11. Ul'SSARD, FeuSY, KrA .SCOIiCR , Ap. CuN di.net; D. Labdnek, ile Londros; A. B'icui:!.oT, cii ?.!o:vici;r.v, TJi. ni: _ DKJoSJifs, QlKi-RLEJ, T, RiCHAll U, WaUDU.I , elC. 2° Pourles Sciences naturcUcs : MM. I'tofUKivs, Geofi' hoy Satut-? .' ! del'Instltul; IJiinv de SAiNT-''t i \( ■: , r. c iri "s i'i:if!niil -Ir i' ri.^li; i;i • . Bo?(AFOCs, de T HlLAIRK, elc. 3" rouries ScKmcs iiiaiiccia: : .',:'. j. i^Ai:in(\-', '..^.-'l . ijoix , i'css.'.!! Oasc ; OnasoN, de Ilambourg; be KuicKuotF, d'Auveis ; Higoiloi- 111- d'Amicns, etc. 4" Tour les Sciences phibsophiijiws el morafcs, polili'/iicXj ficograpliii/tic: el liisloriQtics : ]\IM. M. A. Jillitn , du Paris , Foadat<;iu-l;ii cctoiu- de ! : l>ev(ic EiicyclGpcdii/iie; ApOLnis Blakqui, Alex, de i.a Riikce, Jomaal', de I'Inslilut ; M. Avilvei, , Baueii! iic Docage ills, Pkkja.mih Constant CnAUtES (.loMlE, DePHXG , DlFAI' , I>Ur■[(•.: TSr.v : Bocciie^sU-Lefeb, Cii. P.r^ouAHo, • 5° Vonr \^ Liltcral lire frtiniuisc i. logie ci ie.A Bcaiix-Jrls : M^i. Ake-.u^x, ...m ■. t. ,.v-i;: v,-,:,, ;•.;,,; i,,- Lkuehcikb, be SiGtn, de I'insliliit ; Axdimkcx , dc Linixres ; JI"^' Belujc; mm. J. -P. Bhis, Bir.-suvf fils , CnAoVEi; Cjiiauiki , ri'^ vie; P.-.\. Coipi:^ , Fn. DKr.EoricE, DtisiEn.SAA; llo. GAurTUH-t'.Vnc ; I'l.. GoLBiSnY, cunpspondaiit de I'luslitiit ; LilON Halevv, Uir.Micns, V.. Ho beau, Akgxste Jui.i-iEN iirs^BERNAiiD Jn.i.iB.'); Kaiats, di' Kaute; Aoeie,\- Lafasge, .T. V. LFcuiBC', A. MAnrr., D. P. HEAor.ii,; IVIokgiavk; Wo nARD, de Lausanne; C. Pagakei.,1I. Pati.v, A.nsbi,me i'ECKTiN, Po-%<;Knv)i.i,i , BE Beii- fe.nberc; be P\ouionx; i-k Sr ASStif^jdcBruxeUes; Fs.Sali' i, W. Si.;: > NAS, Scil.irrZLEB, SeBVA-V liKSuCNY; LjiO£«THlES3S, V. F. T«^;30I,^ ICIIEJ;- ^ItLENAVE, etc. '. tCMHT . •sSlAli . iOXE! . A PARIS, AL EBBEAn CENTr.AI, I)E LA KEVIE E.\CYCI,Or)';PiO'. E . Cliez SEDILLOT, uitRAniE, rce j/i vit"'^"--'-v !■■ • ARTHUSBEHTIIANI), Kvr. :: Di^lCEMliRE 1S29. h0mmmim>''^ -' EMENT. 5';'; Ic maitrc d'une maisou meublee tire iin beruficc dc sesloca- taires. E'enscignemeiit mCiiie qu'il fait doniier est mu; malicrc dc commerce : 11 nc le livre aux eleves contre le prix qiTil y a mis, qu'apies I'avoir lui-meme achete des maitrtis avec Ics- quels il a contracte. L'Uiiiversite royale, considcree sous le rapport financier, n'etant en realitc qu'une agence de commerce , on pent se demander s'il est bon, en principe general, qn'un gouverne- ment se livre a des enlreprises commerciales. Celtc question n'est pas nonvelle : iMontesquien I'a resolue ; et la solution qu'il en a donnee a ete pleinement confirmee par les progres de Teconomie politique. La rai^on principale snr laquelle il I'onde son opinion a cet egard est I'incoiiipatibilite qui exist© entre les fonctions du gouvernement et les interets qu'il au- rait a defendre en sa qualite de commercant. II est impossible qu'(m individu se livre a des actes nombreux de commerce, sans qu'il s'eleve tot ou tard des dLfferents entre lui et les per- sonnes auxquelles il aclicte ou celles auxquelles il revend. La mission d'un gouvernement etaiit de tenir la balance egale entre les personnes qui out a regler des interets en litige, comment remplira-t-il cette mission, si, dans le plus grand nombre des cas, il est une des parties litigantes? Les parti- culiers, qui auront contre eux un adversaire si puissant, pourront-ils toujours compter sur une justic j impartiale? II n'est aucun genre de commerce qui ne soit soumis a des lois. II en faut pour regler les rapports que les parties out, soit I'ulre elles, soit avec le public, soit avec le gouvernement. S'il faut des lois, il faut des juges qui les appliquent, et une auloritc qui les fasse executer. 31ais de graves difficultes se presentent, lorqu'un gouver- nement forme des entreprises commerciales : s'il nieconnait ses engagemens, qui le contraindra a les remplir? s'il viole les lois en sa qualite de commercant, qui le contraindra a les executer? quelles seront les garanlies de sa fidelite ou de sa ponctualite a tenir ses promesses? Ici, nous raisonnons, comme Montesquieu, dans la sup- r>iS ni- AlONOPOLE ])o.-» inconvriiieiis scront bicn plus nomliieiix et ijien plus i;ravcs, si iioiis s!ij>p()s«»ns que. par lo monopole , it a ecarte loiis U-s roiKiirreus. Mors il povina aclictcr dcs niarchandiscs dv niaif- Aaisc qnalito a trcs-])as prix, cl les revciulre Ircs-chcr, si cela 111! convient, on mt-me ne [loint on vondre dii lout. Slipposons qu'un gouvonienicnt , au lieu do se faire maiire de pension gt-ncral, se constitue {,Mand entrepreneur d'auher- ges ; supposons qu'apres s't-tre altribnc le monfipole dc co dernier genre de commerce, il s'attribne le pouvoir de faire manger a ses heures les personnes qui logcront chcz Ini, de leur I'aire servir ce qu'il Ini plaira , et de fixer a son gre Ic prix des repas; pense-t-on que les voyageurs seront nierveil- lensement trniles? II donnera bien, nous le supposons, a scs gerans et a ses cuisiniers I'ordre de bien servir les gens ; et, si les vojageurs sont mal, ce ne sera pas laute dc circulaires; mais, conime en definitive les econnomies qui scront failes sur la qnalite et surla qnanliledes alimcns tourncront an profit des gerans, il sera fort a craindre que les auberges rfc soicnt pas ton) ours bien fournics, si ce n'est peut-etre pour les ins- pecteurs. Que de clameurs s'eleveratent contre un gouvcrnemcnt qui reduirail en mftnopole le metier d'aubergiste , et (|ni s'en re- servcrait rexploitation ! Les journanx, fussent-ils dix fois plus nombreux qu'ils ne le sont, ne suffiraicnt point poisr pnblicr les reclamations qui arrtveraient de touti's parts sin- la nature et la qnalrte des alimens , sur le logcment , sur la maniere dont on serait servi. Quoique le nombre des persoi>- nes qui voyagent et qui sont dans la rrecessite de s'arreler dans des auberges soil peu considerable, compurativement au nombre de celles qui restent chez el les, et quoique le tems consacre a des voyages soit fort court, comparativement au tems pendant leqiiel on reslc chez soi, un semblable mono- pole donnerait lieu a tant de plainles qu'il n'y aurait pas moven dc le conscrvcr. 1)E L'ENSiaCNKMIvNT. S/io 11 s'cst trouve en France, il y a vingt ans, iin goiiTcmc- iiient qui s'cst altribue, non le monopole de la proios.sion d'aubergiste, mais le monopole de maitre de pension. II a fait garnir des espuces d'hotels, y a place des economcs, des cuisiniers, des vivrcs; puis, il a dit : nul, excepte moi, ne pouna rccevoir des enfans, pour les nourriret les instiuire. Lcs enfans qui me seront livres, seront loges, vOtus, nourris, endoctrincs selon que mes agens le jugeront convenahle. Leurs parens me paieront la somme qu'il me plaira de fixer, ct ils n'auront aucune inspection dans rinlcrieur de mes maisons. Oct aclc, sans exemple dans les annales d'un peuple civi- lise, qui ravissait aux parens le droit et le devoir de choisir les institutcurs de leurs enfans, de surveiller leur education, de s'occupcr journtUcmenl de leur bien-etre ; cet acte qui, apros avoir frappe d'incapacito tons les chefs de famille, I'rappait d'lncapacite toute la parlie eclairee de la population, en inferdisant I'enscigncment a tout homme qui ne voudrait pas se mcttre an service du pouvoir, on que le pouvoir ne voudrait pas agrccr; cet acte, disons-nous, passa presquc inapercu au milieu d'une mullilude d'autres usurpations, destinees a faire disparaitre de notre pays jusqu'aux derniers vestiges de liberte qu'on pouvait y rcmarquer encore. Au- jourd'hui, les esprits sont lellemcnt familiarises avec une- institution qui blesse I'homme dans ses devoirs lcs plus saints, et dans ses affections les pins cheres, que le monopole de I'enseigncmcnt est place sur la mSme lignc que le monoj)ole de la vente des tabacs, on de la fabrication des poudrcs. Nous sommes done obliges de I'examiner, comme nous examine- rions la violation d'un simple droit de propriete, ou une ques- tion d'economie. Dans les occasions pcu nombreuses oi"i Ton a tente de don- ner aux honmies des institutions plus parfaites que ne le com- portait Tetat des esprits et des mceurs, on n'a janais tard«'; a s'apercevoir qu'elles ne produisaient pas tout le bien qu'on < ii avail espcre et qui aurait du naturellemcnt en resullcr. Dp ijo hi MONOrOLE niCiiic, lorsqu'on a elabli clici lui peiipic (lui avail tlcja fait ties progros dans la civilisalioii clcs inslitiilioiis-pliis ou moins barbares, elk-s ii'ont pas prodiiit iiiunedialcmcnt lout Ic nial qui clevait en Ctre la suite naluielle. Comnie, dans Ic premier eas, la salulaiie influence des institutions etait en parlie pa- ralysce par les crrciirs ou les vices des hommes qui devaient Ics nicllre en action , dans le second , les mauvais cffcts en elaienl en pailic suspendus par le nombrc plus ou moins con- siderable des bonimcs auxqncls rcxoculion en elait confiee. Si done le monopole de renseigncmenl dans les mains du gouvernement n'avail pas immedialement engendre tons les maux qu'on aurait dfi prevoir, il ne la\idrail pas en lirer la consequence que cette institution n'etait pas essenliellemcnt \icieuse. II faudrait se rappeler que des institutions bonnes ou mauvaises ne sont complitemcnf elficaces que lorsqu'elles out produit des hommes qui se trouvent en harmonic avec clles. Une autre circonstanccdcvait con tribuer a suspcndre,au moins pour plusieurs annccs, les effefs desaslrenxdece monopole. La France, quoique privce de toute institiilion popidairc, n'etait pas descenduc assez bas pour qu'il fflt possible de priver dc tout moyen d'inslruction une parlie considcra])le de la classe aisee. D'un autre cote, le gouvernement qui s'altribuait le monopole n'avait pas le moyen de I'expluiter sur-le-chanip tout entier; il fallait qu'il consenlit a le partager pour un terns, et a conserver quelques-unes des maisons d'education qui etaient depuis long-terns elablies. Ccs maisons, il est Trai , lurent assujetties au regime arbitraire qui pesait siir les maisons elablies par le gouvernement; maiscomme, sur beau- coup de points, rinteret individuel des mailres de pension se trouvait d'accord avec celui des eleves, tons les avantages de la concurrence ne furent pas compltlement aneantis. Si nous voulons juger le monopole applique a I'enseigne- mcnt public et cxerce au profit du gouvernement par les mains de ses agens, nous devons done ecarter les circonstauces accidentclles ct transitoircs qui pouvaicnt en tcmpercr Ics DE L'ENSEIGNEMENT. 55 1 cftiits. Nous devons nc pas oubliiir qu'un peu plus tut ou uu peu plus tard I'osprit et les moeurs des houimes se mettcnt en harnionie avec les institutions qui les gouvernent, et qu'il est dans la nature du despotisme de croire qu'il ne sera en sTirete que lorsque tous les vestiges de la liberte auront complete- ment disparu. Eafin, nous devons nous rappeler que les mai- sons d'education qui app irtenaient i des particulicrs n'exis- taient que par tolerance, et que le pouvoir avail la faculte de les soumettre a tel regime qu'il lui plairait, ou meme de les supprinier. Si maintenant nous ne perdons pas de vue ces consiuerations, ilnous sera facile de nous faire des idees justcs du monopole. 1°. Tous les peres et int;res de famille, sans exception, sont declares incapablcs, ainsi qu'on I'a deja vu, de choisir les in- sfituteurs de Icurs enfans et de surveiller leur education. Sous le rapport de renseignement, les droits de la puissance pater- nelle sont effaces ; les devoirs qui sont inseparables de I'exer- cice de cettc puissance sont abolis. Le tres-petit nombre d'hommes qui seront assez riches pour avoir des instituteurs particulicrs dans leurs niaisons pourront , il est vrai , faire instruire chez eux leurs enfans; mais I'instruction qui sera ainsi donnee sera comptee pour rien, et ne conferera aucunc capacite (i). •2". L'enscignement etant un droit regallen , tout individu est declare incapable de I'exercer, soit pour son propre comptc, soit pour le coinpte d'autrui; toutes les capacites relatives a renseignement sont laproprietc exclusive du gouvernenient ; elles ne pourront etre cxploitees qu'a sou profit, ou avec sa permission speciale ; dans tous les cas, il en reglera I'exploi- tation comme il le jugera convenable , et la durce en sera dc- lerminee par son bon plaisir. (i) Geci etait vrai, il y a quelqiies annees; aujourd'hui, le cerlificat du peie, conslatant que I'eleve a suivi un cours parliculier de rhctorique ou dc pliili)so|)hie, est consid/'ie comme ayanl la meme valcnr que les cerlirK'ats delivies par !(~s professeiirs dc I'Universile. ')•,>. 1)1 MO!S()r()Klv r»'. Lii imissiiiK (■ jiiifwiicllf, cii loiil ce ([iii ticiit a i'iiislriic- lion, est dtlvoUic aii gouvcincincnt, qui la fera exercer a si>ii grc dans (?os inaison5 t'tablies a cet clTet, dont riiispcctior> n'apparticndra ({ii'.'i lur. 4°. H fixt'rn, coiiimc il Ic vnudrn, la maniere donl les en-, fans qui lui sciont lines, sernut logrs, nouriis, veins, diauf- los, sans «nie Ics parens p^iisscnt s'en melei' d'aucune manieie. 5". II fixeia egalemcnt I'especc d'insUuctionqui sera donnee aux enfans, sansqii'il soil loisible ^ pcrsonne do lenr enseigner ent des inspectenrs, des verifi- catenrs, doiit nn particnlier n'a nul liesoin , parce qn'i! veri- fie tont i)ar lui-mCme. Cepcndant, avec les nom])ren.v agcns qn'i! emploie, il est presqne impossible qu'il nc soil pas trompc. Quels moyens pent avoir nn gouvernement ponr s'assnrer, par exemple, si le bien-etrc physique des enlans que les pa- rens sont contrainls de Ini confnr n'est pas saerifie ;t"rava- rice des directeurs des maisons entretenues par lui? Que de moyens dc commettre des fiaudes sur la qualite etsnila qnan- tile des alimcns! Les fraudes de cc genre penvenl etie d'an- tant plus noml)reuscs, ct avoir des suites d'autant phis fu- nestes, que les enfans contre lesqncls on pent les comnieltrc n'ont ancun moyen ni dc les deconvrir, ni de s'en garanlir. Les parens n'ayant aucunc snrveillanec a exerctr sur des liommes qui ne lenr doivent ancun conqite n'ont ancun moyen de jnger le regime anquel leurs enfans sont assnjellis. L'alleralion de leur santc est le senl signe anquel ils puissent reconnaitrc que ce regime n'est pas bon ; encore est-il pos- sible de les trompcr, en altribnant cette alteration a d'antres causes. Si les fournisseurs des armees ne passent pas on gene- ral pour des gens fort scrupulenx, qu'on jnge de ce que doi- vent etre les fouinissonrs des ecoles. 1! est bien plus diirnilc encore, soit pour le gouvernement, suit pour les parens des enfans, de s'assnrer de la bonle de DF L'ENvSKICNKMENT. 5o; ronselgnemcnt , que de s'assurer dc la bonte dcs alimcns. 11 n'cst personne qui ait la siniplicitc de croire (juc le nioaopolc dc renseigncmcnt a pour objct de faire apprcndre i\ des enlans du grec ou du latin. Les hommes les plus boiiies savent Tort bienque c'estun iusfniment destine a faconner les bonimes, conformement anx vues du pouvoir dominant. Si la tendance du gouvernement est militairc , il n'y aura d'avancement que pour les directeurs ou les maitres qui sauront donner aux en- fans les idees , les moeurs , la discipline des soldats. Si I'in- (luence passe du cote du clerge, le moyen le plus sur de par- venir aux honneurs et a la fortune sera d'assujettir les enfans a des pratiques devotes, et de leur donner, siaon des senti- mens religieux, au moinsdesapparcnces religieuscs. L'instruc- lion sera done toujours sacrifice a un but politi(jue. Et, de bonne foi, peut- on esperer qu'il se trouvera jamais des ministres qui mettent un grand interet a faire apprcndre a des enfans la langue dcCiccron ou dc Demosthenes? Qu'importe a un minislereque des enfans places au college fassent bien ou mal leurs versions ou leurs themes ? Que lui imporle (ju'ils sachent bien ou mal leur langue , qu'ils sachent ou ne sachent pas faire un calcul? 11 sait bien qu'aussi long-lems qu'il aura des emplois a donner, 11 trouvera des hommes pour les rem- plir. Son interet est de conduire les affaires de maniere a ne pas engager sa responsabilite, et a eviter les reproches qui pourraient ebranler son inlluencc. Or, tous les enfans qui sont places dans lesmaisons du gouvernement pourront faire bien des solecismes et bien des barbarismes, avant que leurs themes ou leurs versions deviennent I'objet d'un debat parle- mentaire. Les professeurs ne sont pas plus interesses que leurs supe- rieurs, soit a pcrfectionner les methodes d'enseignement, soit a faire faire des progres aux eleves. En s'emparant de I'in- struction publiquc, le gouvernement a fixe par un tarif la va- leur de toutes les capacites. Tne fois qu'un individu est par- venu au degre auquel il peut rialurellemeut aspircr, il u'a plus ricn a faire pour s'y maiutcuir. Tout cc qu'il donncrait a 558 DU MONOPOLE rinslruction il« scs elcvos, au-dela ile ce qu'il letir doil ligoti- leiiseniciit, serait un doii puioau'iit gratiiit. M'ayant aiicuiu! concmrencc a craindre , ni aucuu iulcrCt a lairc luieiix, il est dispense de tout effort. Son interel desoniiais est de clierclier un autre cniploi a ce qui lul resle de tems on de capacite. S'il n'en trouve pas , il n'a rien de loieux a faire que de consacrer son tenis a la paresse. Dans les pays ou il n'existe de privileges pour personne, ct oil les professions sont librcs, y\i\ lionime ne pcut s'tlever ct conserver le poste auqncl il est parvenu, que par des tra- Taux continiiels. Lc prix de ses leoons et le nondirc de ses eleves puuvant s'accroitre ou diminucr avcc la capacite qn'il a pour i'enscignement, il est conlinuellcment slimule a Lien faire. Tout progres de sa part peut etre suivi d'une i-ecom- pense; toute negligence entraine apres elle un chaliment. Un etuhlissement parliculicr consacre a rinstriiction est pour I'individn (pii I'a lormc nne propriete de laniille : celui auquel la direction en apparticnt tend sans cesse a le pcrfectionner. Ln etablisscmcnt public consacre au mcme objet n'est, pour les honinies qui y sont employes, qu'une propriete viagere : pourvu (|u'il dureautant qu'eux-memes, cela leur suflit. L'objet principal de I'instruction est I'interet de la genera- tion alaquelle on la donne, ct les parens sont les meilleurs juges de ce qui convient a leurs enfans. Ecarter les parens pour leur substitucr des delegues de I'autorite publique, ce n'est pas donner a la surveillance plus de luiiiicres ou d'acti- vite ; c'est, au contraire, debarrasser les directeurs et les mai- tres des maisons d'ediicalion, des surveillans ies plus vigilans et les plus dairvoyans. Dans I'etat actuel de nos iois, ou du moins de notre juris- prudence, les agens de I'autorilt! publique nc sont tcnus a aucune responsabilile envers les particuliers qu'ils ont leses, a uioins que le gouvernement lui-iueme ne juge a propos de les faire poursuivre. Tons les hommes employes a I'enseigne- ment sc trouvent done dispenses de rendre aucun compte aux parens de la inanierc dont ils fraitent leurs enfans. Un pere DE L'EiNSEIGNEMENT. 55<) qui place son fils dans unc maison du gouvcrnenienl lo livrc a I'arlutraire dc Uius les individiis qui exercent un cniploi dans la maison : il leur donnc sur liii un pouvoir plus etendu que celui qu'il possode lui-meme. En effet, s'ilse rendait cou- pable d'un delit cnvers son ills, les magistiats ponrraient le jtunir; uiais, si les agcns auxquels il le confie se livrent a des exces a son egard, la justice ne pouna les attcindre UA'ant d'a- voir recu la permission d'agir. Nous aTOus observe precedemmcut que, lorsqu'un gouver- nement se livre a des entrcprises commcrcialcs, les particu- liers n'ont aucun moyen de le contraindre a reniplir ses en- gagemens ; nous Irouvous ici plusieurs exeniples'(|ui prouvent la verite de cette observation. Lne loi du 5i mai i7g5 ordou- nait I'etablissenient d'une ocole primaire dans tous les lieux ayant depuis 4oo jusqu'ii i5oo liabilaus. Elle voulait que, dans les lieux on la population serait trop dispersee, il put etre I'orme une seconde ecole primaire. Les ecoles devaient t'tre divisees en deux sections, I'une pour les garcons, I'autre pour les filles. On devait enseigncr aux eleves, suivant la loi du 17 novembre ijcjl, la lecture, I'ecriture, les elemens de la langue francaisc, de la geographic, de I'histoire, les re- gies de calcul simple et de I'arpentage. Les eleves devaient etre instruits dans les excrcices les plus propres a maintenir la sante et a devclopper la force ct I'agilite du corps. Comment I'autorite qui s'est emparee du monopole de I'en- seignement, a-t-elle rempli les obligations que ces lois lui im- posaient? Le voici : le monopole existe depuis vingt-trois ans: cependant, sur trente-deux millions d'habitans, dont Li population de la France se compose, il y en a quinze mil- lionsqui ne savcnt pas lire; sur trenlc-six mille communes, il y en a seize mille duns lesquelles il n'existe point d'ccoles; sur six millions d'enliins qui sout e;i age de recevoir des le- oons, on en compte a peine un million et demi qui iVequentent les ecoles. Suivant la loi du i"ir)ai 1802, les lycees appeles aujour- d'lmi colleges royaux, devaient enseigner aux elcves les Ian- 50ri bU MONOl'OLK giics anciciiilcs, la rheloi'i(|ueJi) logiqnc, la nioralt- ol Ics I'lo- iiieiis des sciences inatheinatiqiies el physiques. Dans tousles colleges on a sans doute enseigne dn latin, du grcc, et lesele- niens des niuthematiqncs ; niais, en esl-il un seul Oil Ton ait jamais songe a I'enseigncment des sciences morales ? Et, dans les colleges cornmunaux, bien phis nombreux qnie les premiers, et soumis conime eux aiix lois dc I'universite dans lechoixdesprofesseurs et dans la direction dc I'enseignement, s'esl-on jamais occnpe de donner aux eleves quelques notions dc physique? La loi qui fonda les ccolcs de droit lenr doilnait la mission d'cnseigner,ontie le droit civil et le droit romain, le droit na- turel, le droit des gens, le droit public de la France, le droit civil dans ses rapports arec Tadministralion pubiique, la le- gislation criminelle. Aucune de ces branches de la science du droit n'a jamais etc cnscignce en France, depuis la creation du monopole de I'instruction. Les eleves, cepandant, ont pa^'e comme s'ils recevaicnt I'instruction complcic que les cco- lcs privilcgiees araicnt mission de Icur dormer. Ici, il y a cu concussion dc la part de I'autorilc; car, c'esl cvidcinmcnt se rendre coupable de concussion, que de se faire payer pour unc instruction qu'onest Icgalcment oblige de donner et qu'on ne donne pas. Ainsi, le monopole de I'instruction pubiique a cu pour ef- fet, relativement aux classes pen aisees de la socictc, de maintenir la moitie de la population dans I'ignorance la plus complete. Relativement aux classes aisees, il y a cu pour re- sultat de les priver de I'enseignement des langues viviintcs, et de presque toutes les branches des sciences morales et des sciences naturcUes. Et, tandis que Ic corps, aux mains duquel I'exploitation du monopole etait conficc, usait desa puissance pour empecher I'enseignement de la plupart des coimaissan- ces utiles aux hommes, il se faisait payer conune s'il donnait lui-meme ces connaissances. Mais, si pres de la moitie des communes de France man- quaient d'instituteurs, et si, dans Taulre moitie, I'cnseignc- DE L'ENSEIGiNEMEM. 5Gi nicnt se bornaila la lecture ot a I'ecriliire ; tii I'oii up li oiivair (laiis les colleges, rii jtrofesseiirs des langncs vivantcs, ni ni-o- tcsseurs do morale, ni prufesseurs de sciences iiaturclles; si, dans les haules ecoles, on ne trouvait ni prol'csscurs de droit natnrel, ni professeurs de droit dcs gens, ni professeurs de droit public, ni prolcsseurs de legislation crimiuclle, on trou- vait dans les liauts rangs du corps preventif de renseigncment des dignitaires de toiite especc, lai-gement salaries : grand- niaitre, cliancelier, Iresorier, conseillers royaux, conseillcrs acadt'tniques , inspecleurs-gencraux, inspecteurs des acade- mies, ret teiirs, doyens, censeurs, etc. Si le ponvoir qui s'etait empare du monopole s'occupait pen de ce que les elcves avaient bcsoin d'apprendre, il s'oc- cupait beaucoup des rangs et des costumes. Le grand-maitre a\ait le pas sur le cliancelier, lequel avait le pas sur le treso- rier qui Tavait sur les conseillers a vie : ceux-ci marchaient avant les conseillers ordinaires; les conseillers oidinaircs de- vaient pniceder les inspecteurs, qui allaicnt avant les recteurs; et ces derniers etaient places avant les doyens. Les costumes claieut regies avec non moins d'exacljtude que les rangs : les decrets determinaient avec une precision gcometrique la for- me (les roi)es, des ceinlures , des bonnets et des cravates : rien n'etait oublie, exceple I'instruction. lln des effels les plus inevitables du monopole de I'instruc- tion publi(]ue est, ainsi qu'on I'a deja vu , de dispenser de tnule espece d'efforts les homnies auxquels I'exploitalion en est confiee. Comme on ne pent se pourvoir ailleurs que clicz eux, il faut bien se contenter de renseigncment qu'il leur pl;iit de donner : ce regime est celui de la paresse et de la mediocrite. Lorsqu'il a en plusieurs annees de durec, il est impossible de le laire cesser tout a coup sans alarmer une mullitude d'existences. Des grands proprietaires de Pologne ayant i\n jour en la pensee d'abolir la servitude dans leurs terres, leurs esdaves en furent effrayes : qui nous nourrira, dirent-ils, si nos maitrcs ne sont plus cbarges de nous faire vivre? 11 ne laut pas douter quo la proposition d'abolir tout T. X1.1V. DliCEMDRE l82f). 50 5Gi DU iMONOPOLli acoup k moRopolc imivcrsilairo ne pio»Iiiisil iiii efl'ot scm- hlahlc cliez la pliipait des lioniiiu-s qui oiil ele asseivis a cc roginie, et qui ont fini par considercr leur capacile commc line proprietc dii gouveinemenl. Les uns nc se sentiraient plus le courage necessaire pour lulter contre dcs concurrens; les autres n'eii auraient reellement pas la force. Toutes les fois qu'iin rejiiine, quel qu'il soit, a eu unc longue durec, il est impossible de passer hrnsquement a uii regime dilTcrent, sans que les exislences Ibrmeessous le pre- mier ne se trouvent monientanement compromises. II est fort prol)al)le que, lorsque le regime de la liberie de I'enscigne- ment fut rcmplace par c* Al ON 01' ()/.(•: ciee (|ii«' par uiic loi, rl (;ell<; Uti ii'a jain;ii.s elf icmliit'. r.r> decrels qui couslitiit'iciil rUiiiversilc impeiiali;, el (jiii i'rap- perent (riucapacile Ics piofcssciir.s et les perci de lainille, elaieiit ;iussi dipourviis de tout caraclere de legalite que les dccrets qui suppriiiiercnt la liberie de la presse, on qui ela- Llireiit dcs prisons d'Kfal. On rie pcut pas dire que les decrels qui constituerent I'Universite acquireut I'autorite de hiloi, puisque le gouveinement royal iie leur a jamais reconuu line iiutoi'ite semblable, les ayant loujours modifies, scion qu'il Va jnge convenable. Le seul fait de rabolitiou du monopole n'cntraincra point la ehntc des maisons d'education, on des etablissemcns d'iu- slructionenlrelcnus parle gouvernenKMil; maisilexigerauean- .1 1 1( ) i us*q 1 1'tT ces^etiibn^Jeniens eprouveiit de uooibreuses modi- ficalions. Nous sommes convaincus qu'il sufTirait, pour que loutes le» professions fussent bien exercees, de s'en rapporter a riiiteret de ceux qui les exercent, et a rintelligence de ceux qui sont obliges d'y avoir lecours. Rome ne manqua point de bons ju- lisconsultes, ni d'orateurs eloque.ns, quoiqu'elle n'eut charge iii SOS consuls, ui sescmperenrs, du soinde hii tournir des pro- Icsseurs de droit. Ulpien u'avait etc recu ni bachelicr, ni licen- cie, ni docteur; et cependant, il dounait des consullalioiis qui valaienl bien celles de nos avocats. Giceroii ne lit jamais son stage; ce qui n'empecha pas ses cliens d'etre assez l)ien de - I'endus. Les Anglais, depuis des sieclcs, n'avaient point d'e- cole de droit ; et jamais nous n'avons entendn dire qu'ils aient manque d'avocatsexperimentes.Partout ou le public a bcsoin d'un certain genre de capacites, ct oii il se trouve dcs gens qui out le moycn et li volonte de les payer, ces capacites ne tardeut pas a se mnntrcr, si le gonvernement n'y met point obstacle. INous pouvons dire mcnie qu'il sc forme de ces ca- pacites toujours un pen au-dcla du bcsoin ; I'Angleterre, sans avoir une seiilc ecole de droit, a coustammout plus de bous avocats qu'elle ne pent en occuper. Les mauvais y sont pen dangcreux pour Ic piiblic, par la raison bien simple qu'il n'y a point d'affaires pour cux. DE L'F.NSKIGN'EMENT. 5G5 Mais la France est de sa nature line nation tres-gonvcrnanto, el parconsorjiiciittres-gouvcrnee. II est une multitiuie degens qni se figurent que nous manqnerions d'avocats, de procn- reiirs, de medccins, d'apothicaircs, d'ingeiiiours, de pieties, EuK:>r. .'^-i mosjfrcnt ignorans on incapahles, ce ne sera pitint an vice de ses le{;ons qu'il i'imputera. Fut-il liii-nienie deiuie d'instnic- tion, il aura tniijoiirs asscz de boii sens pour donner a la plupart des eleves qu'il aura formes des alteslations de ca- pacite. II est bien evident, au reste, que Ton pent appliquer a toutes les hranclics des cnnnaissances linmaines ce que nous disons ici d'une seule. II Taut renoncer a dcniander aux Iion>- nies des preuves d'instruclion , on souniettre le iup;ement de ces preuves a des liommes qui soient tout a la fois eclairos et inipartiaux. Dans le syslemc du monopole de I'enseignemenl, il faiit que les professeurs restent juges de la caparite de kurs eleves ; cela ne pounait etrc avec la lilierte : diaque pro- fesseur trouverait que ses eleves ont assez de merile. Des hommes, qui defendent avec heaucoup de zele la li- bertii de renseignenient, deniandent avec la meme clialeur le maintien ou le retablissemeut de certaines institutions entre- tcnues par le gouvernenient; ils desirent partieulieremeul que I'autorile publique fassc des prol'esseurs , comme elle fait des theologiens ou des juristes. iNous n'avons lien a dire a cela, si Ton csilend que les honimes endoctrines au nom et aux IVais du goiivernenient n'auront aucun privilege snr les au- tres. Si ronentend qu'ils doivent etre priviiegies et q'u'ils doivent arriver aux fonclions de professeurs, en vcrtu du lieu dans lequel ils ont etc instruils, et non en vertu de leur capacite pour renseignement , c'est tout simplement de- mander la conservation du monopole; c'est deniander que I'interet de la masse de la population cpii est a instiuire suit sacrifie a I'interet d'une corporation. Ou leshomnies qui sont instruils dans certain lieu et d'une certaine maniere ont plus de capacile que ceux qui sont instruils d'une autre maniire et dans un autre lieu , ou bien ils eu ont moins. Dans le premier cas, le privilege leur est inutile; ils n'ont rien a craiudre des concurrcns; ils les ecarttront au moyeu de leur capacite. Dansle second cas, ils sont sans litre pour reclamer un privi- lege ; on ne pourrail leur en accorder un, sans leur saerilier Vi 1)1) i\K)NOrOLK riiili'iet till public, ('o riiisoiinenKMit pent .s'appliciuor , an i-esle , i toute espi'ce de professions ou deuiplois : il csl la coiidanination de toiite ecole privilof^iee. II *st impossible que I'ctat de I'eiiseignement rcste long- tems au point Oi^ il se tronve. Si le minij-tcre n'en proposait pas Ini-nienic la refoinie, elle strait iiiliiillibleinentprovoqute par les Cham!)! es. Mais on no pent gnt-re esporer que le gon- vernemoMt renonc**, au moins de long-tenis, anx elablisse- iiiens d'instriictim) qu'il posst'de : tout cc (|n'(»n pent atlendrc de lui, c'ost qu'il consenfe a ne plus excrcrr de n)onopolo. Mors, une question grave se presentera : comment les etablis- semens du gonvernement se maintiendront-ils, si personne n'est contraint de s'adresser a cux? II est deux moyens de les maintenir ; I'un, de lenr fairc donner rinstruclion gratuitement; I'anlre, d'y attirer, conmic professeurs, les hommcs qui auront Ic plus de capacite pour reiiseiguemerit. II ne I'aut pas douter fpi'il ne se trouve un nombre immense de personnei qui pret'< r( lont ime instruction mediocre qui ne coiitera rieci a une bonne instruction qu'il I'audra payer. Ainsi, que les ecoles enlrctenncs par le gouvernement n'exi- gent aucune retribution des eleves, et qu'clles les meltent seulement en etat de subir les epreuves auxquelles ils devront etre soumis pour occnper un emploi on cxercerune profes- sion, et Ton pent avoir la certUudc qu'elles ne nianqueront jamais d'ecoliers. La seule question que fera naitre un pareil systeme, sera de savoir jusqu'a (]uel point il est bon d'entrc- tenir des etablissemens pour faire de mauvais eleves, et de donner de la vogue a ties professeurs incapables de soulenir la concurrence par lenrs talens (i) ? Le secoml moyen d'empecher les etablissemens entretenus par I'autorite publique de devenir deserts est au moins aussi infailliblc que le premier; mais il est beaucoup plus lionnra- (0 11 n'cst pas ici question dc I'iustruciion tlcuier.faiie ; l;> sociclc la doit A lous ses iiicnibrf». DK L'KNSKIGVKAlE'rr. 5^5 ))Ie. Que ic gouvcnieiiieiit appolle dans ses ctahlissemcns les hoiiimes les plus propres a loriuor dc hons eleves et jouis- sant lie la consideration du pnbiic, qu'il melle I'cnseignement en hannonie avec les bcsoins acliiels de la societe , et il pourra rcnoncer an monopole, sans craindre de \oir deser- ter scs ecoles. Le besoin Ic plus guni'ral aujourd'liui, rcialivcment a I'on- seigneinent, est celui que cbacun eprouve de developper son cnfcndcment sur tons les grands inlerets de la societe. Lc gouvcrncment impeiial avait cherche a restreindre Tin- struetionde maniere que, dans chaque position, I'liomme eflt i'l raisonner le moins possible. Ainsi, dans les ecoles de droit, il avait reduit les etudes a la'connaissance et a I'interpreta- tion des textes des lois civiics, excluant I'etude du droit na- ture!, du droit public, du droit international, de I'economie polili(|ue, et mPine I'etude des lois dans leur rapport avec radminislration. Dans les ecoles destinces a former des in- geuieurs, il reduisait les etudes a des caiculs abstraits et a un pen de litlcralure. Si le gouvei'ncinent ne sorlait pas au- jourd'bui dc ce niiseral)le systeme, il est evident que ses ecoles ne poiuraient se soutenir sans le secours du mono- pole (i). Nous avons dnnne trop d'elendue a cet article pour qu'il nous soil possible d'exposcr ici (juelles seraient les mcsures a prendre pour niettre renseignement en barmonie avec les bcsoins dc la societe : nous pourrons revenir sur ce sujet, lorsque nous connailrons d'une maniere positive quels sont les cbangemens que le gouvernement se projjose de i'aire au sysleuie qui nuns regit aujoui'd'bui. Nous avons I'.nl observer que le monopole universitaire ne s'est etabii, sur lui grand uombre de points, que par usurpa- (i) La France est, de tons les pays dc I'Eiirope, ccliii oil lesruules sont lea plus iiiauvai'-es ; iiiais c'esl aussi le seul oil il cxisle, un CJips d'in- fft'iiituis piivilegies. Dans I'ecole oil on les forme, on leur apprend a [leu J ris tout, moins cc qu'il auiaiciil le plus bestin de savoir. 574 DK LA LlCEUTK l)K J/KNSKIGNE.MENT tion, ot qiw cclte iiMirpalion n';i jamais elo sanclionnee p.ir line disposition pt-nalc, eniancc tie la puissance legislaliyc. II en est resulJe qn'il n'a ete mainten!i sur ces points que par la force, et par I'incapacitc des ciloyens de dofeiuire lenrs droits devant les tribnnanx. S'iis avaient cu plus de coiifiance dans la justice, le gouvernement etlt ete oblige de rcnoncer an monopole snrtoutes les inatieres qnc Ic legislatcur n'avait point reglces, on de faire regnlariser ces malieres par des lois, Ch. COMTE. MVWWIWVMVX QUESTiOi\ DE LA LIBERT^ DE L'ENSEIGNEMENT DA]\S LE ROYAUME DES PAYS-BAS (ij. I. Expose hlstorufue des faiis. Parmi les questions politiqnes qui sont le snjet de la Inttc entre les fcnilles de I'opposition el le gonvcrncnient des Pays- Las, celle de la liberie de renseigneaicnl est sans doute la (i) Cunime la Revl'e Encyclopeoiqije n'appartient pas srulcnient k la Fiance, inais it toules les iiatiuns civilist'es dont les inlt'K'ts divers y sonl successivement traites avec impailialile, on aimera sans doulcia lire, a la suite d'une Dissertation sur le monopok dc t'aisclgiioncnt, cciite pai- un des pnblicistes fraiirais les plus insliuils, luie INutiee oil I'on examine la (^ucsliun clc In Uhcric de I'cmci^ticmcut dans le royaume des Pays-Has, Les piip.cipes foiidanicntaux sont les mem es chez tons les _"penples';'mais un observaleur judicicux et eclaiie pcul signaler desVirconstancos locales ct passageres, qui s'opposent Ji i'applicalion iminediatc''et_absalne Vie ces prir.ripes ciiei line nation el dar.sun lenis dor.nes. Telle e.-t du nioins DANS LES PAYS-BAS. 5;5 plus grave el la plus importante par ses conseqiienres. C'est li\ que se trouve la cause du mouvemcnt inalterulu du mois de Janvier dernier, d'oi"i sont sorties les nombreuses pi'titions adressees aux Chamhres : c'est parce que cette question n'est pas resolue en fait d'une maniire confornie a leiirs vceux, que les partis veulent renverser iiii ministore que leurs organes fletri^sent cliaque jour d'cpitlietes odicuses : c'est devant ce grand probleme que reculent les hommes d'Etat du ro^^aume; et, maintenant encore, ils ne savent que resoudre. II est vrai que la question, delicate en elle-meme, se coniplique dans les Pajs-Bas d'une foule de circonstances particulieres a ce pays. Nous essaierons de jeter quelqne jour sur cette matiere, par les etiaircisseniens que nous aliens donner. siir I'origine et sur la nature actuelle des reclamations relatives a la li- berie de renseignement chcz nos voisitis, sur les vrais motifs qui la font de.-irer par les pailis politiques, sur les raisous qui arrelent le gouvernement et rempocheul de ceder a ces re- clamations. Nous ajouterons quelques reflexions sur les prin- cipes qui peuveut conduire a la solution du probl(*mc. Onze annees s'etaienl ecoulees depuis la formation du ro3'aume des Pajs-Bas, etjamais la question de la liberie de I'cnseignement n'avail etc agilee. Souvenl, il est vrai , des critiques s'claient elevecs contre I'organisalion de rinstruc- lion publifiue , et surtout de I'enseignement supericur. En I'opiniaD de pliisieiirs bons esprits, dc plusieurs hommes qui 8ont amis siiirtres et const ans de la liberie, quoiqu'i!s jiigcnt a regret neccssaiie d'en soumettie moiiieDtaneinent I'usage a ceilaines conditions, pour pi e- venir (Its abus giaves ou des dangers imniiner.s. — Les consideiatiuns de- vcioppees dans la Notice qu'on va tire Ibnt bien cunnaitre et apprecier la veritable siliialion des choses, sous le rappoi t de I'organisalion et des besoiiisdel'ensf'igiii inentpublic dans les Pays-Bas; et ceux niemes d'en- tre nos lecteurs qui n'approuveraient pas enlierement les conclusions oii I'auteur de I'articie les conduit, voudront pescr les motifs sur lesquels il s'appuie, et se f»-liciteronl de pouvoir couipaicr le regime univeisilaiie de la Bclglque el de la llollande avcc cclui des aulres Etals de I'Europr. IS. c. n. yjG nV. L\ LIliKJVTl-; DK L'KNSKIGMIMI' M' i8i5, le clerge ratli(ilif|(ic nvait reclame iravance conUe les projels qui riirent cxecules jtliis lard, pane (pi'Ils nieiiaraiont (le liii olcr un privilege qui lui apparteiiail dc; droit divin. Rlai.s la qucslion de la lilierle dc reiiseignemeMl n'eiilrait pour ricn dans ccs dehals. Hy a plus : lorscjiie, ou 1825, le jj;ou- vcrneiueiU (it Termer les petils seiniuaires ct lis pensionnats dirigt'S par les ccelesiasUques, on iic pensa pas a conlesleraii roi le droit de dinger I'instruclion puhlique; on nc cria pas a la violation d'un droit garanli par la loi fondamentale. Ce n'e^t que lorsque la question de la liberie de I'ensei- gnenient eul ete agitee en France, sous le minislere Villele, d'abord par le Globe, dans des ailicles diriges eonlre le re- gime universilaire ; puis, par hi Gazelle de France, que les I'euilles des Pays-Bas s'aviserent de s'en oocuper. Le signal I'nt donne paries journaux du parti catlmliipn-, rediges sous I'in- iluence de la faelion nonunee en Viwwre jesuiiitine. L'unicpie but des reclamations relatives a la lil)erte dc I'cn- seigncment, et a Tabolition dc ce qu'on appela le monopole, i'lail d'obtenir, an nom d'un principe de droit conimun, le re- trail des arretes du i4 juin i825, tpii avaient fermc les ecolcs latines lenucs par les prelres, ou par leurs allides. Mais, bientol, qiielques membrcs de I'opposilion liberale dans la denxieme Cbambre des elals-generaux reclanierent la meme liberie pour le liaut cnseignemenl. Les I'euilles de cctlc op- position se rallierent aeux, et demanderent, en outre, liberie pour renseignement primaire (ju'elles regardaient comme enchaine. Les articles que le Globe avail pul)lies sm- ce sujet lurcnt reimprimes; et la question de la liberie dc renseigne- ment fut sans cesse a I'ordre du jom*. Du reste, le gouvernement ctail loin d'arreter cetle ardeur. Ce ful lui-meme qui appela, qui provo(|ua la discussion, dans le but de rcpandrc la lumiere sur unc malierc aussi impor- lanle. II avail conru le projet de reformer lout le systenie dc I'inslruclion publicpic , ct en particulier I'organisalion du haul cnseignemenl, donl les rcsultats (ce sont ses propres pa- rules) n'acaient pa? ete jiiges f^alisfaisans. En conscqiicnie, il DANS LES PAYS-BAS. 5-7 soumit la question de la liOertc entiere des eludes a uiie com- mission que le loi avail nommec, au mois d'avril 1828 (au § 111, n°' 7j et '1). Le ministere fit alors, par I'organe de la f'euille oilicielle, un appel a la nation, et engagea tous les amis du bien public a se livrer a un exanien approfondi de I'etat et des besoins de I'instruction superieure dans le royaume. Faut-il s'etonner maintenant que, des ee moment, la ques- tion de i'enseignement en lui-meme et de la liberie dont il peut avoir besoin soit devcnue une affaire nationale. II de- vait en etre ainsi, surtout en Belgique, ou elle intoresse si vivement un parti pour le(|uel elle est une question d'exis- tence. En effet, otez rinstriiction au parti-pretre, et il lui de- vient impossible de conserver cette domination paisible, mais forte, qu'il exerce sur Jes esprits, et qui le rend en Belgique aussi puissant qu'il Test en Espagne. Toutefois, abandonnee a elle-meme, la question de I'en- seignement n'eCit jamais pris ce caractere de gravite qu'elle a revetu aujouid'bui. II a fallu, pour cela, qu'elle vint se rat- tacher, se mcier a d'autres evenemens, a d'autres interets qui semblaient n'avoir avec elle aucune espece de relation. On sait que, depuis long-tems, les liberaux des Pays-Bas demandaient le rapport d'uii arrete-loi transitoire de 181 5, qui entravait la liberie de la presse, I'une des liberies qui sontga- ranlies par la loi fondamenlale du pays. Le ministie de la justice ful accuse de s'opposer a celle reforme de la legisla- tion. Ce n'etait point le seul grief qu'on articulat conlre lui. II s'elait attire I'animadversion des Beiges par les opinions qu'il avnit professees en plusieurs occasions, ainsi que par ses projets de code qui contrariaieul les idees dominantes en Bel- gique. Une attaquedes plus violentes ful dirigee conlre ce rni- nistre : de h'l, des ponrsuites. et descondamnationsproiioncees conlre plusieurs ecrivains, en vertu de ce menie arrete dont le discours du trone avail deja promis I'abolition, a I'ouver- ture de la session de 1828. L'espece d'explosion donl ces con- damnations furenl suivies, et rirritation que produisirent dans T. XLIV. nECEMBRE ) 829. 5^ 5;8 DK LA LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT l«>n ospiits (juelqiips .urti'cs incsures du minisl(';re, rapproch*!- reiil'les dciix oppositions ft aincucrenl tMitre ellcs ccttc al- liance inallcndnc ([ni seniil)leaujonrd'hni vouloirsc perpetucr. Mais, pour cinK'nler I'alliani'o, il I'allnt soiiscrire a dcs conces- sions reciproqiies. Lc parti catlioliqiie se trouva place dans nne situation toutc nouvelle. 11 voulait I'appui du parti libe- ral dans scs efforts pour obtenirla liberte de I'enseignement : il offrit, en retour, de se declarer en faveur de la liberte de la presso, du jury, ct d'autres idees enfantees par la revolution lonlre laquclle il s'est tant de fois eleve. La coalition se lit : la premiere petition, celle qui liit a})puyee du plus grand nombrc de signatures, avait pour objet la liberte de I'cnsei- gnenient. On voyait figurcr, en tote de la liste, Ics noms dcs lionimes qui ont voue aiix lumieres du siecle la haine la plus I'raucbe. Les vieilles douairieres, les membres de la haute noblesse qui trouvent encore du charme a brOler les livres des philosophes, en un mot, tons les representans de I'ancien regime venaient signer a I'envi. Et, chose digne de remar- que, c'est dans la partie la plus obscure de hv, Belgique, le siege du catholicisme le plus aveugle et le plus opiniatre, c'est dans les deux Flandres, autrefois toutes devouees a I'evequc de Broglie, cet autre cardinal de Clermont-Tonnerre, c'est la que fut le theatre des mouvemens les plus prononces en faveur d'un sysleme politique qui, en 181 5, et sur ics raemes lieux, aurail ete repousse avec horreur par le parti qui le reclame aujourd'hui. Le gouvernement qui, soit dans son journal, soit dans des brochures publiees sous son influence, avait toujours reven- dique la direction exclusive de I'iustruction publiqne, comme Tunc d('>^ prerogatives royales, garantie par un article de la !oi fondanicntale, se sentit trouble par une attaque aussi vive, et recula devant le cri universel. Le niinistrc de rintericur, dans son manifeste du 1" fevricr, qui a acquis une sorte de celebrite dans la Belgique, se prononra en faveur d'une snge liberte dans I'enseignement. Bicntot apris, le 19 fevrier, crai- gnant sans doufc de succomber dans uu combat qui pouvait DANS LES PA\S-BAS. 5;?9 trailleurs compromettre la dignite royale, il conseilla au roi de fairc decider la question parle poiivoir legislatif. Ce con-^ seil fut suivi, et Ton nomiiia, pour lediger le projet de loi, plusieurs commissions, doiit Tunc s'en occupe encore en ce moment. Si Ton veut ne pas porter un jugement faux sur Ic systcme que le gouvernement des Pays-Bas a suivi jusqu'ici dans la direction de I'instruction publique, il est important de I'aire attention que ce n'est nuUement en liaine des lumieres, ou de la liberte qu'il a mis des bornes :\ la faculte d'enseigner ou d'etudier ; c'est, au contraire, dans I'iuteret de la civilisation et du regime constitutionnel qu'il croyait garantir, en otant a leurs ennemis naturels le moyen le plus elTicace de les ren- verser. Jusqu'a 1825, le clerge avait joui de la liberte la plus illimitee de donner I'instruction, non-seulement aux jennes gens qui se destinaient a I'etat ecclesiastique, mais encore aux eleves de toute vocation. Quelles ont ele les suites dc cette tolerance ? Les ecoles dirigees par le clerge etaient dans I'etat le plus florissant, tandis que les colleges royaux lan- guissaient depourvus d'eleves. L'enseignement qu'on y don- nail ne diffcrait en rien de celui de Saint-Acheul et de iMont- rouge : il etait confie en partie a des inslituleurs que Ton savait inities a I'ordre monaslique le plus formidable de rEurope. C'est a de pareils bommes qu'on livralt un grand nombre de jeunes gens, appartenant pour la pluparl a la haute noblesse, lorsque toutefois on ne les envoyait pas a Amiens. Les Beiges les plus catholiques, ceux qui aviiient toujours etc opposes a la loi fondamentale, a la dynastie protestante, ;\ la reunion de la Beigique a la lloliande, seniblaient vouloir se servir de ces etablissemens, comme d'lm moyen de transmettre a leurs descendans les sentimens hosliles dont ils etaient ani- mes. II faut Ic dire : il y avait encore en eux une arriere pensee. Ils ne regardaicnt le gouvernement existant que comme transitoire ; d'accord en cela avcc une grande partie des Beiges. Us nourrissaient I'espoir d'etre un jour rennr< A 580 DE LA LIBEllTli DE I/KNSEIOEMENT la France, gciiiissaiil alors sous iiiie adniiuislratioii qui devait flatter leurs gufits. Le gouvi'iiioment rcgardail doncle parli-prCtic comme son plus redoutal)Ic euncmi : iin clergt' (clairc et atlaclio aux in- terets nationaux devait au conlraiie f'lre son soulicn. II voyait d'ailleurs la population catholique dii pays en proie a une su- perstition grossiere qui lui faisait meconnaitre les vrais prin- cipes de la religion et du christianisuie. L'enseignement pri- maire bien organise avail dejaporte des fruits : il ne s'agissait plus que de laire disparaitre les obstacles que I'obscurantisiTie ct rignorance opposaient au succes complet des bonnes eco- les. C'est done par la necessite de combattre pour son exis- tence et d'enlever aux ennemis des lunaieres une influence I'uneste et toujours croissante, que le gonvernement prit, en 1825, au moment meme ou les missionnaires se montraient dans les provinces voisines de la France, les mesures coerci- tives qui, depuis, ont cause une si forte exasperation dans les esprits. ftlais, alors, le parti liberal y applaudissait. Le roi des Pays-Bas fut proclame le prince le plus eclaire de I'Europe, pour s'etre montre I'allie decide des liberaux de France, qui, alors, etaient sous le poids d'une oppression deplorable. Et, pourtant, ce sontcesmemes mesures qui, quelquesannees plus tard, I'ont fait regarder comme un despote, et ont valu au mi- nistere, qui avait conseille les arretes de iSaS, les qualifica- tions d'odieux et d'arbitraire. Cependant, on ne peut pas disconvenir que I'instruction publique est encore, dans les I'ays-Bas, infiniment plus libra qu'en France. Le haul enseignementne saurait I'etre plus qu'il ne Test actuellement : tout honuue peut ouvrir des cours sur les bautes sciences, sans avoir besoind'aulre permission que celle de la police, exigee par le Code penal. Dans I'enseigne- «ieut priniaire, tout insliluleur peut etablir une ecole, pourvu qu'il soil nuMii dun certificat de bonnes moenrs, et qu'il se fasse examiner par la commission provinciate nommee a cet effet. D'ailleurs, toutes les methodes sont tolerees ; plusieurs DANS LES PVYS-BAS. 58 1 ineiue, enlre autrcs celles de I'enseigiieuu'iit inutuel, ^oiit encouragees par la munificence du gouvernement. La branclie de I'cnseignement oii la liberie est le pins rcs- treint est I'etude des langues aiiciennes : il I'aut une autorisa- tion ininisterielle pour pouvoir etablir iin pcnsionnat. Quant aux etudes superieures, la seule entrave qu'on y ap- porte consiste en ce que, pour obtenir le diplome de doc- teur dans une faculte quelconque, il faut avoir tail ses huma- nites dans le royaume et y avoir suivi les cours acadeiniques. II. Examen de la question. La question de la liberie de renseignement peul etre envi- sagee sous un double point de "\ue : sous celui du droit, et sous celui de I'utilite, ou de I'org-anisation des etudes. C'est sous le premier rapport que I'opposition I'a soulevee dans les Pays-Bas, et elie a puise dans eel examen I'un de ses griefs contre le gouvernement. Ce dernier, au contraire, a I'occa- sion de ses projets de reforme, n'a considere que la seconde face de la question. Un gouvernement conslilulionnel peul-il. sous le regime d'une loi fondamentale qui garantit la liberie iudividuelle, et celle de la pensee , et sans y etre prealal)lement aiilorise par un acte du pouvoir legislalil, limiter la liberie iVenseigner, ou celle d'etudier? En interdisant a une classe de citoyens la fa- culte d'enseigner, ne porte-t-il pas atteinte aux droits poli- tiques les plus sacres? Ne viole-t-il pas les droits de la puis- sance palernelle, en stipprimant des etablissemens dans les- quels les parens avaient place leur coiifiance , et en leur defendant d'envoyer leurs enfans a I'Etranger? D'un autre cote, la liberie d'enseigner ou d'etudier esl-elle de sa nature illimitee? L'exercice de ce droit n'cst-il pas susceptible des memes modifications que celui de tout autre droit? La pro- priete est limitee ; les transaclions privees sont assujetties a des formaliles de difforens genres ; I'industrie elle-meme est genee et entravee de mille manieres. Pourquoi devrait-il en 58a UK LA LIBEIITE DE L'EiNSKIGINEMKIST C'tre autremeiit de I'iiistructioii ? Elle se lie intimement a I'or- tlrc public; die inleresse le saint dc TEtat ; elle pent, en pre- naiit line mauvaise direction, devenir funeste a un peuple tout entier, et I'aire naitre les discordcs civiles. Toutcfois, la liberto de I'instruction est aussi precieuse que la liberie de la presse; ot pas plus que cette dernierc, elle ne peut elre o.nlevee aux ciloyens par le pouvoir, lorsqu'elle leur est ga- rantie par les lois. Pour peu qu'on examine la question de plus prts, on voit qu'elle doit, par sa nature, conduirea une diversite de solu- tion, ft qu'il est impossible, en droit public, de tracer d'une maniere rigoureuse la limite oii la liberte expire, et 01*1 com- mence pour le gouvernement le droit de la restreindre. La pure theorie est ici impuissante. C'est une de ces questions qui, comme celle de la liberte de la presse, doit etre decidee, sinon par la loi fondamentale de chaque pays, du moins par une loi secondaire et organique. Elle est trop vague en elle- meme ; elle manque d'elemens de solution precise, etlestri- bunaux seraient certainement dans un grand embarras, s'ils elaient appeles a prononcer sur la force obligatoire d'un ar- jt'te qui restreindrait la liberte d'enseigner ou celle d'etudier. Le gouvernement des Pays-Bas a done agi avec sagesse et avec loyaute on prenant le parti de fiiire decider, par une loi, cette grave question politique. Sa conduite est digue d'eloges. Un pareil exemple n'avait encore cte donne par aucun gou- vernement d'Europe, et Ton doit desirer qu'il soit imite dans les autres pays constitutionnels. En France, tout le regime universitaire ne repose que sur des decrets. On avail promis une loi deslinee a regir rinslruction publique; niais on n'a pas encore gonge a la presenter. Dans les Pays-Bas, le gou- vernement prend I'initiative : les partis politiques eux-memes n'avaient point reclame une telle concession. La question de la liberte dc I'enscignement, disculee au sein des Etats-Generaux, changera entierement de caractere. On ne pourraplus crier au despotisme, a la violation de droits sacres, lorsqiie les representans dc la nation eux-memes an- DViNS LKS I'AYS-SiAS. .^.S.") idiil apporlu ties liniites a celle liberie. Sciileiiieiil, si los Chaiiibres adoplaient ties mesuies contraires a la lui I'oiida- nienlale, on pounail se deniander s'il y a obligatiou d'y obeir. Mais iin pareil oubli de ses devoirs ne pent pas se siipposcr dans mie Cbanibre jalouse des liberies dii pays. Et d'ailleurs, qui s'elablirail juge cntre la nation et ses represenlans? II est cependant une classe de ciloyens qui serait peut-elrc disposee a refuser obeissance, meme a une loi; c'esl Ic clerge. Car il peut aussi bien tjouver des atteinles an pouvoir spiH- tuel dans un acte du pouvoir legislatif, que dans un acte dii pouvoir royal; et nous ne serious nullement surpris devoir les eveques des Pays-Bas se niettre au-dessus d'unc loi, sans plus de scrupule que s'il s'agissail d'un simple arrele. Des antticedens, recens encore, justifient nos previsions, et le terns apprendra jusqu'a quel point elles sont fondees. Les Etals-Generaux auront done a decider, dans le.ur pro- cliaine session, s'il est necessaire on utile de restreindre la li- berie d'enseigner ou celle d'etudier. II est important de bien distinguer les deux c6les de la question. Donneronl-iis au roi le droit exclusif de dinger Tinstruclion publique? Nous en doulons : cela serait aussi dangereux ([ue de la confier a I'Eglise. Un gouvernement peul aussi facilement miner la constitution de TEtat qu'une corporation religieuse ; et la liberie de la presse, fflt-ellc enliere, ne sufllrait pas pnuj- I'arreter. Car, que ne peut-on pas avec imc generation elevee dans les principes de I'abs.olulisme, et qui change la face de la sociele, au moment ou elle enlre dans I'a^jviril? Les Chambres des Pays-Bas auront, dans cette circonstance, le meme interet que le gouvernement, d'empecher que la pu- rete du regime conslitulionnel ne se corrompe par la mau- vaise education de la jeunesse. Elles chercheront done les moyens de placer ringtruction a I'abri de toute influence ^u- ncste, de quelque cole qu'elle vicnne. Mais, les voilu placees dans la iiecessite de combaltrc ces memes ennemis des lii- mieres, centre Icsquels Ic gouvernement a lulte jusqu'ici. Voudront-elles les considercr ainsi? A cet egard, nous dou- 584 iii^ L'^ LIBERTli DE L'ENSEIGNEMENT tons qu'il y ait iinanimite dans les Chambros, piiisqu'oii y voit SR'g:er les allii'S les plus puissaiis clu paili catholique, et meme dii parti jcsuitique , qui n'y clissimulenl pas leurs principes. Les liberaux- se separeroiU-ils d'eux? Voudiont-iis I'aire cause conimime avec les deputes prolestans, (|ui iic peu- vent voir sans inquietude I'invasion des doctrines que leurs ancelres ont combattues \ictorieuseuient, malgre les efl'orts de Philippe II et de ses bourreaux? La composition delaChanibreseradojicia premiere dilliculte asurmouterpourarrivera une solution promptedela (piestion, a une solution qui soit consacree parrunanimitedesreprescn- tiuisdelanalion. Mais cettedifliculteneserapaslaseule.Suppo- sons qu'on soit d'accord sui' la neccssite de detruire a I'avenir Taction de I'ultramontanisme dans les Pays-Bas : pourra-t-on s'entendre sur le choix des moyens i^i employer pour y parve- nir? II sera bien difficile de faire disparaitreles divergences d'o- pinion. Jusqu'aujourd'hui, et chez presque toutes les nations, ce sont les moyens coercitifs et preventit's qu'on a mis en oeuvie pour proscrire les opinions que Ton redoutait, et dont on voulait etouffer la manifestation. Sans avoir precisement recoiu'S aux mesures energiques de Tinquisition , on partait cependant du meme principe. Mais I'histoire a suffisamment prouve I'inutilite, I'impuissance de pareilles precautions. La persecution ne fait que donner plus de force an systeme que Ton persecute, et amener une lutte plus opini5tre et plus du- rable. Ce n'est pas avec des huissiers ni avec des gendarmes, qu'on deracsiie les idees une fois ecloses dans le cerveau des liommes. Pour renverser une doctrine philosophique, il n'y aura jamais qu'un seul moyen praticable, c'est d'en demon- trer la faussete ; c'est de faire naitre dans les esprits la con- viction des erreurs qu'il recelc. Si Ton veut eclairer un peu- ple ignorant, il faut le soumettre a Taction d'une instruction forte et continue : ce n'est que par la qu'on parvicnt a de- truire le regne de la superstition. Le gouvernement et les Chambres des Pays-Bas sont done places dans Talternative de combattre les ennemis de la civi- DANS LES PAYS-BAS. 585 lisation philosophique nioderne, oii par des mesures coerci- tives, c'est-a-clirc, par des lois cxceptionnelles, oii !)ien par la creation de foyers de liimieres d'une puissance telle qu'ils dissolvent sans peine les obstacles que robscurantisme est in- teressc a y opposer. Laquelle de ccs deux voies est la plus sCire ? Sont-elles egalement praticables ? Ne conviendrait-il pas de combiner les deuxmoyens? Les amis des lumieres, dans un pays pen avance en civilisation, diront qu'on ne pent pas esperer de recolPe quand on seme dans un champ no« prepare par la culture, et convert de plantes parasites. Les mauvais principes, si Ton n'y prend garde, etonfferont les saines idt-es a leur naissance. Si le clerge, dans un pays ultra- catholique, a la liberie sans reserve d'eriger des ecoles pri- maires et des colleges, qui I'empechepa de proscrire les eta- blissemens qu'il n'aura pas fondes ? Ne le voit-on pas mettre i.\ I'indexles livres qu'il desapprouve? Lessocietes catholiques ne s'efforcent-elles pas de repandre les ouvrages d'un Le- maistre, d'un La Mennais, a I'exclusion de tons autrcs? Le catholicisme n'interdit-il pas le libre examen des doctrines qui lui sont opposees? Les menaces d'excommunication, lancees du fond du confessionnal, et soutenues par cette foule de pe- tits moyens dont le clerge salt si bien tirer parti, ne feront- elles pas tomber les ecoles royales les mieux organisees ? L'ex- perience n'a-t-elle pas deja prouve que ces craintes ne sont pas sans fondement? En rendant illimitee la liberte d'enseigner, n'aneantira-t-on pas les avantages qu'on a obtenus par le sys- teme suivi jusqu'aujourd'hui ? Dans un pays on la grande majorite des habitans nourrit une vive sympatliie avec le sys- teme catholique pur, -et meme avec les jesuiles, des que la li- berte absolue de I'enseignement existera de droit, le clerge n'aura-t-il pas bientot le nionopole de fait? et ne perpetuera- t-on pas le mal, au lieu de le deraciuer? II faut bien I'avouer : telle est a pen pres la situation du gouvernement en Belgique. L'opposition catholique y est toute puissante : c'est elle qui predomine ; et, si, anjourd'hui, la nation, livree a elle-niemc. devait se constitucr en fitat, nul 586 DE LA l.lBEUTc: DE L'ENSEIGNEMEM' doutc que le principe clu calhoiicisme n'y triomphfil. Dans cet etat rlc clioses, il senihlc done trcs-dangerciix d'abandon- ner rinstruction piibliquc a clle-niemc, ct la pliilosophie mo- derne a ses propres forces. IMais, d'uii autre cote, on doitaussi convenir qu'il serait tros-difficile, sinou impossible, dc chan- ger cctte situation par des mesures coercitives. On ne peul pas esperer de placer une nation tout entiere hors d'elle- meme. Ses representans s'opposeraient sans doute au gouvcr- nenient qui voudrait le tenter, et qui ne reussirait qu'a se de- populariser, a detruire sa force , et a entrelenir la nation dans un etat d'agitation qu'il serait ensiiite Ires-dillicile de calmer. Ces considerations expliqiient comment la Bclgique a tant de peine i\ s'identifier avec son gouvernement; comment, apres quatorze ans d'existence, celui-ci est encore considere comme etranger, et n'a pu sc concilier I'affection de cette partic du royaume. Elles sulTisent aussi, lors meme que toutes ne seraient pas egalement justes, pour prouver qu'avec la seuie ressource du systeme probibitif d'euseignement que le gouvernement a adopte depuis i825, on ne \iendra pas k bout d'ennemis si redoutables, et qui out derriere eux la plus grande parlie de la nation. 11 faut done recourir aux nioyens moraux : il ne reste plus qu'a savoir si on les emploiera seuls, ou combines avec quelques restrictions. Mais examinons de plus pres I'etat des opinions et des croyances en Belgique. Entoure de pays eclaires, de la France, dout il partage la civilisation, de TAngleterre, avec laquelle il rivalise par son iudustric, de I'Allemagne et de la HoUande, dont les lumieres ne laisscnt pas de se refleter sur lui, ce pays serail-il reste dans uu tel etat d'aveuglemenl qu'il pfit deve- uir tout eutier la proie des jesuites? Serait-il dans la meme situation <|ue le Portugal ? INous somnies loin de le penscr. La Belgique renferme un assez bon nombre de gens eclaires, de peres de famille qui ne partagent point les piejuges de la masse. El si pcut-etre la foule des hommes ign04ans et su- perslitieux y est plus considerable qu'en France, on doit du DA>b LES I'AYS-BAS. 587 moins reconnailre que I'ainour tie la liberie est geiieralement repandii, et a penctre fort avant dans la population de ce pays. II y a des siecles que les Beiges se sont faconnes aux habitudes du regime constitutionncl. On ne doit pas craindre que les sciences ne puissent y prosperer aussi bien qu'ailleurs, lors- que les ecoles seront bien organisees, lorsque surtout I'ensei- gnement y sera confie a des hommes eminens en merite, et qui sachent enflammer le zele de la jeunesse, exciter en elle la passion de I'etude, cet enthousiasme pour les perfection- nemens scientifiques, sans lequel les lumieres ne peuvent se repandre dans aucun pays. C'est la le but auquel il faut tendre. Quelques mesures transitoires seront d'abord necessaires pour que les esprits ne soient pas heurtes par I'adoplion d'un systenie oppose au re- gime actuel. Apres cela, le point vers lequel I'attenlion des legislateurs devra principalement se dinger est I'organisation des hautes etudes, parce que ce sont elles qui forment les classes elevees de la societe et les instituteurs eux-memes, a qui I'instruction publique doit etre confiee. Unc tbis que le royaume desPays-Bas sera riche enprofesseurs bien instruits, possedant le talent d'enseigner, et familiarises avec les ob- stacles que I'enseignement rencontre dans leur patrie (et dans quel pays n'en rencontre-t-il pas?), on pent etre certain qu'il ne demeurera pas long-tems la terre classique du jesuitisme et de I'obscurantisme. Si le clerge s'obstinait a ne pas vouloir suivre les progres de la civilisation, et a trailer le peuple beige comme s'il etait encore au quatorzieme ou au quinzit-mc siecle, quel fruit relirerait-il d'une conduile aussi impru- denle? II compromettrait non-seulement sapropre existence, mais encore celle du calholicisme, qui ne serait plus que la religion de la populace : la classe ecJairee voudrait etre di- rigee par d'autres idees;,ct I'on verrait s'operer une reforme religieuse non moins generale que celle du seizieme sitcle. Ce n'est point par des excomminiications que le clerge pour- rait la prevenir; c'est en suivanl les progres du siecic, au lieu de vouloir follemenl les arreter. 588 DE LA LTBERTE DE L'FNSETGNEIMENT Si Ton consiil(MO, en onlre, que la Bclgique jouit de la liberie la plus etendiie do la presse; que riinprimeiie y re- produit chaque jour une foule d'ouvrages, la plupart opposes aux pretentions exagerees du clerge ; que les idces philoso- phiques de la France y pen^trent et s'y repandent anssitot qu'elles sont produites an jour; que les feuilles periodi(|ues des pays etran{;ers ft siutout de la France y sonl lues avec avidile, on sent qu'il est impossible que les plans jesuitiques les niienx concerles y triomphent jamais. Pour pen que Ton connaisse la jeunesse beige, on sera couvaincu qu'nne suppo- sition pareille est contraire aux fails et a I'experience jour- ualiere. Si la puissance sacerdotalc n'etait contiebalancee par aucune autre en Belgique, ni les societes d'encouragement pour I'instruction primaire, ni les ecoles-modeles fondeespar le gouvernement, n'auraient pu atleindre a ce degre de pros- perite auquel elles sont pourlant arrivees. Le probleme que les legislateurs beiges ont a resoudre est done bien simple en lui-meme, mais en meme tems un des plus beaux, des plus fertiles en consequences. L'avenir entier du pays depend de la solution qu'on liii donuera : si rette solution est mauvaise, toutes les operations seront a refaire sur nouveaux frais ; et les I'unestes effets d'une premiere fante augmenteront la difficulte du succes. Nous essaierons d'indiquer en peu de mots la marche qui semble devoir etre suivie. On devra d'abord separer I'organisation de rinstriiction pri- maire et moyenue de celle du haul enseignement. L'expe- rience a montre que le systeme adopte jusiju'lci dans la pre- miere est bien concu : on n'a point de motifs pour le cbanger. Seulement, comme telles localites pourraient exiger une lati- tude plus on moins grande, les autorites provinciales ou mu- nicipales devront etre investtes des potivoirs necessaires pour que les besoins locaux puissent ^tre satisfaits. Ces pouvoirs ne seront pas tels cependant que I'arbitraire puisse en resul- ter; cequi, d'ailleurs, n'est guere a craindre dans un pays ou radminislraliou est confiee i\ des colleges ilonl les membres DANS LES PAYS-BAS. 58<) sont eliis par le peiiple. Quant aux ecoles latines, le gouver- nemenl doit faire les efforts et les sacriflces necessaires poiir que les siennes soienl les meilleures du pays. N'ajant plus alors a redouler la toncurrence, il pourra sans danger ad- mettre ;i I'enseignement des langues aneiennes toules les persounes qui, apres avoir subi des exaniens, auront fait preuve de la capacite netessaire. Les institnteurs nous sem- blent devoir etre mis sur la meme iigne que les avocats, les medecins et les pharmaciens. Une uiesure prohibitive, mais transitoire, a laquelle on pourrait avoir recours, serait d'interdire aux chefs des semi- naires ou ecoles ecclesiastiques, de recevoir d'autres eleves que ceux qui se destiuent a I'etat ecclesiastique, ainsi qu'il a ete statue recemuient en France. Du reste, il faut se garder d'empecher la concurrence avec les elablisseniens publics : le raonopole ne pourrait que leur etre tres-prejudiciable a eux-memes. Non-seulement iis perdraient laconGance des pa- rens a qui on les iniposerait en quelque sorte, mais ils ne manqueraient pas de toniber dans un etat de langueur et de deperissement , par la certitude que les professeurs auraient que la jeunesse ne peut leur echapper. La concurrence entre les etablissemens du gouvcrnement eux-memes n'est pas suf- fisante pour eveiller le zele des professeurs , parce qu'il est impossible, a raison des frais qu'ils necessitent, que plu- sieurs etablissemens rivaux soient fondes dans la meme ville, ni dans des lieux un peu rapproches. Quant aux corporations religieuses, renseignement peut leur etre interdit : les etran- gers n'j seraient adniis qu'apres y avoir ete specialement autorises. Reste maintenant la plus belle partie de la question, celle qui concerne I'organisation du haut enseignement. C'est dans cette organisation que le gouvernement des Pays-Bas trou- vera le plus ferme appui de son pouvoir. II veut regner par I'opinion, et il ne peut regner que par elle. II doit done avoir a coeur de former des hommes eclaires, qui soient attaches a la patrie. a son independance, a sa constitution. Son interet 590 DE LA LIBEllTE DE L'ENSEIGNEMENT I'v porte, non-seiilcmeiU poiir qu'il puissc choisir parmi ctix (Ics magistrats profonds et dcs adminislralciirs hal)ilcs, niais encore pour faire domincr dans !es Pays-Bas une opinion pn- blifjue saine ct c'clairee, qni soil egalemcnt opposce aux uio- necs dcmagogiques dont cc pays, comme tons ceux oi'i la li- beitc estiinie a iinc civilisation pen avancee, pent se tronvcr menace, ct aux usurpations occultes de robscurantisme. Ici, i'interet de I'Etat s'idenlifie entierement avec celni de la science et dcs lumieres. 11 faut, aux Pays-Bas, une organisa- tion universitaire qui assure les progres de ces dernieres, qni donne auxhommes de lettres une influence preponderante snr I'opinion, et qni puisse produire des savans dont les lumieres soient utiles au pays. Si les ecoles superieurcs ne sont point placees a cetle hau- teur, si elles ne sont pas penplees d'hotnmes d'une reputation etendue qui rivalisent avec les soinmitcs litteraires dcs pays elrangers les plus avances dans les sciences; si, aucontraire, elles sont organisees de maniere a empecher le genie de se faire jour et d'occuper la place qui lui appartient; si la ine- diocrite y domine; si, en un mot, elles ne renferment aucun germe de vie et d'activite, il ne faut pas en attcndre les pre- cieux avantages dont nous avons parle : elles languiront dans une ctcrnelle enfance. On les freqnontera par necessitc ; mais elles nc porteront presqne aucun fruit, et I'opinion publique se formera par le concours d'autres causes, s'alimentera a d'autrcs sources. Mais il est a craindre alors qu'elle nc s'elevc contrc ces etablissemens qu'elle anrait reveres, et que les honinics distingues ne les regardent avec mepris, parce qu'ils auront dfl aller puiser ailleurs la superiorile a laquelle ils de- vront leur influence sur la nation. A voir I'esprit des journaux dans les Pays-Bas, et le pen de productions reuiarquables qui sortenl des hautes ecoles, on est tcnto de croirc que les uni- versites n'y sont pas dans une situation bien briliantc, ct qui puisse procurer les avantages que nous avons signales (i). (i) II est rcniaiqiialile quo, paiiiii les milMcis d'eU'vo'! qui niil rl«; lor- DANS LES PAYS-BAS. Cuji Examinons, en pen dc mots, rorganisation dc renscigne- mcnt siiperieur, telle qu'elle est fixee pour la Belgiqne, par iin regleinent de 1816, lequel n'est guere que la tradiiclion d'un autre reglement de i8i5, qui avail organise les univcr- sites hollandaises. Ces reglemens, ainsi que I'a declare la commission qui, eii 1814, rcdigea le premier, out ete fails pour abolir le vionopolc de fense'ignement crce par I'universite de B' ranee. Les Irois universiles de la Belgique, etablies a Liege, a Louvain el a Gand, el auxquelles trois autres correspondent dans la Iloliande, comprennent chacune quatre facultes, el un personnel de 16 a 20 professeurs, dent 4 pour le droit, 3 pour la medecine, 4 ou 6 pour les lettres, et aulant pour les sciences. Les professeurs, appeles a I'enseignement de toutes les sciences qu'endjrasse chaque facuUe, s'en partagcnt les cours et s'arrangenl de telle sorte, qu'a pen d'exceptions pres, toute espece de concurrence ou de collision soil ecartee. Les facultes delivrent elles-memes les grades acadeniiqucs aux etudians qui ont suivi, dans une Universite du rojaume, un certain nombre de cours presents parle reglement, et (jui se sent soumis u des examens. Les retributions payees par les eleves, tant pour la frequentation des cours que pour etre ad- mis aux examens, torment, avec un traitement fixe d'environ 5,000 fr. , le revenu de chaque professeiu'. Le minimum de ce revenu est de 8,000 fi'. ; le maximum pent s'elever jusqu'a 16,000 fr. ; le terme mojen est de 10 a 12 uiille fr. Cette organisation a I'avantage d'amener les jeunes Beiges aux universiles qu'ils ne frequenteraient guere, si les cours n'y etaienl obliges. Lapreuve en est que les cours libres qu'on a cssaye d'ouvrir dans quelques facultes ne sont ordinaire- ment pas frequentes, lors meme qu'ils sont gratuits. Les exa- mens auxquels ils doivent se soumettre les obligent a apprcn- drc les cahiers des professeurs et a acquerir par-la des notions inus dans les universites beiges, dcpuis 1817, aiicuii nc s'estelevepouilos ('('•I'cndii' ciirtic les allaqucs violcntcs duiit ces ocoles ont ehi I'objel. Sga DE L\ LIBKRTE DE L'E^'SEIG^KAIE^r plus oil nioins etcndues de la science. Les elcves studieiix, et qui ne sont pas depourvus de moyens, peuvent faire dcs progres, lorsqu'ils assistent aiix lecons d'un professeur bien clioisi. Mais il resiille aussi de cetle niOme organisation de grands inconvcniens. I.e nomhre des professeurs el des cours est si pell en rapport avec la grande extension que les sciences ont prise aujourd'hui, qn'il n'cst pas une partic qui soit ensei- gnee, ni etudiee d'une maniere compltJte. II faut que tous les cours prescrits par le reglement soient donnes, quel que soit le nombre des eleves. De la il arrive son vent qu'nn professeur doit se charger d'une branohe de I'enseignenient dans laquelle il est bien loin d'exceller. On nous a menie assure que, plus d'une fois,' des proiesseurs ont ete obliges d'enseigner des sciences dont auparavant iis n'avaient ancune notion. Autre inconvenient. Celui qui est charge en titre d'ensei- gner une partie quelconque, voyant son revenu assure par la necessite oOi Ton est de suivre son cours, se trouvant a I'abri de toute espfece de concurrence, pent rendre sa situation aussi douce, aussi facile qu'il le dos're. Comme il n'est stimnle par aucune consideration, si ce n'est tout an plus par celle de I'amour-propre, il court grand risque de rester stationnaire et de ne pas suivre les progres de la science. De son cAte, I'etu- diant, qui ne doit frequenter chaque cours que pendant une annee, se borne a la connaissance superficielie de ses cahiers, et ne s'initie gufere a la science meme. Le but de I'enseigne- ment est en g«'-neral manque par I'effet de cette mauvaise organisation. Les jeunes gens ne vont a I'Universite que pour obtenir le diplome : lis croiraient perdu le terns qu'ils au- raient employe a acquerir plus de connaissances qu'il n'en faut pour atteindie ce hut. L'Universite oi"! il pent acquerir le diplome avec le moins de depenseet de travail est pour lui la meilleure, a moins toutefois qu'il ne lui prefere celle dont le sejour offre le plus d'occasions d'amusement et de dissipa- tion. II existe entre les etablissemens rivalite, non de savoir, mais d'indnlgence et de mollesse. Qn'on reflechisse aux abns DANS LES PAYS-BAS. 695 qui doivent sorlir de semblables dispositions. Tons les abus que I'on reniarque dans les ecolesde droit, en France, doivent se reproduire dans les universitcs beiges; et, si jusqu'a pre- sent il ne s'y sont pas montres d'line uianiere aussi sensiljle, c'est a I'activite et au zclc distingue de quelques professeurs qu'il faut en savoir gre. Mais le plus grand vice de rorganisation des universites eonsiste dans riuipossibilite oii sont ces ecoles de se recruter de jeunes gens qui, peut-etre, seraient doues, a un degre su- perieur, du talent d'enseigner. Car, quel avantage peut-on leur assurer, aussi long-tems que les titulaircs sont en acti- >ite ? Si nous ajoutons foi a ce qui nous a cte dit, les iecteurs ou agreges n'ont pas le droit de donner des lecons sur les sciences qui font partie des cours obliges. Enfin, les bons professeurs sont places et doivent denieurer sur la meme li- gne que les mauvais ; ils ne sauraient pretcndre a de plus grands succes ni a de plus nobles recompenses : la renom- mee est un bien auquel ils doivent renoncer. Aussi, tant que ces ecoles seront ainsi organisees, elles n'auront pas de cele- brite et demeureront inconnues au reste de I'Europe. Si par- lois quelque nom franchit les liniites du rojaume, ce n'est que par un heureux hasard et par un concours de ciroon- stances extraordinaires. Le pen d'iniportance des universites empeche qu'il y ait concurrence dans le sein de chacune d'elles. Ne serait-il pas ridicule, en effet, de voir trois ou quatre professeurs se dis- puter trente ou quarante eleves? Les lecons frequentees par un auditoire si peu nombreux sont-elles reellement des cours publics? Et quel spectacle que celui de professeurs, que rien ne devrait distraire de I'etude de la science , occupes sans cesseadefendre, ks uns centre les autres, lerevenuquiles fait subsister! Puis, si le professeur exclusivement charge d'une branche de Penseignemeut vient a manquer, ou s'il ne pos- sede que des muyens mediocres, dans quel etat de souffrance toute une faculte ne doit-elle pas se trouver! Mais il n'enlre pas dans notre plan d'enuuierer en detail les T. XLIV. UECEMBBE 1 829. 58 v;', PR LA LIBERTl': DK L'ENSEIGNF.^IENT virfs tl'iinc semblaMo urgaiiisacioii nculc'iiiifiiif. lis n'aiiroiit pas ochapp«'; sans doiilc aux hnnimos ([ui oomposciil los roin- niissions appehrs a Ics appr/jcicr. Nous diions sciiloincnt qii'il nous ost impossil)le d'ospcicr qu'avcc ce syslt;nic (renseignc- mont piiblic, Ics Pays-Bas puisscnt jamais riviiliscr dans Ics sciences avcc la France, rAllcmagnc ct d'autres pays qui au- jourd'hiii excellent dans la ciiUure de tonte;- les brandies dcs (-«>nii:iissances hiimaines. II y a la nn principc de dcperisse- viient qui, cliaque jour, agira avec plus de malignite. Aux lioinmcs savans qui pcuvent se Irouvcr encore dans les uni- versites, et doul Ta plupart soul clrangers, on verra succedcr dcs demi-savans, et les cliaircs finironlpar se Iranslornier en vcrilables sinecures. Ce rcsultat est d'antant plus a craindrc, que, depuis long-tems, la Belgique posstde a peine quelqucs celobrites scientifiques que Ton puisse ciler. Qn'il ost hon- !cux cependant pour nuc nation d'Slre obligee dc faire venir scs prolesscurs dcs autrcs pays! Et combien doit ctrc peniblc la situation de ccs dernicrs, transplantes chcz une r»atiou a laqiicllc ils sont comme imposes, et qui doivent y vivre;, on doles, an moyen des retributions que les jcunes getts sont forces de Icur payer, pour des cours qu'ils ne frequcnleraiont pas s'ils n'y etaient contraints. Nous ne somn\es pas surpris dcs persecutions auxquelles les profosscurs elrangcrs sont en butte dans la Belgiqne. La critique ne se taira que lors- qu'ils devront leurs el6ves, non pas aux dispositions cocrci- lives d'un Fcglement, mais i\ leur talent superienr. Si nous osions donner nn conscil aux legislateurs des Pays- Bas, nous leur dirions : Commencez par fondre tontcs vos ('•coles si mesquines en une seule ct grandc universite ; ou- vrcz-en les chaires A tons les homines de incrite, nationaux ou el rangers, qui auraient montrc leur capacite dans des cprcuves seniblables a cellcs que subisscnt les professcurs particuliers [docteurs prkis) dans les universites de la Prnsse ct dc quelqucs aulrcs parties de rAllemagnc. Vous etabliroz j ar la un concoufs pcrpetnci, au grand avantage de la science. I'l voycz quelle f;'cil? Combien les services qu'il pourrait lui rendre, comme pr )- 596 DE LA LIBERT^ DE L'ENSEIGNE>IENT fesseur, ne reniportciaicnt-ils pas siir coux qu'il liii aurail rendus, comme avocat, ou comme medccin praticicn ! Pour completer ce plan d'organisation, il coiivicndrait d'at- taclier an grand ctahlisscmcnt que nous proposons, un Insti- tut, al'inslar do VEcolc normale, dans leqiiel on lormeraitdns professcurs pour les colleges et les allienees. Sans aucun doute, les idecs que nous venous d« presenter seront venues aussi a I'csprit de plus d'un menibrc dcs di- verses commissions que le roi dcs Pays-Bas a nominees pour preparer les reformes academiques. Mais il parait que Ton craint, en adoptant ce projet, d'indisposer les villcs qui pos- sedent aujourd'hui des universites, et auxquelles on devrait enlever cet avantage. Si Ton veut abolir les cours forces et admettre le principe de la libre concurrence, plus necessairc encore dans I'cnseignement que dans I'induslrie, il faut ne- cessairemeiit s'elever au-dessus de toutes les considerations d'un interet secondaire. Le hombre des eleves qui frequen- tent les diverses universites pent etre cvaliie a i,5oo. Si Ton craint de les reunir en une seule ville, comme cela a lien a Leipzig, a Berlin, a Gce.ttingue et ailleurs, qu'on les distribue dans deux universites. L'avantage qui en resultera ne sera pas aussi grand; mais du moins on pourra organiser ces eco- les sur un plan plus large que celui qui existe maintenant. On trouvera bien quelque moyen de dedommager la ville qui aura perdu son universite. D'ailleurs , il taut aussi snpposer aux villes du royaume assez de patriotisme pour pret'erer le bien du royaume entier a la satisfaction parliculiere d'etre le siege d'une universite. ISous esperons que cetle seule consi- deration ne sulTira pas pour faire ecarter un projet dont les avantages sont evidens. Les adversaires de la haute adminis- tration des Pays-Bas la decrient dans les feuilles publiques, comme n*enfantant que des projets mesquins : elle a uno belle occasion de se laver de ce reproche ; ^1 y auralt mala- dresse de sa part a la laisser ecliapper. Une derniere consideration, qui peut-etre aura plus de poids que tons nos raisonaemens, c'esl que le projet que nous DANS LKS PAYS-BAS. 697 venous d'esqiiisscr, (.lonnerait lieu a ties economics assez con- siderables. Les trois universites de la Beli,a(jue content an- nuellement an tresor la somme de 45o,ooo francs. On ob- tiendra de meillenrs resultats, tout en ne depensant que les deux tiers, sinon la moitie de cette somme. Les bibliotheques et les collections pourront devenir aussi riches qu'elles de- vraient I'etre pour que rulilitc en fut rcelle. Quant aux pro- tesseurs, 11 s'en presentera toujours, quel que soit le traite- ment qui leur sera alloue, pourvu que Ton procure au talent I'occasion de se produire au grand jour. Le plan le plus funeste serait d'aboiir les retributions des cours. 11 detruirait le mobile de I'activite qui, aujourd'hui plus que jamais, est I'argent. On ne trouverait qu'avec peine beaucoup de jeunes talens qui voudraient se devouer a la carriere de I'enseignement, lorsqu'elle leur offrirait la misere en perspective. En conservant le regime actuel, nous ne conseillerons ja- mais au gouvernement des Pays-Bas de decreter la liberie entiere des etudes, c'est-a-dire, de dispenser les jeunes gens de la frequentation des universites. Ce serait les abolir de fajt. Le nombre des eleves qui y viendraient volontairement se- rait si pen considerable que les professeurs n'y pourraient pas demeurer ; et si Ton voulait les y attirer, en les forcant a se faire examiner par les professeurs, ce ne serait plus I'uni- versite la plus distinguee qui obtiendrait la preference, mais bien celle oil les examens et les admissions seraient les plus faciles. Ce serait la sans doute un triste sujet d'emulalion! II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES rHYSIQUES liT iNATUllEELES. TrAITE sib Lt» CASTRAtCIE? ET LKS KNTERALCiES, Ol MALADlKti NERVEusLs DE l'estomac ET DES I^■TESTl^s; \)i\r G.-P.-T . Bak- RA.s, ni(j(lcfiiulespns()iiset dn hiucaii ilecharito cJn (Mizirme rrondissfmcnt , etc. TroisUinc nlilion, revue, conigec ot tonsiderablemenl augmentee ( i). Un livre de medetiiie dont les editions se succedcut et s'e- t^imleiit aussi rapidementque cellesdece traite, est jiige drli- iiilivement. M. le docteiir Barbas a joiii du siicces le plus flat- teur pour un ami de I'humanite ; en moins de deux annces, en Kurope et en Amerique, il a prevenu de graves erreurs et de liinesles meprises, opere beaucoup de bien, remis sur la bonne /voie des medecins egar^s par de fausses doctrines, et prepare des ameliorations que ces doctrines eussent repoussees. II ne s'agit done point d'examincr en detail celle troisieme edition. L'analyse que nous en ferions viendrait trop tard pour les me- decins qui I'ont deja trouvee dans les nombreux ouvrages pe- riodiques consacres aux sciences medicales ; elle scrait inu- tile aux gens du monde, quoique le traite dont il s'agit ne soil nuUement hors de leur portee, et que I'auteur n'aiteu recours an langage des sciences qu'avec une extreme reserve, lors- qu'il etait impossible d'y suppleer par des expressions gene- ralement comprises. Mais il est un autre point dc vue d'oi'i le (i) Paris, iSig; Beclift. Bruxellcs, au dcpol geiiOi dc la libiaiik fuOdicale fi anraisc. In S" Av 6")!^ pages ; prix, 7 IV. 5ii c. SCIENCKS PllYSlQVES. 55)9 mt'iuc ouviagc sc prcsciilc sou-s iiii nouvel aspect , oUVaul uuc autre suite d'ulilile : conunc ouvragc bicii fait, c'e^t lui txeiuple de bonne uielhodc d'invesligalion et de raisonne- meut, line heurcuse application de la philosopliie medicak. Nousleconsideions done comine unmoyend'arrivei' a la con- iiaissance dc cetlc philosopliie, el d'exposer quelques-uns de ses preceptes. SJais, ne faul-il pas Clie niedecin pour cntrcpicndre des tcclierches sur la philosopliie medicale, avec I'espoir de nc pas trouver cettc science absolument inaccessilde? pour re- pondre a cclte question, coiiiinencons par fixer le sens des mots, afin de les employer avcc sOrete dans le coursde la dis- cus^on. La pliilosop/iie d'une science comprcnd deux parties dislinc- les ; 1° les principes fondamcntaux ct leurs consequences iiu- mediates : cc sont les theories generales; 2" les methodesd'iu- vestigalion et de deduction des consequences plus 61oignees : c'est le raisonnement propre a cette science. Appliquous cettc definition a la philosophic medicale. Si Ton considere la mcdecine commc une science, les meil- leurs csprits coaviendronl unanimeinent que ses theories generales sont encore a faire. On n'a point encore penetre les uiysteres dc la vie; la cause premiere et gencrale des phcuo- mcnes que manifestent les corps vivans ue nous a pas etc re- velee;aucun sjsteme plausible n'a pu faire pcnser que Ton flit sur la voie pour arriver tot ou tard i cette decoiivcrlc. 11 n'en est pas de cette science comme de la geologie et do raslronomic physique : surce qui est cache dans I'interieur de la tcrrc ou releguc dans rimmcnsite des espaccs celestes, I'i- magination pent, sans incouvenient, creer des hypotheses et les souteair jusqu'a ce qu'elles s'evanouissent en presence des faits decouverts et constates. Mais les medecins devraicnt nc point ignorer el ne jamais perdre de vue, que les erreurs dc leurs doctrines soul des calaniiles publiques, d'autant plus ledoutablcs, que les dangers dont ce fiiux savoir nous menace nc ;irqu'elle gene- ralise ses theories, nous demanderons o\\ en est chacune des sciences partielles dont se compose le savoir du mcdecin ? En commencant par les branches les plus eloignees du tronc, et les moins importantes en apparence, nous voyons que les physiciens sont encore occupes des plus graves questions relatives aux fluides elastiques imponderables, qui jouent un role si important dans la manifestation , et peut-etre dans la production des phcnomenes de la vie. Les theories chimiqucs, maniees par trop de mains pen habiles, vont se compliquant de plus en plus, et finiront par etre inextricables :ccpcndant, la medecine ne pent marcher en avant et atleindre le but, si la chimie reste en arriere ; car, on ne pent douter que tous les fails de digestion, nutrition, secretion, etc., soient au- tant de resultats d'actions chimiques. Depuis quelques an- nees, la physiologie marche a pas de geant, avec toute la vigueur de la jeunesse ; ses devcloppemens seraient moins rapides , s'ils etaient plus pres du terme qu'ils ne sauraient depasser, et ce terme est le perfectiounement complet de la science. En parcourant ainsi les diverses subdivisions des connaissances medicales, on n'en trouvera peut-etre pas une scule qui n'ait encore a faire d'importantes acquisitions, et Ton ne pensera point ii poser la clef de la voCite, lorsque I'e- difice conmience a peine a s'elever au-dessus de ses fonda- tions : il n'estpas besoin d'etre mcdecin pour etre pleinement convaincu de toutcs ces verites. Ainsi, la philosophie medicale en est encore aux melhodes d'investigation et de raisonnement applique aux faits qu'elle SCIENCES PHYSIQUES. 601 decouvre. On peiil etablir entre le niedecin et I'homme dc guerre unparallcle, que I'lin et raiUredesavouerontpeut-t-lrc, mais dont nous reconnaitrons la jnstesse, nous autres , sim- ples malades, formant le grosde la nation dans I'empire d'Es- culape. Le medecin appele dans des cas pressans, et le gene- ral siir le champ de bataille, en presence de I'ennemi , ont besoin I'un et I'autre d'un coup d'oeil rapide et siir, et qiiel- quefois une heureiise audace assure leur triomplie. Mais, dans le cabinet, lorsqu'il s'agit de mediter sur I'art qu'on a pratique avec gloire, il est a craindre qu'on ne se meprenne .sur les veritables causes des succes que Ton a obtenus, soit a la guerre, soit en medecine, et que des faits parfaitement ana- lyses ne servent de base i des doctrines erronees. Quoique riches d'une multitude d'excellens ecrits, possedant toutes les connaissances accumulees depuis I'origine des societes civi- lisees, cultivees par des hommes de genie, qui ont depose dans leurs ouvrages les fruits de leur experience et leurs hau- tes conceptions, enseignees par d'habiies professeurs , la science de la guerre et celle de la medecine ne suflisent point encore pour dinger les applications dans tous les cas ; devan- cee de plusieurs siecles par I'art qui avail grandi sans elle, un longintervalle Ten separe encore, et Tonne peut assigner, des ce moment, I'epoque oi'i elle I'atteindra. Or, c'est de IWique nous avons besoin : qu'il ne ralentisse done point sa marche pour attendre la science orgueilleuse qui le suit de loin avec son enorme bagage ; qu'il suive avec confiance la voie gene- rale du perfectionnement de tous les arts; on sait qu'ils ne I'urent, dans I'origine , que des applications de faits isoles, d'observations non converties en doctrines, qu'ils s'accrurent sans recourir a d'autres moyens que ceux qui les avaient crees, et qu'aujourd'hui meme ils en tirent encore de puissans se- cours. Amesureque Ton augmenSera le nombre de ces obser- vations isolees, dont I'art aura proGte, on approchera du tenis oCi les the ories pourront etre essayees, mais sans pretendrc encore a diriger la pratique : pour que Ton puissc leur con- lier cette direction, il leur i'aut plus do uuUurile. un terns d'o- 6oa SCIKNCES 1»11YS1QI!ES. prcuvc, unc iuiloiite fonclcc sur des lemoignancs irnu;usaltlos i:t reconiuic par la raisoii. Voila dujA une iiiaximc d« la pliilo- sopfiie mcdicale ; ct ccrtcs, oc n'cst pas la moins iinpurtanlo : uii mcdecin I'aurait pcut-ctre reconiiue plus tard (pu; dc;* hompies mollis absorbcs par unc vie active, et livres par gout a I'obscrvafiou de la niarche de I'esprit liumain, de I'lnfluencc des mclhodes sur les progrcs des connai.ssances. M. Barras n'est pas du nombre des modecins avcuturcux que les dangers dos sysli-ines n'arretent point : il debate par des considerations gencrales sur les necroses qu'il definit, en cmpruntant les expressions de M. Piael : des lesions du scidi- ment ct du mouvemcnt , sans inflammation ni lesion de .structure. « La doctrine dile physiologique (i) a rendu de grands ser- vices a la medecine ; je suis loin de le contester ; niais, en de- truiaant d'anciennes erreurs, elle en a cree de nouvelles, donl quelques-unes sont peut-elreaussi dangereuses que celles qui existaient auparavant. Parmi ces nouvelles erreurs, il en est une contre laquelle on ne saurait protester avec trop d'energie ; c'est celle qui consiste a regarder les nevroses comme des in- flanunations, et a les trailer constaniment par les antiphlo- gistiques. Je n'hesite point ale dire; cette innovation fail retro- grader la science, et devient souvent funeste aux malades. » L'auleur expose en peu de mots les litres des anciennes doctrines , et fait voir qu'elles ont pour appui I'autorite des medccins les plus celebres, depuls le siecle d'Hippocrate jus- qu'a nos jours. Ces litres sont nombreux, imposans; on est tres-dispose a les reconnaitre, et ils ne doivent ceder qu'aux droits imprcscriptibles de la verite. M. Barras fixe avec pre- cision les limiles du sujet qu'il veut trailer, el, apres celle courlc introduction , il entre en matiere. Les divisions de son ouviage sont indiquees par la nature du sujel. Lorsque, dans une science experinientale , 11 s'agit noii-seulenienl d'elablir quelques verilcs, mais aussi de conibaltre une «fireur, on commence par les fails; on les coordonne, on les munil de (i) Dc M. Ic diictcur BnotssAis. SClE?fCES PHYSIQUES. TmS tout cc qui pent Ics icntlre phis autlientiques et plus iiislruc- til's ; on vent qn'ils anivent en force, en masses comparles et qni ne se laisscnt point entanier. Do la connaissance iles fails, on reniontc a celle des causes; viennent ensuitc les applica- tions. Dans one question nieilicale, lorsqu'on est parvenu a decouvrir la nature ct le inoilc d'acfion de chacune des causes du mal, s'il y en a plusieurs, on decrit avec soin les signes qui les font reconnaitre et les caracterisent; et pour rinslruction complete du medecin , il ne reste plus qu'a le diriger dans le choix du traitement, suivant les circonstances, la position et le caractere du malade , et les considerations diverses qui peuvent faire modifier les remedes et le regime. Apres avoir accompli sa tachc , en suivant cct ordre naturel, W. Barras soumet a rexanienl'un decescasmixtes, I'une de ces maladies conipliquees qui exigent, de la part du medecin, une analyse plus delicate des faits qu'il a sous les jeux; il a reconnu par ses propres observations, appuyees par celles qui sont rappor- tees dans un grand nomhre d'ouvrages sur la medecine, que I'estomac et les intestins peuvent souffrir a la fois d'une ma- ladie nerveu.se et d'une inflammation : chacune de ces le.sions organiques exige un traitement qui lui soit approprie ; n'y re- connaitre qu'uneseulemaladie, contre laquelle on ferait usage des remedcs les plus eflicaces pour assurer et hater sa gueri- son, serait presque toujours une de ces fautes dont les malades suhissent la punition, et qui ne contribuent que trop rarement au\ prugres de la science. Notre auteur s'attache a les pre- venir, en donnant les moyens de distinguer la maladie com- plexe de chacune des affections morbides simples dont elle est composee. Ce coup d'(Eil , jete sur les divisions generales de rouvrage, fait apercevoir que I'auteur a suivi la methode analytique, en tout cc qui pouvait I'admettre. Les lecteurs ne seront point tcnics d'exaniiner si , pour arriver au meme but, la syntluse eftt indique une route plus cotu'te , mais plus faliganle, moiiis liien eclairee et moins sure. Eutrons dans quclqucs details sur chacun des cinq chapitro>; do ce traite. 6o4 SCIENCES PHYSIQUES. Le inemicr est intitule : Histoires particutiircs ; cii flTel, on ne coiiiiailrait pas assoz bien Ics tails proprcs a Ibntler unc doctrine luedicale, si i'on ne suivait point les nialad(!s dans une parlie du tours do leur vie, et durant le Iraitenient ; quehpiel'ois meme , les observations doivcnt etre continuees ail delii du ternie dc la guerison , ov. bicn Ton a besoin des re- Aelations obtcnues par I'ouvertuie des cadavies, dernier ser- vice que riiounne puisse rendre a scs semblables, en les quit- tant pour toujours. On ue sera done point surpris que 27G pages soient consacrees aux 60 observations contenues dans ce chapitre. L'auteur fut lui-meme le sujet de la premiere ; voici le debut de son liistoire. « J'ai quarante-six ans, u^ie constitution eminemment ncr- veuse et un caracterc taciturne , nalurellement dispose a I'hypocondrie. Avant raflection gastrique dont je dois rendre coinpte, j'avais eprouve plusieurs nevroses qu'il est bon de rappeler ici, parce qu'elles jettent quelque jour sur cette af- fection : les phenomenes morbidcs qui se succedent cliez le uifme individu etant presque toujours identiques, les anlece- dens eclairent beaucoup la nature de la maladie. » Nous omettons le recit des lengues soiiffrances de ftl. Barras, pendant une maladie de neuf ans dont les phases diverscsma- nifestent, d'une maniere pen rassuiante , I'influence du moral sur le physique. Apres avoir suivi avec une etrange obstination le regime prescrit par la doctrine physiologique , le malade quitte la campagne, on il n'avait pas retrouve la sante, et re- vient a Paris. « Mon premier soin fut d'appeler M. le professeur Fouquier, qui eut la bonte d'examiner mon etat avec la plus grande attention. Vous n'avez point d' inflammation, me dit-il, et vous 11 en avez jamais eue : c'est uiie gastralgie, un execs de sensibilite des nerfsde Vestomac,etriende plus. Cerjui confirme encore cette opinion, c'est qu avant la maladie actuelle,vous avez eprouve plusieurs ndvroses. Lc traitemcnt que vous avez dsuirre, ujouta ce cclebre mcdecin, est fort simple, et votre guerison certaitie. Un langage aussi consolant , que j'entcndais pour la premiere ibis dc la l)onche d'ini confrere, me fit beaucoup dc SCIENCES PHYSIQUES. Go5 i)icn : rcuni au regime conveiiable ordoiine par le meme pro- fesseiir, il contribua puissamment a la guerison. » M. Barras nous tlit que sa maladie fut causee par cle vil's chagrins; nne doiileur non nioins cruelle affermit sa sante lorsqn'elle hii I'ut rendue. Empruntons-lui encore le recit de cette singuiiere action des souffrances morales : on etait loin de soupconner qu'clle fut capable d'amener ce resultat. « A la fin dc Janvier 1824, ma filie unique, tigee de seize ansetdcmi, ct reunissant touteslesqiialitos qui font le bonheur d'un pt;re, eprons'a les premiers symptomes de la phtisic pul- monaire. Des ce monient,"mon attention se porta tout entlere sur nion eid'ant; je ne pensai plus ;'i moi, et jc fus gueri : plus j'avals d'inquietude sur le sort de ma fiUe, dont la maladie faisait des progres rapides, et mieux je me portals. Enfin, malgre les soins les plus assidusde mon ami le docteur Bour- det et de M. le prol'esseur Laenneu;, j'eus le malheur de la perdre, le 24 avril. La douleur inexprimable qu'une perte aussi cruelle me fit ressentir, ralTermit encore ma sante; car, dcpuis cette fatale epoque, elle est meilleure qu'avant la ma- ladie. » Les partisans du systeme des compensations s'empareront peut-etre de ce fait assez conforme a leur doctrine , si Ton consent a rcgarder, comme eqakalens, des biens ou des maux que nous sommes hors d'etat de comparer, tels que les de- lices de I'amour paternel et les jouissances de la sante , ou la privation de I'uu ou de I'autre. Parmi les faits rapportes dans ce chapitre, il en est un qui merite une mention particuliere. Un ofTicier de la garde royale, traite suivant les preceptes de la doctrine physiolo- gique, pour unepretendue gastro-enterite chronique, avait perdu ses forces, le sommeil ; et, ce qui etait encore plus aiarmant, il desesperait de recouvrer jamais un etat de sante tolerable. La rampagne de 1825 fut une puissante diversion a I'hypo- condrie qui s'etait emparee de lui ; le regime des camps le guerit pour toute la campagne ; mais I'oisivete de la paix, la crainte de redevenir malade, I'attention dirisfee sans cesse CoC) SCIENCES PHYSIQUES, vers le incinc nhjet, en un mot , louti's Ics causes dii malaise prectnlent rcparuront bienlut ; Ic ri-giiiic ful repris, ct cet of- fioicr se retroiiva prcciscmenl dans Ic memo clal qii'a Touvcr- tuie do In oampagne. Degofite enfin dos essais inrrucliieux qu'il avail fails jusqu'alors, il essaya do prendre des aliuiciis plus subslanticls que ceux auxquels il s'elait reduit, el il s'en trouva bien ; le Traite stir les gonlralgics elant lonibe eiitre ses mains, il y reconnul sa nialadic, changea de regime, consulta I'auleur du llvre, suivit ses eonseils, el apres quelqucs re- chutes, causees principalenieut parson imnginalion encore ti- mide, la sanle lui Cut rendue. 11 parait que ces rcchulcs sont assez commimes parmi les maladesimaginaircs; serait-ce parce (pie I'art de gnerir les maladies morales est moins avance (pie la m([decine physique ? ou bicii, t'aut-il reconnaitre que la partie la plus noble de I'homme est susceptible d'altd'rations plus profondes et plus irieparables que son etre mateiiel? L'influcnce du moral sur le physique a ete le sujet d'excel- lentes dissertations, parmi lesquelles on a remarque celle de Cabanis ; mais, loin que la matiere soil i;puisee, il semble , en lisanlce Iraile, que les m iMi;»lyscs avec justice, est prosqiie en raison de leiir l)rievelc. <^>iiam! iiti uiivnigc ptisse Irois voliimos, 51 iniit que Ics amis de i aulciir aiciil Ijicn du zilc pour reussir a I'airc qu'on s'occupc de lui; quand il i-n passe dix ou douze, ils do! vent dcscspe- lev : c'esl tin fardeau cnornic qu'aiicun rcdactcur ne se soucie iPiiroiUre acliaquepagc; de ccltc impaliciice cju'cxtitcal I'eii- Ihirc, la fausse eloquence, la prcleuliou aux periodcs cicero- n.ieuics d'uu barbaie, siirtoiit lorsfiu'oa sent que chacun de ses effarts I'oloijjnc aulant de la veritc hislurique , que de lu \erile oraloire. En rcprenant , dans le langngc clair, aninie, i'k''gant de M. Guizot, ies inemes cliapitres de Gregoire de Tours ou dc Frcdcgairc, qu'il nous avail fallu devoier a plu-. bieiMS reprises, avec tant dc nausees, nous ne puuvioas sou- \enl iioiie que nous Inssions le incmc liistoiien. Aussi,malgi*VI'excu)plcque nousavonssignulc du fauxjuur sxms lequcl Ies traducUons ont presentt; des doctrine&icligieu- ses, cioyons-nous que rhisloiie de ccs doctiiues mr-aies ap- piilleaujourdiuii dc nouvellcs traduvlioDS. II y ala unc grandc (.'iiliepri.'ie I'l laire^ ulile cgalenient pour repau'lre Ies hiniiercs, pour multiplier dans Ies bibliolhequcs Ies grands depots des connaissanres humaincs, et commc speculation conimcrciale ; nous la recouuT*an;li)ns aux erudits laborienx, qui doivent rcconnailre (|ue 1g cer; Ic de.s grandescolk'clionspour I'iiistoire naii(uiale a ete parcouru prcsque en cnlier. La colleclion de. M. Guizot prend la nation des Francs des sa preuiieic oiigiuCj,; (.lelle de M. Buclion lui iaU suite imniediateinent ; elle con-: li*-'iit, en 47 volumes, ksxhruniqucs des xiii%xiv' et xv' siecles. (leile de M. Pelitot contient Ies Memoires du xiu' auxviii' sit'cle : leui' premlei-e terie s'anelaitauxvi''sieclc ; iaseconde,. qui passe deja 73 volumes, atteint I'cpoque ou coininence la co'iioction de MBl. Ber\iUc et Bai'rierc, dcstinee aux Memoires de la rcvoliUion. Ainsi, Ies nionumcns de I'liisloire de France sont reproduiSs depuis I'origine de la monarclue jusqu'a nos jours. Tousceslemoiiiscontemporains, entendus devantle pu- ])lic, ont lait suceeder lacounaissancedela verilea laconslante deception qii'on avait presentee a nos peres. Jusqu'ici, Ies au- teurs de compilations u'avaient laisse voir le tems passe qu'au. travers du tems present. I!s reportaient la pompe et la magni- ficence de la monarchic de Louis XIV, au sieclc de Clovis, ftvec le despotismc des rois, la basjcsie des couitisans, et I'obligation de Irouver des vcrlus cl dc,i talcus d;vns tons Ies 620 SCIENCES aiOIlALES nialtres qui sV-taient siicredo-s sur Ic Ironc. Mais , en face dcs t'crivains originaux qu'oii vient de rcprodtiire , I'histoire do France, telle que I'ava it confuc Tahljo Velly, n'est qn'imemaii- vaise parade a laqiiellc personne ne donne plus d'attention ; Ics liommcs dcs anciens terns ne s'y mnntrent qu'aft'ubles d'habits de theatre, presque aussi ridicules que ccux que M"° de Scuderi donnail dans ses ronians a ses heros grecs ou romains. Mais il manque unc cle a rhistolre dc France et de I'Eu- ropemoderne, a I'historre dcs opinions et ;\ cclle des puissan- ces qui ont agi dans toutes nos socicles. Cette cle, c'est I'histoire de retablissement du christianisme ; c'est I'histoire del'tlglise dans les cinq siecles qui ont precede Gregoire de Tours, Ic premier des historiens traduits par M. Guizot. La decadence de I'empire romain appartient a une autre serie d'evencmens ; elle doit faire I'objet d'etudes separecs : mais la religion est une partie essentielle et toujours prcsente de toutes nos orga- nisations modernes. On ne pent comprendre la societe A au- cune des epoqiie^ de I'histoire de France, qu'en comprenant la religion telle qu'elle etait alors, et Ton ne peut comprendre la religion qu'en suivant ses dcveloppemens et ses alterations. Si ceux qui ont ecrit Thistoire civile dans le xvin' sit'clc Toyaient toujours lo tems passe au travers du terns present, et transportaient les prejugcs et les sentimens du jour, sur toute la dnree de la monarchic, cette illusion est bien plus puissante encore pour tons ceux qui ont ecrit sur I'histoire religieuse; jusqu'a cc moment, elle est memeuniversellc; et elle est tout autrement decevante pour I'esprit, parce que la religion est un sujet dont tout etre pensant s'occupe ou s'est occupe, tandis que I'histoire, mcme nationale, commande a peine I'atteution d'un homme cntrc vingt. Nous vivons, nous pensons, nous senlons tous dans un systeme que dix-huit siecles ont cree; personne, absolument personne , n'a la force dc voir le premier de ces siecles, tel qu'il etait avant que dix- sept autres siecles aienl pass^ sur lui. Personne ne saurait oublicr les expositeurs, les conimentateurs, les controvcrsis- ET POLTTIQUES. 621 tcs, les critiques ct les incredules, qui, en sc vantant d'eclaii- cir chaque partie, couvrent le tout de leur ombre. Si un homnie se presenlc , qui, avec la mesure, la clarte, I'impar- tiulite quo M. Guizot a apportees daus son travail, reoueille et preseate de meme en bon francais, dans leur ordre chro- nologique, les monumens choisis, authentiqucs, des cinq pre- miers sieclcs du christianisme, on sera confondu de la bril- lanle lumiere qu'une attention populaire universelle, dirigee sur ce sujet, fera jaillir de questions qui se lient i tout ce qui nous est cher dans le monde. Une telle colleciion devraitcomprendre tout ce qui reste des deux premiers siecles ; car tout ce qui reste est assez peu de chose. Nous y roudrions Toir, dans I'ordre de leur date, apres les epitres vraies ct apocryphes des apotres, tous les evangi- les et les Iragmens des divers evangiles canoniques et apocry- phes, les canons attribues aux apotres, tous les ecrits de con- troverse des Gnostiques, toutes les epitres des disciples. En nvanoant, comme la bibliolheque ecclesiastique devient plus nombreuse, il faudrait faire un clioix, mais le faire toujours dans la vue de representer toutes les opinions. II faudrait, dans les traductions, s'attacher a faire connailre toutes les ac- ceptions des mots, toutes les fois qu'ils out donne lieu a con- troverse ; il faudrait ne rien vouloir prouver, ne rien voulo r etablir, ne rien vouloir dissimuler, s'abstenir de tout com- jnentaire, et se contenter de faire preccder chaque ecrit d'unc courle notice, qui comprit ce que Ton sail sur son auteur, sur sa date, son aulhenlicite, et les doulcs qui se sont cleves sur des interpolations. Nous osons rtpondre au libnvire qui se chargerait d'une telle entreprise, avec la direction actuelledes esprils, qu'aucune n'aurait un succes plus prodigieux. Nous avons donne la collection de M. Guizot pour modele, quant a rimpartialite et a la sagesse des choix : ilconvient peut-etit; de nous etepdre un peu sur ce sujet. Toute la periode des Merovingiens, comprenant environ deux siecles et dcmi, est comprise par iM. Guizot en deux volumes in-octavo, qui conliennent seulcment quatre Uis- xh-i s<;ii<:?t inllnimcnt pins liaibare, phis ignorant, plus indifferent au bien ct an mal que son devan- cier. Son recit s'etend de 583 a 641 : c'est le dernier crcpiis- cule de la himicrc. Unc vie dc Dagobeit, qr.i regna dc Gaii a 658, ccritc dans la generation qui siiivit la sicnne, et unc vie dc saint Leger, par nn conlemporain , qui nous lait cntrc- voir les gucrres civiles dc Ncnstiie ct (rAiislra.<;ut les juger toules par ce fragment d>cs Annalcs de Saint-Nazaiic ; elle s'etendenl de I'an 707 a I'an 790, ct ergers, tandis que leurs brebis se repose nt, et queleurs chevrcs cueillenl les flcurs du cltyse, qu'il veut soupirer I'histoire de Clovis. On cite aussi Almoin, moine dc F*loriac, qui, plus tanl Jieut-elre «ncorc, s'csl cfforce d« Iraduirc en belle lalinile, el ET POLMIQUES. 6 '5 d'onicr de fables romanesques les fragmeris des ecrh aini nit';- lOTingiens. II s'anele a I'annee 641. Eiifiii, on cite Ics vhvo- uiques de saint Denis, qui, pour cette epoquc, ne sont autre chose qu'une traduction francaise de ce meaie Aimoin , faile A la fin du xiii* sieclo. Voila a quoi se reduisent tons les histo- riens des Meroviugiens, et voila le fatras que M. Guizot a rejete avec raison de sa collection. Avec non nioins de raison, il a rejete les extraits de la vie des saints qui remplisscnt plus d'lin demi-volume de la collection des Eenedictins. Ce sont desouvrages d'iniagination qui ne sont pas sansnierite pour faire connaitre cette epoque ; mais ce qu'ils ont de plus cu- rieux, ce sont justement les fables que les benedictins ontcru devoir omettie. Le quatrieme volume de la collection de ces savans religieux est destine aux lois des Baibares. C'est le monument le plus precieux de cette singulitre organisation so- ciale, mais ce n'est pas de I'histoire. Dans la periode suivante, M. Guizot s'eloigne davanlagc du choix qui avait cte fait par ses predccesseurs. Son troi- sieme volume contient le pen qui nous reste des hisloriens de Charlemagne, de son fds et de ses pelits-fds; Eginhard, le moine de Saint-Gall, Thegan, Tastroiiome , et Nithard. Ces houimcs furent conlemporaiiis, quelquefois acteurs, dans ce premier triomphe de la civilisation sur la barbaric, dans ce premier abandon de Tabus de lu force , pour revenir vers un gouvernement etabli en vue du bien de tons. lis frappent d'e- lonnement, par leur superiorite, sur ce qui les precede et ce qui les suit, et ils laissent en meme terns un profond regret, parce qu'ils ne sufiisent point a faire comprcndre un homme el une epoque si extraordinaires. Ces historiens se trouvaient dans les volumes v, vi et vii de doni Bouqujt, entremeles avec tousles fragrnens de chroniques franques et etrangeres, contemporaines et posterieures, que , selon la facheuse me- thode adoptee par ce savant, ii avait morcelees regne par regne. Au quatrieme volume, la traduction du poeme d'Ermold-le- iSoir, sur les faits et gesles de Louis-Ic-Pieux, nous y fait T. XLIV. nECr.MBRE 1 83f). /j" Ck'.G sciences iMOJlALE.*; IrouveiL* que hous n'avions point su voir ilniis roiigiiiaF. Kr> effet, pour coiripiTndre Ics poi'nies de cct ilgf , ii rjiudmit ley tradiiire d'abord, ct, (|iiand on a onbiie le texte, rclirc ia tra- duction, pour que la falij^ue , J'oljscurile , le doute ou le de- goOt qu'on eprouve en luttant centre leur versification bar- bare, ne vous detournent point des idees ondes images dignes d'attention. Ce poeine, cehii d'Abbon, irisere au torn, vi, sur le siege de Paris, en 885, ct la Philippidc de Guiliaume-ie- Brcton, inscrte au xii' , acqiucrcnt par ces tradiiclioiis une imporlance qu'ils n'avatcnt point encore; on les avait lirs , sans doute, niai< sans pouvoir commander son attention en les lisant; des delauts trop cboquans n'en laissaient pas son- tir le merite. La traduction de M. Guizot fait aujourd'bui I'il- lusion contraire : Tccorce grossiere de la barbaric a ele enle- voe, ct Ton est entrairie a croire les auteurs infiniment plus judicicux, plus scnsibles, pins poetcs qu'ils nerelaient reellc- ment. Dans le mcme volume iv% M. Guizot a cTonne les chroni- ques de saint Hcrtin et celles de Metz, de I'an S/jo a I'aii 900, ct, dans le tome vT, celle de Frodirard, de 5)19 a 978. Aiusi, la serie des evenemeiis n'cst pas inlerrompue , mais ce n'est qu'un fil bien delie, pour conduire au travers de la barbaric «'t de I'anarcbie universelles, qui envaliircnt de nouvcau la France, apres que les genereux eli'orts de Cliarlemaguc pour ictablir I'ordre enrei>t echoHe.»Ce n'est point dans de tels ouvrages, dil M. Guizot, qu'011 pent comoiencer a apprendre riiistoire ; car il faut I'y chcrcher laborieusement , Ten exhu- mer, pour ainsi dire, piece u piece, remettre cliacune a sa place , et reconstruire le passe, dont les monumens ue nou» offrent que des ruines (T. iv, p. 120.). « M. Guizot a cberche a nous faire trouver, dans unc autre classe d'ouvrages, la peinture des nioenrs a la meme epo(|ue , la manifestation des grands interets qui rempltssaient les cceurs cs ((tii se rapportcnt aux circoiKotantes puliliqiirx, en sepiiranl par rlr^ poinls c(!s IVai^iimns d'line ou dciix lignes. II n'cst pas vrai qii'nn ait jamais In, fpi'oii piiisse jamais lire cl«; suite (les phrases liistori(|iK's, rpii cesscrit do former uii recit » qui ne disent point les evenemeiis que I'auleur a vouiii con- ter. La maiiiere deplorable dont les hisloriens de France onC ele haches , dans la grande colleclion des Benedietins , du tome V jusqu'au xiu', suffirait seule pour rendre indispen- peusable, dans une bonne bibliothtque , la coUectiou de M. Guizot. La p.irtie de cetle collection qui se f'era lire avec I'interet le plus vil' est sans donte celle qui contient les historiens des croisades. Pour la premiere fois , depuis la cliute de la repu- bliqne romaine, les historiens repondftient a nne curiosite , ou plutot a nne passion publiqne, a I'ardent desir deconnaitre dans tons ses details le sort de ces champions de la croix ^ parmi lesquels chaque famille comptait un ou plusieurs de ses membres, qui allaient au nom de toule la chreliente aocom- plir le \oeu de la chretiente. Pour la premiere fois, on\oit rc- parailre dans les historiens du mo^'en a^e, lesvcrtus, riieroi'smc ttle patriotismede ranlsquite; ct toutes les fois que les senli- mens sont vrais, I'ecrivain, memo barbare, trouve un lanj^aj^e vrai pour lesexprimer. Dix volumes soot remplis par leshislo- riensdes croisades; Guibertde Cogent, Guillaume de Tyr, Al- bert d'Aix,Raimondd'Agiles, Jacques deVilry, Robert lemoine et Foulcher de Chartres , avaient etc publics par Bongar^, dans sa collection intitulee GesiaDei per Francos. Bernard le tresorier , et Ilaoul de Caen, par Uluratori; Odon de I>euil u'avait ete public que par le P. Chifriet, jesuite, dans un livre assez rare, destine a prouver la noblesse de race de saint Bernard. Quelques autres hisloriens, en petit nombre, pu- blics par Bougars, ont ete negliges par M. Gui/.ot, et pou- vaient I'etre, sans exciter de regrets. Deux autres volumes sont cousa.'res a I'liistoire d'une autre aroisade, bien diilercnte de celles de la Terre-Sainte ; d'une etoisat'o egalemeiit cpouvantable. et par les senlimcns qui ET POLITIQUKS. O29 air.iuaieiit les giieiiiers, et par les crimes qu'ils Gomniirent, et par les effets fiinestes qui en sont resullos. Us firent retro- gnider de plusieurs siecles tout un penpie qui marchait en avant des autres vers la civilisation. Troi-s des historiens tra- duits par M. Guiz,ot, sur la croisade contre les Albigeois, se troiivaient dans la roUection de Du Chesne, savoir : Pierre de Vaulx-Ccrnaj, Guillaumc dePuy-Laurens, et la chronique dite de Simon de Montlbrt ; le qnatrienie, traduit du patois languedocien, avail ete imprime dans les preuves de I'his- toire de Languedoc. Nous ne connaissons aucun autre histo- rien original de celte effroyable catastrophe. Le treizienie volume, qui contient la chronique de Guil- laume de Nangis, avec son premier continuateur, del'an 1 1 13 a I'an i527, fflrme I'anneau qui reunit la chaine des histo- riens publics par M.Guizot, avec ceuxqu'ont publics MM. Bu- chon et Petitot. En effet, les huit premiers volumes de la collection de Buchon, coutenant entre autres Villchardoin , Philippe Mouskes etGuillaume Guiart, appartiennent au trei- zioine siccle; tandis que les Memoires de Joinville, au mcme siecle, sont les premiers de ceux qu'a reimpriuies M. Pe- titot. Nous avons ainsi indique a pen pres toutes les parlies dont se compose cette collection; et, en terminant notre revue, nous ne croyons pas pouvoir porter sur son ulilitc un juge- ment plus jusle que celui que M. Guizot a exprime lui-meme dans une de ses notices. «C'est seulement, dit-il, aprcs avoir lu les historiens mbdernes, apres avoir bien dcmele dans leurs livres la serie des principaux faits, et la situation des principaux acteurs, qu'on peut aborder avec fruit la lecture des historiens contemporains. Mais, alors aussi, ces derniers sont indispensables a qui veut vraiment savoir I'histoire : eux seuls font comprendre, par le caractere mcme de leurs ecrits, I'ctat reel de la societe : eux seuls, quand la science a fait son oeuvre, contraigncnt I'imagination a faire aussi la sienne, en se replongeant dans le chaos, qu'ils reproduisent fidclcmciit. Sans !os Iravaux des niodcmcs, pen de leclcurs ()3i> SCIENCES MORALES prcaJraicnt lu peine de rechercher eux-memes, dans ces re- tits du terns, les membres epars dii sqiielctte de I'lusloire : sans la lecture des contemporains, celte histoire nc serait, pour la plupail des lecteurs, qu'iui squeletle sans vie. » (T. IV, p. 120.) J. C. L. DE SiSMOJiDl. \^>V\M\ www VMM IIisToiRE DE LA niivoLUTioN FRANgAisE ; par M. A. Thiers. Second e edition (i). SECOND ARTICLE. (Voyez /?ft). Enc. , t. xlii, mai 1829, p. 374-) Le trone etait renverse ; ses defenseurs,en fuite ; le roi et sa fainille, tombes an poiivoir des vainquciirs... La question qni divisait les partis prit soudain une etendue nouvelle : ce ue fut plus pour les principcs de la revolution , ce I'ut pour la France menie, qu'il s'agit d'etre ou de n'etre pas. Les bons esprits le sentirent d'abord ; les hommes passionnes le devi- nerent : de cette situation generaleuient reconnue, devait re- sulter la suite d'evcnemens la plus extraordinaire que Ton rencontre dans I'histoire des hommes ; il n'y a point, je crois, d'exageration a qualifier ainsi les eTenemens qui remplirent I'intervalle du 10 aout 1792 au 9 thermidor an IL Poursuivant noire tache telle que nous I'avons concue , a une analyse necessairement incomplete et qui reproduirait mal I'interet et I'energie des narrations de M. Thiers, nous substilucrons les reflexions qu'a inspirees la lecture de son livre et les souvenirs qu'elie a reveilles. (1I Paris, 1828 et 1829; Lecoinle , libraiie-dditeur ; Alex. Mcsr.ier. 10 vol. in-8°; pijxjjofr. ET POLITIQUF.S. 63i Dans les combats poliliques, plus terrihles par leiirs conse- quences que les batailles les plus meurtrieres, les armes par excellence, les scules efficaces, ce sont les passions. Chaque parli les excite, ksexalle, lesaveugle, et s'elTcrced'en propor- tiunner la violence ;'i Timniinence dn danger, a I'importance du sncces. Le succes est atteinl : le mouvement imprinie ne s'ar- rete point avec le besoin qui I'a fail naitre : son elan depasse le but ; et alors la yictoire echappe aux vainqueurs : de leurs mains, elle tombe aux mains d'hommes, dont le seul titre est de porter a un plus haul degre d'effervescence les passions qui I'ont decidee ; et ces bommes doivent avancer encore, sous peine d'etre renverses a leur tour, et foules aux pleds par les rangs qui les suivent. Cetle impulsion progressive, qui determine la marche et les consequences des mouvemens politiques, conduit plus on moius YJtc a des exces sous le poids desquets I'enipire des passions viclorieuses succombe, faisant place a line reaction plus ou moins complete. A I'espoir, a Taclivile, au zele , a renthousiasme detrompes, succedent la lassitude, le degoQt, la crainle, I'borreur ; et ces nouveaux sentimens entraineront bientot dans des exces contraires la multitude, aussi etonnec ensuite de ses pas retrogrades qu'elle le fut d'abord de scs pre- miers pas. Le mouvement alternatif se prolongerait de lui- memc , lors meoie qu'il ne se rencontrerait pas, ce qui se trouve toujours, des bommes ardens a provoquer ces oscilla- tions, 6t plus ou moins habiles a en profiler. Ces verites, qui expliquent les diverses phases de notre re- volution, ne sont point des decouvertes contemporaines ; il est facile d'en faire I'application a des ages anterieurs. Ennemi jure des nouvelles doctrines, et entralne, par I'exces de la su- perstition, a obeir passivement aux Inspirations sacerdotales, Henri III, vainqueur des prolestans a Jarnac et a Montcon- tour, et I'un des artisans de la Saint-Barthelemy, ne se vit-il pas neanmoins depasse , eclipse, ecrase par les chefs de la ligue qui, profcs^ant un fanatisme plus outre, s'emparercut (io-1 SCIENCES MOUALES du parli cnthdiique et lui firent regartler comme eimemitont ce qiii lestait eii (le(;;\ de loirs exagoralions ? Plus (ard , les exci's dc la ligiie triomphante falinuercnt le pciiple qui, lonjf- tcnis le joiiet d'liiie crojance avciigie, iccnnmit 011(111 qii'il aviiit scrvi des liommos coupahlcs, quand il-ric voidait qii«; .soiiJpiiir la cause de Dien. Cctto disposition des esprils iacilila le trioiiiphe de Henri IV, ;\ iinc epoque on ses forces morales <'t poiitiqiies elaient loin d'egaler celles qne I'Espagne et la rour de Rome mcttaient a la disposition de ses adversaires. Kous pourrions ciler bien d'aiitres exemples : mais il est terns de revenir a notre snjet. Uniquement occnpe de I'evenement dn combat, le parti Girondin, dont les cbefs siegeaient a I'Asseinblee legislative, ii'elait point prepare a nser de la vicloire; la rapidite du mou- vrment general no Ini laissa pas le terns de reparer son ou- l)!i. Les fenx dn 10 aofit elaient a peine eteints; et deja la Conimime de Paris s'etait cmparee du succes ; la Commune de Paris, reunion d'liommes jusqne-la obscurs , mais au sein desquels fermentaient , avec le plus de Yiolencej les passions dont I'explosion yenail de terminer la lutte entre le trone et les principes revolutionnaires. Loindeprevoirla possibililed'une telle usurpation, les G iron- dins enassiirerenl la reussitepar une I'aule contre laquelleau- rait du les preniunirle souvenir des evenemens de 1789. lis crurent qu'un grand mouvement revolntionnaire pent s'operer isolement, et qu'il laisse la lacuite de rentier, des qu'on le veut, dans la voieaccoutumee et dans I'ordre legal; ils ne vi- rent pas que la journee du 10 aofit avait eleve entre eux et la ro3'autc une barriere insurmontable ; ils se conteuterent de declarer la decheance du mouarque, saus se prononcer siir la monarchie. C'etait s'arreter sur une pente ou aucun pouvoir liumain ne poiivait les mainteiiir; c'elait renoncer a dirigcr le mouvement imprime a la chose pnbliqiie , pour n'etre plus qii'entraines par lui. Ils pretendaient ainsi rendre lionunngc aux principes : mais cct hommagc nc desarmait aii-unc pas- i<:t POLiriQiJts. r,:,-) sioii; il ne sali-rfaiiiuil ni les amis de I'ancienne monarchic, ni les constitutioniiels , ni les repiihlicains : il ne pronvait rieii que I'iniprevoyance et ririesoiiifion. La conmuinc de Paris ne se contcnta pns dc profiler de la victoire doiit eiie heritait; secondee par Teffroi et I'exaspera- lion que caiisuit I'approclie de I'ennemi, ello en fit iin ahiis atroce, en ordonnaiit le crime qui depeupia les prisous aux premiers jours dc scpteml)re. I)es scelerats voulurent, par la lerreiir, clever I'autorite de la commune dc Paris au-dessus de toutes les autorites : car il est I'aux , et on ne peut trop le rcpeter, que les massacres aient cu pour but, et moins en- core pour effot, d'exaller I'energie nationale. Dans les depai- temeus qui n'en furent point souilles, cette energie ne sc dc- ployapas aAcc moins de vigueur; et a Paris, I'appel aux amies lut entendu, et les balailious se formaient de toutes parts, lorsqu'on ignorait encore par quellcs liorreiu-s une auloritc coupable prelendait seconder I'clan du patriolisme. L'exccs porta bientot scs fruits : les massacres des prisons rcpandirent dans la capitale et dans la France la consternation et I'horreur. Les auteurs du crime cherclierent a s'excusersur les dangers trop reels dont I'emigration et les etrangers nie- naf-aient ia palrie. Ce f'ut en vain : I'assassinat premedite d'bonimes desarmcs cA parqiies dans des piisons repugnetrop a la noblesse de notre caractcre national. Les liommes Ics plus prononces pour la defense du sol natal et de la lil)crte con- quise repousserent la communaute d'interets et de passions que leur olVraient les egorgeurs ; its refusi'-rcnt de serrcr, dans Icurs mains pures, des mains teinles de sang francais. Le grand nombro, la prcsquc totalite des membres de la Conven- tion nationale arriverent a leur poste, penelres de ce sentiment : les Girondins avaient reconvre tuie majorite immense aux pre- miers jours de la republiquc. La force qu'elle leur assurail devint d'autant plus reelle, que leurs adversiiires pcrdircul alors unealliie formidable : la craiiile des armces clran^cros s'elail cvanouic. Les Prussiens 65i SClKiNCKS JMOKALES olaient en pleiiie lelraite ; loin d'avoir a subir lo» loii dti vain- queiir, nous songions a dieter des loisa notic tour. Detrompees de la facilifc pretendue de conqiicrir la France, la pltipartdes pui.s.saiices eiiropeennes affectaient nne neulralite au nioins appareiilc. Et a I'interieur, le royalisme n'avail pas eiicoie rcpris assez do force et dc courage, pour cpie I'on ortt a craiiulrc, VM compriniant les amis de la licence, deservir Ics eiuieuiis de la liberie. Des liommes d'Ktat (on donna anx Girondin^ cc snrnom, qu'ils ne justiiierent jamais), des homnies d'ttat anraienl senti que de tels avanlages etaient plus hriilans que durables, lis auraient prevn que I'enlhousiasme, qui avail precipite la population franraise contre I'etranger, se refroidirait en pro- portion de I'eloignement du peiil, el qii'un premier revers, au contraire, nefeiait, thez nos enneniis, qu'ajoulcr lescombi- naisoiis d'luie allacpie niieux calculee, a la perseverance poli- ticjue des ressentimens, des craintes et de ranibition. Us auraient prevu que la dcsorganisalion des armees et des admi- nistrations, et la penurie des ressources pecuiiiaires, malheurs inseparables de crises si yiolentes, apporteraicnt bientot de grands obstacles, non-seulement aux projets de conqueles, mais aussi aux mesures defensives. Des honimes d'Elat au- raient reconnu que presque tous les Etats restes neutres, et surlout I'Angleterre, n'etaientpas moins euneinis de la Fiance que les princes qui avaient commence les hoslililes ; iis auraient reconnu qu'a I'interieur, Ic parti violent qui disposait, non de la population, niais de tout ce qui exercait (pielque aulorite dans la capilale et sur d'aulres points imporlans, reslait arnic de I'exageration patriolique qui avail decide son premier triompbe, et qui n'avail nui a son pouvoir que parce qu'il en avail fait un trop effrayant usage; et ils auraient prevu en- core qu'a I'instant on reparailraienl les dangers extericurs, ce levier reprendrail toule sa force ; que , pour la lui rendre inOine, il n'elail pas besoin des perils du dehors... Le lo aoOt avail b'gue a la repnblique naissanle la decision du sort de Louis \\1! ET POLITIQUES. Ooj Que devaieut fahe les chels de rAssembleo , siir la sagcsse de laquelle reposaieiit les destinees de la Fiance? M. Thiers laxe de faiblesse la majorite de la Convenlion. II a raison. Mais il devrait observer que le delaut d'euergie, dans les deliberations politiqiies, est naturel anx niajorites, de quelqne maiiiere qu'on les compose : les homnies reunis ainicnt naturellement a s'appuyer les uns sur les antres, et les pins prompts sont toujours forces, et souvent enclins a attendre ceux dont la marchc est la plus lente. 11 raut,aux masses, des chefs qui les enlevent. Les Girondins possedaient IVloquence et la reputation necessaires pour y reussir; mais ces deux conditions ne suffiseut pas : une ferme'e inflexible, une grande force de resolution doivent s'y joindre. Loin d'en sentir le besoin, les Girondins crurent pouvoir contenir, par la frCle digue des lois, un torrent dont, plus sages, ils auraient cher- che a detourner le cours. Et toutefois le parti adverse ne les trompalt pas sur leur position; il se declarait audacieusement en revolution, et arme contre le parti des lois, non moins que contre les emi- gres et relranger. Les moyens les plus violens, il les invoquait comme les meilleurs ; la puissance seule lui manquait pour les mettre en ceuvre ; et chnque jour, par une voie ou par une autre, il tendait a acqutiir la puissance... Lutter avco la raison et le droit contre un ennemi pour qui toutes les armes sont bonnes , c'est une faute que nc commet point le particulier at- taque dans son domicile ; il repousse la force par la force, en attendant que les agens de la loi viennent le secourir ou le venger. Soutenus par la majorite de la Convention, fortifies par I'opinion publique dans tous les departemens et dans la plus grande partie de la capitale, les Girondins tenaient a leurs ordres des bataillons de pdercs, animes du patriotisme le plus pur. Les occasions d'employer ieur zele se presentercnt frc- quemmeut ; ellcs etaient encore exemptes de danger; on pouvait, an nom de la republique, vaincre pour la repulilique et lion pour la royaute al)altue ; il ne fallait que se baler.... 056 SClE^CIiS MOUALES La pcnsee »eulc d'une resolution energificit; I'lil npoiissco par Ics Giroiulins (i). Cliaqne jour rloifi^na d'ciix la possibility dc* rossiisir rocciision perdue, lis cnndialliront eiicoro pit's do sli mois avec laloiit, aveo conra};o, aveo j^loire : iiiais. jelos el eti- lormes dans line position laussc, avant la fin de dt'cend)re 1792, lis etaient vaincns sans rossouroe. Ponr s'assnrcr que nons n'cxaj,'erons point le vice do lenr posilion, (]u'on la jngc dans Ic eonrs d'nn evenenient aiiqnel ils devaient etie prepares, le proces dc Lonis XVI. Sans toucher aux considerations morales, sans rapjveler le voen <]ne formaient le plus grand nombre des Francais, ct en n'envisagcaut que le cote politique de la question , on recon- nait qn'il etait de I'interet de la nouvelle republiquc de laisser vivre le nionarque detroue, en I't'loignant pour jamais du sol oi'i il avait ces«e de regner. (iClte verite n'avait point echappe a la majorite de la Convention : mais les chefs qui, pent-etre, Tavaienl i'ait le n)ieux ressortir par leurs discours, en alTai- blirent le sentiment par des tergiversations pen digues de (1) Lcs fcderis inspiraient tin jiisle cffroi a la commune de Paris, qui senlit tout ce que Ton pouvait tenter avcc leur secouis. Elle soUitila et oblint leur depart ponr i'armee ; et, afin d'iiilliier snr Icnrs opinions, elle voulut qu'ils quitfassent les casernes oil ils itaient lasseiiib'es, et I'ussent repartis dans les cliel's-lienx des quarante-hnit wc/rVm.'! de la capilale. A ciiacun des chefs-lieux etaient placers denx pieces de canon, avcc nn I'aible poste de gardes nalionaux, donl la plnpart auraient voluntiers se- conde les desseiiis des fe/lcres. Ccux-ei n'avaient done qu'h se leiinir soirs les aimes. Ions an m«"nic instant, a riicnie oil le tambour anrait iiattu la reliaile, sous Ic jMetexIc natuiel de repondre a I'appcl mililaire : ils se seraicnt trouves mailres de qnaranlc-liuit posies et de qiiatre-Tingt-seize pieces de canon, el en elat dc se faire ecouter, lorsqu'iis auiaient d<'- mande k assurer la liberie dc la Convention, avant d'aller exposer lenrs vies sur la IVontiiTe. La proposition en fut laite par iin bon citoyen, qni observa, en mt'nie teins, qu'on ne devait point remeltre an iendeniain, parce que les sednclions de tout genie seraient bienlot niiscs en ceuvre perer a la coiulanination a moit, en la contrebaiaiicant par line reslriction a pen pKsilliisoirc; puis ombrassei-rcspeiance plus illusoire d'un siirsis qui , remettant tout en question, de- vait etre repousse par une asseniblee pressee de sortir, enfin , de celte discussion oragcus*. On les vit, en un u)ot, fairc tout pour ahaisser Icur consideration, attenuer leur influence, em- pirer leur position, sans rien changer a la catastroplie. Des revers, que Tivresse de la prosperite pouvait seule em- pechcr de prevoir, succederent a nos succes en Bel^ique : i's aggiavereut la position des Girondius ; par;'c qu'en augnien- tant I'exaltation du paili contraiie , ils lui lournissaient plus qu'une excuse plausshle ; ils la justifiaifut par un .^enlinient tout populaire. On raconte, et M. Tliifrs adopte cctte croyance, «pie Danton alors clicicha a se rapprocher d'eux; et que leur ressentiment implacable cmpecba une conciiiation, dontl'efiet aurait etc d'assnrcr la marche de la revolution, sans inonder sa route du san^^ de scs amis Ics plus zelcs. II est difllcilc d'ad- incitre que ces avances aient ele assex franchcment pronon- cecs pour enlrainer la confTance des hommes a qui elles s'adressaieut : le langage des amis dc Danton, a Tepoqiie on une pareille tentative aurait servi a son apolojie, n'en a rien revele, et u'y a jamais lait allusion. Danton hii-meme anrait-il pu attendre quelque resultal de la coiui'.iation desiree ? Tout-puissant quand il secondait, quand il preccdait la marcbe des passions violtnitcs, ou aurait-il tronve Ic ponvoir de la ralentir, de la contrarier ? Et, des ses premiers pas en sens re- trograde, les accusations de concJission qui , plus tarJ, lui de- vinrent fatales, n'anraient-elles pas retenti elTicacem! nt, de la part d'lionunes qui nc crsignaient pas d'impulalions sem- i)lables, et que ia haine, antant que i'ambition, portait ;\ ne soufl'rir cntre cux et Icnrs advcrsaircs, aucunc espcto dc i-ai)- prochemerit ?_ Qnoi qu'il on soil, N-s (rnondius se mo.i.'rvreiil d'a:!fa;ii O'kS SCIKNCKS iMOUALKS jiliis .lUnches aux principes d'ordre i-l dc k'galiu'; que leiiis ennemis s'oii »'tartaient davantnjfc. lis decrotaictit Marat d'ar- rnsatioii, qiiaiid ils iie p(jiivaiL'nt I'envnycr que dcvanl lui tri- bunal compose dc ses auiis ou de ses creatures, et lui assurer ainsi une absolution Iriompliante (i). Menaces dopuis le com- iiiencenient de mai d'unc conspiration dont les artisans ne daignaient cachcr ni leurs projets, ni lenrs manrruvres, ils y opposerent nne comviissioii (|ui proceda aussi jnridiquement qu'an seiri de la pnix la pins prol'onde . el dout toutet'ois, an preniier signal de danger, ils se bateient dc ilesavoner les in- tentions energiqucs. La puissance lenr manquait ponr sou- tenir, parde»actcs, ces intentions.... II fallait done le sentir auparavant, et ne pas se niettre, par une f'aiisse niesure, dans la ncccssite de reculer devant des adversaires dont I'audace devait s'en augmenter. Ce syslenie errone survecnt aux jonrnecs du 5i mai ct du 2 juin : en signanl une protestation contre la violence qu'avait subie alors la representation nationale, soixante et treize de- putes ernrent fa ire autre chose que de fournir une piece a I'appui de leur acte d'accusation. Par un dernier trait d'aveuglement , les Girondins ont re- proche a la population parisienne d'avoir soufferl ces jonrnecs desastreuses (2). Ignoraient-ils qu'une masse est cssentielle- nient inerte; et que touts action spontanee lui est impossible, quand les chefs a qui elle obeit ont interet a rendre son ener- gie inutile (5)? Oubliaient-ils que les autorites qui retinrent (i^ o Ilonilncm improbam /ion accusari tiitiiis enl qtiam aLsolvi, » Tit. Liv., lib. XXIV, ca]). 4. (?.) Voyez les Mcmoires de M"" Roland. (5) Le 18 ft'vrier 17^0, loisque les bouliqucs des epicicrs fnrrnt atla- quees, on envuya en patrouillG, partoul ;iilleiirs qu'oti s'exeirait le pillage, )rs citoyens qui etaient veuus demanderqu'on les einployat au retabiisse- iiient lie i'oidi e. Le 5 1 mai et le 2 juin, on reliiit, dans des josles eloignes, \i-& gardes nationaux dont on connaissait I'energie, tf Ton enchaina dans des positions insignifiantes, les sections qui niiraient voulu niaicher au sfcoiii-. de la (lonvenlion. r;T POLITIQLES. f)5<, dans I'inaction la popultation parisienne, ii'avaient pii y rciis- sir que paice que Ton n'avait pas songc, qiiaiul on en avail lo pouvoir, a affianchir de leur joug Ics bons citoyens? Prutcn- daient-ils qne tout un penple, epars d:ins une ville immense, se rennit soiuhiinement pour operer nne revnlntion, qu'enx- memesplaces a la tele dc I'Etat, ils avaient, pendant six mois, ci aim ou dcdaigne de tenter ? Pour prevenir !e 3i mai , il anrait fallu saisir les motcurs de I'insnrreclion el les traduire devanf des juges qui ne fus- ?ent pas leurs complices; c'est-a-dire supprinier le tri])unal levolulionnaire, el renouveler presque en entier les autres tri- bunaux; il aurait fallu changer le commandant en chef el les ofTiciers supcrieiirs de la garde natiouale parisienne , il aurait fallu casser la Commune de Paris, et la faire rcolire par des assemblees primairos, auxquelles on aurait non-seulement invile, mais encourage, mais conlraint a se presenter la population entit're...Toutes choses faisables six mois aupara- vant, et devenues alors impraticables. Mais un fait indique quelle energie vivait encore dans Pa- ris, et quel parti, dans une occasion plus opportune, en au- raicnl pu tirer de veritahles hommes d'Etat. Pour accorder quclqne satisfaction a rindignation puldique, la Couunune conscntil a soumettre a une reelection le commandant qn'elle avail impose a la garde parisienne. Ses satellites encoml)rerent les sections, I'injnre et la menace a la boucbe, votant a haute voix, el designant d'avance aux denunciations quiconque rc- clamerait le secret des votes... Et la majorite des votes re- poussa le chef que designait la Commune! Pretcxtant quel- ques vices de forme, la Commune cassa le scrutin; elle en ordonna un second, dont le resultat anrait etc le meme , si ses agens n'cussenl pas notoirement falsifie le recenscment des votes. Mais, je le repcte, a I'epoque on Ton ctait parvenu, rien ne pouvail plus conlenir le> hommes qui opercrent le 3i mai, ni cmpe( her de s'etahlir le systeme terrible qn'ils voulaient faire provnioir : ils avaient trouve d'ux auxiiiaires irresisli- 6'n> S(;ii;n(;i-;s ,mohalks blcs : I'ijisiiiicclion de la VcuJee et la dtpicciatioii cles assi- gnals. I. Des Ics ilnnicrsinoisde 1791, unc fcnncnl;ilion alarmanle s'elait nianifcslee dans roiiest do la France; dcs troubles s'en elaient siiivis, dirigos conlre Ic nouvoaii sysleiiie poliliqiie. On parvint a les apaiser; mais les cnneniis de la revolulion avaient iin interet pressant a ne pas laisser mourir ces elin- < cllcs, a s'en seivir an contraire ponr aliumer un vaste in- cendie. La lloyeric, noble bielon d'nne haute capatite etd'nn grand courage, coinmenca des lors ;\ organiser, dans ces con- trees, nil soulevenient general. Blesse grieveinent, a la de- jense du chateati des Tnileries, il monrut bientot dans I'asile on il s'etait cache : son projet lui snrvecnt, moinenlanement anCtc par Ic defant d'un clieC, mais dcja tres-avance dansses divcrses raniifiratiuns. Pen de tenis apres, nn nionvement eclatadansle departeaient des Denx-Sevres; il fnt comprinie par les gardes nalionales, a la tele des(|iielles s'elaiciit mis les admiiiistraleursdedistilctetdedeparleuient. Onenparla pen : mais cet evenement, el ceux qui avaient en lien un an an- paravaiit, auraient du mettre le gonvernement sur ses gardes; et d'autanl plus que divers deputes furent avertis, par leurs correspondances particulieres, de menees tendant a Iroublcr la Iranqtiiliile pnbli([ue, dans la Bietagne, le Maine, I'Anjou et le PoiUni. Quoiqn'ils eussent transmis ces renseignemens au couiite de surveillance, et (pse les niembres da comite appar- tinssenl prescnl; Ics tranics oiirdiosdepnis plus d'nncj annt'C peruiiienl au mouvement nisurrectionncl d'eli-e siinul- tniio partoiit on les nobles et les prelrc? ri'liosisteront point a on piTudrc la direction. 11 ontnlina une masse conra- geiisc, fanatisco, ctrangere i\ la crainie dans I'iinpetuositir (le son premier clan : mais enchninee par ses liahiLndes et ?«es l)t!soins dans le vufsinngc dc sos Ibyers, d'ou an I'eloi- gna toujours difTicilemcnt; et i)k'nlut flegofltco par la i'aliguc, les privations ct les rerers ; tcl I'ut souvcnt son dccoiirage- ment que les menaces et la violence memo, employees pour lui i'aire conserver ou rcprendre les armcs, seraient restocs impuissantes, si le systeme de destruction, deploye dans ces conlrccs par les autorltcs rt'pu])licaMies, n'y eCit Imjg-tcms ranimc le courage par le dcsespoir. La masse se groupait nutour d'un noyau puissant d"Iiom- mcs haliitucs a la ^ie militaire ct a la giicri'e do lirailicui's : ces liommcs n'avaient jamais cu d'autres habitudes. Jusqu'a la rcvolutFon, la Brelagnc cntiire lut excmplc da rimpot sur le sel ; tandis que les provinces liniitrophes sup- portaicnt, dans toute sa rigueur, le regiirtc de la Gabelle. La controbande sur le sel oftVait done un profit immense : elle sc I'aisait en grand sur toule la lisicre dc la Brctagne. Ce n'etaient pas, comme ailleurs, quelques iudividus qui s'y livraient de tcms en tems : c'etait une population enlicre, pour qui ellc etait un moyen habituel de subsister. Aux faux-sauniers, la ferme generalc opposait une armce dc douaniers; ct dc part €t d'autrc, aux ruses dont la contrcbande reveillcaujourd'hur lidt'c, ou substJluait uno guerre qui n'admcltait point dc ET POLiTIOLKS. H'," tri've ; on coiiilnUtait, laiitut epars, taiitot louiiis, tijiijjnrs a ■oiUiance, et ravaiitage ne leslait pas toiijoiirs aux emjilovis de la fei'mo. La suppression .' cditiun. ET POLITIQUES. 645 des charges dont la venalite etait supprimee. La diflicuUd de perccvoir reguli^rement les impots, au milieu des agitations poliliques, et la necessite d'aiigmenler les depenscs en pro- portion des dangers publics, avaient contraint i depasser de bien loin les bornes que] Ton s'etait d'abord prescrites dans remission du papier-monnaie. De la multiplication du signe d'echange, la consequence inevitable est le rencherissemeut nominal (1) des denrees ; le metal le plus pur ou le papier !e plus solidement hypotheque subiront cette depreciation, s'ils se presentent en plus grande quantite que les denrees dont ils doivent payer le prix. Ce sont-la des Ycrites elementaires : mais on ne les fait pas comprendre facilement ;i un peuple qui souffre; et beaucoup d'hommes influens croyaient fairc preuve dc palriotisme en refusant de les entendre. Cependant toules les causes de depreciation pesaient a la fois sur les assignals francais; leur multiplication que tout annoncait devoir etre indefinie ; leur falsification par Tetran- ger et les emigres; la crainte de voir leur valeur s'evanouir par la chute du gouvernement qui les creait; enfin Timpossi- (1) Le rench^iissement efjectifsi lieu qiiand la production d'unc den- ree cesse d'etre en proportion avec les demandes et les besoins ; le ren- cherissement nominal, quand il faut augmcnlerla quantite de la monnaie deprcciee, pour obtenir une certaine quantite de denrees que I'on se pro- cure encore au prix ancien, en I'ecbangeant conlre une autre denr^e, ou contre une certaine mcsure de travail. Ce rencherissement aurait lieu, en suivant le rapport du prix de I'or au prix de I'aigent, dans un pays abso- lunient isole, oil, a chaque piftce d'argcnt, on substituerait une piece d'or du nifinie poids. 11 depasserait ce rapport, si I'on craignait que la quan- tite d'or inise en circulation ne fiit subitenient augmentee, ou qu'une partie du numeraire, reconnuc pour de I'or faux, ne fiit bientol decriee ; en un mot, si I'on concevait des doules sur la valeur intrinseque du signe, ou sur la mesure de son emission, Lc rencherissement rcste, au cuntraire, au-dessous de la proportion indiquee par la quantity du signe d'ecliange, quand, par sa nature ou par le credit dont jouissent les hommcs qui I'em- ploient, ce signe conserve sa valeur dans les relations CDmmerciales av€c I'etranger : ainsi, en Angleterre, la clierte nominale des denrees n'est pas aussi foile que pourrait la )ir()di;irc la quanlile circulanle de rusmi-rairc It c'.e papier-niiinnaic. r.'fi SCI! N<;r,s mow \i,i:s liilik- Uc 1«!.'* iiilioiliiire dans lo commerce cxlcriour, "saiis coii- M'lifii" a d'ciiormcs satrilices; Ic reiicheii.sscinout prugicssit" ct bit'iitot extreme qui ilTil tn resullcr Iroublait, d'une part, tontcs Ics relations sociales, et portait atleiiile a la morale pii- liliciiie , par la mine 'Jes creanciers an profit des dcbiteurs ([uc liheraiciit des renibuiirjt'moa.s illusoires; d'mie autre part, it ciilravail le conimcrce, Ic cliangeait en agiotage, resserrait Ics denrees, ct creail une di.-elle laclice an milieu d'nnc ai)ondance reelle. A. ces maiix fortenient scntis, n\;iis dont on meeennaissait la ea'.ise, on n'opposail qu'une vulonlc opinltre d'elevcrle conr.s dn papier an cours dn nnninaiie, ou d'abaissei' le piix des marclianiiises an lanx dn papier, A(in d'atleindre cc bnt im- possilile, on mnltipliait les iiiesure.s legislatives ct adminislra- tives (pii se dispulaient d'absnrdite et d'injnslice; on deerelait le Mddiiitum, aussi edicace pour lucr le commerce et I'iiulns- dnstrie que le pillage das buuli({nes pnbiiqnement provoqne par Jlarat. (^)uelqucs ccrivaing, en blamant ccg violences, send)lent i an paiciiicul des ijiterets et a ramortissemcut rapide de la dette coiitracteo par suite de la suppression des cli.r.ges venales; et Ton au- i.;iit, en uienie tenis, attache invincibleinent a la revolution U'S uonveaux prnpriefaires, trop pen eclaiiH-s encore pour appiccier la reconslitution de la societe, autremcnt que par des avantages immediats et materiels. Celte pcnsee, je ne me le dissininle point, paraitra encore (trange a oi\\oir donner, on devait, en ri- gourense justice, cederaux communes, des domaines, comme dedommagement des requisitions onereuses dont on les frap- pait ; et presser le partage de ces nouveaux biens communaux, enmeme terns que celui des anciens. On devait, et sur tons les points de la France, se hater de vendre les biens nationaux, de les vendre a tous prix, et le plus possible par pelites por- tions, dfit le produitdesventcs ensouffrir une apparcutc dimi- nution On etait alors,on resta long-tems encore etranger a des vues si larges. On etait loin de deviner que le seul imput assis sur les proprietes ainsi disseminees ne tarderait point a depasser le revenuque ces masses inertes produisaient an do- maine public; on de sou])conner que I'accroissement de la production , determine par la creation de la petite propriete, serait tel bientot qu'il rendrait sensiblement plus legeres les charges de I'Etat. En avril I7g5, un decret ordonna d'adjuger les biens nationaux au soumissionnaire qui en offrirait un prix triple de I'evaluation faite en 1790. Cettc niesure, ainsi que I'observe judicieusement M. Thiers, proportionnait le prix d'acquisition aux facultes des acquereurs ; et redonnant aux assiguals une valeurreelle et fixe, ellerelevail lecours deceux ET I'OLITIQUES. 6/49 qui scraieiil testes en circiiIation.Lcs biens,sans doute, etuient ainsi vendus fort au-de?soiis de leur valeur passee et de leur valeur a venir : c'etait en quelque sorte les donner... Le decrct ne tarda pas a etre rapporte. On aljandonna de meme, mal- gre son succes, I'institution d'une loterie dont les lots se com- posaient de mcubles et d'immeubles nationaux (1) : on crai- gnit encore de donner ces biens a trop bon marche. 11 est JMste de le dire : siir tons ces points, I'errenr desgou- vernans ctait celle du phis grand nombre. On se felicitait sin- ctreraent de vendre les domaines nationaux fort au-dessus de leur estimation primitive; fait qui ne prouvait rien que la su- periorite trop notoire de la valeur du numeraire nietallique sur la valeur du papier. On portait envie aux aoquereurs de biens nationaux, en observant qu'ilspourraient facilement les revendre a un prix uom'mal , Ires-superieur a celui qu'ils avaient deboursc : fait vrai, et qui ne prouvait encore que I'augmentation successive de la quantite du papier monnaie. On parlait, en consequence, d'exiger d'euxun supplement de prix : et ce bruit seul portait un coup terrible a la valeur des assignats eta celle des biens nationaux. Si Ton n'en vint pas a cette extravagante injustice, on recourut a des chicanes fisca- |es, pour anacher aux acqucreurs les avantages que la loi leur avait primitivement accordes relativement a la nature et aux termes des paiemens; on revint contre eux, apres plusicurs annees, par des dccomptes d'inter£>ts; operation dont I'impor- tance financiere etait loin de contrcbalancer I'impolitique; en un mot, on n'oublia rien de ce qui pouvait empCcber qu'on ne les regardat comme proprietaires incommutables, et que les biens nationaux ne fonnassent long-tems, dans les transac- tions sociales, uneclasse de biens a part, et frappee d'une in- contestable defaveur. (1) All nombre ties lots elaient des bons de 10,000 fr., c'est-i-dire, qu'une mcsuie prise pour retirer les assignats de la circulation, en creait de nouveaux. El ensuite, coniii;e si Ton cut voulu eloigner la renaissance du credit, le gonverncnicnt rel'iisa de reconnaitre la valeur de ces bonx : ce ne I'ul qu'iin an apres Kin emission, qu'il consciilil a les admellic, 'laiis line I'aible piiip"ilinn, en paiemenl des biens nalionaux. Cfltc oiiciir, si grave (|uc Ics oiiiicinis dc l.i riJvoldliou n'ci) j)ou\aicnt pas souliailcr iiuc pirc aux amis dc la lil)crte, prolnngoa loiig-tciiis sa luiicslc; iiillucuoe; cll(^ I'lit iiitiiie line (les causes {jriiicipales (lesdillleullesqiii eiilravereiil la niarchc clu goiiveriieniciit directorial, et rendireiU sa cliule inevita- ble. Conibieii done ne devint-eile pas funcste en 1790 ! ct comhicn cllc servail la lartion, qui ne pouvait s'einpaicr du j)()UVoir qu'cn cxaltant, an supreme degre, les passions de la classe pen ecluirec dent cetle I'anle avail redouble les besoins et les sonflVances! La jour nee duoi mai,donl tant de ca uses avaicnt rendu inevi^ tables !c siieees el la directioa, produisil un bicii reel; la Con- vention nalionale anrait do, des le principe, et n'avaitosereu- nif tous Ics pouvoiis; elle y lendil dts lors avec Constance; le guuvernemcnt acquit I'unile d'action, que jamais il n'au- rail pu atleindre au milieu des tlissensions auxquclles I'asseni- blec avail jusqu'alors etc en proie, et avec la legaiile meticn- leuse qui, suivant lesGirondins, aurail du diriger tous ses pas. Celle unite elait une condition necessaire au succes.de la de- fense commune : mais que I'avantage de I'avoir conqnise fut acbele par de lunestes compensations! Tout corps politique qui se muliie lui-mPme se frappe d'uno plaie incurable. Son existence pent se prolonger : mais il s'cst ravi a kii -mcme le prestige qui I'aisait crainiire de I'attaquer. S'il u'a pas altere son caraclerc moral , au point de ne presen- ter plus qu'un rassemblcnient d'bonimes ordinaiies, ses amis, du moins , et ses ennemis, savent qu'il est vulnerable : les ims devienneut plus cxigeafts, les autres plus audacieux. Le tribunal, a Home , perdit son inviolabilite, le jour on Tiberius Gracchus, pourse debarrasser d'un cojilradicteur, (itdeslituer I'un de ses colKgues; il la perdit au prolil du parti aristocra- tique (1). (1) \oulant iii\r,slh- I'oinj)(J<' dii coiiuiiai;deiiicnl en clii.l'(!.'ins l;i yiieiic! coiitielcs Pirates, (.1 lui alliiljixi iiuc autoiiUi [iicsqiie iil)soli:f, le liiljuii (Jabinitis se vil lonliaiir lar Toppr s'rkin (I'liii tic ses colligiies ; 11 iiiiilii 'i'ilx liiis Ciaccliiis, el fil votri Ic j>eii|)Ie pom la desliliiliuu du Iribim ([iii drl'eiidail !a lepubliiiuc iniili!- !<.■ cluT de I'ai i.-l(jei atie. I:T I'OLITIOll'S. G.li l.(!s Iioiiiiucs (jiii , dans la Coiiveiitioii, sd'oiuh'Tcut la ca- tasUophc du 5i mai, conmiiicul la nieme taiilo cjiio Tihcrius; ct cellc faille, ([ui lacilila d'abord {'oppression dii pe»iple an noiii de la liberie , donna , deux ans plus tard , des avantages ininienses aux in-econciliables euueiuis du peuplc. Les inten- tions de ces hommes pouvaienl etre pures : la phipart d'entie eux, je snis ciiclin a le croire, etaieiit loin de desirer, loin lUeme de pievoic les consequences du iiiouvement qu'ils ope- i-aieut, et que tant de coujonctuies devaient accelerer. Mais, tn revolution , Ton ne se trompe point iiinocennnent : I'honune qui ebranle son pays n'est pas reru a allegucr, pour excuse, una eirenr; son genie doit etre proportionne a la grandeur de son wuvre. La nation dnt se mccoiunutre dans uue represeu- falion (|ui avail perdu I'allribut essentiel de la souvcrainete, I'inv iolabilile. Le pai li qui en avail arracbe Ic sacrilieo dut se croire supericur a I'autorite qui lui avail cede ; ct d'aulant p!us qu''il avail Aon principal I'oyer d'aclion liors de la Con- venlion, au sein d'line aulorite livalc. M.Tliiersieproduil, avec une grantle veiile, bis prelenllons el les usurpations de la Conunune de Paris ct de ses adherens ; il releve la necessile oi"i se trouva le gonvernement conventionuel, pour se maia- Icnir d'abord, el ensuitc I'ecouvrer la superiorile, de rivaliser conslaiiiincut de rigueur avec les ultra-revolutioniiaiies, ct <'c marcber le jiremier dans la curiiire ou la paiuie devait eire adjugee au plus sanguiuaire. II peint le progres d'acles leroces qui devait arriver rapidemenl a un execs insuppor- table, proprc a reunir dans vni meme interet touLcs les pas- si(nis contraires, et a determiner ainsi la chute d'un gou- vernenicnt , doul ruisique appui etait dans la continuation, beureusemcnl inipns^il)le, dc ccsysleuie d'injastice et d'inliu- uianite. Nous bornant a rendre jristice a I'eiicrgie avec laqiielle I'bistorien retrace le rcgiie de /a Urreuf, detournoiis un uio- nient noire attention de ces tableaux; jelons un coup d'aul siir une generation dcstince a ne voir finir, avec ce regue re- duulabie, set^ niaux el ses dangers, que pour reloniber dans 652 SCIE^'CL;S MOUU.KS d'aiiliHS (lar.j;trs el d'aulrcs maiix, et nc sc rcposcr do la lourmcnle revolulionnairc que sous rimmobilite du despo- tisme. Ce genre d'obscrvations appnrlient aussi a I'histoire; jc di- rai mt-mi! qu'ici il fail parlie du devoir dc I'histoiien. II ne doit pas soullVir que Ton dofigure nne epoque qu'immortali- seront des choses grandeset gloricuses, aulant que des crimes et des malheurs. Dans les peintures dont elle est journclle- ment le sujet, la verite ne serait pas plus alteree, quand, au lieu de huit lustres, vingt ou trente siecles nous en separe- raient. II est permis sans dontc, il est meme indispensable de negliger les erreurs de detail (i) trop nombreuses pour qu'on puisse toutes les relever; mais il i'aut trailer plus serieuse- ment les calomnies lancees par la baine ou I'irreflexion, contre noire caractere national. Les honimes de cet ;1ge dcsastreux sont encore au milieu de nous; le terns, les maux qui onl tour a tour pese snr tous les partis, la fusion et le renouvelle- mcnt des societes ont redresse les preventions, tempere les affections et les haines, dissipe les illusions qui pouvaient rendre leurs depositions suspectes : interrogez-les. A I'instant ou j'ecris, le redactcur d'un journal tres-rc- pandu (2) peintle fds de Louis XVI, dans I'echoppe d'un cor- doniiier, succombanl a la faim, a la soif , aux traitemens bar- bares; « et lout un peuple passe et le voit, et ue lui accorde pas un moment de pitie, pas une larme!... » Les coQtempo- rains vous dirontque, du jour 01^ I'enfant royal entra dans la prison du Temple , jusqu'a sa mort, il n'en franchit plus I'en- ceinte; ses regards ne rencontrerent d'antres regards que ceux de ses geoliers ; ceux-ci n'avaieut garde d'exposer aux yeux du peuple son enfance et sou inforlune. (1) Ainsi, rannonce d'un ouviage fait pour rdpandre de nouvelleS lu- luieres sur I'histoire dc la revolution [Memoires dc Levasactir de la Sarthe) pi'ii.senlc, conime siegeant dans la partic de la Convention nationalu, connue sons le nom de Montagne, Pache,, qui ne fut jamais ineinbre de la (lonvcniion. JSuincnu Journal dc Paris, ii octobre iSaej. (t^, I.c Mcssai-cr des Chntiihrcs, I'clobic iSac). KT POLITIQDES. 6r>3 Dans un tableau dramaliqiie spiriliiellemenl Irace, n\i\\i prcsque tout de fantaisie (i), on presente le divorce conimc etant , en 17945 pour la classe pen eclairee, une preuve obli- gee de patriotisme. Les contemporains voiis diront que, jus- qu'en 1793, la loi qui autorisait le divorce, reciit pen d'appli- calions; clle ne servit giicrc qu'aux feiiunes d'emigres , qui , en divorrant , sauvaieut de la confiscation une paitie du pa- trimoine de leurs enfans. Plus tard, on fit du divorce un abus scandaleux qui en ditcrcdila pour long-tcnis rinstilutioii ; mais I'abus eut lieu dc la part de personnes que rendait re- niarquables la aaissance ou la richesse. Dans la classe pauvre, an contraire, loin que le mariage eCit aJors perdu de ses droits, on I'avait vu frequemment consacrer des unions que I'indo- lence, ou I'horreur d'un joug que Ton nepouvait plus roui- pre, laissaient, avant la revolution, sous la seule garantie d'une afteclion mutuelle. De nombreuses anecdotes, toutes lei fois qu'on rappelle les assemblees populaires , livrcnt au ridicule des t'autes dc grammaire, des incougruites dc langage peu surprenantes de la part d'hommcs qui, pour la premiere fois, et sans aucune preparation, parlaient en public. S'ensuit-il quele peuple fut alors abruti , comrae le voulaient t'aire croire ses adversaires? Les contemporains vous diront que, sous uneenveloppe rude, sous des formes grossicres, pour peu que Ton sut discerner les idees, les sentimens, la propriete et la vigueur de I'expres- sion, on reconnaissait dans combien d'esprits les discussions pulitiques avaient deveioppe des lalens dont rien, jusque-la , n'ayait laisse deviner le germc. Des discours pleins de viva- cite, d'images, et quelqucfois d'eloquence; des raisonnemens forts et adroits, et surtout un tact presque sQrpour distiu- guer, dans les paroles des hommes plus instruits , le vrai du faux, et le bon du mauvais; voila ce que I'observateur impar- tial rcncontrait souvent dans ces assemblees populaires si nombreuses , si bruyantes, si ctrangeres aux avantages qu'as- sure une education soignee. . (i) .^ranl, PvndnnI et .4pris Thi'iilrr (i<- M. Sciibo. *- qiroii autorise, lorsqu'on execute de pareiUei mesiirc^, on s'expose a toutes les accui-alioiis qu'elles rendeiit Vi'ais(.'ial)la- bles. Mais, et j'eiiappcUe encore au lemoignage des coulem- poi'ains, toutes les accusations ne furcnt pas i'ondces. Beau- coup d'hommes, appauvris par la revolution, ayant ineme perdu Icur Industrie que pouvait seule soutcnir la preseni o des I'iches consomniateurs, se sont vns exposes a des tenla- tions seduisantes, dans des fonctions publiques, lorsqu'un ci- visme exagerc equivalait a un brevet dimpunite; et ils sout sortis de ces epreuves integres et pauvres. II en est peu d'en- tre nous qui ne puissc ciler en ce genre des excmplcs frap- pans; 11 n'en est point qui n'alTirme que le seul soupcon de s'etre enriclii par des voies illicitcs nuisait plus alors dans I'esprit du people, qu'une accusation positive d'aristocratie. M. Thiers remarque, avcc raison, que rien n'ebranlaautant le credit de Danton qu'un tel soupcon cleve centre lui, et con- firme par de trop plausibles viaisemblances. Parnii les honi- nics alors puissans, que le meme soupcon put atteiudre, on n'a point cite Marat : cependant le ministre Lebrun iniposa silence aux accusations contiuuellosde Marat, en lui aclielant, sous pretexte de les repandie dans le peiiple, plusieurs cen- taines d'exen^plaires du livre intitule : Les chaines de resc/a- vage. Un jour, peut-etre, les accusations iront plus loin, lorsqu'on saura quels serrlccs ont paye les pensions uiystc- ricuses que la France acquitte encore sur les funds du niiiiis- terc de i'inlerieur, et dout die n'cnteiulra nommcr ios tiln- lairc!' qu'avec une prolbnde surpri.-^(; (i). (i) Chanibrc des depulcs. Seance du \- jiiin iS^f). Dlsetissicn du budget du minisUrc de t'intcrieur. Pensions.... « II s'agi' dit RI. le minisire dc I'intcricur, de services reiidus a I'Klat.... Qurlle que soil la nature des services rendiis, il Faiif qu'ilssoient recdinpcnscs; il I'aut que le g-oiiver- 056 SClEiNCfcS iVIOIlALES Quclqiie ctondue poiiriaiit que piciincnl Ics I'evelalions, il en scia dc lu Convention nationale conune Jupeiiple qu'ello lepresentait. Quelques hommes sc laisserent cori-onipre; la masse repoussa la corruplion, avec une austerile digne des principes rcpublicains qu'elle profcssail. Jloins resseiie dans les borncs qui me sonl prescritts, je pounais ciler dcs pren- ves d'un desinteressement lu'ioique, dounces par des con- venlionnels, qu'exposait d'aiilcurs a de justes repro( lies la violence de leurs opinions poHliques. Les mCmes limites me Ibrceul d'omctlre des apercns non nioins cmieux. On a bcaucoup parle des mcmbics les plus maiquans de I'assemblee conventionnelle; niais de ceux-la seulement. Leurs coUegues sont tombes dans I'oubli. Et louterois, dans les conjonctnres oii cette assemblee fut elue, i! elait diflicilc que les choix ne sc portassent pas sur des boin- nies que quelque qualilc recommandail a I'atteiition de leurs conciloyens. Sterne et ses copistes, qui ont compare les Fran- cais il des pieces de monnaie si polios par Tusage que I'em- preinte en est effacee ont ete decus par I'apparence : la poli- tesse francaise couvre d'un vernis uniforme les parties saillantes de cbaque caractere; elle ne lesdetruit pas. Dans les orages de la revolution, dans les agitations de cette Assemblee si puissante, si terrible, si faible, simalheureuse, le vernis etait tonibe : des physionomies prononcees se revelerent alors, qui s'etaient cachees j usque lu, et qui, sous un regime moins agite, reprirent le calme convenable a I'obscurite ou elles .devaient rentrer. J'ai ete teute d'en e?quisser plus d'une, que n'aurait point dedaignee le pinceau d'un Plutarque : je me suis arrete ; je n'aurais pu ecrire au bas qu'un nom aujour- paraitrc un aclc ou ilsvouaient a I'oxecralion les jour- iices du 3i niai et du 2 juin? llohespierre, cafm , arraeha a la inort les soia-ante ci ircize deputes, dctemis pour avoir si- gne unc semblablc protestation; il les defendit opiniatrement centre ses collegues de crimes Slais, il faut le dire, celtc fois, I'hunianite ne I'ut qu'une inspiration de la politique : Ro- bespierre esperait altacher a sa conservation , les amis des proscrits dont tl tenait la vie entre ses mains. II fut sur le point d'y reussir. II est tres-vrai, comme le raconte ?tl. Tliiers, que les arti- sans de la chute de lloljespierrc avaicnl chcrche d'avance a ge concilier, dans la Convention, la cooperation des princi- paux menibres du parti niodere. Mais, trois on quatre honi- mes ne sonl point une majorite, et n'enlraincnt point une ma- jorite. Les amis des soirante ct trcizc craignaient d'assiucr leur mort, en faisant trionipher Collot, Billaud, >adier, Fre- ron, qui I'avaient si souvent provoquec, et qui i'auraient ob- lenue sans la resistance de Uobespierre. Immobiles sur leurs bancs, pendant la fameuse seance du 9 thermidor, les yeux iixes sur la terre, muets, et conimcsourdset insensiblesa tout ce qui se passait autour d'eux, leur indecision niolivee tint en su>pens les communes destineesde la Convention et de !a France. Uassurcs eniiu par des p^'omesses solennelies, ils repousserenl I'appel que faisait Robespierre a leurs vertus ; ils espererent, dc leur proprc energie et dc leur position nou- velle, Ic saint de leurs amis; ilsvotercut.... Mors le systeiiic de la terreur fut frappe dans seschcfs ; ct une nouvrllc epoque^ rommcnca pour l-i Franc<' en revolution. ET POLiriQUES. 05,^ Dii sjioclacle (le cette catastrophe, ressort iiiie reflexion im- portante. Pour exniser le parti exayt;re, on a dil que I'ener- gic ties niesiires extiGmes qu'il conseillait pouvait seule sau- \er la France, presscede dangers .sans nonihrc. iMais, par suite des fautes de ce parti, son systeme diit crouler au bout de quinze mois; et Ics dangers de la France se prolongerent pen- dant des annees, sans qu'on eut a leur opposer les mesurcs energiques dont I'abus precoce avait epuise la possibilite : niais son ignorance, en ccononiie polilique, avait enfante des einbarras financiers et adniiiiistralifs, pires que les besoins indcfinis de I'lUat, embarras qui se perpetuerent anssi lon"-- lems (ju'on n'abjura point ses traJilions; mais, ses violences avaient inevitublcuient nuvert les voies a Une reaction, moins audacieuse d'abord, mais aussi sanguinaire, et plus perseve- rante que les fureurs qu'ellc pretendait venger. Mais enfin et la fut le mal le plus grand, les injures, les vexations les cruautes qu'il avait autorisees, ou qu'il avait laissees impu- nies, inspirerent a la nation une honcur et un effroi si du- rables, que tontcs les I'ois qu'elle se crut menacee du retour de ce regime, il n'est rien qu'elle n'y preferat, et cela pen- dant vingt annees. Sans s'arreler a une justification insufll- sante, Tinexorable liistuire dira : Courageux presque tous et bien inte'.ili()nnes,mais impelueux, irredecbis, prompts a con- i'ondre les inspirations de la passion avec les besoins de la cbose publique, ces honinies, qui, en exagerant tout dans leur systeme d'action, et le mal plulot que le bien , fletrirent et ]our long-tems, la plus noble des causes, rendirent impos- sible le gouvernement republicain qu'iis jtretendaient fonder et reculerent, dans un avenir indefini, le jour oii Ton verrait en France, la paix intcrieure s'unir a la liberte. La suite des evenemens a prouve la justice de cet arret : mais le lendemaiu de la chute de Uobespierre , I'avenir ne se prc'scnlait pas sous de si sombres conleurs. Au premier aspect, etc'est ainsi que jngeait dans son ivn;,sse la joie generale, il semblait n'exister en France que dcnx rliisscs, pressccs dc se remiir, et dont lesvocux etaicnt facilcs (if).) SClKNCJiS MOftALKS iV concilicr; Phu^, lonjj-tum^j (ippiimte, ne dcaiaiulait qu'it ne plus I'Olre; I'autre, investic du pouvoir, voulait qu'on rc- jetiit exclnsiveineiit siir !es horhmcs qui avaient peri la res- ponsal)iiite ilosai)US de pouvoir, el qu'on la crfilinnocentcdes niaiixtpi'ellc-mC'ine avail fiiii parpartagcr. Mais Ic pa,>;se avail laissc apres iiii deslioiuines impnrdonnables, lels que Carrier el .loscpli Lcbon : el ces Iiommcs uiie foi.s allaques, pouvait-on i'lcver solideiuent, sur le lerrain mobile d(;s revolutions, lemur d'airainquidoilseparer la justice do la vengeance? Mais, avant meme quo la classe oppriuiee Hi valoir ses droits an pouvoir, lt;s principes generalemenl professes el la force des dioses I'appelaient a y prendre part : el I'usage que les passions en feraienl necessairement n'allait-il pas compromctlre le salut (ie rtltat, lorsque la guerre civile, I'emigration, la guenc clrangere nienacaicnl encore I'independance , I'cxintence meme de la palrie ? D'un autre cote, ces crainles mimes ra- i-iicnaientla crainle dc voir renaitre le systemc au(iuel elles avaienl scrvi d'excuse, el dont on cessait a peine desuLir les consequences; an milieu des mines de ce syslemc, suhsi^lail la sonde des jacobinsqu'i en avail ele le plus ferme appui ; ellc se souvenail d'avoir dicle des lois a la Convention nationalc. ronvail-elle no pas nourrir des regrets, que rendaienl redoii- tablesella puissance qu'elle avail conservce a Paris, el la puis- sance que lui assuraient, dans les deparleniens, des afrdiaUons elendues^jusqu'aux plus faibles communes? De la, des defian- ces reciproques , malheureusemciU plausildes; des discus- sions, des recriminations, des menaces, des violences enfin. Les mouvcnicns jucohins de germinal el de prairial (an iii ) enjtrainercnl, dans les prisons et sur reehafaud, des membres memo de la Convention; la Convention decenia aux assem- blees populaires le pouvoir de desarmer lous les partisans des i-ebelles. Dechainees, conlrariees, les passions, de part etd'au- Ire, suivirdnl Icur marche nalurcHe vers le point extreme, lei, Ton evoqnail sans detour les milucsde Robespierre el de Sainl-Jusl; la , on desapprejiait involonlairemcnl que la ter- ?•<■«/• u'etait point la rcvoltiiion , ni le regnc (\vf' jaco])ins la liT POLITIQULS. OGi repuLliijiie. Ce qui n'titait encore it Paris que discussions el trouljles (levint, dans le midi de la France, une reaction I'u- riense qui cut scs executions, ses assassinals, ses iviymlesy ses massacres dans les prisons. Les baudes de Jesus et dii So- leil s'organiserent d'abord pour exercer dcs vengeances poli- tiques; bienlot on les vit ftapper des citoyens dont le patrio- tisme elait le seul crime, puis servir, a prixd'or,des vengean- ces parliculieres. L'bistoire doit signaler un trait qui a caracterise les aclcs des hommes de ce parli. Les crimes de l.» revolution s'etaient commis an grand jour; quand on ne s'en vantait point, on ne chercbait pas du moins a s'en caclier, les reactionnaires egorgeaient, et !e bruit de leurs denegalions couvrait les ciis de leurs viclimes; ils tromperent long-tems I'opinion ; en 1790, au seinde la Convention, un depute, en- voye pour roprimer leurs crimes, eut le mallienr d'cn nier Texistence. Tels, et aussi obstines a nier leurs actes patens, ils se montrerent , en 1797, lorsqu'ils recommencerent leurs sanglantes expeditions; tels, lorsque, dans les annees suivan- tes, ils se bornerent a des vols de diligences, et a des assas- sinats isoles; tels, enfin, lorsqu'en i8i5, ils egorgeaient le- protestans du Midi, et accusaient de caiomnie le verlueux d'Argenson qui denonca leurs forfaits a la tribune nalionaie. Alarmee de cetle marche retrograde, que la vivacite d'a- kirnies opposees avait empeche de prevoir, la Convention re- chercha pour allies ceux que naguere elle proscrivait. L'homme qui s'appuie sur un roseau brise retirera bienlot sa main, percee douloureusement parce soutien infidele : em7 l)leme de la Convention, contrainte a rechercher tour a tour I'appui de I'un et de I'autre parti. El!e subissait les conse- quences de sa faiblesse au5i niai. Aiix yeux de tons, el!e n'e- tait que ce corps dont on avait pu exiger impunenient qu'il se mutilat lui-meme Ceuxqui, en f^vril 1795, proposeront la convocation d'une nouvelle assemblee conventionnelle , ne Yoyaient pas sans doute que, dans ks conjonctures , I'execu- lion de leur projet presentait plus de dilTicultes et dc dangers qu'ellc n'cut assure id)li?ttre , c'el:iil une 6G8 SCIKriCi:>S MOIIALES taclie tlclicale, m;iis non pas inipralicable : p<;iil-il I'ctre ja- mais de se conrilicr des homines qui ne clierclient a iiifliicr sur le goiivcrncment et sur les lois que pour s'en assurer IV- quilable prolccliou ? Ce qui est sOr, au moins, c'est que la li- beite u'estdevcnue possil)lc en France, que du jouroi'i, sous Ic noni iVidccs libcrales, ses priucipes sont renioules a Iciu* veii- tahle niveau, ct n'ont plus laisse hors de leur sphere (racliou que des honuiiesqui, ue vivant que d'abus, de deceplions el d'iiijuslices, serout toujours les iururables adversaires d'un regime consliUitionncl. A Tapproilic des elections de I'an v, le parli contrc - re- Tolutionnaire rccommenca a s'agiler. Le succes qu'il ob- tint aurait ele moindre si le gouvernement avail eu I'adresse de separer de ce parli la classe qui n'y apparlenait pas, au lieu de I'y rattacher par sessoupoons. Lesurcf!sue fuipasmeme tcl que Ton se le figurait ; les corps electoranx, en genera! , elaient enclins a I'aire de bons choix (i); et les elections fi- rcnt enlrer dans les conseils plusieurs honuiies sincercnieiit devoues a la conslitulion qu'ils veiiaient jurer de uiaintenir. Les dangers de la France n'en elaient pas moins graves. L'experience faisait dureuient senlir deux grands vices de la constitution republicaine; vices qu'y avail introduits une de- fiance mal calculee, quelque estimable qu'en I'ul Ic princip«i 1". Le pouvoir executii" connait seul , par une experience journaiiere, les besoins de la, chose publique et lesdefautsdes rouages dont il doit entretcnir le mouvement : il impoiie des lors qu'il exerce une inflirence active on negative sur la legis- lation destince a corriger les defauls, a satisfaire les besoins. Le pouvoir execntit'clait prive de cette ressource. Les com- munications dn direcloire et des conseils se bornaienl a des messages, qui devinrent bientot des plaidoyersconlraJictoires, (i) On a dit qii'.T celte epoqiie lf;s elcrteurs clu depniteinent tic !a Seine exigeaient cics candidats qu'ils n'eiissent ripn fait pour la n'voli:- tion : cette asseilion est erronee; rclection de rex-conititiiatil l^yineiy siiflit pctiria denientii'. KT POLITIQUES. 66f, puis (les appels, en I'un et I'autre sens, a ropiuioii publique, fiifin de Yeritables manifestes de g^neire : raiiiniosite en vint an point que dcs constitutionncls sinceres, aveugles par la hainc qu'ils poilaient an ifirecloirc, renforcaient les rangs du parti contre-itvolutionnaire! — Ce n'etaicnt point des fac- tions du menie corps qui se combatlaient ; mais doux pou- voirs distincts, absohiment isoles, dont I'un ne pouvait trioiri- pher qu'en ecrasant I'autre, et en dccliirant la constitution qui devait servir d'egide a tons les deux! 2". Vne crainte pusillanime du retablissemenl de la royaute avait fait rejeter la niesure la plus propre a en garantir la uouvelle repnhliqne. A un president elu pour qualrc annees, comme aux Elats-Unis d'Amerique (i), les auteurs de la con- stitution avaient prcfere un directed. e compose de cinq mem- lires et annuelUment renouvele par cinquieme. Dans un corps ?i imporUint, ct si pen nnmbreux, il ne pent se fornicr ime niajorite et uiie minorite sans que I'une ou I'autre, et toiites les deux pcut-etre appartiennent bientot a des partis plutot qu'a la cliose pnbliqne : tel fut le sort du direcloire. Ici se presente un prob!cme liistorique pen facile a resou- dre. Carnot, qu'anrait du eclairer le mauvais succes de ses avances auprcs de Pichtgru, et qii'auraient dfi ramener les remontrances amicales du vcrtueux Lareveillere ; Carnot, que ses actes auterieurs et I'interet de sa propre surele liaient si etroitement an parti patrioto; Carnot se fit, an directoire, le chef d'une minorite que le parti centre -revolulionnaire reganlaii comme unie a hii, ct qui avait, en efiet, les memes cnnemis et pres(|i;e lesmemes passions ! On ne supposcra pas qu'il n'apercut point oil tcndait la marche de ce parti : quel- que penible qii'il soit de censurer un citoyen, mort dans !a prosciiptiou, loin d'une paliie i-na son gxaie avait pre.;ervcc (i) On icmarqiicja, mais comme une pure singiilaille , que la diiree till gci'.venieiiieiil fliipcloiial , du ii baimaiio an iv an iS brumaiie an viii, ri'a ixcedfl' cjne fie sejit jnuis la tluue d'lii'c pre::i(Lncc qua- di'ii;nna!c. ();o SClliNCKS iMOUALKS e politique rendait inevi- table. Inevitable, je Ic rcpete. Lc directoire, an 18 (Vuctidor, nc fit que prcvenirscs imprndciis advcrsaires. Tialussant la gloirc dont il etail rcdcvable a la valcnr dn soldat IVancais ct anx faulcs de rcnnenii, bien plus qu'a sos talcns tiop vanlcs, Pi- chegru traitait de|niis un an avec reiiiigration : et c'clait liii que, dans le conseil des cinq cents, avaieut pris pour clicl' Ics toutre-revolutionnaires. Pichcgru et son parti coniptaient, avec raison , Moreau au nombrc de leurs complices. Avant le 18 IVuctidor, et dans les annees suivantes , cc general a rendu sans donte de gloricux services a son pays; heurcux si Ics palmcs de Ilohcnlinden avaieut onibrage sa tombe ! mais sur sa conduifc a la fin de I'an v, pcul-on rabsondre ? Pour deci- der la question, depla^-ons-Ia ; snbstinums unc monarcliie au gonverncmcnt rcpublicain : comment im roi jngerail-il le ET I'OLrnQLKS. (j-, general qui, aj'ant en ses mains les preuves ecrile* il'nnc conspiration contre I'Etat, les conscrvcrait en silence, commc lit Moreau, et attendrait le succes pour se declarer? Enfin, le parti contre-reA'olutionnairc avail une majoritede- ridee dans I'un des conseils,ct dominailpresqiie toujoursdans I'autre, grace araveugleinent descunstitiitionnels moderes. lis voyaient Inibcrt Coli)niez ne se plus cacher de liaisons di- reclesavecle chef de la tlyuastie deli'()nee. lis entcndaient plus d'un meneur annoncer hautement I'intention de renvcrser Ic directoire, en Ini refnsant les fonds necessaires pour subvenir aux depenses publiques; et lorsqu'ils suivaient la mjuie ligne, ils se croyaient encore fidelcs a leur serment republicain ! Presse a I'interieur par des ennemis si passionnes, le di- rectoire devait se hater de les rcpousser. Un autre motif le Ini conifnandait : les demarches d'un aiiie non moins redouta- ble que les plus grands eiuicniis. Deux campagnes, dont les succes peuvcnt seiubler fa!)uk'ux, venaient de reveler a I'ad- miralion de I'Europc un honnne qui portera, dans la pos- terite la plus recnlec, une gloire immense et le souvenir dc beaiicoup de bien et de bcaucoup dc mal fait i son pays. Na- poleon Bonaparte avail apparlenu , il appartenait encore au parti revolutionnaire, dont les exagerations avaienl d'abord flatte son imagination imriiense, el ensuite avaient bien scrvi sa vaste ambition. Des divisions de I'aiinee qu'il commandait en Italic, partirent pour Paiis des adresses couvertes d'in- uombrables signatures d'dfliiicrs, de soldats, de generaux: toutes, avec I'audace qu'inspire uue longue suite de victoi- rcs, s'elevaierit contre les attentats des ennemis de le revo- luliou. Accourir Ic glaive a la main, et y mettre un lermc , c'etait la menace cjue toutes exprimaient...; et la menace n'e- tait point vaine! le directoire ue riguorait pas. Un fait pen connu, mais authcntique, el que peuvcnt altcsler encore plu- sieurs temoins, en offrira la prcuve. La reaclion qui, en i^gS, ensanglanta les dcpartcmens dir Midi, s'etait lenouvclec en 1797. Dans Marseille, les parli-i opposes avaient lotig-lei'.is liille ;'i main ai'mcc. i.v.s rr::rlion- (l-i SCIENCES MOllALKS 7i(urcs avaieiit cii rav.iiitage; et doiniaaiit dans cette ville, dans Aries, duns Avignoti, ils y poursiiivaicnt Ic corns de ciiianlLS que u'cxcusail plus rentraiucinonl dc la vengeance. Toidon,au cdulraire, elail devenu le rel'uj^e de tousles ciloyeus iiieiiaees, perseculcs, dejiouilles , en punilion de leurs sen- liinens palrioticpies. L'ne veritable giiene s'allnuia ontre Tou- lon et Slaiseille : la conlree qui separe les denx viUcs I'ut le tlieali'C de plus d'uue eud)us(adc et de plus d'lin coudjat a nioi't. Les palriotes oppiiiues touincreul Ics yeux vers le ge- neral en clicl" de I'^naiee d'ltalic. II liiu' piouiit, on du nioius ils se flattei enl (]ue, rassure coutie les altaques cxterieures par la sLgiiuture des preliminaires de Leoben, il viendrait lui- iiieme, avec I'elile de son armec, assurer le triomphe de leur cause. II fit, en effet, marcher une avant-garde de i5oo liom- mes : le general Lanussc, qui la couiaiandait, s'avaiica jnsqu'a Aries, y livra aux jugcs quek|iies cliel's d'egorgeurs, et ne s'ar- leta cpie sur la nonvelle qu'ii rerut des evuicinens du 18 i'ructidcr. Bonaparte avail transforme son armee en as?emblee de!i - l)erai;te; an directoire qui lui deuiandait uneheiinililaire pour le seconder il avait depute Augereau, le plus turbulent et Ic plus exagcrc revolutionnaire qui IVtt sous ses ordres ; inuiie- dialemeul apres, il hasarda I'envoi de cette avant-g.arJc, qu'un mouvement general de sou armee aurail sans doute suivie, s'il n'efit ete prevcnu par le succes du coup d'Elat directorial : n'est-i! i)as probal)Ie (]ue deja il voulait profiter des conjouc- tures, et introduire, dans la chose puhli(iuc, un tel di';sordre, que sa presence et son avenement a la dictature I'ussent re- gardes conime le salut de la France? Le directoire dul cherchcr a terminer la lutle avant I'arri- vi'e d'un auxiliaire capable dc I'ecraser en memc tenis que ses ennemis. 11 s'agissait de mutiler le corps logislatif et le di- rectoire, et de casser les elections faites dans un grand nond)rc (le departemens; c'est-a-dire dc Trapper, de rcnverserles ileux piemieres auloritcs de la rcpubrupse, ^ct d'annuler le droit qui i'ornie la base dc toutc couslitulion lihrc. On s'y decida : I:T politique^. C;-) Miais lit lecon (In 5i inai fut per leur semblaient pas devoir y figurer... Pour trancher un dciai qui compromettait sa victoire, le directoire fit entendre des paroles juenacantcs et les soulint nicnie par des demonstra- tions hosliJes. Unc crise politique ebraiilc toujours, ne fut-ce que passa- gercment, le credit public. Que fit-on alors pour le rafier- niir? Suivant I'heureuse conibinaison introduite par Cand)o:i. la dette de I'Etat elait inscrile siir le gravd llvre, sans distinc- tion d'oiigine. Quoiquc les interets eu I'ussent nial servis, ct que Ton n'eut guere fait autre chose poiu- les rentiers que de T. XLIV. DUCEMBUE \^'2.i). 4'^ (>7\ s(;f^^(;ts mohalks Ics pliiiinlic. respoiifrnii loins inciUcur, ct la coiirmncc drtit* Ics promcssos nalioiialcs, (jiii garanli.«.«aieiit rinU'griic de la (Idle, donnaioiil tin cours ii h rente. Cc couis elait de i(> a 17 pour ceiil : taux elevc, en egard anx ooujoncKues vt an pen d'espoir qn'avaient Ics cn'ancici-s do lonelier pjocliainu-' inenl les arrcrages eclms. Ce I'ul alors fjn'nn decrct rtdnisit la ronlc des dcnx tiers, ct forca Ics crt'aniiors a acceptor le romliuursement des dcnx tiers dii capital en papier-monuaic. Cc papier, appcic bans des deux Hers, anrail represente unc valeur roelle , qiioique tres-inlerieure a sa vahiur uominalcy s'il cut etc adniis, connneles mandats, en paienient de biens- nationaux a reslimalion de 1790. TNe jonissant pas d'nn tel avantage, il tondia a rien, a dcnx ou nii et domi ponr cent ; le remboursement fnt nnl et la banqnerunte conipltle. M. Thiers semblc penscr que cetle mesuie i"ut , sinon legi- time, an moiiis ittcN ilaldo. En laissant uicme de cole tontes-- les considerations de justice, j'allirme qu'on ne pourait pss prendre une inesnre plus pcrnicieuse. Ln paiticulier qui fait tanqneroute cache ses capitaux, denature ses proprietes, se depayse s'il le croit nccessaire : un Etat n'emigre point; un litat nc pent cather ses ressourees; il a plutut inlerot a les iaire paraitrc , a les exagerer; un Elat obore a plus besoin do coiifianco que d'argeni ; des niilliuns enlevcs a rennenis parent aux besoins d'un jour, d'une seuiaine ; le credit donne la laculto de sontenir, pendant de longnes annees, le t'ardean d'une dette hors de proportion avec les moyens connus de I'acquilter. La banqucroute de tVuclidor an v (1) tua le crc- (1) Tel lilait, a cttte epoqiie, roulili drs piiiuipcs, ((iic li'S advcrsaires de la banqucroute auraienl consenti i y souniettrc pajliellcnieut Its poi- teurs de titles achetes a un laux peu e'eve. C'eut ele levenir a la distinc- tion d'oiit;ifle entre les cn'ances, disliiiction prosciile par la l(ii ct Ics principes; c'eut etc j)unir de Icur cnnfiancc dans la luyaute dc I'Elat, les linn;ines qui, en aclictant de ses eli'els au teiiis du discredit, en avaiciit releve le cours; c'cfit etc avertir les cajiilalislcs qu'll ne fallnit acquei ir dcseffels publics que p(un- s'cn dt-I)arrasser pruniplcnient par I'a^'iolage, t't non piiur fairc des jdaceniens seiieux, pour opcicr CPS cliissiimns dc raitcn qui sonl la base la jilus uioialc du ciedil. r.T POLITIQL'ES. r);5 tltl , Ic rondil impossiltlc ; clle jcla le gouvemenicnl cl;ii)S dcs enil);irras contre lesquels il lutta toujours cii vain, soit par des niesurcs financiercs ^ soit par des mesures rijvoliilioii- uaires, ct qui iic pouvaient cesser f{uc qiiand la confiancc le- paraitrait. Quand rcpanit-elle ? Dans un moment on dc iion- Veaux eilbits dcvenaient nccessaircs pour la dLl'eiise du pays, ct oi"i le tresor public etait abs-olument vide: niais on nn gouveruoment nonveau venait s'asseoir sur ies mines de c-i les iiidividus qu'il lui plairail do dc'.si{,M)er : niesiiro plus propre a servir qiiclrpics aml)ilicux proteges doiil on cloignait les coneiinens, cjii'a assurer des eliorx patriotiques. Le coup porlc a la i'oi pub!i(|iic par la suppression des deux tiers des rentes avait sur-le-chanip fait scutir ses resullats : la rente avait eprouvc une baisse tres-'forte, et qui ne pouvait qu'etre durable, puisque les rentiers, aussi niailraites cpie par le passe, ne touchaient pas meuie Icurs arrerages reduits an tiers. Les fruits de I'attointe porlee au droit de cite n'allcndi- rent, pour se developper, que les elections qui suivirent le 18 fructidor. Qui n'aurait cru que les choix sc feraient unani- memcut sous rinfluence du directoire i* Loin de l;'i; prcsqiie tons les corps elcctoi'aux ej)rouverent des scissions, sjinptonie frtchcux qui montrait le droit vital d'election subordonne a I'enipire de la force; et la inajortto Ait le plus souvent acquise au parti exagere. Annuler tous les cboix doid)lcs, n'etait pas un nioyen sOr d'en avoir de nieilleiirs : le directoire et la uia- jorile des conseils, qui votait encore dans son sens, prcferercut d'infirmer ou de valider les elections, suivant que les eins inspiraient des craiutes ou des csperances, et sans avoir egarrl aux droits apparens de la majorite, ou aux reclamations de la minorite. Ce triage afbitraire , efl'ectuc au niepris du j)riiuipe fondamcntal de toute constitution reprcsenlalive, n'etait pas de nature a se renouveler; on previt dcslors que le gouverne- ment qui sc I'ctait permis ne rcsisterait point a des elections nouvelles; on I'annonca meme long-tems d'avance. II est aise, sans doute , de repandre le bruit de la chute profbaine d'un pouvoir; mais malbeur a ce pouvoir, quand un pareil bruit trouvc d'abord , dans le pays , un echo universel! Le Corps-Lcgislalil', renonvelc en Tan vn, se signala bien- tot par I'expubion illcgale de trois nieml^res du directoire ; cet acte, qui n'avait ni uiotif ni excuse, ne rencontra prcsque rr POLlilQlKS. fi;; aiinm oh.'taele, ct produisil inC-ine peu dc sensation. Co nc liit point, comme le pensc M. Thiers, parcc que Ic directoire I'urcnait un gourcrnement legal et viodirc , an milien de par- tis clout feffirresccnce n'ctdlt pas encore epaiscc , que sa mutila- tion fut si facile, niais hicn parce qn'en se iVappant lui-menic an i8 IVuctidor, il avait sape la base de son pnuvoir. On nc voyait phis en Ini, comme dans le Coips-Lcgislatil", qu'unc antorite deconsi Jeree , suljordonnce anx factions qni , dans \vHv tnibnience, se jouaient dc son existence ou de sa chute. Knivre d'un Iriomphe sterile, le parli exagere, dans le Con^eil des Cinq-Cents, se cachait peu du dcssein de ressus- citer la Convention; ses detjamations et ses motions passion- nee.*, les discussions pubiiques non nioins passionnees de la sdcietc du Man('ge, qui, de son cute, lappelaillcs pretentions et Ics (loctiinesde la societe dcs jacobins; c'eu etait assez pour rcnonveler, dans tonic sa vivacile, unc ciainle a laquelle totite autre craintc etait sn!)ordoiuice ; et , dansle mime moment , toutcfois, de grands rcvcrs militaircs ct des troubles iutc- rieurs faisaient encore redouter les resscntimens des emigres, 1!cs veu- jicanccs de Iciir amour-propre irrite par la crili(]ue. An^iistc aiuiait aussi Ics letlres et I'aisait ai;r(''al)I('meut dcs vers, si I'oii eu juge par coux qui se trouvetit dans la ^U' de Virgile que Ic grammairien Donat a remplic d'ailleurs de r;d)les ai)surdes. Remarquons , en passani , que ces trois noms dementent mal- Jieureusement un vers du chanire des metamorphoses, donl I'idee a etc si sou vent repetee. O vide pretend que la culture des letlres ct des arts adoucil Ics vicenrs et ne leur perinct point d'etre a'uclles. Les proscriptions d'Augusle ct les rigueurs prolongces dont le poete indiscrct fiit la viclime, durenl liii apprendre qu'il s'elait etrangcmcut trompc. Les chants dcs muses, scion les riantes rictioos de la niyihologie, adoiui^- saicnl les tigres des deserts; niais, d'apres Ics trislcs aveux de rhistoire, les muses out eu moins d'cmpire s;u' Ic ca'ur dv^ tyrans. II scmble loiitefois que les donees emotions qu'ellcs inspirent , devraienf etre inconnnes anx ctics denatures, et Ton est surpris de rencontrer parmi leurs conrtisaus, a ciUc du vertueux Marc-Aurele, les noms de Denys, de Ncron et de Charles IX. On dctourne les yenx avec ellVoi , et Ton sc hate de passer a dcs souverains plus digues d'elles. C'est ici qu'on s'arrcle avec plaisir sur Ics noms de Francois 1", dc Frederic de Prusse et de Louis XA III. Le roi de Baviere vient d'augmenter honorablement cellc riche uomenclatiu'e. Lc recueil de scs poesies a ohlcnu hcau- coup de succes en Allcmagne, et la couronne du pocfe s'est plaoee sur son front a cijIc de cellc du soiiveiain. Tout<'r()i-;, la ci'iliquc qui a le privih'ge de rc^ienicr jusqiCaux rois , pour parler ermime i\Ioliere, en rendant justice aux beanies ib^ son onvrage , n'cii a pas dissiinidc Ics dclauts. Kile a crn rc- coniiaitrc dans I'illnstic aiilcur [)lus d'elugance que dc I'mci , LITTEUATLHE. 08c) plus lie coloris que iriiiveiition. AccouUiiui'-e a rcgardcr Ics graiuls pontes dc rAHemagiie coiiiine ties ntincurs de la pcnsee, eile a paru legielter que Ic nouvcau poele n'cCit pas ussez creuse ses sujels pour en tirer ties tri'sors inconnns. Elle aurait voulu qu'ini piince qui pinfesse souvent dans ses vers des senlimens genereux, et qui en a fait une si nol)le application en favour dc la saintc cause de la Grece. les eGt exprimes toujours avec bonlieur ; qu'cn un mot son style eat etc con- linueilement a la luuiteur de ses penstcs. L'esprit philosophi- que avait aussi quelques vocux a former dans la publication des oeiivres poetiques du roi Louis; et, malheureuscment, ces voeux sout en parlie rempiauos par des regrets. On aimait a croire qu'un monarque qui avait secouru les Grecs, <'t qui chantail digncmcnt Icurs liuroYques iiifortunes, ne par- lerait des auties peuples qu'avec ix'tte imparliaiite (jui est plus particulierement un devoir de ceux dont les paroles partent de haut et retentissent au loin. Aussi, Ton eproiive une im- pression penible, lorsqu'en parcourant les poesies du roi Louis, on rencontre certains passages pleins de fiel, diriges contre les Franrais ; d'autres expressions Ires-viiulentes, contre un liomme justenient celcbre, etonnent peut-ctre davantage en- cure; il senible que personnc, nioius que le roi de Baviere, n'avait le droit d'employer im tcl langage, en parlant d'un tel homnie H J a certainement ici une veritable inconve- nance ; et dans les diatribes contre la France, il y a une in- justice que rien ne saurait excuser. «iMai.s, dira le poete, rAllemague a ele subjuguee, ecrasee par les Francais : il nous est bien permis de parleravec auierlume de nos oppres- ^eurs. » D'abord, dans le tenis qu'on vent rappeler, la France n'etait guere plus heureuse ; elle pliait, commc le reste de TEurnpe, sous une volonte puissante, armce du glaive; rAl- lemague, d'ailleurs, n'a point le droit de se plaindre si vive- ment des invasions de la France. C'est die qui, en 1792, «;ntrainee, par des niinistres ennemis de I'humanite, dans une coalition impolitique et impio, a onvert la route 01^ nous iivoiis marche; c'est die qui, cbciLliant sans cesse une ocCa- , T. XLIV. DtCEMBRE I BsQ. /|.'( 6.)o LrrTKiuririK. !»ion d'atta»iiic, i: iis mottail dans la ncci.s.silc dv. KrCoiifcr le torrent jiis(|ij'.'i sa source et de reporter clicz clle la guerre qu'elle prctendait nourrir siir notre terriloire. II faut que l'Alleinag;ne detlu're les pages de I'histoire, ou qu'elle ccssc de nous imputor des torts qui lui apparlienueut plus qu*a noiJ». Si I'augustc auteur avail pris la peine de consulter ses sou- Tenirs, nous soninies peisuades qu'il sc serait exprimc avec plus de mesnre et de justice. Qwc signifie, par extmple, la piece suivanle ? « iMoyen inraii!ii>ic : Aonlez-vous avoir unc mauv.iise opinion r encore beaucoup dc faveur aux poesies conjugalcs, et it c.-'l luAine rl luteux f|u'une muse souverainc puisse y parvenr. LrrTi?:r,ATURE. 691 Dualities distiques et quatrains offrent plus d'iiitiiret ; on ai- inera peut-etie la pcnsee suivante : «Le commencenient et la fill. J'etais paili avec la neige, je rcviens avcc la pluie ; c'est ainsi que I'homnic commence et tcrmine sa carriere au milieu des souffrances. » Mais, c'est dans les morceaux qui permet- tent quclque developpcmont qu'on pent uiieux ajprccier le talent de I'auteur. L'elegie adressee aux artistes est remplie il:d'' tb- bt Pf^iTivlviinif . nn '^Inui-in nui s',idrpo7 cliHse lie le;'Ioiirs moins gi'ave, niais certaincmcisi plus nr)ni- brcuse. Ce n'est pas que ses aiUeiirs nc doniieiit rieii a I'iii- striiction, niais ils nc negligent pas I'agreahle ; on in poinia jiiger par I'liuiication des nialieics qui coniposent le caliier do juillet dernier. La parlie legere se compose de Irois pieces de vers et rle qnelqiies noiivelles; dans iin genre phis serienx, nnusremar- qiu)ns un cinfiiiieme article stir les progres de la litleratni-e dans la Pensylvanie, unc revue des poetes des Etats-linis, puis iMie notice sur la Revue Encyclopedif/iie, o i, apres avoii' expose noire plan, et cile avec eloge quclqucs-uns de nos coilahoralenrs, I'auleur s'exprinic ainsi : « On se plaint chez nous que les critiques anglais ne soicnt point dis]>oses a ren- dre justice aiix otivrages (|ue le genie on le talent produisent en Ameriqiie. Sans examiner ici jusqu'a fjuel point ce rejiro- clie est fondo, laissez-nons supposer qu'il le soil, is'y a-t-il point de pays dans le monde, outre la (jrande-Brctagne, on le inerile litleiairc puisne elrc apprecie ? Si les jugcniens de oeite dcrniere conlrce ne nous salisfont pas, pour([uoi n'ea point appeler a ses rivales du continent? la France et I'Allc- niagne, dont les dispositions a notre egard, loin de douner lieu a des plaintes , sonl aussi tavoral)les que possible. Si I'Angleterre excrce quelque influence sur le resle de l'l*;urope, le continent reagil a son lour sur I'Angleterre ; et si notre but est de mettre fin aux mei'ails de la critique anglaise, le meil- leur moyen d'y j-.arvenir me parail etie de la combattre en contractant ime alliance avec ses emnles. Ce n'est point en Angleterre cpi'on a dernierement etabli une coniparaison en- trc ^Valler Scott et notre Cooper, et qu'on a adjuge a ce der- nier I'empire des mers, dans les ouvrages d'imagination. Cc jugement a passe du continent en Angleterre, et de la dans iiolrc pa3's meme. Tcis sont leseiTets des grandes communi- cations iiltei-aires elablies entre toules les parties du monde. Au;'un organe n'est plus propre que la Rcvne EiiCYr(o/>edi(ji(e a faire connaitrc an deliors la lilteralure americaine. Anssi recommandons-nous a nos lecteurs, et snrtout A ceux qui s'occupcnt d'ecrire, d'entrer en corrcspondance avec ses le- dacteurs, d'envoyer a Paris lours livres on du moins des no- tices sur les ouvrages pui)lics chez nous ; de I'aire parvenir a la Revue Eiicyclopnlique des renseigncmens sur I'etat des sciences ct de la lillcrature dans cc pays, sur cliaque objet (jui pc'il ajoutcr a la gloire des Etats-Unis : nous savons que les communiralions de cc g;enre seront recues avec reconnais- sance, cl qi c 1)0!) « mp'oi en '•cia lait poiir i'honncur du uom 0:>8 LIMIKS KTRANGKRaJ. aiiirricuiii. » Qu'il nous soil j)(,'rmis de icnicrcior ici Ics edi- U'.i\i-si\ii Magnzindfi P/iHadelp/iie, tie Icurs ellurts pour iij;i-aii(Iir lo cercle de iios lolatioii.s litirraires, ft ])our nous doorier Ii-s iiioyi'iis de leinplir de micux en niieux noire plan, en l'ai.de-duetagm:. iji. — Conversalions on vegetable physiology, elc. — Va\- tretiens siir la physiologic vegelalc, avee Tappiicalion de (•etlc, science a la l)Olanif|U(! ; par raiitenr dcs Entictiens sur la c/il- mie, etc. Londics, 1829; Longman. 2 vol. in-12, a\ccdes planches. Ce petit otivrage est destine ponr les demoiselles; il oh- tiendra plus d'iiidnlgence que les productions deslinecs a etro iiiiscs entre les mains de jennes hmiunes. A ceux-ci, que la science soil ofterte telle qu'elle est, avec ses cpines, si elle en a; qu'ils s'accoutument a surmonter ces legers oljslaclcs; le gout viendra, s'il doit venir, et n'cn sera pas moius vif, pour avoir ete contrarie d'abord par qnclqucs dilficnltes. En snivant une niarche reguliere ct vraimcnt scientifiqiie, on abrege le terns des etudes, et c'est ainsi que la vie devient plus longne et plus fructueuse. L'auteur de cet ouvrage charge une dame d'cxpliquer a deux demoiselles les mysteres de la physiologic vegetale, et de letir donner, chemin faisant, les notions de physique ct de chimie dont retiide de I'histoire naturelle nc pent plus sc passer. Ses instructions sont elemcntaires, cxacles, expri- iTiees avec assez de precision : cc livreconvient done a sa des- tination, et il oi)tiendra, sans donte, le succes qu'il merite. 1J2. — * Medicine no jiiystoy : being a brief oulline of ilie principles of medical science, etc. — La Medccine devoilee, ou coup d'ccil supcrficitil sur les principes de la science mcdi- calc , servant d'introductiou a I'ctude de cetle science consi- deree comme partie essenticlle d'lmc education libcrale; par M. le doctcnr Morhisson. Loudres, 1829; Hurst. L'auteur de cet ouvrage conmience par I'histoire des su[)er- stitions medicaics, et, ccrtes, il n'a pas pu TachcNer; car elle lui cut Iburni plusienrs gros volumes, au lieu d'un scul de petiles dimensions. I^Liis I'cxcuision (|u'il i'ait dans I'histoire dehi mcdccinc, dcpuis son origine jusqu'a nos joins, est digue GllAN DE-BIIKTAG N V.. Chjq de J'atlention des niedecins cux -monies, car I'aulenr y fait pieiive d'une \ raie philosopliie ; c'est dire qii'il coniiail biea ies routes qui peuvent couduire aux veriles utiles. 11 s'esl mis a la porlec de tons Ies lectcurs, et il leur epargne Ies epincs dii langage scientifique. II s'anuoiice conmie SLiperliiiel ; m;iis il ne Test point ; car la raison u'cflleure rien, et c'est a la raijo'i de ses lecteurs que M. Morrisson s'adrcsse constammeut. II est a souhaiter que cet ouvrage produise I'effel que Tauteur sest propose , et (pie Ies vues qui le dirigent cessent enfin d'etre confinees parmi Ies couseils innliles (pie i'oii pruiiigue et Ies voeux impuissans que Ton I'orme pour le bien de I'lumianile. 1 j5. — Some considerations on the subject of public cloc/,s, etc. — Quelques remar(pies relatives aux horloges piiljliiiU a eel eniienii Ics epi- ihctes de sorcier, dc niaurais gi'nie ; ils le defieiil an coinhat, et bravcnt ses vainos menaces , ces eclairs qii'il scnd)le dirigei- fontre et;x. Je n'ai pas (d)serve ce peuple dans son pays. xMais cc qu'on en racontc iesseml)Ie hop anx fKUions poeticjiies, tcUe.T qr.c dcs sanvages penvent en eoiu;(;voir. pom* <|nc Ton sonpconne Ics Colons de ra\oir invenlc. Qn'on imagine ces jiyginccs d'nne allVensf; iaiiienr, a I'enlrce de Icin- caverne, pueltant la Icnipete : les images s'assemhlenl et voilent Ic cicl; la tcne pcid Teclat de sa painre, il senilile que Ics tciicbres vonl la couvrir; en ce moment, redair fend la nne, le ton- ncrre ebranlc I'almoyphtre a ime gi'andc disiance, et I'echo desmontagnespropage son eponvantahle IVacas : cetle Inmiere subilc cdaire la face eufumce des sanvages qui , semblables a dcs csprits inrcrnaux, commencent a gesliculcr, a nieiiacer, a pielndcrpar d'liorrihles gestcs a lenrcomi>at centre la foudrc. J'eus quclquc teius cbez moi un individn de cetle singuliere nation; c'etalt un enfant d'nne douzaine d'annccs, de trois picds de bant. Scs mains et ses pieds ctaient singuliercmcnt petits et mignons, et sa figure repoussante : quant a son intel- ligence, les i'aits suivans en fcront jiiger. II posscdait an plus baut degre les talens niimiqncs appliques a I'espieglerie. Des le jonr meme , je m'apercns qifil imitait paifaitement mes gestes, ma contenanoe et mes tics. Donal'l ( c'est le noiu qu'on iui avait donne) n'avait ancun gout pour la proprete ; il lallut le contraindrc a m'accompagner a la iiier, pour s'j baigner le matin, et ctt usage ne Ini plai-ait nullcment. Un jour, le ciel etanl convert et a I'orage, il reslait sur le sable, manilestant plus qn'n I'ordinaire son aversion pour le bain : I'ean e>t-elle froide? demanda-t-il : non, Iui rcpondis-je. II mit alors ses petits pieds dans I'ean, les retira bien vite en les secouant, el me uit : « C'est nn damne de mensonge ; e!le est I'roide, je ne ie sens que trop bien. » 1 J- 5. — *0n tliepraciicabUity ofan Invasion ofhriflf/i Tiidii, etc. — De la possibilitc d'une invasion de I'liidc liritanuique ; par le lieutenant -colonel Evans. Londres, 1829; Kicliardson. In-S" de 147 pages. I\l. Evans ne pcrd pas de vnc les mouvemcns des Rnsses on Asic, quel qu'en soit le motif; les o])eraiions miiitaires, les eiitreprises e dans le ineiue recueil que JL iie- musat; il a iait cboix d'une peinlure de nioeins, de caracteres, de passions; il nous fail passer en revue, dans im cadre res- seri'e , prosqwe touto !n nation cliinoise. Los traits qiii la dis- Imguciir, les insii'.!:lio:is c! !:^s !i<-i:;T-' qui '; s.-paccnt de ses 703 LlVliriS la'RANCKRSv voisiiis et ilc lout l« rcsle dii luondc, et la niaiiiticndronl peiit-elre loujoiiis dans cct etal d'isolcinciit, voila ro. que Ic IradiiclfMr a tiu C'\])rinier, sans iiU'aihlir la vivacito »lt;s coii- Ictirs. II y a done, pour le plus giaud nonibrc des IccU'iirs, plus (le mntvcaiitc dans cc vieiix ronian chinois (|iie dans la plupart dcs produi'licnis I't'-ccnlcs dcs ronianciers eurojieciis. Cotte traduction n'cst pas le coup d'essai do i\I. Davis, ct Ton espi'ie cpie c(! ue sera pas le dernier present de celte sorle «|u'il lera an p(dilic. N. RUSSIE. 1^7. — Brevis Ea'pticatio analomlca struct iirm os.iea; scc/eti hamani, etc. — Explication altrefjee de la structure osseuse dii squeletle luunain, a I'usagc des eleves en osteologie;parM. D. Alexis Ternovski. Moscoii, 1827; imprimerie de TUniversile. In-8'' de 4^ pages. Cetle description ne pouvait etre recommandable que par le nierile de la clarte et de la precision ; I'auteur a parl'aile- nienl renssi a se taire coniprendre avec facilite , et a renfernier bea'-icoup d'instruction dans un petit nombre de pages. On s'etonnera sans doute, en beaucoup de pays, que la me- deciue soit enseignee en latin dans les Universitcs de Uussie : jious prions nos correspondans de vouloir bien nous expliquer ce myslere. On pent donner, sans conlredit, les plus fortes raisons en i'aveur de tout enseignenieut en laugue vnlgaire, sans en excepter aucune branche des connaissanceshuniaines ; mais il y a pent-etrequelquesniotii's plansibles pour coiitinuer les anciens usages, dans (juebpies lieux ou un cbangement trop prompt aurait de pins graves inconveuiens que la perse- verance dans une pralique d'ailleurs pen raisonuable ; I'exem- j)le des Universitcs d'Allemagne n'est pas une autorite sufli- sante en I'aveur du laliu scolasti(|ue : enFrancc, en Augleterre, en Anierique, on sait faire de tres-habiles niedecins, ct leur procurer la plus haute instruction, (pioicpi'en langue vulgaire. 11 est bien a craindre que certains prejnges ne s'oppo- sent encore a ce (jue tons les corps enseignans n'imitentTe grand exeuiple, et les prejuges ne I'-int jamais aucun bien. 178.— x]/('wif>Jre sur les points fi.vcs du Ihermomitre, par G. F. I'.VRRor, meudiic do rAcademie imperialc des Sciences de Saint -I'clersboin-g, etc. Sainl-Petersbourg, 18-28; imprimerie *!h rAcademie iiuperiale des Sciences. In-4" de 71 pag., avec •J. planches. • tiljle qui la produit. Le.s experiences de JM. Parrot out prnuve que la lanipe alinientec par I'alcool four- nit o,5dcgresde chaleur de plus (|ue les cliarljons ardens, o,55 de plus qu'une laivipe-quincpiet, et 0,75 de plus que I'applica- tiou du fer chaufle au rouge-ccrise. Comn)e, en toutes choses, les limiles sont les seuls termes fixes que nous oflVe la nature, . I'auteurdu lAli'nioire piopose de prendre pour point five supe- rieur de reclielle llieruionieliique le majciitnim de tempera- ture qu'une lanipe a alco'd puisse communi(|nera I'eau houil- lante, sous une pressiou harometrique detcruiiuee. « Cctte lampe , dit-i! , doit elre ])rel'eree a tons les aulres nioycus de chaufTage pour obtenir "un terme constant d'cbidlition. II [)ense que le point Ic plus propre a rcpiesenter sui' reclielle thermonu'lriquc, cclui de rebidlition de I'eau doit etie pris en reunissant les circonstances suivantes : L'euu bouiHanle dans toute sa force; pression de o5G tignes de merciire (o°',77G4) Id bouledu thennomrire plongrc d \S lignes (o"',o485) aii-dcssous de la surface primitive de rcaii. » M. Parrot a constate que I'etat tliermomeiriqitc de I'echelle d'nntherniomutrc rj'estpas sansiulluence sur les temperatures mesurees par cet instrument. II propose, pour cviter les er- lenrs dont cette iutluence serait une cause inevitable, d'em- ployer a I'avenir deux sortes de thermometres, I'un qui serait tout eutier dans I'air pour les observations atmospheriques , et que Ton pourrait nommer atino-l/iennomitrc, et I'autre destine aux experiences sur la temperature des liquides, ce serait \yiydro-t/iermo7ni'tre. Ce Memoire contient encore beauconp d'autres observa- tions importantes dont nous ne fcrons point mention, parce qu'on ne pent se dispenser de le lire, qu'il passcra iiientot dans le 31anuel des constructeurs de thermometres, dans la theorie de la chaleur et dans ses diverses applications. Les savans de tons les pays en profiteront pour metlre plus de jtrecision dans Icui-s recherches relatives a la temperatine, et sauront gre a I'aiitcur de I'avoir rodige dans I'idiome moderne le plus generalemcnl repaudu. V. 179.- — Obscrvalions morales sur la presse pcriodique en France, par Jwrc Gmnka. iMoscou, 1828; impi iir.crie d'An- gustc Si'incn. Hro;li. in-H" do 1;'. pages. 7«.'j I.hliKS KrilA.NCKilS. iSos let'loiirs ont poiit-Clre roniar(|uc, dans le cleiniercaliicr (le la Reciic, Ics (h'-tails (]iic iioiisax oiisdoiuu'ssmla censure on Uiissie (v(iy. cl-ilessns, p. DoG). Lo rcgU'iiifiit actiK'llenieril exis- tanl (cflni (it; 1828) est veim .salislaire i'ojiinioii dans ce pay;-, (Ml adoiici.'^saiil fteii iuo;liiia;it les ronnes (juiavaiciU oto impu- si'<;spaile n'^lciiii'iildci 8aG, a I'oxcrcice d'iincfacull«!di)iil lout i;()iiverncni('nt Ic^ilinicol lort lie de\ rait jamais user, ct (pTil de\ rail laissor a la lailjlessc elan despolisiiic. A pciiio ce nouvel arte dii li'guc de renipereiir Nicolas avail-il recu sanianilesla- tion, qiriiii eciivain nisse, coniiii dans sa paliie ])ar un prand iioinhrc dc compositions eslinvalihis, s'appuyant de I'article de ce reglemenl qui pcinict de parler des puissances ctrangcres avec le icspecl el les convenances qui leur sont diis, vient emprunter iiotie laiigue pour jeler 11:1 coup d'a'il sur la pnsse. pa-iodiqiie en Fiance, et, iicr dc Tcclair de raison ct de lilicrle (|ui brilie dans Ic >ord , ose accuser les formes niodeines dc la legislation die/, un people oi'i s'est allnnie le I'oycr d'oi'i cet eclair est partj. Aprcs avoir paye Ic tribiit d'eloges que lesliljcr- tes pHbli(|i!cs doivent a I'autcur de la Cliarte , il blame la dis- position delaloi sur les journaux, qui (ait pesersnr Icursgcrans uncresponsabilitepecuniaire.Selonlui, riionneursculdesecii- vains devrail leurservir de caution ; il peuse que personne ne voudrait s'exposera le perdre, a la lace de sesconcitoyens; que tout anieur qui attaquerait la morale ou les lois se deiioncerait lui-mcmc, parce seid lait, comme ennemide Tordre social, et que ce seiait a ropinion publi((iic a en t'aire justice. II nc ci'oit point f|u'un goiivcinenjent legal, eL que les dcpositaires d'uii ponvoir juste et moderateur aieiil a craindre la plume d'uii journalisle partial, et il propose pour regie de conduile, a tons les monarques, ces bcllesjiarolcs du code dc Calbcrine (§517): «' Ce sei ait un grand mallieur tlans un Etat , si Ton n'osait re- prcsenter ses craintes sur un evenemcnt I'ntur, excuser scs mauvais succes snr le capric e de la lortuue, et dire iibrenient Kon opinion » . Mais, si Cathciine, par la pensee, etait au-dessus «lo son siede, ses aclcs n'ont pas toujoiirs cte a la menic hauteur, soil que les circonslances ne lui aieiit pas ete I'avo- rables , soil qu'il y ait jilus de I'acilite en morale, et en legis- lation a lever tics utopies qu'a les niettre a ex<;ci.lion, et, couinie on I'a vii dans la note tie notre article sur la censure, ('est sous le rcgne mrme de celte impcr-itrice que les pre- iiiiiMCS eiUra-es a la liljCile de la peusce luient en (piclqiic ■crie erigi es en loi. i\i;iis rauleur cmprnnte encore d'aiitres tiaiij, et c'est ave;- n.isjropies aimes, c'csl avec des citations de Voltaire, dc UUSSIE. — ALLEMAGNE. ^o3 j)tTC Aiuhc, de Cazales, dii presirlent Harlay, lIc Pascal, cle Siiartl, (]c Montaigne el dc Bossiiet, qn'il combat les disposi- tions dc la loisur les journanx ct snr la liberte dc la presse en France. Ses assertions, ses jngcniens, ses preiivcs enfm , sem- Ideraicnt niontrer qu'il y a chez nons dei'aut dc confiancc dc la part (in gouvcrnement dans la nation, on de la part dc la nation d.ins le gouvernement ; ce sera a la generation qui s'a- vance a decider de quel cote se sont tronvcs les torts, et si ce delaiit de confiance ponvait ctre jiistifie. Qnant ;'i I'ecriYain rnsse, on voit qn'il a mis hien pen du S4en dans cette hrochnre; mais elle nons a parn assez impor- lante a signaler ponr detix causes : c'estqn'ellc pronvc d'nn cote qne le ponvoir, en Unssie, commence a ne pas craindre qii'on veuille Teclairer, et qn'on discute iilirement les hautes qnestions d'orclrc pidjlic, ct deTa-titre, qn'il tronvera les es- prils hien (lispo,s;''s lorsqu'ii croira la moment vean pour les ■(k)tcr d'un entier affrajichissement. Echnc Hkrkvu. allemag:se. 1 80. — Aticnda gcognosticon. — Ageiida ."rt'Ognostiqne, par M. DE LiiOMiAUD, ornc de beancoiip de lilliographies, Ueidel- Ijerg, 1829; Molir. In-S". Ceux qui entreprennent des courses geognostiques dans les monlagnes out besoin d'un .guide , alin de ne rien lais- ser ecliapper de ce qui pent interesser la science. Le savant meme doit tirer de grands avantages d'un parcil agenda, et Ton ne samait manquer d'obtcnir les phis heureux resultats, quand on se fait suivre des observations ou des indications d'un homme aussi ju^stement celebre , aussi profondement crndit que Test M. de Leonhard. Dans'l'espace le plus serre possible, I'agenda geognostiquc que nous annoncoas offre tous ccs avanlages. La preface rend compte de ce qn'ont fait en ce genre, MM. de SansKure, Hac- qaet, Brimncr, EriiiellmvdL et Pusch, etc. ; puis, i! y est dit ce que I'on doit attendre des observatituis a faire par les nou- veaux voyagcnrs; enfin, ou indi([ue les etudes preparatoires €t tous les objcts dont il faut se mnnir pour les excursions geognostiques. En grand nombre d'instrumens sont non-seu- iement decrits, mais encore figures, an moyen de la litbo- graphie; on enseignc a voyager avec methode, a bien rediger son livre-journal , a tirer des cartes geognostiques, etc., etc. En premier lieu, on s'occupe de la confoiniation exterieurc ;raphifiiic.s; an con- traire, nous en reconnaissons Piilililc )>oiir les recliciclics ; mais, au lieu de s'eu conlciUer, il rillait nous en donnor la 'CHES-DtBosCAGE, qui assure avoir ele ofllcier dans son etal- major, ou d autres ouvragcs de ce genre. Ce qui resulte de plus clair des anecdotes cfiolsies par I\I. Fucbs, c'est que Souwarof n'etait point aussi baibare que queiques-unes de ses actions, et Ies accusations de ses ennensis pouri-aient le faire croire ; il etait ins!ruit, au conlraiie, et ainiait a acf[uerir sans ccsse une nouveile inslruclion. II fit lever au niilieu de la nuit ill. Fucbs pour lui faire copier un passage des Me- moires de Sully, conteiiant !cs causes qui perdeut Ics iilals; et Tauleur des anecdotes rappnrte des rctlcsions tres-judi- cieusesdu feid-mraecbal russi; surl'bistoire. Dureste, queltjue bundjle qi:e soil li. Fuclis en parlant de son bcros, il ne disconvient pas de ses siiignlarites. I'our son b.islorien mem On ni'a souvent de- inande, dit M. Fucbs, pourquoi Souwarof simulail la folic, et j'ai tonjours repondu : je I'ignore. .]'ai ele surpiis de voir un bonime, dans sun cabinet plein de jugcment el d'instrucliou, faire au dehors toule sorie de folies, et se comporter comnie a moilie i'ou. Lin jour I'iuipatience ine prii, et je ltd demantlai ce que signifiail tout cela : rien, repondit-ii; c'cst- ma ma- nicre ; a.--iu cntendu j;arlcr du fameux Carlin ? Sur la scene i! faisait Farlcquin comrne s'il etait ne pour cela; mais dans la vie privee c'elait I'bonime le plus serieux, et sage cornrae un Caionw.- — M. Fudis est un peu verbeux ; ses anecdotes et ses reflexions sont quelqucfois insignifiantcs ou trcp delayees; cependant ce petit ouvrage est amusant. D - c. I .S j. — * I'lhcr die t'.poclirii dt r Uldnuleii Kinisl drr Gricdicn. — bur Ies epoqucs ties arl* rM.'inalifs cbcz Ic^ Greis, par 710 LIVillLS KTRANGKHS. Frederic TmtJUSCM. Deuu-iiinc tklllion , avec tics lilliojj'iaphies. Municli, 1829. In-8". Dans cctif ((lilion, commc clans la picmiero, ridte fonda- mcnlalc est clairenicut cxpiiniee, c'est c[ne Ics penplcs prede- cesseurs des Giecs lenaient Iciirs ails dc I'Mgyjilo , on dii moins elaitMil avec I'llgyplc en de tels rapjjorts, que leius arts devuieiit loiil a I'iMllueiice de cettc conliee. Les myllics et le ciilte de.-; dieiix venaicnt aiissi de la nienie source : dc nouvelles auloiites snnt eitces a I'apjjui de cette assertion : toutefois i! ne laudrait pas iinputei- a rautciir la pensue que la Mylhoiugic , telle (ju'elle tut dans la suite , elait le produil de la seule Ejjyple; il la ((uisidric plutut coiuiue un lien, unc niediatrice enire les idees cg\)ptieunes, phenicieiiues, pelas- giques. Les arts aussi out recu d'autres impulsions, outre celle que leur avait donnee TEgypte ; enfiii, il nc s'agit pas de Thu- portafioii dircilc dc ces arts, mais ])ien d'line inlluence pre- pondeianlc e.xercce par I'Egyple surla plus ancieune civilisa- tion de la Grcce. Ges vues sunt defeudues <'ontre les opinions de MiM. Meyer, Ol fried Muller et Uirt ^ qui onl aussi public de savaas ouvragcs sur le nieaie sujet. Get ouvrage est com- pose d'unc multitude d'inlcreSsantes dissertations; et, si les bornes de ce rccueil nous dei'endent dc les ciler toutes, nous^ indiquerons dn moins les remarques sur Crileas , celles sur les trepieds , siir les deux PoLyclete. Dans les supplemens , M. Thiersch combat sans cesse M. llirt. On trouve aussi de* details Ibrt curieux sur Ics monumcns de Sclinonle ; et I'au- leurs^ea prevaut pour souteiiir que, jusqu'a la 5o' olympiade, on vit se pcrpctuer I'ancicn style icligiohx de la Grece. II y a dans cettc edition un catalogue d'arlislcs plus complet que dans la premiere. Enlin , trois index renvoicnt non-seuleuient aux matieres discutees par Tauteur, iiiais encore aux noms propres et aux passages d'auleurs pour lesquels M.Thiersch propose dcs corrections. i85. ■ — Slesicliori Himrrcnsis fragmenfa. — Fragmens cfe Stesichore d'llimcre, avec une Dissertation sur la vie dc cet auteur , par Oltomcr F/vrfcV/c Kleike. Dusseldort", i8a8. ]n-S°. II y a long-toms que IM. Rlcinc a consacre ses veilles a re- demander a I'anticpiile les fragmens de Stesichore, ct Ton n'a pas oublie la savante these qu'il a soutenue i\ I'Universite de Jena, sur la vie el le genie de ce poete. Ce premier su(Ct's devait le conduire a un travail plus approCondi : aussi I'a-l-il execute avec autaiit de talent que de zele. Apies les hiogia- ])hies ;;rccniics et laliiics dc Suidu-' eC dc I.astMiis. ^i('Ull(•tll. ALLKMAG>iE. 711 !e.» juiliuleuses reiheirhes de i\J. Kleine : il concilie arec beau- coup (riial)ilef('; la divergence chroiiologiqiic qui existe entre d'ancicns niiloiiis et Ics inaibie* de Paros. Les premiers font vivrc Slesicliore cntre la Sj" el la 56° oljnipiade; les marbres, ail contraire, lui assignent l'013'^nipiade '^7f. L'edileurdes frag- niens denioutre ((ii'il s'agit de divers individus, et non du inpine auleur. II passe ensuite a qnelques doutes sur la patrie tlu pocte, et examine Icquel des cinq pcres qu'on lui donnc, ou pliilot des cinq noms qui sont donnes a son pere, doit etre considere comnie le veritable; il explique fort ingenieusement la tradition qui ]vule d'une parente entre la famille d'Hesiode et celle de Stcsiclioie; enfiii il raconte avec interet les fables qui enloiuent le berceau de cet aiiteur. lllleve ;\ Catanc, il fut I'ami de Fhaiaris, tjran d'Agrigente; frappe d'aveuglemeut pour avoir ecrit contre la memoire d'Helene, il recouvra la vue aprts avoir charite ses louatiges, i\I. Kleine pense que cet Encoiniitm Helenm n'elait qu'une partie du grand poeme inti- tule 'lAi'ou TTs'prjf (destruction de Troie). II n'est pas certain que Stesicboie suit jamais Tenu en Grece, mais il Test davan- tage que de Matauria en Italic, il est venu a Catane, ou il vecut et oi'i on luierigea uulombeau de forme octogone.Lase- coude partie du volume renferine les fragmens rccueillis avec soin, ranges avec ordie et inlerprctes avec chute. II y a de bons index en ce qui conccrne les auleiu'S qui out parle de Slesicbore. J 86. — Catalogi librorum mdnuscriptoruni, etc. — Catalogues desManuscritsqui setrouvent danslesliibliotbequesde France, de Suisse, d'Espagne, de Portugal, de Belgi(juc et rrAnglc- tcrre , par Uaenel; a° et 7f cahiers. Leipzig, i8ag. In-8". Cette publication est, sans conlredit, I'uue des plus utiles auxsavans; ils peuvent aiusi , en se livrant a I'elude d'un auteur, couiiaitre sans difliculte et sans recherches tous les secotirs que leur prtsenteront les mannscrits crmserves dans lesdiver.^esbibliotlieques de I'Kurope. Le premier cahiers'e tail occupt'd'aborddesbiljliolhequesde France; ceuT-ciconlinuent ce travail , et de I'Arsenal a Paris, conduisent jusqu'en Portu- gal. L'auteur ne se borne pas a de si^cbes enumerations; il y a des remarques critiques et des details fort curieux. Apres ce qui concerne les bibliotheques de France, on trouve des adrlenila tires des notes historiques de M. BaiUy et des voya- ges de Millin : puis il y a une liste des bibliollieques citees par Motilfuufon dans sa Bibliotlieca [iibliotliccarnin. Parmi les bibliolbcques de Suisse, les plus riclies sunt ceUcs'\le'Bale , de Nolie-Damc des crniitcs et de S.-Gall. Quant aux Beige-, 7 11 LIVilKS L;TUANc;Kns. Hi. ilaeiiel Icur I'ait lui assez niaiivais coinplimcnl : Cc pays, (iil-il, possi'de lurt pen do manuscrils , parce <|irild ont elc vonihis tu'inid Uteri cupiiiilalc. Ni'aiiDioins, il y a ici dcs dolail* curicux siir Ics biljliotlu'qiics de Biiii^cs, Bruxelles, Gaud, La Haye, Anvcrs, Tomiiay, llrt'clit : quant a ccllc de Leyde, on I'cnvoic an catalogue deja exislaut, coiume ou I'avait deju fait pour la hihliotliurpic royale. En Angleterro , Gandiiidge , Glai>gow, Livcipt)ol, Londics, Oxford ocrnpenl piincipnle- mcnl I'auteur; niais il fait rcmai(|ucr surtout la belle collec- tion dc manuscrils dn baronet Plirlipps, qui s'esl procure jus- qu'a qiiatic luillc ntannscrits. M. Haencl signaleascs lectcurs encore d'autres bil)liolhcqucs particnlicres fort ricbcs en ce genre. Pour I'Espagne , ii indi(|ne d'abord les maiiuscrits des couvens d'apresle Fiage dc Ambrosia Morales ^oua Philippe \l. Mais il ne reprodiiit pas rindication des manuscrits arabcs de I'Escurial, ni ccHe des manuscrits grecs de Madrid. Casiri et Yriarte out fiut ce travail ; il y ren\ oie : neannioins, pour plus d'un leoteur, il sera difliciie d'y recourir. Lc Portugal est fort pauvre en manupcrits, Philippe II en ayanl beaucoiip en- kve, et d'iiulrcs ayant peri dans lc Ircmblemcnl de terre de Lisbonne. Ce cahier s'r.riete a la bibliothecpic du couvcnt d'Akebaza. P. de Goi.beiiy. * SUISSE. 187. — * Oi(i'fJ°" Neckep.be SAtissvr.E.) Lausanne, 1829; impri- ineiie d'liuianiiel ^illcent fils. In-12 de 07 pages. Goinnie on pent le presnnicr, d'apres rcpigraplic, I'auUMif de ce petit ouvragc, (pii est nne dame aussi bieiii'aisante qu'c- clairce dunl nous ne trahirons pas I'anonymc, veut surtout que I'education ait pour but d'eloiguer de renfant I'idee du mal : c'est un excellent nioyen pour faire naitre en lui celie du bieu. Elle pcn.-e, avec J.-.l. ilousseau, donl I'opiiiion est gen.'raleinenl adoptee, que les rncres doivent sc charger ellcs- niemes de reducation des preuneres annecs. Mais, coninic beaucoup d'babitudes anti'.'iieures et imperieuses, des devoirs d'une autre nature, quoicpic moius sacres, des obstacles de position dans le monde, peuveut empecher un grand noni- bre de femmes de suivrc ce conseil, notre auteur insiste pour qu'ellcs appiirlcnt luic atlcnlion severe dans le cboix des do- SLLSSE. 7i5 mestiqiies aiixquels dies coniienl leurs cnfans. Dans I'ctat actucl de la sociele, ces choix seraieiU dillicilemeiit hciireiix; car il n'existc presqiie nulle part iles institutions ilestineos a anieliorci' Ics nioeurs dcs classes pauvres, et specialcnicnt u t'ormer les jeunes filles aiix vertus duleur scxe, que les excni- j)les dont elles sont entourees tcndeiU coatiniieliement a de- tniire. L'autcnr demande done aux I'emmes de remplir nne a-uvre de ehaijte eclairec, en donnant tons leuis soins aux filies paiivi'cs qii'elles peuvent avoir aiipres d'eiles, en reni- plissant a Icur cgard les t'onctionsde meres el de soeiirs. «Po'jr ma part, dit-elle, j'ollVe les soins les ])lus tendres, les plus assidus aiix eufans de mon sexe, auxquels je pourrai etre utile; mais je les demande en bas-age, alln ([u'iis n'aier.t point en- core conlracte d'li ibiUidcs periiicieuses; je recevrai des enfans de trois ans avec plus de joie et d'esperance que des enfans de six ans ; je desire aiors qu'ils mc SLiient laisses jnsqu'a VCi^e oii les frnils de mes soins, deja visibles, offiiront a leur faniille I'espoir f nde d'un honheur durable Je suis mere depiiis un grand nombre d'annees, et ma earriere, qui paraitrail longue, ne m'a semble qu'un beau jour. Actuel- lejncnt ma tache est presque aclievoc; mais I'liabitiide d'une occupation si douce (I'education), qui captive le coeur plus qu'aucune autre, celfe lialjitude, dis-je, est imp-jrieuse chez nioi ; je veux lui consacrer le terns que Dieu ni'accorde a vivre. Mes enfans serout pour moi des aides exceilens; leur amour pour le bicn egale et surpasse peut-eire le mien; une heureuse position me rend tout facile : une ieire char- manle, situee pres de Lausanne, dans la plus belle ex- position, de beaux ombrages, de belles eaux et de vastes Ijiltimens, me permellent d'esperer que les jeunes en- fans qui vieudront I'lialjiler y trouveronl la sante, le bonheur de leur age, et la sage et douce culture, que la A'ie de la eam- pague rend si facile L'education que ces jeunes personncs recevront chez mai doit concourir en tout point au but qu'on sc propose; on veut crcer des femmes (jui appoilent, dans les diverses positions de la vie, eel esprit de douceur, de sagesse, d'humilite devatit Dieu, de ('harile envers le prochain, qui repondent aux vucs de la Providence daiis leur creation ; on vent rendre a I'hommc la nol)le amie que Dieu lui destina. C'est au developpcment nioral que nous mellrons tous nos soins; {'aire naitie dc^ ideesjusies, fixer gradueliemeut I'csprit snr un point de vuc eleve, faire eclore les^ seiitimens aftcc- tueux, etouffer Pegoi'sme, et faire goiiler les douccuis du de- voument, voila la tache; elle est graiide, elle est belle, elle est difficile, assuremcnt ; mais elle est loin d'etre iiiipossiblo 7 1 4 LIVRES ETUANGKRS. u lemplir....!) On jieut jii;,'er, par co I'lagiufnt, dc la noblesse, lie I't'terulue des viios de I'auU'iir. Eile veiil (iiie son ('.tabli.s- scmeiit, on elle tondcia j)lus laid nn ixMisionnat dc jcnnos orphelines panvrcs, a limitation de reliii qui oxistc che/ IM. DE Fl;u.E^BEKG, a Hofl'wyl, presente tons les avanla^ps de rcdncalion de laniille, .•■ans avoir ses inconveniens ; car, .si n(jns nons somnics scrvis du mol pcnsiotnud, c'cst I'ante d'nne expression pioprc. L'antcnr pcnsc c[ne ces iiistiliilions, lelles qu'on en volt jjcanconp auioiird'luii, donncnt sonvcnt des idees et des habitudes nuisibles aiix jennes personnes; et nons sommes enlicremcnt de son avis. — Nons engai^cons cenx de nos Icctenis et surtont cellcs dc nos Icctriccs qui s'occupent d'edncation a consuller celte brochure: ils y Irouveronl dei pcnsces utiles bica exprinices. N. ITALIE. i8S. — Dovcri (lei saddill verso it loro monarcn per islrii- zione ed ezerrizio di leilara, iiella seconda classe dcl/e acuule cle- mcntari. — Devoirs des sujcls eiivers leur sonverain, puiu' scrvir a rinstruclioa et aux excrcices de lecture des eleves de la secmule classe des ecoles elementaires. Milan, 1824. Iin- primcric iniperialcet royale. Ce petit livre,dont le Mercnre du xix .stVc/c (1 iS" livraison) rcniermc la traduction, a etc compose sous la forme de ca- techismc , par demandes et par rcponses. Quelques ox- traits de ce curieux document nons ont parn devoir intc- resser nos lecleurs. Les rcllcxions seraient snperllues de- vant im texle aussi clair, des iulcnlionsaussi evidenles. Section II. Demande. De qui les supericurs recoivcnt-ils leur puissance? — Rcpon.se. De Dieu. — D. Conmient le sa- vons-nous? — R. Par rEcriture-Sainte. (Ici des citations et des commentaires.) — D. Pourquoi les empereurs, les rois et les autres supericurs recoivent-ils leur puissance de Dieu ? — R. Parce qu'ils sont les vicaires de Dieu sur la terre (fun- no le veci di Dlo). — D. Dieu ne gouveine-t-il pas le monde enpersonnc? — R. Dieu gouveriie certaincment le monde en personne; inais, conime il est invisible, il a subslilue en son lieu les rois et les princes qui ne sont pas invisibles, et c'est ainsi qu'il gonverne par leur niojcn. — Section V. — D. Comment les sujets doivcnt-ils se comporter envers leur sonverain? — R. Conime des enclaves (idides envers Leitr maitre. ■ — D. Pourquoi les sujets duivenl-ils se compoi lor conune dc.- eschncs? — R. i'aicc i\w !c souvtMaiii est !rur mailrc. ITAUE. 7i5 cl a loul pouvoir aussi bien sur leiirs proprietcs que sur leur vie. — D. Que doivent laire les sujets, quand il« saveiit qu'oii trame quelquc projet dangereuxcontre le soiiverain et la pa- frie? — U. Us sont tenus de les deiioncer ou de Its laire de- noncer au souverain. — Section VI. — D. La desobeissance est-elle un peche? — R. Sans doutc; et , lorsqne I'ordre donne est inipoilant, la desobeissance est nn peche mortel. — D. Comment peut-on le piouvet? — R. Par I'epitre de saint Paul aux Romains, od il est dit : « Qui resisle aux puissances resiste a Dieu , et ceux qui resislent merilent d'etre dam- nt's (i). » — D. Les sujets son t-ils tenus mcmed'obeir auunie- thant souverain? — R, Oui , ils sont tenus d'obeir, non-seu- lemeut aux bons, mais encore aux mc bans souverains. — D. Qui I'a ordonne? — R. Dieu par la bouche de I'apotre saint Pierre qui dit : « O esclaves ! soumellez-vous a vos mai- Ires, non-seulement a ceux qui sont bons et modcres, mais ineme aux medians. » — Suivcnt de lonjifs dialogues sur les devoirs des sujets quant au paiemcnt de I'impot, lequel est employe, dit le maitre, au niiiinlini de la coiir, au traitemeut des niagistrats, des ollicieis, etc. ; sur leurs devoirs en tems de guerre, sur ceux des soldats ; sur la mauici-e doiit on doit se conduire envers les deserleurs; sur I'obligation ou Ton est de les denoucer, de leur refuser un asilt?, des liubits, etc., sous peine d'encourir comme eux la peine de la damnation eter- nelle, que I'auleur dit avoir tie iormellement portee j)ar Dieu contre lesims elcontre les autres. Nousregrettons de ne pou- voir transcrire ces cliapilres tout enliers : mais ce qu'on vient de lire suflit pour donner une idee de ce quiii pendent con- tenir. 189. — * Serie del tesfidl lingda Haliana e di altri escmplari del bene scrhere, etc. — Collection de textcs de la langue ita- lienne, et d'autres modeles du bon stjle; ouvrage nouvelle- nient mis en ordre par B. Gamba, de Bassano, et divise en deux parties. Premiere partie : description des meilleuies edi- tions ancieuncs et modernes de tous les ouv rages cites par rAcadeniie de la Crusca ; deuxieme partie : description des Uieilleures editions des autres ouvrages qui peuvent servir a I'etude de la langue, et qui out etc publics du xy° au xviii" siecle. Venise, 1828; Alvisopoli. Letilre seul de cet ouvrage suflit pour faire connaitre son (i) Nns Ifcteurs connaissent asscz le IVouveaii-Tcslamenl, |)Oiir quit suit iniilile dt- faire rcniaiqiier avec quelle haliilfle I'atilrur fail [lailcr Ws. tivli.'S cl cii accmiimndi- le .irus a »cs viio. (?>. tl. Y\.) 7 '6 LIVRKS liTllANGKRS. Init a ccux qui savcnt qiicllo iiupoilancc onaltaclic en Italic aiix ccrits dos hoiis sieclcs iillcTairos. Toulc laj^loire dc I'ltaliomo- derncse troiivo li\ ; ct, an moment ou nnc iiKonleslal)lc deca- dence se fait remarquer dans la lan{;no, Ics amis des Icttres aiment a reportei' leurs regards en arriere, et se complaiscnt dans retudedecesvienx monnmens si pleins de purelect d'ex- quisc elt'j;ance de langage. Dcs Immnies zlIl'S cherclicnt a jio- jHilariscr cetlc elude jxnu' aneter c.vWv, propen^^ion a se de- naturcr qui so manileste anjourd'hui dans la Inngue ilalienne. On a cherche a jeler snr enx un ridieule qui n'a pu lonibcr que sur quelques savans trop a])soliis dans leurs pretentions, et bizarre.s dans la manicre duut ils les annoncaient. Nous ne vonlons j)()iut proscrire les modidcalions que les changemens arrives daus I'elat social ont renducs indispensables. Pour des choses nouvelles, il iallait biende nonvelles expressions. Wais pourquoi s(> jeter dar.s b; iie(dogisiiie quand les mols anciens suffisaient pour tout dire? Pourquoi alier chereher dans les langues etrangcres des mots opposes an genie de celle qu'on parle, et dont oil possedait I'equivalent? Pourquoi, enfin , donner aux motsnn sens cloignc de Icur elymologie, et adop- ter des tournures que repronve la logique grammaticale ? C'est pourlant ce que font anjourd'hui beaucoup d'ecrivains en Italic, aussi bien qu'en France. Chez nous il ne faut que jeter les yeux sur ce qui se public niaintenant , ct t'ariiculicre- ment sur la jdupart dcs joiunaux, pour reconnaitre combi( n est faux cet axiumc si souvcnt rcpcte, que la langue du siede de Louis \IVne doit point perir. 11 n'est pascerlaiii que I'au- teur de THemaqnc comprit parfaitemcnt le comptc rendu d'une seance de la chambrc dcs deputes, iiisere dans I'un de nos meilleurs journaux poliliques. Kos invasions rccenlcs au- dela des monts, et beaucoup d'autres causes, dont nous ne pouvons parler ici ont inliodnit en Italic un grand nondjre de mots francais et dc touiiiin-es qui ont entieremcnt perverli la langue. II est peu d'ecrivains qui cmploicnt aujourd'Iuii un style purcment italicn el qui ressenible a celui des anieurs du grand siecle. Ce talent d'ecrii'c correctement est devenu si rare que quebjues hommes cclcbies ne doivent qu'a liii leur renqmmee; c'::st !a leur premier et principal merite; celui de la peusee n'est qu'accessoirc. L'ouvrage public par M. Gamba n'est pas scidement un livre d'crudition grammaticale : on y trouve des fails trcs-cu- rieux pour I'histoire liti.raire. On y apprendra, par excmpic, que la d'uine coincdie du Dante a en dix-neuf edilioi.s, dc i/jja a i5oo; quaranlc de i5oo a iGoo ; cinq dc lOoo a 1700; ITALIE. jri^ trcnte-sept de 1700 a 1800; et plus de cinquante dans les \ingt-ciiiq premieres annees du xix' siecle ; en lout plus de cent cinquante editions d'un livrc qui se reiniprime encore chaquejour; que le Pai>tor fido cui trente-sept editions du- rant la vie de Guarini; que VArcadie en obtint soixante pendant le w' siecle. On y verra qu'au dire de Zeno, I'edi- tion dela J cruaalemconquise, publiee par Angelier, etait deve- nue tres-rare et tres-precieuse, parte qu'ellcfut condanniee et supprimee par arret du pailenient de Paris, da 1"' septembre 1595. Cette condamnation I'rappait dis-huit vers du xx'' livre, « quicontiennent , dit I'arret, dessentimens contraires a I'au- torite du roi et au bien du royaume, et des imputations inju- rieuses ;'i la memoire du defunt roilienri III et au roi regnant, Sa 3Iajeste Ilcnri IV. » Nous engageons tous Ics amis des letlres italienncs, des cu- riosites bibliograpliiques, et des fortes etudes grainmaticales a consulter I'ouvrage de M. Gamba ; ils y trouveront certai- nenient plaisiret instruction. A. A. igo. — ■ Lcitcre sidle iacole amatfitane. — Letlres sur les tables amalfilaines. Naples, 1829; Cataneo et Fernandos. In-S" de 47 pages; prix, 5o grains (1 fr. 52 c.) Cette petite brochure, publiee par M. Amorosi, procureur du roi a Naples, a ete provoquee par un voyage a Amalfi, pu- blie daus la Revue Encyclopedique (t. xxvi, p. 290 ct suiv.) — L'auteur s'efiarce de prouver, par une I'oule de citations, I'existence des tables amallitaines, qu'un de uos coUabora- tears, ?tl. GAnxiER d'Arc, etait alle chcrcher sur les lieux memes sans pouvoir les rencontrer. Malheureusement toutes les recherches de 3'. Amorosi n'out pas ete suivies d'un plus lieureux resultat. II se donne beancoup de peine pour reluter la derniere partie du voyage que nous avons ptd)!ie. S'il I'avait lu avec unpen plus d'altenlion, il aurait facilement re- connu que son auteur, loin de rovoquer en doute I'antiqiie splcndeur d'Amalll, paile a plusieurs reprises de I'etat Qoiis- saiit de cette republique dans le moyen-age. II etait done tout-a-lait inutile de denionlrer ce que jamais personne n'a voulu conlesler. Le cliamp de la repuljlique des lettres ofl're assez de matieres a discuter sans qu'il soit besoin dc se batir des moulins a vent pour avoir le plaisir de les conil)attre. E, G. D. Ouiragcs periodiques. 191. — L'Erlcliico. — L'Ecclccliquc. Ce recueil parail tons :iK LTVllES KTUANGEnS. lt"> ilimaiiclu's; (>n s'abonnc a Paiine , thoi M. Pasloci. I'lix pour I'aiinoe, 20 (V. iM. F. Pd.'itori, aiiqiu'l la villc cle Parme doit deja la fonda- tion (run hel et utile rtaMisscuiciit lillt-iairc . et qui public plusicurs ouvrages p( riodiques , est i't'diteur de ce nouvcau iournal. L'epigraphe Iranraise, rhoisie pour celte fcuille , est plus remar(|ual)le> par la sa|^essc dcs idccs qu'elle rt'nicrmc, que par la correclioii avec iajpu'llc elie est rcdigce : la voiri. n Point d'opinion absolument I'ausse.... I,e caraclere de I'er'^ reurest d'elre exclusive — Tout sysleme a sa pari de verite.... Philosopliie dont Ics raracteres domiuans sont rinipartialile et la generalile — On I'appelle ei Irctisnie, quand on regarde a son ap])li(ation aux systemes conuus. » Quoique crtte expli- cation de I'eclectismc ne soit pas Iri's-claire et (res-intelli- gible, on ue pent s'empPdier d'y reconnailra un grand amour de la moderation. Nous ne pouvons cependant donner iiotrc assenliment a la premiere proposition enoncec. En ellet, 2 eta lout 5, est uue opinion ahsolnimnt faiiasc ; et Ton est expose, chaque jour, a entendre dans le mondc , et a trouvcr dans les livres, des opinions qui sont tout aussi completement erro- nees, (|uoi(jue cela ne soit pas aussi evident au premier coup d'a-il. Nous nous arretons a cette criticpie, qu'on trouvera peiit-elre minutieuse, parcc que cette assertion absurde prend aujourd'luii faveur dans le monde pliilosopbi(|ue , et que nous I'avons meme enlendue sortir de la bouelie d'uii jeune et eloquent prol'esseur, lequel ne se doiilait peut-eire pas alors qu'il parodiait une des plus profondes et des plus sages pensees de Rent. — UEcleitico se composera de deux parties bien distinctes : 1° aiticlcs empruntes aux meiileurs journaux et recueils periodiques, publics dans les diiTcrens pays de I'Europe ; a° articles originaux ; cette parlie sera beaucoup moins considerable que ('autre. L'editeur indique les principaux ouvrages auxquels il I'era des eniprunts : nous les citons dans I'ordre dans lefjuel il les a lui-meme places : ^'' Edinburgit Review; 1° Berite Encjctoper/iyne; 5" London Magazine; 4° Revue frovfaise ; 5" Foreign Review; 6" Bihlio^ ilieque iiniverselle de Genive ; 7" S^rp literatura ; 8° Reriie germoniquc ; (>" Westminster Review ; 10° Gazette des Trihn- naux ; 1 1" Kedveskedo , etc. — ]>e petit nombre de numeros deVEclettico (\u\ nous sont parvenus no nous permet pas de prevoir quelle influence il poitrra Cxcrc er sur la lilteraturc italiennc, et de bien determiner son degre de merilc. Toule- f«)is, il nous semblc que ce journal fdlVe uric assez grande va- ritte . rl q\ie les choix de» articles rjuil puisf dan? les renieits iTALir:. 719 cfrnngfrs sont assez liciireux. Nous avons parli.uliticment remarqiie iiii article siir les NouvelHsies ilaliens , extrait de la Beviie d'Edhnhourg ; iinc analyse du Traiio du droit penal , de M. Rossi, tiiee dwGlobc, elc. Parmi les morceaux originaiix, nous avons distingue des reflexions Ires-judicieuses sur la propriete liltc'-raiie. II y a loiig-lcms que tons les homraes eclaires onl reclame conlre cc brigandage public et lolere qui depouille un ecrivain de son unique bieu , du fruit fles tra- vaiix de sa vie entiere. 3Iais les Italiens onl parliculierement a s'en plaindre, a cause de la multitude de pelits Ktats qui oomposent leur comnume patiie. Qu'un auteur franrais soit reproduit par les presses bclgiques, c'est un malbcur sans doute , pnis(|u\)n liii derobe ainsi un certain nombre de lec- teurs; mais i! lui en reste toujours un nombre beanconp pins grand en France. En Italic, an coniraire , la part des fori)ans lilteraires est iiifiniriicnt plus ccuisidcrable que celle de I'au- tenr, qui s'cst servi d'uiie langue en usage dans toute la Pe- ninsule. Qu'est-ce que le public d'mi ecrivain florentin . dont I'ouvragc sera reproduit dans liuit jours par vingt libraires, en deliors du grand-duclie de Toscaue? C'est peut-etre la une des causes qui font que les gens de lettres jouisscnt , en general, de pen d'aisance au-dela des monts, et qu'ils adop- tent s;;ns repugnance Londrcs ou Paris, pour leur patrie lit- teraire. Aiijourd'hui que la librairie a pris, comme negoce , ime fort gramle exten-^ion , le pillage est organise avcc une habilete ruineiisc pour les ecrivains, et cet elat de choses est devenu intolerable. Serait-ce done etre trop exigcant que de demander an pouvoir materiel un peu d'aide pour les promo- tctu's dc la penseePLcs gouvernemens de I'Europe qui, depuis quicize ans, se sont si facilement accordesdans im butmoins noble, pour des intcretsparliruliers, oupour de simples con ve- nancesde iiunilies royales , ou de dynasties, quelquelois aussi dans des vues mal dissimulees d'espiounage perfcclionne , d'inquisilion politique ou de police dirigee centre le librc de- veloppement de la raison luimaine , pourraient s'occuper utilemcnt d'ouvrir une negociation, et de slipuler en commiin des garauties en I'aveur des bommes ipii donncnt la gloirc aux princes, aussi bien que les lumieres aux peuples; en I'aveur de la penstc, qui ne connait pas les circonscriptions poli- liques; dc la pensce toujours inoffensive, a nioins (|u'oii ne I'opprime! On ne pent se dissiuiuler qu'iuie niesure g.'.'iieralo aurait a vainere de nomi»rcux obstacles, soit pour elie prise, soit pour elre cxeculcc. Slais encore faudrait-il la tenter : chacun y Iroriverait s;»n inicivt. A. A. 7^0 LIVRES liTHANGERS. GRECEv i()2. — )lp3!.xri'x.« 7JK £ V Apj sV e'^viKtii Tetpafjy-nf rrJv FaAs- ./uJi/ av'v iXev7s'u<. — Actcs t!c la quatiicmc assomblee iiatio- nale seante a Argos. Egine , 1829; imprimeiic nationalc. In-8" de i44 pagt's; prix, tleux phenix (i IV. 80 c). Ce volume conlieiit Ic disconrs adrcssc par le president a rasseit)l)Iee nalionale doiit nos journaux out doiinc I'aiialyse, la liste dcs memhres de cello asseinld(''e el la loiieiir ofTicielle des divers acles qui en sont omanes. Un bulletiu aussi aiidc lie pent offrir d'iutf ret qu'a ceux qui s'occupeut specialcment de la polilique liellenique et dc I'organisalion de son gou- vcrnement. Ouvragcs pcriudi(/iics. 10)3. — * Le Conrrier de la Grccc. ligino, 1829; prix de rabonncmcnt, 4 piastres fortes, ou 24'plienix. Ce journal, redige en IVanrais, esl lui noiivel liommage rendu a I'luiivcrsaliti; de noire langue; il ne doit paraitre que lous les quiuzc jours. Lc premier iiumero doja pul)lie nc ron- tient guere que les ai.tes du gouvernemcut. Le Courrier d'O- rieni, autre journa! franoais, redigt'; avec beaucoup de talent par M. Maxime Ratbaid, ayant cesse de paiailre, il est pro- bable que la nouvclle gazette que nous annoncons est desti- ncc a lui suceeder. On assure qu'uu journal de I'opposition, redige en grec, doit oomniencer prochainenicnt a Napoli de llomanie. 11 sera iniprimc avec uae prcsse, dcs caracleres et de I'cncre fabriqucs a Napoli meme, par un grec nivaliote; ct, sous ce rapport, son apparition sera un phenoniene fort cnrieux, eu egard a I'clat actuel des ressources industrielles dc la Grecc. PAYS-BAS. 104. — * Les principaux tableaux du Mascc royal d La Hare, graves au trait , avec Icur description ; 5" livraison. Paris, 1829 ; imprimerie du gouvernement. Grand in-8". Ce que nous avons dit des deux premieres livraisons, sur les inconvcniens du format adople pour ccttc collection ( voy. Bev. Enc, t. xr.in, pag. 45i-)' s'appiiquecgalement a celle-ci. Dcs tableaux d'cglise, avec grand nonibrc de figin-es, tcls que rAdoi'alion des Mages de G. Fan den Eckhoul , n" 53, et la PAYS-BAS ^ai ?r^Sf nUitiou ;iu Iciiiplc, delicmOntndt, W ^5 , iic jjementpas OUe rcdiiits ;'i «|iiel((ues polices tie dimension, sans lairo soul- frir nne masse de details. Nous avons copendant icmarqueque ces deux heaux ouvraj^es sont reiidus avec uiie finesse de pointe, digne d'eloges. Quelques aiilies planches sont d'lui Irait si pen prononcc que les epreuvcs en prdisseni : ce del'aiit est snrtout remar- qiiable dans les marines n°' 6 1 et 63 de L. Bakhuisen, et dunlin pavsage de J. Rujsdael , n° GzJ. Le texte descriplif provoqnera anssi quelques observations critiques. En parlant d'Jntoine Moro, a Toccasion du portrait n" 58, qu'on suppose peint par hii, I'auteur dit qu'en i564 cct artiste pouvait bien avoir 55 ans , cotnme il est Inclicfuc au inbleau, et que, deja en i552, il peignait a la tour de Phi- lippe II, a Madrid; ajoutant, plus has, qu'il mournt a An- vers, en i58i, a 1 age de 5() ans. La contradiction est mani- Icsle : si, en i56/j, ftjoro n'avait que 35 ans, il devait etre ne en iSag, et se trouvait a Madrid, lorsqu'il aviu't a peine i5 ans. Si, au contraire, il est mort en i58i, a Tiige indique, sa naissance dalerait de i525. Ces dates sont d'ailleurs peu iiiiportantes , Moro n'ayant du sa reputation qu'a des portraits aujourd'hui peu recherches. Un tableau d'Adam et Eve au paradis terreslre, par Paibens ot Breii^ftel de T'< lours, reproduit sous le n° 65, doune lieu au redacteui' d'aunoncer ce dernier conimc fils de Breughel d'Enfer. 11 n'est p.is certain que celui-ci tVit son frere; mais i! est constant ((ue Jean Breugliel , dit de Velours, itait tils de J'ierrc Breiig/iel, suruoiiime /«/)re se sonrt pas aussi bien conduits; le goiivernemeni ne vaiait pas le pcnple : ce (pu' 'est arrive plus d'unc i'ois, ct pcurra bien se renouvcler en- core. des colonies sont dans les provinces mcrtdionaJes, ct les plu* recentes : celles des provinces du nord sont bcancoup plus etendues el plus peuplees; on y comptait, au r'jnillcl, 7,7'if'> individus, et, dans ce menne niois, Ic non^bre des dcccs a etc (le 4^9 mortalitc extraordinaire, sans doutc, et d'aprcs la- quelle on pent jugcr du nombre annuel des pcrtcs que fait Jii colcnie. De i'ensenible de ces faits, on tirera cctte cons/'qucncc qui lie surprendra pcrsonne : c'est que le bien est difliciic a faire, qu'on ne I'obticnt qu'a force de perseverance, par une t'tudc approf' idie et sou\ciit rcbutan^c dc« iiird idics iriojalcs (U- I'homtne. Mai* ces dilTiculles, tes ohslatlos, ces rc.Jierohes laborieiijSes ct aftligeantes ne lasscront pas l«s amis ile I'huuia- nite ; Icurzeieles !. TonnNEi. avait decoiivert, dans Ies caverncs du departenient de I'Aude, de veritabies ossemens humains, accrmpngnes de debris de grands f(uadrupedes , notamment de cerfs, d'especes perducs. M. de (^bristol \ient fortiner ces observalions par d'auires fails du mrivjc c;riire, reciidlHs par iui dan* U-s cjiveines i\v S(;iii.>ciis PHYSIQUES. -uS . Poiidres et de Sniivignargiies, deparlemeiit du Card. Ici, les debris hiimains (doiit il a figure qiie!q;ics-iins a la suilc de son Memoire) muit fonfondiis dans iin ineme limon avec des Msseniens d'oiii's, d'liyriie , de cheval et autres grands qua- diMipedes, cl pi eseutent les mC-nies circonstances ])Ii3rsi(ji!es et chimiqiies qii« ceiix-ei. IJn autre fait, iioii moms ciirieux , f'est ia decoiivcrtc de quelqiies fraginens de poteries gros- sieres, meies, a tmiie hauteur ^ -iiv-ec Its debris animanx (i). II y aiirait sans doiUe beancoiip de remarques a faire sur des I'aits scndjlal)Ies; mais cfi n'esl pas ici le b'eu d« les deve- lopper : nons imiterows la reserve LlViltS I'UANCAIS. thuili(i(i«. I,'aulewr iiitlic|ii€ d'aboid, avec (.lurtt: el concision, . les diveis arciilcns que preseiilent les niiniTanx utiles dans le sein de la tone, ct les movens dc les connaitic a sa surface. II traite cnsuiie des instrumens du niinenr, des nioyens dc desiendie dans les mines, el il developpe, avcc le detail que meiile celle pailie si impoitante de son snjcl, les precede* d'exploitation propienienl dile des mines, des carrieres, des tourl)it res et des sources salees ; le tiansporl inlerieur, I'ex- traction dn niinerai , sont tiaites egalemeiit avec un soin qui ne laisse rien a de>iier. Ensuile viennent les inelliodes de I>ui- sage, de muraiMeiiicnt, et tout le (\u\ icgaixle i'epuisemeiU des eaux soulerraines. La lanipc dc sTn-ele de M. Davy n'e-l point ouldiee; el raulenr paie, an nom des mineurs, un juste tribut de reconnaissance a cette adniiialde invention, qui conserve peut-etie, ohaqne annee, plusieurs milliers de ces Lomnies intrtpidcs ct laborieux. Tel est rensenible assez coniplet desfravitux que coniporic I'art des mines propi'cment dit, au(]Mcl se ratlachent , comme »)n volt, des coniiaissances varices et etendues. II scnible que M. Braid pouvait terminer la son manuel, qui atnail en en- core le merite assez grand de presenter, dans un volume pea considerable, un precis de ce qu'il imporle le plus de savoir pour diriger utilement unc cxj)loitalii)n. Mais il a pensc que les persoinies a qui il destinait ce traite en relireraient encoie plus de fruit, s'il y joignait des notions sue I'art de lever les plans soulerrains, art si ulile et trop ni'giigc pariui nous. Get appendicc est traite avec beaucoup de stin, et ile manici'c a montrer ([ue I'auteur a pratique iui-nicine tout ce qu'il en- seigne. L'ouvrage est termine pardes details pre(ieux,ctqu'ou cherchcrail vainemenl ;iilleurs, snr la partie administrative de rexploilatiun, sur la legislation des mines, et sur le piis des journeeset des materiaux dans ditlerentes regions de la France. En offrant an public ce Traite, qui manquait a I'indusirie,, et qui va devenir le guide indispensiible de tons nos dircc- leurs de mines, M. Brard s'empresse dc reconnaitre qu'il en a puise les materiaux dans les noinl)renx et excellens ouviages deja publics sur cette maticre, parliculiereinenl dans la col- leclion du Journal et des yi /males ties niines, t;t dans le savant traite de la Riclicsse iniuerale, par M. Herds djj Vir.LEFOssE. 11 se louc egalenient des communications qu'il a recues de pin- sieiu-s ingenieurs des mines, parmi lestpiels il comple des amis, et dont il serait tres-digne d'elre le coltcgue. A. 200. — * Le Bon Jardinier, Almanacli pour Caiinie iS5o, conlen-uil les piincipcs gc'^ncraux dc cullurc; riuiliculioii » SClENCliS PHYSIQUES. 727 moii par mois, des tiavaux u (aire dans les jardius; la des- cnptit-iu , I'histoire pt la cullure dc toutes les plantes polar gere.s, cfonomiqiies on employees dans les arts, etc , et prcci'de d'unc liecae de toulcc qui a paru de nouveau en jar- dinage, en France, et dans les pays elrangers, pendant le (•ours de cctte anaee; avcc 4 planches gravces; par A. Poi- TEAU , redacteur principal, ancien jardinier en chef des pcpi- uieres royales de Versailles, etc., el Vilmorin, marchand grainier du roi, membre delaSocirte rojale d'Agricnlture, etc. Paris, i85o; Audot. In- 13 de 1 162 pages; pris , 7 fr. , et 9 fr. 5o c. par la posle. La Reour. , qui piecede ce caiendrier, est un extrait de la Revue horticole , publication triinestiielle, entreprise par une societe d'horticulleurs, noaconime speculation, carle prixde rabonueiiient n'est que de 3 francs pour i'anoee , y C(impris le port en France et dans Ics Pays-Bas , renduea Bruxelles(i). On y tronve, d'abord, une note qui nous fait voir que I'em- pire de Flore et de Pomone n'esl pas a I'abri des orages excites par les passions. Apres cetle facheuse nomclie , nous en ap- prenons de plus agreables; le catalogue des varietes de roses s^est accru dc cinquantc noms, ct un plus grand nomine de plantes divcrses vont oriier les jardius ou les seires : choisis- sons, parnii ccUes-ci , \ix gloxinia scliolt'd , ou G. liilea belgito- rum , en reinarquant , chemin faisant, que les botanistes pourraient , s;ius deroger, ecrire en meillour laliu. « Voilj , enfin, cetle belle plante en France. On pent deja la voir au Jardin du Roi, d'oii elle ne tardera pas a se repandre dans Ic commerce. Depuis plusieurs aimces, elle orne les serres chaudes de la Bclgique , et nous regiettions qu'cUe ne fut pas encore chez nous. Elle a une grosse racine tubereuse, de laquelle s'cleve une tige ligneuse, epaisse et charnue, simple, haute de six a doiize pouces , teruiinee par une rosette de feuillcs trcs-etofftes, ovales, grandes , dentelees , un peu plissees, d'un vert tendre en dessus, lavees de puurpre en dessous, porlces sur de gros ct courts petioles. Les flours, grandes couuue celles des martynias, a la famille des(|uels apparticnt la gloxinia, soul axiilaires, solitaiies, pedoncu- lees , d'un jaune pale, ou blanc jaunfitre, subbilabiees et marquees dans I'interieur du tube de plusieurs lignes de (1) On souscrit a Paris cliez Aiulot, editeur de la [icviic liorticutc et du lion Jardinier, rue des Ma(;rons - Sorbonne, n° ii ; a Biuxelles, k Ja li- brairio eiicyclopi-diqiie de Bciiclion, rue des Alexioiis, Seel 8, n" 7 '4, et «.li(z Ics j):iucipaux libiaiies de France el de 1 l^liaiiger. yiS LIVRliS rUANCAIS. points pourprc. Lc calice est fort gruul, pentai^oiie, rouge HU-deliors, a cinq dnnts ovaios vA aigtit's. Lcs (|natic etainines •lidynamcs «ont piesqiie tie la nienie grandeur, cl leiirs ton- >iectii"s soMt ag^liitiiies entre ctix par nne Ininicur visqueusc. Le sligniatc csl i'ort gros, dcprimc et tronqiu' an somnicl. On la mnltiplie, en Belgiqne , par la division de sa grouse ra- • inc; tulKiense, el par les graines qn'elle commence a pro- ilnire. II lui faiit la serrc chande, et rneine la tannco , iinc lerre de bruyere, meiangee, et Ijeanconp d'ean, des qn'il fait rhaud, a can^e de sa vigoureuse vegetation ; elle fleurit dc- puis avril jusqu'aux (Voids. » Nnns avons transcril cct article en cntier, afin de dotmer line idee des descriptions botanicjues coritenues dans ce livre. ]Nos lectenrs anront, sans doute, peine a concevoir comment im nonihre prodigieiix d'articles de mTmie etenduc , ou bean- ronp plus longs, des dissertations approlbndies, des ta- l)les , etc. , etc., nc formcnt qn'un in-ia de moins de I 200 pages. F. 201. — Enirclienx siir Ics haras entrt^ im \\eux et un jenne nniatenr, taisant suite au Traite'clcmrntaire et annlytique d'e- ijiiltiUion, jiar M. le marquis Dicroc pe Chabaknes. Paris, iSag; Anselin. In-8° de 8G pages; prix, 2 Ir. Le litre d'entretiens sei'ait assez i)ien choisi pour cMle bro- chure, si plnsienrs interlocutcurs y prenaicnl part a la dislHJS- sion, et si I'un des persounages n'y avait pas seul la parole : I'autenr parait n'avoir pas pretendu y metire plus de preci- ."^ion et de choses instructives (|u'il ne s'en trouve ordinaire- mcnt dans nne simple cnnversatiun d'amalciirs. On y entrevoit son opinion sur plusieurs questions iinportantes, mais on y chercherail vaineinent des fails sui' lesquels on put s'en for- mer line a soi-meme. L'auteur critique rinstitulion des cour- .ses, le regime de nos haras, la preference pres([ue exclusive iiccordee aux etalons etrangcrs et particulierement a cenx d'Angleteiie ; il voudrait que nous clierchassions surtontade- velopper dans nos races l(;s principes d'amelioralion qirelles renl'ermcnt, qu'on multijdiat les depots de poulaius; mais, .soit qn'il blame, soit qu'il conseille, il neglige trop Ics con- siderations impoi-tantes qu'unc elude un pen approfoudie de .«on snjel u'aurait pu manquer d'ofl'rir a sou esprit. .J. -J. B. 202, ■ — De la pustule malig'ie, ou nouvel expose des plie- nomenes observes pendant son cours, suivi du Iraileuicnl antiphlogistiqtie le plus approprie a sa verilaljle nature, et de quebpies observations sur les cflets du suspensoir ; par J. 1'. \{¥.cs\v:k. dc ,S/'m'iy, medccin honoraire de^ lio'^piccs de SCIEiNCIiS PinSIQlES. ^29 ('..iiilumuiiers, elc. Paris, 1829; Mecjuignon raiiic. Iii-S" Je a-iO pages; prix, 4 '•'. La pustule maligne est cansee par ractioii speciale qu'cxei- ceiit siir la pean les hiimeiiis degenerees et viriilciitos fles nniioaiix malacles. D'ahonl toiUe locale, die se propage rajii- demeiit fie rexteiieiir a liiiterieiir; et, si Ton n'oppose a ses progri's des scconrs ellicaces, elle doiine lieu a nue iiiort prompfe, apres avoir prodiiit la gangrene des paities qui Teii- vironiient. Cette double circoiistancc de devoir son origine ;\ un virus et de determiner la mortidealion des tissus qu'elle alteiut, a long-tems enipeclie d'avoir recours au traitenient nntiphlogistique ; Fancienne theorie des aireetioiis piitrides s'acoordant mal avec I'emploi des emissions sanguines, il ap- partenait a rexperience seule de piononeer sur leur oppoi- lunite. Cest pour coatribuer a la solution de cefle diflitulte qu'on a compose cet ouvrage, ecrit avec un esprit de mode- ration et une impartialite Hcluellement assez rares. M. Re- gnier, apres avoir expose quel est I'etal de la science relati- yement a la pustule maligue, et ce qui nous manque encore poiu' en avoir une connaissance entiere. domic plusieurs observations on I'emploi coml)ine des causli(jues et des sai- gnecs locales a soulage promptement. L'applicalion seule des sangsues auiait-elle ele aussi avantagen.^e? Voila ce (|Ti'il regarde conime possible, quoitpril ne pretende pas le decider; ce qui ne pent etre prouvc que par des observations nlte- rieures. — iNous recommandons la lecture de ce livrc aux praticiens des campagnes surtout , appelcs a donner leurs soins aux personues atta(iuees de celle daugereuse nialadie; ils y puiseront de sages avis et d'atiies renseigneinens. UiGOLLOT //7.V, D.-M. 20?». — * /,V>7 de fubriqiicr la faience bianche, recouverte d'un email transparent, a I'iustar francais et anglais, snivi d'lin traite de la peinturc; a reverbere et dn vocabulaire des mots techniques; par F. Bastexaiue-Daidenart, nianulactn- rier, ex-proprietaire ile la manufacture de porcelainede Saint- Amand, auteur de Part de ia vilrification, etc., avec celte epigraphe : L'industrie des p^Miplcset la prospi'-rite des manu- I'aetures font la richesse la plus sure d'un Klal (Colbert). Pa- ris, 1828; Malbir. In-8° de 040 pages avecSplanilies gravees en taille-douce; prix, 7 fr. Ce n'est qu'en 177S que "NYegdwoofl, c(''le])re fajjricant anglais, fil la decouverle de la faience blanche enduile d'un email transparent; jusqu'alors on ne s'etail servi, en Angle- icrio el en France. f[iie dc lai'eucc a email reirluc np;i(|ue, a_ ^-.o LlVI\i;S I TiAiNCAlS. I'aide ilc loxide d'elaiii. Ce prodiiit, encore lici-usitr parini nous, prescnle dcs iiiooiiveniens dont la tcire de l)i|>e e>l i'xcni|)l(^; en cffet la p;Uo de celle-ci etant nioins pdreuse ol plus Idaiichc, les vases ont moins d'epaisseur, pins d'elcgancc «!t fie sitnt pas deslionores par !(!S peliles ecoinures aiix(nielle.s sotit exposes les iiieiiblcs d'lni ireqnenl usage. La iaieuce en lerre de pipe, telle qu'on la fahiiipie pres(|ue pailout eu France, est loin de ponvoir soulenir la comparai.-on aveo eelle d'An-jleteire ; reniail en est si tendre, la pute si poreuse, que le ctiuleau ou les plus le{;ers cluxs sulliseiit pour la de- teiioier. Nous n'avons pas iion plus atteint cetle jierleclion de travail qui pennet d'aniiniir la pale an degre qiii cunvienl, pour donner aux vases cetle legerete et ces i'ormes agroahlej* «|u'on ohtieutsi facilenieut chez nos voisins. Qnelques mann- I'actures, receinmcMl et iblics en France, out, il est vrai, beau- coup perfeclionne la Cabricalion', niais il leur reste encore Lien des essais a tenter avaut qu'elles se soieul eievees an degre de fini qu'on Irouve si generalement a t'Elianger. La jiorceiaine, (pii est d'uii usage general en France, n'a pas, on doit I'avoner, les avaiilitges de la vaiu pages lui sont consacrees. II Caul avouer que la fijeogiaphie physiqut; de noire territoire esl devepue meconnais-able sous la piunie de I'auteui' : a force de generaliser dans le cabinel ce (|u'il voil isolement el en place, pour le bien voir, on finira par u'avoir })lus qu'une geof;rapbie tout-a-lait ideale, el (pii n'ai- dera nidlenient a reconnaitre les conlrees que Ton aiu'a sous Ics ycux. Qui aurait soupconne, par exemple, que la chaine ceveno-vosgienne s'etendit entre la Wediterranee el le Pas-de- Calais, et qu'en allant de Paris a Lille, on traverse le proloii- genientdes Vosges? Ksl-il perniis de defigurer ainsi la science , et de condamner ceux qui retudienl a toutes ces conceptions lanlasques dont il i'audra qu'ils la debarrassent iin jour, s'ils veulent voir la nature telle qu'elle est? Guerre, guerre au systeme de geographie physique; ils'agit d'exactitude, de ve- rite; iii rimagination , ni I'esprit d'invenlion , sous qneique deguisenient qu'il se presenle, ne doivent parlicijier aux des- criptions de la nature. 11 y a certaincajent des niatiores tres- bien traitees dans cette geographie; mais la partie physique a besoin de gtandes el importantes relornies ; nous devons le dire aux vrais amis de la science , et surtout a ceux qui se disposent a I'eludier. F. 2o5. — Tubleau descripiif, liistoriqtie et pilloresque da CM- teau et du Parcde V ersailles, coinprcnant les deux Trianons; par \aisse de ViLLiERS. DeuxUtiie edilion. Paris, 1828; Audin. In-18 de 27S pages; prix : 5 I'r. 5o c. — On pent joindre a cet ouvrage 12 livraisons de planches au trait, contenant 18 a 20 vues -et plus de 5oo figures. Prix de cliaque livraison , 2 fr. 5o c, en papier velin ordinaire. Les anciennes descriptions de Versailles etaient deve«ties insuffisantes. Cellesdes deux FclUiien, publieesjl'une en i674» I'autre en 1707; celle de Piganlol de la Force, dont la pre- miere edition parut en 1701 , et qui a etc pliisieurs I'ois re- manice, ne contiennenl qu'un petit nombre de planches asse/. mediocreinenl gravees. I'tj'mon T/(o/?irt,M(n executa , le preaiicr, en 1(194? '*" pi'ojct de reproduire par le burin, on un volume iu-S", Ics statues, les gronpes, les vases et les I'onlaines qui font, des jardins de Versailles, comme un museede sculpture. Mais ce volume est devenu rare ; d'ailleurs , le pare n'est plus ce qn'il elait il y a 154 ans. La main de riiomme y a beaucoup change, et lo petit Trianon ne remonle fiuaii icgne tic Louis \VL In Monimc MonUurl. qui. par sos niaiuais vers, rendil ;5'i LlVilMS FKA?y(;.yS. riJicu!c ion amour pour Icsiirls, iiiiaj^iiia tic doiuier, en i^'io, sous 1;^ tilro j)()i!i|ienx do Versailles immorlnUse, la dc^crip- tioii (Ics moiiuinons clu chateau ot do scs jardius. Cot ouvragc devait avoir wvvX volumes iu-'i'S I't contcuir cinq (UmiIs ta- bleaux, avoc cin(|uante mille vers. La niort surpiit I'autonr en 1721 , el le recucil n"a pas etc continue : los vers de Mo- iiiearl I'avaient trop decrio. Louis MV dul vtir avcc etonnc • menl qu'aucun dcs j;rands artistes de son regne nc clierchat A inimurlali.fcr , par le buriu , Ten-endjle de la magnifupie crea- tion de Versailles, ct que ce vasle monnnient de ror{;uei! , pris pour dc la gloire , n'efil d'autre resultat que repuisenient du Iresor royal et la misere de la France. L'auleur du Tableau clescriplif, liistoriquc ct pillorefqite da Versailles , a prouve, par la publication de scs Itincraires des- criptifs de France et tritnlie, qu'il savait observer et decrire. Son ouvrage oftVc tout rintiret qui pent s'attachcr aux livrcs de cc gciu'C. Dans les planches du petit Atlas, le trait est pur ol vrai. L'ctraugcr et tons ceux qui voudront visiter Versailles auroiit luainleiiant un giiide fidelc, curieux el insiruclil". V— VE. 206. — Vucs (!c la crcatiov, ou Merreilles de la nature, p>ar M. CoNSTANTl^, avocat. Paris, iSiig; Fa3'olle, pelitin-12; prix, 3 I'r. Cet ouvrage a ete coTU'onne par la Socit'te pour I' ins I me lion elhneidaue, dans sa seance du 5 avril 182G. L'anteiir a dedie son ouvrage a M""" la marquise de Foriia. Talcns, vertus, bien- faisance, amenite de caractere, piete solide et tendre, dislin- guent surtout M"" de Fortia. U. Conslantin ne pouvait I'aire paraitre son ouvrage sous de nieilieurs auspices. Dans son pre- mier chaj)itre, rauleur park ties elemens de physiologie, qu'il divise en huit articles : 1" L'lvil compose de Irois subslaiHos distinctes, modclees eomme les vcrres d'uu telescope ; il y a de plus, entre ces trois substances, trois liquidcs elairs el transparens par lesqiiels passcut aisement les rayons de lu- niiere qid s'cchappent d'nn objel. 11 y a ensuite une espece de ridcau noir (jui s'elend derricre TaMl, et qui sort a refle- chir Tiinage des objets. L'cxamcn de I'oeil, les peaux qui Ic couvreni, ses humeurs, sa irauspareucc, la forme du corps limplde qu'il renferme, ruOiraient pour cxi iter notre admira- tion. — 2". L'oreillc, t'ormee d'un cartilage snlHsamment flexible pour donncr aux sons un facile passage; de plus sa fbnne est spirale pour rendre le son plus fort. — 3°. Dans restomac, nous reuiarquons su'rlout le mic gastriipic, (jui sai- 1 SCIEXCliS niVSIQlES.— SCIKNCKS MORALES, ^'k, sit et dissoiit tout cc qu'il roucontre. — [\". Lcs st-cretiutis; on ''iilcnd par ce mot, en general, tout ce qni provieiit du ?iing; eX qui constilue par consequent le corps humain. 1/autcur fait rcuiarquer de <|uc!le nianicrc snut arrangi'S lcs fliiTercns ressorls de la uiacliine huniaiiie. — 5". De la bonclie et de ses parties. La variete. la vivacile et la piecision des niouvemens rnuscidaires sont parlicuiieremen t rem u([iiahJes dans la lan- {^iie; cliaque mot, chafjue sy llabe cxiii;ent one a^-lion particn- iiei'C dc la langne ; line position unique pent produii-c un son correct et pur. Ses muscles sont si nouihreux et lellcmeut en- liclact'S que la dissection la ]ilus delicate ne pent les I'airc aper- cevoir. — 6". Les muscles. Le corps hmnain presenie un fait l>icn remarqual)le, c'cst que les foiii^tions les plus importanles sent remplies par les plus pctils muscles. ll j en a qui sunt teilemcnl miutes (pi'on ne pent lcs apercevoir qu'a Taide d'liri microscope : cependatit c'est de leur force et de leni- action qjie dcpenilcnl nos plus precicnses i'acuUes, la vnect roui'c. — 7°. La circ'jiaiiou du sang-. La disposition des vaisseaux sangiiins rcsseni!)le a cclle des acpieducs dans nnloi des ficlies qu'il propose pour porter cha- ciine lino grande et ime petite lettre, ou nn gioupe de lettres. II a terinioc son petit volume par quel(|ues historiettcs et qnelques fables propres a servir aux enl'ans dc premier objet de lecture. .Te me plais a dire que les parens trouveronl, dans re Ilvre^ snrtout pour oe qui tient a I'education morale dcs ent'ans, un excellent resume de ce qu'on a ecrit dcplus utile sur ce sujcl. B. J. •208. — * Introduction generate a. I'/iistoire dii ffroit; par M. K. Lermimer, docteur en droit, avocat a la cour royale de Paris. Paris, 1829; Alex. Mcsnier. In-8°; prix. 6 fr. M. Lermiuier, dans sa pieface, nous initie aux motifs qui Tout porte a composer et a publicr son livrc. «Quaud apre* avoir acbovc nies cours de rlietoiiquc et de pbiiosopliie, dit-il , et dans I'exaltation par laquelle passent, a dix neufans, les jeunes gens dont I'imagination s'eveille, il me fallut, conime on dil, fiitre man droit : avec quel ennui mcle de dedain i'ouvris les cinq Codes! retftmber de mes potti([Ues reveries tou( bant la science et la littcratme sur les articles nuuierotes (In Code civil et du Code de procedure, et n'avoir pour toute nourriture que I'etiule de maigres et secluis formules sans animation et sans vie ! c'etait done la le droit ! Sur ces clitre- I'aile-!, le basard fit toniber cntre mes mains un petit ecrit de M. de Savigny. de la rocation de noire siicle en legislation el en jiiriaprtideure. Je savais un peud'ullemand, et me mis a le par* courir. .]e ne revius pas de ma sinprise : Tauteur disliiiguaJt le droit de la loi, parlait du droit d'une muiiiere passionnee; en faisait quehpie cbose de reel, de vivant et de dramatique; puis (lirigeait conlre les legislations et les codes propre- inent dits de vcbcmenles critiques. Qiioi done! la legislation et le droit ii'ctaient done pas la mOnie cbose! les ciiuj Codes ne couslititaient done pas la jurispi-udence! etc. » M. l.ern inicr ne s'en tint pas a I't'-tude dcs ecrits de M. d« SCrOCES MORALfeS. r55 Savlgny ; cur, qiioiqne pii'Sfiiic persiutde pai- ses lliroiics auA- quelles cependanl il trouvaif cnnfiiscnient qaelque chose Win- romplet, il resoliit de pousser plus loin ses lectures ; et, avec le sccours dc Hugo et do Hani>old. il parvint pen ;'i pen a s'orienter dans la litteratnrc jnridiqiic de rAllemagiic. Notre jenne aiitem' voulnt encore rcmonter pins liant; il ('■India Kent , puis Leihnilz. puis enfm le xvT' siecic si glorienx pour la France. 11 n'etait pins alors stpare que par qnatre sic- cles de la renovation scientiliqne de la jnrisprndence enro- peennc, dont ['Italic i'nt le thefitrc cl dont M. de Savigny .Vest fait Thistorien. Ainsi Tensemijle des annales scienlifiqnes (In droit a pas-^e sons ses yenx , et il nons apprend qu'il s'est tontefois pins parlicidierement attache a la pliilosophie du droit, au droit roniain et a riiistoire dn droit. Cc vaste sujet n'esl qu'edlenre dans I'onvrage dc HI. Lcr- minier. II passe en revne nn trcs-j;rand nonibre de jnriscon- snltes; niais I'analyse qn'il presente de lenrs doctrines e-^t qnelqnefois inexacte ct presqne tonjonrs iaconiplete. Ben- lliam snrtont a lieauconp a so plaindre de la manicre dont il est traite parle jenne professeni-, qui, a I'exeniple de qnelques- uns des lioinmcs Uluslrcs qui rant encourage , ainsi qn'il nous apprend dans sa preface, afl"c( te un certain mepris pour I'ecole critique dn xviii' siecle. Ces homnies illu'^tres pensent sans donte que les theories platoniqnes sont proprcs a repandre du jonr snr le droit, ainsi qu'elles I'ont fait, comme tout hr monde salt, pour la nictaphysique. IMais an milieu des ad- mirations (le M. Lerminicr, il en est nne pour laqnelle nous sommes d'accord avec Ini. Nous voulons parler de Cnjas dont il fait un eloge merile, sans que cependant nous pensions comme lui que ce grand jnrisconsuUe ait aime le droit ro- main en pocte roiiiantiquc . et qu'il I'ait cnltive en artiste. Malgre ces critiques adressees a I'DUvrage de M. Lermi- fiier, nons dcvons nous empresser de recosniaitre qu il n'esl pas sans merrte, et nous croyons que la lecture en sera in- structive pour tout homnie cpii se mettra en garde contrc Ics jngemens de I'antenr, et qui ne se contcntera pas des idees generalcs qui y doiTiinent et qui sont accreditees, an detri- ment des veritahles etudes historiques , par des ecrivains dont rl est evident que M. Lerminicr est I'nn des disciples les j)lus distingnes. A. 1. ao(). — * Hisioirc de C economic politique en lialie, on ahi'ege critique des economistes italiens; par le comtc Josph Pecciho ; traduite de rilalien. p.'ir Lrfix^rc/ G allots. Paris, i^ic); I.eva- rassenr. Iii-S" dc \-i'\ pages; piA. ;"> IV. ;S6 LlVKliS FRAXjAlS. Tamli.s (|iie l)CiUicoiip d'ccrivains t'ruiiLais sotciipcnl n tlr- crier U's plus inlands {^[('Miit'S dc IcMir iialioii, les Ilalitns vau- tciU ])ar (les.siis Imit iours compalriolcs. Qiioi(|iie .sopaite (•» iin j^raiul iioinliro d'litats, et soiirnise a dillcreiis piiiices, I'l- talie eiiliert; fait cause (011111111116 ; Ics aiiUiuis iiapolitaiiis, ro- inains, loscans, sunt delendus par les LoiuWaiils, a charge do revanche; tons s'eiiorj^iieillisseiit du I'ienioiitais Alfieii ; et Ton salt de (piclle vivc recoiiiiais.-aiicc ils out etc animes pour Ginguem';, qui a fait counaitre, qui a fait valoir jusqu'ii leurs moiudres auteuis. Cast par suite de ce sentiment patriotique, que Ic baron CusTODi a puhlie la collection des ecouoinisles ilaliens , non par extiaits, mais textucUenieut ; c'est surement aussi le iiieme sentiment ([ui a engage M. Joseph Pecchio a donner Tabrege de cette graude colleclion dans le vcdume in- d'eux. » Abt. 5. (Cct article n'parlil , salvant une ccriaiuc pro- portion, le I'onds (ramorlisseuienl , entre les trois cspeces de rentes ineriti(junt''cs dans I'art. i". ) » On sent bieu qu'il ne nous est pas poss'Vde de dlsculer ici tine question (|ui jjresente no systenie tout entiurde finangcs. Nous I'eron.s remarquer scul(!nieulx|uel(|ues-uus des caracieres juiuoipaux de (;e systenie. iNon-seuJcnienl il ne hlesse point i'interet des rentiers, mais il leur assure des beue/ices, pnisque le cinq pour cent a loujours ete acticte par eiix jusiiu'a cc jour, au-^dessous du cours ile ii5 t'r. II conso- lide pour jamais ie credit pul)!ic ile la France, en donnant Texempie le plus eclatant du respect religieux des en-^ gagemens. Enlin, il presente reeilement une ecouoniie de dfcbourses pour le Tresor public. C'est ce <\\\t resulte clairc- ment des trois tableaux places a la fm de I'ecrit de i^I. le duo de Gai^'le, dont les resultats palpaliles nc samaient elre con- loles ([ue par I'ignorauce ou par la niauvaise foi. \ oici le re- sume linal de ces tableaux : « Le remhoii.rseDient ait pnlr , dit Taut cur, eny empiojautcliaqucanneeim funds dc 56, ooo.ooo, durcrait trente-six ans et aurait depensc , en dL'fiuilive , 5,840,000,000. — La depense de I'aiiiorlisseincnt an coiirs 'le ii5, avec une dotation de 4;<> (I'lm-joi- !!)iis avar.lagos. La dllTiciilte (•a})italc consistc cians la |iossi!(i- liic' iloiiUnise dc fixer un maxiniiiiii an prix voiial de ia I'enle a ia Bourse. La fixation CCunmaxiinnm csl-cllc !;»( i'.oniont cT.n- < iiiahle aveo 1« respccl dn a la propriety, ct peut-oUc sc \\\?- tiiicr par les oxcmpics d'expropiiatif»n ponr mo'.if d'ii(i!ile piibiiijuc (ju'on trnnve d'.ja dans no?* lois? ]N'assignf-t-el!e pas ties bornes an cicdit , lorsqvf il scm!)!o de son essence dV'.re illimite ; enfin, ce maxinunn nne ibis ttab'i, ne sera-t-il point elude par les uioyens sans nnnibre quo snggere I'intcivt per- sonnel? Ce sont li'i des questions diiTuMles, qui noiss seiublent tleniaiiilcr encore a etre appioiondies. X. •210. — Du pylx dii jmin a Paris; tnoycns d'rn niter Ic ren- du riascmcvt ; i^nv J .'^llcnvi LAiALf.E. i'aris , iSar): Delauiiay. In-8" de 4" P'lS't'^' p'"-^? * ff". 31. Lasalle commence par de tristes veriles; i! expose W'h'.t des classes ouvriercs dans la capilde. iMais, quoiqne les fait^ aleiuent anx chaj|;riiis causes par la niisere. » Trenle mille inenagcs au nioins son! inscrils suria lisle de-; iiidigen-iy outre plus dd vingt-cinq niille (elibalaiies des deux sexes. Dans deux arrondissemens de Paris, il y a nn inligent snr uu f»eu plus dc quatre habrlans; mais, siu' la populalion enliire, e nonihre des indigens est evalue anx deux ciinpiieuies. Pour venir efllcacement au secours de eeux dont le pain est Ic principal et presque le seul aliment, iM. Lasalle voiidrail que le pi'ix en tut fixe a nn laux ino_yen Ires-peu variable, mais snpeiieur au plus has prix, alin qu'on puisse I'abaisser lors du renclierisseme;it , sans puiser dans le Iresor public, Les moyens proposes par I'anleur de cctle interessanle bi'o- chure, el les calculs qu'il y joint, doivent etre eludies a loi- sir, et Ton ne regretlera pas le terns que ee travail aura coflle. Comme M. Lasalle nc dit rien de trop, on ne le coni- prendrait pas assez bien si Ton se dispensait de le lire en en- tier; on n'abrcgc point les chillVes, et il I'aiit lenir coiitple de tons eeux que Tauleur a juges necessaiies a I'exposition de ses vnes et a la preuve de lenr juslesse. Cctle brochure est incon- testableinent I'ouvrage d'un homnie tres-edaiie et d'un excel- lent citoyen. On desirerait qn'il se Cut aljstenu de I'expression classes infinie.i , pour designer cclles qui sont ltvi<'(!S a luie indigence babilnelle el pent-ctre ^ans remcde; il n'est point question de rangs socianx, m.?is de mis^re, de seconrs et par consequent de [)itie ; et celle genrreuse faculle du cccnr huuiain se plait a relever les inrorlunes qn'elle sonlage. N. ail. — La France gourernce par des ordonnanccs^ par Giis- /rtiY B..., imprimcur-composilenr. Paris, oclobre i8a();1gs marchands de nouveantes, au Palais ro^al. Broibiire in-S" de 100 pages; prix, a fr. 212. — Lc mlnislirr ivdilic fi (uijdh, disconrs prononce a hi SCIKNCKS MORALES. ;',i rcntvec suleiiiicllo du tribunal tic Macon ; par iM. Boui.i.ee, pi (»- cm-enr (In roi. I>Jon , 1821); imprinieiie do Gahri«'.l Uo^saiy, rue Saint-Uomini(pic, n" i. IJrochure in-8" de 80 pages, L'av oncnicnl an ponvoirde la faction contre-revolnlionnairc, ft Ics menaces dn gourerncmcnt par ordunnances, dont rclen- lissaicnt Ics sacristies et qin'l<|nes salons dn Kanbourg-Saint- Ceiniajn, ont vivement excite, sinon la riainle, an nioins rindignalion pnblique. La brochure que nons annoncons est 1 'expression cnergique et sincere decc sentiment, tt, de pins, elie indiqne dans son anlenr une etude approfondie dcs monnmens de noire legislation polilif|ue. Bien que nons ne parlagions pastoutes les ideesdeM. CuslavelJ... sur la respnn- sabilite des niinistres, et snrlout sur rapjilicalion du prin- i-ipe de i'elcclion au clioixde ces ronclioniiaires, nons ne pou- vonsqu'applaudira cctte oeuvrc d'un liomme laborienxel d'un bo!i citoyen. (^est «''galement nn devoir pour nous do rendrc lionnnagc .1 riniparlialite, an respect de nos droits ipii ont guide M. Boul- lee dans son apologieiln minist( re puliiic. Cetle mngistrature, dont Ions ie> partis reconnnissent rntilite, nialgre les aberra- tions de qnelques-nns de ses inembres,est appreciee avec ta- lent et con\enance dans I'opuscnle i\n procurcur du roi de .AMcon. ^ons recommandons snrtont les notes qui suivent le (iiscoiu's anx perhoinies qui s'occnpenl de Tliisloire de la ma- gislrattne I'ranraise. A. I). 21 3. — D'od vitnt tout le nml? de ce que nous sommes liors d< la Cliarte.... Rentroiis-y : Etrennes anx bommes de bonne \olonte, ponr I'an de grate i85o (decembre 1839). Paiis, i8'jr); Correard jenne. In-8" de Sa pages; prix, 2 I'r. Kn recevant avec reconnaissance ces elrcnnef, nous en se- parorons soigneusement quelqnes crreni-s manifesles qui ont entraiuc I'anleur a des conse(|uences dont il dt'seouvrira Ini- nienie Vinopportuniif, qnand menie elles seraieni I'ondees sur nue base plus solide. INous couviendrons ;ivec Ini qn'il I'aut composer la cbanibre elective (riiomnus .'^pi'ciau.v, s'il eiitcnd par cc mot des bommos d'inie liaule iusli-nction sur cliacune ties parlies tie I'aihninistration publiipie, pourvu qn'ils ne soierit pas t^trangers a lein- ensendile on hops d'ilat tie I'aper- ccvoir; inais nons nons ganlt rons bien d'ajonlcr : « 11 I'aut achever (tar on I'a hemensement commence), de sorlir tin vagina des llu'ories, des abstractions, tie la tlistnssion tter- utille des priucipes gcneraux, al)Solus. Tout absolulisme mt nt; a I'absurtie (1); ^adn^nli^tralion de tonle socitjtt: n'csf, et ne (1) 11 st'iajt (liflirile tic liici iiii(!<|if ctuiM-rjiit'iKt aljsi:nlf tie tu ]<(;iil etic (jn'ime si'ric d'exceptkuis, U'aclcn plii.s on iixjins Ji.-nitioi}fi(ii> e.^ qui dinweni, -snis doiiU", se r;i!t;uIioi' ;i des priiu ipes j^Tiiciau.v, mais qui iie peiiveiit que rarement Ics poiissi'i* a KiUlc's Iciij's conscqiiciires; Ics (loclan)aleiirs me- coimai-HSciit U)iis ccs rajipoifs, loiiies (I's i't'.ssem!)lances et limti's ct's iliiri'iences : Ics liummcs spcciaiix .scmiIs !os disliu- {;noiil. Dl'ni.s.-ions-Mous no jamais rcrouiir a do tellcs xpccia- lilf.s, aux aduviiiislialoiirs par cxccplious! Les dia'^oniiadf's con'iic Ics piuioslaiis, tl, dc nos jours, les massacres de la ri!C Sai[it-{)ci!is, liircnt de Icrrihics exceptions, et tont-a-iait ilLsrrftiunnaircs. Le hut de Faiiteur est cvidemiueul d'clargir la vote dt! nia-'istrat, et de rediiirc celle du eitoyen a iin sen-r tier iloiit il lie puisse s'ecarler saus peril : nous [)ersisterons a penscr et a diic que le iiiaj^islrat o'a de droits (pic |)(nir Tae- complisseiueiit d'liii devoir, et que les droits I'u citoyeu sunt le I'oiKleuu'ut de redilice social. 2 1 4- — De qiielques iliiti:ilsd'orgams(iiion e-t d'udmiiiisiration mililalres ; par (J. pi-: Nisas, liculcJianl au i*-'' ivgimciU de In j;ardc royale. Saint-Deuis, iHa;); iniprinierie dc CoJl;^lant- Chanlpie. Iii-^" de U7 pages. i,e j;iade dc M. de P^iisas I'ait pi'csumer qu'il est jcune en- core, uuiis son eerit domic une autre opinion de sa tele; on y rcoonnail celte sorte de iiiaturite que donuent les loiigues uiudltaiious, i'habitude d'appllquer soh iiitcHij^eiice a i\^':^ ob- jels digries do Foccui^er. Nous n'eiitrorons ]>a« dans le detail de ses vues, des dis}>usitioiis noiivelles qu'il voudrait laire adopter, pour corrig!et';f.;icmciil pour raiiiOui'-projM'c des lioinrues (ju'ii iaiit j> incipe trrs-nt>solii : h idiiUntint al mi iito'tiin f.^rj t:u iVHli..\ii, on de lo..i.v^ i.,i..i; Vi:...» ..», »..i._c i-.^i-. SCiKNCKa M OI'.ALI'IS. 743 Joijoiir.s iVlcvei' a leiiis pioprcs youx [luiir Ic.s I'ciiJrc uicil- loius, uu intnen d'uii i li.in^^viaciit lians la redaction dcs t-i- j; iia Ionic ns; ly" Auieiidoiiienl niil.ililc dans ia ooiiijiosilion ct rt'spcco des reuiplacasis; 5" Conibiiiaison du reiigagcmcnt avcc le rcmiilatcinenl, en lavcur dcs bons seivilours qui ne jeciJent pasdevaiit uii engagement de longuc duioe; (5" Au- ire moyen dc consei'verde lions soldats, des niililaires epron- ves, par I'adoplion d'un mode plus lil)ie de service; 7° Ame- lioralinn dans i'esprit de I'aiiuee, dans le sort de la partic qni I'orme sa base la plus pieclcuse (les sous-otliciers), par suite de I'adinission d'une nou\clle dasse de volonlaires pleins d'instruction, d'lionncnr, ct ofirant les meillcures garanties ; 8" Enrni, et par tons ces moyens coirbincs, augmentation du noml.re des sui(^ts et des citoj'ens attaches an prince et an pays par les liens dc I'lionnenr et tie la propriete. » Si Ton rcmarque que notre sollicitude se borne a la rlasse dcs soldats et a cclle dcs sous-officiers, etque nous lais- sons a d'autres le soin dc trailer des inlcrcts des olliciers, nous repondrons (jnc cclle application exclusive de n(js rcchcrches a eu (.Unix motifs : I'un a ete la craiute de parlager el de de- lourncr rattcntion du Iccteur; I'autre estlavive sympathic que nous avons toujours cprouvec pour les sous-oiriciers et soldats confitis a nos soins, et I'inti ret que nous mettons a ce ([uc cette nombrcuse parlie dc la grande famillc t'ninraisc el: iiiililairc soit observcc, connue, traitee et animee comme elle pout ct doit I'ctre pour la gloiic du prince ct du pays. 11 ne I'aut pas que Ton se dissimulc que lea sous-olTiciers dev-cnus ofTicicrs seront toujours en niajoiilc parmi les ofiicicrs : ils n'ont, il est vrai, que le tiers des sous-licutenances qui vien- netil a vaquer ; mais ils ailendcnt I'orcemcnl leur retraitc sous lea drapcaux, tandis (ju'il n'y rcste pas un quart dcs jcuncs £cns sorlis de Tecole militaiie; leur I'ortuue les engage et souvent les oblige a quitter le service au bout dc quebjues annccs » I'our completer les idees exposces dans cette brochure, il sera utile d'y joindre un autre ecrit dc M. de Nisas aur les moyens de combiner le remplacemcnl acec le n.ngagement, pu- blic, en 1827, cbcz Anselin, rue Dai:pliine, n" 9. N. 21 5. — * Hisloire de Philippe-Aitgusie, par M. Capefigi'e. T. HI ct IV. Paris, 1829; Dut'ey, rue des Beaux-Arts, n" i/j. 2 vid. in-8" de plus de .'|00 pages; prix, i^ I'r. La dcruicre livraison de riusloire de Philippe- A uguslc vicnt dgAIS. • ieinT (hi moycn aj^e, elle ottro encore plus iriiitrirt que Fa I)i-eiiii( re. Nuns rendrous lompfe incessauiuieiit de celte im- j ortaiile pr()ilii(ti('ii. viG. - — * Hi.sloire dc la Saint-Pxirlhrlcmy, (J'apirs (es C hro- ttUjucs. IStt'tnoires et jnajiit.icrits (In XFI' siiclr, p;ir M. Aitdin. SfContle rtlilion. Paris, i^^l); Aiidiii. In-8" dc /|Go pages; prix, 7 IV. La Revttc Encyclopa/ir/iic a rendu conipte dc la premiere edilioii de cet oiivrage (torn, xxxii , page 565), sans exami- ner jiisqira quel point I'auteur a juslifie son opinion, que la f>oli(if/itr fill scale cofipahic dcs as.^'asslnat.t commis dans Cca-i'tra- ble joiiriice da ■i[\ aoiU jfija. Dans eetlc seoonile edition, M. Audio prodnit deux nouvcunx temolns en sa favenr; I'un est sir John LiNC.vr.», liislorien anglais; el Taulre, le savant «|ui a tradnit celle histnire en alleniand. Mais la (juestion ne l)arait pas aussi simple qu'il I'a jugie; el peul-eire n'est-il plus en uotre pouvoir de la resoudre : elle est de telle nature que I'uu jiourrait etie d'accord , lout en exprinuint des avis t res-opposes, et penser differemnient, en tenant le mrme langage : le setd moyen d'eviler cet inconvenient est de fixer le sens dcs mots; prenous done celte indisj>ensal)le precau- tion. S'il ne s'agissait que de mettre la religion liors de cause » en prouv.inl quelle lot toujour;, et complctement etrangcre ;iux crimes dont on I'accusa , rien ne scrait plus fa( iie : il suf- firait de rai)peler son originc , ses preceptes, ses menaces m'me © LlVUIiS FuAMjAlS. im icrouiuiilrn qu'il .issistait aiix conscils, c!(jlil»crail . iiiidi- tnit cl pirpiiiait les ajsnssiii;its, el ([iril y eiit eiilrc cclte hi- clt use jnission et loiites celk's il'iJiio cour cononipiu' cl d'tin iVouvcineiiiLMit (Ielestai;le, iin ecliimpo ile complaisances rcci- 'j'l'Ofiucs, (!e concession.'^ te'les que s'on Caisaient Ics iriunivirs <'e PioiTie, lorsqu'i'.s ('reseaienl leurs lislcs de proscriptions. La Saiiil-Iiarlhelcmy est iin fie ces evcaemcns dont les peii- p!cs peuvent tiror nnc inslruclion salulaire : evilons d'cn af- I'ai'olir riniprcssion. Que le rccit ;.iposa , sans cf\ pages; prix, 5 Ir. I. a gendariiieric , telle qne la voudrr.it le but de son insti- tution et quo la compiend SI. Tenailie-Cliamplou, est !a ve- i'itahle chevalcrie errante du sieclc prosaWp'.e 011 nous vivons : eile aussi proteje la vertu, poursnit le crime, saisit les bri- gands : Tiiesce , Amadis de Ganle. Lancelot et Tristan etaient les gendarmes dc leur terns, et la table-ronde du notre est Ic bureau d'inspeciion de la rue Saint-Dominique. Connuent se fait- 11 done (jue les prin("esses et les grandes dames ne tien- iient jias a rccompenser les gendarmes de leur main et de leur amour, et tpie, dans le Sems assez voisin de nous, on taut !iYS c.-l line eiitiepriHc qui iiR'ritc i!os apphiuilisMcmrns. l/oiil)li qii'ou a soiivciil lais.sc pescr stir Ics aclioiis n(il)les et coura-^eu-ses des simples cito^'ciis u'a (pie tiop ralcnti I'essor «le ceiix qui se s(Mitaicnl appeles a manlier siir leiiis traces. Dans (livcrses parlies de la France, on voit ties ecrivains jndi- eieiix, penetres de cclte idee, s'empresscr de recnciilir ics fails lu)noral)k'S, et signaler a la reconnaissance ou a I'eslime de lenrs compalriotes de^ noms que la renommee avail pen replies ct n'avail jamais prnclames an-dela dn pays natal. Chaqne province anjourd'hui^ cnconsacranl dans nne hiogra- jdiic locale les Iionnnes et les Tails di{;nes de memoire, eon- Irihue aTcrec tiond'un vastc monnnK-nt ondoil se rennir I'elite ties cilDyens Tails pour exciter rcnmlalion de la posterile. M.Ldi AKDRE, connu par son zelceclaireet parsonamour pour sa paliie et pour les arts qu'il culli\e avec Trnit, vienl do pn- hlier la IJioj^raphie de I'ancien comle de Fontliien (I'arrondis- semeut d'Al)l)e\ille), Son ouvrage, qni obticnl heancouj) dc succes dans le pays auqiiel il est spe( ialemciil consairc, pre- senle un intertl j)lus general que son litre ne senible I'an- non -er. Parmi les principanx liai)ilans de eelte pai'lie de la Picardie, se Irouve un asscz grand nombrc d'arlislcs, de sa- vans, dc poetcs, de guerricis, d'lme celcl)rite universelle. Jraphes a moitie effaces, qui evaluent leiirs prnprit'tes dans ee genre, non point d'apres I'importance du snjet OH de I'anteiir, mais d'apres I'anliqnite de ia date ou li rarete de I'eciilnre. Pour le public, il n'en est pas ainsi. Cc qu'il lui Cant, c'esl de ramuseiuent on de I'inslruction. Feu lui imporle, aprescela, que ce soit le president Bouhier, Me- nage, ou le conseiller Le Gouz, qui aient reilige ou copie I'ou- vrage, piairvii qwe celui-ci lui plaise ou lui apprenne quel- que ihose de neuf. ]M. Barrierc ne s'est pas mis suirisamment en garde contre ses predilections d'amateurs, lorsqu'il a ras- semjjle le? materiaux de son nonveau recueil. On y reconnait l>ien dans les prefaces sa phime e!egar le president Bonldcr sont eu general pen amasanles : c'est le sort dc tousles rt/mdans lesqiie's !e manvais et rennuytMixrempor- tentordinairement deheaucoupsurlebon.Lo recitiles/n^r/n-^fi de coiir qui cansircnt re.fil dc M''' C/ioii nous semMent venir un pen tard, apres la nouvelle publication des Mnnoircs ile Saint-Simon. L'edileur uousannoncc ensiiite \e% parades ine- dites de Colic, i-i'prcscnti'es par de trcs-grands seigneurs sur leurs pclits ihcdtres. v^owi sommesen 1760, dit-il, au plus beau jour duregne de Louis W, c'est-a-dire, a I'f^poque de nos de- faitcs et de I'Opera -Comiqne, de M'"" de Pompadour et des banqueroules, des billets de confession et du parc-aux- Cerfs, des desastres publics et des parades de societe. Venez, suivez-moi dans uu des fauboui'gs les inoins peuples de la ca- pitale. Arrelons-nous a cette porte-cocbere d'assez pen d'ap- pareuce. Au bout de cclte longue cour garnie d'arbres, s'elevc un pavillr)u dont les appartemens annonccnt peut-etre plus de ricbcsse que de bon gout. On y celebre ([uelquefois, dit- on, des mysteres que ui vous ni moi ne devons connailre ; mais ils ne seront aujourd'hui consacres qu'aux jeux du thea- tre. Avant qu'il soit peu, la plus haute societe de Paris el de la cour se pressera sous ces portiques; on pourra s'egarer dans ces allees qui sont encore taillees a la francaise. — La plus haute societe, dites-vous? et sur les panueaux de res cairosses gri';, qui deja vienueut a la file, je n'apcrc.)is pa^ ?5o LIVRi'S TuANCaMS. iiiit" comomie tliKalu, }>:i.s inr;mo rctusnon d'un comtc : nii- <.-iin coiireiH- ne pn'trde les chevaiix; los coihcrs sont siins moustaches, sans bouquets, et les Inqiiais n'otit point -ipidc parade de Colle, nous trans- porte sur les cotes de la Bretngne. Jlalgre tout I'interet, »ncore prcsquc confcniporain, qui se raltacbe a ce I'aial ere- iicment, j'avoue que la Relalion d'lm p/i'icicr ciliappi des pri- lons d'Auray ne m'a point aliache : faut-i! I'attribuer a la I'orme. qui est cclle d'un journal as.-e?, sec, et on I'auleur ne iaissc jansais pcrcer les enit'tious qui diirent I'agiter pendant pa trisle prison ? ■ — Les Souvenirs de Madame *** out plus d'al- trails; ils ne sonf point sans grace, ni sans esprit; ils cou- tiennent d'aiilcurs quelques anecdotes bicn contees et des scenes ([uaM hisloriques dont la coulcur parail assez fidi'le. — Vient ensuite un Calnnet des objets reserves, que I'auleui, au lieu d'en interdire l^'entree anx dames scrupideuses, aurait mieux fait de n'ourrir a pcrsonuc. Le licencienx a qnelquc- fois obienu du succes : mais otc/.-lui ce vernis d'elcgance dont I'esprit s'entend a le parcr, ou ces formes passionnees que pent lui preter une imagination poelique mcme dans ses ccarls , que peut-il restcr pour tons les lecteurs, si ce n'est un profond sentiment de dcgofii ? Aussi, apres avoir In un on deux des morceaux que M. Darrierc a relegncs dans cette parlie du recueil, on est tente de lui crier ; assez. Ce mot ne s'adresse point, cela va sans dire, anx recherches ru- ricnscs de M. Barriere; it y aiirail atlcinle v<'rita])iu au-; in(6- rets dn public : niais c'est un avertissement pour lui de cou- >uiler a\ant tout le gout de noire cpoque et les exigences do iios nifipurs; et, si la verile hi>lori(|ue. neccssite quel.juefnis des details qui puis^cnt ofiusqncr la piuderie ptHil-cire uu pen SCIENCES MORALES. ;5t irnp griinaciero dn xix' siocle, qu'ils soient ICMipt'ics par cet rtrl iiigoiiieiix dojit noire^ljingiieoirre doju plus d'uri luodMe. ^. a;>.o. — Mi iioires /wlitit/ties el anecdoilqiiet! du bamn dr Grimm, dcpuis 174-5 jiisqu'eii 1789, tiadiiils de I'alicmand par ZiKMA>'N. Paris, 1800 (18:19); Leroiige-'Wolf, rue dc TOdeon, n" 25. 1 vol. iii-iS"; prix, 13 Ir. C'esl unc adniiiah'o chose qiie I'csprit d'as!»0"ialioii , siir- toiit dans scs app'.icalinns a lu litleraUire. Qui foiirnit a nos theatres, grand? osi petits, celte profusion de vaudevilles, de tableaux, de inelodranics. mimodranies oil autres, (iont s'a- iiuiseut ics oisifs, c'est I'esprit d'associalioii ! Qui met an monde, chaque aunec, eeltc foide dc remans de toute naiion el de tonli! lril)u , qn'on nonimc lusSoriqnes, pour ienr donner an moins cet air de resserabiance avec Cinq-Mars, on les Pu- lilains triicosse, c'est I'esprit d'association ! c'est itii,ennn. qui deterre, r'l)ai)iilc, invonte uiemc an bcsoin ces Memoires inedits, vaste et pennanenle conspiiation contre la bourse des honnetes gens qui croient encore anx prospeelus et aux an- nonres. Encore un pen de leuis, et il transfornicra la litte- ralureen unc grandc eutrcprise industiiiile, oi'i Ton t'cia les ouvrages an rabais, on Ton aunera les pages, on laslivrcsse- rontdebitesai! p(iJs, cominede la qiiincaillcrie on de la loiie. Serait-cet'iiCure a cet esprit meryeilienx que nous deviions les Memoires du baron de {irimni ? en verilc, je serais tente dc le croire, tant iis ont de rapport avec tons les livres du meme genre publics sur le xviii'' siecle. Moulrez a un connais^eur iin ballot dc papier; il verra de suite a I'epaisseur, a la qna- lile, a la leinle parliculiere des feuilles, de quelle mnmifac- turcellessont sorties: il en est Jememe de tons ces Memoires; ils ont entre eux un air de parente, une solidaritc d'opinions et de st\de qui ne peuvent tromper : on seut qu'ils oat ete I'aitssur le meme metier, daus Ic meme atelier, sons le memo loit. Pourtant, il I'aut ren Ire justice a ceux du baron dc Grimm : ils sont amusans, et en ccla I'empoitentsur heancuup d'autres. Quant a leur authenticite , dcmandez A I'editeur : sans doule il en aura conserve le manuscrit, conmie devait fairc un autre cditenr pour ceux de Gabrielle d'F.strecs. D'ui!- leurs, leur interet politique est nul. Pen on point dc rensci- gnemens nouvcaux, inais abondance d'auecdotes, de rccits pi<[uans, de noms lameux jeles an travers de chaque page, ct de plus, un style assez vii' et elegant, voil.'i tout cc rpi'il i'aut pour avoir, dans noire siecle, des lecteurs, Irois moi • de vogue, et i'otd)li. •2J.I. — * Essai d'anc slatislifjiic gt'nn'ale dc I'empire de ;5i LiVRtS nU-NCVtS. Jiussicj par J. -11. Scunitzler. Paris, iHjq; Lcvranll, iiie (U- la Harpe, ii"8i . Sainl-l'iliM-sboiirg ; liiief. Iii-i8ilc 5oopagcs; prix, 5 fr. La niarilic progressive de la Paissie dcpiiis la chute de I'etn- piie I'laiiiais, et les \iitoires recenlcs du general Dicbilsch, doiinent a tons les liavaiix piopres a I'aiie eoiinailre celtc vasle aiitocralie , I'attrait d'lin livre de ciironstaiice. Malheu- reuscment, la veritable silualionde re pays est si pen comprise, (|u'il faiit se tenir en garde contre la pliipart des livres qu'on lance dans le public sur cette niatiere, et se rappeier snrtont qu'un voyage a Saint- Petcrsbouig doiine le secret de la llnssie, a peu pres comme la Iraversee de llouflcur an Hilvro familiarise avec la mer. Quatre annees de sejour en lUissie et desredicrcbes peniblesetconsciencieusesmettentlM. Schnitz- ler iU'aJjri de cette juste defiance. Son livre est, avec le tableau r()??!/9rHrdeiM.^^///e;rtBALBi,lcrecueiIdecIiill[Veset dedocumens slatisliqucs le plus complet qui ait paru jusqu'a present : il y a, de plus, nne intelligence remar(|ual)le du caraclere des populations diverses qui couvrcnt reuipire, de leurs mocurs, de leur instruction, de Icur culte; uiie demonstration satis- I'aisaute desrouages tout a la Ibis si iniparl'aits et si compliqnes de Tadnuuistration moscovitc; et des details precieux sur la littcraturc ancienne et moderne de ce« coiilrces. IM. Schnit/.icr a senii cette veiite qui a echappe a la plupart des aiileurs de statistique : c'est que, pour applet i(r nn people, il ne snilit pas de connailre le nombre de ses baliilans, de ses vaisscauv, de >es soldats, de ses ecoles meme et de sts eglises : il i'aut apprecier encore Taction de son gonvernement, le caractere de sa litteratvu'c, et donner non-seidenient le cbilTre de sa po- pulation , mais, pour ainsi dire, celui de sa valeur morale. Nons poc.rrions bien reproclicr a M. Scbnitzler uu peu de parlialite en I'aveur du gonvernement rnsse et une confiance exageree dans la pnrete de ses intentions et I'habilete de ses tentatives pour civiliser une nation composee d'elemens aussi discordans : mais cette observation n'atteiut en rien le rnerite de sontravailet la veracitedeses dncumens. Nousreviendrons plus tard sur cet ouvrage, dont les landieaux i'ourniront pro- bablement la matiere de plus d'un pretendu voyage en Russie. A. D. Litlrrnfiii c. 111. — *OEuvres f/iuislc: c/c J.-B. Boussraii, avec les notes de Lilniin; edition enricliie des obscrvalions lit tcra ires de Rl. (Ic Fovlaiics, et publio avec de nouvelles notes, |ar J.-L. I'orcnAV.LAT, mcmbre de p!n.^icii;s acadensies. Paiis, I LITTKRATURK. 7,x. iS5<); BniH()t-Lal)be. In-i8 de xvj-5oo page?; prix , 2 \'r. . vt a IV. 75 c. par la posle. l.-cs iTotcs (Ic I.t'l)ruii et cellcs do Fonlancs me jtaralsseiit ■souvent l'()uvrag;e dc giamniairieiis poinlillcux , pl^ilut que ics olisorvations do critiques habilos a scntir la poo.sie : jc iic pense pas ineme qu'elles pnissent clre d'une grandc iitilite pour ies eleves a qui elles sont dcsUuecs. (^cst surrenseml)lc * , «'t lie 5 I'r. 5o c. [)onr los soiisciiptcilrs aux oeuvrcs loniplrlcs. (I'cst M. lie PoiHia qui pnljlio cctli' nuuvcllc cililioii ; nous ii'avons ilouc p;is bcsoiii ile doniier iles eloges a la coiroction ilii loxte, aiix noles qui I'aecompagncnt. Le savant cilitcur aiinonrc qn'll s'est particiiliorenicnt ooriipe de conigcr les citations qui, dans les editions prccedenlcs, avaient etc si miserablemcnt mutUces que I'auleur lui-meme avait cle force de s'cn plaindre amrrenienl. — Nous pensons que cettc col- lection conqilele sera hien accneillie par tons ceux qui n'a- vaient ))u se procurer la helle, niais couteuse edition de Lad- vocat. jVous avons spccialenieut reniaique , dans les deux volumes publics , deux notes I'ort inslructives; Tune sur les experiences laites par Pascal, ou d'apres ses instniclions, pour determiner la pesantcur de I'air : elle conlicnt I'hisloire complete lies tentatives laites pom* arrivcr a cette grandc vi- rile physique; la seconde note, exiraite de VAvt de verifier lex dates , et ecrite par M. H. Audiffret, est relalive a I'his- loire d'Espagne, vers I'epoqiie de I'cxpulsion des Manres, et orect'dc le dernier des Jhenarages , petit roman dans Icquel la vcrite est un pen sacrifice a I'imagination et a I'aiaour du piUhctique. — On ne lira pas i\on plus sans interet les critiques qui ontele laites des divers ouvrages de IVI. de Chuleaubriand, lors de leur premiere pidilication ; elles out etc reunies a la ?uite de chacun de ces ouvrages. A. A. aaZj- — * La Table Roiide, pocme ; qualrieme idition, ■^\\.\'r< complete que les preccdentes. Paris, 1821); Auiable (Jobin. In-8° lie Lx et 4^4 p7 Va, poar leincicici- Dieu qui me protegca, Mon pere aux picds dii Cluist s'ngcnoiiillait dcjii ; Puis ils nie dfinaiidaiirit, pencbes pour niieux ni'tntendic. Si ce grand Paris laisse un souvenir Lion Icadrt'; Si mon ca'ur, elitoin par sou f:istc royal, Se tournait quclquefois vers I'asile natal, Et dans le vaste bruit quelle elail ma pensee, Fn voyant cetle foiile autcur de moi pressee ; Et suitout si j'avais, dans mon oigueil brelon, Contemple le grand Cygne, emule de Milton, etc. Nous esperons que, dans un prochitin recuoil, le poete, en ctinservant la grace dc son slyle et la souplesse de sa versi- fication, aura ti-ouve dans la solitude de la meditation et dc I'etude une seve plus foi'te et plus noiurie : autreiuent nous nous lappellerions encoi'e involonlairement cette liarpe eo- lienne a laquelle il ne faut, pour vibrer, qn'un soudle du zephyr, mais dont riiarmonie ne laisse jamais sentii^ I'em- preinte d'une main puissnnte. A. de L. 226. — Almanacli des Muses, pour I'annee i83o. GG'anuee. Paris (i82;|) ; Audiu. In-i8 deaSS p. ; prix , 5 fr. 5o c. 227. — Le CItansonnlfr des Graces , pour iS3o, avec la niusique gravce des airs nonveaux. Paris {1829) ; Louis. In-18 de 520 pages, heau papier, avec unc gravure et \\n fleuron , d'aprrs Cliasselat, et 48 pages de inusique; prix, 3 fr. Voici les deux plus anciens de nos recueils poeticpies, Ics doyens de nos aimanachs : le premier accuse francliement son ;1ge , le second cache le sien par corjuetteiie ; et cepen- dant il n'a pas encore besoin de ce calcul, car il a 32 ans de moins que son aine, et rien chez lui n'annonce la decadenre. Du reste, leur marclie n'a ete nullemcnt la inemc ; I'cditeur de V Almanack des Muses semble croire (ju'il sulllt encore, coinme au bon tems, dc fairc un choix parmi les nieilleures produ(;tions de nos poi'tes, ot il a dedaignc dc sacrificrau goiit du siecle ct d'emprunter, pour plaire, le secours des arts ri- vaiix de la poesie ; il s'est contente dc pailer a I'esprit , et a neglige de parler aux yeux, oubliant que, dans cette luttc aunuelle entre nos recueils poetiqucs, ce sont eux qui sont devenus prcsqiie les sculs jugcs du camp. L'editeur du Clian- sovnicr des Graces , sans donuer dans le travers dc I'cpoquc, a sentl qu'il etait des concessions raisonnables qu'on pouvait, qu'on devait iiicme accortler aux besoins nouveaux, et il a appele le dcssin . la gravure et la musi{(ue a paitager le triomphc de la poesie. Son recueil tient un juste milieu entre ceux (|ui donnent tout a rextericur ct ccux qui nc font rien pour lui ; et son prix modcre le met a la portce de loutes les 758 LIVUES KUAiNCAIS. lorlimo.-*. Uoiiner ilcs pioduils cle bon choix ol eii giaiulc qiiantite a hoii uuuche, c'est avoir losolii un double pro- blenic dans cc ,>iic'(le !>pecnlateiir. \oici pour l;i parlic niaU ricllc ; venous inainlenant a la re- daction. Cello de V A bnunacli dcs Mimes a dft s'appauvrir ne- cej^sairinientpar la coiicuiieiue des nonildiux reciicils rivanx qni .sont venvis inoissoniier avee^ Iiii un eliamp deja tiop slc- lile ; le Cluinsonnier des (Iriices , an lontraire , s'est cnriclii dc riieritage de ses anciens emides, (|ui, tels que le Caveaiimo- dcrne et le.s Soupers de Monias, partageaicnt avec lui le sceptre de la (banson. Cliaque jour le siecle prend plus de gravite; le nonibre dcs productions gracieuses diniinue , pour laire place a de plus bautes speculations : on ecril encore des cbansons, mais on ne chanle presquc plus. Plusieurs recueils ouverts specialenient a la pocsie lyrique ne poiivaient done que se nuire mutueilement; il n'est reste que celui qui avait le plus dc (bances d'existence, et Tediteurdu Cliansonnicr desGrdccs, dont les pages etaient nagucre plus specialement cousacrees a la romance, a saisi I'occasion dc varier davantage son recueil, et de lui doiiner, en qnelque sorte , unc noiivelle vie, en re- cucillant Ics dernicrs eclairs dc la gaile I'rancaise; les nonis dc BerAjSger, Brazier, Coi'PART, Dusailchoy, Fulgence, Gentil, jACiNTiiE LECLiiRE , ScHiBE , ctc. , sout veuus sc placcr avcc avantage a cote de ceux des Camille, de Courcy, Paul de Kocii, Hu'POLYTE-Lons GuERiN, Lambert, Joseph Pain, Si- MONNiN , etc. , qui avaient ap})ris aux Graces que la gaite ne Icur luessied point (i). (i) Dans riiileii't d<;s edileuis dc rcriicils qui vivent aiix depens dii Cliansonnicr dcs Cniccs, nous cite/oiis, s'ils vculeut bien s'en i'a[)|)(iitei' a notrc cLoix, les ijidccs qu'ils dcivo.it lui enipi iinter de prelV^rencc; datis Ic vdlumede celte annee : C'csl (a, cliansunnttle, par M. le chevalier Coupe de Saint-Donat; Ic Fcndcn du Ifnnicau [Shuonnin); Api>e( mix Clianson- nicrs (Dusaulclioy); Jieaii Masque, je Ic connais (Barriere); Cc sera pour tine autic I'ois (Biaziei); I' Avcnir dc la France (Jules Desiay); J'ai perdu ma place ((!.); Ic Code des Modistes (l'\ de Courcy); la Boclie du Capucin (H. L. Gueiin); ks Pailneurs (Sinionnin); le Cliansonnicr vole (anonynie); la Tribune des Flonflons (Coupe dc Saint-Donal); Jc reus en snulialt/ (Jus- tin C); I'Jme du purgaU ire (Casimir Dclavigiie); Encore des A)nnurs{\Mi- ranger); VEnlgme de M. ,1. P. surl'anioui; El nous verrons aprcs (K, Ga- conde : pseud.) ; Tout petit (.lacinthe Lech re); Clilcti el Clial (feu Desaii- f^iers); Ic 7'f»ii.9(IIipp. de la Marchc); Jc tons avcrilral, maman (Ducrcstde Viilencuve); enfiii, la Dame suns nierci, ballade d^liciensc empnintec an i-ccucil curieux qu'a public M. Ferdinand Langic, sous le titre de Conies du gay scaimr (Paris, 1829; Firmin-Didot. 1 11-8" avec vignettes et lleii- rons antiques, dessiues ]'ar MM. Boiiingb n el Monnier). LITTEllATl'llE. r^O h' A Imanacli dcs Muses , doiil la redaction est coiiiiee a un liomme de talent, M. Justin Gensoul, continue a hitter centre des ciiconstances deta\oial)les, et, ne i>ouvant pres(Hie pins presenter de pieces inediles, a recueillir du moins cellos qui semblent ;noir obtcnu la sanction des jiigcs en niatii'ic de poesie. De la ces longues pieces couronnies par les acade- mies, dont le pniilic ne ralilie pas tonjours les arrets; du la ces noms trop prodigues, qui , coninie celni de M. Bignan , occupent chacun 25 a 5o pages dans le recueil. Vclcgie, ['ode et la faOte se partagent le lestc, dans une proportion a pen pri's egale. Sur i5 Tables, nous n'en avons trouve que deux inedites, I'line de M. Le Bailly, et I'anlre de iM. Agmel. Parnii les odes, nous en avons reniarquc une de Loiis xvui : c'est la traduction de la xiii' du i"liv. d'lJorace, Pastor cibn ira/ierel, etc. Les elegies, qui sont encore en inajorite celte annee, nous ontparu, en general, assez pales. Nousavons re- marque aussi deux contcs un peu prosaiques de MM. Men- NECHET et Famin; une liymne dIaFierge, de M. Mobcrakge; une ballade de M"' D£lphine Gay ; luie autre ballade de M. (^ a- siMiK Delavigne, intitulee le Conclave, et son Discours en r/ionneur de Pierre Corneille , deux pieces d'un merite , selon nous,bien dift'erent ; enfin, un sonnet assez mauvais, de M. Van-Hasselt. Mais nous ne savons dans quel genre de poesie classer une piece de M. Cordellier Delanoue, intitu- lee la Foule, et qui est tont-a-i'ait dans le goiit de celles que nous avons reprochees a I'editeur des Annates ron^antiques (voy. ci -dessus, p. 4^^)- H taut que cette piece se soit glissee dans V Almanack des Muses a I'insu de son editcur; ou, si c'est une concession qu'il a voulu faire a I'ccole moderne, elle n'est pas hetireuse, et nous croyons pouvoir I'assurer qu'elle ne lui reussira point : il n'a pas, pour caclier de pa- reilles pauvretes, disons mieux, de pareilles horreurs , I'en- veloppe brillantc dcs Annales romantiques. Edme Hereai'. 228. — * J^^ Historial du Jongleur : Chronit|iieset legendesTran- caises, publiees par MM. Ferdinawl IjA^Gti, et Eniilc Morice; ornees d'initiales, de vignettes et de fleurnns imifes des nia- nuscrits originaux; impriuic par Firnin Didol , pour Lami- Denozan, libraire. Paris, 1829; Firmin Didot, rue Jacob. In-8° de 237 pages; prix, 16 I'r. en noir; colorie, 45 IV. Dans un de nos dcrnierscahiers, nous enumerions, comaie une preuve de cette preoccupation bistorique qui laisse son empreinte dans prcsque toutcs les compositions de I'epoque, les divers rccueiis de legendes que la poesie contcmporaine a dcrobees au moyen Tigc : il faul ajoutcr a celle listc t'His- ■fSf> LIVRES niANCAIS. ti]r'ud (III Joiii^lciir. Sons ce tilie, MIM. Ferdinand Lanclk el Emi/c MoRici; out ruiini (jiialic cliioniqdes clout le sujet ajt- paitifnt! aiix xir, xin' et xn' siocles. L'eriidilion coiistifii- c'ieuse ties deiix aiitcurs lums leiid ces dillcreiites cjxxiiit;* dans toiite la midit'c originale de leiirs traits. C'est la IVodalite avcc la singulaiile de ses droits, les jiigemens de Dieu tels «;He It's I'aisnit le {;enie clievalercsqiie de la noblesse- leodaK;, ri}niversit« aaiiiiee de ki fouj!,iie indocile do sei? ecoliers , le royaiime d<; la T/iting avec sir Maarre Iru'rari-hic, les croisades cnlin, niais les croisades deja un pen efcoignee^j de levir I'er^ veirr pri-inilive. J.B caractere general de ce genre dccoinpositron- c'est lu coulcur locale; c'est celle qne tVuller Scott a repandue sur Ic costnme de sesheros; c'est a elle encore qne les edi^ lenrs do tllislorial ont eniprunte rilliision dc lenrs recits; inais c'est encore pen pour enx qne cette fidelite scrnpnleuse aux nioeurs, aux nsages et anx idees dans laquelle fValier Scott sc borne a chercher lu conleiir locale. MM. Morice eC AoHg/^'cmprnntent anx tcms(|u'ilsont vonin peindre jnsqu'aux del)iis de Itiir langage, el: a ces epoqnes on tont est inconi- plet, croyaiK es, idees, rnslitulions, rls restitnent les formes inachevees de leur laiigne naive et pilloresqne. On pourrait voii(|ncl(iiie temerite a cet «;ssai dcmc'oigue, s'il n'y avail dans le talent etia patience assez de rcssonrces pour imposer-la foi aux inciL'dules : loutol'dis il ne I'anclrait qu'nne lecture iin pc« suiviv de nos veri tables cbroniques pour assigner ;'i cbaque ex- pression dn Jonglfiitr sa date et son ori^fiTC. D'ailleru'S cetto illusion, au secours de laquelle uds auteurs ont appcle les formes snrannees de notre vleux langag^ , au- rait peine a iresisler a deux considerations emprnntees au pro— cede meme de bi coiuposition et aux secrets iutinies- de I'art. Et, d'abord, lisez quelfpi'une de ces legendes semees dans nos premiers historiens. Dans leurs eciits la couletu" locale consiste dans la naivete du recit, et quelquefois dans des al- lusions a »les fails et a des usages tradilionnels : ces. allusioits .sont rares; car le genre humain finirait par n.i plus s'tenteixlre s'il parlait tonjouis par allusions. Les editeurs de VHis-torial,. ne pouvant atteindre que par intervalle a la iioTvete, prodi- gucnt les allusions comme une garantie de la date de lenrs recils. Et c'est cet art nieme qui les trahit. Kn second lieu, je Irotn e dans les legendes du Jongleur tons les artifices de com- position qui apparlienneut a I'elegante regularite dn genie modcrne : dans les ecrits du vicux terns, Tinspiralion est lout, I'art pres(|ue licn : la pensco, improvisee commo le style, a le LITTtUATDRE. 761 laii-ser-allcr d'unc conversation t'aniilierc : cetle bonhomie disparait dans los oeuvres d'nne civilisation plus avancee et par conse<]nent moins naive. Lisez le livie que nons annon- cons : la faMc, nienagee avec art, se prcsente d'linc nianiere variee, tanlnt dans Ic cadre draniatiqne d'lin diaiog^iie, tantot avec le developpcnient d'nn recit progressif'et aninie. Le de- nounient pins moderne encore se revele par qnelqn'unc dc «'es loinics hrusqnes et inatlendues qni ajontent a I'interetdu ronian, en I'eignant de Ic laisser inconiplct : nonvelle infide- lile an caractcre dcs ccrits dii moyen age. MM. Movice et Lani!;le ne se confenlent pas encore de cetle illusion dccostnjne etde langage; celivre, qni senible retrouve dans les decoinhres de (|nelqne convent oiiblie, se presente I'l nous avec lout I'appareil d'un niannscrit des terns passes, avec ces caracleres gi le S(;'jonr aux eaux de li***) sont traduites de Falkmand ; la premiere de Schilmng el b.'s trois autres de de IM""' PiCHLEB , et deux, savoir : la. jeiine Avengle et Alice (ou la Sylp/ii/lc) sont iuiil(^'cs de I'anglais. (Celte (lerni(i;re est attrihu(^'e a la dnclicsse de F3evonsliire). La Decotiverte des eau.v- i/iertnn'es de ff^ei.isemliom-i^ est une ancienne tradition, tirtie du recueil inlituli; : i?oA-f (/(^^^//)c.s■.LessixautresJ\ouveil(!s,quion^■ (l) On tiouve, cliez Ic u)^iiie libraire, lo Robinson soissk, ou Jounuil d' une fdDullenaii fraj^cc nvcc ses en fan.1, pai M"" de Mo^xoLiEti, 5vol. ir.-ia ; iS IV., (I jiarla jiosle, iSff. Cut oiiViage est lui dcscadeaux Ic plus agiiia- blcs qu'oii piiissc fairc a la jeuncssc, pour clrcnncs. LITTERATLUi:. y65 pour litre la Ferine aux aheides (on los Lis), /e Chdlct ilea II nates Alpes, deux Feuillets de ynon mni Gustave, le jeiine Frtiilicr dii Itic de foax, les Aieux d'ltii misogynf (on I'eniiemi ries femiiies) et t'HUtoire du comle Roderigo de ff^***, nous soiit pirscn- les ,«aiis aucunc indication de source; mais tout nous donno lieu de cruire qu'ellcs font, comnic les premieres, d'origine allemande, car elies oftVent, peut-etre a lui plushaut poiiiten- core, les qualites et les defautsqui caracteiiseut la manieredes Allemands. II nous sem!)Ie meme que la derniere a etc I'objet d'une nouvelle version due a la plume eleg^ante de M. Loeve- Veimars , qui I'a placee dans sa traduction t'rancaisc des con- ies de Zscliokke. Quoi qu'il en soit , les lecteurs sont assures dc trouver de I'intcret et de la varicte dans le^JSouvelles que nous annoncous ici , et dont nous regrettons seulement, pour notrc comple, que la traduction n'ait pas fait disparaitre quelques details qui ne sont point dans Ic gout franoais. D'un autre cote, cette fidelite lui sera imputee a bien par ceux qui pensent qu'iuie traduction doit reproduire fulclement I'original , et c'est une opinion qui a pris assez de credit pour I'emporter, sans doule, sur noire sentiment particulier. E. II. 202. ■ — * Le tirredti Boudoir, par lady Morgan; traduit dc I'anglaispar A.-J.-B. Defauconpret, traducteur des roivians (le sir AValter Scott et de J. Fenimore Cooper, avec civile epi- graphe : t/e n'cnscigne pas, je raconte (Montaigne). Paris, 1839; Ch. Gosselin. 2 vol. in-8° de /i75 et 411 P'iges ; prix, 1.5 fr. Sans doutc, un critique morose, ou seulement severe, se- rait fonde a I'cprocher a la celebre Irlandaise, a laquellc nous devons Salxator Rosa et taut d'autres productions (pii lui out merite une reputation curopeenne, de n'avoir point voulu , cette fois-ci , prendre la peine dc composer un livre, et d'avoir abuse peut-etre de la bienveillance de ses lecteurs. Elle sc joue a la fois des sujets qu'elle traite, du public et d'elle- meme. Le contraste du plus absohi neglige, tres-aimable dans une jolie Icmme qui nous admet dans I'intimite de son bou- doir, et de la plus grande publicite, destinee a un ouvrage qui doit se faii'c ouvrir presque tons les salons et obtenir une place dans beaucoup de bibliotheques, a quelque chose qui deplait. Le public veut toujours ctre respecte. Et cepcndant, au milieu d'un grand nombre de passages tres-insignifians et de veritaldes niaiseriesj on trouve encore ra et la une foule d'observations jusles etvraies,de I'ullexions judicicuses, de piquantes saillies, des traits tout-a-lail carac- ;(i(J LIVRES FRANC VIS. tcrisliqiics de rocrivain qui nous ap])rend qii'un do scs amis do Paris. I'lin do nosconipalrioles les plussi)iri(uels, lui avail donne le sohriqiiot di' d? die de corps , ct cuiployait ce mot, plus que I'amilitr, dans des Icttres qn'il lui adrcssait. On est alors conduit a no pins savoir niauvais gre a raiilonr d'uvoir suivi son linnionr tanta^quf. d'a\oirlaissccoinirsa plume ca- priticusc, d'avoir onsuite abandonno a son libraire-cdileur, qui les a pnhlies ,sans clioix, ni discerneuipnt , ni rclranche- ment . et sans aiuun ordre, commc il les avail iccus, des pen- sees, des souvenirs, des i)oulades, des anecdotes, des conver- sations, des monologues, qui ne sont rattaclies parancun lien, qui pourraienl aussi bien Otre dolayes en vingt volumes que reduits a deux. On ne doit pas chercher ici rinterel, ni d'un roman, ni (i'une relation de voj'ages, ni de memoires histo- riqucs oubiographiques, ni meme de pensees detacbecs, dont chacune au moins pent olTrir une lecon instructive ou un su- )et de meditation. Co melange informc, ce bizarre chaos n'est pas neanmoins une lecture sans attrait. C'est une causerie decousue d'une lemme de beaucoup d'esprit, a la([uellc, mal- gre son plaidoyer paradoxal en faveur desmauvais livres (t. ii, p. i5o), nous dirons toujour* qu'uii bon ecrivain doit lacher de n'en publier que de bons. ^A'part ce jugemenl general sur I'ouvrage, ou plutot ce compte rendu, fidele et involontaire, de I'impression que sa lecture nous a laissee, autant on reconnait I'impossibilite d'en t'aire I'analyse, puisqu'il n'y a ni commencement, ni liaison, ni fin, autant il serait facile d'en exlraire beaucoup de choses amusantes, et meme plusieurs choses fort raisonnables. Dans I'embarras du choix, et forces de nous borner i\ citer (juelques litres de chapilres qui sont aussi des galeries de portraits : egoisme ct egotisme, lUchard Krwan, Ersldne, Cast- 1. rcagli, la ducliesse U^A Ibany, miss Marie-Helene Jf illiams, etc. , nous rappellerons I'opinion du cardinal Go^iia/r/ , « qui etait contraire au ceiibat ties pretres, et qui donna a entendre a Bonaparte, que, si le gouvernement francais demandait que le mariage fftt perniis aux ministres de I'Eglise gallicane, la Cour de Rome n'y ferait aucune objection, parce que, pour employer ses propres expressions, ce li'elait qii'un point de discipline (T. i", p. 5i3). » Avec cetle seule innovation, dont Bonaparte avail reconnu I'utilite, le clerge francais pouvail devenir aussi favorable aux progres des lumieres qu'il s'est montre, en general, hostile a I'esprit du siecle, et ardent a ser- vir le parti retrograde. Quelques vues sur les devoirs des meres, sur I'education, LITTJ^RATURE. 767 siir la tiulie imposoe aux criti(|ues, la peinture d'liii rout an- glais, dc plusieurs soirees de Dublin, de Paris, de Rome, de Florence, I'expression vivante et aniniee de seiilimcns tou- jours genereux pour remancipalion de I'Irlande, voeu en par- tie accompli, pour celle de la Grete, de I'ltalie, pour I'amc- lioration et le bonhcurde I'humanite, pourraient encore nous arreter, ct I'ournir la matiere d'lui long article. Nousprelerons laisser a nos lecteurs le plaisir oul'embarras de suivre la syl- phide legure dans ses excursions vagabondes ; ct nous pen- sons qu'ils aimeront plus d'unc I'ois a s'egarer avec elle. M. A. 233. — * Lettres de mistriss Hester Chapone d sa niece ; ou- vrage a I'usage de la jeunessc, traduit de I'angiais, par W'-'S.-U. Tremadelre. Paris, 1829; Lefuel. 2 vol. in-18, avec de jolies figures ; prix . 4 f''- Nous avons annonce, I'annee derniere, a pareille upoque, en les recommandant aux nii-res de ramilies, les Conseih d'tinc mere a. ses fliles, par lady Pensington, traduits par iM"' Trema- deure ; ils out la plus grande analogic avecles Lettres qu''c\le vient de publicr (voy. Rev. Etic, dec. 1828; t. xl, p. 752), etqui furent adressees par leurauleur a mistriss Montague (1). La premiere edition anglaise de cet ouvrage a parii en 1770, et mistriss Chapone est morte en i8oi. Comme dans I'ou- vrage que nous rappelons, les sujets les plus importans au bonheur de la jeunesse, et meme a son avenir, sont traites dans ces Lettres, pleines d'excellens preceptes ; I'auteur y parle tour a tour de la religion, des principales affections du coeur, de la maniere de les diriger, de la necessite de donipter le caractercy des chamies de I'etude, des talens qui doivent orner la vertu pcur la faire mieux aimer, enfin, des plaisirs purs et de tous les tems, de tous les ages, qui nous sont assu- res par I'instruction. Ces projets, jnesentes d'abord sous un point de vue general, se developpcut peu a pen d'unc maniere attachante, et avec une superiorite de pensee et d'exprcssion qui nous ferait balancer entre cet ouvrage etcelui de lady Pen- nington, dont nous devons egalenient la traduction, comme nous I'avons dit plus haut, a la plume correcte et elegante de RI"" Tremadeure. Une difference existe cependant entre ^1) Misliiss Ellsa Monlague, qu'il nc faut pas conf'oii(he avec lady Worthley Montague, est aiileiir de plusieurs ouvrages eslinies, entre auties, d'un Es.iai siir Sliahespearc el siir la fincsic dramaiique. -68 LIVRES TRANCAIS. «',«'s doiix ouvragcs , (lifteronce qui pcul sorvir a lour I'nirc ;i.s.'ij!;ner a cliaciin iinc dcsliiialioii pailKMiIiero : les Conscils /I'liiic lucre d scs filtcs Iraitcnt, dans (iiiclciiics clwijiilros, do l;i proiuiore ediicalion physiqno dcs cnfaiis, et paraissoiil dovoif s'adiossoi' phisspooialemeiit iuix joiiiies I'einmcs ; les Lettrcs (/c mtstriss C/iaponc d sa nUce conviennoiit niieux pcut-otio jiiix jciiiu's peisonncs qui ne connaissent encore los nomsdV- pouse et dc mtreque pour les avoir vns honores par cello (|ni Iciir donna Ic jour, et qui ignorent tons les devoirs cl tons ics droits, loutes les peincs et tonles les douconrs dc cos deux otals. INous ajouterons seulemenl, pour iairo la pari de la critique , ipic le petit catalogue ties liofcs d'cindc propres a otrc mis entre les mains des jeunes personnes (|ue la traductrice a jnge utile de donner a la (in de cot ouvrage nous parait susceptible deplusienrs modifications. IV ous I'enjija- ^eons a y pensor ct aconsulter qno](|u'nn qui soil a ]>ortee do Men Teclairer pour une seconde edition, qu(! son librairo lui i proiondes Jc riiivasioii ciiueniie que la Grcce. Diveist.s aiilrcs parlies de I'Fmope^ i'llalie, la Fiance, 1 K-pagiie, eiilrc aiilres, out cle coiiquises et devastecs pliisiciirs I'ois par les peiipiades l)arlKiie-i vemies dii INoid, el par les Arahes ; ccpeiidaiit, I'Espagne, la Frame el rilalie sonl, (jiiciqiie a des degres dillcieiis, des pajs riches et civilises ; c'est que les Aaiiiqiieiirs et les vainciis ont fiui par se I'ondre en v.n seul corps de nalion, goiivernc par les niemes lois. Dans tons les pays conqnis par les Tiircs, les vaincjueurs et les vaincus, qiioitpie foidaiil le meine sol, soiit restes distincts el toul-a-fait separes les uns des aulres; ceiix- la u-ant et .dnisaut, apres qiiatre sii'cles, dii droit de conqiiete, comme an jotir d.e la 1 icloirc ; ceux-t i, le front humilie et n'osant pins nieuic proiionicr le uiot de palrie, mais portar.t an I'oiu! dn Crcnr un dcsir (!e vengeance qui, nn jonr eiifin, ft'est exhale avee lineiir de Icr.r sein opiuesse, et Icur a mis lo glaive a la main. Cede position des denx peoples a\ail lait diie a ^1. de Conalil ce niot devenii propheticpie : « Les Tnr.s sont cainpes en Enrojie. »S;uis I'inlervenlion etrangcre, il est prohahle qo'anjonid hiii les llnsses anraieitt rei'onle en Asi« cette natiaen, 1829. Paiis, Lance, nic Cruix-des-Pe- tils-Cham}is, n" 5o. In-folio, velin, 55 pages, avec planches; }>rix, 10 fi'. Des tombeanx nons sonl restes des Ganlois, nos ancetres : ([iiehpies vases brises , des uslensilcs , cl ea et la ([nehp/es edifices nmis revelent ce que l^it Icnr induslrie, on pintot telle <\v leiu's vainqnenis. On est londe a iroire (pie les Cciio- maiis i^A nlcrci Ccnouiuid) I'ormaienl nn des p('ii|)les piincipanx de hi Ccltiipie; car ic: Ruiuains prolilcrenl plutOl des clabli.'- BEAUX- AUTS. 5-;5 yicnicu? dcja suhsislaus pour Ics aocroilii." <>ii Iv^ .iiipi(i|(rier ;'i Joiirs moeurs, (priis nc loiKliieiU dos cites, siiilotil dims ccllc panic (Urs (iiaiiUis. Allmine, aiijixiid'hiii simple village , aii- rait iile Ic cliel-lifii oi'i Ics coirpieraiis se seiaiciit traburd fixes; c'out ete scnhuuent vers la fiii du iT' siicle qii'ils au- iviicnt l)Ati le Mans; inais I'opiiiion de iM. Henouard, bihlio- tlu'caire do celte ville, nVst j'as iuconteslalde. Un amphi- ihealre deconviiiiiiiens nalioiiaiix, y ' eeonnailie les sigiies i'aracl<;ii»liqiie.s de ciiaqiie sieilc, disliugiiei la li aiisilioii et le iiie!ai*^;e f;i l.lMlliS Fii ANGUS. Tons Ics I'mgiiifiij Irouvcs dans Ic lit iMc:s as- soz bien posccs , do IVi.-es riilies et artistoincnt rmiU'es. On doit en croirc ^J. Daiiciin , pos.so>seiir dc ces debris, jdiis cn- rore que les lilbogiaidiics de la preinioif; livraison. II a fait )iri'cedor cIuhiik; plaiudie de iioles explicativcs, qui, cm- pieinli'S d'line sainc crrliciiic , sont paifois sinon basardrcs, all nioiiis lro}> peiidevclopjires. Mais raiclirolof^ii!? f)cnl ais(,'- inent Ics rectirier, 011 siippber c.c (pi'olit's ont criiironiplft. IJ'ailleurs, aiiisi rpio lo romar(pie M. II. Langlois, « il I'aal laisser dans les orncnicns de la cerauiif|nc antiqne inie pai t immense an eapiirc des ralui<'alcnrs. Comment vonloir an- jourd'bni en cxpliqner tons les sujets, qnand iles eslampes bizarres, des caricatures curopcenncs ^ qui ne remontent pa-' au-dela dn xvii' sitcle, seraient poui' nous dMnexpiiiabbs enigmes, si des textes plus on ni.oins ooncis, dout elles sont as- sez ordinairement aecompagnees, ne vertaient a notre se- CiUU's. » Ajoulons cpie les anciens , dnnt les religions deri- raient toules du tulle des piiiicipC'; [',enoraleurs, et qui pai' lenrs repas se conviaient a d'antres jonisr^ancos, vouhnent ^ oir, partout siir lenrs vases, les images i!e i'amour; ef anrnn stijct n'etait plus propie a (■nfianmier et a egarcr rimaginalioii des artistes. Assez sonvent les jouriiaiix annoncent des deconveries (i'oljjets d'anliipiite ; niais bientot ces obiels sont disperses ou di'laisses : meme il arrive que rignorance des dtkouvreiirs et la cupidite ties i'onileurs les dctrnisont. IS'os de-partemens pos- sedent des anli(juaires qui se livrent a des rci-bercbes de cc genre; leurs collections, ne serait-ce (jue pour Ics preserver des parlages de succession, devrnient genereusemcnt Ctre dcposces aux cbefs-lieux. A'y a-t-il que les vases etni.sqiies qui soient digues de I'atteulion des amateurs:' Faudrait-il, j)our accroitre le prix des poteiies ceuoimnes, dire qn'elies ont ete dei'ouverles dans les sables du Tibre, sous les cendics (ie Pompei'a, on parmi les d( coad)res d'Agrigenle? Que d'oi)- dos arc hitccUiies loinaiiK! el golliique. Afiii de iciiiplir ce viJe I'ans les eludes, M. de Cnuin;itil se pioposf; (le piiblier \'/lniilysc mcllioiliijuc (Ics ciiraclires qui dUtini^iienl les monumcns ccUiijiics, romains el da woyim Uf,'B, (let Diiviafje, divise cii six livraisoiis, coiiipusei a 2 Vtiitmies liiM", avec |.laiiclies et tableaux. On souscril a I'aiis, cLiz Lance, rue Ciuix-i'es Te- lils C;lia;iips , n" 5o, el cliez les piincijjaux lit)raii'es de la Amniandii- : p i\, f) IV. pi.u: eh a fj lie liv a:? in. T,IiAIJX-A:iTS. — LIV. en LAXG. t'lRA.NG. 775 )(ls d'antiqiiile ejjaleincnt curieiix; et instructifs recotivre en- core le sol IVanrais ! Ces consiflfratinns ne sonl pas les seiilcs (jiii aiigineiiteiU I'iiiiportaiice do I'oiivrajic de MM. Daiulin ot Caunionl : ils ii'eii oiil reserve que cent cinfiiiante excaiplaires pour la lihrairie. Isidoi'c J.esrsn. 208. — Etrenncs lyviqitcs, reeiioil de r(imaiicc.s et de noc- turnes piihlies par A. Romagnesi. Tari.s, 1829; A. P.oinagncsi, nie A ivieiin.e, u" 21 . Un ealiier oblong eon tenant loniorceauT, avee \ignetles: pii^, avecacconi[)agnement de piano, 10 fr.; avec ac('Oinpagnenieiit de gnitaie. 8 fr. La romnncc et le nocturne sont comnie la cluinsoiion Vcleu,ie des genres que le genie ncdedaigne point, et dont il a donne lui-nieme les pins henreux modiles : Mozart a compose les melodies de plus d nne romance celehre, ct Berangcr fait des chansons; mais il est possilde eni'ore, apres cpx, d'obtenir dans la menie rarriere des sneers ti'es-dalteurs. Ainsi, iM. Ro- KAGNESi a met if e, par nne fonle d'airs delicieux, une repu- tation qui, a Palis du moins , et dans les salons a la mode, a presque aulant de popularite (pie celle de Rossini ou dc Boieldieu. YA il n'est point le seiil. Au^si, son nom ct ceux de ses eollaborateurs MM. Amrilec dc licanplan, Lngoanere, Monpna, Paiilin, pourla innsi([ue; de M.M. Grenu'r, y . ytdam, Le Cinniis, Mnin, TfHier et Tirprntic, pour la lithographic, recommandent-ils sulTlsanuiient au publ'c le charmant album qu'ils lui presentent pour les tlrennes. Livrcs en lani^ues etrangdres , imprhnf's en France. 339. — * Illstoire nnttirelle c/<; Pline ; tradn(;lion nouvellc, avec le texte en regard , et des notes ; par A.tasson de Crvkd- sacne; accompagnee de notis sur I'asfronomie, la meteoro- logic, la physique, la geographic, Tarcheologie, la bofaniquc, la miueralogic, la matiere medicaic, les Beaux-Arts, etc., etc.; par une sorieic dc Farcins; annolce, pour la zoologie, par M. le baron G. Cuvier. T. ii. et in, forniant les 2?>"' et 25'" livraisoas de la Collcciion des Cla.^siqnes Intins, publiee par C.-L.-F. Panckoccke. I'aris, 1829; I'anckoucke. 2 vol. in-8''de4o2 et 570 pages; prix de chaque voLime, 7 fr. (Voy. Her. Enc.y f. xui, p. 5:8, I'annoncedu premier voliune.) L'inlerrl el 1 iniporlame. pour les naliualistcs, d'c.ne bonne traductionde Plinc, accompagnee des annotationset des eom- mentaires qui peuvent eclaircirle texte, est une chose univer- !-ellcment senile; maiscetfeentrepiisc presentede grandesdiln- 7;(> LP. Ills 1:N LANCLlvS ETHWCJEUES ciillos. lir;m(li'ait. pi inrrt'xocii tor con venal dement, Ic ronroitis ties naluralislcs s[ieiiaiix Ics pins ltal)ilcs el ies ])lus conscieii- cieiix; sonsce rapport, M. Ajasson s'cst(>ntt)nre (leWcancoupdc luuiieres : pour Vioiis tiiaii? Irs details snivaiis d'une l)rocl)urc qui KiAlS-LiNIS. 7;;) ?!(!■;« a ('•It' envovrc d'Ainei'i(|iie (1) et qui parait Otrc Ic re.sul- IhI do recliorclics approlbiidies «ur ct'ltc maticre : il sera cii- rieiix de les comparpr a qiichjiies dornmeiis sur Ic iiu'inc, siiici, |ud)lies dernitTcmeiU cii Anglctoii'e et ni France, el parmi lesqiicls nous citcions surtoiit les traA'auxde M. IIali.i- i)\Y (voj- ci-apri'S, p. 784)? el 1111 article de M. Esquirol, dans les yiiiiuiles (riiYi^u'iie piiliiiqiie ct tie nihl linc lfcij!^iicmcii;i sin- cinc[ ctabii^semeiis pii- liiirs dans les Etats (fie iSew-York, de Pensyhanie et de C(in- nei'ticnl, I'aulenr donne le ta])lcau snivant des cures (pii y out ele opcrees pendant un nomhre d'aunees plus on nioins consitlerahle : ni..l.i,lr>. Giu-r.s. Asilc jioiii- !es alienes, a_Nn\v-Y(,rk. i/SI 700 on 44)iD sur 100. Asilctlcr.lo()iiiiiifr<1ale (Etal de New- Voik) 1,045 4'^6 4 '580 Ilopilal (If PeiisMvisnie 5,4''>7 ijaSj 55, ()6 AsHe loiide par la Suriele (!<;s Amis, y>r("s de Pliiladeli,!ii<; (2) i5S .« 33,54 Asile efc Connecticut ipfi mo 5i,oi Tciine inoyen dcs guerisor.s 4i )5o sui- 100. D'apres le D' Catprr, qui a examine les rapports des prin- ripanx liopitaux de France et d'Angleterre, on pent etablir les propoi Ijons suivantes : Kn France, sur ICO aliOnes 44>'''i sont gueris. En Anglelerie Jj/to id. II pent y avoir qneUpic erreur dans ces ijeneralisations ; anssi citons-nous ici les releves particidiers de (jneiques liu- pitanx de divers pays. Nnnibie .1p ma. todcs K.hiiis. (;..pris. AsiledeCork, en Irlande (i7;iS-iSi8 . 1,451 75i uu52,49sur 100. Sal|)etiiere et Bictlie, a Paris (1801- 1821) i2>5y'- 4)'jCS 3o Avcisa,. pres Naples (i8i4-i823) 29,70 llopilal de Senevra , 4 Milan (1802- 1 826) 58 (Iliareiilon. pres Paris (1826-182S) 33 !i(;dla!n, i Loiidres (1817-1S20} 54 Saiiil-Luc, a Lundrcs (iSoo-iSic)) !^G (0 Limnlic asUiims in the L'nilc'l-Stiilcs. — Ce quelqups tlaL-lisscuiens jiQur les uiieues dans les Elal!>-Uiiis ; par T. Uuincvx Beck. InS" de z5 pages. (7.) Oil sail q>;e la Sociote dcs A;;iis, oi; Quakers, a fonde 3i Yoik u!i etablissenicnt pour les alienes, que les uiedecins ar-glais et amcrirains cileiit SDUVenl c mine ni; mod;lc dans ce r^'eitre. ^80 ihATS-l NIS. Diipn's Irs calciils dc divtirs aiitciirs, on comiilc, Fii T''o(>ssr, III) alii^iiL- siir 4<)() lialiilaiisi. A I'iiiis, 111) s43 1 2,24l> Oil environ iin alicnc sur 720 habilans. (I Nous nc possodons, ajoule I'antcnr, dans ri'.tatdo N<'w- Yurk. qu'un scul etablisscmcnt public qui est loin dc sndiic pour les soins reclames par tant d'in fortunes ; jusrpie versees derniers teins, on avait menic conserve Tusagfc de rcnfernier les alienes et les idiots de la classc pauvrc dans les prisons des conites, ou dans les maisous particulieres. En avril 1827, la Ic- •iislatuie adopta unc loi qui defend I'cniprisonucment dc tout idiot ou aliene, nieme des fous finicux, dans unc prison on dans unc maison de correclion. Dcs peiues severcs soul prescrites contrc ceux qui violeraient celte loi. L'utilitc dc celte mcsure est deja prouvee par les resultats. Dans le comtc d'Albauy, on a prepare dans les niaisons de pauvres [Alms- Ilousea) des appartcmcns commodes, senares du gnmcl corps de logis, oil Ton recoit les alienes ; dans le comic dcWasbing- ton, des fonds ont etc votes pour le mcmc usage. Toutelois, en approuvant les efforts deji\ fails vers cc iouable but, nous ne pouvons nous empecbcr dc remarquer combicn le systemc adopte est dcfectucux en lui-mrnic. 11 n'offre point de soins sullisanspourla guerisondes maladcs, ct ceux-ci,d'ail!eurs, ne sont pas assez rigourcusemcnt renferracs : ainsi le public n'est pas a I'abri des funcstes attentats anxquclspcuvent se porter les maniaqucs iiirieux; puis c'est le moyen le plus dispendieux dc veiiir a leur sccours. Ce systemc a etc pratique ties en grand en Angleterrc; et il suflit, pour lecondamner, de renvoyer anx recbcrcbcs qn'on a faitessurla condition des alienes dans les maisous de pauvres dc ce pays — oL'anlcur tenuiue en pro- posant de fonder, dans cbaL'unc des grandes divisions dc riitat, dcs elablisscmens dont le but nc serait pas seulemenl «roiTrir un asilc a CCS infortuncs , mais oi'i ils trouveraienl lous les soins qui peuvciit les rendre a la saute, a la raison <"t a la socielc. vO On pounail aiscnicnl disKilci ICxaclihidc dc cc nunibrc AFRIQLE. r8i AFRTQUE. Egyi'te. — J'oyaf^es scicnlifKjiifs. — Noiis avons laisst'; la coinniis.sion iscifrdilHiHc, diri-^ee par iM. (Ihami'Oli.kin, elalj|i<' • laiis la vallee tk' lJiljaii-c'l-iMoiil(iii(;k , pies cle Tliel)es. La douzirnn; leltte de ce savant rcnreruif ilo j;raiuls drlails sue Ics nioiiiiinons dt- Silsilis {^GlicbeL-seisclcU). II y lioiiva Iruis cliapclles tailli-es dans le roc, el qui apparticmiciil a la iiclle «''[)()(|(ie phaiaun'Kpie , puis line suite de tuinheaux (pii remonlciit aiix pieiiiiers Pliarat>iis de hi xv ni" dyiiastie ; eiiliii nil speos oi'i soul beaucoup de bas-reliel's d'liue haute iinpm— lauee pour I'liistoire, et notaminout pour riiistoire de Scsos- Iris. A Edl'ou , deux temples dii teins des Ploleinees altirereiit ralleution de !a coinuiissiou : tons deux sunt lenipiis de Jjas- reliel's reialil's a la luytliologic egyplieiine : ils soul reniar(iua- bles, sous le rapport de Tart, parle mauvais gout qui y regiir. — ^A Elelhia, on trouva des reiiseigiicnipiis pretaeiixsur la vi«r domesticpie des ligyptiens, siir ragiieultiire. Plusieurs scenes de laniiUe, peiules sur les niurs, soul accoinpagnees d'inscrip- lious. M. Chanipolliou donue uiie chausuii qui setrouve ecriU; au-dessus d'luie seeiie agrieoic : le l)attage des grains. Cesl uiie allocution que le couducteur des ha-ui's est cense adresser a ces aniuiaux. «Battex poui- vous (tw) — 6 boeiits ! — bailee pour voiis {^bis) ■ — des ])oisscaux pour vous, ^ — des boisseaux pour vos niaitro».i)Onreinarquera sans tluute, a celle occasion, rancieniiete du bis , qui senible s'elre conserve dans les chanls populaires de loutes les nali(jns. A Elelhia , la commission I'lil assaillie par line pluie tres-aljondaiile ; «nous pourrons,ajoiil»? iW. (Ihampollion, dire coniine lleiodole ; de noire lems, il a plu en Egyple.n A Esneh, la conimissi'in etudia le grand tem- ple qui sert mainliiiiant de inagajin jwur le colon tin j)acha. el siirlout le celebre z,odiaf[iie du plaloiul qu'an I'aisait re- moiiler a uue liaiite atiliquile; Jl. Chainpollion esl, an con- traire, couvaincu que c'esl le plus moderne de cuux qui exis- tent encore en Egyiile. 11 pense(|ue la cunslruction du j)ronaos d'Esneh ne remoule pas an dcla de rempereur Clautle; ([iie ses sculptures, et, parmi elles le zudia(|ue, descendent jus- qii'a Caracalla. M. Cham[)()llion trouva dans le palais de Louksor lies notions mythologiciues qu'il traiismet avec detail. Les hypogees de Uiban -el-Moulouck qui onservent des sculj)tures el ies nuiiis des rois pour les(|.iels ils iurent cieu- st\<, sonl au nunibro de stiz.c, el uni leafeijne ic? corp/* de$ ;83 AKUIQIK. idis (|iicls ces tOiubes oat eie creusecs. (lette nit'ine vallec i enfernic peut-etre encore le dernier a»ilc de-i rois llitlains des anciennes epoqiies. « J'ai fail dessiner/a sale des priip/es, liguree dans un des L'as-relieis de la preinitre sallii a piliers du tond)eau d'Ousiroi 1". Osi a voulii, d'apres la le- j>ende, representer les habltans lU' I' 'igypii' cl cenx lies conirecx etrungeres ; et HvTus pouvons ironver la I'linage des diverse* races diiomniesconiiiies des Egypliens, et apprendre en iueme terns les grandes divisions etluiograpliiques ctahlies a cetle cpoqiie reiidcf,'. » II y a (jiialrc laces bien disiinctes : les lionimes de la premiere sunt de couleur rouge i^omhre ; ils oiit ]<■ iiez aquilin et nne longue dievelure naltee , et soiit vetus de bianc; l,i legende les ilesigne par lo uom de RoT-iiN-NE- i'lOME, la rare des honnnrs, les honimes par excellence, c'est- a-dire les Egvptiens. Les hoinmes de la seconde race ont la peau basaiu e . ie luz fortesricnt afiuilin, la b;irbe noire, a!)on- dante, et terminee en poinle, des veleniens com ts el de cou- leurs varices : ceux-ci portent le nom de Namou. La peintiiri! suivante ne presenle aucun doutc : on y reconnait la race negre, qui est designee par le mot jSahasi. Enfm, la der- niire race a une peau blanche, de la nuance la plus delicate ; ](• nez droit ou Kgcreincnt voiisse , les yeux bleiis, la barlx; l)londe ou rousse , a tail!e haute et tres-ela'.icee ; les hommes sont latouos sur diverses parties du corps, 6t converts de peaux de bceiifs, con.-ervant encore lem- poil : ce sont de ve- rilables sauvages; on les nonuiie Tamsksxi. D'autres tableaux analogues a celui-ci indifpieiit que la seconde et la quauit;me I aces sont celles de TA^ie et de I'l'lurope. La quatorzii'nie Icttre de M. Chanipol!i()n estdaice de The- bes, 18 jiiin. II annonce qu'il s'est parlicuiiirement occupe d'eludier un monument cclcljre, connu gcneralemcnt sous le nom de tnmbcau d'Os mandyas, ct qu'il appeile li/iiiiiies^avn, du nom de son foiidateur, RJiamses-lc- Grand. Ce moiiument n'avait jamais etc dccrit d'une mauieretres-exacte; sesdiffcren-j exploraleurs ignoient pour la j)lupart le sens des legendes qui peuvcnt Ibiiriiir sur lui uvii renseigne.Tiens pr/'cis et clair-. M. Cdiamps mi ciinuitoro si pardciilior, rntoiil virila- bleniciil (li'sliiH'Os ;'i Iciiir (If j;i"iii(l(!s assrinhlces, soit polili- (|iics, soil roligioiiscs, c'esl-a-(lin>, ce qii'on iioiuniail dcs pu- itci^yrifs, on reunions genrralcs. » Ceci pcMil <"tre I'orl iililn a la ronnaissanco dc raiUi(|iiil(; cy;yj)ti(:iiii('.. iM. Ciiainpollioii , coiicliiant sill' la giainii! (|iu'stioii aj^iU'o eiilre It's savans a roecasioii tin moiinmenl d'Osymaiidyas, u! (jii'il cxislc aii- joiird'lmi, et tcl (|iie Ic dccrlt Ilecalic, Icrmine partes mots : « Dedciix cho.es rapports des fonclionnaircs civils portent Ic nombrc dc ( cs int'ortuncs dans ccs deux pays, an i'' octobrc i; et revaliiiUion d£s alienee dans ce pays, laite par I'antenr d'apres les ienseii^nemen.s fjournis par les differenJcs paroisses, donne 5,65'i, ce qiii jw;jmct d'e- tablir la propnrlion d'iin alicne sin- 5^'| bajjilans. On tronve encore, dans eette bj-ocliure, dcs tables couma- ralives, inontraat le uondwe et la proporlion dcs alienes et des idiots dans douKe comtes , on la majorite dcs habitans est employee a Tagriculture, et daais doiize autres on oulte indiis- ti ie n'esi pas la plus {>eaera]c. Dans le premier cas, I'anleur a clioisi les comtes de Bedford, de Berk, d« Bncks, de Cam- bridge, Hereford, Lincoln , iSorfolk, Noriliamplon, O:\rord lUitland, Suffolk, AVilts, dont la population rcjuiie s'clcve a 2,012,979 baliitans, savoir, 98;),35i du sexc mascidin, et J, 0-23,028 du sexc leiniuin. Le nonibre lolal des idiots et des alienes y monljc a 2,526, dont 453 alientjs, et 75o jdiols du sexe mascidiu ; 571 alienees ei 702 idiotes- Les comtes non ^igricoles, qui out ele compai'es aux precjjdens, ,sont ceux de CornouailJes, de CLester, de Derby, Durhauj, Gloucester Lanca.-Lie, Norduimberland, NoUiugliam, Slallbrd, Sonuuer- -set,York(Westiliding),"\VarMick.Leur population totalee.stde 4,493,194 babilaiis, savoir : 2, 195,700 liommes et 2,297,44 \ iemmas. Siu' CjC noxiTbre, s* Irouvcnt 3,910 iiliots et alienes dont 1,011 alienes ctc)i7 idiots du sexe masculin ; 990 nlie- iiees I't 99'2 idiotes. — Done , la proportion des alienes a la populaiiou toialc est, dans le premier cas, c'est-a-dire celin ■senl pas de celle liberie qui, en initianl la jeunesse a I'in- dependance sociale , la conduit aussi qnelqnefois A de deplo- rables erreurs; enfin , des prelats et des hommes en dignite ont piis le College du Roi sous leur patronage; mais, encore nne fois, rien de force : si quelqu'un se Irompi;, la concur- rence est la pour tout redresser. Des citoyens se reunissent pour donncr a leurs cnfaas reducation qui leur parait la plus CnANDE-RllKTAGNK — ALLEMACNF. 787 salulairc : lo poiivoir .s'assnre que les lois soiit rcspectecb : il y aiirait de liiitoleraiice a troiiver a rcdire a la divergence des theories ct des a[)piii;ations. Quo! qii'il en soil, l'Univer.site de Loiulres s'eleveavcc iincgraude niagiiidcencxssescours, don- ties par des honuaes liahiles, par les Hewitt Key^ les Gcori^e ■Lan^ , lt;s Thomas Dale, les Von Mniiknfcls , \ca Hunviiz, les /iell,\mGilclti ist, les Ros{'n, les Mac Catlocfi,\e'J^anlncr, etc., xiltirent deja les audilenrs nonihienx et avides de savoir , tpi'iin recucil poriodiqne, intitule : TUe London University Magazine, dont Ic j)reiiiier caliier a pani en octobre, est des- tine a lenii' an couianl de la mar^lie de r«nseignement. An y.5 tevrier dernier, le nonibre de> sonscripteuis, pour la crea- tion de rUniveisile montait iV i,5'»7' 1^*^ "^on cote, le College •du lloi , sans avoir nne croissance anssi rapide , consolide de jrE. US Am.E.M AC.\E. Foiies Foiirs de Paqiies. de St.-Micbel. i8i4 979 ij^Qo ^oSg 181.5 • 1 ,71? ' >777 975 1816 ■ — 1,85 1 ■•>997 1,200 »8i7 2,126 2,545 1 ,1^7 (;,6(',s 7,')oc) 4,:),, J 788 EUROPE. AnniKg. NOMBBB DES LIVnKS EN Frakcf. k:k Allemagm!. Foires Foircs (le P.iques. dc St. -Michel. D'aiilre part. . . G,G6« 7,609 4'"'99 1818 a,.i:Si 2,294 i,4«7 1819 2,44' 2,648 1,268 1820 2,465 2,640 1 ,3i8 18a I 2,617 3,012 985 1822 5, 114 2,729 1 ,554 ,82J 2,687 ''558 1,751 1824 5,456 2,870 i,64o ,8j5 5,569 5,196 i,64<) 1826 4)547 2)«>4S 2,o56 33,775 02,204 I'^^jogg > 5o,5o5 En France. . . . 35,775 Tixcedaiit pourrAIIeuiagne. . . tfijSiS Et dans cet excedaiit ne sont pas compris les ouvrages an- nonces comme etant sous presse, qiioiqii'ils remplissent, dans les vingt-six catalogues des annees indiquees ci-dessus, jus- qu'ii 785 pages : ce qui, en adinettant que chaque page con- tient I'annonce de yingt-cinq ouvrages, porterait le nombre to- tal des livrespublies etannoncesen Alleniagne a presde 70,000, ou a plus du double des livres publies en France ! Par contrc, la progression a ete plus rapide en France, puisque le nombre des livres qui out paru en 1 826 est plus du quadruple de celui de 1814 ; tandis qu'en Allemagne le nombre des livres de la premi«;re annee ne se trouve pas meme double. On voit que, de ces treize annees, celle qui en Allemagne a ete la plus productive, est I'annee iH-i.6 ; c'est en i8i4 qu'il y a en le moins de publications. Le catalogue le plus fort est celui de Paques iSaS ; le plus faible , celui de Saint-Mi- chel 181 5. Supposons qu'un homme voulflt lire tous les ouvrages qui ont paru dans le courant de ces treize annees, quand meme it lirait, I'un portant I'autre, chaque jour un volume, il ne lui fuudrnit pas moins de cent quatre-vingt-onze ans cent-soixante- six jours. Le nombre des auteurs pent s'evaluer approximativement a la moitie dti nombre des ouvrages ; ce qui donnerait un nombre rond de 35,ooo auteurs. Mais, comme treize annees ALLEMAGNE. — ITALIE. 789 ne sont pas la moilie d'une generation (celle-ci fixee a trente ans), il I'aut au moins doubler le nonibre a raison des dix-sept annees restantes, et dire que TAlIeniagne a presentemcnt 70,000 auteurs qui ecrivent, out eirit ou ecriront encore. En donnant a ce pays 4o millions d'habitans, cela fait un auteur sur 5i 1 babilans. {Nouxelle Revue Germanique.) ITALIE. Statistique. — Tabieat des siiciDEs quLont eu lieu dans les provinces lonibardes depuis 1817 jusques et y compris 1827, redige, sur des documens oflkiels, paj* le celebre sta- listicien Melchior Gioja (i). NOMBRE DES Sl'ICIDES QXTI OST ZV LIEl' DANS CHAQT'E ANNEE. NOMS des .817 1818 • 819 1820 l8v!l 1822 1825 1824 1825 1826 1827 Beri;amc. r> 2 1 5 I 6 3 4 9 5 6 45 Brescia. . G » 2 7 1 7, 4 1 2 4 > ^0 Come, . . 5 » I a 2 6. I 4 6 3 - 3? Crcmonc. 2 I D 2 5 2 2 6 2 1 it 27 Lodi . . . 9, I I I 2 I I I 1 - 2 20 Mantoitc . ■>. 5 2 3 2 3 2 4 .■) 4 4 54 Milan . . iG 8 1 1 1 1 7 1 1 9 9 26 •4 •4 • 46 Dans la villc. ? ; ? 1 1 6 7 7 9 26 1 1 23 99 Pavic. . . 1 2 11 1 0 1 4 1 3 2 18 Sondiio. . 1 » » 0 1 4 2 • 1 2 4 A^. D. En coniparant ces iiombres h ceiix de la populatiun totalc de chaqne province, d'apres le recenscnient de 1S36, nous ariivcconsaux. r^sultats suivans : (i) Ccs donnees sont cxtraites du Tableau physique, moral et politique des elnq parties du mondc, qui formera le complement de V Atlas ethno- firaplilque du globe, public parM.^rfnen BALBi,auquel nous devons cette nouvelle coniniunication. r<)«- flrrffia „o^i tV.me Pnvif Iu.ri;nn>c P.fnntniie. ('rcmotic. .' Snnilrio Milan, avoc la biinlieiie. Idem, sans la banlinie. . V.IUOPV.. ?l().MFnK D'ii/iniT\>s Ijy Ji'innr. par AXiNhr en iiSa6. siir 7>3-;,()j2 mii^Tifi liabil it)8,9a6 U)C),4lO o58,885 ""'ui9 ■ i<>o47 01 ,oS4 55..,5f)4 85!, on 544,i',9 7q,o85 i7,S,,565i -•■S7^7 S4,68i f ;(■),.■; 7) 7 46-,438 ar,,,..7 1 1 8,000 i8,iii a,3io,a55 ■ Les popiilrttions agglonuT/'Os mnnifrslcnt ici les flTcfs de In Ontajiion qui s'yconcpntrt', ot y exerce sa teiTil)k' puissance. On volt anssi qti'il I'.e rant pas lonjours s'arirtcr anx resiiltats que Ics chiU'res seiuhlent ollVii' an premier coup d'a-il; ils ('oiyent elre sonrais anx vcrificalioMS du raisonnenient, comma Ionics les productions dc rintclii;j;cnce. A ['inspection des ta- hleanx de !M. Batl)K on anrnit cnncn imc Irop lionne opinion lie la province de Sondrio; le rcsnpie qn'oii Anient de [»resen- ter la I'ait dcscendre a ravant-dcrnier rang;; la capitale seule ;» le Iriste privilegt? de-i'cmportcr giir cllc en calamitcs mo- lales. PAYS-BAS. Un onvrage nouvellemont pnblie (i) rcnferme plnsienrs docnmens cnrienx snr la ]iarlie administralive ct snr I'etat .''tati'^tiqne dii Hainaut. L'instrnclion pid)li(pie, ic cnlte, les institutions de bienl'aisance^ les nnnes, les travanx pnhlics, les finances, I'indnstrie et le commerce, etc., ont ete snccessi- rement passes en revue. 11 serait a desirer que les Etats des I'Mtres provinces snivissent r©xempie de cenx dn Hainant ; ils fourniraicnt des renseij^nemrns prt«i(»nx ponr la statistique dti royannie. Nons ij^noroiis si Ve.rpofi^ que nons annoncons cxiste dans le commerce. Dans le doule on nons sommes, nons presenlons qnelqnes details qni pourront pent-elre in- tercsser. (i) E.rpofc de la s'lli/alinn tie la province flu Iininaiit en iSaS, si3«is le rapport d(! son adminislrafion, pii'spnfe ajix Llals proviiiriaiix, clans (ciii' s»>sei in ,?)?.!) 1,266 praliqut-e inoyennant paicnient 2,5io i,S52 On estimait que la population elait de Sjfi^fiao ;lmes, dont il taut retrantlicr 870, montant des pertes de la province par I'eiTet de changemcns de domiciles pendant I'aniiee. II y a eu dans les communes ruiales 3,43o mariages ; dans les villcs 928; et il n'j a eu qu'un seul divorce. Sur le nomhre des habitans, it s'en trouve 121, 545 dans les villes, et .^53,207 dans les canipagnes. L'etendue de la province est d'environ 373,470 bonniers, qui presenleat 10;), 078 maisons habitecs, ce qui donne environ cinq habit ms par inaison. Le contingent ordinaire de la province pour les milices a ele de 1 ,417 bomnies, et le contingent extraordinaire pour supplier a ccux qui manquaient en 1827 a ete de 77 hcuiimes. Les icYcnus desadministiutions de bienl'aisance, consislant en dotations. coUectes et suljsides, se sont eieves dans les villes ;'i 150,429 florins, et dans les counnunes a 249,122 florins. D'apres un releve de la situation des hospices au 3i decembre 1828, il se trouvait dans le IJainaut 39 etablissemcns de ce genre ; leurs revenus s'elevaieiU a 299,484 florins, et leur po- pidation etait de 3, 602. Les budgets des hospices des enl'ans Irouves et abandonnes, approuves pour 1829, presentent les resultats suivans : a Mnns. a Toiir.iay. Hospices I Ei.fans trouves 1,207 5S7 exislanl en 182S. J Kiifaiis abandonnes i-i5 68 Voici I'efat numeriquc des eieves qui frequentaient I'Alhe- iiee et les colleges de la province au 3i decembre 1828 : Internes. Externes. Totaux. Cliiinay \7> 25 38 IJincke 2.8 57 85 Tournay 102 2/(0 34* Alli 3i 72 i"5 Fiif^hicn 8 .19 47 Moiis ^G 1 70 226 Tliiiin (il 2;) 90 S(.i-i;i.-s 7,ir> 3i 2.15 Wiarlerov » » K> 7..3 KL'IIOPE — PAYS-I5AS. — FivAxNCE. Moils finiitms en ii)(]i(]iiant la (jiiaiililc ile grains expoiliV csiiiuicen livres dcs Pays-«as. Fronicnt 4.714,045; seij,'le Sjvjio; avoino (i6,(>oo; sconij;eon ir).r»oo; orge i52,4(»Oy ilicaulro 27,000; on n'a inipmlc que 180 livres de froinent. A. QUETELET. FUANCF. DISTPARTEMENS. Abbeville (Somme); Sociele royale d'cmulatton. — Aix (BoixnEs-Dii-RnriNE) ; Acadcmie dex sciences, agriculture, arts et htlles-lettres. — Boubg (Ais) ; Societc d'emulation, d'agri- culture, sciences et arts. — Caen (Calvados) ; Societc des An- tiquaires de Normandic. — Dor ai (Nord) ; Societc centralc d'agricullure. — Le iAIans (Sarthe) ; Soeiete royale des arts du departemcnt de la Sarl/ie. — Roues (Seise-Inferieure) ; So- cietc libre d'cmalation ue Rouen. — Vannes (Morwhan) ; So- cietc potymat que. — Noviinalions acadhniqiies. Les Societt'S sa-vanles et lilteraires de ces diffcrentes villes, ainsi qiieTavaient I'ait precedemmentcellcs d^ Amiens (Somme); de Caen [Calvados), Acadcinie royale des Scietu-es, et Soeiete linncinnc; de C/wlotis [Marne) ; de Lille (Nord) ; de Marseille [Bouclies-du-Rhune), Soeiete de Slatistique; de iMetz [Moselle); de Nanles [Loire-hifericare) ; d'Orlcans [Loiret): de Siras- hourg [Bas-Rldii), out adresse, depiiis tine annee, des diplu- nics de niemlne correspondant a M. Mnrc-Antoine Jilliew, de Paris, londaleiir-diicctenr de la Revue Eiieyclopediffue, eu h>i expiimant le vif inltrft qu'olles aciordcnt a ce recneil, qt;i lenr parait une entreprise emincnnnent nationale et d'li- tiiite puhiique, destinee a presenter pen a pen une statistique morale et intellcctuelle , a la fois progressive et com paree , de toutes les nations civilisees et de toules les parties des connais- sances humaines. La phipart des Socieles savanles, litleraiies, pliilantropi- qnes , non-seuknient des chefs-iienx de nos departemens et des principales villes de France, inais, aussi des pays elran- gers, etablissent des relations suivies avec la Revue Encj clo- pi'diquc, poiivlni fonrnirdes renseignemens snr !eurs travanx. et snr tout ce qni oaracterise, dans leiirs locnlites respectives, les progres de ragricnlture, de I'indnstrie, des sciences, des arts, de rinstrnction priiuaire et pnhliqne et de la civilisation. — Nous aimons a saisir cette occasion d'exprimer noire re- connaissance anx Societcs dont la corrcspondan-.c est plus re- DliPAUTEMENS. —PARIS. 793 g-ulurc ct plus riclie en documcns ct en fails intcressans ft iiistniolit's, et d'exciler Ic zele patiiotique iles Societes f|iii se- niicnt (lispnsoes a nous honorcr de Ictn-s coiiiniuiiicalions, pour nous aider 11 completer ct a perleclionner I'execution dc notre plan. PARIS. IxsTiTiT. — Acadcmle dcs Sciences. ■ — Seance dti iG notembre 1839. — IM. Gat-Lussac fait connaitre quedepuis qu'il a an- nonie qu'il se I'urme de I'acide oxalique, lorsqu'on traite par la polassc un giaud nomhrcde substances vegetaleset anima- les, il a reconnn qu'il se formait aussi, en general, de I'eau et de racidc acetique. • — L'Academie procede a releclion d'un membre pour reuiplir la place devenue vacantc, dans la sec- lion de chirurgie, par le deces de M. Pellelan. Sur 5i yotans, au premier tour de srrulin , M. Larrey obtient ig voix, M. Roiix 17, RI. Edwards 10, i\l. Brescliei 1, MM. Cloquet, Lis franc et DidrochctchacvMi nne; au dcuxierae tour, M. Lar- rey a 34 voix, M. Hou.r 21, et M. Ed'vnrds 6: enfin , au scru- tin de balottage, M. Larrey :\jt\nt obteuu 28 suffrages, ct M. Roiix •i'5, M. Larrey est deciaix; clu. ■ — M. Cordicr {a\X. un rapport sur Ics collections geologiques, proveuaut de I'expe- dition de VAstrolabe, commandee par le capitaine d'Urville. " Ccs collections sont le resultat des reclicrches actives et du icle eclairc de MM. Q0OY et Gaymaf.d, medecins de I'expedi- tion. Eilcs secomposent de 187 especes de roches, ou varretes principalcs, qui ont ele rccueillfes dans 22 contretis diflereii- tes. Le noiubrc des echantilions est d'environ 900 Apres des mineraux provenant de Gibraltar, d'Algcsiras, du pic de Teneriffe, on remarque la serie des roches qui proviennent de I'Ascension et qui donaent unc idee trrs-detaillee de la cons- titution de cette ile (jui est prcsfpie eutiirement volcanique. Les iles dc Saiute-ireieneet deliourbon , dout la nature vol- caniquea ete dcpuis long-tems const.itce, out, aiusi que le cap dc Bonne Esperance, fourni plusFeurs eclianlillous (|ui ai- deront a conqileter les notions precedenmient acquises sur ces conlrees. Plusieurs echantilions de mimosite , pris a Tile aux Cailles, pres de Madagascar, annonoent sur ce point, dont la nature itait inconnue, I'existence d'nn vicux terrain volca- nique demantole. 190 echantilions appartcuant a 18 especes ont ete recueillis, pendant les quatre relaches qui ont ete el- fectuces sur une etendue de cotes d'environ 700 licues, dans la partie mcridionalede la Nouvcllc-Holhuidc. Les roches re- 7.j.'f -FRANC H. < iiciliics ;'i I'ilc (](■ Dicijicn ct a la iNoiivelle-Zclande cinpnin- Ifiil uii iiilL'irl jiarliculiiM (.k'coqueccsiles soril, claiiscclto par- lie (III nionde, Ils ileiuiercs giandes terrci qn'oii Iroiive en se rijijiiocliaiU dii piWe aiUnrctiqnc. Lcs reclierchc.s zoologiques (ies natuialistes de rexpetlition n'ont pas porle picci^emeiit .-iir I'ilc (Ic Dieiueii, luais siir les lies i)(aiia , (pii soiit an slid- es!. et siir les iles \Vaieii qui en soul an nord. On a ic- eneilli dans la petite ile Blanche, (pii se I'ait remarqiier, pres de la cille nord ilc la Nouvelle-Zelande, par lcs I'limeions de la sollatarc qn'elie rcnt'erme, des mntiercs volcaniqnes pins (in moiii« rt'ccntcs, qui aehcvent d'attester I'exislence d'ua vdlcan jnsqn'ici a pen pres iiiC(ninu. Les iles de Tncojiia ct de > aiiikoro, d(!'soiniais ct-lilnes par le di;sastic de I'expedition tie Laperouse, el qui sont entonrees de iccil's niadix'porifpies (in'on as.-nre dWc de lornialioii tont-a-lait inoderne, n'ont of- Icrt (jnc des niaticres voicani((iies qui, par lenrs caracl»';res , scmblent appartenir a la ptiriode des terrains tei'tiaires... P^n- dn, les (jchantillons, an uonibre de Go, qui ont etij pris dans lcs Molnqnes, aiix iles Celiibe , de l^cr et d'Auiboine, sunt tons d'originc volcani((iie. 11 I'ant citer panni ces roehes iin alunile siliciteie, aiialogne a ceini (pi'on exploite, dcpnis nn lenis imnnJinorial, a la ToU'a, dans les Elats loniains. Tels .-onl lcs resnllats dc I'expil'dilion de VJslrnlalie pour les col- lections gi,'o!ogi(ines. On trouvera ces lesnUats nonibrenx si Ton vent considercr ee qn'il titait possii)le de laire en ce genre j'cndant niie cxpiidition pnreinent maritime et consacree, pen- dant les rclaches, a beanconp d'antres recherchcs extn'mc- jiient diilV'rentes. On leslronvera importans, si Ton laitallcn- tion a la vaiiele des lienx irobseivalinns, a leiir position ic5[)eclivc a la finlace dc la terrc, vX aux grandes distances «jni lcs scparent. 11 est a dcsircr, dans rintcrct de la gcfjogie, que AlM.Qnoy et Gaymard pnisscnt bicntijt puhlicr la des- ciipiion de ces collections, et laire connaitrc lcs details pre- cieiix (in'ilsont rcnnissnrles gisenicnset snrle rc'ile fpi'il lantal- Iriiiiicr a cbiupie cspcce ile roehes dans lacoastitntion des pays on dies onl ctercciicillies. » — l>t . Diimrril, an noni d'line ccnn- mission,coniposce(le Iniet de MiM. Maicndic, Boycr, Sevres el Flotirens, fait nn rapport snr nn Memoire de M. 1\igal, ayant ]>onrlitre : Dc lade.slntclioninecaniqtiede.s calni.ls i c.siran.r. u I'ar- iiii les instnimensqne JI. Rigal asoumis a Tcxamende lacom- niission , les iins Ini sonl propres, les antrcs offrent des nid- ('ifications, en general hcnrenscs, de ccnx dont on se servai'. deja. La conmiission, apies les avoir examine? ct assisle aii.v < s-ai-s dc iilholiitic qn'il a fails .-nr le cadavrc, a reronnn ,s cliasser an dcliors. Le resnilat de cc* essais a jnslifie les preventions fa\oral)les que fait naitre la vue dcs inslruniens »|ii'il a imagines ; ils reiiiplisseiit part'aitenienl le but auqnel il les destine. (Approuve.) » — Dn 20 notcnibrc. — M. Cordier annonce, dc la part de M. SIarcel de Sebres, de Monlpellier . la decDUverte de cinq iiouvelles cavernes a osscmens , a Fanlian . pres de Cesserac, a qnelqucs kilometres au nord de la rillc de Bize (llerault), parM. PiTORE, jeunc niedecin. Les ossemens sont tres-noin- Urcux, etaiipartietnient, en general, adesespeces perdues. Les plus comtiinns proviennent de Vnrsus spcr.Lens et de Varsits nr- idldeus. lis sont intimement nieies avec des debris dc poteries grossieres, etconlbndus dans un linion rougeatrc, analogue a ceini qui, dans les cavernes de plusieurs parties de I'Eui'opc, rcnrcrnic des aniniaux d'especcs perdues. — L'Academie pro- cede ci I'election d'un acadeniicien libre, potn- reniplacer M. Dahi'. II y a 5^ votans ; au premier tour, M. le general /(Oijn/rti reunit iG voix; iM. Costaz, i4'^ M. Lamandc , \f\; M. Desgenetfes, 5; M. de Forlia, 4; M. Haxo, 1 ; M. Scguier fds, a ; et M. Busclie, 1. Le deuxieme tour donne a M. le general RogniaL , 20 voix; a 3L Lamande , 18; a iM. Cos- taz, j4: a M. Desgenettes , 1. Au scrutin de ballotlage, iM. Rogniat obtient 5i voi3i,-et M. Lamande ^ 25 ; en conse- quence, le general Hogmat est elu. — M. Becqierel com- munique a I'Academie diverses especes de decompositions observees par M. John Davy , sur des monnaics et des ar- mures antiques , lesquelles sont analogues a celles que Ton oblient avec les principes electro- cliimiqnes. II presente en m?me terns un morceau de cliaux sidl'atee, couvert de cris- taux de t'er sulfure, obtenu par les memes principes, ainsi qn'une lame de picmb couverte de p!omb carbonate. Ces substances ont ie meme aspect que cellos de meme nature qu'on trouve dans la torre. — Duoonoreinbre. — Mir'^BoccnAUDAT fait connaitro quel- ques r(!!sultats des travaux laisses iuiparl'aits par iM. Vauqi i;li>, et qui concernont surtout I'analyse des eaux potables. — M. DrLONG lit le lapport de la commission cbargoo de don- ner au gouvernemont les niDyens les plus convonables d'cm- poclicr IVxplosion des macliines a vapour. L'Academie arrele, que le rogistre des obsorvalions qui ont scrvi de bases a co rgfi ruANCE. travail sera imprime. ■ — M. Latreille fait im rapport siir iin IMtinoiie dc IM. iMii.ne Kdwards, lelatiFa quelqiies nouveaux cruslatts. « Ce travail aiiiidiue, aiiisi (jiie ceiix ilont rauteiir nous a fait precedenimpnt li(imina}rp, nno grande habitude dans I'art d'obscrver Ics organe.s les pins dd-iicats, nnc atten- tion exlirnic a ne rion omeltrc dc ce qui pent conlrihner a la connaissancc de I'ohjet, et nne grande exaititnde dans les descriplions. » L'Acadcniie appronve le Menioire de M. Milne Edwards. — M. Geoffkoy S.hnt-Hilaire presenle des obser- vations snr la duplicile d'e.xistente dc Ritta-Christina. — Da 7 ilcccmbre. - — MM. ile Prony tt IWirier font nn rap- port snr nnc niontrc presentee par M. IIebillier. « L'autenr ne s'est pas propose d'apporler de nouveaux perfectionne- niens dans I'art de I'liorlogerie ; niais son onvragc se distingue par la nature des inalieres qui ont ete employees, et par les dilficnltcs, la delicatesse et la perfection du travail. Cette nionlre, dont los dimensions sont assez petites pour qu'elle puisse elre portee an cou par nne dame, est presque entiere- ment execntee en cristal de roche. La transparence de cette substanc e permet d'en voir le mecanisme interieur. Les deux roues dcnlees qui conduisent les aiguilles sont en cristal; les antres rones sont en melal, pour prevcnir les accidens qui resniteraient de la fracture dn grand ressort. Toutes les \is sont laraudees dans le cristal, et tons les pivots toiirncnt dans des trous de rubis. Le pont et la piece qui forment rcchappe- nicnt sont en sapliir; le balancier est en cristal de roche, et le spiral en or : l'autenr attribue a la faible dilatation de ces deux substances la regularite du niouvement de cette montre ; niais cette reniarque ne pent etre appliquee avec justesse a I'or, dont la dilatation est sensiblement pins grande que celle de I'acier. II est facile dc concevoir les diflicultes qn'on a dfl renconlrer a exccnter, avec les pierres les plus dures, les pieces delicates qui enlninl dans la composition d'un sem- blable ouvrage. L'execntion de cette montre suppose un pro- giesremar(|uablo dans I'art de travailler les pieriesprecieuses, et doit faire atlribuer a l'autenr beancoup de talent, d'adressc ct de perseverance. » — M. Geoffroy Saist-Hilaire lit des considerations snr la duplicite d'^istence de la fille bicephale Ritta-Christina. — M. Pi'issant lit un Memoire intitule : Noiirel es.iac de trigonometric splieroidiqae. — MM. Magendie et Smart font un rapport sur le traite de M. Deleau, concer- nant I'emploi de I'air atmospherique dans le diagnostic, le pronoslic et le traitement de la sindite, etc., etc. « Les pre- miers chapilres dn traite de M. Delean sont consacrcs a des PARTS. 797 considerationssuric r61c que joiie I'air clans roreille moycnne ; et il s'attache d'aboiil a inontier que la force elastiqiie de ce fluide, qui remplit la caisse dii tambour et les cellules mas- toidiennnes, a uiie influence considerable sur le degre de finesse de I'ouie; que, quand cette force est moindre ou plus grande que celle de I'air exterieur, TouTe est dure. Une consequence naturelle de cette observation, c'est que toute lesion qui enipechera Tintroduclion de I'air dans I'oreille moyenne, devra determiner une surdite qui ne pourra dispa- raitre que par le rctablissement de la libre circulation de I'air. Or, plusieurs maladies de I'arriere-bouche, des fosses nasales, pen vent produire une obliteration ou un retrecissenient du pavilion et du canal meme de la trompe d'Eustir.KK if":«9. 5i Sui FUANCE. operant par le ptocoile onliiiaiie, ct lo prix de maiii-d'tiRiirre, tpii. dans cf dornicr cas, seiail do !2me grando injustice eommise par une des administrations preccdentes el lion reparee par cellos qui I'onl suivic. L'audiloire olait assoz nombreux nialgre la rigueur de la saison. M. Leon Thiesse, secretaire-general , a ouvert la scanco par nti rappori dans ic- PARIS. 8o5 tjHicl il a su Ibi I habilcment eviler los dtjrautj^ ilii gcnic ; cc luorocau a parii court, ct I'oii ne jieiil assuroment rien dire dc iiiiciix en faveur d'l.in rapport d'Acadi'mie. Quclqnes pieces de vers de MM. de Moii!c.ieii III par M. BerviUe, qui a In pour son compte un essai sur le travail^ ccrit avec cetlc gracieusc facilitc dont I'auteur a donne des preuves nonilireuses. M. Tissot a paye s^on tribut par la traduction d'une touchaiite clegie de Theocrite, ainni que par une curieuse notice sur Denon; M. Viennet, par inie sc^nc de sa tiagcdie de la Ligue, qui a produit une vive ini- pre.-^.sion sur rasseniblce. C'e^t la seine des h,iats([\\e I'auteur avait choisjfi ; celle scene est largcnient dessinec; il y a de la couleur et du niouvement. Kf)us citerons seulement ces vers prononces par Ic president Lcniaitre. pour protester, au noni du parlement, conire ces doctrines pcrnicieuses qu'on a renou- vclces de iios jours, et conlrc lescjucllcs I'auteur est appele a lutler ailieurs que -t^ur la sc^ne , avec cet accent d'un patrio- iisme encrgique et loyal qui lui a nierile I'estinie des amis dc la liberie : Diisse-je des ligiieurs m'allli'nr le conrroiix, Kt Ic sort Af. Biisson, dont j'occupe la place, De srs vils meHitiicrs je bravo la nitnace ; Kt chef du parlement, je protcste avec lui, Conire lous Ics abus qiiVin invoque aujourd'hui, Lps vieilles liberies, dont la I'"rancc est pourvire, ItejcHent ces pouvoirs que l^oinc s'altribue ; Et longtenis avant nous nos aieux et nos lois Pes caprices de Rome ont ailVanchi nus rois. P. A. D. Ivsiitut chreslomailiiquc. — On trouve sou vent dans les col- leges des eleves tpii , rebntes de la dillicultc des langiies an- cieuncs, et s'acciistnt eiix-ineines d'un non-succes, dont la CiUise est toutcnticre dans le travail qu'on leur avait impose, renoncent a tontes les connaissances utiles qu'ils pourraient acquerir, et se privent ainsi desressources qu'ils en pourraient tirer. C'est a cux siuiout que M. Uiv.vvD offrc nn moyon de rc- j^arer le tcnis qu'ils ont perdu : il compte oiivrir, au mois de jyii\ier prochain, dans son institution, (ruedu Val-de-Grucc, 8ot> lUANCE. n° i), line divij^ion specialcinciit dcstiiU'C a ces jeimcs geiis, et i\ tons ceiix qui vciilent arqtierir une education eomplele, sans y laire cntrer !es langues ancienncs. Les etudes y seront dirigeespar M. B. Ji llif.k, ancicn pro- fesseurdc rlietoriqtie, dont iios lectenrs out pu apprecier I'cx- perieni'o dans lout re qui tient a I'ediicalion , el le zele a exa- miner et apprecier tnutes les metliodes ([ui peuvent accelercr on facililer Tacqiiisilioii des sciences. Le plan d'etudes (pi'il a redige a cet eflVt emhrasse, dans To plus petit espacc de terns, tout ce que doit savoir nn hoiunie du nionde, c'esl-a-dire : quant aux sciences litteraires, la lan^iie et la grnmmnrc francnise , les (Hctnens de la critique et de I'art Wccvire^ et les deux langues conunercantes, Vanglais et Vallemand ; quant aux sciences exacles, Varil/niirliqae aveo la teniie des livres, Valgebre , la geoniHrie, les deux trigonome- tries, \a ptiysiiiue et la r/(t»i/<; ; quant atix sciences morales, Vtiistoire et la gcograpiiie ancienncs et modernes, Vidcologie, la logiqiie, la morale, et les elemens du droit natiirel. Le tenis sera, en outre, partage de maniere a ce que les eleves puissent, si les parens le jugent convenable,en consa- crer une parlie aux Beaux-Arts, sans que des etudes pins se- rieuses on soufTrent. Mais, ce qui distingue ce cours d'etndes de tons les autres, c'est que, des Irois annees qu'il en^brasse et qui introduisent une nouvclle division dans chacune des sciences que nous^ avons indiquees, les dcrnieres siipposent necessairement les premieres : mais celles-ci, a leur tour, sont tout-a-fait inde- pendantes des autres, en sorte que, a quelque point que Ton s'arrete au bout de la premiere, de la seconde, on de la troi- sieme annee, les connaissances acquises fonDcnt loujours un ensemble complet et un cours d'etndes speciales termine. Theitres. — Theatre-Fran^ Ais. — EUsabeik d'Angtcierre^ tragedie en cinq acles de M. Ancelot. (I" representation ; vendredi 4 decembre. ) — La fin tragiq^ue du comte d'Essex, de ce favori dont I'amoiir d'une reine eleva si haul la tori une et fit tomber la tete sur un echafaud, causa une assez grande sensation, meme hors de I'Angleterre, et cette sanglante ca- tastrophe ne tarda pas a de\enir le sujet de ronians et de pieces de theatre. In auleur anglais, qui en avail fail wnc nouvelle, inlilulee : Hisloire secrete de la reine EUsahctli et du comic d' Essex, se servit du ressort de cet anneau qu'Elisabeth. dit-on, doima a son araant pour rassurer sa Icndrcsse inquiete. PARIS. 807 el qui dcTail elre puur liii le gage certain dii pardon , gi jamais il anivait qu'il se rcndit coupable enver.s la reino. Celte anec- dole , dcdaig'iiec d'al)0itl par les iH.sloiiens , iut cependaril acciieillie par llunie, qui s'cfforce dc proiiver son autlicnti- cile. Quoi qu'il eii soil, elie est diainali(|iie , et tombe tout naturelieuient dans Ic domaine des poetes dc tlu-atre. La Cal- pi'enede, cot antevn- gascon, cliez qui tout a t'liumear gasconne, .s'il faut en oroire le salirique, est le premier qui se soil eui- pare de ce sujet, et son Coinie cCEsscx fut joue en 1659, Ireute-cinq ou Irente-six ans apres I'evenement. La tragedie de la Calprenede n'est pas dcnuee de tout interet, et il a lire «|nelque parti de Tincitlent de I'anneau. Chez lui, Essex a quitte Jflizahelh pour la fenime du ministre d'Ltat Cecil, a hupicUe il n'a pas ete plus fidele , si Ton en juge par les soup- cons el la colere de cetle rivale d'Elisabelh, que les sermens d'E^sex ne rassurent pas. Cependaut, lorsqu'il voit sa perle resolue, il se conlie assez en I'amour de cette femme outragee pour la prier de rcmctlre a Elisa])elh la bague a la(juelle son .salut est attaclie. Le premier niouvement dc M°' Cecil est de laisser mourir le perlide qui I'a trahie; elle balance cepen- dant, et (init par se decider a demandei- conseil a son mai'i, Icfiuel est renncmi capital dii comle d'Essex. La bague, en effet, n'est point reudiie a Elisabeth, (jui laisse executer la fa- tale sentence, et qui apprend trop .lard, par M"" Cecil dcscs- peree et mourante , qu'Essex avail implore son pardon. On voit lout de suite condiien c'est une coml)inaison pen drama- tique d'aA'oir suppose le comte d'Essex egalement perfide en- vcrs ses deux maitresses , et d'avoir rendu JM"' (^ecil son ennemie, plus encor§ qu'lilisabcth. Thomas Corneille, qui traita le menie sujet en 1678, se garda bien d'employer I'an- ncau, que, dans ses tausses idees sur les convenances de la scene, il trouvait sans doute au-dessons de la dignite tragique. II remplaca Tamour adultere de M""' Cecil })ar I'amonr plato- niquc el glacial d'une duchesse d'Llon , l)ien innocenle. inais bien ennnyeuse ; enfin, sa piece, jouee par les comediens de I'hotel de Bourgogne, obtinl du succes , malgre I'absence presquc complete de vcrile liistorique, dc naturel el de palhe- tiqne. L'abbe Boycr, qui fit jouer aussi un Comle d'Essex quel- ques semaines apres, I'ut inoins heureux. Sa piece elait cepen- dant plus dramati(pie. II prit les idees el la conception de la Calprenede, dont il copia nicme un assez bon nombre de vers. conrlisans el la colcrc de la reine, elle «c livre en IVoniissant i une passion dont clle n'est plus niaitrcsse; et Tamertnuie des reniords empoisonnc dans son eo>nr les dolices dc raniour. Cost an commencement du second acle qn'Essex hii donne ranuean qu'il a recu de la reine, et cc gage d'anionr, (jiii pent sauver sa tote , il en fait un gacrifice a la tendresse ja- hinse de la duchcsse, sans Ini dire tonte Timportance de ce pi-escnt d'nne mailresse coiironnee. Ce n'est qn'an qnatriemc acte, lorsqu'Esses est condamne amort, qn'iine Icttrc de lui revele a la dfichesse I'usage qn'elle pent laire de cet annean pour hii sauver la vie. Mais le dnc de Nottingham a snrpri^' Ic fatal secret, ilsait qn'Ks.se:^ a eu cettc nnitmome nn rendez- vous chez sa foDime ; il ajtprcnd que celle-ci tient crvtro se%s mains la vie de son amant , et il nc permct pas qn'elle porte a Elisaheth cc gag© de saint. La dnchesse le conjure a genoux; clle se livre aux transports d'un desespoir qni ne fait que le rendreplns inQexilde; et il interrompt ses supplications en luj mnntrant, au fond du theatre, son amant que des soldats con- dnisent an parlement oi^ Ton doit lui lire sa sentence avant I'ex^cution. Ellc parvient copendant a s'echapper, et, qnand eile remet la hagne a Elisabelh, celle-ci ordomie qu'on sus- pendc le supplice; mais il n'est pins terns, la lete dn favori est tomhee. La dnchesse expire de douleur, et la reine, re- ponssant toutes les consolations de ses femmes et les hom- mages de ses conrtisans, declare que son rogue est fini et que Jacques est roi d'Angleterre. Nous ne chicaucrons point Tauleur sur la vorito on la vrai- soniblance de qnolques-uns des incidens de son drame; nous tnous pour piincipe que la crili(iue doit eire, sur ce point, PA!; IS. Su) liirgo ot fiwilo ; n);ii> it n'onc.xl pas dc inC-int' de ocs grands ca- I actires Insluriqiics, dont !oiis la dictee do la raison. C'est la ime regie (|iie IM. Ancelot a sacrifiee a un eflet, lorsqirapicvs avoir nioii- Ire le due do ISotliiigliaiii desiiant passionnenicnt voir Ic due d'Esscx libre uu senl instant jiour lui doniander raison de I'onlrage (\u\l en a recn , il le montre bientot apres non mains ardent a envoyer ee rival ;'i reehataud, en empechant (jue la hagne ne soit icmise a Elisabelh. Maintenant que nous avons fait la part de la critique, nous nous emprcssons d'ujouler qu'il regno dans cet ouvrage un inlerel Ail', conlinu , passionne. Ce sont des scenes Aeritablc- ment pathetiques que celles ou Nottingham snrprend sa lemme an milieu dc la nuit, lorsque Essex vient de la quitter; cellc oi'i Elisabeth remet A ce mari Irompe I'echarpe qui est ponrlui lapreuve de son onti'age ; celle, enfin, oi'i la duchesse, ([ui tient entrc ses mains le saint de sou amant, le voit con- (luire a rechafand sans pouvoir le sauver. C'est la une situa- tion aussi neuve que theatrale , et les situations neuves sont rares aujourd'Iuii. ' Peut-elre Ic lectenr va-t-il s'enquerir si Elisabeth est une Iragedie classique on romantique. C'cst une tragedie clas- sique; seulement, le poete semble s'elre applique a delendre le style, et il a meic dans son action qiielques-uns de ces traits de la vie commune qu'affeclionncnt les imitateurs de Shaks- pearc. Mais ces petites circonstances, pom- ne pas ressembler a un placage, veulent etre adroitemenl fondues dans Taction, et y tenir de maniere :'i produire quclquc eflet, et a laisser un vide si on les utait. C'est ce qui n'arrive pas ici. Neanmoins , Jilisabcili d' Anglclerre est, selon nous, le mcillcin' ouvrage de M. Ancelot; il est ecrit avec elegance, conduit avec habi- Ifte, et seme de beautes vraiment dramatiques. Celle piece, qui a renssi sans opposition, et qui , dans un autre terns, eut attire plus de monde , a ete bien jouee; l^l"" Leverd compose bien le roled'Elisabeth : mais die rend avec moius de bonheur i'emotion que la (lignite; et Lafon exprime avec beancoup d'energie I'indignation dont il est renipli, et qu'il est I'orcc de dissimuler aux regards de la reine. — Les Incousoinhlrs, cornedie en mi acte et en prose, de M. Scribe. (Premiere representation, mardi 8 decembre). — PAULS. 811 Ccs iiiconsolahles sont iinc jciine veuve qui a recu, il y a deju long-tenis, la nouvelle de la morl de son niari, mais qui ne se consolera jamais de sa perte ; et un jeune liomnie qui, pret a se marier, a vu sa lielle fiancee enlevee par uiie mala- die soudaine, et qui veul niourii- pour la retrouver. Le hasard fait que les inconsolal)les se rcncontrent dans luie solitude oil I'un et I'autre vienuent s'ensevelir ; la sympatliie ilu deuil el de la tristesse les rapproehc ; ils pleureiont ensenil)le , ils seront I'un pour I'autre une societe conf'ornie a leiu" douleur, et qui n'cffarouchera point les lai'ines. Ils se sont convenus au premier coup d'oeil ; a la secoude entrevue les voila qui sont necessaires I'lui a I'autre ; si bien que, lorsqu'une lettre arrive, dont la suscriplion est de la main du mari, la dame se trouve mal, et le monsieur se dcsespere. Mais ce n'etait qu'une fausse alerle : la lettre qui vient d'Amcrique, ot'i le mari est bien reellement mort, avait ete ecrite la veille de son deces, et elle est apportee par un de ses commis qui pcuf. certifier le fait. Alors les inconsolables, qui ont deja douue quelques symplomes de consolation, laissent voir que la con- solation sera bicntot radicale. II y a quelque chose de fort triste dans cette revelation de la fragilite des attachemens les plus respectables et de la vanite des douleurs les plus exaltees. Le regret des personnes qui nous ont ete clieres est un senli^ ment dont on ne voit pas avec plaisir nier la sincerite, c'est un culte dont I'abjuration cbagrine, surtout lorsqu'elle est si soudaine. M. Scribe s'est trompe en espelrant y trouver un effet comique ; il n'est pas impossible ( Marivaux et JM. Scriiie lui-nieme I'ont plus d'une fois prouve) de rendre ngreable aux spectateurs le Iriomphe de I'amonr sur une convenance sociale; mais, sur un sentiment moral, la chose hcnreusement n'est pas si facile, et cependant, pour arriver avec quelque vraiseinblancc a son denoflment, M. Scribe a mis en usage toute I'adresse dont il est done; il a use de toutes ces inge- nieuses preciutions dont I'arl lui est si bien conuu; le succ6s etait impossible pour toutlcmoude, lui seul pent-etre pouvait evlter une chute. II y a meme pinsieurs trails d'observations et une scene tout enliere qui ont de unanimement et juste- ment applaudis. Cette scene, d'une conception heurcuse et d'une execiilion parfaite. est celle oi'i les inconsolablcs sont amenes tout natureliemeut a jouer ensemble un air de danse, et a essayer quelques pas pour en marquer la niesiu'e. Ouoi- que la piece ait ete fort bien jouee, et que M"'' 3hirs s'y mon- Ire, comme partout, extremement haliile a faire valoir les in- fiii FRANCE. loMtiijns ilu poclc. le succcs a clc coiileslc cl I'ouvragc n'aina fjii'tiiic eourlc existence. — Oducin. — jMon Oncle le Bossii, conicilio en iiu ado et on prose, par MM. Melesville et Lafontaine. (Premiere rcpre- seiilalinn, niaitli i" deccmbic.) — C'esl nne bliietle qiii a reiis.t encore irrite par un autre monslre dont il est epris, el qui est digne, en effel, d'etre aime de Neron. Poppce, qui vil avecrempereurdans un doublcaduUere, a hale deporlerle litre d'imi>eratrice, etdc faire repudier Oclavie. Agrippine, an contraire, vent mainlenir un hymen qii'clle-mCnie a conclu, ct ruiner le credit d'ujie maitresse qui lui enleve le sien. C'est pour soutenir cette lutte qn'elle reparait a la cour, d'oii cllc etail eloignee depuis la morl de Britannicus. Elle amene avec el!e Oclavie, personnage qu'on ne voit pas. La cour est a Baia ; INeron, couronne do ilenrs, cnvironne de comediens et de belles esclaves, y celebre avcc Poppce la fete de Mincrve: c'est iiu milieu des jcux et dcs voluples que la mere ct la lil;ulics.lis eii Aiiglelcne sous Ic litic dc comics dc rtiiibiokc cl Monlgomeij. NEC110L0G1>\ 8,^ grand-due deToscane. A la fin du siecle dernier, iVI. J. Spen- cer Smith, et son frere, sir Sidney Smith, signerent, comnie ministresplenipotcntiaresjle premier et,nouslecrc)yons menu-, le seul traite d'alliance de I'Angleterre avec hi Porte. Lorsqco sir Sidney qiiitta Constantinople, en 1799, A bord du vaissean de guerre le Tigre, sa helle-soeur, Constance, hii remit, sur le pont memc, nn etendard qn'elle avail Iravaille de ses propres mains, et qui devait, qnelques semaincs plus tard, flotter sur les murs de Saint-Jean-d'Acre. C'est a ce fait que se rapporte une strophe du poeme iulituh'- : laDetirranced'Acre, parM. de Hammer, et qui parul la meme aniiee, 1799, sans nom d'au- teur ni indication du lieu d'iu)pression. M"" Smith se trouvait a Venise. en 1806, lorsquc les Fran- cais se rendirent uiaitres de cette vjlle; elle I'ut arretee. comme femme d'un minlstre anglais, d'apres un ordre en- voye directement de Paris a iMilan pour la laire conduire en France; mafs a Brescia elle trompa la vigilance de ses gardes, et parvint, avec beaucoupde peine, et a I'aide dedc- guisemens, a sc soustraire aux poursuites dcs autorites Irancaises, et a regagner I'Angleterre I'annee suivante. En traversant I'Occan pour se rendre de nouveau d'AnHeterro pres de ses parens, en Allemagne, elle fit naufrage^siir les cotes de TEspagnc. Corame ce pays etait alors en guerre avec les Anglais, et qu'elle se trouvait a bord d'un navire de cette nation, on la conduisit prisonni^re a Cadix ; mais le con^d d'Autriche lui fit obtenir la permission de se rendre a Gibral- tar, d'oCi elle alia rejoindre son beau-frcre, qui avait alors un commandement dans la Mediterranee. Pendant ce voya-e elle sejourna quelque terns en Sicile et a Malte, ou elle vi't lord Byron, qui lui adressa une des plus jolies pieces de vers qu'il ait composees pour des dames. Dans une lettre a sa mere, le noble poete en parie aussi avec les plus grands eloges : « Je confie cette lettre a une femme tres-extraordinaire, dont vous avez sans doule enlendu parler; c'est M"- Spencer Smith, herouie d'uneaventuredont le marquis de Salvo, sicilien, a pubHc une relation ily a quel- quesannees. Depuis cette epoque, elle a encore fait naufrao-e- et sa vie a etc, des le principe, si feconde en accidens remar- quables, que, dans un roman, ils paraitraient invraisembla- bles. Elle est nee a Constantinople, oii sonpere, le baron Herbert, etait ambassadeur d'Autriche. Depuis son arrivee ici, je n'ai presque pas eu d'autre compagnie. Je I'ai trouvee tres-johc et extremement originalc. Bonaparte est encore si T. XUV. DECEMBRr 1 82q. 52 8,8 NECROLOGIE. coiirroiice contre elle, que sa vie coiirrait qiielqiie danger si elle etait prise une seconde fois. » M"" Spencer Smith etait d'autant plus digne de I'liommage du barde anglais, qu'elle avail elle-raeme un talent poetique tres-distingue. Elle a compose surtout des vers francais dont le charme et I'elegance remplissenl de surprise, lorsqu'on songe qu'ils sont I'oeuvre d'une femme qui avail a peine passe quelques scniaines en France. Nee sur les rives du Bosphore, M°" Smith avail toujours conserve pour la mer im amour plein d'enthousiasnie. Sentant approcher le termc de ses jours, elle voulul revoir encore une fois I'element qui lui etait si cher; et, inspiree de sa presence, elle retraca, dans un po^nie en trois chants, intitule : Dcrniers adleax d la mer, loules les emotions qui remplissaienl son ame. Cette produc- tion, eminemment remarquable el empreinte partoul d'une vraie sensibilite, assure a son auteur I'un des premiers rangs parmi les dames etrangeres qui onl cultive la poesie fran- raise. Le passage suivant suffira pour juslifier eel eloge : o 11 faut done, sans espoir, que je te quitte encore, O mer que j'idolati'e, 6 miroir de I'Aurore! Et ces trisles regards que t'adiessent mes yeux Sont leur dernier honiniage et mes derniers adieux ! Le premier de mes jours naquit sur ton rivage; Tu vis mes premiers pas s'essayer sur ta plage; Et ces jeux innocens, et ces petits courroux, Et ce lire enfantin dont le charme est si doux! Ainsi mes jeunes ans pres de toi s'ecoulerent ; Ainsi mes piemiers pleurs i tes flots se mfilferent. Si le sort sur ta rive a place mon berceau, Pourquoi refuse-t-il d'y creuser mon tombeau ? Celte femme, si digne de regrets, semble avoir laisse I'he- ritage de son talent poetique au plus jeune de ses deux fils, M. Edotjard Herbert Smith : ses dispositions pour la poesie lui assurent des droits i\ une juste celebrile, comme deji\ lui en onl acquis, a I'estime el a rattachemenl de lous ceux qui le connaissent, la douceur de son caraclere el ses qualiles morales. ATexempIe de I'auteur d'une notice publiee en AUe- ma"-ne, nous croyons ne pouvoir mieux finir, qu'eu donnant la traduction des vers que lord Byron adressa a M°" Smith, pendant son sejour a Malte. Nous regretlons de ne pouvoir, comme lui, la reproduire en beaux vers. A UNE DAME. aLorsqueje quittai le rivage, le rivage loinlain qui m'a NIilCROLOGIE. 819 dontie naissance, je ne croyais pas pouvoir m'affliger encore en m'eloignant d'un autre endroit de la terre. Cependant ici, dans cette ile aride oii la nature semble expirante, oii Ton ne voit sourire qife toi, je regarde avec effroi I'heiire de mon depart, qiioiquc separe des bords escarpes d'Albion paries vagues bleues de rOcean. Peut-etre reverrai-je bientut leurs rochers ; mais en quelques lieux que je porte desormais ma course errante, dans les climats brulans, sur les mers diver- ses, ou si le terns me ramene dans mes foyers, je n'arreterai plus mes regards sur toi, en qui tous les charmes conspirent pourseduire un coeur sans artifice ; sur toi , qu'ilsuffit de voir pour admirer, et, oh ! pardonne le mot, pour aimer. Pardonne ce mot a celui qui ne pourra plus t'oft'enser par un mot sem- blable. Si je ne puis partager ton cceur, crois que je suis ton ami. Qui serait assez insensible pour 6lre moins, en te voyant, aimable voyageuse? Pour n'etre pas ce que I'homme doit se montrer toujours, I'ami de la beaute dans le malheur? .\h! qui pourrait croire qu'avec ces formes si gracieuses, tu as tra- verse le fatal sentier des dangers, brave les fureurs de la tem- pete qui porle la mort sur ses ailes, echappe a la colere d'un tyran plus cruel encore? Oh femme enchanteresse ! je verrai les miu'S oii s'elevait jadis Byzance libre, et les palais orien- taux de Stamboul, sejour maintenant des despotes turcs : quoique cette glorieuse cite occupe encore le premier rang dans les fastes de la renommee, elle aura pour moi un merite encore plus grand, celui d'etre le lieu de ta naissance. Adieu! quand je conlempierai ce spectacle merveilleux, ma seule consolation, puisque je ne peux rester aupres de toi, sera d'etre oii tu as ete. » G. S. T. « Septembre 1809. » France. — Andry {Charles-Louis-Franpois). — Quelqueac- coutume que soit notre esprit a la necessite de la mort, cepen- dant nous sommes toujours frappes d'etonnementlorsque s'e- teint quelqu'un deces hommes rares dont la vie tout entiere, animee par un fervent amour du bien, a ete employee dans I'exercice constant des vertus et de la charite ; alors, I'age meme le plus avance, ne nous parait point une condition de mourir, et Ton ne pent comprendre qu'une flamme si vive soit eteinte a jamais, qu'une source si feconde soit pour tou- jours tarie. Tel est le sentiment qu'a produil la mort de M. Andry sur toutes les personues qui ont eu le bonheur de le connaitre. Des sa plus tendre jeunesse, il commenca i don- ner les preuves des qualites, des vertus qui, plus tard, le dis- tinguerent si bicn : un amour vrai pour les sciences, un NECROLOGIi;. esprit sage et indcpetulant, et cotte (Uspositioii a 6tre utile, otrangero anxralrnlsde Tintorot. Son desintt Tesscment etaitsi grand que, nialgre line dientclle nombreuse et nno parfaite economie, il Ti'a iaisseqii'iuic tres-mediocre fortune. Son amo avail bienconipris quels sont Ics nol)los devoirs imposes aceux qui sc consacrent a la profession de la incdecine, etplnsd'une fois de meprisantes mais justes paroles, expression d'une indi- gnation qn'il ne ponvait conteiiir, vinrent fletrir deshonunes, qui fontun vil metier dii plus elcve des saoerdoces. A 88 ans, apr^s une vie passee dans les travaux, le desir du repos serait bien pardonnable ; apres de longs et presque constans sncces, qui pourrait blamer rattachemenl d'un vieillard pour ses opinions? Chez M, Andrj, I'ame tonte jeune encore d'ac- tivite communiqnait an corps quelque chose de son energie, et I'on remarquait dans son esprit toute la vivacite d'in- teret qui pent associcr la vieillesse aux travaux et aux es- perances des jeunes gens; il ecoutait et adoptait volontiers les opinions nouvelles, sans sacrifier en rien cependant son iudependance. II a public plusieursMemoires interessans, et parmi lesquels on cite une Dissertation sur la rage, et des Re- cherches sur la mclaticoHe. Dans les dernieres annees de sa vie, il s'occupait beaucoup d'un ouvrage sur toutes les qnalites que doit poss«der le medecin : il n'avait qu'a faire riiistoire de ses sentimens, raconter comment il avail agi pendant sa longue carriere, el sa tache aurait ete suffisamment remplie. La mort I'a empOche de terminer son travail, et c'est un des plus vifs regrets qu'il ait exprimes, parce que c'etait une bonne ceuvreinachevee. Les honneurs ont jete pen d'eclat sur sa vie, puisqu'il n'eiit d'autre decoration que colle de Saint- Michel; mais, il laisse apres lui le souvenir d'une considera- tion personneile superieure acellede beaucoup de renommees plus brillanles. IM. Andry etait ne a Paris, le 6 juillet 174 '5 •! y est mort le 8 avril 1829. Voici les litres de ses ouvrages : 1° Lorsqa'une jtartie est aitaqaec de la gangrine faut-il couper dans la parlie morte? Paris, 17G4. In-8°. — -x". Manuel du J ardi»ier;trad\i\t de I'ilalieii de Mandirola, par (le Pseudonyme) Randy. Paris, 1^65; Saugrain le jenne. 10-8°. — 5°. Matiere mcdicale; ex- trait des mcilleurs auleurs et des lecons de M. Ferrein. Paris, 1770; Debure. 5 vol. in-12. — 4°- Combien la cliirurgie doit nux travaux des mcdecivs, discours prononce aux Lcoles de medecine pour Touveiiure solenncUe des Ecoles de cliirurgie. Paris, 1773. In-12. — 5°. Recherclies sur la rage, nouvelie edition. Paris 1781 ; Didot je\vn«. ln-8". La j" edition estde ^JiiCIlOLOGlE. 8ai '779* ' — ^°' Ohsei'vatioiis et recherclies sar l'usaf:ede I'aimunt en medecine. Paris, 1783. In-8° (avcc M. Thouret). — 7". Elogc du D' A. Nunez Ribeiro Sanchez , premier iiiedecin d'Anne Yvan, regcnte de llusjie. Paris, J 785. In-8°. — 8°. Rec/ierches sur la melancoUe. Paris, 1 786. In-4°. — 9". Memoire sur la melanrolie (imprime dans le tome 5" du rccueil de la Societe royale de medecine). — BI. Andry fut aussi I'editeur des observations sur les maladies veneriennes d'l D' Sanchez. On a encore de Ini plusieurs theses sur des snjets divers. -—Jean RoNDELExnaquit a Lyon, en 174^ • ily fitdebonnes etudes au college des Jesuitcs; plus tard, les soins et les lecons de M. Layer developperent ensuite son goQt pour I'architec- ture. A peine avait-il vingt ans que la haute reputation de Souftlot, son compatriote, I'appela dans son ecole, oi^i bientot la confiance qu'il obtint de cet illustre architecte lui valut d'etre charge de I'inspection des travaux de I'eglise Sainte- Genevieve, deja en grande activite. M. Rondelet y coopera d'unc maniere essentiellement utile; mais, jamais il ne s'en prevalut : sa reconnaissance et sa modeslie reverserent tou- jours sur son maitre le merite de cette construction. Soufllot mourut on 1780, en laissaiit I'eglise de Sainte- Genevieve inachevee, et sans en avoir commence le dome. Les critiques du tems avaient decide que I'execution de ce dome etait de toute impossibilitc. 31. Uondelet, mettant le comble a la gloire de Soufflot et y associant la sienno, ne re- pondit a ces critiques que par I'execulion aussi prompte que savaute de la double colonnade et de la triple coiipole qui couronnent si elegamment la basilique de la patronne de Paris. Avant d'etre parvenu a de si grands resultats, les travaux avaient ete plusieurs fois suspendus ; et, en 1780, Rondelet, profita de leur interruption pour entreprendre, sous les aus- pices du gouvernement, un voyage en Italic. Ce voyage iut consacre specialement a des recherclies dans la partie de sou art relative a la construction. Deux annces de ces recherches, et d'une correspondance suivie avec la direction des bati- mens du roi, servirent a composer cette masse d'observa- tious, qui sont devenues le lien naturel des priucipes qu'il a classes et developpes dans son Traite theoriqac et pratique de CArtde bdtir. II publia ensuite divers iMemoires sur la re- construction de la coupole de la ilalle-aux-Bles, sur la Ma- rine des anciens; scs commentaires sur Froiitin, et son ou- vrage sur les aqueducsdeRome. II remplissait en mf-nie temf 8a2 NlfeCROLOGIE. les (livtrscs fonctions qu'iiiie confiance bienmeritee lui atlira coiistanimeiil. Ain^i, il participa a la direction dc lout ce qui s'executait eii France, sous la surveillance de la commission des travaux publics, en 1704 et 1795; a cette epoque il con- tribua a la iormation de I'tcole Polytechnique et particuliere- ment a I'organisation de toute la parlie relative aux travaux civils et aux Ecoles d'application. Depuis, il assista constam- mcnt aux deliberations des conseils des batimens civils, et des batimens de la conronne. II rcmplissait aveczele les fonctions de professcur a I'Ecole royale des beaux-arls; et dans les sean- ces de la classe al'Inslitut, il rappelait dans les discussions les nombreux articles de lui, qui font partie du Dictionnaire d'ar- chitecture dans I'Encyclopedie methodique. Tant de veilles, sans refroidir son goQt pour la science, af- faiblirent la vue de notre savant architecte. Pendant long- tems, et meme lorsqu'il etait totalement aveugle el faible, son fils, devenu son collaboratenr, le conduisait aux seances de rinstitut et a rEcnle des beaux-arts, dont il etait un des cnie- rites. Les funcrailles de M. Rondelet, qui ont eu liea le 27 sep- tembre dernier, ont fourni a ses collegues I'occasion de lui payer le tribut d'eloges dCi a son talent et i ses services : c'est aux discours de deux d'entre eux, MM. Vaudoyer et Ballard, que nous avons emprunte les details precedens. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE CAHIER DE Dl^GEMBRE 1829. I. MlfeMOlRES, NOTICES ET MELANGES. Pages. 1. Du monopole de I'enseignement Charles Comte. 545 a. De la liberty de I'enseignement dans les Pays-Bas . . . . *. 574 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 3. Tralte sur les gastralgies et les euteralgies , par Barras. . . Ferry. SqS 4. Collection des M«imoires rclatifs a riiistoire de France, de- puis la fondation de la monarcbie franfaise jusqu'au xiii" /sifecle ; par M. Guizot J. C. L. de Sismondi. 6i4 5. Hisloire de la revolution fran^aise, par M.- A. Thiers ( se- cond article) Eusebe Satverte. 600 6. Poesies du roi Louis de Bavifere, traduites de Tallemand par W. Duckett Servande Sugny, 683 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annoncesde ^4 Ouvrages franpais etetrangers- AMEBrQUE SEPTENTRioNALE. — Etafs-Utiis, 3, dout 1 ouTr. period. 696 Europe. — Grande-Bretagne, 6 698 — Russie, 3 702 — Allemagne , 7 706 — Suisse, 1 712 — 7fa/te, 4, dont 1 ouvrage pdriodique 7i4 — Greco, 2,dont 1 ouvrage p6riodique , . 720 — Pays-Bas , 3, dont 2 outrages p^riodiques lb. France, l^^ , saxoir : Sciences physiques et naiurelles, () 724 — Sciences religieuses , morales, poUtiques et historiques, 16. . . 733 — Littdrature , i4 752 — Beaux-arts ,'3 770 — Litres en langues itrangeres , imprimis en France , 5 . . . . 776 824 TABLE DF.S ARTICLES. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Amehique septentrioivale. — Di'troit de Dchrmg : Dccouverte d'ossemens fossiles. — Etats-Unis : De I'titat dcs alidn^s dans quclqucs elablissenieus de ce pays 778 Afrique. — ^g)'}7te ; Voyage scicntifiquc dc MM. Champollion jeune, Uosellini, etc ,781 EUROPE. GBANDE-linETAGNE. — Reclicrclios slalistiqucs sur les aliuni'-s. — Londres : Uiiivcrsite et College du roi ._,... 784 Allemag.ne. — Nouibre couiparalif ties livres qui paraisscut cii France et en AUemaguc 787 Italie. — Slalistiquc des suicides dans les provinces lonibardcs. 78;) Pays-Bas. — Expose de la situation de la province dulluinaut, en 1828 • 790 FnANCE. — Departemens : Koniinations acad^miques dans diver- scs Socittes savantes et litteraires 7()3 Paris. — Insiitut : Academic des sciences : Seances du iG no- vembrc au 28 decembre ^829. Academic I'ranraisc : Stance publique du 24 ddcembre 1829, pour la reception de MM. Arnault et Etienne. — Soci6t6 d'encourageuient pour riudusti'ie nationale. — Soci6t6 de geograpbie. — Sociel(5 pbilotbecbnique. — Institut chrestomatbiquc. — TlUdtres. Theatre frangais : i"' representations dEiisfl6e*A d'Angleterre, tragddie; Les Inconsolables, comedie. — Thea- tre de I'Odion : 1"' representations de Mon Oncie te Bossii. comedie ; line Fetede Niron, tragedie. — Beaux-Arts : Mu- see Diock'tien ; Gravure : Peste de Jaffa 79^ Necbologie. AlU-magiu: : M"" Spencer Smitb. — France : Andry ; Ilondelct. 816 TABLE ANALYTIQUE ET ALPH ABI^TIQUE DES MATIERES DU QUARANTE-QUATRIEME VOLUME DE LA REVUE ENGYCLGPEDIQUE. OcTOBRE, Novemb:^, Decc:: 1.E iS-f) (*). 0.\ a reuni aas quatre mots indi'-.'.tifu u.'-s ntjATES cea.ndss divisions de ce Reciieil : I. MIEMOIRES, NOTICES ET M ^LiZrOES ; II. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRj?- Zo CHOISIS; III. RULLETINBIBLIC'RAPHIQUE; IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUESETMiTTWRAIRES; le detail et le renvoi des articles qui s'y rappotlcat ; puis on a caractf'risfi ces articles, a la suite da noni de leurs auteurs, par Tune des qualre abrevialioos ciapri's : M. (memoires et .-"otices) ; A. f akalyses) ; B. (b'jl- LETl.'S E'ELIOCEAPUIQCe) ; N. (SOUTELLES SCIENTI FIQlJEc Ei" LITTEBAIRES. ) La dtbigiialloii C. apii-s les iionis propres iudique Icis coUaborateurs de la Revue, loiiiqu'jl s'agit ties articles qii'ils onl I'ournis. Au lien de conipiendre,soiis la 'Jeiioiiiinalion geiierale sciences et abts (coninie dans nos qualre tables ties inadcres de I'aiuiee 1S19), rindication des diircreiilcs sciences d.oiil traite ce volume, on a crn devoir, pour rendre les reclierc!ie_s plus facilcs, el pour iiiieux caiacleriscr le ect philosopbiqiie de la Pieiiie Eiuyclopcdiqiie, oiiviir iin coniple pailiciilier et special, ai lillvcs ciipllalcs, iion-seuleiiient a chaciine des brandies des connaissanccs lii;niaiiios : ackiculture , asatomie, etc.; a chacun des elenieiis essenliels de la civili.salion et des nio^ens piiDcijjaux de com nuuiica lion culre les liomnies : academies et sociiiTES savames, dictio.nxaikes, EiVSEiciVEiiEKT MUTUEL, iNSTKLCTiorv pcBLiQUE, JO uK> Ai X , THE ATEFs , elc. ; iiiais encore in cliacuii des pavs doiitil er;l fait nieiilion dans ce Rcciioil ; de maiiieie qn'(jn ]1uis^e lapproclicr et comparer tour a tonr, soit I'cUil des sciences ct des climcns de la clvUisalion dans rliaque pays, soit les nations elles-mcmes, sous les dil'ierens rapports sons Icsquels on a eu occasion de les considerer. Abbot (Abiel). Letters written in I cademies. foy. Sociktessavantes. tlie interior of Cuba, dcjS. Accum ( F.). f'oy. RiiTault. (* On souscrit pour ce Eecueil scientifiqije et litter aire , dont il paraitun caliierile <|Lialovze IVuilles d'imprcssion tous les mois, auBcREAl' CENTRAL d'abox- NEMENT, rue J'Enrer-Saiiil-Micliel , n" 18; cbez Arthl's BertiiAND , rue Hautc- feuille , n" 28, el ctez RenOCABD, rue de Tounion , u" 6. Prix de la souscrip- tipn : a Paris , ^6 fr. pour un an ; dans les departemcns , fjj fr. ; -60 fr. dans I'Elranger. T. xiiv. 55 ti'iii TAbLE ANALYTIQIE Administration ( Abregc dcspiin- ciprsil') de C. J. Boniiin , 170. — militaire. Foy. Nisas. Arnigi'E , 5 , 4yC » 781. — du sud (Qiiafre aiinees dans I'), par (lowpcr l{i)se, 6()C). Agenda gtopnoslique, par de Leon- hard , 705. Acuici'LTcnK , 44^, 721. f'oy. atissi ECD.NOUIE fllBALE. Ajassoii de Grandsagne. Illstoire naturelle dePline, y'5. Alditii. Experiences contie I'inccn- die , 2^.6, 528 , 53o. Alexandre (F. S.)- ^oy- Maladies. Algebre (Premiere annee d') con- tenant i5o problenies non leso- lus, par Duchesne, 446- Alienes ( De I'etat des) dans quel- ques elablisseiueus des Etats- Unis, 778. — ( Situation des) et des idiots en Angleterre, par A. Halliday, 784. Allemacne, i4o, 200, 4i7>7o5, 787- Almanack des bons conseils, public par la Society des trailes reli- gieux , 453. — de SaintPelersbourg, i53. — des Dames , 479- — dedie aux Dames, ibid. — dedie aux Demoiselles, ibid. — des Muses, 767. Am^RIQI'E M^RIDIONALE, 2j5. SEPTENTRIONALE, 123, 2l4, SgS, 6y5, 778. Amours et galanteries des rois de France, etc., par Saint-Edmc, 466. Analyses (II.) d'ourrages at/c- niands : Lecons sur la connais- sance des prisons, par N. H. Ju- lius {II. C), 66. — Poesies du roi Louis de Baviere, traduites en franc^ais parW. Duckett {Scrian deSiigny), 683. — d'ouvrages/z-ancn/i : Ilisloire na- turelle des poissoiis , par Cuvier ( Flourcns ) , 55. — Iiiograi)hie universtlle aucieniie et modeinc (Slastarl), 86. — Exanien criti- que des articles relalifs aiix histO' riens , dans la Biographic uni- verselle (CIt. Durozoir) , 91. — Histoire des legions ])olonaises en Italic , |)ar Leonard Chodzko ( Alpli. d'lJcrbehl), 102. — Con- siderations sur la necessite etles inoyens de reformer le regime nniversilaire, par J. P. Gasc (N.), 33(). — Histoire de France de- puis la rcslauration, par Ch. La- cretelle (M. AvcncI), 548. — His- toire de la vie el des ouvrages dc Moliere, par 3ules Taschereau; Histoire de la vie et dcsouvragcs de P. Corneille, par le meme (Cliauvcl), 354. — Tiaite sur les gastralgies et les enleralgies, par Barras (Ferry), 698. — Col- lection des Memuires relatifs h I'histoirc de France, depuis la fondalion dc la monarchic iVan- (^aise jusqu'au xiii* siecle, par Guizot (/. C L. de SisnwndlJ, 614. — Histoire de la revolution francaise , par A. Thiers. Second article (Euscbe Sahcrle), 63o. — d'ouvragt'S liollandais : Memoi- res de la Societe des arts et des sciences de Batavia (Dcppiiig), 527. — d'ouvrages italiens : Histoire des -campagneset des sieges fails par les Italiens en Espagiie, par C. Vaccani (F. Salfi), 7>j2. — d'ouvrages russcs : (Siuvrcs de Basile Narejny (J. Chopin), ill. Anatomie , 45s. _ Ancelot, Foy. Elisabeth d'Angle- terre. Anelidotcn aiis dcin Leben des Fiirs- ten Ilalinshy Grafcn Stiwaro/f Hyinnikshy, 708. Andry (Ch. L. F.) Foy. Necrolo- GIE. Anglemont (Edouardd'). Legendcs f ran raises ,191. AlVCLETEaRE. Foy. GRA.-\DE-BnLIA- GNE. DES MATIERES — (Dorclalactiiel del'), M., 29. Aniiali\s agiicolcs de RoTllle, etc., par T. J. A. Mathieu dc Doin- basle, .-jjC). — d« rAineiiqno, depiiis sa di'cou- verte jusqii'en 1826. par Abiel Holmes , ('95. — roniantiqucs, /[^r). Anniveisaire (Qiiatrc - viti{»t!('-me) dc Garthe , celubrc a Weimar, 2.") 2. Annuaire du budget, etc., par Iloch, i85. Antiquities, f^ov. ArchiJolooif. Arcel (D) CIs ,' C. — N. , 226. AhCHEOLOGII! , 717, 772. Ariston , ou I't'ducatioii refaile, par Hasile Narejny, A., iii. Arnault, f^oy. Nomim*tioks acadii- JIIQIES. Art (L') de verifier les dates, de- puis 1770 jusqu'ii nos jours, 460. — ( L' ) de conserver el d'emuloj er les fruits, US. ■ — ( L') defabriquer la faience blan- che , par F. Basleuaire-Daude- nart , 729. AfiT MiuTAiRE, 4o^ , 426. Arts indistriels , 729. — liguratifs (Sur les epoques des) cliez les Grecs , par Frederic — Thiersch , 709. AsciiTiQUE. f^oy. Sciences relioikc- SES. AscUhaeli. Gcschicltle dcr Ommaija- ilcn in Spanicn, ^il\. Aicoiiius Pedianus. Voy. Madvig. Asm , 223. ASTHOSOMIE , 4lS. Athemse royal de Paris, Sag. Audin. Hi&toire de la Saintliarthe- leu)y,744. Audouin ( v.). Voy. Entomolngie. AuSTHALASlE , l35. Alstbai-ie (Description der),com- pieuant la Nouvtiilellollaude, la terre de Van Diemen , etc., 12I). Auteurs (Des avantapcs et des droits tics) en Russie , 4 10. 827 Al TRICIIK , l4'>. Arcncl , C. — M. , 348. B. Bailly de Merlleux. Voy. Encyclo- pedic portative. Banim. Voy. John Doe. — Voy. Padhre na Moulh. Banquc de RioJaneiro, ai5. Banquet niensuel de la Revue Eii- cyclopedique, 529. Barriere { F.). Voy. Cour ( La ) ct la. ville. Barthelemy. Voy. Waterloo. Bastenaire-Daudenart (F.). Voy. le mot Art. Bataille (La) de Navarin , poeme lyrique, par Melchior Poller, 187. Baudelocque neveu. Du broie- ment de la lete del'enfant, mort dans le sein de la mere, 524. Beaumont (Elie de). Memoire rc- latif a quelques-unes des revolu- tions de la siu-face du globe, 624. Beal'x-Ahts, 201 , 490 > 535 , 709, 720 , 770, 814. Belenger. Collections d'ob jets d'bis- toire naturelle recueillis dans son voyage aux Indes, 241. BeLLES-LetTRES. Voy. LlTXliKATCRE. Belloc ( M"" Louise Swanton- ) , (I. — B. , i5i, i53, 4oi, 4o6, et les articles signes l. sw.-b. Belniontet. Voy. Soumet. Bernardiui. I'oy. Musee Dioclc- tien. — / oy. Diademe maritime. Bible , 49'' — de Vence, en latin et en francais. Cinquieme edition revue Cl aug- nienU'e par Drach, 1G9, 449- BiBLioGRAPBiE, 120, SgS, 6g5, 706, 707,711,721. Bibliotlitque militaire , 4o5. Bior.RAriiiE , gi , 1.28, 142, i4'>» 384 . G96. • — ancieiiiie et modcrne des Pays- Da;, par Delvenne pere, 454- 8a8 TABLE AN — univorscllc, anciennc I't inodci- ne. Oiivruge enliuienient neul", A., 86. — iinivcrselle cf poitalive dos con- tcmpiuains , i;tc. , piiblice sdus la (lirt'ctitm dc Vieilh de Cuisjo- liii, 17<). — d'Abbcville ct do scs envi- rons, elc, par F. C. Loiiaadie, 747- Boisdnval (J. A.). J oy. Iconogra- phie. Boisjolin (Vieillide). f'oy. Biogra- phie unix'crscllc. Bonncllier (Hippulyle). /'oy. Epi- tre. Bonnin (C. J.). Voy. Administra- lion. Boning (L. S.). f'oy. Eludes lilte- raires. Bory de Saint-^ incent. Voy. Com- mission de RlovcP. BoTAMQt E, la/j, 1 3-, 1 6a, ?..|i, SzS. Boucharlat (J. L.). CSSuvies choi- si^s do J. B. Rousseau, jSz. Boucher c-L/cfer, (j. — B. , 170. Bouljrarinr (Thadd^e), Foy. Ivan Vulgig;iIno. Bo'jIIco. yoy. riiuislerc public. Bonnin (P.-vlyilore). Le Serment de I'Epcuse, j'Oeme, 1S7. Bourres rour iancer Ics projectiles. Vcy. vfmc. 'ei, Bonisier ( Lc) , par Easilu Rar6jny, A. , 1 -.1. BoMton, p:;infre. 7i:e du Gampo Santo, table: u uu Diorama ~o5. — Dancniark, i'>y ., 4 i5. — Etats- Unis, 1:^5, agS, 6()5. — France, 161 , 4'^fi) 7'-4- — GrandcBrela- gne, lal, 402,698. — Grice , 720. — Italic, 1 5'.'", 427 , "i4. — Pays-Bas, 1 .'ij , 453 , 720. — Rus- sie, i5.">, 4oS, 702. — Suede, 4 13. — Suisse, i52, 712. Caleul ( Dn ) de reffet des machi- nes, elc, par Coiiolis, 16S. Capefigne. HIsloire de I'hilippe- Au- gust e, 745. Carafa. Foy. Jenny. Caunionl (De). P'oy. Poteries rc- maines. CKi.tnKs (lie), 327. Gensure en Russie , Sofi. Chsbanncs ( Ducroc de). Foy. Ha- ras. Chanipollion jeune. Foy. Voyage scienlifiqne. Chansonnier (Le) des Dames, 479. — (Le) des Graces, 757. Gbapone (M'>'e Ilesler). Foy. Let- tres. Ghaponrier. Foy. Physiologie. — Foy. Scr.jfules. Chart'on (Ed.),C. — N., 22S. Ghasses aux pieges (Traile des), etc. , par Krcsz aine , iC3. Cliitcaubrland ( Vicouile de ) : CSiuvres completes , 753. Gliauvet , G. — M. , 5. — A. , 384. Glianvin. Regle-echelle pour la cou- struclinn des plans, 245. I)E3 MATIEhES. CniMie, 4o2 , 445 J SaS, 798. — (Elemcns de), etc., par E. Turner, 4^2. CHiBunr.iE. /'. Sciences ueoicai.es. Chodzko (Leonard). IlisUiiie dcs legions polonaises en Ilalie, elc, A., 102. Ghoiseiil-Gonnier (M^'la conilesse de). ^oy. Menioires liiitoriques. Chopin ( J.) , C. — A. , 111. Chrestomatiiie franraise, on choix de morceaux tires des nieilleurs ecrivains fian9ais , par A. Vinet, 1.52. Christine i Fontainebleau , drame historiqiie, par F. Soulie , 255. Christol ( De). /^'oy. Osseniens. CHHOiXor.oGiE , 460. Chnte(La) de I'empire turc, pre- dite par rastrologue arabe Mou- sta-Eddin , i55. Ciceron (CHLiivres de), traduitesen italien , 4jo. Iradnites en fran(;ais, 776. Civilisation (Considerations snrla) religieuse et morale des Egyp- tiens, par P. Van LimburgBrum- vrr, i5f). Clef pour les themes de la grani- maire iVanraisede Douvilie, i5i . Code ecclesiasliqiie fran(;'ais, d'a- prt'S les iois ecclesiastiqiies de d'lleiicouit, etc., paj Auguste Ilenrion , 170. Collection geologiquc(napport fait a 1' Academic des Sciences de Paris surla) , piovenant de I'ex- pedition de I'Astiolabe, 793. College du roi, a Londrcs, 7S6. Colomb (Cbristophe). Foyez Ir- ving. Colonic d'Hcxamili, 204. COme. LesRoniaiitiques etlesClas- siqnes , ode, 187. Commerce , 4o5. — (Apercudu) du port de Pd'ters- bourg, 229. Commission de Moree, dirigee par le colonel Bory de Saint-Vincent, aSg. 829 Philoso- Conite (Angusle). Voy, phie positive. Comic (Charles), C. — M. , 574. Constantin. Voy. Vues de la crea- tion. CojiTES. I'oy. Romans. - — fantasliques de E. T. A. IIolT- roann, traduits de I'allemand par Loeve-Veimars , 761. Conversations on vej^elable pliysio- logy, etc. , 69S. Cooper ( James Fenimore). Collec- tion de ses meilleurs remans, traduits en fraocais par Defau- conpret , ig3. Le Purilain d'Amerique, tra- dnit en franrais, iy4- Coriolis. Joy. Calcul. Corneille ( P.) . Ilistoire de sa vie et de ses ouvrages , par Jules Tas- cliercau , A. , 384. Corpus scrlptorum liisloricv Byzanli- ncB, 420. Corrcspondance de Jean George Forster, avec quelqiies details sur sa vie, par Th. H., 142. — lilteraire entre Schiller et Goe- the , 14s. Cortembert (E.). Fox. Geogra- phic. COSMOORAPHIE , 525. Cuur (La) et la ville sous Louis XIV, Louis XV et Louis XVI , etc. , par F. Barriere , 74S. Crimes de I'Asie. / oy. Quelques mots. Grilique et refutation des Observa- tions sur les entreprises de la So- ciele de Bicnfaisancc des Pays- Bas, 1 58. CrBA , 39S. ClLTE. Fox. SciEi\CES BEI.JRIEL'SES. Cuvier (B.). Ilistoire natujclle dea Poissons , A. , 53. — Foy. Discours. D. Danemafik , 137 , 4 '5 , 5 14. Sr)0 TABLE AT Darragon. f. Iiir.titiilion sprchile. Dniidin. f^oy. Potcr'u's lomainps. Daris (G. r.). Till' fortunnlc Union, ti vtnniince Ininstaled from the Chi- nese, 701. Decnisv. T'ny. Ldis francaiscs. Di'faiiconpicl. Joy. Cooper. — I'oy. John Doe. — I'oy. Padliie na Moulb. — Toy. Morgan. Dejcaii (Conite). Voy. Iconogra- phie. Dcleaii. Traitc sur I'emploi de I'air alniosplieiique dans le diagnos- tic, 7()G. — f'oy. Rapport. Dtlpccli. Fiiy. Orthomorpliie. Dclvennc pi'-re. Voy. Biographic an- cienne el luodc'riic. Denis (Ferdinand), f'oy. IsinacU- IJen-Kaisar. Depping , C. — A. , 027 ; et les ar- ticles signes d-g. Dessin, 2o!S. DlirEOlI DK IjEHRlKr. , 778. Delle ])ubliquc. J'oy. Kenibourse- ment. Deux ( Les) Ivan, on la manic dos proces, par Basilc Karejny , A., 1 1 1. Diademe maiilimc (Le). Publica- tion pruchaine , par le colonel llernardini, Sis'. DicTioMVAiRE niililaire de James, 4o5. — nniveisel de niatiiio niedicale ol de iherapeuliqnegeneralc, i>ar F. V. Merat el A. J. de Lens, i65. — dcs sciences philosiphiques, par W.T. Krng, 707. Dieppe. Voy. liioge. Diligence !i vapcur, nouvellenient livrue a la circulalijn a Londres, 5o5. DioBAMA de Paris, 53.j. DiPi.oMATiE (Essais de) , pour ser- vir d'inslruclion a I'etudc des sciences poliHqucs, par Jean Tii- puli, 4 10. ALYTIQl T. Disconrs d'Oii»ertuie dii Conrs dt: I'hilosophie positive de M. Au- gnsle Comte, M. , y.-jTi. — prononce par M. Cuvier, direc- teiir de I' Academic iVancaise, snr les piix de verlu dcrernes dans la seance pui)liqiie de la Sainl- Louis , iS(j. Dissertation sur quelqucs proprie- les des iiujiressions produites par la lumiere sur I'organe dc la viie, par J. I'lalean , \^y. Dombasle (T.J. A. Malhieude). toy. Annales agricoles. D'oii vient tout le ma!? de ce que nous soinmes hors de la Char- te , etc., 7/n. Doublet de Boislhibault (H.), C. — N., 270. Duuvillc (J. r. ). Tlic xpcahin^' frcncli grammar, i5i. — A hey to tlic v.isays, etc. , ibid. Doieri dci suddili verso it loro mo- ntirca , etc. , 7 i4- Dracli. / oy. liible de Vence. Diagoii (Le) de Tile de Khodes, ballade de Schiller, traduite par Rl'Kt' Elise Voiarl, avec seize dcs- siiis de HeUsch, 2o5. Drapicz. f'oy. Oi niihologic. Droit. I'o\. Jckispbudence. — ( Inlrodnclion generate a I'liis- toire du), par E. Lerminier , CIKHMQIIE, 170. PlisAI,, 2l4 , 326. Diiche (Frederic). Voy. Tableaa moral. Duchesne. I'oy. Al;i<'bre. Duchesne aine. / oy. Musee de peinlure. Dii(ka TABLE ANAl.\Ti()UF. set , on Kgypte et en Syiic, •xi'S. Ex])loitalioii dcs niinos ( Kleinens inaliques d' ) , par Hi aid , 72.'). Exlracls fruiri select i\oliccs, etc., 4u5. Faience. Voy. Art. * Fain (liaron). Maniisciit de I'an trois , 180. Fauie(Mi'i). Foy. Synonymes fian- <^ais. — f'oy. Etudes analyliqiif's. Fcniiiips (Les) de I'.Vsie, i)ar Lau- rent el Pel rot , 769. Ferlcnsitiri flcn von Ch. Zctl , i5o. Ferry, C. — A., 5(^8. Fele (Une) de ]Neron , traE;t'die, par Alex. Souniet et Belnioiitet , S12. Fiancee (La) du fliljustier , 011 le Corsaire noir do la Medilerranee, 1^2. FlI'.VRE JAUNE, a/JS. Finances, iS3, 2j5, 4i2, 6i4, 63o, 757. Flore Bordelaise et de la Gironde , par J. F. Laterrade, 162. Fldiirens, de I'lnstilut, C. — A. , 55. Fonscolonibe (Marc<'llin de). Ale- moire siir le preanibule d'un edit de remperenr Dioclelien relalil' an prlx dcs deniees, etc., 175. Formulaire pour la preparation et I'e'nploi de phisieurs nouvcaux medicatnens , par F. Magendic, 445. Forster's Driefwccliscl , 142. Fos,~e ( A.). Foy. Stenogiapiiie. Fragolella, Napleset ['arisen 1799, par H. de Lalouchc , 198. Frakcb, 161, 239, 348, 456, 463, S23 , 6i4 5 63o , 72/1 , 792. — (La) gouvernee par des ordon- naiices, par Guslavc B.., 740. Francd'iir, C. — B., 4 '5, /\i5, /^^6, C»jt), 730. Free trade and cotonlsatlon of India, 4o5. Freebooter's (Tlic) TIride, etc., i32. Fridolin , ballade de Schiller, tra- diiile pai' M"" Eli.s(' ^ oiart, avcc !mil dessins de Relzscli, 2o3. Fruils (L'arl de conservcr Ics) , 44s. G. Gaele (Dnc de). I'oy. Renibonrsc- nient, Gallois ( Leonard ). f'oy. Economic politique. Ganibn (B.) Serie del tesli di lingua iliillana , etc. ,716. Gasc (J. P.). Consideratinns siir la necrssite et les moyens de relnr- mer le regime universilairc , A., .339. Gasliaigies (Traits siir les ) et les enleralgies, etc., par G. P. T. Barras, A., 59S. Gaiilniier (A.), /'oy. Ni5cnoLor.iE. Gaymard. I oy. Qnoy. Gccl (J.J. D. [luhnhenit Scholia in Suelonii J'ilas Cceiarum , 160. Gendarmerie. ^. Tenaille-Ghainp- t o n . Geugaphie, 5, 1 -iQ. Voy. atissiX o\ k- CES. — (Specimen d'nne) piiysiqne com- parative, jiar Joacliim-Frcderic Scbouvv, 1 38. — (Elemens de), on description de la terre sous le rapport dcs aspects natnrels, par E. Cortcni- bert, 168. — universelle (Precis de la) , par Malte-Brun, t. VIII , 732. Ckoi,ooie , 70,5 , 793. Gioja (Melchior). I'oy. Suicides. Glinka (Serge). Foy. Pressc p6iio- dique. Gcetlie. Foy. Corrcspondance lit- leraire. — I'oy. Anniversairc. I)ES MAT'EBE-; B., i5a, 4^3, 8' Colbery (Ph.), C. 706 ,712. Gouroir ( De). Discoiirs prononc(i dans rAsseniblre solemiflle do rUniveisIte de Sl.-Peleisbuurg, 408. Gbaumaire , 4'^9* — I'lamjaise , etc. , par J. V. Doii- ville , i5i. — generale et pliilosopliique dcs langues, etc., i)ai' Nicolas Paqiiis de .Sauvigny , 4' i> Grahde-Bretagxe , 29) 124, 226, 4o2 , 5o5, 698, 784. GttAVURE , 203 , 49" , Sl5. Gbece, 234, 5iS, 720. Giimni. T'oy. Menmires polLliqiirs. Grotius (Hugo). Foy. Lettres ine- difes. Guide (Fiangois). Foy. Poesies choisies. Guizot. Collection des Menioires relatifsi I'liistoiie de France, etc. , A., 614. Guyse (Jacques de). Voy, Ilistoii e de Ilainaut. H. JIacncl. Calalogi libroriim inanu- scriplorum , etc., 711. Ilalliday (.'V.). Foy. Alienes, Haras ( Entretien s;ir les), etc., par Ducroc de Cliabaniies, 728. Henrion (Auguste). A'oy. Code ec- clesiastique. Heibelot (A. d'), C — A., 102. Hereau (Edme), C. — B., 137, 179' 4", 485, 705,769. — IN., 5i4. Et les articles signes e. u. nerpin,C. — N., 5oG. Herschel (J. T. W.). Foy. Lu- niiere. H-eyse. Solgers Forlesungen iibcr Jlestltetik, i48. HiSTOiaE, 177, iSo, iSi, 1S2, 4'5, 430,434, 435,460,461,4^3, 465,466, 467, 5 18, 6i4, 695, 696, 708, 709, 7/J8, 731. • T. lUV. HisToi nii de I'otiginc do la puissance nialicinietane dans I'lnde, tra- duilc dti persan en anglais par lo lieut.-col. Biiggs, 128. — des legions polonaises en Italic, sous le general Doaibrowski, j)ar Leonard Cliodzko, A. , 102. — des campagncs et dcs sieges fails par les 1 laliens en Espagiie, etc., par Camille Vaccani, A., 572. — dc Hainaut, par Jacques de Guyse, traduite en I'lau^ais, 461. — de la Sairrt-Barthclemy, etc., par Audin. Secondeedition, 74.J. — de la revolution fran9aise , par A. Thiers, A., 65o. — de France depuis la Restaura- tion, par Ch. Lacretelle, A., 348. — de Philippe Auguste, par Cape- figiie , 743. — de la Gendarmerie, etc., par Te- naille-Chanipton , y46. LlTTIiRAlRB , 384. — NATLRELLK, 124, zSo, sSg, 24 1 , 436 , 796. de Pline , traduite en francjais par Ajasson de Grandsagne, 775. des Poissons, par le baixin Cuvier , A. , 53. Historial (L') du Jongleur; chro- niques et legcndes IVan^aises, pu- bliees par F. Langle et E. Mo- rice , 759. Historiens ( ReciKiil des) de Byzan- ce, 420. Hoflmann (E.T. A.). Foy: Conies lantasliqiies. Holme's Annals of America, GoS. Hommage aux Dames, 479. HORLOGERIE , 4 ' 5 , 699 , yi^Q. Horlogcs publiques. Foy. Vulliamv. HOBTICULTIUE , 521, 726. ' Hospices de Paris. Foy. Rapport. Hiillmann (Dielricli) , SiudUwcs'cn des MUtelaltcrs , 422. I. IcHTVOlOGIE , 55. 54 TAin,r, AAALMiyr: 85/| Iconograj)liic ft liislriro iiatiirollo dcs colciiplricsd'Diiroiie, par Ic ciiiiUc D«!Jcan cl J. A. Buisdu- val , 45(>. liiipiovisation (ru'^ncxions furl'), appliqut-c aiix discours des prin- r(s, M., Si 2. liiccndir. / oy. Aldlni. IiiciHisdlabk's (Lcs), coniedic en prose , par Scribe , Sio. InDKS lIlilEKTAl.KS , I 28 , 02y , 4^5 , 7(10. Iiilluence de I'Aiilriche sur I'Alle- iiiajjiie el I'Eiirope depiiis la re- rjrmatiim religiiuse , clc., par Jiil.-Frane. Scluieller, i/io. (De 1') desliMiiiiTessiirlacondi- lioii des peuples, par de Gouroll', 408. Ikstitut royal de France, f'oy. So- riKTiS SAVANTFS. — chresloinalique. elabli k Paris par M. Rivaiid , So5. Institution sp(^ciale, I'ondie 'd Paris parM. Dan agon pour I'ttude du droit, 247. Insibi'ctiok PRiMAiBB ct publiquc eu Dancniark , 5i4- — PliBLIQtIF , 359 , 4'l5 , 545 ,, 574 » 791, 8o5. Foy.aussi Egolks, Uri- VEBsiTKS, etc. Invasion ( De la possibilite d'une) de riiide brilannique, pur Ic lieut.col. Evans, 700. 1^VKHTI0^(S, 24o. Irene et Ednioiid, on la Dilivrance des Esclaves ehieliens , poeme par Lepayen de Flacourt , 187. 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I'idtication des feniiiies. KEcaoLor.iE : ^Oi'.nnc Ditmont , lit- le.aleur de Geneve, S Milan, a'lS. — A. Gauhnicr, profisseiir dc rhetorlque au cu'lige de Hour- pcs, 26S. — Jean Cliajles Poncc- lin dc la Roche Tillac, litliji ateur, 6 Ouarville pres Clia.tres, 2G9. — Aiidie Daniel LajJ'un de Ladcbat, iiiembre de plusieiirs Sociiites, a I'aris, Sjj. • — I^I"" Constance Spencer Smilli , 816. — Cbailes Louis Frani^uis Andry, medecin, a Palis, 819. — idmlionddcl, at- cliitecte , a I'aris, 821. ?\cwlon's (hnac) Life, 128. Ki^'er ( Dn ), du (leiivc de Tinibnuc- lon, de son e^nbduchure, et de la coininiinication des ffiands fleu- ves d'AlViqne, M., 5. ^'isas ( 0. dc ). Do rpielqiies details d'organisaliun et d'adniinistra- tion niililaires, j/p. Kcces (Les) de I'clee et de Tbi- tis, poenie de Catnlle, tradiiil en vers I'ran^ais par Servan de Su- fjny, 4S6. INoMlNATlOXS ACtDliMlfirKS : M. A. Jiillicii, de Paris, inenibre cor- icspondant dc buil Sicietes sa- vantes et litteraires de diverscs villis de Fi ancp , 792. — Li:rriy, nieinbio del' Academic des Scien- ces de Paris, 793. — Lc gene- ral/?()5-i!('(tf, acadeiiiieien libredu la nii'Mie Aeadenite, 7g'>. — Sti- ru/lits, nsenibre dc la loenie Aea- demie, Soo. — Elioniiect .'Iniaiill, veinti'^gres inembres de I'Acade- niie franca ise, Soo. Notice bistoriqtie snr I'eglise et lu cliapilre de IJiioude, par lc ba- ron de Talairat , 18 j. Notices choisies snr les Univcrsit<^s el les icoles publiques de la Gjande-Brelagne , 4o5. — et exiraits des inanuscrits dc la bibliotbeqnc dite de IJourgogne, rclatils aux Pays- Ras, par le B. de lieillenbcrg, 434' NotJVBLLKs. foy. Romans. — jiar Basile Narejny, A., 111. NoUVKLr.KS SCIHiyTlFlQL'ES ET LITTK- iiAiRES (IV) : Afriquc, 496, 781. — Allemagae, 23o, 7S7. — Asie, 225. — IJresil , 21 5. — Dani'- iiiark, 5i4. — Egypte, 49^>i 781 Etals-Unis, »i4, -Fran- ce, 2.79,523, 792. — -Grande I3re- tagne, 226, 5oj, 7S4. — Greee, 234, 5iS. — Italic, 789. — Paris, 239, 523, 793. — Pays-Bas, 238, 52 1 , 790. — linssic, 2j8, 5o6. — — Suisse , 5 16. NujIiSMATIQUK , iCo , 2o3, 456. O. Observations snr les entrepriscs de la Sdciete de bienfaisanee, dans les provinces septeutrionales des Pays 15as, i58. — I'oy. Griliqie et Rel'ntation. Odescalcbi ( D. P.). Foy. Prose sci lie, OhlevKHsde Basile Narejny, A.,i 1 1. — de M""= de Montolieii , 7G4. — cboisies de J. B. Uousseau , pu- blicespai J. L. Uoucbarlal, 752. DCa MX Of'li-VBFScoMPLJiTKS (Ic Cicti'on, tra- duitcs en frangais, 7-6. (le Chati'auhiiaiul, -55. Olivier le diablf (Ndlice sur) on li; Dain , bai liit']- (1(: Louis XI , par le B. lie ReilTciibeig, 455. Oniodci (F.). Rlccrclw sturlcocril!- cbc suW invinzionc c .lull' tiso del cocconi c dci ioccUi , etc. , 427. — Del leallencre Ic relturc dell' ar- liglcria nclle dicente, ibid. Operc di M. T. Cicerone, etc., 45o. Oinithiilogie ( Rt'suni6 d'), par Drapiez, i6i. Orlhoinorphie (De I'), par rapport i I'espyce humaino , etc., par J. Delpech , 4''9' Ohyctographie , 724, 778, 795. Osseniens (Notice surges) liuniains fossiles descavernes du depai le- nient dii Gard , par deChrislol, 724. — fossiles decoiiveits sur les cOles anieiicaines du bassin polaire, 778. — (Cinq noiivelles cavernesd'), decouvertes i Fauban , pres de Cesseiac , 795. Oiiizille (G. v.). Institution ora- toirc de Quintilien , traduction nouvelle, 776. Padlirc nn Mnu'h, on le Men!:iant des ruii cs , bisUiiie iilandaise, par T!anim , tiaduil en I'laii^ais par Defauc.aiisret , 4S8. Pancloiicke (C. L. F.). Collecti, n des Classiques lalins, 775, 776. Pahis, 23c), 525, 790. Pariscl. f^oy. Expedition niidica'.e. Parker (S.). roy. Rlllault. 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Plaiiles ( Desciiptiondes) troiivi'-es sur la cole de Guinee, etc., par Tlionning, publi(!;e par Sclui- niaclier, 157. Plateau (Josephj.r'o^-.Dissprlaliin. Pline. I'oy. Ajasson de Gra;:dsa- giie. PoEsiB,i87, 479, 483, 4SC, 754, 755, 7-V- — DKAIIATIQIE, 248, 255, 257, 806, 810, Si 2. Poesies du roi Louis de Bavieir, traduites en fran<;als parWiliiain Diickelt,/^6, A., 685. — cboisies de Guldsniilb, tradiiifes en veis rran(^ais par Franijis Guide, 478, Poitcau (A.), /'oy. Jardinicr. S4o PlU.ICK , /iii. foLriiQUK, vx), i4o, 1^3, 177,418, 700, 720, 74o, 741. — pinliqiic ( Li's syslimcs de la ^ clans I'Occidcnl, par Ch. VoU- gialV, 417. Poncclin de la Roche Tillac (Jean Cliai'les) F'oy. INiiCROi.oGiE. Pongeivillo ( lie), C. — B., 4SS. Populallon ( Mouveinenl de la), en 182S, a Peteishouig, 228. Poteiies loniaines ( Essai sui' Ics ) et les nombreiix objcts d'aiiliqiiite trouvi's an Mans, par Daudin, public [)ar Cauniont, 772. Poller (Melcliior). 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Maicellin, 177. — observations, concerniint un mi- vrage inlltule : Essai sur la |)lii- losophie des Sciences, etc., M. , 3(if). — pensees sur I'educalion des fem- mes, 712. Question de la liberty de I'ensci- gnement dans le royaume des Pays-Bas, M., 545. Quetelct. Foy. Lumiere. — Correspondance malbcmalique et physique, 725. — C. — N., 792. Quinlilien. Foy. Ouizille. Quoy et Gayniard, zoologistes dc I'expedltion conimandee par le capitaine d'Urville. Rapport sur ieurs travaux , 527. R. Rap|iort adresse atix membres de radministration des hositices de Paris, par le docteur Dcleau jeu- iie , 166. Rayl)avid. Le Courrier d'Orient , 234. Raynouard dc I'lnstitut. Observa- tions pliilolofjiques et granimati- cales sur le Roman de Rou,etc., i85. Rebillier. Foy. Monlrc. Recherches anatomiqucs, physiolo- giquesct palhologiques sur lesy Ste- rne veinenx, par G. Bieschet, 43s. Rectification au sujel des journaux publics dans Ics Pays Bas, 208. Recueils piiaioDiQULs. Foy, Joun- haox. Regime univeisitaire. Foy. Gasc. Regnier (J. B.). Foy. Pustule Ma- ligne. ReiU'enberg, C. -B., 4o5 , 434, 436, 471. -N., 787. t)ES MAT ■'— f'oy. Notices et extraits. — f oy. Minioiies. *— Foy. Lettres d'indulgence. — foy. Olivier-le-Diable. BELicion. f^ay. Sciences helicieu- .SES. Reniboiirsement (Derniorcs Consi- derations sur le) ou sur la reduc- tion des arrerages d'une partie de la delte publique, par le due dc Gaete, 707. Renouaid (Ch.), C— B., 460. Resume sominaire desderniersevt- neniens relatifs 5 la Grece, 5i8. Retentions d'uiine (Troite deg) et des maladies qn'elles produisent, par P. S. Segalas, 445. Relzsch. fby. Dragon. — Foy, Fridolin . Bevcil. Voy, Musee de peinture. Reimion des naturalistesallemands k Heidelberg, 23o. RlSVOLUTIOK FBA^CA1SE, G.'io. Rcy (Joseiih). Foy. Mcthode Ja- cutot. Ricliaid (T.). Theories scientifi- ques des jeuit Ics plus usueU, 444. Riffault et Vcrgnaud. Manuel de chimic, etc., 445. — Manuel ffecliiniieamusantc, Ira- duit de I'anglais de F. Accum el S. Parker, 445. Rigal. Dc la destruction mt'-cani- quc des calculs ve:-icaux, 794. Rigolldl fils, C.— B., iGG, m,^jic). RiTaud.foy. Institutcbrestoniathi- que. Roch. Annnalre du budget, iS3. Rogniat (General), f'oy. Nomw*- TIONS ICADliMIQfES. Romagnesi ( A.). Foy. Ltrcnnes ly- riques. Roman de Rou. fby. Raynonard. Rouins, 111, i5i, i56, 191, 19^, 194, 19S, 199, 4 •^2) 488, 701, 759, 761 , "63, 764* 765, 7G7, 768. Romantiqucs (Les) el les Classi- siqups, ode par COme, 187, T. XLIV. liiREs. {i/|l Rondelet (Jean), foy. NiicROi-ocii. Rose (Cooper). Four years in Soii- thern Africa , 699. Rousseau (J.B.). A'oy. Boiicharlat. Roussillon (L.). Le Tems qui court, 187. Ruhnkenius. Foy. Geel. RussiR, i33, saS, 4o8, 4^3, 5o6, 70i , ySl. Sabots pour lancer les projectiles. Foy. Omodei. Sahagnoli Marchctli (Giuseppe). Intorno gl' inni sacri di Atessan- dro Manzoni , i54. Saint-Edme. Amours et galanteties des rois de France, 4G6. Saint-(ieorges. Foy. Jenny. Saint-Simon (Due dc). Foy. M(5- moires complets. Salfi ( F.), C— A., 372 ; ct les ar- ticles signes f. s. Salgues ( J. B.). Foy. Erreurs. SaWerle (Eusebe) , C. — A.,63o. Foy. Sciences occultes. SahtS piBi.iQCE, 423. Sauvigny ( Nicolas Paquisde). Foy. Grammaire generate. Scliads (Joh. Bapt.) Lebensge- schiclite ron Htm sclL.'it bescltrie- ben , i46. Scharling. Foy. Sledings. Schiller. Foy. Correspoiidarice lit- leraire. — Fo^-. Dragon. — Foy. Fridolin. Schne'llir (J.F.) Oestrrlcli.i Einfliiss auf Dciitfcliland and Eiiropa stit dcr Bcfoniiution , u. 1. iv., \/^o. Schnitzlcr (J. II.). Foy. Slatistique generate. Schow (J. P.). Specimen Ccogrn' pliire phy.iicce compnralirir, loS. Scliurnacher ( F. (j.) Ihshrivcif ttf guinciske Plarilcr, iTij. — Leitie a M. L. Biequet sur rtne 8/|a TABLE A jiendulcastrononiiqiie, elc, 4 i5. Science (La) cnseigiice par les jcui, etc., par T. Richard, 444- — des nionnaies ( M^nioitc sur la ) ct des niedaillc.« en general, par P. O. Vander Cliys. 160. Sciences ui^uicales, i65, iGG, 225, 4o6, 453, 439, 443, 524 , 598, 698, 70>. 706, 728, 794, 796. MOBALHS ET POLITIQIIES, 66, 1 69, 539, 44y» 6\4, 733. — Occulles (Des) on Essai sur la inagie , les prodiges , etc., par liusebe Salveile, 173. .^ATtRELLES ETPDVSIQUES, 53, l6l, 537,436, 598, 724- RELICIELSES, 169, 4^6, 449- Scribe. Les Incunsolables , comi- dic, 810. Scrofules ( Nouveau traitemcnt des), par Chaponnicr, 459. Sci LPxuBK ,201. Seance du quatrieme congris na- tional de la Greco, 254. Scgalas (r. S.). Voy. lietenlions d'tirinc. Sernient ( Le) del'Epouse, poeme, par Polydore Bciunin , 187. Serullas. De I'aclion de diflerens .^cides sur I'iudatc neulre de po- tasse , 798. — yoy. Nominations acadiSiiiqdbs. Servan de Sugny. /'oy. Noces. C — A.,683, Sisniondi (J. C. L. de), C. — A., 614. — ^f., 26S. — De la litterature du niidi de I'Eu- rope , 467. Situation (iuanciere duBr^sii, 21 5. Sniitb (M""-' Constance Spencer). Voy. Nechologie. SOCIET^S SIVAHTBS ET d'cTILITS PC- BLIQUE : — anx Initcs orientates : Societe d'ails et de sciences de Batavia, 327. — en Angletcrre : Societe fjndee i Lundres pour la propagation de renseigneuiens sur la question de la peine de niort, 226. ALTTIQXIE — en Suisse : Sociur les points (ixes du), par G. F. Par- rot, 702. Thiers ( A.). Ilistoire de la revo- lution franraisc, A., GiJo. Thiersch (F.). Uehcr dleEpvr'icndcr bildcndcH htinst dcr Oi-iechcn , 709- Thillaye f L.). Manuil du Ibbricaut de produits cbimiques, 4f ^. Tlionning. f'o>. I'lautcs. Timor (He), 355. ToPOUBAPHlK, l8l,5(,8, ~'-t\. Thadlctiohs : — vn a'lcmand , du nisse , 70S. — en anglais, du chinois , 701. — du persau , 12S. — c;i francais, de rallcmand , (JG , 2o3, 476, C85, 751, 761. — de I'anglais, 195, 1945 '98, a48,44'(» 445, 478, 488, 7C5, 765, 767. — de I'italien, 735. — du latin, 4C1, 486, 775, 776. — ca hollaiulais , de I'allemand, 453. — en ilalicn, du latin , 45o. • — en russc, du francais, 4' '• Tiemadeuie ( M"'-- S. U.). Lettrrs de Mi^tr itis IlesterGhapone, 767. Tiipoli (Jean), f^oy. Diplomatie. Turner (Edw.). Elements vf che- mistry, 4ii2. Tur^iu de Grisse. Vify- Souvenirs. Turqurty(Edouaid).Esqiiissespoe- tiqucs, 755. TlBQlIK, 1 55. U. Union ( L'lieureuse) , ron an , tra duit du chinois en anglais , par G. F. Davis, 701. UmVEBSiTis : — de Paris, 559. — de la Grande-Bretagne , 4o5. — de Saint Petersbourg, 4o8. — de Louvain, 455. — de Londrcs , 78G. V. faccant (€.)■ Sloria dcllc campagnc 844 TABLE ASAL\TI(.ll'K DES MATliiRES. e iftgli asfstli degi' pngim. A., 37a. Ilaliani in Is- v'actiiiiilions daiisle Ilninaiit, -r)i. Vdlsse dc Villiers. roy. Tableau dcsci iptit'. VandprCliys(P. O.). f'oy. Science des nioiina'ie.':. Van llensde ( P. W.). f'oy. Eiisii- gnenienl supericlir. Van Liinbiirg Biomver. I'oy. Civi- lisation. A'ergnand. f^oy. RifTauIt. yerl\nutlKHngtn van hit Balnvitisrii Gcnootscliop van K imsien en ff'e- lenscliappen , M., 327. Veiliiilst. Voy. Lnmirre. Versailles. Voy. Tableau dcscripTif. Vie do Jolui Locke, 128. — d'lsaac Newton , iiitl. — de Jean Ha|)tiste Schad, eciile par liii-mfenie, i4fi. Vigny ( Alfred de). Le More de Ve- nise, Iiag6die , 24S. Villes (Klat des) an moyeti-flge, par U. liullinann , l^^■l. Vilmoiin. I'oy. Jardiiiier, Vii;et (A.), ^oy. Clirtstomathic franeaise. Vdiait ( l\l""T;iise). f'oy. Dragon. — Voy. Fj idolin. Voiliiresd'arlilleric (Moyen demo- derer le niinvenient des) dans Ifs de.'centes, par Francois Onio- dei , 427. — ii vapeur (Concoiits de) sue le clieinin de Per entre Liverpool et Manchester, 5o3. I'olgrafff C). Die Sy.ilcnie dcr PrnK- lischen I'olilik im Abendlande 4.7- VovAfiK dans I'inlerienr de Ccilia < par Abiel Ablrot , 3(j8. — il Allures el i) Conslanliiiople, etc., par L. Diipie, 770. — dans le noid de rAlleniiigne, par Henri E. Dnigbt, \-i^. — en Espagne, par un jeinic Aiiie- ricain , i 43. — s( iBNTff K^rF en Egypte , sons la dtreclionde M.Chanipolliun jeu- lie, 49'> ,781. Fries (J. de) et J. C. de Jongc. Ncdcrlandsilie Gedenkrenningen , 45G. Vues de la creation , on Mcrveilles dela nature, parConslantin, 732. riilliamy (B. L.).Some considera- tions on the subject of public clocks, 499- W. Waterloo, an gen<^ral Boiirmnnl , jiar Mety et Karllu'lenty , 483. Tnilews (J. F.). MoigcliiigCH, etc., 43,4. initnmn (J.). De sliiande atird dcr lielitcn, 433. Y. Vcar (A.) In Spain, by a young Awe- riciin , ia3. Z. Zell (Ch.). Traites eCrits pendant les vaeances, 100. Zinmaun. Memoires du barim Griniin , 7.51 . ZoOLOGIE , 5!I7. ri::i de la table du tome xliv. ERRATA DU TOME XLIV. Tfl/i/cr t/'OcTOBHE. Page ii3, lig. 1", en nniis servant du incrvrilleiix, Itsez : en nous scvrant du nierveiUeux; p. IJO, F. 18, ISextcsta nod, lisez : Pieietta pod. Cahicr de NovEJienK. Page 4^0, 1. get 10, quelques mouvemcns d'intircl , lisez : quelques mouvcmens d'inslinct ; p. 435, I. 4o, Sabrius, lisez : SnI- rius; p. 4f>7, 1- 7.cj, prix, 2\ francs, lisez: pri.r, iS francs ; p. Saj, 1. fS eintsgcncraux, lisei : etals prorinciiiu.v ; ibid., I. 3, rcslnurer par, lisez : rcslnurer pour ; ibid., I. 5, de ses gnuierncniens, lisez : de scs gouverncuts ; ibid., I. i~, de cCle, lisez : dc ehaqiic c>'lc. Cnhicr de Drckmbrf. Page 78(1, lig. 20, Irnis uninrsiles, lisez : dcii.v i:nirci-sii,'-s. ■ »* _ ALEXANDRE MESN^IER, LIBRAIRE, PLACE DE LA COURSE. <^cittr frtrttifrs ii mmt jour A PARIS ET A LONDRSS MEMOIKES DE PAR THOMAS MOORE: TRADUITS DE I, AKGLAIS PAR M-"' LOUISE S^V-BELLOC. C'est a la France qu'il appartient d'accueillir toutes les gloires , d'adopter tons les grands noms. Lord Byron a ete mieux compris, mieux juge par nous, comme poete et comme homme, que par ses propres compatriotes. II ne fallait rien nioins que son puissant genie pour emou- voir des ames qui avaient assiste a la tourmente revolutionnaire, on aux rapides merveilles de I'empire. Toute la poesie avail passe dans les faits, et il semblait qii'elle n'eut plus d'aiitre voix que les fanfares et les cris de triornplie. L'imagination ne pouvait lutter avec la realite. Mais il cxistait d'autres sources d'inspiration , profondes , mys- terieuses, inepuisables, qui empruntaient un nouvel attrait de I'eclat et du tumulte du de- hors, et vers lesquelles I'ame ardente dupoete se tourna tout entiere. Alors arriverent ces sublimes revelations des miseres et des grandeurs de no- tre nature, ces «mots qui respirent, et ces pen- sees qui brulent *. » Lord Byron ne s'isola cependant pas de son epoque. Il y touche au contraire par tons les points. Il s'associa a toutcs les pensees gene- reuses ,t les feconda, et en hata I'essor de toute la force de son genie. Jeune il visita I'Espagne et ses champs de bataille encore fumauts, laGrece, peu d'annees avant son reveil : plus tard, banni deson pays par d'ameres dissensions domestiques, il traversa la France au moment de la chute de Napoleon, vit Waterloo, vecut en Italic au centre des conspirations, et alia raourir au foyer de I'in- surrection grecque, realisant ainsi ce voeu de sa jeunesse : « Si comme le phenix je pouvais m'elever sur * « Words that breathe and thoughts that burn. » & S "^ des ailes de flamme, je voudrais comme lui ex- pirer au bucher * ! » Seul depositaire de sesMemoiresautlientiques, M. Moore en doniie aujourd'hui an monde tout ce qu'on en connaitra jamais. II y joint les sou- venirs qu'il a pu rassembler , et ceux que lui a laisses une longue intimite avec Byron. Enfant , c'est deja le poete , reveur et heureux en presence d'un beau site; tourmente d'emotions profondes, d'amourspassionnees,il anticipela vie. Des notes de lui, des fragments de journaux, des vers ine- ditSjdes lettres presque toujours confidentielles, nous associent a ses reves de gloire, a ses desap- pointements, a ses voyages, a ses pensees poli- tiques. Plus il avance dans sa carriere, plus son esprit embrasse d'objets et d'interets varies. Son sejour en Italie et ses dernieres annees sont sur- tout feconds en faits et en developpements de ca- ractere. Ce dernier monument, elev^ a sa memoire par im poete , son ami et son contemporain , ne pent manquer d'etre accueilli en France avec empres- sement. La meilleure garantie qu'on puisse offrir au public c'est la reunion de deuxnoms tels que ceux de Byron et de Moore. <' (^ould I soar wilh the pheiiix , on pinions of (lame « With him I would wish to expire in the lilaze i •> f-'crs inedils dc Byron. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Les Memoires de lord Byron formeront quatrc volumes in-S", et scront publics en deux livraisons. La premiere livraison, coniposee de 2 volumes, paraitra dans le courant de Janvier i83o. Prix de cliaquc voluuae : 7 fr. 5o c. ALEXANDRE MESNIER, LIBRAIRE, PLACE DE LA. BOURSE. SOUS PRESSE POUR PARAITRE LE l5 JANVIER l83o : NOUVEAUX PROVERBES DRAMATIQUES PAR M. THEODORE LECLER.CQ. Un volume in-8° , papier fin satine. — Prix : 7 fr. 5o c. MXmc ©uyrajgc j Deux volumes in-i8, papier fin satine.. — Prix : 7 fr 5o. c. PARIS , IMPRIMERIE DE GAULTIER-LAGUIONIE, KBB DE e&EKELLE-St.-nOKOUE, r" 55. I.IUUAIRIK Va TRliUTTEL tT WLRTZ, A PARIS, RUE DE LOUKUON , ?*" I7. MEDITATIONS RELIGIEUSES, EN FORME DE DISCOURS, POUR TOUTES LES tPOQUES, CIRCONSTANCES ET SITUATIONS DE LA VIE DOMESTIQUE ET CIVILE; TllADUITES TAR MM. MONNARD ET GENCE, i)'ArRi:s l'ouvrage allemind istitulk : STUNDEN DER ANDACHT. PROSPECTUS. 1 ANDis que I'esprit renaissant cl'une religion amie de riuimanitc reproduit en France des collections de discours dc Massillon, de Fcnelon et d'autres orateuis qui ont traitt^ divers sujets de morale chretienne avec autant de raison que d'onction, nous avons cru k proposde faire connaltreune suite non moins interessantede Discours ou la morale dvangdlique , exposde avec la meme purete , est appllqu(!e plus particulierement aux diverses classes de la socidt^ sous des ia]y- ports plus intimes et plus appropries h. I'ctat actuel de la civilisation. Get ouvrage, dont nous donnons une traduction, et dont le titre annoncc I'objet et le but, a ^te publiti de 1809 i 1816 a Aran, en Suisse, sous la forme de feuilles hebdomadaires. R^uni en un corps, et accueilli par degrds avec un intdr6t toujours croissant en Ailemagne , oil il n'a cess^ d'etre un objct de lectures instructives et ediiiantes, il en a 6t6 fait douze editions successives tiroes h. plus dc 60,000 exem- plaires. On pent affirmer que cettc publication a puissammentcontrijjud a ranimcr et entretenir dans les families le veritable esprit duchristia- nisnie. L'auteur, stranger h. toute vue de sectc et dc parti , et profondcmcnt verse dans la connaissance des hommes etde la nature, adevcloppe en effct avec une elegante simplicity et en meme temps avec une elevation d'iilecs remarquable, Jes grandcs verites de la religion chieticnne; et par la divcrsite des sujets appropries aux diffcrentes relations de faniille et de sexc, aux divers ages, elats et situations de la socicte, il a fait dc ces verites, dans son ouvrage, I'application la plus variee et la plus etendue, comme la plus juste et la plus utile. Un tel ouvrage a dil trouver lors de sa publication des contradicteurs parmi quelques sectaircs isoles; mais leurs clameurs n'ont servi qu'Ji le faire recherclier ct appr^cier davantage. Ce Recueil est desormais place par I'opinion au nombre des ouvrages de morale et de philo- sophic religicuses les plus conformes aux connaissances acquises ct aux besoins nouvcaux de la societe. Que cette Collection «5tendue de discours si divers soit due h un ou a plusieurs ecrivains, ils paraisseiit tous porter le cachet d'un seul et m6me auteur. Quoique son nom, qu'il a tii sans doute par humilite , soit ignore m6me en AUemagne, on est port6 k croire que I'ouvrage est d'un ministre de TEglise catholique, aussi impartial qu'eclaire, dont les talens , I'experience et la pi(5t^ ont ete consacr«$s k seconder par une instruction solide, dans des discours affcctueux, les disposi- tions paisibles et religieuses des chretiens de tous les cultes. Pour conserver k notre edition frangaise tous les avantages du texte original, nous avons dil nous attacher k en offrir une traduction fiddle, concise, elegante, et de plus, k la rendrc accessible k toutes les fortunes , et convenable k tous les ages , en Timprimant en gros caractcre. Les Meditations relicjieuses serout iinprimdes format iu-S", eii caiactere cicero Sros-oeil, et publiies par liyraisous, le samedi de chaque semaiiie, a datei de Jauvier i83o. Le prix de la souscriplion est de 5 fr. pour doiize numeros rendus francs de port par toute la France. On s'adresse pour souscrire : A PARIS, A LA LIBRAIRIE TREUTTEL ET WURTZ, RUE DE BOURBO:>T, N" 17; A Strasbourg et k Londres, meme Maison de commerce; A Bbuxelles, a la Librairie Parisieiine, rue dc la Madeleine, N° 438; El u tous les Libraires de la France ct des pays Strangers. DE I. iMPniMEnir. de l.-i;. iicniii^ , rue Trainee, 11" i5. Avis kVX AMATEDRS DE iK LITTEflATDKE ETRAKGEBE. On peut s'adiesscr i» Pails, par reiilremlse du BcBEio ckstbai. db ia I\evub ExcvcLOPBDiQUB, k M. SiJDiLfcOT, LiBBAiBg , pour sc prucufcr !es divers ouvragcs ctrangeis, anglais, allSmands, italiens , russes , polonais, hoHandais, etc., ainsi que Icsautrcs productions dela litterature itrangtre. KVX ACADEMIES ET ACX 90CIETE3 SAVANTES llc tOUS leS payS. Les AcADKMiES et les Soci^t^s s4Va:^xb8 bt B'tTitirS ptBUQnii , fran^aisrs et etrangeies , sent invitees i faire parveoir exactenient , frana de port , an Diiecteur de la Bevue Encydopedique, les comptes rendiis de leuis travaus ct les programmes des prix qu'elles proposeiit, aCn que la Bevitu puisse les faire counaitie le plus promptement possible a scs lecteuts. ACXEDITEXJRS d'oUVRAGES ET AtX UBRAUlES. MM. les editcurs d'ouvrages periodiques , fran^ais et etrangers, qui d^sireraient ^changer lems recueils avcc le nOtre, pcuTent compter sur le bon accueil que nous ferons a ieurs propositions d'cchange , et sur iin(; proropte annonce dans la Revue, dfs publications de ce genre et dcs auties ouvrages, uouvellement publics, qu'ils nous aurout adresscs. AUX EDITEIIRS DES RECfEILS PERIODIQUES EN AXCLCTURRE. MM. les Edlteurs des Recueils periodiques publics en Angleterrc sont pries de faire reniettre Ieurs numeros k M. RolaIidi, a Londres, n<> 20, Bemers-street, Oxford-street, qui leur transmettra, chaque mois, en echange, les cahiers de la Eevue Encydopedique, pour laquelle on peut auisi souscrire cliez lui , soit poiu' I'annee couraute , soit pour se procurer les collections des ann^es anterieures , de 1819 4 tSaS inclusivement. AbX LIB&AIRES et ATJX EDITECRS D'orVKAGES EJf AI.EE3IAG5E ET EN ITALIB. M. Zibg£5, librairc k Leipzig, et M. G. Piattt, libraire k Florence, sont charges de recevoir et de nous faire parvcnir les ouvrages publics co Allemagne et en Italie , que MM. les libraiics, ies Edlteurs et Ie« auteurs d^iiteront fake sanoncer dans la Rtvut EncydopidiqAte, "lnte|3 .^ 4^ LiBRAiBES cAez lesfjuels on souscrit dans Ics pays ecra^gers. I Sj 'ft Amsterdam, Dclacliaux, Anrcr.t, Artcellf. Aran (Suis.sc), Sarjcrlander. . Berlin , Scli'.csinger. L'fnic, C'ias; — tjomgdoi fear. hrasian , Kcygel. Briixolhs , Dujai-din - Sailly ; — Doni;it; — Krest van Kenipen; Hbtgnies-Reiiie, Ftorc7icc, Piaiti; — Vieusscux. Frinufort - sitr - Mcin, Jiigcl ; — Schaeflbr; -^ BrOnner. Cmt'J, Vaindcnkerckoven Cih. Geneve, Cheibulicz; — Earbezat ct iJelai^ie. ■ .. La,IIayc,lc?. freres Langenhuysen. Laiisan/te, Fischer. Leipzig, pioclihnixs; — G.Zirgus. /..■.lic, Dcs^er; — Colardiu. ):>ic. Paid Martin. I'o.s, P. I'lolai.di; — Dalan et ■,.ii ; — Tnnittel Ct Wiirtz; — l^ussange, t3artlicz,Loviellet C'f. Madrid, Deiyiee ; — Pcrfes. Maiiliaim , Artaria et Fontaine. Mifitn, Gif^ler; 'N'isiuara ; Bu<.c;i. Mons, I-e Uoux. Moscuu, Gautier; — Riss pereetfils. Naples , Bord ; — MajoUa tt Wapspandock. New- York ( ttats-Unis), Thoisnier- Df-splaccs; — li<}rar(l ct Mondon. ■ Noiivclle - Orleans , iouitlaji; — A. L. Boismarc. Patcrmc (Sicile), Pe'dorsne el THa- latoil ; — B«uf (Gh.). Pclersboiirg, F. Betlizard et C'"";— Giaefl'; — Plurhart. Rome, de Roinaiiis ; — Meiie. Stuttgart el Tubin^uc, CuUa. Todi, P>. Scalabrini. Turin, Bocca. Varsovi^, GlucLsberg. Vienne (Ai.triche), Ceroid; — Schaunibouis,' ; — Schalbac!i(.r. COLONIES. . 'Poiute-a-Pilre), Piolet ain6. I'.c-ds-Franco (Port-Lofcis) , E. Baidel. Martinique , Thouneiis, Gaujoux. ON SOUSCMT A PARIS, -^^ .;v.ii ,^ ^^ ..tUACiiOx, ROE D'E.TFEa-SAi.M-MieHKi,, n" iS, oil doivent c!re envoVei, francs de port, les livres , dessins et gravures , dont on citiVcc I'annouce, et les Lettres, MemOires, Notices ou Extraits des- ' h Otre inseres dans cc Recueil. Galeuik db Bossange pire, rue Richelieu, n" Go; TEELnii. HT WoBTZ, rue de Buiubon, n" ij; Revet Gbavisr, quai des Augustins, n" 55 ; C'l.'u'es BScHET, libraire-comm"", qoai dcs Augustiiis, w" S- ; J. Re.vodahd, rue de Touruon , n° G; RoRET, rue Haulef.'.'uille, n" 12; A. Bavuocix, i-ue de Vaugirard , u" 17; Dklao.'say , Pkhcier, PoxTHiBb, LA Te.-H»»«j~r-gj-v«T«»^ ■"^■"ll— II i il' ji Ml